Tome I*'-! 826. ( 29* de la collection. ) 85** LIVRAISON. 1^; REVUE ENCYCLOPEDIQU^" ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS I-A LITXfiRATUKE, LES SCIENCES ET LES ARTS. j" Pour les Sciences physiques et mathematiijues pt les Arts industriels : MM. Ampere, Ch. Dupim, Fourier, GiRXRn,NAviER,de l'Iustitut;CoQUF.RiL, Ferry, Frahcoeur, Ad. Gowdinet, LeNobmamu, professeiir de techuologie; A. MiCHtl.OT, DE MOKTGERY , MoREAU DE JotfMES, PoniI.LET,WARDEK, CtC. 2* Pour les Sciences naturellis: MM. Geoffroy Saiht-Hii.aire, de I'lostitut; BoRY DE Saint-Vincent, correspondaut del'Institut, V. Audouiw, Matbieu BoHAFODS, de Tuiiu; BRONowhART £ls, Oesharest , Flouaehs, D.-M. i Gaillok , de Dieppe; V. Jacqdemont, etc. 3" Pout \cs Sciences medioales > MM. Adeloh, BAiii.y.DAMir.ON , G.«T. Coin, Amedee DnPAO, KsqciRot, Gasc, A.Grimacd, d'Angers ; Georget, Kirc- KBOFF, d'Anvers; MAGKH»iE,de I'lnstitut; Orfila, Rigoli.ot fils, d'Amiens. 4" Pour \es Sciences philnsophiques et morales, potitiques ; geograpliiques el hisloriques : Myi. M. A. Jui,lIkn, de Paris, Foiidateur-Diretfteur de la Revue Encjclopediquu; Barbie du Bocage fils; Ai.ex. de la BoRde, Jomaru, LANJOIN4.IS, de I'lustitut; Agoub, Artaud, M. Av£hei., Benjamin-Cons- tant, Deppikg, Adoiphe Garnier, Gdigniaut, a. Jacbert, Laffon de Laoebat, Alex. LaMetb , Lan join ais fils, P. Lajui , Lesoeur-Meri.in , MassiAs, a. Metbai., Meyer, d'Aiiislerdam ; de Norvins, PaRent-Reai:,, Povqceville, EusebeSalverte, J.-B. Say, Sismohde db Sismondi, de Ge- uere, etc. DwPiH atue.Bf.RviLL* , A. BeucroT, Bodchehe Lefer, Crivelii, DOUBLET-DE-BOISTHIBAUI.T , DrFAU , DOFRAYEE , DuVEHGIER , GOADET , Ch. Renouard, Taillanuier, avocats, etc. 5' Pour la Lilliratiire francaise et etrangere, la Bibliograpliie , \' Archeologie etles £eauJ;-.^/EMERCiEii , Nau'det, DE Segtju , de Vtnstitut; Mine L.-Sw. Biii.i,or:, AIM. Bariseau, BtANcHi; M. Bhrr , J.-P. Bres, Felix Bcdin, Blrnouf fils, CHiWVET , Chfnedolle . de Liege; P.-A. Conprw , Fr. Degeorge , DuMERSAN, Gail fils, Kd. Gauttifr, Ph Golbery. He'bkrg, IIetirichs, E. Hereau , secretaire-gCDeral de la Revue Encjclopidique ; Auguste JuLLrEN, fils; ADRiEK-liAiFASGE, J.-V. Lf.o.i.er<:, Loeve- Veimars, a. Mahul, Mazois, Mon>ard, de LjusaBoe; Kii.o-PouLo, C. Paganfi,, H. Paiin, Ponger- VII.T.E , QuETRLET , DE Reiffenberg , de Bruxclles ; RoLT.E, bibliotliecaire de la villetle Paris; Dt St4ssabt, de Bruxelles; Fr.Sai.fi, M. Schinas , ScawEi- GBfcsEs , de Stx-asbourg; Leon Thiesse, Fk. Tissoi-, Yerdier, Ville- NAVE , etc. A PAIUS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOritDIQUE, Rue d'Enfer-Saint-RIichel.u" 18; ^ ^'^ ARTHUS BERTRAND, rue Haulel'euilic;, n' a3; Au MusEKENCYci-opEDiQUE, CHEZ BossANGE pere,( ue Riclielicu , n" 60; Benouard, rue de Tournon, n° 6; LONDUES. — Treuttei. et Wurtz; Bossahge; Dulac excomp.; Grua et Ricouui, u" a, Albeniarle-street, Piccadilly. JANVIER 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCWPTEURS. MM. i^Es souscRiPTECRS dont 1'abonnement est exfibb LE 3 1 DECEMBRE DERNIER, SOnt illvitCS a Ic fairC RENOD- VELER iNCESSAMMENT, pouF que le servicc des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuls le molscle Janvier 1819, il parait, par ann^e, douze caluers de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'cD- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent de 16 ou 18. On sonscrit a Paris, au Bureau central (Tabonnement et d'expedition indique sur le litre. Prix de la Souscription. A Paris ^Gir. pour u>i au; 36 fr. pour six tnois. Dans les departemens. 53 So A I'etraDger 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, a Paris, dans les diparte- mens et dans tetranger, devant ^tre proporlionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base a la fixation port^e ci-dessus. A ce sujet , la Direction de la Revue Encyclopedique croit devoir faire observer que, cette base ayant ete calculee d'apr^s le nombre de qua- torze feuilles promises mensuellement uux abonnes, les frais deport occasiones par I'augmentation successive des cahiers sent restes entii^- rement a sa charge. Le montant de la souscription, envoye par la poste, doit ^ire adress^ d'avance, FRAHC db poet, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Rncyclopedique , rue d'Enfcr-Suint-Mickel, n" 18. C'est a la inline adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tous genres et le» gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On pent aussi souscrire cliez les Directeurs des postes et chez les principaux Libraires, 4 Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termine par une Table des mati^res alphabeiique et analytique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au i"'' cahier du volume suivant, a I'exception de la deruifere Table de lannee, quiestexpedieeisol6ment a tousceux quipeuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux epoques , du i"' Janvier ou du 1^/uillet dt chaque ann6e, pour six mois, ou pourun an. On trouve, ao bdhe/lu centrii,, les collections des annees 1819, i8»o i8i[, i8aa i8s3, i8a4 r( i8si5, au prix de 46 francs chacuue. REYUE ENCYCLOPfiDIQUE. f3. lOtI} PARIS. DB I'iMPRIMEKIK DE HIGNOUX, rae des Franet-Bourgeoit-S.-Micbel, no 8. yssr' Ui/tttiyiii ,Jf/ . 1,1th ./. I.Ntffljr, tnipfte < //<• //kit et le BUT de la Revue Encyclopedique , pourr ont consulter , dans les volumes desannees precedentes : i°riKTUonuCTioN ct la premiere LETTKE mix ct)//i:/«' 1824); — 10° Des Reclama- tions ET OBSERVATIONS CRITIQUES sur la Rcvuc Encyclopcdique , et sur les moyens de la perjeciionner ( t. xxill, p. 5i3-520, Jout 1824) ; iio Un Coui'-n'oElL sur le progrcs des connaissances humaines , en 1824 ( t. XXV, p. 1-16, Janvier 1823); — 12° Des, Considerations sur la civilisation ( t. xxvii, p. 21-24, JuiHet 1825 ); — l3o La Note generate placee a la fin du cahier de Decembre i825 (t. xxviii, p. 991-993 ) ; 140 EnCn, \Avis aux souseripteurs et aux lecleurs de la Revue Encyclo- pedique , qui est a la suite de la table des matihes du tome xxvni , (page io34 )• ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. 3 de ces productions du genie dont I'apparition fixe line epoque dans Ihistoire de lesprit liumain. Mais , si au- cune reputation particuliere ne s'est elevee a une grande hauteur, Tinstruction generale a continue a se repandre , et a faire participer un plus grand nombre d'homnies a une distribution plus egale et mieux entendue des lu- raieres. Cette marclie de I'instruction est favorable a I'inter^t des masses ou des nations, qui n'est plus etouffe, comme il la ete long-terns , au profit de quelques cas- tes privilegiees. La legislation et \2i politique , les sciences religieuses et morales ont plus occupe la presse que les autres bran- ches de nos connaissances : neanmoins, on ne peut pas dire qu'ellesaient faitde grands progres. Comme, pour ces sciences, il ne s'agit pas seulenient de decouvrir des verites, mais de les conquerir lorsqu'elles sont decou- vertes, la victoire est vivement disputee, et peut de- meurer long-tems incerfaine : quelquefois nieme, I'er- reur obtient un triomphe momentane dont les ennemis du bien s'enorgueillissent. Le bruit du combat , le nombre et la variete des attaques, I'etendue du champ de bataille, semblent preparer un resultat d'une haute importance; mais, tres-souvent , chaque parti a garde sa position et sa force relative , sans remporter aucun succes decisif. Nous n'avons pu nous dispenser de tenir nos lecteurs au courant de tous ces mouvemens inuliles en sorte que nos pages ont ete envahies , comme les presses, par les sciences morales et politiques. Cependant, les autres divisions de nos connaissances n ont pas ete negligees. On a vu que les sciences mathe- matiques se popularisent, qu'elles ambitionnent la nobie fonction d'eclairer et ile diriger des industries qui, jus- 4 RECAPITULATION DE L'ANNEE i8a5, qua present, n'ont pu fairc que des pas mal assures et des progres beaucoup trop lents (i). En attendant que I'on fasse pour les sciences physiques etchimiques ce que Ton a-tomnience avec tant desucces en faveur des niathomatiques, nous avons vu parnitre des dlctionnaires et de nombreux ouvrages elementaires, auxquels il manque peut-etre encore une methode plus rigoureuse et mieux. suivie , mais qui contribueront neanmoins a la propagation des connaissances les plus applioables a nos besoins. Le concours ouvert, en iSaS, par la Societe etabUe a Paris pour F amelioration de V enseis^nement element aire (^•voy. Rev. Enc, tome xxv, page ay^), et qui a pour objet de rendre I'instruction religieuse et morale , ra- tionncUe et industrielle , de plus en plus populaire et d'un acces facile, en provoquant la composition de petits livres dun prix tres-modique , ou les principes et les applications des connaissances usuellcs soient ex- poses avec simplicite, precision et ciarte , doit servir atissi puissamment a satisfaire ce besoin de notre epoque. h'histoire naturelle n'est point demeuree stationuaire : elle poursuit ses investigations sur tout le globe , et principalement dans le Nouveau-Monde , doublement interessant aujourd'hui, plus encore pour la politique (l) Coiirs d'enseignement indiistriel , on de gt'ometrie et de nu'cnnique appUquces , foiides a Paris par M. Ch. Dupin, et depuis etablis dans un grand uombre de villes en France, sous les auspices et avec les encouragemensderadininistrationpnblique. (Voy. liav. Enc., t. xxvil, p. 683.) Ces cours ont lieu , a Paris , au Conservatoire des arts et mitieiSf dans lequci MM. J.-D. Sav et Ci,emf.nt enseignent aussi , avec au- taut de zfele et de taleut que de succes. Tun, Veconomie industrielle ^ I'autre , la chimie nppUq'ice aux arts et aiix manufactures . ET mSTRUCTION SOMMAIRE, etc. 5 que pour les autres objets d'etudes , et qui peul nous ofti'ir des moyens d'instruction et de richesse dans tous les genres. Tous les arts industriels ont eprouv*^ I'influence du mouvement general des esprits vers les choses utdes : depuis I'agriculture jusqu'a I'art de la guerre, dans les ateliers , dans le commerce, dans toutes les occupations de la vie, et meme dans les productions de I'esprit, on a pu remarqiier que les sciences ont introduit, soil de nouveaux procedes, soit des idees plus justes et des ex- pressions plus exactes. I'histoire, il faut I'avouer, ne parait pas offrir les memes ameliorations. Si on la juge, non-seulement par les ouvrages dont nous avons rendu compte, mais par presque tous ceux qui ont paru dans I'annee iSaS, elle semble avoir pour but plus encore de plaire aux con- temporains, que d'instruire les generations futures. II y a sans doute d'honorables exceptions (i); mais il est malheureusement trop vrai que le terns ou nous vivons n'est point celui de i'exactitude historique. Les eludes ^Az7o5cy;A<'^?:viii, p. 77); les Historiens de la Grece modenie (t. xxvi, p. 61), et iroisjeunes auteurs, MM. Mignet, Thiers et Felix BoDiJS , qui ont entrepris d'ecrire avec indepeudance et impar- tialite, chacua d'apres unplan et desvues qui luisont propres, I'histoire de notre revolution. 6 RECAPITULATION DE L'ANN^E iSaS, dant , la division ties objets auxqiiels s'applique I'esprit hiimain est poitee assez loin , pour que toutes les parties del edifice s'elevent a lafois, etregulierement. Si Ton peat signaler une disette reelle,ou tout an moinsune notable diminution dans les travaux des philologues , c'est encore a la politique qu'il faut s'en prendre. L'attention publique est absorbee, celle des auteurs menie est detoumee; dans fles terns plus paisibles, les occupations qui de- mandent de la meditation et du loisir plairont davan- tage; tous les genres d'erudition seront plus recherches et plus encourages. Malgre les progres surprenans et non prevus que V^r- cheologie a faits depnis quelques annees (i), on a ete trop occupe du tems present pour ne pas negliger un peu I'antiquite. Ce n'est pas a I'annee derniere qu'ap- partienncnt les travaux ni les eorits de ce genre dont nous avons rendu compte. Mais on doit observer que les decouvertes archeologiques ont besoin, comnie toutes les autresj d'etre perf'ectionnees par de longs travaux, a moins que des circonstances heureuses ne viennent les oftiir; qu'elles ne peuvent appartenir qua un petit nonibre d'hommes; qu'elles sont confinees dans quel- ques lieux. Les inathematiques et toutes les divisions des sciences naturelles sont a la porteede tous, et trouvent partout leurs applications : I'etude de I'antiquite ne tructifie qu'en presence des monumens , avec le secours de livres rares, et qu'on ne trouve que dans certalnes bibliotbeques. (i) Voy. Rev. £nc., t. xxv, p. i3 , — et t. xxvii, p. 1 12-127 , I'ana- lyse, faite parnotre savant orientaliste M. Silvestre de Sacy , des belles decouvertes archeologiques et des ouvrages deM. Champol- MON lejeiinc. ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. 7 Apres la politique , la morale et les sciences reli- gieuses , c'est de litterature que nous avons le plus eii- tretenu iios lecteurs. Tout ce que nous avons mis sous leurs yeux. ne pouvait avoir le meme degre d'interet, ni le merite de la nouveaute. 11 a fallu reproduire les debats entre les romantiques et les classiques , quoiquc les uns ni les autres ne puissent determiner avec pre- cision ce qui caracterise leurs doctrines litteraires, landis que le public, veritable et supreme juge, sans attacher une importance reelle a des disputes de mots et a des noms de parti, ne recompense, par des sueces durables, que les ouvrages dans lesquels le genie, en ouvranl de nouvelles routes, reste toujours fidele aux conseils du gout et de la raison. Nous avons du parler des poesies du jour et de circonstance , annoncer des rcimpressions et rappeler le souvenir de plusieurs productions anciennes et dignes d'estime, que I'amour du changement commencait a faire negliger. Les sciences^ toujours avides d'acquerir,, toujours ac- tives et ei) niarche vers desverites nouvelles, semblent pratiquer la maxime de Cesar, et compter pour rien ce qui est fait , tant qu'il reste quelque chose ^ faire : les lettres se plaisent a contempler leurs richesses acquises ; elles savent en jouir, et quelquefois, elles prennent pen de soins pour les accroitre. Ces intcrvalles de repos ne sont peut-etre pas inutiles ; ils donnent au gout public le terns de se former, et au genie, celui de preparer de nouveaux chefs-d'oeuvve. La meme observation peut s'appliquer aux sciences. Lorsqu'elles ne multiplient point les grandes decoiivertes , les theories imporlantes, elles ne restent point pour cela stationnaires : les appli- cations s'etendent et deviennent plus exactes \ les ins- trumens se perfeclionnent, les procedes sont plus siirs; 8 RECAPITULATION DE L'ANN^E i8i5, on fait plus et mieux qii'auparavant, et Ton se met en etat de faire mieux encore. Avec ces appuis et ces res- sources, le genie pent tenter des recherches encore plus difficiles , et obtenir de plus grands succes. Nous avons consacre aux beaux-arts , en raison de leurs produits dans le cours de I'annee , des articles qui ne pouvaient etre fort etendus. Rien ne saurait tenir lieu de la vue de leurs chefs-d'oeuvre. On ne peut les decrire qu'iraparfailenient, et Ton est souvent reduit a se contenter de les indiquer. D'un autre cole, les ou- viages qui traitent de ces arts appartiennent souvenl a d'autres branches de nos connaissances auxquelles nous avons dxi les renvoyer. Malgre tous nos efforts , et meme en augmentant le volume de chacune de nos livraisons, bien au dela des [uoportions convenues avec nos souscripteurs , nous n'avons pu acquitter toutes nos dettes. Nous avons sur- lout a payer plus dun tribut de reconnaissance et de regrets. Des pertes accumulees ont rendu insuflisant I'espace consacre jusqu'ici a nos tahlettes necrologiques ; en nous preparant a remplir cette lacune, nous aimons a esperer que I'annee qui commence pourra etre moins desastreuse, sous ce rapport, pour les sciences, les letires, les beaux-arts, et surtout pour la patrie. Nous placerons ici , pour completer notre recapitula- tion^ deux tableaux ou nous avons indique le nombre des articles consacres, dans nos quatre volumes de I'annee piecedente, aux differentes parties *\c% connais- sances hwnaines et aux differcnles nations. ET INSTRUCTION SOIVIMAIRE, etc. 9 I. RESUMl!^ des articles classes par sciences, qui sojit con- tenus dans les douze rahiers meiisuels de la Revue encyclo- pedique, /?«6//e.s- e« 1825, formant les tomes xxv, xxvi, XXVII, XXVIII de la collection. d'ordre. DESIGNATION DES SCIENCES. NOIV ii'ouvrages dans lesdeux sections des Analjses el du EulUtin blkUogm. phitjue. [RRE d-crliclcs inseres dans les deui sec- tions des Mimoires et des NouvelUs fyues el liltiraires. TOTAUX. I, 2. 3. 4- 5. 6. ». 9- 10. II. 12. i3. 14. i5. 16. 17. 18. 19- 20. 21. 22. 23. 24. 23. HisioiRE NATUREi.i.fi : Geologic et Mineralogie, Botanique, Znologie. Agriculture, Economie rurale et do- . 53 46 3o 73 48 27 33 12 II 8t 87 34 22 89 72 84 234 22 ■^99 98 21 58 214 38 3 1,789 32 21 7 29 17 36 7 43 20 3o 8 41 66 8 55 17 5 i6 32 10 4-'; 5o 25 129 85 67 37 102 65 63 40 55 3i I II 95 75 88 97 127 lOI 23q 38 33 1 loS 6fi 108 239 167 74 Sciences physiologiquesetmedicales. Sciences mathematiques et Astro- Tcchnologie et Arts iDdustriels. . . Navigation et Commerce Geograpliie et Voyages Education et Instruction publique. . Legislation et Jurisprudence . . . . Histoire , Biograpliie et Meinoires. . Antiquites et Numismatique Litteratnre, ancieone etmoderue, Jrancaise et etraugere; Grammairc- geuerale et Plii'ulogie ; Critique OEuvres completes, clioisies, et Me- Theatrcs Jouriiaux et Outrages periodiquifs. Academies, Societes savautcs, litte- r.iires, de bienfaisance et d'utilite TOTAUX 820 ■ 2,6og lo RECA.PITL1LATION DE L'ANNliE iSiS, II. RESUM£ (les ARTICLES CLASSES PAR NATIONS, fjlli SOIlt contenus clans les quatre volumes do la Revue Encyclopedique, publics en iS^S. (Tomes xxv, xxvi, xxvii, xxviii. ) NOMBRE JJOS d'oidie. DESIGNATION DKS PAYS. d'onVBA- dans les deux sections des etdu^ lULLETlN PHIQUE. d'ARTTCLKS inseres dans les deux sections des et des WOIIVELLES SCIEWTl- FIQDF.S et TOTAUX. I. 2. 3. 4. 5. 6. 7- 8. 9- lO. II. 12. i3. i4. i5. i6. '7- i8. 19- 20. 21. 22. 23. 24. 25. Amerique. 55 I 4 4 4 4 172 36 6 6 39 207 40 i3i I I !)5 58 925 41 X 4 i5 7 20 I 8 19 68 4t i-J 26 6 25 6t 39 69 It 2 0 2 42 79 214 96 2 8 ly n 24 I 8 19 240 77 i3 32 12 64 268 79 190 II 2 3 i37 i.iSg Colombie et aiitres etats de I'Aine- Haiti AsiE. OcEANIE OU AlTSTRALASIE Afrique. Europe. Alleinagne ; Aiitriclie, Bade, Ba- viere, Confederaliou germanique, Prussc, Saxe, Wurteinberg, etc. . Italie Pays-Bas Frauce, departcmcus Tot All X ■.789 820 2,6oy ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. h II. Observations, adressces aux Collaboraleurs et aux Correspondans de la Revue Encyclope- (lique , sur la maniere la plus utile de r assembler el de preparer les male.riaux de ce Recueil. Les deux tableaux qui precedent donnent une idee assez exacte de 1 etendue de notre plan et de son execu- tion ; mais ils sont loin de fournir des donnees suffi- santes pour former un Tableau perioclique et progressif de la civilisation comparee^ ou des progres de chaque science et de chaque nation. Ils ne peuvent meme faire connaitre que tres-imparfaitenient dans quelle propor- tion chaque branche des sciences et des arts et chaque peuple ont pris part au grand oeuvre de la civilisation. Nous approcherons d'autant plus du but que nous desi- rons atteindre, que nos correspondans et nos coUabo- rateurs eloisines s'attacheront a bien coordonner leurs travaux a notre plan, au lieu de nous faire qu^lquefois devier de notre plan pour servir des interets de personnes ou de localites ; ce qui est le grand obstacle , toujours renaissant , contre lequel nous devons lutter sans cesse. Deja nous avons fait connaitre les observations criti- ques qui nous avaient ete adressees par des lectetirs bienveillans et judicieux (V. Rev. Enc. , t. xxiii, p. 5i3- Sao, 68^ Cahier, Aout 1824). Mais, a I'indication de ce qui doit etre evite , il faut joindre celle de ce quon doit faire : A reste a donner les moyens de distinguer facilement ce qui convient le mieux au plan et au but de la Revue E ncjclopedique. Nous devons exposer les mo- tifs, les regies d'utilite, d'ordre ou de gout qui peuvent fixer les choix entre les materiaux mis a notre dispo- sition. 12 RECAPITULATION DE L'ANNEK iS-iS, Lorsque nous ne recevrons rien qui nc merite ratlcu- tiori des hoinnies eclaires, et qui n'ajoute quelque chose a la somme des connaissances acquises ou des jnuissances intellectuelles, notre Recueil se trouvera reduit a ses veritables dimensions; le travail, souvent si penible de la Direction, sera considerablement allege, et nos lecteiirs auront lieu d'etre plus satisfaits. Les observations suivantes ont pour objet d'etablir, autant que cela est possible, cette conformite de vues entre tous les cooperateurs de notre ceuvre philantro- pique et litte'raire : elles ont ete constamment dirigees par I'amour du bien el du vrai ; nous ne doutons point qu'elles ne soient accueillies avec la meme disposition d'esprit. Sans suivre ici I'ordre des quatre sections reproduites dans chacun de nos cahiers, nous commencerons par celle qu'il est peut-etre le plus difficile de perfectionner, et qui, dans notre ouvrage periodique comme dans tons les ouvrages du meme genre, a fait le moins de progres : c'est notre quatrieme et derniere section , NouviiLLES sciENTiFiQUES ET LiTTERAiRES. Ccttc section cst deslinec a presenter les faits instructifs ou interessans pour les sciences^ V industries Xavancement social , la litterature et les arts , qui snnt recueillis sur les divers points du monde civilise , ou se repandent ensuite nos publications. La na- ture et I'importance des faits annonces doivent salisfaire le besoin d'instruction et la curiosite des lecteurs qui en prendront connaissance. L'etude de la nature est un travail que tons les peuples entreprennent en commun , et pour lequel ils unt besoin de s'ontr'aider. Les phenomenes naturels devront done, dans tons les terns, occupcr une place distlngnee dans nos nouvelles, Mais il faut que ces phenonienes soient ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. i3 reellement instructifs ; et par consequent, leur descrip- tion doit etre non seulement exacte , mais assezdetaillee pour qu'iis soient bien connus , et pour que les savans puissent les comparer aux taits analogues. Rien ri'est plus digne d'etre observe avec soin que les progres de I'ordre social et de la civilisation. Si un peuple acquiert un art nouveau pour lui , s'il introduit une plante nouvelle dans ses cultures, s'il augmente le nombre des ecoles pour la jeunesse , s'il prepare I'instruc- tion des hornmes faits , s'il adopte et favorise I'esprit d'association , s'il marche avec assurance dans la voie du pertectionnement social, batons -nous de I'annoncer. Dans ce qui exerce une si puissante influence sur le sort de I'humanite, rien n'est petit, rien nest local : les inte'- rets et les demarcations politiques disparaissent; on ne voit plus que la grande f'amille du genre humain. II est cependant quelques objets dun grand interet de iocalite dont on regrette de ne pouvoir s'occuper, mais que Ion perd necessairement de vue, en portant ses regards autour d'un vaste horizon : les concours academiques sont dans ce cas. Si les programmes cir- conscrivent la question dans un espace qui ne puisse admettre qu'un tres-petit nombre de concurrens places sur les lienx memes, il serait fort inutile de les promul- guer au loin. La Rei^ue Encjclopedif^ue manquerait son but, si les pages quelle destine a seconder les travaux dun interet general se trouvaient envabies par des re- cherches trop speciales, ou trop locales. Nous voudrions pouvoir acquitter la dette de la re- connaissance publique envers tous ceux qui rent me- ritee, surtout au moment ou la mort vient de les frap- per. Mais, si Ton veut rellecbir que le nombre de ces pertes douloureuses s'eleve annuellement a plusieurs 1 4 RECAPITULATION DE L'ANNl5;E iSaS, centaines criiomnies dignes de vivre dans la memoire de leurssemblables, on reconnaitrarimpossibilitede parler de tous, et la necessite de choislr avec discernement ceiix auxquels cet hommage public est decerne. L'histoire dessavans et des bienfaiteurs de riiumanite fait line partie iinportante de J'histoire des sciences et de celle des progres de la civilisation. Le Bulletin bibliographique, qui precede immedia- tenient la section des Noiwe/les, laisse apercevoir aussi des lacunes. Nos correspondans nous aideront a les faire disparaitre, et a presenter un tableau moins incomplet de la Bibliographic universelle et de ses acquisitions les plus remarquables. Eux. seals peuvent reconnaitre avec certitude , dans les pays qu'ils habitent, les pro- ductions de la presse qui meritent d'entrer dans la cir- culation generale des conceptions intellectuelles entre les peuples civilises. Les etrangers sont exposes souvent a faire des choix peu convenables dans notrelitterature, et menie parmi les ouvrages de nos savans; ils pronent, ils adoptentet traduisent frequemment deslivres assezmediocres, tandis qu'ils auralent pu placer beaucoup mieux leurs eloges et le travail de leurs traducteurs. Nous aussi, nous sommes sujets aux memes erreurs, lorsque nous exercons notre critique litteraire sur les ouvrages etrangers. Quelque opinion defavorable que Ton ait de I'esprit national, do ses illusions et de ses preventions, on ne peut douter qu'il ne soit un juge integre et competent, lorsqu'il s'agit seulement de classer par ordre de nierite les ecrivains nationaux. C'est done avec une entiere confiance que nous nous en rapportons a nos correspondans pour Vindication des ouvrages nouveauxsur lesquels ils veu- lent bien nous envoyer des annonces bibliographiques. ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. i5 Comnie le but de ces annonces, qu'il est indispensable de faire tres-courtes [d^ une page an plus) ^ est de donner une idee succincte de I'ouvrage et de Tapprc'cier avec impartialite, afin que les lecteurs puissent juger s'il leur convient d'en faire un sujet deludes, on de le placer dans leurs bibliotheques, nousrecommandonsd'ajouter, a la suite de chaque titre d'ouvrage, les indications que Ton trouve dans les catalogues de librairie (i); ce qui n'empeche pas d'eviter avec soin, dans notre repertoire raisonne, la s^cheresse des simples catalogues. Lesarticles de notre Bulletin bibliographique sowtdi'uwe redaction plus difficile qu'on ne le croirait au premier coup-d'oeil.La methode que nous tachonsdesuivre, loin d'abreger notre travail, et de le rendre plus commode, nous impose I'obligation de lire tout un livre pour en parler en quelques lignes. Une lecture inattentive et su- perficielle nous exposerait a etre injustes envers les au- teurs , et a tromper le public par des jugemens hasardes. Nous nous attachons a justifier les critiques plulot que les eloges, surtout lorsque les observations critiques peuvent amener des discussions instructives. Nous pouvons le dire avec assurance, apres sept an- nees d'epreuves, c'est de I'estime et de la confiance de nos lecteurs que nous nous sommes montres le plus jaloux, principalement dans notre Bulletin bibliogra- phique^ parce qu'il est d'un usage plus frequent, et qu'il peut etre plus utile encore que la partie du recueil ou (i) Titre exact et detaille de Touvrage, avec le iiom de I'auteur; le lieu et I'annee de la publication ; le nom et I'adresse du libraire ou de I'editeur ; le nombre de volumes ; le format; le nombre de pages et I'indicatioii des cartes, plans et gravures, portraits, litliograpliies , s'il s'en trouve qui soient annexes a I'ouvrage; enfin,le prix. i6 RfiCAPTTULATION DE L'ANNEE i8a;5, Ton lie trouve qu'iin petit noml)red'«/?a;^'^C5d'ouvrages cholsis , deja reconimandes par I'importance des sujets oil par la reputation des auteurs. Nous esperons que nos corresponclans voudront bien s'astreindre a suivre la marche lente et laborieuse dont nous avons contracte I'habitude pour les ouvrages f'rancais et pour ceux que des etrangers nous adressent. Nous ne suffirions pas a ce travail , sans le secours d'un assez grand noinbre de cooperateurs zeles et instruits qu'on ne trouverait pas ailleurs que dans une grande capitale. Mais, la neces- site de resserrer dans des limites plus etroites notre re- pertoire bibliographique devient imperleuse, et ne nous laissera plus aucun nioyen de lui echapper, lorsque la litterature de chaque nation occupera, dans ce recueil, tout I'espace qui lui appartient de droit, en raison du nombre et du merite de ses nouvelles productions. Desl'origine de la Revue Encjclopedique^ notre but ne fut et ne pouvait etre que d'y reunir I'elite de ces produc- tions , de les comparer entre elles , et avec les ouvrages deja publics sur les memes sujets, de les annoncer au nionde litteraire, et d'etendre, autant qu'il nous serait possible, leur juste et utile renommee. Pour Texecution de notre plan, il fallait etablir au dehors des commu- nications regulieres et pennanentes , surmonter beau- boup d'obstacles dont on ne pent triompher que par la perseverance et avec le terns. Au point ou nous sommes arrives , I'assistance de nos correspondans nous est plus que jamais indispensable. II s'agit de diviser equitable- ment une centaine de pages au plus, chaque mois,en quinze ou vingt parties incgales, pour chaque nation, suivant des droits variables, et dont revaluation est ne- cessairement tres-incertaine. Car, chaque nation doit occnper , dans nos tables de la civilisation comparee, ET INSTRUCTION SOMMAIRE, etc. 17 unc place proportionnelle , non a son elendue territo- riale, a sa population , a sa force inililaire, a sa puissance politique; mais a la nature et a I'importance de ses tra- vaux scientifiques , industriels et litteraires (i).Le public eclaire de tous les pays jugera chaque litterature, dapres le merite reel des onvrages annonces , plutot qne par le nombre ou I'etendue des annonces inserees dans notre bulletin. En choisissant les nicilleixrs ouvrages recein- ment publics dans les pays qu'ils habitent , nos corres- pondans auront I'avantage de ne se livrer qu'a des oc- cupations interessantes par elles-memes et honorables pour la litterature nationale, dont ils feront connaitre les nouvelles richesses. La section des analyses , qui occupe la seconde place dans notre Revue ^ pourrait etre consideree comme une extension , un developpement de quelques-unes de nos (i) Nous soumettons surtout cette observation a deux de nos cor- respondans du Nord , qui nous avaient exprime ledesir que la Russie- put obtenir environ cinq feuilles d'impression dans chacun de nos caliiers, en insistant mcme pour supporter seuls les depenses extraor- dinaires qu'aurait entrainees cette extension de notre plan , (\ef- tinee a satisfaire leur amour-propre national. Nous rendons justice au zele patriotique qui les a inspires, etnous aimerons a le seconder, lorsqu'ils nous en fourniront Toccasion ; mais ils apprecieronf aussi les motifs de justice et de convenance qui nous ont fait refuser leurs offres. Notre Revue est le domaine commun des nations civilisees : chacunedoit y prendre peu a peu la place que lui assigneront les tra- vaux plus ou moins importans de ses savans, de ses ecrivains, de ses artistes. L'exactitude et I'esprit d'impartialite de nos correspon- dans dans chaque pays noussont necessalres pourbien remplir cette tiche. Si quelques nations n'obtiennent pas toujours de nous toute I'attention qu'elles nieritent, cela tient souvent a la negligence et au silence de ceux qui devraient nous tenir au courant de la situation et des progres de ces nations. T. XXIX. — Janvier 1826. a i8 RfiCAPITOLATlON DE L'ANN£e i8a5, aniioiices bibliographiques, en taveur dun petit nombre d'ouvrages pour lesquels ces annonces ne paraitraiont pas suffisantes : cette idee ii'est pas tout-a-fait juste. Les analyses dont il sa^'it embrassent a la tbis les ou- vrages et les sujets qu'ils trailent. Les connaissances acquises dolvent y servir de mesure pour apprecier chaque production nouvelle; ce qui amene line reca- pitulation , line Revue de ces connaissances ; quelquefois nieme , les decoiivertes y sont pressenties , lorsque les circonstances et la direction des esprits les ont preparees^ En soumettant a un examen attentif des pensees et des doctrines sur des sujets d'un grand interet , on ouvre des discussions solennelles ou la raison seule est prise pour arbitre , oil les decisions sont muries dans le si- lence du cabinet, redigces avec francliise, et presque toujours confirmees par I'approbation generale. Ces sortes de compositions litteraires ne sont point dedai- gnees par les talens d'un ordre superieur : des liommes d'une reputation europeenne ne craignent point d'y at- t'acber leurs noms. Ainsi , ceux de nos correspondans qui voudront entrer dans cette carriwre ne manque- ront point de niodeles; appuyes sur I'opinion publique, nous pouvons dire que notre recueil en otfre quel- ques-uns. On cite souvent , et presque toujours avec raison , ceux des Revues anglaises les phis estimees. Nous leur ferons neanmoiiis un reproche qu'elles peu- vent eviter facilenient. Que les redacteurs tiennent la balance moins inegale entre leurs propres idees et celles des auteurs dont ils parlent ; qu'ils ne soint pas em- presses a se produire sur les premiers plans du tableau, tandis que les ouvrages analyses se perdentdansun loin- tain vaporeus , ou disparaissent meme tout-a-fait, ce qui nest pas sans exemple. De terns en lenis, on peut tT INSTRUCITION SOMMAIKE , etc. i<) appliquer au recueil intitule : Quarterly review , le resu- me de la defense de 1 'Esprit des his centre la gazette ec- clesiastique decette epoque. «Il residte detout ceci, dit Montesquieu, que I'auteur n'a point compose son ou- vrage, suivant ies vues ct les opinions de ses critiques > que, s'ils avaient traite le meme sujet, ils auraient dit bea ucoii p de choses qu'i Is sa vent ». Les revues tVEdiinhourg et de Westminster , plus fortes de savoir et de pensees que leur rlvale ( Quarterly'^ , ne s'ecartent pas autant des convenances, et font souvent deveritables analyses, mais trop etendues pour le plan de notre Revue Encjclope- dique^ qui embrasse un bien plus grand nombre d'objets, d'ouvrages et d'articles , classes d'apresune niethode ri- goureuse. On peut lire par intervalles un petit nombre d'articles etendus qui ne paraissent que tons les trois niois , en prenant le terns de mediter sur ce qu ils con- tiennent: les redacteurs n'ont done pas a craindre d'y avoir traite trop longuement des sujots fort seiieux, et reserves pour les esprits qui se plaisent a rellechirsur ce qu'ils lisent. Notre recueil , dont I'universalite et la vu- riete exigent de nombreuses divisions et lemploi de materiaux inGnlment plus considerables, s'accommode beaucoup mieux d'articles qu'on puisse lire d'un bout a I'autre, avec I'altention qu'excite une lecture interessante et sans fatigue. Nous devons avoir present a I'esprit ce vers du grand fabuliste, qui peintasscz bien la disposi^ tion generale des esprits sous ce rapport: Les longs ouvrages me font peur. Cetle condition n'oblige pas nos auteurs d' analyses A n'etre quesuperficiels; ilssavent que laprofcndeurs'allie tres-bien avec une redaction claire , precise et rapidej qu'elle ne consiste point dans le nombre des pensees, 20 RECAPITULATION DE L'ANNEE i8a5, encore nioius dans celui des phrases. «I1 s'agit, dit encore Montesquieu , de taire penser plus que de laire lire «. Nous n'avons que peu de choses a dire sur notre pre- miere section , celle des memoires ou notices, qui doi- vent rappeler et justifier le titre du recueil , s'il y est question des connaissances acqtiiscs, et non d idees nou- velles, qui doivent eclaircir ou compleler quelques- unes de ces connaissances , les etendre ou en augmenter le nonibre. Ici , une instruction positive est de rigueur; I'imagination gateraitlout, si elle pretpndait se substituor au savoir. Los lecteurs n'aiment point qu'on leur ap- prenne ce qu'ils savent, ni qu'un ecrivain se montre nioins inslruit qu ils ne le sont eux-memes; ils exigent que, sur cliaque sujet, on parle de ce qui est connu, pour se diriger plus surement vers ce qu'il est possible d'ajouter a nos connaissances. Mais , pour le plus grand nombre, la diversite est un besoin encore mieux senti que celui de I'instruction. Nos collaborateurs connajs- sent aussi bien que nous cette mobilite de tons les es- prits et de tous les goi\ts , par laquelle le philosophe menie est entraine quelquefois a regret, et le plus sou- vent avec autant de plaisir (}ue Ihomine frivole. Puis- qu'il faut lui faire sa part dans notre Revue , consultons plutot une indulgente liberalite qu'une raison severe; tachons , avec le secours de nos correspondans , de varier a I'infini les objets que nous ferons passer sous les yeux de nos lecteurs. Quant a I'eiendue des memoires , on sent bien qu'elle ne pent etre lixee d'apres aucune regie, non plus que celie des analyses eV outrages ^ mais que la brievete a beaucoup de prix pour nous ; nous pouvons affirmer quelle est aussi du gout de nos lecteurs, d'au- tant plus qu'elle multiplie les intervalles de repos pour ET INSTRUCTION SOMxMAIRE, etc. 21 1 attention, et qu'elle favorise le penchant naturel des homines pour des occupations varices. M. A. JuLLiEN , de Paris. REVUE DES PllOGRES DES OPINIONS RELIGIEUSES. PREMIER ARTICLE. LeDix-NEuviEME sijfccLE se moDtre anoiiscomme emincmmeDt religieux. II Test par choix, il Test avcc liberie; il I'est par consequent d'luie maniere plus profonde et plus intime que tous lessiecles qui I'ont precede. Un plus grand nombre d'ecrits religieux parait en niemc terns dans toutes les sectes et dans toutes les langues : ces ecrits font sur le public nne impression plus profonde; ct dans toutes les classes lie la societe, les opi- nions religieuses sont traitees avec plus de respect qu'autrefois. n On a beaucoup parle de la niarche du siecle et du mouve- ment des esprits, ditM. de Bouald, et personne n'a remarque un phenomene digne de fixer I'altention de rhonime d'etat et du le- gislateur. Dansle siecle dernier, les esprits, egares par de funesles doctrines, se dirigerent avec une violence extreme contre la le- I'gion Mais, parvenu k I'apogee de sa puissance , le monve- nieut irreligieux s'arreta , ou plutot, un mouvement contraire et tout religieux eniporta les esprits dans une direction opposee. Bonaparte sut la reconnaitre et en proQta. Depuis ce terns, I'esprit religieux a toujours ete en croissant, ainsi que le de- montre a tout ceil atlentif la situation de I'Europe. Qui pent en mecounaitre I'influeiice dans les mouvemens de la Grece, dans lt:s troubles de I'lilande, dans cetle inquietude vague qui pousse les esprits vers de bautes contemplations? D'un bout a I'aulre., 11 REVUE I'Eiirope est travaillee par un ferment religieux iiitrotiuit dans la masse du corps social. Mens agitat rnolem (i). » Ce ferment ii'a pas etc remarquc seulementpar IcsFrancais, les catholiques et Ics royalistes. Dans line republiqiie Suisse, un prcdicateur protestant le signalait egalemeut h. rnssemblee dcs missions cvangcliqiies chcz les peuples non chreliens. « II failait, dit-il, pour que I'oeuvre des missions put s'accomplir> qu'il y ei'it i la fois un revcil religieux chez un grand nombrc de nations chreticnnes; et ce reveil s'cst manifesto, non-scu- lement dans I'Angleterre, dans I'Allcmagne , dans la Russie meme et dans notre Suisse, mais aussi , ct d'une maniere plus prononcee encore, dans les Etats-Unis de I'Amerique, ct jus- que chcz les Colons, nagucrc si corrompus, de la presqu'ile des Indes, Un souffle de vie sc fait sentir en tons lieux, et, comme au letour du printems , il penctrc dans les continens et dans les lies, dans les vallces et sur les sommets des montagnes, dans les palais el dans les chaumieres. Partout on volt aujour- d'hui des ames qui se reveillent au sentiment de Icurs miseres, qui craignent la colere a venir, qui se tournent vers la sainte Bible, qui recourent a Jtisus, et qui re^oivent la paix (2). » Nous pourrions encore appeler en temoignagc de ce phe- nomene les phiiosoplies les plus independans de notre siecle, qui, loiud'ebranler les croyances religieuses par leurs atfaques, comme avaicnt fait leurs dcvanciers, travaillent au conlraire avec zele Jl consolider I'alliance de la religion avec la raison: nous pourrions citerces an liquaires qui, telsqueFred.Kreutzer, ont mis tant de zele a derouler a nos yeux et a expliquer les religions dc I'autiquite , ou ce bel ouvrage oil M. Benjamin Constant a uni la plus vaste erudition aux plus fortes pensees, et a montre que le sentiment religieux etait comme une loi Fondamentale de notre nature. (t) Opinion de M. le vicomle de Bonalu , sur le projet de loi relatif •II sacrilege , iSaj. (i) M. GiOSSRN , ahseiTiblee du a 1 avril i8a5, poge 5». DES OPINIONS RELIGIEUSES. i^ D'aiUres, il est vrai, tiennent uii langage tout coiUiaire : on les entend accuser le siecle oil nous vivons de son empresse- ment a secouer loutes les croyances religieuses, de I'aveugle- ment et de I'arrogance avec lesquels il se prccipite dans I'a- theisme. Mais, ccux qui parlcnt ainsisont moins des devots que des hommes qui vcnlent que la religion deviennc pour eux un instrument dc domination , qui menacent, qui insullent la generation au milieu de laquellc ils vivent , pour se donner sur elle un air de superiorite, ct usurper les droits d'une mission divine. Ces hommes nous trompent ou veulent nous tromper et le pen d'accord de leurs actions avec leurs paroles suffit pour nous en convaincre. II fautbien, en cffet, qu'ils aient re- €onnu un puissant auxiliaire dans les dispositions du peuple , puisqu'ils ont choisi ce moment pour ourdir leurs trames am- bitieuses. An rcste, en voulant nous tromper, ils se Irompent aussi eux-memes : c'est le sentiment religieux qui a reparu avec vigueur, avec franchise dans toutcs les ames ; ce n'est pas I'es- prit sacerdotal, ce ne sont ni la superstition ni le fanatisme ; ce serait cependant de ccs pas^.ions que les pretres auraient besoinpour fonder de nouveau leur empire. L'esprit religieux, tel que nous le trouvons dans la grande masse de la generation vivante, est tm esprit de support, de charite , dc respect pour toutes les croyances : l'esprit sacer- dotal, tel qu'il se manifeste dans une partie seulenient, mais dans la partie la plus agissante d'lui clcrge ambitieux, est un esprit d'exclusion, d'intolc'rance et d'anatheme. Ce double mou- vement, excite par les croyances qui consolcnt ct qui elevent I'homme, et par Tabus quo quelqucs-uns voudraient en faire, est sans doutc un des objets qui meritent le plus de fixer notre attention : c'est l.\ que nous pouvons trouvcr les germes de noire avenir; et, si I'espace nous manque pour rendre compte des ouvrages presque innombrables qui paraissent chnque jour sur ces matiercs, nous ne pouvons du moins, sans negliger le de- voir que le plan de notre Revue nous impose, nous dispenser d'arretcr nos lecteurs sur la marchc generale de I'opinion. Le support et le respect pour toutes les croyances, sont, H REVUE avoiis-uous dit, li- caractcie disliiictif de respiit relij^ieux daus iiotre siecle. Chacun somble reconnaitrt; que toutes les religions sunt vraies, i: des memes symboles? Ai-je porte mes voenx a un autre Dieu, au rival du maitre du monde? C'est dans cette supposi'ion que se trouverait le blaspheme. Elle rabaisserait la Di:\'inite au ni- veau des vois de la terre; elle admettrait partage de pouvoir , inimitie, danger de revoke pour I'etre des dtres. Ce sont les ombres du polytheisme qui nourrissent encore I'intolerancf. Plus la religion se spiritualise, plus elle s'cleve a I'idee d'un Dieu unique , tout bon, tout puissant, ct prcseut partout : plus elle nous euseigne la vanite des mots sur lesquels nous nous somnies disputes; plus elle nous montre I'accord de tous les hommes cherchant toujours I'Etre des etres. Peut-etre me dira-t-on que j'aneantis ainsi la foi, a laquelle les apotres du christianisme out attache une si haute impor- tance. La foi est un mot dont le sens a varie : lorsqu'il designe une verlu, il equivaut pour moi a cenfiance; il represente I'en- semble de cet amour, de cette crainte et de cette esperance qui ont rattache I'homme a la Divinite. II ne saurait designer la science de ce que I'homme n'est pas capable de savoir. T. XM\. — Janritv 1S26. 3 3/, REVUE Mais, la foi, diia-t-on encore, s'exerce sur I'histoire des re- velations. Non : I'histoire des revelations est de I'liistoire ; elle est soiimise aux regies de la critique, comme toiites les autres histoircs; elle demande de profondes recherches, une vaste eru- dition, I'habitude de juger des verites, d'apprecier des temoi- gnages; elle estfondeesur la connaissance des homines, qui ex- plique lanaissance des opinions, surla connaissance des langues, qui permet de rectifier les erreurs des traducteurs , de prendre les traditions a leur source et de les comparer. C'est une science enfin , ct I'une des plus vastes ct des plus conipliquees qui soient accessibles aux hommes. Or, la religion, I'hommage de la crea- ture k son createur ne saurait etre une science , car elle est un besoin de notre nature : elle est un plaisir et un devoir pour tous; elle a sa source dans le coeur, et ne saurait etre rel'usee aux ignorans , et a ceux dont I'inteliigence n'est point deve- loppee. Je suis bien loin de concluro, cependant, de ce que toutes les religions s'adressent au vrai Dieu , que toutes soient egalement bonnes , et que le choix entr'elles soit indifferent. Mais ce n'est pas la verite de leurs dogmes qui etablit entr'elles une diffe- rence dont nous soyons nous-memcs juges. Notre vue, trop faible pour trouver la verite dans le ciel , pent tout au plus la reconnaitre sur celte terre. C'est par I'influencc de la religion sur notre conduite terrestre que nous pourrons avec le plus de certitude nous elever h la meilleure. Nos opinions sur la Di- vinite, sur son essence, sur ses personnes, sur ses noms , sur son histoire , si on ose lui appliquer un mot semblable, ne la changeront point, ne I'offcnseront point : car elle ne saurait nous reprocher notre faiblesse ou notre ignorance ; ne I'empe- cheront point de nous entendre ; mais nos opinions influeront sur nous-memes et sur notre conduite. De ce que Dieu ne se revele a nous que comme I'ideal , I'infini de toutes les perfections, a du naitre en nous le sentiment , que notre devoir envers lui est un effort constant pour nous perfectionner nous-memes. Les attributs de la Divinile sont le fanal qui liclaire notre mo- DES OPINIONS RELIGIEUSES. 35 vale, et les dogmes absiirdes, s'ils ne nous rendent pas cou- pablesenvers Dieu, nous rendent du moins infortunes , parce tju'ils nous degradent. Una etroite alliance unit les dogmes de chaque religion, surtout lorsque les pretres les ont faconnes, selou leurs interets, avec la conduite de ceux qui la professent. II ne serait pas dif- ficile de montrer comment telle croyance a rendu les homnies cruels et impitoyables; comment telle autre a emousse leur industrie , et les a plonges dans Tindolence ; comment une troi- sieme les a degoutes de I'exercice de leur raison, en les accou- tumant a demeurer satisfaits de I'absurde; comment une qua- trieme, en les livranl a des cxtases ascetiques, les a mis sous I'empire des sens qu'elle pretendait dorapter ; comment presque toutes, si elles n'ont pas change le vice en vertu , ont du moins bouleverse I'ordre des devoirs moraux. Si la morale est le meilleur critere pour juger des religions, les moralistes et les hlstoriens qui connaissent le terns present et qui peuvent le comparer aux tems anciens, seront , de tous, les meilleurs temoins, pour confirmer la verite enoncee au commencement de cet article; que notre siecle est religieux, qu'il Test plus que ceux qui I'ont precede, parce qu'il est plus moral. La morale profite de tous les progres de la raison; lorsque les peuples se civilisent, elle est mieux entendue, et elle pent etre mieux observee. Elle se complete elie-mome , elle acquiert toute la regularite d'un systeme rationnel, elle con- firme le sens moral, et rectifie les prejuges que nous prenons quelquefois pour son langage ; et c'est apres qu'elle s'est montree dans toute sa beaute , qu'elle nous fait rougir des atrocites ou des infamies par lesquelles nos peres ont cru parfois honorer I'Etre-Supreme. Tousles historiens, en effet, se reuniront a de- clarer que, phis ils etudient les siecles passes, plus ils sont frappes de la superiorite morale du notre ; plus ils sentent que nous nous sommes eleves au-dessus de la confusion des prin- cipes du juste et de I'injuste qui dominait autrefois, que nous donnons toujours moins I'autorisation religieuse aux plw^ 36 REVUE granites atrocites; qu'on pent toujoiirs moins nous rcprochei- rcffronterie dc la niauvaise foi ct de la sceleratcsse. Certcs, nous ne voulons pas dire que la morale publique ait fait tons les progres qn'clle aurait du faire, qu'elle fera sans doute; ou que la religion influe sur la conduite des gouverne- mens, comine elle infliie deja sur ccUe de la masse des peuples. De trop grands crimes publics, commis aujourd'hui memc sous nos veux , en remplissant nos ames d'horreur , nous fc- raient quclquefols douter dc ce progros religieux que nous avons cherche a signaler. 11 suffit de nonimer TAfrique , condamnee , par la continuation de la traite , a cndurer chaque annee plus de souffrances, plus d'atrocites que n'en enfanta la revolution francaise pendant tout son cours : la Grece devouee par un epouvantnblecalcul au massacre, al'esclavage ou a I'apostasie de tous srs habitans : I'Espagne, au moment ou elle cherchait ;i echapper a des institutions barbares, re- plongee sous le joug d'une populace frenetique, qui s'efforce d'y detruirc toutes les lumieres, toutesles vertus qui s'elevent au- dessus de son niveau. Mais ces memorablcs ct funesles exemples de depravation confirment eux - memes les progrevS de la mo- rale publique. Ceux qui ont entraine les Etats de I'Europe dans cette route onsanglantce, n'apparliennent pas a noti'e sieclc: toutes leursopinionssont retrogrades, et leur politique est encore celledes siccles passes. Toulefois , ceux memo qui encouragent en secret la traite des negresn'osent en parler que comme d'un fleau qu'ils prometlent de faire cesser. Mais il y a moins d'un demi-siecle que la traite etait un objet d'ambition ct d'emulation pour tous lesgouverncmens, et qu'aucunpeuplen'cn rougissait. Une clameur universelle s'eleve de toute I'Europe centre le sacrifice de la Grece, et la politique sera bientot forcee de reculer devant I'opinion; mais , au seizieme siecle , Henri II avait tente de meme dc sacrifier I'ltalie aux Turcs; il y avail appele Soliman et Barberousse; les chevaliers fraucais com- battirent, de concertavec les Musulmans; un grand-prieur de Malte les convoyait sur les cotes d'ltalie, et il ne tint pas a DES OPINIONS RELIGIEUSES. 37 Henri II que Naples, Rome, Milan, ne subissent le sort qu'ont subi de nos jours Chios ou Psara. L'Espagne eufin fait rougir la Sain te- Alliance, qui bientot sera forcee de relever ce malheu- reux pays qu'elle a ecrase. Mais la longue anarchic de Pologne fut I'ouvrage des puissances voisines de cette Rcpublique : pen- dant des siecles , elies travaillerent a pousser ce malheureux pays toujours plus avant dans la souffrance, la ruine et la guerre civile; et alors, ces puissances ne rougissaient pas. Es- perons que le triomphe des idees morales approche enfin ; nous les voyons gernier dans lous les coeurs, nous les voyons pro- clamer par tons les organes de I'opinion. Les dcpositaires de la puissance ne pourront pas resister long-temsa leur ascendant; et, quand la morale aura modiQe la politique, la religion aura fait ime conquete bien plus importante que toutes celles que les rnissiounaires peuvent lui promettre. /. Ch. L. DE SiSMONDI. ( La suite au prochain cahier }. NOTICE SUR LE GENERAL FOY. FoY ( Maximilien-Sebastien), naquit a Ham. departeinent de la Somme. Son pere , liomme distingue par ses connais- sances, avait combattua Fontenoy. Retire du service, devenu maire et directeur de la poste , c'est lui qui haranguait le ma- rechal de Saxe , toutes les fois que ce grand capitaine passait par la ville de Ham pour se rendre a I'armee. Le jeune Maxi- milien n'avait que quatre ans et neuf mois , lorsquc son pere lui fut enleve; mais celui-ci avait deja pressenti I'avenir du dernier de ses fils; il lui annonca nieme, en mourant, de bril- lans succes, soit au barreau, soil dans toute autre carriere liberal e. La mere de Maximilien, Elisabeth Wisbegk , rcsta veuve avec cinq enfans qui trouverent en elle une femme forte , «>« 38 NOTICE BIOGRAPHIQUE d'un caraclere ogalement propre i\ lui concilier I'amour et le respect. Maximilieu enfant adoraitet craignait sanieic; simple officier, on parvenu aux premiers honneurs do I'armee, ja- mais 11 n'omit un seul des devoirs de la tendresse liiiale. Rien de plus aimable , de plus gai , de plus semillant que le jeune Foy; ses yeux etincelaient d'esprit; et cependant, an- cun de ses condisciples ne I'egalait en application. Une me- moireprodigieuse secondait sa vive sagacite ; ilsaisissait , pour ainsi dire, les choses au vol; son esprit s'en penetrait et les conservait, comme dans un depot fidele ou il etait sur de les retrouver au besoin. Il posseda de ti'es-bonne heure les elemens de la langue la- tine ; k neuf ans , sa plume avail deja de I'elegance; a quatorze ans, il avait fini ses etudes au college de I'oraloire de Soissons. L'extreme jeunesse du brillant eleve suggera I'idee de I'en- voyer faire une seconde annee de rhotorique a Paris ; mais , apreshuit jours d'essai au college de Lisieux , il se senlitplus fort que ses nouveaux condisciples, et resolut de quitter une maison ofi il ne ferait aucun pi'ogres. Bientot, sa famiile deli- bera sur le parti a prendre pour lui. II avait annonce des dis- positions pour la profession des armes ; on resolut de I'en- voyer a La Fere. Dix-huit mois de travail dans I'ecole d'ar- tillerie de cette ville le mirent en etat de se presenter aux exaraens de ChMons-sur-Marne. Admis le troisieme, dans un concours de plus de deux cents eleves, vers la fiu de 1790, on le vit, apres quelques mois de nouvelles etudes, partii" comme second lieutenant dans le troisieme regiment d'artil- lerie, qui se rendait a I'armee du nord. La politique occupait .ilors tous les esprits; I'ecole de Chalons se partageait en trois partis: les defenseurs de I'ancien regime, les neutres et les constitutionnels. Le nouveau lieutenant etait a la tete de ces derniers , et suivait avec beaucoup d'ardeur le grand mouve- mentimprime i tous les esprils, par une revolution destinee a changer la face du monde. Voila les preludes du general Foy dans la carriere politique; telle fut I'origine du genereux cn~ ihoubiasme qu'il a scelle de son sang ctpaye de sa vie. SUR LE GENERAL FOY. 39 La bataille de Jeminapes et les differentes actions ou com- mandaient les generaux Dumouriez, Dampiene , Jourdan , Houchard et Pichegru virent le jeune Foy servir avec beau- coup de distinction comme capitaine d'artillerie voiante. IJne arrestation injuste mit alors ses jours dans iin tres-grand dan- ger; mais il ne se souvint de sa prison d'Arras que pour aller combattre de nouveau les ennemis de la France. Aba- tucci, Desaix, Moreau , le reinarquerent dans deux celebres campagues; ce fut lui qui fit echouer I'attaque de la tiite de pont de Huningue par les Autrichiens. Il se montra aussi avec beaucoup d'eclat, lors de la conquete du canton d'Untervald, et plus encore a la bataille de Zurich et au combat de Diessen- hoffen. II avait etc nomme adjudant-general sur le champ de bataille par Massena. En 1800 , le passage du Minho lui offrit une nouvelle occasion de deployer ses talens et son intrepidite. A I'epoque du proces de Moreau quesuivitbientot I'etablis- sement de I'Empire , le general Foy laissa voir la noblesse de son caractere et son courage politique. On le vit d'abord re- fuser, parce qu'il elait militaire et qu'il n'etait pas juge , sa signature a une adresse qui designait les auteurs de la conspi- ration , et ensuite voter contre la nouvelle dignite affectee par Napoleon. II admirait ce grand homme, mais il voulait,avant tout la liberie de la France ; il avait combattu pour une cause sublime , et craignait de la trahir par son adhesion a la crea- tion d'un empire, ou plutot a I'etablissement du pouvoir ab^ solu. Cette circonstance retarda long-tems son avancement ; il est reste neuf ans de suite dans le meme grade , en voyant d'un ceil tranquille les rapidesprogr^ de ses compagnons, dont beaucoup etaient bien loin d'egaler ses talens et ses services. Envoyc a Constantinople , le colonel Foy contribua de la maniere la plus brillante et la plus decisive a la dtifensc des Dardanelles ; il les quitta pour venir faire la guerre en Por- tugal, comme general de brigade. Massena, qui I'avait juge en Helvetic, tira le plus grand parti du devouement d'un si ha- bile officier dans sa difficile campagne; il jeta encore les yeux /lo iVOTICE BIOGRAPHIQUE siir liii pour defenJre aiipres de rEmpercur la cause de I'ar- ni(';e ; elle ne pouvait etre mieiix defendue que par iiu si elo- (luent iriterprete. Napoleon apprecia cniin le general Foy, ot le renvoya a rarmee de Portugal, apres Tavoir eleve au grade de general de division. C'est dans cc pays , et en Espagne, cpie ie general Foy, charge de condiiire des corps composes de plusieurs divisions, fit voir, notammcnt h la bataille de Saia- inauque, et pendant la retraite de Vittoria, que Ton pouvait trouver en lui un digne emule des lieutenans de Napoleon. II parut avec le meme eclat aux diverses actions qui nbiis force- rent enfin a rentrer sur notre territoire. Uneblessuie presqne niortelle put seule I'arracher du champ de bataille d'Orthez on il eut I'epaule fracassee. La bataille de Waterloo le vit une derniere fois sous ies arraes; il y recut sa quinziemc blessnre. Le general Foy reunissait presque toules Ies qualites de rhomme de guerre , la vigilance , I'audace, la constance, le coup d'oeil , la fecondite des ressources et la promptitude de Texecution. II availbien con^u la grande guerre, il ensuivait lesop<'rations dans ses caaipagnes; et, quoique religieux a executer Ies ordres su- pcrieurs, il conimandait toujours en chef dans sa pensee. Le general Foy etait un homme antique ; on a remarque d'etonnans rapports entrelui et Sertorius. Tous deux ont ete orphelins de pere , et laisses en bas age aux soins d'une veuve; tous deux nourris de bons enseiguemens par une femme d'un esprit viril; tous deux pleins d'une tend resse melee de venera- tion pour leur mere. Tout perdue au milieu de leurs triomphes aVec une douleur profonde; tous deux, aussi prompts a bien dire qu\^ bien faire, appeles aux succes du barreau par »ine eloquence naturelle, ont ete contraints d'appliquer leur genie a I'etat militaire, des la plus tendre jeunesse ; lous deux en- core ont fait la guerre daus Ies mcmes contrees. On remarque entre ces deux pcrsonnages d'autres similitudes, telles que I'a- niour des letlres, le desinteressement absolu, une vigilance extreme, Ic conseil et Tex ecution, I'avantage d'inspirer la crainte et Testime aux ennemis, Vart d'attirer I'affectiondessoldats etia SUR LE GEWER/VL FOY. Ai bicnvcillaiicc des clrangers; enfin, un dcvouement sans botncs pouilapatrie, avecledesir continuelde rentrerdans le pays na- tal, poui revoir une mere cherie et vivre pies d'elle en citoyen. La carriere militaire du generalFoy avail ete brillante, sa car- riere politique devait I'ctre encore plus; maisrune expliqne le phenomenede I'autre. Sa tente fnt toujours un cabinet d'etudes; au sortir des combats , il conrait a ses livres. En faisant la guerre, il apprenait radministration , I'histoire et I'economie politique. Orne de connaissances varices, reinpli des ecrivains anciens et modernes, il arrivait a la tribune avec des tresors d'eloquence amasses pendant vingt-cinq annees de combats. H avail appris a connaitre les hommes au milieu des camps et des populations; il etait devcnu orateur, en adressant d'elo- quentes paroles aux soldats qui avaient chaque jour quelqiie prodige a faire pour etre dignes d'eux-memes et de leurs chefs. C'est sous cesauspicesqu'ilparut a la tribune, commedeputedu departementde I'Aisne. Quel debutque son premier elan a la tri- bune, pour arracher les vainqueurs de I'Europe, mutiles dans les batailles, a la douleur de cacher le signe de I'honneur qui couvre leur poitrine, et de tendre la main qui leur restait pour demander a la pitiedes passans I'obole de Belisaire! Comme on fut etonne d'entendre un soldat discuter avec la meme supe- riorite les budjets du clerge , de I'intericur, de la justice et du ministere des affaires etrangeres! Quelles etudes constitu- tionnelles annoncaient la force et la clarte de ses eloquens plaidoyers en faveur de la cliarte et des principes liberaux ! Le nouveau depute n'etait encore qu'a sou debut en i8ao ; cepen- dant, par quel sentiment profoud d'une situation presque acca- blante pour un parti injustement accuse , par quel heurenx melange de raison et de courage, n'imposa-t-il pas a une as- semblee ardente et pleine de passions qui voulait exploiter a son profit un evenement terrible! On leconnuten lui dans cettecirconstancequelque chose de I'art de Mirabeau, gouver- naut sa parole, et maitre de lui-meme parce qu'il s'etaitbien prepare aux perils du combat. 1,1. NOTICE BIOGRAPHIQUE On a ciu que le general Foy ne faisait que reciler de memoire ses discours ; telle n'est pas la verite. Apres avoir long - terns i-eflechi sur un siijet, apres en avoir etabli en- suite les divisions qu'il tracait sur le papier, il dict^it ses harangues en se promenant , et ne les revoyait plus. Plein de son sujet, fortde sa disposition, ilmontait ik la tribune, dit-il lui-meme, et n'etant pas persecute par le souvenir des mots, parce qu'il ne les savait pas, mais retrouvant les traits heu- reux, il produisait, grace au mouvement que la parole com- munique a la pensee, des images et des idees sur lesquelles il etait bien loin de compter, au moment de sa meditation pre- miere, et qui se melaient aux heureuses inspirations du mo- ment. Des que le general Foy fut admis dans notre Chambre des communes, et surtout lorsqu'il eut senti que ses talens appe- laient le depute de I'Aisne i devenir I'homme de la France, I'economie politique devint I'objet special de ses nouvelles etudes. II meditaitsans cesse sur I'agriculture, sur I'industrie et sur le commei'ce ; il admirait leurs progres de chaque jour, et devan^ait avec joie I'avenir de prodiges qui leur est promis par leur alliance intime avec le genie de la science. II avait compris sans peine que le travail est I'ame des societes modernes , le principede leur prosperite, le meilleur gardien de la vertu et de la liberie des peuples. Les etudes du general Foy s'etendaieut a toutes les parties du systeme social. On a trouve un code criminel annote tout entier de sa main ; il possedait de memenos differens codes, et I'ensemble comme les details de I'administration. Mais, avec quelle Constance , avec quel soin n'approfondissait-il pas cha- que jour le systeme financier de I'Angleterre et le notre qui lui ressemble , malgrede grandes differences ! II palissait sur les budgets dont la collection, chargee de ses nombreuses obser- vations, sufliraitseule pour attester la religieuse attention qu'il apportait dans I'examen des recettes et des depenses de I'etat, Menager du fruit des sueurs du peuple , il se regardait comme un econome de la France , et un gardien du trcsor public. SUR LE GENERAL FOY. 43 Tant de travaiix et d'efforts pour se maintenir au niveau de sa mission ne I'empechaient pas de defcndre les droits de la representation nationale violee dans la pcrsonne de I'un de ses coliegues, et des'opposer a la guerre d'Espagne dontil n'a~ vait que tropbien prevy les consequences, c'est-a-dire, la perte des institutions constitutiounelles pour la Peninsulc; et pour la France, outre des depenses enormes , tons les incouveniens d'une longue et daugereuse occupation. Le zele , les succes du general Foy devaient faire prevoir sa reelection : au moment de I'expiration de son premier mandat, il fut effectivement porte de nouveau a la Chambre des depu- tes pour la session de 1824; et, triomphe assez rare, il obtint le meme jour les suffrages de Paris , de Vervins et de Saint- Quentin. Rentre dans la carriere par une voie si honorable, il sembla redoubler de talent et d'ardeur, soit dans la brillante defense de I'election de M. Benjamin Constant, soit en atta- quant I'augmentation de vingt mille hommes que Ton voulait faire au contingent annuel, ou plutot a I'impot du sang,ex- pression qui parut etre un cri de I'humanite echappe du cceur d'un guerrier citoyen. La funeste raesure de la septennalite, la loi sur la retraite imposee a des heros encore pleins de force et brillans de courage, le scanda'e des marches Ouvrard, I'in- demnite des emigres qui sont , disait-il , deux contre un dans la Chambre, et un sur mille dans la nation , furent pour le gene- ral Foy autant d'occasions de signaler son courage et son elo- quence; I'un et I'autre augmentaient chaque jour en lui. Jamais il ne s'eleva si haul que dans la nouvelle session oCi il devait terminer sa carriere politique, comme un athlete couronne de palmes aux jeux olympiques. Apres tant de travaux augmentes par une correspondance considerable, et par toutes les obligations qu'imposaienta un tel hommc son caractere, son talent et son influence , le gene- ral Foy rentra dans ses foyers. II etait accable de fatigues et menace d'une maladie grave ; peut-ehe meme , devait-on re- garder sa mort comme deja commencee, depuis I'atteiute terrible /14 NOTICE BIOGR^PllIQUE qu'ellc avail lecuc, an moment de la fameuse discussion siii I'indemnite des emigres. Cependaat, il put reparaitre h la Iri- bunej mais, la session fuiie, un repos absolu etait necessaire ail trop courageux orateiir. M. llroussais, son ami et son me- decin, liii prescrivait ce romcdo coinnie la plus imporieiise dcs nccessitcs; mais il n'obtonait auciin succes. Pour le general Foy, cesser de travailler, c'etait mourir. Un voyage dans Ic niidi de la France parut devoir suspendre son activite ; il n'y trouva que de nouvelles fatigues qui avancerent beaucoup le terme de sa vie. An retour des Pyrenees, le general fut siu'pris et touche du trioniplie imprevu que la viile de Bordeaux tout enliere lui decerna par lui mouvenient spoiitane. Mais ce trionij)he, eu lui rappelantles honneurs civiques que Strasbourg etMulhau- scn lui avaient accordes, en 1821, donnait malheureusement des secousses trop vives a ce cceur sensible et augmentait la funeste vitesse de ses mouvemens. Au lieu d'etre encore dilate par la reaction deTeuthousiasme public sur lui, et par la puis- sance souveraine des grandes idees de patrie , de gloire et de liberte, le cceur du general Foy avail besoin des douceurs de la vie domeslique ofl il so montrait si bon , si simple , ami fa- cile , epoux affeclueux , pere rempli d'indulgence. Ebranle au contraire par des fatigues au - dessus de ses forces, par dcs eprcuves morales, qui I'agitaient tout entier, le grand orateur etait frappe d'une maladie incurable, au moment de son arrivee a Paris; debout encore, il mourait d'un anevrisme. D'intolerables douleurs, qui ont dure pendant plus d'nn mojs, en redoublant toujours d'inteiisitc , et que ne pouvaient apaiser ni les soins religieux de ses neveux, ni le devoue- nient d'une hero'ique epouse, qui n'a quittc le lit de son ago- nie qu'au moment fatal, I'ont enfin conduit au tombeau, apres avoir scrvi d'cxercice au plus grand courage qu'un homme ait jamais montre en face des souffrances de la mort tou- jours presente. « Je sens, disait-il d'une voix mouranle, un pouvoir desorganisateur qui travaille a me detruire; je com- bats le geant, et je ne peux pas le vaincrc. » SUR LE GENERAL FOY. /,5 Qiiand il vit ai river rheiire supreme, il vouliit respirer encore iin air pur, et voir, pour la derniere fois, la lumiere du ciel. Ses neveux eplores le porterent dans un fauteuil place vis-a-vis d'une fenetre oiiverte ; la , se sentant defaillir, il leur dit:«Mes amis, mes bons amis, mcttez-moi snr un lit; Dieu fera le reste. » Telles furcnt ses dernieres paroles. Deiix mi- nutes apres, il rendit a I'Auteur de toutes choses I'ame pure et grande qu'il en avait rccue. Le general Foy expira, a une heure trenle-cinq minutes apres midi, le 28 novembre iSaS; jour a jamais de funcste me- moire, et que la France ne verra renaitre chaque annee qu'avec d'amers regrets. Au moment oil d'habiles artistes s'occupaient de saisir et de conserver ses traits pour la posterite, la figure du general Foy, que les souffrances avaient alteree, reprit sa douce sere- nite, avec quelque chose de tranquille qui n'etait encore ni rimmobilite, ni la roideur de la mort. II avail I'air dc dor- mir, et ressemblait ;\ quelque sage de la Grece dont le tems nous aurait conserve rimage(i); mais, si Ton eiit leve le drap mortuaire, quel spectacle fait pour inspirer la douleur et Ic respect!!! Cette bouche eloquente, qui tonnas>!t du haut de la tribune, portait de nonibrcuscs cicatrices; les mains qui avaient tenu si long-tems son epee victorieuse etaient mutilees; ses bras, sillonnes par les balles, en gardaient I'empreinte pro- fonde ; I'une de ses cuisses etait dechiree par un boulet; il avait eu I'epaule gauche f'racassee a la bataille d'Orthez , I'epaule droite traversee par une balle a Waterloo; sur tout son corps paraissaient, comme des insignes de gloire, les traces du fer ou du feu. Dans cet etat, il ne rendait a la mere com- mune qu'un debris de lui-meme, rcstes chers et sacres d'un (i) 11 n'y a point ici une supposition ; le temoignage des personnes qui ont tu le general aprfes sa mort, et sa figure dessinee par un habile artiste , attesteront la verite de ce recit. /,6 NOTICE BIOGRAPHIQUE (lofeiiseur de la patrie. Mais ses blessures , au lieu d'etro imifttes, comnie Antoine le dit de celles de Cesar, etaient aiitant de temoins cloquens qui retra^aient unc partie de ses exploits. Au milieu de tant de glorieuses mutilations, I'oeil ne decou- vrait pas la blessure mortelle; elle se cachait sous le coeur de la victime, des long-tems frappee en secret. Cette blessure s'etait ecartee du general Foy pendant vingt-cinq annees de guerre; il devait la recevoir sur un autre champ de bataille; sa vie devait payer la nouvelle palme qu'il etait venu con- querir. Au milieu des combats, il gouvernait sans peine son courage et celui des autres; il etait de sang-froid en abordant avec audace les plus grands perils; mais, s'il portait la meme Constance dans I'arene politique, il n'y moderait qu'avec peine son ardeur et ses transports : les discours de ses adversaires, les mouvemens de I'assemblee, le flux et le reflux d'une oi'a- geuse deliberation, I'attenlion profondede I'orateur qui ecouto en meditant sa reponse, le silence douloureux et difficile que doit pourtant s'imposer le mandataire fidele qui entend des audacieux attaquer la liberte jusque dans son sanctuaire; en- lin , les combats et les perils de la tribune aux harangues lui communiquaient des emotions vives, impetueuses, irresis- tibles : elles renaissaient, elles se succedaient, elles s'enflam- maient a chaque instant, et ne donnaient pas de rel^che a sou esprit et a son corps. Ce sont elles qui ont fait battre trop souvent uu coeur sensible et genereux; ce sont elles qui I'ont dilate en fatiguant ses ressorts par des agitations convulsives : trop faible pour contenir leur tumulte, pour reprimer leur violence, pour suffire, par la vitesse de ses mouvemens, i\ la multiplicite de leurs assauts, il s'est arrete enfin, apres s'etre tant de fois elance de lui-meme au-devant da coup fatal. La guerre avait respecte les jours du general Foy, la tribune lui a donne la mort. Tel fut I'homme, le guerrier, le citoyen, I'orateur que la France pleurc avec une si parfaite unanimitc de regrets. vSes SUR LE GENERAL FOY. 47 funeraillcs ont presente tons les caracteres de ces deuils pu- blics que I'antiquite voyait autoiir dii cercueil des Timoleon et des Pelopidas. Tons les rangs, toutes les classes, tous les ages, confondus ensemble par la donleiir, ont servi d'escorte aux restes sacres du defenseur de la patrie; iine jeunesse ar- dente et genereuse a voulu porter elle-meme son cercueil jus- qu'a sa derniere denieure. Malgre une pluie continuelle , les soixante mille personnes qui composaient le cortege mar- chereut constamment la tete nue, au milieu d'une double haie de citoyens; sur les boulevards, dans les differens quartiers, les boutiques avaient ete fermees; Paris tout entier donnait des marques de douleur. Sur la foule immense qui precedait ou suivait le convoi, environ quaraute mille citoyens resterent en dehors du cimetiere , au milieu des tenebres qui ajoutaient encore a la tristesse de cette higubre ceremonie. La partie du cortege qui put penetrer dans I'asile des morts trouva trente mille personnes groupees autour de la fosse preparee pour le general Foy ; elles attendaient depuis le matin le moment de lui rendre les derniers devoirs. Au milieu d'un si triste appareil, tout le monde a paru frappe de la presence des trois fils du defunt, conduits par ses deux neveux et par M. Casimir Perier, dont la paternite adoptive a commence par eux. lis etaient ranges autour de la tombe, sur laquelle cct honorable citoyen a prouonce un discours elo- quent et simple, bientot suivi d'autres tributs payes a la memoiro de I'orateur citoyen par MM Mechin et Ternaux; le premier, depute de I'Aisne; le second, ancien depute de Paris; et enfin par le general Miollis, I'un des veterans de I'armee. M. Benjamin Constant, digne appreciateur d'un si beau ta- lent, n'a pu penetrer dans le cimetiere et prononcer le discours eloquent qu'il avait prepare en I'honncur du general Foy. Les memes obstacles ont empeche MM. Sebastiani , Devaux ( du Cher )et Keratry qui ont tous les trois combattu aveclui pour la cause sacree, de remplir un pieux devoir sur sa tombe. /,8 NOTICE RIOGRAPHIQUE SUR LE GENERAL FOY. .Te ne dois pas oubllcr Ic beau dithyrambc de M. Viennet qui a laisso une profonde impression dans I'amc de scs au- ditcurs. La vie , la mort ot les funerailles du general Foy laisseront line trace eternelle dans la posttrite, qui ne scparera jamais ces grands souvenirs; jamais on ne rappellera les vertus pu- bliques et privees du guerrier citoyen, la beaute de ses talens, la hauteur de son eloquence et I'tclat de ses services, sans pi^nser en raeme terns k la douleur du peuple francais. P.-F. TrssOT. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. PhILOSOI'HI.'E NATURALIS PRINCIPIA MATHE M ATICA , C'iC. — Principes mathematiques de la PUILOSOPHIE NATURELLE , par Isaac Newton , avec les Conimen- taires des BR. PP. Thomas Leseur et Francois Jacquier , religlcux niinimes, profcsseurs de mathe- matiques. Noiwelle edition, tres-soignee (l). Plus de trois annees se sontecoiilees, depuisqiie nousavoiis insere dans la Reruc Encyclopedique une tres-coiirtc notice sur la nouvelle edition dii livre des Principes (voy. t. xv, p. 537}, le terns no nous ayant pas alors permis d'en occuper nos lec- teurs plus longuement. Depuis cetle epoque, d'autres publica- tions recommandees par les circonstances et I'interet du mo- ment ont du etre prefeiees , d'autant plus que I'ouvrage de Newton, juge depuis plus d'un siccle , est assez connu de tons ceux qui sont en etat de le lire avec profit. II ue s'agissait point d'en faire une analyse detaillee, pour y designer ce qui peut exciter la curiosite , ou ce qui doit etre rccommande plus spc- cialement a I'attcntion des lecteurs studieux, mais de recon- naitre quelle influence il a excrcee sur les progres des scien- ces mathematicpies et deleur application a rastrononiic phy- sique. En le considerant sous ce rapport, il nous ofl're un exemplc remarquable du pouvoir des bonnes methodes, de la (i) Glasgow, i82'2. 4 vol. grand in-8% avec les figures inserees dans le texte. Imprimerie d'Andre et Jean-M. Duncan. A Londres, Paris et Strasbourg , chez Treuttel et Wiirlz. T. XXTX. — Janvier iS^G. A 5o SCIENCES PHYSIQUES. direction qu'i-llcs tiaceiU memo an genie, et cl(;s n;sulli\!s ad- niirables qu'i-Uos amcnent, a I'aide tin tenis. Qnelr[iies aiitres divisions des connaissances hiimaiiics out eii , conime rastroiiomie physique, le hoiihoiir d'etre secon- dees par des ouvrages d'lin merite supericnr; telle est, par exeniple, la Science de la legislation , pour laquelle XEprit des lois flit a pen pres ce que le livre des Principcs avait ete jiour \». Mecauiqne celeste. Mais, soit que le yrand ijeomelre flit plus accoutiime a la marche reguliere des nielhodes, soit que les sujets qu'il avait a trailer laissasseiil mieux apercevoir Icurs relations mutuelles , il est certain qu'en lisant Tonvrage de mathematiques, on n'eprouve que les difficultes du sujet , au lieu que I'autcur de XEsprit des lois laissc sentir de terns en terns I'irregularlte de sa marche, ct n'est pas toujours un guide auquel on puisse s'abandonner sans aucune defiance. II est vrai que le genie do Newton n'a parcouru que des regions paisibles, souniises a un Ires-pelit nonibre de lois simples, invariablfs, ou les desortires apparens no sont que I'effet ne- cessaire de I'execution de res lois : les phenonicnes qu'il n'a point apercus , ou (ju'il n'a pas en le terns de coniiaitre assez exactement pour leur appliquer le calcul , n'ont point echappe aux geometrcs qui lui ont succcde ; aujourd'hui, suivant I'ex- pression de M. Delaplace, la connaissance du systeme du monde donne la inesure du plus haul desire de certitude auquel t esprit humain pidsse atteindre. Ainsi, les travaux projetes ct pousses si loin par cet homme si digne de rimmorlalite pen- vent etre regardes conimoheureusenient termines ; ct une en- treprise qui seniblait etre au-dessus des efforts de la plus longue suite de generations n'a pas cocupe plus d'uri siecle. Montesquieu ne fut pas aussi hcureux que Newton. On salt que cet homme illustre avait I'esprit eminemment geometrique, ct que, si les etudes legislatives n'avaient point fixe sa voca- tion , il aiirait pu parcourir avec distinction la carriere des sciences mathematiques. Enlraine dans le chaos des institu- tions, des codes, des formes bizarres, fantasliques et mobiles de ceqiii compose le gouvcrncment ct la legislation de presquc SCIENCES PHYSIQUES. 5i tons les pcnj)los, il iie fallait ricn iiioins que ses longucs medi- tations ettoute la force cle son intellij^ence pour mettre un pc.i (I'ordre entrc ces objets disparates, et reconnaitre quelqucs verites an milieu des tenebres epaissics paries tems, les livrcs et les commentafeurs. Malgre les eloges prodigues a I'ouvrage, rien ne garantissait a I'auteur la plus uoble et la plus douce re- compense de ses travaux ; il ne pouvait etre assure que ses vues d'ameliorations seraient adoptees un jour, qu'il aurait prepare des reformes salutaires dans les lois et dans les insti- tutions socialcs. II ne devait pas meme compter sur le secours du lems, dont certains inlerets [)rives ne savent que trop bien pr«voir et detotirner ractiou. Les troubles de la Revolution francaise et ses suites ont revele ce que la lecture de VEsprit ties lois avait opere dansl'intervalle d'un demi-siecle, et le pen de bien que nous lui devons n'est considere que comme nne transaction avec des circonstances imperieuses , faible lien dont on se degage sans scrupule, en tems convenable. Quel- qucs adversaires de Newton ont essaye de renverser I'edifice eleve par ce grand homme, et de le reconstruire sur un autre plan ; ils sont tonibes dans I'oubli : les reformateurs de VEsprit ties lois, les De Maistre et les Bonald n'ont pas eii la memo destinee, tant la science du mal est facile. Leur funeste in- tluence se propagera peiit-etre encore long-tems; I'oeuvre de Montesquieu , si elle ne rencontre pas des obstacles insurmon- tables, n'avancera que tres-lentemcut , au hasard,sans trou- ver dans le passe ni dans le present une garantie de I'avenir. C'est ainsiqne I'ambltion comprcnd et gouvcrne les plus grands interets des societes humaines. Nous avons etendu ce parallele entre deux ouvrages du pre- mier ordre, paice que les considerations qu'il amene sent toutes dirigees vers le but de la Revue Encyclopedique ( t qu'il fait sentir rim]>ortance des methodcs, meme dans les livres ou Ton ne cherche que de grandes pensees et des verites fecondcs. Immedialement aprcs la publication de \ Esprit des lois, les critiques reprocherent a I'auteur un defaut d'ordre de liaison et de proportion entre les diverses parties, ctil fant 52 SCIKNCES PHYSIQUKS. couvcnir que, pour Ic justifier ;i cet igard, on est irduita r.ippek;r c<: qu'ctait la scionc*.' dc la legislation avant Ics ira- vaux. dc Montosqiiien, et ce qu'ello on a recueiUi. C'est aiiisi qu'iin illustie Roniaiu, sans daigner itpondte ;i u»e niisi-- rablc accusation suscitce par lonvie , lappclait avec dignitti ce fpi'il avait fait jioiir Ic saint do la ropubliijno. I.c livic des Principe's ne fut point critique; cependant, Ics jjIus celebres geometres ponsent aujourd'hui ([uo la niotliode syntluHiqno sui- vie par Tautour est plus lente ot nioins focoude en resultats que celle de I'analyse, par laquolle on traite aujourd'hui toutes les questions de uiocaniquc. IVewton s'est conforme aux habi- tudes de son terns , au mode d'instruction admis par tons les corps enseignans; c'otait alors un moyen de se mettre alapor- lee d'un plus grand nombre de lecteurs. L'edition de Glasgow faithonnour aux presses decette villc industrieusc. On pout aflirmer que jamais I'art typographiquc ne rendit un plus bel homuiage a la meraoire de Newton. Lc iTierite de I'impression , quoique tres-remarquable, n'est pas ce que les editeurs out recherche avec le plus de soin; pour tout le materiel de leur travail , ils pouvaient s'en rapporter a rhabilete de leurs artistes : mais le choix des meilleures edi- tions, la revision la plusscrupnleuse du textc et des epreuves, la rechci-che attentive dos faules qui pourraient echapper memo au lecteur studieux , ot passer inapcrcucs, ce travail consciencieux de I'intelligence et du savoir, voila ce qui elevo cette edition au-dessus de toutes cellos qui I'ont precedee. Los editeurs ont conserve, par un sentiment de veneration pour I'auleur, les prefaces qu'il fit pour les editions de cet ouvrage, on 1687, 1713 et 1726. Ils y ont joint la preface de Coles pour l'edition de i7i3, et on leur en saura gre; car on y re- connait I'esprit d'analyse et la clarte de rodaclion de ce savant, dont la carriere fut si courte , et dont Newton a dit : Si M. Cotes avait vecu , nous saurions quelque chose. On re- trouve aussi , dans ccttc edition , les vers mediocrcs de I'astro- uome Halley en I'honncur du livre des Principes et de son auteur:on sait que jusqn'a la fin du xvii* siecle, les muses SCIENCES PHYSIQUES. 53 latiiics furent chargees d'orner le frontispice des ouviagcs tie qutlque importance, fonction dont elles s'acquitlaient parfois d'asscz mauvaise grace. Lcs P. P. Le Seiir et Jacquier avaiont joint, a leurs com- nii-nlaires dii livi'e des Principes, Ifs \\'o\i Memoires sur les mareex , comoDncs par TAcadi'mie des sciences de Paris, en 1740. L'un de ces inemoires , celiii de Daniel Bernoulli , est en fiancais; les deux autres sont en latin. I,es editems de Glas- gow ont conserve ces trois pieces, telles qu'ils les ont Irouvees: on regrette que la premiere n'ait pas ete traduite dans I'i- diome du texle , dn commentaire, des prefaces, etmemede I'avis des libraires au lectenr. Lorsqu'il s'agit de mathema- tiques , le latin n'est plus la langue de Ciceron et de Virgilc, niaiscelle de IVewton. Les deux coninientaleursavaient d'assez bonnes raisons pour inserer la piece francaise textnellemcnt, el sans y rien changer : ils croyaient devoir inanifester ainsi leu r consideration pour I'Academie qui I'avait couronnee, et pour le geometre qui en etait I'auteur; surlont, ils ne pou- vaient plus resister aux instantes soUicilations de Hmprimeur, il fallait qnc I'ouvrage fut public. Aucun motif de meme na- ture n'imposait aux editeurs de Glasgow I'obiigation d'imiter lcs P. P. Leseur et .Tacquier ; le teins n'a pas manque pour faire une bonne traduction , et tout fait presumer que le monde sa- vant I'aurait aecueillie tres-favorablement. On nepeut se dissi- nuiler qnenotre langue ne domine plus TEuropeavcc rantorite tjue les ecrivains du xvme siecle luiavaient acquisc : son cre- dit pourra se relever dans lo Nouveau-Monde, pouivu qu'ellc continue a etre I'interprete des idees grandes et justes , des pensees genereuses, d'une sage et sincere philanthropic. En Europe, les vivalites nationales parlent plus haul que I'inte- »6t des sciences; aucune langue vivante ne pent aspirer a Ihonneur d'etre uu moyen universel de communication entro les savans de toutes les classes et de tons les pays. Laissons done celte liaute prerogative a ce (|ue Ton appelle du latin ^ afin do n'avoir point a traduire I'inimense et precieuse collec- tion d'ouvrages ecrils dans cette langue de convention. 54 SCIENCES PHYSIQUES. Lorsque I'Academie dcs sciences dc Paris publia les disser- tations de Bernoulli, de Maclauiin et d'Euier sur lo plieno- niene des niarees, ies P.P. Le Seur ct Jacquier avaicnt dejii termine leiir commentaite sur les sections du livrc des Prin- ript-s , oCi Newton a traite ie meme sujet. L'aniour-propie ne les aveugla point; ils firent le sacrifice do leur travail, ot lui subslituereiit les trois niemoircs couronnes. Le desintc'resse- mcnt de ces digues amis des sciences fct aijprecie comme il meritait de I'etrc, et devrait servir d'exemple a tons les savans. Les editcurs de Glasgow nc s'etaient charges que d'un tra- vail de revision. S'ils avaient coucu le projet d'ameliorer et de completer I'oeuvre des coninientateurs, its auraient sans doutc employe, comme enx , les travaux des successciirs dc INcwton sur les questions traitees dans le livre des Principcs. Eulor, Clairaut, d'Alembert, les Bernoulli, Maclaurin , La- grange, Laplace, Lcgendro, etc., auraient apportc leur tri- but, paye la dette de la reconnaissance cnvers leur maifre commun. Rappelons ici ce que Condorcel, eleve de d'Alembert, a dit , dans I'elogc academique de ce grand homme : « Les vrais ancetres d'un homme de genie sontles maitres qui I'ont precede dans la carriere, et ses vcrilables descendans sent les eleves qn'il a formes. » Les descendans de Newton sont nombroux, et leur genealogie est prouvee par des litres incontestables ; cenx qui vivent aujourd'hui verraient sans doute avec satis- faction que Ton format un tableau de leur familie, en reunis- sant les proiluclions les plus remarquables dont I'ouvrage de Newton a fourni le germe : que ce livre immort.el soitentoure de tout ce que Ton peut regarder comme ses developpemens; voila son meilleur commentaire. L'edition de Glasgow pourrait done ctre continuec, et pro- digieusement enrichie. Afin de donner une idee de ce qui , est mis i la disposition des tkliteurs , entrons dans quelques details sur les prix academiques et sur ics principaux oiivrages iriatifs aux theories dc Newton. Kn i7^7> Clairaut publia, dans les Treinsaftions pJiihso- SCIENCES PHYSIQUES. 55 phiques , uii menioire cu il fit voir que la figure clliplique attri- bute par Newton a notre planete satisfalsait a sa constitution physique et a son mouvement de rotation autO(U' ile sou axe. (^rst ainsi que ce ^eometie , encore ties-jciiue, preparait dts iiiatLiiau.x pour son ouvrage sur la figure de la lerre, ouvrait Ic.s voies ;| d'Aleinbert, a Laj;rani,'e, a Lej,'endie, a Laplace , et posait les fondeniens de Timmense edifice couroniie par la Mecanique celeste. En yik^i rAciideniie de Berlin (iecerna le prix a loiivra^c de d'Alembcrt sur la cause generale des vents , question qui est une suite ou uue extension de cellc des marees. Les coni- mentateurs du livre des Priticipes n'auraient pas manque de s'emparer du travail de d'Alenibert, et de le joindre aiix nie- moires de Bernoulli, de Machuuin et d'EuIer; mais leur tra- vail etait public depuis quelques annees. L'illustre geonietre ii'avait pourtant pas resolu , dans toute sa yeneralite, le pro- bleme des mouvemens atniospheriques; quelques difficultes d'analyse I'avaient contraiut a introdnire dans ses forinules des hypotheses qui ne representaieut pas assez fidelement les donnees de la nature. L'auteur de la Mecanique celeste reprit le mejue sujet, en 1 77/1 , avec les nouvelles ressources que I'ana- lyse possedait alors, et qu'elle devait, en grande parlie, a d'Alenibert !ui-nieme. Les rccherches sur ces points impor- lans de la llieorie de notre planete ne pouvaient elre infruc- tueuses], puisqu'elles exereaient ie ;i;enie qui cree les theories les methodes de calcul et les inoyens de les aj)p!i(jucr: c'est dans la Mecanique celeste qu'il faut voir les progres de cette parlie de I'aitronomie physique, depuis Newton jusqu a nos jours. L'ouvrage de d'Alenibert, intitule : Rec/ier<7ies sur le sjs- teme du moride , donl les premiers volumes parurent en 1754 est le recueil de tons les menioires de cet illustre georaetre siir le mouvenient des corps celestes et sur les phtnomenes qui en dependent. Ou pense bien que l'auteur s'y niontre partout d'accord avec Newton sur les causes des mouvemens, et sur les lois de leur action. 56 SCIENCES PHYSIQUES. Euler, Clairaut ot d'Alembcrt s'occuperent en meme tems dii fanicux probleme des trois corps , cJont la solution mettrait en ctat d'cxpliqiicr et de prcdire les perturbations des mou- veniens planctaiies. Le premier de ces geometres obtint, en ^748 , le prix propose, sur ce probleme, par TAcademie des sciences de Paris, dont les deux autres etaient membres, et par consequent au nombre des jiigcs du concours; mais, comme la piece couronnee laissait dosirer encore phis de pre- cision dans la theorie, la incme question fut remise au concours pour I'annee i75o, et continuee jusqu'cn lySa : Euler ajouta ce prix a celui de 175/4. Eufin, une Iroisieme couronne fut decernee au meme geometre, en i756, et toujours au sujet des inegalites du mouvement des planetes, produites par Tac- tion qu'elles exercent les unes sur les autres. Des circonstances dont on a perdu le souvenir Hrent differer jusqu'en 1769 la publication des Irois pieces d'Euler : avant cctte epoque, La- grange, Iraitant les memes questions par des methodes qui lui etaient propres, avait obtenu des resultats un peu difierens de ceux d'Euler; mais, ni I'un ni I'autre de ces deux grands nia.lhiinaticiens n'ctait parvenu a represcnter exactement les observations par ses formules. L'auteur de la Mecanique ce- leste entrait aiors dans la carriere qu'il a parcourue avec tant de gloire et de succes. En repassant sur les traces d'Euler et de Lagrange, il vit que I'un et I'autre avaient neglige, dans le le calcul, des quantites qui ne devaient pas etre sans influence sur les resultats; il repara cetle omission, et le travail qu'il s'imposa dans la seule vue de parvenir a une plus grande exactitude , fut recompense par une decouverle d'une haute importance. Il demontra que « Taction niutuelle des pla- netes ne produit aucune alteration seculairc dans leurs moyens mouvemens, et qu'il faut chercher une autre cause des alterations, que les observations paraissent indiquer dans les mouvemens de Jupiter et de Saturne. « L'astronomie physique et mecanique s"avancait alors rapi- doment vers le haul degrc do perfection 011 olle est par- venue. En 17745 Lagrange renjporte le prix propose par SCIENCES PHYSIQUES. Sj I'Academie dcs sciences, siir reqiiation seculaire de la Iiiiie, et en 1780, celui que la nieme Socic'.e savante avail mis an concours, sur les perturbations des cometes. La theorie de la lane, coniraencee dans le livre dcs Prin- cipes , a ete Ic snjet de pUisieurs prix decernes par les princi- pales Academies de I'Enrope. Eu i75o, un memoire de Clai- raiit ctait couronne a Pelersbourg; en 1770 et 1772, Eulcr et Lagrange oblenaient la nieme distinction a Paris; en 1791 , TAcademie de Stockholm, qui avail mis au concours de non- velles recherches sur la cause de I'equation seculaire de la lune, de Jupiter et de Saturne, ne recti t aucun memoire; ce qui ne rempecha point d'accorder le prix a un geometre cjui lie s'y attendait point, mais qui I'avait merite : les questions proposees etaient deja resolues par I'auteur de la Mecaniqiic celeste. Terminons ici cette enmneralion , qui deviendrait Irop lougue, menne en nous bornant aux prix academiques; ce que nous avons rapporle suffit pour montrer combien il serait facile de faire un choix parmi ces memoires, qui sout, comme nous I'avons dit, le developpenient el le commenlaire du livre des Principes, et qui termineiit I'oeuvre de Newton. On s'impo- serait I'obligalion de traduire les pieces qui ne seiaient pas en latin; car cette condition est de rigueur si Ton vent mettre de I'ordre dans cette collection, faire un oin'rage , et non pas un(? entreprise de librairie. On formerait ainsi xuie hihliotheque newtonienne , monument digue de I'homme de genie auquel il serait dedie. Au sujet de la theorie de la luiie, nous croyons devoir fain- mention d'un fait noa moins instruetif que curieux, et digne d'etre conserve dans I'histoire des sciences. L'a]>p]ication des formules de Newton au mouvement de I'apogee lunaire n'avait reussi ni a Clairaut, ni a Newton luimeme : le geometre francais etait sur le point d'essayer une modification a la loi de la pesan- teur universelle, pour faire accorder le calcul avec les obser- vations; Biiffon s'y opposa. Les lots de la nature sorit essentiel- Icineitt simples, disiiit il, et vans voulczy introduire une compli- cation! EffectiveiiKiit , Clairaut avant r( commence «es calcuLs, 5}f . SCIENCES PHYSIQUES. en poussant rappioximation plus loin, trouva que Ics for- inules etaieut cxactes, et la ioi de la gravitation ne fut point cliangce. Euler avail partage rerreni- de Claiiaut, commis la meme faiite de calcul, et il en avail tire les menies conse- fpiences. II est probable tpie Newton avail recoanu que ses formules representaient assez exactement les observations, puisqu'il les a conservees dans les trois editions de son ou- vrage publiees sous ses yeux, et qu'il n'avait pas neglige de levoir, comme on pent en juger par ses prefaces. Jetons encore iin coup d'ceil sur la marche et les progres de rastronomie mecaniqne el physique, avant et apres la publi- cation du livre des Principes. Cette publication separe deux epoques bien distinctcs : dans la premiere, on avance au lia- sard ; I'imagination ciee des systemes, el cependant quel- ques verites soul decouverles. Dans la secoudc, les nielhodes de calcul onl reniplace I'imagination; on y remarque, comme dans loules les ehoses humaines, quelques ecarts, des pas naal affermis, des jiigemens trop precipites; mais enlin, le but est connu, le mouvemenl est imprime, les Societes savantes I'en- treticnnent et conservent la direction; on a la certitude d'aiv river, on arrive en effel : gloire immortelle au genie qui fut le premier moteur, et au livre qui trausmil sou action! , L' esprit luimain sera til moins henreux dans la carriere des sciences morales qu'il ne I'a ete dans les rechcrches sur le sys- teme du monde? On devra le craindre, tanl que sa marche ne sera pis libre, qu'on vondra I'arretcr a uu etat que Ton nomme bien, sans lui permettre de s'elever au inicux , que certains interels redoutent : comme si le bien pouvait etre autre chose que le vrai dans I'ordre moral, et comme si les verites de cet ordre etaient plus accessibles que la connaissance des mou- vemens celestes ! Quel que soil I'objet de nos recKerches , nous sommes reduits a nous en approcher lentement et par degres : gardons-nous soigneusemcnt de nous arreler en loute, ot sur- lout de retrograder ! i r.nny. SCIENCES PHA^SIQUES. 5f) ReCHERCHES SLR EES CHANGEMENS PRODUITS DANS L i:TAi' PHYSIQUE DES CONTKEES , PAR LA DESTRUCTION DES FORETs; par M. Moreau de Jonnes, etc. (i). N. B. La ineilleure analyse que nous puissions donner rie cct ouvrajje st; troiive dans le Rapport verbal cl-aj)rc's , fait a V Academie dts sciences cle I'lnstilul de France , par M. le baron rouRiER , secretaire perpetael. L'Academie a desire qu'il lui fut rendu un Compte verbal de I'ouvrage de M. Moreau de Jonnes sur les changemens produits dans Cetat physique dcs conlrces , par la destruction desforets. Cet ouvraj!;e a ete eoiironne par \ Academie royale de Bruxelles , dims sa seance publique du 7 fevrier iSaS. La question proposee apparlient a la geographie statistique; die inlercsse les sciences et radministration des tints; elle avait pour objet d'examiner les changemens que la diminu- tion progressive des grandes forets pent occasioner dans la temperature de I'air, dans son etat hygromelrique, I'abon- dance des sources, la direction et la force dcs vents. L'auteur a discute ces questions avec beancoup de soin. II presente, dans \ introduction , un tableau stal'stique des forets de la plupart dcs principaux Etats de I'Europc; il en fait cunnaitre retenduc en France, dans les Etals hereditaires de I'Autriehc, dans la Grande-Brelagne, la Prusse, la Pologne, !es Provinces bel- giqucs, les Eicctorals do Treves, de Cologr e, de Mayeiice, et les autres patties de rAlleniagne pour lesqiielles existent u ce sujet des docuniens authcntiques. L'auteur compare, pour plusieius de ces J>ays, retenduc des bois a la jjopulation; et, afin de mesurer la diminution successive de cette ctendue, el de montrer combien elle est accelerec, il compare la surface actuelle des forets a cello (i) Biuvellcj, j8j.^. I vol. in-4'*- Imprimc par ordre de I'Aca- deinie. Ne se vend pus. 6o SCIENCES PHYSIQUES. (jii'ellfS ont occupec a diverscs I'pocjuos. Ces rapprociiciiious out exige un long travail; et quoique dans line telle itialiere on ne puisse atteindre a dps evahuitions piecises, les const- quences gcnerales ne sonl pas iiioins certaines, et elles offrent iin grand dej;re d'inleret. II est evident que des changeniens aussi considerables et aiissi rapides influent sur des branches importantes de I'eco- nomie publiqne, sur I'etat physique du sol, la condition des habitans, et sur les productions de I'industrie et des arts. M. Moreau de Jonnes decrit ces effels et les exprime toujours en uombre, autantque la nature des questions peut le coniporler. Dans Ic jnemier chapitre, il considere I'influcnce des forets sur la temperature des contrees; il traite, dans les chapitres suivans, des autres effets de i'existence des bois d'une ^rande elendiie, et des rapports natiirels de cette cause avoc la fre- quence et la quantite des pluies, I'etat hygrometriepie de I'at- mosphere, I'abondance des sources et le cours des eaux flu- viales; il applique spccialement ces recherches ii I'Angleterre, aux Etats-Unis, aux contrees meridionalcs de TEurope et de I'Anierique. L'auteur demontre ensuite rinflnencc fiworable des grandes forets qui couronnent les montagnes, abritcnt les contrees, alinientent les sources, temperent Taction des vents. Il decrit avoc le nieioe soin les effets nuisibles des bois inferieurs, qui, dans certains lieux, entretiennent une humi- dite funesle, arretent la circulation de I'air, et occasionent (les fievres aunnclles; il cite les marecages tourbeux de la Grande - Bretagne , les forets inondees de I'lnde et de I'AiTierique. Dans lesixiemect dernier chapitre, il considere surtout I'in- iluence des grandes forets sur la fertilite du sol et sur I'econo- mie civile. II montre les consequences graves et prochaines de la diminution rapide des grandes forets, et les dommagcs ini- menses qu'elle occasionerait dans les proprietes du sol , les usages domi'sliqucs et les procedes des arts, 1<- commerce maritime et la marine mililaire. En Ir.Titant drs qurslions aussi etendues et aussi v;iii(Vs., SCIENCES PHYSIQUES. Gi raiitetii' a fait iiiie application leniarqiiable ties vrais jiiiii- cipes do la geoi^raphie physique. II nc se borne point a dcs considei aliens geneialcs, il decrit, il enumere ; et ses recher- clies, fondces sor les doctiniens les plus divers, dont il cite les sources principales, comprenuent line nuiltitiidc de fails qui n'avaient point encore ete compares. Enfin, ce qui est uue condition trop souvent negligee dans les ecrits de ce genre, il exprime en nonibres tous les rcsultals de .ses reclierclics ; c'est ce qui distingue son ouvrage des dissertations confuses oil I'on s'efforce dc suppleer an defaut de connaissances po- sitives par I'exageration etle vague dcs expressions. Ala verite, les evaluations numeriques que comporte un tel siijet sont rareinent susceptibles d'une precision rigoureuse; mais cellcs que I'auteur rapporte ont du nioins iin degre suffisant d'ap- proximation pour les consequences gencrales. Par exemplc, il rasseniblc les documens propres a faire connaitre la quantite pe- riodique cles bois que la navigation commcrciale et la marine militaireemploient a la construction dcs vaisseaux dans tous les Etalscuropeens, et il donne ainsi une juste idee dcretenduc des forets dont les usages maritimes rendent I'exploitation neces- saire. Ces rapprochemeiis sont reniarquables; lis prouvent que la perte continuelle des bois de construction destines a la marine pent changer les relations poliliques deplusieurs Elats, ■et preparer des avantages imnienses aux seules nations qui pourront disposer, soit par la possession, soit par le com- merce, de vastes forets dans les contrees plus recemment de- couvertes. Les effefs gi'neraiix de la disparition des bois naturels ont ete remarques et prevus depuis tres-long-fems. Tout le moride connait, a ce sujet, I'opiuion d'un grand ministre, dont les sciences et les beaux-arts honorent la memoire, de Colbert, qui avait consacre sa vie a I'etude de toutes les sources de la prosperite publique. L' Academic de Bruxelles a donne un nou- veau temoignage de son zele eclaire pour les progres des con- naissances utiles, en proposant cette importante question; elle 6a SCIENCES PHYSIQUES. ne pouvail choisir iin sujet plus acadomicjiie et plus digne ties rfchcrchcs des physiciens ct dcs meditalions des hommis d'Etat. Le memoirc qu'elle a couronn6 Haito cotte question sous les rappoi'ls les plus efcndus : I'auteuf a mis dans tout son jour I'utilitc dcs grandes plantations, la neccssite de meltre un tcrnie a la destruction des forets , el il prouve que les dispositions adminislratives, dirigees vers ce but, doivent etre placees au premier rang parmi celles qui conoourent a I'anielioration du lerritoiro. FouKiKR, (If i'ln^titiit. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. De la Religion consjderee dans sa source, ses formes ET SES DEVLLOPPEKLNS ; pal' M. B. CONSTANT (l). SECOND ARTICLF.. ( Voy. le premier urticle , Rev. Enc. , t. xxiv, p. 3a 1-337.) Ou en sommes-nous ? ou nous en somniGs restes, il y a plus d'un an, lois tie la publication de notre premier article : au resultat le phis facile ct le plus clair deTla raison, le plus na- turel et le pins toiicliant de la morale , demonfre milie fois par la philosopliie, et loiijours vainement pour I'ordre social et pour le honheur du monde. Ce resuliat a obtemi les plus J)eaux triomplies sur la terra, des qu'il y fiit euonce par le foii- daleur du christianisme, religion ou tout est miracle, mystere, dogme : deux niille ans apres, sous le monarque le plus absolu de la France, a cote de Taristocralic la plus consacree paries siecles et par I'lieroisme, il a inspire aux desservans, et mcme aux princes d'un clerye auquel nul ne contestail le rang et le litre de premier ordre de I'Etat, des predications pro- j)res a confondre tous les orgueils et a elcver toutes les ames a la liauleur des republiques et de leur eloquence, egalee ou surpassee dans no< chaircs. Ce residtat, raaxiiiie donnnante de la foicliietienne, est I'egalite des hommes. M. Kenjamin Constant est reste convaiucu par de tels pro- diges qu'aucune morale ne peut exercer le menie empire qu'en Puis, s'adressant a ceux qui preparent la mine de I'etat: » Ne penses, dit-il, vous qui la souhaites (par fureur, certes, i ET POLITIQUES. 89 plus que par discours), que jamais vous en puissies voir quel- que joye ; les vapeurs de vostre ambition vous engendrent ces songes; les royaumes et eslats puissans, selon la proportion de leur grandeur, ont aussi leurs periodes longues: I'aage des hu- mains n'y monte rien; leurs crises ne se font pas par jours im- pairs comrae les nostres; leurs maladies plus aigues durent plus que nos aages. Depuis qu'ils sont condamnes des medecins, ils les eiiterrent; ils enterrent, premier que moiulr, ceulx qui sont cause de leur mort, leur ambition, leur vanite , leur gloire. Marius et Caesar sont a bus que long-temps apres le senat se debat; que la republique , qu'ils avaient blessee a mort, pal- pite encore. Ces mutations ce sont siecles entiers; les peres y meurent en chemin, les enfans, apres maulx infinis, demeurent sur le bord ; mesraes les arriere fils, quand ils peusent avoir tout gaigne, sont plus pres d'en estre dechasses (et le proverbe en est) que d'en estre paisibles. « Parlant toujours dii meme sujet, Mornay s'exprime ainsi, dans !a remontrauce aux etals de Blois : « Premierement, je les prie de considerer que la maladie qui, depuis quelques ans, nous tourmente, est celle mesme qui a pcrte en terre tous les grands empires qui ont jamais esle au moude, et le romainno- tamment, qui ayant eschappe, des son enfance, et par tout le cours de sa vie , toutes sortes de plaies , de calamites , d'injures du temps , ausquelles il s'estait mesmes endurci , ne pent jamais eschapper la troisiesme recheute de ceste maladie, ores qu'il feust trop plus puissant que le nostre, et qu'il n'eust voisin , qui osast presque s'arrester a regarder la ruyne. » Je suis loin de pretendre que , meme dans les morceaux soignes dont je viens de parler, le style de Mornay soit exempt de defauts. Toujours fernie etpleiu , il est quelquefois travaille avec trop d'art, ou du moins avec un art qui ne se cache point assez; et Tabus des figures le depare souvent. Mais on sait que cet abus se montre daus tous les ecrivains du xvi® siecle, et que le gout des modeles du siecle suivant put seul en faire sentir I'inconvenance. Je n'en persiste pas moins a croire que les brochures politiques sont la partie du recucil que verron!; go SCIENCES MORALES avec li; plus de plnisii- les hoinrrn-s (|ui , iic s'atlachant pas uiii- <|ucii)ent all nom d'un aiiteur oii ;^ raiicicnnete d'un livre, veu- lent encore que le livre soil bon. Enfin, les lecteurs, bien plus noinbreiix, qui n'aimeiit (ju'a s'amuser des ridicules , et qui clierchent dans les cartons de rhistoire des scenes de coinedie, seront peutetre bien aises que je leur fasse trouver a I'instant dans ces gros volumes si serieux un ecrit assez long (|ui senible fait expres pour cux. Qu'ils ou- vrent done le deuxieme volume a la page 487, et qu'ils lisent les Fragment de mcmoires , ils y verront comment un ministre de Montauban suscita un schisme dans cette eglise, en soutenant que la religion defendait de porter des fils d'arshal dans les chevcux , et comment madame Duplessis s'etant rendne dans cette ville avec son mari, et ne voulant pas, nieme dans une chose sans importance pour elle, se soumettre a une sentence arbitraire, fut exclue de la cene, malgre ses protestations adressees par ecrit et de vive voix a MM. du consistoire, et malgre son appel a un synode national. Un poete protestant pounait puiser dans ces fragmens le sujet d'un petit poeme qui ferait pendant an Lutrin ; et, si le portrait dii tracassier ministre etait peint avec le talent deDespreaux, il serait poui le moins aussi diverlissant que celui du processif Sidrac. On a deja pu voir que le 1 ecueil renfermait des pieces qui n'etaient pas de Mornay. II y en a meme qui sent I'ouvrage de ses plus grands euneniis, conime, parexemple, une Reponse de MM. de Guise au memoire dirige contre leur maison. Quant aux simples lettres, plusieurs sont de Mornay ecrivant en son nom ou au nom du roi de Navarre; mais un grand nombie d'autros lui furent adressees par ce prince, par Henri III, ou par d'autres personnages celebres. La plupart offrent de I'iti- teret. Les editeurs annoncenl qu'ils piiblieront, dans les vo- lumes suivans, un ouvrage qui doit avoir de I'importance ; ce sont les Observations ecrites par Duplessis sur son exeinplaire de I'histoire du president ov. Thou. Ils prometlent aussi de donner, a la fin du dernier voliuiie, une 1 ('■capitulation lapide ou ils se sout atlaclies li rassembler el a presenter dans un ordrc I r.T POLITIQUES. 91 convenable , le tableau /icstorique des traits epars dans la col- lection dcs memoires de Mornay , pour rendre plus facile et plus profitable la lecture de pieces qui ^ prises isolement , ont chacune leur genre d'interel, rnais qui n'ont entre elles d' autre transition que I'ordre des dates. L'idee de ce travail est heu- leuse. Je doute cependant que, meine avec ce secoiirs, beau- coup de personnes fassent de tant de pieces detachees une etude asstz suivie, pour en former dans leur esprit un ensemble regulier. Sans doute, I'histoire de nos guerres religieuses se trouve presque tout entiere dans cette vaste collection; mais ii faut pour Ty voir une attention dont peu d'esprifs sont capa- bles. On anrait du, pour engager a ces recherches suivies, se montrer encore plus severe siu* le choix des morceaux que Ton voulait conserver. Comme je I'ai dit en commencant, lerecueil eut gagne , je crois, a etro considerablement reduit. Mais, tel qii'il est, on voudra ''avoir dans les bibliotheques , parce qu'il conlient des morceaux tres-remarquables, et qu'il peutetrebon a consulter sur un grand nombre d'objets. Z. D. LITTERATURE. Etddes stJR ViRGiLE , par P.-F- Tissot (i). Les grands ecrivains du siecle de Louis XIV, couuaissaienl toute la valeur des tresors litteraires de rantiquite. On pent s'en convaincre par les heareux emprunts qu'ils leur ont faits sans cesse; niais, en general, on n'appreciait alors qu'impar- faitement les conceptions sublimes des anciens. Dans le siecle suivant, on sembla ignorer qu'ils etaient les createurs et les modeles des beautes monies dont on jouissait. Soit erreur, soit calcul , des ecrivains distingues oserent quelquefois les tourner en ridicule, et les condamner a I'oubli. Ennegligeantles anciens, on cessa d'etre familier avec leur langue sacree , et la litlerature tut privee d'une de ses pluspuissantes ressources. Si quelques critiques s'occupereni: encore des anciens, ils ne montrerent que I'intention de les sacrifier a la gloire des contemporains. Cette erreur donne lieu au plus grave reproche que Ton puissc adresser acefameux xviii« siecle, auquel il n'a manque peut-etre que la connaissance profonde de I'antiquite, pour s'elever au niveau des siecles qui I'ont precede. A cette epoque, un litterateur, connu par differentes pro- ductions remarqua-bles , voulut suivre la route tracee par Quiutilien: mais il s'ecarta souvent de son but, et le succes qu'ilobtintdevantun public frivolcjl'eloignatropdesonillustre guide. La Harpe , d'ailleurs, imbu des opinions litteraires de son tems, etait peu verse dans I'etude des auteurs grecs et romains; i! les jugea sur les principes qu'il s'etait faits, comme il jugea les modcrnes, d'apres Ic systeme de I'ecole a laquelle il appartenait. Riejj de cc qui est injuste n'est durable : y\n demi-siecle ne (j) Paris, 1825 ; Mequigaon-Marvis. a vol. in-S"; prix , 18 fr. LiTTfiRATTJRE. gS s'est pas ecoiile depuis Ic triomphe tie cet Aristarque, et deji iin grand nombre de ses arrets se troiive revoqne. Son Cours de litterature, ovi Ton admire le gout pur, I'elegance facile, et I'esprit brillant du disciple de Voltaire, accuse cependant son auteur de I'irreparable oiibli de I'etude des anciens, et fournit sanscesselapreuve delempiredes prejiiges surlc talent meme. Depuis La Harpe, plnsieurs causes puissantes ont donnedes developpemens a la critique. Les moeurs et la politique exer- cent une grande influence sur la litterature. Dans les jours de crise, I'esprit humain devient attentif : il est contraint de me- diter et de suivre la marche des passions qui se combattent sans cessc. L'habitnde de reflechir et le besoin de faire valoir ses pensees tendent a perfectionner I'art qui donne de la force aux raisonnemens. Les evenemens politiques, enchangeant la direction des esprits, les ont portes a des etudes serieuses. Le cercle des connaissances s'est agrandi ; on a rappele la verite dans les arts; le gout, inseparable de la raison, est devenu se- vere; et chacun , cclaire par I'experience, a juge d'apres ses propres sentimens. Les amis des lettres, ramenes a la nature, sentirent tout ce que valait I'antiquite, et convinrent que lo vrai moyen de surpasser les modernes elait d'egaler les anciens. Digne d'apprecier les progres des arts ct de diriger I'essor du talent, un litterateur, deja connu par des suc- ces, fut choisi par le premier poete du siecle pour conti- nuer, a sa place, les lecons que ce noble interprete de Vir- gile avail 7-endues si. interesscntes, M. Tissot repondit a la confionce de son illustre devancier. II entra , en maitre , dans sa nouvelle carriere, et se voua tout entier au culte des muses anti(jues : il en revela les nobles mysteres a une jeunesse avide de I'entendre ; plusieurs jeunes favoris des muses doivent a I'eloquent professeur le developpement des talens qui les rendent aujourd'hiii I'espoir de notre litterature; aucun d'eux ne le quittait, sans eprouver le vif desirde con- sacrer aux lettres ou aux arts I'enthousiasme dont il avait en- flamme Icur ame. Apres ses longs travaux, M. Tissot, rendu au calme de la meditation, voulut servir les lettres dans le 94 LITTERATURE. cabinet cominc i! ics avail scrvies dans la chaire. Le tradnc- teur des Baixers de Jean Second el des BucoUques composa les Etudes sur Virgile. Le simple titre donne a cetle impor- tante production semblerait indiquer que rauleiir ne traite qne des beautes de XEneide; iijais,a Texcniple doQuintilien, c'esl la litterature tout entiere qn'il embrasse. M. Tissot a dii, en effel, choisir pour point principal de scs observations I'ou- vrage d» grand poete imitateur des ecrivains qui le proce- derent, el modele de tous ceux qui le suivircnt. II s'est ainsi menage le moyen d'elablir les rapports des productions litte- raires d'Homere a Virgile, et de Virgile anx modernes. On nc juge pas, on compare : cette verite a inspire le plan de I'au- teur. Lorsqu'il analyse les creations antiques, il leur oppose aussitot les conceptions modernes; son invesligation savanle surprend sous toutes les formes les emprunts que le genie a fails ail genie. 11 ne borne pas ses rapprochemens anx produc- tions analogues a I'epopee; il les etend avec iin discernement profond au poeme didaclique et cycliquc , au drame , a la fable, au roman ; en un mot, il parcourt les differentes bran- ches de la litterature qui, toutes sorties d'une meme tige , s'a- limentent encore de la seve raaternelle. Les Etudes sur Virgile doivent ctre considerees commc un conrs complet et tres-interessant de la litterature ancidiue el moderne. L'auteur a crue ime methode aiissi neuve qu'inge- nieuse; il plait en instruisant. II evite la secheresse scohistiqiie el I'aveugle admiration des commenfateurs. Hardi, mais juste, il remarque avec soin les beautes et les fautes des niaitres , et sail tirer un heureux parli des unes et des autres. M. Tissol jiossede surloul le secret de communiquer a ses lectcurs I'en- thousiasme qu'il eprouve. Son style, tout dc sentiment, est vrai, qnoiq'.ie fleuri, et ne cesse jamais d'etre propre aux pensees «les grands ecrivains qu'il met en scene; on croirait les entendre, faisaut la confidence des inspirations de leur genie. Je laisse I'elegant professeur developper ici iui - meme ses ingenieux et profonds apercus sur les rapports entre les grands ecrivains de tous les terns et de tous les lieux. LITTERATURE. g5 « En ajoutaiit les lichesses da present aux tresorsdu passe, en rapprochant par des comparaisons perpuluelles les plus grands ecrivains du monde, je voulais nie servir du progres deslumieres et de Tautorite de tant de beaux genies ramenes a une seule et meme ccole, pour environner d'une autorite souveraine cette religion du bean et du vrai qui, apres avoir jete a plusieurs epoquesle plus grand eclat, sembie s'obscurcir de tenebres et abandonner les esprils au doute, a I'incredn- lite, ou a I'idolalrie, tandis que le moment est venu, au con- traire, ou elle doit, comme les sciences, rallier tous lespeuples a une meme doctrine dont la langue francaise aspire a etre I'immortelleinterprete. > L'aniique Asie est le berceau de cette religion ; la myste- rieuse Egypte la revelait a quelques minisires jaloux , (|ui la voilaient aux yeux dn vulgaire, ainsi que toutes les choses divines : les Grecs Tont connue, et meme en y melant des fables ridicules , ils respectaient son caractere et ses lois; Or- phee, Linus et Musee en avaient recu les premieres claries, comme un don celeste. L'amour du bon Hesiode pour elle le rendit quelquefois admirable; elle cntre dans le coeur d'Ho- niere avec le genie; et peut-etre, est-il encore son premier pontife, malgre la maniere dont il la travestit quelquefois , en faisant taire les murmures de sa raison. Thucydide et Xeno- phon lui rendirent un pur hommage ; Eschyle eut avec elle un commerce inegal et sublime ; Sophocle se montra presque tou- jours son digne interprete; Euripide, ne pour la sentir et la pratiqner, s'expose trop souveiit a des profanations, parce qu'il manque de conscience littteraire. C'est par des ravisse- mens que Platon s'eleve a cette religion ; mats , apres etre monte au cie) avec elle, il I'abandoune et s'egare avec son imagination dans la region des nuages. Aristote, plus calnie et plus severe, offrit a la science du beau et du vrai un cnlte de tous les mi>mens;et sa raison, qui ue subit point d'eclipses , dicte encore des lecons a tous les pcupies. Un instinct sublime, une vocation de genie altachereut Demosthene a cette religion qu'il mcditait sans cesse ; appele a lui servir de ministre et (j6 LITTERATURE. d'interprete, Ciceroiv en confirma ramour dans son cceur par I'etnde dc la philosojihie, et ajoutaun charme supreme a I'e- ioquence; heureux, si, en tracant de si belles lecons pour I'avenir, il cut pu triompher de son penchant pour le luxe des paroles! Lucrece avait la puissance et la passion du vraietdu beau; pour les respecter toujours, il aurait eu besoin d'une langueplus avancee, et surlout d'un gout plus sur. Terence fut un disciple fidele dii vrai et du beau; mais , s'il avait plus de conscience et de lumieres que Plaute, il n avait pas la raeme force de genie. Quand Virgile regarde la nature meme, etsans intermediaire entre elle et lui ; quand il puise, ou dans ses propres etudes, ou dans les mouvemens de son ame, la con- naissance des passions, on peut I'appeler le Raphael de la poesie, c'est-a-dire , le peintre le plus fidcle du vrai et du beau. Donnez-en la religion a Ovide, vous ferez de lui I'un des pre- miers poetesdumonde; comme Euripide, ilconnait ses fautes; mais il les aime , et n'a pas le courage de les corriger. La reli- gion du vrai et du beau dcmande des lumieres et un gOutqui manquaient a Lucain et a Juvenal; ils ne sentaicnt pas leurs vices. Le Dante, Shakespeare ct Milton , apres avoir offert un culte de genie a cette religion, deviennent quelquefois desim- pies envers elle , a force d'outrages {lu bon sens ; leur siecle est plus coupable qu'eux... Leur Buffon, I'Aristote, lePline et le Platon des modernes, avait profondement einpreint dans I'esprit le culte du beau et du vrai ; pourqtioi, trop ami de la magnificence, ne sut-il pas reconnaitre dans la nature, son raodele, sesheureuses negligences qui ont taut de grace? Buf- fon ecrit , comme parle un roi toujours atJenlif a sa dignite ; comme un auteur trop soigneux de la pompe du recit: il est tour a tour le Louis XIV et le Bacon des prosateurs. Ses de- fauts lenaient a son caractere ; sans doute, il faisaitun retour surlui-meme, quand il a dit : Le style est tout I'homme. Un beau genie, une raison superieure, mais dominee par une ima- gination plus forte quelle, une haute eloquence, ne preserve- rent pas toujours Rousseau de I'enflure, de la declamation, quelquefois du sophisme : trop pen rempli des anciens , d avait LITTERATURE. y7 devine leiir genie simple, et nele? a point assez pris pourrao- deles. Eniiile de Richardson, il est bien loin de I'egaler dans la fidelile de I'imitation dii langage des femmes; mais raraoiir du beau et du vrai etait sans cesse excite en lul par la flamme de renthousiasme, et par un amour immense de la gloire. jXourri comme Fenelon, sa conscience litteraire aurait eu loutcs les lumiercs necessaires au courage qu'exigcnt tous les sacri- fices imposes a I'ecrivain. La nature avail donnea Voltaire la raison de Locke, I'eloquence dramatiqued'Euripide, les divers esprits de Fontenelle, de Pope et d'Hamilton, I'originalite sa- tirique de Lucieri, rurbanitc d'Horace , I'enjouement de I'A- rioste, et la brillante facilite d'un Francais plein de graces et d'elegance. La conscience lilteraire manque a cette reunion inouie de lalens, dont un seul suffirait a la reputation d'un ecrivain ; personne ne penetra le vrai avec tanl de sagacite ; personne ne I'aima avec tant d'ardeuf que Voltaire: on ne vit jamais une admiration plus vive que la sienna pour le beau ; mais il n'avait point la religion de ces deux sentimeus. La mo- bilite de son imagination , I'influence de la passion du moment, quelquefois des retours sur lui-meme otaient toute espece de fixite a ses opinions. Tantot vous trouvez en lui le censenr le plus habile; tantot un juge prevenu qui prononce avec lege- rete di s sentences pleines d'erreurs. Faute d'avoir puisc des principes surs a une ecole severe, faute d'avoir assez bien connu les conditions de cette gloire dont I'amour le devorait, gate par des applaudissemens precoces , aigri par d'injustes critiques consacrees ii I'humilier, soutenu par la faveur pu- blique dont sa philosophic rechauffait sans cesse le zele, il negligea les avis de sa conscience;; il substitua des mensonges brillans a des peintures fideles : il se reposa de ses succes sur les seductions de son genie; il pensa trop k son siecle, et point assez a la posterite. II eut enfih pour son talent de fatales complaisances, qu'il ne cessera jamais d'expier; sans elles, nous ne possederions de Ini que des chefs-d'oeuvre peut-etre. Que ne devait-on pas attendre d'un tel homme, arme contro lui-meme de I'autorite d'un censeur inflexible qui n'eut jamais T. XXIX. — Jarn'ier 182G. 7 98 LITTlllRATURE. capiliilc nvec Ic scHliineiil profoiul ties l)eaufes de la nature vl ties ri'};;l('s de I'ai'l? " M. Tissot examine siiccessivemeiit les lerres de rKntido, ft fait preceder on siiivrt' son travail dn text*; latin. II en traduit qiit'lqucfois dcs passai^os avec iin rare bonlieur. Scs expres- sions r.ont eleyanles et vigoureHses; ses tours sont |)oetiqnesrt .;;;racieiix , ct doimcnt Timai^e la plus fldele que la prose puisse •jflVir de la pin'-sie. Le discours qui sert iV introduction a I'ouvrage est un inor- ccau de litteraturc an-dessus detoutelo^e. Non-seulement, il en est roincmcnt; mats bien I'ulileexorde, at il prescnteaussi le resume elegant et eomplot du plan etdes excellens principes de cetle utile produetion. M. Tissot y parle lui nionient de lui- memo, mais avec la eaudeur de Ihouime de bien et la fran- chise d'tin esprit superieur , sur de sa conseiencc et de ses droits a I'cstime publique. .Te crois devoir en citer iei le der- nier paragraphe. « O Muses! Voilavos recompenses! Qui pourrait n'en point sentir la douceur et le prixPSi je ne puis les obtenir, du moins je ne nieconnaitrai jamais vos delices. Vous avez em- Belii tousles plaisirs de ma vie ; vous avez console tcules nies peines : seniblablcs aux abeilles du niont Hybla , vous ctes venues meler du miel a la coupe d'absinthe que la fortune et les hommes m'ont presentee plus d'nne fois. Quand je tracais unc pailtie de cetonvrage, j'etais aux portcs du tombeau ; vous m'avez doune la force devivre;je n'ai pasvoulu mourir, etpar vous, la Parque m'a oublic. Ce n'est pas font : vous avez nourri I'esprit, et conserve (juclqnes fleurs a rimaginaticn au nnlieu des ruines du corps; cause de nion salut , le chariiie de votre commerce retablit ma sante par degres. Je vous rends graces de vos bieufaits, et je me refugie dans votre sein; lecevez-mo^ eommc un voyageur fatigue qui demande le port, apres une lon^uc tempete. Et toi , illustrc traducteur dcs Georgiques , dont I'ainitie m'lionoro, dont le choix me causa de si vives aUumes, si depuis la mort jen'ai pas laisse passer un jour sans payer ma dette u ta memoire ; si, fidele aux devoirs du coeur , LinlRATURE. 99 j'ai rapportt- tous mes travaux a celuiqui mo les avail imposes par ime adoption si prccieuse pour moi, daigne accepter dans c-es etudes le tribut religieux d'uii disciple a son maitre. « Delillene ponvait recevoir un iiommagc pins dijjne de liii, que I offrande d'un ouvrage que ce grand maitre a , pour ainsi dire, inspire, et qui est destine a propa-er les saines doc- trines d'une litterature dont il a pendant soixante ans soutenu ■ la gloire. Les J&tudes siu- Firgile convienncnt egalement a I'liommedu monde et a Thommede lettres; anx jeunes gens qui entrent dans la carriere des arts; aux peres de famille qui veulent juger et suivre les progres de leurs fils. Un concert unanime d eloges a deja prouve la reconnais- sance du public eclaire pour le docte professeur, laborieux emule de Quintilien. On sait que M. Tissot joint a I'art du critique le talent du puete (i) et ses jugemens litteraires en dev.ennent plus respectables. Cet avantage manquait a Ouinti- hen; inais la similitude des epoques ou parurent les deux cri- tKjues augmei.te leur ressemblance. Le premier combattit la ouctrine des fa.bles imitateurs des grands hommes du siecle d Augusta; les Seneque , les Lucain, les Stace, en cherchant ase frayer des routes nouvelles, degradaient I'art des Lucrece des Virgiieet des Ovidc; et dans I'instant ou notre litterature est menacee de decadence, les lecons du moderne Quintilien serviront a guider les pas incertains des snccesseurs^des Ra- cine, des Voltaire et desDelille. De Pongerville. (i) M. T.ssot, elegant traducteur des Bucoliques de Vir-ile ou vrage qu. apr^s quatre editions fut designe pour les prix decenn'aux vient de faire paraltre un recueil de ses poesies erotiques C'est un nouveau present que I'elegant traducteur des Daisers 1 Jean Se cond a tHit a la litterature. K. d. R. ARCHEOLOGIE. Description db l'Egypte, ou Recueil des observa- tions et des recherches qui ont ete faites en Egypte , pendant Vexpedition de I'arniee francaise. Seconde EDITION , dediee au Roi , et publiee par C.-L.- F. Panckodcke. QCATRIEME ARTICLE (l). Monumens de Thebes. En sonant d'Hermonthis , nous sommes rejoints pai MM. JoUois et DeviUiers , qui nous attendaient sur les bords du fleuve ; ce sont les deux savans de I'cxpedition qui ont fait le plus long sejour parmi les ruines de Thebes, et la des- cription qu'ils en ont dounee est la plus complete qui ait jamais existu. Pour I'erudilion, on y trouve reuni tout ce que deux homme'S laborieux peuvent rassembier; pour 1' unite des vues et rharmonie^ie I'enserable, on croit u'avoir lu que le travail d'un seul homme. Inseparables amis, voyageurs intre- pides, observateurs attentifs, on les a toujours rencontres ensemble, dans bes memes courses, au milieu des memes dan- gers, soumis aux memes impressions, occupes des memes (i) Voy. I'article precedent sur ce m(5rae oiivrage, Rev. Enc. , lome XXI, p. Ill- La seconde edition de la Description de I'Egjpte est deja fort avancee : i3 volumes de teste et i6o livraisous de planches , publies a des intervalles tr^s-rapproches , attestent le zele et ractivite de I'editeur. En donnant ses soins a la nouvelle publica- tion de ce magnifique ouvrage, qui est I'un des plus beaux litres de la gioire litteraire de la France, M. Paiickoucke a bien merile des sciences, des arts et de la patrie. ARCHEOLOGIE. loi -etudes. C'est ensemble qu'ils ont tout vii, tout juge, tout senii : quels souvenirs promet a leurs vieux jours cette noble et touchante association, cette communaute de perils et de irloire, cette fraternite litteraire , contractee au milieu des amies, dans un autre continent, sur les debris d'un grand <^mpire ! Nous avancons. L'air est calme, Ic ciel pur, le soleil ecla- tant. Au-dessus de nos tetes se deploie toute la magnificence de la creation, tandis qu'autour de nous notre regard fatigue n'embrasse qa'un sol aride et des rochers nus : ici, tout le luxe de la nature est dans le ciel; il n'y a sur la terre que solitude et pauvrele. Mais I'aspect du Nil suffit au grandiose Ju paysage; il anime ^ lui seu! le tableau; c'est un des points ile r^gypte ou ce fleuve imposant se presente a I'oeil du voya- gcur dans toute la niajeste de sa course. A notre gauche, s'elevent les pics escarpes des niontagnes de la Libye; a droite, les coteaux de la cliaine arabique viennent, par une pente plus douce, expirer sur la plage. Tout le site est dans une immobilite parfaite; et au milieu de ce vasle silence, je ne sais quelle vague emotion nous agite. Nous niarchons d'un pas grave et mesure, la tete baissee, le regard fixe, I'esprit pensif, comme dans I'attente de quelque evenement; tout-a- coup, le geste de nos conducteiirs s'anime, nous levons les yeux, un cri part : «VoiIa Thebes! >• D'ou vient qu'a I'aspect des ruines on est toujours frappe d'une siupeur religieuse comme a I'aspect d'une grande in for- tune ? Existerait-il quelque liaison secrete entre cette image materielle de la destruction et les renversemens des prospe- rites humaines ?... Quel rapport entre quelques colonnes bri- sees et les inconstances du destin ? Le tems aurait-il voulu mettre sous nos yeux , dans ces debris meme de notre ma- gnificence, une demonstration eclatante de notre neant?... Mais, lorsque la niagie des souvenirs se joint a I'cloquence des ruines, lorsque chaque pierre peut devenir pcur nous une page historique, et qu'au lieu de quelques decoinbres viilgaires, on a devaut soi les restes encore majestueux d'une I02 ARCHfiOLOGIE. ville Immense, I'une dcs plus ancicnnes cites dii monde, et qui sonmit le monde a I'iuflacnce de ses conceptions intellec- tuelles; combioii alors, an seul nom prononce dc Thebes, noire imagination s'exalte et s'agrandit! Avec cjiieUe rapidite nos impressions se succedent, se mnltiplient et sc confondcnt! Qn'iin pareil spectacle est fecond en meditations ! Nos pcnsees semblent se revetir a uotre insu de toute I'austerite des objets qui nous environnent, et il est un moment on notre reverie prend un caraetere sublime. Bientot, nous sentons s'ailumer en nous une ardente cu- riosite : notre impatience voudrait tout voir, tout vicconvrir, tout embrasser d'un regard; c'est presque une fievre qui nous tourmente; c'est tme soif qui ne laisse aucun repos, si elle n'est satisfaite. « Il semble, disent nos voyageurs, que les sens n'obeissent point assez promptement a la volonte pour prcndie connaissanre de tout ce qui existe; il se presente a I'csprit mille questions que i'on voudrait resoudre, mille fails que Ton voudrait constater en meme ferns : Oii sont les ceiitportes chantees par Homere, et par chaciine desquelles sorfaient deux cents chariots amies en guerre ? Environne de toutcs parts de magnifiques ruines, on s'abandonne facilement aux illusions, et toutes ces exageralions pceliques paraissent pren dre de la realite. Ou est la statue d'Osymandias , vantee par Hecatee eomme la plus colossale de toutcs celles que renfer- mait autrefoisl'Egypte? Ou etait place ce fameux cercle d'or sur lequel on avait indique le lever et le couclier des astres pour tous les jours de I'annee? Ou est I'emplacement de cette grande Diospolix, dont les ancicns auteurs celebrent I't'tendue, et qui renfermait un des pins vastes edifices que les Egyptiens eussent cleves ? Ou sont les demeures de ces rois si vantes que leur sagesse a fait meftre an rang des dicnx , et dont les institutions utiles et precieuses font encore I'admiration de ceux qui en penetrent les vrais motifs? Ou est enfin cette celebte statue de Memnon, dont tant d'ilhislres personnages ont enlendu la voix au lever de Taurore?... Toutes ces ques- tions et mille autre? qui se presentent a I'esprit du voyageiir. ARCHEOLOGIE. lo'i le jettent dans une agitation singulierc. Attirt* par line mul- titude d'objets nouveaux, par une architcclure colossale , ;i laquelle I'ceil n'est point accouinme, on rei^nrde tout avcc une avide curiosile. Los sensations que fait eprouver la vue de Thebes ne se communiqnent pas seulemcnt a ceux (jui se livrent a I'etude des arts; Ics magnifiques constructions de cette antique cite offrent des beautes'd'un tel ordre, quYdlcs attirent les regards des hoinmes que Ton croirait les moins propres a les apprecier. Ce sont comme de grands accidens de la nature, ou eomine des plienomcnes eclatans, qui, fandis qu'ils captivent I'attention des csprits accoutumes a observer, produisent encore sur la multitude les impressions les plus vives et les plus profondcs (i). » Mais , avant de visiter ces mines etonnantes oii les Egyptiens vont nous paraitre si grands, parcourons d'lm regard la vaste plaine qu'elles occupent : les deux chaines de montagnes, en se recourbant vers le fleuve, I'luie an niidi, I'autre au nord, decrivent cliacune un demi-cercle, et laissent entre elles une vallee immense, dont elles forment la cein- ture a I'horizon. Le Nil, qui, depuis plus de deux lieues, avait coule dans un lit unique, se partage en plusieurs bras en en- trant dans la plaine de Thebes, et donne naissancc a cinq lies diverses de forme et d'etendue , dont une seule est habitec. Les autres elevent a peine au-dessus des eaux Icur surface couverte de verdure; elles sont le sejour ordinaire des cro- codiles, qui viennent s'y exposer aux rayons d'un soleil ardent. Le moindre bruit qui agite les airs cause une telle epouvante a ces enormes reptiles, qu'iis se prtcipitent avec fracas dans le fleuve , et n'en ressortcnt qu'un moment a]nes pour s'etendre de nouveau sur la plage, ou les attire la chaleur. Plusieurs villages arabes sont dissemincs ca et la sur I'une et I'autre rive du Nil. Le plus considerable est ceiui de Louq- sor, qui conipte deux a trois mille cmes, et dont toutes les niaisons sont surmontees de coiombiers ou Ton entretient une (i) Descript. deVEsypte, X. ir, p. 7. Jo4 ARCIlltOLOGIE. mullitutle innombrable de pigeons, line fois par seinaine, les habitans des villages vuisiris so reiinisseiit a Louqsor pour y echanger leurs denrees. La pliipart de ces villages modernes sont construits au mi- lieu dcs ruines, et quelquefois sur les decombres memes de I'ancienne capitale de I'Egypte. Sur la rive occidentale du fleuve, Medynet-Ahou et Kournah offrcnt encore de magni- fiques debris de monumens egyptiens. L'espace qui separe ces deux villages est egalement convert d'antiques constructions, et a I'ouest, dans la partie de la chaine libyque, qui est la plus voisine du fleuve, sont creusees ces fameuses catacombes de Thebes, oii la pieuse iudustrie des tgyptiens senible avoir tente un supreme effort. Sur la rive orientale, c'est-a-dire , du cote de I'Arabie , Louqsor et Karnah , batis sur des ruines colossales , sont , pour ainsi dire , lies entre eux par une serie non interrompue de fragmens antiques. Plus loin, vers le nord, et au pied de la chaine arabique, quelques colonnes encore debout s'elevent isolement dans les airs et marquent la place des derniers edi- fices de Thebes. Tel est I'aspect de la plaine qui se deploie devant nos re- gards. Arrivfis au village moderne d'Akalteh, sur la rive gau- che du Nil, si nous continuons notre marche en appuyant vers I'occident, le premier vestige qui s'offre a nous des travaux dss anciens Egyptiens , est une vaste enceinte quadrilaterc qui parait avoir servi de cirque aux habitans de Thebes. C'estdans ce grand hippodrome qu'ils s'exercaient sans doute aux evolu- tions militaires, aux jeux gymniques et aux courses do chevaux et de chars. Enexaminantles debris de I'enceinte on s'apercoit qu'elle etait formee, non par un mur continu et regulier, mais par quatre rangees de massifs pyramidaux, construi'sen bri- ques ot a pcu pies semblables pour la forme aux massifs des pyloncs (i). Disposees A d'egales distances, c^^s constructions ( i) II est a remarquer que le c6te occidental avait un doiihle rang de massifs. ARCHEOLOGIE. io5 triomphales laissaient entre elles plus de quarante issues et of- fiaient ainsi sur lous les points uii libre passage a la circula- tion des chars et a recoulement de la multitude (i). L'etendue de ce cirque (itait immense : sa superficie est sept fois plus considerable que celle du Champ-de-Mars a Paris (2). Si Herodote avait visite cet hippodrome de Thebes, si sur- fout il avait vu, dans les catacombes et sur plusieurs edifices, les divers bas-reliefs 011 sont represenles les jeuxgymniques des !^gyptiens, il n'aiirait pas avance que Chemmis etait la seule ville des bords du Nil ou, a Timitalion des Grecs, de semblables jeux etaientcelebres (3). Bossuet, qui a plus etudie I'antiquite qu'on ne le pense communement, assure que les courses a pied, a cheval et dans les chars se pratiquaient en Egypte avec uneadresse admirable, etqu'il n'y avait pas dans I'univers de meilleiirs hommes de cheval que les Egyptiens (4). Herodote, d'aillenrs, n'a-t-il pas dit lui-meme que, des ambas- sadeurs Eleens etaient veuiis, sous le regne de Necos, sou- mettre a I'approbation des Egyptiens les reglemens des jeux olympiques? Et si un semblable fait revele la haute opinion que les peuples s'etaient formee de leru' sagesse, ne prouve-t-i! pas aussi qu'iis avaient acquis dans ces sortes de jeux une su- periorite reconnue ? Un fait plus remarquable encore , et qui est rapporte par Diodore de Sicile, atteste non-seulement que (i) L'entree principale, qui etait du cote de Test, etait large d'en- viron 800 metres. (2) Le Chanip-de-Mars a yii mfetres de long et Sgo metres de large ; ce qui donne une superficie de 355, ago metres carres , fai- sant 93,400 toises. L'Hippodrome de Thebes a a, joq, metres de long sur 988 metres de large; ce qui donne une superficie de 2,460,000 metres carres ou 624, 38o toises. (Jollois et Devii-i-iebs, Descript. de I'Egjpte , t. lI, p. l38.) (3) Herouote fait dire aux Chimmites que ces jeux etaient cele- bres en I'honneur de Persee qui etait origiuaire de lear ville, puis- que ses anc^tres Dauaiis et Lyncee y etaient ues. (Herod., lib. 11, cap. 91.) (4) Disc, sur I'hist. univ., 3*^ part. io6 ARCHEOLOGIE. Ics cxercices du corps c-taient en hoiinour en £gyptc, mais qii'ils y faisaient partie tie I'ediicafion militairc. Cet liislorien raconto que le pere de Susostris, ayant reiiiii tons Ics onfans males du royaume, nes le mcrac jonr que son fils, et leiir ayant donne a tous une education comnuine, les faisait assidunient cxercer a toutcs soites de travaiix; il ne Icnr ctait pormis, ajoute-til, de prendre auciine nourriture, cpi'ils n'cussent au- paravant parcouru un espace de cent quatre-viiigts stades (i). Supposons maintenant que I'enceinte spacieuse qui s'ctend devant nous et qui a pres de quinze slades de longueur (2) , etait I'arene ou s'excrcaient Ics jeunes condisciples IAOrC HCnACATO MEMNHN O HAIC HOTC TE KAI TEienNOlO AICION INA KATANOfJ KAI YCIC EADKE AHMIOYProC TON OAfiN. « Nous, qui autrefois n'avions entendu qu'un seul son, main- tenant Memnon , fils de I'Aurore et de Tithon, uous a salues affec- tueusement comme ses allies et ses amis. Plus heureux , j'ai saisi le sens et la force de ses paroles : la Nature elle-m^me, creatrice de toutes choses , les a profer^es. » II n'en faut plus douter , nous sommes devanlcette cclebre statue de Memnon, qui, chaquejour, au lever del'aurorpjren- ddit des sons harmonieux, et qui eut dans toute I'antiquite une renommee presque egale a celle des py ramides. Cependant , sinotre memoire est fidele, cette statue avaitjadis ete renversee, selon les uns, par un tremblement de terre(i), selon lesautres, parCambyse, et ce vers si connu de Juvenal atteste que, de son terns, il ne restaitque la moitie du colosse : Dimidio magicce resonant ubi lUemnone chordce. ( Sat. xv. ) Pausanias I'assure d'nne raanieie plus positive : « Cambyse , dit-il, a fait couper cette statue par le milieu; et maintenant, la partie superieure, depuis la tete jusqu'.'i la moitie du corps, (i) Strab. Geograph., lib. xvil. ARCHEOLOGIE. ii5 est rcnversee par tcrre et abandoiiiiue. Lc tronc est encore debout, et tons les jours, au lever du soleil, il rend un son, tel que celui des cordes d'line cilhare ou d'une lyre , qui , etant fortement tcndues, vicndraienta se rompre.(i)>) Voyons meme si parmi les nombreuses inscriptions dontles jambes du colosse sont couvertes, il n'en est aucune qui rap- pelle cet evenement : le dialogue suivant qui est cense avoir lieu entre la statue et un voyageur, confirme entierement le recit de Pausanias : E0PAYCE KAMBYCHCME TONAE TON AI0ON BACIAEOC HAIOT EIKONA EKMEMAEMENON *nNH AH HATMOC HN HAAAI MOI MEMNONOC TA nA0H AH OCCA HN At>EIAE KAMBTCHC AYCcrsoiiiiagcque son homonyme des bords du Nil. Du temsdes anciens, on faisait deja cetle distinction, et Philostrate (i) re- commandeexpressementdene pas confondrel'ancien Memnon avec celui qui, sous les rempartsde Pergame, donna la mort A Antiloque. Jablonski, parmi les moderncs, a laisse nne longiie et savante dissertation siir cctte matiere (2); niais, comment traiter serieusement une question qui est historiquenient inso- luble? Que peuvent toutes les subtilites de I'eiudition, quand les donnees sont incompletes ou contradktoircs, et que la verite n'a pour interpretes que des fictions poetiques, des dates con- fuses et des etymologies? L'etymologie siutout devient entre les mains du docte Jablonski un instrument d'une souplesse et d'une docilile admirables; c'est une cire molle qui recoit sans resistance toutes les cmpreintes. Qui croirait que ce savant, ii I'aide des laborieuses metamorphoses qu'il faitsubir a un nom propre, est conduit a etablir que Memnon, Amenophis, Is- inandes, Osymandias et Sesostris ne sont qu'un seul et meme personnage? Quant a nous qui n'avons pas le loisir de nouslivrer a des exercices etymologiques, laissnns I'intrepide dissertaleur s'en- foncer tout seul dans ces tenebres, et allons a la recherche du tombeau d'Osymandias , tombeau presque aussi celebreque celui de Mausole, et qui, sans coiitredit, le surpassait en ma- gnificence. C'est la qu'etaient renfermes le fameuxcercle d'or a^tronomique et la bibliotheque a jamais perdue ou se lisait cette eloquente inscription : Remedes de l'ame. A peine avons-nous tourne les yeux vers le nord, que nous apercevons, a environ cinq cents pas devant nous, les mines d'un grand edifice dans lequel d'Anville, Norden et la plupart des voyageurs modernes ont cru reconnaitre le Memnonium (3), (i) Philostr. Heroic, p. 699, ed. 1709. (2) J^BL. de Memnone Grcccorum eC Egrptioriirn hiijtisqiie celeberrimu in Thebdide stadia. Francof. , 1753. (3) Edifice dont parle Strabon. »i8 AKCHEOLOGIE. niais qiif 3IM. .lollois ot Devilliers iioiis assuicnt ctrc Ic mo- nument fmitbic d'Osymandias. C'cst iin fail que nous pouvons verifier par nous-nicmes. La distance qui nous separc de I'c- difice est bicntot- franchic, cl ces ruincs, vers lesque'.les nous n'elions entraines que par un niouvenunt de curiosile histo- rique, comuKUuIcnt dcj;i noire admiralion. Elles presentent i nos regards, dans le developpernent Ic plus pittorescpie, unc longtie suite de colonnes et de piliers cariatides, encore debout sur leurs bases, et diverscment groupes entrc des pylones a moitio detruits, et d'immenses debris de colosscs; mais, avant dc cominencer noire examen,ouvroiis Diodore de Sicile, et reli- sons la descriplion si pompeuse qii'il nous a iaissi'e du tombeau d'Osymandias, d'apres les recits d'llecalee: « A Tentree de ce monument, dit-il, est uu pylotie (i) bali de pierres de diverses coulcurs; sa longueur est de deux plelhrcs(2), et sa hauteur, de quaranle-cinq coudees. En s'avan9ant, on trouve un peristyle carre, construit tout en pierres, et dont chaque cole a quatre plelhres (3). Au dcvaut des colonnes, il y a des (i^^ures mono- lithes de seize coudees dc liaut, sculptees suivant I'ancicnne maniere. Le plafond est forme de ])ierres , chacune de deux orgyies (4), qui en embrassent toute la largetir; il est parseme d'etoiles sur un fond bleu. A la suite de ce peristyle, est un nouvcau passage, ainsi qu'un autre pylonc enlierement sem- blable a celui dont on vient de parler, mais orne de toutes sortes de sculptures plus parfailes. » (i) C'est prt'cisdment a ce passage de Diodore que les savans de rexpedition out emprunte le nom de pjlune, donne aux deux grands massifs de forme prcsque pyranildale cpii precedent les edifices cgyptiens. Voycz ce que j'ai dejiiditdes pylones, Rci'. Enc. , t. xxi, p. lafi. (a) "Le plithre , qui contenait 100 pieds egyptiens , est evaliie par M. JoMABD a 3o metres 8 decim. (Descr. de I'Ag. , t. vii , p- 79 )• (3) Le pyl6ne, qui n'a que deux plellires, etani un tic-s coles du j)6ristyle, il est impossible que ce peristyle ait quatre pletlires ; c'est probablement une crreur des copistes. (4) Autre niesure cgypticnne qui eqi'ivaut a i ni. 85 c. ARCHEOLOGIE. iig Suspentloiis un moment notre lecture, et voyons si I'etat ties ruiiics repond a cctte premiere partie de la dt>scriptioti. Voili bieii le peristyle carre entrc le premier ct Ic second py- lone ; niais il est presqiie enlierement detruit. Les ligures mo- noiithes ont dis|)aru : c'etaient des cariatidcs semblables a celles de Medynet-Abou. II ne rcste des galeries laterales que les fondations de deux colonnes du cote du sud. Le sol est jonche d'une multitude de fragmens de granit; on dirait nne carriere. Quel est surtout cot immense bloc qui, au milieu de tant de debris, se fait remarquer par sa masse extraordi- naire? Pieprenons Diodore, il nous I'apprcndra peut-eire : « Pres de I'entree , on voit trois statues laillees dans un seul morccau de pierre de Syenc. L'une d'elles , qui represenle Ic roi , est assise : elle est la plus grande de tontes celles que rcn- ferme rEgypte; la mesurc de son pied surpasse sept condees. Les deux autres sont aupres de ses gcnoux , l'une a droite, I'autre a gauche; elles representent la mere et la fille du roi, et sont de dimensions beaucoup moindres que la statue prin- cipale. Get ouvrage n'est pas seulemenl recommandable par sa grandeur; mais il est encore digne d'admiration sous le rap- port de I'art qui s'y fait remarquer, et il est precieux par la nali'.re de la pierre, qui, dans une si grande masse, ne laisse apercevoir aucune fente iii aucune tachc. On y a grave celte inscription : « Je suis Ostmanuias, roi des rois. Si quelqu'un veut savoir qui je suis et ou je repose, Qu'll. DETRUISE QUEI.QUES-UNS Dl-. MKS OUVRAOES (l). u Avancoiis maintenant vers I'enorme rocher qui a d'abord (i) Cette inscription m'en rappelle une autre a peu prcs scmblaLle qu'un auleur araJie , je ne me souviens plus lequcl , assure avoir ct6 irouvee dans les pyrannides; elle ctail concue en ces teimes : « Nous avons iti assez puissuns pour constniire Us pjramiJes. Que celiii qui vent prouver sa force, cntrepreitne da les dcmolir; ct cependanc, combicn nest-il pas plus facile de drtruire que d'elevcr.' » no ARCHEOLOGIE. frappe nos regards, et nousy rcconnaitrons le corps niutile d« colosse age. 19. — The eclectic Reviea: — Revue eclectifjue , n° 252. Londres, decembre 1825 ; Holdsv\forlh, Brochure in-8° ; prix 2 sh. 6 d. 20. — The evangelical Magazine.- — 'Magasin evangc'lique , ri° 36. Londres, decembre i825; AVestley. Brochure in- 8'^, avec portrait; prix 6 pence. 21. — The new evangelical Magazine. — Nouveau Magasin. Londres, decembre 1825 : Jones. Brochure in-8°, avec portrait; prix C pence. 22. — The Gospel Magazine. — Magasin de I'Evangile, n° 12. Londres, decembre 1825 ; W. Day. Brochure in-8°; prix 9 p. Les autcurs de ces (juatie reciieils appartiennent a la com- munion calviniste, eX leurs jonrnanx se distingnent par une grande orlhodoxie de principes; mais, tandis (jiie le premier embrasse la cause des differenlcs seetes de proiestans dissidens qui existent en Angleterre, les aulres sont les organes choisis par cliaqne secte ])articuliere. — La Revue eclectique est redigee avec beaucoup de talent; le Magasinevangelique, qui coinpie un grand nombre d'abonnes , est siirtout inlc'ressant par les nouvelies des missions envoyees a I'etranger; \e Nouveau Ma- gasin evangelique, C|ui n'a cle cree que pojir servir d'appendice au precedent, se ilistingue par la nettete de ses portraits et I'excellence de sesciitiqiies lilteraires. On ponrrait neanrnoins reprocher a ces trois recueils d'etre trop dogmatiqnes, et au qualrieme de joindre a ce defaut le manque de variele et de talent dans la redaction. Le dernier numero du Magasin de I'Evangile conlient onze articles originaux sur le bapteme, la grace, le chant, etc; deux morceaux de poesie et dix analyses d'ouvrages de theologie , parmi lesquelles nous ciferons I'ar- ticlesur les oeuvres du docteurPALEY, I'illustre auteur de V Evi- dence du christianisme. 23. — The Christian Instructor. — L'Inslructeur chretien. Londres, 1825 ; Kamillon. Brochure in-8''; prix i shelling. 24- — The Spiritual Magazine. — Le Magasin spiritiiel,n° 20. Londres, decembre iSaS; Palmers. Brochure in-8°; prix 6 p. i44 LIVRES l-'TRANOERS. a5. — Intellectual Repertory. — Rt';pcrtoire intellectUpL Londies, dcccmbre 1825.; Sherwood. Brocli. in-8°; pi ix i s. 6 d. Ces recueils appartieniient encoi-e a I'l'glise dissiilente d'An- gleierre; le premier esr redige par une classe de protestans ai^^elis indcpendans. Chaque caLier contient a la fois des sei- raons, des notices biographiques, des morceaux de prose ou de pocsie, et quelques analyses d'ouvrages nouveaux ; qiianl au second, qui ajoute a son premiei' litx'e celui de Tresor des saints , et au Iroisiemc, quJ a cesse de paraitre, nous ne pou- vons en rien dire, ne les connaissant que de nom. 26. — The methodist Magazine. — Magasin (Ju melhodlste, n" 1 du 5^ volume de la 3^ serie. Londies, Janvier 1826; Kers- haw. Brochure in-S" de quatre feuilles et demie, avec portrait; prix 6 pence. Ce journal , dont retablissement renionte a I'annee 1778, a eu, suivant I'assertion de M. Leigli, dans son Nouveau tableau de £,o«fi/<'i',unsucces jusqu'alors inou'i. Ilcompte environ vingt- deux inille abonnes, etpercoit, chaque mois , pour les seules annonces qui remplissent les 16 pages de son Bulletin supplc- jnenlaire, plus de deux mille francs. Un debit aussi prodigieux pent seul expliquer la modicile du prix de ce journal : pour six pence , on a une brochure de soixante - dix pages bien im- primee el enrichie d'un beau portrait, represenlant ie plus sou- vent quelque missionnaire celebrc. Sa redaction est confiee a des ecclesiastiques instraits, mais semblables a nos jansenisles et trop rigides dans leurs principes religieux. — Le caliier de Janvier contient plusieurs articles Interessans. On y trouve, tradulte en anglais, la fameuse lettre de M. Mollard-Lefebvre. On y donne I'analyse de divers ouvrages religieux , et Ton y attaque, mais avec aussi peu de logique quedc savoir, louvrage de Volney, intitule les Raines. 27. — The Christian observer. — L'Observateur Chn'tien. — Londres, decerabre iSaS; Hatchard. Brochure in-8° de 3 a 4 feuilles. Prix, \ sh. 6 d. 28. — The Christian remembrancer. — Le Souvenir du Chretien, n° 84. — Londres, decembre i825; Mawman. Brochure In-S" de 4 feuilles; prix i sh. 6 d. 2C). — The Christian Guardian. — Le Gardien chretien. — Londres, decembre i825; Seeley. Brochure in-S" de 5 feuilles, avec portrait; prix x sh. Les tltres de ces recueils indiquent suflisamment que leur hut est de rcveillcr et d'entretenir la ferveurdans le Iroupeau de I'eglise anglicane. Les dernieres discussions relatives a I'e- unanclpation des catholiques ont aj)porte quehiue amertume GRANDE -BRETAGNE. US dans le laiigage, d'ailleurs habituellement modere, des rainis- tres ari;licans, et ces recueils se ressentent de cette penible im- pression. Dans ce moment, I'eglise anglicane fait tous ses efforts pour populariser la haiiie du catholicisme. Les arines qu'elle emploie ne seraient pas toujours avouees par I'Evangile et par la charite: I'lnjustice fournit les trois quarts de ses argumens. Ella affecte de deploier I'aveugleinent des cailioliqnes, et elle s'oppose a leur emanclpalion, qui seule, les rendant a lalibertc, leur procurerait I'instruction qui leur inan(|ue. Le ton de ces recueils est entierement polemique; niais ils sent nioins dog- maliques cependant que les journaux des communions dissi- dentes, avec lesquels ils sont quelquefois en guerre. Au surplus, ce n'est point, comme nous I'avons fait ob- server,4e ton habituel de ces recueils. En general, on reinarque que les ministres de I'eglise anglicane insistent peu sur le dogme, et appuient specialenient sur la partle monile de la religion* La plupart des redactenrs sont des ecclesiastiques. Le plan de ces 6crits n'est guere bien indique; il parait que le banc des eveques les protege : ])eut-vitre en fait-il les frais; ce (jui expli- querait le defant d'ordre que Ton y trouve. Car, en Angleterre comme partout aiileurs, le pouvoir est inoins propre que les parliculiers a la direction de toute espece d'entreprise. 3o. — The Tract Magazine , etc. — Magasin des traiics reli- gieux, n° 24- Londres, decembre iSiS; .I.Davis. Brochure in- 12 d'une demie-feuille; prix i penny. Cerecueil, public par le Coinite des Traites religieux , est redige dans les principes de I'eglise anglicane. II contient des morceaux de prose et de poesie morale et religieuse, et I'on v voit dominer a regret une sorte d'acharnement contre le ca- tholicisme. 3i.^- The Monthly Repertory. — Le Repertoire mensuel, n" 289. Londres, novembre i825 ; Sherwood. Brochure in-8°; prix 1 sh. 6 pence. 32. — The Christian Befornier. — Le Reformateur chretien, n° i3i. Londres, novembre 1825 ; Shervvood. Brochure in-12 d'une feuille et demie; prix 6 pence. Qiioique differant sur f|uelques points les uns des autres, les journaux que nous avons precedemment annonces se reunissent tous pour precher la, divinite, de Jesus-Christ. Le calliolique ro- main , ranglican, le calvinisle, le quaker Tolerant et le me- thodiste rigide s'elevent egalement contre les principes pro- fesses par les unitaires, qui, I'Evanpiiie a la main, procla- raentque Jestls de Nazareth n'etait (ju'un homine, conslilue de la meme mauiere que les autres hommes , snjet aux niemes in- T. XXIX. — Janvier 1826. 10 1 46 LIVRES ETRANGERS. firmiles, A la m^ine ignorance, aiix m^mes errcurs et aux monies faiblesses; que, descendii de la famille de David, le fils de Joseph et de Marie naquit, grandit, v^cut, parla, sentit , agit , souffi it et moiirut de la m(5nie nianicre que les autres homines. D'un caractere exemplaire, et enconformite d'une ancienne |)roi>hotie, il fut choisi et nomine |)ar Dieu, pour en- seigner au monde une nouvclle morale, dont le but etait de repandre Tegalite parmi les liabitans de la terre , de detruire les privileges du neuple juif" et de placer les Gentils qui embras- seraienl la nouvelle croyance sur le meme pied que la poslerite d' Abraham. Charge de reveler a la race humaine la grandc doctrine d'une vie future, dans laquelle les hommes seraient recomi)enses selon leurs oeuvres, ila, disent-ils, accompli cette mission , par I'inspiration de Dieu; mais il n'a plus maintenant aucune relation avec ce monde, et c'est, selon ces rcformateurs, un attentat a la gloire d'un Etre supreme, seul digiie d'un culle religieux , que d'accordcr au Christ des prieres et des louaiiges, qui ne sont pas autorisees par I'Evangilc. Telle est la doctrine professee par les deux recueils ci-dessus enonccs; ils s'appuient de I'autorite des evangcllstes Marc , Luc et Malhieu , et de i'exemple des chretiens des deux j)rcmiers siecies de I'Eglise , dont la grande majorite ctoyait a I'humanite de Jesus-Chrisl. Les Ur.itaires parlent moins au sentiment qu'a la raison ; leurs recueils sont a la f'ois dogmati()ues et litteraires. Ils trouvent un grand nombre de lecteurs el flanlaln et de la chenille qui se forme dans cette herbe, accomjiagnee d'undessin.40. Siir iii decoloration des animaux et des plantes; traduit de Virey. l\\. Observations meteorologi((ues , faites a i'Univer&ite de Moscou , publiiH's depuis 1808 , juscju'en 181 ». RUSSIE. i55 dans la Gazette de Moscou , interrompues et reprises, auraois de mai 1820. Cette livraison est accompagnee d'une table meleorologique du mois de mai 1820, fort detaillee. De ces [\i articles, 4 seulenient sont originaux ; les autres sont tradtiits de differens ouvrages etrangers, que nous avons indiques. — A rexception de I'examen raisonue de Irois ou- vrages , dont ie redacteur a donne quelques exlraits, on ne trouve plus dans ce recueil que la simple annonce de 38 ou- vrages relatifs a la mineralogie, a la botanique, a la zoologie, a la pliysique, a la chiraie, a la technologic et a I'economie , publics dans le courant du xixesiecle , dont 16 en Allcmagne, 1 2 en France, 3 en Angleterre , i en Italic, i dans les Pays-Bas, I en Pologne ct 4 en Russie. Cette parlie, outre qu'clle a Ie defaut de n'offrir qu'une nomenclature aride , est encore fort incomplete. II est bien a desirer que M. Dvigoubski puisse a I'avenir la completer ct la rendre plus interessante; nous for- mons aussi des vceux pour que le progres des sciences natu- relles en Russie le mette a meme d'offrir a ses lecteurs un plus grand nonibre d'articles originaux qu'iln'apule faire jusqu'ici. Les details tin peu arides dans lesquels nous venons d'entrer nous-rnemes, ont neanmoins cet avantage qu'ils font connaitre les emprunts que les recueils du nord de I'Europe font a ceux du midi, et les eclianges des produits de I'intelligence entrc dif- ferentes nations appelees as'eclairer mutuellement. Livres en langaes etrangeres, impriines en Russie, 89. — A Manual of an english and russian grammar. — Manuel d'une gramniaire anglaise et russe ; par W.-H. M.-D. Saint-Petersbourg , 1822 ; imprimerie de Gretch. i vol. 10-8° de i5i pages; prix 5 roubles. On avait des grammaires russes pour les Allemands, les Francais et les Suedois; mais celle que nous annoncons ici est la premiere que I'on ait encore publiee a I'usage des Anglais. II est cependan! digne de remarque que les Anglais sont, de tons les etrangers, ceux qui, en arrivant en Russie, se livrent avec le plus de succes a I'etude de la langue russe. Le Manuel de M. D. facilitera beaucoup cette louable dispo- sition; nous conseillerons toutefois a soji auteur de consulter avec plus de soin, pour une seconde edition, les ouvrages de meme nature qui avaient deja ele publics precedemment; i!s lui offrironl une foule de dotuniens utiles ]>our juneliorer le sien. 40' — L'lttilie, poeme en qiialrc chants; i>av f. -Louis Brap, i5fj , LivRES Strangers. aiicien ptofesseur clc belles-lettres lalines et francaises, membie de plusieurs socictes littcraires. Deuxieme edition, revue et corj'igee, avec cetfe epit;raplie : Term antiqua , potens arrnis , atqitc tibere glcbce. Virg. Saint - Felersbourg, iSaS; impri- inerie da departemenl tie riiistnictioii publique. In-8" de 1 1 4 ])ages ; prix 5 roubles. Ce poeme parut, pour la premiere fois, en i8i4, epoque oil I'auleur babitait encore I'ltalie , a laquelle il consacre ses vers. Les journaux de Paris en rendirent iin compte tres- avantagenx , et le Moniteiii- d.\i i6 mars, enire iiutres, en fit un cloge bien propre a encourager I'auteur. I.a critique lui repro- cha totitefois le defaut d'action et d'interet dramatique, dcfaut inherent a la ])oesie descriptive, et que rachetent faiblement les episodes dont on chercbe a I'animer. L'auteur a profile, pour cette nouvelle edition, publiee a Pctersbourg , des cri- tiques de detail dont son poeine avait ele I'objet; raais il n'a pu corriger le defaut essentiel que nous venons de signaler. La contree que celebre M. Brad doit inspirer le plus vif inliret, soil qu'on I'etudie dans son berceau, dans le muyen age , ou dans les lems modernes, Fiere dominatrice du monde, en ])erdant le sceptre des arnies, elle a conserve long terns celui des Icttres et des arts , et elle a continue d'exercer ainsi le plus doux comme le plus noble empire sur les anies culti- vces et sensiblcs. L'epoque des Medicis n'offre pas de pages moins glorieuses a I'histolre que l'epoque des Cesars. Les evenemens dont cette contree a ete le tlieatre contribuent tons (''galement a la faire vivre dans la nienioire des hommes. Quel S])ectacle plus grand et plus digue d'admiration que celui d'un pays renaissant de ses cendres, survlvant aux catastrophes qui ont fait dispa- raitre tant d'enjpires de la scene du monde, qui irouve dans ses ruines taut de litres a la gloire ! On ne doit tionc pas etre sur])ris que les auteurs qui ont ecrit sur I'ltalie, et les voya- geurs (|ui I'ont parcourue, en aient jiarle avec plus ou moins d'entliouslasrac , et qu'ils aient voulu rejiroduire les sensa- tions el les iilees dont ils claient penetrcs a rasi)ect de ces lieux remi;lis de si beaux souvenirs. M. Brad s'ebt trouve dans cette position heureuse et favorable au dessin de son poeuiej il a long-lems habitii I'ltalie; il I'a bien vue , et il I'a celebree dans des chants que ne dcsavoueront pas les Muses. R. E. SUEDE. /,i. — * Taxsos bcfriede Jerusalem. — .Teriisalem deiivree. SUEDE. — NORV KGE. i 57 duTasse, traduite en vers suedois par M. ie comte de Skoi- Debrand. Stockholm, iSaS. 2 parties in-8". Cette Iradiiction esT. en vers du memo metre (]ue roriginal, mais sans rimes; et I'liabile versificaleur a su rendreen suedois toutcs iesbeautes, et memeuneparliederharmonle poet ique que Ton remarque dans I'anteur ilalien.Nous serons bienlot a meme de juger, par comparaison , de I'effet et de I'utilite de la rime dans la versification suedoise : le 5^ lome des a'uvres de M. le cointe d'Oxenstierne est sous presse, et ce volume contient, entre autres poesies, une traduction de I'epopee du Tasse, jusquau cinquieme chant , en vers nlexandrins, et semi-alexan- drins, du meme nombre de stances et de vers que dans I'ori- ginal. 42 — * Frithiofssaga. — Frithiof , conte en vers par M. I'e- veque E. Tegbter. Seconde edition. Sloc\]\o\m, ibaS. In-S** de 167 jjages. Cette nouvelle production du poete favori de la nation sue- doise est digne des raemes eloges qu'ont deja obtenus ses premiers ouvrages, Une seconde edition publiee, an bout de quelques mois, dans un pays dont la langue est aussi peu repan- due a I'etranger, est une jjreuve cerlaine d'un grand succes. G— o. NORVEGE. 43. — ' Morbus quein Radesyge vacant , quinain sit, quo- namquc modo e Scandinavia tolleadus. — Commenlatiu , quam pro summis in medicina honoribus rite obtinendis, publico erudilorumdisquisitioni subjicit Fredericus Holst. Christaniae, 1817. VIII et 1 57 pages in-8°. t II est un peu tard, sans doute, pour annoncer cet opuscule. Feu le docteur Friedlander, a qui nous en avions remis, il yquatre ans, un exemplaire, de la part de I'auteur, s'etait charge d'en rendre comple dans la Revue Encyclopedique , dont il elait un des collaborateurs. II est mort , sans avoir rempli sa pro- messe. Nous n'avons pas la pretention de le remjilacer a cet egard : le sujet n'est point d'ailleurs de notre coiDjjetence; mais nous avons cru qu'il pourrait etre interessant pour les mcdecins d'obtenir quelques notions exactes sur une maladie inconnue hors de la Norvege, mais a lacjuelle on trouvera peul-etre quelque analogic avecd'autres maladies qui ravagent les pays meridionaux. Sans entrer daus des details analytiques sur un ouvrage qui est, ainsi que nons venous de le dire, hors de la sphere de nos etudes, noiis croyons neanmoins devoir i5S LIVRES ETRANGERS. faire connnltre a nos lecteurs quelle etait autrefois a ce sujet I'opinion generale en INorv^gc. Cette inaladie, disait-on, ne penetre jamais dans I'interieur du pays; elle exerce sculenient ses ravages sui- quelques par- lies du littoral, et Ton a reniarcjue que c'est i)resqii'exclusive- ment sur Ics contrees Ics plus stciriies , dont les habitans n'ont d'autre nourritiire que le produit de leur peche, et une espece de bouillie tres-claire, faitc avec de la farine d'avoiiie, rem- placant pour eux le pain , qui dans ces contrees est une espece deluxe. Conime dans cesmeiiies localiteson estobligede nourrir en parlie les bestiaux , pendant la saison de I'hiver , avec les in- testins, et d'autres debris depoisson, que Ton a fait macerer an feu, il est probable que le lait des vaclies est d'une niauvaise qualite; et ce lait entrant aussi en partie dans la nourriture des habitans, il parait devoir contribuer a rcpandro I'affreuse maladie lepreuse dont nous parlons. Tels soiit les details que nous fournissent nos propres souvenirs; quant an reste nous renvoyons a I'opuscule cjue nous annoncons, et qui contient des fails et des raisonnemens de qnelque importance et d'une application utile. Heiberg. DANEMARK. 44- — Hondelser pan en Feise. — Evenemens pendant un voyage dans la Moree et a Constantinople; par f.-H. Stabkll. Copenhague, iSaA- 160 pages in-S". L'auteur de cette brochure , qui appaitient a une fanillle respectable du Jutland, et qui avait pris ses grades a I'univer- silc de Copenhague, partit de cette capitale, le 1 1 septembre 1821 , avec I'intention de consacrer son bras au service des Hellenes. Apres avoir traverse, presque loujours a pied , et au milieu de beaucoup d'embarras et d'obstacles , 1' Allemagne , la Suisse et une partie de la France, il s'embarqua enfin a Mar-' seille,le 8 Janvier 1822, avec 35 aulres volontaires, parmi lesquels ^taient six Francais, et trois stijets du roi de Dane- mark ; les autres etaient des Allemands de differens pays. Apres onze jours de navigation, ils arriverent, le ig Janvier, a Na- \arin. C'est ici que commencerent leurs tribulations. M. Stabell f.iit uu tableau pea flatte dupeuple, dugouvef- nement et de I'etat des choses dans la Moree. Le portrait qu'il donne du general Normann , AUemand et chef d'un corps grec, est merae hidenx. Si Ton en croit I'auteur, lesGrecssont les homraes les plus vils c! Ics plus corrompus du raonde. A rentendre,le manque de courage serait nieme un trait dis- I OANEMARK. iSg tinctifde leur caractere. Aprcs celle asseition, et quandon se rappelle combien de vicioires signalees un petit iiombre de Grecs a remportees sur un ennenii bien supeiieur en iiombre , il est permis de se meliei- de la veracile de M. Stabell. Quoi qu'il ea soit, si les Grecs ne sont pas, sous ]i!usieuis rapports , tels que Ton pourrait desirer qu'ils fussent, on ne saurait s'en elonner, ni les accuser ; ils conservent necessairement I'em- preinte de I'oppression barbare et atroce sous laquclle ils ont genii j^endant plusieurs siecles. Si la liberie elevel'homme, le despotisHie et I'ojipression lui rendent familiers tous les genres de bassesscs et de crimes. M. Stabell, promploment degoute de son entreprise, pai- tit de la Grecc pour Constaniinople , sans meme assister au combat d'Arta, ou sept de ses compagnons de voyage pcrirent sur le champ debataillc. A Copenhague, il a pu dire avec ve- rite : j'ai beaucoup yu , mais je n'ai absolument rien fait ; j'ai seulement subi des privations sans nombre, et je me stiis attiro des querelles, et beaucoup d'avanies. Voiia tout ce qu'ap- prend cette brochure, et apres I'avoir parcourue , le lecteur dira qu'en perdant un defenseiir comme M. Stabell, la cause des Grecs n'a rien perdu. Heureusement , cette noble cause n'esi pas encore desesperee ; quelques regrets que jiuisse me- riter pour ses (pialites petsonnelles I'empereur qu'une niort prenialurcc vient de frapper, cette mort pourrait bien baler le denouement du grand dranie auquel I'Europe silciicieuse et immobile assiste depuis long-tems, comme a une simple re- presentation theatrale. Si , par des motifs que jugera I'histoire, I'empereur Alexandre a voulu etre le Fabius cunctalor dewoive epoque , il est possible que son successeur soit entraine par la force des choses , par le voeu national et par celui de I'ar- niee, hors d'un systeme d'inaction etd'inertie, dans une sphere d'activite militaiie el politique, ou de nobles palmes sont pro- mises au libcrateur de la Grece, au vengeur de la i-eligion et de I'humanite. Les immenses ressources qui sont a la disposi- tion du souverain de la Russie , et dont I'etendue n'est j)eut- etre pas encore assez appreciee , ni meme assez connue, don- nent plus de poids encore a cette supposition. — ■ En 1812, immediatement avant I'expedition de Napoleon conire la Rus- sie, onredigea, au ministere des affaires etrangeres de France, un memoire sur I'armee russe , dans lequel on etait conduit par des calculs positifs a ce resultat, qu'un fantassin ne coute a I'etat que quatre-vingt-seize francs, et un cavalier cent trente francs, par annee. Avec de pareils moyens, joints a une popu- lation aussi nombreuse que celle de la Russie, toule entre- i6o LIVRES ETRANGERS. prise, quclquecolossalequ'elle soil, que celte puissance voudra meltre a execution , peut et doit reussir , a moins que ses ad- ■versaires no lui o|)poseiU una force morale siiperieure ; ce qui est evidemmentliors du pouvoir des Turcs. Au reste, quelque soit le resultat des everiemens qui se preparent, et que le monde enlier attend avec anxietc, il faut espc'rer qjie la cause de I'bu- inanite ne sera point abandounee et tiahie par cenx-la menies qui sont appeles a la faire irioinpher , si, dans I'adoplion d'un sysleme politique, ils savent consulter les veritabies iutc-rels de leur puissance et de leur gloire et les devoirs sacres que la religion leur Impose. Heiberg. ALLEMAGNE. 45. — Hieropolis oder typographisch-symhronistische Dars- tellung. — Tableau lopographique et synclironistique de I'liis- toire de I'Egiise chretienne; par A.-fV. Moeli.er, ministre du saint Evangile a Munster. Deuxieme et dernier cahier, com- pose comme le premier de six cartes in-folio.Elberfeid ,1824; Buschler. La deuxieme et derniere livraison de cet ouvrage, qui ren- ferme I'liistoireecclesiastique dcpuis Gregoire-le-Grand jusqu'a lareforrae, estdepuis quelque lems livree au public. Les prin- cipauK evenemens de I'histoire de I'Egiise chretienne sontenre- gislres et indiques par lours dates sur ccs cartes, avec une grande exactitude et dans un ordre parfait; niais ce qui acheve de rendre les reclierches entiercment faciles, c'est que I'auleur a pris le soin d'ajouter, loutes les fois que la place lui a pcrmis de le faire, de petites tables chronologiques qui seront fort utiles aux Iccteurs. Noussouhaitons vivement que cet excellent ouvrage soit continue jusqu'a nos jours, el nous promettons a I'auteur un succes proporlionne a I'utilite de son travail. F. LlNDES. 46. — *Das Evangeliuin der Jesuiten. — L'Evangile des je- suites , tire de la theorie et de la pratique de ces peres, et ])ro- senle de nouveau a la chretiente ; par Francois Gerhardt. . . 182a. I vol. in-80 de IV chap, et 2i3 pages. Tout est ditsur les jesuiles : tant d'ouvrages historiques, tant de traites de morale, tant de pamphlets snrtout en out ))afle, qu'aujourd'hui un livre ecrit dans le seul but de devoiler letir doctrine doit , comme I'ouvrage que nous annoncons, se pre- .senter avec des formes de style peu communes. Si Ton en croit une Gazette ecclesiastique , sous le manteau du pseudonvme F/Y/zizGERHARnx, qui se donne pour un peintre ALLEMAGNE. i6i litterateur, se cache un theologien tres-connu. Quoi qu'il en soit, nous considererons seulement en Jul I'artiste qui nous presenleles tableaux les plus vrais, avec une gaite spiriluelle et une verve que Ton rencontre rarenient dans la lilterature alle- mande , si serieuse et si gravement savante. Ridendo diccre verurn , est une maxime que rAlIemagne lilteraire devrait me- diter plus souvenf, puisqu'il y a tant d'elres sur qui la honte et les chatimens nieme ont moins de force que les cpigrammes, et tant de choses qui ne peuvent elre combatlues sans danger, autrement que par la raillerie et la satire. Tons les homines dont I'esprit n'est pas prevenu conviennent que \e jesuitisme est, dans I'histoire de I'humanite, un pheno- mene unique et dangereux qui n'est pas seulement concentre dans la socjete qui I'a prodiiit, mais qui est repandu dans toute la chrelienle, chez les reformes comme chez les catholiques. Que celui qui n'a jamais medite sur ces doctrines , et qui doute encore de leur maligne influence, porte un regard attenlif sur les nombreux monumens qui les accusent ; s'il n'ose ou ne peut I'enlreprendre , qu'il prenne un guide habile; Franz s'offre a lui, qu'ii le lise. L'EvangUe dcs jesuites est puise dans les sources les plus sures, ou dans les auteurs qui ont e(e a m^me fi'y puiser. Les Proi'inciales de Pascal, les extraits des y4ssei;- tions dangereuses ^\e Catechisme jesuite , les ecrits de Lang, de Spittler, de Wolff et d'autres encore ontete mis a contribu- tion. On n'a rien ajoute a la doctrine des peres, on n'en a rien retranche; tout est vrai dans ce livre : aucune fausse interpreta- tion des maximes de la societe n'est possible , puisque, la ou une explication du sens leur a paru necessaire, les jesuites Tent eux-memes donnee. Quoique ce ne soit pas une idee neuve, le plan de I'ouvrage est simple et heureux. Le pere Eusebe , jesuite credule, et qui n'est certainement pas une des luniieres de I'ordre , espcre en- gager un jeune artisie, aussi hardi que spiriluel, asefaire ca- tholique. Pour le toucher et le convaincre, le bon pere, dans plusieurs lettres, lui communique tons les tresorsde sa biblio- theque et ceux de son esprit. II etablit, d'abord , que les prin- cipes qu'il va exposer ne sent point les opinions particulieres de quelques merabres de la Societe, mais bien celies de I'ordre tout entier. Apres cette espece d'introduction, il explique I'admissibilite morale, la suffisance, I'utilite dn sysleme des probabilites;il expose enfin la morale de I'ordre, suivant laquelle on ne compte seulement pas an nombre des peches la haute trahison, le regicide, le parricide, le meurtre en general, la corruption , la banqueroute, le vol, la lubricite, etc.; il prouve T. XXIX. — Janvier \'6i(). " ii i62 LIVRES ETRA.NGERS. que rieii de umt cela n'est punissable devaiit Dieu, et que c'est la seuleinaladresse de se laisser surjirendie dans de telles voies qui est dignederEiifer. — Celte exposition de la doctrine ji'sui- tique leraplil itii paj^cs. Viennent ensuite: unecritau reveieiid peie Eusebe, qui contient un expose des nierites de son ordre; et page igAj "» abrego do I'liistoire de la Societc, qui,bien que tres-v(iridique, trouvera difficilement grace devant la cri- tique , parce f[ue le style est froid et sans noblesse. Noussouhaitons(juecet ouvrage fixe les regards des homines qui jouissent de la confiance des princes et a qui sans doute la morale parait I'appui le plus sur des trones. A.-F.G ,ain(''. 