Tome I- 1828. (37" de la collection. ) 109^ LIVRAISJOJV. REVUE ENGYGLOPEDI ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATORE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I* Pour les Sciences physiques et mathimatiques et ]es Arls industrtels : MM. CH.Dunw, Girard , Navier , de I'lastitut; J. J. Baude, Dcbrdbfaut, Ferr y,FRANCOK0R , Ad. Go»DtWET;D. Lardwer, de Loiidres; A. Michelot, DE MOKTGERY, MoREAO DE JONKES, QoKTELET , T. KlCBARD, WaRDEW, etC. 2" Pour \e6 Sciences naturelles: MM. Geoffroy SaiKt-Hilairk, de I'lnstitut; BoRT DK S*rwT-ViwcEKT, correspondaut de I'lastitut ; Mathieo Bohafods, de Turin; B. GxiLLOir , de Dieppe; V. Jacquemokt, etc. 3" Pourles Sciences medicates: MM. Bally, Damirok, G.-T.Doiir, A'medee DopAu, FossATi, Gasc; GERsotf, de Hambourg; Georcet; he Kirckbopf, d'Anvers; RiGOLLOTfils, d' Amiens, etc. 4* Pour les Sciences phitosoyhiques et morales, poUtiques, giographiquet et historiques ; TUM. M. A. JcLHEit, de Paris, Fondateur-Directeur de la Revue Encychpedique; Alex. de la Bordk; Jomard, de I'lnstitut ; M. Avkhel, Bahbix bv Bocage fils, Behjamik-Constant. Charles CoMTK, DKPPtNG, DoFAO, DUMOYER, GOIGMIADT, A. JaCBERT, J. LabOCDERIE , AlEX. LaMETH, Lakjcxhais CIs , p. Lami , Lesueur-Merlin , Massxas , Albert Moh- TKMOKT.EnsEBE Salverte, J.-B. Say; StMOiTDE BE Sismoroi, de GencTe ; Warkkoekig, de Liege, etc. Duptu aine, Bertii.ljs, Bouchehe- Leper, CRtvELi.r, Ch.REiruDARD, Taillandier, avocats, etc, 5' Pour la LilteratureJ'rancaise et etrangire, la BibUographie , V Archeologie el le« Beaiix-Arts: MM. Akdrieux, Amattky-Dcval, Emeric David, Lemer- ctER , DE Segur , de riustitut; Andrieux, de Limoges; Mi^^ i^..S'w. Belloc; MM. Michel Berr ; J.-P. Brks, 'Buivhouf fils, Chauvet, Cbeptedolle, de Liege; P.-A. Coopiw, Fr. DegeorGe , Domersan; Ph. Golbert, correspon- dant de I'lnstitut; Lioa HALEvr, Ueirerg, Henricbs. E. Hereau , Augbste JuLLiHs fi1s;BEKllARD JoLLiEN; Kalvos, de Zante; Adrien-Lafasge, J. V, Leclerc, Nestor L'hote, A.MAHnL; J-Maxtviel; D. P. Mendibil; Morkabd, de Lausanne; C. Pagawel, H. Patin, Powgervxlle; dk Beiffekxiero ; de Roujonx; DE Stassart, de Bruxclles ; Fr. Salpi, M. Schxnas, Scbnxxzler, Leo« Thiesse, p. F. TissoT, Viguier , Villena-ve, S. Vxscostx, etc. A PARIS, A.U BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPl^DIQrjE , HDEU'p.KFER-S.-ailCHEI,, w° i8; ARTHUS-EERTRAND, LIBRAIRE, ElIE HAXJTE-FEXIII-I^E, a° 23. JANVIER 1828. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisde Janvier 1819, il parait, par ann^e, douze cabiers de ce Recueil; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'impression,elplus souvent de i5 ou r6. On sonscrit k Paris, au Bureau central tT abonnement et d'expiditton indiqu^ sur le litre , flt cbez les libraires ci-apr^s : ARTHUS BERTRANB , rue Hautefeu ille , n" »3 ; Au MusEBBHCTCi-OPKDiQUE, CHEZ BossAWGK pferc.rue Richclieu , 11° 60; J. Rhhocard, rue de Touruon, n° 6; Prix de la Souscription. A Paris 46 ff- pour "" an; 36 fr. pour six mois. Dans les departemeus. S3 So A I'etranger 60 84 En Angleterre 7$ 43 Le raontaat de la souscription, enroj^ par la poste, doit dtre adresse d'avance, prakc dk port, ainsi que la correspoudance, an Directeur de la Revue EncyclopSdiqae , rue d'Enfer-Saint-Michel, n" 18. C'est a la m^me adresse qu'ou devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chez les principaux Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les payS; etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est termini par une Table des matiires alphabduque et analyiiqne , qui ^claircit et facilite les recberches. Cette Table est toujours jointe au i" cabier du volume suivant, 4 I'exception de la dernifere Table de I'ann^e, qui est exp^di^e isol^ment k tous ceux quipeuvent y avoir droit. On souscrit, seulement k partir de deux epoques , du x" Janvier ou du itTjuillet de chaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. On trouve, am BOEBjia cbnxral, les collections des annees i8ig, i8ao, i8ai , 183a, i8a3, i8a4 et litiS, au prix de So francs chacune. Chaque ann^e de la Revue ' Encyclopidique est ind^pendante des ann6es qui precedent , et forme une sorte dHAnnuaire seientifique et lutiraire, en 4 forts volumes in-S", pour la p^riode de terns inscrite snr le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE ^. i^-tro. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNI^E DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES , LES ARTS INDDSTRIELS , LA LITTERATIIRE ET LES beaux-arts; PAR UNE REUNION UE MEMBRES DE L'INSTITUT, FA' D'AUTtlF.S HOMMF.S DK LETTRES. TOME XXXVII. PARIS. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE, RUE d'eNFRR-SAINT-MICHEL , N° l8. TAKVTKR I02( ue Ency elope diqiie ne poiiv;iieiit oublier qu'ils 8ont Fiancais; ils synipathisent trop hien avec la France pour ne pas ressentir alternativement ses longucs douleurs et ses courtes joies. 11 n'a done pas ete en lour pouvoir de se montrer aussi rigoureusenient cosmopolites (|u'ils doivent I'etre dans les terns ordl- naires, lorsque I'horizon politique n'est point charge de nuages. Durant une partie de I'annee, leur pensee n'a pu se nianifester, sous le regime odieux de la censure, qu'entre des limites tres-resserrces, variables et sou vent inapercues , dont on n'etait averti que par le choc violent qu'elles faisaient eprouver. Avant que la liberte d'ecrire tutsuspendue, onpressentaitqu'ellenejjourrait echapper a tousles dangers qui la menacaleiit, et que ses defenseurs les plus devoues ne parviendraient tout au plus qua rendre un peu moins pesantes les chaines qu'on lui pre- parait. En repassant aujourd'hui sur nos traces, et en resuniantnos travaux de I'annee iSay, nous remarquons avec peine queplusieu/s ameliorations ne sont pas aussi avancees que nous I'avions espere , que nous sommes loin d'avoir atteint le but auquel seulement il nous sera permis de nous arreter, c'est-a-dire qu'on pent aperce- voir encore de nombreuses lacuncs dans le tableau des progres de I'esprit humain, tel que nous loffrons a nos lecteurs, et dans I'enumeration des nouvelles richesses intellectuelles dont nous avons fait lacquisition. Les lec- teurs equitables reconnaitront I'acilement les causes diverses et puissantes qui ont contrarie nos efforts et retarde notre marclie, sans parvenir a changer notie direction. Nous en appelons avec confiance au jugement de nos compatriotes : tons ont ete temoins des angoisses des hommes instruits, des amis des sciences et des lettres, de tons ceux qui prennent quelque interet a la propaga- SUB LA. REPUBLIQUE DES LETTRES, EN 1827. 7 tion des lumieres , lorsqii'une loi desastreuse inenaca de subjuguer lapresse, d'arreter I'essor du genie francais et d'avilir notre litterature. lis ont vu, conime nous, le regne de la censure; mais ceux qui n'ont observe qu'en province les tribunaux de cette puissance malfaisante, n'ont qu'une idee tres-imparfaite des avanies de toute espece auxquelles les malheureux ecrivains periodiques elaient souniis a Paris. Quant aux etrangers, meme dans les Etats oil la censure est pernianente, quand ils ap- prendront comment cette ignoble police f'ut exercee en France, principalement dans la capitale, en 1827 ils seront persuades que leurs journaux et leurs recueils periodiques furent libres alors, en comparaison des notres, Heureusement, I'enipreinte des I'ers que nous avons portes ne flelrit que les juges et les bourreaux de la pensee. Depuis que nous sommes rendus a la liberte' on ne pourra nous reprocber d'en avoir abuse, meme dans le moment d'effervescence qui siiccede, en depit de la raison , a une longue et penible contrainte. Recueillir les verjtes que nous n'avons pu dire, ou qu'une preoccu- pation tres-excusable nous avait fait pei dre de vue leur chercber une place convenable dans nos pages , a me- sure que nous les publions, voila les soins qui nous ont occupes, depuis la fin de notre esclavage, et que nous ne cesserons de prendre jiisqua ce que nous soyons au niveau de tout ce que Ion fait et public dans la republi- que des lettres. Nos disgraces n'ont pas ete sans quelques adoucisse- mens. Nous avons acquis des correspondances sures instructives , des coUaborateurs capables de concevoir notre plan dans toute son etendue , et de le perfection- ner. Ce sont des amis acquis dans le malheur, et dont 8 CONSIDERATIONS G^N^RALES les services nous seront d'autant plus precieux qu'ils. sont offerts avec un zele plus sincere , un devoument plus digne de notre reconnaissance. Nos relations di- rectes ne comprennent pas encore des regions sur les- quelles tous les peuples doivent avoir les yeux ouverts; tel est, par exemple, limmense empire du Bresil dont on ne connait guere jusqu'ici que les productions recher- chees par le commerce, ou il reste a fouiller la terre pour ajouter les connaissances geologiques a celles de la botanique et de la mineralogie, on la statistique n'a re- cueilli jusqu'a present que des materiaux dont I'ori- gine n'est pas assez bien connue pour inspirer la con- fiance. Sous quelque point de vne que Ion considere cette vaste contree, elle captive I'attention du philo- sophe, du naturaliste, des politiques , des simples cu- rieux: nous esperons etre bientot en etat de completer, par des Notices sur le Bresil , la revue generale du con- tinent americain. Mais, quoique I'atmosphere semble se pui-ifier pour les ecrivains periodiques, et que Forage ait cesse de gronder sur leurs tetes , la securite nest pas retablie. Et comment cesserions-nous de craindre le retour de ces fleaux dont la cause peut se reproduire dans des cir- constances hors de notre pouvoir, et que notre pru- dence ne saurait eviter? II faut bien I'avouer, le sort des lettres en France est encore a la merci des tempetes politiques : elles n'ont point unegarantie suffisante dans les lois , ni dans les institutions; il suffit, pour en etre convaincu, de jeter les yeux sur ce que Ion a fait contre elles, depuis letahlissement du regime constitutionnel. Puisque notre recueil , si evidemment inoffensif, dont la bienveillance universelle ne peut etre revoquee en doute , a pu etre soumis deux fois a une censure d'ou SUR LA REPUBLIQUE DES LETTRES, EN 1827. 9 ses principaux articles revenaient horriblement mutiles, que pouvait-on alors confier a un journal ? les sciences pouvaient echapper; la petite litterature n'eveillait pas le dragon aux ongles tranchans, ou teints d'encre rouge : niais, si Ihistoire s'etait avisee detre veridique; si la morale avait eu I'audace de donner quelques conseils a la politique; si des verites genereuses , etablies sur des faits incontestables , avaient rappele les droits des nations et les devoirs des gouvcrnemens , ces teme- raires ecrits n'auraient point vu la lumiere. La Revue encyclopedique devait done se resoudre a voir biffer la presque totalite de ses articles sur les sciences morales et politiques , ou prendre le parti de supprimer cette division des matieres qu'elle traite : mais , si elle con- sentait a un aussi grand sacrifice, elle renoncerait a son titre , et cesserait d'etre encyclopedique. Aucune consi- deration ne la fera descendre ainsi au-dessous d'elle- meme; ses Redacteurs, sentant plus que jamais com- bien I'association des sciences et des lettres est devenue necessaire aux unes et aux autres, s'attacheront sans relache a fortifier ces beureux liens, a les rendre indis- solubles. Le public d'aujourd'hui n'est pas d'humeur a supporter Tignorance dun Pradon , ni les plus doctes lecons en mauvais langage; cette disposition des esprits serait Teffet du gouvernement representatif, si d'autres causes ne contribuaient point a I'amener. Les discussions parlementalres font en meme terns un appel a I'eloquence et au savoir, et la victoire demeure fidele a I'orateur qui reunit Tun et I'autre au plus haut degre. Ainsi, la Revue Encyclopedique demeure irrevocable- • ment attachee a toute la republique des lettres , quelles que soient les chances de bonne ou de mauv.iise for- tune reservees dans I'avenir a cetEtat sans gouvernement, TO CONSIDERATIONS CENTRALES sans aimees, et qui ne manque point d'eniiemis. Malj^ro son apparente faiblessc, cette republiqiie e>t plus siiro tie sa duree que les empires les plus puissans : elie sub- sistera aussi long-tems que la raison humaine ; et a tontes les epoques , son elendue sera la veritable niesure de la civilisation sur toute la surface de la terre , et dans cha- que nation. Mais cette merveilleuse republique n'est pas toujours heureuse : des dissentions intestines laffaibllssent et la deshonorent quelquet'ois. Pendant plusieurs siecles , la barbaric I'avait presque cletruite, et ce ne fut qu'apres de longs efforts quelle put reparer ses pertes. Elle ne redoute plus aujourd'hui de retomber dans Tobscurite du moyen age; en possession de son immortalite, elle voit ses domaines s'etendre, se peupler et s'enricliir. II ne s'agit done plus de sa conservation, et Ton peut se livrer a la recherche des moyens d'augmenter son in- fluence sur le bien-etre des societes, sur le perfection- nement de toutes les institutions. Le premier pas vers ce but si desirable a ete la for- mation des Societes savantes et Utteraires et des Aca- demies. C'etait un commencement d'organisation , un obstacle aux desordres de I'anarchie. Mais ces pelits corps, epars et peu nombreux, n'avaient pas assez de forces, et ne pouvaient constituer line republique puis- sante ; quelques rivalites les divisaient souvent; et les traits aceres, lances contre les plus faibles , penetraient de terns en terns jusqu'aux plus forts; le public appre^ nait a se moquer des Academies, en voyant qu'elles echangfeaient aussi entre elles des railleries assez bien o meritees. L'etablissement des Outrages periodiques fut un autre pas vers l'organisatif»n du peuple lettre : il est inutile SUR LA REPUBLIQUE DES LETTRES , EN 1 8 2 7 . 11 ffinsister sui" les services que ce moyen de communi- cation rendit aux ecrivains et aux lecteurs. Mallieureu- sement, on n'alla pas plus loin, et ces premiers progres ne firent pas meme entrevoir le hut vers lequel on de- vait se diriger. La republique des lettres fut encore sans consistance , et I'anarchie ne cessa pas tout-a-fait d'affaiblir la consideration dpnt elle devrait etre envi- ronnee. Cependant, on perlectionna ce que Ion avait deja fait; les societes se multiplierent, leurs relations prirent plus d'etendue, les ouvrages periodiques em- brasserent plus d'objels , et les traiterent avec plus de methode. Mais il reste encore beaucoup a f'aire, plus peut-etre que ce que Ion a execute jusqu'ii ce moment : essayons den donner uneidee, en nous bornant d'abord au territoire francais qui, dans la giande confederation litteraire , est un Etat particulier et Tun des plus con- siderables. Les vues qui dirigerent les fondateurs de Vlnsdtut national de Fiance furent justes et dune grande utilite : mais cette belle institution litteraire ne recut pas unc organisation assortle a la destination qu'on aurait Cm lui assigner. II ne s'agissait point de creer une Academie encjclopedique ^ mais de coordonner toutes les forces intellectuelles de la France, et de les faire concourir de la maniere la plus avantageuse aux progres des con- naissances et a la propagation des lumieres dans toutes les classes de la nation. II fallait, par consequent, etablir des relations , des devoirs mutuels entre I'lnstitut de la capitale et ceux que Ion eut formes dans les departe- mens ; la surveillance des ecoles publiques leur eut eie confiee; c'est dans leur sein que Ton eiit trouve reunis tousles elemens d'une instruction normale pour former des instituteurs. Les membres residans a Paris auraient 1 3 CONSIDERATIONS GENliRALES |)u etre une deputation ties Instituts do departenieiit, y compris cclui de la Seine, etc. 11 serait facile d'adap- ter a ce projet les dispositions organiques au nioyeu desquelles on ferait sentir combien il serait piaticable : et, si rien ne s'opposait a ce qu'il fut execute, on ne pent douter qu'il ne fiit tres-avantageux. En mettant a part route pretention, loute influence sur lenseignement public, ne serait-il pas possible et perniis de realiser ce projet avec les seules ressources des bommes de lettres, des savans et des amis de I'in- struction ? Puisse cet espoir n'etre pas unechimere! De la place oii nous sommes, et au milieu des occupations que nous nous sommes imposees , nous ne craignons point de parlev d'aprcs notre propre experience, d'apres les ouvrages qui passent successivement sous nos yeux , et que nous meditons pour en rendre conipte a nos lec- teurs. En tout ce qui n'exige pas lapplication immediate des forces du genie , le tems et les peines des investiga- teurs ne recoivent pas un bon emploi ; on ne fait qu'avec effort ce que des cooperations bien concertees rendraient tres-facile. Imitons , autant qu'il est possible , I'ordre qui cxiste dans les grandes manufactures; divisons, subdivi- sons le travail , ct que cliacun se charge de ce qu'il sait faire le mieux. Dans les sciences et leurs applications, il y a place pour tout le monde, occupation pour toules les intelligences. Un geometre distingue ( Vandermonde ) avail sumettre de longs calculs algebriques en manufac- ture, et les faire executer par des dames et des demoi- selles : le beau sexe refusera-t-il le nieme sei'vice a des sciences un peu plus gaies, a des arts qui se rapprochent plus ou moins de ses travaux ordinaires? Quant aux lettres, nous n'en dirons rien en ce moment, parce que la matieie est plus difficile, et que nous sommes dans la SUR LAREPUBLIQUE DES LliTTRES, EN 1827. li iiecesslte d'omettre beaucoup tie details. D'ailleurs, il ne s'agit pas encore de mettre la main a Toeuvre; nous nous bornons, quant a present, a sonder le terrain, a recon- naitre son etendue et ses divers aspects, afin de juger s'il convient aux constructions dont nous pourrons le charger par la suite. Supposons que toute la nation litteraire de la France ait recu, sous les auspices et avec la protection du gou- vernement, une organisation qui lui convienne ; que ses contributions soient percues avec lacilite, reparties avec sagesse , fecondes et bienfaisantes partout ou elles sont employees; que chaqye citoyen de ce paisible Etat soit content de sa position , zele pour la prosperite commune, heureux par les accroissemens des richesses intellec- tuelles auxquels il aura contribue pour sa part ; que la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, TAlleniagne , etc., aient adopte, pour leurs ecrivains et leurs hommes de lettres une organisation analogue ou equivalente : tout ne sera pas termine, il s'agira de fonder une confederation gene- rale de ces Etats, de les consolider les uns par les autres et de former , par I'accumulation de toutes les richesses reunies, le domaine du genre humain. Ici, des questions toutes nouvelles arrivent en foule : il faut un con^res- peut-on se passer de president "i et , si I'ordre des travaux exigeait I'autorite de cette magistrature, quelles seraient ses fonctions , le mode d'election des deputes scientifi- ques et litteraires, leurs attributions, leurs rapports avec leurs commettans, le lieu des seances du congres , etc } Avant de repondre definitivement a ces questions, on voudrait savoir si les recherches sur cet objet ne seront pas inutiles; et pour obtenir une decision surlaquelle on puisse compter, c'est un homme d'etat qu'il faut consul- ter. Aux yeux d'un ministre philantrope, et sous un prince I ,', CONSID. GEN. sun LA REP. UES LETTRES, EN 1827. tiuiauraitsu choisir un tel ministre, rorganisation defi- niiive et gencrale de la republique dcs lettres serail con- sideree conime I'entreprise la plus honorable qui puisse illustrer un rrgne : on s'empresserait d'offrir a la repu- blique naissante tons les secours favorables a ses premiers developpomens; mais les verites de cette importance ont besoin de se presenter sous la sauvegarde d'une autorite puissante,et d'etre exposeesavecl'eloquence de la raison. Nous n'avons pu que les indiquer; puissent-elles ne pas aller teiiir compagnie aux reves de I'abbe de Saint- Pierre et a tant de voeux impuissans en faveur de Thu- manite, voeux qui seraient satisfaits a si peu de frais ! U en coiite bien moins pour rejouir toute la terre , que pour en devaster une partie. DE L'mFLUENCE DES FUTURS PROGR^S DES CON- NAISSANCES tCONOMIQUES SUR LE SORT DES NATIONS. Le corps social a ses lois, comrae le corps humain , des lois qui rcsultcnt dc sa nature , cies lois que riiomme na point eta- blies, et qu'il n'a pas Ic pouvoir d'abioger.Soil que nous ayons a i;ouvernernospropres affaires > ou cellos du public, ninissommes vivement interesses a coniiaitre ces lois, pour ne point iiser nos forces conlre des obstacles insurmontables, et pour faire usage a noire profit des secours qu'elles peuvent nous preter. Or, ce sont ces lois que \' economic politique s pour objet de de- couvrir ct d'exposer; mais, faute d'une distinction importante, on a, je crois , meconnu les applications qu'on en pouvait faire. Les biens qui pourvoient a I'existence et aux jouissancesdes bommes peuvent etre consideros, soil dans rinterct de la so- cieteen general, soitdans i'interet d'un individu en particulier. Dans I'interet de I'individu, oil sc confond eelui de sa famille, I'essentiel, soit a ses propres yeux, soit aux ycux du nionde , INFLUENCE DES CONNAISS. ECONOMIQUES, etc. i,5 est qu'il ait beaucoup de biens a consommer, de qiielque part qu'ils liii viennent. Que les biens qii'il aoquif rt soient crees par lui, ou qu'ils diminuent d'aulant les biens des autres hommes, pen importe, pourvn qu'il les aoquiere sans blesser la morale convenueet les loisimpos^'cs par rautotitc. Tel en I'interet qui louche le commun des homines ; ils ont considere le rcste comnie peu important, ou oomme trop au-dessiis de leur portee pour s'en occuper. lis n'oni vu de solides que les richesses person- nelles; tout le teste a ete mis par le vulgaire au rang des vaines speculations. Si, d'une autre part, nous considerons les richesses dans I'jnteret de la sociele, nous accorderons une juste attention aux richesses individuelles; car dies fonlle bien-etre des particu- liers, qui sont des portions de la societe. Mais nous ne pourrons regarder comme im gain les biens acquis par un parliculier, qu^autant qu'il n'en resulte pas une perte equivalente pour d'autres particuliers. La societe ua rien acquis, du moment que I'un perd ce que I'autre gagne. Les particuliers peu- vent croire que I'esscntiel est d'acquerir des richesses sans qu'il soil besoin do s'informer de lear origine; cet etroit calcol ne saurait satisfaire les veritables publicistes, ni aucun homme doue de quelque elevation dans I'arae. lis veulent connaitre la source des richesses qui doivent etreperpetuellement produites, puisqu'elles sont destinces a pourvoir a des besoins qui se re-' nouvellentsaus cesse. L'economie politique, en nous faisant connaitre les lois sui- vant lesquelles les biens peuvent etre crees, distribueset con- sommes, tend done efficacement a la conservation et an bien- etre non seulement des individus, mais aussi de la societe qui, sans cela, ne saurait presenter que conAision et pillage. Les societes, dit-on quelquefois , ont marehe, sans que I'on sut l'economie politique : des qu'on s'en est passe si long ferns, on pent s'en passer toujours.— Le genre humain, 11 est vrai , a grandi dans I'ignorance. Le corps social renferme, comme le corps humain, line force vitale qui surmonte les facheux effels dela barbaric et des passions. L'inleret personnel d'un parti- i6 INFLUENCE DESCONNAISS. ECONOMIQUES. ciilicr a oppose' do toutloms uno baiiioie a I'interet peisomifl d'lin autre paiticulicr; et I'on a etc contraint de pioduhe des richesses, qiiand il n'a plus ete possible de Ics derober. Mais, qui iie voit que ce systemc de force opposee a la force n'est qu'un etat prolonge de barbaric, qui met les particuliers, ct par suite les nations, daus une rivalilepermanente , feconde eii haiiies etbientot enguerres privces et publiques, aiixquelles des lois compliquecs, des traites qui ne sont que des treves, et des systemes factices de balances politiqucs, n'ont apporle que d'insuflisans remedes ? Chaquc peupic, s-umblable a I'equi- page d'un corsaire, n'a du rever que depredations, sauf a se battre entre soi pour s'approprier les nieilleures parts du bu- tiu et recommencer de nouvelles violences pour satisfaire dc nouveaux besoins. Quel triste spectacle nous offre I'histoire ! Des nations sans iudustric, manquant de tout, poussees a la guerre par le besoin, ct s'egorgeant mntuellcment pour vivre ; d'autrcs nations un pcu plus avancees, devenant la proie de celles qui ne savent que se battre; le monde constamment livre a la force, et la force devenant victime d'elle-nieme ; I'intelligence et le bon sens ne seprevalant jamais de I'ascendant qui leur appartient ; les principaux personnages d'un etat , les philosophes les plus respectcs n'ayant pas des idecs de bien public, ou d'humanite plus arretees que le vulgaire; Lycurgue tolerant le vol et or- donnant I'oisivete , Caton ne rougissant pas d'etre marchand d'esclaves, et Trajan donnant des fetes oil il faisait egorger dix mille gladiateurs et onze mille animaux (i). Voila ce qu'etait la societe chez les anciens; el lorsque les peuples, apres s'elre devores, jouissaient par hasard de quelque repos, il fallait, chaque fois, que la civilisation recommencat ct s'etendit avec de lents progres, sans solidile, sans garantie. Si quelques instans de prosperite se font apercevoir de loin en loin, comme pour nous consoler de I'histoire, nous ignorons a quel prix ils ont ete achetes; nous ne tardons pas i acquerir (i)D(or/. Lib. XLvni, § i5. SljR LE SORT DES NATIONS. 17 la certitude qu'on n'a pas su les consolider ; et nous passons <^ noire aise, en tournant quelqnes feuillels, siir de longs -fiicclcs de declin, de soiiffrance, d'angoisses, criiellement savoiires par les homaies du terns, par leurs fennnes, par lenrs proches. On assure que les nations peuvent souffrir, mais qu'elles ne menrent pas : quant a moi, je crois qu'elles meurent. Les peuples de Tyr, d'Atheues et de Rome ont peri dans une lente agonie; ce sont d'aiitres peuples qui, sous les memes noms, ou sous des denominations nouvelles, out occupe les lieux que ces nations habitaienl (j). Je ne parle point de la barbaric s ai INFLUENCE DES CONNfUSSANCES tCONOMIQUES Sans examiner jusqu'a quel point la civilisation et leslnmieres qii'elle mene a sa suite sont favorabies aux nicrurs , je ferai remarquer que les moycns indiques par I'economie politique pour satisfaire regulierenient ct progressivement nos besoins, contribuent tous i donner a la force, i I'activite, a I'intelli- gence des hommes une direction salutaire. Elle prouve que , parmi ces moyens d'exisfence, les seuls qui soient officaces, feconds, durables, scut ceux desquels il resulte une creation et non une spoliation ; que la mauvaise foi , la violence ne pro- curcnt que des avantages non nioins precaires qu'ils ne sont honteux; que ces avantages sont surpasses par les maux qu'ils eutrainent, que nulle societe ne pourrait subsister si le crime devenaitle droit commun, et si le viceconstituait les moeurs du plus grand nombre. En demontrant le pouvoir de ce travail in- telligent qu'on designe sous le nom general d'incfustrie , elle le met en honncur; elledecrie toutesles actions oiseuses on nui- sibles. I.'industrie, a son tour, rend indispensablesles relations d'individu a individu ; elle enseigne aux hommes a s'aimer mu- luellemenl, an lieu de s'entre-detruire , comme dans I'etat sauvage qu'on a si peu raisonnablement nonime I'etat de na- ture. En montrant aux hommes ce qu'ils ont a gagner a s'at- tncher les uns aux autres , elle est le ciment de la societe ; elle adoucit les moeurs en procurant I'aisance. Ce serait se flatter sans doute que de s'imaginer qu'cn eclai- rant les hommes sur leurs vrais interets , on les affranchit de tons les maux qui tiennent a leur nature et a la nature de la societe. Je ne me flatte pas qu'on puisse jamais les affranchir (le cette universelle inBrmite , la vanite personnelle ou natio- nale, qui, depuis le siege de Troie jusqu'a la campagne de avances. Quelle nation civilisee Toit, dans des momensdedisette, p^rir de faim et de misiTC la moitie de sa population , comme il y eii a eu des exemples chez des |)cuples barbares? II faut done, generalement parlant, qu'il s'y irouve plus de ressources. D'immenses contrees en Anierique sont desertes par le dcfaut de civilisation , et devienncnt Ires-pcuplees quand la civilisation y penfetre. SUR LE SORT DES NATIONS. al Russie , a dispute a la ciipidite le triste honneur de faire re- pandre le plus de sang et coxiter le plus de larnies. Ccpendant, on pent croire qu'un jour le progres dcs sciences morales et politiques en general, et I'amelioralion des institutions sociales qui en sera la suite, parviendront a donner a. un penchant dangereux una direction moins flmeste, et changeront une ja- lousie coupable en une salutaire emulation. Toujours est-il vrai que toutes les dispositions bienveillantes qui peuvent exister chez les liommes, sont favorisccs |)ar les Inmieres du genre de celles (jue repand reconomie politique. Cependant, au milieu des bons effets qu'il est permis d'at- tendre de la propagation de ses principes, il convient, je crois, de se preserver d'une pretention elevee par un grand nombre d'economistes, qui ne voieut dans cetle science que I'art de gouverner, ou de diriger le gouvcnienient dans la route du bien public. Je pense (ju'on s'est mepris sur son objet. Elle est sans doute bien propre a diriger les actions des honuues; mais elle n'est pas proprement un art, elle est une science. Elle enseigne ce que sont les choses qui constituent le corps social ,. et ce qui resulte de Taction qu'elles exercent les unes sur les autres. Sans doule, cette connaissancc est tres-profitable aux personnes qui sont appelcfs a en faire des applications en grand; mais c'est de la meme maniere qu'elles font usage des autres iois qui onl efe irouvees en physique, en chimie, ea mathematiques. Parce qu'on profile des lumieres acquiscs dans ces diverses branches de connaissanccs , est-on fonde a dire qu'elles doonent des conseils? La nature des choses, fiere et dedalgneuse, aussi-bicn dans les sciences morales et politi- (jues que dans les sciences physiques, en meme terns qu'elle laisse penetrer ses secrets au profit de quiconque I'etudie avco Constance et bonne foi, poursuit toujours sa niarche indt'pen- damment de ce qu'on dit et de ce qu'on fait. Les hommes qui ont appris a la connaitre peuvent a la vcrite niettre la parlie agissante de la societe sur la voie de quclqnes applic?itions des verites qui leur ont ete revelees; mais, en supposant meiue que leurs yeux el leurs inductions ue les aient pas troropes , lis ne a4 IMLUENCE DES CONNAISSANCES I^.CONOMIQLES peiivent connaitre {es rapports innombrablcs et divci-s qui font de la position de chaqiie individu , et meme de chaque nation, une specialite h laquelle nulle autre ne ressemble sous tous les rapports. Tout le monde, selon Fa situation ou chacun sc trouve, est appele a prendre cojiseil de la science ; pei sonne n'est autorise a donner des directions. Une science n'est que I'expe- rience systematisee, ou, si Ton veut, c'est un amas d'experiences mises en ordre, et accompagnees d'analyses qui devoilent leurs causes et leurs resultats. Les inductions que peuvent en lirer ceux qui la professent, sont seulement des exemples qui ne seraient bons A suivre rigoureuscment que dans des circon- stancesabsolument pareill('s,niais quiontbesoin d'etre niodifiees selon la position de chacun. L'homme le pins insttuit de la nature des choses ne saurait prevoir les combin;iiso!is iufinies qn'aniene incessamment le mouvement de I'univers. Cette consideration a echappe aux economistes dn Xviii* siecle qui se croyaient appeles a diriger le gouvernement des nations (i), et malhcureusement aussi a quelques economistei (i) L'imperairice de Russie, Catherine II, curieuse de connaitre en detail le systeme des partisans de Quesnay, engagea Mrrciek he LA Riviere, un des interpretes de cette doctrine, a venir, en 1775, la renconirer a Moscou oij elle allalt pour sou couronnement. II s'y rcn- dit en foute hitte, et, s'imaginant qu'il allalt refondre la legislation de la Russie, il cominenca parlouer trois niaisons contigues dontilchan- gea'^toutes les distributions , ecriviint au-dessus des portes de ses noni- breux appartemens , ici : Depaitement r!e I'iii/erieur ; la : Dcpartementde la justice; ailieurs : Dcpartemeiit des finances, etc. II adressa aux gens qu'on lui designa comme instruits I'inviiation de lui apporler leurs titres pour oblenir les emplois dont il les croirait capables. II agis- sait ronsL-quemment aux principes de sa secte qui se croyait appelce a metlre les principes en application ; niais , en supposant que les maximes des economistes de Quesnay eussent ele fondets sur la nature des choses, un ancien intendant de la Martinique ne pouvait pas regenter la Russie, en faisant abstraction de son climat, de son 80I , de ses babitudes, de ses lois qu'il ne connaissait pas a fond. L'im- perairice convint avec M. de Segnr, depuis ambassadeur de France en SUR LE SORT DES NATIONS. aS plus modernes qui, sous ce rapport du moins , ne me semblent pas avoir compris le but et la dignite de la science. On pourrait croire que des verites fondees sur une obser- vation exacte et une analyse rigoureuse, meme accompagnee de developpemens et d'exeraplcs, n'est pas aussi utile que des conseils plus directs qui ne laissent aucun doute sur la marche qu'un gouvernement doit tenir. Mais, un conseil direct n'est pas ce qui entraine la conviction; le ton dogmatique et per- suade meme ne suffit pas : il faut donner des raisons; et pour donner des raisons, il faut analyser les choses et la maniere dont leur action s'exerce. Or, c'est la ce qui constitue la science. L'autorite des choses est supericure a I'autorite des hommes , quelque eminens qu'on les suppose. Elle revoke moins I'amour- propre des riches et des puissans; et cependant, elle est plus severe. Les savans peuvent etre Jlattcurs , dit un de nos auteurs modernes (i) ; mais les sciences nejlattent personne. On se sou- met k leurs decrets, parce qu'on ne pent pas s'elever contre une force majeure. On pent quelquefois secouer avec succes le joug d'un despote ; on ne se revoke point impunement contre la nature des choses. Je conviens qu'en meme tems que les hommes voient le bon parti, leurs prejuges, leurs vices, leurs passions font qu'ils embrassent le mauvais. Mais ce malheur ne depend pas de la forme que revetent les conseils; les memes inconveniens em- pechent qu'on s«ive les indications les plus directes, et elles n'ont pas meme la force d'une indication detournee, lorsque celle-ci porte avec elle la conviction. En dernier resultat, le triomphe le moins douteux est celui de la verite. Elle finit par etre ecoutee, et il n'est aucun gouvernement qui ne rentre de Russie ( voyez ses Memoires, t. iii, pag. 38, ) qu'elle profita des con- versations de M. de La Rivifere et qu'elle reconnut genereusement sa complaisance ; mais en meme tems elle ecriv;iit a Voltaire : « II nous supposait marcher a quatre pattes, et tres poliment il s'etait dunne la peine de venir pom nous dresser sur nos pieds de rlerriere. » (i) iVI. Charles CoMTK. a6 INFLUENCE DES CONNAISSANCES ECONOMIQTJES s^re ou de force dans une bonne I'oiite, qiiand il est bicn de- montre qu'il en suit une mauvaise (i). Les gouvornemens les plus despotiques sont eux-memes in- teresses a connaitre la nature de:5 choses dans ce qui a rapport il I'ecoaomie des societes. II est vrai qu'ils peuvent s'cmparer d'un moyen de succes au profit personnel de ccux qui gouver- nent, plutot qu'au profit du public. Cependant, les nations ont ce bonheur que les despotes ne peuvent recueillir les fruits des saines doctrines en economic politique, sans que leurs peuples ne commcneent par les gouter. IJn potentat ne saurait lever de fortes contributions, sans que ses sujets , cultivateurs, ma- nufacturiers et commercans n'aient de gros revenus; et les gens qui cultivent I'industrie ne sauraient avoir de gros revenus, a moins qu'ils ne soicnt bicn traites et ne jouissent, dans leurs actions privees, d'une securite parfaite et d'une asscz grande iiberte (2). Henri IV ne fut pas un des moins despotes des (1) Je m'appuie volontierssur I'opinion d'un homme aussi judicieux et aussi coiisciencieux que celui que je viens de citer. « La methode aiialytique , dit-il , agit dans l<'s sciences morales de la ni^me mani^re qu'elle agit dans les autres. Elle ne donne ni preceptes, iii conseils; elle n'iirpose ni devoirs, ni obligations; elle se borne a exposer la nature , les causes et les consequetmes de chaque procc-de. Rile n'a pas d'autre force qne cello qui appariient a la verite. Mais il faut bien se garder de croire que pour cela elle soit impuissante : I'effet qu'elle prorluil est, au contraire , d'autant plus irresistible, qu'elle com- maude la conviction. Lorsque les savans ont eu docouvert la puis- sance de certaines machines, I'efficacite de certains remedes , il n'a pas etenccessaire pour lesfaire adopter de parler de devoirs etde faire usage de la force; il a suffi d'en demontrer les effets. De m(?me, en morale et en legislation , le meilleur raoyen de faire adopter un bon precede, et d'en faire abandonner un mauvais, est de niontrcr claiie- uient les causes et les effets de I'uu et de I'autrc. Si nous sommes e.iempts de certaines habitudes vicleuses , si nous avons vu disparailie quelques mauvaises lois,c'est a I'emploi de ce moyen que nous do- vons I'attribuer. • Ck. Comte, Traile de Legislatiun , liv. i , ch. a. (2)Undespote , parexemple, quiveut que I'indusliie prosp^redaus SUR LE SORT DES NATIONS. a? rois de France ; et cependant la France prospera sous son regne, parce qu'on n'y tracassait point les particiiliers. Nous voyons, aucontraire, Mehemet Ali, pacha d'Egypte, miner ie sol le plus fertile de I'univevs , en y appelant I'industrie de toutes parts; mais il sacrifie les interets des particuliers i\ ce qu'il croit etre ses propres interets. Admirateur de Bonaparte, il se mele dc tout : tout perit dans ses mains, malgre ses talens qui lie sont pas comniuns; et Ini-meme se trouvera enveloppe dans la detresse ou il aura plonge le pays. On dit que les nations ne peuvent prosperer qu'avec la li- berte; et sans doute, la liber te politique est, de tons les re- gimes, le plus favorable aux developpemens d'line nation; mais pourquoi jeter dans le decouragement les peuples qui n'en jouissent pas, en leur persuadant qu'au nialhour d'etre sujets- ils doivent necessairement ajouter celui d'etre mise- rables ? Qu'ils sachent, aucontraire, que si les connaissances se repandent generalement assez pour qu'elles debordent dans les palais des rois, les rois rendront plus doux le sort des peuples , parce qu'ils comprendront mieux alors en quoi con- sistent leurs propres interets qu'ils enteudent en general assez mal. II ne faut cependant pas qu'on s'imagine qu^un despotisme, meme eclaire , puisse faire fleurir les nations, a I'egal d'un regime ou les interets nationaux sont consultes avant tout. Une nation , comme une cour, pent etre ignorante, peut avoir ete mal elevee, peut se laisser dominer par ses passions; mais elle veut toujours de bonne foi le bien public. Elle est directcment interessee a ne mettre que des gens eclaires et des hommes d'honneur dans les fonctions importantes. Lorsqu'il y a des castes ou des corps privilegies, on peut se dispenser d'avoir du merite pour parvenir : la categoric dans laquelle on se trouve ses etats, dolt perinettrea chacun d'aller, de veiiir, de sortir , de ren- Irer, avec aussi peu de frais et de form.ilites qu'il est possible. I/Aii- triche n'atteindra jamais un tr^s-haui degre de prosperite , a cause de »a police et de ses prisons d'etat. a8 IN I'LUENCE DES CONNAISSANCES jfeCONOMlQUES suftit pour vous porter. Sous le regime de I'egalite, on estjuge suivant d'autres regies : les honimes y sont classes selon leur nierite. C'est alors que les Icgislatcurs , les administi'ateurs de la chose publique , qui denieurent etrangers aux principes de reconomie sociale, courent le risque d'etre assiiniles a ces char- latans qui , sans counaitre la structure du corps humain , entre- prennent des guerisons, des operations qui content la vie a leurs malades, ou les exposent a des infirmites quelquefois pircs que la mort. L'homme d'etat ignorant doit etre deleste plus que le charlatan lui-nieme , si Ton compare I'etendue des ravages causes par son imperitie. Ce n'est pas tout, dans le traitement du corps humain, I'effet suit immediatement la cause , et I'experience se repete tous les jours. Sans connaitre la nature du quinquina, ni celie de la fievre, nous savons que ce medicament guerit celte maladie , parce que I'experience en a ete mille fois repetee , parce qu'on a pu degager Taction d'un speciflque , de Taction de tous les aulres remedes, et savoir ainsi quel est celui auquel on dcvait attribuer la guerison. Mais, dans Teconumie des na- tions, on ne pent sans danger suivre les conseils de Tempirisme; car on n'y est pas maitre de repeter les experiences, el jamais on ne pent les degager des accessoires qui exercent quelque- fois une telle influence qu'ils changent absolument les lesul- tats. C'est ainsi que la prosperile croissante de TEurope, depuis trois siecles , a ete attribuee par Tignorance aux entraves mises au commerce, tandis que les publicistes eclaires savent qu'on en est redevable aux developpemens de Tesprit humain ct de Tindustrie des peuples. Cette verite ne peut etre empiri- quement prouvee ; elle ne peut sortir que de la nature des choscs et d'une analyse exacte. II faut done connaitre cette na- ture des choscs, et Ton peut dire qu'il n'est aucun genre de connaissance ou I'experience puisse moins sc passer de la science. C'est pour cette raison qu'il est aise de prcvoir que les publi- cistes qui negligeront de se tenir au courant des progres recens SUR LE SORT DES NATIONS. 29 de I'economie politique, tomberont dans un assez grand dis- credit. Tout ecrivain qui Iravaille pour rinstruction generale, exerce une sortc de magistraturo dont Tautorite est propor- tionnee a ses connaissances et a ses talens. Quelle conflance peut ineriter un publiciste qui ne connait pas la matiere sur laquelle il pretend agir , c'est-a-dire , le corps social vivant ? II est permis de croire qu'avant peu il sera honteux de ne pas con- naitre les principes de reconoitiie des nations, et de parler des phenouienes qu'elle prcsente, sans etre en ctat de les rattachei- a leurs veritables causes. « Les lois qui reglent le raouvement des astres , dit. M. Mac- cuLLOCH (i), sont robjet d'une etude justeuient honoree, bien que nous ne puissions pas exercer la plus petite influence sur la marclie des planetes, et qu'elles n'aicnt qu'un rapport tres- faible et tres-indirect avec notre bien-etre. Mais les lois qui president a la marche de la societe , qui font qu'un peuplo avance vers la prosperite ou recule vers la barbaric, ont des rapports directs avec notre condition , et nous eclairant sur les moyens de la rendre meilleure, doivent nous interesser bleu plus vivement. nLa prosperite d'une nation ne depend pas autant de I'avau- tage de sa situation, de la salubrite dii climat, de la fertilite dii sol , que du genie inventif, de la perseverance et de I'industrie des habitans , et par consequent, des mesures propres a pro- teger le developpement de ces qualites. Un bon systeme eco- nomique balance une foule d'inconveniens. Par lui, des re- gions inhospitalieres se couvrent d'une population nombreuse, abondamment pourvue de toutes les douceurs de la vie, ele- gante dans ses moeurs et eultivee dans ses gouts; mais sans un bon regime, les dons les plus precieux de la nature ne ser- vent arien; le sol le plus fertile, le climat le plus heureux , n'empechcnt pas im peupic de croupir dans I'ignorance, la misere et la barbaric. » Nous avons lieu, an surplus, de nous applaudir des rapidcs (i) y/ Discourse on the science of political rconnnn . 3o INFLUENCE DES CONNAISSANCES ECONOMIQUES progres que la science socialc a faits dans le coins d'une scule generation. Elle en fera beauconp d'autres : les liommes les plus exercis de chaque nation, semblables a ces pionniers dc rAmeriquc septcntrionale, maichent devant, et le travail les suit , en dt'lVicliant et en repoussant les saiivages dont le pou- voir s'affaiblit tous les jours. Quelques arbres antiques et nia- jestueiix succombent dans cette marche des nations; mais, a la place qu'ils occupaient, la prospcrite vient s'asseoir sous dc pins frais ombrages. L'organisation sociale se perfectionnera d'autant plus sure- mcnt,que, dans les societes modernes, dcs populations plus iiombreuses, des besoins plus etcndus, des interets plus cora- pliques, la division du travail qui en est la suite, veulent que le soin de veiller aux interets generaux devienne une occupa- tion a part. Le gouvernement representatif pent seul repondre aux besoins des societes; et lui-wcme, en offrant des garanties necessaires et en ouvrant la porte aux ameliorations desi- rables, est un puissant moj^en de prospcrite. II finira par etre adopte parlout; ou , si quelque nation est assez retardee pour nc point le reclamcr, elle restera en arriere de toutes les autres, scmblable a ce marcheur paresseux ou maladroit, qui cloche au milieu d'une troupe en mouvement, et se trouve devance et froisse par tout le monde. Les principes de reconomie politique ne sont pas moins favorables a rndjiiinistralion de la justice qu'aux autres bran- ches du gouvernement. La societe, les biens qui la font sub- sister, ne sont-ils pas la matiere sur laquelle s'exercent les lois civiles et criminelles ? Sans la connaissance des interets de la societe, les magistrats ne seraient, comme les sbires de la po- lice, que les instiTjmens aveugles du pouvoir arbitraire ; il faudrait les comparer a ces projectiles qui parlent d'une bouche a feu pour tuer au hasard le bon droit comme le mauvais. L'economie politique pent seule faire connaitrc les vrais rapports qui lient les hommos en societe. Si elle decredite les niauvaiscs institutimis , elle prt'-te une nouvelle force aux SUR 1.E SORT DES NATI(3NS. 3 1 bonnes lois, a nne bonne jurisprudence. Elle asseoit la pro- pritte sur ses vrais fondemens; elle y rattache celle des talens, celle des inventions nonvelles, celle des clientellcs. Elle fait connaiti'o les principes du droit dans les questions que font naitre I'interet de^ capitaux, le revenu des terres,les noanu- factures et le commerce. Elle montre dans quels cas les mar- ches sont legitimes, c'est-a-dire dans quels cas les conditions des marches sont le prix d'une concession reelle, ou ne sont le prix de rien. Elle determine I'importance des arts, et les lois que leur excrcice reclame. La lithographic n'est-elle pas entree dans notre legislation? et, si Ton parvenait a se diriger dans les airs, ne faudrait-il pas faire sur les clotures, sur les passe- ports, sur les douanes, des lois toutes differentes de celles que nous avons? Les considerations qui precedent ne perniettent pasde douter de I'heureuse influence d'une etude un peu gcnerale de I'eco- nomie politique sur les institutions dun peuple; et Ton no pent pas douter davaiitage de i'influence que de sages institu- tions exercentsur le sort des particuliers et des families. Quand un pays prospere^ on remarque plus d'aisance dans les me- nages; les enfans s'elevent plus facilement, s'etablissent plus tot et rencontrent moins d'obstacles dans le cours de leur car- riere. Mais, il faut I'avouer, le commun des hommes est peu frappe des rapports qui existent entre le bien general et les interets particuliers. Lorsqu'on parcourt les provinces de cer- tains pays, on a souvent lieu d'etre confus en voyant les habi- tans d'une ville prendre feu pour les interets de leur localite ou des classes dont ils font partie ; et , pourvu que leur vanite nationale ne soit pas blessee, demeurer indifferens a ce qui touche aux interets de leur nation ou de I'humanite. L'interet general, pour eux, est une abstraction, un interet etranger, comme celui qu'on prend a line comedie, a un I'oman. Certes , un homme qui ne s'interesserait pas a sa famille , a sa commune , serait tres-coupable ; je ci'ois meme que le main- tien de la societe depend du soin qu'on en prend. Mais il faut que ce soin saccorde avec les inturets generaux; et ime certaine 7,1 INFLUENCE DES CONNAISSANCES ^XONOMIQUES dose de lumiores est indispensable pour que I'on comprenne jusqu'a quel point ces interets se confoiident. Lorsqu'une fois ce point est l)ien eompris , tout en reclamant une justice par- tielle, on pent faire valoir ce qu'elle a d'interessant pour le bien general; on est en etat de preter a la reclamation qu'on eleve, Ic plus puissant de touslesappuis, celui du grand nonibre; on associe a sa cause le pays tout entier : bien mieux, on y associe les hommes de tousles pays. On est capable alors d'etre juge dans sa proprc cause, car une reclamation que I'interct general repousse, estinjuste. Les connaissances en economic politique out d'autres bons eflets pour les hommes qui les possedent, independamment de leurs rapports avec le public. Elles suppleent a I'expe- rience dans beaucoup de cas; a cette experience qui coute si cher et que Ton n'acquiert bien souvent qu'a I'epoque de la vie oil Ton cesse d'en avoir besoin. Pour quiconque est an fait de la nature des choses, de la maniere dont les pheno- menes s'enchainont dans le cours de la vie, les evenemens qui semblent les plus extraordinaires aux yeux de I'ignorance ne sont plus que le resultat naturel des evenemens qui les ont precedes. Les consequences des circonstances au sein des- quelles nous vivons, consequences que le vulgaire ne soup- conne pas , sont aisement prcvues -par celui qui sait rattacher les effels a leurs causes. Or, quelle que soit la profession qu'on exerce, quel immense parti ne peut-on pas tirer de cette pre- vision plus oil moins parfaite, plus ou moins sure de I'avenir ! Suis-je negociant, les gains et les pertes que je ferai depen- dront de I'opinion plus ou moins juste que je me .serai forniee du pris fiitur des choses. Suis-je manufacturier , de quel le importance n'est-il pas pour moi de connaitre les effets de la concurrence des producteurs, de la distance des lieux d'oii je tire mes matieres premieres , de ceux ou je place mes pro- duits, de rinfluence des nioyens de communication, du choix des procedes de la production! II rt'sulte bien, en general, de I'etude de I'economie poli- tique qu'il ronvient aux hommes dans la plupart des ens d'etre SUR LE SORT DES NATIOiNS. 33 laisses a eux-mcmes, parce que c'est ainsi qu'ils arrivent aU flevdoppement de leUrs facultes; mais il ne s'cnsliit pas qu'ils ne puissent recueillir un grand avantage de la connaissaiice dcs lois qui president a co dcvcloppcnient. S'il iaiit connaiire reconomie d'line riicho pour en tirer parti, que scra-cc de I'econoniie de la societe qui tient a toiis nos besoins, a toutcs no5 affections, k notre bonheur, a notre existence? Quel homme n'est pas interesse a decouvrir le fort et le faible de la situation sociale ou le sort I'a place, on bien a faire choix d'unc; profession pour lui-meme ou pour ses enfans, ou bien a porter tm jugement sur celles qu'exercent les personnes avec Ics- quelles 11 a des relations d'affaires ou d'amitie? Si Ton consi- dere le grand nombre de personnes qui se ruinent, meme eii travaillant eourageusement, ireme en faisant preuve de beau- coup d'adresse et d'esprit, on sentira qu'elles doivent neces- sairement ignorer la nature des choses ji beaucoup d'egards , aussi bien que I'application que chacun pent en faire a sa po- sition personnelle. Lc capitaliste, le proprietaire foncier, pcu- vent-ils n'ctre pas curieux de connaitre ce qui fonde leurs 1-evenus? Peuvent-ils ctreindifferens aux suites d'une operation sur les monnaies, ou de toute autre mesure prise par le gou- vernement? Ne doivent-ils pas souhaiter d'avoir un avis eclaire dans les assemblees dont lis font partie , soit comme adminis- trateurs, soit comme actionnaires, soit meme comme conseils? On pent se representer un peuple ignorant des verites prou- vees par I'economie politique, sous I'image d'une population qui serait obligee de vivre dans un vaste souterrain ou se trouvent egalement enfermtees toutes les choses necessaires an maintien de la vie. L'obscurite seule empeche de les trouver . Chacun, excite par le besoin, cherche ce qui lui est necessaire, passe a cote de I'objet qu'il souhaite le plus, ou bien le foule aux pieds sans I'apercevoir. On se cherche, on s'appelle, sans pouvoir se rencontrer. On ne reussit pas a s'entendre sur les choses que chacun vent avoir ; on se les arrSche, on les dechire; on se dechire meme entre soi. Tout est confusion, violence, degats , ... lorsquc tout a coup un rayori T. xxxvii. — Janvier 1828. 3 34 PROGR. DES CONNAISS. , etc. — FORCES , etc. luminoux j)Liii'lrc dans rcncointo : on rougit alors du ni;ii qii'on s'est fait ; on s'apercoit que chacun pout oblcnir ce (jnil desire. Ou reconnait que ces biens se multiplicnt, d'aulant plus que Ton s'aidc mutuellement. Mille motifs pour s'aiaicr, mille niovens dc jouir honoral)lcnient s'offrent dc toutes parts: un seul rayon de lumierc a tout fait. Telle est I'image d'uii pcuple plonge dans la barbaric; tel il est, quand il devienl eclaire : tels nous serons quand des progres, desormais inevi tables, auront eu lieu. Jean-Bnptlste Say. Forces phoductives et commerciales du midi ot LA FRANCE. ( TROisi^ME ARTICLE. Voy. Rcv. Enc, t. XXXVI, p. 562-575.) Dkpartemknt dk l'Herault. Le departement de I'Herault, an centre du Langucdoc, est un des plus remarquablts du midi de la France, sous un grand nombre de points de vue. II montre, a quelques egards, ce qu'il est possible d'attendre des progres futurs de la Fiance meri- diouale. La population tolalc dc ce departement est declaree, par I'ordonnancc da roi , contenant Ic tableau aiithentique de la population du royaume pour 1827, egale a 339,56o ha- bitans. Dix villes dc ce departement ont une population supe- rieure h. 5,ooo ames; en voici le tableau : Agde 7,840 Lodeve 9,8/1 » Bedarieux 5,C47 Cette 10,000 Beziers /.,■.;.,... . x6,5i5 Lnnel . 6oi)43 Pezenas ,, . . . . 8,2q5 Monlpelllei 35,8.42 Clermonl 6, tio Saiiil-I'ous 6, in t FORCES PRODUCT. ET COMMERC. BU MIDI, etc. 35 Vingt et une villes, ou communes, ont une population ag- glomeree, superieure a i5oo ames, savoir : Bessan a, 256 Montpeyronx i ,65o Caux ijSSg Saint-Andre 2,00 1 Marseillaa 4»'3o4 Saint-Jean-de Foi i,,5io Vias , i,68r Aniane 2,255 Cazouls 1)769 Ganges 4,084 Villenenve-les-Keziers . . . r,836 IVIarsillargnes 3,176 Serlgnan 1,861 Meze 4,i46 Fioreuzac 3,2g4 Poussan t,8oo Montagnac 3,335 Pignan. i.Sv'j Servian i,65a Saint-Chinian 2,278 Gignac. 2,482 —- — 5o,5o[ Population des villes ayant 5,ooo ames et au-dessus Ii2,i5) Total 162, 656 C'est prcsque la moitie dc la population totale. Nous voyons, par ces tableaux , que le departcment de I'Herault est un dc ceux oi\ la population se troitve le plus- agglomeree dans les villes, cequi presente de tres-grands avantages pour le progrcs des arts ct pour I'instruction populaire. Dans notre carte figu- rative de I'instruclion populaire, le departemcnt de I'Herauh est indique comme envoyant aiix ecoles le 3i® de la population totale; dans la statistique dc ce departcment, puhliee par M. Hypolite Creuse De Lesser, quatre ans apres le dernier reccn- sement general fait par I'Universite, reccnsementd'apres Icquel j'ai dresse ma carte, le nombre des enfans males envoyes dans les ecoles primaircs etait de 121,004. En supposant que ce nombre n'aitpas varie, il en resulte qu'aujourd'hui le nombre des enfans males qiii frequentent les ecoles est un pen moindrc que la 28^ partie de la population totale. C'est beaucoup plus quepour un grand nombrcde departcmens du midi, etbeaucoup moins que pour les departcmens les plus avances dc I'Alsace, de la Lorraine, de la Bourgogne, de la Champagne ct de la Picardie. Par consequent, le departemcnt de I'Herault est en~ 36 FORCtS PRODUCTIVES KT COMMERCIALES core, sous CO point de vue, tros-eloij;ne dii tcniie ou peuvent atteiiidre scs ciTorts. Un objot qui nie parait nieriter la plus siricusc attention, c'est le petit nombre d'ecoles ou Ton suit des inethodes a demi- perfectionnecs , coninic celles des ecoles chretienncs et des ecoles oil I'on suit U;s methoiles Ics plus parfaites, je veux dire, celles de I'enseignement mutuel. On peuten juger par le tableau suivant : Noinbro INoinlHT Aleves par dVcoles. il't-lcves. ocole inoyeniie tcoles catholiques. Snivanl I'ancienne routine. . 388 it,5i(j 3o Doctrine cbretiennc 21 2,066 98 ficoles tnutuelles 37 i,349 36 tcoles protestantes. Suivant i'ancienne routine . . 6 i6a 44 ^xoles mntn«lles 5 a65 53 On doit etrc afflige de voir le petit nombre d'eleves cpii suivent des methodes perfectionnees , surtout parmi la popu- lation catholique. En elTet , dans cette population , le nombre des eleves instruits dans les ecoles mutuelles, n'est pas nieme e^al au lo* du nombre des eleves qui suivent de nioins bonnes methodes; tandis que , chez les protestans, le nombre des eleves qui suivent les ecoles mutuelles surpasse de moitie ce- lui des eleves qui suivent I'ancienne routine. II est a desirer que ces rapprochemens excitent une emulation fructueuse entre les families des diverses croyances, catholiques ou pro- testantes. Je dois citer, avec un eloge particulier, i'association bien- faisante qui s'est formoe dans la ville de Montpellier pour le perfectionnement de I'instruction elementaire parnii la popu- lation protestante. Chaque annee, cette association fait con- naitre le resultat de ses travaux par des publications inttres- santes, et qui peuvent servir de modele dans beaucoup de parties de la France. L'instruction secondaire du departement de I'HerauIt pre- sente des resultats qui sont loin d'etre salisfaisans. En 1789, DU MIDI DE LA FRANCE. 3? le nombvo total dcs elcvos pensionnaires dcs colleges iastitiies dans la partie du Languedoc qui forme le departement de I'Herault, etait de i loo personhes; en 1822, ce nombre se trouve reduit a 533. Probablement , en 1789, un plus grand nombre d'elevcs etrangers au departement venaient etudier dans ces colleges. Quoi qu'il en soit, on doit deplorer pour I'Herault cette diminution de plus de moitie dans le nombre des pensionnaires de ces etablissemens. Nous appelons sur cet objet I'attention des administrateurs et de tons les ciloyens eclaires. L'enseignement superieur presente un etablissement celebrc : c'est la faculte de medecine de Montpellier. Des le xii« siecle, cette ville possedait l'enseignement de la medecine, confie, dans le principe , a des disciples du celebre Averroes. Lorsque les maitres, formes par Averroes vinrent s'etablir dans cette ville , les medecins du pays voulurent les empecher de faire jouir la France du bienfait de leurs lecons , mais un ^dit re- marquable du seigneur de Montpellier porte cette decision digne des siecles les plus eclaires : « II est trop cruel et con- traire aii droit, de conceder le monopole d'une science aussi precieuse que la medecine ; c'est pourquoi je veux, j'approuve et je concede a perpetuite , que tons les hommes, quels qu'ils soient et de quelqu'endroit qu'ils provienuent, puissent ouvrif , sans aucime contradiction, des ecoles de medecine a Mont- pellier. » A I'epoque oil Ton cxterminait les malheureux Albi- geois, le legal apostolique d'Honore III , prie par les eveques du Languedoc d'imposer des reglemens a l'enseignement de la medecine, decida qu'a I'avenir nul ne pourrait enseigner la medecine avant d'etre approuve par I'eveque de Maguelone et par les regens que ce prelat voudrait s'associer; mais , par compensation pour la perte de la libette , il fit ), resent a I'ecole de Montpellier du nom pompeux d'Universite. Cette bulle, publiee en 1220, pent etre comparee, pour l'enseignement de la medecine, a I'ordonnance rendue par le ministre de I'in- struction publique, en 1824, centre I'instruction elementaire. Ne serait-il pas possible de faire , en faveur de la ville de Montpellier, un grand et bel essai des liberies de I'enseigne- 38 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES ment ? La faculte tie medecinc tie Montpellicr serait tleclaree independante. Son administration interieure et le choix de ses professcurs nc sc regleraient plus i\ Paris, rue des Saints-Peres; mais a MontpcUier, au sein nieme de la faculte. A mesure que des places de I'ecole de MontpcUier viendraient a vaquer, de grands concours seraieut ouverts ou Ton appellerait les savans Ics plus cclebres de TEurope entiere, sans consulter les petitcs recommandations de coteries et de bureaux. On ferait payer a chaque cleve I'audition de chaque cours, et les eleves pour- raient suivre les cours qui leur plairaient le mieux. Les exa- mens seraieut publics, et les receptions gratuites, afin de les rendrc difficilcs. II deviendrait du plus grand honneur d'etre medecin , chirurgien ou pharmacien , re^u par I'academie de Montpellier. Enfin, dans le cas probable oCi I'et^le de MontpelSier, par son organisation, effaceraitloutes lesautresecoles de la France, on eleverait ces dernieres au niveau de la premiere, en leur donnant I'eltjment de tous les grands succes dans les sciences et dans les arts, la liberte. Voila Tcfsai quej'aurais I'honneur de proposer a I'Universite royale de France, sij'avais I'avantage d'etre admis a lui soumettre le moindre conseil favorable aus prosperites duroyaume. Quand j'aurais procure la vie et I'independance aux ecoles de niedecine, je m'occuperais, par les memes moyens, de don- ner I'independance et la vie aux grandes ecoles de droit. Enfin, de proche en proche, j'abolirais les entraves de quatre oucinq faculles, pour laisser I'esprit humain se deployer et s'elever sur la terre de France , conune sur un sol genereux et fecon- dant. A plus forte raison , proposerais-je k I'llniversite de desen- traver 1 instruction secondaire, et de laisser aux autorittls mu- nicipales 2a faculte de faire iibrement fleurir I'instruction pri- maire. Voila quelle est men utopie. Je serais cliarme, je I'avoiie, qu'on essayat de la mettre en pratique tlans tjuelque departe- nient de I'ancien Lungucdoc, tel que I'Herault ou le Tarn. L'Uhivei site de Montpellier vit successivenient accroitre le DU MIDI DE LA FRANCE. 3;) iiomljic lies cliaii(;s quo iiecessitait son enseigucmeiit , boiis Ics icgnesde Louis KlI, di; Heiui IV etde Louis XV. Eile possede iuijourd'hui ouzo professeuis pour les scieuces qui se rappor- tout soit a la uicdeciue, soil a la chirurgie. Ou conipte environ lao eleves recus annuellemont comme nieidecins ou chirurgiens ; le uombre des eleves insciits est a peu pres quadruple de ceux qu'on recoit chaque aunee; par consequent , si les eleves restaient quatre ans a suivre les cours, tous seraierit admis. J'ai souvent cntendu de tres-Iiabiles per- sonnes se plaindre de la trop grande facilite des receptions de Montpellier, ct desirerquele gouvernement trouvat un moyen lie ne pas accroitre les revenus des personues cousacrees a I'en- seiguement d'apres la multiplicite des receptions. Un niagnilique etablissemeat , qui complete celui de I'ecole de medecine, est le jardin des plantes, fonde sous le regne de Henri IV, c'est-a-dire, plus de laS ans avant le jardin des plantes de Paris. Quelques annees avant la restauratioii, M.dc Candolle, I'lui des plus illustres botanistes do I'Europe, fut charge par le gouvernement de diriger le jardin botanique de Montpellier; il coutribua beaucoup a I'amelioration de ce bel etablissement auquel il fit ajouter uue pepiniere et uue ecole forestiere. En 1814, les opinions politiques supposees k M. de Can- dolle n'ayant point obtenu I'assentiment particulier de quelques peisonncs zelees, comme il s'en trouve au milieu de toutes les revolutions, M. de Candolle quitta la place qu'il occupait avec taut d'eclat; il abandonna la France et retourna dans Geneve, sa patrie, remplir des fonctions analogues i\ celles qu'il avait cues a Montpellier. L'Universite de France possede a Montpellier une faculte dos sciences qui compte environ 45o (ileves , dont les trois quarts sont des etudians en medecine et en pharmacie. II est faeheux que cette institution n'ait pas un local suffisant pour Ics preparations des cours et pour les lemons memos. II est ega- lemont facJieux que I'obsorvatoirc , ofabli dans une des four.-, do la villo,a IVpoquc du gouvernement du maroclial do Cas- 4o FORCES PKODUCTIVES FT COM MERCI ALES tries , n'ait que des instrumens bien jnferieiirs au dcgre de per- fection qu'ont atteint nos plus habiles aitistes. On doit desirtr que la munificence du gouvernenient procure quelques bonsi instrumens a Montpellier ; la beaute du rlimat, dans le midi de la Frauce , donneraitii I'usage de ces instrumens una etcn- due d'ulilite qu'on espererait vainement dans les observaloires du uoid. La ville de Montpellier possede de belles collections d'anatomie, de mineralogie, etc. Pour n'omettre aucuu dps moyeus d'inslruction que presente la capitale du departemeul de ITIeraulf , je citerai I't'cole de dessin , d'architectiire et de geomelrie pratique. Cetle ecole a si.N professeurs et compte annuellement Boo eleves. Je dois citer aussi le cours de geometrie et de mecanique appliquees aux arts, ouvert en faveur de la classe ouvriere. M. Bros de Pijechrepon, capitaiqe de fregate honoraire , a professe gratuiteraent ce cours, ayee zele et talent. II sera reni- placc, cette annee , par M. Lentherie , professeur du col- lege. ITn cours du meme genre est professe , avec beaucoup de distinction, dans la ville de Cette, par M. Sire, professeur royal d'hydrographic. Dans cette petite ville maritime, les personnes de toutcs les classes de la societe sesont empressces de profiter du nouvcl enseignement : c'est un exeraplp que les fils des personnes aisees de Montpellier pourraient imiter uti- leaient. Un troisieme cours est inslitue pourle port d'Agde, a I'em- bouchure de I'Herault. Des circonstances particulieres n'ont pas encore permis d'obtenir dans co port im succes coniplet ; mais ces circonstances sont passageres ct dispaiaitront avecuu pea, de perseverance. L'cnseignenicut du dessin lineaire, de la geometric ct de la mecanique appliquees aux arts, serait d'une haute importance dans plusieurs villes du departement de I'HerauU , qui ne le possedent pas encore. .le dois citer au piemier rang la ville de Beziers qui compte i6,5i5 habitans. Depuis plus d'un an, le niaire de cette ville m'a fait espercr d'obtenir pour ses admi ; DU MIDI DE LA FRANCE. 4« nistres cette utile institution : j'aime a penser que sa pronnesse ne tardcra pas a se realiser. Panni ies autres villes dudeparte- ment, cclle qui pourrait tirer le plus de fruits du nouvel en- seignement serait sans coiitredit Lodeve, celebre pour sa fa- brique de draps, et qui compte 9,842 habitans. Un instituteur de Lunel, plein de zele pour le bien public, a fait gratuitement dans cette ville un cours de geometrie ap- pliquee aux arts ; il a presente de la sorte un noble exemple aux autres chefs d'institutions du departement. Eo resume, Ton voit qu'aujourd'hui le departement de I'Herault possede , djns quatre de ses villes , un enseignement industriel ; il est sous ce point de vue , plus avance que beaucoup d'antres departemcns de la France meridionale. Cependant , il est encore, pour ce genre d'instruction, bien loin du ternie aiiquei il doit aspirer. Si nous considerons Ies ecoles primaires du departement de I'flerault, nous verrons qu'il reste aussi beaucoup a faire pour former desmaitres d'ecoles qui montreiit aux habitans des pe- tites villes et des campagnes uiie autre langue que le patois languedocien, et qui parlent francais avec purete. II est deplo- rable de voir avec quelle incurie tons Ies gouvernemens qui se sont succedes en France, depuis dix siecles, ont laisse Ies po- pulations parler des dialectes disparates; ce quia le tres-grave inconvenient de rendre , pour une grande partie de la popu- lation , coniplctement inintelligibles Ies ecrits publics pour I'instruction des autres parties de cette population. Nous avons cru devoirnousetendre beaucoup sur I'instruc- tion publique et sur Ies moyens de I'ameliorer dans le depar- tement de I'Herault. Les observations que nous venons de pre- senter ne sont pas particulieres ace departement, et pourraient s'appliquer, avec la meme vcrite, aux autres departemcns du niidi, qui, pour la plupart, sont moins avances que celui de I'Herault. Montpellier possede une Acadcmie royale des sciences, qui jouissait, avant la revolution, de I'honneur d'etre afifiliee et comme associec <\ I'Academie royale des sciences de Paris; ce qui dnnnait au.\ uumbres de I'Acadeniicde Montpellier,quand /,a FORCES PRODUCT. DU MIDI DE LA FRANCE. ilsv i-naiont clans la capitale, le droit de siejjer aux soanct's do rAcadeinie dc Paris. Les celcbics profcsseurs de I'ecolo dc MontpcUier out fait rorneiucnt do la Sociote savarito la plus (.'Stiinoe (?utre toiitos cellos que posscde Ic midi dii royaume. J'ai chercho vaiucment, dausla slatistique d'aillours si eteti- due, quo M. Hippolyle Creusk ue Lesser a donnoc dii dopar- leitient de THerault, quelques faits sur rAcademie royale des sciences dc Montpellier. La Statistique da departemcnt de I'Heratdt forme un volume in-A" de 606 pages, ecrit avec une sage motliode. Ce volume abondo en documens importans, dont nous tirorons un grand parti pour achever dc faire connaitre les ressources produc- tives et commerciales de ce departemcnt. L'auteur est fds de M. Creuse ue Lesser , homme de lettres distingue, et prefet du departemcnt de I'Herault. 11 a trouvc, dans leshautes fonctions administratives rcmplies par son perc, des moyens de rocuoillir bcaucoup de documens aulhentiques qu'il a fort bien mis en oeuvre. Charles Dupin , dc ITnstitut. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. HisToiRE NATURBLLE DEs I'OissoNS , par M. le BaroTi CuviER , secretaire perpetiiel de V Academie des Sciences, et professeur au Museum d'Histoire natu- relle{\). Get impoflant oiivrage est attendu depiiis long-tems; et, dans I'etat de confusion ofi richthyologie etait tombee par I'accrcissement du nombre des especes connues , et par la uiethode superficielle qii'avait employee a les decrire un au- teur eslimable, trop loni^'-tcms considere comnie un oracle , uous disions, des rannt-e iSaS, au mot IcJithjologie de notre Dictionnaiie classique [%) : « Cuvier, reformateur de cette belle partie des sciences physiques, dans son legne animal, per- feclionne en ce moment la methode si naturelle qu'il y intro- duisit. Aide du jeune et savant Valenciennes, il prepare une Eistoire generalc des poissons , fruit de recherches im- luenses, de comparaisons nombreuses, d'etudes profondes, et qui, dit-on, ne tardera point a parailre. On attend avec la plus vive impatience ce grand Iraite, ou seront redressees une multitude d'erreurs, et qui ne laissera rien a desirer. « Dans cette attente, el dans la crainte de faire un article in- (i) Paris, 1827; Levrault , rue de La Harpe, n° 81. Prospectus in -8° lie 28 pages. (2) II a d^ja paru trcize volumes du Dlclioimaire classiquc d'Histoire naiurcUe , grand in-8° a deux colonnc-s , chez les lihi aires Rey etGra- vier , quai des Auguslins. (Vny. Ra: Enc. , t. xxxv , p. 697. ) 44 SCIENCES PHYSIQUES, complct sur richthyologio , nous preferames renvoycr ce mol ail SuppU'incnt du Diclionuaire, ou nous avons pour collabo- rateurs tie jeuncs savans, aussi actifs qu'habiles a blen faire; car il est iniporlaiit, dans ces sortes d'ouvrajjos, dc ne point demeurer en arricrc dcs connaissanccs acquises. Le prospectus de cet ouvraj^e est par lui-meme un veri- table t.raile histori(iue de la science que M. Cuvier eleve a iin si haut point de perfection. Coinbien de professeurs et d'ecrivaius se sont fait des litres academiques d'ouvrages qui ne contenaient pas autant dematiere, et dans lesquels surtout I'esprit de methode ne brillait pas au nieme degre. Cet esprit que Ton doit considerer comme le regulateur par lequel la raison complete le genie merae, est eminemment celui de M. Cuvier. II le porte dans toufes ses productions, et sait ainsi donner aux moindres details une grande importance. Au lieu d'une simple annonce a laquelie nous pensions elre lenus en lisant le titre modesle sous lequel le savant profes- scur public un veritable ouvrage, nous nous trouvons enga- ges dans une analyse qui sera d'autant plus instructive que nous fernns plus d'emprunts a I'auleur. « Au moment d'offrir au public, dit-il, un ouvrage considerable dont je me suis occupe avec plus ou moins de suite depuis pres de quarante ans, je crois devoir lui presenter quelques reflexions sur I'etat ou j'ai pris I'ichthyologie, sur les vues d'apres Icsquelies je I'ai Iraitce, et sur les nioyens qui se sont trouves a ma dis- position pour I'enrichir d'un nombre d'especes nouvelles triple de celles que Ton connaissait avant moi. ». M. Cuvier fait ensuite I'histoire de la science. L'ichthyo- logie ne date pour lui que du xvi* siecle : Ronddet, Behn et Snlviani en sont les createurs; Artcdi, I'ami de I'immortel Linne , y marque plus tard une epoque. >■ Il est douteux, dit M. Cuvier, que cc grand Linne ait rendu service a la science des poissons par sa classification nouvellc; mais il I'a rendue populaire par sa nomenclature. II y apporte ce meme esprit delicat, cettc meme finesse d'aper^us que dans les autres branches de I'histoire naturelle. Les vovages de ses eleves, SCIENCKS PHYSIQUES. 45 les Iravaux de Gronovius, de Kolreuler, les grands ouvrages (le Seba (i), de Catesby, lui ont fourni de nombieux moyens de I'enrichir. Cependant, il n'a porte le nombre des especes cjii'a quatre cent soixante-dix-sept j mais ce u'est point par celte augmentation numeri(fiie qu'uu horame tel que Linne doit elre apprecie : I'enthousiasme general qu'il a inspire pour tontes les productions de la nature, la faveurque des lors les bommes puissans ont accordee h Icur etude, les collections qui se sont formees, les expeditions lointaines qui ont ete en- treprises, le grand nombre de ceux qui se sont devoues au perfectionnement de I'edifice dont il avait pose les bases, marquent mieux que ne le feraient toutes les analyses de ses travaux, tous les calculs sur les etres qu'il a decrits, quelle a du elrc I'elevation d'un genie capable d'imprimer a son siccle un pareil mouvement. « L'ichthyologie ne conipte plus, a partir de Linne jusqu'a M. Cuvier, que des voyageurs qui, dans leuis relations, ont decrit ou figure des especes nouvelles de poissons, ou des compiiateurs qui ont cru en faire I'histoire parce qu'ils en ont public des figures plus ou moins correctes et en plus ou moins grand nombre. M. de Lacepede seul sortit , dans ces derniers terns, de ces categories. « 11 a con9u, dit toujours M. Cuvier, d'une ma- niere plus graude le plan de sou Histoire generale des pois- sons; et, s'il avait possede en original un assez grand nombre de ces aoimaux, s'il avait pu les etudier davantage sous le rapport de I'organisation interieure et de la methode natu- relle, il n'y a point de doute que son talent d'ecrire et ses vues pliilosophiques n'eusseut eleve un mouunienl plus durable. Deja, sous sa forme actuelle, son ouvrage offre beancoup (i) Oil reimprime ce precieux et magnifique recueil , deveuu si rare et si cher, a la librairie LevrauU. Plusieurs naturaiistes distingucs en refont le texte qui 6tait sa panic vicieuse. Nous ferons coiuiniire les resultats de celte utile entreprise. 46 SCTENCRS PHYSIQUES. d'ospeccs nouvolles; il en pn'sentft avcc cloqiionce Irs Irnil-? distinctifs; il intcrcsso; il a I'art dc fairc tronvci- dii cliarme ;i rhistoire d'etres que nous nc ponvons rapproohcr de nous, ni par leius passioss, ni par leiir industrie, qui semblcnt n'eveillcr par aucim cote notie imagination. Mais M. de La- cepede a compose la plus grande partie de son livre pendant les annees orageuses de la revolution; lorsqiie, retii-e h la canipagne, il ne pouvait pas meme revoir commodement Ic pen d'especes que possedait alors le Cabinet du Roi , ni cou- sulter les bibliollieqiies pnbliqnes antrement que de loin en loin; il nc travaillait done que sur dcs notes prises a diverses epoques, et dont il ne pouvait toujours appreeler les rapporls. De plus, la France, en ee tems-la, et long-tems apres, elait separee des peiiples voisins par une guerre cruelle; leurs livres ne nous arrivaicnt point; la mer nous elait fermee; nos colonies nous etaient devenues etrangereset ne nous envoyaicnt plus aucune de leurs productions. Que Ton ajoute que le ca- ractere poli et confiant de cet excellent hommc ne liii pei- mettait pas d'elever de doute sur les assertions de ses contem- porains , et Ton ne s'etonnera plus qu'il ait adopfe sans contradiction les genres et les especes de Gmclln et de Block, et n'ait soumis aucune de leurs indications .'i un iiouve! exa- men ; qu'il ait ete conduit ainsi a ajouter a leur liste des especes qui rentraient dans les leurs; que !(Js materiaux meme qu'il avait eus sous les yeux, soit au Cabinet d'histoire nalu- relle, soit dans les papiers de Commerson et de Plumier, se soient quelqucfois multiplies sous sa plume; au point que ttl poisson reparait cinq fois dans son livre commc aiUant d'es- peces, en sorte que, sur les quatorze ou qninze cents qu'il enumeie, il faut en retranclier certainement plus de deux cents. Je ne parlcrai point ici de la partie dc la methode qui lui est propre, et qui, sc fondant sur la presence ou sur I'absence des opcrculcs et des rayons des branchies, est en- tierement contraire aux rapporls naturels et meme a la realile des organisations. Ses genres eux-memcs sent souvent etablis sur des details pen importans, parcc que, n'etant point nnato- SCIENCES PHYSIQUES. 47 mistc, il n'avait pu saisir completcmcnt Ics lois de la siibov- dinatioii dcs carnctercs. « L'auteur dont nous venons dc transcrire quelqncs ligncs a mis, comme on le voit, dans I'examen des travanx ichthyo- logiqiics de son prodeccsscur, im ton de moderation qui I'Vio- noie , mais a travers lequel on reconnait combicn ces travanx de M. de Lacepede sont imparfaits. M. Cuvicr, en signalant la dcfectuosite radicale de la methode qu'a suivie ce natnra liste, nous apprend qn'ane meme espece avail ete decrite par liii jiisqu'a cinq fois; il signale aussi, mais avec politesse, un defaut de critique qui conduit quelqnefois a la crcdulite. Nous serious tente de nous appesanlir siir d'aulres defauts non nioins essentiels, que Ion remarque dans louvrage de M. de Lace- pede, afui dedetourncr d'nne fausse route quelques imitatours qui croiraient devenir les continuateursdeBuffon; mais un senl exemple, oppose aux ligneselCgantes que nous avons extraites de I'ecrit de M. Cuvier , determinera mieux la conviction que tous les raisonnemens possibles. Nous ouvrons an hasard I'uii des cinq gros volumes dont se compose la seule Histoire ge- nerate des poisscms que jjossede encore la France , et nous y trouvons ce passage : « II est peu d'animaux dont on doive se retracer I'image avec autant de plaisir. Elle pent etre offerte, cette image gracieuse, et i I'enfance folatre, que la variele des evolutions amuse, et a la vive jeunesse, que la rapidite des monvcmens enflamme, et a la beaute, que la grace, la souplesse et la legerete interessent et seduisent, et a la sensibilitc , que les aft'ections douces et constantes touchenl si pi'ofondement, eta la pliilosophie meme, qui se plait a contem- pler le principe et I'effct d'un instinct superieur. Nous I'avous deja vu cet instinct superieur dans I'enorme et terrible requin; mais U y etait le ministre d'une voracite insatiable, d'unc ciuaule sauguinaire, d'uue force devastatrice. Nous avons trouve, dans les poissons electriques, uue puissance, pour ainsi dire, magique; mais ils n'ont pas eu la beaute en partage. Nous avons eu i representer dcs formes remarqnables ; presque toiijoiu's leurs couleurs etaient lerncs et obsciues. Des nuancs's /,.S SCIENCES PHYSIQUES, c'clatcintcs out iVappti iios rognrds; raremeiit tllos out eti- unies avcc dcs proportions agroablcs; plus rarcment encore ellos out servi de parnre h un etre d'un instinct eleve. El cctle sorte d'intcUigence, ce uiirlange df I'l'dat des uiotaux et dcs couleurs de Tare cclosle, celte rare conformation dc toutes les parties qui formcnt un nicme tout ct qu'nn heu- reux accord a rasserablcs , quand nous les avons vus departis avec des habitudes, pour ainsi dire, sociales, cles affections douces, et des jouissances en quelque sorie sentimentales? c'est cette reunion si digne d'interet que nous ailons cepen- dant montrer dans 1' » Quel est le mot de lenigme entre les noms de quiiize cents especes de poissons que de- crit M. de Lacepede ? Mais , poiir eviter a nos lecteurs des tortures d'esprit, nous leur reveierons que cet animal, dunt rintelligence et I'instinct sont superif urs , qui unit I'eclat des metaux , les couleurs de Tare celeste avec une rare con- formation, les affections douces, doiit les habitudes sociales et les jouissances forment uu tout eu quelque sorte senti- mental, doDt I'image gracieuse jieiit etie offerte a I'enfance folatre, a la vive jeunesse , a la beaute, a la sensibilite, a la philosophie meme , u'est autre que cette anguille hideuse, dont les mouvemens tortueux rappellent avec moitis de sou- plcsse ceux des serpens, dont les couleurs fausses ou li- vides sont enduites (I'line mucosite degoutante , dont les habitudes gloutones et tencbreuses sont analogues a la tour- nure suspecte , dont les gros yeux fixes ont quelque chose de stupide et de menacant a la fois ; qui, enfiu, nocturne, craiative et mordant cruellement tout ce qui est a sa portee, ainie a se vautrer dans une vase fetide et se nourrit indiffe- remment de la chair de sa propre espece el de debris de ca- davres. Surprls dcpuis long-terns que Ton eut appele style eloquent un col oris si faux, nous avions dit, au snjet de Thistoire du rougft, ( I ) traite comme celle de I'auguille. « II faut esperer (l) T. XI , du Dictioiinaire classiqiie d'Histoire nattavlle, p. agS. SCIENCES PHYSIQUES. l,c) que M. Cuvier, dans sa grande Histoire des poissons , fera disparaitre avec ces peintures emphatiques d'ou ne restdtcnt qsic d(>s idees fausscs , les contes dont Pline a tiansmis iin si yrand nonibre, la plnpart bases sur des propos de gourmands. A quoibon it-peter longuement,pouralinienterdes declamations usees contre la bonne chere : « que les Romains pratiquaient sur leurs tables, pour faire cuire les rougets vivans et les voir niourir, de petils ruisseaux dans des parois de cristal? cruaute d'autant phis revoltante, qu'elle etait froide et vaine dans ces degoulantes orgies ou Ton voyait so donner le plaisir barbare de faire expirer de malheuretix poissons, dont les nuances de tinabre eclatant devenaient successivrment pourprees, violettes, bleuatres et blanches, a mesure que I'animal passait par tons les degres de la diminution de sa vie, dont la (in etait annoncee par les mouveniens convuJsifs qui veriaient se joiudre a la degradation des teintcs. » L'auteur eut du savoir , en sa qualitc d'ichlhyologiste, que si, dans Pline, les rougets pour mourir passent par des nuances diverses, il n'cn est pas ainsi dans la nature, ou ils conservent constanuiient leurs couleurs, meme sur les tables des gastronomes. L'histoire des poi'^soiis de M. Cuvier sera phis sagcmeut et ]»his uiiturellement ecriie. On pent en repondre en jetarit les yeux sur les generalites qui forment une partie non moins belle (jue la melho'le, dans VHisfone du regno animal. C'estdansretle persuasion qu'en parlanl du merite scientifique et litteraire du savant professcur, apres avoir rappele les services rcndus a Thistoire nalurclle par ses dignes coUegues du jardin des plantes, nous disions : - Cuvier, enfin, evoquant du seiu de la terre les racis j)crdnes qui en peuplerent autrefois la surface, eclairant la geologic et la zoologie I'une par I'aufre, retablis- sant, pour ainsi dire, les chartes ou furent deposes les tilres chronologiques du monde primitif, disposant dans un ordre nature! toutes les creatures vivantes, assignant a chacime d'elles son veritable nom; Cuvier enQn, reunissant en lui et Linne et Buffon, devint le modcle a suivre dans la maniere d'errire T. \xxvii. — Janvier iSv.S. .', ho SCIENCES PHYSIQUES. riiUloire ualiircllc, sous le double rapport dii siylo ot ilo la metliode. » Nous ne doulous pas que dans la pnlilication de rimportan( OTivrai^equi va devenirun monnineiit de gloire pour I'auteur, le libraire (.''dileur n'evite les enormcs fautes typograpbiques qui deuarent X Hiilnire dot poissoim de M. de Lacepede. Des articles de peu de lignes y forment souvent le cominencemrnt d'une page dont les trois quarts sont restes en blanc. Quelque- fois una synonymic barbare, composee des noms donnes aux poissunsen divers pays, y occupe trentc lignes d'tin on deux mots cliacunc; los litres au-dcssus desqiieis on n'a point mis de pagi- nation sont si nombretix, qn'outre I'espace perdu qui en rt'sulte, il est souvent fort diflicile de verifier une citation dont le renvoi n'est imprimc qu'au verso. La table surtout est faite sans auciui soin ; plusieurs objets y sont mentionnes a I'un de leurs noms vulgaires, et sont omis au nom du genre. Enfin les planches, dont la pliiparl ont cte gravees par des artistes qui n'avaient aucime notion d'liisloirc naturelle, snntjcleescomme au liasard dans cinq volumes qui aiiraient pu n'en former qu'un seul. II est nieme deses|)eces dont la figure n'est point mcntioimee dans le texte. On voit des poissons anxquels on a ajoutc ou oidilie de niettre des nageoires. On dit que M. de Lacepede, dont le desintetesscment et la generosite etaient extremes, a souvent doune ses manuscrits aux libraires; c'etail une raison pour (]ue ses libraires traitassent un peu plus conscieiicieusement les aclietcurs. Les anieredens de la maison Levrault nous repon- dent que VHi.stuire des poissons de M. Cuvier sera aussi rcmar- quable sous le rappor-t typographique qu'elle doit I'ctre par le texte de Tauleur. On ne saurait nier qu'une ichtyoiogic generale elait devcnue indispensable. Nous eugageons les natcualisics qui veiilent s'occiqier de celte branche impoilante de I'liistoire naturelle, a differer I'acquisiiion des livres qui en Iraitent speeialement, jnsqu'a I'apparition de I'Duvrage de M. C;ivier, ou ils irou- veront tout cc qu'il est necessaire de savoir sur le nombre des especes porlees a plus de cinq mille et conslalees i)ai' la com- SCIENCES PHYSIQUES. 5i paraison de qninze mille intlividus aii rnoins, une synonymic ligonreiise, une methods excellente el d'line application aiissi facile que sine; enfin , des (igures qui lepresenteront dans le plus grand detail Ics os, les visceres , le systeme vasculaire, et le svsleme nerveux d'un poisson, de rnanieie a former ainsi une monographie modele, de laquelle I'aiUeur partira , comme d'une base , pour les autres anatomies. On ajoutera de teitis en lems des monographies semblables pour les especes qui s'ecar- leront le plus de ce premier type. L'execution d'un si vaste plan, dont le prospectus est comme un beau chapitre, formera i5 ^ 9.0 volumes in-8», on 8 a lo volumes in-4o. Elle est assez avancee pour que les livraisons se succedent sans interruption, de trois en trois mois. La publication se fera par la livraison d'un volume de texle, avec un cahier de i5 a 20 planches, excepte la premiere livraison, qui sera de deux volumes: elle paraitra au commencement de 1828 (ij. Nous ne saurions Irop recommander une entrcprise de celte importance, et nous ne craignons pas d'avancer qu'elle sera la production la meilleure et ia plus complete sur cette partie des sciences physiques. BoRT DE Saint -Vincent. (i) Leprixde cheque livraison d'un volume, avec un cahier de quinze a vingt planclies , sur papier carre superfiti satinc, sera de 1 3 fr. So cent. ; sur cavalier velin , de 18 fr. SCIENCKS MORALES ET POLmQlTES. Collection des Cjironiques nationai-es francaises, c'crites en langue vulgaire du treizieme an seizieme siecle, avec Notes et EclaircLsemens ; par /. A. Buchon (i). SECOND ARTICLE. ( Voy. Rev. Enc, t. xxiii, pag. 74. ) Les sciences qui ont pour bul de rendre les peiiples heureux et vertueiix, et que Ion desif^ne par le nom de Sciences poli- liqufs ct ntoiales, demandint, tout aiitant que les sciences pliy- siques,a eire eciairees par ['experience. On neconnaitia bien quels sont les effcts des nioenrs sur lehonheur, quels son I les efCets de la liberie sin les lois , qifen voyant ai,'ir les nations, qu'en repetant, en couibinant les observations sur elles. C'est, de toutes les etudes, la plus importante pour 1 homnie , car les deux buts de son existence , Ic perfeclionnement et le bonheur, en dependent ; niais les experiences qui doivent eclaiier ct di- riger cette etude ne peuvent point se faire a volonte , conime celies qui ont la nature physique pour objet : on ne pent point les faire I'une apres I'autre et isolement; on ne pent point es- sayer tour a tour qiuds seront les effets produits par une cause deterininee, d'abord en soumettant un peuple a sa seule in- fluence, ensuite en I'y soustrayant absolunienl; car on n'a pas lo droit de tenter sur la societe liumaine des experiences, dans la seule vue de I'avancenient des sciences. Pour oser tenter un cssai sur un jieuple, il faut avoir la lerme coiifiance (jue cci es^ai sera avantageux a ce peuple lui-niemo. Aussi,les sciences politi(pies et morales ne font-el!es des proj^rcs ([u'en rai.son de I'observation de ce qui se passe, independamuient de I'obser- vateur, et jamais de I'observation de ce qu'il a tente pour s'e- clairer. Le resultat de ces experiences accidentelles est beau- (i) Paris, 1826-1817 ; Verdi^re, quai des Augusliiit , n" aS. I.-i col- ietiioii entieie former. i 3o vol. in- 8", di;iit le ])i i.\ est i\\i- a 6 fr. cliaciin. SClKiNCES MORALES. .VV coup moijis positil': il pent piesque toiijours elre contesti';, il est toujonrs modifiu par iin grand nombre de causes nj^issant simullanement; il laisse place ;\ de nombreuses erreurs; mais, tout imparfait qu'il est, c'cst encore la seule source, acces- sible a rhomme, des verites qu'il lui imporle lo plus de con- naitre. L'histoire n'est autre chose que le recueil de toutes les experiences qui doivent eclairer les sciences politiques et morales. Entre ces experiences, l'histoire nationale coniprend celles qui doivent etre le plus instructives pour nous, puis- qu'elles ont ete faites dans les circonstances les plus analogues aux notres, sous le nicme ciel , sur un meme sol, avec dc3 homines de meme race. L'histoire natioiwle est done le moyen le plus propre a eclairer I'homme sur cc qui lui imporle le plus, sur la route qui pent le conduire, avec ses semblablcs, a etre heureux et vertueux. Toutefois, il y a peu d'attrait |»our I'homme dans I'etude de ce qui serait avantaginix a la race huniaine ou a sa nation , s'il a !e sentiment qu'apres avoir connu la verite, il ne dependra jamais de lui de la niettre on pratique; que lui-meme et loiis ses pareils n'ont aucune influence sur la destiuee des pcuples, et que ceux qui en sont les nuulres nese proposenl j)oint lour avantage pour but. Il prefere ;ilors ferrt.er les yeux , plutot quo de les tenir ouverts, pour se voir conduireau precipice. Anssi, les peuples qui ne sont pas libres, et qui n'ont aucnnc espe- ranee de le devenir , n'ont jamais un gout vrai pour I'hisloire: les uns. ne gardent pas meme le souvenir des choses passees, comnie les Turcs et les Autrichiens; les autres, comme les Arabes ou les Espagnols , n'y cherchent qu'uuc vaine nourriture pom- I'imaginalion, des combats merveillenx, des fetes somp- tueuses, des aventures snrprenantcs; d'autres enfui, et c'est le plus grand nombre, an lien d'une histoire populaire, n'ont qu'une histoire royale. C'est pour Irs rois , et non pour les peuples, que les erudits ont travaille; c'est pour eux qu'ils ont recueilll tout ce qui pouvait flatter lenr orgueil; ils leur ont asservi le passe, parce que leur domination sur le present ne leur snffi-,ait point encore; ils ont fail a la spltndeurdc lent' 54 SCIENCES MORALES, race uu sacrifice volontaire de la verile. Combieii de souve- rains, tout recemmcnt encore, auraient re^arde comme uu outrage de mettre an grand jour les fanles et les ciiiiies de leurs ancetres, pour expliquer leurs niaiheurs ! Jusqii'a nos jours, I'histoire de France ii'a (^uere ete traitee que de cctte inaniere. Des hommes d'nne vasie erudition en ont fait Tetude de leur vie, des corps savans ont entrepris d'imntenscs travaux pour I'ecliiirer; tous e^'alcment laissent percer, avec une naivete (]ui nous siirprcnd aujourd'hui, le sentiuient que leur tache u'est point d'arriver a la verile, mais a la plus grande gloire des rois. Desormais, I'opinion a succedea la souverainete du monde: ce n'est pas une des moindres manifestations de sa puissance, et de la conscience que le public a de sa foi ce , que Teucoura- i^ement donne par celui ci a la publication de tons les nionu- mens de I'histoire nalionale. La voix du pcuple scmble dire: « Cesout mes affaires, desormais je veux les savoir; lescomptes qu'on devra me rendre peuvent elre tristes , peuvent etre hu- milians, n'importe; je vchx tout cclaircir. Si I'honneur des ad- ministrateurs infideles qui s'etaient charges de mes affaires doit en souffrir, leur punilion sera meritee ; elle sera proporlionnee a I'offense. Si men honneur meme a ete compromis , je me sens la force de le reparer, et la sagesse de tirer iuslruction de nies fautes passees. Ce qu'il me faut , c'est la verite, cetle verite (pi'autrefois on ne m'avait jamais dite. » Aujourd'hui, en effet , de toutes parts, la verite jaillit sur I'histoire de France. Quatre collections qui ont paru simulta- nement, celle de M. Guizot pour les tems anterieurs au trei- zieme siecle; celle dc M. Buchon pour les iS'""", i/("'* et ili™^; celle de M. Foucault pour les memoires qui, depuis le i 5"% atteignent jusqu'au 18'"^; et celle dc MM. Bervh.le et B\r- RiERK, pour les tems de la revolution, coniprennent presque tous les historiens originaux de la France, Leur publication a ete suivie avec tant de regularile, avec taut d'aclivite que toutes ces giandes entreprises approchent de leur terme. Dans moins de deuxans, il n'yaura point ilecitoyen francais, jouissnutd'une SCIENCES MORALES. 55 foiliiiie aisoe , qui ne piiisse posseder la colUction cnlieie des liistoiiens originaiix dc son piiys ; tan(iis que dix-huit voliunes out ete publics avec |ieiuc , en quatre-vingt-quafre annees, de la j,'rand<; collection i.'i-foUodes historians des Gaulesetde la France, (jiiiavait ete entreprise par I'autorite royalc; etquecettccoUcc- lidM, avancant a pas do tortue, n'a pas encoie alteint le I'egne de Saint-Eoiiis; olle ne jieiit se trouver que dans les plus grandes hibliothequcs, ct eile seuihle ajourner a deux ou trois siecles la connaissaiice de I'liisloire de France , tout en la tenant en reserve, rueme a cette epoque , pour un petit nonibre d'erudits. Les Francais ne doi vent jamais oid.lier que I'histoire de leur pays, ce sout leurs affaires : ils doi vent les connaitre ; ils doivent le vouloir. Duranl Icsquatorzesiecles qu'a dure la monarchie, les revolutions se sunt succcde avec une Itlle rapidite, le prin- cipe nienie du gouverncment a cte si frequemment change, les drolls ont fait place av(c une si etiange niobilite a des droits tout contraires, qii'on dirait que Ton a vouhi eprouver stir la 'France toutes les formes possibhs de gouverncment, a l.i re- set ve toutefois de celles qui seroient raisoniiables. II ne faut pus croire (ju'il y ait cu seul«aient une feodaiite; il y eii a viy (piatre ou cinq, qui sont nees et moites successivement. Le despotisme pur a , de memc, tour a tour, existe, succombe,. sous les attaques de I'aristocratie, pour se relever, j)uis suc- comber else relever <'ncore.'On a vu la France soiunise pins d'unc fois au gouvernenient des pretres, a celiii des valets, a celtii des niaitresscs, a celui des princes du snug; on I'a vtie trente ans gouvernee par un roi leconnu potir fou ; on I'a vue cent soixante-dix ans, a dater de I'an looo seulenient, gou- vernee par des rois ages de moinsiie vingt-cinqans, et auxqiiels on n'aurait jamais songe a conficr la tutelie d'tine famille privee. Certes, c'est bien le moins que tant de dures expeiiences pro- filent a la postcrile du pcuple francais, qii'il sache les resul- tats divers de chaqne diverse lyiannie; et, s'il ne peuf pas re- trouver dans I'expei ience de ses peres cc qu'il doit itnitcr, rjii'il appreniie du tuoins ce qu'il doit fiiir. Mais, si nous rxhoi tons vivenieiit tons ceux qui ilisposent '>G SCIENCES MORALES. ' Il semble cependant que ceux de Paris, ou plutot que les gentilshouimes Armagnacs, alors maitres de Paris, pouvaient repondre que la paix ou la guerre avec la populace attachee aux Bourguignons les touchait en quelque chose, et qu'on est excusable de s'informer des affaires d'Etat, quand a leur oc- casion on est sans cesse expose a avoir la tete tranchee. Or, jamais guerres civiles ne furent sigualees par de plus effroyables (t) T. Ill, p. 254. SCIENCES MORALES. 63 executions que celles cut re les royaiix de Fiance. Mallu-urcu- sement , Chai'les VI u'etait pas tonjours foii; et, des qu'il reve- nait dans ce qu'on nommait son bon sens, c'est-a-dire, des qu'il ne faisait on no di->ait |ihis de grosses extravagances , on le regardait comme investi de la plenitude de I'autorite royale. Cependant , sa raison etait tellemont affaiblie qu'il etait tonjours de I'avis du dernier qui iui parlait, et qu'apres avoir sanctionne les mesures do la plus effroyable lyrannie, exercee par les Armagnars, si les Rourguignoiis pouvaicut siirprendre son pa- lais , et s'approcher un moment de sa pc rsorine, il so retour- nait de Icnr cote, ii signait leurs decrels do proscription , et il se montrait non uioius aciif, non moins passionne cpi'eux, pour faire |)er ir dans les snpplices ccux avcc o«r cause dc brlevete. Personne moins que lui ne de- vraitparler de brievete; sa prolixite est, an conlraire, assom- manfe ; qu'on en juge par le bon mot qu'il raconte, torn, iv, pag. 4i I- Nous Ic rap])ortons d'autant plus (jue c'est une rarete dans Blonstrekt qu'une plaisantcrie. II n'etait pas gai , et son siecle n'etait pas gai non plus. Apre.s avoir raconte la mort de Henri V, roi d'Anglelcrre el de France, survcnue le 3i aout 14^2, et la pompe de ses obse- ques, il ajoute: xDurant lequel terns y eut un noble cbevalier de Picardie, qui dit a son poursuivant une joyeusete, par ma- niere de gabcrie , toucliant ia mort du roi d'Anglcterre. Ce fut raessire Sarrasin d'Arly, oncle du vidame d'Amiens , lequel pnuvoit lors bien avoir soixante ans d'age; et demeuroit en nn sien chatel qu'il avoit de par sa femme, soeiir au seigneur d'Os- semont, nomme Acheu , assez pres de Pas en Artois, el la etoit tout maladede goiitte : neanmoins, volontiers s'enqueroit et oyoit raconler des nouvelles. Or relourna «n ces jours son- dit poursuivant, nomme Haiuenas, qu'il avoit envoyc dehors; et etoit environ de I'age de son maitre, et I'avoit long-tems servi. Et apres sa venue, I'examina Icdit messire Sarrasin, et lui demanda s'il savoit rien de la mort du roi d'Anglcterre. 11 dit qu'oui, et rpril I'avoit vti a Abbeville, en I'eglise de Saint- SCIENCES MORALES. 6S OlTien , et; lni racoata toul lY-tatjet comment il t'-ioil liabiilo, aiissi pareillement qu'il est declare en ce present article. Et adonc messire Sarrasin lui demanda , par sa foi, s'il I'avoit bien avise, et il repondit qu'oiii. — Or me dis par ton sermeut, s'il n'avoit point scs hoiisseaux chausses. — Ah ! nionseigneiir, dit-il, ncnni, par ma foi. — Lors, liii dit messire Sarrasin: Haurenas, beau ami, jamais ne me crois, s'il ne les a laisscs en France. A ce mot, tous ceux qui etoient prescns commen- cerent a rire, et puis parlerent d'autres malieres(i). « Souvont Monstrclet se contente de copier, on plutot de de- layer quelque autre chronique; aussi, en le comparant avec le Fevre Saint-Remy , que M. Buchon a reproduit dans ses septieme et huitieme volumes, on retrouve sou vent le meme ordre d'cvcnemens, les memescirconstanoes , le meme tour de phrase , et Ton ne pent doutcr que Monstrelet n'eut en ecrivant la chronique de le Fevre sous les yeux ; mais il y ajoute souvent des particularites essentielles. De plus, il a soin de donner a I'ap- pui de son recit les pieces ofiicielles que chaque parli publiait ;i chaquc occasion. Il recourt pour cela ordinairemcnt aux archives de la ville d'Amiens, qui paraissent lui avoir etc habituellement ouvertes. Le quinzieme siecle avail pris un caractere bavard et pedant qu'on ne Irouvait point dans les precedens. Apparem- rnent, lesprogres du savoir, de la philosophie, de I'eloquence, en Italie et meme en Allemagne, avaient inspire aux Francais plus d'estime pour I'crudition, et leur faisaient faire de grands efforts pour Imiter leurs voisins. Quoiqu'on cherche vainement ot\ etail a cette epoque I'opinion publique et quelle pouvait etre son influence, on voit tous les princes prelendrc a bien dire, tandis que lespeuples se taisaienl.Tous employaient pour plaider leur cause de sages clcrcs dont les epitrcs etaicnt pleines dc subtil ite de sentences, et ornecs d'cloquencc de paroles , selon I'eloge que le roi de Hongrie adressait a I'Universite de Paris; et ces clercs ne connaissant d'autre eloquence que celle de la (i) Pour exprimer qu'un lionime etait mort quelque part, on disait proverbialement , qu'il y avail laissc scs housseaux (ses gudlres.) T. xxxvii. — Jani'ier 1828. 5 66 SCIENCES MORALES. iliaire, doiiuaunit toiijours la forme , la Icnlciir et rctnphase (I'tm sermon a toiiles les discussions politiqiies dont ils etaient charges. M. DF. Barante a reproduit en partie, dans son His'.oirc des dues de Bourgogne , le Pameu.x sermon du cordelier Jean Petit pour justifier I'assassinat du due d'Ork'ans. II I'avait tire de Monstrelel qui le donne en enlicr (2). C'est un modelc de i'elo- ([uence du quinzieme sieeie, que ces lextes de TEcriturc sainte prodigues pour justifier un crime effroyable, que cette pedan- terie sclwlastique, cet etalage de dialectique serree pour derai- sonner, d'crudition empruntee a I'histoire de tout I'univcrs, pour tout confoudre, et monlrer partout la meme ignorance; enfiu tjiie « cette veiite prouvec par douze raisons, en I'hon- neur des douze apotres, qu'il est licite a cliacun sujet , sans (Juelque mandement, selon les lois morale, naturellc ct di- vine, d'occire on faire occire traitre deloyal et lyran; ct non pas tant seulement licite, mais honorable et meritoire. » Les circulaires adressees aux villas, et meme les ordonnances des rois, ont dans ce slecle le meme defaut que les sermons politiqucs. Partout on trouve la meme jireteniion a I'tloquence, a Terudition', a I'argumentation niethodique; partoitt le meme soin d'arranger et d'accumuler des paroles, d'exagcrer, mot qu'on prenait alors en bonne part, et partout le mcnie manque de conscience et d'attenlion a la verite', la meme impossibilite de Iransmettre nne idee nette , ou un sentiment profond. Meme, lorsque les ecrivains du quinzieme siecle ne vculcnt cxprimer que des sentimens populaircs,iiss'efforccnt tellement d'etre bien disans, qu'ils en pcrdent toute verite. Ainsi, lors- que Charles VI mourut, apres quarante - deux ans de souf- frances et de crimes; apres que ce malheureux roi, toujours ardent a punir pour le compte d'autrui, toujours emporte contre ceux des mains desquels on venait de I'otcr, avait signe tour a tour les proscriptions des Armagnacs et des Bourguignons, (s) Tom. I , pag. a4'-324. Barakte, t. iir, pag. 109. SCIENCES MORA.LES. 6j avail multiplie Ics siippliccs , et fait puiiir comme rebelles tons ceux qui I'avaient le plus loyalemciit servi, le bourgeois de Paris raconte, dans sa chronique, que : « le menu cominun de Paris oriait, quand on le portait panui les rues : Ha, tres- cher prince , jamais n'aurous si boa, jamais ne te verrons; maldite soit la mojt; jamais n'aurons que guerre, puisque tu nous a laisses. Tu vas en repos , nous demeurons en toutc tri- bulation ct en toute douleur , car nous sommes bien tailies que nous ne soyons en la maniere de la cheliveison (captivite) des enfans d'Israel, quand ils furent menes en Babylone. Ainsi di- sait le peuple , en faisant grand plaint , profonds soupirs et piteux(i). » Malgre le temoignage du bourgeois de Paris, je douie fort que ce fut dans cette occasion le langage du peuple. Ce qui nous parait naif aujourd'hui , seulement pour ctre ecrit en vieux gaulois , etait souvent fort affecte; le bourgeois ano- nyme dont la chronique, en general sans fard, est une des meilleures et des plus curieuses entre celles que M. Buchon a publiees, a cru devoir, a roccasion de la mort du roi , faire ici de I'eloquence, et il a pretc au peuple un amour et des re- grets que le peuple ne pouvait sentir. On nous demandera peut etre ce que ces memes chroniques racontent de la femme de Charles VI, de cette Isabeau de Ba- viere, que le peuple, dit-on, nommait la grande gaupe , la grande faineante. Les historiens du dix-huilieme siecle admet- tent comme principe que I'ancienne constitution de la monar- chic francaise, immuable pendant quatorze siecles, et sous soixante-cinq rois divers, etait la meilleure garantie de la pro- sperite et de la gloire du nom francais; quand ils reuconlrent des tems dont ils ne peuvent deguiser toutes les calamites et toute la home, ils en accusent en general quelque princesse etrangerc, quelque Isabeau de Baviere, quelque Catherine de Medicis, a laquelle ils attribuent tons les forfaits el tous les Hialheurs, et qu'il aurait suffi d'ecarter pour maintenir la France dans cet etat de bonheur et de gloire qui faisait I'admiration (i)T. IV, p. 324. ('>8 SCIENCES MORALES, ct IVnvio dc tons ses voisins. Avcc cette pri''ven(ion, le Iccfpur est tout c'tonii(;|de troiivor que cette rcinc, qii'on liii a rendiio si odiense, a pris infitiiiiicnl peu de part ai;x evenemens ; ello est raremcut nommee dans Monstrelet ct le Fevre Saint-Remy, dans le religieux de Saint- Dtnys et Juvenal des Ursins; illc est presque toujours laisseo h I'toart, an milieu de ces inlri|.;iios de cour, tic ces trahisons, de ces crnautes , qui souiHent lout le rcgnc do son mari. Sa grande occupation etait la toilette des dames de sa cour, qu'elle avait voulu rendre , non point a,a- lanle, mais imposante par le volume des habits, par la gene a laquelle ils sounicltaient tous les niouvemens, par la rigueiu' compassee d'une etiquettesallemande. « Qoelque guerre qu'il y eut, tempetes et tribulations, ses dames et damoiselles nie- noient grand et excessif etat, et corncs mcrveillenses, liaiites et larges, et avoient de cliacun cote , en lieu de bourlcts, deux grandes oreilles si larges , que quand elles vouloient passer riuiis d'une chambrc, il falloit qu'elles se tonrnassent de cole, et baissassent , ou elles n'eussent pu passer. La chose deplaisoit fort a gens de bien (i). » II parait que ces enormes coiffures et ces bouffantes nc prescrvaient pas mieux que dans un lems plusrap- prochela vertu des dames dela cour, et que, sur des soupcons, quelques-uns de leurs a mans furent mis a la torture, puis cousus daus des sacs, et jetes a la riviere, avec un ecriteau dessus, portant, laissez passer Injustice du roL Quant a la reine, die n'etait accessible qu'a deux passions, la gourmandise et lava- rice. Son embonpoint, proportionne a sa voracite , lui ren- dait tout mouvement difficile : d'aiileurs, aussi epaisse d'csprit que de corps, elle se dispensait d'assister au conseil,lors nieme quelle portait le litre deregcnte, parce qu'elle n'y aurait Hen compris. Tout son plaisir etait d'amasser de I'argent : quelquc- fois, elle le cachait chez des bourgeois obscurs, ou chez les moines de Saint-Denis; plus souvent, dans des recoins qu'elle faisait murer, dn chateau de Melun qu'elle habitait de prefe- (i) Histoire de Charlex VI, par Juvb.nai, drs Uksins , p. 336. SCIENCES -MORALES. 