47. — De statu et conditione paganorum sub imperatorihus christianis post Constantinum. — De la condition des Paiens , sous les cmpereurs clireiiens posterieurs a Conslantin; par Samuel Rudiger , docteur en philosophie. Breslau, iSaS. In-8° de 85 pages. L'autpur a puise aux sources avec discernement. II rapports les defenses fuites par Conslantin de rendre des oracies d'aprcs I'inspection des viclimes; mais il pretend, contre Tautorit^ d'Euscbe, que Ton a eu tort d'avancer qu'apres la def'aite de Licinius, Teiiqiereur avail donne des gouverneurs thretiens a presque toutes les ])roviDces; il soutient que les persecutions et les injustices dont les ecrivains ecclesiastiques font lionneui- a Constantin, sont de leur invention. Lcur aveugle haine, dit- 11, ne concevait pas dans un prince de plus haute vertu que la cruaute envers les paiens, leurs cnnemis. Sous les lils de Cons- lantin, rinfraction a la defense de ceh'brer des saciifices fut punie comme crime de lese-majeste. Enfin , Tentreprlse de .lu- lien pour retablir le paganisme en lui faisant subir une reforme, devint, sous les erapcreurs suivans, une source de reactions qui acheverent la destruction de I'ancienne religion. Tout fut employe pour arriver ;i ce but : on y fit servir les lois; puis, lorsqu'on les trouva insuffisantes , les attaqucs a force ouvcrte contre les temples, les raeurtres et beaucoup d'autres nioycns f^- Dotnbresson , principaute de Neuchdtel en Suisse; public par la Soclcte d' emulation palriotique. Neucha- tel , 1825 ; irnprimerie de C.-H. Wolfrath. In-8° de a4 pages. Ces medailles ont ete decouvertes au pied de la grandte arete de rochers situee au nord du village de Dombresson , la plupart sousune pierre plate, ou il parait qu'elles avaient ete cachees a dessein. Elles sont romaines, presque toutes des families consu- laires ; les autres des premiers erapereurs , jusqu'a Neron , et toutes en argent excepte uneseule, de Tibere,qui est en or. Ces medailles ne presentent aueune rarete; mais i! est toujours utile de conserver les monumens antiques, et d'en faire des collections que le terns augmcnte, et qui peuvent finir par de- i6» LIVllE.S ETIIANGEUS. venir interessantes. Ce petit Catalogue a ete ledigc par It"! soins dc MM. L\DAME,pasteur a Dorabresson, et Morthiek, pasteur c^ Saint-Martin. D. M. ITALIE. 54. — * Storia della Scerdcgna. — Histoirede Sardaigne , par le chevalier /.Manno, secretaire prive de S. M., etc. Totne I^"^- Turin , iSaS; Alliana. In-S" de i^o pages. Tandis qtie M. Miaiaut , ancien consul de France a Ca- gliari , faisait iniprimer a Paris son Histoire de la Sardaigne (Voy. Rev. Enc, t. xxviii, p. 546), on publiait a Turin la meme histoire , concne dans un ordre different, par le chevalier Manno, qui, joignant des connaissances archeologiques tres- etendues sur cette ile, a celle des lieux qu'il devait deerire , paraissait appeie a clever ce monument a sa patrie. Le premier volume, qui vient de paraitre, se fait remar- quer par Teicganee du style et par I'exactitude avec laquelle les faits y sont presentes. II est divise en cinq ])arties. — Le pre- mier livre traile de relablissenient dans la Sardaigne des colo- nies pheniciennes, grecques, etrusques et puniques, a des epoques tres - incerlaines. Le savant historien pense que les premieres, chassees de la Palestine, sc refugierenl dans Tile de Sardaigne. 11 cite en preuve une inscri|)tion ])heniciennc que I'abbe Bevossi a publiee, en 1774 , dans les Ephemerides de Rome. — Sans cherchcr une origine fabuleuse aux murs cyclopeens , le chevalier Manno retrouve dans les pyramides dites Novaghes , qu'on voit par centaines sur divers points de la Sardaigne , des constructions pheniciennes formees de blocs de pierres carrecs qui avaient du etre employees aux torabeaux des premiers habitans de I'ile , et dont la conslrnction a ete altribuee, par erreur , a Novax, venu de I'lberie. — S'elayant de Paulorile de Strabon et de Diodore de Sicile, il attribue I'introduction de ragricultiire dans I'ile a Aristidc, quivinty porter les bieni'aits de la culture des terres, et il repousse les fables de Pausanias et de Virgile sur ce sujet. — Dans le se- cond livre , Tanlenr parle des colonies puniques , sous le nom de Libici. Selon lui, les Carthaginois ont fait la con(]uete de I'ile , avant le regne d'Alexandre-le-Grand. II fixe a I'an 494 avaut I'ere vulgaire la conquete de File par Scipion. — Les di- 'vevses insurrections des Sardes, excitces par les Carthaginois , sont dcvelojipees dans le troisidme livre. L'auteur fixe a I'an 526 deRome I'envoi dans I'lle d'un preteur ([ui gouvernait aussila Corse ; et dans I'enumeration des diff^rens combats (jiu ITALIE. i6j) eureiit lieu conlie les Sardo-Carthaj^inols, il fait une mention particuliere de la bataille dnns laquelle Asdrnbal perdit douze mille hommes. — Dans le quatiieinc livre , I'historien etablit la part que les Sardes prirent aux guerres civiles des Romains, ot il fait connaitre les accusations portees conire Marc Scaurus , pretcur de la Sardaigne , en I'an 700 de Rome. — 11 etait de riionneur national de refuler les dialribes de Ciceron contre les Sardes (Voy. Rev. Enc. , t. xxvii , p. /iSS , cahier de/uillet 1825 ). Nous aurions desire que I'aiiteur eut altaque avcc un egal interet I'allegaiion de I'orateur remain qui fait descendre ce peuple d'une colonie phenicienne. — Le cinquieme et der- nier livre du premier volume expose la legislation et I'adrai- nislralion etablies par les Romains dans cette ile fertile, qui servait a alimenter le peu])]e et les armees romaines. Le systeme des contributions et des taxes de toute espece que les Romains levaient sur les peujiles conquis y est piesenfe aveo beaucoup de clarte; il estdigne de servir de modele a ces ministres qui suivent dans leur administration les idees de I'empereur Pe- rennius qui , d'apres le rapport de I'historien Spartianus , voulait que Ton taxit jusqu'a I'air que respiraient les habitans de la Palestine. Le chevalier Manno termine ses observations economico- politiques par un apcrcu de la population de I'lle , qu'il fait inonter, sous la Republique romaine , a plus de 2,000,000 d'ames, et par des considerations sur le melange de I'idiome sarde avec la langue latine , d'oii est sortie la langue acluelle ; ce qui, suivantnous, a du arriver an xue siecle , corame nous I'avons prouve dans le 5e de nos tableaux sur le progres des sciences et des arts (imprime en 1819, p. 256, t. i.); tableaux qui precedent notre Histoire Ulteiaire du Vercellais , achevee en 1824, en meme tems que le loe tableau , celui du xviiie siecle, si fecond en decouvertes et en cvenemens memorables- De Grecori. 55. — * Lo Spettatore italiano , preceduto da un saggio critico sopra i filosofi morali ei dipintori de' costumi e de' caratteri, ecc. — • Le Spectateur italien , precede d'un Essai critique sur les [)hilosophes morauxet les peintres des moeurs et des caracteres ; par M. le comte Giovanni Ferri di CosTANTE. ( Classiques italiens ). Milan , 1822 ; Fayolle. 4 volumes in-8''. Les lecteurs de la Revue connaissent deja le Spectateur ita- lien par les details que nous leur avons donnas sur le T. IV (Voy. Rev. Enc, t. xxiv, p. i5o), et que nous avions em- pruntes nous-memes a V .4n!}iologic de Florence. Cet ouvrage 170 LIVRES JiTRANGERS. nous elant p;irvenu, tiohs en avons examine renseiiible avce soin , et sa lecture nous a confirmt^s dans le jugemcnt favo- rable que nous en avions porte. L'auleur se inontre anime des principes d'line saine philosopliie ct d'nn f,'Out siir dans lontcs Ics discussions qn'il cleve snr divers sujels. II est egalement verso dans I'etude des anriens et dans celle des modernes, ct sait ])arfaitement apprecier leurs travaux, (pielle que soil leur maniere de penser, ofi la sectc philosopliiqno on llttcraire a laquelle ils ajipartienncni. Peul-etre ol)liendrait-il encore un plus grand succes , s'il avait repandu un peuplus de vivacite dans ses (livers enlreticns, et donnc jjIus de nalurel a son style, d'aiilenrs assez correct et assez t'-leganr. Mais, lei qn'il est, sou ouvrage sera d'uii grand iuteret pour seslecteurs, et parlicu- liereinent pour ses concitoyens. De leui' cole, les etrangers pourront eludier I'esprit e-I le caracferc dominans des Italicns de notre epoque. L'auleur appartient a la classe noble, qui , generalement en Italic , semble rougir des prejuges el de I'i- gnorancede ses ancetres. Nous allons indiqner somniaireinent ' Mais, ce qui distingue la piece de noire auteur , c'est quer^venementtragique qu'elle nous presenten'a jm a voir lieu, ITALIE. 175 lei qu'il nous le moiitre , qii'au xv*^ siecle et dans le palais ducal dc Milan. Nous y voyons vivre et se mouvoir devant nous ce Philippe Viscoiiti , lyran (|ui ne ressenible a aucun autre (ju'on ait encore mis sur la scene, avec son inquietude qui le portait saris cesse a lout entreprendre, et bientot a tout abandonner, sa crainte de Timprevn , son amour de la guerre , et sn terreur a la vue d'un homme noiiveau , sa curlosite ardente et son langage ainbigu , son amour de la gioire, et sa honteuse vie. Beatrix Tenda n'esl pas moins fideleineiit caracterisee; et le juge, et le venerable pretre Alciato , et le poete Orombelli, pour qui Beatrix sent une affection niateriielle qui coute la vie a I'un et a I'autre ; tous ces personnages sont de leur siecle : on neles reconnait pas seulenient a quelqiies traits detaches qu'a signalcs I'liistoire ; leur existence tout entiere est reprodaite sur la scene : on sent que tout est d'accord en eux. Aussi , la lecture de cette tragedie est-eile entrainaiite, comme celle du ronian le mleux conduit. A ce cliarme est joint celui de la poesie, celui encore que la sensibilite exquise du poete salt menager, en adoucissant ies sentimens trop amers, de maniere a faire couler Ies plcurs du lecteur ou du speclateur, au lieu delelivrer, avec ses personnages malheuieux , al'agonie dela souffrance. — Beatrix Tenda n'a point encore ele representee ; niais il nous semble que pen de pieces pourraient faire sur le theatre ilaiien une impression plus vive ; (ju'aucun homme mieux queM. Tedaldi-Forcs nenous a montro ce qiiepourrait efre, meme sur nos theatres soumis a tant de convenances, la tragedie hisiorique dans toule sa vcrite. J.-C.-L. UE SiSMONDI. 58. — * DelV antlca numismatic a della cilta di Atri nel Pi- re no, con un discorso preliminare sulle origini italiche, etc. — Numisiuatographie de la ville d'Atri, dans le Picenum, avec un discours preliminaire sur Ies origines italiques, par M. Mel- cfiiorre Delfico. Torame, 1824. In-folio, avec deux planches, contenant plusieurs me.lailles. On rencontre ca et la c[uelques jihilosophes dans la foule des antiquaires. Tel est le savant Melchiorre Delfico, nnn moins recommandable 5)ar ses connaissances, que par ses vertus. Ses Pensees sur I'kistuire avaient fait signaler I'auteur comme un incredule , parce qu'il montrail combien il est difficile de dis- tinguer dans I'hlstoire le peu de verites qu'elle contient des fables innombrables qui ladeparent. L'histoire, selon ce philo- sophe, est plulot dangereusequ'utile,tant qu'on ne cherche pas a determiner la probabilite et la nature des faits. Toujours fidele. a son systeme, M. Delfico recherche dans Ies ouvrages des his- 174 LIVRES ETRANGERS. toriens, cc qui apparlient a la rialnie des choses , el principale- inent a la nature Ac ['homnie. II en lire des f;iits bien plus j)ro- bables sur I'origine des peuples et oniagnosi, a fait d'une dissertation de i'avocat Massa de Mantoue , concernant la legislation criminelle et doni nous avions deja donne quelque idee a nos iecteurs. Tout en rendant justice au merile de M. Massa , M. Roniagnosi discute sesprincipes et queiques- unes de ses assertions avec cet esj)ril d'analyse severe qui caracierise ses ouvrages. I! se propose cinq questions, ])lus ou moins iniportanlcs, dont la solution sen a niieux expliqucr ou a mieux elablir quelque 176 LlVllES ETRA.NGERS. luaxlmes ou quelques fails que M. Massa rie semble pas avoir presenlcs avec absez d'exaclitude. La premiere question est ainsi concue : Quelle est /'idee la plus Juste des lots humaines positives P hes conventions et les pactes ne suffisent point a M. Roinagnosi; il reclame I'existence de lois precedenles, aux- quelles lout pacle et toule convention doivent se rapporter ; lois que dicte a lous leshoranies de Ions leslieux et de tous les tems I'ordre necessaire des biens et des maux de la nature; lois qui s'clendent a loute la vie de la sociele. — Deuxieme question : Est-il vrai que les Romains ont regarde cotnine delit les offenses non premeditees PL'Auteur regarde I'opinion qui se declarerait pour raffirinative comiiie absolument erronee et injurieuse aux Romains. II observe, d'apres Vinnius et Voet , que les Romains out voulu entendie simplement par le mot casus, une negligence coupable. — Troisienie question : Que/ sens a-t-on attribue conimunement a la phrase , malum quia vetitum? M. Roniagnosi, apres avoir determine le veritable sens de ces mots, et fail ut:e sage distinction entre le mal qui resulte de circonstances forluiles, et celui qui est naturel, necessaire el immuable,etablit la veritable formule generale du droit naturel, pris pour loi, ou pour systeme des lois morales rationnelies. — Quauierae question -.Est-il vrai que les Ro- mains ont considere la plupart des delits prices comnie un ohj'et d' accusation puhlique ou pjopulaire ; et qu en general, ils ont mal defini et nial classe tous les delits ? Les Romains, observe I'auteur, n'ont jamais coi^fondu entre eux les divers delits, quoiqu'ils aient soumis leur action penale a la procedure pu- blique. Le pouvoir de punir toutes sorles de delils, el Taction penale sont essentielleuicnt dans le domaine de la raison pu- blicjue; carc'estala soeiele a defendre chaque ciloyen paries moyens C]ui manquent a I'individu isole. D'apres I'auteur, on serait fonde a croire que lesRomains a vaient bien classe les delits, ce qu'on ne pent revocjuer en doute , apres tous les monumens qu'ils nous ont busses de leur savoir en legislation et en juris- prudence.S'il n'est reste aucune trace de cetle classification, il faut sans doute en accuser phitot le tems que I'imperitie de ces anciens legislateurs. — La derniere question est ainsi concue : Est-il vrai que les citoyens aient ete prives de quelque droit im- portant, par I'instilution du ministere public? M. Romagnosi soutient la negative, et emploie plusieurs bons raisonnemensa I'appui de son assertion. Ensomme, il nous semble avoir ajoute beauconj), par sa logiqnc rigourtuse, aiix renseigncmens tres-interessans sur le droit et la legislation des amiens que M. Massa nous avail don- ITALIE. — PAYS-BAS. 177 Yiis, dans le memoire qui a ete I'objet de cet exanien a ji]))ofondi , iiisere dans la Bibliotheque itallenne. De paj'cils articles ne peuvent qii'assurer de plus en plus le succes d'un recueil ge- ueralement apprecie aujourd'hui, non-seulement en Italic, mais dans ies pays utrangers. PAYS-BAS. 61. — * Essai geognostique sur Ies environs de Si. Pcters- bourg, par A. Engelsbach Lariviere , meinbre de piusieurs Societes savantes. Brnxclles , iSaS. Cet ouvrage, qui n'est guere susceptible d'analyse, renferme en peu de pages un grand nombre de documens utiles pour le geoloi^ue. L'avant-propos est ecrit avec ])recision et annonce un honime qui sail voir par lui-meme et se preserver de I'es- prit de sysleme. A. Q. 62. — Bemerkingen over de Noodzahclyhheid der Zieke- Diensters, etc. — Considerations sur la necessile des gardes-ma- lades , par M. Wauters, de I'lnstitut des Pays-Bas, etc. Gand , 1826; impriinerie de Sieeven. Brochure in-S". Dans notrc trait^ sur le service de santi' miiitaire [Ferhand- ling over den militairen geneeshundigen Dienst) nous avons fait voir couibien il iniporte d'avolr dans Ies hopitaux de bons infirmiers , vcritables soutiens des etablissemeiis liosj)italiers , ce que niallieureusement on ne seinble pas assez sen tir dans la ]>lupart des arniees , el nolair.ment dans celles ou la direction du service sanilaire est eonflee a des houimes parvenus a ces fonctions ])ar leurs intrigues et non par lejirs talens. M. Wau- ters , auteur de piusieurs ouvrages utiles , vient de trailer le m^me objet sous un point de vue general. Sa brochure est di- \isee en qualre chapitres. Dans le premier il parle de la neces- site des gardes -malades; dans le second il s'occupe de leurs devoirs ; le troisieme est destine a eveiller I'atlention sur Ies abus qii'ils coiumellent dans I'exercice de leurs fonctions ; le quatri€me et dernier exj)ose Ies moyens d'en former de bons. L'auteur donne a cet egard des avis fort sages, et il serait a souhaiter qu'ils fussent ecoutes. II est incomprehensible que, dans un siecle eclaire ou tout semble lendre a se perfeclionner, on ne cherche pas a retirer de son etat d'avilissement le ser- vice d'inlirmier , si important j)our I'humanite souffrante. Nous ne pretendons pas que Ies souverains imitent Saint-Louis, qui ne dedaignail pas de servir lui-meme Ies malades aux ho- ])itaux de Verneuil, de Pontoise et de Compiegne , ni que Ies chevaliers de Malte et du Sainl-Sepulcre deviennent de nou- T. XXIX. — Janvier 1826. 12 178 LITRES Strangers. veau des infirniicrs ; mais nous deniandeiions qu'on organisat dans les villes et les campagnes iin nombre suffisant d'individus charges du service de gardes-maladcs que Ton choisirait , d'un caractere doux, d'une probite reconnue,etqui auraient I'instrue- tion necessaire pour bien remplir des fonctions auxquelles il conviendrait d'accorder de rencouragement. De Kirckhoff. 63. — Mcmoire sur I'hyperhololde de revolution et sur les hexagones de Pascal et de M. Brianchon ; par G. Dandelin , officier du genie militaire. In-4° de 12 pages. (Sans indication de lieu , d'aniiee ni d'imprimeur.) M. Dandelin demontre les theoreines suivans : 1° «Un cone et un plan ctant situcs d'une maniere quelconque dans I'espace, onpeut toujours coiicevoir deux spheres qui, louchant le cone dans son interieur, touchent aussi le plan sdcant ; alors , les points de contact du cone ct des spheres sont les foyersde la sec- tion du cone par le plan ; 2° Si deux spheres sont tangentes a un hyperbolo'ide de revolution , tout plan qui les louche I'une et I'autre coupe I'hyperboloide ,suivant une courbe dont les deux points de contact du plan avec les spheres sont les foyers; 3° Par une section coniquecpielconque, on pent toujours fairc passer une hyperbolo'ide de revolution; /j" Si, dans I'hexagone gauche , on mene les trois diagonales qui joignent les troiscou- ples des sommets des angles opposes , ces diagonales passent par le meme point. M. Dandelin demontre ces fheorenies sans le secours de I'analyse , et il en dcdult plusieurs consequences interessantes. Cette maniere dc decouvrir et de dcmontrer les proprietes des surfaces du second degre a , sur I'analyse , I'a- vantage d'exercer Timaginalion ; mais elle est moins feconde , et ses resultats ne sont pas aussi generaux. Les thcoremes de M. Dandelin n'appartiennent pas exclusivement a Thyperbo- loide de revolution et aux spheres tangentes ; il serait facile de generaliser leur enonce et de les etendrea toutes les surfaces du second degre. On se livre peut-etre trop a I'attrait des re- cherches sur ces surfaces ; d'autres parties des matheraaliques, moins seduisantes , mais encore ]dus utiles , souffrcnt ua peu de cette predilection pour ce qui plait sans fatiguer. — On voit, par ce meraoire , que M. Dandelin est en ctat de lutter contre des difficultes d'un autre ordre que ceiles que Ton rencontre dans les recherches auxquelles il s'est livre. F. 64. — * Holland's Roern en Kunsten en Jf^etenschappen , — Reputation de la Hollande dans les sciences et dans les arts, par M. le baron Collotd'Escury .La Haye, 1824 et i825; im- primerie de Van Cleef. 2 vol. in-8°. C'esl un des ouvrages les plus remarquables qui aient par« PAYS-BAS. t^g (lepiiis long - tems en HoUande. L'anteiir y fait preuTe d'un patriotisme eclaire et d'uiie vasle erudition. On y lit un apercu reinpli d'interet siir les liomroes celebres qui ont illustre , p.ir leurs connaissances dans les sciences et les arts, la patrie de Tamiral de Ruiter , d'Oldenbarneveldt , de Grotius , de Boer- ihave, etc. De K. 65. — * Melanges de Utterature et de politique , pour servir a I'histoire , ou Pot-pourri , par M. d'Auvin , Beige. 8*^ cahier. Liege, 182.5. In-S." de i34 pages. Sous ce litre , I\I. d'Auvin public , chaque annee , ses obser- vations sur les principaux evenemens politiques , sur les im- pots, enfin sur divers objets de morale et de iitlerature. Ses Conservations avec inaitte Jacques, les Vicissitudes de ce monde , le Lapin, le Moyen de se faire aimer et la Lanterne tnagique me jjaraissent les pieces les plus remarquables du 8* cahier (celni de i8?.5). Des connaissances varices, de I'erudi- tion meme, parfois de la finesse et de la causlicite qii'une sorle de bonhomie dans les formes rend plus piquantes encore; un style, qui probablement ne satisferait pas les puristes de I'A- cademie, mais qui plait par la franchise, lenaturel et I'abandon: voila, ce me semble , en quoi consiste le principal merite lit- teraire de M. d'Auvin. Si Ton n'adopte pas toujours sa maniere de voir , il est im- possible de ne pas rendre justice a ses principes , fondes sur le patriotisme et sur I'amour de I'ordre. Je serais tente nean- moins de lui reprocher un peu d'exageration , du moins quant aux consequences qu'il en tire , particuliereraent dans le cha- pitre intitide : du luxe. L'auteurne montrepas non plnsbeaucoup de penchant pour la vaccine ; il parait convaincu (jue des enfans vaccines n'en ont pas moins ete attcints de repidemie variolique. Cette sup- position , assez repandue a la campagne , vient sans doute de ce que frop sonvent on y confond la fausse vaccine avec la ve- ritable ; mais , apres avoir consulte, sur cette importante ma- tierc, les ouviages de MM. Husson, Guerin,Kesteloot, Valen- tin , etc. , il est difficile de s'y meprendre ; et certes , il doit etrepermis d'affirmer, au bout de vingt-cinq ans d'experience, que Tefficacite de I'adniirable decouverie du docteur Jenner est un axiome en modecine. Une chose dont j'ai parfaitement acquis la certitude en Franchc-Corate , c'est que la vaccine, sous la d<5nomination populaire de petite verole des -vaches , y etait connue de temps immemorial parmi les villageois. M. d'Auvin excusera cetle dicfression. .Te le repele encore : on pent, sur hien des points , n'etrc pas de son avis ; mais on i8o LIVRES fiTRANGERS. se plaira toujours a reconnaiire en lui I'ecrivain rccommanda- ble par une instruction pcu cominune , riiomme de bonne foi, riiomnie d'honneur et digne a lous egards de I'estimo pu- blique. Stassart. 66 — Le Fanatisme, par E.-W.Van Dam Van Isselt. Tiel, 1825 ; C. Champagne. In-8. L'auteur de ce dilliyrambe s'est dcja fait connaitre par un recueil de poesies hollandaises, que nous avons mentionne Iionorablement (Voy. Re\<. Ency., T. xxvi, p. 171). Cetrefuis il a cede au besoin d'exprimer son indignation sur la conduite inhuinaine de quelques pretres fanatiques d'nne petite ville de la frontiere de la Belgique , a I'egard d'une jeiine dame qui qui s'etait unie a un proteslant. A. la suite des horribles irai- lemens qu'on lui fit subir et des retractations que Ton voiilut exiger de sa faiblesse, cette victime infortunce , apres He frc- quentes convulsions , expira dans un etal voisin dudelire(i). 67. — • Notice sur le chef-d'oeuvre des freres Van Eyck , traduite de I'allemand, augmentee de notes inedites sur la vie et les ouvrages de ces celebres peintres , par L. de Bast, se- cretaire de la Societe des heaux-arts deGand, etc. Gand, iSaS ; de Goesin-Verhaeghe , rue Hautport, no 87. La notice que nous annoncons est traduite de Tallemand d'apres le D' G.-F. Waagen, de Berlin, a qui Ton devait deja un Essai biographique sur les frei-es -van Eyck. Elle concerne surtout le chef-d'oeuvre de ces deux peintres , qui se trouve dansl'eglise de Saint-Bavon, cathedrale de Gand, et qui faillit Jui etre enleve , il y a quelques annees, par I'ignorance de quelques personnes. L'autorite intervint, mais trop tard; plu- sieurs volets avaient dcja ete vendus pour la somme de 6,000 fr. L'acquereur les revendit pour 100,000 fr. ; et leroi de Prusse vient de les acheter a son tour pour la sorame de 410,900 fr. — Cet ecrit pourra etre consultepar les personnes qui s'occu- pent de I'histoire des arts. Le traducteur , M. de Bast , y joint un grand nonibre de notes interessantes. On pourra juger de leur importance ])ar ses propres expressions: ><,]'ai recueilli des notes sur cet ouvrage , classique dans I'hisloire des arts; j'ai indiqiie I'epoque et les motifs des compositions ; j'ai rap- pele siiccinctement les vicissitudes historiques des tableaux , leur conservation depuis 1482 , leur enlevement, leur disper- sion . . . Aide de recherches souvent heureuses, j'ai assigne a (t) Voir le recit de ces scenes doiiloureuses dans le Constiiuuonnel iln 21 avri! iSaS, PA.yS-BAS. i8i Hubert et a Jean (van Eyck) la part qui revient k I'un et a I'autre dans ce \aste travail , et j'ai pu rectiCer, au sujet dcs peintres memes et des artistes tears conlemporains et leurs suc- cesseurs, plusieurs erreurs graves dont la tradition s'etaitper- petiiee. » A. Qtietelet, 68. ■ — Geneesliundige Bydragen, jourxial de medecine, par .MIW Pruys van der Hoeven, Logger, Reinwardt et Salo- mon, i" livraison. Delft , iSaS ; iraprimerie de la veuve AHart. i3 feuilles d'impression in-8°. Des hommes aussi honorablenient connus que ceux qui ont entrepiis ce nouveau journal , dont le premier cahier vient de paraitre , lui donnent des litres a la confiance. Dans un dis- cours preliminaire tres-bien ecrit, MM. les redacteurs annon- cent un plan vaste et des idees elevees , et ils exposent les motifs qui les ont engages a publier ce recueil , dont I'objet est de faire connaitre I'etat de la medecine dans les Pays-Bas , les observations importanles el les decouvertes dont elle s'en- ricliit, ainsi que les ouvrages sur I'art de guerir et sur les sciences qui en dependent , etc. On y trouve des reflexions Ires-justes sur I'etat actuel de la medecine en general. Celte introduction est suivie d'un niemoire , deM. le docleur S.1I0- mon , sur les moyens de faciliter I'accouchement , dans le cas oil il se presente un bassin trop etroit. Ce travail se distingue par de sages observations et des details lumineux. Le meme cahier contient d'intcressantes remarques chirurgicales, faites parM. le docteur Logger, pendant son voyage a Paris, en 1818 ; puis viennent des analyses de plusieurs ouvrages, auxquelles pre- side une rare impartialite , nne sage observation des convenan- ces et une critique eclairee. Dans les Nouvelles scientifiques de ce journal , on lit que M. le chirurgien Van Haan , de Rotterdam , vient de prati- quer la ligature de I'artere iliaque dans le bassin , pour cause d'anevrisjue , et que I'operation a si bien reussi que le malade a ete retabli au bout de quelques semaines. Tout presage un grand succes a cette entreprise, digne de I'interet desbommes de I'art, et d'autant plus utile que , dans les provinces sep- tenlrionales du royaume des Pays-Bas, il n'existait plus aucun bon journal , exclusivement consacr^ aux sciences medicaleso De Kirckhoff. i8u LIVKES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 69. — * Memoires de la Socictc d'histoire nalurelle de Parii:, T. P"'; i""et 2' parties , in-4° de 412 pages, avec 25 planches gravees ou lilliographiees. T. II, 1"= partie, iri-4° de248 pages, ayec 14 planches. Paris, i823-i825; Baudouiu,Rey et Gravier; prix 10 fr. chaque volume. La Socictc d'histoire naturelie , fondee le 16 mars 1821, compte parmi ses membres et ses corresi)ondans la j)lui)art des uaturalistes distingues de la France et desautres conlrecs. Son reglement, imprimc en tete du premier volume, nous a paru un modele en ce genre. Les formalltes prescriles pour la recep- tion des nouveaux membres et I'amende imposee aux mem- bres residens qui ne se rendent pas aux seances paraitront peut-etre a quelques personnes des dispositions bien severes; mais , suivant nous , elles sont tres-sages et tres-propres a aug- menter la consislance de la Societe et la consideration dont elle jouit deja. Nous ajouterons, a I'appui de notre opinion, que, des qu'ils ont atteint I'age de 40 ans, les membres resi- dans deviennent membres honoraires, et des-lors ne sont plus passibles des amendes. — Les trois parties que nous annoucons justifient completement les preventions favorables que nous avaient fait concevoir la composition et le reglement de la So- ciete. Deja, dans les bulletins mensuels de I'Academie des sciences, dans nos articles sur le Dictiorinaire classique et siir les Annales d'histoire naturelie, nous avons eu occasion de faire connaitre une partie des travaux de la Societe, qui possede dans son sein plusieurs membres de I'Academie des sciences, ainsi que les auteurs et les redacteurs des ouvrages importans que nous venons de nommer. JVotre prochain article sur les Annales de 1826 donnera encore I'analyse de plusieurs des memoires renfermes dans le recueil dont nous nous occupons. Nous ne terminerons pas cette annonce sans appeler I'atten- tion de nos lecteurs sur I'esprit philosophiquc qui dirige les recherches de la Societe d'histoire natu/vlle. Nous nc pouvons mieux y parvenir qu'en citantun passage de I'interessant rap- port que J\I. Ad. Brongniart, secretaire, alu, dans la seance du 12 avril 1822 , sur les travaux de la Societe pendant I'annee 1821. '"Nousvoyons que ces travaux ont presque tous eu pour but plutot d'approi'ondir et de perfectionner I'histoire d'objels connus imparfaitement , que d'augnienler le nombre deja si considerable de ces objets qui etendcnt le catalogue immense des etres de la nature, sans rendre pour cela plusparfaites nos SCIENCES PHYSIQUES. i83 connaissances a leur egard. Nous observons, dans la descrip- tion des etres nouveaux , le desir de completer, lout de suite, autant qu'il est possible, leur lusloire. Mais, c'est dans les tra- vaux plus generaux que sefait surtout remarquer cette uiarche pliilosophique ([ui cberche toujours a deduire quelques conse- quences generales de faits observes ayec soin ; qui cberche a lattacher les faits nouveaux a ceux qui sont deja connus, pour nous raettre, par la suite, en etat d'en deduire quelques-unes des lois qui out dirige la nature dans la formation et dans les modifications infinies des etres qu'elle renferme. » 70. — * Introduction a Vhistoire naturelle des insectes , en forme d'entretiens; suivied'une methodedela classification des lepidoptcres (papillons) de France, avec la description de I'bis- toire des especes les plus remarqnables , et particuliereraent de celles qui se trouvent aux environs de Bordeaux ; par le conservateur du cabinet entomologiquc de la pension de M. Aug. Perriere. Paris, i825; Lassime, rue de Vaugirard, no 60 ; Bordeaux, Faye, Lafitle etLawale. 3 parties in-8. , avec figu- res lithographiees ; prix 9 fr. Les avantages que la jeunesse retirerait de I'etude de I'his- toire naturelle se presentent avec une telle evidence qu'il se- rait superflu de les enumerer ici, et qu'on ne pent s'empecher de gemir sur I'abandon auquel cette belle science semble con- damnee dans les colleges. L'auteur de I'ouvrage qui nous occupe a fort bien traite cette question, dans un discours prononce a I'ouverture du cabinet entomologiquc d'une maison d'education etablie a Bordeaux, discours qui aurait etc tres- convenablement place en tcte de son ouvrage, et qui serait tout- a - fait irreprochable si le style etait aussi pur que le fond des idees est juste et vrai. L'auteur n'a pas ecrit uniquement pour les enfans ; cepen- dant, comme il temoigne le desir que son livre soit mis entre leurs mains , c'est sous ce point de vue que je I'examinerai. — La premiere partie est intitulce : Entreliens pom- servir d'intro- (luction a I'hcstoire naturelle. Dans les cint| premiers entretiens, l'auteur donne la definition des insectes; il en fait connaitrc les ordres d'aprcs la metbode adoptee par M. Latreille, donne quelques notions sur leurs fonclions vitales , et indique la serie gradnelle des aniniaux, dont il donne un tableau d'apres M. Cuvier. Le sixiemeentrelien a pour objet la description com- plete etl'histoire d'unpapiilon (lepidoptere), depuis le moment on cet insecte pond ses oenfs jusqu'a I'epoque ou le papillon sortdela chrysalide.Darisleseptierae entretien, M. L. s'occuppe des chenilles et de leurs metamorphoses; dans le huilicnie, iS4 LIVRES FRANflAIS. il indiqne les in oycnsde prendre, de prej)arer cldcconscrverlos pnpillons. A la suite, setrouve une])lanclie oil sontdessines les inslrumons qti'oncinploic pour eel objet. L'aiiteiir a choisi pour inloi'lociiteurun de ses nmis, auqiiel il veut donnerlegout de riiistoire iiattirelle. Mallieureusement , il otibliesouvent qu'il vent ^tre compris des enfans ; et , s'il est presqiie toiijotirs asscz clair dans I'exposilion des faits , il se laisse trop souvent alien a des digressions inutiles, adesplaisanteries ou a des expressions pretentieiises que le bon gout ne peut approuver, e .fin a des citations de vers qni sont de veritables hors-d'ceuvres. Cette premiere partie gagnernit beaucoup , si I'auteur renoncait a la forme trop verbeuse qu'il a adoptee , et rcjetait tons les faux ornemens donl il a inutilement enveloppe, en croyant les embellir , les principes d'tine science assez attrayante par elle- nieiiie. — La seconde partie, qui a 4 16 pages, contientla clas- sification et la description des especes de papillons les plus re- marquables, partienlierement de celles qui se frouvent aux environs de Bordeaux. Elle estsuivle d'une table alphabetique des genres et des especes d'une lable des noms latins qui ne correspondent pas exactcment aux noms francais , enfin , d'une lable de concordance de la nomenclature de i'auteur avec celles des entomologistes les plus connus. Cette seconde parlie ni'a paru fort bien traitee, et lout-a-fail esempte des defauts que j'ai signaled dans la premiere: c'est un tres-bon ma- nuel pour ceux qui veulenlfaire des collections. Les planches li- lliographieesautraitauraientbesoin d'etre coloriees. Un diction- naire historique des papillons les plus reniarquables de France forme la troisieme partie. On y trouvedes observations interes- santes, mais beaucoup trop encore de ces rapprochemens forces, de ces expressions' recherchees, quidoivent eireseverement ex- clues de tons les ouvrages qui sont destines a rinstruction de la jeunesse. — Pour me resumer , je pense que M . L. a fait un tra- vail utile, et qui peut le devenir bien plus encore, s'il se decitie a ret rancher tout ce qui est etranger a la science dont il cherclie a repandre le gottt avec nn zele digne d'eloges. A. M — t. 71, — Le Guide du Cultivatcur et du Fleuriste ; Annuaire de la Societe linueenne d' emulation de Bordeaux , pour Van 1826. Bordeaux, iSaS ; Brossier, rue Rcyale. i vol. petit in-12 de I '20 pages ; prix i fr. Les Societes savantes des departemens ont, en ])artie, adopte I'usage de publier, chaque annee , un Annuaire , dans lequel on reunit un grand nombre de verites utiles, presentees ,ivec simpllcile. 11 serait '1 desirer que ces annuaires , joints aiix ouvrages populaires sur les elemens des sciences, fussent SCIENCES PHYSIQUES. i85 plusrepandus parrai Ics classes inferieures; le peuple pcrdrait inseDsIblement I'habitude de consacrer ses inomens de loisira la lecture deraauvais romans, el il en resullerait des avantages reels pour In societe. Celiii-cicontient des d<5talls interessaiis sur les fetes linneeii- ries qui ont ete celebrees dans plusieurs villes de France ; il fait connaitre qiielques nouvelles especes deplanles, et donne, sous ic nom de Guide du jardinier , des instructions etendues sur les principals cultures qui sont de son rcssort. On y dit aussi un mot de la ferme experiinentale du due de Bordeaux. Si Ions les departemens imitaienl cet exemple, en fondant des ferines modeles ou de perfectionnenient, dans le genre de celle ([u'a fondee et dirigee avec tant de succes M. Malhieu de Dom- basle (Voy. Rev. Eric. X. xxiii, j). 56i), I'agriculture ferait des pi ogres plus rapides , et profiterait des nouvelles decouvertes theoriques qui restent souvent enfouies dans les livres. Ad. G. 72. — Annuuire du jardinier et de Vagronoine , pour 1826, renfermant la description et la culture de toutcs les plantes utiles ou d'agremenl qui ont paru pour la premiere fois en i825 ; contenant, en outre, mois par niois, I'art de conduire les sei'res , le moment et la nianiere de semer ou de planter tons les vege- taux, de diriger les couches, d'obtenir des primeurs, detailler, ebourgeonner , etc. ; suivi de la nomenclature de tous les fruits (espece ou varitites), d'une liste des arbres, arbustes et plantes d'ornement, tant de pleine terre que d'orangerie, dans I'ordre de Icur floraison; eiifin,d'un Annuaire du rultit'ateur, conlenant aussi , mois par mois , tous les travaux appartenant a la grande culture; par un jardinier -agronoinr. Faris, 1826; Roret. In-i8 de 212 ]^ages; prix i fr. 5o c. Le titre de cet ouvrage en donne une analyse assez detaillee; nous nous bornerous a une seule observation : il ne faut pas prendre a la lettre les promesses un peu fastueuses que Ton fait dans ces longs litres; pour les tenir exactement, on eut fait plusieurs gros volumes, an lieu d'un petit in-18. Alnsi, dans I'Annuaire dont il s'agit ici , pour la seule nomenclature de tous les fruits (especes ou varietesj, on ne cite que 76 varietcs de poires, et Ton en connait plus de 5oo. Au reste, poarvu qu'un petit ILvre, tel que celui-ci, ne contienne point d'er- reurs, et que Ton n'y remarque point de graves omissions, il atleint son but et le lecteur en est satisfail. 73. — * Keclierches historiques et slatistiques sur le murier, les vers a sole , el la fabrication de la soieric jiarticulierement a Lyon et dans le Lyonnais ; par L. F. Grognier^ Lyon, 1825 ; brochure in-8". de 72 pages , de I'imjjrimerie de Barret. i8G LIVRES FRANC AIS. Cetle brochure de M. Grogiiier nesera pas moins utile qu'un long ouvrage, si elle oblient raltention et le nonibre de lec- teurs qu'ello inerite. L'auteiir pioraet iine suite de ces inte- ressantes recherches , ou il exposera I'etat actucl de la culture du murier en France , et celui de la manufacture lyonnaise : ces deux parties de son travail devront eire reunies, suivant le voeu de tous ceux qui se plaisent aux lectures inslructives , aux meditations sur lesmoyens d'accroitre laprosperite dela France et le bonheur de ses habitans. Au sujet de I'iraportation en Europe et dans les Gaules de quelques arbres exoiiques dont M. Grognier fait mention a propos du murier , on pent douter de ce que rapportent certains historiens. Est-il probable, par exeinple, que la vigne, commune aux deux continens, oil elle lie differe que par ses varietcs, n'ait pu s'etendre en Europe partout oil le climat ne la rcpoussait pas? Le cerlsier, qui s'est propage jusques sur les monts Ourals, qui abonde dans les forets du Caucase , etc. , avait-il besoin de Lucullus pour arrivcT jiisqu'a nous ? Les semis fails de proclie en proche par les nombreuses tribus d'oiseaux avides de raisins et de cerises ne suffisaient-ils pas pour repandre la vigne el le cerisier dans tous les pays qu'elles frequenlaieut? C'est par ce moyen de multiplication que le sorbier des oiseleurs s'est empare dans notre continent d'une zone de plus de trente degres de largeur, en Europe et en Asie. Ces fails historiques ne sont qu'accessoires dans I'ecrit de M. Grognier; des la secondc page, il arrive au murier, et suit cet arbre precieuxdans toutes ses migrations, depuis la Chine, ou Je pays des Seres (partie dela Boukharie)jusqu'en Europe et en France. L'histoire de cette culture prend un nouveau degre d'intcret , lorsqu'on apprend ce qu'Henri iv , dirige par Oli- vier de Serres, avnit fait pour Teiicourager. L'ouvrage de ce grand rol fut detruit apres sa mort ; les plantations de miiriers disparurent du jardin des Tuileries , ainsi que le vaste cla- blisscment que le bon roi y avait fait construire pourl'educa- tion des vers a soie. Colbert I'anima cette industrie et la souiint durant son minislere; elle declina sous ceux qui le remplnce- rent:tout est transiloiie et fupillf, sous un gouveriiement absolu , cNcepte le nialhenr des peuples. Apres l'histoire du murier, M. Grognier passe a celle de la fabrication des soie- ries , et le tableau qu'il eu fait, I'imjjortance des faits et de ieurs consequences necessaires raerilent I'atteution la plus se- rieuse. Quant au merite du style, qui, dans uiie oeuvre telle t]ue celle-ci , ne serait pasle premier, onreraarquera plus d'une fois avec riuelle habilet>'' i'auteur sait mctlte les choses et les SCIENCES PHYSIQUES. 187 mots a^ leui place. — Nous nous proposons tie revenir sur cette brochure , lors([ue nous en .lurons la suite. 74. — * Manuel dcs proprietaircs d'aheilles , contenant les instructions pratiques les plus recentes pour soigner ces in- sectes, n'avoir que de bonnes ruches, et en tirer du profit; par M. Lombard. Sixieme edition, entierement refontlue. Paris, 1826; Ant.-Aug. Renouard. In-8° de 160 pages, avec 2 planches; prix , 3 fr. 5o c. L'auteur adedie son ouvrage aux ecclesiastiques desdifferen- tcs communions chretiennes : cet exemple d'une sage tolerance vient fort a propos , dans ce tems ou le zele persecutetir essaie ce qu'il pent oser contre rautorite des lois existantes et cherch§ les inoyens de les modifier selon ses vues. Sans s'ecarter du sujet de son ouvrage, M. Lombard indique aux pasteui's des campagnes le bien qu'ils peuvent faire par le moyen des abeilles; il est a desirer que ces conseils soient entendus et goutcs par tous les proprietaires aises que I'attrait des occupatitons rurales retient hors des villes. <• Pendant I'ete , dit-il , nos campagnes sont convenes de miel et de cire, et nous perdons ces revenus aussi utiles que delicieux , faute de multiplier et de soigner les abeilles qui savent seules faire cette recolte. « Pour prendre une idee de ce nuinuel et de son auteur, il suffit de lire I'intro- duction : nos lecteurs nous sauront gre des extrails que nous placons ici. C'est M. Lombard qui parle. « Afin d'accelerer la connaissante des moyens pratiques ne- cessaires a connaitre pour soigner les abeilles, outre la 5^ edi- tion de mon ouvrage sur ces insectes , j'ai fait six cours publics et gratuits sur leur education. Ces cours, qui duraient environ trois mois, ont commence en 1S18; ils ont annuellement conti- nue, a la merae epoqiie, jusiiues et compris i823; mon age avance ne m'a pas permis d'en faire davantage. » M. Lombard mourut , au raois d'octobre 1824, a 81 ans. Ses cours etaient suivis par de jennes cullivaleurs envoyes des departemens : mais les choix a\aient c-te mal faits ; le resultat ne ropondit ni au zele et aux soins du ])rofesseur, ni a I'esperance que le public en avait concue, « Parmi les norabreux correspondans avec lesquels j'ai ete en relations, je dois en distinguer trois: M. HuBKUjde Geneve, M. le general comte de Loches, denieu- rant a Chambery, et M. Espaignet, venerable cure de I'eglise mctropolitaine de Bordeaux. Le premier m'a paru plus verse dans riiistciire nalurelle des abeilles; les deux autres, el surlout le dernier, joignaient a cette connaissance celle de la pratique , qui est la plus utile pour noire economic rurale. Le departement desLandes est, sans contredit, le pays de France ou les abeilles iSS LIVRES FRANCAIS. sont cultivees en grand avec le plus de succes. Pendant les des- ordres de la lovolution , M. I'abbo Espaignet, s'^larU retire au milieu des bons habitans de celte contrce , s'est adonne a la culture des abeilles avec le succes qu'on devait attendre d'un esprit vif ct cultive. Get homine respectable in'a appris que, dans le dopartement des Landes, il se faisalt annuellement , a cbaque printems, une recolte de cire qui s'evalue de 6 a 700,000 francs ; recolte qui ne manque jamais , parce qu'a I'epoque de Vessaimage , toules les breches precederament faites dans les ruches etaient repariies et ((ue, des lors , on voyait la ra^me recolte preparee pour I'annee snivante. II m'a indiquc I'epoque et enseigne la maniere de faire celle recolte; on la trouvera dans le 17"^ clia|>itre de cette edition, avec le voeu que cette recolte ait lieu dans toute la France, ce qui pent se faire, quelle que soit la forme des ruches, et ce c|ui nous donnerait une prodigieusc abondance de cire qui nous dispenserait d'en tirer de I'etranger, et ineme , nous mettrait en etat d'en exporter. » Ces extraits suffiseiit pour faire apprecier I'ouvrage de M. Lombard, naturaliste , culiivateur, pliilosophe pratique, sa longue vie fut tout employee a faire du bien, et son manuel en fera long- terns encore apres lui. F. 75. — * Anatomic de j!hom.me on Description et figures lithographiees de toutes les parties du corps humain , par Jules Cloquet , D. M. ; publiee par C. deLasteyrie, cditeur; aS* livraison. Paris, iSaS; imprimerielilhographiquedeR. L. Bre- geaiit. I cahier in-fol. Prix g francs par livraison. ( Voy. Rev. Enc. t. XXVIII , p. 847. ) 76. — * Traite cornplet de I'anatomie de I'homme , compa- rec dans ses points les plus importans a celle des Animaux , et considere sous le double rapport de I'histologie et de la mor- phologic, par Hippoljte Cloquet. 1''^ et 1^ livraisons. Paris, iSaS; Bregeaut, lithographe, successeur de Lasteyrie, rue St. -Marc feydeau , n° 8, passage des Panoramas. 2 cahiers in-40, composes de xx planches et de 48 pages de texte ; prix 6 fr. cliaque livraison. Le texte des deux premieres livraisons de ce nouvel ouvrage d'anatomie ne s'applique encore qu'aux neuf premieres plan- ches ; les onze autres planches represenlent savoir : cinq, des squelettes humains , d'ages et de sexes differens, et les six dernieres, des squelettes d'oiseaux , de reptiles et de mammife- res. Les quatre premieres planches donnenl le portrait en pied de cinq indlvidus de la race caucasienne , hommes ct fem- mes , representes sans vetemens. A la pose de ces figures, on soupconne que ce sont cinq academies, que Ton s'est par la SCIENCES PHYSIQUES. 189 suite decide it donner comirie eseraples de morphologie ana- tomiqiie. Un dessiii puret correct les distingue; ce debut forme une ]>revention en faveur de I'ouvrage. Les planches v a ix rendent visible la composition materielie des tissus organiques, que Ton a representes dans des proportions beaucoup plus fortes que nature; les dernieres principalement rcprcsentent les globules qui y sont repandus. — On doit savoir gre a M. Clo- quet d'avoir emprunte au jeune docleur M. H. Milne Edwards ces premices d'un beau talent d'observation. Nous ne nous occupons, dans ce premier article , que de la composition materielie du nouvel ouvrage de M. Cloquet : nous y reviendrons , pour en rendre un compte plus appro- fondi , quand les livraisons suivantes nous auront fait mieux connaitre le plan de I'auteur. Aujourd'hui, nous nous borne- rons a rapporter et a discuter la phrase suivante , placee au commencement des prolegomenes : '< Parmi les corps, quel- ques-uns , pendant un terns determine , sont doues de I'admi- rable faculte de resister, jusqu'a un certain point , aux lois generales de la nature ; cette faculte qui caractcrise la vie dont ils jouissent, trouve sa source dans les organes qui les compo- sent. ))I1 y a au moins del'incorrection danscet enonce, d'a])res lequel il faudrait conclure que des corps sont, un moment quelconque, soiistraits aux lois qui rcgissent i'univers. Altri- buer aux corps organises le pouvoir de cette resistance, ce serail reconnaitre que ces corps dont I'existence est en effet renfermeedans des limitesdetermineeset prefixes, sont promp- temcnt precipites vers le terine de leur action vitale par des necessites qui tiennent a la mesure du terns. Si la nature, conime on n'en peut douter, n'est susceptible ni d'hesitation , ni de caprices, toute supposition d'exception a ses lois gene- rales, contient un non-sens evident. En effet, quand quelque- fois nous la declarons telle , que nous traitons d'irreguliers certains de ses actes , et que nous employons a leur sujet le mot anoinalie, deviation , etc. , nous prononcoiis un juge- ment , non sur les objets observes , mais sur nous raemes ; nous nous montronsdaris ce qui est notre position reelle, cellc d'une profonde ignorance. La nature aduiet pour la manifes- tation de ses phenomenes plusieurs modes difierens: la science nous conduit a la connaissance desuns; nous ignorons les autres, et la commence pour nous une serie d'anomalies et de contradictions qui nous choquent , mais indument. Cepen- dant, les corps bruts eux-meines voient aussi arriver I'heure de leur destruction, le moment de la separation de leurs par- ties : nos arts, les eaux en circulation et les fcux souterrains igo LIVRES FR.ANCAIS. les desagregent , et de cette maniere les rendent propres a ren- trer dans d'autres cornpositions nouvelles. Ainsi, la difference des corps inorganiques aux corps organises consisterait , sous le point de vuc qui nous occupe , en ce que ceux-la reclament un cvenement qui se fait attendre plus ou moins long-tenis , le contact et I'aclivite ou affinite elective de ceriains molecu- les, quand cet evenement est a I'egard de ceux-ci obtenu deja par le fait nieine de leur formation. Des parlies comburantes avoisinant des parties combustibles entrent en action, ct tout agregat des unes et des autres cesse quand ont eu lieu ou bien I'entier epuisemenl des choses contenucs ou I'usure et le brisement des parties contenantes. II est done par dela les faits dc I'organisalion d'autres conditions qui en dominent I'es- sence , comme ces conditions dominent elles-memes tout ce qui est differemment , tout ce qui apparlient a une autre ori- gine ; c'esl rassujctissemenldeselemens de la matiere aumou- vement et a la transformation. Voila veritablement la pre- miere, la stipreme, I'universelle loi qui regit toutes choses ici-bas. Mais les elemens qui tiennent ce devoir de pro])rietcs inlierentes a leur nature se maintiennenl toutefois associes et combines pour jouer ensemble comme dans un appareil isole , tout autant et ainsi qu'en oidonnent les conditions qui ont preside a leur groupenient : cela encore , nous le pouvons sa- voir. 11 n'en est plus de meme, an contraire, des causes et du comment do ces conditions ; dans ce cas, gardons-nous de ces formes de langage qui disent trop, ou pas assez. Gardons-nous surtout de certains tcrmes qui, pour revcnir souvent, n'en sont que plus vagues et ne sont esplicatifs qu'en apparence. Au lieu de vanter comme admirable ce que nous ne ])ouvons coinprendre; de remplir de fausses iiimieres les routes de la science pour nous autoriser a les direpraticables, cherchonsplu- tot a exposer avec sincerite ce qui e&t ; sachons dire, de cer- taines choses , qii'elles nous sont tout-a-fait inconnues. Mais , ramenes a ce devoir, evitons un autre ecueil; et gardons-nous en effet de declarer impenetrable et surnalurcl un ordre de faits, en en justifiant par desefforls infructueux d'invcstigalion. Tout ce qui se passe sous nos yeux prend le caractere d'obser- vable ; et si des observations ont cependant paru d'unc diffi- culte insurmontable, ce n'est pas une raison pour les presenter a I'esprit humain comme des borncs qui lui resteronl eternel- lement imposees. Dans le raouvemcnt ascensionnel qui entraine les esprils , nous sommes occupes a nous devancer les uus les autres : ce qui est dccouvert aujourd'hui, dcvient un vehicule, SCIENCES PHYSIQUES. 191 un secours de plus, une garanlic de succes pour d'auties dc- couvertes. Qu'il en soil ainsi des developpemens qui precedent, nous regarderons comine assure que la faculle de resister aux lois generales ne caracterise point la -vie : celle-ci , on la durec des phenonienes vitaux , ne puise pas non plus sa source, inais peut tout au plus trouver une partie de ses nioyens dons les organes dont les animaux sont un assemblage. G. St.-H. 77. — * JSosographie generate elemenlaLre, ou Description et traitement rationnel de toutes les maladies, a i'usage des eleves.en medecine et en cliiriirgie, des eleves sages- f'emmes, des officiers de sanle, des chirurgiens niililaires, et de toutes les personnes qui exercent I'art de guerir; ouvrage qui con- vient ^galement aux magistrals, pour ce qui a rapport a la me- decine legale; par J.-F.-Auguslin Seigneur Gens , D.-IVT. Edition revue et augmentee. Paris, iSaS; Roret. 4 vol. in- 8"; prix 26 fr. Cet ouvrage, dont I'auteur est, je crois, le premier qui ait embrasse dans un ordre methodique toutes les connaissances medicales, a demande d'Immenses recherclies, des meditations profondes, et de grandes lumieres sur toutes les parties de I'arf de guerir; car, ce n'est point une simple compilation, comme tant d'ouvrages que Ton annonce avcc emjiliase, mais une con- ception neuve dans beaucoup de ses parlies. Une localisation nouvclle des fievres, de cette nombreuse classe de maladies, qui, dans tons les sieclcs, ont eserce la plume de-; medecins, justifiera cet eioge. II est vrai que Ic siege que I'auteur leur assigne n'est pas tonjours confirrae par I'anatomie patliolo- glque; mais, quolqu'elle nous paraisse defectueuse dans quel- ques points, sa classification n'en est pas moins jucjuante, a une epoque ou Ton confond toutes les fievres sous une plileg- masie gastro-intestinale, Au reste, le lecteur trouvera dans cet ouvrage des notions justes et precises sur toutes les maladies, soif medicales, soit chirurgicales; sur les organes qui en sont le siege; sur I'art des accouchemens, la physiologic, la therapeutlque; en un mot, sur toutes les parties de la medecine. Ses descriptions, pour I'or- dinaire, nous ont semble conciscs sans secheresse, exacles, et parfaitement en liarmonie avec les progres recens de la science medicale. La Nosographie generale elemcntaire doit etre fort utile, non-seulement a ceux qui professent la medecine, mais encore aux magistrats , qui, pour apprecier la \aleur et la force des rapports qu'on leur fait , doivent avoir des connais- iga LIVRES FRANCAIS. sances assez ^tendues siir les differenles parlies de I'ait de, gueiir. A. Grimauij, d' Angers. 78. — * Le Banclclocque des campagnes ; guide-pratique des sages-femmes, conlenanl les principes tlementaires de I'art des accoucliemens, le mecanisine et les phcnonienes de I'accou- clienient nalurel, les soins a donner aux fenimcs pendant leurs couches, aux enfans au moment de leur naissauce, d'apr«s Baudelocque et les meilleurs accoucheurs; par Ledeaud, ancicn officier de santo des armecs. Paris, iSaS; I'aaieur, rue du Four-Saiiit-Hoiiore, n*^ 47; Eymery, libraire. In-i2 dje 282 pages; prix 3 fr. L'auteur a ])uise son travail ])rincipalenient dans les ou- trages de Baiidelocque, coinme son litre I'indique. — Dans la ])reniiere parlie, il a d'abord donne la description des parlies de la generation, exiernes el internes, et des visccres qui les avoisinent. — La secondepartie est consacree a faire connaitre I'opinion des auteiirs sur la genc'-ralion, les regies et leur uti- lite, la grossesse, les signes qui peuvenl la faire reconnailre, les differentes positions de la matrice et la luaniere dont le foetiis y est place, la description des membranes et les usages du placenta , du cordon ombllical et des vaisseaiix qui le com- posent. — La troisieme partie traile de raccouchement , des accidens qui ])recedent , accorajiagnent et suivent cetle ope- ration, el des moyens de les combattre ou de les modilier. — Eidin , dans la qualrieme partie, M. Lebeaud fait connaitre succinctement tout ce (jui a rapjjort a la sortie du placenta , soit qu'il y ait on nou des adherences; il indique les soins a donner aux femmes en couche , aux enfans nouvcau - lies, et termine par quelques notions sur rinoculalion dn virus vaccin. Ce petit volume, entierement exlrait des meilleurs ou- vrages sur I'accouchement, sera cerlainereent utile aux per- sonnes qui, ne faisant que rarement cctie operation, auront besoin de se rappeler ce qu'elles out su autrefois. D — N. D. M. 79. — Traite de Therapcutique , redige d'apres les prin- cipes de la nouvelle doctrine medicale; par L.-J. Begin, D. M., membre de I'Acadcmie royalc de mcdecine, etc. Paris , iSaS j Bailliere. 2 vol. in-8° de 875 pages. Suivant la nouvelle doctrine, la presquo totaiilc des mala- dies consistant dans une acceleration des mouvemens vitaux, dans un elal d'irritation , il convlent de leur opjioser des moyeus susceplibles de soustraire I'exces de stimulus , el d'af- faiblir les organes lion excites. Unc dietc pins ou moins rigou- SCIENCES PHYSIQUES. ig'i reuse, des emissions sanguines, I'application suffisamment pro- lon£;ee du froid , des boissons adoucissantes ou K'gcrement acidiilees suffisciit pour arriver a ce lesullat, et il seniblerait rinci|)aiix caracteres. I/araenite qui [)rcside a cette discussion, les princijies de la medecine pLysiologiquequ'elle donne occasion d'etablir, et ceux du traitp de M. Baiily, (|u'elle met en evidence, feront sans doute distinguer la production que nous annoncons de la plupart de ce'les qui sont consacrees a la polemique. 81. — * Traite sur les fievres pretendues essentielles , lnsieiirs des dogmes qu'ils ont etablis, et que I'auleur a etaytis d'observalions bicn murles. Aime Grimaud, d'Angers. 82. — * Lettres physiologiqiies et morales sur le rnagnetisme animal, contenant I'expose critique des fails les plus rccens et une nouvelle theorie sur ses causes, ses phenomeneset ses ap- plicati'ons; adressees a M. leprofessenr Alibert, premier mede- cin du Roi, par /. Amedce Dupau , D.-M. , niembre de la So- ciete viedicalc de Londres, etc. Paris, 1826; Gabon et. C''' ; TreuLtel et Wurtz,a Londres et a Goettingue. 1 vol. in-8°; prix 5 fr. Qu'est-ce que le rnagnetisme animal? N'est-ce qu'une ridi- cule jonglerie, ou bien renferme-t-ilreellement des faits d'in- fluences morales et nerveuses? Telle est la question que M. Du- pau a enlrepris de resoudre, dans une serie de lellres aussi spirltuelles qu'instvuctives. On sail que I'Academie royale de medecine a etc sur le point des'occuper de celte question , et qu'elle a craint defavoriser I'enthousiasme , au lieu de provo- quer la verite. II importait que des ouvrages, faits avec critique et discernement, vinssent d'abord eclairer ses decisions, et nous ne doutons pas que les lettres de M. le docleur Dupau ne jettent un grand jour sur cetle question. D'apres le litre de ces lettres, on peut juger de I'interet qu'elles presentent. i''^ Du rnagnetisme animal, dans les terns anciens : les temples des Egyptiens, des Grecs et des Romains presen- tent I'histoire des initiations, des pythonisses, etc.; 1^ Des effets magnetiques produits par la magie ; 3"^ Des phenomenes deter- mines par le fanatisme des sectaires; [y^ Du rnagnetisme animal, depuis Mesmer; 5*^ Des theories des magnetiseurs, du Jluide ma- gnetique et de la volonte ; 6" Des sources naturelles du rnagne- tisme ; A. Erethisme nerveux; 7* b. Imagination vive et credule; 8e c. Disposition a quelques nevroses ; 9'' Pratiques pour deve- lopper le rnagnetisme animal; 10" Phenomcne de convulsion etd'extase; i ic Sommeil naturel et magnetique; I2c Somnambu- lisme naturel et magnetique; i3<^ Isolement et prevision des som- nambules; it\e Du magnetisme animal applique au traitement des maladies; iS"^ Du danger des pratiques du magnetisme ani- mal. On voit, d'apres ce tableau, que cet ouvrage renferme toutes les parties de cette question difficile. L'auteur rapproche les phenomenes magnetiques de plusieurs maladies nerveuses et mentales, et montre lout le danger qu'il y a dans ces pratiques, malheureusement efficaces sur quelques personnes roalades. SCIENCES PHYSIQUES. 197 Les inedecitis et les gens dti inonde ti'oiiveront dans eel ouvrage une lecture interessantc et iiistiuctlve, qui les preservera de toute illusion sur ce sujet. J. Fontf.nelle. 83. — * Geometric et rnecanique des arts et metiers et des beaux arts ; — Cours normal a I'usage des artistes et des ou- vriers, des sous-chefs et des chefs d'aieiiers et de maniifaclures; ])rofesse au Coiise/vatoirc royal des arts et metiers ])ar le baron Charles Dupin, membre de I'lustitiit, etc. T. I*'' : Geometric. Paris, 1825 ; Bochelier. In-S° de l^[^1 pages, avec 16 planches; prix 18 fr., et par la poste 24 fr- Quoique la geomelrie soit une science fort ancienne, ce cours est tout-a-fait nouvean : son objet et sa destination speciale ont oblige I'auteur a s'ecarter des routes ordinaires. II s'agissait de se tenir constamment a ia porlee des lecteurs peu familiarises avec les notions generales et abstraites, sans fairc perdre aux demonstrations la rigueur qui caracterise une science exacte; d'cxercer a la fois le raisonneraent et I'imagination, dont les arts ne peuvent se passer ; de choisir les ihcoremes gcomelri- ques applicables aux operations des ateliers, etden'en omettre aucun ; d'associer parlout la theorie a I'indication de scs usages; de trailer avec assea d'otendue la geometric descriptive et scs methodes, apres I'avoir preparee par I'exposltion des connais- sances elemcntaires qu'elle suppose. Jusqu'a present, aucun ou- vrage n'avait donne le modele de cet enseignenient de la geo- raetrie. Celui-ci paraitra bien court, si Ton se repr^sente tout ce qu'il s'agissait d'y rcnfermer, et les developpemens dans les- quels il fallait entrer : apres I'avoir lu , on volt qu'il est com- plet , et que rien n'y est traite avec trop de concision. M. Dupin I'a divise en 16 lecons , dont chacune forme un cahier de 24 pages ou plus , avec une planche , afin que les eleves puis- sent se procurer I'ouvrage en detail, a m.esure (ju'ils en ont be- soin. Cette maniere de metire I'inslruction a la portee des classes les nioins aisees n'aura pas peu contribue au succes du nouvel enseignement. Quoique M. Dupin se soit attache a n'of- frir aux eleves que cequ'ils devaient etre en etat de comprendre, on trouvera cependant dans son ouvrage des notions encore assez neuves sur quelques surfaces , leurs proprietes et leur em- ploi dans les arts. La mecani(|ue sera traitee dans le meme es- prit, ce qui etait peut-etre encore plus difficile que la redaction du cours de geometric. Pour celui-ci, quelques maleriaux avaient ete prepares par Monge, mais pour d'autres eleves; pour le cours de rnecanique, rien n'etait pret, et le professeur avait a creer sa melhode d'enseignement , et a la raettre a I'e- preuve. Les deux ouvrages dont il aura fait present a rindustrie. 198 LIVRES IRA-TNCAIS. n'appaiticiment pas exclusivement a la Fiance; loules les na- tions y onl ilroit , etsurtout celles tliml I'iiulustrie est le moins avancee : la geoinelrie et la mecanique dts arts et metiers Irouveront bientoldes traducleurs. F. 84. — Uridine astronomique du jcu clcs echecs , cjcpliquce par le Calcndrier t'gyptien ; par F. Villot , garde des archives de la ville de Paris, elc. Paris, i825;Treultel ctWiirtz. Broch. in -8" de 87 jiages; prix 3 fr. 5o c. L'auteur, par une seiic de rechercliesqu'il a entreprisessur rastronomie des Egypilens , a reconnii que des caiendriers ou tableaux astronomiques se rencontrent dans un grand nombre de monumens , el qu'il y soni figures jiar ues echiquiers. U se propose principalement, dans ce menioire, de faire remarquer la coincidence extraordinaire qui existe enire le jeu des tehees et les lois auxquelles sont assujeties les diverscs comblnaisons des lieures, jours, niois et annees , dans le triple calendrier egyptien : circonslance trei-singulicre, et qui, j)ar des rapports incontestables, et que Ton peut difficilemeni allribner au ha- sard , senible atteslcr que cette forme de calendrier a cte connue de I'antiquile. Ad. G. 85. — * Es.sai sur le tir de^ projectiles creux, lu a 1' Academic des sciences, dans sa seance du 26 decembre i8a5; par M. le lieutenant general Andreossy. Paris , iSaG ( Ne se vend pas ). Les tentatives que I'Angleterre ne cesse lie faire, depuis lu pais, pour perfectionner le materiel de son artilleric, et reiidre plus sur et plus puissant I'usage des artifices, imposent aux autres peuples la necessite de suivre ses progres dans cette importante pariie de I'art de la guerre. Le Memoire de M. le general Andreossy traite ile I'un des principaux moyens par les(]uels on peut obtenir ce grand objet. C'est le tir des pro- jectiles creux, comme corps choquans et comrae fougasses, centre les fortifications en terre et contre les vaisseaux. L'auteur presente I'historique de cet agent redoutable; il prouve, par >es recherches, qu'd fut employe, des 1602, an siege d'Ostende, par uningeiiieur fraiicais nomme Renaud-Ville. II montre qu'a Philisbourg, en 1688, a Strasbourg, vers i75o, a Auxonne , en 1784 et en 1786, on tira, avecle canon , des bombes ou des obus, introduits dans la piece ou attaches a sa bouche, et ayant pour but des massifs, qu'ils detruisaicnt en eclatanf. II decrit ensiiile les experiences qu'il fit, en i7yi , a Neuf-Brisack eta Schelesladi, en 1792 eti793, pour perfectionner cette espece de tir, et mettre a profit ses avantages, dans la defense de la derniere de ces places. II rappelle que ces experiences sont consignees dans un memoire qu'il 6t imprimer a Melz, en 1 79/1, SCIENCES PHYSIQUES. 19;; et que leiir effet etait I'objet des batteries de traiichees cons- liiiites, en 179'^, aux angles saillnns des fortificaiions de Sche- lestadt , el decrites dans un memoire depose aux archives de la gtierre. Enfin,il expose les circonsta?ices militaires ilans les- quelles 11 put employer cc tir avec le sticces qu'il s'en elait proiiiis, et il cite a eel e;^;ir.l la fameuse lii,'ne de Borghetto, oc- ciipcc, de 1794 a 179^ 1 par I'aile droite de Tarmee d'ltalic, ainsi c|ue les experiences faites a sa demande, en 1795, par le diiTCleiir lie I'artillerie de la marine a Toulon, et en i8ug, a Vienne, par le general Lariboissiere. Parini fnus cps souvenirs qui sortent de nos fastes militaires, et qui rappellenl tantde gloii'e et lanl de inalheur, il en est un siirlout ijui excite un vif interet ; ce sont des observations , sous la date dii i*"^ no- vembre i794> faites siir un memoire du general Andreossy , par le general Buonaparte, commandant en chef I'aitillerie de I'armee. On y trouve son style laconique et nerveux , son esprit d'analyse, sa penetration extraordinaire, et malgre sa jeiinesse el le tiimulte des camps, son attention profonde pour tout ce qui promettait d'etre utile. Le memoire dont nous venons de donner une idee elablit, pardesfaits iiicontestables, q'ierin\ention du tir er Coste, capilaine d'artillerie. Paris, iSaS; Anselin et Pochard. In-8" de /17 pages; prix i fr. 5o c. L'art de I'artillerie est df^ja redevable a M. Coste d'un ou- vrage intitule : Recherches halistiques , dont nous avons rendu compte,dans ce lecueil. ( Voy. Rev. Enc. t. xix p. 681.) f,c nou- veau travail de cet officier est beancoup moins considerable, (|uant au volume ; mais il est reconunande pa.-- Tiniportanre du sujet;car, en guerre, comnie partout ailleurs, et peut-eire plus qu'aillcurs, f rapper juste est la premiere condition pour le succes. Ce memoire est divise en deuic parties : la premiere contient les pensees de 1 auteur sur les causes de la deviation des projectiles, et sur les nioyens de les soumettre au calcul; la seconde, sous le litre de notes, est I'ex position des fails connus, des experiences deja tenlces , el de leurs resultats. On sent , en lisant ce memoire , combien cette partie de la balis- aoo LIVllES FRANCAIS. tique est encore loin de se preter aux applications niatlicina- tiques et d'etre soumise a une veritable llieorie. « Ce n'cst , dit M. Coste , que par des experiences nonibreuses , bien projetees, bien dirigt'-cs, bien executees , que I'on poiirra parvenir quelque jour, a connailre parfaitenienl I'influcncc de cliacune des causes de deviations." Ces experiences, analysi'cs avec le pins grand 5oin , donneront effeclivement des nit'lliodes de calcul assez exactes et dignes de confiance; niais elles soiit im]^uissaiites pour olablir une tlu'orie. II suffit , jiour s'eii convaincre, tie ge- neraliser les melhodes de calcul dcdultes des experiences, ct de les appliquer a des cas qui sortent des limiies de la piatitjue. Ainsi, par exeraple, on lit, page 6, que des eprcuves fa ires a La Fere, en 1771, et rapportees par Lombard, « prouvent que le projectile jete d'abord d'nn cote de Taxe du tir, se tronve de J'auire cote, a la fin de sa course, ct que cette derniere deviation est d'autant plrjs grande, que le premier ecartcment a ete plus fort : » niais, pour que le projectile se ])orte de I'autre cote de I'axe, il faut qu'il le traverse ; et si la portee se terminait a ce point de passage, ou Ires-pres de la, la seconde deviation ])araitrait iiuUe, ou tres-pen considerable, et le re- sultat de I'observation conduiiait a des rcsnllats direclement opposes a celiii des epreuves citees par Lombard. M. Coste deduit, des experiences faites a Lens, en 18 18, cette regie tres-sim[)le dans I'enonce: les rapports des deviations aux por- tees totales sonl constans. Cette regie sui)pose que le projectile s'est devie immediaiement au sortir de la piece, puisque les deux lermes du rapport doivent s'evanouir a la fois: de pins, cette premiere deviation a cte la seule , et le projectile Jie s'cst pas ecaric du plan vertical de sa premiere direction ; ce qui serait contraire aux observations de 1771. Ces discordances attestent la difficulte de ces sortes de reclierclies : M. Coste indiqnece qu'il faudrait faire pour les rcndreplus fructueuses; et sans aceorder trop de confiance aux essais tentes jnsqu'a present, il en tire des conclusions qui paraissent tres-probablcs et qui meritent la plus serieuse attention. 87. — * Traile d' Artillerie navale ^ par le general sir Howard Douglas ; traduit de I'anglais avec des notes et dedie a MM. les officiers du corps royal de rartlllcric de la marine de France, par A.-F.-E. Charpentier, ancien eleve de VEcole poLytech- tiique, capitaine de I'artillerie de marine, etc. Paris, 1826 ; Ka- chelier. In-S" de 3o2 pages, avec des tableaux et cinq planches gravees; prix 7 fr. L'ouvrage de M. Douglas, approuve en Angleterre par les lords de I'amiraute, parait un peu tard parnii nous. Depuis SCIENCES PHYSIQUES. 20 1 cinq ans qu'il est imprinie, combien n'a-t-on pas traduit de romans anglais, de livi-es I'uliles, ou d'lin moindre intcr^t que celui-ci ? Enfin , M. le capitaiuc Cliai pentier I'a fait passer dans iiotre langne; et en effet , c'est. a nn officier de I'artillerie de marine qu'il convenait d'etre I'interjirete du savant officier an- glais. Le tiMdncteur ne s'est point borne a rendre fsdcienient les pensces de M. Douglas; il a auginentc de notes tout ce qui paraissait exiger quelque explication, afin que la lecture de i'ou- vrage ne fut embarrassee d'ancnne dirficiilte, et fut mise a la portce d'un plus grand noinbre de militaires. Nous regrettons lie ne pouvoir donner qu'une idee tres-sommaire de ce grand travail surl'ime des parties les plus importantes de I'art de la guerie sur luer , dont I'analyse ainenerait la comparaison de I'etal de cet art en France a ce qu'il est en Anglelerre , et a ce (ju'il sera peut-elre bientot chez tons les peuples qui peuvent avoir une marine mililaire. Lorsque tout se dispose pour des innovations fondaraentales dans presque toutes les industries , comme dans la politique, la prudence nous irajjose I'obligation de nous tenir au courant de ce que font nos voisiiis, et de ne pas rcster au dessous de leurs progres. L'amour-propre natio- nal pent ctre, dans plusieurs cas , nn puissant mobile, et poiter a des actions heroiques; mais c'est prcsf[ue toujours un mauvais consciller. II nous sera done trcs-profitable d'apprendre de M. Dupin, et plus officiellemcnt encore , de M. Douglas, tout ce qui est reiatif a I'artillerie navale de la Grande-Bretagiie.Des que I'occasion s'en presenteia , nous reviendrons sur I'ouvrage et sur le sujet qu'il traite ; la marche rapide de toutes les con- naissanccs I'aura peut-etre deja eclaire de quelques lumieres liouvelles : en attendant, jetonsun coup d'ceil sur ce (|ue con- tient le Traite tC artillerie navale. L'auteur I'a divise en quatre parties, dont la premiere est inlitulee : De la thcorie et de la pratique de V arldlerie ,particu- lierement appliquees a rartillerie navale. La part de la theorie est trcs-petite, Tauteiu' passe promptement a la ])ratique , et c'est alors seulement que les officiers d'artilierie francais com- nienceront a le lire avec attention. II propose de reduire con- siderablemeni,et pour toutes les bouches a feu, le vent que Ton y a conserve par habitude , quoique le perfectionnement des projectiles etdu forage des pieces le rcndil Ijeaucoup moins necessaire. 11 rapporte un grand nombre d'experiences sur des boulets et des obus de differentes formes , et sur des projectiles composes (c'est ainsi que l'auteur les nomme), pour les rendre plus pesans. II approuve les grandes fregales chargees de pieces de gros calibre, et se plaint du grand nombre de pctites fregates 202 LIVRES fran(;a.is. (iont la iiiiditie lie laGraiide-Breta^ne ne lire pas asscz do parti, parce qu'on est sonveiit f'oi'ce d'en emiiioyer deux, la oii un sen! Latiinenl il'ixne plus j^raiido force aiiruil suffi, el meine rendu plus de services. L'lin des avantagcs (|u'il recoiinail aux btiti- iiieiis tels (iti'il les recommande , et sur lequel il iqsiste princi- palemeni, c'esl (ju'ils inettent niieux a couvert i'honrieur du pavilion, et tjue , dans les chances c)u'ils ont a courir, vainer e est un honncur, succornber n' est pas une honte. I-a secondo partie est consaciee au Manuel de [ ArliUerie de marine. Le debut de I'auleur donne beaucoup a penser; nous le transcrivons litleralenient. « Aucune furnie elablie d'exercice n'existait encore duns la mai'ine, en 1817, epoque a laquelle I'ainiraute noitima une commission d'officiers [)Our redifjer un nouveausysleined'ecoledu canon a bord des vaisseaux.J'ij^nore si ce systerae a ete definilivement adople, ou s'il a ete souinis a un exauien ullerieur. Quoi qu'il en soit, j'ai per.se (ju'il ne pouvait eire qu'ntile de consulter, sur une nialiere d'une aussi grande importance, rex[)crience des nations qui peuveni nous ^tre opposees, el je vais rapporler au longle manuel Irancais qui me serable le plus simple et le mieux detaill(5 de tons les reglemens de cette nature. » M. Douj(las passe immediaiement a rexposilion des exercices et des manoeuvres des bouclies a feu, a bord des vaisseaux francais. La Iroisieine partie tralte de requipement , du tir et du ser- vice de I'arlilierie navale. Iti, la Grande-Brelagne n'emprunte plus rien a la France. Au sujet de la poudre de guerre et de ses epreuves , I'auleur aiighiis n'est j)as d'accorfl avec MM. Dupin ft Charpentier.Uaos une qucslion aussi coniplexe, il est indis- pensable de tenir compte des differences que le precede de fa- brication inu oduii necessairement dans les i)Oudres; se rappeler que cellcs d'Angleterre sont faitessans eau, avec du nitrate de polasse fondu, et non, suivaiU notre usage, avec ce sel en ])etits cristaux ; que la poudre angiaise a ete souniise a une enorme pression, el (|ue, par consequent , sa densite et sa durete sont aussi grandes que I'art puisse les rendre. — Un auUe objet qui aiiirera I'attention est la necessite de s'exercer a juger les dis- tances en Hier , ce dont plusieurs ot'liciers ne sont pas asse/ per- suades.— « Qu'ils se leportent, dit M. Douglas, a notre guerre avec les Aniericains,. . el ils verront que dans toutes les affaires malheureuses (|ue nous avons cues avec eux, nos vaisseaux eiaieiit roujours desempaies a longue distance, avant (|ue le combat lappiocln' pul commcncer, ce (jui nousraontre la ne- cessite de nous attaclier soigneusemcnt a ce qui peul assurer la precision du feu k grande distance. — D'autres observations SCIENCES PHYSIQUES. 2u3 sur la cause dii peu d'effet que I'artillerie des vnisseaux francais produit ordinairement siirles vaisseaus anglais, seront un sujet d'etude pour nos marins, et provoqueront peut-etre d'utiles reformes. La quatrieme partie n'esl pas moins iiiteressante ; elle est iiuiiulte : Observations sur quelques operations navales recentes et sur la tactique des combats singuliers, Les operations dont il parle sont les combats de la fregate americaine la Constitution centre le Java et la Guerriere , batimens anglais qui fnrent pris, et ie combat du Shannon, fregate anglaise , centre la fre- gate americaine /« Chesapeake, qui se fit prendre. Apresavoir fait I'eloge du capitaine et del'equipage du Shannon , I'auleur ajoule : " Si nous avions un systeme regulier d'iiistruclion pour former descanon7iiers de marine dans Tart si difficile et si im- j)ortant du lir a la mer, nous ne serions pas enibarrasscs pour armer un tel batiment. > M. Charpenlier fait , a cetie occasion , les remarques suivanles : < L'auteur , comme on I'a vu , a ])ro- chime, dans tout le cours de cet ouvrage, la necessile d'avoir, dans la marine, des cannoniers expressement exerces a I'arlilie- rie. C'e besoin est generalement aussisenti en France. Pourquoi donciioscanonniers de marine, si bien exerces au canonnage et an fir, onl-ils ete eloignes de nos balimeiis? Les amiraux qui ont le plus illustre la marine francaise, ontapprecie, dans la guerre, leur utilite abord des vaisseaux, et ont renduhonimage a Icurs services. Les generaux qui comniandent aujourd'hui dans les ports, lemoins de leurs travaux^el de leurs exercices journaliers, en leur decernant les eloges les plus honorables dans tous leurs rapports d'inspection, expriment haulement le voeu c|ue ces homnies robustes et adroits soient utilises sur les batimens de I'Etat... » Si les motifs qui ont fait eloigner ces hommes de leur destination naturelle etaient une erreur, elle viendrait apparemment de la meme source quecelle qui a fail placer I'ecole de marine militaire a Angouleme, hors de la vue de la mer et des vaisseaux. Le peu que nous avons pu dire sur I'ouvrage de M. Douglas suffit pour faire apprecier le service que son traducteur nous a rendu, et le besoin de nous en occuper serieusement. Les stijets qu'il a traites reparaissent frequeinment dans la Revue Encjclopedique; nous enproliterons pour levenir sur I'ouvrage. Ferry. 88. — * Tableau des arts et metiers et des beaux arts, pre- sente pour servir a propager I'institulion des cours de geome- tric et de raecanique api)liquee aux arts dans les villes de la France; par le bnron Charles Dipin, juembre de I'lnstilut, etc. 2o4 LIVRES FRANCAIS. Paris, 1826; Badielier, (juai des Auguslins, n° 55. In-S" de 104 p«ges; prix 2 fr. M. Dn])in dedie cct ouvrage aux inaires , au\ conseils niuni- cipaiix, aux jnges des tiibiinaux de commerce , a Ions les fonc- tioniiaires auxqueh les inti'iets de I'inddstrie sont confies , aux particuliers cjui en connaissent Ic prix , et qui pcuvenl I'encou- rager ; mais on ne Irouvera point ici les formes ordinaires d'une dedicace : celle-ci est une partie essenlielle dc I'ouvrage, une dissertation qu'il fautlire, nicdiler, et qui mcrite principale- raent I'attenlion des administrations municipales. C'est la que tous les Icdeurs pourronl acquerir la conviction qu'un ties- grand bien, im bien durable el dont rinflueuce s'eteiid sur tontes les classes de la socicte, peut etre obtsuu a peu de frais. Quant a ceux cjui s'elfraient de toute innovation, on tenteralt vainement de les rassurer; ce n'est pas aeux que M. Dupin s'a- dresse. Un extrait de ce tableau fut presente par M. Dupin, le di- manche 4 decembre iSaS, a Touverture de son cours inslitue pour la classe ouvriere : il est done deja connu, au rnoins en parlie, des nombreux auditeurs qui assistereut a cette seance, et par les notices inserees dans les journaux. Mais I'enscmble de ces idees qui se fortifient n:iutuellement devait etre mis sous les yeux des professeurs et des eleves : renseignenient en profi- lers, par les applications qui pourront elre appropriees aux besoins particuliers du plus grand nonibre des auditeurs , el les eieves y trouveront, non-senlement des motifs pour se livrer a I'etude, mais d'utiles averlisseniens relatifs a une multitude de pratiques dont leperfectionnemeiit resulterail des connaissances ((ui leur manquent. Le jirofesseur ne s'est encore occupe que des applications de la gcometrie, et c'est par celles-la qu'i! de- vait commencer afin de rendre plus claires et plus profitables les applications de la niecanique, lorsque I'enseignement de cette science pourra elre olfert, comme celui de la geomelrie. Ce terns n'est pas fort eloigne; le cours imprime sera bientot pr^l; I'instructiou norinale aura mulliplie les professeurs , ot la classe induslrieuse, dans toute I'etendue de la France, pourra prendre part a ce nouveau bienfait, si I'instruction premiere ne lui est pas refusee, si des vues etroites ou une fausse eco- nomic n'arretent pasrecoulcnientde cette source abondanle de prospcrite publique , de bonlieur pour tous , et des vertus con- servatrices de ces bienfaits de la societe. 89. — * Description des machines et procedes specifies dans les brevets d' invention , de perfectionneinent et d' importation , dont la durec est expiree, publiee, d'apres lesordres de S. Exc SCIENCES PHYSIQUES. aoS le ministre de I'lnterieur , par M. Christian, directeur du Conservatoire des artscl metiers. T. IX. Paris, iS^S; Mme Ha- zard. I vol. in-4", avec 3o planches; prixaS fr. , et 29 fr. par la poste. Ce volume, forme de 400 pages, contient la description de i!^o brevets, dont la pins gramle partie est accompagnee de figures dessinees d'une maniere tres-intelligible , et gravees par M. Leblanc. En annoncant le tome VIII (voy. Rev. Enc, t.xxvi, ]). i83) , nonsavons fait observer combien etait utile la mesure adoptee par le ministre de I'lnterieur , qui a voulu que les demandes en brevet fussent soumisesa I'examen du comiteconsultatif des arts et manufactures, non pour en discuter le merite , ce que la loi ne permet pas, mais pour examiner si la description en est claire et intelligible , afin qu'au moment oii ces brevets tombent dans le domaine public , ils puissent etre facilement compris par tous les artistes que ces brevets peuvent interes- ser. Plus cet ouvrage avance, et plus on s'apercoit que les bre- vets sont mieux redig<5s , que les descriptions en sont claires et intelligibles; sous ce rapport, il parait que Ion a atteint, a peu pres , le but desire. Ce volume, comme nous I'avons deja dit, renferme i3o brevets, dont 14 sur la fabrication des draps et des etoffes de toute espece. Plusicurs des machines qui y sont decrites sont tres-ingenieuses ; 5 brevets sur des moteurs differens ; 5 qui se rapportent aux travaux des foiideries ; 4 a[)pareils de distil- lation nouveaiix , ou relatifs a des perfectionnemens apportes a des appareils anciens ; 4 appllcables aux raffineries de sucre; 4 sur les moulins a farine ; 3 sur la carbonisation de la tourbe; 3 sur I'art du parfumeur; i sur la fabrication des clous d'c- pingle ; 1 sur une drague a creuser les canaux; i sur une autre drague propre a I'aplanissement des grandes routes, etc. ; 72 sur des objets divers. Tous ces brevets sont plus ou irioins importans ; ils presentent des idces plus ou moins ingenieuses ; mais, ce qui est le plus interessant, c'est que leur description prouve combien Tindustrie fait cliaque jour des progres ra- pides. II eut ete a desirer , dans I'inleret de cette nieme industrie , qu'on ne fut pas x-evenu aux anciens crremens, auxquels on paraissait avoir renonce dans la redaction des derniers vo- lumes. Dans celui-ci , on a supprime la description de i3 bre- vets sur lesquels on ne donne aucune notion. Nous avions ce- pendant fait observer que la loi n'autorise personne a se rendre juge dans cette matiere, qu'elle ordonne impcrieusement que 2o6 LIVRES FRANCAIS. tons les brevets, sans exception, soienl publii's ; et ce n'est ])as Irs piiblier que d'en donner seulemcnt le tilie , ou iino cspece d'analyse insignifiante. L'interet des arts, leur progres , leur perfeclionnement exigent que tons les brevets soieiit exacte- nient decrits : car , quclque insigniflans qu'ils puissent etre, on V trouve presque toujours des idi''es heiireuses dont I'artiste intelligent sait faire de bonnes apjilications. II serait a desirer que le ministre de Tintciieur donnal les ordres les plus positifs pour que, dans les prochains volumes, la description de ces brevets supprimes fut integraiement insc- ree (i). L.-Seb. Le Normand , professeur de tcchnoiogie. go- — Manuel coinplet, theorique et pratique , du distilla- teur liquoriste , ou Traite de la distillation en general, suivide I'arl de fabriquer les liqueurs a peu de frais, et d'apres les lueilleurs procedcs; par M. Lebeaud. Paris , 1826; Roret. In- 18 de 371 pages; prix 3 fr. 91. — Manuel tlieorique et pratique desfabncans de draps , ou Traite general de la fabrication des draps ; par M. Bonnet, aiicien fabricant a Lodeve. Paris, 1826 ; le ineme. In -18 de23o pages ; prix 3 fr. L'anteur du Manuel complet, theorique et pratique, du distil- lateur liquoriste s'est impose des devoirs rigoureux. Son livre ne passera pas pour complet, s'il y manque une seule des noiicesqneronpeutchercherdansunmanuel: comme la iheorie de la distillation apjiarlient a la physique et a lachimie , il faut que I'auteursemontre physicien elchimiste.M. Lebeaud a choisi de bons guides , et il a su les suivre : son ouvrage est un abrege commode, et que Ton ])eiit consulter nvec confiance. On y re- raarque partoiit le caractere d'un travail fait avec soin , c'esl- a-dire du discernement dans le choix des inatieres, et de I'ordre dans I'ex position. Le Manuel theorique et pratique des fnbricans de draps est (i) Un moyen facile de publler ces brevets supprimes, sans augraenler les frais, serait d'adopter la marche que j'ai deja proposce, sans meme changer la jastiiication adoptee, quoiqoe je la trouve vicieuse. Ce serait de mettre a profit tons les blancs inntiles , et ccrtes il n'en manque pas ; je trouve, dans le tome ix, la valeur de 36 pages blanches que Ton an- rait pu employer, sans compter toutes les doubles inteiligiies prodigiiees en pare perte. On sait bien que I'oii paie rimpiimeur, la page pleine ou non , car les prix sont faits a tant la feuille. Ainsi, j'avais raison de dire que, si ron voulait user d'economie , ou pourrait faire enlrer dans cha- qae volnme nn quart au moins dc matiere de plus , sans qn'il en coutat un centime d'augmentation. Paisse noire jnste observation ctre accnclllie par I'autorite ! SCIENCES PHYSIQUES. 207 precede d'une introduciion rcdigee par M. Leblanc. Comnir ce memoiie historiipic ne prepjire point les lecteurs a la con- naissancc tlel'art dont le livre traite, t'est nne prf-face, et non pas une introduction que M. Leblanc a fnite; et celte distinclion n'est pas minutieuse; car ces compositions dificrent essentielle- ment I'une de I'autrc. La preface est en dehors del'Duvrage, et doit ctrecourtp; I'introduction fait une partiedu livre, el souvent elle esige des developpemens assez ctendus. Ce que M. Leblanc amis a I'entree de ce raanuel est trop long pour une preface , et trop peuinstructif pour meriter le nom d'inlroduction. Quant an style, il prouve malheurensement que M. Leblanc ferait mienx de nepointecrire.Lemanuelest, en general, mieuxecrit, sans meriter d'etre loue a cet egard. L'auleur ne s'enonce pas toijjours assez clairement, et il ne parait pasinstruitdes progres que I'art a faits depuis quelque tems. II nefait aucune mention des belles machines pour la tonle des draps, des presses nou- velles, etc. : tout le mecanisme dont il parle ne represenle que I'ancien etat des manufactures de draps. Ce n'est pas ainsi qu'il fallait faire un Manuel, en 1826. 92. — Manuel fles jeunes demoiselles, ou Arts tt metiers qui leur conviennent , lels que la couture, la broderie, le tri- cot, etc.; par M™'' Celnart. Paris, i825; Roret. i vol. in-18, erne de planches; prix 3 fr. L'auteur de ce Manuel est entre dans les details les j)Ius mi- nufieux sur tons les ouvrages d'aigiiille, details qn'il n'etait sans doute pas facile de rendre d'-une maniereclaireet precise; mais ses definitions, quoitpie tres-ctendues, seraient difficile- inent comprises par des jeunes personnes tout-a-fait igno- ranles, et pour lesquelles il vaut mieux joindre I'exemjile au precepte. Ainsi, comme le dit M""" Celnart elle-meme : '< Ce traite servira beaucouj) aux personnes deja familiarisees a vec les petits ouvrages qu'il decrit ; ces ouvrages exigent une pra- tique conslaiife; abandonnes pendant quelque terns, ils s'ou- blient toul-a-fait : le Manuel des jeunes demoiselles les leur rappellera aisement. » L'auteur aurait dii insister davanfage sur les valeurs et les qtiantitcs neccssaires des objets employes dans ces petits travaux , tels que soie , perie, rubans , etc. ainsi que sur leurs prix et leur qualite; ces details seraient tres- utiles aux personnes qui habitent la province ou la campagne et qui les font venir de Paris : carc'est aelles surtoul rpienous recommandons ce petit manuel. — Les planches qui laccom- pagnent sont gravees et coioriees avec soin , et conli iuuent beaucoup a la clarte des demonstrations. .L H. 93. — * Principes du dessin et du Invis de la carle topo- 2o8 LIVRES rRA.Nr,AIS. !:;rnphiqite , presentt'sd'une manierc clemenraire et metliodique, iivec les ileveloppemcns nccessaires;iux personnes qui n'ont ]);is riiabituiie du dessin; accoinpagtios de modeles, dont 8 sont colories ; par F.-C.-M. Marik, professcur de malhctnatiqucs ct de topogra|)hie , aiicieii enii)loye aux bureaux lo{)ograplii- (jnes du cadastre el dti depot de la guerre. Paris, iSaS; Ba- ciieiier. In-/," de ga pages, avec 34 tableaux et ^planches ; . prix i5 f'r. Le dessin de la carte topograplilqiie est une invention fran- caise et modeine, iine licureuse application de la geometrie descriptive. M. Marie indique les sources oi'i 11 a puise , el il acquilte envers quelques auteurs vivans la delfe de la recon- naissance; inais il n'est pas aiissi equitable envers ceux qui ne sont plus : M. Maissiat, qu'il ne nomme point, a ecrit sur le figure du terrain , un tres-petit ouvrage ou I'excellence des preceptes et des modoles ne laisse rien a desirer ; sa memoire devait an inoins ctre rappelee. Les principes de ce nouveau traite sont exacts , et assez clairenient exposes ; on dosirerail; cependantun peu plus de lucidite dans ce quiregarde Tcmploi des ombres. Comnie I'auteur a voulu decrire toutes les opera- tions manuelles du desslnateur, telles que le clioix et la pre- ])aralion des couleurs et du paj)ier, les instrumens et Icur usage , etc. , il ne pouvait eviter d'etre un peu diffus : heu- leusement, cet inconvenient n'est pas fori grave , dans un ou- vrage lei que celui-ci. Les modeles du figure des montagnes sont insuffisans : il ne suffil pas d'y reprcsenler des rochers , si leurs flancs montrent les roclies a dccouvert ; il faut que la nature de ces rochcs y soit reconnaissable , que leur caractere distinclif soil apparent; ce qui indique en meme tems d'autres proprietes du sol. C'est ainsi que certaincs c.irlcs du Jura ex- primcnt tres-bien la forme geiicrale de celte cliaine caloaire , et qu'une parlie des Alpes , representee par des dessinateurs liabiles , fait reconnaitre sur-le-cltamp la nature granitique de ces montagnes. L'art de la topograpliie doit s'emparer de tout ce qu'il ])eul faire avec succes : il ne lui est plus permis de res- ter au-dessous des chefs-d'oeuvre qu'il a produits. M. Marie s'est attache a former des dessinateurs plulot que des topo- graphes, et le litre de son ouvrage I'annonce suffisamnicnt. II a tcnu les ])rouiesses de ce litre ; c'est assez pour que son tj-avail soit digiLC d'approbation. F. 94. — * Gt-ographie dc la France , par L.-B. De Lkspin , officier de I'ljiuversite ; ouvrage approuve par le Conseil royal de I'instruclion publique. Paris, i825; Bossange pcre. J vol. in-8° accompagne de quatrc cartes ; prix 5 fr. SCIENCES PHYSIQUES. aog L'auteur d^crit les liraites des provinces de I'ancienne France sous les differens regnes , celles des deparlemens , le cours des prlncipales rivieres et des canaux, les productions agricoles ou minerales, les curiosites naturelles, I'etendue superficielle , la population , etc. En general, cet ouvrage est fort bien redige et merite I'accueil qu'il a recu des chefs du corps enseignant. On y trouve un tableau synoptique ou sont nommes les liornmes distingues qui ont Lonore leur patrie, et les lieux que des bataillcs ont rendus celebres. M. De Lespin a cru devoir se borner a rapporter les fails anlerieurs a lannee 1788; nous n'approuvons pas qn'il ait laisse ignorer a la jeuuesse les lieux illustres par des cvenemens recens, et nous ne comprenons pas quel danger il pourrait y avoir a rapporter les lieux ou se sont passes les grands evenemens qui , de nos jours, ont eu leur theatre en France. Le congres de Chatillon , les ba- taillcs d'Honskoote , de Valmy, Famars, Montmirail, etc., les sieges de Lille , de Thionville , etc. meritaient bien d'etre mentionnes; et je crois qu'il est pour le moins aussi utile de savoir que les ennemis ont etc battus a Monterean, en i8i4 , que d'apprendre que le due de Bourgogne, Jean-sans -Peur, y a ete assassine, en 1/119. II nous a paru aussi qu'un trop petit nombre de lieux etaient indiques dans cet ouvrage ; il semble que, dans un volume de plus de 5oo pages in-8" , on pouvait s'etendre avec plus de details sur des localities ([ui , pourn'etre pas des chefs - lieux d'arrondissemens , n'en ont pas moins d'iuiportance. Les cartes pourraient aussi elre un sujet de critique ; car il est facile de n'en faire qu'une pour la partie physique, la France en provinces et en departemens, et de reserver les trois autres pour rcpresenter , avec plus de details, les dlfferentes regions de la France. L'ouvrage de M. De Lespin est , d'ailleurs , Ires - remar- quable , a d'autres egards, et ces defauts, qu'il etait de notre devoir de signaler, dispai'aitront sans doute dans une seconde edition. Francoeur. 95. — * Vile de Cuba et la Havane , ou Histoire , topogra- phie , statistiqiie , inocurs , usages , com/fierce et situation po- litique de cette colonic , d'apres un Journal ecrit sur les lieux ; par E.-M. Masse. Paris, i8a5; Lebegue, rue des Noyers , n° 8. Audin , quai des Augustins , n" 20. In-8° de 407 pages ; prix 6 fr. Le livre de M. Masse sera mis , a bon droit , au nombre des livres amnsans;mais il ne repond point asontitre. L'hommc d'etat y chercherait vainement des indications et desdonnees; le geographe, le naturaliste, I'historien, tout lecteur enfin qui T. XXIX. — Janvier \9>7.G. i4 aio LIVRES FRINCALS. chcrche de I'instruclion pcnser;i qu'il fallait un lout autre ouvrage sTir nne lie aussi vaste et aussi importanle que Cuba. En effet , que dironl les naturalisles du cliapitre intitule : HisUnre naturelle. de I'ilc, oil I'anteur donne, en six pages , des details fort inexacts sui- la lopograpliie , et non I'histolre iinturellc, et qui ne contient rien sur les ])lanles et les aniinaux proi)res aiix pays? Toute I'hisloire naturelle conlenue dans ce chapiire se rediiit a quelques notes sur Tor et le fer de I'lle , et il est evident quel'auleur n'cii parie pas d'apres ses obser- vations. C'est aussi sur la foi d'autrui f|u'il altribue une lleue de hauteur aux montagnes de I'interieur; ccs exageralions populaires ne devraient pas trouver place dans un ouvragc imprime en iSiS. L'agriculture et le commerce d'exportation soni Iraites, dans un autre chapiire , aussi lesteuient que I'his- loire naturelle, en six pages. Sur les arsenaux, les forces de terre et de nier, les revenus de I'etat, rien que la statistiqne puisse s'a j^proprier ; point de details sur les ecoles, les colleges, Tuniversiie ; ce n'est que dans I'avant dernier chapiire que Ton troiive rjuelques notices sur les Societes patrioliques de Cuba , ct sur quelques etablisseuiens d'instruction formrs par' des particulicrs. F^es observations de I'autenr sont celles d'un tres-jeurie honime; la disposition des matieres, ainsi fjue le style, denotent aussi un defaut de maturite dans lejugcrnent. Dans son avertissement , IVI. Masse previent le public que son ouvrage est sans preterlion : ce merite sera toujours recherche dans un livre de pur agrement ; mais , lorsqu'il s'agit d'ins- truction, on est moins dispose a {'indulgence envers I'auteur modeste qui aurait le lort de ne rien apprendrea son lecleur. Malgre la severite de notre critique , nous nous plaisons a reconnaitre que I'ouvrage de M. Masse offre une lecture agrea- ble, et cpii n'est pas meme sans utiliie. On y reconnait partout un jugcment droit et une anie pure, etsouveuton estentraine ])ar la forte expression des tableaux et I'eclat du coloris. En disant ce que Ton regrette de ne pas y trouver, nous acconi- jdissions un devoir pcnible : nous eprouvons un vif plaisir a pai ler de ce que Ion y trouve. I* • 96. — * Arinuaire pour Van 1826, presente an Roi par le Bureau des Longitudes. Paris. iSaS ; Bachelier. i vol. in-12, de i83 pages :prix 1 fr. Get Annunire se distingue des auires onvrages du meme genre, en ce qu'il renferme la fable des plus grandes raarees pour I'annee 1826, le calcul de I'heure de la pleine mer; les fables de la mortalite et de la population en France ( Vov-, ci- apres , Nom'elles de France); le tableau des consoiniuatinns SCIENCES PHYSIQUES. an dans la ville de Paris , en 1824; la table dcs longitudes et des laliuides des principales villes du roonde et de leurs plus cour- tes distances de Paris; les hauteurs des principales villes du globe oil I'on yoit que les points les plus eleves au-dessus du niveau de la mer sont : pour I'Amerique, le Chimboraco ( Pe- rou ) , 653o met. ; pourl'AsiE, le i^^ pic de V Himalaya (Tibet) 7821 ; pour I'Afuique, le pic de Teneriffe , 3710 met., etpour I'EuROPE , le Montblanc, 4775 metres , etc. On y trouve aussi deux extraits de I'exposillon du systeme du monde : I'un , sur les nouvelles mesures; I'antre , sur la longitude et la latitude lerrestres , dans lequel M. de La Place emet le \oeu suivant , qui sera partage par tous les hoinmes instruils : « II est a desirer que lous les peuples de FEurope, au lieu de rapporler au me- ridien de leur premier obscrvaloire les longitudes geogra- pliiques , s'accordcnt a les compter d'un nieme meridien donne par la nature elle-nieme, pour le retrouver surement dans tousles terns. Cet accord introduirait, dans leur geographic , la meme uniformito que presentent deja leur calendrier et leur arilhinetique, unifoniiite qui, etendue aox nombreux objets de leurs relations muluelles, formerait de ces peuples divers , une immense famille. ■) M. de La Place propose le pic de Te- neriffe on le Montblanc comme points fixes par le.squels passe- rait le iiicTidien coinmun. On trouverait difficilement un autre ouvrage qui, coranie celui-ci, renfermat sous un aussi petit volume un aussi grand nombre de faits et d'observations utiles. 97. — Annuaire geographique , statistique et commercial, pour I'an 1826, par A.-M. Perrot , membre de la Societe geographique ( Premiere annee ). Paris, 1826 ; Baudouin. i vol. de i8o pages in - i8; prix i fr. Le titre de cet Annuaire semble promettre une immensili' de faits sur la statistique, la geographic et le commerce de la France , et Ton regrette de n'y trouver que ([uelques tableaux generaux de population , de superficie , de contributions et de revenus des deparlemens, avec unestatistirjue separee faite sur le meme plan ])our la vilie de Paris. L'auteur aurait pu enri- chir son ouvrage d'un grand nombre d'observations precieu- ses qu'il lui etait facile de se procurer depuis que I'admi- nistration, senlant toute I'importance des tableaux de statis- tique et de commerce, s'est fait un devoir dc les dresser avec soin et de les publier, dansl'intexet general de I'indiistiie. Mais, lei qu'il est, ce petit livre renferme plus de details instructifs que tous les autrcs annuaires, a I'exeeption touiefois de celui ai2 LIVRES FRANC AIS. du Bureau des Longitudes , qui sera toujours un modele en cd genre ( Voy. cl-dessus ). I,e tableau du revenii presume des departemens presente , pour la Seine, 49,921/166 fr. ; pour le JVord, '^'],[^'iI , 192; pour le Calvados, 33, 543, 307 ; pour la Ginmde, 32, 111,111 ; parmi les dcparteraens inoiiis riches , celui dcs Landes est porte a 4>842,767 ; les Basses - Alpes a 3, 498,205, et les Hautes Alpes a 2,963,491. Ad. G. 98. — * Album niilitaire, on Precis dcs dispositions prin- clpales actuellcinent en vigueur sur la plus grande partie des branches de I'elat militalre, suivi de tarifs, devis,etc. , j)our tons' les traiteinens railitaires , par //. B. S. I, M... Grenoble, 1826, Baratier freres; Paris, Anselin et Pochard, et au cabi- net de librairie, rue de Rohan , n" 10. In-12 de viii et 176 p. avee tableaux; prix , 4 fr. 5o c. broche , 5 fr. 10 c. par la poste. De toutes les branches de la legislation francaise, il en est peu d'aussi etendues que celle qui a rapport a IVtat militaire : les materiaux en sont dissemincs dans un recueil immense ( le Journal militaire) qui n'a pas moins de 80 forts volumes ; en- core n'en contient-il pas la totalile. Qui pourrait croire, apres cela , qu'on eut essaye , dans un volume de moins de 2®o pa- ges, de suppk-er, pour le plus grand nombre do cas, a cette collection prodigieuse? Tel est cependant lebut que s'esl pro- pose I'auteur de I' Album, et qn'au moyen des abreviations qu'il a cnij)loyePS, il nous parait avoir atteint d'une maniere tres-satisfaisante , principaleinent pour les officiers de toute arine et de tout grade en aelivile de service. Get ouvrage leur sera vraiment d'une grande utilite, puisqu'ils y trouve- ront , dans un'e scrie de 20 chapitres , toutes lei dis[)osilions qu'il leur est uecessaire de connaitre, sur le recrutemenf , les conges, I'avancement, les tribunaux, les recompenses militai- resde toute nature, les honneurs, les traiteraens de tout genre et i'administration des corps, dont le chapitre nous a paru complet. J. 99. — Almanach des 25, 000 adresses des princijjaux habitans de Paris , pour I'annce 1826 ( i2e annee ), contcnant les noms et demeures de tout ce f)ue Paris renferinede peisonnes dislinguees par leur rang ou par leurs fonctions, ainsitjuedes renseignemens sur les objets d' utilite , d' instruction , de citrio- site ou de plaisir qu'il ])resente; suivi (.Vuxxe liste double de MM. les metnbrcs de la Chambre des deputes , iudiquant les nominations par dopartemens, et les noms des deputes classes par ordre alpliabelique. Douzieme edition , renfermant plus SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 2i3 de 4,000 nouvelles adresses , les designations d'electeurs et d'eligiOles , et celle des ouvrages des homines de lettres , sa- vans, peintres et compositeurs qui habilent la capitale. On y a joint Vindication des -voitures puhliqiies qui font le service aux environs de Paris, a vingt lieues a la ronde. Ouvrage utile aux habitans et aux etrangers; par M. Henri Dulac. Paris, Janvier 1826; C.-L.-F. Panckoucke, Ilbraire editeur, rue des Poitcvins, n° 14, cliez lequel doit etre adressee touie espece de note relative a cet Almanach. i fort vol. in-12 de plus de 600 pages; ]>rix , pour les souscripteurs, 5 fr. 5o c., et pour les non-souscripteurs , 7 fr. Le litre detaille de cet ouvrage nous dispense d'insisler sur son ulilite , suffisammcnt constatee d'ailleurs par douze annees d'existence. II contient, p. 592 a 602, une listc des change - mens survenus pendant I' impression , et qu'il ne faut pas oublier de consulter, apres avoir cherche I'article dont on a besoin dans le corps du dictioniiaire meme, si Ton ne veut pas s'ex- poser a des erreurs. Sciences reltgieuses , morales, politiques el historiques. 100. — * Encyclopedic modenie , publlee par M. Courtin, et par une Societede gens de lettres. T. VII. (Commencant par le mot chlore, finissantpar le inot cornices). Paris, luaS; an Bureau de Y Encyclopedic , rue Neuve-St-Roch. i vol. in- 8° d'envi- ron 600 pages; prix, gfr.le vol. pour les nouveaux souscripteurs. Celle Encyclopedie , justenient appelee moderne , remplit parfaitement son litre. Nous devons signaler, dans le volume que nous annoncons , pour les sciences chimiques , les articles de MM. OiTiIa et Duvergier ; pour les arts industriels , ceux deMM. Le Normandet Du Mallei; pour les sciences naturelles, ceux de M. Bory de Saint-Viiicenl ; pour les mathematiques , ceux de M. Fianciieur; ])our I'astronomie, ceux de M. Nicollet, et pour la marine , ceux de M. Parisot. Les articles Christianisme, par M. Benjamin Constant, et Clerge, par M. Lanjuinnis, ont parliculierement fixe notre attention. A cole d'eux , on aime a trouver desarlicles trcs-rcmarqu.ibles conceinantia politique, la legislation , i'arl militaire, I'liisloire , les antiquites, la ])1h1o- sopliie, la litterature, et les beaux arts, par MM. Arnault, Azais , Berber, Berton , De la Borde, du Mersan , Fririon , Ke- ratry. Pages, Etienne, Jouy , et Lamarquc , I'un de nos plus habiles gencraux.Nous ne pouvons nous empecher de nommer encore le digne successeur de I'abbe DeiiUe , si malheureuse- ment destitue (M. Tis^ot) : ses deux articles Choeur dramatique etClassique seronl recberches par les bommes de lettres. Eufln, 21/, LIVRES FRANC AIS. nous devons induiuer I'article Coinedie , i>nv M. Picard , dont liiiit de comedies chariniintes ont rendu le xibm celebre dans DOS faslcs liftt'raiie.s. L'article Coiornbce renferme une foule de fiiits at de details ignores sur cette republiciue ; il n'est pas trop longenlui-meine, quoiqu'il contienne la valeurd'un bon in- 12; mais il est dans la collection d'une etendiie trop dispropor- tionnee. N'oublions pas non plus MM. Solon qui onl fourni jilusieurs bons articles Ae physiolo^ie aniinale. Z, loi. — * Problcnif de I'espril humain , ou Origine, deve- loppement et cerlilude de nos connaissances, faisant suite et complement au livre : Du ra/jj?orl de la nature a VJininine et de C homme h la nature, par le baron Massias. ancien cliarge d'affaires de France pres la cour de Bade, resident, consul- general a Dantzig ; avec cette epigraphe : Natn lua res agitur (Horace) — ici , il s'agit de vos affaires. Paris , iSaS ; Firmin Didot. I vol. in-S" de lx et 4o4 pages ; prix 7 fr. On public maintenant des resumes parlicnliers de chaque science et de chaque art: voici le resume de toutes les sciences et de tous les arts, le veritable manuel philosophique, conte- nant la substance do tousles syslemes de pliilosoijhie qui ont exerce I'esprit huiuain. C'est I'ouvrage d'un savant modesJe, d'nn penseur, d'un homme religieiix , d'un sage, (jui ecrit avec clarte, brievete , elegance et profondeur. C'est un trnite analytique de Dieu , de I'hosume et de I'univers, un des livres les plus iniporlans qui aient paru depuis plusieurs annees. II nous fournira le sujet d'une analyse , apres que nous aurons pu le mediter convenablement et nous penetrer des vues de j'auteur. Nous devons signaler des anjourd'hui le beau juge- uient, si blen motive, qu'il porte sur Descartes et sur Newton , ot les digressions piquantes dans lesquelles il combat avec force et talent quehpjes points des doctrines de Condorcet , de Volney, denotre illustre savant M. de Laplace, etde M. Aza'is. Get ouvrage est precede d'une Epitre dedicatoire , adressee a M. le cointeLanjuinais, pair de PVance, et d'un discours preUini- naire (jui expose leplanet les vuesgenerales de Tauieur. M.A.J. 102. — * Maximes de La Rochefoucault , avec leurs paro- nymes ; par M. le baron Massias. Paris i8a5; Firmin Didot. I vol. in - 18 de 1 13 pages ; prix 2 fr. Laissons parler le nouvel auteur , pour faire comi)rendre le but de son travail. « Pretendre, dit-il, refaire La Rochefoucault, serait orgneil ridicule, tenierite reprehensible ; mais il ne pent etre dcfendu de preferer pour peindre I'homnie un profil dif- ferent de celui qu'il a choisi. — 2. Le bien et le mal , le vice et la vertu , tout elant lie dans I't^nivcTS , chaqne pensee, cliaque SCIENCES MORALES. 21 5 maxime doit avoir des rapports opposes, parini les(|uels La- Roclief'oiicault s'est plu a clioisir ceiix (\ui sont Ic moiiis liono- rables a la nature humaine; il a jtige lous les hommes d'apres des courtisaiis frivoles, vaiiis et corronipiis, qu'ii comiaissait a fond. — 3. II a toujours \u i'homnie en laid ; le voir loujours en beau serait un autre exces. La justice veut cju'on le montre lei (ju'il est dans la nature et dans la verite , avec ses (|ualiles et ses defauts. — 4. En faisant le bien ou le nial , on ne suit que ses gouts , son bon plaisir ; il n'y a done pas jjIus de inerite a faire le bien f|ue le mal : c'est la ])ensee dominante , I'argumen- tatlon cachce , la plaie gangreneuse du livre de La Rochefou- cault. — 5. S'il avail distingue I'aniour de soi-rneuie de I'aniour propre , amour deregle , il n'aurail pu faire son livre, ou il I'eut fait lout aulreinent. — 6. II n'y a (|ue deux sortes de phiioso- phie , celle de i'amour propre et celle de I'amour de soi-meine; ces deux amours etant irreconciliables , il faut opter. » C'est dans cet ordre d'idees que M. Massias a ecrit ses paro- nytnes , ou lantot il combat directement , tanfot il eclaircil , modifie ou developpe les texles de I'auteur des Maximes. Nous en citerons deuxseuls exemples : Maximes de La Rochefoueault: Qiielque decouverte qu'on ait faile dans le pays de I'amour propre , il y reste encore bien des terres inconnues. — Maxime paronyine : Bien que notre exislence tier.ne a I'infini , aboulisse a tous les points de I'univers , quelques regions qu'on en par- coure , on Irouve dans tous les coins en senlinelle I'amour de sol, charge par la sagesse supreme de veiller aux moindres interets de chaque individu. Maxime de La R : Notre amour propre soulfre plus impatiemment la condamnalion de nos gouts que de nos opinions. Paronyme : On meurt plus souvent pour ses opinions que pour ses gouts. II y a lieu de croire qu'un recueil aussi varii*, aussi intei'essant des deux parts, trouverabeaucoup de lecteuis , surtout parmi ceux qui ont cullive la science du coenr humain, Cjui aiment les grandes et profoiides pensees morales, ct cjui savenl les apprecier. On retrouve pailout , dans les paronymes , I'auteur celebre du Rapport de I' homme a la nature, du Prohleme de I'esprit humain , e{c. Lanjuinais, de rinstitiit. io3. — * Pensees d'un esprit droit ct senlimens d'un coeur vertueux ; par/.y. Rousseau. Ouvrage inedit , imprimc siir le manuscrit autographe de I'auteur; opuscule de Rousseau, in- titule : Mte«7-,f , caractere. Paris, 1826; Eournier - Favreux. I vol. in-S" de gS pages; prix 2 fr. So c. Ladecouverte d'un manuscrit quel. -J. R.ousseau avait perdu parmi d'autres papiers laisscscliez le marechal de Luxembourg, 2i6 LIVRES FRANCAIS. lors de sa fulte pr^cipitee en Suisse , et que M. Villenave viei:t de retrouver et public aujoiird'hui , est nn veritable eve- nement qui intcrcsse tons les amis des lettres. La premiere question a resoudre est celle de son autlienticilc : M. Villenave, dans un avertissement place en tile du yolunic, r(5pond que le manuscritautographe est depose cliez ie libiaire-editeur. D'ail- leurs , la lecture de I'ouvrage suffit pour en faire connaiire I'auteur, Nous citerons seulement les phrases suivantes : « Je ne me fierai plus ni a I'air , ni aux paroles des hommes ; j'y ai ete trop indignement trompc. J'apprendrai , par une longue experience , et ]>ar rcsamen Ie plus reflechi, a quije puis su- rement donner toute mon amitle et tonte ma confiance ; et quand j'aurai decouvert ce precienx tresor , je comuienccrni a clre veritablement heureux. » Tels sont en effet , les sentiraens dont I'expression se retrouve tant de fois dans les ecrits du philosophe de Geneve. M. Villenave joint k cette publication celle d'un autre opuscule de J. -J. Rousseau. C'est un recueil de notes ecrites a diverses epoques sur un brouillon, sous ce titre : Moeurs , ca- racteres. Comme ces notes sont pour la plupart entrees avec des variantes dans le texte des Confessions , on a reproduitce texte en regard. II est curleux d'exaniiner comment I'un de nos ecrivains les plus G\o(\aen^ vingt fois sur le metier vemei- tail son ouvrage ; et , sous ce rapport, la comparaison de cette premiere ebauclie d'un homme de genie avec ses dernieres ela- borations, presente au lecteur un sujct d'etudetout- a - fait digne d'interet. P*. 104. — * Lettres philosophiques a Madame * * * sur divers sujets de morale et de litterature , par Charles Pougkns. Paris, 1826; Louis, rue Haute-Fculfle, n° 10. In-12 de vi et 352 p.; prix 3 fr. , et 3 fr. 5o c. par la poste. Nous avons eu souvent I'occasion d'entretenlr nos lecteurs des ouvrages de M. Pougens. Get estimable et savant litterateur, soit ({u'il s'occupe dans ses doctes travaux de fixer I'origine des mots de notre langue (i), soit qu'il cherche a retabllr dans leurs droits les mots qui faisaient les dellces de nos peres (2) , soit que, dans des contes cliarmans (3), il donne , sous les formes les plus seduisantes , les lecons de la sagesse , raerite toujours , en effet, une egile attention. (i) Tresor des origines , ouvrage immenSL' encore raanuscrit, devanS former 6 vol. in-folio. (a) Archiologie Jrancaise. V. Rev. Enc. , t. xxv , p. 396. (3) Contes du vieil ermite de la valUe de Fauxbi{iii. SCIENCES MORALES. 217 Aujourd'hui , dans Aes lettres philosophiques , I'elegant au- teur A' Abel et de Joclo a rassemble quelques souvenirs sur les philosophes du dix-huitieme siecle qu'il a particulierement connus. Voltaire , J. - J. Rousseau , d'Alembert , Pechmeja , Franklin , y paraissent tour-a-tour et se peignent an naturel dans des anecdotes quelquefois tristes, presque toujours gaies, et sou-vent terminees par des mots piqiians ou par des idees ingenieuses. La plupart inedites , ces anecdotes deviendront d'autant plus precieuses, que le souvenir des hommes qu'elles rappellent s'eloignera davantage. Onainiera toujours a voir le }>hilosophe americain dans sa joyeuse bonhomie traiter et de- cider les affaires les plus iuiportuntes avec des fables et des contes ; I'aini de Voltaire, I'encyclopediste d'Alembert, faire triompher la raison en riant, tandis que I'auteur A'Emile, plus sensible queplaisant, fait encore gemir sur cemalheureux amour-propre qui lui fit croire qu'il etait persecute de tout le raonde. Au reste , si les narrations de M. Pougens sont en general gaies et plaisantes , il n'en est pas de meme des reflexions qu'il fait naitre. Sa lettre sur Galilee nous indigne contre ses juges ; sa lettre sur les Longei'itcs , malgre la legcrete apparente du style , laisse des idc.es tristes et douloureuses : c'est que de longs malheurs , une infirmlt<5 deplorable , el plus que cela peut-etre, I'espcrience de I'ingralitude des liommes, ont influe sur le caractere de i'auteur. Ne pourrait-on pus y ajouter aussi la peine qu'il doit ressentir de ce que Timmense ouvrage qui lui a coute un deiui- siecle de travaux , son Tresor des origines na pas encore atiire I'attention du gouvernement ou des \illes qui pourraient subvenir aux frais derimpressiori ? A ce sujet, nous devancerons volonliers I'avenir : il r.'cst j^as douteux qu'un jour on ne reiide pleine et cnliere justice aux travaux de M. Pougens. On sentira le besoin de comparer les langues ; on laissera lous les ouvrages incoiri]ilets pour recourir au sien , et Ton concevra quelle imagination toujours iiouvelle, quelle philosophic douce et aimable il a fallu joindre a une immense erudition , pour creer , dans les inlervalles pe ce grand travail , et comme de simples delassemens , ]es Lettres d'u?i charlreux , les Quatre ages , les Lettres de Sosthene a Sophie et X Archeologie fran- caisc. B. J. io5. — * La science du Borthomme Richard , par Benjamin Franklin, avec un calendrier, pa>ir 1826. Paris, 1826; Re- nouard. Brochure in -18 de 36 pages; prix aS c. , et 20 fr. les 100 exempiaires. 106. — * Coitseils pour /aire fortune, par Benjamin Fran- 21 a LIVRES FRANCAIS. KLIN, precedes d'uri calendrier pour 1826, et A' \x\\q Notice sur Franklin; suivis de I'ordonnarK-e de Louis xviii sur la caisse d'epargnes ct de prcvoyance. Paris, 1826; Renouard. Brochure ill- 18 de 36 pages; prix 25 c. , et 20 fr. les 100 exemplaires. 107. — * Almanach de M. de Montjon , pour I'annce 1826, contenant le recit des prix de vertu dt'cernes par lAcadeinie francaise, depuis i82ojus(|u'a iSaS. Paris, 1826 ; Renouard. Br. in-i8 de 84 pages; prix 5o c, et 4a fr. les 100 ex. Le prix modique de ces alinanachs j>erineltra de les repandre avec profusion pariiii le peuple de la cainpagne et des villes. Au lieu de lire les predictions de Mat/iieu Lcensbcrg , ou les faceties dii Messagcr boileux , nos paysans , il faut I'esperer, adopieront pour manueU la Science du bonhoniine Richard et les Conseils pour faire fortune. Peut-etre , les inaximes i)rover- biales de Franklin , devenues an jour populaires parini nous , contribueront a delruire quelques prejugts, a dissiper quel- ques ervenvsJJ Jlinanach de 31. de Monlyon peutaussiexercer uiie salutaire influence : en proclaraant les recompenses accor- dees aux actions vertueuses , il apprend a respecter !a vertu; en niontrant au peuple que des bomiTies sortis de ses rangs peuvent merlter et obtenir i'estune publique , il lui inspire le sentiment de sa dignite. A. J. io8. — Imtitutions et lois necessaires a la France , par Jean Prosper Chrestien de Poly, conseiller a la cour royaie de Paris. Tom. P^ Paris , iSaS ; imprimerie de Trouve. i vol. in-8°; prix des deux vobimes qui composeront Touvrage, 12 fr. Sans dome , rien n'est plus respectable ni plus digne de confiance qu'un luagistrat ecrivant sur les institutions politi- ques et judiciaires de son pays. La position sociale d'un tel auteur le place au-dessus des considerations qui aninient-sou- vent ceux qui prennent la plume pour critique.r ou pour louer I'organisation de I'etat , et Ton doit etre fonde a croire que le magistral est plus qu'aucun autre verse dans la connaissance d'une legislation dont il est appele a faire des applications frequentes. A tomblen de grands magistrals ces reflexions ne peuvent - elles pas se rapporter? et , sans sorlir du cercle qui nous environne, M. Henrion de Pansey n'a-l-il pas souvent juslifle cette opinion favorable , que nous dicle noire respect pour ceux qui rendenl la justice a leurs conciloyens? C'est done avec la pensee (jue nous puiserions beaucoup d'iustructioii dans I'ouvrage de M. Clireslien de Poly, que Dous en avons commence la lecture. 11 est vrai qu'un livre du nieine auleur sur la puissance paternelle inelait (juelque crainte au desir oii nous etions de pouvoir louer son nou\el ouvrage. SCIENCES MORALES. aiy Rieri , en effet , ne nous avait paru pins bizarre qu'un grave magistral, qnittant les rt'flexions que lui suscitgit I'etatactuel fie nos lois sur la j)uissance paternelle , pour decrire des tri- bunaux de peres de famille, iniiiquer les diverses juridictions dont ils se coinposeraient , et suspendre a la boutonniere de ces juges d'une nouvelle espece iin ruhan jaune , signe carac- tcristique de leur qualite de menibres du tribunal des peres de famille. Ces puerllites , nous I'avo-uons , sont revenues a notre esprit , lorsque nous avons. lu les Institutions et les lois neces- saires a la France. Dans ce nouvel ouvrage I'auteur traitc de questions qui sont loin d'etre neuves. II se pronor.ce pour le retablissement du droit de primogeniture et des majorats , et il termine son premier volume , le seul qui ait encore paru , par I'expose de ses idees sur I'organisation municipale. 11 est vrai que la ma- niere dont M. Chrestien de Poly a traite ccs diverses theories de gouvernement ct de legislation , est bien a lui, et nous ne connaissons personne c]ui soil tentede lui en revendiquer I'in- ventlon. Nous citerons, pour exenijile de cette originalite des vues de iioti e auteiir , I'organisation qu'il propose pour les majorats. II les partage en six classes; il etablit des archives generales et parliculieres de la noblesse et des majorats, ainsi qu'une commission superieure et une commission administra- tive du sceau des litres , et pourvoit anx honneurs el preroga- tives des tenanciers de premiere et de deuxierne classe , ou nobles pourvus d'un majorat. Ccs honneurs et prerogatives consisteront a oire de droit notables de la commune rurale oil sera sitae le chef-lieu de leur majorat , a jouir du jjort- d'armes sans retribution , et a entrer dans une compagnie de chevau-legers , garde d'honneur et de haute police etablie dans thaque de|)artement. Ici (p. aSg) , M. Chrestien de Poly, fidele au systeme qu'il a suivi dans sou ouvrage sur la puissance paternelle , prend le soin minutieux de decrire runit'orme de ces chevau-legers. L'organisation municipale de noire auteur consiste aussi dans des classifications aristocraliques qu'il est deploraljle de vouloir rctablir. Le pcuple , la masse , les com- munes enfin n'ont aucun privilege dans I'litopie de M. de Poly, et son systeme muDicipal est tout ^ I'avantage de la caste no- biliaire. En nous resumant , nous temoignerons notre douleur de voir un magistjat d'une cour superieure parler avec uiejiris des lois qui nous regissent. Loin de nous i'idee de suspeclei' ses intentions ; niais I'execution nous parait on ne peut plus blamable. Les articles de lois qu'il projjose sont diffus el 220 LIVRES FRANCAIS. souvcnt enigmatiques, et leur forme est aussi bizarre que les idcfM«/3//«a«Ve; § 3 , du pouvoir disciplinaire dans I'arraee de terre ; § 6, dans la garde nalionalc; § 7, dans I'armee navalc; § 8, dans les colonies; § 9, dans les corps de raagislralure. Les notes de I'auleur sur les lois el les ordonnances, continuent a etre abon- dantes; elles sont instructives pour les magistrals, les juris- consultes et les administrateurs. — Le tome second renferme , pour les deux volumes, nne table des matieres commode et fort bien rcdigce. Lanjuinais, de I'lnslitut. III. — * Diclionnaire universel de Droit francais ; par J.-B.-J. Pailliet, avocat a la Cour royale d'Oileans. Paris, 1825 ; Tournaclion-Molin. 10 vol. in-8°. Tome P'', lxxxvii et 540 pages d'imprcssiori ; prix 10 fr. M. Pailliet est deja bien connu par d'utiles el nombreux ou- vrages. Ses Codes annotes presentent I'application de la loi rapprochee de son texte. Hi sont devenus classiques pour lous ceux qui eludient le droit. Aujourd'hui , ce laborleus juriscon- SCIENCES MORALES. 221 suite entreprend un immense travail. «C'est, comrae il le dit lui-meme, I'inventaire general, par ordre alphabetiqiie, de la partie positive et de la partie doclrinale de la science des lois, reunies et ]iroduites dans leurs divisions les plus etendues et les plus multipliees. Ce sont les Pandectes nationales, presen- tees sous la distribution la ])lus pro])re a donner sur-le-cliamp des notions exnctes, completes, precises, sur tous les points du droit. » Le premier volume de ce Dictionnaire iiniversel du droit francais , que nous avons sous les yeux, nous fait Lien augurer de I'ensemble de I'ouvrage. L'auteur a suivi un autre plan que MM. Merlin et Favard de Langlade, quoiqu'au pre- mier abord on pnisse croire qu'il y aura entre ces divers dic- tionnaires ou repertoires de nombreux rapports. M. Paillict annonce, dans son introduction, (pi'il a entre les mains des travaux inedits de Camus, Bayard, Maultrot, etc., et qu'il sc propose d'en enricliir son nouvcl ouvrage. On ne saurait trop I'encourager dans cette resolution; car ces jurisconsultes, au- teurs de la nouvelle Collection de jurisprudence ^ qui n'a pas ete achevee a cause de la revolution, sont justement celcbres par leur vaste science et par la solidite de leur doctrine. Nous engageons M. Pallliet a s'adjoindre des collaborateurs instruits, et nous soinmes assures que son Dictionnaire n'obtiendra pas motns de succes que ses precedens ouvrages. A. T. 112. — • * Code de Droit public francais , ou Maximes le- gale s , etc.; par G. Bourbon-Leblanc, avocat. Paris, iSaS; Waree. In- 18 de 3 60 pages; prlx 5 f. Ce livre est divise en deux parties : le droit ancien et le droit nouveau; voici quelques maximes tirees du droit en vigueur : «L'Eglise a recu de J.-C. iine autorite qui ne s'etend que sur les consciences , qui n'a point de tribunal exterieur. Les traites ne deviennent definilifs que par I'assentiment des Chambres, lorsqu'ils concernent les droits corporels , ou incorporels, on moraux des Francais. Le conseil d'Etat, comme tribunal, est; illegal, etant supprime par la loi, et compose de personnages amovihles. La loiSalitjue, intitulee /.lac^e, prouve f|ue le gou- vernement des Francs fut representalif des sa premiere ori- gine. Le respect rellgieux pour les lois, la fidelite dans le maintien des stipulations jurees, sont conservateurs de la legilimite. » L. 1 13. — * Cours de Procedure cii'ile et de Droit criminel fait a la Faculte de droit de Paris; par M. Berriat Saint-Prix. Cinquieme edition, Paris, 1825 ; Neve. 3 vol in-8°; ])rix 18 fr. Les nombreuses editions du Cours de Procedure civile et cri- mineliedeM. Berriat Saint-Prix en atlestentle meriie. Eneffet, iii LIVRES FRANCA.IS. cet ouvrage n'est point rechcrclie seulernent par les eleves de I'Ecolc de droit de Paris; les honimes les plus verses dans la con- naissance des lois eprouvent souveiit le besoin dc coiisulter ce traile snr Tunc des parlies les plus epineuses de la jurispru- dence. Nous ])ourrions saisir cettc occasion de nous eriger en critique contre les noinbreux defauts qui cntachent, selon nous, la procedure francaise; luais nous ainions mieux dire que le savant professeur a qui Ton doit cet ouvrage a rendu un veritable service en eclairant le dedale ou Ton s'egare trop- souvent lorsqu'on veut etudier abstraitement celte partie du droit. 31. Berriat Saint-Prix, en adoptant une inethode plus j)hiloso])hiq!ie que MM. Pigeau et Carre, partage avec c^s ecrivains distingues I'honneur de se voii- cite dans les tri- bunaux , et invoque comjne une autorite dont les opinions, peuvent influer sur I'issue des debais qui leur sont soumis. A. T. Ti/j. — *Des hienfnitx de la prfssc , ou Apercu historique, po- litique et philosophique sur I'influence de I'imprimerie, relati- vomenl aux sciences, aux arts,au commerce, aux institutions et au perfectionnenient des liomines, depuissa decouverte jus- qu'a nos jours; par M. /. Lacoste {cle Pierre Buffiere). Paris, iSaS; Urbain Canel. i vol.in-8°de i23 jiages ; prit 2fr. 5o c. L'imprimerie, ce principal instrument tie la civilisation mo- derne, en rapprochant les peuples et les generations, a etabli nnlien comraunentreles homnies de tous les teins et de tous les pays. Cet agent social, inconnu aux })enplcs de I'anliquite, a introduit une foule de rapports nouveaux, depuis le xv siecle. L'aiiteur, en reunissant sur cet important sujet une foule d'a[)er- cus qui manquent souvent d'ordre et de deveioppement,semble nous off rir , dans une brillante accumulation, le resultat de toutes ses lectures. II ne donne pas assez de details sur la partie historique des progres de I'iinprimeiie. Celle qui nous ferait connaitre les modifioations successivcs qu'a ilu amener dans I'ordre social son aciion (trogressive, laisse aussi beaucoup a ilesi- r€r. Les" yle tropambltieux annoiicede limagination etle senti- ment de rliarnioiiie; niais des formes de langage, quelque ele- gant esetquelquercclierclieeS(|uVllpssoient,nesur(isent pas[)Our faire uu bon ouvrage ; il faut, de plus, dans noire siecle, des fails bien enchaines ou des idees neuves qui pnis^ent servirde materiaux a la jiensee du lecteur. Tel (pi'il est, I'l'critque nous annoncons conlienl le germe d'un livre utile, et sera lu avec interet parlous ceux qui apprecient i'importance de la presse ponr la propagation des luraieres, et I'infltience des lumieies de plus en jiliis egalement r*^pandues sur le perfcctioniicment mo- SCIENCES MORALES. 223 ral de i'lionimeet sur I'amelioralion de la condilion humaine. Jd. G. II 5. — * Collection des Chrouiquex nationales francaises , pcrites en languc vulgaire , du xiii*^ au xvi* siecle , avec notes et eclaircissetncns ; par J.- J. RtTcnoiv. Paiis, i825; Verdiere. v^, vi^ et vii^ livraisons. Prix 6 fr. le volume. Depuis que nous avons rendu compte a nos lectenrs dc la publication des premieres livraisons de celte importante col- lection (Voy. i?fi'. Enc. , t. XXV, p. i8i), le savant qui I'a en- freprise a mieux etudie la cirriere qu'il voulait parcourir, et I'a jallonnee en quelqiie sorte tout entiere. Le plan qu'il so propose de suivre nous jiarait infiniment superieur a celiii qu'il avail annonce en couimencani ; il ne s'agit plus de la reimpression de trois volumineux ouvrages , dont I'un tout au moins ne meritait pas cet honnenr, niais de la collection des materiaux les plus importaus de I'liisloire francaise, jien- dantles siii<^, xiv"^ et xv* siecles; a rej)0(jue ou la France com- mencait a parler la langue (|ue nous parlous encore et adop- tail les nioeurs, les opinions, la legislation de r<''poqiie quo nous avons vu terminer de nos jours. Le tine meme de celie collection ne repond phis completement a son conlenu : ce ne sont plus seulement des Chroniques ; cav M. Buchon nons annonce deux codes de lois, les Etahlissemens de saint Louis et les Assises de Jerusalem. Ce ne s ml plus des ouvrages en langue vulgaire ; car il nous donne la Chronique de Moree , ecrite en grec; il nous 7)romet les Annates et la Chronique de Guill. de JYangis , ecrites en latin; la Chronique de Muntaner, ecrite en Catalan; mais, certes, nous aurions mauvaise griice a le chicaner sur ce qu'il nous donne beaucoup plus , et tie beau- coup meilleures clioses que ce qu'il nous avail promis, tandis qu'il se limlte loiijours au meme nombre de soixante volumes, qu'il avail annonce d'avance aux souscripleurs. La Collection de M. Buchon commence oii Unit ceile de M. Guizot (i), et finit oil commence cclle de M. Petitol (2). Chacun des trois siecles auxquels elle esl destinee forme une serie. Le :xiii<', qui est le plus pauvre en monnmens, doit etre coraj)ris en quinze volumes ; el encore pres de la moitie de ces volumes seront consacres a une France exterienre, aux (i) Collection des Memoires reladfs a I'histoire de France, depuis la fontlation de la nioiiarchie francaise jasqu'au xiii'^ siecle; pnblies par M. Guizot. Paris , chez J.-L.-J. Briere. (2) Collection des Memnires relalifs a thistoire de France, depiiis !o rj-gne de Philippe-AiJguste ; piiLlies par M. Petitot. Paris, chez Foncaull. 2a4 LIVRES FRANCAIS. conquetes et aux etablissemens des Francais dans la Grece et Ics Deux-Siciles. Nous avons doja un volume de cctte serie, la Chronique de Morce, eciite en grec bar bare , mais avec una partialito si ouverte pour les Francais, que Ton serait tente de la regarder comme la traduction de I'ouvragc du cJiapelain de quelqu'un des conquerans francais de la Morce. Nous nous proposons de revenir sur cet ouvrage, I'un des plus amusans et des plus instructifs que Ton ait ecrits dans le inoyen age. La serie du xivc sieclc formcra vingt volumes, dont Frois- sart remplira les trois quarts. Nous en avons deja ofize vo- lumes, finissant a I'an i388. Ce n'est point par une courte inspection ; ce n'est pas nieine ])ar une simjjle lecture que Ton peut jugercombien cette edition de Froissart est superieure a toutes celles qu'on avait pr^cedemment ; il faut faire de Froissart la base d'un travail historique pour apprecier tout ce que le lexte a gagne en elendue et en correction, pour sentir snrtout le meiite des Notes, qui, presque a cJiaque page, etablissent la date des fails, rectifient les noms , font connaitre la famille des ])ersonnages on la situation des lieux , rappellent les meilleurs ccrivains contemporains qui ont parle des mcmes evcneinens, font apprecier les differences de leurs reclts, et rcsuinenl enfin les raisonsqne Ton a pour croire les uns plutotcjue les autres. Ceux-la seuls qui font del'etude dumoyen Age I'objet constant de leurs occupations, pourront estimer digneinent le travail de MM. Dacier et Buchon sur Froissart, et dire combien il leur a cpargne de terns, conibien 11 leur a sauve d'errenrs. La serie du xv^ siecle formera v//if^t-ci/iq volumes, dont Monstrelet remplira probablenienl les deux tiers. Nous avons deja un volume de cette serie, contenant la Chronique de J .de Lalain , jiai- G. Chastf.llaiiv. Nous en renverrons I'examen a une autre epo({ue; nous observerons sculement cjue cette chro- nique, comme toules celles qu'annonce jusqu'a present M. Bu- chon, est une histoire chevnleresque , c'est-a-dire une histoire oil tons les faits sonl ])ris du point de vne des cours, du milieu des fetes et, des tournois. Nous desirous vivemerit qu'en ponr- suivant ses recherches , M. Buchon parvienne a decouvrir quel- que journal bourgeois, non ])as par la condition seulement de I'anteur, inais par ses sentiniens; qucique monument his- torique qui nous presente les evencmens des xiv° elxvi^ siecles , sous le point de vue sons lequel les considuraienl ccs gencreux habitans des villes de Fiandre ou de France qui soutinrenl de si longs combats el fuent de si grands sacrifices pour une liberie qu'ils ne rcusiircnt cependanl point a etablir. Leur SCIENCES MORALES. a^5 lutle , continuee avec tant de Constance et par de si biToiques efforts, nialgrc des desavanlages accablans, est peut-etre la partie la jjIus essentlelle de I'histoire de ces deux siecles, dans ses rapports avec I'avancement de I'espece humahie; mais les ecrivains clievalerescjues ne nous parlent des efforts de ces bourgeois, de iems def;iites el de lems sni)pliees ciii'avec una froide indifference , et une im[)Ossibilite absoiue de comprcndre des gens avec lesquels ils n'avaient aucnne syinpathic. Jusqu'a present, deux etrangers, deux niarchands republicains, les freres Viilani , de Florence, nons donnenl seuls quelqucs no- tions sur ie seniiinent ipii animait les communes, sur le pa- triolisme de ces hommes par lesquels a commence Taffianchis- sement ue loutes les classes indnstrieuscs dans I'Occident. Toutefois, I'esprit de liberie fjui briilait alors dans les villes d'ltalie, et qui leur a donne lanl d'historiens republicains, animait aussi , a la meme epoque, les villes coraraercantes de France et surtoul de Flandre. Ces bourgeois de Gand, de Bruges, d'Ypres", qui trouverenl dans leur coeur I'energie avec laquelle ils accoinplirent ile si grandes choscs, prirent sans doute plus d'une fols hi plume pour les decrire, ils en appe- lerent a la posterite de linjusiice des terns presens. C'est an- jourd'hui qu'un tcl appel doit etre entendu. Nos peres mepri- serent et etouffeient leuis voix; ils ne pardonnaient point a une canaille insolente qui sc lassait de payei- el de souffrir. Nous saurions mieux apprecier tout ce que nous devons a cette pretendue canaiile : chercbons done avec diligence; si M. Bu- chon decouvre quelque chronique po])ulaire animee de I'esprit de liberie des aiiciens terns, il donnera a sa collection le seul merile qui lui manque encore. J.-C.-L. de Sismonui. ii6, — * Histoiredes Revolutions politiques et litteraires de I' Europe au xviii^ siecle ; par F.-C. Schlosser, professeur d'his- toire a rUniversiie d'Heidelberg; iraduiie de I'alleuiaful par ff^. SucRAu. Paris, 1826; Briere. 2 vol. in-8°; prix i!i fr. Le xviii^ siecle brille dans Thistoii-e d'un eclat que Ton ten- terait vainement d'affaiblir. II presente , a coto des ijvenemens les plus remarqiiables les litres les plus chers a la reconnais- sance des peuples. Ainsi, nous voyons s'y presser sous nos yeux les guerres meinorables de la succession d'f^sjiagne, du Nord, de la succession d'Autriche, de sept ans; les batuilles de Mal- piaquet, de Fontenoy, celle de Pullava, qui aneantit la puis- sance de Cliurles XII , de Denaiu , qui sauva la France; I'eleva- tion de la Russie, la cliute de la Pologne; I'expulsion des jesuites; les desastres du SYSteme de Law ; la corrupilon de la regence ; en mcine lems, le genie eclairanl les peuples, sapant r. vxix. — Janvier 1826. i5 aaC LIVRES FRANCAJS. I'edifice antique du despolisrne et des projuges, et jetant dans les coems les nobles semenccs de la liberte el du patriotisme, qui produisirent dans ce ineme siecle I'affranchissement de I'AnK'rique, les revolulions de Belglque ^ de Hollande , de France, et realiserent enfin le beau rcve de la monarchie representallve. M. Sclilosser s'est propose d'offrir Tencbainement des faits, de comparer entre eux, dans leurs rapports, les principaux evenemens qui ont agife I'Enrope, et d'en composer un tout dont on saisit facileinent la liaison et les suites. Comme le g6nie des ecrivains et la plume des philosophesy ont eu autant d'in- fluence que la politique et la forte des armes, I'aufcur a cru devoir diviser chacunde ses livres en deux parties :1a ])remiore est consacree a Thistoire politique; la seconde a tracer les pro- gres des lettres, des sciences et de la pbilosophie. Dans la partie politique, nous trouvons, des le premier livre, qui traite de la guerre de la succession d'.Espagne, les memes beaules et les inemes defauts qui se font sentir dans tout Touvragc; c'est-a-dire, que I'auteur a medite son sujet en historien babile; qu'il a fait preuve d'un jugemeni droit et pro- fond, d'un talent peu ordinaire dans I'art difficile d'apprecier les hommes et les evenemens; mais que, pour avoir envisage rhistoire sous un point de vue si elevc, pour avoir voulu em- brasser dans uu cadre si resserre tout ce qui etait digne de remarque , il a quelquefois neglige des details interessans et necessaires, n'a point gazde de justes proportions entre loutes les ]jarties, et a sacrifie les unes aux autres, ce qui nuit a la clarte de la narration. Ainsi , dans la guerre de la succession d'Espagne, que j'ai prise pour esemple , il manque un coup d'oeil general sur I'elat de I'Europe, qui nous montre dans quelle position les puissances se trouvaient entre elles, et quelles consequences devaient en rcsulter. Ensuitej occiipe presque exclusivement des affaires en Italie, il ])arle tres-peu de ce qui se passait en Espagne meme. Dans la revolution fran- caise , il s'appesantit sur les affaires de I'intericur, en glissant sur celles du dehors , sur les guerres qui firent la principale gloire des Francais a cette epoque, sur celle d'ltalie surtout, qui prcpara I'aneantissement de la republique et I'empire de Bonaparte. La partie Ilttcraire merite parcillement les eloges et le blame. L'auteur trace avec exactitude et vei ite la marche des sciences et des lettres, et I'influence ((u'elles exercercnt sur les evene- mens , I'impulsion donnee a I'csprit du siecle par les ccrits des philosopbes, et surtout des FVancais. Cette partie de I'ouvrage SCIENCES MORALES. 2-27 est executee d'unc manitrc brillaute et solide; iiiais I'auleur ne parait pas toujours exempt d'une ceriainepieventioniialionale, qui lui fait regarder comnie frivoles et de pen d'importance des ouvrages dignes de reconnaissance et d'adniiration. Le savant M, Guizot a releve entrc autres le jugenient portt: sur les Lettres persanes; i! I'a fait avec son talent ordinaire, et ne nous laisse rien a dire a ce sujct. J'ajouterai, sur la partie litteraire, qu'elle est incomplete : 1° on ce que les noms de j)lusicurs hommes qui merilaient d'etre mentionnes ne s'y Irouvent point. Je citerai entre autres Mably, qui, apres Montesquieu, occupe le pre- mier rang parmi nos publicistrs; 2° en ce que les derniers livres n'ont point une parlie litteraire, quoiqu'elle fut indis- pensable, d'apres le plan de Tanleur. En effet, apres le livre qui traite de la revolution franchise, n'etait-il pas nccessaire de menlionner ces hommes de genie qui honorerent les sciences et les lettres a celte epoque; de signnler la nouvelle direction qu'avait prise la litteralure, et cet elan general des esprits vers Teloquciice de la tribune , eloquence inconnue tant qu'il n'y eut pas de tribune nationale, et qui brilla d'un si vif eclat des son pnncipe : vehcmcnte et indomptee dans ces terns de revolution etd'orage, calme et forte sous une monarchie constitution- nelle, telle en un mot que nous I'avons connue dans I'orateur que la France vient de perdre ( le general Fov )? II me restc a parler du traducteur, auquel nous n'avons que des eloges a donner. II a .-"joute a sa traduclion, toujours ele- gante et facile, des notes remplie's d'idees justes , dans les- quelles il developpe quelquefois la penscc de I'autcur, et quel- quefois le combat avec avantage. Ce livre sera lu avec fruit par toutes les personnes qui aiment a ti'ouver dans I'histoire de I'exactitude, des jugemens vrais et francs, et des lecons pour la poslerite. Si je me suis un peu arrete sur la critique de cequim'a semble defectueux, c'est queje n'ai pas craint qu'elle put nuire a un bon ouvrage, qui se distingue par le merile general de la profondeur des vues, de la force du raisonne- ment et d'une imparliaiit^ severe. Tout concourt a le faire recliercher par les hommes instruits et par ceux qui desirent sinstruire; et la continuation, que I'auteur nous promet, sera sans doute attendue avec impatience. Louis Crivelli. 117. — Histoire d'Angleterre , depuis Jules-Cesar jusqu'en ''760, par Olivier Goldsmith ; continuee jusqu'a nos jours par Churlps Coote; traduite de I'anglais par Mme Alexandrine Aragon ; avec une Notice sur la vie et les ouvrages de Gold- smith, parM. Albert-Montemont. T. V. Paris, 1826 ; Pey- tieux; prix des 6 volumes, 36 fr. 2a8 LIVRES FRANCAIS. Nous ilonnerons une analyse de cet important on-vragc quancl Ic dernier volume anra paru. Le cinquieme, que nous annoiicons, renferme unc pi'riode de 1l^ annecs, depuis 178!? jusqu'a 1807. On y remarque dcs portraits bien traces, tels que ceiix de Fox, Pitt, Burke et Tippo-Saib. Les evenemens de la revolution francalse y occupent une place proi)orliotinee a leur gravite, et Ton doit etrc curieux de voir comment un Viis- torien etranger les apprecie. * * »_ 1 1 8. — *Hisloire de t expedition des Francois a St.-Domingue, sous le consulat de Napoleon Bonaparte , par Antoinc Metral ; suivie des Memoivcs et notes A' Isaac Louverture, sur la m^me expedition et sur la vie de son pere; ornee du portrait de Toussaint eX d!nnQ heWe carte de St.-Domingue. Paris, i825; Fanjat ainc , et A. A. Renouard. 1 vol. in - 80 de xii et 34f< pa- ges ; prix 7 fr. III). — * Histoire d' Haiti ( ile de St.-Domingue) , depuis sa dccouverte justpi'en 1824 , epoque des dernieres negociatioiis entre la France et le gouveriiement liaitien ; par BI. Charles Malo , membre de X Academic royale des sciences de Lyon et de la Societe philotcchniqiie. TSouvelle edition , suivie des pieces officielles el justificatives. Paris , iSaS; Louis Janet, i vol. in-S" de VII et 480 pages ; prix 5 fr. Maintenant que la sagesse royale a termine la revolution de St.-Domingue en coiisacrant Tindcpendance du gouvernemcnt de celte ile, I'histoire est naturellement appelee a reprodiiire les dirfereiiS acles de ce diaine qui, apres tant de catastrophes sanglantes, est parvenu a un denoiiment si heureux et si fecond pour riuimanite. Le sujet est grand, original, plein d'interet et d'instruction. II met en presence I'Afrique et I'Europe , I'etat sauvage et la civilisation , la servitude et la liberte. Dans un article qui sera prochainement inserea la section des analyses, nous examinei'ons justju'a quel point les auteurs des ouvrages que nous annoncons ont rempli la- lache difficile qu'ils s'etaient iniposee, en traitant une niatiere qui exige la reunion du ta- lent de I'historien aux vues profondes du philosophe et de riiomme d'etat. C. 120. — * Histoire politique et statistique de Vile d' Haiti ( St.-Domingue ) ; ecrite sur des documens authentiques et sur des notes communiquees par sir James Barskett, agent an- glais dans les Antilles, par M. Placide Justin. Paris , 1826, Briere. ln-8" , avec carte; prix , 8 fr. , 7 fr. sans la e.-irif. De tous les ecrits qui ont paru en France sur I'ancien et le nouveau St-Domingue, celui-ci est le plus complet. Personne n'etait mieux place que I'agent dont les notes ont ele conirau- SCIENCES MORALES. 229 niqiiees a M. Placide Justin, ])Our voir ci ])our juger les eve- neruens qui onl eu lieu dans I'lle d'Haiti, depuis la premiere insurrection . et pour recueillir des documens historiques d'une grande importance sur les tcms qui ont jirecede la revolution de 1789. Nous reproclierons a I'errivain esliraable qui a ras - semble ces documens en corps d'ouvrage d'avoir trop mulli- plie les citations des pieces oflicielles, puisque toutes ces pieces ne sont pas d'un egal interct; mals nous recoininanderons, comme Ires-curieux, son travail sur les institutions (jui regis- saient I'lle avant raffianchi^senient, et sur le fameux Code Noir, qu'il a bien fait de reproduire en enlier. C'est un docu- ment qu'on ne trouve plus gnere aujourd'hui cjue dans son livre. Un travail analogue sur les institutions plus recontes des gouverrieinens qui se sont succede depuis que Toussaint Lou- verture se dctacha de la metropole , jusqu'au dernier acte d'e- mancipation, et surtout, des recherches statisliques fort eten- dues sur la civilisation, la culture, les produclionsel le commerce interieur et exterieur de I'/le, a toutes les epoques et sous lous les gouverneniens, completentle tableau des evcnemens histo- riques, prcsente avcc interet et traitO avec talent par i'auteur. Une carte tres-bien executee, et qui a, par dessus toutes celles que nous connaissons, le nierite d'indiquer les demarca- tions poiitiques fixees a diverses re])rises paries deux puissan- ces qui se disputerent I'ile d'Haiti , depuis la fin du dix-sej)- tieme siecle jusqu'acelle du dix-huiliome, et d'autres divisions plus rccentes , orne le livre de M. Placide-Justin , qui ne pou- vait guere, pour etre (Hudie avec fruit , se passer de cet acces- soire. C. N. N. d. R. Cet ouvrage sera compris dans Y Analyse indiquee preccderament. 121. — * Histoire de la Revolution francaise , par M.-J. Thiers. T. V et VI. Paris, iSaS; Lecointe ct Durey. 2 vol. in-8° de 472 et 496 pages ; prix 7 fr. le vol. ( Voy. Rev. Enc. , t. SIX, p. 691). L'importance el ie merite de cet ouvrage lui assignentune place dans notre section des Analyses, ou il sera I'objet d'un examen ap])rofondi. 122. — * Meinoires sur la guerre de i8og , par M. le general Pelet. T.III. Paris, iSaSjRoret. i vol. in-8°; prix 7 fr. (Voy. Rev. Enc, t. xxiii , p. 7o5. ) Cet ouvrage, dont nous avons deja parle , est ecril dans les lirincipes du plusnoblepatriotisrae; on y remarque une grande independance dans les opinions, et une justice quelquefois ri- goureuse dans les jugemens. L'auteur retrace les exploits de •j3o LIVRES FRANCIAIS. I'aimee franchise, digne d'admiration nieme dans ses revers; on voit quclqnes lej^imcns soutenir avcc gloire a Essling les ;ntaques de I'armee ennemie , pendant ])liis de 3o henres. Le goncral cclcbre avecunc cgale justice ies huroiques efforts des Polonais pour reconqiicrir lour independance, le dcvonement ct la bravoure des Tyroliens, des Allemands, des Hongrois , egaros par les intrigues de la co.ililion, et croyaiit combattre pourleur patrle. — Ces memolres, trop pleinspent-ctre de I'exal- talion de la gloire mililaire, peignent parfaitement la situation jioliiique de I'Europe, pendant les annees qui viennent de s'ecouler, et qui ont eu lant d'induence sur notre etat actuel. L'auleiir dcvoile les sourdes nienees des cabinets, la forma- tion de la sainte Alliance, et les causes de beaucoup d'evene- mens. Au milieu des balailles que livrent les nations soulev(5es , decelle lultegenerale de I'Europe armeecontre unseulhomme, on a])ercoit la coiir de Rome preiant a la coalition le secours de ses foiidrcs , qui n'avaient pas encore recouvre leur puissance, etqui raainlenant raenacent I'independancc des troncs. Nous reviendrons avec plus de details sur ce volume, supe- rieur encore aux prccedens. N. la'i. — * Memoires de Sctpion de Ricci, eveque de Pistoie et Prato, reformatcur du calliolicisme en Toscane , sous le regne de Leopold; par De Potter. Paris, 1826; Baudouin freres. 4 volumes in-8°, chacun d'environ 400 ])ages ; prix 28 f. C'est icl une reimpression , I'aile sur redition originale de Eruxelles, publiee en iSaS ( 3 vol. in-8° ). Telle est la liberie de la presse et de la librairie dont on jouit en France, qu'on ne pourrait que tres-difficilement se procurer a Paris I'edilion origloale; c'est pourquoi Ton a entrepris cette reimpression, en omettant de simples details, des repetitions d'obscenites et des reflexions d'une liberie cjui serait chez nous trop perilleuse. Nous croyons savoir que la veritable Instruction n'a rien perdu a ces retrancliemens illegaux, on si Ton veut tres-conforjnes a nos lois d'exception ; mais on a pu voir, dans quelques-uns de nos journaux , (pie ces omissions vont eire reimprimees a Eruxelles, en forme de Supplement. M. de Potter , bien coniiu par une lilstoire satiriquc du christianisme, in\.i\.u\ee , Esprit de I'Eglise , a redige I'ouvrage que nous annoncons, en faisant usage des memoires et des documens que Scipion de Ricci a laisses sur sa vie , et qui doi- vent se troiiver chez M. Lapo de Ricci , I'un de ses parens. M. de Potter avertit quand il se borne a copier les memoires originaux, et il declare y avoir joint ses proprcs reflexions , et avoir pris ses exlraits dans la bibliotheque de ce memcpas SCIENCES MORALES. 23 1 rent tie I'ancien eveque de Pistoie, on dans les ecrlls publics ou priv^s de certains personnages, ecrits qu'il a grand soin de citer. II y a done lieu de croiie a la veracire des faits et des ecrits employes dans ce recueii , quoiqu'ils soient en grande partie fort scandaleux. L'eveque Ricci etait neveu du general des jesultes, Laurent Ricci, et ce ne fut point par ignorance qu'il prefi-ra constam- ment aux doctrines des jesuites, qui luifurent d'abord presen- tees , celles des ecrivalns de Port-Royal. II en fut puni par une suite continuelle de persecutions, malgre la douceur de son caraciere, sa charit6 et sa piete vraiment dignes de servir d'esemple. Promu a I'episcopat de Pistoie que Ton avait reuni a celui de Prato, il trouva dans son diocese de graves desor- dres a reformer, et dans son souveraiu , le grand due de Tos- cane , des lumieres, un grand zele religicux et politique , et uu penchant aux reformes, que Ton ne peut comparer qu'a celui de I'empercur Joseph, son frere. L'eveque et le prince, agissant de concert, ne firent sans doute que des changemens dignes d'etre approuves ; mais Ton doit croire qu'ils ne surent pas bien apprecier toutes les difficultes, et qu'ils ne mirent pas dans leurs demarches assez de lenteur et de clrconspection. Par leurs soinset leur autoritc, I'lnquisition fut supprimee en Toscane ; des couvens livrcs aux plus odieux scandales , au plus impur quielisme, furent reprimiis ; des observances inutiles , superstiiieuses ou dangereuses furent prohibees; on retablit dans les cloitres et dans le nionde les etudes chietiennes pres- que aneajilies; et ce fut en prescrivant la lecture de I'Ecriture sainte, en siibstituant des ouvrages d'une doctrine exacte aux livres d'une puerile devotion. Les congicgatlons ou confreries furent dissoutes, comme destructives du gouvernement cano- nique episcopal et paroissial ; le culte idolatre des images , et le cordicolisme charnel furenl supprimes ; I'emploi des biens ec- clesiastiques fut sagement dirige ; on vit cesser les simonies ct lesautres abus des dispenses, des indulgences, des quetesmo- nacales, des auteis dits privilegies , etc. La source des plus graves desordres elait, en Toscane, comrae ailleurs,rescessfve multipUcalion des couvens , et surtout leur exemption de Tor- dinaire, leur gouvernement, leur surveillance, reserves au pape seul , et interdits aux eveques diocesains. Ce contre-sens etait fonde sur des privileges d'ordres, autremeiit sur des contre-canons poutificaux, maintenus, proteges par les curia- listes romains, avec la plus aveugle obstination. II est prouve dans cet ouvrage, que le gouvernement de Toscane se plaignit en cour de Rome , sans aucun succes, durant plus d'un siecle 23a LIVRES FRANCAIS. des plus coupablcs dereglemens de mcenrs des religieux et des religieuses excmjjts de roidiiiaire; I'oveque Ricci ot le grand due Leopold out eu la jiliis grande peine a faire cesser le cours de CCS debauches qui diiraient depuis plus d'nn siecie, et ce sonl ies deiails jntidi(|ues tires des archives de I'officialile eccle- siastiqne de Pistoiesur des scandales si dcpiorabies, qui font la partie la pliishonlcusc d-.-s Memoires de M. de Potter. Heurcax Ies pays dont Ics officialites ecclesiastiqucs sont supprimees de fait coiTimede droit, ainsi (jue lesexeni]Ulons des rnonasleres! Apres Ies affrenx desordres des ecclesiastiques exempts de I'ordinaire , ce qui nous a le plus frappes dans ce recueil , c'est le prijces-verbal d'aulojisie du corps de Clement XIV , proces- verbal dresse par ordredu ministre d'Espagne a Rome , et par Ini envoyedans le terns a !a cour de Madrid. 11 en resulterait ijue cet illustre pontife, mort dans I'annee , apres avoir aboli I'ordre des jesuites, jieril, en effet, aTCc toutes Ies marques Ies pUis claires d'un cnii)oisoniiemcnt consomme sur sa pcrsonne. Ce ne serait done pas sans raison qu'il disait lui meme : Je meiiri, et je sais bien pourquoi. En recompense dc son zele ct de scs efforts , I'eveque Sci- I)ion Ricci fut cruellement persecute; il fut calomniesans cesse, assailli par des assassins, destitne de son evech^ , condamne par la bulle , Auctorctn Jidei , deux fois emprisonne , et subit , a la fin de sa vie , I'liumiliation de signer par peur, et malgre SPs rares verlns bien reconnues, une retractation qu'il a de- meniie en vain par une declaration contraire , laquelle ne fit (|ue constater son malheur et sa faiblesse au declin de ses jonrs. Une singularite bien remarquable , c'est qu'il ait fait , pres- tjue tr>nte sa vie, une guerre assez vive au cordicolisnie char- nel de Marie Alacoque , religietise visitandine , dirigee dans ses visions miraculenses par le fameux jesuite La Colombiere; et fjiie, d'autre part, ce prciat , ait depense tant d'argent pour soutenir le culte local de sainle Marie de Ricci , religieuse do- niinicaine, sa parente , laquelle vivait dans le xvje siecie, fut canonisee au xviii'' , et semble avoir ete la plus ancienne de toutes Ies cordicoles. Ainsi que Marie Alacoque , beatifiee depuis le rctablissemeiit des jesuites, elle avait epouse Jesus en personne par contrat en bonne forme ^ et ratifie aussi tres- miraculeusement [)ar I'epoux. II est vrai que sainte Ricci , iiioins favorisce, ne cliangea de cceur cliarnel qu'avec la sainte Vierge , au lien que "\Iarie Alacoque, plusheureuse , cut divi- nement sa poitrine ouverte , comme on le voit mainlenant , dans Ies tableaux de nos eglises, et qu'a la place de son propre SCIENCES MORALES. 235 coevii , elle recut en substance le coeur charnel deson epoux. Tout cela est utile a recueillir, quand on veut bicn fixer les dates duns I'liisloire du cordicolisnie , devenu de r.os jours, pour plusieurs jiersonncs, coninic un second evangile. Lanjuinais, de I'lnstitut. 124. — * Histoire de I'hoinme au mastjuc defer, accorapa- gnee de pieces authentiqiies el Ae fac simile ; jiar J. Delort ; avec cetle epigraphe : « Le masque toinbe... « Paris, iSaS ; Delaforest. 1 vol. in-S" de 296 pages; prix 7 fr. 125. — ' Du masque de Jcr, ou Refutation de I'ouvrage de M. Roux-Fazillac, intitule : Recherches historiques sur le mas- que de fer, et de I'ouvrage de M. J. Delort , qui n'est que le de- veloppement de cclui de M. Roux-Fazillac; par feu M. de Taules, ancien consul en Syrie. Paris, iSaS; Peylieux. Bro- chure in-8° de 4^ pages ; prix i fr. 25 c. 126. — * L'hornme au masque de fer, Memoire historique oil Ton refute les differentes opinions relatives a ce personnage niysterleux, et ou I'on demontre que ce prisonnicr fut une victiine des jesuites ; par feu le chevalier de TaulilS, ancien consul general en Syrie; suivi d'nne Correspondance inedite de Vultaire avec M. de Taules , sur le siecle de Louis XIV et sur le testament politique du cardinal de Richelieu, etc. Paris, 1 825; memelibraire. i vol. in-8" de xix et 259 pages; prix 4 f. L'ouvrage de M. Delorl a pour but de prouver que le pri- sonnicr inconnu , generalement designe sous le nom de I'hoinme au masque de fer, est un cornte Matthioli, ancien secretaire d'etat des dues de Manloue. II rcsiille de cet ecrit , appuye de nombreuses pieces justificatives, qu'a la fin de 1677, Maithioli, alors eloigne des affaires , entra en negociation avec I'abbe d'Estrades, ambassadeur de France a Venise . pour livrer la ville el la forteresse de Casal , cajutale du Montfirrat , aux ar- mes de Louis XIV. Le due de Manloue , quoique ir.ajeur , etalt sous la dependance de sa mere , entierenient devouee a I'Au- triche et a I'Espagne ; il se determina , par les conseils de Mat- thioli, a recevoir dans Casal une garnison fiancaise , a condi- tion qu'il obtlendrait de I,ouis XIV I'argent el ra|)pul neces- saires pour s'affranchir de cette dependance, et qu'il serait noinme general en chef d'une armee que ce roi eiiveirait en Italic. La France, alors en guerre avec le nord de I'EiirojK-, fit trainer eeite negociation en longueur. Cependant, Matthioli se rendit a Paris, signa un traile et recut de I'argent. Mais il parait qu'a son relour en Italic , il vendit a I'Espagne le secret dont il etait depositaire. Les projels de Louis XIV sur Casal furent divulgues; Catinat, simple brigadier d'infanterie, qui >34 LIVRES FRANCAIS. etait alors cache dans Pignerol , ne put t'aire a^ir les rroupes j)lacces sous son comraandement. D'Asfeld, quis'ctait rendu a ^enlse, fut arrctc a son retour. Louis XIV ordonna , de son cote, I'anestalion de Matlhioli qui, attire dans un picge par I'abbe d'Estrades , fut conduit a Pignerol par Catinat , le i niai 1679 » ^t remis a Saint-Mars, commandant de cette forteresse, a qui Louvois donna I'ordre reitere de le trailer dureraent. II parait que Matthloli fut successivement transfcre par Saint- Mars a Esiles , a I'ile Sainte-Marguerite et a la Bastille , lorsque celui-ci passa a ces divers commandemens. Cepefidant , la cor- respondance de Saint-Mars avec Louvois n'offre a cat egard que des indices vagues, et M. Delort donne, pour toute preuve de I'enlree de Matthioli a la Bastille et de sa mort dans cette forteresse, un extrait du journal de Dujonca, lieutenant de roi, d'aprcs lequel Saint-Mars, norame gouverneur de la Bastille , y arriva le 18 septembreiegS, amenani un ancien vrisonnierde Pi- gnerol qu'on faisait lenir toujours masque; et un acte mortuaire de la paroisse Saint- Paul, portant que, le ignovembre i7o3 , Marchialy, age de 45 ans environ , estdecedc a la Bastille. On voit par la refutation que feu M. de Taules avait faite de Touvrage de M. Roux-Fazillac , que celui de M. Delort n'eu est que ledcveloppemenf . II nous est impossible d'analyser cette refutation. Voici la principale objection que M. de Taules fait a M. Roux : Blainvilliers a dit a M. de Palteau , son parent, que , lorsque le prisonnier au masque de fcr fut introduit dans la forteresse de I'ile Sainte-Marguerite, on le cacha a tout le monde avec des precautions extraordinaircs dont lui-m^me ne fut pas excepte. Or, Blainvilliers avait ete lieutenant de la compagnie franche de Saint -Mars, a Pignerol , a Exiles, a Sainte-Marguerite. II avait memejoue un role important dans la catastrophe de Matthioli.Donc, Blainvilliers connaissaitMat- thioli; done, le veritable prisonnier au masque n'a point ete enferme a Pignerol ; done , Matlhioli n'est pas ce prisonnier. Passons au troisieme ouvrage , celui dans lequel M. de Taules pretend demasquer a son tour le malheureux inconnu. Le liasard , dil-il , ayant fait toraber entre ses mains un manuscrit laisse par M. de Bonnac, ancien ambcssadeur de France a Cons- tantinople , il y remarqua le passage suivant : « XJne desclioses les plus extraordinaircs quisoient arrivees pendant I'ambassade de M. de Keriol, et qu'il ne faut pas omettre, c'est I'enlevement d'Arwediks, patriarche des Armeniens scLismatiques. Ce pa- Iriarche etait ennemi mortel de notre religion, et I'auteur de la criielle persecution que les Aruieniens calholiques avaient soufferte. Ceux-ci , a force d'argent , trouverent moyeh de le SCIENCES MORALES. aJS faire cxiler. Cela fait, par ]e moyen da pere Braconnier, je- suite , qui etail a Constantinople , et par I'entremise du pere Terrillon , aiissi jesuile , qui etait a Scio , ils iniaginerent que , pour s'eri defaire entierement , il fallait gagner le chiaour, qui etait diarge de le conduire en exil , faire trouver une barque francaise a la baufeur de Scio, qui le conduirait en France, ou il serait mis dans une prison d'oii il ne pourrait jamais sorlir. Cette entreprise, tout extraordinaire qu'elle paraisse, fut fort bien condulle par le sieur Bonnal , pour lors vice-consul a Scio : Arwediks arriva en France ; il fut conduit d'abord a I'ile Sainte-3Iarguerite , et de la a la Bastille ,011 il est niorl.u Voila, suivant M. de Taules , riiomrae au masque de fer. Entraine par les raisonneuiens du P. Griffet , qui avait donne le journal de Dujonca et I'acte mortuaire de Marcliialy comme les seuls documens qui pussenl servir de guides dans la recherche du masque de fer , M. de Taules chercha d'abord a appliquer au patriarche les dates contenues dans ces pieces. Mais, des re- cherches faltes dans les archives des affaires etiangeres lui ayant prouve que le patriarche n'avait ete arrete qu'eni7o5 ou 1706, il fut conduit a examiner de plus pres le journal de Dujonca , et a conclure que ce journal avait ete fabrique ou falsifie parle P. Griffet, dans I'intention de detourner de son ordre le soup- con de cette iniquite. II nous est impossible de siiivre M. de Taules dans sa dissertation sur lafaussctc du journal de Dujonca. Nous nous bornerons a citer celte preuve qui parait convain- canle: Dans un ordre transcrit sur ce journal et qui porte la date du 1'^'' Janvier 1699, se trouve relatee la signature de M. de Maurepas , comme ministre de la marine. Or, non-seu- lement M. de Maurepas n'elait point ministre a celte epoque ; mais il n'etai( pas meme ne. M. de Taules prouve , ])ar la cor- respondance ministerielle , qu' Arwediks, reclame par la Porte, a qui on avait vainement annonce sa mort, vivait encore en 1708, et meine apres , qu'il etait toujours garde «(ec le plus grand soin , et que Louis XlVrefusa de le livrer a la cour de Rome. — L'ouvrage de M. de Taules est ecrit avec beaucoup d'esprit. II est curieux d'y voir ce que pensaient autrefois sur les jesuiles les personnes les plus devouees a la monarchic. Les lettres de Voltaire , imprimees a la suite de la dissertation sur le masque de fer , ne sont pas indignes de la jdume de ce grand ecrivain , et elles prouvent qu'il faisait grand cas de I'esprit judicieux de M. de Taules. Si , mainlenant , Ton nous demande notre opinion sur la <)uestion qui est I'objet de ces divers ccrits, nous dirons que ni M.Deloit,niM.de Taules, ne nous semble I'avoir resolued'une 2"iC LIVRES FRANCA-IS. maiiicielout-a-fait satisfaisanle. En effot,ces ecrivainspiouvent bien renicvemcnt el la detention , I'un dii comte Mallliioli , I'aulre du patriarche Arwediks. Mais, prouvcnt-ils egalement I'idendile de I'un de ccs personnages avec le prisonnier an mas- -;ices virificalions. On ne saurait tiop loner !c zele et le di'sinleressciiieni dc cet offirier; puisse-t-il trouver des imifateurs! Cela serail d'au- tant plus desirable, que la parcimonie du ministrc de I'liile- rieur vienl ile larir la soui cedes eucouragemeiis olTerts aux auti<|iiaircs paries conseiis geneiaux , el ijue teiix-ti ne pour- ront , a moins de sacrificartiequi sert d'indieateur pour les chemins a suivi e : elle sera desormais le vade-mecum oblige de tons les curieux. L'atlention se porte d'abord sur le chateau de Landsporg , bali vers I'an 1200, et i-grandi peu api'es par Woelfelen, gouverneur de I'Alsace sonsFroiiei ic II ; ]inis, sur les belles mines du iponastere de Trutenliausen , fonde par Herrade de Landsberg. Non loin de la , e-t la cha- pelle de St.-Jaccpies, on s'aireta nn chanieau diarge de reliijues precieuses que suivaient sepi chevaliers. On s'occupe ensuile des chateaux de Bukenf'els et de Dreystein , et de I'anlique couvent de Ste-Odile, fonde vers la (in du7'' siecle ])ar Etithon, due d'Alsace. D'apres une tradition, qui paiait confirmee par les decouverles de I'au'.eur, le plateau sur leqnel est aujour- d'hui le couvent, portait un chateau-foi t, ronslruit parMaxi- inien Hercule , f|ui partagea I'empire avec Diochtien. On lit a\ec plaisir les details (lonne> sur la chapelle de la cr( ix el de Sle-Odile, (|ui i>araissenteire des resles de conslructions primi- tives. On aime aussi a s'arreler aux mines de Niedermiinsler , abbaye dont I'eglise appartient an style byzanlin. Quant a la description de I'enceiiile, il faui preniire a !a uiain le livre et le plan, ou bieu, il faut , muni de I'lin et de I'autre , Aisiier CCS beaux restes de la ]ilus imporlanle construction militaire que nous aient loissee les Caulois : il semble que cbaque age ait voulu y ajouler ses monumens et que eelte moniagne de Ste-Odile soit la co'nnte nne rhroniqiie \ivan!e. Nous leeom- mandons a I'allention du lecieut- les discussions sur le ch la ville ct du pays de Ganat , eciite jiar nn Arabe meine , ne pout qu'etre accucillie avec interet. Ce dooiment geograpiiique est d'autant ])lus precieiix, que, malgrc les tentatives courageuses des voyageurs modernes, robscurite qui couvre encore la cite de Tombouctou s'ctend egaleinent au pays dc Ganat. I^c fragment de manuscrit , qui renferine cctte relation a ete envoye a la Societii de geographic par M. Grae- berg de Hemso , consul gonerrri de Suede a Tripoli de Barbaric. M. Jaubert , afin de meltre le lecteur a meme de la comparer avec les recits anterieurs des gcographcs arabcs , a cru devoir yjoindreun cxtrait du manuscrit de la Bibliotheque du Roi , conime sous le nom de Geographla nubirnsis, public a Rome en 1692, et un extrait d'Ebne-El-Wardi dont M. de Guignes a fait connaitre I'ouvrage geographique dans le ii' vol. des Notices ct Exlraiti des inaniiscrits de la Bibliotheque du Roi. D'apres la nature et le nombre des renseigncraens curienx et incdils que contient, sur Ganat et sur plusieurs autres villes et conlrecs de rAfri(|u« centrale , la traduction de M. Jaubert, nous croyons pouvoir la rcgarder comme I'un des docuniens les plus interessans destines a enrichir le 2^ volume des Me- m aires de la Societe de geographic. X. B. Litterature. 1 36. — * Elemens d'ideologie. Troisicme partie : Logique, suivie de plusieurs ouvrages relalifs a I'inslruction pubiique , dont la plujiart sont encore inedils, par M. le comte Destutt DE Tracy. Paris, 1825 ; M""'' Levi. 2 vol. in-i8, ensemble dex et 871 pages ; prix 6 fr. La logique forme la troisieme parlie de la ])remiere section des Elemens d'ideologie de M. Destutt de Tracy. Les deux vo- lumes dont elle se compose contiennent assnz de jiarties reel- lenient importantes pour que nous chercliions a en donner une idee rapide. Dans un discours preliminaire aussi sage que savant, I'au- teur trace riiisloiieet les progresde la science du raisonnement, depuis Aristote jusqu'a Condillac. II fait connaitre et np])rc- cler exactemeni les services rendus a la science \):\v Bacon , LITTfiRATURE. a47 Hobbes , Descartes , les soUlaires de Port Royal , Loche , ie pere Bujfier et Condillac ; il siptnale en menie tems leurs erreiirs et les causes qui les ont prodiiites. Ces erreurs ou sont tombes tant d'hommes d'un talent incontestable rengagent, dans un cliapitre qui sert d'inlroduclioR, a pioceder lul-meme avec uiie circonspcction extreme; revenant sur ses pas, il nionlre ce qu'il a fait dans les deux parties precedentes de son oiivrage , Videologie proprement dite et la grammaire ; et il dtifinil la science logique I'ctude de nos nioyens de connailre. Son deuxieme chapitre csl consacre a recliercher s'il existe pour nous une vcritc et une errcur, puisquc c'est la nalurellcment la base de touies nos connaissances. On aime a le ^oil• elablii- qu'il existe pour nous une certitude entiere et inebranlable, savoir celle de notre existence et de nos perceptions, qui sont des modes de notre existence; que nos perceptions sont done pour nous ce qu'il y a de plus reel et de jjIus assure, tandis que toutes les opinions sur les etres exterieurs sont sujeltes a er- reur. Passant dc la aux causes de ces erreurs, il prouve qu'en definitive , il n'y en a pas d'autres que nos souvenirs. Les cha- pitres suivans sont consacres au developpcment de ces verites fondamcntales; et dans le 7^ cliapitre, I'avant-dernier de sou Guvrage, I'auleur tire des fails ctablis la consequence siiivante: « L'etre anime cjuel qu'il soit, sent et juge , ce qui est encore sentir; on pent ajouter qu'il raisonne ct deduit , ce qui est en- core yw^'C/-, el par consequent sentir : c'estla toute I'liistoire da mccanisnse de notre intelligence. >> Cette -veritc conduit M. Des- tutt de Tracy a examiner les inoyens de bicn raisonner, et il en vient a ce point fondamental , que les formes n'y font lien, ct que, par consequent, tout I'art svliogisliquc est d'une uti- litu presque nulle , et q-ie toute la science du raisonnement ne deinande jamais que de considcrer attentivement ce dont onparle et de le reprcsenter correctement. Les deux cl>apilres qui terminer.t I'ouvrage , peuvent en eire consideres coinnie le complement. Dans le liuitienie, I'auteur repond aux objections qui lui ontete faites, et a cellesque Ton pourrait faire encore contresonlivre. Dans le 9*^, dont tons les bons esprits appre- cieront I'utiliie , il resume les trois parlies qui coriiposent la science logique , et fait le ])rograninie de loutes cellcs qui doivent la suivre. De la une veritable division encycloprdiqi;e des sciences, division qui, procedant loujours du plus cer- tain au moins certain, dumoins abstrait a ce cpii Test !c plus, est en quelque sorte une liisloire complete dc notre intelli- geuce. Ceite division, peut-etre, n'est cependant pas la pins commode dans la pratique; et celle qui avail ete indiquec pav 48 LIVRES FRANCALS. la se[)ui;itioii tie I'liisiitul en Iruis i;i';iii(i(s c ;isse-i , cl <|iic buit la Rei'tte EncyclopedUiue, senible en efl'et plui (acile a ii^ieiiiret a coinprendre. D'aiilres lioninies sc sont ;iussi occup^s de divi- ser mothodiijuement les sciences (i), at il est facile de recon- n;iiire cliez jiresque tous des traces de la piemiere diieclion de leurs etudes. Le second volume, dont je n.ii encore rien dit , et qui ne pent pas donner lien a atitanl dc reflexions que le premier, pent eire regarde comuie un apj)endice fort utile du premier. II coniprcnd d'abord , coinme pieces justificalives : i° un sommaire VAXScinnv: Ae I'instauratio magna, ou grande renova- tion jwr B.vcon; a° la traduction de la logitjue de Hobbes , premiere traduction francaise que nous ayous de cetouvrage; 3*^ un supplement u la premiere section des elemens d'ideolo- gie; 4" des principcs logiques, ou recueils dc fails relalifs a I'inlelligence humaine, tous remarquables par I'esprit d'ordre et d'observation qui les a clioisis; 5° eulin, quelques pieces re- latives a I'instruction publique et des observations sur le sys- leine adopte. Toutes ces parties, conirne on le voit , tiennent a la cnalne des sciences que !VI. Destutt de Tracy concoit. Elles en sont I'applicalion continuelle, et font voir de quel immense (i) Voyez, eatre aotres ouvraf;es siir ce sojet, \'Esq;iisse d' tin Essai stir la philosophie des sciences , par M. A. Jullif.n , de Paris , imprime a Pa- ris, en decembre i8tS , et contenant un Tableau synop:ique des connais- sances humaines , d'apres line nouvelle mctliode de classijication , et plu- sieurs tableaux synoptiques et encyclopediques des sciences, rapproches et compares. — Voyez aussi I'ouvrage recemuient public par M. Massias : Problcme'de Pesprit htimain, annonce ci-dessus , (p. ai4) et qui sera I'objet d'une analyse raisonnee, dans laquelle nous reproduirons le ta- bleau ui;s connaissances bumaiues, selon la classlficalion adoptee par I'auteur. — En attendant, nos lectcnrs noussauront gre de leur presenter ici la division que propose M. Destutt de Tracy , pour an traite complet (Vldeologie , ou Philosophie premiere. Section i''^. HIstoire de nos moyens de connaicre. — i''^ partie. De la formation de nos idees, ou Ideologic; 2^ part. De I'expression de nos idees , on Giammairc ; 3'' part. De la combinaison de nos idees , ou Logiqne. Section it''. Application de nos moyens de connaitre a I'elude de noire volonte et de ses ct'fets. — i''° partie. De nos actions, ou Economic; 1'' part. De nos sentimens, ou Morale; 3*' par:. De la direction des nnes et des autres, ou Legislation. Se<'Tion hi". Application de nos moyens de connaitre a i etude des objets qui ne sont pas nous. — l*^* partie. Des corps et de leurs pio- pricles , ou P/iysi/jiie; jc part. Des proprleles de I'etendae , ou Geomelrie; S"" part. Des proprieles de la quantite , on Calcul. LITTERATURE. 249 avaiilage peui elre le ])laii bien arieti"- dr cc que roii veul et dolt apprendre. iVIais, cc donl il faul plus parliculierernent remcrcicr I'aii- leiir, c'csl d'avoir ajoute a sa Loglque, comme aux autres pari ics de son Ideologic, un extrait raisonne dc chaque science : la parfalte inteliigcnce des principes qui y soiit poses exigent souvcnt une telle attention que le lectcnr est bien aise de trou- vcrun resume dece qu'il a lu en detail, etd'ailleurs cetle lecture plus rapide fail mieux saisir la disposition precise des priiici- pales idees du livre. B- J- 137. — Maniere tout-a-fnit nouvelle d'enseigner et d'ctiidier la langue latin e , ou Exposition d'une metliode d'enseigncmerit preparatoire praliquee avec succes pendant ])lus de \ingt ans; par M. Chompre, ancien professenr el ancien inaitre dc pen- sion. Paris, i8?.5; Roret; I'autcur, rue Pierre- Sarraz.in, ii° 9. Brochure in-8° de 23 p.^ges; prix i fr. L'auleur, frappe des inconveniens qn'offre le plan d'eludes snivi dans Ics coll(>ges, et trouvant trop compliquee la metlidde de M. Ordinaire, qu'il paiait nc ])as bien comprendre, et d()t:t il n'a pas suivi la pratique, propose une methode nou\clle, sure ct prompte, d'enseigner, non-seu!emcnt la langue latine, niais encore les elemens de toutes les sciences. « Esprit melho- dique chez le maitre, docilite chez Veleve, voila les deux seules conditions indispensables , » dit M. Chompre. Malheureuse- ment, ces deux conditions, et surtout la seconde, ne snnt pas aussi f'aciles a remplir que I'auteur parait le supposer. — Voici maintenant les precedes qu'il invite a y joindre pour arriver a d'iiifaillibles resultals. 1° II proscrit remj>loi de tout livre elc- mentaiie; 2° il y subslilue des feuilles rcdigees par le mailrc, et ne renfermant que ce qu'il faut necessnirement savoir sur les declinaisons, les conjugaisons et les principales regies de la synlaxe latine. Les eleves , parlages en autant de sections que I'cxigent leurs divers degres d'inslruction , recoivent ces feuilles une a une, les co])ient avec soin, ccrivent les exercices rju'elles indiquent, et doivent repondre plus tard a loiitcs les questions que le maitre leur propose par ecrit apres chaque serie de feuilles. 