6y rt'Hce. Du leur cole, ses fils etaieiU a TaflYu pour dccouviirscs caclieltes et les voler; co ful la cause piincipale de son ressen- liincnt centre le dernier dauphin, Charles VII, cju'elle vouiut dcsheriter en faveur de sa fille. Les modernes donnent i entendre qu'elle ainia d'abord le due d'Orleans; puis , le due de Bourgojjne , parce qu'elle mon- trabeaucoup de chagrin et surtout d'effroi, lorsde I'assassinat de I'un et de I'autre. Elle avail trcute-sept ans, lors du premier evcnement, ct quaranle-ueuf, lors dii second; cet agen'estpeut- ctre point une garanfie de la vertu d'une reine : mais les histo- riens coutemporains n'elevenl pas de sonpcons centre elle. Le frere Jacques le Grand, religieux augustin,yacquitbeaucoup de credit par le courage avec lequelilattaqua les vices de la cour, <'n prechant devant elle le jour de I'Ascension, en i4o5. Mais, quoiqu'il parlat sans menagenienl , il ne donna point a en- tendre qu'il soupconnat la reine de galanterie. « Je voudrois bien, grande reine , lui dit-il, que mon devoir s'accordat avec la passion que j'aurois de ne rien debiler ici qui ne vous fut agreable ; mais votre salut ni'est plus cher que vos bonnes graces; et quand meme je devrois tomber dans le nialheur de vous deplairc , il m'est impossible de ne pas deelamer centre I'empire que la deesse de la mollesse et des voluptes a elabli Charette venait d'occuper Macliecoul, et I'ile de Noirniouticr etait au pouvoir des Ven- deens: aucomniencementde Janvier, ces places furont reprises, etle generalissinie d'Elbec, souffrant encore des blessures qu'il avait recues devant Chollet, tomba au pouvoir des republicains. Livre a une commission militaire, il repondit a ses juges avec unc noble simplicite, et recut la mort avec ses compagnons de courage et d'in fortune. L'inflexible general Turreau ne s'arre- tait point a la rigueur des decrets de la Convention elle-menie; soit qu'il fut persuade que la guerre de la Vendee ne pouvait linir que par la destruction de I'une des parties belligerantes , soit que son caractere et son humeur le portassent a choisir les moyeus les plus violens, il persista, jusqu'a son remplacement, dans ses projets d'incendie et d'exterminalion. Ses ordres ne furent que trop souvent executes; cependant , quelques chefs lui opposcrent une gcnereuse resistance. Rk'ber lui donna vai- nement des conseils plus sages, fondcs sur une connaissance plus exacte des lieux et de la disposition des esprits ; ses ob- servations n'aboutirent qu'a le faire envoyer a Chateaubriand , dans un pays ou sa presence etait a pen pres inutile , o^ , dans une etendue equivalant a plusieurs departemens , il n'avait pas plus de 3oo hommes sous ses ordres. Ce fut pendant cetle sorte d'exil qu'il redigea ses memoires. Il fut enlin remis en activite, mais a I'armce des cotes de Brest, sous les ordres de Rossiguol ! Suivant Turreau, quinze jours de pronienades duas la Vendee devaient lui suffire pour soumettre tout le pays, et le purger des rcbclle.s qui osaient y braver encore les armes de la SCIENCES MORALES. 7^ icpublique : les promenades dont il parlait etaient des mouve- mens do colonnes chargees de devaster, de bruler, de massa- crer tout ce qu'elles trouvcraient sur leur passage. Carrier, malgrc son horrible renommee, ne fut qu'iin malfaiteur subal- terne, si Ton compare le nombre de ses victimes a ceiui des nieurtres commis de sang-froid par les ordres de Tiirreau. An siijet de Carrier, I'auteur emprunte aux. Memoires de I'acljudant- general Savary une anecdote qui confirme cette observation des anciens moralistes, que le mediant est un enfant robuste ; rapportons, en I'abregeant, cette interessante narration: nous conserverons, autant qu'il nous sera possible, tout ce qui pent faire connaitre et caracteriser cette deplorable epoque. « Quelques jours apres noire arrivee a Nantes, dit M. Savary, je confiai a Kleber la resolution que j'avais formee d'aller trouver Carrier, que nous avions vu plusieurs fois ensemble, et de lui parler de toutes les horreurs dont on racontait les details dans la ville... Tu feras bien, dit Kleber, apres un mo- ment de reflexion; mais tu n'obtiendras rien. « Le geuereux. Savary remplit sa mission d'humanite. Des qu'il eut parle d'indulgence, depitie. Carrier prit un air plus serieux... «On assure qu'il existe au depot un grand nombre deVendeens, vieillards, femnies etenfans, entasses les uns sur les autres, manquant de tout, mourant de froid et de misei'e : on assure mcme qu'il y regue une epidemie affreuse. Tu peux faire cesser ce fleau ; tu peux meme tirer de cette circonstance un moyen d'assurer la paix dans la Vendee. — Et quel est ce moyen ? — Le voici. Ces prisonniers appartiennent a toutes les families du pays : rends la liberte aux vieillards , aux femmes et aux enfans ; ils ne sont pas a craindre; qu'ils rentrent dans leurs foyers. lis raconteront a leiirs families, a leurs voisins, ee qui leur est arrive, les desastres de leur armee; et ce lemoi- gnage vivant du malheur sera pour les autres une lecon ter- rible qu'ils n'oublieront jamais. Carrier reflechit quelques in- stans; puis il me dit : Va au depot, prends I'etat nominafif de ceux qui s'y trouvent , avec leur age et leur residence dans la Vendee, et tu me I'apportei'as demain. — Je le quitte , je vais 74 SCIENCES MORALES, faire part de cet ontreticn a Klebcr, jc prends avec moi le chef de brigade Guillon , ct nous allons romplir notrc mission... U line serait impossible de retraccr avec ses hideiises couleurs I'affreux tableau qui s'offrit i\ mes ycux dans ce lieu pesti- fere: Guillon en fut malade. Je remplis ma tache le plus promp- tement qu'il me fut possible , en repandant partout quolques lueurs d'esperance. « Le lendcmain , je retourne chez Carrier; il parait compatir au sort de cette foide de malheurcux : Je consens, me dit-il, a leur rondre la libcrte, et a les renvoyer dans leurs foyers. — Eh bien ! repris-je vivement , donnc-ni'en I'aulorisation , ou I'ordre par ecrit, et je me charge du reste. — Un ordre par ccrit, me dit-il ! je ne veux pas me faire guillotiner. — Tel fut le triste resultat que j'en obtins.w Deux jours apres , a neuf heures du matin, Klebcr vint aveitir son ami qu'un placard affiche avec profusion ordonnait aux habitans de Nantes, sous les peines les plus sevcres, de conduirc sur-le-champ au depot tons les enfans de Vendeens qu'ils pouvaient avoir chez eux... «Je courus chez Carrier; il ctait encQre au lit : il parait effraye en entendant ouvrir sa porte, et me demande ce qui m'amene si matin. A-t-on jure, lui dis-je, de faire perir tout ce qui respire dans la Vendee, jusqn'aux enfans au berceau ? — Cette question I'etonne; jc lui parle de I'ordre du coroite : c'etait une enigme pour lui. II entre en fureur, jure, tempete , saute de son lit, sonne; un gendarme se presente : Qu'on aillc sur-le-champ , dit-il, chcr- cher les membres du comite , et qu'on me les amcne... Pour loi , dit-il en me serrant la main "; reste ici pour etre timoin de la reception que je vais leur faire. Le comite arrive, le president i la tete ; on I'annonee. Carrier entre de nouveau en fureur, court a son sabre, en menace le president; je le retiens. — Qnesignilie, dit-il en jurant, cet avis du comite concernant les enfans vendeens, et qui t'a autorise h. le faire afficher ? Vous meriteriez tons qu'on vous fit passer a la guillotine. — Citoyen representant, balbutia le president, le comite a pense qu'il ne faisait que prevenir tos intentions; il n'a pas cm te deplaire en SCIENCES MORALES. 75 et'la... Nouvel accesde fiireiir de Carrier. — Si, daiu cinq mi- nutes, line nffiche contra ire n'annullc pas I'rffet dc celle-ci , jc voiis fais tuns guillotincr. >' Turreau promettait de detiiiire la Vendee en qiiinze jours; Rossignol ne deniandait pas plus de terns pour rnettre fin a la chouanerie : ni I'un ni I'autre ne tint parole. La guerre devint encore plus alrocc : cependant, le general en chef de la Ven- dee ne put obtenir I'aveu des representans pour faire exter- miner les femmes et les enfans qui seraient rencontres par ses eolonnes. L'auteur a soin de faire rcmarquer qu'aucun gene- ral, aucun officier, aucun soldat de I'ancienne garnison de Mayence ne firent partie des eolonnes incendiaircs. II s'est abstenu de designer autrement que par les initiales de leurs noms les generaux qui les commanderent. L'hisloire ne lui reprochera point cette indulgence; tons ces noms suballernes peuvent rester dans I'oubli. Mais, ce qui est inexcusable dans les prctendus historiens des guerres de la Vendee, c'est que, par ignorance ou par mauvaise foi, les Maycncais sont char- ges dans leurs recits de toutes les horreurs de cette epoque. Enfin, le comite de saint public, vers la fin de sa funeste existence, fatigue des plaintes qui lui venaient de toutes parts centre Turreau, debarrassa la Vendee de ce fltau. Mais le desespoir avail redouble les forces des Vendecns, les chouans etendaient leurs incursions, les arinees republicaines man- quaient de vivres , d'armes, et surtoul d'une bonne organisa- tion : on n'etait guere plus avance qu'au commencement de la guerre. « Incapable de former aucun plan militaire suivi, Tur- reau epuisa ses troupes en courses souvent inutiles : il per- sista dans son plan de destruction, et ne sut employer que la flamme. S'il se livra des combats, il s'en tint coustamment eloigne. Sou pie et caressant aupres du pouvoir, il fut en vers les subordonnes dur, imperieux , implacable dans sa haiuc; en un mot, Tun-eau ne counuJ que le genie du mal... Il fut enfin susjiendu et mande il Paris; mais une volonte dominanle alors (celle de Robespierre, selon Carnot) le fit renieltre, quel- qucs jours apres, en aclivite de service comme general division- 76 SCIENCES MORALES. iiaire coinmaiidaut a Bellc-lle. » Aptos le depart de cot lioiiiiiic odieux, ou cut beaucoup dc peine h faiie accepter le coiuman- (lemcnt au general Vimeiix, et il ne s'y determina que lors- qu'il silt qu'il aurait le general Beaupuy pour chef d'etat- major. Enfin, lo joug de Robespierre fiil brise, et la France put rospirer : les affaires de la Yendce se ressentirent dc ce grand changement. On ne commit plus autant de fautes; la voix dc I'humanite put se faire entendre; mais rien n'etait encore prepare pour la pacification. Les deux partis, cxcessivcnient affaiblis, demeuraient en presence; mais les Cliouans se forti- liaient, s'etendaient ct preparaient une guerre d'e.x termination a tons ceux qui neserangeaient point sous leursdrapeaux. Mou- lin avait remplace Rossignol; mais ce nouveau general ne fut guere plusfavorise dela vietoire.Demeilleurs choixchangerent la situation des armeesrepublicaines : Hoehe et Canclaiixfurcnt opposes aux Chouans. Les rapprochemens commencerent, les hostiiites furent suspendues sur plusieurs points. Les agens de la republique se presenterent aux conferences avec sincerite; il n'en fut pas ainsi des chefs de I'armee royale : ils voulaient gagner du tcms, ils en oblinrent, et le iiiirent a profit, selon les circonstances. La Vendee, mieux organisee que la choua- nerie, s'avance avec plus d'ordre vers la fin de la guerre, et sa lassitude la maintient dans ces dispositions pour une paix dont elle a si grand bcsoin : dans I'ancienne Brelagne, la IVor- mandie et les deiiarlcmens du la live droite de la Loire enva- his par les Chouans, le pillage et les assassinats contiinient, lualgre les armistices. A force de prudence et de devoument , Hoehe, toujours eontrarie et deuonce, parvient a rendre un peu de calme a ces malhcureuses provinces. Mais les chefs royalistes preparaient en silence les moyens de recommencer la guerre; leurs intelligences au dehors et au dedans n'avaieiit point cesse. L'affaire de Quiberon approchait; Heche avail force les Anglo-emigres a se renfermer dans cette presqu'ile. « J'espere , ecrivait-il au giueral Cheriti, que dans quatrc joars nous en serons qiiitUs Je suis sans secretaiie, sans aide J SCIENCES MORALES. 77 de-camp, s;in.s adjndant-general , sans papier, et presquc sans vivres. » La corrcspondance entiere de eel honinie illustre me- riterait d'etre tianscrite : detachons~cn an moins quolques ex- traits qui feroDt connaitre i'homme et le giierrier. « Le dcbarquement de Saint-Jcan-tle-Mont ne me parait autre cliose que le versement de quclques emigres escortant (a ce que m'a dit le general Canclaux) un convoi de munitions de guerre, d'habits, etc. Ces memes liommes apportaie:u a Cbyretle un cordon bleu dont il se decore maintenant, et ses lettres de marechal de France. Ceci n'est qu'nne pasquinade, et n'entraine pas de grandes consequences. Le danger n'est grand dans la Vendee que par Tiliusion , et, il faut le dire, par la terreur dont paraissent frappes ceux qui s'en entre- liennent. II en est nn plus grand; il existe dans I'ensemble du plan de Pitt. Un rapport fait an Havre, bien qu'exagere, an • nonce que nous en sommes menaces. Apres avoir calcule toutes les probabilitos et les moyens de nos ennemis, voici ce qui s'est offert a mcs yeux. « II ne reste plus aux emigres, me suis-je dit, d'aulre espoir que de pcrir les amies a la main, on de mourir de misere en pays etranger, apres avoir vecu dans I'opprobre et I'luimi- liation. lis vont done, de concert avcc les ennemis, tenter de porter de grands coups. II est possible, ainsi que le disent deja nos journaux royalistes, que le ci-devant due de Bouillon vicnne se mcltre a la tete du parti vendcen , amenant avec lui six a huit cents bommes de cavalerie d'elife pour operer effica- ' cement. Le comte d'Artois dese.endrait a un endroit qnelconque de la Bretagne, avec ce qui reste d'emigres an service dc I'An- gleterre, landis que les troupes de eel execrable gouvernement, abordant la Manche, vengeraient sui- Cherbourg les pertes de Quibcron. Si j'etais a la place de I'ennemi , je le ferais ainsi, et une pareille operation inquieterait sans doute pour le salut de la republique. II faut done gagner de vitesse, et prevenir nos ennemis. Le terns des ecritures, dcs icves miiitaires doit etre passe : nos generaiix, nos troupes ne doivent plus songcr qu'a se baltre; et moi, je regarde commc uu etre bicn pusillaninie 78 SCIENCES MORALES. (pour nc pas dire plus ) le soldat qui, dans ccs moinens d'a- larmc, prefore la pUune i I'epee. Mon devoir m'ordonne d'agii ; je le fais, ct vais le faire encore d'line maniere vigoureuse... ... « Les Anglais vientient de nous envoyer douze chasse- marees remplis de vieillards chouans, femmes ct cnfans : ces derniers ont eto mis en liberie par le represonlant Blad. Je suppose que cc di-barquement devait ctre fait a Belle-lie, afin d'affamer la garnison ; la resistance du general Boucret a con- trarie ce j)rojct. Quels horribles moyens emploient nos ennemis ponr nous combattre! Ce n'est point a l,i revolution qu'ils en venleot ,-mais au peuple francais. Et voila comme ils traitent ceux de nos malheureux concitoycns assez faibles pour se rpmetlre entre leuis mains! — INfous avons pres de cinq mille prisonniers chouans... Ccs honiuies out etc pris les aimes a la main dans un rasseniblement; la loi est formelle a cet egard. Si I'humanite pent parler en faveur des coupables, c'est sans doute lorsque la politique se joint a elle pour demander que la terrible hache soit suspendue. Cinq mille citoyens francais! Si Ton pouvait profiler de cette circonstance pour exiger le desarmcmeiit ?.. . » Les instructions que Hoche donnait aux generaux sous ses ordres decelent un talent d'observation tres-remarquable, une sage indulgence, un profond respect pour les droits des citoyens et de I'humanite. Son ame est tout entiere dans ses proclamations, toujoiirs pleines de nobles pensces , de vnes grandes et genereuses : que I'histoire conserve precieusenient cette belle image d'un citoyen; qu'elle la montre aux genera- tions futures comme un modele mis a leur portee, dont les formes conviennent parfaitemeiit aux habitudes que les societes humaines contracteront de plus en plus, a notre civilisation actuelle et aux progres qu'elle fera, malgre tons les obstacles qu'on voudrait lui opposer. Les passions politiques n'onl pas epargne la reputation de Hoche : on I'a menie accuse d'imposture; on a pretendu que la lettre du jeune Sombreuil, apies I'affaire de Quiberon, etait une fable de son invention. Qu'on lise cette histoire, ct la SCIENCES MORALES. 7y conviction vieudia tie toutes parts; on ne doiitera plus de la lachete dii chef qui prcnd la fuito, et dc la juste et vertueusc indignation du jeunc homme qui se devooe a la mort, pour que ses soldats soient epargnes. D'ailleurs, ce chef vendeen, dont on essaie de retablir la reputation aux depens de celle du general republicain , n'avait pas meme I'eslime de son parti. « Nous meprisons ses talens militaires, dit le comte de Geslin; il n'en a aucun : mais il est si intrigant, que c'est lui qui est parvenu a faire epouser notre cause par I'Angleterre. Sous ce rapport, il nous a servis et nous sert encore. Ce sont de ces tetes exaltees dont on se sert pendant un tcms ; car il est bouffi d'orgueil. II est meme fort mal vu du parti; bcaucoup de per- sonnes pensent qu'il est plutot I'agont de rAngleterie que celui du roi. » Hoche disait la verite a tout lemonde; sa franchise n'cxcep- tait personne. Lorsque le general Aubert-Dubayet, alors mi- nistre de la guerre, fut nomme a I'ambassadcde Constantinople , il recut dc Hoche la leltre suivante: « Vous partcz, c'est fort bien, gener.il : puissiez-vous etrc toujours heureux ! Souvencz- vous de ceux que vous avez engages dans ile mauvais pas, et qui se sont livres saus reserve, croyant vous avoir pour appui. Adieu , Dubayet : vous eticz fait pour servir plus utilement. a Les circonstances actuelles demanderaient peut-etre que Ton remit sous les yeux des Francais la lettre que Hoche adressait au Uirectoire le 25 aout 1796 : une etonnante similitude de vues, de tendance et de moyens rapproche, identihe en quel- que sorte les ennemis de la France d'alors et geux des institu- tions constitutionnelles. Semparer des elections; corromprc , aneantir I'espj'it public ; avoir deux doctrines , I' une apparcnte , ct I'autre interieure ; se defaire , d'une maniere ou d'une autre , dc ceux qu'on desespere de seduire... Des que le but estlouable, tuus les moyens de I'alteindrc sont Icgilimes. — Une autre lettre du meme general, adressee au ministre de la police , etinseree dans le dernier chapitre de cette histoire, meriterait d'etre transcrite en enlier: mais son etendue ne nous permet pas de \a placer dans cet arlicle, et les lecteurs ne nous pardonne- 8o SCIENCES MORALES, raient pas do I'avoir ahiiL^tV. Kxlravfuis - en spulemt'nt tuir ppnst'c; le general parlc des repiiblicains cxageres : « lis m'ont proscrit , dit-il , je ne puis ctre laxe d'etre Iciir ami. Je plaidc en favenr des principes, et non par interet jiour los personnes.» Le jour meme oil il ecrivait celte lettre, iin oHicier dc Frotte liii fit tirer iin coup de pistolet, aiisortir dii spectacle; I'assas- sin flit arrcte. Vcnons a des citations d'une autre nature ct non moins inte- ressantcs par leur importance histoiiqne. Nous devrions peut- ctre nieltre au premier rang cclles qui peignent les hommes, qui montrent a decouvert leurs erreurs et leurs passions, soince de tant de vices et de quelques vertus. Cette hisloire equivaut a des siecles d'observations faites dans des tems pai- sibles; tant les evenemens y sont presses, multiplies et varies, les niotivemens rapides, impetiseux, desordonnes en a|)])arcnci>: mais la cause de chaqne fait particiilier est facilement aperciie ; aux yeux du lecteur attentif , la confusion disparait , chaqiie tableau devient distinct et bien termine, et la vertte historiquc les anime tons On y voit tour a tour I'inconcevable opiuiatrete des prejnges de caste, les pelitesses de I'amour- propre goii- vernant quelques hommes publics, au milieu meme des plus grands dangers et jusqu'aux portes du tombeau ; de grands crimes comniis par faiblesse, d'admirables exemples de devou- ment et de generosite. Le ridicule meme y trouve sa place ; on ne pent que sourire en lisant I'etrange homelie de Souw.^row ii Charette. Le ton proplietique du vieux gucrricr parlant an nom du dieu des armees , comme I'un de ses aides-de-camp , pent elre du gout des soldnts russes; mais il n'obti-endra {|uc les railleries des Francais. Le pro|ihele russe annoncait a Clia- rette , de la part du Tres - Haut, une suite de victoires ecla- tantes; quelques jours apres avoir rer.u celte lettre, le general vendeen fiit pris el fusille. Parmiles pieces importantes contenues dans cette histoire , nous choisirons celles qui somblent avoir prepare la Charic constitulionnelle , a laquclle nous sommes d'antant plus atta- ches aiijourd'hui , que la jouissance nous en est obslinement SCIE>^CES MORALES. 8x contcstee, et que jusqu'a present ellen'cstgaranlieque par des seritiens trop pen respectes. La lettre suivante tie Louis XVIII a Cliarette conticnt deja quetquos-unes despensecs que le mo- uarque a expriiutcs dans sa Charte. « Vous affermissez. les sentimens que jc vous ai temoignes dans mes precedentes, et redoublez, s'il est possible, le desir d'etre k la tete de mes armees catholiques et royales , et de combattre a cole de vous, Icur digue general , pour rendre le bouheur a mes sujets. J'espere qu'en ce moment mon frure plus heurcux que moi, jouit de cette gloire. Vous savez sans doute par luique la iiialheureuse affaire de Quiboron , et sur- tout lapaix de I'Espagne rcndent lossecours de rAngleterrebien muins considerables que nous n'avions lieu de I'esperer. Ce contre-lems , loin de me rebuler , n'est pour moi qu'une preu ve de plus que la Providence veuL que je ne doivc ma couronne qu'a mes braves sujets : mab je vous le dis avec effusion de toeur, c'est bieu plus a leur amour qu'a leurvaleur que je vou- drais la devoir. J'ai vu avec plaisir, dans votre lettre, que vous travaillez a faire connaitre I'expression de mes sentimens dans les provinces de mon royaume §oumises au jougdes re- belles ( republicains ) : je desire aussi vous voir eteudre vos relations le plus loin possible, et que vous m'en fassiez con- naitre les progres,afiu que j'y proportionne mes demarches. Mais,ce que je desire par dessus tout, c'est que vous conti- nuiez celles que je sais que vous avez deja failes en Anirleterre pour obtenir ma reunion avec mon frere et vous. De mon cote je fais tout mon possible pour pouvoir au moins me metlre en cliemin, pour me raijprocher; mais, comme d'Avaray vous I'a marque dans ma lettre du 3 de ce mois, I'esprit de terreur ou de vertige qui a gagne la plupart des princes d'Ailemagne est cause que j'ai etc force de rccourir a Tempereur pour obtenir un asilc momentane. « Je travaille aussi a prolonger la guerre exterieure que jo regarde comme uu mal necessaire pour empecher les rebelles de reunir trop de forces contre vous, jusqu'au jour ou le T. xxxvii. — Janvier 1828. o 8a SCIENCES MORALES. bandeau sera toiiibo des yeiix d'lm plus grand nonibre de mes sujets. «... Dans une declaration du roi, adressee de Verone a Chareltc, lo 8 jiiillet 1795, on Ueuve ces passages remarquables : « Tan- dis que la main du tcras imprime le sceau de la sagesse aux instimtions Immaines, los passions s'ctudienl a lesdc't;rader, et mettent leur onvrage a cote des lois pour lesaffaiblir, ou a la place des lois pour ies rcndre vaines. Toujours les abus niarchcnt a la suite de la i^loire et de la prospeiite; toujours, une prosperite conslante leur facilite I'entree des empires, en les derobant a I'attenlion de ceux qui gouvernent. II s'en est introduit dans le gouvernement de la France, et long-tems ils out pesc, non-seu!ement sur la classe du j)euple, niais sur tous les ordres de I'etat. Le feu roi, mon froreet souverain seigneur el maitre, les avail apercus, il voulut les detruire; il mourut en chargeant son successeur d'cxecuter les projets qu'il avail concns dans fa sagesse pour le bonheur de ce peiiple... Ce que Louis XVI n'a pu faire, nous raccomplirons. Mais, si des plans de reforme peuvent se mediter an milieu des troubles* ils ne peuvent s'excculer qu'au sein de la Iranquiliile. «... On voit que, des celte epoque, les verites sur lesquelles la cliarte est fon dee etaient deja dans la pensee do Louis XVIII; mais elles etaient encoi-e melees a des opinions que I'expe- rience a cbangees. On est surpris que I'interieur de la France, a cetfe epoque, fiit aussi complelement ignore dc ceux qui avaient le plus d'inlerot a le bien connaitre : il parail que la flatterie et les mensongcs de cour avaient suivi le trone dans Texil , comine I'un de ses aUributs essentiels et caraeterisliques, le premier de ses besoins. Apres les details de la pacification generale de la Vendee et de la chouanerie, I'auteur , plus occupe des chases que des niots,laisse au lecteur le soin de faire lui-meme la recapitula- tion des evenemens et de leurs consequences necessaires. "Ainsi se termina, dit-il , celte cpouvanfable guerre d'assassinats , que Ton essaya vainement de rallumer h differentes cpoques. Une longue et funeste experience avail cufin ajjpris au peuple ven- SCIENCES MORALES. 8'i in , et cum sanguine mixta Vina refert moriens. {^Mnc'id., lib. ix.) Mais il imile en grand poete. S'i! eut tradiiit avcc cette vigiieur qiielque extravagance de Schiller ou de Drydeu, on n'aurait pas assez d'eloges pour lui. Du reste, ce n'esl peut-etre pas uniquement renvie de se singulariser , declioqner toutes les opinions recues et d'intro- dtiire en France le cidte des dieux etrangers, qui porte certaines personnes a dccrier les vers de Parny : on trouve de loin a loin dans ses ouvrages des traits mordans centre le niauvais goul et contre I'importation des doctrines d'outre-Manche. Ccs traits, quoiqiie adresses, il y a vingt ou trente ans, a d'autres ccrivains , peuvent avoir blesse les novateurs d'anjourd'hui. J'en donnerai un exemple, et , quoique je le tire du plus faible des ecrits dc Parny, de son fabliau intitule Goddam , je suissur que mes lectenrs le verront avec plaisir. C'est un fragment de la pcinture du bois ou rcgne le gnome Spleen. Du gnome Spleen la maligue influence Sur les Fran(jais agit rnoins puissamment. Point de lacets , He poignards , seulement De noirs peiisers, de I'ennui, du silence, lis ecrivaient , mais, helas! quels ecrits! lis entassaient dans leurs tristes recits Les vieux donjons et les nones sanglantes , Les sots geoliers , les grilles , les cachots , Des ravisseurs de Lucreces galantes, De grands malheurs et des crimes nouveaux , Des clairs de lune , et puis les crepuscules, Et puis les nuits, des diables , des cellules , De longs sermons , des amans sans amoui , ()G LITTERATURE. Des spectres Lluncs , dos lombeaux , uhc oglise , Tout le fatras cnfiu el la sottise Benouveles clans Ics roinaiis du jour. Cc u'est pins seulcnicnt clans Ics romans du jour que sc rc- nouvellciit Ics ins|)irations du gnome britannique ; elles ont onvahi les odes, les elegies, les grands etles pelits poemes; ellcs sehasardcnt sur la secne, elles se glissent dans la pliilosophie. Faut-11 s'etonncr apres cela que leiirs partisans denigrcnt le talent de Parny ? Mais de tels efforts sont impnisssans contn; sa renommee. La posleritea dej;\ prononcc sur lui. II est plaee, ct place pour toujours, parnii les illustrcs ecrivains , dont Ics eoteries peuvect un moment cacher la gloire aux regards de I'ignorance, mais qui brillenl d'un nouvel «!'clat des que la raison publique dissipo les brouillards sous lesquels on preten- dait lYtouffer. Parny restera, ses ennemis litteraires passeront. Ses opinions politiques, qu'il ne prcnait point la peine de ca- cher, et le tort grave qu'il eut de tourner en plaisanterie, dans la Guerre des Diciix , les objets les plus sacres de la foi chre- lienne, Uii ont fait des ennemis d'un autre genre. Ceux-ci, re- connaissant tout son merite litteraire , n'ont pas craint de ca- loniniersaconduiteetde defigurer son caractere. Hcuieusement pour Parny, il existe encore un asscz grand nombre d'hommcs qui peuvent rendrc lemoignage de sa vie et detnentir des accu- sations absurdes. Tons ceuxqui I'ontconnu s'accordent a dire ciue , si dans quelques unes de ses poesies Icigeres il a semblcj prendre le ton des libertins de bonne compagnie, il peignaitles mceurs de son terns sans les suivrc ; que son commerce clait aussi sur qu'aimable; que la bonfe, ladroiture, la dignitc; fai- saient le fond de son caractere; qu'il fut toujours eti anger a I'intrigue, qu'il prefera la pauvretean sacrifice de ses opinions. On ne lui connut jamais un mouvcment d'envie. II se rejouis- sait du succes des ecrivains qui dtaient deja ses rivaux ; il sc plaisait a encourager ceux qui pouvaient le devenir un jour. La justice litteraire, dont tant de gens, justcs d'ailleurs, croient pouvoir se dispenser, fut toujours sacrcjo pour lui. S'il expri- mait son jugcmcnt sur un ouvrage, c'etail a la fois avec la mo- LITTERATURE. 97 destie d'lin hominc doiit I'avis est sans importance, el avec le scriipule d'un magistral qui va porter iin arret. Croyait-il, apres un nouvel examen, n'avoir pas tenu la balance parfaitement exacle , il eprouvait le besoin de leparer son erreur devant tons ceux qui I'avaient entendii. Parmi les nombreux exemples qui prouvent I'extrcme delicatesse de sa conscience poelique , je n'en citerai qu'nn seul : il est remarquable. Lorsque M. Vic- torin Fabre eut fait paraitre, a I'age de dix-neufans, queiques heureux essais, Parny lui adressa utie epitre charmante ou se trouvair cc passage: Vos vers ont le feu de voire Age , Du premier 4ge des amours ; Et, bravantlemoderne usage, Votre prose facile et sage A la I aison parle toujours. Sept ans plus tard, M. Victorin Fabre avail deja public quel- ques-uns des ouvrages qui out fonde sa renonimee; Parny, donnant une edition de ses oeuvres, temoigna le desir de faire des changemens dans la piece adressce au jeune auteur dont le talent avail si rapidenient grandi. Mais, luidil-on,puisque vous conservez la date do I'epilre, a quoi bou des changemens? N'importe, repondit le TibuUe francais, en voyant la date de I'epitre on verra aussi celle de I'edilion ; il est convenable que j'exprime au moins quelque chose de mon opinion actuellc; et il changea ainsi les Irois derniers vers que je viens do citer : Et !a prose dans vos discours , ^ Toujours riche , brillante et sage , A la raison parle toujours. Avec an tel caractcre, Parny devail obtenir I'amitic'- dc tons les homnies distingues qui couraient la meme carriere que lui. II I'oblint en effet. Plusieurs se sont plu a consigner dans Icurs ecrits les sentimens qu'il leur inspirait, et sa memoire sera tou- jours environnee de leurs eloges. Les circonstances ne permettanl pas de publier fous ses ouvrages, on s'est empresse de reimprimer un choix de ses T. xxxvii. — Janvier 1818. 7 gS LITTERATURE. poesies. Plusieurs editions ont paru pit- sqiie simultanenicnt. Celle que nous annoncons nierite a tous egaids la preference. Elle est donnee par la famille de Parny , et faite d'apres un exem- plaire corrigeet mis en ordre par I'auteur lui-meme qui I'avait prepare pour una edition de ses oeuvres completes. C'cst done \h qu'il faut chercher la deiniere pensee du poete. La on est sur de ne rien reucontrer qui nc suit de lui ct tei qu'il voulait I'offrir au public. Les editcurs y ont ajoutii de jolies vignettes, un portrait de Parny dessine par M. Deveria, d'apres le tableau de M. Isabey ; et I'execution typographique reunit la correc- tion ^ I'elegance. Tout recommande ces deuxcharmans volumes aux amis des beaux vers, a ceux surtout qui rechcrchent et savent sentir la purete du gout, I'harmonie, Et la grace , plus belle encar que la beaule. On trouve dans le- premier : les Poesies erotiques; la Journec champetre i le Promontoire de Leucade ; le petit poeme didac- tique intitule, fe.y Fleurs ; les Tableaux, morceaux delicieux dont le Correge lui-meme aurait pu difficilement conserver sur la toile toute la delicatesse ct Texquise fraicheur; Jamsel, anecdote hislorique ; un choix Ae lettres en vers et en prose, ou des reflexions eminemment philosopliiques s'allient ;\ de douces peintures ; et les Deguisemens de Venus. Le second volume contient : les Chansons madecasses que Parny ne donne que comnie une traduction, mais ofi Ton reconnait partout le cachet de son talent; le conte en vers intitule, Voyage de Celine i Isnel et Aslega , poeme en quatre chants; Goddam, fabliau en quatre chants; le Discours pro- nonce par M. de Parny, le 6 nivose an xi, lors de sa reception a I'lustitut; enfin, de nombreuses poesies legeres reunies sous le tilre de Melanges , et parmi lesquelles on distinguera surtout I'episode de Thais et Elinin , tire de la Guerre des Dieux , YJEpitre aux insurgens (des Etats-Unis d'Amerique), la Coni- plainte au tombeau d'Emma, el les Vers sur la mort d'une jeune fille. L'etat de notrc littcrature fiera remarquer aussi une petite piece sans pretention qu'on pourra reciter, pour toute LITTERATURE. 99 rcponso, aux detraclems de Parny. Elle commence par ccs vers : be notre Pinde le grand maitre A dit : Rien n'est beau que le vrai. Mais sur notre Pinde peut-6lre, Le beau vieillit, et maint essai Nous pioniet sa chute prochaine. La sottise est feconde et vaine. Vous le voyez, un vrai nouveau , Qui ne veut rien de la nature , Un vrai dont la raison murmure, Menace le vrai de Boileau. Les novateurs a la critique Opposent la faveur publique, Celle au moins de leurs feuilletons , De leurs amis , de leurs patrons , Et du comniis a la boutiqua, etc. Pour coriserver leurs droits de propriete , les editeurs ont ete forces de publier separement les Poesies inediles de Parny. Mais le volume qui les reuferine est imprime dans le meme format et avcc les meuies caractcres que les OEiures choisies ; il sera place sur le meme rayon dans toufes les bibliotheques. II contient deux mille vers encore inconnus, et son apparition est une bonne fortune pour tons les hommes qui ne sont point insensibles aux nobles plaisirs de I'esprit. La plupart des pieces qui le composent sont des fragmens; mais plusieurs, quoique detachees d'un plus grand travail, forment un ensemble coni- plet. On y reconnait a chaque page tontes les quaHtes qu'on admire dans les antres ecrits de I'auteur. Le vol lime s'ouvre par une Notice sur Parny, que nous devons a M. Tissot. Cel habile ecrivain y expose, avec autant de verite que de charme , les tilres de notre Tibulle k I'estime comme a la gloire, les vertus de I'homme et les talens du poete. C'est un morceau tres-remarquable d'histoire litteraire et de critique. Mais, plus cet excellent travail nierite d'eloges et de confiance , plus je crois devoir relever une erreur qui s'y est glissee. « Parny, dit M. Tissot, s'enorgueillissait de la gloire de lOo LITTERATURE. Napolooii, jiarce qu'elle ctait celle de la Franco , el qu'il atten- (lait dc ce yraud hommc la plus haute prospt'iite pour iiotiv patrio. Apres Austerlitz , apres Jena, il se sentait transport!- d'adniiration pour le lu'-ros du siecle, mais, coiivaincu que I'cntrcprise dc chanter le nouvel Achille demandait la trom- pctte d'Homore ou la lyre de Siinonide, il sc contcnta do tjuelques beaux vers oil il exprimait cette verile avec autant de noblesse (jue de modestie. •> Je crois qu'en ecrivant cc passai;e, M. Tissot a cte mal servi par sa menioire. Sans doute, Parny reconnaissait les grands taleus dc Bonaparte, mais, loin d'at- tendre de lui la plus haute pro.iperite pour notre patrie , il le regardait comme uu genie funt ste qui etait venu interdire a la France les nobles deslinees ou I'appelait la iiberte. Si le chantre d'Eleonore et d'Isnel ecrivit que, pour chanter les exploits d<' rempereur, il faudrait la voix d'uii Honie/e , cc n'etait qu'unc maniere polie de refuser une mission qui repugnait a ses doc- trines. La piece si courte et si gence oCi il s'excuse ainsi suffirait pour montrer avec evidence quels etaient ses vrais sentimens. La place nieme que cette piece occupe dans le recueil aurait pu rappeler a M. Tisset le motif pour lequel elle fut composee. Elle vieut apres une boutade (decembrc i8o5), ou Parny se moqnait des vers publics de toutes parts en I'honneur de Bonaparte, boutade qui valut a I'auteur une invitation, tant soil peu menacante , de faire oublier Ics sots panegyritjues par des louanges de m<'illeur gout. Du resle, cette meprise ne diminue, n'affaiblit nullement le nieritc d'une notice ou tons les ouvrages de notre poete sont apprecies avec infmiment de gout et d'espril. On les verra juges aussi, daus le meme volume, par I'un de nos plus illustres ecnvains, M. Garat, qui charge, comme pre- sident de la classe de la langue et de la litterature francaise, de repondre au discours de reception de Parny, repandit tout I'eclat de son eloquence sur un siijet si fertile, ou I'eloge, au lieu d'etre une convenance, etait un devoir, on Tadmiralion n'etait que de la justice. X. P. D. T,ITTERATIJRE. loi O'Neill , or xnii Rebel ; Poem in three cantos , etc. — O'Neill , ou le Rebelle ; poenie en trois chants , pur Ediv. Lytton Bdlwer (i). En lisant le piemit-r ouvrage d'un jcuno auteiir, lorsqu'il porte rempreintc d'un veritable talent, au vif intent que cette lecture fait eprouver se joint I'esperance de mille jouissances a venir. Chaquc page du poeine qui nous inspire cette reflexion est la revelation d'une ame ardente ct fiere, d'un esprit juste, d'une imagination vraiment poetique. On y trouve, d'ailleurs, i'expression vivante et animee dc cette verite qu'on ne saurait trop reproduire : que I'oppression altere ct corrompt les ames les plus nobles, en les excitant malgre clles i la revoke. Le caractere du R( belle ei,t frappe d'une enipreinte vigoureuse; il oflre I'image tristc et imposante d'un de ces etres forts , mais dechus, qui semblent nes pour tout ce qui est grand, et qui ne s'agitent que dans la sphere du nial. Il doit done rappeler les traits du Corsaire , de Lara, de Childc Harold; mais nous n'avons pas a reprocher a I'auteur d'en avoir trace une copie pale et decoloree. Heureux celui a qui Ton pent trouver de I'unalogie dans sa maniere de sentir et de peindre avcc ce grai:u poete, regrette de I'Europe entiere, et auquel il a ete donne, dans son court passage sur la terre, d'eveiller tant de pcnsees, tant d'emotions profondes ! Plus d'une fols nous avons cru reconnaitre ses accens dans les pages du Rebelle ; c'est assez dire que ce poeme plaira aux ames lendrcs et enthousiastes. On ne decouvre pas, il est vrai, dans la poesie de M. Lytton Bulwer, ces teintes d'une sombre misanthropic qui semblent indiquer la fatigue du plai- sir , le degoul des hommes et de la vie, sentiment qui mit lord Byron en rapport avec tous les etres qui souffrent. Au contraire, I'auie de notre jeune poete [)arait s'ouvrir neuve encore a toutcs (l) f.ondres, 1837 ; Heniy Colljuri) . New Biirlingloii st/eet. I vol. grail din la de i46 pages. lou LllTERATURE. los impressions qu'elle fait partager : Taniour , il le ressent ; la liberie, il la desire et I'appelle; il connait la haine, paree que des oppresscurs font geiiiir sa patrie. Il semble toujours inspire par un sentiment qui le domine. Du nioins, la verite de ses peintures et la force de ses expressions portent i le croire. Le caractere du Rebelle presente tous les elemens de I'interet diamatique. L'auteur pcint en traits males et energiques les, souffrances d'une ame ardente, irritec par la tyrannic; maii il sait meler a cette pcintiire d'heureuses oppositions. Una douce vertu houore son lieros : celle de Tamoiir constant; il lie le met pas au nombre de ces etres proscrits qui parailraient n'avoir pu ecliapper au crime, quelle que fut I'influence de I'ordre social qui eiit pese sur eux. II I'anime, au contraire, de ces belles facnltes qui sont faites pour gouverner la foule et la diriger vers le bien , mais qui sont detouinees de leur but par les funestes effets de I'esclavage. O'Neill marche a la liberte par la licence; il est le chef d'une de ces troupes do rebelles, si fameuses dans I'hisloire de I'lrlande, qui s'asso- ciaient pour se venger, par le meurtre et la rapine, des cala- mit.es qui ravageaient leur patrie. Ne voulant pas neanmoins raltacher son sujet a une epoque determinee, l'auteur a evite de donner aucun developpemeni a I'intrigue politi((uc; et cette tcinte mysterieuse, repandue sur de grands interets, me semble convenir parfaitement ct ce genre de composition. II n'a done eu I'intentiou de retracer aucun personnage connu ; mais on peut dire que son heros a une ressemblance natio- nale; car, a chaque page des annales irlandaises, on croit icncontrer le type de cette fiction. Pendant plus d'un siecle, e'est-a-dire, depuis la coiiquete de rirlande par Cronnvell , cette malheureuse contree a souf- fert tous les maux (|ui peuvent desoler un peuple, les fureurs de Tintolerance et I'avidite du pouvoir. Les catholiques, qui formaient les deux tiers de la population, se virent prives de leur patrimoiiie, et fuient reduits a I'inertie et a une veri- table niort civile par des lois injustes et barbares. Ces lois reduisaient ccux (jui ne voulaient pas embrasser le protcs- LITTERATURE. io3 tanlisiue A trainer snr leur terre natale une deplorable exis- tence, sans qu'aucun effort de leur Industrie put les faire sortir de leur condition d'ilotes et de parias. EUes leur fer- inerent toutes les voies ,celles du commerce, de I'agriculture, et meme de I'instruction publique. On ne doit done pas s'etonncr que ce pays soit depuis tant d'annees en proie a I'anarcliie, et qu'il ait vu si souvent naitre dans son sein des associations seniblables ;"» celle que depeint le poeme dont nous nous occupons. Nous croyons que Ton peut rapporter les evenemens de ce poeme a la fin du siecle dernier, lorsque I'espril d'insurrec- tion fermenta dans toutes les ames , par I'espoir trompeur que les Irlandais avaient concu d'obtenir leur liberie a I'aide des amies francaises. Les premieres pa^es du Rebelle presentent la situation mal- heureuse de I'lrlande , et ses plus beaux sites prives de tons leurs charmes pour leurs habitans qu'absorbe le sentiment de leur misere. lis sont opprimes dans leur religion et dans leurs lois : « Lois dont la cmclle misericorde noffre de repos que dans la prison , et d'ahri que dans la tombe. » Laws whose mercy only gave Rest in the gaol , and shelter in the grave. La rebellion s'otablit dans une des vallees solitaires de la contree. Mais tout a coup une cause ignoree rend la tran- quillitc a ce malheurcux pays; la revoke semble assoupie, et O'Neill, qu'on ne fait pas connaitre d'abord comme chef de rebelles, parait, sons le nom de Desmond , aux fetes de rc- jouissances qui so donneut chez lord Ullin , dont il doit epouser la fille. Desmond, veritable nom du jeuue lord, est le dernier rejeton d'une tige royale qui gouverna I'lrlande dans les lems les plus recules. « Ses formes n'avaient rien de grossier. L'eclat de sa jeunesse commencait a faire place i des teintes plus viriles. Ses membres avaient ces belies pro- portions que les Grecs aimaient a retracer, oil la force etait unie k la legerete, et adoucie par la grace. Ses traits etaient io4 littj£rature. beans comuu- I'nntiqne , et des boiicles iioii «'S se joiiaicnt stir iin front large et oiivcrt. Son oeil disait avec eloquence ce que sa bouche, moins dangereiise, n'osait exprimer. Parfois, ncanmoins, un souvenir semblait voiler son regard, en tem- perer les rayons on les faire elinceler comme la flamme. Mais, en general, son air calme et indifferent semblait indi- qiier une pensee lente et des emotiuns rares. Bien qu'oo fit de sa croyance religieuse, jadis si chere, un siijet de doute, de niepiis, de blaspheme; bien que Je domainc perdu de ses peres fut, rommc tout ce qui est dechu, robjet des plaisan- tcries d» vulgaire, pourtant, la passion ne colorait pas son visaj^'e, et ne lui arrachait ni le sourire du dedain ni la parole insultante. Ceux quil'avaient connu dans son enfance crurent, avec etonnement, que son ame etait devenue aussi insen- sible qu'elle le paraissait. Pent-eire ne se trompaient-ils pas. Car avec les annees s'effacent les fraiches impressions de la jeunesse; comme des feuilles, elles se fletrissent une a une. Les pensecs qu'on a le plus aimees s'obscurnissent, et la verlu parait moins belle. Nous cessons de compter sur nous-memes, nous renfermons les nobles pensees, trop sacrees pour la foule; nous descendons a sou niveau, et, par une longue habitude, nous finissons par faire partie d'elle. La passion, la sensibilite, toulcs les sources si pures d'ou ilecoulent les vivos et haules conceptions, n'ont rien de commun avec le monde. Li v res a .sou influence, nous devenons trop froids pour le bonheur , trop endurcis pour la souffrance; et chaqut; annee qui s'ecoule ote du prix aux promcsses de ramour et aux ruves du palriotisme. Chaque jour I'csprit devient plus elranger aux pensees et aux liens qu'il avail loi-mcme re- cherches, jusqu'a ce que, devenu indifferent a tout autre iuter/u (pie lo sien , il s'y renferme, se retrecit et se resserre. » L'auteur rend avec un charme plein de verite ces impres- sions morales qui ont occupe les reveries de tous ceux que la reflexion a vieillis. C'est le privilege du genie de devancer les le9ons du tems, et la jeunesse du poete n'ote point a ses pen- Sees cette profondcur et cette jusfe'^se qui ne soul ordinaire- LITTERATURE. io5 iticnt le parlage que dc I'age mur. II sail parler a la raison comme a la sensibilile. Je iie puis inc refuser au plaisir d'en donner une seconde prenve, en citanl une strophe qui est i'expression d'une de ces peiisecs heureuses qu'on aime a ren- contrer. II est question d'O'Neill qui etait passe dans les pays etran- gers, et qui pendant long-tems ne reparut point. n Les annces s'ecoulcTent; il est une lieure de la vie que souvent notre esprit jnquiet voudrait pouvoir rappeler. Ce fut celle qui nous dirigea vers le malheur ou la felicite. Une cir- constance, souvent frivole en apparence, parfois ignoree de tons, exceple de celui qui sent irop bicu I'influence qu'elle exerce sur sa destinee, a pu donner sa couleur a toute I'exis- tence. Le choix est un instant en notre pouvoir.. ; Tame sc dirige cnsuite obscurement vers ie but fixe par le destin. Oui , X'eternite peut dependre dune heure : et, avant que cette heure soit ecoulee, nous marchons vers la renommee, la disgrace, IV'chafaud, ou un trone, puis a la mort; et vers quoi au dela de la tombe ? Ah! ou se dissipera I'obscurite de nos destinees? » Nous pensons qu'on ne saurait rendre avec plus de force une verite dont chacun pent faire rapplication a quelque cir- constance de sa vie. On ne lira point cette page sans s'y ar- reter, sans rever au passe, sans qu'tui souvenir mysterieux, long-tems eloigne , vienne se representer h I'esprit. M. BulvFer a peu multiplie les incidens; mais il a donne un libre cours au developpement de ses pensees. Aussi , on revient souvent a cette lecture avec un plaisir qui a toujours I'attrait de la nouveaute; car , I'analyse des sentimens, nousreportant au-dedans de nous-memes , cveilleuneactivite interienre mille fois plus douce' que cette vaine curiosite qui se rattache aux evenemens, et qui, une fois satisfaite , ne laisse rien apres elle. Dans ce poeme , les faits ont le merite de n'etre pas assez nom- breux pour le reduire a une pure narration, mais d'etre assez bien choisis pour offrir a la pensi'e des tableaux, tantotpleins de vigueur, lantot remplis de grace. Nous n'en offrirons pas loG LiTTERATURE. I'analyse : nous craindrions de diminuer It- plaisir que donnera la lecture de ce charniant ouvrage; niais nous dirons que I'au- teur sail peiudre les images les plus opposees avec un talent egal. Rien n'est plus tendre, plus poetique que la scene d'adieu entre Desmond g\. Ellen , alors qu'il la quitte pour rejoindre les conjures. Elle ignore le motif qui I'eloigne ; mais son cceur pressent une longue absence. « Ah ! il y a dans cet adieu , dit- elle, plus qu'un adieu ordinaire ! « Quand elle est pressee ensuite par son pere de former uu autre lien , I'auteur essaie d'exprimer I'ascendant auquel cede son affection filiale; il peint avec des couleurs si vraics la force jle ce pouvoir lent, mais sur, qu'exerce toujours sur nous I'af- fection qui ne commande pas, mais qui implore, qu'il n'est personne qui ne soit emu en lisant ce passage , et qui ne se reconiiaisse capable d'un sacrifice ainsi obtenu. Lorsqu'a ces scenes touchantes succedent les sombres cntre- vues d'O'Neill avec les conjures, la description de leur reduit secret, de leur table de festin, sur laquelle les coupes et les glaives se trouvcnt entremeles, on fremit en ecoutant le dis- cours eloquent de leur chef, et on ne pent se refuser a I'admi- ration qu'inspirent des moyens d'un ordre si eleve. L'entreticn d'O'Neill dans sa prison avec son ennemi Marlow, le discours qu'il adresse au peuple au moment de son execu- tion, la peinture de la foule qui se presse autour de I'echafaud , sont autant de morceaux d'une admirable energie. L'auteur semble emprunter alors aux meilleurs historiens quelques-unes de leurs couleurs sombres et fortes, de meme qu'il se rapproche par la facilite de sa diction du poete le mieux inspire que Ton ait jamais connu. Nous voudrions pouvoir citer tous les passages qui nous ont frappes. Ce serait le meilleur moyen de louer cet ouvrage, comme il merite de I'etre. Mais, resserres dans des limites etroites, nous ajouterons seulement ici quelques traits de la louchante figure d'Ellen, sur laquelle le pocte a rcpandu tout le charme delicat dont on peut embellir une fenune. Apres avoir decrit les tristes tableaux qu'Ellen avait sans UTTERATURE. 107 cesse devant les yeux , il ajoute : « De telles scenes avaient ob- scurci d'un voile melancolique I't'clat biillant de sa jeunesse, et la beaute de ses traits, le son de sa voix avaient une harmonie pleine de magie et de tristesse ; I'abattement de son ame se lisait dans la profonde sensibilite de son regard. Solitaire, pen- sive, melancolique, des sa naissance, son coeur avait paru trop tendre pour etre gai. Tels sont ceux sur lesquels I'amour aime a rcgner , ceux pour lesquels il convertit en chaines ses plus Icgeres guirlandes. Pour eux, le monde des autres n'est rien; ils se renferment en eux-memes pour se nourrir de leurs douces pensees; la passion devient leur vie. Ah ! malheur a ceux a qui le delire de I'amour rend le repos i charge, qui lient a des roseaux leurs esperances , leurs joies, et murmurent contre les vents capricieux qui les brisent ! « Heureux celui dont le coeur inconstant tiouve a chaque fleur nouvelle un charme nouveau! Malheur a celui qui, liant a une seule son destin, veille, adore, se desespere etmeurt! » La versification de ce poeme est facile; les mots semblent obeir a la pensee. On engagerait meme I'auteur a se defier de cette facilite qui laisse remarquer quelquefois des epithetes hasardces, et des expressions qui manquent de justesse. Ccs defauts sont rares neannioins; et pour y echapper , il sufiit que M. Bulwer se rappelle que, plus I'imagination est riche et abondante , plus il faut chercher a lui associer la patience et la meditation ; elles seules peuvent donner aux productions dc I'esprit ce degre de perfection et d'elcgance dans le choix des expressions , qui ajoute tant de prix aux belles inspirations de la pensee. H — E P. III. BULLETIN BIBLIOGUAHIIQUE. LIVRES ETRANGERS(i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETAT.S-UNIS. 1. — * Lectures of the elements of political economy, etc. — Le90iis elemenlaires d'lconoinie politique, par Thomas Coo- per, D. M., president dii collei^e de la Caroline dn snd , pro- fesseur de ehiniie et deconomie politique. Columbia, i8a6. 1(1-8" de 280 pagar uu asU'risque (*) , place a cc\te du tilrcde diaqiie ouvrage, ceux des livres ctrangers ou francais qui paraisscut digues d'uue atten- tioQ particuliere , ct nous en reudrous qiiclquefois couii>te dans la sertiou des Analyses. AMERIQUE SEPTE^JTRIONALE. 109 les defigure, et \ei\v fait perdre vine partie de leur utilite. Dans cet etat de iios connaissances, nous n'avons pas le droit dc prononcer le mot d'e/eme/is, au siijet d'une science ;\ peine commencee. Si les eleinens etaient autre chose que les principes generaux, les verites generatrices de toiites celles dont ia science est composee, ce mot n'aurait aucun sens rigourcux; il ne serait pas bien place dans le dictionnairc des sciences. Qu'on nous fasse des traites d'economie politique, jusqu'a co que Ton soit arrive a la decouverte de ses elemens, enveloppes peut-etre de tenebres plus epaisses que celles qui nous dero- berent si long-tems la connaissance de la gravitation univer- selle. Et en effet , M. Cooper n'a Iniite que des questions isolees en petit nonibrc, et dont quel(|i!es-unes ne sont pas elemcntaires; car clles supposcnt la solution d'une si'rie d'auties questions preparatoires dont chacune exigerait de profondes meditations. Telle est, par exemple, la dissertation sur I'in- fluence de I'accroissement de la population sur le bien etre des societes. M. Cooper est, sur cet objet, du meme avis que M. Malthus, sans fortifier par de noiiveaux raisonncmcns la doctrine du pliilosophe auglais. I,e professeur ameiicain n'est pas encore arrive a la determination precise de la valcur, et des moyens de comparer entre elles des valeurs de differentes na- tures : il ne nous mctdoncpas encoreen etatd'appliquer le cal- cul a des questions qui, en dernierc analyse, ajjparfiennent ti Varithmetiqiie politique. 'J^'\\is>\\.oii^ pas a dire une vcrite se- vere, mais qii'il est terns de rcconnaitre : on regarde generale- ment I't'cononiic politique comme plus avancee qu'elle ne Test; ses bases sontmal assurees, et seront j)eut-ctre exposees a de fortes commotions : ce danger, si elles I'eprouvont, ne pent eire qu'une crise salutaire : on a commence Irop lot, et par des precedes encore mal eprouves, un edifice qu'il faudra peut- etre reconstruire en entier. Mais, en attendant cetic grande revolution dans la science, et afin qu'elle arrive plus promp- tement et sous des auspices plus favorables, que I'enseigne- meut de I'economie j)olitique soit niaintenu , que les traites de cette science suivent exacteincnt ses progres. Quoi qu'on en dise, un savoirincomplet vaut micux qu'une ignorance totale; et, puisqiieles meprisesdel'apprentissage sont inevitables, il est bon de commencer le plus tot possible, et de continuer avee perseverance les exercices qui nous rendiont plus habiles. Nous n'indiquerons pas I'ouNrage de M. Cooper comme une acquisition que nous aurions a faire au moyen d'uue traduc- tion; nos corr.patriotes ont jioiuvu anx besoiiis dc retiseignc- ment , en tout ce qui est relatif a rcconomie politique : mais no LIVRES ETRANGERS. pour I'usnge des savans, et pour I'liistoirc de la science, ci-l oiivrage sera fort bien plat'e dans \ci bibliolhequcs. 2. — * Biography of t lie signers to the declaration of inde- pendence, etc. — Biographic des sigiiataircs dc la declara- tion de I'independance des Etats-Uiiis. Philadelpliie, 1827. 9 vol. in-8°. Ce n'est pas la ctiiiosite, inais la reconnaissance piibliqtie dont Ics soins diligens et soiivent penibles ont recueilli les materiaiix de celle histoire. II a fallii vaincre la repugnance qu'eprouve nalurellement rhomme le plus digne d'estime lorsqu'il s'agit de parler de lui-menie et du bien qu'il a fait ; les citoyens dont on voulait consacrer la memoire n'avaient point travaiile pour la renommee, et ne lui demandaient point qu'elle s'occupat deux : ils etaient epars sur un immense ter- ritoire, livrrs aux soins domestiques dont lis avaient ete long- tems detournes paries intercts de la patrie. Ceuxqui se plaisent a lire les biographies de Plutarqueseront encore plus satisfaits de celles-ci; car ils y Ironveront la fldele image de ce que les terns modernes sont, quoi qu'on endise, en etatdc prodi;ire de grand, de noble, de vertueux. Les ouvrages tels que celui-ci seraient une source d'instructions pour lelegislateur qui saurait en profiter. II y verrait que leshommes dont Ic caractere moral fait le pins d'honneur a I'humanite sont seuls capables de cer- tains crimes politiques contre lesquels il arme !e bras de la justice, et qu'il condamne aux supplices reserves aux plus infames scelerats; c'est ainsi que les lois, devennant souvent complices de la tyrannie, perdent jrestime des hommes qui pensent et le respect des peuples. La biographie des signataires de I'independance des Etats- Unis est un livre national pour cette heureuse republique. Rcndra-t-on le meme hommage aux fondateurs des nouvelles republiques du Nouveau-Monde? S'ils troublent cette patrie dont ils ont prepare I'affranchissement, si leurs dissentions I'empechent de jouir des bienfaits de la liberte, ils I'auront dispensee de toute reconnaissance; au lieu d'etre ses (ils aines et cheris, ils ne seront que des enfans denatures : esperons qu'un aussi grand malheur ne menace point ces nouveaux etals sur lesquels les amis de rhumanlte ont sans cesse lesyeux ouverts , et pour lesquels ils font les voeux les plus ardens. F. Ouvrages periodiques. 3. — * 7V/e New- York medical and physical journal. — Journal de medecine, etc., de New-York. New-York, 1827) AMERIQUE SEPTEiNTR. — AMER. MERID. ui Imprimerie de Bliss. In 8°; ce recueij parait par livraisons fri- mestrielles. Les journaux de medccine dii Nouveau-Monde ne le cedent nullement, sous le rapport de I'interet soientifique , a cetix qui se publient en Europe. On s'accorde a assigner a celiii que nous annoncons le premier rang parmi les recueils perio- diques americains, consacres a la science medicale. Les prin- cipaux articles contenus dans le dernier cahier qui en a paru, sont les suivans: i° un Extrait traduit de Vanatomle chiritrgicale de M. Velpeau, par le docteur Sterling, de New-York; 2° une Notice stir un cas dans leqiiel Ic laudanum a ete extrait de I'estomac au moyen de I'appareil de Read, par le docteur MooRE, de New-York; 3" des Obscrcations sur V usage de la stramoine dans le rhumatisme chronique, les nevralgies, etc. , par le chevalier de Kirckhoff; 4** '5""' t Epideniie qui a regne , en 1826 , dans quelques provinces de la Holtande , par le meme ; 5° Sur les hons effets du prussiatc de fer dans le traitenient dc I'epilepsie, par le meme; 6° Notice sur Vepidemie qui, en 1824 et 1825, a ravage quelques districts de Java, par le meme; 7° Sur la formation du gaz hydrogenc pliosplwre, par !e profes- seur Beck , de New- York, etc. O. AMERIQUE MERIDIONALE. 4. — Rol de policia. — Compte rendu de la police. Impri- merie de R. Reugifo. — Cetle feuille, dont le premier numero a |)aru le 8 avril 1827, a Santiago de Cliili, est publiee a des epoques variables, a mesure que les affaires le demandent. 5. — Registro de documentos del Gobierno. — Registre des documens du Gouvernement. — Cette feuille est beaucoup plus ancienne que la precedente, et parait de meme irregulierement, en raison de I'urgence des affaires, ou de I'abondance des materiaux : elle sort de I'imprimerie de la bibliotheque. (Ces deux feuilles sont ofGcielles et euvoyees par le gou- vernement aux autorites publiques. On ne dit pas comment les simples particuliers peuvent se les procurer.) 6. — La Aurora. — L'Aurore. — Cette feuille est perio- dique, et parait six fois par mois. Prix de la souscription, a pesos par trimestre. On s'abonue a I'imprimerie de R. Rengifo, et chez MM. don Martin Andonaegui, et don Antonio Ramos. Le premier numero a paru le iG juin 1827. 7. — La Clave, etc. — La Clef , feuille periodique , poli- Ill LIVRES i<;tra.ngers. tiqueetd'iiidications et ainionces. Lasouscription est de 8 reaiix pour autar.t de luiinuioj. O.i s'aboiuio chez doii Antonio Ra- mos. Lf peemicr nuniuro a j)arii Ic jcudi 21 juiii 1827. Ce jour- nal paraitra Ic jeiidi di- cliafiue scmaine. 8. — Miscelltineu poUticn y littcraria. — Melanges politiqucs et litteraires. — Ce journal est ne au niois do juillet 1827 : il parait qnatre fois par mois, el I'abonnement est de 6 reaux par mois. On s'abonne cliez M.^I. don Martin Andonaegui et don Antonio Ramos. 9. — ConstUucion politica del estado de Chile. — Constitu- tion politique de I'etat du Chili. Ouvrage reimprime ;i Londres , 1827. Imprimerieespagnole de M. Calero, 17, Frederick place, Groswell road. En moins de deu.v mois, trois journaiix consacres a la poli- tique, aux lettres et aux affaires out fait Icur apparition dans nn pays que le regime de I'Espague n'avait pas dispose pour cette activite intellectuelle. L'heureuse influence de la liberie commence done a se faire sentir au Chili; et, puisqu'on y a goute ses douceurs, ou ne pourra plus s'en passer; le joug de la metropole est brise pour toujours, et les Cliiliens ne bais- seront pas la lete sous Ic sceptre d'un maitre. L'existence po- litique de cette partie de I'Anierique est fixec invariablement ; lesfondateurs de la republique tracentles Hmites du territoire, depuis le cap Horn jusqu'au desert d'Atacania, et depuis le sommct des Andes jusqu'a la mer, avec les iles adjacentes. Ainsi I'ancien territoire du Chili est prolonge a Iravers la Patagonie jusqu'a I'extremite du continent amerieain; im de- veloppemcnt de plus de neuf cents lieues de cotes, dont les deux tiers au moins peuvent alimcnter une population noni- breuse par les seules productions de la terre , assure a ce pays les avantages dune navigation tres-active : (juant a son com- merce, il dependra de son Industrie comparee a celle des nombreux concurrens qu'il rencontrera dans cette carriere. 11 est i craindre que les facultes naturelles, dont les Cliiliens ne sont pas moins bien pourvus qu'aucnne autre nation , ne se developprnt plus tard et plus incompletement que dans les autres Etats americains : le Chili inlroduit I'intolerance reli- gieuse dans sa constitution, excepte dans des eas si rares que ces exceptions a la loi gcnerale n'auront peut-etre jamais lieu. II serait pourtant injuste de blamer les auteurs de la constitu- tion, sans eonnaitre les motifs qui les ont determines, sans examiner s'ils n'ont pas du ceder a des habitudes qu'il eut ele dangereux de contrarier, au besoin de I'nnion si imperieux pour les Etats naissans, et dont I'organisaticn encore faible AMERIQUE MI!;RIDI0NALE. ii3 Jicnt ^trc facilcment alttrcp, et meme detruite. Malheureuse- rhent aucune disposition efficace n'est inlrodtiile pour anielio- icr la conslitiUion , lorsqu'on en scntira !o hesoin : la maniere de proceder a la revision d'lin seul article est tcllement com- pliquee, enibarrassante , surchargce dc conditions ct de diffi- cultcs, qu'atUan!; vaudrait avoir decrete I'immuabilite absolne dii pacte fondamcntal. Les nations plus libres dans les voies dii perfectionnement social, ou tons les individus qui peuvent s'c'clairer mutucllement sont mis en contact, et jouissent au iheme litre ct au meme dcgre des avantages de la cile, pren- dront le pas sur le Chili; Ic surpasseront constamment en in- dnstrie, en force, en bien-etre social : aucune richcsse ne pent dcdommager de ces grands biens; et quand meme la nation chilienne se resoudrait a n'occuper que le dernier rang en Amerique, penserait-elle que son indepcndance ne sera jamais compromise, et que sa position geograpliique la met suffisam- ment en surcte? Cette confiance serait depourvue de sagesse et de dignite. II est d'autant plus necessaire an Chili de s'occuper des moyens d'ameliorer sa position socialc, qu'il semble que la nature lui refuse mainlenant une partie des biens dont elle I'avait comble. Le climat delicieux de la Serena, de Valparaiso, a fait place a d'epouvantables orages. En 1827, los torrens, plus destructeurs que les tremblemens de terre, Out ravage tout le pays : il seaible que la longue chaine de montagnes qui, sous des noms differens, traverse le continent americain depuis les niers du pole nord jusqu'au detroit de Magellan, separe les domaines de deux puissances contraires, I'lm a Test, dont le climat s'ameliore, et I'autre a I'ouest, dont le climat devient de plus en plus severe et intraitable. En 1827, le gouverne- mentduChiliavait a reparer de grands desaslresdout les jour- nauxquisont ie sujet de cet article contiennent les details : \\ etait au dessus de ses forces de soulager tons les infortunes, et il pouvait encore moins faire disparaitre les immenses dc- gats causes paries eaux descendues des montagnes, rendre la fertilite aux vallees depouillees de terre vegetate, retablir les plantations, debarrasser le sol des i'ochcrs et des graviers deposes par les torrens. Cost dans des circonstances aussi pe- nibles qu'un gouvernement s'apidaudit d'avoir ete econome, d'avoir mis en reserve pour des besoins reels ce que Ton pro- digue ailleurs pour le luxe des cours, et pour mieux river les fers des peuples. La feuille ofliciclle, intitulee Rol dc jmlicia, a pris pour epigraphe !a definition de la police donnee pnr Bentham dans V. xxxvii. — Jam'ier i?>-ii. 8 Ti/i LIVRES fiTRANGEllS. son traite de legislation : « C'esl unsysti'ine do precaiilions dunt If but est do jirevenir les delits, el de poui voir au\ cidamilos |)iibli(jiies; lo iiial moral ot los besoins ])liysiqiies sont ogalo- iiient I'objct de ses provoyances. » On s'atlondait bien iiu'il ne sorait point question dc cetto police cadarereusc, snivaut renei'gique expression de Miraboau, qui prend ses ni;ens dans les l)au;nes et dans la fange de la corniptioii morale la plus •legoulante. Cellc-la cache ses operations, les uoms de ses em- jjloyes, et nc rend point de compte public : colle du Chili s'environne de toutos les lumieres de la piiblicite. Elle iie se borne pas a faire connaitre ses aeles; elle en expose les mo- tifs, et les discute avec une clarte qui ne pour nianquer de convaincre j)our le moment, et d'eclairer i^oui- I'avenir. l^oin •i'affermer los niaisous de jeu, elle les fail reehercher, afin dc puiiir les auteurs de ce bri^andaj;e. Elle reprinie le zele indis- cret des predicateurs : elle invite les eciuvaiiis periodiqiu-s a la seconder dans la recherche de ce (|ui pent eiie ulile on dan- gcreux. Cost par elle que nous somnies iuformes du zele ris, dit-on, avecPitt, son protcctoiir, rcngagenicnt do ne parlor dans la chanibie que lorsqiril en sorait rcciuls. Cette docilite, condition sine qua rion do son avancemont lutur, Tem- pccha do se fairc roaiarcjuer commo orateiir au (U'-but de sa caniore. Ce ne fiit qu'on 1797, et dans une discussion sur la traite flea fioir.f , qu'il prononca son premier discours vraiment remarquable. En 1798, il etablit , avec MM. Frere et Ellis, le fameux journal intitule Revue antijncnbinc , qui obtint un grand succes et qui out |)our but principal d'attaquer par le ridicule plutot «|ue par le raisonnenient les opinions populairos du jour. En i8oi , une administration qui avait subsiste plus de dix- sept ans; qui s'etait etablioet maintenue en depitde la Chambre des communes et de la nation ; qui avait fmi par triompher d'une opposition formidable par le talent et par le nombre, fut diiisoiite tout a coup; et, Pitt ayant donne sa demission, lord Grenville , le comie Spencer , le lord chancclier Uundas, Wyndham et Canning, quitterent le ministere. Par suite de transactions particulieres. Canning avait promis de soutenir de tous ses efforts la nouvelle administration di- rigee par Addington ; mais il ne le fit pas ou le fit mal. Et bien- tot, jetant le masque, il attaqua dans la chambre des communes, avec violence et sans relache, un ministere qui avait compte sur son appui. En iSo/j , Pitt ayant repris les renes de radministration, appela de nouveau Canning aupres de lui, comme tresorier de la marine. En 1806, apres la niort du premier ministre. Canning lit partic d'lme nouvelle administration, formee par lord Grenville, Fox, etc., et se mil a la tote du parti Pitt. Ce ministere ayant presente aux Chambres, malgre la volonte du roi , un bill ten- dant a autoriser I'admission des catholiques dans I'armee et dans la marine, fut dissous aussitot. Le due de Portland ayant ete nomme premier ministre , Canning obtint le portefeuiile des affaires etrangeres , et Castlereagh celui des colonies. Quelque tems apres I'infructueuse expedition contre Walche- >-en, un duel eui lieu entre ces derniers. Canning, qui avait eu a se plaindre d'lin procede peu delicat de la part de son col- logue, fut blesse a la cuisse, et se retira des affaires. 11 occupa peu I'attention de la Chambre pi'udaiit les an- n:'es 18 loot iation GRA.NDE-BRETAGNE. ii^ ayant etc agitee de nouveau, Canning prit une part brillanlc et. active aiix discussions qui eurent iicii acesujet. Pendant cette annee il se fit surtout remarqucr au parUment par son oppo- sition i\ presque toutes los mesures proposces par Castlcrcagh. II resta sans emploi pendant toutc I'annee i8i4, et accepta enfin le poste d'ambassadeuraLisbonne. En 1816, il fut nomme president du bureau du controle. En iSio eut lieu le proces de la reine; Canning, que dcs liens d'amitie unissaient a cette princessc, refusa de prendre pait a celte odieuse affaire et donna sa demission. En 1822, il fut nomme gouvcrneur ge- neral de rinde britannique; mais la mort de Castlereagh , qui survint en septembre de la meme annee, le retiut en Angle- terre , oil il accepta le ministere des affaires etrangeres ; et, ou, en 1827, apres la maladie qui a eloigne lord Liverpool du ministere, il fut nomme premier ministre. Canning n'occupa ce poste que pen d'instans; il fut enleve a sa brillante cairiere le 8 aout 1827. Tels sont les principaux evenemens et les epoques marquantes de la \ie de ce grand homme d'etat, dont les premiers acles publics ne pouvaient faire pressentir le role important qu'il a joue depuis dans les affaires de I'Europe, en cedant avec habilete i la puissante impulsion des opinions et des voeux populaires. Des deux ouvrages on nous venons de puiser ces details fort abreges, le premier nous a paru redige avec plus de soin et moins de partialite. H. 17. — Essays, etc. — Essais, par M. Frederic Degkorge, niembre de la Societe de geographie de Paris, etc. Loniircs, 1827; imprimerie de G. Davidson. In-8° de 90 pages. M. Degeorge est iin honorable! Eraticais que les ornges po- litiques ont jete loin de sa patiie. Destine primitivement a suivre la carriere du barreau, il est devenii auleur, dit-il, par le genre de ses eludes, par son gout poiu- !e« letties, et par les circonstances de sa vie. Il s'est presente a I'universite de Londres, comme caiulidat a la chaire de lifterature francaise; et afin de se ftiire mieux connaitre,il a livie a I'impression des raorceaux qui contiennent une sorle de profession de ses prin- cipes en morale et en polilique; ces morceaux sont reunis dans I'opuscule que nous annoncons. Les Essais ne contiennent guere que des articles de critique lilterairequi ont dejaparu dans queltjuesouvragesperiodiques, anglais et francais; niais ils sont purement ecrits dans les deux langues, et ils donnent la meilleure pretive que leiu- auteur possede les qualites necessaires pour dcvenii un professcur de lit(erature fran(^aise distingue. Nous y avons sperialeinent ij4 LIVRES l^TttANGERS. reniarCiiie iine Notice si/r Irs poctes francnis Ijriques et el^gia- c/tu's du 19* sieclc. Elle est I'crite en anglais, et elle tend a faire coniiaitro aiix habilaiis de la Grande-Bictajine, el h leiir faire appiccier la plupart dcs poeies conleniporains dont la France s'honore. M. Df!i;t'oi"i;e passe en revue tons ceux qui ont brillu qnclques annees apres la fin du 18^ siecle, et ceux qui existent aujourd'hui , depnis I;a Harpe et Chenier jusqu'a MM. Dcnne- Baron et d'Arlincourt. 11 distribue I'eloge m degre de perfection qu'on chercherait peut-etre en vain dans les fabriqwcs les plus celebres d'Angleleire. Les le, ?), 4^ 5e et 6" parties de I'ouvrage de M. Hamel sout consacrees a la description statistique de la manufacture de Toula. 11 en sort annuellement justpi'a 700,000 armcs a feu, el 25 000 amies blanches, a la fabrication desquelles sont em- ployes plus de 3,000 ouvriers. L'entretien dc ia fabrique coute annuellement la somme de 124 roubles environ. La 7^ partie du livre etablit les cinq divisions entre lesquelles les ouvriers sont repartis, selon la nature diverse de leurs travaux IVullepart, dit M. Hamel ( pag. i3i ), on ne rend plus d'hommage a la fa- meuse doctrine de la division du li'avail, etablie par Adam Smith. La 8« partie de I'ouvrage, ou la partie purcment technique et de fabrication, est la plus voluminciise; elle occupe les passes :33-262. C'est a cetle partie que se rattachent les 40 gra - vures destinees a eclaircir Ic texte, et dont nous avons deja loue I'execution. C'est, sans contredit, la plus importante du livre, et celle qui attirera de preference I'attention du me- canicien et du tcchnologue; m;iis, par cela nicme qii'elle est toule speciale, nous eviterons d'entrer a son sujet dans des de- tails qui seraient deplaces ici, et pour lesquels il nous faudrait un espace beaucoup ])lus grand que eelui donl il nous est per- niis de disposer. II nous suffit d'avoir fait couuaiire rexislence dc cet ouvrage a ceux des Iccleurs de notre Recueil qui seraient curieux de le consulter, et a la disposition desquels nous of- frons de le nieltre, pour seconder, aulant qu'il est en nous, les- IIUSSIE. i-xf) nobles intentions ilii coircspondant auijiiel nous en devons la communication (i). E. Hereau. 26. — - Tarif general des droits d' en tree et de sortie payables oux doiianes de terrc ct de mer de l' empire de Russie. Polers- bouig, iSati ; Imprimcrie dii Di'-paitement du commetce extc- riiiir. Ce larif, 011 !e nom dcs marchandises est en francais, est tellcment complot que I'on y fait menlion dcs ridicules dcs dames, c'est-a-dire de leuis sacs a ouvrajj;e, dont (par paren- ihese) I'mticc en Russie est proliibee, mais non la sortie. Nos ncj,'ociai]s feront bien de sc procurer ce tarif, non seuicmcnt pour savoir qucllcs niaicbandises ne sont pas admises, mais parce qu'il pent Icui' suj^gerer qneiques idees sur celles qu'ils doivent offrir ou demander en retour. On peut remarquei-, au surplus, qu'il est base surles anciens principes du regime prohibitif, adoptes par tons les gouverne- mens, excepte par celui d'Angleterre {"x), et qui consisle a repousser tout-a-fait les produits eirangers, ou a les frapper de droits d'aulant plus elevcs <]u'il y est entre plus de main- d'oeuvre. La Russie, (jui est un des pays polices ou I'economie politique a fait le plus de progres, ne poiirra manquer d'aper- cevoir bientot que I'importation chez elle de la main-d'oeuvre otrangere est line marchandisc tout comme une autre, ct q.i'cn I'admettatit, elle provoque d'autant plus rexportation de ses produits; car jamais un envoi ne se fiiit. soit pour le comple des nationaux , soit pour le cornpte dcs etrangers, sans entrainer dcs retours. Cependant, comme im|H*)t, celui des douanes n'cst pas plus mauvpis qu'un autre, j>ourva que les droits pcr<}us au passage des marcliandises soient tres-mo- deres ct portent cgalement sur toutcs, cri proportion de leur voieur. A cc tarif sont ajoutes tons les developpemeus, loutcs Us explications qui penvent dirigcr les employes cliaiges de lexecuter; mais, au milieu dc tout cela, il reste bien pcu de (1) Nous reiidrons coinple successivement des au'res currages , scieiitififiues ou lltteraiies, adresscs dirc'ctement de Russie a !a Direc- tion de la Beviie, qui nous en a confie rcxamea , et dont quelques-uns pourroiit litre I'ohjet d'articles raisonncs dans la secliou des .Inalyses. (2) L'Aii^lelerre adaiet maiiitenant , en payant des droits qui seront graduellcmeiit dimiiiucs , tous les pioduils cli angers, menie ceux ou il y a le |)lns de niain-d'ceuvre , et elle remar(|ue que les droits reu- ■dent d'aulant plus au (isc (^'ilsson'i plus luodcrOs. T. wxvii. — Jui/i'iei 1828. i) i.io LIVKES l<:rRA.Nr.ERS. place ;i la libertu dos iiiouvemcns tin commorcf et ile liiuliis- nic. J. B. S. iq. — ^Tsigani. — Les Bohomieiis, poemc compose en iS-i/j. IMoscou , 1827; imprimeric d'/Vngiiste Semen. Grand in-12. De tous les poetes riisses niodcrncs, Pouchkin est, sans con- tredit, celiii qui dans ses ouviages reunit a tin plus liaut deijre les qualitos que I'Euiope demando aux productions iioetiqnes. L'orii^inalite dont ses oeuvres sont cmproiutes est aussi dans son caractcre. II est independant par nature; toulc conirainte luipese;son genie s'at;;randit devant I'obstacle, etsemble defier la persecution. I'our le bien comprendre et I'apprecier, il ne faut pas oublier les formes absohios du gouvernement de ce vaste empire, dont I'andjition nc parait pas sc borner aux con- quetes de la civilisation ; lis defaiits memes dg ce jeune poeie nc sont pas sans grace, il soiid)le dedaigner I'ordre et I'enchai- nement des faits; il clurcbe le pathelique; et , des cjn'il a en- trevu une situation forte, il s'y plonge sans transition, a la maniere de Byron , bien qu'avec des ressources moins puis- santes. II cxcelle dans les descriptions ; m:iis il se repete sou- vent, negligence que le cadre etroit de ses poemes )cnd gene- ralemcnt plus sensible, et il lui arrive d'affaiblir I'effet qn'il a prodnit, en se refusant aquelqucs U-gers sacrifices. Pouchkin, dans son \)oeme i\e^ Boheniienx , parait avoir eu pour but de faire contraster les nueurs libres de la vie uomade avec celles des peuples civilises; on voit qn'il donne la prefe- rence aux jiremieres, quoiquc le denounient de son drama ne leur soit point favorable. li resulte, au reste, de cette compo- sition que, s'il faut accepter Ja civilisation avec ses avantages, il faut aussi s'accoutumer a ses chaines, ou s'attendre a des me- comptes si Ton pretend leur echapper. L'auleur commence son poeujc par une s(;enc animee : une troupe bruyante de Bohemiens s'est arretee sur le bord d'un fleuve pour y passer la nuit. Apres avoir pris leur rcpas au- tour d'un bon feu, ils se sont tous endormis, a I'exception d'un vieillard, inquiet sur I'absence de sa fille. Mais elle parait bien- tot; die est accomj)agnee d'un jeune etranger, aucjiiel le vied- laid fait un accueil cordial. La jeune fille lui a deja voue I'amour le plus tendre, et Aleko, jjour ne point qiiittei- la so- duisante bohemiennc, se devoue a la vie nomade de ses botes, sans legretter les villes, d'oii son esjirit d'indepondance et la persecution I'ont banni. Le vieillard s'etonnc qu'Aleko puisse adopter une vie pauvre et vagabonde; il lui fait le recit do la mortd"Ovide, qii'une tradition a conserve dansceslieux agrestcs. RUSSIE. iVi Ce pass.i'^e, pleiii do poesie, est empreinl cl'iiiie profoiulc son- sibilite Le poete laisse ecouler deux annees, et prelude a la cata- strophe par un chant oil Zemjiiiira irrite sou opoux, en hii donnant a coinprendre cpie son aiiie est ouverle a uiie nouvelle passion. Les qiierelles de menage sont rarcment poclirjncs, et je n'oserais trop affirmer que celle-ci fasse nno henreuse excep- tion. Le vieilhird essaie de consoler Aleko,en lui racontant Tinfi- delite desa propre femme;etce nioyen,conime on doit s'y atten- dre, lui reussit assez mal. < Zemphira aime un jeuiie boheiniei?. Pouclikiii, avec sa hardiesse accoutiimec, decrit une scene d'a- niour, a la suite de lacjiielle mi rendez-vous est fixe pour la nuit suivante sur un tonibeau voisin de la rente. Alekos'eveille; sa main jaloiise interroge sa couche abandonnee; hors de iui, jl se leve; il court terrible autour de sa tentc. La fatalite le dirige veis la tombe mysteriense. Il a tout enteridu...; il frapp;^ son i-ival, et, bientol apres, Zemphira elle-memc, qui nicuit en insultant a son epoux, sans remords, et avec la senle douleur d'avoir vu tomber son amant (i). « Le levant biillait des feux de I'aurore. Aleko fenail encore lecouteaud'unemiin sanglante, assis sur la pierre sepulcrale. Les deux corps gisaient devant lui. Le visage du meurtrier etait terrible : les Bohemiens I'ctiv;- ronnent avec une precaution craintive. On creiise une fosse a quelque distance. Les femmes s'avancenteplorees, et baisent les ycux des deux morts. Le vieillard, assis a I'ecart, contemplait le corps de sa fiile, muet et dans I'immobilite du desespoir. On enleva ces tristes depoiiilles, et le sein glace de la tombe recut le jeuue couple. Aleko regardait de loin ce spectacle; niais, quand on eut cesse de jeter de la terre sur les corps , il s'inclina, et de la pierre oil il etait il ronla sur le gazon. Alors le vieillard s'approcha, et lui dit : Laisse nous , homme superbe. Nous ne somine^ que des sauvages sans lois. Nous ne savons ni punir, ni torturer; nous n'avons point besoin de sang et de souffrances. Mais nous ne saurions vivre avec un meurtrier. Tu u'es point ne pour iiotre vie agreste, toi qui ne vcux la libcrte que pour (i) Les bornes dans lesquelles nous somraes obliges de nous ren- fermfr ne nous ont pas permis de conserver d'autres fragmens en prose dont Tauleur de cet article avail enlreinele I'analyse du poenie de M. Al. Pouchkin. II se propose d'en publier bicntot une traduction en veis , et nous pourrons alors dedommager les iecteurs qui auraient desire plus de details sur celle producliim d'un des poetes modernes les plus origitiauxet les plus distinguesde la Russic, E. H. i3a LIVRES I■ Ainsi , lc rccucil des poesies de Nicolas Semp, donl il s'agit, ne rcnfermc qu'ime tres- petite partic dc scs ouvragcs. Combien d'aiitres eciits polonais ont peri par rdTct des.gucrres, par les autn-da-fe des jcsuites , POLOGNE.— UANEMAUK. i M ou par ck'5 accidens iiiipiovns ! Parmi k;s poosios tie cet autciir on troiive qiiatre sonnets, la traduction do six psaunies du David, six chants relij^ioux-philosophicpK-s, trois chants eu rhonnour des lieios polonais; enfin, dcs epitaphcs, drs epi- granimcs, dos inscriptions ct plnsieurs aulres ])ieccs fugitives. La langue polonaise , dans les poesies de Senip, est si pnro, si soignee, qu'i! y a des pieces dans lestjuelles il n'y a ricn a cor- liger aujourd'hui; la versilication est quekiuefois parfaite et jamais negligee. La traduction du pseannie 52 , Qdid g/oiinrix in nialitid ? est ecrite avec tant de verve et d'elegance, que les meillcurs poetes de notre siecle pourraieiit se tronver honores si on la leur attribuait. line analyse de ecs poesies est inseree dans les nunieros 'xGQ et 267 de la Gazette da Polognc ( Gazeia pohlici ) , journal qiiotidien, politique, commercial et litteraire; on y remercie M. Mutzhowski d'avoir ouvert son recneil par un ouvragc si precieux. Nous ne pouvons que lui icnouveler les mcmes remerciinens, et prier I'liouorablu editeur de conti- nuer d'enrichir la litterature polonaise par des ecrits du memo genre. ftL P. DANEMARK. 2<). — Dcr Stern der JP'ciscn. — L'l^Uoile de? Mages : Recher- ches snr I'annee de la naissance de Jesus-Christ, par le doc- tcur /■'/rV/mc MuNTF.K.. Copenhague, 1827. lu-8.ode 119 pages avec une gravure. L'ej)0(iueprecise de Ui naissance de Jesus-Christ a oxerce les chronologistes, dont plusieurs onl soutenu qu'elle precedait dc quatri! aus I'ere vulgaire. M. Mnnler, en 1821 , avait pnblie sur cette question un |)rogrammc qui etait une espece d'ap|)el aux eriidits de tout genre, aux numismates, aux astrononies. Apres avoir compulse leurs onvrages et discute les opinions, il etablit la sienne; et pretend que I'epoque veritable de la naissance tiu Sauveur precede noire eve d'environ six ans, de sortc qu'au lien de 1828, il faudrait compter i83/i. Quel que soit le senlimenl qu'on adople a cet egard, on doit applaudir aux efforts et a la sagaciie du celcbre Mimter. L'immensite di- son erudition ne surprend pas ceux qui dejii connaissent les ouvrages multiplies sorsis de sa plume. G. 3o. — * ('athuUcisnicns og ProteslantLsmcn.'!, etc. — Le (]atho- licisme et Ic Protestantisnic, consideres dans ieurs constitutions, leui's doctrines et leurs rits, par M. Clausen, professeur de theologie a I'universite de Copenhague. Copeuhague, i8.i5. In 8", 8.^/4 pagi50- luePLecalholicisme repond affirmativement, ct, d'apres I'opi- nion de M. Carove , la negative devrait etre soutenue, i>uis(]ue pretendre que I'nutorite absolue soil admissible, c'est nier la liberie individiielle. Meconnue par Tegiise romaine, la raison il I'empire de laqucilc se soumeltcnt les cullcs chretiens dissi- dens est defendue par I'autcur, meme en re (jui sort des li- mites du royaume de ce monde. L'in difference religieuse , et la propension au theisme, que Ton affecte d'imputer au pro- testanlisme, sont repousseeset comballues parM. Carove, qui, passant a la Iruisieme parlie de son ouvragc , demonlre que I'opposition de Teglise catlioliquc aux comuuuiions reforniees estleresultatdu dogmed'infaillibilite (|ucs'at(ribuc la premiere; dogme qui sera toujours un obstacle insurmontable a la reunion dcs deux eglises. Nous son)mes loin de nous flatter d'avoir fait contiaide compleiement les doctrines de I'auteur; au moins, nous esperons avoir indique les points principanx dans la dis- cussion dcsquels il s'est engage. Moins severe que M. Li.njuinais, nous pensons que ce jihilosoplie cliretien a peut-e!te troj) l)rompt('ment cede a la repugnance (ju'a du jiroduire sur son ame religieuse la theorie philosophirpie de M. Carove, qu'd a sur-le-cbamp range dans la cJassc de ceux dont la pretendue ALLEMAGNK i37 sagessc ii'tst «|"ie folie devant Dit-u. Nous ciuyuns que les ob- jections qii'il elove, si elles ne sent pas loutes fondees, sent an moins asscz scrieuses pour ineiitcr un examen approfondi. Mais, pour quo M. Carove fut compris plus facilement el poux- qu'il put developper ses raisonnemens avcc plus de clarte, il devrait, suivaiit nous, purger son style dcs longues periodes qui viennent a chaque instant excrcer la patience du lecleur, et renoncer a tin systeme de neologisme faligant pour rinlciU- gence do la discussion qu'il presente. L. Dh. 35. — JViclerlegnng derchrenriihrigen Beschuldignngen welche sic/i S. D. dcr rcgierendc Herzog von Braunschweig gegen iliren crhaheiicn Vormund... erlauht hahcn. — Refutation des accusa- tions injuricuses que S. A. !e due regnant de Brunswick s'est pcrmiscs conire son augusle tutenr et centre les personncs qui, pendant sa niinorite, ont etc chargers de Tadministralion de ses ctats, et do son education ; par le comte C. dk Munstkk. Deuxicme edition. Hanovre , 1827; Hahn. In-S".- — (Le ineme ecrit 0 ele public en francais et en anglais.) Lo public se trouve inopinomeiit juge d'un proces qui sc plaide eulre le roi d'Anglcterre et le due de Brunswick; ce prince a commence I'attaque par un ccrit dont I'auteur ne s'est pas nommc et que nous n'avons i)U nous procurer. Le roi d'Anglcterre a charge le ministre hanovrien comte de Munster d'y repondre. Ccttc reponse, imprimee en trois langues, a etc distribuec avec profusion; elle se vend pu- bliqnement en Allemagne; les journaux en donnent des ex- traits, tandis qu'iuicun journal allcmand n'a pu parler de I'ecrit du due de Brunswick. On voit bien que Ic due est le plus faible, et le roi le plus fort. Cependant, le pu- blic, dont on invoque le jugoment, ne pent se prononcer qu'en ayant sous les yeux les pieces des deux parties. Nous sommes. ici dans le nicme enibarras que le public. Nous voyons bien la replique; mais la force des argumens de la partie adverse nous est derobee. L'avocat de I'accuse pi^'le bien haul; mais nous ignorons jusqu'ou allait I'accusa- tion : nous sommes obliges de Ic dtvincr par la refutation; or, on sail bien que tout avocat habile glisse legeremcnt sur les charges qu'il ne pent nier, et s'altache aux cutcs faibles que presente Vatlaque. Cost ce que n'a pas m.inque dc faire le comle de Munslcr, charge par le roi d'Anglcterre dc re- pondre au due de Brunswick. Nous comptons pour rien les articles dedaigneux des journaux ministeriels anglais contre le plaignant. Le journal the Times affectc de trailer le due dc Brunswick en pauvre prince. A entendre ci^ journal, 1*? 1 38 LITRES ETRA.NGERS. (Iiiclie (le Brmiswick u'est ^iiere plus peiiplo quo la paroissc (le Mary-le-Boiie a Lotulrcs; son arinee puurrait clve logee toutc entieie dans I'hospicc tie cetic paioisse; tit ses revenus alloignent j'i peu pies au inoiit;int dcs droits du timbre en Angleterrc. II est vrai (]uo le due a un revcnu et un pouvoir l)ien chetifs, en comparaison dc ceux dn roi d'Angleterrc; uiais ccla ne fait rien ;\ sa cause. Exaniinons le fond de I'affaire, autant que nous pouvo'is le demcler clans la replique du nii- uistre hanovrien. Le feu due de Brunswick, niort a la bataillc do AVaterloo , oil plutot des Quatrc-Bras, le iGjuin i8i5 , avail institue par son testament le roi d'Angleterre lulour de ses deux fils mi- neurs, nes I'un en 180/, et rautre en 180G. Cette tiitelle en- trainait la charge de faire adininistrer le duehe de Brunswick pendant la minorite du prince hereditaire. Malheureusement, le roi d'Angleterre a deja tiop a adininistrer dans les quatre oil cinq parties du monde ; a peine se mele-t-il de I'adminis- tration de son propre royaume de Hanovre. Comment anrait-il pu s'occuper des details du petit duche de Brunswick , qui ne devait pas avoir pour iui rimportance d'lme paroisse de Londre>, siiivant la compar.^ison du Times? II parait qii'il s'en reposa sur le comte de Monster. Or, ce minislre a excite trop de plaintes dans le rovaume de Hanovre pour avoir pu bien adininistrer le Brunswick. C'est le comte de Munster que les Hanovriens accusent d'etre I'auteur de la constitution de- fectueuse (|ui les regit, et d'avoir rendu a I'aristocratie une influence illegale dans les affaires d'etat. Cc ministre a lente quelquc chose de semblable dans le duclu; de Brunswick; il y a introduit une constitution fort incomplete, et il a eu soin cic bien fortifier la caste a laquelle il appartient Iui - ineme. Pendant ce terns, les deux jeiines princes etaient eleves et instruits par deux instituteurs allemands qu'avait ehoisis le roi d'Angleterre, on plutot le comte de Munster. Quand les piipiUes grandirent , ils tronverent leurs prccepteurs insup- portables, et se plaignirent d'eux ehe/ le roi leur tuteur.jLe roi les exhorta tres-sagement a I'obeissance, dans des lettres que le comte de Munster insere dans sa replique; mais nous n'y trouvons pas les lettres des dues de Brunswick auxquelles elles servent de reponse; ainsi nous ignorons si la reponsc est juste. A I'age de dix-huit ans, le prince aine voulut etre emancipe; le roi d'Angleterre repondit (pi'il ne demandail pas inieux que d'etre dechargc du fardeau de la tntelle , mais <]u'il pensait que , pour se conformer' aux usages allemands , il conviendraif d'attendre jusqu'a I'age de vingt-un ans. Sans ALLEMAGNE. iSg teiiic raisonne. Lcs progi es de I'es- prit humain ysont pic'scntes depiiis la naisiance do I'ecritnre ju^qu'a nos jours, et les sources auxquelies il faiit piiiser pour completer son instruction sont toujours indi(]iiees au bas de ohaque article. Les littcraturcs indiennes et persanes sont a la tete de I'ouvrage avec la mention dcs travaiix des erndits nio- dernes qui ont cherelie a les faire connaitre parmi nous. Ici ont du trouver leiir place les noms de MM. Ktaproth, Jbcl Remiisat, Sc/ccstic dc Sary , A. G. Sclilcgcl. A la section dcs Egyptiens se joignent qnelques notices sur les Arameens el sur les Hebrcux ; puis on se trouve chez les Grecs , et I'on parcourt en trois sections tout ce que cette nation et Rome ont donne aux letli'es et aux sciences dans les cinq siecles qui ont pre- cede et dans les cinq siecies qui ont suivi Jesus- Christ. Ce ne sont pas de scehes assertions, cc sont des narrations et desju- gemens. Ainsi M. Wachler monlre la poesieepique concluisant a I'histoire au nioycn de rinterniediaire des cyiUqurs. D'abord il y cut des traditions heroiqucs et des genealogies; bienlot on sc niit a raconter I'origine des villes; ciilin on ecrivit aussi des fails contemporains. M. Wachler nous fait connaitre lcs Listo- riens, et en general les auleurs dont le terns a delrnit les ou- vrages. Hecatee, Hellanicus, Hijjpys, Pherecyde, etc. Un chiffre place a cote de leur nom marque re[)oque prcsumee de leur existence. Lcs principales editions d'oeuvres et de fragmens sont signalees a raltention du lectcur. Nous regretterons au sujet de Xenophon que Ton n'ait pas fait mention ni de celle de M. Gail, ni de ses travaux sur les ecrils de cet historien. On n'a pas niieux traile notre savant compalriotepour cequiconcei-ncThucydide. Enlin , quant a Clesias, la narration de ce qu'a fait M. Albert Lion se serait trouvee bien convenable a cote de i'excellente edition dujeuneet doete professeiir Haelir. La geographie, les mathematiques, I'astronomic dcs Gr '' «i f'^i^ '^ Paris un assez long sejoui ; alors il s'occnpait surtout des derniers livfes de Pline , i ALLEMAGNE.— SUISSE. il,1 et do I'etal des ails cliez les Grecs et cluz les Romaios. Nous voyons paraitre aujouril'hui I'un des resultats des li avaux qu'il a commences paimi nous. II existait deja un catalogue, comme celui que uous annoucons : il sc trouvait joint au Iiaite sur la peinture, par Junius, et Groevius le publia avec ce traite, en 169^1; niais ce catalogue, devenu foil rare, etait tellement fautif et incomplet que BI. Sillig a fort bien fait de le rcconi- poser de nouveau. Les decoiivertes modernes ont d'ailleurs revele les noms de beaucoup d'artistcs inconnus, il y a cent quarante ans. Mais ce n'esl la que le nioindre merite du livre de M. Sillig. Les notices biographiques qu'il nous donne sont. accompagnees de recherches exactes et scrnpuleuses ; on n'a rien omis de ce que les savans ont conslale; et quand on a eu recours aux ancieiis, on a lonjours fait un exameii rigoureux des tcxtes et des lecons adoptees dans les meilfeures editions. Par exemple, M. Sillig a opere beaucoup de rectiBcations dans le texte de Pline, d'apres I'autorite d'un manuscrit de la Bi- bliotheque royale. Il se dispose d'ailleurs a publier les livres de cet auteur qui out rapport a I'hisloire de I'art. Les trois tables synchronistiques sont d'un grand interet. Non-seulement on y a i)orte tons les noms d'artisles dont I'existence se rap- porte a une epotpie deterniinee; niais, afin de niieux diriger le lecteu", on a ajoute en regard les evenemens les plus mar- quans de I'histoire, selon les olympiades et selon les annees avant .T. C. La premiere table commence a la naissance de I'art et s'ciend jusqu'a Phidias. La scconde, partant de ce point, atteint I'epoque de Lysippe et d'Apelle. La troisieme conmrend I'espace qui separe Alexandre de la morl de Pline. La dedicace, adressee a M. Boeltiger, reufrrme aussi des conjectures et des observations d'un grand interet. M. Sillig est coni;u dans le niondc savant par une bonne edition de CatuUe, dont nous avons rendu compte, et par son active collaboiation aux prin- cipaux recueils litteraires et philologiques. P. de Golbery. SUISSE. Ai- — * Plan iV ameliorations pour le college de Geneve, pro- pose par Jean HuMBEnT, rninistre, professeur de langue arabe, etc. Geneve, 1827; P. Ledoublej Paris, J. -J. Pas- choud. In-8* de 22-2 pages. M. le professeur Humbert, connu depuis long-tenis par les •iervices qu'il ne cesse de rendre a I'instruction publique, con- tinue avec zele et courage ses attn(|ues contre les vieilles rou- tines de renseignement , les prejnges de college , et loutes ces i/,8 LIVRES F'TRANGERS. proli(|iies surnnnecs cpii- piolei;oiit victorieusciiient , nu'-mc a Geneve, I'habitiide, rindilTt'it'iice, et suttoul: la crainte il'iii iiovor. Le ct'lt'brc |)ruri'sSL'iii" Decaiulolle, si (li{L;ii(' d'elevi.-r !a voix pour Ic bien de sa palrie, avait demands a la (^ompagnie aradomiqiio line revision coiiijilote dc I'enseignpmcnt iisite dans les classes : M. Humbert, qui, des 1821, s'etaif occnpe des moyens de perfoctionnei a Geneve les etudes iitteiaiies , s'est Iiate de lepondre a cet appel , et il vient de pulilier un ouvra^e de qiiel(iue etendiie, finit de bes iiouvelies leflexions. Au mi- lieu de beauconp d'obseivalifins d'lin inteiet piiienient local, ce livre en renfeiiDc un jihis i;rand nonsbre encore qtii pen- vent etre utiles a tons les pays, et il meiile Tallcntion de (pii- coDque est persuade que rediieation fait tot on tard la destinee des peuples. On poiurait, a ce qu'il nous semble, trouver q:a el la trop pen d'ordre dans la succession des chapilres, des details hop ininulieux , quelques erieurs de fail, -uelcpies paradoxes, qui d'ailleurs ne sont pas nouveaux, snr les conconrs et en jieneral sur I'emnlation ; peut-eire anssi I'auteur, qui ecrit ordinaire- meut tres-bien, s'esl-il laisse aller de tems eii terns a des formes irregulieres, a des mouvemeiis trop bruscpies dans le style; quelqnelois nieme sa conviction est si forte qu'il en exa- gere I'expression, et qn'nn ton traucliant, imperienx , vient prendre la place de celle douce moderation tpii est beauconp plus persuasive. Mais, qiielqne rij^oureux fpie Ton soit pour ces f'autes de detail, il est impossible de ne paseire ftappe des nom- brenses qualiles qui les effacerit. Le plus tendre iiiteret pour I'enfance, la connaissance profomle des exercices el des lecons qui lui convieiment, un plan t^eiteralement sage et piaticable, des pensees jusles, vi-.iies, salutaires, et ces pensees cxprimees souvent d'une nuiniere piquanle et originale, voilii plus qu'il n'en fant pour jnsllfier le bruit que ce livre a fait a Geneve, et I'estime (]uc lui accorderont sans doute tons les juges qui le li- ront avec impBrlialite. II parait que la vivacite de quelques trails, echai)pi's a Tau- leur dans le feu de la composition et I'ardeur de son anjour pour le bien, lui a suscite des demeles parmi ses compalrioies. Nous avons sous les yeiix une brochure intitulee : Rrporise a M. lu iiiinistre etprnfesscnrJ. Humbert, par J. M. ViiLemin, re- gent (Geneve, 1827). Cctle apologie, oii la refutation n'est pas tonjouis fort delicate, est, on n'en ]ieut douler, TaMivie d'une meprise; car M. le regent prend toujours pour lui les repro- <:hes adrcsses par M. le professeur au college de Geneve, ot meme a plusieurs colleges de France, d'llalie , d'Angleterre. ( SlilSSE. >4') II est probiibli' que M. Huinl)(it ii'ii point lepondii ; mais il a (iu etre afflim'; de voir qu'on so mt-prit ainsi siir scs intentions. II developpc thcoriqiu-ment ce qui poiarait eire; on y voit iine ncciisalion directc contiv cc eenlativo snr I'administration, les tribnnaux, I'instruction pidilitpie; per- sonne ne s'v croirait offense. Peut etre , il est vrai , ne profitc- rait-on .yucre des avis de I'auteiir, qu'on ne manquerait pas d'appelcr un predicateur sans mission, lui songe creux, un liomme a projels. .Souliaitons., pour I'honneur de fieneve et pour la satisfaction d'un aussi bon citoyen que M. Humbert, qu'd en soit aulrement dans sa patrie. 4i. — Vocabalcnre giTC-francais par families , siiivi d'un ta- bleau alphabetique des uiols francais dont le eorrcspondant grec a un regime pai tieulier ; par Louis Loxgchamp, Geneve, 1827; P. Ledouble; Paris, .1. J. Paschond. In 8" de xvj et 3oo pages. M. Humbert, dans son Plan d' amtliorntions ( voy. ci-dessus , p. 147 ) , parle ainsi de cet ouvrage : « On a raison de suivre la nielbode dcs themes grecs dans nos classes, oil elle se per- feclionne ehaque jour, grace aux bons livres elementaires qui se publient i Geneve. Un ouvrage recent, et qui manqnait a I'instruction pnblique, favorisera encore cette etude; c'est le Vocabulaire grcc-francais par families , compose par M. Long- cliamp , qui a eu soin d'ecarter de son recueil tons les termes rares, tons ceux qui appartiennent a la langue poetique, et d'indiquerexactement le regime des adjeetifs et des verbes » Nous ne doutons point f[ne , parmi les livres elementaires dont le savant professeur fait ici I'eloge, il n'ait eu I'inlention de comprendre la Grammaire grerque el le Cotirs de themes grecs, publics par M. L. Vanchcr, docteur-es-lettres : fori l)ons ou- vrages que nous avons annonces autrefois, et qui contiuuent de jouir, en Suisse et en France, d'un succes merite. Le Voea- bulairc de M. Longdiamp, in)])rime avec correction , et meme av<'c elegance, nous semble destine a un succes non moins ho- norable dans les etablissemens d'instruction, on Ion fait etudier les mots priinitifs di' la langne, concurrennncnt avec sa gram- maire. C'est la que Tusage jonrualier qu'on fera cerlainemcnt de re livre en prouvera de plus en plus le merite et I'utilite. J.-Y. I.K Clerc. i5o LIVRES ETRANGERS. ITALIE. 43. — Delia inajchina dcW iiomo , de' suni rappurti in gene- rale, cd in particolarc di quelle esistenti fra Ic esterne c le piit riobili sue interne parti, ete. — De la macliinc liumaine, de se.s rapports en general, et cii particiilicr de ceux qui existent enlre les.parlies exiericures de I'honime ct ses organes inte- i-ieiirs les plus nobles : tableau medico-physique; par le doc- tiur UsiOLio. Florence, 1826. L'autcur, apres avoir trace dans iine rapide esquisse la description de la machine huniaine, voulant donner une idee des forces vitales, demontre la necessite du concoiirs dcs forces cxterieures pour que les autres achevent les fouctious aiixquelles ellesonlete destinecs. II traite ensuite de la depen- dance reciproquc desorganes. Les varietes qn'on observe dans les individus de I'espece lnuTiaine,lui fournissent I'occasion de se livrer a des recherchcs importantes sur Tinfluence qu'elles exercentsurledeveloppement etlecours des maladies. L'auleur examine aussiles rapports existans, dans I'etat de sante, enlre le visage et la surface exterieure du corps, d'une part, et les \isceres, de I'autre; et il rapjiorte tout ce que I'obscrvDtion nous a fourni jusqu'ici de plus remarquable a cet egard. 11 indique en meme tenis combicn la medecine poiirrait profiler de ce genre de rapports el d'observations, et recommande a ceux qui cultivent celte science de s'en occuper specialemcnt. II traite enfm des degres de probabilite de la medecine, de son etat actuel, et il propose les methodcs qui pourraient, selon lui, contribuer a ses progres. F. S. 44. — Igiologia, etc. — Hygiologie ; par le D'' Achillc Ver- CARi. Naples, 1826. Petit in-S" de 268 pages. M. le docteur Vergari est auleur de beaucoup d'ouvrages faits et de beaucoup de plans d'ouvrages a faire, comme il le dit dans Tintroducfion de son livre. II nous dit aussi que son ouvrage contient environ 3,5oo preceptes pour con- server la sante et obtenir la plus grande longevite possible ;, il parle de ses travaux avec une extreme confiance, et il compte sur un sueces assure ; mais les preceptes ct les regies hvi^ieniques qu'il propose ne sont guere (jue des compilations indigestes, des emprunts faits sans choix et sans disccrne- ment a un grand nombre d'ecrivains. La division des tem- peramens, qu'il a inventee , ou plutot revee dans son traite, est fondee sur la sensibilite dont le systeme nerveux de chaque individu est done. Malgre les erreurs graves et les, idycs fausies dont cet ouvrage est rempli, Tapprobation di^^ ITALIE. i5i r^viseur ou censeur, placce a la fin, le declare digue des plus grands eloj^es. Fossati, d. m. 45. — * Compendia di anatomia Jisiologicn-comparata, etc. — Abrcge d'anatomie physiologique conipaioe a I'linc des ecoles de niedccine et de cliiriirgie du grand liopital dc Sanla- Maria-Niiova a Florence; par le D'' Philippe Uccflli. Flo- rence, i8a5 27; V. Batelli et comp. 6 vol. in 8'\ avcc pi. L'ltalic n'avait pas encore dc semblable traite pour I'in- struction dc la jcunesse qui se consacre a I'etude de la mede- cine et de la chirurgie. M. Uocelli a resume, dans son ouvrage, avec beaiicoup de clarte et de precision, les connaissances et les decouvertes modcrnes relatives a I'anatomie physlologique compirec. On y trouve le rcsultat des travaux et des rtclier- chesdes physiologistcs les plus distingues, tels ([ue £ic/iat, Mas- cagni, Cutugno , et MM. Portal ,Boyer, Scarpa, Ctwicr, Gall. Si I'auteur n'a point accru par lui-memc le nombre des decou- vertes dont il rend conipte, il a eu du nioins la possibilite de coufiraier les observations de ses savans predccesseurs par les resultats de sa projjre experience. F. S. 46. — Sulla storia dc' niali venerei , ecc. — Sur Ihistoire des maladies veneiiennes; leltres de Dominique Thieivne, d. m., de Viccnce. Venisc, i8'23. In-8°. La question de savoir si la maladie vctierienne etait connue en Europe avant la decouverte de I'Amerique, 011 si nous la 3 L'objct tie la st-ance dans la d'eau. On coii- teinplait dans une sorte d'exlase un spectacle si nouveau; on ne pouvait s'en arrachei ; ou eut voniu se b;iigner dans le bassin de la fontaine, dit Thisiorieii de Tacadt-inie : \n\ vieill^rd inGrme ct aveugle sy fit Iranspoiter et voulut y trem])er ses mains, afin d'etre bien assure tie la precieuse acquisition (jue sa ville ualale venait do faire. Lorstpie racjui-iluc cie Perouse conmienca a ri'pandre tians eelle ville les eau.x que Mayer y avait reunies, au lieu de les distribuer avec gcjuile, suivant ruUenti'ui de-^ magistrals, de nocubreux abus diminuerent la part des citoveus a ce nouveau bieufait, et des vols autLaeieux le firent prestjue t'vanoiiir. ]1 i54 LivREs Strangers. fallut que les lois s'armasscnt d'une excessive sevetite pour ai- reter ces depredations; et ce frein ne snflisant pas encore, an dut recourir aux foudres de I'eglise. C'est ;\ pen pres ce qui se passa plus tard a Paris, Idrsijuc cette capitale fnt niise en pos- session de fontaines plusabondantes ctplusmultipliecs; les abus de concessions parliculiercs priverent aussi le public d'une i^rande partie des eaux qui iui. elaieiit. destinees; et, si les lois n'eurent pas .