3° En nieme tenis que ces feuilles dc desi- nences , il veut (ju'on dislribue : 1° des feuilles contenant cha- cune le texte et le vocabulaire de la partie de VEpitome ^lis- toriee sacra;, que les eleves doivent Iraduire mot a motj 2° d'aulres feuilles contenant la traduction et le vocabulaire du clinpiire del'Epitofne, qu'ils reniettroiit en latin. En qtiatie inois , les eleves ap|>renn('nt ainsi , selon I'auteur, les decli- naisons, les CO! jiigaisons , la syiifaxc , el exj)liq!ienl en cnticE aSo LIVRES FRANCA.IS. VEpitome, de manicre a pouvoir mettie avec la meme facllilc le latin en franrais et Ic fiancais en latin. Dans les quatre mois suivans, les clevcs sont cxorces sur I'analyse logique et sur I'analyse f,'ramniaticale ; ils commencent aiissi a s'occuper des elcmens du francais et du grec ; enfin, les ([natre mois suivans sont coiisacres a apprnndre la versification latine et a conso- lider d'unc nianici'e durable la base de toiile instruction. L'clcve est alors en elal de suivre la quatrieme avec succes, dans quel- que colii'-ge que ce soit. » Par une dislraclion inexplicable, M. Cliomprc n'a pas indi- que les onvragcs que les oleves traduiseni apres VEpitome ; de sorte qu'il scmblerait qn'on les fait passer, sans intermtdiaire, de VEpitome h la versification, et de la versification a Quintc- Curce , auteur de 4c, ce (jni est presque aussi Inconcevable que de leur voir faire lenrs classes de 8e, de 7a, de 6e et de 5" en un an. D'ailleurs , M. Cbompro ne dit absolument rien , ni sur la redaction, ni sap l.i classification de ccs feiiilies ; et cepen- dant, c'cst en ccla seul que peuvent consister les avantages et surtout la nouveaute de sa metliode qui , dans ce qu'il en fait connaitre, ne me parait pas differer essenliellement des mc- tbodes connues. Je Tie puis m'empecher aussi de faire reniar- qtior a I'auteur, qu'apres avoir dit (\ne les fcuillcs sont com- 'posees par les maitres et copices par les c'le\'cs , il dit plus loin : « IMes eleves et nioi nous cumj>oso/is nous-memcs les livres ele- mentaires tjui nous sont nt'cessaires ■, procede qui me semble remplir parfaltenient les intentions des plus babiles grammai- riens, qui veulent cjue les enfans n'apjirennent pas, rnals qu'ils inventent la science; c'est-a-dire, qu'ils s'imaginent I'inventer.v J'avoue que je ne coinprcnds pas que les eleves puissent croire qu'ils inventent lorsqu'ils ne font que copier ; et je crains bien que la nouvelle methode ne remplissc pas a eel egard les inten- tions des mcilleurs i^rammairiens. En lisant cet article, M. Cliomjjre trouvera peut-clre que je n'ai ni bien compris ni bien claircment expose sa nielliode. Je declare que j'ai fait tous nies efforts pour ariiver a ce resullat; muis I'autenr confesse lui-raemequ'il n'a pas I'liabitude d'ecriie, de sorte qu'il ne sera j)as surpris si jc dis qu'a raison du peu d'ordre et de clarlc qu'on trouve dans son ouvragc, il m'a fallu beaucoup d'attcnlion ct menie de reflexion pour coordonner ses Idccs. Tout ami de la jeunesse n'en eul-il pas fait autant pour arrlver a posseder une melhode au nioyen de laquellc M. Choinpre dit avoir forme laoo eleves, i)armi lesquels il ne s'en est pas trouve un senl qui se soit degoute du latin , un seul qui ail ete oblige de revenir sur les elcmens, et qui tous lui LITTER ATURE. aSr onl fait honneur lorsqu'ils ont ])asse en d'autros mains? Quel immense service I'autenr rendr;iit aiis peres de famille et aux instituteurs, s'il leur faisait connailre, dans les plus petils dc-^ tails , les precedes qui I'ont conduit a ces j)rodigieiix resiiltats! Nous I'y engngeons fortement. Jusque-la, qu'il nous ])ermette de croire qnc , pour I'enscignemcnt des lanf;ucs , anciine me- thode conniie ne remporte sur celle de IM. Ordinaire , en rectitude et en rapidite; et qu'ancune ne reunit an inemfe degre I'avantage d'esercer en nieme terns la mrmoire et le jugenient. A. fll — t. i38. — * Le Gradus francais , ou Dicdonnaire de la langue poetique , precede d'un nou\eau Traitc de la versification fran- caise et suivi d'un nouveau Dictiounaire dcs ritnes ; par L.-J. M. Carpentier. Paris , 1826; A. Johaiineau , rue du Coq St.- Honore. 2 vol. in-8";prix 16 h: [Yoy. Ret'. £fic., t.xviii,p. 17/1). Ponrqr.oi , dans les classes, exerce- t-on les ele\es a faire dcs vers grecs et latins? c'est parce que Ton ne connait ])oint une langue , si Ton est etranger ii son idiome poetique ; si Ton ignore les toiirnures qu'il adiuet ou qu'il rcjetle, les nuances \ariees qu'il fait prendre au sens des niols , enBn les lois plus ou moins severes qu'il prescrlt a la versification. Familiarises presque exclusivement aved'hexametre etle penlameire, nous n'apprccions pas toujours , autant qa'ils dcvraient I'etre , les poetes latins qui ont employe une autre niesure de vers ; Plaute , Terence nicme trouvenl moins de lecteurs que Juvenal et Ovide. Ce qui est vrai pour le latin et le grec, est vrai pour le francais. Et cependant, I'etude denotre langue poetique ne tenait autrefois presque aucune place dansl'iustruction elenien- mentaire. On serablaitcraindre que cette etude n'entrainat trop de jeunes gens au perlllenx et sterile metier de vcrsificnteurs. Qu'y gagnait-on? on faisait autant de vers qu'aujourd'hul , et ])eut-elre davantage , parce qu'aucune cor.naissance des diffieultes n'arretait le commer.cant , eta coup sur, on en faisait bcaucoup plus d'incorrects. La France compte tant de poetes supf^rieurs qu'il est lionteux de ne pas jouir picineiuent des tresors dont ils ont enriclii notre lilterature. Or, je le repete , on ne jouit de la poesie qu'aufant (jue Ton connait la langue que les poetes ont parlee. M. Carpentier a done rendu jin service a I'educaliou en classant, sous la forme d'un dictiounaire , tons les mots qui peuvent en'rer dans la poesie, soit directement, soit sous I'envelojipc d'une jieri- plirase ; en nolant la prononclalion et le nonibre de syllabes de cliaquemot, en lui associant les synonymes les plusiisiles, les periphrases qui en reproduisent le sens , et les epithetes ■x^x JJVRES FRANC/VIS. «loul il tsl Ic plus souveiit acconipagric ; en appu\aril ciifiii \t^ explications rt les precoptcs ])ar drs exemples, fiirs prPS(|iii^ toipsdenosmeilleurs pooles, et propres a faire cle cedictionnaire un livre agreable a parcourir. liOin de s'asservir a la niarche sethe et peu iiistructivedu Gradus ad Parnassum,Y nwiaVir A.\^i- cut{! encttro, a vec une saine critique,lcs acceptions que la pnesie a doiinees a un grand nombre de mots, les objections elevees centre ces liardiesses, par lesqucllcs surtont la poesie se distin- gue de la prosCj el les moliCs (|ui prouvent combien elles soiit legilimcs. On desirerait senlement qu'.nnx aiilorites intposaules de rA.cailomie francaise , de Voltaire, de La Harpe et de nos meilleni's graramairiens , M. C. n'associat point I'autorile de Luneau de Boisgennain, qui a'a guere ecrit (|ue des reniarques tiiviales on erronees , ni celle de Gcojfroj, (jui n'a eu cjue le triste hfinneur d'onvrir la route a ces tartiifes littoraires, dont aujourd'hui le projethautement avoueest d'eteindre en France toutes les lunileres. On lui reprochera aussi roinission des mots de chat Q\. lapin , faniiliers a tows les lecteurs de La Fontaine, et journal et journaliste , que reclament egalement I'epi- gramme el la salire , I'epitre et la comcdie. — Malgre ces taches legeres, on ])eut affirnier que la seconde edilioa du Gradus francals aura plus de succes encore que la premiere, qui depuis long-tenis est epuisee. Eusebe Salvfrte. 1 3g. — *Ljcee , ou Cours de litterature ancienne et moderne; par L\ Harpe , com])lete et contluit jusqu'a nos jours par un clio'u. des nieillenrs morceaux de criliqne de Chcnier , Diis- satilt , etc., prncede de la vie de La Harpe, par M. Aitger , de V Aradeniie francaise. i vol. in-8° sur deux colonnes , en vifii^l-ci/iq lii'raisons , de quatre feuLlles chacuiie, paraissantde rnois en mols. 2^ livraison. Paris , rediteur , nie du Dragon , n° 29; et Delannay, au Palais-Royal. In-8°, jiapier vclin su- l)erfin d'Angouleme, avec des caracteres neufs de M. Henri Diilot ; prix 2 fr. , et 2 5o c. ( f^of. t. xxviii , p. 5Ci). tin rendant conipte {^oj. t. xxviii , p. 566) des OEuvres completes dc La Fontaine, en i vol. in-8", nous disionsde cette edition qu'elle est dans le genre de celles que la mode semble avoir adojjti'es dcpuis qiielque lenis, mais qu'il ne faudrait peut.-eire |5as trop multiplier, comine on le fait, sans distinc- tion d'ouvrages ni d'auteuis. Les editeurs du Lycce , ou Cours de litterature ancienne et moderne, par La Harpe, ont pense q;ie « cette nonvellc forme donnee aiix teuvres du genie ou du talent ne pouvait |)as elre appliqiiee plus lieureusenientcpi'a un ouvrage moi;is souvt-nt In de s'lito que onsulte au be oin, qui rs! comme le ruannrl Jltleraire des gens du mondc, et auqtiel UTTER A.TURE. 253 les gens de letti es eux - raemes ne recourent jamais sans fruit , soitqu'ils enadoptent, soil ([u'ils en combatienl le» d»'ci5ions,» Nous partageoDS letir a\is, vl si les 72 tomes dt's OEi/t'res dc Voltaire, resserrcs en un seul volume, ne nous paraissent offrir qu'une curiosite bibliographique, nous pensons qn'on peut rasscinbler dans le meme format les 18 volumes de La Harpe non sans qtielqne avaiilage , surtout pour les lecteurs f[iii ont une bonne vue. Le caractere de I'edilion que nous annoncons, plus fort et suffisamment interligne , la beante du papier , la corrcclion typographique et les additions que proraetlent les edileurs devront netessairement la faire rechercher , meme de ceux qui possederaient dcja I'ouvrage qn'elle reproduit. — Un choix fait dans les articles de IVIM. Chenier, Dussaull, Fonlartes, . Ginguene , Geojfroy, Feletz, Uo/fmann , Auger, etc., et dirige par ce dernier, continuera et completera le travail de La Harj e jnsqu'a nos jours; tandis qu'un autre academiclen s'est charge de relever, dans des notes, les erreurs assez nombreuses c]ui se trouvent , soil dans les analyses des ouvrages giecs el latins faites par ce critique ceiebre, soit dans les j^igemens qu'il a portes de ces memcs ouvrages, soil enfin dans la traduction des passages qu'il en a extraits. On conceit qu'un pareil tra- vail bien execule peut tenir lieu des meilleurs Iraitesde lillera- ture connus. E. H. 140. — * Coitrs de Litteralure dramatlque , ou Recueil, par ordre de matieres , des feuilletons de Geoffroy, precede d'nne Notice historique sur sa vie et ses oui-rages. Scconde edition , considerablement augmentee, et oince d'vujac simile de I'ecriture de I'auteur. Paris, 1 826 ; Blanchard, galerie Mon- tesfjuieu, n" i , au premier. ( Le 6e et dernier volume doit paraitre incessamraenl. ); prix 3o fr. II est peu d'arlicles de journaux qui aient eu un succes pareil a celui des feuilletons de Geoffroy. Apres avoir coinribue en grande parlie a la fortune du journal ou ils furenl inscres, ils obtiennent encore les honnenrs de deux editions, reunis en corj)s d'ouvrage, et prives de I'interet du moment et du cliarme de la noiiveante. Cela prouve evidcmment que le pren.I('r suc- ces de ces feiiilles legeres n'clait |)as dii au caprice 011 a la mode, et qu'elles renfermaient un merite plus solide que cet a-pro])os et ce piquant qui, dans les ecriis de ce genre, suf- fisent le plus souvont pour dislraire roislvek- d'un Icctenr fri- vole. II n'en est pas moins vrai (|ue diverses circoristances, eirangeres au talent de Tauienr , contribiiercnt beaucoup a la vogue prodigieuse qu'elles obiini cm daris leur nouveautc. Les feuillclons de Geoffroy clablirent Icur reputation vers 254 LIVRES rRANr:A.is. le lems ou Ics esprits comriiencaient a sc reposer d'une longue a;;;itation politifiue, el oil le calaic passager dii despolisme s'ef- forcait d'apaiser celte ai-deur lui'biilenle de libeite , qui nial- lieurcuscinent n'avait pas encore en le tcins de donner a la France d'assez solides instiliilions. Bonaparte, qui senlait le bcsoin de clmnger la direction des esprits, favorisait tout ce qui pouvait touriicr vers de frivoles occupations cclte aclivite qui, depuis dix a douze ans , ?e dirigeait de ])rofcrcnce vers les affaires publiques ; ct le journal devoue aux doctrines du pou- voir absolii, et qui ful reconnu alors pour semi-ofiiciel, recut une grande impulsion vers la litteralure. Ce fut dans ce journal que Geoffroy deposa ses feuilletons; et I'autorite ne vil pas sans uu secret plalsir que des iuterets pureraent litl;!'raiies, et meme des intereti de coulisse , presentcs ordinaireinenl sous une forme piquante et discutes avec esprit , pussent occuper cliafjue matin un grand nombre de lecleurs , et les dislraire de plus graves meditations. ]ue, Joiirnnl des D chats , C{ui fut bienlot le Journal de V Empire , en detournant les eitoyens de s'occuper de leur plus imporlante affaire, le soin de lours liberies, a servi plus qu'on ne pense le despolisme naissant; et, d'une inanicre indirecte, mais trop rceJIe, 11 a excrce sur I'oplnion pulilique une funeste influence. Geofiroy y conlribua beaucoup pour sa part. A cette meme epoque, la liberie de la presse recevait les en- Iravcs que le despolisme aura toujours besoin de lul imjioser; la discussion des affaires piiblifjues et la politique du jour claient inlerdites aux ecrivains; les dissertations liitcraires seules leur elaieut permises ; el I'on se mit a discuter sur Mas- carilie et sur Jocrisse, f'aute de ]iouvoir discuter sur les ac- tciirs d'un plus grand theatie, dont I'inhabilete a bien une autre consequence pour les peu])les, mais que la susccptibillle du pouvoir dorobait a loute critique de la part des eitoyens viclimes de leurs fautes. Les ministres etaient alors inviolables; I'opinion publi(|ue aime les responsabilites ; Geoffroy se consti- tua procureur-general des coulisses, el appela cliaque matin a son tribunal les delinc[uans de Melpomene et de Tlialie; il vil bienlot de nombreux auditeurs accourir a son audience. Les grandes affaires qui nous avaient occupes depuis 1788 n'avaient lai^se que bien peu de place aux letlres; la litteralure retrouvait done alors quelque chose du charme qui s'attache a la nouveaule : d'un cote, qnelques esprits, plus ou moins dis- tingues, semblaient disposes a rajeunir cerlaines formes liitc- raires; on cliercliait a quitter des ornieres ou I'allure ne saurait etre libre, a s'ouvrir des senliers non battus; de I'aulre, une LITTERATURE. ^55 generation presqiie cntiere, privee ile I'iiistruction desanciens c. .lieges, et ccpendant avide des plaisirs de I'espri! , venait faire sa rlicloiiciue au parlerrc et dans les feuilletons plus agreable- ment (pie sur les bancs de Monlaigu ou de Mazarin; et le pro- fesseur, qui avail depose le pedanlisme avec la robe et la lei'ule, leiir doniiyit, dans son journal, des lecons tout-a-f'ait appro- ])rioes a leur instruction , conime a la nouvelle cliaiie ou il (jtait monte. Ennemi de la revolution, sans beaucoup aimer I'ancien regime, Geof'froy ne nianquait pas les occasions de se mon- trer partisan de I'autorile qui aspirait alors a devenir toulc- pnissante. Ennemi de la philosopliie, il attaquait sans menage- ment tout ce qui marchait encore sous les enseit;nes du svm® slecle ; el en satisfai^ant ainsi une anlipathie personnellc, il Irouvait I'occasion de caresser le j)ouvcir, aux yeiix dutjuel la ])liilosophle avail le tort irremissible d'etre sceur de la llbcrte. Voltaire surlout fut , dans ses feuilletons, I'objel constant de censures exagerees, quehiuef'ois nieme d'invectives fort inde- cenles. Geoffioy rallaqiiait i)ar senlimcnt, el ausbi par calcul: il savait bicn qu'il plquerait la cuiiosite de ses lecleurs par racliarnement et I'liyperbole de sa criurjue , beaucoup ])lus (ju'il n'anrait pu le faiie avec de la raison et de Tiuipartia- lile , et il coinplait , pour s'atlirer la vogne , snr ce malin penchant du vulgaire, qui se plait a voir le denigiemenl tcin- percr I'aihnlralion, et I'insulte poursuivre le tiiomphc. Les plus liabiies appreciateurs des talens et du genie de Yollaiie contemplaient eux-menies avec queltjue curio.site cetle liute oil I'esprit, engage contre le genie , clait oblige, pour ccliap- pcr a la plus lionteuse def'aite el a la risee j)ublique, de de- ployer toutes ses ruses et toutcs les ressources de la bonne et de la mauvalse guerre. Toutes ces causes, ])lus ou moins iiulependanles du talent de Geoffroy pour ia critique du llieaire , contribnerent puis- sanimenl au succcs des feuilletons, qui ne Irouveraient anjour- d'liui ni les memes proneurs , ni des lecleurs aussi nombreux , et qui assurement ne siilfiraient plus pour meriter la vogue a au- cune feuille periodique. lis offrenl cependant une leclure iuslruclivc et amus;'.ntc, et Ton y reconnait uu talent inconlestable. Geoffroy aimait le theatre et le connaissait; les occupations de sa jeunesse I'.ii avaientdonneroccasiou de faire une etude serieuse desanciei.s; et,quoique, dans la rapidite de son travail et ponsse par le besoin d'etre neufet piquant, il les ail quelquefois j;iges tout de iravers , il faut convenir qu'ils lui etaient familiers et que 256 LIVRES FRANCAIS. le plus soiivent il les appreciail en homiiic de gout. Ccttc bcience litleraire, donlilfaisalt usaye avec discernement et s;ms prdan- tismc, donnait de raiitorite a ses jugeruenssiir les modi^rnes, et Inifoiirnissait line multitude de rapprocJieiuens lieureux, d'a- ])ercns neufset d'observalions ingenieuses. Lexaineii dcs chefs- d'oeuvre de noire scene, sur lesquels il Irouve souveni I'oc- casion de revenir, prouve (si Ton exce])te ses jugomens sur Voltaire) une grande finesse de gout, uiie jusie severite de principes, une fecondile toujours uouveile dans la nianiere d'envisager des sujets et des situations sur lesquels la critique srmblait cpuisec. II faut ajouter, cependant , que sur la fin de sa carriere, soit que son gout perdit desa siacte, soit qu'il cedat an desir de reveiller uu lecteur qui pouvait sesenlir enfin blasu par le retour continuil des observations d'un nieme critique sur ks uiemes ouvrages, il a quelquefois ])orle, sur les maitres de la scene, des jugemens qu'avaient dementis d'a\ance ses ])ropres decisions. Mais, lors m^me que la raison n'approuvait pas ses ologes ou ses ceiisuies , le style dont il savait les reveiir leur i)retait encore quelqu'agrement. Geoffroy possedait a un haut de^re le talent qui convient au journaliste; son style ioi^nait le mordant a la finesse; il en variait les formes avec habilete- il savait prt'henter d'ur.e manieie sailianle des idecs originales, et savait encore, au moyen d'un tour beureus, preler un air de nouveaute a des idees qui n'etaient rien moins que nouvelks; il saisissait I'a-propos, av.iit beaucoup de dclicaussc, et jiaifois, uuc anecdote aniusante venait repandre quelque variele au milieu de la gravite didactique. Mais ces ([ualiies elaient melangees d'assez graves defauts.Le premier de tous etait i'absence visible de toule conscience lit- teraire; la passion ou I'inleret dirigerent souvent la plume de Geoffrov. II avait des haines ou des amities toutes faites; il se livrait a ses preventions, sans le moindre scrupule, el Ton savait assez p)ibli(piementque cliez: lui, la louange et le blame avaient leur tarif. Sous ce rapport, quelques-uns de ses jugemens me- ritent pen de confiance. II faut s'en defier encore pour un autre motif; Geoffroy savait bien ce qu'il savait ; iiiais il ne vnulait rien savoir de plus. II conoaissait le theiitre des aneiens et le notrc ; mais nullement les llu'aires ctrangers. S'il avait lu les noetes dramatiqucs fameux clicz nos voisius, il ne les avait pas coinpris. « Shakespeare, pour tout honmie sense , dil-il <[uel que part , n'est qu'un bateleur, qui, dans un siecle barbare, fit briller, a liaversies ])1us monstrueu'es absurdites , quelques eclairs de genie ; . . . c'esl un ecrivain eMravaganl el grossier. » De pareils jugemens pouvaient suffire pour consoler, si toute- LITTER ATI! RE. aS^ foii ils jivaienl besoin <)c consolations, cenx tie uos poetes quo lesfeuillefons criiiquaient ovec une injustice i^vollanle, et. enire autres, Cluinicr , MM. Leincrcier er Andrienx. Lenrs oiivrages sont prcsque tonjoiits traites p;;r Geol'froy avec un inepris qui retoiiihe sur Iiii-meme; soit niaiivaise foi, soit prevention in- volontaiie, soit esprit de routine , soit peut-etre tout ccla en- semble, Ips ouviages dc ces poetes et de qnelques aulres scm- blaient condamnes d'avance au tribunal de TAristarque; et phisieurs de ses jugeinens ont cte solennellenient casses par Its arrets du public ou des veritables gens de lettres. Ce que Geoffroy dit en passant de Pinto, I'un des mcilleiirs ouvrages de M. Lenierrier, et I'une des eompositions les plus originales de notrellieatre, montre combien ce critique etail pen capable d'apprccier tout ce qui ne pouvait se niesurer anx regies dc la rlietoriquc qu'ii avait apprise et enseigneeau college. Ce style que nous avons loue tout a I'henre avait aussi son c6te reprehensible. Nous ne parlerons pas de negligences qu'ex- cuse la rapidite force'e du travail, de redites inevitables peu'- ctre en pared cas; mais nous Ini reprocherons des libertes de njauvais ton; des formes acerbes et f]ui ressemblaient quelque- fois a la grossiercte. Geoffroy dedaignait trop souvent cetteiir- banife sans laquelle la censure est peu utile et le censeur peu estime; 11 se deleclait a infliger les blessnres de la satire, et se plaisait a retourner dans la jilaie !e scalpel de la critique. Lechoix quel'eriiteur a fait panni les feuillctons de Geoffroy noiis a se;nble assez judicieux; et ce recueil prendra rang dans la biLilIotlieque des amateurs du theatre, siiion comme un %c- ritable cours de litteralure dramatique . an raoins ccmnie une collection de jugeinens plus ou moins iideles sur les pieces qui coinposent notre repertoire, ctcoraine une liistoire du theatre pendant les douze premieres annees de ce siecle. M. Avenel. 1 /( I. — Le lU'f-e des Prodiges de Julius Obsequens , et les Distiqnes moraux de Dionjsius CkTO-^a, traduits enfrancr.is, avec le teste en regard et des rcmarques , par ^/cto;- Vi^rger. Paris, iSaS; Everat et Audin. In-T2, de S/js pages; prix 3 fr. Parmi les ouvrages des anciens que le terns a laisse parvc- nir jusqu'a nous, il s'en trouve qui sont inconnns a la })hipart des liumanisles, non qu'ils soient indignes de leur attention mais parce que, n'etant pas expliqups dans les colleges, ils n'ont (He que tres rareraent reprcdnits par rimprinierie, et quelquefois meme n'ont pas ete traduits. De ce genre sont les deux anleurs rassembles dans le volume ({ue nous annoncons. Julius Obsequens, qui vivait, a ce que Ton croit, vers la fin du qnatrieme siecle, a recueilli dans les historicns remains tons T. XXIX. — Janvier 182G. jn a58 LIVRES IRANCAIS. Ics (alts que la croyance i)oi)ulaire avait legardes comrae mi- raculeux : 1<'S nioindres treiiiblemens de terre , les inondalioiis, l(,s oragcs soiit j>our lui des signcs ou de la coleie, on de la fa- veur des dieux, aussibien que les paroles ])iouoi)cees par dcs genisses ou les statues lancoes du ciel , etc. Son livie ceiiendant ne uianque pas d'iuterel, el cette foi aux absurdiles de raslro- logie, chez le peuple alors le plus eclaire de la tene, fournit uu riclie sujet de meditations aux philosoplies chagrins qui accusent toujours la nature Lumaine. On y repondra par les distiques moraux de Dionysius Caton. II est difficile de rendre plus laconiquement , et dune maniere plus agrt-able , les pre- ceptes moraux qu'il voulail inculquer a son fils : je me conteii- terai d'en citer un seul; il donnera une idee de sa maniere; car un recueil de pensecs nepeutguere etre analyse autrement : (disl. 27) X Soyez en garde centre les discour* seduisans: c'esl audouxson del'appeau que I'oiscleur allire I'oiseau qu'il veut prendre. » 11 y a dans le texte : Fistula duke cank , I'olucrein dutn dtcipit aiiceps, n La flute ne resonne jamais si doutenienl, que quand I'oi- seleur veut s'emparer de sa proie. « J'avoue que j'aime mieux ce sens que celui qu'y a stibstitue le traducteur : sa version cependant est jjresque toujours exacle, ct le style generalcmeiitelegant , faiuiliarisera sans peine les !ec- teurs avec Obsequenx et Caton. B. .1- 1^2 — * Voyage d' Anacharsis en Gn'-ce , vers le milieu dii IV siecle avant I'ere vulgaire, par/. /. Bartuelemy , en tin seul volume in-S°, imprime en caractcres neufs tres-lisibles ]>av Lebel, sur papier velin superlin , saline. I'^et ?/ livraisons; Paris, 1826; Sanson, libraire au Palais-Royal, galerie de bois , n" aSo. — Cette nouvelle edition , corrigee avec le plus grand soin, et coUalionnee sur toutes celles qui I'ont precedes, et notamment sur la belle edition de M. Lequien, formera un vol. de 700 pages environ, sur deux colonnes , qui paraiira en 21 livraisons, les i5 et 3o de chaque uiois. Prix de chaque li- vraison , 1 fr. sans alias; i fr. 25 c. avec atlas. J /J 3. — * OEuvres completes de /.-/. Rousseau, avec des cclaircissemens et des notes bistoriqucs ; |)ar P.-R. Auciis. T. XIII, XX, XXI et XXIII. {Dirtionnaire de musique, t , 1 ; Dia- locues , t. 1 et 2; Correspondancc , X. 2 ). Paris , i825; 4 %oi. in^S" de xxxvj et ZjSi , de xix et 437 , de 367 et de 424 page>. Prix dii volume, 7 fr. 5o c. ( Voy. Re\: Enc. , t. xxvi, p. 548). 144. — * Choix dcs anciens poetes francais. — Choix des LITTERATURE. 25^ poesies de Clemcnl Marot el dc ses devanciers, depuis le xii<-" jusqu'au xvic sitcle. — Choix des poesies de P. De Ronsaru et de ses devanciers, du xm^ au xviiie sicde. Paris, 1826- Werdet, ruedn Battoir, i.° 20. isoX. 'nl-'^1 de iv-3i4 et 36'^ p., oriics chacui) d'lin ])ortrait; prix dujerS fr. 5oc.,etdu 2"= 4 f'l. C'est encore line heureuse idee qu'a eue I'editeiir de la Co/- lectioii des ineilteurs roinans francais , en 60 vol. iii-32 an- noncee dans iiotie cjhiei" de Decembre deruier (Voy. T. xxviii p. go5 ), de publier , dans le ineiiie fonuat , un Choix des an- ciens poiites francais. Ceile jolie eJilioii pourra servir de com- plement aux Classiques Jrtiricais de BI. L. Debiire ( Voy. if^^ii. Erie., t. XXVIII, p. 898 ). Deja iious posse.lions ies Poi-Ces francais depids le xiie siecle jusqu'h Malherbe [ 6 vol. in-e-^u^a.j7e,poeii!clieroiqueen douzechants par F, A. Parsevai, , niembre de I'Acaderaie francaise. Paris 1826; Baudouin freres. i vol. in 8° de 44^^ pages; prix 6 fr. Ce poeme, qui vient d'etre depose a i.oire bureau, sera pro- chaineinent le sujet d'une analyse, confiee a I'lin de nos littera- teurs les plus capables de le bien appr<'cier. 146. — • Saint-Louis , poeme en douze chants et en vers j)ar E.-N.-F. De Santeul, juge de paix a Reims. Reims, 1826; Delaunois , rue royale ; Paiis, Arthus Bertrand. In-8" de x et 3i2 pages; prix 6 fr, Nous avons peu de choses a dire sur ce poeme : le caractere d.e saint Louis a seduit assez de poetes ])our leur faire croire qu'il serait favorable a I'enopee ; mais, avant tout , il faudrait examiner si I'epopee , telle que nous I'ont laissee les antiens et telle (jue nous la concevons , ])eul exister chez nous, ou s'il n'v a pas , comnie I'a soupconne Voltaire, quelque choiC d'auti- lipique dans la tete des Francais. II serait facile de faire sortir de la nature mcme de notre langue et du caractere des nations modernes I'impossibilite d'avoir un bon |)ucme national daus le genre anticjue, a inoins <]ue I'histoire et le^ iiioeurc ne fusseni entieremer;l deligurees. M^iis ces idees deju.mderaient quelques developpeniens , et c'est senleiiu at d'ajjres les idees recues que nous pouvons examiner I'ouvrage de 51. de Santeul. L'aciioii pt iucipale de son ])Ocinc n'esi pas assez determiiiee. Que di- choses, en effet , depnis le depart de saint Louis v. ■?.6o LIVRES FRANflAlS. pour l;i croisade iusqn'au inoMient oules Musulm.ins, louclius de la ferinrti' du prince, hiioflVrnt, disent nos historiens , la I'ouronne d'ligypte , qn'il rofu^e generensemenl! Mais, entro loutes ces actions, y en a-t-il iineseule roellenieut interessantc, Jorscjue ['expedition tout enticre n'aboutit a rien? Non sans doute; aussi, I'auleur a-t-il senti le besoin de recourir an mer- veiileux etii des episo.les inuombrables. Blais I'usage imniodere dc ces deux ressources despoetos eniqucs n'a pn couvrir ie vice radical du snjet : la rossemblancc conslaiite des cvencmens , I'exacle parite des details, ces combats sans fin comme sans resultat, et la servile imitalion des lieux Cdmmnns epi(|ues, tcls que les celebrations des jeux , et les lisles genealogiques , voila sans doute de quoi rcbiifer Ic lecteiir ie niienx iiilen- tionnc. Que dirons-nous inainlenant du luerveilleux employe par i'auteui? Comment M. de Sanieul a -t-il pn clioisir celui qu'avec lant de raison Ton a re])roche au Camnens? Comment a-t-il jin croire que ce vcrset de David, Omnes Du gentium , dcenionia, aiitoriscrait suffisamment , dans nn pneme serieux , i'inlroduction da Din (>le-Ni'ptune et de la Diablesse - Venus , aux ordres du D i able Satan? (l^xa&\7ir\\^z ridicule des croyances antiques et des croyances modernes n'est-il pas plus que suffi- sant pour frapperde mort uu poeme epique, fut il ecrit comme la Henriacle ? II faut bienle dire, le style de cet ouvragc est encore au des- sous des autres parlies. L'auteur a cru que les rimes croisees deiruiraient la monotonie (pi'il reproclie, a tort ou a raison , a nos vers alexandrins : le ])lus court moyen del'eviler, c'elait ri'employer le vers decasyllabe, le plus varie, le plus agreeable dc tous nos vers ; il v en avait encore un autre , c'etait de composer, comrae Racine etBoileau, dtsvcrs assez bonspour faire oublier ruuifornuie de la mesure et de la rime. B. J. i47- — Geojfroi Rmlel , ou Ic troubadour, poeme en huit chants; par M. df. Lantieu, chevalier dc St.-T,nuis, mcmbre de I'Academiede Marseille, etc. Paris, iSaS; Arthus-Berlrand. I vol.in-8°de 3oo pages, imprimeparFirminDiclot, surpajiier fin satine , et orne d'une jolie gravure d'apre.s Chasselat ; prix 6 fr. M. de Lantier est I'un des patriarches de In litlerature f'ran- caise. Victime recente de I'economie niinisti'rlel!e, qui a cru devoir reduire de inoitie la pension accordee n sesvieuxans, I'auleur ^ Antenor s'est venge en honime d'esprit. A ceux qui le supposaicnt sans doute retombe en enfancc, il a re[)ondu par un ])oenie ou brille toute la fraicheur de la jeunessc, unie a la bonhomie aimable d'un age plusmur. II est doux , dans I'hiver de la vie, de pouvoir encore couronnei* son fiont de myrtes LITTfiRATURE. a6i el de roses. C'est nn rapport de j-lus <)ue M. de Lanlier devait avoir avec le vieiUaid de Teos. En lisant ses vers, on no peut que s'cionner de ces pensces Irgeres, ccloses sous des cheveux blancs, et Ton est force de convenir que I'imagination de I'au- teur est infiniment plus jeune qr.e lui. Henreux qui , nourri dans le commerce des muses, ieurresleainsi fidele jiisqu'a ses derniers jours! C'est en quelque sorte se siirvivre , des ce iiionde,asoi- meme; puisque c'est eclia])peraux rigueurs de la loi commune , qui semble condamner I'esprita s'effacer piir dcgros sous les mines ducorjis. Ce n'est p;is a dire que I'ouvrage de M. de Lantier soil iin chef-d'oeuvre. On y trouve de la grace , mais de la grace un peu trop negligee; la conception en est faible, et le style gencra- lemenl assez peu pnetique. Geoffroi Rudel es,X. un roman com- pose sans effort, et versifie sans gene; mais on y retrouve par- toul rempreiute d'un talent aimable. Nous croyons peu utile d'en offrir I'analyse a nos lecteurs, et nous ne nous attaclierons pas a relever d'assez ncmbreuses imperfections de detail. Nous aimons mieux recommander I'ouvrage, tel qu'il est, a i'atten- tion publique, commc la production assez rare d'uiie imagina- tion octogenaire. Tout autre genre de mcritc mis a part, elle aurait encore de quol interesser, a ce seul titre, eu egard sur- tout a la celebrite de son auteur. Pour donner au raoins une idee du style de Geoffroi Rudel , nous citerons ce fragment du prologue qui ouvre le 7® chant : Qa'a-t-on appris a I'Age de cent ans? Rien ; le savoir n'est que pure ignorance... Et qui de nous, a I'heure de la mort, Peut avouer qu'il fht heureux et sage."* lulbrtunes, nous arrivous au port, Sans gouvernail et battns par I'orage. Que si Descarte avait pu vivre encor Deux fols les ans du bonliomme Nestor, Sans doute il eut, prenant un nieilleur guide , Chasse du ciel ses legers tonrbilloiis, Qui vont courant les hautes regions, Et, mieux instrult, eul retabli le vide. Que si Buffon eut vecu plus long-tems, Sans doute il eut refoime ses ronians ; N'eut pas borne , daus sa matheiualique , De notre globe et la course et les ans ; N'eut pas surtout , pour creer des enfans , Imagine sa matiere organique; Et Poquelin d'un chef-d ceuvre nouvcau Eut enrichi notre scene comique... El xnoi, cbetif, si je vivais encore Un siecle ou denx, pent-etre en travaillant, iGi LIVRF.S FRANCALS. Ell coiripeiitit , ajontant, cff.icant , Je poarrais b!en qnelqiic jonr fairc cclore... Mais bissous la de ridicules vceux; Les grands esprits sont-ils les phis heiirenx? i/jS. — * La Mnemosyne classique , ouvrage moral et reli- ;,'iriix , proprc aux lecons de I'nrt de lire a haule voix, etc.; par D. Levi. Paris, i8;i6; A. Joliarmcau. i vol. in- 18 ; prix 2 fr. Des precpples sains sur I'art de lire a liaute voix;uii choix de morceaiix propres a etre lus ot appris par toeiir, dans le noinbre desquels on rencontre avec jilaisir dos fragmcns des ouvrages de M. Casimir he Lavigne, une belle scene de la tragedic de Lconidas , et trols jolies fables, I'une de M. Ar- if AULT , les deux autres de M. E. Hereau, recoinmandent ce reciiell. L'edileur n'a pas toujours fait un clioix aussi heureux. Ainsi , a cote d'exemples d'harroonie imitative, empruntes a Fenelon, a Boi'eau, a Racine, a Voltaire, on trouve celui-ci: o Le rauque son de la trompette du tartare appelle les habi- tans des ombres eternelles; les noires cavernes en sont cbran- Ices, et le bruit, d'abyine en abyme , roule et retombe. » II rappelle, il est "vrai, ces vers tres-barmoriieux dn Tasse : Chiania gll ahitator dell' ombre eterne II raiico suon della tartarea troraba Traman le spaziose aire caverne E laer cielo a quel romor n'mbomba ; (leros. , c. iv, s. 3.) il les rappelle, nials sculement par le sens litteral des mots. Nous avoiis du faire cette observation, applicable a plus d'un ouvrage du meme genre que la Mnemosyne classique , ]iarce <]ue les eleves ne sont que trop disposes a regarder comme des inodeles les exemples sur lesquels on appelle leur attention. Eusebe Salverte. 149. — * Annates romantiques, recucil de morceaux clioisis de litterature contemporainr , pour 1826. Paiis, 182 5; Lrbain Canel. i vol. in-i 8 de 4oo pages, papier velin , orne d'une gra- vure; prix 6 fr. tSo. — * Nouveaiijr essais poetiqnes, par M"« Dclpliine Gay. Paris, 1826; le meme. In-8° de 178 pages; prix 4 fr. i5i * Poemes antiques et modernes, par le comte Alfred DE ViGNY. ( Le Deluge, Moise, Dolorida, le Trapiste, la Neige, leCor.) Paris, 182G; le rnenie. In-S" de 91 pages; prix 3 fr. 1 52. — * /,<7 Belle ail hois dormant, poeine suivi (VEle^ies, par P. Fk DE Bakquevii.le. Paris, 1825 ; le meme. i vol. in-S" de 190 pages; jirix '^ fr. LITT^RATURE. 263 i53. — * fValpole , poeme drainatique en trois cbaiils, par Edouard kx\.f.yz. Paris, iS^S; Brt'dlf. In-S" de vii et 119 Iiai;es; piix 3 fr. 5o c. Cos cinq ouvrages scront rcunis a cenx que nous avons dcja dt'signcs dans notre caliier de novembre \Voy. l.xxviii , p. 572) coMune devant enlrer dans line re\'ue sommaire de quelques oiH'rnges poeliques , que nous niettrons prochaineinent sous les yeux de nos lecleuis. 1 5^. — * Les Agespoetiques, ou les Triornphesdu genie, poeinc ••n (piatre chants, snivi do poesies , par Florimond liEVor., Deiirieme edition. Paris, 1826; Briere. i vol. in-8°; prix 4 fr. ( Voy. Rev. Enc, t. xxvm , p. 269, rannonce de la premiere eJition de cet ouvrage. ) M. Florimond Levol se presenle avec dcs litres inrontesta- bles a rattenlioii du public et a I'eslinie des gens de letlres. On a retenii uti grand norabre de passages pleins de verve et de clialeur des trois chants de la Greoe, de I'llalie et de la France ; qui montrenl I'immortalite, la religion, la liberie naissant a la voix des poetes; celui de Rome, qui n'avait pas encore ele pu- blie, n'est point inferieur aux autres. Le morccau que nous allons citer, et dans lequel est depeinl I'effet des representations thcalrales snr les Tibere et les Neron, prouvera mieux que no* cloges le nicrite de I'oiivrage : Voyez cet cnipereur que I'miivers abhorre; Tigre cnivre de sang, altere de forfeits, Qui ne peut assonvir Ja soif qui le devore ; Pour se rendre au theatre, il sort de son palais... Lui, qne n"o"nl pn jamais desarmer ses victlines, Lui qui vient, chaque jour, sonrire a leurs douleurs, Voir lenrs tetes ronler sous le fer dcs licteurs , Est emu par ces jenx sublimes , Et les yeux d'un ty ran onf retronve des pleurs ! II cede an remord qui s'eveille; De son palais il reprend le cbemin ; Mais la muse tragique et les jeux de la veille Elaient proscrits le lendeinain ! Sur le peuple irrite, qui les reclame en vain, Le tyran , sans effroi , jette un regard plus sombre, 11 apaise ses cris, en Ini donuant da pain, Et des gladiateurs il fait doubler le nombre. Les Ages poedques se recommandent par I'elevalion des pen- sees , la force de I'expression, retlat des images et le patrio- lisme des inspirations. Parmi les pieces qui suivent ce jioeme, on remarqucra Irois elegies qui font regrctter que I'auteur n'en a64 LIVRES FRINCAIS. ait pns fail un plus giMinl iionibre. II pcint a\ec beaucoup de sensibilito ct de ])n;cisioii la vie entiire de I'aini qu'ij a jiOidu : Pen de uiols ferout son Iiistoire : A dix-huit aus il eulrevil ramoiir, Sourit a ramitle,s'(;lanca vers la gloire, Et, digne de tous trois, dlsparut sans retour! Son Style dcvient grave et severe, qtiand il appelle la poesie au secours dcs moeiirs { L' influence dc la poesie surles wieurs, jiag. i65), ou qxxand il dematide des consolations ii la Jlelif^ion, ( Lcs Consolations de la Religion, pag 179). II est mordant, vif, iinime, dans dcs cpilres qin rappellent souvent la uianlere de Boileaii; enfin, le plus pur eiilliousiasme a dicte la derniere piece de ce recueil, adressc'e a M. Casimir Delavigne. Dls de- tails pleins de grace, les idees d'une sage liberie, les senti- mens d'affeclion dans un ami, d'admlrattou dans un eleve , senlimens vrais, touchans, exprinies avec franchise et faciliie , •lonneni a cetle t'pitre un caractere d'originalite cpie I'on ne trouvedans aucune des pieces du meme genre adressees a M. De- lavigne. Avec quel art et quelle delicatesseM. FlorimondLevol a su tracer un tableau c[ui, autrement presenle, n'aurait pas inanquc d'effarouclier I'envie ! Ta gloire es( jeiiue encore , et fa muse commence : Cralgnoiis de raccabler sous une tacbe immense; Mais d'un espoir lointain jc veux I'entretenlr, Je venx a tes regards dt-iouler Tavcnir. C'est nil coin du rideau que I'amilie sonleve, Peut-ctre ton genie accomplira mou reve ; Devant les envieux je parlerai tout bas, Le reve d'uu ami ne les regarde pas. An dela du reveil mon erreur se prolonge , II est vrai , mais enfin peut-on blamer un songe ? II me semble te voir, par tes vers illustre, Au trone de Vollai(C arrivant par degre, Eclairer, comme lui, noire pauvre hemisphere, Joindre au bien qu'il a fait le bien qu'il pouvait faire... Semblable au voyageur que pousse le destia Vers les bords ignores d'un rivage lointain, Qui part , sans mesurer la longueur de la route, Franchit, a son insu , I'obstacle qu'il redoule. Arrive enfin au but oil tendait son espoir, Et souvent le premier est surpris de s'y voir : Ainsi, dans la carriere avance le genie. Songe-t-on au chemin quand la course est Cnie? Ami , tel est ton sort , et riche d'aveoir, Tu ne sais pas (oi-menie oil tu dois parvenir ! LITT^RATURE. 265 On voif, dans la suite ile cette jiiece, une vasle carrierc de gloire oiiverle devant M. Delavigne. Pei:.onne assnioiDcat ii'est plus capable , ni plus digue de la paicouiir. Nous j<.i{;nons vo- lonliets nos encouragemens aux esperances de M. Florimond Levol , et nous diroris comme In! , a M. Delavigne : Combats les prcjuges sans corrompre ies inaurs! C'est line noble tache iraposee anx poeles et a tous Ies ecri- vains de nos jours , qui prctendent non pas aux vuigaires ap- plaudissemcns d'un parii , mais a une gloire pure ct durable. M. Florirnond Levol a senti que cette gloire serait le partage de son ami, et il a prouve que lui-meme pouvait aspirer aux succes les plus lioiioi ables. Ses Jges poetiques offreiit a la ibis I'exeniple et le pr<5ccpte. On y dt'couvre tout ce qu'il peut y avoir d'heureux dans ralliance de la poesie avec la politique. C — e. i55. — Les Ntilts poeticjues , par /. Dusaxjlchov. Epanclie- inens religieux et pliilosophiques , epitres, amours, deuils. Paris J 1826 ; Eymery. i \oI. in-ia , pap. velin, avec gravurc; pi"ix 3 fr. , et 3 f. 75 c. franc de port. L'un de nos ecrivains distingucs depuis long - terns ])ar des succes dans differens genres, M. Dusaulclioy public un recueil de poesies (jul rcpond a I'oiiiriion que les amis des leltres ont concuc de scs talens varies. II e^t An peiil noinbre des poetes niodernes qui ecrivent du cceur , et qui nc subsliluent ]K)int I'e- taliige des mots a ia force des pensees. Interprete fidele de la nature, I'auteur prete tour a iour les charmes d'un style ele- gant , flexible et harraonieux aux veritOs de la pliilosopliie, aux inysteres de la religion , aux faiblesses de I'aniour , au courage de la vertu; il reussit egalcment a peindre le delire du bonheur et I'abattement de riiifortunc. Parmi les pieces qui nous ont paru les[)lus dignesderemarque nous cilerons la Teire mjthologique : elle est riche d'images et de pensees. Uepitre h I'eveqtic tie Nancy, ecrite en 1 789, est pleine d'elt'gancc et de se.in\\\neii\.L'absence, la Beau te sans voile, et jjlubieurs autres compositions erotlques ont une fraiclieur de coloris digne des premiers ecrivains du genre. Les deux stan- ces pliiloso])hiqucs qui suivent juslifieront nos eloges. LA. DOUCE RETRAITE. Aff ranch! des noiis or-ages, Au fond d'un petit enclos , J'ai preserve des naufrages Ma nef qne brlsaient les flots; La , respirant a I'ombrage, Loin des mecbans et des sots, 5^6 LIVRES FRA.1NTAIS. Les veuls aglrent la plage, Sans alterrr mon repos. Mon clianip, inon ve(f;er, ma tiflllc, Quelques livies et mon chien : Le calme qiianil je sommeille, Ua ami, voila mon bien. Le bruit de la Rpnommee Ne trouble pas ma raison, Et j'ai pifs pour bien-aimee La Muse de la cbanson. M. Dnsaiilchoy ne reussit pas moins dans la poi'-bic elevee et srrieusp que (!ans le genre erotiqiie el oh'giaque. Scs Niiits poc- tiques ohllcndrorit ies suffrages des vrais amis de I'art, et plai- ront a fous cenx qui cherchent dans les vers dcs pensees et du talent. Dk Pongkrville. 1 56. — Coitronne poetique clu general I'^ov , publiue ])ar /. B. Macallon, nil profit dc la sou.icription. Paris , 1826; Chanmerot, libraije an Palais - Royal, t vol. in- 8", de iG?> pages ; prix 5 fr. , et par la poste 6 fr. Jamais evenement n'avait remue plus forlenient, pent-etre, les coeurs francais que la mort de I'illustre guerrier, du ce!e- bre oralciir et du grand cilo}ren objet de nos regrets. Una reunion subite et spontanes de plus de cent mille citoyens a marche aux obseques du depute de Vervins; le char noirefait ■"iiie, et le cercueil (pii renfermait lant de gloire civile et mili- taire , etait porle par la jeunesse francaise, tete niie, mal- gre une pluie battante, pour alier rejoindre au champ commun du repc^ Camille Jordan el le heros de Zurich. C'est peu: des le lendeniain, une souscription ouverle en faveur de la famille duverluenx defenseur de nos drolls , avail produit 200,000 fr. et aujourd'hul , elle depasso 800,000 francs. Au milieu d'un cor.cours si unanime et si louchant de voeux, d'offrandcs et de larmes, les lyres francaises auraient-elles pa resler mnettes ? Dans cc dcuil universel d'un peuple, elles out aiis-si voulu dcposer sur I'autel dc la palrie el sur la tonibe du nouveau prince de la tribune , le tribut de leurs cliants. Un jeune citoyen , connu par scs souffrances dans les cachots de I'arbiiraire ctpar son noble patriolisine, M. Magallon , a recueilli quelqiies-uns de ces chants. Le pe'» de leins qui nous est donne pour examiner ce re- cueil et le comprendre encore dans les amonces de la Revue de Janvier, nc nous a jioint permis de le jiiger avec loute I'at- tention et le soin (pi'il reclameralt; nous n'avons pu (|uc jeter un coup d'oeil rapide sur les pieces fjui le coir.posent. Ncan- LITTER/VTURE. 267 nioins, ce teins nous a sufli pour y riH-oimaitre mi bon cboix ct line hrureusc varicte. Plusieuis de ce.« |)roductions, en {jrniule pnrlle, jiour sinsidire, improvisees , sont dues a des talens superieurs et cbers au\ Muses; d'autres de ces pieces promeltent de noiiveaux poeles a la France. Parmi ceux qui ont ileja paru avcc eclat dans la lice, on remarque M. Viennet, M""" Delpliine Gay, M"'<' Aviable Tastu, MM. Michaux-Cloiix , Albert Monteirionl , Jiillien, Ae Paris , Jii/cs f.p/ecrr , de Mai- sonnetn'e, Ric.hoinine , Bi-nidt , Bclinontet , Bottlny- Pnty , et quelques autres. Les odes qui nous paraissent Ics plus dignes du sujet sont celles de MM. Viennet, Micliaux-Clovis , Brault et Jules Le- fevre ; celle de ce dernier, quoique la j)his inegale , respire une •'nergie brulante et un enthousiasme vraiment lyrique: une ci- tation en fera jugcr. Ce dien ( la liberie ) pcrd-il 'vraiment sa generense image ? Et le hei'os qui dort sous ces nonveaux cypres, S'ii est digue de noire homraage , A-t-il mi-rlle nos regrets ? LEgypte, dausla torabe avant de le desceudre. Au tribunal du peuple aurait tradult sa cendre ! Renouvcloiis ses lois. Qu'ii solt interroge! Debont, soldat ! debout, tribuni quelle est ta vie? Qui I'accuse ? personne, et pas meme I'envie; Personnel On pleure !... il est juge. IVous regreiions que le manque d'espace nous enipeclie de reniire une picine justice aux autres compositions du recueil ; rnais to;is les tecteurs qniaimeiit les beaux vers et lessentimens gt'-nereux, dignement exprimes, s'empresseront de se procurer eet ouvrage. A. M. Z. 1 57. — La lyre d'un soldnl frnncals; poesies contempo- raines an benefice des incendies de Salins. Paris, i89,5; Eymery. Rrocbiire in-i8 de 69 pages; prix i fr. 5o c. Quelques-unes des pieces qiic conlient ce petit volume an- noiicent dans leur auteur, sans doute fort jeune encore , un talent assez remarquabie , mais qui a ])esoin de se fortifier par des etudes solides. On lira surtout avec yjlaisir deux elegies irtituloes : le Temple, et le^ Larmes d'un enfant, ou se rencon- trent des stances ])leines de sentiment et de grace. Nous con- seillons au jeune poete de cultiver particulierement ce genre simple et touchant, et de renoncer aux poesies contemporaines, c'esi-a-dire de ciicoiistance , fju'il sctnbie aimer par clioix , mais dans lesf]uclies sa Muse est raiement heurense. B. 268 LIVRES FRA.NCAIS. 1 58. — L'Hiroiulellc athenicnnc ; ];ar M^c d'Hervilly. Paris, iSaS; Boss:in^e fieres, Fiuniri Didot. Brocliure in-8" de 4(> pages, orne d'une lilliogiapliie ; prix % (r. Deja, vers I'Oiieut, j'ai vu la delivrance De ce peuplc heroique opprirac par Byzaucc. Les Rois en out frrmi. Lenr conrroux Iiiipiiissaut N'osa ni soutcnit-, ni briser le Croissant; El la poslerltii, daus sa juste balance, Pesera ies lunlifs de lear lougiie iiidoleuco. Les Grecs, sculs, sans appui , sans iccoiirs etraugcrs, Poiu' sauvei- lear pays, bravant triiis los dangers , Dif;t!es de leurs aiens d'immorlelle meuiolre, Loin de la deiiienlir, ont agrandi leur gloirc; Et I'Europe, nuaniuie, admirant leurs exploits, A repare pour enx. I'injuste onbli dcs Rois (i'*. Ces beaMX vers, que je pi ie M. le direclcur de la Revue de ne point effacer, o\j)riinent, avcc rutnnt de verit<'; que d'eiier- gie, ce qui s'est jusse sous nos yciix. Je ne puis dire ce qui s'y passe encore; depuis l^'pocjue iccente oil le poele philosophe nous a conGe ses Regrets et ses Esperances , tons les rois ue se sent pas bornes a V indolence ct a \'oubli. En revanclie, tous les peuples ont reconnu dans la cause dcs Grecs ceilc dii monde civilise , ou plutot de la nature liumairic ; ct les Grecs ont pour eux , en Europe, tout co qui n'estpas diplomate. Les femmes siirtoiit , dorit riinaginalion plus sensible s'ouvre avec enthoii- siasme aux touchnates impressions d'une genereuse et noble sympatliie, out fait entendre parlout I'accent de radmirfition et le cri de la piiie. A ce s])Pctacle si grand, si terrible, d'une nalioti decliiree en lambeaus pendant cincj ans, et pendant cinq ans regeiicree par le fer meme cjui la dechire , on a \u , comme dans notre revolution, comine dans toutes les convul- sions socialcs, le sexe que nous a^i^pAons facble , pavcc qu'il est, en effet, inferieur au notre en force physique, dcployer une force d'atne, une (5nergle , ou jjlutot un heroisme de sen- limens, qui laisse au raoins indocise la question si souvcnt, si vainemenl agilee, de la superiorite morale. Dans la patrie de, Leonidas, des fennnes combattent en lieros; dans la pali'ie de Racine, comme dans celle de Sliakespeare, des feujiues chan- tent en poeles. Parmi ces muses de la religion et de la liberte, se distingue, dcs son debut, le jeune auteur de VHirondelle {%') La France en iSzS, on ties regrets et mes esperances ;TiiscouTS en vers, par M. A. Jui.i.ien , de Paris. Seconde edition. Paris, iSaS; Renouard. LITTERA.TURE. 269 nthcnicnne. 11 liii anpartenaif , ])lus qu'ii personne , de mon- fret' line ailmirafion passioiinee jjoiir le peuple et la ci'idt^ anx premiers developpemens du beau talent de M"^!^ Hasdebourt-Lescol, dirige sur la menie route MH<- d'Hervilly, et I'initie aux secrets d'nn art dont il soutient paimi nous les vrais principes et la gloire. Mais, qui done a initie la plus jeune de ses eleves aux secrets d'nne -veritable poesie ? Ici , je crois pouvoir raffirnicr, I'aiiteur de X Hirondelle athenienne n'a eu jiour maitre que la lecture de nos grands modeles. A une epocjue ou il est de mode d'aller par-deia le Detroit ou le Rhin, cliercher d'iri- fornies ebauches, pour en publier des copies ser\iles, comme des prodiges d'invention, M"e d'Hervilly a voulu et su peindre d'aprcs nature; elle s'est livree a une emotion vraie, unicjue source d'une insp-iration veritable. Je ne trouve, da-ns son petit poenie , qu'nne seule imitation , qui, selon moi , n'est pas heu- reiise. J'ai entendu blamer trcs-vivement le choix de son per- sonruige principal, I'hirondclle. .'e n'approuve point ce choix; mais je prie les criliques de se souvenir que, dans les chants populaires de la Grece nioderne , c'cst ])resque toujours un oheait qui vient, comme dans les vers de Ml''' d'Hervilly, ou raconter le passe, ou pr^dire I'avc.iir. Voila bicn evidemnient ce qui I'aura deteiinince; et si cette remaique ne justifie pas completenient, elle explLque du moir.s sa fiction , dont voici la rapide analyse : Dans une fete brillante, se trouvent reunis a I'elite des gens du raonde ccux (ju'on appelle aujojird'liui les honunes du pou- voir. Au son melodieux des itis'rnmens, commencent des danses legeres : la joie epanouit tons les fronts, la gaiete brille dans tons les yeux. IJn cri plaintif se fait entendre : on s'etot'.ne, on regarde, et Ton apcrcoit etdin une hirondelle qui, reposant ses ailes noires sur un cypres, y renouvelle 270 LIVRES FR^INCAIS. ses gemissemcijs. Inlerrogce sur le sujel de bcs plaintcs, ellc repond : Des Chretiens d'Oiient je suis 1j uiessagere : Francais, des nations ils reclameut les droits; Pour mainleuir uu litre acquis jjar lems exploits, lis out guide vers vous mon aile passafjere. Repoussez , repouBsez le Croissant odietix Du sol antique liabite paries dieux. Par les Dieux que chantait Houiere ; Delivrez-la d'un joug bouleux Cette terre sacree a tous les arts si ch^re. Si chere au Dieu des Grecs , que vous servez couiiue eux! ■Vieiit enstiite !e recii des mallieiirs, des perils, des exploits dc la Grece I'enaissanle. L'auteiir a mi faire enlrer dans ce n'cil toules les sommiles de son sujet, et Ton y liouve pailout des traits, et meme des tirades digues, ])ar le style, de ce tableati lour a lour herokjue, toucliaiit el terrible. C'est ainsi qu'apros avoir peinl tjn })eu longuem.'iit , ce me senibie, le siipi)li<:t" du palriarche GrcgoiteA Conslanlii)Oi)le, M"«" d'Her- villy ajoute : Depuis ce jour cruel , cette ombre qu'on revere Prete aiix nialheureux Grecs un appiii tutelaire. Quand la nult va chasser le jour a son declin , On la voil apparaitre et douceiuent sourire; Elle vient consoler la veuve et I'orpbelin; EUe donne aux luourans la palme du raartyre ; Et sa voix qui s'eleve au luomenl des combats, Aninie les guerriers qu'epargue le trepas. Et deux pages plus loin : Sur ces debris sanglans chante encore la Grcce. Pour combattre et uiourir elle reuait sans cesse ; L'aecent de sa douleur est partout repete. Au bruit de taut de waux, cruellement paisible, L'Europc la conteiuple el demeure impassible; Et depuis cinq hlvers, sa froide impiete Vient opposer a Dicu la legitimile! ] Sur sept vers, en voila deux qui me paraissent tics-remar- tpiables, le second et le dernier. Cruellement /unsii^h' est ime expiehsioii poelique fort belle. Quand on rencimtre dans tin poemc des jjassages de ce metlte, tjuand les vers Iieureux de pcns'Je et d'harinoiiie s'y j)resenteiit ;i clni(|ue ])age, des lon- gueurs, des liogligences , ou nieuie (]uelques iiicorrections ijui decelenl rinexpcricnce jm-squi: insiparable d'un debut LITT£RATURE. 271 ne iloivent jjas em[jeclier de reconnaitre et d'applaudir nn jeune laleiil, un talent \rai, df'ja cnltive, qui donne beaiuoup et proniet j)lus encore. En voici uiie preuve plus frappante peiit-etre que ce qu'on vieiit de lire, et f'aite surtout jioiir convaijicre ceux qui se sont rendu familier, non pas seule- nient le niecanisme, mais I'esprit de notre langue poelique. Toute le monde a retenu ces vers plaisans du Pauvrc Diable : Jadis I'Egyple eut moins de sauterclles , Que Ton ne volt ;iujourd'hui dans Paris De malotrus, soi-disant beaux-esprits, etc. On va voir la meine allusion, si comique dans Voltaire, elevee par I'expression , dans M"^ d'Hervilly, a la hauleur de son noble sujet. C'est une difficuite tres-lieureusement vair'.cue. II fallait, pour y reussir, de I'inspiration el de I'arl. Lorsque Dien siir Memphis lancait dans sa colere, Ces iusecles rongeurs qui desolent la lerre , Leurs Hots tumullueux et leuis noirs tourbillons IN'egal^reut jamais les nonibrepx bataillons Qu'en >es saiutes fureurs a devoies la Grece. Dans le jiassaj^c suivant, ce n'ost ])lijs seulemcnt Texjires- sion , c'est Tidee premiere dii luorceau, ce soul aiissi les Iiiia<;es el les jiensees qui ofTrent dans ieur ensemble quelque chose tie la dlgnite et de la grandeur epitpies. Ce sera la derniere citation que je ferai; et je la choisis d'une certaiuc etendue, pour inettre le lecleur a portee de juger par lui-meiiie la ma- il iere de I'auteur : L'aube chassail la nuit : a Ihorizon vermeil, Quelques rayons dores, precnrseurs du soleil , Annoncaieiit a la terre une oLaleur nouvelle. La nature jamais n'avait paru si belle : Dans les airs parfuuics de suaves odeurs, S'elevaient lenlement de legeres vapeurs; Une majesle sainte ornait le paysage ; Toiy semblait du soleil celebrer le relonr. A mes legards surpris se montre le passage Qui de I.eooidas a vu le dernier jour. T.a , des Ani|)biclyons la main reconnaissante A pl'.ce des lieros la tombe trioraphante, Dont le marbre du leins est encor respecte. Je pensais a la gloire, a la palme imuiortelle Que donne la patrie a qui combat pour elle, Quand je vis pres de moi passer la Liberte. Qu'elle etaii scduisante en s.i noble iierle! 27a LIVRES FRANC AIS. Sa main lenait iin glaive, (M la salnte balance Qui pcse le raerite , ct non pas la uaissaiice. Dans Ics airs un luaiiiciiC sou \o\ s'e.-.t ariete ; Sni' la foiulic ses youx se fixent immobiles... Et bientot , d'liiie voix conniie aux Tbcnuopyles : n Leoaidas , tlit-elle , umi! levcille-loi ! Vicus la revoir eucor, la Grcce tst sous ma loi ; " Et sar ces moiits fauieux a relenti sa foudre. La tonibe, ce sejour de I'eternel repos, SVst ouvei'te a mes yeux; et soudain Ic Leros Des siecles d'esclava;;e a secouc la poudre! S'elevant radiciix avec I'astre dn jour, Et saluant la Grece, ohje: de son amour, II a va ses enfans coaronncs par la gloire ; Et sa voix a cbaule rhymne de la victoire. he passage qn'oii vient de lire renferme le sujet de la liliio- graphie placee en fete de la brocliure. Quoiqu'on put y dti- sirer surtout un autre agencement dos figures , cette senle com- posi'ion suffirait pour justifier raiiplication an double talent da M'le d'Hervilly ties paroles faineuses d'Horace : Ut piclui-n poesis. Elles paraitront surtout d'une justesse frapjianle a (ous ceux (jui se ruppelleront les Quatre siijet.s tires de Giixrnan d' Alfarnche , petits tableanx reinarquables par une expres- sion piquante et une finesse de colorls, qui onl merilc a leur jeune nnteur les plus honorables suffrages et I'une des me- dailles d'or decernc'es a la dernicre exposition. Tons les amis des arts et de la llberte s'interesscront au sncces de VHiron- delle atheiiienne , ) B. J. i6i. — * Contes offerts aux enfans de France, par /. N. BoL'iLLY, membre de plusieurs acadJinies. i" et 2* partie. Se- conde edition. Paris, iSaS ; L. Janet. 1 vol. in- 12, avec de jolics gravures ; prix 14 fr. ou 7 fr. cbaque parlie, qui se vend separcment. Plusieurs de nos lecteurs peut-etre ne connaisticn! encore ce dernier ouvrage de M. Bouilly que par ce qui en a elc dit dans la Revue, a I'occasion du compte rendu de la seance pu- blique de la Societc philotechnique , du 3i oclobre 1824 (^'retcr. Et qu'espere-t-il de ce melange de^ia U76 LIVRES FRANCAIS. ficlion avecla vc-rite? i]ne diroiit les jciiiKS jiiinces, si les fail« sont vr.'lis, en voyaiit rju'oii les regardn deja coniiiic lies pio- di^es d'es(>rit el des rnodelcs de verlu? et, s'ils sont con- trouves , que penseront - ils de tout cet tcJ afnudage elcve a rrands frais [lonr les inslruiie et les anuiser en les tiompaiil ? >i J'avais , >■ dit M. r.ouilly , en s'adiessant a ces nobles enfaiis , uansla eonclusion de son second volume , « j'avais, commecoii- teui-, un avanlage iiiap[)i'i'eiable que je ine suls empiesse I'c saisir, et qui seal a eonduir nia plume en eerivani eel ouvrai^e: c'etait deretiaeer fideleuient les lieureuses quaiiles el les nobles penchans qui vous caiacteriseni ; c'etait de vousfaire connui- tre a la giande nation qui vous adopte lous les deux avec ivresse, etde !ui piouver que vous seriez dignes de son amour; c'etait enfin de vous rendi e cliers a la generation qui s'tileve , et de vous donner pour amis tousles Francais de votre age. » Cette pensce aurait dusuggerer a I'auteur une distincliou (]ui, selon nous, eiU etc tres-lieiircuse; il aurait du disposerles deux parlies de sou recueil , de inanie.-e a olTrir aux enf'ans du peu- pieles contesdans lesqucls il a cru devoir faire figurer les enf'ans de France, et a ceux-ci les tableaux ou il rajipelle les devoirs des princes enversleurssujefs, en ieurfaisanl parcourir,comu!e il Je dit lui-niL-ine ( a" j)artie, p. ri4 ) , « les rangs iiifcrieurs de la socii'le, ])0ur Icur faire connaitie tout ce qu'on doit d'inte- ret et d'esliiiie aux professions utiles qui contribuent sans cesso a la ricliesse de I'etat. " De cette maiiiere, les premiers eussent appris a aimer ceux qui sonl appeles a les gouverner un jour, et ceux-ci , a leur tour, auraienl su que les peiij)lcs ne sont pas fails [iour leurs menus plaisirs et que Ions les corps d'un etat bien organise, cumnie les membres d'uue famille bien unie , so doivent reciproqueuient amour , conliance et protection. Tels ciu'ils sont, nous pensons cpae les nouveaux conies de M. Bouilly sont plus propres a etre mis dans les maijis de nos enf'ans que dans celles des jeuiics princes pour lestjuels ils so:it composes. lis auront amuse cesderniers un instant ; lieu- reux cent fois I'auteur, la nation et eux-memes, s'ils y out puise !e devcloppenient de queliiues-unes de leurs bonnes qua- lites ! Mais nous croyons pouvoir recommander ces deux volu- mes a I'altention de tous les parens el de tons les chefs d'insti- tution, qiioitiu'un travail preparatoire fiit peut-etre necessairn pour les purgerde plusiours incorrections de style : car, apres I'amour de la verlu, bon a inculquer aux jeunes princes comme aux enfans des simples particuliers, I'art debien exprimer ses idces n'estpas non plus a dedaigner, et cet axiome deCic^ron: LITTER ATURE. 277 vir bonus , dicenrliperiltis, eprouve de trop fit'qiienles excep- tions , dans le siecle de luinieres oil nous \ivons. E. Hereau. \6i. — * Jonathan le visionmiire ; corites jihUosophiques et moraux_, publie pnr X.-B, Saintine. Nouvelle edition. Paris 1826 ; Duponl et Roiet; Bnudouiii freres. 1 vol. in - 12 en- semble de 574P'iges; jiiix 8 f'r. Noijsavoiis deja rendu un coinpie favorable de cet ouvra^e ( voy. Rev. Ejic, X. xxvii , p. 869 ). Woiis ne repeterons pas ici ce que nous en avons dit alors; nous reuvoyons le lecteur a noire premier article, en souhaifanl que M. Sainline continue de se livrcr a un genre pour lecjuel il semble avoir de i^randes disposiiions : ]ieut-e!re, en cherthant a se rappiocher de la maniere de Voltaire, en conibattant un systenie metaphvsique j)Iut6t que d'etablir une vcrite morale, aurait-il pu reijandre dans ses contes un peu plus de ce mordant, si je puis parler ainsi, qui distingue les contes dn philosophe de Fernev. Celte qualite me semble indispensnble dans ce genre d'ouvrages- et qnoic]ue le siecle present soit moins fecoiid en sysienies meta- physiques que celni qui I'a precede , on troiiverait cependant encore, dans les opinions alleniatidcs , cccssaises ou naUonalcs quise partagent le moude savant , el surtout dans la nietaphy- siqne ultramontainc quidomine exriusivenient nos ujiiversit^s et nos senunaiies, la maliere de satiies d'une utilite incontes- table, et oil la gaite ne serait jamais dejilacee , tandis que les inlerets nioraux excluent souvent le rire, parce qu'ils s'adres- sent ])lus an cosnr (ju'a I'esfirif. R. j, 1 63. — * Les i^ens comine ilfaiit et le.i petites ge72i ^nw Aven- turps d'Augusle Minard, fils Telle est la conclusion du nouvel ouvrage de M. Picard , dont Je litre, du reste, indique assez clairenieut le but. L'auifur arrive a cette conclusion, apres avoir (ait traverser a son heros Au- gusta Minard, les bantes classes de la socicle et les classes in- ferieures , oil il trouve les mctncs vices, sous des deliors div- ferens, p.our le fixer ensuite dans les classes intcrmediaircs, oil il renconlie enlln le bonlieur, ami des moeiiis, de I'ordre et de I'industrie. C'elail se placer sur nn lerrain avanta"'pnx et partir de celte observation dont la justesse e.^it generalement reconnue, que la richesse, acconipagnee de roisivele, engendre lesnienies vices que la misere. « Y a-t-i! done, di'.-il dans sou 278 LIVRES FRANCAIS. ititroducciuii , uiie si ;;rande dilfei eiice eulre Ici habitudes i-l les mceurs dc tous ces hommes ? Eti comparaiit ceux qui se trouvent au plus haut dcgru avec ceux cjui sonl places au der- nier, que de ressemblance eiiire uii courtisan et un mendiant! Le courtisan se pare de riches vetemens, se couvre la poitrine de i)Iaques, de cordons, de rubans et d'etoiles; il ajuste une clef de chambellan sur la basque de son habit; le mendiant se couvre dehaillons sales et declares, feint des infirinites, s'ar- range des plaies artiOcielles. Ces deux toilettes si differentes sont pourtant faites dans un but seniblable : Ic courtisan va mendier les faveurs des puissans de la terre; le mendiant va courtiaer les passans pour en lirer des aumones. » Comment se fait-il qu'avec lout son talent, M. Picard n'ait tire qu'un parti assez mediocre d'un pareil sujet? C'est qii'il n'a pas su y ratlacherune intrigue assez foite, assez bien com- binee ; c'est, faut-il le dire, qu'il me semble avoir travaille beau- coup trop vite , et ne s'etre pas assez defie de sa facilite. Sans doule,desles premieres lignes de cet ouvrage, j'eusse reconnu le cachet de I'auteur, lors meme qu'il ne se serait ])as nomm6. C'est bien la son talent pour I'observation et son humeur caus- tique : il fait suj;cessivemcnt passer sous les yeux du lecleur une fonle de portraits qu'un seul coup de son pinceau a suffi pour rendre parfaitement ressemblans; mais aussi , je retrouve ses defauls habltuels, en pius giand nombre peut-eire que dans aucune autre de ses precedentes productions. C'est toujoursle meme style negligii, verbeux surtout , quoicjue en apjiarence Taction marche Irop rapidement vers le but ; c'est I'emploi trop frequent de petits moyens et de transitions Irop brusques; c'est enfin une accumulation de lieux commujis que Ton a qua- lifies de tatillonage, reproche qui semble devoir s'attacher plus Oil moins a toutes les oeuvres de notre academicien. Du reste, il est irapossibl',; d'oiivrir le livre, sans trouver un de ces portraits bien faits dont je viens ile parler, ou une de ces reflexions philosophlques et saliriques comme celle (]ue j'ai citee ci-des- stis; mais, je !e ri-petc, I'auteur a neglige de mettre ses mate- riaux en ceuvre. 11 fant de I'art dans loute composition; on exige senk'ment qu'il ne se montre pas, et RI. Picard dedaigne trop d'en avoir, ou de le cacher quand il croit devoir y re- courir. II s'adresse plus a I'esprit et a la malignite du lecteur qu'a sa raiaon et a son coeur ; il le fait souiire ([uelquefois ; mais rarement il jiarvieul a I'inteiesser , meme pour son heros, i)arcc qn'il semble avoir pris a taehe de peindre jilutol des ridicules et des vices que des sentimens et des passions. Une seide fois il change de pinceaus, c'est lorsqu'au denoiiment LITTERATURE. 279 il lamene Auguste Minard au pied de cette Marie qu'il avail d'abord dedaignee , et sans latjuelle il reconnait qu'il ne peut vivre lieureux ; raais le contraste ii'est pas assez menage, la situation n'est pas aiiienee. et parait menie beaucoup Irop ro- inanesfiue, a cot^ de la grande simplicite des moyens que rauieur a employes jusque-Ja. Pour me resumer en un mot, ces deux derniers volumes de M. Picard ne me semblent pas absolument indignes de lui; ils offrenl aux lecleursune foule d'esqulsses agreables et de por- traits plus ou moins bien traces, qui ont le merite surlout d'etre pris dans lemondeou nous vivons; mais I'auleur, apres avoir choisi ses modeles , semble s'eire contente de les laire poser, ou avoir ele detournc d'achever le tableau a I'ensemble duquel ils devaient contribuer. E. Hereau. i6/|. — * Foscarini , ou le Patricien de Venise. Paris, 1826; Ridan , rue de I'llniversite , no 5. 4 ^ol- in-12 ; piix 10 fr. On avail lieu de s'elonner que nos romanciers, depuis qu'ils exploitent I'liistoire a leur profit, eussenl oublie {'existence d'une ville , que ses inoeurs , ses localiles , et son gon verneuien t mysterieux rendaienl eminemmenl propre a devenir le theatre des ficlioiis dramatiques; cette ville, sur laquelle se sont ae- complies loutes les deslinees humaines , c'est Venise. Pour espiiquer cet o'lbli, il fanl se rappeler <|ne, jusqu'a la publi- cation de VHistoire de Venise par M. Daru , le carnnval de Venise et le don d'une rpee (ju'un de nos ra;6 avail fait h son senat, ctaienl ])resc}ue les seules particulariies de laSpaite inoderne , qui nous fussent generalement connues. Encoi e s'en faut-il de beauoouj) que I'excellent ouvrage de M. Daru soit lu par les gens du monde, qui veulenl bien s'instruirc, mais avec le moins de frais et de fatigue possible. Aussi, malgre Robertson el Hume, nous ne serious pas si faniiliers avec I'histoire de nos voisins d'oulre-mer , sans rinfaiigableauleur de Rob Roy etde Waverley. L'auleur de Foscarini a entrejjris de nous rendre le meme service , en nous transportant cliez I'ancienne reine de I'Adriatique , dans cette antique et siiperbe cite qui a vu la Mediterranee couverte de ses flottes, et ses drapeaux deployes sur les murs de Byzance. La richesse de son commerce et sa politique inlerieure en avaienl fait le sejour de la mollesse et des plaisirs ; et c'esi an milieu de celle vie si voluptueuse , de cette extreme licence de moeurs , que ies coups frappes par un pouvoir cache et inexorable , ne paraissaient que ])lus terribles et semblaie .1 appartenir plutot aux lois invisibles de la nature qu'au glaive de la justice sociale. Une aventure arrivee au commencement de xvii "* siecle , el 28o LIVRES FllA.N(;:US. (|iie Ics liistorieiis ont divcrsoniont rappoiti'-e, est le sujet do vt romaii. Le dranie en est bicn concu, I'action pleine de vie et lie veiitc,et la coi.lcur locale pacfailoinent conservee. L'aulcnr a iTiontr«5 , on \)]ns d'un endroit, qu'il sail aliier la grace a la ])rol'ondeur , respril a rimagination , et I'art de peindre a I'art de [ienser. Sans avoir assujeii sa composition a aucun butpar- ticulier, il n su faire ressortir do la nature meme dos faits uiie idee morale treb-luminense : c'est que los mallieurs qui nous arrivent soiU presque lonjours la consequence nalurelle de nos erreurs et de nos f'autes. Le lecteur deslrerait pcut-etre savoir tl'avance a quelle rcole appartient cet ouvrage ; mais, outre (|ue ])0ur le salisfaire , U nous faudrait depasser de beaucoup Ics bornes d'un article , nous ne voyons gucre la necesslte d'uiie classificatioi;. Les points de vue sur lesijuels on pent envisagcr la natnrc Imniaine sont si nnmbreux et si varies, tpi'il ne faiit a un ecrivain pour i)laire et Intcresser qu'une seule condition , celle d'avoir un veritable talent. Cetle condition nousparait remi')lie dans Foscarini; nous osons luipredire tout le succes que dolt obtenir un ouvrage dans lequel un intc- rtt vif et soutcnu se joint au merite d'un style pur et na- turel. A. i65. — * Gambadoro , ou /e Jeunc Avcnturicr, par M. Henri Duval. Paris, iSaS; Lugan. 4 vol. in- 12; prix 12 fr. Voici un ronian qui, par le litre et par la fable, paraitra ail j)reinier coup d'ceil , ressembler a vingt autrcs; mais le lecleur attentif ne s'y trompera pas, et devinera ponr quel but I'auteur a compose son Aventurier.S&ns uire dans son secret, je ni'iniagine c|u'il a tronve (pi'on se pressait un pen trop de depri;cier , pi^que dans ics roinans , les moeiirs de nofre cjjo- «]ue , je veux dire, celle qui a suivi I7n (les teins qui (mt j)recede, afin que ces mreurs el ces abits levoltans inspireiit toiiie I'aver.sion qu'ils meritent. Car , tel est le trible resiiifat des abus et de la rcforme jcpi'ils appellent tot ou (ard , ipi'uii o\ccs jetle ordinairement dans I'exces con- Iraire , ct qu'on tourne , par paresse et ])ar legerete , dans nn viaicercle \icicux, pour n'a voir passu marchersurlaligned'unc LITTI^RATLIRE. a8t s.'ige inodc'iation. On voit aussi comment I'auteur , pour ga- t;ner ratlenlion des lecteurs jirevcniis, s'est troiivt; amene a f"a- briqucr une iiiacliine un peu roraaiiesque, toile IraDsparente a travels latjiieHe ils apercojvent un tableau moral , \arie, ins- Iructlf. On y rencontrera dii Gil-Bias, dti Tom- Jones, des scenes jiinuantes, d'autres on I'art supplee la vraisemblance , et Ton se trouvera enfin transporti', non sans quelque surprise, de la foret ()e Marly aiix forels sauvages dn Canada, avec le heros et sa famille. L'auteur semble avoir votilu arrivei' ainsi a celte revolution americaine , qui a precede la notre , et mon- iier , par une simple anecdote , comment les esprits qui appe- laient en Fiance une ref'orme, ont applaudi a celle des Etals- Tj'nis, et presage son influence prochaine sur les ]iays qui les avaient secourus. Telle parail etre , dn moins, la viie dans la- c|uelle M. 11. Duval a pris la plume , el alors il importe moins de juger si le concours des evenemens qui rasscmblent en Ame- rique , an 4^ volume, tousles ])ersonnages que le premier avait MIS leunis dans un liamean de la bnnlieue, est dans I'ordrc des j)!obabililes communes. Le lecteiir sera done di-S])ose a faire ces concessions au but moral du roman , et il s'y trouvera entrainc'': par un anire motif encore que rinleret des moeurs et des jirin- tipes : c'est le charme d'un style simple, elegant et rapide , qui n'exclut pas des pcinlures passionnecs , et une chaleur de cceur bien digne de la cause que I'anteur defend. C'est cliez son hcros qu'eclaieiit. les sentimens genereux dont il est anime lui- ineinc , et qn'i! developpe , dans une action neuve, le con- Iraste d'un cceur honnete avec la triste condition ou I'aveugle sort I'a reduit. Son Edouard se croit le fils d'un miser'able ba- ladin , (jni , a Fage de quatre ans , I'a enleve a ses parens, pour en faire un danseur de cocde. Le Lasard lejette au milieu d'une famille bienfaisante, qui I'adopte et lui doniie une education conforme a ses bons sentimens. Avec ces avantages i! reusslt a vaincre les disgraces de la forlune, aide d'un secours tout- puissant a celte epoque, la protection d'une conitesse a la mode, il faut voir, dans le ron)an comment cette femuie xietit a bout d'interesser pour elle-meme , par un devonement merveilleux,' que I'amour le plus violent jieut senl expliquer. Autour d'if- douard Gaiubado/o , viennent se grouper des personnages bien dessines , (]ue Ton voit loujours sur la scene , et d'autres qui n'ugissent (ju'un moment. L'impassibic 0«/'/y-'.v«c// fait opi)osi- tiona riionnele Francastel ; celui-ciestpour la refoime; 1 'autre ii'en veut pas, mais parce qu'il la juge impossible. Nos ^icws. philosoi)bes campagnyrds sont d'accord sur les abus;mais I'lin en rit el courbe la tete , I'autre les allaque ouvcrlcment. L'in- i8a LIVRES FRANCAIS. liiiel le plus doui: s'attache a la belle cousine , more ignoree , et sans le savoir, du jeune aventiirier. On s'indigne contre Dcs- Boullayes , dcfenseur intercsse des abus , et Ton souffre de la basse duplicilo du jardinier Morin , majordome de Dufresnay, toiijoiirs habile a reussir par la flallerie ou par la ruse. Que d'honn^tes courlisans d'autrefois (car il est avere qu'on n'en voit plus de semblables) ont leur copie dans ce bon Morin ! A.UX amis du regne des abus, I'autcur oppose constamment un officler de fortune , parvenu par la bravoure et le hasard , a defaul de la naissance. Son instruction et son merite I'eclai- rent sur le vice des institutions , et il se persuade que les hom- mes , quand ils voudront, sauront ameliorer leur sort, leurs mceurs et leurs Ibis ; tandis que I'optimiste par systerae est con- vaincu que les liommes ont ile , soiit et seront toujours les memes , incapables de perfectionnement moral. L'egoisme est la source de son erreur , et la sechcrcsse de cceur expLique son obstination. En attendant que le monde change , tout, aulour d'Edouard , suit !e cours naturel des choses.L'opprcssion dans les campagnes ; les cadets et les fiUes sacrifies au droit d'ai- nesse ; la noblesse venale ou usurpee ; I'infamie des moeurs cou- verte par I'cclat d'une fausse politesse ; une jiolice brulale; I'horreur du regime des prisons; la mullii)licite des lettres de cachet : tel est le spectacle (]ue le bon jeune homme a sous les yeux. Cela n'est pas fait pour le tenir en suspens entre les deux systemes qui ont frappe ses oreilles, des I'enfance, dans la maison hospitaliere. Cependant, II est tout cntier livre a sa passion et au besoin de retrouver une famille. Ce n'est qu'apres que ses voeux ont etc combles, qu'il partage I'elan de son vieux ami , ct se joint a la cause de la liberte ame- ricaine. .T'aurais du parler d'un suppot de police , le sieur Brianville, dit Pastoiirel , le meme que I'ancien chef de la troupe ambu- lanle et ravisseur du jeune Edouard ; ilveut, k toute force, etre son pere , et il vole ou assassine honnetement ce fils, trois ou (|uatre fois ; et cependant, il est fortement coraique : je ne crains pas d'annoncer au lecteur que sa curiosite sera satis- faite par le rdcit du sejour a Londres de ces deux perionna- ges , forcement lies I'un a I'autre. La situation est neuve et parfaitemeiit decrite; elle donne a cette parlie du 4® volume tout I'interet du premier. La morale de M. I'exempt est sur- tout des plus curieuses. Je titerai encore, dans le 3^ volume, un petit dialogue en loge d'opera , comme un modele du Ian- gage frivole et corrompu , appele alors le bon ton; le portrait d'un futur ambassadeur, chef-d'oeuvre d'ignorance et de va- LllTfiRATURE. 283 iiite , qui prend Edouard pour stcreiaiie, homme d'etat a la mode, et dupe enfin de sa fatiiite ; celiii d'un roue consomme; enfiii , une scene de spadassin , genre de mercenaire aussi triste a envisager que les gladiateurs , mais plus feroce et plus lion- leux encore pour I'humanite : cette espece d'hommes a heureu- semenl disparu de nos moeurs. On trouvera aussi un portrait des Bas-Bretons que Ton ne peut pas dire flatte, puisque I'au- teur leur reproche une sorte de grossierete sauvage; mais il leur rend hautement justice en ce qui touche au caraclere et a la loyaule (i). Le second volume renferme une peinture du caraclere francais, qui sans doule n'est i)a£ nouvelle au fond, mais doiit la juslesse et i'impartialite ne seronl point contestees, niemes par nos rivaux : je regrelte de ne pouvoir la citer. On a trace des tableaux des moeurs du i8^ siecle , pcut-etre plus forts, plus energiqucs; mais on ne les avait pas rattaches a une action de ce genre :c'est une difficulleet un merite dontil faut tenir comple a I'auteur. Ajoutons que, dans la contexture et le style de plusieurs scenes , il semble avoir ele inspire par la muse de la coraedie. Si Ton reprochait a M. H. Duval d'a- voir donne a son lieios , parce (]u'il est originaire anglais, un caraclere de franchise et de fermete , contrastant avec la faus- sete, la corruption des moeurs francaisesde I'epoqrie , il repon- dralt sans doule cju'Edouard tombe dans plus d'une faiite et qu'il en est toujours puni. U Aventurier est une composition in- geniouse et morale, ou le romanesque des aventures est ra- chele ])ar rulilile du but , par I'agrement du style et par la ve- rite des j)eintures. Les reflexions naisseni toujours du sujet : elles sont vives et naturelles, et non pas delayees a satiete , comme dans de pretendues histoires et dans maints romansdti jour. C'est pourquoi nous ne chicanerons pas I'auteur sur quel- ques invraisemblances et sur les aventures accumulees dans les derniers volumes ; nous nelui demanderonspas non plus sil'in- comi)arable Francastel a ou n'a ])as de famille qui reclame ses soins, ni si sa fortune sufiit pour venir sans cesse au secours du faux orphelin , lequel , apres tout, n'est pastrop aplaindre, puisqu'il a trois peres d'adoption , en attendant qu'il trouve le veritable sur un autre continent. — Quant aux mediocres gra- vures, que ielibraire a jointes aux volumes , c'est un faux luxe dont I'ouvrage n'avait pas besoin. (i) On seralt henrenx de pouvoir posseder un senl des livres que M. Diiva! aUribue aiix Druides , sur la foi de quelqnes auteurs; mais il y a lieu de eraindre que ce tresor ne manque tonjonrs a nos richesses na- tiunales. Quant aux Celtes en general, c'est un probleme historique des- riue a faire le desespoir de I'erndition! 2{i/, IJVllES FRATSflA-LS. iV. />'. On a voulu tlicrclicr den lapproclieineiis enlre les deux Edouard cpii vieniient (Ip t'air« leiir ;ip])ariti()n : ni;iis a peine y a-t-il aulie chose de comniun iiulre les deux roinans , (jue le nop) du lieros ct sa condiiion subalterne. I/ori^ine de I'un n'est pas un M'.ystcre , et il n'y a gucre d'espoir qu'll i)iiisse vaincre le prejuge de la naissance; i'autre , au contrairc , )M;iit appar- tenir a une gj'ande faniillc, et se troiiver iin jo'ir au mcine rang social cpie la dame de qaalite dont il a conquis I'affec- tion. »»** 166. — *A\'enturesd'unjeum'franccds, ou la Puissance du caractere , pai- P.-A -B. DucANCF.jiiere. Paris, iSaG; Ch. Be- chet. 3 vol. in-ia, ensemble xvm et 10^7 ]).; \n\\ g fr. Julien de Latour, indigne d'unejjrcfoience injusfeaccordeea un jeune noble , quitte sa famille ets'embarque au Havre : il se distingue par son excellente conduile , sa valeur et sa sagesse. Des evenemens trcs-varios s'accumulent autoiir de lui , et le lu-ros, toujours brave , vertueux , admirable , finir par devenir chef de sauvages dans la Palagonie, ct revioni cnfin jouir du repos et elubonheur au seiii de sa famille. — On s'apercoit trop souvcnt que ce ronian est I'ouvrage d'un horame ])eu liabituo a fondre ctiseuible les diverses parties d'une oeuvre d'imagi- Tialion. II oiiLiic les choscs qu'il a (ieja dites ; il b'a])])esantit sur des details insignifians, et il en omet d'aulres qui eussent ele iiecessaires. Nenniuoins , on lit ce loman avec plaisir , et Ton y trouve du niouvement et de la gait*. R. L. 1 617. — * EUda , ou les Elcves du Monastere , par M''<'/r//?rt PioN. Paris, 1826; I'edileur, rueNeuveSainie-Catherine, n° 3. Corbet. 4 vol. in-b''.; prix 10 fr. Depuis les nombreuses et brillantes productions de AValter- Scott, tous les ronianciersont cherchea iiuitcr In genreadopte, ou , pour mieux (iire, crec par lui , et Ton a vu souvent des auteurs di'crire les montagncs et les lacs de I'Ecosse , qu'ils n'avaient jamais visiles. Cliacun a voidu illustrer les vieux sou- venirs (!e son pays et habiller en roman les contes de la veiilee, oules traditions populaires. Malgre toas ces essais, Waller-Scott reste encore sans rivaiix. Plusieurs dames , distinguees par lenr rang et leur talent, oni voulu revenir a Felude du cceur humain et ont clierche a peiiidre les nuances varices (les])assioiisquiragitent (i). Telrae (i) C'est aussi le bnl des editcurs de la Collection des meilleurs romans fraiicais, annoncee dans noUe cabier de deccmbiedfivniet. ( V. t.xxvm , p. 905. ) ^'- f'' ^- I LlTTl^RATURE. 285 j)arait ^tre le merite des ronians de M™* la diichesse de Du- ras , de M""^ Sophie Gay, etc. L'auleur A'Elida tit de la nieme t'colo, mais n'a point rexperience du monde et des clioses , ([lie le terns et Telude lui donneront. M"«^ Pion est jolie, el n'a ])as i(S ans ; on sent corabieii de choses son ;ime ])inedoit igno- rei' ; et, si elie peint nuturellement les idoes deuces et les sen- timens geni'ieux , elle doit repugner encore a supj)oser les liomines vicieux et trompeiirs. Ceroinan, ecrit avec facilite, niais qui decele un peu I'agc et I'inexperience de I'auteur, est I'histoire de Iroisjeunes es - pagnolfs, qui, d'aboid rcanies dans le memo convent, amies dans cetle douce retraite, hcureuses d'etre ensemble et de faiie enlreelles des cclianges continuels de leurs sentimens les j)lus secrets, sent tout a coup jelecs dans le monde , se inarient d'une maniere fori dilTereiite, sont tour a tour victimes de leurs maris , de leius anians , de leurs amies , et se retroiiverit enfin dans la position la plus faclieuse. Cette peinture et ces contrastes ne sont pas exprinies avec assez de force, et nous conseiiloiis a I'.iiUenr de choisir des sujels qui conviennent micux a son age et a la nalnre de son talent. iC8 — * Repertoire (lit Theatre Francais , avec des Conimen- fa//-e.y parVoLTAiRR , La Harpe, etc., edition classee dans un nouvclordre, orni'C de douze portraits ^ et pitcedee de notices sur les autenrsel acleurs celebrcs, par L. ^.Picard, de I'Acade miefrancaise, et /. Peyrot. 8' et cj*^ iivraisons du Theatre, avec la I '■'' des «o?/ceJ. Paris, 18*26, F. A. Duprat, editeur, rue Pou- pee, n° 11. Prix de cliacue livralson , a fr. ( Voy. Bev. Enc., t. XXVIII , p. 577 , caliier de novembra. ) Cette belle enlreprise se recommande a la fois par I'ele- gance et la coned ion typograpliiques, et sur tout par I'agre- ment et la commodile de pouvoir reunir en ])eu de volumes , tous les chefs-d'oeuvres de la scene fiancaise. Les observations des autenrs et des acfeurs celelires, ajoutent beaucoup de ])rix a la lecture des pieces, et font sentir loute la difficidle de la I representation de certains roles. 11 est sans doule tres interes- I sant , apres la lecture raisonni^e d'une tragedie de Corneille ou i de P»acine, de voir comment Le Kain , Larive savaient rendre I ctexprlraer de si belles scenes. I Une des livraisons que nous annoncons conlient des notices ' surles])remiersanleurs tragiques etcomiques. C'est une galerie I dans latpielle I'auteur passe en revue les ouvrages qui ont pre- I cede et prepare lesclicfs- d'ceiivre des xvii'" et xviii^ siccles. Le style de cette partie du travail est digne de la reputation des auteurs qui s'en tout charges ; cepeudani, nous pensons que a86 LIVRES FRANCAIS. les formes n'en sont pas assez varices, et qii'ils piofessenl uiie admiration pent - etre iroj) exclusive ])our les chefs - d'oeuvre ([u'ils sc ])roposent denousfaire apprccier; quelques criliijues .luraieiit ajoule plus de prix vt en mSme lems plus d'aiitorite a leurs jngemens. he /portrait de Corneille , qui est joint a celte livraison , est d'une veritc frappanle, quoique les coups de burin nous pa- raissent un pen Irop forls. Am. D. 1C9. — Almanack des ipectacle.uiserons quelques fails qui peuvcnt piquer la curiosite. Outre les theatres de Paris , 11 cxisle, en France, 25 theatres permanens, dont 2 a B6rdeaux, et 2 a Lyon; 40 troupes desservent les autrcs temples elevcs dans les vilies se- condaires a Melpomene, a Thalis, et aux Muses du vaude- ville et du melodrame. La Belgique compie 10 theatres fran- cais. Geneve et la Nouvelle-Orleans ont chacane leur spectacle. Si Ton ajoute a celte liste les theatres frano;iis de Londres, de Varsovie, de Petersbourg, dont I'almanacli ne fai; pas men- tion , les 12 theatres de Paris , et la troupe de la banlieue de Paris, on complera (ft troupes d'arlistes dramaliques fran- cais. Pendant I'annee iSaSjOn a represenle,a Paris, 182 jiieccs nouvelles, dont 3 an Grand-Opera , [Academie royalede i/nisi- que),3 au Theatre Italien, 16 an Theatre Franrais, 1 1 a XOpera- comique, il\ a VOdeon , 22 an Theatre de Madame , 22 au Vau- deville, 24 aux Farietes, i3 a la Caile, 17 a VAmhigu Comiquc, 18 a la Porte St.-Martin et 9 au Cirque de Franroni. On peut les classer ainsi : 23 operas, dont 3 italiens et 7 traductions; 1 1 tragedies ; 20 comedies; i drame ; 95 vaudevilles ; 27 me- lodrames el mimodrames , et 5 ballets. Cent quarante auteurs eidix-sept compositeurs ont obtenu les honneurs de la repri-F LITTERATURE. — BEAUX-ARTS. 287 senlation. MM. Thkaulon et Scribe ont ete les plus produc- lifs : I'lin a fait qualorze pieces , et I'autre treize. La necrologie des auteurs et des artistes enleves au theatre pendant I'annee 1825 coinprend quelques noms ainies du public : le composi- teur Gaveaux , ex-societaire de TOpcra-Coniique , auteur de la musique du Petit Matclot, d'Owinska, de M. Deschalu- meaux , etc. ; Lafargue , du second llieaire francais; M""= Va- LERE, qui a obtenu des siicces a I'Odeoii et au Gymnase, sous le nom de Florigny , Jdliet, du theatre Feydeau, Doche , chef d'orchestre du Vaudeville , anquel on doit une foule de jolis airs ; Mii<= Fanni Bias, danseuse de I'Opeia; Granger, professeur de declamation , Beoquie , jireiniere flute k rOpeia-Comique, et Desfontaines , le collaborateur de MM. Bane, Radet et Piis. A.J. Beaux -Arts. 170. — * Description de I'Egypte. Deuxieme edition , dediee au Roi. Livraisons i6oe a i6ie. Paris, iS'iS; Panckou(ke, editeur. Prix 10 fr. thaque livraison eiiquetee, composce de cinq planches, format grand atlas, j)apier fin satinc. ( Voyez t. xxviii , p. 584- ) Ce magnifique ouviage est I'objet d'une nouvelle analyse I'aisonni'e comj^rise dans ce lueme cahier , et a laquelle nous renvoyons les lecteurs. ( Voy. ci-dessus , page 100). 171. — * Antiquites cg^ptiennes nouvellement apportees a Paris , par'^1. Passalaqua. Rapport sur ces antiquites fait a la Societe royale acadernique des sciences , et iue a la seanee jm- blique de la Societe phitotechnique , du ao noveinbre 1826, par M. le chevalier Alexandre Lenoir, crcateur et ancien conservaleur Au Musee des rnonurnens francais , etc. Paris, iSaS; Delaiinay. Brochure in-8°. prix i fr. 5o c. Nous avons deja parle des antiquites cgyptiennes, apportees ' a Paris par M. Passalaqua [Voy. cahier de wocrw^/e. T. xxviii, pag. 656). Dans son rapport a la Societe philotechriique , M. Lenoir donne de savans details sur les principaux objets d'une des jilus riches collections qui aient encore eto offeiles a la curlosite des amateurs d'antiquites. EUe est proprc'a ex- citer bien des reflexions , en reproduisant sous nos yeux des produits varies de I'induslrie humaine dans ces terns recules. On n'estpas peu surpris d'y rencontrer beaucunp d'objets destines ala toilette des dames : des colliers de loute esj)ecc, des epingles de lete, des boucles il'oreille , des bagues, des peignes, des miroirSjdes boites contenant encore des pommadcs pour ra- fraichir la peau , pour rougir les ongles, suivanl ['usage des 288 LIVRES FRANC AIS. Kgyplicns, ef potir teindre les sourcils. On y voit,enlreanlrcs «)bjets consaciiis au culle , line iioinljreuse serie de feticlies et les qui couvrent la surface duf^iobe, les Chinois appellent surtout I'attention de Tobscrvateur. Une nation ou tout, jiisqu'aux usages de la vie commune, est souiiiis a des regies invariables ; une nation qui conserve scrupulcusement, sans y rien ajouter, les sciences, les niojuis et les usages de ses aiicelri's, est une esi)ece de phenornene parini les yieuples civilises : elle olfre, daus son elat ])resent, nn monument des terns anti(p!es, conserve dans loutes ses formes et dans toule sa purete. Cette civilisation immobile contraste singulierement avec la civilisation essentiellcment mobile et modiGcatrice de la grande famii!e europeennc. Dans les deux premieres livraisons, que nous avons sous les yeux, on voit : 1° une partie des jardins du palais d'automne «le I'empereur, avec leurs elegans jiavillons; ces jardins s'offrent en perspective a Iravers les arcades d'un edifice dont la struc- ture est presque acrienne; — 2° un mandarin en grand ces- tunie de cour ; — 3° une dame d'un rang cleve , avec un oiseaii sur le poing; — 4° u" villageois dirigeaiit une brouelte a voiles, dont la marche est accelerce ]iar le secours du vent ; — 5° un groupe de soldafs de <.iav. — Essai sur les Garanties individuelles , etc.; par M. Daunou; traduit en grec uioderne, par M. (Ph.); avec une PnfaceAn traducleur et une Table. Paris , i825 ; Firmin Didot. 1 vol. in-8° de xiv et 247 pages d'impressiou; prix 6 fr. igS LIVRES ETR ANGERS PUBLIES EN FRANCE. L'Europc nioderne a cmpfunte aux Grecs anciens sa civili- sation et ses liiraieres. Lenrs prands pliilosojilies nous onl appris a clicrir la liberie el a cultiver rintcliigeiice que nous devons a rAulenr de toutes clioses; leurs poetes nous ont guide dans le cliemin du goiit c"t de I'iincginr.tiun; leiirs his'oricns nous onl of'fei t les nieilleurs r.iodeles a iiniter ])our !e recit des actions de nos ancetrcs et Ics Iceona qut .u>us cle'vons y pniscr. Mais, tandis que TEiirope mcUait a profit taus ces bienfails qu'elle devait a I'ancienne Grece , Iss pc«]^!c3 de ces contri'-cs ctaient toinbes dans le pluf- dur el le pliJS odieaii; 2sclavagc; Ics lumieres, filles et ccmpaguefl dn la, liberie, n'ccUnraient plus ces lieux oii jadis el!es avaient bri!!e d'un sclal si J)uj' et si vif; et, a la honte de I'Europe ingrate, un people barbare et vo- luptueux tenait sous un joiig pesant les descendans de Leo- nidas et de Pericles. Aujourd'liui, la Grcic se reveille; depuis cinq annees , elle fait dcs efforts inou'is poor reprcndre le rang (ju'elle n'aurait pas dn cesser d'ocfiiper p.-irmi les nations civi- lisces, et tandis q;ie Ics raonarqufs, tronquiiles cpectnteurs de celte lulte sanglante, dorment dans !a plus funesle inaction, les j)cuples du inoins ne cessont I'e fonisjr des vcenx j)oiu' la cause des Hellenes, et leur offrent les faibles secours tmi sont en leur pouvoir. Si nous devons aux anciens Grecs la civilisation ou nous sommcs parvenus, leurs descendans n'ignorent pas qu'il est indispensable pour eux de ncus emprunlcr a leur tour le depot dcs connaissances liumaines. Pendant que tous ceux qui ha- bitent le terriloire de la patrie combaUcnt I'cr.nemi conunun , les armes a la main, d'autrcs, repandus parmi les prinj'ipaies nations cnropecnncs, y nourrissent cet ardent amour fiui nous unit a leurs compatriotes , et tradsiisont dans leur langue vul- gaire les ouvrngcs les plus propres a seconder le noble desseiu qu'ils ont concu liis celebres : c'est un succes qui n'est sans doute pas reserve aux ouvrages des De Maistre, des Bonald, des La Mcnnais et de tons les aulres fauteurs du pouvoir absolu et des idces aristocratiques (i). A. T. 184. — * Tales dedicated to the rnyal Children of France. Contes dedies aux Enfans de France. Paris, iSaS; L. Janet. 1 vol. in- 1 2 de 29/i [-ages, avec dc jolies gravnres ; prix 4 fr. Ce -volume est la traduclion fideie ct lilttrale de la pre- miere panic des nouveaux Contes de M. Bouilly, que nous avons annonccs ci-dessus. ( Voy. p. 274 ). II est a rc^retter que In corrcclion typographique n'en ait ])as etc assez soignee, et qu'on y ait laisse siihsister des fautcs qu'un reil exercc recon- nailra aist-mer-t, mais qu'il importe de faire disparaitre de la prnchaine odilion , dans I'infcret surtoutdes cleves qui liraient ce livre en I'abscnce d'un inailrc eciaire. J. H. (i) CeUe elegante version d'uu excellent ouvrage est due a M. For- NlHART, m6decln grec. T\' d R IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Etats-Unis. — Washington. — Extrait du Message du President adresse an Senat et a la Chamhre des Rcpresentans, a V ouverture de la session du 19™^ congres ( deceinbre 1825 ). N. d. R. Cc message est un document historique d'line si haute importance, que nous croyons devoir en mettre quel- ques extraits sotis Ics yeux de nos lecteurs , quoiqu'ils le con- naissent doja par les journaux quotidiens qui I'ont repandu avec profusion dans tousles lieux oil la circulation de la pensee jouit de quelque liberie. Nous y choisirons ce qui doit attirer le plus specialement I'attention des penseurs europeens , et nous n'y ajouterons aucune reflexion. Cet ecrit memorable fera iiaitre, dans cliaque pays , les observations qui conviennent le mieux a la situation des habitans , a leurs esperances , a leurs moyens d'anieliorer le present et de preparer un avenir encore plus heureux. Si I'Europe ne tient plus le sceptre du monde , elle ne pourra se soustraire a I'influcnce de I'Americiue; les paisibles conquelesdu Nouveau Monde cliangeront la face de notre monde viedll , non {)ar la force des armes , mais par celie de la verite, des lumieres, du commerce et des arts. Que les ocrivains periodiques secondent a I'envi la genereuse impulsion communiquee par le message du president des Etat-Unis; • ils ne peuvent donner a leurs pages une plus noble destina- tion. Le President commence par rendre graces a la Providence dont la protection a favorise I'accroissement rapide de la pros- peiite des etats de I'Union, en maintenant la paix entre le nord de I'Amerique et toutes les nations de la lerre. « L'liistoire du monde civilise nous offre peu d'epoques oil la situation du monde chrelicn ait etc aussi generalement salisfaisanle. A quelques malheureuses exceptions pres, durant une paix de dixannees, tous les gouvernemens de I'Europe, quelle que soit leur constitution, ont acquis la conviction que leur veri- table but est le bonheur des peuples, et que le pouvoir ne pent etre justifie que par les avantages dont il fait jouir ceux sur lesquels il s'etend... AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 3ol fi La politique des Etats-Unis a toujouis ete tres-liberaic dans les rapports commerciaiix avec les nations elrangeres. Nousnous sommes abstenus de toute prohibition dans I'echange de ieurs productions avec les notres, et nous avons rcnonce au droit d'imposer des taxes sur les exportations; quandnous avons cru devoir nous ecarter de ces maximes, en accordant a notre marine des privileges dans nos ports, ce n'a etc qu'a la suite de mesures serablablcs adoptees par quelques puis- sances, au prejudice de notre marine, et par droit de repre- sailles... Le message rappelle des reclamations adressees plusieurs fois au gouvernement francais , et qui sont demeurees sans reponse. '< Si les deraandes reciproques des nalions pouvaient 6tre soumises a la decision d'un tribunal independant , il y a long-teras que nous aurions obtenu I'indemnile que nous re- claraons. i> Corame Francais, nous nous bornercns a exprimer le voeu que les dettes de la justice et de I'honneur soient acquit- tees , et que, si, par I'effet de nos discordes interienres, les notions d'equite sont quelquefois obscurcies entre nous, ces nuages n'enveloppent point aiissi nos i-elations avec les peu- ples amis. «... Parmi les papiers que je soumets aujourd'hui au Con- gres, il remarquera un traite de commerce et de navigation avec la repuhlique de Colombie , dont les ratifications out ete echangees depuis rajournement de la derniere legislature. Nous avons ['intention d'entanier de pareilles negociations avec les autres republLqiies americaines, et nous esperons qu'eller, reussiront anssi bien. Les traites proposes par les Etats- Unis sont toujours fondes sur deux principes ; la plus exacte reciprocite, et I'obligation pour les parlies contractantes de se trailer mutuellement sur le pied des nations les pins fa- vorisees. C'est en se conformant scrupuieusement a ces prin- cipes que I'Ameriqne sera completement affranchie, et deli- vree pour jamais desmono[)oles , des exclusions et de la coloni- sation. Ce grand et utile effet des lumieres devient cliaque jour plus elendu, elmieux assure; il sera complete plus promp- teraent, si les etats europeens qui refusent encore de recon- naitre I'independance des republiques americaines persistent dans leur inutile resistance. II fut un terns, encore assez pres dc nous, ou qiielciues-uns de ces nouveaux elats , presses d'obtenir une independance illusoire, auraient souscrit a des conditions onereuses et genanles, a des privileges commer- ciaux concedes a I'ancieniie nu'-tropole; ils savenl tres-bien aujourd'hui que de pareilles concessions sont incompatibles 3oa AMtRIQUE SEPTENTRIONAl*. avec rindej)endance reelle qu'ils ont conqiiise et maintcnue. » Lc president annonce ([lie les Etats-Unis ont accepic^ Tin- \itatioii de sc faire representor au congres de Panama; que des miiiistrcs y seront envoyes pour prendre part aiix d.-libc- r.itions, « autnnt qu'elles seiont comjialibles avec ia neutrality dont nous ue voulims i)oint nous deparlir, et a laquelle les autres elats ne desire/it poinl que nous renoncions. )>... 0 Les forces navales de I'Union , ont etc eniploycics princi- palement dans Irois stations: la Mediterrarice, les cotes de I'Aincrique du Sud baignees par I'Oeeaii Paciilque, et leslndes Occldentales; on a envoye de tenis a autre un balinieiil de guerre crolscr le long des cotes d'Afrique lc plus ordlnairc- ment souillees par le trafic des esclaves, et ua autre a staiionne sur nos cotes orientales pour surveiller les peclieries dans la b;iie d'Hudson et pres des cotes du Labrador. Enfin, une fre- gateneuvc a, pour la premiere fois, sillonne les merspour rei;- dre a sa ])atrie et a sa famille le heros veteran qui, dans sa jennesse , prodigua son sang et sa fortune pour I'liidi'iJCndance de notre patrie, et donl la vie est nne suite non interroinpue de sacrifices pour I'anielioralion du sort de scs semblablcs. La visite du general La Fayette, aussi honorable pour lui-meine que pour noire pays, s'est terminee coranie ellc avail com- mence, par les tcmoignagcs les plus touclians d'affection et de devounient de sa ])art; et de la notre, par ceux d'une gra- titude sans borncs. Elle sera, dans les annales de rUnion ame- ricaine, un evenement rcmarcjuable ; elle donnera a I'liistoire lout le prestige d'une iiction , el consacrera le tribut de recon- naissance paye par une grande nation au defenseur de:>inlc- ressc des liberies de I'espcce liumaine. « 11 a ete necessaire d'entrelenir une ])ctite escadre dans la Medilerranee , afin ile sV-pargner 1 liuuiiliatlou de payer un tribut pour la surete de noire commerce dans celle nicr. La guerre actuelle entre les Turcs et les Grecs nous y ob'igeait egalcment, parce que, dans celte lutle, des baiimeiis neulres ont etc exposrs a des insultes eta des depredations; dans (piel- ques cas bien rares , il est vrai , nos naviros jiiarchands ont ete attaques pat des pirates portant le ])avillon grec, mais sans autorisation du gouvernement de la Grece, ni il'aucun autre »... Le president appelle I'atlenlion du Congres sur la situation actuelle de la marine. II fall observer ciuecetie partie si impor- tanle de la force publit|ue conserve encote I'organisatio.n qu'elle avait lorsque son materiel n'etait que de cincj fregates. 11 recommande retablissement d'uiie ecole de marine, sur le ETA.TS-tJNIS. 3o3 modcle de celle de West-Point , pour la fjuerre. II propose aussi d'occuperdc terns en terns quelfjiies batiniensa des voya- ges de decouvertes. « Cent expeditions de cc genre ne coiitc- raierit pas auiant qsi'une seule campagne de guerre : et quelie difference pour I'avantagc de rhamatiite! >■.... « Le 24 decembre 1799, il fut decide par le Congres qu'an monument en maibre serait erige dans la capiiaie , aiix frais de la nation , a Washington, et qu"on inviterait sa familie a permettre que son corps y fiit depose. Ce monument etait destine a jjcrpeluer la meinoire des grands evenemons de la vie politique et niilitaire de cet; illiistie citoyen. En rappelant cet objet au Congres, j'ajoulerai que les travaux du Capilolc sont sur le point d'etre termines, que le consentement de la familie a ete demsudc et obtenu, et qu'il a etc marque, dans le lieu oil les repiesenlans de la nation preparetil les deslinees de la generation prusente et decellesqui lui succederont, une place oil doivent etre deposes les restes mortels de celui dont 1 ame plane sur leur assemblee, etvoit avcc deJices leurs efforts pour assurer la gloire et la prcsperite de la patrie. n La constitution, en vertu de laquelle vous etes assembles, est une cliartede pouvoirslimiles. Si apres une deliberation so- lennelle et approfondie sur tous les abjetsque je vous ai sournis , en cedant au ser:tiiiicnt impcrieiix de nion devoir , vous pensez qu'ils ne sont pas compris dans vos attributions; que le desir d'obtenir de nouveaux avantages et d'operer qiielques amelio- rations inij)ortantes ne vous determine point a vous investi4' vous memesd'une autoriteque le peuple ne vous a pas confiee. Mais, si voire pouvoir Icgislatif s'etend a tous ces objets, s'abstenir de I'exercer pour le plus grand bien du peuple lui- nieme, ce serait renoneer a la plus belle de vos prerogatives, et manquer a I'un de vos devoirs les plus sacres. « L'esprit de perfectionuement est aujourd"hui tres-actif sur loufe la terre. II cnflamme le coeur et stimule {'intelligence , non-seulement de nosconcitoyens, mais desnntionsde 1 'Europe et de leiirs gouvernans. Tout en reconnaissarit la siiperioiitc de nos institutions poliiiques , ne perdons pas de vue que la li- berie est une puissance; que la nation qui jouit de la plus grande somme de liberie doit eire, proporlionnellement au nombre de ses tifoyens, la plus pui-sanio de la lerre, que rhomme invest! du pouvoir ne I'a recu, selon les dcsseins de la Providence , que pour I'exercer dans des vues de bienfaisance, ])Our ameliorer la condition de ses semb!ables, en nieine terns que la sienne. Lorstpie des nalions, fpu ne joiussent pas autant que nous c!e celte libei te , marchent a pas de gi'ant dans la car- 3o4 a.mi<:rique SEPT. — ami^:r. IvrtRID. riere dcs ameliorations, si nous langulssions dans I'indolence; si nous proclamions a la face du monde que noussommes pa- ralyses par la volontc de nos comniettans , nc scrait-ce pas repousser les bienfalts de la divinit(5, et nous condamner a une perpeluelle inferiorite ? SI de grandes choses ont etti execiilees par divers etats de I'Union en particiilier , nous ne devons pas hesiter a entreprendre Ics Iravaux d'ulillle gcncrale pour les- qnels ni I'autorite ni les ressources d'aucun des clals isoles nc pourraient suffire. » New -York. — Proj'ets dc nouvcaux codes. — M. William Sampson, avocat distingue de New-York, connu par jdusieurs ecrits, ou Ton remarque des saillies vives el originales, une vaste erudition, mais quelquefois un peu trop de jjretention a I'esprit , a public , en 1824 , un discours fort jiiquant prononce devant la Societe historique de New-Yorh, conlre \a loi com- mune d'Angleterre, et sur la necessity de rediger potir les Etats- Unis des codes de legislation nationale. (Voy. Het'. Enc, t. xxir, p. 637.) Ce meme auteur a donne, dans le National advocate de New- York, la traduction d'un article de M. Dupin I'aine , insere dans la Revue Encyclopcdique ( t. xxvi, ])ag. 65 ) , oil la meine question est examinee, a I'ocoasion d'une dissertation de M. Duponceau, relative a la nature et a I'etendue de ia juridic- tion des cours des Elats-Unis. « Tout Iccteur americain, dit M. Sampson, pourra voir que la vigoureuse brievete du juris- consulte francais a renferme, en quatre j)ages in -8", resi)rit dc I'ouvrage et I'importance de la riuestion. Je ne puis rien ajou- ter a ces observations pleines de sagacite. » R. , avocat. AMERIQUE MERIDIONALE. Boenos-Atres. — Liberie i-eligiense. — Dans le couranl du mois deseptembre i825,la Chambre des represenlans aadopte sur la proposition du pouvoir exeuntif, la loi suivante : — Article z/njVjrKP. Le droit qui appartient a tout homme d'adorer Dieu suivantsa conscience, est inviolable sur le lerritoire dela republique. — Les Anglais jouissaient deja de ce droit, en vertu d'un traits ; maintenant , tons les peuples et toutes les religions y seront egalement sous la protection des lois. F. Republique de la Plata. — Commerce. — Le commerce avec I'Angleterre prend chaque jour plus d'extension.En 1827, les importations anglaises se montaienta la sonime de 388,487 liv. St. , Inndis qu'en i823 , elles furent evaluees a 1164,745 1. si. En 1822, cent soiyante-sepl vaisseaux anglais firent voile de differeiis ports pour liii.-iios-Avres , avec touiessorlcs de mar- AMERIQUE MERIDIONALE. — ASIE. 3o5 chandises. Les pi iticipales exportations de la province sonl les ciiirs , les suifs , les laines , les cornes, le boeuf sale, etc. En 1822,11 fut expedie, pom- I'Angleterre seulement, 956,600 peaux de boeufs et de chevaux :si ron ajoute celles qui ont ete exportees a Anvers et dans d'autres ports du conlinent euro- peen, on pourra se faire une Idee de I'l'mmense quantite de cuirs fournie par celle portion de rAmerlque. Le commerce de Buenos-Ayres avec les autres nal ions n'a pas, a beaucon p pres, la meme Importance que celui qu'elie fait avec I'Anglelerre. Le nombre des betes a cornes que Ton eleve dans la pro- vince de Buenos-Ayres, fait I'elonnenient de tous les elrangers. Aussl, la viande est-elle a un si bas prix, qu'il serait difficile de dire ce qu'en vaut la livre. Un bceuftout entier ne coute que cinq ou six dollars : dans ce prix, la peau seule entre deja pour trois dollars et deral; le suif et les cornes comprenTient apeu prcsle reste. Cependant, la quantite debetail a beaucoup diminue, depuis ie commencement de la revolution. Les diverses provinces de Rio de la Plata offrent une si grande vaiiete de climals et de j)roductions, que letrafic in- terieur aura toujours beaucoup d'aciivile. Les etats du Nord produisent du tabac et du colon, articles qui sont fort en de- mande a Buenos-Ayres. Si la paix se rctablit, les provinces superieures du Perou, ainsl que celle de Tucnman, y enverront leors metaux precieux. Les contrees qui avoisinent les Andes sont singullerement favorables a la culture de la vlgne, et , deja Tnaintenant, douze mille barils de vin et d'eau-de-vie de Mendoza etde San-Juan, descendent de Rio de la Plata pour ^tre echanges contre les marchandises anglaises. Tout fait done esperer que le commerce prendra, dans ces beaux pays, des developpemens rapides , auxquels 11 serait blen difficile d'as- slgner des bornes. ( Bibliotheque univ. de Geneve. ) ASIE. Inde BBiTANNiQUE. — Suicides des veuves indiennes. — L'usage ancien des veuves indiennes de se brtiler vlves , avec le corps de leurs epoux, n'a point ete abandonne, depuis que I'Indoustan est devenu I'une des possessions de I'Emplre britannique ; et des documens soumis au Parlement d'Angleterre, dans sa dernlere session, donnent de nouveaux details sur le nombre de ces trlstes vlctlmes des superstitions orientales. En 1823 , dans la seule presidence du Bengale, 11 y a eu 575 sacrifices humains de cetteespece; sur ce nombre effrayant, il y avail 109 femmes au-dessus de 60 ans, 226 entre 40 et 60, T. XXIX. — Janvier 1826. 20 3o6 ASIE. — OCE/INIQUE. ans , 208 entre aoet 40 , et 32 au-dessous de 20 ans. Ainsi, pres de la nioitio de ccs veuves etaient encore au sorlir de I'adolescencc ou de la jeunesse, et laissaient aprcs elles , sans doutc, des enfans en has age, prives des soins mnternels. — Sur ces 575 victimcs, il y en avait 2^4 apparlenant a In caste des Brames; on en coinptait 2()2 dans celle des Shiidderi, vul- gairement appeles Banians, et il y en avait dans les deux antres 49; re qui niontre (]uc ce prejuc^e barbare imuiole plus de femmes dans les dernieres classes dn peujtle f(ue dans la caste sacerdotale. — Get usage cruel est ])lus ou nioins n'panilu dans les diverses parties de l'Indoustan,selon la proximite des lieux sanctifies par la religion de Bramah. Loin des rives du Gange et des grandes pago.les de Benares et de Jagrenah , il y a beau- coup moins de suicides de cette espece. Dans la presidence de Bombay, on n'en compte que 52, par un terine rnoyen de quatre ans. Dans celle de Madras, ce terme s'eleve a Ci; tandis ([Tie, dans celle de Galcutta, il y a eu, en 1819, 65o femmes quisesont brnlees volonlairement avec Ic corps de leurs maris; en 1820, 597 ; en 1821 , 654 ; en 1822, 583; et en 1823, 575. Ainsi, dansces clnqannees,le nombrcde ces sacrifices insenses a montea3,o59femme';,dans une seule province de I'Indebritan- nique. 11 y ena eu287,dans les faubourgsde la villede Calcutta, presque sous les yeux du gouvernement anglais. Cependant, et il taut s'ein])resser de le dire, sur onze suicides projetes, dix ont ele pievenus, quand les offlciers de police etaient pre- sens, les veuves ayant eie einpecliees ou dissuadc'es de les ef- fecluer. On a I'espoir bien fonde que le Parleinent ne tardera ])as a intervenir, par une resolution qui ne s'est fait atlendre si long -terns que parce qu'on apprehendait de revolter les sentimens religieux des Indous; inais une enquete sur ce sujet perniet de croire qu'i! est beaucoup moins difficile qu'on no I'imnginait d"abolir I'usage de ccs suicides solennels, sans al- larmer les peuples de I'lndoustan sur leur antique religion. MOREAXI DE JONNES. AUSTRALASIE. TforvELLE-HoLLANDE. — Prise cle jJOSsessioTi au nom du roi cT Angleterre. — Une expedition , composee de quatrevingt-dix colons, sous les ordres dn capiiaine Barlow, partie de Sydney, capitate de la j^ouvelle-Hollande, a borddedeux navires mar- clinnds cscorlus par le batlment de guerre Le Tamer, a pris possession, dans les premiers jours du molsdenovembre 1824, au liom du roi d'Angleterre , de I'extrenute septentrionale de i AUSTRALASIE. — AFRIQUE. 3o7 la Nouvelle-Hollande , maintenant appelee Anstralasie , ainsi que des iles Melville etBalhurst, qui n'en sont(|u'a la distance de trois jours de navigation. Leport de I'lle Melville oil ces ba- limens ont jete I'ancre a recu le nom de port Cochhurn. Les colons, aussilot apres leur debarquement, se sent empresses de construire un tort , deux grandes maisons , dix-huit chau- jnieres et un grand magasin, dans un lieu qui a cle appele Kings- Cove, ou ils se sont etablls (Voy. flee. Enc. t. xxviii, p. 6o3 les details que nous avons donnes sur les colonies (inglaises de la IS ouvelle-Hollande.). (^Annales maritimes et coloniales.) AFRIQUE. Egypte.— Culture du colon , de P indigo , du murier , de Po- livier, de la vignc. — Bdtimens a vapeiir. — Canaux. — Tele- graphes. — College. — • Ecole mililaire. — Impriinerie. Journal officicl. — Jardin botanique. — Ecole de inedecine et de chirurgie. — Bibliotheque. — Salle de spectacle. Eclairage par le gaz. — Nous avons entretenn sou vent nos lecteurs des (itiles ameliorations dont I'Egypte est redevable a I'administration cclairee du vice-roi Mohammed-Ali. ("Voyez dans la seule anuee 1825, Ixei>. Enc. , r. xxv, p. 645 - 547 t. XXVI, p. 58i, t. xxvni, p. 6o5,94i.) — Les details cui suivent sont enipruntes a la Revue britannique , qui les a elle-meme extrails de plusieurs journaux anglais, et qui continue avec suc- ces a faire connaitre I'Angleterre a la France. En donnant des eloges merites a tout ce que le vice-roi d'Egypie fait de bon et d'utile pour le paysconfie a ses soins, nous devonsdeplorer I'af- freuse necessite politique oil il s'est cru place de sacrifier, dans une guerre injuste et impie, des hommes et des tresors qui au- raientpu devenir d'immenses moyens de production et depros- perite, aulieu d'etre des instrumcns dedevastationetderuine. La culture du colon du Bresil , inlrodnite en Egvpte par M. JuMEL, negociant francais, directeur-general des manufac- tures du pacha, i.iort a\i Caire en 1823 , prend de jour en jour une extension plus etonnante. II a remjilace I'espece de co- ton fort coninnine que Ton y recoltait depuis un terns imme- morial. La premiere rccolte de )a nouvelle espece produisit a5,ooo balles. La seconde fut si abondante , qu'apres avoir sa- tisfait aux demandes des differentes nations du littoral de la Mediterranee , on exporta 5o,ooo balles en Angleterre. Le produit de cette recolte a ete double, en 1824. Celle de 1825 a dii etre plus considerable encoiie ; car le pacha , enivre d'un succes si prodigieux , et qui depasse toutes ses csperanccs fsit 3o8 AFRIQUE. retablir lous les caiiaux (Viirigation qui avaicnt ete engorges, afin de reiidro a la culture des terrains long-tems stdriles. " Je veux , s'est-il eerie dans I'exaltation de sa joie , couvrir de plantations de colon toutes les rives dn Nil , depuis ses embou- chures jusiiu'a sa source. » On croit que I'Egypte ne tardcra pas a produire cet article en aussi grande quantite que I'Anierique tout eniiere. Quelle source de richesses, dans un lems ou les tissus de colon jouisscnt d'une telle faveu"-, que la Grande-Bretagne, aprcs avoir fourni ce qui est uecessaire aux besoins de ses habitans , en a exporte , en 182/1 1 pour une valeur de plus de sept cent cinquanle mil- lions de francs. Loin de deg.'nerer sur les rives du Nil, le colon que Ton y cullive aujourd'hui, donne , a ce qu'on assure , des soies plus longiies et plus fines que celles du plus beau fer- nambouc. Encouragepar le succes des plantations de colon, Mohammed- Ali cherche dans ce moment a etendre la culture de V indigo , et ses efforts a cet egard ne paraissent pas devoir etre moins heu- rcux. 11 a fait aussi vcnir une colonic de Syriens , i)OUT planter des miiriers et pour ele\'er des vers a sole dans la vallee de Toumsant. La bdle province de Fayoum , sans renoncer a ses moissons de roses, dont ou tire une essence si recherchee en Asie se couvre de plus en plus d'oliviers , et la lu'g/ie commence a y donner des recolles abondanles. Depuis long - lems I'Egypte produit la canne a sucre , le tin, le sqfran , la plupart de nos fruits , de nos legumes et de nos cereales ; bienlot , cette terre privil^gice, donluu homme extraordinaire veut a la fois metue a profit toutes les ressources , egalement paree de la ve- getation de I'Europe et de celles des Iropiques, reunira sans exception , dans une etroite vallee de deux cents lieues de lon- gueur , toutes les cultures des deux mondes. Bdtimens a vapeur. — Pour avoir des communications plus faciles et plus promples avec I'Europe, le vice-roi a fait fouiller le sol de plnsieurs canlon.s de la Syrie, dans I'espoir d'y decouvrir des mines de charbon de terre : le combustible que Ton retirerait de ces mines servirait principalemenl aux bdtimens a vapeur qu'il se propose de faire construire. II s'oc- cupe aussi d'etablir un lazaret a Alexandrie. — Construction de cannux. — Mohammed-Ali a deja fait beau- coup pour faciliter les exportalions de I'Egypte, en joignant au Nil le porl d' Alexandrie par un canal navigable; mais, un projet d'une importance bien superieure I'occupe dans ce mo- TOcnt. Les nouvelles constructions qu'il veut entreprendre n'etonneront point, comme les Pyramides, par une magnificence AFRIQUE. 3o;) sterile; elles porleroiit I'erDpreinte du caractere de iiotie siecle, et I'utiliteysera reunieala grandeur. Ils'agitdejoindrelesdeux raers qui environnent i'Egypte, par une navigation arlificielle. On avait d'abord propose de le faire, au moyen d'un canal que Ton auraitcreusc, en suivant les traces encore distinctes de ceiui que des tradilions liistoriques attribuent au pharaon Nichao. (]e canal aurait abouti, d'un cote, au port de Suez, et de I'autre, au Nil, un ])eu au-dessous du Caire; mais Ton pro- pose maintenant d'elablir cette communicalion par une navi- gation qui serait tout-a-fait independante de cellc du Nil. Dans ce nouveau plan, le canal, qui parlirait egalement de Suez, renconlrerait dans son cours les lacs Amers et le lac Mensaleh, et il irait aboutir a Tineh, sur les cotes de la Me- diterranee. — Construction de telegraphes. — M. Pierre Abro , Arme- nien, a trace une ligne telegrapliique entre Alexandrie et le Caire, d'apres le sysleme de MM. Chappe, Cette ligne ne doit pas tarder a etre prolongee dans toute I'Egypte. On a en meme tems organise des relais de poste pour le transport des de- peches qui, a raison de leur norabre ou de leur ctendue, ne pourraient pas etre transmises par des signaux. — Instruction puhlique. — Fondation d'un college , d'une ecole militaire. — Le vice-roi a fonde un college a B.oulah, dans le palais qu'habilait son fils Ismael. Cent clevcs, depuis I'age de 9 ans jusqu'a celui de 35, y sont entretcnusa ses frais, et apprenneiU, sous des maitres habiles, la chimie, les mathe- matiques, le dessin, le grec litteral, le latin, I'arabe, le turc, le persan, ct la plupart des langues modernes dc I'Europe. II parait que les hauls emplois de radministralion seront specia- lement reserves aux jeunes gens qui sortiront de ce college. L'Egyple possede egalement une ecole militaire, oi'ganisee sur le raodele de celle de Metz, ou des officiers francais et ita- liens enseigncnt I'application des sciences physiques et math^- matiques a rarllllerie et au genie. — Une imprimerie royale est etablie au Caire. Le Manuel de tofficier d' in/anterie , celui de Vofpcier de cavalerie , et d'autres ouvrages niilitaires, ont ete traduits pour I'instruc- tion des officiers de rarmee, et imprimes dans cet etablisse- ment. On s'ocoupe, en outre, de la publicalion d'une gazette officielle ^ a I'lmiiation du Moniteur, qui aura a la fois un texte arabe et un teste ilcdien. — Fondation d'un Jnrdin botanique. — Le vice-roi veul faire planter, pres du Caire, un jardiu bolanique. Ce jardin sera une dependaiice de VEcole de medecine et de chirurgie qu'il 3io AFRIQUK — EUROPE. \ionl de creer , et dont il a confie la direction a des ofGciers euiopeens. Une vaste bibliothequc , coinposec des livres les plus reinarquables, ecrils dans les differentes langues de I'Eu- rope, sur toutcs les branches de I'art medical, est attachee a cet etablissement. — Construction d'une sallc de spectacle. — Enfin , on s'oc- cupe du projet de construire une salle de spectacle a Alexandrie, et d'y faire venir une troupe de comediens francais. Le vice- roi a ordonne qu'onlui fit faire a Londres un appareil U'cclai- rage par le gaz , destine a son palais du Cairo ct a la place sur laquelle il est situc. EUROPE. ILES BRIT ANN IQUES. Londres. — Statistique. — Population. — Void quel a ^le le mouvenient de la population de la ville de Londres et de sa banlieue, depuis le 14 dccembre i824jusqu'au i3 decembre 1825: Naissances. j /'.f,'"^"'" ' ' ""'y*'' ! 25,634- garcons . . i2,9i5 mies. . . • 12,719 hommes . . 10,825 femmes. . . 10,201 ecos . . . ,, } 21, 020. ( femmes. . . 10,201 ) ' Surfcenombre, 20,672 individus sont morls de maladies; et 354 , par suite d'accidens. Augmentation dans les deces decette ann^e, compares avecceux de I'annce precedente, 781. — Consommations . — I^^a quantite de betail amenee et vendue au grand marche de Smithfield, dans le cours de I'an- nee 1822 , se coniposait ,d'apres les ctats officiels, de 149, 885 boeufs, 24)6o9 veaux , 1,507,696 moutons et 20,020 pores. Cependant, cetle quantite ne constitue pas la consommation entiere faite dans une ann^e a Londres, attendu qu'il arrive journellement , des juovinces les plus rapjjrochees de cetle ville, une tres-grande quantite de betail, deja en pieces de boucherie. La valeur entiere du betail vendu au marche de Smithfield, dans une seule aunee, est estimee a la somme de 8,5oo,ooo liv. sler. ( 2i2,5oo,ooo fr. ) ; celle des fruits et des legumes, consommes egalement dans une annee, est portee a environ un million de livres sterling ( 25, 000, 000 de francs ). La consommation annuelle du froment est estimee a un mil- lion de quintaux , et les quatre cinquiemes de celte quantite sont transformes en pain; ce qui fait, pour la melropole seu- lement , 64 millions de pains de 4 livres par an. Le prix du ILES BRITANNIQUES. 3ii jiain etait regie, jusque dans ces derniers teuis, par ordon- iiance de I'aiitorite municipale, el I'on eiit alors occasion de savoii' que l'a\igjnei\ia.Hon d' un J'art/iing [ 2. centimes et demi ) sur le prix du pain de quatre livres, occasionait , pour cette seule deniee, un surcroil de depense de plus de i3, 000 livres sterling (325,ooo fr. ) pur semaine; ce qui peut donner une idee de la soinnie cnorme employee journellement a I'achat de celte denree. 11 parait qu'Il se consomme annueliement a Londres, 2'i,ooo,ooo de livres pesant debeurre, et 26,000,000 de livres de fromage. La sonime aciuelle ejnployee a payer le hiit quis'y vend, s'eleve, dit-oa , a i,25o,ooo livres sterling ( 3i,25o,ooo fr. ). La quanlite de volailles, consommce dans cette ville , est eslimee a la soiiime de 70 a 80,000 livres ster- ling ( de 1,760,000 a 2,000,000 fr. ). Celle du gibier est trcs- variable , puisqu'elle depend de I'abondancc plus ou nioins t^rande que chaque annee produit. Un article de consomina- tion fort remarquable par la quantito quis'en debite a Londres, est celui des lapins. Un seul marcliand, etabli au marche de Leadenhall , vend environ 14,000 lapins par semaine , pendant une grande partie de I'annee. ( Revue Brilannique. ) — Societes bibliqiies. — II exisle trois mille de ces Socieles, tant grandes que petites et auxiliaires , reparlies dans une foule de contrees diverses, et fondces dans le cours des vingt der- iiieres annees. Les recettes pour I'oeuvre biblique ont nionte a j>liis d'un million de livres sterling; et plus de cinq millions (I'exemplaires, en cent quarante langues differenles des cinq ]iaities du monde, ont ete imprimes et distribues. Quarante mille Bibles espagnoles sont destinees a I'Amcrique du sud , dout les habilans expriment un si ardent desir de posseder les livres saints , que 5oo Bibles et 5oo Nouveaux Teslamens , adresses a I'-jne de leurs viiles, ont ete vendus en trois jours. La Societe Brilannique est sur le point de faire imprimer a Corfou la nouvelle traduction de la Bible en grec niodcrne , par HiLARioN. Elle destine 700 esemplaires du Nouveau Testa- ment, en langue turque , a la ville de Constantinople. 3, 000 excmplaires de I'Evangile selon saint Luc, en langue d'Otaliiti, ont etc imprimes dans cette ile meme. ( Bulletin de la Societe biblique protestante de Paris ). — Socieles des amis. ■ — Le but de ces Societes, qui se multi- plient beaucoup depuis quelque ferns parmi les classes indus- trielles , est de meltre en fonds cojnmuns et d'accumuler une certaine portion des economies faites par des individus dans I'etat de sanle, pour les employer ensuite a pourvoir a leurs bfsoins dans la vieillesse , ou lorsqu'ils sontmalades. Ces insti- 3 1 2 EUROPE. tutions portent naluiellement ceux qui jippartiennent aux classes ouvrieres a faire des (.'conomies pour se former une reserve , a mieux employer leur terns, et ellcs leur donnent des habitudes de prtWoyance, qui tendent a les preserver d'une grandc partic des maux auxquels ils sont le plus exposes. Les regies de ces associations sont fondees sur les calculs du docleur Price, qui a determine , terme moyen, le degre de ma- jadie auquel I'homme est sujet, a diverses epoques de son exis- tence. D'apres cette base, tout indlvidu , ag^ de moins de trente-deux ans , et qui, dans I'etat de maladie, veut avoir droit a un secours de quatre schellings, doit fournir une con- tribution hebdomadaire d'un sou anglais , quarante - huitieme partie de 4 scliellings; I'individu age de 32 a 4^ ans, doit payer un quart de plus, c'est-a-dire , un sou trois deniers , et ainsi de suite jusqu'a cclui qui est age de plus de 58 ans et qui doit fournir unecontribution double, ou 2 sous. (RerueBritannique). IIUSSIE. Statistique. — Population de I'empire de Russie en 1822. — Dans notre cahier A'octobie dernier ( Voy. t xxviii, p. 3oo- 3oi ) , nous avons donne le tableau de la population de cet empire, en 1821 ; peut-etre nos lecteurs seront-ils curieux de lui comparer celul de I'annee suivante. Le dernier recensement, fait en Russie, date de 1816; depuis ce tems, on n'a obtenu de renseignemens sur I'etat de la population que ceux que le synode public annuellement. Voici son evaluation pour 1822. Nombre de naissances 1,539,988 ou5i,6f)i de moins qu'en 1821. Nombre de deces 977,253 ou 32,i65 de plus qu'eu 1821. L'accroissement de la population, en 1822, a cle de 562,735, et par consequent moindre que celui de I'annee precedente, qui etait de 600,591 ames. R. E. — Evaluation proportionnelle du nombre d'indevidus de cha- cune des classes d'hahitans dont se compose la population russe. — L'article suivanl, extrait d'iin de nos meilleurs joiirnaux po- litiques (^Journal des dcbats) servira d'utile addition a celui qui precede. — D'apres les calculs de M.Hermann, de I'Academie des sciences dePelersbouj-g, les classes des liabitans de la Russie etaient,eu 1806, dans les proportions suivantes, ycomprisles provinces polonaises, mais non pas le royaume de Pologne, ni le grand duche de Finlande : RUSSIE. 3i3 des deux seies. 58o,ooo /( 00,000 3oo,ooo 1,100,000 2,5oo,ooo 2,200,000 32,795,000 210,000 1 20.000 1 ,000,000 1,000,000 Noblesse 261,600 Clerjife 2ii,3oo Negoclans 14*, 000 Bourgeois 600,000 Cnlrivateurs exempts de capitation, i ,200,000 Cosaques, idem 1,100,000 Paysans vassaiix 16,110,000 Juifs 108,000 Employes de la couronne 5(),3oo Armee et Marine 589,000 Peuplades sauvages 5oo,ooo Ces calculs, etanl bases sur les recensemens et stir d'autres docuiTiens officiels du commencement du regne d'AIexandre , doiveiit etre au-dessous de la realite, puisque la masse entiere de la population, sans compter les conquetes poslerieiires, es! augnientee , par son propre accroissement, au nioins d'un cinquieme. Mais les proportions ne sont pas essentiellement fliangees ; les cinq premieres classes ont senlement augmenle dans nne proportion plus forte, grace aux mesures legislatives du dernier regne. Jgrandlssement de Vempire russe. — Aux details que Ton V\en\ de lire, nous ajouterons ceux que nous fournit la Statis- tique generale de M. Hassel , de IVeimar. Epoqucs. Terrain enmilles Population carrei d'Auemagne. approxtmattve, 1" Sous Ivan I^'', en 1462 . ..... 18,494 6,000,000 2*^ A sa niort, en 1 5o5 37,137 10,000,000 (Reunion de Novogorod, de la Per- mic,deTchernigof,delaSeverie, etc.) 3" Alamort d'lvan II, en i584 . . 125,465 12,000,000 (Conqu(^te de Kasan , d'Astrakhan , de Siberie. ) 4" A la mort de Michel P^ en 1645 . 254, 36i 12,000,000 5" A Taveneni'dePierre I", eni689 . 263,900 16,000,000 ( Reprise de Kief, etc. ) 6° A la mort de Pierre P"^, en 1725 . . 273. 8i5 20,000,000 ( Conquetes snr la Baltique, etc.) 7" Aravenem'deCatherineII,eni763. 3i9,538 25,ooo,ooo ( Conquelcs en Asie. ) 8° Asa mort, en 1796 33i,83o 33,ooo,ooo (Conqueles sur les Turcs, reprises et conquetes en Pologne. ) 9" A la mort d'AIexandre, en 1825. . 367,494 5o, 000, 000 3i4 EUROPE. St.-Peteiisbourg. — Arts invcaniques. — Importation de Li machine a toridrc les drops. — Le ininistere des finances :i donnc au chevalier A. L. Cochelet, ftancais de ii.iissance, un pri\i- lejjecxdusif de dix annees, a dalerdn mois d'aout i824) pour riiitroduclion dans tout rempire russe , de la machine, iuventee par CloLMKR, niecanicien francais. Cetle machine, servant a londre le drap, est connue sous le nom de tondeuso par Ic mou- vement de va ct vient excerilrique on a oscillation. — M. PoiDEiiARi), ingcnicur mecaniciei) au service de Rnssie, mort a St. Pctersbonrg , an mois de fevrier 1824 , avnit egale- ment obtenu, au mois de mai i8i4, un privilege de dix annees pour unc machine dc son invention, app]i(|uee a la remorque des iiatcaux de transport contre le courant des rivieres. A I'aide de ce moyen on pent remonter le Volga , en epar- gnant annuellenient reinpioi dc i)lus de 160,000 hommes. I,e terme de ce privilege 6tant expire au mois de mai 1824? chacun a le droit d'exploiter librement celte invention , qui est d'une inijjortance incalculable j>our la prosperite de I'empire russe. Moscou. — Exernple de Longcvite. — II existe dans cette ville ( dans le (juartier de Loujni/d), un vieillard age de 126 ans, appele Serge Borodovrine , cpii est n6 dans le gouverne- ment de Simbirsk. II avait 17 ans, quand Pierre I fit son voyage dans les Pays-Bas. Enlre au service miiilaire, vers la fin du regne de ce moiiarque, il s'est Ironve au siege de Ho- tine el a pris part a la guerre de 7 ans, a la fin de laquelle il a ete I'eforme , pour cause d'une blessure grave au pied. II s'est marie depuis , apres avoir embrassc la ))rofession de cordon- iiier, et il a celcbre la cinquantaine avec sa ferarae (i) qu'il a perdue en 181 2, lorsqn'eile venait d'entrer dans sa quatre- vingt douzleme annee. II avait, jjar consequent, 21 ans de pins (|u'el!e. Sa meinoire est encore tres-fidele. Ses recits et les portraits qn'ii fait des personnages celebres qu'il a connus sont assez d'accord avec les teraoignages historiques; et, quoi- que raanquant meme de la premiere instruction, il se tromjie rarement dans le rapport chronoiogique des epoques el des evenemens sur lesqnels on peul I'interroger. R. E. POLOGNE. Necrologie. — Joseph Brykczynsri, ne en 1797 , mort a Paris en avril 1823 , avait fait ses Etudes et suivi des cours de droit a Varsovie. A peine sorti de I'universite, il se fit connaitre (i) En russe, :.olqhiia sbadba , c'cst-a-diic , les uoccs d'oi. N. d. R. POLOGNE. — SUEDE. — NORVEGE. 3i5 avanlageusement du public , eu prcnant une part tres-active a la redactioii des joiirnaux les j)lus estimes de la Pologne. Sa traduction en vers des Plauleurs de Racine oblint un grand succes. Le talent et le caractere honorable qu'il montra dans ses critiques litteraires lui atlirerent de noinbreux amis dans sa patrie. En 1820, les fenillesaux([uelles il travaillait ayant cesse de paraitre , Brykczynski partit pour I'etranger. II parcourul rAllemagne , I'ltalie, I'Anglelerre et la France. II s'etait fixe a Paris, on il est niort d'une maladie de poitrine , regrette de toutes les jjcrsonnes qui avaient pu apprecier ses talens , son patriotisnie et son aimable caractere. Calixte Moeorevicz. N. d. R. Nousplacoiis ici cetle notice necrologique, qui nous a ete communiquee par un des comjiatriotes de celui auquel elle est consacree, quoique I'indication du lieu ou est mort M. J. Brykciynski eiit du peut-^trelui faire assigner uneplace dans nos Tablettes necrologiqiies , a I'article Paris. Mais, ce jeune litterateur polonais , qui semblait avoir, pour quelque teins au moins, fixe sa residence dans cetle capitate des lettres et des arts , oil son aiue active Irouvait une source inepuisable de sensations, n'en appartenait pas moins , par toutes les fa - cultcs de cetfe ame reconnaissante , a la patrie qui I'avait vu naifre et aux institutions qui avaient developpe le premier germe de son talent. II a vecu et il est mort fidele a cette patrie , pour le bonlieur delaqnelle il ne cessait de faire les voeux les plus ardens ; et c'est a la Pologne surlout a pleurer la perte d'un de ses enfans qui lui donnait de si belles esperances. SUEDE. Stathtique. — Population. — D'apres des documens auihen- tiques, la population de ce royaunie s'elevait, a la fin de 1828, a 2,687,467 individus; ce qui donne un excedant de 102,767 sur 1820. En 1823 , il est ne en Suede 98,269 enfans, dont 7,aioenfansnaturels.Lenoinbre des raorts dans la meme annee s'est eleve a 42,192. La population de la viile de Stockholm etait , en 1823 , de 73,210 amcs, c'est-a dire , de 2,369 ^^ moins qu'en 1820. ( Messagcr francais du Nord.) NORVEGE. Bergen. — Etablissemeiit d'un Musee d'antiquitis nutio- nales , etd'un Cabinet d' histoire naturelle. — Le 26 avril 1826, M. Christie, alors grand-bailli de la province de Bergen, pubiia une invitation ,adressee a lous les hommes instruits, de concourir avec lui a I'etablisscment d'un Musee d'antiquiles \ 3i6 EUROPE. nationalesct il'un Cabinet d'hisfoire nalurelle. Ce Cabinet doit c-ire forme sur lemodele des autres collections de la ni^me na- ture qui se Irouvent parlout en Europe: il doit renfermer lous ies objels qu'elles possedent peneralement , a inesure qn'on pourra se Ies procurer. Le Museedoit egalemcnl recevoir lout ce qui intcresse I'liistoire el Ies aniiqnitcs nationaies, comrae dos ])ierres runiques , d'anciennes inscriptions , des livres, ma- nuscrits , cartes , gravures , monnaies , armes, usiensiles et objets anciens employes dans Ies ceremonies du culte catholi- qne. Comme il se trouve en Norvege , et parliculiereraent chez Ies paysans, un grand norabre de ces antiquites, et no- tamment des diplomes, des lellres, des conf roles, des acfes pu- blics, et d'autres objets importans pour I'ancienne histoirc nntionale, on peut assurer que ce Musee deviendra un etablis- sement d'une liauie importance pour le pays, et lous Ies pa- tnotesdoivent de la reconnaissance a I'estimable administrateur qui en a concu la premiere idee. Heiberg. DANEMARK. Navigation du Sund. — Les lOjSog vaisseaux qui out traverse le Sund , en 1 824 , se trouvaient appartenir aux differentes na- lions, dans les proporlions suivanles : 3,542 anglais; 2,080 prussiens; i,3o4 sTiedois;756 danois; 556 du Mecklembourg; 400 des Pays-Bas; 371 russes; 358 Hanovriens; 167 americains; ii5 de Lubeck; 33 de Br<5rae ; 3i francais ; 3o d'Oldenbourg, 29 de Hambourg; 1 1 de Norvege , et 6 de Portugal. CoPF.NHAGuE. — T/u'dtrc. — Le 28 novembre dernier, a eu heu dans cctte capitale , la premiere representation d'lin vau- deville national, premier essai dans ce genre qui ait cte fait dans la patric du celebre Holberg. Le titre de ce vaudeville , qui a parfaitcment rc'ussi, est : Le Roi Salomon et George le Chapelier[ maniere proverblale de s'espriraer, pour designer celuj qui est le plus elev^ dans lasocieteet celui qui est le plus bas). Le ciioixdes airs, parfaitcment adaptes aux paroles, et iejeu des acieurs, formcspar la representation des comedies du pocle dont nous verions de rappeler le nom , ont coniribue au succes de i'ouvrage , que nous devons a la plume elegante de M. /. L. Heibf.ro, fils de I'un des collaborateurs les plus dis- tingnes de la Revue Encjplopedique, et qui est lui-mcme au nombre des correspondans de ce recueil. G — o. ALLEMAGNE. Berlin. — Socictes Savantes. — Y Jradeinie des Sciencesa pro- pose, pour su jet de prix a dicerner le 3 1 j uillet 1 827, une question ALLEMAGNE. 3i7 imporlanie sur rinstinct des ariiniaiix. Descartes, Leibnitz et Locke ont essaye de faire plier tous les fails a Icurs doctrines generales. Depuis , on n'a rien ecrit de special sur ce sujet : rAcademie desire reparer cette lacune ; eile vent que I'obser- vation des fails soit aussien harnionie avec les divers svstemes de la philosophie actuelle. Les auteurs des memoires sont in- vites a ne rien negliger de ce que les naturalistes out recueilli, et Yon ne repoussera point les remarques qui tendraient a eta- blir une analogic enlre les facultes de I'ame humaine et les operations de I'inslirct animal. Le champ est ouvert a toutes les recherches, corame a toutes les opinions. Les merooires de- vronl etre ecrits lisiblement, en allemand, en francais, ou en latin. Le secretaire de la classe de philosopliie les recevra jus- qu'au 3i mars 1827. Le prix est de 5o ducats. P. G. Association pour la navigation clu Pihin par bateaux a va- peur. — Par oidonnance de S. A. R. le grand due de Bade , du 22 septembre dernier, relative a la navigation par ba- teaux a vapeur sur le Rhin, le barresente a I'ordinaire trois divisions d'ecoliers; les ])lus distingues d'enire eux re- coivent, chaque annee, des livres instructifs , qui sont la re- compense de leur assiduite, de leur sagesse et de leurs jirogres. Jusqu'Ici , la plupart des peres et meros, des tufeurs et des chefs d'ateliers ont prouve qu'ils ne voyaient pas sans interet nne institution aussi ulile , et se sont empresses d'en faire pro- filer les jeunes gens places sous leur direction. Les amis de la religion et des moeurs, ceux de la patrie et du bon ordre no sauraient trop seconder les efforts du comile pour diriger vers le bien les Inclinalions et les pensees des jeunes gens , et pour leur inspirer une plete sincere ct ramour de leurs devoirs. ( Nouvelliste Faudois. ) ITALIE. Naples. — Abolition des corporations. — Une ordonnance royale, du 20 novembre dernier, abolittoutes les corporations des arts et metiers. En consequence, tout snjet napolitain aura 3ao EUROPE. le droit lie vendre on acheter, en gros ou en detail, toute es- pece de comestibles; par la nieine ordonnance, los accises (droits d'octroi) concernanl les comestibles, sont abolies. LucQUES. — Reclamation. — A la fin du mois d'aout 1826 , V Acadcmie (les sciences , letfes et arts dc celteville tint sa seance de cloture des travaux de I'annee academiqne.Parmi les discours qui furent lusdans cette seance, on remarqua celui de M. fules DE S. QiiiNTiNO , conservateur du Mnsee des monumens egyptiens de S. M. le roi dc Sardaigne (i). Cet academiciena rendu compte des progres qu'a fails en peu de tems I'art de de- cliiffrer lesraanuscrits de I'ancienne Egypte; et mettant sous les yeux des assistans unfuc- simile d'un papyrus d'un Ires-grand prix,il y a fait voir que les Egyptiens decelte epoipje si reculee ecrivaient les fractions numeriques a peu pres suivant la me- tliode d'aujonrd'hui. Celte dccouverte devra etre ajouttie aux travaux de M. S. Quintino sur le systeme de numeration de ce peuple. A la fin de son discours, I'orateur s'est plaint des choses inexactes ou alterees que I'on a pubiiees contre lui, a Paris, au sujet des ecrits dont il venait de rendre compte. ■' Onm'aaccuse, dit-il, de m'etre approprie les travaux de M. Champollion le jeune. Jusqu'a present, j'avais laisse ames ecrits le soin de repousser cette accusation; niais, comme I'ac- cusation etait repandue dans toute I'ltalie, taiidis que mes ecrits sont encore peu connus, j'ai cru devoir suivre les conseils de mes amis, et faire trionq)Iier la verite : tel est le but des observations que je soumets a votre jugement impartial. » La Revue Encyclopedique se trouve melee dans ces de- bats, au sujet d'une lettre de M. Champollion le jeune, inseree dans notre caliier de novembre 18^4 (t. xxiv, p. 52i), et dans le Moniteur , du 25 decembre de la merae annce. II est vrai que cette lettre ne fait pas I'eloge des soins qui out ete donnes a la conservation des papyrus : M. S. Quintino a raison d'y repondre, et Ton pourrait s'etonner qu'il ne I'ait pas fait plus tot. Suivant lui, \e grcnier d'oii les caisses de papyrus furent tires , pour etre ouvertes et raises sous les yeux de M. Cham- (i) Un extrait de ce discours nous ayant ete adresse de Lucqnes , nous croyons devoir en inserer tout ce qui pent etre de quelque interet pour les hommes impartianx , amis des sciences et des savans, et qui ne volent qu'avec regret les dissensions qui troublent trop souvent la republique des lettres. Des travaux faits successivement parMM. S. Quintino et Champol- lion le jeune , sar les inemes papyrus , ont divise ces deux savans , et ont excite , de ia part du premier, des reclamations que nous ne pouvions re- fuser de communiquer a nos lecteurs. ITALIE. — GRECE. Sai pollion , (itait son cabinet de travail, an palais de i'Acadcmie : M. ChanipoIIIon y passa coramodeinent la plus grande pai-lie del'hiver, otcupe de I'exaiTicn des papyrus; c'etait autrefois le logeinent de M. Ornato , I'un des secielaires de rAcaciemie. Ce fut done pour preserver de I'humidite ces precieux restcs de la science egyjjtienne , qu'ils furent deposes dans le lieu oii M. Champollion les a vus. Le conservateur invoque a cet egard le lemoignage de tous ccux qui peuvent avoir ele temoins des soins qu'il prenait de ce depot, et il s'adresse jjIus spcciale- ment a ceux qui liabitent dans le palais de TAcadcmie. N. d. R. Les observations qui viennent aprcs celle - ci ne sont plus relatives a la conduite dn conservatenr, ma is aux travaux hieroglyphiques des deux savans adversaires. Nous regreltons qu'elles soient trop etendues et trop restreintes a des preten- tions depriorite dans les recherches et les publications, pour qu'il nous convienne de leur donner une place dans notre Revue ; c'est aux journauxqui ont insere les plaintes ou les re- proclies de M. Champollion qu'il aj)partient de pubiier les repliques de M. S. Quintino, el nous ne doutons point qu'ils lie reniplissent ce devoir avec imparlialite. GRECE.' Bulletin historique et militnire , et situation morale du pars. — Coinnie ])lusieurs ouvrages pubiies depuis peu a Londres (voy. ci-dessus , pag. i3agne le bon gout de la litterature nalionale. — II y aura, dans chaque capltale de (t) Ces evaluations sont tirees d'une excellente lettre du philhellene Blaquiere, inseree dernierement dans le Morning Post, et dans laqaelle il prouve aus creanciers anglais de I'emprunt grec , quils agiraient contre leurs jiropres inleit'ls , en abandonnant la cause de la Grece. ESPAGNE. — PAYS-BAS. 3?.3 province , un college ou Ion admetlra des pensionnaires in- ternes, et ou les exlernes scront admis gratuitement. — Ces rolleges seront sous la direction immediate d'un ecclesiastique connu par ses vertus chretieanes et par ses opinions inonar- chiques. lis dependront , en outre , des universitcs et du conseil general d'instruclion publique. — Tout particulier qui voudra etablir un college aura le droit d'en soUiciter Taulo- risation du Roi ; mais , en tout ce qui regarde I'instruction et les reglemens des etablissemens qui lui sont consacres, ces colleges particuliers seront assujetis a la meme surveillance que ceux du gouverr.ement. — Pour le moment, dans ceux-ci , le cours coniplet de littcrature se composera des brandies d'edu- cation suivantes : lecture, ecriture et calcul, logique, metaphy- sif|ue, histoire, geographic et chronologic ; la section de philo- sophic et celle de litterature comprendront aussi les langues fraticaise et italienne, et les elemens du des^n. A mesure que les circonstances le permettront , on ajoutera , dans ces colleges , des chaires de mathematiques , d'histoire naturelle, de phy- sique et de chimie a celles qui existent. PAYS-BAS. Pays-Bas. — Unwersites. — Nous nous sommes fait un plaisir de raentionner, a plusieurs reprises , des fails qui constatjiient I'etat florissant des sciences et des lettres dans le royaume des Pays-Bas; aujourd'hui, nous tacherons d'en donner une idee generale, en indiquant les principaus etablissemens destines, dans cc pays, a conserver et a propager les sciences et les bonnes methodes d'enseignement. Le royaume des Pays-Bas a six universites , trois dans les provinces septenlrionales, et trois dans les provinces meridio- nales : savoir, a Lejde, a Utrecht ^ a Groningue , a Gand , a Loiwain et a Liege. — Chaque universite est divisee en quatre facultes : i" droit, i^ rnedecine, 'i" sciences, ^° philosop/iie et lettres. Dans les provinces septentrionales, on a ajoute une cin- quieme faculle pour la theologie protestante ; d'un autre cote, dix seminaires offrent aux sujets catholiques un enseignement theologique approprie aux principes de leur religion. — On fait , a la Faculte de theologie protestante , des cours de theologie na- turelle et d'histoire ecclesiastique; on y traite de rinterprctation de la Bible, et Ton y enseigne, de plus, la dogmatique, la mo- rale , la science pastorale et I'eloquence de la chaire. — Dans la Faculte de droit , on explique les Institutes, les Pandectes, le droit naturel, le droit des gens et de I'Etat, le droit civil et le droit criminel. — A TUniversite de Leyde, on enseigne, en 3a4 ELI ROPE. outre, I'histoire politique de I'Europe, la slaiistique et la diplomatic. — L'Universite deGand, par une faveur spcciaic du gouvernement, jouit, depuis qnclque tcms, du priviici^e d'avoir aussi une chairc d'histoire poiiti(]iie et de statistiqne. — La Faculte de medecine comprcnd dans ses attributions I'anatomie , la physiologic, la pathologic, la pralique, la pharmacie el la raatiere niedicale, la chirurgie, Taccouclie- ment , la di Quels ont ete les efiets perni- cieux et extraordinaiies du tVoid trcs-vif de I'hiver aernier sur les arbres, les arbrisseaux et les plantes, surtout a I'egard de ceux qui , pour leiir utilite, sont ctdtives dans les provinci's sc])tentrionales de ce royaume , comme aussi dans d'aulres pays, dont la temperature ne differe guere de celle de ce^ pro- vinces? et ([ueh preceptes pouirait-on deduire de ce ([u'on a observe des effets pernicieux des gelees sur les arbres et les plantes pour trouver des moyens de prevenir, en qwelqtic maniere, cesefi'els dans les hivers rigoureux !• » (i) On a lieu de s'etonner qu'a I'UuIversile de Paris, oil loulcs It-D branclfes de I'enseigneiuent ont de digues represeutans , on n'ait |);is pense a creer ces denx chaires si importanles. D'autres lacanes, plus affligeante^s encore, ponrraieut i-tre signalees dans le systeine d'inslriic- tion en France ; nons ne mcntionnerons ici que Tccononiie politique. K. d. R. 3a5. FRANCE. Statistique. — Moiweinentde la population , en France, pen- dant I'annre 1 823(Voy. Revue Encjclopediquc^ t. xxv. p. 589- 601, les Observations sur le mouvement de la population en France, dans une periode de six annees , de 1816 a iSaS. ) NAISSANCES. Total ENFAPfS LEGITIMES ENFANS I mascul. JATURElS feminins. masculins. feminins. TOTAL. 449,794 IT,a2T 423,190 10,545 34,841 1,060 33,216 936 941,041 (l) a3,752 (2)_ 461, oi5 433,735 35,901 34,142 9^4,793 Total. MARIAGES. 253, 63i (3) 6,792 f4) . 260,423 DECKS. masculins. feminins. TOTAL. 367,447 9,542 356,989 9,364 725,436 (5) 18,906 (6) Totaux. . . . 376,989 357,353 744,342 Augraentalicn de la population. . . 2ao,45i. (i) 84 depaitemens. (2) 2 departemens evalaes d'apves un calcnl moyen,qu! sert a snppleer anx receasemens qui manquent. (3) 84 departemens. (4) 2 deparlernens evalues d'apres un calcnl moyen. (5 et 6) 84 deparlernens et 2 departemens evalues par terme moyen. 326 FRANCE. La France, suivant les recensemens fails en 1820, avail une popu- lation de 3o,45 1 , 1 87, en y ajoutant les augnienlations de population : en i8ai — ai3,i44 en 1822 — 198,634 en 1823 — 2ao,45i Total 63i,229 / On a un total de 3i,o8a,4i6 pour sa population en i8a3. Eile doit ^tre maintenant d'environ 82,000,000 d'habitans. Mouvement de la population de la ville de Paris, pendant I'annee \%%k,foumi par la Prefecture du Departement. NAISSAKCES. / • (Garcons. 9'^^^ i ,8 .i/Ci en manage j pju^^ 8,919' '^ A domicile. . , Garcons 2,534 1 k ,„c I hors manage . . . j pj,,^^ ^ gyi ) ^'^^ I . .Garcons 181 1 0,^- en manage endant I'entreaete, et Adhemar y fait des prodiges de valeur; 11 va recevoir la main de sa chere Heloise,lorsque sa meie^lui devoile un affrcux secret : le nora qu'il porte n'est pas le sien ; il s'aj)- jielle Bresson, et son pere a i>eri par la main du bourreau, a Tepoque des troubles des Cevennes. Adhemar descspere ])reud la resolution de quitter tout ce qui lui est clier et de se cachor hors de France; mais tout le canqj est bientot instruit i.\ii son veritable nom. Le vieux Blainville n'en persiste i)as moinsa lui donner sa fille , lorsqu'une sedition eclale parnii les soldals; L'on en accuse, on ne sail pas i)ourquoi,le jeune Adhemar, et lemareelial le fait arreter. Cependanl, un placet a etc preseiile au roi en sa favcur; et Maurice vient bientot annoiicer que S. M. I'a noninie comte de Grandval el commandeur de S-Louis. Ce drame est dirige couire le duel el centre cet autre i)re- jugo, non nioins barbare, qui flctrii la fainille d'un condamne; iJ presente ainsi une double action dont rien ne lie les deux parties. II offieaussi un double interel: I'un conui)erice,lorsque I'autre est epuisc; et mallieuieuscmcnl la position tie Grandval, force de se battre contrc son ami, el sous les yeux de sa mere, est plus dramatiqnc que cello de Bresson, oblige de cacber le nom qu'on lui reveie ; de sorte que I'inleret fait un pas relid- graiece n'est pas sans merite ; le personnage d'Adliemar de Grandval nous a scmble PARIS. 337 assez bien dessine : plusieurs situations sont attendrissantes , et de nobles seiitimens ont obtenu grace pour quelques plaisante- ries liasardees et pour quelques vers de mauvais gout , surtout dans le role de Biainville , qui est un plaisant assez triste. Nean- inoins, la piece n'a pas reussi sans opposition; mais quelques suppressions , qui en rendent la marche plus rapide, lui procu- reront sans doute un certain nombre de representations. — Pi'eraiere representation de Rienzi, tribun de Rome , tragedie en cinq actes , par M. Gustave Drouineau. ( Lundi 3o Janvier. ) Le heros de cetle Iragedie, diversement juge par les historiens, est presente comme un grand homme par le poete; et nous ne contesterons j>as la verite de la peinture; il snffit qu'il y ait une controverse etablie sur ce point , pour que I'auteur ait eu le droit de s'emparer de !a tradiiion qui conve- nait le raieux a sa fable. Au milieu de I'anarchie qui triomphait a Rome pendant le sejour des papes a Avignon, Rienzi s'est eleve par son eloquence et par I'amour du peuple; il a consti- tue une espece de republique dont il s'est fait dicta teur , sous le nom de tribun. Cliasse par la noblesse , a la tete de laquelle (iiaitla famille Colonne, il est parvenu, apres quebjues ann^es, a s'emparer de nouveau du pouvoir, et les Colonne, obliges de fuir a leur tour, ont trouve un asile dans les murs de Pre- neste, d'oii ils menacent continuellement la paix de Rome et la vie de Rienzi. Montreal, jeune homme d'une famille distin- giiee, et dont le pere est tonibe viclime du dictaieur , a deia ete envoye dans Rome, sous le nom d'Uberti, ])our frapper le meurlrier de son pere ; mais ii a vu la fille de Rienzi, il a re- connu en elle une jeune beaute qui iiii a sauve la vie, qu'il adore , et qu'il croyait avoir perdue sans retour. On devine que Montreal sert Rienzi, au lieu de sc venger; et le Iribun con- sent a recompenser une valeur qui lui fut utile, en don- nanl la ni>iin de sa fille au jeune heros qui n'est connu que par ses exploits. Mais I'idee de eel hymen, que Montreal souhaite si ardemment au fond dii coeur , le fait fi issonner , au moment ou il se voit ])res de I'accomplir, et il revele a Julia son veri- table nom. Cependant, Culonne , appreriunt que Montreal n'a encore rien tenle conlre le tribun, se decide a penctrer dans Rome; il se revet du costume d'nn pelerin sur lequcl on a surprisdes depeciies pour Rienzi, et vient lui m^me remeltre les letlres dont il s'est cmpare. {.a fatigue et la douleur ont telleraent alture ses traits, que personne ne le reconnait. Un nouveau complot forme par li noblesse est decouvert; les coupables sont conilamnes, on les amene chargrs de fers. Rienzi veut en vain leur inspirer quelques remords , il les trouve T. XXIX. — Jamier 1826. 22 338 FRANCE. inflexibles, et les abandonne a leur destinee, en leur disant de se preparer a la mort ; il charge le pelerin de leur donner les secours splrituels ; cette scejie , ou Colonne se fait recoii- naitre aux conjures, leur promet de lesarracher al'eehafaud, et conspire encore, sous les yeux des soldats, tout en ayant I'air de confcsser ses complices, et de leur inspirer des senti- mens de repentir et de resignation, est originale et produit de I'effet ; seule, elle suflirait |)Our reveler chcz le jeune poete un veritable talent draniatique. Cependant, la sedition n'est pas apaisee , et deux partis, sur le point d'en venir aux mains, penetrent jusque dans le Capitole , demeure deRienzi. Le dictatenr parait, monte dans la tribune , fait une ha- rangue qui retablil le calme , et le chef de la sedition est aban- donne. Blentot, I'enneniise presente dans la plaine, et Rienzi court a sa rencontre. Les republlcains sont vainqueurs; lefaux Uberti ( Montreal ) s'est couvert de gloire, et la victoire est due a son courage. Rienzi^ concoit I'idee de ressusciter les an- ciens triomphes ; c'est Uberti qui sera le triomphateur, et Julia elle-menie va placer sur le front de son amant la cou- ronne de laurier. C'est alors que , devant tout le peuple assem- ble pour la cereraonie du Irioraphe , Montreal refuse la cou- ronne, revele son veritable norn et provoque Rienzi, auquel il jette le gant. Rienzi declare <[ue sa vie appartient a Rome, et dedaigne de repondre aucartel. An cinquieme acle, nous passons de I'interieur du Capitole, sur la place publique ou s'eleve ce palais. La sedition a fait de nouveaux progres, les condamnes ont ete delivres, et Colonne, qui a quitte les vetemens de pelerin, annonce que Rienzi est dans une position fort critique; Mon- treal parait dispose a le defendre , et sort; Colonne le fait sui- vre par deux hommes auxc|uels il parle bas , et qui doivent I'assassiner. Bientot tout le peuple souleve contre Rienzi rem- plit I'air de ses cris ; alors, le tribun, quisemble jusque-la ne pas s'etre doute du peril qui le menace, sort trancjuillement de son palais, sans casque, sansepee, et descendant lentement les degres du Capitole, fait une nouvelle harangue au peuple, qui tombe encore a ses genoux. Colonne arrive en ce moment; il annonce au peuple la mort de Montreal , et accuse Rienzi d'avoir fait assassiner ce heros , cher aux Romains. Rienzi re- pousse la calomnie, le peuple hesite , et Colonne s'approchant du tribun, le poignarde, en se nommant. On peut voir par celte analyse, dans laquelle nous avons du omettre beaucoup de details, que la marche de Taction est confuse et embarras- see ; les memes situations se representent piusleurs fois, le per- sonnage de Montreal est , d'un bout a I'autre de la piece, dans PARIS. 339 line position indecise, faussememe, et qui ne produit aucun effet draraatique ; eiifin, la conception premiere de cette fable, qui consiste a placer le personnage inleressant entre I'amour d'une femme qu'il adore, etla vengeance qu'il doit au3 manes d'un pere, est bien commune et bien usee au theatre. Le role de la femme est d'aiileurs completement nul. II y a neanmoins dans cet ouvrage plusieurs scenes qui font concevoir des espe- ranccs, entr'autres, celle du pelerin et celle ou Montreal re- fuse le triomphe. Le role de Colonne, et surtout celui de Rienzi sont assez bien dessines ; il y a du mouvement dans Taction , et de la chaleur dans le dialogue. On pourrait reprocher au style de retracer trop souvent des pensees connues; mais il nous a paru exempt de recherche et de pretention : il est souvent eleve, et quelquefois poetique. Enfin, cet ouvrage, qui at- teste a la fois les dispositions et I'inexperience de I'auleur, meritait des encouragemens , et non pas un triomphe; mais I'amitio est quelquefois indiscrete : une couronne a ete jetee sur le theatre, ou deux acleurs ont traine le jeune poete, qui semblait subir malgre lui cette ovation un peu ridicule. M. A. Beaux-Arts. — Expqsillon des manufactures royales. — Quoique cette exposition ait lieu dans les premiers jours du mois de Janvier , la magnificence des produits de ces manuiac- tures-modeles excite tOTijours la curiosifc , et fait braver au public la rigueur de la saison. Les porcelaines de Sevres , qui occupent le premier rang, offrent, dans la forme comnie dans le decor, une variete, unerichesse, une elegance, qui prouvent le soin que le directeur de ce bel etablissement apporte dans ses fonctions. Parmi les produits de cette manufacture ou la peinture occupele premier rang , j'ai distingue un panel vase , tres-richement orne, sur lequel ?tl. Berancer a peint une composition de M. Gerard, represcntant Honicie ckez les potiers de Vile de Sainos. Herodote raconte que des potiers en- gagerent le chantre de I'lliadea leur reciter des vers, promet- tant de lui donner des vases pour recompense. Homerc ac- cepta et improvisa la piece de vers qui , depuis , a ete nommee le Fourneau (i). Certes, on ne pouvait choisir un sujet qui convint mieux , pour etre represente sur un vase de porce- laine, que celui que je viens de rapporter ; mais ce choix n'a rien qui doive etonner, quand on sait qu'il a ete fait par M. Gerard. On me croira egalement sans peine, lorsque je (t; \li^ODOTE.,lrad. tie Larchkr, t. vi , p. i83. 3/^0 FRANCE. •lirai qu'il (5tait tres-blen dispose. Jc iie irouvc pas que son tiafhicleur, M. Bt-ranger, qui a jjciiit ce sujct sur le vase , ait complotenieiit riMissi. Plusieurs parlies sont belles , satis doute ; inuis quelques Ions m'oiit paru durs , oiitrtis, sans transparence. Au restp, je sais conibien ce genre de peiiiture offre dc difficultes dans I'excctilion , et il serait possible que le defaut que je sigiiale fut un accident du feu , dont I'action etait d'aiitaiU plus dit'llcile a diriger d'une maniere egale et cerlaine, qu'il devait agir sur une masse euorine. Mainlenant, je reneterai ce qiie j'ai deja dit bieu des fois ; savoir, que des peintures avec des fonds de eiel ct des cartels, deraiigont en- tierenienl I'effct de la forme du vase sur Icquel elles sont ap- pliquees ; et, en outre, qu'il est impossible d'embrasser sur une surface tournante, un siijet un pen etendu. II faut done, a mon avis, clierclier un autre systeme, si Ton ne vent pas sulvre les traces des anciens. Le defaut que je viens de signaler etait nioins sensible siir un autre grand vase , en forme de coupe, antour duquel M"'" Ducluzeau avait represcnte, d'a- pres M. Fraconaru, dix sujels de petite dimension, offrant des scenes cai-actcristiques des sens et des corps qu'ils percoi- venl. Ces compositions, souvent disposees avec adresse, m'ont paru, toutefois , avoir I'inconvenient d'etre trop difficiles a expliquer. II faut, en peinlure, une action simple, qui se com- prenne au premier aspect; si le spectateur est oblige de cher- cher , I'effet est perdu. Au surplus , M""' Ducluzeau me parait avoir merito des liloges dans ['execution de ces peintures , ainsi que dans une scene d'Ouriha qu'elle a peinte d'apres un autre tableau de M. Gerard. Cesl un bel emploi de la porcelaine que le meuble, servant de bureau, qui a ete expose. Ce meuble, levelude vingt-six plaques, ])eintes de differentes manieres, est uneheureuse in- novation ; les candelabres en porcelaine, avec une ])cndule danslabase, niescmblcnf aussi un ornementde salon depriure, fort bien enlendii et de bon goAt. J'ai vu, avec regret, que Ton avail fait copier la belle col- lection de portraits executes jiar M'^^.TAyuoxoT, pour le defunl Roi. Forn.ce , par oet artiste celebre , d'ai)res des originaux rares (ju'clle seuic j.ouvait reunir, cette collection devenait precieuse, non-seulement a cause du talent dc I'arliste qui I'a creee,mais encore parce qu'elleeiait unique; c'est lui oler cette esnece de merile que de la fai:-e reproduire d'une maniere plus on moins imparfaite. Dans le nond)re des copies ex- l>osees , d etait facile de reconnaitre celles qui avaient etc PARIS. 341 executees par des I'leves sorlis de s.on ^co!e : cela seul fait I'c- logede IM™*^ Jaquotot. Je ci'ois f[ue c'est la premiere fois que In Manufacture de Beauvais execute un tableau en tapis.seric ; cette tentative m'a paru heureuse. J'ai remarque dans ce tableau uue finesse, une sorte de transparence de Ions que je iie crnyiiis pas que I'on put obtenir dans les ouvrages de liaule lice, Les tapis de la Savonnerie son[.dLe\'cii\Si\Aci chefs-d'reuvre. L'habliete des ou- vriers est une chose inconcevable; inais, pour queleur talent brille de tout leur eclat, il faut que les dessins tju'on leur donne a copier soient bien entendus pour I'effet ; I'lui des deux tapis exposes, celui qui est destine pour un salon du pavilion de Marsan, m'a paru laisser a desirer, a cet egard ; mais I'autre est d'une richesse de couleurs et d'une vigueur de ressort, vrai- ment extraordinaires. Ce n'est qu'cn I'rance que I'on produit de si beaux ouvrages de cette nature , el ce n'est que dans les manufactures royales que Ton peut les exccuter : rindn.strie })artlculiere n'oserait jamais faire des entrejjrises aussi disj)en- dieuses; mais elle profile des ameliorations et des rccherchesdont on fait les frais dans les manufactures royales ; et , sous ce rapport , ces manufactures exercent une influence heureuse. — Gravure. — Le Jugeinent de Salomon , par 31. Mouel , d'apres Pocssin. — La my thologie et les livres saints sont lesdeux sources oil les arts puisent le plus souvent leurs inspirations. Les fables grecques offrent tour ce que la grace a de plus cbar- mant; la Bible, d'un caractere severe et ([uelquefois sombre, contient des scenes pleines de force, de noblesse et d'elevation. C'est dans I'histoire sainte qiie Poassin , I'lin des plus grands genies que la France ait produits, a pris le sujet de ses prin- cipaux tableaux. La gravite de son style, la belle ordonnancc de ses compositions, la verite et la variete d'expression de ses divers personuages, sont un siijet conlinuel d'adaiiration et d'etude. — Dans le nombre des ouvrages de ce n)aiire que possede le Musee, il en est un: le Jugcmenl de Salomon, cjui offre au plus baut degre tous les genres de, morite q'JC je viens de signaler. M. 3Iorel, dont la reputation est depuis long- tems etablie par des travaux imporlans qui ont obtenu uu succes non conteste, a consacre son talent a reprodtiire cc tableau sur nne grande echelle. Tons ceux qui aiment Pous- sin, et le nombre en est grand, applaudiront a cette entre- prise, etreconnaiiront que M. Mosei s'est attache a rendre le caractere du maitre avec toute la verite dont son talent lui fournissait les moyens. — Cette belle estampe coute 100 francs avant la lettre, et 5o francs avec la lettre. Paris, chez i'auteur, rue de la Poterie , n° 26. 342 FRANCE. — Lithographie. — hneide. ■ — Suite dc soixante doitzc com- positions dessinces au trait par Girodet , et lithographlees par MM. AUBRY LE COMTE , ChaTILLON , CoUNlS , CoUPIN DE LA. COIIPRIE , DaSSY, DeJUINNK , DeLORME , LaNCRENON , MOKAN- TEuiL et Pannetier ses eleves.Ce.^ compositlonsseronlpubliees par livraisons, de six planches, qui paraitront de mois en mois : I'irapression en est confiee aux soins de M. Constans. Prix de chaque livraison, laf'r. ; on a lire cinquanle exemplaires, seu- leraent, sur papier de Chine, dont le prix est fixe a 20 fr. La premiere livraison a paru. Doue d'un sentiment vif el delical, passionnepour labeauU'*, Girodet n'a jamais cherchea exprimer une penseequ'il ne I'ait revetue des formes les plus heuieuses; on I'a vu occupe, toule sa vie , du soin de puiser des inspirations dans les ecrivains les plus c^iebres de I'antiquitc; mais ceiui qu'il admirait, qu'ii che- rissait le plus , c'etait Virgile. Au reste , le chantre d'Enee est bien digne de I'admiration qu'il eprouvait pour lui. Pur, ele- gant, sensible , Virgile ne laisse jamais son lecteur sans Amo- tion , comme il ne reste jamais au-dessous de la situation qu'il .1 creee. Girodet n'est jamais reste, non plus, au-dessous du poete son modele. II avail concu le projet gigantesque de representer I'Eneide dans une suite de deux cents compositions. La mort qui, trop souvenl, Irappe le genie au milieu dc sa course, ne lui a paspermis d'achever cetle entreprisejon n'atrouvequ'en- viron cent soixante de ces compositions, au trait, plusouraoins arretees ; plusieurs, menie, sonl trop peu ecriles pour etre publiees. M. Pannetier, eleve et ami de Girodet, s'est em- presse d'acquerir cctte importanle collection, dans I'intention d'en publier la portion quipeui le mieux f'aire connaitre loute la grandeur du talent de son illuslre ami; il a fait un choix des SOIXANTE-DOUZE DESSINS XES PLUS TERMINES, Ct , pOUr IcS reproduire par la lithographie, il s'est associo ses anciens com- pagnons d'titudes, qui, dans celte occasion, comme pour les j^r/iours des Dieux, ontconcouni A\ec zele a elever ce monu- ment a la gloire de leur maitre. C'est assez dire que ces traits ot'friront une purete, une fidclite religieuse , qui ne laisseront rien a desirer, et que Ton ne pouvait obtenir que par le moyen de la lithographie : Cet art nouveau, par la nature meme des procedes qu'il emploie , est le seul qui puisse conserver le ca- racteie et I'aspect des dessins. La premiere livraison a })aru; les six planches qu'elle con- tient reprcsenteut : Junoii menacant les Troycns de sa colere ; £ole dechainant les vents coritre les vaisseaux troy ens ; la tern- pate cxcitee par Eole ; Neptune ordonnant anxjlots de se reti- PARIS. 343 rer; Venus iinpLorant Jupiter : d'uue main , Venus caresse le mentoii du maitre des dieux , I'autre est tournee vers les vaisseaux troyens. Au moment meme Jupiter ctend sa main toute puissanle du meme cote; raais Venus supplie et Jupiter ordonue, et cette difference est admirablement bien expriraee par le geste seul que font les deux personnages. Pendant que Jupiter cede aux caresses de Venus, 1' Amour s'est empare de son sceptre, etl'aigle a etendu I'une de ses ailes pour recevoir les pieds de la deesse. Quelle poesie! — La derniere composition appartientau quatriemelivre : C'est Didon off rant un sacrifice que les dieux repoussent. Pour exprimer mon opinion en quel- quesmotssurl'ensemble de cet ouvrage qui ra'estbien connu,je dirai que partout Girodet est grand , noble, patbetique; que , partout , identifie avec le poete, il est antique comme lui. — La mort du general Foy a presente le caractere d'uue v<^- ritablecalamite publique; les regrets manifestes out ele dignes de la nation qui les eprouvali , et de lui; cliacun a senti le be- soin de revoir les traits de I'orateur eloquent que Ton venait de perdre. Beaucoup de portraits ont paru; dans le norabre, j'ai distingue celui qu'a public M. Vigneron. II a represente le ge- neral, depute-citoyen, a la tribune, au moment ou il prononca ces paroles remarquables : Celui qui veut plus que la Charte, moins que la Charte, autrement que la Charte., celui- la manque a ses sermens. L'attitude a de la noblesse ; le mouvement , de la vehemence , et la tete est pleine de vie. M. Vigneron manie tres-bien le crayon lithograpbique, et jenedoute pas que les epreuves de ce portrait ne soient promptement epuisees. On le troave chcz Engelmann, rue Louis-le-Grand , n° 27 ; il a ete tire sur papier de Chine , et coute 6 fr. — Le meme imprimeur-lithographe queje viens denommer, M. Engelmann, a aussi public, a I'occasion du renouvellement de I'annee, un album compose de dix planches, parmi lesquelles il en est plusieurs qui meritent une mention particuliere. Jcci- terai, entreautres , deux charmans paysages de M. Robert et de M. ViLLENEiiVE ; Vinterieur d'une maison a Rome , dessine ala plume parM. Schmidt, avec une perfection quinelaisserien a desirer ; un juli portrait de M. Weber , et une vue du Vatican, prise de la Villa Borghese; par M. Dejuinne. Cet album coute •11 fr. sur papier de Chine, et 16 fr. sur papier blanc. P. A, — Montaigne et le Tasse , on Mo'ntaigne visitant le Tasse dans sa prison a Ferrare ; gravure par M. Baqdoy , d'apres le tableau de M. Ducis. (V. Rev. Enc, t. xvi, p. Ifio.) — Frederic et Voltaire, ou Frederic, alors age de 38 ans, venant visiter Voltaire, qui en avail 56; gravure par M. Ba- nuoY, d'apres un tableau de M.Monsiau, fait en 1824. 3/,/, FRANCE. Prix pour chacune 20 fr., et /,o fr. avani la leftre. Chez I'au- teur,rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel, n° 1. Ces deux gtavures sont dcstinees a servir de pondans I'jine a I'antre. M. Baquoy , dont les eonnaisscurs ont di'ja admire !e Saint- Vincent de Paule , d'apics M. Monsiau , et le Fctielon pansant les blesses apres la bataille de Malplaquet , d'apres un tableau de M. Fragonard , fonrnit ici une nouvelle preuve de la grace et de la finesse de son burin. Necrologie. — ^c/z/zeREGNiKKjancien Conservateur dii Dt'- pot central de rArtillerie,ne a Semur, le i5 juin 1751 ,moil a Paris le 10 juin iSaS. — Ayant |)erdu son ])ere, pendant (|u'il faisait ses eludes au college etabli dans sa ville natale, et reste I'aine de onze en fans , Regnier fut retire du college, el place chez un arquebusier de Dijon, ou il se distingua par son adresse et son application au travail. Quoiqne bien jeune encore, il sentit la necessite de se niettre [)rompteraent en etat de rem- placer son pere. II remporta un premier piix de dessin. M. De- roge , son professeur , s'interessait vivement a lui : sa jeunesse, sa position, tout parlait en sa faveur. Enfin, renire dans sa famille , il exerca I'etat d'arquebusier , aveclequel il fit exister sa mere, devenue infirme de tres-bonneheure, eleva et ctablit ses freres etsessoeurs, fit donner une education soignee a cinq eufans qu'il eut successivement, ettrouva, dans sou Industrie seule , les moyen d'elever sa nombreuse famille. II se distingua bientot par des inventions relatives a Part qu'il exercait avec tant de succes. La premiere fut une eprouvclte pour essayer la force des poudres de chasse , superieure a toules cclles qui ont ete imaginees jusqu'a ce jour, parce que les degres graves sur un arc de cercle sont I'expression de poids deter- mines, et que les resultatssont constans. Ce premier produit de I'esprit inventif de I'auteur fut montre a M. Guenaud, de Monibeillard, qui en fut tres satisfait, et qui accorda sa protection a M. Regnier et lui procura les moyens d'etendre ses connaissances. A peu jjres dans le meme terns , M. Regnier coinposa, pour I'usage public de la ville de Seinur , un meridien sonnant , compose d'un rouage mis en mouvement par un levier qui tombait au moment ou le crin auquel il etait attache etait brule par Taction d'une loupe. C'est encore a i)eu pres a celte epof|ue qu'il inventa sa ser- rure etses c.adenas a coinbinaisons. Buff ovi et Guenaud , de Monibeillard, qui desiraient faire des experiences sur la force de I'homme et des animaux, et qui n'avaient a leur disposition que des machines lourdes et peu PARIS. 345 commodes, proposerent a M. Rognier detacher d'en inventer line qiii fut apj)liquable an plus grand nonibre de cas possibles. Cost de cette demande que nacjuit le (lyncunornetre, insti'u- nient simple et commode, et dont I'application pent s'elendrc aux machines pour en determiner avec precision la force et la resistance. Le (iynamometre resla long-lemslnconim, 11 en fut fait men- tion dans un memoire public en I'an \ii(i798). Depuis, ilaele mis en usage [)ar^e docleur Chaussier pour faire des experiences sur la force musculaire, et il a-fournile sujet d'une these soiile- nue par lefils de I'auleur al'Ecole de mcdecine. Enfin, Peron s'en est servi , dans son voyage de dccouverte a la Noiivelle- Hollande, et il a demontre ([ue la force des peuples sauvages est constamment nioins grande que celle des liommes civilises. M. Regnier est le ])remier qui ait construit de^ paratonTierres en Bourgogne. II les a perfeclionnes, en remplacant les con- ducteurs construifs avec des barres de fer, plantees dans les murs, par descordes faises avec des fils defer, qui ontl'avantage d'etre a la fois solides et flexibles, et de ])ouvoir etre isoles des edifices. A. I'epoque de la revolution , persecute dans la ville (pi'il ha- bitait , il fut oblige de se rcfugier a Paris, 011 le Comite de salut public !e chargea de diriger la fabrication des amies por- tatives. II commenca dcs-lors a reunir les maleriaux qui ont servi depiiis a former le Musee central d'artiilerie , dont il est devenu le conservateur. Un incendie qui detruisit une niaison situee an coin de la rue Saint -Rocb, et ou jierirent un grand nombre de jier- sonnes, donna I'occasion a I'lnstitut d'ouvrir un concours, dans lequel un prix etait propose a cclui (jiii executerait la meilleure machine a incendie. M. Regnier composa une cchelle perfec- lionnee, et obtint le prosier prix : le modele est depose an Conservatoire des arts et metiers. M. Regnier a fait aussi des rerherches utiles sur les platines des fusils de munilion. La machine qu'il inventa pour reguhui- ser I'aclion des ressorts, a etc apjH-ouvee par i'lnstitut, et sa bonte a ele reconnue parpliisieursofGciers d'artiilerie et j)ar les premiers arquebusiers de Paris. Enfin , uise des dernieres inventions de I'autenr est une ma- chine destinee a la taille desarbres, et qu'il a designee sousle nom de .secateur. Cetle machine est tres-expedilive, puis(]u'on peut faire en quatre jours ce Cjui en demandait douze, el qu'il est impossible de se blesser, ce qui arrive souvenl avec la seri)eltc. On n'a faitici meruion que des plusimporlantes productions 3/,6 . FRANCE.— PARIS. de M. Re{;niei\ II ^tait meinbre de plu.sieurs societcs savantcs , ct faisait partie du comite de mucanique de la Societc d'encou- ragement pour Tiiidtistrie. Au nombre des services (pi'il a rendus a sa patrie , on iie doit pas oublier qu'il a su , a force de •■oins , conserver piesque intact, pendant I'invasion oli'angere , le Musee d'aiiillerie, qui est aujourd'huirnn des etablisseraens Jes plus curieux dela capitale. A la rentree du Roi,il a obtenu la pension de retraile et la decoration de la Legion-d'Honneur. Raboteait [Pierre-Paul') , jioete et litteraleur , ne a La Roclielle , en 1766, etait a peine age de 22 ans, lorsque I'Aca- deinie des Belles-Lettres de cette ville, qui s'etait fait remarquer dans le dernier siecle , parnii les Academies de province, s'em- pressa de Tadraeltre dans son sein (1788), il vintse fixer a Paris, en 1797 , et s'y tit bienlot connaitre par des ouvrages repre- sentes sur le tliealre du vaudeville , et par des productions d'un genre agreable. II composa, en socitte avec M. Radet , V Avarc et son Ami ; en socieie avec M. de La Chabeaussiere , Lasthenie, et nne piece intitiilee: Allendre et courir. II com- posa seul un joli vaudeville, qui a pour litre: la Ville et le Vil- lage (1782). II fitparaitre, la inenieannce, un poeme de qiiatre a cinq cents vers snr les Jetix de I'enfance. Get ouvrage, ecrit avec talent et sensibilite, fut tres-favorablernent accuellli dans lemonde litteraire: il a cte reimprime, et il meriterait de I'etre . encore. Membre de la Socicte philotecknique , ou il fut recii, en i8o3 , sur le rapjiorl de son ami M. Andrienx , il lut , dans les seances publiques , un poeme adresse aux Artistes, une eglogue Aq Rebecca, tiree de la Bible , une epitre a V Ennui, d'aulres poemes et un grand nombre de fables oil Ic trait n'etait jamais aux depens du nalurel et de la verite : on les distingue encore dans les recueils annuels etpoetiquesdu tems. Souvent invite a publier ses poesies , I'auteur, par une modeslie bien rare, les a toujours retenues dans son porte-feuille. II est mort,le 21 octobre 1825 , a La Piochelle , oii , depuis pUisieurs annoes, il s'etait retire ausein de sa famille. Nous savons que les loisirs de sa reSraite ont ete remplis par un grand nombre d'etudes poetiques , dont la varietc atteste I'elendue de ses connais- sances litteraires. Son travail snr Plaute est, dit-on, un ma- nuscrit aussi curieux que remarquable. Ainsi , M. Raboteau a trouvc , dans ses dernieres annces , d'ntiles consolations aux peines dela vie, dont les infumites lui firent, dans un age peu avance , ressentir les atteintes. On doit desirer que sa famille public ses ouvrages, comme un monument qui, raienx qu'aucun autre, pent conserver son nom dansle souvenir des homines. ViLLKNAVK. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-CmQUIEMECAHIER. JANVIER 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Recapitulation de I'annee iSaS, et Instruction aiix CoUa- borateurs dc la Revue. M. A. JuUien. p. i. a. Revue des progres des opinions religieuses ( ler article.) J, C. L. de Sismondi. 2 1 3. Notice sur le general Foy ( avec portrait. ) P. F.TissoC. 3^ II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Principes mathematiques de la philosopliie naturelle; par Isaac Newton, avec des commentaires (ouvrage latin.) Ferry. 49 5. Recherches sui- les changemens produits dans I'etat physique des contrees , par la destruction des for^ts; par M. Moreau de Jonnes. Fourier, de I'lnstitut. 69 6. Do la religion consideree dans sa source , ses formes et ses developpemens, par M. B. Constant ( a" article. ) . X — a. 63 7. Du Jesuitismeancien et moderne, par M. dePradt. Lanjuinais , de I'lnstitut. 74 8. Memoires et correspondance de Duplessis Mornay. . . Z. D. 82 9. Etudes sur Virgile, par M. P. F. Tissot. . De Pongerville. 92 10. Description de I'Egypte ( 4" article.) J. Agoiib. 100 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 184 ouvrages , francnis et eCrangers. Amerique septentrionale. — EtatS'Unis , 4 l3o Europe. — Grande-Dretagne , 3i, dont ar ouvrages periodi- ques i34 — Rtissie , 5 148 — Suede ,2 i56 — Norvege, i 157 — Danemark , . i . i58 — AUemagne , 7 160 — Suisse, 2 1(57 — Italic, 7 , 168 — Pays - Has , 8 177 France, 116, savoir : Sciences physiques et naturelles , 3l. . . . 182 — Sciences religieuses, morales, kistoriques eCpolitiques ,36. . . . 2i3 — Litterature, 34 246 — Beau.r-Arts, 5 287 — Memoires et rapports de Socieiis savantes , 2 290 — Ouvrages periodiqnes , 5 292 — Livres etrangers puhlies eu France ,i -. ... 297 3/(8 TABLE DES ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET L1TTERA.IRES. Ameriquk sEPtENTRioNALE. — Etats-Unis ; IFasfiiiigcon, Mes- sage du President — New-YorA , Projets de nouveaux Codes. 3oo AMEHiQur, MERiDioNALE. — liiienos-.-ljris , Liberie religieuse. — Repiibliqiie cle la, Plata , Commerce 3o4 AslE. — Inde Britariniqiic , Suicide des veuves Idiennes .... .3o5 AusTR.4L\siE. — Nouvelle-liollatide , Prise de possession par les Anglais 3o6 Aprique. — igjpte. Culture , Canaux , Telegraplies , Admi- nistration , Commerce, etc 307 EUROPE. Gr ANDE-BHET \G NE. — Lotidres , Statitisque; Societes bibliques ; Societe des Amis . . 3io RussiE. — Statistique : Population ; Agrandissement de I'em- pire russe. — Saint-Petersboiirg , Arts nictaniques. — Moscott , Exemple de longeviie 3ia PoLoGJNE. — Necrologie : Joseph Bryczinski 3i4 Suede. — Statistique : Population 3i5 NoHVEGE. — Bergen, Etablissement d'uu Musee d'antiquiies na- tionales idem. Uanemark. — Navigation du Sund. — Copcnhagiie , Theatre : H'e representation d'un vaudeville national 3i6 Allemagne. — lierlm , Societes siivantes. — Association pour la navigation du Rhin. — liJnnich , nouvelle Stereotypic. • — JFeisseiifch , Reclamation de M. MuUner, au sujet de la tra- duction du Bourreau de Droutheim. — Cttssel, Necrologie : Jussow.. ^ idem Suisse. — Etablissemens tliermaux. — Geneve, Ecoles du soir. 3i8 Italie. — Naples, Abolition des corporations. — Lucques , Recla- mation de M. S. Quintino , au snjel des papyrus 319 Grece. — Bulletin historique ct militaire 32i EsPAGNE. — Madrid , Reglement general des ecoles de la Trinite et des colleges du royaume 3a2 Pays-Bas. — Universites. — Harlem , Societe boUandaise des sciences SaS France. — Statistique: Mouvement de la population en France, et particuliorement a Paris, pendant I'annee 1825. — Sccii'tes savantes : Prix ]3roposes par les Societes d'ARRAs et de Caen. 325 Paris. — Iiiuicut : Academic des .sciences; seances du mois de decembre. — Societe d'encouragenient. — Theatres. Thratre Fraucais, iierepresentation de la reprise deFalkland. Thidtre de COdcon , I'c representation du Naiifrage, come- die , d'ffonneiir et PrejnL;e , drame , et de Riemi , tragedie. — Beaux- yt rts : Exposition des manufactures royales; Sculpture; Gravure ; Lilhogfaphie. — Necrologie : Regnier; Raboteau. 3j8 AtIS AUX AMATECBt DK LA LITTERATOnK BTRAMOiAK. On peut s'adresser k Paris, par rentremise du Bubba.ij cbjktbai. dk lA Revue Ewcyclopedique , k MM. Treuttel et WiiRTz, rue de Bourbon, n" 17, qui ontaussideux maisons de librairie, Tune ci Stras- bourg , pour I'Alleniagne, et I'autre a Londres ; — a MM. Arthvj* Bertra Nn, rueHautefeuille, n" a3 ; — Rehou ard, rue de Tournon, n" 6; — Levraui-t, rue des Fosses-M.-le-Prince,a° 3i,etaStrasbourg; — Bos- Si.iiGnpere, rue Richelieu, n'eo; et i Londres pour se procurer les divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, hoilandais, etc., ainsi que les autres productions de lalitterature ^trang^re. Le prix d* ces ouvrages rendus a Paris sera celui des pays etrangers oil ils se publient, augment^ de 10 pour 100, pour frais de port, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction de la Sefue Encxdopediquen'A d'autre but; en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui resultent de ses publications tnensuelles, les communications scientifiques et litteraires entre la France et les pays Strangers. Aux ACADEMIES ET Aux sociixis SATAVTES dc tous les pays. Les Academies et les Societes savantes et d'tjtilite pubiiquk, francaises et ^trang^res, sont invitees k faire parvenir exactement,/ran« de port , au Directeur de la Revue Encyclopedique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puisse les faire connaitre le plus promptement possible a ses lecteurs. AOX EDITEURS d'OUVRAGES ET ACX LIBRAIKES. MM. les editeurs d'ouvrages periodiques, francaiset etrangers, qui d^sireraient echanger leurs recueils avec le ndtre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echanges , et sur uue prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des aiitres ouvrages nouvellement publics , qu'ils nous auront adresses. AdX EDITEDRS DBS BECUEIIiS PERIODIQUES EJT AWGLETERRBc MM. les l^diteurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros a M. Degeorgk, correspondant de la Revue Encyclopediyue a Londres, s" a , Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Grua, Ricordi et &', importers and publishers 0/ foreign music; M. Degeorge leur transmettra, cliaque mois , en echange, les cahiers de la Revue Encyclvpedique, poiir laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , soit pour I'annee courante, soit pour se procurer let collections des anneesant^ieures, de 1819 k iSaS inclutiYcmept. LiBHAiKES ch^^lestjucls on souscrit dans les pats iTRAHGERS. Jix-la-Chapelle,' Laruelle fils. Amsterdam, G. Dufour; — Dela cLaud. Anvers , Ancelle Aran (Suisse) , Saaerlancler. Berlin, Sclilesiiiger. Berne, Clias , au cabinet litte- raire ; — Bourgdorfer. llreslau , Th, Korn. Jinixelles, LecharHer; — Demat. /•'riiges , Bogaeit^ — Duraoilier. Florence, Piatli. Fiibourg (Suisse^ , Aloise Eggeu- dorfer. . ♦ Prancfort-sur-Mein , Scliaeffer ; — Brouuer. Gand , Vandenkerckoven fils. Genive, J.-J. Paschoud. La fiaje, les fr^rt^s Laugenhuysen. Luusaniie , Fischer. Leipsig , GriesharaiDRr ; — G. Zirgfes. Liege, Jjilheau pere. Londres, Dulau at Compagnle ; — Treuttel etWiirtz; — Bossauge. Madrid, Dennee; — Peris, Miiun, Git'gler; — Visraara. Bocca. iloicoti, G.iutier; — RJss.p^reetfils. Naples , Boiel ; — Marotta et Wanspaudock. Neuchatel (Suisse), Grester, New'Yoik ( Etats-Uuis ) , Berard et Moudon. Nouvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , frnres. Paierme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch,). Petersboiirg , Saint - Florent ; — Graeif; — Weyher; — Fluchart. Stuttgart et Tubingen, Gotta.- Utrecht, Vaii Schoonhoven. Todi , B. Scalabrinl. Turin , Bocca. Farsovie , Glucksbei'g j — Za- vadsky. Vienne ( Autriche ) i Gerold ; — .Schaumbourg ; — Schalbacher. Lisbonne , Paul Martin. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pltre) , Piolet aine. Ile-de-Prance (Port-Louis), E. Burdet. Martinique , Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BOHEAU on HEDACrlOif, bus u'EsFEll-iJAIMX-MltHEL , H" tS, oil doivent etre enyoyes , francs de por»- , les livres , d^ssios et gra- \-ures, dont on desire I'annonre, et les Let^res, Memoires , Notices ou Extraits destines k dtre inseres dnns ce liecueil. Chez THEnrrEi. Bv JViiRxz , rue; de Bourbon , n" 17; RiiY RT GaiviER , qiiai des Augnstins, n° 55; Charles Bechbt, libraire-ctjmm''' , quai des Augustin«, u» 87; DojiDEY-DuPHE, rue Saint-Louis, u" 46> au Marais; et rue Richelieu, n" 67. MoNGiEaine, boulevard Poissonni^re, n" iS; Eymehy , rue Mazarine, n° 3o ; RoEET , rue Hautefeuille , n" 1 a ; BiCHEJ.iER, quai des Augustins. n" 54 ; Levb ACLT, rue des Fosses-M.-le-Prince , n° 3 1 , et a Strasbourg ; A. Baudouii! , rue de Vaugirard, n° 17 ; Delaunay, Peliciek, Pontuieu, au Palais-Royal; Urbain Cakel, rue Saint-Germain-des-Pres ,n''9. A LA Tenth, C»biket Litteraire, tenu par M. Gautieb, ancien inilltaire, Galerie de Bois, n" 197, au Palais-Royal. A''/«. Les ouvrages annuuccs dans la Revue se trourcat aussi chez Roret , rue Hautefeuille, u" la. PARrS. — HE I. IMTHIMERIE DE RIONOL'X, rue des Francs-Houig*-ois-S.-JUcht;l , n* ToMK ^''-1826. ( 29^ de la collection. ) 86^ LTVRAisoy REVUE ENCYCLOPEDI V. on ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATUHE, I.ES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Pour Ics Sciences physiques ct mathcmatiques ft les Arts indastriels : MM. Ampere, Ch-Dupin, Fourier, Girakd, Wavier, de I'liistitutjCoQUEREt, Fertvy.Fkancoeuk, Ad. Gondtnet, Le Norman ij , professcur de technologie; A. M1CHKI.OT, DE MONTGERTt , MOREAU BE JONNES, Pon£r.I,ET,WARDEK, etc. 20 Pourles Sciences naturelles: MM. GEOFFROT-SAmT-HitAiRE, de I'lnstitut; BoRT DE Saiht-Viwcent, correspondant de I'lnstitut, V. AnBOuiN, Mathieu T5oirAF003, de Turin; Brohgniart fils., Desmarkst , Fr.ouREWS, D.-M. ; Gaiilon , de Dieppe; V. Jacqcemont, etc. 3* Pout \es Sciences meiiicalcs : MM. AnEtON, BAr,Lir,DAMiRoiT, G.-T.Doiw, Amebee DuPAn, Esquiroi., Gasc, A. Grimaub, d'Aug'-rs ; Georget, Kirc- KHOFF, d'Anvers; Magenbie, de I'lustitut; Orfijja, PiiGOi.toT fils, d'Amieos. 4° Vouv \es Sciences philosojihiques et morales, foUtiques , geograpkiques ct historiques : Uyi. M. A. JuLLiEN, de Paris, Fondatcur-Directeur de la Revue Encjclopedique; Barbie bu Bocage fils; Alex, be t.a Borbe, Jomarb, Lanjuinais, de I'lnstitut; Agoub, Artabb, M. Avehet., BENJAMin-Corr.s- tant, Depping, Abolpbk Garnier, GniGNiAUT, A. Jatjbert, Laffoit BE Labebat, Alex. IiAmeth, Lanjuinais fils, P. Lami , Lesueor-Meri.in , Massias, a. Metrat,, Meyer; d'Anistcrdara; be Norvins, Parent-Reai., Pouqoevii.le.EusebeSai.verte, .T.-B.Say, Sismonde be Sismondi, de Ge- neve, etc. DuriN aioe,BERvii:.i,E, A. BEtroNOT, BouonENE-LEFER, CatvECLr, DotJBLET-BE-Boi.lTHIBAUI.T , DoFAU , DcFRAYER , DoVERGIER , GdABET , Cli. Renooarb, Taillanbieh, ayocat."!, etc 5' Pour la Lilteraturefrancaise et itrangere, la Bihliographie ,\' ArcJienlogie etles Beaux-Arls:^til. Andriedx, Amadry-Dovai,, J. Droz, Emehio Da- vid, Lemeroier, Nabdet, be Skgur, de I'lnstitut; MmoL.-Sw. Bei.t.oc, MM. Bari.seau , BiANCHi ; M. Berr , J. -P. Bres, Fetix Bobiit, Bdrkohp CIs.Chauvet, Chenebolle, de Liege; P.-A. Coupirr, Fr.Degkorge, Dbmersan, Gau. fils, Ed. Gatjttier, Ph. Goi.bery, Heirerg, Henrichs, K.Hereau, secretaire-general dc la Reme Encyclopedique; AtronsTE Jbt.lien, fils; Abhien-Lafasge, J,-V.LKcr,ERC, LoEVE-VEtmAii.s, A.Mahut., Mazois, Albert-Montemont, MOKNARD, de Lausanne; Nicor.o-I'oui-o, C. Pacanki,, H. Patin, Pongervilt.e , Quetei.et , be Beiffenberg , de Bruxdlcs; R01.1.E, bibliotliecaire de la viUe dc Paris; be .StassarT , de Binxellcs; Fr.Salpi, M. Schinas, ScHWEiGaaJOSER, de Stnslinurt;; Leon TiiiFSsii, Fr. TiSSOT, VeRDIER, VERNEtril. , Vttr.ENAVK , S.VlSCONTI, etc. aTaris, AU BUREAU CENTRAL DE LA EEVUE ENCYCLOP^DIQUF, Rue d'Eiifer-wSaint-Micliel, n" i8; ABTHUS BF.rvTRAND, riio H.-mtefeuilie, n° a3; Au MusEKKNcyci.opiiDiQui'., CHEZ BossAKGE piT!%rue luciieiiir n'fio; TtKHouABD, rue tie Tournon, n° G; LONDRES. — TkeWttez. et WiiiiTz; Bossakge; Diir.Ati ETcrjM.' Grua et RicoRnr, n" 2 , Albemarle-street, Piccadilly. FEVRIER 1826. AVIS ESSENTIEL AUX SOUSCRIPTEURS. MM. LES SOUSCRIPTEURS cloHt I'aBONNEMEWT EST EXPIRE tE 3 1 DECEMBRE DERNIER, sont invites a le faire renou- vBLER iNCESSAMMENT , pour que le service des envois n'eprouve aucun retard. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le nioisdejanvler 1819, il parait, par ann6e, douse cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , publi^ le 3o du mois, se compose d'en- Tiron i4 feuilies d'impresslon, et plus souvent de 16 ou 18. On souscrit k Paris, au Bureau central cC abonnement el d'expidition iiidiqu^ 8ur le litre. Prix de la Soiucription. A Paris ^6 (r. pour un an ; a6 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 So A I'etranger ...... 60 34 La difference entre le prix d'abonnement, A Paris, dans les dSparte- mens et dans Vitranger, devaot ^tre proportionnelle aux frais d'expe- dition par la poste, a servi de base ii la fixation portee ci-dessus. A ce sujet, la Direction de la Rewe Encyclopidique croit devoir faire observer que, cette base^ayant t't^ calculee d'apr^s le nonibre de qua- torze feuilies promises mensuellement aux abonn^s, les frais deport occaslones par I'augmentation successive des cahiers sont rest^s entie- rement «i sa charge. Le montant de la souscription, envoj <5 par la poste, doit ^tre adress^ d'avance, franc de poet, ainsi que la correspondance, au Directenr de la Revue Encyclopidique, rue d'Enfcr-Saint-Mlchel, n° i8. C'est d la m^me adresse qu'ou devra envoyer les ouvrages de tous genres et les gravures qu'ou voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d^sirera I'insertion. On pent aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chea les principaux Libraires, k Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons formcnt un volume. Cliaque volume est termini par une Table des matiferes alphabetique et analyfique, qui ^claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au I*' cahier du volume suivant, 4 I'exception de la derni^re Table de Tannic, qui est expedite isol^ment a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement i partir de deux ^poques , du i" janvicrou du i"JulUet de chaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. On trouve, au bureau ckwtrii., les collections des cnnees iSrg, iSao, j8at, i8a2, 1823, 1814 et i8a5, au prix de 46 francs chacune. 1^; .p'f 66/Ui//U Afmie £'n/:ycZrpeJifiie .(a^ierde ./ci,rU7-/&Ze . J^n^>-Zxci..d,ir.Mzi REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANA.LYSES ET ANNONCES RAISONNEES DES PROnUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTJERATURE, LliS SCIENCES ET LES ARTS. 1. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. REVUE DES PROGRES DES OPINIONS RELIGIEUSES. SECOND ARTICLE. ( Voy. ci-dessus , pages 21-37.) Dans un precedent article, nous avons cherche a faire voir comment le sentiment religieux etaif le resultat naturel et ne- cessaire des facultes de I'homme, comment chacune des affec- tions, chacun des besoins de aotre nature uous revelait la Divinite, comment chaque progres que nous faisions en intel- ligence nous rapprochait d'elle, et comment cependant, quel que fut le degre de notre civilisation ou de notre barbaric de notre sagesse ou de notre stupiditc , sous quelque nom que nous adorassions la Divinite , sous quelque nombre de personnes, ou de manifestations que nous partageassions, dans T. XXIX. — Fevrier 1826. 23 55o REVUE notre ignorance, I'exercice de sa toute puissance; c'etait toii- jours a I'Etre unique que nous adressions nos hommages, en sorte que, pai I'essence de la religion, I'adoralion, el reffuit vers le perfectionii^ment , qui nous assimile a I'elre tout par- fait , nous elions en harmonic avec tons les peuples de la terre. D'ou vient done que la religion est devenue un etendard de persecution et de haine; que, nourrie de sentiniens d'huinilite, de pcrfcctionnement et d'amour, ellc a presque toujours ins- pire a ses niinistres tant d'aerimonie, des expressions ou le mepris,raversion,le desir de detruire eeux que Ton condaaine, se montrent d'une maniere si hideuse ? D'oii vient que le Ian- gage de la Controverse est le seul oii Ton n'ait jamais vu con- server aucune des formes de la cliarile ? Le fiel des devots ne s'est que trop signale danstoutes les communions, lis ne se sent que trop renvoye les uns aux autres ces mots odieux, que nous retrouvons dans presque toutes Ics confessions de foi : « Nous detestons toutosles here- sies, toutesles inventions diaboliques de nosadversaires; nous prononcons auatheme centre eux. » Cependant , I'esprit des chretiens scmblait enlin I'emporter surcelui des pretres; lacharitequicouvre les erreurs d'autrui, I'humilite qui nous averlitdes notres, commencaient A preva- loir sur I'habitude des anathemes; et voila qu'une sccte dans I'Eglise catholique, qui pretend raninier lezele, el qui accuse de tiedeiir la nioitie de cette mcme eglise , renouvclie ses imprecations contre le rcste des hommes. Le Memorial catho- lique, Vjr?ii de la Religion et du Roi sont remplis d'exprcssions d'amertume, de mepris, d'horreur, contre tous ceux qui ne partageut pas les opinions de ces journaux(i); uneclasse assez nombreuse d'hommes de lettres eoncourt a leur redaction, et (i) Pour se convaincre que ces energumtnes ne repicseutent qu'une partie de I'Eglise catholique, il suffit de consulter les aulres juurnaux religieux, qui se pubiient eu opposition avec ceux-la, tcls que la France caihoUque. Paris, 1825. DES OPINIONS RELIGIEUSES. 35 1 le plus t'loquent entre eiix, I'abbe de La ]\Iennais, se siijnale surtoiit par ses pliilippiques centre I'ordrc civil et politique sous leque! nous vivons ; il semble , dans son zele impetueux , appeler le retablissement de ces sacrifices humains , dont le christianisme a eu si loDg-teras a rougir. N'hesitous point a le reconnaitre: c'est parce quo la religion est un moyen de puissance, qu'elle a ele si souvcnt souillee par la passion la plus irreligieuse, la plus destructive de toute cliarite, la haine de ceux qui ne pensent pas comme nous. Le sentiment religieux, si puissant, si universal , si irresistible, si pur dans son origine et dans sou but, a du inspirer a tous les ambitieux le desir de s'en eniparer, de s'en reudre les organes etles regulateurs, et d'employer ensuite toute sa force a I'ac- complissement de leurs fms privees. Pent-etre, telle est notre faiblesse, que I'opposition soule sur ce qui nous ticnt le plus a cceur suffita exciter en nous I'aigreur contre ceux qui voient autrement que nous; mais bientot le desir de dominer vient cnvenimer nos querellcs : c'est toujours lui qui inspire a nos pretres le desir de venger Dieu et de nous punir. Que I'homme s'abandonne done sans scrupule aux inspira- tions de son cceur qui I'elevent vers la Divinite. II y trouvera la consolation, I'esperance , le courage, tous les soutieais qui peuvent I'aider a accomplir heureuseraent son pelerinage sur la terre, tous les secours qui peuvent epurer son ctre immorttl. Mais qu'il se defie, des qu'un bomme voudra se placer entre lui et son Dieu; qu'il se defie, lorsqu'un homme voudra lui en- seigner ce qu'il doit croire, et osera affirmer que c'est decette doctrine qu'il lui communique que dependra la misericorde envers lui du Dieu de toute creature. Get homme, qui n'cst pas plus pres de Dieu que lui-meme , le trompe, soit qu'il soit Ini-meme dans I'errcur, ou qu'il veuille le trompcr ; il le trompe pour son propre avanlage. 11 veut se faire de la puis-, sance , de ce que Dieu est puissant; de la sagesse, de ce que' Dieu est sage ; mais il ne voudra jamais se faire de la bonte, de ce que Dieu est bon ; car la bonte ne sert pas a fonder un pou- voic usurpe. Bien plutot, il cache cette premiere drs perfec- 352 REVUiK tions de Dieu : il fait de Ini imjuge inflexible, nn vent,'(iir irrite, im ctre dont la colere ne pent etrc apaisee que par des expiations et dcs sacriliccs ; et celui meme qui nous pres- cril oes sacrifices les fait tourner ^ son profit. Get homme est lu vrai crcateur de ridolatrie, et dcla sen'.e idnlAtrie qui soit nn crime. II dctourne I'liommage que k-s creatures rendaient au Dieu bienfaisant, pour le presenter a tmites leS passions malfaisantes qu'il idealise. Au lieu de re- connaitre le maitre de I'univers, toujours le meme, sous miile noms divers, quand on le p(>int sous les traits de la toutc bonle unie a la toute puissance, il cree pour les liommes trompesun dieu qui ne pent pas etre. II le fait avec la mechancete unie a la force, et il demande pour lui un culte en rapport avec ces execrables atliibuts. Que cet homme, qui prodigue a tons ceux qui different d'aveclui le nom d'athee, ne s'etonne point si on le lui renvoie; car il nie le Dieu qui existe, et il demande I'adoration pour un 6tre mensonger qui ne saurait jamais exister. L'accusation d'alheisme est en quelque sorte le mot d'ordre de la secte que nous signalons : elle le prodigue a toutes les opinions qui ne sont pas la sienne. Toute philosophic est k ses yeux entachee d'atheismc, les protestans ne sont que desathees deguises. Les liberaux sont alhees; les corps savans qui onf illustre la France , les hoinmes qui se distinguent dans les lettres, enfin tout ce qui ne vit pas, a I'egard de la secte, dans la soumission la plus abjecte, est athee, et les journaux qui dependent d'ellesont remplis de ces denoncialions. L'homme le plus eloquent de la secle va plus loin encore: I'epee; los femmes, les vieillards, Ics enfans, furentegor- gesdans I'eglisecathedrale, ou ils s'etaient refiigius (i). Le petit-fils de saint Louis, Philippe IV, blesse dans son orgueil par le pape Boniface VIII, ne se contente pas d'arreter ce vieillard . et de hater sa mort par les mauvais traitemens qu'il lui fait infliger; il veut surtout couvrir sa menioire d'op- probre, et c'est dans I'infame proccs qu'il lui inlente que M. de La Mennais pouri'a voir les vices dans toiite leur honleuse nu- dite. C'est le roi tres-chretien qui accuse, c'est un pape qui est accuse, ce sont des hoiumes dislingues dans I'Eglise et dans 1 'Etat qui deposent comme temoins , ce sont des cardinaux qui recoivent les depositions ; niais aujourd'hui, nos moeurs ne nous permettent plus de les traduire. Qu'on croie ces temoins su- bornes ou qu'on leur prete croyance, I'ideequ'ils nous donnent de ce terns de souillure est egalement rebutante (2). (i) GuiU. de Nangiaco. Gesta. Ibid., p. 545. (2) Testes examinati per papani seu ejus commissarios. — In Dupuy. Preuves des differends. « Frater Nicolaus de uibe, mona- chus monasterii sancti Pauli de urbe , testis juratus dixit suo sa- cro sancto... Quod dictus Bonifacius erat et fuit simoniacus, sodo- mita et hoereticus; et quod dicebat quod committeie carnales coitus cum mulieribus et pueris, non erat majus peccatum quain fricare raanus. » Pag. 536. — Plusieurs autres tenioins repetent le meme propos. « Notus quondam Bonicursi de Pisis, testis juratus dixit... Quod Bonifacius papa , turn in urbe apud sanctum Petrum commorans , cum quo ipse dominus Jacobus'in una et eadeni camera morabalur, abstuHt sibi prsedictam uxorem suam, uomine dominam Colam, et cum ea jacebat, et dixit quod vidit ipse testis ipsum Bonifacium iu uno et eodem lecto jacentem cum uxore sua prsedicta... Item dixit quod dictus Bonifacius jacebat in uno et eodem lecto cum Garta- niicia filla dicti Domini Jacobi,... dixit quod vidit... Item dixit quod abatebatur ea non tanquam muliere, sed tanquam puero, inter 358 REVLE Dans sa ciipidite insatiable, le petiL-fils de saint Louis de- pouiilait ses siijets par classes, et c'etait avec I'aide du bour- reaii, et par la torture , qu'il levait sur eux des contributions. Le i*^*" mai 1291, tous les marchands italiens, etablis dans le royaume, furent arretes en un nicnie jour , menaces do la ques- tion, et depouilles de toutes leius proprietes (1). Le 22 juillet i3o6, tous les juifs furent arretes de irieme, les uns menaces, les autres livres au supplice, et tous ej^alement di'pouilles(2J. Le i3 octobre i3o7, ce fut le lour des Templiers, et Ton sait sous quelles infames accusations 1 5,ooo gentilshommes, la fleur de la noblesse d'Europe, furent fletris, dans quels affreux sup- plices ils perdirent la vie; apres que les tourmens qu'on Icur faisait subir les eurent contraints ;\ s'accuser eux-memes [^'. Telle etait la securite dont jouissaient ies diverses classes de sujets dans la monarchie chretienne, telles etaient les moeurs que M. de La Mennais regrette; et peuimportc, pour les juger qu'il croie i5,ooo mille Templiers conpables, ou qu'il croie subornes plus de 2000 temoins qui deposerent contre eux (4). Que dire encore des alterations journalieres des moniiaies, qui exilaieiit la bonne foi de toules les tiansactions pecuniaircs; que dire des soiipcons d'empoisonnement qui, a I'occasion de la mort de Bcnolt XI, atteignirent Philippe IV lui-meiiie(5), que Philippe, a son tour, fitpesersur I'eveque deTroies, a I'occa- sion de la mort de sa femme (6), qui furent cause que plusieurs femmes furent enterrees vivantes a Paris, comme ayant empoi- soune des pcrsonnages moins illustres(7) ?Que dire enfin de crura. lu casii sciendi , dixit quod hoc a dicta Cetta filia sua audi- vit. <■ Pag. 540. — Confirme par d'autres. (i) Gio. ViLLAKi, lib. VII, cap. i4fi, p. SSg. (2) Continuatio Chron'ui Giiill. de Naiigiaco. S. Achesli Thesaur. , t. Ill, p. 59. (3) DOPUY. Condamnadon des Templiers. (4) Retnaldi. Ann. Eccles., anno l3i:i,§. 54- (5) Ferreti Vicentini. Hist, apud Script. Ital., t. ix, p. ioi3. (6) Cont. Nangii ,yi. fii. (7) Canonici Sancti I'icloris vitte Pontif. Aiin. , p. 45"" DES OPINIONS RELIGIEUSES. SSg I'.nccusation d'adullere accreditue contre les trois belles-tilles du roi , et des supplices aiissi etfroyables qu'obscenes par les- qiiels ce rcgne de sang se termiiia (i j ? De nouvelles horreurs signalcrent le rogne de ses fils. Louis X, qui n'occupa que peu de niois le Uone, livra a ses bourreaux les ministres et les conQdens de son pcre. Philippe V permit que les effroyables sacrifices de Tinquisition sc nuilti- pliassent avec une frequence dont I'Espagne nicme n'a point donne d'exemple, et que les religieux du tiers-ordre de saint Francois, victimes de leur zele ])our la pauvrete evangelique, ])erissent par ccntaines dans les flamines (a). Lorsque de mal- heureux paysans, les pastoureaux, s'assemblerent, en i320, au nombre de plus de 5o,ooo, pour delivrer le saint sepulcre par une nouvelle croisade, il ne trouva d'autre moyen de reprimer les desordres de ces pauvres gens, que deles accider sans vivres dans les plaines marecageuses d'AiguesMortes, de faire pendre quiconque s'echappait, et de les y laisser tons perir par la fievre etla faim (3). Et pour terminer tant d'horreurs, ce meme Philippe V soumit a la torture, et lit perir cusuite dans les flammes tons les lepreux, tons ceux qui en France etaient at- teints de quelque nialadie de la peau, sur le soupcon absurde qu'ils voulaient empoisonner les rivieres avec des pieds de crapaud et des cheveux de femme (4). Voila les plus notoires, les plus faciles a resumer en peu de mots des crimes des cinquante annees qui suivirent immedia- tement la mort de saint Louis. C'est I'epoqne ou sans doute, anx yeux de M. de La Mennais, I'esprit du saint roi veillait sur la France, I'epoque ou I'education publique etait sans par- tage entre les mains du clerge, I'epoque ou la religion, placee a la tele de la societe, la pene trait tout entiere. Mais, s'il preferait en choisir une autre dans ces quatorze siecles de monarchic (l) Cont. A'angii, p. 68. (a) UisC. de Langiiedoc , par les PP. Vic et Vaissette, t. IV, 1. XXIX, p. 179 et suiv. (3) Contin. Aangii , p. 77. — (4) Hid., p. 78. 3f)o REVUE qii'il nomme chretienne , parce que les pietres y pouvaiciit tout, et que le pcuple n'y poiivait rien, les crimes n'y manqiie- ront pas non plus. Qu'il le demande aux souvenirs de sang dos Merovingiens, aux souvenirs de boue des dorniers Cariovin- giens, aux atrocites de la guerre des Albigeois, a ce siecle enfin de demeiice et de guerres civiles, qui preceda la reformation et dont M. de Barante a fait un si effrayant tableau. Sans doute, il nous restebeaucoup a fqire pour epurer et elever notre ame, pour amonder notrcvie, et la regler d'apres les lois de la Divinite; mais, c'est en mesurant notre lAche avec notre faiblesse, cpie nous pourrons nous liumilier: ce n'est pas en regardant en arrierc, ce n'est pas en nous coniparant avec ceux qui vivaient sous le joug honteux qui ne courbe plus nos tetes. Aussi, nous ne dirons pas avec M. de La Mennais : «Certcs, notis sommes descendiis bien bas , si bas qn*a peine concoit- on qu'il soit possible de descendre encore (i). » Surtout nous ne nous fonderons pas, pour le dire, sur ce qu'on etablit dans un college, a cole d'une chapelle catholique, un preche calvi- niste(2). Nous croyons, au contraire, qu'un grand pas a ele fait dans les mocurs et dans la religion, lorsqne le catholique a appris que le prolestant, quoiqu'il n'admette pas quelques uns des mysteres auxcjuels lui-meme soumet sa raison, eleve cepen- dant son coeur au menie Dieu que lui, et se croit oblige aux mcmes efforts pour amender sa vie; lorsqne le protestant, dont les ancetres acrusaient les catholiques d'idolatrie, a appris a I'cspecler, commc manifestation d'un' sentiment leligieux, les mysteres qu'il n'admet pas, a renoncer a la controverse sur ce qui echappe a rintelligence humainc, et, au lieu de s'atlacher a des contradictions dans les mots, a appris par le roeur qu'il y avait harmonic dans lejientiment. Nous croyons que les uns et les autrcrs sont devcnus plus religieux, depuis qu'ils sent |)lus chaiitables, depuis qu'ils regardent une secte etrangere, seule- ment comme employant une autre langue que la leur pour s'a- (i) De la Religion, p. too. — (2) Ibid., p. 91. DES OPINIONS RELIGIEUSES. 36 1 iclressei ati ciel, et ci>miiie expiiniant sous des symboles divers line meme pensee que celle qu'ils expriment. Tel etait, en effet, lechangeintnt heureux qii'on poiivaitremar- qner dans les esprits,apres que la fievre de la revolution se fut apaisee. Pendant sa duree , on no soup^onnait pas mcme ce changement; les liommes ne s'exposent point au combat, s'ils no sont remnes par des passions impetueuses ; qnand ils s'arment, qii.uul ils s'eiancent dans la melee, ils voientavec exageration les causes de leur dispute. Quand la reformation ebranla la mo- narchie de I'Eglise, quand la revolution renversa le pouvoir civil, tons les griefs sepresentereut auxhommessoiis leurs plus noirescouleurs.Ilsne furent point justes pour les abus qu'ils vou- laient detruire, et ils ne pouvaient point I'etre. Mais, apres la victoire, quand les meurtrissures faites par d'anciennes chaines eurent cesse d'etre dotdoureuses, des sentimens de fraternitc et de bienveillance prirent la place des anciennes animositcs ; si Ton fut dispose a quelque erreur, ce fut plntot a juger avec trop d'indulgence ceux qu'on avail cesse de regarder comme ennemis. Cette disposition etait surtout tres- marquee parmi les protestans ; le clerge catholique en recueilllt les fruits pendant I'emigration, et elle explique encore aujourd'hui celles des conversions ou I'interet n'entre pour rien. Le meme esprit de tolerance et de fraternite est fort repandu en Angleterre; il est vrai qu'il ne faut pas le chercher dans cette partie plus obstinee de rdigarchie qui maintient les lois oppressivesdont les catho- liques d'lrlande demandent le rappel. Pour ceshommes, tres- disposes en general a admettre les principes de M. de La Men- uais, et tres-emprcssts, lorsqu'ils viennent en France, a se lier avec tons ses amis, ['ascendant protestant , cowmc ils I'appel- lent, est un moyen d'augmenter la force du gouvernement. Mais toute la partie liberale de la nation appelle a grands oris I'emancipation , et elle fait a cette occasion une apologie si complete, non-seulement de la religion , raais du clerge catho- lique, que celui-ci doit s'applaudir de voir des protestans zeles dire pour lui ce qu'il ne pourrait en conscience dire lui- meme. 36a REVUE Au moment oi!i Toiage revolutionnaire s'apaisa , une nK^ma bienveillance animait aiissi les catholiques en favenr desprotes- tans. On avail poursuivi dans les premiers tout sentiment rcli- gieux ; ils s'cmpresserent a rcconnaltre des freres dans ceiix qui ctaient animus par ce scnliment, cjuoiqiie avec des formes diverses, on les \it qnelquefois frequenter les temples] protes- tans; on les entendit parler du culte rcforme, avec les egards que les liommes doivent a ce que leurs freres tiennent pour sacre. Cette harmonie fit meme naitre des projets de reunion des deuxeglises, qui prouvaicnt les progres de la tolerance. Le lems viendra sans doute oii Ton reconnaitra que cette reunion ue peut consister que dans le support mutuel pour des opinions divergentes, et nou dans la soumission commune a ime meme regie. C'est avec douleur que nous voyons aujourd'hui un esprit tout contraire animer le parti non point le plus religieux, mais le plus sacerdotal dans I'eglise catholiqne.Cet esprit se retrouve dans les nombreux ccrits, dans les nombreux journaux dont ce parti inonde la France. Les pretres out considcrc avec effroi cette fraternite entre ceux qui croient, lorsque leurs croyances sout differentes , etpolitiquement ils ontcu raison ; mais, com- bien leur politique est contraire aux vrais progres de la reli- gion! Des que nous cessons dc hair, de mepriscr, de persccuter ceux qui pensent autrement que nous, des que nous les regar- dons avec calme, nous apercevons parmi eux des hommes dont le cosnr cstjjur, dont I'esprit est juste, qui, partant des memes donnees que nous, sout arrives a des conclusions op- posees aux notres, sur le monde surhumain. Cette divergence nous raniene a examiner les donnees elles- memes d'ou nous partons tons, et a nous demander siellessont sufGsantes pourproduire la certitude, a chercher comment la mesure de notre intelligence est aussi la mcsure de no!re foi, comment, quoique la vcrite soit une, notre impossibiliie de la saisir tout entiere, avec nos facultes bornees, nous reduit a n'en entrevoir cliacun qu'une pa; tie, et sous des jours differens- Mais, examiner ses motifs de croire, c'est examiner sa croyance DES OPINIONS RELIGIEUSES. 36? ^'lle-nleme, c'est secouer le joug de rautorite. St la croyance ii'est pas la propriete tin pretre, il ne peut plus commander, il ne peut plus punir, il n'a plus d'autre supeiiorife sur le fulele que celle que lui assureut son intelligence ou ses lumieres; et son role se reduit a donner des exemples et des lecons de vertu. Ce n'est point a cette carriere dc devouement et de sacrifices quale clerge a cru devoir se consacrer, au momentoules temples ont ete rouverls. Il avail derriere lui le souvenir d'une domi- nation presque universelle ; autour de lui, la bienveillance et les vceux de ceux qui avaient compati a ses souffrances; une impulsion religieuse semblait donnee a loute la generation qui le reconduisaital'autel.Les grands, les puissansde la terre, qui avaient les premiers tourne en derision les ancienncs croyances, et renverse redifice religieux , ^laient les plus zeles de tous pour le reconstruire; le peuple avait horreur des profanations aux- quelles il avait pris part, dans un moment d'ivrese. A cessymp- tomes, les prctres ont cru reconuaiU'e que leur regne allait re- commencer : ils ont annonce toutcs les pretentions des jours de leur plus haute puissance; ils ont prcche la liaitie de toute croyance opposee a la leur ; ils ont crie au scandale contre tout culte dont ils n'etaient pas les minislres; ils cnt reorganise les armeesde moinespar lesquelles I'Eglise conduisait autrefois la populace; ils ont Aiit rendre des lois sanguinaires pour protegcr leurs ceremonies; ils ont redemandeleur part dans les richesses de la terre; ils se sont presentcs partout comnic candidats au pouvoir;et, en meme tems qu'ils attiraienl aeux le sceptre, ils se sont declares les champions de I'autorite qui se mettait en opposition avec le peuple; ils ont enfin proclame leurs droils tout en niant les droits des hommes. Mais ils ont mal connu leur tems et le terrain surlequelils se trouvaient. Du sein du peuple qui les avait rappeles,qni les avait reconduits a I'autel, line clameurs'eleve pour leur repondre : Ce n ext pas la la re- ligion.que nous aeons redemandee. « Nos occurs etaient pleins de reconnaissance pour le Dieu qui nous a combles de ses bienfaits; nous voulions lui offrir par votre ministere le tribut de nos actions de graces ; nous ne 3(i/, REVUE voiis demandions point do nous expliqiicr son essence incom- piehensible, on dc violenteinotre raisou en nous faisant repe- ter des mots contradictoires. Nous nous sentions entonres Ac sa boutt! ; nous ne vous demandions point de nous parler de scs vengeances, de nous menacer de ses jugemens, d'ouvrir un enfer sous nos pas, quand sa providence nous sourit de toutes parts dans la nature. Nous voulions honorer ce Dieu, que nous ne poiivons voir, dans ses ouvrages visibles, dans le plusparfait surtout, dans I'liomme, qu'il a fait a son image. Nos coeurs etaient remplis de bienveillance pour toute creature, pour nos freres avant lout, qui peuvent sonffrir etjouir comme nous; nous ne vous demandions point de nous faire apercevoir des disson- nances dans le concert de nos prieres, de denoncer des heresies, et de nous apprendre a hair «eux que nous voulions aimer. Nous vous avons appeles comme des hoinmes voues plus cons- tamment que nous a de saintes contemplations, pour nous eclairerde vos lumieres, et nous former par votre exemple; mais non pour ctre nos maitres; nous vous demandions des conseils et des lecons, non des ordres. Nous vous avons dit : enseignez-nous a adorer Dieu. Peut-etre y avait-il trop d'hu- militedanscette demande; car , avant de vous avoir entendus, noscoears I'adoraientdeja. Jamais nous ne vous avons dit : en- seignez-nous k obeir aux hommes. La politique n'est pas votre province. Des que vous annoncez des interets liumains, vous perdez vos droits a notre confiance. Vous avez fait retentir sans cesse a nos oreilles les noms reuuis de I'autel et du trone ; et vous les avez compromis I'un par I'autre. Laissez le trone sur sa base nationale, c'est la plus solide. Tout ce que vous avez fait pour etablir les droits divins de la puissance, n'a servi qu'a faire revoquer en doute qu'elle existat pour I'avantage de tous. Toute assistance que vous deniandez,en relour a la puissance, ne sert qu'a nous convaincre que vous n'etes pas, que vous ne voulez jias etre les ministres de nos opinions religieuses. » Tel est le langage que, dans le secret des consciences, la France tienl a la partie de son clerge qui se dit aposlolique ; tel est le langage par lequel elle reclame toujours pour elle- DES OPINIONS RELIGIEUSES. 365 tn^me une religion, luais unen^ligion epuiee, charitable, tde- raute. Si le clerge reussit a liii imposer silence, elle pourra de- venir hypocrile; elle n'en devicndra pas plus Gdele. Elle ne rc^reltera jamais ces siecles tl'iynorance et de crime que cer- t.-jinsprelrcs preconisentcomme lobon terns. L'histoire est niieux conniie d(''Sormais;ses terribleslecons detruisenl le prestige des 5;randsnoms queM. de La Mcnnais repcte encore. Les Francais savent a quoi s'en tenir sur cctte monarchic chrelienne dont il pleurela ruine; et, s'ils pouvaient se faire illusion sur les ca- lamites qii'ont eprotivecs leuf peres, I'Espagne est la pour les delromper : I'Espagne oules princes, les giierriers, les adminis- tratenrs de la France ont appris la valeiir reelle du regime qn'on veut leur rendre; I'Espagne ou I'eglise a forme avec. I'Etal une alliance, non pas dehudjet, mais dc verite , de croyances, d' instilttuons et dc lois[i); I'Espagne oil I'egUse est la premiere des institutions publtqites , et le clerge le premier des ordres de CEtat[%); I'Espagne o/i il est solennellement re- connu que V vducation de tcnjancc est le droit exclusif de I'epis- co/?rt<(3) ;rEs))agne cependant qui est si inondee de sang, si soiiillee de crimes, si dechiree par des partis forccnes que des pretres dirigent, qu'on rougit de ''entendre se dire chreticnne, taiidis qu'elle n'invoque le noKi du christianisme que pour le profaner. J.-Ch.-L. de Sismondi. COUP-D'OEIL L'ETAT DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES, ENTRANCE, PENDANT L'ANNEE iSaS. Avant de jeter un coup d'cieil lapide sur les productions philosophiques de I'annee qui vient de s'ecouler, il parait ulile de rappeler quel est aujourd'hui le but special de la philosopliie. (l) De la Religion, p. 65. {■i\ Ibid., p. 69. (3) Ibid., p. 85. T. XXIX. — Fcvrier ia86. a4 366 COUP D'OEIL SUR L'^TAT ACTUEL Lorsqu'un homme arrive (levant un beau site champetre, nous le voyons porter rapidemment ses regards sur toutes les parties clu tableau. Mais, s'il fermait alors Ics yeux, il ne gardcrait dc ce spectacle qu'un souvenir vague et confus. Pour le mieuxconnaitre, il est oblige d'en examiner chaque detail, separcment et avec attention. C'est apres cette etude par- tielle, qu'observant le rapport mutuel des differensgroupcs, il obtientcnfin une connaissance claire et complete de rcnsembie. Telle est la marche naturelle de I'observation : telle a ete la marclie de la philosophic. Consacree h la recherche de la science, comme I'indique I'etymologie de son nom, elle a voulud'abord erabrasser tout I'univers materiel et immateriel. C'est ce que montrent les travaux des premiers philosophcs : chacun d'eux tendait a une science encyclopedique. Mais, ce desir, impos- sible a realiser par les forces d'un seul homme, ne leur a fait Jeter sur lemonde qu'un regard general, superficiel , et mcme faux, parce qu'ils n'avaient pas le tems d'observer. 11 a fallu diviser les portions du tout que Ton vculait connaitre, et se partager les travaux. Alors, les sciences speciales ont pris nais- sance, et Ton a vu la medecine commeucer avec Hippocrate, les mathematiques s'approfondir avec Architas de Tarcnte , Archimede, Euclide, et les sciences physiques se former beau- coup pins tard et par des hommes presque de nos tems. II n'est plus reste , sous le nom de philosophic ou recherche de la science, que I'etude ayant pour but rintelligence humaine et toutes les choses immaterielles, parce qu'en effet ici la science n'est pas encore faite. Ainsi, la philosophic considere specialement aujourd'hui rintelligence en elle-meme et dans ses relationsavec les autres intelligences, ce qui constitue : i° \a. psychologic , ou etude t!e reutendement ; 2°la morale privee , ou les rapports d'individu ;\ individu;3° \a morale publique, ou les rapports de lous envers chacun , ou encore la politique. Auciuie oeuvre nouvelle ne s'est occupee , celte annee , dc la premiere de ces etudes. On s'est borne a reimprimer quel- qncs fragmens de Descartes, dc Locke, et le livre dc M. I-a- DES SCIENCES PHILOSOPHIQUES. 367 romigniere, siir la langiie du raisonnement. Un traite «le M. Massias, intitule : Probteme de I' esprit humain, a paru , dansla dernieresemaine de iSaS; I'lnfliience qu'il doitexerccr nesera sentie et appreciee qu'en 1826; on ne pent done le rat- tacher a I'annee qui vient de s'ecouler. Ainsi, rien n'a marche en avant sous le point de vue psychologique ; mais il s'est opere, sous le point de vue moral et politique, un mouvement tres- remarquable. Un ouvi-age a proclame, et d'autrcs ont reconnu que, pour fonder la science sociale, il faut employer I'observation , cetfe methode qui, appliquee aux autres sciences, les a rendties positives et les a fait avancer d'un pas si rapide. J'ignore jiisqu'a quel point la politique est destinee a dcve- nir science positive, avant la morale et la psychologic. II semble qu'elle ne devrait pas preceder, mais suivre ces deux parties de la philosophic; car, les rapports de tous en vers tons sont fondes sur les rapports d'individu a individu, et ces derniers sur I'individu Ini-meme. Cependant, comme I'observation est une methode de bonne foi, et qu'avec elle on ne voit que ce qui existe, rien n'empeche de commencer par une partie plu- tot que par une autre : on rassemblera ainsi un grand nombre de fails qui serviront eux-memes a I'etude de la morale et de la psychologic; sauf, pour la politique, a emprunter de ces deux autres sciences , quand elles seront faites a leur tour par I'observation, un nouveau degre de certitude, et I'explication des faits qu'elle aura constates. C'est ainsi que la physique est devenue positive avant la chimie, quoiqu'il semblat plus lo- gique de connaitre les elemensd'un corps avant d'enetudierles proprietes; et cependant , la premiere de ces sciences ne s'est pas egaree en marchant seule; mais maintenant elle trouve et trouvera encore dans la seconde de grands secours et de grandes lumieres. L'experience semble d'ailleurs montrer que I'homme n'arrive a se connaitre lui - meme qu'en dernier lieu. C'est ce qu'on observe pour la partie physique de son etre. En effet, si nous examinons la marche qu'il a suivie dans les sciences matericlles, c'est-a-dire , qui ont la matiere 358 COUP D'OEIL StJR L'^TAT ACTUEL pour objet, nous tiouvcrous qu'il a d'abord applique sou ob- .-x-rvatiou aux choscs qui le louchcnt de nioins prcs : ainsi, nous avons vu rnonter an rang de sciences cerlaincs, d'abord, I'astronomie; puis, la physique; cnsuitc, la chiniie; enfin, la physiologic; ordre que fait remarquer M. A. Comte, I'un dcs philosopiies dont nous allons parler. Ce phenoinene qui s(; reproduit maintenanl pour les sciences immaterielles, c'esl- a-dire, qui out le moral pour objet, vient sans doute, pre- mierement , do. ce querhoninie asur les choses quilui sont jilus inlimcs une sorte de coiuiaissance confuse quilui sufllt d'abord, tan'dis quecelles dont il est eloigne, ct dont il ne sait rien, pi- quent sacuriosite bicn davanlage; et secondcment , decequo I'observalion de ces dernicres est plus facile, parce qu'elles n'obiigent pas respritluimain ii se repliersur Kii-memc, commo la morale privec, et surtout la psychologic. Un volume, public sous le title d'Opinionx litteu a pcu de- pouilles de leurs privileges par les rois, etsurtout par !es phi- losophesdes xv«, xvie,xvii*, et principalement duxviii' sieele. Momentanement la direction spirituelle fut devolue aux philoso- phes qui, h I'aide de quelques verites cntrevues, mais non en- tierement fondeessur I'observation, combatlaientet delruisaient I'ancien syres de I'Ecole nationale, en vertLi d'lin arrete dii Direcloire, dii 7 nivose an iv. Alors, il etudia la peinture historiqiie chcz M.Vincent, qu'il quitta pour suivre, cnfin, sous la direction de M. Lemot , la carriere a laquell«il a consacre le reste de sa vie. Domine par une volotito forte, il se livrait a I'etnde avec une ardeur remarquable; il remporta le grand prix de sculpture, a la fin de I'an vii , la premiere fois qu'il concourut. Le snjet etait : Pericles visitant Annxa^ore. Cette composition etait assez bien disposee; toule- fois, elle laissait a desirer, sons plusieurs autres rapports. II regnait alors un grand desonlre dans I'administration dc I'Ecolc de Rome : il y avait plus d'eleves nonimes que de places a remplir; M. Dtipaty resta done encore plusieurs annees a Paris. Prive de sa fortune patrinioniale, qu'il avait perdue j)rosquc tout entiere dans les desastres de nos colonies, il fit, comme travail utile, un buste de Desaix. Pour avoir la mcsure de ses propres forces, il employa le produit de ce buste au modelc de sa premiere figure : V Amour- presentaat des fleurs et carhani deschaines. David vint voir ce modele , qui se ressentait du goiit de I'ancienne ecole ; et, d'apres les conseils de ce grand maitre, M. Dupaty le detruisit et le rcconimeuca. C'est de cc moment que date la direction dc son talent vers un sentiment plus eleve. Cependant,il nourrissait un vif desir d'aller visiter ritalic ; de son cote, sa mere ne voulait pas qu'il s'eloignat; malgre le gout decide qu'il montrait pour les arts du dessin, elle con- scrvait toujours I'intention de le fairc rentrer dans la magis- trature , oii son pere avait acquis une juste celebrite. Pour echappera des soUicitations qu'il n'aurait peut-eire pas eu la force d'ecarter, il prit le paiti de faire ses prcparatifs en secret. Ea veille de son depart, il alia couclier chez un de ses amis , ft, !c lendemaio matin, lorsquc sa mere, iuquiete dc son ab- 388 NOTICE NfiCROLOGIQUE sunce, Ic faisait chercher, oti vint lui apprendro (jii'il etait deja loin dc Paris : il avail a peu pies trcnte ans. Maintenant , uue autre perspoctivc s'ouvrc devant lui ; il va fouler cette terre celebre ofi la grandeur des monumens , la variete des productions, la beaute duciel, out une sorte d'liar- monie qui donne a tous ses aspects un caractere pitloresque et imposant. C'est la que les chefs-d'oeuvre de la Grece antique et de ritalie modernelui apprendront mieux que nc pourraient le faire les conseilsdu plus habile professeur, quel est le che- niin qu'il faut siiivre pour atteindre a ce degre de beaute qui prcnd sa source dausla nature, et qui est cependant une creation du genie. Arrive dans la metropole des arts, M. Dupaty re- doubla dezele, et pendant un sejour d'environ huit ans, il y composa un grand nombre d'ouvrages : Philoctete blesse; Venus genitrix; Cadmus terrassant te serpent de Castalie ; une petite figure de Pomone; Biblls mourante. Ces travaux ayant attiie I'attention du gouvernement, on lui commanda une statue dn general Leclerc; avec le produit de cette statue, i! execnta en marbresa Venus genitrix. Il vint a Carrare, dans rintentiou de faire en marbre plusieurs de ses compositions. Effectivement, il y ebaucha sa Biblis, qu'il a terminee a Paris (i); il eommenca ai\is,si\e groupe de Cadmus, dans une petite proportion; et c'est d'apres ce projet qu'il executa le groupe colossal qu'il a expose en 1822 (2); le sujet de Philoctete blesse\n\ avait paru heureux : il le rccommen§a; mais , cette fois, au lieu d'un bas-relief, il le lit en ronde bosso(3); enfiu, ce fut egalement eu Italic qu'il fit une chartnante tete de Pomone, que Ton voit dans la Galerie du Luxembourg. De retour a Paris, sou premier, et peutetre son principal ([) J'ai parle, avec detail, de cette figure, dans le Conipte rendu de Vexposiuon de 1824- ( Voy. Rev. Enc. , t. xxv, p. 828. ) (2) Voy. Hev. Enc, t. xvi , p. 29, ce que j'ai dit de cet otivrage,^ a roccasion de I'ex^josicion de 1822. (3) Ccttc figure est a Compi^gne. SUR CHA.RLES-MERCIER DUPATY. SSg oiivrage, fut Ajnx poursuivi par la fare ur de ISeptune; il en oxposa le modcle en meme terns que le marbre de sa Venus geni- trix. Cetle dernicre figure futachetee par leministere de I'lnte- rieiir(i) et M. Denon lui comraanda le marbre de X Jjax (2). C est alors qii'il composa les remords d'Oreste, groiipe colossal de trois figures, dont le modele a etc expose, mais qui n'a pas ete execute en marbre; puis, V ^Jjaarfoudroye, dontil n'existe egalement qtie le modele. Nomine membre de I'lnslitut, en 1816, il fnt des lors, et successivement, charge de travaux tres-importans qu'il laisse inacheves : la statue equestre de Louis XIIJ, destinee a la place Royale; et, eonjointement avec M. Carlellier, le monument elevti au due de Beny. Par le partage que ces deux artistes firent entre eux , M. Dupaty fut charge de fairc le groupe principal , representant la France et la vjlle de Paris pleurant la niort du due de Berry; les qualre genies places aux angles du monu- ment, et le bas-relief de I'une des faces lateiales. Le modele du groupe principal est termine; le marbre du bas-relief est egalement presque aclieve; la niort ne lui a pas permis de s'oc- cuper du reste. Ces grandes cntrepriscs ne I'avaient pas em- peche de composer une figure : Venus se decouvrant auxyeux de Paris. L'exposition, qui apprend tant de choses, fit decou- vrir aM. Dupaty, dans ce modele, plusieins imperfections qui le decideient a le recommencer; dcpuis, il I'a execute en marbre (3). II existe aussi, a St-Gerniain des-Pres , une vierge qui lui avait ete commandce par la ville de Paris. Son dernier ouvrage est une (ele d' etude colossale, d'uu tres-beau caracterc, qu'il n'a pas meme pu faire couler en platre; et sa main defaiiiante (t) Elle a ele placee dans la Galerie du Jardin des plantes. (a) Cette belle statue est muiiitenant au Palais-Royal. (3) Cette statue est dans la Galerie du Luxembourg. J'ea ai parlo a i'occasion des expositions de 1819 et de 1824, ou le modele et le marbre ont successivement paru. ( Vov. Bvv. Enc. , tome v, p. 279-, et tome xvii, p. 44:}. ) Pg*^ NOTICE NECROLOGIQUE 11 a pii qu'ebai>dicr un jetttie bergerjouant avec un cht'ireaii , doiit jo parlerai plus t.ird, a cause du sentiment particulier qui caractorisc cctte production. Tels sont Ics ouvrages , aussi nombreux qu'in)poitans, dus iV M. Dupaty. En cxprimant mon opinion sur son talent, je ferai connaitre le genre de merite qui les distingue, et j'eviterai des repetitions inevitables, si jevoulais les > Il enonce ensuite les deux regies suivantes : II. « Une hypothese ne peut etre prouvee par une autre hy- pothese, et ne doit pas meme enetreappuyee, pas plus qu'une abstraction n'est rendue sensible par une autre abstraction. Pour qu'une hypothese, une abstraction salisfassent I'entende- nient, il faut qu'elles viennent directement de choses reelles , et qu'elles s'appliquent directement a des choses reelles... III. « Une hypothese n'est pas justifiee par sou application a des phenomenes detaches, rencontres par hasard, ou choisis arbitrairement entre tons ceux auxquels elle devrait satisfaire : il faut qu'elle s'applique a tons les phenomenes dans leur ordre naturel, ou dans celui oii elle les place regulierement et rai- sonnabiement. Ce n'est qu'ainsi qu'on peutobtenir une proba- bilite qu'il n'y a pas de faits contraires; car il n'en faudrait qu'un pour renverser tout un systeme. » * « Application. L'ouvrage que je presente est un systeme ge- neral; il est evident que je ne nrae charge pas de I'appliquera tous les phenomenes de la nature, a I'encyclopedie des foits. Partant des deux principes de tout, la rnatiere et lo mouvement, etprocedant aux consequences de ces deux principes, j'arri- 4o4 SCIENCES PHYSIQUES. verai diicclcment au nombre d'especes de principes de la nialiere; a leur forme, a leursmesures comparees. D'apres leurs conditions geometriques , nous doterminerons leur gazeite, nous trouverons la fliiidite, la cristallisation. Dans ces trois etats des corps, nous aurons observe I'elasticite , la porosite , la cohesion, I'incompressibiiite, la dilatation, I'evaporation, la dissolution : nous nous scrons rendu compte de la transpa- rence des corps et de la reflexion de la lumiere. « Si je ne traite que d'un petit nombre de ces cas, on voudra bien voir que je ne les ai pas choisis, qu'ils derivent les uns des autres, que j'en traite sans intervention, dans I'ordrc ou le raisonnement les place. J'esperequ'on me rendra cettc justice, que c'est un immense travail qu'il n'etait guere possible a un senl homme de porter plus loin. » A cette table des questions de phj'sique generale traitees dans son ouvrage, I'auteur aurait pu joindre celle des cha- pitres sur I'homme, ses facultes, son etat social; indiquer surtout, le dernier chapitre du septieme livrc, oii Ton trouve un Tableau des rapports morau.r, et plus de verites d'une haute importance qu'on n'en rccueillerait dans une multitude de longs traites de morale. Mais nous en sommes encore au second chapitre du premier livre , et il nous reste a parler de deux autres regies de raisonnement etablies par M. de Monville. La quatrieme regie ne presente pas, a la premiere lecture , le sens que I'auteur y attache; elle a besoin d'etre expliquee. Commencons par la transcrire textuellenient. « L'hypotlicse d'ou je pars ctant posee dans deux seules ex- pressions d'une telle latitude, qu'on aurait pu les prendre a tel degre qu'on aurait voulu, I'exclusion de toute autre hypo- these , et par consequent , de tout arbitraire, me force a pren- dre ces depressions dans leur plus grande etendue', et de re- soudre tons les cas par le maximum de leur eniploi. » Les maxima et minima sont les plus simples de tous les cas de meme expression. Leur caractere de limilcs les conslitue cas particuliers ; et par consequent, ce qui leur convient peutn'ctre pas d'accord avec les cas generaux. Le sens des mots, la plus SCIENCES PHYSIQUES. 4o5 ^rande latitude d'expression ne pent etre celiii que I auteur leur a (5onnc, si la regie est juste : nialheureusement, lesmots et les ideas de maximum et de minimum se presentent dans toutes les applications , et attestent qu'au lieu de considerer les faits generaux , comme il le fallait, on s'est attache aux fails extremes dont on pouvait se dispenser de parler. « Cinquieme regie. Les qualites attribuees a lamatiere,la loides forces qui lui sont appliquees par une hypothese quel- conque, doiventetre persistantes... » « Application. L'inertie de la matiere est done persistante , et doit toujours se retrouver, apres que le mouvement a loca- lementcesse. Le fait est reconnu, et dejal'liypothese s'accorde avec le fait. Nous entrons ici dans le domaine dela nature, et a mesure que nous en rencontrerons les lois positives, nous les poserons sous le nom de notion. » Premiere notion. La matiere est inerle; c'est-ii-dirc, qu'elle resiste an mouvement. » Si la inatiere resiste au mouvement, toule action d'un mo- bile sur un corps immobile ou plus lent entraine ime perte de mouvement, et cette perte est la mesure de l'inertie. Mais, comraeil n'y a point de perte, on est force de conclure qu'il n'y a point de resistance, et point d'inertie. Lephenomcne que Ton observe dans la communication du mouvement, qui a fait concevoir I'idee de resistance, etqui en porte le nom, est Tac- tion du raoteur sur le corps a mouvoir, et rien de plus. Ne faut-il pas une action pour changer les circonstances du mou- vcRient? Et cette action ne doit-elle pas etre cprouvee par le corps auquel le mouvement est communique ? N'y a-t-il pas un rapport necessaire entre la cause et I'effet, une loi de commu- nication du mouvement, qui derive de la nature raeme du mouvement, ainsi que d'Alembert I'a demontre, et dont I'ori- gine n'est pas une volonte ? Sur tous ces points essentieis pour la philosophic de la mecanique, et fort inutiles pour les me- thodes de calcul , on sent que M. de Monville est sur le point de s'egarer, comme beaucoup d'autres , entraine par les fausses lueurs de la m6taphysique. /|0f> SCIENCES PHYSIQUES. «■ La matiere etait line seule masse , die resistait au moiive- ment. La regie que nous venons de poser veut qu'elle lende toujours h se reunir, et qu'elle resiste toujours aux consequences de la division et dc la dispersion qu'elle aura subie ; par con- sequent, elle s'attire.La masse originaire etait une par sa force propre; les fragmens de la masse divisee ont garde de cette force en raison de leur masse propre; ce qui nous donne cette notion : »Deuxieme notion. La matiere s'attlre en raison des masses. » Voila, trcs-certainement, unc hypothese nouvelle, I'intro- duction d'une force dont il n'a pas ete question, et d'un etat dela matiere dont on n'avait aucune idee. Cette force quireu- nit la matiere en une seule masse, oir cette masse continue qui tend Ji subsister telle qu'elle est, et a redevenir ce qu'elle etait, rien de tout cela n'est renferme dans les idees de matiere et de mouvement. Nous n'avons que deux manieres de concevoir ime masse , ou ce qui est la mcme chose , une etendue existante continue; la premiere serait telle par sa nature, et par conse- quent, essentiellemcnt une, indivisible , insecable:\A seconde serait formee par juxt^-position de parties essentiellemcnt con- tinues, sans intervalles, en contact parfait. Cette composition est la seule admissible, et prouve irresistiblement que I'etat primitif de la matiere est celui qu'elle a conserve et ne perdra point, celui d'atomes. Nous en appelons avec confiance aux reflexions ulterieures de M. de Mouville ; les illusions quil'ont seduit ne peuvent durer long-tems,il reconuaitra sans peine uneverite si peu susceptible d'etre contredite. II vena que, suivant ses propres regies de raisonnement, ce qui, dans I'o- rigine, fut, ou en d'autres termes, ce qui fut essentiellemcnt un ne pent cesser de I'etre sans changer de nature , et que I'in- troduction d'un pareil changement est, tout'au moins, une hypothese nouvelle, non pas ajoutee, mais substituee a la premiere. Le systeme de I'attraction newtonienne n'a rien gagnc aux efforts que Ton a faits a differenles epoques pour decouvrir I'origine de cette force qui pousse les unes vers les nutres toutes les parties de la matiere : les fondateursde nou- SCIENCES PHYSIQUES. 407 veaux systemes qui ont voulu s'en emparer et la modifier suivant leurs vues pardculieres, n'ont pas mieux reussi. Si la matiere n'etait point etendue , uous ne pourrions en avoii' au- cune idee; saus le mouvement, aucun phenomene ne serait produit : I'existence de la matiere et du mouvement n'est point nne hypothese; mais celle de I'attraction en est une, et de- raeurera telle : car I'explication de M. de Monville ne sera point adoptee; et, sans aucun peut-elre, I'esprit humain n'a pas encore entrevu I'origine de cette force, ni en general, le dernier terme de la serie ou des series de faits dontles inter- niediaires lui sont reveles. « Troisieme notion. La reaction est egale a Taction.* Dans I'enonciation de cet adage de mecanique , on ajoute que ces deux forces sont dirigees en sens conlraire. Dans la realite, la reaction n'est qu'une maniere de concevoir \action par la- quelle le mouvement est communique. II u'y a qu'une seule force; I'autre est une creation de la metaphysique : on pouvait s'en passer, et si Ton avait pris cette precaution , le raisonae- ment etson expression auraient eu plus d'cxactitude. En appliquant sa quatrieme regie a la division de la matiere, I'auteur a etabli, par des raisonnemens dont on peut contes- ter la justcsse, que le dernier terme, le maximum de cette di- vision, doit etre le tetraedre. « La regie que nous venons de poser, dit-il, veut que le tetraedre, une fois atteint par la di- vision integrale de la matiere, reste atome inalterable. Nous disons done : « Quatrieme notion. Les tetraedres sont des atomes inal- terables. » Les atomes sont inalterables : cette verite de definition ne sera point coutestee : mais, quelle que soit la forme de ces der- niers elemens des corps , elle n'influe pas directement sur la forme des corps composes, sur les phenomenes de lacristalli- sation, etc. L'auteur enonce ainsi une cinquienie notion : s considerations mecaniques. L'auteur s'est borne a la concevoir comme possible; il ne lui a point applique le calcul , seul moyen d'apprecier une hypo- these sur le mouvement. II fallait descendre de la metaphy- sique a la mecanique; il s'est tenu dans la haute region : mais c'est icibas, suivant notre logique faite pour la terre, que ses conceptions seront jugees. Nous voici a la fin du second cliapitre du premier livre; et I'ouvrage est compose de huit livres , dont chacun est subdi- vise en plusieius chapitres. En calculant d'une autre maniere la lenteur de notre marche, nous trouvons que, dans un livre deplus de 35o pages, il y en a i4 dont nous avons parle, ce qui est done a tres-peu pres le vingt-cinquiemedu tout. Ce n'est done point une analyse quenous avons faite, mais une etude se- 4iO SCIENCES PHYSIQUES. rieuse du livre et du sujetqu'il traite. Nous avons voulu don- ner un exemple de la methode a suivre pour faire penetrer quelque lumieredans les tcnebresde !a metaphysique, et tirer une instruction reellede plusieurs ccritsoula verite n'est pas exempte d'un melange dont il faut la degager. En continuant, comme nous I'avons commence , la lecture de I'ceuvre de M. de Monville, on ne regrettera peut-etre point le travail d'une discussion lente et attentive : I'espril: aura fait un exercice sa- lutairc, et connaitra mieux ses forces ; il aura senti plus d'une . fois lebesoin d'etendre ses connaissances , d'acquerir des me- thodes, et meme des habitudes; car I'intelligence meme ne pent s'en passer. II sera convaincu de la superiorite de I'ana- lyse sur la synthese, lorsqu'il s'agit d'exposer des verites nou- velles; outre ces avantages bien apprecies par tous ceux qui ont goute les charmes de I'etude, on aurabeaucoup appris, et Ton saura mieux encore ce que Ton croyait savoir assez bien. Nous le disons avec une intinie conviction : aucun livre n'est plus propre que celui-ci , pourvu qu'il soit bien lu, a develop- per les forces intellectuelles, et a diriger leur emploi. Pour- quoi done cos attaques si multipliees, ces coups presses sous lesquels il semble que nous ayons tiche de faire succomber tout le systeme de I'auteur? Expliquons cette apparente con- tradiction. La methode d'exposition adoptee par M. de Monville a mis M en premiere ligne ce qui est faible dans tout systeme, les ■ notions metaphysiques. Ses premiers pas etaienl mal assures; il n'etait que trop facile de !e voir, et nous ne pouvions nous dispenser de le dire. Le guide infidele auquel il s'est confie le meue fort loin, et notre inexorable censure le suit jusqu'au bout : enfin, il marche escorte par la geometric, la physique et la chimie; plus loin, nous le voyons puiser aux veritables sources des notions morales, de la science de rhorome consi- derc dans ses rapports les plus graves et les plus essentiels pour sa felicite : lorsqueles lecteurs en seront a cette partiedu livre, ils feront ce que nous avons fait nous-memes; ils sui- vront paisiblement I'auteur, comme I'autcur a suivi la raison. SCIENCES PHYSIQUES. 4ii Aux boiis ouvrages , les critiques sont plus utiles que les eloges, et suffisent aux lecteurs qui les consulteront, de memeque, pour guider le navigateur le long d'une cote hospitaliere , il suffit de signaler les ecueils. Terminons par une citation qui achevera de faire comprendre le litre de cet ouvrage ; c'est la fin du resume des doctrines de I'auteur sur Vordre physique. « A quel ordre de pouvoir rapporter des loissi simples et telles que les lois soieut d'une Constance qui saisit I'esprit , et d'une variete qui l.e depasse? Je I'ai dit:a une grande intelli- gence qui concoit tons les effets dans un moyen, tout I'avenir dans une decision. Lesderniers termes des faits sont la matiere, le mouveraent, le pouvoir du mouvement : c'est par ces ex- pressions que cet ouvrage commence ; il jette sur la nature des vues neuves : sont-elles justes ? Peut-etre. » Ferry. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Considerations philosophiqces, tiieologiques, mo- rales ET POLITIQUES , ou ExaiTien critique des opinions de M. Vahhe de La Mennais; par M. VabbePAGANEL. Seconde edition, tres-augmentee (i). Les erreurs fameuses de M. I'abbe de La Mennais, en phi- losophie, en religion, en politique, ont fait ecole dans notre patrie. Elles y forment des disciples, d'abord an sceplicisnie, a rhypocrisie , a I'intolerance; puis, au despotisme absolu des rois, ou plutot de leurs ministres; enfin, a Findependance du clerge catholique, a la supreme autorite du Pape ( ou pkUot des jesuites), au point que le souverain Pontife ou la congre- gation pourrait juger les rois, les destituer, et disposer de leurs trones. Ainsi se verifierait le vieil axiome du P. Lessius, dans son apologie pour son ordre : « Quand il s'agit de chan- ger et de . . . . les rois , il faut employer des hommes sages et discrets; et ces hommes-la, ce sont surtout les jesuites (2). » Mais, si quelques mcmbres de I'cpiscopat francais ont favorise sous nos yeux la plus grande partie de ces doctrines, comme firent les deputes du clerge aux Etats de 1 6 1 4 , il s'est trouve, cette fois encore , pour les repousser avec force , d'habiles pretrcs et des magistrats courageux. Nous citerons, parmi les ecclesiastiques , MM. I'abbe Baston , I'abbe Flottc (3), et les auteurs du journal : La France catholique suivnnt les principes cle Bossuet. (t) Paris, 1825. Gauthier frferes. 2 vol. in-8° de plus de 800 pages. Prix 10 fr. (2) In regibiis mutandis et occidendis , adhibendi sunt viri sapientes et discreti, et illi maximc sunt jesuitcc. (Lesshis , Apologia pro jesuitis.) (3) Antidote contre les erreurs de /'Essai siir rindifference , etc.; SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Ai^ Un autre combattant s'est preseiite, M. I'abbe Paganel. Dans son ouviage, qui fait le snjet tie cet ailicle, et fjni est ecrit sans (lonte avec chaleur et talent, avec line erudition fort peu commune parmi lesjeunes ordinands, il s'est declare le cham- pion de la raison individuelle , tandis que son adversaire s'est fait le champion de Vautorile. Les deux athletes sont tombes parfois dans le vague, le sophisme, Tcxageration , les discussions inutiles et les declamations etrangeres au sujet; mais le champion de la raison a frequemmcnt I'avantage dans citte Intte, mal engagee sur des questions des deux cotes mal definies. Quant au style, M. de La Mennais semble avoir pris a tache d'imiter Jean-Jacques Rousseau, et M. Paganel a pris evidemmentBossuet i)our modele. Tons deux ont reussi a inii- ter le langage du grand ecrivain que chacun a choisi pour raaitre. C'est surtout la doctrine de Bossuet a laqiielle doit s'attacher un jeune el^ve en theologie, et dans ce lems-ci par- ticuliercment,ason grand ouvrage sur la declaration dn clerge de 1686, aux verites salutes et si importantes qui s'y trouvent developpees. Ce qui a fixe notre attention dans le premier volume, ce sont les chapitres xm, xiv ct xv. L'auteur etablit, dans le premier de ces chapitres, que le systeme de M. de La Mennais arreterait les progres de toutes les connaissances humaines ; dans le deuxieme, il confirme cette verite, en montrant, par riiistoire, que, durant tout le rnojen age, le regime de /.'auto- rile arreta les progres des sciences ; dans le troisieme, il fait voir que la reprise d'un tel regime conduirait a un idiotlsine (omplct. II s'est etendu avec complaisance sur I'eloge de Des- cartes, sur la revolution heurense que ses meditations ont opeiee. Nous croyons devoir inserer ce morceau, qu'on peut par M. Baston, docteur de Sorbonne. Paris, iSsS. i vol. in -8°. 2 edition. Et Reclamadons pom- I'EgUse de France et pour la -verite, conire Vouvrage de M. le comte de Maistre , etc. ; jjar le ineme. Paris , 1821 et 1824-. 2 vol. in-S". Enfin , M. I'abbe de La Mennais refute par M. fabbef'LOTTRS. I vol. iii-S". T. xxTX. — Fe\■ On trouve, dans le tome II, trois chapitrcs fort remar- quables : i° le chapitre xxii , sur les traditions primitives ou patriarcales, que M. de LaMcnnaisapercoitchez toutes les na- tions, et que M. Paganel ne veut trouver que cliez les Juifs; c'est un point sur lequel on pourrait essayer de lesconcilicr, en convenant que, clicz les nations, il est reste de ces traditions des vestiges pins on moins reconnaissables ou alteres , mais que le depot cssentiel u'existait que parmi les Israelites; 2" le 4i(J SCIENCES MORALES chapittc xxui, sur la nature du polytheisme , ou M. Payanol nous parait victorieux; 3"* enfin, le chapitre xxiv, ouil a ren- verse completement le paradoxe do M. de La Mennais et do quclques protestans, ou deserteurs dela revelation, quiaffectent d'irisinuer, ou qui pretendent formellement, que le systeme (hi chrislianisme etait, avanl Jesus-Christ, repandu sur toute la terre. Pour colorer ce faux paradoxe, il leur faut dissi- muler ou denaturer etrangement les plus authentiqucs et les plus celebres monumens de I'liistoire et des antiguites, re- cueillis sur toute la terre. Lanjuinats, de I'Tnstitut. L'iNDUSTRIE ET LA MORALE CONSIDEREES DANS LEtJR RAP- PORT AVEc LA LiEERTE J par Ckorles - Barthelemi DuNOYER, ancien redacteur du Censeur europeen ; avec cette epigraphe : Nous ne devenons libres quen devenant industrieuoc et maraud (i). Lenom de I'auteur decet ouvrage rappelle les souvenirs les plus honorables. Au moment ofi la charle qui nous regit, ou devrait nous regir, fut etablie en France, M. Dunoyer se livra, avec bonne foi et avcc courage, a la recherche, pour ainsi dire , experinientale , de la solidite des garanties que le nouveau pacle promettait a la nation. Des lois contraires a ces garanties ayant ete proposees par un minislcre timide et astucieux, et votees par des chambres ignorantes et dociles,M.Dunoyer les combattit;et,cetteaudace patriolique ayant souleve contre lui des persecutions, il se montra dans sa defense plus occupe de I'interet public que du sien propre. (i) Paris, i8a5; A. Sautelet et C". i vol. in-8° de viii et 45o p. ; prix 7 fr. — Voy. Rev. Enc, t. xxvi, p. l^-i6, et 63^-656. le Resume du Coiirs fait par M. Dunoyer sur le m^me sujet , i I'^rhdriee rojal de Paris, en iSiS. ET POLITIQUES. 417 II saisit, a ses risques et perils, cette occasion de devoiler les vices de i)Otie legislation , I'insuffisance de la {Jiotection que les citoyens peuvent en attendre,et I'arbitraire que I'autprite puise dans les dispositions administratives ct judiciaires le- guees par rcmpire a la monarchic. II conqiiit de la sorte, pour nous ct a ses depens, une por- tion de nos libertes : car, bien qu'il ne soit point parvenu a obtenir pour elles les institutions qui les rendraient inviolables, son exemple et ses ecrits ont popularise des notions qui,lors meme qu'elles nesont pas consacrees en theorie, deviennent victorieuses en pratique, quand rassentiment general les eu- toure. C'est ainsi qu'aujourd'hui la presse triomphe, et des prejuges inherensaux cours, et de rimpatience naturelle aux ministres, et des manoeuvres plus dangereuses qui sont la ressource des associations occultes et des congregations deguisees: tant il est vrai que, pour arriver an bien, il ne faut que discuteret at- tendrej Les germes deposes, en 1814, dans le Censeur euro- peen, se sont developpes et fructifient en 1826. M. Dunoyer public maintenant un ouvrage, sinon plus im- portant, pnisque I'lmportance n'est jamais qu'en raison du bien qu'un ouvrage peut faire, du moins plus etendu dans les objets qu'il embrasse, et plus general dans les vues qu'il ren- ferme. Il se propose de determiner quel est le genre de vie, et par cette expression , peut-etre a la fois trop vague et trop restreinte dans sa familiarite, il entend I'etat social dans toutes ses branches; quel est, disons-nous, le genre de vie le phis fa- vorable au developpenient de toutes nos facultes. Car , comme il le reconnait tres-bien, elles doivent se developper toutes, ct les systemes exclusifs qui voudraient faire dominer les unes en etouffant les autres, ou en les ravalantau rang d'instrumens passifs, sont non-seidement absurdes, mais malfaisans. On voit que notre auteur se separe, des ses premiers pas, dune ecole qui s'arilorise de son nom sans son aveu, et qui , fiere de quelques connaissancesde detail acquises sans peine et employees a la hate, prouve son ignorance de la nature de 4i8 SCIENCES MORALES rhomnie , en aspirant ;\ fonder je ne sais quelle theocratic, so disant industricUe, ennemie de tout examen , et par la inume anssi funeste a I'industric qu'a la libcrte. V inlroducUon du livre de M. Dunoyer est consacree i\ prouver que , dans notre tendance actuelle vers des modes d'organisation moins defectueux que ceux qui ont jusqu'a ce jour pese sur notre espece , nous commettons de fachcuses inc- prises. « Nous supposons que les plus grands obstacles existent daus les gouverncmens. Nous ne voyons pas que les na- tions sont la maticre dont les gouverncmens sont fails, qu'ils sortent de leur sein ; que c'cst dans leur sein qu'ils se recru- tent, qu'ils se renouvellent; que, par consequent, lorsqu'ils sontmauvais, il faut bien qu'elles ne soient pas excellentes. « II y a dans tout cela beaucoup de verites : nnais , a cote de ces verites, il y a aussi quelque injustice; et cette injus- tice vient de ce que lauteur n'a pas embrasse toule la ques- tion. Premierement , il n'est pas exact de dire que les gouverne- mens sortent toujours du sein des nations. Quelquefois, ils leur sont imposes par la conquete: alors, ils leur restent cer- tainement tout-a-fait etrangers. D'autres fois, ils sont I'heritage d'un passe dont tous les elemens ont etc detruits par I'inevita- ble progres des lumieres et les changemens qui en sont resul- tes dans les interels; et rien, ence cas, n'est moins homogene que les gouvernemcns et les peuples. Secondenient, lors meme que les gouvernemcns sortent du sein des nations, il est dans leur nature d'etre stationnaires , tandis qu'il est dans celle des nations d'etre progressives. II s'ensuit qu'une nation peut devenir beaucoup meilleure, etson gouvoruenient rester tres-mauvais. Qu'arrive-t-il alors? que le gouvernemcnt, ])our maintenir la nation dans I'ctat oil il a besoin qu'elle demeure afin de lagouverner, travaille et reussit a la > Ces reflexions partcnt d'un bon cceur et dun esprit equi- table : mais il vaudrait encore niieux n'avoir pas besoin de cette explication; et, coniine nous I'avons dit et comme ies fails Ic prouvcnt, toiites Ies races etant pcrfcctibles, il n'y a nul avan- tage h. faire cntrer dans des considerations politiqucs unc inegalite dont Ies progres naturels Ji I'espece entiere tendent a relever ses differentes fractions. Ce systeme n'est pas non plus necessaire pour nous rassurcr sur la possibilite de notre asservissement; tx nous ne posse- dions pas de meilleure garantie, la securite serait mal fondee. Si nous n'avons point le crane applati des Kalmouks, nos fronts ne s'en courbent pas nioins assez facilement devant la pnis- sance; et, lorsque M. Dunoyer invoque pour temoins de la dignitc de notre nature , « Ies anciennes republiques de la Crece et dc Rome, et Ies republiques italicnnes du moyen age, et celles dc la Suisse et de la Hollande, et celles du nord et du sud de I'Amerique, et Ies monarchies plus ou moins limitees de I'Angleterre et de la France, et Ies magnanimes efforts que fait sous nos yeux la Grece pour s'arracher a la domination des Turcs , » nous sommes obliges bien a regret de lui opposer des temoins d'une autre espece, 1800 ans d'arbitraire dont I'Angleterre ne s'estaffranchie que depuis I'i'j ans, etia France depuis 3o , et aujourd'hui encore, lous Ies genres d'opprc^- sions , de vexations, et d'inquisition religieuse et politlf|uo renouvelees des tems anciens. M. Dunoyer est sur un bien nieilleur terrain, lorsque. re- noncant h des systemes qui ne tiennent en rien au snjetqu'il traitc, et qui ne sont nullemenl utiles aux verites qn'il apoui but de fdire triompher, il combat Ies philosophes du dernier sicclc , qui ont meconnu ces verites et, dans leur haim; pour Ies ET POLITIQUES. /.iQ institutions vexaloires de leur patrie policee, ont vante la liberie de I'ctat sauvage. Ses refutations des cxagerations de Rousseau, de Raynal, de Mably, sont cxcellentes. A leurs amplifications, plus ou moins elocpjcntes, sur I'elat des tribiis non policees, que I'un d'eux prociamesouveraiuement libres, pnrce qu'cllessont sans patrie, sans lois , et ne vivent que de rapines ; que I'autre admire, parce qu'elles errcnt dans les forets, sans autre guide que le vent ct le soleil, sans autre provision qu'un arc et des fleehes; que le troisieme dit aussi heurenscs que le pcrmet la nature, parce qu'elles consent leurs habits de peaux avec des epinesou des aretes, et qu'ellesue s'appiiquentqu'aux ouvrages qu'un seul peut faire et aux arts qui n'ont pasbesoin du con- cours de plnsieurs mains, il repond de la maniere la plus pe- remptoire et la plus salisfaisante. « Rousseau nons apprcnd, dit-il, comment nous pouvons ctre libres en consentant a ne rien produire,ane ricn posseder. N'ayez que des arbres pour abri; ne vous couvrez que de peaux d'animanx, interdisez-vous toute Industrie, reduisez- vous a la condition des brutes , et vous serez libres... libres! de quoi faire? de vivre pins miserables que les betes niemes? de perir de froid ou de faim? Est-ce a cela que vous rednisez la liberie humaine? Etrange maniere de nous procurer laliberte, que de commcncer par interdire tout perfectionnement a nos forces , tout developpementa nos plus belles facultes! « Les hommes ne sont pas libres, en raison de leur puissance de souffrir, mais en raison de leur pouvoir de se satisfaire. La liberte ne consisle pas a savoir vivre d'abstinence, mais a pou- voir contentcr ses besoins avec aisance et a savoir les contenter avec moderation. Eiie ne consiste pas a pouvoir fiiir, comme dit Rousseau, oua savoir battre I'ennemi, comme dit Raynal, mais a savoir diriger ses forces de telle sorle, qu'il soit possible de vivre paisiblement ensemble, de telle sorle qu'on ne soit pas reduit a fuir ou a s'enlretuer. La liberte fmalcment ne consiste pas a se faire bete, de peur de devenir un mecliant T. XXIX. —Fen-iej- 1826. 28 /,3o SCIENCES MORALES hiMiime, mais a lachcr ck- dovcnir, aulant que possible, im lionimo indnstriciix, ralsonnablc ot moral. "Sous qiiclqiic point e dans les manuscrits de Thcon d' Alexnndrie , et qui contient, en annees egyptiennes de I'ere de Nabonassar, la suite des rois de Babylone , de Perse et d'Egypte, et cellc des einpcreurs vomains- Dans ce 444 SCIENCES 3TORA.EES memoire, qui est d'nn haiit intcrct, rautcur refute Ics opi- nions de Dodwpl et de Desvignoles, qui pretendent que, dans le canon, les premieres annees dcs rois de Babylone, de Perse et d'Eu;ypte, sont celles durant lesquelles ils etaient monies sur le trone. L'editcur donne ensuitc uae dissertation de Freret sur la duree des generations dans les families. Comnie la chronologic des j)remiers ages liistoriques est presqae entierement fondee sur ce mode de supputation,les recherclies qui y sont relatives doivent servir d'introduclion a la connaissance de ccs terns recuies et si pcu coimus. On sent que la determination des durees chroiiologiques par les generations nc pent ctre que conjecturale, et qu'il faut a cet egard se contenter d'approxi- mations; mais on pcut employer cette maniere de compter, sans craindre de tomber dans des erreurs graves, en ayant egard toutcfois aux climats dcs contrees et aux mceurs des peuples pour la chronologic desquels celle methode est la seule possible. M. Cliam])ollion developpe cette idee dans unc r.ote fort jiuHcieuse, ou il apptiie ses assertions par des faits incontestabu.-s 'recueillis p'ar la science economique des modernes. Mais les opinions nouvclles d'un homnie qui tient encore le sceptre de la geometric et de la physique , du grand Newton, ouvrirent a Freret une lice oil Tajipelait son ardent amour pour la verile, et d'ou il sortit avec les honneurs du triomphe. On coneoit que, dans cette hutc glorieuse, il cut besoin de tout le courage que doune a un adversaire la jus- tice de sa cause, pour denoncer au tribunal de la raison des paradoxes que le prestige d'un nom si digne d'ailleurs de toute sa. celebritc n'aurait pas manque d'accrediter. New- ton, apres avoir enrichi le domaine des sciences exactes par les plus sublimes decouvertes , ehercha un delassement a ses profondes meditations dans I'e tutle de ce que la science des tems offre de plus epineux et de plus complique : il composa un Essai de chronologie generate qui , se repandant avec rapidite , excita vivement la curiosite du monde savant. Freret se crut CQ ET POLITIQUES. 445 droit, comme il I'etait en effet, tie combattre ]e systeme df Newton avec tous les egards dus a son illustre auteur. Les precedes du critique, quelque loiiables qu'ils fusseut , bles- serent neanmoins Newton, qui, ayant une sorte de tendresse pour son ouvrage , se crut offense , et eut la faiblesse de le temoigner. Cette singuliere predilection lui avail fait en qnelque facon oublier la gloire immortelle de ses autres travaux. Freret s'applique a montrer que I'hypothese de Newton, toute conjecturale , bouleverse les evenemens , confond les epoques, retrecit les terns historiques, deja si resserres par des systemes empyriques, plonge I'antiquite dans le chaos, et substiuie un roman a I'histoire ; que I'auteur, voulant abreger la chronologie, est en contradiction palpable avec les auteurs et les monumens. Toutes les pieces de ce grand proces sont reunies dans le volume. II est termine par deux Dissertations , I'une suT les oracles rendus paroles dmes des morts, I'autre sur les recueils de pre- dictions ecrites , qui portaient le nom de Musee, de Bacis et de la Sybille. Ces deux morceaux, ou Freret se niontre, comme ailleurs , zele investigateur de I'antiquite, contiennent une foule de vues neuves et philosophiques , quoique sur des nia- tieres deja traitt'es avant lui par plusieurs ecrivains; on y voit jusqu'ou est allee, sous le rapport de la proplieiisalion, la superstitieuse credulite des auciens. Aujourd'hui qu'on sait que les morts ne parlent pas, et qu'il ne fut jamais donne a aucun niortel de connaitre I'avenir , on peut s'etonner que des peuples dont les monumens deposent si hautement en faveur de leur genie , aient meconnu a ce point les decrets im- muables de la Providence. Mais , quels qu'aient ete les efforts des liommes et leur amour pour le merveilleux, jamais iis n'ont surpris cette meme Providence en contradiction avec elle-meme. Nous finirons cet article en recommandanl la lecture des ouvrages de Freret a quiconque desire s'inilier a la connais- sance de Tanliquite, et s'appliquer a I'etude de I'histoire phi- T. XXIX. — Fevrier iii(j. 29 ^/,6 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. losophique de ces peuplcs qui ont laisse iles traces imperis- sables de leur passage sur la terre. En publiant les OEuvres de Freret, M. ChampoUion n'a eu d'autre but que cehii de I'auteur lui-menie en les composant. II a voulu bien meriter de la science dont il a sonde les profondeufs; il a voulu de plus repandre parnii ses contemporains une instruc- tion solide, qui, pour etre cultivee par des hommes labo- rieux et d'un grand nierite, n'en est pas nioins negligee bien injustement par ceux qui affectent de dedaigner ce qu'ils ignorent. Les notes, en grand nombre, dont I'editeur a en- richi le texte, sont d'un interet general, prouvent chez lui une grande etendue de savoir, et temoignent combien il etait capable d'entreprendre une tache aussi difficile, mais a laquellc I'avaient prepare de longues etudes, analogues h celles dc I'immortel Freret. Nous rendrons compte, a mesure qu'ils paraitront , des aulres volumes de cette belte collection (i) bien drgne de notre tems , pour lequel Freret semble avoir me- dite, dans sa solitude laborieuse, cette investigation gene- rale des opinions, des croyances et des evenemens memo- rabies de I'antiquite. II a toujours concu I'hisloire comme elle doit ^ti"e con^ue pour que son elude soit fructueuse; il n'y a vu que I'homme, ses progres ou ses observations dans sa marche vers I'aft social et la verite; et Freret a voile en quelque sorte sa vasle erudition, en s'abstcnant de ces cita- tions indigestes de textes grecs et latins, qui cachent qucl- quefois un savoir bien borne sous des apparences imposantes. Freret savait que le public lettre aime de preference les resul- tats positifs qui lui viennent dc bonne main; aussi ses ou- vrages, tres-savans il est vrai, mais soumis a toutes les formes litteraires qui peuvent les rendre agreables, sont-ils a la portee de tous les lecteurs qui cherchent une veritable instiuclion. A. M. (i) Elle en aura huit. LITTER A TURE. OEuvRES DRAMAtiQDES DE GuiBERT, membre de VAca- demiefrancaise; auteurde ^Essai general detactique; publiees par sa veuve (i), sur les manuscrits et d'apres les corrections de Vauteur (2). II y aurait quelque injustice a juger, suivant la rigueiir des regies de I'art, les ceuvres oratoires et dramatiques de M. de Guibert. L'eloquence et la poesie ne furent pour lui qu'ime distraction, qu'un delassenient; il ne les cultiva, comme il le dit lui-inen)e , dans la preface de son Connetable de Bourbon , qu'e/z amateur, dans ces momens de loisir que lui laissaient les devoirs de sa profession et les etudes sericuses auxquelles il s'etait sp^cialement consacre. Ses premiers titres, ceux surles- quelsse fonde surtout sa reputation, sont ses ecrits theoriques sur I'art de la guerre. Fils d'un militaire distingue, militaire luinienie des son enfance , parvenu en peu de terns a un grade eleve, unissant k la bravoure d'un jeune soldat I'experience d'un veteran, il dut naturellement appliquer a I'etude de I'art danslequel il s'etait signale, I'activite de son esprit. Une memoire prodigieuse, le don de lire avec une rapidite (i) M"' la comtesse de Guibert , connue elle-meme par quelques traductions d'ouvrages anglais destines a la jeunesse, et recommaa- dable surtout par I'espece de culte qu'elle a rendu jiwqu'a son der- nier jour a la memoire de sou marl, vient de uiourir a Paris ^ a la fin du mois de Janvier 1826 , au moment oil elle se felicitait de voir publier par ses soins I'ouvrage que nous annoncons, et qu'elle re- gardait comme une sorte de monument consacre a la gloire litteraire de I'homme celebre donl elle s'honorait de porter le nom. n. d. k. (a) Paris, i8i5. i vol. in-S" de 3io pages, avec le portrait de GuiBRRT. Renouard , rue de Tournon , n" 6. Prix 5 fr. 448 UTTERATURE. qui, selon I'cxpiession de madame de Stael, doiiblait pour luc I'emploi du terns , le mirent a meine de reiinir, a I'age de vingt tioisans, toutes les connaissances necessaires pour composer son Essai general de tactique. Cet ouvrage fixa sur con autcur I'attculion universelle; le discours prelimiuaire (rapp^ surtout les lecteurs par la nouveaute et la hardiesse des idees, I'eleva- lion des sentimens, la chaleur et le mouvement du style. II n'est pas de notre sujet de rappeler ici les autres ecrits que com- posa dans la suite M. de Guibert, tant sur des maticres relati- vesa I'art militairc, qi'e sur des objets de politique et dadini- nistration. Le talent distingue dont il avait fait jjreuve dans son premier ouvrage, lui onvrit une carrierc nouvelle, qui ne fut jamais pour lui que secondaire , niais qui le conduisit pourtant a des succes litteraires , digues de flatter I'aniour-propre d'un ecrivain de profession , et qui I'amena meme jusqu'aux hoii- neurs academiques. Il prit rang dans la republique des lettrcs, oil brillaient encore la plupart des hommes celebres du dix- huitieme siecle, Voltaire, Buffon, Rousseau , Diderot, d'Alem- bert, Thomas et quelques autres. Il disputa avec La Harpe le prix de Yeloge de Catinat ; et, dans cette lutte honorable, il ne succomba pas sans gloire. Ses eloges du chancelier I' Hospital , etdu grand Frederic, son discours de reception a V Acadeinie francaise lui acquirent, malgre les fautes qu'on y pouvait i-e- marquer , la reputation d'un ecrivain distingue. II se recom- mandait surtout par la chaleur et I'elevation; mais il n'evitait pas toujours des defauts qui en sent volsins, la declamation et I'emphase : reussissant quelquefois, comme cela arrive dans tons les terns, par ces defauts memes, et obtenant grace par un eclat, souvent un peu factice, par un mouvement entrainant etrapide, mais peu regie, en faveur des fautes asscz nom- breuses que Ton pouvait lui reprocher de commettrc contre le gout, contre I'art et mcme contre la langue. Le meme jugemcnt pourrait s'appliquer a ses poesies dra- maliques, dont nous devons nous occuper plus particuliere- ment dans cet article. On ne trouve point, dans les tragedies deM. de Guibert, les qualites d'un poete forme par I'exemple UTTER ATURE. 4/i9 des maitres, par ses propres meditations, par la pratique de son art, par I'experience de la scene: elles ne se distingueut point par I'habile tissu de I'iutrigue, par la variete et la nou- veaute des situations, par le developpement energique et pro- fond des caracteres, par la peinture fidele et vraie des tenns et des lieux ; toutes clioses fort rares chez les pocles tragiques, nieme chez les meilleurr. , niais sans lesquelles cepeudant il n'y a point de tragedie. Ce ne sout point, a propreraent parler, des tragedies, que nous offre le theatre de M. de Gui- bert, mais des scenes fort poctiques, le langage auime de la passion , de hautes et nobles idees, des senlimens generenx. En se transportant a une epoque deteiminee, et au milieu de circonslanceshistoriques , en amenant sur la scene tragique les personnages ceiebres des siccles passes, en se servant de Tac- tion et du dialogue, de la forme dramatique, en un mot, il ne fait que chercher une expression particuliere pour ses propres pensees; il parle par la bouche de ses acteurs, qui sont ses interpretes et ses representans. C'est ainsi qu'il donne cours aux affections de son ame ; affections toujours grandes et no- bles, qui se produisent souvent avec eloquence par des dis- cours animes, pleins de chaleur et d'elevation , mais qui, je le repete, appartiennent plus a I'auleur qu'au personnage , et ne sont par consequent pas dramatiques. Cette censure peut pa- raitre rigoureuse ; mais, ce qui en adoucit la severite, c'est qu'elle porte plus ou rnoins sur la plupart des poetes qui, dans les tems modernes, ont travaille pour le theatre. II en est ui. bien petit nombre, qui, s'oubliant completement, n'aient laisse paraitre que leur action et leurs personnages. Voltaire lui-meme, dans ses chefs-d'oeuvre, prend souvent la parole pour son propre comptejel, il faut le dire a la honte de notre gout, il plait souvent par cette violation de la premiere regie do I'art. Ne nous etonnons done pas de retrouver le memq de- faut dans les poetes tragiques de son ecole, etdans M. de Gui- bert particulieren)ent,qui etait un de ses disciples. Lui nieme, du resle,sembia reconnaitre que ses pieces de theatre etaient peu dramatiques; car il ne les destina point a la scene. Il Us 45o LITT^RATURK. lisait volontiers dans ces cercles nombreux , ofi le gofit tie la litterature, le premier inferet de cettc epoqiie, reimissait cc que la societe pouvait offrir de plus brillant et de plus eclaire. Elles y etaient fort applandies, et elles devaient I'etre; on y trouvait des idees elevees, de nobles sentimens, des tirades eloquentes, de beaux vers. La favcur particuliere dont I'auteur elait alors I'objet, ne permettait pas de remarquer, dans ces lectures fugitives, les negli^'ences assez nombreuses qdi depa- raient son style, et qui decelaient en lui, soit par la familiarity de I'expression , soit par la forme technique et scche qu'il don- nait trop souvent a sa pensee , les habitudes de la prose. Quant aux defauts que pouvaient offrir ses ouvrages, consideres comme compositions dramatiques, on sait que ces sortes de defauts ne s'apercoivent guerea la lecture, et qu'il faut, pour les faire paraitre, I'epreuve de la sc^ne. Or, quelqucs jiisles applaudissemens qu'obtinssent dans les cercles les tragedies de M. de Guibert, je do«te fort, par les raisons que j'en ai donnees plus haut, que la representation leur cut ete favora- ble. Lui-meme ne laissajouer qi^'un seul de ses ouvrages, le Connetahle de Bourbon; cette tragedie fut representee deux fois au grand theatre de Versailles: en 1775, a I'occasion des fetes pour le raariage de madame Clotilde , fille de France ; et en 1776 , lors du mariage de S. A.. R. monseigneur le comte d'Artois ( aujoufd'hui Charles X ). Malgre le caractere patrio- tique et chcvaleresque du sujet, I'appareil militaire deploye snr la scene, I'effet poetique de certains details, et un grand nombre de beaux vers, I'ouvrage ne soutint pas la reputation que lui avaient acquise dans le monde les lectures brillantes que Taafeur en avait faites. Je n'en suis point surpris. II y a dans cette tragedie pen d'action et de mouvement; la situation du connetable y estconstamment la meme; il y parait, jusqu'i la fin, partage entre sa passion et son devoir; entre la honte de trahir la France, et le desir de se venger d'une cour qui I'outrage; entre les perfides insinuations de la politique ospa- gnole, etles genereuses reclamations de I'houneur francais, qni se faiteBtendrea lui, soit par les reproches de sa proprecons- LITTfiRATURE. 45 1 cience, soil par I'organe de Bayard, de Lautrec, el de la fille de ce dernier , Adelaide de Foix, qui rappelle Bourbon a son devoir, au nom de la patrie et de I'aniour. Comme la plupart de nos tragedies, la piece n'est autre chose qu'une delibera- tion, ou tout se passe en discours eloquens, j'en conviens, mais dont tout le raerite ne pent suppleer au vide de I'action. C'est encore un defaut bien coinmun sur notre theatre, que ce melange singulier de I'amour et de la politique, par suite du- quel un interet purenient romanesque se trouve mis a la place de I'interet historique que presentait le sujet. La Harpe qui, dans sa correspondance litteraire, juge cet ouvrage corome tons ceux de I'auteur , avec une severite qui n'est pas exempte de prevention, ne trouve A loner, dans la piece, que le role iV Adelaide I c'est, suivant lui , le plus raisonnable qu'elle pre- sontc. L'expression est d'abord assea singuliere, ea parlant d'un role tout passionne. J'ajouterai qu'il n'est pas tres-con- forme a la raison que la passion mutuelle de Bourbon et d'Adelaide occupe le premier plan dans une composition dont Je sujet est une determination politique de la plus grave importance. Du reste. La Harpe, qui ne peut etre suspect dans les eJoges qu'il donne a M. de Guibert, loue aveo raison comme fort inleressante la scene oii Adelaide presse Bourbon de renoncer a ses projets. Une autre scene, qui est egalement d'un grand interet, et d'un effet theatral fort imposant, est celle dans laquelle , en presence du connetable , qui medite deja sa trahison , Bayard reeoit au nombre des chevaliers le jeune Stuart, et lui fait jurer de vivre fidele a son roi et a sa palric. La secondc tragedie de M. de Guibert me parait, sous tous les rapports , superieure i la premiere , elle est intitulee : les Gracque.t, et a pour sujet la mort de C.Gracchus. L'auteur y suit de plus pres I'hisloire que dans son Connetable de Bour- bon. On y trouve des caracteres mieux traces; la fable en est mieux construite, le style plus pur, la poesie plus elevee ; c'est, selon moi, le meilleur ouvrage dramatique deM. deGuibert. Les beaux vers y sont assez communs,et meme les beaux morceaux. 45a LITT^RATLAJK. L'aideur de vengeance qui transpotte Cornelie, an souvenir de son lils mis a mort par le senat , les tendres alarmes de Li- ciniapour son epoux, le second des Gracques ; le devoiiement genereux de CaJiiis aux interets du peuple, son courage, sa Constance, la tranquillite de son ame et rinipetuosite dc son eloquence, tout cela est ropresente avec talent. La scene la plus remarquable de I'ouvrage est celle ou Gracchus propose dans I'assemblee du peuple la fameuse loi agraire. On y re- trouve heureusenient rcproduits plusieurs passages de la ha- rangue du tribun, ou du moins des fragmens que nous en ont conserves PlutarqueetAulu-Gelle. J'en vais citer quelques vers^ pour donner a nos lecteurs une idee du style et de la poesie de M. de Guibert, de ses qualites et de ses defauts. Apres avoir rappele les grands noms, qui sont I'honneur de Rome anti- que , Caius continue ainsi : Accables du fardeau de ces noms trop fameux, Vous vous taisez , Romains, et vous baissez les yeuxf Qu'^tes-vous devenus, toits simples et rustiques, Conservateurs sacres des verlus domestiques ! Ah! Rome a des palais, mais n'a plus de heros, Et la gloire sans culte erre autour des tombeaux ! Plus loin , il fait ressorlir le contraste de la pauvrete du peuple et de I'opulence du senat : Qui penserait , Romains , qu'un m^me ncBud vous lie , Que vous d'tes enfans de la m(?me patrie? Ici , Tor et la pourpre eblouissent nos yeux , Et je crois voir des rois I'appareil odieux ; L«i , j'apercois I'exces de la mis^re humaine. Le del a-l-il maudit ce peuple dans sa haine? Qu'ont fait ces malheureux , rev^tus de lambeaux, Pftles, deGgures sous le poids de leurs maux? 11 vous sied bien, h^las ! parmi tant de misfere, Ce nom de peuple-roi , de maitres de la terre ! (Act. II, so. 3,} LITTERATURE. 4^3 Ces idees, enipruntees, comme nous le disioris tout a I'heuie, aux fragmens qui nous sont restes de reloquencc populaire des Gracques , se retrouvent ot devaient se retrouver dans la tragedie que Chenier composa sur le meme sujet, en 1792 , dix-liuit ans apres la piece de M. de Guibeit , qui est de 1774- En void quclques vers, que Ton aimera peut-etre a comparer aveo ceux que nous venons de citer : Vous n'avez plus besoin de patrons ni de peres ; Mais il faut que les biens que vous avez conquis Avec egalite soient enfin repartis. Vainqueurs des nations, est-ce assez d'esclavage? I,es monstres des forets ont uu autre sauvage ; lis evitent du moins, sous des rochers deserts, Les traits brulans du jour, la rigueur des hivers; Et , quand la nu:t survient, dans le creux des montagnes lis goutent le sommeil aupres de leurs compagnes : Et vous, le peuple-roi, I'elile des humains , Vous*, descendans de Mars et citoyens romains , Vous, dans le monde entier qu'embrassent vos conqu^tes , Vous n'avez point d'asile oil reposer vos teles : Maitres de I'univers , quittez un nom si beau ; Vous n'avez pas un antre , et pas mdme un tombeau. (Act. II , sc. 2. ) Ces vers sont plus purement ecrits que ceux de M. de Gui- bcrt; mais, peut-etre, le mouvement en est il moins vif et moins dramatique. Les deux ouvrages , composes tous deux sur le recit de Phitarque , se ressemblent beaucoup : c'est la meme marche et presque la meme distribution de scenes. Chenier a , sous le rapport du style et de la versification , una superiorite incontestable sur son predecesseiir. Son ouvrage n'est, du reste , qu'une composition vague et froide ; c'est I'un des moins remarquables qui soient sortis de sa plume. On nen retiendra que cet hemistiche , dont les circonstances ter- ribles, au milieu desquelles parut le C. Gracchus, relevaient encore I'energie : des lots, et non du sang. A lout prendre , la 454 LlTTftRATURE. trage.) Au risque d'allonger cet article, je vais rapporter une anec- dote relative a la tragedie des Gracques; celte anecdote est racontce par M. de Stael, dans I'eloquent etoge qii'elle con- sacra , en 1789, a la memoire de M. de Guibert, son ami , et qui a paru pour la premiere fois en i8ai , dans le dix-sep- tieme volume de ses OEuvres coinpleles. Un trait pareil honore trop le caractere de M. de Guibert, pour que nous puissions I'o- nietlre , sans lui retirer un de ses principaux litres de gloire. Les bonnes actions valent encore mieux que les bons ouvrages. «... Peu de terns avant la mort de M. de Guibert, dit M'"'^ de Stael , les coratdiens francais lui denianderent instamment de leur laisser jouer sa tragedie des Gracques. II etait piquant de donner une piece composee il y avail plus de dix ans , et toute plcine d'allusions a ce raoment-ci. M. de Guibert resisla a ce succes , parce qu'il trouvait du danger a niettre aujourd'hui sur le theatre une tragedie dont le principal objct etait la pro- position de la loi agraire par Cauis Gracchus. Dans d'autres tcms , les sentimens seuls auraienl fait impression; mais a pre- sent Ton aurait pu soutenir jusqu'aux opinions memes...« En 1777, M. de Guibert composa ^nne de Boleyn , sa demiere tragedie. Il etait dans sa destineed'avoir encore pour rival, dans ce snjet ititeressant, Chcnier, qui le traita quatorze LITTfiRATURE. /,55 aiis apres, en 1791. Mais, pourcelte fois, la vicloire est de- ineurte incontestablement a I'auteur de Henri VIII. Cette tra- gedie, malgre la faiblesse du plan, la nullite dii personnage de Henii, la monolonic des roles en quelqne sorle parallcles fie Crammer et tie Jeanne Seymour, est une dcs plus alten- drissantcs qu'il y ait an theatre; elle renferme plusieurs scenes d'un pathetique admirable, et Ton croity retronver quelque- fois le style de Racine. La tragedie de M. de Guibert est nussi fort touchante; mais le sujet y est denature; il y est bicn moins question de I'injnste oppression d'Annede Boleyn, pour- suivie par un epoux inconstant et cruel , que de la passion incestueuse qu'il suppose a cette reine pour son frere Alfred. Cet amour criminel est peint avec energie , mais aussi avec tres-peu de retenue ; et le meme sujet a ete rendu depuis avec plus de force et plusde pudeur tout ensemble dans X Ahufar de Ducis. On pent observer quele talent de M. de Guibert s'etait assoupli par I'exercice : sa derniere tragedie est ecrite avec quelque negligence, mais avec beaucoup plusde facilite queles deux premieres. Comnie la piece de Chonier , elle offre plu- sieurs traits de ressemblance avec la Marie Stuart de Schiller et arec cellc de M. Lebrun; cela tient sans doutc a I'analogie des sujets. Anne, avant deniourir, adresse a son amie Juliette Hertford la meme priere que fait Marie Stuart a sa tidele nour- rice , celle de I'accompagner a I'echafaud et de lui fermer les yeux. Henri, voisin du lieu ou perit sa malhenreuse tpouse, assiste presque a son supplier, comme le perfide Leicester a cclui de la reine d'Ecosse ; et I'horreur du denoument est ainsi renduepresente aux spectateurs. Nous dirons pen de chose de roperad'///-if?//e et Catnpaspe, dont Mosca, fameux compositeur de Naples, a fait la rau- sique. M. de Guibert prit pour modele un ballet de Noverre, qui avait alors beaucoup de succes. II est facile de s'en aper- cevoir; sa piece ressemble plus a un ballet qu'a un opera. Il y a beaucoup de spectacle, des groupes animes, des danses gracieuses ; mais , cet amour si interessant d'Apelle et de Cam- paspe, contraints et effrayes par la redoulable presence d'A- /,56 L1TT£RATURE. Ifxandie, y est fort peu developpe. Ce sujet chamiant, que la peinlure ct la [)oesie ont souvent traite , a ete reproduil avec beaiicoup de talent et de succes par i'autcur d'Jrtaxerce et dii Follicttlaire , M. Delaville, dans nne petite comedie jouee il y a qiielqiies annees au Theatre-Francais. Le volume, dont nous rendons compte , est lermine par quelques poesies fugitives, et par un petit nombre denior- ceaux extraits des oeuvres de Voltaire, et dans lesquels ce grand poete s'exprime en termes fort honorables au sujet de M. de Guibert. Le plus remarquable de ces morceaux est la jolie piece de vers, intitulee la Tacdque, et dans laquelle Voltaire se met spirituellement en scene, avec M. de Guibert hii-meme, chez son Ubraire Cnille , Qui dans son magasin n'a souvent rien qui vaille. M. de Guibert a ete beaucoup loue par ses contemporaius; ii a excite \euv enthousiasme par des talens brillans, unis a une grande jeunesse. Il y a quelque chose i rabattre deseloges iin pen outres que hii ont donnes ses amis , Voltaire, Saint- Lambert, Grimm, M""= de Stael et quelques autres. Mais il y a quelque chose a ajouter aux eloges assez minces qu'en fait , dans sa correspondance , son concurrent academique , La Harpe, qui ne put jamais lui pardonner d'avoir ose lui dispu- ler le prix de Telcge de Catinat. Le terns donne a chaque chose sa veritable vaieur; il assigne aux hommcs de talent et a leurs ouvrages la place qui leur appartient dans I'histoire de I'art; il bannit de la critique cet esprit d'engouement ou de malveillance , qu'ou apporte trop souvent a I'examen des pro- ductions contemporaines ; il permet dejuger ceux qui ne sont phis avec cette severe impartialite qui serait due meme aux vivan.s. H. Patin. III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQLE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 1 85 — * La (lecouverte des sources du Mississipi et de la ri- viere Sanglante ; description du cours entier du Mississipi, c|ui n'elait coniiu que pailiellement, et d'une grande partie de celnl rofitabIcs pour Ics sciences geographiques, ponr des con- naissances encore plus importanles, celles dont I'espece hu- maine est I'objet, son livre nieriterait encore d'etre lu , comme relation d'un voyage dans des ])ays ])eu connns, comme pein- ture de ces mceurs sauvages doul on a lant parle sans les con- naitre, et qui ont fuurni le lexte dc tanl de declamations centre les societes civilisf es. Mais, M.Beltrami a-t-ii bien observe? Ne s'abandonne-t-il pas, sans le soupconner, a un entliousiasme qui lui deguisc quelquefois les veritables formes des objets ? Sa description des sources du Mississipi et de la riviere Sanglanle (red river) presente des fails tres-extraordinaires, et auxquels le reste du monde ii'aurait rien de comparable. Un lac an sommet d'une collineisolee,d'oiiroeil ne peutapercevoir aucune terre qui ne soil au-dessous de son niveau ; autour de la base de cette coUine , des sources dont les eaux se dirigent versle golfe du Mexique, I'ocean Allanlique, la mer Glaciale et I'occ'an Pacifique ; et ce point si remarquable serait place, suivant I'es- timation de I'anteur , vers /|8" 4^' ^^ latitude, el a 98° du me- ridien de Paris. Cetle longitude est a pen pres ceile des cartes; mais les latitudes different de deux degres; est-ce une faiite d'impression dans I'ouvrage de M. Beltrami, ou une erreuriies geographes? Au reste , I'auteuravoue qu'il manquait d'instru- mens ])Our fixer astronomiquement sa position geographique, et que, s'il en avail eu , il n'aurait su en faire usage. 11 Comment , dil I'auteur , ce lac s'est-il forme? D'ou viennent ses eaux ? C'est au grand arcliitecte dc I'univers qu'il faut le dc- mander. Les hommesne peuvent donner (]ue des conjectures, et celles des savans sent quelquefois les plus faibles, les plus erro- iices, parce qu'elles soni les plus presomptueuses, les plus meia- pliysicpies;et, lors meme qu'ilsne com prenncnt rien auxdifferens phenomenes qui se passent sous leurs ycux , il faut qu'ils disent toujours qu'ils ont tout compris. Quant a moi, j'en diraid'abord ce que j'y vols materiellement, etensuitej'offrirai les inductions que la raison naturellesuggere. «M. Beltrami ])ense (jue lebassin de ce lac est le cralere d'un ancien volcaii Isole au milieu de la plaine immense qu'il domine, et dont I'oeil ne decouvre point les limites. II trouvera beaucou[> d'incredules, memo parmi ceux qui ne se regardent point comme savans , et auxquels on ne pent reprocher aucune presomption. 11 faul I'avouer, Ic livre de M. Beltrami ressemble trop a un roman. Toutefois, nous lui tiendrons comi)te, nous Francais, du clioix (pi'd a fait de notre languc pour comrauniquer ses i ETATS-UNIJ;.— ASIE. 459 observaUons an public, dans iin pays ou elle n'est plus celle (hi gouverneineiit. Ajoulons cju'il ue se borne pas a ccrire en fraii- cais, el qu'il pense aussi en bon Irancais , en ami sincere de laliberte, de la justice, de riiumanile. Son livre tient qiielque chose de tout ceque )e litre annonce : ses reflexions ne sont pas toujoursbien profondes, etquelcpies-unes n'auront pas I'assen- llment de tous !es lecleurs ; mais il otait difficile de reunir dans un seul volume plus de clioses curieuses , plus d'interet ef nieine d'instruclion, pourvu que Ton fasse la part de Tiniaginalion, et que Ton reconnaisse les formes et les dimensions reelles des objets, apres les avoir depouilles de I'eclat des descriptions. L'exemple de M. Beltrami ne sera point perdu pour les voya- geurs a venir : avant d'entrer dans la carriere des decouveries, ils feront provision de connaissances;ils jirendront M. deHiiM- BOLDTpour modele, etleuis ouvrages reuniront alors le double inerite de satisfaire la curiosite, et d'apporter de I'instnic- tion. F. 186 — * The New-Yorii medical and physicalJournal. — Journal de medecinedeNew-Yoik; redige par MM. les docleurs /o/m Beck, DanielPzixoTTO et John Bell. N" xv(juillet-seplembre'l New- York J iSaS; imprimerie de Bliss et Wliite. Ce journal trimestriel parait i)ar livraison de 12 a i5 feuilles ln-8°; il se compose de memoires originaux, d'observa lions pratiques , d'analyses raisonnees de livres nouveaux sur les sciences medicales, de nouvelles scienllfiques capables d'intc- resser I'homme de I'art, etc. Dans le cahier que nous annoncons, on distingue plus particulieremenl un Meinoire sur Vophtalmie ohservee a I'armee des Pays-Bas , parM. de Kirckhoff, colla- borateur de la Revue Encyclopculque ; ensuite, un Memoire sur Vophtalmie purulente qui s'est recemment declaree dans quelques parties des etats de New-York, par M. Coventry, D.-M. a Utica ; des Remarques sur C amputation, par M. Nathan Smith, D.-M., professeur de medecine et dechirurgie, etc.; une Dissertation sur une nouvelle theorie de la conception, par M. John Stearns, D.-M., president de la Societe de medecine de New-York. Tout ce que conlient cette livraison nous parait digne d'atlention,et proprea concilier acerecueil les suffrages des hommes eclaires qui se livrent a I'elude de la medecine. Z. ASIE. 187. — Bydragen tot de flora van Nederlandsch Indie. — Recueil destine k concourir a la composition de la flore des 46o LivREs Strangers. possessions iiiierlandaises dans I'lnde; par M. Blume, 1).-M. Deuxieme livraison. Batavia, i8.i5; imprimeric dn gouverne- inent. In-S**. Noiisavons annonce , dans norre cahier de decembre dernier (t. XXVIII, p. 791), la premiere livraison de ce recueil. La se- conde, qui vient d'arriver en Europe, est aussi interessante que celle qui I'a precodee. Elle contient I'histoire nalurelle et la description des caracleres physiques de 122 nouvellesplantes de I'ile de Java, avec un expose succinct de leurs principales proprietcs medicales et de leur usage domestitjue. de K. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 1 88. — * Tlie mission from the Bengal to Siam and to Hue, etc. Ambassade du Bengale a Siam et a Hoe, pendant les annees 1821 et 1822; par George Finlaison , esq'', avec niie introduction, par sir Stamford Raffles F. R. S.Londres, 1 825; Murray, i vol. in -8°, de 427 pages; prix i5 shel- lings. If faudrait , pour voyager aVrc avanlage cliez la plupart des peup'es de I'Asie, posseder la facilite de caraclere que les liis- toiiens donnent a Alcibiade, qui, frugal chez les Sj^artiatcs , infeniperant chez les Thraces, beiliqueax chez les Beotiens, ami de la paresse et de la voluptc dans I'lonie, surpassanl les Salrapes de la Perse en luxe et en magnificence , oblint partout I'admiration dela multitude, la confiance et I'aniitie des grands. II n'en a pas cte de meme de M. Crawfuid ; envoyc par le gou- verneur general des Indes pres des rois de Siam et de Cochin- chine; il a manque de cette flcxibilite de caractere que Ton admirait dans le general atheiiien; et , pour n'avoir point su se soumeltre aux coufumes des nations avec lesquelles il vou- lait clablir des relations de commerce, il a echoue dans sa mis- sion a Bankok et a Hoe. M. Finlaison , naturaliste et inedecin, qui parlageait avec lui les fatigues et les desagrcmens de cette malencontrense ex- pedition , avait laisse des renseigneiuens imijorlnns , que sir Stamford Raffles public aujourd'hui. Cet ouvrage renferme des details aussi interessans qu'inslrucfifs sur le caraclere, les coutumes , les lois, la religion, le commerce , Ic gouverne- menl , etc., deshabitans de Siam el de Cochinchlne. Le royaume de Siam est compris dans une grande vnliee , forraee par deux chaines de hautes niontagnes (jui scmblcnt GRA.NDE-BRETAGNE. /,6i converger vers leNord. La chaine de I'ouest le separe du Bir- nian ; celle de Test des royaumes de Laos et de Gamboge; il est termine vers le sud par le golfe qui porte son nom. II parait avoir environ aSo lieues de longueur, du nord ausud, loo lieucs dans sa plus grande largeur et 20 lieiies dans sa plus pe- tite. Le Mainan le traverse; sur ses rives sont situees les prin- cipales villes, parnii lesquelles Yuthia, et Ba Jamais hornme, dh M. Butler, n'eut un phis ^rand nombre d'admirateurs, et d'admirateuis d'un rang pluseleve; sa correspondance imprimee prouve evuieirment qu'il contri- bua plus que toute autre personne a la renaissance des letlrcs. Son savoir I'tait immense, son gout extpiis, son activile infa- tigabie. Ses partisans et ses adversaires convienncnt , les ]ire- niiers , t[u'il tomba dans quelques inexactitudes , les seconds , qu'on Taccusa souvent avec injustice. « La vie d'Erasme, est ecrite avec facilite; elle inleresse par le choix des details; on suit avec plaisir le savant theologien dans le cours de sa longue carriere , qui, a I'exception d'unc anecdote assez semblable a celle de Rousseau avec la jeune servante de Turin , ne prcsente rien (|ue d'lionorable. L'ou- vrage de M. Butler n'est point seulement une notice biogra- phi(|ue sur un homme illuslre , mais une histoire abrogce de la litlerature , depuis Homere jusqu'au tems de la reforma- tion , ct plus particuiierement depuis le x*" jusqu'au x\i'' siecle. M. Duller prouve, par des fails, et en s'apjjuyatit de I'auto- rite deMM. Sismondi, ( Histoire d' Italic ) et Berington ( Fie d Aheilard et d'Heloise) « que Tignorance jnoduife par la de- vastation des Barbares ne fut pas si grande qu'on I'a generalc- ment sup])osee, et que les lenebres du nioycn age ne furent pas aussi epaisses qu'on les a toujours lepresentees... Dans I'es- pace eco'ile depuis i455 jusqu'a 1 536, on aimprime, njoute- t-il, environ 22,9^2,000 volumes. » On liia avec un vif interet cette pariie de Touvrage de M. Butler, et Ton conviendra qiie son auteur nierlte le titre de good scholar , bon humaniste , que ses concitoyens lui ont decerne. Frederic D^g^or.gk. Revue sommaire des principaux rccueils periodiques sur les sciences, les leltres et les arts , publics dans la Grande- Bretagne. — Cinquieme article, (Voy. Rev. Enc. , t. xxvii , P- 7^7-7705 '• XXVIII, p. i49-i56, 'jgg-So/i , et t. xxix , p. i/,i-i48.) Suite des journaux mensuels. Sciences rcligieuses; philosophie morale; education. 190. — The cottager's Monthly Visitor. — Le Visiteur de la chaumiere , n° 60. Londres, decembre i825; Rivington. Brochure in-12 de deux feuilles; prix 6 jjence. 191. — The cottage Magazine. — Le Magasin de la Chau- miere, on Petite Bibliotheque chretienne, n" 168. Londres, /,64 LIVRES ETRANCiERS. Hc'Cembrc iS-iS; Sherwoorl. Brorliiire in-j2 d'une feuille ct demie; prix 3 pence. Ces deux recueils, rcdiges dans Ics principes religieux dc I'Eglise atiglicane, sont si>eci;dement destines a la classe pauvre, comme I'annonce Icur litre. Les editcurs, qui eciiveiit dans I'interel de la religion del'elat , s'cfforcent siirtout d'Inculquer a leurs lecteiirs uiie morale saine et des sentimens religieux. lis retracent les devoirs des percs, des enfans, des serviteurs. On ne saurait trop louer la simplicile aiinable avec laquelle ils j)rcsentenl leurs regies de morale pratique. Le numero de decembre du Mas^asin de la Chaumiere con- tient sous ce tilre : Le Contrebandier , un dialogue instmclif sur celte plaie honleuse des Socleles curopeennes, qui ne ccs- sera (jue lorsque cette niaxime d'econoraie politique : Laissez /(lire, laissez passer, aura recu son application universellc, Les interlocuteurs sont Thomas , j)aysan des cotes, et Mentor , homme sage et instruit qui raisonne avec lui, et qui fail I'enu- muration de lous les niaux, de tous les crimes qui sont I'effet immediat ou la consequence nccessaire du delit decontrebande 11 represente le contrebandier, comme oblige d'eraployer ha- bituellement la voie des amies, pour y^roteger son coniniercc illicite. De la, resistance, conilxit, effusion de sang , et enfin expiation du mcurtre sur un ecliafaud. II serail a souhaiter qite Ton fit circulcr, parmi les liabitans de nos cotes, des merits sembiables, ou la morale parle le langage du bon sens ct ou les idees religieuses sont rendiies populaires (i). iga. — The christian Gleaner and domestic. Magazine. — Le Glaneur Chretien etleMagasin des serviteurs, n° -ifi. Lon- dres, decembre, iSaS; Brown. Brocliurc in-12 de deuxfeuilics; prix 2 pence. « Ce recueil , disait la Revue Encyclopediquc , dans son ci! - liier du niois do Janvier iH24) est du nombre do ces ouvrages u'iles, si multiplies en Angletcrre, rpii Icndenl a repandrc les gcrmes d'une bonne instruction morale dans les classes pau- vres , et a reformer les penchans vicieux. La classe des douic.--- liques, ajoutailelle , est siirtout exposee a la depravation, et ce recueil a pour but de lui procurer une lecture amusantc ct (1) Les trois Societes phllariliopiques etablies a Paris, I'line sous le litre tie Societe pour Camvlioration de I'lii.eigncment elcitientaire , I'aulrtf appelee Societe de la morale chielieiirie , la troisienie, SocieCe des traitei religieux, dirigent eu parlie leurs ell'orts et leurs travaux vers ce but cmiDetuiueut louable. (M, A. J. ) GRANDE-BRETAGNE. /,65 instructive. « Quoiqiie ce journal ail , depuis I'insertion de cet article, modifie son premier litre [Servant's Magazine] il a conserve le menie espiit de philantropie. II est rciligu par tine dame, et continue d'offiira la rlasse ])auvre des lecons utiles et des anecdotes morales. En lui citant souvent des cxemples de verlu puises dans son seiii , il I'invite a les imilcr. I-e caliier de decenibre conteiiait , parnii divers autres articles , les rap- ])orls des Societes de Londres et il'York pour encourager les femmes et les filles en service a se bicn conduire. On lit , dans le premier de ces rapports, que la Sociele de Londres a dis- tiibue,dans le cours du troisiemc trimestre de 1825, 20 bibles et 101 livres 17 shellings ( 2,5^5 h\) a quatre - vingt - deux domeslitiues qu'elle signale; et dans le second, que la Societe etablie a York a recompense, de son cote, dans le courantde I'annee i825, la fidelite et la ])onne conduite de deux cent vingt-cinq domestiques , par la distribution de 72 bibles, ^7 nonveaus testanienset 164 livres 11 shellings ( /(,ii5 fr. ) Ces Societes paraissent produire les nieilleurs effets, et par leur inoyen, on parvient souvent a se procurer de bons domes- tiques. 19^. — The Sunday school teachers Magazine , etc. — Le Magasin ^ies maitres d'ecole du diiiianche, ou Journal d'edu- eation, n° 112. Londres, decembre iSiS ; Hamilton. Brochure in-S" de deux feuilles etderaie ; prix 6 jjence. « 94- — The Assistant of education. — L' Assistant de I'educa- lion. Londres, decembre i825; SherMOod. Brochure in- 12 de deux feuilles, avec planches; prix i s. C ])ence. 195. — The mother's Magazine. — Le Magasin des meres de famille, n" i. Londres , Janvier 182G ; Gifford. Brochure in-8; piix 6 pences. Guide utile pour les maitres auxquels il fournit des instruc- tions precieuses sur I'education des enfans et sur les livres qui conviennent a chaque age, a chaque sexe , a chaque intelli- gence , le premier de ces trois recueils est encore un repertoire exact qui peut lenir le philantrope an courant desprogres des lumieres dans presquetous les pays. II est curieux de suivre les travaux des diff'erentes societes philanlropiqnes qui ont pour but I'instruction du peuple. Depuis neuf ans , le Magasin des maitres d'eeoles en rapporte rcgulierenient le progres, et le cahier de decembre, que nous avons sous les yeux, contient des renseignemetis Ires-interessans sur les ecoles cpii existent en Irlande, dans les Indes ct en Amerit|ne. Une seule societe clablie depuis un an aux Etats-Unis, sous ce litre : American, yuiidaj school union , presenle I't'lonnant tableau de Tetablis- 466 LlVRlvS F.TRANOEHS. sement (dans ir.oins d'une aunce) de 147 i ecoles, ayaiit 1 i,2g5 inaitreset 82,697 eleves. 1,' Assistant de I'education est destine a aider les maitres d'ecoles dans leurs honorables fonclions. Le cahier de decem- bre contienldes notions elcmenlaires de botanique. II rappelle I'excelient ouvrage piiblie a Paris par M. de Jussieu et inti- tule : Le bon Genie , niais qui est beaucoup plus consacre aux enfans des classes riches qu'anx er.fans des families pauvres. Nous ne connaissons encore le Magasin des meres que par son prospectus. L'editeur proinetdes essaissur I'education des enfans, des analyses d'ouvrages sur le nicmc siijet, des- anec- dotes, etc., il coinpte sur I'assistance des ineres de families. II a choisi pour epigraphe cetle phrase de saint Paul que nous ci- lons avec plaisir. « Je parlais conirae un enfant, J'entendais commeun enfant , je pensais conime un enfant. » iq6. — The juvenile Magazine. — Le Magasin de I'adoles- cent,n° i. Londres , Janvier 1826; Thomas. Brochure in-12 de deux feuilles, avec gravure; prix i sh. 197. — The juvenile Friend. — L'Ami de radolescent, n° 37. Londres, Janvier, 1826; John Souter. Brochure in-12 d'une feuille et demie, avec gravures ; prix 6 pence. 198. — The youths' Magazine. — Le Magasin delajeunesse, n°, 129. Londres, decenibre, 1825 ; Hamilton. Brochure in-12 d'une feuille et demie , avec gravure; prix 4 pence. 199. — The youtJi s Instructor and Guardian. — L'lnstruc- teur et le Gardien de la jeunesse, n° 108. Londres, decembre 1825 ; Kershaw. Brochure in-12, d'une feuille et demie, avec inusique ; prix 4 pence. 200. — The Sunday scholars' Magazine. — Le Magasin de I'ecolierdu dimanche, n*^ 12. Londres, decembre i825jHolds- v?orth. Brochure in 12 d'une feuille; prix 2 pence. 201. — The teachers' Offering. — Le Cadeau des maitres d'ccole, n" 36. Londres? decembre 182^; Westley. In-32 d'une demi-feuille; prix i penny (2 sous). 202. — The national school Magazine. — Le Magasin des ecoles nationales, n'^ 4o. Londres, decembre 1826; Rivinglon. ln-3 2, d'une demi-feuille; prix 1 penny. 2o3. — The chili's Companion. — Le Compagnon de I'en- fance, i\° 24. Londres, decembre 1825 ; J. Davis. In-32, d'une demi-feuille ; prix i penny. 204. — The child's Magazine. — Le Magasin de I'enfant , n° 27 , Londres, Janvier 1826; Kershavy. In-32 , d'une demi- feuille; prix I penny. Tons ces recueils sont composes pour la jeunesse et dcsli- GRANDE -BRETAGNE. 467 nes , les uns a la j)lus tendre cnfance; les aulres, a I'age de I'adolescence, ou la raison commerce a se develojiper. lis sont tous ecrits dans les principes de lliglise anglicane , extepie le 4' et le 9' qui sont devoues aux interets du melhodisme ; plu- sieurs d'entre eux sent rediges avec un veritable talent. Le Magasin de I'adolescence, le plus nouveau de tous, pro- met des articles interessans. Son premier numero conlientune gravnre fort bien faiie de I'enfant Lyra, et des morceaux de poesie et de prose qui seront lus avec plaisir. YI Ami de I'adolescent a commence sa nouvelle serie par une augmentation d'lin tiers dans le prix de ses cahiers; celui de Janvier contient plusieurs articles amusans. Le Magasin et C Instructeur de la jeunesse sont rediges avec gout ; le premier contient frequemment des morceaux de poe- sie bien choisis. Nous remar(|uons dans le nnniero de decem- bre, une charmante piece de vers de M. Bowring, connu dans le monde liiteraire par son Anthologie russe ( Voy. Rev. Enc. t. sviii p. 111). Le second contenait aussi, sous ce titre : Le rivagede I'eternite, une allegoric religieuse pleine d'interti , dans laquelle les Chretiens sont representes, embarques sur nn navire (le monde) qui fait voile sur la mer de la vie. L'alle- gorie est parfaitement soutenue. Le Magasin de t ecolier du dimanche donne moins d'espace a la poesie et aux anecdotes amusantes , et s'occupe d'avantage de ce qui concerneles ecoles : on le donne en prix aux eleves. II est redige avec goiit et dans des principes dignes d'cloges. Nous citerons le passage suivant, \\\\\Kvi\k : Aycz pitie dupau- vre Noir. « Maman, voyez done cette gravure , dit un jour le petit Charles a sa mere ; et landis qu'il parlait , des larraes rou- laient dans ses yeux. Qu'a done fait ce petit garcon, pour etre ainsi fouelte avec iin grand vilain fouet ! O! comme ii doit souffrir! Mon fils,lui repondlt sa mere, cette gravure repre- sente un pauvre petit Africain , (pii ne differe de nous que ])ar la couleur de sa peau. Son maitre inViumain le retlent dans un dur esclavagc. La voix d'une mere chcrie ne le reveille pas le matin ; car sonvent on separe les enfans de leurs parens , et ils ne peuvent plus se revoir; et cependant, ils s'aiment aussi tendrement que je vous ainie, mon fils, etc.... « Qui ne serait attendri par ces lecons d'humanite donnees a I'enfance ? En Angleterre , la compassion pour les pauvres esclaves noirs fait partie de I'education publique. C'est un rc'-sullat bien doux des philanlropiques Ijavaux des Clarkbon , des Wilberforce et des Gregoire. Nous licvons encore menlionner les qualrederniers recueils, Afi8 LIVRES ETR ANGERS. format in-32 , et doiit le pris est de deux sous I'exemplaire. lis j)araissent destirn's a la premiere enfance, et sont parfaitement executes, imprimos sur bon papier, en caracteres trcs-lisibles. lis contiennent dcjolies petites gravures, des historietles iwo- rales et de jietiles lecons instructives. Le Compai^non de I'en- fnnce est surtoiit digne de la faveur publique , ])ar la bontc , la varicte et la quantite des malieres qu'il renferme. On assure qu'il s'en vend pres de trois cent milie exemplaires par annee. La plupart de ces recueils sont publics au profit des ecoles etablies pour les classes pauvres. Le Magasin de lajeunesse a \erse, depuis sa fondalion, dans les caisses do differenles so- cietes de bienfaisance de Londrcs , une sonime de i56o livres Sterling , ou 89,000 francs; environ 2,000 francs par an.- 2o5. — The cooperative Magazine. — Le Magasin coopera- lenr, n" i. Londres, Janvier, 1X26; Knight et Lacey. Broch. in-80 de deux fenilles et demie; prix 6 pence. Nos lectenrs connaissent le systerae de M. Owen etla/few/e EncyclopediqueXes en a entretenuspliisieursfois ;le recueil que nous annoncons est destine a repandre ce systeme. Le pre- mier nuraero, embelli d'un plan de I'etablissement fonde par M. Owen a la Nouvelle - Harmonie , contient un article tres- bien fait sur les principes et le but de la Soci(''te cooperative, deux exposes sur I'etat des communautes de la Nouvelle- Harmonie et d'Orbiston , une lettre pleine de bon sens aux membres des institutions mecaniques ; une revue critique d'une brochure de M. Hamilton, centre le systeme de M. Owen, enfin divers articles litteraires et scientifiques. Lorsque le Ma- gasin cooperateur aura public plusieurs numeros , nous pour- rons micux jngor de son j)lan, et le faire connaiire a nos lec- teurs. Quant au caliier de Janvier, le seul qui ait paru et que nous avons sous les yeux , il est digne de I'accueil {|ue lui a fait le public ; si nous voulions le jnger sevurement , notre critique ne pourrait guere s'exercer que sur le second article, qui expliquc d'une maniere peu satisfaisante I'etat actuel de I'eta- blissement de la Nouvelle-Harmonie. Fr. Degeorge. RUSSIE. 2o(J. — O Pianstvc , etc. — De I'lvrognerie et de son in- fluence sur riiomme, sous les rapport? physiques et moraux, avec I'indication des inoyens do guerir I'ivrognerie; ouvrage anglais du D*" Thomas Trotter; Iraduit de I'edition alle- mande de Hofbauer, ])ar Alexandre Nikitine. Saint- Peters- bourg, 1824; imprimerie du departement medical du minis- Icre de rinicrieur. i vol in 8° de i43 pages; prix 5 roubles. RUSSIE. 469 L'auteur original tie cet ouvrage , le D'^ Trotter, a servi pendant long-tems , comme niedccin principal, dans la flotle anglaise, ou il a ele a meme d'observer la funeste habitude de I'ivrognerie, que Ton ponrrait mcrne legarder comme une maladie. Ce livre, donl la traduction est due a M. Nikitine, ren- ferme cinq cliapitres, sous les litres suivans : 1'='' definition de I'ivrognerie; II, syinptomes; III, effets des boissons fortes sur I'econoiuie animale; IV, maladies qui en resultent; et V, raoyen de guerir I'ivrognerie iorsqu'elle s'est convertie en habitude. L'observateur de I'huraanite trouvera dans cet ouvrage une riche matiere de reflexions; le jeune homme inexperimente y verra un tableau cffrayant des suites de I'intempcraflce, et le medecin philosophe y ])uisera les inoyens de guerir ceux qui s'abandonnent a ce vice honteux. 207. — * Zapishi ^ etc. — Memoires sur Tapplicalion des principes de la mecanique au calcul de Taction de plusieurs machines les plus nsltees; par le professeur Tchijof. Saint- Petersbourg , 1828 ; Imprimerie de la Maison des Enfans- Trouves. 1 vol. in-4° de vii et 176 pages, avec i5 planches; prix 10 et 12 roubles. Ces Memoires servent de complement au cours de mecanique fait par l'auteur a I'lnslitut principal des ingenieurs. N'ayant point de modele qui piit lui servir de guide special dans la composition de son livre , il a consulte plusieurs ouvrages nouveanx, tels que le Traitc elemenlaire des machines , par Hachette (26 edition, i8ig); la Theorie de la mecanique usuelle , par Borgnis (1820); V Architecture hjdraulique de Belidor , avec les notes et additions de Navier ( t. I"', 1819) ; VEssai sur la composition des machines, par Lanz et Betan- couRT (26 edition , 1819); le Traite de mecanique industrielle , de Christian ( 1822 , t. I*'') , et le Traite de la construction des ponts, par Gauthey. On conceit qu'avec de tels secours il eut etc difficile de faire un raauvais ouvrage; c'etaient aulant d'excellens raateriaux que M. Tchijof a mis en oeuvre avec beaucoup de talent. Dans ses calculs, l'auteur a conserve partout les nouvelles mesures metriques, tant a cause de leur generalite, que pour faciliter la lecture des differens trailes sur la mecanique et la verification des principes et des fails qu'il a deduits de leur etude. 208. — * Grainmaire italienne siinplifiee et reduite a 2/4 le- cons; par F. Valerio. Moscou, 1822; imprimerie d'Auguste Semen, i vol in-S" de 271 pages. L'auteur de ceite grainmaire, aprcs avoir servi avec honneni /i7<> LIVRE.S ETRme, de generosite et de touleg les vertus; ce qui n'est pas tres historique, mais ce f|ui est jiermis dans un poeme. II a enlrein^le son recit de tableaux de la nature. II peint une eruption de I'Etna , une tempele, le climat brulant de I'Afiique, les effets desastreux du vent Samoum. Son style est eleve et embelli quelquefois d'images pittoresques ; quelquefois anssi , il est trop tendu et manque de naturel. A I'egard des ressorts poetiques, I'auteur emet des idees par- ticulieres par I'organe de son editeur : il pretend que I'Eglise ne defend pas la croyance aux esprils intermediaires entre le ciel et la terre , a des eires qui n'ont pu entrer dans le ciel, niais qui n'ont pas non plus nierite d'etre condamnes eternel- jement, et qui , ])ar consequent , errent dans le vague ou dans I'espace. Ce sont ces esprits dont I'auteur s'est empare pour le merveilleux de son poeme. L'idee est sans doute d'un fort bon Chretien; mais il est douteux qu'elle soit d'un bun poe'.e. Pour nous resumer, nous dirons que la Tunisiade est un poeroe assez remarquable par lui-meme; et Ton concoit facilement que ce poeuie epique ;, ouvrage d'un preiat autrichien en I'honneiir d'un empereur d'Allemagne, ait pu oblenir a Vienne assez de succes pour etre reimprime une seconde et meme nne troi- sienie fois. Depping. T. XXIX. — Fevrier 1826. 3i /,78 LivRiis Strangers. Indication des principaux Ouvraces piRiODiQui'.s publics en Jllernagne. — Hiiitieme article. (Voy. Rev. Enc, t. xxv, pages 7/1/1-746; t. XXVI, p. i43-i52, 468-/170, 776-779, t. XXVII , p. 16*6-170, 466-470, ct t. XXVIII, p. 173-176.) Droit public , science dc I'adrninistrntioii , economic politique , politique et histoire. 2 1 5. — Konstitutionnelle Zeitschrift. — Journal constilu- tlonnel, Stuttgart, Mctzler. Gr. in-80. Le 1®"" volume a paru en 1823 , divlse en 24 cahiers. 216. — Themis, cine Sammlung von staatsivissenscliaftlichen Abhandlungen. — Themis , recueil de dissertations relatives a I'adrainistration et a la politique, public par uiie Societe de pubticistes. Heidelberg. Winter. Gr. in-80. 217. — Allgemeines Archiv fur die gcsamte Staatswissen- schaft , etc. — Archives generales pour la science politique, pour la legislation et I'administration de I'etat. Francfort-sur- Mein; Henri Wilmans. Ces Archives, publiees par le D'' J. P. HARL,et qui paraissent depuis le commencement de cetteannee, contiennent des dis- sertations originales de plusieurs honimes d'etat, dissertations dont plusieurs ont rapport a des circonstances du moment. On y trouve aussi les nouvelles statisliques les plus reiuarquables sur les ctats allemands et ctrangers ; I'indicaiion des lois el des institutions nouvelles dans les divers pays; les iraites politi- ques et de commerce; des annonces critiques d'ouvrages po- litiques et industriels; on distingue, dans le 5"^'' caliier, les lettres originales d'un Allemand qui est au Bresi!. D — f. 218. — AUgemeine teutsche Justiz - Kameral - und PoVuei- Fama. — F«mauniverselle de justice, de finances etde police; publiee par le Yi^ Hartlebkn , avec cette epigraphe : « pour la justice, la securito et la civilisation. » Stuttgart et Tubingue ; Cotta. In-/,°. Ce journal contient un melange de notices sur tout ce quia rapport a la justice criminelle , a la police correctionnelle et aux finances. Il,parait destine a la classe nombreuse des em- ployes de toutes les branches de I'administration dans les di- vers etats allemands, auxquels il offre les fails les plus nou- veaux qui ont rapport a leurs differcns services. Loin de se borner a I'Allemagne, M. Hartleben ne neglige aucune occa- sion de rapporter sur les administrations francaise et angJaise , tons les faits qui peuvent ctre de queique utilite a ses lecteijrs. Pour les distraire , il admet de tems en terns dans son journal ALLEMAGNE. 470 (les anecdotes plus amusantes qu'inslructives ; il paralt surtout choisirde preference les proces criminels et scandaleux, tres- communs en Angleterre. M. 219. — Allgemeines PoUzei-Archivfiir Pretissen — Archives de police pour la Prusse, publiees par le doctcur Hoffmann. 220. — Neue allgemeine poUtisclie Annalen. — Nouvelles an- nales politiques. Stutlgart et Tubingue ; Cotta. In-8°. L'Aliemagne n'a jamais eu qu'une seule epoque, tres- courte , ou elle ait joui veritablement de la liberie de la presse pour les ouvrages periodiques , surtout pour les feuilles politiques. Encore, cette liberie etait boriiee aux pelits etats- car, pour les grands, ils ne se sont jamais relaches de leur excessive rigueur; etcbez eux, la litleralure politique n'a ja- mais ele emancipee. La courte epoque oul'Allemagne a prouve que , dans ce genre de lilterature , elle pourrait se dislinguer , comme dans les autres branches, si on lui laissait le libre exer- cice de ses facultcs , coniprend les aniiees 1819 et 1820. Dans cememe tems, en France, sous le ministere de M. Decazes, la presse fut egalement emancipee et produisit un grand nom- bre d'ouvrages periodiques qui sont autant de monumens de ce tems remarquable. En Allemagne, on vit naitre des feuilles bien redlgees et fortes de raisonneniens; la. Feuille cVopposl- tion de Weimar, les Ailes du tems d'Offenbach , le Citoyen d'Augsbourg, la. Balance de M. Boerne, et d'autres ouvrages periodiques proiiverent qu'il ne falJait aux Aliemandsque de la liberie pour avoir d'aussi bonnes feuilles publiques qne I'An- gleterre et la France. Cette nouvelle lilterature pcriodiqne of- frait un caractere de moderation et menie de circonspection tres-prononce; mais , elle parut encore beaucoup trop hardie etmeme licencieuse aux ministres de la Sainte- Alliance; leiu's congres etoufferent la politique en Allemagne et remirent la presse en esclavage. Les ouvrages periodiques, en tres-petit nom- bre, ([ue Ton public actuellement sont rediges avec des pre- cautions oratoires si timides , qu'ils conlrastent singulierement avec les journaus des pays 011 la presse jouit d'une ceriaine liberte. Parmi les redactears , les uns n'osant pas toucher a I'histoiredu tems present, sejeltent dans les tems passes, qu'on leur permet d'exploiter, non sans restrictions et sans menage - mens; les autres font de la politique a la maniere des gazettes de cour, dont ils paraissent etre les fideles echos. Une faible nuance distingue pourtant encore les ouvrages periodiques de quelques petits etats constitulionnels d'Allemagne d'avec les autres ; on ose encore y meltre en avant des principes constitu- lionnels, et s'occuper des etats iloignes; mais, quant aiix /,8o I.IVRES ETRA.NGERS. afAures de I'Alleniagne , il ne fant pas y clierclier de grands I'-claircissemcns : on evile de s'en occuper, et Tony trouve ])lu- toi des reflexions sur le Perou on le Mexique que siir I'Aulri- che ou la Prusse. Les Annates politique s , fondees par M. Murrhardt, de Cassel , avaienl fait naiire de grandes esperaiices , que le succcs ii'a point dementies. L'auteur s'etait propose de sou- niettre a I'examen de rhistoire et d'une pliilosophie eclairee toutes les questions importantes que la politique du jour ferait naltre ; accueilli avec bienveillance par le i)ublic allemand, trop pen satisfait de I'irisignifiance de la plupart de ses jour- naux ])oliliques, il devint bieniot I'organe du paiti lib(5ral. C'esl ainsi que ce journal lutlait avec courage contre les doc- trines quilui paraissaient contraires a la prosperite des elats et a i'esprit du siecle. Mais, apres quelques annees, uiie arresta- lion subite, dont les causes sont encore un secret, forca M. Murrhardt d'abandonner ce journal, dont ncannioins la jiublicatiou n'a pas ele interrompue. Mais on concoit que le traiteraent eprouve par le ])reraier rcdacteur est devenu un sa- iutaire avertissenient pour ses successeurs : aussi , la politique de I'Allemagne occupe aujourd'hui bien peu de place dans les Annates. En revanche , on y parle beaucoup de la France et de I'Angleterre. EUes sont parvenues a leur 18® volume. 221. — Neueste Staatsahtcn und Urhunden. — Nouveaux actcs publics et pieces officielles ; ouvrage niensuel. Stuttgart et Tubingue; Cotta. Ce recueil periodique se borne a reproduire les pieces offi- cielles et les acte.s publics, sansse perraettre de les examiner. A la fin de chaque volume , on jette un coup d'oeil systcmatique et chronologiqiie sur les pieces qui le composent.C'est un jour- nal qu'il est utile de consulter, en meme terns que les Archives diplomatiqiies , qui paraissaient en allemand, depuis 1821 et qui sont publiees aujourd'hui en frarcais. 222. — Der Staatsrnann. — L'Homme d'etat, redige par Pfeii-Schifter. Offenbach. Get hommc d'etat, de la faccm de M. Pfeilschifter, ne jouit d'aucune consideration en Alleuiagne, parce qu'on sait genera- lement tpie sa politique est conimandce et peat-etre payee par quelqn'autre homme d'etat des bords du Danube. Le preiendu homme d'etat d'Offenbach preche le maintien du pouvoir ab- solu et fait la guerre aux institutions libreset gencreuses ; mais les frais de cette feiiille sont a peu pres perdus : les Alleinands ne croienl pas devoir encourager un journal entrepris et re- dige contre leurs int^rets. ALLEMAGNE. ' 481 it'\. — Geist der Zeit. — Esprit du tcics ; ouvrage perio- di()ue consacre a la politique, a I'histoire, etc.Vienne, iSaS. Si, pour connaiire I'esprit du tems, on n'avait d'aulre les- source qu'une semblable lecture, on ne le connaitrait guere. Le redacteur se borne a faiie quelques extraits de nouvelles relations de voyages el de i^ueiques livres d'liistoiie. Quanta la poliiiquc, biea qu'elle soit aniioncee sur le litre, on n'en Irouve jias une trace dans I'ouvrage. 224. — Neue Monatschriftfiir Deutschland. — Nouvel ou- vrage periodique , Listcrique et politique pour TAllemagne ; l)ublie par /v^'ife'/vcBucHHOLz. Berlin, 1825 ; Enslin. Ce recueil politique de Berlin justifie un peu mieux son iitre que celni de Vienne .- il fait mention de I'Espagne et de la Grece ; les redacleurs csent meme aborder la question des constitutions, quoiqu'ils ne la traitent jias dans un sens fort liberal; ils s'engagent avec plus d'assurance dans de longues discussions sur le moyenage et sur d'autres matieres analogues quin'effarouchent point lescenseiirs. 225. — Neue berlinische Monatschrift. — Nouvel ouvrage mensuel ue Berlin; redige par G^dike. Berlin, 1825. In-8°. Dans le terns oii le Monatschrift etait redige par Blester, il renferraait souvent des articles interessansd'histoire et de litie- rature : anjourd'liui, on y trouve des discourssur la ineiaphy- sique, la philosophie et sur d'autres inatieres abstraites. D— G. 226. — Pallas , ein Journal fur Geschichte ^ etc. — Pallas , journal pour rhisloire des tems modernes. Francfort - sur - le Mein. In-8''. Ce journal , qui parait depuis deux ans, conlient des articles qui sc rattacbent a I'histoire contemporaine et atix inlerets ac- tuels del'Europc. On trouve, dans le numero deseptembre, un article sur la derniere gnerre des AUemands conlre la France, d'autres sur la Grece, I'Espagne, la traile des Noirs , sur les bomraesd'elat en Angleterre, des anecdotes sur Napoleon, etc. D— F. 227. — Archiv fur Geschichte , etc. — Archives pour I'his- toire, la statistique des etals autrlchiens ; redige par le baron de HoRMAYR. Vienne, 1825. In-4''. Ces Archives offrent un melange confus d'extraits ou Je co- pies des manuscrits et des chroniques duinoyen^ge, de no- tices biograjdiiques el slatisliques , d'arlicles critiques sur les ouvrages d'histoire , de poesies, de nouvelles theatrales , etc. Elles daleiit de I'annee 1810, et sonf rlirigees depuis leur ori- ^82 LIVRES fiTRA-NGERS. gine par M. de Hormayr, qui, s'elant fait un nom parmi le& Jitlcrateurs de I'Autriclie, cherclie peut-etre unpen trop a le repandre jusque dans les pays elrangers. D'aulres liorainesde lettres distingues, parmi lesquelsnous cileronsMM. Primisser, Richter , Murckard , Joliann Frasl , Meincrt , etc. , fournissent aux Archives des morceaux qui annoncent des connaissances ^tendues etle talent de bicn ecrire. Quoique Ton y trouvc d'ex- cellentes notices lilteraires, historic|ues et stalistiques, dont Jes journaux francais font meme quel quefois leur ])rofil, les Archives ont fres-peu d'abonnes. M. de Hormayr a le mcrite d'avoir tire de la poussiere des archives imperial's, dont il est le conservaleur , beaucoup de documens precieuxpour I'his- toire particuliere de I'Autriche. II est auteur de deux hisloires de Vlenne et du Tyrol, qui ne sont que des compilations de vieux manuscrits, ecrits les uns en latin barbare, les autres enallemand dumoyen age,rassembles sans ordreet sans choix; mais ou des historiens philosophes pourront puiser plus tard de veritables richesses. Sa continuation de I'liistoireuniverselle de I'abbe Millot a excite, en Allemagne,des reclamationsgcne- rales centre la partialile et la luauvaise foi de I'auteur. Un article inseredans Y Hermes est lameilleure critique qui en ait paru.F*. 228. — * Teiitsches Museum. — Musce allemand, public par Ernest Munch , etc. iii'' vol. lercahicr. Fribourg, en Biisgau , 1825. In-8° de 112 pages. Nous avous annonce deja plusieurs caln'ers de ce recueil ( Voy. Rci'. Enc, t. xxiv , p. 1/43) que M. Miinch continue de rediger avec I'assistance de plusieurs savans , snisses et alsa- ciens. On doit a I'un de ces deruiers , M. Maurice Encelhardt, la publication de plusieurs dooiniens autlientiques du moyen age. II a enriclii ce cahier d'une leltre inedite de ZAvingle a J. Sturm, magistral de Strasbourg. Nous cilerons aussi la suite de la dissertation de M. Deubner sur Hermann de Stahleck et trois pieces inedites , ccrites par le roi de Suede, Gustave- Adoephe, et qui ont rapport aux affaires de I'AIlemagne. P. G. (Cette Revue des otivrages periodiqiies allemands sera continuec.) SUISSE. 229. — Statuts de la Societe d'assurance mutuelle contre la grele , fondce avec I'approbation du gouvernement , par la So- ciete economique du canton de Berne. Berne, 1826 ; C.-A. Jenni. In-8° de l\i pages , avec un tableau. La Societe economique de Berne ne se borne pas a des dis- SUISSE. 483 sei talions el a desecrils; elle agit, et donne des exemples de ce que doivent etre et faire les reunions dont I'interet public est le but. On sail depuis long-tems que la grele ne ravage que des cantons limites, que ce fleau deslriicteur ne s'etend point sur toute una province, et que les maux qu'il a causes pour- raient etre repares, si I'etat ou les citoyens voulaient consacrera' cettebonne ceuvreunetres-faiblepartiede leur revenu. Lemeil- leur gouvernenaent que les liorames puissentse donner , trans- formeraittoutes les associations politiques en autant desocietes d'assurance mutuelle contre tout ce qui serait oppose au blen public ou particulier : les statuts de I'une de ces societes, meme pour un objet special, doivent offrir a la fois un modele de constitution et de legislation. II nous est impossible de donner line notion siiffisante de ceux de la Societe de Berne; on ne pent les juger que par leur ensemble, et apres une etude se- rieuse. On sent que ce travail important est le fruit de longues meditations; il reudra d^sorraais plus ftciles et plus sures les entreprises formees pour repartir equitablement , enfre des hommes egalement interesses, quekjues-uns des biens et des jnaux de la vie. Esperons qu'on ne s'en tiendra pas aux assu- rances c(5ntre I'incendie, contre la gi"ele, etc., et que Ton par- viendra quelque jour a donner a ces garanties mutuelles plus d'etendue et de generalite. Outre la brochure qui conlient les slaluts de la Societe de Berne, une affiche tres-bien redigee expose les avanlages de I'assurance mutuelle , et ne peut man- quer de concilier a cette entreprise la confiance qu'elle merite. F. 23o. — Historischer Kalender , etc. — Almanach historique dedie a la jeunesse Suisse, pour I'annee 1826; public par E. Stierlin, pasteur pres la cathedrale de Berne, avec six jolics gra vures. Berne , 1826. Dans les pays ou les ecclesiastiques sont citoyens, au lieu d'etre en opposition avec les interets de la societe, il est tout naturel que le zele cliretien et le zele palriotique se trouvent habiiuellement unis. La Suisse ])roleslante comple parmi ses ])asleurs un grand nombre d'liistoriensel d'ecrivains palriotes. M. Stierlin se distingue par son talent et son activitc danscellc ])artie de la lltterature. Voici la sixieme annee qti'il public son AlmanacJi hi.fioriqiir , outre des clrenni's tirees aussi de I'his- toire Rationale dont la publication se poursuit depuis une epo- que plus reculee. La plupart des sujets de son ajmanacli de cette annee sont pris dans I'liistoire de I'Helvetie, sous la domi- nation des Romains et pendant I'invasion des peuples barba- res. II est bon de familiariser la jeunesse avec d'aulres souvo- 4^4 LIVRES ETUA-NGERS. nirs que ceux de notre gloire; les tpoques d'abaissement , decorrupiion, d'anarchie ou de servitude, ne soni pas inoins fecondes et inoins instructivcs que d'autres epoques. 23 1. — ■ Jlpenrosen, etc. — Roses des Alpes, alitiaiiach Suisse pourl'an 1826, public par K.ouhn, Wyss, etc. Berne, Bourg- dorfer. En ifSii , des ecrivains justemenl aimes dii public s'associe- rent pour lui offrir anniiellement un recueil essentiellemciit national, composd de juorceaux en prose el de poesies. Recits de voyages , tableaux de la nature , scenes de I'histoire , legen- des populaires, pctits romans, poemes de tous les genres; en un inot, des inspirations palriotiques rcprodiiiles sous toutes les formes fournissentla raatiere de cerecueil.il serail injuste d'exiger que tout y fut egalement bon , el I'on doit s'arreier de preference a des raorceaux qui joignent an nierite de I'in- vention celai d'etre empreints des couleiirs locales. Nous avons lu avec beaucoup de plaisir , dans le volume de celte annee , un niorceau en prose sur les iles en general, et principalcment sur celles de la Suisse. Parmi celies-ci, I'auteur accorde , avec raison , une place distinguee a I'ile d'Ufenan, dans le lac de Zurich, ou le celebre et malheureux Ulrich de Hutten trouva I'asile le plus sur contre le fanatiime des i)ersc- cuteurs, le tonibeau. Quelques pages consacn'es i la nicmoirc veneree du savant professeur et naturaliste Meisner , ornemenl; de I'Acadcniie de Berne , et I'un des editeurs du recueil qui nous occupe dans ce moment, nous ont fail jjarlager Temotion qu'a du eprouver celui que la nature appelait ii rendre a un pere un hommage si touchant et si legitime. Un episode des guerres de Bourgogne, raconte dans un style imile des vieilles chroniques , a fixe uoire attention. L'auteur M. Jean Rodolphe Wyss, professeur de philosophic a Berne, est I'un des coUabo- raleursles plus aclifs de cet ainianach ; ses poesies ontpresque toujours de la grace, souvent de I'originalile, surlout celles qui sent ccritcs dans le dialecte bernois, langage empreint d'un caractere de bonhomie, de naivete et d'energie piquanle el originale: M. Wyss manie ctt idiome avec un bonheur singulier. Les Roses des Alpes , imprinices avec elegance , sonl toujours accompagnees de tres-jolies gravures, represeniant des sites de la Suisse, des scenes de la vie humaine, des situations dra raatiques, sujets choisis j)ainii les poemes, les recils, les ta- bleaux doiit se compose ce volume. L'cditeur , M. J- J- Bourg- i)ORFER,a Berne, ne neglige aucun soin pour ilonner a toutes, ses publications le fini qu'exigent les ouvrages ou ie gout forme une beureusc alliance enlreles talens litleraires el les arts du dessin. C. Monnard. 4«5: ITALIE. 7.3-j,. — La guerra per li princlpi cristiani guerreggiata con- tio i Saracini corrente A. D. logS in latino dichiarata per Ro- berto rnonaco e translalata in volgare per uno di Pistoja. — La guerre faite j)ar les princes cliretiens centre les Sarrasins , en loyS, tcrite en latin par Robert moine , et Iraduite en langue ■vulgaire ( c. a d. enitalien), par un citoyen de Pistoie. Flo- rence, 1825; L Ciardetti. In-8°. Robeit , religieux du monastere deSt.-Remi, merita d'etre distingue dans la foule des chronicjueurs. On pourrait ineme lui savoir gre de nousfaire aimer les Croises, aujoiird'hui que les siiccpsseurs legitimes de ceux qui ont tant favorise les croi- sades , agissent dans un sens tout contraire , et se refusent a pro- teger celle que I'Europe entiere voudrait enlreprendrc en fa- veur des Grecs. M. Ciainpi, qui a public cettc traduction, a essaye de Tatlribuer a un ciloyen de Pistoie, qu'ii fait vivre au xiv" siecle. En effet, le nom du savant antiipjaire pouvait faire autorite en cette circonstance ; mais on s'est apercu que le style du pretendu traducteur presente les caracteres d'une epoque bi'en recente, et Ton a reconnu que le veritable au- teur de cette pretendue traduction est M. Ciampi lui-meme. Sans rechercher quels ont pu etre ses inotifs , nous lui de- manderons pourquoi il a pris a tache d'ecrire sa traduction dans le style du trecento. Sans doute il a cru qu'on ne pouvait niieux rendreles pensees d'un chroniqueur du xi^ siecle qu'en eraployant le langage du xiv= siecle , de preference a la lan- gue duxix"^ qui s'en eloigne considerablement. On aremarque, en effet, que la traduction de Francois Baldelli , publiee au xvi" siecle, est tres-infidele. Nous n'examinerons pas si cette imperfection doit etre atlribuee au traducteur, ou au langage du siecle dans le((uel il vivait; nous observerons seulement i|ue, si I'exemple imposant de I'auteur etait suivi dans un tems oil Ton porte I'amour de la nouveaute jusqu'a I'extravagance, on pourrait craindre que les traductions du genre de celles de M. Ciampi nous missent dans la necessite de les Iraduire de iiouveau dans la langue de nos contemporains, pour leur don- ner ce but d'utilite que tout sage traducteur devrait se propo- ser. N'est-ce pas prendre une peine prosque inutile que de traduire un ouvrage dans un langage qui n'est plus celui du tenis oil Ton ccrit? et n'est-ce pas en restreindre la connais- sance et la propagation a un petit nombre de savans ? 233. — Lettere familiari di celebri Italiani antichi e mo- derniy corredate d't grammaticali e t.ipografiche annotazioni , etc. 486 LIVRES feTRANGERS. — I.etlres familieres d'ltaliens celebres , anciens clmodeines, accompagnccs d'annofafions giammalicales et typographiques et dc plusieurs observations comparatives pour I'exacte pro- noriciation de beaiironp demols, cic. ; par Francois Antolini. Milan , 1825 ; L. Cairo. In-i6. L'llalie possede unc quanlitc prodigieuse d'epistolograplies et de recnells de Iftlres. On pourrait en former line biblio- tlieqiie ; cependant, on ne cessepasde Tangmentcr encore par de nouvolics editions de ce genre. Qui pent dire si le re- ciicil de M. Aiitolini sera Ic dernier? En attendant qu'un autre le fassc oublier, nous pouvons assurer qu'il sera d'une grande utilite pour ceux fjui cultivent I'etude de Ja langne italienne, et qui aiment a la prononcer avec exactitude. 23/|. — Elogio del conte LuigiConouis XVIIT, il est sorii de ses chaiges et de son dernier minislere, sans avoir d'aulre fortune que la pension allouee ordinairemenl aux ministres en retraite , et qu'en mouranf il a du recominan- der au roi de France une fainille qu'il laissait dans la pauvrcle la plus linnorable. Ses qualites morales et intelleotuelles, que les vicissitudes dc la revolution n'ont servi qu'a developper , sont dignement appreciees par I'aiiteur de I'eloge que nous annoncons. Ce qui etait plus reniarquable dans lecaractere de M. Corvetto, c'elait une genereuse disposition a faire le bien etun caractere doux et modeste, qui contraslait avec ses haules dignites. II scrvit avec zele la France, sa patrie adoptive, sans oublier jamais sa patrie nalurcUe. 235. — * Nuoi'o Strtirnentf) per facilitare lo studio delle linguc , etc. — NouveJle melhode pour faciliter I'etude des langues , invenlee ])ar Gio.-Giacoino Cheloni. Livourne, 1825 ; Masi. In-8°. L'auteur nous assure que I'lnvention de la metbode dont il presentc un modele, lui a coule des recherclies et un travail de aS annees. Cetle metliode consiste dans une espece de dic- tionnaire analyiique, au moyen duquel les langues se reduisent ITALIE. /187 a iin petit nombi'e de mots fondamcniniix , classes selon la nature des objets qii'ils expriment, et I'usage qu'on en fait dans le discours. On a successivement ajoiile a ces mots jes ])lus usiies et les plus communs , d'aulres mols qui ont plus de rapjioils avec eux. Ainsi , le dictionnMiie , comme le lan- e;-age, lecoit des augmentations insensil)les par le moyen de i'analogie; Ces rapports bien npercus ])euvent donner sans doute plus de liaison et plus d'ordre a la multitude do mots, qui a fait ordinairenient des dictionnaires une sorte de eliaos dont la momoire et I'elude la plus obsliiiee s'efforcaient en vain de s'emparer. Enfin, I'auteur applique a la science des mots la marclie suivie avec tant de succes pour la science des clioses , et par laquclle on ])rocede du connu a Tinconnu. Dans VAnthologie de Florence ( N. 5^, p. ia8), on fait ])res- senlir que cetle nouvelie methode a quelque ressemblance avec celle que M. Ordinaire a introduite si heureusement en France pour rcnseignement des langues; mais, comme les niemes principes et les memes procedes pcuvent recevoir dans leurs applications des modifications importantes et pro- duire des resultals tres-dilTerens, nous invitons M. Clieloni ;i nous faire part de ceux que sa methode obtiendra ulterieu- rement, afm de mettre m.s lectcurs a meme d'a])precier I'lili- lite reelle de cette methode, ntilitc qui ])arait dopendre sur- tout des avantages que Ton pent retlrer de son dlctionnaire. 236. — * Storia della letteratura grcca profana, dalla sua origine sino alia presa di Costantinnpoli , etc. — Ilistoirc de la iitterature grecouo-, profane et sacrce , depuis son origipc jusqu'a la prise de Constantinople par les Turcs, avec un Precis de la Iransplaniation de la Iitterature grecque dans rOccident; ouvrage de Francois Schoell, Vraduit en italien , avec remarcjues et additions, par Einilio Tii'Aldo, de Cci- phalonie. Venise, iSaS; Alvisopoli. 3 vol. in-8°. L'ouvrage en comprendra dix. Eclaire par une critique judicieuse et par les Conseils de quelqucs amis severes, M. Schoell avait refondu presque en entier la premiere edition de son ouvrage. C'est done sur la seconde edition francaise que M. Tipaldo a fait sa traduction, augmenfee de comnieiilaires et d'cclaircissemens tjui scrvcnt souvent a reclifiei' les opinions de i'auteur allemand. Le Ira- vail de M. Sclioell , generaicment estimt', n'a plus besoin de nos eloges (Voy. Rev. Enc, t. xxvii , p. 88, une analyse de cet important ouvrage); mais nous devons rendre justice an zele du traducteur, donr les notes ont ajoute beaucoup de ]uix 9 cet ouvrage. II fait prenve de beaucoup d'erudition ; et, ce /,88 LIVKKS KTRANC.ERS. qui vaul luieux encore, de eel amour dc la patrie qui le porte loujours ii parler de la gloire lilttrairc do la Grcce avccl'eii- thousiasme qu'eiie inspire a tous ceux fjui savent rapprccler. Peut-etre cet enthoiisiasme I'enlraine-t-il quelquefois trnp loin; dii moins, son style semble entaclie d'un peu d'empliase et de dtclaniation. Tous les inorceaux grecs rapportes dans Ic texte ont ete traduils par liii, a rexceplion des passages eniprnntes a Ho- mere, el pour lesquels ii a prufere s'en tenir a la traduction de M. Monli. Neaninoins, il ne la sail pas loujours servilemcnt , et (|Uand il croil devoir s'en ecarter, il donne ses raisons avec une modeslie qui fait honneur a son caraclere. En se resu- mant, le traducleiir de M. Schoell semble insinuer que son ou- \rage n'est pas coiicu tout-a-fait sur un i)lan pliilosophique , et qu'a cette condition indisjiensable dans I'liislorieii de la litlerature grecque, il faudrait joindre en meme teins la pa- tience de Tirabosclii et la critique fine et ingenieuse de Ginguenc. 237. — 11 Bardo citarista , etc. — Le Barde citliariste, poeme de Jacques Beattie, traduit en italien par T.-J. Ma- THiAs. Naples, 1824; A. Nobile. In-8°. M. Mathias est bien connu des Italiens corame I'liii des etrangers qui aiment et cultivent le plus leur langue et leur litterature. L'abbe Regnier, parmi les Frani^ais, porta la con- naissance de la langue italienne jusqn'au point de publier, au xvii^ siecle, une traduction d'Anacreon en vers italiens rimes, traduction qui, pendant long-tems, a conserve sa superiorite sur celle des Italiens cux-uienies, et que ceux-ci lisent encore aujourd'hui avcc plaisir. M. Malhias n'est point arrive a ce degre de perfection; mais on peut assurer qu'aucnn des etran- gers qui culiivent aujourd'hui la lillcratnre ilalienne avec succcs, n'a donne autant de preuves (jue liii de zele et de talent. Outre diverses compositions originales, il a public plusieurs traductions de poeiues anglais, tels que le Cnrac- tacus et la Sapho de Mason, le Lycidas de Milton , les Naiades d'Akenside, etc. On apercoit dans toutes ses ])roductions le progtes sensible que I'auteur a fait dans la connaissance de la langue italienne. F. Salfi. 238. — Officina de papiri dcscritta dal calionico Andrea f/e JoRio. — Cabinet des papyrus decrit par le chanoine Andre de Jouio, nienibre honoraire de TAcadeniie des beaux-arts. Naples, 1825 ; Imprimerie francaise, rue St.-Si'basiien , n° 49 In-8° de 85 pages et 3 planches gravees; prix 6 carlins ( 2 fr. 64 c. ). ITALIE. 48g M. lechanolne Jorio est deja lionorableinent connu dans le rnonde lilteraire parses travauxarcheologiques sur Pompeia , Pouzzoles et la galerie des vases du Musee Bourbon. II est plus particulierement connu encore des Strangers que la curiosite conduit a Naples, par i'urbanite avee laquelle il failles lionneurs de I'etablissenient des Studii. L'ouvrage qu'il jiublle aujoiird'hui est du plus liaut interet. II offre I'analyse des travaux entrepris depuis un grand norabre d'annees sur les manuscrits trouves a Herculanum et I'indication des proccdes employes pour oar- venir a les derouler, avee plus ou moins de succes. Une des de- couvertes les plus remarquables faites assez rccemmentestcelle d'un inanuscrit de Phiiodeme attribuant a Theophrastele traite Sur la Politique, que jusqu'ii cejour on a cru d'Arislote. Les papyrus traduits et ])rets a ctre publics, contiennent : 1° deux traitcs sur la rhetorique par Phiiodeme; i" un ou- vrage de morale , du raeme nuteur ; 3° deux livres d'Epicure sur la nalure ; un ouvrage de Chrysippe sur la Providence. Ceux qui sont robjel du travail des interpretes, offrent trois trailes de Carniscus, de Polystrate, d'Epicure et un quatricme d'un auteur inconnu. On doit des remercimens a M. le chanoine Jorio pour'la hardiesse avee laquelle il a souleve une parfie du voile impenelrable a I'abri duquel dorment tranquillement les conservateurs du Musee royal des Studii. E. G. 289. — * Giornale teatrale, etc. — .lournal des Theatres, ou Theatre inedit, italien, allemand et francais. Venlse , 1824, etc. Cel ouvrage est un immense repertoire des compositions dramatiques italiennes, allemandes et francaises qui out paru sur la scene italienne. On trouve, a la fin de cliaque piece, quelques remarques sur le succes qu'elle a oblenu, et des de- tails sur ses representations. II n'est ])as possible que tons ces drames solent egaux en meritc, et il pourrait bien se faire que quelqu'une des trois nations interessecs dans la publi- cation de ce repertoire ne vit qu'un signe de sa decadence littcraire dans cette apparente abondance de richesses. Mais cette connaissance meine ne serait pas sans utilite aux yeux de ceu.\ qui aiment la gloire de leur pays; elle leur sugge- rerait peut-etre les moycns de relever celte gloire, en tra- vaillant a faire renaitre le gout des bonnes etudes drama- tiques. D'ailleurs , une collection comme celle que nous annoncons pourrait servir utilement ce projet, si elle etait accompagnee d'observations judicieuses sur les ouvrages qu'elle reproduit et sur I'art du comedien ; elle tiendrait lieu d'un cours d'experiences, dont le comedien et le poete pour- raient tirer un grand parli pour leur instruclion. F. .Salfi. Ayo LIVUES ETRANGERS. PAYS-BAS. a/jO. — Discou/s de 31. le baron de Stassart, depute de la j)rovii)ce de Nainiir, dans la discussion du budget de 1826, a la secoiide cliambre ties Etats-generaux, le i3 dcccnibie 1825. Namur, Gerard. Nous inscrivons, par exception , dans noire bulletin, ce dis- cours de I'un tics dei)Ulei dcs Pays-Bas le plus distiugues par son zele eclaire pour le bieii ])ublic , et nous lui cnipiuntons un passage propre ;i faire connaiire I'heurense direction cjue I'ad- niinistration suit depuls quelques annoes, ct qui pcul servir de modele aux ministres de jdusieurs anires pays. « L'activilc rendue a notre commerce et a nos fabricjnes par les pensees fecondcs du inonarque; le regime des [irisons anieliore; les routes perfectionnecs et partout entretenncs avec soins Voila ce tpi'il m'est jiermis de louer sans restriction. .le n'ap- plaudis pas nioins au zele que Ton met a pro[)ager I'lnstruc- lion pour les dernieres classes de la societe.... Quelques annees encore, et riiomnie tpii ne saura ni lire ni ecrire sera peut- etre unplienomene plus extraordinaire que ne I'etait riionime lettre ilaiis les siecles de la barbaric du moyen age. « A. G. i!^i. — Geschiedvnis der IScde/ianden , etc. — Histoire des Pays-Bas, depuis les tems les plus recidesjusqu'a nos jours, etc. par G. Bruitjing. Amsterdam, i825;S. de Grebber. 2 vol. in-8". L'autcur de cct abrege annoncc qu'il sera ir.ipartial et q;i'il a pulse aux sources. Cela ne jiarait pas toujours bien demontrc. Quoi (ju'il en soit , son livrese fait lire avec [)laisir , sans cff^iccr toulefols I'ouvrage de M. Van Campen. On voudrait plus d'art dans la maniere de disposer les masses; plus d'indivldiialite dans les pelntures des personnes et dcs epoqucs; plus de cc talent qui foconde la reflexion , sans pretendre la maitriser. Enfin, il y a un cliolx a faire parnii les trails ([ui caracterl- seni: un siecle ou un regne : Voltaire a donne en ce genre le nioilele dcs Rcsuines. M. Bruining nc s'est pas toujours mis en peine de Timiter. De Reiffenbt.ro. 242. — Mtinoires hisloriquessur le marquis deSaiiit-SilvL'itrc J lleutenant-gerit'ral des armees de France , sous Louis XIV; avecle portrait dc M. de Saint-Silvestre , et \e. facsimile do plusieurs lettres inedites prises dans sa correspondancc , par M. DuFAURE de Fercoiirs, son arriere neveu. Bruxelles, 1825. I vol. in-8°. «Le siecle de Louis XIV, comme cenx dc Pericles, d'Augustc I PAYS-BAS. 491 elde Medicis , est an noiiibre des giandes epoques consacrees par I'histoire. Tout ce qui s'y ratlaclie a le droit d'iriteresser lo public ; les personnages qui figurent memc en seconde ligne, dans ce grand tableau, meritent les regards de la posterite. A la suite des Turenne , des Conde , des Catinat, des Luxembourg et des VlUars , on ainie a voir les generaux donl la bravoure et I'intelligence out contribue a leurs victoires. C'est a ce tilre que je me propose de parler de Just-Louis Dufaure, Marcpiis de Saint-Silvestre , ne le 9 Janvier 1627 , a Paris. — Page a la cour de Louis de XIII et a celle de Louis XIV , il fut tumoin des scenes tumultueuses de ia Fronde : C'est la sans doute qu'il puisa cet esprit d'opposition et cette ferniete de caractere qui depuis influerent si puissamment sur ses destinees. » Nous avons transcrit cette premiere page du livre, parcc qu'elle nous a semble propre a donner une idea du style et de la nianiere de I'auieur, M. Dufaure de Vercours, chef actucl d'une illustre famille originaire du Vivarais , etdont il n'existe plus que la branche fixee en Belgicjue depuis ia guerre de h> succession d'Espagne. ^ Le marquis de Saint-Silvestre, apres avoir brillamment servi dans les acinees de Louis XIV et pris une part active aux vic- toires les plus importantes , fut en Espagne, un des lieute- nans- generaux du marecbal de Noailies , avec lequel il eut des demeles tros-vifs. « Saint-Silvestre, etranger a la cour, nous dit son historien , n'ayant d'autres recomraandations que ses blessures et ses longs services , d'un caractere trop energiqiic pour etre souple , n'etait guere en etat de lutter de faveur avec le due de Noailies, commandant en chef de I'armee et favori de Louis XIV. » Ce raonarque repondil aux plaintes reilerees du martichal : « Je vois bien que le desordre regne dans votre corps d'ai-moe ; il faut un exemple , je le donnerai; je suis fa- cheqn'il torobe sur Saint-Silvestre, inais il lui en coutera le ba- ton de Marechal que je lui destinais depuis long-terns. « — ■ II fut rajjpele de I'armee , en 1695 ; il vecut , depuis , dans la re- traite et mourut a Valence , en Dauphine , le G fevrier 1719. Ces nouveaux memoires servent de correctif aux Meinoires de Noailies par I' abbe Millot. lis en seront le supplement na- turel et presque indispensable ; appuyes de pieces juslificatives, lis jettent un nouveau jour sur plusieurs eveiiemens d'une epoque memorable; ils renferment des details curieux sur les funestes expeditions de la Saintonge, du pays d'Aunis et de la Guyenne. On pourrait conclure d'une leltre du marechal de Bouflers que rintenlion positive et les ordres formels de Louis XIV etaient qu'on evitat, autant que cela serait possible. 49* HVRES ETRANGERS. d'en venir aux mains avec les proteslans... On voudrait jioii'- voir justifier un grand jdince des horreurs coininiscs en son noin contte ses snjets d'un autre culte : pourquoi faut-il (iiie la revocntion de I'tdit de Nantes et sesdeplorablcs suites soient venues ternir un regne d'ailleurs si brillant et si favorable aux ])rogres de I'espiit hurnain ? Stassart. '243. — Ferhandelingen, etc. — Dissertations el pieces ine- diles pubiices par M. J. C. De Jonge. T. i^"" , Delft, iSaS; veuve Allan. In-8" de 45 1 p. M. De Jonge, dont nous avons fait souvent mention , est charge dela surveillance des archives du royaume, ouMM.Klult et Van Wyn sont presque les seuls qui aient puise avant lui. Jenne, instruit et laborieux , il se propose d'exploiter cetle precieuse mine. Le premier volume de son recueil offre plu- sieurs morceaux d'un grand interet, sans parler des memoires qu'il a rediges lui-memc siir les Hamecons el les Cabelllaux , I'amiral Van Witte, Corneliszoon Dc With el I'amiral Evert- sen. Une letlre del'eveque d' Harlem au due d'Albe, durani les troubles, esl un monument de palriotlsme et de chariie reli- gieuse. La correspondance des deux freres De Witt n'est pas inoins digne d'atlention. Ces illustres victimes du fanatisme populaire, y apparaissent avec leur majeste republlcaine et repn'sentent cette aristocratic franche et proteclrice dont Wal- ter Scott s'est constilue le panegyrisle. 244- — Dissertation sur I'origine du now, de Beige et sur I'ancien Belgium , par M. Raoux , consellier d'etat j etc. Mem. de I' Acad. T. III. Bruxelles, 1826 ; De Mat. In-4«. M. Raoux ne fait point parler de lui dans tous les journaux ; il n'envoie point son cloge aux biogra])iiies; il ne se glisse ni dans les memoires des conlemporains, ni dans les tahlettes. II se conlente de servir son pays au conseil d'etat et les lettres a I'Academie. La dissertation que nous annoncous est ecrile avec une simplicite lumiiieuse. Les faux jugemens de Clavier, d'Ortelius, etc., y sont redresses. II resnlte de cette discusion que le nom de Beige ne vient pas d'une vilie, qu'il est ante- rieur a I'elablissement des Germains dans les Gaules, el que le Belgium, comprenant !c territoire des Bellovaques, des Amienois, des Atr^bates et peut-etre celui deSenlis, ne re- presentait nullement la Belgique moderne. De Reiffenberg. 245. — Nieu(ve Gedichten. — Nouvelles poesies de Hendiik Harmen Klyn. T. IP. Amsterdam , iSaS. Le second volume de nouvelles po('sles de M. Klyn contient plusieurs morceaux fort interessans. On y distingue surtout les PAYS-BAS. /,93 deux poemes qui ont tSti; his dans la Societe Felix meritix ])Our celebrer la memoire de deux hommes celebres , /r«« Henri \\Ti Swinden cX. Jean AlelcAior Ky.mp^h.. L'atiteur etait I'ami iiitinie du dernier. En general , ies poesies de M. Klyn se distinguent par des pensees philosoplu(|ues , par I'amour de la palrie, et par un sentiment vraiment religieux. 2/(6. — * Verhandelin^en der tweedc Klasse van hot honin- My/i-Nedcrlandsche Instiluut van fFetenschappen, Letterhunde en Schoone Kunsten. — Memoires de la seconde classe de Vlns- titut royal des Pays- Bas ;'i^ volume. Amsterdam, 182/;. In-/," de 378 pages. Ce volume contient une dissertation de M. Guilhmme Lf. CLERCQSurrinfluence que Ies litteratures etrangercs, nomnie- ment cede de I'ltalie , de I'Espagnc et de TAllemagne , a eue sur la langue et la litterature des Pays-Bas, dcpuis le commence- ment du XV* siccle jiisqu'a nos jours. Ce memoire couronnc occupeles 33 1 premieres pages du volume. L'aulenr y a do- ploye de vastes connaissances. II parait connailre la langue et la litteratnre de presque tous Ies peuples de I'Eurone. Mais ce n'est pas seulemenl sous le rapport de I'erudition que cetle dissertation se recommande ; le caractere d'impartialite et la critique judicieusc que Ton y remarque, nemeritent pas moins de lonanges. On peat considerer ce memoire corame un apercu fidele de la litterature des Pays - Bas , pendant cette epoquo. II est suivi d'un rapport de la classe de I'lnstitut sur un vaisseau decouvert en fevrier 1822, dans la commune de Capelle (province de la llollande meridionale). A])res plusienrs conjectures sur le terns auqtiel ce vaisseau parait appartenir, la commission est d'avis (]u'il doit etrc attribue a la fin du xvi' ou au commencement du xvii« siecle. Den Tex. 247. — * Bibliotheque medicale, nntionale et etrangere, etc. rje, TO* et iiecahiers. Bruxelles, 1825 ; H. Tarlier. Nous avons deja fait connaitre le plan et le but de ce jour- nal de medecine, le seul qui solt public en Belgique. ( Fay. t. XXV, p. 461. ) Ce recueil vraiment national est continue avec un zele digne d'eloges, et Ion doit savoir gre a M. le docteur Tallois, de Bruxelles , de I'avoir entrepris , et des solns qu'il donne a sa redactioii. Nous avons surlout remar- que , dans le 9* cahier, une dissertation \nU\\\\ie : Quelqucs reflexions sur I'cmploi des emissions sanguines dans la gastro- onterite, par M. le Docteur Mahcq , de Cbarleroy. L'auteur se montre medccin-physiolngiste eru;lit et bon pralicien. II faiit esperer que iVl. Marcq aura de nombreux imitateurs, T. x\»x, — Fevrier iSaf*. 