\ sevir contre les voleurs d'eau , c'est que cet ali- ment de premiere necessite n'etait pas amene par des aqueducs a decouvert. Ces observations, et d'autres qu'il serait facile d'y ajouter, font asscz voir que le discours de M. Vermiglioli n'est pas seulement nn hommage rendu aux arts, mais fournit aus>i des renseigiiemens precieux et instructifs. Y. 49. — Delia Stolid di Clueri. etc. — Histoire de Chieri , divisee en quatre livres; par M. L. Cibrauio. Turin , 1827; J. Pic. 2 vol. in-8". La ville de Chieri, ou Qiiicrs, en Piemont, est au nombro des vepubliques qui se signalerent pendant le nioyen age dans la carriere orageuse deia liberie. Les annales de ce petit peupic, eparses jusqu'ici dans des chroniques imparfaites , viennent d'acquerir un nouveau degre d'interet par la publication qui nous occupe. M. Cibrario embrasse dans sa narration les eve- nemens les plus remarquables qui appartiennent a sen sujct , depuis la fin du x^ siecle jusqu'a la paix de Cateau-Cambrcsis, ou le regne d'Emmanuel Philibert; les guerres, les Iraites, la politique exterieure, les lois, I'administration en general et les lutles entre le peuple et le parti de I'aristocratie (]ui agl- lerent long-tems ce pays , ressemblent a ce qui se passait alors dans la piiipart des republiques italiennes; mais uotre auteur s'appuie sur des ehartes et des preuvcs irrecnsables qui con- firnient les notions que nous avions deja sur I'hisloire de ces republiques; il rappelle les tioms des principales families de Chieri, parmi lesquelles quelques-unes, telies que celles de Broglie et de Crilion, devenues francaises, ont passe dans les pays etrangers, et y ont etendu leur illustration. Le second volume est exclusivement consacre aux documeus et aux pieces justlficatives. M. Cibrario a senti qu'il n'est plus pcrmis d'e- crire I'histoire au hasard, ou de marcher sur les traces des historiographes qui nous ont legue des nobiliaires et dont les longues compilations etonnent ou seduisent encore lajme- diocrite. La diction de M. Cibrario est correcle, mais pcut- ar la Snciete des sciences medicates rt nnturelles de Jiru.rellis. !!ru\elles, 1827; imprimerie de Tarlier. In 8" de aoa pages. i58 LIVRES ETRANGERS. ' M. Marcq s'etait deja fait coiniaitre avantageilseinent par plu- sieiirs excellens Memoires, paimi lesquels on eu a siirtout re- iiiarque un sur le haul ensei{j;iicment en Belgiipic, dans Icquel il indique une foule d'aini'liora lions que Ton voudrait voir exe- cutcos. Le nouvel ouvragc dont nous venous dc donnei' le litre ne pent niancjuer d'atlircr raUention des hummcs de I'art et de consolider la rcputaiion dc ce mcdecin disliut^ue. La Socicte des sciences medicates et nalurelles de Brnxelles ne pouvait, dans I'etat acluel de la niciiecine, mellreau concours une ques- tion plus iuip'ortante que celleci : Exposcr Ics effets produits sur I'orguiiisiiie par Ics cm('tires les considera- tions tirccs des dents, ne fit pas d'aboid fortune en France, ou Buffon frappait d'anatlienie les idees saines en histoire nalit- relle, pourleur substituer des paradoxes sonores. C'est a M.Cu- vier que nous devous le retour aux bonnes voies sur un point important de la zoologie qu'il a si bien developpe , qu'oa pent le regarder comme un nouvel inventeiu' de I'lieureuse idee linneenne. D'autres savans de son ecole, entre lesquels on doit citer honorablement M. Frederic Cavier, son frere, ont ajoute ^ ses deoouvertes. Aujonrd'hui, I'un de ses disciples vient reu- nir en un corps d'ouvrage tout ce qui se trouvait ('pars dans les ouvrages des naturalistes, au sujet des dents; il y ajouie une {,'rande quantite d'observations nouvelles, accompagnecs d'exceliens et de nombreux dessins, propres a rendre plus claires des descriptions parfaites; nous sii;nalons ce livre comme le meillenr et le plus utile que Ton ait public sur la meme nia- tiere. Non seulement les zoologistes de ])rofession et les curieux en histoire naturelle ne sauraient se passer de son secours pour I'etude des animaux mammiferes, mais les dentistes doi- vent le rechercher. II n'est pas jusqu'aux gens lUi mondo ipii tiennent a Tune des plus precieuscs parties d'eux-memes , et qui sentent la necessite , pour conserver lears dents, den connaitre la r.tructnre avec les causes qui peuvent les allerer, qui ne doivent se procurer et lire attentivcment I'anatomie comparee du systcme dentaire, par M. Rousseau. Ce natii- laliste, choisissant I'homme pour I'objet principal de ses recherches, decrit avec une minutieuse fidelite tout son appa- reil masticaloire; passant eusuite en revue et successiveinent les memes parties dans les autres animaux, il les compare avec celles dc son type de la maniere la plus propre a se faire parfaitement comprendre. Nous donnerons une analyse de ce beau travail, quand la derniere livraison auraparu. B. DE S'. V. 6i. — * Clinique niedirale , ou Choix d'observations recueillies SCIENCES PHYSIQUES. t65 i7 la cliituiue de M. Lerminier, niedecin de I'hopital de la Cha- rite, et publioe sous ses yeux, par G. Andkal tils, agrege a la faculte de medechie de Pnris, etc.; IV* partie : Maladies de I' abdomen. VsiVis, 1827; Gabon. In-8° de 694 pages; p>'ix, 7 fr. Ce quatrieme volume de la Clinique medicale , destine aux maladies de I'abdomcn, nc les passe pas toutes en revue. L'au- teur s'est borne a en choisir queiques-unes de celles qui , par leur obscurite, par les difficultes qu'elles presentent, recla- maient surtoutun examen attentif. II a particuliereiiicnt decrit les alterations diverses qu'offrent si souvent et dans des cir- constances si varices le foie et ses dependances. Les rauses qui les produisent, les signes auxquels on peut les distinguer pen- dant la vie, les secours qu'elles exigent, sont discutes avec ce talent remarquable qu'on avait deja reconuu dans les volumes precedens. Ce qui distingue cet ouvrage, c'est non setilement I'exactitude scrupuleuse avec laqucUe les faits sont explores, et I 'attention extreme apportee a bien voir ce qui est , et rien que ce qui est; la grande sagacite a demeler la lesion principale de celles qui n'en sont qu'une dependance plus ou moins eloignee; mais, ce qui est preferable encore, une sage reserve qui fait s'arreter la ou le doute seul est permis, et une impartialite qui , sans adopter aucun des systemes qui se disputent exclusive- ment la domination , apprecie ce qu'il peut y avoir de vrai dans chacun d'eux. Quoique par la nature de ses travaux, diriges surtout vers I'anatomie pathologique, M. Andral dut etre amene de prefe- rence a donner de Timportance a ce qu'on nomme la medecine des organes; libre cependantdes liens d'unc doctrine quelcon- que , il balance sans prevention lesinconveniens et lesavantages des diverses methodes de fraitement , et cherche a assigner les cas ou il convient de choisir Tune d'entre elles. La science est- elle actuellement assez avancee pour <]u'on puisse tirer des ob- servations particulieres des regies generales dent I'application soit facile et a la portee de la majorite des praticiens? C'est ce qu'il esl permis de meltre en doute; mais, si quelque chose peut y condiiire, ce sont des recherches du genre de celles auxquelles M. Andral se livre avec tant de succes. Nous ne devons pas terminer sans annoncer que ce medecin vient d'etre appele tout re(;emment, et par le suffrage de la faculte de medecine de Paris, a occuper dans son sein la chaire <|ue la mort de M. Bertin avait laissee vacante. On doit pre- sumer que Touvrage que nous annoncons a surtout determine a lui donner la preference sur ses rivaux. Rigoi.lot fils. 6-2. — Manuel des maladies de lupeau, cl de celles qui peu- i6r, LIVRIiS FRANCAIS. vent amsi affecter tcs cheveux, la barhe , les orioles, etc.; par \e W. Bergmann; Iradiiil fie rallemarid par M. R..., medecin; ;» I'usagc dcs medecins et des gens du monde. Paiis, 1827; Dii- fart, quai Voltaire, n° 19. In 12 de 171 pages; pr!x,2 fr. Nous reconimandons la lecture de ce petit onvrage aiix medecins francais qui desirent savoir jiiscpi'a quel poin» la me- decine allemande est encore attachee aux vleilles doctiines de I'ontologie, et a la polypharmacie. D. L. 63. — * Elcmens de Patliohigie veterinaire , 011 Precis theo- jiquc et pratique de la medecine et de la ehiruigie des princi- paux animaux domestiqiics; par M. Vatf.l, piofesseiir de fliniciue, de imedeeine operatoire et de medecine legale a I'Kcole royale veterinaire d'Aifort, etc. Paris, i8a8; Gabon. 1 forts vol. in-8" avec planches; prix, i6 fr. On ne saurait revoquer en doute qu'il existe de si grands rapports entre la medecine de I'l^omme et celle des animaux domestiqiics, que les progres de I'une sont nccessairement lies a ceux de I'autre. De nos jours, les physiologistes et les toxico- logisles ont pris ces memes a-nimaux pour sujet de leurs expe- riences; et les faits observes sur eux ont puissamment contribue a eclairer la medecine hnmaine. II est done bien evident que I'heureuse revolution qui vient de s'operer danseette derniere doit influer sur I'autre d'une maniere bien remarqnable : c'est ce qu'a fort bien senti M. Vatel. Appcle a professer la cliniqiie, la medecine operatoire et la medecine legale dans la premiere ecole veterinaire de France, ce professeur a pu recueillir un grand nombre d'observations propres a metlre la medecine ve- terinaire au niveau des decouvertes medicales modetnes. On doit le loner d'avoir eu le courage de I'entreprendre et d'avoir lutte contre cet cmpirisme de tradition que les marechaux leguent a leurs suecesseurs comme une partie essentielle de leurs fonds. Depuis plus d'un demi-siecle que les ecoles sont fondees , pen d'ouvrages ont paru qui aient traite d'une maniere speciale de la pathologic veterinaire. Les opinions emises par leurs auteurs, en rapport avec les connaissances acquises au moment de letir publication , ne peuvent plus convenir a I'epoque me- ilicale a laquelle nous sommes arrives. II etait done necessaire qu'une reforme fat operee dans les denominations des mala- dies , et qu'une pathologic v^erinaire fut redigee d'apres ces vues d'amelioralion : tel est le double but de I'ouvrage de M. Vatel. La premiere partie est exc'usivemeut consacree a la description des maladies et a I'indication des moyens fherapeu- liques qu'elles reclament. La secondc est destinec A la des- cription des operations chirnrgicales et a I'indication dcs ma- SCIENCES PHYSIQUES. 1% ladies qui les ieqii»;rent, de m.inicre que cette premiere partie est, a propremcnt parler, nn nouvel Essai deNosologie, et la seconde iin Manuel operatoirc. Un formulaire pharmaceutique Icnnine le seconde volume, qui doit bientor paraitre. L'ouvraj^e de M. Vatcl se recommande par sa precision et sa clarte; il est riche de fails, et le seul en ce genre qui soil bien au niveau des connaissances mudicales actuelles. Sous ces points de viie , il ne pent qu'etre de la plus grande utilite, tant aux veterioaires qu'aux medecins et aux agronomes. Julia de Fontenellf.^ 6/|. — * Rapport general sur les travaitx dtt Conseilde safiibrite pendantl'annee 1 826. Paris, 1 827; Bachelier. In-4°-, prix, 2 f. 5o c. Les sciences, en pretant leurs lumieres. a, Tindustrie, en accelerent la marche et en etcndent chaque jour les limites; mais les resultats materiels dc cette alliance seraient souvent achetes aux depens de la sante et de I'existence des hommes, si la science elle-meme ne portait encore sa sollicitude sur la partie interessante dc la population qui, livree a des travaux penibles, se trouve cxposec a Taction d'influeuccs funestes; si elle ne faisait disparaitre I'insalubrite des operations, en- modifiant les procedcs ou en mcttant I'ouvrier a I'abri des ema- nations dangereuses. Le conseil desalubrite a servi I'industrie sous ces deux points . de vue;et son rapport conlient des faits nombreux etimportans. Ce consei! s'e^td'abord specialemcntoccupedeprevenir les acci- dens a craindrepar Texplosion des machines a vapeur, et il a in- dique des rondcllcs dc metal fusible, et des tayaux de degage- ment disposes de manicre a conduire a I'exterieur la vapeur Frejus que de deux sur cent, tandis qn'a Nice elle est deqiiatre environ s(n- tin, n)eme nombre de peisonnes. R. 66. — Cn/cnh fa its , a Ctisa^e des induslrirls en general, et specialcment des mccaniciens , cliarpenticrs , pom piers, serru- riers , chaudronnicrs , toiscurs , etc.; contenant un grand nombre de tables, et notaminent Ics suivantes, qui sont autant de Ba- remes partiels : poids et volume de i'eau contenue dans des cylindres de i pied de haut, sur lous les diametresi, depuis une ligne jusqu'a 12 pieds; circonferences et surfaces descercles; poids d'un pied carre dei metaux lamines, suivant leur epais- seur; platine; plonib; argent; cuivre; laiton; fer; etain; zinc; poids des pouces cubes et des ponces cylindriques des metaux les plus iisuels ; conversion des mesures et des poids anciens en mesures et poids metriques; cubage de la charpente; calculs desinterets; analyse des experiences de Buffon,etc. Par Le- noir. Paris , 1827 ; librairie scientifi(jue et industrielle de Malhcr. In- 12 de 262 pages; prix, cartonne, 4 fr. 5o c. Nous avons transcrit le long titre de ce livre, parce que c'est une analyse de ce qu'il contient , et la seule que Ton puisse en faire. II est entierement consacre a I'utile , sans aucune pre- tention a I'eclat de la science, a une plus haute renommee que celle de Bareme. Mais en bornant ainsi ses vceux et son ambi- tion, M. Lenoir est-il modeste? le nom de Bareme a survecu a son livre de Coinptes fails; il est dans tontes les bouches, son autorite decide les questions de calcul. Que sont devenues une multitiide d'oeuvres d'lm haut savoir, de reputations academi- ques ? une nuit profonde les enveloppe, ou, ce qui est pire qu'un pq-ofond oubli , la memoire des torts ou des ridicules de certains geometres est tout ce qui leur a survecu. Nous n'osons predire a M. Lenoir une bonne fortune aussi remarquable que celle du celebre auteur des Coinptes fails; il est peut-etre trop savant pour devenir aussi populaire que son devancier. Cepen- dant la science elle - nieme se popidarise ; elle entr'ouvre la porte des ateliei s , elle y laisse echapper quelques rayons de sa lumiere; que M. Lenoir nc desespere point de voir son livre enire les mains d'une multitude qui jusqu'a present n'avait pas I'habitude de lire. Notre sieclc est calculateur, et tend a le de- venir encore pins; mais nousconserverons toujours ime bonne dose de paressc, et force gens auront recours aux Calctds fails. F'erry. 17a LIVRES IRA.\(;A1S. 67. — * Manuel du chandelier et du drier, suivi de \'Art tlufabricantdc cire a caclwler, par L. Seb. Lenormand, pro- fesseur de icchnologie ct des sciences physico-chimiques ap- pliqueesaux arts, etc. Paris, i827;Roret. In-18 de 34o pages, avec trois planches; prix, 3 fr. M. Lenorniand s'est occiipc long -terns des raoyens de per- tectioniier les arts qu'il decrit. Les fabricans de chandelle lui sont redevables derinveution de la main a plonger, inslriuiurs-t qui dispense les ouvriers de qiielques manipulations peniblcs et, rebutantes. Lorsque les travaux auxquels il s'est livre pour parvenir a blanchir plus completement, plus prompte- ment et dans toutes les saisons, les suifs et les cires , scront termines, les deux arts trailes dans ce Manuel lui auront peut- etre de nouvelles obligations. II etait done specialement disi- gne pour le travail dont il s'est charge. « Nous n'avons fait aucune mention des precedes qui nous out paru mauvais; mais on peut avoir toute confiance pour ce que nous avons donne comrae certain , et ce n'est qu'apres avoir epronve nous- memes , ou vu eprouver en notre presence les divers prece- des, que nous avons pu donner I'assurauce d'une reussile com- plete dans les parties que nous avons decrites sans restriction. » Le livre tient fidelement ces proinesses de la preface. Les eru- dits v desireront peut-etre un peu plus du savoir dont ils font cas; ils demanderont , par excmple, pourquoi I'auleur n'a rien dit de I'adipocire extrait des chairs des quadrupedes dans cer- taines circonstances, des substances vegetales, autres que la cire, dont on fait des bougies dans quelques contrees, etc.; mais c'est un Manuelque. M. Lenormand voulait ecrire, et c'est ce qu'il a fait. Y. 68. — La Cuisiniere de la cainpagne etde la ville, ou la nouvelle cuisine economique ; precedee d'instructions sur la dissection des viandes a table, et suivie de recettes precieuses pour I'eco- nomie domestique, et d'un traite sur les soins a donner aux caves et aux vins ; dediee aux bonnes menageres ; par M- L. — E. A. Sixie/ne edition, revue, corrigee et augmentee de i5o recettes, par M. Sulpicc Barue, chef de cuisine. Paris, 1827 ; Audot, rue des Macons-Sorbonne, n" 11. In-ia de 338 pag., avec neuf planches gravees; prix, 3 fr. 69. — * Caurs ek'mcntaire d'urt ct il'histnire militaire , a I'usage des eleves de I'Ecole royale speciale militaire, par /. RocQUANCouRT, capitaiue au corps royal d'etal-major, etc. T. I el n. Paris, 1827 ; Anseliu et Pochard, a vol. in-8° iformant 538 p., avec dei planches; prix, 8 fr. — L'ouvragc aura 4 vcl. In cours imprime csl souvent un bon onvrage : mais cctte SCIENCES PHYSIQUES. 173 sorte de regie a de rcmarquables exceptions. Fourcroy nous en offre uu^exemple : professeiirbrillant, il fiit auteur mediocre. Mais uii coins veritablenient elementaire n'est pas compris dans ces exceptions; c'est en traitant nne science dans tonte son etendue, et principalemcnt dans ses branches encore pen developpeeSjCju'iiuprolesseurpeiit etrc eloquent lorsqn'il [larle, incorrect et faible lorsqn'il ecrit. On sent, en iisant Totivrage de IM. Roc(]ua!icotirt , qu'il doit profes'^er comme il ecrit, avec le soin quVxigent des recherches conipliquees et qu'imposc I'amour de I'e.vactitude. II n'a peiit-etr e pas assez de confiance en lui-meme : citer I'opinion dun ecrivain, c'est qiielquefois rejeter sur liii la responsabilite d'une erreur. II n'en est pas de Mieme des faits; ils ont besoin d'etre etablis sur des temoignages a))precies par nne saine critique. Le [jreniier cahier, pu])lie par M. Rocquancourf, a parn en 1826. II contieiit une introduction sur laquelle nous ferons ijuelques observations. Professeur dans une ecole speciale mi- litaire, charge d instruire des ofliciers pour une armee exis- lante, il ne dependait pas de lui de generaliser ses vues; il a du revetir chaque objet d'une forme particulieie, assortie a I'ensenible des preceptes qu'il etablit dans son cours. Son In- troduction sei'ix'n deplacee, a I'entree du cours d'art militaire de I'ecole de West-Point: elle n'a point ce caractere d'universa- lile , ce coup-d'oeil philosophiqne , cette luniiere propaciee dans toutes les directions qui doivent eclairer les avenues d'une science, en memo terns que son entree. On ne doit done pas s'attendre a trouver dans cet ouvrage tout ce que Ton pour- rait desirer de savoir sur le droit des gens, la composition des armees, le recrutemeut, etc. : mais, qu'on n'oublie point que la position de I'auteur lui tracait la route qu'il devait suivre, et prescrivait ce qui devait etre la matiere de ses lecons. Le professeur a commence, comme il le devait, par I'his- toire de I'art militaire. Le premier cahier embrasse les tems anciens, ou plus exactenient, ce que nousconnaisson« del'his- toire militaire des Grecs et des Romains, et ce que les ccrivains de ces deux nations nous ont appris sur les armees et sur la manicre de combattre des peuples qu'ils eurent pour ennemis. Force adi?cuter denouveau la definition de la strategic, M. Roc- quancourtne dissipe point les tenebres qui enveloppent cette grave question de mots. Esperons que les syllabes parasites $tra-te-gie cesseront enfin d'embarrasser les tetes, les lecons et les livres, puisqu'il est si difficile de trouver un sens que ieur assemblage represente, condition necessaire pour qu'elles con- stituent un mot. 174 LIVRES FRANCAIS. Le second cahier coiitieiit I'histoire tie I'art dcpuis Cllovis jusqu';\ la tin du regne de Louis XIV : elle est exposee avcc beaucoup de soin. On sent que le professeur est arrive aux terns et anx ("aits les plus instiiictifs pour I'liomme de giieire, et le lecteur prejuge avec satisfaction que le reste du cours no sera pas moins soigne. 11 en resnltera done un ouvrage lies- iitile, et dont les ofliciers de I'aimee poiuront profiter, aussi bien que les eleves de I'ecole speciale militaire. 70. ^- * Documens siir la nialiere a canon, et stir qucl(]iie.<; nou- \'eauxalUagcsinetalliqites, pa rle chevalier Her vE,capitaine aide- de-camp de M. le marechal decamp baron Boiilart, etc. Stras- bourg, 1827; Fr.-CharlesHeilz. Paris, Anselin. ln-8;prix, 7 fr. Nous reviendrons sur cet ouvrage, fruit de profondes et Iructueuses rccherclies. Quoique I'auteur n'ait eu en vue que rartillerie et le travail de ses arsenaux, plusieurs arts profite- ront de I'instruetiou contenue dans son livre; il ne sera pas inu- tile ni hors du plan et de la destination de la Jievue Encrclope- diqtie, de les indiquer avec quelques developpemens. En suivant avec or4('e le travail de M. Herve, nous aurons I'occasion de montrer les avantages de I'erudition mise a*a place, dcs dis- cussions approfondies sans etre minutieuses, des methodes de recherches suivies avec perseverance ; nous n'aurons pas de peine a prouver rexposition qu'un travail bien fait nepeut elre qu'un bon livre. 7 1 . — Notice sur de noavcanx mortiers hydrauVujitcs qu'on oh- tient avec les arenes , ou sables nrgileux ; par M. Girard de Caudemberg, ingenieiirau corps des ponts et chaussees. Paris, 1827; Firmin Didot. In-8° de 69 pages; prix, 1 fr. Les arenes dont il s'agit sont des sables fossiles (]ui portent ce nom dans les departemeus de la Dordogne et de la Giioude ; on les trouve dans la vallee de I'Isle , et ils sont emploj'cs dans les constructions rustiques. Le hasard a fait decouvrir que quelques-uns des sables de cette nature font, avec les chaux d'une nature quelconque , des mortiers qui durcissent promp- tement sous I'eau, ety prennent autant de solidite que les meiU leurs cimens , ou les nieiUeures pouzzolanes. L'auteur de ce Memoire analyse leurs proprietes, et il on assigne la cause d'apres leur composilion chimique; il fait voir que les chaux employees avec ces sables iic les rendent point hydraidiqucs ; que ceux qui font le meilleur mortier sont cciix qui contien- iient en plus grande quantite I'argile rouge brun, jaunatre, ou ineme jaune d'oere. II etablit, d'apres des eprcnves , que les pouzzolanes et les arenes torrefiees ont la propriele de faiic durcir j»lus promptcmcnt les morticis et betons, sans leur pro- SCIENCES PHYSIQUES. 175 curer par la suite une plus grandc durete. Ce Memoire u'est pas seulement recommandable par les fails et I'instrnction qu'il renferme , il offre aussi nn tres-bon modele d'exposition et de discussion. Graces aux travaux de MM. Ficac, Treussart et Gi- rard ^ I'art des morticrs avancc a grands pas vers sa perfection. Esperons que les architectes prendront aussi quelque part ases progres; qu'ils ne regarderont point la chimie, la mineralogie et la mecanique conime des connaissances etrangeres a leur art ; qu'ils ne dedaignerout point de marcher sur les traces de Wren pour le savoir mathematique, et que, pour les details de I'art de construire et la connaissauce des materiaux, ils n a dit Montesquieu. II y adonc deux c)joses a onsidei-er dans le jugement qu'on en porte : i" la question de fait, qu'on pent soumettre a dcs jurcs , plus attentifs que des juges ordiuaires au maintien, h la figure, aux antecedens de I'accuse, et a mille oirconstances propres a eclairer la conscience du citoyen appele a rcpr/;scnler la societe tout entiere; 7.° I'ap- plication de la loi, qui doit etre nalurcllement confiee t^ des legisles, verses dans la connaissance des codes. Uu tribunal pent done contenir dans son sciu deux parties distinctes , un juvVj et une cour. Pour classcr toutcs les capacites, M. de Morogues elablit ciiiq ordres de tribunaux , dont les premiers s occupent dcs matieres de simple police, tandis que les plus clevLS sont charges de juger en dernier ressort. L'idee qui sert de fondement a ce systeme n'est pas entiere- ment nouvelle ; il ne favit pas la considerer comme une pure speculation philosopliiquc, et nous sommes etonnes que I'au- teur n'ait point cite a I'appui Texcmple dc I'Anglcterre oil toutes les causes criminelles et la plupart des causes civiles sont ega- lemcnt placeessousl'egide tutelaire du jury- SuivantM. Charles Conite, qui a publie une dissertation fort etendue sur ce sujet, les lois anglaises, poor etablir la capacite d'un jure, ne consi- derent que son revcnu. Tout homme qui possede un revenu net dc lo liv. steri. , ou qui lient a fernic pour vingt-un ans au moins une terre de 20 liv. strrl. de rente, ou qui est soumis a Timpot des pauvres, ou qui occupe une maison n'ayant pas moins dc quinze fenelres, est capable d'etre jure. Les individus obli- ges de se louer en qualile d'ouvriers ou de domestiqucs sont presque les seuls excUis. Aussi lisons-nous dans I'ouvrage si eiuicux de M. Coitu siir radministration de la justice en An- gleterre, que, dans le conite dc Lancaster, le nombre des jnres s'elevc a 8,000, el a plus 10,000 dans celui d'Yoik. Aux tcrmcs de la dernicre loi francaise, il faut, pour etre jure, payer un impot fonder dc 'ioo fr., ou exorcer une profcs>ion i84 LIVRES FRANCAIS. t|ui suppose line fortune equivaleiite. Or, en calculant, d'apres le laiix actuel des impositiims, on pent adniettrc que le revenu est sept fois ])lus consideiable (]ue la contriljution fonciere; et. conime, d'allleurs, la livre sterlinjj a plus de valeur chcz nous que chez nos voisins, puisipie la menie somnie s'ecliangc sur le continent centre une plus grande quantite de denrees, il en resultcqu'il ya,sur une nieine population toutcs choses rgales d'ailleurs, environ dix foismoins de jures en France qu'en Angle- terre, et que , par consequent , la grande tnajorite de nos compa- triotes qui pourraient en exercer leshonorables fonctioris ne figu- rcnt pas surles lislesgenerales. Dans Ic projet de M. deMorgues, elle» contiendraient presque tons les contribuables, rc'partis graduclienient dans les cinq ordres de tribunaux qu'ii propose. La legislation franyaisc a distingue les crimes des debts , et les premiers ont ete senls abandonne.s a la conscience publique; ce (pii a fait dire avec raison a M. Legraverend, qui a ecrit sur cclte niatiere, qn'en Angleterre le jnry est le tribunal national, le jnge eomniun dont les decisions planent sur tout le nionde, tandis qu'en France il n'est que le tribunal de la partie gan- greneuse de la societe. L'institution dun jury concu snr une anssi grande echelle n'a pas seulement I'avantage d'asseoir la liberfe individuelle snr des bases pliis laiges et plus solides ; elle releve encore, et I'Angleterre en offre un memorable exemple, la dignite de I'homme chez le citoycu appele souvent a juger ses scmblables. La solennite des foimes judiciaires I'ennoblit a ses propres yeux; la hauteur des fonctions qu'il remplit lui fait senlir son importance ; il connait mieux ses droits et ses devoirs ; il apprecie davantage I'ordre legal sous Icquel il vit; et, revenu a ses occupations ordinaiies, il est plus dispose a conformcr ses actions a la raison commune dont il a ete njomentauement I'organe. Cette institution du jury, notie auteur I'appliquc aux abus de la liberie de la presse, la premiere, la plus vitale de toutcs, la seule qui offre une gai'antie efficace a nos droits civils et poliliques, ce!te liberie (jui eclaire Its discussions politiques en faisant jaillir la lumiere du conflit des opinions diverges, et qui, appelant tons les citoyens a donner leur avis sur les inte- rels generaux, est devenue la condition fondamentale du gou- veincment represent a tif. Une partie de I'oiwrage est ensuite consacree a trailer de riionneur, regarde dans ce livre, nous ne savoi;s Iro]) pouicpioi , eomme le ressort de cette espece d<' gouvernement. Montes- quieu delinissait V/ionneitr, le prejuge de chaque personne et SCIENCES MORALES. i»5 tie chaqiie condition, definition assez singuliere; et il en faisait fort arbitrairement, ce nous semble, le prineipe des monar- chies, comme si Ton pouvait trouver sur la terre deux monar- chies semblables dans leurs formes conslitutivcs; comme si, d'ailleurs, observee dans des siecles differeus, la meme monar- clric ne differait pas completement d'elle-menie. Ce i^rand pu- bliciste avaitalors sous les yeux la monarchic de Louis XV, et cetle image avait trop preoccupe sa pensee. La definition que M. de Morogues donne a I'honneur est encore plus vague. II nous dit que « I'honneur est de tous les terns, de tous les pays, de toules les religions, necessaire a tous les etals, h toutes les conditions , a tous les ages. « Il y voit tout a la fois le desinteres- sement, I'amour de I'cstime, I'amour de la patrie et toutes les autres vertus. II veut, en consequence, qu'on inculque avant tout les sentimens d'honneur dans I'ame des jeunes gens; mais son at- tention ne se porte pas seulcnient sur I'education des hommes, il la dirige encore sur celle des femmes, aussi importante pcut-etre a cause de leur influence dans la famille et dans la societo. Selon lui, « le grand but de I'education des femmes doit etre de leur inspircr I'amour de la vertu, en meme tenis que !e dcsir de plaire. » Pour ce second objet, I'instituteur n'a pas de grands frais a fairc; il peut s'en reposer sur la nature et sur I'esprit de societe. « Les femmes, dit encore I'auteur, portent dans le monde cctte doujeur, cette aimable legerete , cctte affabilite, cette politesse, cette finesse de tact, d'expres- sion et de gout, cetle bienfaisance et cette sensibilite qui, dans la France, forme la base du caractere national et font I'admi- ration de tous les peuples du monde >>. Cette admiration n'est pcut-etre pas aussi uuiverselle qii'il le pense : plus de suite dans nos projets, et moins de legerete dans les choses serieuses ne depareraient pas le caractere national aux yeux des etrangers. M. de Morogues desire, en opposition a des prejuges gothiques, qu'on donue de I'instTuction aux femmes, et cette idee nous semble emiuemmeut morale. Pour que les femmes soient veri- tablenient les compagnes de leurs maris, il faut que, dans le menage , il y ait , autant que possible , communaute de pensees, de sentimens et de biens. D'ailleurs, ne doit on pas compter an premier rang, parmi les charmes qui les embellissent , les graces de I'esprit et de I'imagiuation? Leurs attraits ne sont-ils pas doubles par la culture des talews agreables? leur enlretien ne tire-t-il pas un interet inepuisable d'une instruction solide ct variee? Plusieurs livres sont ensuile employes « h I'elablissement 1 86 LIVRES FRANCAIS. phifoiophiqiic d'nne noblosse do nicrite >> , dans InqucUc sc trouvcnt classics Ics dciix aristocraties de la science et de Tin- diistrie. Passanl ^ la representation de la propriete, il emel le vceii, d'apres ce principe i[ne Tinegalite des foitiines doit mo- tiver rineyaiitc dans les droits d'electlon et d'eligibilite , que Ics contribuabies au-dessous de 3oo tr. acqtiierent des droits gradiic"!, proportionnels a leiir importance sociale. C'est ainsi qu'il dispose les choses, de maniere a ce que les uns concourent a I'election des chambres departementalcs (car il institne iles chambres de differens degrcs), d'autres, des chambres d'ar- rondissemens, et ceux-ci des chambres de canton: dans son plan, les moins imposes participant a la nomination des fonc- tionnaires des communes. En resume, M. de Morognes reconstruit I'edifice social jusque dans ses fondemens, sanspcnser qu'il faut des siecles pour chan- ger de fond en comble les conditions orgnniques d'une nation. Contentons-nous de perfeclionner les institutions etablics, au lieu dc vouloir tout rcedilier; sans doute, clles sont loin de la perfection meme relative; mais clles out en soi la capacite de devenir meillcures-; et , bien dirigecs, leurs formes sc pre- teront aux necessites, jdes terns, aux progres dos lumieres, au developpement lent, mais graduel de la societc humaine. Ad. GONDINET. 80. — * Des Uhertcs garantlcs par la Cliartc , ou de la ma- gistrature dans ses rapports avec la llbcrte des cultes, la li- berie de la presse et la liberte individuelle; par AI. Boyard , conseiller a la Coiir royale de Nancy. Paris, 18^7; Carez et Roret. In-8" dc Sao pages; prix, 6 fr. Rien n'est plus digne de meditations serieuses que les graves sujets que M. Boyard a courageusement entrcpris de trailer. En pendant compte (voy./Jw. Enc. , t. xxxvi, p. i8|) d'un precedent ouvrage dn meme magistral sur Ics droits et les devoirs de la iita- gistrature ct da jury , nous avons rendu homiuagea la noblesse de ses intentions et a la sinceritede ses paroles ; mais nous nous sommes cms obliges de lui ailresser quelques critiques, doiit la plus grave, sinon sur le funds de ses pensees, du moins quant a la forme qu'elles ont revelu(>, consistait a lui repro- chcr uue intolerance dc polemique f|ui null beaucoup aux dis- cussions. Ce defaut s'.ipercuit a peine dans le noiivel ecrit de M. Bovard, dicle par la memc force de conviction, mais re- digc avec beaucoup plus dc mesuie. Le premier livre, relatif a a liberte des cultes, et surtoul aux envalusseniens du sacer- doce, si contraires au veritable esi)rit de la religion, contient beaucoup dc docnmens utiles sur les luttcs des parlemens. SCIENCES MORALES. 187 contre le clerge, Donnons ime i«lce dcs opinions ct dii style de I'auteur par iine trop courte citation : « Supposons »in moment que les concessions faites au clerge adm/nistratif pins^ent com- bler ses tlesirs et le faire rentier dans la sphere qu'il doit oc- cupcr, croit-on qu'il y rcsterait long-tcms? Non. Son genie est de s'etendre; c'est unc plaie qui s'accroit aussitot qu'elle n'est plus contenue par les gens de I'art. S'il reste oisif, il faut se preparer k satisfaire son amour pour les dignites, et soudain parait un autre parti qui le soulient aujourd'hui comme un auxiliaire, mais qui dcmain le combattra comme un rival. La noblesse de cour ne s'accorde avec le clerge qu'autaut qu'elle n'en redoute rien. S'il survient un conflit, il survient une guerre; et I'effet infaillible de cette guerre, c'est d'agiter I'etat et de compromettre la destinee du trone lis accusent de corruption la nation la plus morale de I'univers.... Et que faut- il pour reformer cette nation si coupable ? M. le cardinal, ar- cheveque de Toulouse nous I'apprend : il faut des modifications a la tenue des registres de Tel.-it civil et a la celebration dis mariages; Ic retabiissement des synodcs dioccsains et des con- ciles provinciaux ; la reiiabililatioii des fetes supprimees ; le re- tabiissement des jesuites; une dotation pour les ministros de la religion ; le retabiissement des ofHcialites; une reorganisation des chapitles et la suppression des lois organiques du concor- dat et ties lois sur I'adminislraiion des fabriques : il ne faut que cela. « Le livre second, sur la liberie de la pressc, abonde en excel- lentes observations; mais la revolution francaise, qui y occupe une grandc place , ni'y sembie assex pen comprise. L'anteur felicite vivement notre legislation de ce qu'elle attribue main- tenant aux tribunaux et aux cours, et non plus i des jures, la decision des proees en matiere de presse. II faut convenir que plusieurs admirables services rendus au pays par la magis- trature, depuis que ce pouvoir politique lui a ete devolu, per- meltent a tout magistrat de revendiqucr cette grave attribution avec un genereux et legitime orgueil; mais il ne faut pas que notre reconnaissance en vers Irs magistrats nous fassc illusion , et que les puissans motifs qui militcnC en faveur du jury dis- parais'^ent devant Tentralnement des circonstancos. Ce n'est pas la, au reste, une question a traiter ici transitoirement et h la legere; et je m'empi-esse de convenir (jue , dans le moment oa nous sommes, elle ma-iquerait eomplelemcnt d'a-propos. Quelque opinion que I'on se soit formee a cet egard, on doit ♦•tre. (uianime sur la haute estime due aux magistrals ; on les avail insultes en leur conferant un immense pouvoir dent on i88 LIVRES FRANCAIS. se complalsait h croire qu'ils n'usoraient qu'avec iine servile deference; ils se sont iioblemeiit venires de cet affront, et, comme le dil M. Boyard, los ministres ont reconnii un peu tard I'erreur grossiere dans laqiielle ils s'etaient fourvoyus. Le troisieme livrc n'est pas d'line moiiidre importance que Ics deux autres. Son siijet est la liberie indwiducllc , et conlient beaucoiip de details pleins d'lntiTet sur les Icttres de cachet, les prisons d'elat, I'cxil , la police, et sur cetle responsabilitc niinisterielle si souvent , mais si vaincment, et I'ou pourrait presque dire si ridiculement invoquee. La simple enumeration des matieres traitees par M. Boyard suffit pour recommander puissamment son ouvrage a I'atten- tion publique, et la consciencieusc energie de I'auteur, tou- jours anime de sentimens eleves et purs, placera son noni parmi ceux qui honorent notre magistrature nationale, et qui iieureusement deviennent chaque jour de plus en plus nom- breux. Ch. Renoiiard, avocat. 8 r . — * Reciteil general des anciennes lois francaises , depuis I'an lx%o jusqu'a 1789, par MM. Isambert, Decrusy et Armet; T. XI et'XII et V et VI du regno de Louis XVI. Paris, 1827 ; Belin-Leprieur et Verdiere. 4 vol. in-S"; prix, 28 fr. , Jnsqu'ici nos lecteurs ont ete tenus au courant des diverses livraisonsqui composentcetteimportante collection. La mortdc M. Jourdan, qui rassemblait seul toutce qui conceine le regne de Louis XA'^I, a du apporler quclque retard dans la publica- tion des deux derniers volumes de ce regnc. M. Armet s'est charge de continuer la tache si habilcment commencce par M. Jourdan; et parmi les quatre volumes que nousannoncons, il y en a deux cpii lui appartiennent en entier. Ils renferment une multitude de pieces du plus haul interet, depuis le 3 mars 1781 jusqu'au 5 mai 1789, epoque de I'ouverture des etats-gene- raux, et limitc naturelle qui separe I'ancienne monarchic francaise de la nouvelle ere qui date de la revolution. M. Isam- bert, de son cote, a ajoute deux nouveaux volumes a la col- lection; ils contiennent les regnesdc Charles VIII, Louis XII, et une partie de celui de Francois P'' (1 483-1 526). Ainsi, ce recueil a deja depassc la grande collection dite Ordoniiances du Louvre, commencee par Lnmiere , il y a un siecle, continuee par Secousse , de Villevaiit , Breqiiigny, Camus, et dont M. Pas- torct est charge en ce moment. Cet avantage, joint in la com- modile da format , doit assurer un veritable succes a I'ouvrage de MM. Isambert, Decrusy et Armet. Ces laborieux editeurs ont mis, en effet, un soin extreme a ne rien laisser echapper d'essenliel, et tous les monumens legislatifs qu'ils ont rasseni- SCIENCES MORALES. 189 bles offrent iin puissant iiiteret, non-seuleincnt pour le juris- consulte, mais encore pour rhomme d'etat et I'historieu. Dans line entreprise aussi penible, ies auteurs ne pouvaient ^Miere decouvrir toufes Ies pieces qui n'existent pas dans Ies princi- paux recueils. Nousleur signaleronsquelques omissions lorsque leur tacho sera entierement accoiiiplie, et ils ponrront, s'ils le jugent a propos, Ies comprendre dans le suppU^ment <]u'ils devront sans doute donner. En attendant , nous recommandons cette collection au public eclaire, et nous croyons que !e terns nepeutqu'ajouter a la juste reputaliondont elle jouit deja. A.T. 82. — * Traite des assurances et des contrats a la grosse rf'E- MERiooN, confere et mis en rapport avec le nouveau Code de commerce et lajurisprudence, suivi d'ww Vocahidairedcs termcs de marine ; par P. S. Boulay - Paty, de la Loire-Iuferieurc. Rennes , 1827 ; Molliex. Paris ^ Charles Bcchet. 2 vol. in - 4° ; prix, 36 fr. 83. — * Traite des assurances terrcstres , suivi de deux trai'- tes traduits de I'aiiglais, ie premier r/e V assurance contre I'in- cendie , et le second de V assurance sur la vie des homtnes ; par H. QuENAULT , docteur en droit, avocat a la Cour royale de Paris. Paris, 1828; Waree oncle. In-8°dexxxii et5i2 pages; prix , 7 fr. 5o c. Void, sur Ies assurances maritimes et terrestres, deux ou- vragos de jurisprudence, dont I'un , celui d'Emcrigon, est depuis long-ten)S en possession d'une haute reuommee, et dont I'autre, celui de M. Quenault, merite de prendre pkce parmi Ies meil • leurs traites qui aient paru dans ces dernicres annees. L'ouvrago d'Emerigon , ecril sous' I'empire de I'ordonnance de la marine de 1 68 1 , n'a point vieilli ; d'abord , parce que le Code de com- merce de 1807 a reproduit dans toutes ses dispositions impor- tantes I'ordonnance de Louis XIV, et surtout parce qu'Eme- rigon, pleindebonsenset de science, est frequemrnent remonte jusqu'aux principes Ies plus generaux,et a accumule surtoutes Ies questions des faits nombreux qui lui etaient fournis,soit par la connaissance approfondie des legislations anciennes et modernes, soit par sa proprc experience. II etait impossible, toutefois , de reimprimer Emerigon sans faire acception des modifications apportees a la matiere par Ic nouveau Code de commerce et par la jurisprudence. M. Boulay-Paty s'est charge d'annoter Emerigon, et a la suite de chacune des sections de I'auteur original il a place, sous le litre de Conference ^ I'indi- cation des dispositions legislatives actuelles , des arrets princi- paux, des opinions de jurisconsultes , avec ses propres obser- vations. M. Boulay - Paty etait , a plus d'mi litre, appey Jk igo LIVRES l'RA.Nf;AlS. execiitcr eel impoilant travail. Conseiller a la Cour loyale de Rennes, « c'est (pourempruuler les expressions cle sa preface) h la vuc d'lm grand port, en face des navires, au milieu des armeniens, qii'il a accompli sa laclie. » II est, en outre, deja connu par un Traitc siir hsfaillitcs , et par un Corns de droit commercial maritime , dont ila, dans ce nouveau commen- taire, reproduit bcauconp d'opinions et de passages. II est a regretter que M. Boulay-Paiy ait neglige do donner la biogra- pliie d'Euierigon et la bibliographic de son Traite des assu- rances marilijiies . Sans de pareils documens, un comracntaire est incomplet. Dans le Traite des assurances terrestrcs , tout est nouveau , la maliei-eeirauteur. Les assurances terrestrcs, apres phisieurs tentalives, restees infructueuscs, ne se sont verilablciiientnalu- ralisees en France que depuis 1816 et 18 17. Notre legislation laissc, a cet egard, unc lac'une a laqiielle il sera sans doute as- sez procliaincnient supplee, niais cpii oblige a ne lecourir, sur une foule de questions iu^portantcs, qu'a des analogies et a des regies d'iuterprelatiou geuerales. M. rocede sur ce sujet avec beauconp de circouspection. Profoudemeut verse dans la connaissance du droit civil, il a constamment tendu a se rapprochcr des dispositions du droit ccjnimim. Qiioiqu'il fut fort en elat de marcher seul , il s'est cependanl elTorci; d'ap- jiuyer d'autorites scs solutiuns, autant que le peruietlait la iiouveaule de son sujet; mais il a parfaitement senli, qu'cn s'aidantdes travanx des jurisconsidtes sur les assurances mari- tiuies, il devaitne s'en rapporter qw'avec une extreme precau- tion a des analogies souvcnt troni])euses. Un defaut tres-fre- quent dans les ouvrage? de jurispiudencc, cstde les composer de pieces rapportees, en puisant de cote et d'autre, dans les auleurs et dans les arrets, des lambeaux epars qu'on neglii;e de s'appi'oprier par une ci-itique saine et sure ; mais une etude consciencieuse des moindres questions, et, ce qui est plus pre- cieux encore, l)eaucoiip de lermele logique et de consequence uans les idees, out facilenieni preserve IVl. QueiiauUde ce dan- ger : aussi apercoit - on avec evidence que, menie lorsquil s'appuie des noms les plus celebres, il se decide par conviction ct non par confiance. L'autcur a fait preceder son ouvrage d'une couite introduction , dans laqiu'Ue ii expose avec une netlete parfaite la theorie des combuiaisons d'assurances, ses diverses applications, ainsi que les modes d'assurances mu- tuelle et a prime. Les deux Trailes, traduits de I'anglais de .Samuel Marshall , (ju'il a places a la sui'.e du sien , offrentpeu de discussions doctiinales, mais coniienuent des faits nora- SCIENCES MORALES. igt brciix , souvent rclalifs a dcs qncstions d'lin haul interet. Ch. Renouard , avocat. 6/(. — * Cndeforesticr, precede \\cla discussiott atix Chamhres, et suivi de Xordonnance reglenicntaire , avec un commentaire des articles du Code et do i'oidonnancc; publiti par M. Bau- DRiLLART, aiiteiir du TrniCe ge/ieral dcs eaux et forets. Paris, 1827; Arthus Bertrand , rue Hautcfeuille, n° 23. 2 forts volumes in-12; prix , 10 fr. Le premier volume de Ton vraj^e que nous ariuoncons repro- duit d'une maniere complete les discussions dorit le Code fo- restier a etc I'objet dans les deux cliambres. Dans le second se trouvent le lexte du Code et celui de I'ordonuance reglemen- tairc : chaque article est accom})ai;ne d'un commentaire cu la correlation des dispositions noiivelles avec I'ancicnue legisla- tion estetabiieet le sens precise par le rappel des observa- tions auxquelles I'article a doiine lieu, soit dans le sein des Chambres, soit dans celui de la Conr de cassation et des Cours royales. II cut etc preferable, pour la conimodite dcs rechcr- ches, que les textes fussent imprimes sans interruption, et que les commentaires fussent leuiiis i la suite sous la forme de notes : ce leger defaut n'empfielie pas le travail de M. Baudril- lart d'offrir aux proprietaires debois, aux usagers, aux adju- dicataires de coupes et aux proprietaires voisins de forets, le tableau complet de ieurs droits et do leurs devoirs; il est aussi , malgre quelques laches, un monument remarquable du pro;:;res ''des idees saiues en economic publiquc. Quoique, a force d'etie repetce devant une population qui n'en prospere pas moins, la piediction que la France |7erira faute de bois commence a pcrdre de son credit , I'importance de cctte production du so! est cersainement aujourd'luii mieux sentie qu'a I'epoque de la famcuse ordonnance de i66g ; mais le legislateur ne s'adresse plus a la societe pour lacpielle furent faits les vieux rcglemcns qui, menacant toujoius, ik; preve- naient aucun mal et n'operaient aucun bien : aussi n'est-ce plus a une multitude de prescriptions et de prohibitions go- ihiques qu'il confic la conservation des forets; il s'altache a en rendre la propriele j)lus precise, a faire cesser la desolante indivision qui existait sous !e nom de droits d'usage, de pa- cage, de glandee, bien sur que les ameliorations seror.t nnc espece de besoin pour le jiroprictaire devenu niaitrc cliez liti. Les droits d'usage, dont la nouveile legislation autorise la sup- pression absolue, nioyennantindemnite, reslesde la barbaric de i'epoque qui les a vus naitre, ne sontplus, dans une multitude iga LIVRES FRA.NCAIS. delocalitcs, qu'unc injustice fondee siir uno prescription re- cente. Dans tics terns oii Ic bois utait sans prix, on no craignait pas d'en sacrifier en partic la jouissance, po\ir atlirer sur srs tcrres dcs vassaux sur Icsquels on se dedommageait par ilcs dimes et d'aiitrcs rcdevances feodales; cc but est nicmc expli- cilcmcnt exprinie dans la plupart dcs concessions. On a sup- prime les droits fcodaux , et ron a bien fait ; niais pour ctre juste et consequent, il aurait fallu supprimer aussi les droits d'usage, quand les premiers en etaient Ic prix : Teffet econo- mique des droits conserves etait aussi desastreux que cclui des droits supprimes. Lfi droit de parcours, avec lequclla reproduction des taillis et le succes des semis sont a pea pres impossibles, s'cxerce prineipalement sur les hautes montagnes de notre pays. Si les enquetes etaient chez nous en usage, on eut compare, sur dcs documens authentiqucs, les profits en belail qui resultent de la vaine pature avec la valeur des bois dont elle arrclc la crois- sance; et Ton eut trouve une difference enornie en faveur du bois, surtout dans les departemens riches en mincrais de fer, comme le sont une partie de ceux des Pyrenees: on eut aussi remarque que les revcrs deboises des montagnes du niidi de la France, desseches pendant I'ete, laissent echapper a chaque orage des torrens qui dev^stent tout, et en les comparant aux ruisseaux des vallees boisees qui, nolamment dans les Pyrenees orientales et les hautes Alpes, rafraichissent et fecondenl, par des irrigations bien entendues de vastes etendues de terrain, on eut trouve que, meme par rapport a I'educalion du betail, le pacage des forets est le plus barbare de lous les systemes d'agricultiue. Dans des pays plus avances que le notre en habi- tudes constitutionnelles, on se fut garde de presenter le projet de loi, sans cette discussion de fails; et si I'administration des forets cherchait aujourd'Iiui meme a les consUtter, le but et I'utilite de la loi etant mieux compris, bien des efforts louables seraient encourages, bien des resistances neutralisees. Le privilege si inutile, pour ne rien dire de plus de la ma- rine, s'cst encore glisse dans le Code, mais comme la derniere apparition d'un systeme condamne par ceux meme qui le de- fendent. Le Code forestier a reuni, dans la chambre des deputes, 267 voix sur 27 5, et dans celle des pairs,! 12 voixsur i i5.Toutes les dispositions legislatives necessaires a I'amelioration des forets sontaujourd'huLadoptees: c'est aux proprietaires a faire le reste. J. J. B. 85. — * Petit Manuel forestier, par Herein de Halt,f. SCIENCiES MORALES. igS sous-chef de la 2° division dc la direction gencrale dcs forets. Paris, 1827; au bureau de V Almanach du Commerce. In- 18 de 5o6. pages ; prix , 6 fr. 86. — * Petit Miinncl flex gardes forestiers , par le memc. Paris, 1827; meme biucau. In- 18 ;prix, 2 fr. 5o c. La conservation dcs forets a etc, dans tons les ttJiis, I'ob- jet de la sollicitiide des gouvernemens. En France, et sous Louis XIV, ce prince, aHn d'arreter non-seulement les abus auxquels les forets de I'etat elaicnt exposees, mais les specu- lations imprudentes de la propricte privee, donna la celebi;e ordoiinanee d€ 1669, fruit d'un long travail et de graves me- ditations. C'est aux severes et sages dispositions de cette or- donnance que nous sommes redevables de la conservation des forets de I'ancien domuine et d'une grande partie de celles du clerge et des communes. Mais bienlot la marche de la civili- sation et I'accroissement de notre industrie rendirent tres- difficile, des avant 1790, I'applicalion du systeme de gene et de pi'ohibition qn'elle prescrivait. Aussi, des modifications plus en harmonic avec nos moeurs,une repartition ;dors plus equitable entre les delits et les peines, firent supjjrimer !a juridiction des eaux et forets que I'ordonnance de i66g avait reunie a la haute administration et a la conservation ; et quoique les delits fiissent du ressort des tribunaux ordinaires, cette transition trop subite fit que I'organisation ibresticre resta incomplete et son action sans force. Les bois des particuliers furent en partie devastes par les defrichemens multiplies a I'in- fini ; les communes firent des coupes anticipees dans leurs bois pour les livrer au patnrage et pour cffectuer egalement des defrichemens. Une organisation nouvelle devint nccessaire; et, malgre la loi du 29 septembre 1791 , il restait toujours a faire ime loi sur les amenagemens et sur I'administration qui se trouvait entre "les rcstes ineoher^ns d'une ancienne Irgislatiou dont la base a ete renversee et les commencemens d'une legis- lation nouvelle qui en est restee a son ebauche et n'a janjais recu son complement. » Cette nouvelle loi organique et fonda- mentale, preparee en 182? dans le sein dc I'administration des fori'ts, elaboree ensuite par des membres du conseil d'etat et des agens de la marine, et soumise plus tard a une commis- sion de magistrats, de jurisconsultes, d'adminislrateurs, fut provisoirement arrette et imprimee en iSaS, et adressee a la Chambre des pairs, a la Cour de cassation, a toutes les cours du royaunie, aux prefets, aux conseils generaux et aux con- servateurs dcs forets pour en coHiciler des observations. Les cours dc justice furent invitees a sn reunir pour dciihcrer sur T. xxxvii — Janvier 1828. j3 194 LIVRES FliAlNC AlS. la communication qui leur avail elu faitc; lours proces-vor- baux et ceux de la Cour de cassation furcnl trausmis a la com- mission dc la chambre elective. Celle-ci fit d'iniportantes mo- difications a ce projet de code qui «devait concilier ks besoins de tons avcc les iiitercts de chacun» , assurer siirtout la con- servation des iorets et ne sounicttrc I'independauce de la propriete privec qu'a des restrictions commandees par un in- teret general evident, et dont chacuii put etre j»ge.'> Ce Code forestier fut presente a la discussion des chambres et sanctionne par le roi, le 21 mai 1827. Monument de I'e- poque, il est eleve afin d'ameliorer notre sol forestier, en obtenant,par des repeupleniens aussi bien executes qn'enten- dus dans Ics bois de I'etat et des communes, un accroissement d'autant plus presumable que I'exploitation active dc nos mines de charbon et de bouille tend a diminuer de plus en plus la consommation du bois considere comme combustible, et que Ton doit tout esperer de I'utile etablissement de Vecoiefores- tierc(\\n vicnt d'etre creee pour former desagens instri*its, ainsi que des ecoles secondaires qui seront etablics dans les regions les plus boisees, et qui doivent servir a I'instruction d'eleves- gardes. Dans I'etat actuel des choscs, et en attendant que ccs esperances se realisent, les sages dispositions de ce code se font sentir des a present, puisqu'il prescrit d'user avec cir- conspection des produits qu'offre encoie notre sol (i), afin de pourvoir autant que possible a nos besoins en bois de service pour les constructions navales, militaires, hydrauliques et ci- viles, et pour les etablissemens des arts mecaniques oil le bois est employe comme agent principal, pour le chauffage des fonderies, des forges et des usines servant a la preparation desmetaux, des verreries, des manufactures de porcelaines, faiences, poteries, etc., des salines, et pour les consomtnations locales et domestiques. II prescrit surtout de conserver des ressources pour I'avenir et de remedier aux nombreux et des- (i) Le sol de la France comprend environ 6,521,470 hectares ; en nombre rond, 6,5oo,ooo hect. , dont 1,100,000 apparliennent a I'etat el a lacouronne; 1,900,000 aux coinmunes et aux etablissemens pu- blics, et 3, 5oo, 000 aux proprietes particulitres.Ces evaluations doivent eprouver des reductions, si Ton en dcduit les landes, les bruypres, les terrains depouilles qui s'y trouvcnt compris. M.le comte Roy, dans son rapport k !a Chambre des pairs, evalue ainsile sol forestier: 6,416,181 hectares , dont 1,160,466 hectares a I'etat, 3, 178,984 hectares soumis au regime forestier, et 3,a37,5i7 hectares a la propri6te particulitre. SCIENCES MORALES. 19^ aslreux defrichemens qui ont eu lieu de nos joins (1), et dont onsentira loiig-tems les olTets deplorable^, tels que I'aiigmenta- tion des eauxsuperlicielles et la formation des torreus et dd ravins qui dechircnt et bouleversent les proprietes placees au- dessous des moutagnes et des terrains penchans et ardus. LeA semis et les plantations sur les montagnes, exemptes d'imp6t pendant vingt aus, alimenleront les eaux de source et les ri- vieres, soutieudront ou raffermiront le sol sterile de ces som- mites, reste ii nu par I'entraiuement de la terre vegetale qiie I'etenaient les bois, et ceux-ci reproduits exerccront, comme par le passe, « sur ratmosphere une hcureuse etsalutaire in- fluence. » M. Herbin de Halle ne pouvait sans doute choisir une epoque plus opportune pour satisfaire aux demandes nombreuses qui iui ont ete faites de donner une troisieme edition de son Ma- nuel foresiiir. Aussi s'est-il enipresse, aussitot la promulgation du Code, d(^ mettre au jour son ouvrage, qui contient, inde- pendamment de I'analyse raisonnee par ordre de malieres de ce Code et de I'ordonnance reglementaire pour son execution, les lois , reglemens , avis du conseil d'etat , les arrets de la Cour de cassation, les decisions ministerielies, les instructions el les circulaires de I'administration forestiere en ce qui con- cerne, I " le regime auquel sont soumises toutes les forets du royaume; a° les fonctions et les obligations des preposes fo- restiers de tous grades; 3" les delimitations, bornages, et ame- iiagemcns des forets; 4° les exploitations et adjudications des coupes ordinaireset extraordinaires; 5° les repeiiplemens, plan- tations , ameliorations et defrichemens; 6° le paturage et les extractions de minerals et autres substances dans les forets ; 7° les affections et droits d'usage ; 8" lesconslructionsd'usineset autres batimens dans Teteiidue et aux rives des forets; q° la recherche et le marlelage des bois propres au\ constructions navales: 10° la chasse et la louveterie; 11° la peche dans les fleuves et les rivieres; 12° la constatation et la poursuite des delits en matiere d'eaux et forets. L'auteur, dans I'interct du service, comme dans celui des agens et des gardes forestiers, et afin d'eviter les irregularites qui entrainent souventlaaullite despoursuites, a donne, dans uii (i)Les bois de I'etat n'ont ete gcneralement acquis que dans dei vues de destruction : cette verite est prouvee par la quantite d'autori- sations de defrichemens qui ont ete demandees; on en comptait enl i8a5 , 5968 ; et en 1826, a44o. 1 3; 1()6 T.IVRKS FR.VIVC.'VIS. arliclc .s«'"pari' , des foniiules des prncrs - vorbaiix niixqiicis duiiiient iieii les dclits les plus fifqiK-ns. II a i-^jalemi-nt joint a son oiivcago le larif dfs aniondcs A prononcer par arbre, d'apios sa grosscnr vt son essence, ainsi que \c tableau resume des aniendes et des peincs applicables aux delits, poiu' faire connaitre les cas oil le concours de deux {gardes on d'lin seul avec nn tenioin est necessairc poiu' la validite des pioces- verbaux. Get ouvragc, utile anx preposes foresticrs de tons j^'rades, aux ingenienis, sous injj;enieurs constiiicteuis, maitres, contrc- maitrcs , etc., de la marine, eliavi^es d'- la rechein-hc, du niar- telnt;o et de I'exploitation des bois propres a ce service, ainsi qn'aux personnes i| i, soit par la nature de leurs proprietes, soit par celle de leurs fonetious , out besoin de connaitre plus parliciilierement les lois et les reglcmrns sur les forels, la cliasse, la peehe, se fait rcmarcpier par niie classificatinn claire et metliodique; des citations en caracteres italiques, a la suite dcchaque tiisi)osilioii, indicpient les articles des codes, lois, ordoimanccs, arrets de la Cour de cMssation, etc., qui I'ont prescrite et facilitent les recberehes. Le Pelit Manuel cle.t gardes foresticrs, extrait de I'ouvrage donl nons venous de rendre coniptOf ne coinporte que le de- gre de connaissances et d'instruetion que Ion exige de ces preposes; ils y trouveronl tout ce cpii leur est necessaire, taiit pour s'acqnitter risons. [ M. le marquis de Barbk-Mak- Bois). Paris, 182S; do Timprimerie rovalc. In-4° de 76 ])ages. Depuis (pielcjues annees plnsieurs publicislcs out manifeste I'opinion que la deportation et la colonisation des eondamnes aux peines afllietivcs et infamantes etaient neccssaircs pour rem- placer les travaux forces. Cette dernierc peine a, snivant eu.x, le grave inconvenient d'entasser les eondamnes dans des bagnes infects on ils finisscnt de perdre les restes d'honnetete qui pouvaient exciter encore des remords dans leur ame, et de re- jeler ensuite dans le sein de la socirte des ennemis trop sou- vent irreconciliables. ( Voy. i?f('. Enc. , t. xxxiii, p. a23 et 55G I. La djITiculte elait de tronver un lieu eloigne qui fut sus- SCIENCES MORALES. 197 Geptibic tic rccevoir.lc iiouvel elablissemciU. Lcs iins ont de- sii^nu la (luyanc fraiiraisc ; d'autrcs prefcrcraiciit le Suiiogal ou )es trois pctitcs iles de Bicj^iie, de la Dosiiadt- ct de Saint- Martin", aiix Antilles. Un homnic d'etat, dont Ic nom iiliisti'e est d'line si grande antorite pom- les questions qu'il traiti-, vient de s'elevcr avec beaiicoiip de force conlie la colonisation dcs Ibrcats. 11 demontre de la nianiere la plus evidente que les An- glais sent loin d'avoir a se louor de leur celebre Botany-bay, que Ton ne manque cependant pas d'invoquer en faveur de la colonisation des condamnes. Effectivement, ils ont etc obliges de restreindre les cas oil il y a lieu a transportation , et les au- torites competentes se sont vues forcees de commuer, de leur propre niouvenient, et sans I'aveu des condamnes, la peine qu'elles prononcent en celle de la reclusion sur les pontons [thehulks). Serait-ce dans im moment oil les Anglais recon- naissent tons les incouveniens de leurs colonies peuales, qu'il y aurait de I'avantage a demander a notre gouvernement la for- mation de semblables etablissemcns? M. de Marbois a done r«ndii un veritable service en exposant les nombreux motifs qui s'opposent a ce que le vceu emis officiellement par quaraute et un conseilsgeneraux de departement et par I'expression libre et honorable de quelques ecrivains, soit pris en consideration. Du reste, le venerable auteur des Obseivations ionnmes a M. le Dauphin, en sa qualite de president de la Societe pour I'ame- lioration des prisons, a proclame une verite incontestable, niais qui ne saurait trop etre rappelee dans ce passage : « Je n'hcsiterai pas a dire qu'il est un moyen infaillible de diminuer en France le nombi'e des crimes, et par consequent celiii des forcats et dcs brigands : c'est de donner aiix enfans des villcs et des campagncs une education correspondante a leur condi- tion. La depense ne sera pas grande, et le fut-elle, c'est a ce prix que nous obtiendrous la paix interieurediiroyaiime,et que nous corrigerons des mreurs depravees par I'ignorance ct la fai- neantise. Chacuii doit y contribuer, raisancecommeropulence; et s'il pouvait y avoir quelque difference , les plus riches de- vraient etre les plus empresses a contribuer, car ils sont les plus exposes, ils sont aussi les plusinstruits, ct iisdoivcnt counaitro le mieux le prix des lumieres. >> Nos lecteurs connaissenl deja les utiles travaux de M. Barbe Marbois sur les prisons (Voy. iJtc. Enc. , t. xxviii, p. 36 et 2i5). L'ouvrage que nous annoncons aujourd'hui doit encore augmenter a son egard la reconnaissance de tous les amis de I'humanite. A. T. 88. — * Histoirr dc Vcxposithii dcs jirmliiils dr I'/ndustric uji"? LIVRES FRAj\(:A1.S. /raucdise, en 1827; par M. BLAWyui. Paris, 1827; lleoard. in-8s de 333 pages ; prix, 5 fr. M. Blanqui a eu la bonne penste de reunir les articles qn'il avail inseros successivcnient dans les journaux , depiiis I'ou- verture de I'exposition jnsqu'a sa iiii: il leur donne ainsi une existence moius fugitive et une plus grande utilile. Ses obser- vations deviendront encore plus profitables aux etrangcrs qu'a nous-memes; ce livre pourra les instruirc a nos depens, les diriger plus surement dans la voie de I'ulilite reellc, degoutcr tl'un vain etalage dc niaiseries, arreter la profusion des re- compenses honorifiques , et par consequent leur avilissement. lis y verront aussi les inconveniens dc la concentration de I'industrie sur uu seul point, dans la capitale : en un mot, il ne tiendra qu'a eux de s'instruire par la revelation de nos, fautes; et de plus, ils apprecieront avec assez d'exactitude les progies de notre indnsirie, et verront ce qu'ils doivent faire pour souteiiir notre concurrence, ou pour nous devancer. Los. amis des arts, Francais ou etrangers, ne seront pas toujouis demcnie avis que M. Blanqui : sur un sujet aussi vaste et aussi complique, il est impossible de s'accorder sur tons les points; niais on adoptera si souveul I'opiuion de I'auteur, qu'on oii- bliera les sujets de contestation, et que i'on reviendra plus d'une fois a son ouvrage. M. Blanqui croit encore, assez faiblemenl, i! est vrai, a I'litllite des expositions generales. Ses meditations ulterieures ebranleront de plus en plus cette foi chancelante. La question n'est point susceptible d'une analyse rigoureuse qui mettrait i» decouvert chacune des causes qui concourcnt a la production de Teffet dont il s'agit. On ne pent trop le redire; les progres de I'industiie sont le resultat de la concurrence, de I'instruc- liou, de I'importation de procedes et de machines, el menie d'ouvriers, des efforts de tons les amis des arts et des Socictes dVucouragement , et tnfin des institutions publiques, dont les «!xpositions ne sont qu'une parlie. Que Ton commence done par etudier separemeut, sil est possible, la portion d'effet tpii appartient a chacune de ces actions di\erses : et, si Ion ne peiity parvenir, qu'on se resigne franclicment a ne rien savoir: que Too avoue c(!rtaine inclination pour le faste, pour ce qui plait aux yeux , et dispense de raisonner. Malheureusement , eetite disposition des esprits est tres-commune, et la politique sait en profiter. F. 89. — * Dc I'ilitciventioii nnnve pour la pacificalioii df la Giccc ; par M. he Pradt, ancien areluvequc de Malines , de- i SCIENCES MORALES. 199 pule liu Piiy- tie-Dome. Paris, i8'28 ; Pichon-Bechct. In-8° de 1-26 p.igcs : piix , 3 fr. Avatit la solution definitive de !a question grecque , notre cclebrepubliciste a voulii encore une fois faire entendre cette voix, dont ies predictions out ete souvent confirmees par les evenemens. M. parenlo con- tradiction? M. Madiolle ne s'en met point en peine, ct c'est au lectent a clierclier (|uelle ost la veritable pensee do I'eeia- vaiu. Au lien de se mettre ainsi gratnitement h la lortnre, ponrquoi n'ex|)0se-i-il pas fiancliement ce qn'il desire en fait de gonvernemcnt? on voit bien que la forme dn goiivcrne- ment constitiilionnel et repi'esentatif ne saurait lui convcnir. II s'en expllquo assez ouvertement, mais toujoiirs incidcinment. « Si , apres tout, dit-il (p. 27), ce qii'on appelle gouverne- nient representatif supposait la niobilite du niinislore, (pie fau- drail-il penser du gouvernement representatil ? » De telles opinions sont assurement perniises; mais nous demandons a I'auleur de les exjirimer, sinon pins clairement, dn moins plus melliodiqncment.il se defend, dans sapreface, dn sonpcon qn'il croit ponvoir encoiuir d'elrc solde par un niinistere alors ebranlo, aujouril'hiii lonibe (du moins en partie), et qn'il trou- vait^ ainsi qu'il lo dit avec naivete, naturcllcmciit bon. Que cet ecrivain se rassure; ses eloges ct ses temoignages de confiance dans 1-a marche suivie par les membres qui composaicnt le deinier ministere sont, au contraire, de vcritables accusations portees contre ces hommes d'etat. B. L. 91. — * Almanack clcs electeurs de Paris et des Departcmeris. A™"" annee. Paris, 182S; Moulardier, rue Git-le-Coeur, n" 4- In-i8 de 212 pages; prix, i fr. aS c. , La noble etim|)ortante victoire remportoe recemmenl par la France dans le champ de balaille des elections donne un nouvejiu prix a ce petit volume. On doit sentir ile jour en jour davantage conibien il est utile d'acq".erir toutes les notions nc- cessaires pour concourir sciemment et eflicacement a I'opera- tion si nationale du choix des deputes. L'editeur do cet alma- nach a eu principalement pour but, cette annee, de rendre compte des elections memorables qui ont aniene la chambre act'ieile. C'est k quoi il procodo, apres avoir offert (pielques dialogues assez piquans, qui sendjlent el re places la comme pour ajonter le plaisant au severe. Co curieux tableau des der- nieres elections comprend pres de la moilie du volume; il est snivi : 1° d'une tactique electorale; 2" d'un traite electoral ^ SCIENCES MORALES. aot cjiii in'a paru complet; 3" de questions ulectoialcs; 4" il»JS lois el des ordonnanccs relatives aux elections. Cos morceaux ren- tleiit, comiiie on voit, ralmanach dii-ectemeiit utile a iin ties- giand iioiubre d'elecleiirs qui vont bientot etre ap|)eles a completer, par leurs voles, luie asseniblee k qui il est, seloii toute apparence , reserve de consolider nos destinees. A. ()2. — * L' Art dc verifier Ics dates , depiiis Tannee 1 770 jus- qu'ii nos jours, formant la continuation ou la troisieme partie de I'oiivrage public sous ce nom par les religieux benedictins de la coni^regation de Saint-Maur. T. IV. Paris, 1827; Anibroise Dupont, et conip<=. rueVivienne, n° 16. In 8" de 534 pag. ; prix du volume, 7 iv. (voy. Rev. Enc. t XXXIII, p. 234.) L'art de vender les dates, ou , pour mieux dire, le tableau clirouologique de I'histoire des peiiples fut une admirable con- ception des savans d'un ordre monastique qui mettait sa gloire ;\ entreprendre les travaux litteraires les plus etendus, ct qui ne s'effrayait ni des etudes, ni du terns, ni des depenses qu'il fallait y consacrer. Vingt-trois volumes in-S", ou six volumes in-4° avaienl conduit I'important oiivrage dont nous annon- cons la continuation, jusqu'a I'annee 1770. Les ecrivains qui se sont charges dc I'amener jusqu'en 1827 y ajoutent douze volumes in-8", dont trois ont deja paru. ^ '^''• La peninsulc ibcrique est depuis long-Ienis en ]U)ssession de fixer ralteutiou ])ublique. Cl'est dans son sein que parait deVoir se decider la question qui agitc Ics deux nioudes; celle des lu- niierescontre les lejiebres, de la civilisation contre la Iiarbarie, de la liberte contre le dcspotisme; question qui divise les hom- mes qui veulenl hater le devcloppcment des faculles dont la boute du Createur nous a doues, et ceux qui, en etat de rebel- lion contre la Divinite, s'efforeent d'etoulfer en nous ces fa- cnltes. Les menioires du colonel Laffaille viennent jeter un nouvean jour sur cclte question. Leur publication dans lescirconstances ]>resentes offre un grand interet, surlout si Ton observe sons quel point de vne I'autetu- a examine les evenemrus dont il avait a presenter le recit. Laissant de cote les motifs politiques qui penvent avoir determine Napoleon a entreprendre la guerre d'Espagne, motifs que I'avenir seul doit nous devoiler , il se borne a nous faire connaitre les faits militaires idenle y ProvidciUc , qui sail tout pre- voir et potirvoir a tout. A cote de ces noms , il convicnt de placer cclui du capitaine Laffaille; car, nialgre la niodeslie de I'auleur, on voit aisenient qu'il a du a sa bravoure et a ses ta- iens, autant qu'a la eonfiance de ses chefs, de prendre une part tres-dislinLjuee aux operations des campagnes de Catalogne. Le volume est enrichi de notes et de documens historiques tres-interessans. L'auleur y a joint deux cartes tres-bien gra- vees, I'une de Catalogne, I'autre des environs de Barcelone. Celle-ci presente avec une rare perfection tous les accidens dii terrain. — Nous avons remarque une erreur sur la carte de Ca- talogne; le graveura substitue sur I'echelle les nombres 1,000, 2,000, etc. aux nombres 10,000, 20,000, etc. J.-F. Pascal Allard. g5. * — f^ie de saint Vincent de Paul, par ^. Capefigue : ouvrage qui a remporte le premier prix de fondation royale a la Societe catliolique des bons livtes , pom- 1826. Paris, 1827; Hivert. In-H° de 364 pages; prix, 5 fr.; ct velinsatine, 10 fr. Rien de plus louable assurement que de vouloir creer une saine litterature populaire, et ouvrir au peuple des souices: ptires d'instruclion et d'ediQcalion : c'est, je crois, lebut que s'est propose la Societe catliolique des bons livres. Mais celte tache dilficile , a-t-elle loujours su la bieii comprendre et la bien remplir? C'est la une importante question. Si I'esprit de parti preside au choix des ouvrages, si des prejuges, des vues ^'troites et fanatiques obscurcissent la verite; si, refaisant les Vies de Voltaire et de Rousseau, on accumule les mensonges et les calomnies, on aura change la nourriture en poison, et contrarie direclement la volonte de Dieu qui a mis dans tous les esprits el dans tous les coeurs le besoin de s'eclairer , d'ai- SCIENCES MORALES. 267 nier, d'admirer. Dii reste, ces reflexions nous sent inspirees l>ar rtnscmble des ouvrages deja pubiies par la Sociele callio- iique, et uoii par ce dernier qui merile sans contredit ie [)tix qu'il a rem|)orle. 11 est eciit dans iin esprit de moderation et do saijesse , nialheureusrment trop rare dans leslivres religieux de notre terns. Ei cepeudant, s'il en faut dire ma pensee, j'aimerais niieux lire la Vie aventureuse de saint Vincent de Paul conlee par lui-meme que ies plus beaux commentaires. La on voit se dcvelopper cette ame ardentc de charite, dont le culte etait tout amour : on s'eleve a la hauteur de son m ysticisme : on ne jiige pas; onesteniraine a la suite del'apolre; puis, c'est lui qui nous revele le caracfere de ces etablissemens relii^ieux, de ces missions dont on a fait de nos jours un si etrange abus, et qui furent fondees pour aller secourir le paiivre peuple des cam- pagnes, ecrase sous le double fardeau des impots et des guerres civiles. Voici comment s'exprime saint Vincent dans I'acle de fondation ecrit de sa propre main : « II a plu a Dieu de pour- voir, par sa misericorde infinie, aux besoins tics villes , et il ne reste que le pauvre peuple de la campngne qui, seid, demeure" comme abandonne; a quoiil a semblequ'on pourrait remedier par la pieuse association de quelques ecclesiastiques de bonne vie et mceurs, et de capacite connue, qui vouliissent renoncer^ tant aux conditions desdites villes qii'h tons benefices, charges et dignites de I'tglise, pour, sous le bon plaisir du prelat, s'ap- pliquer purement et simplement aux besoins du pauvre peuple, allant de village en village, aux depens de Iciir bourse commune, secourir, instruire et cctechiser ces pauvres gens sans en prendre aucnne retribution en aucune maniere que ce soil, afin de dis- tribuer gratuilement Ics dons qu'ils auront recus gratuitement de la main de Dieu. Tous Ies cinq ans, Ies bons pretres devront assister aussi Ies pauvrcs forcats sur Ies galeres. » Voila ce qu'on ne saurait trop repandre , trop reimprimer. Il existe aussi un petit journal, redige par Ics pieuses dames qui commencerent, sous Ies auspices de saint Vincent de Paul, I'institution des Enfans-Tionves. Piien de plus touchant qiu; Ies fragmens qu'en donne M. Capefigue : 11 jamucr. « M. Vincent est arrive vers Ies onze heures du soir; il nous a apporte deux enfans ; I'un pent avoir six jours, I'autre est plus age. lis pleii- raieut, Ies pauvres pctits! M'"'' la superieure Ies a confies i des nourrices. — 1^ Janvier. Lcs rues sont remplies de neige : nous attendons M. Vincent; il n'est point venu ce soir. — 26 janfier. Le pauvre M. Vincent est transi de froid; il nous arrive avec un enfant; mais il est deja sevre, celui-la; cela fait pitie de le voir; il a des chevcux blonds, une marque a soiv 2o8 LIVRES FRANCAIS. bras. Moil Dieii ! mon Dieii! qu'il faiit avoir le coeur diir pour abandomier ainsi une pauvre petile creature ! — ... 7 Jevricr. « L'air est bien vif : M. Vincent est venu : ce saint homme est toujoiirs a pied. La superieiire lui a offert de se reposer; il a coiirii bien vile a ses petits enfans. C'est nierveilie d'enteiidre ses donees paroles, ses belles consolations : ces petites creatures I'ecoiitent comine leur peic: oh! qu'il le merite bien, ce bon M. Vincent : je I'ai vu pleiuci' anjonrd'hni; mi de nos petits est mort. C'est un ange, s'est-il eerie; mais il est bien dur de no plus le voir!» II fautsuivrc cet homme etonnant dans tons les details tie sa sollicitude pour les pauvres et les malades. Ses lej^lemens des Filles de la Charite sent dune prevoyance admirable : il niesure la tachc an degre de force, a I'age, a I'experience de ohaque individu. Il prcscrit nn noviciat de deux ans, des eludes, et un apprentissage de soins a chaque soenr. II crec une sorte de hierarchii' en Ire les saintes filles : il maiquc toutes les conditions du service, les hemes, le terns, la facon do ■ I'employer. Cesont la de sublimes cnseignemens de religion et d'humanite, et le vrai culte d'un Dieu d'amour et de niiseri- corde. L. Sw-B. Litterature. 96 — Manuel ephtola'uc , a I'lisage de la jeunesse; 011 In- structions generales et partieiilieres sur les divers genres de correspondance, siiivies d'exemples puises dans nos meilleurs ecrivains; par L. Philipon de la Madelaine. Onzieme edition , corrigeeetaiigmentt'ed'une Notice sur Vauteur (ouvrag*- adopte pour les lycees j. Paris, 1827 ; Feria jeune. In- 12 de xv-343 p.; piix, 3 fr. 25 c. Beaucoup d'auleurs , avaut M. Philipon de la Madelaine, avaient eu la pretention de tracer les regies du genre epis- tolaire, et beaucoup d'autres encore s'y sont essayes depuis lui. On a le soin de nous dire, dans I'avertissement du Ma- nuel ('inslolaire , que cet oiivrage n'a lien de commun avec le Secretaire de la coiir , VArtde la correspondance , la H/ietoriquc epistolaire , etc., dans les quels I'autcur, se dounant lui -memo pour modele, fail a son gre la leltre et la reponse, et n'offre au gout, a la langue , aux niceurs, aucune autre garanlie que sa morale et son talent : dans le Manuel, c'est M'"'' de Sevigne , c'est La Mottc , Busxy - Rabutin , Rousseau, Voltaire , le cardi- nal de Bernis , etc., (]ui donnentla Iccon et I'exemple du style. Nous ajipouvons fort cetle direction que M. Pliilipon de la r LITTERITURE. 209 Madelaine a suivie pour son ouvrage : ki , comme dans tons les siijets lilteraires, il s'agit sintout du gout et des convenances. Los convenances du style epistolairc ne resident pas seulernent dansce tact fin ct delicat dont chaciin trouve en soi le germe , et qui est developpe par unc bonne education, mais encore dans " I'observation de certaines regies et de certaines formes etablies par I'usage et par le nionde; ces regies paraissent cpielquefois pueriles, mais on ne pent s'cn dispenser envers les personnes, auxquelles on doit des egards et du respect. L'auteur indique toutes ces choses, minutieuses en apparence, et les seules ce- pendant qu'on puisse enseigner selon nous dans un parcillivre. Ajoutons que I'art est non-seulement permis, mais encore qu'il est necessaire dans ces sortes de lettres ou I'interet pent avoir part. Dans une correspondance familiere, ati contraire , il ne faut que du naturel, il f'aut etre entierement sol; Buffon adit: « Le style est rhonmie ; » mais c'est surtoiit d'une lettre dictee par le coeur qu'il taut pouvoir dire que l'auteur se peint lout entier dans son style. Ici , les preceptes deviennent inuliles; un choi\ bien fait des meilleures leltres connues, voila tout ce qu'on peut offrir comme instruction; la lecture d'un pareil clioi.v formera le gout epistolaire en particulier , comme celle de nos meilleurs ecrivains dans tons les genres forme le gout htteraire en general. Mais, ici meme, il xie faut point affccter de donner des modeles, comme I'a fait notre auteur, qui a divisa sonlivre en 16 sections : Lettres dc bonne n/tnee, de felicitation, de remerciment, etc., souscliacune desquelles il a class j, comme exemples , les differenles lettres qu'il avail rcunies. II faut , d'ailleurs , nous le repetons, que chacun dans ce commerce conserve sa physionomie particuliere et le cachet qui lui est propre; \e debnrdcment debile de d'Alembert ecrivant ;\ Vol- taire (p. 5o) ne peut pas plus etre offert comme modele, que cette phrase |)retentieusc d'un billet de M'"'=de *** (p. 53): « Je vous attends a diner aujourd'hui; vcncz jeter quclqiies Jleurs sur Tiiavie. » Cette tournure d'esprit si differenteetait propre sans doute i\ chacun des deux ecrivains; on ne saurait done la blii- nier dans leiirs lettres : elle deviendrait ridicule dans ceiui qui s'appliquerait a I'imiter en depit de sa nature. Dansce sens, quelques observations de M. Philipon de la Madelaine sur le style epistolairc de nos meilleurs ecrivains nous semblent por- ter a faux. Lorsqu'il dit ( p. 60 ) , que Boileau , dans ses lettres, n'ctait que correct, et que le genie et le caractere de ce poete avaient trop d'energie ou de roideur [sour se preter auxgf/(Y//- lesses qui font le charme de ce commerce, qu'on peutnommer le consnlateur de I'ubsence » , et ( p. 64 } de M"'" de Maintenon , T. XXXVI. — Janvier 1828. i/i aio LIVRES FRANCALS. (|uc,« ^on commerce I'pistolaiie etait nioins cclui (rime fcmnio uimiiblc qui joue avccsa pcnsL-e, que cclui d'uu homnic on place qui pcsc ct calcule loiil cc qu'il dit » , ses rrfloxions peuvent ctrc fort jusics; niais il u'y a lieu , ni de blamof pour ccia ces deux ccrivaiiis, ni de nous presenter comme los bculs nio- delos i\ suivrc ccux qui ontecrit diffcremment ; cliacun d'ciix. a suivi I'iujpulsion de son cs})iil et de son caractere, la seule, nous ne saurions Irop le rcpeter, qu'on doivc ecouter en pa- reille niatiere. Coninie Uvre destine a rcdiication de la jeunesse et admis ;\ faire partie dcs quitize cents vokunes qui duivent composer la bibliotlieque d'lm lycee , le Muimcl vpistolairc nous paratt me- riter un reprochc que Ton peut trop souvent adresser aiix ou- vrages qui out le memo but. Potirquoi appiendie a la jeunesse ( p. 3 ) I'existence dcs Lrltrcs de SainC-Prriij; a Julie , et lui dire que le style de J. -.1. Rousseau , dans ces Icttres , est briilant ? I'ourquoi lui donner ( p. 4 ) o'lune dellnition du style tpisto- laire, d'du sortent, dit Tauteur, toutes les regies qui doivent caracteriser ce genre, les vers de VJipi'trc crHcloise a Jbnllard , par Colardoau ? II valait bicn niieux s'cn tenir aeettc autre de- finition , d'ailleurs plus exacte et plus complete , que nous Irouvons a la meme page, et pai' laquelle nous lennineronscet article: « Puisqu'une lettre et sa repon^e ne sout qu'une con- versation entre abscns, ecrivez comme vous leur parleriez s'ils «''taient la, c'esta-dire , avec cc naturel, cette facilite, cetagre- ment, cette negligence meme que demande ou permet un entrc- tien faiuilier. Mettez-y de la mesure avec vossuperieurs , de la franchise avec vos egaux, de la gaite avec vosamis, de la clarle avec tous. » E. Hkueau. 57. — * OEiu'ves completes dc Voltaire , avec dcs Rcmanjiics et dcs Notes liistoriques, sciciitifiqnes et litlcraircs. Paris, 182G- 1827; Baudouin freres, rue Vaugirard, n° 17. Cette edition se composera de 75 volumes in-8°, dont le prix est fixe a 3 fr. 5o c. le volmne. Voltaire , dont les ecrits ont exerce tant d'influcnce sur un autre siecle, si different du notre par ses moeurs et par ses habitudes, doit aux circoustances actuelles un accroissci!:ent d'influence et de gloire. La revolution avait detruit une partie des nombreux abus dont son esprit railleur et philosophique avait d'avance fait justice; Voltaire, toujours recherche par les gens dc gout, etait cependant relegue dans les bibliothcques; ct, lorsqu'on le lisait, c'elait plutot pour admirer les prodi- gieuses ressourccs de son esprit, que pour lui demander des armcs coutrc Tinloleiance ct la superstition. Mais certains LITTKRATURE. an hommes, en piecliant le rcUiblisscment du legnc honteux et oppressif des prcjuges ct dcs privilege's, en essayant nienie de lo hater par kurs niana'uvrcs impnulentes et criniiuelles, ont accpns au philosophe dont ils no cessent de caloninier la vie et les intentions, una vogue peiit-etre phis eelal:aiite et certainement plus populaiie que celle qui accueillail au xvm*' siccle les productious de ce puissant genie. Les faits parlent ici plus haul que tous les raisonneniens; et ceux qui eonsul- teront le Journal dc la libmiric , auquel la cause des lettrcs ct de la civilisation a deja phis d'une fois enipruntedcs argumens irrecusables, se convaincront que les injures dcs pretcndus defcnseurs exchisifs de la religion el du trouc, an)is sou vent maladroits et dangereux, et que les triomphes apparens de Tabsohitisme, bien loin de fairc baisser ia valeur des ecrits philosophiques du dernier siecle, en ont evidemment augmente la deruandfi, on leur rendant tout I'inleret du moment. La seule maison desfrercs Baudouin a public quatrc cdkicns des OEm>rcs de Voltaire, remarquables par la bcaute du papier et de Timpression et par la niodicile comparative du prix. CcIIe que nous annoncons aujourd'liui se public avcc unc rare exacti- tude; trente-dcux volumes ont deja paru et font espcrer que la sccoude moitic dc cclle belle collection ne se fera paslong- tems aiteudre de scs nombreux souscripteurs. 98. — * Corrcspondancc de Fenelon, archevcque de Cam- brai, publice pour la premiere fois sur les manuscrits origi- naux et la plupart iucdits. T. i-iv. Paris, 1827; Ferra jeune, rue dcs Grands- Augustins, n" 23. 4 vol.in-8° de plus de 600 p. chacua avcc fac-simile; prix, du volume, 6 fr. Cette volumineusc corrcspondancc vicnt completer la col- lection dcs OEavres completes de Feiiclon , publiees cliez le meme libraire (22 vol. in-8°, [ct 4 vol. in-8" do VHistolre de Fcnelon, par M. de Bausset; prix, i45 fr.) Ellc offreplus d'un genre d'interet. Les amis du caractere ct du talent de Fenelon aimcrout a en rctrouver la premiere empreinte dans ces con- versations familiercs dc I'amitie ; ceux qui veulent eclaircir I'histoire en appelant a leur aide le tcmoignage dcs aclcurs des grands drames dont die nous offre Ic rccit, trouveront, dans les lettrcs de rarchevcque de Cambrai, d'interessans docu- mens sur le due de Bourgogne, sur les missions de Saintonge, sur les querelles theologiqucs dans lesquellcs se trouva engage le vertueux prelat, etc., etc. Ce sont de riches materiaux dont nous nous pi'oposons dc rcndre un compte phis dclaille, en leur consacrant un article dans notre section des aualvses. ec. 99. — * Lc Roiiuin dc Ron ct dcs Dues dc Normtindie , par . 14 a 12 LIVRES FRANC AIS. Robert Vlxci^, poete noiniaiul tin xiie sioclc ; piiblie pour la pre- miere fois, tl'apres It's mamiscrits de France ct crA.nglelerro, avec lies notes pour servir a riiUelligenoe dii texte, par Fred. Pi.uQUET. Rouen, 1827; Freie, editeur. 2 vol. in-80; prix, 20 fr. C'est pour la premiere fois que, grace aiix sonscriplions des Normands et d'amateurs dc la poesie dii moyen age, dans d'autrcs eontrees, on volt paraitre iin des plus anciens ouvrages composes dans la langue francaise. Get oiivrage est doublement interessant, eomme moni-iment litleraire et comme chronique de la Normandie. II est enrichi d'un giossaire et de notes in- structives. Nous consacrerons incessammeut une analyse an Ro- man dc Rou. D — ^^ 100. — Telemaquc triwcsii, poeme heroi-comique en vers libres et en douze chants, par Baricot. Paris, 1825 ; Sanson. In-32 de viii et ik^ p.; prix , 3 fr. Marmontel, en disant (i) que le caractere qu'avait pris Scarron dans son Eneidc trnvestle etail ct\\.\\d'im conlcur naij et ignorant , qui confond Ics terns et Ics moeurs , ct qui fait parler tout son nionde comtne on parte dans son quartier , a dit tout ce qu'il etait possible de dire en faveur de ees travestisscmens, ct a montre comment, an milieu des anachronismes de toute espece dont ils fourn)illent, se trouvait encore cette verile dont Ics beaux-arts out besoin pour plaire. Mais il aurail du ajouter que le poete qui prend ainsi le role d'un bon bourgeois, lie doit et ne pent raconler que des actions connnes de tout le peuple au(piel il s'adresse. Pielendre qu'un artisan racoute a ses voisins les avcnturcs d'Euee on de Telemaquc, est une sup- position fausse , taudis que IW eoucoit, an contraire, qu'il expose a sa maniere un grand evencment contemporain , on une de ces legeudes nationales dont on a berce son enfance. Cela etant, le sujet de X Eneidc et du Telemaque sont egalement contraires a I'hypotbese du travestisscment. Un autre dei'aut se trouve dans ces deux ouvrages, comme dans la Hcnriade tracestie. 11 n'est pas dans la nature qu'un conteur ignorant fasse des narrations si longucs : tout travestis- scment doit etre court. Aussi ne lit-on plus ni \'Encidc de Scarron, ni la Henriade travestie , et il y a quelque apparence qu'on ne lira pas loiig-tems le Telemaque travcsti. Ce n'est pas qu'il n'y ait dc bonnes parties, une gaite soiitenue, des vers tournes avec grace; mais, outre que I'ouvrage entier manque dc verite, il a tous les defauts du genre, des plaisanteries sou- (i) Voyez , Encjclopedie mediodique, Grammaire et litliSrature , au mot Diiilcsque. LITTERATURE. 2i3 vent tiiviales, ot nrcsque toujours tiroes de trop loii5 pour amiiscr. De plus, si le biiilcscjiie a iin nierite reel, il consisle sans doiite dans la pciiitme naive des niceurs, dis hiibitudcs des homines, et siirtont datts roccasion qu'il offre au poete de ftappcr d'un ridicule iaclTacable toutes ces actions on ces qua- lites que les prejiiges dn vujgairc eiivironnetit dc consideration ou de gloire. Marmontel a cite, avec trop de complaisance peut-etre, quolques passages de Scarron oil ces qualites se trouvaierit reunies. Nous sommes faches de n'en avoir pas ren- contre de pareils dans I'ouvrage de M. Bariijot : nous aiirions aime a nous dedommager par une bonne citation de ce que iiotre critique pent avoir de severe. 13. J. loi. — *Cliantsdu sieclc, par ^^/o/yjAc Nicolas. Paris, 1828; Pontbieii et compagnie, Palais-Royal; Leipzig, Ponthieu, Michelsen et compagnie. In-S*^ de 19/1 pages; prix, 4 fr. 5o c. Ce titre pent paraitre d'abord ambitieux ; mais, quand on a hi le recueil, on est intimement convaincu que I'auteur a voulu seuiement indiquer le sujet et le but dcses chants, ou il se pro- posait de rappcler les Tails les plus memorablesde notrc sieclc, et de revetir des couleiirs de la poesie les idees el les senti- niens les plus generalernent repandus de nos jours. Dans ce sens, son litre est complelement justifie. On retrouve dans ses. vers el la pilie des nations pour les malheureux esclaves d'A- frique, et Tadmiralion pour les beros que les Turcs croyaient pouvoir regarder comme leurs esclaves, et rindignation gene- rale conlre la tyrannic dont les divans aposloliques menacent les peuples les plus eclaires, et le prestige qui s'atlache au ge- nie de Bonaparte, ineme dans I'esprlt des hommes les plus vi- vement blesses du despotisme de Napoleon, et I'esperance que nourrit I'Europe entiere de voir enfin la liberie triompher de ses enneinis. On sent, dans tout I'ouvrage, les elans d'un cosur genereuxqui palpite au noni de la patrie. Bien loin d'imiter ces ecrivains qui croicnt se donncr nn air de genie en rabais- sant tons nos grands hommes, M. Nicolas cousaci'e une de ses pieces h. I'eloge de Montesquieu; bien loin de se prosterner sans cesse devant I'etranger, ce sont les noms de Marceau , de Hoche, de Joubert , qu'il offre a aos hommagcs eta nos regrets. Cetle noble direction donnee a ses travaux suffirait pour at- tirer snr son jivre la faveur dii public. Mais ses vers se recom- mandeut par d'autres nieriles a I'altentioD des amaleurs de la poesie. On y reconniiit, ce qui est bien plus rare de nos jours qn'on ne le pensc et surtoiit qu'on ne I'imprime, im veritable talent poelique. Sans doute, ec talent n'est pas encoi^e parvenu a la purele vigoiireuse (jiie donnent de profondcs etudes et 21/, LIVRES FRA.Nr.AIS. rinfliienco prolongoc de sages ct severcs coiiscils. Mais il s'c- leve clna , ilatis ([iielqiies inoiccaux, a iiiie hauteur remar- quabli'. Aucun honime capable dc jugcr (Uvs vers ne pourra me contretlire , apres avoir lu la strophe suivante , liree de la piece .sur Montesquieu dont je viensde parler. Des Ages celiii-cl inoissonne la richesse : Charge de letirs trcsors , 11 vanne en sa sagesse, Comme un froment impur, les lois cles nations. La ])aille est sous ses yeux j)ar !cs vents em[!ortee. Et des ])his saintes lois la senience restce Des sii'cles dore les slilons. Sauf une ou deux expressions qu'i! serait utile, mais peut- etre diflleile de changer, cetie strophe rappelle la mauiere de nos grauds ecrivains. Le jeune auteur, qui a rendu, aveccette precision, cette fernicle et cet eclat, une grande pensee , qui, en einployant les expressions les plus liardies, a su les prepa- rer de uianlcre a ce qu'eiles parussent naturelles, et les assor- lir cntre elles avec assez d'artpour en former un ensemble de bongout, reconnaitra bienlut de lui-meme ee qui manque a quelques-uns de ses chants. Il seulira combien le choix d'un sujet vague et n.al delini pent nuire an developpenient du la- lent ; il elfacera quehpies traits dus sans aucundoute a rinfluence qu'ont exercee sur lui, peutetre a son insu,les louauges pro- diguees chaque jour a des productions du gout le plus bizarre €t le plus faux. Une elude nouvelle des grands ecrivains anti- ques et des auteurs modernes formes a leur ecole, achevcra de lui reveler tons les secrets de la composition et du style. Alors, une ordonnance plus forte, des idees mieux arretees, un choix plus severe des images , feront ressortir avec plus d'avanlage I'elegance et I'harmonie qu'on remarque deja dans sa versifi- cation. Ces deux qualites si precieuses me semblent portees a un haut degre dans ces stances d'une jolie piece intitulee V Ideal : Aiiisl I'atome impercepliljle Dont Dieu forma les vasfes mers , Tantot roule en vague terrible, Et, sous les feux d'un ciel paisible, Tantot s'e.vhale dans les airs. Tantiit, du marbre des fontaines 11 s'ecoule parrai les flcurs; Ou , nuage aux courses lointaines , Au front des Andes souveraines II vogue en !)rillantes vapenrs, r,ITT^.RATURE. 21 5 Aux baignoii'es des Bayaderes L'Indus peut-dtre I'a verse; Et vos pieds ,en neiges legeres , • De Mor\en timides Lergeres , Sur vos moiitagnes I'ont presse. Qiiand je te vols , ma bien-aimee , Soudain s'er>voleiU nies revers; Car ton haleine est parfumee Comme I'encens dc I'ldumec, Comme la niyrrLe des deserts. Viens sur la pourpre du nuage , Vieiis dans mes bras dormir encor : Que j'ainie le zi^phyr volage , Quand il caresse mon visage Des parfums de tes tresses d'or ! Ce n'esi pas seitleincnt Telegance et I'harmonie qu'on doit loner dans cclte deiniere staiice; c'est aussi , c'est suitout le boulieiir dc I'expiession po transcrire le litre de ce re- ciieil, nous reservant de rexainitier plus tard, dans la section des Jnalyses, avec I'attention que ruclament la ceiebrite des ouvrages qui Ic composcnt, ct !a noiiveaute du genre dont ces ouvrages ont olo en France le premier essai. Ce volume ren- ferme Pinto, represente en 1800 sur la scene francaise, ct ge- neralenient regarde comme I'une des productions les plus rcmarquables de son auteur; la Joiirnee des Dupes , recue en 1804, et a qui les ombrageux scrupnles de la censure n'ont laisse que les applaudissemens des salons; cnfin X Ostracisme , comedie grecquo, qui, je crois, sera nouvelle pour tout le monde. Celte table des matiercs et le nom de M. Lemerciev doivcnt suffire pour cveiller la cnriosite des lecteurs et les en- gager a chercher, dans cette interessante publication, ce qu'il ne leiu' est pas permis de voir an theatre. H. P. 1 10. — Tlu'dtie de 31. Coinle , dedie a I'enfance. Paris, i S28; Baudouin freres. In-j8 de 246 pages; prix, i fr. C'est un dangereux moyen d'educalion tpie I'habilude dc fairejouor par les enfans des pieces de theatre. On a beau choi- sir les lieros de ccs dranics parmi les enfans eu\-memes, il est a craindre que cette occiq>ation ne leiu- communique un esprit de paresse et de desoeuvrement ; qu'elle ne predispose a la dissimulation les ames encore tendres et incapablcs de distin- guer le bien du mal ; et, surtout, si quelques applaudissemens d'une complaisance imprudente vienneut tourner la tete des jeunes acteurs , qu'egares j)ar la vanite ils ne concoivent d'eux- niemes une idee beancoup trop avantageuse , et des lors fausse et funeste. Ce n'est qu'a I'amour aveugle des parens , a la com- plaisance de quelcjues maitres, qu'il f;uit attribuer la faveur accordee quclqiiefois a ce genre d'instructioni nous votulrions le voir bannir de toutes les reunions d'cnfans, non comme ob- jet de lecture, mais comme sujet de representation. En admet- taul meme quo les pieces de theatre n'aient aucun danger pour les enfans (pii les jouent, encore f;nidrait-il que la donnec - prinoipale des ouvrages qui Icur sont destines, fiit toujours LITTliRATURE. 221 vraie et morale: or, sur les quatre pieces qui composent le volume que nous annoucoiis , quand on voit ligurer des cpoiix flc cinq ans et le Petit Poind ; qui ne se demande si de pareilies idces ne doivent pas etrepUis pernicieuses qu'utiles a I'enfance? Lc Jour de mcklecinc , ou Ton trouve d'ailleurs beaucoup de gaite, n'est pas non plus d'un tres-bon exemple , puisqu'on y voit deux enfans troniper leur pore au sujef d'une niedecinc que I'un doit prendre, et que I'autre avalea sa place. Lcs Deux Apprentis n'ont aucun de ces defauts ; ils offrcnt plus d'interet, et les caractcres y sont bien traces. Mais les personnages sor- tent de I'enfance, car le plus jeune a quatorze ans. Ce n'est done point sur eette piece que tombe le rcproche que je faisais tout a I'heure aux autrcs : mais elie est unique, et n'appar- tient deja plus a I'enfance. Quoi qu'il en soit , ce petit livre pro- curera nne lecture agreable aux enfans et pourra fournir a lenrs parens ou a leurs institutcurs des sujets de conversation piopres a les interesser. B. J. III. — Le Fratricide , ou Gillcs de Bretagne , chronique du i5^ siecle; par M. lc vicomte Walsh. Paris, 1827; Hivert. 2 vol. in-i2 de S^o pages; prix,6 fr. 60 c. Jusqu';\ present, a chaque phase de I'esprit humain, I'homme de genie qui a pris I'iuitiative, et qui, marchanl selon la ten- dance de son siecle, a fait les premiers pas en avant, a tou- jours entraine a sa suite un cortege d'imitateurs. Les sciences ont eu uue marche plus republicaine el plus egalement pro- gressive; mais dans les arts et dans la liuerature, nous avons vu se succeder divers souverainS,ou chefs d'ecole. II est meme arrive que le monarqne regnant a fait des conquetes en pays etranger, et que I'imitation s'est etendue au loin. Quoique la doctrine de I'individualite fasse de jour en jour des progres parmi nous, et que nous touchions peut-etre au tems ou cha- cun sera tenu d'avoir son merite propre, et de s'abandonncr davantage a ses inspirations pour etre quelque chose, cepen- dant nous sommes loin d'etre affranchis de tout despolisme litleraire. Walter Scott nous gouvcrne encore, a quelques egards ( il est vrai, dans le sens des besoins du moment et de I'opinion publique); mais an lieu d'etudier la maniere dont il envisage la nature, dont il salt lui derober ses secrets, la ra- nimer, et la faire revivre apres des siecles, nous nous bornons a copier servilement seseffets, et jusqu'i ses caracteres; a poser le pied dans rempreintc qu'il a laissee, avec la gauclierie et la gene qu'impose une pareille contrainte. Le romaa du Fratricide est une imitation evidente des romans ecossais; on y trouve des descriptions de lieux et de costumes , des corteges royaux , des indications superficielles de moeurs feodales , et parfois a22 LIVRES FRA.Nf:A.IS. dn mouvcmcnt diamaliquo ct tie riiitcrct : c'cst unc tradition nieillcure que la triulition fade et scntimcntalc des roinans d'amour ot de clievalciie qu'on nous a donncs si iong-tenis ; mais ce n'est pas la nnc creation : il y a trop de reminiscences ct dc respect ponr tels ou tels prccedens. L'episodc (rAiniellc de Beaumanoir attendrirait bien pins profonilenient , si Ic ie- preux de la cite d'Aoste ne I'eut pas precede. C'.ependant il y a dii talent dans cc ivcit, ct pins qu'il n'cn I'audrait pour emonvoir avec une donnce nouvelle. L'ouvrage est ecrit avec beaucoup de facilite; les details en sont interessans; mais la derniere situation de Gilles de Brctoijnc est trop |)rolonij;ee, ct amene unc grande nionotonie dans ie second voliuiic : les in- cideus, toujours tres-romancsqnes, s'y multiplient sans motif ct sans eveiller la curiosite. 11 y a aus^i trop d'invraiseniblance a la iin. On ne peut pas s'expliqucr I'odieux de certnins pcr- sonnages : tout est en surface, et i icn en jjrofondeur. Quand nous voyons aller et venir dans la rue ime fonle de passans, nous ne prenons que fort pcu ou point d'inleret a leiir em- presscment; mais si, ctiidiant leurs physionomies, nous cher- chons a penelrer les motifs qui les metlent en mouvement, qui impriment a leurs traits un caracterc soucieux ou un air de joic, si etifin nous sommcs dans le secret de leur ambition , de leurs gouts, de leurs plaisirs, ce speelacle nous plait, nous inleresse. jNotrc curiosi'e est eveillee : cc ne sont plus des au- tomates, des machines mouvanles, mais des hommes avec lesquels nous sympathisons; c'est lii Teffet que nous cherchons, que nous atleiulons d'lui habile romancier ; c'cst la ce qui etablit une si enorme distance entre Walter Scolt et ses nom- breux imitateurs. L. Sw, B. 1 12. — •*Zc colonel Diicar, fds naturel dc Napoleon , ouvrage j)uhlie d'apres les memoires d'un contemporain. Paris, 1827; Baudouinfreres. 4 vol. in- 12 de plus de 200 pages chacun; prix, 1 2 fr. Le colonel Duvar etait, a I'eijoque dc sa mort, arrivce en 1821 , un hnmme d'environ 3/| ans. Dans son enfance, on ue I'avait nomme que h: Petit Leon ; et hii-meme, fds reconnu et lec;itime de feu M. Duvar, hesitait a s'appropricr ce nom qui pouvait bien uc lui pas appartenir. Un ami de sa mere , qu'elle appelait C/jrt/'wt', avait etesou tnteur, I'avait comble de bienfaits, I'avait protege d'une maniere piesqne miraculeuse des ses phis jcunes amu'es. Duvar, ou le Petit Leon , cut donue sa vie pour Opalone; mais 0|)alone meurt avant que son eleve ait atteint Taiie de douze ans; toutefois, il scmbie qii'uu genie proleeteiu- ait remplace Opalone prcs dn jeuuc homine. Fortune, avance- ment rapide dans la carrierc militaire, recoiupenses de toule LITTERATURE. 223 nature clevicnnciil Ic partagc de Leonjil est brave, il a de IVs- prit, dcla raison, dii sang-froid; mais combien d'aiitrespossedent CCS qiialites au niome dcgie, qui iie parviennent cependant pas a se faire. remarquer! Quant a Duvar, il lui suffit de se pre- senter pour reussir. Le mot de I'enigmc ne se fait pas attendre; on lo, devinc des les premieres pages du livre. Opalone n'est autre que Napoleon. L'histoire du colonel Duvar est pleine d'interet ; elle se com- pose d'uue suite de scenes niilitaires, decrites avec une grande vdrite, et d'anecdotes spirituelleuicnt racontees. Rien n'est plus amusant que ces details doimes par un ofiicier qui a gagnc tons ses grades I'un aprcs I'aulre, sur la vie du soldat, sur le regime interieur des casernes , sur les habitudes des camps, sur la manicre d'exister en carapague et en garniicn. Tant de personncs, en France, ont fait la guerre, que ce chapitre doit avoir un succes general. Le dernier volume prend une teiute plus sericuse. Les des- astres de Waterloo ont constcrne la France, et le colonel Du- var fait parlie de rarmee de la Loire. Bientot, la reaction de i8i5 prive la patiie de ses plus braves defenseurs. On parcourt avec doulcur les pages ou sonl rapportees quelques unes des humiliations qu'on leur fit subir, et I'emotion que Ton eprouve est trop forte pour laisse.- la faculte de sourire au recit du trait, presque incroyable, du colonel d'une des legions du niidi , qui avait« ordonneu tons les officiers, et attendulasaisonpluvieuse, de se pourvoir d'un porapluie uniforme. » Le colonel Duvar va cherchcr Napoleon a travers les mers; il arrive au.x Etats-Unis, et parvient a se faire condnire a Ste-Helene; il espere pene- trer jiisqu'a Longwood ;i I'aide d'un deguisemcnt; mais il est decouveri. , et ramene en Fiance, ou on le met en surveillance a Besancon. I! se rend de nouveau a Baltimore; il y apprend la mort de Napoleon et se livre au desespoir. Le i"' aont 1821, au soir, des vetcmens furent Irouves avec un portefeuille sur le bord de la mer Ces vetemens, ce portefeuille, lui avaieut appartenu.... Sur un papier le malhcureux jeune homme avail trace ces mots : Je vais le rejoindrc. L'eerivain spiritael qui s'est charge de nous comrnuniqucr les memoires du colonel Duvar a ete long-tems militaire et s'est distingue a Tarmre. Nous I'engageons a nous donner d'au- tres souvenirs du mcme genre ; mais s'il pcrsiste a garder I'ano- nyme, nous ne lui promeltous pas une enlierc discretion. R. ii3. — * L'Eincuricn ou la f'icrgc de MemphLt, traduit de I'anglais de Thomas Moore, par M""' Alexandrine An agon. Paris, 1827; Selligtic. ln-12; pri-'i, 3 fr. 22/, LIVRES FRANCl^VIS. La Rcfue a dt^a fait connaitrccc noiivel oiivrage do Thomas Moore (voy.T. xxxv, p. 66/,, elT. xxxvi, p. igS); nous n'avons ici i"! rendre compte que dii travail dc M"'" Aragon. Nos Icctcurs saventque ce n'est point son coup d'essai; ollc a iradiiitavccau- tant d(' precision que d'elei^ance VHistoirc d'Jnglctrrre de Golds- mith, en 6 vol., ct Ics Mcntoircs sur la cour d'Elisabeth , par Lucy Aikin, en 3 vol. in-S". La traduction dc ['L'piciiricn n'a cle pour M'"" Aragon qu'une sorte de dclassenient a des travaiix plus serieux. Lc |)ublic iui en saura gre; elle a su rcproduire la couleur, I'aisance et I'harmonie du style de TAnacieon britanniqiie. Nous avons hi le texte, nous Iui avons ensuite compare la copie; ct nous aimons i\ la signaler comme unc seconde creation, qui peut etre mise a cole de I'original. Le genre de talent flexible et anime de M""= Aragon etait emi- ncmment propre ;i faire passer dansnotre laugue cette richesse d'oruemens, cette sensibilite profonde et cette magic de pin- ceau qui distinguent I'auteur de Lalla-Roukh et des Amours des a/igcs.'Les dames fran9aises Iui porteront bonheur; car ce dernier ouvrage avail deja ete importe cliez nous par la plume elegante et gracieuse de M''^'^ Belloc. Albert-Montemont. 114. — *La Feinme ou les six Amours, Nouvelles par M"^". Elise VoiART. Paris, 1827 ; Ambroisc Dupont. T. IV, V et VI, en tout 6 vol. in-12; prix, 20 fr. Nous avons annonce , avec de justes cloges. les trois pre- miers volumes de cet interessant ouvrage ( voyez Ba: £nc. t. xxxv, p. 469), qui nous ont rcpvc&enieVamour fi/ial , Yamour Jratcrnel vXVaniour ; ici, I'auteur, continuant I'histoire de sou sexe, dont les dilferentes sortes d'amour constituent en effet les devoirs, les plaisirs el les peines , el remplissent toute la deslinee, nous monire Yamitie constanle et devouee , Yamour conjugal el enlin Yamour maternel , prodiguant a I'envi les phis nobles sacrifices. Chacune des Nouvelles , consacrees a ces af- fections si deuces et sipures, renferme le recit d'une anecdote pleine d'interet, et donl rheroine est toiijours uti modele de vertu. Nous regrettons neanmoins que I'auteur ail termine la relation si touchante, doiit Cccile, I'rtw/c par excellence, est rheroine, par unc catastrophe qui inspire un sentiment d'hor- reur, et qui heureusemenl n'est pas seulemcnt invraisemblable, mais n'a pas nicme etc possible; car elle ferait supposer qu'a une epoquc Irop fecojide en excesel en crimes, communsa tons les partis, pour qn'il soil necessaire d'ajouter, par des exage- rations et des fictions, a I'horreuriqu'ils inspirent, unbourreau a pu, en presence d'une foule immense , frapper a la fois de la hache futale et la jeunefille condamnee par un tribunal odieux. LITT^RATURE. aaS ct sa jeiine aniic , victime volontaire , qui vient jiis(|iie sur rechalaud se faire immoler avec elle. Detournons nos rej^ards de cc hiileux sjjectacle, trop peu en liarmonie avec Ics ta- bleaux gracieiix el les peintures pleines de douceur et de cliarme qui convieuncnt a la plume elei^ante de Mmc Voiiirt , et Iransportons-nuus en Italie sur les traces deraiinable^rt/r/////?«?, qui repioduit daus les prisons de I'inquisitioii de Venise, pour saiiver son epoux, le sublime lieroiisiiie dont nagueiv luie de !U)s compatriutes, maduiue Lavalette, a donne I'exemplc. Cetle Wouvelle est un petit ruman moral, dont la lecture attachanle et enliainanle fait aiuier les principaux persoiinages mis en scene et conduit au but que rauteiu- s'est propose. « Dans cette mmmutiaiite des joies et des maux de la vie, dit M'"' Voiart , combien la lached'unefemineestnoble et iuiposante.'Compagne de I'homme, c'est a elle que la provideuce a confie son bon- heur et peut-etre sa verlu..,. mere de lamille, elle est appelee ;i prendre rang (jarmi les etres utiles ; ce dernier litre lui donne droit a la tendre veneration de son mart, tandis que, comme epouse, elle regne sur lui par I'effet dune iueffiible et mysle- Jieuse sympathie qui remplit leiu- existence de calme et de paix. C'est daus les foyers domcstiiiues (|ue la femme deploie vraimcut tout ce que le ciel lui a departi de douceur et de cbarme. » La mere , sixieme et derniere Nouvellc, est une rela- tion infiuiment touchante, dont qnelques details sout enipruules a I'histoire des guerres civiles de la Vendee. L'hcruine est une veuve d'un general vendein,qui \ient, apresqueson mari a etc lue dans un combat, se refiigier avec ses deux enfans en bas age dans nn village aux environs de Paris. Les tendres soins qu'efle donneal'educalion desa lille, (juideperit et nieurtsoussesyeux, les chagrins amers que lui cau'^ent les ecarts et les dereglemens de sou ills , le relour niespere de ce !ils qui avail passe dans les colonies, et que la malheureuse mere, devenue aveuglo, c it allee attendre a son debarquemeiit dans un de nos pons de mer, don- nent lieu a des reeits touchans et pleins d'interet que termine ie denoument le plus pathetique; et la lendresse maternelle est decrite avec cette verite piofonde qui ne pouvait puiser ses in- spirations (jue dans Ic cceur d'une exccllente mere. M. A. J. ii5. — * Les trois Scents, par M'"«. A. L***. Paiis, 1^27; Sautelet et Cc ?. vol in-12; prix, 6 fr. Trois jeunes filles, de bonne lieure orphelines et sans for- tune, sont recueiUies par des parens et des amis, qui se char- gent de remplaeer ce qu'elles ont perdu, mais qui s'eu acqtii*- tcMt bien diversemenl. Emnw, plaoee pres d'une tante dont !a fastueuse devotion cache une auie ego'iste etdure, aban- T. xxxvii. — Janvier 1827. 1 5 i-x6 LIVRRS I[\ANf;AI.S. donni-e par elle ;\ la briitalito dc qiicliiiu-s iixTceDaites ct mix Iccons d'nn mauvais prrtrc, noiilrade I'hiihitude do la dissimu- lation et dc I'hypocrisie, ct porte bientot dans les relations de la sociele uno gr.imle socheressc di- coeiu- ct Ks piincipcs d'line relij;ion etroite el siipei"slilici;s/'. MalliUdc , v».\v\^ pai- iin O'lcle qui I'idolatie et lui ])a.sse toutcs scs fantaisics, olcvc-c dans un biillant pcnsionnat ovi Tod s'appliquc pliilot a dcvelopper en elle quelques talens agreablos qn'a former sa raison et son coeiir, enivii'e par la loiiange, sednile par le commerce dii grand monde, devient legere , vaine , co!|nctte Tont(>s deux, dans I'ignorance des devoirs ipii les attendiiU, sont incapables de les remplir, et font par leurs dcT.uits le niallieur de leurs maris et le leur. XJne troisieme s(rur, Marie , conliec a nne amie de sa mere, a recn d'elle des soins vrainient malernels; elle s'est formce par I'exemplc aux vcrtus domesiitiues ; el quand le terns est venu de meltre ce» lecons en pralique , elle Irouve dans les occupations du menage, dans les affections de la fa- mille, dans I'etudc , dans la ciillnre des arts, le bonhenr qui ne pent manquer a une vie sagement reglee. Cette fable, fort simple , sert de cadre a des developpemens inferessans sur la destiiiee des femmes et si'.r i'eduealion qui leur convicnt. La morale de I'auteur est simple et genereuse ; son style est anime par cette conviction que donne 1 experience du bien qu'on re- conimande; il se distingue en meme tems par uric facilitc et une eleiiance d'expression, qai trahissent d'excelletites habitudes litteraires. Cela ne gate jamais rien a la morale; la pensee la plus hetueuse doit beaucoup aux formes du langage : on pent dire d'eliece qu'on a dit de la vertu, qu'elle a plus de charnie en im beau corps. Grutlor et pidchro veniens i/i corpora virtus. H. P. 1 iG. — L'Hermite des Alpes, nouvelle^; par A. Bignan. Pa- ris, 1827; a la librairie universelle, rue Vivicnne, no 2. In- 18 de 220 pages; prix, 2 fr. Un avertissement de I'auteur nous apprend que la publica- tion de cette Nouvelle, qu'il avail rlestinee a parailre par frag- niens Jans les Annah-s dc la liltcrature ct des arts , sous le re- gime de la censure, s'etanl ironvee lout a coup suspendne par le veto des membres de ce comite, il se hata d'appeler de'sa decision a M. de Lonald, president du conseil de surveillance qui lui avail ete adjoint par ordoniiance royale. La reponse de ce dernier, que M. Bignan a fait imprimer en tete de son ou- vrage, porte, en substance, que le conseil n'a pii s'empoeher d'ap|)rouver la decision du bureau. « Les lecleurs honnetcs et amis des bonnes moeurs, y lit-on, rcgretteronl que vous n'ayez LlTTERiVTURE. aa? pas clioisi un sujet moins icvoltant , et le bureau de censure a eru devoir suppriujcr les peinlures Irop vives qui le reiidaient encore plus dangereux. « Cette delicatesse de la censure, au milieu de tons les principes dangereux, cu Uioiale et en poli- tique, dont nous I'avons vu, sinou permeltre, du moins tolc- rer rexpression, doit sinprendre. Mais cette petite persecution aura ete plus profitable que prejiidiciable aux iuterets du livre et de sou auteur, parce que le public, jugc exqiiis des conve- nances, prend toujours , dans ces sortes de luttes, le parti du faibie contre le fort , de I'opprime centre I'oppresseur. line malheureuse tille, Korcee de fuir I'aniour incestueux d'lui pi.re, se rtfugie aupres de celiii qn'elle aime , et qui a la lachete de ne pas vouloir legitlmer des noeuds coupables et vo- lontaires; elle abandonne son seducleur pour suivre une famille italienue qui s'est inleressee k son triste sort. Au passage du mont Saint-Bernard, elle se tiouve eloignee de son guide et tragioutie sous tine avalanche, d'ovi la retire I'auteur de ses jours et de ses inforlur.es, qui, apres s'etre repenti, etait en- tre dans ! ordre des religieux du mont Saint-Bernard. C'est lui- memequiraconte sa faute, cellede sa fille et la funeste catastrophe qui les a rennis pour un instant. Cette narration est faite a uu ofGcier de I'armee fraucaise en route ponr le passage du mont Saint-Bernard, effectue sous les ordres de Bonaparte, et cetof- ficier n'est aiUre que le seducteur de Louise.Ou voil qii'il y avait ici matiere arlir son niepris; suivre I'inipulsion-ge- nerale est plus souvent nn acte de lachete que de prudence. » Beaucouj) de reflexions du inenie gem e, reniarfjuables par leur justesse , et dont chacnn pent faire rapplication, donnent un nouvean prix a I'onvrage de IM""" Darninois, et annohcent en elle riieurense alliance d'une belle aine et d'une raison snpe- rieure. H- C. 1,8. — Nouvelles grcccjiics , par M. Felix***. Paris, 1828; Fr. I.ouis. In- 1 2 de xii-184 pages; prix, 2 fr, 5o c. et H fr. La Greco nouvelle n'a rieu de Tancienne Greee (|ue son con- rage et soil amour de I'independance. Son genie et ses arts re- naitront pcut-etre un jour, et meriteront d'etre ceiebres par les poetes; niais il faut d'abord qu'eile ait Iriomphe de ses fa- roiielies oppresseurs , dont les moeurs out sensibiement alt^'re les sieunes. L'eerivaiu (jui vent rester fideleii la verite n'a point dc tableaux agreables a nous oflVJr, en nons entretenant dcs Grecs modernes, surtout dans leurs rapporls avcc les barbares MusuliiKuis. L(s nobles efforts des viciimes pour briser unjoug odieux et leur perseverance dans la foi de leurs peres soul les seules ombres (pu; Ton puisse oppo'^er a la peinture des liur- renrs auxquelles cette Icrre sacree est livree depnis long-lems. Pent-etrc, malgre lout cc que nous savons des malheurs dc la Grece, les tableaux dc R'l. Felix*** paraitrontils trop sombres Il cens cl/rs contenues dans ce volume : le Delfige , l[£v(ingi.le , le Droit d'amcsse , le Nrgrcer , Blanche et noir. Noire ct blann , A quelquc chose malhcur est hon , le Pauvre hommc. B. J. 1 20. — Catherine, on la Mesalliance; par M'"'^***. Paris, 1 827; Ambroise Dn|)nnt et compagnie. In-ia, de 25o p ; prix, 4 fr. (Se vend au profit desenl'ans de Catherine.) Les oiivrages composes par ics femmes ont une grace et un naturel qui les distinguent eminemmeni de ceux (jnc produisent lesecrivainslos |)lus corrects. Elles renconfrent sous Iciu- plume des naivetes de M'litirnent, des delicatesses d'expression, de ces mots tr-oiives cpii font le ticscspoir des grands cspnis (hi sexe masciiHn. ('es qualites briUi-nt de tOTit lenr eclat dans lejoIL romnn de Catherine. Un hut viaiment mora! , one rare finesse d'observ;it!on, luu- grande purefe de style, ont fait icmarqucr ce charuiant omrage, <|ui oijtieiU d'aulanf plus de succcs que I'extreme inleret qii'il inspire prend sa source dans lui recit d'une cxacle verite. On connaissait de M""'^*** des vers fres- spirituels; elle vient de prouver que la prose elt^gantc et facile est aussi de son domaine. Le benefice de ce romrtn est promis aux enfans de la pauvie et genereuse Catherine; il appartenait au coeur d'une feinmc de faire servir le premier fruit d'un beau talent a raccomplisscment d'un bienfait, R. 121. — Notices hi.'.toriqaes snr les Bibliotherines anciennes et tnodernes , suivies d'un Tableau comparatif de^ produils de la j)resse de 1812 a iSaS, et d'lin Recueil de lois ct ordouuances concernant les bibliolheqnes; par .T.L. A. Bailly, sous-hiblio- thecairedela ville (de Paris.) Paris, 1828; Rousseion In-8"de ij et 210 pag. ; prix , 5 fr. Ce livre n'est point adresse aux savans , pnisqu'il nc renferme' guere fpi'une compilation \\\\ peu superficielle des livies qui .i3o LIVRES FRA^iClAlS. soiit goiuMalemciil dans Kniis mains. L'liistoiie imiv«:rsflle des bibliotlieqnes anciennes et modernes, dont la plnpart ont iiiiTitc de lahoiioiix et prolixes histoiicns, seiait un travail cffrayant. Lc livre dc M. Bailly devra plaire aux gens dn monde, en mettaiit a leiir pqrtee des notions generates snr des obji-ts que la pliiparl igjiorent,et en lospresentant sons nno forme qui n'est pas depourvne d'agrement. On doit des eloges a I'exactiuide du titremodestc adoplepar Tauteur {Notices). Maiscette exac- titude ne se relroiive point dans les developpemens dn titre. Em effet, ii promct premierement nn Tahlean cnmpnratifdes prodaits de lapresse , rA? 1 8 1 2 « 1 827 ; il fallait dire : de 1 8 1 2 rtde 1 827, car la comparaison n'existe dans I'ouvrage qn'entre deux annt'es seulement, sans qn'il y soit nuUcment question des annee'^^ in- lermediaires. Ce tableau complet et progressif des produits de la presse , durant ces seize dernieres annees,se trouve tout fait dans les tables tres-laborieuses et ties-correctes de la Bihlingm- phie dc la France , dues an savant M. Beuchot; et Ton n'a pas oublic que M. lc comte Daru leur a procure une grande pubii - cile, et en a tire des resultats imporlan«, h I'occasion de la dis- cussion de la loi contre la presse, presentee aux chambrc^ en 1827 (Voy. /Jrc ^«c. , t. XXXIII p. 677 ). En second lien, le titre (!u livre que nous annoncons promet un Rccucil de Inif! ct d'ordonnnnces conccrnant les bibltotherjiies ; il fallait dire une Indication sommairc des Ids et ordonnances concernanl les bihlio- tlieqitcs. Cette indication occnpe a peine les cinq dernieres pages du volume, et ne remonte qu'au 26 novembre 1789. On ferait nn code, non moins volumineux que le present ouviage tout entier du Recueil e{iec\\{ et textuel des lois et des ordonnances promises par son titre. Au reste, I'msf^mble de I'onvrage an- nonce assez de lecture , et les articles sur les bibliotheqnes Ac Paris coutiennent des details interessans et utiles a parcourir. On regrette que, dans un travail de cette nature, il se soit glisse un trop grand nombre de fautes d'impression , qui deli • gurent beauconp de noins propres. 122. — Catalogue des livrcs condainnes depuis i8i4 jus(|u'a ce jour ( i" septembre 1827 ], suivi du texte des jugemens et des arrets inseres au Moniteur. Paris, 1827 ; Pillet aine. In- 18 de 64 pages ; prix 1 fr. 5o c. Cette compilation curleuse doit prendre rang p rmi les bi- bliographies speciales; en outre , elle pent etre utile aux li- braires et anx loneurs de livres. La premiere partie se compose d'un dictionnaire des ouvrages condamnes , classes par ordre alphabctique des titrt's , avec I'indication des n"' du Moniteur ou se trouvent les details des proces. La seconde partie donnr le texte meme de I'insertion oflicielle au yi/o/??/r?f7-de Textrait LITTtRATLRE.— BEAUX-ARTS. 23i des juj;emens et arrets, laquelle cstprescrite par I'article 26 de la loi du 26 mai 1819. La premiere de ces insertions est du 23 juin 1820. Anterieuroment a cette epoqiie, il y a lieu de craindrequelqiies omissions , principalement a I'egard des con- damnations prononcees par les tribunaux ou cours des depar- temens. II manque, pour aj outer a I'utilite eta la commodite de ce volume, une table alphabetique des aiiteurs coutre les- qucls les condamnations sont prononcees. La seulc inspection des feuillets de ce livre presente une refutation suftisante des declamations fanaliques ou hypocrites, qui accuscnt de fai- blesse ou d'impuissance la legislation actuelle de la presse. Le reproche contraire pourrait lui etre adresse a meillcur droit. X. 123. — Catalogue des Hires imprimes et nianuscrits de la bi~ bliot/iequc de feu I\L /l ntoine-jilexundre Barbier , chevalier de la Leginn-d'Honncur, ancien administrateiu- des bibiiotheques particuiieres duroi, ancien bibiiothecaire cluConseil-d'Elat, au- teu r d u Diction/ aire des oiurages anonymes ctpseudonymes. Pa lis, 1828 ;Barrois I'aiiie, libraire, rue point voir conq)ris dans leur agreabie maiuiel. OE. I 26. — * Clioix des plus belles Jlcurs prises clans dijferentcs families du regne vegetal , et de quelques branches des plus beaux fruits, etc., gravees, imprimees en couleur et retouchees an pinceau, par P. J. Redoute, peintre et professeur d'iconogra- phie au Musee d'histoirc naturelle. 4*^ et 5^ livraisons. Paris, 1827; I'auteur, rue de Seine, n° 6; Pankouclic, rue des Poi- tevins, n" 14. 1 cahiers in-4°, contenant chacun 4 planches; prix du cahier, 12 francs. Que pourrions-nous ajouter aujourd'hui aux eloges que les charmantes productions de M. Redoute ont merites et obtenus si souvent ? Contentons- nous de signaler I'exactitude avcc la- quelle les deux nouvelles livraisons ont snivicelles que nous avons annoncees dernierement ( voy. Rev. hue. \. XXXVI , p. 202), et de constater les soins continus que I'auteur donne a leur execution. Nous trouvons , dans ces deuxrahiers, une branche du cerisier royal, une rose jaune de soufre , la narcisse a plu- sie:.'rs//eiirs , la dalia simple , la priniei'ere de Chine, \e chrysan- theme canene , une branche de flcurs de pommier, et la benoite ecarlate. «. 127. — Dictinnnaire d' Architecture , contenant les noms et termes dont cette science exige la connaissance, et des autres arts accessoires, etc.; par M. Vagnat, architecte. Grenoble, 1827 ; imprimerie de'Baratier. Iu-8° de 292 pages. Quelques extraits de cet ouvrage donneront aux lectcurs Ic 1^4 LIVRES FRANCAIS. moyen de le juger : — «Biais. Ligne qui n'est point pcrpeiidi- culaire a unc autre, mais iiiclinte. — «Biez. s. f. Canal qui conduit Ics caux sur une roue d'artificc. — « Calcul. s. ni. Operation dcs nombres, pour abregcr les enonciati«>i,isj — « Cedbe du LiBAN. Arbre qui, etaut planle dans un ti'rrain sec et It'ger, expose au uord, est vert en toute saison. Parmi les arbrisseaux, on distingue le rouge cle Virginia. — " Dii- MEUBLER. Enlever les nieublcs de quelque part. — "Heritage. Se dit de tout ce qui apparticnt a une soule personne. — <■ Pa- pier, s. m. Composition de linges detrempes aux foulons, me- langes avec des ingrediens, etendiis par feuilles, scrt a dessi- ner, ecrire, peindre, et a d'autres usages. — « Rouge, s. ni. Couleur vernieille , tirant sur le sang. » En faveur des etrangers qui cultivent notre langue, et qui recherohent les dictionnaires de toute espece, ou ils csperent trouver des mots et leurs definitions , nous devons faiie remar- quer que I'auteur de celui-ci a souvent pris le patois des ou- vriers de son pays pour des expressions admises dans la langue technologique ; il ne faut pas y chercher du f'rancais. F. 128. — * Thedtve de Dirppc, |)ar P. F. Frissard, ingenieur au corps royal des pouts et eiiaussees, ancien eleve derEcolepe.Jv- tcchnique. Paris, i8'J'.7; Carilian-Goenry. In-fol. de 3a pages de texte et de 20 planches; prix , i5 Jr. Dieppe qui, tous les aiis, a I'epoque des bains, voit se reunir dans ses murs une societe briUante et nombreuse, et qui, a la meme epoque, jouit depuis quelques anuees de la presence auguste d'une pi iucesse protectrice des arts et bieii- faitrice des pauvres; Dieppe qui, au conuucneenient de 182G, n'avait point encore nieme les vestiges d'une salle de spectacle, en possedait une le 8 aoiit de la meme annee. Son inaugura- tion avait lieu solciuiellenient, en presence de S. A. R. IvI""^ la duchesse de Berry, (pii avait peniiis qu'on lui reservat la sa- tisfaction d'y poser la dirnierc pierre. C'est celte salle de spectacle, construite en six mois , siu* un emplacement oii existait auparavaut la plus liideuse, b plus incommode el la plus insaltibre prison, qui est le sujet de I'ouvrage que nous annoncons. L'auteur, elranger a ce genre de coiislructiuu , qu'un arciiitecte nieme a pen d'occasions d'entrcpreiuhe, au- rait voiilu , en se chargeant de dresser le projct de la salle de spectacle de Dicpjie, pouvoir etudier toules les parlies de son sujet, avant d'en former un ensemble; il auiait desire trouver des documens qui eussenl pu I'aider a eviter luie grande pailie des inconveniens que I'on reproche i\ la plupart des salles de spectacle; mais le manque d'un ouvrage ele- r BEAUX-APvTS. — MEM. ET RAPP. a 5:"; mentaire et precis sur ce genre d'edifice I'ayant oblige de vi- siter et d'etudier les salles deju execiitees, i! a cm poiivoir se reiidre utile en presentant ie plan et les details de la salle de spectacle de Dieppe. IXoiis rejjrettous que les bornes de ce recueil ne nous permelterit pas d'entrer dans I'expose des plans, dans la description des decors, des machines et des orne- niens; mais nous rcmarquons que la salle pent contenir de liuit a neuf cents pcrsonnes; que Ton a supplee autant que possible a la privation da rideau de tuile nnHalliqjie de Darcct par toutes sortes de precautions contre Tincendie; et que, si I'autcur s'est occupe soigneusement de I'une des premieres conditions de tout projet d'architecture, la convenancc, il s'cst offorce ausii de satisfaire a una autre non moins essentielle, V economic , puisque la totalite des depenses de I'enlreprise ne s'est montee qu'a i35,ooo fr. Nous laissons aux hommcs de I'art Ie soin d'apprecier les dissertations de I'auteur qui, en publiant ce travail, ne parail avoir eu d'autre but que d'of- frir a ceux qui se trouveraient dans Ie nienie cas que lui I'ex- pose de son experience, de scs fautes et de ses succes. Le lecteur verra sans doute avec interet Tauteur indiquer avec franchise ce qu'il faudrail njodiSer, ce que Ton devrait eviter et ce que I'on pouriait imiter. Les planches qui forment le fond de cet in-folio s<">nt d'line belle execution; les dessins, qui nous paraissenl d'une exactitude et diui fini parfait, sont dus au crayon de M. v^AwcV/fc Ferf.t; les plans, remarquables par leur nettete et leur correction, sont de la plume de M. Mon- NOYEUR. Ce soiit deux jeunes artistes de Dieppe, I'un , emplove des ponts et chausseis, I'autre professeiu' de la classe de des- sin du college de Dieppe, qui ojit fait dans ce travail preuve d'un talent recommandable. B. G. Memoircs et Rapports dc Societes savantes. 1 29. — * Seance pahliquc de la Socicte d! agriculture , com- merce, sciences et arts di depnrtement dc la Marnc , tenue a Chalons, Ie a8 aout 1827. Chalons, i8'27; Boniez - Lambert, imprimeur de I'ecole roya'e d'arts et metiers. In - 8" de 100 pa^^es. Le discours d'ouverture d'une seance academique n'est Ie plus souvent qu'un luxe d'elorution, un orncmcnt qui dispa- rait avec les circonstances pour lesquelles il fut fait , comme les emblemes et les devises places dans les decorations d'une fete exiraordinaire. II n'en est pas aiusi du discours flu president annuel de la Societe de la Mariie ( M. Caqcot ) ; I'orateur v .i56 MVilES FllANCAlS. expose avcc sagesse iles vi'i'ilc-s rcpoiissoos ('iirotc par bean- coup (le {jens que I'espril da siccle cpoiivaiile, ot qui sc sont jilacc'S, on bons lacticicns, les iins en avant jioiw attaqiier la tete lies culonnes ennemics, les aiitres snr les (leiriere.s pmircouper la retraite, inqiiieler, ebranler la ronlianre, recncillir et orga- niser les tloserteurs. Nous ne resisferons point an clesir de ci- ter qiiel(]ues passages de I excellent discours de M. Cacpiot. « ... L'homnie, au sorlir des illusions de la jeunesse, devient penseur; le sieele dcvieni phil()SO[)lu'. Deja nieiiie, dedaignciix des grandeurs et iriipalient d'un inaifre, il rejmdie le num du sonverain pour adopter celui des honimcs qui le dirigt iit; on a dit !e Steele de Louis XI F ; on ne dit point le sieele de Louis XV , mais le xviii' sieele. Alors est onverte une vaste carrierc d'investigations en toutes elioses ; on clierche , on de- vine, on decouvre : la raison s'avance, quelquefois elle s'egare: rhonniic de letircs ne pent pltis reussir sans la philosophie , et la philosophie devient la litteralure. Les sciences enfin, elar- gissant leur hoiizon, ne voient plusde borncs anx decouveites. Le xvTii'^ sieele pent etre appele le sieele des theories : mais jus- (|u'alors pen feeondes en resultals utiles, ces theories alteii- daient qu'on les fit plier aux besoins de la vie. Notre age s'est charge de cette application: tout maintenant est realite; nous somnies/>'o«V//i'. n Oui, messieurs, I'esprit du sieele est essentiellement posi- tif. Eire utile, voiU'i le veritable litre h la consideration,- meme a la gloire ; et tout ce qui est gloire est maintenant noblesse. Vous I'avez vu , ce noble pair qui a laisse dans nos murs lanl de souvenirs, et dans cette Acadeuiie (k)nt il etail membre, tant de regrets; vous i'avez vu entoiu-e d'amonr et de respect, guide par son genie eleve , par son ardente philantropie, suivre avec orgueil {'impulsion de son sieele ... que dis - je ! le diriger, marcher a la l(!-te de riiidustrie, et tout biillantdeja de sa vieille noblesse, enter encore sur son anlique race cette noblesse de nos terns modernes. Elles ne serorit point separees ; il nous Feste des Laroehefoueauld. « ...P^nfin, messieurs, une puissance nouvelle est nee qui, s'elevant sur les debris des viedles institutions, s'appuie sin- les lois et les moeurs, enfante I'ordre et I'union, s'entoure du res- pect des peuples, eroit par la liberie, grandit au milieu des contradictions, et libre enlin de toute cntrave, plane sur les ont prepare raffranchissement de la Mediterranee ; que les flottes combinees des trois nations europeennes les plus puissantes sur mer, apres avoir accompli leur destination relativement a la Grece, pourraient faire ce que Pompee sut executer autrefois avec des forces beaucoup moins imposantes, et contre des en- nemis beaucoup plus nombreux, Rien n'empeclie que Ton ne prepai'e des a present la fondation de colonies europeennes sur les cotes d'Afrique, et dans le mout Atlas, afin de repousser les Brebercs dans les deserts de I'iuterieur, qu'eux seuls peuvent habiter. Ce 'serait ainsi que le commerce de la Mediterranee s'eleverait a la plus grande prosperite qu'il puisse atteindre; que I'antique Libye, le royaume de Massinissa, le territoire de Carthage, etc., reprendraient leur fertilite , et que des cites autrefois celebres pourraient sortir de leurs mines. Ces im- menses bienfaits, dont I'Afrique serait quelque jour aussi re- connaissante que I'Europe, couteraient beaucoup moins aux puissances europeennes qu'une seule campagne des guerres qu'elles se font I'une a I'autre. F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. LoNDRES. — Soclete medico-botanique. — Cette Societe exisfe depuis sept annees. I/idee de sa creation fut inspiicf par la 248 EUROPE. triste ceititiide que la pliipart des liouiines qui se dcvoiiaicnta l\'.\eicico do la medfcinc neglitioaicnt lotaleinent rcHule do la bolaniqiic qui , copondaiU, meritait toiire lour atlonlion. I! sera liiflioiledo croire , niuis il est positif que, jiis(|u'au i" Janvier 1821, iln'avait existo aucun ouviago 011 Ton doniontrat les qua- litos ct les piopiiolos dos plautes daus Uiir application a la jnedecine, ot que, loisque los etudians posscdaior.t los noms SYStoniatiques dos planlos inscrites au calalogue doinatiore me- dicale public- par le collof,'e royal de niedeciuo, ils croyaient avoir une connaissance suftisante do la bolaniquo. Ce fut pour remedier 'h celte facheuse ii;tioraiice que fut fondee la Societe i/icc/cco-bota/iir/tw c/t- Lone/ics. Elle s'occupede rectifier les descriptions dos plantes , erronees oi; incompletes, de demontrer lours divers usages et lours effets, derendrepo- pulaires par la publieite toutos les docouvertes et les applica- tions nouvclles dos sim|)los a la guerison dos njaladies; elle embrasse la botaniquc medicale de toutos les controes , on 00m- parant ses avantages selon les climals et los nations. L'impor- tancc des travaux de cotte Sociote a ete si bieu sentie que doja les univorsitos de I'Augletorre et de I'Ecosse out exige dos gra- -duos en medecine qu'ils se livrassent .'i I'otude de labotanique, et que cetexomplo a ote suivi par le College des chirurgiens et par la Societe des pharmacieiis. La Sociele a ouvoit sa huitiome session annuelle, an mois de juin dernier. Dans la premiere seance, elle otait prosidee par M. M'Grigor, directour general du consoil do medecine de I'armee; etlVI. Frost, directour el professour de botanique, a prononce un discours dans lequel il a rendu conipto dos ser- vices doja rendus a la science par la Societo. 11 a jite queUpios flours sur la tombe du due d'Yoi k , ct a felicite I'assembloo de CO que le due de Clarence avail bien voulu se constituor le protecleur do la Societe et Tassurer de son constant intorot. S. M. le roi de Baviore a adrosso a la Societo une lettrc concue dans los termes los plus flalteurs; et dans cotte seance, la Societe a propose un prix de 25 livres sterling, ou une medaille dor de mome valeur, pour la description exacte do la plante ou de I'arbro qui distille la niyrrhc, gomme que Ton suppose provenir de Yaniyris-fidUif. On remarque des noms colobres parmi ceux des niembres de cette Sociele. Nous citerons surtout le marquis do Lansdawiie, le marquis de Donegal, sir B. Hobhouse , le lieutenant general sir .S. d'Urban, MM. Morris, Burnett, Astlcy Cooper, etc. R. — Nouvclle voiture a vapctir, i/ii'cnti'c par 31. GuRNty. — Les GRANDE-BRETAGNE. . 249 journaux anglais ont bcaucoup parlo d'une iiouvelk- voiture u vapour dont void la description. La voiture , complete dans toutes ses parties, a etc examinee, dans les premieis jours du niois de decembre 1827, par des savans et des artistes do tous les rangs, dans les ateliers de M. Gurney, et le 6 du nieme inois, ils I'ont vue marcher dans le pare du regent h Londres. lis ont admire la laciiite avec laquelle on la guide, la rapidite de sa niarche, la simplicite de sa construction; et la surete parl'aite du resultat de cette exptv rience les a convaincus que dans tres-peu de terns elle recevra ia sanction du public, tandis que I'application du meme prin- eipe aux autres effets du tirage doit devenir presque univer- soUe, attendu I'economie qu'elle procure, comparativement a I'emploi des chcvaux. Quelques voyages d'experience ont dit etre cntiepris depuis : on avait I'intention de eoramencer par celui de Windsor, afin de montrer cette invention au roi. La chaudiero de la machine est formee de tubes au nombre d'environ quarauto, en for forge et sonde, disposes eu deux series qui viennent so joindre a la partie superieure, et figurent uu for a cheval place verticalement. Cost dans I'interieur de ce for a cheval que se trouve Ic foyer. Le tout est enferme dans une caisse en tole. II y a quatre tuyaux de cheniinee, par losquels s'echappe I'air combure, sans donner de la fu- mee, attendu qu'on y brule du coke et du charbon de bois. Tout cet appareil est place sur le derriere de la voiture. Les reservoirs d'eau et de vapour, ou plutot les separateurs , ainsi qu'on les nomme, sont aussi places derriere la voiture et envoient I'eau dans les tuyaux ou elle se convertit en vapein-; de la le fluide passe dans les deux cylindres qui sonl disposes sous la voiture, et dont les pistons, au moyec de bielles im- priment les mouvemens aux roues de derriere Un reservoir d'eau alimentaire est place aussi sous la voiture, et il est renipli de nouveau a chaque relais. Sa contenance est d'environ 2x5 litres, et il suflit pour une niarehe de plus d'une heure. Au moyen d'un regulateur, on peut imprimer aux roues un mou- vement de deu.\ a dix milles par heure et menie plus , si cela devenait utile. La voiture a la forme d'une diligence ordinaire, portant six personnes dans I'interieur, et quinze a I'extericur, sans compter le guide qui est aussi le niecanicien. Cette voiture a six roues : les deux de derriere, qui recoiveut seules le mouvemont des pistons, ont cinq pieds de diametre; celles du niiiicu, qui sont coUes de devant dans les diligences ordiriaires , ont tiois pieds neuf pouces; et les deux roues de devant, ou directrices, ont a6o EUROPE. trois pieds. Le guide est place au-dessus de ces dernieres, ct les dirige au moyen d'un levicr i poignee. II a a sa portee la tige d'une soupape a gorge pour guider rintrodiiction de la vapeur : il peut ainsi regler, a volonte, le mouvement de la voiture, accelerer, retarder, arriitcr sa niarche , et menie la faire reculer. Lorsqu'il s'agit de monter des pentcs rapides, la voiture esl munic de jambes a mouvement aiternatif, qui ajoutent a Tac- tion des roues. Ces jambes sont mues par la machine, a la vo- lonte du guide, ainsi que des forins qui onraient Ics roues de derriere, et en raktitissent les mouvemens dans les descentes. Le dcssus de I'imperiale de la voiture est a ueuf pieds au-dessus du sol. Le poids total de la voitiu'e et de tons les appareils est portc a quinze cents kilogrammes. La deterioration de la route est nioindre que celle causee par quatre chevaux, dans le rapport de un a six. Les pieds des chevaux font refCet de pilons qui tendent conlinuellement plus que les roues a detruire les routes. Lorsqiie les roues sont a laige jantes, au lieu d'etre etroites, M. Mac-Adam pense qu'elles font aux routes plus de bien que de mal. L. Seb. Lenormand. N. D. R. Un des points les plus imporlans a etc de mettre les voyageurs a I'abri de toute espece d'accident , ct de leur inspirer une entiere securite. En eiXet, lis ne courcnl aucun danger, lors mcme que la chaudiere, ou plutot I'assemblage de quarante tuyaux cylindriques qui la remplace viendrait a eclater. Le scul accident possible scrait la ruptuie de I'un des cylindres, et par consequent une diminution momentance d'un 40* dans la puissance de la vapeur. Mais le mecanicien con- ducteur peut sur-le-champ reparer le dommage , en rempla- cant par un autre cylindre celui qui serait hors de service. II est toutefois tres-peu probable qu'une semblable rupture puisse avoir lieu. Car avant de faire usage des cylindres, on les sounief a une pression cinquante fois plus forte que celle qui est neces- saire pour mettre la voiture en mouvement. RUSSIE. Odessa. — Culture de I'olivicr. — La cote meridionale de la Crimee possede deux varietes d'oliviers qui y sont devcnues indigenes. Le port de Tune est pyramidal , le fruit d'un ovale parfait ; les branches de I'autre sont pendantcs , et le fruit gros, en forme de cceur, et abondant. Ces arbres precieux ont resiste aux injures des siecles et a la barbaric des peuplades RUSSIE.— DANEMARK. a5i qui ont succede aux colons grecs et genois ; mutiles par la main des hommes , ronges par la dent du betail , ils ont con- stamment repousse au pied et par Ic haut. En i8ia , un jardin imperial fut crue ;i ZVikita. On s'y occupa specialenient de la culture et de la propagation de ces arbres utiles, que Ton parvint h multiplier par boutures ; et Ton tit venir de France diverses especes d'oliviers cultivees en Provence. Elles pros- f)ererent jusqu'a I'hiver de 1825 a 1826 qui les tit perir jusqu'a aracine, tandis que les oliviers indigenes resisterenc au froid dans toutes les expositions. Au printems suivant on les distii- bua aux propiietaires etablis sur la cole meridionale de la Tauride ; ils reprirent parfaitement , apres avoir ete trans- plantes , et de toutes parts on fit de nouveaux eleves. 11 serait peut-etre utile aux proprietaires du midi de la France de mul- tiplier chez eux ces especes, aguerries contre un froid de 10 degres Reaumur ; et c'est sans doute , un service a rendre aux cultivateurs d'oliviers que de les prevenir que la direction du jardin imperial de Nikita offre a cet egard ses services aux particuliers ou aux etablissemens publics de I'etranger. Elle demande en revanche que les agriculleurs du midi de la France veuillent bien lui communiquer en detail leurs me- thodes les plus avantageuses sur la maniere de multiplier cet arbre precieux; et surtout lui faire savoir si Ton a constate par des experiences suivies que I'olivier se greffe avec avan- tage sur le troene [ligustrum vulgare) , ainsi que I'a annonce M. Noisette ; si ces greffes sont de quelque duree, et ne se decoUent pas apres quelqnes annees , lorsqu'on a eu soin d'enterrer la greffe a la profondeur de quelques pouces , afin de faire prendre racine au scion meme d'olivier. Les semis, jusqu'ici , n'ont pas reussi , parce que probablement on avait omis de tremper les noyaux dans une forte lessive avant de les semer. Les personnes qui se sont occupees de semis d'oli- viers sont egalement invitees a faire partde leurs observations a la direction du jardin imperial de Nikita. (Extrait du Journal d'Odessa.) N. du R. La greffe de I'olivier sur le tro6ne ne peut ^tre qu'un objet de curiosite : le tronc de i'olivier, lorsqu'il a pris tout son accroisse- ment , est d'un diametre au moius quintuple du plus gros troene ; ua support aussi gr^Ie n'est pas fait pour un arbre. DANEMARK. CoPENHASUE. — Sociele etahlle pnur propngcr V etude de /a phy- sique experimentale. — En appreciant les bienfails de la civi- lisation, on a generalemcnt rcconnu toiite la puissance de* u5i EUROPE. scieiict'S physiques sur l;i prcspciitc diiii pays. Ccs scuikts, c|iiiii(nis devoilent lepouvoir des niacliinos, la nature ct IVlfet ties elcmt'tis, Ics qualitos ties divorses sulj.s!aiicc.s ct lo miiyoii d'oii tirer avanlajje, sunt essentieliement liucs an bonliciir dt-i homnies en socicto. Aussi I'Aiiglotenc ct la Eiancc,qui dims ics proijics do rindiisttic se moiitront dc dignes cmules, ii'oiit- cUcs ricfi iicglii;c pour ])iopagci- letir elude. Lcs soiiis iiifati- gablos de M. le piofesseur Oersted, sout parvenus des iSaS a ctabiir a Copcnhagiie luie Socictc dant le but est de rcpandie la connaissaiicc de la piiysique aj)plicpicc. Son plan (i(i EUROPE. bianfaisaiHc, se compose cl'iin presi menage, ont le droit de placer a la colonie une famiile indigente. Cette famiile, pour etre admisc, doit etre pourvue dti nombre de bras necessaircs it son existence. Ou considere comiiie capables de so livrcr an travail les enfans ages de plus de six ans et d'une bonne constitution. PAYS-dS. 2r>7 On obtieiit I'etablisscment cl'iine f'amille , en payanf, pea- sant seize ans au plus, aS florins ( 52 fr. 75 c. ) annuellement et par tete. Pour racJmission d<; six orphelins, enfans panvres, trouves ou abandouncs, ages de plus de six ans, on paye par tetc Zi5 florins ( 108 francs 9^ cent. ) pendant seize ans. lis sont reunis au nombre de 1,000 a i,5oo , dans un meme local auquel est affccte le terrain necessaire pour les nourrir. Un etablisse- ment de ce genre existe a Veen-Huiseu; il est dependant de la colonic de t'redericks-OorJ. C'est un veritable modele i\ pro- poser, et il serait difiicile d'iinaginer iin plus interessant s|)ec- tacle. Je le dis avec un sentiment de saii-,factioM particuliere , la Societe de bienfaisance n'eut-elle a se feliciler que d'avoii" fonde ce bel etablissenient, elle aurail bien meriie de iu patr^e, et acquis des droits legitimes a la reconnaissance des amis de I'humanite. Les chefs de faniillc ont la jouissance de I'liabitation qui leur a ele remise, jusipTau deces du dernier d'entre eux. lis en payent 5o florins par an ( io5 fr. 55 c. ). La Societe est tenue aux grosses reparations et a I'impot foncier. Si, 4 leur deces, les chefs de famille laissent des enfans nii- neurs, la Societe leur continue la meme jouissance et charge du soin de leur tutelle d'autres chefs dc menage. Les orphelins, etc. , places a la colonic, peuvent y demeu- rer jusqu'a I'age de vingt ans, a moins de mariage consenti avant cet age, d'appel sous les drapeaux de la miiice natio- uale, ou d'enrolement volontaire dans Tarmee. Les economies de la Societe servent a reiablissement gra- tuit de nouvelles families indigentes, choisies de preference dans les communes qui presentent le plus grand nombre de so- cietaircs et de donateurs. L'instruction primaire et I'exercice des divers cultes reli- gieux sont a la charge de la Societe; de bons iaslituteurs et de sages ministres s'acquittent a I'envide ce soin important. J'ai dit que I'objet de la Societe de bienfaisance, en for- mant des colonies agricoles pour les niendians valides , est aussi de chercher a extirper la meudicile. Les niendians sont done reunis dans un meme local et soumis a une surveillance active et continue. Le defrichcment et la culture des terres for- ment leurprincipale occupation. Ces colonies portent le nomde colonies de repression. Dans les depots de mendicito qui existent encore dans quel- ques provinces des Pays - Bas, la depense pour mi mendiant s'elcvait annuellement jusqu'a 100 florins (21 1 fr.), tandis que, a68 EUROPE. dans la colonic, ccttc depense no va pas au dela dc 35 florins ( 73 fr. 85 c. ), et Ics meudiaas y sontinfiniment inieux traitcs sous tous les rapports que dans Ics depots de inendicite. Aussi, Ic roi des Pays - Bas a-t-il pris la mcsuro de faire cvacuer ccs derniers sur les colonics, des I'annec 1822. Les travaux sont distribucs par taclie ; en general , ils s'exe- cutent en commun et sous la menie direction, jusqu'a ce que le colon soil devenu locataire. Ccs travaux sont relribues. Les colons portent des vetemens uniformes ; ils doivent etre propres et decemment habiiles. Independamment du sa- lairc fixe en argent, ceux qui se distinguent par leur bonne conduite et leur industrierecolvent trois genres dc decorations, ca medailles de cuivre, d'argent et d'or. Les colons qui obticnnent la nicdaiile d'argent ou d'or sont deslors consideres comme des locataires ordinaires. II ont par ce fait acquis le droit de cultiver seuls leur terrain, et ne sont plus soumis qu'aux dispositions qui concernent I'uniforme, I'enseignement et le service divin. A la tete de retablissement est place un directeur en chef charge de surveiiler les travaux, la conduite des colons, I'or- dre, le maintien de la discipline, etc. Ce fut en Janvier 18 18 que la Societe de bienfaisance fut eta- blic dans les provinces septentrionales du royaume , el elle compta presque a sa naissance plus de i5,ooo membres. Les bruyeres de la province de Drenthe farentdefrichees, et la co- lonic de Frederieks-Oord y fut etablie. Le general Van den Bosch se chargeadesnrveillcr lui-nieme les travaux; et au bout de deux ans seulenient d'existence de la colonic, toutes les personnes qui la visiterent virent avec surprise les elonnans changemens si promptement operes dans ccs plaines auparavant incultes et inhabitecs ; on fut surtout frappe de I'amelioratiou du sort d'unc multitude d'hommes, naguere converts de haillons et croupissant dans la miscre, niais anjourd'hui proprenient habiiles et jouissant d'une aisance et d'une satisfaction qu'ilcst rare de trouver ailieurs. J'ai visite cct clablissenient dans I'ete de 1822. II y avail alors dans les colonics libres pres de deux mille cinq cents individus, indi- gens, orphelins, enfans tronves ou abandonnes. II exislait, en outre, une colonic dc repression fondi'e pour recevoir mille mendians; unepartie s'y trouvait deja rt-unie, et la Societe qui, a cette epoque, comptait pres de vingt mille membres, avail traile avec le gouvernement pourle placement de quatre mille orphelins, et de cinq cents nouvcaux menages. L'etat pros- pere oil j'ai vu ces braves gens scmblait tenir du prodige ; ce PAYS-BAS. 269 prodige etait du aux efforts heureusement combines de la reli- gion , de la morale et de I'lndiistrie. La Societe meridionale de bienfaisance est aussi presidce par le prince Frederic. Elle se composa, d:ciifmsance de Frcdeiihs-Ooril ct de If oriel; par le chevalier /. /?. /.. he Kihckhoff. Bruxelles , i8a7. In-8»,de 38 pag. 274 - EUROPE.— PAYS-BAS. Amsterdam. — La Socicle Felix Mentis, dont M. van s'Gra- -VENWF.KT a fait un cloge intTitu dans son Cniip-d'opil sur Ics institutions seicntifiijucs dc notre royaunie ( voycz Rev. Enc. , T. XXXV, pag. 23 et suiv. ), a colt'bic sa fete sumi-scculaire , le 6 et le 9 novcmbic 1827. Fondce en 1777, c'est le celebre rian Swinden qui piononca le discours d'onvertncc, et ce fiit liii encore qui, en 1802, jiresenta un tableau non nioins vrai qu'eloqnent de tons les evenemens rcniar(|uai)ies qui avaient signale les premieres vingt-cinq annees de rexistcnce de la societe : on s'etait flalte de le voir remplir encore la meme tache a la derniere reunion solennellc ; niais la mort I'ayant enleve a son honorable carriere , c'est M. B. Klyn , I'un des commissaires direcleurs de la societe qui , dans la soiree du 6 , a retrace dans un discours les differens litres de la societe :\ la reconnaissance et a I'estime des liabitans de cette ville et des Beiges en general , en taehant surtout de demontier que la li- berie et la propagation des lumieres sont les deux priiicipaux buts que la societe s'etait proposes pendant le cours de son existence. Ce discours etait precede , entrcmeie et suivi de chants dont les paroles sont dues a M. Warnsincr ; la mu- sique, savante et harnionieuse, h. M. Bertfi.man. La presence d'un grand nombre de fonctionnaires publics el des deputa- tions de plusieurs societes et institutions savantes et litteraires ajoutait a la solcnnite de cette fete. Le vendredi suivant , tout concourait a rendre la solennite encore beaueoup plus imposante. M. Loots, poete connn et universellement estime , a In un poeme dans lequel il celebre la societe, surtout comme eminemment protectrice du bon et du beau. Une cantate, dont les paroles etaient du meme au- teur et la musique de MM. Fodor et Wilms , a ete executee avec beaueoup de precision. Mais, ce qui devait surtout com- pleter la satisfaction des membres de la societe , c'etait-la pre- sence de S. M. le roi des Pays-Bas et du prince d'Orange, qui avaient bicn voulu se rendre a I'invitation des conmiissaires, et assister a cette reunion comme un bon pcre a une fete de famille. Deux inscriptions, I'une, en vers latins, du celebre profes- seur van Lennep, I'autre, en hollandais , de M. B. Klyn , placees dans la grande salie dc la societe , perpetucront le souvenir d'une solennite si memorable pour les habitans de cette ville, et pour tous ceux qui prennent k coeur les interets de rhumanite et des lumieres. X. X. FRANCE.— DEPARTEMENS. 173 FRANCE. La Voulte [Ardeche.) — Exploitation diifcr par les precedes anglais. — La riche mine dc La Voulte a cesse d'etre inutile a I'induslrie francaise; la compagnie des fonderies et forges de la Loire et de I'lsere s'est chargee de cette entreprise, dont I'in- fluence sera tres-puissante sur les manufactures du midi de la France, et reagira meme sur celles du nord, par une concur- rence profitable a tons les consommateurs dc fer. Quatre hauts fourneaux, dont deux sont en activite, et les deux autres presque termines, produiront de la fonte excelleute pour lemoulage, et ce que les mouleurs n'auront pas employe sera convert! en fer forge aux forges de Terre-Noire, pres de Saint-Eticnne. Une vaste fonderie est en avant des fourneaux, places- tous les quatre sur la meme ligne, raais separes par de petits passages voutes. L'etablissement est a aSo metres dii Rhone, et commu- nique avec le fleuve par un canal. Deux machines soufflantes , mues par deux machines a vapeur, chacune de la force de soixante chevaux, entretiendront la combustion dans les four- neaux. L'air est envoye par les machines soufflantes danS un vaste reservoi-i-, ou sa densite est maintenue et reglee par une colonned'eau. Tous les procedes economiques employes en An- gleterre ont etc introduits dans cette belle usine pour la prepa- ration du mineral, son transport et celui du combustible, le chargement des fourneaux , etc. La compagnie des forges de la Loire et de I'lsere avail fait venir d'Angleterre ses premiers ingenieurs et ses premiers ou- vriers ; aujourd'hui , la direction des travaux est uniquement confiee a des Francais. L'exploitation des mines est surveillee par M. GAVET,run des elevesdislinguesde VEcoledes mineursde Saint- Etienne. Le plan de la fonderie et des hauts fourneaux est I'ouvrage deM.WALXER, ancien officier d'artillerie, directeur de la forge de Terre-Noire, et les machines soufflantes, les chariots, leschemins de fer, toutes les machines necessaires au travail de la fonderie de La Voulte , sortent des ateliers de Vienne, appar- leuaut a la meme compagnie, et diriges par M. Ferry fils. C'est ainsi que nos jeunes artistes rivalisent avec la vieille In- dustrie anglaise , et se livrent avec ardeur a tout ce qui pent hoDorer notre patrie, etcontribuer a sa prosperite. N. Societtis savantcs et Etablissemens d'utilite publique. Dieppe ( Seine- Inferieure. ) — Societe archeologiquc. — La T. xxxvii. — Janvier 1828. 18 274 FRANCE. reunion anniiellc dcs soiisciipteiiis pour la rcclicrche ?t la d^- couvorte dos antiquitos dans rarrondissomonl do Dieppe a cu lieu lo 27 deccmbre 1827, a I'hotol de la sous -prefecture , sous la prusidence do M. de Vif.l-Castel. Le rapport des tra- \aux a ete fait par M. P. J. Fkret, corres|)ondant de la com- mission departeirontale des antiquites. II lesulte de ce rapport que les fouilles executecs en 1827 dans la cite de Limes , vul- gairement connue sous Ic nom de Camp de Cesar, out fourni de nouvelies preuves que ce monument appartient a la plus haute antiquite du pays, ct qu'il remoutc au tcms des Beiges , de ce peuple belliqueux que Cesar nous represente comme Ic moins civilise et le plus redoutable de ceux qui habitaient les Gaules, lorsqu'il vint y porter les armes et les lois de Rome. Un plan exact de ce vaste monument, de ce superbe oppidum, execute sous les auspices de M. Frissabd, ingenieurdes ponls et chaussees, et par les soins labojicux de M. C/tar/es Moy- NOYEUR, a ete mis sous les yeux de I'assemblee. On a presenle a Texamendes societaires des medailles celliques, desdebris de poterie grossiere de la meme epoque, des si/ex degrossis et fa- connesen hache, tous objetsltouves dans les traces reniformes, bases des habitations gallo-belges ( tuguria ) , creusees dans la terra, sur divers points de cette vaste enceinte. On a vu aussi avec un vif inteiet une urne cineraire en vcrre , haute de 14 pouces, large de 8, trouvee par M. Jean Hoinville, culti- vateur, dans les champs de Luneray (canton de Bacqueville) , et offerte par Ini au cabinet d'antiquites de la ville de Dieppe. Cette decouverte ayant engage M. Feret a examiner des mines voisines des chan)ps de Luneray et de Gren ville, il soupconne qu'une voie partant de Lillebonne et se reudant dans les pa- rages de Dieppe passail dans le lieu oil sont siluees ces ruines qu'il considere comme pouvaut provenir d'une mansion, ou lieu de sejour ou de repos des troupes romaines. Une partie des explorations faites autour de Diep|)e, aux frais d'une prin- cesse eclairee qui sait apprecier le but important ou tendent les recherchcs archeologiques, devait aussi trouver place dans le rapport de M. Feret, puisque cet antiquaire avait ete charge du soin honorable de surveiller et de diriger des travaux qui ont reveie I'existence des ruines d'une bourgade gallo-romaine enlre les villages de Bracquemont et de Graincourt, traversees en partie par la grande rofite de Dieppe a Eu. Apres la lecture du lapport, M. B. Gaillon, tresorier, a communique a 1 as- scriiblee I'etat des recettes et depenses , et I'a informee que S. A. R. M'"" la duchesse de Berry avait daigne faire partie des souscripteurs. M. de Viel-Castel, president, ayant resume les avantages qui resulteraient des travaux entrepris pour la con- DEPARTEMENS. 275 naissance de I'histoire ancietme du pays, pour I'instruction de la jeunesse et le perfectionnement de certaines branches d'in- dusfrie, on proposa de souscrirn de nouveaiix fonds pour la continuation des iravaux de i8a8 ; ce qui fut agree et execute a I'unanimite. L'assemblee arreta aussique le plan de la cite de Limes serait grave, pour etre joint au rapport de M. Feret, qui serait imprime aux frais de la Sociele, ainsi que la lisle des souscripteurs et le proces-veibal de la seance. **. Dole. (Jura.) — Ecole gratuite des sciences appliquees aux arts et metiers et aux beaux-arts. — Cettc ecole , ouverte le 5 Janvier de cette annee, sous les auspices du conseil municipal, par les soins de M. Dusillet, maire , est specialement des- tinee aux ouviiers ; chacun d'eux y trouve I'enseignement des elemens des sciences qui out rapport a sa profession : il apprend a reflechir sur ses operations, a perfectionner ses procedes , a executer plus promptement et a niieux faire. On enseigne dans cette ecole I'arithmetique, la geometric, la mecaniqnc, la geo- metrie descriptive et ses applications, le dessin graphique, le dessin el la sculpture , TarchitectMre, la physique appliquee aux arts, la chimie , I'agriculture, I'histoire naturelle, I'ecriture par la methode americaine. Des classes d'tm ordre plus eleve sont consacrees a I'enseignement du droit commercial, de I'anato- mie , de la musique vocale , d'apres !a methode de M. Wilhem , et de la stenographic (methodes de Taylor et de Conen de Pre- pean). Les heures des lecons sont celles uu les oi:vricrs ont ter- mine leurs travanx journaiiers. On ne peutqu'applaudir au zele d'un administrateur qui marque I'epoque de sa magistratiire par des institutions aussi sag^s et aussi utiles. M. Dusillet merite les remercimens de tous les hommes qui s'interessent a la prosperite de la France. R. Rouen [Seine- In ferieure). — Socieie de Medecine. — Srtjet de Prix pour 1828. — La societe, n'ayant recu aucun raemoire sur la topographic medicale de Rouen , retire ce sujet du concours et propose a sa place la question suivante : Traiter de ia croissance et des maladies qu'elle occasione , qu'elle complique et quelle guerit. Le prix sera une medaille d'or de la valeur de 3 00 francs. Les memoires seront recus jusqu'au 1'''^ novembrc 1828, terme de rigueur. lis ne devront porter aucune signature, mais seulement une epigraphe repetee sur un billet cachete ren- fermant le nom de I'auteur. lis devront etre ad resses, _/>■««<: de port, a M. PiHOREL, D. M. , secretaire de correspondance, rue du Fardeau , n° 21 , a Rouen. SxaxsEOURG (Bas-Rhin). — Societe des sciences, agriculture 18. ■}.-G FPcAiNCK. if arts (la departcmcnt du Jias-Rliin. — La Socielc met au cori- coiiis, poiif 1828, Ics questions suivantes : « Exposer en quoi consiste r<(liicatioii morale, ct comment elle pent etre doimce, le plus orficacement, aiix liommcs ties rlifferentes couditions tie la soeiete. » Lc prix consiste en nne medaiile tl'or tie la valeur tie 3oo iVancs. « Dt^'terminer par I'experience et I'obscrvalion quels sont les effets du mcrcure dans' le traitcment des inflammations aigues et chroniques qui ne soul pas de nature venerierine. » La Societe desire tjue los concmrcns pnissent s'appuyer de faits observes par eux-memes, inde|)endamment de ceiix qu'ils puiseraient dans les autcurs. Le prix est une medaiile d'or de 200 francs. Les memoires, rediges en francais pour la premiere question, en latin ou en francais, pour la seconde, seront adresses, francs de port, au secretaire general, avant le i"' mai iSsS : ce terme est de rigueur. Le nom de rauleur sera rcnferme dans un billet cachettl-, annexe aux memoires, suivant les formes academiques. La Societe avcrtit de nouveau tjue les memoires ecrits en langue allemande ne seront pas admis a coneourir. Le president, Z>t'«>tf' Ordinaire; le secretaire general, Goupil. PARIS. Institut. — Academie des sciences. — Suite de la seance du 17 dece/nbrc iSt.'J. — MM. Gay-Lussac , Thenard et Cliei'reul font un rapport sur deux notes de M. Serui.las. La premiere traite des bromures d'arsenic, d'antimoine et de bismuth ; etla seconde a pour litie : Obscn'ations sur I'oxihromure d'arsenic. Tous les faits qu'il a decouverts sont patfaitcment conformes aux idees theoriqiies que Ton se Hiisait du brome, d'apres ce que Ton sait deja de ses proprietes caracleristiques et de la place, qu'il occupe dans la classification chimique des corps simples ; mais, le brome etant encore rare, les experiences de I'aulenr ayant la meme exactitude que celles qu'il a soimiiscs plusieurs fois au jngement de rAoadcmie , nous pensons , dit en termi- iiant le rapporteur, que le nouveau travail qu'il lui a presentti jiierite son approbation. (Adoptt-.) — M. G/w/r/fait un rapport verbal sur les ouvrages relatifs a I'ouverture du canal de Hud- son , qui ont ete envoyes a I'Academie par M. Genest. — M. Ca'jchy lit un memoire intitule : Usage du calculdes residus pour la sommation ou la transformation des series dont le terme general est une fonction paire du nombrc que representc le rang PARIS. 577 de ceterme. II lit une note iniprimee sur iin momoire d'Eiiler qui a pour litre : « Nova metliodus fracdones quascitinque ratio- nales iii'fractiones sinipliccs resoh'cndi. « — Du 24. — MM. Raspail et Saicey transniettent une note relative au colla^'c du papier a la cave par un nouveau precede de leur invention. Les auteurs desirent que cette note soit de- posee au secretariat pour que les personnes fju'elle inlercsse- rait puissent en prendre connaissancc. L'Academie ai;ree celte proposition. — M. Moreau de Jonnes donnc lecture d'une note relative a I'eniploi qu'on vicnt de fairc, au lazaret de Ctpha- lonie, du traitement mercuriel interne et externe , pour pre- venir,des les premiers syniptomes, I'invasion de la jioste oit deses effets nioitels (Voy. ci-dessus,p. a5a). — Une commission cornposee de MM. Diimrril et Blaini'illc , avail etc chaigee de rendre compte d'lin memoire de M. Jacobson , intitule : Obser- vations sur Ic devcloppcmcnt pretciuhi de.s oeiifs dcs moulettcs et dcs anodontes dans Icars hranchics. Sur la proposition de plu- sieurs membres, le rapport de M. Blainville sera imprime. — 3 1 deccmhre. — M. Arci'^o lit I'extrait d'un Memoire de M. Jiigaste La Rive, qui a pour objet I'etude des circoiistances qui detcrminent le sens et I'intensite du cournnt electriquc, dans un element vol taiique. — L'Academie nomme correspondans dans ia section de miiieralo':!ie et de geologic MM. Mitscheulicu , de Berlin, qui reiinit 5o voix sur 5i; et M. Conybeaiie, de Londres, qui en rennit 47 suV 5i, — PrlM. Malhieu , Lrgendre et Dalong font un rapport sur le memoiie de M. Francoeur , relatif a la comparaison du metre francais avec les mesures ajf- glaises. La grande variete des mesures qui existaicnt en Angle- terre detcrmina, il y a quelques annees, le goiivernement a charger une commission , cornposee de savans, de redi^-r de iicuvcaux reglemens , et de proposer un systeme uniforme de poids et mesures pour toute la Grande-Bictagne. Cette com- mission a propose Tadoption generale de la pUipart des mesures deja en usage a Londres et dans une grande partie de I'Angle- terre; mais, pour que Ton put aubesoin retrouver les unites de longueur et de poids, elle a cherche par des experiences pre- cises leur rapport avec la longueur du pendule a secondcs a Londres et avec le poids d'un pouce cube d'eau distillee. Une loi du 17 juin 1824 a consacre les mesures proposees sous le noni distinctif de mesures imperiales , et a prescrit, a dater du i '^'' mai 1825 , I'abolition de toutes les autres mesures dans le royaume- uni. Voici les conclusions de M. Mathieu , rapporteur, adoptees par I'Academie. atrie nc les perd point do vuc, qu'elle partage leui's souflVances et s'oc- ciipe sans relache des moycns do les soulager. Le discouis prc- nonce dans cette seance par M. de Martu.nac, nouveaii nii- nistre de I'interieur, est I'expose de cc que le gouverncinent a faitjusqu'a ])resent pour rendre an moins tolerable Ic sejour dans les licux de detention. En cette matieie, line administra- tion sage ctprevoyante fait plus que les lois, ct supplec a leur insulTisance. On a vu avec satisfaction que celle d'aujourd'hui connait I'etcndue dc ses devoirs, et qu'elle nc chcrche point a 4es ehider. II y a cependant quelques observations a faire sur ce discours inspire par les sentimens les plus louables, ct qui a fait naitre tant d'csperances consolantcs. L'oratcur a dit : « A la fin dc 1826, les prisons de quarante-einq chcfs-lieux de de- partcmcnt avaient reeu les ameliorations necessaircs. » Ces dcr- niers mots ne tiennent-ils pas la place d'une expression plus juste, et ne fallait-il pas se borner a dire que ces prisons ne devorent plus aussi promptement les in fortunes detenus ct ne provoqucnt plus les cris de I'indignation publique ? Si Ton avait obtenu reellementles ameliorations nt-crssaircs , n'aurait-ou pas attcint le plus haut degre de perfection? car on nc coneoit point ce que pourrait etre une amelioration inutile on superjlue. « Les maisnns centrales (dc detention) reclanient un accrois- seinent deplorable, mais neccssaire; si la justice doit etre in- flexible pour punir, I'humanite doit etre infatigable pour sou- lager. » Cette pcnsec est tres -juste et noblemcnt exprimee. Mais, pour que Tapplication rigoureusc des lois criminelles ne soit pas une extreme injustice , il faut que ces lois soient raison- nables et sans passion. La societe pour I'amelioration des pri- sons ne devrait-ellc pas mettre au nombre de ses attributions, et par consequent de ses devoirs, d'adrcsser au pouvoir legis- latif de pressantes soUicitations pour obtenir la revision du Code criminel? Entendrons-nous long-tems encore les nations etrangeres nous reprocher la criminclle loi du sacrilege? II n'y a point de plans d'architecte, de reglcmens d'administrateurs, ni de surveillance municipalc qui puissent porter aucun remede au terrible fleau d'une legislation vicieuse. Mais il est trop pe- nible de nous arreter a ces pensees; soulagcons-nous en citant la fin de cc discours, que nous rcgrettons de n'avoir pu inserer en enticr. « Ainsi, messieurs, nous pouvons etre utiles encore. Yous continuerez ^ voir, a etiidier, a comparer ; vous enrichircz PARIS. 285 radniiaistration du fruit de vos recherches et de vos travaux. De notre cote , n'en doutcz pas, nous profiterons , autant qu'il sera en nous , dcs avis salutaires que nous devrons a voire sa- gesse et a votre experience. C'cst en nous pretant ce mutuel appui que nous remplirons I'heureuse et noble destination h laquelle I'heritier du trone nous appelle. » N. Societe jihilotrcliniquc. — Seance puhlique tenue dans unc des salles de l'H6tel-de-rille,le 16 deccmbre 1827. — M.Villenave, secretaire perpetuel, a enibrasse, dans un assez court rapport, les travaux scientiliques et litteraires de cinquante de ses col- legues ; et ces travaux, tous utiles ou honorables, ont etc ca- racterises avec une remarquable precision. Une lecture, faite par M. Tissot , d'un fragment de ses Etudes sur Firgile, a pleinemeut justifie le succes qu'ont ob- tenu les premiers volumes dun ouviaye deja place parmi les productions !es plus estimees de notre litterature. On a beaucoup applaudi un discours de M. Berville , qui a pour litre : De I'illusion el de I'iinitation dans les arts. Des re- flexions ingenieuses, une imagination briliante , une grande elegance de style, et i'art de I'orateur, ont enleve, en les meri- tant, tous les suffrages. Une dissertation sur fetat- de lapeinture en France depuis Ic regne de Louis XIV jusqua, la restauration , a ete lue par M. Alexandre Le Noir. II n'a paru manquer au succes de ce morceau,plein de fails et d'observations savantes, que d'etre lu avec un organe assez fort pour etre entendu. Trois fables de M. Naudet ( Le Eossignol et le Serin, les deux Moineaux , le Cheval et le Mulet) , une fable de M. P'ebve ( La Girouette et le Paratonnerre) , et une fable, iniitee de I'al- lemand, par IVI. Leon Halevy ( Les Furies ) , ont toutes offert le merile du style, et, a des degres differens , le nalurel et la grace, le trait et I'originalile. Des fragmens d'une traduction en vers de la Pharsale, lus par M. Leon Thiesse, ont une seconde fois annoncc au public qu'un eloquent et digne interprete allait enfin etre trouve pour un des plus males genies de I'antiquite. Une des fables tirees du poeme des Metamorphoses ( Hippo- mene et Atalante) par M. de Pongerville, et reunles par lui, sous le litre heureux A' Amours niythologiques, lue parM. Febve, ne pouvait plus rien apprendre au public sur le talent du poete traducteur : mais elle pouvait charmer , el le charme a ete complet. Les lectures ont ete terminees par M. Viennet. II a extrait d'un des derniers chants de sa Philippide des tableaux ou des 9.8(> FRANCE. rt'cits pkins d'lino verve cntrainatitc, et de vers qn'oii rogretle de n'avoir pas retenus. La partie musicale a prolonge I'mteret que trois heures de lecture n'avaicnt pa affaiblir. IJn Trio de M. I>Ron pour le pia- no, le basson et le hautbois, execute par M"'' Beulot, M. Ba- RiSEi, et I'autcur, a ele trouve riche d'heureux motifs, pit-in d'effei, et a reuni tous les suffrages. Le memesucces a ete ob- tenu par un morceaii Ac piano , a quatre mains, compose par CzERNY , et execute par M""^ Berlot ot par M. Fussy , avec un talent tres -remarquable , qui , deja bien connu , semble tou- jours nouveau. Ce sera suflisamment louer des nocturnes a deux voix composespar M. RoMAGNESi, chautts par luiet par M'"***** ainsi que des romances et des chansons du meiue compositeur , que de dire : La nuit etait venue, I'lieure du diner approchait , et une assemblee briilante et nombreuse , avide d'ecouter en- core le chanteur, a atfendu pour commcncer a s'ecouler , qu'il sc fut retire lui-meme. Apres la seance, les membres de la Societe philotcrhniquc &e sont reiuiis dans un banquet j oudes artistes elrangers sont ve- n»5 s'asseoir; et la les liens d'une douce fraternite ont ete res- serres encore entredes talens, divers ou rivaux, mais qui s'es- timent avec franchise et s'aiment sans cnvie. V. Note (la redacteur. M. Villenavc nousa communique ceporiraic de Frederic II , tire de son rapport : « M. Paganel achevede preparer, pour I'impression, un grand ouvrage historiquc ou il enibrasse toute la vie de Frederic II , prince qui, si remarquable parmi les cclebriles du dernier siecle, futh lafois legislateuretpoete, phiiosophe et conqnerant, esprit fort etmusicien; qui occupa tous les salons et embarrassa tous les cabinets de I'Europc; fut, coniiiie auteur , impie; comme roi, despote; comme homme , citoyen : personnage singulier , que se disputerent , en sens inverse, la ]5olitique de son terns et la raisoQ de tous les ages. Son epee et sa plume , ses raison- nemens et ses actions , ses pensees liberales et sa volonte abso- lue offrent des conlrastcs etonnans. L'ami de Voltaire et le seigneur de Potzdam, le correspondant de d'Alembert et le co-partageant dc la Pologne; celui que les philosophes ont celebre, que les ccrivains catholiques, etmeme les jesuites, ont prone (i); celui qui aurail voulu etre roi de Fiance. pour qu'il ne flit pas tire , disait-il, itn coup de canon en Europe sans sa permission; colui qui exprimait unjour le dcsir de gouverner (l) Voyez le Dlclionnaire kistoriqne de Frlleb. PARIS. 287 la Grande-Bretagiie, et a qui rambassadeiir ile celle nation csa rt'pondre : « Sire, si vnus otiez loi d'Anglctorre , voiis ne le sericz pas vingt - qiiatrc heiires » (mot qui juf^o un homnie et lout un- regne ) ; cclui enfui qui, si grand a la tete de ses ar- mees , et si extraordinaire dans le palais de Sans-Souci, a eu tant de biographes sans avoir trouvo encore un historicn, va nous etre eriQn montre avec loute son action sur IV-poque ou il a vecu ; et on le verra impriuier a la civilisation du nord un mouvemcnt dentil voulait peut-etre, apros sa mort, les re- sultats qu'il comprima pendant sa vie : etrange allure d'un roi qui , de la menie main , moissonnait le despotisme et semait la liberte! » M, Villenave a parle en ces terraes de la Revue Encyclojw- clique et de ses diners mensuels : « On salt que ce recucil justifie pleinement son titre, et que la Societe philotcchniqae n'est point etrangere asessucces, puis- qu'au nombre des redactcurs sont inscrits qiiatorzc ou quinze de ses membres. S'il est en France d'autres ouvrages perio diqiies plus repandus a Paris et dans I'inlerieur, et dont la re- daction offre autant ou plus de merite encore, du moins est-il vrai que la Rei'iie Encyclopedique doit a son plan et a son titre d'etre dcvenue, pour diverses parties du globe, comine la mallc- poste de la civilisation. Si on ne pent dire des diners mensuels de la RciHie : , C'est avec des diners qu'on gouverne le tuonde. du moins est-il vrai encore que, dans ces banquets litteraires , les notabilites voyageuscs de tous les pays viennent se rattacher dans les liens d'une meine estime, se renconlrer et se fixer dans les memes opinions. C'est, en se rapprochant, que les peuples sc connaissent, et c'est alors, et c'est ainsique les pre- juges tombent, que les erreurs s'effacent, que le foyer des lu- mieres s'agrandit, et que I'esprit du siecle marche avec plus d'ensemble, plus d'empiie et plus de liberte. » College royal de France. — Cotirs de litteraturc francaise , par M. Andrieux de Vlnstitut. — Depuis trente ans, les methodes d'enseigncment ont beaucoup change , elles se sont amelioi-ees , et Ton travaillc tous les jours a les ameliorer encore : nous ne sonimes plus au terns oCi un profcsseur de litteraturc n'occupait ses cleves que des trois genres de style , et des figures de pensees et de mots. II est cepen- dant une verite qui n'est pas encore assez repandue; c'est que la litteraturc est un instrument , et non pas un but. II ne s'a- git pas de venir dans une chaire pour y apporter des juge- iS8 francp:. mens tout faits sur les auteurs ancions et moderncs , ni pour frappcr I'imagination dcs jeunes gcus par des periodes souoies, artistcmentcadencees; ce qu'il faut, avaiit lout, c'cst repandrc des idees justes et des sentimeiis geneieux : c'est former des hommes pour la patrie et la famille, car tous vos auditcurs seront eitoyens, p r esq ue tous epoux et peres, et comme tels ils auront des devoirs a remplir. Nul professeur n'a mieux que M. Andricux conipiis I'importance et le veritable but de ses fonctions. INous exauiiueions peut-etre un jour, dans ce recueil, quelle influence ses lecons doivent exercer sur les destinees de la France a laquelle, depuis vingt-quatrc ans, il a prepare tant de eitoyens amis du travail , de la mediocrite et du bien public. La reprise des lecons de ce professeur offre un spectacle vrai- ment toucliant ; c'est une fete de famille pour les jeunes gens qui, separes pendant quelques mois de ce bon vieillard, sont avides de ie revoir et de I'entendre encore. L'amphitheatre du college de France est encombre long-tems a I'avance, et ce n'est pas sans peine que M. Andrieux peut parvenir a sa chaire, an milieu des applaudissemens et des transports de eet audi- toire dont il est si tendreraent cheri. Certes, il est bien dignc d'un pareil attachement : comnie homme de lettres , il eut pu pretendrc a parcourir d'une maniere biillante et lucrative une carriere ou il a remporte de beaux succes ; comme homme public, a remplir d'importantes fonctions. Mais aux applau- dissemens du theatre ou de la tribune, aux fastes des grandeurs et de I'opulence, il a prefere le modeste et paisiblc emploi d'instituteur. Eutoure de eette jeunesse qu'il aime , comme si elle n'etait composee que de ses enfans, il vient chaque semaine I'entretenir dii hcau et du bon, developper en elle les semences du gout et de la vertu , et personne n'est plus ecoute; car il appuie ses paroles de I'autorite de sa vie publique et privee. Les lecteurs de notre Revue , qui n'ontpas oublie les articles sur le theatre des Grecs (voy. Jiev. Eric; torn, xxi, pag. 77, 326 et 269; t. XXII, p. 89 et 36i), aimeront sans doutea trou- ver ici une esquisse tie ces charmantes lecons ou I'instruction , vraiment nationale, est appropriee, comme on dit aujourd'hui, aux besoins de la generation nouvelle. La litterature, dit M. Andrieux, se compose d'ouvrages qui sont faits par I'homme et pour I'homme. Si Ton veut bien ap- precier les ouvrages , il faut commencer par etudier I'homme; car c'est dans sa nature que nous trouverons les sources du beau et du vrai , qui sont les causes du plaisir que nous eprou- yxms en lisant les ouvrages. On divise ordinaireraent I'homme moral en entcndcmcnt et PARIS. %S() en volorttp. Cette division n'est pas nouvelle, on la ttouve dans les ancicns philosophes; niais il semble a M. Andrieiix qu'il y a quelque chose a placer avant tout cela, c'est Vinstinct; I'in- stinct dont notre bon Diicis disait, avec sa maniere un peu abriipte, que c'etait un bien grand maitre, qu'il lui tirait son rhapeau , et qu'il etait son tres-humble serviteur. M. Andrieux reconnait trois especes A' instincts (i) : instincts physiques, mixtes et moraux. 1° Les instincts \i\.\remexi\. physiqut's sont ceux qui nous sont comrauns avec les aniinaux, parexemple, \a.faim , la soif, le sentiment dc notre conservation , etc. 2" Les instincts mixtes, qui tiennent a la fois des physiques et des moraux, tendent au developpement de ces deux autres classes d'instincts , et nous sont communs avec les aniinaux , sauf des modifications. Tels sont, par exemple, la locomotivite , ou le besoin de remner; c'est cet instinct si puissant chez I'homme ft chez les animaux qui produit I'amour de la liberie. Tels sont encore I'instinct du rhythme et de la cadence , de la poesie , de V imitation , le courage , la pudeiir , V amour , le rire , cnfin le hesoin de communiquer nos idees et les moycns que nous em- j)loyons pour le faire; ear M. Andrieux pense que la parole est chez nous un instinct. L'homme etant destine a vivre en societe devait sentir le besoin de communiquer ses idees, et Dieu lui a donne I'instinct de la parole, qui est le premier et le plus fort lien des societes. 3° Les instincts moraux ?,o\\\. opposes aux instincts purcment physiques.il faut entendre ici, par /wor«/, rintellectuel , ce qui n'est ni tangible, ni comprehensible, par opposition au pliysique , qui est le corporel , le materiel. L'un est le lot des metaphysicicns; I'autre, celui des physiologistes. Ainsi, moral n'est pas pris ici dans le sens qu'on lui donne le plus ordinai- rement; car nous verrons, en parcourant les instincts moraux , qu'il y en a parmi eux de trtis-im moraux. Ces instincts moraux se subdivisent eux-mcmes en affection- nels et intcllectuels. Le professeur passe alors succcssivement en revne I'affection des parens pour leurs cnfans, celle des enfans pour leurs pa- rens, et il explique ce qu'il faut entendre par cette espece de proverbe, Vamitie ne remonte point. II place encore dans les (i) Le professeur a eu grand soiu de faire observer qu'il ne fallait pas confondre les facultes instinctives, les dispositions (iremi^rcs et miginelles de rhomme qu'W appeWe instiiidj , arec rinstitict des ani- niauir. T. xxxvii. — Janvier 1828. 19 290 FRANCE. instincts raoraux affcctionnels ranioiir dos freres et sreursontie eux, ot lien n'est plus naturel. On a fait an thi'-atre dps pieces dont le dcnoiinicnt repose "ur des reconnaissances de per- sonnes qui, sans s'etre jamais vues, avant de savoir lenr nom, devinent, pour ainsi dire, leur parcntc. Le public goute meme assczce genre d'interet. Aprestout, quand deux personnes du meme sang so rencontrent, peut-etre y a-t-ii un mouvement physique du sang qui vent rcmonter vers sa source; nous sommes faits du sang et de la chair de nos parens : serait-il done si extraordinaire que deux parties d'un meme lout en presence I'une de I'autre tendissent a se rap])rocher ? Apres les affections de famille, on peul placer an premier rang Vamitie', que Ciceron appelle reiuni humanaram ac tUvi- nariun cum multa charitate ac benevolentin conxcntio. Ce sen- timent est a coup siir I'un des plus doux qu'il soit doime & I'homme de connailre; c'est nne conununication continuelle de pensees et de sentimens. Apres avoir charme notre adolescence au college, partage les plaisirs et les csperances de notre jeu- nesse , nous avoir aide-a supporter les peines de la vie dans I'age mur, clle prele a la vieillesse le charme des souvenirs, et adoMcit nos derniers instans par I'idee d'une reunion efernelle. M. Andrieux se plaint cpie nous ne connaissions pas dans nos tems modernes ces amities hero'iques de Thesee et d'Hercule, de Pylade et d'Oreste. II proteste toutefois contre -cette defini- tion du triste La Rochefoucauld: « Cequeleshommes ontnomme flw/^f>' n'est qu'une societe , un menagement reciproque d'inle- rets , un echange de bons offices; ce n'est enfin qu'un commerce ou ramour-propre se propose toujours quelque chose a ga- gner. « (N° 8i.) L'amitie de Tauten r des Max'unes est eelle des courtisans, qui ne cherchent que les moyens de satisfaire leur ambition ou de se pousser en conr. Nous regrettons vivement que les homes de cet article ne nous permeltcnt pas de rapporter ce que M. Andrieux a pu dire de l'amitie des gens de lettres. II appartenait a I'ami de ColUn-d'Harleville de reclamer contre cetleeternelle accusation de jalousie etd'amour-propre, (pii uteindrait chez les hommes de lettres le plus doux des sentimens. On a pu remarquer que toutes les affections dont on vient de parler sont de hons instincts ; mais I'homme a aussi de mau- vais instincts. II semble qu'on ail cherehe a les rassembler dans les sept pechcs capitaux , pour averlir I'homme d'etre sans cesse en garde contre eux. L'org-ac// vient de I'amour excessif de nous-memes. Cel amour serait vraiment le plus deplorable des penchans, si Dieu n'avait PARIS. 291 mis dans nos coeurs, pour le contrebalancer, la compassion, la pitie, ceque les anciens appelaient charitas, mot touchant dont la religion chretienne s'est cmparee , et qu'cllc nomnie charitc. II n'est pas besoin de remarqiier que nous n'entcniions pas par ce mot une legere et modique aumone. \!envLC est im instinct que nous retrouvons chtz les animaux ; ainsi, nous voyons lo chion moidre son compagnon quand il obtient seul les caresses de lour maitre common. La colore est aussi un mauvais instinct que I'cducalion re- forme beauconp, mais que Ton apcrcoit dans toute sa force chez les animaux et chez les enfans , quand le moindre de leurs desirs est contrarie. II faut encore en chercher la source dans ce malhcureux cgoisme , auquel se rattachent peiit-etre tons nos mauvais penclians. Uaviirice. Platon , qui place la colere dans la poilrine, place I'avaricc dans la region du ventre, parmi les passions viles et lesappelits grossicrs, parce que, dit-il, c'est avec I'argent qu'on achete tous les grossiers plaisirs. En combattant I'avaricc, il ne s'agit point de fairc I'eloge de la pauvrete cyniqne de Diogene ; la misere est une chose Iriste, et c'est une affrcuse position que celle d'un perc <\u\ voit souffrir la faim a sa fcmme et a ses en- fans , sans pouvoir leur procurer du pain. Apprenons a repous- ser la misere par le travail. « La Faim, dit Franklin, regarde a la porte de riiomme laborieux , et n'ose entrer chcz lui. » II faut dire aussi que la soif de I'or est un vice bas et miserable que notre education ne favorise que trop; il fant enseigner aux jeunes gens qu'avec du iravaii , de I'ordre el une bonne conduite, il est presque impossible qu'un honncte homme ne reussisse pas a se procurer une heureuse mediocrile qui lui permelte d'elever sa famille. On a beauconp crie contre une certaine aristociatie qui tenait a des prejuges que nous sommes loin de defendre; mais cctte arislocralie elait sans contredit preferable a celle des richesses, qui est I'aristocratie de la cor- ruption et des vices. La gaurmnndese et la paresse sent enoore deux instincts que le sentiment de notre conservation corrige. 'iPourmoi j'avoue , dit M. Andrieux, que j'ai toujours un pen regrette que I'on ait mis la paresse au nombre des sept peches capitaux. J'ai eu en effet, toute ma vie, d'assez belles dispositions a la paresse; et sije ne m'y suis pas tout a-fait abandonne, c'est que, comma le loup, la faim m'a fait sortir du bois. » II est, au reste, tres- etonne ([n'on ait oublie parmi les peches capitaux Vhjpocri- sie , qui est le mensonge en action, en permaiienc<', vice af- freux qui decele de la bassesso d'ame avec de la perfidie. II 19- ■Mji FRANCF.. examine ensnite lo mcnsongc , et recherche s'il est jamais permis us ne saurions gouter ici, I'en- semblc de cet ouvrage presentc beaucoup d'interct, et Ton connaitrait mal Shakspeare si Ton n'avait vu et etudie le Mar- chnnd de Venise. M"'=Smithson ne trouvait point dans ce role les grands effets que lui ont offerts la plupart des drames dans lesquels elle a paru chez nous ; mais elle a joue cependant le personnage dePortia en comedienne habile; Abbott a rendu avec une amertume bien sentie I'ironie d'un role de quelques lignes; et Terry, qui jouait le personnage de Shylock, a de- ploye une grande intelligence; son organe favorable a la scene et sa physionomie mobile produisent de I'effet; et, quoique le role de Shylock ne soit point de I'emploi qu'il joue, dit - on , a Londres, il I'a reni])li avec distinction. M. A. 3()2 FRANCE. Reaux-arts. — Expositiondcs tableaux en 1827. Sccoml rirticle (Voy.T. XXXVI, p. b'lG) — Le miiiistcn; cic la Maison clii Roi a fait I'acquisition do pliisioiirs collections do inoiuiiiu'iis giecs et <'ijj;vptiens; on y .1 reimi tout co (]uo la coiiroiuio posscdait d'ob- jcts do meme nature, ainsi i\uedt;s^gii/i/ies ni.stic/ucs do Uernaid Pnlissy et des omaux do Limo^os; ii fallait ensiiiic loger tontes ces licliosses; on Uiir a coiisacro iieiif d dix salles du Louvre : telle est I'origine ilii Musee Chark-s X, (pie les principaux artistes dc noire ecole ont ele appelos a docorer. On a pense, aussi, a nieltre le Conscil d'Etat dans le nicnie pa- lais, et les salles (pii iui sont dcslinees ont ete ejj;alciiient cnri- chies de peintnres. En France, on est presse de jouir : on a done vouhi que le public put avoir sous les yeux, tout a la fois, non-seulenient i'exposilion ordinaire qui , deja , devait eiro fort nombreuse, puisqu'elle avait etc reculee d'une annee; niais encore tons les Iravaux executes tlatis le Musee Charles X et les salles du Con- soil d'Etat. Les artistes n'out pas loul-a-lail repondu a ce desir : Le Musee des antiquites cgyptienncs , grccques rtfrancaises n'a ete on vert que dans le conrs du niois de decembre,et les salles du Conscil d'Etat n'ont ete offcrtes aux roi^ards du public qu'an commencement de Janvier. A cetle memo epoqne a eu lieu I'exposition des prodnits des manufactures royales; jamais Paris n'avait vu une solennite de cette nature; il scmblait que cc flit la fete des arts. Je crois, au resle , que I'empressement que Ton a mis a ter- miner im aussi grand nombre d'objets, pour une epoque fixee , n'e^t pas sans inconvenient : le talent ne souffre la gene qu'a- vec une impatience dont ses travaux se ressentent; or, c'est une gene, et une gene trcs-grande |iour un artiste, d'etre oblige defairenn tableau dans undelai determine etassez court. Enfin, jouissons des clioses telles qu'elles sont. Lorque le Musee Charles X a ete ouvert, le public s'y est porte avec empressement. Un double interet I'y attirait : celui qui s'attache a tons les objcts precieux qui y sont renfermes, et celui qu'inspirent les hommes do talent qui ont ete appeltSs a le decorer. Pour donner une jusle idee du nombre, de I'importance et de la variete des anlitpiites de toute nature qu'on y a reunies, il faudrait non-seulement faire une longue enumeiation, mais - encore etablir des rapprochemens qui se presentent continnel- lement a Tesprii; enfin, entrer dans un examen minutieux quoique plein dinlcret. J'ai abandonnc ce soin a une plume PARIS. 3o3 plus habile que la mienne, et je me bornerai a rendre compte lies peinliires modernes qui sout la ctimme iine sorte d'hommage leiulu an genie de I'antiquite (i). En general on a represente dans les ])lafonds des sujets allegoriques;c'est, sansdoiite,improgramme|quia etedonneaux artistes qui ont ete charges de lesexecuter; des lors, I'observa- lion que je vais faire a ce siijet s'adresse, non aux peintres, niais a ceux qui ont donne le programme qu'ils ont suivi. A mon avis, rien n'est plus froid que Tailegorie. L'execution peut etredigne d'eloge; mais, enpeinture comme on litterature, ies sujets qui excitent Tenlhousiasme ne sont pas ceux quis'a- dressent a I'esprit : ce sont ceux qui saisissent I'ame; or, I'ame ne peut etre emue que par les sujets ou les passions sont en action. Dans le tableau dont M. Gros a orne le plafond de la salle tl'entree, on voit le Roi donnnnt aux arts le Miisee Charles X. II est facile de comprendre quelles sont les ressources qu'un semblable sujet peut offrir a un peintre. Le roi , vetu de ses ha- bits royaux, la tete ornee de la couronne, montre a des figures allegoriques , qui representent les arts et les lettres, un temple sur le frontispice duquel est ecrit : Musee Charles X. Pres de lui sont i'abondancc et la paix, pour indicpier que les arts et les lettres ne peuvent prosi)erer que sous I'influence de ces deux divinites. M. Gros, voulant enrichir cette scene, y a ajoute les figures accessoires que le sujet comportait, entr'autres les nym- phes de la Seine, de I'Ourcq, et meme de la petite riviere des Gobelins, a laquelle le peintre n'a probablement fait cet hon- neur que parce qu'elle traverse I'etablissement dont elle porta le nom a Paris. Sous le portlque du musee sont reunis des sa- vans et des artistes. Quelque habilete que le peintre metie dans la disposition de ses personnages, ce seratonjours un sujet froid qui ne peutctre releve que par le merite de l'execution. Ce tableau n'etant pas acheve, on nc peut rien dire a cet egard, si ce n'est qu'avec M. Gros on peut justement esperer. Je nesais si je me trompe, mais il me semble qu'il aurait cte (i) Le caliier de decembre dernier ( t. xxxvi, p. 827 ) contieiit un article dans lequel on a deja parle des richesses que contient le Musee des antiquites egrpdennes. Le redacteur de cet article a dit quelques mots des peintures qui ornent ce Musee; mais 11 appartenait a celui de nos collaborateurs qui est charge de reiidre compte de I'exposition , d'en faire un examen plus 6tendu. A^ du R. 3oA FRANCE. bien vu do placer la scone que cot artiste a loprosontee, dans ie I, on V re nieme on se trouve Ie Musee Charles X, par exeniple, sill lo pallior d'un des magnifKpios escaliors dus i^ MM. Pf.rcif.r ot Fontaine. Non-sciilemcnt Ie lieu aiirait etc dune i^randc- richessc architectiirale, inais encore c'eut ete un homniage au talent de cos deux liabiles architerles. Dans la seconde salle, M. H. Veknet nous montre Jules II ordonnant Ics truvaux da Vatican ct de Saint- Pierre, au Bra- mante, a Michel- A nge ct a Raphael. Voila de I'liistoirc, et per- sonne ne sera tente den faire un reproche a M. Voinet. Cel ar- tiste a une liberte de pinceau cpii donnc a ses productions un charme tout particulier; on est sur d'y rencontrer de I'liabilole , du feu; mais, on n'y trouve pas au mcine degre cette purete de contours, cette correction de dessin qui doiment a un tableau un rang classique; quelques parties offrent de la durete; ce- pendant, dans son ensemble, ce plafond ou regno une grancic puissance d'effet, nieparait un desnieilleurs ouvrages tpii soieiit sortis des mains de ce peintro. L'Egyptc satwee par Joseph : lei est Ie sujet que M. /ibel de Pujol a execut<^- dans la troisieme salle. Voici eomme il Ta coii^u. Le Sirius desseche Ie Nil par ses feux; des vapours qui s'en exhalent sortent sept spectres decharnes qui s'elanccnl sur I'Egypto personnitiee; ceile-ci se refugie dans les bras de .To- seph , et le fils de .Tacob la couvre de son sceptre protecteur. Dans le fond du tableau, Pharaon, assis sur un tione place sous le ])ortique de sou palais , admire dans Joseph le genie li- heratcitr de I'Egyple. La peinturenepeut mettre sous les youx du spectateur qu'une action instantaneo. Voila I'Egypte dans les bras de Joseph ; mais, comment le peintre peut-il, matericllomeiit, rappeler les actes de prevoyance par lesquels il I'a sauvoe de la famine? 8i eela etait possible, cela n'a pas ete fait. Lo livret a ijoau dire que Pharaon admire dans Joseph un genie liberateur; on ne voit ricn qui justifie cette assertion. Cost rhistoiro et non le ta- bleau qui le dit. Je le repeto : les allegories sont en general froides, parce qye rarement le sujet est explique d'une nianierc complete; or, dans toute production de I'osprit, il faut que le spectateur, le lecteur ou Tauditour sache immediatcment de quoi on veut lui parler. Cost ce que Boileau a si bien exprime dans ce vers : « Le sujet n'est jamais assez lot explique. » Sous le rapport de I'execution , ce tableau n'est pas entiere- mcnt salisfaisant ; I'harmonio generale nc m'en a point paru PARIS. 3o5 hcureuse, la figure de Joseph est, sans conlredit , la plus belie; elle est bien peinte et d'une couleur assez puissante. M. PicoTavait egalement a pcindre le plafond d'une salle oil snnt e:^posees dcs antiquites egyptiounes ; il a done fait aiissi iin tableau aliegorique dont I'Egypte est le sujet: V Etude et le Genie devoilant I' Egypte a la Grece. II y a, si je puis m'cxprimer ainsi , dans le materiel nieme do cette composition, quelque chose qui aide a en faire saisir la pcnsee. Deux figures qui representcnt le genie ct retudc, enle- vent effectivemcnt un voile qui couvrait inie jeune fonime, dont le caractere et les attributs iudiquent clairement I'Egypte ; ail reste , ce voile ne cachait pas seulement la figure de femme, mais encore tous les attributs qui I'entourent, tels qu'un sphinx, un crocodile, dcs debris de monumens, etc. Ainsi c'est la contree elle-meme qui etait tout entiere couverte d'un voile. Que le personnage qui la considere avec un me- lange de respect et de satisfaction soit la Grece , c'est cc qui n'estpas aussi clairement exprime. On pourrait dire encore que I'espaee est un peu vide; mais Ic ton general est harmonieux , il y a de I'habilete dans I'execution ; la figure de I'Egyple est gracieuse, bleu ajustce : c'est done, a beaucoup d'egards, un bon tableau. Les peintures de la cinquieme salle, qui forme le milieu, celle ou Henri IV fut expose apres sa mort , ont ete confices ii M. Gros. Celte salle est soutenue par dcs colonnes qui la di- visenten trois parties. Dans le plafond du milieu, on voit lu vdiitahle Gloire s'appuynnt sur la Verta ; a gauche, Mars, ' couronne par la Victoirc , ecoutant la Moderation , arrele ses cour.iiers et haisse ses jawlols : on apercoit au loin les colonnes d'Herciile ; a droite , le Terns eleve la Veritc vers les marches du trone ; la Sagesse ty recoit sous son egide; un genie nais - sant I'ccoute ; les annures royales sent a ses pieds. Avant d'exprimer mon opinion sur ces productions, que Ton me permette de faire une reflexion qui s'appliqiie plus on moins a tous les plafonds du Musce Charles X. Ce qui me semble le plus raisonnable, c'est de di'corer les plafonds d'une maniere architecturale, ou, lout au moins, que la peinture ne soit emplovee que comme accessoire. Si, ccpen- dant, on veut les couvrir de peinture, il faut, cc me semble, supposer une voute ouverte ou I'oeil , en s'clevaat vers le ciel , embrasse tout ce qui s'y passe. Alors, le pcintre pourra nous montrer, selon la destination du monument, Jupiter foudroyant les Titans, Boree enlevant Eurydice; ou , I'assomptiou ' PARIS. 3 if, M. Dcvcria ilu cluinnc dti co/uris , et I'on verra ce qiti lestera. C'est qu'il est bien plus dilTicile de dessiner de beaux contours, de modeler de belles formes quede peindre de belles drape?-ies. Que Ton me perniettc, a cette occasion, de rapjieler ce que j'ai dit , lorsque j'ai rendu compte du tableau de M. Court , repre- sentant /a inoilde Cesar, et qui a reparu a I'exposition. (Voycz ci-dessus, t. xxxv,p. 8i6.) Je faisais observer que les personnages eleves etaient ceux quelepeintre avail Ic moins bien rendus, parce que, pour ceux-la, il ii'avait pu copier les modeles qu'il avait sous lesyeux, et qu'il fallait une noblesse de forme, un certain caractere de beaute que Ton n'obtenait que par de longues etudes. M. Court a expose une mart d'Hij'jMjlyte : voila un tableau de style , le peintre y a echoue. Ce n'est, au reste,qu'un echec; mais deux autres coryphees de cette nouvellc ecole qui devait tout faire oublier, out eu une bien autre mesaventure. MM. Delacroix et Sigalox, qui avaient attire I'attention a la precedente exposition, ont en- voye , le premier, an Christ ou Jardin des Olmers; le second, Jthalie faiscint egorger tons les cnfans du sang royal, sur lesquels il est impossible d'arreter ses regards. Dans les premiers siecles de I'ere chrelienne, les peres de I'eglise s'opposaicnt a ce que Ton donnat un beau caractere de tete a Jesus-Christ, parce que, disaient-ils, il n'avait pas eu besoin de I'impression que produit toujours la beaute pour remplir sa mission divine. Il y a bien long^tems que ce systeme est abandonne; M. Delacroix I'a fait revivre : rien de moins noble, de moins eleve que la tete de sou Christ. II en a agi de meme pour ses anges; et la, au moins, il a I'avantage d'etre le premier qui ait suivi cette marche; car, jusqu'a lui, on avait toujours pense que, pour representor des anges, c'est-a-dire, des etres qui participent de I'essence divine, on devait em- ployer tout ce que les formes humaines offrent de plus pur et de plus eleve. Quant a M. Sigalon , en admettant meme que quelques parties de son tableau soient bien cxecutces, ilest impossible de n'etre pas frappedu desordre et de I'incoherence de la composition, du defaut d'harmonie de I'ensemble , et de la pauvrete du dessin. M. Box?fF.FOND, I'un des principaux artistes de I'ecole de Lyon, dont les tableaux offraient un merite d'execution re- marquable, etait tombe dans un exces de secheresse et de durete qui en diminuait le prix. Ces defauts ont disparu dans une jeune fern nie secourue par des religieux , et il n'y a plus que des eloges a lui donner. La couleur locale est bien observee, les expressions sont justes et bien senties; c'est, enfin, un tableau qui merite d'etre distingue k tons egards. 3i6 FRANCE. Dans line vuede Fcnisc, M. Bonkington senibic avoir voulu rivaliscr avec Canaletto. C'est un rude jouteur que Canaletto; cepcndant, M. Bonnington n'est pas reste si loin dc son mo- dele que Ton n'ait, avoc raison, admire son ouvrage. M. Lawrenck, autre pcintre anglais, a envoye deux portrails : ceiui de M""'. la (fttr/ic.\sr dc Berry, et celui An jetuie fils He M. I.ambtim. En verite, Ic premier de cos deux portraits res- semble a une plaisanterie. Ce n'est pas qu'il n'y ait de Thabilcte dans plusieurs parties; mais, comme la poitrine est modelec! commcles bras sont dessiues! e'est veritablement une derision. Le portrait du jcune Lambton est beaucoiip supiiieur, sans doule; la ttte est fort belle; I'expression, peut-etre au-dessus de I'age du modele, est bien senile; les yeux sont pleins de vie; la eoulcur, dans quelques parties, est digne du pinceau dc Vandyck. Mais, comine tout le reste est saerilie! Que Ton mette a cote de ce jiortrait celui du jinpe , par David; celui de M'"*' dc Ryan , par Girodet ; ceiiii de M'"'= Recauiier , par M. Ge- rard; cnfin, celui du general Lasalle, par M. (iros, et la fuulc aura bicntot abandonne M. Lavvience; au moius, je le pense ainsi, et je me I'onde sur ce que, dans Ics portraits que je viens de citer, toutes les parties sont traitees avec la nieme suj^e- liorite , tandis que , dans celui du peintre anglais, tout est saerilie a un elTet clierche. Dans un prochain article, je passerai en revue les autres parties de I'exposition. P. A. NiiCROLOciE. — Vv.^iTH^'L.^Jugastin-Jccin), membre de I'lnsti- tut (Acadeniie des sciences), ne a Broglicjdepartenient de I'Eure, le lomai 1788, mort a Ville-d'Avray, pres Paris, le i/j juillet 1827. En tre a I'Ecole poly technique, a I'a'ge de seize ans, ils'y dis- tingua par ce zcMe patient et observateur qui, dans les sciences, caracterise le genie. Ayant embrasse la carriere des ponts et chaussees, il fut successivement envoye par le gouvernement, au sortir de cette ecole, dans les departemens de la Vendee, de la Drome, de I'lle-ct-Vilaine , oii , bien id. EUROPE. Grande-Bretagme — Londies : Societe niedico-botanique. — Nouvelle voiture a vapeur inventce par M. Gurney 24- RussiE. — Odessa ; Culture de I'olivier aSo Danemark. — Copenhagiie : Societe ^tahlie pour propager I'etude de la physique experimentale ; Societe archeologique du Nord a5i Allemagne. — 5rt:re;litat del'industrie metallurgiqueen 1826. 253 Suisse. — Appemell : Elat de rinstmction populaire. ■ — Canton de faud: Legislation criminelle 255 It A LIE. — Panne: Encouragement donne aux lettres. — Milan : Exposition des beaux-arts. — Nicrologie : Bosellini 2^7 Iles Ioniennes. — Sanie puhlique : Frictions mercurielles em- ployees avec succ^s contre la peste. — Necrologie : lord Guilford. ■ aSp EsPAGitB. — Sta^istique judiciaire. — Madrid. Academic des beaux-arts : Exposition annuelle des ouvrages de peinture. 2^3 Pays-Bas. — Colonies de bienfaisance de Frederihs-Oord et de JVortel. — Amsterdam : Societe Felix Meritis af><^ France. — La roidte (Ardeche) ; Exploitation du fer par les pro- cedes anglais. — Societes savanles et etablissemens d'uliliid publique : i)/e/>/)e ( Seine-Inferieure) : Societe archeologique. — Dole (Jura) : Ecole gratuite des sciences appliquees aux . arts et metiers et aux beaux-arts. — Rouen (Seine-Inferieurc): Societe de niedecine; Prix propose. — Strasbourg (Bns-lMun): Societe des sciences , agriculture et arts : Prix proposes. . . 273 Paris. — Instiuit. Acadeniie des sciences: Seances du 17 do- cembre au 7 Janvier. — Societe d'encouragement pour I'in- dustrie nationale. — Societe royale pour I'amelioration des prisons. — Societe philotechnique. — College royal dc France : Cours de lilterature francaise, par M. Andricux , de rinstitut. — Alhenee royal de Paris. — Etablissemcnt ortho- pedique etgymnastique du Mont-Parna«se. — Reclamation. — Theatres. Theaire-Francais : Premieres representations de Racine , de Moliere , et de Chacun de son cote , comedies. Odeon : premiere representation de I'lmportant , comedie. rAea/re a«5^/au ; Le Marchand de Venise, coniedic de Sha- kespeare. — Z)Va//j--^rt.s ; Exposition des tableaux en 1S27; second article. — Nicrologie: Fresncl; Cassas. .fjfi. N° 1. — J/VNviER 1828. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET INDUSTRIELLES, ANNXXEES A I.A REVUE EIirCTCI.OP£DIQUX. * ^fm mmmmmm^ ^ Messieurs les ^iiteurs , Lihraires , Editeurs d'Ouvrages et Directeurs d'Enti'cprises industrielles de toute nature ^ A PARIS, DANS LES DEPARTEMENS ET DANS LES PAYS :|£tRANGERS. La Revue Encyclopedique , publiee a Paris depuis le i^''' Jan- vier 1819 J ayant donne line graude extension a ses relations, pendant NEUF ANNEEs d'lin succcs contiuu et toiijours croissant, se trouve maintcnaiit en ciiciilalion dans toutcs les parties de monde civilise, oil elle est lue par tons ceiix qui veulent se teuir au coiiraut des pro- grcs des sciences, de I'indiistrie, de la litterature et dcs arts, et qui cherchentdans les livres de rinstriiction et du plaisir. Elle croit servir les intercts des ccrivains , des libraircs , et de tons les horames qui s'occupent d'entreprises induslrielles, en leur offrant, dans un Bul- letin Supplementaire, joint a cliacuu de ses cabiers, un mode de publication et de circulation rapide, economique et universel, pour les Annonces et les Prospectus des.ouvrages, des etablissemens, des inventions, des dccouvertcs, dcs procedes nouveaux el pcrfectionnes en tout genre, qu'ils veulent faire connaitre. Ces aunonces pourront comprendre egalemeut \es puhlicalionsprocliaines des ouprages sous presse et les outrages tnaniiscrits que leurs auteurs, ou ceux qui en sont depositaires , voudraicnt fairc connaitre d'avance anx libraires et au public. L'inscription des articles est flxec a 00 c. par ligne; elle est reduite * Les annonces relatives aux llvrcs nouveaux et aux publications procliaines , contenues dans ce Bulletin supplementaire, no doivent pas etre coufondues avec les jugemens portes sur les ouvrages publics entierement, dans Ics deux sections des Analyses et du Bullelin Bibliograpliique , qui font partie dcs cahiers de la Revue Encycloptidique. 2 — a 25 c. par ligne, poiirles libraires qui out fait prendre an moins douze aboniicmens a la Revue ^ncyclopiduiue. MM. les libraires, editcurs et aiiteurs, dc Paris, dcs departemens et dcs payselrangers, aiixi]tiels ilconviendra dc faire usage dii moyen que nous meltons a leur disposition pour imprimer et repaudre des Prospectus et Acs Aimonces d' outrages, dcvrontles cnvoyery}a«cs deport, au Bureau central de la Revue Encyclopedj que ^ kue d'enfer-saikt-michel, n° 18, avant le i5 on an plus tard, Ic 25 du niois. * XIBRAZRXE FOUR I.ES I.ANGUES XTRAITGERES. €ei Elahlisscmcnt , specialcment consacre aiix iivrcs enlangues etrangcres , connu suHoiU pour la moderation de ses prix, prcsente iin assorliment de plus de qua- rante mille volumes des meilleurs ouvrages anglais, italiens, allemands, espagnols, portugais , etc. , anciens et modernes , nevfs ou de Itasard. On peut s'j procurer un catalogue detaille d-e I'assortiment pour chaque langue. 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Hogg, W. Tennant, P. B. Shelley, H. Milman, J. H. Leigh Hunt, Ch. Lamb, G. Croly. J. Baillie, Miss Landon, B. Barton, E. Thurlow, H.Kirke White, B. Cormvall, J. Keats, etc.; 2 thick vol. in- 8, fine paper, 18 fr. LINGARD'S UISTORYOF ENGLAND, yJoOT tlie first invasion by the Romans, 4th edit. 10 vol. in-8, fine paper, por- trait, 77 fr. PORTRAIT OF DR. LiNGARD, engravcd by Hopwood, 2 fr. On India paper, proof, 4fr. LORD BYRON'S complete works, edi- ted by /. IV. Lake, 7 vol. in-8; large vellum paper, printed by Didot, 70 f. * On souscrit, a la meme adrcssc, pour ce Recueil, dont il parait un cahier A* quatone fcuilles d'imprcssion au nioins tous les moLs. Prix, a Paris, 46 fr. pour 2!amicc; dans les departemens, 33 fr. ; dans les pays strangers , 60 fr. 3 — COOPER'S (the American Walter ScotlJ NOVELS, printed by Didot, fine paper, 2 1 vol. iu-i2, 3 1 fr. The Last of the Mohicans, 3 vol. in- 1 2, 91 fr. Lionel Lincoln, 3 vol. r 3 fr. The Pilot, 3 vol. 1 3 fr. 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HISTOIRE ANCIENNE ET HIS- TOIRE ROMAINE, par RoUin, edi- tion revue par M. Letronne menibrc delTnstilul. 25 vol. Prix, i5o fr. At- las dirige par M. LeU'onne, 12 fr. Le traite des etudes formera 4 vol. Prix, 24 fr. VOYAGE DE LA GRECE par Pouqui - ville; 2" edition comprenant la des- cription ancienne ct modcrne de I'empire de I'lllyrie grecque , de la Macedoine, de la Thcssalie,de I'Acar- nanie, de t'Etolie, de laLocride, de la Doride, de laBeolie, de I'Atliquc et du Pcloponese , 6 forts vol. in-8 avec cartes, figures et atlas, par La- pie Prix, 60 fr. HISTOIRE DE LA REGENERATION DE \.\ Grece par Pouqueville , 2^ edition 4 grosvol. in-8. Prix, 35 fr. avec car- tes et figures. CHANTS roruLAiRES de la Grkcemo- DERNE par Fauriel. 2 vol. in-8 en grec et en francais . . . Prix, j 4 fr- MANUEL DE l'histoire ancienne par 5 — Heeren , traduit de Tallemand par M. Thurot ; seconde editiou, i fort vol. iti-8 Prix, 8 fr. HERODOTE /traduction nouvello avcc notes par M. Miot, accompagiice d'olj- servatious par M. Letroaue. 3 gi'os vol. avcc cartes Prix, 37 fr. VOYAGE DANS LA Cyrenaique et la Marmarique par Pacho, 2 livraisons de te,\te et quatre planches ont etc publices. Prix des 6 livraisons, 60 fr. I'ouvrage en aura 1 4- HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES DYNAS- TIES EGYPTIENNES PAR LES MONDMENS ET LES PAPYRUS par (lliampolliou jeune, ou Lettres a M. de Clacas. Les 6 premieres scut en venle. Pri,\ avec les planches 17 fr. PANTHEON EGYPTIEN par Cham- poUion jeune; 12 livraisons sent en vente Prix, laofr. LES RUINES DE POMPEI , par Ma- zois. 23 livraisons de cet important ouviage ont deja paru et il sera ache- ve au commc^ncement de I'annee pro- chaine; son merite recounu dispense de tout eloge. Dans tons les pays, les amis des arts se sont empresses d'y souscrire et de contrihuer ainsi a - rachevement d'une aussi belle et aussi utile entreprise, prix de chaque li- vraison grand in-ful. 20 fr. papier velin 3o fr. 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Du restc cv, vo- lume imprime avec dcs caractercs imi- tiererneut ueufs , soit pour Ic grcc , soil pour le fraucais, ne laisse rieu a desirer sous le rapport de Texecution typogra- phique. On pcut souscrire scparcment a clia- que ouvrage. |Jr0ii]3cctu0. REVUE E]\CYCLOPEDIQUE , ou ANAIiTSE RAISOIffNEE DES PRODUCTIONS Xj;>zi^,Grieshaniiner; — G.Zirgesi Colardiu. Londres, p. Rolandi. — Dalau et C'e ; — Treuttel et Wii«7. ; — Bossange. Madrid, Denn^e; — Per^s. Manheim, Aitaria et Fontaine. A?i7a«,GiegIer; — Vismara; — Booca. Moscoii, Gautier; — Riss p6i e etfils. Naples , Borel ; — Mafotta et Wanspandock. New-Yoik (Etats Unis), Tlioisnier- Desplaces; — Berard etMondoii; — Behr et Kalil. JNouveUc -Orleans , Jourdau ; — Roche, freres. Palermc (Siciie), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Pitersbourg , Saiiit - Florent ; — Graeff; — Wejlier; — Pluchart. Rome , de Romanis. Stuttgart et Tubiitgiie , Cotta. Todi, B. Scalabrinl. Turin , Bocxia . fa/"jOk'jV,Glucksberg',— Zavadsky. yieitne (Autriche), Gerold ; — Schaumbourg ; — Schalbacher. Liege, Desoer. Lisbonnc , Paul Martir. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-i-Phre), Piolet ain6. lle-de- France (Port-Louis), E. Burdet. Martinique, Thouuens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BuUEAU DE REDACnOJS, BUB D'Ek JfER-SAINT-MlCBBI, , n" l8, ou doiveiii 6tre envoy^a , francs de port , les livres , dessins et gra- vures', dont on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires, Notices ou Exiraits destines a etre inseres dans ce Recueil. AuMtisEEEKCYCLorKniQUEjchezBossAKGE pere, rue Richelieu , 11° (io ; Che7. TnEUTTiiL KT WuBTz , ruc de Bourbon , n" 17; Ret et Gbavieu, quai des Augusiins, \\" 55; Charles BicuET, libraire-comni'^', qu.ii des Angustiii* , n" 57; J. Renouabd , rue de Tournon , n° fci ; RoBET, rue Kautefeuille, n" 12; A. BAUnoDiN , rue de Vaugirard, n" 17 ; DkLAUWAY, PliX-ICIEK, PoNTHIEU, LA TeKTE, CaPIHET LlTTE- BAtKE, au Palais-Royal. A LONDRES. — Foreigw Libraby, ao Berncrs-streel , Oxford- street; Treutxel ET WuHTz; Bossajtge; Dulau kt C"'. Kota. Les ourrages lumonce* dans la Revue se troiivcnt aussi clicz Robet , rue HantefeuiUe, n° 11. rARZS. BE I, IMPRtMERIE r)E RIONOWX, rue dcs Francs-Bcmrgeuis-S, 'Michel , n' g. ToniR I- 1828. ( 37" de la collection. ) I 10*^ T-IVJtAlaOA'. i%l?. s^*^. REyu ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REi^IARQUABLES DXNS liA UTTERATtTRE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I* Poor Ics Sciencfs phj'siqiies ef mat'iematiquf.s ct les Arts industrieh. MM. Ck.Dopik', Girard,1Navier, de I'lustitut; J. J. Baude, Ddbruhfaut, Ffrry, Fhancoech , Ad. Condinet; D. Lardnrr, do Louflres; A. Michki.ot, DK MOHTGERY , MORKAU BE JOWIIES, QoETELET, T. KtCHARD, \^'ARDFK, ClC. a" I'our les Sciences naturelUs: MM. tlEOFPROT .SAiNT-HtLAXRE, de I'lustilut; BoRY |>K Saint-Viitceht, correspondaut de I'lnstitiit ; Mathieo Bokafoios, Jc Turin; B. Gaillon , de Dioppr; V. Jacquemont, c(c. 3"* VowT Its Sciences merlicales: JIM. Bally, DAwrRON , G.-T.Doik, kv.i.nrt DcPAtJ, FossATi, Gasc; GERsox,de Hambourg j Georget; de Kxrckuoff, d'Anrcrs; Rigollot fils, d'Amiens , etc. 4" Pour \es Sciences piiilosojildques et morah-s , politlques, giographiqtics et historiques ; MM. M. A. JuLHEW, de Paris, Fondateur-Diri-Cteur de ia Jlrviie Encyclopidique ; Alex, be i.A Borde; JomArd, de I'lnstitut ; M. AvtKLL, Barbik nt BocAGE fils, Bemjamin-Con4Takt, Charles Comte, DarptSG, DuFAU, Ddnoyer, GaiGWiAUT, A. Jatjuekt, J. Labodderif., Alex. Lameth, Lahjcinais ills, P. IiAMi , Lesueur-Merliu, J.Iassias , Albert Mos- TEMONT, F-usebe Salverte , J.-B. Say; Simondb de Sismondi, di! Geneve; WARNKOEsrtG. de Liege, etc. Dupin a!ue, Beryille, Boucuese-Lefer, Crivelli, Cii.Rehooard, Taillandier, avccats, etc. 5** Pour la Lilieralnrejiancaise et elrangcre, la BibUcgraphie ,\'Archeologle et Uii lifiaiix- Alts i^iyi. Andrirux, Amacky-Obval, EMF.Rrc David, Lemi-r- ctER, de Segcr, de riuilitut; AimaiEUX, de Limoges; U""' L,-S\y. licLLor; MM. MtrHEL Berr;/.-P. Bres, Buunolf fils, Chauvet, Ciiknei>olle, dc Li('-f;c; P.