3?. 494 LIVRES FRANCAIS. et que plusieurs savans medccins el cliiriirgicns dii royaiime des Pays-Bas se feiont iin devoir de payer le Iribiit de leur < x- perience et de leurs lumieres a une entreprise aussi utile que le journal auquei eel article est consacre. C'est cc que Ton doit attendresurtout des professeurs des facultes de medecine, des raembres des commissions mcdicales , des medecins et tbiriir- giens attaches aux liopitaux, etc. Parmi les extraits que la Bibliotheque mcdicale fait desmell- leurs journaux , nous avons trouve plusieurs articles eroprnnits a la Revue Encyclopcdlque . *** LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 2^8. — * Histoire naturelle des Maminiferes , avec des figu- res originales colorlees , dessinees d'apres des animaux vivans-, ouvragepublis, sous I'autorite del'administration du Museum d'histoira naturelle , par M. Geoffrot St-Hilaiue, profes- seur de zoologie au Museum, et par M. Frederic Cuvier, cliarge en chef de la menagerie royale. I" livraison. Paris, 1826; Belin, imprimeur et libraire editeur, rue des Mathurins-St- Jacques, n° 14. i cahier et demi in-fol. de xir ( introduction) et 24 pages de texte, avec 6 planches ; prix 9 fr. 249. — * Traite pratique de la culture des pins a grandes di- mensions , de leur amenagement , de leur exploitation et des divers emplois de leur bois ; par L. - G. Uelam^rre, proprie- taire-cullivateur-forestier. Deuxieme edition, augmenlee d'un Appendice sur les cedrcs du Llban , les melezes et les sapins. Paris, 1826; M">e Huzard. In-8° de 365 pages; prix 6 fr. et 7 fr. 2 5 cent. Chaque reimpression d'un bon ouvrage devrait etre une amelioration •, M. Delamarre aurait pu donner encore plus de merite a celui - ci, en corrigeant quelques erreurs qui se soni. glissees dans la premiere (Edition. On remarque meme, dans son Appendice , quelques inexactitudes qu'il aurait evitees , s'il avait compare plus de temoignages, ou consulte des auteurs mieux inforraes. On pent lui reprocher quel([ues mcthodes de calcul trop peu correctes, et qui dirigeraient mal des specula- tions de quelque importance. Malgre ces imperfections, le Traite de la culture des pins estun livre utile, un expert dont il faut prendre I'avis, dul-on le modifier en quelques points. ILssayons de proiuver le bien et le mal que nous en pensons , SCIENCES PHYSIQUES- 495 et commcncons par ce qui nous a paru le plus digne d'estime. L'auteur s'est attache plus specialement aux prcceptes de pratique ; ce qu'il n'a pas fait ou vu lui-meme, il I'emprunte aux ccrivains qui jouissent de la plus grande confiance , et qui lajustifient depuis long'-tems. C'est done un guide auquel on peut se fier pour le choix des especes, pour les semis, las cul- tures, I'exploitation ; enun mot, le titre de I'ouvrage est rem- pli. M. Delamarre y a rassemble tout ce que les proprietaires- cullivateurs ont le plus d'inlcret a savoir et a faire pour lirer le plus de profit des plantations de pins. — Nous ferons cepen- dant queUptes observations, non sur les methodes d'exploita- lion exposees par l'auteur, mais sur les calculs qu'il y joint. Mesurer, conime il lefait, Ic volume des arbres de differentes especes par la comparaison d'une seule de leurs dimensions, en relevant soit au carre , soit au cube, c'est fort souvent s'eloi- giier beaucuup du vrai ; et si, pour obtenir la raesure de la circonference d'un arbre, on prend una moyenne entre plu- sieurs mesures prises sur plusieurs individus, a differentes epoques, sans tenir compte du mode et de la loi d'accroisse- ment, on evitc, il est vrai, des calculs embarrassans , mais les resultats auxquels on arrive sont presqiie toujours illiisoires. D'aiileurs, comme les proprietes du bois varient avec I'age de I'arbre, celles que Ton recherche le plus , etquidonneraient a un arbre sa plus grande valeur, devancent quelquefois ce que l'auteur appeile la maturite d'un arbre: ainsi, par exeraple , il est constant que les jeunes melezes conviennent beaucoup mieux pour la mature , parce qu'ils sont plus forts et plus elas- liques que les arbres parvenus au terme oil I'accroissement en hauteur est a sa limite. L'intcret du proprietaire est de con- naitre ces variations de quallte et de prix , afin de mieux choisir le tems oil I'exploitation de ses bois sera la plus avaniageuse ; et c'est ce qu'une mesure moyenne ne saurait faire decouvrir. Dans la classification des pins par ordre de grandeur, M. De- lamarre ne place le pin ceinhro qu'au second rang, et borne sa plus grande liauteur a une dixaine de metres, quoique , dans les forets de la Siberie, cet arbre s'eleve meme au-dessus da 25 metres. — Ailleurs, l'auteur dit que les })ins sylvestres sont plus tracans (\a.e. pivolans ^ quoicpi'on ail vu en plusieurs lieux, et notamment dans les Vosges, des pins dont le pivot , mis a docouvert par des eboulemens, n'avait pas moins de 8 a 9 metres de longueur, outre ce quireslait enfoul dans la terro. — Dans I'appendice, on retrouve la roeprise quia fait con- fondre deux arbres qui n'ont de comuiun que d'etre I'un et I'autre conifcrcs e! toujours verds, \e pin cembro et le cedre du 496 LIVRES FRANCAIS. Lihan. Combien faiidrail-Il de lenis pour faire disparaiire de tous les ouvrages d'histoire naturellc et de cnllure cette eircur de lajeunesse de Pallas, reparee jiar cet illusiie voyageur , lorsqii'il cut mieux observe et compare? Pourcpioises Foya<;i's en &'6c>v LlVllES FRANCAIS. portance, ot les autcurs dc cct otivi;ige ont prouve qu'ils sont I'll etal de s'occuper dc clioses plus utiles. ■2^'i.— * Precis Jt's lecons de chiinie ilonnees a la Faculta di-a sciences del'Jcadeinie de Strasbourg , at'fiche, pieccdemnient a chaque lecou, en forme de tableaux, particulieremeul pen- dant la preiiiic'ie pailie du cours; par M. Brantuome, pio- fesscur. Seconde edidon, revue, corrigc'C et auguienlcc. .Slrns- bouri^ , 1826 ; Fuvrier , rue des Hallebardes , n° 23. In-12 de 267 pages ; prix 7 f'r. Un ILvre peut ctre ulile aux j)rofesseurs, sans ttre a la por- tee (les ctudians; niais il convleni aux uns comme aux autres , s'il est propre a rendie Tetucle plus facde et plus fructueuse. L'ouvrage de M. Branthome est du petit noinbre de ceux dont reA')erience alieste I'utilite; et , si uiie telle decision avait be- soin d'etre conlirmee par d'autres tcnioignages, on dirait que le chiiniste de Strasbourg a trou\v* uu traducteur parmi les professeurs allcniands. Get hommage est merite; carmalgre la petitesse du voluiue , ce precis doit etre un aide-memoire trcs- commode, parce qu'il est clair , nielhodique et complet. Rien de ce que Ion sail en chimie n'y est omis : quani aux conjec- tures et aux Lypolheses fjui devancent les faits , eiles n'appar- tiennent point a la science. Outre les lecons donnees par M. Branthome a rAcadeniie de Strasbourg, ce professeur est charge du cours de chimie appliquee aux arts ctabli par I'auto- rite locale, qui en fait les frais. Get enseignement manifeste deja son heureuse influence , et ne pouvait manquer de pros- perer dans une ville remarquable j)ar son Industrie et par les dispositions studieuses de sa population. En offrant I'instruc- tion a la classe laborieuse, les magistrats ont sulvi la tendance generale des esprits : ils ont bien merite , non-senlement de leurs admiuistres, mais de toute la France ; car, ils auront des imitateurs , et renseignenient de la chimie , joint a celui de la gepiuetrie et de la mecanique, completera I'instructlon de nos ouvriers. Avec d'aussi bons guides , le genie des arts ne sera plus sujet a s'ogarer , et noire Industrie ne restera point en ar- riere de celle de I'Angleterre , pourvu toutefois que de nou- velles entraves n'arretent point sa marcbe , qu'on liii perraette d'enrichir Tetat par son aclivite et en suivant ses propres lu- uiieres , au lieu de lui tracer une route qu'elle n'eut pas choisie, de la soumeltre a des lois inutiles, et nieme de iui prescrire des precedes, conformement a I'ancien systeme des mailrises, que certaines gens voudraient remettre en vigueur. a54. — Table exacle dc la pesanteur spccifique des me- SCIENCES PHYSIQUES. 5..i lunges d'alcohol et d'eau , faite par centieines de volunie , de- fennineepar Texperience et le calcul, depuis o d- jusqii'a 20 J du thcrmometre de Reaumur; prccedce de !a descrij)tion de qiielques areometres pour servir a I'usage de cetle table, et de j)lusieurs observations et ex])eriences; par C.-A. de Gouve- NAiN, de rAcademie de Dijon, etc. Dijon, 1826; I'aiiteur, rue des Champs, n° l\i. In - 8° de 116 pages, avec 4 ta- bleaux. La table de M. de Gouvenain est instree, depuis plus de irente ans, dans VEncjclopedie methodique ; mais I'auteur y a joint des instructions qui en rendent I'usage plus facile et plus sur. Sa raaniere de mesurer la quantite d'alcohol melange avec I'eau , a I'avanlage de disper^icr I'observateur de ramener le melange a une temperature fixe, comine I'exige le precede de M. Gay-Lussac. On saura done gre a M. de Gouvenain d'avoir tire son premier travail du recueil volumineuK ou il etait de- pose, pour le mcttre entre les mains de ceux qui voudront le consulter et I'eniployer. Nous avons trouve , dans la meme brochure, le prospectus d'un precede qui doit servir, 1° a marquer tous les litres, billets, lettj:'es de change, etc., de maniere a en rendre inutiles le vol et les fausses signatures; 2° aux auteurs, imprimeurs, libraires-fabricans, etc., pour jjrcvenir et faire reconnaitre les conlrefacons; 3° aux negocians , niarchands, etc. , ])our marquer, numeroter ou ecrire toutes les choses dont ils vou- .dront avoir seuls la connaissance; 4° enfin , a faciliter et assu- rer, dans beaucoup de cas , les transactions entre personnes eloignees, etc. — La Banqiie de France et le Comite consullatif des arts et metiers ont reconnu Timuorlance de la decouverte de M. de Gouvenain, et deux commissions, I'une nomraee par les autorltes administratives , et Tautre par I'Academie de Dijon, en ont constate la realile. D'apres ces temoignages, I'auteur s'est decide a terminer I'ouvrage ou ce precede se irouve decrit. II se charge de I'envoyer, franc deport, dans toute la France, aux personnes qui lui feront parvenir, de la meme maniere, ia modlque somme de 10 francs, qu'il offre meme de rendre a celles qui pourraient expliquer la marque dont il s'agit , niise par un autre. F. 255. — * Planches anatomi.ques du corps humain , executees d'apres les dimensions naturelles , accompagnees d'un texte explicatif, par F. Antommabchi ; publiees par M. de Las- TEYRiE, editeur. Treizieme livraison. Paris, 1826; imprimerie lilhographique de Bregeaut , rue Saint-Marc-Feydeau, n° 8. lin cahier tres - grand in-folio ; prix ile la livraison en noir. !io2 I.IVRES FRANCAIS. ■J.5 IV.; colori.ic, sur papier velin, 70 fr. ( Voy. Res'. Enc, I. XXVIll, p. ^02. ) ii56. — * Dirtionnaire abrr^e des sciences meclicales , t. XIV. Paris, 182G; P;iiirkoii(:ke, cditeur. 1 vol. in-8°; prixGfr. — Le t. XV, aT S.-D. Poissoisr, examinatenr au Corps royal de I'artillerie et a I'Ecole polytecliniqne, mem- bre de I'lnstitnt, etc. ( Imprime par ordre de S. E. le ministre de la guerre.) Paris, iSaS; imprimerie dc Guiraudet, rue SCIENCES I'HTSIQUES. jo; Saiat-Honore, n" 3i5. In-8" de 76 pages, avec une planche. Versle milieu du siecle precedent, Euler pnblia, dans le Re- cueil de I'Academie des sciences de Berlin, un AJemoire sur faction des scies , ou ce grand gi^ornetre fit sentir les ditficultes des applications de I'analyse inalliemalique a des questions tres-complexes, et dent quelques elemens sont peu conniis. Son travail fut sans utilite : les artistes n'etaient pas en elatdo le lire , et les geometres s'occupaient fort peu alors de cos sor- tcs d'applicalions. Cependant, les scieries ont fait des progres , mais les recherches d'Euler n'y ont point contribnc. Le nie- inoire de M. Poisson sur le tir et sur le rccul des bouches a fpii trouverabeaucoupdelectcurs, mais sera-t-il veritablement utile, autrement quecommeexerciced'analyse? L'arlilletie en lirera- t-elle queique profit? N'aura-t-il pas, dans quelques annees, le meme destin que le memoire d'Euler sur les scies? 11 y a lout lieude le penser, car les circonstances de part et d*iiutie sont assez semblables. L'un et I'autre geomelre conviennent qn'ils n'ont point faitentrer dans leurs formules toutes les donnees de la question, parce qu'en tenant comple de tout, lecalcnl scrait deven.ii impraticable. D'un autre cote, les physiciens n'ont pas termine toijtes leurs experiences sur les maiiercs qui eiitieiit dans la composition d'un affut et du canon qu'il ])orle; Ics proprietes de ces corps peuvent elre encore mieux coniiues, mesurees plus exactement : nous ne man<]Uons pas d'officiers assez habiles et assez instruits pour se livrer avec succes aux travaux qu'exige Tacquisition de ces connaissances preliminai- res. Lorsqu'elles seront toutes reunics, les formules pour Irs combiner seront bientot trouvees et plus appropriees a la question qu'ellesne peuvent I'etre aujourd'hui. Onsaura inieuic alors ce qu'il est possible d'omettre dans le calcid, sansaiiurer sensiblement I'esactitude du resuUat. II semble que les sciences niathematiques devraient se borner en ce moment a diriger dans leurs recherches les physiciens et les conslructeurs de ma- chines, a fournlr les methodes de ci.lcnl, a verifier les obser- vations. Quand les machines de guerre seront bien connues quant aux proprietes des matieres qui les constituent, il sera tems d'eludier leur ensemble. Les formules de I\I. Poisson sont un luxe de science qui nepeut nuire, sansdoule, poiirvu que les travaux utiles continucnt, et que Ton proccde suivant I'ordre des besoins. Ces reflexions, par lesquclles nous avons cru devoir commencer, n'altireront probablement pas I'atten- tion en France: ailleurs, elles peuvent etre accueiilies plus fa- vorablement, et devenlr profitables. li est des veriles qui pour 5o8 LIVRES FRANCAIS. L'tre bicn recues ont besoin d't^tre introduilcs avec un passc- j)ort etrangcr. M. Poisson a divise son nicmoire en deux parties , ainsi que )c titre I'indique. II suppose (]ue I'aclion ile la ])ou(lre enflani- meo contie la tulasse dn canon et contrc I'affut pout <5tre re- gardi'C comme line ]:erciission , ce qui est pliysiqiienient vrai cl;ins ce sens qn'iine percussion « n'cst autre cliose qu'une soniine de pressions successives qui ont produit, dans un inlci- ■valle de teins ires court, une quanlite de niouvemeiit indepen- danle de la dnrec de Icur action. Dans la question actuelle, ce tenis est celui cpie !e boulet emploie a se mouvoirdans I'inte- rieur de la piece ; il s'clcve a [icine a un deiix centicnie de seconde... » Le savant autciir suppose de phis que le terrain est liorizontal, et qu'il resiste a !a prcssion sans flexion sensible. II admet encore que la pression cxercee confre le terrain par le poids de la piece et de son affut pent etre negligee par rap- port a celle de la pojidre , qui est infininient plus grande. Ces liypotlieses introduites pour simplifier le calcul sent les seules que I'auleur se permette. Dans cet etat du probleme , il reste- rait a determiner les relations entre les onze inconnues qu'il renferme : d'apres quelques considerations, M. Poisson les reduit a nenf , et donne les equations qui serviront a les deter- miner dans deux cas, lorsqiie les roues seront soulevees dans I'acle durecul, et lorscpi'eiles resteront appliquees contre le terrain. II distingue egalement ces deux cas, en exposant les regies pour calculer la grandeur et la cluree du recul,ce qui forme la seconde paitie de son memoire. Lorsqiie les roues ne sedetaclient ]>asdu terrain , le calcul n'est pas compHque;mais il le devient, lorsque I'affut prend , autour de la crosse, un mouvement de rotation doni il s'agit de connaitre I'etcndue et la duree. L'auteur a determine, dans la premiere partie, l^s conditions auxquelles un affut doit satisfaire pour que cett* rotation n'ait ])as lien; sous ce point de vue, I'art de la cons- truction des affuts pourra profiler dc ce memoire. 264. — * Statique de la guerre, ou Prirtcipes de Stratcgie et de Tactique dernontres par la statique; suivis d^ niemo'ies railitaires inedils, etia pliipart anecdotiques, relatifs ados gene- raux ou a des evenemens celebres , a Dumouriez , a Bonaparte , an plan de defense des Tiiilcrles le 10 aoiit, an \'^ vende- miaire , a I'exjjcdition d'Egypte, aux incendies nocturnes en Espagne, a une nouvelle artillerie a vapeur, ainsi qii'a un grand nonibre d'inventions mililaires : ou Nouvelle edition du Mecanisme de la guerre, considerablenient augnienlee , par le SCIENCES PHYSIQUES. Sf.g baron R*** dc St-C** , aucien colonel d'etat-major, etc., mem- bre de la Societe acadeinique des sciences de Paris, etc. Paris 1826 ; Anselin et Pochard. Iu-8° de 892 pages, avec 6 plan- ches gravees; prix 6 f'r. Get ouvrage peut ^tre eonsidere sous des aspects differens , suivanl que I'atlention se porte sur le merite des difficultes vaincues, ou sur la nouveaute des concej)tions , 011 sur leur utiiite : nous ne I'envisagerons ([ue sous ce dernier rajiport. L'art de la guexTc ne peut etre compare a aucun autre, quant a I'utilite de ses progres. Lorsqu'il s'enrichit de quehjue de- couverte, le jiays qui la possede exclusivement devient plus fort qu'il n'efait : niais, des que le secret lui echappe, les re- lations se retablissent sur I'ancien pied, et personne n'a rien gagne. II n'en est pas ainsi des autres arts ; lout le inonde en profite cgalement et en ineme terns : le bien qu'ils produi- sent est proportionnel a leurs progres, soil en etendue , soit en perfection. Cependant , l'art de la guerre pour- rait etre perfeclioniie d'une maniere dont tous les peuples ressentiraicnt les avantages : ce serait celle qui rendrait ses applications ties-rares, ires -difficiles , et peu fructueuses a ceux qui voudraient encore les tenter. Si le genie des decou- \ertes luilitaires parvenait a rendre les guerres impossibles, ce serait alors qu'il faudrait le mettre au rang des bienfaiteurs du genre hnmain. La meme distinction devrait elre decernee aux hommes doues d'une raison supcrieure et favorises par les circonstances, qui auraient debarrassela machine sociale des rouages inutiles qui rendent ses mouvemens si penibles , et quelquefois si dangereux. Mais le terns de ces soites de per- fectionnemens n'est pas encore arrive; nous sommes meme tout-a-fait hors de la voie qui peut nous y conduire. Dans l'art militaire, en quoi consistent les rechercbes et les projets? en modifications du systenie actuel , introduction d'armes nou- velles, changemens de quelques formes ou de quelques di- mensions dans ce qui compose le materiel de la guerre, etc. Les essais d'innovations dans I'ordre civil sont encore beau- coup plus eloignees du but que Ton ne devrait jamais perdre de vue : on multiplie les entraves; aucun developpement nalu- rel des facultes de I'homme n'esl tolere ; on veul que tout soil artificiel,et surtout la morale; chaque mouvemeut exige un mecanisme distinct, une impulsion exterieure; et, lorsque la machine s'ariete par raction de ses parties les unes sur les au- tres, par I'absorplion totale de la force motrice en frottemens et en oscillations sans effet , on croil avoir atteinl le bIus haul degre de perfection. On est loin de peiiser que le perfection- T. XXIX. — Fevrier 1826, 33 5io LIVRES FRANgMS. nemenlr^el del'ad ministration consistedans I'art de la rendre nresque inutile, et d'obtonir (|ue tout se f;isse spontanc- inent , sans qu'elle ait besoin de prescrire , d'exclter ou de di- Mais revenons a la statique militaire. La nouvellc forme sous laquelle I'auteur a presente les prineipes de slrategie et de tacliqne , ne donnera point a ces prineipes unc [ilus grande lucidite, el ne rendra point leurs applications plus faciles ou plus sures; mais, cette tentative enconragera d'auiros reclierches analogues , et repandra quelque jour sur les metliodes des sciences en general. Ici, I'analogie etait sensible et seduisanle; des forces ]diysiques , du mouvement, I'effet combine desmas- ses et des vitesses; des nombres, et par consequent, la possi- bilite d'applifjuer le calcul. En ])o!itique, I'idce de force se pr«5- sente avec assez de clarte; mais celle d'unc unite de mesure n'est pas tres-distincte, en sorte que nous ne sommes pas en- core en etat de faire une statique politique : mais, cette appli- cation des sciences mrcaniques, de leurs methodes et de leurs formules serait, a coup sur, une des plus beureuses concep- tions de I'esprit mathematique. Elle nous donnerait I'esperance d'avoir un jour une statique de I'eloquence qui est certainement une force, et de la justice qui devrait toujours 4tre forte, et dont les balances rappellent necessairemenl des idees de me- sure. L'auteur ajoule une nouvelle definition de la strategic a celles que nous avions deja : il croit etre d'accord , sur ce point, avec M. le general Jomini; et en effet, les deux definitions ont plusieurs traits communs, mais elles presentent en memetems des differences essentielles, et celle qu'on lit dans cet ouvrage est la plus claire. La strategic, dit M. de R. , est la meilleuie disposition des corps militaires en campagne pour parvenir a faction directe , au choc. Plus dun lecteur, meme parmi les militaires insiruits, n'aura pas encore une idee bien nette de cette partie des sciences militaires, et sen lira le besoin d'ex- plicalions ultcrieures. On doit s'attendre aussi a renconlrer d'autres obscuriles dans eel ouvrage, sans qu'on ait le droit de s'en prendre a I'auleiir ; on ne peidra sans doiite point de vue que I'ouvrage est tres-court, le sujet difficile et le langage nouveau. Mais il faut aussi I'avouer; apres avoir eludie avec soin la statique militaire, on ne sera pas convaincu qu'il soit utile de traduire dans cette langue les prineipes connus de I'art de la guerre. Le dernier chapiire, intitule: Statique des sieges et nouvelles theories appliquees a la defense des places par la force de la vapeur, fera demander si l'auteur a calcule SCIENCES PHYSIQUES. 5ii ies dimensions des macliiiies qu'il piojjose d'ctablii sur cliaque front d'allaque, axec un a])pareil de tiiyaux mnnis de soupa- pcs , pour conduire jtisquc sous Ies batteries de i'assiegeant une vapeur capable de Ies faire sauter; si i'einploi de ce inoyen de defense ne sera pas beaucoup pbis dispendieiix et moins assure que lesgaleries de contre-mines el Ies f'ourneaux ordinaires; si Ies nouvelles dispositions des fourneaux a vapeur seront a cou- verl des moyens de destruction dont I'assiegeant pent toujours faire usage pour se debarrasser de la guerre souterraine , etc. L'auteur predit qii avant peu d'annees , I'artillerie mobile des rempajts et des chemins couverts sera tout entiere a gaz et a vapeur : ceUe innovation capitale ne parait pas , a beaucoup pres, aussi procbaine. Les niemoires de M. de R. sont ires-curieux, el fourniront a I'bistoire des materiaux dont il senible qu'elle n'a point en- core fait un en)ploi convenable. Sous ce point de vue, I'ouvrage que nous examinons n'a pas besoin qu'on le recommande : ceux qui en auront coiiiraence la lecture iront jusqu'au bout, et leurs suffrages sont le meilleur moyen pour attirer de nou- veaux lecteurs. Toulefois , on Si'parera les /aits , qui sont la propriete de Thistoii-e, des iru'entions militaires, (jui restent dans le domaine de la discussion, jusqu'a ce que I'experienco ait fait connaitre leur merite reel. Quelques-unes de celles qu'on trouve ici, ont obtenu d'avance des suffrages imposans : qiioi- qu'elbs n'aicnt pas encore ete mises a I'epreuve , il couvienta tons egards d'en conserver lamemoire, afin d'epargner a la pos- terite la peine de les reinvenier. C'est a I'Eurojje qu'il appar- tient de suivre les recbcrclies de cette nature; d'autres soins occuperont longlems les jeunes nations. Creer un bon systeme de milices; cboisir la maniere de combattre (pji convient le mieux a. la defense du jiays, et ilisposcr le pays pour cetie guerre; prodigiier les moyens de fabriquer des armes, ct ren- dre universelle I'habitude d'en faire usage; surtout , et avant totit, forti6er le sonliuiet.t de la pa trie par tout ce qui le rend dclicieux , par ce qui agrandit I'ame du citoyen : c'est oinsi (ju'on inspire I'indomptable courage civique, ct que Ton assure I'independance d'une nation, au dedans et au dehors. Ce n'est point par la voie des menus details (pie la pensee humaine s'eleve aux grandes conceptions. Le lems est venu de recber- chcr ce qu'il faut stibstituer au syslenie des armees perinanen- les , qui a produit dcpuis long-tems lout le bien dont il etait capable, dont on sent aujourd'hui les graves inconveniens , CI dont, par consequent , les destineessont accomplies. Le pre- mier rang parmi lespeuples apparliendra, sans confredit, a celui 5i2 LIVRES FRA-NCAIS. qui aura le pouvoir et le bonlieur d'operer ce grand chahge- ment. F. 265, — * Des Fonts en fd defer, par Segdin aine. Seconde edition. Paris, 1826. i vol. iii-4°de ir5 pages , avec 4 plan- ches, Bachelier, libraire, quai des Augustins, n° 55 ; prix 8 francs. M. Seguin aine, auleur dc I'ouvrage que nous annoncons , est le premier qui ait eu I'heureuse idee de former les chaines des ponts suspendus avec des cables ou des faisceaux de fil de fer (i). Depuis la publication de la premiere edition de son 011- vrage , dans i'espace d'une annee environ, il a construit, d'a- pres son systeme , uu pont suspendu sur le Rhone, entre Tain et Tournon; ce pont, forme de deux travees, de 85 metres d'ouverturechacune, a resisle a tonles les epreuvcs auxquelles on I'a soumis pour reconnaitre si Ton pouvait sans danger le livrer au public : Tune des travees a ete chargee d'un poids de 69,150 kilogrammes, poids sajxirieur a celui que cetle travee aurait a supjjorter dans le cas ou toute la surface de son plan- cher serait couverre de personnes , et les maconneries des cu- lees , ousont atlacliees les chaines de suspension , n'onteprouve aucun t'branlement; les fils de fer ont parfaitement resiste , et Ton n'a remarque qu'une deformation passagere et prevue d'a- vance dans la courbure des chaines. Ces epreuves, faites en presence des iiigenieurs du deparle- ment de I'Ardeche et des departemens voisius , et le passage de grosses voilures de roulage sur ce pont , depuis qu'il est ouvert a la circulation , ne laissent aucun doule sur sa solidite. L'avantage que presenle I'emploi du fil de fer est la facilite de I'execution ; car il n'est pas de pays oil I'on ne soiten elat de se servir da fil de fer pour des constructions de ce genre , tandis qu'il est souvent difficile da trouver des ouvriers ca- pables de bien travailler le fer en barres, tel qu'on I'emploie ordinairement pour les jjonts suspendus. M. Seguin a done rendu un veritable service a la science , en proposant de rem- placer , dans les chaines des ponts suspendus , le fer en barres par le fil de fer; et en demontraiit , par des experiences et des essais nombreux , I'utilile de cette innovation. L'ouvragc de M. Seguin est divise en sept diapitres : les deux premiers trai- tent des ponts suspendus en general ; le 3""^, des culces ; le 4""' » (1) T'ojez Touvrage de M. Dufour , colonel du genie a Geneve , sur les ponts suspendus en fil de fer ; le Rapport de M. Gihard , de ri/isiicut, sur rouvrage de M. Seguin, etc. SCIENCES PHYSIQUES. 5i3 de la suspension du pont ; le 5°'^ , des cordes verticales des pa- rapets et des amarres inferieures du pont; le 6"' , des plan- chers ; enfln, le 7""^ contient la description et I'estimation d'nn pont construit a Saint-Vallier , dont nous avons deja parle. ( Voy. Rci.Enc. , t. xxvi, p. 817. ) Cette seconde edition renferme , de plus , un extrait du rap- port de I'ingenieur en chef des ponts et chausseesdu departe- jnent de I'Ardeche, concernant les epreuves faites an pont sus- pendu en fil de fer sur le Pihone, entre Tain et Tournon, et line preface 011 Ton trcuve une description detaillee de ce pent. L'ouvrage est termine par trois notes, dont la premiere nc forme pas la partie la moins interessante du travail de M. Sc- guin;elleest relative a la force des fers, et donne les details des nombreuses experiences faites sur ce sujet par cct habile constnicteur. Le but qu'il s'est propose , en publiant son corit, a etc de faire bien connaitre ce nouveau genre de ponts sus- pendus , et de metire les personnes qui s'occupent de construc- tions a meme d'etablir des ponts de cette espece. Pour atteindre ce but, il fallait tout exposer avec detail et clarte, et nous trouvons ryie M. Seguin a reussi; cependant, nous croyons que quelques passages auraient encore besoin d'etre modiGes pour devenir facilement inlelligibles. Ad. J. 266. — * Dicdonnaire geograpkique universel, contenant la description de tous les lieux du globe interessans sous le raj)port de la geographic physique et politique, de I'histoire, de la statislique , du commerce et et de I'industrie, etc. ; par une So- ciete de geographes.l. II, 2' partie ( CA.FR- CHIN ). Paris, i825;Rilian, rue de Choiseul, n° 3; Picquet, quai Conti , n"^ 17. I vol. in-8° de 397-792 pages; prix 14 fr. le vol. Nos lecteurs ont deja su apprecier toute rimportance de cet utile travail, dont M. Verdier a cherche, dans une analyse ., a presenter les avanlages , tout en signalant quelques legers de- fauts. ( Voy. Rev. Enc, t. xxvii, p. 49-60.) Le volume que nous annoncons est digne des piectdens. Parmi les articles les plus remarquables, nous citerons les suivans : mer- Cas- pienne , Caucase , Ceylan , Chine, etc. Du reste , le talent et rinstruction des divers collaborateurs , et le zele des cditeurs nous sont une sure garantie que les derniers volumes auront droit aux memes »5Ioges, aux memes encouragemens que nous nous plaisons a accorder aux premiers. 207. — Dictionnaire geographique et statixtique du depar- tement de I'Aube, contenant la description detaillee de toutes les communes et des principaux hameaux en dependant, avec. 5i4 LIVRES FRA.NCAIS. !eur dislitiice de I'arroiidisseiiieut et du otiet-lieu du deparle- incnt , en lieiies de 2,000 loises; les bureaux et reiais de poste ; I'indicntioii (lei c;inaux, des rivieres flollables et navifjables , des inaniifaclures , fabri()ues, elablissemens d'lilililc piibli- que, clc. ; redi},'e sur des dociinens aiillientujucs, et extrait d'uii onvr.tge inedit siir la p;eographie de la France, par A. Gi- RAULT. Tfoyes , 1826 ; M'"'' Bouquet, i vol. in-18 de 120 pafies. ... . , . Le besoin de donneos statisti(iues, exactes et detaiIlees,doit se faire sentir, non-seuleinent aux amis de la science, mais encore a tons les administrateurs qui ont la volonic de blen remplir leur mission. Sous I'empire, les piefets eux-memes avaient etc charges de recueillir les documens necessairesa la redaction d'une gdographie complete des divers departeinens. Cette mesnre, dont I'utilite ctait incontestable, a prodiiit quel- qucs bons ouvrages. Depuis, le goiivornement semble avoir ab.indoDne cette idee; et si I'on voit encore paraitre dc terns a autre quelque travail precienxsnr la statistique , on le doit au zele eclaire d'administrateurs isoles, ou ineme a de simples particuliers. Parmi les premiers, M. le comte de Chabrol , jire- fet de la Seine , merite d'etre cite honorablement. L'autenr du dictionnaire goographique de I'Aube est au nombre des se- conds. Aussi, faute des documens que le premier magistral d'un departement aurait pu se procurer facilement, son ou- vrage n'offre-t-il pas, sous le rapport de la statistique, cette meme abondance de faits et de details, curieux et importans, que Ton trouve dans les Recherches sur la ville de Paris. Mais , tel qu'il est, il merite encore I'attention de ceux qui, pour etu- dier la geogra|)liie d'un pays, pour apprecier ses ressources en tout genre, ne seconlenlent pas des vagues apercus conte- nus dans les pretendus traites complets. M. Girault paraitbien connailre son departement. La partie topographique surtout nous semble assez complete, quoique, del'aveu meme de I'au- teur, il ait pu s'y glisser quelques erreurs. Seulement, nous croyons qu'il s'est trompe en ado{)tant la forme de dictionnaire. Un dictionnaire presente tous les faits isolement; il ne permet gnere deles reunir, d'en former , pour ainsi dire, un ensemble. Kn tracant tour a tour le tableau de chaque arrondissement , de chaque canton , dans I'ordre indique par la nature et con- sacre par les divisions politiques, il nous semble que I'auteur aurait bien niieux reiissi a nous faire connaitre son departe- ment, sa situation , ses richesses, les mouvemens et les varia- tions du sol, etc. Nous lui conseillerons done de classer ses ntaterianx d'aprcs cette methode, lorsque, apres avoir recueilli I SCIENCES PHYSIQUES. 5i5 des renseigiiemens j)liis detailles siir ia population , les con- sommations, etc., il sedecidera a publier une nouvelle edition de son ouvrage. A. J. 268. — * Cours methodique de geographic elernentairc , dedie a S. A. R. Mgr ie due de Bordeaux, et piesente an Roi ; par P.-H. Blanchet , et A.-D. Lourmand. Paris , M. A. D. Lour- niand, rue St - Louis au Mnrais, n° 79; Dondey-Dupre et Bachelier. i vol. in-12 ; |)rix 3 fr. Les auteurs de la nouvelle geographic ont voulu inlrodnire dans I'etude de cette science un ordre regulier et methodique. lis se sent propose d'elagner tout ce qui y est etranger ; de choisir, parini les nombreux materiaux qui s'offraient a eux , les ]>lus iraportans; et de les classer de maniere a satisfaire la raison , et surtout a aider la niemoire. Leur ouvrage m'a paru obtenir ce resultat d'une maniere satisfaisante. Pour mettre nos lecteurs a porlee d'en jnger eux-inemes , je vais metlre sous leurs yeiix un expose succinct du plan qu'ils ont suivi. L'ouvrage commence par quelques notions preliminaires de geometrie , ou se trouvenl les definitions des choses les plus essentielles a connaitre , comme la ligne , le point , les surfaces, les sblide*, etc. Vient ensuiteune introduction qui contient des notions courtes et claires sur la construction des globes et ilej cartes , sur la longitude et la latitude , la distinction de la geo- graphic en geographic mathematique , pliysi(|ue, religieuse , politique et historique, et quelques details surchacune d'elles. Ici commence le rours proprement dit. II s'ouvre par une des- cription gcnerale du globe, que suit la division de la terre en six parties au lieu de cinq; ce qui, je crois , est une heureuse inpovation; car , il y a bien autant de raison a faire de I'Ame- rique deux parlies distinctes, separees par I'isthme de Panama, qu'a faire trois parties de I'ancicn continent. Ces parties princi- pales sont divisees en regions du nord , du milieu et du sud ; el ces regions elles-raemes se subdivisent en de nouvelles parties secondaires. La description speciale de chacune de ces parties conlient : 1° les bornes, la situa'ioii et la subdivision; 2° les differens objets qui peuvent y entrer, tels que les Mes, pres- qu'iles , caps, montagnes.... villes; 3" enfin, I'indicaiion de la religion , du gouvernement et de la popidation. Celivre sera utile aux personnes qui se livrenta I'etude , oua renseignement de la geographic. Nous le recommandons aux chefs d'institutions et aux eleves, parce qu'il justifie son litre de cours methodique, et qu'il remplit Ic but cjue les auteurs avaient en vue, celui de dire beaucoup de rhoses en pen de mots. Z,oh/j Crivelli. ^i6 LIVRES FRANC AIS. 269. — * Collection cle Resumes geographtques , ou Blblio^' thcque portative de geographic physique, historique et poli- tique, aacienne et nioderne. — Resume geographique de la peninsule iberique, contenant les royaumes de Portugal el d'Es- pagne; |)ar M. le colonel Bort de Saint- Vincent. Paris, i8j'.6 ; Ambroise Dupont et Roret, quai des Atigustins, n" "i-. I vol. in- 18 de 575 pages, orne d'une carle ; prix 5 f'r. La geographic n'a long-tems ere qu'une science pauvre de faits, etroite dans ses theories, incertaine dans ses applica- tions, etla pins humble des subsidiaires de I'histoire. Dans I'an- cienenseignenient, on ne donn;iit presqiiece noni qu'au tableau aride des distributions et des divisions de territoire, variables au gre de la fortune et dela politique. Depuis que I'etude phy- sique du globe est devenue une science de la premiere impor- tance par la richesse des faits qu'elle a recueillls , la goograjjhie j)hysique a prevalu sur la sterile nomenclature des villes et des provinces, qui jadis constiluait toule la science. Alors, le champ le plus vaste s'est ouvert devant les hommes studieux. D'atjxiliairc limide de rhistoire,la geograjihie est devenue son guide le plus sur. En s'appliqnant a determiner la conforma- tion des lieux , en deduisant de I'existence des grands fleuves, moyens de communication, ou de la pre^sence des grandes chaines de montagnes, causes de separation, les emigrations ou les immigrations des families primitives, recoulement des peuplades etrangeres; enfin, en expliquant par la constitution physicjue du sol et de I'air almospherique une partie de ['or- ganisation morale des races humaines , elle a prete un flam- beau a la recherche critique des origines. Sans doute, I'homme n'est pas, comme la plante, un produit immediat du sol : ii se modlfie par ses propres oeuvres. Cependant, a bien des egards, il deraeure eternellement empreint du caractere pri- mitif, emanation de la terre qui fut son berceau; ainsi, la ge- neralisation des connaissances humaines, en rapprochanl toutes les sciences les unes des autres, a successivement agrandi le domaine de chacune d'elles de tout I'espace occupe jadis par les vagues llmites qui les separaient. La geographic, envisagee d'apres cette penseephilosophique, qui raltaehe I'etude de I'homme a celle du sol, et qui le suit , en partant de cette base, jusqu'aux developpemens les plus eleves de la civilisation , n'est plus une partie de Thistoirc.; c'est I'histoire memc. Ce n'est plus une dependance restreinte de la science de I'homme ; elle en devient la branche principale. Ainsi comprise, la geographic, sans negliger les revolutions politiques , place sur le premier plan le tableau deces grander I SCIENCES PHYSIQUES. 5i7 revolutions physiques, dent I'influence sur le sort-de I'hunia- nile est d'une toule autre importance. EUenous limeutau sou- venir de ces vastes scenes de destruction , trop attesteespar les debris que foulent nos pieds. Auprcs de ces grandes catastro- phes qui abiment un continent tout entier, pour en soulever un autre du sein des mers , qui rompent les digues imposues aux oceans, et separcnt on I'Afrique de la peninsule des Iberes, ou la Grande-Bietagne de I'antique Gaule; aupres de ces gi- gantesques dechiremens, nos revolutions poliliques sont, il faul I'avouer, d'une importance bien secondaire. Nulle etude ne montre mieux la petitesse des choses humaines, et n'apprend a les juger de plus haut. Toutefois, nous n'avons garde de pretendre que la se borne I'ulilile de la geographic generale. Son plus grand avantage consiste a nous faire connaitre la situation presente, les forces comparees etles ressources des divers etats; a nous apprendre jusqu'a quel point ils sont arrieres ou avances dans la route du perfectionnement social. La geographic nous initie, par ce moyen , aux mysteres de la vie actuelle des empires ; car elle nous donne la raesure de leur activite agricole, induslrielle et commerciale; tandis que I'histoire, proprement dite, ou his- toire politique, ne nous inslruit guere que du passe. Lc premier volume de la collection que nous annoncons, est le resume de ]& peninsule iberique , par M. Bory de Saint- Vincent. Le nom de ce savant, qui s'est charge de diriger I'en- treprise, est d'un heureux augure pour le succes, et son livre legaranlit mieux encore. Dans ce resume, qui forme un vo- lume de plus de 5oo pages , M. Bory a reproduit la plupart des observations qu'il avait consignees dans son guide du Voya- geur en Espagne , et I'exposilion de son ingenieux systeme sur les monlagnes de la peninsule iberic]ue. L'Espagne dans les di- verses phases de son existence, sous les dominations successives qu'elle a subies, apparail tout entiere avec son antique gran- deur, et avec la vicille fierte (|ui lui reste de ce xvi'' siecle, depuis lequel, ayant alors donne le ton a I'Europe, ellen'a plus fait que dechoir. L'auteur nous retrace , dans des tableaux pleins de vivacile, ces moeurs singuliercs dont la pcinlure n'est pas encore usc-e. L'administralion vicieuse qui tient cepeuple moilie europeen, moitic oriental ou plutot africain, dans une langueur lelhargique, n'ecliappe point aux investigations du geographe historien et philosophe. E. R. 270. — * Guide du voyngeur et de V amateur a Lyon, ou pescriplion historiipie des monumens et des etablissemens 5i8 LIVRf.S FRAWCAIS. publics et particuliers de ceite ville, etc.; par M. €ocrard. Orini d'lin nouxenuplan. Lyon, 1826 ; Pezicux. i vol. in-i'.*. €et ouvrage n'est pas siinpleinent un indicateiir, un cice- rone propre a guider I'elranger qui parcourt la plus grande et la plus imiiortante ville de la France, aj)res la m(5tropole; c'esl encore un livre hislorifjne et statislique , contenant des rcclier- ches prccieuses d'archeologie, qui rappellent souvcnt , par leur interet, celles dc S'''-Foix, sur Piiris. L'auleur, Tun des meir.bres les plus laborieux et les plus dislingues de 1' Acade- mic de Fyon , offre dans ce travail un modele qu'il est a de- sii'er qu'on imile dans les villes principales du royaiime. C'est en mt'lant ainsi les connaissances scientificpies aux ouvtages usuels, qu'on lesrendra popuiaires, et qu'on repandra une ins- truction utile parini toulcs les classes de la societe. C'est la un des services que I'illustre Franklin a rendus a sa patrie , et M. Cdchard, en suivant cet exemple , a donne de nouvelles preiives de I'elendue de ses lumieres el de son zele eclaire pour le bien public- M. De J. 27 I. — * Statistique induatrielle du canton de Creil, a I'usage des mannfacturiers de ce canton. Senlis, 1826; imprimerie de Tremblay. In-8° de 1 10 pages (i). Nous regrettons de ne pouvoir transcrire en entier Vavanl- /)ropos, oil le redaclrur de cette Notice rend compte des motifs qui Font fait ecrire , et de la forme qu'il lui a donnee ; niais la necessite d'abreger ne peut nous dispenser d'en rapporter les passages suivans : ■< Peut-eire , si quelques exemplaires de cette notice tom- baient dans des mains elrangeres au canton, pourrait-elle donner I'idee d'lin travail pareil dans d'autres parties de la France; ce qui ne serait pas sans avantage pour la prosperite nalionale, surtout si ce travail etait revise au bout de quelques annees : il niontrerait I'accroissement ou la decroissance des I'tablissemens manufacturiers pendant ce laps de terns , et indi- querait ainsi les besoins et les ressources de I'industrie. Une (i) L'auteur de cet ecrit ne s'est point nomme. Qu'il nous soit per- mis d'exprimer le regret que I'autorite de son nom , et surtout celle d'uue vie toute debienfaisance, et de vcrtus civiques, nepuissent venir au secours de la raison , dont il est le digne interprete. Nous ne sommes pas dans un terns ou la verite n'aurait qu'a se montrer pour ^Ire recue avec empressement , il fautaujourd'hui qu'elle marcheavec prudence , et qu'elle accepte une sauvegarde : aucune ne lui convient aussi bien qu'un nom venere, et sa confiauce ne pouvait ^tie mieux placee que dans l'auteur de la Statistique du canton de Creil. SCIENCES PHYSIQUES. Sic, slathtique industrielle, (jui embiasserait lous les deparlemensde la France, et a laquclle serait jointe la statistique agricole , serait un travail digned'iin gouvernemeiit bienfaisantel cclaire. Elle serait un guide cerlain et un encouragement posilif pour celte double Industrie. Que d'utiles emplois des capitaux elle feraii connaitre! (lueile immense quanlite de dessechemens, de defriclieinens de terres incultes, elle offrirail a d'honorables et prolilables entreprjses!... « De Vai'ant-propos , passons an post-scripturn de cet intercs- sant opuscule : « An moment ou cet ecrit etait en\oye a I'ira- pressioii , nous recevons YEsquisse topographique et statistique clu depar lenient de I'Oise, exiraite de \' Annuaire jjour I'annee 1826; nous nous enipressons de nous reunir ;.ux habitans du departement pour remercier M. le prefet d'avoir ordonne cet excellent travail. Le tableau qu'il prt'sente de I'agriculture el de I'indiistrie , quoique Ires-soinmaire, n'en est pas moins rempli d'interct el d'litilite. Nous esperons que les Annuaires des annees suivatites lui donneront plus de developpemens , et qu'on y trouvera rindication des terres incultes, des etangs, des terrains conimunaux surabondans aux besoins des com- munes, et dont le defrichement accroilrait les richesses d'un pays dont le sol repond a toules les cultures, el dont les Labitans sonl aussi laborieux que soumis aux lois, attaches a la monarchic constitutionncUe et a la dynaslie regnante. » L'auteur de cette notice a cru ne composer qu'un ecrit d'un interet local, et il I'a rempli des plus grands interets de la pa- trie. Nous sommes contraints a nous borner an resume : citons encore. « Ainsi, dans un espace de qualre lieues sur deux, nous trouvons reiinies i7(.) fabriques, et nous appelons de ce Dom tout etablissement nianufacturier plus ou moins conside- rable , conduit par un chef tpii, travalllant pour son propre compte, n'est dans la dependance d'aucan maitre. Plus de 8,000 ouvriers, bommes el ferames, sont employes a ces differenles industries, recoivent annuellement 4,000,000 fr. de salaire, et fournissent a la consommation une masse de produits dont la valeur ne peut pas etre estimee au dessous de i5 a 16 millions de francs. Sur plusieurs points de la France, I'industrie offre sans doute, dans des cantons beaucoup plus circonscrils, et parliculierement dans les grandes villes , des resultais tout au- trement brillans, et d'uiie plus haute importance; mais il est satisfaisant pour un petit canton rural, dcpourvu de I'appiii de toute ville commerciale, de reconnaitre qu'il n'est pas reste etrnnger aux immenses progres qu'a fails, depuis vingt ans , I'industrie mannfacturiere, et qu'il a sa part dans I'accroisse- 5io LIVRES FRAWCAIS. ment de la prosperite nationale. Ce canton contribuera aussi a repondre aux reprochcs que la nialvcillance, les pri'jug^s ct ('ignorance adressenl quelquefois a i'induslrie, qu'ils denon- cent conime une source de desordres et de corruplion dans les moeurs : il y repondra en ouvrant ses atelici's. Le critique le phis amer y trouvera les ouvriers soumis, laborleux, assidus-, il verra que rivrogncrie esl presque entiereinent ])roscrite; que I'tisage de f'aire ce que les ouvriers appellent le lundi est partout aboli, liors dans quelques ateliers oil la nalure des travaux a oblige de prendre et de conserver des etrangers. Partout il verra une rcciprocitu de bienveillance etablie enlre les maitres et les ouvriers; et il ponrra, s'il veut, consulter les autorites civiles el religieiises, apprendrc d'elles que I'intro- duction de I'industrie dans leurs communes a apporte dans les moeurs une amelioration qui devient chaquc jour plus sensible. « Ici , commencent quelques pages de veriles dont les details statistiques qui les precedent sont les preuves irrecusablcs. II est bien a rcgretter que celte brochure ne soit pas destinee a une plus graade circulation : I'auteur y dt5montrc, par tout ce qui peut convaincre les liommes sinceres et qui veulent ou- vrir les ycux , que I'extrcme division des proprietes territo- riales est le mcilleiir moyen de donner a la terre le plus haut degrc de fecoiidite. Avec du travail et de I'economie , une faraille vient a bout d'acheter un coin de terre, et le ciiltive a la beche; I'ambition de I'ouvrier est de devenir proprietaire. Si les pretentlus amis de la monarchic parviennent a recomposer les grandes proprietes, ilsauront obtenu en meme terns d'autres resultats qu'ils ne redoutent point et qu'ils recherchent peut- etro : I'induslrie, qui leur porte ombrage, sera paralysee; des millions d'individus, qui aujourd'hui sont contens de leur sort, seront plonges dans la misere; on verra reparaitre les vices que I'aisance avait eloignes. Pour combaltre les desordres inevi- tables dans cet eiat des societes, on comptera sur I'efficacite des snppliccs, moyens de gouvernemcnt qui dispensent d'habi- leie, ct qui sont peut-etre indispensables, lorsque lenombredes riches n'est que de quelques milliers^ et celui des pauvres de plusieurs millions. Nous nous abstenons a regret de tran'orirc les observations de I'auleTir sur I'utilite, la nccessite des stalistifjues completes et souvent rcnouvelees, qui represenlent fidelement I'elat d'uue nation , aux differentes epoques oil elles furent ecrites ; qui marquent les progres et les changeraens, eclairent les ciioyens surk'urs veritablesint^rets, et les gouverneraens suf SCIENCES PHYSIQUES. 52 1 leurs devoirs. Plusieurs de ces pensees, expriin^es dans les leimes les i)Iias precis, peuvent etre retenues comnie aulant de maximes; et ce n'est ])as le raerile du style qu'on y reinar- quera , quoiqu'il soil parfaitement assort! au sujet : tout occupe du fond, le lecteur ne peut faire attention a la forme qu'aprcs avoir relu plus d'une fois , et c'est alors seulenient qu'il s'aper- coit du talent de I'ecrivain. 272. ■ — * Physiologic du goiit , ou Meditations de gastro- nomietranscendante ; ouviage theorique, liistorique et a I'ordre du jour, dedie aux gastronomes parisiens par un professeur , membre de plusieurs Societes lilteraires et savantes ; avec celte epigrapbe : « Dis - rnoi ce que tu manges , etje te dirai ce que Z«ej.» Paris, i825; Sautelet et C'"^- 2 vol. in-8°; prix 14 fr. II estdes ouvrages qui peignent une epocjue : la Physiologie dugout serait-elle de ce nombre ? Serait-il vrai que , parmi les habitudes representatives, on dut compter la gourmandise ? Aux yeuxde certains personnages imniobilesau centre de la le- gislature, cetie question n'en est peut-elre jias une. On pretend que , pour eux , Taction de voter est la consequence de cellede diner en ville; la raedisance liberale a fait prevaloir cette opi- nion ;de li^alins cliansonniers I'ont rendue populaire. Nous voulons croire toutefois que c'est une caloninie, ou que du moins on a beaucoup exagere les cboses. Le gout , ou plutot la pas- sion gaslronomique, ne sontpas aujourd'hui particuliersa une classe de la societe : toutes en sont plus ou moins atteintes; et ce siecle n'est pas seulement dogmatique et raisonneur, il est encore essentielleinent gourmand. L'auteur de la Physiologic du gout rend plus d'une fois hora- mage a celte veritc d'observation, qui doit servir a juslifier son livrc. La gastronomic, qui ne fut long-tems qu'un art se- condaire, s'eleve , dans la Physiologic du gout, a la dignitc d'une science; etil faudra quelque jour que nos nomenclateurs lui trouvec.t une place entre la medecine et la chimie. l^e pro- fesseur travailleavec zelea cette emancipation de I'art culinaire; son ouvrage n'esl pas seulement le fruit d'une longuc expe- rience; il prouve dans l'auteur autant d'exercice que d'etude. Plusieurs meditations sont de vrais trailes d'hygiene ; telle est celle oil l'auteur reveie au beausexe le double secret de maigrir ou d'enp;raisser a volonle; secret admirable qui doit eire mis au nombre des inventions les j)lus utiles du siecle. La Physiologic du goilt, assemblage assezconfusde fragmens detaches, et souvent mal assorlis , n'estni un livre bien fait, iii un bon livre ; mais cet ouvrage abonde en anecdotes piquantes, en fails curieux, en receltes precieuses , et on pent lire les deux 523 MVRES FRANflMS. volumes de suite sins eniuii. Ce m^rite est Irop rare pour de- voir ^ire dedaigiu'. D'aiileurs, le zele, ou jilutot la ferveurgas- Ironomique dii professcur edifierait les gastronomes :sa gravite deridera les lecteurs les plusserieux, etson stylo meme, reinpli d'expressions etranges, et de lours qui ne sont qu'a lui , porte un caractere d'originalite qui ne d<5plaira point dans uiipareil sujet (i). L. T. Sciences religieuses , morales et politiques. 273. — Lettres sitr I'ltalie , coiisiderce sous le rapport de la religion; par M. P. Dejoux , membre de plusieurs Socieles savantcs. Paris , i825; Mequignon-Havard. 1 vol. In-8. en- semble de plus de 700 pages , sortant des presses de I'lmpri- raerie Royale. L'auteur est un ancien ministre protestant , ci-devant col- laborateur de Court de Gebelin, et auteur de la Predication du chri.stianisme, ouvrage en 4 vol. in-8., publies en i8o3. II a, depuis qnelques annees, embrassc la religion calliolique, et il a compose ensuite les Lettres sur I'ltalie, dans la vue de juslifier son changement d'Eglise , lequel a fort pen besoin de justification, puisqu'il a use de son droit, oboi sans doute a sa conscience, et imite de grands cxemples, a commencer ])ar saint Paul et a finir au celebre baron de Slolberg, au- teur d'une savanle apologie du calhollcisme. II fait partout de grands eloges des monasleres, des belles egliscs, des cer(5- monies , des habitudes et des dispositions morales du clerge d'ltalie ; enfin des Jesuites et des Sulpiciens, et de I'abbe de la Mennais. Cependant il ne parait pas, d'aiileurs , qu'il ait ajout<5 a son catholicisnie Ics doctrines ultiamontaines sur la domina- tion temporelie indirecle du clerge et du jjape ; il ne se declare pas anti-gallicaii. II nous promet sur rantiipiite , sur I'histoire des Etrnsqncs avant Romulus, et sur les differens dialectes de la langue italienne, un ouvrage purement litleraire, qui aura pour litre les Soirees napolitaines. i']!i. — Le Vatican , ou Portraits fii.storiques des Papes depuis saint Pierre jusqu'a Leon sii ; par M. Amand Saintes, ex - professcur. Paris, iSaS; Lugan. In-8. de 3oa pages, avecdeux planches lithographiees ; prix 5 fr. 5a c. (i) Pendant que cet article ^tait a rimpression, l'auteur, M. Bril- j:,at-Savarin , coDseiller a la Cour de Cassation , est mort <\ Paris , anres une maladie de quelques jours. N.d. R. SCIENCES PHYSIQUES. 5^3 Les persortnes iHodeit-es avaient tiouve Irop salirique un volume (3e m^me genre que celui-ci, public, en 1822, par feu M. Lloiente, sous le litre de Portraits des Papen. L'auleur du Vatican a su garder un juste milieu enire radulatiou et le denigrement. Son livre est exact et pureinent ccrit , et la ve- rite n'y est |)oint sacrifice a I'ultramontanisme; il ser:i recherche par les hommes impartiaux de toutes les opinions; il peut etre inis sans inconvenient, disons mieux , avec avantage , sans risques pour la foi , dans les mains de la jeunesse catho- lique. 275. — * Libertei, de V Eglise gallicane , suivies de la Decla- ration de 1682 et d'autres pieces authenliques , avec une in- troduction et dcs notes; par M. Dupin , avocat, avec cette epigraphe de Bossuet : Conservons ces fortes maximes de nos peres , que l' Eglise gallicane a trouvees dans la t^-adition de I' Eglise universelle. Seconde edition. Paris, 1826; Baudouin. I vol. in-i6 dc Sa/i pages; prix 3 fr. Cette nouvelle edition d'un recueil, plus necessairc que ja- mais, est considerablement augmentee et perfectionnec par des changemens et des corrections de la plus grande juslesse. On y remarque la circulairc curieusede IM. I'eveque d'Hermo- polis , qui gouverne chez nous toute I'instruction pubiicjue par des ordonnances ou par des ordres, vu que, par ces or- donnanccs , la plupart de nos lois sur celte matiere si grave ont entierement disparu. La circulaire en question sera , pour plusieurs eveques, une dispense temporaire de residence : ils sont appeles a Paris pour y faire revivre de liautes eludes ecclesiastiques. Cependant, il est ecrit que la science du salut est la science i\c^ pauvres et des humbles; qu'il ne faut point rechercher la science des chases hautes [alta sapere); que toute /iflwfettr sera abaissee , est en abomination dcvant Dieu ; enfin, jusqu'cn 1826, I'Eglise n'avait point parlc^ de aautes sciences ecclesiastiques ; ce n'avait jamais ete son langage. 276. — * De la noblesse de la peau , ou du prejuge des h lanes contrc la coulcur des Africains et cclle de leurs descendans , noirs et sang-mele ; par M. Grecoire, ancien eveque de Blois. Paris 1826; Baudouin freres. Brochure in-8° de 75 pages; prix 2 fr. Une loi de 1825 defend, sous peine de mart, a tout Francais 7, a une loi de 1042 arti- cles. C'etait beaucoup, c'elait une riche niatiere imposable , procutee, d'apres le code civil, a la regie du timbre et de I'cu- registreineiit, en grevant outre inesure Jes miiieurs reels et Cctifs, les pauvres, les dcblteurs et leurs creanciers. Avec ses in-quarto sur la procedure du Chatelet de Paris, M. Pigeau avait compose noire code de procedure civile ; avec ce code , il recomposa deux autres in-quarto sur ia procedure acluelle- ment prescrite en France; ces Ira^vaux eurent tant de succes que cet outrage, devenu classique, avail deja obtenu trois edi- tions epuisees, quoique tirees a un grand nombre d'exemplai- res. La quatrieme, que nous annoncons, est enricbie par M. Cri- velli, son editeur, d'additions utiles et nombreuses, fort ciairement redigees, conlenant ce que la jurisprudence des arrets a decide en cette matiere, soit en suppleant aux doctri- nes de M. Pigeau, soit en les adoptant, soit en les rejetani. Cette nouvelle edition est un service reel rendu a la science, aux magistrats et aux hommes de loi; elle fait bonneur aux lumieres et aux taleus de M. Crivelli, corinu deja par (luelques bons ouvrages de droit. II est aise de prevoir que le terns fera dans la suite ajouter a ces deux volumes deja si pleins, un troisieme ■volume consacre a I'exposilion des doctrines des divers ju- risconsuJtes sur la matiere dont traite cet ouvrage, et jiour en forriger les formules, qui ne sont ])as toutes sans defauts. Si le code civil etait refondu , un pcu abrege, ameliore, non pas seulenient au profit des plus ricbes , mais en nienageant , ])ar de sages dispositions exceptionnelles, les interels si loucbans et si malbeureusement oublies des pauvres, des mineurs de loute espece, des debiteurs et des creanciers, I'on pourrait . sans grossir le code de procedure, le rendre moins ruineux ou plus avantageux a la grande multitude des iuteresses, et reduire de beaucoup le nombre et la grosseur des volumes de nos traites sur la procedure civile. Ces traites ne dispensent 5a8 I.IVRKS I RAlN(;ublication. II esl auleur de divers ouvrages doiit nousavons di-ja fait I'cloge, ct particulicremcnt d'un Coup d'ceil sur les aisurances sur la "vie des homines , qui est a sa [\^ edition. " Francoeur. 283. — * Tables synchronistiques de I'histoire anc.ienne et mo- derne, contenant lesprincipales epoques del'hisloire politique, reiigieuse et litteraire, ainsi que celle des inventions et des decouvertes les plus importatites; par Jean- Frederic Lamp, professeur d'liistoire et de geographic. Paris et Strasbourg, 1825. In-4°. M. Lamp, qui estdej.i connu par une Ires-bonne geographic elenienlaire , donne ici un nuvrage beaucoup plus etendu ct plus important pour toutes les classes de lecteurs. Ainsi qu'il le dit , dans son avant-])ropos , I'etude de I'histoire, qui n'l'lalt ])our les anciens qu'une tache facile et agnable, est de venue pour nous un travail immense, dont chaque jour augmenle I'cten- due et les difficultes; vingt siecles nouveaux , des peuples in- nouibrables, ignores par I'antiqiiitc, ont tellement complique les fails , que le savant iui-mtme ne pourrait , par les seules forces de sa memoire , coordonner towjours la marche des eve- nemens, s'il n'avait en menie tems un guide materiel, un ta- bleau qui lui rappelat exaclemeiit tons les contemporains de I'evenement auquel il s'arrele; enfin , pour emprunler encore une phrase a I'auteur, les tables chronologiques sont aussi nccessaires a I'etude de I'hisloire , que les cartes le sont a celle de la geographic. Rien de mieux entendu que la disposition de I'ouvrage que xious annon^ons, et de chacuil de ses trente-sept tableaux. Les empires qui ont eu des points de contact plus frequeiis sont souveni places dans la meme colonne; et les colonnes y ga- gnent en ciarto. L'histoire ecclesiaslique en occupe une a elle scule; c!le n'est ])oint restreinte a la seriedes papes : elle donne aiissi un a])ercn des differens schismes et des decisions des conciles. Uneparlie qui merite surtout I'atlention des lecteurs, est celle que M. Lamp a consaci'ee aux sciences , aux leltres et aux arts. .Sans doule , la nature de I'ouvrage a contraint I'auteur a enoncer quelqnefois avec precision ce qui, parmi les savans, est I'objet de contestations ; elle I'a force d'assigner des epoques fixes a plusieurs ecrlvaiiis , quoiqu'ou ne saclie pas exaclement le tems oil ils ont vecu ; mais ce defaut elail 53o LIVRES FRANCAIS. inevitable. Les savans tie nos jonrs lemplissent les dei-iiieics colonnes, sans que In moit les ait ranges dans le domaine dc riiistoire; M. Lamp a fait cette exception eti faveur de quelques liommes trop univcrsellcment celebrcs pour que leur nom pi*il manquer a ses tableaux ; mais nous pensons qu'il aurait mieux fait de se disi)enserde toute exceplion, et cela, non dans I'interct de petits aniours-propres blesses, mnis dans celiii de la science elle-meme , aussi bien que de la litteralure, qui s'elonnent de ne voir qn'une seule fois les noms de INiebuhr, de ChampoUion, sans qu'il soit fait auctine mention de Mannert, de Tliorla- cius, de Creulzer, de Goerrcs , ni de beaucoup d'autres hom- ines que I'Europe savante revere. On se demande aussi com- ment, parmi les moits illuslres , madame de Slael se trouve oublice. Toutcfoisj nous aimons a le repeler, le livre de M. Lamp est , de tons ccux du meme genre, le plus utile , le plus com- plet et le mieux dispose que nous connaissions. II s'arrele , pour la France , au sacre dc Charles X; jioiir I'Amerique, a la bataille d'Ayacucho , gagnee par le general Sucre; enfin , pour la Grece, aa debarcjuement d'Ibraliim. Puisse une se- conde edition apprendre a nos neveux que les barbares oni ete ar.cantis par les Chretiens! Puisse la valour et la Constance d'une nation nialhenreuse sauvcr par de brillans succiis I'bon- reur des peiiples civilises, et epargner a ce siecle de lumiei'c une tache etcrnelle et ineffacable ! P. Goluery. a8/|. — * Resume de I'ltistoire des Juifs anciens : par M. Leon Halk-vy. Paris, 1826 ; Lecointe el Durey. In-18 dc 894 pages; prix 2 fr. 5o c. Plusieurs de nos modcrnes historiens, s'affranchissant du severe examen qii'exigent les faits , les enchainent les uns aux aulres, sans s'inqui('tcr de leur certitude, ni de I'instruction morale qu'ils peuvent offrir; iisecrivent, disent-ils avec Quin- tilien, pour raconter,non pour prouver : scrihitur ad nar- randuin y non ad prohandum.^Q\\% pensons comme eux , que celui qui ecrit I'histoite ne doit se jiroposer aucun systeme, ne favoriser le triomphe d'aucune cause, d'aucune idce,ne prevoir aucune consequence politique on morale des evene- mens qu'il raconte. Mais, n'est-ce pas abuser cirangement de la maxime du rheteur latin, que de se croire affranclii de lout effort jjonr trouver et dire la veriie qui seule eleve les annales humaines au-dessns des fictions poeliques ou romancieres. II n'est que I'hlstoire sainte qui, par sa nature meme, puisse echapper a lout examen critique. Comment, en effet, appli- quer les lois de la nature et de robservation a des prodiges, SCIENCES MORALES. 5^i li(iue. Apres avoir vu le monde delivre des jirejuges funestes quise sont opposes si long-tems a leur cjnan- cipation, ils ont a se delivrer maintenant de leurs propres pre- jugcs. Leur culle a besoin de reformes, dont I'urgence est icconnuepar lous les esprits eclaires, Ce cidte n'est pas enro- ])Len, il est asialique; ii gene, dans beaucoup de parlies, I'exer- cice des droits et des devoirs civiques. Je les engage done a se defier de cette grande tolerance qui leur permet I'observa- lion libre etpublique d'une foule de superstilieuses pratiques qui tendent a maintenir entre cux et leurs freresdes aulres com- munions, une ligne faelieuse dedemarcation.il est qiielques honimes , je le sais , qui n'accorderont au judaisme pais et pro- tection, qu'aulant que le judaisme auia des superstitions et des barrleres; ils sont chreliens pourtant, et devraient savoir que la religion de Moise, raraenee a son principe pour subir les nouvelles formes qu'exigent les besoins du tems, reproduirall le chrislianisme primitif , si etrangement dcfigure par les plia- 532 LIVRES FRANgAIS. li-ions dii tem?. » Ce qui tloit, sail.-) contrcdil, le plus hater les rcfiuines (|u'ap|>elle M. ILilevy, c'est r{ipj)a! illon , parmi les juifs , d'hommes eclaircs commc lui; leurs exeraples et leurs lecons lie sauraient rester long-tems sans influence chez mi jieuple qiii s'honore de leur caraclere et de leur faknt. P. Crussolle-LAMi. •iS5. — * Resume i^encral de I'histoire inilitaire ties Francois par cainptigiies , depuis le commencement de la Revolution jus- qua la Jin du rcgne de Napoleon ; dedie aiix veterans de I'ar- mee, ornc de portraits , plans et cartes. — i'^"' livr. Expedition d'Egypte et de Syrie ; jiar M. Ader; revue, pour les details strategiques, parM. le general Beauvais. Paris, 1826; Ambroise Dupont et Roret. i vol. in-i8 de 356 jiages; prix 3 fr. 75 c. L'expedition d'Egypie est peut-etre, ile tons les evenemens extraordinalres de la revolution francai»e, celui cjui frap|)e le ]»lus I'imagination. Une arniee , aussi brave que disciplinee, s'elance sur les ailes de la vicloire dans des regions lointaines qui , depuis les Croisc's , n'avaient pas ete foulees par les soldats de rEuro])c. Elle est escortce d'un corps nombreux desavans, destines a fouiller cette terre de prodiges, et a foire revivre, en exhuinant ses gigantesqucs monumens, la civilisation de I'antique Egyptc. Elle est comniandee j)ar un general, auda- cieux dans ses conceptions rapidcs , fecund duns ses moyens de succes , savant dans I'art de juger et > — Voir! quelques traits de la censure imperiale. « Un liomnje de lettres, connu par plusienrs ouvra- gcsestimes pour I'instruction de lajeunesse, avail soumis a la censure un manuscrit dans lequel il rapporlail le fanieux entre- «ien d'Auguste avec Agrlppa et Mecene, relativement a I'in- tenlion, reellc ousupposee, qu'ildisait avoir d'abdiquer Vcm- pire. Get entretien qui a fourni a Corneille la nialiere d'une de ses plus belles scenes , fut balonne, sans pilie , par M. de la S***, referendaire a la cour des comj)tes. Indigne de cctic suppression , I'auteur va demander justice a M. de Pomme- reuil. « Le censcur a bien fait, lui repond ce general, direc- teur de la librairie ; je ne veux pas que ce morceau soit ini- priine. » Une liistoiremanuscrile, du meine auteur, fut envoyce a M. Lac*** le jeune. Lorsqu'il alia voir ce censeur pour lui demander ce qu'il pensait de son ouvrage : « L'emperenr , lui dit-il , ne vcut pas qii'on parle ni de la guerre d'Espagne , m aes licences. » II est a regrctter cjue I'auteur ait borne la son hisloire de la censure, et qu'a ces recits deja vieux , il n'cn ail, pas ajoutequelques-uns d'une date encore plus contcmporaine. J'e.xtrals, en linissant, quelques llgnesdu chapltre consacre aux fetes que le gouvernemcnt donne aii peiiple. Le narrateur I er- mine par les reflexions suivantes : « Ce n'etait pas ainsi que les ediles de I'ancienne Rome traitaient le peu])le roniain , apres quelque evenement glorieux pour la rcpublique. lis fai- saient dresser des tables ou quarante mille ciloyens pouvaieni s'asseoir et satisfaire leurappetit avec les mets qui leur elaient servis, sans trouble, sans querelle, et sans faire outrage a la morale publique. « 287. — * Introduction aux Memoires sur la revolution fran- caise , ou Tableau comparatif desmandatset pouvoirs donnes par les provinces a leurs deputes aux Etats-Generaux de 1789; par F. Grille. Paris, iSaS; Pichard, (|uai Voltaire, n" 21. 2 vol. in-8° de 49^-530 pages; prix, 8 fr. « Le titre que nous avons donne a ce recueil , dit M. Grille, dans son avant-propos , semble se justifler de lul-meme. MM. Barriere et Berville ont fait une entreprise digne d'eloges, en piibliant une serle de Memoires sur la revolution francaisc. Le succes de leur operation en prouve I'opportunite. Mais, SCIENCES MORALES. 535 coinbien de fois, dans ces mcmoires, Ic Iccleur ne s'est-il pas trouve arrete , faute d'etre suffisamment informe des causes dont on ne lui presentait que les consequences? II n'avail pas de notions precises sur la marche des cvenemens , sur le terrain tour a tour occupe, sur I'espace pnrcouiu et franchi, sur les formes et les dispositions antecddentes. >- C'est a remplir cetle lacune que I'aiJteur a travaille; il s'est attache a faire sortir d'une volumineiise collection de rnanuscrits et d'imprimes tous les renseignemens propres a lever les doutes, a dissiper les tenebres , a indlquer le point de depart au lecteur , et a le gui- der surement a travers les nombreuses Tersions des divers partis sur cliaque evenement. II s'est livre specialement a une analyse exacte de toutes les notes relatives aux vceiix emis par les trois ordres appeles aux ctats- generaux ; il a mis en quelque sorteces votes en regard les uns des autres, et en a fait remar- quer les differences et les similitudes, de maniere a montrer clairement oil etaient la justice et la droiture, oii etaient le sophisme et la resistance. Ce choix de documens precieux , au- quel a preside un grand bon sens , est precede d'un morceau de I'auteur lui-meme, mlilule : Coup efceil sur les assemhlees nationales , qui prouve a la fois Tetcndue de ses connaissances liistoriqucs, et la sagesse de ses vues sur un si grave sujet. On remarquera encore et on ne lira pas sans interet des cita- tions de plusieurs ecrivains sur la feodalite, reunies sous le tilre de commentaires , a la fin du premier volume. B. 288. — * Esquisses historiques des principaux evenemens de la revolution francaise , depuis la convocation des eiats-geiie- raux jusqu'au retablissement de la maisou de Bourbon; par DuLAURE. 33^ livraison. Table. — 11^ partie. Paris, 1826 ; Bau- douin. I vol. in-8'' de 97-287 pages, avec une carte de la France. (Voy. Rev. Enc, t. xxvi , p. 84.) Prix 4 fr. 289 — * Resume complet d' Archeologle ; par M. Chaai- POLLiON-FiGEAC. T. I^"", avec celte epigraphe : Prisci cevi ves- tigia ; {a'nant partie de {'Encyclopedic portative, ou Resume universel des sciences , des lettres et des arts. Paris , 1825 ; au bureau de I'Encyclopedie portative, rue du Jardinet-Saint- Andre-des-Arcs , n*^ 8 , et rue Tailbout , n° 6. i volume in-Sa ; prix 3 fr. 5o c. Les manuels et les resumes , dont quelques critiques repro- chent Tabus a noire siecle, ont cependaut cetteutilite , qu'ils familiarisent , avec les principes et les resultats des diverses sciences, les personnes qui n'en peuvent pas faire une etudv* approfondie , et qu'ils repandent I'instruciion en la debar- 536 LIVRES FRANQAIS. rassant de cet entourage pedanlesque qui effraie les gens du monde. On sail que ce n'est point pour des erudits que de semblables oiivrages sonl fails; niais il n'en faut pas moins qu'ils soient fails par des SuTans. L'art de choisir dans une science les parties les plus impnrtaiites, ct de Ics lier dans un resume avec gout et miithode , est nioins facile qu'on ne pour- rait le croire. Ne rien uieltre d'lnnil'e et ne rien omettre d'utile , telle est l;i moindre oblig;iiion que Ton contracle envers un public qui ne vent s'instruire qu'en s'amusant, et qui exige qu'un fonds utile soit deguist- sous une forme agreable. C'etait surtout pour VJrc/ieologic <]u'il etait netessaire de ne pas effaroucher des lectenrs tentes de rroire que tout ce qui louche a I'antiquite est empreint de la rouille des siecles, et qui ne songent pas que les graces sonl contemporaines de ces ruiues que les arts embeliissent encore de leurs prestiges. Un homme d'esprit , en se cliargeant de trailer ce sujet, nous donnait une garantie suflisante contre la pesanteur des disser- tations et la secheresse des digressions scienliCques. 11 a su classer avec ordre et rapidite les, sujels les ]>lus curieux de la science des anliquites, el les presenter de maniere a en former un tableau interessant. Nous n'analyserons pas un ouvrage qui n'est lui-meme qu'une analyse ; mais nous rendrons justice a la forme donn^e par M. Champollion a son Resume archeolo- gique. II I'a fait preceder d'une Introduction liistorique , ou il traite de I'utilite de celte science et de ses rapports avec les autres branches des connaissances bumaines , et les divisions qu'il a adoptees alteignent parfajtement leur but. Ce premier volume traite de rarcliiieclure, de la sculpture et de la peinture, et donne des notions elementaires sur tous les genres de moiiumens que ces arts ont prodults , que le terns a resjiectes , et qui nous ont apporte quelques traces des moeurs , des coutumes et des usages des anciens. Le second volume coniiendra la science des medailles, celle des pierres gravees el des inscriptions , et completera I'arclieologie. M. Champollion a dedie cet ouvrage a la memoire de A'lbin- Louis Millin, dont le zele corittaiit pour I'interpretation de Tantiquile figuree attenti en France un successeur. DuMEBSAN. 290. — * Antiquites^tle la Nuhie, ou Monumens iiiedits des bords du Nil; 12""^ livraison. Paris, 1826; Jules Renouard. I cahier grand in-folio. L'ouvrage aura 14 livraisons. Prix de la livraison, 18 fr. ; papier vclin , 36 fr. 291. — Premiere Icttre mr les antiquites de la Norinandie , — SCIENCES MORALES. 53? LiUebonne , — a M. Davois de Kinkerville, fn son cli^teaii du Rlenil, sousLillebonne; jiar //. Raymond, ancien professeuide rUniversite. Paris, 1826 ;N. Maze, rue du Coloiiibier, n" g. In-S" de 99 pages ; prix 1 fr. 5o c. Nous avons annoDce, en 1824, unc Lettre du meine auleur sur qutlques antiquites ct Allemagne peu connues en France. ( Voy. Rev. Enc. X. xxiii,p. 708.) M. Raymond conlinue ses intcressantes exjdorations avec un zele dont on doit le remer- cier au nom de la science. En attendant cju'il public la suite de ses travaux siir les anciens monumeus de I'art qu'il a visites en Allemagne , et qu'il nous fasse connaitre lesrcsultats de son voyage archeologique en Angieleri'e , il iious donne aujour- d'hui des details curieux sur des aniiquiles qui nous tonchent de plus pres, puisque ce sont celles de noire pays. M. Ray- mond les explique avec un zele doublement national, si on pent le dire, conime Francais et comrae Normand. Les ruines de Lillebonne, de I'ancienne Juliohona , paraissent dignes de cet interet ; des debris assez nombrenx de fortifications, d'a- queduc, de theatre, de lonibeaux , de slaliies, un vienx cha- teau gothique, d'antiques eglises, voila cerfainement de quoi jiistifier I'ardeur emj)ressee qu'il met a interroger ces restes anssl venerables ([u'obscurs de la civilisation romaine, gau- loise et normande , et I'esjjece de guerre savante qu'il engage avec les antiquaires (|ui ont ecrit sur ce sujet, et specialement avec M. Rever , le dernier, je crois, qui s'en soit occupe. Sa dissertation , ou sont iraitcs avec beaucoup d'enidition et de sagacite plusieurs questions d'antiquite fort difficiles a resou- dre , sur I'etymologie incertaine du nom JuUobona^ sur le ca- ractere et le litre qu'il est peimis d'attribuera cette ancienne ville, sur I'epoque presuinee de sa destruction, sur I'histoire plus moderne, mais assez pen claire encore , de Lillebonne, presente , en outre , la premiere explication qui ait encore cte donnee de la statue en bronze dore qui y fut decouverte il y a environ deux ans, et que trop pen de persomies ont eu la cu- riosite d'ailer visiter, lorsqu'elle fut exposee a Paris. M. Ray- mond n'hesite pas a y reconnaitre un Mercure, et les preuves qu'il apporte a I'appui de son opinion la rendent, il faut I'a- vouer, tres-specieuse. II ]>rovoqtie h ce sujet la discussion, et Ton doit souhailer qu'il reussisse a faiie nailre une poleniique, utile en elle-meme, et oil son savoir el 'A penetration ne peu- vent que briller beaucouj). Dans le moment present, les anti- quaires de la Normandie sont, s'il faut Ten croire, dans une sorte d'engourdissement dont il cherche a les tirer. II gour- mande \ivemenl la lenteur avec laquelle I'autorite adminis- 538 LIVRES FRANCAIS. Irative du dei)niteineiit de la Seine-Inferleure conduit les fouilles de Llllebonne , I'econoniie qu'elle met dans les depen- ses de celte entreprise, le pen d'empressement que montre a s'assembler la commission d'antiquites qu'elle a instittice, la n':- serve trop prudente de L'amiuaire de la Seine Inferieure , qui ne donne pas du giandes lumieres a ses lecleurs sur des dccou- vertes si intoressantes pour eux ; enfin , le silence de V Acade- viie de Rouen , a laqueile il apparliendrail surtout de s'occuper de pareilles lecherches. Mais, avaiit tout, il s'attaque a I'anti- quaire officiel de Lillebonne, M. Rever , combaltant a outrance ses assertions , tout en lendant justice a son zeie et a ses con- raissanccs. Toute cette discussion est animce par des traits spirituels , et par une gaiete que ne promeitait pas une pareille matiere. Lauteur se met lui-meme en scene avec ceux dont il parle , et la connaissance qu'il a des localites et du personnel de Lille- bonne, pour ainsi dire , donne a sa dissertation une sorte d'in- teret dramatique, qui fait quelquefois penser a I'anliquairedc Waller Scott. H. P. 2()2. — Essais historiqties sur le Rouergue ; par M. le baron DE Gaujal. T. II, avec cette cpigraplie : Pius est patrice facta rcferre labor. (Ovide.) Paris, iSaS; LeNormant. i vol. in-8°; prlx 6 i'r. Encourage par les succes de son premier volume, parle suffrage de I'lnstitut royal de France (i) , et paries eloges des journaux lltteraires les plus estimes de la capitale , M. de Gau- jal , fidela au sentiment cxprime dans son epigraphe , poursuit avec une infatigable perseverance ses savanles recherches sur I'histoire de son pays nalal. II vient de faire paraitre le 2°'' 'volume de ses Essais, ou se trouve renferme tout ce qui s'est passe de remarquable dans cette province, depuis i38o jus- qu'ii 1789. A I'exemple de Tacite, dans ses Annales , il a classe les fails par annee, sans isoler cependant les effels de leurs causes, sans oublier, en racontant un evenernent important , de rnppeler les fails antericurs (jui I'cxpliciuent. 11 rapporte ii- deiement tout ce qui peut interesser les villes, les bouigs, les villages, et meme les families. Fondalion d'hopitaux , de mo- nasteres , de colleges, et autres etablissemens publics, crea- tion de tribunaux de justice, modifications survenues dans (i) L'Insliuu de France ( A-cademic des inscriptions el Lt'lles-lettres ) a, dans sa 8eaDt;e pnblique du 3o jp.illet 1824 , decerne a Taulenr de cet ouvrage une medaille d'or. SCIENCES MORALES. 5?.) radminislration de la province, guerres , t-veneinens railitaires, traits de generosite, de valeur on de cruaute, fetes publiques, receptions de souverains, construclion de monumens, progres des arts, usages, coutuines ct inoeurs des diverses epoques , tout est rapporle dans ce volume avec une scrupuleuse exac- titude, redige avec brievete , appuye sur les autorites les plus irrecusables, ^critsans partialile, exempt de toute autre passion (jue celle de la veritc et dubien public. II est facile de seiitir combien ce livre doit interesser les ci- toyens du Rouergue : car, apprendre I'liistoire de sa province natale ou de celle qu'on liabite, n'est point une etude sans j)laisir, ni sans profit. L'liistoire locale nous revcle une foule de details qui ne peuventse trouver dans les histoires generales. Et quel inler^t n'avons-nous pas aconnaitre les evenemens qui se ratlachent anx lieux que nous avons visites , ou dans lesquels nous soinmes elablis. Cliaqiie monument se presente alors a nos yeux, comme eclaire d'une lumiere nouvelle ; une foule de souvenirs I'entouren'c et se gravent dans la memoire avec son image. L'aspect du pays se presente i\ nous a diverses epo- ques,. tout s'anime, tout recoit la vie. L'histoire n'est plus un ri'cit refroidl d'evonemcns, pour ainsi dire , effaces en passant de livre en livre; ce n'est plus I'expose decolore de fails gene- raux ou lointains que Ton nous enseigne comme une science abstraile. En lisant les annates de notre province, nous sommes places sur le theatre meme ou les clioses se sont passces, et nous croyons entendre un de ces vieillards qui, dans nos vil- lages , nons racontent , en nous montrant des mines, ce que dans leur jeunesse iis apprirent d'autres vieillards. II ne faut pas croire cependant que I'ouvrage (|ue nous an- noncons ne soit que d'un interet local. Celui qui ecrit l'his- toire generale de la France peut y trouver de precieux docu- mens ; et celui (|ui I'eludie, d'utiles instructions. I/un et I'aulre liront avec plaisir et avec fruit l'histoire de cette maison d'Ar- magnac qui desccndait de Clovis et de saint Louis, dont les princes prenaicnt le tilre de comies par la grace de Dieti , exercaient tons les droits regallens dans leurs vastes domaines, et nc se croyaient point vassaux des rois de France. La vie de ■ Bernard d'Armagnac qui gouverna la monarchic entiere sous Charles VI, ct qui donna son nom au parti des princes du sang ligues contre le due de Bourgogne; les scandaJes et les nialheurs de Jean V , dernier prince de cette famille , poursuivi ct allant cliercher un asile dans la vallee d'Aurc avec Isabelle sa soeur et sa femme lout a la fois, offrent une lecture aussi curieuse qu'instructivc. 54o LIVRES FRANCAIS. On pent en ilire autnnt. dii recit de ces gnerres roligienses qui ensanglanterent la 1' ranee au xvi""^ siecle. M. de Gaujal rappoit!' line foule d'evenrmcns doni le Kouergne fut le tliea- tre , (iiii ont echappe nocoss;nrcnicnt a I'liisioire gcnerale, et que cependant il est bon de re [las ignorer pnur mienx appre- cier I'esprit des deux |)arlis qui elaieiif aux prises. II marque avee precision la naissance de la reforme, ses accroisseuicns rapidcs, les molifs qui contribucrent a la propager, I'origine de la ligue qui eut Toulouse pour berceau , circoiistance que la pluparl ignorent. II relrace les !>ang]antes alrociles cpi'en- fanta la fureur de part et d'aulre. Grande Ircon pour les gene- rations qui ont le bonheiir de ne voir de pareiilcs horreurs que dans I'lnsloire! Quand eiles anront luce qu'on produit rambitlon des forts et le fanalisme des faiblcs; quelles affreuses calainites naissent des divisions intestines on des interventions etrangeres; quels crimes ont etc la suite du dechaiiiement des passioos ou de la lutle des croyances, elles se couvaincront qu'il n'y a point de salut ponr les peu;les liors de I'obc'issnnce a des lois juslcs, c'est-a-dire, faites pour le bien de tons. On Irouve encore, dans les annales de M. de Gaujal, les details d'un evenement fort remarcjuable, sur lequel nos liis- toriens ont neanmoins passe bien li'gei'emeut et dont ils n'ont ]ias seuti, ce serable , toute I'imporlance. Je veux parler du soulevement des Cevenncs, qui eut lieu au commencement du xviic siecle. Exasjjeres par la revocation de I'edit de Nantes et par les dragonades qui en furent la suile, les calvinistes des Cevennes, connus dans Tliistoire sous le nom de Camisards , avaient repris les armes.Deux liommes, hardis, entreprenans, Guiscard de la Bourles , abbe de Bonne-Combe , et Boeton , formerent le jirojet de soulever le Rouergue et de combiner leurs mouvemens avec ceux des Camisards. lis se proposaient de rendre la liberie a leur patrie gemissante dans les fers d'un dur et honteux esclavage... de restrcindre le pouvoir illlinitc du prince dans scs anciennes et legitimes bornes... de tirer Icurs cornpatriotes de leur vile et abjecte condition... Le moyen par lequel ils pretendaicnt arriver a ce rc^sultat , c'etail de de- troner Louis XIV. lis allerent jusqu'a negocier avec I'Angle- lerre el la Hoilande , dont ils tirerent de Tar^^ent et des pro- messes de secours. Si les rebelles ne s'eiaient point rendus odieuxpar leurs exces, et si les deux puissances que nous venons de nommf'r avaient seconde la i-ebellion, couime elles avaient promis de le fa ire , ce soulevement interieur, dans la position on se trouvait alcrs la France , pouvait avoir des suiles incalcu- labUs. Telle est du moius I'opinion du marechal de Berwick SCIENCES MORALES. 541 qui fut envoye ])onr etouffer la revolve. << Si ies Carnis;irds .Tvaierit vecu en chreliens, dil-il dans ses memoires, s'ils se fussent seiilcment declares pour la Iil)erte de conscience el la diniiniition des impots , ils auraieiit engage dans leiir it-volie , non-seulement tons ies Huguenots du Languedoc, dont oh pretend que le nombre nionle a deux cents niille; mais il y a apparence (|ue la coniagion se serait coraniuniqnee aux pro- ■viiices voisines, et peiit-etre meme que beaucoiij) de catlio- liques, eiinuyes de payer Ies impots , se seraient aussi joints a eux. 11 est eionnant cjue Ies Anglais et Ies Hollandais, qui fo- mentaient sons main cette revolte, lie leur eussent pas envoye des chef's capablesde niieux conduire leiirs affaires ou du uioins ve leur eussent pas donne de nieilleurs avis. » Boeton , ajoule M. de Gaiijal , etait un chef tres-capabJe; jnais la revelation d'un Camisard sauva la France des nouveaux mallieurs dont elle eti>it nienacee. Andrieux , prof. derlnH. au college royal de Limoges. ayS. — * Histoire physique , civile et morale des environ;, de Paris , depurs Ies premiers tenis histori(jues jusqu'a nos joui's , etc.; par Dulaurf. , de la Societe des Antiquaires do France. T. III. Paris, iSaS ; Guillanme. i vol. in-8° , en deux parties, ensemble de 533 pages , avec i5 gravures; prix, i5 fr. ( J^oy. t. xxvii , p. Sao. ) Ce volume comprcnd Ies detix derniiTS livres de la troisieme parlie de I'ouvrage dc M. Dulaure et Ies deux premiers de la quatrieme ; ces quatre livres donncnt la topogra;diie et I'his- toire des lieux q'li se rencontrent siir Ies routes de Saint-Denis a Pontoise , de Pontoise a Piouen , de Saint-Denis a Beauniont- sur-Oise et aLuzarches; enfin , sur celle d'Amiens jusqu'a la .ville de Beauvais. Plus un ecrivain a debute avec succes dans la carriere , plus il a , par cela meme, contracte d'engagemens avec le public , et plus celui-ci devient exigeant eiivers lui. Quelqiies personnes avaient paru craindre que le nouvel oiivragc de M. Didaure ne fut pas a la hauteur de son Histoire de" Paris , a laquelle il a consacre upe j)artie de sa vie , et (jiii seule eut suffi pour lui assurer une reputation durable; mais si toiites Ies pasties des premiers volnmes de \' Histoire des environs de Paris nVtaienl pas egalement propres a dolruire cette crainle, il n'en doit phis resier a lout lecteur atlentif et imparlla! qui aura continue a suivre ranteur dans ses excursions aulour de la capitale. A iTiesure que Ton avance, on retrouve de ])lus en plus, dans Ies livraisons de I'ouvrage tpie nous annoncons, rexactitude toi)0graphique et I'iuteret historique dont il avail donne lui- T. XXIX. — Fevrier 1286. 35 542 LITRES FRAN<;AIS. memcle meilleur modele dans son premier ouvrnge.Le tome III, dont nous nvons les deux pnrlies sous les yeux , s'ouvreparun coup (I'ceii general sur I'ctendue de pays qui comprend Deuil, SaiiU-Gratien , Montmorency, elc. « La ricbesse, I'agreuientde la vallee de Montmorency , dit I'auteur , les coteanx rians qui la bordeot , son lac , ses belles maisons de cauipagne , ses nom- brenx villages, ne peuvent etre decrils : ce sotit des clioses qu'il faut voir et sentir. II faul avoir parcouru ces lieux charmans , avoir respire la fraiclieur du lac , s'etre repose sous I'ombrage des arbrcs touffus de fllontmorency , avoir visite ses nom- breuses maisons de plaisance, leurs pares si riches, si varies, pour s'en faire une juste idee ; ici , le pinceau dii peintrc pour- rail peut-etre, plus que la plume de recrivain , faire passer dans Taine toutcs les impressions caust'es par la vue de ce site enchanleur; et le pinceau du peinire serail encore loin de la lealile. D'un autre cole, I'tcrivain , peintre privijegie des mceurs , pourrait sans doute tracer ici des tableaux cent fois plus piqiiaus et plus varies que ceux qu'il est permis a I'arliste de confier a la toile. O Montmorency! si, reprenant de plus loin la serie des crimes, des scandales , des aventuics de toute espece dont tu I'us le theatre , nous deroulions ce tableau vivant sous les yeux du lecteur , si nous perietrions dans ces elegantes habitations , dans ces bois touffus , dans ces pares enehanleurs, nous aurions sans doiile un profd bicn piquant des moKurs de la capitale!... » Nous nous sommes arretes a citer ce passage , parce que les reflexions qu'il suggere conviennent plus ou moins a la plupart des lieux que I'auteur nous fait parcourir avec lui , et qu'il a fail plus ou moins pour tous ce qu'il inditjue ici lui-mcme; c'est-a-dire, qu'il a rasscmble les traits epars qui pouvaient concourir a I'ensenible d'un tableau interessani, et qu'il a fait souvent revivre , pour achever ce tableau , les terns et les personnages qui devaient servir a I'aninier. N. B. Au moment ou nous achevions eel article , on nous reraet la premiere partie du tome IV de V Histoire des environs (le Paris ; nous en reunirons I'examen avec cchii de la seconde partie du meme volume, aussitot qu'elle aura paru , ce qui ne peut tarder , si la publication s'en poursuit avec la meme exactitude que le libraire-edileur n'a point cesse d'apporter jusqu'ici dans ses engagemens envers le public. E. H. 294- — * L'Ermile en province, suite de VErmite de la Chaussee d^Jnlin, du Franc jjnrlenr , et de VErmite de la Guianne, par M. E. JouY, raembre de I'Academie francaise. T. Vic Paris, 182G ; Pillet. i vol. in- 12 de 366 pages, orne de deux gravures et de vignettes; jirix 3 fr. 75 c. 2es dans les ecrits de ses de- vanciers ; MM. do Canibry et Ijouis IJnbois sont les savans qu'il a mis le ])Ius a contribution , dans le volume qui nous occupe on ce moment, et il leoonnait avec franchise toutes les o!)liga- tions qn'ii leur doit. Je le repele, il resterait a rauteu,»- une assez, grande part de gloire , lors meme (]u'il se serait contentc de meitre en teiivre les materiaux qu'on lui aurait ])rocures ; niais il ne s'esl pas borne an roledc redacteur, et jiliisieurs morceaux, tels que le debut de son premier chapitre, X Entree en Breta- gne [yi. i) .sont mnrf|ues de ce cachet qui Ini est parliculier et qu'il semble, comme nous I'avons dit plus haut , avoir diirobc^ a Voltaire. Nous terrninerons, en forniant des voenx pour que les moeurs ties differentes provinces de la France aient le ineme peintre pour interprele aupres de nous, et nous croyons en cela e(re d'accord avec les nombrenx lecteurs de VErmite. Quant a VErmite en Ecosse, dont nous avons transcrit le litre , en t^'te de cet article , a la suite de celui de VErmite en province, on dcvine quo c'est une imitation des tableaux de M. Jouv. II ne s'agitplus maintenant d'nn ouvrage isole, fruit des (?tudes partiiulitjros d'nn seul anieur; c'csl une coUecliott com[)lele des mnenrs de I'Europe que le libraire-editeur a en - trepris de nousdonner, et pour laqucUe i! a mis plusieurs ecrivaius en rt5f|uisiiion. Mais , pour que toutes les parties de celte colleclion fussent egalemen! bonnes , il faudrait pou- voir conimuniqTier a leurs difftjrcns anleiirs cet esprit philoso- phique par lequel M. Jouy a tjiti giiidt; dans nn travail entiere- nient de son choix , tandis (pi'il n'est (ju'impost; peut-(!'trc a plusieurs de ses imitateurs. Sans cetle disposition d'espril, sans cette unite de vues desirable , il est a ciaindrc qu'il n'en soit de cette collection , comme de celle des Resumes , dont les premiers essais laissent bien loin dcrriere eux la phipart de ceux que Ton a fails depiiis. Les deux volumes de mneurs e-co\- saises que nous avons souh les yeux onl tl'aillcurs ettjjnges par- faitement , et en pen de mots, par celui de nos collaborateurs qui a rendu compte del'original anglais. (Voy. ci-dessus, taliier SCIENCES MORALES. 545 \[v Janvier, p. i4i)- Parini les iiorabreuses preuves que nous jtoiirrioiis ciler a l'api)ui dc l'opiiiio)i oil il est , que leur ma- licieux iiuleuf h'atlaciiede preference, dans ses peintiires, aux ohjets difformes et ridicules , nous nous borneions a indiqiicr nri ciia]jilre (i. I'^'" p. i68 — i79^» ou , sous le nom de Lady- iMonlanle , Ic pcintre ecossais nous presente le portrait, ou ji.iilot la caricaturft d'line feninie celebre par ses ouvrages , <-t donf les torts litteraires doiveiit c!re sans doute atlribues a son esprit pliitot qu'a son coeur. E. Herkaii. 296. — Pensees du general Foj , mernbre de la Cliamhre des Deputes , tirees de ses discours prononces a la tribune le- t;islalive pendant les sessions de innes contiennent : I'une , les noms des grands seigneurs, marechaux de I'rance, cardinaux, e lettre a M. F** sur les causes premieres , los Discoiirs d'oui'erture et de cloture du Cours sur Hippocrate , VEloge de Firq-d' Azyr , line Notice sur Benjamin Franklin, une Lettre a M. T**, sur les poUmes d' Hoinere , des Fragmens eii vers A' une traduction de I'lliadc, et le Sermcnl d'un inedccin, ugaleinent en vers , pro- nonce par Cabanis le jour de sa reception , en i 783. 3o6 — * Poesies de Michel- Ange BuoNahotti ; Iraduiles par M. ^^. Varcollier. Paris, 1826 ; llesse et Compe. i vol. in-8° de 376 pages ; prix 6 fr. 5o c. La nature, prodigue envers Michel-Ange , le crea a la fois peiuire, sculpteur, arcbitecte et poete. Les prodiges de sa pa- lette et de son cisean obtiennenl depnis plusieurs siecles une admiration toujours croissante; el Rome moderne coutemple avec orgueil ce monumenl oil le genie de IV'licliel-Aiige a sur- passe la magnificence de Rome antiqi>e. Les poesies de ce grand homine, coriniies et appreciees en llalie, elaient ignorees d;i reste de I'Europe; elles soiit, en effet , les moindies litres de sa renomniee ; niais on y retrouve souvent I'empreinte de son genie. Cette traduction est un veri- table service rendu aux lettres. M. Varcollier est le premier ' qui ait concu le |)rojet de iraduire les ccrits du rival de Ra- pbael ; verse dans la connaissance de la langue ilalienre, Hianiant sa propre langue avee babilete , M. Varcollier fait preuve, dans sa traduction , d'un talent Ires-distingue. Michel-Ange develojipaii , daris la peintiire et dans la sculp- lure, la force energicpie , la chalenr brulaiile , je dirai meme la vehemence de son genie; mais il reservait Ja poesie jionr les «iou-K ejianebemens de son coeiir, Cependant, lorsque I'amour oil I'aniitie font resonner sa lyre , des aceens males et fiers, cchappes au milieu des ])lus douces inspirations, rappellent le genie C|ui crea le jugcment dernier. Michel-Ange, mallieureux en amour, soupire comme Pe- trarque ; il possede sa grace et partage son tendre enlhou- siasnie. (^uelquefois, il senible inspire par la muse du Dante dont il se montre I'ardent admiralenr. La plus grande parlie (ie ses ])oesii's est composee de sonnets, de mudrigaux , de. htti!:ra.ture. 553 stcineTs , (lont l;i forme ef lo fom! offrent j>eii de variete , ct permcltenl i1e renrochcr a I'aittenr r|uelque monofonie dnii'* les images et dans les pcnsees. En general , ses ouvrages ont les defaiits du teins qui les vii iiaiue; I'expression des plus no- bles Gentiinens s'y troiive aff'aiMie par des conretli, et par eetle affectation, a laquelle les jilusgrandsmaitresdeTltalie, excepte le Dante, ont pave leur trlbuf. En general , le style de Mieliel- Ange est pur, elegant, eoncis et harmonieux; et I'artiste le phis sublime de I'ltalie jient etre compte parml ses jjoetes dis- tingiies. I'llexiste, disait ce grand honinie , entre la j)eintuieet la ])oesie une iiierveilleuse resseniblance; c'est assurernent la te qui a fait appeler tour a lour ces deux arts , I'un, une poesie niuette , I'aulre, une j)elnture jiarlante. Leur douce fraternit<^ ne se nianifeste- telle f>as, en eflet , dans ce penchant affec- lueux qui attire mutuellemcnt les peintreset les poetes ? » Michel- Ange avail raison ; il exisle entre lous les arts une confraternite ']ui en facilite le developpemenf. Le pinceau, la lyre , le ciseau , sont les inlerpreles des inspirations de I'anie : avee des moyens differens , ils obtiennent le meine resullaf. Je vais'ofTrir une citation qui pourra donner a la fois une idee de la composition de I'atiteur italien et du talent derer. SisMONDi.( \.ci-dessus,]^.i\-'i'], et 349-365.) Les deux cahiers q-.e nous annoncons renferment, comme ceux qui ont ])rececle , des details d'un grand Interel sur les operations des diff'erens comites dent la Societe se compose. On yremarque a la fois la sin'te des extrails des proces verbanx des seances du Conseil d^ administration , les bulletins du Comite de charitc et de hicn- faisance , qui voit s'accroitre chacjue mois le nombre de ses souscripteurs , et qui ajoute , cliaque jour aux bonnes actions auxquelles il s'esf devoue ; un rappnrt au nom dn Comite des j'eunes gens sur i'hospice de Saint-Yon pour les alien(5s du departement dc la Seine-Inferieure ; des renseij^nemens d'une haule importance sur la conlinuation de I'infanie Iraite des Noirs, recueillui pa r le Comite forme pour I' abolition dela traite, et en parliculier par M. de Stael; nue Reviw des socieies et 5G.', LIVRES I'llAWCAIS. (Irs i.'istUulions rcligieuses ,phiUuitropiC('des des mineurs euro[)eens. EUe a fait venir un inge- nionr liabile, M. Rollie, f|ui, apies avoir examine les lieux, assure que les mines de la Caroline sont les plus riches que Ton ait decouverles justpi'a jii'csent dans les deux niondes. F. Etat de ]^^■\ssAcnl;ssETs. — F.coles eleineiitaires. — Le fer- ritoire de Massachusscts est divise en pciites sections, aux- quelles on donne le nom de villes ( Towns), et qui contien- iient, a un ])ctit riombre pres, de 3,ooo a i,ooo habitans (i). Chacune de ces villes, si Ton en exeepte Boston, la capitate et la seule cite ( city) de I'elat, est gouvcrnee par des magistrals, (i) L'etat de Massachussels compfait, J'.ipres le receuseiiient de 1810, une populatiou de 472,040 Ames. II coinpreiid 14 coinles, qui fbrnient nn total d« 290 districts, {^in. WABiitN , Descni>tion des Elats-Unis , 1. 1, page ?.7 5.) n. d. a. ETATS-UNIS. S67 elus par les liabitans et nommes hommes choisis {select men ). Au nombre (les attribiilions de cette niaj^istrature, se trouve le soin de veilier a I'education des enfans. Une loi de I'etat , qui imposatt une amende, dans le cas de negligence, obligeait autrefois chaque viile de subvenir aux frais necessaires a I'en- Iretien d'une ecole et de divers niaiires, et de fairc enseigner a tous les enfans qu'elle renfermait, la lecture, I'ecriture et le calcul; tou:5 les enfans males devaient aussi etre mis a ineme, dans les etudes fiassiques et malhematiques, de subif I'examen qui preccJe radmission a I'universite de Cambridge, la pre- miere institution academique de 1 etat (i). Malheureusement, cette loi a subi quelques modifications, dcpuis deux ou trois ans; niais elle n'a pas ete-changce, en ce qui concerne la premiere partie, c'est-a-dire , I'enseignement de la lecture, de I'ecriture et du caicul. On peut assurer qu'il n'est pas un seul enfant, dans tout I'etat de Massachussets , qui arrive a I'adolescence, sans etre muni dc cette premiere et indispen- sable instruction. Dans la ville de Boston oil je reside, la surveillance de I'ins- Iruction publique est corifiee a un comite des ccoles [school coininittce), qui reunit dans son sein lemaire, les aldermen et douze autres liabilans notables. A ce comite appartiennent le choix des locaux, la nomination des maitres, la direction des etudes, et enfin I'cmploi et la distribution des fonds. Ceux- ci proviennent d'une taxe annuelle de 5o,ooo dollars : 230,000 a 3oo,ooo francs), j)relevee sur une population de 5o,ooo ames, ou a peu-pres. Cette taxe, volee et imposee par les liabitans eux-memes, est payee avec joie. La ville entretient ainsi sept (i) Cette Univers'ile, clablie dans la ville de CauiLridge, porte le uoin de College d' Hanuird , en IMionncni- Ju Rev. John Haivard, de Charles- Town, qni Icgua a cet etablisseraent la moitie de sa fortune, c'est-a-dire ■jTQ liv. sterl. (19,475 fr. ) D'aatreS dotations plus considerables I'onl clevee an premier rang panni les etablissemens du meine genre qui exis- tent aux Etats-Unis : sa bibliotheque surtout csl tres-belle. Elle a de.s chaires de theologie, d'anatoiuie et de cbirurgie, de luedecine, de chi- inie, de pliysique, de raatheraatiques et de phiiosoplue naturelle , de lo- giqne et de nietapbysique , de langues latine , grecjue et orieulales; six cbaires nouvelles out cte fondees pour I'bistoiie naturelle, la rbetorlque et I'eloquence, la laugue francaise, la theologle na(urel!e et la pbiloso- pbie morale; enfiu"^ pour Fapplicalion des sciences physiques et mathe- uiatiqaes aux arts utiles. C'est le cilebre Rumfbrd qui a fait les frais do cette derniere. On comptait, eu 18 i i , 23.5 eindiaus au college d'Hafvard. ( Voy. Warden, ouvrage deja cite, I. 1 , p. 209-2911.) u. d. r.. 568 AMERIQUE SEPTEiNTRIONALE. tcoles , ilirigces chacune p.u- qiiatre instituteurs, et ou tous les eiifans des deux sexes , de lagc de sept a (iiiatorze ans, recoi- \ent la meine instruction elcnientaii'e que dans les ecoles ddja nientionnoes des aiitres villes, a I'exception toutefois de ceux que leurs ])arens prcferent confiei' a des niaitres, ou a des ins- tilulions pailiculieres. Les ecoles sont visitees ficqueimnent et surveillees avec soin par le coniitc. Tous les ans, I'exainen pu- blic des enfans estl'occasion d'une fete nuinicipalc. Les mem- bres du coniite, accompagnos des honinies les plus instruitsde la ville, et des elranyers distingues qui s'y trouvent, se ren- dent en corps dans les divcrses ecoles, et, apres avoir exa- mine les eleves , distribuent des prix aux jilus liabiles. (^eux-ci serendent ensuite en procession a la inaison de \ille(C///-//«//), ou les anloriles de I'etat et de la cile leur donnent un banquet. II y a deux ecoles pnbliqiies pour les enfans destines a rece- \oir une instruction plus clevee : elles sont souniises a la meme direction. L'uneestlaliauleEcoIeanglaise(e«j^/«/i/'2/l^A.S'f/joo/); I'autre, I'Ecole de granimaire latine [latin grammar School). Dans la premiere , ou les enfans ne peuvent etre admis, a leur sortie des ecoles inferieurcs, que lorsqu'ils out atteint I'age de quatorze ans, on enseigne les matliematiqucs, la cliimie , I'histoire naturelle , la rhetorique, I'histoire, la logique et la l)hilosophie. Quatre professeurs y sont attaches. Un principal, nn second maitre et quatre antres instituteurs coniposent le corps des professeurs cliarges de I'instruction dans I'ecole la- tine. Les enfans , que Ton y admet a Tage de neuf ans , y pas- sent generalement cinq ans a se preparer pour I'universite. II nous reste a parier d'une autre classe d'ecoles inferieures, soutenues aussi par les contributions publiques, et oil les en- fans de I'age de quatre a sept ans vont epeler et lire. Ces ecoles sont beaucou[) phis nonibreuses que les autres; car I'age des eleves ne leur perraet ni de longues courses, ni une absence prolongee. Surveillees ])ar un comite de quatre-vingt six ci- toyens, aj)peles a remplir ces fonclions par le coniite des ecoles, elles sont egalement soumises a de frequentes visites et a de severes oxaniens. Si toutes ces ecoles sont maintenues dans un etat satisfaisant et prospere , on doit I'attribuer au vif interct que leur portent tous les citoyens, a I'lmportance qu'ils attachent a leur noble destination. Aussi paient-iis annucllement pour leur entretien une somnie cquivalente au total de toutes les autres dispenses. Dans les quatre ctats voisins de celui de Massacliussets, sa- voir, cenx de Maine, New-Hampshire , Vermont et Connec- ticut, dont les liabitans dcscendcnt comme nous d'Anglais non ETATS - UNIS. 569 ■<;onforniistes , un systcme d'ediicallon analogue est elabli et obtient le incme siicces. Dans un autre etat , celui tie New-York, il existe un fonds considerable consacre a rinstruclion publi- que , et dont I'administration est confiee a un ou plusieurs nia- gistrats. Un seul fait encore suffira pour faire apprecier les encoura- gemcns accordes a I'educalion : les Iraiteniens que recoivent ies principaux employes dans cetle partie ne le cedent qu'a ccux d'un tres-petit norabre des plus eniinens magistrals. John G. Palfrey. Philadelphie. — Seconde exposition des produits des ma- nufactures americaines , faite par l'Institut Franklin, au niois d'octobre iSaS. (Voy. Re\'. Enc., t. xxvi, jiage 7/16.) — Le nombre , la variete et la perfection des objels reunis a cette exposition la rendaient deja tres-satisfaisante , et annoncaient ce qu'on doit en altendre dans I'avenir. Parmi les arts qui n'y olonais , nous dirons queM. Alphonse Denis connaissait un pen la littcrature i)olonaise, et a prolite de I'oinrape de M. Be/il/,oics/,i ; que , s'il a ete aide dans son travail par M. Bryhczjnshi^ ce dernier n'avail pas ies lonnais- sanoes necessaires pour ecrire convenabJemcnt sur le tliOalre polonais. Ce qui rend, pour ainsi dire, iUusoire la defense des Po- lonais dans le monde lilteraire, c'est que leur Jangue , qui joint a sa naivete slavonne la force ct I'energic de la langue romaine , est Irop difficile a apprendre. II n'est done pas eton- nant que Ies etrangcrs qui ne la connaissent ])oint , ne rendent pas justice a ses meilleiirs eciivains. Toulefois , I'ouvrage dc M. Denis prouve que le peujiie francais accorde quelque in- teret a notre littc'rature , cl chei'chca reciifier Ies faux jugemens qu'on a portcs sur la Pologne et sur Ies Polonais. X. D. E. SUilDE. Stockholm. — Legislation. — Le comile de legislation vient d'acliever la revision du nouveau code sucdois, et I'on espere qu'il sera incessamment soumis a resaineii de la cour su- preme. — Traite relatif a la traite dcs Noirs. — La Gazelle de Chris- tiania, du 8 dccenibre iSaS, contient !a nouvelle ofiicielle d'un traile, passe ie 6 novenibre precedent, entre le loi dc Suede et de Norvege, et celui d'Angleterre, relaiivemeni a la traile des Noirs. Le roi de Suede s'engage a faire porter , aussitot que jjossible , des lois penales a ce sujet. Les vais- seaux suspects sont reciprotjuenienl assujefis a la visile des vaisseaux de guerre des partits contraclantes, et soumis a la confiscation, dans ie cas oil Ies soujicons se trouvcraieiii fon- des. Deux tribunaux seront elablis, I'un dans I'ile suedoise de .Saint-Barllirlemv, I'autre a Sierra-Leone , sur la cole d'Afri- que, j)our prononcer sur ies actions fjui fuivront Ies saisies, et faire adjugcr de^ indemniles, en cas d'arreslaticn non fondee. NORVEGE. Berokn. -— Elablisscinenl dun ialiau a vapeur. — Les relations cdmnicrciales eniie Ki \illes de Bergen el de Chris- 582 EUROPE. tiania ayanl toujours ete fort peu importantes , et leurs rela- tipns civiles et ])olitiques aboutissant autrefois a un centre commun, qui etait Copenhaguc, Bergen commnniquait avec cette capitale, pour le service de la correspondance, par Ic courrier ordinaire , et pour Ic transport des voyageurs et des paqnets d'un petit volume, ])ar le moyen du commerce mari- time ; tandis que la parlie meridionale de la Norvege jouissait encore de retablissemcnt d'une mallc-poste, qui, partant de Christiania a des epoqiies fixes, et traver.sant la Suede, ap- porlait a Copenhague dc gros paqnets et des ballots, ainsi que des voyageurs. La partie septentrionale ne pouvait guere profiler de cet etablissement, surtout la vilje de Bergen , dont les routes de communication avec Christiania passent tanlot a travers des golfes, tantot a travers des montagnes escarpecs et d'un acces difficile , surtout en hiver. II en resultait que les villes de Christiania et de Bergen etaient presque aussi ctran- geres I'une a I'autre, que si dies avaient appartenu a deux etats differens. Aujourd'hni , la Norvege elant devenue uu royaume independant, jouissant de son propre gouvernement, uont le siege est a Christiania, on a commence, dans tout le pays, a sentir le besoin de communications plus faciies et plus frequentes avec cette nouvelle capitale. On a public a Bergen un prospectus pour faire construire, par une Societe d'actionnairos , un bateau a vapeur , destine a. faire deux voyages par mois de cette ville a Christiania, et reciproque- ment, en touchant toujours a tons les ports infermediaires , et en y transportant des voyageurs et des marchandises. La somme necessaire pour cette entreprise est evaluee a i4,ooo ecus spe- cies, et divisee en i4o actions. Avant le lo aout iSaS, date du prospectus que nous avons sous les yeux, on avait dispose de 76 actions; 11 est a presuraer, qu'au moment ou nous ecri- vons , cette utile entreprise aura ete, si non entierement ache- vee , du moins conduitc an point de pouvoir etre bienlot en pleine activite. Heibebg. ALLEMAGNE. Hkidf.lbekg. — IJnu'eraite. Un de nos coilaborateurs vient de visiter i'universite de Heidelberg, et I'a trouvee dans I'elat le plus florissant. Le norabre des eleves etait fort considerable. II est aujourd'hui reconnu rpie la France et rAlleraagne, par nn accord qui n'a pas besoin de I'appui des traites , ont mis en rommun leurs lumieres et leurs sciences, et qu'on ne les etu- dierait qu'imparfaitemeni, si Ton nc joignait aux courspres- ALLEMAGNE. ^85 crits par les lois de I'un de ces deux pays, la lecture des ou- vrages publics dans Taulie, on m^me la frcquentation des lecons donnees par d'illustres professeurs. Aussi, voit-on frequcm- ment accourir a Paris les jeuncs savans qui out terraine leurs travaux a une universite d'Alleniagne. Heidelberg, assez voi- sin de la France , offre beaucoup de facilites a nos jeuncs comjiatriotespour agrandir le cercle de leurs etudes , et nous croyons leur faire plaisir, en placant sous leurs yeux un apercu des principaux cours du semestre d'ete qui va s'ouvrir. Les professeurs de tlwologie sont MM. Daub , Umbreil, Scliwarlz, Paulus, Ulmanu. Nous donnerons plus de details sur les cours de droit, qui doivent encore plus intercsser notre jeunesse. Le celebre Thibaut, auteur des Pandectes , enseignera Vhistoire du droit romain et le code civil francais ; M. Zachariae , qui a ecrit sur la Republique de Ciceron , fait un cours de droit pu- blic ( il prepare une seconde edition de son ouvrage sur le code francais ). M. Mitterniaier , qui vient de publier une se- conde edition deses principes du droit all^mand, fait un cours Ae droit criminel. , un anlre de procedure ; enSn,M. Rosbirt ■ occupc ses clgves des Pandectes et du droit public du grand ducke de Bade. hs. physiologie et \' anatomie comparce sont confiees a M. Tiedemann ; la chimie , a M. Gmelin ; Vart des accouchemens , a M. Nsegeli; la pathologie , a M. Puchell ; enfin, la chirurgie , a M. Chelius. Si nous jetons un coup d'oeil sur la philosophie et sur la philologie^ nous \errons la metaphysique enseignee par M. Erhardt ; la mythologie , par M. Creutzer , qui explique de plus les Epitres de Ciceron et le Banquet de Platon. M. Baehr fait Vhistoire de la litt^rature ro~ mainc ; il interprete Thucydide et Tibulle. M. Schlosser, dont le talent est si generalement apprecie, fait un cours A'histoire ancienne et moderne ; M. Mone traite de Vhistoire des Alle- mands. Quant aux mrt?/^f'w(3?/<7«e/, elles ont pour representans MM. Scliweins*et Langsdorf; les sciences natureiles cc)T[i\!\x\\ie.n\. d'etre enseignees par MM. Muncke, Dresbach, H. Bronn , et par le celebre chevalier Leonhard qui imprime une seconde edition de son Oryctognosie. Enfin, nous ne devons pas ou- blier les lecons A'cconomie nationale de M. Rau , ni celles d'arabe et d'antiguites hebra'iqnes de M. IJmbreit. L'Universite a perdu M. Valentin Bronn , appele a Liege ])our les sciences foreslieres, et M. Lang , docteur en droit, qiii a passe a I'uni- versito de Tubingen. — Nous tcrminerons, en annoncant que M. Schlosser refait vin Listoirede I'linliquite , etque deja il en comniuniqjie les feuil'es a un littt'rateur francais dont la frt 584 EUROPE. ductioii suit les progres de I'ouvrage original, de manierc qii'elle pourra paraitre en ineme terns. Leipzig. — Collection cCauteurs grecs. — Nous avons entic tcnu nos lecleui's de la collection de classiques |>ublice par Tauclinifz , qui a mis ;i la portee de tout le inonde, el dans un format commode, un grand nonibre d'anleurs grccs el romains. II serait injuste de garder le silence sur celle qu'a enlreprisc Teubner ; et d'autani plus injuste , (pi'eile a , outre Tavantage de presenter un lexle epure par une saine criiique , celui d'y joindre de courtes notes, remplies de choses el redig(?es avcc une rare precision. Ainsi Ton y trouve Its principales varianles, les observations grammaticales les plus saiilaiitCb , et les eclair- cii-semens les ]ihis uliies a I'iiitelligence du texte. C'est ce que nous avons deja rcmarque au si'jelduParlheniusde Passow. Son second volume des Eroliques grccs , el son Denys le periegete sont denouveaux litres pour I'edition du libraire Teubner. On doita MM. Dindorf uiie grandepartie desauteurs publics : Ho- mere, Tliucydide, Xenoplion, Soj)liocle, Demosthene, Eurijiide, Isocrate , ^scliine , Arislophane. M. Stlisefer a donne les vies de Plutarque; THerodole est. de M. Auguste Mathise, et le Theocrite de M. Melnecke; M. Daehnc a fourni les Cotnmen- taires de Cesar; M. Weber, les satires de Perse ; M. Jahn, le "Virgile et I'Horace; enfin M. Baumgarten Crusius a fait I'edition de Tite-Live et celle d'Ovide. D'autres noms , egalement recom- mandables , sont inscrits au nombre des collaboraleursjce sont ceuxde MM.Gernhard, Reisig, Beier, Kiesling, Rreysig,Linde- inanii , Reinhardt el Sillig, qui sans doule donnera C^atulle, dent 11 a deja public le lextc il y a quelque lems. Enfin, MM. Spitzner, Weber et V\ eichert terminent cette lisle des collabo- ratcnrs. Le dernier est connu par un excellent Iraite sur Apoi- lonius de Rhodes. Le pri^ de celle collection est fort modique , et I'execution typographique est belle et correcle. QuEDHNBOURG. — Necrologie : Frederic Meinecke. — Nous avons perdu, dans le cours de I'ete dernier, Jean-Henri-Fre- deric Meinecke, ne le 1 1 Janvier i74'i- H etait pasleur de I't';- glise de Saint-Blaise, et , dans sa longuc carriere, il s'etair fort distingue par des services rendus a I'inslruction publique. On lui doit beaucoup d'ecrils eslimes, dont voici les prlncipaux : 1° une traduction d'Elien , avec des noles; 2° un recueil de fables; 3° une Sinopsis erudiiionis universce ; 4° "ne traduction de Lucrece; 5" les synonymes des Allemands; 6" la inetrique desAllemands. Enfin, M. Meinecke est aqleur de plusienrs ou- trages tlieologiques, et scs connaissances en histoire naturelle ALLEMAGNE. — SUISSE. 585 sont att€st6es siiffisamraent par les raorceaux qn'il a fournir a la colleclion publiee par la societe de Berlin , doni il otait tnembro. P. Colbert. SUISSE. ZtiRic.H. — Etrennes patriotiques. — Dans le leins oi'i les cafes et les billards etaient inconnus, les bourgeois de la vilie de Zurich, ainsi que des autres villes principales de la Suisse, divises en tribus, se reunissaient habituellement dans leurs nhbayes ; c'est le nom que Ton donnait et que Ton donne encore aux hotels affectes a ces tribus. Chaque membre se rendait a son abbaye, au moins unc fois la semaine. Pour subvenir jiendant I'hiver aux frais du chauffage, I'usage ctait d'envoyer, le 2 Janvier, par ses enfans ou par les enfans d'un ami , une contribution volontaire , appelce loyer de la chambre ( slubensitz ). Vers le milieu du xviie siecle, fut fondee la Bibliotheque des bourgeois ; I'autorite rauniclpale lui accorda le privilege de recevoir de serablables layers, moyen pen onereux d'augmenfer une col- lection si utile. En cchange de ces contributions , I'adminis- tration de la bibliotheque eut I'idee de pnblier annuellement et de distribuer aux enfans des donateurs une gravure repre- sentant quelciue scene del'histoire de la patrie. Cet exeinpie fut suivi par la Socleie demusique, par celle des artificiers , et plus tard par le College militaire, que la revolution helveticjue a faitdissoudre. Depuis environ 70 ans, la gravure publiee au nom de la bibliotheque est accompagnee d'un texte. Les qua- tre premiers numeros furent consacres aux qualre ages de la vie; tous les suivans ont reproduit des traits, ou des epoques remarquables de I'hisloirc de la Suisse. II y a quarante-huit ans , le college des chanoines ne voulut pas rester en arriere; il sentit qu'il convenait k une societe composee de savans d'of- frir aussi a la jeuiiesse des etrennes instructives. II choisit pour sujcts des scenes de la vie des reformateurs , des biograpliies de savans zuricois; chaque numeroest accompagne d'une gra- vure on d'un portrait. L'impulsion une fois donnee se com- inunlqua de proche en proche; une courte analyse des etrennes de cette annee fera connaitre les societes qui en pu: lient.TNfous rangerons ces societes dans leur ordre chronologiqjie. La Bibliotheque de la ville a pris pour sujet le passage de I'archiduc Albert d'Autriche , cinquieme fils de Maximilien II, par la Suisse , en '1598. C'ardinal et archeveque de Toiede, il obtint du pape Clement VIII , moyennant nne soinme conside- rable, d'etre releve de ses vceux et de pouvoir quitter I'eiat 586 EUROPE. ei'clesiastique. Devenu gendre de Pliilippe II , il se rendait avec sa jeune ei)oase de Milan dans les Pays-Bas. Dans ce voyage, il traversa la Suisse, sur le lac de Lucerne. Arrive devant la cliapellede Tell, il appela dii nom de traitre ce heros si juste- raent celebre pour avoir meconnu la legltimlte de I'oppression. La graviire represente cette scene. Les Lucernois , pour oifrir leurs hommages a I'arcliiduc , se rendirentau-devanldeluiavec des drapeaux aux couleurs de I'Aulriche; Albert les prit pour les drapeaux conquis a Sempach. Le narrateur a tire de ce faitle parli le plus heureux pour inculquer a la jeuncsse Suisse It's lecons d'un patrlotisme aiissi modeste qu'il doit eire ferrae et ardent. « N'oubliez pas, dit-il, que les etrangers, eleves dans des idees fort differentcs des notres, se meltent difficile- ment a noire place ; il est rare dc trouver chez eux une con- naissance approfondie de notre histoire ; aussi , doit-il leur ar- river souvent de ne voir qu'insubordination et rebellion dans la lutte des vieux Suisses contre les ennemis de leurs liberies legiliraes. Vous exprimerez done en toute occasion aveccaime etsagesse, mais aussi avec une noble independance, votre res- pect pour nos aieux , votre reconnaissance pour le bonheur dont leur heroisme vous fait jouir. Vous ne cherclierez point les occasions de vous enorgueillir de ce bonheur ; vous n'excite- rez point I'envie des etrangers, en vantant vos propres avan- tages. Si vous ctes penetres du sentiment de votre felicite, vous chercherez a le inanifcster par vos actions plus encore que par vos discours. » Celte citation, propre a faire connaitre I'esprit des etrennes zuricoises, nous permet de rendre compte des autres cahiers avec raoins de details. Le College des chanoines a public le portrait et la biographic de Jean Gaspard Haguenboucli,chanoine zuricois^philologue ct anliquaire , qui vecut durant la premiere moitie du xviii'^ siecle. L'histoire de ses premieres etudes nous le montre luttant avec la force de son caiactere et la superiorite de son talent contre des maitres plus faibles. Ce qui dans sa jeunesse n'etait que de la suffisance , devient dans la suite une energie qui corabattait le demi-savoir et qui effrayait I'indolence des savans routi- niers. Quelques traits de rhistoire de sa famille sont ajoutes a sa propre biographic, pour I'instruction de la jeuncsse. Les futurs thcologiens se souviendront que le fils de Haguenbouch, devenu pasteur de campagne, negligeait par fois , le dimanche, le devoir de la predication pour Ic plaisir de la chasse. La Societe d'histoire naturelle offrc, dans ses etrennes , la representation et la descripiion de deux especes d'oiseaux : du SUISSE. 587 vautoiir a t^te blanche, qui ne se inontre que rnrement en Suisse, et de I'aigle dore, habitant des Hautes-Alpes. L'auteur saisit cette occasion de recommander a Ja jeunesse I'etude se- rieuse et scicntifique de I'lustoire nattirylle, moyen si facile et ])Ouitant trop neglige d'exercer les seas et I'lntelligence , de de- velopper le sentiment et d'accoutumer les jeunes gens a s'ob- server eux-inemes, a observer les objets qui les entoiirent et cette terre variee et feconde qu'ils foulent a leurs pieds. Ne serait-il pas desirable que les jeunes gens connussent un peu mieux les plantes de leurs jardius, ou les fruits de leurs ver- gers, et un peu rnoins les usages de la Chine et les hommages offerts par la superstition au grand Lama ? La Societe de hienfaisance , fideie a son plan de publier des actions utiles, a raconte I'arrivee de Gallus , au vii<= siecle , dans la contrce alors sauvage qui forme aujourd'hui le can- ton de St- Gall. Ce recit ou plutot ce tableau presente d'une maniere instructive le contraste de ce pays civilise a la suite de sa conversion , et du meme pays , tel que le trouva la reli- gion chretienne. Dans ses etrennes , la Societe des artistes a offert un legi- time hommage a la memoire de I'un des artistes qui a le plus honore le nom zuricois, Henri FvssIjI , mort a Londres en 1824- Le biographe s'est surtout attache a I'histoire de la jeil- nesse de cet artiste et a I'appreciation de ses ouvrages. La lit- terature reclame une vie plus complete et plus detailiee de ce peintre si justement celcbre. De toutes ces societ.es, ceWe des artificiers merite le mieux des amis de I'histoire de la patrie, par I'etendue et la profondeur des recherches. Plus d'une fois , cette societe a tclairci des points obscurs, rempli deslacunes, rectifie des erreurs consacrees par des noms imposans. La bataille deFettweil, livree en i35i, sujel traile cette annee, occupe une place honorable a cote des etrennes des annees precedentes. Le dessin du plan de la con- tree de Baden rivalise avec la partie pittoresque du recit. La Societe du jar din noir poursuit la description des bains de la Suisse , en y melant des vues utiles et en popularisant les principes de I'hygiene. La monographic des bains de Geyren- bad , pres Tourbenthal, dans le canton de Zurich , est le snjet de la feuillede cette annee. Une chatmante gravure represente ces bains entoures d'un riant paysage. Enfin, la Societe de niusique a rappele le souvenir des fetes populaires et musicales , ciilebrees I'annee derniere a St-Gall et a Vogliseck , dans le canton d'Appenzell, lieu celebre par une victoire de la liberte sur les pretentions nobiliaires; a 588 KUROPE. St-('all eut lieu le grand cuiscert helv(5tique; a Vogliseck se ji'iiiiirent imin^diateir.enl apres les chanteurs appenzellois. Cette (lei nitre reunion est rcjircisentee par la gravure; letexle se compose d'un rccit historique et d'lni cliant. WiNTERTHOUR ( caiiton de Zuricli ). — Etrennes de la blblio- thequecle IFinterthour. Cette annee, les editeurs ont commence a marcher sur les traces des societes zuiicoises, en publiant un petit cahier iu-4°. La giavure represenle le chateau de Laiifen, situe sur la colline au jiied de laquelie le Rhin forme cette chute celtbre que les etrangors se plaisenl a visiter. L'his- loire ct le gouvernement de ce cliateau, autrefois une di'pen- dancedes comles de Rybourg, fait ia inatieiedu texle. . ScHAFFHOUsE. — Elrennes dcdices a la jeunesse schajjhou- soise. — Cedon offerta la jeunesse consisteaussi dans desiecons lireesde Thisloire. L'auteurcst remonte JHsqu'au xiii* siecle ; il o-xpose les dcstineesdu coavcnt de tous les saints, et les rap- ports politlques de cette jietite puissance avec la ville de Si-Gall. Tirant d'un vieux regislre iatin, meprise jusqu'a pre- sent , des donnees nouvelles, il repand de la Itjniiere sur quel- qucs points auparavant obscurs. Le tableau fidele des anciennes mceurs de la patrie et de son ancienne organisation sociale est une source d'instruction pour les jeunes gens; le contraste de ce qu'ils ont sous les yeux et de ce qu'on exhume des siecles passes , les porte a la r^-flexion, sans (}u'on les y invite. C. MONNARU. ITALIE. Florence. — Academic des gt'-orgophites. — ■ Dans la seance du 3 juillet iSaS, le docteur Gallizioli a fait lecture d'un mcmoire sur I'lmportance d'ameliorer la cultiire du ble, etsur les moyens les plus propres a obtenir ce resultat. Le docteur . Tartini Salvatici a prononce un discours sur le commerce de la Toscane , ct sur les relations commerciales enti e Li vourne et I'Egypie. LivouRNE. — Academic ^iXe labronica. — Cette Academic continue ses travaux avec zele. Dans sa seance du 23 f«vrier iSaS, M. Francois Pistolesi apresente plusieurs additions au catalogue des tremblemens de terre, tjiii se trouve dans les Annaies de chimie et de physique de Paris ; et M. Santoni a examine Topinion du D"" James Johnson sur la vertu a])pelee probite. Le 19 mars, le prof. Palloni , president de I'Acade- mie, a fixe I'attention sur I'influence du commerce, sur les movons d'arcroitre la puissance des nations. Le D'' Vivoi.i a ITALIE. 589 111 un fragment sur la destinee humaine. Le a8 mai, M. Henr. RiANCoxi a continue la lecture de, son liistoire duPorf de Pise. • F. S. Rome. — Jrrheologie. — Traduction italienne , par M. Angela Mai , du cntalogiie des monumenft egyptienx , dc la hibliotheque du Vitticnn , redige par M. Champollion lejcune. — Pendant son scjour a Rome, M. Champollion le jenne a redige le cata- logue des moniimens egyptiens de la bibliotheqtie du Vatican; son travail a etti tradnit en itjilien, par M. Angelo Mai . et a ete imprinic par Tordre du pape. Ce volume vient de paraitre, sousce litre : Catalogo de 'papiriegizinnidella biblioteca Vatica- na, etc., Roma, coitipivnticani, tSaS. Gr.in-4°,avec 3 planches. M. Mai a ajonte des notes tres-interessantes au texle du savant francais, et il seraita dcsirerque de paieils catalogues fussent dresses pour tonles les collections de manuscrits egyjUicns. lis seraient d'une tres-grandc utilite pour I'avancement de I'gr- cheologie I'gyptienne qui occupe aujoiird'hui tant d'erydils tres-distingiifs. On a pnblie a Londres,a Vienne, a Berlin et a Florence, des manuscrits isoles; nn travail d'ensemble est ge- neralemeiit di'-sire ])ar le monde savant, vu riroportance his- torique deslnonunicns de ce genre. M. — Decoinerte d'un manuscrit de la divine comedie. — On trouve dans le Journal arcad/que(\o\. lxxxi , p. 358), que le professeur Rezzt , conservateur de la hibliotheque barberi- niane vient de dccouvrir iin manuscrit de la Divine comedie du Dante , aver le commentaire de Landino, rempli de notes de la main du Tasse. Ces notes sont plelnes de savoir et de goiit, et prouvent avec quelle attention I'lllustre auteur de \a Jeru- salem delivree avait etudie le poeme du Dante. On annonce que M. Rezzi fera present de eg manuscrit prccieux a M. Ro- siNi , professeur de Pise , pour enriclilr son edition des oeuvres completes du Tasse. — Mariuscrit de Petrarque. — M. le clievalier Arrtghi , dans un opuscule ])ublie , il y a quelques mois , a Petersbourg, nous apprend qu'il possede un tres-beau manuscrit des Rimes de Pelrartpie, de la main ile Petrarque lul-meme, ce qui lui donne beaiicoup d'importance. Au moyen de ce manuscrit, on pourrail corriger plusieurs passages dtfeetueux dans les lextes que Ton a suivis jiisqu'ici , et retrancher de la collec- tion des Canzoniere cjuelques pieces mal a propos attribuees a Petrarque. ' F. S. — Autre dccouvertc litternire. — Une lettre du comte Louis RiONDi , inseree dans le 82' volume du meme journal, prouve ^vec la plus grande evidence que I'antique et elegante tradup- T.xxix. — Fevrier \?>'>.(i. 38 Sgo FliROl'K. lion des Fahles d'Exope, citec j>;>r I'Acad/Muic de la Cru'ca comme modeje de laiif^af^e, n'rst point on prose, ainsi qu'oti I'avait pense jusqn'a present, mais en vers, et fpii pins est, en vers rimes. Cette cnricuse (leconvcrie ne pnurra manquer d'ex- citer de grands di'-bals iitter;iires. — Thrdtre d A polio n. — Un ojiera scria , intitule: Anni- bal en Bithynie , a ete represenii; sans sitrces. La musiqrie etait de Niccolini. Le journal do Pvame , /c iVo/Zz/e , attribue cetle chule, non-scnlement a la Irivialite de I'harmonie, mais oussi a la mauvaisc composilion de la irniipe riut exploite en ce moment les ihoatres dela capitale dn monde clirelien. J. A. L. Naples. — ComPcUefrancnise. — II y a (jnelfinesanneesles Fraii- cais avaient encore nn iheafrc national a Naples, dans le local dn Fondo. Ce tlR-atre loiiiba enmemelems ([ueles personnagenvcnt que lui etre utiles sous d'aulres rapports, j'au- rai la conviciion de n'avoir fait que seconder les vues genereuses du coniite. « Le service des quatre hopitaux nocessiiera I'etablissement d'unc pharmaciecentrrdc en Grece. .J'en ai conft'-rcavec le prince Mavrocordato , qui est tombe d'accord avec moi sur ce nouveau besoin. La depense des frnis d'etablisscnncnt sera de 5 ou 6,000 francs; et, si les ressoTirces du cornite lui pernicltent d'y pour- voir, un pharniacien auquel j'ecris vous remettra la note de tous les objets qui scraient indispensables. » PAYS-BAS. Bruxelles. — SocicHc des sciences medicales et naturellcs. — ■ Cette savanle compagnie, que nous avons fait deja connailrc (Voy.iJec. Enc. t. xxviii, p.3i6), vientd'admeltre au nombrede ses membres corresporulans , MM. le docteur Van-den-Bosch , de Fiolterdam, mcmbre dela commission de surveillance mcdicale de la province deHollandemeridionaie, etc., ledocteur Jorrit- SMA de Horn, et le pharmacien Swaan, Icctcur de ehimie et d'histoire natnrelle a I'Ecole de modecine de Horn ; tous trois honorablement connus par leurs ecrits. Elle a mis au concours la question siiivante, qui est dune grande importance dans I'etat actual de Fart de guerir: « i" Exposer les effets produits sur I'orgnnisme par les mcdi- camens connus sous les notns de purgatifs et emctiques. — 2°. Etahlir dans queltes circonstances de I'etat de maladie on pent les administrer avec un succes reel, tant a faihle qu'a forte dose. — ?>'. Determiner quelle est leur maniere d'agir. » Les memoircs ecrits en Inlin, francais, flamand ou hnlian- dais , devront etre remis, francs de port , avant le i*^'" Janvier 1827, dans les formes ordinaires, a M. le docteur Van-der- LiNDEN , secretaire de la SociLte, rue de la Braie, n" 1 joo , a Bruxelles. L'autenr du memoire couronni' recevra unc medaiile d'or de 100 florins des Pays-Bas, ou bien la valeur en especes, a son choix. ***. PAYS - BA.S. 593 - — L'lnstitut royal des Pajs-Bas a resolu de continuer , pour Tannee 1827, la question suivante : — « Comuie le lai- lage est un produit ties-remarquable de qu^ques-unes des provinces des Pays-Bas , et que sa quantite et sa qualite depen- dent en grande partie des prairies, lesqueiles neanmoins se trouvent dans un etat si different, que Ton rencontre souvent a cote des raeilleurs paturages , de grandes etendues de terrain, surtout des prcs a foin, qui ne produisent que peu d'herbe propre a la nourritare des bestiaux ; on demande : « Quelle est la cause de ce singulier phenomene, et de quelle maniere on pourrait aineliorer avec avantage ies rnauvais pres, afin qu'ils pussent nourrir un plus grand norabre de bestiaux, et fouriiir du fourrage en plus grande aboiidance et de meilleure (jualite. » — L' Acaddinie royale des sciences et des arts de Bruxelles avail propose la question suivante. — « Quel etait I'etat de la legislation et des tribunaux dans Ies Pays-Bas autricLiens , avant I'invasion des francais dans ces pays, et quels change- inens la revolution francaise et la cession de ces provinces a la France ont-elles produits pendant pres de vingt annees dans radminibtralioii de la justice civile et crimineiie de ces pays?" La reponse envoyee pur M. Ryke, avocat, a ete couronnee. L'ouvrage a jiaru, en i825, chez Deinat, a Bi'uxelles, in-4° , de 295 Jiages. L'auteur a traite son sujet dans Irois chapitres : le premier fait connaitre I'ctat de la legislation Beige, avant Tepoque dont nous avons parle ; dans le second, il s'agit des tribunaux et de la procedure , pendant la meme ej)oque ; ic dernier expose Ies changemens surventis dans la legislation et la procedure, apres (|ue ces provinces out commence a faire partie de la France. Celte dissertation , ecriie avec beaucoup d'iniparlialite et de gout, merltait, sous tous Ies rapports , Ies suffrages de riionorable Acad*?inie de Bruxelles. Leyde. ' — Philologie. — M. Sikcenbeck , professeur de litie- rature nalionale a notre universite, a fait insurer dans le Let- lerbode ies n°=* ■il\ et aS de cette annee , ilcs observations im- portantes sur quelques points relatifs a la langue nationale , que M. Bilderdyk lui avail contestes. II a use d'une extreme moderation dans la defense de ses opinions , en combattant son adversalre par des raisonnemens el des preuves, plutot que par des es.pressions inconvenantes et injurieuses dont M. Bild.... ne sail ])as toujours s'abstenir. Antiquites. — Sjsteine hieroglyph'uiiie. — Uneexcellente cri- tique de la lettre de M. A. L. C. Cuouerei, sur le sysleme liie- loglyphicjue de M. Chanipollion jeune , publiee dans le journal i94 EtiROPK. Recensenl ook dcr Rtcensenten ^ caliier d'oclobie dernier, est line preuve iiouvelle du grand inlerel avec lerjnel les savans lies Pays-Bas ora en trois acfes et en prose de M. Pej:i,aert , officier atlatli(5 a Yetat major. M. Peelaert ciait deja connu par differens ouvragcs d'un vrai inerite , dont Ic dernier, Jgnes Sorel avail obtenu un succes coniplef. La mnsique du Barmecide n'a pas c;iiise moins de piaisir qne celle dcs aulres ouvrages dn menie auleur. Quant au poeme, nous nous abstiendrons d'cn parler; il est connu depuis long-tenis, sous le norr. des Ruines de Bahy- lonc. DE Pi — G. Groningue. — Nccrologie : Uilrens. — h' Unci'crsite a perdu iin de ses prof'esseurs les plus distingues, M. Uilkens qui , de[>uis i8i5, y enseignait i'economie rurale, ct qui est mort le 3o mai dernier. II s'ctait acquis un juste titte a la recon- naibsance publicjiie par piusieurs ecrits eslimes, specialement sur la physique et sur I'histoire naturelle. Den Tex. FRANCE. Puy-Mary ( Canlal). — Decouverte d'une mine d'alun. — Uai.s la derniire exploration qu'il a falte en Auvergne , d'a- ])rcs les desirs du conseil des mines, M. Cordier a decouvert une nouvelle mine d'aliin. ( Voy. Rev. Enc., t. xxvii , p. 922 ), dans la vallee de M a it da ill , au bas du Puy-Mary , a une lieuc du \iii;ige Des I'Jiazes ., el a une cgale distance de la grande roi :!e de Murat a Auriiiac. — Celle roche aluminlferc, dememe c.ue celle du Mont-d'Or, se Irouve comprise dans le terrain Irachy'.ique de nos volcans etcints, et parait susceptible d'une exploration facile. On doil es])erer , giaces ;iu talent d'obser- valiou de M. Cordier, de voir diminuer un tribut que la Frauce paie il i'etranger. P. Societes savantes et Jitablissernens d'utilite publique. Metz ( Moselle ). — Cours d'enseignemenl industriel. — La Societe academique de Metz a institiic, dans celle ville, un cours public ct graluit de sciences appli(|u(''cs a I'indnstrie, dont les professeurs sonl d'anciens eleves de I'Ecole polylecL- nique, membres de celie sociele. II a k\(t ouvert au commen- cemenl du mois de novenibre dernier ; ei la geornelrie , pre- ieniced'une-maniere toulenou>t'lleparM. BEROERv.professenr FRANCE. — DEPARTEMENS. f»y{> de inalhdmaiifiues a I'ecole d'ai lillerie , s'y lroii>e niise ^ la |)<)il('e de ceiix (niisa\ent I'aire les qualro premieres operations e reslerorit pas sans recompense : deja les ouvriers ont re- pondu [lar des succcs aux efforts que Ton fait en leur favcur. il en est jiIusieMrs qui ont applique a leurs travaux qnelques- iins des precedes eiiseignes, et qui confecSionnent maintenant avec phis de celerile et de precision; d'aulres se sont fabri- quc des inslruniens plus justes que ceux qu'ils avoient em- ployes jusqu'ici, et dont ils ne soupconnaienlpas Tinexactltudej d'auires, enfin , ont execute et perfectionne un instrnment Douveuu , homnie trisecteur , qui donnc le tiers d'un angle ou d'un arc de cercle aussi piorajitcnient qu'une ef|uerre fait tracer un angle droit. Cet instrument, quoique anieliore deja par M. le professeur Lhuilicr , de Geneve, ne pouvait pas donner directeiiient le tiers d'un angle tres oblus, ni celui d'un angle Iresaigu. MM. Desgranges, Lorrain et yiuhry, ouvriers eu bois , ont fait disparaiire toul-a-fait ie ])remier inconvenient, et diuiinne de beauceup Ic nombre des cas ou le second pent avoir lieu. M. Gury, miroitier, a meme execute en verre de glace un trisecleur qui donne directement le tiers d'un angle de cinq degres. Que ne doit-on pas aJtendre de tels ouvriers, quand leurs etudes scront completes , quand ils auront suivi des cours de geouielrie descrijitive , j)ratique, de pliysique, de chimie el de mecani(jue? Le premier de ces cours sera fait, cettcannee meme , jiar M. Bardin , jirofessseur de fortification a I'Ecole il'arlillerie. Le dernier sera ouvert , I'aniiee procliaine, ])ar M. Poncelct , [irofesseur de mecanique a rjicole d'application de rartlllerie et du genie; en meme terns, M. ?oisard , repe- liteur de uiallu'mali(]ues a I'ecole d'arlillerie, fera un cours d'arillimetique applitiuee au commerce et aux arts ; on ajou- lera plus iard ifes cours de physique et de chimie. — Les le- cons de geometric se trouvent a Metz, cliez M. Thiel, librairc; elles se vendent i5 centimes chacunc, plarcjies et discours. 596 FRANCE. d'ouverture compris. II y en aura uiie trentaiiie. La i-i'^^ rsi sous presse. Bientot parailronl les leoons d'aritluiieiiquc. U. RoviLLE, par Nancy [Meurthe). — Ferine experiinentale. — La seconde reunion agrlcole de Roville a eu lieu, le igsep-' tembre dernier. La matinee a eie employee a visiter loules les parties de I'etablissement : la manufacture d'insinimens ara- toires, oiiles travaux nesont pas purement spoculatifs, niais ont nn but d'utilite immediate; la distillerie ; la machine a baltre qui, mue par quatre chevaux , a batlu et vanne , dans cinq heures uit quart , quatre cents gerbes de ble , qui ont rendu vingt-cinq hec- tolitres.— Onavuensuite : i*^ marcher dans une terrearglleuse, situee sur le revers ducoteau, Vcxtirpateur'diCxnv^ socs a pates- d'bie , qui recouVrit i'orge d'hiver ou escourgeon que Ton venait de semer; a° les champs de pomraes de terre plantees derriere la charrue , bien binees et buttees ])ar la houe a cheval tt la charrue a butter; 't>° deux champs de mais fort beaux , bines et buttes avec la houe a cheval et le buitoir; 4° la hou- blonniere qui a donne une riche recolte, que Ton sechait sur deux tourailles. On a gcneralement regrelte que la saison lul si avancee. Le concours des charrues a eu lien dans I'apres midi. Le J)rix a etc remporte par Francois Reveille , eleve de Ro- ^ille; c'etait une houe a cheval, qu'il a emmenoe en triomphe, all son de la musique. — Souscription pour I' acquisition d'un domaine destine a La fondation d'une Ferine exemplnire. — Une souscri])lion vient d'etre ouverte pour I'acquisition d'un domaine destine a la fon- dation d'une Ferine exemplaire , d'un Inslitut agricolc et d'une ecole d'industrie pour les enfans pauvres, sous la direciion de M. Maihieu de Dombasle. L'etablissement de Rovilie qui existe depuis trois ans , n'avait ele forme que sur un domaine af- ferrae; I'experienCe en a trop bien demontre I'ntilite, jiour que les amis de la prosperite publique ne doivent pas ap- plaudir au projet dapres lequel cet etablissement se Irouvera constitne sur des bases plus larges et ])lus solides. N. d. R.Dans notre Bulletin supplernentai'reAedecenibredet- ' iiier, nous avons donne deplusamples details sur ce prcjetd'uu etablissement rural exemplaire. M. Mathieii de Dombasle nous ■prie d'annoncer que c'cst chez M. Gonuoin , notaii'e, rue Neuve-des-Pciits-Champs, n° 97, et non client M""^^ Huzard , tjue Ton pent prendre communication de Vacte d' association. Toulouse. [Haute Garonne). — Enseigneinent de la musique. — U est (|uesiion d'etablir dans celle ville une Ecole de musi- que, succursalc du Conservatoire de Paris. Le directeur general FRANCE. — DEPARTEMENS. 697 des beaux-arts a fait part a raulorite locale des \ues du goii- verneinent, et une correspondance s'est ouverte a ce sujet. II parait que les renseigneniens transmis par les autoriies tou- lousairies sonl favorables au projet du gouvernement. Lespie- mieis (ilemens de cette instilution existent deja ; une Ecole de chant a ete fondee, il y atroisans, par le conieil inunicipal; et Toulouse ])ossede, d'ailleui's, deux niaitres de cliapeile d'uii grand uierile, et plusieurs artistes distingues. Les amis des arts ne sauraient trop se feliciter de la t'ondation d'uti jjareii etablissement qui peut-etre fournirait a nos theatres lyriques une Ibule de sujets. Les voix, dites knutes-conire , sent aussi communes dans les departemens nieridionaux de la France, qu'elles sont raresdans lerestedel'Europe. Ces voix nesont pas, comiiie on l*a dit mal-a-propos, des taiiles exa^crees : elles out un tiinbr6 f)ropre a elles seules , et sont de la plus grande beaute, quand I'etnde leur a fait perdre ce qu'elles out nalu- rellenienl de dur et de nasal. La difficuite que I'on eprouvait a determiner des jeunes gens nial i)arlagesde la fortune a se deplacer et a venir etudier a Paris uu art tout nouveau pour eux , n'existera phis : nul doule alors ([ue , dispenses de quitter le sol natal , les eleves ne prennent gout a leur nouvello ]irofes- sion et n'y obtiennent des succes. II serait fort a souliaiter qu'nne succursale du uieine genre fut elablie dans un de nos departemens du nord: a Rouen , par exeniple , ou bien bien a Amiens. Le nord de la France est rempli de basses-tailles d'une grande beaule, lant pour le timbre que pour rttendue ; el la pluparl de ceux qui possedeiit ces voix , par defaut d'inslruct'oa niusicale , ne font aucun usage du bel organe qu'ils ont recu de la nature, ou demeu- rent chantres d'eglises. Au reste, en attendant que I'on satisfasse compU'temenl les voeux des amis des arts , je crois que I'on fera bien de ne pas organiser I'ecole de Toulouse a rin.>lar de celle de Paris : on ferait nieine bien de ne s'y occuper iini(|ui'menl que du solfege et du chant , car dans ce moment les inslrumeniistes et les com- positeurs sont noinbreux , tandis que les chanleurs sont fort rares. II faut avouer que le Conservatoire de Paris ne semble guere propre a remedler a cette disette, car depuis jjIus de dix ans , il n'a pas fourni a nos theatres un sujet rcmarquable; ce qui , dans niou opinion du moius, ne proiive rien contre les trcs-illuslres et ties-habih s professeurs qui en font parlic. /. Adrien-Lafasoe. 598 PARIS. InsiTitu r. — Acadtmie dts xciences. — Moix de JA^vlER 182G. — 6ea/ice du 1. — M. le gcnc'ial Andicossy , en son iioni et an nom ile M. ramiral de Rosily, fail uii rapport , sur iin onviaj^edeM. Morkau de Jonni;s, intilule : « Considerations SUV les operations de la gueiie diins les Iiides occidenlales. u Ce grand travail est divise en tiois parlies. La prcnuere Irailede rinflueneequ'eprouvent les operations de la giierrcaux Ir)des oc- eideiitalcs, [)ar suite del'aclion menrlriercdu elimai; la deuxieme e^t relative auxopeialions uiililairescomniandees par la situation geograpliitpje et insulaire des Antilles; la troisienieesl \in Ira- vail coinplet sin la gecgrapliie niilitaire des Indes occidentales. Si I'ouvrage eut ete de nalnre a otre public, les commissaires eussent propose de I'inserer dans le recncil des Savans etraii- g'.;rs ; inais ils peiisent qu'un ouvrage d'une telle importance dolt nicriter a I'auteur les eloges de I'Academie (approuve). — Une commission , composee de MM. Lcgendre et Matliieu , rend conipted'nn niemoire de M. Puissant sur la determination dclafigurede la lerrepar les inesuresgeodesiiiues et astronoini- (lues.En vnicilcs conclusions. "M. Puissant a eu paniciilierement en vuede reunir louteslesfoi niulesnc-ce^saires pour discuter les niesures geodesiques et les observations astronomiques qui ont ele faites sur un parallele lerrestre, el en deduire lous les re- sultats un'elles ]ieuvenl fournir sur la grandenr et la figure de la terre. Qiielqnes-urres sont repinduites telles qu'elles se trou- vent dans son traite de geodesie et dans la connaissance des tenis, ou avec deschangemens cjuien reudent rapplicalion plus facile. Dans d'antres, il a ])resent('', sous une forme nonvelle et niienx appropriee a son sujet, des f'orniules connues. C'est d'a- jires ces forinnles, conni»uni(iuecs ]>ar ]\1. Puissant au colonel Broiissaud, (|ue tous les calculs du parallele moyen , qui va de Marennes a Blilan , onl etc executes au depot de la guerre. Elles ont comluit a tous les rcsiillats numcriipics de celte grande operation; ainsi loule la jiartie tlieorique du numoire qui a etc lu, le II jiiillet dernier, par M. Broussaud et Nicollet , sur le ))arallcle rnoyen, apjiarlient a M. Puissant. Nous ne pro])osons pas a I'Acadcuue d'inserer le memoire de M. Puis- sant dans le vulnme des Savans elrangers , parec (ju'il est tellenicnt lie a son Traite de geodesic, qu'il en est devenu un supplement neeessaire. Nous savons d'ailleurs {]u'ii doit elre inijirime dans le Mi'inorial dn depol de la guerre (approuve). — Un memoiie de M £. hk Chatkauneuf , intitule : " De I'in- flnence de la va(cif:e sur la poptiialion cii Fiance et dans la fajiitale, >. est renvoye a MM. Cuqucbei t-.AIontbi el , rdagenilie PARIS. 5gg et Fourier. — M. Vicat lit un menioire inlilule : Nouveaux fails pour servir a la thcorie des cimeiils calcaires (M3I. Gay- Lussac ft Navicr, commis.'-ain'S ). — II resulte du lapport fait par M. Navici- sur un appareil piopre a faire irouvoir les baleaux, prcseiite par M. ^/i(lrel^T.v\ jllz , qne cette niachiiiC lie peut avoir plus de succcs que relies du meme genre , c'est- ii-dire, que cclies ou Ton n'einploie ]>as la force de la -vapeur. Du g. — M. MoBEAu DE JoNNF.s reclame conlre Tomissicn de son iioni sur la liste dos candidats jirescnles pour la ])lace vacaiite dans la section degeograpliie. — M. PAixHANsrccIaine conlre la critique qui a etc faile de son nu'moire sur le tir des projectiles creux. — M. PAii.His adrcsse le tableau des crues el de? diminutions de la riviere niesuri'es an pont de la Toiir- iielle, pendant I'annee 1825. — M. Jomard adresse a I'Acade- mie un recueil de ])lantes et de produits vi^gelaux qui iui avaient etc envoyes ])ar feu M. de Beaufort (M. Desfontaines etMirbel, tonimissaires) — M. Geoffroy Saint-Hilaire pre- sente un monslre linmain qu'il a trouve embaumo painii les mo- Miies rapporlues d'EgypIe par M. Passalacqua, el lit une no- lice a ce sujet. — L' Academic va au scrutin pour I'clcclion a la place de feu M. Buache. Sur 56 \otans, Rl. ue Fretcinet, au second lour, reunit 89 suffrages. II est jiroclanieelii. Les aulres candidats j'.resenles eiaienl MM. Diiperrey , de Hell, Puissant, Bonne, Broussaud , Coraba'uf, Givri el d'Au'~.sy. — M. Syl-^ vest re rend un compte \erbalde I'ouvragede M. Fodkre, sur la pauvrete des nations, etc. — MM. Deveu.xeldnPeiit-Thouarsfonl un lappoit suf le inemoire de M. Granier, inaire ile Trefort, rclatit a I'liuile qu'on peul tirer desgraines du cornoiiiller saii- vage, noinme Scwigiton. D'apres MM. les comrnissaires, celte liuile esl non-siccali\e , elle est trop acre [jOur eire niangee ; mais elle ]>eut servir a preparer des suvonules el ineme des savons; enfin, son usage le plus essentiel serait d'alimcnler les laiui)es , parce qu'clle briile sans odeur et fumee, et que sa lunaiere est aussi belle que celle qu'on oblieiil avec des huiles bien epurees. II resle a savoir si , sous le rappoit de Tecono- inie , cette liuile nierile qu'on s'occn])e deson extraction , et si i'on pent en obtenir une assez grandc finantilc pour permettre qu'on I'introdiiise dans le commerce, et qu'on la fasse entrer en concurrence avec les aulres liuiles. L'Academie engage M. Granier a jjoiy'suivre ses experiences. — M. Gihard lit nrie notice sur le nouveau canal qiii s'execute aux EtalsUnis, entre le canal Erie el la riviere d'Hudson. — M. Bureau de LA Malle, de I'Academie des inscriptions, lit un exirait d'un travail sur le lecensement des ciloyens lonialns, dtpuis Servius Tnllius jusfju'a Justinie•^ — M. Di .mas lit un nu'nioire 6oo FRANCE. sur rhydiogeiie pioto-pliosplioie. ( MM. Tlien;iid el Dulong, cominissaires. ) — M. Vicat depose im iiouveau iiieuioire sur les inoiticrs, qui est renvoyc au inenie cominissaire (jue Ic premier. Du 16. — M. GiRARu, ing^nieiir des ponts et chaussees , adresse une note sur la tlieorie de la chaleur et des phenorne- nes chiiiiiques. — MM. Vauquclin et Tlienaid font uii rapport sur la colle impermeable, incoinbuslible, cjue M. Ciiomereau, de Refines , a envoyc comme proprea coller a frold les niarbres, cristaux , porcelaiiies, etc. Lacolle de M. Chomereau u'eit autre cLose qu'uu melange de diaiix vive el de blanc d'ceut' dessecbe, melange fort anciennement coniiu, et auqnel I'Academie ue peut donner aucune attention M3I. Gay-Lussac, Dulong, Arago , De Laplace et Fi esnel sont noinmes commissaires pour rexainen des memoires qui ont concoiiru pour le prix dont I'objet est 1" « de deleriuiner par des experiences multipliees la deusilc (ju'actiuierenl les liquides, et spcciaiement le niercure, I'eau , I'alcool el I'ellier sullurique par des compressions cqui- valenles au ])oids de plusieurs atmospheres ; 2" mesurer les ef- fets de la chaleur produils par ces compressions. 0 — M. La- croix , charge de rexamen d'un ecrit de M. Walsh , Irlandais , contenant des remarques sur Eiiclide, donne lecture de cette leltre, ce qui sulfit pour monlrer que ces remarques ne sonl point de nature a fixer r.mention de I'Academie. — M. Ra- MOND lit un meiuoire intitule : Flat de la vegetation au somraet du Pic-du-Midi. — MM. Legendre, Damolseau elPoissou sont nommes coinmissaires pour I'examen des pieces qui concou- rent au prix, dont le sujet est aiiisi enonce : Methode pour le calciil des perturbations du mouvement ellipti([iie des come- tes. — ]M. Geoffroy Saint-Uilaire lit uu memoire inlitule : Considerations zoologiques et pliysiologiques 1 datives a un iiou- veau genre de monstruosites noniniees hjpognulle , et etabli pour trois especes de veau bicephale a tetes opposees et atta- chees ensemble par la symphyse de leurs iiiachoires inferieures. MM. Mageiulie , Dumeiil , Cuvier , Geoffroy Saint -Hilaire et de Blainviliesont nommes commissaires pour I'examen des cinq memoires eiixoyes pour concoiirir auprixde physiologie fonde par M. de Moutyon. — Du I'i. — M. Geoffroy St. -Hilaire fait un rapport verbal du memoire de M. le docteur Granville , sur une momie egyptieriue. — - MM.Dumi-ril, Cuvier, Geoffroy , deiilainville et Magendie sont nommes coinmissaires pour le prix fonde par M. Alliumbort, et dont le sujet est cette annee la comparaisou anatomique d'uu poisson et d'un reptile. — La commission, chargee d'adjuger le jirix de mecanique , fonde par M. do PARIS. 6oi Montvon , est composce de MM. GIraril , Prony, Navier , Dii^ pinet Fresne!.— MM. Hnzard, Chaiissier et Magenclie font un rapport sur le memolre de M. Cirarp , relatif aux liernies in- guinalcs des ruminans et des nionod.ictyles. « Lc ni^moire de M. Girard , conclut M. le rapporUur, est fres-interessanf. L'auteur annonce qu'il sera sui\i d'un srcond qui lerminera I'histolre des hernies. Les coreraissaires estiment que I'Aeadc- mie doit I'inviler a continiier ce travail, d'autant plus utile, que les autres hernies nc prcsenlent pas toutes les nienies de- savantaj^es dans leur suite; et a lui donner ainsi tout I'intcret qu'il estsusceptibled'acqucrir en treses mains. » — M.Auuouard eonimence la lecture dun nouveau nii'moire intitule: Examen critique des opinions qui ont regne sur I'origine et les causes de la fievre jaune. — MM. Caucliy, Ampere et Lcgeudrefont un rapport sur le memoire de M. Pongelet, relaiit' au centre des moycnnes ]iarmonLc|ues. « En voici les conclusions. « Nous ]iensons que le memoire de M. Poncelet fournit de nouvelles preuves de la sagacitc de cet anleur , dans la recherche des proprietos des figures, et qu'il merite , sous ce rapport, I'approbalion de TAcadcniie ( adoptc ). — Da 3o.* — On donne leclure d'une lettre de M. Pisany, (|ui rappelle un depot, fait en 1782, par dour Gauthey, in- venteiir d'un procede telegrajihique ; il desirerait que ce pro- code fut rendu public. ( Pienvoye a MM. les secretaires perpe- tncls.1 — M.P^z«/ Laurent presenteun memoire concernant un procede nouveau pour dessiner au trait sur la pierre. — On lit un memoire de M. Aug. St.-Hilaire sur le systeme d'agri- cullure adnple par les Bresillens et les resultats qu'il a eus dans la province de Muias-geraes. — La commission , qui doit adjuger le prix de statistique , fonde par M. de Montyon , est composee de MM. Coquebert-Monlbret , Fourier, Pvamond, Girard et l>e Laplace. — On lit un memoire de M. £. de CnATEiUNEUF sur les changemens qu'ont subis les lois de la morlalite en Europe depuis un deml-siecle (1775 — iSaS ). (MM. Coquebert-Mon- bret et Fourier, commissaires.) — • M. Audouard acheve la lec- ture do son memoire sur Torigine de la fievre jaune. (Renvoye a la commission chargeed'adjuger le prix fonde par M. de Mon- tyon et relatif aux progres des sciences medicales.) — M. Dele au lit un memoire intilide : Sur les sourds-muets qui ont recou- vre I'ou'ie depuis peu, et considerations sur les nioyens d'etre utile a ces infortunes. ( MM. Porta! , Dumeril , Geoffroy St.-Hi- laire , ]\Ligcndie et Fourier feront un rapport sur cet ouvrage, et examineront, s'il n'y atirait pas lieu d'appliquer aux expe-r Coi [•■RVACE. riences indicjuees uiie partie dcs foods U'gin's par M. dc Moii - lyon. ) A. M — t. Acadetnie francaisc, — Seance publiquc pour la reception tie M. le due MxTHitu ue Montmorency. — [jeadi gfihrier 1826.) La foule descurieux quecelie seai)ce avail attires iic pou- Vdit elre continue (lans la salle , quoique Ton cut epiiise lous Ics movens d'y multiplier les j)laces. Un ties-grand nombre d'auditeui'S , condnmncs a I'iminobilite dans une position ge- nanlc, claient peu disposes a la patience. Heureuseinent , les lectures etaient rcdnites au strict ncccssaire; le dlscours du recipiendal; e , la reponse du piesident , ct lout au nioiiis, nne ])iece de vers ou de prose, afin de nionlrer au public que I'Acadi'mie ne denicure pas inaciive. M. de Monlniorency n'a pas imite le laconisme de Montes- quieti : il n'a i)oint pris le sujel de son discours dans le domaine de rAcademle , a Toxemple de Voltaire, de Buffon, de d'A- Icmbert , etc.; niais il s'esl coiiformi' sciupiilewsement aux an- ciens usages, hors un point snr Icquel il s'est perinis d'innover. Jus(|u"a ]jreseni , le i)anc'gyrique d'un silnl n'avait pascleracle aux I'loges dOcerni's anx lalens on impost's par I'otiquette; on i.e s'allendait pas a une dissertation snr la cliarlle cliretienne : les auditeurs pouvaient onbiier qu'ilsassislaient a uneseancedc rAcademie francaise , ou ne s'en ressouvenir que pour remar- qner les prodigieux changemens que I'illuslre conipagnie a snbis depnis nn demi-siecle. Nous ne citerons licti de ce dis- conrs jieniblcment <'labore, quclquefois obscur , et propre a jnsti(icr I'oppojrition qui se manifesta , dcs I'instant oil Ic clioix l\c I'Acadeniie fut coiinu; le public est plus soigneux de la gloire de ce corps littcraire, qu'il ne parait I'etre lui-meme. Ceux qui blameraienl la franchise de nos expressions, ne les trouveronl pas trop fortes, s'ds vculcnt prendre la jieine de rocueillir les voix el de les apprecier. Auljsnt nous estinions Ic caraclere et les qualiics morales du nouvel academicieii , an- tant nous regrelions .;u'il n'ait point renonci- volontairement , par un sentiment de convcnance , de justice , de modestic , a I'honnenr d'etre infrodiiitdans une enceinte ou les vertus et les scntimcns philantropiques nesont point destitrcssufrisansd'ad- niission, niais donl Tenirt'e ne dcvrait etrc accordee qu'a des 'alensdistingnesot a desauteursde productions lit tcrairesdignes de leursnrvivre. Cettesorte d'alliancedes letlres aver la pliilan- tropiequeM.de Montmorency a presentee com me I'undosprin- cipanx motifs (]ui lui ont fail onvrirles portes de l'A< ad^mie , a pn paraitre nnp idee plus ingenieuse que vraie; et , pnisquVlie PA.RIS. 6o5 fo'iriiissyil a I'orateur I'occasion dp rappeler avec elogc p!ii- sieurs foiidaiions et instiiiitions de bierifaisance, depuis Vin- cent dc Paiile jusqn'a nos jours, il aurait du peut-etre ne pas oublier une e|>or|iie feconde en creations de ce genre et parler f,nr\ont deVenseignement mutuelydonl >l a etc en France, I'nn des premiers fondateurs el des plus fermes soutiens. Loisqne M. \c comte Daru, qui presidait, a repondu an reii;)icndaire , on s'est relrouve a I'Academie francaise. La precision et la cl.irte du slyle , nn sentiment cxquis de Ta-jiro- pos , des observations et des pensees qui restent dans la jne- nioire des auditeurs; beaucoup dc choses, et nne brievete Ires- con\ enable pour la circonstance : ce diicours, I'un des plus reinar(]uables que les receplions academiqiies aient fait pro- noncer , ne sera pas perdu dans la foide Quoique Ton n'en puisse rien di'tacher, sans regretfer ce que Ton ne Iranscrit point, placons ici ([uelques extrait^, toujours plus salisfaisans pour noslecleurs que ne pourrail I'etre une analyse de I'cn- semble. « Ceux.qiii n'apprecicnt dans I'art de bien dire que la cor- rection er I'elcgance des formes , oiiblient que, de tons les arts, c'ost celni dont le doniaine est le plus etendu : ceux qui lui reprocheii! d'etre iin art frivole seinb'.ent ignorer que la saitie litieralure a ponr prlncipe la saine raison , et tpie c"est a elle qu'appartient I'honneur d'avoir tire les homnies de la barba- ric... » Apres avoir expose les vues de la legislation qui fon la I'lns- titnt de France, i'orateur ajoute : « II y a deux cents ans que le Parlemenl ne voyait pas sans inquietude relablissement de TAcadernie, et qu'il n'enregistrait letitre de sa fondation qu'ala charge par ceux de ladite assemhlee dc ne connatlre que de I'ornetnent , embelliisemetit et augmentation de lalangue. II y a trente ans ipie le legislateiir apjielait la philnsopliie a appro- fondir les priiicipes des sciences morales et politiques... II est une alliance dont les lettrc's sont redevables aux progres de la raison huniaine, c'esf-a-dire , a elles-meines. D'abord, Irs horomes puissans les ignorerent; dans la suite, ils en apercu- rent I'utilite, ct voulurent les proleger : plus tard, ils en con- nurent le cliarme, et s'lionorerenl eux-menies en desiran I d'etre coniptes parnii ceux qui les cultivaient; c'est la seule nianiere dont les leltres veuillent etre protegees. « 11 y a loin de I'epoque oil les grands pcrsonnages de I'etat ne pouvaient puiser linstruction dans wn. livre, a celle ou ils croient ajouter quelque chose a la consideration qui lesenvi- ronnc, en ambitionnant les lionneurs add 'niiques. Rien n'in- I 6o/, FRANCK. clique mien\ la marche de la socictc, el los progr^s tie celle jiiiissance invisible qu'on nppellc la pensee... » ... « La cour nc dnnne plus le ton a ia ville; la eapiiale ne diote plus les lois clii p^c^nl aiix pioviiices ; reloquenccacade- jniquo, a qui sa circonspeclion, son elegance obligee inlcr- disent le n>ouvenient, a du palir devant celte inuse libre et fiere qui, en disciitant les intcrets publics, dedaigne une vaine jiarure , et ne doitqu'nux nobles sentiniens ses plus belles ins- pirations. Nous en avons vu, nous en avons perdu de grands modeles. Pour ces beaux talens , il ne s'agil pas des applaudis- semens des gens de goiil ; il s'agit de la reconnaissance de la pa trie. » II faut bien limiter ces attrayantes citations, et passer an Iroisieme discours prononce par M. de Chateanbriand. L'ora- teur, partant de I'origine du chrtslianisme, assiste a la chute de I'enip'ire romain; il peint les inoeurs des empercTirs , eclles des paiens, des chretiens et de ces barbares dont ['invasion changea Ui face du monde. L'imagination du lecteur se fatigue a le suivre ; nous I'avouons , des phrases telles que les suivantes sont an desstis denotre portce." Dieu ayautarrele ses conseils, les execiita. Rome, qui ne voyaita ses frontieres que des soli- tudes, croyait n'avoir rien a craindre; et toutefois, c'etait dans ces camps deserts que la Providence rassembialt I'arniee des nations. Plus de quatre cents ans furenl nccessaires pour reu- nlr cette innombrable armee, bien que ses soldats, ])resses comme les flots de la mer , s'avancassent au pas de course. Quelque chose de mlraculeux les condnit ; ils ignorent d'ou iis vieunent, mais ilssavent on ils vont : iis marchent au Capilole, convoc|ues qu'iis sedisenta la destruction de I'empire romain. « Tout le discours ne s'eleve pas a celte hauteur de style; I'ora- teur se tient ordinairement plus a la portce de ses auditeurs. On voit f|ne Tacite lui a servi de motlele ; mais la palette du peintre iui convient mieux qtie le burin de I'histoire. Cette rai- son d'autant jjIus imposanle qu'elle est plus calme et phis froidc; cc coup rt'eeil sur qui saisit avec precision la forme, la grandeur reelle et la place de chatpie objet; cette main ferme qui trace fidelement ce que I'oeil a bien vu : on cherche tout cela dans le discours de M. de Chateaubriand, et Ton finitpar croire que I'auteur A'Atala et des Martyrs nnura'a du ccrire que des romans. Ce discours est un ar des pensees heurcuses, ou de nobles sen- timens, ont etc soumises au jury, qui, dans ce nombre en a particulierement distingue trois. Le prix a ete decerne a I'una- nimite a I'auleur de la piece n" ig, ayant pour epigraphe ces vers de la Pharsale : Clarum et -venerahile nomen Gentibus et mulluin nostrce quod pmderat urbi. Le nom de I'auleur a ete proclaine; c'est M. Eugene Labat. Une mention honorable a ete accordee aux jneces n" j'i et n" 52. Plusieurs passages de ces deux pieces , lues par le rap- jjortcur, ont excite des niouvemens d'approbation. En Icrminant, M. Berville a rendu compte des scrupules ho- norables qui ont empeche le general Lafayette d'eire present a T. xxix. — Fevrier 1826. "S\y Co6 FRANCE. one reunion ou son eloge dcvait eirc prononc^ ; il a lemoign^, en son noin, sa sensibility a la Societi'-, a la coiniuission, an jury et a I'nuteur conronne. M. Eugene Labat, present ^ la seance , a recu la ineilallie des mains de IM. Laffitte, president. La lecluie de la piece couron- nee , faite avec chalciir par M. Jouy, a ete frequemnient inler- rompiie par des aj)})laudissemcns donnes a une foule de trails heureux , el qui se sont renouveles plusvivement encore lorstpie I'oratenr a ierinine sa lecture. B. Sociele philantropique en faveur des Grecs. — La Society philantropifiue en faveur des Grecs s'adresse de nou\eau a tons !es liommes generetix qui ont seconde ses efforts, et dont elle s'honore d'avoiretel'organe. Elie leur doit coinpte du bien qu'elle a fait avec leurs secours , des craintes qn'elle a partagees avec eux , el des cspcrances qui s'y melent aujourd'liui. Naguere, ces craintes etaienl affreiiscs, comme les niaux de la Grece. II sembiait que I'Europe n'anrait bienlot pins qu'a verser des larmcs de douleur et de honte sur les cendres d'une race cliretienne , inulilement heroique , et qui ccdait , en moii- rant, a la barbaric disciplinee des Ironpes egy))tiennos. Mais eelte crise epouvantable a cesse. Elle a monire senlement , par un surcroit de sanglans temoignages, que la nation rc'generee sous I'elendard du Christ ne jiouvait plus, a aucun litre , sous aucune forme, appartenir a ses detestables ojjpresseurs. L'ar- mee egy[)tienne a parconrn , a conquis presque loutes les par- lies de la Moree, sans pouvoir garder sous son obeissance un seul village grec. Elle a tout saccagc, sans rlen souinettre. Elle a cree la solitude , sans trouver la paix. On a vu des populations, refoulees de tous les points de la Gi'ece sons les niurs de Na- poli , soulfrir toulcs les liorreurs de la niisere et de la faiin , plutot que do se resigner a aucun traile avec leurs boutreaux nttusnlmans. Cet execs de maux a ranime I'heroisine; et les de- sastres des Turcs ont a leur tour commence avec la canii)agne d'hiver. La guerre est sortie de nouveau des forets et des ca- vernes. D'beureux essais de taclifiue, secours expiatoire envoye d'Europe , ont puissaninient aide le courage des Grecs. Les lia- bitans des ilcs se sont press>^s contre leurs frercs du continent. La formation d'une nouveile armec, la resistance glorieuse de Missolonglii , la pnse importanle de Tri])olilza, ont enflamme la valenr nationale, et sauve la vie de ce peujde qui n'avait plus qu'a nioiirir. A la vue de ces evenemens , le zele de tons les amis de la re- ligion et de I'humanite doit s'augmenter avec leur confiance. 11 est a croire que ce n'cst pas en vain qu'une nation cliretienne PARIS. G07 aura ^te tflntde fois retiree tie rabime, et que la longiie eprenve de son martyre anienera pour elle enfin dcs lems plus favo- rablcs. La polititjue s'eclaire sur le veritable inierct de la civi- lisation et dcs souverains; clle ne peut renier les plus belles traditions de I'histoire inoderne , qui nous montrent , a diverses ^poques, les baibares raahometans chasses dc la France, de I'Espagne et de I'ltalie ; elle ne peut croire a la legitimite des Tares dans la Giece, lorsque Thonneur de les avoir repousses des inurs de Vienne immortalise le nom de Sobiesri. Ainsi , jamais les csperances , les voeux de tous les coeurs Chretiens en faveur dcla Grece, ne furent plus raisonnables et mieux foudes. Jamais aussi ces dons philantropiques, dej;i multiplies, n'auront offert j)lijs d'utilite veritable. Les premiers bienfails, fransmis par les mains du comite, ont adouci bien des maux : beaucoup de blesses ont recu un secours inespere , des maladies daiigereuses, i)roduites par I'abandon et la misere, ont exerce inoins de ravages; des enfans et des femmes ont ele sauves de la guerie , et trausjjorles dans I'ile d'Egine, refuge de tout ce qui n'est pas arrne dans la Grece. Et sans parler de ce qu'a pu faire le courage, nos arts, employes par des mains ba- biles, ont donne des nioyens de salubrity, de defense, et ilimi- Bue le nombre des victimes de tetle race heroique, mais peu nombreuse, doiit une politique barbarc avail calcule la des- truction rapide et progressive. Et maintcnant que la Grece est presr|ue sauvee , maintenant que Ton peut sc flatter, non de faire des frais inutiles pour des morts, mais d'aider tin pejiple vivant , et d'adoucir pour lui les maux d'uue guerre Impie, a laquelle il ne succombera pas, quel Chretien, quel Francais, refuserait de concourir a cette oeuvre sacree? Nous adjurons tous les coeurs genereux , tous les esprils eclaires; nous invoquons la pieuse cliaritc des femmes, nous demandofis roifiande du pauvre , comme celle du riche ; car il s'agit de soulager des maux effroyables dont rien n'ap- proche dans noire Europe eclairee, et qui ne cesseront qn'avec i'invasion barbare que repousse encore une fois la Grece.— Lesmembresdu comite: MM. j4rt(lre ;]c\icom\e de Chateau- hriand ; jle due de Choiseul; Cottier ; le due de Dalherg; Ben- jamin-Delessert ; le comte Mathieu-Dumax ; Eynurd; Ainhr.- Firmin Didot"; le due de Fitz-Jarnes; le general M. Gerard; le comte Eugene d'Harcourt; le comte Jlex. de Labor de; Laffitte; Laine de Vdlei-eque; le comte Alex, de Lameth; le due de La~ rochefoucauld - Liancourt ; le comte de Laalcyrie; Casimir Perier ; le comte de Saint- Aulaire ; le comte Scbastiani ; le baron de Stael; Ternaux ; Villemain, 6o8 FRANCE. Nota. Les souscrlptions seiont recues chez MM. Andivk et Cottier, banquiers, rue des Peiites eciiries, n° 4o» et cliez M. Cassin, agent du Comite, rue Taiaiuie, n° 12 , ou I'on peut s'adresser ])otir !es renseigneinens. Athdnee des arts. — L'Athenee des ails propose de nou- veau, pour siijet du prix iriennal fondc par M. Turrel, la question suivante: «Qiiellc a I'leriinpulsion donneeaux sciences par les expositions des produits de I'induslrie en France. « Le ])rix est une tiiedail!e de ^00 francs, qui sera deceriiee, dans la seance publique ltimc, on cilera toiijours son excellente these sur Yamenorrhce , (jtii coinmeiica sa rt'i>uIalion medicale. M. AntLON, jirofes»oiir do ))hysiollace vacante dans son sein jiar la perlc dou- loureiise de M. Koyer-Collard. — Daujiec. — Uii ctr;ina;er, distingue par les vertus du •vrai ciloyen et par les lale/is de I'lioninie d'etat , M. Daumec, scnateur d'Haili, et I'uii des comniissaires de cette repnblique venus en France pour reniplir les conditions du fraito d'einan- cipation , est niort dims iiotre capitale dans le inois de dccem- bre iSaS. Sa mcinoire doit el re chcre anx liommes de bien de tous les pays ; il otait un des ciloyens les plus etlaires et les plus recominandables de sa republique, et son dcvoiicment a sa patrie ne connaissait jioint de bornes; le voyage loinlain qu'il venait d'entrcprendre pour Jesintercts de cctle uieme pa- trie en est une preuve irrecusable. Les obseques de cet honorable etranger ont offert un spec- tacle aussi nouveaii qu'attendrissant. Un conconrs de Noirs et de Mulalres d'Haiti accompagnait a I'egiise Saint-Rocli les Testes de leur vertueux coinpatriole ; des banquiers , des ne- gocians et phisieurs menibres de la Societe de la morale chre- tienne s'eiaient joints a ce cortege de deuil. Apres le service , la depouille mortelle de M. Daumec a ele deposee dans un caveau de I'cglise, pour etre ensuite transportee sur le batiiuent qui doit reconduire les deux autres commissaires a Haiti. Deux discours, ou respirent des sentimens genereux et une sensibilild \raie , ont ete prononces dans cette fnncbre ceremonie, I'un par M. J>egros, citoyen d'Haiti, I'antie par M. Alexandre Delaborde , ancien depute. Orateurs et assistans etaient \ive- ment emus : toucliant et juste homraage rendu a !a vertu ! C. C. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-SIXIEME CAHIER. FE FRIER 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. Revue des progres des opinions religieuses. (2" article.) J. C. L. de Sisinondi. 349 s. Coup d'ceil sur I'otat des sciences philosophiques en France, pendant I'annee iSiS. AdolpUe Gnrnier. .365 3. Notice sur Charles-Mercier Dupaty. P. A.Coiipin. 38(i II. ANALYSES DOUVRAGES. 4. Peut-^tre , par M. le baron de Monville. Ferry. SgS 5. Considerations philosophiques , etc. , ou Exanien critique des opinions de M. de La Menuais , par M. I'abhe Paga- nel. Seconde edition. /,a/7y///«a«^, de I'lnstitut. ^1% f). L'industrie et la morale considerees dans leur rapport avec la liberie; par Ch. B. Dunojer. li — n. C. 4if> 7. De I'ordre legal en France ; parM. DuvergierdeHauranne. Diipin , avocat. 435 8. OEuvres completes de Freret, mises dans un nouvel or- dre , par i\I. CiiamjioUion-Figeac. .4, M. 440 9. OEuvres dramatiqu.-=s de Guibert. //. Patin. 447 III. BULLETIN BiBLlOGRAPinQUE. Annonces de i38 ouvrages , francnis ct ctransers , AMERIQUE SEPrENTUI0N.4I,E. — Etals-Uiiis , 2 45/ AsiE , I • 459 EuKOPE. — Grande-BreCague , iS , dont 16 ouvragesperiodi(jues. 460 — Russie ,4 4^8 — A/lema^tie, ig , dont 14 ouvrages periodiques 47^ — Siiiise , 3 47'' — Itatie , 8 485 — Piiys- lias , 8 490 France, 75, savoir : Sciences physiques et natuielles , a5. . . . 494 — Sciences religeiises , morales, et politiqiies , 27 5a2 — Litterature , 17 547 — Beaux- Arts , 1 559 — Merttvires et rapports de Societes savaiiles , a 56o — Ouvrages piriodiquei , 3 563 — Livre enlangue etrangere publie en France, J 565 IV. NOUVELLES SCIEINTIFIQUES ET LTTTERAIRES. Amekique septentrtonale. — Etats-Unis ; New-York , Societe d'horticulture. — Caroline , Mines d'or. — Eiat de Massachus' sets , Ecolcs elemenlaires. — Philadelphie , Seconde exposition des produits des manufactures ainericaineS , faite par Vlnsti- tut Franklin 566 CaO TABLE DES AUTIf.I.ES. Haiti. — Port-au-Prince , Bibliullit-quo nationale 570 Amekique mekidiokale. — Colomlne , Societe de colonisation nationale ibid. Colonies frascaises. — Population et commerce 571 AsiE. — Froniiere meridioiiale o«i«g"e , INecrologie : Uilkens. . . . Sg?- Frakce. Puj-HIarj ( Cuntal ), Decouverte d'une mine d'alun. — Societes savantes : Metz,. Couvs d'enseignement induslriel ; Roville , pres Nancy, ferme experimentale ; Toulouse , Ensei- gnemeut de la musique. . 594 Pakis. — Institut : Academic des sciences; seances du mois de Janvier. Acadcmie francaise; seance extraordinaire du 9 fevrier. — Concours poetique sur le voyage du general La- favette. — Societe philantropique en faveur des Grecs. — Athenee des arts : Prix proposes. — Publication prochaine. Theatres. Theatre francais ; I'e' representations de I'Amitie des deux Ages , comedie , et de la Petite maison , comedie. Theatre de I'Odeoii ; i''^' representations d' Amour et Tntiigue , drame, et de Boisrose, comedie. — Beaux- Arts : Peinture, Diorama; Sculpture; Lithogiaphie ; Vente du cabinet de M. Denon. — Necrologie: Girard ; Morel ; Ro>er - Collard ; Daumec ^9^ N° 1 et 2. — Janvier et Fe'viier 1826. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET PROSPECTUS d'odvragks nouveatjx et de publications prochaines^ Pour la France et les Pays Strangers ; BULLETIN SUPPLEMENTAERE annexe a la bevce kkcict.opedique (i). AVIS ESSENTIEL. A Messieurs les Atiteurs, Libraires, et Editeursd'ouvrages, a Paris, dans les dipartemenx et dans les pays elrangers. Depuis plusieurs annees, la grande abondance des livres qu'on public, rend plus que jamais necessaires des annonces multipliees et distribuees avec discernement et avec profu- sion , pour les ouvrages que Ton veut faire connaitre etdont on desire assurer le debit. Mais ces annonces, contenuesdans des prospectus detaches, et qui sont, pour ainsi dire, lances an hasard, ne peuvent pas produire le meme effet que des annonces annexees aux cahiers rnensuels d'un ouvrage pe- riodique tres repandu , imprimees dans le meme format , mais surdeux colonnes, pour etre plus facilement distinguees du corps de I'ouvrage , broch^es avec chaque cahier, et envoyees dans le plus court delai sous les yeux d'un grand nonibre d'hoirnnes eclaires, occupes d'etudes scientifiqucs, philoso- phiques ou litteraires, et disposes a r<^cueillir avec soin , pour les lire ou les oonsulter; tons les ouvrages nouveaux relalifs aux branches des connaissances dont ils s'occupent le plus. La Revub ENCYCLOPEDiQtiE,ayant douRe une grande exten- sion a ses relations , pendant sept annees d'un succes continu ft loujours croissant, se trouve luaintenant en circulation dans toutes les parlies du monde civilise, oii elle est lue (i) Ce BuUelui Supplementaire est conij)i)se d'aiinonccs /burnies par MM. le« libraires , aiilems et odilcurs , et qui iic iloivctit piis e(re cuiiloiidnci .nvi-i; ](;■; jiii;ciiiL'ns portes siir les ouvriscs , ilans les deux sictioiis ilc= Analyses e\ ilu IUiIIkiui UiOiiOi;iaphi'i"e , tjui Ibiil fiaitic lie cIkicuii dts culiiOii dc la Hei-uc. j;ar tons ceiix qui veulcnt so tcnir au couraiit da proxies do la litleraliire et Jes sciences, ct qui chorcheiit, daus Ics livies, lie i'iuslruction ct du plaisir. Kile cioit scrvir les in- terets dcscciivuins et des libraircs, en leur olViant , dans un Bulletin Suitlemestaire , joint a chacun de ses :?ahiers , un niutlc dc publication ct de circulation rapide , (!;cono- iiiique ct universel, pour Ics Annonces ct les Prospectus des onvrages qn'ils pu!)lient. Ccs annonccs pomront coin- prendre egalenient les publications prorkaincs des oaci-agcs sous prcssc , ct Ics ouvi'agcs ?