-A. Coopiir, Fr. DEGiiORGE , Dtmersan; Ph. Golekry, corrcspou- da!it de I'tastitiit; Legs Halevy, KEtRKRG, Henricus. E. IIereau , Acgustk JciXiEN fils; Bernard Jcllien; Kal\'is, de Zaute; AriR'rKN-I.AFA.SGE, J. V LErLEr.c, Kestor L'hotk, A. Mamiil; J.Mauviel; D. P. Mekdidil ; Moknard, deLaiisanoe; C. Pagakel, H. I'atiw, Pokgrrvillb; uk Eeiffkhbero; xe " iqjocx; DE .'3TASSAUT,de Bruxciles; Fr. Salfi, M. ScanrAs, ScH-VtxzLiia , J inu TttrESSK, P. F. Tissor, Viguier , Villekave, S. VxscoifTt, etc.. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOP^DIQUE , EOP. u'jTKi'ER-S.-MICUIil. .N" 18; ARXnUS-BERTRA'ND, LIBRAIRE, RUE HAtJTE-PEXIlLLE, N* a3. FiiVRIEll 1828. 4h pi mi •$3^' f^!^ %3'j CONDITIONS UE LA SOUSCRlPTlON. Depuisle inoisdc Janvier 1819, il parait, par ann^e, douze cahiers (le ce Recueil; chaque cahicr , public le 3o du mois, se compose d' en- viron i4 feuilles d'impression, et plus souveut de i5 ou 16. On souscrit k Paris, au Bureau central > Eh bien , cctlc observation n'est point applicable a la race noire : tandis qn'au nord de I'Afrique, les fenimes de race arabe , ou berbere, sont niibiles ii dix ans, celles du Bornoii, i\ 20 degrcs an snd, ne le sont qu'a quinze, c'est-a-dire, plus tard qu'en Italic. Dun autre cote, la polygamie est si pen fondee sur un exces des facultes prolifiques cliez I'homme noir, que les Europeens qui voyagcnt en Afi ique sont partout importunes de gens qui solliciteut des rtmedes contre rimpuissancc. La polygamie n'existait point dans I'ancienne Egypte. Quelle cause a done in- troduit et niaintenu parmi les Africains cette monstrueuse institution? La meme qui I'avait etablic chez les barbares du Nord : I'abus de la force. Le Negre tient plus a I'usage des liqueurs fortes qu'a la plu- ralite desfemmes; et pourtant, il se range partout sous la loi de Mahomet; le grand obstacle a I'adoption du chrislianismc n'est done pas dans les moeurs du Negre. II est plutot dans les progres de cette autre loi preconisee par les Mauresqui, soit marchands, soit brigands, penetrent, dominent partout, et ont imprime a I'Afrieain une sorte de terreur superstitieuse. Une autre diffieuUe naitrait de la concurrence qui ne manque- rait pas de sV-tablir entre les seetes chretiennes. Ainsi, en s'abstenant de tout proselytisme, on abandonnc I'Afriqne aux sectateurs du Coran ; en y introduisant la foi chrctienne, on I'expose a» fleau des guerres de religion. Facheuse alternative, dont on ne pent sortir qu'en associant a la. propagation du christianisme celte tolerance religieuse, le plus grand bienfait que le cicl puisse accordcr a la terre, le culte le plus pur que rhomme puisse offrir au Createur! Nous avons ose tracer le plan que les nations europecnnes devraient suivre pour accelerer la civilisation des peuples noirs. Resumons-en les principales bases. 1° Completer le bienfait de I'abolition de la traile, en de- terminant a y concourir les puissances qui lolcrent encore ce SUR LA CIVILISATION DE L'AFRIQUE. 335 Irafic, ct en redoublant d'effbrts pour la saisie des navircs negricrs. 2° Placer dans des ateliers les negrcs arraches a la traite ct k'S renvoyer ensuite dans leiir pays natal, munis des instru- mens do leur nouvelle profession. S** En|j;ager a les suivre, soil des ouvriers europeens, soit des liomnies de coulcur exercant des professions mecaniques. 4° Donner aux Africains, en echange des produits de leur sol, des instr.imens d'agriculture et d'autres outils dont on ieur enscignerait I'usage. 5° Engager, par le paiement de droits de transit, les princes noirs a ouvrir leur terriloire aux marchands europeens, ou autres, et faire, d'abord aux frais des gouverneraens , quel- ques expeditions, en employant la voie, soit des bateaux a vapeur, soit des caravanes. 6° Approprier I'alphabet europten aux dialectes africains les plus repandus, et former, au moyende I'enseignement rau- tuel, des instituteurs noirs qui s'en iraient de prochc en proche propager I'instruction dans Tinterieur. 7° Repandre gratuitement en Afrique des livres ecrits dans ces dialectes , tels qu'un abrcge de la Bible, quelques alma- naciis, quelques traites contenant des notions simples d'arith- metique, de geographic, d'arts mecaniques, de morale, etc. 8" Essayer d'introduire le christianisme en Afrique, en pre- naut toutefois les plus grandes precautions pour le respect de la liberte religieuse. Les resultals de ce plan seraient lents et insensibles; niais ils n'cn seraient que plus surs. Hommes qui voulez creer pour an long avenir, imitez la nature dans le developpement gra- duel de ses productions. Toute entreprise qui a pour but de modifier les institutions et les moeurs d'un peuple doit prendre le tcms pour auxiliaire; la lenteur de sa marche est presque une garantie de son succes. La population maure qui habile le nord de I'Afrique est, en grande partie du moins, originaire d'Arabie; seniblablesaux couches de lave qui ont coule d'un volcan, les differentes masses 336 NOTICE dont olio so compose , portent encore dans lour caraclere ct dans lours raoeurs les dates diverscs de leurs migrations. Cellos qui sont arrivees les premieres sur le sol africain , ont lini par y prendre racine et sont dcveuues agricolcs; les autres subi- ront pen a pen la memo influence , a I'exceplion dos hordes All drsert. Encore lo desert, tout sterile qu'il est, a-t-il etc partago par cos hordes. Chaque tribu y reconnait des fron- tieres et n'a pas le droit d'errer sur les sables de la tribu vol- sine. Le passage des caravanes trace deja sur ces sables quel- ques lignes ou le commerce rcpand ses bienfaits. Que fant-il pour rendre ce passage plus frequent et ces lignes plus nom- breuscs ? Que la population de I'Afrique centrale s'accroisse et se civilise; que les Maures moins fanatiques comprcnnent qu'il est de leur interot de favoriser les relations de I'Europe avcc ce continent, relations dont le desert leur est garant qu'ils resteront en grande partie les intermediaires. Or, si je ue me trompe, la religion musulmane s'adoucit chez ses anciens sectateurs. Le sultan appelle , dit-on, ses sujels sous les dra- peaux, sans distinction de culte. Le pacha d'Egypte envoie les siens s'instruire paimi nous. Celui do Tripoli ouvre aux An- glais les routes du Bornou et du Soudan. Un ambassadeur de Tunis a figure au sacre du roi do France. Que les nations eu- ropeennes encouragent par leur exemple I'esprit de tolerance qui semble gagner les Turcs et qu'ils transmettront aux Maures ; qu'elles aillent au devant d'eux pour leur communicjuer nos arts, pour les eclairer sur les avanlages recipro,ques dun com- merce paisible. Elles verront peu a peu ces gouvernemens si terribles s'adoucir pour se consolider, ces peuplcs si sauvages se civiliser pour s'enrichir. Au milieu du mouvement qui en- traine tons les etats vers uu meilleur ordre de choses, 11 en est un qui semble rester immobile : Alger est toujours le fa- j'ouche AJger. Mais de qui emane le gouvernement de cette pretendue regence? Du grand-seigneur.^ Non. — Des naturels du pays? Encore moins. Quelques milliers d'aventuriers ont forme dans Alger ime niilice tyrannique , qui scule eleve et renverse a son gre un despote toujours choisi dans son sein. SUR LA. CIVILISATION DE L'AFRIQUE. 387 Celte niilice se recrute dans la lie dc Constantinople et des antres villes tiirques. C'est, a propiemcnt parler, raristocratie d II vagabondage; et, des la premiere generation de cotte sin- guliere noblesse , les fils semblent tellenicnt degeneres du bri- ■ gandage de leuri peres , qu'ils ne sont admis dans leurs rangs qu'avec defiance. Or, voila les hommes qui, impropremsnt nommes Algeriens , oppriment les naturels du pays exclus, comme schisniaf iqucs , de toute part an pouvoir (ij; qui , sou- vent maitrcs de Tunis, imposent par la terreur a toute la cote voisine leurpropre barbarie; qui vionnent sur les vaisseaux, et jusque sur les rivnges de I'Europe, lever chaque jour un tribut d'esclaves! etl'Europehesite aenvoyervingt mille hommes s'em- parer de cetlc ville, en chasser la soldatesque qui I'opprime, dellvrer les esclaves uoirs et blancs qui y gemissent, detruire I'arsenal, demantelerla placed remettrele gouvernement, soit au sultan, soit aux naturels du pays, en stipulant le respect du droit des gens etle libre passage vers 1' A frique centrale (2) ! Jamais armeen'aurait mieuxmerite le nom de llhi^ratrice : ell<; le seraita I'egard des Europeens , a I'egard des noirs, mcme a I'egard des Maures; et le desinteressement que I'Europe montrerait, en rcstituant sa conquete, donnerait une impulsion efficace a ce mouvemcnt general de civilisation qui se fait senlir, mcme en Afrique, et qui doit entrainer enfin tons les peuples vers la plus douce confraternite (3). Chauvet. (1) I-es Maures d'Afrique sont de la secle d'Abou-Bekre. (2) Voyez ci-aprfes la Note relative a VAssociaiion anti-pirate. (3) L'auteur de cctte Notice se trouYait sur la flotte qui, eii i8o5 , se rendit a Alger, sous le comniandcment de Jcrdnie Bonaparte, pour le rachatdes esclaves genois. Parmi deux cents esclaves environ qui fuieut raclieles, il se trouva un certain nombre de Francais, pris sous divers pavillous. L'un d'eux , fort avance en age, et captif de[)uis quaranle ans, avait presque cntieremeiil oubliela Uingnede sa jiatrie. I.orsque le consul francais, M. Dubois-Tbaiuville, signifia an dey que , Genes etant reunie a la France , les Algtriens ne devaieiit plus coiirirsus aux T. xxxTii. — Jnrn'ier 1828. 1% 3'^H NOTK Note (servant cFappiiNdice :ui mjLmoire qui precede) SUR LA NECFSSITK ET LES MOYENS DE FAIRE CESSER LES PIRATElilES DES ETATS BAKBARESQIIES. L'Europo civilisce s'cst occiipcc ties moyens d'opcrcr I'abo- lltiou de la traite des noirs sur la cote occidentale dc rAfriquc ; inais elle a fait pen d'atlcntion a la cote scptcntrionale dont Ics niarclies de chair hiimaine honl alimentes par des csclaves de race blanche, enlcves siir ics rives europeennes de la Medller- ranee. Les pirates d' Alger, de Tunis, de Tripoli, se sontce- jiendant fait, depuislong-tems, une habitude d'armeren course ])Our attaqucr les balimens marchands, s'emparer de leurs equipages, les conduire comme esclavcs en Afrique; ct de faire egalement des descentcs sur les cotes de Sicile, de I'ltalie, de I'Adriatique, d'ou ils enlevent des populations entieres. Parmi les hommes qui se sont eleves avec le plus d'energic centre ce honteux brigandage, I'amiral sir Sidney Smith s'est distingue par I'energic de ses reclamations adressces au\ Souve- rains, et par le projet d'une Societe anti-pirate , specialement destinee a faire cesser les brigandages des Etats barbaresques. II a fait voir, h diverses reprises , combien il etait absurde et monstrueux qu'un barbare put a son gre s'emparer des sujets des princes chretieus, les reduire au plus horrible esclavage, les devouer a la mort, selon son caprice, et extorquer un tribut des princes assez faibles pour consentir ii payer ces honteuses contributions. II proposait aux nations les plus interessees au succes de cette noble entreprise de s'engager par traite k fournir icur contingent d'une force maritime qui, sans compromettre aucun pavilion, et sans dependre des guerres ou des crises politiques navires g^nois, celui-ci s'ecria, dit-on, en langue franque : Che vulir jth Bonaparte i> tulir mangiar tuilo ? e mi,chc manglar? « Que Teut-il , te Bonaparte ?veut-il manger tout? et nioi, que mangcrai-je?» ou plu- lot : « qui mangerai-je? » SERVANT D'APPENDICE, etc, SSg d»s peuples, aurait ete constamment chaigce tie la protection dcs cotes de la Mediterranec , et du soin dc survcillcr, d'ar- reter et dc poursuivre tous les pirates par terre et par mer. Avoue et protege par toute rEurope, ce pouvoir fut parvenu sans'doixte a rendre au commerce ime parfaite seciirite, eteut concourii a civiliser peut-etre les cotes septentrionales de I'Afriqne. Le blocus des forces navales barbaresques entrepns par cette armee protectrice, avec la cooperation des ambassa- denrs de tous les princes et Etats de la chretiente, n'eut point tarde a amener le resultat desire. Sir W. Sidney Smith adressa des circulaires aux consuls resi- dans pres des puissances barbaresques; il publiades adrcssesau prince regent, ainsi que les lettres des personnes influentes qui voulaient contribuer a I'abolition de I'esclavage des blancs; il mit egalement au jour des rapports sur les horribles traitemens eprouves par les esclaves blancs a Alger, et ouvrit une sous- cription afm de les rachcter. Le fonds devait en etrc plusspe- cialemcnt consacre au rachat dcs Allemands dont les gouver- nemcns n'entretenaient aucune relation avec les barbaresques. Parmi un grand nombre de Pieces anncxees au Rapport du President de la Reunion dcs Chevaliers de tous les Ordres de I' Europe , qui eut lieu a Vienne , le 29 decenibre 181 4, nous placerons ici le Memoire n° i , qui expose le plan et le but de I'lNSTlTUTION ANTI-PIRATE. LoKDREs, aout 18 1 4- Pendant que Ton discute les moyens d'operer I'abolition de la fraite des negres sur la cote occidentale de I'Afriqne, et que I'Europe civllisee s'efforce d'etendre les bienfaits du com- merce, ceux de la securite des personnes et des propi'ic'tes dans I'interieur de ce vaste continent, peuple d'liommcs doux, industrieux et capables de jouir au plus haiit degre des avan- tages de la civilisation, il est etonnaut qu'on ne fasse aucune attention h. la cote septentrionale de cette mcme contree , ha- bitee par des pirates turcs, qui, non-seulement opprinient les natnrels de leur voisinage, niais les enlcvcut et les achelent comme des esclaves pour les employer, dans les batimens ar- 22. ^.\o NOTE lues en course, a anaclior a Icurs foyers d'honnetes cultiva- teurs, do paisibles habitans dcs cotes dc rEurope. Ce honteux brigandage ne revolte pas sculement I'liunianite; mais il en- trave Ic commerce de la manierc la plus niiisible, puisquc auciin niariu ne pent naviguer aujourd'luii dans la Mediteria- nee, ni meme dans I'Atlantiquc, sur iin batimcnt marchand, sans eprouver la erainte d'etre enlcve par des pirates, et con- duit esclave en Afriqne. Le gouvernement d'Algcr se compose dcs officiers d'lin orta on regiment dc janissaires, soldatescpie revoltee, pre- tendant no pas reconnaiire, meme en apparence, Taulorite de la Porte Ottomane, qui cependant n'avoue pas cetle inde- pendance : le dey est toujoius celui des officiers de I'orla qui s'est le plus distingue par sa cruaute. II se maintient a la tote de la regence, ou divan, en enrichissant ses confreres, c'est- a-dire, en leur pcrmettant toules sortes de violences en Afrique, et de pirateriespar mer centre les nations europeennes faibles, ou dont il n'a pas a redouter la vengeance immediate. Le pavilion ottoman meme ne suffit pas pour proteger ses sujets grecs, et les mettre a I'abri des attentats des corsaires algeriens. Dernicrement le dey, soit par un caprice de cruaute, soit par une politique barbare, dont le but est de detriiire le commerce de ses rivaux de Tunis et de Tripoli , fit pendre les equipages de quelques batimens de I'Archipel et d'Egyple , charges de ble, el tombes en son pouvoir. Le pacha d'Egypte, dans sa juste colere, a fait arreter tons les Algeriens qui se trouvaient dans ses Etats , et reclame en vain la restitution des cargaisons injustement saisies par le dey d'Alger. La Porte Ottomane voit avec indignation, et meme avec ombrage, qu'un vassal revoke ose se permettre les actes les plus outrageans, les plus atroces contre ses snjets paisibles, et qu'il entrave un commerce dont elle a plus que jamais be- soin pour payer les troupes des pachas employes sur la fron- tiere orientale de I'empire ottoman a combattre les Wa- chabites et les autres nombieuscs tribiis arabes qui, sous SERVAIVT U'APPENDICE, etc. 34 i riufliiciicc dc CfS sectaires, ne cesscnt, par lour invasion, dc menacer I'existcnce de ce gouveiDcmcnt... Si iin barbaro, se disant prince independaiit, qiioique non recoonu tel par le saltan ottoman, son souveraiii legitime, pent, a son gre , menacer, effrayer, pcndre les Grccs et les marins des petits etals eiiropecns, qui souls font un commerce que les batimens des grandes puissances ne trouvent point assez avantageux pour etre suivi, parce qu'iis ne peuvcnt naviguer a anssi pen de frais; si cc chef audacieux dc pirates pent, quand bon lui semblera , intercepter les cargaisons de bles destines pour TEurope, les peuples civilises sont, |)ar ce fait, sous la dependance d'un chef de voleurs qui, a lenr insn, pourrait angmenter leur detresse, ou meme achever de les affamer dans un terns de disette. \ Le barbare a aussi un moyen forniidabfe d'extorqucr de I'argcnt des princes chretiens : il les menace (ce qu'il vient de faire par rapport a la Sicile) de niettre a mort ceux de leurs sujels tombes en son pouvoir; sa cruaute connne, rcn- dant ses menaces tres - redoutables, lui devient un moyen de faire servir I'argent d'un prince chretien a soutenir la guerre qu'il declare a I'autre; il peut ainsi metire toute I'Europe a contribution, et forcer, pour ainsi dire. Its nations, a tour de role, a payer im tribut a sa ferocite, en achetant de Ini la vie de malheureux esclaves et la paix. Il est inutile de demontrer qu'un tel etat de choses est non- seulement moostrueux, mais absurde, ot qu'il n'outrage pas^ moins la religion que I'humanite et I'honnenr. Les progres des lumieres et de la civilisation doivent necessaircment le faire disparaitre. Il est evident que les moyens militaires employes jus- qu'ii ce jour par les princes chretiens pour lenir en cchec ceux des Etats barbaresques out ete, non-seulement insuffi- sans, mais ont eu le plus souvcnt pour resnltat de consolider davantage le dangercux pouvoir dc ccs barbares. L'Europe a paru long-tems se reposer sur les efforts des chevaliers de Saint-Jean de Jerusalem, ^t n'a point asscz vu que cet ordre 342 NOTE chevaleicsqiio n'avait, clans les dernicrs terns, ni asscz dc l)Ouvoir, ni pent etre assez d'cnergie pour contrebalancer et it'pousserlos ayiessions toiijoiirs renaissantcs de ces noiiibieux |)irates. D'aillcuts, par son institution niemc, I'ordre dt; Maltc, oblige de ne point transiger avec ies infideles, ne pouvait inetlre a proQt toutes Ics ressources de la politique , en faisant des traites d'alliance avec ccux d'entre eux qui sent plulot victimes eux-memes du systcnie pirate qu'aclifs cooperateurs; conime, par exeniple, Tunis et Maroc, gouvernes tons deux par des princes nes dans ces Etats, qui depuis long- terns se sont montres bien disposes, et sont capables de maintenir avec Ies puissances europeennes des relations commerciales et de bon voisinage. Ainsi la resurrection de cet ordre, apres le sui- cide politique qu'il a commis sur lui-meme, ne pourrait suffire seal au but qu'on sc propose. Ce but honorable est de mctlrc pour toiijonrs I' Europe a Cabri des attentats des coisaires afri- cains , et de /aire succcdcr a des Etats essentiellement pirates , depuis Barberous.se , des gouverneniens utiles au cottiiiicrce, et en harmonie avec toutes Ics nations civilisees. Maiutenant, quels sont Ies nioyens a employer? Le soussigne voudrait pouvoir faire partagcr a toute I'Europe sa convic- tion , resultat de Irente annees d'etude et d'examen approfoudi. II n'a cesse, pendant son minis tere a la coiu- ottomane, de s'occupcr du snjct (ju'il traitc aujourd'hui; il s'en est occupe dans Ies camps, sur Ies flottcs de cette nicme puissance, et pendant tout le cours de ses rapports assez connus avec Ies nations et tribus de I'Afrique et de I'Asie. Cette conviction intinie de la possibilite de faire cesser jjromptement le brigandage des Etats barbaresqnes ne saurait elre mieux prouvee que par I'offre qu'il fait de prendre la di- rection de I'entreprise, si Ton met a sa dispostion Ies raoyens nccessaires. Anime par le souvenir de ses sermens, conime chevalier, et dcsirant exciter la meme ardeur dans Ies autres chevaliers Chretiens, il propose aux nations Ies plus interessees au succcs de cette noble entreprise, de s'engagcr par Iraile a fournir Icur SERVANT D'yVPPENDICE, etc. 343 contiiigtiU J'une force maritiuie, et pour aiusi dire amphibic, qui, sans compromettre aucun pavilion, et sans depcndre dcs guerresoii des crises poliliqiies des nations, aurait constaniuient la garde des cotes de la Mediterranee, et le soin iir.portant de surveiller, d'arreter et de poursuivre tous ies pirates par terre et par mer. Ce pouvoir, avoue et protege par toute I'Europe, non seulenient rendrait au commerce une parfaite securite, mais finirait par civiliser Ies cotes de I'Afrique , en cmpechant ses liabitans de conlinucr leur piraterie, au prejudice do Icur Industrie productive et de leur commerce l«';gitinie. Cette force protectrice et imposante conimencerail par un blocus rigourcux dcs forces navales des barbaresques, partont oil il pourrait s'en trouver: en meine 'ems, Ies ambassadeurs de tous Ies sou verainsetEtatsde la chretiente devraient sesoute- nir mutuelleaient, en representant a la Porte Ottomane qu'clle ne pout qu'etre responsable elle-meme des acles hostiles de ses sujets, si el/e continue de permrttre clans ses ctats le recriitement des garnisons en Jfrique, qui ne hii sont d'aucuue utilife > tandis que ces forces poiirraieiit elre niieux employees conire ses ennemis que contre Ies puissances europeennes ses amies; en exigeant d'elle un desaveu formel et une interdiction authen- tique des guerrcs que ces chefs rebelles declarent a I'Europe. On pourrait engager la Porte Otlomane h doiiner de I'avan- cement et des recompenses a ceux des janissaires, capilaines de fregates, et autres niarins algeriens qui obeiraient a I'ajipe du sultan, et par ce moyen, le dey sc trouvcrait bientot aban-j donne , et sanS grands moyens de defense. Cette meme influence pourrait etre employee d'autant plus efficacement a Tunis, que ce pays est souvenl en guerre avcc Alger, dont il a reellement tout a craindre. D'ailieurs, le clief du gouvernenient tunisien est d'lm caracterc tout oppose a cejui du dey d' Alger : il se pretera volontiers a tout ce qui pourra civiliser son pays , et amener la prosperilc de son em- pire. La paix entre Tunis et la Sardaigno, qui a tant souffert par renlevement de ses sujets, doit etre le premier auueau dc lachaine, et Ton ne doit rieu negligcr, des a present, pour I'obtcnir. 3/,/, NOTE SERVANT D'APPENDICE , etc. Les aiities ondres. On sail a quel point ces deux hommes furcnt funestes a leur pays. Pouvant le sauvcr par I'execution des nies.ures qui leur etaient prescrites, ils Ic comproniireiit graveinent par leur coupable insouciance. L'or seul parut ctie leur idole. Les coinptes cju'ils ont a rendrc a leiu' gouverncmcnt eclairciiont ce qui est encore obscur dans lour conduitc. La guerre civile avail a peine cesse, lorsque Ics Turcs s'em- parerent des lies d'Ipsara et de Cassos, et occupercnt presque en entier celle de Candle. L'epoque des plus grandes calamites s'avancait a grands pas. Les Tores, bien conseilles, allaient enfin profiler de leurs fautes , aussi bien que des notres. Apres les expeditions desaslreuses d'Omer Pacha et de Scodra Pacha contre Missolonghi, de Koursid Pacha con I re la Morec , Res- chid et Ibrahim se flatterenl d'etre plus heui eux. Vassal redou- table et tolere, I'heureux assassin des uiamelucs, le sceptre de Saladin en main, ceda promplenient aux ordres du sultan de Constantinople, qui etaient parfaitement d'accord avec les voeux secrets de son ambition. Vivre pour scrvir, et servii pour I'cnrichir, voila le sort de ses jieuples. Ses flotles, ses armees, voila les seuls moyens de civilisation a sa portee. Les arts de I'Europe iie sont pour lui que des instruniens : son but unique est la puissance. Ses tresors lui ouvrent les chantiers de la chretiente pour la construction de ses vaisseaux, et la science militaire penetre, pour le malhciir des peuples, dans le pays des cunuques, sous rescorte des reuegals. Ibrahim, fils de ce satrape, nomnie pacha de la Morce, part pour la conquerir. Voyez ce farouche Ottoman (i); il meprise la civi- (i) Expression dc ramiral Codrington. SUR LA REVOLUTION GRECQUE. 555 llsation dont il se sort; il rostc fidcle a la barbario dans la- qtielle il a cle nourri. S'il no subjiigiio pas, il ogorgera. II fera perir I'liomme par les tortures, la vegetation par I'incondie; il ne rcapirera que dans une atmosphere saJiglante. En jetant les yeux sur les dispositions des Grecs au moment de son arrivee, on concevra la promptitude de scs succes. Les M(f- raites, deconrages par la defaite de leurs principanx chefs, revokes nagiiere contre le gouvernement, reslerent par ven- geance inactifs et sourds au cri d« la defense commune. Le gouvernement fut egalement prive de la cooperation des Ro- meliofes, parce que Colettis etait I'ennemi mortel de Mavro- cordato. Ainsi, rien n'etant prepare, rien n'ayant pu etre combine pour la resistance, Ibrahim ne rencontrait aucun obstacle. L'occupalion soudaine de Navarin, la marche rapide sur Tripolizza, la reddition de cette place, I'apparition des Arabes sous les murs de Napoli, leurs incursions dans toutes les parties de la presqu'ile, et la devastation horrible de cetto contree, furent les tristes consequences des dissensions que nous avons signalees. Missolonghi etait, depuis pres d'lm an, I'objet des attaques vigoureuscs de Reschid Pacha, generalis- sime de la Romelie : Missolonghi, creation hardie du patrio- tisme, mausolee de Botzaris, patrie adoptive de Byron, hon ncur immortel de la Grece! La garnison, c'est I'elite de la nation hcUeuique; c'est la reunion deshabitans, des soldats. des capitaines; c'est une poignee de citoyens, opposee aux barbares d'Europe, d'Asie et d'Afriquo. L'autorite, c'est cellc dcsmeiileurs : jamais aristocratic ne fut plus pure. lis president an conseil, ils dirigent la guerre. L'experiencc et la sagesse inspirent lenrs actions, leur excmple dirige les elans de la cit/; confiante; I'ombre gcnerouse de I'aigle de Souli plane sur tous. Notis, Zavellas, Fotomaras, Vcicos, Zervas, et voiis tous, heros del'Etolie, Fortunatil... nulla itnquam dies mcinori vos aditnet csvol Race digne de tes aicux, abandonnee a toi- meme, tu fus toute la Grece. Missolonghi se jouc de la mort, .malgre les ravages d'une grele incendiaire , les larges ecrou- lemens des rcmparts et la furie des assauts. Le peuplc du (;lirist 23. 356 1.TUDE s'asscmble ct sWrle: Poiut d'esclavage ! A I'iiistant, los glaives taut de fois rougis dii sang de riiifidele, les drapeaiix, ces compagnons veterans de I'heroisme , cribles dc mille balles, s'agitent dans les airs. La religion les bcnit sons la voiite du leinple de la nature, les pretrcs de la li])erte salnent scs pro- digcs par leurs cantiques. Un silence mysterieox succedc. Pre- lude dn sacrifice, il environne I'enceinle oh vent s'accomplir le dernier bapteme, la derniere communion. Au signal donnc, la cohorte sacree oper* sa sortie finale. Les bras defaillans de ses giieniers sement encore Ic trepas sur Icur passage. Tt!s qii'iin robnste vaisseau, englouli niomentanemeut dans Ic gouffrc de I'Ocean courrouce , rebondit sur I'horizou et cinglc vers le port avec assurance, ils se plongent dans les rangs serres des barbares et se fraient un chemiii sous leurs yeux stupefaits. La population grecque accourt au devant de ces immortels debris. Spectres de Titans, ils imposaient encore sous leurs aruiures brisees, avec leurs corps muliles, sous leur costume reduit en Laillous! Cepenilant, les hordes d'lbraliim franchissaicnt les portes desertcs de Missoloiighi, impatientes d'attaclier des chaines , d'allumer des buchers pour leurs vic- limes. Soudain une vastemine, eolatant avec fracas, enve- loppe vaiucus et vainqueurs dans la meme catastrophe. Mieux que dans une tenebreuse cataeombe, la mort se plait alors a s'allier avec la vie par I'attitude dramatique de ces cadavres qui semblent se repousser, de ces visages qui ont encore I'air de se provoqner au combat, de ces hommes venus de si loin pour s'entre-detruire. Helas ! telle est la moisson de la tyran- uie. Numance et Sagonfe sont eclipsees : la fin de notre ville sera le gemissenient le plus sublime de Thistoire, Sur ce fom- beau s'eleve I'enseigne de Mahomet : au dessus voltige le nom de Missolonghi : les Ames des martyrs sont moiitees dans les cieux ! Les hommes qui n'avaient pu prevenir ce desastre, effrayes de ses consequences, proclamerent aussitot leur desespoir, en appelant la Grande-Bretague au protectorat de la Grecc. Et parce que Mavrocordato fut, dit-on, le promoteur de celte SUPi LA REVOLUTION GRECQUE. 3^7 iiK'Sure, Colctlis crut tlovoir la combattre. Dela, un paiti an- glais, etun parti francais : chacun ent ses intrigues, scs emis- saires,sescorrespondances. Quelque temsapres, la forme primi- tive du gouvernemeut est changec. Deux commissions de plii- sicursmembres, preposees, I'unca la direction inteneurCjl'aiitre aux relations etrangeres, remplacent les corps legislatif et oxecutif. Cos aiitorites essaient de negocier avec laPorle, sous la mediation de I'ambassadeur anglais a Constantinople : niais cette demarche n'a pas plus de suite que celie du proicctorat. Les Turcs continuaient, en attendant, leurs preparatit's pour atlaquer Athenes. Reschid-Pacha ne tarde pas a camper devant ses murs, a la tcte d'une puissante armec. La convocation d'line assemblee nalionale scmble alors neccssaire pour conju- rer le danger. Les partis s'agitent : quelques-uns des deputes se reunissent a Egine , d'autres a Castri. Enfin , la divergence des opinions s'efface pour un moment, et le comte J.Capo- d'lstria est proelame, a I'unanimite, president septennal de la Grece par I'assemblee nationale , reunie a Damala. Aucune me- sure ne peut sauver la citadelle de Minerve. Les Grecs, pleu- rant la mort infructueuse d'une elite de braves , accusent les fautes de quelques etrangers de la reddition d'Athenes. Le tems seul pourra faire connaitre la verite. Ici finissent les suc- ces et les esperances des Turcs : le traite de Londres venait d'etre signe. D'apres I'aper^u rapide, mais fidele, que nous venous de tracer, il est aise d'expliquer cette seric de revers qui , acca- blant la nation grecque dans la plus legitime des luttes, etren- dant cette lutte de plus en plus desesperee, occasionnerent I'intcrvention active des puissances prcponderantes de la chre- tiente. Si quelque chose peut encore nous etonner, c'est que ces revers n'aient pas etc plus rapidemenl accumules. Qu'cst-ce, en effet, que cet amas d'actes incohcrens, mal concus, sans prevoyance ; cette politique sans loyaute , sans union , sans energie (i), des hommes qui, depuis pres de sept aus, ont (0 Incerti solutique, et magis sine domino quam in libertate. ( TAcrrE. ) 358 ETUDE prctendii gouveriUT la tlivce? lis voiilaienl la guerre, ct mal- gre le haiit devoument cl la capacitt; dislin^iiee d'lin Fabvicr, ciai^nant chacun pour sa propre influence, ils neglij^caicut rarmee comme institution nationale. lis voulaienl des troupes, et negligeaient les approvisionnemens. Ils voulaicnt la guerre et le pouvoir, et negligeaient les finances et radministration. Incapables par eux-memes de conduire au port le vaisscau de I'etat, ils n'ont jamais pu s'accordtn' pour suivre des exemples counus et appeler au timon quelque pilote habile du dehors, devcnu le fils adoplif et le premier citoyen de la Giece. Des demarches tardives pour cetobjet, eminemment populaire des le priucjpe, ont pu etre faites : mais comment faire reussir uu projet de coterie, d'ailleurs mal dirige dans I'execution? II y a neanmoins une haute justice h rendre aux chefs de la Grece; et mon cceur palpite de joie et de fitrte en la i)rociaaiant. C'esl (ju'unc fois declares, ils furent constans et inebraiilables dans leur inimitie contre la domination turque. 11 n'y cut qu'un traitre : c'esl I'infame Varnakiolis , monstrc de stupiditc ct de depravation, sans religion, sans famille, sans patrie. II serait peut-etreinteressant de caracteriser quelques-uhs des person- nages marquans tfont nous avons fait mention. Nous tronverions un Ypsilanti, honnete homme, brave soldat, voulant le bien et ne sachant ou ne pouvant pas le faire; un Mavrocordato , homme instruit, sobre, infatigable, desinteresse, ruine par des liberalites sans prevoyance, peut-etre trop mobile dans ses af- fections et dans ses doctrines, ne pour le second rang plutot que pour le premier, qui gagna et perdit tour a lour la con- fiance des partis; Negris, intrigant habile, done d'lme grande finesse d'observation etd'une penetration remarquabie, orateur plutot qu'ecrivain ; Mm'romiclialis, chefd'une famille qiu, par soil heroiisme dans les combats, a bien merite de la patrie ; George Coiindou] iotis , hcureux dans sa presidence, lorsqu'il fallut reprimer les discordes civiles, malheureuxsur les champs de balaille; Colocotroni , capilaine ambitieux , brouillon, n'en- lendant rien aux lois, el pen verse dans I'art de la guerre; Nchttas, gucrrier simple et modcste, toujours le premier do- SUR LA. REVOLUTION GRECQUE. 35.j vaiil I'cnnemi , iiilcc[)ide comme un lion; Botzaris, dont la gloire pure et sublime peut I'egalei' a Leonidas , irreprochable dans sa vie, admirable dans sa mort; Tombasis , vaillant ma- rin ; Mianulis , moderne Ajax; Safitouris , brave jusqu'a la tc'merite; Canaris , dont les brulols inccndiaires etaient la ter- reur de I'ennemi; Caraishaki, enfin, premaliirement enleve par la mort, qui savait entrainer les chefs et les soldals par I'ascendant de son genie, par Teclat de sa valeur et par ses ins- pirations soudaines; qui dictait a la fols une correspondance varieeet prcparaitles plans de ses batailles; il avait concii le vaste projet de s'elever par des victoires sur les debris d'une ignoble oligarchic, pour donner des lois indcpendautes et de I'energie ;i sa nation. Voila des homnies dignes de la cause qu'ils ont defendue, et du peiiple dont iis faisaient partie ; people donl I'existence est un miracle , le caractere toujours etonnant, la conception brill ante, les defauts involontaires ou produits par I'infortune ; credule par instinct et mefiant par experience, fier parce qu'il n'a pas oublie son origine, ami des distinctions parce que I'image du beau le poursuit et le tour- mente, perseverant dans tout le cours de sa lutte, ne rendant jamais les amies, decime, maisnon abatlu; ecrase, mais non vaincu, et preferant la faim, lamisere, les maladies, la mort, a la servitude. Le crime de piraterie, impute a quelqucs indi- vidus , ne saurait lernir la gloire de la nation. Le crime est tou- JQurs punissable , meme quand il nait de la necessite, comme dans les circonstances ou se trouve la Grece. On doit le repri- mer, mais surtout en detruire les causes , en procurant I'inde- pendance et la liberie qui feront cesser I'indigence et ses hor- ribles suites. Les hommes devenant mcilleurs, la societc aura une tranquillite intcrieiirc garaiitie par leurs vertus sociales. Apres avoir considere les Grecs sous le point dc vuo mili- taire et politique, jetons un, coup d'ceil sur les influences ex- terieures dont ils furent a mem^ de ressentir plus ou moins les effets. tJn phenomene inatteudu nous iVappe et nous afflige d'abord. C'esl I'impassibilite de reglisc d'Occidetit, sourde aux cris do dctresseet de desolation dcsa s(jeur epcrdiic. Ledogmc, 36o ETUDE ine.NOiable coiiimc le distin , oiiblie Hop soiivent la chaiilc-. Les sicclcs (t'Urbain II, (rEiij,'ene III ne sonr. plus! L'liiima- nite trahie nc trouvo de consolation (jue dans le zele dequel- ques [wxclicaleiirs protcstans , et d'lin rabbin dii nord del'Al- leiiiagne qii'on cite a\cc admiration! Mais la sympalhie des peuples eiiropeens vcillait sur nous. Ici , la civilisation, fidelc a ses nobles et imperissables traditions, tend de bonne heure a la Grece une main sccourable. Une contree de I'Allemagne, palrie d'nn philosoplie siir le tione, Louis, roi de I'heiireuse Baviere, et la Suisse, donnent le signal : rAngleterrc et la France y repondent. En Allcmagne , le monarque bavarois etend sur les Grecs les bicnfails de sa munilicencc. Non loin de son palais s'eleve un instilut special pour I'inslrnction dc la jcunesse hcllc'nique : tout y respire I'ordre etla prevoyance. L'enfance de I'hfjrilier d'un beau nom, du fils de Botzaris , y pulse les conuaissanccs du citoyen utile , appreod les devoirs de I'age mtir. La conliance de sa mere et de sa patrie ne sera point trompce : orplielin indigent , il rcntrera dans ses foyers, cnriclu de sagcsse et digne de suivre les traces de son pere. La Suisse s'honore XEynard , qui n'a respire que pour la Grece , dont Tactivite pliilantropique s'est reproduitesousmille formes pour la soulcnir et la relever. La France, Paris surtout, siege de cecoiiiitegrecoiibrillent tant d'illustrations, et qui, par la haute confiance qu'il inspire , a su centrallser les offrandes des peu- ples et en faire I'application la plus avanlageuse a nos besoins; la Frjincc, ou la tribune, le barreau , les chaires scientifiques (Hit reteuti de si nobles a^eens , oi\ tons les arts, tous les ta- lens; toule I'ardeur du genie se sont coalises pour notre de- fense, se place a la tete des genereux defenseurs de la Grece. Leurs solennelles et constantes reclamations paraissent avoir enfin pcnetre h travers I'atmosphere epaisse des |)reventions, dans les palais des souverains. Car on doit attribuer I'idce du traite pacificateur a I'interet reel qu'ont inspire aux tiuis puis- saus raonarqnes la perseverance des Grecs dans une lutte aussi terrible etl'attachementque les nations leur ont montre, plulot qu'a alimentees; de re- planter la liberie surun terrain dont elle a etearracheeavec force et aiiquelelle est restee trop long-tems etrangere; de constiluc' enfin un pouvoir robuste avcc toutes les precautions qu'exige la conservation d'un bien aussi precieux. II ne nous appailient pasde donuerdcs conseils : csprinierdes vceux et rappeler quel ques principcs, voila notre taclie. Nous n'im|)rouvons aucune forme do gouveruement, pourvu que le bonlieur national soil son unique objet. La lyranuie, sous quelquc denomination qn'elle se cache , voila ce que repoussenl les preceptes divins, comme SUR LA REVOLUTION GRECQUE. 363 les doctrines dc la sagosse hiimainc. Nous aimeiions a voir re- naitre tout ce qui a fait jadis la gloire de nos pcres, moins le j)olytheisnie, Tesclavage domestique et les oragos d'une demo- tralic effrence; niais avec Ic chrislianisme, dans sa purete pri- mitive, les prodigcs des dccouvertes et dcs inventions niodernes , et les perfectionnemens de la civilisation. Nous voudrions I'e- galitc devant la loi, la liberie civile et religieuse , fortement garantie, I'affranchissement de la pensee, et la repression le- gale de ses ecarts. Nous voudrions que Ton prevint les delits , en favorisant rinslruction publique, loin d'entravcr I'exercice legilime des facultes humaines; et que la punilion, apres le dedommagement des personnes lesees et le soin de la suretc genernle, procurat I'aniendement du coupable plutot qu'une vengeance inutile. Nous voudrions que Ton appeiat aux fonctions publiques, modesteroent relribuees et convenablement circons- crites dans leurs pouvoirs, la probite el le merite (i);que, pour les finances, on evaluat les revenus avec une equitable sagacite, qu'on specialisat les depenses,que Ton regularisat les comptes (2); que, pour la guerre , on s'occiipat en terns de paix de I'armee de terre et de mer ; que, pour I'exterieur, on vecut en bonne harmonie avec les autres nations; que, pour I'interieur, on revint irrevocablement a I'ordre et a la justice, a cette justice dontla Grece a etc si long-tems privee etqu'elle desire avec tantd'ardeur. O Grece, releve-toi! Le jour glorieux de Calamine luit enfin sur les lauriers de Navarin ! O Grece de- solee ! reunis tes enfans sous rombrage du platane patriarcal ! D'une main, tu les beniras: de I'autre, tu offriras a tes bienfai- teurs les premices de ta reconnaissance. Michel Scmv as. (i) Chez les nations qui , aprfes ayoir subi mi long asservissenient , s'elancent dims la carriere de la regeneration sociale, il est impossible qu'une administration sage se forme, sans le concours de plusieurs hommcs d'une grande capacite venus du dehors. (1) Uii point de la plus haute importance et qui exige les renifedes les plus prompts, c'est la depreciation de la monnaie dont la Grece est affligee dans ce moment. II se commel des abus scandaleux a cet egard, et il faudra sevir avec la derniere rigueur contre la tourbe de-': faussaires nuxquels le gouvernement lure, qui si)eculc sur raiieration du titre des monnaics, donne lui-meine rexemple. II. ANALYSES DOUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. The LIBllARY OF USEFUL KNOWLEDGE, CtC. BlBHO- THEQUE DES coNNAissANCES usuELLEs; OuiTuge perio- diquc, public le i**^ et le i5 de chaqiie mois par cahiers de 32 pages (x). La Grande-Bretagne a vu, depiiis qnelqiies annees, s'operer da.is los sciences et les lettres iine grande et importante revolu- tion. On n'aiirait qu'une idee bien imparfaite de retcndue des connaissances d'lin peuplc, si Ton n'en jugeait que par les pro- xies qu'ont fait faire anx sciences qnclques hoinmes de genie, par les onvrages de ses plus ceiebres historicns, ou par I'elo- quence de ses orateurs; car il serait possible que la lumiero n'eut ponelre que dans les clasiNCS elevees de la socicic, et que I'obscurite couvrit encore les classes inferieuros. II faut, dans line appreciation de ce genre, avoir egard surtout a la diffusion des connaissances; la reflexion indique, de plus, an element d'une haute importance, la/?a;«rememede I'instruction acquisc. La revolution intelkctuelle dont nous parlons n'a pas cu d'influencc immediate sur I'extension des connaissances en elles-mcmcs. Les limiles des sciences n'ont pas ote plus rapide- ment rcculees que dans le cours des annees anterieures ; lalit- teraturenes'estpas cxtraordinairement elevc'e; mais les etudes orit ete reparties dans de plus justes proportions et avec plus d'egalile; elies out ete propagees plus promptement et avec mic liberalite mieux entendue. Le tems n'est pas encore eloigne oii les livres ne servaicnt (i)Londres, 1827; Baldwin , Cradock et Joy. Grand in-S", avec de nombreuses figures gravees sur bois , jointes au teste. Prix, 6 pence (60 c.) le cahier. — M. Audot publiesousle fitre A^ Encydopedte popiilairt', «neeo!leclion analogue, traduiteen parlie de laBIbliothfeque anglaise; et que nous avoiis ainioncoe (voy. t. XXXVI, p. 717). I SCIENCES PHYSIQUES. 365 i]ii aiix inJividus des classes stipericures, ou la science etait renfjiince dans les iinivcisiles , et cullivee iiniquement par les personnes pour qui I'etudc etait une necessite. Le plus grand nombre mcme ne lisait guore que des ouvrages assez futiles , des poesies , des romans, et les livres serieux ne poiivaientcap- tiver I'altention. Quant aux ouvriers et aux petits commercans , leur esj)rit ne s'etait jamais applique qu'a la lecture des co- lonncs d'un journal. L'importance graduellemcnt eroissanle des manufactures, leur connexion inlime avec les arts mecaniques, leur depen- dancedes theories chimiques, paraissent d'abord avoir porte les chefs de ces etablissemens a se familiariser avec ces sciences. Les avanfages qn'ilsretiraient de cet accroissenient de connais- saiices furent bientot deviues par leurs employes; le gout s'en ri'pandit, et les classes ouvrieres chercherent avec ardeur les inoyens de se procurer, au moins en partie , cetle instruction dont toutes les heures du jour leur faisaient sentir la necessite. Telle est I'origine des ecoles d'ouvriers ( mechanic's institutes ), etablissemens que Ton rencontre aujourd'hui sur tous les points du sol de la Grande - Bretagne, et ou les ouvriers viennent chercher les elemens des sciences qui se rattachent a leurs di- vers genres d'industrie. Ces institutions , si eminemment utiles, se distinguent de tous les etablissemens destinesjusqu'a ce jour a I'education du peu- ple. Dans ces derniers crees par les gouvernemens , ou eleves au moyen de souscriptions particulieres, c'est loujours aux frais du riche, et sous son influence, que le pauvre recoit de I'iaslruc- tion. Les ecoles d'ouvriers , au contraire, ont ete fondees par ceux merae qui en profitent, de leurs propres denicrs, et pour leur propre usage. Les heureux resulats de cette innovation sont evidcns et incontestables. Sans vouloir deprecier les eta- blissemens d'instruction gratuite fondes et entretenus si iibera- lement aux frais du public, on peut affinncr que IVcole des ouvriers deLondres, parexemple, (Zo«r/o« mechanic's institute) I'cpand plus de counaissances positives, donne des resultats plus avantageux, que les etablissemens publics ou Ton fait des de- penses centuples. En effet, les lemons que Ton y donne sont :'.66 SCIENCES PHYSIQUES, iiiieiix adaptees anx bosoins ct a la capacilc di-s auditciirs ; ct , sans sc jetcr dans dcs tlieorics ct dans des abstractions qu<; toiiles les intelligences nc pcuvcut saisir (acilcnicnt , on y con- sidere rarithmetii|ue, )a gcometrie , I'algebre, la pliysiqnc , la oiecaniquCjla cliimie, dans leurs applications spccialcs aiix arts. L'instiuction n'est cependant pas bornec aux matieres qui s(> rattachent cxclusivement h la profession d'artisan; auciine partie dcs connaissanccs humaincs n'est exclue dc I'enseignenient ; et r.ittention, la decence, I'interet que Ton remarquc dans le niaintien ct sur le visage des assistans, feraicnt hoiniciir a un anditoire d'lin rang plus elcve. Nous avons suivi a I'institut de Londres uu cours A" anatomic } bien que ce couis n'offrit d'au- tres avanlagcs que ceux qui resultent de I'accroissemcnt des connaissances, la salle otait aussi remplie, I'aKention aussi pro- fonde, que si I'enseignement donne se fiit particulicrcment rapporte a la profession dc chaque individu. Dcs cours dV'co- nomie politique ont presentc les memes resultats. On a attache a CCS ecoles des bibliothequcs de livres choisis que les sous- oiipteurs viennent empiutiler ou consnller, et j'ai remarque, en examinant la liste dcs livres en circulation, que les ouvrages elementaires sur toutes les parties des connaissances usnelles etaient constninment dans les mains des artisans. Pour apprecier les motifs qui determinent ainsi les ouvriers a se porter en foule a ces foyers d'instrticlion, apres les fatigues dc la journee; pour evaluer le prix qu'ils utttaclient a cet em- ploi de leur tems et les avantages qu'ils espe;ent en retirer, il n'est point inutile de savoir qu'ils paient une retribution pour chacun des cours auxquels ils desirent etre adniis. Si leur ad- mission etait gratuite, ousi une scidc souscriplion leurouvrait I'enlree de tons les cours, ils feraicnt peul - etre moins de cas d'une instruction acquise a peu de frais; et a rimitation des otudians des hautes classes , ils perdraient le plus souvent leur tems, au lieu de Ic meltre a profit par I'etude. Mais , conuue ils paient leur instruction , c'est le besoin d'apprendre seul qui les excite h s'imposer Ic sacrifice d'une panic de leurs mo- diques salaires , dcs jouissances qu'elle leur cut procurees , ei mcmc des besoins qu'elle cut pu satisfaire. SCIENCES PHYSIQUES. 367 Pou (!c (cms apres la foailation ilc ces ctablissemcns, pre- mier indicede la revolution intellcctuelieqiic nous avons siyna- Icc, on vit paraitreiinefoule d'ecrits pcriodiqnes siirlos sciences et lesarfs ; nous devons placer au premier lang, a cause deson inerite reel et de I'anteriorite de sa publication, Ic Magnsin dcs artisans [the mechanic's Magazine , voy. Rev. Enc. , t. XXXI p. 127). Ce recneil hebdomadaire donnait, dans chaque caliier, pour la somme de 3 pence ( 3o cent. ) 16 pages in-8° a deux colonncs. Des savans du premier ordre ne dedaignaient ))as de vediger ces instructions, et, ce qui n'est pas moins important , de rcpondre aux observations et aux questions des ouvriers , mettant ainsi en contact la theorie et la pratique, au grand avantage de I'une et de I'autre. Indt'pendamment du bien pro- duit d'une maniere dirccte par cette publication elle seivit encore de modele i line infinite d'autres ecrits du meme genre qui contribncrent plusou moins a se rapprocner du grand but vers lequcl tend notre siecle : la diffusion des connaissances. Le changement qui se manifesta parmi les chefs d'atelierset les simples ouvriers fut prompt et important. La portion des hautes classes de la societc dont Tesprit put s'elever au-dela des frivolites de la \\e fashionable (des gens du mondej vit avec interet les progres du peuple ; stimulee par son exemple, pcut-etre meme redoutaut pour I'avenir una comparaison qui DC pouvait manquer de lui etre desavantageuse, elle scntit la necessile d'acquorir des connaissances utiles, ct consacra plus que jamais a des etudes graves une partie du terns qu'elle con- sumait nagucre dans des lectures oiseuses ou dans de futiles delajsemens. L'attention que les hautes classes aocorderent aux elemons des sciences peut encore etre en partie attribuec a I'cxtension prodigieuse et a I'importance que la science des machines, ct en particulier le perfectionnement de la machine a vapcur, vinrent donuer aux manufactures nationales. Leur in- fluence sur la prosperite publiquene pouvait manquer d'exciler puissamment l'attention des proprietaires foncicrs dont la for- tune ctait interessce a cettc revolution. Une curiosite nattu-elle Ct irresistible suscita de tons cotes des rechcrches sur les 3G8 SCIENCES PHYSIQUES, causes ft Ics applicilions d'tine puissance jioiir ainsi diie sans limiles; mais il falliit d'abord se familiariser avec les principes des sciences. De la, cotte nudlitude d'oiivrages ulemcnraires ijiie la presse mit au joui'. Tel etait I'etat de I'esprit public dans la Grande -Bictagnc , qiiand M. Brougham publia son Traite siir I'education popu- laire ( voy. Rev. Erie, t. XXV, p. 727) (iSaS), dans leqncl il parla , le premier, d'un projet de Societe pour la propagation (les connaissancex usucUcs. II est evident, disait-il, que ce qui manque aujourd'hui a la classe ouvriere pour acquerir de Tins- • truclion, c'cst le teins. 11 faut done trouver pour elle un mode d'enseignement plus rapide; le plus grand nombre devra se contenter de ne point depasser de curtaines bornes; mais il faut qu'il les atteigne par la route la plus coiirtc. C'est ainsi que dans I'etude de la geometrie, il ne sera point necessaire de lui faire parcourir tous les degres de ce magnifique systeme qui lie les verites les plus generales et les plus eloignees aux axiomes et aux definitions; il suffira de coneevoir les prineipales pro- prietes des figures. Ne scra-t-il pas egalement possible d'en- seigner la mecanique, sanse'xiger une connaissancepreliminaire aussi parfaite de la geometrie et de I'algebre que celle qu'on suppose ordinairement ? Leshommes instruits rendraient done un eminent service, en consacrant une partie de leur terns, soit a composer des traites elementaires de mathemaliques , claiis et precis, pour former un raisonuement geometrique et pour donner une notion suffisantedes prineipales propositions et de leurs applications, soit a rediger des traites de |)hiIoso- phie naturelle ofi les principes de la physique seraient mis a la portee des lecteurs peu avances en mathematiques, ou dont I'instruction ne s'etendrait pas au - dcla des formuics les plus simples de I'aritlimetique. On aurait tort depenser (jue leteuis ainsi employe n'aurait d'aulre resultat que de repandre quel- ques notions elementaires sur les sciences parmile peiq)le, bien que cetobjet seul diit produire les plus grands avantages. Les idecs dc la masse du peiiple s'oieveraient; ses vues se porle- raient sur des sujets plus nobles ; et c'est la, si jo ne me tronipe, I SCIENCES PHYSIQUES. 369 If! but lie la plus sublime philosophie, aujourd'hui surlout quo les adeptes dcs sciences transcendanles ont cesse de jeter des regards dedaigneux sur la multitude. D'ailiciirs, si I'avauce- iiietit de la science a ete de tout tcnis le but du pliilosophe , il y parvieudra plus sureinent, quoique indirectement ;^ en for- luant des niilliers de specul-ileurs qui mulliplicront les obser- vations et Ics experiences. II serait inopportun de rien ensei{j;ner au-dela des eleinens; car I'eleve qui senlira en lui le gout et I'aptitude nccessaires portera plus loin ses etudes ; et c'est aiusi que se multiplierout les liomnies capables de faire des decouverles dans les sciences et dans les arts. Tout professeur qui aura developpe dans un traite simple et concis les doctrines du calcul, de la geometric et de la mecanique , au moyen d'exemples asscz bien clioisis pour frapper I'imagination, et qui aura montre leur connexion avec les autres branches des con- naissances humaines et avec les besoins sociaux , aura certai- nement ac(]nis le droit de reclamer ime graude part dans cette moisson de decouvertes et d'inventions, que ne peuvent man- quer de I'ccueillir les milliers d'hnmmes actifs etingenieux dont il aura contribue a etendre et a fortifier les facultes intelUc- tuelles el oreatrices. II est evident qu'une Sociele obtiendrait dcs resultats plus avantageux, que tout ce que Ton pent attendre des travaux d'individus isoles. Cet objet a ete pris en consideration , ct I'Angieterre a vu se former dans sa capitale une association qui se propose de rendre plus faciles la composition et la pu- blication d'ouvrages utiles, et a bas prix. Poiir devenir membre de cette reunion , il ne faut ni des talens transcendans, ni un savoir profond, ni de giands moyens pecuniaires ; bien que ces qualites ne soient point sans importance dans une Societe de ce genre, piles ne sont pas indispensables a ses succes. Le projet de cette Societe ne tarda pas en effet a etre mis a execution. Plusieurshommcs publics, conn us par le zelequ'ils avaient monlre pour I'education du peuple, pour favoriser les progres moraux et inlellectuels de riiumanite en general, s'as- socierent, quelques mois apres la publication de VEssai sur T. xxwii. — Ft-i'iicr i(Si8. 24 370 SCIENCES PHYSIQUES. r education publiquc , ;\ rillusfre auteur dc cet ouviagc. lis mi- rent encommun leurs talcns et leuis efforts, et formerent Ic noyau de la Societe projotee. La detresse commcrciale de cette t'-poquc apporta des retards dans les operations dc celle asso- cialion philautropique; mais ces dclais furcntniis a profit pour disculcr cl faire conuaitre au public robjet et Ics vues de I'in- slitnlion que Ton voulait fonder. Le nonibredes niembres s'ac- crut rapidement, et vers la fin de 1826 on publia le prospectus qui annon^att la formation de la Societe, et qui renfermait son plan et ses reglemens qu'elle avail eu le tems de murir et de perfcctionner. Ce plan d'instruction publique et populaire est sans contrc- dit le plus vaste que Ion ait jamais concu , ou du moins qui ait jamais ete execute. L'objet de la Societe est clairement ex- prime et strictement compris dans le titre qu'elle s'est donne : elle veutrepandre des connaissances utiles a toutes les classes; etpour atteindre ce but, elle public pcriodiquement des traites a la portee de lous les lectcurs sur tonics les parties de ces connaissances, sous la direction et avec la sanction d'un coniite superieur. Chaquetrailc doit conlcnir I'expose sommaire des prim;ipes fondamentaux de la science a laqu§lle il est consacre , les preuves et les eclaircissemens necessaircs pour donner uue instruction solide, les applications pratiques des principes et des theories que Ton a exposees; enfin, I'explication des faits et des apparcnces souvcnt Irompeuses. Le comile charge de faire composer et de publier une suite de traites methodiques pour I'instruction commune du peuple, a commence par de- terminer toutes les divisions et les subdivisions dont le savoir humain parait susceptible. Il a desire que chaquc partie con- stituaute d 'une science put devcnirle sujet d'un traite distinct, precis et substautiel. Dans les-cas ou I'importance des malieres tiaitees exlgerait de plus grands d«iveloppemens, on ajoute au traite principal un traile snpplementaire d'une etenduesuffisante. Chaque traite doit c ire renferme dans les limites de 32 pages grand in-8°, a deux colonnes, conteuant a pen presaulautde matier('S(iuc 100 pages ordinains in-8", et ornecs de gravurcs SCIENCES PHYSIQLfES. 371 en bois , inserees dans le texte. Le prix de cliaciin des traites est fixe a 6 pences oa 60 centimes environ, et il en parait iin regulierenienl k; i<^'' et le i5 de chaqtie mois : si Ton arrive a une grande distribution de ces ouvragos, on poiirra les fournir ^ un prix encore plus bas. Les sujets choisis par la Societe comprennent totites les branches dela philosophic natnrclle, les mathemaliqucs piires, leurs applications a la pratique, les arts utiles, dcs extrails succincts et clairs des principes de Newton, de son optiquc, de la inecanique celeste de Laplace, du novum organum de Bacon, de son traite de aiigmcniis sciciitiaruin. Toutes les sub- divisions de la philosophic intellectuelle, del'ethique , dela po- litique, seront successivemcnt traitees, ainsi que I'histoire des sciences, des arts , des nations et des hommes les plus celebres. Plus on examine ce plan, et plus on admire la grandeur du projet, la sage distribution des details. Chaque traile sera pre- cisement ce qu'il doit etre pour une instruction populaire; court et precis, il pent ctre lu aux heures des loisirs journaliers , et cette lecture instructive et atlachante lemplacera, avec d'im- menses avantages, les delassemens souvent dangereux dans lesquels ces heures de loisirs etaient dissipees : ecrit d'un style simple et familier, il est adapte a I'intelligenoe des hommes qui n'ont point rccu d'education premiere; appuye sur des exemples et rempli d'applications aiix fails et aux phenomenes les plus ordinaires, il sera facilement compris et lu avec in- teret. Son objet special elant traite a fond, le lecfcur aura la satisfaction d'acquerir une instruction complete sur une branche quelconque des connaissances humaines. Enfin la modicite ex- treme du prix permet aux hommes les moins favorises par la fortune de se procurer les traites qui leur conviennent , sans s'imposer aucune privation sensible. La m.iin qui avait cree cette immense machine d'avance- mcRt intellecluel, moral et social, fut anssicelle qui hii donna le mouvemcnt, et le premier traite qui parutsortil de la plume tIeM. Brougham, son Z)wcott7'j j«?-/t' hut, les avantages et les plai- sirsde la science (voy. Rev, Enc, t. XXXIV avril 1827; p. 140), 24., 372 SCIENCES PHYSIQUES. siTvit d'introdiiclion a la serie dcs traitcs siir Ics sciences physiques par lesquels la Socicte dcvait commencer I'execu- lion de son plan. L'aiiteur etablit les grandes divisions du savoir hiimain : il developpe la nature et I'objet des mathema- liqups pures, rarillinu'-liquc, la geometric, I'algebre , puis, les diverses brandies dc la philosophie nalurelle; et c'esl tou- jours avec bonheur qu'il trouve et decrit les applications les |.lus frappiintcs dc ccs sciences aux besoins et aux usages de riiomme vivant en societe. Dix autres traites suivirent bientot ce discours d'iutroduc- tion : il nous suffira d'en mcnu'onner ici les litres : i° Hydro- statique. 2" Hydrauliquc. 3° Pnoun.alique. 4° De la chaleur. 5" Mecaniqne. 1®'' traite; Des agens mecaniques. 6° 2^ traite; Elemcns de la science des machines. 7° 3^ traite; Du frotte- ment et de la raideur dcs cordes; 8"De la mecanique animale. 9° Extrait du Novum organum. 10° Optique. Tons ces Iraites sont en general assoz bien adaptes au but que nous avons indique. Les principcs de la science sont expo- ses avec une grandc clarte, dans un style Ires-simple et cepen- dant loujours pur; tout en presenlant les methodes et les applications les plus a portee de la masse des lecteurs, on rrconnait a chaque page les maitres de la science. Nous appre- nons que quelques-uns de nos plus illustres savans cooperent aux differentes parties de cet important ouvrage. La circulation ou le debit de ces traites est peut-«Hre la n.cillcure preuve qu'on puisse donner de leur utilile ; car si le peuple les achcle, il les lit; s'il continue a les lire, c'est qu'il les comprend; et la societe a atteint son but. Or, nous Savons que trente mille exeniplaires du premier Iraite onl ete vrndus dans I'espace de quatre inois ; c'est une preuve sans replique que la population de la Grande-Bretagne a senti la force des argnmens, et I'importance des conseils deveJoppes dans I'eloquent discours de M. Brougham. II est evident que I'esprit de la nation etait bien prepare pour recevoir la masse de connaissances que lui ont successivement apportecsles auf res traites elementaires. SCIENCES PHYSIQUES. 3:3 La publication dc cliaciiii d'eux est suivie d'line dcmande immediate de qiiinze niille cscmplaires, et le debit dcs e5iem- plaires restant continue encore avec rapidite. On pent rai- scnnablementevaluer a quaranleou cinquantc mille le nombic des lecteurs. Nous felicitons la nation anglaise de rabondance et de la vaiiete des richesses inlellectuelles qui lui sont offertes par celte voie, et de Toccasion nouvelle qui est fournie a tout homnie intelligent et laborieux de s'instiuire et de s'elevcr dans rechelle sociale, en se distinguant dans la profession qu'il exerce. Nous la felicitons aussi d'avoir su apprecier et met(re a profit cette institution bienfaisante, et d'avancer d'un pas rapide et sur dans la carriere des ameliorations. Nous signa- lons ce grand exemple a Taltention du nionde civilise, a celle des amis de I'instruction, et des perfectiouneniens en tons genres. Get appel sera sans doute entendu, et la France, oil Ton sait a la fois comprendre et agir, saura surtout y re- pondre (i). D. L r. (i) Le voBU philantropique de notre savant collaborateur et cor- respondant , auteur de cet article , est doja rempli. Gr^ce a ractivite infatigable, et a la noble perseverance des foiidateurs et des iiiembres les plus zeles de !a Socicte pour l' amelioration Je rinsiruclion elementaire , qui ont inlroduit el fait prosp(''rer en France Venseignement muluel ; grice aux genereux et constans efforts de M. Charles Dupiif , qui de- [luis plusieurs annees a reussi a faire senlir par ses ccrits , par sa cor- respondance, par son exemple, et par le cours qu'il a ouvert gratui- tenient , toute I'importance de Venseignement industriel, adopte mainte- nant dans la pluparl de nos villes les plus populeuses , I'instruction primaire et ccmmune pour les enfans des classes pauvres , I'instruc- tion industrielle et pratique, rendue popula ire pour les adultes dans les classes ouvrieres et laborieuses , permettrotit bientot a la France de ne plus rien envier en ce geure a I'Angleterre. Ces deux grandes na- tions, destinees a marcher, pour aiusi dire, a la l(?te de la civilisa- tion humaine , n'auront plus entre elles d'aulre rivalite qu'uue Emu- lation salutaire et feconde pour se distinguer a I'envi dans les vastes carri^res de I'instruction populaire , de I'industric et du bien public. M. A. J. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Le petit Producteur francais, par le baron Charles Ddpin, membre cle I'lnstitut (i). L'auteur de cet ouvrage I'a dudie a I'un de ses collogues a I'lnstitut, M. le comte Daru , pair de France. Quoiquc les c'pitres dedicaloires soient ordinairement etrangeres au sujetdii livre , et sans interet pour les lecteurs , il ne sera pas inutile de nous arrcter un moment a celle-ci. Lorsque M. Dupin aura termine I'oeuvre qu'il a commencee et poursuivie avec un courage si digne d'eloges , il lui sera permis de se reposer, de contempler ce qu'il aura fait, d'ob- server les mouvemens de Timniense organisation dont il a pre- pare le developpement. Mais il reste encore beaucoup a faire; et, puisquec'est un grand bien qu'il s'agit d'obtenir, il faudra sumnonter dcs obstacles, appelcr des secours, rennir toules les forces, et nc rien perdre de leur action. M. Dupin a du prevoif qu'on lui ferait acheter le bouheur d'avoir servi I'hu- manile et sa patrie : les opinions qu'il beurtait , certains in- terets qu'il ne devait point menager , quelqucs passions pen genereuses que toule celebrite offusque, I'ont assailli de con- cert, et il a eu le sort commun a tons les fondateurs d'entre- prises grandes et difficilcs, consacrees au bien public. L'armee et les allies de I'obscurantisme ont attaque l'auteur i\. cause du livre, tandis que d'autres ennemis attaquaient le livre a cause de l'auteur. M. Dupin etait ainsi dans la necessite de ne pas se presenter seul a un combat on ses adversaiVes ne se piqueraient point de loyaute; mais il n'a pris qu'un seul temoin, et tous (i) Paris, 1827; Baclielier. 5 vol. pel. in-i2 , d'environ loopage.s, prix de chaque volume , ^5 centimes. SCIENCES MORALES. 375 ies Fiancais coiiviendront , ainsi que les etrangeis, qii'il ne |>ouvait faiie un meilleur choix. Le Pelit Productc'ur esl divise en cincj livrets , dont I'etcndue est H. peu pres la mcme. Le premier presente , dans le cadre le plus etroit qu'il a etc possible d'admettre , le tableau general (in progres des forces productwes et commerciales de la France ; dans le second , I'auteur a resume Ics notions les plus utiles aux petits proprietaires cultivateurs ; le troisieme est consacre Aux petits fabricans et aux artisans; le quatrieme est destine aux petits 'commercans ; et enfin, le cinquieme, aux simples ou- vriers. Avant d'entrer dans aucun detail sur chacun de ces ouvrages , essayons d'eclaircir et de fixer nos idees sur la nature et le caractere propre des \'\\ve% populaires. Si nous savions bien ce que c'est que le peu pie, nous ne man- querions pas d'ecrivains dont la plume se conformerait au gout et aux besoins de celte classe de lecteurs. Mais il est peu d'hommes qui aient pris la peine d'etudier cette partie de la population; plus elle s'eioigne des formes de I'homme faconne par I'education , moins on s'attaclic a la connaitre; et cepen- dant on prenonce sans liesiter sur le degre d'intelligence dont elle est capable, sur sa moralite , ses droits sociaux , ses des- tinees. On se mele de regler la quantite d'alimens intellectuels qui convient a son temperament ; et, si Ton en croyait certains docteurs, elle finirait par mourir dinanition, si la nature de Tame liumainepouvait degenerer, comme les forces et I'organi- sation physiques. C'est pourtant ainsi que la phipart des aut.eurs d'ouvrages popnlaires out concu ce qu'ils noniment le peuple : c'est ainsi que le concoivent presque tous les p;ouvernemens et le vulgaire des legislateurs. Aux yeux du philosophe, le peuple est la nation; et, lorsqu'il s'agit d'instruction, tout ce qui est capable de penser, et par consequent d'apprendre , forme le peuple , ou si Ton veut, la nation ; car ces deux mots peuvent etre substitues I'un a I'autre sans inconvenient. L'usage ordi- naire a degrade le mot peuple ; on ne I'emploie que pour desi- gner la foule sur laquelie on laisse tomber des regards de protection ou de niepris. D'uu autre cote, depuis nos tour 376 SCIENCES MORALES. iiicnles rcvolntinnnaircs , le mot nation c<.\i devemi suspect: comment done s'cxprimcr, ct de quels termes est-il encore permis h la raison de faire usage ? Quoi qu'il en soil, lorsque Ton vent instruire des hommes, et non dcs cnfans, qu'on ne s'ainnse point a des contes; qu'on aille droit au fait, qu'on eparj^nc un terns precieiix, soit pour le travail, soit pour le rcpos, apres Ics fatii^ues dc la jouruee. Lc paysan qui salt lire et qui est capable d'observer ce qui se passe autour dc lui est-il done sans idees? Ecrivains, qui cherchez a vous meltre a sa portee, montez, si vous le pouvez, au lieu de descendre ; il sait peut-ctre plus quo vous, et niieux que vous. En general, Ihomme du peuple pour Icquel on faitun livre doit etre traite comme tout autre lecteur, car son intelligence n'a rien qui la distingue de celle de Thomme place plus haiit dans la hierarchic sociale. C'est ainsi que M. Dupin concoit renseignement populaire , soit dans ses cours et dans les ou- vrages qui en sont la redaction , soit dans le Petit Producteur francais. On ne sera done point surpris que son premier livret soit un tableau statislique compose pour les hommes les plus instruils, accoutumes par de lougues etudes a generaliser les faits et les observations : il suffit, pour tout comprendre dans cette serie de faits, de raisonnemens et de calculs, d'avoir I'es- prit juste, et d'etre attentif. Si Ton considere en elle-meme cette partie de I'ouvrage de M. Dupin , on trouvera peut-etre que notre situation y est presentee sous des couleurs trop bril- lantes; que, sila France etait aussi prospere au- dedans et au- dehors , le malaise que Ton y resscnt partout serait tout-a-fait inexplicable. Quelques personnes promptes a s'alarmer, qiiand il s'agit des plus chers interets de la liberie , auraient voulu que I'auteur n'employat pas le mot dejournalisme dont le sens , Decessairement vague , indeterminable , convient beaucoup mleux aux partis qu'a la raison. Les passions malveillantes ont soin dc multiplier ccs denominations ; ce sont des fanlomes (ju'elles savent faire mouvoir dans les tenebres, mais qui ne supportent pas la clarte dnjour. he /ournalisme , puisqu'il faut en parler encore, cet epouvantail dont certaine faction a la SCIENCES MORALES. 877 inaladresse ile contiiiuer I'essai , ne meritait pas I'honnoiir d'ctro nommc dans ce livret, Les observations de rauteur sur les effets de V enseigncment rniitucl contribueront sans doute a multiplier les partisans de cetteexcellenteniethode d'instruction ; niais elles redoiibleront raniinosite de ses adversaires, la vehemence des persecutions qu'elle eprouve. Comme cette lutfe ne pouvait etre evitee, on lie rcgrette point que les forces se rassemblent de part et d'au - tre , et qn'une bataille decisive s'apprcte : tout fait augurer que la victoire sera fidele a la cause de I'humanite. M. Dupin rend justice a notre litterature, image fidele des nioeurs publiques. Une experience assez long-tems continuee fait voir que ces moeurs se forment aujourd'hui sous I'influence des lumiuresj sans que d'eminens exemples y aient une part remarquable. A ravenir les cours pourront etre tout ce qu'elles voudront ; estimables, si elles veulent etre estimees , futiles ou dissoliies , comme elles !e furent quelquefois : mais les nations ne chercheront point a les imiter; le terns n'est peut-clre pas loin oil les cours se laisseront entiainer clles-memes, et se sou- mettront avcc sagesse an pouvoir de I'opinion. Le premier livret etait dedie a I'un des historiens modemes les plus judicieux; le second aparu sous les auspices d'un ver- tueux prelat: nous imiterons a regret la discretion de I'autenr qui ne I'a point nomme. Ce livret est a I'usage de i'homme des champs, petit proprietaire ou meme fermier. Que de choses a lui apprendre! Mais il s'agit encore bien plus de Telever que de I'instruire; ce qui est le plus important , c'est qu'il ait utic juste idee de sa position sociale, et des moyens de s'environner de consideration et de bonheur. M. Dupin n'omet aucun de ces moyens, et les presente dans I'ordre le plus propre a les gra- ver dans la memoire, a les faire passer dans les habitudes de la vie; car c'est la seulement que les preceptes de bon ordre do- mestique, de prevoyance et de sagesse dans I'administration de ses affaires , de morale publique et privee , peuvent etre utiles ; ils ne sent pas fails pour etre deposes dans un livre que Ton consulte au besoin. M. Dupin ne se dissimule point que cette 378 SCIENCES MORALES. parti<; de sa noble enticprisc est une des plus ilifficiles ; qn'il s'agit , dans la plus j^rande partie de la France, d'accou turner a de nouveaux usages une classe obstinee dans sa routine , de re- former des homnies isoles, dissemines siu' un immense terri- toire, et sur lesquels on n'a presque point d'action. C'cst ici que I'education publique presentc a la fois ses avanlages et ses besoins. Avec un commencement d'instruction, I'homme isole peut acquerir les connaissances qui lui nianqiient ; niais, s'il fut mal elevcjsi ses premieres annees ne furent pas soumises a I'ordre et mises a profit par un bon emploi du terns, il est bien rare que I'honnne fait, lecitoyen, le chef de faniille ne conserve point quelques vices ou quelques travers du jeune homme,a moins que Ton ne mette a sa portee de bons exemples et d'u- tiles avertissemens. M. Dupin compte sur les ministres de la religion dont I'influence peut etre rendue encore plus utile, si die est aidee par I'autorite des magistrats- II cite I'exempie me- morable du sage Oberlin , bienfaiteur venere d'une population de montagnards dont il adoucit les moeurs, qu'il tira de la rai- sere en leur apportant des connaissances et dc I'induslrie. Ces montagnards, devenus bons par les soins de leur digue pasteur, furent assez heureux pour le conserver pendant plus d'lm demi- siecle; sa mt'moire, consacree par la reconnaissance, sera trans- misea toutes les generations qui se succcderontsur cette terre qu'il rendit fertile. Tout est precieux dans ce livret. Si nous pouvions ceder au desir de ciler, ce serait peut-etre encore une dedicace que nous mettrions sous les yeux de nos lecteurs : I'auteur a transcrit celle de I'ouvrage sur le droit d'airiesse par M. Dupin aine ; c'est a ses freres que le savant jurisconsulte adresse cet elo- quent plaidoycr en faveur de I'equite, de la paix et de I'union des families. Le fabricant est ordinairement pourvu de quelque instruc- tion; il semble que son livret pourrait etre plus court que celui du cultivateur. Mais il ne faut pas oublier que chacun des cinq volumes du Petit Prodticleur doit etro independant des quatre autres, et complet en lui-meme. D'ailleurs, quoiquc I'agricul- SCIENCES MORALES. 879 tare soit incontestablement le premier des arts, le cultivatciir n'exerce pas une influence directe aussi grande que celle dii fa- bricant ; 11 ne preside pas aiix destinees d'une aussi nombreuse population; il n'emploie que peu de bras; el quelquefois le travail de sa faniilie lui suffit pour obtenir des prodiiits tres- abondans. Le fabricant dont rintelligence et la conduite hono- rent sa profession est le chef et I'appui de plusieurs families ; autour de lui, et par ses genereux soius, les enfans de ses ou- vriers recoivent le double bienfait d'une instruction complete pour la profession a laquelle ils se deslinent, et d'une educa- tion ou I'exemple n'est jamais separe du precepte. M. Uupiti s'est complu a depeindre ce'fabricant, a le suivre dans ses di- verses occupations, partout ou ses qualites estimables trouvent I'occasion de se developper : et partout le lecteur est amene a cette conclusion, que le plus honnete homme est celui qui comprend le mieux ses veritables interets. Ajoutons a ce resul- tat de I'observation une autre verite ])ar laquelle I'auteur a ter- mine ce livret , et qui est aussi I'un des precieux fruits de I'experience. « Les meilieurs moyens qui meneront les petits fa- bricans a la fortune, a Topulence, produiront ranielioration du sort desouvrierset des ouvrieres. « Au moment ou ce troisieme volume etait pret h paraitre , la France allait ctre rendue k I'esperance. L'auteur a dedie son livre Aux electeurs; il y a de I'echo en France, lorsque la voix de I'interet public s'y fait entendre. Ceux qui reconnai- traient ici une manoeuvre du comite directeur , sont invites a prendre leur revanche; qu'ilspropagent I'instruction, dissipent les erreurs et leur substituent des connaissances; qu'ils compo- sent debons ouvrages populaires; qu'ils obtienncnt la confiance du peuple, en la meritant, les suffrages electoraux ne leur manqueront point. Puisque nous parlous accidentellement d'eleclions, a propos de dedicace, intervertissons un moment I'ordre de succession des livrets. Avant que la redaction du cinquieme fut achevee , le departemcnt du Tarn avail fail ses choix, etmis au numbre de ses deputes nn simple prqfesscur d'ouvrieis , suivant I'expres- 38o SCIENCES MORALES. sion de M. Dupin. Ce tcnioignage d'une haute cstimc elait trop flattciir pour que lo ticputc lie se hatat point tie piiblier sa re- connaissance , de reconnaitre les devoirs que son nouvcau litre lui impose, et les eiigagemens qu'il ne craint pas d'y ajouler : alln d'etre bien sur d'avoir satisfait a toutes ses obligations , il vcut aller au dela : puisse-t-il avoir bcaucoiip dVniuIes de son zele civique ! Le (our des commercaus est arrive : le quatrieme livret leur est consacre; I'auteur le dedie aux elcves dcs ecolcs clii com- merce itab'iics a Paris, a Lyon et a Bordeaux. II annonce qu'il s'attacliera principalcment a combatlre des erreurs accreditees depuis des siecles , sur les interets du commerce. Ces erreurs sent le systeme des prohibitions, des monopoles, des privileges , les vieilles doctrines dont I'Angleterre se debarrasse, et que les hoaimes a vues etroites accueillent avec respect. « J'ignore si bientot les Francais adopteront ces principes eleves et genereux que les Americains du nord ont compris les premiers, que les Anglais comprcnnent anjoiird'hui : mais j'ai I'mtime et fernie conviction qu'un jour les proprielaires, les fabricans et lesne" gocians francais comprendront qu'il n'est rien de plus nuitucl que la prosperite des peuples, des cites et des indiviihis. Nous apprendions a nous rcjouir, par inleret pour nous-memes et pour I'espece humaine eu general, de tous les biens nou- veaux qu'acquerrout les nations qui nc sont pas la noire, les villes qui ne sont pas la notre, et les hommes (pii ne sont pas nous. Apres avoir prouve que le commerce pave a pen pres le tiers des impots supportes par la France, I'auteur demande qu'on lui cunsacre des institutions speeiales, et surtout des ecoles pour les petits commercans. D'apres ses calculs, un million pr«> leve sur le budget produirait d'aiitant plus de bien , qn il ne serait pas diminue par le luxe aussi ruineux qu'inutile d'lin grand maitre, d'un etat-major et de tous les frais accessoires entrain«''S par ce faste de pure ostentation. 11 ne nous est pas possible de transcrire icil'enumeration des services que ce mil- lion bien employe rcndrait au commerce, h I'etat, i» tous les SCIENCES MORALES. 38i Francais : et, quand itieme nous pourrions inserer toutes ces iiiteressantes notions , nous devrions pent-etre nous en absfe- nir ; oar ce livret sera bientot entre les mains dc tout le monde. L'auteur y a reuni deux discours qu'ii a prononces en 1826 et 1827, a I'ecole speciale de commerce etablie a Paris. Dans le premier, il demonire les avantages de I'applicatiou de la geo- metrie et de la mecanique au commerce; et dans I'autre, il ex- pose tes resultats remarquables de quelques questions commer- ciales rameneesa des combinaisons de nombres, a des calculs. Le cinquieme livret est colnpose de deux discours prononces, le premier, en 1826, et le second , I'annee suivante, a Toiiver- ture dii coursdegeomi'trieet de mecanique appliqueesaux arts. Dans le premier , le professeur fait voir ce que Ton doit at- tendrcderenseignemenlpopulaire; il prouve qu'il pent devcnir en peu d'annees une source abondante de bonheur pour les ouvriers , et de prosperite pour la France. Le second discours prend une couleur plus sombre; M. Dupin ne dit plus ce qui pourrait ctre, mais ce qui est; il decouvredes maux trop nom- breux et trop reels. Ses remontrances n'ont rien de severe; il n'irrite pas les plaics qu'on ne pent guerir que lentemeut, par les progres naturels dun regime plus convenable a la nature de I'homme. Les vceux qu'il formait alors ne sont pas encore exauces; mais n'oublions pas qu'il s'agit d'instruction , d'insti- futions nouvelles, et que les progres du bien so'nt toujours lents, au gre de noire impatience. En attendant que I'esprit d'associa- tion rcpande scs bienfaits parnii les ouvriers, et que des ecoles plusnombreuses soieiit ouvertes a I'mdustrie, voici des livres populaires qui vont penetrer partout , accoutumer a lire et k peuser des hommes dont les facultes intellectuelles n'etaient qu'assoupies : une generation plus iatelligente et plus instruite portera plus haut notre Industrie, multipiiera ses produits , et lespcrfectionnera, M. Dupin n'est qu'a I'entree de la carriere; les Uvrets se mulliplieront; et, a mesure qu'ils passeront entre les mains de nos ouvriers, nos voisins ne manqueront pas de les traduire, hommage qu'ils ont deja decerne ;\ cette premiere publication. Que la France recouvre au moins une partie de 382 SCIENCES MORALES, son aucienne preponderance; qu'ellc soit I'institutrice dcs na- tions , et que, graces aux travaux deuossavans, uousservions de guides dans toutes les applications des sciences an pcrfoc- tionncment de I'art social. Ferry. Du SYSTEME PENAL ET Du SYSTEME BEPRESsiF en general, ET DE LA PEiNB DE MORT cn particuHer ; par M. Charles Lucas , avocat a la Cour royale de Paris : ouvrage couronne a Geneve et a Paris (i). II n'est aucune question de morale , de philosophie et de legislation qui offre autant de difficultcs a resoudre que celle dela peine demort. Deux principes fondanicntaux se presentcnt lorsqu'on veut examiner cctte importante question. lis consistent dans la re- cherche de la legalite et de Cutilite de ce terrible chatiment. C'cst dans I'examen consciencieux de ces deux bases du droit que I'homme s'est arroge de donuer la mort a son sem- blablc , que se sont renfermes les efforts des philosophes et des pnblicistes qui ont ecrit sur ce grave sujet. Dans cette cause de I'humanite et de la justice, divers partis ont ete adoptes. Des ecrivains celebres, et parmi eux on Irouve Mably, Montesquieu, J. J. Rousseau cl Filangicri , ont pense que la peine de mort est dans le droit et le devoir de la societe. D'autres, dans les rangs desquels nous voyons figurer Becca- ria , Jercinie Bentham et MM. Pastoret et Livingston , ont mis en doute non-seulement sa legalite, mais encore son utilite. Enfin , quelqiies uns ont cru que, si la peine de mort est neces- saire et legitime dans I'interet du corps social, du moins son Tisage doit etre restreint, au seal cas de I'homicide, accompa- gne des circonstances aggravantes, qui, de nos jours, en- trainent la peine capitale chez toutes les nations policees. (i) Paris, iSay ; Charles Beclict, librairc. i vol. in- 8''; prix, 8 fr. . SCIENCES MORALES. 383 Qnelles que soient la diversite ties opinions ct les lumieres deja repandaes sur oe vaste et interessant sujct , il n'en resulte pas moins qu'il etait I'un des plus elcves sur lesquels une societe littcraire ou philosophique piit appeler raltention des publicistes; sujet bien autrement utile a I'avancement des doc- trines sociales que les questions oiseuses et decreditecs raises si souvent au concours par les academies officielles etprivilc- giees. Par une circonstance digne de remarque, tandis que la So- ciete de la morale chrctienne ouvrait a Paris un concours sur la peine de mort , un genereux citoyen de Geneve , M. de Sellon, en annoncait un semblable dans la palriotique inten- tion de reclamer 1 'assistance des etrangers qui voudraient se- conder ses efforts pour hater I'abolition de ce chatiment dans son pays. M. Lucas a eu le double merite de remporter la palme a Geneve comme a Paris ; et c'est de I'ouvrage qui s'est annonce sous d'aussi honorables auspices que nous aliens entretenir nos lecteurs. M. Lucas commence par recliercher quelle est la mission de la justice humaine, et quelles sont les bases du systeme penal en general et de la peine de mort en particulier. C'est au developpement de cette theorie qu'il consacre la premiere partie de son ouvragc, et il arrive a ce principe, que « I'echafaud ne peut se maintenir au noni de la justice penale , parce que la justice humaine n'a point a s'occuper de penalite. « Cette proposition nous parait renfermer une grave erreiir. Elle a conduit M. Lucas a cette conclusion : que la societe ne doit e.xercer qu'une justice de convention ; en d'autres termes, qu'elle reprime et ne punit pas. Non, sans doute, la societe ne peut empieter sur les droits de la justice divine; elle s'arrete la ou son pouvoir ne saurait s'etendre sans usurper une portion de la puissance du Crea- teur. Ainsi, nous concevons parfaitement que Ton proclame absurdes et iniques les supplices exerces sur le cadavre d'un malheureux qui a cru pouvoir attenter a ses jours. Ici aucun* 384 SCIENCES MORALES, dommagc reel n'est venii troubler la societe dans son exis- tence. Nous concevons t'-galemcnt que dcs voix gcnereuses s'elevent avec indignation centre les lois qui ont pour but de venger la IJiviuite dans les outrages qu'on suppose lui etrc fa its. Mais nous nc pouvons, partant de ce principe, arrivcr, comme M. Lucas, a cette consequence , que la societe n'exerce qu'unc justice de convention et qu'elle n'a point a s'occuper de penalite. Ces dcrniers termrs nieme nous paraisscnt vidcs de sens. Nous nc croyons pas, en eflet, que I'auteur aille jusqu'a dire que les crimes et les delits dont certains individus se rendent coupables doivent rester sans repression. Or, nous ne con- naissons pas, dans le langage legal, la difference qui pourrait exister entre une repression et une peine, surtout depuis que les lumieres d'une saine philosophic ont fait ecarter de cette derniere qualiGcation toute idee de vengeance brutale. Une peine etant done iufligee dans le but, d'abord de defcndre celui qui en est frappe contre la tentation de renouveler Tac- tion qui la lui a meritee, et ensuitc de donner un salutaire exeraple, aux autres membres du corps social qui voudraient I'imiter , il en resulte que, toutcs les fois qu'il y a peine , il y a repression, c'est-a-dire effort de la societe pour prevenir les progres d'un excmple dangereux ; et en second lieu , que toutes les fois qu'il y a repression, il y a peine, puisque la douleur morale ou physique qui la constitue a etelemoycn recounu in- dispensable pour arrcter la contagion du vice. C'est done, nous le repetons , une erreur grave que celle dans laquelle est tombe M. Lucas, lorsqu'il a cru devoir avancer que la justice humaiue n'a point a s'occuper de penalite. Mais il ne faudrait pas croire que ce principe contre lequol nous nous elevens ait ete jcte en avant par I'auteur, sans qu'il ait pris k tache d'en motiver I'adoption. Douze chapitres sont consacres au developpement de ce systeme , et M. Lucas y recherche la nature de Thonime , les caractoros qui le distingueut des autres ctres animes, les con- SCIENCES MORALES. 385 ditions de son existence , I'origine ct Ic but dos societes; cnfin , il y traite dune foule de theories de philosopliie et de morale. Abordant I'exainen de c^tte question: « La peine de mort est-elle, dans les mains de lasociete, Tarme d'une legitime defense?)) L'aiiteur arrive a la solution negative de cette ques- tion par ce singulier raisonncment : « Quand la societe dressc I'echafaud, I'assassin a ete arrete , enchaine, intcrroge, juge, condamne. Toules ces conditions ont da etre prualablement remplies ; etcependant, quelqne nombreuses qii'clles soient celle sur laquelle repose I'exercice dn droit legitime de de- fense, le peril, ne s'y rencontre pas ; et il y a mieux , I'idee meme a dii en etre ecartee comme ne devant point influer sur le coup qu'elle va porter. » Ainsi , d'apres M. Lucas, lasociete, dont il fait sans doute un etre homogenc , agissant immeQiatement et par une seule impulsion comme I'un de ses membres isole , n'intervenant pas aussitot que le crime qu'elle punit de mort a ete commis , et ne se mesurant pas corps a corps contre le coupable, ne pent dii'e qu'elle emploie ce chatiment comme arme d'une le- gitime defense. Nous avons peine h. concevoir comment M. Lucas n'a pas vu, dans la metaphore qui represente la societe, lorsqu'elle frappe de mort I'un do ses membres , comme faisant un acte qui contribiio ;\ sa propre defense, \me fiction purement mo- rale, et que Ton ne saurait prendre a la lettre dans le langagc judiciaire. Qu'ont voulu dire les publicistes qui ont invoque comme argument favorable a la legalite et a I'utilite de la peine de mort, la necessite d'infliger le plus terrible chatiment qui fut entre les mains de I'homme, pour reprimer les actions qui at- tentent a I'existencc et a la surete du corps social entier , ou dc I'un de ses membres pris isolement ? lis ont entendu etablir le principe que quiconque commettait un acte de nature a causer la dissolution dn corps social entier, comme un complot contre la surete de I'Etat, ou portait \\n T. xsxvii. — Ffh'Hcr 1828 25 386 SCIENCES MORALES, fcr homicide dans le coeur de son scniblable, mcritait d'etre prive de la vie; et pour rendrc Icur pensee d'line maniere plus nette et plus sensible, ils peisonniflaient la sociele et disaient qu'en prononcant la peine de mort elle ne faisait que se dc- I'endrc contre eeux qui lui avaient porle atteinle. Nous savons qu'il existe d'exeellens argumens pom* montrer que, dans la premiere hypotliese , la peine de mort peut etre ou exorbitante ou inutile. Nous savons egalement que Ton peut, nieme dans le cas de riiomicide accompagne de toutes ses circonstances aggravantes, opposer a cette peine des argumcns non nioins clairs et levetus de toute Tapparence de la raison. Mais c'est la premiere fois que nous voyons employer contre une simple figure de rlietorique qui, au fond, cache une verite suivant nous incontestable, toutes les garantics imaginees pour la plus equitable distribution de la justice. M. Lucas termine les conclusions de sa premiere partie par le passage que nous aliens ciler textuellement pour donner une idee de sa maniere et de la forme sous laquelle il developpe ses differens raisonnemens. On a vu que I'auteur a employe toute la premiere partie de son travail i\ demontrer cette maxime a laquelle on ne saurait refuser le merite de la nouveaute : que la justice humaine ne doit point s'oceuperde penalite, etquela societe n'prime, mais ne punit pas. «Apres avoir etudieetcomprisl'homme et la societe, ajoute- t-il, car il fallait connaitre les termes avant d'arriver aux rap- ports ; apres avoir ensuite examine les rapports de coexistence, et les rapports de moralite qui pouvaient s'etablir entre eux, c'est-a-dire la justice de conservation ct la justice penale, nos conclusions n'ont pas seulcment eu pour commun resultat I'abo- lition de I'tchafaud, mais de phis I'indicalion de la liberte humaine comme contenant pour I'ordre social toutes les garan- ties, et pour la justice purement repressive tous les moyens de repression. «De toutes parts, en effet, dans nos na'ives recherches, nous avons senti la repression comme idee de justice , et la SCIENCES MORALES. 387 liberie comme nioyen, s'opposerct sc substitucr a la penalite ct a I'echafaud ; de sorte que , dans notre marche agressive , apres avoir detruit iin systeme, nous nous trouvons en avoir fonde un autre , on plutot il est sorti dc lui-mem-e de Toeavre de notre destruction. A peine I'echafaud est-il brise par nos mains , que nous trouvons la liberie humaine assi."^ sur ses debris , et s'of- frant genercusenient dc faire regner la justice, sans avoir besoin d'un sceptre ensanglante. » Toute la deuxieme partie de I'ouvrage dcM. Lucas, se com- pose de huit chapitres et d'une conclusion ; elle traite de la re- pression en general ct de la peine de mort en particulier. Sous le nom de justice de prevoyance, I'auteur ctablit tres- l)ien que Ics gouverneniens doivent, par la moralite de leurs actes, donncr de bons et salutaires exeniples aux pcuples qu'ils regissent. C'cst la ccrtainement le plus equitable et lo plus sur moyen preventif qui puisse exister. Mais il est une condition premiere et indispensable sur la- quelle M. Lucas insiste avec une justesse parfaitc. Nous vou- lons parler de I'enseignement elementaire qui pent seulmettre les peuples a mome de bien comprendre la moralite des actes de leurs gouverncmens respectifs. PoTU' mieux faire saisir notre pensee, nous prendrons I'exemple de notre pays. En France, la moitie de la population environ est denuee de toute espece d'instruction.. Or, quel resultat avantageux, sous le point de vue moral , pourront tirer de I'abolition dela traite des negres, les paysans ignares qui vegetent dans les bruyeres de- la Bretagne, ou sur les montagnes de la Lozere. Cepcndant, M. Lucas remarque , avec verite, que I'abolition de la traite des negres jest un fait qui honore le gouvernement. Il en serait ainsi de I'accomplissement des mesures liberales que les philantropes appellent de tons leurs vceux. Apres avoir indique les moyens qui concourent, selon lui, a la justice de prevoyance, M. Lucas arrive a ce qu'il appellc la vertu preventive de la craintc dans la menace, expressions que nous traduirons ainsi : des effets produits dans le cceur 25. 383 SCIENCES MOKA.LKS. (Ic riiommo par I'indication dii ch;itimcnt aiiqiiol il s'cxpose vn commcttant unc action pimic par la loi. Le principal argiinicnt dc raiitcnr consiste a prouvor que la certiliido on dn moins la probabililc de la inort n'cst pas assez puissante pour cmpecher nn honimc decommeitrc un crime qn'il niedite. M. Lucas emploic ici nn raisonncment dont on avait fait usage avant lui. II consiste a rappeicr, non pas, comme il le (lit, que les prof^res dc CindustrU: ant oitfcrt au.v homines uric foiilc de professions plcincs de perils, car il scniblorait qne Ics progrcs dc I'indnstrie auraient dn tendrc , an contraire, a degager ces professions des dangers dont elles etaient jadis cnvirunnoes, niais a constater ce fait incontestable qn'il est plusieurs etats dont I'exercice a ponr effet de compromcttre gravemcnt rexistencc et la sante de ccnx qui s'y livrent. D'oii Von tire la consequence qne, si bcaucoup d'honimcs consentent volontairemcnt a exposer Icurs jours, on a reduire leur vie de nioitie, moyennant un modiqne salaire, la crainte de la mort n'est pas tellement inherenle k la condition humaine qu'nne foule d'individus puissent etre detonrnes d'extcnter nn crime par ccltc unique consideration qu'ils risquenl d'etre envoycs a rechafand s'ils sont decouverts. Nous rcpondrons a cet argument, specieux en apparencc, que parmi ces professions dangcreuscs il en est qnelques-unes, tellcs que I'etat militairc, qui offrent ri ceux qui les ont em- brassees une compensation suffisante dans la gloire n'-snltant des chances memcs qu'on y court. Les anlres ne presentent pas nn peril assez imminent pour que le gain honorable qne pro- cure toujours le travail soit empoisonne par I'idee que les hommeslaborieux qui les exercent abregent ou exposcnt leurs jours. Comment done comparer ii la profession du soldat qui de- fend son pays sur les champs de bataille, et de I'artisan qui fait vivre sa famille du produit d'une Industrie quelqncfois perillensc, le scelerat toujours pret ;\ se plonger dans le sang? Jl en est, nous Ic savons, qui ont tellement elonffe le sentiment SCIENCES MORILES. 38j moial place par Ic Cioateiu' dans la conscience de lous les lionimes, que la vie on la niort est pour eux la nicnie chose. I. a question de savoir si Ic nombre de ces etres degrades n'augmenterait pas par suite do I'abolition de la peine capi- tale est loin a uos yeux d'etre resolue. Mais , qiioi qu'il eu soil, nous osons croire qu'ii est des hommes prels a s'engager dans la carriere du crinne, et qui s'en ecartent, moins par la conviction intime qu'ils violeraient toutes les lois divines et huniaines, que par la tcrreur que Icur inspire rechafaud et la certitude de vouer leur niemoire a une eternelle infaiuie. M. Lucas presente encore cet argument deja invoque en faveur de son opinion, et qui consiste a dire que les juges ou les jures se refusent souvent a constater la culpabilite dun iu- dividu, pour ne point I'envoyer a la mort. Sans doute c'est vine absurdite judiciaire que de ne pas me- surer avec toute I'exactiiude possible I'etendue du chaliment sur la culpabilite reelle de Taction; et, s'il nous etait permis de nous citer nous-mcmes, nous rappelierions ici ce que nous avons dit autre part : «Multipliez les chatimens barbares, et alors vous tombez dans le double inconvenient ou de faire eluder la loi, si le juge conserve quelque sentiment d'huma- nite, ou de depraver la societe en I'accoutumant au spectacle des supplires (i). » Mais il est un juste milieu anquel tout legislateur eclaire doit tendre; et, lorsqu'il aura ete assez heureux poury arriver, on pent afiirmer que les crimes ne resteront point impunis, et que d'uri autre cote le spectacle reitere des supplices ne vien- dra pas abrutir des populations alterees de sang. Apres avoir deduit les motifs qui doivent, d'apres lui, faire abolir la peine de mort, M. I.ucas arrive, dans sa troisieme partie, a rechercher et a etablir « par quelle combinaison de garanties repressives, reunissaut toules les conditions de jus- tice et d'efficacitii, la peine de mort en particulier et le sys- (l) Reflexions sur les lois penales de France el d' AiLghlerre , pag. 64. (Voy. fl. d'apres le nombre des maisons, avec le recensement de i8ii , I'sugmentalion de ces vingt-ncnf annees equivaut a un double- A SCIENCES MORALES. /,or mcnt dans Tc^pace do quaianie ans. Siiivant cclte progression, la population actuelle dc 1827, doit ilve do scpl millions et dcnii. « Avez-vous reflechi sur I'eflet probable d'line pareillc ang- mentation sui' les basses classes en Irlande ? — Comme les cica- turcs humaines nc peuvent vivrc sans nourriture , cette pro- gression s'arrotera neeessairemqnt , raais aprcs dc cruellcs souffrances. n Voulez-vous dire au moyon d'une plus grande mortalite? — Oui; mais les duces plus norabreux sont precedes d'une misere plus grande. « Prevoyez-vous quel peut-etre I'effet qui en rosultera rcla- tivement a la classe ouvriere en Angleterre ? — L'augnientation de la population et de la misore en Irlande sera fatale aux classes laborieuses de I'Angletcrre , parce que I'emigiation d'Irlande en Angleterre ira croissant, fera tonibcr de plus en plus les salaires et rendra nulles les habitudes de prudence qtii domineat dans ce pays- ci. Peu a pcu nos ouvriers seront re- duits a se nourrir uniquement dc pommes de terre. « Quel en sera I'effet sur nos contributions en faveur des pauvres? Cela augmentera-t-il le nombre de nos secourus? — Sans aucun doute. Un ouvrier qui aiuait pu trouver de I'ou- vrage dans sa paroisse ou ailleius , n'en trouvera plus, du moment que sa place sera occupee par lui Irlaudais. « Pensez - vous que , si le nombre des classes laborieuses d'Angleterre etait diminiic par un bon systemc de colonisation le vide serait aussitot rempli par la population surabondante de rirlande? — Sans aucun doute. » Les developpemens dc cette question , et beaiicoiip d'aiitre.-* temoignages recueillis conduisent la commission a penser que tout .systeme de colonisation, poiu^ ctre efiicace, devrait com- mencer par I'irlande. Le president de la commission fait ensuite a M. Malthus la question suivante: "Si, au lieu d'une colonisation, on intro- duisait en Irlande le systeme anglais , suivant lequel chaque paroisse est obligee d'entreteuir scs pauvres, que pensez -vous T. xxxvii. — fcrrirr iS^S. 16 /,o9. SCIETSCES MORALES. (lu'il ai rivciait ? — Que \c rcvenu foncier de I'lrlande entit-re scrait absorlu' par rciitreticn dcs pauvrcs. Je nc sais mc-nie pas s'il serait suKlsant. » La commission agitc onsuitc la quislion dc savoir si , en siipposant qu'un bon systeme de colonisation enlevat a I'lrlande un demi-niillion dc scs habitans Ics plus necessitcux, pour Ics faire vivre confortablcmcnt par-deia les mcrs , Ic vide qu'ils laisscraicnt ne scrait pas rcmpli pi-omptemcnt par dcnouvcanx Irlandais tout aussi miscrablcs que Ics premiers. Malllius en convient; ct lorsquc cet habile publiciste est ensuite consulte sur les nioycns de preserver I'lrlande et I'Angleterre du fleaii qui les menace , on demeure convaincu qu'on ne pent compter sur refficacite d'aucun remede, tant que subsisteront les lois ct les habitudes qui gouvcrnent I'lrlande. On sail que les grands proprietaircs de terres irjandaises sont en general dcs Anglais on des successeurs d'Anglais qui lesonl obtenues par suite de confiscations. Les jesuites, en fa- natisant les catholiques d'Irlande, firent massacrer, comme on salt, les protestans; et les protestans, par I'effet de la reaction, depouillerent les catholiques. II n'y a, par cette raison, pour Ics i];rands proprietaircs, ni plaisir ni surete a resider sur leurs possessions. lis Ics louent par grosses masses a des agens d'af- faires qui les sous-louent par parties a de moindres agens , les- quels les sous-louent par petites portions a dc pauvrcs paysans qui cultivcnt des pommes de terre , scule nourrilure qui les soutienne ainsi que levu's enfans. Ceux-ci , devenus grands', so marient et louent une autre petite portion de terrain, un scul acre, quelquefois moins; ils elevent une luiltc de boue, ct la ils font dcs enfans a leur tour qui vont gratter la terre un pen plus loin ct multiplient a la maniere des lapins. Malthus, consulte sur les moyens de changer ces deplorables coutumes, n'en trouve aucun , a moins qu'on ue parvienne a donner a cette population des besoins et de la dignite. Alors pour jouir d'un certain bicn- etre et d'une certaine conside- ration , on ne se marierait pas avant d'avoir les moyens de vivre honorablemcnt et dc donner quclque education a ses SCIENCES MORALES. /,o3 onfans. Mais, comment esperer une telle amelioration avec ties idees retigieuses qui ieiir persuadent que la fin de I'homme sur la terre est de croitre et de multiplier, en remettant a la Pro- vidence le soin de faire subsister tout cela? Le comite semble croire avec Malthus que la legislation pourrait concourir a debarrasser les proprietes foncieres de cette multitude de petits cultivatcurs miserables et a les rera- placer graduellement par de bons fermicrs, en imposant aux proprietaires de fortes taxes sur toutes les nouvelies maisons on plutot huttes d'habitation qu'ils laisseraient construire. Cet etat de choses donne lieu a beaucoup de questions d'une so- lution extremement difficile, surtout quand il s'agit de faire payer dcs contributions ct d'imposer des genes a des families qui jouissent d'un grand credit , comme celles des Welling- ton, des Castlereagh et autres qui ont profile des in fortunes de rirlande. Quoiqu'il resulte de ce rapport que les colonisations d'An- gleterre, d'Ecosse et d'Irlande ont deja eu lieu avec un grand succes ; que les sommes qu'on avancerait a de nouveaux colons pour operer des emigrations beaucoup plus considerables, seraient moindres que celles qu'on distribuc maintenant a ces memes families indigeutes, a titre de secours, et que ces memes sommes seraient remboursees avec les interets, au bout de quelques annees, le parlement n'a pas encore ose adopter les conclusions du rapport. Il a craint que ce ne fut un palliatif, et non un remede. II a craint que les memes causes qui ont amene le mal (I'ignorance des Irlandais et la taxe des pauvres d'Angleterre) ne ramenassent incontinent les embarras dont on aurait cru pouvoir se delivi'er; et cette crainte n'est point chimerique. On pent dire , en attendant, que les travaux du comite, I'enquete, le rapport ont procure une masse de solide informa- tion qui, en tout etat de cause, ne sera point perdue. Que de renseignemens pi'ecieux n'y trouvc-t-on pas sur le genre de vie des pays coloniaux, non seulement du Canada, mais aussi du la Nouvelle-Ecosse, du cap de Bonne- Esperance, de la 26. 4o/| SCIENCES MORALES. Nouvclle-Galle dn siul, do la terro do Van-Dicincn ! Dos habi- tant do toiitcs cos colonios, dcs nogocians, dcs navigatenrs sont consnltos par lo comitc ; on apprcnd quollos sont los lossourcos qn'offrcnt cos pays anx pcrsonnes qui voudraient s'y (ixor; quelles terres sont vacanles dans lour voisinage, qucllcs pro- ductions peuvcnt y reiissir, quelle population on y trouve deja, CO qu'on pout y vondro et y acheter. Un livre de voyage n'ins- truit pas a boaucoup pros autant; car un voyage ne prosente qu'un seul tt-moignagc, portant presqne toujours reniprcinte des opinions et des intorots de I'auteur ; tandis qu'ici Ics tomoi- gnagcs sc corrigent Ics uns par les autres. Que de ressources de semblables enquotes offrent a deslegislateurs, pourvu toute- fois qu'ils soient independans, ct que lours intorots individuels so confondent avec les intorots nationaux ! J.-B. S. HiSTOIRE Dli LA GUERRE DE LA PENINSULE, SOUS NaPOLEON, precedee d'un tableau politique et militaire des PUISSANCES BELLiGERANTEs, par Ic general Foy ; pu- bliee par madame la comtesse Foy (i). Lorsque le general Foy vit la carriere des armes se fermer devant lui , il rosoUit de chercher la gloire dans la carriere des lettres. Il choisit un des sujets historiques les plus inleressans qu'offrent les annales des ages modernes, la gnerre nationale soutenue par TEspag^ne contre Bonaparte, et il se livra tout entier au soin de reproduire de si grandes scenes dans leurs jusfes proportions et sous le jour le plus vrai. Mais, bientot de- toiirne de ses travaux litteraires par ses devoirs de depute, il n'avait encote ocrit qu'une faible partie de sa relation quand la mort vint le frapper dans la force de I'age et du talent. On pouvait done craindre qu'il ne nous restat rieu , ou presquc (i) Paris , 1827 ; Baudouin freres. 4 vol. 111-8° et un Jtlas; prix ; 3a fr. Socent. SCIENCES MORALES. 4o5 tieii, do Siiii jjiojct. Houieiiscmcnt pour sa iciiomnioc, le gene- ral Foy nVtait pas de ccux qui n'eHidient iin siijet qu'ii mesure qu'ils le Iraitent. II savalt que, sous peine de ne faire, au lieu d'uu livre, qn'un amas informe de pages incohdrentes, on ne doit tracer le premier trait d'un ouvrage que lorsqu'on a tout I'eusemble devant les yeux. II savait qu'avant d'ecrirc le recit d'une guerre, un veritable historien doit rassemblcr sur les na- tions belligerantes toutes les rocherclies qui auraient ete ne- cessaires au general charge de dinger en chef les operations. II a fait ces rechcrelies; il en a consigne les rcsultats dans une iutroduction ; et quoiqu'il n'ait pu achever son travail ,il laisse apres lui un important ouvrage, qui, malgre I'eclat de ses Discours , sera son plus beau litre aux yeux des juges eclaires. Ces rccherchesne sont pascclles de leconomiste, maiscelles du politique; ce qui est bien different. Il faut sans doute con- naitre la population d'lm etat, ses revenus, cl les productions de son sol; mais, au-deladccesconnaissanccsfaciles a acquerir, Thomuie d'etat qui sait comment on guide les nations, cherche surtout quels sont les sentimcns des peuples et les idees qui domincnt parmi eux. Jusqu'a ce qu'il soit cerlaiu d'apprecicr avec justesse les passions des citoyens, il suspend sou jnge- ment sur tout le reste. II ne vent pas des chiffres trompeuis , mais des realites. II n'ignore point que tel pays pent contcnir quaraute millions d'habitans et ne peser dans la balance que pour dix millions, etre convert de richesses et manquer d'ar- gent pour sa defense. II examine, dans chaque nation : d'abord le patriolisme, car le patriotisme soul fait que ce qui est dans I'elat est a Tetat; secondement, le caraclere national, qui mo- difie les forces que le patriotisme doit mettre en jeu ; ensuile , I'organisation sociale et militaire, qui, plus on moins bonne , sera cause qu'il y aura plus ou moins de forces perdues; enlin, le genie de Thomme oil des hommes qui doivent diriger rette organisation. Voila les reeherches dii veritable hommo d'etat, les seulcs qui puissent servir dc base a des raisonnemens poli- liques. C'cst avec couslancc, avec lalenl (jue lo general Foy s'cst l,o6 LIVRES FRAWCAIS. livrc i\ ces investigations d'line sorte dc statislique morale. Son tableau tie la France nierile particiiliercment rattcntion, j'ai jMcscjue dit la reconnaissance des Fran^ais. Jo ne connais au- cun ouvrage, du mollis aucnn ouvrage dcja publie, ou setrou- ventsibien exposes les tresorsde puissance que la libcrteavait amasses pour la patrie, et qui furent depenses a servir et a detruire la fortune d'un homnie qui osa dire : La patrie c'e.u rnoi. Des rhetcnrs convaincns par \e% argumcns irreslstihics d\\ ministere de la police impcriale, prcnant a la lettre cettecou- pable saillie d'un tyran, oserent sc dire patriotes, au moment oil ils s'effoicaient de rapporlcr a lui scul loute la gloire de nos armes, cette gloire immense qu'il trouva si belle, qu'il accrut im moment, mais dont il tarit !a source, dont il corrompit la purete, et dont il nous a fait perdre le friiif. Quelques-uns , par habitude sans doute, continuent gvato aujourd'hui un ma- ui-ge naguere si bien paye. Leurs declamations pourraicnt t'go- rer ceux des jeunes Francais qui ne connaissent que d unc manicre vague les guerres de !a republique et de Tcmpirc. Qu'on mette entre les mains de ces jeunes gens I'ouvrage du general Foy, ce sera leur rendre un veritable service. Ils ne pourront lire sans emotion la peintuie de I'admirablearmeeque la libcrte avait donnee a la France; de ces soldats qui porte- rent dans les camps toutes les vcrtus civiques, qui fircnt voir a I'Europe frappee de respect autant que de crainte I'invasion «aus violences , la conquete sans pillage, et les vainqueurs souffrant la faim au milieu des vaincus dans I'abondance; de ces chefs en qui le culte du patriotisme laissait a peine place a I'ambition de la gloire, qui se resignaieut aux proscriptions d'une assemblee soup9onueusc comme aux boulels de rcnnemi , et mouraientindifferemmentsur les champs de batailleou sur les echafauds, en repetant I'hymne de la patrie. lis sentiront que Bonaparte, s'emparant du pouvoir au moment ou les fruits des institutions republlcaincs commencaient, apres de longs jours d'orage, i\ murir sous les rayons de la victoire, etles recueil- lant sur I'arbre de la liberie abattu par sa main , se para de ces fruits qu'il ti'avait pas fait naitre el dont il desheritait I'avcnir. i SCIENCES MORALES. 407 Cvs Inflexions iie se trouvent point dans le livre iluiioneral, iiiais elles rcssorlcntsans effint, des tableaux qu'il met sons nos yeux. II refute plus positivcment uiieautce erreur assez repan- duo. Bien des gciis regardent le gouvernemeiit de Bonaparte comme uu despolisme inilitaire. C'etait bien certainement da despotisme, et I'auteur est loin de le nier. C'etait, dit - \\ , la carcas.se politique de Constantinople, mains C anarchic des paclias, ['opposition soiirde de I'ulenia , ct la niutinerie hruyaitte dujanis- sairc. Mais ce despotisme ne ini ni etabli par ies soIdats,ni soutenu par eux. Ce fut,au contraire, parmi eux. que I'anean- tissement de la liberte trouva le plus d'opposition. Leurs rangs, prives de Hoche, de Kleber, de Desaix et d'antres capitaines qui n'auraient jamais flechi sous un maitre , eomptaient cepen- dant encore una foule de patriotcs qui geniissaient de re que tant de perils et de travaux n'aboiitissaicnt qti'a renvener la re- publique. Ces nobles defcnseurs de la France votereut coiilie I'empire, comme ils avaient vote contre le eousulal a vie. lis cliercherent a former un parti national. La nation resta tran- quille, muelte, et toute ^admini^tration civile se jeta aux ge- noux du nouveau Cesar. Des lors, I'armee, n'ayant plus k choisir entre la liberte et Bonaparte, se devoua a cehii tjui seniblait le ropresentant do la France. Elle crut, en le servant, necombalire que pour I'indepcndance uafionalc, seul bien qui put rester a un peuple assez mallieureux pour ne vouloir pas de liberte. Force de retraccr les changemcns que le regime imperial opera dans I'esprit de I'armee, le general se dedommage de cette tache penible, en faisant valoir les qualites que le des- potisme meme ne put oter il nos troupes, et qui adoucirent pour I'Europe les funestes cffets de ces entreprises militaires dont Tetendue et la rapidite niettaient sans cessc nos soldats dans Talternative de mourir de faini ou de devaster les pays ennemis. II rend particulierement un brillant hommage aux simples ofticiers qui , ctrangcrs aux jouissances d' amout-propre de I'officier general , exempts de i'ii'resse du soldat , n'avaient que le sentiment du devoir pour compenser les privations con- 4o8 SCIENCES MORALES. tiniu'llos aii\qiiolles ils refusaient dc sc soustraire en pri-naiit part ail pillage. II irpond onsuiti- aiix rcj)rocht's do di'prcdalions dont Ics rtningcrs ct leurs allies de France ont poursiiivi les chefs d'lin rang snperieur. II convient que Bonaparte cliangca les incettrs de la tete de I'armec. Mais, malgre tons les soins que ce genie funcste prenait de corrompre ses generaux pour les micux en- ehaincr par leurs vices, un petit nombre seul se rendit coupable d'exactions. «L'inimensc majorite... a rejete avec mepris des richesses qui, apres tout , ne sont que des dcpouilles. Plus de cinq cents officiers generaux ont eu I'occasion de repeter le refus de ce general de la vieille monarchic qui ne recevait de presens que du roi son maitre. » Ceci n'est peut-etre pas, quant au chiffre, d'une exactitude rigoureuse; mais on avait mis tant d'exagcration dans I'attaque qu'on ne doit pas s'etonncr d'en trouver un peu dans la defense. II n'y en a aucune dans I'examen de tout ce que fit I'enipe- reur pour suppleer, par une savante ordonnance de I'armee , par I'abondance du materiel , par une instruction militaire plus complete et plus uniforme , a la perte de I'esprit public et de I'enthousiasmerepublicain qu'il avait detruits.L'auteur passe en revue les modifications introduites dans le service des diffe- rentes armes , dans I'etat - major, dans I'administration des troupes , et dans la legislation militaire. Toutes ses reflexions sont d'un observateur «^claire , d'un militaire habile , et d'un ami sincere de son pays. Enfin, apres avoir fait connaitre les moyens dc succes que le chef de la France avait sous sa main,^ il retrace le caractere de Napoleon. Ce portrait laisse encore beaucoup de choses a peindre; mais il est rempli dc traits brillans; il unit la vigueur a la ressemblance. Ce n'est pas tout ce qu'on pent dire, mais c'est ce qui a ete dit de plus juste sur 1 honime qui depuis tant d'annees occupc tant d'eeri- vains. Si Ton considere dans son ensemble le tableau politique ct inilitaiic dc la France , on y trouve un grand vice de compo- sition, le manque di' methodc ct de suite. L'auteur inlervcrtit SCIENCES MORALES. 409 bouvL-nt I'oidrc dcs fails, il st-pare par dc longs intcrvalles dcs 1 (.'flexions et des peintures, qui plus lappiochtcs so prcteraiciit uiutuellement plus delbrce et de clarte. Toutcfois, je le repete, CO tableau est, niome sous le rapport litteraire , un ouvrage romarquable. On y sent un esprit assez etendu pour otre juste dans I'approciation des plus grands objets; des passions gone- reuses qui, loin de fausser le jugement, ajoutent par Icur no- blesse a sa rectitude; enfin, un talent que I'artn'otait pas encore parvenu a mettre toujours a la disposition de I'ecrivain , mais qui jette frequemment des lueurs brillantes dont se colore la pensee et s'enflammc le sentiment. Los mt^mes qualites se font remarquer dans le tableau dc TAngletorre. On y trouve une egale connaissance des faits , des homines, des institutions. C'est la, et non dans les decla- mations de Walter Scott, qu'on pent apprendre a connaitre toute la bravoure des soldats anglais : jamais on n'en fit un plus bel eloge. Des rapprochemens presque continuels entre DOS troupes et celles de la Grandc-Bretagne considorces sur le champ de bataille, dans les marches, au bivouac , dans la chaumiere des paysans, peuvent fournir aux guorriers et aux politiques des reflexions eminemment focoudes. Quelquefois, ces rapprochemens amenent des peintures frappantes de viva- cite et de colons. Les ameliorations successives introduites par le due d'York dans I'organisation de I'armee anglaise, les pro- gres que nos eternels rivaux ont encore a faire , surtout dans les Armes Savantes et dans I'instruction militaire des chefs , sont habilement exposes. L'auteur a fait jaillir de son sujet dcs lumiorcs qui otonneront peut-etre les Anglais les plus verses dans la connaissance de la guerre en general et de I'organisa- tion particulierc de leurs troupes. 11 ne juge pas avec moins de justesse la politique du cabinet de Saint-James , et les repre- saiiles de Napoleon. Mes lectours me sauront gre sans doute de mettre sous leurs yeux I'opinion du general au sujet dc ce blocus continental , tant Vjlame par coux qui veulcnt juger une mosure de guerre, je dirais presque dc siege, d'aprts les regies- de reconomie politique, el tant vante par dcs cnthousiastes, /,io SCIENCES MORALES. comnie la plus belle conception du vainqueiir d'Arcole et de Montmirail. '< Si un champion cuirasso desoendnit dans I'arene qtie so disputent des yladiatciiis depouivus d'arnies defensives, no serait-il pas de I'interct commun des combattans de suspcndre leurs querelles et de se rt'iinir contre celiii qui porte des coups sans en recevoir? Ce champion cuirasse, c'etait, selon les idees de Napoleon, I'Angleterre, restant invulnerable, tandis que les pro-^Mt's de la guerre avaient rendu les etats du continent si faciles a dechirer. Derrierc son grand fosse, I'Angleterre se riait des malheurs du nionde; Napoleon cssaya de Ten punir , et quoique celte entreprise n'ait pas reussi , clle conservera dans la posterite un aspect de grandeur et d'eclat. fiMais, en supposant meme que le systeme d'exclusion fiit un moyen de prosperite future pour le continent, il n'est jamais facile de faire sacrilier aux hommes ce qui leur jilait aujour- d'hui pour ce qui leur sera avantageux demain... L'asscntimont sans reserve des princes et des sujcts sur tout le continent etait done la premiere et I'indispensable condition de la mise en action du systeme continental. A quel titre Napoleon cut-il obtenu cet assentiment ? Depuis qu'il avait etouffe la liberie dans son pays, sa voix avait perdu le don de persuader; le mal qu'il avait fait lui otait mcnie le droit dc faire du bien, ct son glaive, qui ne se rcposait point , etait I'cffroi des nations ct des monarques... Les Anglais ehasses de partout, reduits a I'alliance du roi de Suede en Europe, et du roi d'Ha'iti en Amerique, etaient plus pres de triompher qu'en 1 798 , lors du blocus de Cambrai et de la prise de Toulon. » Maintenant je regrelte de ne pouvoir ni'arreter un instant sur les tableaux de I'Espagne et du Portugal, qui, quoique nioins importans que ceux de la France ct de I'AngleteiTe, presententaussidegrandes beautes; mais I'espace me manque et je suis force de passer i I'examen de I'histoire dont ces tableaux ne sontque Tintroduction. Comme je I'ai deja dit, la narration historique est restee incomplete. Bien loin de nousconduire jus- qu'an moment ou les Espagnols (iuii ent en France unc lutte ipi'lU SCIEINCES MORA.LE.S. /^ji avaient commenctequand prcsquc touterEspagncetaitoccupte par lesFrancais, Vanitevrs'avn^tciilacom'e/itione/eCi/itra, concliic le 3o aout 1808. Sur six ans dc guerre, il n'en a retrace qu'iiii soul. Peut-etre les editeurs auraient-ils du ne donner a I'ouvrage que ce litre : Fragment d'une hlstoirc de la guerre d'Espagne. ]\Iais on aurait tort d'attachcr peu d'importauce a un pareil liagment. II contient la partie la plus interessante du sujct, la peinture de cette insurrection soudaine qui fit de I'Espagne tout entiere un champ de bataille, de tons ses paysans des sol - dats, de tons ses pretres dcs tribuns, de tons ses rochers des forteresses. Rien dans les vicissitudes de I'espece humaine n'ofire de si beaux modeles au pinceau de I'histoire que ces grandes commo- tions politiques ou les peuples, sortant de leurs habitudes facticcs, u'obeissent plus qu'a leurs sentiniens ; ou chaque homme, re- prenant, pour ainsi dire, son individualite dont le depouiliaicnt les formes de la societe moderne, pent, conime les citoyens des republiques anciennes, deployer toutes ses facultes , accomplir toutes ses destinees , peser tout son poids dans les balances de la gloire. Le general Foy n'est pas reste au-dessous d'un pareil tableau. Nous voyons d'abord les troupes francaiscs, entrees en Espagne comme allioes , s'emparer par une ruse deloyale des principales forteresses du nord. Godoy propose a la famille royale de s'exiler au Mexique. Le peuple indigne s'op- pose a cette fuite , plonge le favori dans les cachots ; et chcr- chant un chef qui puisse guider son courage , il proclanie dans son avcuglement le jeune Ferdinand VII. Ce loi, queries csperances des Espagnols cnvii-onnaient de tant d'amour , se laisse entrainer par les Francais vers Bayonne. Godoy est delivre. Charles IV passe, comme son fds, les Pyrenees. Le dernier infant reste a Madrid va partir. Bonaparte, maitre de tout le gouvernement espagnol , se croit maitre des Espagnes. Soudain un meme cri s'eleve dans tous les coaurs castillans. L'independance d'une nation ne pent dependre ni de I'ineptie, ni de la lachete de quelques hommes; la ou les chefs la trahis- sent, les citoyens doivent la defendre. Aussitot des artisans /,i2 SCIENCES BIORALES. anut'S ilti fomches et dc batons, des ft-mines, dos piolres s'c- laiiccnt dans les rues do Madrid tontro la garde iinperiale. La niitraille les disperse. Les principaux habitans de la ville de- niandent nierei. La journee du 2 mai a donnu I'Espagne ;\ Na- poleon, s'ecrie orgueilleusement Murat; ditcs pliitot qu'elle la hii enlevc pour toujours , repond le niinistrc de la guerre OTarril. O'Farril disait vrai. Cliaque fuyard de Madrid , en ])ortant dans sa province la nouvelle du combat, y devient le noyau d'une troupe armee. Mcttrcnt les Francais devient Ic seul mot de ralliement des Espagnols, le seul souhait d'a- niitie qu'ils s'adressent en s'abordant, la seule priere qu'ils clevent vers le ciel. « Co n'etait pas , dit I'historien , I'exemple des uns qui donnait aux. autrcs le desir de les imiter. La nieme sensation enfantail j)artout en meme tems les memes prodiges... Au niidi comme an nord on niesura I'offense et non le danger. Partout le mouvement vint des classes inferieures; partout le dcvoii- ment a la patric se deploya en raison inverse des avantages qu'elle accordait a ses enfans. Les hommes de rautorite , les soldats, les riches, voulurent d'abord arreter le mouvement populaire... On chercherait en vain dans la jilupait des villes les noms de ceux qui ont pousse les preniiei s le eri de I'in- surrection. Tons ont voulu, tons ont agi, tous ont senti la ne- cessite d'autorites constituecs pour les diriger et employei- dans I'interet commun les efforts de tous. » Dans le Portugal I'insurrection fut plus tardive; et peut-etre n'aurail-elle pas en lieu si les Espagnols n'eussent pas donne I'exemple. Junol s'elait avance sans combat jusqu'a Lisbonne. Les Portugais avaient pleure au depart de leur roi; mais I'eten- dard du Portugal flottait encore sur leurs murs, ils restaient bilencieux et tranquilles. Bientot un autre drapeau le rcmplacc sur una tour du palais des Maurcs, et des cris menacans com- menccnt i se faire entendre. Les prelats du royaumc comman- dent , au nom du ciel , d'aceueillir en amis les soldats de \'hnnii7ic (lt: Por CO a villi so\ent ke par sort, kll gatoienl (i) Des for/, e des meillors , la terre dolivroient : Fust parterre, fust par mer, du paiz les cachoient (a); Cil feseient grant mal kel part ke il aloient. Cc' passage explique aussi les motifs des emigrations et dc la piraterie des Norraands, Le poete suit ici et dans toutes les a ventures dc Hastings, Bier et Ron on Rollon, les chroniques latinos de Norniaiidie. Je mesuis eteudn ailleurs snreetteparfie dii jweme de Ron, et j'aimc mieux passer a une epoqiie dont les fails sent plus avc'res, et qui avalt dii laisser des souvenirs plus vifs dans I'esprit de la nation normande en Angleterre; je veux dire I'histoire de rexpedition de (iuillaume-le Conquerant. Uii poete dccour, un historien dont Touvrage est commande par le prince, ne tient aucun compfe du bon droit des vaincus : c'est le vainqueur qu'il chante et qu'il loue, lorsque ce vain- qucur est I'aieul de son mailre. Pour Ic chanoine de Rayeux, Gnillaunie est le prince le plus juste, le plus grand, le plus genereux. Son expedition en Angleterre est racontec avec tons les details propres a en rehausser la gloire; le recit du con- s(mI que tint Guillaume avec ses barons, pour deliberer siu- I'expedition future, est un beau morceau comme pocsic et comnie histoirc, il rappelle un pea Homere, Virgile et Lu- cain. Dans ee conseil, le poete assigne une place aus princi- paux barons qui, en Angleterre, furent richement dotes de Icrres et de vassaux. Leurs descendans devaient etre fiers de trouver leurs noms dans ce poeme . comnie I'etaient les villes de la Grece qu'Homere avait immortalisees, dans I'enume- ration de la flotte d'Agamemnon. L'histoire de la descente, de la marche du roi Harold, de la bataille d'Hastings, que lui livre le due de Normandie, ainsi que des negociations infructueuses qui la precederent, enfin de la victoire decisive des Normands qui la termina , decele une connaissance exacte de ce grand evenement, que Wace , comme il I'avoue, avait entendu racontcr par son pere. Qnand (i) Jetaient. (2) Chassaient. 4a6 LlTTfiRATURE. on n'aurait tl'antres docunicns sur la conquele d'Angletene que le poeine de Robert Wace, on perdrait pen de details into- lessans. II y en a bien quelques-Jiiis qui ne s'accordent pas avec les autres historiens, et qui ne sont nicitie pas exacts : c'est ainsi que, parmi les guerriers de la suite de Guillaumc, Wace en cite plusieiirs qui probablenient n'y claicntpas, ou qu'il confond avec d'autres du meme nom, ou de la meme contree. Mais tout le reste a une certitude aussi historiqiic que les Cliro- niques et les Annales. La loui;ue liste des compagnons de Guillaume, contenue dans les vers de Maislre Wace, dut vive- ment interesser les families de Normandie et d'Angleterre qui retrouvaient Ik des litres d'illustraiion. Aprcs le recit de la balaille, le poete ne trouvanl plus de descriptions a faire, expedie en quclques vers le regne de Guillaume. II s'accorde avec Orderic Vital pour les conseils que Guillaumc adressa en mourant a son fds Robert, a qui ce prince laissa la Normandie et le Maine; mais dans le poeme de Maistre Wnco, les confidences du despote mourant sont exprimees avec bien plus de naivete que chez I'historien latin qui fait toujours parler ses personnages comme s'ils etaient des senateurs romains. Les remarques de Guillaume sur le carac- tere des Normands, sur lours bonnes et mauvaises qualites, et sur la meilleure maniere de les gouvernbr, sontcurieuses a lire dans le roman de Roxi. En Normeiidie a gent mult fiere , Je ne sai gent de tel manl^ie ; Chevaliers sont proz et vaiUatiz , Par totes terres cunqueranz. SI Normanz uut boen cbevetaigne, ( capitaine. ) Mult fait a criendre lor campaigne... Orguillos sunt Normant 6 fier, E vaiiteor ^bonbancier; Toz terns les devreit Ten plaisier (i) Kar mult sunt fort a justisler (2)... (i) Courber, plicr. (i) Gouvenicr. LITTERATURE. 427 Le concjuerant de I'Angleterre, oppresseur des Anglo-Saxons, a bien pu adiesser de pareils avis a son successeiir futur : ce langage ct ccs expressions s'accordent parfaitemeiit avec son caractere altier et despotique. Le poete de la com' de Henri II raconte encore en detail les principaux evenemens du regne de Robert , surnonnne Courte- Heuse, fils et successeurde Oiiiilaume, dans le diiclie de Nor- uiandie : il ne traite des affaires d'Angleterre qu'accessoirement et dans leurs rapports avec celles de la Norniandie. C'etait peut-ctremal faire sa cour au roi d'Angleterre, qui iTvait com- mande ce roinan hisloriqiie; raais probablement le monarque anglais aima mieux etre instruit de ce que ses devanciers avaient fait en Normandie, que de la partie tie i'histoire d'Anglelerre qui precedait imiiiediatement son regne. Apres avoir raconte la guerre de Robert Courte - Heuse coiitre le roi d'Anglelerre, sa defaite aTinchebray, sa captivite en Angleterre, et sa naort dans le pays de Galles, Maistre Wace termine son poeme par une espece d'epilogue dans lequel, apprenantau monde (jnc ce poeme lui fut commande par son souverain , il se plaint, avec sa naivete ordinaire, de ce que Henri II lui a promis plus qu'il n'a lenu. Li reis jadis maint bien me fist , Mult me duna, plus me pramist. On est fache de voir terminer par une observation persou- nelle et inturessee un poeme doiit le debut est d'un oidre ('■leve,ct qui n'aurait du elre inspire que par le patriotisrae. Cependant, poitr composer seize mille vers historiques, le chanoine de Bayeux a du consumer bien du tems, et certes il y a mis du talent; il n'avait entrepris sa tache que par ordre, il I'a remplie consciencieusement : ce travail merifait un bou salaire. Les poetes du xii^ siecle ecrivant pour les cours aspi- raient aiix faveurs,tout comnie ceux du xix*. L'abnegation des interets personnels a etc rare dans tons les ages , meme cbez les enfans d'Apollon. II faul niaintetiaiit dire iiuclques uiols du ^ort de ce pneme , .',v8 LITTtRATURE. on Ionian. On le copia pliisuiiis fois; it grace a cfs copits pins on nioins fideles, ce vicux monument est parvenujiisqira nous: il s'en trouve plnsiems cxemplaires a Paris, dans la bibliotheqiie dn Roi, dans celle de rArscnal; et au Miisoe britannique k Londres, il existe iin manuscril du Rou qui parait etie de la fin do XII siocle , par consequent, tres-voisin du icms ou le poete a vecu. Lancelot, iJaiut-Palaye ct Andre Duchesne pos- sedaient des copies moderncs du roman de Ron, et ces manu- scrits sont encore dans nos bibliothcques. II y a qiiclques siecles qu'on a traduit Ics vicux vers de Maistre Wace en prose fran- caise : cette traduction a etc publiee sous le titre de Chronique (le Normandie. Brequigny, I'abbe de la Rue, Dom Bouquet out donne des notices et des extraits du travail de Wace. Tout re- cemment, M. Pluquct, en Normandie, et M. Broendsled, en Daneniark , en ont public des parties plus etendiies : le premier a pris en outre la peine dc collationner tons Ics manusci its du Rou qui existent dans les bibliothcques publiques de P' ranee et d'Angleterre, afin d'avoir un texte complet; et c'est ce texle qui parait entin, six siecles et demi apres la mort de I'autcur , grace aux souscriptions particulieres recueillies en France et dans les pays etrangers. Les belles presses de M. Crapelet, et ])lus encore, les notes dc quelques savans de Normandie, siu- tout deM. Le Prevost qui a donne, entre autres details curieux, une foule de renseignemons sur les families normandcs, et qui a soigneusement compare le recit de Wace avec celui des autres historiens, ont servi a orner cette edition sous le rapport ma- teriel, et a I'enrichir sonsle rapport litteraire. L'editeury a con- tribue aussi par I'explication des termes du vieux langage, et par une table detaillee des matieres. Si la Normandie vieut un peu tard honoier un de ses premiers poctcs-historiens, au moins elle n'a rien neglige pour faire paraitre enfin son roman national d'une maiiiere digne d'elle et de notresiecle. Depping. LITTERATURE. l^iij Proverbes dram\tiques, par M. Theodore Leclercq. Troisieme edition ( > ). Les soirees de Neuilly , esquisses draniatiques ethisto- riques y publiees par M. de Fongeray, ornees ilu por- trait de rediteur, et d^uwfac simile de son ecriture , avec cette epigraphe : Le vrai est ce qiiil peut. Troi- sieme edition (2). Proverbes romantiques, par A. Romieu (3). Proverbes uramatiques de M. /. D. Sauvage (4). Lorsqiie la comedie passe dans les salons et dans les livres, on peut etie assure que sur la scent; elle n'a plus ses fran- chises. Qu'il en soil ainsi chez nous , c'est ce que tout le nionde dil, et ce que feiaieut assez connaitre, quand on ne le dirait pas , les diverses publications dont nous venons de transcrij e les tilrcs. Qui a pu eloigner du theatre des talens que I'heureux don de I'observation morale et de I'expression drama lique dovait iiaturellemeut y appeler? la gene ou I'art est retenu par Its scrupules et les prejugcs litleraires des comites, par la rou- tine des coulisses, du partene et des feuilletons, avant tout par les rigueurs preventives dune censure, chargee specialemciit de la protection des ridicules en credit (5). Quand il faut tailler ses compositions sur I'uniforme patiou de theories surau- (i) Paris, 1827; Sautelet. 5 vol. in-8'';prix, 24 fi'- (a) Paris, 1827; Moutardler. I vol. in-8° de 364 pages; I'rii, 6 U-. (3) Paris, 1827; Ladvocat. r vol. in-8° de 278 pages; prix, fi fr. (4) Paris, 1828 ; PoiUhieu. i vol.in-8" de 384 jiages ; prix, 6fr. 5o c. (5) Depuis que cet article est ecrit, et livre a rimpression , ils'est opere dans le regime de la censure des theJu-es una amelioralioii no- table. Les |)ersounes chargees de I'exercer out change un tilre decrie centre celui d'Examinateurs des oiwrages dramatiqiies qui semble pro- mettre , pour I'avenir, une moderation plus couciliante, une phis grande indepeiidanco de ju£;enient. Ces espciaiices se soni deja con- fnmees par I'lidjonclion de MM. Lwa et Em faut, de I'Academie fiaii- /(•^o LITTtRATURE. nces, nu'-nager Ics habitudes des vicux amateurs on des co- mediens emeriles, dcsarmer par des concessions timides I'in- Qcxible jurisprudence des prevots du Parnasso, enfin echapper ;\ ces yenx toiijours ouverts qui gnettent I'allusion, et la creent au besoin , respecter certaines sottises declarees inviolables et exceptees par privilege des justices de Tlialie; quand la nouveautc, roriginalite, la verite, placees sous la surveillance de cette douane, ne peiivent sc produire que par surprise, par fraude, comme une marchandise de contrebande, on concoit que des esprits independans, ou amis de leur repos, reculent devant une lutte fatigante, et gardent pour eux et pour leurs amis ce qu'il ne leur est pas permis de dire au public. Le public n'y perd rien toutefois. La comedie est son bien; il faut que tot ou tard il en reprenne possession. Ces produc- tions, composces loin de son regard, pour la satisfaction per- sonneile des auteurs et I'amusement d'un cercle prive, lui sont restitutes par la prcsse. La presse est un theatre, comme line tribune; theatre toujours ouveit au ridicule, ovi Ton n'attend pas pour en rire le privilege du ministre , la permission de M. le n.aire , le visa du censeur; theatre soustrait i I'influence de I'ignorantc critique, de I'envieuse cabale, de I'admiration raercenaire, ou les spectateursne se reposent sur personne du soin de juger pour eux et d'applaudir k leur place, ofi le plaisir et le bon sens sont les arbitres souverains des succes, ou Ton est sur de reussir, si Ton est vrai et amusant; ou, sans cela, on n'estsur de rien. Parmi les ecrivains qui dans ces derniers terns ont paru avec le plus d'eclat sur cette scene d'exception, on doit citer a divers litres, avec les auteurs des Barricades, des Etats de caise , pour remplir les places qu'ont laissees vacantes la relraite de M. QuATREMERE de QuiNOT, et Thonorable destitution de M. Ch. de L.vcRF.TELLE. Oil pcut regardcp comme une garantie de plus la coh- duite delicate du nouveau ministre de I'interieur, qui s'est offert lui- ni^me comme examinaleur a I'un des premiers Ecrivains de notre sc^ne Irancaise, M. Casimir DEi-AviaNE. LITTERATURE. 4"^i Blots, (lu Tlicdtre di; Clara Gnzal , M. Theodore Lecxercq, et los spirituels anonymes qui se sont caclies sous le personnage grotesque de M.de Fongeraj. Leurs ouvrages, plus d'une fois imprimes, lus et relus par la foule, sont anjourd'hui trop connus pour que nous en donuions la liste et I'analyse. II doit suffire d'en constater la vogue, et, ce qui n'est pas fort dif- ficile, de rcxpliquer. Quel est I'attrait principal de ces ouvrages? C'est, sans con- tredit, une peinture de lasociete, plus ressemblante qu'il n'est permis a notrc scene comique de nous I'offrir. A la place d'une nature de convention et de tradition, acceptee par la routine impuissante, et quelquefois imposee par elle au talent crea- teur, on y a vu paraitre cette nature nouvelle qu'a faite parnii nous la revolution des idecs, des mceurs, des institutions. Les personnages s'y sont depouilles de ce costume vague, de cette situation, de ce langage equivoques, qui ne sont d'aucun tems ni d'aucun pays, et se sont montres a nous dans les rapports sociaux de notre epoque, avec les professions, les interets, les vices, les travers, les ridicules que nous connaissons. Une liberte entiere a permis d'y introduire ce qui est aujourd'hui I'elemeut neressaire de la comedie, puisque c'est la vie de la societe, la politique, si grave et si divertissante, qui mele au noble mouvement de I'espece humaine vers un meilleur ave- nir, les regrets d'un passe decrepit, les pretentions anciennes et nouvelles de la vanite, les calculs de I'interet, les agitations de I'intrigue, les manoeuvres de la servilite et de I'hypocrisie. II n'est personne, je pense, qui, sous ces expressions gene- rales et abstraites, ne replace les situations et les acteurs des piquantes compositions auxquelles M. Theodore Leclcrcq et les auteurs des Soirees de Neuilly ont donne le titre modeste de Provcrbes. Un meme caractere , et , pour le dire en passant, c'est celui qui a fait surlout les succes de M. Scribe, un meme caractere distingue les deux recueils, I'aversion du lieu com- mun dramatique, qui n'est plus la verite, la recherche du reel, de I'actuel, la comedie coutemporaine et vivante. Du reste, c'est des deux parts une maniere diffcrente : ici des nuances 43a LITTER ATllRK. fines, tlt'iicates, qui ilemandcnl ik elrc legardees de pres; la une tout-he plus hardie ct plus franchc, dcs traits plus forte- meiit prononces, el dout renergique rudesse se pii'-lerait mieux a la pcrspeclivc du ihcalre. Lcs pcrsounagcs de M. Theodore Leclcrcq , c'est un do ses premiers uierites, se confoudeiit pres- qiie avec lcs speclateurs qui les coiitemplent ; sa scene est de niveau avcc le salon; la conipaj^nie se mire dans ses pcin- tures comme dans une glace. Quand de ses proverbes on a voulu faire des pieces de thcaire, on en a exat;ere les propor- tions; on leur a donne pkis de relief; iU y ont gague pour rdfet, et perdu eu meme leuis quelqne chose de leur exquise verite. Lcs ouvraj^es dout Ic bon 31. dc Fo/igemy f,o dit Vcditcur pour- raient sans cette trausforniation passer de la scene de Ncuilly sur celle de Paris; la verite y est presentee avec celte charge comique qui blesscrait peut-elre une societe choisie el ris- 354 dollars par semaine; Cehii de Moran , de 4,000. De Zimapan, dans un autre dis- tricl , de 5oo. Et iVOzimaltan, id. , de 5, 000. On a deja un pioduit total de i3,ooo dollars par semaine. La depensc totale , selou les comptesproduits k I'assemblee des actionnaires, s'eleve, aussi par se- maine, a 9,000 dollars. Benefice net 4,000 dollars. Le dollar equivaut a 5 fr. 5o c. II serait fastidieux d'entrer dans les details sur lesquels s'ap- pesantit le rapporteur de la Compagnie de Real del Monte ; car ils n'ont d'interet que pour les actionnaires, et a raison des localiles. Ce qu'il importe a nos lecteurs de savoir, c'est que i'entrepiise des mines du Mexique, connue sous le nom de Real del Alonte , est dans un etat reel de prosperite ; que, grace aux avances considerables et aux sacrifices qu'on a faits, grace i I'habilete et a la perseverance des direcleurs et des ingenieurs, on est parvenu a creer \m des plus beaux et des plus fructueux etablissemens dn monde ; que lous les obstacles out ete sur- montes; que les filons sont en plcine exploitation; qu'ils don- nent des benefices ; et que cependant on n'avait pas encore, a I'epoque du Rapport , atteinl les veines metalliques, regardees comme les plus riches, ni tire encore parti des nouvcaux fdons decouverts. L'asscmblee des actionnaires a vote, par acclamation, des GRANDE BRETAGNE. 44 ' lemercieiiicus a M. Jones Taylor , directeiir, ct aux adminis- trateurs , a sir James Vetcu , commissaiie principal de la Coin- pagnie , a M. James Misbetii Colquhoun , pour le talent et le caraclorc qu'il a deployes dans le transport dos machines , us- tensiles-, approvisionnemens dc toute nature, depuis la cote du Mexique jusqu'aux mines, et en general aux employes de la Compagnie du Mexique. R. 1 3 8. — Travels in Buenos - Jyres and the adjacent provin- ces , etc. — Voyage a Buenos - Ayres et dans les provinces du Rio de la Plata, etc.; par J.-A.-B. Beaumont. Londres, 18.18 ; James Ridgway- In-8° de 270 pages; prix, 9 s. 6 d. En 182U, !VI. Beaumont fut choisi par une compagnie de capi- lalistes anglais pour aller diriger dans la province d'Entre-Rios retablissement d'agriculture qu'on avait I'intention d'y former sous le nom d' Association agricole du Rio de la Plata. Deux cents eniigrans anglais, presque tons laboureurs, et leurs fa- milies accompagnerent M. Beaumont , et s'embarqucrent avcc lui i bord du navire la Comtcsse de Mnrley. Arrives en vue de Monte-Video, I'escadre bresilienne, qui bloquait ce poit, s'op- posa a leur debarquement. Le decouragement s'empara bienfot des passagers dent les trois quarts environ revinrent on An- gleterre. 5o a peu pres debarquerenl avec M. Beaumont. Mais les circonstances malheureuses dans lesquelles se trouvait pla- cee la republique , les besoins de tous genres qui la devcraient, la guerre (jui epuisait toutes les ressources, I'infidelite et la cupiditc des agens, tout s'opposa a la reussite d'un projet, qui portait en lui - nieme les elemens de sa propre destruction. M. Beaumont, apres dix-sept mois d'cfforts inutiles, revint en Angleterre , au moisde juiii 1827. C'est a ce voyage, entrepris sous le charme des illusions les plus brillantes, et dont le resultat est devenu si fatal aux inte- rets des capilalistcs associes, que nous devons I'ouvroge dont nous avons a rendre compte. On concoit aisement que, dans la disposition d'esprit on il a du se trouver, I'auteur n'a pu voir les choses telles qu'elles elaient; aussi nc les a-t-il pas ropre- senlees telles qu'elles sont. Son ouvrage ajoutera done foit peu a la masse de renseignemens que nous ont fournis sur la Republique-Argentine les relations de MM. Miers , Head et Andrews , ct surtout I'ouvrage du seiior Ignacio Nunez ( Statis- tique des provinces de Rio de la Plata ). M. Beaumont a cru sun- pleer au manque de faits nouveaux ou d'observaiious interes- santes par des declamations passionnees et par des accusations injustes contre I'administration de M. Rivadavia ( I'ancien pre- sident) et contre le gouvernement Buenos -Ayrien. Des cspc- 4/, a LIVRES ETR ANGERS, ranees dtcties et liu dcsappointement personnel ont empeche rauteurde faire la part des circonstances niallieurcuses dans lesqiiellfs la ropnblique et son chef etaient places. M. Beau- moiit uc poiirra jamais persuader aiix hommcs eclaires et ob- servateiirs que M. Rivadavia n'cst pas un homme d'un talent supericur et d'un caractere honorable; et des attaques inconsi- derees et imprudentes contre le gouvernenicnt de Buenos- Ayres lie nous empeeheront point de reconnaitre ici tout le courage, toiite la perseverance, tout le merite enfin qu'ont nionlres les chefs de ce gouvernement, ctqui outplace leur republique nais- santea la tete de la grande federation Sud-Americainc. H. iSg. — * Practical, moral and political Economy, etc. — Ecououiie politique, pratique et morale; par T.-R. EuMOivns. Londres, 1828; Effingham Wilson. In-8° de 3o4 pages; prix, 9 sh. Beaucoup de paradoxes, un grand nombre de verites et uu plus grand nombre d'erreurs, voila en deux lignes i'analyse de I'ouvragedeM. Edmonds. Cetouvrageparaitneanmoinsmeriter unserieux e.xamen. Nous indiqucrons ici les matieres qui y sont traltees. Des clioses neccssaires a la vie : nourriture, habille- nient, logement; defense nalionale; travaux utiles; du luxe et du travail; population , argent monnaye. — Relations politiques des hommcs : division du travail, commerce, grandeur des villes; de la valevu- des choses;dii pauperisme; des revenus et des gages ; dos profits et des interets; du papier-monuaie; des ar- niees de terre et de mer; des impots; le savoir estune puis- sance. — Des facultes etdes affections morales etinlellecliiellcsde riiomme : de I'esprit en general; des moeurs et coutumes; dc Teducation; des langues; desdelilset des peines; de lasociele; le savoir est le bonheur ; applications de ces priucipcs a toutes les nations en general et a I'Anglcterre en particulier. i4o. — * The life of Napoleon Buonaparte , etc. — Vie de Napoleon Bonaparte, par fVilliam Hazzlitt. Londres, 1828 j Hunt et Clark. /, vol. in-8°. Cet ouvrage, promis depuis plusieurs mois , et dont I'edi- teur a bien voulu nous communiqiier le premier volume, me- rite un examen approfondi. Ce que nous en avons lii fait con- cevoir une haute idee dn talent dp M. Hazzlitt; mais nous lui reprocherons une pariialite trop marquee en favcur de Napo- leon, et des contradictions nombreuses , ainsi que do longues dissertations metaphysiques, deplacees dans I'histoire , meme dans celle que Ton appeile philosophique. Cetto Vie de Napo- leon est la contre - partie de celle qu'a publiee Walter Scott. Aussi, quels que soient les defauts qu'uue ciitique judicieuse GRANDE-BRETAGNE. /i/,3 puisse y remarqiiev, elle scrvira encore la cause de la liberte dontM. Hazzlitt s'est coustitue dcpuis long-tems !c zele defen- seur. F. D. 1 4 1. — * Lord Byron and some of his contemporaries , etc. — Lord Byron et qiielqiips-iins de sescontemporains, par Leigh Hunt. Londres, 1828; Colburn. In - 4*^ avcc gravures; prix , 3 1. St. 3 sh. Get ouvrage obtient une grande vogue en Angleterre, et la nierite a pliisieurs egards. Pen d'ccrits destines a faire eonnailte iin horame celebrc contemporain offrent autant d'anecdotes interessantes el curieuses. Le portrait de lord Byron est une image t'rappante et Iracee de main de niaitre du caractere et des habitudes d'un homme qui s'est acquis, denos jours, la plus haute renommee litteraire. Dlais M. Leigh trompera I'at- tente de tous ceux qui prendront son livre , avec I'espoir d'y trcuver une peinture de la vie domestique de lord Byron, telle que ses poesies en ont pu faire nailre I'idee ; I'auteur de Childe- Harold apparait ici comme un homme capricieux , egoiste, difficile a vivre et livre a mille petits prejuges. Et qu'on n'aille pas croire que ce soit une description de fantaisie. M. Hunt a reuni tant de fails, recueilli tant d'anecdotes et de cojiversa-. tions, que nous croyons impossible d'echapper a ses conclusions sur le merile reel de son heros. Les autres personnages, dont il est encore question dans cet ouvrage, ont obtenu moins de celebrile , quoique deux d'entre cux, M. Coleridge et feu M. Sliellej, fusscnt aussi dones a un degre bien eminent du genie poettque. Tout ce que I'auteur rapporle a leur sujet est pre- seute d'une maniere si agreable et si animee , qu'on ne peut , quelque opinion que Ton ait d'ailleurs sur les sujefs de sa cri- tique, lui refuser un tribut d'estime et d'admiration pour son talent. La derniere parlie du volume contient des uu'moires re- latifs a M. Hunt lui-meme; et, quoique moins attrayante que les precedens chapitres, elle n'en a pas moins une grande va- leur. La relation de rcmprisonnemcnt de M. Hunt, a cause de la franchise de ses attaques contre le gouvernement anglais, est pleine d'iuteret et d'agrement, et nous en recommandons la lecture a quicouque doule encore que la conscience de souffrir pour la bonne cause ne soit une compensation sufQsante des tourmens infliges par la tyrannic. J- S. 142. — Delisle, or the distrustful man , etc. — Delisle, ou le Soupconncnx. Londres, 18285 Edward Bull. 3 vol. in-S" ; prix, 1. I. 11. 6. 143. — Almack' s revisited , etc. — Unenoitvelle visile a Almack. Londres, 18285 Saunders and Otley, 3 vol. iu-8°; pri.\, 1. i. 1 1 . 6, 444 LIVRES STRANGERS. 144. — T}ie life ill the IFcst, etc. — Vie dans I'Ouost. Eondres , 1828; Chappie. 1 vol. in 8°; prix, 21 sh. Nous voila rentres dans ce qu'on appelie a Londres the season, terns ou les joiirnalislcs suffisent a peine a la critique des nom- breiix lomansdont les libraires accablent le public anglais. II serait nop long d'indiquer lotis ceiix qui ont paiu depuis un niois; hi Revue Encycloprdlque ne doit s'occuper que dcs plus iniporlans, de ceux suitoul qui ont en vue iin but moral, 011 qui tendent a faiie connaitre le earactei e d un peuple, ou a exposer ses moeurs ct I'etat de la societe. C'est a ce litre que nous accoidcrons quelques lignes aux tiois ouvrages dont les litres sont places en tete de cet article. Sons la designation de Vie dans V Quest, I'auteur a peint les habitudes d'une certaine classc d'habitans de cctte partie de Londres, occupee par I'aristocratie, et connue sous le nom de west end. Si ses tableaux des salons de !a haute societe manquent de verite, si la fable de son roman est insignifiante, on pent dire qu'il a peint d'apres nature ces maisons de jeu , ces lieux de debauche et de prostitution qui I'ourmillent a Londres aussi bien qu'a Paris , et dans lesquels I'aristocratie anglaise va depenser son tenis et sa fortune, et sou vent perdre son honneur. En exposant les fraudes et les fiiponneries de toute espece exercees dans ces infames repaires, I'auteur a rendu un service a la societe, qu'il met ainsi en garde eonlre les manoeuvres d'escrocs litres, en munie terns qu'il appelie la vigilance de I'autorite contre des desordres que proscrivent les lois. Son ouvfage est pcu amusant, mais il est utile : c'est un bon prescrvatif contre la funestc passion du jeu. Ce n'est point contre des vices autsi honteux, contre des desordres aussi criminels , que I'auteur ^ Alniach exerce sa mordaiile satire; c'est aux travers et aux ridicules diC% fashio- nables qu'il reserve ses attaques. Son intention est bonne; mais n'exageie-t-il pas les defauts qu'il critique? S'ils etaient tels (ju'il les peint, les Anglais scraicnt le peuple le plus frivole, h; plus grossier, le plus corrompu de la terre. Il a pi is des excep- tions pour la regie generale, et i! a prononce anatheme contre la nation enticre. On se tromperait si Ton pensait, d'apres le litre, que Delislc i;3t un roman de caractere. L'epithete de soupconneux ne con- vient pas plus au heros que lesqualrfications de susceptible, de reserve, de dedaigneiix; c'est encore un roman de moeurs, un ouvrage destine a peindre la societe anglaise. La fable en est plus attachante que celle des ouvrages precedens; mais irop de personniiges sont mis en scene, et il n'y a pas assez de variete GRANDE-BRETAGNE. 445 dans les portraits que raiileur en a traces. Dans cc dernier roman, comnie dans la noiwelle visile a Alinacfi , on trouve beaucoup de pages eciifes avec un talent remarquable. F. D. Owragcs periodiques. i45- — * The foreign Review, etc. — La Revue etrangere, n" I. Londres, Janvier 1828; Black, Young et Young. In-8** de 35o pages; prix , 6 sh. En rendant coniple dans la Revue Encjcinpedique (voy. t. xxxv, p. 382) de la Revue trimestrielle etfangere [tite foreign quar- terly Review) , publiee a Londres, nous avions reproche aux redacteurs de ce recueil de ne faire connaitre qu'un trop petit nombred'ouvrages. Nous leur avions conseille de modifier leur plan , de maniere a pouvoir offrir a lAngletene un tableau plus complet de I'etat des sciences et de la litteratiire dans les pays etrangers. Ce conseil a etc neglige, et un recucul rival vient de s'etablir pour remplir la lacune que nous avions sigualee. La uouvelle Revue etrangere a adopte le plan de la Revue Encyclopediquc, en omettant neanmoins la premiere section consacree aux Memoires et aux Notices, etc. Son premier cahier est compose de 35o pages, dont les deux tiers sont remplis par I'analyse raisonnee de vingt-trois ouvrages ecrits en Isngues francaise, espagnole, italienne , suedoise, allemande, etc., et I'autie tiers par des articles bibliographiques sur une cinquan- taine d'ouvrages d'un interet secondaire, et par des nouvelies scientifiques et lilteraires, recueillies dans les differens etats de rEurope. « On se formerait, avons-nous dit dans \ Athenaeum du 29 Janvier dernier, une fausse idee de la R.evue etrangere, si Ton jugeait ce journal d'apres son premier article, attribue au D"" Soutliey. L'analyse de XHistoire des dues de Bourgogne est sans donte ecrite avec elegance; mais, sur quarante pages, en consacrer plus de trente a un simple episode, a la rebellion d'Arteveld, n'est pas le moyeu de faire connaitre dans toutes ses parties une histoire qui,comme celledeM. deBarante, em- Lrasse une periode de 1 13 annees; aussi, malgre quelqucs pages tres remarquables, uousconsiderons cet article comme un des moiris instructifs, et nous lui preferons ceux qui sont relatifs a la vie et aux ecrits de Werner, et a la titterature du Portugal; la critique spirituelle et piqnante de plusieurs romans publics dernteremcnt en France, en Italic, en Allemagne et en Dane- mark; I'articlc sur I'ouvrage du general Foy; ceiui qui traite de Ihistoire de la poesic espagnole, et surtout ceux on se 44fl LIVRES ETR ANGERS. trouvent exposes I'etat actuel de la Turquie et la situatidn ciu parti prtitre en France." Unc critique severe troiivcrait pourtantquolque cliosc i re- prendre dans les articles (|ue nous venons de citer. II y a dans IVxamen de la vie el des ccrilsde Werner un n)elan;j;e de niela- physiquc qui depassera la portee dc plus d'uu lccteur;rarticle sur la litterature du Portugal annonce beaucuup d'erudition , mais conlicnt des passages Irop denues d'interet, ct beaucoup d'erreurs dans rorlhographedes noms propres.Les traductions en vers anglais d(; poesies espagndles font honneur a la musede M. Wiffea ; mais les crreurs graves dans lesquellcs il est tombc prouvent que cet auteur n'a fait qu'une etude bien supcrficielle de la litterature castiilanne. Malgre Ic defaut d'inqjartialile, bien excusable sans doute, quand il s'agit de la malheureusc ct heroique Grecc, I'article sur la Turquie, auquel a donne lieu I'ouvragede M. Grassi, intitule : Charte Turque, nc parait meriter que des eloges. Le tenis nous a manque pour pouvoir examiner les aiitres articles conlenus dans ce cahier. Mais, ce que nous en avons lu , et le coup d'ceil que nous avons jete sur les notices biblio- graphiqucs, et sur les nouvelles scieutifiques et litteraires qui completent le volume, ont suffi pour nous convaincre que des ecrivains babiles, francais et etrangers, ont concouru a la redaction de ce nouveau recueil. F. D. RUSSIE. - 146. *■ — Zapisfii,etc. — Memoires publics par le Departemcnt de I'Amiraule; tome x. Saint -Petersbourg, 1826; imprimcrie de la Marine. In-8° de XV11-/107 pages. La premiere mention detaillee que nous ayons faite de ces Me- moires importans est due a unde nos correspondans etrangers, M. J. H. JJcHNiTZLER, et 86 trouve consignee dans notre cahier Ac wars dernier (t. xxxiii, p. 732-733); les lecteurs y ont trouve I'indication succincte des sujets renfermes dans les torn, viii et IX de ces Memoires. Depuis , nous avons recu de notre correspondant de Moscou, M. P. R. E. , nn article sur le vii'' volume de ce meme ouvrage, et nous I'avons insere dans notre cahier d'«o«/ ( t. xxxv, p. 385), en indiquant les annees de publication des volumes anterieurs. Nous nous em- pressons d'emprunter a un journal russe que nous venons de reccvoir (i) un resume sommaire des matieres contenues dans le tome x des Memoires de I'Amiraute. (i) Le Teh'graphe dc Moscou, n° 22 ; i8a6, pag. 104-107- RUSSIE. /i47 On apprcnd, dans ce volume, que les paraloniiprres, etablis depuis long-teins sur les vaisst-aux russes, vont I'ctre egale- trient sur les phares. Plusleurs cartes nouvelles doivent etre publiees par leDepartement, qui a nomme le conseiller d'etat et aeadiimicien V ichcnevshy a la place de niembre, vacante dans son sein par la mort du celebre astronome Scliubcrt, sur lequel nous avons donne urie courle Notice necrologique (voy. liev. Enc, cahier d'octobre 1826, t. xxxii, p. 220) (i). Nous passous sur plusieurs importations ou traductions d'on- vrages etrangers, inleressantes pour la Russie, mais qui n'au- raieiit pas le niorite de la nouveaute pour nos Iccteurs, afin d'arriver plus vite a I'indication d'un des derniers ouvrages du meme academicien, qui a pour litre : Da I'intnpolatlon , ou il donne la soiulion de la question la plus importante pour les navigateurs, et au moyen de laquelle , a I'aide du calen- drier nautique, indiquant seulenient la position du lever et du coucher du soleil pour Greenwich, on pent prendre cctte position pour tons les lieux et pour toutes les lieures. Voici la maniere ciaire et concise avec laquelle ce probleme est pose: Des tables qui reuferment deux quantites A et B liees entre elles etant donnees, trouvcr, au moyen de Icur dilfcrence , la quaniite B, correspondante a la quantite A, lorsque celle-ci tonibe enire deux nombres consecutifs des tables. A la suite de ce incmoire vient le compte rendu de la navi- gation effectuee par le vaisseau X Apollon , parti du port de Cronstadt en 182 1. Ce vaisseau, apres avoir perdu son capi- tame de 1"='' ratig Toulonbief, a 208 niilies du cap de Bonne- Esperance, conlinua sa route vers la Nouvellc-Hollande, sous le commandement de son capitaine de 2* classe Khrous- tschoj , visita le Ramscbatka , puis se mit en croisierc pour em- peclier le commerce des vaisseaux etrangers avec les possessions russes dc I'Amerique jusqu'au 11 ootobre 1823. Il tit cnsuite unc visite au port Saint-Francisqne, dans la Californie , et la relation fait remarquer que le changement operc a cette epoque dans le gouverneinent de cette presqu'ile, qui s'etait soustraite k la domination de I'Espagne pour se mettre dans la dependance du Mcxique, ne fut d'aucun obstacle pour Tecjuipage russe , qui put y effectuer son debarquemenl, et recut toute esjiece de sccours et de protection dela part des aulorites locales. Ce- (i) Nous avons rccu depuis un article plus detaille de notre corres- pondant de Moscou , M. P. R. E. , mais beaucoup trop tard pour en feirc us.ige. 4/,8 LIVRES tTRANGER.S. pendant, il ne put s'y npprovisionner de biscuit; le hW: v etait en j^raiide abondanco, niais le defant de moulin I'oblii^ca a en)porlcr le grain en nature^ avoc la perspective de pouvoir le moudre seuleaient an poit d'Arcliangel. Le vaisseau rentra eulin dans Ic port de Croiistadt le 9 octobre 1824- On trouve dans ce meme volume la description du port niili- taire de Sveabort; et de la villc d'llelsini^fors , par le vice-amiral Saritchef, destinee a accompagner I'Atlas des ports russes que dressc le Departement de rAmiraiite; eufin divers extraits du journal,de I'Ecole des piloles de Cronstadt pour i8a5, et un tableau des observations meleoroloi^iqoes recueillies dans ce p.ort pp:idant la meme annee, et qui donne pour rt'sidtat 55 jours pluvieux, 249 nebiileux, 45 neigeux, et seulement 16 jours sereins. 147. •— Razbor tnofih statc'i , etc. — Examen de trois pas- sages des Memoires de Napoleon, par Denis DwiiinoF. Mos- cou, 1825 ; iniprimerie de Selivanovsky. In - 8° de 65 pages; prix , 3 roubles. L'auteur de cette brochure , qui commandait un escadron de hussards an comnienccinent de la campagne de 1812, est le premier qui donna I'idee , en Russie , de cette guerre de par- tisans si utile a scs compatriotes et si funeste a nos amies pen- dant la retraite de Moscou. Eleve depuis (en i8i5 ) au grade dc general-major, il a public un ouvrage qui a pour litre ; De la guerre des partisans , sujet traite en France par M. Lemierc de Corvcy (i]. Trois passages des Memoires de Napoleon ( tome 11, p. 98 , 112 et 119), d'ou il resulterait que, pendant la campagne de BIoscou, pas une estafette ne fut interccplee, pas un convoi de nialades ne fut pris, pas un seul jour ne se passa sans qu'on recut des nouvelles de Paris au quartier general de I'armee francaise, ont fait prendre la plume a M. Davuidof, jaloux de defendre la gloire de ceux dc ses compatriotes qui ont marche sur scs traces, en 1812. II oppose a cette assertion dc Napo- leon los bulletins meme de la grande armee, les notes officielles du Monitcur, des passages des ouvrages de MM. de Chambray (1) Des partisans ct des corps irreguliers. Paris, i8a3; Anselin et Pochard. In-8° de trente feullles el demie , avec une planche ; prix , fi fr. (Voy. Hev. Enc. , t. xvii , p. i3o-i3i). Nous connaissons aussi : Considerations sur la guerre des partisans , ]>ar un ex-officier d'artillerie , ancien eleve de TEcole polylpchnique. Paris , 1825 ; imprimerie de Laclievardiere. I11-8" d'une demi-feuiile. RUSSIE. 44g ci Vaiidoiiconi t, des leltres dii inaieclial Berlhier et d'aiities docuinens empninfes a la correspondatice saisie par I'enneini. Toutes ces citalioos soiit traduiles en riisse dans le coins de sa brochure, ct le teste oriijinal est leproduit en francais dans des notes, au bas de chacjiie page, de maniere a rendie le jin;e- ment facile a tons les lecteurs. Deux notes de la page Sg lui pa- raissent surtout etre eonciuantes ; elles sonl extraitos d'une lettiedu niarechal Beithier au prince Koutousof( en date c'e Tro'iztkoi, 8/20 oct. ) et de la reponse de celui-ci ( en date de Taroulino, 9/21 oct. ). On lit dans la premiere que " le gene- ral Lauriston avait ete charge de proposer des arrangemens pour don/icr a la guerre an caractere confornie aux regies eta - blics et prendre des niesures poiu- ne faire supporter au pavs que les maux indispensablesqni resultent del'etat dela guerre. » Le marechal Koutousof repond « qu'ilest difficile d'arreter un peuple aigri par tout ce qu'il voit, un peuple qui depuis trois cents ans n'a point connu de guerre interieure, qui est pret a s'immoler pour sa patrie et qui n'est point susceptible de ces -distinc lions cntre ce qui est 011 ce qui n est pas cV usage dans les gucrres ordinaires. » M. Davuidof s'emprcsse de tirer de ces passages la preuvc de toutes les inquietudes que les partisans donnaient a I'arinee francaise, et nous croyons la chose Irop bien prouvee dej)uis!ong-teins pour nous y arreter davantage. Mais, ce qu'il y a de plus remarquable et de plus important pour I'histoire dans les erreurs que releve M. Davuidof, c'est celte assertion des Memoires de Napoleon, que le sejour dc ranuce francaise a Moscou fut de 20 jours. « Ce sejour, repond I'ecrivain russe, ne fut pas de 20 jours, mais bien de 34. Na- poleon entra dans cette capitate lea septembre , et n'en sortit que le 7 octobre. Cette remanpie est tres-importante; car ces 14 jours sont remplis par I'armistice deTaroutino, qui a eu ime influence si direcle surle sort de I'armee francaise. En ef- fet, si les Francais eussent quitte Moscou 14 jours aupara- vant, aucun des projtts du marechal russe n'aurait atteint sa maturite. L'armee russe n'aurait pas cu le terns de se renforcer des troupes rassen)blees par le prince Labauof ; les recrties et les nouveaux soldats incoipores dans les regimens de ligne n'auraient pas ete suffiisamuient exerces; on n'aurait pas recu ierenfortdes 24 regimens de Cosaques du Don, qui, reunis a ceux que possedait larmee russe, offrirent plus de 20,000 hommesde cavalerie legere, qui finnt tant de nial aux Francais dans leur retraite ; I'enthou^iiasme des Russcs n'aurait pas ete excite par la victoire du 6 octobre.. .Enfin, si l'armee francaise avait quitte Moscou 14 jours plus tot, non-seulcment elleaurait T. xxxvii. — Fei'rier 1828. 29 /;5o LIVRES LTRANGERS. evite hi famine, mais die eiit traverse toute la distance de c(;tfc ville a Smolensk par lui beau chemin et un beau terns, I'aii- tomne ayant ete chaud , contre I'ordinaire, et le froid n'ayant reellcment comnieuco que le 22 octobre et ayant surpris les Fran^'ais sous les murs de Viazma. » Cetle proloni^arion de se- jour a Moscou, si justement reprochee a Napoleon, ne pent plus litre an point de contestation; la fut toute sa fautc, de la vinrent tousles desastres de notrc armec, et le temoignage d'un ecrivain I'ussc, qui se niontre aussi impartial que zele pour la gloire de son pays, devra etre d'un grand poids aux yeux de I'histoire. M. Davuidof, nous aimonsi le reconnaitre, a conserve dans cette discussion toute la decence et la dignitc que Ton pouvait attendre d'un liomnie digne d'apprecier le merite militaire,. et que son esprit et ses talens out rendu aussi celebre dans la so- ciete que sur les champs de bataille (i). Soldat lui-mcme, il a respecte , dit-il , la gloire du premier soldat dc tons les sicclcs , et la memoirc de celui que quelques-uns de ses anciens servi- teurs, de ceux nieme qu'il avait combles de bienfaits, out eu plus d'une fois la lachete d'insulter et de caiomnier. 148. — Elcguii i drouguiia stikhotvoreniia , etc. — Elegies et autres poesies de Dmitri GhinoT. Moscou, 18^7; imprlmerie d'Aug. Semen. In-8'' de iv-3oi pages. L'art des transports de Vime est un falble interpr^te ; L'art ne fait que des vers , le coeur seul est poete. Ces deux vers francais, que I'auteur a pris pour epigraphe , peuvent s'adresser aux poetes en general, mais conviennent surlout au poete elegiaque. Le recneil de M. Glebof se com- pose de deux iivres d'elegies, de ballades, d'epitres, de ro- mances et d'autres poesies legeres , dont la plupart sont em- prunteesa Bertin, a Legouve, a Millevoye eta divers poetes francais; ccs emprunts , dit le Telegraphe de Moscou ( Sept. 1827, p. 38), auquel nous devons les materiaux de noire ar- ticle, sont faits en genera! avec talent et avec gout, quoique le tiaducteur laisse a desirer quelquefois plusd'energie et plusde mouvement dans certains passages ou ses modeles brillentpar ces deux qualites. L'ecole francaise, ajoute le journal russe , a cesse d'etre en honneur parmi nous; nous ressemblons ii des enfans volontaires qui , aprus avoir secoue le joug des maitres, (i^M.DwuiDOF est un des poetes inodernes les plus dislingues de la Iiussle. On connait de lui des pieces charmantes , siirtout une qui a ]>our titre Ic Jnur dc garde ( dejourstvo) , el qui a m^me ete attribuee par quelques persounes au celebre poete lyrique Derjavine. RUSSIE.— POLOGIVE. 45 1 nous ven^eons contre oux dc I'ennui que nous avons eprouve dans les classes. Sans doute il ne faiit pas toiijours roster eco- liers; niais nous n'en devons pas moins de la reconnaissance a nos niaitres, quoiqu'en avan^ant dans la carriero nous nous apereevions que leur exeniple ne doit pas etre servilement suivi, et que tout ce que nous avons appris d'eux ne doit pas eire regarde comine sacre. Gardons-nous surtout d'etre exclu- sifs, et ne quittous pas entierement une imitation po»ir une autre. Sans chercher a soutenir rinfaillibilite des modeles fran- cais, on s'etonnedo voir refuser la qualite de poete a Millevoye par ceux qui se dcclarent partisans de Sfhiller, dc Byron et de Goethe; on peut reconnaitre tout a la fois le genie de ces trois poetes et celui de Millevoye. Bcaucou|) de ses vers se gravent egalement dans la meinoire et dans le coeur ; il ne s'est point d'ailleurs traine en esclave sur les chemins battns par ses pre- decesseurs; et, si la mort n'elait pas vetuie le surpiondre au milieu de ses trioinphes , pcut-clre occuperait-il aujourd'luii I'un des premiers raugs parmi les poetes francais contempo- rains. Avec autant d'imagiiiation que I'auteur des Meditations poeticjues , il avait pins de variete dans I'esprit, un style plus correct et plus de veritable sensibilito. » Nous avons pcnse qu'on ainierait a trouver ici ce jugemont d'un critique russe siu' notre litterature ; bientot , au milieu de la confusion et de Tanarcliie qui regnent parmi nos Aristarques, c'est aus etraiigers (jue nous irons demander pour nos chefs- d'oeuvre, et surtout pour ceux que le grand sieole nous a le- gues, la justice qu'on leur refuse en France, ou le mauvais gout voudrait nous rcndre complices des efforts qu'il fai( pour nous rameiier au siecle des Diibartas et des Ronsart. Sachons gre aux auteurs etrangers qui n'ont pas entierement renonce a chercher des modeles parmi nous; nous ne sommes pas encore au point ou voudraient nous voir les ennemis de notre gloire litteraire; et les productions des Segur, des Etienne , des An- drieux, des Pongerville et de lours emules protestent haule- ment en France en favour du gout et de la saine litterature. E. Hereau. POLOGNE. i/ig. — * Examen theorique et pratique de la melhodc cura- tive da D' Hahnemann, noinmce homeopathic; par le D*" Bigel, medecin de I'ecole de Strasbourg, etc., etc. Varsovie, 1827; Glucksberg. Paris, Ponthieu et C'«; Bechtt jeune. 2 vol. in-8° de 328 et 392 pages; prix, a Paris, 12 fr. Le docteur Bigel est un Francais qui a dcmcure long-tcms a 29. t5oi LIVRES ETRANGERS. .S.-.iiit-Potcrsbonrg. Ayaiit aocompij^iic a Diosdo, en 182/1, ripouse till ^laiid-duc (loiistantin, il out occasiitii d'j' voir le nnaissance di- sa doctrine; et, apros I'avoir misc en j>iatique a sun lolonr a Vai'sovie, ii s'l n constitna le zele defensenr. II iiiseia dans nn joninal aile- niaiid qui sc public a Leipzig, ot qui est intitule Archives tie lprociiai!l dc nouveau i!u feu, qu'on rend la vie a un nienibre jj;ele en le fi ottant avec dc la ueigc; i! est, d'un autre cote, bien dillicile de croire qu'on puissc ai rivei' a ce lesnltat par reinpioi d'atoines aussi petits que ciiix ilont se servent les ine- deeins homeo]iatln(|iies. Ainsi , par exeaiple, la doucc-ameie est une plante pcu active, et son exiiait a ele pris sans incon- venient a la dose dune once; suivant Hahnemann, dans les -cas oil elle est indiquee, on ne doit donner qu'un octiilionienic de goutte de sa teinture, et alors menie son action dure pen- dant dix a douze jours. Le rappoit de ces deux doses scrait doiiccomme 576 est a 0,000000000000000000000000001 . Pour d'autres mcdicamcns la decilioiiieme i)artie d'un grain est en- core trop active, et on ne pent I'administrer qu'en pltisieins fois. Ne semble-t-il pas qu'un monde nouveau, cclui des in- finiment pelils, comparable en tjuelque soite A celni que la decouverte des verres Icnticulaires fit apercevoir paruii les atoines, s'ouvre pour la medecine, et qu'elle est appelee a des. considerations du genre de celles(jui, avec tant d'avanlages , pour les sciences exactes , donnerent naissancc au calcul infiniti'sinial. Les raisonnemens snr lesquels s'appiuent les disciples du docteur Hahnemann pour faire concevoir que des quantites aussi minimcs aient une aciion puissante et salutaire paraissent plus specieux que concUians; mais ils y ajouteut le recit de faits, d'observalions non moins extraordinaires que |cur ihoorie. Or, cos faits, il faut oti les nier 011 bien les atiii- PO LOGIN E. — SUEDE. ',.Vi b(ier ail ii-giiric severe impose aux uialades, on rncoie a la |)iiissaiicc de I'iiiiagiiiatioii qui iiuelqiiefois a prodiiit des mi- lacles, (III cnliii , si on le> rc/^aide coiiinie vtais ct comtue le nsultat dc I'adininislration d(> medicanicns ri'tliiits ;\ de pa- leilles doses , ii f'aut elever dr-s staiuos an doctenc Hahnemanti et proclamer sa decoiiverte conime la plus etoiinante, et peut- elie la plus precieuse qui ait ete faitc depuis des siecles en faveitr de rhumanile. Du resle, ce n'est pas une doctrine qui piiisse s'amalyamer avec les notres et senlement Ics inodiKer; i! taut renoncer a ce que iinus avons appris, rcfaire la patlio- logie tout entiere, n'etudiei- plus que des syuiptAmes, en nous resignant a ignorer toujours la cause interne ou prochaine des maladies, rccommencei la matiere medicale comnie si rien encore n'avait ete fait dans cette science, n'adniettre que des sp«'cifi(iues et trailer ies nialades tout aiilr'Mnent qu'ils Tout tiuijours ete. Ccpendant, pour savoir a quoi nous en tenir en definitive sur I'homcopathie , il convietit d'atlcndre que le terns, qui met les conceptions humaines a leur place et fait justice (lis idecs cliimeriques, tandisqu'i! sanctionne toutes les verites, ait pioiionce sur sa valcur. Rigoli.ot Gls, d. m. SUEDE. i5o. — * Becueil de lettres , proclamations ct discours tie Charles Jean, prince royal, et ensuile roi de Suede et de Norvege. Stockholm, iSiS; imprimcrie de C. Deleen. In-S" dc '^25 pages. Ne se vend point. Le bras qui est armc du sceptre le quitte raremcnt pour la [ilume, ct pen de tetes courfinnees se sont fait nne gloire de rendre liommage a I'opinion , en publiant leurs pensees. Le grand Frederic etait jusqu'a nos jours un exemple a pen pres unique en ce genre, et i-ncore n'avait-il cede, en se faisant imprimer, qu'an frivole dcsir de passer pour poele. Ses [)rin- cipessin-les gouverncmensetsur les droits des nations n'avaient rien de commun avec ceux que proclament anjourd'hui les rois constitulionnels. Une telle determination cependant n'au- rait rien que d'lionorable, et il serait a desirer que les liommcs qui doivent iufliier puissamment sur la destinec des peuples donnassent , dans quelques ecrils rendu> puhlici, Texpose de leurs ])rincipes et de leurs vues administratives , qui offrirait des garanties a leurs peuples, des inSlructions utiles a leurs successcurs. Les conseils de courtisans , loujours inteiessii.s ii les tromper, anraient nioins d'influence sur leur conduile ; et des liaisons de conliancc et d'affection, phis faciles et plus 454 LIVRES j'TRANGERS. intiiues , pourraient s'etablir enlre ciix ct les nations qvi'ils sont appcles a gouveiner. C'est a defaiU do S} mpathic et d'harmonie entre les rois et lespeuples, que des ai^ens intt-rinodiaircs, di-- cort's du nom d'homuR-s d'etat ct habiles a specular sur I'irri- tabilite des uns ct des autres, parviennent a so rendre neces- saires en divisant pour regnei', et ne laissant aux princes que le litre de souverains et de vnines prerogatives dont ceux-ci se niontrent d'autant plus jaloux qu'ils out plus complctement aliene leur volonte personnelle et comproitiis la diguite de leurs trones. Dans rouvrage que nous annoncons, un monarque vient nous exposer iui-nieme sa profession de foi politique et les vues qui ie dirigent. Le roi de Suede Charlks Jean n'ayant eu aucun motif de s'opposer ii ce qu'un libraire de sa capitale pu- bliat uu recueil des lettresqu'il a ecrites, des proclamations qu'il a faites, des discours qu'il a prononces , comme prince royal et ensuite comme roi, nous avons I'avantage de pouvoir ap- precier la maniere dont il envisage les devoirs que sa position elevee lui impose. Les pieces reunies dans ce recueil s'etendent du 20 octobre 1820 au 28 Janvier iSaS. La premiere est le discours prononce par le prince royal, a son arrivee a Hel- singbourg, ct la derniere , une allocution du roi de Suede el de Norvege a Tacademie d'agriculture de Stockholm. Toufcs res- pirenl un vif inleret pour ses peuples, et un genereux attachc- ment aux principes constitutionnels. Partout il montre aux Suedois le bien de la patrie comme le but de leurs actions, et il se propose de rendre la liberie de la Scandinavie inebranlable comme ses montagnes. Ce qui flatte le plus le roi de Suede, c'est d'avoir ete I'objet dcl'election unanime d'un peuple lib»e; c'est le choix libre de la nation qui lui a confere des droits au trone; et par la, ccs droits sont devenus plus legitimes et plus sacres que s'il fut desceudu d'Odin. On aime a retrouver les memes principes dans tons les actes de ce recueil. Si Charles Jean s'adresse aux Etals-Generaux , il les entretient de son respect pour la liberie constitutionncUe; il declare que le seul houimage national que puisse souhaiter im gouvernement eclaire et liberal , c'est d'etie juge sur ses actions ; il sail que les nations ne prosperent et ne s'af/ermissenl que sous I'egide des lois protectrices de la liberie individuelle et du droit de propricte ; que la gloire des conquerans pent disparaitre , mais que celle des homrncs qui defendent la bberte des nations est pure et durable. Loin de s'effrayer d'une divergence d'opinion an sein de I'assemblee legislative , il ne confoit pas ridee qu'elle puisse avoir d'autre motif que celui SUEDE. 455 d'lin vrai patriotisme, et il professe le plus profond respect pour la manifestation constitutionnelle do toute pensec en opposition a la sienne. L'instniction publique a etc I'objet de la soUicitiide du roi ' Charl.es Jean. Convaincu que, plus une nation est eclairee, plus on voit se developpcr dans son sein un zele patiiotique qui est le gaiant de sa grandeur et de son independance , il cherche a donner un nouvel essor ii I'education par de nom- breux encoiiragemens , et il permet a son fils de passer a I'Uni- versite d'Upsal le terns ou scs devoirs ne reclament pas ailleurs sa presence , esperant qu'il y puisera ces vrais principes de morale publique et de patriotismequi inspirent le respect pour les droits des citoyens et pour la dignite de I'homme. On trouve dans ce recucil des morceaux que Ion voudrait giter en totalite pour donner I'idee parfaite d'un prince qui ne s'est pas laisse eblouir par I'eclat dun trone, ni enivrer par les fumees de I'orgueil. Tel est le discours que Charles Jean prononca au conseil d'etat le jour ou son fils vint y prendre place pour la premiere fois. « Un prince , lui dit-il, doit racheter la faveur du rang par de grandes vertus et des qualites superieures. Par de belles actions, on excite I'admira- tion des peuples; mais il en faut faire de bonnes pour s'attirer leur amour. Tout ce que I'interet ou la flatterie ont invente pour donner aux princes le change sur leurs actions disparait bientot a la lumiere de la verite. Utilite, justice, c'est la le sceau que respecleat les tems, la scule illustration durable. Gravez dans votre coeur ces profondes lecons; songez que I'auguste couronne que decernc un peuple libre sera toujours mal affer- mie sur une tete gonflee d'orgueil et de caprices, qu'il faut sc preparer a la porter par un sentiment profond des devoirs des rois et des droits des peuples. Malheur au prince qui se per- suade qu'en effacant les traces des droits de sa nation, il re- hausse I'eclat et le pouvoir du trone ! » Ces principes dans la boiiche d'un roi sont, sans contredit, le garant reel de la sagesse et de la libcralite de son adminis- tration : la publication des ecrits qui les renferment honore son regne et doit lui concilier tons les coeurs; des peuples assez heureux pour etre gouvernes par de semblables doctrines, ne sont point ingrats et ne recueillent qu'avec reconnaissance les avantages de leur application. C'est un monument unique jus- qu'a ce jour dans les fastes des princes et des nations; c'est la preuve d'un grand caractere, qui trouve en lui sa plus noble recompense. Lorsqu'un monarque, s'appuyant sur I'expression de la raison publique , s'est fait un devoir de ne conduire un 456 LIVRES lilTR ANGERS. peiiplc qu'cn I'eclairant, Ic penple ne rt'-clame d'aiilrc liljorte que celle (jui est fondce siir Ics lois el snr le niainlieii de I'oidre social. Le Recueil que hous annoDcoiis lenferiiie nussi des Icltres ecrites a Napoleon , des rariivee dii [)r'iiie(! royal en Siieile , a la (iu de i8io; puis, siiccessivenient , eu 1811, 1812 et 181 3. Ellos lendent ii expliquer les causes de la lupture dti prince avec Bonaparte, et les motifs qui le deleimineient a prendre parti pour I'armee nisse. Ces lellres sonl ecriles dans 1 inleret de la Suede , et sons I'influence des tvenemcns de cetle uienin- rable epoque. Nous nous ahstiendroiis de les ji.ger, avec d'aii- tant plus tie raison que nous ne connaissons qu'ini|jarfaitement les faits <]ui s'y rajjportent, et nullement les n'ponses < de \ itilcrpn- union scicnti- fique i\ti \a Bible. Dans rejj;lise catholique romain(!, la Bible n'avait t-te interpretee i\w par Vaiitorite ou des peres de I'e- j^lise , ou d'une pretendue inspiration des princes de I'eglise , I assembles en concile gent-ral, ou enlin de I'eglise elle - meme concenlree dans la peisonne du souverain pontife. Les refor- mateurs, en rejelant citte antorile, diirent se replier sur eiix- memes, et ne pouvant ptetendie a I'infaillibilite , ils durent abandonuer au raisonnement et an libre aibitre de chaipie iu- dividti I'intelligence de tel ou tel passage de I'Eerilure sainte. ALLEMAGNE. 45? L'etiidc dn grec ct de I'hebreii , airisi que celle des aiitrcs languos semitiqiies qui peuvent scrvir a hiiMi faire eiiteiulro I'hcbreiix, I'etnde des moenrset des relij^ionsoricntales , celle dc I'histoiro de I'eglise et de I'anliquite, devinrent toiites de plus en plus indispensables. Eiitin , pour interpreter ce que des homines avaitnt ecrit pour leurs sembiables, pour distinguer ce qui pourrait leur avoir ete revele de ce qui seiublait ne I'avoir pas i'te, pour prouver enfin la necessite d une revelation, ou pour la contester, il fallutcompulser les systemes philosophiqnes des pa'iens, coiiiparer les difleientes religions et analyser scrupu- ieusernent la nature de riiomme ; si bien que Tanthiopblogie , la psychologie, la logique et la metaphysique devinrent presque des parties integranles de la iheologie. Les Universites servaienl de foyers a tous res trnvaux ; et ilans la foule des petits souverains allemands, il s'en trouva toujours quelques - uns qui ne mirent aucune entrave a ces de- veloppemens scientifiques. D'aiileurs la Suisse et la Hollande etaieut la pour servir de points d'appui aux theologions alle- mands. C'est done, d'une part, a la rlivision du pays et . J. Chavannes. Lausanne , 1827. In-S"" de 3 '1 p.iges. 160. — * Gcschichtc der baslcrislien 'Gcsellschaft , etc. — Histoire de la Societe bdloise pour Vavancemenl du, bien, pen- dant les cinquante premieres annecs de son existence, j)ar M. diaries BouRCKHAnD-r , president du tribunal civil. Bale, 1827. In-8° de iv et i34 pages. Le nouveau volume des Memoires de la Societe suisse d'uti- lite publique , dont les travaux influent sur la prosjjerite gene- rale, ])arce qu'ils fcrment I'opinion , contient la relation de- taillec de la 17'' session annuelle. Cette session, qui a eu lien a Bale, au mois de se ptenibre dernier, a etc Tunc des plus T. x\xv£i. — Vevrier 1828. 3o i,l]6 LIVRKS KTRANGEllS. iiiaiqnantcs sous le rapport de rimportance ties questions Irai- ti OS. L'tinc des trois questions a coiiccrne I'cdiicalion des en- fans nnpioyi's dans Ics fabriqucs ; line autre, les etablisseniens de detention de la Suisse. Des memoiies sur les prisons de oiize cantons out ele ailiesses a la Societe; M. le president Charles Bourekliaidt les a resumes dans un rapport qui est un clief-d'oeuvre d'analyse et de clarte. Ce travail, element d'une partie essentielle de la slatistique de la Suisse, a ete imprime dans les menioires de la Societe et tire a part; repandu da- vanlatic par ce moyen , en eclairant I'opinion publique et les "ouveruemens de la Suisse, il hatera sans doute les ameliora- tions dans le regime des prisons et propagera le sysleme peni- tentiaire dont deux cantons, Geneve et Vaud, tnjioiivent deja les bons effets. Le Mn/j/jnrt .sur la Maisoti de detention de Lau- sanne, redige par M. le professeur Chavannes, avcc le talent e terns que cet article. Le quatrieme ouvrage que nous reunissons aux precedens renferme I'histoire d'nne association qui n'est point affiiiee a la Societ«5 Suisse d'utilite publique, quoiqii'elle ait a pen pres SUISSE. 467 les memes viies avec line tendance plus immediatement pra- tique. La ville et le canton de Bale sont exclusivement le theatre de son activite. L.'Histoi're de la Snciete bdloise pour Vavancement du bien , pendant Ics cinqunnte premieres annees de son, existence, est un prccieiix document qui montre quels obstacles renverse la perseverance d'un hoinme de bien, de quelle indifference opiniatre elle parvient a trioinpher. Isaac IsELiN, fondateur de la Societe, lutta dix ans conire I'apathie publique, avant de pouvoir trouver des cooporateurs ; c'est a la publicito periodiqiie qu'il dut la victoirc. En 1777, ii posa avec queiqucs amis les fondemens de ['association qu'il avail long-tems levee. Deju, a la fin de cette premiere annee, hi Societe comptait 174 membres; a la fin de 1826 elle en avail /198. Dans cet espace de terns elle a recti au-dela de 200,000 fr. asse de meme en revue les symplomes de la science: ce sont sans doule les ecolcs priuiaires, les impri- nieries, les joiirnaux, les elablissem< ns seieutiliques, les nui- versiles, les bibliotheqius , les academies, etc. Nous ne pour- rions suivre raiiteur dans toutes ses rccherehes sans dej)asser les boi nes qui 110U3 sont prcserites. Quelques qutslions d'une 47a LIVRES ETRANGERS. j^iiitidc importance s'y tiouvcnt trnitcos, telles que les sut- vaiitos : Comment se forme la loi? Quels sent les symptomcs irmie admiiiistiation publiqiie, plus ou moitis boiitie ou mau- vaisc, quelle que soit la forme de Tautoiile supeiieuie? 11 niontre aussi combicii il faut d'altcntion et de sagaeite pour a|)piecicr exacteuioiit les plienomeiK'S statistiqiies inoraux , et pour en deleriiiincr les veritnbles eauses, etc. Parlout, meme methode, meme j)recision, meine esprit philosopliiquo. Pour faire mieux comprendre son travail, M. Gioja donne, a la (in de son ouvragc , trois grandcs tables synoptiques con- tenant les parties et les objets divers de la statislique, lels que les ont deriiiercmcnt determines M. Ziziiis, en 1810, pour rAllemaijiic et Vienne; M. Friitssac, en 1819, pour la Franc« ct Paris; et M. GioJa lui-meme, depuis 1808, pour I'ltalie et Milan. En comparant ces trois tableaux, I'auteur parait con- ■vainen que sa maniere de eonsiderer la statistique, telle qu'il I'a developpce dans les deux dernieres tables, est beaucoup plus coniplete que les apercns de MM. Zizius et Ferussac. N. B. Ce n'csl pas la premiere f«is que nous rendons conqito des ouvrages et des idees de M. Gioja, et que nous decidons en faveur des Italiens la question de priorite dans les I'echer- ches de I'economie politique. Nous apprcnons cependant [Bi- bliotlicque italUnne, n° i/jS, p. 3o6) que M. Gioja se pla'int d'unc note jointe a nn de mes articles, et qui scrable rejeier son opinion que j'avoue parlager avec lui (voy. Rev. Enr. , t. XXXV, p. 1 47V II adrijsse dei/x tnots a la Revue Encyclopc- clique , et dcnx mots de M. Gioja remplisseist six longues pages de la Bihli.otheque itaUciuic. U semble ne point distinguer le redacteur de I'article et cehii de la note; comme il vent quo chacun puisse jouir de la propriete de sa pensee, nous recla- mcns I'exercice de cc droit. 11 a du remarquer, dans la Revue En( yclopedifjue , que ehaque collaborateur expose librement sa jnopre opinion. Ainsi le redacteur de la note a profile de reite liberie, comme je I'avais fait avant hii. M. Gioja oublie que j'ai mauifeste une maniere de voir touie differente dans pin - sieurs articles preccdens (i). Je poiurais tiire encore, quant i: la priorite des Italiens datis I'histoire de I'econoniie publique, que j'avnisemismon opinion bicn avant que M. Gioja I'eut con- firmee et eclairee dans fes ouvrages, et meme avant la publica- tion de la belle collection des econoniistes italiens , faite par M. Custodi. C'est en 1802 que je publiai I'Elnge d'AntoirieScrra, (i) yoyez t.xxx, pag. 454; t. xxxiv, p. 438; t. xxxv, p. Sg.?, etc. ITALIE. 473 oil je rendais compte tie sou traite sur ks causes de la richessc natioiiule, imprimu en x6i3, et ou je montrais de combien les Italions avaient dcvaiicc Its ctian^'ers dans ee genre de con- naissaiice. J'offris meme iin exeiiiplaire fort rare de ce traite a M. Ciistodi qui I'insera echniuilluns ; prix, 8 fi'. L'empressemrnt avec leqiitl nous avons rendu compte des trois premieres livraisons de cet ouvrage proiive I'importanee que nous attachons a celtc laboricuse entreprise , que M. Des~ niazieres continue avec une perseverance etudes soins eclaires, qui lui meritent Ics suffrages des hommes studieux. Ce n'est point par le luxe typographiquc qu'il cherelie a csptiver les amateurs d'histoirenatiuelle , mais par un choix de bons I'chan- tillons, bicn caracterises, ctpar des notes raisonnees forteten- dues. Les deux fascicules que nous annoncons, le 4° cX le 5'' de la collection, renlcrnient, comme les precedcns, 5o cspeces de cr3'ptogames, apparlenant aux hydrophytes, aux champi- gnons, aiix lichens, aux mousses et aux fougercs, Les bornes de cet article ne nous permettent pas d'enumercr les genres et les especes ineditcs mentionnes dans I'ouvrage; toutefois, nous devons citer parmi les pinnies marines cloisonnees ytltolassio- phytrs diaphisislecs ) , les genres boryna de gratelouj) , chloroni- tiiin gaiUoo, spliacclaria lyngbye, sur les caracteres destpiels lauteiir donne des explications precises, comme aussi sur ceux dans lesquels doit etre desormais restreint le genie ccia- m'uiin. L'examcn attentif des ('•chaiitillons rcnfermes dans le 5* fascicule prouve avec cpiel siicces I'autcm" ex|)loro les de- partemens du nordde la France, et combicn ils lui out fourni de cryptognmes rares et nouvelles, echappees aux recherches des botanistes du meme pays. Des cent es|jeces de j)lantes exposees dans ces deux fascicules, nous en avons remarque pres de la moitie qui nc sont pas mentionnees dans la derniere edition (1827) de la Bvtanogrnphie bclgiqiic par M. Th. LiiSTiBOunois, quoique ce dernier ouvrage ait cite, conmic r.])partenant a la Belgique, des especes observees, a la verite, en Daneiuaik, niais qui n'ont pas encore etc rencontrees en France. 181, — * Tableau analjtiqiii: de la Jlorc parisiennc , d'apres la raelhode adoptee dans la flore francaise de MM. Dc Lamarck et De Condole; pav J lex. Ji\v'riiLR..Viir'\s, 1827; Becheljeune. Ir.-i8de 284 pages; prix, 11 fr. On connait Ics avantages de la methode dichotomique que nous devons a M. De Lamarck , el a laide dc laqiieiie les com- niencans en botaniqiic arrivent avec beaucoup de facilite a la connaissance du nom des planles. Cette facilile dans les nioyens de recherches offraut aux eleves qui n'ont pas beaucoup de terns a consacrer a la plus agreable des sciences les nioyens d'obtenir de prompts resullats et desurmonter sans maitre et a tout instant les premieres difficultes inseparables de toute etude 488 ^ LIVRES I RANC/VIS. scientifique, a eU- iin des motifs qui out detcimino I'auteiir de cct oiivragc a le composer ct ;\ Ic ptiblier. Pour obvicr a I'in- convenient que Ton a souvenl reproche a la methode dichoto- mique de ne pas offrir assez de points dc rcpos ct d'cxiger uiie attention trop soHtcniie , M. Rautier a place I'analyse des es- peces apres la descri|)lion du genre, de muniere a ce que ce dernier puisse servir de terme fixe pour la mcmoire. La de- couvcrte d'un j^rand nonibre d'cs])cccs, dcpiiis la puLlicalion du travail de M. Do Lamarck, la necessile de reduire en un volume plus portatif un tableau si utile dans les hcrborisations, et d'appliquer plus specialement son usage au\ terrains (jui entoiircnt la capitale ; telles sont les raisons qui paraissent avoir dirii,'e i'auteur dans la conception et la publication de son travail. II a su, d'apres I'avis ofiicieux de M. De Candole, multiplier les moyens d'arriver a la counaissance des genres et prevenir les differentes anomalies qui auraient pu entraver les rcclierches. Ce petit ouvrage, Vadc mccum, indispensable aux amateurs de la botanique, renferme la description des families uaturelles et de lous les genres de phanerogames qui appar- tiennent a la flore parisienne. Ces genres sont suivis de Tana- lyse des especes. L'ordre adopte dans la disposition des families est celui qui commence par les etres les plus composes en des- cendant aux plus simples. Quant aux raisons qui onl empeehe I'auteur de completer son ouvrage par la publication de la cryptogamie ctla description detaillee des especes, elles seront appreciees diverscment par les leeteurs, que nous renvoyons avec confiance a I'ouvrage meme. lis trotiveront, au commen- cement, des ISotcs preiuninaires sur les organes des vegetaux , et a la Iin , un Focabulairc des mots techniques employes dans I'ouvrage. B. G. 182. — * Le Bon Jardinicr, almanach pour I'annee 1828, contenant les principes genc-raux de la culture; I'indication , mais par mois, des travaux a faire dans les jardins ; la descrip- tion, I'histoire etia culture de toutcs les plantes polageres eco- nomiques ou employees dans les arts; deeelles qui sontpropres aux fourrages ; des arbres fruitiers; des oignons et plantes a flours; des arbres, arbrisseaux et arbustes utiles ou d'agre- nient, disposes selon la methode du Jardin du Roi; suivis d'un vocabulaire des lermes de jardinage et de botanique; d'un jar- din des plantes medieinales; d'un tableau des vegetaux grou- pes d'apres la place qu'ils doivent occuper dans les parterres , bosquets , etc. ; et precede d'une Revue de tout ce qui a paru de nouveau en jardinage , en France et dans les paysetrangers, pendant le cours de I'annee ; par A. Poiteau, ancien jardinier SCIENCES PHYSIQUES. 489 des pepinicres royales dc Versailles, cic. ot Vilmorin, vnembre dela Societe royale dagricaluirc, etc. Paris, 1828; Audot. In- 12 de loao pages, avec k planches et 2 gravures; prix , 7 francs, et 9 fr. 2 5 cent, par la postc. Cet' interessant almanach offre cette annee a ses lecteurs, memo avant le titre , une instruction qui scrait pent- etro per- due, si Ton n'y joignait pas un commontairc : une gravnre re- presente le jardin et les serres de la Socictc d' horticulture de Bruxelles. Cette Societe nc se borne done point a des disserta- tions; elle vent faire plus quepropager le resultat d'expuriences faites par autrui : avis aux Societes de meme nom, en quelque lieu qu'elles soient inslitiiecs (i). La Jlct'ice /lorticole est tres-interessanle. Depuis 1826, plusdc 200 nonis d'especes on de varietes nouvelles ont ete inlrodnits dans le Bon Jardinicr. Si chaque annee etait aussi feconde en decouvertes botaniqties et horticoles, Tembai-ras du cboix de- viendrait extreme; car on ne pent tout cnltiver , tout placer dans les phis grands jardins , dans les serres les plus vastes. Mais ces acquisitions vegetales ne sont pas les seuls objets pas- ses en revue; de nouvcanx precedes de culture, des inoyeus de perfectionner ou de conserver les fruits , des Notices sur les travanx et les services des Societes d'horliculture, et sur les hommes instruits qu'elles ont perdus. Toutcs ces matieres, qui forment une agi'cable liaison entre les lettres, les arts et les sciences, pcuvent elie rccherchees, meme ailicurs que dans un almanach, et en toultenis. Cel ouviage devient, chaque annee, j)lus instructif et plus attrayant : les lecteurs, satisfails de la mauiere dont les redactcurs se sont acquittes de leur tache, lie penseront nullement a examiner s'il etait possible de fairc encore mieux. F. i83. — * Jnnuaire pour Van 1828, prescnte on Roi par le bureau des Longitudes; Paris, 1827; Bachclier. In -12 de 212 pages; prix , i fr. L'A.nnuaire du bureau des Longitudes, redige par des savans ill'.istres , est une espece de manuel des fails les plus utiles a connaitre dans I'astronomie, la physique, la cbimie et la sta- tistique : il comprend en outre tout ce que contiennent les ca- lendriers ordinaires. Dans celui dc 1828 on a rctranche deux extraits du Sysleme du Monde de feu M. de La Place, que Ton (i) Le magnifique jardiii de plantes ct d'arbres exoliques de M. Sou- i.akge Bodik , a Ris , sur la route de Paris a Fonlainebleau , est , en quelque sorte , grAce a la munificence eclairee du proprielaire , une •orte de jardin affecle a la Societe hoiticuliurale de Paris. 490 LI V RES FRANCAIS. voyait figurcr depiiis pliisieiirs annees dans ce R<'cucil ; ct ce changcnient nous conduit a remarqner que, si ses rc-daateurs variaient davanlagc It-s fra|j;m('ns scientifKUK's dont ils I'cnri- chissent , 1;> collection en seiait plus pieciousc. Parnii lesniorceanx detaches qui paraissent pour la premiere fois, nous avons lu avec beaucoup d'interet un apercu stati- slique sur la Cais.se d'epargne ct dc pn'foyance, institueeii Paris en 1818, duquel i1 resulte qu'en 1826 il y a en 8i,3oo vcr- semens, dont Tensemble a produit 3,625,985 francs, et que depuis son orii^'ine en i8i8 jusqu'au 3i decembre 1826,1a Caisse a recu plus de vingt-liuit millions de francs. La somme totale des versemensa ete chaque annee en augmentanf; maisla valeur moyenne des depots tend aussi a s'accroitre : elle eiait de 42 fr. en i823; elle est aujourd'hui de /)/, fr. 5o cent., c'est- a-dire, pres du maximum, 5o fr. , que les statuts permcttent de reccvoir. Ce fait remarquablc prouve que le nombre des deposans n'augmente pas dans le rapport de I'accroissement des fonds verses. Si Ton veut connaitre maintenant dans quelle pro- portion les diverses classes de la societe participent a ces de- pots, il suffit de Jeter les yeux sur le tableau suivant, qui offre des releves faits a deux epoqnes differentes, sur une masse d'environ i5,ooo deposans; on y voit (igurer des individusap- partenant aux diverses classes de la societe , dans les propor- lions ci-apres : 1° — Domestiques ])Our-^ 2" — Ouvriers ^ 3° — Deposans sans designation de profession. y 4° — Enfans mineurs — 5° — Employes 7^ 6° — Marehands vs 7'' — Rentiers -~^ 8" — Professions liberales , aitistes , etc. ... ti 90 — Militaires 3^ 10" — Diverses associations de secours nni- luels, des cullivaleurs et quelques eccle- siastiejues , magistrals ou fonctionnaires publics , formeiit ensemble ^ Les notices scientifiques fournies parM. Arago, dcl'Acade- niie des Sciences, et specialement celles qui traitcnt dc la con- gelation des rivieres, de la theoriede la grele , et par suite des paragreles qui occupent depuis quelcjue temps raltentiori des physiciens etde plusieurs societes savanles, nous out paru sur- toutdignesd'etremcntionnees. M. Aragoexpliqueparlerayonne- SCIENCES PHYSIQUES. 491 nienl nocturne qiiclqnes ciiconstaiices de la congelation des rivieres, doiit les observateurs avaient ete frappes , sans pou- voir cu assigner la cause. C'est ainsi qii'ii attribue a I'abondance des eaiix, et principalement a la faiblesse d'lin rayonncnient nocturne, resultant d'un ciel convert, le defaiit de congelation de la Seine dans son milieu, lors du froid si intense de i-jop, quand le therniometre centigrade marquait — 23 °. Au con- traire, en 1762, la riviere fiit totalemcnt prise a la suite de six jours de gelee , dont la temperature moynne etait de — 3° 9 centigr. , et sans que le plus grand froid eul depasse — 9°, 7 : c'est qu'a cette seconde epoque les six jours qui precederent la congelation totale de la rivieie iuiciw. parfaitement sereins : cir- constancc qui, favorisant le rayonnemcnt nocturne, rcndail la temperature de I'eau beaucoup plus basse que ceile de I'atrno- sphere, d'apres la theorie eonnue du calorique rayonnant. Apres un expose savant et impartial des remarques et des opi- nions auxquelles le meteore de la grele a donne lieu jusqu'a present, M. Arago se prononce centre le systeme des para- greles, fonde sur la theorie erront'e dn celebre Volta; systeme qui ne lui parait avoir aucune efficaeite preservative : il Unit par declarer qu'une explieation satisfaisante du plienomene de la grele est encore a trouver. Nous citerons encore les observations du meme savant sur I'aiguille aimanlee, dont les mouvemens singuliers interessent si vivement les physiciens de nos jours. L'extremite nord de raiguille ainiantee a continue, en 1827, a se rapprocjier du me- ridien terre^tre; le Bjuilleta 1 l». 8' , M. Arago a trouvc pour la declinaison absolue, 22° 20' — . L'inclinaison de i'aiguille a peu change depuis I'annee derniere ; lensemble des observa- tions indique a peine une diminution de 1' \. Ail. Gondinet. 184. — * Anatomic de I'honime , on Description et liigures lithographiees de toutes les parties du corps humain; \>a\' Jules Cloquet, d. m., membre de rAcadeniie dc medecinc , etc.; publiee par C. de I,asteyrie, editeur; 33® et 34® livraisons. Paris, 1827 ; Bregeaut, imprimeur-lithographe ; Lasteyrie , rue de Crenelle -Saint- Germain. Deux cahiers in -fob; prix de la livraison, 17 fr. 5o c. ( voy. Rev. Eric. t. XXXII, p. 529, et t. XXXVI, p. i6i.) Cette importante publication, I'un des plus utiles monumcus. que Ton ait encore eleves a la science de I'anatomie, base es- senticlle des connaissances et des recherches medicales , se continue avec le zcle et les soins eclaires qui ont deja merite plus d'une fois nos eloges , adresses a I'auteur aussi bien qii'i* i'habile editeur. 49» LIVRES FRANCAIS. 1 85 . — * Trattc piali(jite ties vialadics sjjjiiilittqucs , contcnant Ics diverses methodcs de trailcmeiU qui Icur sont applicablcs, et les modifications qii'oii doit leur fain; subir, suivaiU I'age , le sexc, le tLmpLiament dii siijet, les climats, les saisoiis cL les maladies conconiitantes; oiiviagc ou sont spccialemcnt do- taillcos Ics regies de tiaitement adoptees a I'liospice des vene- riens de Paris; par L. V. Lagneaxi, D. M., etc. Sijricinc icli- tion , corrigee et considerablcment augmcntee. Paris, 1828; Gabon, rue do I'Ecole de Medecine, n°io; I'auleur, rue du Helder, n" 11. 1 vol. in-8°de io58 pages; prix , iG fr. Drpuis que la medecine physiologiciue est venue cli.inger ou niodiiier loutes les idees medicales , les maladies sypliilitiques ctaient les scn'.es dont le traitement fut presque entierement rcste sous I'empire de la routine. Cet etat de ehoses ne pouvait durer long-tcms, et de jeunes medecins militaires concurent le projet d'executer ce que leur maitre avail annonce. lis aban- donnerent les anclennes methodes et soumirent un grand nombre de veneriens a un traitement purement antiphlogis- tique qui, selon eux, cut pour resultat d'obtenir une gueiison plus promple et d'avoir un moins grand nombre de recidives. Aux yeux des praticiens sages, ces resullats brillans ne sont pas encore assez bien prouves , el le mercure entre lenrs mains a etc si souvent administre avec siicces qu'iis auront bien de la peine ii bannir de leur therapeutique un medicament si ener- Les reeherrlies faites sur les maladies sypliilitiques depuis quel(pies annees, ont fait sentir a M. Lagneau que son onvrage avail besoin d'etre retouche, et les changemcns qu'il a fait subir a cette sixieme edition placent toujours ses travanx an nombre de cenx que les praticiens consulteront avec le plus de fruit. D. 186. — Elempns dc geometric cicscriptu'c, a I'usage des eleves qui se destincnt a I'EcoIe polytecliniqiie, a I'Ecole jnililaire, a I'Ecole de marine; par E. Duchesne, professeur dc malhema- tiques speciales au college de Vendome. Paris, 1828; Mallier, ))assage Dauphinc. In-ja de 190 pag. avec un alias d'epures de 1 8 pi. in-4° ; prix , /( fr. 5o c. Cet onvrage ii'offre ricn de remarquable ct ne |)arait pas de- voir etre piefere a cenx qui traiteiit le memc sujet el que Ton a coutume demettre dans les mains des eleves, tels que ceux de Monge , Hachcttc, Lacroix , etc., toulefois, il convient de dire que les explications de M. Duchesne sont cl.iires, surtout ce qui se rapporte a la lignc droite. On ])eut lui reprocher de donner aux demonstrations des developpenK ns trop etendus, qui, loin SCIENCES PHYSIQUES. 493 d'eclairerresprit, liii sont quelquefois nuiiibles par leur surabon- dance. Wous I'inviterons a faire tliartage les doctrines de I'ecrivain dont il oft're aujourd'hui une sorte de commentaire. Simplifier la question fondamentaie du prin- cipe de la conviction humaine, agitoe en particulier dans I'Essai sur I'indiflerence en matiere de religion, tel est le biU indique par M. I'abbe Vrindts. L'a-t-il completenient atteint? a-t-il benucoup simpUfie des matieres absiraites, et qui sont, il faut I'avouer, difiiciles a trailer d'nne faeon intelligible pour tout le nionde? nous croyons pouvoir en dcuter jusqu'a nn certain point. Ce n'est pas pourtant qu'ii manque a cet ouvrage une sorte de clarte, et M. Vrindts dediiit sans doutc ses con- sequences d'luie maniere logique; mais , lorsqu'on traite des questions de philosophic et surtout de philosophic religieuse, il est d'une haute iinportatice de bien s'entendre snr les defi- nitions et sur les points de depart; c'est la ce que prescrit la mcjthode, et I'auteur n'a peut-etre pas toujours suivi parfaite- ment ce mode de proceder; la langue qu'ii parle n'est peut- etre pas toujours non plus celle de tout !e monde. M. Vrindts n'aime pas beaucoup I'ctat actuel de la civilisation. On peut en juger par le passage suivant, tire d'un tie ses premiers cha- pitres: « Ce portrait divin du Createur (lame) nait obauche par I'habile main du souverain artiste; il se reserve comme dominateur de son propre ouvrage a le faconner... Nul autre que lui, s'il ne s'en charge, n'a droit d'y porter la main... atlciule de toutes la plus grave qu'on puisse porter a I'auto- rite du dominateur des intelligences; aussi, comment peindre 5o2 LIVRES rilANCAIS. asscz vivement rhoncuf ties attentats commis par nofre siecle ties liiniit'ics? Protcclioii t't^nle, active menie, accorclcc a toutos Jes sectes; ojipressiori rcclli; de la religion veritable; liberte de penser et d'egarcr les generations presentes ct futures; liberie de la prcsse. II ne manque pins que de dvtr6ner I'ancicn ties jours , apres avoir delnine tons Ics potentats dn monde. » La tolerance religieuse, la libre coninuinication dc la pensee, voila, anx yeux de I'anleur, les crimes irremissibles de notre pauvre siecle; an moiiis y a-t-il de la franchise dans cette de- claration. Mais ne nous engagcons pas snr un terrain qui s'etendrait trop devant, nons, et laissunt la les antipathies de M. Vrindts, tachons de faire connaitie le plan de son ecrit. Dien est I'auteiir sonverain de notre raison et de tons ses inoyens dc connaitre; I'idee deDien, source de verite, est le fondenient de la certitude; c'est sur ce principe que M. I'abbe Vrindts appuic la base de ses doctrines. De I'influence de I'existence de Dieu sur la conviction, il deduit le principe, que rhomme, bien qu'il soit raisonnable par instinct, du mo- ment ou son aaie est creee, recoit I'usage de sa raison de la societe exclusivcmenf. II sontient cetic assertion au moycn d'exemples, qui ne nons out pas para Ions concluans, et tires tie la correspondancc de saint Francois Xavicr, dc I'histoire d'une fiUe sauvage trouvee en i73i , de I'etat des sornds-mnets de naissance; d'oii il conclnt que I'intelligence luimaine, de- vcloppee par I'etat social seul , ne pense scnsiblcnient pour file meme, que par la parole, ou par une education qui la supplee. Cependant il signale plusieurs ecueils du raisonnement huniain. Ce sont tl'abord les erreurs anxqnelles il est snjct; et, a ce propos, M. Vrindts deplore le dedain du siecle pour cette liaute morale, celle metaphysique transcendante, qu'il trouve rcnfermees dans les dogmes et Ics livres religieux. Les autres ecueils qu'il indique sont I'lmperfection du langage et I'empire que le coeur excrce sur la raison. De la, combattant le scepti- cisme dcs philosophes modcrnes, il leur reproche,par exem- ple, de rejetcr ce qui ne leur est pas demontre par raisons evidentes, dc douter des miracles, qui iic paraissciit itonnans , ivement; mis cnordreet annote par Galisset, avocat. Paiis, 1827-1828; Malher et compagnie. L'ouvrage se composera de a. vol. foruiant 70 livr. de 4 feuilles (64 pa^'.j; il en a piuu 36". Prix de la livr. , 1 fr. aS cent. • Celte interessante collection qui doit joindre a I'a vantage d'etre cconoinique I'avantai^e plus grand encore d'etre complete, se pnnrsuit avec exactitude. Deja nous avons rendu justice au nierite des premieres livraisons (Voy. Rev. Eiic. t. XXXV, p. 442) : anjourd'hui, nous devons confirmcr ce jugement fa- vorable. L'ouvrage est arrive a sa 36'- livr. , qui s'arrete au niois d'octobre 1801 ( brumaire an X), et comprend , par conse- qiH-nt, une grande partie de Tepoque du consuiat. Ainsi le pre- mier volume est tcrmine, et la moitle del'entrcprise accomplie. Lorsque la pisblication en sera entiercment achevee, nous nous proposons de lui consacrer ua article plus etendu. St.-A. B. 197. — * Manuel du jury, ou Commentaire sur la legislation relative a I'organisation du jury, a I'cxamen et au jugement par jures : precede de la theorie du, fury, etc... ; par M. Bour- GuioNoN, conseiller honoraire et avocat a la Cour royale de Paris. Paris, 1827; Bloreau , rue Montmartre, 11° 3g. In-S** de 54S pages; prix, 7 fr. , el 8 fr. 5o cent, par la poste. Ce nouvel ouvrage est digne de la reputation que M. Bour- guignon s'est acquisc par ses precedens ecrits. II forme pour lui un nouveau titre a la reconnaissance du public, a la portee duquel il s'est applique a mettre tout ce qui concerne la salu- taire institution du jury, en reunissant dans un cadre cir- conscrit I'exposc de ses caracteres essentiels, le tableau his- torique de son origiue et de ses progres, I'indication des r.u4 LIVRES FRANCAIS. inoyens d'anielioralion doiit die est susceptible, I'analyse de notie li-gislatiou a cot tgartl, anti'iicure an Code d'instriictiori orimincllc, ct iiii commentairc precis et snbstantiel des lois (jui regissent aujourd'hui le jiigemciit parjures. L'iinportance tie cet oiivragc, qui devicndra le vndc iiiccum des jures , merite ijHe nous le t'assionsconnailrc avcc quelqucs details. L'auteur le divise en deux ])arties. Dans la premiere , il donne le resultal de ses rcclierclies et de ses meditations sur la thcorle (III jury : apres en avoir indique rapidement les attri- butions, il determine les caracteres qui lui sont propies. It Irate avcc beaueoup de justesse les rej;les de la capacite de ceux qui pcuvcnt etre appcles a reniplir les fonctions de jurcs: il sufiit pour cela qu'ils aient I'age requis par la loi, I'usage dc leiirs facultes iutellectuelles , et inie cerlaine experience des hommes ct des choscs. Un citoyen est capable d'etre jure, lorsqu'il a le degre de connaissanees necessaires pour comparer et juger, par distinguer le vrai du faux ; la loi n'exige de lui d'autres conditions pour former son opinion, que la conviction produite par la prcuve portee au plus haut degre d'evidence, sans I'astreindrc a calculer le plus ou moins de probabilite des faits soumis a son examcn. Il insiste avec beaueoup de raison sur ce principe conscrvateur del'innocence, que, dans le doute, les jurcs ne doivent jamais se laisser intluencer par la crainte de laisser un coupable impuni ; et qu'ils doivent toujours re- culer a I'aspcct du danger de condamner un innocent. « Un jury, dit-il, q>ii declarerait coupable un accuse non convaincu, jetterait par cette declaration I'cpouvante et I'effroi dans I'ame des honnetes gens , sans inlimider davantage les mal- faitcurs. » M. Bourguignon deduit les raisons qui ont du porter a cir- conscrire le choix des juris parmi ceux qui sont le plus inte- teresses au mainticn de I'ordre social. Sous un gouvernement representatif , les fonctions doivent en etre devolues non-scu- lement aux proprietaires payant un cens determine, mais aux proprietaires industriels, et a ceux qui, par la nature de leur profession ct leur existence sociale, offrent des garanlies non moins grandes de leur interet a la repression des crimes, ct a la protection due aux innocens et aux citoyens ])aisibles. Notre auteur veut, et tons les bons esprits partagent son sen- timent a cet egard, que les jurcs soient independans du pouvoir , amoviblcs , recusa/j/cs. II n'appartient pas aux agens de I'au- torite de les imposer; un pared choix les transformerait en commissaires. L'influcnce que ces agens exerceraient sur eux scrait une veritable calamite publique : au lieu d'etre les or- SCIENCES MORALES. 5o5 ganes ties jugemens du pavs , ils pourraient devenir les instru- mens de sa tyrannic. L'expLiience a trop prouve que I'homme conslamment occiipe a I'cxercice de la justice crimincllc con- tractait une ceitaine duretc de caractere qui ne lui permettait pas de. demelcr facilement la verite , et qui I'exposait a de cruelles mcprises. La facultc de la recusation presente une garantie centre les dangers de la prevention, et de rinfliience des passions de ccux qu'on soupconnerait d'avoir rccu des iiTipiessions antericures a celles qui doivent naitre des debats et qui , scules, doivent former la conviction des jures. C'est une sorted'epurationexercee,par le ministere public, dans I'interet de la societe qui reclame la punition du coupable; et,par I'ac- cuse, dans I'interet de sa justification qu'il lui importe de ne presenter qu'ii des esprits acccssibles a la verite. L'opinion que I'autcur sc forme snr I'origine du jury, apres avoir discute celles des differens publicistes qui ont ecrit sur cette matiere , pent etre resumee dans ce pen de mots : « La source de cetteinstitution est dans la nature menicde I'homme... Son originc remonte a I'origine des peuples, c'est-a-dire a la transition de I'etat de barjjarie a celui de la civilisation, ou I'homme, renoncant a se faire justice lui-meme, confia ses droits de defense et de vengeance a des hommes libres comme hii... Le jury est im des elemens de I'administration de la jus- tice sous le regime de la liberte, sans lequel ce regime ne pout subsister... Le pouvoir absolu ne pent se concilier avec cette institution... Elle doit renaitre de ses cendres , partout oil la liberte a repris ou reprendia son empire... » M. Bourguignon signale les diflicultes qui s'opposent au retablissement immediat du jury chez un peuplequi, des long- tcms, abruti par le despotisme , en secouc tout a coup le joug. Un tel peuple a besoin de vaincre bien des resistances |joiir recouvrer ce qu'il a perdu ; les pas retrogrades qu'il avait faits dans la carriere de la civilisation mettent dans la necessite de recommencer en quelque facon son education politique pour qu'il soitmisen etatde profiler d'une si belle institution. Ces obstacles n'existaient pas chez nous, lorsqu'elle fut rendue a la France, en 1790; et cette epoque, an coiitraire, etait favorable a son retablissement : les esprits se trouvaient disposes a ce notable changement dans I'administration de la justice, par les nom- breux ecrits publics depuis plusieurs aniiees, oil les vices de I'ancienne procedure crimincllc etaient mis au grand jour. La loi de I'Assemblee Constituante n'eut pas tout le degre de perfection qu'on pouvait dcsirer; toutefois , elle offrait assex de garanties aux accuses : mais elle fut denaturee par le Code SaG LIVRES TRANCAIS. d'instiiiclioii criiiiincllc qui fit, a pen tie choses pres, de I'iiistitution clu jury uiic commission an choix. ct k la nomina- tion cUi gouvernement ; la loi rccente de 1827 y apportc des ameliorations teiles qu'ellc pent etrc consideree commc ayant leconstilue le jury; mais cette loi elle- memc est susceptible d'autres ameliorations encore, notamment dans la partie qui appclle le concours des prefets dans la formation annuelle de la liste des jures. Cetle institution salutaire manquera d'un de ses principaux caractcres , tant qu'elle ne sera pas entiercment aflranchic de Tinlluence des ai,'ens du pouvoir, tant qu'on n'etendra pas davanlat^c le nombre des recusations qui peuvent etre faites par Taccuse, tant qu'on ne I'estreindra pas ccUes accordecs au ministere pidilic. On lira avec fruit les observations judicieuses dc I'auteur sur la competence da jury et sur le nombre des suffrages qui doivent etre exiges pour condamner on pour absoudre un accuse. II tcrminc cette premiere partie par le tableau ana- lytique de la legislation relative a I'organisation et aux fonc- tions des jures depuis 1791 jusqu'a la publication du Code d'instruction crimincUe; le lecteur y trouvera la facilite d'eta- blir le rapprochement et la concordance de ces lois, avec celles qui nous regissent aujourd'hui. La secondc partie contient tout cc qui est relatif a I'organi- sation actuelle du jury, a sa convocation, et a la nianiere dont les jures doivent sieger ct remplir leurs fonctions dans les Cours d'assiscs. L'expose des motifs de la loi nouvelle par le garde des sceaux sert d'introduction a cette seconde partie, ou M. Bourguignon presente I'ensemble de notre legislation, telle qu'elle existe definitivement d'apres les modifications qu'elle a eprouvecs, en intercalant parmi les articles du Code d'instruction criminelle qui ont etc conserves les dispositions nouvelles substituees aux articles abroges. Cliaeun de ces ar- ticles, chacune de ces dispositions nouvelles, sont accompa- gnes d'un commentaire clair et succinct, propre a en faciliter rintelligencc, et ou les difficultes qui se sont jiresentees dans la ]iratique, et les doutes qui peuvent s'elcver dans leur inter- pretation, sont eclaires par I'esprit qui les a dictes , par la jurisprudence des arrets, par la doctrine des jurisconsultes qui les ont expliqnes , et par les sages reflexions de I'auteur. II ne suffisait pas qu'il cut fait connaitre, dans sa Thcoric du jury, les conditions que doivent reunir en general ceux qui sont appelcs ti en faire partie; il devait encore signaler celles qui sont cxigees specialement pnr nos lois, des citoyens auxquels files confient les imporlantes fonctions de jures. II retrace, \ SCIENCES MORALES. 