««;(«.«( vi/.s- que lours aulcurs, on ceux qui en sont depositaires, voudraient laire connailrc d'a- vancc aux libraires et au public. L'inscription des AnnoncescI des Prospectus est fixeeuaSc pai ligne; ellc est reduile a 20 c. par ligne, pour les libraires qui ont fait prendre au nioins douze abonnemcns a la Revue Enrjclopddique. MM. les libraires, edileurs et autcurs, dc Paris, des dc- partemens ct des pays etrangers, auxquels il conviendra de laire usage du moyen que nous mettons a leur disposition pour imprimer ct repandre des Prospectus et des Aiwonces d'ouvrages," Litter at ure et Beaux- Arts: III. An- vonces bihliographiquesd'ouyniges nouvcaux, classes parpays, et, dans chacjue pays, par sciences; IV. Nouvelles scienti/iqurs el litteraires. — Prix : a Paris , 46 I'r. pour Tanncc; dans les departemcns, 55 fr. ; dans les pays etrangers, 60 (r. OUVRAGES FRANC AIS. I. ATLAS DRSOISE AUX D'EU- liOl'E , pour scrvir de coni|iIumt'nt au Manuel d'ornitholoqic de M. TEMMINCK, parJ.-G.WRUNER, lioinire d'hisloire naturellc, uvea on sans textc. Pi'ospeclus. Depuisque Ic godt de I'llisloirc naturclle s'esl itip.indu jiisejue duns \es deux moiidcs , chaque ouviogc qui traitede ceUe science clant rcou avec cmpressemcnt paries homines quise livrent a son etude , le sucecs en csl assure : cependant pl\isieurs de ccs' ouvrages inanquent dii se- conrslepluspuiss;inl pourOlre hicn compris, cclui d'un Allasquidonnc la figure exacte dc ehaju'^ cspece dccritc. En cH'el , quelle i'aeililc ne tromc pas la personne qui eludie un ohjcl , en le tfoyani icpreseiUe C 3 ) avcc soiii cl precision ; a I'aidc du la iicinluri!, clIo sc le grave plus I'.icileim'iil dans la inoaioire qiiVlli; jie pourrait le I'aire avec la meillcure desciipliDii ; car , quelque soiii quo Ton se donnc , tjuelqtu' peine que Toil pieniic, aucuiie expression ne peut iQonUcr Ics foiines , fain? voir lcscouieur.-i,quisont d'unesigiande jinporlaoco surluut pour I'oniilho- logie. Cost done uii veritable service que nous riMidrons en publianl noire Alias , qui jompletcra le Manuel ornitholo^ ii/uc de iW. Tenimiiwk,le ineilleur des ouvrages publies Mir I'bistoire des oiscaux. Ce IVIanuel eontient environ cinq cent cinquanle cspeees et varieles de sexes, indis])cnsablcs a figurer. Nous les donnerons toutes, et loutes i'aites, d'apres nature, prir M. Wer- ner, ipiidejiuis dix ans donne , par les beaux d.ssins qui onl paru dans les oaviagcs de nos premiers n^ilu- ralistes , des preuves d'un talent distingue. M. le baron Cevifu p:rniet que noire Atlas soit public sOi.s ses aus- pices, et promct d'cn revojr lom lesdessins. Lcsedilcurn ue pcuveiit od'rir une |)lus Ibrte qarantle a leurs r.ouscri|)teurs : car ie uo:ii de Ce Celebre naluralir.te ne peut s'alta- cber qu aux entrepri.■ie^ vraiiuent utiles a I'elude des sciences. L'ouvrage entier be)a pubiie < n cinquanle-cinq livraisoiis de dix plancbes , Ibr.'iiat in-iS '. En lete de iliaque ordre , nous donnerons un squelelte et une ou deux planches de caracieres pour les divisions, (lliaque plancbe n'aara qii'un ^eul indi\idu , afin que Ics naluralisle en rente le a5 I'evrier 182G. Les cdilcurs pounont I'ournir , <1 ins cbaque livrai-ion , aux souciip- Icurs qui le desiroroiit , le texle du Munucld'orniltioloijic, j)ar Rl.Tem- ininLk , uvet le.-i ligurcb corres[!o:i- danlcs: ainsi l(<: personn;;.-i cpii n'oni poiHtdeja le Manuel pourroul ;ous- erire a Touvrajje coniplet. Prix di- la !iv^;;isou , IG figures noi- ris sue papier velin . . 5 IV. — Figures coloriees et reioucbees avec soln G t'r. Afus' avec tcxlc. I'rix de la llvr.iison , 10 figures no - iessur papier velin. 3 Ir 5o c:. — Figures coloriees et r»;loucbe< s avec soin ... 6 I'r. .'hj c. On souserit a Paris, cbez A. BKLIN , imprimeur-libraire, rui; des ftialburins St. -Jacques, n." ij. 2. KOTICE HISTOlilQUE sur la vie cl Ics oiivrayt^ dc Franrnis DOUHLET.docteur regent del'an- cienne Faculte de uiedecinc de Pa- ris , el inol'esseur de la faeulle ae - luelle,associeordinaire delaSociele royr.le de luedecine , sous-inspec- leur general des bupitaux civils d:i royaume , etc. , par 3. DouiiLur on ISoiSTHiEAULr, son ne'veu , avocat en la cour rcyale de Paris , avec ces deux epigrapbcs : K On nii doit pas ju: dun boniiiie par spsgia mais pill I'lisage qu il ut J.j.pioRa ■des qualili* Ml sail fair( Cetle notice formaul deux f'euillcs ia-8u. d'iinprcssion , paraitra dans lecourant dcmars, chez VisuDiiittK , lil)rairc,quaides AugUjlins, H". 2 3. prix 2 Ir. Pnui"]>araUre en Avril prs- cliain, olicz (j\iiO:ietC'', llbraiia u Parii. 5. VOYAGE EN ITALIE, /iui enl'annco 1S20. Dcuxicine edition , corrigeect augnienlcede nouvellus observalion.+ laitcs dans un second voyage en 1S24 , par le doctcui Louis Valf.mi-n; un-\ol. in-S". /) . LETTllE a M. le baron d'Ecks- ( 4 ) Ipin sur IVxistcncc d'une langue, d'une science , et d'une religion primitives ; avec des observations sur qiiclt|iies passages du i"nuni<^ro du Cathulique; parM. N... JVl...— Se trouvc chcz Firmin Didot , rne Jacob, n" a'}, chez Sadtklkt, phice de la Bourse, et chez (iaitikr , a la Tente , uu Palais Royal, frix , I I'r. 5o ceul. PROJET P'UN EtABLISSEMENT nUP.AL F.XEMPLAinE , sous t,A DIRECfiOtf DE M. C. J. A. Mathieu de DOM BASLE. 5. M. Malhicu de Donil)aslc avail ctabli a Roville, dans le de- parteinent de la Mcurlhc , unc Icnne-niodeit; , dont on a eu occasion de parJer avcc quelques details dans la Revue encyclopiditjue. ( V03'. torn, xxiii , pag. 55 1. ) Lessucces de ce premier *!tablissenient ont dii determiner son habile directeur a lui donner de plus grands develop- peniens , ou plutot a en crt'er un nouveau , soit a Eoville mSme, soil dans tout autre cndroit, sur dcs bases plus larges et plus solidcs. A ceteffct, il propose la formation d'un londs social dc5oo.,ooo francs, diviseen niiilc actions de 5oo fr. cl|acune. Celtesommesera employee a raccjuisition tlu domaine ( celui de Roville), a la construction des iiouveaux batimens qu'il pourra elre utile d'y ajoutcr; a la mise en etat des anciens batimens, si cela est necessaire; a I'acquisition du inobilier de I'cxploitation rurale, de I'lnstitut agricole, de I'Ecole d'industrie pour lespauvres, et de la fabrique d'instrumens, ainsi «(u'aux premieres dt'penscs d'amelioration du domaine, et a former Ic •■apital circulaiit necessaire pour I'entrepiise. Dans le cas oii H serait. fait acquisition d'un autre domaine que celui de Eoville , le capital sera porti; a la somino dc 5fio,ooo francs, afin de laisser a Eoville le capital iiecessaiie pour I'oxploitation. Ce dernier domaine devicndra, pour ainsi diie, une succursale de I'elabiisscment. L'acte d'aasncialion , qu'a fait impriiner M. Mathieu dc Dombaslo , contient, en 5n articles , toutes les dispositions princi|)ales qui servi- ront de base a I'associafion. Les pcrsonnes ([ui desireraient micux connaitrecc projet, dont I'cxdcution ne pent tourner qu'au profit de Ja science el du pays, ])ourrotit s'adresser a Paris, cliez M. Gon- doin , notaivf , riu^ Neovc di's Pelits-Champs , n" f)^ ; a Nancy , chez M. Baudot, notairc; a LuiicviUe, chcz M. Guerard, nolaire. ]V. B. Ce EuLLKTiN si'Pi'LEMEKTAiKE ne sera public';, chaque mois , avec la lieviic e>icycl(i/>etlifi ( F.tats-Uiiis ), Drcnd et Moudon. Ndiwelk-Orli'niis , Juurdan ; — Roche , fi-eres. Palenne (Sicile), Pedonne et Mu- ratori; — Bcfenf (Cli.). Petersbourg , Saint- Florent ; — Graeff;— Weyher;— Pliicliart. Stuttgart C't Tubingen , Gotta. Utrecht, Van Scliooiilioven. Todi , B. Scalabrini. Turin , Bccca. Varsovie , Glucksbcrg ; — Za- vadsky. yieiine ( Autriclre ) , Ceroid ; — .Schaunibourg ; — Sclialbaclu-r. TjBR AIRES chez lesquels on Sanscrit dans les pays etranc. Aix-la-CliapeUe, Laruelle Ills. /4msierdain, G. Dufour; — Dela- chaud. Anvers , Ancclle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne, Clins , au cabinet lilt^- raire ; — Bourgdoi for. Breslati , Th. Kern. Druxelles , Lecharlier; — Dcmat. Ilniges , Bogaert; — Dumoitier. Florence, Pialli. Fribonrg (Suisse) « AloTse Eggen- dorfer. Francfort-sur-Mein , Scbaeffer ; — Brijnner. Gand , Vandenkerckoven fits. Genife, .T.-J. Paschoud ; — Bar- be/atetDclarue. J.a Uaye, les frtres Langenliuysen. Lausanne , Fischer. Lcipsig,Gr'iCS,]\ammer; — G. Zirgi's. Lidge , Jalheau pere. LIsbnnne , Paul Martin. COLONIES. Gtiadtloiipe (i*oiate-a-Pitre), Piolel alne. Ile-de-France (Port-Louis) , E. Bxirdet. Martinique , Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au Burp.au de kedactton, rue i)'ENrBR-SAiNT-MicHr.r. , n" i8, on doivent etre envoyes , francs de port , les livres, de.'isins et gra- Tiires , dont on desire I'anDonce , et \e.s Lettres , Menioires , Notices ou Extraits destines h dtre inseres dans ce Reciieil. Chez Thexittel et Wiihtz , rue de Bourbon , n° 17; llnv PT Gr.wier, quai des Auguslins, n" 55; Cileries Bechet, libraire-comm"''' , quai des Augustins, n» $7; UoNDKY-DupRB, rue Saint-Louis, n"' 46, au Marais; et rue Richelieu, n" 67; MoMGiKain^, boulevard Poissonni^re, n" 18; Eymery , rue Mazariue, n° 3o ; RoRKT, rue Hautefeuille , n" 1 a ; B\cHEirER, quai des Augustins, n" 54 ; LF.vBAtTLT, rue des Fosses-M.-le-Prince , n" 3i, et a Strajbotirg; A. Bauuooih , nie de Vaugirard', n" 17 ; DelatisaT, Pelicier, Ponthieu, au Palais-Royal; Urbain Gajsejl, rue S.iiiit*Gcrraain-des-Prcs , 11" 9. A LA Teiste, Cabinet Litteraihr, tenu par M. Gautier, anciea inilltaire , Galerie de Bois, n° 197, ati Palais-Royal. iNnta. Lrs nuvrnRCs aunonccs dans la Revue se trouvcnt aiissi obczRoReV, rue Hautcfcuilli' , ■ — ■ _ PARIS.' — DE I. IMrRIWERIE Dli HIf4NOUX, rue lies Francs-l)fiiir"(ois-.S.-Mirli. 1 , n' 8. Tome I^^'-iSsG, ( ag^ de la collection. ) 87^ LTVRArsow. REVUE ENCYCLOPEDIQU ou ANALYSE RAISONNfiE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA tlTTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. i" Pour le« Sciences physiques et mathimatiques et les Ar:s industriels : MM. Aw^iiB, Ch. DupiK, Fourier, GtRARD,NAviER, ce que, pour s'y conformer, ils froissent nos inte- rets, ils compromettent ou detruisent ce qui nous est le plus DES OPINIONS RELIGIEUSES. Ga3 cher. Le republicain vouilra detruire la monarchie a laqudle nous sommes attaches cle coeur, ou le royalistc voudra de- ti'uircla republiqiie. Des opinions qui conduisent ualurellement a des actions qui peuvent changer I'cssence mcine de la chose sur laquelle ces opinions s'exercent, doivent sans doute etrc repulees dangereuses. Les opinions religieuses n'ont point les memos consequences ; riionime ne pent jamais changer par sa croyancc ce qui exisle eternellenient. Mais, quelque evidente que soit cctte difference, on dirait que personne n'en a fait la lemarque. Lc monde des esprits est plus independant encore de nous que cette etendue des cieux que nous mesurons, quoique nous n'agissions point sur el!e. Qu'un astronome adoptc le systeme de Copernic , ou celui de Ptoloraee , il ne changera point lemouvement reel des choses celestes; qu'un avengle nie I'existcnce du soleil, il n'c- teindra point sa lumierc; encore moins nos faibles pensees , nos faibles paroles pourraient-elles changer I'essence de Dieu. II y a sans doute dans les religions autre chose que ces dogmes, sur la realite desquels notre croyancen'exerce aucunc influence; il y a un enseignement moral, plus ou moins pur oucorrompu, qui, dirigeant nos actions dans une bonne ou line mauvaise voie, peutcompromettre dela maniere la plus se- rieuse nos interets; cet enseignement pourrait donner lieu aux plus graves contro verses; ce n'est cependant jamais surcesujet que les sectes se sont divisees : elles se sout frequemment ca- lomniees , quanta leur conduite morale; elles n'en ont jamais frappelcs principes de leurs anathemes, justement parce que ces principes ne pouvaient etre discutes et juges quINI()1N8 RELIGIEUSES. 6a5 I'Eylise catlioliqiie (jiie sont n6es toiites les heresies, el on Itjs compte par milliers; ellc n'a done point preserve ses enfans <]e ces variations dans la foi, qu'cUe reproche aux autres i^gli- sos; elle les a seulement renies a mesiire qu'ils faisaient usage de li'iirs faciiltes pour examiner ses dogmes. Jesus-Christ avait parle aux homnics avec une nutorile di- vine; mais les homines furenl curieux de savoir ce qu'etait Jesus-Christ lui-meme, et comment il arrivait que son autorite se confondit avec celle de la Divinite. Des cejitaiues d'hypo- theses furent presentees par des hommcs fort ingenic^x, qui tous s'appuyaient sur I'Ecriture, que chacun^inlerpretait a sa maniere , qui tous etaient probablement de bonne foi, car ils supporterent avec courage . pour leurs opinions, les persecu- tions et les suj)p!ices : tousse disaient catholiques, tousl'etaient eneffet, jusqu'aii moment ou I'autorile temporelle, qui avait rtotte entre ces opinions opposees, se decida pour I'une d'elles et perseciita les autres. Mais, apres que la nature divine de Je- sus-Christ eulete proclam(';e par le parti vainqueur, des ques- tions toujours plus abstraites se presenterent aux docteurs catholiques, sur I'union de la nature divine a la nature hu- maine , siw I'union des deux volontes dans le merae etrc. Chaque dontc partageait I'Eglise , chaque decision rejetait une partie des fideles hors de son sein. Cette naissance continuelle de nouvelles heresies, qui n'elait autre chose que I'examen succcessif, par les docteurs catholiques, de toutes les questions suiiiumaines sur lesquelles pouvait s'exercer la subtilitc de i'osprit, a continue jusqu'au siecle dernier et a la naissance du jansenisme. Mais, les sectes successivement rejetees du catlioli- cisnie ayant ete en meme terns proscritcs du monde civilise , par la puissance temporelle, ont presque toutes peri, a la re- serve de la reformequi, au xvie siecle, trouva des puissances temporelles givilisees qui la protegerent, et du jansenisme, qui, quoique condamne par I'Eglise, et sans appui temporel, ne put point, a cause du changement de nos moeurs, etre detruit par le fer et le feu. I.'habilude arrele < t enchaine les tsprits les plus hardis. Les C>i6 REVUE r4formateurs, apres avoir clcvc une coiitroveise sur iin dogme particiilier, refuserent bien de se soiimcttre a rautorite de I'Eglise qui les condamnait, commc avaicnt refuse de Ic faire tons les sectaires, peut-etresans exception, qui, n(5s dans Ic sein de I'Eglise catholiquc, avaient ete successivement rejetes par die ; mais ils n'en demeurerent pas moins attaches a I'uniformite de croyance : ils n'en admirent pas moins tous les jugemens prononces precedeinmcnt par I'Eglise , sur les points qu'eiix- memes ne controversaient pas ; ils n'en repelerent pas moins tous les anathemes prononces par les catholiques contre des opinions autrefois discntees dans lo sein de cetto Eglise : et c est par une consequence fatale de ces prejuges dans lesqucls il avail etc eleve , et dont il n'avait encore dissipe que la moindre partie , que Calvin fit bruler Servet. Mais les reformateurs avaient ete obliges d'en appeler de I'autorite de I'Eglise a I'examen , comme doivent faire tous les controversistes, et decet examen auquel chacun deleurs sec- tateurs se livre, et qui s'est prolonge trois siecles, naquit une seconde reforme, bien plus importante quecelle qu'ils avaient cru accomplir. Les premiers reformateurs voulaient que cha- cun vit pour lui - meme, jugeat par lui ineme, et cependant crut comme eux : ils pretendaient avoir le droit de veiller a la purete de la foi, d'exclure les dissidens, ou de les punir; de rediger des confessions de foi qu'ils faisaicnt signer a tous les membres du clerge, et d'y insercr des anathemes contre ceux qui ne pensaientpas comme eux. Les reformes, appeles a juger pour eux-mcmes, rcprirent sous oeuvre tous lesdogmes que la condamnation successive des heresies avait fait entrer dans I'orthodoxie, et ils se diviserent sur chacun. Il y eut roelie- ment alors autant de modifications dans la croyance qu'il y avait d'individus. On a souvent dit qu'on ne trOuverait pas sur un grand arbre deux feuilles qui fussent parfaitement sem- blables; se figure-t-on qu'on trouverait dans toutc la genera- tion humaine deux ames qui fussent identiques. Cependant, c'esl avec toute notre ame que nous formons notre foi : nous y employons tout ensemble noire intelligence, notre imagination. DES OPINIOiNS RELIGIEUSES. 627 notre sensibilite, uotre meinoire; il n'y a pas une de ces facul- tes qui ne modifie ;\ sa maniere les objets qui sont \us par elle. La tolerance des opinions dissidenles, consequence inevi- table du droit d'examen,s'etablit tacitement, durant le sieclc dernier, dans toutes les eglises protestantes. En Angleterre, ou le clerge formait un corps plus puissant , muni de grandes pre- rogatives politiques, et dont I'organisation etait restte presque la meme que celle du clerge catholique , I'liglise anglicane montra plus d'attachement a ses confessions de foi, et elle forca tous les dissidens a se separer, et a former autant de pe- tltes eglises independantes qu'ils trouvaient de modifications dans leur croyance. Mais, la liberie garantie aux Anglais par les lois leur permettant de discuter publiquement leurs opi- nions , chaque question fit naitre des divergences nouvelles , meme dans le sciu des petites eglises; et, quelque multipliees que fussent les secies, elles se trouverent I'elre bien moins que les opinions. Aussi les membres de I'Eglise anglicane, qui seule avail une litliurgie fixe , ont-ils commence les uns a refuser de souscrire la confession en 89 articles, les autres a retranclier dela liturgie le symbole de saint Atlianase, celui de Nicee, ou les phrases de la lilanie qui repugnaienta leur sentiment per- sonnel. Sur le Continent, la liberie d'examen s'exerca dans le sein de I'Eglise reformce sans y causer de schisme. On parul y sen- tir beaucoup plus tot que ce n'etait pas dans la divination de Tenigme de I'univers que consistait la religion. L'Eglise de Geneve siipprima, des I'annee i7o5, 1'usage de faire signer une meme confession de foi aux membres de son clerge. Des I'ins- tant qu'il n'y eut plus d'anatheme prononce contre de certaincs^ opinions , leurs sectateurs ne mirent plus de fureur a les soutqnir ; elles- fu rent doucement releguees du domaine de la foi dans celui de la philosophic; et, quoique chaque homme pensant les modifiutselon la portee de son esprit, loin que de npuvelles scctes s'elevassent, les trois eglises des premiers 628 REVUE rtfonnateius Luther , Zuingle t-t Calvin, tendirent rapide- nient a se fondre on nne seule. Cefutsur cescntrcfaites que la revolution de Franco etonna et ebrania toutela chretiente. La revolution, sous son point de vue religieux , etait absolumenl etrangere au protestantisme. Dirigee contre le sacerdoce, elle s'etait inontree furieuse la oCi le jc-ug de celui-ci etait pesant : tout en detruisant les abus, elle avait persecute les personnes ; elle avail altaque la religion elle-nieme , etnie toutesles croyances les plus coiisolanlespour rhomme. Mais, dansle moment mcme de sa plus grande vio- lence, malgre I'appui que le gouvernement ellesarmces don- naienta ses maximes, elle n'avait fait aucun progres parmi les protestans. En Suisse, en Hollande, en Allemagne, le culte n'avait jamais ete suspendu, raeme en presence des armees francaises; les pasteurs n'avaicnt rien perdu de leur credit , et le nombre des incredules, toujours fcrt petit dans cette com- munion , n'avait pas augmente. Cependant, les attaques des terroristcs francais contre les principes fondamentaux de toute religion , avaicnt scandalise les protestans a I'egal descatholiques; elies ranimerent le zele et exciterent la reaction dont nous t'prouvons aujourd'hui Itis -cffets. C'ctaient les croyances qui avaient ete altaquees paries revolutionnaires, et ils les avaient separeesde renseignement moral; ce fut pour les croyances que se declarerent les nou- veaux predicateurs du christianisrae ; ils les releverent au- dcssus de I'enseignement moral , pour se distinguer des revo- lutionnaires, et ils professerent avec un redoublement de zclc la doctrine, que c'est la foiqui sauve, que dans la purcte de la foi consiste tout le christianisme. II devenait cependant difficile de decider quelle etait la foi dans I'Eglise j)rotestante : chaque theologien, souvent chaquc simple fidele avait considere les questions de dogme sous un point de vue particulier ; la conlroverse avait cesse, mais ren- seignement religieux el la predication avaient continue h d«- veloppcr des REVUE pris possession des ecolfs allemandes, oonfribna a rt'-paiulreco iiiysticisme nuageux dans toiitc-l'Allemagnc> protestanU-. D'au- tres enfin sV-lToicerent do ramenor la rc-formc ;"\ la doctrine nieme de Calvin; ilss'atlachereiU snrtonti\ sa profession defoi snr I'nnion des deux natures dans Jesus-Christ, sur I'eflicacile do son sacrifice, etsur la grace. Cos opinions prevalurent snr- toul en Anglcterre, et ellos donnorcnt one nouvolle ardour a la sccte des niothodistes. Los doctrines dos nouveaux apotres qui s'efforcaiont de con- vertir ies protestans qu'ils nommaiont tiodes, n'otaient done pas identiques; inais tons avaient lenionie esprit, croire davantage, et examinernioins. Quand ils se trouverent en presence, ceux d'Anglotorre acqnirent bienlot nn ininionso avanlagc sur ies antros, par I'liabitude acquise dans tui pays libre d'ngir de concert, et de former des associations riches otsavannncnt or- ganisees , pour diriger leurs efforts. La Socioto bibliquc , qnol- que formoe ontrc des chretiens do tontes croyancos, se trouva bientot sous leur influence, et losoeconda puissaniment. D'au- tres Societes furent formees pour envoyer des missions dans Ies pays protestans; des sonscriptions furent remplicsavoccctto profusion qu't)n ne trouve guore qu'on Augleterre; des predi- catours favoiftbles aux nouvollos opinions furent richemenl payes , et furent charges do distribuer d'abondantos anniones aux pauvros qui leur remettaiont le soin de leur conscience; Ics livrcs de la sccte furent dislribues gratuitement a qui vou- laitles prendre. En Anglcterre, ou le droit de nommer Ies pas- teurs est une propriete venale, foutes Ics presentations de cures qui etaiont a vcndre furent achotoes par Ies niothodistes, etl'on a pn voir quelle prodigiouse influence I'argent oxoroait sur Ies opinions publiques, encore qu'il n'y ait aucun lieu de croiro que Ics converiis vendissent leur conscience. Des missionuaires protestans travaiilent done aujonrd'lnii la France et I'Euixtpe, k cote des niissionnaires catholiques. Ils ne tendent pas au mome but, ils n'ont pas nne oglise puissanle et orgnnisee ; ils n'ont pas un projet politique , etils no songent nullcment a ronnir ontre lours mains tons Ies pouvoirs de la DES OPINIONS KELI(;1P:USKS. G3i Socicte. La plupart n'appartiennent pas meme an cler-^c ; ce sont dcs gens dn nionde, dcs litterateurs, souvent desfemincs, qui travaillenta repandre Icurs opinions, avcc toiite la fervcur de nouveaux converlis. Mais ces opinions n'cn sont pas pour cela moins cxcliisives; ils ne s'arrogent pas moins que Ics je- suitcs Tautorite dc prescrire aux liommes ce qu'ils doivont croire; ils ne demandcnt pas nnoins qu'eux le sacrifice dc la raison hunaaine h la foi divine ; el , comme ils n'ont aucune autorite, comme ils ne peuvent passe dire en possession de I'enspignement drpiiis des siecles , comme ils ne se disent pas non plus inspires, lenr pretention a peut-etrc qiielque chose de plus offensant pour ccux qu'ils ondoctrincnt. En effet , on a quclque peine a s'expliqucr la presompfion de ces prophetes qui sc donncnt a eux-memes leur mission : plusicurs sur tout autre sujct sent modestes et iffibitatifs ; ils respecteraient la science ou la philosophic des hommcs dont ils condamncnt la foi du haut de lenr grandeur. Cependant , quelles sont Icurs Inmieres, quels sont Icurs titres, quclles preuves ont-ils donntes de la superioritedelcur jugemen'? Sans doute , aucunes etudes humaines ne suffiraient a leur faire comprendrc la Divinite, ou scs rapports avec I'liomme; mais encore, s'ils sont protestans, c'est dans la seule Ecriture sainfe qu'ils doivent chercher la verite. Peuvcnt-ils repondre qu'ils I'entendent mieiix que les autrcs, cette Ecriture invoquee ])ar des milliers dc sccfes, et qui s'est toujours pretee a toutes les interpretations que chacunc lui a donnees ? L'ont-ils etudiee dans ses langues originales ? Savcnt-ils I'histoire de ses va- riantes, des passages suspect^s d'interpolation, des differentes interpretations qui en ont cte donnees ? Ont - ils compare les versions entre dies ? Ont - ils pris chaque heresie a sa nais- sance, examine la controverse a hquelle clle a donne lieu, et juge de nouveau la question sur laquelle une autre egliseqne la leur a prononce un Jugemeut? Ils ne repondrontpas j mais nous pouvons repondre hardiment pour eux qu'ils n'en ont rien fait ; car ceux qui out consacre le plus de teins et de soins (iii REVUE a du tflles eludes, n'out fait par-la que deuioiiUer, quelque- ("ois conlre Iciir piopte sentimenl, que ces liautes questions doivent deineurer indecises. On suit q'.i'une baronue allemande qui s'est inise a la tele dc la plus entiiousiaste des sectes evangelisles , ct qui a exerce une influence nolable sur des homines puissans, sur des souverains meme , s'est crue douee de pouvoirs surnaturels ; qu'elle a dil avoir des apparitions, des revelations , et que c'est au nom de ces reveries dun ceiveau nialade qu'elle a dcniande qu'on pretat foi a ses paroles. Mais M""^ de Krudner etait probablemeut de bonne foi dans celte illusion : celui quinour- rit sou exaltation est bientot transpoite dans un monde ima- j^iuaire , ofi il pcrd la faculte de distingucr les visions de cette espece de fievre, d'avec celles que lui iransmetlent ses yeux. En adiiiettant cette premiere deception dont elle etait elle- n.emela dupe, la conduite de M'"'^ de Krudner a ete beaueoup plus simple, beaueoup plus modeste que celle de plusieurs jjiandes dames qui ue se croient point inspirees, et qui n'en prechent pas moins, qui n'en decident pas nioins , qui n'en condamnent pas nioins les opinions qu'il n'appartient point a riiomme de sender a fond. Au milieu de cette fermentation nouvelle des idees reli- gieuses, le clerge protestant s'est, en general, conduit avec beaueoup de sagesse et de mesure. II a evite, autant qu'il a pu, de se prononcer dans les controverses, etil a donne I'exemple de la tolerance et du support mutuel. Le clerge auglican, il est vrai , est plus attache qne tons les autrcs a I'orthodoxie, et aux confessions de foi; cepcndant, il ne pent eviler de separtager entre des opinions dissidentes; on rcmarque, en effet, que les desservans des paroisses manifestent une grande repugnance a laisser precher, dans leurs eglises, les ecclesiastiques leurs con- freres etleurs voisins : ils craignent, disent-ils, qu'on nc de- lourne leurs paroissiens de la pure doctrine qu'ils leur ensei- gnent, comme s'ils pouvaient reconuaitrt^ h aucun signe que leur doctrine est plus pure que celle de leurs confreres. En nieme terns, les chefs du clerge out vu dc mauvais ceil I'impul- i DES OPINIONS RELIGIEUSES. 633 slon (lonnee an nouveau zelo rclij^ieiix, pnr d'aii ties que des ecclesiastiqiies : ils ont tedoute cotte usurpation de leiirs atlri- buts, et Tarcheveque de Cantorbery vient de manifestcr son opposition aux Societes bibliques , scconde dans cettc de- marche paries plusardens champions de I'eglise anglicane (i). Dans les eglises protestantes d'Allcmagne , I'esprit philoso- phiquedes grands critiques bibliques se montre en opposition avec I'esprit enthousiaste de quelques ecoies nouvclles ; mais leur controverse meme atteste la liberie des opinions et leur partage. Les eglises evangeliqnes des contrees duRhin, ont resolu, par leur acle d'union, § 3, de prendre les sainles Ecri- tures pour seiilebase de I'cnseignement theologique, ecartant ainsi tout symbolc ; et cette resolution a tte couGrmee apres une nouvelle deliberation, au niois de novembre iSaS, par le 3" synode general de I'Eglise protestante Rheno - bavaroise. En Suisse , le clerge avail commence par niontrer pour I'or- thodoxie unzele assez amer; mais, se trouvanlbientol depasse par des novateurs qui se pretendaient plus orthodoxes quelui, else sentant aigri par les conlroverscs qui seniblent d'autant plusirritantes qu'clles echappent davantage au raisonnemenl, il a manque de raesure et de support, et il a provoque un ar- rete du couseil d'etat du canton de Vaud , du i5 Janvier i8-ili, contre leschretiens evangeliqnes, designes dans cet arrete sous le nom Ae momiers, qui ne peut qu'affliger les amis de la li- berie religieuse (a). L'Egiise de Geneve enfin a donne dans le meme temsunbel exemple de respect pour loutes les opinions religieuses, et d'ef- forts pour elablir la concorde entre les chretiens de toute de- nomination. Elle a ete vivement attaquee ; elle ne s'est point defenduc, pour ne pas envenimer les disputes : elle a considers toutesles cioyances comme respectables , quand elles etaient (l) Voy. ^oAh null. Octobe!- i'" iSaS. — Galii;na>n's Messenger. October 6''' iSaS. (l) Vov. ,1rchi<-cs du ckristianisme. Q.A\\\eT& di'A.\v\\ e\ de M;u i8jr^. 634 REVUE embrassocs de bonne foi; elle a communique a ses pastcursun sentiment do charite, d'liumilite ct de paix, qui leur fait eviter en chaire toute coutroverse avec I'cglisc catholique, toute pa- role de condamnalion , tout analhcme, toute accusation d'he- resie, qui pourrait troublcr rcdificalion de ccux qui les ecou- tent, quclque cro^^ance qu'ils piofcsseut; elle a de meme, par son reglement du 3 niai 1817, intcrdit a ses mcmbres de dis- cuter dans les chaires du canton des questions qui sont aujour- d'hui un sujet de controversc , dans le sein meme de I'Eglise proteslante; savoir, cclles qui se rapportent aux deux natures de Jesus -Cluist, an peche originel, a la gnice ct a la predesti- nation , mais sans gener, en aucune manieie , leurs opinions, ou leur droit de les devclopper dans leurs ecrits (1). En meme terns que la Compagnie des pasteurs de Geneve unissait ainsi, dans sa pratique , la plus grande tolerance avec une attention charitable pour elouffer les controverses reli- gieuses, et les empecher de troublcr Tedification des fideles , plusieurs de ses membres publiaient, avec I'agrement aumoius tacite de leur corps, des cciils que Ton pent regarder comme la vraie profession de foi de la reformc, la seulc qui s'accorde avec la liberte d'examen qui fait I'cssence de I'eglise protes- lante, et I'independance de toutes les croyancesindividuelles, qui en est la consequence necessaire. Entre ccs ecrits qui meritent tous I'attention serieusc des pbilosophes religieux (2) , nous nous arreterons au plus re- cent, comme representant par I'organe d'un jeune ministrc I'enseignementactuel de IVcolede theologic a Geneve. M. Chas- tel commence par etablir : « qu'on pent distinguer en deux classes les dogmes du christianisme. Les uns sont reconnus an- (i) Precis des debats iheologiqites de Geneve, par J.-J. Cuenevierb. 1824. Page 22. (a) Coup d'a-il snr les confessions de foi, par M. Heyer, pasteur. Genfeve 1818. — Considerations siir i'ltnitc de la foi , par J. Martin. Geneve l8a». — De V usage des confessions de foi dam les communions reformees, par Ecenne Chastbi,. Geneve, 18 j3. DES OPINIONS RELIGIEUSES. 635 terieiirenienta rinterpretalionde I'Evangile, ct sans cux il n'y a point de christianisme; ce sont les dogmes de I'existcnce de Dieu, de la mission divine de Jesus -Christ, et de I'inspiiation des ecrivains sacres; nous les appcWerons prim it/Js. Les autres derlvent d'line interpretation determinee de I'Evangile, apres que celni-ci a ete reconnu pour regie de foi;... nous les appel- lerons dogmes d'interpretation. « Sur les dogmes primitifs, tous les chretienssont d'accord ; carils cesseraient de se dire eux-memes chreliens, s'ils raecon- naissaient Dieu , Jesus-Clirist ou les livres saints. Sur les dog- mes d'interpretation, les catholiques sont egalement d'accord, parce qu'ils attribuent a leur eglise I'infaillibilite, et le droit de determiner le vrai sens de rEcriture. Mais les reformes, en se separant de I'eglise romaine , ont adopte les principes sui- vans : que la parole de Dieu est la seule regie de notre foi, que, nul sur la tcrre n'etant infaillible, nul n'a le droit d'im- poser une interpretation determinee a I'Ecriture; mais que chaque chreticn est libre d'adopter celle qui lui semble la mcil- leurc. En vertu de ces principes, interpretant I'Ecrilurc chacim a leur maniere, ils en tireront des croyances differentes ; ils seront d'accord sur les dogmes primitifs, ils differeront sur ceux d'interpretation (i). » L'auteur passe de ces principes a I'histoire des confessions de foi. II fait voir qu'elles n'ont commence a cti^e obligatoires qu'au troisierae siecle du christianisme; que , loin d'etablir I'unitede croyances, elles ont appele la discussion et la division sur les questions les plus insokibles ; que ce sont elles qui ont multiplie les heiesies; qu'enfin elles ne sont pas moins contrai- res a la charite du christianisme qu'au droit d'examen, base de la reforme. Il va plus loin , il veut bannir I'uniformite de I'en- seignement dans les seminaires, pour que celui qui se propose d'instruire les autres, connaisse toutes les croyances, et soit mieux en etat de choisir la meilleure (a). « Un chretien , (l) De I'usage des confessions de foi , p. i. (a) Ibid., p. 52. 636 REVUE ' dit-il , bien convaincu qu'il est sujot a i'orrcur, ne fcra ja- mais adopter de force ses sentimens aiix aiitres, surtout s'il imagine que le saliudepende de la croyance; il craindrait, ce me semblc, de les fairedamner eternellement : il aura quelque I'epngnance a rcpousser de sa communion des gens qui , de son propre aveu , pensent peut-etrc plus sainement que lui, des gens que peut-etre Jesus lui prefere. Il respectera tonjours les sentimens de ses freies ; jamais il ne les traitera d'herctiques, jamais il ne les haira, jamais il ne les rejettcra pour leur croyance (i). >> Aucun appel n'avait encore etc fait aux hommes religieux dans un esprit de plus grande charite el de plus grande tolerance reciproque. Le clergc de Geneve s'adresse a tous les hommes qui croient en Dieu. Nous ne refusons , dit-il , de reconnaitre pour chretiens que ceux qui rcfusent eux-memes de prendre ce litre. Si vous reconnaissez le Christ et les Ecri- tures, nous vous reconnaissons aussi pour chretiens et pour freres, nous ne vous demandons pour cela de lenoncer a au- cun de vos dogmes, a aucune de vos croyances, mais seulement de ne pas nous les imposer. Sans doute, la fermentation que nous avons remarquee dans diverses parties de I'eglise protestante, le zele de proseiylisme qui anime les nouveaux docteurs,ne s'accordent point avcc ces invitations pacifiques. Cependant , par une voie opposee , ces missionnaires ne tarderont pas ^ arriver an meme but. Beau- coup d'erreurs, bcaucoup de doctrines fantastiques nous soul enseignees avec une confiance qui semble nous dire, que ceux qui vculent commander a notre foi se croient secretement inspires de Dieu; mais, comme tous ont acquis le droit de par- ler, comme ils se contredisent, comme ils sont obliges d'em- ployer pour convaincre des argumens , non des supplices, la discussion s'etablit sur tous les points; la critique historique est mieux etudiee, elle gagne en profondeur et en etendne; les sectes se divisent, les opinions individueiles deviennent tou- (l) De f usage des confessions de foi, p. Si. DES OPINIONS RELIGIEUSES. 637 jours plus indt'pcnclantes, etbientot Ton finira parrcconnaitre la bonne foi de ses adversaircs ot rimpossibilite de prouver u des homines ce qui est au-dessus de Icur intelligence. Dans le meme ecrit, I'Eglise de Geneve presente aussi aux catholiques eux-memes une main amie. A'^oici comnae il sc terniiue. « Tons les reformes , quelle que soit la maniere dont lis interpretent TEcriture sainte, doivent se considerer comme membres d'une roeme Eglise chrelienne; bannir du milieu d'eux les anathemes, les schismes, les disputes; se regaider tous et se cherir comme des freres en Christ. Quant aux catholiques, si nous les repoussons de notre communion, ce n'est ni pour leurs dogmes, ni pour leurs rites; c'est a cause de I'esprit d'intolerance dont leur Eglise fait profession, c'est i cause de leur soumission a une autoiite humaine; c'est parce qu'ils servent deux maitres et q^ic nous n'en saurions servir qu'un seul. Du I'este, nous professons a leur egard la tolerance la plus parfaite, la charite la plus sincere, le plus vif desir de nous voir unjour reunis avec eux, en sorte qu'il n'y ait plus, selon les vues du Sauveur , qu'un seul troupeau el qu'un seul ier- ger (1). » Ainsi ce ne sont plus des reproches d'heresie ou d'idolatrie que Tune des divisions du christianisme fait entendre contre I'autre: ce n'est plus meme une accusation d'erreur; car I'E- glise protestante reconnait qu'elle-meme pent se tromper; c'est la libcrte de la peusee seulement qu'elle reclame, tandis que I'eglise catholique a renonce a la sienne. Un abime se- parait autrefois les deux communions, tandis qu'aujourd'hui il n'y a plus entre elles qu'une borne ; etnous croyons pouvoir augurer de cette revue des opinions religieuses dans les deux divisions de I'Eglise , que cette borne meme ne sera bienlot plus vegardee comme separant I'heritage des freres cnnemis. J.-Ql.-L. DE SiSMONDI. (i) De fiiscFge des confessions de foi , j). io(i. T. XXIX. — Mars i^ 20). 4i G'38 NOTICE niSTOUIQl]!- SUR LA. VIE ET LES OUVRAGES DE M. LE COMI'E DE LACEI'EDE (i). La vie d'un liomme de bicri , ^rand fonclionnairc de I'c-tat , lorsqn'on la suit dans I'inlciiciir memo de sa famillc, et (|iio l.i vciilo en ecarte I'adidalion , est un dcspius inttressaiis lahleair. f]iic dc'S L'crivains etratij^ers a lout esprit dc parti puisscnt ofliir a ses contemporains. lis ainu-nt a le suivre a tons les ages, a toutes les cpoqucs , dans toutes les situations; a comparer ee qu'ils en savent avec ce qu'on leur en dit; a juger jusqu'ou out pn aller sa douceur, sa probile,son desinteressenicDt , sa bienfaisance ; a voir enfin si Ic biographe a leve enlierement le voile dont sa niodestie s'envcloppait avec tant de soin. Et si celui que Ton depeint a public d'utiles ouvrages dans les sciences, la litlcrature , les beaux-arts, quel fruit ne peuvent pas relirer les artistes, les litterateurs , les savans , des pio- ductions de son genie! C'est par ces motifs que nous avons acccpte Tinvitalion i\c donner , dans la Revue Encjclojjedique , une notice de la vie et des ouvrages de BI. de Lacepedc. La Icndre amitie dont il nous honorait depuis trente ans, et a laquelle iiousrcpondions par un attaclsemeut plein de reconnaissance , ue nous aveu- giera point. Comme il ne faisait que ce qui <'st bien , nous ne dirons de lui que ce qui est vrai; la flattcrie ne se melcra [)oint a nos recits; aucun incnsonge ne les souillera; et les eloges naitront do la simple exposition dc faits incontestablcs. Heurcux si, dans I'etroit espace (jui nous estaccorde, nous {)'.)ijvons assez faire counaitre lui homme dont les actions pri- (i) Celte NoTicK, redigce peu de jours apres la mort de M. dc Lacepede, devait paraitre dan.s le moLs de (lecenibi» i8a5; I'abon- dance des matieres en a retarde jusqu'ici I'insertion. NOTICE HISTORIQUE SUR M. DE LACEPEDE. 63y vees intercssont plus encore que les actions publiqnos ot les beaux ouvrages ! Bernnrd-GcrmainEtiennc cleln Villc-sur-Jllon naqiiit a A^cn, le 2G tlt'ccmbre i75fi, d'un pere qui joiiissait d'une i:;rando t;onsicl(''ration dans sa province , et d'une mere dont la vie ne presenta jamais que des exeniples de vertu. II ne fut point iin de ces pctits prodiges qui ne sont ensuite que des liommes ires- ordinaires; 11 u'etait, dans ses premieres annees , que ce que doit etre un enfant. II se lia bientot avec le jeune comte dkV: Valence , et lenr amitie devint si intinie, que, pendant toute leur vie, ils n'ont cesse de s'appcleryrfVr*, et de se donner uiutuellcment des tvmoii'nages d'une veritable fraternite. Un onclc niaternel lui laissa la terre de Lacepede, dont il I'obli- gea de prendre le nom. Son enfance meme s'annonca par un esprit juste, un caraclere doiix , un coeur excellent. Fils uni- que d'un pere dont il etait la joie et I'esperance , il recut de hii , et d'lm precepteur aussi sage qu'cdaire , I'edncation la plus soignee. 11 en profita si bicn , que, des I'age de treize ans, il fut en elat de monter en phiIosoj)bie. Des tbeses publiqiics, soutennes avec eclat devant I'eveque, les chapitres, les mat,'is- trats , les corps religieux et les hommes les plus instruits du pays, lui mcriterent des applaiidisscniens universels ; et, quoique son emulation en fut vivement flallee, il les recut avec cetre modestie qui ajoute au nierite du laurea!. Une polilesse pleine de bonte, une prevenance exempte d'af- fectatifm , antioncerent , des sa jeunesse , ce qn'il serait dans le mondo jusqu'a sa niort. .Toignant a ces belles qiialites une iigure interessanle, une taille noble , \\n maintien decent; sa- cbant deja que Ic moyen de plaire dans la sociele n'est pas d'v brillcr soi-nieme , mais d'y faire briller les antrcs , et de mct- tre, a force de modestie, leur amour-propre plus en liberie; eonvaincu (pie Foutes !es vanites s'y reunisscnt contre les pre- tentions de la vanite , il s'y conduisit d'ajjres cette conviction , el oblint toujours des sucees fondes snr Testime. Ses socieles etaient houoi;ables , ses senfimeus eleves, ses mcetirs purcs; et I'amitie, ce don du ciel , cette vertu si cbere aux cirurs bicii C/,0 NOTICE HISTORIQUE nes, trouva dans le sien unc (IdL-lite dignc d'elic. Aiissi eiit-il, dans la suite, pour amis les Monge, Ics Bougainville , Ics Chaptal , Ics Roissj-d'Anglas , les Pastoret , les Bertholet, les Lagrange, les Laplace, les Cuvier, cfc. , et plusieurs de ces savan? etrangers dont les noins sout connus de toiite I'Europe. II n'cst que trop otdinaire qu'aii milieu d-e la liberie des conversalions on se permette beaucoiip de medisance, etmeme im peu de calomnie; elles y sont le sel de ceux qui ne savent pas en niettre d'autre dans leurs discours : (;e ne fut jamais le defaut de M. de Lacepede. Toujours on le vit, au contraire, prendre la defense des personnes absentes qu'on attaquait, et ne i^ardcr le silence que qnand leurs torts, avercs et publics , les reudaient inexcusables. Le motif de cette delicatesse n'etait pas uniquement la religion , quoiqu'il en eut beaucoup ; la seule humanitc !ui en faisait un devoir : il n'y fut jamais in- fidele. Le gout des sciences naturelles se developpa bientot dans notre jeune savant; a ce gout precoce s'cn joignit \\n autre, celui des beaux-arts. Plusieurs musiciens, dans la bonne com- pagnie d'Agen , se plaisaient a donnor des concerts que la ville airaait a entendre : il en devint un des plus ardens amateurs. II ne se borna pas a y concourir sur le violoncelle; il en com- posa souvent des morceaux, et il avait a peine quinzc ans , lorsqu'il fit executer dans la cathedrale un motet a grand chceur de sa composition , a la satisfaction de tous ceux qui purent I'entendre. II etait difficile qu'uu cavalier aussi parfai- lement annable ne ftit pas universellement aime. Aussi , on ne prevojait pas sans regret le jour on la carrjere qu'il devait parcourir Teloignerail de sa ville natale. Apres avoir fait quelques progres dans les sciences natu- relles, et employe ses loisirs a plusieurs compositions musi- calcs , n'ayant pas cess~e d'cntrelenir avec Buffon et Gluck inie correspondance aussi flatteuse qu'ntile , il obtint de son perc la permission de venir continuer ses travauxscientifiques a Paris. Quoiqu'il cut le brevet de colonel dans les cercles de I'empire , il ne servit jamais , et il arriva entieremeiit libre SUR M. DE LAeE:PtoE. 641 dans la capitale, en 1777. Scs premiers lionimages furent of- ferts au grand historien de la nature; sa scconde visite fut rendue a I'auteur dc nos plus beaux operas. Avec quel interet ils accueillirent le jeune hommc dont Ics letlres leur avaieut deja fait presscntir Ics connaissances et les talens! Le premier ne differa pas long-tems a I'associer a ses travaux et a ceux de son savant collaborateur Daubenton; le second avoua qu'un amateur aussi distingue pouvait, s'il se livrait a son art, y devenir tres-habile. Ce jugement fut la suite de I'examen de I'opera A'Oinphale , que le nouvel arrivant avait soumis au celebre auteur d'lphigenie; cet ouvrage, termine dans la suite d'apres scs conseils, fut non-seulemcnt recu a I'Academic royale de musique, mais appris avec zele par la fameuse Saint- Huberti , M"« Maillard, Larrivec, Lainez. etc. ; et il allait etre joue , lorsque des considerations particuliercs obligerent I'au- teur a le I'etirer. Il composa depuis beaucoup de sextuors , et quel<{iies symphonies cxccutees plusieurs fois a I'lnstitut. Gre- try en fut un jour si enchante, que nous- le vimes traverser toute la salle pour aller embrasscr I'auteur. Des I'agc de vingt ans, avide de travail, M. de Laccpcde vouluteconomiser le tems du somnceil. Sans nuire a sa robusle sante, il Ic reduisit a deux heures par niiit; et , jusqu'a sa niort, il conserva cette severe, mais avantageuse habitude. Sous Ics illustres naturalistes qui ravaiciit sibicn accueilli , M. de Lacepede fit des progres si etonnans , qu'il fut bientot nomme garde du cabinet du Jardin du roi , et que le seigneur de Monbard previt des lors qu'il sei'aitun jourle continuateur de ses ouvrages. Il est aussi beau que rare qu'un jeune homme , qui , parti d'une province eloignce , arrive a Paris riclie et independant , se refuse aux plaisirs bruyans du raonde pour se livrer aux paisibles etudes'de la nature; et, apres avoir travaille toute la journee, consacre ses soirees a la societe d'un vieillard qui n'a guere chez lui que des personnes d'un age mur. Telle etait, au Jardin des plantes, la societe de M. Daubenton. II est vrai que ce grand physicien etait fort gai , sa femme fort aimable , Cyffi NOTICE ulstoriqup: et que lout ce qui se !•as^e^lblait dans son salon participait a cfs deux, txcellentes qualites. Blais la simplicite, la monotonic (|ui y icgnaicnt auraient pu finir parcunuytT iin de ces jeiines j^'eiis que le gout des plaisirs cntraine; dies n'en eloigncrent l)as celiii que des i^ouis plus solidcs retenaient. Lorsqu'il fut pi esento au roi , et particuliereiiieut connu du eomte de IMaure])as, ce vieux ministre voulut I'altacher a la diplomatie, et lui parlait deja de la manierc doni il devrait se eonduire lorsqu'il serait nmhassadeiir. L'etiule si attachanic de I'histoire natnrelle ne lui permit pas meme de prevoir line autre destination; les reves de toute autre ambition que celle <|ui le devoiait n'eurent sur lui aucunc influence. II assistait fort soiivent aux soirees oi'i d'Alembert recevait tons les ttran^ membre de la Chambre des pairs, il assista , en cette qiialite , a I'ouverture que le roi fit de la premiere session du Corps legislatif Avec quel plaisir il entendit alors la lecture de la Charte constitu- tionnclle! avec quelle douleur ensuite il vit que le ministere negligeait I'obscrvation de ce pacte social! Enfin , avec quelle csperance il saisit ces royales paroles : Mon gouvernement a fait des fuules I II etait a Hyeres , deparlement du Var, lors- qu'on iui apprit que Napoleon avait, avec quelques soldats, debarque au golfe Juan. U ne voulut d'abord point croire uue aussi etonnantc nonvelle ; ce ne fut nieme que long-tems apres I'arrivee du souverain de I'lle d'Elbe a Paris qu'il revint dans cette capitale. Il avait deja ete nomme grand maitrc de I'Uni- versite, place qu'il refusa constammcnt; mais il accepta de- nouvcau celle de la grande chancellerie; et, avec des services publics, il y rendit des services parliculiers si essentiels, qu'il SUR M. DE LACfiPEDE. 649 serait difficile de croire que tels ot lels membres de la Legion en ont toiit-u-fait perdu la memoire. L'acceptationde cettc place I'ayant enipeclie d'etre compris dans la nouvelle composition de la Chambre des pairs, il reprit avec une nouvelle activite ses travaux scientifiques; et c'est a eux que nous devrons bientot rimportant ouvrage qu'il a charge son fils adoptif de publier (i). Il jouissait a Paris, pen- dant I'hiver, a Epinay, dans la belle saison, de la liberie d'un savant qui estenfm rendu a la vie privee, lorsque Louis XVIII leiionima de nouveau pair de France. On sail avec quelle exac- titude , quel desir de servir sa patrie , il reniplissait dans cette Chambre ses honorables devoirs. Ses votes, inaccessibleS a I'esprit de parti, furent toujours dictes par sa conscience, et ne lui ont jamais laisse un repentir. Fortement attache aux saines doctrines du grand Bossuet, il apprenait avec tristesse qu'une ambition coupable osait les taxer d'erreurs, et que, sur la foi d'un elranger , doue de plus d'es- prit que de jugement, elle declamait contre les inunuables libertes de I'eglise gallicane, veritables lois de I'etat. Plus at- tache encore a la religion, il gcmissait de la voir profanee par I'hypocrisie, et disait souvent que faire de cette institution di- vine un moyen d'ambition , etait un des plus grands crimes qu'on put commcttre euvers elle. Quoiqae la mort de son pere , de sa femme et de sa belle- fille eut fait a son coeur des blessures qui ne tuent pas, mais qui sont incurables, sa societe et son commerce n'en etaient pas nioins ainiables et doux. Sa maison de canipagne , toujours ouverte a ses parens eta ses amis, offraitle spectacle d'un sage qui s'oubliait entierenient soi-meme pour s'occuper d'eux. On pardonue tout, liors I'orgueil , dit un grand ecrivain ; on n'cut jamais ricn sur ce point a pardonnera M. de Lacepede. Qui fut plus niodeste que lui ? Jamais la moindre vivacite, la moindre (t) Voyez , a la (in de cette .Toa'te , r;iiiiionce et le lilre de cet ouvrage. G5o ]\OTICE HISTORIQUE Inimcnr, la moindre inattention de sa part. Boancoiip troj) si'-voio pour soi, 11 se trouvait toiijoiiis assez lichc pour Ic pauvri;; ct, si sa ninrt a revelc lout cc> qu'il se refusait , cVst qu'il aima toiijours mieux accordcr un bicnfait, fjuc se donnrr plus que I'absolu ntcessaire. n Quand je considcre \c physique de I'liomine, disait lairs de France, assistcr aux obsei]ue.< de son predecessetir ; mais il voulut cpie ses bureaux vaquassent " { Australasiennc ; 9" la Colombienne ; 10° \ Americaine ,11° la Patagone ; 12° VElhiopienne ; i3° la Co/re ; i >t° U Me/a - iitenne ; i5° la HoUenlote. De ces qiiinzo graiides divisions sorlent des subdivisions tn races et en varietes. Nous ne suivrons point le savant aiiteur dans I'anaiyse par- ticnliere dc ces differentes especes : contentons-nous de dire que ses recherches sont immenses et dignes du plus haul inte- ret. Si foutes ses opinions ne reposent pas sur des demonstra- tions evidentes , toutes du moins annoncent une etonnante sagacite, et un fonds de connaissances inepuisable. Apres avoir examine s'il cxiste iine seule ou plusieurs es- peces d'hommes, M. Bory de Saiut-Vincent se demande si chaque espece eut son berceau parliculier, et quelle est I'im- portance des secours que I'histoire natnrelle de I'homme peut lirer des recherches philologiques et statisliques. Observant I'homme dans son etatde nature, ctatnegatif, etat triste, digne de pitie et non de regrets, malgre les reves brillans de quol- ques philosophes indignes de la corruption de Icur sicclc, Tautunr suit le sauvage dans les efforts qu'il fit pour s'elever a la civilisation. Parcourez les cotes de la Nouvelle Hollande; mesurezla distance quisepare memedu Hottentot I'especeMela- nienneet I'Australasienne ; dela, venez visiter les ateliers de Manchester et lesniagnifiques edifices de Paris; pretezl'oieiile aiix calculs sublimes de Newton, ou a la voix touohante de Fe- ntlon; admirez les immortcls chefs-d'ceuvre des Raphael, des Michel- Ange, et comparez. Je concois qu'a la vue de la Bas- tille et des dragonnades; au bruit des scandaleuscs orgies de la regence; aux cris plainlifs de Galas innocent dechire sur la roue; a I'aspect de ces innombrables troupeaux d'esclaves qui trop long-tems fatiguerent le ciel de leurs plainles steriles, et le despotisme lui-mcmc de leur stupide obeissance; je con- cois , dis-je , que revokes de tanl d'horreurs, quelqucs amis de 66o SCIENCES PHYSIQUES. rhumanitc aient tonrne Iciirs regards vers ces forcts primitives oil riiomme tlu moins crrait librcment. Mais, anjoiird'hui que les mceiirs s'epiirent dans toiites les classes de la societe; au- jourd'hui que I'opinion publiqiie est une puissance , contestee quelquefois , il est vrai , mais toujours existante et a jamais legitime; aujourd'hui que les conqueles des sciences et de I'in- dusfrie aiigmentent iucessarament la masse des jouissances so- ciales et le bien-ctre domestique , de pareils vceux ne seraient plus raisonnablement permis. Un homme tel que M. Bory ne pouvail ^tre seduit par ces vains prestiges de Vdg^e d'or, dont la raison du siecle a deja fait justice. Aussi demontre-t-il evidemment que lantropopha- gie etait un gout universel durant cette heureuse epoque, tant chantee par les poetes. Avec Vnge d'argent commenca le veritable etat social , qui peu a peu remplaca la simple association de famille. « Des traditions mythologiques permettent des-lors de rcconnaitre quelques lineamens d'histoire ; cette seconde epoque date de la decouverte du feu , source feconde de vie , d'intelligence ct de maiix. « La foudre a frappe le plus grand arbre des forets ; un cratcre a vomi des laves sur la vegetation dont se paraientles flancs d'une montagne ; la flamme devorante jaillit et porte au loin le ravage. Trouble dans sa bauge nocturne , riiomme fuit h. la Ineur d'un jour inconnu, et ce n'cst qu'apres bien des incendies qu'il ose , de loin , confempler la majeste dii spec- tacle ; mais , enfin , il distingue que de tels enibraseniens ont leur terme; il en vent conuaitre les limites fumantes, et, s'en approchant , il eprouve qu'une chaleur bienfaisante en emane ; il approelie encore et jouit; il approclie davantage , il sc brule et recule plus que jamais epouvante. De nouvelles experiences le familiarisent enfin avec i'element inconnu qui , pour lui , produit a la fois des vojnpies et des douleurs. II a deja con- temple son Dieu dans le buissou ardent ; mais le feu s'est eteint, el I'honime pleure; inquiet, agite, craignant de I'avoir a jamais perdu , car sa source est dans le cicl ou sur des som- SCIENCES PHYSIQUES. 66 1 mets inaccessibles, il n'ose esperer cle Ten voir de nouveau des- cendre; il erre autour des crateres, le long dcs bois detrmts, dans I'espoir de recueillir quelque ctincelle : il compare deja la sensation qii'il eprouvait, ens'enapprochant, acellequ'ilressent quand les rayons d'lin soleil viviiiant le rechaiiffent; il ne doiite plus que cet astre et le feunesoient lememeetre; lesabeismene tardera point a naitre. Cependant Teclair brille de nouveau, et le tonnerre gronde ; ses carreaux ont reproduit le feu daus le branchage : celui qui brille et disparait, qui rechauffe, mais qui briile, Osiris, Adonis, enunmotlaDivinite, quelque nomqu'on lui dorine, est retrouvee; la tempele sera desormais sa volx redoutable ; elle avertira rhomme de sa venue; et les terreurs surnaturelies sont entrees dans le coeur de nos aiieux; le foyer domestiqne , autel revere , s'eleve an milieu d'cux , il y devient le centre de la famille , qui ne s'en eloigners plus; on y con- servera religieusement le feu d'origine celeste , et dont le culte , venu d'en liaut, precede tous les autres cultes, on plutot en est la source; avec lui, s'etablit la societe sur des fondemens indestructibles, dont la propriele sera le i)lus essentie!. » (p. 79.) Apres avoir traverse Vage d'airain, ainsi nomme parce que le cuivre est le premier metal mis en oeuvre; apres avoir mon- tre les differentcs tribus s'associant en corps de nation , I'au- teur arrive a Vdge defer, qu'il regarde, contre I'opinion commune, comme le meilleur. « Cet age emprunle son nom de la decouverte qui le singularise ; les arts y naissent en foule et viennent adoucir des moeurs grossieres ; partout I'antropo- phagie disparait oil le fer se montre ; les villages se mulliplient et devieunent des villes, en se couvrant de boulevards; les temples, les sepulcres , les edifices publics acquierent une im- posante solidite; les besoins multiplies, avec de nouveaux moyens d'y satisfaire, contribuent bientot a rcnrichissement des langues, etc. ,. etc. « (p. 81.) M. Bory signale avec raison rinvenlion de Timprimerie comme une revolution dont ks suites Auent incalculablcs ; il faut y ajouter celle de la pond re a canon : par clles disparu- 6G-1 SCIETNCES PHYSIQUES. rent tloux flc'aux , ri^norance ot la fooflalilo; i^race ;\ elles, il ii'y a plus dc inoyen aj^c possible. Un cinquieme age , Vflgc de rciison , pour me servir des expressions de nofre aiilcur , s'ap- prete, et reserve « au.\ generations futures dcs fclicites supe- rieiircs a tout ce que nous pouvons entrevoir, au milieu du crepuscule on nous vivons encore. » « Wanticipons pas sur I'avenir, qui ne nous appartient pas, dit-il en finissant. L'histoire naturelic de riiomnie doit cesser oil la civilisation le saisit pour I'elever intellceliieiiiMiient, mais en liii laissant , quoi qu'il fasse , de sa eondilioii animale, ses formes de primate ou de bimanc; salutaire avertissement pour qui le sait comprendre , donne par I'eternelle sngesse a I'or- gueil de la folle humanite , ct bien fait pour confondre I'incon- sequence de ces pretendus philosophes, qui , dans leur im- puissance , pretendraient doter leurs pareils en miseres d'une portion d'intelligence usurp»'*e sur la divinite !.... Ainsi seraient d'audacieux vermisseaux qui, parce qii'ils se sentiraient re- chauffes du soleil , et que leur frele matiere en riflechirait un rayon egare, s'imagineraicnt etre aussi luie iin|)ortante ema- nation de VEtre supreme incomprehensible ! ! » Telle est la faible esquisse d'un travail immense quant aux recherchcs qn'^1 a exigecs ct aux faits qn'il embrasse. Si je u'avais ete retenu par les bornes niemes de cet article, j'aurais prisja liberie d'exprimer ici mcs doutes sur quelques propo- sitions qui m'ont paru hasardces , et dontsurtout je serais loin d'approuver les consequences. Mais, pour eombattre , il faut du terrain, ct surtout plus de forces queje n'en pourrais op- poser a un aussi redoutable adversaire. Puisque pen de terns et d'espace mc sont accordes , il m'est doux d'en proliter pour I endre pleine et enliere justice au savant qui vient d'elever un monument durable, un monument digne de la belle galerie oil son auteur I'a place. Tons les amis des sciences fornient un voeu, c'est que M. Bory de Saint-Vincent veuille bien repro- duire et completer , dans une edition separee, Tarticle que nous venous d'annoncer. Quiconque etudie la nature dajis ses SCIKNCES PHYSIQUES. 663 inerveillcs , et I'liommc dans son organisation physiciiie el mo- rale , s'empressera d'oni iciiir sa hibliotlicque d'nn ouvrat^e aussi romarqiiablc. Camille Paganel. Voyage en Turcomanie et a ¥>.n\.\A.,J^ait en 1819-1820, par M. N. MouRAviEv (1). La relation de M. Mouravih^ a dt-ja ijuclqiios annees de date; mais, dans nn moment ou tous les regards sent tournes vers la Rnssie, nous croyons pouvoir rappeler, sur ce voyage, I'atlention dii public. II presente a I'observateur le tableau d'une civilisation dont I'existence etait a peine soupconnee au milieu des deserts de la Tatarie independante ; il revele au politique I'enchainement et le but de mesures habiles dont, jusqu'a ce jour, on n'a pas assez calcnle I'imporlance. Tandis quelesmoiivemens de roccident semblaient absorber I'attention de la Russie, sa politique faisait, sans relaclic, des tenfalives noiivelles sur les regions qu'elle veut soumettre a son influence ou a sa domination. La marche des choses est uniforme : on commence par etablir des relations commerciales ; un contact plus intime les change en alliances; les alliances du faible avecle fort se resolvent bientot en rapports de condescendance et de protection, d'obeissance et de superiorite, enlin d'escla\age et d'cmpiie. C'est ainsi que, de la jouissance precaire d'un simple comptoir, les Anglais sont arrives a la domination de I'Hindoustan. C'est ainsi que la Georgie, en moins d'un sieclc, et la Crimee, dans un tems plus court encore , sont devcnues des provinces russes ; c'est ainsi sansdoute que procedera ul- terieurement le geant du nord qui deja , de loin , porte aussi ses regards sur I'liindoustan. Les expeditions de Chvoslov otde Davidov, en i8o5, ctcelles (1) Paris, 1823. I. vo). iii-8". Arlbus BeitraiuL 664 SCIENCES PHYSIQUES. ^/^-iV«6a/, situes au milieu T, XXIX. — it/arj i8a6. 43 670 SCIENCES PHYSIQUES. il'une vaste etendiie de sables. Le 6, on s'arreta sur la rivf escarpee de VOuz-floi(^Vanc\en lit presume de VAinouDerin) pres Tiouniou-Kliou ou Tunufdu : c'est un (•boiilcmeiilproroiid de i3o pieds, au fond duquel est une source salec; ^ur qucl- ques cartes, Tunuklu est, par errcur , designe comme un lac. On traversa ensuite VOuz-Boi, et Ton atteignit, le 8, le puits de Deli pres duquel sont les mines d'un ancien edifice. Le 10 , avant le jour, M. Mouraviev etait a Toner, ct ne tarda pas a revoir Ic lac de Kouli-Deria. Le ili, il etait reuni a ses compatriotcs, et s,v. rembarqua avcc eux, le 18, pour retoui- neraBakhou, et de la se rendre pres du gouverneur de la Georgie duquel il avait re^u sa mission. La I^hivie autrefois appelee Chorasrnie ou Kharizm , est bornee, au nord , par le lac Aral et les slepes des Kirghis; au nord-est, par le cours de TAmou-Deria ; au sud-est, ello est separce, par une slepe, de la Boukliarie; au sud-oiiest , des plaines sablouneuses s'etendent entre la Khivie et le ter- ritoire de Te/> (page 40. ) Nous n'exaininerons pas comment I'auteur concilie une loi inimuable et eternelle qui dit pour, avec ime loi egalement immiiable et eternelle qui dit contre; nous craignons de navoir pas bien compris la conciliation, et cela nous menerait d'ail- leurs trop loin. Nous nous bornerons a faire une seule obser- vation. Lorsque des theologiens sont amenes a soutenir deux propositions contradictoires , ils ne vont pas plus loin; ils di- sent : Ceci est un mystere devant lequel doit s'arreter la raison humaine. II nous senible que les legistes qui donnent pour bases ^ la legislation des maximes ou des principes inexplica- bles, et qui doivent par consequent etre mis au rang desdog- mes, feraient sagement d'imiter I'exemple des theologiens. Toutes les fois qu'ils sont amenes a soutenir deux propositions contraires, portant toutes les deux les caracteres de I'evidence, ils feraient bien de s'arreter la, et de repondre aux question- neurs indiscrets : Ceci est un mystere. II existe entre les legistes qui ne voient daus une loi qn'uh ordre ou une defense du pouvoir , et ceux qui n'y voient qu'une 6go SCIENCES MORALES consequence il'iinc maximc, d'un principe on d'lui dojjme dc morale, plus d'analogie cpt'on ne scrait d'abord porte a Ic croire. Les premiers admettcntle raisonnement, toiites lesfois qii'on n'en fait usage que pour prouver que tels hommes qui ont redige telle disposition legislative, ont cu telle on telle vo- lonte. Les seconds admettent egalement qu'on raisonne pour demontref que telle disposition de loi est conformc ou con- Irairo <^ tcl principe. Mais, lorsque celui-la est arrive a la vo- lonte de son legislateur, et celui-ci a son principe eternel , il n'est pas possible d'aller plus loin : aux yeux de I'un , le rai- sonnement serait seditieux; aux yeux de I'antre, il serait im- moral ou impie. Si la question , pourquoi a-t-on donne en France un mono- pole aux inventeurs, et pourquoi a-t-on du le leur donner, etait adressee a la secte des imitateurs, ils auraient des raisons dun autre genre : ils les trouveraient dans ce qui se passe en Angleterre. Les Anglais , diraient-ils , ont etabli cliez eux celto- espeCe de monopole , et leur industrie et leur commerce ont fait d'immenses progres. Voulant comme eux faire faire des progres a notre commerce et a notre industrie, nous avons du suivre leur exemple et encourager les inventions par des mo- nopoles. Mais les progres ont-ils ete fails malgre ces monopoles , ou ont-ils eie faits a cause d'eux ? C'est ce qa'on ne s'avise guere d'examiner dans aucun pays. Un roi anglais , dans un siecle encore barbare , etablit un monopole; nous les etablissons chez nous, quelques siecles apres , par esprit d'imitation, et par respect pour des maximes eternelles dont nul ne s'etait encore doute; les Americains les etablissent parce que deux peuples d'Europe leur en ont donne Texempie ; puis les Espagnols , par la raison qu'ils ne vculent pas rester en arriere. Mais , ni en Angletorre , ni en France, ni en Espagne , ni ailleurs, nu! ne s'avise de reclicrclier quels sont les resultats bons ou mau- vais d'lm tcl ordre de choses. On imite en aveugle, parce qu'il est bien plus facile de faire copier une ordonnancc par ses ET POLITIQUES. 691 cominis, et de la publier apres y avoir appose le sceau de I'autDrite , que d'allcr a la recherche des fails et des causes qui les ont produits. On a vu, par le passage que j'ai cite du Traite des brevets d'invenlion , que M. Renouard a adopte les principes des legis- tes que j'ai nomines les theologiens de la jurisprudence : cela resulte claircment de I'esprit qui domine dans son ouvrage , et surtout dans la premiere partie. S'il lui arrive de donner des raisous qui ne soient pas puisees dans les dogmes qui sont le fondenient de la science, ce n'est que subsidiairemeat; il sem- ble meine nepas y avoir attache assez d'importance pour en as- surer I'exactitude, ainsi que j'aurai bientot occasion de lefaire voir. En faisant la critique du systeme de raisonnement suivi dans le Traite des brevets d invention, je suis loin de vouloir en faire a I'auteur un reproche personnel : c'est le systeme suivi dans toutes nos ecoles ; c'est celui qui domine au barreau; c'est celui qui a ete suivi par la plupart des membres de nos assem- blees legislatives ; la loi qui a etabli en France les monopoles en faveur des inventeurs, et dont M. Renouard nous donne le commentaire, est elle-meme fondee sur ce systeme. nConsiderant, y est-il dit, que toute idee nouvelle, dont la manifestation et le developpement pent devenir utile a la so- ciete , appartient primitivement a celui qui V a concue, et que ce serait attaqucr les droits de I'homme dans leur essence, que de ne pas regardcr une decouverte industrielle comme lapro- priete de son auteur; considerant en meme terns, combien le defaut d'une declaration positive et authentique de cette verite peut avoir contribue jusqu'ii present a decourager I'industrie francaise , en occasionant Temigration de plusieurs artistes distingues, et en faisant passer a I'.etranger un grand nombre «rinvenlions nouvelles, dont cet empire aurait du tirer les ])remiers avantages; considerant, enfin, que tous les pi'iuci- pes de justice , d'ordre public et d'interet national, lui com- mandent iinperieusement de fixer desormais I'opinion des ci- 692 SCiENCtS MORALES foyens francais siir ce genre de propriete , par iine loi qui la consacre et la protege , etc. >> On voit, dans ces considerans , comma dans le Traite des brevets d' invention , deux especes de motifs : les principaux sont tires du droit eternel qu'a tontinventenr d'cxploiter exclu- sivement !e genre d'industrie qu'il a decouvert.; les autres sont tires de I'utilite publique. Mais, ceux-ci sont hypothetiqnes ou n'existent que par supposition ; on ne dit pas que le defaut du monopole en faveur des inventeurs a decourage I'induslrie et occasione I'emigration de phisieurs artistes distingues ; mais on dit qu'elle pent avoir prodiiit de tels effets; et comme ce nest la qu'un motif secondaire , on ne daigne nieme pas examiner s'il est justitie ou contredit par les fails. Nous avons considere les legistesqui ne voientdans les lois que des consequences d'un petit nombre de maximes ou d& principes places liors du domaine du raisonnement , comme les theologiens de la jurisprudence. En effet, aussitot qu'on cesse de traiter ces principes comme des dogmes, et qu'on re- fuse d'y croire sans examen , iis ne signifient plus ricn , meme pour ceux qui les invoquent. Comment en prouverait-on la ve- rite , puisqu'ils forment ies premiers elemens du raisonnement ? d'ovi parlirait-on pour en demontrer la verite aux incredules? Mais, dit-on, ces principes n'ont pas besoin de deinonstra- lion ; ils sont evidens par eux-memes; il suffit de les enoncer pour que tout le monde les reconnaisse ; I'autenr de la nature les a graves dans tous les esprits. Voila des fails affirmes d'une maniere bien positive ; mais oii en est la preuve ? quels sont les hommes qui en ont constat^ ['existence et I'universalite? Cela n'etait pas necessaire, ajoute-t-on; on ne prouve pas plus I'evjdence qu'on ne prouve la lumiere; coux qui ne sont pas organises de maniere a en elre frappes immediatement, ne sont pas organises de nianiere a en comprendre la demons- tration. Il n'y a rien a repondre a ce raisonnement , et il ne nous reste plus qu'a examiner dars quelle proportion les aveugles / ET POLITIQLES. fiyi sunt aiix voyaris. Get examen ne sera pas inutile ; car il pour- rail bien avoir pour resultat de prouver a des hommcs qui se croient organises de manieie a etre frappes par la lumiere, qu'ils ne sont pas raoins aveugles que ceux qui , pour croire a I'existence de la lumiere , deniandent qu'on leur en doane des preuves. II est done aussi clair que le jour, aux yeux de nos docteurs, quuu homme qui fait la decouverte dun procede , qui aper- coit ce que d'autres n'ont pas apercu avant lui, qui fait de ses organes un usage que d'autres n'en ont jamais fait , qui donne a de la matiere un genre d'ulilite que personne ne lui avait donne, acquiert par cela meme le droit exclusifde creer ce genre d'utilite , de faire un tel usage de ses organes ou d'exe- cuter un tel procede. Ce droit qu'il acquiert , par son inven- tion , ne lui est pas attribue par les lois de son pays , puisqu'il est, au contraire, la base sur laquelle reposent les lois. II est etcrnel, immuable, independant de toute institution sociale ; il est, par consequent, universel , et n'est limite ni par les bor- nes des etats, ni par les montagnes, ni par les mers. Voila des verites evidentes par cUes-memes, gravees dans tous les esprits ou dans tons les coeurs, et qui ne peuventetre contestees que par les hommes qui ont ferme les yeux a la lu- miere: suivons- les dans I'application , et nous serons encore plus vivement frappes. Le premier homme qui con9ut et exe- cuta I'idee de transformer un morceau de bois en una paire de sabots, ou une peau d'animal en une paire de sandales, acquit par cela meme le droit exclusif de chausser le genre humain. Des ce moment, tous les hommes se trouverent dans I'obligation de marcher nu-pieds, ou d'aller se pourvoir de chaussures aupres de I'heureux invcnlcur. Si la decouverte fut faile par un habitant du pole boreal , les habitans du pole aus- tral ne purent, .sans blesser les droits de I'homme et sans violer les principes graves dans tous les coeurs, se permettre de porter des sabots sans les avoir achetes a I'autre extremite du globe. Si I'inventeur ne put pas cu fabi iquer mie quantile suflisante pour chausser toutes les nations du uioude , ou s'il 694 SCIENCES MORALES y mit iiti prix qu'on n'eut pas la possibilite de payer , on dut aller sans chanssure et s'ecorcher Ics pieds pour ne pas blcsser les droits de la nature. Tout cela est clair comme le jour , in- contestable comme la lumiere , pour les docteurs des ecoles de droit et du palais. II n'est pas nioins evident, 'i leurs yeux, ([ue le premier homme qui , decouvrant un grain de ble , s'avisa de le deposcr dans le sein dela terre, de le faire multiplier, et de fabriquer du pain, acquit le droit exclusif de se nourrir et de nourrir le genre humain avec cette nouvelle espece de subsistance. Des ce moment, les peuples de toutes les races, blancs, noirs , jaunes , rouges et basanes , durent traverser les mers et les montagnes pour aller se pourvoir de pain aupres de I'inven- teur; ceux qui ne purent faire le voyage furent obliges de con- tinuer de manger des serpens, des rats, ou des grenouillos , ou meme dc se manger les uns les autres, pour rester fideles aux droits de la nature; et si une grande partie de la terre est aujourd'hui cultivee , on ne peut I'attribuer qu'a la profonde corruption du genre humain qui viola les droits naturels, im- prescriotibles et exclusifs du premier cultivateur. Nous devons en dire autant de I'homme qui, pour se former un abri , s'avisa le premier de courber des branches d'arbres ou de creuserun trou dans la terre. Cette decouverte lui donna le droit exclusif de se garantir lui-meme et de garantir les autres des intemperies des saisons. Tout homme qui s'avisa dc suivre son exemple , sans en avoir obtenu de lui la permission, fut un violateiir de la loi natiirelle. II meconnut les principes graves en carac teres ineffacabies dans son esprit, par la droite raison. Tout cela est clair , incontestable, et I'ou ne saurait le mett?e en doute sans soulever contre soi tons les docteurs des ecoles, etpeut-etre aussi une gi'ande partie du corps des avo- cats. Aussi avons-nous garde de dire le contraire; si nousavions a nous piaindre de quelquo chose , cc serait que les docteurs ncussent pas snivi jusqu'au bout les consequences des prin- cipes enseignes par leiir droite raison. Nous obscrvons que , dans les considerans de la loi, que ET POLITIQUES. 695 nous avons cites , les auteiirs dc cette loi dcclarent d'abord que ce serait attaquer les droits dc Vhomme dans Icur essence. que de ne pas regarder une decouverte industrielle comme la propriete de son auteur ^ et que tous les principes dc justice , d'ordie public et d'interet national, lui commandent impe- rieusement de fixer desormais Vopinion des citoyens fiancais sur ce genre de propriete , par une loi qui la consacre et la protege; » et puis, nous lisons avec efonnement , dans le troi- sieme article de la loi, les mots suivans : « Qiiiconque appor- lera Ic premier, en France, une decouverte etrangere , jouira des memes avantages que s'il en etait I'inventeur. » Mais, s'il en est ainsi , que devienneiit les droits de Vhomme? L'etranger qui invente ne serait-il pas un homme? son inven- tion ne serait-cUe point sa propriete? son droit n'existe-t-il pas, independamment de votre loi ? Le monopole que vous donnez au premier imitateur, serait-il un encouragement au vol? Est-ce la le rnoyen de consacrer, de proteger ce genre de pro- priete qui est une partie esseutielle des droits de I'homme? si les habitans de vos frontieres faisaient des excursions sur les tenths des nations voisines, pour s'y livrer au pillage, vous les considerericz comme des brigands que vous devez repri- nrier. Cepeudant, vous assurez que les inventions sont la pro- priete dcsinventeurs : vous dites que vous voulez faire respecter cette propriete: puis , vous encouragez vos compatriotes a aller surprendre les secrets des inventeurs etrangers ; vous leur as- surez le monopole des inventions (ju'ils out voices! Pourquoi qe portez-vous pas a tous les genres de propriete le mcme res- pect ? Puniriez-vous ceux qui volent des proprietes en argent ou en vnarchandises, par la raison que leurs vols sont trop pe- tits et ne profitent qu'a cux; et recompenscriez-vous ceux qui volent des proprietes en inventions, parce que ces vols enri- chissent tous les votres ? S'il en etait ainsi il y aurait beaucoup d'analogie entre vos droits de I'liomme et les droits des na- tions baibaresques. On dira sans doufc qn'i! no serait pas raisonnable d'obliger les citoyens d'une nation ;i aller riK-rcher les objcts dont elle (k)('> SCIENCES MORALES pourrait avoir besoin , chez une autre nation qui sc frouvejait (juolquefois placiJe a une distance immense; que cette nation ponrrait refuser tie lui vend re ces objets , on y mettre un prix e.\cessif;qu'ellep()urrait aussi nc pas en fabriquer une quantite suffisante pour fournir aux demandes des autres pays. Mais , outre que ces reponses prouveraient que les principes inva- riables et eternels des droits de la nature sont subordonnes aux besoins et varient avec etix , elles ne seraient pas satisfai- santes. Est-il plus raisonnablc , en effet , de contraindre un ha- bitant du pays de Gex d'aller se pourvoir des choses dont il a besoin aupres d'un imitateur de Brest , plutot qii'aupres d'uu inventeur de Geneve? Est il plus difficile k I'habitant de Calais de se pourvoir de certains objets aupres dun in- venteur de Douvres , qu'aupres d'un imitateur de Perpignan ? L'inventeur etranger pourrait, dit-on , refuser de vendre ses productions , ou y mettre un prix trop haut; mais l'inven- teur ou I'imitateur national n'a-t-il pas les memes privileges ? Ces privileges ne sont-ils nieme pas garantis a I'un et a I'autre par le monopole ? Un inventeur pourrait n'avoir pas los moyens d'approvisionner toutes les nations : cela se pent; mais est-il sur qu'un imitateur aura le moyen d'en approvisionner une seule? Serait-il plus facile a un pauvre imitateur de Pon- tarlier ou de Bagneres (I'approvisionner la France tout entiere, qu'a un riche inventeur d'Amsterdam ou dc Londres? Ce n'est pas seulement en accordant un monopole aux imi- tateurs d'inventions etrangeres, que leslegistes attaquent, par Tarticle 3 de la loi , les droits de I'homme qu'ils ont procla- mes dans le preambule; c'est aussi en limitant a un certain nombre d'annees le monopole que la loi naturelle accorde, suivanteux, a l'inventeur. S'il est vrai,comme ils le disent, que toute invention est la propriete de l'inventeur ; si cette propriete ne pent etre attaquee sans que les droits de I'homme soient violas dans leur essence, il est difficile de comprendre pourquoi elle est moins sacree apres la quatorzieme. annee qu'apres le premier jour. Pour ne pas etre inconsequent, on aurait du declarer, ou que toutes les proprictes deviendraient ET POLITIQUES. 697 communes aprcs quatorze annees de joiiissancc , ou que loutes seraient perpetuelles. Ces difficultes, qili ne se presenterent pas a I'esprit des le- gistes qui tirent la loi du 7 Janvier 1791, paraissent avoir frappe M. Renouard : il les a resolues , en placant en face du droit nature! , excUisif et imprescriptible de tout inventeur siir son invention, le droit egalement naturel et imprescriptible qn'a tout homme d'imiter les inventions d'autrui : ces deux propositions ne sont pas contradictoires , puisque, dit-ii, elies sont egalement vraies. On voit , par ce qui precede , que nous n'avons pas une con- fiance bien fernie dans les principes des legistes dogmatiques; les maximes qui , pour eux , ont tous les caracteres de I'cvi- dence, et qui ne sont pas plus susceptibles de demonstration que la lumiere, nous ont laisses dans une obsciirite profonde. Mais , si les maximes dont les juristes ont fait les bases de la science des lois nous manijuent , sur quoi done la fonderons- iiousPNe ven-ons-nous dans les lois que I'expression des vo- lontes ou des caprices des hommes que les hasards de la fortune ou de la naissance ont momentanement investis du pouvoir? Irons-nous nous trainer les uns a la suite des autres , imitant OH evitant au hasai d ce que nous aurons vu faire ailleurs ? Ce n'est pas ainsi que se forment les sciences. Si nous aspirons a creer celle de la legislation , car elle ne Test pas encore , nous n'y parviendrons qu'en procedant comme on procede dans toutes les autres; en nous livrant a I'observation lente et pe- nible des faits ; en etudiant comment ils s'enchainent , on comment les uns naissent des autres. Nous avons deja donnc i cet article une trop grande oteudue, pour qu'il nous soit possible d'exposer ici , soit la nature des fails a observer , soit la methode qu'il pourrait etre utile de suivrc dans les observations en matiere de legislation. Nous uous bornerons done a exposer comment les hommes, qui ont voulii determiner , par des lois ou par des ouvrages scientifiques, le sort des inventeurs ou des imitateurs , auraient du proceder, si , an lieu de se laisser dinger par des maximes inintelligibles , GgH SCIENCES MORALES o;i par I'esprit {]'imitation , ils n'avaient piis pour guides que les fails, c'esl-a-dire I'experience. Lorsqu'en .1791 des artistes dcnianderent , a I'Assomblee constitiianle , IVtablisscment dos iiioiiopoles en faveur des invonteurs , quel etaif le nioycn do jiiger si iine telle dcmande dt'vait etre accoidee on refiisee ? II n'y en avait qii'un qui fut raisoniiable ; c'etait d'examiiicr iin a un tons les fails qui ctaient propres a la justifier ou a la combattre. Deja, h cctte epoque , les monopolesen faveur des invonteurs et de certains imitalenrs existaient dcpiiis long-tenis en Angicterre. II eut done fallu examiner , I'liri apres I'autre , tous les monopoles qui avaient ete accordes depuis I'epoque de leur etablissement. li eut fallu rechercher quelies etaient les branches d'industrie auxquelles la creation de ces monopoles avait donne naissance, et qiielles etaient celles qui seraient nees, quand meme les monopoles n'auraient pas exi^te. II eut fallu comparer les capitaux em- ployes a la creation de ces divers genres d'industrie , et les proiits fails aux depeus du public par les monopoleurs. II eut fallu comparer les progres atlribuesa la creation des monopoles avcc les entraves qui en etaient resultees pour riudustrie et le commerce. II eut fallu faire entrer en ligne de compte les uombreux proces auxquels cetle legislation nouvelle avait donne naissance , les pertes de terns, d'argeut , et les fraudes que ces jiroces avaient occasionees. II ei'it fallu examiner , d'uu autre cote , (jiielles etaient en France les branches d'indusliie qui ne s'elaient pas develop- pees, et quelies avaient ete les causes qui en avaient empeche le developpement. II eut fallu rechercher quels etaient les artistes distingues qui avaient passe a I'etrangcr, par la raison que leur pays ne leur avait pas offert I'avantage d'un mono- pole ; et qtiels etaient les maux qui avaient ete les consequences de ces emigrations. II cut fallu examiner aussi quelies etaieul les inventions nouvelles que I'absence de monopoles avait fait passer a I'etranger ; quelies etaient les pertes que la France avait faitcs k cet egard , et les avantages qui en etaient resulles jKJur la seide nation qui eut admis ce genre de monopoles. II ET POLITIQUES. Gyy eut fallu , en prenaiit Ics docoiivortes faitcs depnis un terns donne , examiner ce qui scrait arrive pour Ics iaventcurs et pour le public , si dies avaient ete reduites en monopoles. Enfm, il eut fallu comparer les maux quel'abserice de ce genre de monopoles avail produits , aux maux qn'elle avait evites , aux fraudes , aux Iracasseries , aux proces qu'elle avait pre- venus. Apres avoir constate tous ces faits , il evit encore ete pos- sible qu'on n'eiit pas ete enti^rement convaincu de la neces- site de la loi demandee. Dans ce cas , on se fut abstenu ; car, toute loi produisant un mal , puisqu'elle est une gene, on doit s'abstenir d'eu f'aire, quand I'utilite n'en est pas demon- tree. Si , an contraire, les faits eussent prouve la necessite do la loi, on eut eii a en donner' de raeilleures raisons que des maximes inintelligibles ou absurdes , qui devaient clre demen- ties par le texte meme de la loi, ou que des suppositions gra- tuites qu'aucun fait n'avait peut-ctre jamais autorisees (i). La methode a suivre par les honimes qui veulent deniontrer les avantages ou les inconveniens d'une loi, n'est pas differente de celle qui pent seule conduire a la decouverle de la verilc les hommes investis de la puissance. Puisque M. Renouard voulait nous exposer les effets de la loi qui attribue aux in- venteurs le monopol'j de Icurs inventions , et nous en prouver les avanlages, il aurait dti comaiencer par eludier les faits dont la connaissance eut ete necessaire aux autenrs meme de cette loi ; il devait examiner ensuite les effets que cette loi a produits en France depuis qu'elle y existe. M. Renouard avait, sur les legislateurs de 1791 , d'immenses avantagcs : il avait les experiences faites sur notre pro])re sol depuis trente-cinq ans, et les connaissances qu'a du lui donner I'economie poli- tique. L'etnde de ces experiences eut ete longue , sans doute, mais elle eut ete facile, puisque I'administration a pvis soin (i) II est quelquefois arrive que des artistes francais ont passe en pays Stranger; mais, quelles eii out ete les causes? 700 SCIENCES 3IORA.LES ellc-mcmo de piiblier la liste et les descriptions de tons les brovecs d'invention qui ont etc accordes depiiis la creation do la loi. A.U lien de se livrer a I'etude des f.'^its , Vaiitenr, a rexcniple de scs predecesseurs . s'cst jete dans la carriere des suppositions, des hypotheses; ot avec cela , on proiive tout ce qu'on veul. En reduisant la science de la legislation h la simple obser- vation des fails, I'etude en devicnt longue, difficile, penible. II faut se resoudre a paraitre ignorer ce qu'on ne sait pas, et a laisser sans reponsc les questions qui sont encore insolu- bles ; cela est bien difficile, surtout quand on est avocat. Mais , c'cst la seule voie par laquelle on puisse esperer d'avancer; c'est la seule qui soit aujourd'hui admissible dans les sciences. Si les hommesqui se sont livres a I'etude de la chimie , de la physique, de la geographic , de I'histoire naturellc ou de I'as- tronomie, avaient procede de la maniere dont procedentceux qui se livient a I'etude de la science des lois ; si, au lieu de se livrer a I'obseivation des faits, et d'aller les etudier la ou ils se trouveut, ils s'etaient enfermes daus lours cabinets pour se livrer aux reves de leur imagination, et former des hypo- theses, aucuue de ces scieucus ne serail encore sortie de la bar- barie. Mais, on ne devitje pas plus la verite en legislation, qu'on ne la deviue en histoire natureile. II importe d'autant plus de reduire a I'etude des faits la science des lois, que c'est le seul moyen qui reste aux nations d'echapper a la tyrannic des faisenrs de systemes. Aussi long- tems que chacun s'imaginera que cette science se devine ou s'improvise, et qu'unpeuple est, dans les mains de son gou- vernement, comme de I'argile dans les mains d'un potior, aussi long-tems , les hommes seront tourmentes , selon les reves et les caprices de la puissance. Ils ne seront, selon que le hasard en aura decide, que de la matier^ aristocratique, republicaine ou nionarchique; on les petrira comme de la terre , pour les faire servir de base a uu gouvcrncment. L'examen des principes fondamentaux du livre de M. Re- nouard m'a'beaucoup delourne du but que je m'elais propose : ET POLITIQUES. 701 je voulais comparer la loi francaise a la loi anglaise dont elle n'a ete qii'une imitation , et exposer quelques resultats del'une et de I'autre; je voulais aussi, en comparant ensemble deux ouvrages ecrits sur un meme siijet par deux avocats apparte- nant a deux nations qui ont entre elles si peu de ressemblancc, (leterininer quels sent les caracteres par lesquels ils se dislin- gucnt; mais la crainle d'exceder les limites prescrites a un article de la nature de celui-ci, et de fatiguer I'attention du lecleur, ni'oblige d'abreger ce que j'avais a dire a cetegard. L'analogie qui existe entre la legislation anglaise et la le- gislatiou fran9aise sur les brevets d'inventiou et d'importa- tion, est si grande , que le traite de I'avocat anglais pourrait passer pour un bon commentaire de noire loi de 1791. Si on peut faire aux auteurs de cette loi le reproche d'avoir adopte un systenie, sans en avoir constate les effets, on ne peut pas leur reprocher du moins de n'avoir pas bien connu la juris- prudence anglaise sur ce sujet. II est plusieurs questions qui n'ont ete resohies en A.ngleterre que par la jurisprudence, et qui s'j trouvent rtsolues en France par le textc meme de la loi. Les differences principales qui existent entre les lois des deux pays, portent sur les formes relatives a la demande et a la concession des brevets : les concessions sont plus difiiciles et plus couteuses en Angleterre qu'en France. Ces differences, ne portant pas sur le fond meme de la legislation , influent peu sur les effets quelle produit. Les monopoles en faveur des inventeurs et des imilateurs sont, en Angleterre, beaucoup plus anciens qu'en France. D'un autre cote , il existe , dans le premier de ces deux pays, une activite industrielle plus grande que dans le secoud , et un besom de fortune plus general et plus energique. Le nom- bre de questions et de proces qu'a fait naitre la loi anglaise est done infiniment plus grand que celui auquel a donne lieu la loi francaise. Ces questions sont , en general , resolues en peu de mots , mais avec beaucoup de justesse : nos juges y trouve- raient souvent d'excellens modeles. On observe que les ma- gistrals anglais tendent generalement a restreindre les privi- T. XXIX. — Mars \%-xS. 45 7oa SCIENCES MORA.LES le^es oil les monopoles dans le cciclo le plus etroil, et CJt^'i^!i donnciit , par consequent, a la liberie la plus grande extension possible; toutcs les fois que la loi donue naissance a quelqne doule, Tinteret du inonopolcur est sacrifie a I'inleret public. En France, I'esprit do la ma;^istrature a unc tendance presque toujours contraire; c'est I'interet du monopole qui reinpoitc sur celui de la liberie ; c'est I'egalile qui est immolee au pri- vilege; et ce qu'il y a de plus bizarre dans cetle tendance, c'est que nous lui avons donne pour priucipe les droits de riiommeou dela nature. L'auleur anglais , ne voyant avcc raison dans les privileges garantis aux inventeurs que de vrais monopoles, a commence son traite par una exposition genorale des lois sur les mono- poles ; et ceux qui voudraient avoir une idee juste de I'etat di' la legislation anglaise a cct egard , pourraient I'acquerir sans peine dans son ouvrage. M. Renouard a fait preccder aussi son traite sur les brevets d'invention, d'tin expose de nos an • ciennes lois sur I'induslrie, et, par consequent, sur les mono- poles. Mais il s'est arrete au point on nos premieres assemblees legislatives ont laisse la legislation : il ne s'est point occupe des privileges ou des monopoles qui nous assiegcnt sous le re- gime d'egalite qui nous a etc si bien garanti. Le sujet etait riclic cependant, et cut pu fouruir malicre a un traite fort volumi- neux : monopole de I'art typographique, monopole du com- merce des livres , monopole de toutes les branches de I'ensei- gnemenl, monopole dc la fabrication et de la vente du pain, monopole de la vente de la viande , monopole de la cultuie, de la fabrication et de la vente du labac, monopole dela fa- brication el de la vente de la poudre, monopole de I'achat el de la venic des fonds publics, monopole des fonctions d'hom- mes d'affaires pres tons les tribunaux, monopole de la cons- truction des ponls et des canaux, monopole de Tarchitecture navale, monopole de I'cxploitation des mines, enfin, des mo- nopoles sur tout. Si nous considerons quelle est la place que tiennent, au milieu de la foule des monopoleurs en faveur des- quels la population loiit eutiere est frappc'e d'intordiction , ET POLITIQUES. 7o3 les hommes qui jouissent dii itionopole d'une induslrie qn'ils ont iuventee, nous troiiverons que le nombre de ceux-ci n'est pas grand, et que M. Renouard ne nous a presente qu'iine bien petite partie du tableau. M. R<^nouai-d reproche a I'auteur ani^lais de ii'avoir point remonte aux principes generaux , de s'etre borne a faire con- naitre Tctat des prccedens de la jurisprudence anglaise, et d'avoir fait, par consequent, un livre de nature a ne pouvoir guere etre utile bors de I'Angleterre. II est vrai que Richard Godson n'est pas remonte aux droits de I'homme j)Our en faire descendre des monopoles, et nous sommes loin de lui en faire un reproche. II est vrai aussi qu'il sc borne a exposer I'etat de la legislation et de la jurispnulence anglaise sar le^ in- ventions ; il expose les dispositions des lois , les questions qu'elles ont fait naitre, les arrets qui les ont resolues, et les rai- sons que les juges ont donnees de ces arrets; c'cst tout cela que M. Renouard nomme I'etat i\cs precede/is. Mais, loin de tirer de la la consequence que ce traite est de nature a ne pou- voir guere etre utile hors de I'Angleterre, nous en conclurons, au coDtraire, qu'il est de nature a etre tres-utile daus tons les pays ou, comme en France, on a adopte les memes lois. Quand une disposition legislative est la meme a Londres qua Paris , elle pent donner naissance aux memes questions dans I'une et I'autre ville ; et nous avons quelque peine a concevoir com- ment une raison, qui serait bonne sur les bords de la Tamise, pourrait etre mauvaise sur les bords de la Seine. La nioitie du traite de Richard Godson est consacree a ex- poser I'etat de la jurisprudence anglaise sur la propriete lit- teraire. La liberie d'ecrire et de publiec ce qu'ou ecrit, etant beaucoup plus ancienne en Angleterre qu'en France, ce sujet y a ete beaucoup plus approfondi et a donne lieu a un plus grand nombre de questions et d'arrols. Ces arrets ou ces decisions auxquellcs nous donnons le nom un pen barbare de precedens, comme si notre langue manquait de termes de ju- risprudence, sont toujours concues on peu de mots, et sont generalement empreintes d'un caractere de justice. Les horn- 7o4 SCIENCES MORALES mes qui sont appeles h. donner des garanties a la proprii'-ti- littcraire, conseillers, juges ou legislateurs, Irouveraicnl beau- coup a y apprendre. Pour etre juste envers rouvrage de M. Renouard, et pour qu'ou ne nous accuse pas d'une severite trop grandc , nous devons distinguer deuxchoses dans eel ouvrage : les principcs qui en forment la base, et les considerations sccoiidaires qui, dans I'opinion de I'auteur, tendent vers le memo but. Les principcs n'apparticnnent point a I'auteur; ce sont les princi- pes de I'ccole, qu'il a acceptes tels que ses devanciersles lui oni presenles. Ces principcs, nous ne craindrons pas de le dire, sont un jargon inintelligible, a I'aide duquel des docteurs privilegies parviennent a fausser les esprits les plus justes. Les considerations secondaires sont lirees de reconomie politique, et c'est un phenomene en jurisprudence : ici, M. Renouard a fait un pas de plus que ses maltres , ou , pour mieux dire, il est entrc dans une meillcure route. II pourra aller plus loin, s'il persevere; mais, pour cela, il faut qu'il renonce a la me- thode scolastique; qu'il abandonne ces dogmes, qualifies du nom de principcs, qui n'ont point de sens quand ils ne sont pas des deductions rigoureuses de phenomenesbien constates; il faut qu'il ecarte ces mensonges convenus que les legistes ho- norent du nom de fictions; qu'il prenne les lois pour ce qu'el- les sont, et qu'il u'y voie pas des contrats enlre des individus qui de leur vie ne se sont entendus sur rien, et qui n'ont ja- mais fait de convention; qu'il soit bien convaincu, en un mot, qu'il ne pcut exister de science ni de justice hors de la verite, et que la verite ne se trouve que par I'observation des faits. Le reproche que nous avons fait a I'ouvragedeM. Renouard, ou, pour raieux dire, aux motifs dela loi dont cet ouvrage est le commentaire , pourrait etre adresse a tousles livres de juris- prudence presque sans exception. Ce qui , h nos yeux, est un defaut, n'en sera done pas un pour les jurisconsultes auxquels cet ouvrage est destine. lis y Irouveront, au contraire, le de- veloppement de lenrs piopres idees ; ils y trouveront, de plus, une exposition methodique des principcs ou des regies que la ET POLITIQUES. 7o5 legislation et la jurisprudence out etablis sur les brevets d'in- vention. Les connaissances que I'auteur possede en economie politique, la niethode avec laquelle il expose ses propres idees, et releganee de son style donnent a son ouvrage un genre de inerite, qui se rencontre rarcmcnt dans des livres de droit. Aussitot, en effet, que M. Renouard cesse de s'appuyer sur les principes de I'ecole, et qu'il marche sur ses propres forces, son style prend de la fermete, et ses raisonnemens, de I'exac- titude. Soit qu'il fasse la critique de quelqucs dispositions de la loi, soit qu'il attaque des decisions judiciaires, ses observations annoncent un esprit naturellement droit. Nous croyons avoir justifie la critique que nous avons faite d'une partie de ses rai- sonnemens : oous pourrions justifier nos eloges par de nom- breuses citations; mais, comme I'espEce nous manque , notis nous bornerous a rapporterla conclusion de son ouvrage : n II arrive quelquefois que des inventeurs livrent gratuite- ment leurs decouvertes a la societe, sans exiger aucnn prix , en echange de la communication qu'ils en donnent h tous. Tel a ete Franklin. On lit, dans ses memoires , qu'une patente luj fut offerte pour la vente exclusive de cheminees economiques donl il etait I'inventeur. II la refusa et publia son procede... « Un sentiment de reconnaissance publique , ajouteM. Re- nouard , doit s'attacher au nom des hommes qui en usent aussi liberalement envers la societe; mais il serait souverainemenl injuste de voir avec la defaveur , meme la plus legere, I'artiste qui, pour livrer au public le secret de son genie, exige du pu- blic un paiement. Rien ii'est plus legitime que de faii;e servir les fruits de son ti avail a son bien-etre et a celui des siens ; rien nepeut unir par des liens plus forts I'accroissement des fortu- nes particulicres aux progres de la prosperite generale, ni C(jntribuer plus efficacement a convaincre chaque citoyen que la garantie la plus sure de ses succes individuels est dans le maintien du bon ordre, et dans le respect de tous pour le de- voir et pour la justice... >< (Juoique persuade des avantages des brevets d'inveution, M. Renouard n'est pas nioins persuade des avantages qui re- 7o6 SCIENCES MORALES siiltcnt de la liberie d'indiistrie. « Le domaine de rindtistrie, dit-il, s'at;raiidit incessamnieut sous nos yeux; son influence sur la societe devient chaque jour plus active et plus visible. En- chainer la liberie de production , ce serait declarer la guerre a la puissance industrielle , ct I'offenser dans ses besoins les mieux sentis; ce serait travailler en sens contraire du devoir qui prescrit a tout homme d'anieliorer le sort du genre liumain, et de conduire ses semblables, par I'augmenlation de leur bien- etre physique , a leur perfectionnement intellectuel et mo- ral... » Quelques personnes seront surprises peut-etre de nous voir arriver a la fin decet article, sans que nous ayons faitconnaitre notie pensee sur I'ulilite on sur les inconveniens des nionopoles accordes aux inventeurs. Mais nous avoverons que nous n'avons a cet egard aucune opinion ; pour se perinettre d'en avoir une, il faudrait avoir examine un nombre immense de fails dontia pliipart sont liors de notre portee. Un tel examen exigerait d'ailleurs plusieurs annees de recherches ; et il existe dans les sciences morales et politiques une multitude de questions plus importantes a resoudre, que celle qui est relative h I'utilite des brevets d'invention. Charles Comte, Avocat a la Cour royale de Paris. LITTERATURE. MiMOGRAPHIE , Oil EsSAI d'bCRITURE MIMIQUE, PROPKE A REGULARISER LE LA>"GAGE DES SODRDS - MUETS ; par M. Bebian, aiicien Censeur de F Institution des sounds - niuets (i). Tons les penples de la terre font usage de la parole; elleest ie moyen universel de communication entre les hommes : par- ler oil exprimer des idees, sont devenus synonymes; le mot purler est ie seul lerme que nous ayons pour manifester nos pensees. II est rare que la confusion dans les mots n'entraine pas la confusion dans I'esprit; on a meme suppose que la parole, qui produit au jour nos idees, pouvait seule aussi les faire colore dans I'entendement. Nous ne uousarreterons pas a combattre par des raisonnemens une erreur que les fails rcfutent assez victorieusemcnt. Un sophiste niait le mouvement, on marcha devantlui; a ceux qui considerent la paiole comma un instru- ment indispensable a I'exercice de nos facultes intellectuelles , oous opposons rexeraple des sourds muets. Ceux-ci, sans le sccours de ce meme instrument, ct meme sans connaitre aucuue de nos langues,se forraent des idees, les compareut, les com- binent et les tiansmettent avec nettete aux persounes qui les entourent. II est done un moyen de communication et de relation lout- (i) Paris, 1825 ; L. Colas, rue Dauphine , n° Sa. Brochure in-S" de 4* pages, avec 3 planches; prix 2 fr. 7o8 LITTIlRATLRE. i-fait independant de la parole , qui a precede tuutes les lan- gues, et qui a preside h. leur creation dans I'enfance «les socie- tes, comme, au berceau de la vie,il preside chaque jour sous uosyeux a renseignement de la langue materuelle. II est par- tout compris, parce qu'il est inherent a notre organisation qui, a qnelqueslegeres nuances pres, est en touslieux la meme. Si nous I'avons neglige, meconnu, c'est que nous pouvons dispo- ser des tresors de nos langues conventionelles, qui genera- lemeot semblent nous suffire. Mais au besoin nous y avons recours , et dans bien des cas nous sommes heureux de le retrouver, comme un ami dedaigne dans nos terns de prospe- rite, et qui nous ouvre les bras dans des jours moins heureux. Egare dans des regions inconnues et lointaines, le voyageur emploie ce langage pour implorer des secours, pour reclamer I'hospitalite, ce premier anneau de la civilisation. Alors que la parole ne peut plus se faire comprendre , le langage d'action reprend ses droits et devient I'inlerprete eloquent de la pen- see. La pensee est de sa nature essentiellement expansive. Si la violence veut la comprimer, elle eclale dans les yeux, dans les traits du visage, dans I'attitude; et ce serait pour le physio- logiste un beau , mais difficile sujet d'etude que de rechercher les rapports secrets qui lient nos affections et nos pensees a ces signes qui les transmeltent a I'esprit de nos semblables. II ne' serait pas moins interessant pour le philosophe de pouvoir observer le jeu de nos facultes intellectuelles sous ces formes primitives, et a travers le voile transparent du langage mi- mique. M. Bebian, qui amontre un rare talent dans I'artd'instruire les sourds-muets, a penseavec raison que le tems etait venuoii Ton ne pouvait donner une trop serieuse attention au langage mimique. C'est ajouter a nos richesses un nouveau moyende perfectibilitehumaine : c'est faire de I'homme tout ce qu'il peut etre ; c'est le mettre en position de conquerir tout ce que I'au- teur des grandes merveilles de la nature nous a permis de posseder pour parvenir au plus haut degre de raison , de sa- LITTERATURE. 709 j^esse et .eannioins pai' >.a precision, par la nettete el I'idenlite de ses signes, sur loute la 7fo LITTI^.RiVTURE. surface duij;lobe, a tons les nialheureiix IVappt^s de la meiiiein- firmite. Cost pour eiix lalant^iie iiniversclle, parce qu'elle rd- siiltc de runiformiti- d'organisalion. C'est tgalemeiit pour nous un nioyf II d'cntrer en conimntiicaSioti avec eux ; do penelrer jusijn'a Icur intelligence pour la leconder, pour en diriger ie developpenient. Si tel est I'instrunient indispensable de leur instruction, plus il sera parfait, plus i'operation propre a la developpcr sera facile, plus le succes sera rapide et assure. Fixer, regulariser et enrichir le lanijage mimique, e'est done rendrc un important service a la socicle, a I'humaiute. Heu- reux celui que ses etudes, que son genie, (jue sa piete, appellent ade semblables resultats et a d'a-ussi nobles travaux ! M. Bebian vient d'acqueiir un iiouveau litre a la reconnais- sance dcs infortunes sourds-muets par la publication de ce qu'il nomme modestement un Essaide mirnographie. Get insti- tuteur habile, qui leur consacre depuis long-tems ses talens, ses meditations et le fruit de ses veilles , avait, au jugement des hommes les plus eclaires, ajoute de nombreux et impor- tans perfectionuemens a I'art des celebres de I'Epee et Sicard; il vient de consigner le resultat de ses travaux dans un cours pratique d'instruclion , qui a etc I'objet de plusieurs rapports tres - honorables pour lui. Le conseil d'administration des sourds-muets, en adoptant cet ouvrage pour servirde guide aux inslituteurs, manifesta le voeu que I'auteur tracal dans un autre ecrit les regies dulangage mimique, dont il parait posse- der tous les secrets. C'est pour repondre a cette honorable conliance que M. Bebian s'est erapresse de publier ce nouvcl ouvrage. Avant d'exposer les regies d'une langue, il a pense qu'il fallaiten faire connaitre les signes, qu'il fallait en donner I'e- criture; mais, comment ecrire des gestes? Comment caracte- riser cette midtitudeindefinie de signes? Comment rendresans confusion toutes les nuances donl chacun d'enx est suscep- tible? 4 la premiere pensee, les 80,000 cararteres de la langue rfihinoise eussent paru insuffisaus. LlTTJ^flATURE. 711 L'eiilreprise et.iit hardie; elle paraissait meme chinierique, et Ton est ctonne du bonhfur avec lequel se trouve resolu ce probleme qui seniblait insoluble. L'auteur est parvenu a don- ner une telle siuiplicite a ce systeme d'ecriture, que Ton peut, avec «in petit nonibre de caracteres , ecrire Ions les sij^nes pos- sibles, aussi fideleinent, aussi facilement que Ton ecrit la pa- role ; ct Ton pourra, avec cette invention toutenouvelle, fixer une pantomime entiere sur le papier, comnie on ecrit un dis- cours. Un signe est compose d'un ou de plusieurs gestes ; un geste est un mouvement general ou parliel du corps. Un arc de cercle, voila le signe que l'auteur a adopte pour designer le mouvement •• un rayon en determine la direction; queiques accens le modifient , en indiquant s'il est lent ou vif, fort ou faible , etc. L'organe qui gcsticule est ca racterise par une figure qui n'est que le dessin meine de cet organe , reduit au trait essentiel. II resierait a designer le jeu de la physionomie qui complete et vivifiele signe miniique. M. Bebian a imagine pour cela des' points physiognomiques, imites de nos points d'exclamation et d'interrogation. Ces signes sont composes dun trait diverse- ment contourne, et d'un, deux ou trois points, suivant le dernier degre d'energie de I'expression designee. Le nombre de ces signes n'embarrasse pas la meinoire , parce que chacun a uue forme bien caraclerisee, qui est une espece de note mne- monique propre h. en rappeler la destination. Tel est, en ge- neral , le rapport de tons ces caracteres avec les objets qu'ils designent , qu'il suffit de les avoir vus une fois pour ne les plus oublier. Faut-il ecrire un sigue ? le premier caractere marque l'or- gane qui est en aciion ; le second indique le mouvement; et le troisieme, s'il est necessaire, indique I'expression du visage (pii doit accoropagner le geste. C'est uinsi qu'avec un tres- pelit nombre de caracteres, tous plus simples que les lottres de notre alphabet , on ecrit un signe dont la description exige- rait quelquefois une domi-page , saus offrir ni la meme prect- 7ia LITTEKATURIi. sion, ni la iiieme fitlelite. On entrevoit drja tout le parti qui; Ton pout tirer de celte ingenieiise invention pour perfectionncr Tinstniction ties sourds-mucts. Desormais , les signes du lan- gage dcs gestes, fixes pnr la mimogra|)hie, ne seront plus sou- mis a rinexpeiience ft aux fiiux syslemcs , aux caprices el a I'ignorance des eleves; et Ton salt conibien, dans loiite langue, la jiistesse des signes influe siir la justesse des idecs. Cc n'est qu'a la fin de leur cours d'instruction que les sourds- muets peuvent faire usage d'un dictionnaire; car les mots n'y sont expliques que par d'autres mots non moins difficiles a en- tendre. L'auteur de la Mimographie assure meme que , sur vingt eleves qui sortent annuellement de rinstitution de Paris, il s'en trouve a peine un qui soit en etat do se servir d'un dictionnaire; c'est leur maitre qui doit constaniment lui en tenir lieu. Or, ils sont entierement prives de ce secours, lors- qu'ils rentpeni an sein de leur fanriille, ou lorsqu'ils etablissent des rapports avec la societe. Mais si, a cote du mot francais, Jo sourd-muet trouvait le signe mimique qui lui est familier, celui-ci lui expliquerait la signification du mot qu'il ue connait pas, comme , dans un dictiounaire , les mots francais expli- quent aux enfans des colleges les mots latins ou grecs dont ils. ignorent la signification. Un pareil dictionnaire ne serait pas moins utile aux mailres qu'aux eleves : les jjremiers y trouveraient les signes naturels des idees; les seconds , la signification des mots. Tons les insti- tuteurs, dont M. Bebian provoque les conseils, s'cmpresseront sans doutc de concourir avec lui a I'executicm d'un ouvrage si important, dont ih peuvent apprccier facilement lesavantages, et qui sera recherche avec empressement par toutes les per- sonnes qui ont des relations frequentes avec les sonrds-muets. En lisant cet ouvrage , oil l'auteur a su repandre nil charme dont le sujet paraissait peu susceptible , une reflexion s'offrait a ma pensee. Je disais que , si c'est une grande affliction dans une famille que la naissance d'un enfant ers du premier chant de Vlliade; par M. A. Bx- GNAN (3). Le Clocher de Saint -Marc, poeme; par M. Jules Lefevre, suivi dune ode sur la mart de Bonaparte ^ et de (\i\ ers fragniens (4)- NouvEAux Essais POETIQUES ; par M"" Delphine Gay (5). Poemes antiques et modernes , le Deluge, Moise, Dolorida ^ le Trappiste, la Neige, le Cor, etc.; par M. Alfred li^ Vigny(6). Walpole , poeme dramatique en trois chants; par Edouard Alletz (j). Bresiliennes , seconde edition^ augmentee de poesies nouvelles ; par Ed. Corbiere (8). (i) Paris , iSaS; Anibioise DupoiU et Roiet; Urbain Canel. Bro- chure in-8° de 45 pages; prix, 2 fr. (2) Paris, iSafi; les iii^mes. Brochure in-S" de 3i pages; prix, a fr. (3) Paris, 1825; Galliot. \n-%° de 248 pages; prix, 5 fr. (4) Paris, 1825 ; Urbain Canel. In-8'' de 217 pages; prix, 4 fr. (5) Paris, 1826; lememe. In-8»de 177 pages; prix , 4 fr. (fi) Paris , 1826 ; le nieme. In-S" de 91 pages ; prix , 3 fr. (7) Paris, i825;'Bredif, Ponthieu. In-8" de vii et 119 p.; prix, 4 fr. (8) Paris, iSiS ; Ponihieu. In- 18 de 172 pages; prix , 3 fr. IJTT^RATURli:. 71 5 La Belle au bois dormant, poeme; p.Tr M. /'. Fe de Barqceville (i). Annales romantiques , jioiir 1826", Reciiei! rJe inor~ ceaux choisis de Uttcrature contemporaine (2). Malgre notre desir bien prononce d'eviter toiite dispute de mots, nous somines ivimenes sans cesse dans le cercle d'une vaine polemique par les debats dcs Classiqnes et des Roman- tlques ; car nous ne pouvons voir dans ces debats qu'nne quc- relle de niols, tant que les mols n'auront pas ete bien defiiiis. Nous atlachons bien une idee a celai de cldssique : on a donne d'abord cette epilhete h tout auteur ou a tout ouvrage admis dans les elasses; puis, par analoi^ie et par extension, a tout ouvragc ou a tout auteur dignc de servir de modele et de faire autorite; eufin, on a qualifie de terre classique , I'ltalieetla Grece, ces deux pays qu'ont illustres tant de beaux genies, et dont les souvenirs sont plus ou moins empreinls dans toutcs les litteraturesmodernes. Cette definition, generalement adop- tee, est aussi celledu Dictionnaire de I'Academie. En attendant qu'il soit rectifie et complete , cet ouvrage , avec ses erreurs et ses lacunes, n'en est pas moins classique et ne doit pas moins nous servir d'autorite; car il en faut une, el, sans une autorite legale et reconnue , il y aurait anarchie dans la langue, comme partout ailleurs. Si nous consultons ce dictionnaire pour le mot TOinantique , nous trouvons qu'il « se dit ordinairement des lieux, des paysages qui rappellent a I'imagination les descrip- tions des poerr.cs et des romans. » Cette explication , sansdoiite, est loin d'etre satisfaisanteet de nous conduire a un resultat que nous cberclions avec toute la bonne foi possible. Pent - etre, pour parvcnir a decouviir quelle est la source , la veritable (i) Paris , 1820 ; Urbain Canel. In- 18 de 190 pages; prix , 3 fr. (a) Paris, iSafi; le meme. In-i8 de 4oo pages , papier veliii, ornc d'une gravure d'apvcs Desenne; prix, 6 fi. 7i6 LITTfiRATURK. esi^ence des doctrines appelees romantiques , faudralt-il remon- ter i uneelymologie plus ancieime, h. celledu vieux mot roman, d'oCi sont derivees les laiigues du midi de I'Europe, designees sousle nom de langues romanes, etpar consequent la littera- ture du rnoyen nge. On sait, en effet, que M""" de Slael, la pre- miere qui ait etabli parmi nous cette distinction de Utleratun- classique et de litierature romantique , entendait par ces deux differentes denominations la litterature des anoiens, et celle qui est nee de la chevalerie et du christianisme. Quant a nous, au milieu de tons ces debats pour la preemi- nence de telle ou de telle ecole, nous ne reconnaissons (\\xune seule litterature : c'est celle qui est I'expression des besoins , des sentimens, de la maniere d'etre enfin d'une epoque oud'uu peuple, soit qu'ils aient pour organe un ecrivain contempo- rain, soit que, dans la posterite, le genie, remontant le cours des ages, s'enflamme a leurs souvenirs; ^vi'une pocsie : cesl celle qui fait servir le charme des images et de I'liarmoniei peindre les diverscs sensations du coeur humain , les passions, nobles etgenereuses, basses et cruelles, quil'agitent tour-i-lour, en assurant ainsile triomphe des verites morales utiles au main- tien et au bonheur dossocietcs.Telestle butverslequel doivciit tendre constamment, selon nous, la litterature et la poesie ; Quant aux moyens qu'elles doivent employer , sans vouloir prescrire au genie des regies immuables, en contradiction avec son essence qui est eminemment creatrice, nous pcnsons qu'il en existe, qui sont fondees sur la raison , le gout et I'expe- rience dessiecles, dont il seraitdangereux de vouloir s'affran- chir entierement; et, jusqu'a ce que les Romantiques , ou les adeptes de tout autre secte litteraire aient modifie ces regies d'une maniere heureuse et conforme au developperoent de nos besoins et de nos facnltes, nous continueronsi juger en litte- rature d'apres les preceptes etablis par I'emploi raisonne des diverses formes litteraires et par les chefs-d'oeuvre de nos grands maitres. Tels seront nos guides dans I'appreciation des ouvrages poetiques mentionncs en tete de cet article, et sur lesqucls nous allons jeter un coup d'oeil rapide. LITTfiRATTJRE. 717 M. Baour-Lormian est evidemnient au nombre des antago- nistes de la nouvelle ecole litteraire; mais, ne devait-il pas craindre de lui donncr trop d'orgueil , et snrtout trop d'impor- tance , en compromettanl avec elle la dignite academique ? Je dis oompromettre, parce que les reponses peii mesurees de ses adversaires I'ont amene sur un terrain ou il y a plus de blame a retirer que de veritable gloire : ce qui arrive infailli- blement, toutes les fois que de facheuses personnalites vien- nent se meler a une discussion purenient litteraire. Ou le ro- manlisme est quelque chose, et alors il meritequ'onrexamlne avec le calme de la raison et de I'impartialite; ou ce n'est qu'une ombre, une chimere, et alors il faut le combattreavec I'arme du ridicule et de la plaisantcrie. C'est ce qu'il fallait faire avec ces critiques novateurs qui nous accusent de nous etre traines en esclavcs sur les traces des anciens, qui prc- tendent regen^rer notre litterature, la rendre originalc ct in- dependante , et qui , pour atteindre ce but , nous proposent de copier nos voisins les Anglais et les Allcmands; c'est ce qu'il fallait faire surtout avec ces auteurs qui affectent dans leurs productions un melange de raffincment et de niaiserie, d'en- flure et de trivialitc, de ncologisme et de vieux langage; et c'est ce qu'ont fait depuis long-Iems, et avec plus ou rnoins de bonheur, M™<^la princesse de Salm,M3I. Bres, Francois de NeuchaCeau , Viennet, et quelques autres ectivains eslimables. Mais la satire exclut souvent la bonne foi. C'est sans doute un fort bon moyen pour faire sentir ce qu'il y a de faux dans un systemc, que d'en exagerer les consequences : c'est ce qu'ont fait Pascal dans ses Lettres provinciales , et Moliere dans to Precieuses ridicules ; mais , en prenant et en outrant la maniere de quelques mauvais ecrivains, M. Baour-Lormian et ses de- vanciers ont-ils cru peindre eatierement les Romantiques ? Ceux-ci ne pourraient-ils pas se prevaloir de ces q-iatre vers que nous trouvons dans le dialogue eutre le Classique elle Ro- mantique, et quel'auleur amis dans la bouche du dernier de ces interlocuteurs? (Voy. p. 17 ). T. XXIX. — Mars 1826. ^5 71 8 LITT^.RATURE. Voiis rarapez , nous volons : vos vers decolor^s Se trainent en boitant; les n6tres inspires, Beaux de verve, d'orgueil , de jeunesse , de flamme, Au public transport^ commuuiquent iiotie ftnre. S'il y a dcs gens raisonnables parmi les Romantiques, et Ton assure qu'il en exisle, ils touriieront ces vers, non pas contre les Classiques, mais contre M. Baoiir- Lormian lui- menie : ils les prendront pour epigraphe; ct, s'ils y restent fideles , le public sera de leur cote. II y a de I'esprit, sans doute, dans ce premier manifeste de I'auteur en faveur des Classiques , et nous pourrions en citer plusieurs traits fort heureux; mais de pareils jeux sont indignes du traducteur de la Jerusalem delivree; du moins, devrait-il y attacher moins d'importance. II aurait du aussi eviter tout ce qui pouvait avoir I'air d'une personnalite. Nous ignorons a quel point la Muse, XEtoile , le Drapeau hlanc , X Aristarque , le Nain, le Mercure etle Globe sonX. romantiques, et pourquoi I'auteur les inscrit comme tels dans sa galerie. Le premier et le cin- quieme de ces journaux ( la Muse francaise et \e.Nain ) n'exis- tent plus; mais nous croyons qu'il n'y avail nulle ressemblance dans leurs doctrines. 'VEtoile , le Drapeau hlanc et \ Aristarque sontplutot politiques quelitteraires. Le Mercure a long-temsete redige par des hommes de beaucoup de talent; il parait depuis quelque terns etre tombe dans d'autres mains : taut pis pour les Romantiques , si Ton peut appeler de ce nom ceux qui le diri- gent aujourd'hui (i). Quant au Globe , on y rencontre souvent (i) Depuis que ceci est ecrit , la direction du Mercure a passe, dit- on , daus d'autres Diains. Un mot sur le Mercure et sur Vindependance des opinions, inserc dans la t53® livraison de ce recueil , prouve en effet que ses redacleurs ont le desir de se renfermer dcsormais dans les bornes de la crilique lilteraire el d'eviter toule fAchense person- nalite. Nous ne savons pas quel etait I'ancien directeur du ^/ercf/re , nous ne savons pas davantage quel est le nouveau ; mais, si c'etait I'auteur de Tarticle que nous venons de citer, nous croirions pouvoir feliciter les lecteurs de ce recueil. I LITTER ATURE. 719 de fort bons articles; mais ses doctrines litteraires ont tout !e vague de la nouvelle ccole, dont il s'est conslitue le defcnseur. Ces jonrnaux n'ont pas manque de repondre aux attaques de M. Baour-Lormian, et le Mercure, ce recueil qui s'est honore de la collaboration de MM. Lanjuinais, Etienne, Leon Thiessc, Tissot et d'autres ecrivains aussi orthodoxes en fait de gout et de convenances litteraires, n'a pas craint de desceudre jus- qu"a I'injure pour repousser I'ironie et le sarcasnie. Ces per- sonnalites en ont amene d'autres, etM. Baour-Lormian, dans une seconde brochure poetique, qui a Y>o\.n' \\\.ic : Encore un mot, jnstjfiant ce vers de sa premiere satire : ( Voy- p. 32 ) Mes traits de nion carquois no sont pas tous sortis , tout en croyant encore, comme il le dit dans son avertisse- ment, « n'attaquer que les fausses doctrines >■, ijomme quel- ques ecrivains, auxquels ne saurait suffire sa protestation «contre toute interpretation offcnsante pour leur personne ou leur caractere. » II pretend imraoler , a cote de ces noms , d'autres jonrnaux, tels que le Commerce , le Courrier, \es De- bats , le Frondcur, etc. , qu'il enveloppe tous dans son ressen- timent; dc sorte que, dans une cause ou le plus grand nombre devait etre pour lui, il Cnit par avoir le plus grand nombre contre lui. Tous ces debats sont facheux ; nous le n'petons, ils nuisent a la lilterature bien plus qu'ils ne lui sont utiles ; ils nuisent surtout a ceux qui les suscitent etqui nesavcnt pas Ics renfermer dans de justes bornes. Malgre le sentiment d'irrita- tion dont cette seconde satire est empreinte, on y remarque peu-etre encore plus de passages heureux que dans la pre- miere; mais, que servcnt a la cause des Classiques (\ue\c[\ie% vers , plus ou moins bien tournes } C'est par de bons ouvrages qu'il faut combatlre pour cux ; c'est par de bons ouvrages que les Romantiqties doivent leur repondre. M. Baour - Lor- mian devait savoir que notre siecle ne croit pas sur parole, qu'il veut examiner et juger par lui-meme. Ce droit, chacun , avec du bon sens et derimpartialite,est en mesure de I'cxercer. 710 LITTER ATURE. Lcs absurdites ct les niaiserics que I'auteur prete a ses ndver- saires ne sont pciit-clre pas plus du romantisme , que les ma- drigaux mythologiques do Dcmoustler ne sont du classique ; et il vaut bien niieux dire aux poetes, quelles que soient d'ail- leurs leurs doctrines littcraires : (Voyez Encore un mot , p. 18.) Que votre merveilleux , puise dans la natui'e, Soumette vos lecteurs a sa douce imposture, D'un beau ciel poetique ctende I'horizon , Flatte ensemble le gout, I'oreille et la raison, Et jusque dans notre Ame, et seduile et toiichde (i), fiveille a notre insu quelque fibre cachee; Avec discernement soyez neufs et hardis. Ces conseils , et quelques autres que M. Baour - Lormiaii donne aux KCY\\&vas romantiqiies , sont bons a suivre par touC le monde; ils convaincront tons les bons esprits; et, si I'au- teur s'etait borne h ecrire dans cesens, nous pensons qu'il aurait Iravaille efficacement a rapprocher deux partis qui etaient pent etre sur le point de s'entendre, niais entre les- quels son premier et snrtout son dernier niauifeste sont venus de nouveau semer le doute et la defiance. J'ai place en tete de cet article, apres lcs deux brochures de M. Baour-Lormian , les litres de deux recueilsdont les auteurs appartiennent, m'a-t-on dit, I'un a recole des classiques et I'autre a la secte {\es roinantiques. Le premier, en effet, doit etre considtre comme classique , puisqu'il s'est occupe avec succes de la litterature des anciens (2) ; nous verrons dans quel sens le second est romantique, et M. Jules Lefevre nous reve- (i) La gradation n'est pas bien observee ici : la rime appelait le mot touchee; mais la raison eut demande qu'il ue fut pas precede du mot seduite , apies lequel toute autre expression ne pouvait qu'af- faibllr I'idee du poete. (2) M. BiGNAN est connu dans le monde litteraire par d'heureux essais de traduction en vers de Vlliade, dont il fit paraitre trois LITTfiRATURE. 721 lera peiit-etie cnfin le secret de son ecolc. Tons deux , du reste, n'ont pas cm pouvoir se dispenser de payer leur tribut aux idees du moment; ils out apporte leur mot dans la que- relle des classiques et desromantiqucs (voir ]ear ai'Crtcssementy Mais nous voulons les juger sur leurs oeuvres, et non sur des paroles: autrement, nous ne pourrions que nous prevenir contre M. I-efcvre , qui nous apprend ( p. 11 ) que la tristesse n'estpas gaie, et que ( p. 111 ) Von a quelque raison de raiiler les poe- tes qui meurent toujours en pleine sante, parce que Von fait un peu abus de la mort; niais qu'avant de raiiler, il faudrait savoir sil'ow meurt en realite, ou par imitation. MM. BiGNAN et Jules Lefjivre ont traite quelquefois les me- nies sujets. Ce dernier nous montre ( p. loi de son recueil ) un homme , qui . . . S'elancant du sein de ses exploits, Ramasse dans le sang le sceptre de nos rois, Et rel6ve vn pouvoir enfonce dans Vahiine. Son empire est un camp qui parcourt I'univers ; Arrive par la gloire a de nobles revers , 11 s'en fait des degres pour monter jusqu'au trone, Et 'va tomber debout , foiidroye par le sort, Sur un rocher perdu que la mer environne. CeC homme est Bonaparte , et Bonaparte est mort. Les Strophes suivantes sont employees l\ developper une par- tie des idees que renfermc la premiere; ou plutot I'auteur ne peint que la catastrophe qui a precipite Bonaparte du trone ou il s'etait place. Il le montre preludant a son expedition de Russie : Mais I'Aigle vers le Nord trop long-tems elancee Se lassti, et desormais incapable des airs , Sous le ciel du Volga sa chute commencee Sen 'va de I'Atlaiitique effrayer les deserts. chants, en 1819. Le recueil que nous annoncons re])roduit le pre- mier tout entier, avec d'heureuses corrections. ^aa LITTERATURE. Celui qui sut loug-teins gouverner la temp^te Du nail/rage de I'Aigle a subi tout I'affront. ' PuiSjlo blamant d'avoir siirvecii a sa chute, il s'ecrie Que vivie est tin avcu qu'on tient a I'exisCencf. Mais, ajoute-t-il : Son sowvenir est roi coinme celui de Rome ; Et son nom dans le monde, oil son sceptre est brise, Tient la place d'un peupla, et non pas d'un seal homme. P'oila. pourq'toi je chante et n'ai pas accuse. M. Bignan a decrit la vie tout entiere de son heros dans tiois chants, auxqaels il a dojine les litres suivans : le Glaive, le Trone, le Tornbeau. Nous n'examinerons pas si cette division, pour ainsi dire tonte mateiielle , est heureuse ou non; mais nous aliens essayer d'analyser ces trois chants. Dans le pre- mier, I'auteur peint la Victoire adoptant Bonaparte pour tils et le conduisant, de succes en succes, des champs de I'ltalie dans Ics sables brulaus do I'Egypte ; la France, enrichie des depouilles de Tennemi, recoit des lois regeneratrices; les arts, le commerce, Tinduslrie , se reveillent a la voix de son chef. Mais, bientot, il demande le prix de tant de services, el pen satisfait de la togc consulaire, il aspire a la pourprc des rois. Le second chant commence ainsi : Silence, liberie , c6de a Napoleon! Son bras s'est empare de la pourpre absolue; Du tiire d'empereur I'Europe le salue. Silence, libertt^, tu n'es plus qu'un vain nom ! Oh! quel juste respect eiit suivi sa niemoire , S'il n'eut pas , sur la foi d'un faux r^ve de gloire , Change contre le sceptre un fer republicain ; S'il eut , des saintes lois raaintenant I'equilibre , Citoyen toujours grand d'un peuple toujours libre, Garde son rang plus beau que le rang souveraiii! Est-il vrai que I'ombre du trone Eteigne le courage et glace les vertus?... LITTfiRATURE. 723 La Republique te conronne ; Tu peux regner Cesar, il n'est plus de Brutus. L'heuteux usurpateur de Tantique heritage (Je nos rois et des liberies publiques, rccemment conquiscs par le peuple, a recu du chef de la religion la sanction dc sa puissance souveraine. II poursuit le ccurs de ses exploits militaires : Le mcnde pour son vol semble manquer d'espace. Mais il n'est pas dote de sa plus belle place, O peuple! il n'est pas dans ton cceur. Ici, I'auteur apostrophe ences mots Napoleon : Ce peuple, qui maudit tes gloires insensees , N'obtiendra-t-il jamais, entre tant de pensees, Une seule pour son bonheur? N'est-ce qu'avec du fer qu'on moissonne I'honneur? Ta gloire est un fardeau qui pese a les sujets, Et vingt ans de combats ont plaide pour la paix... La paix! si tu la veux , ce n'est que dans la tombe. , Tu I'aurai... Le Seigneur s'est retire de toi. II souffle , et le colosse tombe ; ^ Tu n'es plus rien : Dieu seul est roi. Gardons-nous, dil M. Bignan, dans son troisieme chant: Gardons-hous d'insulter qui ne peut se defendre. Vivant, nous I'accusions; morf , epargnons sa cendre. Sa gloire a reconquis toute sa purete. Le tyran disparait, le grand homme est reste. Lanifinieidee morale, beaucoup phis developpee dans M.Bi- gnan , a preside a la composition des deux poemes dont nous venons de rapporter des fragmens. Nous n'avons pas cherche It faire briller I'un aux depens de I'autre; nous avons voulu, par des citations, proportionnees a I'importance de chacun de ces morceaux, en faire connaitre I'cnsemble a nos lecteurs. Us peuvent voir deja combicn la maniere des deux poetes est differente. C'cst le meme amour de la liberie, la meme haine 7a/, LITT^RATURE. pour le despotisme; mais , tanclisquerun exprime scs pcnsees en tcrnies clairs cl precis, I'aiilrecherche des effcts ainbitieux, cl devient bizarre a force de vouloir etre origiiial. MM. Bijj'iiau et Jtiles I,ofevre sc sont encore rencontres dans la peinture de Venise et dans celle de Pompeia. La pre- miere , que M. Lefovre a placce dans un poeme qui a pour titrc -.Le clocher de St. - Marc , est suivie du portrait de lord Byron, que I'aiiteur appellc uu Homere en action. Cette piece est semee de traits liasardes, semblables a ceux que nos lec- teurs connaissent dej^ du aieme poete. Je veux, dit-il, Dans la barque r^veuse ou joura ma paresse Bercer sous mes baisers V amour d'une maitresse. Puis, apostrophant Venise, il s'ecrie : De ta bassesse en \&\nfiijant les satinnahs , La memoire recule au fond de tes annales; L' esprit, que tes haiits fails soulevent un moment, Reiombe conslerne sur ton delabrement. Plus loin, I'auteur, rappelant l^-s merveilles operees par la lyre d'Euripide, ajoute ; On entend cependant le vulgaire Mbete, Au milieu des concerts que I'univers repete, Demander en riant ce que c'est qu'un poete ? Que je voudrais repondre, en I'etantii men tour! Mais, poursuit-il , J'etais ne pour agir, et non pour begayer Des mots dont le vain bruit ne va rieu reveiller. A cote de paresis vers, malheureusement trop nonibreux dans ce poeme, on en trouve d'autres aussi satisfaisans pour I'esprit que pour I'oreille; tels sont ceux ou il peint I'impres- sion que lui fait eprouver I'aspect de Venise : Au detroit de Sicile, on pretend que Morgane, Deroulant tout a coup sa cite diopliauc, LITTfiRATURE. 7^5 Y s6me de ses dons le vaporenx tresor, Sur ua sol transparent jette des temples d'or; Puis, de leurs toits vermeils dissipe !e prodige : Mais toi, realisant re merveilleux prestige, Tu montres , tous les jours, coinme dans leurs berceaux , Tes palais endormis sur i'lbime des eaux. Tel est aussi le tableau de la Grece sortant de sa lethargic: Elle marche! a ce bruit, un frisson d'epouvante Fait trembler du sultan la couronne tremblante. Elle marche ! I'Olympe a releve son front ; Chaque pas qu'elle fait, elle efface un affront (i). Je suis moins satisfait du poeme de M. Bii^nan sur Venise que de celui qu'il a consacre a Napoleon, quoique le premier ait ele couronne par une academie (2). II est moins riche de pen- sees et d'harmonie poetique; I'auteur, selon moi, y fait un trop frequent usage du vers de six syllabes mele avec des alexandrins, dont il semble ainsi n'etre qu'un hemistiche; en revanche, en voici qui sent regidiers, et qui rappellent cenx de J.-B. Rousseau dans sa plus belle cantata, celle de Circe :, O noble patrie Du luxe et des arts , L'ardente Industrie Vit dans tes remparts. D'une arcbe agrandie La coupe hardie ' S'ctend sur les flots; Le marteau resonne , Le pin so faconne En legers vaisseaux. Tes ports s'embellissent , Tes voiles fremissent (i) La succession de ces deux mots /ait et efface nuit a I'liarmo- jiie de ce vers; mais il renferme , ainsi que le precedent, une id^e grande et belle , telle que les poetes sont heureux d'eu trouver. (») 1-! Academic de Cambrai , en iSaS. 7i6 LITT^RATURE. Dans mille cinaiix. L'urne du commerce Chaque jour te verse L'or de riinivers ; L'Europe conquise Prochime Venise La reine des mers. M. Bignan reprcnd ici tous ses avantai^'essiir son rival, commo il le fait dans la piece intitulec Pompeia (i), et dont un epi- sode trcs-heiireux nous transporte sur les lieux au moment mcme du desastre de cette malheureuse ville ; tandis que M. Ju- les Lefevre, do son piopru aveu, ne trouve rien qui I'inspire dans cc scpulcre ^ ou, dit-il, on ajete la vie. Les fragmens de ces deux recueils que nous avons cites suffi- sent a notre plan; nous n'examinerons pas en detail les autres pieces qu'ils renferment. Celui de M. Bignau rcproduit, d'ail- leurs, des poemes suf lesqiiels nous avons appele deja I'atten- tion de nos lecteurs; tels sont le Lepreu.v (Yoy. Rev. Erie, t. xv, p. 373 ) la Peste de Barcelone ( ibid p. SgS ) , Judith ( t. xix, p. 187 ) et le Colysee ( t. xxiii, p. 719 ). Quant au recucil de M. Jules Lefevre, il est termine par quelques elegies amou- reuses : / Une femme a passe devant mon existence, dit-il, Adieu de mes travaux I'herolquc Constance ! Cette femme, il se remercie lui-meme de la irouver si belle ; mais, en meme terns , il s'indigne de souffrir et de craindre en- core le bonheur de moiirir. Cependant, ])Oursuit-il, motirir , ce n'est pas L'ojfcnser; enfin, le poete parait vouloir se consoler d'un amour malheureux dans le scin de ramitie; maisonl'en- tend s'ecrier, a la fin de sa derniere elegie : ii) Elegie couronnee , en i8a5 , par la Societe (/'emiilalion de Liege, LITTER ATU RE. 7^7 On ne recueille, helas ! d'une amitie profonde Qu'un degout de bonheur qui detache du monde ; L'orage, qui s'eloigne, en passant m'a fletri , Et je sens bien qu'on meitrt d'un mal qu'on a giieri. Je ne sais si c'est la ce qu'on appelle i)n amour romanesque ou romantique, je ne sais si ce degout des choses d'ici-bas qui perce dans toutes les compositions de M. Jules Lefevre esl egalement du romantisme ; niais, ou ce degout n'cst qu'appa- rent, etil faut blamerl'auteur d'une fiction malheureuse qui ne lui a vaUi que des inspirations trop souvent pareilles a celles que donne le cauchemar ; ou peut-etre il n'est que trop reel: et alors, il fautle piaindre de n'avoir pas cette douce philoso- phic qui (ait supporter les maux de I'existence et prendre en compensation les biens que le ciel nous envoie. jjiie Delphine Gay s'elance dans la vie avec plus de con- fiance dans la Diviiiite : clle la remercie d^n bonheur d'etre belle[i); elle veut faire un plus noble usai;c do ses talens : « Ral- lumant le flambeau dc la vorite, dit-elle, dans une piece de son nouveau rccueil, intitulee la Vision, J'eiiflammerai les ccEiirs de mon noble delire; On verra I'imposteur trembler devant ma lyre; L'opprime, qu'oubliait la justice des lois , Viendra me reclamer pour defendre ses droits ; Le heros , me chercliant au jour de sa victoire , Si je ne I'ai cbante, doutera de sa gloire; Les autels retiendront mes cantiques sacres; Et fiers, apres ma mort, de mes chants inspires, Les Francais, me pleurant comme une soeur cherie, M'appelleront un jour Muse de la patrie! M"^ Delphine Gay a tout ce qu'il ftiut pour que ce vceu s'ac- complisse, et ne soitpas regarde comme une pure ?;/.c/ort ; elle nous en a donne des gages dans ses premiers essais, que nous avons annonces avec tout I'inleret qu'ils meritaient d'inspirer, (i) \'oyez ses premiers Essais poetiques , p. 49> 3° et 4' editions. 728 LITTER ATURE. en soiimetlatit a la jenne ct belle Muse Ics avis tl'unc critique severe ct conscienoieuse ( Voy. Rec. Enc. , t. xv, p. Sg? , t. xxi, p. 677 et t. xxiii, p. 454 )• Mais elle prcnd ici dc grands cnga- geniensj le talent seal ne suffira pas pour les remplir; il faut qu'ellc donne a son talent une direction veritablemeut utile, digue enfin de sa vocation. Sa quete en favour des Grccs,(ju'un de nos collaborateurs a dejii fait connaitrc aux lecteurs dc la Fiei'ue (Voy. t. xxvii, p. 8fi5), est en meme lems une bonne action et un bon ouvrage; c'est, sans contredit, une des meil- leures pieces qu'ait inspirees cette cause sacree du roalheur et de la religion. Mais nous devons avoucr que les autres mor- ceaux dont se compose son nouveau recueil ne nous ont pas paru au-dessus de scs premiei's essais. Que M""=Delpliinc Gay y prenne garde : ne pas avancer, c'est reculer. Elle possede une lyre haimonieuse, dont elle sait tirer des sons divins; il faut qu'elle ne se contente pas de plaire a I'oreille et qu'elle veuille plus souventparlcr au coeur. Elle exprirue sesidees avec une purete et une elegance de style qui I'ont placec des son debut au premier rang de nos poeles modernes; il luiconvient d'appliquer cc talent il de plus grandes choscs; car nous avons dans ce talent la memo confiance que M"'= Dclphine Gay pa- raity av®ir elle-mcme. Qu'elle soit cnfm, commeelle le promet, la Muse de la patrie , et qu'elle laisse de cote les sujets qui, commc Elgise (i), ne disent rien a notre imagination, ni a nos (i) Poeme en quatre chants sur Alfred-le-Grand , oil I'auteur n'a peint qu'une aventure romanesque, et qui semble 6tre le premier ouvrage de sa jeunesse, quoiqu'il porte la date d'octobre iSaS. On y rencontre (p. i36) ce vers inconiplet .• Men amour pajera tes bienfaits et tes larmes. C'est patera qu'il faut ecrire, et Ton prononee paira : le vers offre • done aiiisi une syllabe de moins. Je vous paiial, lui tlit-elie, Avaat Tout, foi d'animal, dit la cigale h la/oiirmi , dans la fable de La Fonlaiiic. LITTfiRATURE. 719 souvenirs. Jeanne d'Arc, la Druiclesse , M"" de La Valliere , voila des tableaux que nous aimons a lui voir trailer; et, si Ton est romantique en s'occupant de preference des mceurs et de I'histoire deson pays, nous scrons romantiquesavec M"" Del- phine Gay. Nos lecteurs connaissent deja M. Alfred de Vigny comme un romantique a la maniere de M. Jules Lefevre; mais nous avons a lui donner aujourd'hui quolques cloges en compensa- tion des critiques auxquellcs il s'est vu en butte dans notre recueil. ( Voy. Bev. Enc, t. xvii , p. 36o et t. xxv, p. 2o5 ). A cote de la Neige et de Dolorida, que nous retrouvons au nombre de ses Poemes antiques et modernes, on en remarque un sur le Deluge , oil I'auteur a place des tableaux digues de ce grand sujet. En voici le debut : La terre ^tait riaute et clans sa fleur premiere; Le jour avail encor celte metne lumiere Qui du ciel einbelli couronna les hauteufs, Quand Dleu la fit tomber de ses doigls createurs. Rien n'avait dans sa forme altere la nature, Et des monts reguliers rimmense architecture S'elevait jusqia'aux cleux par ses degres egaux , Sans que rien de leur chaine eut brise les anneaux. La foret, plus feconde , ombrageait, sous ses domes, Des plaines et des fleurs les gracieux royaumes, Et des fleuves aux raers le cours etait regl^ Dans un ordre parfait , qui n'etait pas trouble. Jamais un voyageur n'aurait sous le feuillage Rencontre, loin des flots, I'email du ci^quillage , Et la perle habitait son palais de cristal : Chaque tresor restait dans I'element natal , Sans enfreindre jamais la celeste defense , Et la beaute du monde attestait son enfance. Tout suivait sa lot douce et son premier penchant ; Tout etait pur eacor ; mais rhomme etait mechant. Voici raaintenant quelques vers ex traits du passage oix I'au- teur peint la grande catastrophe qui a renouvele le genre humain : 73o LITTfiRATURE. Tons les vents mugissaient, les niuiitagnes trembl^rriil , Des fleaves arretes les vagues recul^rent , Et du sombre horizon depassant la hauteur, Des vengeances du Dieu riminense executeur, L'Ocean apparut. Bouillonnant et superbe, Entrainant les forots , comnie le sable et I'herbe , De la plaine inondee envahissant Icfnnd, II se couche eii vainqueur dans le desert profond , Appor^ant avee lui , eomine de grands trophees , Les debris inconnus des villes etouffees, Et la , bieiitot plus caline en son accroissement , Semble dans ses travaux s'arreter un moment, Et se plaire a meler, a brlser sur son onde Les membres arraches au cadavredu monde. Le poete a lie ses tableaux par mi episode ou il retrace les amours d'un ange dechu avec une mortelle. Sansdoule, tout n'est pas egal dans ce poenie; il n'est ]3as exempt de ces laches qui rappellent la Neige et Dolorida; mais il fait pressentir ce que I'auteur pourra devenir avec du travail et de I'etude , s'il veut en croire les avis de la critique de preference aux insinuations perfides de la flatterie , qui , des son debut , n'a pas crainl de I'appeler du nom de Racine modernc. Nons ne dirons rien du Trappiste , poeme qui a paru pour la premiere fois en 1822, et dont le lieros, que son ministere devait enchainer au pied des autcls , y>-a/?/je et benit tour a tour ses victimes, suivani Texpression de I'auteur. Ce poeme singulier est termine par ce vers bizarre : Amem, dil I'assemblee en tombant ^ genoux. M. Edouard Aii.etz n'etait pas encore connu dans ie nionde litteraire, lorsque le concours academique de 1822, dont le sujet etait I'eloge du devcuinent des medecins francais a Bar- celone , fut pour lui I'occasion d'un triomphe. On se ra^pelle qu'une petite ruse innocente contribua peut-elic a faire pen- cher la balance en sa faveur (Voy. AVe. Enc, t. xv, j>. 5y3). Uu Rn plustard, il reparut dans un autre concours pour dian- LITTfiRATURE. 7^ i ter V Abolition de la traiie cles Noirs, siijct qui valut la couronne a I'un de nos coUaboraleurs, M. Cliauvet (Voy. Rev. Enc, t. XIX, p. 496 — 5o3 et p. 700 ) ; mais , cette fois , il ne fnt pas aussi bien servi, on par la circoiistance ou par ses inspirations. Aiijourd'hui, il se presente a nous avec un poeme dans lequel on voit qu'il a clierche surtout a etre neuf. JFalpole est le heros de cq poeme drnmaUque , et nous avouons que nous re- gretterions presque les cloges que nous avons accordes a M. Ancelot, qui , le premier , a donne , dans Marie de Brabant, Texennple de cette union des deux genres epique et dramatique (Voy. Rev., Enc, t. xxviii , p. 257) , si cet exemple devait ne nous valoir que des poemes comnie celui de M. AUetz. Cet ouvrage , disons le avec franchise, parait etre le i-esultat d'une gageure ; mais, si I'auteur n'a pas voulii nous degouter de ce que plusieurs personnes appellent , fort improprement sans doute, le genre romantique, en exagerant le melange du se- rieux avec le comique , du noble avec le trivial , s'il ne s'est qu'egare sur les pas de niauvais modeles , qu'il se hale, dans une nouvelle production , de rcparer le tort qu'il vient de faire a sa reputation naissante, et de remonter an moins a la hauteur de ses premiers essais. Si nous desirons surtout voir la poesie ramence h son but le plus noble , celui d'etre utile en devoilant les secrets du coeur humain et en consacrant les grandes verites de Thistoire ; si nous applaudissons meme aux efforts de relui qui echoue dans cette tache difficile et honorable , nous ne repoussons pas en- tierement de nos rangs le poete qui , sans dessein de nous ins- truire, et dans le seul but de nous plaire, ramasse quelques fleurs echappees de la couronne des Muses. M. Fe dk Bar- QUEVILI.E avail prcsens a I'esprit ces deux vers de La Fontaine : Si Peaud'Aiie m'etait conle , J'y prendrais un plaisir extreme, lorsqii'il a enlrepris de rimer le conte de la Belle ait bois dor- mant. Son petit poeme , qu'il avait d'abord compose en trois chants, et qu'il a reduit depuis a deux , offre une foule de ta- 73a LITTfiRATURE. bleaux charmans, traces en vers gracieux ; on rcgrcttc qu'il en ait dctache plusicurs episodes que le lecteur trouvcra rc- produits dans ses notes , et parnii lesquels nous avons rc- marque surtout \g palais d'Obcron , dent les Annates loman- tiques de 1826 se sont enrichies. Citons-en un passage : Sous le beau ciel de I'heureuse Atlantide, Au sein des niers , s'etend I'ile d'Amour. L'hiver jamais ne marque son retour Sur ce rivage 011 le printems reside. Sur la coUine , au doux eclat du jour, Brille un palais, fautastique sejour : Son toil d'azur, frapp6 par la lumiere Comme la nue aux mobiles couleurs, D'objets rians, de portraits cnchanteurs Offre aux regards la pompe mensongere. C'est la qu'assis sur un trone cclalant, Regne Oberon, que sa cour environne. L'eclair jaillit de sa ricbe couronne . Sur son epaule un manteau va flottant. A la suite de ce petit poeme sont des fragmens, parmi lesquels nous avons reniarque Radegonde et le beau Saintraille ; nou'S engageons I'auteur a porter ses idees vers ces souvenirs de notre aucienne histoire el des moeurs de nos aiieux ; M. de Mar- changy lui a ouvert , dans sa Gaule poelique et dans Tristan, unc source inepuisablc de richcsses poutiques oix 11 pourra puiscr les sujets de tableaux anssi interessans que ncufs. II y a du mouvement, des images, une coulcur locale, tout ce qui constitue enfiu la poesie dans les Brcsiliennes de M. Ed. CoRBiERE , dont la premiere edition ne nous est point connue, C'est , en quelque sorte , Thistoire complete d'un naturel du pays: les Aveux , le Chant d' amour, les Sertnens , le Chant d' hymen , Vlnfasion , le Chant de guerre , la Defaite , etc. , sont, pour ainsi dire, autant de parties detachees d'lm poeme auquel il ne manquerait qu'un pen plus de liaison pour meriier ce nom. Nous regrettons que M. Corbiere nc nous ait pas faif LITT^RATURE. 733 connaltre I'auteur original oil il a puise ses tracliictious ou ses imitations , car il nous donne comme telle la premiere partie de ce recueil ; et ce qui nous fait croire a sa bonne foi , c'est <]ue, dans la seconde partie, composee de Poesies divcrses , oil il parait livre a ses propres inspirations , il n'a rencontre que des idees communes , renuues en vers qui sont quclque- fois au-dessous de la critique. MM. Jules Lefevre , Alfred de Vigny, Alletz et Coibiere nous offriraient le veritable type du genre romantique, si , comme I'ont pretendu quelques criti- ques , Tinegalitc etait le dcfaut distinctif de cette ('-cole ; mais , cette incgalite, nous la trouvous aussi quelquefois dans uos meilleurs ecrivains classiques; elle n'est plus grande cliez les modernes que parce qu'ils se liatent trop de produire au grand jour des ceuvres pour lesquelles ils n'ont pas eu le tems d'ap- pliquer le precepte de Boileau : Cent fois sur le metier remeltez votre ouvrage. Il semble que I'editeur des Annates romantiques devrait nous donner le secret de cette Muse a laquelle tant de poetes adressent aujourd'hui leurs hommages, peut-etre sans la con- naitre mieux que nous ; mais je le soupconne de n'avoir pris ce titre que pour exploiter plus siirement la curiosile. Dcja I'exa- nien que nous avons fait de son recueil, en 1824 ct en 1825 ( Voy. t. XVII , p. 628 , et t. xxv , p. 204 ) , ne nous a conduits a aucun resultat. Cette fois , on pourrait croire qu'il a voulu se jouer des lecteurs. Eneffet, nous trouvons le manifeste le plus direct conlre le romant'isme dans Ics vers que voici (p. i5i) : Les sots du tems present valent ceux du passe. Qu'ai-je dit ? Ah! du moins, ces pedans narcotiques Que Moli^re ecrasa sous ses rimes caustiques, Savaient du grec et du latin , Et les beaii.v-csprits romantiques Nous font regrettcr Trissodn. Sans doute il eut ete facheux que <.es deiiA. lignes eussent prive les lecteurs des Annales romaniiques d'un des meilleurs mor- ceauY du recueil , et I'editeur a bien fait d'admettre XEpitre T. XXIX. — Mars 1826. 47 73/| LITTtRATUUE. de M. /VifCELOT a M. Cuslmir Bonjotir; inais , ct'ttc ailinission prouvc (jn'il n'attachc" pas liii-ineinc beaiicouj) d'importancc ;i soa litre. A son iudcj>oiidance litteraire il en joint sans doute line autre non moins prccinise, I'independance sociale. S'il etait partisan dn raiiiistere, conime on nous I'assure, il eut craint de deplairc a MM. dk Peyronmet et Lourdoueix , en reproduisant {'Indifference df I'nn et \ Ami de la tempete de I'autre; car il est devenii complice, par cc seul fait, des sar- casmes et des plaisanleries anxqiicls ces deux nobles poetes sont en butte depuis quelque terns. Nous ue pouvons que louer son impartialite : hommes de cour , de robe et de plaisir se rencontrent , a cote de simples litterateurs , dans son re- cucil , ou chacun est vcnu apporter le fruit de son talent ou de ses loisirs. Cette trop grande facilite pourrait neanmoins degenerer en fiiiblesse et tourner an detriment des itcteurs : c'est ce qui ne manqnerait pas d'arriver, si, a cote des ceu\ res de MM. DE Chateaubriand, Casimiu Delavigne , Lemercikr , DE LaMARTINE , DE MaRCHANCY , RaY'NODARD , SOUMET, Vll.- i.EMAiN , etc., on trouvait souvcnt des pieces semblables ;i \' Idiot de M. Ernest Fournet ( p. laS) , et surtont a V Assassin de M. Boucher de Perthes (p. iSy). II est lems de nous resumer. Nous avons In avec une grande attention les differens recueils annonces dans cet article, mais sur chacun desqnels nous n'uvons pu arreter qu'un instant celle de nos lecteurs, et nous n'y avons rien trouve qui offrit les caractex'es d'une direction poetique entierement neuvc, et qui put motiver la creation d'une ecole a part. lis venferment tons, en plusou moins grande proportion, du bon, du mediocre et dn mauvais : Sunt bona , sunt qiicedam mediocria , sunt mala plura , Quce legis : hie aliter non fit , Avite , liber. Mart. Lib. I, Epig. xvii. Mais nous avons remarque , d'aillenrs, que les morceaux qui meritent de rester, et par consequent de devenir clnsiigt/cs^ sont lous con^us etecrits d'apres les regies qui ont guide nos LITTER ATITRE. 735 grands maiHes dans la composition de leiirs chefs-d'oeuvre. C'est done une raison de pins , pour nous , de tenir a ces rejjdcs, jusqn'a ce qu'on en ait imagine de plus favorables au developpement des facultes intcllectuelles du poetc. Le veri- table genie n'enfreint pas les regies, il salt les soumettre a ses vues ; c'est a hii , a lui seul a tenter des routes nouvelles ; qu'il reussisse , et nous serons les premiers a guider sur ses pas nos jeunes ecrivains. Jusque-la , nous ne cesserons de rap- peler aux novateiirs que les regies n'ont pas precede les chefs- d'oeuvre, qu'elles ne sont que le resultat de I'observalion, le resume des moyens employes par les maitres pour arrivera leur but , et que le devoir de la critique est de conserver re- ligieusement ce depot sacre , ce palladium sans lequel i! n'y aurait plus qu'anarchie et confusion au Parnasse. E. Hereau. in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 323. — * The American Journal of Science anil Arts, etc. — Journal ainericain des sciences et des arts, dirigti \)i\r Benjamin SiLLiMAN , professeur de chiraie et de mineralogie au college d'Yale, etc New-Haven, iSaS. Hezekiah Howe. AVashington , Pishey Thompson. Nous sommes en retard, inalgre nous, pour rendre coinpte a nos lecteurs des interessantes i)ublications de ]\1. Silliman, <|iii nous arrivent tres-irregulierement. La dcrniere livraisoh de son journal ijui nous soit parvenue est celle du troisieme triinestre de iSaS. Les geologues y trouveront, comrae a I'or- (liuairejbeaucoiij) de faits sur le continent americahi; et bien- tot on aura louUs ies notions necessaires pour comparer entr'eux I'ancien el le noiiveau continent sous les rajjports geologlques et mineralogiques. Dans celie livrais-on publiee en 1825, et qui est la premiere diideuxieme volume de la collec- tion, un liabiiani de CircleviUe , M. Caleb Atwater decrit une partie de I'ctat de I'Ohio, dont les richesses minerales ne sont. l)as encore exploitees, a rexce])tion du sel commun et du pe- trole dont on a commence I'extraction. La derniere substance parait abondante, et tres-propre a I'eciairage. Des indices de bismuth et de zinc doivent enconrager des recherches ulte- rieures, et les mines de fer abondent. Mais la veritable ri- clicssede cettecontreeest unsol fertile, diversifie, bienarrose, convert encore, dans une grande partie de son etendue, de beaux arbres dont les habitans serablent avoir jure la destruc- (i) Nous iudiqiions par un astcrisque (*) , place a c6te du litre de cliaqpie onvrage, ceux dcslivxes ctrangers ou fraacats qui paraitroul digues d'une atten- tion particulicre , et uous en rcudrons qticlquefois compte dans la 5(;otion des Analyses. AM^RIQUE SEPTENTRIONALE. 7^7 lion. Le phenomene des rochers branlans sur la base qui les supporte a ele observe, aux environs de la ville de Providence , par M. Mason. L'une de ces masses mobiles est un enorrae bloc de granit, dont le poids est estime a 180,000 livres, et auquel on pent imprimer, avee un levier de 8 a 10 pieds de loni^, un raouvement d'oscillation de 4 a 5 pouces. La caricographie , ou nionograpliie Atscarex, commencee dans les cahiersprecedens, est terminee dans celui-ci. L'auteur , M. le ])rofesseur Devpey, deciit 66 cspeces de ces graminees. M. le doclenr Mitchill , de Ne\7-York, a recueilli de nouvcaux fails relatifs a une raonstruosite qui ne parait pas ties-rare parmi les serpens, et qui a trompe quelques naturalistes; il a eu I'occasion d'observer des individus a deux letes sur un seul corps, et d'autres ou deux tetes et deux corps distincts elaient reunis par un seul cou. M. Richard Harlan , de Philadelpliie , decrit 10 especcs de grenouilles du nord de rAmcrique, dont plusieurs avaient echappe aux naturalisles. Le laborieux M. Hare s'est attache a perfectionner les eudiometres , a rendre leur service plus prompt, et le resultal des observations plus exact; on trouve ici la description de huit formes qu'ii a donnees a ces instru- mens. Nous n'avons pas compris de quel inleret pouvait etre pour les sciences la dissertution sur la chaleur , qu'on lit apres \e me mo ire sur les eudiometres : ceUe dissertation, qui n'ap- prend et n'eclaircit rlen , usurpe la place d'un article plus utile. Les observations qui viennentensuite sur la conversion dumou- vement ollernalif en mouvement de rotation sont tres-justes, et ne doivent point etre omises dans le calcul de I'effet utile des machines. Nous ne diron? rien des mesinlelligences sur\e- nues entre les chimistes americains, au sujet de quelques expe- riences siir le charbon ; il est fori inutile de propager en Eu- rope le bruit de ces dfibats , d'autant ])lus que des observations altentives et des experiences concluaiites ne peuvent larder de n~.ettre tons les savans d'accord , des deux cotes de I'ocean. L'ob- servation curiense qti'nne plaque defer doux,a laquelle on imprinie une grande vitesse de rotatioii , peul couper line lame d'acier, a domic lieu a quelques reaiarques inserees dans ce journal. Comme ce fait jieut etre com])arc a beaucoup d'autres analogues et dependans de la nieme cause, il semble qu'on s'en est Irop occupe, et que les recherches dont il peut etre I'objet n'ajouteraient rien a nos connaissanccs. Un memolrede M. Chilton sur un aerolilhc, lonibe dans le Maryland, confirme de plusen ]ilus cequel'onsuit sur la naluredeteltesingiiliere es- pecede mineraux. M. Siliiman y a joint unenolice sur lesaeroli- thes lesplusrc'censet les miens observes, sur les substances (|ue 738 UVRES ETRANGERS. I'on liouvc dans lous, et sur les differences que Ton y remar- que. Le iTn*me M. Atwater, aiiqiiel on est redevable de notices geologiques et niineialogiques siir I'ctat de i"Ohio , donne dcs deivclitcr sur les Delawaies, etc., a fail nn noij\el ou\iage suri>lnsieiii£ snjeis traites par ces eciivains. L'iiistoirc, la [)lniologie, el ime science plus im])ortanle encnre, le science de Dinninu', trouveront dans eel nrlicle des notions procieiises, el ciiacnne s'emparcra de ee qui hii apiiartient. II f'allail une critique judicieusc et severe pour debicuilier le chaos des Iradiliors populaires de ces trlbus sans annales et presquc sans inonumens; il fallait comparer les diffeiens lan- gai^es , etudier ces linenmens presqn'efface;-, et dont rintrrjjre- taiion est encore plus difficile et plus conjecturale que celle des cajacleresdel'ancienne Egypte. II est vrai que le travail sur les langues des indigenes dii nord de PAinerique avait ete prepare jiar M. DupoMCEAU, et c'est la partie la plus inslruclive de I'ar- ticle dont nous |]arlons. Un autre article, beaucoiip plus court, mais d'un grand inleret , est rclalif au congres de Panama cl a la confederation des republiques americaines du sud. On s'attend bien a n'y trouver que des pensees reiuiblicaines, et (jue I'autenr n'y pai- lera poini des congres des--monar(|Ties avec le respect impose aiix eerivains de I'Euiope. Mais, on est surpris que I'auleur de cet article, citoyen d'une rcpublique, ]-,nisse regarder comme preiiiatnree, et, comme il dit , impoluique , I'adliesioii c)eux de tons les amis de rhumanitc, Ce caliier contieiil de nouveiles observations sur le rapport liiit au Congres relalivement anx reclamations dn commerce .Tniericain conlre les sj^oliations cju'il a cprouvecs en France , 74o LIVRES ETR/VNGERS. durant les guerres de la rtvoiution et de I'empire. Cel article est redige avec unc nioderation que I'on n'eut pas fiwgec dans un plaidoyer pour une cause nalionale. La France, qiiiNi paye ia revolution et la contre-rcvolution , et qui semble avoir con- tracte I'habitude de payer, ne traitcra sans doule pas plus mai ses anciens que ses nouveaux amis. Noire dette publique n'e^ale pas encore ceile de I'Anglelerre ; grace aux dispositions officieuses de notre diplomatie et aux exigeances de certains intcrcts dans rinterieiir, nous atteindrons bientot nos voisins, Kjuant a Tenormite de nos charges, sans que nous ayons pris soin, comme eux, d'occroiire les nioyens de les supporter. La politique et I'histoire ne rempiissent pas seules lout ce cahier; les sciences et la litterature y trouvent aussi leur place. L'anaiyse d'line nouvelle production que les muses americaines ont inspiree a M. Hillhouse parait fort indulgente : la struc- ture etrange (ie Hadad , poeme dramatique , sera jugee en Eu- rope avec plus de severiic. Les redacteurs traitent avec inoins de complaisance la Faune americaine de M. Harlan, ou 147 espcces de mammiferes sont dccrites : I'auteur a compris dans sa nomenclature les espcces fossilcs. La legislation et la biogra- phic obtiennent aussi des articles dans ce cahier : en Anieri- que, comme en Europe, les discussions devant les tribunaux superieurs sont d'excelientes lecons de jurisprudence, et meri- tent d'etre recueillies; M. Gbeenleaf, conseiiier a la conr supreme de I'^lat du Maine, s'est cliarge de ce travail pour le tribunal auquel il est attache. Les lecteurs n'auront garde de ncgliger ia notice sur les mcrnoircs dc Josiah Quincy lejeunc, redigcs par son fds : les fondalcurs de I'independance ameri- caine sont des modeles pour tous les ages et pour tons les pen- pies; leurs noms, consacres par I'histoire, seront transmis avec respect aux generations les plus reeulecs. Les bornes de notre recuoil nous interdisent d'entrerdans aucun detail sur lesautres articles coiitenus dans ce cahier; cependant, nous ne pouvons nous dis)'enser de placer ici queiques observations sur les listes d'ouvragcs nouveaux qui sont inserees a la fin de chaque ca- hier de celte revue. Si ces listes sont completes, si elles n'omet- tent ancuue des productions intellectuelles de I'Anierique du nord , il faudra convenir que notre faconde est bien ])lus abon- dante que celle du Nouveau-Monde. Ce])endant , autant le nombre de ceux qui ne lisent point est grand parmi nous, au- tant il est petit en Amerique, suivant les rapports des voya- geurs. Ainsi , les progrcs de I'instruction seraient lual appre- cies, d'apres I'etendue du commerce de la librairie. II y a ccrtainement une grande difference entre un peuple 011 la lee- am£r. CENTRALE. — AMER. m£RIDIOjVALE. 741 ture occu{)e le terns, et celui qu'elle en dcbarrasse ; inais, pour bien juger I'un et I'autre, il faut Ics observer sous beaucoup d'autres rapports que ceux que I'oii pent deduire dn nombre , et nieme du clioix des livres qu'ils ont cutre !es mains. F. AMERIQUE CENTRALE. 325. — * El Indicador. — LTndicateur , journal hebdoma- daire public a Guatemala (i), iSaS. Quelqu'un a dil que les sottises des peressont perduespour leurs enfans. Une trisle experience a souvent confinnc cette assertion. En consullanl les joiirnaux mulliplies qui s'impri- ment en Amerique , on Toit avec plaisir que les errcurs des gouvernemens europeens sont appreciees dans le Nouveau- Monde a leur juste valeur, et serventa signaler sans cesse les ecueils a eviter. Outre les nouvelles couranles, Y Indicador de Guatemala conticnt des morceaux bien penses, bien ecrits snr diverses branches de rcconomie sociale. Les numeros qui sont sousnos yeux offrent des articles piquans sur les trnfiquans de patrio- tcsme. D'autres, fort etendus, ont pour objet les elections des representans du peuple dans un pays ou elles son! toutes par- faitement libres et populaires. G. AMERIQUE MERIDIONALE. 326. — * Discurso, etc. — Discours historiciueet ])olitiqije, pour servir de refutation a une lettre (jui condamnait I'aboli- lion de Tesclavage des negres au Bresil , public jiarun voya- geur dans les pays colonianx. Rio Janeiro , iSaS. In-8° de 74 pages. L'auteur, en refutant avec energie un ennemi de la liberte africaine , se montre en meme terns ami de toutes les liberies. Dans son discours , il a encliasse beauconp de fails curieux , specialement sur des Noirs des possessions portugaises qui se sont distingues par leurs vertus el leurs talens. Lui-meme doit etre cite avec eloge ; car, bien qu'il ait gardT; ranonyme, on sail que c'est le pere Leonard , prctre , lionime de coulenr. Une cerlaine variete de connaissances litteraires et des idees (1) F.t Don Guatimnla , comiue on I'ecrit soaveut iiial -a-pr./pci. Les faabitans tie cfttte republique, qui se servent con.slammepl de l.i Jtiio- niination que noas avons aJoptec , dojveiit savoir miens que les Euio- peens comment s'apjielle leur capitale. 7/|2 LIVRES 1^.TRANGER,S. hiniineuses, i epanrliies dnns son f>iivrai;e , annonceiit uii cs]ii it j'Mlicieux, developpc jjar de bonnes eludes. G. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 327. — * Rise and progress of the silh-tradc in England. — Orij^ine et progres dn commerce des soieries en Angleterre , depnis Ici jireiniers teiiis jusqu'en 182G; ouvrage enrlchi dc plusieurs tableaux dresses sur un jilan noiiveau , ct donnani los quantites desoies brutes et raanufacturi'es , iinporlees et reex- portees dans la Grande-Bretagne , Ics prix des divcrses espe- ces, le moiitant des droits, la valeur officielle et leelie, etc., ct de plus I'enqnete faite par Ic eomile de la cbambre des Lords, en raai 1821 , le rapport qui s'eii est suivi, et j)lusieuis autres documens rciatifs an commerce des soles; par Cesar MoREAiT, vicc-consnl de France a Londres. Londres et Paris; i826.Treulte] et Wiirtz. Un caliier in-fol. oblong de 20 pages lithograpliices , snr 3 colonnes; prix, 5 slielbngs. IVous avons aunonce (/icc. Enc. t. xxviii, p. i38 ) les Ar- chives dc la compagnie des hides anglnises, ouvrage du meme auteur , dresse et impriine dans le nieme genre qiie celui que nous annoncons aiijonrd'lini, anqiiel nous ponrrions adresser les memes eloges et les memes reproclies. II offre une suite de tableaux lllhograpliirs, qui conliennent ce qu'annonce le litre , en STipposant toutefois qne les sources on I'anlenr a jinise ne lui aient fourni qne des verites ; ce (jni est toujours nn sujet de doute, nu-me lorsqu'on puise dans les documens officiels. Les tableaux officiels de la balance du commerce de la Grande- Bretagne, qui ont fourni plusieurs des documens f|ue Ton re- produil ici, sont des docun)ens absoliunent indignes de con- flaiice; car , s'ils elaienl vrais,la Grande-Brelagne conliendralt qnatre fois plus de numeraire que Ton n'en compte dans toute I'Europe. Neanmoins, ces tableaux, s'ils n'indiquent pas des quantites et des valenrs recHes, peuvent dii nioins nionlrerles lapporls d'agrandissement ou de declin d'un meme commerce; ear les memes causes d'errcurs y subsistent egalement par- tout. On tronvera dans le meme&rit d'autres instructions. II offre une liistoire abregee et curiense de rindustric qui a la sole pour objet, depuis les tems les pins anciennenient connus jusqu'a iios jours. On v voit comment ce precieux jjroduil, cullive et fabriqne originairement dans I'Asie orifiiiaie, a passe succes- GRANDE-BRf:TAGIN'E. 7/1 3 sivenient a Tyr 1 1 dans la Grece ; coniraent il est devenu en- suite la conrpiete des republifjues d'ltalie, qui s'empaierent an moyeii age de Constantinople , d'oii il se repandit en France et dansle resle de FfJurope. On lira de raeme avec interet I'enquele i)arlementaire dont CO commerce a cle I'objet , en 1821 , parce qu'elle fait bien con- naitre I'etat actuelde celte Industrie en Angleterre. Ces enqne- tes , quaiid ellcs sont failes de bonne foi, el dans I'uniqnebut d'eclairer ]e legislateur , comrrie dans ce cas-ci, commc dans tons ceiix ou I'inleret de I'autorite n'est pas en opposition avec les intt^rets dii public , sont nn excellent moyen de penetrer la verite, et nn moyen d'autant mcilleur, qu'en inslriiisant le legis- lateur, il inslruit la nation. II est faclieux que I'iinjiression lithograplii(|ue et le format, adoples jiar I'auteur , rendent I'ouvrage de M. Cesar Moreau si difficile a lire. Quij)ent secontenter d'une ccriture inanuscrile et tres-serree, lorsque Tceil n'a pas trop de toute la nettete des imprimes sur caracteres mobiles , pour n'etre pas fatigue dans de si penibles rechercbes ? J. B. S. 328. — Letters on t/ie state of Ireland , etc. ■ — Lettres sur I'elat de I'lrlande, adressees par f.-K. L. a un de ses amiscn Angleterre. Londres, iSaS. In-S" de 364 pages. L'auteiir de cet ojivrage , designo seiilement yiar des initiales, e-t le tres-rcverend M. Doyi.e, eveque de Kildare et de Loii- ghlin. C'est nn des preiats auxquels s'adresserent , pour avoir des renseignemers exacts sur I'etal religieux de I'lrlande, les commissaires nommes par la Chambre des communes lors de la derniere discussion sur I'emancipation des catholiques. Ces Letires, tres-curieiises, presentent I'etat actuel des catho- licpies iriandais, et devoilent la perfidie qui, sous les formes astiicieuses d'une moderalion hypocrite, continue de les per- secuter. Les sermons , les circulaires, les catechismes, les pam- phlets protestans respirent encore la haine conlre les catho- liques, et souvent ne leur epargnent pas les calomnies et les injures. II senible qu'en Angleierre ons'obsline, non a croire, mais a faire croire que les catholiques iriandais sont une classe abjecle et degradce. Asservis sous ie joug du clerge protestant, ils sont contrainls d'economiser sur leurs chelives proprietes pour contribuer a I'entreMPu du cube et des temples anglicans, tandis que souvent les leurs tombent en ruine. Depuis frois siccles, harcek-s par des perseculions cpii sont seiilement amorlies, ils perseverent avec intrepidite dai:s une religion qui leur a coiite tant de sacrifices. Si quelquefois , en Irlande, on .1 vu des calholiijues apostasier , presque to^jours 744 LIVIU'.S liTU/VrsGERS. lis etaient d'origine etrangere. Au resle, ce cas est rare, taiidis que les conversions de protestnns au catliolicisme sVIevent annnellemetit a plusieurs centaines. Le clerge calholique est peiU-etre encore imbu de qnclques opinions uUraniontaines ; mais pour le zele , la regularile el la ])urete des nioeurs, il peut etre cite comnie niodele. M. I'evt'Cjue Doyle disserte savamment sur plusieurs ques- tions accessoires a son sujet, mais qui s'y ratlachent. Telle est, entre autres, celle dcs Sociotes bibliques. 329. — ■ The slave Colonies, etc. — Les Colonies a esclaves de la Grande-Bretagne; 011 Tableau de I'esclavage des Negres, trace par les colons enx-memes. Londres, iSaS. In - 8° de 164 pages. 330. — The second report etc. — Deuxienie rapjiort da comite de la Soclcte etahlie pour la mitigation et V abolition graduelle de I'esclavage duns les colonies anglaises. Londres , iiSaS. In-8° de 192 pages. Les divcrses Societes foriiiees en Angleterre en faveur des Africains poursuivent leiir honorable entreprise avec une per- severance (|tii ne s'est jam.^is dementie ; ces deux ouvrages abondent en details inleressaiis et en meme terns douloureux. On y trouve une accumulation de faits abominables sur la con- tinuation de la traite par des Pnrlugais, des Rresiliens, des Frnncais; sur les cotes occidentalesde la Guinee et vers le canal de Mozambique, le pavilion francaisportesanscesse I'epouvanle et la devastation : des scelerats de diverses villes de France sent complices de ce brigandage, dont le foyer principal est a Nantes. La Soci('te pour I'abolilion de I'esclavage publie, en outre , tousles mois, un journal, format in-8° , intitule : The anti- slavery monthly Reporter, dont ponsavons sous les yeux ^^7. II renferme des details importans et affligenns sur la tenaciie criminelle des colons de diverses iles a repousser les niesurcs sages, par lesquelles le gouverncment britannique marche pro- gressivement a rabolition de I'csclavnge. Cetle abolition est dans les vceux du peuple anglais, qui a preccdeninient envoye sur cet objet des petitionsaii pailcment, et qui ne manquera pas d'en adresser de nouvelles, pendant la session de 1826. 33 1. — * J Hiftoiy of the j)rotestant reformation in En- gland, etc. — Histoirede la reformation protestante en Angle- terre et en Irlande ; par IVilliam Cobbkt. Londres, jSaS. In-i2 Cet ouvrage qui ]iaiait par caliieis, dont sept nous sont par- Tenus, est une censure stMeiedc la reformation protestante et GRANDE- BRETAGNE. 7/,5 line apolo:;ie du catholicisme , par un ecru'ain protestant. Wil- liam Cobbet combat les assertions niensongeres d'une foule d'ecrlvains de la communion , refute ce qu'ils ont dit conlre I'cglise romaine , elablil par les fails que cctle refoi million fiit signalee ]3ar la [)ersecution, les devastations , les brigandages. II y avail, dans ces deux pays , 6/(5 monasleres, 90*- colleges , no liopilaux , 2,374 chanieries ou chapeJles libres ; le roi s'empara de la (olalite, et en fit la distribution, selon son ca- price, a ses complices et a ses courtisans. Jean Fischer, eveque de Rochester, le chancelier Thomas Mo- rus, et beaucoup d'ecclesiastiques el laiqiics fuient mis a niort, en haine de leur allachement a la religion calholique. L'auteur revendique ])Our eux rhoiineur du martyre. Dans I'un de ses cahiers , il reclame les avantages dn celibat ecclesiastique ; ce qui le conduit a des details tres-plquans concernant un des derniers evequcs de Winchester, qui, marie, a trouve le secret de jilacer avantageuscment dans des places lucralives, dont plusieurs sinecures, ses parens et ceux de sa femme. Cet ou- vrage tres-curieux ineriteruit d'etre traduil dans noire langne. G. 332. — * Clemenza ^ or the Tuscan Orphan , a tragic dra- ma in Jive acts. — Clemence, ou I'Orphelinede Toscane , drame tragique en cinqactes, par f F/iilelaw AnsshiK, avec des notes. Londres, 1823. In-8° de 1 14 pages. Rodwell et Martin , New Bond Street. Sans nous engager dans la grande discussion des avantages etdes inconvcniens des deux prelendus genres a ppeles r/rt^'- sique et romantique , consideres relalivemenl a I'arl drama- lique, nous dirons que les usages et les regies du theatre an- glais different encore si essentiellemenl des notres, et que le gout dn public de Londres a si pen d'analogie avec le gout dn public de Paris, que le jilns inlrepide novaleurne pourrait, sans de tres - grands changemens, transporter sur notre scene ce drame qui a obtenu le plus grand succes en Angleterre. Nos classiques reprocheraient a Tautenr de n'avoir pas observe assez exactement I'unite d'aciion, et d'avotr jirodigne des en- trees et des sorties non molivees, des incidens multiplies sans cause, etc.; nos romantiques ne tronveraient , peut-etre, ni assez d'ideal dans les caracteres, ni assez de vraisemblance dans le denoumenl. Car, le vrai sera, dans tous les terns, en tous lieux , et sans distinction de secte lilteraire , le type du beau. Toutefois , malgre I'influence que peuvent exercer, raeme a notre insu, nos habitudes ou nos prejuges, nous recon- naissons quelalecturede ce drame nous a fort attache, que les 746 LIVTFIES £TRANGERS. roalheursde I'Orplielincdc P'lorcnceinspireni iin vif interer,que Tauleur a su Tvpantlrc un certain cliariiK' mclaiicoliqiie , ineine sur los roles sccondaires de ses amies ct de ses confidentes; et <|iie le caractere de la dame florenline nous a parii jjavfaiiement conca et bien esrjHissii. Le prestige du jeu des acleurs et la beaute des vers, ont , sans doute, aussi cotitribuc au sncccs de celte piece. TouL nous porte a cioirecpie ca dratne mcrite conipletement I'eloge d'un crliit|ue anglais, que nous aiinons a rapporter ici. « Celte trag»?die est (a son avis) la ineilleure de celles qui ont pnru depuis queique teuis; avecde legcrs clian- geiiiens, on en ferait une boiiuc piece de theatre : le fondest d'un grand inleret. Les parlies en soul bien liees,et les per- sonnages sont de nature a fairc sympathiser Icspeclateur avec leur sort. » A — na. 33'i. — Granby, a norel , etc. — Granby; deuxieme edi- tion. Londres, itiaG, Colburn. In- 8''; prix 28 s. G d. 334. Mahidn, a novel, etc. — Md\.iU\t;deiixieifie edition. liOndres, 1826. Colburn. 2, vol. in-8'' ; jirix 16 sh. Si Ton en croit le New inontlhy Magazine, Granby est le plus agreable , le plus ainusaut, le niieux ecrit des romans publics depuis qiielques annces ; c'est la production d'un homme du uionde, d'un parent de lord Rlbblesdale : il offre des peintures aussi vraies qu'interessantes de la societe an- glaise a I'epoque oil nous vivons. Si I'on s'en rapporfe au London Magazine , c'est un livre stupide et ennuyeux, I'ceuvre d'un esprit vulgaire, qui fait une caricature plutot qu'un ta- bleau, ct qui prend le pathos pour de Teloquence. Si enliu Ton consulte un homine de gout, dont I'opinion soil libre et dt'sint'jressce, il repoudra que les jugcmens desdeux jouiiiaux anglais sont egalement loin de la veritc ; que Granby an.'ionce un ccrlvain habile, el qu'il prelc a la fois ruatiere a I'eloge et au blame. Le style en est simple et naturel; mais Taction parait confuse et embariassee. Les descriptions de lieux sunt sou vent elegantes et piltoresques; les portraits des personnages sont trop elabores el \.rQ\i ^nis : quelques-unsdes caractcres mis en scene sont traces de main deinaitre; d'aulres manquent a la fois de ressemblance et de coloris. Enlin, Granby, le hcros du roman, sur lequel devrait se porter lout rinterct , n'en ob- tient qu'une faible partie; et c'est bien moins sur cet amant timide de la belle Caroline Jerniyn , que sur le joucur Tyrrel , le fat Trebeck, une lady bel-esprit el un marin bon \ivant que se concentre rattcntion. Granby est un jeune homme sans fortune , sans aucuiie grande qualile, mais aussi sans aucun vice dominant. Tres- GRANBE-BRr.TAGNE. 747 epris de sa oousine Caroline Jerniya , il est traverse dans ses amours par deux homines a la mode : Tyrrel, jouciir con- somme, ami porfide, amani inferesse, qui termine sa vie par le suicide, el Trebeck, falaccoinpli , donl les snaiiieres, le ton, le langage, sont, dit-on, copies d'apros nature. Les plus odieu- ses manoeuvres sont employees pmu ('carter Graiiby; 'it, dans celte succession d'evenemens, Tyrrel et Trebeck remplissent presque toujojjrs les premiers roles. iMais , Granby, devei:u jjroprlelaire d'line grande fotfune par ia morl du lord IVIa!