5o7 dans celte partie do son travail, les dispositions de la loi du a mai i> Lc heros breton , ne pouvatit rien obtenir de Beinborough , lui porta alors uu defi; et il fut resolu que de chaque cote on combat- trait loyalement, a cheval, trente contre trente. Les barons de Bretague, avertisde rentreprise,'3e rasscmbicrent pour rcndre graces a Dien, et espererent cpie leiirs canipagncs seraieut bientot delivrees du joug de I'avide Beaiborough et do ses sol- dats. On connait le resultal du condjat qui se livra dans la lande de Mi-Voie , Tan i35o, le saincditcmint Lcetnre Jerusa- lem. Bemborough et la plupart tleses compaguons furent iues; le reste se reudit a ran^on. Ouatre Bretons siiccomberent dans Faction , qui fut terrible. Bi;aumanoir , blesse , demanda a boire; mais Geoffroy Dubois hii repondit: Bois ton sang, Beaumanoir, ta soit'se passera,et tout I'honneur de la journee sera pour nous! Il le fut en effet. Cette belle etgeuereuse action a etc mise au rang des fables par quelques critiques qui s'etayaient de ce qu'aucun historicn francais n'en avait fait mention, et de ce que les historiens bretons n'en avaient parle que sur la foi dun manuscrit de 1470, conserve dans la bibliotheque de Rcnnes. Cependant le fait avait ete raconte par Froissart, qui lui a> ait accordc toutes les louanges qu'il merite; mais, dans lui grand nonibrc T. xxxvii. — Janvier 1828. 3 > 5i4 LIVRES FRANCAIS. (Ic mannscrits de Cft ccrivain, ct dans loutcs Ics editions qii'on on a piihlii-es , il sc trouve que, par un sinfiulier Imsard, les chapilics des annecs i)5o, i35i , et jiisqn'a i35(>, ont ete remplaces par nncxirnit dosgrandes clii;onique,sdeSainl-Uenis. M. Buclion a rctrouve , dans nn manuscrit dn prince de Sou- Lisc , les inorccaux cnlcvi's a Froissart, et il s'ostassnrc de leur autlu'nticito , en conipaiant ce nouvcan lexte a celiii de deux antres mannscrits qui ;rpparti'ous avons entendu citer 5i8 LIVRES FRANCAIS. comme un chef-frceiivrc la piece qui tst iniitulee le Bal , et <|iie pliisieurs joiirnaux se sont empresses tie reptocluire clans Jems fcuiiles; nous ne partagcons pas cet a\is. Quclqnes vers j;racieiix (]ni se renconticnt dans cette jiiece n'empeclieiont pas la ciilique d'y si;^nalor plusieurs details commnns, qui auraient en hesoiii d'etre releves par I'exprcssion. Nous eroyons pouvoir reconimander avee jilus de raison a nos lecteurs On- dinc, le Voile, le Comoi d' Isabeaa de Bavierc, et surtont \ Oda- lisque et la Consolation d'ltne mere. Le style de ccs elej;ies est en {general pur et correct, et I'au- teur parait etre de Tccole de M. Souniet, aucjuel il offre un hommage nierite dans la piece qui onvi'e son recueil. Nous souinettrons cependant une observation critique a M. de Rcs- seguier sur ces expressions vos troubles et vos peurs (p. 107), que ricn ne nous parait motiver dans les vers suivans : Ainsi que les liouleaux tremLlent sur nos Fontaines, Vous tremlilez au Jniix bruit des louanges humaines. T'os troid'les sont charmnns , on ditqu'iis sont trompeurs; 3Ioi je ne le dis pas , et je crois a vos peurs. La Fontaine, auqucl I'auteur a empruntc I'epigraphe de celte piece, Tune des plus faibles du volume, ne lui a point donne sans doute I'exemple de ces deux mots employes au pluiicl. Nous remar(juons a cette occasion que chacune des pieces du recueil de M. de Resseguier est precedee d'une epigraphe prise a quelque autcur ancien ou moderne, ct dont le sens n'est pas toujouis bien en rapport avee le sujet aunonce. L'amitie sans doute lui a fait illusion sur le talent de quelcjucs jeunes pnetes dont il a place les noras a cote de ceux de La Fontaine , Eoileau, Massillon, Racine, Rlillevoye, Andre Chenier, Cha- teaubriand, quoiqu'ils ne jjaraissent pas destines a oblenir la niL'.ne celebrite. Une autre alliance plus hcureuse est celle que le poete a faite avee M. de Senonnes, dont les crayons gra- eieux ont fourni de jolis sujels au burin de M. Godcfroy. E. Hkreau. 210. — * Chants helleniens de TViUieni Muller. Paris , 1 828 ; Anibroise Dupont. In- 18 de laS pag. ; prix, i fr. 25 c. II n'est pas de coeur genereux (jue n'ait fait palpiter la rege- neration de la Grece ; il n'cn est pas qui n'ait admire ses nobles efforts pour secouer le joug in fame qui pesait depuis si long- tems sur cette terre classique de la civilisation et des arts. Par- mi les peuples d'Europe dont les vceux et les secours ont con- Iribue au triomphe de la sainte cause de la liberie, les Allemands ont plus peut-etre que lout autre des droits a la reconnaissance LlTTtRATURE. Sig des Hellenes. Disposes naturellement a renthousiasine, faciles a ceder aux transports d'une imagination puissantc, les nations allemandes ont repete le cri do guerre qui retentissait dans ie Peloponese; les Universites ont paye leur tribut, elles out ete decimees pour la defense de la Grece. Au milieu des poetes dont les nobles acceiis ont conlribue a echauffer le courage de leurs compalriotes, il faut distinguer IVdIielm Muller, dont les muses de la Germanic deplorent la perte prematiiree. Enleve a la fleur de I'age et dans la force de son talent, Muller a fait assez pour sa gloire dans sa patrie; il fallait le faire connaiire aussi a cette France qui aime a applaudir aux actions comme aux pa- roles genereuses , parce qu'elle saif egalement senliretexecuter. TJnanonyme a prisce soin, etsa traduction quenousannoncons, peut faire apprecier la vigueur et I'energie qui distinguoiit I'ori- ginal. Plusieursde CCS chants nous ont paru iiieriter une mention particulierc : luri d'eux, intitule La Malnolte , respire I'ardeur belliqueuse des femmes spartiatcs, et ses accens guerriers rap- pellent encore d'une maniere fort heureuse la concision pleine de nerf des Lacedemoniennes. Un autre, Constantiii Ca/taris, est empreint dii sentiment profond d'une religion noble et simple; c'est une espece d'epitaplie qui renferme en quelques mots toute la vie et les derniers voeux du lieros qu'elle rappelle. Missolon- ghi devait inspirer celui qui celeb rail le devoiimcnt a la patrie: Missolonghi a ete le sujct de trois chants de W. Muller, qui a paye egalement en beaux vers son tribut .'i la memoire de Byron. L'espace nous manque pour faire connaitre les differens mor- ceaux qui nous ont semble respirer le feu des batailles, I'enthou- siasme de la liberie, et parfois aussi de touchans regrets sur les victimes immolees a la patrie. Enfin I'auleur do cette traduction a place a la suite des poesies de Miiller quatre autrcs petites pieces de vers de mesdanies Biaclimann, Brun et de /. Mayer, qui ne deparent point cette collection. L. Dh. 211. — *Le hnrde des Fosges , recueil de poesies, par M. Pellet, d'Epinal. Paris, 1828; Erissot-Thivart. In-8° de 186 pages; prix, 3 fr. 5o c. Ce recueil est un choix de poesies de I'auteur, qui parait avoir un portefeuille aussi riclie que varie. II a ecrit principa- lement des tragedies et des odes, mais le genre lyrique est celui dans lequel il a le mieux reussi ; nous en avons pour preuve les chants dont sc compose son opuscule ; on y voit que M. Pellet a monte sa lyre au milieu des montagnes, car ses ac- cens sont fiers, audacieux, elcves et libres comme I'aiglc qui les habite; il a soin, d'ailleurs, de nous I'apprendre dans ce passage de ses inspirations : 320 LIVRKS FRANCAiS. Moi , que le cicl pla^a pi ■^s du bruit rles cascades , Qui, troinpant dcs iDorteh les regards indiscrets, Et gravissant ces roc* suspcndus en arcades, Cenl fois des Orcades Ai surpris les secrets ; Fidi'le ami dcs lieux qui m'ont vu narire, Auuchesans retour a mes lacs, luss torrens , J'y coulerai mes jours indiffeicns ; Heurcux de fuir, pen jaloux deonnailre Et le sc'jour des rois et la faveur des grauds. Cette citation donne une idiic du style do ['autour. II uoiks serait facile d'cn offrir d'autics d'lin genre plus male et plus severe, en les titant surtout de I'ode stu' les Vicissitudes dcs empires, et de eeile qui a pour titre les Tonibcs raynles dcs Plia- raons. Nous pouriions egalenient extraiie des passages graeieux on tendres , et des morceaux d'une philosophic; voltairiennc; mais I'cspace nous nianquerait, et nous preferons renvoycr nos lecteurs au recueil menie, en le leur signalant avee conliance conimc une production empreinte d'un beau talent et d'un ve- ritable patriotisme. Albert-Montemont. 2 12. — Lc Combat de Navarin , par E. Miciielet, capital ne au l^i" regimentde lignc. Peipignan , 1827 ; impriinerie d'Aii- toiiietie Tastu. In-8°. Le triomphe recent des esc:adrci conibinees anglaise, fran- caise et russe sur la flotto d'Ibrahim pacha dans le port de Navarin, devait nalurcUement inspirer a nos poetes philliel- leues plus d'une hymne a la gloire dcs braves niarins qui ont si noblement soulenu la cause de la croix centre le turban; niais notre capilalc ne leur a pas seule paye son tribut. Nos muses meridionales aussi se soiit reconnues leurs tributaires. Nous en avons pour preuvc I'espece de dithyrambc public a Pcrpignan, dont nous allons rcndre un comple soniniaire. Nous ignorons si I'auteur debute avqourd'luii dans la car- riere des Icttres, on s'il s'est deji\ recommaude par quelqucs essais. Son ouvrage nous parait, en general, manqucr de coideur locale. L'indication plus ou nioins positive de trois ou qualre des vaisseaux qui out pi is part a la bafaiile navale qu'il vent celebrer ue senible pas la caracleriser avec assez de preci- sion; et peut-etre y avait-il uu parti plus avantageux a tirei dc sa prosopopee de lord Byron , fiction poetique d'ailleuis un peu rebattuc. Nons aurions bien aussi quclques observations de detail a Uii presenter; nons i'ciigngerions, par exemple, a ne pas in- LITT^RATURE. 5ii viter les vainquciirs <^ cssiiyer leuis larnics cwcc les vtcndanls coiujuis, si quchjacs regrets suivc/U lea lionneurs accjuis, image, seloii nous, aiissi faussc que deplacee; mais nous aimons uiieiix rendrohomniage a la puiete de son style, goncralenient degage du" faux gout de I'ecole moderne; et nous applaudissons ;\ renthousiasme vrai que resjiiient plusieurs passagesdu poeaie, dont nous citerons le debut et la fin. Victoire k la triple alliance Qui de I'humanite vient de venger les droits ? Hoiineur aux soldals de la croix ! La Grece a repete ce cri de delivrance , Ce cri dont Albion , la Russie et la France , D'un accord frateniel ont salue les rois : Victoire a la triple alliance ! Les t^tes des vaincus, deplorable ruine, Vont manquer cette fois au chftteau des Sept-Tours ; Elle eclate a la £n , la justice divine! Et les barbares de nos jours , Trouvent one autre Salamine. '' Mais vous , princes Chretiens , contre uu peuple infid^le Dont on a trop souffert I'audace criminelle , Pl-dtez-vous a jamais un mutuel appui; Et si, se liguant avec lui L'elendart de Lepanle a renie sa gloire , Qu'a jamais vos drapeaux restent , comme aujourd'hui, Unis aux champs de la victoire ! P. E. R. ai3. — Chansonnier des Dames. Paris, 1828; Louis Janet, rue St.-Jacqucs, n° Sg. In-18 de 212 pages avec vignettes et 20 airs notes; prix, 3 fr. Si la gaite devait etre le caractere de la chanson , peul-etre notre siecle offrirait-il pen de chefs-d'oeuvre dans ce genre de poeme. On n'en pent douter, le serieux domine aujourd'hui dans tons les ouvrages d'imagination. La tristesse dcvient une des muses du Parnasse francais. Un des tributaires du Chan- sonnier des Dames, M. Delon, en invoquant la tristesse, s'ex- [)rime ainsi : Le beau sexe en est idolaUe : II la ddvorc dans Byron ; II court I'ajiplaudir au theatre , II court radniu'cr au salon. 522 LITRES FRANC AIS. Bicn que je n'admette point que Ic beau sexe devore la tristesse (Ions Byron, jc suisdc I'avis dc la clianson. Co ii'cst suronicnt point la muse de Lattaignant dont M. Hoff- man a rccu Ifs inspirations, lorsqu'il a compose la clianson philosophujiie infitulee La Alort, et dans laquelle on trouve ces vers : Tout meurt , tout fuit , tout s'ccroule; Tout a souffert , expire; Du sable que mon pied foule Chaque alome a respire. L'auteur du Merite desfenrmcs avail dit : Quelle poussiere, helas ! n'a point ete vivante? En faisant lannonce d'un chansonnler , j'ai cru qn'il etail per- inis de se montrcr severe envcrs des couplets dans le style se- rieux. M. Levasseur n'abusc-t-il point de la permission donnee aux poctes moderncs de gemir et de faire des doleances, lors- qu'il termine ainsi sa romance intitulee f Homme a plaindre ? Helas! helas! dans la nature emigre II n'est plus rien pour occuper mon coeur ! Apres avoir blame le ton lamentable de plusieurs pieces du Chansonnier des Dames, '^e puis donner des eloges aux autenrs qui respectent la poetiquc >. (Introduction.) L'editeur de ce roman, que Ton assure etre uu jeune ecri- vain auquel nous devons plusieurs ouvrages distingues, raconte d'une maniere fort iuteressante comment M. de Caradeuc,fa- vori des devotes de son endroit,' entreprit le pelerinage de Rome dans I'espoir d'augmenter le nombre des saints du ca- lendrier; comment, malgre ses pieuses dispositions, il devint sceptique ; commerfl, noble de vieiile souclie et eleve dans les principes du bon vieux tems, il devint partisan de I'egalile etde la liberie, et fut, a son retour, un objet de scandale pour ses ancienncs protectrices. Ceite conversion nous etonne pen ; nous en avons vu plus d'une de ce genre. M. deCaradeuc se trouva a Naples, pendant la revolution de 1820. Cest aussi a Naples et a cette epoque qu'il a place la scene de son roman. II semble que I'auteur ait donne invoion- tairement a son heros quelqnes traits desa proprepliysionomle. Urbin, due de Fosano, a etc eleve par le meticuleux marquis de Thenesay, emigre francais, dans les doctrines les plus pures des anciens jours; mais il ;e laisse seduire par les idees non- velles : la lecture de I'histoire de la revolution francaise et I'eii- (i) Nousesperons pouvoir donner dans un de nos procliains calilers une Notice sur M. Alexandre Brow ikowski , et sur ses principaux on* T rages. T. ■xxxvii. — Fei'iicr i8'i8. 34 53o LIVRES FRANQAIS. thousiasme qu'il y puis'e pour ses graruls lioinincs ; de convtr- salions avec le faoieux cure Menecliini , president d'unc vcndita ; ramour qu'il eprouve pour uue fcmnie dont le caractere est ^leve, Ics seutimens yeuereux, qui a 6le ramie d'Eleonora Fonseca, de Cirillo, de Caracciolo, ilc, (jui n'a point fie- qucnte la cour de Murat, et qui fronde celle de Ferdinand; tout cela fait d'Uibin un dt'mocrate; it devicnt carbonaro, ii prend part a la revolution de son pays , et finit par otre assnssine , a I'epoque de larestauration , par Ics lazzaroni napolitains. Tel est le sujet de ce roniau dans leqnel on rcmarqne plusienrs portraits heureusement des>-ines ; des moeurs ct des superstitions biin obscrvces, des caracteresqu'on no renroHlre qu'en Ilalie, et qui lie laissent aucun doutc sur Ic voyage de M. de Caradeuc dans ce pays; mais aussi quelques longueurs et quelqnes dis- sertations oiseuses qui disparaitront sans doute dans une nou- velle edition. H. C. aao. — Les Amours de Camocns et de Cathcrjtu: d' Ataidc ; par M'"* Gautieb^ Pari^ 1827; C. J. Trouve. a vol. in-12, ernes de deux lithographies; prix , 6 fr. a Les romans, a dit La Harpe, soat, de tons les ouvrages d'esprlt , celui dont les femmes sont le plus capables. L'amour, qui en est loujours le sujet principal, est le sentiment qn'elUs connaissent le niieux. II y a dans la passion une foule de nuances delicates et imperceptibles qu'en general elles saisisscnt mieux que nous, soit parce que l'amour a plus d'importance pour elles, soit parce que, plus interessecs a en tirer parti, cllos en observent mieux les caracteres et les effets. » La republique des letlres compte en France plus d'un auteur dont les ou- vrages ont depuis long-tems contirme cette vcrite. M"" Gautier, deja connue par son poeme de la Toinhc royalc, (voy. Rev. E/ic. , t. xxviii , p. go'i), a peint, dans la personnc de Camoens, le noble caractere du grand poete qui chanta la gloire de sa patrie, et du guerrier qui ('oajbattit pour elie; de I'uifortune qui, delaissepar son pays qu'il cht5rissait, piononca en le quittant les paroles que Cornelius Scipion lit nietire sur son tombeau : Ingratc patrie! tu n auras pas me'mc ma ccndre ; etqui, poursuivi par une decevante fatalile, vint plus tard, aprcs avoir epuise la coupe du nialheur, terminer miserable- nicnt, dans un hopital de Lisbonne, une vie oragense et per- secutee. Nous nous abstiendrons de donner I'an^alyse de cet ouvrage dont la lecture fait naitre iin interct toujours crois- sant: inspire par I'excellente et fidele traduction des Lusiadcs de M. Millie (voy./iec. Enc, t. XXVI, p. 4 16), I'auleur a groupe autour du cbantre lusitanien des personnages intercssaus dont LITTERATURE. 53 1 les uns appartiennent a I'histoire, et les autres sont de son invention. Des pieces de vers dues a la plume de M"*^ Gautier elle-meme , inserees dans ces deux volumes, ajouient au me- rite litteraire de ce roman poetique « qui a rhistoire pour fon- deraeiU et la morale pour but. » S. M. aa I. — Bntzaris et Chryse'i, el quelques heros de la Grecfr mo- derne , roman historique par M™^ Daring, traducteur de Robin Hood. Paris, 1827; Lccoiiiteet Durey. 2 vol. in-12; prix,6fr. « Ce n'est done point assez que ce pcuple perfide, De la sainte cite profanateur stupide, Ait dans tout I'Orient porte ses etendards : Et, paisible tyran de la Gr^ce abattue , Partage a notre vue IjB plus belle moitie du troiie des Cesars? O honte ! 6 de I'Europe infamie eternelle ! • J. B. Rousseau » Ode v, aux Princes chreiiens. Markos Botzaris fut un homme extraordinaire, el la Grece moderne peut I'opposer avec orgueil aux phis illustres en fans de la Grece antique. C'etait un de ces rares caracteres, forte- ment trempes d'heroisme , et que la vertu enflamine. Si Botzaris n'eut point ete sitot enleve a sa palrie, tout annonce qu'il eut exerce sur les destines de sesconcitoyens une immense influence, car il etait done d'une intelligence snperienrt; et d'un courage eclaire. Tel est le personnage qui a inspire le livre que nous au- non9ons. « Get ouvrage a ete compose, dit I'auteur, avant que les puis- sances de I'Europe fussent intervenues aupres du divan en fa- veur des Hellenes. n Les faits qu'il contient sont presque tous historiqucs; on a seulement ete force d'alterer leurs dates, afiu de les lier I'uu a t'autre, et de les presenter au lecteur dans un espace de tems limite. « J'avoue avec franchise au public , et avec reconnaissance a M. Pouqueville que j'ai pris mes materiaux dans scs ouvrnges sur la Grece, et que j'en ai ineme extrait plusieurs passages. J'ai cherche a joindre ensemble les traits les plus marquans de sou histoire , et en meme tems a les rattacher a quelqnes-uns de ses personnages principaux. Ainsi qu'un voyagcur, le lecteur peut se plaire a considerer I'esquissedeslieux qu'il a parcourus, des evenemens qui Tont^frappe, et des objets qu'il a observes, lis sont imparfaitement representes , mais ils aident a la me- moire , et son imagination colore, etend et pcrfectionne ce tableau. » 34. 5 52 LIVRES FUANflAIS. Autoiir de Bolzaris et de Clirysci sa compagne fulele , I'aii- teur a doncgroupi!' quelqucs-iins des beros dc la Grcce acUielie, avc'o les piiiicipaux ('vencmcns de ce grand drame; mais, ainsi que niadame Daiiu^lo reconiiait ello-nieme, sans s'aslreindre a la rigueiir clironuloyiqiie, sans niettie toujoiirs les honimes et les choses i^ la vraie place que leur assii^ne I'liistoiic. Cc cadre est-il hcureux ? Convientil a un sujet si recent, a des pcrson- i)at;es si connus ? La solution d'unc telle question est en ])artie subordonnee a I'interet que pcul offrir I'ouvrat^e et au murile de I'execution. Du reste, on trouvera dans ce livre, des tableaux pathetiques, des recitsattachans, tinesynipathie profonde ])oui' la gloirc et le niallu'ur. II honore a la fois Ic creur de M""^ Daring, son esprit et sa plume. C. P. 112. — Contcs Irlanclnis, precedes d'une introduction par M.P. A. DuFAU, e tornes de gravnres. Paris, 1828; Moutardier, rue Git-le-Coeur n° 4- ^ vol. in-iS; prix, 6 fr. C'est une heureuse idee que celle de recueillir ces traditions populaires et ces histoiies snperstilieiises qui, dans les contrees oil la civilisation est pen avancee encore, fornienf commc une sorte d'lieritage que se transmettent les generations. Les etres surnaturels qui figurentdans lesrecits de cctle nature « aniusent quand Us n'effrayent plus « et, eomme le dit fort bien I'auteur de rintroduction, <» apres avoir secoue le jong de ce niondc de chinieres, on aime a pouvoir sourire des terreurs supersli- tieiises ([u'cu eiit eprouvees quelques siecles auparavant. C'est la aussi un sujet d'observations que ne doit point dedaigner le veritable philosophe. 11 est curieux d'etudier ces fables a leur source, de ehercher a surprendre le notn de ces creations etranges auxquelles I'honime semble consacrer les premiers efforts de son esprit, quoiqu'ellcs n'aient pourtant d'autrc re- sultat que de rendre sa vie soucieuse et d'imposer des chaiiies a sa raison. Des recherchcs dirigees dans ce but ne sauraient etre infructueuses; il sen)ble (ju'envisager le coeur huniain sous cet aspect, c'est, pour ainsi dire, reeonnaitre le cote faible d'une place qu'on veut surprendre. « Les Contcs Iiiniidais sont assez varies et en general empreints d'ujie sorte d'originalile qui earacterise I'esprit de ce peuplc. II y cause de la multitude presque innombiabic d'editions et de conimcn- taires dont ils n'ont cesse d'etre I'objet ; les seconds , a cause de la difllculte de percer leur obscurite meme, Un travail non moins ])rc'cieux et tout- a- fait neuf qu'offre la France Ltlcrairc ^ c'est la bibliographic de tons les savans dont les. travaux souvent tres-celebres sont cousignes dans des memoires qui, n'etant jjas assez voluminenx pour former un ouvrage a part, restent caches dans les recueils academiques ou periodiqucs consacres auii sciences. Une autre mine bibliographique, aussi neuve et plus curieuse encore , etait celle des eciits composes en langue francaise, imprimes dans les pays etrangers : M. Guerard I'a oigneusement exploitee. Consideree comme bibliographig na^^ • 534 LIVRES FRANCALS. tioiiale, la France Uttcraire ne sera pas moins precieusc i I'a- mateni' do livrcs etau librairc, piiisqu'clle coinprend rcnscmble de toutoslos productions de la presse,ccrik'senlangiicfran{;aisc, dt'piiis i5oo jiisqu'a ce jour; ce qui embrasse I'indication des reiiuprossions dcs aulours fran9ais de tous les ages et des di- verses traductions en notrc langue des auteurs etrangers, an- ciens ou nioderncs; et enfin, Ics reimpressions exiccutees en France des ouvrages originaux de ces memcs auteurs elran- gers. La (orme de I'ouvrage est celle d'un dictionnaire, oii les nonis des auteurs sont classes d'apres I'ordre alphabetique ; cliaque nom est suivi de I'indication des lieux de naissance et de deces des ecrivains; vient ensuite le catalogue aiphabetiqwe des ouvrages de chacun deux. Ces catalogues, rediges avcc la simplicite que I'ordre et le bon gout conimandaient, offrent souvent des rapprocliemens tres-piquans, et sont accompagnes d'eclaircisscmens aussi agreables qu'instructifs. 11 est impossible d'eviter absolument les inexactitudes, quand on imprime une si prodigieuse quantite de noms propres etde litres; mais nous ne craignons pas d'affirmer que M. Guerard a pousse la correction aussi loin que possible, sous le rapport que nous venons d'indiquer, soil par suite de ses connaissances approfoudies en bibliographic, soil a cause du soin extreme qu'il a apportea la redaction et a I'impression de son livre. C'est ainsi, pour ne citer qu'un excmple de I'infatigable activile de M. Guerard, que la plupart des auteurs vivans ontete consiiltes touchant la redaction de leur article. — I.e dernier volume de cctte vaste collection sera rempli par I'indication des ouvrages ano^ nynies, des ouvrages periodiques et des collections, les iins et les autrcs classes alphabetiquement d'apres leur litre. Cette es- quisse du plan de M. Guerard demontre que son ouvrage est veritablement une Encyclopedic de la bibliographic francaise, et nous pensons qu'il peut tenir lieu, seul , de presque toutes les bibliographies speciales qu'il reproduit dans I'ordre qui lui est propre. Le merite de I'execution repond a I'etendue et a I'iniportance du plan. Depareils ouvrages ne saaraient etre trop encourages, puisqu'ils sont eminemment utiles , absolument inoffensifs, qu'ils exigent des sacrifices considerables et un de- voument sans bornes a la science. II faut remarquer aussi que la France litteraire offre encore un avantage special pour lesli- braires. L'auteur , verse dans le commerce de la librairie , a pris soin d'enrichir son travail de toutes les indications qui peuvcnt etre utiles a cette branche , devenue si importante, de notre commerce national. A. M. ii24. — Lettrc do M. Andrieux, de I'Academie Iraj^aise, ^ LlTTfiRATURE — BEAUX-ARTS. 555 M***, nil sujet d'un article de la Gazette universelle cle Lyon, Paris, i8a8. In 8° de 19 paijos. Remercions I'excellent professeur de ce qii'ii a prig la peine de repondre, dans une lettre pleine de sel et de i^race, aux plates calomnies dont il etait Tobjet dans la Gazette dc Lyon; non qu'il en ent aucun besoin pour lui, ni pour sa reputation. Mais il a fait de son eiinemi uue critique si fine, si gracieiise, qu'en verite elle vaiit une de scs Iccons de litterature, c'est un modele de douceur et d'urbanite. II n'y a rien a ajouter a ce qn'il dit sur son calomniateur anonyme. Ra])pelons pourtant, a propos de I'allusion que M. Andrieux fait a dom Bazilc^ la phrase que Beaiimarchais met dans labouche de Fij;aro, elle expriinera la pensee de tous les honnetes gens sur le Bazile de la Gazette. «. C'est un grand maraud que ce Bazile : heureuse- mcnt il est encore plus sot. II faut un etat, une famille, un nom , un rang, de la consistance, entin, pour faire sensation dans le monde en calomniant; mais un Bazile , il medirait qu'on ne le croirait pas. « B. J^ Beaux-^rts. 110.5- — Examen da Salon de 1827, avec cette epigraphe: « Rien n'est beau que le vrai. >' Paris, 1827 ; Roret. In-8° de 52 pages; prix, i fr. 5o cent. « Je ne sais si Ton pout continuer k donner le nom d'expo- sition publique des artistes vivans, a I'exposition actuelle, qui parait uniquement destinee a constater les decisions d'un jury secret, qui decerne ou refuse a qui bon lui sembie ce qu'il s'obstine a appeler les honneurs du Louvre. » Ce debut sembie annonccr que I'auteur est un des artistes qui ont cru avoir a se plaindre de la rigueur du jury. Au fait, les observations contenues dans ce petit ecrit decelent un peintre, et, quoique sa mauvaise humeur le rende dur et tran- chant , ses critiques sont souvent justes. Au surplus, le litre n'est pas d'accord avec le contenu. II ne fallait pas dire : Exa- men du Salon dc 1827 ; mais Examen de quelques-uns des pajrsages exposes en 1827; car c'est principalement des paysages que I'auteur s'est occupe; et puis , a I'epoque 011 il ecrivai' sa brochure, I'exposition n'etait, pour ainsi dire , pas commencee; on n'y trouve done aucun des principaux ouvrages qui ont reellement paru '?. cette exposition. 226. — Esquisses , croquis , pochades , ou tout ce que Ton vaudra, snr le Salon de 1827; par A. Jal. Paris, 1828; Amb. Dupont. Trois livraisons in-8'', formant 400 p., avec des dessins lithographies ; deux ont deja paru ; prix de la livr. , 3 fr. 5o c. 536 LIVRES FRANCALS. Jo nc puis niioux fairo, pom* cloniicr iino idee juste de cct ouvrage, dont le litre est deja jiassai)leuienl buiiefquc, que de rapportcr ce que M. Jal dit, dans sa preface en Ibrnie de letlrc. «Des apcr^ us , desebauches, des cbapitres detacbes, point de plan suivi. Diversite, c'est si bon ! Ici, un dialogue; la, unc scene; plus loin, un article bioL^raplucjiie ou une discussion scritW Burnouf. Cinquieme livraison; Paris, 1828; Geringer, rue du Roule, n° i5; un caliier in-folio. Prix de la livraison, i5 fr. ( Voy. ci-dessus p. 23i. ) Cette livraison contient , entre autres siijets curieux , le por- trait et la vie d'lin Hindou, que ses mallieurs et son devou- ment a la cause des Francais , pendant uos guerres avec les Anglais dans rindc,rendenttres-interesaant. Son pere, fournis- BEAUX-ARTS. 537 scur gi'-neral dcs troupes francaises sous Laliy, etaif uu de ces lioiiiines d'action coniuie il ue s'en trouve que rarement dans I'ludf. Enferme dans Candjovaram assitige |)ar les Anglais, ct nianquant tie munitions , il fit cliaiger ses canons avec des rou- leaux do roupios. Nous a vons distingue aussi une danse de Baya- ileres, composce avec beancoup de gout. M. Marlet a donne a cette livraiso!) les inenies soiiis tju'aux precedenles, et on ne pent qu'en feiiciter les editeuis. Deu.x. sujets sont destines a faire connaitre les troupes celebres , connues sous letnom do Malirattes et Radjpoutes. Les notices de M. E. Burnouf nous ont paru d'un grand interet. An lieu de s'arreter a dt'crirc des particularites de costumes que !a planche meme explique suf- lisammcnt , il s'est attache a rassenibler, dans Tespacc peu ctendu qui lui est accorde, le plus grand nombre de fails pos- sible; et il a suitout choisi ceii.v qui peiivent satisfaire les liommes curicux de connaitie les moeurs des peuplcs eloignes. a. 228. — * Deux Annees a Constantinople ct en Moree (iSsS — iiSaGi, ou Esrjtiisses hisloriqiics aur Malunoiid , les janissaires, les nouvelles troupes, Ibrahim-Paclia , Soliman-Cey; par M. C... D... , eleve interprete du roi a Constanlinople; orne d'un clioix de costumes orientaux soigneusement coiories , et lithographies par M. Collin, eleve de Girodet. Paris, 1827; Nepveu. Grand in-8" avec planches; piix, 3o fr. C'est une idee heureuse , et dont il faut loner I'auteur et I'e- diteur, que d'avoir public, dans les circonstances actuelles, des documens sur le noiivel etat des troupes turques , et snr rinfluence qu'a deja pu exercer le systeme adopte par le sultan. Quelque opinion qu'on embrasse sur Tissue dfs evenemens, ces renseignemens sont d'une incontestable iililite, et ils ne peuvent manquer d'exciter ce genre d'intrret qui s'atiache a tout ce qui jette quelque jour sur une aiissi grande et aussi imporianle question que la liitle des Turcs et des Grecs. Si I'Europe restc en paix avec la Turquie , cette luttc se prolon- gera long-tems encore, et une des consequences immediates de cet evenement sera de monlrcr aux IMusuinians la superio- lite de la tactique europeenne sur la leur , et d'augmenter dans leur chef ce besoin d'innovalions auqnel il a deja ose sacrifier les janissaires. D'un autre cole, si une ou plusieurs puissances europeennes declarent la guerre a la Tur(]uie, il est encore curieux de connaitre ses moyens de defense , et d'apprecier an juste ce qu'elle a pu gagner par I'adoption des nouvelles mesures. En fin , sans s'elever a des considerations politiques, on doit desirer de reeueillir des details exacts sur I'etat inte- 558 LIVRES FRANC ATS. rieur d'lin peiiple, qui attircra sansdoiile encore long-tems Ics regards de I'Europc. Le livre do M. C. D. a de qnoi satisfaire la curiositr la plus exi^-jeante; sous unc forme concise, il con- fient dcs f;iils nomhreux et nouveaiix. Il faiit lire surtout de- piiis lo chapirre vm jiisqu'aii cliapiire xvii; c'cst la partie la jtliis interessanle de rouvrage.Toiit eo qui est relatif an granil- scignenr , nu massacre des janissaires, a I'organisation des noiivelles troiipeS) y est expose avec clartc et methode. Dans les dernicrs cliapilres, les Turcs sont consideres dans leurs guerres avec les Grccs , et I'inleret de ce svijet passe dans le recit de M. C. D. An milieu des horrenrs qui de part et d'autre ont cnsanglante cetle terrible lutle, I'auteur embrasse toujours la cause de la justice; il aime a raconter les nobles actions, et il y a entre autres quelque chose d'honorable dans le soin qu'il prend de rapporter les fails qui peuvent meriter encore au rcnegat Selves I'estime de ses compatriotes. M. C. D. a ete vivemeni emu des spectacles qu'il avail sous les yeux, et il les a reproduits avec chaleur. Grace a son talent, et aux facilites que lui donnait son nom , que nous ne reveleions pas puis- qu'il a vouUi le taire, il a fait un livre interessant et vrai. E. B. 229. — Pcrspectwc a C usage des gens da nionde , cnscignee en pen dc tcins ; suivic d'un Birtionnaire de pcintiire , a I'aide du- quel on pent apprendre soi-meme a connaitre !e merite d'un tableau, la mnniere d'un maitre, I'art de la composition, du dessin, du coloris, etc. ; oitvrage traduit de \ anglais sur la dixieme edition , par M. Bulos. Paris, 1827; Audin. In-12, de 478 pages, avec 3 planches; prix , 5 fr. Si les gens du mnnde prenaient un jour de I'humeur centre les ecrivaius qui se chargent de leur instruction, ils scraient tout au moins excusnblcs. On pretend epargner leur lems et leurs peines; mais, dans la rcalite, ils apprennent encore moins que ne le comportent la duree de leurs etudes et les efforts qu'ils ont faits. Nous le disons a regret, en depit de nous: (piel que soil I'auteur de eet ouvrage, il n'a pas atteint son but ; il ne formera ni dessinateurs, ni peinlres, ni connaisseurs. Les gens du monde qui voudront acquerir des talens on des con- naissances, n'ont rien de mieiix , rien autre chose a faire que de suivrelesvoiesordinaires;iln'y en a point qui soient a leur usage particulier, et ceiles qui sont designees comme telles n'abou- tissent qu'a un faux savoir qui , pour eux comme pour les autres honunes, est un ridicule de plus. Ces voies ordinaires de I'in- struction que Ton fiiit avec tant de soin , et dont on s'efforce de dctourner ceux que la necessite ne force point a les suivre, ne BEA.UX-ARTS. S^y sont pas aussi fatigantos qii'on le dit, ni rebiifantes par lacon- tinuite des efforts qu'elles imposent : de precieuses compensa- tions en adoucissent les peines , Ics font ociblier , rcchercher , regrettcr, lorsqu'on ne Ics e|)rouve plus. Qui ne se soiivient avcc delices du terns ou son intelligence se developpait par la saliitaire influence d'une instruction reelie, profonde, pene- trante ? Celte epoque de la vie est aussi cclle ou des amities du- rables et genereuses unissent des condisciples , preparent at rescrvent pour I'agc nun- des conseillcrs desintoresses, des sou- ticns dans la carriere de la vertu, des consolateurs dans I'in- fortune. La vicillesse meme sourit an souvenir de ce terns des pins pures jouissances intellectuelles ct morales. Poitrquoi done n'y pas appeler les gens du moride , aussi bien que ceux aux- qiicls on n'applique pas cetle denomination ? Nous I'avouons sans peine ; ccs reflexions, qui nous ont delournes del'ouvrage dontnous avions a rendre compte, nous empechent d'y reve- nir. Aussi bien, que pourrions - nous en dire , sinon qu'il ne faut point y chercher ce que le titre annonce , et qu'il ne rcn- dra ni plus savans , ni mciileurs juges en peinture, ceux qui I'anront hi avec le plus d'attcntion? Y. 23 c. — /4rt (le peindre a I' aquarelle , enseigne en vingt- huitlecons; traduit de I'anglais de Thmiias Smith. Paris, 1828; Audot; Alphonse Giroux. In 4° oblong, avec des planches coloriees; prix, i5 fr. Dans ces vingt-huit lecons , I'auteur passe en revue les differentes manieics de peindre a I'aejuarelle ; il expose les regies particulieres achacune d'elles, et donne plusieurs moyens ingenieux pour surmonter les diffic'.ltes que presente ce genre dc dessin. Get ouvrage meritc un accucil favorable de la part des nonibreux amateurs d'un des plus agreables delassemens que puisse offrir la culture des beaux-arts. L. R. 23 I. — * Jsographie des Homines celebres , ou Collection de Facsimile de iettres aiUographes et de signatures, etc.; 7«, S"" et 9" livraisons. Paris, 1827 — 1828; Bernard etDelarue, rue Wotre-Damc-des-Victoircs, n. 16; trois caliiers in-4°j prix de la livraison, 5 fr. Noiis avons annonce les six premieres livraisons de cet ou- vrage; I'interet s'accroit par le choix des hommos celebres dont il nous donne les autograplies. ( Voy. Rev. Enc.y torn, xxxvi , pag. 469. ) Les editeurs , pour satisfaire tons les gouts et tons les genres de curiosite, ont fait un melange piquant des noms anciens et modernes, et des celebrites les plus opposees. Nous ne citeronspas les soixante-douze signatures dont se composent ces trois livraisons. Nous nous contcnterons de desij;ner les noms les plus marqiians, parmi losqucls se tiouvent vy«/}o/, la reinc 5/,o LIVRES FRANCAIS. Elhabctli, rillustre Fencton, V Aihcu\ Fouquier lun-il/e ilcmaiV' (laiit line place ct offiant ties renseij^neiueiis siir sa jMobite. All milieu clos lettres tie Gaisciuti, de Lrib/iitz , de Luff on , do Malhcrhe , de Mt'Uisiasr, de ff^incficlman , du president Achille etc Harlay , s'cn troiive iinc de Joseph Lcbon i\u\ ecrit i'l un de- tenu qii'on liii fera voir qu'il n'y a point dhomnte nccessairc dans une repuLlique. Nous avons reniaique la lettie qui est eciite en coiunnin par Henri II et Diane de Poiliers. Les edi- teurs nousdonneiU nn placet que Ton croit elre de la main du Moliere; il est faclieux que Ton n'ait pas de certitude a cet egard. On ne pent qu'engaj^er les editeurs a continuer celte collection avec lenume zelc et la nienic exactitude. D. RI. Mcinoircs ct Rapports de Socictes savaiites. 232. — * Journal de la Societe d! emulation da dcpartement des Vosges. Cahier Viet VII. Epinal, 1827. In-80. Le sixieme cahier termine le premier volume de cet interes- santrecueil , consacre a Tagriculture, a reconomie domestique et a rarclieolo^^ie, et redii;e avec le plus grand soin sous la di- rection de M. le professeurPARisOT. On remarqiic dansce si,\ieme cahier un tres-bon article de fli. MAXHiEusur I'asphy.xieet sur les seconrs a donner en pareil cas; ties preceptes sur I'eni- ploi du platre en agriculture, sur la mcleorisation des herbi- vores, etc. etc. Nous avons distingue plus particulicrement uu travail sur les antiquites decouvertes a Lamerey, par MM. Mes- cHiN et JoLLOis. La prt;sencc de ce savant avail donne une im- pulsion extraordinaire aux travaux de I'ancicnne connnission d'Epinal. Cette commission n'existe plus; mais le departement des Vosges a prouve qu'on pent bien licencier les corps savans sans licencier le savoir. Reaucoup d'honnnes instruits ont con- tinue les investigations de M. Jollois ; et , privtis tli^-sorniais de son assistance, ils pnblient aujourd'hui des extraits de ses mc- moires. Sans nous arreter a ce (jiii conoerne les bains de Lame- rey, nous citcrons un autcl a quatre faces , cpii porte sur chacnnc d'elles une divinite gauloise. On etal)lit ingt'nieiisement, et dc nianiere aconvaincre, queces diviniles sont Hercule, Diane Ar- duine, Vtjnus, et la Minerve a laquelle nos aneclres avaicnt donne le nom de Belisana. Ces conjtctures prennent de !a con- sistance-, si Ton compare les reliefs aux figures de Montfaiicon et de D. Mangin- La Diane Arduine et la \ enus, plus mutilees (jue les autres , ne sont reeonnaissables qu'a I'aidfe des aeces- soires. Des vestiges de route romaine, dtjcouverts pres de La- nierey, par M. Magin , donnent a penser que Lamerey se trou- vait place sur une communication de la Saone a la Moselle. Le srptieme cahier n'a pas moins d'inleret pour les antiquairesi i MEMOIRES ET RAPPORTS. — OUV. PER. 5/, i il y est queslion des memoiables antiquites du Donon, dans uu t-xtrait d'un memoire du savant M.Gravier, qui resume tout ce que I'on a accumulc- depnis D. Aillol et D. Calmet, pour conslater I'etat des monumens de cette montagne celebie. Mont- faucoii, Schoeplin et D. Martin s'en sont occupes; et , plus le- cemment, M. Schweij^dijeuser en a fait I'objet de plusieurs me- moires. Nous icgietlctons loujouis qu'iis n'aient point eto publics : c'etait le voeu de I'lustitut; niais iin fatal statu quo en a paralyse I'effet. II frappe les recherches, et ne prole;^e point les monumens qui dispaiaissent tons les jours de notrtr sol. Un plan topographique du Donon , lorsque D. Aillot le vi- sita en 1691, tend ;\ prouver avec quelle rapidite la destruction s'empare de ces precicux debris. — Lapoesien'est pas negli;^ee dans le departcment des Vosges; on a imprime dans le si-xieme cahier une Ode siir les revolutions des Empires, qui eut des eioges , en i8i 1, dans la plupart des feuilles publiques, et dont M. de Boufflers rendit un compte tres-favorable dans le Mcr- cure. M. Pellet, son auteur, a encore publie un morceau iy- rique sur les Tombes royalcs des Pharaons. Nous citerons ega- lement une fable charmante, imitee de I'allemand 5 elle est intitulee : I' Amour, la Pudeur ct C Amitic. C'est I'ouvrage d'un sous-oflicier du S"^ regiment de hussards, en garnison a Epinal. Les vers de M. Martel sont elegans et faciles , etse distinguent par une extreme purete ct une grande proprietc d'expression. M. le professeur Parisot a termine ce caliicr par la meteorologie du departement des Vosges, suivi d'un tableau pour 1826. Nous lie devons pas omelirc que ce memoirc sur Lamerey se trouve complete dans ce cahier par la publication du catalogue des medailles en argent qui y ontete decouvertes; mais on n'a pas songe a doniser assez de details sur les revers. Le i''"' Jan- vier 1827 , le nombre total des medailles d'argent, extraites du sol de Lamerey, s'l'levait a 972, parmi lesquelles on en a reconn .'* qui manquaient au Cabinet du Roi : elles lui ont ete envoyees. Les eaux de Saint- Vallier sont analysees par une commission dont le rapport est place en tete du scptieme cahier. II en pa- rait un tons les troismois. Le prix d'abonnement, tres-mediocre, n'est que de 6 fr. pour I'annee. P. de Golbery. Oucrages periodiques. 233. — * U Ami des champs , journal d'agricullure, de bo- tanique, et bulletin litteraire du departcment de la Girondc. Janvier 1828. Bordeaux, la Guillotiere, rue du Grand-Caii- cera, n° 17. Parait par livraisons mensuelles de 3 feuilles d'im- prcssion; piix, 10 fr. par annee. 54a OUV. PliR.— LIV. EN LANGUES I^LTRANGERES Ce ic'cueil existe depuis pliisicurs anncos, et son siicces n'a pas (ite equivoque. Sa plus iniportaiitc (iestinatiori est iin sage enseignoniciit do la culture dcs Icttres; aussi, rc.\j)l()itation ru- lale remplit une paitic de ses articles. Les cultures speciales y tienneiit une place remarciuable, et riiorliculture u'y est point oubliec. Tous les arts, toutes les sciences qui so rapjiortcnt a I'a^riculture et a lecouomic dcs champs, concourent a don- ner de rinlerol a cc rccueil , et les ouvrages sur I'arl vete- rinaire, sur la botanique en general, ct sur la botanique me- dicalc, y sont soigiieusement annonces. L' Ami (les chumps rend un compte exact et regulier dcs seances dcs academies et des socieLes savantes de Bordeaux, parmi lesquclles on distingue la Societe Unnccnne et la So- ciete philomatique. Son Bulletin litteraire, quoique fort abrege , est fait avec soin , et public quelquefois des murceaux de poesio interessaus. R. Lii'res en langues etrangeres, iwprirnes en France. 234. — * Noiwcau dictionnaire de pochc , francais-onglais , el anglais-fraiicais . contenant tous les mots jg'cneralcment en usage et autorises par les meillcurs auteurs, ainsi que I'accent des mots anglais, les preterits ct les participes passifs des verbes anglais irreguliers; le genre des noms francais, les termes de marine et d'art militairc, avec un dictionnaire mylhologiquc ct liistoriqup, et un dictionnaire geographique; par Th. Nugent, nouvelle edition eiitierement revue et corrigee sur les diction- naires de Lai'eaux, dc Lei'izac , de Boniface, etc., d'apres I'edition publico a Londres par Ouiskau. 19™^ edition, premier tirage stereotype. Paris, 1827; Baudry, rue du Coq-St.-Honore n° 9, 1 vol. in-i8 broches en un seul ; Dictionnaire francais-an- glais de u8o pag. , et anglais-francais de 342 pag. ; prix, 5 fr. Si quelque chose jicut motiver I'eloge d'un ouvrage, et sur- tout d'un dictionnaire, c'est le nonibre d'editions qui en ont paru, car on n'achete que les livres utiles et Ics meillcurs dans chaque geni'e. Dix-muf editions du Dictionnaire de pochc de M. Nugent ont constate la bonte de cettc jjroduction, et ics edi- teurs, afin de lui obtenir et de lui conserver une correction par- faite, ont pris le parti de la faire stereotyper. C'est le j)ren)ier tirage stereotype qui forme cettedix neuvit^me edition. II paralt que ricn n'a etc neglige pour la rendrc aussi complete qu'il est possible; aucunc expression usuclle n'a etc omise, et les carac- teres, malgre Icur finesse, ont une netlete qui en rend la lecture LMPRIMES EN FRANCE. 543 facile. Nous ne coiinaissons pas de dictionnairc de poche que nous puissions recommandor avcc plus de confiance. R. 235. — * Obras literarias, etc. — OEuvres littcraires de don Francois Martinez de la Rosa. T. III. Paris, 1827 ; J. Didot, rue du Pont-de-Lodi, n" fi; Bossange pere. In-^12; prix, 5 fr. [Yoj.Rcv. Enc. t. XXXV, pag. 2i3, I'aniionce du 1" vol. ) Ce Iroisieme volume conticiit les morceaux suivans : 1° Le poenic sur le siege de Smrigosse. — Pou de tenis apres la reddition de celte ville, en 1809, un concours propose par le gouvctnjment invita les poetes nationanx a celebrer i'Jie- roisme des Arragonais, qui, dans une ville tout-a-fait ouverte , sans compter sur la protection do ses reniparts, et sans ecou- ter d'autres conseils que ceux du patriotisme et du courage, avaient ose braver la plus forte puissance mi'.itairc des terns moderncs. M. Martinez de la Rosa, jcune cricore alors, n'en cprouva que plus vivement le desir de chanter les actions glo- rieuses qui onl immortalise la courageuse resistance de ses compatriotes. On est fonde a croire que son j)oeme aurait rem^ porte les honneurs du concours; car des juges aussi competHiis que don Caspar Mclchor de Jovellanos , et dnn Manuel Jose Quintana , etaient hien de(;ides a lui accorder leurs suffrages: mais des circonstances qu'il scrait inutile di- rapportcr ici a5'ant enipeche que le prix fiit decerne, i'auteur fit imprimer pour la premiere fois son poeme en 181 1 , a Londres, lors du voyage qu'il fit dans cette ville. 2° La viuda (la veuve) de Padilla , tragedie. — L'hisloire d'Espagne offre, sous le regne de Charles I'''" (lempercur Charles-Quint), une de ces epoques niemorables, dont I'in- fluence sur I'avenir des peuples est decisive, et pendant la- quelle les Castilians montrerent le plus grand enthousiasmc pour la defense de leurs dioits politiques. IMoins lieureu\' ce- pcndant que d'autres nations, ils succomberent dans les com- bats qu'ils cui%nt a livrer conire les enneniis de leurs libe: tes; et la fortune qui joue un si grand role dans toutes les affaires de ce monde, et qui ne favorisc pas toujours la cause de la justice, ayant irahi leur courage, ils furent asservis au mo- ment meme oil ils deployaieni le plus d'ardeur pom' leur noble cause. Ce fut un grand malheur pour I'Espagne, et ce mallieur ne fut pas moins grand pour le souveraiu qui ne saurait j luiais separer ses interets de ceux du peuple sans eprouver des pertes reelles de pouvoir, de grandeur et de consideration. C'est de cette epoque que date, en Espagne, ranean!issenient progrcssif de toute influence des assemblees politiques. L'ivresse du triomphc ayant fait oublicr au gouverneraent tout respect pour 544 LIVRES EN LANGUES ETRANGERES les ancicnnes lois, et meconnaitre les conseils tie la sagesse, h; pouvoir niarcha tcte lever, ct sansaiiciin menat;emcnt, vers line doininationillimitecet affrnncliiedc tout con I role. Lc Icndemaiji delabatailledeViilalar, !(!s chefs do rarnieodes cuiuiimnautcs ilc Cnstillc, Jean (lc Padilln , ))Oiir Tolede; Jean Brovo , pour Se- ^ovie; et Francois Mnldonailo , ])oar Salamanque, etant toni - bes entrc les mains resen- tait souvent a eux, tenant dans ses bras son 61s encore enfant , et les conjurant de venger la mort de son pere, immole pour avoir combattu en faveiir de leurs droits. Les efforts de la veuve de Padilla furent heroiques; mais Tolede , malf,M-e la plus belle defense, dut oiivrir cnlin ses portes a Tarmee royale. La veuve de Padilla fut assez heureuse pour echapper k I'echafaud, et trouva un refuge en Portugal. II serait a desirer que celte interessante periode de I'histoire d'Espagne exercat la plume d'un historien eclaire el impartial; ear les chroniquenrsespagnols auxquels nous devons a la verite la conservation de precieuxdocunienssurcetteepoqueont borne la tons leurs soins. On annonce comma devant paraitre sous peu un travail relalif a cette partie inlercssante de I'histoire de Caslille; nous souhaitons viveipent que le merite de I'execn- tion reponde a rimportanee du snjet. * L'expose rapide que nous venons de tracer suflit pour de- niontrer (pic la courageuse resistance de Tolede sous les ordn s de la veuve de Padilla est un fait eminemment propre a ctre represenle sur la scene tragique. Mais combien ne devait-il pas emouvoir un peuple qui se trouvait dans des circonstancrs analogues, comme celui de Cadix en i8i i , assiege depuis deiix ans par une armee enncmie, exalte par ses sentimens palrio- ti'.pies, et oecupe dans ce moment dangereux de changcmens rssentiels dans les lois du royaume. M. Martinez de la Rosa cut I'hemeuse idee de trailer ce sujet national et de le revetir des J)riUantes couleurs d'ime versification elegante et harmonieuse. r IMPRIMES EN FRANCE. 545 Le succes fiit des plus complets, Uue circonstance vint encore ajouter a renthoiisiasme et a I'exaltation des csprits pendant lamise en scene de la nouvelletragedie , qu'il fallut representer dans une salle batie a la hatchors de la portee du canon enne- mi.les bombes lancees siir la place ayant failli, quelqiies jours auparavant, faire du theatre de Cadix un monceau de ruines. La Viuda de Padilla fut representee plus tard a Madrid, apres que les troupes francaises curent abandonne cette capitate. Elle y Alt imprimee en i8i4. Un jibrege liistorique sur I'insurrection des villes de la Cas- tille , necessaire pour bien faire sentir les intentions et les beau- tes de I'ouvrage, precede la Iragedie : il est ecrit avec la faci- lite et I'elegance qui distinguent toutes les productions de M. Martinez de La Rosa. 3° La Niiia en casa y la Madre en la mascaro , comedie. — L'auteur se propose dans cette piece le but tres-moral de cor- riger le travers des meres, a qui le gout de la dissipation et le desir de plaire font voir dans leurs lilies des temoins irrecu- sables et incommodes de leur age ; il>y fronde le coupable oubli des meres coquettes et legeres, qui, pendant qu'elles courent les bals et les societes, laissent leurs filles a la maison, exposant ainsi leur innocence et leur bonheur a d'imminens dangers. C'est cette comedie qui a fourni le sujet on plutot I'idee du joli vaudeville la Mere au halet lafille a la maison, qu'on joue de- puis long-temps a la rue de Chartrcs avec un succes toujours soutenu. » Muriel. T. xxxvii. — Fevrier 1828. 35 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. Boston. — Droits siir I' importation ties etoffes aiix Etats- Unis. — Apres de lon^ues (It-libc'rations, les fabricans d'ctoffes de laine dans I'etat de Massachusetts ont lesolu de presenter an congres iin memoire ou ils dcmandent que les droits d'impor- tation dcs etoffes etrangeres soicnt angmentes, afin qu'ils soient en etat de soutenir la concurrence, ct que les fabriques natio- nales ne soient point condamnees a un funeste abandon. Comme leur memoire est la conclusion d'nne deliberation de plusieurs niois, publiee dans les jotu-naux , et sur laquelle on a consulte les eitoyens les plus eclairos, on ne peul I'apprecier qu'apres im examen tres-approfondi, en ayant sous les yeux les fails et les discussions de I'assemblee des fabricans de Massachusetts. Ces discussions sont une enquele faile de bonne foi, dans la- quelle le sentiment de rinterel prive n'affaiblit point le senti- ment de la patrie , ni celui des iulerets de I'humanite. En cherchant la verite avec celte disposition d'esprif et celte droi- ture d'intention, on s'en approche au moins , si Ton ne pent encore y arriver. li est a desirer que I'oti reunisse tout ce que Ton a ecrit sur les manufactures des Etats-Unis, sur les moycns de les faire prosperer, sur I'influence qu'elles auront tot ou tard, et dont la republique eprouvera les effets, au dehors et au dedans. On formcrait de ces documens epars un ouvrage ties-instructif , non-seulcmont pour TAmerique , mais pour I'Europe; car les objets y seraient consideres sous un aspect dont VEurope ne pent faire naitre I'idee. Cet ouvrage pontetrc fait en Europe ou en Amerique : pour les interets de I'instruc- tion generale, il serait peut-etie a desirer qu'im publicistc eu- ropeen se chargcat de cette redaction. NEW-YoRii. — Nouveau Journal intitule : le Courier clei Etats- Unis, journal francais, politique et Htteraire. — Un de nos compatriotes, devenu citoyen des Etats-Unis, se dispose h pu- blier cc nouveau recucil periodique, destine <^ faire connaitre ETATS-UNIS— ANTILLES. 547 i'Ameiique i rEuiope et rEutope a rAmeiiqiie. II a concu i'ambition de pcnetrer dans tons Ics lieux ou les ouvrages fran- ^ais trouvent des lecteiirs , ce qui liii iniposcra une sage reserve dans I'exposition des fails et des doctrines; car il rencontrera dansplusieurs de ces lieux, non-seulement la connaissance de notre langue, niais des opinions, des inaximes d'etat, des forces trop superieures a I'ascendant du journal le plus accredite, et qu'il serait imprudent de provoquer. Le redacteur se propose de ne rien onicttre de ce qui peut exciter la curiosite et propa- ger les connaissances dans les deux mondes; son plan renferme tout ce qu'il peut etre utile ou interessant de savoir. L'immen-, site des materiaux entre lesquels il devra faire no choix I'em- barrassera, sans doute, plus d'une fois; mais enfin, il faut clioi- sir; et, si Ton est contitamment dirige par I'amour du bon, de riionnete, de ce qui merite etobtient Teslime des gens debien, on ne sera point expose ji la desapprobation publique pour aucun des articles que Ton aura publies. Le Courier des Etats- Unis paraitra le samedi soir, format in-/l°,sur beau papier de la plus grande dimension qui soit employee pour les journaux des Etats -Unis. Le caractere sera petit texte ; I'intention du redacteur est que sa feuille soit aussi pleine qu'il sera possible, et qu'ellese recommande par I'abon- dance et la variete des matieres. Le prix de Tabonnemenl est de 8 dollars, par an , ( environ 42 fr. ) , payables par semestre. On soiisrrit a New-York, au Bureau du Courier des Etats-Unis , n° 55 , Jf all street. Nous nous felicitous d'avance de I'apparition de ce nou- veau journal. La France y tiendra cerlainement une place remarquable, et par sa littcrature, et par sa politique. Nous ne doutons point nou plus que cette publication n'offre un noiiveau niodele de tolerance religieuse et politique, d'indul- gence morale, de cette sage reserve qui est une vcrtu, memo dans les pays Hbres. La Revue Encyclopedique et le Courier des Etats - Unis parcourent la meme carriere , et se rencontreront toujours avec satisfaction. Y. ANTILLES. Tremblemens de terre (i). — Dans le cours des six der- niers mois de I'aanee qui vient de s'ecouler, les tremble- ( I ) Cette note a ete communiquee a rAcademie des Sciences, dans «a soance du 4 fevrier 1818. 35. 548 ANTILLES. mens dc tcrre se soiU miiltipru-s extiaordinaircmcnt aux Antilles. Outre cehii dii 3 jnin, dont il a etc rnidii compte a rAcademie, il y en a eu neuf, depuis la (in de jiiillet jusqu'an milieu de dtccmbre dernier. La date precise dc ces phenomenes pouvant jcler quelques lumieres sur la direction des commotions souterraincs et snr la rapidite de leur propagation, il est utile d'en indicpier I'epoque precise. Lc premier trcmblemcnt dc terro eprouvc, en 1827, a la Martiiiiquc, a eu lieu le ?> juin, a 2 heurcs du matin; le se- cond, le 2/, jiiillet, a 5 heurcs /|5 minutes apresmidi : ces deux secousses out etc Ires-fortes; le troisicme, ledimanclie 5 aout, i\ 10 lieures 3o minutes du matin , lorsque la plus e;randc partie de la population etait rasscmblec dans les eglises; ce qui a augmente lc tumulte et la tcrreur. Le desastre de Caracas etait arrive dans unc occurrence semblable, et son souvenir con- tribuait a accroitre I'epouvante. Le quatrieme s'est fait ressentir, le 25 septembte, a 5 heurcs 3o minutes du matin; le ciiiquieme , le 27, ii 4 heures 3o mi- nutes du matin; le sixiemc, le 2 octobre, a 4 heures apres niidi; loseptieme, le 3o novembre, a 2 heurcs 45 minutes du matin; le liuiliemc, le 1^'' diicembre, a 10 heures du matin; le neuvieme, le meme jour, a 5 heures i5 minutes apres midi; enfin, le dixieme, le 8 dccembre, a 5 heurcs 20 minutes du matin. Les trois derniers ont etc formes d'un mouvemcnt ondula- toire du sol, faible et lent; mais le tremblement de terre liu 3o novembre, avant le joui', a ete singuliereniont violent et prolonge. La moindre estimation de sa durec la pnrte a 5o se- condes; on assure qu'on n'en a point eprouve d'aussi fort et d'aussiprolonge depuis 70 ans. Iln'a point produitd'autrcs acci- dens, par ses effets imniedials, que d'ebranler et de lezardfi' quelques edifices; mais I'effroi qu'il a cause a fait abandonner les maisons avec une telle precipitation qu'il en est resulie plusieurs malheurs. Des leltres de la Guadeloupe font connaitre que ce trem- blement de terre a ete eprouve dans cette ile , a environ 35 lieues, an nord-ouest de la Martinique, avec une violence non moins grande, mais im quart d'heure plus tard, s'il etait possible de croire a I'exactitude rigourcuse des heures indi- quees par la correspondance du Fort-Royal et ccUe de la Pointe h Pitre. L'opinion commune aux Antilles que ces phenomenes ne sont point etrangers a I'etat de I'atmosphere s'est appuyee de ANTILLES.— AFRIQUE. 5/; 9 jiouvcaux indices. On a remarquc que la pliiie avail commence a tomber, immediatemcnt apres que la terre avail tremble, et Ton a si constamment observe cette coincidence singuliere que pliisieurs persounes inclinent maintcnant a ne point I'atti ibuer an hasard. A. Moreau nE JoxNis. Haiti. — Etablissemeiit du jury. — L'art. 199 de la consti- tution d'll.iiiti est ainsi concu : u Lc pouvoir lei;islatif pourra elablir la procedure par jury, en niatiere criminellc. » En effel , le Code d'instruction criminelie, qui a ete public au commen- cement de 1827, et mis en vigueur le 1^^ fevricr, a institue le jury' dans cette republique. C'est le i5 novembre 1827 qu'a eu lieu I'ouverlure des assises, au Port-au-Piince, dans le pa- laisde justice qui avail etc restaure et rendu plus vaste ponr cet objet. Avant Taudience, le lirage au sort de douze jures s'etait opere dans la chambre du conseil, en presence de I'ac- cuse assiste de sou defenseur. Nous avons sous les yeux les '^ttn^ discours jirononccs dans la solennite de I'installation du jury (i), par M. le doyen du tribunal criminel et M. le com- missaire du gouvcrnemcnt, et ils prouvent que les verilables principes de legislation criminelie et de civilisation ont j)ris ,iussi racine dans la repubiique d'Haiiti, et qu'ils y ont Irouve des organes digues de les proclamer et de les defendre. Nous ne connaissons pns le nouveau Code d'instruciion criminelie; niais nous avons lieu de le croire en grande partie conforme au notre. Des qu'il nous sera parvenu, nous en exposerons som- inairement les principaics dispositions a nos lecteurs, corame nous I'avons fait pour le Code civil de la meme republique. (Voy. Rev. Enc, t, XXXIIi;, p. 8/,2.) A. T. AFRIQUE. Senegal. — Saint-Louis, — Esclcwage des negres dans I'eta- blissemcnt francais. — Voici quelques cxtrails d'une Lettre d'un jeune instituteur qu'un zele philantropique, ou, pour mieux dire, ime veritable charite chretienne a conduit en Afrique pour y propager I'lnslruclion parmi les negres. Ce jeune homme rend compte a ses parens ( honnetes et laborieux habitans de Liancourl ) de I'emploi qu'il a fait de ses epargnes. " Ce que j'aurais pu epargner a servi a delivrer deux malheu- ("i) On pent voir les details de cette isolennite et lire les discours auxcfuels elle a donne lieu, dans le Monlteur ( n" du a5 fevrier iSaSj. 55o /VfillQUE. reux captifs detenus dans les fers, I'lin depuis deux ans et I'aiitre depuis ncul raois: ce dernier se nomme Saer, etl'aiitre Dhiainbo. Saer est fils d'uno veuve, son pays est a 200 lietics de Saint- Louis du Senegal, ou nous souunes etablis. C'est un negre d'un caractere tres-doux, d'uue faniille dc marabous ( pretr(;s du pays ), et sacliant rcrire I'arabe. II fVit pris dans uue guerre et conduit a Saint-Louis, ou on le vendit commc csclave, au di- recteur de I'ecolc. Depuis long-tenis je le voyais trainer ses fers dans la cour de I'ecole; et, dans la saison de Janvier ou il fait froid , le soir, la nuit, et surtout le matin, il etaitnu ct exeitait la compassion. Je lui donnai un pagne de toile de colon pour se couvrir, mais la femnie du directeur le lui ota et me le renvoya. Pen de tems aprcs cette femme niourut, et Saer me dit : Celle qui n'a pas voulu que tu me lisses la charite d'un pagne est morte maintenant ; si tu veux encore me soulager, elle ne t'en empc- chera plus. Je lui donnai le pagne, et il s'encouvrit avec em- prcssement. Sa mere vint pour le racheter; la pauvre veuve n'avait, pour le rachat de son fils, qu'un sac dc mil a])porte gur satete, de la valeur dc 36 francs; cctte mere desolce, apres avoir laisse Ji compte tout ce qu'elle possedait, fut reduite a s'en retourner seule dans son pays , laissant son fils dans les fers.... Chers parens! mcttcz-vous, je vous prie, a la place de cette veuve affligee : si Dieu permettait que je fusse un jour commc son fils reduit a resclavage, et qu'en me voyant vous eprouvassiez la douleur de ne pouvoir me delivrer, ne beniriez- vous pas mille fois le seigneur, s'il vous presentait une main charitable pour bi-iser nics fers? Eh bien ! c'est ainsiquej'ai fhit , comme j'aurais voulu qu'il nous fut fait a nous-memes ; vous ne m'accuscrez certainement pas d'avoir eu le coeur trop sensible Pour achever la rancon exigee par le directeur de I'ecole, je m'adressai a une personne dc confiancc qui s'en ac- quitta fidelcmcnl. Ce fut le dernier trafic de sang humain que fit notre directeur, car, bientot apres, il fut emporte par une maladie violente. o Saer ayant appris que c'etait moi qui I'avais rachete, vint s'offrir a moi comme mon esclave : Non, lui dis-je, tu es libre , je te regarde comme mon frere malheureux , dont Dieu a brise les fers par ma main ; c'est pour te rendre a ta mere alBigec. Toutefois, si tu veux i-ester quelque tems avec moi, tu pourras travailler dans I'ile et gagner quelque chose , avant d'aller re- joindre ta mere. Ma proposition lui fit plaisir, et il demeura quelque tems chez moi. Sa mere, ayant su que son fils etait libre, fit encore une fois le voyage pour venir le cheicher, et ce ne fut qu'avec peine qu'il me quitta , me promettant de venir AFRIQUE.— EUROPE. 55 1 iue reti'ouver un jour pour ne plus me quitter. Les adieux de sa mere ne furent pas moins affectucux; ello ne savait comment m'exprimer sa reconnaissance. Je lui dis que c'ctait a Dicn qu'elle dcvait rendre graces du service qu'ii m'avait mis dans le cas de rendre ; elie me repondit : « Dhiercdhieuf y alia ak yo ; je reiliercic Dieu avec toi. » X Dhiambo, esclave dcpuis deux ans, etait un des serviteurs de Hamet Ibrahim , roi de Cayor. Lorsque ce roi negre eut appris que j'avais rendu la liberte a son serviteui', ii desira me voir, et il envoya une ambassade au gouverneur de I'ile, alin d'obtenir qii'il me fiit perniis d'aller le Irouver. Cette permis- sion me fut accordce; je m'embarquai sur le fleuve (i), ac- compagne de six negres de Cayor, de Saer, de Dhiambo et du jeune Dixi qui me servit d'interprete; c'est le Ills des anciens niaitres de Dhiambo. Je ne vons dirai rien de mon voyage, qui dura vingt jours. Avaut d'entrer dans la ville, qui me parut assez considerable, mais tres-mal batie, nous fumes recus avec des ceremonies tres- cxtraordinaires ; je vous en parlerai dans ime autre lettre. Le roi nous retint dans son palais, qui, en France, serait tout au plus unc maison bonrgeoise. C'est un homme d'une quarantaine d'annees, grand et bien fait. 11 me combia d'amities, me fit asseoir a ses cikes, et apres une au- dience assez longue, il me fit present d'une peau sur laquelle il couchait. En me reconduisant, il me dit : Francais! je suis con- tent de toi. Si tu venx t'efablir ici, tu seras le bienvenu; je te foiirnirai une maison et du couscou en abondance » N. D. R. Le jeune instituteur, quiremplit si dignementles de- voirs qu'il s'est imposes, est M. Epinat, de Liancourt, I'un des moniteurs de T'ecole d'enseignement muiuel de ce canton, eleve du cure du meme lieu Et Ton ose accuser I'enscignement mu- tuel de n'etre pas religicux! Les amis de I'humanite appren- dront aussi avec douleur que IVtablissement du Senegal n'a pas pour but I'abolition de Tesclavage en Afrique, et qu'on vend publiqucmcnt des esclaves a Saint-Louis, comme a la Martini- que et a la Guadeloupe. Y. EUROPE. GRANDE-:?RETAGNE. LoNDRES. — Socicte royale. — Experiences sur Ic pcndide. — - M. le capitaine d'artillerie Sabine, profitant d'un conge qu'il (i) Le royaume de Cayor est pres de I'enibouehure du SenegsjJ. 55i EUROPE. avait oLttnii pour se livrer aiix sciences, etait venii i\ Paris avec deux peiidules dout I'un etait I'onvrage de M. Schuma- cHER, et I'autre appai tcnait an Bureau des longitudes. L'un et I'autre furcnt mis eu mouvemcnt a I'Observatoire, dans lasalle de la meridienne, etMM. Biot et Mathiku secoudeient le ca- pitaine dansses observations. En employant las moyens les plus exacts pour determiner le nombre de leors oscillations pen- dant un jour moyen solaire a Paris, on trouva, pour l'un, ii5c)2i",o6 , et pour I'autre , 85933",q9. Les observations avaient commence au mois d'avril. Au niois de septembre, les pendules furent rcnvoyes a Londres , sans epiouver aucun transport par terrc. Une nouvelle seric d'observationsfut com- menci'e, et M. Sabine eut pour cooperateur M. Quetelkt, de I'Academie de Bruxelles. Le nombre des oscillations de chaque pendule fut rcspectivenient de ii5()'i'i",2.c) et de 85945",85. M. Sabine conclut de ces resultats que I'acceleration du ])endule de longueur exacte pom- battre les sccondes a Paris , battrait h Londres 12" de plus. II faudrait done, pour I'appli- quer aux horloges de Londres , Tallonger de o,ooo23 de pouce anglais. Borda avait estime cet alloiigemeiit 110,00079 de pouce. Ces variations entre ces resultats du calcul ne vont pas ^ un cent-millieme de pouce sur une longueur deplus de 3 pieds, et u'excedent guere ladix-millionieme parlie du tout. On pent juger parla du degre de precision auquel on peut arriver dans i'etat ac- tuel des sciences et des artsqu'cllesaidentctdontelles son taidees. — Arlillerie a vapeiir : Canons de M. Perkins.' — Les espe- rances et les promesses de I'inventeur de ces nouvelles ma- chines de guerre vont toujours croissant : M. Perkins est actuellement persuade que Taction de la vapeur sur les pro- jectiles pent etre decuple de celle de la poudre a canon. II n'estime qu'a 5o atmospheres la force moyenne de ce formi- dable agent, on tout au plus a 900 livres de pression par chaque pouce carre, ce qui est fort eloigne des resultats oblenus par Piumford , d'apres lesquels on ne peut douter que le fluide elastique forme par la poudre exerce sur la meme surface une pression de plus de 3oo,ooo livres. On dit que di;s ingenieurs francais, qui ont assiste, par ordre de leur gouverne- nicnt, aux experiences des nouveaux canons a vapeur, en out teinoigne leur satisfaction, quoique I'inventeur ait assure que S3 machine ne produisait pas encore tout I'cffet dont elle est capable, et que le tems lui alt manque pour la perfectionner, et la rendre telle qu'il I'a concue. On nous fait entendre que des chaloupcs canonnieres a vapeur pourront etre mises ^ Tessai par I'escadre fran9aise devant Alger, et peut-etre meme GRA.NDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 553 coiiire les Tuics ; exemple dangereux pour iiotre puissance iiavale, puisqu'il tend a donner aux petits balimcns une force qui les niette en etat de se mesurer coutre les plus grands vais- seaux (i). F. RUSSIE. Petersbourg et Hoscou. — Presse periodiqite. — Nous re- cevons de M. S. P y, deMoscou, un article fort long et fort cietaille sur les journaux et recueils periodiques, rediges dans les langues russe, francaise ou allemande, qui se publient dans les deux capitales de la Russie. Les limites dans lesquelles nous devons iTous renfermer ne nous permettent point de satisfaire au desir exprime par notre zele correspondant, qui nous de- liiande d'inserercet article en entier dans notre recueil, etnous soinnies forces a ra])reger bcaucoup , pour n'en conserver que la substance, en nous arretant surtout a ce qu'il peut renfer- incr de neuf pour nos lecteurs. Et d'abord , nous ferons a notre amour-propre le sacrifice facile de tous les eloges adrcsses par notre correspondant a la Revue et de ses principaux coUaborateurs. Par un autre motif de convenance , non moins puissant a nos yeux , nous passerons sous silence les reproches merites qu'il adresse a plusieurs autres recueils, francais ou etrangers, qu'il accuse surtout de donner sur la litterature russe des articles ou tout est faux et nieconnaissable. Nous lui ferons cependant remarquer, a ce sujet, que si Ton ne peut assez blamer , comme il le fait, les ecrivains qui hasardent des jugemens sur des matieres qui leur sont entierement etrangeres, on ne peut non plus, avec jus- tice, comparer entre eux ceux qui jugent sur ou'i-dire, avec de bonnes intentions d'ailleurs, et ceux qui, ayant les pieces sous les yeux, sont a meme d'appuyer leur opinion sur des faits, avantage que nous devons a notre position et aux rela- tions qu'elle nous a permis d'ouvrir avec la Russie. Nous serons egalement sobres d'eloges et de critiques envers des journaux russes auxquels nous avons deja fait, dans la Revue, la part qui leur revient; puisse cette indulgence pour les uns les engager a mieux faire, et le silence momentane que nous nous imposons sur les autres etre un motif pour eux de (i) Si ces bruits r^pandus par les joiirnnux anglais araient quelque foiidement , il serait fort etrange que nous apprissions par les feuillcs ^trangferes ce qui se passe daus nos aisenaux, et qui est un mystere pour les Franv, Jo.MARD , Lemercier, Say, SiSMONDi, etc., se rctrouvent fre- quemment dans ses feuilles (i). — Tels sont les seuls rcnsei- gncmens que nous ayons juge a propos d'extraire de I'articlo de notre correspondant relativement aux journaux dont I'cxis- tence remonte au-dela de i8a6 , et dont nous avons entretenu deja plusieurs fois nos lecteurs. Dans un article du caliiw do deccmbre 1825 (torn. XXVIII, pag. 947-951 ), nous avons donne la liste de ceux qui ont pris naissancc dans les aunees 182"^, 1824 et 1 825; nous aliens indiquer maintenant ceux qui ont ete fondes depuis. L'annce 1826 a vu naitre a Pctersbourg uu recueil deslinii a ia premiere education, so>is le titre de Diet'.hoi Sobecedui/i (i) Nous avons deja eu I'occasion de rcinercier personnellcmeut les redacteurs du Telcgraphe de I'honueui' qu'ils nous ont fiiit d'adoplez" et de reproduire dans leur journal les jugeniens que nous avons por- tc's dans la Raae s,uy la litlorature russe. Notre correspondant donne la liste des articles qu'ils nous ont ainsi empruntes ; nous nous liorne- rons a citer celui que nous avons consacre a Y Anthologie russc , de M. Diipre de Saint-Maure ( t. xxxir), et qu'ils ont traduil en cnticr dans leur cahier d'octobre de I'annee derniere (n" 19). E. H. ^ RUSSIE. 555 ( le Compagnon de I'enfancc), i-t dont la redaction est due a MM. Gretch et Bolluarine , edilcurs de trois aiitres jour- naux, connusde nos lecterns sous les titres dt Archives du Nord , du Fits dc la patric et A' Ahciilc da Nord. Nous ajourneions le jugenient de notie correspondant sur leur nouvclle publica- tion, dans Tespoir qu'ilslui donnei' ont lieu dele modifiera Icur avantage et a iiolre satisfaction. Nous remarquerons seulcmcnt 'ju'il est plus difficile qu'on ne pense d'ecrire pour les enfans, et de savoir se mettie a leiir portee , et nous proposerons poui' niodele a MM. Gretch et Bonlgarine le Bon Genie , journal re- dige a Paris par M. de Jussieu , et annonce plusieurs fois ilans notre Revue (voy. t. XXII, p. 7 1 6 ; t. XXA'III, p. 922 ; et t. XXIX, p. 466 ). — Un second recueil, ecrit en langue francaise, a paru dans la meme annce et dans la nieme ville sous le litre de Journal dcs Voies de contniunication ; i! est rcdige par les ofQcieri de ce corps , et a pour priucipaux collaborateurs trois Francais au service de Russie, le general Bazaine et les lieu- tcnans -colonels Clapeyron et Lame. II est divise en neuf parties, savoir : i° Renseignemcns historiques sur les divers inoyens de communication par terre et par eau; 2° Partie descriptive et statistique; 3° Partie scientifique ou technique; 4° Piojets de communications et de constructions nouvelles; 5° Routes et ponts militaires, Architccftuc civile et militaire; 6" Partie induslrielle; 7" Partie administrative; 8° Extrait des etats de navigation , Evencmens remarquables ; 9" Precis des lois et reglernens concernant les voies de communication (i). — MoscoM n'a eu d'autre nouveau journal en 1826 qu'une Fcuille quotidienne , publiee sous le forniut in- 4° pendant les mois de niai, jain , juillel , aout el septembrc , et de.-.tinc'e prin- cipalement a offrir la iiste des personncs qui arrivaicnt chaque jour dans cette villc, 011 qui en partaient, a Tepoque du con- ronnemeut do I'empereur Nicolas; elle n'a pas snrvecu a la circonstance qui lavait vu naitre. Qiiatre nouveaux recueils periodiques russes ont ete eu~ tiepris en 1827, savoir : tiois a Petersbourg et un a Moscou : 1° le Journal militaire ( Voienni jpurnal ) ; 2° le Slave ( Slavia- nine), journal militaire et litleraire; 3° la Nouveltc Bibliothecjue pour tcnfancc ( Novaia dietskaia Biblioteka ) ; 4° le Courier de Moscou ( Moskovskii Vestnik ). Ee premier, public par un co- niite scientifique militaire, sons la direction du general Goguel, (i)Nous avons re<}u les premiers cahiers de ce nouveau journal, dont nous avons confix I'examen h. I'un denos collaborateurs. N. du R 556 ELROPE. paralt six fens par an , dans le format in-8° : le socoud est hch- di)inadaire, I't a pour principal rcdactcur M Voeikof, au(|uel est egalcuient couliee la redaction do YJ/n'a/ide rtisse ; le troi- sicniu parait tons les niois , forn)at in-i6; il est redi^e par M. Fedorof. Le Courier cle Moscou , dont la redaction princi- pale est due aux soins de M. Pogodine , jiarait lous les quinze jours. C'est, dit notrc correspondant , le nieillciir recueil riisse apres le Telrgraplic de Moscou.W doit sans donte cet avantage, Au inoiiis en grande partie, ;\ la collaboration du poetc Alexandre PouscHKiNE , qui I'enrichit exclusivcnient de ses nouvclles pro- ductions. Le i*^"" cahior contcnait un fragment d'une tiagedie de ce jeune poeto, qui a pour litre £om Godounof, et dout on fait les plus grands cloges en Russie. Le rnoisde Janvier i8a8 a vu naitre trois nouveaux journaux a Moscon , savoir : \ A the nee (Alcnei), le Sjicctateitr russe ( Rouski Zrilel ) et le Bulletin du No}-d (^t'u francais). Le pre- mier de ces recueils , redige par M. Pavlof , parait deux fois par mois; son prix est de 3o roubles. I! est consacre aux sciences, a la litterature, a la bibliograpliie et aux evenemeus contcmporains. Le second , dirige par M. Kalaidovitch , bien connu dans la litterature et surtout dans I'archeologie rnsse, est destine a I'liisloirc et a I'archeologie du jjays, a la biogra- phic, A la bibliographie ancienne ei inoderne , a la philologie, a la litterature el a la critique, enfin aux modes anciennes et modernes; il parait egalement deux fois par mois , el le prix de ses 24 cahiers in-8° est de 35 roi'.bles. Le Bulletin du Nord , destine a servir d'intermediaire enlre la Russie et Ics autres pays, parait a Moscou. Notre correspondant nous fait es|)erer qu'il nous sera adressc direclcment, et nous pourrons juger alors s'il alteint le but qu'ii s'^st propose. Ce journal a repro- duit dans un de ses derniers cahiers I'article que nous avons public dans la Recuc (t. XXXIII, p. ^84) sur les aneiens jour- naux russes, et notre correspondant nous apprcnd a ce sujet que les redacteurs du Telegraplie de Moscou, excites par les recherches auxqiielles nous nous sommes livres, out doniie, dans Icurs derniers cahiers ( n"^ 21 , 22 et a3 ) de 1827, iine notice plus detaillee sur le meme objet , et qui pent servir de complement a la noire. Le redacleur de cette notice a retrouve, enlre autres choses curieuses, des traces de trois aneiens jour- naux qui ont parn jadis en langue fran^aise a Petersbourg, savoir : 1° le Canielcon litteraire , public sous forme liebdoma- daire, en I755; 2° le Mercure de Russie, journal mensuel (178G); et 3° VJgreablc e/ /'LV//^' ( egalement en 1786}, qui donnait a Voltaire le surnorn de Cuisinier litteraire. RUSSIE.— POLOGNE. 557 Apres avoir pailc des nouveanx joiirnaux riisses, il ne nous reste qua indiquer les litres dc ceiix qiiicnt cesso deparaitro du - puis 1826 ; ils sont an nomhre de six, savoir : 1" les Fciiillcs hi- bliograpliiques, entreprises en iSaS par M. Koeppen, et qvtelcur iitilite incontestable ct io talent de leur r^dacteur nous font de- sirer de voir rcprendre bicntot au point oil elles ont cte suspen- dues; 2° le Courier russe, qui a existe pendant quatorze ans; 3° le Bicn-intcntionne, pendant neuf ans; 4° le Journal clu De- pprtement de l' instruction piibliquc , pendant trois ans et deux mois; 5° le Courier asiatiqite , pendant trois ans ; 6° le Journal des Beaux-Arts, pendant un an et denii. Une lettre particuliere que nous recevons de Petersbourg nous apprend que le journal allemand de Petersbourg [Zcit- schrift, etc.)aegalement cesse deparaitic. Ainsi, les entreprises et les travaux de riiomme sont, comuio lui , perissables ; il n'y a de difference entre eux que le plus ou le nioins de longueur du terme qui leur est assigne. Honneur aux liomnies et aux tra- vaux qui sont 1<» continuation en bien de ceux qui les ont pre- cedes , auxquels Texperience du passe profile, et qui la font servir aux besoins de la generation actuelie ! E. Hereau. POLOGNE. Varsovie. — Unioersite. — C'est un dccrct dc I'empereur Alexandre, en date du ignovembre 1816, qui a conslitue i'U- niversite royale de Varsovie en cinq facultes : i° Theolngic ; 1° Droit et Administration ; 3° Medccinc ; 4° Sciences physiques et matltematiques ; 5" Belles - Lettre s et Dcaux-Arts. Ce decret attribue radniinistration de TUnivcrsite a un rectcur et aux cinq doyens des facultes; il garantil la protection speciale du gouvernement a tons les membres de celte «;colc supreme, et assure aux professeurs le droit d'obtenir des litres hereditaires de noblesse apres dix annees de service public. Il accorde , en outre, a I'Universite le privilege de decerner les grades scien- tifiques de maitreset de docteurs, et celui de n'etre soumis qu'ii une censure emanee de son sein. Une commission nommee ad hoc a redige un reglement provisoire, base sur les principcs emanes du diplome, ou acte fondamental. La surveillance ct la direction de I'Universite sont confiecs a un ronseil perma- nent, compose du recteur et des doyens nommes a la niajorile des suffrages; le premier, tous les quatre ans; les seconds, tous les trois ans, et choisis parmi les professeurs ordinaires de I'Universite , auxquels Tautorite supreme a accorde le litre de conseillers. Les professeurs sont divises en plusieurs classes ; il 558 EUROPE. y a /«V«r^/^, 3 de pharmaciens, et 2 u accoucheurs. ' 75 candidals, dont Sa pour les mathematiques et Ics sciences 56o EUROPE. natiirellcs et 23 pour Ics beaux-arts, so som succcssivcmont prcscntt's pour rcnscii^mcmcut ; ils soiit destines a professcr clans les ecoles des palatinats et des districts, dans les ecoles militaires et dans runiversittfnicmc. L'arcliitecturc et rarpentai];e ont compte 283 etudians, sur lesquels I'univcrsite n'en a clioisi que ii pour leur donncr ic grade de nuutrr [iiiagisWr) , car la plus yrande partie avait etc employee par lo gouverncinent avant la fin de leurs cours. En general, depuis 1817 jusqu'a 1826-27, I'universite a compte 191 1 etudians, dont 818 sculcment ont obtenu le diplome de iriaitre. Les professpurs de I'universite ont soutenu par leurs tra- vaux les ecoles specialcs, conimc V Ecolc forestiere, XEcole d' ap- plication rnilitairc, etc. Grace a I'appui de I'universite royale do Varsovie, on a fonde VEcolc des ponts et chaussecs, Vicole d'arpcntagc, V Ecole des ingenieurs , \ Ecole prcparatoire cen- tralc, dcslinee a former les professeurs de I'inslitut polvtech- nique, qui sera forme a Varsovie pour les jeunes gens qui voudront s'adonner aux arts et aux metiers. M. P. ALLEMAGJNE. Berlin, — Instruction popidairc. — Le niagistrat de cette ville vient de voter la somme de 200,000 thalers, pour fonder des ecoles primaires gratiiiles dans tous les quartiers de Ber- lin. Malgre le grand nombre d'ecoles deja existantes, il y avait au moins 6000 enfans pauvres qui no recevaient aucune ins- truction. La grnnde difUculto sera maintenant d'engager les parens a seconder les intentions pateruelles du gouvernement. Danlzig, Breslau, Koenigsberg, ont egalement des ecoles gra- tuites. Grand-Duche de Saxe-Weimar. — Instruction publique. — D'apres un diScret dn grand-due, du i5 septcmbrc 1827, tous les parens sont teaus d'envoyer leurs enfans a I'ecole des I'age de six ans. ( Revue gcrmanique. ) ViENNE. — Encouragement aux sciences. — S. M. I'empereur d'Autriche vient de faire remettre la grande medaille d'or a M. Balbi, auteur de I'Jt/as etiinographique du globe. Get oti- vrage, dont les principaux journaux savaus d'Europe et d'Ame- riqueont rendu le compte le plus favorable, avail deja merile a I'auteur une pareille distinction de la part du roi des Pays-Bas. M. Adrien Balbi a egalement recu des encouragemens du gou- vernement francais, du feu roi de Saxe et du grand -due do Toscane. L'empereur Alexandre avait agree I'hommage dc ALLEMAGNE. — SUISSE. 5Si { Atlas ethnographique da globe, q des Gracqucs. — M. Van Heusde a fait I'cloge dc F. Hem- stfvliuis , qu'il considere surlonl dans ses ouvrages philoso- 566 EUROPE. phiqiu's, oi\ il se plait i rcconnaitre ct i loner iin digne eleve de la Grece ot surtoul de Platon. M. Van Lennep s'est attache ft demonlrer la supeiiorirc du systcme dc M. Champollion jcune surcelnidoM. Scyffarth ipii de recrituredemotiqiie veut remon- ter a riiieraliqiie, de laqnelie, avec qucl(]ues additions ct des embellissemens, sciait resititce I'tcriture hit'rogly|)hiqiie. M. Van Lennep a paye nil jdste tribut d'clogcs au savant francais, dont les reeherches et le zele infatigable ont dissipe les tencbres qui couvraicnt jnsqu'a nos jours Ics antiques contrees de I'Egypte , berceau des connaissances humaines. — M. Koopmans a presenle des considerations sur le systcme philosophique de Leibnitz , et principalement sur sa Theodicee. — M. Pareau a presente I'a- nalyse d'un poeme arabe A'Aiiiral/ieis , et il a compare les des- criptions du cheval etd'une tempete qui s'y trouvent avec des descriptions de meme nature contenues dans les poetes sacres de la Bible. — M. Van Gondoever a donne un apercu de la lit- terature politique des anciens Grecs, en resumant les ecrits que les divers auteurs de cette nation ont composes sur cesujet. — M. Van Hengel a lu iine dissertation sur le but que I'orateur Chretien doit sc proposer; il a demontre que la persuasion etait celui des oraleurs de I'antiquite et que doccre et dclcctare, instruire ct plairc, n'etaienl cliez eux que des moyens pour ar- river a ce but. — M. Bare a communique des observations sur I'invention ct la nature dc ralj)liabet grec. — M. Van Vonst a fait I'eloge du merite litteraire de Hugues Grotius, et il a cher- che a indiquer les circonstances qut ont contribue a develop- per son genie. — M. Van Assen a presente des observations historiques et critiques sur I'oraison de Ciceron pour Roscius. — M. Geel a essaye de former un ensemble du pen dc frag- mens qui nous restent d'une tragedie d'Euripide. — M. Warn- KOENiG a communique une notice sur la vie et les ecrits dn jurisconsiilte Jourdan , I'un des restaurateurs de I'etucle liisto- rique du droit romain en France, trop tot enleve a la science ct a ses amis. — M. Den Tex s'est efforce d'expllqiier comment les divers systemes d'economie poiitiijue , d'abord en Italic, puis en France, ont pris leur origincdans I'etat civil ou sc trouvaient alors ces peuples, et comment le systcme industricl de nos jours a du prendre naissance en Angleterre. Le meme membre a presente des reflexions suMes anciennes lois maritimes des Pays-Bas, dont il a taclie de faire connaitre le vrai texte et la nature, en s'aidant de plusieurs manuscrits des xive, xve et xvi*' siecles. M. Den Tex a ensuite donne un apercu d'une histoire generale de la jurisprudence. Ni fOrient ni la Grece n'ont connu cette science; ce n'est qu'^ Rome qu'elle a pris PAYS-BAS. 567 naissance, et seulenieut en ce qui concerne le droit civil. Les anciens ignoraienl I'analyse philosopliique du droit ; elle etait reservee a nos jours. Enfiu, le niciiie menibrc a communique la premiere parlie d'un commentairc sur qutlques edits dupre- fet d'Egypte sous I'administralion des Romains. Apres ce rapport sur les travaux de la classe , M. Den Tex a paye un tribut ;\ la memoire des membres dont elle deplore la perte, en lisant une courte notice necrologique sur chacun d'eux. Ce sont MM. F. D. Wriarda , connu par des disserta- tions historiques et juridiques sur les anciens droits frisons et d'autres ouvrages. M. Koopmans , professeur de theologie , deja nonime dans cet article. Philosophe eclectique et chretien eclaire , lidele aux preceptes de I'Evangile, il pratiquait dans la societe les vertus qii'il enseignait aux autres. Divers prix qui lui ont etc decernes par des societes savantes , ainsi que divers meraoires lus a la classe , surtout un niemoire sur les ecoles des prophetes chez les Juifs, et d'autres ouvrages pu- blics, attestent son esprit juste et ses connaissances etendues. M. Stuart, secretaire de la classe des I'origine, etait predica- teur des reformes remontrans. Ses ouvrages originaux sont une Histoire romainc et VHistoire de la repttblique batave tie- puis 1748. Le roi I'avait nomme historiographe du royaume. Comme orateur chretien, M. Stuart etait tres-estime. Dans les Memoires de la classe, on en trouvc un de lui sur le fatum des anciens, et un autre sur I'ironie de Socrate. — M. Was- SENBERG etait professeur de litterature ancienne a Francker. On a de lui un commentaire sur le 1"' livre de I'lliade , une traduction des vies de Plutarque, etc. M. Pareau a terraine la seance par un discours latin sur le sentiment eminemment religieux des anciens peuples. Les questions proposees en iSaS u'ayant obtenu qu'une seule reponse qui n'a pas ete jugee satisfaisante , elles sont remises au concours : 1° Comme il existe une grande variete d'opinions relative- ment a la science clu droit naturel , la classe demande qu'on etablisse enfin en quoi consiste cette science, si elle existe veritablement, et quels sont sa nature, ses pi'incipes, et les causes qui, a differenlcs epoques, I'ont fait juger si differem- ment. Elle ne desire point un nouveau systeme de droit natu- rel , mais une critique de ce qui a deja ete dit; elle previent qu'elle ne eomprend sous la denomination de droit naturel ni la morale en general, ui la philosophic dite du droit pobitif. a" En quoi les anciens Grecs sont-ils redevables aux peuples 568 EUROPE. de rOricnt pour leiir !an;^iie , Iciir ecriture , leius ai ts et leurs sciences? Comment ont-ils ])U approprier a leurs niauirs tt Ji leur caracterc, ce qu'ils avaicnt emprunte a ces peuples? 3° Quelle influence ont exercee sur la civilisation des peu- ples curoj)eens les etablissemens de colonies romaines dans la partie occidentale de notre continent? Le prix est une medaille de I'lnstitut, de la valcur de 3oo florins. Les memoires doivent etrc cnvoyes a I'hotel dc I'lnsti- tut, avant la fin de I'annee 1828. X. X. LouvAiN. — Statiitlque tic V Univcrsitc. — Void le releve du nombre des eleves qui ont frequente I'LIniversite de Louvaiu depuis sa restauration, avcc I'indication des Facultes : ANNIiES FACULTES Ui: ' iclDkllKjUIS. , ~~- Medecine. Sciences. Droit. I.c-ltrcs. philosoph. 1817 1818 St 7 100 42 ^ 23o 1818 1819 96 3a 100 53 n 281 i8iy — 1820 80 19 89 Ci „ 279 1820 — 1821 58 42 94 78 > 272 1821 — 1822 Co 44 98 70 . 272 1S22— 1823 59 44 126 75 > 3o4 1823 — if* 4 67 .-Ja i34 82 .. 335 iSa/, — 1825 OS 50 137 S4 . 365 1S25— 182G 77 f)8 i63 I '9 193 620 182C— 1827 ToTiLX. .. 87 79 179 97 249 691 733 437 1240 761 442 3649 — Soci'Jte d'etudians. — Quand les iritellii^ences particu- lieres se sont eclairees, il se forme une sorte de raison publi- que, juge des pensees comma des actions individuelles, et devant laquelle les moindres licences restent sans excuse, parce qu'elle n'entre point en composition avec I'elegance corrompue, I'indulijence perverse des salons, ou les froids calculs de I'interet. Chez un peuple oii se manifeste ce pcr- fectionnement moral, il serait utile de provoquer les associa- tions , de mettre les individiis en presence: car, si, dans les sogieles barbares ou peu avancees en civilisation, une reunion devient souvent un allronpcment, le delassement un tuniulte, le nierite y clierchant la solitude et y abandonnant tout an vice et a rimperitic; on pent dire que parmi les agglomera- tions d'hoinmes polices, instruits, le vice seul reste solilaire ; PATS-BAS.— FRANCE. 669 I'esprit de dosordre s'y cache, certain qu'il est dc se voir con- damne par I'opinion generalc, s'il se montrait an jour. — Au milieu dc lels bommcs, je \eux dire dans une nation comme la notre, cncouragcr I'esprit d'association, c'est eviter les de- penses et les embarras dune police active : il y anrait bicn peu de sens a s'effraycr d'luie disposition qui se reprime d'elle- meme, et qui porte en soi des j)riricipc'S infailliblcs d'amen- dement. — Les ctudians de I'universite de Louvain se sont reunis pour causer entre eux de Icurs etudes, lire de bons li- vres, de bons ouvrages periodiqucs, au nombre desquels ss trouvent la Rccue Encyclnpedique et le Globe , et pour se de- lasscr des Iravanx de leur journee : diriges par des caraa- rades, par des amis qu'ils ont choisis ei:x-mcmes, et dont les observations n'auraient rien de penible pour I'amour- propre,ils donnent aux personnes d'un age plus niiir I'exem- ple de la decence, de I'application, et semblent deviner ces convenances fines et delicates que Ton apprend dans un monde ou ils ne sont pas enoore entres. Une pareille institu- tion prouvc beaucoup en faveur de I'esprit qui anime I'uni- versite, et il est a souliaiter qu'on I'imite aiileurs. Cette an- nee, quelqucs membres de cette societe ont public deux almanachs, I'un en flamand, I'autre en francai^i. Ou aime a y \oir la raison relevce par la finesse et par une teinte Icgere de malice qui ne messied point i la jeunesse. DE ReIFFENBERG. FRANCE. PARIS. Institut. — Acadt'mie des sciences. — Seance du 1 1\ Jan- vier 1828. — M. BioT lit un memoire sur la double refiactiou. — M. OzENNE lit un memoire sur un nouveau mannequin pour les accouchemens. Dwxi Janvier. — Le ministre de la guerre demande la com- munication d'un aucien rapport sur des fours char.ffes au charbon dc terre. L'expedition de ce rapport sera.adressee au ministre. — M. Arago fait deux communications veibales. L'lme est relative a une aurore boreale qui n'a pas etc apercue a Paris, mais dont M. Arago avait cru pouvoir annoiicer I'ap- paritiou d'apres les derangeniens de I'aiguille ainiantee. Cette aurore boreale s'est en effet montree en Angleterre , le 29 mars 1826, de 8 lieures a loheures du soir. Eile avait la formed'un jiic que le meridien magnetiqne parlageait en deux parties $70 FRANCE. egales. En rasscmblaiit les observations faites par divers pliy- sicicns dansdes villcs sitiieos entre Mancliester et Edimbourg, M. Dalton a trouve que la niatierc liiniineust dont Tare etait forme se trouvait a loo milles anglais dc hauteur verticale ; que la largeur de Tare visible etait dc 8 on 9 milles, et qn'il y avail 5oo milles de distance entre les deux extremites qin toii- chaicut I'horizon a Test ct a I'ouest. La scconde communication est relative a luic lettre de M. le capitaine Scoresby, concer- nant les cffets singuliers produils par la foudrc snr lebatiment Ic New- York , dans la traversee d'A.meri(pie a Liverpool. Celte relation donne lieu a M. Arago de fairc un rapport verbal sur un travail de M. Savary qui foiutiit I'explication de plusieurs effets de ceeenre. — M. Cli. Dupin lit une notice sur I'ensei- gnement primaire de la Touraine, et repond a diverses re- marquos coutenues tlans un memoirc lu par M. Duvau a Time des (leriiieres seances. — M. Warden lit une lettre relative a desilcs noiiveliement decouvertes, non loin des cotes du Japon, par le capitaine Co.ffen. — M. Legendre, qui avait lecemmect entretenu I'Academie tie nouvelles decouvertes faites dans la theorie des fonclions eliiptiques par M. Jacobi , annonce que, dans le n" 127 du Journal astronomique d' Altona , on trouve un Memoire de cejeuuegeometre qui coutient la demonstration d'un tlieoreme Ires-geueral pour la transformation des fonc- tions eliiptiques de la premiere espece. Cette demonstration suppose dans son auteur une trcs-grande sagacite, et jnstiHe pleinement I'opinion favorable que M. Legendre avait exposee dans une des seances preeedentes. On voit deja,par I'article cite, combien est general et fecond le principe anaiytique d'oii est parti RI. Jacobi. Ce savant s'occupe maintenant de mettre en ordre reusemblc de ses decouvertes, et il doir les publier successivement dans le meme Journal astronomique. Elles ne peuvent manquer d'exciter an plus haut degre I'interct des ana- lystes. — • M. Arfavedson , residant a Stockholm , est ehi cor- respondant de I'Academie , dans la section de chimie. — M. CAUCHY'presente un memoire sur les lesidus des functions exprimees par des ititegrales definies. — Dti t^S jnm'ier. — M. Z)f /<\mc;7 commimique a I'Academie une lettre qui lui a ete ailressee d'Ameritpie, et (pii coutient des nouvelles de M. IJonpland. — M. de Blaimille donne com - munication d'lme lettre de MM. Quoy etGAYMARu , concernant diverses observations zoologiqiies qu'ils out faites sur les cotes de la Nouvelle-Zelande. — M. Jrago lit, pour 1\L Becquerel, une note dans laquelle ce physicieu rend compte de quelqiies experiences qu'il n faites sur les .]>roprietes electriques de la PARIS. 571 tourmaline. — Le mcme menibre communique une lettre de M. Valz, de Niines, qui renferme les elemens cles deux der- nieres ctimetes. I/oibite de I'line d'elles a quelque ressemblance aveccelle de lacomete de i78o,calculce par Mechain; M. Valz annonce (|a'il disciitera avec soia lensenible dcs observations pour rechcrclier si Ton pent croire a I'identito des deux astres. — MM. Girard ct Navier font un rapport sur un memoire de M. Lendormy , intitule : Rccherches sur les poids et les dimen- sions a dnnner aiix vnlans pour qii'ils produiscnt I'cffet qu'on desire en ohtcnir. « Les comniissaires pensentque, bien que le sujet de ce meiuoire soit digne d'iuteret, ce sujet n'a pas ete traite avoc la rigueur luathematique dont il est susceptible, et que les notions qui y sont contenues sent dcnuoes de la justesse et de I'e.Niictitude indispensablcs pour oblenir I'approbation de I'Acadeniie. » (Adopte.) — M. Geoffroy lit un meuioire sur deux (speces noniaiecs Trochilus et BdcUa par Herodote , sur la {guerre ([ue sc font ces cspeces el le soula^enient qu'en recoit le crocodile. — Du 4 fevrier. M. BIoreau de Jonnes communique des de- tails sur ks treniblemens de tet re qui se sont multiplies extraor- diuairement aux Antilles, pendant le cours des sixderniers mois (le I'annee 1827. — M. de Frcyeinct donne lecture d'unc lettre «jui lui a ele ecrite par MM. Quoy et Gayhaud, en date de Ton- {^a-Tabou, I'une des iles des Amis, le i/| mai 1827. — ^M. Ara^o ajoute a la comumnication qu'il a faite dans la seance prece- dente que M. Schwcrd avail reraarque, avant M. Vallz, que les elemens d'une des cometes de 1827 ressemblcnt a ceux de la comete de 1780, calcules par IMechain. — MM. Latreille et Dunicril font un rapport sur le memoire de M. Bretonneau, intitule: i.Vt)//ff sur les prnpriett-s vesicantes de quelques insectes de la famille des cantharides. c< La matiere essenticllement active de la cantharide reside dans un principe particuiier , decouvert etappele cantliaricline parM. Robiquet. Ce principe est soluble dans les liuiles et dans les atitres corps gras, de sorte qu'en cou- vrant un emplatre vesicatoire d'un papier fin non colle et huile, ct en le fixant solidemcnt il produit toujours son effet; mais repiderme est toujours menage, la eloclie reste leplus souvent entiere, aucune parcel'e de la n.atiere vesicanle nc reste en con- tact avec la peau, circonstance qui obvie a beaucoup d'incon- veniens et souvent aux taches indelebiles que laissent les vesi- catoires dans les cicatrices. Ce sont probablement ces pre- mieres recherches sur Taction des cantharides qui ont engage M. Bretonneau a tenter les nonveiles experitnccs dont il leud compte. Ce savant a trouve sur les rives de I'lndre et du Cher 57a FRANCE. unelres-grando (|iiantite d'inscctescolcopteies i\u genre rnjlabt a qui etaient fixes a des picds do chieoree ct dc fleiirs de !a memo famille. Cetle cspece de mvlabre dilfcre pen de cclle de la chieoree; c]le est appelee variabifis \>ar M. Ic comte Dejeair, c'cst bien la meme que celicqui est appelee cantharis par Pliiie et par Dioscoridc. A I'inslant 011 Ton vcut saisir ces niylabres, ils se contractent , devieiinent immobiles, en laissant siiinter des iirticuiations de kiirs meiubresdes t^outtelettes d'un liqviide jau- iiatre, transparent et visqiieux ,qiu probablenient est pour eux \\n moyen de defense qui les enipeclie de devenir la jjroie des oiseaux. Ce liquide a I'odeur de la rose, et contient la niatier? vesicante. M. Bretonneau a compare avec be;uicoup de soin Taction vesicante des mylabres desscehes et reduits en poudre avec celle des caiuharidcs ; il a mis en usage des procedes ab- solument scmblables pour la preparation, le poids de la matiere, les surfiices sur lesquelies le medicament a ete applique. Dans tousles cas. Taction produite paries vesicaloires deniylabre aete plus vive.La cimcoine de Sclicffcr, et toiites les cspeces du genre miloa oil proscaiabee ont ete reconnues donees dc la meme pro- priete vesicante. M. Bretonneaudecrit ensuite Ic procede simple etexpedilif qu'ilacmploye pour obtenir \iiccintltaridine, melee, il est vrai, avec la graisse et quelque organe cxterieur de Tinsccte, mais dent il a pu la separcr par la suite. Si Ton etend la matiere grasse, ainsi obtenue, dans de Thuile fixe, on a une buile qui jouit a un tres-liant dcgre de la propriele vesicante. Un morceau de papier de figure et de dimension determinees, qui en est im- bibe, devient un vesicatoirc qui s'adapte aisemcnt aux surfaces les plus irregulieres, et qui convicnt surlout pour le traitemcnt de Terysipele de la face. Nous citerons encore les reclierclies de Tauleur sur la nature et la quantite variable de la graisse des insectes; ses experiences sur Tadministralion a Tinterieur de la cantharidino, dont les proprietes aphrodisiaqueslui ont paru exagerees, mais (|ui, donnee a ccrtaine dose, produit tous les phenomenes de Tempoisonnement , en ralentissant la ciicula- tion et en determinant une lethargic mortelle. " Get interessant menioire sera imprime dans le rceueil des savans etrangers. — MM. Sjh'cstre et Coquehcrt-Montbrct font un rapport sur un m«';nioire de M. Duvau, intitule : Essoi statistiquc sur le departcmcnt d'Indrc-ct-Loirc 011 Cancicnne Tourninc. L'auleur dii memoire se plaint de ce qiTon a attribue a tout le departe- ment d'Indrc-et-Loire un manque d'inslruction qu'il nc sanrait admetlre que pour une parlie dc ce departcmcnt, el qu'il motive sur des circonstances locales fort etrangeres aux inclinations et a la volonte de ceux qui sont Tobjet dc ce reproche. On n'a pas ^L PA.RIS. 5-3 fenu compte , suivant lui, de cc que cetto partie de la France comprend dans line m('nie division adminisi.raiive deux sortes de pays, cpii, (pioicjue cuntigiis, different cssentieliemcnt entre eux par la nalnre dii sol et des productions, par I'ctat de I'agri- cultiiie ct pur le det;re d'aisance de leiirs hahitans. Ces comniis- saires ont jiii^e que les remarques de M. Duvnu devaicnt elre gencralisees ct appliqnees seulement a la statistique en gt^neral. 11 croit que si, pour rccucillir les i'aits sur lesqueis reposcnt cette science, on doit se renfermer dans les divisions aduiinis- Irativcs, il faut, des qu'ils sontelabores, en revenir aus divisions nalureUcs pour classer ces faits, el en tircr des consequences applicables aux dineientes ])arlics des connaissances hiunaines, telles que la nieleorologie, I'agricuhiire, I'liVLjieiie, I'antliropo- loj^ie, et uieuierecononiie polititjue. En conservant les divisions adiiiinistratives, on scrait expose a niille repetitions tpsi aug- menteraieiit d'une maniere effraynnte le nuinbre de voliunes cotisacre a la s!atisti(pie, et a une tres-grande confusion; en adoptant les divisions naturelles, les fails du meme genre so- ront rapproclies, par une inethode analoi;ue a celle d'vs fa- milies naliu'elles, ct on aura des considerations sla!isti(|ues , telles que TA-cadeune doit s'cn occuper. Le travail de M. Duvau obtient rapprobatioii de TAcadeinie qui I'eni^age a etendre ses rccherchesa unepiusgrandepartiedu bassin de la Loire, eta yap- pliquer les connaissances geologiques et Ijotaniques dont ila fiiit preuve. — M. Gny-Lussnc annonce que M. Guimkt, commis- saire des poudres et salpeires, est parvenu a Liire routrenier de loutes pieces , en n'uuissaiit les principes que M3L Ck-ment ct Desormes avaieiit Irouves par I'analyse du lapis naturel. Ce nonveau produit est plus ricbc en couleur et plus eclatant que le lapis naturel. A. Michelot. Society de Geoniaphic. — Prix annuel pour la rlecoiifcrte la plus impartante en geographic. — La Sociele de Geographie ofl're une medaille d'or de la valeur de i,ooo fr. an voyc/geur qui aura fait une c/e-'co.vctT/e niarquante, et jngee la plusinipor- tanfepnrmicelles dont elle aura eu con naissance pent Ian ticcours de I'annee 1828. Il recevra en outre le litre de corrcspoiidant perpetuel sM est etranger, on celu; de niembre s'il est Tran- ^ais; et il jouira de tous les avantages qui sont attaches a ccs tiires. A defant d'une clccoucerte de cette espece, iinc medaille d'or du prix de 5oo fr. sera decernce au voyagcur qui aura aclresse pendant le meme terns a la Socieie les no I ions ou les commu- 574 FRANCE. ^ | nications les phis ncuvcs ct les plus utiles aux progri-s tic la ■ science. II sera porte de droit, s'il est etranger, sur la liste des 1 candidats pour ia place de correspondant. La Societu desire < que les mcmoircs soiesit ecrits en francais ou en latin; cepen- danl elle laisse aux conciirrens la faculte d'ecrirc leurs ou- vrages en anglais, en ilalien, en «^spagnol ou en porlugais. Tout ce qui est adresse a la Soeiete doit etre Qu\oye franc de port , et sous le couvert de M. le president, h Paris, rue ct passage Daiiphine , n" 3G. Propagation de V citseignement elcmcntahe. — Au moment ou la France cherclie a s'assurer poiu- le present ia jouissance de ses libertes Icgales, il est indispensable -. 374 7. Du systeme penal et du systfeme repressif en general , et de la peine de aiort en particulier, par M. Charles Lucas. A. Taillandier. 382 8. Troisleme rapport sur leS emigrations et les colonisations; (ouvrage anglais ) J. B. S. 394 9. Histoire de la guerre de la Peninsula , par le general Foy. Angus te Fabre. 4o4 10. LeromandeRou et des dues de Normandie , par Piobert ^^'^ace Depping, 420 n. 1° Proverbes dramatiques, par M. Theodore Leclercq , 2° les soirees de Neuilly ; 3° Proverbes romantiques , par A. Romieu ; 4° Proverbes dramatiques, de M. J. B. Sau- vage H. Patin. 