- ton , triomphc des intrigues de ses adversaires et des refus c'e jady .lermyii, et oblient la main de sa cousine. Le roman de Matilde , d-inl lord Normandy, fils aine de lord Mulgrave , est I'auteur, ne renferme jjoint d'aussi bril- lans passages que celui de Gratiby; mais, plus sim])le dans sa marche, il n'offre point les defauls du ])rec(''dcnt. La fable en est inleressante, et les ^venemens vraisemblables. Unejeuiie personne , qui se croit delaissee par celui (pi'ellc airae, epouse ]>ar depil rhi'>rame dont ses parens ont fait olioix ; i)lus tard, revenue de son errcur, el apres de longs combats avec elle- meme , elle abandoniie la maison conjugale, fiiit avec celui qi.d avait eu ses premieres affections , partage avec lui tine vie de privations el de miseres, et expire en recevaiit la fausse non- velle de ia mort de son amarit. Fr. D. Revue sommaire eles recueilx pcriodiques sur les sciences , les leltres et les arts , •piihlies dans la Grnnde-Bretagne. — Sixieme article. (Voy. Rev. Enc. , t. xwit , p. 767 - 770, t. XXVIII, p. i49-i56, 799-8o/'i , et ci-dessus, p. 1 41-148, et 460-468.) 335. — The New Month ly Magazine, etc. — Le nouveau ]\Iagasin mensuel. N° 62. LoDdres, fevrier i8a6. Colburn. lu-S" de dlx feuiUes; prix, 3* 6''. 336. — The London Magazine , etc. — Le Magasin de Lon- dres, nouvelle serie , n° i3. Londres, fevrier 1826. Hunt and Clarke. In-S" de neu'f feuilles; prix, 3^ 6^. 337. — The Blac/,a-ood's Magazine , etc. — Le Magasin de Blackwood, n° 108. Londres, Janvier 1826. Cadell. In-8° de six a sej)t feuilles; prix, 2* 6''. Lorsqu'apres avoir termine I'analyse des recueils pcriodi- ques consacres aux sciences et aux arts, on s'occupe de ceux qui trailent de la litterature , on voit renaitre ces nuances po- litiqiics, ces distinctions de parti, et celte critique parliale et :.',8 LiVRES Strangers. injuste, qui avaient disparu, qiiand il s'agissait de r(5nonce (Tun iheoreme, oa d'une dccouverte ulilc. L'Angleterre pre- sente, coinnie la France, I'aifligeant spectacle de plusieurs joiiriiiaux sans conscience et de redacteurs servilement devoues aux intcrets d'un parti , d'liiie caste , ou na^me d'une profes- sion. II est rare, dit le London Magazine , que les journaux s'accordent dans leur critique; et, si Ton excepte I'etat de la temperature et de la hauteur de I'eau sous ie pent de Lon- ,de Vintiniillc, de.SV- miane , de Dino, de Castellanc ; le bonapartisme, (jui infectail encore la France il y a trois ans, n'existe plus; le jesuitismc , ■•alors cache a St.-Aclienl, tient niaintenanl sa conr a Blont- rouge, sous ies murs de Paris. Le London Magazine avail appris aux habitans de Londres Ies suctes des jeunes imila- teurs de M. Felix Bodin; il avail fait connaitre au-dela du do- tcoil Ies noras de Carrion-Nisas , Carrel, Coquerel , Duhochei Lami, Loeve-Vciinars, Eahhe , Scheffcr, etc. "Le Neiv monthly T. XXIX. — Mars 1826. 48 7^0 LIYRKS liTPiANGERS. AJ t('' cio par RI. Tascherenu ; que le llicatre Af Cltira Cazitl(\ny. /iV'c. Er/c. t.xxvr, p. ^'i) |)romel line noiivelle glnire a la scene trancaise; qne M. Mignet, donl V Histnire de In revolution fian- cuise , trarluiteen anglais, a I'ccu, dans le Qnaterly metroiioli- Uin Mci^azine, des eloges nieriti's , 5'occiipe d'une /^/.t7o//c lier, a LoDilres, nn onvr.Tge snr le nieine sujet. GRANDE- BRETAGNE. 75 r ■veut ncanraoins proscrire ceiassociiilions d'oavriersqui, excr- cant le monopole du travail, imposent leiir volonte anx produc- teurs isoU's , lant au detriment des rnaitres qu'au jirejudice dii public. On lit avec plaisir la critique severe, inais juste, du ro- nian de Grnnby ei de la comedie int.itnlee: Loves victory, le triomphe de ramour. On trouve qnel'analyse de I'ouvi'age sur la mission a Siam et en Cochinchine est ecrile avec plus de savoir et dJEspaitialile que celle qui elait inseiee dans le der- niercaliier de Quarleiiy Reviav. Les cinq a six pages consacrees a I'ouvtage do Delort , VHistnirc de rhomme au masque de fer , (Voy. ci-dessiis,p.Qi33 ei suivanlts), suffiront pour meltie lelec- teuraucniiraiitde cet evenenient cijrieux,et pourprouver qne ce prisonnierj si soii;netisement garde, si respeclueiiserrent liaito par le gouvernenr de la Bastille , n'eiait ni le comic de Vcr- mandoii, fits naturel de M"^ de La Valiiere, ni le due de Beau fort, ])etit-fils de Henri IV el de Gabrielle d'EstiOes, ni le due de Mont in on ill , fjs naliirel de C.liailes II, ni le frerc aine de Louis XIV ( fruit de I'union adnltere d'Anne il'Antriche t! du due de Bwckingliam ) ; mais bien le comte de Ma'lliioli , ancien secretaire dii due de Manloue, revehiteur des projets de Louis XIV, relalifs a I'oecupalion de Casal par les troupes frun- caises. Eiifin, Vappeudice , dans lequel soiit analyses huil ou- vrages francais, deux ouvrages allemands, un onvrage ilalien de Maffei sur la litterature, et celni de M. Canga Argnelles snr les finances de I'Espagne , prouve ([ue les rerlacteurs (le la Revue mensuelle savent distribuer avecjustice I'eloge et le blame, l.a critique du congres de Panama , de M. De Pradt, des fables inediles de La Fontaine recueillies jiar RI. Robert , du roma/i d'Edouard et des Applications de la morale a la politique de M. Droz , est eniioremeni conforine a celle qu'avait faite de ces ouvrages la Revue Encyclopedique. Lascaris,Ae M. Vil- lemain, est peut-etre juge avec trop de severite. Ce n'esl point, il est vrai, un bon ouvrage; mais, dire qu'il est de- pourvu d'inter^t et qu'il n'offre pas un senl trail de talent et d'eloquerce, c'est se montrer injuste; c'est oublicr les beaiix passages qu'il rcnfernie dans sa seconde ])ailie, et ne point apprecierconvenablementl'.fi'i.jYz/ Awiiis long-loms , la Revue wcnsuelle n'avait point public' un cahiei* aussi reniarquable que celiii-ri. Srs arlicles siir Ics iissoci.jiiaris d'ouvriers, sur le congrrs de Panama, siir Voa\ortans. Le Panoramic Miscellany es>\ dirigi^ par M. Thrt.- ivAi.L, qui lu.s ancien des jouriiaux pe- riodiques de i'Angleterre , que Grove, Johnson et pinsieurs ccrivair-> dislingues des deux derniers siccles avaient eleve au plus haut point de gloire, arrive aujonrd'hui a son 97^ vo- luiue, ne prcsenle jjIus qu'un vieillaid decrepit (|ui s'occupe des terns [lassds , qui aflectionne les anciennes choses el qui ne se deride un instant que pour relomber plus lourde- nicnt dans les jiei'sers du vieil age. Les anliquaires y trouve- ront de savans articles sur leur science ; mais les amis des belles-lettres et de la [ibilosopliie renconlrcronlpeu de mor- ceaux a leur convenauce dans ce journal cenienaire , oil les notices biograpbiques liennenl aiitant de place que les analyses d'oiiv rages. V European Magazine, heaxicoup inoins ancien quele recueil ])recedcnt, a eprouve prcsque an meme degre les vicissiludes de la fortune. Chaque annce Ini apporte un nouvcau guide, cl depuis 1823, trois differens libraires out successivcrnent GRANDE-BRETAGNE. 755 piis a bail le criii(|ue Euiopeen. II fant avouer au'-si que , si ce jonrnal ne reussit pas, c'esl que son conlenu ropond Irop im- jjarfaitemenl a son titre, el que, bicn qu'il snit mieux rcdigc •iepuis le commenceineiil de Tannce, et qu'il icnferme j)arf'ois de bons articles sur la litferature el les sciences, el des ren- scii^tieniens uliles sur les dt'couveries iiouvelles, il est encore (i\ip /'rivole et trop superf?ciel pour obienir ur, succcs du- rable. 343. — ■ The English Spy, etc. — L'Observateur anglais, N° 24. Londres , fevrii:-r 1826. Sherwood. Grand in-8° de 5 a (j feuilles, avec gra\uics; ])i ix 3 s. 6 d. 344- — The imperial Magazine , etc. — Le Magasin impe- rial, N"8t;. Londres, fevrier 1826. Fischer. In-8^ de 6 feuilles, '-'^^c portraits ; prix 1 sli. 345. — The literary Magnet, etc. — L'Aimanl lilteiairc , nouvt-lle serie, No 2. Londres, Janvier 1826. Hurst, Robinson (•( C'"- In 8° de 4 a 5 feuilles; prix 1 sh. 346. — The literary Lounger, etc. — Le Flaneur lilteiaire, IV" 2. Londres, fevrier 1826. L!i,,ton-Relte. In-S'^ de 4 a 5 f-'^iilles; prix 1 sh. Des conies, des anecdotes, drs poesies legeres , des bons mots, des calemboiirs , des epigrammes , des gravures, des caricatures, etc. rtmplissenl les pages de i'Observaleur an- glais; des portiai;s fort bien graves d'liommes celebres, sui- vis de niemoires siir leur vie et leurs ouvrages, constituent le prii;cipal meriie du Magasin iin[)erial; enfin, des morceaux de p seduisantes. 31. Bestougef avait deja donne des preuves d'esprit et de talent dans plusieurs articles de littcrature critique insercsdans divers journaux russes. II publie , de concert avec M. Rileief, depuis 182? , et sous le litre A'Etoite polaire , un recueil an- nuel dont nous avons plusieurs fois entretenu nos lecteurs (Voy., Rev. Enc. , t. xxni, p. 643 et t. xxvi, p. 455 ). Les trois annees de ce recueil coatiennent, chacune , un raor- ceau remarquable de M. Bestougef , sous le titre A'Jpercu de la litterature russe , ancienne et mode me , avant i8'^3, pendant 1823, et pendant 1824. Ces trois articles , dans lesquels ()ii trouve des opinions piutot neuves que justes , et des portraits de nos auteurs assez bien traces , sonl emju'cints d'un style ferme et hardi , raais ou Ton a trop prodigue des expressions qui n'ont pas encore acquis force d'autorile parmi nous. Cette suite d'esquisses litteraires , qui a essuye des critiques severes, et quelquefois ineritees, de la part de plusieurs journaux rus- ies, a cependant le uicrile d'offrir une source de materiaux precieux a celui qui voudra entrenrendre d'ecrire notre his- toire litteraire, et peut etre n)ise, sans trop de desavantage, a cote de V Essal d^histoire ahregee de la litterature russe , ])ar notre estimable compalriote M. GaETCH (Voy. Rev. Enc, t- xxviii, p. 470 cahier de novembre 1825 ). Quant au Voyage a Revel de M. Bestougef, c'est, selonnous, un livre tres-digne d'etre traduit en langue etrangere, et ce serait peul-etre une bonne acfiuisition pour la litterature fran- coise , quoique les ouvrages de ce genre purement scientifiques offreiit sans contredit plus d'utilite, et qu'on ait sans doute bien fait de commencer par la traduction des Voyages deMou- ravief et de Bronevsky, publics a Paris par les soins de M. Kla- proth ( Voy. ci-dessus, p. 663 678 ). 348. — * Nouvelles tncditiitions poeliques , par Alphonse De LAMAaxiNE', avec tette , epigra|)lie de Virgile : /^/M.f<5e Jovis omnia plena. St.-Pelersboiirg , 1824; iinpriinerie de A. Plu- cliart. Les lecteurs de la Revue EncycLopedique n'auront pas oublie 75« LIVRES ETRANGERS. les deux analyies de iiotre collaboralcur M. Leon THiEsst, d'iihoiil sur ks premieres , puis, sui- les Noucclles meditations porl/ifues do M. De Lamartine ( Voy. I. viii , j). 72-8;^ et t. xx , p. 33^-3/|4 ). Cc n'est pas a un itrang^er f)u'il .ipparlieiit de rieri ajoiiler a res deux excellens morfeaux de cjitkjuo; aussi, nous bonierons-nous, en annoncant cette jHMinpiession , qui est un nouvel homma^e rendu a l'utiivcrs:ililc de la langue tiancaise, a I'rfire remaKiuer que )e diantrede Loid Bvron iie pouvail iiianquei- d'avoir des partisans clicz nn ()cuple dont la iriythoiogie favoiise singidicronieiil le developpenicMt des duc- trines romanli(|ues. Plusieurs liadnclions partielles d(S Medi- taliofis out done el^ eulreprises pai- des Russes; a celles que nous avons deja signalees, nous joindrons la Iradiiclion du dithyramhe sur Bonaparte 'yZ' inediiatioii ) , iiiseiee par sou autenr, M. Nicolas Bobristchef-Pouschkine , dans le n° 21 ■dti Fits de la patrie ( annee 1824 ) , et cello du Papillon , ( la 5'= du nouveau recueil de M. De Lamartine) que nous avons lue avcc plaisir dansles Feuilles littcraires, redigeespar M. Boul- t!ARiNE(N'' 7 , annee 1824). L'auleiir de cette derniere,qul lie s'ust fait connaitre que (jar )a lelire initiale de son nom (K ), nous parait avoir ete beaucoup pins lieiireux que le tra- dncteur de la Meditation sur Bonaparte. Crpcndant, !a langue riisse n'est ]ias nioins propre a rendre les idees clevoes cpie les images logeres el gracieuses,el notre celebre lyriqiie Derjavine a laisse des modeles parfaits dans ces denx genres diff'erens, et comnie traducteur d'Horace et coiumc poete original. R. E. DAN EM ARK. 34<). — * Efterretninger , etc. — Notices concernant Vuniver- site de Copenhague , V Academie de Soroe, et les ecoles publi- ques ; par M. L. Enoei.stoft, professeur a I'universite de (lopenhague. Premiere annee, 1823. Qualre cahiers in - 8°, forinanl ensemble 394 pages. Ces notices, tres-inleressantes [)(>ur les Danois, leur of- frenl , ainsi qu'aux ctiangers, la preijVe inconleslable que le gouvcrnemeiit dc ce pays, loin de rcdouter la (jropagaiion di's luniieies, ne neglige rien de ce qui peiit servir a rcpandre une solide instruction. Celte disposition gi'-nereuse dn gouver- nement elablit cnire tontes les niesuress legislatives, conct-r- nanl renseignement jiublic, une liarinuiiie cju'af'faiblit nial- liciireusement une legislation anicrieure, encore e.xislante, par laquelk' la liberie de la picsse est sounii.-.c a des restrictions incompaiibles avec le brilliint essor qu'a pris rinttlligence hu- DANEMARK. 75g niaiiie dans noire siecle. En atiendant, avec Ions les bons esprits , que eel heureux accord sVlablisse dans toute sa pleni- tude, nous croyor.s devoir i/riisenter a uos lecteurs qneiques details exlraits de Ton v rage de M. le j)rofesseur Engelstoft. L'universite de (^openliague poisede mainlenant 38 profes- seuts, doiit quatre apparliennent a la facultc de llieologie, cinq a celle de jurisprudence, cinq a la medecine , el vingt-quatre a la faculte de philosophie, qui comprend, non-seulenient la philosophic ])ropiemeiil dite avec toutes bes branches, mais encore les langues anciennes, I'hisloire, la geographic j les mathematiques et toutes les sciences naturelles. Dans le courant de 1823, l'universite de Copenhague a compte i33 eleves. C'est a peu pres le nonibre annuellement inscrit. Quant a 1' Academic de Soroe, outie le directeur, qui est en luerae terns professeur, elle a sept maitres ordinalres^ qualre adjoints, et de plus trois autres employes qui enseignent la niusique, le dessin et la gymnaslique. Les quatre cahiers que nous annoncons ren- ferment, en outre, sur les ecoles publiques, qui sont en Da- nemark ce que sont en France les colleges royaux, un grand nombre de details, qui tous confirnient ce que nous avons dit {>lns haul sur la bienvcillante protection accordee par le gou- vernement anx bonnes etudes , c'est-a-dire a celles qui pro- pagent les lumieres , au lieu de les eteindre. 35o. — * Critisk Undersogelse. — Discussion critique sur i'authenlicite des sources, auxquelles out puiseles historiens dauois et norvegiens, et notamnieul Saxon et Snono Sturlusen; par M. Pierre jE'/«i7rt(?MuLLER. Copenhague , 1823. In-4° de 3i4 pages. Cet ouvrage , insere d'abord dans les memolres de la Societe royale des sciences de Copenhague , et ensuite im prime sepa- rement , est une nouvelie preuve de I'crudilion et de la saga- cile de son auteur , connu depuis long-tems coninie I'nn des ])reniiers antiquaires ilu Dnnemark. Les savantes recherches de M. Muller ne pouvanl interesser qu'un tres-petit nombre de nos lecleurs , il nous suffira de dire que, dans I'opinion de I'auteur, les sources de Saxon soni bien nioins autlientiques que celles auxquelles a puise I'hisiorien de la Norvege. Le pre- mier, dit-il, n'a eu a sa disposition que tres-jieu de menioires ou d'ouvrages ecrits ; il a du rassenibler tout ce cju'il a trouve d'anciennes traditions orales et de chants popnlaires , qui, ayant passe a (ravers piuienrs siecles, de generation en gene- ration , et de boi.che en boHclie, out neccssairenient perdu beaucouj) de trails essenlicls , etsubi des alteralions qui rendent leur authenticitii plus ou luoins suspecte. Saxon etait d'ailleurs 76o LIVRES jtTRANGERS. plus jaloiix de faire biillcr son talent de versiUcaleiir latin, ct cl'ecriie dans celte langiie avcc un cerlain degrt^ d'elegancc, que de sc distinguer coinnie liistorieti , et M. Muller cilequel- (|iie.s strojilics d'aiiciens chants danois , avec une Iraduclion en ^erslalins par Saxon, rellemenl diffuse que I'on ])eut ? peine y reconnaiire I'original. Snorio, au contraire , a siiivi un grand iiombre de so^fjs, bien anlerienrs a son tems, qui exis- tent anjourd'Iiui, et dojit ])lusieiir.s sont encoie inedits. Ainsi, en coniparant son hisloire de Norvege avec les details fournis paries Sagas, il parait constant que raullienticilo de I'ancienne histoiie de Norvege est bien moins doiiteuse que celle de I'his- toire du Danemark. Saxon n'en resle pas nioins une autorite lort respectable pour cenx qui etndient I'ancienne histoire danoise, et son ouvragefait honneur au siecle oil il vivait. Les deux bistoriens elaient contemporains , et florissaiont vers la fin du treizierue siecle. 35 1. — Juta, Dronning of Danmarh. — Juta , reine de Da- nemark; tragedie , representee siir le theatre royal. Copenha- gue, 182/1; Imprimerie dc Popp. In-8" de 142 [)ages. L'action de cette Iragcdie leinonte jusqu'au milieu du onzieme siecle, epoque ou la religion caiholif|ue etait celle du royaiinie de Danemark et de ses rois. Alors regnait S^'end- Estrithion , j)rince vaillant, vertueux, et sincerement aime de son people. Veuf d'une premiere epouse, qui lui avail donne un fiis, de qni sont desccndus les rois de Danemark, jnsqu'a I'avenemefit de la famille d'Oldenbourg, Svend avait e[)OUse en secondes noces la jsrincesse Juta ^ fille du roi de Snede , et parenle de Svend a un degre approcliant de ceux que la reli- gion regarde romme des obstacles au mariage. l,e roi et la reine s'aimaient tendrement, et leur union, (juoiqu'elie fiit en- coi'e sterile, eiait trcs-heureuse , lorsqu'elle fnt Iroiiblee par un chanoine, veritable scelerat , ([ui resolut de la rompre, et qui ful porte a cette resolution , non pas par des motifs reli- gieux, mais par des vues particnlieres et interessces. Ce pretre infame denonca secreiement le mariage du roi a Rome, ou dominait alors le fongneux el impi'rieux Hildehrand , plus connu sous le noni de Gregoire VII. Ce pontife lance aiissilot une bnlle qui ordonne la dissolution d'uit^gp cache sons leurs pas. en s'cxprimani avec une libre franchise. Tout ce qui sent la per- fidie est indigne d'un bon gou\ernenicnt, et celiii de Dane- mark doit en eviter jusqu'a I'ombre. Heiberg. ALLEMA.GNE. 35^. — Versuch einer Uebersicht von dcr (^eognostiichen Beschaffcnhcit , etc. — Coup d'oeil geognostiqiie sur les envi- rons de Marburg, avec une carte ; par K.F. Creutzer. Mar- burg, 1825. Brochure in-8°. Etrangeraux connaissances mincralugiques , je ne puis que signaler a I'attcnlion des savans un ouvrage qui parait verit-i- blement utile. Une autre raisoa me porte a I'annoncer : I'au- teur fait mention d'un camp roraainsitue sur la moniagne ap- peloe Hoff. Ce camp est entoure d'une circonvallation en pierres de forme rectangulaire ; il est divise en deux compartimens , Tun suprricur, I'nulre inferieur , d'ou lui est venu le nom de grand el petit hojf (\\xe. lui donnent les paysans ( ^o/7'?ignifie cour ). On distingue encore les vestiges du pretolre. L'auteur presume qu'il y avail ici une mansio ou des castra diur/ia , et il s'appuie surlout de la position de cetle enceinte sur une route roniaine (jui conduisait de Kayence a I'Elbe. Nous n'en- trcrons point dans les details de geognosie qui sont traites avec beaucoup de snin. Nous ferons seuleraent remarquer que M. Crculztr cite souvent rexccllcnt ouvrage de M. d'Aubuls- soii dont il parait avoir fait une elude speciale, et qui jouit , chez nos docles voi^ins, de toufe I'auloiite qu'il a deja obtenue en France. Nous indiquerons encore qnelques renseiguemens areheologiques sur un vieux chateau abandonn" du xv*^ siecle. Ce chateau s'ajjjielle Fraucnhcrg. En general, les bords de la Lehn sont aussi digues de ralleniion de i'anliquaire que de celle du naluraiisle. P. GoLBKr.y. ALLEMAGNE. 76^ 353. — Der preussische Bauernfreund , etc. — L'ami (ie.t j'aysans [nussiens, ou Conseils a incs biaves corapatrioles les ])ays.Tns priissiens sur ragriciiliure et reducation diu betail , et, indication des inoyeiis de yiierir Ics maladies ordinaires des chevaux ct du belai!; par iV .-A. Kredssig. I'Loenigsberg, 1823. Schidz. Pelil-iii- 8** de 124 pages; prix 6 gr. ou i fr. Quelcpie peiit et insignifiant ijue pui^se paraitre cet ecrit, ii nous semble cepeiuiant, sous le rapport, des f.enlimcns de ]>airiotisnie , de hieiifaisance et d'utilite jiubliqiie qui I'ant inspire , meriler (pi'on le f'asse connaitre, afiu d'encourager dans divers pays les agronornes iiistruits el (jtlaires a don- uer de nieme a celle classe si inteiessaiile de Isi st)ciele , inais que son ignorance porte a sulvre Irop souvent une I'ouliiie nuisible, les conseils patriotlques de i'ex))eriience et drs lu- mieres, qui liii manrpient , et que d'elle-rneiiif , si elle ri'y est encouragee par des ecrits seinblable^ , elle ne thercliera ])oi!it a se procurer. Ce petit ouvrage coulient beancoup d'obser- vations et d'expi'riences sur reconomie rurale, qui peuvent etre utiles , non-seulement aux agriculteurs iprussiens , irjais encore a rcux des autrespays; il est ecrit dans un style clair, facile el intelligible a toutes les classes. Apres une courte intro- duclioii dans laquelle I'auteur peint I'etat deplorable oii les j)aysans du royaunie de Pr'isse se trouvenl acluellement , et pour lequel il olf're (pielques moyens d'amelioration , il traite successiveiiitnt de la division et de rassoiement des terres, de leur ctdture, des diverses especes de terrain , des foiirrages, des prairies, des clicvaux et du betail; thaque ar- ticle est accompagne d'observations judicieuscs et f'cm dees sur I'experieiice. 354. — JJeher den sittUchet Einflusx der Schauhlikne , etc. — Essai sur riiifluencc morale du theatre; par M-'.J.-H. De ^ESSEMBERG. 6'eco«<^^(? edition. Constance, iSaS. Waliis. 1 vol. in-8" de ii5 pages; prix 12 gros ( 2 fr. ). M. de Wessemberg doit sa rei)utation, deja fort etendue, an- tant a ses poesies, surtout a son poeiiie de Fenelan,ela une' Histoire des ecoles populaires en Allemngne , qu'a la noblrsse de son caractere. Ii s'est toujours mnnl re fort oppose a I'obscu- ranlisme : aiissi, avons-nous ele siirpris de le trou ver pres.-iue different de lui-meme, dans I'Essaique nous anno neons, dans lequel il nous paralt n'avoir pas convenablemeu), apprecie le caractere et le but lie I'art dramalique et son influence sur les mreurs. Ii est de fait que I'ait dramaliiue el la mrirale peuvent et doivent s'entraider : c'esl ceque semble tlesiifrM. (le Wes- semberg; aiaisil exagere, selou nous, le mai que peut causcrle 76/, LIVRF.S I'lTRANCERS. tlieaire, et il nieconnait les graves incoiivc'niens qui rositllc- raient pour la sccise d'une siirvoillance g('n;uile ol trop rigiiln, telle qu'il rentend. Pour donner uiic idc'e de la inaniere dont M. do Wessemberg juge dc rimpression (jiu- prodiiit on doit jiioduire la representation sur les spectaleurs, cliez nn peuple eclaire , nous citerons un passage relalif aux operas de Don Jitanct du Frysc/iiilz (1): « L'inlrodnclion di' choscs Ires-mo- rales et tres-reiigieuses , dit-il, (page /io), au milieu d'lin chaos extravagant d'oncliaiitcraens et de sorcelieries, rend jilus cor- ruptiice I'imprt'ssion produile par ces repri'scntations siir la majorite des spectateurs. « J/i. De Lticenay. 355. — Kurze Geschichtc, etc. — Histoire abregee de I'ordre des Templiers, etc., publiee parlc D"" Gurlitt. Ilainboiirg , 1823. In-4n dc 47 ])ages. C'est moins line liisioire abregee qu'une esfjiiisse. A la fin, Taiiteur a insere une liste d'ouvrages snr I'liistoire des Tem- pliers, lisle utile , mais eependanl ineompiele. G. 356. — Memorice Frederici-Augusti-Gul'wlmi Spohnii, etc. — A la niemoire de F.-A-W. Spohn, ijrofesseur a I'Acade- mie de Leipzig; ])ar Gustaie SEyFFARXH (i) a\ecnn porlrait litliographie Ae. Sfohn. Leipzig, iSaS ; Weidraann. In- 4° de 56 pages ; prix i 4 gros , ou 1 fr. 35 e. Personne n'elait plus legitimement appelea eriger nn monu- ment biograpliique an savant professeur dont rAUerartgne pleure la perie , que M. le prof'essenr Seyffarth. Non - seule- raent il fat I'eleve et I'ami le plus zele, mais encore le confi- dent et le coUaborateiir de feu M. Spohn , dans les recherches sur les idiomes egyjjliens les plus anciens, 'juxquel'es il s'ap- pliqua parlienlierement dans les deiniers ten)s de sa vie. Au- cun autre savant n'etail pent-etre a meme, comme M. Scyf- fartli, de terminer et de publier les onvrages commences j>ar son mailre: connaissant sa nielliodeet ses vues,lui seal poiivait, avec la volonle, avoir la cap;icite nccessnire pour remplircetie taclie. II a voulu encore faire apprecier non-sculement le nic- rile des travaux Utteraires de son ami , mais toutes les qua- (i) Nous conseivoiis !c nom allcni.ind , parce qu'il no peu! vUe lif.e- ralemenl tradnil : Le Franc tireiir ne rend point le sens du mot Preyschut:, dn moins quanta sa signillcatlon dans la piece a laquclle il donneson nom. (•2) Et non pas Seyssart , comme, pai ei-renr typograpbique , ce nom se trouve irapriine dans la Notice iieciologiipie du professeur SroHi? , par M. Goi.BF.RY ( Bey. Enc, t. xxiri, p. li'j). t ALLEMAGNE. 765 lit<'s et les vertus f(ui rendent sa perte encore plus sensible. C'est ce qu'il a fait dans la biographic que nous annoncons, avec la clialeiir de I'amitie , mais aussi avec la loyaute et tome la sagaciti'; d'un snvant profond ; son travail presente tons les details, loute relcndue qu'on avait le droit d'atlendre d'un ecrivain aussi plein de sou sujet. Jh. De Lucenay. 357. — Be vetcrum scriptorum grcecorum levitate qua- darn, etc. — De la legerete des anciens auteurs grecs. Disser- tation de M. Wachsmuth. Leipzig, 1825. In-/,°. Nous avons abrege ce litre, qui, transcrit en entier, eut rempli une page. II s'agit d'une certaine legerete qui , selon la these publique de M. Wachsmuth, regnc dans les ecrits des anciens auteurs grecs, ct nuit beaucoup a I'exaclitude de leurs recits historiques : comrae il le remarque fort bien , notre epoqxie est trcs-favoiable a un ouvrage de ce genre , et tous les temoignages historiques sont scrupuleusement remis dans la balance. iMais n'est - ce pas aller trop loin, que de revenir , apres plus de vingt siecics, sur ce qui a ete cru depuis iors jus- qu'a present? Non que je veuilie defendre a la critique de contest er les faits absurdes ou contradicloires ; mais I'erreur pourrait se placer aussi sur le terrain qu'on auralt debarrass^ d'une erreur plus ancienne;et, s'il faut absolument se trom- per, j'aime mieux savoir ce qu'on croyait en Grece , que ce qu'on n'a jamais cru nulle part. C'est a Herodole que Ton fait d'abord le proces; on lui reproche , par exemple, d'avoir dit que toute la Beotie etait pour les Perses , tandis qu'ailleurs il excepte les Piateens et les Tliespiens de cette trahison envers la cause commune. Mais , oiJest,jele deuiande, la matiere du reproche , et quel ecrivain echapperait au blame, s'il etait juge de la sorte? Les autres reproches adresses a Herodote ne soat pas mieux fondes , et j'en dirai autant de ce qui concerne Xe- nophon. Ce sont plutot des querelies de mots, que des contes- tations sur les choses. Nous n'aurions point parle de cette dis- sertation , si elle ne revelait dans son auteur une erudition et un esprit de critique dignes d'eloges. 358. — Lucius Ainpeliux , liber memorialis ; edition de Ad. Beck, professeur a Neuwied. Leipzig, i(S26. In-8°. Quel fut Ampelius? quaud a-t-il vecu? Ce sont des ques- tions qu'il ne serait pas facile de resoudre d'une manicre cer- taine. 11 fait mention de I'empereur Trajan , et Ton peut, d'un autre cote, conclure d'un passage de son livre qu'il vecut avant Theodose. M. Tschuck a traite ce sujet dans une disser- tation placee par Beck a la tete do son volume. Les auteurs T. XXIX. — Ma7s 1826. /j9 766 LITRES liTRANGERS. font mention de plusieurs Anipelius; ol , si Ton veul sc livrer a des conjectures , il sera jiermis do prnser que celui-ci ctait de la ineme famille ; rauteur de cette dissertation est ])orte a croire iju'Ampelius est ne a Anlioclie, el qu'il alia cnsuile a Rome , ou il fut elevc de dignitcs en dignites jusfjiraii pro- consulat, obtenant pour province rAcliaie, puis, I'Afrique. II a reuni , dans un livre intitule Memorialls , des choses de genres divers, pour les conserver au souvenir des lionimes. Get usage etait alors trcs - general , et c'est a lui qu'il faut at- tribuer en grande ])arlie ia perte de tant de bons auteurs qu'on ne lisait plus que dans d'arides extraits. C'etait, d'ailleurs , le propre de la mediocrite et de Tinrapacite de produire, que d'aller emprunter un fragment a diifercns ouvrages ]iour se donner le nierile d'eii avoir fait un. Le livre d'Ampelius porte I'empreir.te de la docadence des lettres ; le style en est fort mauvais; mais on y trouvera plusieurs choses que Ton- cher- cherait vainement aillenrs. Teis sont le jjaragraphe iS'^rclatif a Marcelius ; le 19^ sur Cethegus; le 22^ sur Opinuus, etc. Lorsqu'il aborde un sujet hislorique, Anipelius se fait princi- palenient I'imitateur de CorneliusNepos et de Vlorus:quand il rappelie un point d'astrononiie, c'esta Nigidius qu'il I'em- prunte. Saumaise est le premier qui ait donne iine edition d'Ampelius, el Ton peut voir, dans le traite de Tsclmck , ce qu'il dit tant de cette edition que des manuscriis et des autres pieces philologiques relatives au travail que M. Beck vjent d'enfreprendre, trente ans apres lui. La preface est en alie- mand; les notes, redigees dans la meme langue, sont instruc- tives etfont preuve d'erudition. Tschuckavait trop oublio que le livre d'Ampelius n'est pas d'une importance a recevoir tous les honneurs de la philologie; mais M. Beck a trouve une juste nacsure qui rendra son livre utile aux ecoles ct agreable aux savans. 359. — Geschichte unci Beschreihuvg der Kirche zu St'- Ja- cobin Nurenberg. — Histoire et description de I'eglise Saint- Jacques a Nuremberg; y&r Ernest LcescH. Nuremberg, iSaS. In-S" de 48 pages. Cet ecrit est destine a faire connaiire les reparations et les constructions faites a cette cglise,en 1824 et en iSaS. On lit avec inter^t la notice sur les peintures el les sculptures qui decorent le maitrc-autel , et qui viennent d'etre mises adecou- \ert el reslaurees par I'habi.'e artiste Heidcloff Une planche fort bien executee represcnie I'elat actucl de cette partie de I'eglise. Une autre planclie offrc la copie d'un tableau donne a I'eglise par Fiuschniann, qui en est i'auteur : c'estle portrait de ALLEMAGNE. — SUISSE. '^6'j I'illustre Luther qui, la Bible sous le bras, parait s'avancer avec une energique siniplicile vers les adversaires de sa doc- trine. Les erabeliissemens de I'eglise sont executes dansle style gotliique, sans que, pour cela, il en soil results uncharmonie satisfaisante dans ses parlies: il y a toujours disparate et dis- cordance, ainsi que Ton peut s'en convalncre par I'inspeclion des planches. Si nous admettonscet ouvrage dans notre comj)te rendu des productions litleraires de I'Alleniagnc, c'est parce qu'il est utile de reunir tons les cleraens necessalres a I'etude de rarcliitecture du moyen age, lors merne qii'ils n'auraient rappport qua des monumens peu dignes d'admiration. Du resle, la panic hlstorique de cet opuscule offre un inleret in- contestable : elle est ecrite consciencieusement par un homme capable de bien remplir la lache qu'il s'etait impos('>e. P/l. GoLBKRY. SUISSE. 36o. — Rauracis. — Almanack national pour Van 182G. Bale, 1826. Un pasteuf de campagne , M. Marc Loutz , connu par un grand nombre d'ouvrages historiques sur la Suisse , est I'auteur de cet almanach. Ill'a inlilule Rauracis, du nom des Rauraques, anciens habitans de la contree situee entre le Rhin et le Jura. Cet opuscule ne se recoinmande p&s seulement par son elegance exteiieure, et par les gravures qui representent des sites historiques de la Suisse ; mais surtout par rintcret et le caractere national des faits varies que I'auieur raconte, et parla peinture de moeurs et d'usages de I'ancien terns. Dans un siecle oil la question du jury et toules les questions de legis- lation et de penalite sont a I'ordre du jour, on ne lira pas sans curiosite I'extrait suivant d'une ancienne ordonnance de police de Pratteln, de I'an 1410, sorte de convention judiciaire et reglementaire entre Bernard d'Eplinguen et ses sujels de Prat- teln. « Si un individu, est-ildit, en attaque un autre dans sa niaison apres vepres, le frappe ou le blesse, il sera considere comme meurtrier. L'individu attaque, s'il lue son agressour, ne sera passible d'aucune peine; seulement il sera tenu de prouver qu'il a ete atlaquo. S'il est dans I'impossibilite d'invd- quer le temoignage des liommes , il produira au tribunal, comme temoins, son chien, son chat, son coq et trois tuyaux de chaume pris de son toil, et sur lesquels il pietera seinjent. >• C'est un raodele de legislation a proposer aux partisans du systeme retrograde; s'il est adopte, nos petits-fils diront comme Rabf lais: « Au terns que les bastes parlaicnt ( il n'y a pas trois jours). » 768 LIVRES STRANGERS. 36i. — Consen-nteur Suisse , ou Etrennes Helvdtiennes pour Van de grace , 1826. Lausanne, 1826. Depuis 44 ans, M. le doyen Philippe Bridel, pasteur k Montreiix, public ses Etrennes helvetit-nncs , recueil precieux dfe docuinens, de recits , de voyages, de notices topograplii- ques et sclentifiqucs, d'anecdotcs et de poesies dont !a Suisse fournit tons les sujcts. La favour accordee a ces publications pcriodiqiies les a placces au-dessus de nos eloges. Sans en in- terrompre le cours, rauleur reuiiit, depuis i8ij jusqii'en i8i5 , en liiiit volumes, sous le litre de Consen.>atcur Suisse , les articles dii recueil dont les changcmens survenus dans 'la situation politique de sa patrie , ou d'autres motif's, ne com- mandaient pas la suppression. Depuis cette epoque, les etren- nes ont recu leur second titre, qui en fait la continuation du Conseri'ateur. Savant archeologue, investigateurpers^vcrant de nos vieilles annales, honiine d'esprit et poele , M. Bridel possede I'art de donner a ses rccueils uiie variete piquante. Jaloux de repro- dairc Timage fidele de sa patrie et du peui)le qui I'liabiie, c'est en favour de I'exactitude liistori([ue qu'il impose par fois des sacrifices aubon gout ; maisil sait prendre sa revanclie, {[uand il quitte le role de peintre de portraits pour se niontrer lui- meme. Le numcro que nons annoncons renferme, outre les poesies et les anecdotes de fondation , des pensees delachees, resserrees dansun cadre original etingenieux, nnenotice biogra- phique sur un Laitsannais , Antoine de Polier , militaire et savant, que sa destinee avalt conduit dans les Indes orienlales; un fragment d'un voyage en Suisse; un article d'arclioologie ; un morceau de I'evangile en langage rumansch, parlc dans une partie des Grisons et confondu jiar quelques savans avec la langue romane, et le patois de la Suisse romande ou francaise; enfla, une leltre de Francois IC" a ses tres-chers et grands amis, allies et confederes, et bons comperes ! ( les SuisseS. ) » C. MONNARD. ITALIE. 362. — * Varieoperefilosofiche, etc. — Divers traites pliiio- sophiques de Fr. Petrarca, traduits en italien. Milan, 1824 ; Silveslri. In-i2. Les divers ouvrages latins de Petrarque auraient etc d'une plus grande ulilite ({ue ses Rime pour le progres des letires, si on les avait repandus et etudics avec plus de zele, dans d'au- tres siecles que le notre. On airaera ncanmoins tonjours a ITALIE. 769 connaitre quelle etail riiumense (Erudition de ce poele, et quels etaient I'etat et I'esprit de son siecle. Parmi les traites que reiirernie ce recueil, Ics plus curieux et les plus instruc- lifs sont le Dialogue sur le vrai sacoir , et les Confessions. Dans le premier , I'auleur alta(]ue les savans de son terns, qui a bcaucouj) d'orgUL'il scolasticjue , joigiiaientfort pen de connais- sances solides et reelles. 11 n'eut pas clesupetflu d'iuiprimer, jk la suite de ce Iraile , celui ({ue Petrarque coinposa pour jus- tifier le nonibre et la nature de ses connaissances , sous ce litre : De sui ipsius et multoruin ignorantid. II existait, dans ce terns , une Societc secrete a Venise, dont on ne connait pas assez Je caraclere et le but. Quelques meinbres de celte Societe fu- rent charges de \isiter Petrarque et de le sonder, pour juger de son viai merite sur la philoscphie. Le rt'suliat de cetfe sorte d'examen ne fut pas fi'.vorable a la reputation dii savant ; ce qui luifit composer I'opuscule en question. Les trois dialogues sur son Secret, on ses Conjessions , coiitiennent surtout I'Lis- toire de ses r-niours, et font mieux gouter I'esprit de ses Rime. 363. — * Storia dcW antica Grecia , etc. — Histoire de I'ancienne Grcce , depuis les Titans, jusqu'a I'incendie de Co- rinthe, avec celle des arts, des letlres et de la ptulosophie ; par lo comte Vincent H^soo. Blllan , 1820 et iSaS. N. Bettoni. 4 vol. in-i2. Dans une longue preface, I'auteur cherclie a determiner le merite de Roliin , de I'abbe Bartliclemy et de Gillies. II parait se flatter d'eviter les defauts ou sont tonibes ces tiois eciivains, et de sajjpleer leurs ouvrages. II nous oflre d'abord un pro- gramme geograpliico-histoiique de I'ancienne Grece , qui oc- cupe tout le premier volume, et ou il nous fait ])arcourir suc- cessivenient le continent, les iles et les colonies. Ce travail n'etait pas, en verite, Ires-necessaire, apres tant d'aulres qui traitent le niemesujet. Ensuite, pourquoi faire remonter jusqu'a I'epoque des Titans une liistoire qui n'a ]ias besoin des tems fa- buleux pour nous interesser, et (pii offre a notre instruction . des evenemens plus probables et mieux detailles ? Les recits fabuleux ne sont pro])res qu'a satisfaire une vaine curiosite, etne doivent jamais usurper la place de I'liisloire. Toutefois, il n'est pas sans iulerel depailer des poemcs d'Homere, ainsi que deslois, des institutions, des moeurs, des sciences et des arts des terns homeriques. L'auteur suspend le cours de sa narra- tion par un long discours qui se irouve en tete du 3^ volume : cesl une discussion beaucoup trop rainutieuse sur la langue et la grammaire, M. Drago y prend tant d'intcret, qu'il semble quelquefois oubiier le veritable sujet de son livre. II ne manque 770 LIVKES ETRANGERS. pas de faire ca et la des remarciues j)Our justifier I'emploi du ses expressions : ce qui ferait croire qu'il a compose son ou- vrage , plutot comnie un exercice de style et de langage , que comme un travail histoiique. Enfin, il nous entretient, dans ies deux autres volumes, de Sparte , de Lyctirgue et de ses lois, ainsi (jue d'Athenes et des lois de Solon. Le derniercha- pitie du /j** volume esl consacre a une sorte de rapprocliement enlre Ies gouvernemens de la C.rcce et de Rome. Tout occupe qu'il est de I'antiquite, M. Drago ne peul onbiier nos grandes epoqucs modernes. II finit par comparer aux periodes lit- lerairt'S de Pericles et d'Aiiguste , celles de Leon X et de Louis XIV ; et il ne manque pas de faire mention du gouver- nementa I'oinbre duquel ilecrit son liisloire. Quoi(|ue I'auteur paraisse avoir beaucoup de connaissances, comme ecrivain et Comme historien, nous croyons cependant qu'il aurait ])u s'oc- cnpernn }ieu plus de son style, et moutrer plus de disccrnement dans le choix des evenemens. 36/). — Opere in rerso e in prosa, etc. — OEuvres en vers et en prose du D'' Filippo Pananti. Florence, 1824 et iSiS; Piatti. T.in. In-8°. On remarcjue dans ce recucil un poeme asscz etendu, inti- tule : le Poi'te de theatre , et deux autres moins longs, sousle titre de la Cliouettc et du Paretajo, ( lieu oil Ton tend des filets pour prendre de pelils oiseaux). Le premier offre uiie espece de journal , redigeen sixtincs, oil I'auleur se ])lait a decrire ses aventures,soit reelles, soitallegoriques. Ony trouve beaucoup de rccits et peu d'aclion ; mais Ies recils sont courts, dt pleins d'lin sel epigrammati(|ue i|ui en rend la lecture assez agreable. Souvent meme, ce qui n'est pas un moindre merite, on y rencontre des principes genereiix et des sentimens plus ou moins palhetiques. Si I'auteur s'expose a nous ennuyer, quand il s'etend avec Irop de complaisance sur des sujets rebaltus , comme Ies vices et Ies vertus des comediens , il nous dedom- mage , en nous inlroduisant aussi quelqucfois sur le grand Theatre du monde { titre d'lin de ses chants.) C'est la qu'il chejche en vain I'antique vertu des Ilaliens, qui seule, di!-il , pourrait Ies rendre libres et grands ; c'est la qu'il leur apprend (|u'ils peiivent conquerir eux - niemes la liberie, mais qu ils ne doivent pas I'altendre des autres. Enfin , le poete voit on reve la muse d'Eriry , qui vient I'exhorter a suivre I'exem- ple des bardes. Il nous fait rcgreKer que cetle muse ne nous ait pas amenes plus tot avec lui dans ce bean pays de Guiles , ou tant de merveilles se dcroulcnt a ses yeux. Enparcourant ces prodiges de la nature et derimaglnalion, il nous entretient des fees bienfaisantes , de leurs nnciens heros ITALIE. 77 i fiivoris, ei d'tvenemc ns , de personnages, dont le souvenir [)eiit offiir une lecon fort utile a ses compatriotes et a ses cor,tein[iorains. II penetre dans ces retraites mysterieuses ou Ics dniides gardent le feu sacre, symbole de cette grandeame qui vivifie la nature; c'esi la qu'il voit, qu'il ecoute les bardes th.intinit (les liymnos an son de leurs harpes , en presence d'Odiii. II est adiiiis dans le clioeiir, et jure de ne plus suivre les muses qu'il avail siiiviesjusqu'alors. Ceserinent prononce , il devieiU un nouveau Promrtliee , et des lors on peut regarder son coeiir comnie un prisme de I'univers, On reconnait dans cetle derniet e phrase le caractere de sa metamorphose. Cette couversioi! jioctique doit ])laire a certains esprils qui n'admi- rerit que les druides et, les bardes. Nous avouons cependant que nous enssions prefcie qii'elle fut arrivee dans I'ltalie menie , ([ui ne manque, selon nous, ni de tems feconds en heros , ni de lieux remplis de souvenirs , propres a faire rougir uiie posterite degcneree... Au resle , les poesies de M. Pananti sont,t'n general, animees, piquantes et instruclives. Parmi ses oeuvrcs en prose , on distingue surlout sa Relation d'uii voyoi^e h Alger. Elle est ecrite d'un style grave et sericux , qui convient au sujet. En partant de I'Anglelerre pour i'ltalie, au moment oil il adresse un dernier adieu a la liberte dont il avait joui (juclque tems , le poete tombe entre les mains de cor- saires barbaresqnes, et se Irouve parmi les esclaves d'Alger. Il di'crit son etat et celui de ses malheureux compagnons. Ses recits font abhorrer I'esclavage et la lyrannie. C'est un meritc qu'appretieront tous les lecteurs gencreux. 365. — La Spagna Uberata, etc. — L'Espagne delivree, poeme du marquis C. D'Aleergo, eic.Naples, 1824. L. Nobiie. In-8°. Le titre de ce poeme en fait assez connaitre le sujet, ainsi que les intenlIor;s de I'auteur. Les qualites de cet illustre per- sonnagc sont assez connues , pour qu'il soil inutile deles signaler ici. II se propose d'etendre son poeme jusqu'a 12 chants , dont il n'a public jusqu'ici que deux, Le premier a ele recu avec de grands cloijes, que nous ne pouvons confirmer , tout en rendant justice aux talens du poete. On ne pent lire YEspagne delwree , sans se rappeler la Jerusalem dcli\>ree , et ce souvenir n'est pas favorable au nouveau poeme. Les pensees et les images n'offrent rien de neuf ni d'interessant , et le style est d'une extreme faiblesse. Il est vrai que les amis de I'auteur pourrontfaire valoira sa louange, a defaut de meritc litteraire, le zele qu'il ne cesse de monlrer pour la bonne cause. F. S. 366. — De fragrnentis libri de Judceis quce supersunt Heca- tcei AbderitcE. — Fragmens du livre d'HiicATiE d'Abdere sur les Juifs Rome. J.-B. Marini , place du College. 77^ LivREs Strangers. Cet ouvrage forme le tome troisieme de la collection public-e par M. MiRTiNETTi, avocat remain. Hecatee d'Abdere est (lemeiire presquc inconnn a tous lesphilologues. A peine est- il cite par Fabricius, et jusqu'a present aucun savant ne s'etait applique a eclaircir et a commenler les fragmens (]ul restent de lui. Cet aiitenr vivait au terns d'Alexandre et dc ses succes- seurs, et fut I'un des favoris de Ptolcmee-Piiiladelphe. Ses ou- vrages peuvent jeterquelques lumieres sur les antic[uite3 julves, ^gyptiennes et grecques. M. Marlinetti a dedie ce volume, ainsi que les precedens, au grand-due de Lucques. La collec- tion sera completee par unappendice, qui formera un qua- trieme et dernier volume. J. A. L. 367. — * Storia deila scultura dal suo risorghnento in Italia fino al secolo di Canova , etc. — Histoire de la sculpture , depuis sa renaissance en Italic jusqu'au siecle de Canova ; par le comte Leopold Cicocnara , etc. Secoride edition, tres - aug- raentee. 5« volume. Prato, 189,4 ; J.-J. Giachetti. In-8°. Nous avons annonce la publication de cet ouvrage, et rendu comple dcs qualre premiers volumes ( Voy. t. xxvii, p. 792 ). Le 5" volume contient I'histoire de la sculpture, au tems de Michel-Ange. L'auleur trace d'abord un tableau de I'etat de ritalie, durant le xvi® siecle. II rappelle rapideracnt et avec precision les d^sastres de cette ejjoque, et surtout les inva- sions etrangeresqui suivirent celle de Charles VIII. Au milieu de ces tristes souvenirs, il se console par lesprogres que firent en meme tems les lettres et les arts. II scmble qua mesure ([ue la puissance nationale allaitse dcteriorant, la puissance indivi- duelle des Italiens augmentait de plus en plus, soil quant a Ja force du corps, soit ([uant aux facultes de I'esprit. Lefamcux combat livre en presence des deuxarmees, a Barlelle , dans la Pouille, entre treize gaerriers italiens, ct autant de francai*, et celebre par Vida dans un poeme parliculier , ainsi que la resis- tance opposee par la republique de Venise a la formidable ligue de Cambrai, ou, pour mieuxdire, a I'Europe coallsee conire elle, sont, pour notre autenr, une preuve incontes- table de la bravoure des Italiens. Mais, ce qui f;iit la gloire de ce siecle et de I'llalie, ce sont les nombreux monumens de la lillerature et des arts qu'ils nous ont laisses, et qui comman- dent encore notre admiration, malgre les doctrines et les sys- temes divers qui se succedent ct se detruisent tour a lour. M. Cicognara parait accorder quelque indulgence aux defauts de Leon X, a cause dcs faveurs qu'il a prodiguees aux littera- teurs courlisans dont il etait entoure, et surtout aux artistes. II regarde meme ce penchant au luxe eta la voluple, qui re- ITALIE. 773 giiait alors h la cour romalne , et dans toiites les petites cours tie I'llalie, comme line imitation oulree de ce gout pour les arts jadis dominant a AtLenes, et qu'on appelle encore alti- cisme, C'est pour cela, dil-il , qu'on a rendu dans Rome , a la famense courtisane Jmperia les memes honneurs qu'Aspasie avait recus des Alheniens. L'liistorien aurait pu ajouter des exemjiles, plus eclatans encore, qui auraient prouve conibien les Italiens avaient surpasse les Grecs a cet cgard. II se rejouit cependant de ce que, la reforme de Lulher n'ayant pu penetrer en Italic, les beaux-arts n'y ont point ressenti la merr.e facheuse influence qu'en Allemagne. Le Tasse et I'Arioste arretenl I'attention del'auteur, plus que les autres savans de ce siecle. Coroparant ces deux poetes sous quelques rapports , il trouve plus d'iir.aginationetde sentiment dans le ])remier, el plus d'artet de noblesse chezle second. Quant au sentiment, un corapatriote dti Tasse pourrait en appeler du jugenient de M. Cicognara , compatrlote del'Arioste. Le sujet de la Jerusalem , ;\ I'exception de ce qui regarde Godefroy, lient a I'ltalie plus qu'on ne le pense; car c'est la que fut concue , organisee et consacree la croisade , cclebree par Le Tasse, qui la considerait comme un evenement des plus honorabies pour son pays. Outre cette preuve de patriotism6, le poete se livre a toute sa sensibilite dans la plupart de ses episodes. Mais , ce n'est pas ici le lieu d'cxamlner cette question. 51. Cicognara entre ensuite dans I'exposition de son sujet principal ; et il traile d'abord de tout ce qui concerne Micliel-Ange Bonarrotti. Puis, il parle suc- cessivenient de ses contemporains et de sesimitateurs en Tos- cane ; des artistes venitiens, lombards et napolitains; de la sculpture hors de I'ltalie; de la numismatique et des travaux en ivoire , en bois et en nieial de differens genres. Ne pouvant nous etendre sur les details de I'ouvrage, nor.s assurons que I'autetir se distingue par son gout, ]iar sa judicieuse critique et par I'etendue de ses connaissances. F. S. 368. — * Giornale della nuova dottrlna metlica italianct^ — Journal de la nouvelle doctrine medicale ilallenne. Bo- logne, 1825. Un cahier in-S" de G feuilles, tousles deuxmois: trois caliiers font un volume. Prix de souscription, i8pauls par an, franc de port jusqu'aux frontieres, environ 10 francs. Pour bien comprendre I'miportance que ce recueil pent of- frir aux medecins des differens pays, il faut se rappeler que le professeur Rasori ,a Milan, des le commencement dece siecle, a mis en avant j)lusieurs propositions physiologiques et the- rapeutiques en opjjosition aux idees communement recues parmi les praticiens d'alors, d'oii est resultee tine doctrine 774 LivREs Strangers. jnodicale, quia etc^connned'abordsouslc litre de Doctrine Raso- riffine, ou du Contrastimulus , c\ ensnite sous le litre d<' Nou- i-elle doctrine medicale itnlieniie, Un grand nonibre dernedecins d'ltalic en ontadoptt- les principcs, on Lien ont contribue, par leur.T travaux et par Icurs reclieiches , a la confiimer eta la repandi-e. Le professeur Rasori n'a encore publie que pea de choscs sur sa doctrine. Lc professeur Tommasini, a Rologne, a consacre un assez grand nombre d'ecrits a la dcfendre et a I'etablir sur des fails nombreux ct conslans. Plusicurs mede- cins, depuis vingt-cinq ans , ont ecrlt, soit pour, soif contre les nouvelles idees , et ccs discussions ont servi a reclilier le langage, .-} modifier qiielqups principes ct a faire reconnaitre des fails pratiques , qui, par leur evidence, confirnierent les principes adoptes. Neanmoins, il n'existe aucun onvrage ou soient exposes et rennis les fails sur Icsquels celte doctrine est basoe, les diffe- rentes questions qui s'y rapportent, et les reponses anx objec- tions. C'est (lone pour remplir cetie lacune que les rt'd;icteurs du journal que nous annoncons , se sont propose d'examiner les diffcrens ouvragcs qui out paru successivenient sur le meme sujet. Leur plan a etc suivi juscju'lci a\ec succes, et nous croyons que les pcrsonnes de I'art , qui voudront lire ce recueil sans ])reventions, y trouveront des observations et des raison- nemens d'une grande inii)oitance. SGy. — * Opuscoli delia Sociela medico- chirurgica di Bo- logna.— Opuscules de la Societc medico-chlrurgicale de Bo- j logne. Bologne, iSaA-iSaS. In-8°.- m M. Le professeur Tommasini , qui reunit a des talens distin- ^ gues les qualites sociales les plus aimables, s'est fait de ses collegues et de ses meilleurs c'leves aulant d'amis. On pent dif- licilement se faire une idc-e de la parfaiie harmonic qui regne parrni les i)rofesseurs de rUuivcrsitede Bologne; ils s'estiinent et s'aiment niutuellemenl, et sont tous aniines d'une genereuse emulation pour faire avancer la science qu'ils cultivent. Nous citerons seulement les professeurs Orioli , Mondini., Medici; I'existence de la Societi- dont il s'agit est due surtout aux qualites personnelles de ces eslimablcs professeurs et de leurs collegues, eta I'unite de sentimens et de vues qui inspire et dirige leurs travaux. Comme on est fonde a croire, ])ar I'essai quenous avons sous lesyeux, que cette Societe rendra des services reels aux sciences inedicales , nous aiinons a la signaler , dans I'espoir qu'elle aura des iinitateurs. Les cahiers , dont nous rendons cornple, renferment un choix des lectures faites dans les seances PAYS-BAS. 775 ar M. le docteur Van den Bosch, de Rotterdam. I vol.in-8° de xxvi-5oo pages. Utrecht , i8'25; iniprimerie de Schoonhoven. La seco'.ide edition de cet ouvrage, traduile par M. Van den Bosch, est une relation historique et inedicale des cam- jiagnes de 1812 et i8i3, pendant lesquelles M. de Kirckhoff etait attache , comme niedecin , aux arniees francaiscs. En celte qualite, il fit j)arlie, en 1812, du corps d'armce du valeu- reux et infortuno marechal Ney', qu'il a accompagne jusqu'a Moscou. Cet ouvrage, suffisammenl connu el apprc'cie dei)uis long- tems , a cle recommandc par plusleurs Coinpagnics savantes et par les principaux journaiix de medecine , comme le mcilleur traite qui existe sur les maladies les plus frequentes dans les armees. M. Van den Bosch a ajoutc a sa traduction plusieurs fails pathologiques recueiliis dans le courant de sa longue pra- tique. Ces fails confirnient la rei>utalion d'observateur savant que le traducieur s'est fuile par ses travaux anlcrieurs. M. 371. — * Nouveaux tncmoires de V Acadeinie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. T. III. Bruxelles , 1826. P. /. Demat. In-4'' de 566 pages. Ce volume des mimoires de I'Acadcmie de Bruxelles, qui est le troisieme de la nouveile collection , se coujjiose en grande parlie de mcmoires mathematiqnes. Quel(]ues-uns ayant deja ete analyses dans la Revue Encyclopedique , nous nous conten- terons de renvoyer aux cahiers oil il en a ete fait mention, en nous bornant a enoncer siniplement les litres. On trouve, en tetc du volume, un journal des seances, oil Ton a rendu compte des travaux de rAcademie et des principales decisions qui out etc prises dans le cours de Tanui-'e, en elaguant toutefois ICs details superflus. Viennent ensuite les dilferens menioires qui se succedent dans I'ordre suivant : Rechcrch.es sur la reso- lution des equations nurneriques, par M. Dandelin. L'auteur, dans cette premiere partie de I'exposition de ses recherches, 776 LIVRES ^TRA^NGERS. sVst occii])i; dcs raclnes reelles des tqualions, des iiioycns de dccoiivrii- leiirs limites ct d'approclier ensuite indefiniment de leiirs valeurs., ea se reseivant de revenir plus tard a la recher- che des racines imaginaires et a la resolution des equations simultiini.'es a deiix variables. Sans employer la inclhode de Degua, qu'il regarde comme trcs-inSuffisante , il a cherche, autant que jiossible, a figurcr ses resultals par des courbes et a porter airisi dans I'analyse toute la clarfe de la geometric. Parmi plmieurs exemples qui servent a fairemieux saisir I'es- prit dc sa meihode, M. Dandelin , dans les supplemens qui accompagnent son travail , s'occipe de requntion de Kepler dont il parvient, avec peu de calcid , a assigncr una racine tres-approcliee. Mcinoire sur I'hyperbolo'idc de re\'olution etsur les he.vtigones de Pascalet de Brlanchon, parM. Dandelin (Voy. ci-de.-sus , p. 1 78). Mcmoire sur une noiwellc inaniere de consi- derer les caustiques produites soil par reflexion , soil par re- fraction , par M. A. Quetelet. (Voy. TJfc. Enc.,X. xxvii, p. 475et 794). Memoire sur une question relative aii calcul despro- babilites,-par\e comraandeur C. F. De Nieuport. L'objet dece ujemoireest de cherclier, en supposant que, dans un sac, ou dans unvase,on ait mis un nombre N de boulcs, marquees cbacune d un des caracteies i , a , 3....N, et que chaque fois on en tire une scale qu'on remelle aussi, en comblen de firages on pent parier a egalite de faire sortir toules les boules. Ce probleme rentre dans celui que M. Lacroix a iraite , page 83 de son Traite des probahilites. M. De Nieuport a saivi une aiarche qui lai est particuliere, et a etc conduit a une equation qui ne rentre pas dans les methodes ordinaircs de resolution. Ce digne vicillard, le IVcstor des mataematiciens beiges, a invite son coUeguc M. Dandelin a appliquer sa methode a la resolution de son equation. Cclte epreuve a cu les resultats les plus satisfaisans. Memoire sur quelques constructions graphiques des orbites planetaires ^ par M. A. Quetelet (Voy. Rev. Enc. , t. xxvi , page 820 ). Memoire sur le principe des vitesses 7>irtuelles , par M. P.^GANi. Depuis que le principe des vitesses virtaelles est devenu , pour ainsi dire, la base de toute la mecanique analyti- que, les geometres sc sont attaches a en donner differentes de- monstrations. On en a plusieurs qui sont a la fois simples et rigoureuses. M. Pagani, en revenantsur le nieaie principe, dont il presente une demonstration nouvelle, « s'est propose de plus d'en deduire de la nianiere la plus facile et la plus uniforme routes les consequences qui, Iraduites en langage ordinaire, sont communement designees sous le nom de lois et proprietes PAYS-BAS. 777 generales tie la mecanique. » Les moyens qu'a employes I'au- teur nous ont ])aru , en effet, tres-simples etreposent sur un ch.ingemont du systeme des coordonnecs. Dans tin memoirc sur la geographic physique du Brahant meridional , ]M. Kickx a doiine le resulkit de plus de vingt ans d'observations stir la conslitution atmospherique de la pro- vince, et sur les meteores qui en delerininent les variations. Ce savant a trouve « que !es ven'.s du sud a I'ouest regnent , annce commune , pendant 166 jours ; cenx de I'ouest an nord ne souf- flent pas moins de 84 jours; ceux du nord a i'est dominent pendant 92 jours , tandis que ceux de Test au sud regnent seu- lement pendant 23 jours. » On conijite aussi, sur 365 jours , 245 de vent ordinaire , 81 vent fort, 29 vent violent , 10 oura- gan. Tons ces rcsnltats sont presentes avec de nonibreux deve- loppemensdansdifferens tableaux. Les jours de phiie sont aussi indiques avec soin ; on encomptc 149 sur 365 jours , savoir, 69 de pluie tranquille , 48 d'ondees ou de giboult'es, 10 d'averses et 22 de pluie d'orage. La neigc, la greie ,les brouillards ont encore attire I'attention de M. Kickx. I/hygrometre de Deluc varie, depuis le mois de Janvier et de fevrier, jusqu'au mois d'aout et de scplembre, enlre les liniites moyennes de 71 a 3i dcgres. On pourrait soupconner que riiygroraotre deM. Kickx est dcfectueux,car Saussure n'a jamais observe cet instrument au-dessous de 40 degres, et 11 a remarque qu'iise tient, en ge- neral, a 60 degres. Le tbermoraetre de Reaumur, place au nord eta I'ombre, varie, depuis le mois de Janvier jusqu'au mois de juillet , enlre les limites moyennes de o a i6,5 degres. Enfin , le baromeire , au niveau des moyennes eaux du canal de Bruxclles, indique 28 pouces et 27 pouces 11 lignes dans la partie moyenne de la ville. On conceit que Ton ne peut don- ner ici que des indications tres - sommaires du travail de M. Kickx. Dans le meme volume I'auteur a place encore des extmits des ohservadons meteorologiques faites a Bruxelles, depuis le i^' juillet i%ii jusqu'au 3i decembre 1824. M. Van Mons a inscre dans le recuell deux mcmoires oia il traite suc- cessivement de la reduction des alcalis en metal, et dequelques errcurs concernant la nature du chlorc , et de plusieurs proprie- tes nouvelles de I'acide muriatique. A cetle premiere partie destravauxdel'Academie de Bruxel- les , succedent les rechercbes sur I'hlstoireet sur lesantiquites. M. Rapsaet.revenant sur un sujet interessant, quil a deja com- mence a trailer dans les volumes precedens , a donne nn troi- sieme memoire sur la legislation des Gaules , et s'est occup*^ particidierCment des lois connues sous le nora de Lex mun- 778 LIVRES ETRANGERS. dana, lex salica et lex ripuaria. M. Dewez , a I'occasion de quel- ques fouilles qui out ete faites dernierement a I'invitation de rAcademie, pour retioiiver le tombeau d'AIpaide, mere de Charles-Martel, a presente un memoire tres-curicux sur ce personnage liislorique. Le meme academicien a doniie encoi e un memoire sur les invasions , I'elablissement et la domination des Francs dans la Belgique,^\ un autre sitrle gouvernement et la constitution des Beiges avant C invasion des romains. M. Raoux s'est occupe de I'originc du noin de Beiges et de I'ancien Bel- gium , et le celebre jiM isconsuile Meyer , dans un memoire assez etendu,a reclierclie Torigine de la (U(ference relative a I'usago de la langue fl;imarKle ou -wallonne dans les PaysBas. Ce volume est terix.inc par un memoire sur les lois des /lais- sances et de la morlalile a Bruxelles , par Rl. J. Quetlllt (Voy, /J^i', Enc. , t. xxviii, p. 840, decenibre iSaS ). 872. — Opinion de M. Dotrence sur les lois du budget du royaume des Pays-Bns pour 1826, et sur les questions inci- deminent troitees, relativement aux derniers arretes du gou- vernement sur I' instruction publique , prononcee dans la seconde cliambre des Etats - Generaux , le i5 decembre iSaS; prece- dt.-c d'une lettre d'envoi a I'editcur du journal de Bruxelles. Bruxelles, 1826 ; imprimerie de G. Picard. In-8° de 41 p- 3-3. — Encore un mot sur la suppression des peliis semi- naires et I'etahlissement du College philosophique. Bruxelles , 1825; H. Tarlier, libraire-edileur. In-S" de 4i pages. La suppression des pelits semlnaiies et relablissement du College philosophique a Louvain sont deux mesures du goa- vernement des Pays-Bas qui ont obtenu i'eloge de tons les horames senses; mais, ])ar cela meme, elles ont irrile le parti ]'esuiti(|ue et uliramontain, qui travaille sans relache a envahir I'Europe. Les deux eerits, dont on vient de lire le litre , diriges specialement conire le fanatisme jesuiiique, sont riches de faits et de principes. M. Dotrenge, doni le nom reveille des idees honorables , deniontre jusqu'a I'cvidence I'utili'.e des mesures du gouvernement et accumule les prcuves qu'autre- fois I'autorite civile du pays nomuiail, sans contrailiclion de la part du cierge, des professcurs de droit canonique et de ihco- logie. L'auteur anonyme du second ouvragc y ajoute de nouvelles preuves. On lira certaiuement avec interet le pasiage suivant: « La conduite de nos cvcques paraitra plus elonnante encore , si Ton examine ce qui gcneralement est suivi en Alleuiague, oil les jeunes gens qui se deslinent au inlnislcre du culte ca- tholique, sont tenus d'otudier, dans les Univcrsltco, la philo- PAYS-BAS. 779 Sophie , le droit canonique , I'histoire ecclesiastique et la theo- logie, sousdes professeurs nommes par rautoiite temporelle, et sans le concours de la puissauce ccclesiasliqiie, ainsi que cela a lieu a Breslau, a Elwangen et a Bonn. Le contraste de la conduite des respectables, doctcs et pieux eveques de ce pays, avec celle de I'archeveqiie de Malines, est vraiment frappant. Tahdis que ce prclat se plaint de ce que I'elablisse- luent du College philosopliique est un empieteinent sur ses droits episcopaux , i'arclieveque de Cologne exige des jeunes gens qui se deslinent a I'etat ecclesiastique, qu'ils aillent faire un cours de philoso[)liie a rUniversitc de Bonn. On se demande si la religion de ces deux archeveques n'est point la menie. On voudralt savoir pouiquoi celui de Cologne et son clergd pen- sent et agissent de cetie maiiieie, sans recourir a linterven- tion du saint -siege , que Ton dit ici indispensable sur cette matiere, el Ton ne peul s'expliquer comment le saint-siege ne s'oppose pas, dans les etals prussiens , a une mesure qu'il semble condamner dans les Pays-Bas. » G. 374. — De frur.tihus , etc. — Des avantages qu'on pent se promeltre del'institution du College philosopliique ,l\ Louvain. Discours prononce, le 17 octobre iSaS, pwr M. I'abbe De Greuve. Louvain, 1826 ; Van Linlbout et Van den Zande. In-4°. L'instilution du College philosopliique a du nccessairement alarmer ceux qui redouterit les efiels de rinstrnclion; et mal- heureusement leur norabre est encore trop grand aujnurd'liui. Dans les atiaques auxquelles cede iiistituliou s'est vue en butte, on n'a eu garde d'aborder la question : tous les principes, disait- on vagueraent , etaient renverses, la discipline de I'eglise rui- nee de fond en comble, les traditions meprisecs : or, c'ctait reellement en conformile des principes , de la discipline et des traditions que le gouvernement agissait. On livrera, s'ecriait- on, les calholiques, piedset poings lies, a Lullicr et a Calvin, et on leur fournissait justement des armes pour defendre leurs opinions reiigieuses , en ri'formant I'education, si deplorable- ment negligee, de leurs jeunes levites. Le grand argument dont on etourdissait lout le monde ctait que le College philosnphique resscmblaiten tout au Seminaire general Ae:io^e.^\\ \\. \]Eioile le Drapenu blanc proclamaient ces assertions, le Coiirrirr de la Meuse les repetait en forme de ])arodie burlesque; il fallait bien que cela fut. Cela n'ctait cependant pas. Le College philo- sophique n'est qu'une ecole preparatoire , ou les elevcs qui se destinenta I'autel recevront une premiere instruction sur les sciences enseignees dans les Universiles, et d'ou iis passeront 78o LivRES Strangers. dansles stininaires, oil ils lentreront sous la juridiction specialc des (iveques. On a ete surpris d'cntendrc, ou sein dps Etats- Generanx, des homines qui liablluellement dcfendaienl les saines doctrines, donner quolqiies regrets aux jesuilcs ct aux ignoranttns. Sans douir, il ne faut perseculer personne, pas meme les ignoiantins. Mais, quand ceux-ci iniriguent au dehors; qiiand, centre la letlrc meme de la concession qui leur etait faile, ils peuplent leiirs m.-iisons uniquemcnt d'ttranpers , quand ils bravent ouverteineiit les lois du royanme; qnand on les a inutilemenl et paterncllemeiU avertis de changer decon- duite, il est permis, il devient obligatoire de dissondre ccs corporations anti-sociales, anti-palriotiques, qui ])ervertiraient la generation naissante. MM. Dotrenge et Reyphins ont mis ces verites dans leur jour. BT. De Greuve , enferme dans un cercle plus ctrcit, n'a pu les iraiter avec la meme indepen- dance. Son discours, tres-bien ccrit , n'appartieiit pas a la po- lemique : c'est un elegant programme , dont il tiendra toutes les promesses. De Rkiffenbkro. 375. — * Emploi du terns, ou Moyen facile de doubler la vie, en devenant meilleur et plus henreiix; par Friid. Uouve- ROY. Liege, iSaS. Latour, editeur, Pont-d'Ile. 1 vol. in-i8 for- mant viii et 276 jiages. Ce petit llvre a ete ado])te par la commission provinclale de rinstruclion moyenne et inferieure pour ledncation morale des enfans de dix a quinze ans. C'est un honneur qu'il meritait. Bien que I'auleur, dans une conrte ])reface, reporte unique- mcnt a Franklin et a M. JuUien (-de Paris), ce qu'il pent y avoir de bon et d'ulilc dans son ouvrage , nous ne devons pas cepen- dant hesiter a reconnailre que, si Fidee premiere ne lui appar- tient pas, il a du moins le merile d'avoir fait un excellent choix de pensees morales et de conseils pratiques, presentes avec beaucoup de clarte. II a divise son ouvrage en trois parlies : dans la premiere, il s'occu])e specialement de I'emploi du tems; il met a la portee des enfans les preceptes de M. JuUien , et son ingenieux livrct , appele par lui Biometre , dontil modifie un peu la disposition, en le simplifiant pour I'nsage des enfans. La seconde pariie, consacree a I'etude des diverses vertus, est presf|ue entierement tiree de Franklin , ou de YEssai sur I'em- ploi du temx , par M. Jullien, qui avait lui-meme reuni, dans les notes placees a la fin de son ouvrage, tous les passages de Franklin et de quelques autres moralisles quise rajjporiaient au meme sujet. La troisieme partie, espece de morale en ac- tion, comprend I'histoire d'Eugene Vernery, qui, ayant perdu son pere de tres-bonne heure, est oblige de latter contre Tin- PAYS-BAS. 781 fortune , et pnrvicnt par un travail assidu a se creer une exis- tence douce et heureiise. Cette liistoire est snivie de plusieiirs contes de Franklin , tels que Ic Sifflel , la Herse , le Bonnet, etc. (fue M. Rcnoiiard a recueillis, dans la petile edition rju'il a donnee, Tannee deniiere, de I'nenvre du philosophc anieri- cajn. Ce petit ouvrage sera recherche de tous ceux qui iie indent point les livrcs par leur volume , et qui croient que c'est un Srand inerite que de se metlre a la portee de ceux jiour qui I'on ecrit; ct nous croyons qu'il serait difficile de faire aux enfans un present plus agreable, et en nierae tems plijs reelle- ment utile. J3 j) 376. — * Almanack beige , annee 1826; Bruxeiles, impri- merie de Tarlier. In- 18 , avec deu.x gravures. L'editeur, M. Tarlier n'a rien neglige pour repandre do I'interct dans cet aimanach. La pl^ipart des poetes beiges qui ont acquis un rang au Parnasse, y ont fourni leur contino^ent. On y voit fignrer plusieurs noms chers aux muses : citer MM. Stassart, RKiFFE?TBERG,^(r/o««/-(^S3iiTs, Rouveroy, etc., c'est assez faire I'cloge de ce recuell. II est vrai que Ton y ponr- rait signaler aussi beaucoup de pieces tres-miidiocres ; mais le lecteur trouve une ample compensation dans le grand nombre de morceaux pleins de grace et de charnie que renferme cette galerie poetique. D'ailleurs, il en est d'un recueil de ce genre comme (i'une collection de tableaux. Pour faire mieiix ressortir 'es beautes des compositions des maitres, il faut entremeler le mauvais avec le bon. Nous y avons particulierement lu avec un grand plaisir deux nouvcaux apologues de notre coUaborateur, M. de Stas- sart qui occupe une place si distinguoe parini les fabulisles de notre epoque; une chanson du meme poete intitulee : le Para- dis , le purgatoire, et I'enfer de I' amour , une chanson par M. Dcltenre, sous ce titre : Le guerrier helge a Moscou ; Epitre h un anclen ami, par M. Q.; Epitre d'unParisien a la statue cVErasme , par M. de Reiffenberg ; Lafaveur papale , conte parM. V. d. Z., etc., etc. K. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. "^11- — * t}ictionnaire classique d'histoire nnturelle , nsiT MM. Audouin , Isid. Bourdon , Ad. Brongniart, de Candolle Ferussac, Deskayes, E. Deslonchnmps , Drnpiez , Duma.f\ T. XXIX. — Mars 1826. 5q 78a MVaiiS FKANCAIS. Edwardt , A. Fee , Flourens , Geoff roy Saint-HHaire , lsi(t. Gcoffroy Saint-Hilaire , Gucrin , Guillemin , A. de Jussieu , Kuiilh, G. Delafo.ise , Lamouroua: , Latreille , C. Prevost, J. Richard, et Bory de Saint-Vincent. Onvrage dirige par ce dernier collaboraieur, et dans lequel on a ajoute, pour le por- ter au niveau de la science, un grand noinbre de mots tpji n'avaient pn faire paitie de la pliipart des Dictionnaires ante- rieurs. T. IXMO-MACIS. Paris , fevrier , 1826. Rcy et Gra- vier, Baudonin. i vol. in - S" de 5r)6 pages , et i caliier de planclies. Prix du vol. el d'une livraison de j>lanches, 12 f'r. en noir, i5 fr. en couleur. ( Voy. Rev. Enc, t. xxviii , p. 46-61 et 369-378 ). 378. — *Histoire naturelle des mammifcres , avec des fignres originales, coloriecs, dcssinees d'apres des aniinaiix vivans ; ouvrnge public sous I'antorite de radministralion du Museum d'kistoire naturelle, par MM. Geoffrot Saint-Hilaire, et Frederic. Cuvier. Deuxienie livraison. Paris, 1826; A. Belin , rue desMalhurins Saint-.Tacques , n° 14. i cahier in - foi. de 16 pae;es de texle, avec 6 planches. Prix 9 fr. ( Voy. ci - dessHs pag. 494 )• ... 3.jy. — * Manuel complet du jardinier, maraicher , pepi- nieriste , botanisle , fleuriste et paysagistc ; par M. Louis Noisette. Troisieme livraison, forinant la premiere moili^ du tome I. Paris, 1825. Rousselon , rue d'Anjou-Dauphine. In-8" de viii el 280 pages , avec le portrait de I'auteur et 12 nlanches gravt'-es. Prix pour les non-souscripteurs, 5f. ef 6f. par la poste. ( Voyez Rev. E/fc. , tome xxviii , page 5i.2. ) La troisieme livraison de cet important ouvrage est con- sacree aiix principes generaux d'horticullure. M. Noisette s'oc- cui>€ d'abord de I'origine et de I'histoire des jnrdins; i! passe aux classifications diverses que Ton a proposces, s'ar- rete quelque tems a celle de M. Gabriel Thouin et a celles .ie Bailly , Morel, Watelet, Walpole, Wately, Chambers; il trouve ces dil'ferenles divisions defectueuses , parce que ceux qui les out proposees se sont imagine que Icurs sensalions particulieres pouvaicnt servir de base et de regie. M. Noisette, pour t'viter de seinbk;bles errenrs, appiiie sa classification sur des donnees exactes , et divise les jardins de la niaiiierr .■'Uivante : i" Jardins d'utilitc, sous-divises en potagcrs, ])Oia- qcrs-fruiiiers, fruiliers, phamiacentiques, botanitjucs; 2" jar- dins niixtes; 3" jardins d'agreinent, syuietiiques el pnysngers. L'auteur, apres avoir caracterise les genres que nous \enons d'enoncer et Icurs especes, s'occupe des orncmens qui leur conviennent, savoir: les sites, les vegetans, les eaiix , les SCIENCES PHYSIQtfES. '*8'i constructions , Ics effo:s d'optique. Telles son! les maiieres da premier chapitre. Le chapiire second est consacrc a la forma- tion des jardins. M. Noisette traite d'abord du choix et de la preparation des terres; de I'exposition par rapport a la cha- ieiir, a I'air, a la lumiere; puis de la qualite du sol II se livre ensuite a I'analyse chiniiqne des diverses especes tie terres, donne son opinion sur les terres composees, et arrive aiix engrais. II les divise en mirieraux, vegetaux , animaux, mix- tes : apres avoir donne les preceptes pour les mettre en usacje, M. Noisette s'occupe des travaux jjreparatoires de cloture et de tracemcnt du jardin ; jjuis, il passe aux outils que l"on doit se procurer pour le labour, I'entretien de la proprete d'un jardin, les transports et chargemens, la planiation et la transplantation, les arroseniens, la laille , I'etiquettage. Le troisieme cliapitre traite des constructions utiles et des abris , c'est-a-dire des couches, chaudes, tiedes et froides, des cloches et verrines , des paillassons et des cages; puis, des chassis ; et enfin , des serres qui se divisesit en serre aqua- tique, jardin d'hiver , serre chinoise, orangerie , serre a geraniums, galerie d'hiver, serre temperee, thaude , a bou- tures, voiitee, a vapeur, resserre , etc. On voit , par cetle nomenclature, que M. Noisette n'a rieo neglige pour rendre son ouvrage complet et methodique; ceux qui le liront auront de plus a loner le gout dont eel habile horliculleur fait jjreuve dans les prcceptes qu'il donne pour la formation des jardins. Cette livraison fera «^esirer \i- vement la qu.itrleme, consacree aux principes de physiologic Vogetale. J. A.-L. 38o. — * Essai d'un cours elementaire d'optique , contenant les deux theories de la lumiere dans les sysleraes des ondula- tions et de remission, a I'usage des eleves qui ctudient la physique; par Amonjjiku , agrege pour les sciences. Paris, 1826. Verdlere. In-18 de 287 pages, avec 6 planches gravees. Prix 3 fr. 5o c. et 5 fr. L'auteur de ce petit ouvrage n'exprimc pas loujoiirs assez clairemeiit ses pensecs, surtoiit lors(|u'il s'agit de definitions. Voici quelques exemples de notions inexacles ou incompletes, faute d'une redaction convenable. « La nature est I'ensemble des lots fixes et inimuables qui regissent I'univers. — Une thcorle est un raisonr.emcnl eniidoye pour expiiquer un plie- nouiene, ou le lier a une loi plus generale drnt 11 depend (I'unp maniere direcle on indirecte. — La luunV're est le mo"le C.i counnunicalion qui nous avertit de I'existence des coi ;is, sans que nous ayons besoin de les toucher imir.edratement , 78/, LIVRES FRANCA.IS. et qui s'exerce ainsi a distance et se transmet par les yeut jusqu'a nons...efc.»?eut'etre lamarche qu'il a choisien'csl-elle pas la plus commode pom- I'elude : il separc I'hypolliese de remission de la lumierc de celle qui explique tons les plie- nomenes lumineux , comme ceux da son , par les onduia- tions d'uii fluide (.'lasti(|ue ; il semble (|u'il fallait couimencer par Texposition complete des faits, avant de passer a leur ex- plication. Une autre observation que I'on lie manquera pas de faire a I'auteur, c'est que I'oplirpie est pcut-etre , de toutes les divisions de la ])hysiquc, celle qui a Ic plus besoin des raathematic[ues , et que , lorsqu'on la prive de ce moyen d'ex- position, scs explications devienneul necessairement un pen vagues, et d'aulant moins satisfiiisantes. M. Amondieu n'a pas etitierement bnnni I'analyse mathematique , et il ne pou- vait se dispenser de faire nn frequent usage de la geometric; mais , sans marcher lout-a-fait sur les traces des geometres physiciens , i" aurait pn introduire avec succes plus de ma- thematiquesdans son Cours elementa'ue d'oplique. Apres avoir dit ce que la critique pourrait attaquer dans cet ouvrage , il est juste d'entrer dans quelques details sur ce que Ton pent y loner. Malgre la petitesse du volume, rien n'y est omis ; on y fait mention des dccouvertes les plus reccntes des travaux de MM. Arago, Biot, Fresnel, sur la double refrac- tion , des nouveaux instrumens d'optique, des cssais d'expli- cation de certains meteores lumineux, etc. ; en un mot, I'en- seiuble des connaissanres acluellcs sur la lumierc et ses cffets est pri'sente d'une maniere .tniit. Francccur. 382. — * Recherches , observations et experiences sur le de- veloppeinent milurel et artificiel des maladies luberculeuses , suivies d'un nouvel examen des doctrines pathologiques sur la phthisic tuberculeuse, les concretions hydatideiises, les tumeurs scrofulewses , squirrheuses , cancereuses, etc.; pu- bliees depuis Hippocrate cIGamen, Sauvage et Sydenham, BoERHAAVE et Hali.er, jusijii'a MM. Abercrombie, Aber- NETHY, Adam, Bayi.e, Brohssais, Dupuy, Hey, Hunter, Jenner, Laennec et Wardrop inclusivemeiit. Oiivrage tra- duit de I'nnglais, de i'lr John Baron, inedecin de I'hopiJal general de Glocester; p.ir M. F. Boivtn, avec cette epigraphe tiree de Bacon: Mala et incpta verborum irnpositio miris inodis intellerlum obsidet. Paris, iSaS, M'"" V« Desray, li- braire , rue Hautefeuille, 11° 4- Un vol. in-S" avec figures ; pnx 7 fr. 5o c. Nous donnoMS ici le litre detaille de cet ouvroge dont nous avons (ieja rendu compte. ( Voy. Rev, Enc. t. xxvii , p. 807). 383. — * Recherches physiologiques et chimiqaes pour ser- vir a riiistoire de la digestion ; par MM. LEURExet Lasseigne; ouvrage nienlionne honorablenient par V Academie royale des sciences , dans sa seance ])ubliqne du 20 juin i825. Paris, 1S25. M™ Huzard. In-8° de 228 pages. Prix 4 fr. 5o c, et 5 fr. 25 c. par la posle. L'Aeaderaie des sciences avait propose pour sujet de prix de dolerminer, par une serie d'experionces cliimiques et phy- 'siologiques , quels sont les phenonienes qui se siiccedent dans les organes digestifs, durant I'acte de la digestion. Dans sa seance du 20 juin 1825, elle accorda une somme de i,5oof. , a tilre d'encouragement, a MM. Leuret , eleve interne de la uiaison royale de Cliarenton, et Lasseicne, prepar.iteur du cours de physl(|ue et de chimie a I'ecole vcterinaire d'Alfort, auteurs du nicuioire qui lui fut prc'sente, sous le n" i , en consideration des recherches dispendieuses et du grand noinbre d'experiences qu'ils ont faites, et a cause des rcsuliats remar- (juables qu'ils ont obtenus. Ce simple expose suffit pour re- comraander leur ouvrage. La priiicipale conclusion a tirer des recherches de MM. Leu- ret et Lasseigne, est que la digestion, dans les animaux a sang chaud , consisle dans la transformation des aliinens en mole- SCIENCES PHYSIQUES. 787 cules organiqiies ou chyleuscs, apres qu'ils ont M delaj'eset divises a I'infirii par les sues verses dans le tube intestinal ; et ils considerent ces molecules de forme giobuleuse conime ana- logues aux monades, ou animalci^Ies microscopiquesde I'espece la plus simple. A I'appui de ceite assertion, ils aileguent la grande quantite de ces animalcules qui se lrou%eiit dans les intesfins dcs balraciens, et qu'ils rej:,'ardent aussi comme le produil de lenr digestion. Si, d'un cote , on ])eut objecter que les eau\ stagnantes oil vivent ces reptiles con^iennent egale- inent beaucoiip de ces petits etres qu'ils peuvent avaler, on devia aussi reconnaitre (jue de savans naturali^les ont emis une opinion seinblable a la lenr, en considerant les animalcules infiisoires comme etant plutot des molecules elementaires dcs animanx, et peut ctre des vegetaux, que de verilables animaiix. Nous lernilnerous par la citation suivanle qui monire cpie ces deux jeunes mcdecins ont su apprecier loules les difficulles de leursujet, et quels obstacles s'oppnsent ala resolution com- plete de la question proposee par I'Academie. « II est impossible de determiner, dans I'etat actnel de la science, les alterations chimiques qu'eprouvent les alimens dans le tube digestif, par- ce que les moyens d'analyse sont insuffisans , et que le melange de ces alimens avec les liquides verses dans le canal digestif complique exiraordinairement les resultats. « RiGOLi.oT fils, D. M. 384. — * Noin'eau Iraitc geornetrique de V arpenUige ^ a I'usage aes personnes qui se deslinent a I'etat d'arpenteur, au lever des plans et aux oper;itions de nivellement; quatrienie edition enticrement refonduc et anginentee d'un traite de geodesic pratique ; ouvrage contenant tout ce qui est relatif i I'arpen- tage, a I'amenagement des bois et a la division des proprieles; ce qu'il faut connaitre pour les grandes operations geodesi- ques et le nivellement; par A. Lefevre, geomeire en chef du cadastre. Paris, 1826; Bachelier. 2 vol. in-8'^ de 5o/(-449 pag. et 29 planches gravees; prix 16 fr. et 20 fr. par la poste. Comme cet ouvrage est a sa quatrieme edition, nous n'avons a considerer que les changemens qu'il a subis dans cetle nou- velle publication. L'antenr a separe les operations de I'arpen- tage, exposees dans le premier volume, de celles qui exigent plus de connaissances mathemaliques, lelles que ies levers geodesiques et les nivellemens, et qui sont la maliere du se- cond volume. II s'est attache a ne rien omelire de ce qui lui paraissait important; peut-etre n'a-t-il ])as assez developpe les notions mathemaliques, sur lesquelles tons les procedes de I'art de I'nrpenteur sontfoudes; une algebre on 12 pageset une geo- 788 LIVRES FRANCAIS. metric encore plus courte ser;iient dignes d'admiration, si les etudians pouvaient y apprendre rceUcmcnt ce qu'ils devront appliquer par la stiite. Ce no soiitpas les notions de pure tlieo- rie qui abondent dans cct oiiviage; M. Lef'evre s'attache de preference aiix ])roceptes et aux observations de ])r;i;ique, et, considerant sou objet dans toute son etendtie, il eiure dans beaucouj) de details sur les operations du cadastre, siir le partagc des proprictcs, etc. Le ])remier volume est terniine par des notes ou Ton trouve la solution de plusieurs ])roblemes qui peuvent sc presenter dans les levers de qucltpie etondue. Le second volume commence par I'exposition des connais- sanccs mathematiques dont la geodcsle fait usa^'e. Sans cire aussi laconi(iue qu'il l.'a ete sur I'algebre el la geomcirie, I'au- leur n'accorde que io5 pages aux deux trigonometries et a la resolu'.ion des triangles, a la Iransfornialion des equations, a la iheorie du binome , aux calculs differenliel et integral. Beau- coup de lecteurs voudronl ou plus ou nioius : une liaute instructiou nialheniatique peut venir , dans ceriains cas , au secours de I'ingenieur, et faire sumonter des obstacles qui cussent arrete ccux qui n'auraient su que ce qtie Ton pent ap- prendre dans cet ouvrage. Quant a ceux qui n'ont pas I'anibi- tion de hitter conlre les difiicultes, ni meme de se rendre conijjte de tout ce qu'ils font, il ne leur faut que des regies, et pointde theories. La pratique du nivellement est exposee pour les levers cu le relief du terrain doit eire connu dans tons ses details, et soumis au caicul ; ninsi M. Lefevre pouvait se dis- penser de parler du nivellement jiar le barcnielre; on n'eut cependant pas dcsapprouve qu'il ciit consacre (luelques pages a cette methode si facile, si expeditive, et souvenl suftisante , lorsipi'il s'agit de hauteurs nn ])eu considerables. L'auteur a piiise au"\ mcilleures sources , el son ouvrage peut etre regardc comnie le rcsumi: pratique de ce que Ton a ecrit sur le lever et le dessin des plans, quel que soit I'usage autpiel ils sont destines. A I'exception de I'ouvrage de M. Bknoit dont la ])ublication n'est pas achevee , M. Lefevre a consnlte tous ceu\ d'oii il pouvait tirer qnelques mate cite point encore d'cx])c- riences de la inacliine de Brown; elle en rappelle quelques autres qui n'ont point rcussi ; niais la uieine observation peut etre faite au sujet des decouvertes les plus reelles el les plus imporlanles : il faut atlendre. I'"- 386. — * Guide (hi mlneiir et des concessioniiaires de mines , dans la recherclie et I'exjiloitation des mines de liouille en ge- neral et en pariicniier des mines du ci-devant Hainaut fraiicais (departement du Nord), par C. Pajot-Descharmes, ancien inspecteur des mines et manufactures, etc. Paris , 1826. Fortic. 1 vol. iii-8°; prix 12 fr. Le Guide du mineur n'est ni un traite elementaire, ni nieme un mannel de I'exploitalion de la Louiile. Nous ne pouvons y voir cpj'une reunion de renseigneniens prcsentes avec assez de c.'arte , niais sans metliode, sur les travaux que Ton execute dans la plupait des mines dece combustible , et parliculierement dans celles du nord de la Fi ance et d'une parlie de la Belgirix, un grand nombre de inauvaises machines tpii ne represeutent qu'un laible capi- tal. Cependant, il s'en trouve aussi , a Liege et aux environs , de lort belles. Nous pensons que Ton aurait du les decrire de preference a I'ancienne niacliine de Newconmen, elablie , avant 1784, a Bdis-Kussu, en Bolgique. L'anteur le jtouvail d'nutant SCIENCES PHYSIQUES. 791 inieux qu'il nc s'est pas interdit les digressions sur des ^tablis- semens autres que ceux d'Aiizin. A quoi bon aussi exhumer I'idue , dejiuis long-tems jngee et condamiiee, de faire agir la vapeur par son choc contre les aubes d'une roue? Uu second vohinie renfenne un precis des diverses operations qu'exigent le ptTcement et la construction d'une mine de honille dans le dej)arteiiicnt du Nord , une notice sur retablissemenl d'Anzin, des donnces sur la police des mines et les differens einplois de la houille et du coke, un apercu general du produit des mines de houilie de France en 1802, etc., et enfin , coinme appendice, I'extrait d'un voyage mineralogique fait, en 1784 et 1785, dans la partie de la France que comprennent aujourd'hui les departemens du Nord ct du Pas-de- Calais , suivi d'une instruc- tion donnee en 1784 aux inspecteurs des mines. Le Guide du mineur, quoiqu'il laisse bcaucoup a desirer, i)eut encore etre un repertoire utile pour les concesslonnaires de mines auxquels il est destine; il jiarait sous d'heureux auspices, aujourd'hui que I'on cherche de la houille parlout, ineme dans les terrains ou i'on a le raoins d'esperance d'en trouver, et il a I'avantage de n'avoir a redouter jusqu'ici la concurrence d'aucun autre ouvrage du meme genre. -^''S- Perd. 387. — * ManueL du fuhricanl de sucre et du rajfineur ; par MM. Rlachette et Zoega. Paris, 1826. Roret. In-18 de 276 pages ; prix 3 fr. A mesure que les manueb se mullij)lient , I'art de les rediger senible faire des ])rogres; ou, ce qui alteint le meme but ])ar une autre voie, les redacteurs sont plus henreusement choisis. Celui-ci confiriue pleinement celte observation : on y louera generalcment le ciioix et la disposition des niatieres; et, si i'on y fait quelqiies observations critiques, elles ne porteront que sur une erudition dont uii manuel eut pu se passer, mais qui tient peu de place, et qui plait a un assez grand nombre de lecleurs. D'ailleurs, ces petits ouvrages, quand ils sont bien faits, ne lombent pas uniquement dans les mains des manufac- luriers et des artistes ; ils sont adinis dans les bibliolheques , et consultes par de simples curieux qui veuient acquerirsans fatigue une instruction suffisanie pour les applications qu'ils peuvent en faire. Cette destination qui n'est pas sans uliiite, ni meme sans importance, exige que le merite du style soil joint a celui d'une bonne methode, de discussions judicieuses, et de preceptes ou I'on ait eu soin de ne rien omettre de ce qui peut assurer le snce'is. Nous n'essaierons pas de prouver que le travail de MM. Blachctte et Zoega remiit lous ces tilres al'estime des lecteurs; nousavons assez fait voir, par la seve- 791 LIVRES FRANCES. rite de iios critiques et la rarete ile nos eloges, que nos juge- inens out toujours ■|)our motifs les interets de la science et de la verilc. Cepeiidaut, pour donuer au moins unc idee de la maniere d'ecrirede nos deux auleurs, citons une panic de leur ires-conrte preface. Apres avoir j)aili; des ouvrages (]u'ils ont consultes , des ecrivaias qui leur ont servi de guides, ils ajou- tent ; « ('.liacuu deces auteurs n'a ccrit que sur un objct spe- cial, et aucun d'cux n'a trace la iiiarclie a suivre pour la culture des plantes qui peuvent fournir le sucre , les differeus procedes pour son extraction, suivant les plantes d'oii on le reliie, ni les operations du raffuiage ct les cliangeuiens que Ton a fait subir a celles-ci dans ces deruieres annees : pour connaitre I'en- semble de tout ce qui a ete fait a ce sujet, il faut avoir recours, ainsi que nous I'avons dit , a une foule d'ouvrages. Nousavons concu Ic projet de reunir tons ces travaux, de les coordonner entr'eux et de les presenter sous un format commode et peu couteux. jVous ne nous sommes pas bornes a docrire les ]no- cedes en usage; nous les avons presque toujours discutes pour faire ressortir leurs avantages et leurs dofauts, et faire pressenlir les ameliorations dont ils seraient susceptibles. Nous ne croyons pas cpi'aucun ouvrage sur le sucre presenle autant de fails ct de documens inleressans, que cclui que nous offrons au public; nousavons fail tous nos efforts pour ne rien oniettre j et pour que nos Iccieurs puissent juger approximativement des reclierclies reaente I'ordie des accroisscmeus siiccessifs qu'a pris cette SCIENCES PHYSIQUES. 795 confederation depuis son oric;ine; enfin, les denx deraiei'S offreni les monfagiies Ics pluselevees, et les principaux fleuves till monde, rapproches siir une erhelle comparative de leiir lianteur on de la longueur de leur cours. Cette simple enu- meration snffira sans dotite pour faire apprecier I'elendue et rimportance d'un travail auquel nous avions deja arcorde les eloges qu'il merite ( Voy. Her. Enc. , t. xxvii, p. 8i3 ). J. 391. — * Atlas ^eo^raphique et statistique des departemens ele la France, etc. Paris, 1826. Baudouin. Prix de chaque carte eiiliiminre, 1 fr. 80 c. , prise separemenl; et i fr. 25 c. pour les souscripteurs a I'atlas entier. Sous ce litre, qu'il ne faut pas coinprendre dans toute I'eten- due de sa signification , les editeurs se proposent de donner I'ensemble geograpliique et statistiqiie de nos departemens. Chaque feuille ou tableau offrira la carte reduile d'un deparle- ment placee au centre. Des teintes plates, de diverses coulenrs, indique»ont les demarcations des arrondissemens de sous-pre- fectures, et des liseres de la meme couleur que celles des ar- rondissemens, les divisions par cantons. Aux fjuatre cotes (ie I'encadrenient de la carle , se trouvera le teste , contenant des notions generates sur les nom, situation, ctendiie, limites dti departement, laspect du pays, les productions des trois regnes, la division tei litoriale , la p()|)ulation , radniinistration , I'agri- cullure, I'indrislrie et le commerce , la navigation, les routes et lesfoires, les hommes celebres et les monumens remarqua- bles. Des articles sp(5ciaux,portant les meines coulenrs que les arrondissemens /?^«re'.f sur la carte, seront consacres : I'^a I'in- dustrie, a lagriculture et au coinn»erce de cliaque arrondis- sement; 2" a I'indication des foires de cliaque commune. La feuille 7^, ou tableau du departement de la Seine infe- rieure, que nous avonssous les yeux , a ete redigce avec s; i pied 10 polices 9 lignes, sur i pied 5 pouces ; prix 5 fr. Les peintres et les paysagistes ont egaiement traite ce sajet. Aussi, nous possedons des tableaux et dcs vnes des differens aspeds du Simplon, qui reprcsentent egaiement les galeries , les precipices et les principaux ponts de celte etonnante ct auda- cietise communication. Mais, on en desirerait une description visuelle et geomctrique , et il appartenait sans doule a la topo- graphic de ia donner, en y ajoutant des accessoires uSiles et agreables , propres a interesser les amateurs de la geographic positive , et a la rendre, par sou format portatif, la compagne obligee de tout voyageur qui aime a puiser des idces nouvelles dans la contemplalion des majestueux objets de la nature tt de I'arl. La carte (pie nous annoncons, reunit ces divers avantages ; clle est d'une belle execution, remarquable siirtout par sa clartc et par les details qui s'y trouvent. La gravure , qui a etc confiee a MM. Malo freijes , merite aussi des eloges. Sous scs rapports nialhematiques , elle ne pent insplrer que de la conliance, puisqu'elle a etc dcssinee, ainsi qu'il est facile de s'en aperccvoir, d'apres celle de M. Cordier, I'un des cons- tructcurs dc cette route, laquelie provient elle-racme, ainsi que nous I'apprend M. Ccard , auteur du projet et directeur dcs travaux ( Memoire sur la route du Simplon ) de sa propre carte, resultat des relcves fails sur le terrain. En lacom[)arant toutefois avec une autre carte sans date ni nom d'auteur, ni lieu de publication , et que I'on suppose nean- moins avoir ete gravee a Milan , a pen pres sur la tnemc SCIENCES PHYSIQUES. 797 ecbelle (|ue celle-ci, on est siirpiis d'apercevoir des differences leelles dans le trace de (luelques parties de !a route. Nous devons elrepot tesjpar ces motifs, a donner lapreference a cellequiaete publiee a Paris, puisqu'elle offre plus de garaiitics de son exac- titude. Cetle opinion n'est pas denuee de fondemerit. L'incerti- lude oil I'on est sur les elemens qui ont servi a la redaction de celle de Milan, a ete exprimee dernicrement dans le Bulletin des sciences geographiques. M. Ferussac , qui d'ailleurs faisait I'eloge de son execution, quoiqu'il reconnut que la teinte ge- nerale de la gravure ctait un pen grisc , n'a pu s'empecher d'ajouter : « Malheureuseinent , rien n'indique si cette belle carte a etc nouvellemenl levee sur les lieux , ou si Ton s'esl servi des m;iteriaux inedits des ingenieurs charges daus le tems de Texecuticn de cetie route. « Quoi qu'il en soil du n.erile d'effet de cette carte, on doit preferer celle de M. Perrot, qui donne le trace de la route pro- premtnt dite du Simplon ( Travaux des ponts et chaussees. CouRLiN, si.Dccc.xii. ), qui commence a la j)late-forme devant I'eglise de Glitz et se termine sur le terriloire du royaume d'l- talie , a Ddmo-Dossola. Entre ces deux points extremes, ellepre- sente tous Icsaccidens et toulesles ondulations du terrain, et le relief avec la veritc que Ton peut raisonnablemenl exiger d'uue echeliedeo, '" i pour 1 0,000 metres.Les refuges, les oratoires, les ponts el les galeries y son t indiquss ; les forets de sapins , les me- lezes, les glaciers , les torrens y sont figures. Aux quatre angles de cette carte, se Irouvent disposes avec gout quatre cartouches ])rincipaux qui donnent, le premier a gauche, le trace de la route de Geneve a Milan par le Simplon, avec I'indication des relais de posle , et les limites des ctats limitioplies; le second, a gau- che, a la base, le tableau comparalif de la hauteur en metres au-dessus de la mer de ireize princiiiaux points de la route de Glitz a Domo-Dossola ; c'cst un profil ou les chiffres places pres des points reraarquables correspondent aux niemes points sur la carle; le troisieme, a droite, est la vue de la {^alerie d'Al- gaby , artistement rendue par le burin de M. Couch6 lils. Ce charmant tableau a ete iraiie , d'apres Dostervald , auteur d'nn bel ouvrage sur cette aduiirable route et de la carte de la principaute de Neufchatel; le quatriemc , a droite, a la base, contient une Notice suj- ce grand passage des Alpes , qui n'elait pas exempte de critique , mais que I'editeur s'est empresse de f'aire corriger avant le nouveau tirage qu'il a fait de cette carte, dont huit cents exemjdaires ont ete vendus depuis sa publication : c'est un succes qu'il serail difficile de contester. L. S. M. T. xxix. — Mars 1826. 5i 798 LIVRES FRANCAIS. Sciences religieuses , morales , politiqiies et hlstoriques. Scj'i. — Lettresur les Israelites et le Juda'isme , au direcleur du Panorama des nouvcautes parisiennes ; avccquelques notes, par Michel Berr , menibrc de pliisiciirs Academies nationales et etranf;eres. Paris, iSaS. In-8° de lo pages. Cabinet de lec- ture, boulevard Saint-Denis, n° 7. Les honimes qui iie se laissent aveugler ni par I'csprit de secte, ni par I'esprit de parti, rendent a M. Berr la justice qui liii est due ; ils aiment a reconnaitre qu'il a consacrc sa ])lume , son teins , et souvent sa fortune a la defense de ses coreligion- naircs, a la cause des priiicipcs, de la philosophic et de la li- bertc. Sijusqu'a present il n'a public aucun oiivrage imjiorlant sur les grandes questions d'inleret general; s'il n'a point en- core public les Iccons de litterature allcmande qu'il a lues a I'Athenee ; si ses Annales Israelites , impaliemment attendues, soiit encore retardees , on doit reconnaitre qu'il a su re- pondre apropos, et avec laleut, ;\ une multitude de petites at- taques dirigees mains contre les Israelites en particulier, que contre dlverses ameliorations sociales et poliliques. Senlinelle vigilante , M. Berr repousse les accusations et rcleve les erreurs do ses adversaires. Soit que, dans ses lettres , il ait a combattre lejuif nouvellement baptise qui calomnie ses freres , soit qu'il ait a refuler les allegations mensongeres d'un iheologien catho- lique , ou I'interprelation anti-sociale du dogme juif , soit f]u'il paie a la memoire d'un grand orateurfrancais, le general J'oy, un juste tribut d'admirntiou et de regrets, il se niontre toujours ecrivain energique, homme integre , philantrope zcle. G.T. D. 394. — * Lettre a M. le baron D^ Echstein , sur V existence d'une langue , d' une science etd'une religion primitives , avec lies observations sur quelques passages du premier numero du Catholique ; par M. N... M. Paris, 1826. Johanneau et Firmin Didot. In-8° de 34 pages ; prix x fr. 5o c. Dans son |)remier numero du Catholique , volume d'environ 3oo pages, M. le baron D'Eckstein se declare assez clairement champion du catholicisme. II se montre aussi avocat des je- suiles , grand admirateur de MM. de Bonald et de La Mennais , et, ce qui va bien ensemble, patron zele du pouvoir absolu : enfin, il y donne des preuves incontestables d'erudition et de taleiU, dans des pages ecrites quelquefoii d'un style vague, dlffus , obscur et incorrect; on croit apercevoir ca et la (ju'll n'a pas toujours assez medite ce qu'il ecrit , pour le bien comprendre lui - ineme, et pour I'exprimer clairement. Tellcs SCIENCES MORALES. 799 sont les fautcs que lui reproche , dans cette letlre , sous le voile de I'anonyrae, un de nos philosophes les plus dislingues. li s'eleve surtout centre celte phrase mal sonnanle : TJne xeiile chose manque a la theorie du pouvoir absolu , lei que tout parfois concu des hommes d'un grand genie : c'csl la consoli- dation d'un pouvoir theocratique independant , pour cviler que le regime monarchique ne degenere en regime de cour et de favoris. Notre critique ne peut souffrir aussi le sjsteme tradi- tionnel dogmatique de M. le baron D'Eckstein. II affirme que c'est le meilleur instrument de despotisme et de superstition ; et il ajoute que le systeme naturel et philosophique sur I'origine et le f'ondeiiient des religions, ce systeme, qu'il dit etre de M. Benjamin Constant, est ami d'une sage liherte , et poussc sans cesse la religion chretienne vers I'universalite. Mais, s'il elait vrai que ce merae systeme ne fait de cette religion qu'nne philosophic />«rf7/zert< naturelle, ce qui ne peut manquer d'etre eclairci tout-a-fait dans I'ouvrage entier de M. Benjamin-Cons- tant , il n'esl pas fort clair que celte meme religion et le genre humain y gagnassent en realite aucun avantage. Lanjuinais , de VInstitut. SgS. — * Le retour en Afrique , ou Veilles de Saint Augus- tin , pendant son trajet de V Italic a. Carthage ; ouvrage traduit de I'italien , nouvelle edition francaise considerablement aug- mentee ; parle lli"^-^. Gazzera , de plusieurs Academics. Paris, 1826; Le Normant jiere. 1 vol. in-8° de 354 pages; prix, 5 fr. « Ce ecrit est de pure imagination , dit le traducteur dans son avertissement. C'est une espece de poe.me en prose , un roman spirituel, qui contieiit un cours complet de morale chretienne mise en action, et dans un style a i'imitation de celui des Nuits d'Young. » On re doit pas s'attendre a trouver beaucotip de variete , ni d'interet dans un tel poUme , ou figure un seul personnage , toiijours plonge dans ses reflexions, et n'agissant jamais. Voici tout le sujet : Sl.-Augustin, dans la fougue de sa jeunesse, avait abandonne I'AfriqTie pour venlr en Italic, oil il s'etaitlivre a tous les genres de dereglemens; r.iais, au niilieu de tant de desordres, un rayon de la grace vient briller dans son ame , et opere un prodige; il voit tout I'exces de son ingratitude, abjure ses erreurs, et se resout a retourner en Afrique pour y reparer les scandales de sa vie passee. L'ac- tion commence, au moment du depart de saint Augustin de I'ltalie. Ce long trajet est suppose de dix-huit jours, et les differentes emotions que ce grand homme eprouve pendant la duree de ce voyage forraent les differens chants , auxquels I'auleur a donne le nom de Veilles. Je regrette de ne pouvoir 8oo UVRES FR.ANCAIS. qu'indiquer ici les litres de quelqnes-uiies de ces meditations intercssnnles ct instriictives, dont le style anime rnjipellelieu- leiisement celni dn lieros de I'osivrage : Les deux vies , la Su- gessc do Dieu dans V empire dc la nutttre , les Droit's de I'/tuiiui- nitc, le Teins. Elles offrent , en general , une cru(Ulion profonde et variee, ct nc manqiient ni de pensees grandes, sages et utiles, ni de brlUantes images. B. 396. — * Pensees , Maxitncs et Caractcres ; jiar Abel Du- FRESNE. Paris, 1826. Llibain Cancl. i vol. in-8^; prix 6 fr. Tics maximes,aT^vc's La Roclicfoiicauld! Des(,'<7/'«tfe/rj, apres La Bruyere ! quelle tomerite! dit I'aulcur I(ii-n»ome , au debut de son livre. II a raison sans doule; niais, apres les inaitres qu'il cite et ((u'il redoute, il trouve encore le secret d'intcresser et de plaire. M. Abel Dufresne, ecrivain exerc^, ])cnseur in- gcnieus , sait troiiver des idees neuves , et possede le secret de rajeunir de vieilles niaximes. I! est bien yen de pensees qui, a des epoques diverses et dans des licux differens, n'aient ])oint deja ete cojicues : !a forme que lenr prt'te le talent en fait la nouvcaute; I'ecrivain done de ce jirivilcge est le veritable crea- teur. A cette epoque 011 Ton n'ecrit guere que pour assembler des phrases harmonieuses, dont le liasard seul guide le sens, heureux I'auleur, qui , riche de pensees, empioie son art a les faire valoir. En lisanl I'ouvrage de M. Dufresne, on est force d'avouer que les grands maitres n'ont pas enfierement de- pouille le champ dont ils se sent empares les premiers. « On trouve des pensees dans son cceiir; on en clierchc dans son es- prit , dit noire auteur. » Ses maximes font honneuraux sources ou il a puise. Ses chapitres nombreux et varies offrent sans cesse des prcuves de la finesse de son gout et de la justesse de son esprit. Quelqiies citations justifieront mes eloges. « Ariste, pour le gouter micux, relit un passage qui lui j)lait; Misagene, chagrin d'un premier suffrage, relit dans I'espeiance de trouver moins a louer. L'envie se reprocbe le plaisir : hi bienveillance en joiiit deux fois. « Les belles ames ont tonjours assez d'esprit. <( La nature n'a rien fait de bon que pour ceux qui snvent aimer. Les plaisirs de I'egoisme sont toujours imparfalts; il y manque la reconnaissance. « La seule manicre d'etre original de nos jours, c'est d'etre simple et naturel. a Chacun veut etre bon consolafeur. Mais la pretention de ces medecins delame ne fait qu'irriter la plaie. Celui cjuin'a pas de larmes pour nos chagrins, devrait nous faire grace de ses consolations. > SCIENCES MORALES. Sot M. Dufresne peinl les passions avec une vcrite qui annonce une connaissance profoiide du cceur luiniain. l,e choix de ses sujets n'appartient qu'a un esprit solide, et le talent avec le- quel il les traite prouve un merile reel. La crilique pourrail lui reproclier quelqucs reflexions inutiles, quelques maxiraes exprimecs d'une maniere trop vague; mais le goul et la saga- cite de I'auleur lui indiqueiont assez les passages qu'il devia ou supprinier entiereraent , ou remeltre encore sur le metier. De Pongb.rville, 897. — * Alinanadi des bons coiiseils , pour I'an de grace 1826. Paris, 1826. Servier , libraire, rue de I'Oratoire, n° 6. In-i8 de 54 feuilles; pris 25 c. Nous avons annonce , dernierement (Voy. ci-dessus, p. 217) trois almanachs destines a etre repandus parmi le peuple des campagnes. Celui-ci nierite les memes eloges et les nieines en- couragemens. Public par la Societe des traitts relif^ietix, il lend, comrae tous les livres auxquels cette respectable institution attache sou nom , a propager les principes du chrisiianisnie et de la plus saine morale : les connaissances utiles s'y presen- tent sous la protection de la religion. Cliaque mois contient , outre le calendrier, une espece d'iiislruction pour les culliva- teurs, suivie d'un passage des saintes ecritures. On irouve en- sulte des notices courtes, raais iuslruclives, sur les paragreles , les machines a vapeur,reclairage par le gaz etles ponts suspen- dus ; la place, reservee aux anecdotes dans les petits ouvrages de ce genre, est occupee par I'hisloire d'un faux sorcier, par celle d'une victime de la loterie et par le recit de quelques frails de bienfaisance. Enfln, la couvcrture memc est mise a profit pour comnniniquer d'uliles avertissemens a la classe ou- vricre et laborieuse : elle ])orle les adresses de la caisse d'epar- gncs, des bureaux de vaccinations giatuitcs, fait connaiire lenr utilite, recommandele cours de geoinelrieet de mecanique de M. Dupin,el les Societes de secours mutnels,elablics entre ouvriers, et qui existent deja a Paris, an nombre de i6/|. A. J. 398. — * Les Jeunes Industriels , ou Deconvertes, experien- ces , conversations et voyages de Henri et Lucie; par Maria Edgeworth; traduit de I'anglais par M"<^ Sw.-Belloc. T. II. Paris, 1826; Fortic. In-8° de 344 pages; prix 3 fr. 5o c. Nous avons vu, en rendant compte du premier volume des Jeunes Industriels (\. Rev. Enc.t. xxviii, p. 879), que les parens de Henri et de Lucie, pouragrandir la sphere de leiirs connais- sances, leur ont fait entreprendre un voyage dans I'interieur de rA.ngIeterre. Ce second vulinne est consacre a decrire une j)arlie des objets qui frappent leur attention. Les entreliens des Soi LIVRES FRANCAIS. ^rifansentioeux et avec leiir pere off rent unmel;inge d'iiistruc- tioii et de naivete, qui repand beaucoup de cliarine sur le mode d'enseigncment adople ]);ir miss P^dgewortli pour iiiitier les classes industrielles aux notions les plus eiementaires des scien- ces. Lojsque les annees si longues que Ton passe au college ne seront plus uiii(iuemenl eni])loyees a I'etude des lettres (comma si tons les liommes elaienl destines a etre des lillerateurs ), et rix i Ir. 5o c. 4o3. — De I'egalite des portages ct du droit d'atnesse : par iM. DuvERCiER DE Hauranne, aiicien raenibre de la Chambre des deputes. Paris, 1826; Baudouin. Br. de 56 p.;prix if. aS c. /|04. — Examen du projet de loi sur le retablissement du droit d'ainesse et des substitutions; par un magistral. Paris, 1826. Ponlhieu. Broch. de 32 pages ; prix i fr. 25 c. /(05. — Discussion du projet de loi sur le droit d'ainesse et les substitutions, avec des notes critiques. Premiere livraison. Paris, 1826. Constantin , edileur, rue dc Seine S. -Germain , n° 64; prix de la livraison , 60 e. Nous reunissons dans un meme article I'examen impartial que nous devons a nos lecteurs de ces diverses brochures oc- casionees par la dej^lorabie loi qui preoccnpe en ce moment tons les esprits. Aussilot que ce projet fat officiellement connu, des horames aussi distingues par leurs lumiercs que par leur caractere prirent la peine de le foudroytr par les argumens que donnent tcujours la raison et la justice contre I'erreur, les prejuges et i'ignox'ance. M. Persil a suivi dc pres I'exemple que iiii avait offest son confrere, M. Dnpin ; dans un excellent ecrit de ])eu de pages, cet habile jurisconsultc a refute d'litie maniere victorieuse, I'expose des motifs de M. le garde des sceaux. II a prouve qne le precipnl legal que Ton veut ctablir est aussi contralre a nos moeurs qu'aux principes d'une bonne legislation. — M. Duvergier de Hauranne a envisage la ques- tion sous un y)oint de vue plus general que M. Persil ; les con- siderations d'economie politique viennent se joindre, dans son ecrit, aux raisons morales qui abondent toujours dans la de- fense de I'egalite et de la justice. C'est un excellent cliapiire que M. Duvergier de Hauranne vient d'ajouter a son prece- cedent ouvrage sur I'Ordre legal en France. (Voy. ci-dessus , ]i. 435 - 44'>- ) Assurcment, lorsqn'on reflechit sur les con- (|ueles journalieres de I'opposition constitutionnelle , car on ne saurait oublier que M. de Hauranne a long-teins sioge a la Cliambie des deputes sur les bancs minisieriels , lorsque le mi- nistere suivait une direction moins contraire aux \osux el aux besoins de la nation , n'est-on pas fonde a espcrer que nous louchons enlin au moment ou tout ce qu'il y a d'esprits eclai- res et de cocurs gcnereux , apres avoir abjure quelques ressen- limens personnels et s'etre reuuls dans le grand interet de l;i j);.lric, oblicndront !e renvcrseinent d'un sysleme dont on ne 8o8 LIVRES FRANCAIS. saurait prevoir les tristes conserniences, s'il devait se jjrolonger j)ius long-tems. Des lois, telles qiie la loi sur le sactik'ge, Ic rolablisseraent du droit rt'aiiiesse et dcs substitutions, et toutps celles encore dont nous sommes tnenaci's, mettcnt a nu les in- tentions du parli qui veut la destruclion du gouvernenient consilutioiinel en France; un cri general d'indignafion s'oleve centre ops odieuses niendes. La niagistrature, coinme les autres classes de citoyens, nc pci:t rester indiflcrente a tout ce qui se passe autour d'ellc. Aussi, ne faut-il pas s'etonner qii'un magistral soil venu nieler sa voix a toiUes celles qui s'elevent contre le droit d'ainesse. Nous n'avons loutefois que pen de Glioses a dire de sa biochure , dans laquelle on trouve .tussi des raisonnemens solides contre le precipnt legal et les substi- tutions. Qnant au qnatricnie ouvrage dont nous avons pins haul transcrit le titre, il sera consacre a la discussion du projct de loi, a mesure que cette discussion aura lieu dans lesChani- bres; I'auteur a crn devoir placer, en tetc de cctie discussion, rexcellent disconrs de Mirabeau sur raneantissenient de ce qn'on voudrait retablir aujonrd'hni. Ce disconrs ne saurait etre trop niedite, einious nous rapjielons que, dans nne seance du tribunal ou Ton disentail une loi relative an partage egal des successions, enlre les enfans d'un meme pere, M. An- drieux, alors tribun , maintenanl professeur de littcrafure au college de France, demanda qne I'un des secretaires fit lecture de ce disconrs de Mirabeau. Celte proposition fut adoptee, et le grand oratenr, donl on evoquait les dcrniers accens, obtint un nouveau triotnplie qu'il ne lui serait peut-elre plus permis d'esperer aujonrd'hui. A. T. 4o6. — Du droit d'ainesse , de son oris^ine , ct de ses rap- ports avec les institutions qui nous regisscnt ; par Victor De- LiUNAY. Paris; 1826. In-8" de 2 f'euilles. Ponthieu ; pris i fr. 5o c. 407. — Discours sur I'egalilc de partage dans les successions en ligne directe ; par Mirabeau. Paris, 1826. Les raarcliands de nonveaiiles ; prix 5o c. 408. — Du projet de loi sur les successions et les substitutions; j)ar /. Ch. Bailleul, aiicien depute. Paris, 1826. Renard. In-8° de 3 feuilles i;4 ; piix i fr. 5o c. 409. — Du droit d'ainesse et du pouvoir de suhstituer ^ etc. ; par le marquis de Coimpy. Paris, 1826. Lenorraanl. In-S" de 4 pages. 410. — Le droit d'ainesse, elcgie par Constant Taillard , I'aine de sa famille. Paris, 1826. In piano d'une feuiile. Setier, imp; prix 2 c. SCIENCES MORALES. 8or, 4 1 1. — ipilre en vers a M. de Peyronnet , sur le droit d'ai- nesse. Paris , 1826. 4 12. — Le droit d'ainesse, nouvelle invitee de Schiller; par /. CoMMERSON. Paris, 1826. In-8" de 2 feuilles; prix i fr. 4i3. — Letlre ii M. de Villrle sur le projct de loi ayant pour objet le retablisscmenl du droit d'ainesse. Paris, 1826. In-8° de 3 feuilles t;4- Paris, iSi'S. Saiilelet; prix i fr. 5o c. 414. — Discussion sur le projet de loi sur le droit d'ainesse etles substitutions , avec des notes critiques. Paris, 1826. 10-8** de 3 feuilles i/4- Lenormanl ; prix 1 fr. 4 1 ^- — Quelqucs mots sur Ic droit d'ainesse dans ses rapports avec le droit d'election. Paris, 1826. Les marchaiids de nou' veautes. In-8" d'une feuille 3;4; prix i fr. 416. — Du droit d'ainesse , impolitique , antisocial, impos- sible dans un gouvernernenl representntifet contraire a la morale ; par M. Emile R...., aino de famille. Paris, 1826. In-8" d'une feuille 3;4. 417- — Opinions dfs economistes Adam Smith, Garnier et SisMONDi, et des jurisconsulles Bigot-Preameneu , Chabot, Jaubert, Simeon et Touli-ier, sur le droit d'ainesse et les substitutions, 2^ liv. de la Bibliotheque economique. Paris , 1 826. Ponthieu. In- 32 d'une feuille; prix 3o c. 418. — Unpere de famille ci M. le Garde-dcs-Sceaux sur le projet de loi relatif au droit d'ainesse et au.v substitutions. Paris , 1826. Delaforest. In-8° de 2 feuilles 3/4; piix i fr. 5o c. 4 '9. — Dialogue entre Vilain cadet et Vilain taine , sur le droit d'acne.'ise ; ptiv Ka-bss. Paris, 1826. Les marchands de nouveautcs. In-32 d'une demi-feuille ; prix 25 c. 420. — Du droit d'ainesse , ou Epitre en vers 11 mon cadet , adressee a M. Pierre Grand, avocat a la Cour royale; par son aine Paul, avocat pros la mcmc Cour. Paris, 1826. Ledoyen. In-8" de 2 feuilles; prix i fr. 25 c. 421. — Du partage egal et du droit d'ainesse , dans leurs .rapports avec nos institutions et I'etntde la societe en France; par /. -/Breuier. Paris, 1826. Ch. Bechet. In-8° de 6 feuilles 1/4 > prix 2 fr. 422. — Note sur le droit d'ainesse ; par Lcopoldnv. Bellaing. Paris, 1826. Duverger. In-4" d'une feuille; prix i fr. 423. — Observations sur la loi des successions en Angleterre et en Irlande, et sur le droit de primn-genilure ; par le Baron Dillon. Paris, 1826. Mongie. In - 8° d'une feuille ; prix r fr. 424- — Le Dessert d'unfeodal , ou Dialogue sur le droit d'ai- nesse. Paris, 1826. Les marchands de nouveaiites ; prix 1 fr. 8io LIVRES FRANCA.IS. Get arlicic ou nous reunissons, pour les passer rapiile- ment en revue, la plupart des brocliures qui traitcnl du nouveau projet de loi qui occupe Jous les esprits, servira de complement a ceux que nous avons deja consacres a d'aulres ecrits piibrii's sur le nieme sujet. ( Voy. ci-dessus, page 277 et page 807). Lorsque les hommes qui president aujourd'hul a la direclion des sffaircs pnbliques, au lieu de nous j)rocurer le regne de la charte, I'egalite devant la loi , veulent rclablir les inegalltes qu'elle rcprouve , et ressusciter des privik-ges fimestes , con- damncs par I'experience et par raiiloritc des piiblicisfes, savoir: I'ainesse , la masculinite, les substitutions prolongees, et meme indefinics, et se renouvelant sans cesse ; il est consolant de .•voir que la France ne s'est point manquee a elle-memc, dans cetle conjoncture. Des petitions energiques de peresde families, d'aines etde cadets, ont averli lesChambresdu nouveau danger qui menace I'etat civil et social des Francais; et des ecrits nom- breux en vers et en prose ont discute le malheureux projet. II suffit de donner ici les litres de ceux qui nous sont connus , en signalant les plus remnrquables. Tous, excepte un seul, le petit ccrit du marquis de Coimpy, repoussent les nouvelles ine- galitcs (]ue Ton veul introduire dans les partages. L'auteur de ce plaidoyer unique en faveur du privilege , n'est point fort en droit ni en economic ))ubiique; il i)roposc, par amende- inent, de ressusciter aussi la distinction des h\ei]s propres reels etjictifs, et, par consequent, de remeltre en vogue les Iristes in-fo!io et les eternellcs controverses sur toutes ces uialieres: seulement, il ne parle pas encore des retraits lignogers , des retrails feodaux , etc.; on ne saurait tout entreprendre a la fois. h'Elegie de M. Constant Taillard a deja eu cinq editions. Plusieurs journaux ont donne de grands eloges a I'Epilre en vers adressee a M. de Peyronnet. La nouvelle tragique, inXhulce le Droit d'ainesse , tradulte de Schiller, est d'autant phis iiiquante qu'elle fut ecrite dans un pays ravage j)ar les droits d"ainesse et de substitution. Nous avons ])arle en detail des trois ecrits, de MM. Dupin et Persil, avocats, et Duvergier de Hauranne, ex-depute. M. Diqun a donne des recherchesapprof'ondies oii il arepandu les richesscs de la science du droit; M. de Hauranne a traite la question en homme d'etat, et en economisle qui sent profondement les consequences deplorables de I'adoplion de cette loi. La Lettre d'un pere de famille est attribuee a I'lin de nos magistrals su- perieurs, et se distingue par Teloquence et la force du raison- J SCIENCES MORALES. 81 1 neinent ; on diralt la franchise, la vertu in^nie, qui gourraan - dent avcc autoritc I'ignorance, Terreur et la ruse. Enfin, VExamen duprojet de loi , par un magistral ( Voy. ci-dessus, page 807 ) brille par la methode, la brievetc, la ciarte, la pre- cision. Le petit liviet, intitule : Opinions des cconomisles, etc. ne doit pas etre oublie : nous en citerons les deux jjhrascs sui- vantes, la premiere extraite de Massillon et servant d'epi- graphe: « La prosperile des niaisons n'est pas toujours dans la fortune, mais dans le caractere et les vertus de ceux qui les soutiennent. On sacrifie des cadets inCorlunes a la gi-andeur d'un sine; les debauches I'epuisent; il meurt sans posterite, et son noin s'eleint avec lui. » La seconde est tiree des ouvrages de feu M. Garnier, pair de France, celebre par ses travaux sur Teconomie publique, et ])ar son devonement a la monarchie; elle repond bien aux lamentations d'un noble due conlre la prcicndue puherisation des terres , et a son invention des majorats bourf;eois. « La plus chimcrique de loutes les alarmes que monlrent les ennemis de la division des terres, c'est la crainte de voir les proprietes de la France s'eparpiller en frac- tions trop exigues; commc si la tendance naturelle qu'a tout proprietaire a arrondir sa propriele en y joignant sans cesse de nouvelles acquisitions, comme si le besoin si impcrieux pour rhonime riche d'embellir ce qu'il possede et d'cn agran- dir les projioMions, n'etaient pas des jirincipes assez puissans pour conlrebalancer une division qui ne s'opere que par la chance des successions! Les causes qui poussent a I'agglome- ration sont cent fois plus multipliees et plus energiques que celles qui amenent le morcelleinent. » P. E. Lanjuinais. 425. — * Le terns present , ou Essais sur I'histoire de la ci- vilisation au dix-neuvieme siecle ; par Cyprien Desmauais. Pa- ris, i8a6. Ponthieu , au Palais Royal. In-8° de 32-2i8 pages; prix 4 fr. Une histoire lldele et complete de la civilisation de ce siecle serait une production litteraire dont nous n'avons encore - aucun niodele. L'auteur ecrirait d'apres ses propres observa- tions ; car il aurait cerlaincment reconnu I'inutilite, et meme les Inconveniens du secours des livres. Commc I'etat social est a chaque epoque le rcsultat des causes antecodentes combi- nees avec celles dont il eprouve Taction , I'historien de notre civilisation actuelle devrait avoir connu la France avant la re- volution; II faudrait qu'il eut observe nos epouvantabies orages politiqnes, sans se tenir a I'ecart, et trop loin des evenemens pour les bien juger; que, sous le gouvernement imperial, il eut pris part au grand mouvement imprime a la nation et a 8ja LIVRES FRANCAIS. tonte I'Europe , sans etre atteint par la corruption; que, dc- pnis les derniers cliangeniens j)clili((ucs, il se fill borne an rolo d'observatenr; car, aujonrd'Iiui, I'exercice des fonctions publiques parait incompatible avcc la connaissance Le regne de I'un, dit-elle dans son avant-propos, sorti tout-a-coup du chaos, etoniia le monde , subjugua les espiits, arreta I'essor de la pensee, et la tonrna dans une seule direction et vers un but unique : il fut etincelant, mais court et sterile. La renais- sance des Grecs est lente, doulonreuse; leur carriere est semee d'epines: \«artout des ecueils, partout des obstacles; et cejjen- dant, ils grandissent , ils avancent, et nous ])ouvons prevoir leur gloire immortelle, quelles que soicnl les chances de cette guerre dcsastreuse «. — L'autenr trace rapidement, dans ses premiers chapitres, le jjortrait de Bonaparte, de te colosse d'orgueil et de pouvoir (p. 6.) , dont le trioiuphe fut d'un jour , et qui aurait pu oblenir une puissance et une gloire durables, s'il ne s'elait pas abr>orbc lui-meme dans le cercie etroit de sa personnalite. « L'inleret d'un seul liomme , dit M'"« Belloc , est un but trop mesquin pour les masses; tol ou tard , dies le depLiceiU ou ie renversent dans leur marche.w — Elle abandonne bientot Bonaparte, qui n'avait su coniprendre ni la nation qui lui avait confie sa gloire et son bonhesir , ni le siecle auquel il aurait j^u altacher son nom, ni sa piopie destination ; et c'est le peuple heroiciue dont elle esquisse le tableau, qui rsjinplit seul tout le reste de Touvrage. LesGrecs, dont elle ne dissimule point les torts, ni mtnie les vices ( tristes tVuits de plusieurs siecles de servitude, d'abrutissenient et de degradation), mais dont elle fait ressortir I'cnergie et les verlus qui ont leur source dans I'ainour de la patrie et ^Lins un sentiment jirofond de liaine legitime contre la lyrannie, apparaissent , grace au pinceau de la jeune muse qui leur consacre ses chants , lour a tour esclaves dechu'sde leur antique grandeur, mais tourmentcs du T. XXIX. — iWrt/,5 i8iG. 5a 8i4 LIVRES FR\NCA.IS. bt'soin (le briser Ictirs rliuines, citoycns devoin'S, giicrricrs inlri'pides, poetes inspires, et toujours (Idcles a leur religion ot a la liberie. Cliez eux, le feu sacre a p~i etre couvei't de cen- dres , d't'paisses teiiebres, meme defange; niais il ne s'est ja- mais eteint. Quand M""^ Belloc nous raconte Ics niallit'urs des Grecs , quand elle montre Icurs droits ii rios secours , a noire admiration , ses accens doux et persuasifs doi\enl ironver un echo dans tous les cceurs genereux. Son chapitre snr la pocsie drs Grecs niodernes et sa dissertation sur la poesle en general sont d'un grand interel , elcjuelques-uns des pocmes detaches, traduits en vers francais par M"« Jch'laide Montgolfiek, araie devonee de I'autenr, et a laquelle I'ouvrage estdedie, ont un carjictere de simplirite et d'originalite qui fait niieux apprecier les sentimens et les nioeurs des Grecs , et qui trans- porte , pour aiiisi dire, le lecteur an milieu d'eux. Dans ce cadre si eiendu ou se Irouvent decrits et rassembles les mal- heurs les phis inoiiis, les efforts les phis tublimes, les plus no- bles esperances , cii des reveries vagues, des eirotions douces et inelancnliques succedent a des catastrophes sangl;'.;)tes, qr.el- ques personnes ont regrelte devois' paraitie la graiide et ter- rible figure de Bonaparte, l-e genie d'uiie fenime suprrieure, telle que madame Belloc, pent s'elever jusqu'au ciel; mais il lui convient nioins de s'enfoncer dans les profondeuis de la politique. L'ouvrage, d'ailleurs, ne repond pas enlieiement a son titre , sous ce rapport ; et le moderne conqiierant ne poii- vait guere etre ici et n'est en effet crayonne que de profil. Son nom et sa vie appartiennent desormais a la muse severe de I'histoire , qui nc le jugera pas seulenient d'apres ses acles, mais d'apres les consequences funestes (|u'a prodniles !esysleni<- qu'il avail fait dominer, et d'apres les fruits qu'ont portes ses exemples et ses doctrines. — Ou regretie nussique I'auleur n'ait point donne un litre pailiculier a chacun de se> chapitres; ce qui I'aurait force de suivre nne methode plus ligfiureuse dans rexeculion deson]ilan, et ce qui anraif •■rrsenlo une indication plus precise de.s objets qu'il n successivement traites. On s'cn- i-age volontiers, nienie dans nne route inconnue , avec un aussi aimable guide; mais on d^•^iIerait ni'anmoins savoir plus exac- tement ou Ton est conduit. — Le Tableau dela Grece en 1826, par M. Pecchio , que inadame Belloc a place, comme un sup- plement, a la fin de son livre, sera egalement lu avec un vif interet. — Tous les amisde rheroiouc nation grecqiie,dans tons les pays, devront rechcrcher cc monument historique et Jitte- raire qui lui est elcve par les mains d'unc femme, dont I'epi- graphe qu'elle a empruntee a I'auteur de X AUemagne et de sriENCEvS MORALES. 81 5 Corinne , altesle a la Ibis la puiele et I'l'levation de son ame, et cette modestie sans pretention , qui est I;i coinpaniie du vrai talent : « au-dessus meme de ia gloire il ;? a encoj e un sciili- ment pins pur, Varnour de laveritc, qui fait des hommes de leltres comine les pretres guerriers d'nne noble cause : ce sont cux qui desormais doivent garder le feu sacre; car de iaihles feinmes ne sufflraicnt point, commejadis, pour le defendre. ( M'"* De Stakl. ) » " S. J.— M. A. J. 427. — * Precis He I'hLstoire generale des Jesiiitcs , depuis la fondution de leur ordre, ie 7 seplenibre i549, just|u'en 1826, par A. J. B. , membre des ancienne et nouvelle nniversites de France, avee cette eprigraplie : Jesuitce sunt pes tis religionis et terrarum.Vav'ih, 1826; Ainie Payen, libraire, rue Serj)enle, n" 18. 2 vol. in-18 , formant ensemble xxviii et 81^8 })agr-s. Prix , 8 h\ L'hisioire que nous annoncons est dlvisee en quaire parties. La fondation de la soci(>tc ])ar Ignace de Loyola ; la poliliqne de ce premier general, et sa loi fondamcniale ; les premiers ctablisscmens et les succes varies des jesuites dans les diverses parlies de I'Europe , leurs tentalives , leurs succf'S dans Tlnde, au Ja;)on et en Chine , et FinlroducJion a Goa de i'inquisiliun ciu'ds favoiisent : telle est la matiere du premier livre. — IJaiis le second, I'autenr revieni a la France; il peint les efforts iiiutiles de la nouvelle socit'-te pour s'inirodiiire nans notre pays. Bientot , Ignace meurt; on le canonise : I^ainez, general des Jesuites, sollicite de lous cotes, s'assure de puissans pro- tecteurs, et finit par faire decider au coUoque de Poissy la recep- tion des jesuites, a des conditions qu'ils n'observereiil jjas long- tems.— Dans le troisieme livre, ils set rouven' plus immediarement m^les aux affaires publiques : le role effrayant qu'i!> jouent dans la Ligue, les regicides commis en grande jiarlie a leur instigation , I'accusation portce conire eux, leplaidoyer d'An- toine Arnaud , avocat de TUniversite, I'attental de .lean Clialel et le supplice du jesuite Guignard, dont les doclrines irrilaient le Roi , amenenl rex])ulsion dc !a societe de Jesus. Bientot , elie est rappelee et trouve dans la condiiinn qu'on Ini impose d'avoir tonjoiirs nci des siens a la cour, afin de repotidre du corps entier, un nouveau nioyen d'angmenter son credii el sa puissance : alors, elle s'elablit rapideraent en France. Les dis- putes avec ie parlement et I'liniversite recomnienccnt; la so- ciete , toiijoiijs ainbiiieuse, toujours conqueranle , fait deja une guerie offensive a ses ennemis; elie persecnie les protes- tans, les ev^qnes, les jansenistes , et ceux qui, pour s'en ven- ger, font faire des miracles au diacrc Paris. — Dans le qrialrieme 8i6 LIVRES FRANCAIS. livre, il ii'est plus qtieslion que des faifs qui amenerent la chtire ties Jesuites : la mauvaise foL , les usurpations et les violences de COS peres, leurs constitutions cc Icuis privilejjes, leur proces au parleinent de Paris, la banqucroute da pere Lavalette, la dis- solution de la sociele en Fiance, et I'extinctiondel'ordie : \oila ce qui tennlne i'ouvrage, et ce qui ne laisserait au lecteur que des espcrances d'un nicilleur avenir, si une conclusion, ajoutee a la fin , ne nous inontrait cette meme sociele se rele- vant de ses ruines , et recouvrant, coniuie [lar miracle, vine puissance que la justice et la sagessede nos parlemens lui avaient enlevee. II est difficile de rcunir , plus que I'auteur de ce precis histo- rique, les qualites qui assurent le succes d'un ouvrage. Rapi- dite dans I'expose des tails, abondance de details, style anime et dont I'ironie rap])elle souvent la inaniere de Voltaire , nial- gre quelques obscurilcs dans les phrases : voila les divers genres de nitrite que nous avons remarijues. Le travail ([ii'il a falhi a I'auteur pour verifier toutesles dates, consulter les onvrages originaux, et recucillir tant de details curieux et interessans, fait le jdus grand honneura M. A. J. B., qui peut-elre a eu des raisons pour garder ranonymc, et dont nous regrettons de ne pouvoir f'aire connailre le nom. M. 428. — * Ittstructions accretes des Jesuites, suivies du rap- port de M. PoaTALis , et du projet d'arret du Conseil-d'Etat, sur les ecclesiasiiques qui s'eiabllssent en France, sous le litre de Peres de la Foi, sous le nom de Sucre coeitr de Jesus , et autres semblables. Paris, 1826; Pontliieu, au Palais-Royal. Brochure in-32 de7.S pages. Prix , 3o c. C'est une idee vraiiiient utile, dans les circonstances ac- tuelles , d'a voir public sous un tel format, et a un tel prix, la traduclion de ces Monila secrcta , dont la connaissance, re- pandue par ce moyen dans toutes les classes de lecteurs , ne manquera point d'augnienter encore rindigtialion publique conlre la trop fameuse sociele, qui menace de nouveau la Trance. Le rapport de M. Portaiis offre une foule de rensei- gneniens jjrecieux sur la renaissance de l.i congregation, sous des nonis differens, Socute du coeur de Jesus , Societe des vic- times de I' amour de Dieu, Societe des peres de la Foi. « Ccux qui (orment la seconde de ces associations, dit M. Porialis, enseigneut « qu'avec Taiuour de Dieu on est, pour ainsi dire, absnrbe en Dieu, et qu'alors les actions exiifrieures sont indif- ferentes. .. « Les peres de la Foi, ajoute-t-il , ne sont que des jesuites di'?guis('s; ils suiveiit I'inslitut des anciens jesuites, ils professenl les meiucs niaximes; leur existence est done incom- SCIENCES MORALES. 817 paiible avec les principes de I'Eglise gallicane et le droit pu- blic de la nation. On ne pent faire revivre «ne corporation dissoule dans toute la clirt'liento par des ordonnances des sou- verains oatlioliquos, et par une biille du clsef de I'Eglise.') Ce rap|>ort fut siiivi , dans le terns , d'un projet d'arret du Con- seil-d'Etat, que I'editcur a egalement rciinprime. Puisse la lecture de semblables pieces inspirer au ])ouvoir d'aujourd'hni de salutaires reflexions ! B. 429. — * Mcmoire a consulter siir un systeme religicux et politique , tendunt a renverser la Reli<^ion , la Societe et le Trdne; par M. le comle de Montlosier. Paris, 1826; Am- broise Dupont et Rorer. i vol. in-S"; prix, 6 f . On se demaiide quelquefois comment a certaines epoques une nation entiere s'est engagee dans une fausse route; com- inent ces ecarts imprevus, et inaperciis par ceux qui sui- vaient les impulsions une fois donnces, se sont lermincs par des calamites ou des catastrophes; comment ce qui dans I'origine emanc d'nne intention louable, jijend a\ec Je, terns un caractere alarmaiit de f'anatisme. L'esprit de parti donne la reponse a cette question. Get esprit se nonrrit de lui- meine, se fortifie par son activite de tons les instans et de tous les lieux , se plait a addillonner ses petites victoires de cliacjue jour. Rien n'egale sa lemerite et ses pretentions, si ses succes ont quelque importance, si ses points d'appuiont de Fautorite, s'il se recrute dans tous les rangs de la so- ciete, s'il y acquiert de I'influence , s'il a des creatures ou des jiatrons dans toute la liierarcliie des fonctions publiques. L'esprit de j)arti ne veut rien entendre qui le contrarie; mais il accueiile toutes les exagerations qui ie flattent : c'est une arme h vapeur qui se charge sans cesse elle-meme , jnsqu'a ce que la detonation arrive, au risque d'ebranler la societe jusque dans ses fondemens. S'clever au-dessus de l'esprit de parti, est un merite bien rare; en triompher completement, est un succes qui depasse peut-etre les forces humaines. Si M. de Montlosier, dans I'e- crit que nous annoncons, ne s'est jias eleve a toute la hau- teur que peut-eire comportait son talent, du moins s'est-il place de maniere a dominer et a embrnsser ]>ar son coup d'oeil la force , la consistance , les manoeuvres ei les impulsions du parti qu'il signale; a saisir et a reconnailre i:n certain nombre de fails graves, ainsi que les dangers qui leur sont propres et inherens ; il definit, il decrit , il developpe chaciin de ces fails, deja plus ou moins connus du public eclaire et im- partial. Mais les rapprochemens qu'il presente sont de nou- 8i8 LIVRES FRATNCAIS. veaux traits de lumiere pemr le grand nombre. II volt le mal ; il provoque, il indiqiie le rernede; il denonce le delit, et requiert la repressinn. II appelle sur une question si grave les Iiimieres de tons les jiFrisconsultes; le barreau ne peut qtie s'honorer, en repondaiit a cet appel. L'attenlion est fortement excitee, lorsque , des le debut de sou ecrit, M. de Moutlosier, sans preambule, signale la fac- tion qu'il altaque. « Un vaste systeine, tranchons le mot, une vaste conspiration contre la Religion , contre le Roi, centre la Societe , s'est elevee. Je I'ai apercue a son origine ; jc I'ai suivie dans scs progres ; je la vois au moment de nous cou- vrir de ruines. Cetle situation m'etant conntie , selon ma conscience, je dois la combattre ; selon nos Jois, je dois la reveler. » Jiisqu'a ce jour, les personnes peu au fait des intrigues acluelles ont confondu trois classes d'adversaires que I'auteur distingue , et dont il esquisse les caracteres particuliers : la congregation, les jesuites, les ultramontains; il y \oit Irois partis qui agissent en comrnun , mais chacun par des moyens qtii leur sont propres. Celte pluralitc^, sous des nouis divers, est un inoyen commode pour se survivre , pour echapper lorsqu'on est atteinl, pour rester quand on est banni , pour tromper la multitude si credule dans toutes les classes de la Societe, la crcdulite, dans certains cas , s'identifiant avec I'es- pril de corps que chacun dans son parti prend pour I'esprit public. Pour bien juger I'ecrit de M. de Montlosier , et son plan d'attaque contre ses adversaires, il faut choisir son jjoint de vue, se placer entre le chancelier d'Aguesscau et I'immurlel Pascal. II faut n'^tre pas etranger a nos anciens publicistes, avoir meclitc les savans ouvrages du judicieux abbe de Fleury, les Lois ecclesiastiques de d'Hericourt, le traite de la Molte le Vayer sur I'autorite des rois dans le gouvernement de I'Eglise, et tous les auteurs que recomniaiide , dans son plan d'etudes pour son fils, I'illustre chancelier que nous venous de nommer. Si pliisieurs de nos jeunes magistrals avaieut mis a profit, pour leur instruction et pour I'utilile publlfpie , les conseils de ce grand homiiie , ils auraient vu que uotre ancienne le- gislation avait eleve une ligne de defense assez habilement talcidee pour repousser ou combattre Iss invasions de I'es- prit ultraniontain ; que chaque pays de la cati'.olicite avait ses usages iiarticuliers, ses liberies religieuses; que la France u'ctait i>as exclusivemcnt en possession d'un tel avantage , el SCIENCES MORALES. 819 fjii'dle doit revenir a I'usage de ces tradilions tutelaires que rend iiidispensabies I'exigeance chaque jour croissante des fa- naliques et des zclateurs modernes. L'iniporlance du sujet traite dans cet ouvrage, qui a le caractere d'un document historique, nous fera iin devoir de iiii consacrer un second anicle plus etendu dans notie section des analyses. U. /i3o. — * Histoire generate physique et civile de I' Europe depriis les dernieres annees du v* siecie jusqn'au milieu du xviiie siecle ; par M. de Lacepkde. • — L'ouvrage tormera 18 volumes in-S", et sera puhiiii j)ar livraisons de deux volumes chacune, qui paraitronl de mois en mois. Paris, Mame et Delaunay- Vallee, editeurs, rut; GueiiCgaiid, n° 25 ; ])iix de chacpielivrai- son , 1/, fr. Les deux premiers volumes de cette grande coinj)osition viennent de parailre. "Le discours preliminaire , qui jjresente , en 23o pages, le vaste tableau des cincf premiers siecles de notre ere, est ecrit avec une vigueur de pensees , un talent d'analyse , une sagesse d'observations, une elegance de style qui frappent vivement lelecteur, et lui rappellent souvent !a raaniere dont Bossuet a traite I'un de ses plus beaux ouvrages. Ce discours est suivi des neuf premieres epoques de Chistoire generale que I'auteur nous a laissee; et ciiacune reiiferme les evenemens remarquabies qui sesont passes dans cet intervalle, en Europe, et qui ont plus ou inoins influesur ia civilisation. Les usages, les lois , lesmceurs, les sciences, les lettres, les arts, les finances, I'agriculture , la population, les guerres , resj/rit de chaque sieile, rien dVsseiitiel ti'y est oublie. Elles sont de veritables drames pleins d'inleret , d'instruction , de verite. En prenant poui- theatre I'Europe et pour periode les annees ecoulees depuis la fin du v°'<' siecle jusqu'au milieu du xviii'">= , M. de Lacepcde a choisi le j>ays et I'espace le plus avantageux a son j)rojet. L'histoire offrant aitisi la lutte si du- rable , si (ilendue de la barbaiie et de {'ignorance, conire los lumieres et la civilisation, « est, dit I'auteur, comme une graude et admirable epopee, oil de grandes alternatives ac- Croissent a chaque instant I'interet. » La concej)lion d'un plan beaucoup plus vaste et plus hardi que tous ceux sur iesquels on avait jus(|u'a present ecrit I'liis- toire, immortaliserait le nom de celuiqui I'a concu, si deja ses precedens ouvrages sue les sciences naturelles n'avaient rendu son nom celebre dans les deux raonries. L 1 maniere jieuve dont il a partage et rempli sa periode de treize cents ans , annunce une raretonnaissance des tems anciens; un genie capable d'en saisir , d'ci coord'^nner tous les evenemens, et \c lalerttinap- 820 LIVRES FRANCAIS. preciable dc los faire lous roiicourjrau but ^minemiiicnt utile qii'il s'est piojiose. I'oiir donner unc iJee de son style dans cette nouvclle composition , nous citerons nn morcean qui s'tst olfcit a nam presque a I'onverture du livre; il s'ap;il de la disgriice de IJoIisaire , si jiisttment reprochee a Jiistinion. « On a ocrit, di! I'historien, que ccliii a (pii I'etat el Tempereur devaient tout avail ete depouille de tout ; que joignant la cruaute a la plus noire ingratitude, on liii avait creve les yeux ; que, reduit a la plus affreuse rniscrc, le [ilus grand lioninrie de 1 Europe mcndiait son pain dans les rues de Conslanlinople; qu'uri faible enfant guidait sciil les j)as de celui qui avait sauve I'empire; et que iendant un vieux casque qui rappelait lant de trioiuphes, il fachait d'exciter la ])ilie pnblique, eu disani : Donnez Vaiimonc ait paiivre Belisaire. Oji a ajoule qu'il avait enfin perdu toiKe liberte, et qn'on I'avait cnfernic dans une tour voisine dc la nier et qu'on a nommee pendant long-tenis la tour de Belisaire. II semb!e fjue la philosophic, la poesie et les beaux-arls se soient plu a conlirmer et a repandre ce recit si toucliant et si instructif; ils out voulu donner cette grande lecon au monde ; ils ont multiplie ce tableau si attachant de I'instabilitt: dc la fortune , du vain eclat de la puissance , du contraste f'rappant de la plus grande gloire et de la plus grande infortime, de la verlu sublime aux prises avec Textrenicad- versitc. Les laicns d'un liomnie celebre , mortdepuis quelques anriees, d'un pocle cgalement celebre et de deux grands pein- tres out immortalise ce tableau. Les faits qu'ils retracent pas- seront de siecle en siede, comme ces fables antiques dcsliiiees a I'instruction des peu[)les ; Tnais la verite de riiisioire oblige a dire qiie Belisaire ne ful pas rcduit a cet excci de denument ; que la vue ne lui fut pas otee; que i'opinion pnblique et une sorte de remords plus puissans cjue la basse cnvie et toutes les iniserables intrigues des coiirtisans ne permirent point que sa disgrace fut prolongee; que cetfe disgrace , Irop longue pour rhonneur de .Tustinien et de rem[)ire, ne dura qu'un an, et qu'il mourut a Constantinople en 566 , rendu depuis trois ans a toutes ses dignifes. » D'A — c. 43 1. — * Jlistoire des Repuhliques itaVennes du nioyen age, par /. C. L. Siriionde de Sismondi. Nouvelle edition, revue et corrigee. T. L-VIH. Paris, 1826. Treuttel et Wiirtz. Prix du vol. , 7 f. I] y aura 16 volumes. Cct itnportant ouvrage, qui rcunit souvent I'lnterct dramati- que du ronian a la profondeur des etudes historiques, dirigees par un esprit de critique judicieuse, de philosophie et de plii- lantropie trop rare chez les liistoriens, et surtout chez ceu'^ SCIENCES MORALES. Sai qui se sor.t occupes du moyen age, sera, dans un de nos pro- chains' cahiers, I'objcl d'lin exaincn approfondi , confic au meme redacteiir qui a deja rendu compte, il y a <|uelques mois, de VHisloirc des Francais ( "voy. Rev. Enc, t. xxviii, p. 752). 43a. — * Histoire des expeditions maritimcs des Normands , ct de leur etablissement en France au dixieme siccle ; par G.-B. Depping ; oiivrage couronne en 1822, ])iicV /icade/nie royale des inscriptions et belles-lettres. Paris, 1826; Pon- ihieu et Sautelel. 2 vol. in-8° de Ij et 464 , et de 848 pages; prix, 12 fr. L'Jiistoire des Scandinaves qui, sotis le nom de Nor- juands, vinrent, au neuvienie et au dixieme siecles, ravager Ja France, y deployer nn audace inou'ie , pi'ni'trer avee de petites troupes par lous les fleuves jusqu'an centre du royaume, est restee jusqu'a present enveloppee d'obscurile , parce que les hisloriens s'ctaient pen occupes a comparer les chroniques et les annales de France avec les ouvrages iiistoriques des Islandais, des Danois et des Suedois. C'est ce fjui engagea , en 1820, I'Academie royale des inscriptions et belles-lettres a proposer, pour sujet du p"rix, I'histoire des emigrations des peuples du Nord, et de leur etablissement dsns la Gaule, en demandant que les causes des emigrations fussent dt'-velopjxies, principalement d'apres les monumens historiques du Nord. Le prix fut decerne a I'ouvrage de M. Depping, qui avait puise aux sources originales que piescnte la littcrature islandaise , et profite des travaux eulrepris par les savans modernes du Danemark, de la Suede et de la Norvege pour eclaircir I'liis- toire des Noimands. Cet ouvrage vient enfin d'elie imj)rimc : le jngement de I'Academie, non moins que I'importancc du sujet, nous imposent Tobligation de lexaminer avec une at- tenlion particuliere, ct nous aurons soin de lui consacrer un article etendu dans notre section des Analyses. Z. 433. — * Resume general de I'histoire militaire des Francais, par campagnes , dcpuis le commencement de la revolution, jusqu'a la lin du regne de Napoleon; dt-die aux veterans de I'armee. — Campagnes de France, 181 4 ct 181 5; parM. Mor- TONVAL , revues pour les details strategiqucs par M. le grneral Beauvajs ; ornees de portraits , plans et cartes. Paris, 1826. Ambroise Dupont et Uoret, qiiai des Augustins, 11° 37.1n-i8 de 376 pages, avec une carle, 3 plans de balailles et 2 gra- vures; prix, 3 fr. 75 c. Le Restime general de I' histoire militaire des Francais est un recueil donl les Campa fines de France en 1^1 ket 181 5 forment la premiere livraison. Le prospectus de cetle nouveilc redac- «2a LIVRES FRANCAIS. tion (le la partie la plus glorieuse de notre histoire, depuis nos commotions polilicpies , est n^digc par M. Tissot, et iiisefe dans ce volume. La collection complete sera composee de 12 vo- lumes , pubiies en nieme teuis dans les formats in- 18 et in-S". Le prix de chaque in-18 sera de 3 fr. 75 c. , et celiii de chaque in-8°, de 6 fr. On souscrit cliez les libraires-cdileurs et chez Urbain Canel, rue S*-Gcrniain-des-Pres, n° 9. On croira sans peine qu'un i)rospectiis redige par M. Tissot n'est point depourvu de iricrite lilteraire. Sans etre, sur tous les points, du meme avis que le celebre prolesseur, on con- viendia generalement qu'un abreg^ de I'liisloire de ces com- bats de geaiis, prolongcs durant un quart de siecle, etait in- dispensable pour les generations cpii vontremplacer les temoifis oculaires. Ceux qui voudi'ont etudier I'art niditaire consultc- ront les memoires particuliers et les voluiiiineuses collections, oil les fails sont exposes avec les details doiU I'etude a besoin : le plus grand noaibre des lecteurs ne rechercliera ([ue I'ordre et Tensemble de ces fails, el les trouvera dans I'abrege. Dans la distribution des volumes a rediger, M. Mortonval a oblenu I'un des meillenrs lots, quoiqu'll n'ait eu a ccrire que I'histoire de nos revers. Les brillans episodes d'Austerlitz el de Wagram ne nous apprennent rien : les champs de bataille de Toulouse et de Waterloo nous offrent de severes lecons que nous devons traiismettre encore plus soigneusement que le souvenir de nos victoires. Au recit des cvenemens inilitaires de 1 81 4 et 181 5, BI. Mortonval n'a pu se dispenser d'associer celui des evenemens politiques. Dans ces camjiagnes, plus que dans les precedenles, la connaissance des actes du gouverne- ment el de la diplomatic et celle du mouvement des armees ne peuvent elre separees. L'historieu expose les fails avec ordreel clarle; il conduit Napoleon non-seuleraent jusqu'a la fin de son regne, mais jusqu'au terine de sa vie. Les dernicres lignes de I'ouvrage soiit des paroles du caplif de S** Hiiiene: ajires avoir parle des libelles publics contre Ini , et de la justice qu'il at- tend de la posterile, il ajoute: « Les grands ouvrages pubiies sous mon regne, les monumens que j"ai fait faire , et le code des lois que j'ai creces passeront sux siecles f'uturs; et les Lis- toriens a venir me v<;ngeront des injustices auxquelles j'ai ete en bulte de mon tems. « Une partie de celte prediction ne sera pas accomplie : les plus belles pages du code civil seront arra- cbees; des pages de sang grossiront le code criminel ; le privi- lege dont Napoleon a prepare le retour et la puissance, ne sait point s'arreter; lout ce que Ton pent eutrevoir dans I'avenir ne semble annoncer que de nouveaux outrages a la raison , et SCIENCES MORALES. 823 de nouvelles calamiles pour les ])euples. Napoieon fut sans doule Vhomme le plus extraordiiiairt des terns inodernes , coniine dit M. Mortonval: peut-Stre meine s'eleve-l-il au-dessus de ce (jue les tems anciehs pouriaient lui comparer; mais sa fiinesle jjrandeur a coute trop cher au monde jjour qii'il en oblienne jamais la justice sur laquelle il compte, sans y avoir aucun di oit. De tout ce qui rappellera les tems ou il pesait sur la France et sur I'Europe, ce que Ton conservera le plus long- terns, ce sent les lois antisociales qu'il etalilit , et surtoiit les exemples d'abus de pouvoir. M. Mortonval le traite avec plus d'indulgence , sans toutefois dissimuler ses torls : on lit avec un graa.7 M. F. Laurknt, professt III- an collej^e royal de Charieniagiie. I'aris, iSiapier velin. L'liistorien, qui s'inipose le devoir d'eclaiier les peiiples et les rois par ie rccit des eveiiemens qui renouvelient la face des empires, cxerce , sans doute , uii noble minislere. Ses veilles sent consacri-es a reiuonter au sources le.s plus cachees , et. il Jni est reserve de re|)andre uiie lumiere nouvelle dans le labv- rinthe quelqiiefois inextricable des recits et des traditions du passe. II recherche I'origine des societes, les suit dans leurs progres et leur developpeniens, passe en revue les liomrnes , les lois , les coutumes et les institutions qui onl influe sur leurs destinees , signale les causes de leur grandeur , les effets de leur decadence, et noiij rend en quelque sorteconteniporains de tou- tes les epoques. Mais, si Ton veut connaitre plus specialenient les causes secretes des evenemens; si I'on desire apprendre des particularites concernant les personnages celebres qui ont figure sur la scene du monde, et que la majeste de I'histoire ne per- met pas toujourstle presenter dans la simplicile de la vie privee ;" si des traits simples et naifs, si des faiblesses qui instruisent, on pas les mallieurs qui les ont suivies, on par les vertus qui les ont reparees, et qui donnent tant de chainies aux Fie.t dc Plutarque , excitent naturelienient la curiosite, on ne pent se dispenser de lire avec inleret les menioires pailiculiers. II faut avouer que, dans le norabre des auteurs qui ont dunne una foule de compilations mensongeres sous cette denomination, il est rare d'en trouver qui aient assez d'impartialiie pour ne pas alterer la verile. Saint-Simon fait une honorable cxce]ition. L'indcpendance de son esprit, I'init'grite de sa vertu, e! I'avati- tage d'avoir etc temoin oculaire des faits coiisignes dans scs memoires, sont autant de litres en sa faveur. L'auleur qui vecut A la cour de Louis XIV, dont il ctait personnellement aime et considers; qui , dans tous les terns, fut I'ami , le con- seiller et le depositaire des secrets du due d'Orleans , poiivoit mieux que personne etre inslruit des evonemens publics et generaux , des anecdotes relatives aux grands , aux courti- sans de cette epoque, qu'il nous offre successivcment dans les antichambres , aux armees , a la tete de I'adrainistration, et le plus souvent dans I'intcrieur de leur vie piivee. Saint- Simon a peintles hommes, tels qu'il les a vtis et non tels qu'on d«5siierait qu'iis fussent. II n'a ecrit (|ue sous les ins- pirations de sa conscience , et on peut dire qu'il n'avaitaucune espoce de haine ni de ressentimeni cotitre ses rontemporaii;s. 828 LIVRES FRANCAIS. Peu d'hoinines etaient capables de micux voir, de mieux com- prcndre les intrigues et les machinations des cours. Nul n'ctait a menie de penetrer plus avaht dans les replis du coeiir humain. Et coiunie ses mcmoires ne devriient paraitre qu'apres la mort des personnes qui y fignrent , ii s'expriine :ivec une franchise qui approche quelqiiefois de la rudesse, niais qu'insj)ire lou- jours une grande confiance dans la vivacile de I'ccrlvain. Ses uiemoires sont I'expose le plus fidele des evcneiuens de cette epoque : ils exislerent long-tems en manuscsits, et ont ete la source , ou beaucoiip d'bisloriens et de coiupiiatenrs ont puisc a pleines mains. Ce u'est pas que son style, souvent incorrect, puisse etre considere conime un niodele a suivre ; mais il est en general rapide , energique et enlrainanl. — On a publie, a diffcrentes epoques , plusieurs editions de ces nie- moircs ; comme elles elaient toutes incompletes , on desirait qu'un editeur plus soigncux en fit une meilleure. M. Laurent a rempli en partie la tache (pi'il s'etait imposee, et I'edition qu'il nous donne est infiuiment plus melhodique que celle de ses predecesseurs. -^ug. Amic. 438. — * Memoires de Rolen Guilleinard, sergent en re- traite, suivis de documens historiques, la plupart incdits, de i8o5 a 1823. Paris, 1826. Delaforest; Bossange pcre et Bau- douin freres. 2 vol. in-8° ; prix , 1/4 f. et 16 f. 5o c. par la poste. Peu de nr;3 niilitaires ont eu une vie aussi active que le ser- gent Guillemard. Fait prisonnier au combat de Trafalgar, et devenu secretaire de I'amiral A''illeneuve, il revient aveclui en France, pour etre temoin de sa inort qu'il atlribue a un assas- sinat. II est mande par Napoleon quil'inlerroge sur ce meurtre et qui neglige d'en reehercher les autcurs. Guillemard passe ensuile en Italic; il se rend au siege de Stralsuud ; il figuie un moment dansle corps du colonel Oudet , I'un des chefs de I'as- sociation des philadelphes dont ii penelre en partie les secrels; apres la destruclionde ce corps a Wagram et la mort du colo- nel, il est dirigt; vers I'Espagne , tonibe au pouvoir des gucrd- las, et transporte a I'ile de Cabrera , I'une des Baleares , il nous fait une peinture fort singuliere de la vie des prisonniers francais detenus dans telle lie. II parvient a s'evader et nierite la croix d'honneur au siege de Tortose. Apres uu sejour de quelques mois a Sixfour, sa patrie , village situe pres de Toulon , il part pour TAllemagnc, fait lacampagne de Russie, est pris a la ba- taille delaMobkw^a, et conduit en Siberie. La paix de iSi/| le I'a- meneen France; il fait partie, en mars et avril ]8i5, de I'armee royaledu midi; assiste a Lyonaux troubles qui precederent la capitulation de cette ville , et, s'etant rendua Winies, echappe SCIENCES MORALES. 829 ecliappe par miracle aux furieux qui faisnient main basse sur les milit.iires et sur les proteslans.Revenu a Toulon, il concourt a sauver le roi Murat , le suit en Corse et dans son expedition sur les cotes dc Calabre , renlre ensuite dans rarmee francaise et fait la carapagne de i8s»3 , en Calalogne, ou il est de nouvcau fait prisonnier. Enfin , a pres avoir ete plusieurs fois sur le point d'atieindre a I'epauletie, il est mis a ia retraile dans le grade de sergent ; mais il assiste encore dans les Cevennes , a nne pe- tite insurrection , avant de retourner a son village de Sixfour d'oii sont dates ses memoires. Si le sergent Guillemard est un personnage reel, le rccit as dans la nature des croyances ei ilcs faits , mais dans le fond (les pensees et dans I'expression des senlimens : c'est cti etu- diant llonieie cpie nous a})prendrons a retraccr avec des traits largrs et exacts la jibysiouomie des rois, des beros et des ])eii- ples. Hornerc doit marclier a la tete de tous nos jjoetes, comme son Jupiter marclie a la tele de tous les Dieux. A. Bignan. l\l\l\- — * Les Mciamorjjfioses d' Ovidc, traduites par M. Vil- LENAVE, tcxie en regard avec des /iota; jireceiiees d'une w'e d' Ovide. Seconde edition. Paris, i825; Fournier Favreux. 4 v(;l. in-12; prix 16 fr. La traduction des Metamorphoses d'Ovide par M. Villenave fut , des son aj)parition, regardee par Ions les juges competens comme un ouvrage aussi utile qu'estimabla. On recoiuiut qu'au- ciine version iie doniiait une idee aussi exacte de la grace facile €t de Tesprit ingenieux d'Ovide. Le tradiiclcur eu vers des Metamorphoses jDv-SkinT A'so'R, se nionfra jajoiix du tradncteur en prose, el rendit ainsi un liommage indirect a son talent. LITTERATURE. 835 La fulelile, la grace, I'elegance de la version nouvelle, aver- tirent saiis doute le poete de tout ce qui manquait a la sienne. I,.e tetns a confirme le sncccs de M. Villenave; tel est le sort des bons ouvrages. Si leur apparition n'exciie pas foujours Ten- tlioiisiasme , mi examen refledu en revele bifnlot lesbeautes: on (init par leur accorder unanimenient iine estinie (jue rien lie ])eut dctruire. La version de M. Villenave est deslinre a de- venir classique. Personne assuremcnt ne tentera de refaire son travail; un litterateur qui aurait assez de talent pour I'egaler, serait averti, par son goiit meine, de rinutilite de I'entreprise, puisqu'il sentirait qu'll ne pourrait faire mieux. La tradiiclion de M. Villenave est trop connue et (rop gene- ralement appreciee pour avoir besoin de nouveanx cloges. II suffit d'annoncer cette seconde edition, dans laquelle Tauleur a fait disparaitre quelqiies taches remarqnees dans la j)re- miere. Le uaducteur proiive a la ibis son talent et I'elendue de ses connaissances. Ses reflexions sur la disgrace d'Ovide, que tant d'aute;irs fanieux ont iiiterpretee au gredeleur imagination, offrent une suite de conjectures judicicuses dont rcnchainement acquiert , ])our ainsi dire , la force de la vcrite. Son opinion qui redout habilement un probleme, regarde conime insoluble, a produit une vive sensation, et a meriic le suffrage des [)tin- tipaux savans de rp],uroj)e, sans trouver un seul coiitradicteur. Un semblable travail serail deja un litre suffisant pour assurer a M. Villenave un rang distingue paimi les ecrivains a qui la litlerature doit de I'eslime el de la reconnaissance. De Pongekville. 44 5. — * Lcs CatlUiiaires et le Dialogue des orat.enrs illuxtres de Cicf^ron , traduction nouvelle ( le lexte en regard ) avec des notes; par J.-L. Buixnouf, jirofesseur au college de France et au college de Louii- T,e - Grand. Paris, 1826. Bredif, rue de Grammont, n° 25. In 8° de 4g5 pages; jirix 6 fr. 5o c. Le volume que public le savant profcsseur conlient ceux des discours deCiceronquisont j)eut-ctre le plus gcneralenient lus, et [)armi ses ouvrages de rlietorique, un de ceux qui nieritent davantage de i'elre. Apres tout ce qui a ete dit sur les Catili- naires ^ il vaut mieux iiniter le tiaduclenr qui, au lieu de re- pioduire des declamations de college sur I'eloquence un peu verbeuse de Ciceron, s'est attache a determiner les circons- lances historiques dans les(|uelles a ete ])rononce chacun de ces discours, qui fut en meme leins un acte de haul devoue- ment a la patne. ?il. Burnouf a fait preceder cliacune des Cati- linaircs d'nne introduction, 011 les fails historiques auvquels 83G LIVRES FRANCAIS. dies se raltachent sont exposes avec soin. Quanl ati Brutus , ou Dialogue des orateurs illustres , le tradiicteur le regarde coinuie un des raorceaux les plus precleux qui nous restent de I'histoire littcraire desRomains. « Je ne crains pas de dire que, de tous les ouvr;iges ecrits par Ciceion sur I'ai t oratoire, c'est peut-etre celui qui riipond le mieux au besoin qu'eprouvent plus que jamais tous les bons esprits de fuits positifs et de con- naissances spuciales. » Nous ajoulerons que ce morceau, com- pose par Ciceion depuis sa rentrte daus Rome ou Cesar ctait mnitre, porle I'empreinte profonde de la douleur et de I'abat- tement dans lequel etaient plongecs les ames les plus fortes de ce ferns. II y a quelque chose de toucliant dans ces entretiens duvieux Ciceron avccle jeune Brutus, ou, deploranll'asservis- sement de la republique et le silence de la tribune, il semble un instant se consoler par le souvenir des services qu'il leur a rendus , et des Iriomphes qu'elles leur ont decernes. « Pour moi, dit-il, quoique je ra'afflige d'etre entre dans le cherainde la vie un peu trop tard pour avoir aclieve le voyage, avant d'etre surpris par cette nuit profonde ou la republique est plongee, cependant une consolation me soutient , mon cher Brutus, c'est eelle que vous m'avez adressee dans cette letlrc pleine d'amitie , oii vous m'exhortez a prendre courage , dans la pensee que j'ai fait des actions qui parleront de moi malgre mon silence, qui vivront apresraa mort, et qui , par tesalut de I'etat, s'il est sauve , par sa perte, s'il ne Test pas, deposeront a jamais en faveur de ma conduite politique. » — La tradiiclion de M. Burnouf est, comme on voit, ferme et surtout Ires-fi- dele. Si les bornes de cet article le permetlaient , nous ciierions de nombreux passages oil Tclegance et la nouveaute de I'ex- prcssio-n peuvent faire oublier ((u'on lit une traduction. L'edi- teur nous apprend, dans un avant-piopos , que tes discoiirs font partie de ceux qu'il a inseres datis la belle Collection des oeuvres de Ciceron par M. Leclerc, et il prouiet un second vo- lume, si cette publicalion est accueiilie du ])ub!ic. II nous semble que le savant et modesle professeur a donne au public assez de garanties de talent et de zele , pour pouvoir compter a son tour sur sa faveur. r. 446. — * GEuvres posthumes de Ck^ksis , membre du Senat, de rinstitut, etc., formant le tome V" de ses oeuvres completes. Paris, iSaS. Bossange freres, et Firmin Didot, pere et fils , I vol. in-8. de 4^7 pages; prix 7 fr. Ce recueil de quelques ouvrages laissc's par un des ecrivains les plus distingues de notre terns , bieu ((u'il ne paraisse pas avoir pu y mettre la derniere main, suffirait a lui seal pour LITTER ATURE. 837 prouver la prodigieuse variete de lalens et de connaissances que reunissait Cabanls. On y recoiinait a la fois le grand iTiedecin , le philosophe profond , le litterateur exerce. II com- prend : i" una lettre sur les causes premieres; 2° dcnx dis- cours , I'un d'ouverture, et I'autre de clolure d'un cours snr Hippocrate, que I'auteur, en sa qnalite de professeur a I'EcoIe dc medecine, avail composes, mais que sa sante, presque tou- jours rhancelante, ne lui permit pas de prononcer; 3° un Eloge de Vicq-d'Azyr, que I'lnstilut I'avait cliarge de faire; />" uneNotice sur Benjamin Franklin; 5° une lettre sur les poemes d'Homere, avec quelques fragmens d'uiie traduction en vers de I'lliade , et enfin le Serment du inedecin , aussi en vers fran- cais, qui est une traduction ou une imitation de celui d'Hip- pocrate. Ses deux discours sur la medecine et I'eloge de Vicq- d'Azyr, donnent une haute idee des profondes connaissances que I'auteur avail acquises dans cet art precieux auquel il con- sacra presque toute sa vie , et font voir combien il etait pe- netre des devoirs rigoureux qu'iinpose la ])rofession de me- decin. Ce que la morale speculative a de plus sublime, et la morale pratique de plus austere, y est expose dans un langage a la fois noble et touchant, avec une candeur et une energie de conviction bien propies, sans doute, a faire la plus vive impression sur les amcs des jeunes gens auxquels ses lecons etaient destinees. On trouvera, dans I'eloge de Franklin , plu- sieurs fails ou anecdotes qui n'avaient pas etc connus de la plupart de ceux qui out ecrit sa vie. On y prendra surtout, peut-etre, une idee plus exacte et plus complete de ce qu'il y eut de grand et de simple en menie terns dans le genie de cet hoinrae extraordinaire, dont les vertus et les talens contri- Luerent si efficacement a la liberte et au bonheiir de sa patrie. Cabanis etait d'autant mieux appele a nous le faire con- naiire, que lui-meme avait vecii pendant plusieurs aiinees dans la societe intime de ce grand homme, qui I'honorait d'une tendre araitie. La letlre sur Ilomere, desiince a servir, en • quelque sorte , de preface a la traduction en vers de I'lliade, contient sur le grand poete qui en est I'objet, et sur le beau en general dans les arts d'imitation, des vues lout-a-fait neuves et des observations aussi justes que fines; et Ton pent voir, par les frngrnens de jjoesie qui suivent cetle lettre, que I'au- teur joignait a I'hahitude de I'analyse philosophique la viva- cite d'imaginniion , la profondeur de sentiment et la purete de gout qui font les grands poeles. Enfin , la lettre sur les causes premieres offre le modele d'une discussion grave , pleine de profondeur et de bonne foi, sur I'une des questions «38 LIVRE.^ FRAiNCAIS. les plus iinporlanles ;iux(juell<'s j)uisse s'appliqutr J'iiiU.IJi- <;<'iicc de riioniiiie. L'auleur y fail voir coniincnl on est jil'- cessaircmeni coniluii par I'oinploi Icj^itime tie la laisdn et par une suile d'itidnctions liri'es de I'ob^ervatioii immediate dc notre nature intellecluelle , a la conception d'liiie cause tdute piiissantc el. lout inielligcnte, doni il c,\t im;»'Ossible dc uiccon- nailre Taclion dans rinimensc varicte que ]>reseiilent ions les plic'iiomcnes d.u monde ijiiy^ifjuc, inlellettucl ct mor-d. En un mot , cct t'cril de Cabanis est uiic dcs demonstrations Ics plus eloqucnles et les plus convaincatites, abstraciion I'aite de tout sysli'me rclit;ieux pariiculier , (|ue Ton ait donnces de rcxister.cc de la Diviriitc. Ccpendant, dcjiuis la mort de cct illustre ccrivain, plnsicuts ]iersonnes scniblaienl avoir pris a taclie de le flctrir ])ar I'impulation d'niheismej on est mcnic alle , faule de preuves dircclcs , jiis(|u'a ciler, a I'appui de cclte accusation, un fait impossible en lui-nieme d'apres le ■caruclerc coni;u de celui a qui on I'imputait , el forjnellenicnt lus eclaiics oi les plus veitueiix dc nolie tems en etait le plus ardent ad\eisairc. Comment se faii-,il (pie, dejjids Sotrale jusqu'a nos jours, partout, et dans tousles terns, les liommes qui ont eu les idccs les plus pures etles plus saines de la Divinite, out ele accuses delameconnnitrc?Scrait-ce parce que ceux qui ont ouquicroieiit avoir a cela qUelque interet, traitcnt d'athee tout hunime (jui ne conscnl pas a subsliluer ilans sn pensi'-e I'e j)ouvoir de I'liomme a celui de Dien; comme ils traitent de sedilieux tout honime qui ne consent pas a subsliluer la volontc arbiiraire du magistral a cclle de la loi? R. 4/17. — * Lettre sur les thcdtres a M. le vicointe de Laroche- foucauld, charge du departement des beaux-arts. Vm'm , iSaS. Duvernois, libraire, cour des Fontaines. Broch. in-8° de3'^ j)ages; prix 1 U-. /J48. — * Seconde leitre h M. le vicointe de Larocliefnu- cauld, etc. "Sans, 1825, le raeme. Broch. iii-S" de iGjiages; prix 75 c. Dans la preinieie lettre, I'aulenr commence Jiar lefuter I'absujdc laisonuement d'une des feuilles niiiustiTiellcs, qui, lors(|u'il fui fjucstion d'une petition, signee par un grand nonibred'auteurs dramatiques, etdont le but etait I'ctablisse- ment d'uu nouveau llieatre francais, jmprinia un article qnise LITTER ATURE. 83 y tenniiialt par cetle phi'ase : « On abuse tlu droit d'ecrire au point de piiblier que la concurrence est le seiil remede a la decadence de I'ai t. » Ici, les fails parleiit ; el , pour re|)ondre a I'ecrivatn du ministcre, rautenrde la ledre n'a qua enumercr les litres dc gloire ac(]iiis par le Theatre-Francais el par ceini de rOdeon , et le noinbre d'ouvraf^es reprcsentes snr I'un et sur I'aulre ; il met done d'un cote Sjlla, Marie Stuart , Pierre de Portugal , Clytemnestre , Louis IX el I'Ecole de.t Vieillarch , et de i'aulre les Vepres Siciliennes, le Parin , Fredegonde, Saiil , Ficsqueel les Comcdiens. RcninrquaiU le nombre el le merite reel de ces derniers ouvrages, il fait observer que pent - ctre ils n'eussent jamais vu le jour, sans I'existence d'un second theatre francais. Appuye sur ces fails inconlcslables, I'aHteiir ne craint pas de demander retablissement de deux nouveaux lliealrcs destines a la tragcdie eta la coniedie, I'Odeon deve- nant ])eu a pen un veritable theatre lyri(|ue. Ainsi se lro!ive- raitieleve le theatre des Jeuncs artistes, ferme par snilo du decret imperial qtiirelablit les privileges pour la direction des thcalres, et supprima plusieurs de ceux qui existaienl alors. Nojis somnies loin d'approuvcr la mcsnre proposee par I'au- teiir d'interdire le grand rej)crloire a toute autre scene qn'an premier theatre francais. Nous ne sommcs pas non plus de son avis, qnand il deaiande la suppression de trois theatres de vaudevilles et niclodrames. Peruiis a lui de se plaindre, « de la pfodigieuse quantile de ])arades et de plates rapsodies qui ])ul- lulent sur nos boulevards; de ces productions oil Tiiidecence et I'immoralite le disputent a I'absurde : » mais, ce n'est qu'a la censure dramatique (pi'il doit adresser des renroches. Suj)- prinser ces theatres, serait renouveler I'injustice du decret de 1806. Nous engageons aussi Tauteur a ne pas employer lege- rement des expressions telles que le monstre du genre lyrique. , termes (]ui sont un outrage pour tons les composileurs , pour les poeles qui s'associent a eux , et pour le public qni ajiplaudit leurs ouvrages. La seconde lettre est enlierement consacrce a la propriete liltcraire. L'auteur commence par se feciliter de voir une pa- reille question a I'ordre du jour. II remarque ensuite que, si la proprieie litleraire est violee en ce moment, il ne faut [)as croire qu'elle ait loujours ete raeconnue; a I'appui de cetle assertion, il cite Farlicle 5 d'un arret du conseil de 1717. « Tout anteur , y est-il dit , qui obtiendra, en son noni , le privilege de son ouvrage , aura droit de le vendre chez lui et jouira de son privilege pour lui et ses hoirs , a perpetuite , pourvu qu'il ne le retrocede a aucun libraire ; auquel cas la «4o LIVIIES FRAi\CAIS. diiree du privilege sera , par le seul fait dc la cession , rcduile a celle de la vie de I'auteur. «. On volt que le principe de la transmisslbilite indefinie est reconnu par cet arret, sauf le mot prwilcge r|ui nVst employe que pour rcprcsenterle pou- voir absolu. Comparant les produclions de I'esprit a uri arbre que ])lante un homnie, et dont il doit percevoir les fiuils, lui et lessiensa perpetuile , si I'arbre rcsiste aux outrages dutems, I'auteur des/^«/-<»j regnrdele droit d'unecrivain sur son ouvrage comme inviolable, conime fonde sur la saine raison , sur uue morale incontestable, et pense que ce droit devrait etre j'heri- tage le plus assure de ses enfans. II examine ensuite les diverses opinions emises au sijjel de la })ropriete litieraire. L'idee de faire entrer dans le commerce la propriete litteraire comme line valeur intrinseque, n'est qu'un cffet de la ficvre d'agio- tage qui travaille en ce moment toutes les tetes. Enfin, I'auteur ne peut concevoir le dosir exprime par quekjues personnes de voir regir cette propriete par une loi toute d'exception. II lui semble que tous les projets proposes jusqu'ici sont mauvais, parce qu'ils reposent sur de foux principes. On n'a point cher- clic a mettre d'accord I'inleret particulier, celni des autenrs, avec I'intcret general, celui du public; dans rimpossibilite de les concilier enlierement, le legislateur ne doit pas hesiler a se prononcer pour I'inleret general. C'est pour parvenir a ce but que I'auteur expose ses idees et presente en ces lermes une sorte de canevas de loi. « Je propose, des la mise en vente d'un ouvrage , d'en faire tomber la propriete dans le domaine public , qui s'en empare- rait comme acquereur privilegie, poiir cause d'ulilite generale, en accordant a i'auteur ,non pas une indemnite prealable, mais des conditions tres-avantageuses. La premiere ^erait delui con- server tin usufruit perpetuel pour lui et ses descendans : cet usufruit serait regi d'apres un mode particulier que j'essaierai de developper plus tard. 11 serait indivisible , el se perpetuerait dans la descendance directe dc I'auteur, sans pouvoir en sortir: car le but de la loi nouvelle est de faire cesser I'ingratitude re- voltanle d'une nation qui deshoriie a son profit les flls de ses grands homines, et qui les abandonne dans un etat de misere si deplorable, (ju'il en est plusieurs ([ui n'ont pas de quoi se j)rocurer I'acte necessaire pour conslater leur naissance. Quant aux collaleraux, leur exclusion paraitra naturelle, lors(!u'on songera a I'origine de I'usufruit en question, et quej'anrai fait envisnger les grands avantages que celte exclusion produirait aux aiiteurs en general ct aux lettres en particulier. Au reste, I'auteur, mourant sans post^rite, aurait le droit de transmetlre LITT^RATURE. 841 apres sa mort son usufruit sur la tete d'un parent, d'un ami ou de son libraire; soil par donation, soil par vente. Apres la mort du donataire ou de I'acquereur, I'usiifruit tomberait en deslierence. » L'auteur s'engage a developper ces idees et plusieurs autrcs dans une suite de lettres qui ne peuvent nianquer d'offrir un grand interet, et d'eclairer rimportanle question quis'agile en ce moment. Nous avons cru devoir donner de ces deux lettres une analyse plus etendue que celles que nous accordons d'ordi- naire aux brochures, parce qu'elles nous paraissaient traiter ces diverses questions sous un point de vue nouveau. Du reste , nous devons ajouter qu'elles nous semblent concues, la pre- miere surtout, dans un esprit qui n'est plus ou ne doit plus ^tre celui du siecle. II ne faut, selon nous, avoir recours a I'autorile que pour obtenir d'elle la liberte d'agir. Que lauteur des lettres postule des privileges pour I'erection de nouveaux theatres; rien de mieux, puisque, dans Tetat actnel de la le- gislation, cette formalile est necessaire ; mais, qu'il demande en meme terns la cloture de Irois autres salles de spectacles j c'est ce qu'on n'aurait guere attendu d'un ecrivain aussi ccjaire qu'il semble I'etre. Livrer deux nouvelles scenes aux autcurs et au public, serail un blenfait; fermer arbltrairement le der- nier theatre de la France, serait une inlquite. /. Adrien-Lafasge. 449»' — Camille, ou le Cnpitole sauce ,tr:tg;iid'ieencm(iactes, par M. Nepomucene-Louis Lemercirr, de I'Institut (membre de I'Academie francaise). Paris, 1826 ; Urbain Canel et Barba; in-S" de iv et gi pages; prix 4 fr. La Revue Encyclopedique n'a point encore parle de cette piece; celui des redacteurs de ce recueil qui s'occupe plus specialement des theatres, n'ayant pu assister a la premiere representation de Camille, et l'auteur n'ayant pas voulu que sa tragedie fut jouee une seconde fois , il n'a pas ete possible d'en rendre comptc dans la nouveaute; aujourd'hui qu'elle est livree a I'impression, nous reparons ce retard involon- taire. Un eloge raeritc par pen d'auteurs , et que nous aimons a donner a M. Lemercier, c'est qu'une grande idee morale pre- side presque toujours a la conception de ses ouvrages drama- tiques. « Camille, dit le poete, est le type de la reelle magna- nimite : ce modele de la grandeur du courage s'accorde avec I'honneur militairede notre siecle; et cette image del'invariable soumission aux lois de I'etat, offre la lecon la plus universelle- ment frappante potir les liommes, soit sous le gouvcrnement S/ia LIVRES FRAiNCAIS. rrpublicaia, soit sous Ic moiiarchique. » Celte idt-e de jilarer le re,<-poct des lois ati-dessus de (out autre seniiincnt est belle sans dome, et le personnage de Camille est lepiiseiite ici sous des trails verital)leiiieut sublimes ; baiirii par ici Romains, il est pri't encore a sacrifier sa vie pcur Rome tloiit les Gau- lois Sfiiu presquc entiercment mailres; inais rien ne sauiail le delejiiiiner a prendre un commandement que les lois lui re- fusent , a moins (jiie le senat ne Iiii en ait accorde I'autorisa- lion; s'il faut necessairenient (|ue Rome pe^risse, il ainie micux la voir tomber par le fir des b;.rbares, que par la violalion des lois. Celte idee est belle, nous le repelons; niais grande el feconde sous le rapporl [ hilosopliicpie et moral, I'est-tlle ej^aleuicnt soiis le ])oiiil de \ue dramalique? II spirbk- qi;e M. .Lrmorcier hii-meme ne I'a point cm; car, a rimj>assibi!ile de Clamillc, il a oppose le zele actif et le [latriotisine ardent d'un riloyeii romain, nommc Ponlins, tpii se devmie pour ailer iJiercliei' a Rome le decret du senat; et Iheruismc de Ci- vilie, ('•jHuise de Pontius, qui, lors(jue celui-ti est lombe dans les mains des Gaulois , se decide, jiour delivrer son ejX/UX , a se mettre an poiivoir de Rrennus,dont eile est aimee. Un poi- gnard qu'olle cache sons ses vetcmens avertit Je speciatenr que sn pinlenr est en snrete. Mais, peut-etre, celte concep- tion, un pen romanesqne, ne corrige-t-elle qu'imparCailement ce qu'il y a de froid, an theatre, dans rimmobiliie du role de Camille. M. Lemcrcier nous dlt (jue << ce personnage est aussi digne de la haute tragedie par ses passions que par sa sagesse a les sijimonter; « mais il ne nous a moutre que la sagesse de son heros, et nous ne voyons aucune de ces passions dont le poete ne nons parle que dans son a\erlisspment. Nous ajoutc- rons que ce genre d'lieroisme, dontCiamiile donne ici le rare exemi)le, n'est pas a la portce dc la masse des spectatcurs; dans I'histoire, le refus que fait Camille ile [nendre Ic com- mandement de rnrnu'e n'cnlraine p;is immJuiatciucnt la peile de R.-^me; cette determination pout clianger; Rome pent ctre sauvee par d'antres moyens, et le Iccteur prend patience; il n'cn est pas de menic dans la tragedie. Si, cciunne le dil le poete, c'est le pc''ril de Rome qui forne le nccud de la piece , ce peril est lellenienl ptessant, il est tellement demonire <|ue Rome aura peri dans quelques heures, si Camille ne la sauve, que les scrujiides du heros canseni aux speciatenrs qui reflo- chissent pen, plus d'impaiience cjue d'adrnii'ation. Nous le re- petons, c'est la, si Ton veut une impression pen reflechie; raais eile n'en csl pas moins rcelic. Nous ignorons que! cffet ■cette tragedie produirait a la representation; cellc qu'on a LITTER A.TURE. 8^3 essayeea I'Odeon ne decide rieii contre le poele, car , le jeu des acteurs j)eu familiei s encore avec leiirs roles , et les preventions du parterre semblaient conspirer, dit-on, pour la chule de 1 ou- viage. Aii>si, nous prcsentons nos observations coinmede sim- ples domes que nous soumellons a I'cxperience ct au talent du poete habile, doiit les ouvrages Ics moins parf'uits offrent encore dcs beautes remarquabies. M. A.. 45o. — Essni de morale , ou Fnbtes nouvelle.t , morales, politi- ques el philoiophlques.; T^at J.-J.-F. ileB***, colonel en relraite. Paris, iSiG; M^e Huzard , et Maire Nyon. i vol. in-iH dc iv 244 pages; ])rix 3 fr. Se vend au pro/it des incendies de Sallns et de yizUlc. 45 1. — Epitrc a M. le comte Francois de Neuchdteau. Paris, iHaS; Ponlhieu. Brocliure in-8° d'une feiiille d'impression; prix I fr. 452. — Le Charlntanis/ne, par Cerutti; precede de quel- quer. mots sur le cliarlatanisine, par F. Geuinal. Paris, ivS^S; Mongie; Verel. BrocliUie in-8" d'une feuille diinjucsjion ; prix 75 c. 453. — Derniers vers de M""" Dufre.voy; precedes et suivis de pieces interessantes sur sa vie et siu" ses ouvrages , par F. Gk- RiNAL. Paris, 1825 ; les memes libraires. Brochure ln-8° de 2 f'euilles d'impression; jirix 1 fr. 5o c. Nous avons un arriere considerable a regler avec les auteurs d'une dou/aine de broclmres, (jui nous pardonneraient peut- etie j'lus volontiers une critique severe ([u'un silence absolu. II faudia cependant que ])Ui'^ie!)r3 d'entre eux se contentent d une simple mention. Si les aiiteurs de la Nuit du douze decemhre , de VEpoque fatale, el surtout des poemes sur le Retnhlisseincnt de la statue de Louis A'lF a Lyon , et sur la Mort du due de Montebello , ont paru dans qiielque concours acaderniqiie, ils se consoleronl avec celui d'un discouis en vers sur la Bienfaisance du baron de Montyon , qui a echoue devant le jury de I'Academie fran- caise , mais qui pense que C'est meriter le prix que de le dispuler. Qu'ils se defient cependani un peu plus de leurs forces , (|uand ils voudiont reparaitre dans la lice poetique pour celebrer de belles i:)u de bonnes actions ; le meme auleur que nous venons de leur citer dit encore , en parlarit dc la vrrtu : . Qu! ne sait la sentir ne doit point la chanter. Nous sommes de son avis; inais nous ajonterons quil ne suffit 844 LIVRES FRANCAIS. pas toujours de bien penser pour bien parler, ou pour bien ecrire : il serait trop doux de pouvoii' reconnaitre aux niemes signcs le talent et la vertu. Quelques auteurs de vers sur la mott du general Foy , nous pardonneront aussi de no point nous aneter sur leurs produc- tions, que nous avons recnes trop tard poui" saisir comnie eux I'a-propos, et qui d'aillcurs ont reparu depuis dans la Couronne poeciqiie du general Foy, annoncoe avec cloges dans notre Recueil (voy. ci-dessus, p. 266-267). JNous n'avons done a nous ocenper que des trois brochures dont nous avons rappoite les litres en lete de cet article. C'est par cgard pour le nom de M. Francois deNeuchateau que nous nous occuperons un instant de Vliptlre qui lui est adrcsstp, et dont I'auteur nous est inconnu. En \oici les premiers vers : Jeune encor, mais froisse par le choc de I'orage, ReJontaut un danger plus grand que le courage, J'ai fui loin da torrent qui porte sur ses flots Les pompes de la vie,'emblemes de nos maux. J'ai refuse ma vue aux feux du meteore Parant de leur clarte I'objet qu'il deslionore; Et , dedaignant enfin le culte avilissaut D'une pourpre en lambeaux on d'un aatel sanglant, La faveur merceuaire et la grandeur servile, Pies d'un sage eprouve j'ai cberche nion asile. Cette citation suffira p our faire connaitre a nos lecteurs le style un peu obscur et un peu declamaloire de M. H. B. Quant a sa sainte indignation contre les vices du siecle, elle est louabie sans doutc; niais un peu plus d'indulgence lui sierait mieux peut-etre. 11 csl jeune, dit-il , et c'est I'age ou Ton sent le plus vivement; mais I'autorile d'une belle vie et la pratique de longues vertus seraient aussi des litres a notre confiance dans la personne du poete qui pretend traduire scs contemporains au tribunal de la posterite. De la satire de M. H. B. au poeme de Cerutti sur le Char- latanisme, la transition est facile. Jamais ces vers Icgers , ou I'auteur a pcint en abrege lesprogros du cliarlntanisme, depuis Jes terns les plus recules jusqu'aux tems modernes, ne pou- vaient ^laraitre plus a propos qu'aujourd'hui : "Les grands, dit M. Gerinal , dans une pref;ice piquante, les ministrcs, les oraleurs, les llieologlens,les medecins , lesanteurs, les artistes, les journalistes, les commercans, tows les Lommes enfin ont recours au charlatanisme; ccux mcnie qui clicrclient a tromper les autre* , sont les premiers a se laisscr abuser par des cliar- latans qui deviennent dupes a leur tour; et, tandis qu'un jon- LITTER ATURE. 84 5 gleur subalteine, au milieu d'une place publique, se consume en efforts pour vendre sa marchandise et persuader a la mul- titude que ses remoiles sont bons, un bomme en place use des memes moyens pour sacrifier a ses propres interels le bonlieur de tout un peuple. « Les derniers vers connus de M™" Dufrenoy sont une Epiii-e a Suzanne , et une elegie intitidee : yllcee ; M. Gerinal, editeur de la brochure precedente, et qui a rassemblo egaiement les materiaux de celle-ci, nous donne des fragmens de ces deux poemes conronnes, en 1824 > I'^r '^ Societe d'emulation de Camhrai.'Le premier a e(e insere, en 18^5, dans V Almanack des Muses, et le dernier, en 1826, dans VHommage mix Demoiselles , recueil que redigeait M™<' Dufrenoy. L'edi- teur a joint a sa Notice sur la vie et les outrages de M"" Du- Jre/ioj, plusieurs autres poesies qui out contribue pulssamment a etablir la reputation litteraire de celte dame, qui a eu pour amis tous les gens de letlres les plus distingues de notre cpoque, et il a lerminc son recueil par quelques fragmens des discours prononces sur sa tombe et par deux jiieces de vers dues a cette noble amitie dont nous \enons de parler. La premiere, iiiti- tulce : JjJa Lampc , est une chanson deja bien connue de notre Beranger; la seconde est une elegie de noire eslimable colla- borateur M. Chauvet, imprimee a la suite de la Notice necro- logiqrie que nous avons consacree a la meraoire de M'"* Du- frenoy. ( Voy. Rev. Enc, t. xxv, p. 889 ). 454- — * Collection des meilleurs romans francais , dcdies aux Dames. — 3^ et l\e livraisons, composees de Zayde et de La Princesse de Cleves , par M™"" De La Fayette. Paris, 1826^ Werdet, editeur. 4 v. in- 32, ornes de vignettes et de fleurons; prix 12 fr, {f^oj. Rev. Enc. , t. xxviii, p. 905-907, I'annonce des deux premieres livraisons, cojiiposees du Diable boileux et de Manon Lescaut. \ M^^DeLa Fayette, ditLaHarpe, en parlani de Zayde, est la premiere en France qui ait offert dans un roman des aven- tures raisonnables, ecrites avec interet et elegance. Jamais^ ajoule-t-il au sujet de la Princesse de Cleves , I'amour com- battu par le devoir n'a ete peint avec plus de delicatesse. Les ouvrages de cetle femme d'esprit , qui eut pour maitres Menage et le P. Rapin , et pour amis M""" de Sevigne , La Fontaine , Sc- grais, et le cclebre auteur des Ma.vimes, obtinrent encore les suffrages de Fontenelle et de Voltaire, les deux homraes de leur tems qui esercerent et qui meriferent d'exercer le plus cu (le depense; I'eglise de S. -Maria di Lorelo Piazz.a Trajana , oil Ton retrouve la composition sage et ingenieuse d'Antoine Sangallo; le beau plan de leglise et de I'hospice della Trinila de Peliegri.'ii ; entin , le plan d'une maison sltuee au jiied de la roche Tarpeienne, accompagne de deux Yues charmantes animees par des personnages : I'une de ces vues est prise du. vestibule ; I'autre, du fond de la cour. Les livraisons suivantes noiis donneront occasion de i-evenir surcet ouvrage et de par- ler de son execution. L. S. M. 461. — * Description des ohjets d' art qui composent le cabi- net de feu M. le baron V. Denon". Paris, 1826. 3 vol. in-8°. Treuttel et Wiirtz. Ces trois volumes forment autant de parties distinctes. Le premier, redige par M. Dubois, contient les nionumens an- tiques, historiques , rnoderr>cs ; les ouvroges orientaux , etc. ; le second, la description, par M. Perignon, des tableaux , dessins et miniatures ; letroisieme, relatif aux eslampes et ou- trages a figures , est du a M. Duchesne ainc. Le premier et le dernier volume sont termines par des tables deslinees a fa- ciliter les recherclies. Le nombre des articles, dccrils dans les trois volumes, s'elevc a 3,178 , doni plusicTirs sont collectifs. II serait impossible de donner meme une idee, a moins de se livrer a une description ties-etendue, des objels les plus cii- rieux qui font parlie de ceile nombreuse et inleressante col- lection; j'en riterai seulei);ent quelques-uns. Ainsi , parmi les monumens liistoriques , on frouvcra un grand uombrc d'usleusiles qui ont a[)parlenu au tribunal d'in ■ .S6u LlVRJiS FRAN(;ALS. ar la vajjcur et destine pour rinde, est en armement dans la Tamise; il est nommc la Ju- liana; son port est de 600 tonncaux ; il se scrvira concur- remment, et selon le besoin, de ses voiles et de sa machine a feu. On calcule qu'il ne lui faudra que 80 jours pour son voyage, et de nombreux passagers se proparent a j)rofiler de cetle occasion favorable. Encouragernens donnes aux sciences. — Le Roi d'Angle- terre a fonde rocerament deux prix consislant chacun en une medaille d'or, de la valeur de cinquante guinees , pour tire decernes annuel lenient par la Societe royale de Londres, aux auleurs des investigations scientifiques les plus utiles. Le mi- nistre de Tinterieur, M. Peel a informe la societe que I'inten- tion du Roi n'etait pas de borner a cette recompense imme- diate les marques de satisfac'.ion qu'il desirait donner a ceux dont les efforts seraient couronnes du succes. Glocester. — Monument crigc a Jenner. — La memoiic de I'illustre Jenner vient d'etre honoree comme merite de I'etre celle des bienfaiteurs de I'humaniie. Une statue de marbre blanc ,- executce par Sivier, I'un des meilleurs slaluaires de& ILES BRITANNIQUES. 867 iles Britauni(iues, lui a ete crigee, dans I'eglise calhedrale de Cilocester. EUe est liautede sept juedsel posee siir uii piedestal, <|ui en a hnit. C'est un chef d'ceuvre d'une simjilicite elegante et d'une beanie plcine de nalurel et de verile. L'inscrijxion se compose de ces deux seuls niols : Edouard Jenner. M. de J. LoNDRES. — Peticions pour I'aholition de Vesclavcige. — Celte capitale a offert, le mois dernier, un spectacle assez clrange pour le voyageur peu familiarise avec les usages du penpie anglais. On voyait expose dans chaque rue, et a la porte d'un grand norabre de boutiques, un portrait imprinie d'en- viron i8 pouces de liaut sur 12 pouces de large, represen- tant un pauvre Africain , a genoux , les mains jointes, les yeux elevcs vers le ciel, el dans la posture d'un sujipliant. Au bas de cetle peinture etait ecrit : Petition pour V abolition de I'es- clavage ; et sur une table placee dans I'interieur des bou- tiques, sc trouvaient de longucs feuilles de papier destinies a recevoir les signatures des amis des noirs('). Le nombre de ces raalheureux existant dans les colonies des Indes occidentales , est d'environ 800,000 ( Voy. Rev. Enc. , tome XXVIII, page 602); leur etat ne differe guere de celui du betail employe a Texploilation du sol : iis ne jouissent d'aucun droit , n'ont aucune part dans le travail qu'ils font pour leurs maitres; leurs mariages ne sont point proteges; et dans la plupart des colonies, les families peuvent etre sc- parees et les differens membres qui les composent vendus a des maitres differens. Leur moindre faule est consideree comme un crime, et la resistance a I'oppression est punie de mort. On s'occupe fort peu de leur instruction, ou plu- lot on la neglige entierement, lis vivent dans I'ignorance et le concubinage; on leur accorde, il est vrai, dans quelques lies, un jour par semaine qu'ils peuvent employer a leur profit; mais ce qu'ils gagnent est si modique, le droit j5xe par les gouvernemens des colonies pour leur affranchisse- ment si considerable , qu'il n'est guere pour eux d'espoir de liberte que dans la tombe. En 1823, le parlement resolut d'ameliorer le sort des es- (l) Ce mode de petitionner, tres-propre a faire connaitre an gonver- neraent les seatimens du penpie, est pratique en Angleterre, dans toules les ciiconstanres oil les interets et les droits de la cooimnuante sont compromis; quelquefols meme , comme a i'epoque de la coudamnahou a mort du banqnier Faunlleroy, pour appeler la clemence royale snr na condamne auquel la sociele siateresse. 868 EUilOPE. claves; un iiouvcaii code fut icJigt- par le niinistere anglais ct mis a exOculion dans les colonies de la coiironne. Par cecode, les families esclaves no pouvaient plus eire separees, m los membres qui les composaient vendus isolcment; la l>unition du fouet , conseivee pour certains dclits, ne pou- vait plus eiro infligce dans les dianips pour defaut de tra- vail; les fenimes ne pouvaient en aucun cas etre fouellees, mais ^eulenicnt punies d'emprisonnement ; afin de prevenir les punilions arbitraires, nnjnge, n'ayanl aucunc terre dans !a colonic ni aucun droit de propriete sur les esclaves, avail cte nomme])our recevoir les phiintes, les reclamations et les ajjpels de ceux-ci. Le nombre de coups de fouet a infliger dans un jour ne ponvait exceder vingt-cinq ; et, dans tous les cas ou ce nombre s'elevail a plus de trois, le maitre devait en faire la declaration a I'autoril^ commise a cet effel, et indiquer les motifs de la puniiion. Aucune peine ne pouvait eire infligee le jour meme du debt, ni.avant que les blessures provenant d'un chatiment jirccedent n'eiissent ete gueries. I.es maria- ges des esclaves devaient etre solennises et enregislres de la meine maniere que ceux des individus libres; les noirs, ainsi manes, etaient aptes a paraitie comme Icmoins dans loutes les causes civilesetcrimineiles.excepte, toutefeis, dans cclles ou leurs maitres etaient parties, ou lorsqu'il s'agissait d'un crime i.ijpute a un blanc et emporlant peine capitale. D'apres ce code, le maitre ne pouvnit exiger aucun travail de ses es- claves, le jour d,u dimanche; les biens acquis par ces derniers etaient mis sous la protection des lois ; des banques etaient etabhes pour placer le produit de leur labeur , et leur racbat ou manumission etait exempt de lout droit ou taxe au profit de I'Elat. '■ Ce code fut adopte par les colonies de la couronne : La Tri- nite , Sainte- Lucie , Dernerara, la Berbice , Vile de France, le cap de Bo/ine-Esperance , et rejete en lout ou en partie par la Jamaique, les Barbades , la Grenade, Saint-Vincent , Anti- goa, etc., que regissent en vertu d'anciennes chartes des gou- vernemens particuliers. Toutes ces dernicres colonies ont per- siste a vouloir conserver I'usage du fouet, comme le meilleur stimulant du travail. Aucune n'a voulu cxcmpter les fcmmes de ce chatiment rigoureux, ni accorder a I'esclave la facuJte d'acheter sa liberie, sans j^ayer le droit de manumission. C'esl le rejet de ce code qui a ])rovoque les nombreuses'pe- titioiis que Ton signe maintenanl a Londrcs ct dans jiresque toutes les vijles de rAngielerre. Le parlemcnt sera appele, dans le cours de celle session a prononcer sur les pretentions. ILES BRITANNIQUES.— RUSSIE. 869 des colons qui ne veulcnt conscntir a aucun adoucisscment dans la condition des esclaves et sur ies demandes des amis des iioirs qui muUiplient Ies petitions en ieiir faveur. — Si Ies co- lonies persistent dans leurs iiijnstcs pn'tentions; si , d'un autre cote, lejiarlemenl ne peut annuler Ies ancieiines chartes dont elles font un si cruel usage, qu'il ordoniie au niinislere de retirer Ies garnisons anglaises qui sont a la Jamaiqiie et dans Ies autres colonies, et bienlot ces iles n'anrcnt plus d'esclaves. Les colons devraient y prendre garde. lis ne conservent leur autorite qu'a la faveur des garnisons anglaises; ils ont pour voisins les noirs d'Haiti; ils onl au milieu d'eux les esclavcs marrons refugies dans lesmontagnes bleues de la Jamaiqne ; ce n'est que par la justice et la moderation nu'ils peuvent esperer de conserver quelque temps encore leur autorite sur les mal- heureux auxquels ils commandent. Frederic Degeorge. RUSSIE. Jonction de plusieurs rivieres y au moyen de canaux. — Le gouvernemeut a ordonne que des travaux seraient entrepris, ]jour joindre, par des canaux navigables , i" la Moshwa ct le Volga; 2° le Schehsma et la Dwina septentrionale , ce qui mettra en communication directe le port d'Arcliangel el celui de Petersbourg , et ouvrira une route aux marchandises indi- genes vers la mer Baltique; 3° le Niemen et la IFeichsel, a travers le royaume de Pologne. ( Voy. T. xxvii , p. 265,) C*. Petersbourg. — Diminution des droits de douanes. — Tout observateur attenlif, qui suit avec interet les progres de la raisoD publique et de la civilisation dans les societes euro- peennes, doit se complaire a voir le peuple le plusxecemment entre dans la carriere du commerce y profiler de I'experience acquise par les vieilles nations et s'epargncr leurs longues et fa tales erreurs. L'ukase public, le 19 Janvier dernier, pour modifier le tarif des douanes russes , est a la fois, un acte "d'habilete financiere et de sagesse politique; il fait connaitre la vigilance que le cabinet de Petersbourg met a surveiller ce qui peut etre utile ou nuisible au commerce ; il montre I'impor- tance que Ton attache , sur les bords de la Baltique, a ces lois de detail, exprimees par des termes numeriques , et que Ton traite, ailleurs, avec un funesle dedain; il enseigne enfin , que les vrais interets commerciaux , qui sont ceux du gourverne- U)ent et dupeiiple,rempo.-tent, enRussie, sur Ies preventions nationales, les doctrines sysleniatiqnes , et meme sur les ne- ressiles exigeanles du fisc. 870 EUROPE. llii assez c[ranil noinbre d'objets d'iinportaiion, proliibe* par Ic tai'if anterieur, sojil aJniis maintenant, moyennanl iin droit |)liis on moinselevii. Tels sont : — Les einffes et les mar- cliandises de deml-coton , melers de Iin ou de chanvre, qui pait'iii ?. fr, ao cent, la livr.e ; — Les casimirs blancs et les tissus de laine, qui sont lueles de fil de Iin , de chanvre ou de coton , 2 fr. 5o cent. — Les etoft'cs non transparentes , d'line seule cou- leur, melees dc sole, 4 f''- — Les toiles blanches de Iin et de chanvre, sculou mele de coton, 2 fr. — Les mouchoirsdepoche, de Iin , blancs, avec ou sans bordure , 2 fr. 25 c. — Les gazes et ies crepes teinls, )e marli, le canevas, 12 fr., etc. Ces modifi- cations interessent particuliercment le commerce francais et an.^lais. Cclles qui se rapportcnt aux objels d'exportation sont des dinsinutions de droits. Par exemple, chaque tete de gros betail payait i franc 25 cent, a la sortie ; ce droit est reduit a 5o cent. Toute taxe sur les fers en verges, en barres ou forges est ;ibolie; la soieccrue,sortant paries ports de Petersbourgel de Taganrog, est pareillement exempte. Le froment exj)orte par nier, f|ui etait taxe a i5 centimes le tchetverte, d'environ un hectolitre et denii, u'en paiera plus que 6, comme celui qui sort par terre. Le droit de 2 fr. 5o , sur le the, est reduit a 20 cent. , etc. Par ces mesures, la Russie espcre avec raisou ranimer son commerce de la Baltique, (|ui pcriclite dejiuis quatre ars , son- tenir la vente de ses bles d'Odessa , qui lui procure de si grands avantages , ouvrir quelqiies debouches a ses marchandises de la Chine, acquises a Kiachta, et exciter I'indiistrie agricole de ses vastes provinces en appelant, pour acheter leur belail, leurscuirs, leurs legumes, leurs grains, les navires de I'An- gleterre et de la France, qu'elle admet a inlroduire divers objets de leurs manufactures, prohibes s«5verement jusqu'a ce jour. Une nonvelle edition du tarif des douanes russes est prepa- ree en ce moment par les soins du ministere des finances, a Petersbourg. Si, comme nous le desirons , ce document nous parvienl, nous ferons part a nos lecteurs des observa- tions dont il doit fournlr le sujet. C'esl bien plus, il faut I'a- voiier, dans une piece semblable, ecrite en chiffres, sous la diotee de I'inexorable necessite, qu'on trouve la revelation de I'etat veritable des empires, que dans les discours solenncis on Peloqucnce et la politique en tracent avec art , le tableau bi iilant el souveut trompeur. A. Moreau de .ToNNis. MoHiLEF. — Archeologie. — Decomerte dc iiionnaies cuphi- ques , ou orientales. — On a decouvert , dans cc gonverne- RUSSIE. — POLOGNE. 87 1 nieiit, un grand nombre de monnaies cuphiques , pariiii les- quelles 11 en est de fort rares et de tres-precieuses. Elles sont de 639 a 8i5, par coiise<]UKnt anierieures au regne de Rurik. Elles ont ete prescjue loules frappees en Espagne et en Afrique : on presume qu'elles ont ete apportees dans ces contrces par les Variagues ou Normands , vers le milieu du neuvieme siecle. Ces iJiunuiiiens se trouveralenl en bien plus grand nombre, en Russie, si Ton fouillait les terrains qui les receleiil ; el ils jette- raient uii grand jour snr la domination des princes arabes de la Blesopotamie, sur les sultans nianielotiks d'Egypte, et sur les rois normands de la Sicile. L'Academie des sciences de Saiiil-Petersbourg a fuit I'acquisilion de ceite ridie coUec- llon. Moscou. — Theatre. — Opera italien. — La troupe ilalienne qui est venue s'elablir dans cette ville, vers lemois de decem- bre 1821 , a donne, depuis celle epoqiie jusqu'au moisde juillet de I'annee derniere, (juinze operas de Rossini, et vingttrois operas de divers autres compositeurs, tels que Mayer, Pa- VESi , CiMARosA, IMozART, ctc. ( Voycz ci-dessus, cahier de fei'rier, p. ^-jG , Tarlicle relalif aux theatres, russe , francais et allemand , de Saint-Pclersbourg. ) R. E. ' Odessa et Kertch. — Fondation de deux Musees. — M. de Voronzof, gouverneur general de la Nouvelle- Russie, avail, lors de son dernier voyage a Petersbourg, soumis a I'examen supreme de S. BI. remjjereur Alexandre , le projet de fonder deux musees, a Odessa et a Kertch, pour y deposer lous les objets d'antiquiles de la Russie meridionale, que Ton pourrait se procurer successivement , tant par des fouilles a effectuer sur divers jioints, dans la proximile de la mer Noire, que par les dons jiatriotiques de differens parlicu- liers, livres a la recherche des antiquiles. L'enipereur ayant agree ce projet, et nomme M. le coiiseiller d'etat de Blarem- berg , directeur de ces nouveaux musees , I'ouvcrture et I'inau- . guralion de celui d'Odessa ont eulieu, le 21 aout, en presence de M. le gouverneur general. M. de Blaremberg a fait horn- mage a cet etablisseinent d'une collection de differentcs anti- quiles , egyptiennes, grecques et romaines, tirees de son cabi- net, ainsi que d'un choix d'ouvrages historiques et geogra- phiques. Si*. POLOGNE. Cracovie. — Details statistiques. — Celle ^ille formant, par sa position, un point de contact eiitre les trois puissances qui se sont partage la Pologne , leur jalousie reciproque sur sa 8- a EUROPE. jiossession les a deterniinees a en faire une ville libre : tel a oil- I'uii des rosullats du congres de Vienne. Get petit elat est done independani, mais toujours observe et presqiie surveille par ces grandes puissances, dent chacune a d'ailieurs un interet dans les produils des riclies mines de sel de Wicherna, situees aux environs de Cracovie. Son existence sera precaire tant que !a bonne intelligence qui rcgne entrc ces terribles gardiens ne sera point Iroublee. lis lui font criiel- lement payer son apparente liberie par la uiisere, effet inevita- ble de la ruine de son commerce, que leurs lois fiscales onl presque an<5anti. L'arrondissement de Cracovie comprend dix-sept districts, sur une etendue de ncufmilles; sa jtopulalion est de 118,000 babitans; I'emanciiJation progressive des paysans ne pent que I'augmenter. Ses revenus vent au dela de 200,000 ecus de Prusse; ces fonds , plus que suffisans pour les besoins de rEtat,favoriseraient;ledeveloppement de rindustrie,sielleelait degagee des entraves sans nombre que lui impose une politi- que ombrageuse et oppressive. La constitution efablit cinq especes de juridictions : Ic Scnat , I'JcacIe'mie, le Clerge, les Trihuiiaiix , et les Reprexentons. L'aristocratie preside a lout ; les classes aisces parliei[)ent seules au pouvoir, comuie aux avantages de la liberte. Le .9f'/?«? ne parait point renfernier les elemens d'une orga- nisation durable; car, il n'altire pas a lui les grands proprie- taires ; et il recoit des appointemens, outre les honneurs et les prerogatives dont il jouit. U Academic , formee par Casimir-le-Grand , en i347 » s'^'o- nore de plusieurs homnies distingues; mais elle n'est plus co qu'elle etait, dans ces jours brillans ou tout ce que la Pologne possedait d'iiomnies d'etat, de sunateurs illuslres, d'eveques eminens par leur science , sortait de son sein; elle a degencre avec les autres institutions politiques. Concentree dans la s])here etroite d'une instruction qui n'est pas libre, elle ne fait lien pour perfectionner les sciences, et surtout I'esprit liu- main. Les jesuites clant venus d'ltalie, et s'eiant repandus en Al- leraagne , I'esprit d'imitalion des usages allemands sapa les usages nationaux, et I'opinion, jusqu'alors allachte a des prin- cipes fixes , fut ebranlee et corrompue. La politique de la congregation fut de gagner la jeunesse , et de I'asservir a I'Au- triche. Une nouvelle organisation de I'Academie parait done urgenle. Rlais entrera-t-il dans les vues des puissances de le- POLOGNE. — SU^DE. — DANEMARK. 873 tablir I'lnstruction a Cracovie sur d'aulres bases que celles qui sont ailinises (Jans le reste de la Pologne? Le derive n'a plus que des debris de son ancienne opulence. Ij'independance morale et reelle des tribunaux n'cst pas assez forlenient garantie. Les representans font les lois, et reglent les depenses du gouvernenient. , On remarque une faclieuse negligence dans la direction des liopitaux. La ville est remplie de mendians, que Ton voit ar- river en foule des Irois contrees voisi?ies : 11 sufdrait, pour re- mi'dier a cet inconvenient , d'une somme annuelle prelevee stir quelque irapot. La destruction de la luendicile est I'objet des meditations et des travaux de plusieurs philantropes polonais , parmi lesquels nous citerons Al. le comte Frederic Skarbeck, docteur en philosopbie , professeur des sciences ])olitiques et administratives dans I'universitc royaie de Varsovie, nienibre de la Societe royaie des amis des letlres a Varsovie, qui nous a envoyc , sur les causes de la multiplicite des pauvres dans quelques etats de I' Europe, un mcmoire inedit tres-interessant, couronne par la Societe hollandaise des sciences de Harlem (ij. R. B. SUEDE. Stockholm. — 10 fevrier. — Travail historique encourage par le gouvernement. — Le professeur Geyer , a Upsal, a ob- tenu du gouvernement une pension de G, 000 florins, jusqu'a ce qu'il ait pu terminer son importante Histoire de Norvege. II vient deprononcer son discours de reception a 1' Academic suedoise qui I'a admis dans sonsein. Necrologie. — NoRBERG. — Lc celcbrc orientaliste Norberg vient de raourir a Upsal , age de 79 ans. J. DANEMARK. CopENHAGUE. — Chcmins d'apres la mcthode de Mac- Adam, — On a fait dernierement, dans les environs de Copenbague, (i) La snrabondance des matieres qui afBaent de tons cotes an point central de conimnnications scientifiques et litteraiies que noas avons etabli pour les amis de la civilisation el de I'hnmanite, epars dans tons les pays, ne nons a point permis encore d'inserer uu extrait du Memoire de M. le comte de Skarbeck , noa pins que beancoup d'antres Memoires , Notices on Dissertations sur divers snjets d'un iuteret general, dont nons ferons nsage dans nos publications snccessives. Nous Inttons sans cesse centre les difiicultes d'un plan tres-etendu , resserre dans un cadre trop «troit. (M.A.J.) 87/» EUROPE. lies essais de la mcthode de Mac-Adam , parliculierement, sur le chfiniti de la citadelle, et ilsparaissent bieii rcussir. Dans j)lusieurs feiiilies danoises , celtc inelliode est annoncee avec eloge. Le rcdacteur de la gazelle dc la Selande occiden- lale va nieme jusqu'a metlre ce pcrfectionnement dans la cons- Iruclion des cliemins sur ie in^me rang que rinventioti des bateaux a vnpeur. Cependant, une voix s'est fait entendre contre ces chemins. M. le professeur Bredsdorffa lu, dans I'as- seniblee de la Socieie d'agrlcultiirc, une dissertation d«ns la- (juelle il compare ces chemins et les anciennes chaussees , et il donne la preference anx derniercs. [Messager francais du Nord.) ALLEMAGNE. Bremf.. — Cometes. — II est a present certain que la meme comete arcparu dans notre systcmeplanetaire, en 1786, 1795, 1801, i8o5,i8i8et iSaS.II jiarait qu'eile ne depasse jamais, dans sa course, Torbite de Jupiter ; sa periode, qui est la plus courte , que Ton connaisse, ri'cxcede que de fort peu Irois ans et un quart ; et sa distance raoyenne du soleil n'est guere que deux fois celle de la terre a cet aslre. Elle semble liee par- ticulierement au systeme dans lequel notre globe est place, et elle traverse son orbite plus de soixante fois dans un siecle. quand on consldere une telle mullitnde d'allees et de venues depuis I'origine des choses, on peut bien croire qu'ellc n'est pas restce toujours etrangere aux revolutions qu'a subies la terre. Le cclebre astronome de Brcrae, M. Olbers, qui s'en est occupe specialement , a cherche a soumettreau calcul , la possibilite de I'intervention d'un pareil astre dans les destinees de notre globe. II a trouve que, dans 83, 000 ans, une comete s'approchera de la terre , jusqu'a la meme proximlte on en est la lunc; dans quatre millions d'annees, elle s'en approchera .'< 7,700 milles geographiques ; et alors , si son attraction cgale celle du globe , les eaux de I'Ocean s'eleveront a i3,ooo pieds , c'est-a-dire, au-dessus du sommet de toutes les montagnes de I'Europe, exceple le Monlblanc. Les habitans des Andes et ceux de I'Himalaya pourront seuls echapper a ce second de- luge; mais, ils n'cn profiteront pas pour plus de 216 millions d'annees ; car il est probable qu'au bout de ce terns, si le retour de la comete a lieii, notre globe, se trouvant alors sur son chemin, eprouvera un choc , qui, selon toute vraisemblance , devra entrainer son entiere destruction. M. de J. Hallk. — TJniversite. — Le nombre des etudians, pendant ALLEMAGNE. 875 le dernier semeslrc, a ^te de 1070 ; ce qui fait 3i de pins que jjendant le semestre precedent. Sur ce norabre , 761 s'appli- quent a la theologie ; 206 , a la jurisprudence ; 5^ , a la mede- cine; etSg, a ia philologie. Publication nom'elle. — M. Frederic Bird donne en ce monienl un Apercu de la situation des pays qui a\>nisincnt la partie inferieure du Rhin , sous la domination des Romains, II y est plus particulierenient question de Wesel et de scs envi- rons. Ce livre, du a ses recherclies d'antiiiuites et a scs eludes sur ies monumens, ])Ius encore qu'a I'erudition qu'il a puisee dans les livres , fait esperer des resultnts interessans. Ph. G. Necrologie. — RiCHTER [Jeon-Paul- Frederic.) — L'Alle- magne pleure en ce moment la perte d'un de ses hommcs les plus distingues. Jean - Paul - Frederic Riciiter , genera- lenient connu sous le nom de Jean- Paul c\\i'i\ avail lui-m^me adopte, et qui se trouve souvent place en tete de ses ouvrages, etait fils d'un recteur de college de Wnnsiedel, dans le pays endant presque toute sa vie conserva I'habitucie de, faire des cxtraits de ses lectures, n'ait jamais fait aucun usage de ccs extrails dans ses propres ouvrages : il resia toujours ce qu'il avait ete des le principe, original en tout, et il ne puisa jamais a d'autres sources qu'a celle de son genie. Jean Paid elait d'une grande egalite d'liumeur , d'une urba- nite, d'une serenite et dune tranquillite d'ame souvent admi- rees ; ses qualites sociales ct domestiques le faisaient aulant cherir etestimer a Baireuth, dans ses relations privees , qu'il efait alme et honore comme ecrivain dans toute I'AIIemagne. Sa famille lui offrait encore d'autres elcmens de bonhcur : elle ALLEMAGNE. 877 se composait dc Irois enfans. Son fils uiiiiiiie donnail les plus brillantes espcrances; raais , entrainc par le noble desir de porter digneinent un noun illustre, il se livrait a dcs <5ludes assidues et forcees dont il devinl la victiine. Jean-Paul ne put siirvivre a cc fils clicri. La sanle du venerable vicillard, jusque alorsrobuste.s'affalblit sensiblcment.Dans les derniers mois il perditl'usagede la vue ; et le 14 noveinhre( iSiS ), il s'eteignit tranquillement. Menie apres cette perte cruelle, it n'avait pas interrompu ses travaux; et Tannee dans laquelle nous venons de le perdre, a vu paraltre le sec-"! volume de ses recherches bibliographiques. Sa deiniere occupation fut de classer el de completer ses ouvrages , pour Tedition generale qti'il en prepa- rait. Malheureuseninet, un accroissement de faiblesse, la pri- vation de la vue, et enfin sa niort onl empeche que celte en- trepriseput etre tcrminee par lui ; inais nous espcrons qu'elie le sera par quelque savant alleraand. Pariui ses papiers se trouvent des materiaux prccieux, et le commencement d'ouvrages projetes , dont il avait rcuni les materiaux avec une rare activitc. Voici la lisle chronologique de ses j)rincipaux ouvrages, qui sefont lousremarquerpar une piquanteoriginalite: Les Proces groenlandais, Berlin , 1783 ; le Choix fail parrai les papiersdu Diable, 1788; la Loge invisible, 1793 ; Hesperus, 1795; Quin- tus-FixIein , 179661 1800; Entretiens biographiques arausans sous le crane d'une geante; Fragmens de fleurs, de fruits et d'epines , 1796; le Vieiilard jubilaire; la Vallcc de Campan, oil I'auteur traite de rimmorlalitti de Tame, 1797; Palinge- nesle, 1798; ses Lettres et son plan de vie future, 1799; Tilan, de J 800 a i8o3; ses Annees d'ocolier ( /■Ve^e/ya/zre j , i8o3 ii i8o5, et ses petits voyages. En 1804, il publia son premier ouvrage d'un genre seiieux : I'liitroduction a I'esthelique , dont la seconde edition parut en 1814 ; Levana , ou Lecons d'education, 1807; i^ edition, 1814. Vers le meme terns, pa- rurent aussi ses feuilles deiachees et divers essais publies sepa- rement dans les journaux lilteraires. II ecrivit aussi, en 1814 , et toujours avcc succes sur I'histoire ]>oliiique du tems, et composa ses sermons sur la paix et I'ecliange du trone entre Mars et Phebus. Son dernier roman est la Comete qui parut en i8ai , raais qui est reste incoraplet; et son dernier ouvrage, public il y a quelque mois, a Breslau, conlient une collection d'essais critiques. Jh. de Lucenay. T. XXIX. — Mars- 1826. 56 878 EUROPE. SUISSE. Societi'ssaf'arites et d'utilUe puhlique. — Rien ii'est pour la Suisse d'nn plus lieureux augtire que I'esprit d'union el de fra- ternile qui anime et rapproche aujourd'Jiui Ions scs enfaris. Un des sYii'plomcs Ics plus I'emarcpiablcs dece sentiment national, et I'un des nioyens les plus propres a le lendre plus vif et plus durable, est sans contredit retablissenicnt des associations pati'iotiqucs qui , reunissant dans leur sein les ciloyens cclaires de tous les cantons, les appelle a travailler a un ineine but d'utilite publique ou scienlificjue, leurapprcnd a se connailre, a s'estiiner les uns les autres , et forme entre eux des liens plus forts et plus solides peut-ctre que les liens jiolifiques. Nous avons deja signalti I'exi.stence d'uu certain nombre de ccsSocie- tes. Quelques-unes out ele oubliecs. Un des meilleurs journaux quotidiens publics en Suisse, \e Noin'eUiste Vnudois , veritable repertoire national pour la confederation lielvetique, et dans lecjuel nous avons puise souvent des nouveilcs inleressantes, nousfournit sur cc sujet des renseigneinens que nous aimons a-recueillir. Outre les Socieles nationales, qui n'appartiennent a ancun canton on particulier, nous en nientionnerons quel- ques autres dunt le cercle d'action est plus resfreint, mais qui ni^rilent cependant d'etre rcmarqiiees. Du rcste, comme rcloi- gnement des licu.x et le defaut de documens suffisans ne nous ])ernieltront ])oint de comprendre dans cet article tontes les Societes ([ui atiraient droit a y trouver une place, nous aurons soin de le faire suivre, dans le courantde Tannee, depliisieurs supplemens destines a le completer. La Societe heh>ctiqiie d'utilite publique ^ dont la fondation remonte a une epoque deja eloignee, occupe un des jireiniers rangs parmi les institutions du nieme genre. Ceux de nos lecteurs qui seront curieux de connailre son Llstoire et son organisation , pourront coiisulter nos precedens caliiers. ( A^oy. Rev, Enc. t. xxi , p. 470-472 » et t. xxvin , p. 485 ). Les tra- vaux des membres de cette Societe se rapportenta trois objets: 1° I'education publique, et en particulier I'education popu- laire; 2" I'lndustrie et ses perfectionnemens, surtout en faveur des classes pauvres; 3° I'assistance publique, on la recherche des moyens de venir au secours de rimmanile souffrante. Une reunion annuelle a lieu alternativement dans les differens can- tons, ct ramene periodifpienient une fete a la fois nationale et de familledont une hospitalile patriotique et bienveillanle fail les honneurs. C'est dans la ville de Lucerne qu'a eu lieu la SUISSE. 879 reunion de I'annee iSaS. « Celte session, dit le Noufellisfc Vaudois , a justifie I'espoir des gens de bien. La reunion a etc tres-iiombreuse. La Societe s'est enricliie de pres de soixante- dix nouveaiix membres. Geneve seule en a presente vingt-quatre pris parnii ses citoyens les plus distingiies. Lucerne a accueilli ces pelerins d'une nouvelle espece avec la plus cordiale hospi- talite, et ses habitans ont inontre beaucoup d'empressement i suivre les discnssions. Le discours d'ouverlure du j)resident, M. Ic conseiiler-d'ctat if/ourtz-f/ r/ePF\FFER a raerite Tapproba- tion generale. . . M. le pasteur WiRz, de Zurich , a fait ensiiite un rapport ctendu snr les recherches faites pendant I'annee pour connattre I'etat des choscs dans plnsieurs cantons. . . Des seances de six lieures , pendant deux jours, n'ont pu suf- fire pour entendre la lecture des memoires j)resentes. Parmi ceux qui ont ete bis, nous citerons encore celui du cclebrepere GiRARu, londaieurdel ecole de Fribourg (dont il a cte cloigne paries intrigiips des josuites)', sur les ecoles primaires, et le rapjjorl fail par I'ancien laT)dainann ZEi,LvEGtrER(d'Appenzell), sur le mode suivi j)Our la nomination des maitres d'ecoles. . . Suivant I'ancien et bon usage helvetique, les membres de la Societe ont dine ensemble. La municifialite de Lucerne avait eul'obligeanle attention o,oao a la construction de nouvelles maisons d'ecoles; 27,000 en seconrs pour I'education d'enfans paiivres. Independam- menldesmodiques traitemensalloucs aux instiluteurs primaires, il exisfe un fonds de 49,5oo fr. destine au soulageaient de ceux qui ont besoin de secours. La prefeclure d'Andelfingen , dans le meme canton , a vu se former une Societe dt instituteurs primaires qui, depuis six an- nees, s'assemblent periodiquenient , dans le but de se comniu- niquer les lumieres et I'experience acquises par la pratique des honorables fonctions de renseignemenl. Dans le canton de Bale, !es inslitntcurs primaires ont crce une 6'o«Wt'' qu'on poiirrait appeler A' Assurance- l\lutuelle. Au moyen du paiement d'un droit d'enlree et d'une cotisation anniielle, chaqne inslituleur jient assurer a sa femme des se- cours apres sa morl , et a ses enfans ijne education convenable. L'agriculture a trouve ausst dans phisieurs cantons les en- coiiragemens necessaires a son ];erfcctionnement. I! exists a Berne et a Bale , des Societes economiques qui se coniposent d'agronomes et de ])roj)rielaires. Ellcs publieiit des menioires, et inetienl au concoiirs des questions d'economie rurale. Endn , pour donner une idee des progres que I'esprit d'asso- ciation et I'esprit public ont fails en Suisse, nous citerons la ville de Geneve, oii, depuis Tannee 1814, epocjne de sa reu- nion a la confederation hclveliquc, 5?. etahlissemens d'utilite puhlique , d' instruction , ou d^af;rcment, ont ele fondes, prcs- que tons par des particullers. Un exeniple, peul-etre cr.coje plus remarqnable , est celui de la ville de Berthoud, dans Ic 88.1 tUROPE. canton de Berne, qui ne coinpie pas plus de 1800 imes. Unc Societe >-riitih'tc publique s' em formee dans son sein; el grace a sa bienfaisanlc aclivite, et a la genereuse influence de M, Hoff, insiituteur, elle possede aujourJ'hui une Societt; de lecture , une cuisse (tepargnes , une administration de pain- res , a la- quelle est adjointe une Societe de dames, une ccole gratuite pour les j'eunes filles , une bibliothequc pour les regens des ccoles , une Societe de secours en cas d'incendie , el quelques autres inslitutions de ce genre. Heiireux Ic j)ays ou les citoyens ont le pouvoir et la volonte de inanifester ainsi leur patriotisme el leur amour de I'hunianile! A. J. Berne. — Publication prochaine. — Journal Suisse de droit, de legislation et d' administration judiciaire. — Le projet, plu- sieurs fois forme dans qtielcjues cantons de la Suisse, de publier un journal de celte espece, va recevoir eniin son execution. MM. les professeurs Schnell et Henre de Berne, tons deux connus par des travaux importans dans la carriere du droit, se chargent de realiser ce ]nojet. L'execution ne pouvait tom- ber en de meilleures mains. Le moment actuel nous semble tres-opportun pour le succes d'une semblable entreprise. La plnpart des cantons de la con- federation s'occupent de refondre lenrs lois civiles et crimi- nelles, afln de les niettre en harmonic avec leurs instilutions politiques. De nouveau journal de jurisprudence qui va pn- raitre deviendra un centre contmun pour d'uliles relations entre eux. Les sciences, les arts en general, out, en Suisse, leurs points de communication; diveis journaux en repandent les connaissances et en annoncent les ])rogres. Des rapports etablis entre un certain nombre d'homines voues a d'honora- bles travaux coiiiribuenl a obtenir ce resultat. La science des lois va j)ar!iciper a ijxmemes a vantages; c'eslcellequi, en Suisse, a le plus besoin d'encouragemens et de bons cxemples. Le lien polilic(ue qui unit les cantons n'cst point une garantic assez feconde d'nnion et de fraternite. II faut se rapprocher pour se connaitre; et d'une connaissance plus intime nait I'u- nion. AucuM moyen de la cimentcr el de I'entretenir ne doit etre neglige; et nous avons vu, dans ces derniercs annees, les piaisirs el les fetes donner lieu a des rap[)rochemens periodi- ques entre les confederes. Le journal de jurisprudence aura pour butde les rapprocher, da usee qu'ils ont de plus precieux. Les legislations des divers cantons ne seront plus aussi etran- geres los unes aux aulres; tiles s'eclaireront mutuellement et se preteront d'uliles secours; eiles formeront une sorte de lien civil, et Ton ne vcrra plus, sous le meme ciel , et dans un SUISSE. — ITALIE. 883 ccrcle de quelques lieues, ties institutions si disparates qu'elles semblaient appartenir a des peuples de diffi'rens liemispheres. Le journal annonce dans cet article ])arailra, tous les trois inois, par caliiers de lo a it. feuilles d'imptession ; il traitera de tout ce qui lient au droit public, civil et criminei de h« Suisse; il fera connaitie toTis les bons ouvrages ])ublies sur ees niatieres, ainsi (|ue les decisions importantes emanees des tri- bunaux souverains de la Suisse. Une partie sera redigee en al- lemand , et une autre partie en fiancais. MM. Schnoll et Henke se sent procure, dans les divers cantons, des coliaborateurs parfaitenient capables de les bien seconder. L'abonnement est de 1 1 fr. de Suisse, franc de port pour la Suisse, et pourl'AI- lemagne de 7 flor. 3o k. Le premier cahicr paraitra au mois de juin ])rochain. On s'abonne chez tous les principalis li- braires de la Suisse. H. ITALIE. MouTiERS. — Ecnle des tnines. — Mouliers, capilale de la Tarentaise, dans le duche de Savoie , futjadis la seconde ville du pays des Controns que , suivant M. Deluc , traversa Anni- bal , lorsqu'il envahit I'ltalie. Le sol sur lequel el!e est con- striiite est devenu cliissique, en geognosie, depuis la publi- cation du beau menioire geologique de M. Brocliant. Plu- sienrs etablissemens , situes dans les environs, et surtout les inines et les laveries de Pcsey et Macault , la fonderie royale de Conflans et les salines placees aux portes de la \ille , meritent de fixer I'attention des voyagciirs et des sa- vans ; a ces premiers avantages le sejour de Mouliers reunit celui de communications faciles avec le val d'Aoste, le Dau- pbine et la Suisse. — La premiere ecole que Ton ait crcce y fut etablie , en Tan 10 ( 1800 ) , par le gouvernement francais, et la direction en fut confiee a M. Schreiber. Nos ingenieurs les plus distingiics en soiit sorlis. Mais bientot on songea a la transporter a Paris, cii les cleves devaient trouver ])lus de res- sources pour I'instructiou tlicorique, tandisque, voyageani, pendant six mois, chaque annee , ils iraient puiscr dans les provinces I'instruction pratique. L'executiondeccprojet devint une nccessite , lorsqu'en 181/4, la Savoie fut scparee de la France. Ce u'est que depuis (pjelques mois qu'une nouvelle ecole a ele fondce par le roi de Sardaigne. Eile a ele plac^e dans le local que les Francais avaient abandonnci; niais le nom de I'ecole a ete change, comme pouvunl rappeler imc ejioque dont on voiidrait effacer le souvenir. On'est pins une 8«4 EUROPE. ccoledes mines, uy.ih u.nz cco'e (^/t w/Ar/«/o^';ef( sciiola di mi- neralogia ). 11 eut elo difficile dc lui appllqucr une dciiomiaa" tion plus iiiipropre. Pour etre recu eleve , il faut avoir suivi , pendant quatrc ;tns, les cours de malhoiualitjiies pures, de mOcaniciue , de niincralogie gcncrale et de chimie gcnc-rale, qui se font a I'e- colc d'hydraulique ('AahWe a Turin , et avoir snbi des examcns s.stisfaisans sur I'objet de cliaciin de ces coins. — Les eleves sont divises en deux categories : les internes et les extemes. Les c'leves internes n'ont sur les extemes d'aulre privilege que celui de loger a I'ecole menic, et de recevoir du gouver- iienient un traitenient de 5oo francs. Les uns et les autres con- courenl , aprcs deux annces d'etude , pour elre admis dans le corps royal des ingenieurs. Le nonibre des eleves internes est limite par la somnie affectee a kur traitement, et par I'eten- due du balimcnt de I'ecole : il es.t mainienant de six. Celui des extcrnes n'est restreint que par lesbesoins du service. — Les cours dont la durce est de deux ans, sont publics :ils se font en francais, comnitncent. an i"juin et finissent au i" Janvier. Les cours de inineralogie et de geologic ont lieu , du i"' juin au i"^ aout. Le niois d'aout est consacre a des cours geolo- giques. — Les cours de docimasie et de metaJlurgie durent depuisle i" septembre jusqu'au i" octobre; celui d'exploita- tion, du I'""' octobie au i" Janvier. — Du i*^"^ Janvier au 1'"' juin , les eleves sont exerces dans I'interieur de I'ecole a des travaux docimastiques et grapliiques, ou envoyes a I'interieur pour visiter les principaux etablissemens , mines et usines du royaume. lis penvent aussi employer une partie de ce lems a suivre les travaux d'exploitatioii el de metallurgie , a Pesey et a Conflans , ou des appartemeiis leur sont reserves dans la maisoii du direcleur. Les eleves qtii se sonl le plus dislingu^s obtiennenl des recompenses en livrcs, en iustrumens, et en fonds pour faire des voyages dans les ])ays etrangers. — Les professeuissont au nombre de trois : M. Michelotti enseigne !a docimasie et la metallurgie; M. I'abbe Borson , la geologic etla a)iiieralogic; M. Replat, I'exploitation. M. Miclielotti , qui est aiissi professcur al'universite de Tu- rin, est avantageusemenl connu par plusieurs articles inseres dans les Me/noires de V Acadcmie dc Turin. M. Borson , pro- fesscur a la ineme universite, s'est occupe de recherches mine- ralogiques sur le Pieraont. — A la tete de I'ecole, est place M. DtspiNE, ancien eleve de TEcole polylechnique , charge en meme terns de la direction des mines et des fonderies de Pesev , Macaull et Conflans. — L'ecolc devra bientot a I'acli-- ITALIE. 885 \i;e de eel habile ingenieur el h la nmnificence du gouverne- ment de belles collections qui serviront a rinstructiori des eleves. Celto institution proinet done dheuietix resultals a la science; in.-iis elle est encore naissante et parait susceptible de t,'rands perfcctionnemens. Ainsi, Ton sentira combien il est IVicheux que les professeurs n'y sejouri;enl point loute I'annce «:t que leurs cours soient aussi pen prolonges. Le gouverne- inent piemontais a cru pouvoir . en creant I'ecole de Moutiers, ju'L'parer les moyens de I'aninier I'industrie languissante. Mais, s'll est utile de repandie parini les proprietaires d'usines et ceux qui ex])loilent les mines, les lumicres d'nne saine thcorie propre a eclairer la pratique , on ne pent se dissimuler que le premier besoin du Piemont est la reforine d'une legislation vicieuse, et defavorabie sous tous les rapports au libre deve- lopperaentde riuduslrle. A. P. Rome. — Instruction publique. — On vient d'etablir, a I'uni- versile de la Sapience, une nouvelle chaire pour I'enseigne- ment du droit public eccW'siastique. Elle est confiee au pere Ventuia, reiigieux de i'ordre des Theatins. Dans ses premieres lecons, il s'est servi de toutes les armes que pouvaient lui four- nir la iogique et la tLeologie scolasliques , pour pronver le syl- logisme suivant : « Tout pouvoir derive de Dieu; le pape est le deiegue de Dieu ; done, tout pouvoir derive du pape. » X. — Inscription grecque sur itn ancien tombeau. — Vers la liuitieme borne milliaire de la voie Nomenlane , M. Castel- Inni, proprietaire de quelques terrains dans ce quartier, et directeur des fouilles que Ton y a deja faites, a d<;couvert une inscription grecque assez bien conservee pour que notre savant helleniste, I'abbe Amali , ait pu en donner avec exactitude la traduction suivanle: « Ma patrie est V immortelle Rome; j ai pour pere son empcreur et son roi.r> — « On in'appelait Alh- ciLLA , nom cheri de ma mere. « — <■■ Destinee a mon epoux des Venfance, je lui ai laisse en mournnt quatre Jils qui touchaient a leur adolescence. » — « Ce sont Icurs mains pieuses qui m'onl ■ descendue , jcune encore, dans ce tombeau. » — L' Academic Tiberina, dans sa seance du 27 fevrier , a recu, au nombre de ses correspondans, M. GuiiRiN, direc- teur de rAcademie francaise de peinture a Rome, et M. Cu- j/m/V Del AVION K. I. Milan. — Necrologie. — Breislar. — L'ltalie a fait une perte douloureuse dans la personne de Scipion Breislak, mort le i5 fevrier 1826, a I'age de 78 ans. Ne a Rome d'un pere originaire de la Soiiabe, il s'tlait consacrc de bonne heure a I'ttude des sciences exacles et naturelles. Jeuue encore, il fut ^S6 EUROPE. noinnit', sur hi dcmande ilu celebre Slay, profcsseur de pliy- sirjiie et de niatliematiqnes a Raguse , ville remarquable pour les homines de lellres qu'eile a produils. C'est )a qu'il connut la savante fHinille des cointes de Sorgo, ct parlicnhereineiit I'abbe Fortis qui lui irispira I'araour de Thisloire naturelle. Do retour a Rome, ilenseigna dans le college Nazareno les sciences physiques ct niathemaliques, et concourut a ramejioralion du cabinet minc'ralogique de ce college. II avait toiijours scnti la necessile d'etudier la nature dans la nature el!e-n)cuie ; il fit plti- sieurs voyages dans les montagncs, pour visiter les lieux ou elle revcle encore mieux ses mysteres. C'est ainsi qu'il entreprit les recherches geologiques fjui Tout occijpe pendant toute sa vie. De Rome il se rendit a Naples ])our examiner les princi- patix j)h('nonicnes que ce pays offre a la curiosite des observa- leurs. La, il rencontra une seconde fois I'abbfc Fortis, et connut le celebre Delfico et d'auties honimes de Icttres, qui, encou- rages par leitr cxemple , s'adonnerent a I'elude de I'histoire naturelle. M. Breislak fit les experiences les plus dangereuses dans la solfatara de Pouzzoies , ou il elablit un grand appareil chimiquo pour titer de ces mines le plus de profit jjossible. Conlraint par I'elat de sa sanle d'abandonner ce travail, il donna ses soins a I'instruction des eleves de I'artillerie royale de Naples dirigee alors par le general Pominereul, et publia , outre divers autres opuscules, ses T^oynges dans la Campanie, dont une traduction francaise a etc imprimee a Paris. Les vicissitudes ]>olitiques I'entrainerent a Rome, et de la dans la capilale de la France, ou il frequenta les savans les plus distingiies dans les sciences qu'il ])rofessa!t, lels que F'our- croy, Chaptal, Hauy, Brongniart, Cuvier , Vauqiielin, etc. De retour en Italic en 1802, ii fut nomme inspecteur des fa- briqnes de nitre et de poudre du royaume, membre de I'ins- titut, et successivement , des societes de Londres , d'Edim- bourg, de Berlin, de Petcrsbourg , de Munich, de Turin, etc. Continuant toiijours ses recherches au profit des sciences na- turelles, il a public plusieurs ouvrages : (Arte del salnilrnjo (sur le raffinage des nitres) , et une Inlrodtiction a la geologie , reimprimee avec des additions ct des perfeclionnemens, sous le litre iV Institutions geologiques ; c'est la qu'il reciieillit et coor- donna avec beaucoup de methode les principes de la geogno- sie et de la geologie. Cet ouvrage , dont le inerite est gene- ralement reconnu, a etc traduit en jilusieurs langties. Malgre son grand age , M. Breislak n'a jamais cesse de communiiper a I'institut de Milan ses divers memoires. D'apros I'ordredeson gouvernenient, il publia , en 1822, sa belh' Description geo- ITALIE. — GRECE. 887 logique clc la proi'ince de Milan ; il s'occupait de faire un travail hcmblable pour le pays qui se Irouve enlre le Verbano el Ic Lario, lorsque la morta interroinpu scs recherches. Un cabinet mineralogique , forme par ce savant, a fait I'admiration de tous les amateurs et de I'empereur lui-meme qui I'a visite. M. Brcislak I'a cede a I'illustre maison Borromce. Genes. — Necrologie. — Degola. — M. I'abbe Eustuche De- GOLA, I'un de ces horaraes rares qui se rendent dignes de leur saint ministere par la pratique de la cliarite chretienne , est mort , ie 7 fevrier 1826, laissant a regrelter, outre ses verlus d'homme et de pretre , une vaste erudition ecclesiaslique et une connaissance profonde des laiigues orientales. II y)arta- gcait I'administration de YInstitut des Sourds-Muets de Genes, avec le Pere Assarotti; les soins qu'il prodiguait a I'instruction de ces jeunes inforlunes etaient un exeniple cdifiant pour tous ceux qui pouvaient en eire temoins. F. S. GRECE. r^APOLi nE RoMANiE. — Orgam'salion des trebunaux grecs. — Le gouvernenient grec a rendu depuis peu les deux decrets suivans : « Art. i'^"'. Quaire especes de tribunaux sent etablies dans la Grece : 1° les tribunaux des jugcs de paix; 2" les tribunaux des provinces ; 3° les Cours d'appel et la Cour supreme. « 2. Les anciens de chaque ville, bourg on village, rempli- ront les fonctions de juges de paix. « 3. Dans chaque province il y aura un tribunal, qui sera com- pose de trois juges laiques , elus par les provinces, et choisis par le gouvernement de la raaniere suivante : cliaque province elira pour ses representans, d'apres la loi des elections, neuf individns, soit parmi ses habitans, soit etiangers a la province; elle prescniera ensuite les noms de ces individus au gouverne- ment, qui en clioisira trois. Chacjue tribunal de pruviiice aura un premier secretaire, qui ne pourra pas etre le parent d'uu juge, et qui sera choisi par le gouvernement; il aura anssi un huissier et un sceau qui portera I'effigie de Minerve avec celte inscription : Tribunal de telle province. t 4- Sont etablis pour le moment les tribunaux d'appel ci- dessus composes de cinq membres qui seront choisis par ic gouvernement. Celui de Tripolitza , dont la juiidiction s'eten- dra dans les provinces de Patras, Gastouni, Pyrgos , Arcadia, Mocostron, Modon, Coron , Nisi, Mania, Imblaki, Phanari, Loandari, Caritena, Calamata, Mistra , Androussa in la nou- 888 EUROPE. vclic Sparle ; celni de Napoli de Romanic, cpii comprendra dnns sa juridictioii Argos , Corinllin. Monembasia, Saint- Pierre, Praslo , Hydra, Spczzia , Paros er Dcrvcnnchori ; celui d'Aflieiies, pour les provinces de la Grcro orirntale , ainsi que pour yEgine et Salamine; >in aiiire, a Missolonglii , pour les provinces de la Grece occidenlale; uri dans I'ik; de Naxos, pour les lies Cyclades, et eniin un sixienie en Candie. <» 5. Le tribunal d'appel aura un president clioisi tons les trois mois par les membres qui le composenl, un preuiier se- cretaire et les huissiers necessaires ; il aura aussi un sceau ])or- taul I'effigie de Minerve, avec celte insciiption : Tribunal d'appel de... « 6. La Cour supreme est elablie dans la capitale de la Grece; ce tribunal est compose de neiif membres , clioisis par legouvernement : le president est elu lows les ans par les mem- bres. II a un premier et un second secretaire, choisis par le goiivernement ; il se servira du sceau portant I'effigie de Minerve, avec cette inscription : Tribunal supreme de la Grece. » PAYS-BAS. Bkuxelles. — Santepubliquc. — Hygiene militaire. — Nous avons fait connaitrc ( Voy. Rev. Enc. , t. xxvi , p. 799, ) un Me- moirc de MM. Vleminckx et Van Mons^TA', sur I' ophthnlmie qui regne dans Varmee des Pajs-Bns ; nous avons dit aussi d'oii ces jeunes savans pretendent que le mal tire son origine. Nous avons la satisfaction d'annoncer aujourd'hui que S. Exc. le minislre de la guerre vient de porter a la coniiaissance des commandans militaires des differentes provinces que S. M. leur donne i)leiii pouvoir de faire executer les essais indiques dans Irs garnisons oil I'oplitlialmie sevit avec le plus d'intensitc. Ainsi , conime I'observe le journal de la Bclgiijue , les vceux si gencralemeut et si ardemment formus pour rintroduction de chanpemens utiles dans la tenue de nos troupes, vont etre realise.-,, et I'ojjinioti, soutenue avec tant de zele par MM. Van- SEVENDONCR, Vleminckx et VAN RioNS, scra soumise au creu- .set de I'observaiion; esperons que cette experience leur sera favorable, et que nous verrons bicntot disparaitre de notre armce le fleau qui le desole dej)uis si long-terns. N. B. Le Meinoire sur rophthalmie observee h I'arnice des Pajs-Bas , par M. de Kirkhoff , ancien medecin en chtfdes hopifaux militaires, dont nous avons annonce la traduction holliindaisc, vient d'etre cgalement traduit en anglais et en aliemand. PAYS - BAS. 889 — \^ /dcadi^mie ro/ale dcs sciences et belles ■ lettres de cette villcvienl tie recevoir au noinbie de scs ineir.bres honoraires M. Van Ewyck., administrateui'-general de I'instruction pu- blique. Amsteruam. — \JInsiiiut royal cles Pays-Has vieiit de faii-e paraitre le proccs-verbal de la iS^reuniorigencrale qui a en lieu, les 29 et 3 I aoiit 1825. On y troiive un tapport du president sur cc qui s'est j)asse ^'''"teressaiit , depuis la der niere reunion ; un rapport du secretaire sur les travanx des diff'erentes classes durant la ineine periode ; et plusicurs autres rapports sur les sciences, les lettres, les beaux-arls et sur I'Drganisation inte- rieure de ce corps savant. L'institut a fait jjaraitre en meine teins, mais seidemeiU en faveur des menibres, un rapport de la 5" reunion publique (le la ])rcniiere classe ( celle des sciences) qui a eu lieu, le '3o aout 1825. Ce recueil n'est pas moins interessant (jue le pre- cedent : il contieiit le discours du jiresident M. /. P. Vande- CAPELLE, et un rapport etendu du secretaire M. Vrolick, dans lequel. il est rendu compte des travaux de la premiere clnssc. M. Erama, professeur d'astronomie a I'universite de Leyde, que la raort vient d'enlever aux sciences , avait prononcc, dans !a meme seance, un discours sur la force d'altraction. LouvAiN. — Unlversite. — M. Gl.esener, nomme prece- deuunent professeur extraordiuaire dans la faculte des sciences, vieul de proiioncer son discours inaugural. L'orateur a entre- tenu son auditoire de la vraie inethocle d'eluditr la physique; du vrai but de cette etude et des decom'ertes principales dues aux rnodernes. II s'est altaclie a montrer la liaison qui doit exister entrel'observation exacte des fails et la recherche analy- tique des lois anxquelles ccs faits sont soumis , coinuie des con- sequences riiicessaires. M. Glsesencr, en terminaiit son discours, paie un juste tribut de reconnaissance a M. AValter, inspecteur- general , dont rauiitie bienveillante a nplani pour lui la car- riere de renselgnement. — M. Pagam vient d'etre aussi nomrae professeur extraordinaire dans la faculte des sciences de la meme universite. On a pu remarciuer, depuis quelque terns , que le gouvernement donne plus d'extension a I'enseignement des sciences niatliematiques, qui deja se trouvaient enseignecs avec soin dans la plupart des etablissemens du royaume. Necrologie. — M. Cornelius Ekama , professeur d'astro- nomie, est mori le 2,1 fcvrier. On a de lui quelques recherches hisloriques sur les geomeires frisons , ct particulierement sur ruslronome Gemma Frisius. A. Q. FRANCE. Bai-aruc-les-Dains [Hi'rault\ — Monument cons acre a la metnoire de Montgolfier. — > Une masse grossiere de pierres brutes, sans inscription , sans .Miciui signe cipparent , recou- vrait dans la petite chapelle de ce lieu, les restes du telebre aeronaute Montgolfier, mort dans le bourg en 1810. M. Tour- ron , nomine I'annee derniere cure de Balaruc, s'est em- presse de provoquer une souscriplion ])our rcparer cet in- jurieux oubli; et dans ])eu , le voyngeur, qui vient mediter sur les ruines de I'ancienne ville de Thau , lira sur un marbre simple I'inscriplion suivante de M. Tourron : ATT GENIE DU CELEBRE J. MONTGOLFIER , DONT I.ES CENDREa REPOSENT T>J\.^'. CETTE EOtrSE ; T.ES AMIS I)ES ARTS ET DES SCIENCES. OBUT ANNO, 181O. M* Socidtes savantes ; Etablissernens cF utilite publique. BoRDEAiTX. ( Gironcle). — Sociele cV emulation comincrciale. — Dans la seance ordinaire du 3o Janvier, M. le president- directeur a rendu compte des travaux de la soclete, depuis le mois d'avril iSiS, epoque desa foridation. Malheureuscment , dans ce court espace de terns, I'institution naissante a perdu deux de ses niembres, MM. de Laromiere et Balcuerie- Stuttenberg (voy. Re\'. Enc. , t. xxvii, p. 621) , dontle zele ct les connaissances lui auraient ete d'un grand seoonrs. Le but qu'elle veut alteindre est de repandre dans le commerce le gout de I'etude. Elle est composee de jeunes gens qui s'occu- pent dos recherches , et de membres protecteurs , honoraires et correspondans (jui les dirigent el les ccjairent. Deja quel- ques opnscnles inslruclifs out etc publics par les jeunes socic- taires, et tout annonce que leurs travaux devlendront en pen de terns. Tune des sources 011 Ton viendra chercher des docu- mens et des donnoes precises dont les questions comroerciales out si souvent besoin. La Societd d' emulation commerciale de Bordeaux est une creation toute nouvelle, dont I'organisation ditCere de cellc des autrcs societes qui tendent a ])eu pres au memebut: il sera intcressanl d'observer ses progres, son in- fluence et les services qu'elle aura rendns au commerce. F. DouAY ( Nonl ). — La Societe centrale d' agriculture, sciences rt arts du departement du Nord , a propose les prix suivans : I FRANCE. — DEPARTEMENS. — PARIS. 891 — /Agriculture. — Une medaiire d'or, de la valeur de 200 fr. , a I'auteiir dii meilleur niemoire « sur les ameliorations dent sent suscepllbles la culture, rcxploita^iou et ramonagemcnt des bois et des forets du departement du Nord. » — Eloquence. — Une mtidaiUe de la nicnie valeur, a I'auteur du meilleur discours sur cette question : « Quelle influence I'etude des sciences econoniique.s exeice-t-cUe sur !e ]ia(riolisn)e?» — Poe- ■<■/> Rcponse a la premiere question. Le sulfate de sonde peut etre convert! sans difficulte en sel ma- rin, en le dccom|)osant par le muriate de chaux. Le sel ainsi regenere a toutes les qualites du sel ordinaire , et ne pourrait en etre dislingue. Reponse a, la deuxieme question. La con- version du sulfate de sonde en sel marin serait, dans les loca- Jites les plus favorables, et, plus encore a Paris, une tres-inau- vaise speculation. II ne resterait a craindre que de voir les fabricans de sonde factice raettre dans le commerce du sulfate de sonde contenant assez de sel marin non dccomj)ose, pour qu'on put i'en extraire directement avec avantage. Mais I'ad- rainistration peut eviler facilement cet abus, an nioven de la \ PARIS. 893 surveillance qu'elle exeice sur les fabriques de soude factice , et en adoptant , pour essayer le sulfate de sonde, le precede in- diquc par la commission. Apres avoir expose les avanlages qu'obliendraient les fabricans de verre, s'ils pouvaient se pro- curer dans le commerce le sulfate de soude prepare nvec lesel marin exempt de droit, et avoir donne luie description com- plete dii precede a suit're pour essayer le suljale dc soude , le rapporteur dit:« Nous terminerons ce rapport, en einettant le vceu de voir bienlot le gouvernement permetlre la venle du sulfate de soude prepare avec le sel marin livre en franchise de droit, concession qui ne presente , corame nous I'avons prouve, aucun inconvenient pour letresor, qui doit avoir une grande influence sur notre Industrie nianufacturrere, et qu'il est par consecpient bien a desirer de pouvoir obtenii-. » ( A])- prouve. ) — MM. Brongniarl et Brochant sont adjoints a MM. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire pour I'examen d'un mc.noiie de M. Marcel de Serres sur des os de mastodonte trouves en Langucdoc. — MM. Lei^cndre et C auchy iowX. un rapport sur un nirmoire de M. Frizon relatif a la sommation des puissances semblables des racines d'une equation , et sur la ihcorie des fractions continues, lis penscnt que le nicmoire de M. Frizon montre uu esprit familiarise avec cettc partie de I'anaiyse qui a pour objet la theorie des combinaisons, et que sonauleur me- rile les encouragemens de I'Academie. ( Approuve. ) — M. Du- TROCHET lit un memoire sur les causes de la direction de la radicule du gui. — Du i3. — M. Guerre ecrit a rAcadc'mie pour soumettre a sf)n jugement un instrument a vent de sa composition. (RIM. Prony et Biot,commissaires). — M. Peyronnet, ministrede la justice, consulte TAcadeiniesur les moyens les plus propres a garantir la sociele contre les speculations ciiuunelies des faus- saires qui emploient des ])rocedL'S chiniiques pour laire dispa- raitre I'ecriture des actes, afin d"y inserer des conventions frauduieuses. La section de cbimie , a laquelle s'ailjoindront MM. Gny-Lussac et Dulong, est cliargee d'examiner les ques- tions enoncecs dans la lettre du ministre. — M.Bras, principal du college de Libourne, soumet a I'examen de I'Academie la demonstration Am postultilum d' Euclide , qui sert de fondement a la tlieorie desparalleles. — (MM. Cauchy et Fourier, commis- saires.) — M.Andreossy lit la i)remiere partied'uumemoireinti- tule : des Depressions dela surface du globe dans le sens longitu- dinal des chaines de monlagnes, et enlre deux reliefs mariiimes adjacens. — MM. Duineri! , Portal, Dupuytren, Magendie et Eoyer sont nomnies membres de la commission chargee d'exa- T. x.\ix. — Mars 1826. 57 Ugl, FRANCE. miner les ouvrages qui concourent aux prix dc medecine et de chtrurgie fond6s par M, de Montyon. — MM. Tlienard, Gay- Lussac, D'Arcet, Chaptal et Dulong sont noTniiies merabres de la commission charg(^e d'examinerles ouvrages des auteurs qui seront parvenus a rendrc un art ou un metier moins insalubre, objet de I'un des prix de M. de Montyon. — M. Girard lit un quatrieme memoire sur les canaux de navigation consideres sous les rapports de la chute et de la distribution dc leurs ccluses. — MM. Arago, Fresnelet Magendie , nommcs commissaires poui I'exanien d'un memoirs de M. ie docteurllouzii, intitule: Decouverte du depart anatomiquc , ou Explication dn fameux probleme de I'electricite gencrale, declarent qu'apresia lecture la plus attentive, il leur a etc enlierement imj)ossible de saisir le sens que I'autenr a voulu expiimer. — M. Caucuy presente une note sur {'analyse des sections angulaires. — M. Michel Os- TROGRADSRY rcmet un manuscrlt contenant la demonstration d'une proposition de calcul integral qu'il api)liqiie a des equa- tions aux differences partielles du second ordre et a la deter- mination des fonctions arbitraires. ( M3I. Legendre etPoinsot, commissaires.) — M, DuTROcnExlitun meraoireintitule : De I'oeuf et du tetard des batraciens. — Un memoire presente dans I'une des seances precedentes par M. ^ug'. Saint - HiLAiRE,et qui a pour objet le systeme d' agriculture des Bresiliens et ses rc'sultats dans la province de Minas-Geraes , est renvoye a MM. Sylvestre et Morel de Vinde. — M. LEROTf/'^'//o&jlitun memoire intitule : Recherches svr I'asphjxie. (MM. Duraeril, Tessier, Magendie etDulong, commissaires. ) — M. de Zuglen DE Nyevelt adresseun mauuscritintitule : Esquissedu nouveau systeme d' astronomic. (MM. Eouvard et Mathieu, commissaires.) — Du 20. — MM. Desfontaines et Mirhel font un rapport sur le memoire de M. Duvau , relatif au genre des veroniques. — « Le travail de M. Duvau embrasse une midtitude de petits faits profond^ment etudics. Aucun n'est sailiant, quoique tous puissent interesser les botanisles. II passe en revue toutes les modifications organiques que presentent le calice , la coroUe , les ctamines, I'ovaire, le style, le stygmate, le fruit et la graine. Get examen lui fournit un certain nombre d'observations qui, jusqu'a ce jour , n'ont ete publiees par aucun auteur , et dont plusieurs serviront sans doule a completer nos connaissances sur le genre veronique, et a partager en pelits groupes cha- canedes trois sections linneennes fondees sur la disposition des fleurs... Le memoire de M. Duvau marque sa place parmi les observateurs exacts et laboileux. L'art de bien observer se manifeste aussi clairement dans la decouverte des moindres i- PARIS. 895 details, que dans celle des fails les plus imporlans. L'Acade- raie doit applaudir aux effoils de M. Duvau et I'encourager a poursuivre son travail. » ( Approuve. ) — M. Adrien de Jus- siEu est nomme candidal a la cbalie de botanique vacanlepar la demission de son pere. — M. Civiale continue la lecture de soumemoire sur lalithotomie ellalithontripsie (MM. Chaus- sier et Dupuytren , coramissaires. ) — M. Pinel fi!s lit un memoire intitule : Sur les causes physiques de V alienation men- tale. ( MM. Portal et Magendie, commissaires. ) — M. Cau- chy lit un rapport sur la demonstration du postulatum d'Eu- clide, qui sert de fondement a la theorie des paralleles , par M. Bras; il en rosulte que ce travail ne pent recevoir I'appro- bation de TAcademie. (Adopte.) — M. SegalasUi un memoire sur cette question : Le sang peut-il etre le siege de maladie? (MM. Dumeril et Magendie, commissaires ). — Du 27. — M. SouBERBiELLE, chirurgicn , adresse une reclamation relative a un memoire lu dans la seance prece- deute par M. Civiale. II represente que le nombre proportion- nel des malades qui ont succoinbe dansl'operation de la taille n'est pas aussi grand qu'on I'indique dans le memoire, et il insiste sur I'utilite des precedes lilhotomiques. ( Commissaires Dommes pour le memoire de M. Civiale. ) — M. deSt - Cricq , president du bureau de commerce et des colonies, temolgnc ses remercimens a TAcademle pour le soin qu'elle a pris d'e- clairer I'administralion publique, concernant I'emploi du sul- fate de soude dans la fabrication du verre. — Une lettre de M. le docteur Lassis, relative a ses divers memoires sur les maladies epidemiques , sera remise aux commissaires qui exa- mineront les pieces du concours, puur I'un des prix fondes par M. de Montyon. — La meme commission prendra connais- sance d'une lettre adressee par M. hzRoy d'Etiolles , relative au memoire lu par M. Civiale. M. Leroy rappelle les perfec- tionuemens qu'il n'a cesse d'apporter aux precedes lithonlrip- teurs, et pour la question de priorite s'en rapporte a I'examen de la commission. — M. Merimee adresse, sous enveloppe a I'Academie, la description d'un procede de fabrication de pa- pier qu'il propose coinme un moyen assure de pr^munir la societe centre les entreprises des faussaires. ( Renvoye a la commission iiommce pour eel objet. ) — M. Chevallier adresse un memoire sur les precedes qui peuvent servir a re- connaitre les actes dont recrllure est alteree et sur lesmoyens propres a prevenir la falsification. (Commission deja nommee). — ^ M. GiRARn, ingenieur des penis el chaussees a Mucidan , adresse nne a™' note sur la theorie de la chaleur et sur la inO- 896 FRANCE. canique inolt^culaire. (Depose au secretariat.) — M. Desmasiejies adresse do Lille uri ineinoire intitule : Recherches inicrosco- piques et pliysiologiques stir le genre rnycoderma. (MM. Blain- ville et Mirbel , coinmissaires. ) — M. Thenard lit, en son nom et au nom de M. D'Arcet, um memoire intitule : De I'Emploi dcs corps gras comme liydrofiige dans la peinturc sur la pierre et sur le })h\lre, pour i'assainisseinenl des lieux bas et huinides. — M. Geoffroy Saint-H'daire fuit un rapport sur un memoire inedit dc M. Breschet, reiatifaux grossesses extra-uterines. — M Hazard donne lecture d'une notice de M. Gregory , relative aux travaux scieiitifi((ues de M. Vcssali- Eandi, correspoiidant de rAcadcmie. — M. Brousard lit un memoire sur la navigation interieure de la France ct sur un equipage j)articiilier pour remonter les bateaux sur les fleuves de France. ( MM. Girard et Fresnel, coinmissaires.) — M. Cai;- CHY prcsente deux meraoires mathemaliques; I'un qui a pour litre : Sur un noiiveau gcni'e decalcid analogue au calcul infi- nitesimal ; I'aufre, Surle devcloppement des fonclions en series periodiques. — M. Meirieux lit une note sur un instrument propieh detruirc les calculs dans laves.s{e,el preseutc I'inslru- nient qu'il a fait executer. II donne le dessein de cet instrument iithontripteur. MM. Chaussier et Dupuylren sont nommc's commissaires. — lis sont aussi charges d'examiner le memoire de M. Heurteloup , lu par I'auteur dans cette seance , et qui a poiir objet I'extraction des calculs j)ar i'uretrc. A. MiCHELOT. Societc dc la morale chretienne. — Fails relatifs a la traite des Noirs. — Le Comile que la Societe a clioisi dans son scin , pour hater, par tous les moyens nioraux qui seront en sa puissance, ['abolition effective de la traite des Noirs, vient de publier ime reunion de documens qui preseiitent autant de preuves affligeantes, mais irrecusables , que cet odieux trafic , reprouvc par la conscience, et prohibe formellenient par nos lois , n'a point cesse d'etre exerce de nos jours, surtout par des Francais. Ces documens aulhenliques , dont la lecture fait freniir, sont ])rccedes : 1° de la 'cttie, monument d'une cou- rageuse ])hiIantropie, qu'adrossa, le 5 decembre 1826, au pri^sident de la Societc, M. Augustc de Stael, a son retour d'un voyage qu'il .ivait fait a Nantes, pour acquerir par ses propres yeux la triste conviction de la possibilite, de I'exis- tence bien reelle de taut d'horreiirs; 2" d'une autre lettre du Conseil d'administration de la Societe au ministre de la ma- rine , oil son Excellence est price de prendre connaissance des Tenseignemensfournisparrhonorable membre, et «de trouver PARIS. 897 I'emede k uii iiial qui non-seulemeiit souille le pavilion fraii- cais. mais qui demoralise les niarins eiTii)Ioyes dans cetle in- fame contrebande; » 3° la reponse du miiiislre anx inenibres dn Comile, dans laquelle il les assure « qu'il preiidra en tres- fifrande consideralion la communication ([u'ils viennent de liii faire. » A ces ])it!ces , loutes egalement interessantrs pour les 'amis de I'liumanite, on a joint queKjues dessins (jui represen- tent les fcrs destines a la traite, traces d'aj)res les modeles fa- briques a Nantes incme , d'oii la Societc a lire une collection complete de res {ilfreTix instiumens, deposee rue Taranne, n° 12, ou tout le monde peut aller les examiner. « Ces fers, QJoute le redactonr dans unc note, ont ele mis sous les yeux de Mgr le Dauphin, qui a temoigne a lenr aspect la gene- reuse indignation qu'un pared spectacle doit inspirer a un lionime de bien et a un clirelien. Nous sommes autorises a croire que S. A. R. prend un interel acfif a I'abolition de Tin- fame cojnmerce desNoirs, et toute mesure qui tendra effica- cement a ce but sera honoree de son appui. Mgr le due et Ma- dame la duchesse d'Orlenns, ainsi que tous les ])rinces el prin- cesses de leur maison, n'ont temoigne ni moins d'horreur pour ces instrumens de torture, ni moins de zele pour une cause qui est celle de la religion , de I'liumanite et de I'bonneur na- tional. » La brochure qui conllent ces details , formant 4 f- in - 8'', se trouve au bureau de la Societe de la morale *hre- tienne, rue Taranne, n° 12. B. Gymnase normal militaire et civil. — Seance generate d'exer- cices gymnastiques. — Cette seance a eu lieu, le 4 mars, dans le beau local du pare de Crenelle, place Dupleix , derriere le Champ-de-Mars. Les niinistres de la guerre et de la maison du Roi , plusicurs generaux, ainsi qu'un grand nombre de Pairs de France et de deputes, de savans, de medecins, d'ar- tisles, de mcmbres de Societes philantropiques , ont assiste a cesexercices auxqnels ont pris part des militaires de la garde royale et de la ligne , plusieurs eleves civils, un peloton de pe- tits soldats, enfans de troupe, etun grand nombre de sapeurs- pompiers. Des courses et des Inttes ont eu lieu dans le stade. On a tigure le passage des rivieres a I'aide de simjiles cordes. Dans le parallelograrame de I'octogone , dix pelotons divers se sont empares des machines, sur lesquelles cl;acun a fait un exercicc different; pendant ce tems , les sapeurs-pompiers re- preseniaient les divers moyens de parvenir aux elages les plus clevos d'une maison, afin d'y porter du secours et de sauver les enfans et les raalades. L'ordre le plus rigoureux a cons- lamment regm? , raalgre la complicalion des excrcices. La 898 FRANCE. seance u cte tcrininee par I'assaut de la lour de picrre, Irois fois execute par les militaires de la garde, lessapeurs-pompiers et les professeurs du Gymnase. Les spectateiirs se sont retires tres-satisfails et pcnetres de I'utilit^ d'liiie telle institution, ct M. Anioros a recueilli leurs suffrages unanimes, qui sont la plus dunce recorapen:5e de sa [jcrseveranco et dc ses soins. J. Enseignemcnt elcmentaire. — Nous avons fait connaltre a nos Iccteurs les bases de la luethode d'enseigriement de M. le recteur Ordinaire ( Voy. Rew Erie, t. viii, p. 554 ) et les applications qui en ont ete faites, et qu'un plein succes a cou- ronnees. (Voy. Re\'. Enc, t. xxiii, p. 204)- — Nous ne devons pas nc^gliger de citer avec eloge I'institution dirigee par M. Le- terrier, rue du Val-de-Grace, n° 1, ou la m^me methode , applicjuee depuis le commencement de I'annee , a produit les memes resultats. Get instituteur, aussi instruit que zele, n'a point hesile a emjjloyer, pour I'etude de la langue grecque , des moyens analogues a ceux dont M. Ordinaire fait usage pour la langue iatine : 11 a compose sur les dialogues de Lu- cien des tableaux de nomenclature, donl la moilie, apprise depuis deux mois, fait e>perer que, dans un tems a peu pres egal, les elevcs expliqueront cet auteur a livre ouvert. M. Leten ier n'a d'ailleurs neglige aucun des moyens qui peuvent accelcrer I'instructioii de .ses eleves. II a prie un jeiine professeur, Tau- teur des Observations sur les conjugaisons francaises ( Voy. Rev. Enc. , t. xxiv , p. 202 ) , d'appliquer aux verbes latins et grecs les principes qui lui avaient reussi pour le francais; et nous avons vu , avec surprise, des enfans, dont le plus age n'a pas neuf ans, apres dix jours d'un travail tres raodere, re- pondre avec justesse aux questions qtii lenr ont ete adressees sur toutes les conjugaisons regulieres latines; des eleves un peu plus ages, apres neuf heures d'eludes, distribuees en neuf jours, connaissaientparfaitemcnt toutesles formes regulieresde la conjugaison grecque. En comj)arant ce resultat a celui que les methodes en usage font a peine obtenir en Iniit ou dix mois , nous n'avons pu nous empecher de soiihailer que Ton appliqeiat partout la methode de M. M. B. J. , et ce n'est pas sans quelque esperance, a cet egard, que nous avons en- tenilu les eloges donnes a ce mode d'instruction ])ar des professeurs auxtjueis de longs travaux dans la carriere de I'en- seignement ont acijuis une juste reputation. M. Leterrier, qui ne veut pas laisser son ouvrage imparfait , doit faire succeder a I'etufle des mots , celle d'une synlaxe que des recherclies palientes lui ont fait prodigieusement simplifier, et des phrases, clioisies avec soin dans les meilleurs auteurs, lui donneront PARIS. 899 le moyen de graver, sans peine et ians ennui, dans la mii- inoire des jeunes gens des preceples et dcsexemples egalement instnictifs. Le meme irislituteur ne s'est pas seulement occupc des enfans; il a senti de (jnelle utilite un cours elementaire de litterature pouv.iit ^tre pour les eleves des hautes classes; et le plan, suivi dans ce cours, salisfait au moins, parson universalire, au besoin , gencralement senti, d'avoir sur les sciences , quelles qu'elles soient, des notions a peu pres com- pletes. Le professeur, apres avoir traitc rapidement de i'at- tention , de la reflexion , de I'imagination, du genie, de I'es- prit et du gout , des pensees et des diverses sortes de styles , a passe a i'etude des oiivrages en prose, auxquels il fera suc- ceder celle de tons les genres de poemes. lyi. Publication prochaine. — On va ])ublier un cuvrage que les circonstniices acluelles feront sans doute rechcrclier avec en?- pressement. II s'agit des Comptes rendus des constitutions des jesuites\ par M. Louis Rene de Caradeuc de la Chalotais , procureiir-gencral du roi auparlement de Bretagne, precedes d'une notice sur sa vie et ses ouvrages ; avec un portrait , chez H. Langlois fils et conipagnie, libraires, rue d'Anjou-Dau- phine, n. i3. Theatres. — Theatre-Franc ais. — Premiere representation de Charles A^/(i), tragedie en cinq actes; jiar M. De La Ville DE MiRMONT. (Lundi, 6 mars.) — Les Anglais sont mailres de Paris; Henri V y regne en qualite de regent, el de concert avec Isabeau de Baviere, (jiii gouverne la demence de sonmal- heureux epoux. Le Dauphin qui, de son cote, a pris aussi le litre de regent, quitte son arniee el penetre seul dans Paris ou il vient pour se justilier aupres de son pere. Sa mere le fait arreter; inais Henri declare au Dauphin que sa politique n'est point de le retenir prisonnier, et qu'il pourra retourner a son arraee, des qu'il aura vu son pere. II le voil en effel, et se re- concilie avec lui ; mais Isabeau, saisissant un instant de de- inence, fait souscrire au roi rexh^redalion et le bannissement prononcescontre le Dauphin par le parlenicnt. Le roi, revenu a lui-raeme, reprend I'ecrit qu'il a signe, et meurt dans un der- nier acces de frenesie. Isabeau fait proclamer Henri V roi de France , tandis que le seul Clisson proclame Charles VII en se (i) Cette ti'agedie est deja imprimee , et se vend chez Barba. Irf 8° de 96 pages, avec une lithograpbie represenlant le costume de Talma. Piii, 4fr. 900 FRAMCE. prostetnaiit a ses pieds. Alors Henri repete a son compelileui* la i)roines5ie qu'il hii a faite au 3' acte , et Charles se retire , en declarant qu'il se pn^senfera bientot snr le champ de bataille. On voit qu'a la ftn de cette piece les jieisonnafjcs se trouvent dans la meme sitiialion qu'aii commoncenienl, cxceple le roi qui estmortde la maladie dont 11 etait altaqur. Le Dauphin est au milieu de son arnice coinuic auparavant, il a etc exclu de la couronne ; inais I'acte d'exclusiou a eic annulle par son pere; les affaires d'Isabeau et de Henri ne sonf pas non ])lus en meil- leur etat qu'au]>aravanV; enfin, ce dranic nous offre le spec- tacle d'une Iracasserie de famille, et non une i,'rande action politique : il ne change ni les senlimens, iii le sort de personne, et doit pur consequent inspirer peu d'inti'ret. Cejiendant, le tableau de la folic de Charles VI est trcs-touchant ; ce monarque inforl.une, que la perte de sa raison a fait decheoir de la qua- lile d'homme aussi bien que du rang de roi, qui se trouve a la merci dune femme execrable et d'un clrangcr dont sa cou- ronne est de|a la proie, qui sit^ne, sans savoir ce qu'il fait , la perte d'un fils C|u'il aime, et ne revient un instant a lui-meine que pourcomprendre toute I'etendue deson raalheur et niourir de desespoir, offre une peiniure dont I'effet est infaillible au theatre; aussi, les deux derniers actes, graces a deux belles scenes, et au jeu admirable de Talma, ont-ils assure le succes lie I'ouvrage , dont la premiere moitie est d'une froideur extreme. Nous sommes toujours ties-disposes a tenir couipte a uos poetes dra:i;, la dcmence vie Charles VI, de M. l-emercier, nous senible bien snpe- lieuie; rians cet ouvrage, coin[)ose ionj^i-leins avant celul de M. De La Ville, et dont la censure n'a pas permis la repre- sentation, les niiseres de la France sont exposces aux yeux- du s])ectaleur, non dans des discours plus ou inoins fideles, mais en action. Le due de Bourgogne et Tanneguy-Du- chatel sont de veritables represenfans des factions de I'e- poque; et ce qu'ils font, autant que ce qu'ils disent , nous re- trace, avec une effrayante veriio , ces profondcs initnities qui coniptaient pour rien la vie des hommes, cos trahisons que Ton preparait en se serrant la main , cl cette degradation morale dont pen d'epoques ont fourni autant d'exemples. Son Isabelle, armant secretenient I'un contre I'autre !e Dauphin et le Bour- gnignon, pour les perdre lous deux et regncr seule sur ieurs debris, est peinte aussi avec des traits bien plus saillans que celle de M. De La Ville; et la situation du roi, qui n'est entoure que de perfides et d'assassms, est bien plus vraie et bien plus fragique que celle du nouveau Charles VI auquel tant d'hon- netes gens s'interessent. A. la verite, M. Lemercier, dans le des- sein sans donte de presenter une idee consolanle parmi tant de sujets de desespoir, et pour produire un heureux contrasle, a mis aupres du monarqne insense la jeune Odelle, insjiiree a la fois de Valentine de Milan , seule personne que le roi vit avec plaisir pres de lui , et d'Odette de Champdivers dont il eul une fiUe naturelle ; mais, en temperant un peu I'horreur de la situation du roi, cette poetique imagination contribue mieux encore a la verite de la peinlure de cette cour. Nous ajouterons que, des les premieres scenes, M. Lemercier jette ses spec- tateurs au milieu du sujet; il fait paraitre le roi plus tot; enfin, son action, cjui n'est pas a I'abri de tout reproche, sons le lapport historique , ne languit pas des les premiers actes. Le style de M. De La Ville a plus de correction que de mou- vement et de poesie; celui de M. Lemercier, dans sa sauvage energie, nous semble mieux convenir au sujet, malgie les jiistes critiques auxquelles il pourrait donner lieu. Nous ignorons quel eut ete au theatre le succes de la Derncnce de Charles FI(^i); maisril nous semble qu'a la simple lecture , cette tragcdie montre (i) La Deinence de Charles VI, tragedie en cinq actes, par M. Nepo- iniicene-L, Lemercier, de I'lnstitut, devait etre representee snr le se- cond Theatre- Francais , le i5 septembre iSao. Seconde edition, ang- inentee d'lme Ode h la Melpomene des Francais. Barba , au Palais-Royal. Prix, 4 fr. ,jo-i I'RATXCE. un poctc r|ui a profondeinent etiidie son ;irt, et qui s'efforce d'en reculer les borncs; nous doiitons que le nouveau Char- les fl raerile les memes clogcs a son anteur. — Odkon. — Premiere representation de Racine, ou la 3® re- presentation des Plai leitrs , comcdie en un .icle et en prose de M. Ch. Magnif.n. ( Jendi 16 mais. ) — Les deux premieres reproseniations des Plaidcurs avaient ele sifflees par la cabale de la basoclie, et ce desai^rement n'est pas le seul que ce chef- d'oeuvre de giiitu epigramnialique cause a Racine; une com- tesse tie Crisse et un conseiller de la grand'thambre, nomme Dandinard, se sonl reconnus dans les persounages de la com- tesse de Pimbesche et de Perrin Dandin , ct ils viennent mena- cer le jioete d'un proces en diffamation. La position de Racine commence a devenir fort embarrassnnte, lorsque mademoiselle de Cliainpinele arrive pour le lirer d'inquietude, en lui annon- cant cpi'au moyen d'une surprise nienagee par elle, les Plai- dcurs viennent d'etre joucs a la cour, el ont fort diverti Louis XIV. — Plusieurs scenes bicn filees, de plaisans quipro- quos, un dialogue facile et spiriluel ont tenu lieu d'action , dans celte bluette anecdotique dont le succes n'a pas ele con- teste. tin trait surlout a excite d'unanimes applaudissemens. Le valet de Racine explique a une servante ce que c'est que la coniedie : « La comedie, dit-il, c'est toi, c'est moi , c'est tout le monde; et ce Tartufje dont on a fait tant de bruit, ce Tar- tujfe est tout bonnement un liomme qi:»: a un manteau court, I'oeil faux , le cou tors, enfin un homme comnje il en passe cent par jour sur le Pont-Neuf. « M. A. Beaux -ARTS. — Exposition de la Societe des amis des arts. — J'exnminais les tableaux qui composent cette exposition, el je distribuais tacitement la louange ou le blame, lorsque raes yeux se porterent sur un ouvrage qui me fit oublier les ta- bleaux que j'avais vus, les observations que je comptais faire a cetle occasion , et celles que je me proposals d'adresser a la Societe des amis des arts elle-meme, ([ui s'ccroule tout dou- cement, ptrce qu'elle a mal compris le but qu'elle devait cher- clier a atteitidre. I,e tableau qui m'a ainsi frappe ne contienl cependant qu'une figure sur le jireraier jilan; c'est celle d'un grenadier de I'ancienne garde , occupe a charger son fusil qu'il va diriger sur des cosaques qui s'eloignent, et dont le mouvement iu- dique I'lntention de former une nouvelle attaque sur un autre point. Derriere ce grenadier que le nombre n'a point epou- vante, un detachement vient, en escaladant les murs, pour I'aidera repousser celle troupe plus incommode que redou- PARIS. goi table; ie cote droit du tableau repiesenle line plaine convene de neige ; et vers la gauche, des domes enflammus el d'une forme toute parliculiere , nous annoncent que la scene est u Moscou. Volla la cause de cette preoccupation qui s'est imme- diatement emparee de moi. Les evenemens deplorables qui ont suivi cet incendle, et detruit la plus belle et la plus vail- lante arniee qui ait peut-etre jamais existe, se sont representes a ma memoire; j'ai vu , par la pensee , ce meroe grenadier qui combattait alors avec tanl d'inlrepldit6 et de sang-froid, vaincu plus lard par les elemens, oblige d'abandonner son arme que sa main engourdie no poiivait plus soutenir et , lui-memc , accablepar le froid et la faim,rester enseveli avcc tant d'autres sous un peu de neige... J'ai quitte I'exposition, mais je n'ai point oublic que le tableau qui m'avait si fort emu est de M. CoGNiET , auquel il fait honneur. Peinture sur porcelaine. — M. Constantin vient de passer ])lusieurs annees en Italic, ou il a execute un grand nombre de tableaux ; a son arrivee a Paris , il s'est empresse de recher- clier les eloges du public ; ses amis ont vante le inerite de ses productions; jusque- la , tout est naturel, tout est bien; main- tenant, voyons ce que Ton doit penser de ses ouvrages , en mettant a part toute prevention. M. Constantin a expose, entre autres choses : la Madone del sacco , d'apres une fresque d'ANUREA del Sarto; un £cce homo, d'apres Cigoli ; la Poesie , d'apres Carlo Dolce ; la Madone a la chaise, la vision d'Ezechiel , le Saint-Jean au desert , le portrait de Leon X . et la Fornarina , d'apres Ra- phael ; enfin, une Venus couchee , d'apres Titien. Tons ces tableaux sont des productions remarquables, el la reputation dont ils jouissent aurait suffi pourattirer I'attention publique : le talent de M. Constantin a contribue a I'entretenir. Ce talent est-il coniplet ? Je ne le trouve pas ; il laisse beaucoup a desirer dans plusieurs parties; el, si lenom des maitres que M. Cons- tantin a reproduits inspire une sorte de respect , il elait d'au- tant plus important de les montrer fels qu'ils sont reellement. En Italic, le soleil, leplus grand de tous les coloristes, donnea tout ce qu'il eclaire une chaleur de ton, une puissance d'effets qui se retrouvent dans les productions des arts , parliculiere- ment dans la peinture dont I'objet e.st d'imiter la nature. Cette qualite existe dans les tableaux copies par M. Constantin ; inais ces tableaux ont plusieurs sicclcs d'existence ; ils ont eprouve les ravages du terns, cet ennemi mortel de la pein- ture; plusieurs parties sont devenues noires et dures. Faut-il ne tenir aucun compte de ces circonstances ? Cette question est r)o/, IRAA'CE. delicaie, ol j'y repondrai en racontant cc f|u'a fait, dans ime semblablc occasion, nn artiste dont Ic noin est en possession de celte sortc d'autorite (pic dorine un prand talent. — BI™^ Jaquotot, qne chacnn aura nommi'e en nieme terns ipie inoi , a vou!u peindre sur porcrlaine In Grande Sninte-Fainitlc de Rapliael , I'line des pins belles productions d'un peintre qui n'a fait quedos cliefs-d'oeuvre. Si I'on considere ce tableau, on est saisi de la sublimiie des expressions, de la noblesse de caractere destetes, et de la belle ordonnance des fignres; I'en- semble fait oublier les details. Mais , si Ton regarde cet ouvrage de pres , on voit que ie leins, lesfrottages, les neltoicniens ont efface beancoup de clioses; on ne suit ])lus tous les mouvemens des draperies; ])lusieurs accessoires ont prescjue enliereinenl disparn. ]VI">« Jarjuolot s'est cnlouree de tout ce qui pouvait I'cclairer ; ainsi, Edelinck a grave ce tableau, il y a pres de i5o ans; il avait vu le tableau en nicilleur etat, il pouvait done explitjuer beaucoup de clioses ; elle a consulte sa gravure. II existe des copies dont ]dnsicurs sont fort anciennes ; elle les a toules examinees; elle est allee exprcs a Fontairiebleau en voir niie qui, jjlacce tres-haiit, etait a I'abri de tons les desaslres qu'enlrainent les rcstauralions. A I'aide de tous ces moyens, elle a pu , tout en reproduisant fidelement ce qui existe dans le tableau, tel qu'il est inainlenant , relablir qnel- ques j)arlies effacees ou maliraitees, et c'est I'heureux ensemble de cette copie qui lui a fait acquerir une reputation vraiinent europeenne. Mais , dans un travail de celte nature, ou doit-on s'arreter? II est impossible de tracerdesliinifesacet cgard; pour eutreprendre et conduire a bien nne semblable restauration, il faut etie guide par une grande sagacite, et avoir une connais- sance profonde du maitre (]ue Ton veul reproduire. M. Constantin comprendra maintenant que, dans I'examen de ses ouvrages, j'ai du rechercher, d'abord , quel systeme il avalt suivi ; ensuite quelle somme de talent il avait d^ployee. II a pense devoir reproduire les tableaux qu'il a copies, tels que les injures du tems les ont fails ; je ne puis approuver cette determination. J'ajouterai qu'il n'a pas meine toujoiirs rendu les maitres dans toute la purete de leur caractere, et ce repro- che est plus grave; car ici rlen ne peut le justifier; il ne pent ]ias s'^relrancher derriere une opinion. Je citerai, pour preuve de ce que j'avance, la copie qu'il a faite de la Fierge a la chaise , la plus elogante et la plus suave peut - etre de toutes ies madoncsde Raphael. C'est un tableau que je sals, A //?e«fc, conime disent les italiens , et je puis assurer qne M. Constantin €st loin d'en avoir rendu toute la purele, tout le charme. J'en PARIS. 9o5 dirai atitant de la For/iarina ; mats je conviendrai avec plaisir que, dans la ^eV?«^ du Titien , si la tete est d'une couleur un jieu violatre , le resle est fort remarquable comme finesse de ton. Je terminei'ai cet article par une observation (|tu s'applique a lous ceus qui s'occiipent de peinture sur porcelaiiie. C'est iin genre trus-iiilficile, sans douie, qu.nnd on veu! alteindre a une certaine hauteur; mais on est rrcompense de cette diniculte par I'avantage de donner a son 'r.-ivail une durec s:ins liinites connnes. Cet avantage serait bieiitot un farileau fit un inconve- nient, si on ra[)pliquait a des productions mediocros; ou si, tout en copiant des chefs-d'oeuvre, on ie faisait dune nianiere incomplete ; il faut done porter ses regards vers ra\ei.ir, fptand on se livre a ce genre, et ne pas songer a la fortune. Madame Jaquotot a mis trois ansa faire la grnnde Saintc-Famillc ; R'l. Constanlina execute au moiiis doiize tableaux en cinq ans;il est clair que ces deux artistes ne devaient ])asse rencontrer. Effec- tivement, iis sont restes fort loin I'un de I'autre. M. Constant in est encore jeune ; je 1 engage a peser ces re- flexions; elles sont inspinies par I'araour de I'art , ct par son inleret proprebien entendu. Gravure. — Prudhon auquel on a souvent donnc le noni de Corvpge francais , exposa, en 1812 , le portrait d'lin infant ne I'annee precedente , et sur lequei sendjlaient reposcrde liautes destinees. Le terns qui detruit les choscs les mieux assurecs, en apparence, a porte cet enfant sur une terre etrangere, et nous a enleve premalurement le pei.iire qui avail fait son portrait. M. Lefevre vicnt de graver ce t.ibleau , auquel il a fait quel- ques changemens indispcnsables. L'enfant, couche dans un frais bocage , avait , pres de lui , les insignes d'un rang auquel il ne peut plus ])rclendre; ces insignes out dispai'u; mais, ]iour ccux qui ont vu le tableau, ce n'en estpasm-oins un monument histo- riquequi n'est |)as sans interet. Cette planche coute l\^ fr. avant la leltre, et 24 fr- avec la leltre. Lithographie. — J'ai annonce les deux premieres livraisons de I'Eneiile de Girodet, lilhographiee jiar ses eleves ; la troi- sierae vient de |>araitre; les composiiions (pTelies contient sont adinirables. Cet ouvrage est mainlenant connu du public qui I'a acctieilii avec empressement; lorsqu'il sera plusavance, je me propose d'exaniifier lenieriie parliculier de celte collection dans laquelle se trou^ent deposiies de si belles conceptions. Cette suite sera publiee en douze livraisons, dont le prix est de 20 fr. sur papier de Chine et 1 2 fr. sur pajjier ordinaire, cliez. C(mstans, rue Notre-Dame des Victoires, n° 28. P. A. 9o6 FRANCE. Necrolocie. — Barbi^ du Rocage ( /f«« Denis), ni a Paris, le 28 avril 1760, mort a Paris, le 28 dccenibre iSaS. — Des sa jeunesse, il fut enlraine i)ar ses penchans vers I'une des branches de rerudition las plus difficiles , les plus utiles, et le nioins bien appreciees, la geographie; eliefiit l'occu|)atioii et le but de toute sa vie. Apres avoir fait ses premieres etudes au college Mazarin , Barbie du Bocage oblint I'amilie du ce- lebre D'Anville, et devint son dleve, le seul que ce savant ait f'oriny. Ses ])ri'miers tiavaux justifierent un choix aussi hono- rable. Appele par Bnrllu'lemy a coo])erer au beau monu- ment que cat illustre ecrivain consacrait a la Grece antique, il attacha sa renommee a ceiie de I'auteur A'Jnacharsis par la publication du Rerueil de cartes geographiques , plans, vues et medailles , pour le voyage dujeune Anacharsls. ( Paris , 1 789. Debure aino. i vol. in-4". ) Cet atlas , bien que du doraaine de la geographic ancienne, sert encore aujourd'hui a guider les voyageurs qui vont visiter la Grece : des traductions en diver- ses langues attestent son merile. Depuis, continuant a suivre la direction que ce premier travail avaitnecessairement donnee a ses etudes, Barbie du Bocage s'occupa avec une snrte de predilection de la geograj)hie ancienne de la Grece, et Ton peut s'en convaincre, en parcourant la liste de ses ouvrages. La faveur du roi Louis XVI, juste appreciateur des connais- saiices d'un hnmme cpii cultivait la science a laquelle il de- vait lui-meme d'agr^ables loisirs, avait de bonne heure disiin- giu; le jeune eleve de D'Anville. Des les annees 1780 et 1 785, Barbie du Bocage avait ete attache au ministere des affaires etrangeres, el au cabinet des medailles ; en 1792, il fut charge de la partie geograpbique, a la bibliollieque du Roi. Clepen- dant,no» discordes civiles vinrent Iroubler un instant la tran- quillite a I'abri de laquelle il se livrait a ses utiles reclierches. II fut incarcerc, dans le courant de I'annee 1793 ; ma is le cou- rage d'une epouse devouee le fit rendre bientot a la liberie. La vie de Barbie du Bocage, paisible comme celle de la plujiart des savans et des erudits, ne presente plus, depuis , aucun evenement d'un grand inleret : les c'poques en sont marquees ])ar la publication de ses ouvrages, ou par son admission dans quelque corps academique. Ainsi, en 1806, il vin! remplacer Anqiielil dans I'Aeademie des inscriptions et belles-lettres, qui forniait alors une des quatre classes de I'lnstitut. En 1809, il fut nomme professeur a la faculte des lettres de I'Aeademie de Paris, dont il devint le doyen, en i8i5. En i8ai, ilfonda, de concert avec plusieurs hommes distingui's , la Socicte de geographie , Tune des plus utiles associations scienlifiqucs qui PARIS. yo7 alent ele forraees en France, et dont it a preside long-lems la commission centrale. Quant a ses ouvrages, ils sent si nombreux que leiir simple lisle depasberail do beaucoup les bornes que nous presciit le plan de ce Recueil : chaque annee, il enrichis- sait la science de carles el de notices nouvelles sur des sujels importans. Nous nous contenter(>ii.s de lemarquer ici qu'apres avoir ote le collaborateur de Larlheiemy, il s'associa plus lard aux fravaux de Sainie - Croix , de Clioiseul - Gouffier , de M. Pouqueville, etc. 11 a fail inserer plusieurs articles interessans dans le Magasin encyclopedique de iVIillin, et dans la Revue encyclopcdique , (jui s'honorail de le compter au nombre de ses coUaborateurs , et qui se felicile de jjouvoirconserver le meine litre a deux des fils de M. Barbie du Bocage qui cullivent aussi avec zele et avec succes les sciences historiques et geographi- ques. Lors de ses funerailles qui ont eu lieu le 3o decembre iSaS, MM. Walckenaer, vice-prciident del'y^c«rfe'/rt/e des ins- criptions, Bottin , secretaire de la Societe des antiquaires , Le- maire et Durosoir, professcurs a la Faculte des lettres , ont depose sur la tombe de leur respectable confrere le tribut d'eloges et de regrets du a ses qualitrs privees et a ses va.stes connaissances. On a reuni, dans une brochure in-^", les discours prononces dans celle triste ceremonie, eton les a fait preccder d'un portrait lithograp/iie, parfaitemcnt ressemblant, de M. Barbie du Bocage, dont la physionomie exprimait a la fois la meditation, la finesse et la bonte. M. A. J. — Lantier. ■ — Le Nestor de la France litteraire, M.deLan- TiER , chevalier de S'. - Louis, auleur du Voyage d' Antenor en Grece, des Voyageurs en Suisse, des Comedies de I' Impatient, du Flatleur, etc., est mort a Marseille, le 3 1 Janvier 1826, age de 91 ans et /( mois. II a succombe aux aiteintes d'une retention d'u- rine, dont il souffrait cruellement depuis plusieurs annees. Malgre son grand age et les douleurs aigues cjui le tourmen- taient, il n'avait pas renoiice entierement au culte des Muses. Ses dernieres poesies renferinent encore quelques trails sail- lans ; son poeme de Geoff roy Rudel, ou le troubadour , qu'il a public il y 3 six niois seulenient, fruit des trois dernieres an- nees desa vie, offre, a travers beaucoup d'iinperfections, une foule de vers remarquables par celte fraicheur de coloris etce sel attique , auxqucls on reconnaissait en lui I'un des nieilleurs eleves de I'ecole de Voltaire. M. he Lantikr a ele gcneralement regrette; la vieillesse n'avait point nltere I'amabilile de son ca- ractere , et sa conversation elait encore jeune d'esprlt et de gaite. L'eliie de la jjopulation de Marseille asiiivi son convoi; r Academic y assistait en corps, et le president, M. le cheva- 9o8 FRANCE. lier de Reguis a prouonce I'oniison fiinebre. M. Marlus Oimon a In aussi quelques stances pleines de sensibilile, dans les- qiielles il s'est rendu I'organe de la douleur publique. M. — J.-B.-A. Grange, membre de pliisieurs Ac.idemies, ne le y fcvrier 1796 , inort le 23 feviier iS'iG. — L'academie de Mar- seille avait a j)eine rendu les derniers devoirs aux manes du ci'lebre La'nlier, qu'une nouvelle perte et de nouvelles dou- leiirs sont venues prolonger son deuil. Celui qu'on avait sur- noinnie le Nestor de la liltcrature n'a devance que de quelques jours dans la tombe le plus jeiine de ses collegues: M. Grange commencait s^ Ireiite-deuxienie annee, au moment oil il a et(* sur])ris par la mnrt , dans le,s bras d'une famille e[)loree,dont il etait a la f'ois I'idole et la gloire. Ne ])our les afi'ections douces et i)our les sentimens generesjx, I'lnnocence de sa vie ne fut jamais troublee par des passions tumultiieuses , et ]e calme de sa destinee touina au profit de TeUide; son premier penchant avait ete pcur la verlu, son jiremier enthoiisiasme pour les muses. En moins de deux ans, le noni de 1\I. Grange fut pro- clamc qtialre fois dans les concours publics de poesie et d'olo- quence; et les academies de Marseille, de Lyon et d'Aix s'em- prcsserent a I'envi de I'associer a Icnrs travaux Ces succes rapides auraient pu inspirer au jeune laureal Tambition d'une celebrile litlcraiie; mais , lro]i modeste , il se mefia des pro- niesses de I'avenir, et, prepare a succeder a son pere dans la paisible carriere du nolariat, il se piuieira de toute ransterite de ses nouveaux devoirs. Des lors, avant de fiiiic aux Muses de pcnibles et irrevocubles adieux , il voulut consacrer ])ar un sou- venir les plaisirs si doux et si purs (pii avaient charnie sa pre- miere jcunesse. II reunii , sous le litre d^Essais liltcraires, les diverses j)roductioi)s ('chappces a sa plume ; ct ce reciieil qu'il ne destinait qu'a sa famille et a ses amis, Ini valut d'lionora- bles suffrages dans jjlusieurs journaux de la capita le (i). Tan lot brillant, tanlot gracieux, toujours elegant et facile, le siyle de M. Grange se resseiit de I'heureux abandon de son caiac- tere; il ne fit poinl de la poesie un travail, mais un plaisir. On pourrait ciler , dans quei.|ues-unes de ses elegies imilees du grec, des tableaux d'une fiaichcur et d'une suavile anacreon- tirisons doivent anssi des souvenirs de reconnaissance a I'un des liommes qui a le plus prodigue sa fortune, sa personne et sa vie pour fonder, maintenir ou ame- Jiorer parmi nous les institutions de bienfaisance, d'inslruction et d'utilite publique. Le sentiment d'estime et de veneration qu'inspirai ent le caractere et les vertus de M. de Montmorency ne permirent point d'examiner ses litres litteraires, lorsqu'il fut porte a I'Academie francaise par quelques-uns de ses amis , plutot qu'il ne s'y presenta lui-meme. Son excessive modeslie et un sentiment profond de justice lui firent voir sa nomination academique , moins comme un hommage personnel , que comme une sorte de nouveau traite d'alliance entre la phi- lantropie et les letlres. II avail droit de sieger parmi les juges appeles par le testament de M. de Monlyon a recherclier , a proclamer et a r^compenser les trails de vertu trop souvent inapercus et oublies. Les memes qualites qui lui avaienl con- cilie les suffrages de tons les hommes de bien , avaient deter- mine le monarque a lui confier I'education du jeune prince appeie par sa naissance a regner sur les Francais. Mais, quand tout scmblait se reunir pour rendre sa vie lionorable , utile etheureuse, une mort subile est venue le frapper , le 'i.lt mars , dans I'eglise de Saint-Thomas-d'Aquin , sa paroisse, au mo- ment raeme ou il unissait son ame a Dieu par une priere, com- raencee sur la terre , et qu'il est alle coatinuer dans le ciel. M. A. J. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE QUATRE-VINGT-SEPTIEME CAHIER. MARS 1826. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. 1. Revue des progres des opinions rellgieuses. (3* et dernier article.) J. C. L. de Sismondi. P. 621 2. Notice historique sur M. De Lacepede. A'Amalric. 638 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 3. Homme ( Homo ); par M. Bory de Saint-Vincent. Camillc Puganel. 654 4. Voyage en Turcomanie eta Khiva, fait en 181 9 — 1820, par M. N. Mouraviev. Eusibe Salverte. 663 5. 10 Traife des brevets d'invention , par Charles Renouard. 20 Traite pratique des lois concernant les patentes,par Richard Godson ( ouvrage anglais). Charles Couue. 679 6. Miuiographie, cu Essai d'ecriture mimique , par M. Be- bian. y. Ballj. 707 7. Revue sommaire de quelques ouvrages poetiques. E. Heieait. 714 III. RULLETIN RIBLIOGRAPHIQUE. Aniionces de 147 ouvrages , francais et cCraiigen. Amerique SEPrE«TKrQifAi,E. — EcaCs-Unis, i 736 AmeRIQUE CE]yTRAI,E , 1 74' Amerique mekidionalk, i Ibid. Europe. — Graiide-Bretagne , 20 , dont 1 2 ouvrages periodiques. 74» — Russie , a 7^6 — Danemark ,3 758 — Allemagne, 8 762 — Suisse, a 767 — Italie , 8 768 — Pays -Has, 7 775 France, 93, savoir : Sciences physiques et natuielles , 16. . . . 781 — Sciences religieuses , morales , politiques et historiques , 47- • • 7-'^ — Litterature, 19 83o — Beaux- Alts , 5. ■ i 848 — Mcmoiies et rapports dc Societds savan'.es , t 856 • — Ouvrages periodiques ,4 ^^^ — Livres en langites etrangercs , publics eu Prance , l 802 912 TABLE UES ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Ambrique SEPTENTRIONALE. — £fflri-i7«ii; JVashlngtoii , Ecole de m.irine. — P/ew-Yorh , BiColes supcrieiires pour les jeunes fiUes; Etat des prisons; Academie americaine des beaux-arts. 8fi4 Antilles. Martinique ; Tremblement de terre 86fi Amekique meridionale. — Bresil ; Rio Janeiro , Prohibition d'enterrer dans les eglises , ibid. EUROPE. Ghande-Bretagne. — Navigation de long cours a la vapeur; Encouragemensdonnes aux sciences. — Glocester, Monument erige a Jenuer. — Londres, Petitions pour I'abolition de I'es- clavage ibid. Russie. — Jonction de plusieurs rivieres, au moyen de canaux, — Pctersbourg, Diminution des droits de douanes. — Moscou , Opera italien. — Odessa et Kertch , Fondafion de deux niu- sees • 869 PoLOGNE. — ■ Cracovie , Details statistiques 871 Suede. — Stockholm , Travail historique encourage par le gou- vernement. • — Necrologie : Norberg 873 Danemark. — Copetihague, Chemins d'apres la m^thodede Mac- Adam ibid. Allem4Gne. — Breine, Cometes. — Halle, Uuiversites. — Pu- blication nouvelle. — Neci'dlogie : Richter 874 Suisse. — Socictes savantes et d'utilite publique. — Berne, Jour- nal de droit et de legislation 87S' Italie. — Moittiers , Ecole des mines. — Rome ^ Instruction pu- blique ; Inscription grecque ; Academie Tiberiua. — Milan , Necrologie : Breislak. — ^e«ei , Necrologie : Degola 883 Grech. — Ifapoli de Homanie , Organisation des tribunaux grecs. 887 Pays-Bas. — liriixelles , Sante publique; Academie royale des sciences et belles-lettres. — Amsterdam , Institut royal des Pays-Bas. — £o;iC(7in , Universite. — Necrologie : Ekama. . . 888 France. — Balaruc-les-Bains , ( Herault ) , Monument consacre a la raemoire deMontgolfier. — Societes savantes: llordeaux , Societe d"emulation commerciale ; X)or/a(, Societe centrale d'agriculture ; Sedan , Enseignement industriel 890 Paris. — Institut : Academie dss sciences. — Societe de la mo- rale chr6tienne. — Gymnase normal , civil et niilitaire. — Enseignement elementaire. — Publication prochaine. — Thea- tres : Theatre francais; ire representation de Charles VI, tra- gedie. Odeon, i''" representation de Racine, comedie. — lieanx- Arts : Exposition de la Societe des amis des arts ; Peinture sur porcelaine; Gravure; Lithographic. — Necrologie , Barbie du Bocage ; Lantier ; Grange; Mathicu de Montmorency. . . 891 TABLE ANALYTIQUE ET ALPHABETIQUE DES MATIERES DU VINGT-NEUYIEMF. VOLUME DE LA REVUE ENGYGLOPEDIQUE, Janvier, Fevrier, Mars 185.6 (*). On a reuni aui quatre mots indicatifs dcs quatre grawdes divisiows de ce Recueil : J. MEMOIRES , NOTICES ET MELANGES ; n. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; m. BULLETIN BIBLrOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTtFIQUES ET LlTTERAIRfiS; Le detail et le renvoi des articles qui s'y rapportent ; puis , on a caracterise ces articles , a la suite du nom de leurs auteurs , par I'une des quatre abreviations ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analyses); B. (bulletin EiBtio- graphique); N. ( NOUVELLES sciENTiFiQUES ET LiTTERAi RES ). La designa- tion C, apres les noms proprcs, indique les coUaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont fournis. Au lieu de compreudre sous la denomination generale sciences et arts (comme dans nos quatre tables des matieres de Taonee i8ig), I'indication des differentes sciences dont traite ce volume, on a cru devoir, pour rendre les re- cherclies plus faciles, et pour mieux caracteriser le but philosophique de la Revue Encjdopedique , ouvrir un compte particulier et special , en lettres ca- pitales , non-seulement a cliacunc des branches des connaissances humaines , AGRICULTURE, anatomie, etc.; a obacun des elemens essentiels de la civili- sation et des moyens principaux de communication entre les bommes ; acade- mies et societes SAYANTES ; DICTIONNAIRES ; ENSEIGKEMENT MUTUEL ; instruction publiqde; journaux; THEATRES, etc. ; mais encore a chacim des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rap- procher et comparer tour a tour, soil I'etat des sciences et des elemens de la civilisation dans chaque pays , soil les nations elles-memes, sons les differens rapports sons lesquels on a eu occasion de les considerer. Lbeillt?s. Traite sur les ruches a Fair libre , par J. et A. Martin , 498. Abeilles. Voy. Manuel. Academies. T^oj. Societes savan- TES. (*) On souscrit, pour ce Recueil scientifique et litteraire, dont il parait un caliier de quatorze feuillcs d'inipression, tous les niois, au Bureau central d'abonnement, rue d'Enfer-Saint-Michel , n" 18; cbez Arthus Bertrand, rue Hautefcuille, 11'^ 28, et cbe/, Renouard, rue deTournon, n" 6. Prix de la souscription : a Paris, 46 fr. pourun.nc: dans les departeroens, 53 fr. ; 60 fr. dans I'etranser. 59 ()\/t TArii.F. Kti Actrice (L') en voyage , vaudeville traduit du francais en russe , 576. Acupuncture. T^oj.Cloqael (Jules). Ader. Resum^ general de i'Histoire militairedesFrancais, etc. ; Ex- pedition dEgypte, 53a. Administration militaire, ai2, 474- . — publique , 5a8 , 866. Afbique, 807 , 574. Ages (Lcs) poeliques, ou les Triom- phes du genie, par Florimond Levol , 263. Agoub(J.),C. — A., 100. N.,909. Agrandissementde I'enipire russe, 3i3. Agricultuiie , 184, i85 , 29a, 327, 4i)4, 496, 497, 593. Fojez aiissi EcONOBtlE RIIRAI-E. ytinslie (IVhilelaiv). Foy. Clcmenza. Album , publie p.ir Timprimeur lithographe Engelmann , 343. — militaire, on Precis des dispo- sitions princlpales sur la plus grande partie des branches de I'elat militaire, 212, Algebre, 5o4. Allemagne, 160, 3i6, 47I) 582, 7(12, 874. Allemands ( Les ) compares aux Francais, par M'le la priiicesse Constance de Salm, finS. AUet'z (Edouard). Fb/.Walpole. Almanach, 217. — de 25,000 adresses des princi- paux habitans de Paris, etc., par H. Dulac, 212. — des bons conseils , 801. — de M. Montyon, 218. — des spectacles, 28fi. — national Suisse, intitule Rau- racis , 767. — ;;iiisse. f'oy. Roses des Alpes. — historique, dedie a In jeunesse Suisse , 483. — beige, 781. Amalric (D'), C — M., 638. Ambassadc du Bengale a Siam et a Hoe, par G. Finlaison, 4*^0. AI.YTIQltF. Amebtque centrale, 74 r. — meridionale , 3o4 , 570, 74'f 866. — sei>tentrion ALE, 300,457, 566, 864. Ami (L') des paysans prussicns, par W. A. Kreussig, 763. Amic ( Aug. ) , C. — B. , 828. Amitie (L')des deux ages, come- die en vers , par Henri Monier, 608. Amondieu. Essai d'un cours ele- mentaire d'optique, 788. Amour etinlrigue, drameen vers, par Gustave Waiily, 610. Anipelius (E-)- Foy. Beck. Anacreon , recueil de composi- tions dessin^es par Girodet et gravees par Chatillon; publie par Becquerel et P. A. Coupin, 289. Analyses (II) d'ouvrages anglais: A practical treatise on the law of patents for inventions , etc. , bj Richard Godson ( Charles Comte), ^'79- — d'ouvrages francais : Recber- ches sur les changemens pro- duits dans I'etat physique des contiees, par la destruction des for^ts, par Moreau de Jonnes (Fourier, de I'lnstitut), 69. — De la leligion consideree dans sa source , ses formes et ses de- veloppemens, par B. Constant. 2e article ( X. — A. ) , 63. — Du jesuitisme ancien et moderne, par de Pradt ( Lanjuinais de i'lnstitut ), 74- — Memoires et correspondance de Duplessis- Mornay ( Z. D.), 82. — Etudes sur Virgile, par P. F. Tissot (de Pongervillc), 92. — Description del'Kgyjjte. 4''article(.T.Agoub), 100. — Peut-ctre, par le baron de Monville ( Ferry ), 3gS. — Considerations philosophiques, etc. , ou Examen critique des opinions de M. de La Mennais, par I'abbePaganel (Lanjuinais 7 Bonaparte ( Charles Liicien ). Ame- rican Ornithology , efc. , 180. Boniface ( A. ). Introduction a I'etude de la geogra|)liie, 793. Bonnal (A. M.). /-'op Meditations. Bonnet. Manuel des fabricaus de draps , 206. Borely ( Ambroise ). f^oy. Ceven- nol ( le vieux ). Bory de Saint-Vincent. Resume geograpbique , 5 16. — P^oj: Dictiouuaire classiqne. — f^oy. Homme. BoTANiQUE, 459. Botzaris ( Marcos), yoy. Paganel. Boucbarlat ( J. L. ). Foy. Cours de litteralure. Boullly (J. N. ). foy. Contes. Bourbon-Leblanc ( G. ). F. Code. Bouton , peintre. Vue des environs de Paris, 612. Brad( J. L.). Foy. Italic. Branthome. Precis des lecons de chimie doanees a I'Academie de Strasbourg, 5oo. Brehler ( .T. J. ). Du partage egal et du droit d';iiuesse, 809. Breislak. foy: Necrologie. Bresii,, 297,741, 866. Bresilieiines , seconde edition , augmentee de poesies nouvelles, par Ed. Corbiere , A., 7i4' Brevets d'invention ( Traite des), etc., par A. Ch. Renouard, A., fi79- — P'oy. Christian. Brewster. Foy. Nominations aca- UEMIQUES. Bronsted ( P.O.). Voyage dans la Grece, 848. Braining ( G. ). Geschiedenis der Nederlanden, 490. Brykczynski (J.)- foy. Necbo- rOGIE. Biichhoh ( Fr. ) Geschichte der Eii- ropiiischen Sctiaten seit dem Frie- den -von Fien, i6a. Buchon (J. A.), /^"o^-. Chroniques. 9l8 TABLE ANALVTIyLt Kiichingham's (J.S.) Travels among the arab tribes inltabiting the east of Syria , ij6. BuFNOS-AYRES, 3o4. Biift-Jaigal, par I'auteur de Han d'lslaiide, 847. Bui.i.eti]vdibi,iograi'uique(III): Allemagne, 160, 471 > "J&'i- — Amerique centrale,74i. — Am^- rique meridionale, 741- — Ame- rique septentrionale, i3o, 4571 737. — Daneniark, i58, 758, — France, iSa, 494 > 781.- — Grande- Bretagne , i34 , 4^50, 742. — Indes orientales , 459- — Italic, 168, 485 , 768.— Norvege, 157. — Pays-Bus, 177, 490, 775. — Russie, 148, 468, 756. — Siifede, i56. — Suisse, 167, 482, 767. Bulletin historique et inilitaire, et situation morale de la Grece, 321. iiiilwier (H. Litton'). An Autumn in Greece, i3j8. Buonarotj|(ftlicliel-Auge).Poesies, traduitcspar A.VarcoUier, SSa. Buinouf(J.L.) Foj. Catilinaires. Butler i Ch. ). The life of Erasmus , 4O2. Cabanis.OEiivresposlliunies,836. Cabinet ( Etablissement d'un ) d'histoire naturelle a Bergen , 3i5.' Caisse d'cpargne ( Les avantages de la ) , etc. , par J. B. Juvi- gny, SaS. Camille ou le Capitole sauve , tra- gedie , par N. L. Lemercier, 841. Campagues de France, 1814 et i8l5 , par Morton val , Bar. Canal (Projetde construction d'un) pour joindre les deux mers qui euvironnent I'Egypte, 3o9. Ca!naux,3o8, 8o3,8o5. — projetes pour joindre plusicurJ rivieres de Russie , 86(). Carpentier. toy. Gradus. Catalogue des niedailles trouvees a Dombresson , i()7. ■ — ■ des luonuraens egyptiens, de la bibliothi'que du Vatican , par ChanipoUion le jeune, traduit en iialien , par Angelo Mai , 589. Catholiques irlandais , 743. Catilinaires (Les) et le Dialogue des orateurs illustres de Cice- ron , traduction nouvelle, par J. L. Burnouf, 835. Caton ( Dionysius ). Voy. Obse- quens. Celnart ( M^e ). Manuel des jeunes demoiselles. 207. Cerutti. f^oj. Charlatanisme. Cesi (Prince). Voy. Honneurs. Ceveuijol (Le vieux) ou Anecdotes de la vie d'Anibroise Borely , par Rabaud de Saint-Etienne , 23(). Cliabouille-Dupetitmont. Manuel du laboureur, 497- Chalmers ( George ). Voy, Necro- , LOGIE. Chalotais ( L.R. de Caradeuc de La). Comptes rendus des cons- titutions des jesuites, 899. ChampoUion - Figeac. Voy. Ar- clieologie. — Voj. Frcret. ChampoUion le jeune. Voy. Cata- logue. — yoy. Coquerel. Chansons de P. J. de Beranger , 27a. Chansons natiouales nouvelles et autres,parPaul-EmileDebraux, 555. Charles VI, tragedie, par de la Ville de Mirmontj 899. Charlatanisme ( Le ), par Cerutti, 843. Charpentier ( A. F. E.). Foy. Dou- glas. Chatillon , graveur. I'. Anacreon. DES MA Chauffart(H.).Tr;iiti'surlesfievres preteudues essentielles , ti)/i- Chelard ( A. ). yoy- Solfege. Cheloni ( G. G ). Ntiovo stniinento perjacilita'-e lo studio delle Ungue, etc. , 486. Chemins de fer, 5oo — d'apres la niethode de Mac- Adani , fails aux environs de Copenhague, 873. Chimie , 149 » i5a, agr. — f^oj. Brauthome. — • P'oy. Paupaille. Chine ( La ). Moeurs , usages , cos- tumes, etc., par plusieurs ar- tistes connus, avec des notices explicatives, par D. B. de Mal- piere, 288 , SSg. Choix desanciens poetes francais, 258. Chompre. Mani^retout-a-fait nou- velle d'enseigner et d'etudier la langue latine, 249. Clirestien de Poly (" J. P. ). P'oy. Institutions. Cbristian. Description des ma- chineset procedes speciGes dans les brevets d'invention, etc., 204. Chroniques ( Collection des ) na- tionales francaises, par J. A. Buchon , 233. Ciceronis ( M.-F. ) Ubri de republica, etc., i63. Cicognara ( C ). Sloria del la scul- iiira , etc., 772. Classique ( Le ) et le Romantique, dialogue , par Baour-Lormian , A. ,714. Clemenza , or the Tuscan Orphan, a tragic drama , by Jf'hitelaw Ainslie, 74 5. Cloclier ( Le ) de Saint -Marc, poeme, par Jules Lefevrc, A. 7i4- Cloquet (Jules ). Traite de I'acu- puncture , public par Dautn , 5o3. — I'oy. Anatomic de riiomme. — (Hippolyte). Voy. ibid. IKRF.S. ()If) Cobbett's{W. M.) llislory of the pro- tectant reformation in England , 744. Cocliard. 7^'. Guide du voyageur. Code de droit public francais , par G. Bourbon-Leblanc, 221. — commercial , par P. J. Rouen , 802. — ( Nouveau ) suedois , 58i. Codes ( Projet de uouveaux ) de legislation nationale pour les Etats-Unis , 3o4. Coimpy (M. de ). Du droit d'ai- nesse , etc., 808. Collection de Resumes gcogra- phiques , 5 16. — complete des lois, decrets, or- donnances , etc., de 1788 a 1824, par J.-B. Duvergier, 626. College nouvelleroent fonde a Boulah , en Egypte , Sog. — philosophique. f'oy. Encore un mot. — Voy. de Greuve. Collot d'Escury ( B. ). Reputation de la HoUande dans les sciences et dans les arts, 178. Colomb ( Christophe). f'oy. Spo- torno. CoLOMBiE , 570. Colonies francaises, 571, 858. — ( Les ) .T esclaves de la Grande- Bretagne , 744- Comfetes.Observationsy relatives, 874- ConiMEKCll, 211, 571, 802,869. — de la Republique de la Plata , 3o4. — ( Origine et progres du ) des soieries , en Angleterre, par Ce- sar Moreaii, 742. Conite (Charles), avocat , C. — A., '^79- — Voy. Garanties. Conciones rcligieux et monarchi- que, etc., par Aime Bodin , 833. Concours politique ponr celebrer <)'•' T.VlflLF. ANAtYTIOUK le voynge du g<5n6ral Lafayette aux Ktats-Unis, f)o5. Conseils aux mauvais poi-tes; poeme de Mir Taki, tradiiit de I'hindoslani , par Garcin de Tassy, 55 r. Conservateur Suisse, on Etrennes helvetiennes, y68. Considerations ]iIiilosophiques , etc., ou Examen critique des opinions de M. de La Mennais, par I'abbe Paganel , A. , 4 12. Consolations et poesies diverses, par L. R. de Mout-Chevreau , 555. Consommations a Londres, 3io. Constant (B. ). f'oj. Religion. Constantin,peintresurporcelaine. Ses dernieres productions corn- parses a celles de M"i« Jaquo- tot , 904. CoNTEs. Foj. Romans. — de fees ( Lettres sur les ) de Perrault, 273. — offerts aux Enfans de France , par J.-N. Bouilly, 274. — le meme ouvrage traduit en anglais , 299. Coquerel (A. L. C. ). Critique de sa lettre sur le systeme hiero- glyphique de Champollion le jeune , Sg3, Corbi^re (Ed.), rojr. Bresiliennes. Corporations (Les) des arts et metiers sont abolies dans le royaume de Naples, Sig. Cor vet to. f'ojr. Eloge. Coste (L. M. Prosper). Des de- viations ou de la probabilite du tir des projectiles, 199. Colon (culture du ) en Egypte, 307. Coup d'oeil sur I'etat des sciences pbilcsopliiques en France, pen- dant Tannce 1825, par Adolphe G-ruier, M., 365. — geognosllque sur les environs de Marbourg , par K. F. Creut- zer, 762. Coupin ( P. A. ). C— M., 386. — f^oy. Anacr6on. Couronne poetique du general Foy, publieeparJ. B.Magallon, 266. Cours d'enseignement Industrie! ouvert a Melz, 594. — de littcrature faisant suite an lycee de La Harpe, par J. L. Boucliarlat, 83o. — de litterature dramatique, ou Recueil des feuilletons de Geof- froy, 253. Courtin. F'oy. Encyclopedic mo- derne. Cracovie. Details statistiques sur ce petit etat indcpendant, 871. Creutzer ( K. F. ). Geognostische Deschaffenheit der Umgegend'von Marburg, 762. Crillon (L'abbe de). Vie de Louis de Crillon , 826. Critisk Undersogelse. Voy. Muller. Crivelli.C. — B., 296. — Voy. Procedure. Crivelli (Louis). C— B., 227, 5i5. CULTE. Voy. ThEOLOGIE. Cuvier ( F. ). Voy. Histoire natu- relle. D D'' Alhergo [C. ) La Spagua Uberata , 771. Dandelin (G. ) Memoire sur I'hy- perboloi'se de revolution , etc. 178. Dankmark, i58, 316.873. Dantu. Voy. Cloquet (Jules.) Daumec. Voy. Nechologie. Daunou. Essai sur les Garanties iiidividuelles, etc.; traduit ea grec moderne, 297. Debraux (P.-E.) r 594. — litteraires, 589. Defense de la podsie orientale, par Grangeret de la Grange, 55i. Degeorge (Frederic), C. — B. !4i> i48, 4^3, 468, 756. - 1^.859. De Greuve. Des avantages qu'ou peut se ])roniettre de I'iustitu- tion flu College philosopliique, a Louvaiii , 771). De Joiige. A'o/. Dissertations. Dejoux ( P.). Voy. Letties sur I'l- talie De Lespiu. f^uy. Geogiapliie. Delamarre(L. G. ). Tialte prati- que de la culture des pins a giandes diuieiisions , etc. 494- De Laniartine (Alphonse). Nou- velles iDt'ditations poetiques, impiiinees a Petersbouig, 767. Deljico (^3Jelchio/re). Dell' arnica tiinnismacica della cilta di /tlri net Piceno , etc. , iy3. Delort ( J. ). f'oy. Masque de Fer. Desbairieres. f'oy. Prisounier. Description de I'Egypte. Livrai- sons 160^ et 161*^, 287. Delaunay (V.). Du droit tl'ai- nesse , etc. , 808. Delavigne (Casimir). Voy. Noaii- M.VTIO]VS ACADEMIQUES. Deuon (V.). Description des ob- jet.s d'art qui composent son cabinet, 85i. — yny. Vente. Den Tex, C— B., 498.— N. 594. Depping (G. B ). Histoire des ex- peditions ruaritimes des Nor- lands, 82 r. — C— B., 477. "Description de I'Egypte, A., 100. Desmarais (C.) Le tems present, . 811. Desprez, sculpteuv. Buste de Gi- rodet, 6 1 3. Dessert (Le) d'un feodai, ou Dia- logue siir le droit d'ainesse , 809. Dessin de la carte topographi- que. yoj. Marie. DeNsins allegoiiques ( Collection de), represeutant le cceur Uu- niain, etc.; par Barbe Allen Siiuon , 1 33. DES MATliaES. de Charles Kaercher, 9'2I pour servir a I'etude de la ruytho- logie et de rarcheologie , 164. Destutt de Tracy (Comte.). Ele- mens d'ldeologie , 3" partie 346. DicxiojNNAiBE universel de droit francais, par J. B. J. Pailliet, 220. — abrege des sciences medicales, t. XIV, 5o2. — classique d'histoire naturelle, public par Bory de Saint-Vin- cent, 781. — geograpbique universel, 5i3. — geograpbique et statistique du departement de I'Aube, par A. Girault, 5i4. — de la langue poetique. Voy. Gradus. Dillon. Observations sur la loi des successions en Angleterre, etc. , 809. Dwnysii 01 bis terrannn descriptio , ed. F. Passow , 474- Diorama de Paris, Ciii. Discours de M. le baron de Slas* salt, 490. Discussion du piojet de loi sur le droit d'ainesse , 807. — autre ecrit sous le m^me litre, Dissertation sur I'origine du nom Beige et sur I'ancien Belgium , par Raoux, 492. Dissertations et pieces incdites , publiees par J. C. de Jonge, 492. Ao)ii[j.iov 'iTspi -Mv TTpcaMTri/itiv aotpa- Xeiwv , 297. Dotrenge. f^oy. Opinion. Douglas ( Howard ). Traite d'ar- tillerie navale, traduit de I'an- glais , par A. F. E. Charpentier, 200. Drago (^. ). Scoria dell' antica Crecia, 769. Droit. Foy. Jurisprudemce. — CAMOHIQUE, 523. PUBLIC, 478. 60 oaa TARi.r. \N — fj-ancais. ^ly. Code. — ecelesiastiqiie. Nouvelle chaire elahlie a I'Universite de la Sa- pience de Rome, 885. Droit fraiicais. yoy. Dictioiinaire. — ciimiiiel. Voy. Berriat Saint- Prix. Droit d'ainesse. Vingt-trois ecrits V lelatifs, 807, 808, 809, 810, 811. — (Du), par Dupin ain^,avocat, 5a4. — (le).NoH-velleimiteede Schiller, 809. — (Du), impolitique , anti- so- cial, etc., par Emile R., 809. Drouineau (Gustave). V. Rienzi. Diifaure. Voy. Memoires histori- ques. Dufrcnoy (M">«). Derniers vers, 843. Dufresn« (Abel.). Pensees, Maxi- nies et Caracteres, 800. Dugas - Montbel. Voy. OEuvrcs d'Homfere. Diilac ( H.). Voy. Almanach. Dulaure.Histoire physique, civl)e et morale des environs de Paris, 541. — Voy. Esquisses historiqnes. Dumersan, C. — B. , 536. Dunken. Voy. Nauf'rages. Dunoyer(C. B. ). Voy. Industrie. Dupaly (C. M.). Voy. Notice ne- crologique. Dupau ( J. Amedce.). Voy. Lettres phvsiologiques. Dupin , avocat. Voy. Liberies. — Voy. Droit d'ainesse. — c— A.,435. Dupin (Charles). Geometrie et mecanique des arts et metiers et des beaux-arts, 2o3. — tableau des arts et metiers et des beaux-arls , 2o3. Duplessis - Mornay. Voyez Me- moires. Diipotet (J.). Experiences publi- quessur le magnetistne animal, 3oa. ALtTIQUE Dusaulchoy (J. ). Les Nuits po^- tiques , 265. Duval (Alex.). La Princess^ des Ursins, SSj. — (Henri.). Vny. Gambadoro. Duvergier. Voj. Collection. Duvergier de Hanranne. De I'^ga- lite des partages, etc., 807. — Voy. Ordre legal. Duverne. Voy. Nicholson. Dvigoubsky. Novo'i Magazine, etc. , iSa. E Ebers {T J. H. ). Ueber Gewerbe und Gewerbefreyheit , 47a- EcoLE de marine etablie a Was- hington, 8fi4., — miliiaire en Egypte, 809. — de medecine et de chirurgie au Caire, 809. — des mines deMoutiers, 883. — demusiquefondee a Toulouse, ■ ^9^- . , ■ ^ . EcoLES elementaires de I'Etat de Massachussets , 667. — superieures pour les jeunes filles, a New-York, 864. — du soir etablies a Geneve, 319. ECONOMIE POLITIQUE, 69, I 52 , 295,478. — BURALE, i85, 187, 3a4) 498, 573, 5g6, 763. EcossE, i4i , 542. Edgeworth (Maria.). Les Jeunes Industriels, etc., traduit de I'anglais , par M'o^ Sw, Belloc, 801. Ediflces de Rome moderne, des- sines et publics par L. Le Fa- rouilly , 85o. Educatton, i4^» 3a7, 4^3. fiovpTE, loo, 387, 307, 574. Ekama ( C. ). P'oy. Necroi.ogii:. Elida, ou les Eleves du Monas- tere, par M"e Irma Pion , 284. F.loge historique de M. le comte de Lacepede, pflr G. T. Ville- uave, 240. — du lieutenant-general Foy , par M. P. Lacroix , 240- — du comte Louis Corvetto , par le seuateur Solari, 486. Eloquence de la tribune, 490- Emerson ( J • ). T'oj. Gr^ce. Emploi du Terns , par F. Rouve- roi , 780. Encore un mot; seconde satire, par Baour-Lormian, A., 714- — .Encore un mot sur la suppres- sion despetits seminaireset I'e- tablissement du collegephiloso- phique dans les Pays-Bas, 778. Encouragemeus donnes aux scien- ces, par le roi d'Angleterre , 866. — aux travaux historiques , par le gouvernement de Suede , 873. Encyclopeuie moderne, publiee par Courtin, 2i3. Eneide. Suite de 72 compositions dessinees an trait par Girodet , et lithographiees par plusieurs de ses eleves, 342, 6:4 , 9o5. Engelstoft (L. ). Notices concer- uant rUiiiversite de Copenba- gue, etc. , 758. Enseignement industriel (Cours d'), fonde a Sedan aux frais du baron de Neuflize, 891. Entomologie , i83. ^pitre a I'empereur Nicolas , en faveur des Grecs, par J. P. G. Viennet , 553. — a un celebre compositeur fran- cais , etc, par H. Berton, 854- — k M. le comte Francois de Neucliateau, 843- — en vers a M. Peyronnet , sur le droit d'ainesse, 809. — adressee a M. Pierre Grand, par son .line, Paul, 809. l'>asme. yoy. Butler. Ermite (L') d'Edimbooi-g , ou Es- quisses des inceurs , etc. , des habitans de ceite ville, ii\i. UKS MATILRES. y23 — ( I') en piovince , par E. Jouv, 54a-, — en Ecosse, 642. EscLWAGE, 297, 744- ^^<">'- aussi Tk.vite des Noiks. — (abolition de 1') »u Br^sil. Discours y relatif , 741. — Petitions afCcbees dans les rues de Londres pour son abo- lition , 8(17. ESPAGME, 322, 5l6. — ( L' ) delivree, poeme du mar- quis C. d'Albergo, 771. Esquisses liistoriques des princi- paux eveueraens de la revolu- tion francaise, par Dulaure , 535. Essai de morale, ou Fables nou- velles , morales, politiques, etc.. pari. J. F. deB., 843. — geognosfique sur les environs de St.-Petersbourg, par A. V.n- gelsbacb Larivi^re, 177. Essais (Nouveaux) poeliques , par M'le Delphine Gay, A. , 714. Etablissemensthermanx en Suisse, , 3i8. Etats-Uhis , i3o , 457 , 5fi6 , 73(1 , 864. Ethnogiiaphie , 1 38, 14 '> '69. , 542, 57.3. Etrennes belvetiennes. Voy. Con- servateur. — patriotiques de Zurich , 585. — de la bibliotb^que de Winter- thour, 58S. — dediees a la jeunesse de Schaf- fonse, 588. Etudes sur Virgile , par P. F. ' Tissot . A. , 92. Evaugile (L') des Jesuites , etc. , pnr F. Gerliardt, 160. Examen du projet de loi sur le droit d'ainesse, 807. Experiences pour deteiininer Ih figure de l.i terre, par le capi- t:iine Sabine, r3j. Explication du plan topograph!- que de I'enceinte antique ap- pelee le Mur paJien, autuur at ;)24 TABLK AM la montagne de Ste.-Odile, pa J. C. Schweighaeiiser, j44- Exploration gcographique'de la Haute- Asie , 672. Exposition (Seconde) des pio- duits des manufactures aiiieii- caiiies , faite .i Philadelphie , 669. — a Paris, des manufactures royales , SSg. — de la Societe des Amis des Arts de Paris, 902. Fables d'Esope (Traduction anti- que des) en vers italiens , 589. — Nouvelles. yoy. Essai de mo- rale. Falkland, ou la Conscience, drame en prose, parLaya,333. Fanatisme (Le), par E. W. Van- Dam-Van-Jsselt, i8o. Fazy (J. J.). Opuscules finan- ciers , 806. Fe de Barqueville. La Belle au bois dormant, 262. — A., 71J). Femmes (Genie et beroisme des), 525. Ferme experimentale de Rovilie, pres Nancy, 5()6. Ferri di Costante (Giovanni). I.0 Spettatorc italiano, etc., ifig. Ferry, C.-A., 49, 895.— B., 2o3, 295. Fievres intermittentes. J^oy. Mon- gellaz. — essentielles. Toj. Chauffart. Fijf ANCEs , ag5, 778, 806. Pinlaison's (George). Mission from the Bengal to Siam and to Hue, 460. Flore des possessions hollandaises dans rinde, par Blame, 459. Foutenelle (G.),C-C., 197. FoRETs , 59, 494- Foscarini , ou le Patricieo de Ve- nise, 279. Fossati (J.) C— B., 775. ALVTIyiJE Fourier, derinstitnt,C. — A., Sg" Fourrage (Plante a), indigene de Braz, aux coiifitis de I'lude et de la Cliine , 573. Foy (Lieut, general). Fny. Notice. ■ — f'oy. Eloge bistoriqne. — f'oy. Couronne poetique. — f'oy. Vigneron. — foj. Pensees. — f^oy. Manes. — f'oj. Pornpe funebre. Foy's Todtenfeier, 565. France, 182, 208, 229, 3a5, 494, 594, 781. 821, 890. Francoeur. C. — B.,ao9, 5o5, Sag, 788, 793, 854. Franklin (Benjamin). La science du bon homme Ricbard , 217. — Conseils pour faire fortune, 217. Freycinet (De). V. Nomi.nations ACADEMIQUES. Freret. OEuvres completes, pu- blieesparChampollion-Figeac, A., 440. G Gambadoro , ou le Jeune Aventu- rier, par Henri Duval, 280. Ganat. Foy. Belation. Garanties (Des) ofCertes aux ca- ))itanx , etc. , jiar les precedes des Chambres legislatives, etc., par Charles Comte, 8o3. Garcin de Tassy. ^ o>-. Co;iseils. Gardes-malades v Considerations sur la necessite de.s). parWau- ters, 177. Gamier (Adolphe). C— M. 365. Gastronomie, 5a I. Gaujal (B. de). Essais bistoriques sur le Rouergue, 538. Gay (M"e Delphine). Nouveaux Essais poetiques, afia. — A., 714. Gazzera (H.). Le retour en Afri- que, etc., 799. Ge;is (IjCsJ comme il fant et les pe- tites Gens, par L.B. Picard,277. DF.S MATIERES. f)7,:j Geodesie, 1 35. Geoffroy Rudel , ou le Trouba- dour, poeme en liuit chants , par De Lnntier, 260. Geoffroy. Voy. Cours de Littera- 1ure drama tique. Geoffroy Saint-Hilaire. ^o;-. His- toire naturelle. GioGRAPHrE, 209, 211,246, 460, 474i 5i3, 5i5, 5i6, 672, 762, 793s 794, 795. — ■ elementaire. ^'oy. Blanchet. — de la France, par L. B. De Lespin, 208. Geologie, 177. Geologie de Molse comparee a celle qui resulte des faitsmine- ralogiques, par Grenville Penn, 184. Geometrie appliquee, 2o3, 891. — et mecanique des arts et me- tiers et des beaux-arts, etc., par Charles Dupin , 197. Gerhardt [Franz). Das Evangeliiim der Jesiiilen , 1 60. Geyer. P'oy. Nominations acade- MIQUES. Girard (F. N.). Voy. Necrologie. Girault (A.). T'oy. Dictionnaire geographiqne. Girodet. ^or. Anacreon. — Voy. Uesprez. — Foy. Eneide. (^lussariuin eroticum UiigiKS ladtice , 83t. "Godson (^.).yoy.Practicaltrealise. Golbery (P.). C. — B. , 162, i65, 245, 475, 53o, 585, 762, 767. Goldsmith (Olivier). Voy. His- toire d'Angleterre. Golovnine (Basile). /'. Naufrages. Gondinet (A.). C— B., 533 , 826. Gouvenain (C. A. ds). V. Table. GradusfLe) francais, ou Diction- naire de la langue poetique, par L. J. M. Carpentier, 25 1. Grammaire, 171, 249, 485,48(1. — anglaise et russe, par W. H. M. D. i55. — italienne sinipliCee, ])ar !•'. Va- leric, 4^'9. Graiiby , a novel, 74(1. Grande - bretagne, i34, 227, 3io, 460, 574, 742, 866. Grange. (J. A. B.). Voy. NicRO- logie. Grangeret de la Grange. Voy. De- fense. Gravuke, 288 , 289 , 341 , 343 , 905. Gkece, i58, 24r, 268, 321,827, 553, 554, 591 , ()o(), 769, 812, 848, 887. — (Un automne en), par H. Lit- ton Bulwer, 1 38. — (La) en 1825, ou Journaux de J. Emerson, du conite Pecchio, et de W. A. Humphreys, i38. — (La) et scs droits , par Edouard Blaquiere, i4o. — Voy. Bulletin. Gregoire, ancien evdque de Blois. Voy. Noblesse. Gregori (De). C. — B., 169. Gremilliet(J. J.). ^o>'. B.ecueil de pvoblemes. Grille (F.). Voy. Revolution fran- caise. Grimaud (A.). C. — B. , 192, 196, 5o4. Grognier(L. F.). Recherches Lis- toriques et statistiques sur le murier, les vers a sole, etc., i85. GCATEMAI.A , 741. Guerin, peintre.. Voy. Nomina- XIONS ACADEMiyUES. Guerre (La) faite par les prin- ces chreliens contie les Sar- rasins, etc. par Robert, 485. Guibert. OEuvres dramatiques , A.,44:- Guide (Le) du cultivateur et du fleuriste, 184. — du mineur, etc., par C. Pa- jot-Descharmes , 790. — du voyageuret de I'amateur a Lyun , par Cochard, 517. •tJiG TABLE ANAI Ciirlit:. Kiirze Gesctuchce der Tern- pelherren , 764. Gustave de Sydeiiheiin, 847. Gymnase normal luilitaire et civil de Paris , 81)7. YTIQUK des Republiques jtalieniie.'t , H Haiti, 228, 570. Halevy (L.). Voy. Juifs. Hecatee d'Abdfere. Foj. Marini. HeJberg (J. L.) fils. Le roi Salo- mon et George le Chapelier , vaudeville danois, 3i6. Heiberg. C. — B., i58, 160, 762, — N.,3i6. Helleniennes, ou Elegies sur la Grece , par Pauthier, 554. Hereau (E.) C.— A., 7 1 4.— B. 240, 277, 279, 545, 846, et les arti- cles signes E. H. Hennit {The) in Edinburgh , i4'- Hervilly (M'le d'). F. Hirondelle. HlEROGLYPHES, 593. Hieropolis, etc.^ von A..W. Miiller, 1 60. Hirondelle (L') athenienne, par Mile d'Hervilly, afiS. HiSTOIRE, 82, 149, 162, 228, 229, ' 233, 237, 440^ 478, 483, /85, 492, 529, 535, 534, 535,538, 759, 823, 824, 829. — ancienne (Abrege de 1'), par F. L. Monney, 167. — d'Ha'iti, par Ciiarles Male, 228. — politique et statilisque de I'ile d'Haiti , par Placide Justin , 228. — des etats Europeens , depuis la paix de Vienne, par F. Buch- liolz, 162. — d'Angleterre,parO.Goldsmitli, traduite de I'Aiiglais, par M"'" A. Aragon , 227. — dfi la reformation protestante en Anglelerre,par W. Cobbett, 744- — des expeditions niaritimes des Normands , par G. B. Depping, 831. [lar J. C. L. Simoiide de Sis- mondi, 820. — de Sardaigne, par J. Maniiu , 168. — desPays-Bas,parG. Biuiniiig, 490. . — niilitaire (Resume general de r ) des Francais , 82 r . ■ — de I'expcdition des Francais a Saint-Domingue, par Antoine Metral , 218. — (R-esume de 1') des Juifs ancieiis, par Leon Halevy, 53o. — abr^gee de I'ordre des Tern- pliers, par Gurlitt, 764. — (Precis de 1') generale de« Je- suites , par A. J. B. 81 5. — ( Resume general de 1') mili- taire des Francais, dei)uis le commencement de la revolu- tion; Expedition d'Egypte, par Ader, 532. — de riiomme au masque de fer, par J. Delort, 233. — de la revolution francaise, par M. A. Thiers, 229. — des revolutions politiques et litteraires au xviii"' siecle , par F. C. Schlosser, u-aduitedel'al- lemand, parW. Suckau, 225. — des environs de Paris , par Dulaure, 54 1- — generale physique et civile de I'Europe, par le corate de La- cepede, 819. — et description de regliseSaint- Jacques a Nuremberg, par E. Loesch , 76(1. — de la peinture, dans la vilie de Cremoiie, par le comte B. Vidoni, 174- — de la sculpture , par L. Cico- gnara , 772. — de 1.1 litterature grecquc , par F. Schoell, tradnite en italien parE. Tipaldo, 487. — Naturbi-le , i3o, 102, 182, 3i5, 47'> 78'- DES MATIKRE». 9^: — des maminiferes , etc. , par ^eoffroy Sniiit - Hilaire et F. Cuvier, 494> 782. Hollands Roem in Kunsteii en We- lenschappen , i y8. Hoist (^Fiedericiis). Morbus quem Rade. 4^3, '''*7- ■ . „, publies aux Etats-Ums : Ihe Atlaniic Magazine, a New-York, i32. — Le Reveil, journal fiau- cais, a New-York, i33. ■ — Tlie hlew-York medical and physical journal , 469. — The American journal of science and arts, a New-Haven, j36.—The Aorih- american Review, a Boston, 788. — publics en France : Journal d'a- ericulture , de niedecine et des sciences accessoires; a Evreux, 2y3. — Revue medicale fran- caiseet elrangfere, a Paris, 193. — Journal hebdomadaire des arts et metiers, etc. de I'eco- nomie manufacturiere , etc.de rAngleterie; a Paris, 294. — Annales des sciences economi- ques, etc. ; a Paris , 295. — Ar- LYTlQtJi: chives historiques du d^parte- ment du Rhone, aijfi. — Jour- nal de la Societe de la morale cbretienne, a Paris. 5fi3. — Le Merruredu Nord, a Lille, Sfi/, . — Journal des connaissances usuelles , a Paris, 858. — An- nales maritimes et coloniales ; » Paris, 858. — Revue protes- tante, 85o. — Journal de la So- ciete d'enudation du departe- ment des Vosges, a Epinal, 86 r. — publies en Iialie : fiiblioleca ilalinna; a Milan, 176. — Gior- nale teatrale ; a Venise , 489. — Giornale delta nuova dotlrina medica ilaliana, a Bologne, 773. — dans les Fays - Bas : Genees- hundi^e liydiagen; aDeUt, 18 1. — Bibliotheque medicale; a Bruxelles , 493. — publies en Riissie : Lidicateur des decouvertes en physique , etc.; a Petersbourg, i49- — Nou veau magasin d'bistoire na- turelle ; .iMoscou, i52. — publies en Suisse : Journal de droit, de legislation et d'admi- nistration judiciaire, a Berne , 882. JUDAI'SME, 146, 798. Juifs ( Resume de I'bistoire des ) anciens, par L. Halevy, 53o. Jullien (M. A.), fondateur direc- teur de la Revue Encyclopeditjue, M. i,etlesarticlessignesM. A J. JuRISrHUUENCE, 220, 221,546. yoy. aussi Legislation. — penale ( Observations sur la ) et sur la reformation des cri- minels, par W. Roscoe , i38. Jussow. yoy. Necrologie. Justin (Placide). Histoire d'Haiti, 2 2 8. Juta, reine de Danemark, tra- g^die dauoise, 760. Juvigny (J. B. ). yoy. Caisse d'e- paigiif. K Kiirche'-s Handzeichnungeii, 164. Katchenovsky ( M. ) Foj. Scott (VValterV Kirckhoff{De). C— B., 178, i8r, igo. » f-'oy. NOMINAXIOSS ACADEMI- QUES. • — Memoirc sur I'ophtalmie, etc., tiaduit en anglais et en alle- mand, 888. — Geneeskiindlge Waarnemingen , etc., 775. Klyn {U. H.). Nieuwe Gedichcen , 493- Kokoschkine. ^0): Misantrope. Kreiissig ( JV. j4. ). Der preussiscke Bauernjreiind, 763. Labanof. Voy. Phedre. Labat ( Eugene ) vemporte le prix dans le concours poetique pour celebrer le voyage du general Lafayette aux Etats-Uiiis, 6o5. Lacepede (Comte de). Voy. Eloge hi.slorique. — Voy. Notice historique. — f^ojr. Histoiie generale. Lacoste (J. ). Des bienfaits de la presse ,222. Lacioix (M. P.). Eloge historique du lieutenant-general Foy, 240. Lacioix (S. F.). Foy. Manuel d'ar- pentage. Lafasge (J. Adiien). C— B., 557, 841, 856.— N., 597. Lafayette (General ). f^oj. Labat. La Harpe. Foy . Lycee. Lami (P. Crussolle). C— B. , 532. Lamp (J. F. ). yoj'. Tables syn- chronistiques. La Meniiais (L'abhe de). ^o>-. Considerations philosophiqnes. T. XMX. DES matikuks. gig Langue hoUandaise. P'or. Siegen- beck. — latine. for. Chomprc. — f'^iiy. Olossarium. Lanjuinais, de I'lnstitnt. C. — A. 74 , 4 1 a- — B. at5 , S30 , 233 , 525 , 528, 799, 811. Lantier ( De ). foy. Geoffroy Ru- del. — yoy. Necrologie. Lariviere ( A. Engelsbach ). Voy. Essai geognostique , 177. Lasseigne. yoy. Recherches pliv- siologiques. Lasteyrie ( C. de ). Journal des conuaissances usuelles et pra- tiques , 858. — Voy. Antommarclii. Laurent ( F. ). Memoires du due de Saint-Simon, 826. Laya Voy. Falkland. Lebeaud. Voy. Baudelocqne. — Voy. Manuel. Leffevre ( A. ). Nouveau traite geo- metrique de I'arpentage , 787. — graveur. Portrait d'un enfant, d'apr^s Prudhon , 9o5. — ( Jules ). Voy. Clocher. Legerete ( De la) des anciens au- teurs grecs , par Wachsmuth , 765. Legislation , ai8 , 34^ , 6r4 » 905. Lemercier (N. L. ). ^. Miuisties (Les) prevaricateurs , 824. Mirabeau. Discours sur I'egalite de partage, etc. , 808. Mirmont ( De la Viile de). for. Charles VL Misantrope ( Le) de Moli^re, ira- duit en vers russes , par Kokos- chkine, 576. Missions, I ,',7. Mnemosyne (La) cla.ssique, par D. Levi , 362. Moeller (A. W.). Tableau topo- graphique et synchronistique de rhistoire de I'Kglise chre- tienne , 160. Momie d'Egypte parfaitement con- servee , 5^4. Mongellaz. Reflexions sur la theo- rie pbysiologique des fievres intermittentes et des maladies periodiques, 194. Monier ( H. ). ^o^. Amitie. MoNNAiEs, 575. — cuphiques decouvertes dans le gouveniement de Mohilef, 870, Monney (F. L.). Abrege de I'his- toire anciemie, eu dialogues, Monnard(C.).C.— B., 484,768. — NoSSS. Monlagnardes ( Les ) , traditions DES MATIERF.S. iVi dnuphinoises , par Barginet , 558. Moiit-Chevreau ( L. R. de). P'o/. Consolations. Montgery ( Ue). C— B., 806. Aloutgollier. Monument consacre a sa nienioire , Sgo. Montlosier ( C. de ). T^of. Me- nioire a coiisuUer. Montmorency (le due Mathieude). foy. NoMIIfATIOHS ACADKMI- QUES. — P^oy. Necrologie. Monumens de Thebes, 100. Monville ( B. de). f'oy. Peut-etre. Morale, i4i, aiy. 4^3, 468, 5H3, 800, Sot. Moreau de Jonnes. f . Recherches. — C— B. , 199. — N. 3o6, 57a, 574, 870. ilnieaii (^Cesar^. Rise and progress of the silk trade in England, 74i. Morel. Le Jngement de Salomon, gravure d'apres Poussin , 34 1. Morel (J. A.), yoy. Necrologie. Moiorevicz (C alixte), C. — N. 3i5. M.irtonval. Voy. Campaglies de France. Mouraviev ( N. ). Voyage en Tur- comanle, etc.. A., (i63. MuUer ( P. E. ). Discussion criti- que .sur I'autlienticite des sour- ces , auxquelles out pulse les li'storiens danois et norvegiens, 759- Munnich (GuiUaume). La Ri'pu- blique de Ciccron , relabiie d'a- pres un manu^crit de Pologne, 1 63. Mur payeti. Voy. Explication. Miirier (Recherches sur le). yoj. Grognier. Jlusee (Etabiissemeiit d'un) d'an- liquites nationales a Bergen, 3 1 5. M usees ( Deux ) nouvellenienl fon- des a Odessa et .i Kertch, 87 r. Mt'siQUE, .lyfj, 853, 854. ftJKrnoj.oGiK, 164. 47 a- N Napoleon , 011 le Glaive, le Trone et le Tombeau , poeme par A. Bignan. — A., 714. Nuufrage ( Le ) , comedie en vers , par Lesguillon, 335. Naufrages rcmai quabks ; ouvrage traduit de I'anglaisde Dunken , par B. Golovniiie, 148. Navigation maritime du Havre a Paris , 8o5. — a la vapeur, 3o8, 58 1. Navigation de long cours a la va- peur, 866. — a la vapeur. Projet de I'intro- duire en Egyple, 3o8. — du Sund , 3i6. Nechologie : Joseph Btykczyiishi , litterateur polouais, a Pans, 3l4. — Jtissow, arirhitecte. a Cassel, 3 18. — Edme Regnier , mecanicien , a Paris , 344- — Pierre Paul Rnboieau ,\\\.\ii\A\e\\\ , a La Rochelie, 346. — Charles Mercier Diipatr , statuaire , a Paris, 386. —Samuel Paiher, auteur de plusicurs ouvragcs sur la cliiraie, ;i Londres, 5-5. — George Chalmers, 3iU\.eaiA'\ii\ grand Jiombre d'ouvrages litte- laires, a Londies , 575. — Fre- deric nieineke, pasteur a Qiu'd- linbouig, 584- — Jactjues Pre- gllasco , arthitectf , a Tin in, 590. — Uilhens , piofesspur a rUniversitc deGroningue.5g4- — Francois Nnrcis 'e Girard , 1 11 o- frsseur a I'Ecole veterinaire d'Alfoit, 61 5. lean Jle.iaudie /lyo'fZ, sous-in.'pecteur a I'Ecole poly technique de Paris, 6i(i. — Anlnine Aihanase Rorer-Colta'd y piofesseur de I'Kcole de mede- ciiie de Paris, 6i7. — Daumec , senateur dTIaiti, a Paris, 61S. — Xorbe'g , cclebre cricntaliste, a Up«al , 873. — Jean Paul i(/t/((er,liUeratcur celebre d'Al- ^)')f^ TABLE AN leniagne, a Baireuth , SjS.- — llreisliik , savant italien , a Mi- lan, 885. — Le professeur Cor- nelius Ekiiinn , a Loiivain , ^89. — Barbie du Bocage , savant geograplie, a Paris, 906. — Lander, le Nestor de la France litteraii'e, .i Marseille, 907. — J. II. A. Grange, litterateur fraii- cais, a Marseille, 908. — Le due Mathieu Ue Hlonimorency, a Paris , 909. Neiiflize ( P. de). Voj. Enseigne- nient indiistriel. Nfwtoi) (Isaac). Principes mathe- niatiques ile la philosophie na- turelle , avec les coinmentaires ues RR. PP. Leseur et Jacquier, A., 49. Niccolini. Voy. Annibal. Nicholson. Descripiioii des ma- chines u vapeur, tradiiite de Tanglais par Duverne , 788. Nikitine ( Alexandre ) f^oy. lyro- fjnerie. Noblesse ( De la )''de la peau , ou Prejiigc des blancs contre la couleiir africaine , etc. , par Gregoire , 523. Noisette ( Louis). Manuel du jar- dinier, 78.4. Nominations acadejiiquf.s : Knke, de Berlin , correspondant de I'Academie des sciences de Paris, 33o. — Brewsler, d'Edim- bourg, et Soebeck , de Berlin, correspondansde la menie Aca- demie, 33 1. — P^an-den-Bosch, de Rotterdam, Jorritsma et Swaan, de Horn, membres correspon- dans drt la Societe des scien- ces mcdicales et naturelles de Bruxelles , 692. — De Freycinet, iiiembre de I'Academie desscicn- ces de, Paris , 599. — Le due M.ilhien cle .Moiitinorency, fjoa. — De Kirchhcff cX. Vau-liree, nieni- J)res honoraires de rAcadenilc aniericaine des beaux-arts, 8()5. — Le professeur Ceycr, d'Upsal, ALYTIQUE nienibre de i'Academie sue- doise , 873. — Giierin , peintre, et Casimir Delavigne , corres- pondans de I'Academie tiberine de Rome, 885. Norberg. Foj. Neckoi.ogie. NoiivEiiE, i57, 3i5, 58i. Nosographie generate elenien- taire, etc. , par J. F. A. Sei- gneur-Gens , 191. Notice sur le general Foy, par P. F. Tissot. M.,37. Notice sur le chef-d'oeuvre des freres Van Eyck, par L. de Bast, i8o. Notice historique sur la vie et les ouvragcs du comte de Lace- p6de, par d'Amalric. M., 638. Notice necrologique sur Charles Mercier Dupaty, statuaire, par P. A. Coupin.M.,386. NOUVELLE-HOLLANDE , 3o(>. NonVELX-ES SCIEINTIFIQUESETHT- TERAIKES ( I V ) : Afrique , 307, 574. — AUeinagne , 3i6 , 582, 874. — Amerique meridionale, 3o4 , 570, 866. — Amerique septentrionale, 3o6, 566, 864. — Antilles, 866. — Asie , 3o.i, 5-a, — Australasie , 3o6. — Buenos-Ayres , 3o4. — Colom- bie,570. — Colonies francaises, 571. — Danemark, 3i6, 873. — Egypte, 307, 574. — Espagne, 3a2. — Etats-Unis, 3oo, 566, 764. — France, 325, 594, 890. — Grande-Bretagne,3 10,574,866. — Grece, 321,591, 8S7. — Haiti, 370. — lades orientales, 3o5 , 573.— Italic, 3i9, 588, 883. — Norvege,3i5, 58i.— Nou- velle-Hollande, 3o6. — Paris, 328,598,891.— Pays-Bas, 3 j3, 592,888.— Pologne, 3i4, 575, 871. — Russie , 3i2 , 575, 869. — Suede, 3i5, 58i ,'873.-- Suis,se,3i8,585, 878. Nulls (Les) poetiques , par J. Dusaulcluiy, 265. NuJMissiATiQUE, i65, 167,870. DF.S MATIKRES. Nnmisniatograpliie de la ville d'Atri, dans le Picenum , lyS. o Obsequens ( Julius ). Le livre des prodiges , et les distiqiies mo- raux de Dionjsius Caton , tra- duits ea francais par Victor Verger, aSy. OEuvREs coMPLETns d'Homerc , traduites en francais par Dugas- Montbel, 833. de J. J. Rousseau, edition d'Auguis, 258. — — de Freret , publiees par ChampoUion - Figeac. A., 44o. — dramatiques de Guibert. — A., 447- — posthumes de Cabanis, 552, 836. — en vers et en prose du D' Fi- lippo Pananti , 770. Opinion de M. Dotrenge sur les lois du budget du royaunie des Pays-Bas , 778. Opinions des econoniistes sur le droit d'ainesse, 809. — religieuses. foy. Revue. OpTiQUE. Voy. Amondieu. Opitfcoli della Sociela medico-chi- riirgica di Bologna, 774. I Opuscules financiers, par J. J. Fazy, 806. Ordre legal (De 1' ) en France, et des abus d'autorite, par Du ver- gier de Hauranne, A., 435. Oknithologie aniericaine, etc., par Charles Lucien Bonaparte, i3o. OUVKAGESPERIODIQUES. V.JoVR- NAUX. Paganel ( L'abbe ). I'or. Conside- rations philosophiques. Paganel ( Camille ). L(; tombeau de Marcos Botzaris, 24 r. — C — A.,654. — B.,545. 9 '■» Paiens (Dela condition des) sotis les empereurs chretieiis pos- ferieurs a Constantin , par S. Rudiger, 162. Pailliet ( J. B. J.). Voj: Diction- naire. Pajot-Descbarmes ( C. ). Guide du mineur , 790. Palfrey ( John G. ). C — N., 5f^9. Pananti { F.). Opere in vetso e in piosa , 770. Papyrus (Cabinet des), decritpar A. de Jorio, 488. Paris, 326, 328, 54r, 891. Parker ( Samuel ). f^oy. Necro- LOGIE. Parseval ( F. A.). Fbj. Philippe- Auguste. Partingion ( C. F. ). The century of inventions of the marquis of Wor- cester, 1 36. Passalaqua. Voy. Antiquitesegyp- tiennes. Pas.«ow ( F. ). Description de la terre, par Denys , 474. Patin (H.).C. — A., 447. Paupaille. Resume complet de cliiniie, 784. Pauthier de Censay. V. Melodies. — Voy, Helleniennes. Pays-Bas, 177, 223, 490, 59!!, 775, 888. Pecchio ( C. ). Voy. Grece. Peelaert. Voy. Barmecide. Peijvture, 174, 180, 6ia, 902. — sur porcelalne, 9'j3. Pelet ( general ). Memoires sur la guerre de 1809, 229. Venn's [Granville) Comparative es- timate of the mineral and Mosa'i- cal geologies , I'it^. Pensees du general Fov, tirees de ses discours prononces a la tri- bune legislative, 545. Pensees, maximes et earacteres , pai' Abel Dufresne , 800. — d'un esjirit droit et sentimens d'un coeur vertueux. Ouvrage inedit de J. J. Rousseau , 9(5. Pere(Un)de famille a M. le Gaide f)^'> TABI.K AX cles Sceaux sur le droit d'ai- nesse , Soy. Perolle. f^'oy. Memoire. I'errot (A.M.). Route du Si mplou, 79^- — roy. Annuairegeographique. Persil (J. C). Dissertation sur le retablisseineiit du droit d'ai- iiesse , 807. Petite-Maison ( La ) , comedie en prose, par Melesville , 509. Petrarca ( Fr. ). Varie opere Jiloso- fiche, etc., 768. Peut-^lre, par de Monville, A., 395. Peyrot ( J. ). I'of. Repertoire du theAtre francais. Pht;dre, de Riiciiie, traduite en vers russes par Labanof , 676. Pliilippe-Au^uste , poeme heroi- que , par F. A. Parseval , aSy. Philologik, 92, i63, 357, 474 1 54q, 58.}, 59.3, 7'i5, 771, 83i, 833, 834, 835. Philosopldie naliiralis principia ma- thematica , etc. A., 49- Philosophie, i4i, 2i4) si5, ai6, 3fi5,3y5,4i2, 416, 654,768, 798. Physioi.ogir , 786. Pliysiologie du goiit, ou Medita- tions de gastronomie transcen- (lante, Sa r. Physiquu, 49, 59, i4<). i5a, 5o6, 788. Picard (L. B. ). Les Gens comme il faut et les petites Gens, 277. — f'oj-. Repertoire du ihedtrefran- cais. Pigeau. Vcy. Procedure. Pins (Culture des'j.'^oj-.Delamarre. Pion ( M'le Irma). P'oy. Elida. Plantes l^gumineuses. ^'(y. Ins- truction. Poeines antiques et modernes , par le comte Alfred de Vigny , 2f)2. — A., 7I4. Pne^ias avtihas de America Elysio , 862. PoEsiE, i5fi, 1 57, 180, 258, 259, AI.VTlyUE 260 , 2()2 , 263 , afifi, 2(17, 268 ( •J72 , 475, 484 , 49^7 553, 551, 555, f)o5 , 714 , 781, 808, 809 , 843. DRAMATrQUF, , I72 , ^53, 28J , 286, 3i(S, 333, 335, 337, 447, 489, 557, 57(>, 590, 594, (>u8, (iog, 610, (>i2, 745 , 760, 84' , 899, 902. Poesies (Nou velles) de H. H. Klyn, 492. Poisson ( S. D. ). Formulas rela- tives aux effefsdutird'un canon sur les differentes parties de son afiiit , 5o6. Politique, 74, l38, i4o , 222 , 297, 3oo, 412, 4t6, 435, 478, 54(i, 807. 808, 809, 811. POLOGJSE, 3l4, 577, 871. Pommier ( Amedee ). Collection des auteurs latins, avec la tra- duction francaise, 549- Pompe funehre du general Foy , en vers allemands, par um A1- sacien , 565. Pongerville ( De). C- — A., 92. — B., 266, 553, 801, 835. PoNTS ET ChaUSSEES, 5 12, 796 , 873. - Ponts ( Des ) en fit de fer , par Seguin , 5i2. Population et commerce actuel des Colonies francaises, 571. — de I'Egypte, 574. — de Londres, 3 10. — de I'empire de Rnssie , 3 12. — du royaunie de Suede, 3i5. — (Mouvement de la) en France, 325. — de la ville de Paris, 336 Portal, f'o)-. Memoires. PoUTUGAI, , 5 1 6. Potter (De). Memoires de Scipion de Ricci , ev^que de Pistoie et Prato, 23o. Pougens (Charles). P'oy. Lettres philo.sopliiques. Pradt ( De ). T^oy. Jesuitisme. Practical treatise on the low of pa- tents for ini-entions and copj- DES MATliRES Wright , by Richard Godson , A. , 679- Pregliasco(J.). Foj: Necrologie. Princessc (La) des Ursins , ou la Disgrace, par Alex. Duval, SSy. Prise de possession , au nom du roi d'Angleterre, de rextremite septentrionale de la Nouvelle- Hollande, 3o6. Prisoimier (Le) de guerre, par G. J. Desbarriferes, 847. Prisons (Etat des) de New-York, 865. Prix deckrnes : par la Societe de medecine de Caen , 290. — par la Societe d'encouragement pour I'industrie nationale de Paris , 33 1 . — par rAcademie royale des sciences et des arts de Bruxelles, SqS. Prix proposes : par rAcademie des sciences, belles-lettres et arts de Toulouse, 291. • — par I'Academie des sciences de Ber- lin , 3i6. — par la Societe bol- landaise des sciences dellarlem, 324. — par la Societe pour I'en- couragement des sciences, etc., d'Arras , 327. — par la Societe de medecine de Caen , 327. — par la Societed'enf-ouragement pour I'industrie nationale de Paris, 33 1. — par TAcademie des sciences,arts et belles-lettres de Dijon , 5fio. — par la Societe des sciences medicales et natu- relles de Bruxelles , 592. — par rinstitut royal des Pays-Bas, 693. — par I'Atlienee des arts de Paris , 608. — par la Societe centrale d'agriculture de Douai, 9^7 meutee pari. L. Criveili, 527. Proces du Constitutionnel et du Courrier francais , 646. Professions (Sur les) et lenr libre exercice , par T. J. H. Ebers , 472- Prohibition d'enterrer dans les eglises du Bresil , 866. Pjrrker (X.). Tiinisias, (in tieldenge- dicht, 475. Q Quelques notes sur le droit d'ai nesse , 809. Querard(J. M.). V. Bibliographie. Quetelet (A.). C — B., 181. R Probleme de I'esprit bumain , fai- sant suite au livre : Du rapport de la nature a rbomme, etc., par Massias, 214. Procedure civile. Voyez Berriat Sain!-Prix. — des Tribunaux de France , par Pigeau. Quatriemeeditlon, aug- T. XXIX. Raban , Dialogue entre Vilain ca- det et Vilain I'aine , etc., 809. Rabaud de Saint - Etienne. Le vieux Cevennol, i36. Raboteau (P. P.). T'oy. Necro- r-OGIE. Racine , ou la 3" representation des Plaideurs , comedie en prose, par Ch. 3Iaguien, 902. Radesyge. f-'oy. Hoist. Raoux, F(y-. Dissertation. Rapport (Deuxieme) du Comite de la Societe pour rabolitioii graduelle de I'esclavage dans les colonies anglaises, 744- Raiiracis. Almanach national Suisse, 767. Raymond (H). Premiere lettre sur les antiquites de la Nor- mandie, 536. Recapitulation de I'annce 1825 , et Instruction aux collabora- teurs de la Revue Encyclope- dique, par M. A. Jullien, C. — M., I. Recberches sur les changenieiis produits dans I'ctat physique des contrees, par la destruction des fordts , par Moreau de .Ton- nes , A., 59. 62 9^8 TABLE AN — observations et experiences sur le cieveloppement des maladies tiiberculeuses, etc., par V. Boi- vin , ^SG. — physiologiques et cliimiques pour servir a I'histoire de la digestion, par Leuret et Las- seigne, ySfi. Recit de la perte du bAtimcnt de la compagnie des ludes , le Kent, 829. Reclamation de M. MuUner, de Weissenfels, en Saxe, 3 18. — ■ de M. Jules de S. Quiiilino, de Lucques, Sao. — de M. X. D. E., au sujet de la litterature polonaise, 577. Recueil general des anclennes lois francaises, avec des notes, par Isambert, Jourdan et deCruzy, aao, 525. — complet des lois et ordonnances du royaunie , avec des notes, par Isambert, a 20. - — de problemes amnsans et ins- tructifs, par J. J. Greniilliet, 5o4. Rectjeils pebiodiques. v. Jour- NAUX. Reglement general des Ecoles de la Trinite et des Colleges en Espagne, Saa. Regnier (Edme). V. NECROLOGir.. Reiffenberg(De), C— B., 490, 492, 780. Relation de Ganat et des coutu- nies de ses babitans, tiaduite de I'arabe, par Amcidee Jau- bert , 246. Religion. Foy, Theologie. — ( De la ) consideree dans sa source , ses formes et ses deve- loppemens, par B. Constant, A., 63. Renouard ( A. A. ). Annales de I'imprjmerie des Aide , 848. — (A. Ch.). Tiaitc des brevets d'invention , de perfectionne- ment et d'importation. A., 679. Rdperloire du thedtre franrais, AI.YTIQUE avec des notices sur lesautcurs et actenrs celebres, |)ar L.B. Pi- card et J. Peyrot, 285. Piepresentation a rAsscmblee gc- nerale du Brcsil , snr I'escla- vage, par J. B. o'Andrada y Silva, 397. RiipuBLiQuE de la Plata , 3o4. Resume geograpbique de la pe- ninsuleiberique, par le colonel Bory de Saint- Vincent ,5 ifi. Resumes bistoriques. Voy. His- TOIKE. Retour (Le) en Afrique, ou Veilles de Saint -Augustin, etc., par H. Gazzera, 799. Revolution fkakcaise (Intro- duction aux Memoires sur la), par F. Grille, 534- — Voy. Esquisses bistoriques. Revue ejvcyclopedique. Voy. Recapitulation. Revue des progr^s des opinions religieuses , par J. C. L. de Sis- inoiidi , M.. 21, 349, 621. — somniaire des priiiclpauxie- cueils periodiques publics dans la Grande-Bretagne, i4r, 4'>3, 747- — sommaire de quelques ouvra- ges poetiques, par E. Heieau, A., 714. Rhetoiuque, 832. Ricci (Scipion de). Voy. Potter. Ricliter (.1. P.). V. Neckologie. Rienzl, tiibun de Rome, trngcdie, par Gustave Drouineau , 337. RigoUotfils, C— B., 194,787. Robert. Li giierra per It principi crisliaiii ijuerregiata contra i Sa- racini , etc. 485. Roi (Le) Salomon et George le Cliapelier, vaudeville danois , par J. L. lleiberg, 3i6. Rollon, chef des Normands, ou la Furie du Nord, par MUc Bar- thelemy Hadot, 557. Romaiii (Gio) Teorica de' sinoitimi, etc., 171. RoMAiNS, 157, 274, 277, 279, 280, 284, 299, SSy, ^58, 55y, 746, 845, 846, 847. — (Collection des meilleurs) fian- cais, 845. Roscoe's (^Jf^.) Observations on penal jurisprudence, i38. Rouen (P. J.). Code commercial. Rouergue. yoy. Gaujal. Rousseau ( J. J. ). OEuvres com- pletes , avec des cclaircisse- mens , par P. R. Auguis, 258. — yoy. Pensees d'un esprit droit. Route du Simplcn , par A. M. Perrot , 796. Rouveroi (F.). Emploi du terns, 780. Royer-Collard (A. A.). Vojr. Ne- CnOLOGIE. Rndiger (•?.). De statu et condi- tione paganoruin sub iinperalori- bus chrislianis post Constantiniim, 16a. RussiE, 148, 3ia, 4fi8, 575, 756, 869. Rvke. L'Academie des sciences de Bruxellescouronne son ouvrage sur les tribunaux dans les ci- devant Pays-Bas autrichiens , 393. Sabine's ( Captain ") Account of the experiments to determine the fi- gure oj the earth, i35. Saint-Louis, poeme en douze chants et en vers, par E. N. F. de Santeul, 259. Saint-Silvestre (M. de). Voj. Me- nioires bistoriques. Saint-Simon (Due de). Voy. Lau- rent. Saintes (Amand). ^o/. Vatican. Saintine (X. B.). Voy. Jonathan. Salfi (F.). C— B., 171,488,489, 84s.— N., 591. SiiUe de spectacle (Projet de cons- truire une) a Alexandrie, 3 10. Salm(M'ne la prlncesse Constance de). yoy. Allemands. DES MATlilVKS. 939 Salverte (Eus^be). C. — A,, 6(i3. — B., 252, 262. SaNTE ^UBLIQUE, 888. Santeul (E. N. F. de). Foy. Saint- Louis. Sardaigne , i68. Schakliovsko'i (Prince), f-'. Aven- lures. Schlosser ( F. C. ). Histoire des revolutions politiques et litt6- raires dc I'Europe au xviii" sie- cle , traduite de rallemand, par W. Suckau, 22.5. Schoell (F.). Storia della Ictleratura grcca , etc., ^S'J. Schteglof (N.). Indicateur des de- couvertes en physique , en chi- niie, etc., 149. Schweighaeuser (J. C). f^oy. Ex- plication. Sciences medicales, i57, 177, i8i, 191, 193, 194, 19G, 290, 292, 293, 327, 459,493, 5o2, 5o3, 5o4 , 592 , 773 , 774, 775, 786. MORALES ET POI.ITIQDES, 63, 21 3, 4' 2, 522, 4l3, 679, 798. — rHiLosopHiQUES. /^'. Coup d'oeil. PHYSIQUES, 49, 182,395,494- 654, 737- Scott (Walter). Poeme du der- nier barde, traduit en russe par M. Katchenovsky, 470. Sculpture, 6i3, 772. Seguin. yoj. Ponts. Seigneur-Gens (J. F. A.). Voj . Nosograpbie. Seminaires (Petits). P'vy. Encore un mot. Senefelder. Voj. Stereotype. Sejffarth (G.). Memoriae F. A. G. Spohnii , 764. SlAM , 460. Siegenbeck. Observations sur quelques points relatifs a la langue hollaudaise, SgS. Sillimans (C) Journal uf science and arts , 736. Simon (^Barbe Allen). A series of allegorical designs , etc., 182. 94o Sismondi (J. C. L. de). C— M., 2X, 349, 621. — B., 173, aaS. ■ — Histoire des Republiques ita- liennes, 820. Sholdebrand. Tassos befriede Jeru' salem, i56. Slave - Colonies (The) of Great Bri- tain , 744- SoCIETES SAVAKTES tT d'uTILITE rUBLIQUE. — aux Etats-Unis : Societe d'hor- ticulture de New-York, 5fi6. — Iiistitut Franklin , de Phila- delphie, 369. — Academic ame- ricaine des beaux -arts, 865. — dans Yjiinerlt]iie meridionale : Societe natiouale de colonisa- tion pour la Colombie , 670. — en Jiigleterre : Societes bibli- ques dans toutrempire britan- nique , 3ii. — Societes des Amis , 3 1 1 . — Societe pour I'a- bolition graduelle de I'escla- vage dans les colonies anglai- ses, 744- — en JUemngne : Academic des sciences de Berliu, 3 16. — en Suisse : Societe economique du canton de Berne, 482. — Societe d 'histoire naturelle de Zurich, 586. — Societe de bien- faisance de Zurich , 587. — So- ciety duJardin Noir de Zurich, 587. — Societe de musique de Zurich, 587. — Societes savan- tes et d'utilite publique, 878, 879, 880, 88r. — en Jealie: Academic des geor- gophiles, 588. — Academie dite Labronica de Livourne, 588. — Societe medico-chlrurgicale de Bologne, 774. — Academie Tiberina de Borne, 885. — dans le Pnys-Bas : Societe hol- la ndaise des sciences de Har- lem, 3a4- — Institut royal, 493, 593 , 880. — Societe des scien- ces m('dicales et naturelles de Bruxelles, 592. — Academic royale des sciences et belles- TABLE ANALYTIQOE lottres de Bruxelles, 593, 775, — en France ( dans les departe- mens): Societe linnsenne d'emu- lation de Bordeaux, 184. — So- ciete de modecine de Caen, 290, 327. — Academie des sciences, belles-lettres et arts de Tou- louse , 291. — Societe pour I'encouragement des sciences , des lettres et des arts d'Arras , 327. — Academie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon , 56o. — Society academique du departement de la Loire-Infe- rieure, 56i. — Societe d'emula- tion commerciale de Bordeaux, 890. ■ — Societe centrale d'agri- culture de Douai, 890. (a Paris) Institut." Academie des sciences, 328,598,891; Academie francaise, 602. — So- ciete d'histoire naturelle, 182. —Societe d'encouragcmentpour I'industrie nationale , 33i. — Societe pbilantropique en fa- veur des Grecs , 606. — Societe de la morale chretienne, 896. — Societe des XIX, 856. Soebeck. T'oy. Nomihatioivs ac\- DEMIQUES. Solari. Elogio del conte Lnigi Cor- vetto, 486. Solfeges a plusieurs voix , par A, Chelard,853. Sophie deMenthon, oula Pupille infortunee, par De Valmore, 559. Souans ET MUETS, 707. Spohn (F. A. G.). yoy. Seyffarth. Souscription pour I'acquisltiou d'un doniaine destine a la fon- dationd'une ferme expcrimen- lale, 596. Spectateur (Le) italien , par le comte Giovanni Fcrri di Con- slante , 169. Spotorno{G. D.). MLinoriaisofCo' hiinbiis , 137. DES MATIEKES. Stabell ( J. H. ). Hundelser paa fn Reise, etc., i58. Stassait (B. de). f-'oy. Discours. — C.— B., 49a. Statique de la guerre, ou Prin- cipes de strategic et de tacti- que, etc., par R de St.C, 5o8. Statistique, 59, ?II,296, 3io, 3ij, 3i5, 325, 5i3, 571, 574, 742» 794. 795, 817,871. — industrielle du cauton de Creil , 5x8. Statuts de la Societe d'assurajice mutaeile contra la grdle, etc., 482. Stereotype (Nouvelle espece de) inventee par Senefelder, 317. Stierlin' s{E.) Historischer Kaleiider, 483. Suckau (W). yoy. Schlosser. SuEDB, i56, 3i5, 58i, 873. Suicide des veuves indiennes, 3o5. Suisse, 167,318,482,585,767, 878. Swaan. /^oj. N0MIN.4.TIOKS aca- HEMIQUES. Syiionymes ( Theorie des ) , par I'abbe Gib. Romani, 171. Systeme et histoire de la Nature, par F. S. Voigt , 471- Table de la pesanteur speciGque des melanges d'alcoliolet d'eau, etc. , par C. A. de Gouvenaiu , 5oi. Tables synchronistiques de I'his- toire ancienne et tnoderne, par J. F. Lamp, 529. Tableau des arts et metiers et des beaux-arts, 2o3. Taillard ( C. ). Le droit d'ainesse , elegie , 808. Tales dedicated to the royal Chil- dren of France , 299. Tarif (Nouveau) des di'oits de douane pour la Russie, 869. Taules ( De ). yoj\ Masque de fer. Tchijof. f^oy. Mecanique. 9/, I Technologie, i49i '97, 2o3. Tedaldi Fores [Charles). Heat/ ice Tend a , trn^edia isturiva, 17a. Tegncr ( £. ). Frithiofssaga , 1 37. Telegraphes ( Construction de ) entre Alexandrie et le Caire, 309. Tenis ( Le ) present par C. Des- marais, 8r i. Theatres: de Copenhague, 3 16. — de Paris , 333 , 608 , 899. — de Petersbonrg , 576. — de Rome , 5go. — de Naples, Sgo. — de Bruxelles , 594- — de Moscou, 871. — (Lettres sur les), 838. Theologie, Rei.igioa', Culte , etc., 21, 63, 74, i32, 141, 349, 4i2, 463, 522, 56o, 563, 621, 744, 798. 799-860- Therapeutique. yojr. Begin. Thiers (M. A.). Histoire de la Revolution francaise, 239. Tipaldo (E. ). T^oj. Histoire de la litterature grecque. Tir des projectiles. T'oj. Coste. — des projectiles creux. A'oj. An- dreossy. — du canon. Voy. Poisson. TIssot (P. F.),C.— M.,37. — Etudes sur Virgile, A. , 92. Tombeau ( Le ) de Marcos Eotza- ris , par Camille Paganel ,241- TOPOGRAI'HIE, 244) 5l7, 796, 875. Traductions : — en allemand, de I'anglais, 464. — en anglais, de I'espagnol, i37 ; dufrancais,299;del italien,i37. — eafrancais, de I'allemand, 180, 225 ; de I'anglais, 200, 227, 543, 788, 794, 801, 829; de I'arabe , 246 ; de I'hindous- tani , 55 1 ; du grec , 289 , 835 ; du latin , 257, 549, ^^4 » 836 ; de I'italien, 552. — en grec-moderne , du francais , 297. — en hollandais, du francais, 775. — en ilalien , du francais, 487, en un seul vo- lume, 258. W ' Wailly (G.). Voy. Amour et in- trigue. Walpole, poemedramatique, par EdouardAlletz,2fi3. — A., 714. IVachsmuth. De I'eterum scripcorum grceconim levitate , etc., 765. DES MATIERES. g/J'i JVauters. Bemerhingen overde Nootl- ■zahe lykheid der Ziehe - Diensters, TVeisemberg (J. H. von ). XJeber den J itf lichen Einfliiss der Schaiibiihne, 7fi3. Worcester ( Le marquis de). Ses cent inventions, d'apies un ma- nuscrit original , par C. F. Par- tington, i36. Zoega. Manuel du fabricant de Sucre, 791. ZootoGiE, 494- FIN DE LA TABLE DU TOME XXIX. ERRATA DU TOME XXIX. Cahier de Janvier. Page 44 . lignc l , qn'eUe avait , lisez : guil avail ; p. i36, 1. 3, ofmarijtiis of Worcester , lisez : of the marquis, etc. ; ibid , 1. 3l , east of syria , lisez : the east , etc.; p. i38 , 1. 10, obser- vation, lisez : observations ; ibid., 1. 19, anno/ices , lisez: annoncees ; p. 139, 1. ante-penultieme, Butler, lisez: Bulwer; p. 169, 1. ir, phenicienne , lisez : punique ; p. 179, 1. l3, conservations , lisez : con- versations; p. 256 , llgne 25 , I'a piopos , avait, lisez : I'a propos avec ; p. 263 , 1. 23 , Traman , lisez : Treman; ibid. ,1. 24 , cielo , lisez : cieco; ibid., ibid., leros , lisez: Ger.; p. 3o4, 1. 38, 1827, lisez : 1817 ; p. 3o6 , 1. 8 , iinmolc plus , lisez : immole moins. Cahier de Fevrier. Page 378, ligne 12, A. M. Comte, lisez: M. A. Comte ; p. 398, I. 21 , igonorer, lisez : ignorer ; p. 454, 1. l7 , M. de Stael, lisez : ;»/'"<• de Stael ; p. 471, 1. 3, F. J. Voigt , lisez: F. S. Voigt; p. 589, 1. 48, des Canzoniere , lisez : da Canzoniere ; p. 597, 1. 17, nasal, lisez : na^ard. Cahier de Mars. Page644» 1. i4 et i5, en imposer, lisez ; imposer ; ibid., 1. 21 , la piemier consul ,\isez : le premier consid ; p. 75r, 1. 27 et 38, Fables incdites de Lafontaine, lisez : Fables inedites des 12°, 13", et 14" siecles ; p. 75fi, avant-derniire ligne, d'un ouvrags entrepris , lisez : d'lin voyage, etc.; p. 788 , 1. 19, sumonter, lisez : surmonter ; p. 855, 1. 3, Paesiello , lisez : Paisiello; p. 857. 1. 22, Raffletia , lisez: Rafflezin ; ibid. ,1. 28 , Deviila , lisez : Devillars ; p. 869 , I. 23 , IVeichsel, lisez: ristule ; p. 9o5 , Corvige , lisez : Correge. 2 FEB. 9 5 ^ AVJS AUX AMATEURS DE LA LITTERATOKB iTRANCifiE. On peut s'adresser k Paris, par rentrernise du Bubeav cemtral ub i.A Kbvve Ehoyci-opedique, a MM. Treuttki. et Wubtz, rue de Bourbon, n" ly, qui ont aussideux maisons de librairie. Tune k Stras- bourg, pour rAllemagne , et I'aulre a Londres ; — a MM. Artmus Bektrand, rueHaulefeuille, n'aS; — RENOtJARD, ruedeTouruon,n°6; — LEvaAui.T, rue des Fosses-M.-le-Princejn" 3 1, eta Strasbourg; — Bos- SA'WGE />ere, rue Richelieu, n°6o; et i Loudres pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais, hollandais, etc., ainsi que les autres productions de la litteraturc etrangfere. Le prix de ces ouvrages reudus a Paris sera celui des pays etrangers ou iU se j)ublient, augment^ de lo pour loo, pour frais dc j)0rt, droit d'importation et de commission, etc. — La Direction dela Revue Encyclopedique n'a d'autre but, en publiant cet avis, que de faciliter, par tous les moyens qui r6sultent de ses publications raensuelles, les communications scientiiiques et litteraires entre la France et les pays elrangers. Aux ACADEMIES ET AUX SOCI^TES SAVAMTES de tOUS leS paji. Les Academies et les Societes savaktes ex d'otilite pubeiqub, fiancaises et etrang^res, sont invitees a faireparvenirexactement,/ra/ic de port , au Directeur de la Revue Encyciopedzfjue , les couiptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, ahn que la Revue puisse les faire connaitre le plus prompiemeut possible a ses lecteurs. Aux ioiTEURS d'oCTSAGES ET AOX LIBRAIRES. MM. les^dlteurs d'ouvrnges p6riodiques, fran9aiset etrangers, qui desireraient ecbanger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^changes , et sur una prompte annonce dans la Revue, des publicationa de ce genre ct des autres ouvrages nouvellemeut publics , qu'ils nous auront adresses. Aux EDiToaBs ues becueii.s periodiques eb *nglete»b¥. MM. les ^diteurs des Recueils periodiques publics ea Angieterre sont pri^s de faire remettre leurs numcroi k M. Degeorgk, correspondantde la Revue Encyclopedigue a Loudres, js" a, Albemarle-street, Piccadilly, chez MM. Griia, Ricordi et C'", importers and publishers of foreign music; M. Degeorge leur transmettra, chaque jcois , en ^'change, les cahiers de la Revue Eucjclopedique, pour laquelle on peut aussi sous- rrire chez lui , soit pour I'annee courante, soil pour se procurer le? collections des annces anterieures, de iSrg a i8a5 inclasivemcnt. —WUMi v^^ LiBRAiuBS chez lesquels on souscrit dans les pays etrangers. Aix-la-Chapelle, Laruelte ills. Amsterdam, G. Dut'our; — ' Dela- chaad. An vers , Ancelle. Arau (Suisse), Sauerliinder. Berlin, Schlesinger. Heme , Clias , au cabinet lltt^- raite ; — ■ Bourgdorfer. Breslau , Th. Korn. Brtucelles, Lecharlier; — Demat. Vriiges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Piatti. Pribourg (Suisse) « Aloise Eggen- dorfer. Francfort-sttr-TUein , Schaeffer ; — Bronner. ^ ati ]\L'»rais; et rue Richelieu, n" 67; MoMGiEaine, boulevard Poissonnifere, n" 18; E MEHY , rue Maj.arine, n" 3o; RoRET, rue Hautefeuille, n" la ; Bauuex-ier, quai des Augustins, n» 54 ; Levrault, rue des Foss^s-M.-le-Prince , n" 3i , ct a Suasbourg ; A. Baudouik . rue de Vaugirard, n° 17 ; Delausay, Pelicihr, Powtuieu, au Palais-Royal; Uhbain Cakei., rue Saint-Germain-des-Pres ,11° y. A LA Tente, CABiNEr LiTTERArHB , tenu par M. Gautieh, amion militalre, Galerie de Bois , n" 197, an Palais-Royal. yota. Les ouvragcs annonces daus la Revue sc trouvont aussi chcz Roret , roe Hautefeuille, vfi 12 TARis. — ni- I. iwrniMFRiK iiv hm;noi.ix,