4^9 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de loi ouvrages ^ francais a ctrarigers. AmeKIQUE SEPTENTBIONArE. — EtatS -Ullis , 2 4^6 EuKOPE. — Grande-Urclagne, 9 , dont I ouvrage periodique. 438 — Russie, 3. — Pologrie , 1 446 — - Suede , i 45 r — A/lema»iie , 6 4^6 — Suisse, 5 4^5 — ICalie , Pi 470 — Pays-Bas, 8 478 FRASct, fio , savoir : Sciences [hysiques et iiatiirelle: , 18. . . . 483 — Sciences religieuses , morales , polidques et historiqices , 14. . . 5oo Iga TABLE DES AETICLCS. — I.ittirature , 17 5 16 — Beaiix-Jrts , 7 535 — Memoires et Rapports de Socicles savantes , i 54o — Oiivra^es peiiodiijues , i 54' — Litres en langiici e'raiigercs , iinprimes en Fiance, 3 54^ IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERA.IRES. Amerique SEPTENTiiiojTALF,. — 6tats-Unis. Co5fo« ; Dfoits sur rimpoitatioii ties etoffes aux Elats-Unis. — Neiv-l'ork : Nou- vcau Journal intitule : le Courier des Euits-Vnis 546 Ahtilles. — Tremblement de terre. — Haiti : :^tablissement du ju'T .547 Afrique. — Senegal. Saint-Louis : Esclavage des nfegres dans I'e- tablissement francais 549 EUROPE. Grande-Bretagne — Londrcs. Societe royale : Experiences sur le ])endule. — Artillerie ^ vapeur ; Canons de M. Perkins. . 55 1 RussiE. — PeVerj6o«rj,>- et it/ojfo/( ; Presse periodique 553 PoLOOKE. — /'«r!oi'(e; Univtrsite 557 Allemagne. — Betlin : Instruclion populaire. — Grand-Duchc de Saxe- jyeimnr ; Instruction pnbliqne. — Vienne : Encourage- ment aux sciences. Necrologie : Ilaschke 5()0 Suisse. — Reclamation : Notes addiiionnelles a la Notice surPes- talozzi. — A'c'cro/ii^/c ; Auguste de Stael 56 1 Italie. ifome : Publication procbaine. — i?ome : Monument en I'honneur du Tasse 5(i4 Pays-Bas. — Jinsteidain : — Seance publique et travaux de la 3« ciasse de I'lnstiiut royal. — Loiivain : Siatistique de I'Uni- \ersite ; Societe d'etiidi.ms 565 Paris. — fnsiitut : Academie des sciences : Seances du 14 Janvier au 4 f evrier. — Societe de geogra[)liie : Prix annuel ])our la decouveite la plus iniportante. — Propagation de I'enseigue- ment elementaire. — Sociele royale des Bonnes Lettres. — Theatres. Odcon .• Premieres representations d'Aniy Robsart, drame , et des Ephemeres, comedie. — Science nuisicale: "^1. Albert Sowi'i ski. — Zres Ics divisions pulitiqtics acliiclles ct Ics dccouvcrtes les plus rccciitcs : of- frant dans un scul tableau, pour tous les Flats de I'Europe et pom- Ics piiu- cipaux Ktats dcs auti-es parties du Monde, la superficie et la population, Ics revenus ct la detlc, les forces de tcrre et de nier , la repaitition dcs hahilans d'apres les religions et d'apres les langucs; le noni du prince regnant , ou du cliefdn gouverncnient actuel, avec rindicatiou de Tcpoque dc son avcncmeiit et de sa niinorile, de la religion qu'il profcsse, de la dynastie a huiuelle il appartient; les noms et la population de la capitale et des villcs principalcs dc chaque Etat ; Redige PdR Adrien 15ALBI ; Se trouve au Bureau de tA Revue ENCYCLorEDiQUE, Rue d' Enfer-St.-Muhcl, ii" 1 8; a la librairie de Jui.es Renocard, Rue de Tournon, n" 6, cliez les priucipaux lihraires, el chez les directeurs de postes, en France ct dans les pays ctrangers. Prix , 6 fr. colorie, 6 fr. 5o par la poste. Il n'est peut-eire aucune science qui soit sujctte a plus de changemens que la geogi'aphie politique. Independamment des variations produites par les guerres, les revolutions, et ics transactions des pouples eutre eux , ses principaux elc- niens prenncnt tous les aus de nouvclles formes, soit a raison de la niarclie pro- gressive ou retrograde de la population , de I'industrie ct de la civilisation dans les differentes parties du globe , soit par les differentes dccouvcrtes qui ajoutent successivcmenl a la gcograpliie des pays encore ignores , soit enfin par les rensei- gnemens plus posilifs sur d'autres con- trees auparavant nial connues , dout I'en- richissent les rerberclies des savans et des voyageurs. Il exisle beaucoup de livrcs elementaires de cette science, et plu- sieurs journaux en signalcnt Ics progres; niais on n'a pas encore un resume pe- riodique de geograpbie statistique, re- dige dans le but d'offrir, cbaqucannce, le tableau dcs principaux clemens qui con- stituent la force, la ricbesse, I'impor- tance relative de tous les Ktats de I'Eu- rope et des autrcs parties du niondc. (Test ce que nous avons essayc de fairc dans la Ikdance po/ititjue du globe , en nous proposanl de la rcproduire , tons Ics Irois ou tous les cinq aus, scion I'accucil que le public cl les .savans voudronl bien lui acrorder. La Balance politique du globe est un tableau imprime en divers caractcres, sur une feuille de papier grand-jcsus. Dans une colonne a gaucbe qui portc le litre A' Observations pre/iminaires , I'au- * Ou soiisciit, h In memo adressc, pour ce Rccuoil, dont il par.iit iin r.iliicr de qnatorzc ftiiilles d'iinprcssion au moins tous les mois. Prix, a Paris, 'fi fr. pour Tanncc; dans les d('^)artcmcns , 53 fr.; dans les pays ctrangers, (io fr. ~ 3 — li'iir sigiuilc Il's JilTicullcs (lui accuuijia- ;;iK'ul I'excciilion d'uu scnihlable travail , cl les jncinlituiles que prcsciiteul Ics di- vers ouvraj^es de stalisliiiue, lorsqu'oii vent en reiinir les resultals pour lonner unc Slalistitji/e gcneralc ct coniparec des jirincipaux Etals ilti globe. L'espace a iiian- (|ue a M. Balui pour indicjuerles sources uoiubreuses dans hisqueiles il a piiise; niais nous transcrirons ici ses ])ropres ex- pressions, afiucpie Ton neconi'onde point la lialance politique dii globe , fruit de lonyues et difficiies I'eclierches , et de la cooperation de plusieurs savans distin- gues el de plusieurs horames d'elat d'Eu- rope et d' Anierique , avec les productions imparfaites et les compilations infornies auxquelles on donne des litres imposans et qui renferment Irop souvent les er- reurs les plus grossieres. "Si rondemande quelle est la garantio de Texactitude des calculs presentes daus ce tableau, nous nousappuieronsd'abord sur vingt annees consacrees a I'etude de la statistique et des sciences qui en sont, pour ainsi dire, inseparables; puis, nous i'erons observer que les residtats auxquels nous nous sonnnes arrete sont, ou les donnees officielles les plus recentes, ou celles que nous avons cru pouvoir deduire de I'examen raisonne des evaluations diverses failes par les auteurs les plus CL'lebres; que la plupart des documens relatifs aux surfaces resultent de niesures que nous avons prises, avec le plus grand soin , sur les meilleures cartes , et couijja- rees ensuitc avec les estimations adoptees dans les ouvrages les plus estimes; qu'a regard des populations, des revonus, des forces de terre et de mer, des Etats qui sortent du domaine de la statistique pro- prement dite , comme ceux de I'Asie , de I'Afrique et de TOceanie , si nous n'of- fioas souvent que nos conjectures, elles sont au inoins basees sur la connaissance exacte et laisoniiee des eleniens qui ont servi a les ctablir, et dont nous regret- tons de ne pouvoir indiquer toutes les sources. Nous reuiarquerons enfin que I'exaclitude de plusieurs de nos evalua- tions , relatives a la population cl a la sur- face, qui s'eloignaient beauconp des don- nees generalemeut aduiisus dans la geo- grapliie , a ete demontree par des recen- seinens posterieurs ot par des niesui'es precises obtenues depuis leur publica- tion; que nous avons eu la satisfaction d'en voir plusieurs aulres adoptees par le savant celi'bre M. de Hund)oldt,et ijue M. Malte-Brun, dont les sciences ont re- grelte la raort preniaturee, avait eu I'in- lentiou de faire usage de ce tableau poui' en inserer les resultats nunieriques dans son Precis de Geographic unit'ersclle. 11 se proposait de terminer le dernier vo- lume de cet ouvrage avec toute la partie de notre Balance quiserapporte a I'Eu- rope. "{l^'oj: tom. VI du Precis de Ge'o- graphie, par Malte-Bruu, page 92.) Voici uu leger apercu de la distiibu- tion des douze colonnes verticales , dont I'ensemble forme la Balance politique du globe. La i'" colonne a gauche offre les gran lies divisions du globle , par mon- des e! par parties de monde, ainsi que les graudes subdivisions de chacune de ces dernieres. La 11*" iiidique le nom et le titre de chaque Etat; la Iir' et la IV" en presenteut la surface et \ai population. Aux Elats qui possedent des territoires hors de I'Europe, on a joint la somme de leurs surfaces etde leurs populations res- pectives, afin de pouvoir assigner a cha- cun la place que la totalite de ses pos- sessions lui donne parmi les puissances qui se pari agent la terre. Dans la surface et la population de ces nienies Etats , ainsi que dans celle des nouveaux Etats trans- atlantiques , on a toujours compris le territoire et la population des tribus in- digenes tout-a-fait iiidependautes qui vi- vent dans leurs limites. La V offre la classification des kahitans de chaque Etat d'apres la religion qu'ils professent. C'est Textjait d'un Tableau des religions ([uc M. Balbidoitpuljlieriucessammeut. Dans la Vr", on indique le nom des princes rc- gnans , et pour les rcpublitpies , ceux des chefs du gouvernement et des bourgnies- tres. Le nombre quisuit imniediateftienl le nomdu prince regnant fixeTepoque de son aveneuient , et le nombre place entrct parenthesps I'epoquc desa nuJnrite. l)e>. — 4 abr6viattoits iiuUqucnt la reIi{;ion qu'il profcsse.Ona place mieetoiloaprcslcnom des nioiiar(|iies dont le gonveriicriieiit est constiluliuniiel. Le noni ecrit entre pa- rentheses indiqiie la dynastie a laqiielle il apparlient. Les coloiiiies VIFct VIIF offreut les reventis et la delte piihllque , en francs. Les colonnes IX'' et X", \ar- mee dc Icrre et I'armee de mer : cettc der- iiiere est divisee en vaisseaux deliijne, fre!;ates et batimens inlerieuis. Dans la eolone Xl% on classeles liabitans de clia- quc ttat d'apres la langiic qn'ils parlent. Celte colonne, ainsi que cclle des reli- gions , mentionne le nom des penples et Jenr relii;ion, dans un ordre correspon- dant a celurdu noinbre des individns qni les conslituent et les professent; ona ecrit en caraclijres itallques les noms de ceux qni sont en grande minorite, relative- nient aux preeedens. Cetle XI* colonne est, pour ainsi dire, I'extrait de V Atlas ethnographiqiie du globe, par M. Ealbi. Les longues recherches auxquelles ce sa- vant a du se li^Te^ pour rcdiger cet ou- \rage, lui ont fait connaitre, du moins npproximativement, le nombredesindivi- dus qui composent chaque peuple, et don- nent a cette colonne tonle I'exactitude dont elle pent etre susceptible. La Xir et derniere prfeente ce qu'on pourrait appeler la topographie de chaque Etat , en indiquant, d'abord en grandes lettres sa capitale , ensuite Xesrilles principales, avec leur population respecliveetlesdivi- sionsadministrativesdoutelles dependent et dont elles constituent les chefs-lieux. Par cette simple exposition diicontenu des douze colonnes de la Balance poli- tique dw globe, on voit que ce tableau offre en rcalite unc Geographie statis- ti(jue elementaire jiisqu'a I'annee 1828, redigee par un habile geographe, par un homme qui a assez cludic et approfondi la science de la statistique pour s'etre rendu maitre de son sujet, et qui est ayantageusemcnt connu depuis pres de vingt ans par des ou\Tagcs en ce genre, devenus classiqucs. Ce qui donne uu nou- veau prix au travail que nous proposons, c'cst que M. Balbi ne sVst point borne »«x resultatj personnels de ses longues recherches ct qu'il aobtenu de uonibrciix renseigneinens dans ses relations aver les savans les plus distingu6s des prineipaiix ittats du globe et avec plusieurs publi cistes et economistesde I'ancien etdu nou- yeau continent. Les documeus gcneraux presentes dans ce tableau donuent lieu a de cnrieux rapprochemens et a de nombreuses ap- plications qui peuvent intercsser le gey- graphe, I'econoniiste et Thomme d'etat. Ainsi , par exeniple , si Ton compare les surfaces des cin([ parties du nionde et leurs populations absolues, on s'apercoit que I' Asie les depasse toutes sous ces deux rapports; que I'Europe, qui n'esl pas le quart de I'Asie en surface , a cepeudant plus de la moitie de sa population abso- lue, et qu'en population relative, elle a une superiorite immense sur toutes Us autres parties du monde ; que rAmeri(|ue entiere corapte a peine autant d'babitaus que la France et les Pays-Bas reunis , tan- dis que la sui'face de ces deux contrecs u'est pas la GS*" de celle du uouveau con- tinent j que I'Empire russe , le plus vasle de tons, posscde plus d'un septieme de la surface terrestre; que la monarchic bri- tannique, attendu ses vastes possessions hors d'Europe , occupe le second rang en surface ; la Chine le troisieme ; le Bresil le quatrieme , et que la France u'arrive qu'au vingt -deux ieme rang; qu'en classant les Etats par leur popula- tion absolue , I'Empire chinois occupe la premiere place, la monarchie britanni- que la deuxieme, I'Empire russe la troi- sieme , la France la quatrieme , I'Au- triche la cinquicme , etc. ; que, relative- ment aux revenus, I'Empire britanuique est encore le premier, la France le second, la Chine le Iroisieme, etc. Les colonnes des religions et Aes, pcu- ples permettent de voir d'un coup-d'ceil quels sont les Elats composes de plusd'c- lemens divers, quelle est la religion pro- lessee par le plus grand nombre d'indivi- dus, quel rapport exisle entre uu peuple dominant et ceux qui lui sout sounds. Unc simple division pent faire connaitre le rapport actuel des naissanres, des de- ces ct des mariages a la tolalite des ha- Lilans des'Etats civilisps; on pent compa- rer egalemenl la valeur fmauciere on niilitaire de chaque individu, et recueil- lir uue i'oule de uotions, an mojen des- quelles on ptut apprecier approximative- ment la ci\dlisatiou etla moralite respec- tives des peuples. De nombreux documens de meme na- ture et des applications du plus liant in- teret jaillissent de tons les points de eel utile tableau, et seront facilement saisis par les personnes qui vondront bien en t'aire usage. Nous ajouteronsque, parson format et les niatieres qu'il contient, on peutrinsererdausl'^^/oj universel deLe Sage(M. lecomtede Las Cases), sigent- ralement estime, et dans Y Atlas des deiuc 5 — jimeriques , public par M. Bucuon , dont il est le complement necessaire, et (|u'il pent surtout servir de texte a V Alias uni- versel Ae. M. Brue, que nous n'liesitons pas a regarder comnie la meilleurc et la plus belle collection de cartes elcmen- taires que Ton ait encore publiee. Celte Balance poUtique du globe, qui est comme un appendice des ti avaux de la Retue Encjcluj>edi(jue , recueil central de la civilisation progressive etcomparee dans tous les pays , parait devoir etre le •vade mecitm , le manue! necessaire de tou- tes les personnes qui veulent acquerirdes notions precises sur les peuples et sur les rapports si atistiques qui dccident dcleur rang et de leur importance dans le nionde. Librairie de JULES RENOUARD, a Paris. XiivKES rRAN9Ais nouvi:i.i.i:ment publics. Huitieme Livraison de 1' ATLAS historique et chronologique des LiTTERATUKES ancieuucs et moder- nes, des Sciences et des Beaux-Arts, d'apres la melhode et sur le plan de I'Atlas de A. Le Sage (comte de Las Cases) et propre a en former le com- plement, par A. Jarry deMancy, an- cien eleve de I'ecole normale , profes- seur d'histoire a I'Academie de Paris. Cette livraison contient, N" XVII, Esquisse chronologique de I'histoire de la Plulosophie et du Droit depuis son origine jusqu'a nos jours. — N° XXIV, Esquisse chronologique de I'histoire de V Academic Royale des Beaux-Arts , de- puis son origine jusqu'a nos jours. Deux tableaux grand in-folio colories. Prix pour les souscripteurs 8 fr. Chaque tableau pent etre achete se- parement Prix , 5 fr. II reste a paraitre cinq livraisons ren- fermantdLx tableaux, qui seront publiee^ dans le cours de cette ainiee. Voyez la RevueEncyclopedique, T. XXXIII,niars 1827 , page 8o5. ICONOGRAPHIE LNSTRUCTIVE on Collection de portraits des personnages celebres de I'histoire moderne, accom- pagnes et entoures d'un texte. Por- traits d'apres Deveria, et texles par A. J. de Mancy, grand in-8 , papier velin. La i"^"^ serie coniposee de 24 portraits est terminee. La 1 '"'' livraison de 13 2" serie parailra le i5 mars, et les autres livraisons de quinze jours en quinze jours. Prix de la hvraison composee de qua- trc portraits 2 fr. Chaque portrait peut etre achete se- parement Prix, 7 5 cent. L'liPICURIENtraduitdel'anglaisdeTH. Moore , par Ant. -Aug. Renouard. I volume in- 1 2 4 fr. ROMANS HISTORIQUES de Van der Velde, traduits de Tallemand par A. Loeve Veimars. Quatrieme et der- niere livraison, 4 volumes in-12. Prix , 1 2 fr. La collection complete se compose de- 16 volumes Prix, 48 fr. Chaque ouvrage pent etre achete separement. MEMOIRES DE DON JUAN VAN HALEN , chef d'elat-major d'une des divisions de I'armeedeMina en 1822 , et 1823. Premiere partie. Recit de sa captivile dans les cachots de rinquisiiion d'Es- pague en 1817 et i8i8, de son eva- sion, etc. etc. I vol. in-8, orue dii — G porli'ail ill" rautcur, dfi fac-siiiiilf ties signatures des inquisilcurs, vW. Piix, C, (r. Seconde parlic. Recil ilo sa canipagHe au Caucase , sons Yerniolow , cu 1 8 1 9 el 1820, de son retour on Espa;;iic en 1 82 r, etc. etc. i vol. in-8, oinedn porirait d'Yernmlow, de divers fac- simile el d'une caite de la Georgie. Prix,' 6 IV. Prix des 2 volumes 12 fr. Line edition orii;iuale en laugue es- pagnole parailra prochaiuement ; elle I'ormera 2 volumes in-12 avec des plan- ches. LIVRES DES DESINENCES, contenanl les decliuaisons, lesconjugaisons, etles regies de la syulaxe laline, niises dans un ordre ronformc a la melliode de M. (Irdiuaire. Troisiimc edition, i vol. in-12 . . . I fr. 5o c. NOMENCLATURE DE L'EPITOME HISTORIC SACR^. Troisirmc edi- tion, I vol. in-ia .... i fr. 5i) r. NOMENCLATURE COMPLEMEN- TAIRE, contenanl les raols du De Viris, de Phcedre et du Cornelius Nepos. I vol. in-12. . . . I fr. 5oc. Nomenclature du De Viris i vol. iu-12. I fr. 5o c. Nomenclature des fables de Pliedre i vol. iu-12 I fr. 5o c. Nomenclature du Cornelius Nepos, t vol. in-12 I fr. 5o e. Nomenclature d'iuiliatifs et de terraina- lifs latius, - 1 vol. in-ia. . i fr. 5o c. LXBRAXRIE FOUR I.ES IiANGUES XTRAlffGERXS. Ctl Etahlissement , specialement consacrc aux livres en langiies etrangeres , connu swlout pour la moderation de ses prix , prcsente un assortiment du plus de s Pays-Ras, en Allt'iiiai;ne «'l en Suisse. Prix (I'aixxinoinont, 8 fr. pour trois jnois, iG fr. pour six niois, et 3o fr. pour 'in an. — Pour l«s dopartemwjs , 8 f. 5o c. pour trois mois et 9 fr. pour IV'trangcr. Les Bm-oaux du Journnl de la Bourse lie Paris soul (;lal>lis rue des Hons- Enfans, n" 34. Los Icttrcs, paquets Kt envois d'arg«ut doivent etre adrcsses francs de port. ON S'ABONNE A Paris, chez Anth. BOUCHER , Imp.-Lib., rue des Eons-Enfans, n. 34. DELAFOREST , Lilnaire , rue des Filles-S.-Thonias, n. 74. Au Havre, clicz A Rouen , A Nantes, A Bordcnux , A Lyon, A Strasbourg, A Londre*, A Amsterdam, A Rottcrdimi, A Anvers, A Eruxellcs, A New-York, Chapei.le; Vai.i.ee-Edet et C ; Mkllinet-Malassis; Gassiot aine ; Maise; Treuttel et Vurtz; Treuttel et WuRTi B0SSANG£ BaRTHES et LowELi, ; Van-Gaijck.; G. DuFoiTR ct C*; Arbon et Krap; Lepoitevin; IiECharher; Beaudoim; Berard et Mohdon; A Madrid, Perez; A Lisl)onue, Rey; A S.-Petersbourg, Schwe-schnikoW; A Berlin, A Varsovie, A Lcipsick, A Francfort, A Yienne, A Geneve, A Milan, A Turin, A Genes, A Naples, Schlesinger; Veltuzen; Barth; Andre^e; Artaria et C^ IPaschobd; Barbezat et Delarue; A. ViNCEZo; BoccA ; Aferrando; BOREL. M. Pahckouckk, cditeur de grandes cntreprisesde librairie, et designe coniuie candidal pour la deputation de Paris, 7* arrondissement, a eu I'lionorable pensee »le consacrer trentc cxcniplaires velins, tie quinze volumes iu-octavo , de I'A- DREGK DU DlCnONNAIRE DES SCIENCES MEricAi.Es,aoxjeuueselevest[uiauraient remporte des prix dans les diverses facul- tes de mcdeciue. Seize exeinplaires onl deja ete remis a M M. Diwergie , Dubois _ Guerard\ faculte de Paris); Goupil , Le tcllier, Touzel , Caillot, Masson, Bres- son Ramhaud (faculte de Strasbourg); Lafosse, Valat, Caudray, Gomis-Dos- Santos , Fischer, Catambcr ( faeulle de Moutpellier ). II reste done quatorze exemplalres a distribuer. MM. les eleves laurcats sent pries de les (aire rcUrei^ cxactemenl. XIBRAIRIE DE BACHEX.IER , QUAI DES AUGXTSTIMTS , N. 5S. ©lunaitjc nouiifUcmcut public. FORCES :|£lECTORALES a la fin de 1827, et Situation progressive des forces de la France, depuis 1814, huiiicme Edition. Par le Baron Charles DUPIN, Membre de I'lnslitul et Dejiute du Tarn. In-iS de xij cl 126 pages; Prix : 3 fr. Cet ouvrage est indispensable aux elecleiirs, et utile a tons les bonsFran- eais. Qu'ils meditent principaletnent les fails f|ui sent mis sous leurs yeux , de- puis la page 97 jusqu'a la fin, et dans les departemeiis appeles aux rcelections, I'epitre dedicatoire de I'auteur; ils en- tendront I'expressiou des vanix de la palrie , et le scrutin electoral donnera de nouvelles forces aux defenseurs des liberies constituliounelles. ijininiK riiEZ rAi;t, RnNOfAiin titiE CABENCtftRE, n. ^, ». «.* LIBRAIRIE DE J.-J. BLAISE, RUE FEROU S.\1NT-SUI,PICE, N" 24- VOYAGE PITTORESQUE DE LA GRECE, Par M'. le Comte de Choiseul-Gouffier. XV% XVP et dernier Chapitre, deux Livraisons a 80 fr. chaque. L'Ouvrage compl^t, 3 vol. gr. in-folio, sur papier JSom- de -Jesus , conlenant plus de 3oo sujets, graves par les premiers Artistes, prix : Bio fr. Premieres epreuves, avec des remarques, 6[\o fr. — Les Tomes II et III separemeut, Sao fr. NoTA. Ces deux volumes ayant ete imprimis a un moincire nomjjie que le premier, les personnes qui uegligeront de les retirer prompte- ment seront exposees a ne pouvoir completer. JM ous vivons dans un siecle oii le present vient tous les jours repandre un interet plus vif sur le passe : de grandes commotions politiques concentrent tout a coup Fatten tion sur des contrees a peine connues ou presque oubliees, et Ton recherche avidemeiit toxit ce qui peut fournir quelques lumieres sur le caractere et les raoyens des nouveaux acteurs qui apparaissent brusquement sur la scene du monde. Le Fojage Pittoresque de la Grece du comte de Choiseul n'avait surement pas besoin de ce terrible relief pour trouver des lecteurs; un charme irresis- tible s'attache a tout ce qui rappelle la Grece, et le nom seul de ce pays, d'iramortelle memoire, est pour ainsi dire un talisman dont tous les esprits cultives reconnaissent la puissance. Cependant la revolution qui vient de renouveler la vieille querelle (^ ) des Grecs et des liarbares, qui semble ressusciter taut da noms tameux, et donner une existence nouvelle a ces poetiques rivages; cette revolution ne peat manquer tl'augmenter encore I'iiiteret qu'inspire depuis long- temps I'ouvrage dont nous annoncons la fin. Sans entrer ici dans des details deja connus, nous nous bornerons a retiaccr les principales circon- stances qui recommandent le Voyage de M. de Choiseul, et lui assurent vui des premiers rangs parmi les ecrits du meme genre : ce n'etait pas unt- de ces speculations oil trop souvent, pourvu que Ton parvienrie au iiombrc de volumes que Ton a promis , on est peu scrupuleux sur I'exactitude des observations et sur la verite des tableaux, et oil I'on se dit : 3Ion siege est fait. Le noble caracterc de M. de Cboiseul repoussait de pareilles idees : on sail ies recherches penibles , les longues courses et les frais immenses que lui a coutes I'execution de cette grande entreprise. Plein d'enthousiasme , et guide par le seul desir de connaltre a fond ces contrees celebres , M. de Choiseul s'est elance dans la car- riere, non avec la precipitation pen eclairee d'un faiseur de livres, mais en amant passioniie et in- struit d'une des plus belles portions de I'heritage des temps; son but etait de satisfaire son propre gout, et aussi de rendre aux lettres, aux sciences et aux arts un important et memorable service. M. de Choiseul avail d'ailieurs des facilites qui raanquent presque toujours a un simple particulier, au milieu d'une population insolente et ombrageuse, et sous I'oeil d'un gouvernement aussi mefiant que peu curieux des jouissances de I'esprit. Un nom deja celebre, et, dans son second voyage, le caractere d'ambassadeur d'un grand Monarque, lui preparaient !es voies; les pachas lui ouvraient leurs palais; il assistait a leurs fetes et h ieurs exercices militaires : les commandans des contrees qu il avait a parcourir assuraient sa marche, le comblaient d'egards et (3) ineme de prevenances ; il pouvait observer a loisir, s'arreter, revenir siir ses pas, sans avoir a redouter les genes, et meme parfois les avanies qui attendent les autres voyageurs , quelque recommandables qu'ils soient, d'ailleurs, par leurs talens et par Fobjet qu'ils se proposent. M. de Choiseul ne negligea rien pour mettre a profit d'aussi precieux avantages; il ne craignit ni fatigues ni depenses; il s'entoura des Artistes les plus distingues, et sacrifia son repos et uilfe partie de sa fortune a ce qui fut la passion de sa vie en- tiere. Les evenemens de la revolution fran<;;aise I'ar- r^terent dans sa course, et la niort vint le surprendre lorsque deja il avait mis au jour la majeure partre de son Ouvrage. Acquereur des riches portefeuilles qui conte- naient les materiaux des derniers chapitres, nous avons entrepris d'exploiter cette mine, dont la fe- condite a excite notre ardeur et recompense notre travail. Le texte est presque en entier de I'Auteur lui-meme; on n'a fait qu'en raccorder les parties qu'il n'a pas eu le temps de mettre ensemble , a I'aide de quelques morceaux de transition et de liaison. Deux Academiciens,M.BarbieduBocage,recemmentenleve aux lettres , et M. Letrone , ont consenti a se charger de cette tache delicate, ainsi que de remplir un petit nombre de lacunes, soit descriptives, soit geogra- phiques ; on y reconnaitra, nous n'en doutons pas, la scrupuleuse exactitude du savant, et I'heureuse facilite de I'artiste qui, ayant a terminer le tableau d'un grand peintre, a su se penetrer de son esprit, et retrouver, pour ainsi dire , ses brillantes inspirations. Plus de trois cents gravures ornent ce magnifique Ouvrage; la plupart ont ete executees sous les yeux memes de i'Auteur, et d'apres les dessins de M. Hi- laire , un des compagnons de voyage et des plus utiles collaborateurs de M. de Choiseul. Les autres, en petit nombre, ne sont pas, nous osons le dire, inferieures aux premieres; et il nous suffirait, pour ( 4 ) eii donner une idee avantageuse, de nommer les Artistes qui ont bien voulu nous consacrer leur burin; quelques uns meme de ceux qui avaient ete employes par M. de Choiseul ont coopere a I'ache- vement des Planches, et nous devons beaucoup , en jxirticulier, a M. Dubois, qui, en i8i4, s'est rendu sur les lieux pour y lever les plans et prendre les vues dont M. de Choiseul avait besoin. Au nombre des Cartes qui entrent dans le Voyage que nods venons de publier, et qui peuvent etre d'un interet particulier en raison des evenemens actuels, nous citerons la grande et belle Carte des Dardanelles, et un magnifique Plan de Constanti- nople. La Grece, tant ancienne que moderne, appartient au premier volume. Une Notice extremement interessante sur la vie et les travaux de M. de Choiseul, par M. Dacier, membre de rinstitut,et une Table analytique, terpii- nent I'ouvrage. Au commencement se trouve un beau Portrait de M. de Choiseul , d'une grande dimension et d'une ressemblance parfaite, grave par M. Dien, a qui nous sommes deja si redevable pour les diffe- rentes Editions que nous avons offertes au Public. GALERIE DE LESUEUR, ou Collection complete des vingt - deux tableaux peints par ce grand maitre pour le cloitre des Chartreux, et repre- sentant la Vie de saint Bruno, executee en dessins lithographies, avec un frontispice et un cul-de- latnpe, par M. Fragonard; accorapagnee d'un Examen raisonne et de deux Notices, I'une sur Lesueur, I'autre sur saint Bruno, par M. Miel; de- diee a 5. A. R. Monsieur y aujourd'hui Charles X, par M. Prosper Laurent, editeur du Musee Royal, dont la Vie de saint Bruno ya/Y la uite et le com- plement. Un vol. in-fol. atlantici papier velin d'Annonay : prix , 120 fr. — avec tig. sur papier de ^' ne, -o 180 fr. E l/lMTRIMERIK HE ^ELliT , me de Vaiigirard, u" .). Avis ADX AMITEITRS DB la tlTTl^RATORE ETRANO&RE. On peut s'adresser ji Paris , par I'entremise du Bureau cbrtb ax. ok LA Rbvcb EjroTCLOPEDiQOK , a MM. Trbutxei, et Wuuxz, rue de Bourbon , n" 17, qui out aussi deux maisons de Rbrairie, I'une k Stras- bourg, pour rAlIemagne, et I'autre i Londres ; — a MM. Abthus Behthajtd, rueHautefeuille, n" a3; — Rekooaru, rue deTouruon,n"6; — LEVRAUI.T, rue de ia Harpe, n° 81 , el 4 Strasbourg; — Bo»- SANGH />«/■«, rue Richelieu, n^eo; et a Londre$,pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, alleroands, italiens, russes, polo- nais, holiandais, etc., ainsi que les autres productions de la litt^rature etrangire. AlJX ACADEMIES KT ACS SOCIETES SAVAHTES rf-«ncx deport , au Directeur de la Revue Encyclopidique , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, afin que la Revue puisse les faire connaltre le plus promptement possible i ses lecteurs. AOX EDITEDRS O'OCVRAGES ET ADX LXBRAIHES. MM. les^diteurs d'ouvrages p^riodiques, fran^aiset Strangers, qui desireraient ^changer leurs recueils avec le nAtre, peuvent compter sur le bon accueii que nous ferons k leurs propositions d'^change , et sur une prompte annonce dans la Revue , des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics, qu'ils nous auront adress^s. Airx i^ditbcrs des bscuei]:.s feriodiqtibs bjt ahglsxerrb. MM. les Editeurs des Recueils p^riodiques publics en Angleterre sont pri^s de faire remettre leurs numens i M. Dbgborge, correspondantde la Revue Encjrclopedique a Londres, n" ao, Bemers-street, Oxford-street, chez M. Rolandi ; M. Degeorgeleur transmettra , chaque mois , en ^change, les cahiers de la Revue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi sous- crire chez lui , 6oit pour Tann^e courante, soit pour se procarer les collections des anneesant^rieures, de 1819^ 1896 incluSivemeut. AuX LIBRAIRES ET ACX EDITEURS d'ouTRAGES EN AtI.EMAGirE. M. ZiRGJis, libraire a Leipzig, est chargd de recevoir et de nous faire parvenir les ouVrages publics en Allemagne , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs d^sireront faire annoncer dans la Revue Enc/' tlopidique. LiBBAiRES chez lesqucls on souscrit dans les pats £tranoers. Londres,V. Rolnndi. — Dulau ct Cio; — TreiiHel et Wiirlz; — Bossange. Madrid, Uennee ; — PerfeS. Man/icim , Arlaria et Fontaine. iT///o«,Gieglre;— Vismara;— Bocca. Mons, Le Koux. Moscou, GauUer; — Riss pereetfils. Naples , Borcl ; — Maro^a el Wanspandock. , ' New-York (Etats Unis), Thoisnier- De.cplaces; — BerardetMondon; — Behr et Knhl. Nouvelle •Orleans , JourdaA } — Boclie , fr^rcs. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ralori ; — Bceuf (Cli.). Pcter-iboiirg, F. iiellizaid et C" ; — Graeff; — WejLer; — Pluthart. Rome , de Romanis. SciiCtgfirt et Tiibingue, Gotta, Todi, B. ScalabriiH. Turin ^ Bocca. /^<3riOf/f,Glucksberg;— Zavadsky. Vienna (Autiiche), GeroKl; — iSchaumboprg ; — Schalbacher. Atx-la-Chnpelle, Laruelle iils. Amstei-dam, Delacbaux; — G. Du- loiir. Anvers , Ancellc. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesiiiger. /Seme , Clias ; — Bourgdorfer. brcsluu J Th. Korn. liriLxelles, Lecbarlier; — Demat; — Brest van Kempen; — Horgnies- R6nl6. llniges , Bogaert; — Dumortier. Florence, Piatt i. — Vieusseux. Fribonrg (Suisse), Alolse Eggen- doifer. Franc/orc-sur-Htein , Scbaeffer ; — Bjoiiner. Gand, V^aadeDkerck.oTen fils. Geneve, J.-J. Pascboud ; — Bar- bezatetDelarue. La Haye, les frercs Langeubuysen. Lausanne , Fiscber. i^i/iir^.Griesbammer; — G.Zirges. Lirge , Dcsoer. — Colardiu. Liibonne , Paul Martiu. COLONIES. Guadflt'ipe. (Pointe-i-Pitre), Piolet aiao. lle-deFrance (Port-Louis), E. Biirdet. hiarUniqnc , Tliounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Atj BuHeao db ked action, bue d'E^'peu-Saiht-Michei. , n" i8, oil doivent<5tre envoyes, francs de port, les livres, dessins et gra- vures, dent ou desire ranno;ice, ct les Leltres, Memoires, Notices ou Extraits destines a 6tre inseres dans ce Uecueil. AuMusEEENCYCLOPEDiQUEjcbezBossANGE pere, rue P.ichelieu , uo 60 ; I Chez Tuedttei. ex Wurtz , rue de Bourbon , n" 17; Rey ex Gkavieh, quai des Aii^stins, n" 55; Cbnrles BiciiET, libraire-comui''% quai des Angnstir.s , u° 57; J. Rbkouahu , rue de Tournon , n° 6 ; Roret, rue Kautefeuitle, n" la ; A. Baudouiit , rue de Vaugii ard, n" 17 ; DelausaV, Piix-iciEit, PoNTHiKu, LA. Tewte, CAurnxix LiTTK~]g KAIBB, au Paiais-Iioyal. A LONDREIS. — Foreign LmnARY, so Berners-str:-f;r . ' street ;TfiEtjTTEi. ei Wuhtz; Bossai>ge; l}i)LkV jlt C"". Nnta. Les ouvragps »anouce« dans la Revue sc trouvcut aiissi \:Wi. Rof kt , me H»utefc\iille , u" 12. . TARis. — DE i.'iri:i'RrM>.Rlr nr. nic:j;..-l.,jih«u« Tome I-1828. (37* de la collection.) 1 1 1^ livji^ison. REVUE ENGYCLOPEDI ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTliRATURE, I.liS SCIENCES ET tES ARTS. i" Pour Its Sciences physiques ct mathemaliques ct les Arts inJiistriels. M.M. Ch. Duri>-, GiRARD,'NAviEa, de I'lustitut; J. J. Bapde, Dl;i;i;ukfaut, Ffrp,y,Francoeur , An. CoNDtNET; D. rjAUDM.R , de Loudres; A. Mir.HKr.OT, DE MONTGERY , MOREAO DE JOHNES, QuETELET, T. RlOHARD, WARDF.K , CtC. 2° 'PourXoi Sciences naturcltes: MM. Geoff ROY Saiht-Hilaire, de ric-titiit; BoRY DE Saimt-Vincent, lorrespoudaut de I'lii.stitut ; Mathieh Bon.'ifocs, de Turin; B. GAtiii.ON , de Diejipe; V. Jacqcemost, elc, 3" Voi\t\cs Sciences medicales: MM. EAi.r,Y,DAMirioN , G.-T.Dorrf, AninnFE DoPAD, FossATi, Gasc; Gersox, de Hamhourg ; Georget; de Kirckkoff, d'Anvers; lltGotr-ox fils, d'Ainiens , etc. 4° ViiUT les Sciences p/ii!osi)jii;iqiies et morales, politiques , gengrap/iiques et Itisloriques ; M.M. M. A. Jcllien, de Paris, Fondateur-Dirccti.ur de la Revue Encjclnpedique; Ar.ES. de la Boroe; Jomard, de I'luslitut ; M. Avenet,, Barbie du Bocage Cls, Benjamin-I.onstant. Chart.es Comte, Depmng, DcFAU, DuKOYER, GoiGNiAiiT, A. Jaubert, J. Labouderie, At.ex. Lameth, Lanjcinais lils , p. Lami , LESUEtiR-MERr.iN, Massias , Alrert Mom- TEMOxr, F.oseee Sai-verte, J.-B. Say; Simondr de Sismokoi, de Geuevis Warwkcenig, de Lii'ge, etc. DuriN alue, BsRViLtE, Bouchene- Ltifjir.. CRivEr.11, Cu. Ken GUARD, Taim-andier , avocats, etc. 5" l^our la LilleratureJ rancaise et etrangere, la- Bihiiitgtaphie , I'Archeohgie et les Seaiix-Aris :Myi. AnDRjErx, Amaury-Duvai,, Emeri.c David, I.hmhi- f.iEP. , de Seolr., de r[ii.5titut; AxdrieOx, de Limogc.^; Mi"<^ L.—Sw. Beluk:; MM. MicuEi, Berr;J.-P. Bres, BurvMouf Jils, Chauvet, Chknedoli.e, de Liegc; P.-A. CouriN, Fr. Degeorge , Dumersan; Ph. Oor.r.KRY, correspou- dant de I'lustitut; Lior* Halevy, Heibero, Ueniucbs, E. Hf.reau, Auguxte JuLLtEN fils; Bernard Jclliew; Ka7.v(is, de Zaule, AnnrEN-LAFASGE, J. V I. eclerc, Nestor L'hote, A.MAHtir.; J.rvl».uvj;i:r,; D. P. MENDtBti.;MoNWARD, de Lausanne; C. Pagakei,, H. PatiK, Pongervii,i,e; de Eeifkenberg; i.e ■Rou.TOtsx; de STASSART.de Bruxellcs ; Fr. Salft, M. .Scbihas, Scunitzlek , Leon Tbifsse, P. F. Tissot, Viguier , Villenave, S. ViscoMit , etc.^ A PARIS, AU nunr.AIJ CENTR.VL de la HEA^UE EiVCYCLOPliDIQUE , IUiHl>*l:;fPER-S.-MICHEX,,N" l8 ; ARTHITS-BRTITBAND, LI BR. AIRE, I ; 11 -a: : .;-i i.cii.i.E, a" ■/!>. LUIS 1828. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le moisdejanvier 1819, il parait, par ann^e, donze cahiers de ce Recueil ; chaque caliier , publie ie 3o du inoi«, se compose d'en- viron 14 feuilles d'impresslon , et plus souTentde i5 ou 16. On souscrit a Paris, au Bureau central d" abonnement et d'expedieii-n indiqu6 sur le litre , et chez les libraires ci-aprds : ARTHUS BERTRAND , rue Hautefeuille, n" a3; Au MusEK BNCYCLOpEDiQUK, CHEZ BossAUGK p&re.rue lUclieiieu , n" 60; J. Renovaho, rue de Tournon, n" 6; Prix de la Souseription. A Paris 46 fr. pour un an; a6 fr. pour six uidis. Dans les departemeus. 53 3o A r^tranger 60 34 En Angleterre 7 5 4j Le moQtantde la souscription, envoyd par la poste, dolt 6tre adresse d'avance, PHASC de poat, ainsi que la correspondance, au Dircvtein de la Revue Encytlopedique , rue d'En/er-SairU-'Michel, n" 18. C'est a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont od desirera I'insertion. On pent aussi souscrire chei les Directeurs de» poster et ch« les principaux Libraires, i Paris, dans les departemeus et dans les pays strangers. Trois cahiers ou livraisons forment nn volume. Chaque volume est termini par une Table des matieres alphabitique et analyciiju0 , qui ^claircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au i^'' cahier du volume suivant, a I'exception de la derni^re Table de I'ann^e, qui est expedite isoWment k tous ceux qiii peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement i partir de deux ^poques , da 1"' Janvier ou du jtrfuilletde chaque annee, poar six mois, ou pour un au. On trouve, au BtntBAU centra.1., les eoUeciioHs desannSes iStg, tSao. 1821, i8aa, 1823, i8a4 et ti%5, au prix de 5o francs chacune. Chaque annee de la Revne Encychpidique est indcpendante des ann6e$ qui pr^cfedent, et forme une sorte d'^naaairg seientifiifue et litcdraire, en 4 forts voluajes in-8»» pour la periods da tems in$crit« «ur le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, oo ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES DBS PRODUCTIONS LES PLCS REMARQUABLES DANS LA LITTERA.TURE, LES SCIEMCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MPXANGES. ESSAI STATISTIQUE SUR LA PRESSE PERIODIQUE DU GLOBE, ou Comparaison de la population des cinq parties du monde et de leurs principaux Etats avec le nombre correspondant des Journaux qu^on y publie. N.B. Get Essai statistiqite, entiereraent iieuf et d'une haute importance, a ete redige, d'apiesles titres exacts de plus de 2000 journaux politiques ou litteraires, publics dans les dif- ferentes parties du monde, et d'apres les renseignemens qu'un geographe tres-iustruit, et qui jouit d'une reputation euro- peenne, a obtenus sur I'existence de ceux dont les titres ne sont point parvenus en Europe. Ce geographe, M. Adrien Balbi , a calcule , pour chaque partie du monde et pour chaque Etat, le rapport de la population au^ produits de la presso periodlque. Les rtsultats de ses recherches forment une des colonnes du beau travail qu'il va faire paraitre a Paris, sous T. xxxvii. — Mars 1828. 38 5yA ESSAI STATISTIQUE ce litre: La Monarchie franraise comparee cwec le$ principaux Etatsdu monde, en 1828. Les lecteurs de la Rcvm Encyclopc- dique pcuvent compter sur I'exactitude de ces calculs; ils put pour j^arans la sa|^acite, le soin extreme, la conscience qui di- riment M. Balbi dans ses travaux, et de plus, la cooperation de beaiicoup de savans et d'homraes d'etat distin^ues (jui cou- courent gcnereusement avec lui ;\ la redaction du Conipliment de r Atlas Etnograpluquc du globe, que M. Balbi doit publierin- cessamment sous ce litre : Tableau physique, moral et poli- tique des cinq parties du monde; ouvrage dont la premiere par- tie a merite i ce savant les suffrages les plus honorables dans les journaux des deux mondes , et les temoiguages d'estime et de bienveiUance de plusieurs princes souverains. NOMS des r/lUTIES DU MONDE Er DE9 ETATS. EUROPE. . . France. . . . Paris Lyon Toulouse. . . lioi'deanx. . . Rouen Marseille. . . Strasbourg. . Nantes. . . . Le Havre. . . IN and Koulogne. . . Lilh' Besaocon. . . Amiens. . . . Dunkerque. . Orleans. . . . Vesoul. . . . Saint-Etienne. Melz Le Pny. . . . POPULATION. 27,700,000 3i, 000, 000 890,000 1 46,000 70,000 g.'i,00o 90,000 I 16,000 5o,ooo 72,000 2 1,000 29,000 ig,ooo 70,000 29,000 42,000 25,000 40,000 5,000 3 1,000 45,000 .t 5,000 ; 142 490 176 i3 i3 lO 8 6 5 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 OUSERyATIONS. a population inenlionnfc dans ce tableau est celle i]ui exi^lail,a la fin dei 8 26, dans les lilals principaux des diverses parties du globe, et notamment daus rEuropcet 9i> NOMS des PARTIES DC MONDE Tonrs "Valence Liaioges Albi Castres ItEs Lritanniques. . . Londies Dublin Ediiubourg Glasgow , Manchester Birmingbaiti Liverpool Limerick r.rislol Cork Exeter York Balb , . • . Brighton (Janterbnry Leed Notlinghsm Belfast Chester Plvnioulh . . I Sheffield Sonthampton Port S.-Pieri-e, ile Guer- nesey Wolverhampton S.-Hclller, tie Jersey. . . Galway Londonderry Ballina Waterford Confederation Suisse. . Berne Zurich Lugano Geneve POPULATION 21,000 10,000 26,000 11,000 16,000 23,4oo,ooo 1,275,000 227,000 i38,ooo 147,000 134,000 107,000 1 19,000 .^9,000 88,000 101,000 a3,ooo 39,000 87,000 24,000 1 3,000 84,000 40,000 37,000 ao,ooo 61,000 62,000 1 3,000 1 1,000 4 18,000 3 1 0,000 3 28,000 3 9,000 3 4,000 3 29,000 3 1,980,000 3o 18,000 4 10,000 3 4,000 3 2S,000 4 483 97 i 28i OBSEnrATIONS. raodifiant les somioes relatives aux differens Etats . a cni de- voir adopter de preference les nombres les plus faibles, dans la craiiite de presenter des iVa- luations trop fortes. Les lej- teurs doivent done regarder, en general, ces soinmes coinme des minima , et non coinmc des maxima. Nous croyons inulile de faire observer que les eva- luations ne sont souvent (pi'ap- proximatives. atlendu qu'elles se composent d'elemens tres- variables, ooinme les pnpula- tio!is des villes et des litals , et le nombrc desjournaux, uui, a rexceptlon des principaux, dont ['importance j^arantit la duree, naissent, meurent et se leprodulsent sous d'autres li- tres, avec una telle rapidile qu'il est impossible de suivre les phases de leur courte exis- tence. On doit aussi reinarquer que, si le detail des nom!)res partiels nes'eleve pas au total exprimeen tete de la colonne, c'est qu'on s'est boine a eirer If 9 villes qui publieiitun cer- tain nombre de journaui. ' Ce nombre est exacleuient celui desjournaux politiques, le tout autre genr**, qui par.iissent aclacllement dans I'archipel Brilannique et dans fes dependances pidltl- ques. M. Baibi en ctnit la com- munication a Tobliijoance de M. (!Vjar Morf.au, vice-consul franrais a Londres.Les lonjjues rechcTches de ce savant I'ont conduit a la redaction d'uuta bleau d'une grandeexactitude qui fail partiede runvrafjequ'il vieiit depublier h Londies, sur Us finances de t.4ngfelerre , de- pitii /eiRomai/i.tjusqud nos Jours, Ciounne le lablean de M. Cesar Moreaa ne povle point les noms des villes on sont pu- blics lesjournaux pwriodiques, M. IJalbi a cu ri-coi;rs a d'au- 5yG ESSAI STATISTIQUE NOMS dcs TARTfES nn MOKDE ET DES EXITS. Lausaunc. Aiau. . . EmrrRE d'Autriche. . . Tienne Milan Pragne Pest Salzliourg Piesbourg Venise Lemherg Padotie Jang-Bunzlan. .... Bade, ou Offen. . . . MoNARCHIE PRDSSIKNNE. Berlin Breslau Cologne •' Xijnigsberg Halle Erfurt Aix-la-Cbapelle. . . . Magdebourg Schweidnitz Coblentz Bonn Halberstadt Posen Dnsseldorf. Burg Jauer Cleves Hamm Lignitz Miinsler Hircbsberg Naumburg Postdara Guuibinnen Stettin ROYAUME DES P\TsBaS. POPULATION. 10,000 4,000 32,000,000 3oo,ooo i5i,ooo 95,000 5g,ooo i3,ooo 41,000 101,000 52,000 35,000 4,000 33,000 10,464,000 220,000 82,000 64,000 64)Ooo 24,000 21,000 35,000 37,000 10,000 1 5,000 11,000 i5,ooo 25,000 27,000 10,000 5,000 8,000 5,000 10,000 18,000 6,000 g,ooo 25,000 6,000 26,000 6,143,000 OliSERFATIONS. 3 3 80? 24 9 5 5 4 3 3 288 53 i3 10 7 6 5 5 5 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 3 3 2 i5o ? tr»^ sources pour conuaitrf leur nonibre , et dctei-irfiinei ainsi pour cliaque ville la inaS' se des journoux politiques ct autres que Ton y public an nuellement. SUR LA PRESSE P]£RI0DIQUE. hi NO MS des PARTIES DU MONDE Amsterdam ^ . Bruxelles Liege Gand Loiivain Confederation germaw. Royaume de Wurtemberg. Stuttgardt Tubingen Roj'aume de Baviere. . . Munich. Nuremberg Erlangeu Bamberg Augsbourg. • Spire Salzbach Royaume de Saxe. . . . Dresde Leipzig Royaume de Hanovre. . . Hanovre Lunebourg Giittingue Grand duche de Bade. . . Heidelberg Carlsrube Manheim Freiburg Gr. D. de Hesse-Darmstadt. Darmstadt Mayence Hesse elcctorale Cassel Schmalkalden Mechlembourg-Schwerin. . Schwerin Gr. D. de Saxe-lVeimar. . Weimar Jena Aulres pelits Etats. . . . POPULATION. §2 0 2 201,000 35? 100,000 33 47,000 8 6 1,000 5 i5,ooo 4 1 3,600,000 3o5' 1,520,000 29 32,000 18 7,000 2 3,960.000 48 70,000 20 40,000 7 13,000 5 21,000 4 34,000 2? 6,000 2 a, 000 2 1,400,000 54 70,000 8 40,000 38 i,55o,ooo 19 28,000 4 12,000 3 ! 0,000 I i,i3o,ooo 22 10,000 7 19,000 5 22,000 4 I0,000 a 700,000 18 20,000 II 25,000 4 592,000 i3 26,000 5 5,000 3 43i,ooo 9 12,000 4 220,000 17 10,000 9 5,000 5 2,104,000 80 OBSERVATIONS, ' On ne comprend point dan nombre les journaiix pu > dans I'empii ,a..j . tiu|j..c d'Aulriche, les Ktats l*russiens et Danois, ni dans le royaume des Pays-Bas, bien que quel- ques-unes de leurs proviuces en fassent partie. 598 ESSAI STATISTIQL'E N O M S des PARTIES DU MONDE Ootlia ( Duchii de Saxe- Cobourg-Golha). . . . Hildburghauseu ( Duche de Saxe - Meinungen- Hildburghausea). . . . Gera [Princip. de Reiss- Schleitz ) Wisbaden (D. de Nassaa). Hambourg ( Repulil. de ). Francfort ( Republ. de). . Breme ( Republ. do ). . . MOKARCBIK DANOISE. . . Copenh^Sgne Altona ROYADMES DE SuEDE ET DE NoRVEGE Stockholm Gotherabourg Christiania Upsal Lnnd Bergen Drontheim Drammen Christiansand. ..... Gede MoNARCHIE ESPAGNOI.E. . Madrid Cadix Barcelone MoNARCHIE PORTUGAISE , y compris les Acores. . Lisbontie Porto Coirobra Etats DC Roi DE Sard*. Turin Geues DocHi DE Parme .... Panue Roy. des Deux-Siciles. . Naples POPULATION. 4,000 8,000 2 7,000 2 1 12,000 22 48,000 18 38, 000 3 1,960,000 80 109,000 37 27,000 6 3,866,000 82? 78,000 3o? 21,000 4 20,000 4 5,000 2 3,000 a 21,000 2 n,ooo I .'i,ooo I 7,000 I 6,000 I 13,900,000 16? 201,000 4 53,000 I 1 20,000 I 3,53o,ooo 17 260,000 12 70,000 4 i5,ooo I 43oo ,000 8 n 4,0 00 3 80,000 3 440,000 I 3o,ooo I 420,000 6? 364,000 3 O/JSEUr^TIONS. Voyez, ci-apres , dans li sectioD des Nouvelles Utteraire. I'etat detailie des journauj publics dans le royaume dt Daiieiuark. Ce nombre est celui des journaux qu'on y publiait en 1822. Les ecrits pt-riodiques y paraissaientetdisparaissaient, selon ia volonte des personnes placees ^ la tete de I'aOininis- tration du royaome. SUR LA PRESSE PERIODIQUE. ^99 NOMS (les PARTIES DC MONUE ET DE5 ETATS. Palerrae Etats du Pape Rome Bologne Gp.. Ducbe df. Toscane. . Florence I Livonrne I Pise I DUCHE BE MoDfeNE. . . . Modene Empire russe et Polognf. Pelershonrg Moscou Varsovie Riga Wilaa Doipat Miltau Abo Odessa Kasan Grece Hydra ( ile d' ) Napoli de Romanie ( Pe- loponese ) Rep. des ii.es Ioniennes. Corfou (ile de ) Zante ( ile de) Repuelique de Cracovie. AM^RIQUE. Etats-Unis, on Confed. ANGLO-AlniRrcAINE. . . NeiV-York {Elat de). . . New-York (Ville de). . . Albany Pcnsylfaiiie Phlladelphic Pittsburg Ohio Cincinnati T'irtrinie M % C5 « POrULATION. OBSERVATIONS. d S «C ". ° iGS,ooo 3 2 ,090,000 6.? i54,ooo 3 65, 000 3 I ,2^5,000 6 80,000 3 66,000 2 20,000 r 35o,ooo 2 27,000 2 56 3 I 3, 000 84 Les limites de eel Empire 320,000 29 du cote de I'Asie sont don- 25o,ooo 17 nces par I'Oural et par la cicte du Caxicase. Voy. ci-dcssus, 126,000 i3? Rev. Enc, t. XXXVII, p. 553, 36, 000 7 letat de la presse periodique 25,000 4 en Russie. 8,000 3 1 1,000 3 'Avant I'l'ncendie qui a con- sume presque entierement 40,000 I celte ville. 5o,ooo 100,000 ? I 3 Quoiquc la Grece fasse en- I core noininaleinent partie de 25;000 2 I'euipire ottoman , elle est de fait entierement independantf . 10,000 ? I 176,000 a 1 5,000 I 19,000 I 1 1 4,000 3 39 ,3oo,ooo 978 Cc nombre fee rapporte a la II ,600,000 840 fin de I'annee 1827; en 1S2J, il n'en paraissait que 598 ; les I ,373,000 i37 npmbies suivans, relatifb aux 169,000 3o.' Ktats et tenitoiies en particu- 8 lier, se rapporlent aussi a 1 an- nee 1 825. Le directeur general 20,000 I ,049,000 1 10 des posies annonrait. dans son 1 14,000 = 9 rapport au congres , que Ton 11,000 3.' pouvait regarder ce nombre comme couiplet, aucun jour- 582,000 48- nal important n'ayant ele omis. 16,000 9 'EniSjfi, on en putliait 62. I ,o6C,ooo 35 6oo ESSAI STATISTIQUE NOMS PARTIES l)V MONOB FT DES bfATS. POPDI-ATIOir. OBSERFATJONS. Richmond Norfolk Massacliussets Kostou Salem Connecticut Maryland Baltimore New-Jersey Kentucky Louiswilie Tcnessee Nashville. .... . . . Georgia Savannah Sud-Caroline Charleston Indiana Maine, Ne5,ooo 10 5,000,000 8 140,000 3 120,000 3 60,000 1 2,290,000 3o 22,000 2 25,000 4 33,000 a 1,240,000 4? i3o,ooo 3 I i4jOoo a40jOoo 1 10,000 5oo Ce nombre de joarnaux pa- raissail eu 182a. INous nous sommes assures que , noi seulementil n'a pas augmente mais qu'il a memc diniiiuie car il n'en parait plus qu'ui a Bahia. Ce journal e*t actuell«ment 6oa ESSAI STATISTIQUE NOMS dcs rARTIES DU MONDE ET USS LT^TS. Kiipcnr.iQTjE d'Haiti. . . . Porl-au-Prince ASIE Calculla (Inde anglaise). . Seraiiipore Madras Bombay Siirate Colombo (capitale de I'ile de Ceylaii) Malacca Gsorgstown (cap. de I'ile da Prince de Gallcs). . Sincapouie (cap. de I'lie dn merae nom ). . . . Smyrne (Turquie d'AsIe). Pekin (empire chinois). . Macao OCEANIE Sidoey ( N. Galles da Sud, dans la N. Hollande). . Hobarltown ( ile de Van DIemen) Launceslon (ile de Van Diemen) Batavla (ile de Java). . . Bencoulen (ile de Sumatra) Ota'iti (ile de I'archipel de la Sociele) AFRIQUE Fieetown ( Sierra Leona , dans la Senegambie an- glaise) Cap-Coast (Cote-d'Or, en Guinee) Bathnrst (ileSalnle-Marie, Gambia ) Le Cap (Afrique australe). POPULATION. 950,000 3o,ooo 390,000,000 ? 5oo,ooo ? 12,000 .-' 3oo,ooo 162,000 45o,ooo 5o,ooo 8,000 ? 10,000 1 5,000 i3o,ooo i,3oo,ooo ? i5,ooo 20,000,000 ? 1 0,000 4,000 2,000 46,000 10,000 60,000,000? 6,000 8,000 2,000 18,000 OnSERVATIOKS. lusbonaldu globe II pa- in - 8*^', sous le tilre de K/uxter-Postgit ( poste du nio- nastei'e), parcc que la inaibon (le M. Slppbanson, qui en est le redacteur, ctait autrefois uo couvent. e journal ei>t edit en lan- gue portugaise, el se distin- gue par la beaule de son exe- cution typograpbique. ('.'est le journal le plus rne- -idional du globe. Ce journal a ccsse de j>i railrc. SUR LA PRESSE PERIODIQUE. 6o3 NOMS des I'ARTIES DU MONDE POPULATION. HT DKS tTiTS. Poit-Louis (lie deFrauce). iy,ooo Saint-Denis (ileBonrbon). I 4,000 ? Tripoli (Barbarie). . . . Le Caire ( Egvp'e ). . . . Funchal (ile Madere). . . 1 5,000 2fio,000 20,000 OBSERVATIONS. ' L'un tie cps journaux est rodige en anijlais, I'autre en fruncais. ^Ccs deux journaux, rediges lous deux en francais, proies- sent des principes opposes. ^ Ce journal est redige en francais. II n'esl point rendu public par la voic de I'impres- sion, mais par un grand nom- bie de copies fuiles a la main. RESUM]£S GEN^RAUX PARTIELS. Confederation Angt.o- Americaine, oa Etats- Unis de l'Amerique du NORD MoNARCHIE ANGLAtSE. . . Total des Etais d'origine anglaise Total de tous lesaulres Elals du globe 11,600,000 142,180,000 153,780,000 583,230,000 800 578 1378 1790 RfisuMfe geni!:ral. Europe. . Amertque. AsiE. . . Afrique. OCEANIE. . Total CENERALP0t7R TOUT LE GLOBE 227,700,000 3g,3oo,ooo 390,000,000 60,000,000 ao,ooo,ooo 737,000,000 2142 978 27 3i68 A. Balbi. 6o4 VOYAGE Voyage aux eaux de Pietrai»ola, cantonde Fiumorbo, en Corse ; {^']Vi\x\ 182^;.) N. dti R. — Cette relation , qui nous a 6te envoyee par I'un de nos correspontlans les plus dignes de confiance , nous a paru propre a donner une idee de la Corse, de ses habltans , des ressources que la culture pouriait y trouver et des moyens d'en tirer le meilleur parti. Lorsque I'industrie et les arts auronl atteint , dans cette ile , le degrd ae prosperite qu'ils peuvent y atteindre , aucune partie du territoire francais ne surpassera son opulence , I'activite de son commerce , les agremens de ses sites , et peut-^tre m^me la salubrite et les delices de son climat. Le lajuin, a trois heures du soir, nous quittamesle port de Bastia. Le terns etait calmc , la brise de terre nous manqua. Le lendemain au lever du soleil nous n'etions encore qu'en face du inont Sant-Angelo , qui domine le riche canton de Casinca, dont les collines offrent un agreable melange de champs , de vignes , de vergers , de bocages d'oliviers et de chataigniers ; Vescovato se cachait i nous dans le vallon ou il est enseveli. Mais les villages de Loreto, de Porri, de la Penta , de la Ven- zolasca, et de Castellare, presentaient leurselegans clochers et lenrs masses compactes, au milieu des forets de chataigniers qui s'elevent majestueusement presque jusqu'au sotnmet de la mon- tagne. Plus loin, les cantons de Tavagna et de Moriani conti- nuaient ce raagnifique rideau de verdure. A midi, nous avions en vue la petite ville de Cervione, au- trefois residence de I'eveque d'Aleria , et qui, jusqu'a la der- nicre organisation judiciaire, fut le siege d'un tribunal civil. Elle est situee sur le flanc de la montagne qui borne au sud I'horizon de Bastia. Leshauteurs qui la dominent sont depour- vues de grands bois. Au-dessous se dep'.oient, sur de charmans coteaux, les vignobles renommes qui ontajoutc depuis quelque tems a la liste des vins les phis exquis et les plus recherches. II est a regretter que I'air de ces collines soit peu salubre pen- dant les chaleurs de I'ete , et qu'on ne puisse habiter sans dan- ger les maisons de campagne qui couroanent ces hauteurs. AUX EAUX DE PIETRAPOLA. 6o5 Le soleil se cacha le soir derriere les hautes cimes de Pie- tra de Verde et des monts qui donnent naisssance k la riviere d'Alezani. Nous passames durant la nuit devant la plage d'A- leria et pres des etangs de Diane et d'Urbino. Le lendeniain, i4, nous cotoyames la forct de pins qui borde le rivagejusque pres des bords de la riviere du Fiumorbo. Nousavions devant nous un tableau de la plus grande magni- ficence. Les monts de Ghisoni et de Raparo ceignent en amphi- theatre une plaine de plus de trente millesde longueur, sur cinq de profondeur. Les neiges arretees dans les dechiremens de leurs sommets rendent plus sensible la chaleur extreme qu'on ressent sur la plage. Les villages d'Isolaccio, de Prunelli, d'Or- naso et de Sari, les debris du chateau dc Covasina ne sont que des points presque imperceptibles an milieu des masses de ro- chers qui les environnent. Sous nos yeux , le Fiumorbo , retenu derriere une barriere de sable, forme un canal sinueux , borde d'ormes et de frenes, que surchargent les rameaux de la vigne sauvage. Dans ce bocage , on se croit un instant transporte sur une de ces iles riantes que la Loire forme en traversant I'Anjou. Mais la mort attend ici, dit-on, I'imprudent qui voudrait y fixer son sejour. Une trentaine de paysannes, prevenues de notre arrivee , se disputant nos bagages. Pour 3o sous, elles transportent dans la montagne de Pietrapola , a une distance de douze milles , des fardeaux du poids de 70 a 80 livres, de 100 quelquefois. On leur abandonne les ballots, les sacs, les corbeilles ouvertes, qu'elles chargent sur leur tete. On peut ctre assure qii'il ne manquera rien a I'arrivce. Les hommes amenent des montures et des mules de charge dont la course se paie trois francs. Nous partons , faiblement garantis par nos parasols des rayons d'un soleil presque perpendiculaire. Nous laissons der- riere nous les frais et dangereux ombrages du Fiumorbo; nous traversons le domaineduMigliaciaro, fameux par son immense etendue, la fertilitede ses terres, et par les demeles qu'il a ex- cites long-tems entreses possesseurs, les Spinola de Genes, et les habitans d'Isolaccio : plus d'une fois les recoltes en furcnt 6o6 VOYAGE enlevees a main armee. Noim passames eiilre des euclos formes de haies seches. A voir les epines, les fougeres et les enornies chardons qui couvrent ces champs, et a travcrs lesquels on a peine i dtimeler les cpis , on reconuait a quel point la culture est arrieree on a retrograde. L'air de cettc plaine est considere comme tres-dangercux, apartir dnsolsliced'cte jusqu'au milieu du moisd'octobie(i). Apres Irois quarts d'heure de marehe , nous passons i cote des mines du chateau Spinola, incendie lorsdesderniers trou- bles. Le-3 murs , en brique et en moellon, sont encore debout et ne donnent pas une grande idee de ce qu'il a pu etre. Nous entrons bienlot sous un epais couvertde chataigniers , aux pieds desquels coule un ruisseau retenu dans un canal , etqui fait tourner un moulin peu eloigne. Nous faisons halte au milieu de haules fougeres qui couvrent tout le terrain envi- ronnant. A un demi - mille de la, on entre dans une gorge de mon- lagne, cotoyantla rive gauche de la riviere d'Abbatesco, qu'on apercoit a peine au milieu des enormes blocs de granit gris ct verdatre qui encombrent son lit ; mais ses mugissemcns se me- lent au chant des oiseaux qui remplissent les bois environnans. A droite , la monlagne s'eleve par une coupe presque verticale, ou croissent , parmi des rochers entasses les ims sur les autres, le chene vert i^leccia)ei les lieges; au-dessous, I'alaterne, I'ar- bousier, le lentisque et la bruyere arborescente forment, d'e- pais massifs. L'aulne, que Ton trouve en Corse sur le bord dc tons les torrens, occupe le lit meme de la riviere, qu'il couvre ca et la d'une ombre impenetrable. On suit pendant deux heures les sinuosites del'Abbatesco en traversant un grand nombre de ruisseaux qu.i s'y jeltent; (i) L'etat actueldes artspermettrait d'entreprendre avecsucces I'as- sainlssement de cetle cole , le creusement des canaux pour I'ecoule- meut des eaux staguanies et le dessechenient des marais : ce serait uu des plus louabks eitiplois des dragues mues par des machines k vapeur. K. du ft. i AUX EAUX DE PIETRAPOLA. (lo-j Ton arrive cnGn a un monticule separe par des ravins tics deux flancs de la montagne : c'est le site qui recele les sources de Pietrapola. Du point le plus eleve du sentier etroit qu'il faut gravir, tt oil M. le commandant du poste de Prunelli a fait construire line maisonnette solide et fort propre, on apercoit les vapeurs qui s'echappent sans cesse de ce lieu, et une partiedu terro- plein ou se plantent les lentes. Le propriotaire de cc champ percoit pour chacune d'elles une somme de trente sous,et au- taiit pour I'emplacement A' un f rase ato c[u\ est une tonnelle en feuillage ou Ton se procure un abri centre la chaleur du jour. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire cette depense s'elablisseut a droite et a gauche du petit sentier qui, de la maisonnette du commandant, conduit au terre-plein. Un drap tendu sur une perche posee sur deux fourches elevees de trois a quatre pieds de terre, forme ordinairement le scul abri des pauvres gens. On a fait dans les dernieres annees une si grande consom- mation de bois pour les supports et la couverture des/rascati, qu'il commence a manquer aux environs du camp. Dans peu , on sera oblige de Taller chercher a d'assez grandes distances. Les arbres de trois h quatre pouces de diametre coupes dans cette saison ne repoussent plus. Les sources chaudes sortent a differentes hauteurs du monti- cule, a partic de son sommet jusqu'au bord de la riviere dans le lit de laquelle elles s'ecoulent. Celle qui alimente les deux grands bassins, reniis depuis qiielques annees en etat, I'un pour les hommes , Tautre pour les femmes, s'echappe horizontalement, avec une force reniar- quable, des debris d'un ancien conduit en ciment, au pied dune vieille muraille de trente pouces de hauteur , sur laqnelle passe le sentier dont nous avons parle. La temperature de cette source est de 44 degres 1/2 de Reaumur. Le volume d'eau qu'elle fournitpeut etre evalue a trente litres par miuule. Les deux bains qu'elle entretient sont conslruits a ciel ouvert, dans le plande I'escarpement de la rive gauche de I'Abbatesco. On 6o8 VOYAGE n'y est garaati du soleil et de la pliiie que par unc couveiliire cnfeuIUage, soutenne par des traverses trop basses pourqu'on piiisse se tenir debout sur le gradin qui regnc alentour. Cha- quc bassia peul recevoir vingt - quatre personnes a la fois. Coranic I'eau s'y cpanche presque immcdiatement, la tempera- ture en est si elcvce qu'au bout de 12 ou i5 minutes on en sort cnhate, et la sueur ruisselantsur Ic visage, pour aller transpirer dans une couverturc, sous la tcntc. Des grands bassins au camp, d'autres sources , a droite et a gauche du sentier, sur unc longueur de 35 u 40 pas, formeut depelites flaques vaseuses, du fond dcsquelles I'eau s'eleve en emettant de tems h autre des bulles d'air. Aupres de la maison- nette du commandant , une de ces sources, plus abondante remplit un bassin taille dans le roc et qui peat contenir quatre ou cinq personnes. Cetouvrage qu'on doit a M, B. , est surtout apprecie par les dames, qui s'en partagent la jouissance a diffe- rentes heures du jour. Le long de rescarpement, du cote de la riviere, coule une autre source a une certaine hauteur ; ceux qui sont affectesde tumeursjde plaics , ou de douleurs locales, en forment des douches, au moyen de roseaux creux ou de tubes de fer-blanc; le tout en plein air, a I'ardeur du soleil, au milieu de rochers entasses, et dans la situation la plus incommode quel'onpuisse se figurer. A quelques pas de la , un autre jet , aussi abondantque cclui des grands bassins, et d'une temperature plus elevee encore, s'ecoule'inutilement dans le lit de la riviere. En gravissant le rocher, qui domine de 12 ou i5 pieds le sentier, on arrive a un plateau formant au nord un marais tourbier, de cinq ou six arpens d'etendue, et ou croissent, parmiles joncs, le myrte et la bruyere. Ce marais est forme par d'autres sources chaudes, mais d'une temperature plus basse. Elles ne peuvent etre amenees ainsi au point le plus eleve du monticule que par le moyen d'un siphon naturel. Au midi, et sur un espace decouvert , est poste , sous des tentes, le detachement de troupes de ligne envoye de Prunelli AUX EA.UX DE PIETRAPOLA. 6oy pour maintenir Tordre sur le lieu , pendant la saison des bains. M. L., I'un des propiietairesles plus aises d'Isolaccio, et sous- lieutenant des voltigeurs corses, fait construire sur ce point line niaison distribnee en douze ou quinze chambres, avec un bain au rez -de- chaussee, oil se reunirout en partie les eaux perdues au sommet du plateau. Au moyen de quclques tran- ehees, le niarais sera facilement desseche et cette position as- sainie. Toutes ces sources, quel que soit leur degre de chaleur, donnent une eau tres-limpide, ayant I'odeur et le gout d'oeufs durs. On vaute leur efficacite contre les maladies cutanees et les plaies rcbelles. Eilcs conviennent aussi aux douleurs rhu- matismales , aux paralysies et cyux engorgemens des systemes glaudulaires; mais on y a souvent recours pour des affections auxquelles eiles sont contraires. II existe h Guagno, canton de Vico , dans I'arrondissement d'Ajaccio, des eaux thermales de tneme nature. L'admiuistra- tion n'a rien epargne pour y fonder, dans ces derniers tcms, un etablissement militaire important, dont I'industrie a profile pour y offrir des logemens commodes au public. On espcre (jue I'autorite portera maiutenant son attention sur les sources de Pietrapola. II faut convenir que , jusqu'a present, I'etat du Fiumorbo n'avait pu perniettre de tourner les vues de ce cote. Le dimanche a4 juin , M. L. nous a envoye des chevaux, et nous sommes monies au village d'Isolaccio. II faut uno heure l»Qur s'y rendre. Chemin faisant,nous observames combien ces montagnes sont riches en cours d'eau , en bois de chcnes verts et en terrains propres au chalaignier. Un grand nombre de plateaux et de pentes douces pourraient former des prairies artificielles. On voit quelques clos devignes sur les croupes les mieux exposees; mais pas un arbre fruitier n'a frappe nos re- gards, et nous n'avons apcrcu qu'un seul jardin potager, tout recemment defriche etenclos. Ouoique la commune d'Isolaccio comprenne 3i2 feux , le T. xxxvii. — 3Ja)s i8i8. 89 fiio VOYAGE village n'offic qii'uii groupe d'unc vingtainc de niaisons. he icstcdes habitans est ('pars siir line surface de plusieiirs lieucs, dans des maisonnettes placees au milieu d'un champ, dans I'e- paisseur d'lifl bois, pres d'nne riviere ou d'une source. Isolaceio estsitue dans une region assez eleveepour qu'on y soit garanti dcs chaleurs de I'ete. A cent pas coident d'abon- dantcs sources d'nne eau excelUnte et dune fraicheur deli- cieuse ; tout aupres croisscnt d'enornies chataigniers sous les- quels uu gazon (in forme un tapis qui n'est jamais Uetri par I'ardenr du soleil. Des blocs de granit enlasses en desordre tout autoiir , et om- brages dc chenes verts, que la main de la nature a plarite;* dans Icurs crevasses, forment de vastes grotles qui offrent des rctraites aux troupeauxet aux bergers, en cas de pluie. A quei- qucs lieues de la sont ies petits glaciers qui alimentcnt Ics cours d'eau sans nombre dont le canton est arrose. Avant la messe, nous allames visiter I'ecole tenue par Ies freres de la doctrine chretienne. Elle est etablie a Isolaceio, de- puis dix-huit mois. Les habitans rendent chacjue jour des ac- tions de graces au gouvernemcnt pour cet inappreciable bien- fait. M. L. y a contribue pour sa part, en fiiisant batir pour les freres un local commode et agreable, et dont I'administra- tion paie le lover. Cette maisoa, d'ou la vue s'etend sur les montagnes , sur rimmcnse plaine du Fiumorbo et d'Aleria et sur la mer qui borne I'horizon a Test, renferme une chapelle ou les enfans sc reunissent plusieurs fois le jour pour la prierc; un dortoir, un refectoire, une petite cuisine. Le conible forme la classe, qui peutcontenir cent eleves. Tout y est dans un ordreet une pro- prele admirables. La maison est environnee d'une cloture qui comprend un jardin, arrose d'eatix vives, et ou les freres se delassent, par les travaux de I'agriculture, de ceux que com- portent Icur evangelique et philantropique vocation (i). (i) Un trait aidcra a peindre le caractere du Fiumorbais- En voyant les fn'Tcs preparer la terre pour enscnieneer des legumes , et [ilanter AUX EAUX DE I'lETRAPOLA, Cn Le siipericiir , frcre J.., est iin liomme d'environ quarante ans, raaisque les travaiixde son ministore, de penibles voyages dans les tegions les plus eloignees du globe, et la scverite de sa regie pent-etre, ont vieilli avant le terns. II a bien voulu nous niettre ail fait de sa methode d'enseignement. Aide d'un senl jeune frere (le Iroisienie parait voue aux details de rinttrieiir) , il pent instruire a la fois plus de cent enfans , sans le secours des moniteui's, qui sont, comme on sait, le earactere distinctif de fenseignement muteel. Tandisque ce dernier systeme Temporte aillcurs sur la methode des fteres, on peut avancer, comme line chose certaine, qu'eux seuls pouvaient obtenir, daus une contree comme celle-ci , les succes etonnans qui ont deja cou- ronne leurs soins. Le canton du Fiumorbo ( compose des paioisses qui for- maient anciennement la pieve de Corsa ), quoique I'un des micux partages de I'lle pour la fertilite du sol , le nombre des rivieres , et I'inepuisable richesse des paturages et des forets , ctait reste jiisqu'ici un des plus pauvres et des plus sauvages. Outre ce qu'on pouvait dire sans injustice des moeurs de ses habitans, le Fiumorbo etait ordinairement le refuge des mal- faiteurs de lous les autres cantons , qui s'y trouvaient proteges par la nature du terrain et par d'autres causes. On doit i la mtmoire du general Montelegier, qu'une moi t prematureeaenleve a I'amour des Corses au mois de novembre \8i5, la justice de dire que c'cst lui qui a commence la civili- sation de ce canton, ou la force seule avait ete reconnue in- suffisante pour soumettre les habitans au joug salutaire de I'autorite. L'etablissement d'un postc militaire permanent sur les hau- des arbres fruitiers , les habitans s'etonaaient qu'ils prissent tant de peuie pour si peu de chose. Pourquoi vous fatiguer ainsi , leur disaient- ils, lorsque le gouverneinent pourvoit a votre nourriture et a voire entretien ? Quant a nous, lorsque nous avons notre provision de Lie, de pore el de fromage , nous ne connaissons pas de plus grand plaisir que de dormir a I'Dmbre d'un chtne ou d'un roche r. •3;,. Cia VOYAGE ifius «le Pninelli, la cU-f «lii Fiuaiorbo, est iiii de ccs actes de prevoyance bienveillarite qui dccideut dii sort de route uue contree. L'lioureuse adrcsse qu'il cut de mttainorjdiosor inscn- siblement en un batiin«'nt solide et propie a reccvoir deux compngnies de troupes dc litjne les feiites et les bai raques du detacliement do Prunclli, ionda le j)rcmier pfoint d'appni de toutes les operations qui out assure depuis au Fiuniorbo le regne de la loi, Taction dc I'administration et I'autorile de la justice. Ilcntra, en outre, dans son plan d'accorder sa confiance ;\ i'un des homines les ])lus influens du canton, M. L., alors maire d'Isolaccio, et en nieme lenis I'liu des contuniaces qu'y pour- suivait, de loinet sans fruit , la force armee. Son pere, aneien notaire et juge dc paix a Isolaccio, avail ete une des victimes qu'iinmola, aussi inhumaineinent qu'impolitiquement , dans le Fiunioibo, le pouvoir arbitraire , en 1811. Lui -nieme, inipli- que depuis, sur une fausso denonciation, dans les desordres commis au Mii^Iiaciaro, sp constitiia piisonnier en 3823, et fut acquille honorableinent. II rrcut , pen de terns apres, le ^'rade de sous- lieutenant dans le corps dt-s voltigeurs corses , ou, quoique dans une position delicate , il a continue a justifier la confiance dont il avaitete I'objet. C'est a partir de cette epoque que le Fiumorbo a joui d'une tranquillite constante; il s'y est commis peu de delits, et les contributions y ont ete pcrcues sans diflicuite et avec regu- larile. On ne doit pas moins a M. le commandant B. , lieutenant de roi a Prunelli. Quoique son aulorite paraisse bornee a cette place , sa sagesse, la confiance quil a inspiree aux habitans le font jouir d'une grande influence dans le canton. Le frere J... nous assura qu'il etait impossible d'annoncer plus d'intelligence que n'en montraient les petils Fiiunorbais. II nous fit voir ieurs caliiers d'ecriture francaise Ires- corrccte et li('s-nette. Un grand nombre de ces eufaus est done d'une faci- lite surprenante pour le calcul. Le respectable frere se loue , d'aillcurs, bcaucoup de leur exactitude et de leur docilile. Les AUX EAUX DE PIETRAPOLA. Gi3 piinitions sont rares , les recompenses rccherchuos avec line vive emulation, et les corrections recues avec resignation et avec fruit. II a pani regrettcr qn'aucun de ces enfans nc mon- trat de vocation pour son institut. Le iionibre de ceux qui freqiientent I'ecole «VlsoIaccio est iELLE DB LACADEMIE IMPEillALE DES SCIENCES DE SaINT-PeTERS- BOURG , tenue a r occasion de sa fete sccitlaire , l^ 2y deccinbre 1826 (i). Ce n'est qu'en 1828 qu'il nous est possible d'offrir a nos lecteujs une notice sur cesactes memorables, etsur une seance academique dont I'histoire des sciences conseivera precieuse- ment le souvenir. Des obstacles qu'il n'elait pas en notie pou- voir de surmonter nous avaicnt privts des inoyens de nous procurer les documens necessaires pour tcrire convenable- nient sur un sujet ou I'exactitude des fails est un devoir ri- goureux. Enfin , nous somuics actuelleuient en etat de rendrc compte de cette seance ou deux monarques ont recu le tit re d'academicien, I'un dans la capitale de ses elats, et I'autre, a I'exemple du grand Frederic II; ou I'herilier du trone de Russie, les grands dues Constantin et jMichel, des savan") d'Augleterre, d'Allemagne, de Franco et d'llaiie, portes sur la nn'me listc ol proclamt's en nieme lems, ont doiine un bel exemple de I'egalite litteraire, et sanctionne la republique des lettres. Ces temoignages d'une haute eslime accordes au savnir sont venus d'autant plus a propos qu'ils serviront a contreba- lancer des attaqnes obstinees, d'astucieuses insinuations et des persecutions ouverles dont le progres des connaissanccs eprouve encore les atteintes dans des pays qui se croient civi- lises, qui ont aussi des academies, des universites, des ecoles, (i) Saint-Ptlersbourg, 1817; imprimcrie ile I'Acad^^niie iinpeii.'^le des Sciences. In-4'' de 70 pages. T. XXXVII. — M'.;rs 1828. \o Crj.6 SCIENCES PHYSIQUES. It uu appareil d'instruction qui tioiniKrait des observaleurs juu attcnlifs. Le vaste empire de la Riissie suit des maximes et uric direction tout opposoes; loin de repousser la lumierc ou de limiter lespace qu'il est pcrniis dVcliiirer, on y sent par- tout Ic besoin do developper rintelligence rationale, de se mettre au niveau de ee que Ton sail ftt de ce que Ton fait par- lout ailieurs. Ccs conseilsde la raison ne seraient point ecoules, si les esprits ii'etaient prepares d'avance a recevoir beaucoup d'autres instructions puisees a la menie source, et deduites des niemes prineipes; pen a pen, par la salutairc inflilcnce des letlres, des arts, de la jirosperile publique et privee, les insti- tutions publiques seront ameliorees, les droits de I'hunianite micux connus; on sera plus pres de la verite, et par conse- quent de la justice. Le tenis des revolutions vjolentes est passe; celui des changemcns gradues, insensibles, prevus par la sa- gesse et amenes par la prudence est enfin venu pour con- soler et indcmniser les pcuples de tous les maux que I'ignorance presomptueuse Icur a causes. JJAcademiede Saint-Petersbourg Uxl fondee, le 21 decembre 1725, et tint une premiere seance le 27 du meme mois : niais ce ne fut que I'annee suivante qu'elle fut solennellemcnt ins- tallee par rimperatrice Catherine premiere, dans une seance solennelle tenue le i"^ du mois d'aoiit. En 1776 la fete semi- seculaire de son institution fut celebree en presence de Ca- therine la grande, le 29 decembre : la ceremonie avait ete differee de quatre mois par des motifs qu'il serait inutile d'ex- poser ici. Par respect pour cette premiere commemoration , la fete seculaire fut fixee au 29 decembre 1826. L'empereor et rimperatrice y assistaient, ainsi que les grands dues Al<;xan(lre ct Micliel , et la grande duchesse Helene; et parmi les membres de la famille imperiale, les regards s'arrelaicnt avec attendris- sement sur rimperatrice mere qui avait ete presente a la solen- nite de 1776. Parmi les membres bonoraires et les correspondans procla- mi's dans cette seance, on regrette de ne trouver aiieun savant de la palrie de Linne, ni de celle de Franklin. Ccpendaul la SCIENCES PHYSIQUES. 617 Suede n'a pas encore vieilli pour les sciences, et les £tats-Unis sont murs pour les ciiltiver : on verra des geometres se former ail pied des Alleglianys et des Apalachts, comme on vit autre- fois Euler au pied des Alpcs s'offrir tout a coup au moiidc savant; tenant a la man des Mtmoires sur I'application des mathematiques aux sciences navales. Quant a I'liistoire natu- relle, il est Icnis que les principales Academies de ['Europe s'associent au Nouveau-Monde ou tant de decouvertes restent i faire; et cette association semble convenir surtout a I'Aca- demie de Saint -Petersbourg , puisque la domination de la Russie s'etend jusqu'en Amerique, et puisque les savans russcs, joints a ceux des Etats-Uuis , sont appeles specialement a ter- miner I'etude de la nature et des phenomenes qu'elle presente au nord des deux continens. Les disconrs prononces dans cette seance etaicnt parfaite- nient assortis a la solennite, aux souvenirs qu'il s'agissait de rappeler, a I'auditoire qui lesecoutait. Le secretaire perpetuel, M. Fuss, conseiller de college, a trace le vaste tableau des d:- verses regions de la science parcourues par rAcadeniie depuis sa fondation, et il y a joint I'liistoire des variations cprouvers par I'Academie a differentes epoques, et de I'infliicnce de ccs changemens sur I'ensemble des travaux scientifiques. Ce dis- conrs, ou les diflicultes de la redaction sont vaincnes avcc on succes remarquable, oil le nombre prodigieux des objets, ni leur diversitc ne causent aucune confusion, tonibe de plein droit dans le domaine de la Rccue Encyclopcdiquc, d'autant mieux que son etendue n'excede pas les bornes que nous sommes forces de prescrire a nos articles. Nous I'insererons done en cntier, et nous nous bornerons, quant a present, a des extraits du discours du president, RI. Ouvaeoff , conseiller prive. L'orateur debute ainsi : « La fete seculaire de I'Academie des sciences de Saint-Pe- tersbourg, que nous celebrons aujourd'hui, nous offre noii- seulemenl le triomphe du plus ancien depot des connaissances utiles dans notre pays, mais renouvelle en memo terns la serie des grands souvenirs du siecle qui vient de s'ecouler. L'Acade- f]-28 SCIENCES PHYSIQUES, iiiie lies sciences, dcriiierc pensee, dcrnicre creation du genie iiifatigable de Pieirc-le-Giand , pour laqiielle il traca d'une main moiirante lo plan dc ses haiilos oonccplions; TAcademic prit naissaiice, pour ain^i dire, sur \e lit dc n)oit du lefor- niateur do la Russie. (^'tte reflexion donne a cette soleniiile uue leinte particuliere d'alleudrissemoit, et nous met en presence dos evenemens qui remplissent les annales du siecle le plus memorable de notre bistoire. Dans ses profondes meditations sur la f^loire et la prosperite dela Russie, Pierre I"" apercut la place qu'occn[)eut les sciences et les leltres dans I'existence d'une nation puissanle. Cette main vigoureuse, habituee tour a tour a manier le glaive et le. trident, a tenir avec force les rencs de I'cmpire et a repandre au loin les germes de sa grandeur future; cette main qui avail faijonne tous les elemens du corps de I'etat, saisit enfin le flambeau des leltres el de la civilisation , cl en fit jaillir les rayons sur son magnifique ouvrage. En par- courant I'Europe, ce monarque avail reconmi I'lnfliience des sciences et des arts sur les destinecs des nations; il sentit fjue, sans leur puissant concours, il ne pourrait achever sa gigan- tesque entreprise. 11 vit que la civilisation , intimement lice a la vie di;s peuples de I'Europe, est Tune des indispensables conditions de toufe societe reguliere et permanente. II ravit pour nous quelqucs etincelles du feu sacre dont brillaient de- puis long-tems Ics contrees les plus florissantcs de I'Europe, et fit clever sur les bords de la Newa uii sanctuairc des sciences destine a repandre les connaissances utiles jusqu'aux eonfins les plus eloignes de son vaste empire, a inspirer un generenx clan vers de paisibles conquetes, vers une illuslration nou- velle acquise par Ics vertus civiles : il fouda 1' Academic des sciences. » M. OcvAROFF suit les pi'ogres de I'Academic sous les regnes de Catherine I""® et d'Elisabeth , jusqu'au terns ou Lomonossoff, poiile et naturaliste , crcait a la fois la langue poetique de la Russie et le vocabulaire des sciences pliysiques. Arrivant au regne de Catherine IP, il represente cette souveiaine repan- dant aulour du Irone de Russie uu cclal jusqu'alors inconnu. SCIENCES PHYSIQUES. Gay ft Pat la force dun genie prompt et plein de sagacitu, par ime profomle connaissance des hommcs, et un rare talent de les gouvcrnor; enfin , par la magie d'un esprit fin, souple, dclicat, propre a son sexe, Catherine II se fit deccrner la premiere place parmi les souvcrains, et a notre hcureusc patrie , la place la plus tMnincnte parmi les Etats de i'Eiuope... L'Aca- dcmie conserve jusqu'a present, avec une veneiation pariieu- liere, le fruit de scs meditations legislalives et de ses longucs observations de I'espiit hiunain , dan", ses rapports avec la science du gouvcrnenicnt. « Sons ce regne glorieux , le monde savant eut de grandt s obligations a 1' Academic de Saint-Petersboiirg. Des acadcnsi- ciens furent envoyes djiis la Rnssie asialiqne. Le Caucasc fiit visile, toutes les divisions de I'histoire n.tturelle s'enrichircit de docouvertes : les elevcs les plus distingues du Gymnase at- tache alors a I'Academie etaient envoyes dans les pays eirai!- gers, pour se meltre an niveau des connaissances ae.urs de rindependanee de sa palrie. L. L. O. LITTERATURE. Cromweix, dranie par Victor Hugo (i). Si j'etais de cfs critiques qui regardeut commc une bonne fortune I'occasiou de s'egayer aux depens d'lin autcur, je poui - rais sans effort, en detnchant avcc choix certains passaj^es, naettre le dranie de M. Hujjo au niveau du chef-d'oeuvre de feu maitre Andre, de ridicule niemoire. Si, au contraire, domine par I'amitie ou par I'enthousiasme , je voulais porter aux nues ce inenie ouvrage, il me scrait aise den citer telle scene qui soutiendrait la coniparaison avec les beaux morceaux de nos grands maitres. Mais presenter en quelques pages une appre- ciation approfondie et impartiale d'une composition telle que Cromwell, et d'unsysteme litteraire tel que celui deM. Hugo, voila ce qui presente les plus grandes difficultes. Parlerai-je d'abord de la dissertation qui precede le dramc? Mais , dans ce morceau ocrit de verve et copieusenient assai- sonne d'esprit et d'originalite , le vrai et le faux sont lellemeut meles qu'un volume sufiirait a peine a rexanien dune preface. Essayons pourtant de faire connaitre une doctrine qui ne tend ;\ rien moins qu'a refaire de fond en comble la iheorie des beaux-arts, ouplutol, comme le dit quelque part I'autcur, a detruire toute theorie. Apres avoir pose en fait que la poesie , d'abord lyriquc, a prisplus tard le caractere de I'Epopee , apres avoir dit que la muse purcment epifjue des anciens n'avait etudie la nature (jite sous une scale face , rcjetant sans pitie de I'art presque tout ce qui, dansle mondesoumis a son imitation, ne serapportait pas a un certain type du beau , M. Hugo ajoute : « Le christianisme amene la poesie a la verite. Comme lui, la muse moderne verra (i) Paris, i8a8; Amb. Diipont et compagnie. i vol. in-8" tie Ixiv et 476 pages ; prix , 8 fr. LITTERA.TURE. 655 les clioses d'lin coup d'oeil plus haul et plus large. Elle sentira que tout dans la creation n'est pas humainement beau, quo lo laid y existe a cote du beau , le difforme pros du gracieux , le grotesque au revers du sublime , le mal avec le bien, I'onibre avec la lumiere. Elle se demandera si la raison etroite et rela- tive de I'artiste doit avoir gain de cause sur la raison absolue du createur, si c'est a rhomme a rectifier Dieu, si une nature mutilee en sera plus belle , si I'art a le droit de dedoubler , pour ainsi dire , I'homme, la vie, la creation ; si chaque chose marchera mieux, quand on lui aura ote son muscle et son res- sort; si enfin c'est le moyen d'etre harmonieux que d'etre in- complet. C'est alors que , I'oeil fixe sur des evenemens tout a la fois risibles et formidables, et sous I'influence de cet esprit de melancolie chretienne et de critique philosophique que nous observions tout a I'heure, la poesie fera un grand pas, un pas decisif, un pas qui, pareil k la secousse d'un tremblement de terre, changera toute la face du monde intellectuel. Elle se mettra a faire comme la nature, a meler dans ses creations, sans pourtantles confondre, I'ombre a la lumiere, le grotesque au sublime, en d'autres termes, le corpsa I'ame, la bete a Tesprit.') Ainsi, d'apres M. Hugo, ce progres immense de la poesie consiste a imiter, non pas seulcment le beau (et Ton sait quelle etendue a cette expression dans le langage des arts), mais en- core le laid, le difforme, le grotesque; elle doit reproduire aujourd'hui la creation tout entiere. Ce principe serait vrai, si I'artiste avait pour public le crea- teur et les esprits celestes. Alors, sans doute, .ta raison relative ne devrait pas avoir gain de cause sur la raison absolue ; alors , pour bien dire, la nature et I'art ne feraient qu'un , et tout co- pier serait 1' unique regie a suivre; car les choses qui, hors de nous et dans nous-memes, nous inspirent le plus de repugnance et de degout , ne ssnt pas celles qui font le moins eclater le pou- voir et I'intelligence divine. Mais comment faire ? I'artiste a pour juges des hommes ; il faut bien qu'il clioisisse eutre lous lesobjetsles pluspropresa leur plaire, c'est-a-dire , qu'il s'ac- conimode a cette raison relative qu'il partage avec son espece ; 6jf; LITTf^LRATURE. ce qui nc rempcchera p;is cle mdler I'ombie a la luitiiere, Ic corps a Tame; ces procedt-s sont aussi anciens que les arts; mais, quant au grotesque, il en usera avec reserve et parci- mouie; car le grotesque est la caricature dii laid, et le laid depiait aux homines (ceci n'a pas besoin d'etre prouve), ou du moins il ne peut leur plaire que reiativement , en faisant res- sortir le beau. Est ce ainsi que I'entend I'auteur de Cromwell ? Eh ! qui a mieux connu cet artifice que le peuple qui donna Vulcain pour epoux a Venus ? Tantot la laideur physique lui servit a mettre en relief la force ou I'adresse , conmie chez les Titans et les Cyclopes; tantot la laideur morale developpa I'e- nergie des passions ou des caracteres, source de terreur et d'interet dans la tragedie; tantot, dans la comedie, elle marqua plus vivement les traits plaisans de la societe hun3aine. Mais jamais le laid nc fnt employe avec succes qu'a faire ressortir le fort, I'adroit, I'energique, le plaisant, etc., c'est-a-dire, une nuance quclconque du beau aiiquel, quoi qu'endiseM. Hugo, il dut etre sacrifie. Le beau seul eii effet excite I'interet de sympathie. Pour pen que le laid lui dispute la place, I'ouvrage le plus habile n'offre plus qu'un interet de curiosife , interet le plus faiblede tous. C'est unepartie de ia composition qu'il faut traiter comme les nuisiciens traitent la dissonnance, qu'ils sc hatent de saurer sous I'eclat des accords voisins. II est encore une raison pour que, dans les productions de I'art, I'emploi du laid soil toujonrs circonscrit et subordonne : le beau, c'est la regie; le laid, c'est I'exception. S'agit-il du phy- sique, le laid n'est autre chose qu'une exception a la regularite des formes. S'agit-il du moral , c'est une exception h la justice et a la raison. Mais, direz-vous,dansle monde reel, I'exception domine. Soil! Sachez done alors,vous artiste, me transporter dans un monde meilleur. Sinon, laid pour laid, je prefererai cent fois I'original a la copie. Quel est done ce gout nouveau pour la verite, qu'on nous donnc comme une decouverte ? Ce gout mal dirige mene au trivial et a la caricature. Chose remarquable ! La decadence dans les arts commence toujours par un retour inconsidere LITTERATURE. 657 vers cette imitation exactc qui caracterise Ifurs premiers essais. Ainsi, chez I'homme, la vieillesse se rapproche de Tenfance. Dans les siecles barbares , on ne sait pas encore clioisir. Dans les siecles de decadence, on vent ctre neuf a tout prix, et ne siichant plus rien decouvrir dans le domains du beau, on croit icculcr les limites de I'art' en exploilant celui du laid ; on veut ^Ire plus vrai que les aucieus ; on veut reproduire toute la na- ture, toute la creation : or, toute la creation, toute la nature n'est pas bonne a niontrcr (i). Wimporte ! A I'une et al'autre t'poque , le j^enie luimeme se livre u ces ijjnobles ecarts. Voyez Dante ! E Tnltro del suo cul facea trombetta. vers assurement tres-grotesque! Voyez Goethe ! Das Klud erstickt , die Mutter platzt (a). fJomme ce!a est vrai! M. Hugo n'est pas encore k cette hauteur ; inais jl y viendra, s'il continue. Suivant lui , « le grotesque est tin type nouveau, qui sepaie I'.irt moderne de I'art antique. » 11 ne tarit pas sur ce sujet : « C'est le yroiesque qui nous a donne la comedie » (que nous tenons pourtant des ancieus si feconds dans le genre plaisant); mais, chez eux, nl'epopee pese sur le grotesque et I'etouffe. Dans la pensee des modernes , au coDtraire, le grotesque a un role immense : il cree ledifforme et I'horrible, le comique et le bouffon. II attache autour de la religion inille superstitions originales. II fait tourner dans I'om- brc la ronde effrayante du sabbat; il donne a Satan les cornes, les pieds de bouc, les ailes de chauve-souris. II cree les Sca- ramouches, les Crispins, les Arlequins, grima^autes silhouettes de Thomme. A I'Hydre un pen banale de Lerne il substitue la Gargouille de Rouen, le Gra-Ouilli de Metz, la Chair-Salee de Troyes, etc. Les Eumenides sout bien moins horribles, et par (i) On coniiait la repoiise de Prcville a certain auleur : ■< Mon der- riere aussi est dans la natiiie, el pourtant je nc Ic mi.inire pas. ■• (9,) L'enfant crie et !a mere pete. Falsi', tradudion de M. Gerard. T. xxxviu — Mars 1%%%. 4a G^jS litterature. oonsi''(itu'nt bien moins vraies (\ue Ics sorciercs do Macbelli. Pliiton n'est pas le diablc. Les vampires , les ogres , Ics aiilncs , \espsjllis, Icsgou/es, les brucohf/ucs , les n.v/^/o/cjdonncntaiix fees, par I'effct dii conlraste, ceile [)iiieu'! d'essence dont ap- prochent si pen les nymphes paiennes. L'anliquite ri'aiirait pas fait la Belle et la Bete, » cic. « Le beau, dit eucore I'auteur, n'a qn'un type; le laid en a inille. M Errcur! L'impression de la beaiite varie au contraireA I'infini, tandis que celle de la laidcur est presque iinifornie : el!e deplait, elle degoiite; la cause a beau changer, I'effet resle le nieine, et I'effet est tout d;ins les arts. Nous ne suivrons pas M. Hugo dans le tableau (]u'il fait de \ avenemcnt du grutesque. On pent dire en deux mots que ses progres suivirent ceux du mauvais goiit , qu'Arioste et Cer- vantes, qu'il (pialifie d'Homercs bouffons, sout deveiiusimmor- lels pour s'etre moques avec genie des fictions qu'il pieconise ; et que le plus heurcux effort de la poesie moderne est d'avoir assez debarbouillele diable du nioyen age pour en lirerlcbeau Satan de Milton. « Enfiu , poursuitM. Hugo, I'equilibre enire les deu.x prin- cipes (le sublime et \e grotesque) s'etablit. Les deux genies ri- vaux unissent leur double flamme, et de cette flawime jaillit Shakspeare. Shakspeare, c'est le drame, caractere de la poesie moderne. Ainsi, la poesie a trois ages, dont ehacun corres- pond ;\ une upoque de la societe . I'ode, Tepopee, le drame. L'ode vit de I'ideal, I'epopee du grandiose, le drame du reel: et, comme le reel resulte de la combinaison des deux types, le drame est la poesie complete. » A travers de nombreuses bizarreries, un instinct dc verite, qui n'abandonne jamais les esprits d'une certaine force, a conduit M. Hugo a des apercus dont la justesse est evidente ; sans doute, la poesie lyrique a du naitre la premiere; I'epo- pee, qui mele aux grands evenemens luunains riuterventioii de la Divinitc, n'a pu se developper qu'a la seconde epoque de I'elat social; enlin, le drame, plus complique dans ses moyens d'imitation et moins asservi a I'emploi du raerveilleux, littekaturj:. eSj) v(pS>aitient k une civilisatiou plus avancee. D'ouM. Hiijjo con- vlut encore avec raison, etcetle opinion est reuiarquiable chez nil partisan aiissi prononce de la litteralure romantique, que I'ode et I'epopee ne sont plus gueie de noire terns, que la forme d^rafmaliqiie doit desonnais dominer dans la poesie. Mais, lorsqii'il pretend que le drame nioderne est la poesie complete, ■que ce drame pent embrajser I'ode et Tepopee, comment elre encore de son avis? C'est,au contraire, dan*le drame antique qu'existait visiblement cetlc reunion des trois genres. La rai- son en est simple : les anciens avaicnt derriere eux un passe lout poeliqiie; les personnages .de leur hisloire etaient des ' LITTIlRATURE. 665 Je le crains. El pourlant , sans s'occiiper cU- la n nsure, I'aii- teur an rait bien fait, je crois, de commencer par ofi il veut finir. On'est-ce qu'une piece qui n'est pas proprc a etre repre- sentee ? Le premier mcrite de I'artiste n'est - il pas dc remplir Ics conditions de I'art? A force de vouloir faire du drame un luoyen d'enseigner I'histoire, nous n'aurons bientot plus nihis- toirc, ni drame. Le s[^ectatenr veut etre emu; il liii fauta tout prix une action vive et un interet toiijonrs croissant. Reunir celle action ct cet interet a la peinture des opinions et des moeurs du terns, commel'exige le drame historique,c'est un des problemes les plus difficiles qui puissent etre proposes a I'es- prithumain. line faut pas croirc que Shakspeare I'ait resolu. Si ■vous retranclicz du probleme les conditions necessaires pour le succes au thealre, vous eludez la question. Votre ouvrage aura pent- etre beauconp de merite; mais, sous le rapport de I'art, il sera nui , il sera meme nuisihle, puisqu'il ecartera du but. Certcs, M. Hugo, dans son Cromwell, a fait preuve d'un rare et vigouronx esprit ; mais il a prouve aussi qu'il n'a pas une idee juste de ce qui convient a la scene. Pour cueillir la palme qu'il ambilionne, il lui faut, je ne dirai ;*as plus de talent, mais un plus hcureux sujel et un meilleur sysleme. Chacvet. Le Voyage de Grece , poeme par M. Pierre Lebrun (t). Co Voyage, comnie i'appelle modestement M. Lebrun, se divise en deux parties, qui ont chacune leur interet propre. L'une , dans des iN'otos- d'une prose facile et elegante, offre sur les moeurs de la Grece, que I'auteur a visitee en 1S20, des details curieiix et souvent nouveaux. Dans I'aufre sont repro- duites en beaux vers les emotions et les images que lui a (i) Paris, i8j8; Ponthipu et conipagnie. i toI. iii-8" At j-gpng. ; pi ix , fi fr. 666 LlTTJllRA'JURK. donnces ia vuc de cette brllt>, de celle malhriirtnisc , de cette heroiqtie contree. C'est vraiment Ic journal d'un obscrvateur et d'un poeto, qui note an passage ses remaiqucs et ses impres- sions , ct les jette en courant, selon leur naliire, lanlot dans les formes dii langage ordinaire , tantot dans le nioiile poe- tiquo. 'Le poi'me , ainsi tcrit, fcst ce qu'il devait ctre, plutot line suite de chants qu'une composition. Et tovitcfois, ces diverses pieces sont raltachees ensemble, et ramenees ii un menie des- sein par le sentiment qui les anime toules •, celui de cettc gene- reuse synipalhie, qui, malgrc les lenteurs de rinc'.ifference on les mancenvres de i'egoisme ct de I'interct, a fait de la liberie grecque une cause europeenne : en meme terns la marche des evcnemens, a laquelle s'estabandonnee I'imagination du poele, lui a communique quelque chose de rapide et d'entrainant comme elle: de sorle que, sans calcul, disposec , en quelque sorte, a son insu par le sujet lui-meme, son ceuvre ne manque pas plus de progression qued'unile. Ce sont souvenl d'excellcns artistes que la nature et I'histoire, et alors I'art n'a rien de niieux a faire que de les cop'er. M. Lebrun n'aurait guere pu imaginer de plan phis heureux que celui qu'il a rencontre sar sa route, sans le chercher. C'est d'abord sa vive altente de la terre de Grece , ses transports lorsqu'il la voit et qu'il la touche ; puis le conlraste doulou- reux de tant de beaute et d'antique gloire avcc I'abaissement de Tesciavage ; plus tard, le reveil inattendn de la liberte, et son glorieux appel, auqucl repondent a la fois les lies, les mon- tagnes et la plainc; enfin la stupcur, la colere, les cruelles vengeances du despotisme. Ici s'est arrete le poele, rescrvant pour d'autres chants cette suite de succes et de revers, qui , dans une lutte de sept annees , ont si vivement iuteresse notre admiration et notre pitie. Esperons que cette providence de la Grece, dent il a fait sa muse, ne refusera pas ^ son poemc le denoument heureux du a une si sainte cause. L'autcur iXUljsxe, do Marie Stuart, du Cid d' Andalousic , d'undiscours charmanl sur V Elude , couronne en 1817 par la LITTERATURE. 667 celebre compagnie qui I'adniet aiijouid'liui dans son S(ii)(i), ne potivait nianquer de porter dans iin pareil sujet son talent ordinaire , et dc se placer au premier rang parmi la foule nom- breiise des poetes qui I'ont traite. Mais il a snr tons, sans escepiion, iin avanlage singulier, celui d'avoir vu ce qu il peint. Jnsqu'ici e'etait la Grece antique dont on nous parlait toujours pour nous emouvoir sur la Grece moderne. Ces sou- venirs ne manquent pas a M. Lebrun : eh ! qui pourrait n'en pas etre pi eoccnpe ? Mais, dans ses tableaux , il ne les place que sur uu plan eloigne, coniirie ces mines des vieux ages, au pied desqiirllcs combattont, sans lesconnaitre mcuie de nom, le klephte ct le musulman. Ce soul les Grecs d'aujonrd hui, avec leur hcroisme barbare, leurs moeurs rudes et gracieuses, leurs noins ignores el leurs illustres exploits, qu'il s'attache surtout a representor dans ses vers. Il les a approches , il leur a parle, il a vecu avec eux sur ceite terre , sur ces mers toujours bril- lanles de luniiere, sous ce ciel d'un eternel aziir, dotit sa poesie refltichit quelqiicfois I'eclat. Cctte teinte oontemporaine et lo- cale, dont I'a colore le voyage, est certainement lo plus grand charme du poeme de M. Lebrun, et sufHrait a son succes. Les exeniples de ce genre de merite se presentent en foule, et on n'a que I'emharras du choix parmi des passages vrai- ment delicieux. Ttl est celui oil il cxprime son emotion a la vue, a la pensee de Sparte, qu'il decouvre, ou plutot qu'il devine de loin, du bord de son vaisseau : De Sparte en ce moment les montagnes lointaines Montraieiit h I'hoiizon leurs nuages d'azur, Et les rayons iiouTeaux d'un jour suave et pur Du Taygete doraient les cinies incertaines. Sparte efait la , cacliee ; et moi , du haul des mats , Vers elle , snr ses monts port ant mes yeux rapides , Je plongeais des regards fixes, tendus, avides; Je la cherchais partout ; je la nommats tout bas ; (1) M. P. Lebruk vient d'dlre elu inemlire de I'Academie fian9aise, en reniiilacemeiit de feu M. le comle FHA^coIS dp. NErrciiATR.vu. 668 LITTP'RATURE. Je riois ; jc pleinais. La libert(>, la gloire , Leonidas, Hel^ne , el la fablt et I'histoire, La Grtce avec ses arts , ses sages, ses heios , Tout devaiit moi montait A I'horizon des flots. Et je vovais la Gri^ce , et je n'osais le croire ! Et Inrsquc de plus pri^s je la sentis venir... D'uii semblable moment qui perdrait la memoire? O mon ctcnr ! comme i! bat a ce seal souvenir ! L'aiiteiir dcbaique, et mettant le pied sur cctte terre qu'il a saluee avec tant d'amoiir, il se croit un moment Ic conipa- triote dc ses coinpagnons de voyage, les matelots du Theniis- tocle , ot de Tombasis. Je suis Grec avec eux : oui , c'est la ma patrJe, Oui , comme eux je reviens a la rive cherie ; J'en sais tous les sentiers , j'en connais tons les noms. Laissez-moi parcourir cette terre de gloire Ces sentiers nouveaux et cor.nus , Ou mes pas semblent revenus, Etqu'avant mes yeux mi?me habitaitma memoire. Je marclie et je me sens de ma joie agite , Plein d'une emotion inquiete et conlente , Comme en ces jeunes soirs , oil quelque chere attente Faisait battre mon coeur heureux et tourmentJ". Des heros sous mes pas la poussiere est vivante ! Oh ! fouler a mon tour le sol qu'ils ont foule ! Respirer le m£me air sur les m^mes collines Ou furent ces races divines , Oil s'arr^laient leurs yeux , oil leur voix a parl6 .' Qui disait que la Grece elait desherltee ? Montrez-lui, montrez-lui cette voiite enchantcc , Ce transparent azur, ouvert detoutes parts , Ou si profondemeiit j'enfonce mes regards ; Ce jour si luminenx, scintillante rosce Qui descend sur les monts , s'elfeve de la mer, Redescend , remonte dans I'air, F.l pleut pucor du ciel , sans cesse inc'pnisee. LITTER ATURE. 669 Mon(rcz-lui de ces monts le suave contour, Et de leurs horizons I'indicible harmonie ; Montrez-lui cette nier sereine , bleue , uiiie, Belle des Lords charmans qu'elle pare a son tour. Ah ! de ses fils perdus la Grece est attrislee , Mais pour la consoler la nature est restee; Mais sous son beau soleil, son sol , fecoud encor, Sourit mdme a des mains avares de culture ; Mais des bois d'oiiviers y donnent leur trcsor; Mais I'oranger prodigue y repand son fruit d'or, La vlgneses raisins, le myrte sa verdure, Le glatinier ses fleurs; les platanes epais, Pres des sources encor se plaisent a s'etendre ; En domes transparens, leurs rameaux n'ont jamais Sur la tcrre laisse lomber un jour plus tendre : Et ces riches vallons , aux sites enchanteurs , Oii du sommet des monts Toeil charme se repose , Jamais au lit des eaux n'ont vu du laurier rose Serpenter plus Hants les m.eandres de fleurs. Cetle peinliire ravit I'imagination par I'eclat des coulcurs et la vivacite du sentiment ; c'esl de la description passionnee, de la veritable poesie descriptive. Des teintes plus sombres, quoi- que, par intervalles, riantes encore, succedent sous le pinceau du poele, lorsqu'au sein de cette nature charmante il rcpre- sente roppression barbare et insoleule du Turc, et avant ce* jonrs dft) regeneration qui ont rendu a la Grece le souvenir de sa gloire, de sa dignite, de ses droits, sa docile et iusou- ciante servilite. Le pays, ses habitans, ses uiaitres, ses sou- venirs, cette graciense et paisible apparence, qui deguise sa honte, et voile encore ses esperances et ses vceux, tout cela ne se Irouve-t-il pas resume dans ce paysage i la Tiieocrite, ii la Poussin : Dans la belle vallee ou ful Lacedemone , Non loin de I'Eurotss , et pr^s de ce ruisseau, Qui, formant son canal de debris de coloniie , Va sous des iainiers-rose ensevelir son eau , Regaidcz ; c'est la Grfece : el toule en un tableau. Uue femme est debout, de beaute ravissante, 670 LITTERATIJRE. Pieds nus ; el sous ses doigts uu indigent fuseau File, d'une quenouille empruntce au roseau , Du colon floconneux la neige eblouissajile. Un pitre d'Amycl<^e , aupr^s d'elle plac^, Du bckton recourhc, de la courte tunique, Rappelle les bergers d'un bas-relief antique. Par un instinct cliarmant , et sans art adosse Conlre un vase de niarbrs a denii renvers6 , Conime aux jours solennels des f^tes d'Hyacinthe , Des fleurs du glatiiiier sa t^fe encore est ceinte. Sous sa couronne, a I'ombre , il regarde, surpris, Trois voyageurs d'Europe , au pied d'un ch(*ne assis. I>e chemin est aupr^s. Sur un cour'^ier conduite , La Musulmane y passe , et de I'osil du niepris Regiirde ; et I'Africain niarclieet porte a sa suite Dans une cage d'or sa ])erdrix favorite : Cependant qu'un aga, dans un riche appareil, Rapide cavalier, au front sombre et severe , Sous un galop bruyaut fait rouler la poussiere. De ses artnes d'argent que frappe le soleil Parnii les oliviers scintiUe la lumi('re. 11 nous lance en passant des regards scrutaleurs. Voila Sparte : voilala Gr6ce tout entiere : Un esclave , un tyran , des debris et des fleurs. Je cederais, si je Icpouvais, au plaisir de citer encore, et je i«e fais reellement violence pour ne pas Iranscrire le discours de I'Albanais , qui retrace au voyageur, dont ils seoiblent igno- res, CCS exploits par lesquels la Grece des montagnes, la Grece toujours libre, n'a cesse de protester contre I'esclavage. C'est une revue eloquente de tous ces souvenirs, consacres par la muse populaire, dans ces chants que leur savant et inge- nienx interprete , M. Fauriel , a traduits et commentes av( c une Hdelite si elegante, une si delicate simplicite (i). Je voii- (l) Chants populalrcs de la Grece modernc , rccueillis et publics , avcc une traduction francaise , des eclaircissemens , et des notes , par C. Faurikl. Paris, 1824; Firmin Didot. ?. vol. in-8". ( Voy. /iev. Enc.,l. xsil, pag. 699. ) LITTERATURE. 671 drais avoir de la place pour la chaDson de Klephte, pour ee!le de I'Hydriote, morceaux d'une originalite puisee a la mcme source. Je regrette Ics heureux emprunts que je pouirais fairc aux brilbntes et energiques peinUires de la ponipeuse barbaric de Constantiuople et de Smyrne; niais cet article s'allonge et touche a sa fin; une analyse d'ailleurs u'est point une edi- tion abregee , et il faut laisser au lecteur quelque chose h cher- cher dans le livre meme. Les passages que j'ai rapportes suffisent pour donner une idee de la maniere de M. Lebrun. On y a pu voir qu'a ci tie verite de details, qu'il tient de la disposition naturelle de son esprit, et sans doute aussi de I't'tude du modele, il joint une naivete, un abandon, une souplesse de mouvcmcns , qui me semblent egalement former les traits les plus cnracteristiques de son talent. Son expression generalement elegante et hanno- nieuse vise a la simplicite, et, ennemie de la periphrase , dont elle s'est degoutee avec le public, ue craint pas de nomnior, comme le fait si lieureusement aussi celle de Beranger, les choses par leur nom. .Quelqu'un, je crois, avail defie notre orgueilleuse poesie de descendre, par exemple, au mot pis- tolet; M. Lebrun semble avoir repondu a ce defi par ce vers heureux: Du pistolet joyeux il fait siffler la balle. Ce n'est pas qu'il ne retombe quelquefuis dans les circonlo- cutions ordinaires. Je n'aime point, et surtout chez lui , ceite definition de la lorgnette, qui, outre I'inconvenient d'une forme trop commune, a encore celui d'une ellipse peu agreable. Z? tube qui s'allonge on resserre a leur choix. La poesie de M. Lebrun est, il faut le dire, assez sou vent deparee par des defauts fort opposes a ses merites. Cet rcri- vain si elegant et si harmonieux se permet avec trop peu de scrupule, soit des dureles, comme dans ces vers : Mon oreille deux ioiaput-elle 6tre iiicertaliie .'* 67a MlT^RATUItE. Jour qui po'iiis , et jamais u'eclos. Soit, commc ilaiis ceux-ci, des piosaiismcs : L' anllssement est funeste A qui peut en rcstcr temoiit. La coupe de parfum au matelot qui prie, A prc'sente ilu soir I'encens habkuel... Brisez le despotisme et son trine arbitraire. Les Klephtes , braves coeurs, mais esprits Versailles. .. Tous les ecueils essaimenl de valsseaux. Dps expressions d'un tour eUani,'e, et soiivent plus latin que fian(jai.s; d'un air incuricux; Sa barl^e aux flots epais , noire, et qui sur son sein Descendait /^«;^ia//!me«t parfumee et brillante. Oiielquffois meme, des constructions coiitraires ^ la gram- maire , comitie ccs singuliers inusites :r/'fu:e/«/;fe fertiles , oc- ciipe de plaisir, pour de plaisirs, en exemplcs. Relcver de ces fautes chez des poetes du merite de M. Le- brun, ce n'cst point purisme, pedanlisaie; c'est souci de leur gloire, amour de leur talent. On ne fait point, ou Ton devrait s'abstenir de faire aux mechans auteurs de pareilles critiques. Qu'ont-ils a gagner a plus de purete et de correction? lis n'en deviendraicnt pas meilleurs. Mais, pour ceux que la na- ture a faits ecrivains, orateurs, poetes, on no peut trop leur recommander avec Horace ce soin attentif et severe, ce tra- vail opiniatre, cette perfection aclievee, ce I'once labor et mora, qui assure a leurs productions, apres les seductions fugitives du premier siicces, une longue duree; qui fait qu'on les relit avec charme, qu'on les relicnt, qu'on les repete, que ce qu'ils ont cree ne s'efface plus, et reste comme un monu- ment impcrjssable, une ceuvre a toiijours , selqu la belle expres- sion de Thucydide. Cette longue jyatience a laquel.-e Buffon a peut-etre eu tort de reduire le genie, est, sinon son essence, du n.'oins une de scs condilion.i, cl IiI. Lebrtin n;.- s'offensera pas si la crilique le condamne a la subir. i,itt£ra.ture. G-'? Keledor , histoire africaine, recueiilie et publiee par M. le baron Roger, ex-comniandant et administra- teur du Senegal et dependances (i). Le tems n'est pas tres-loin de nous ou la geographie etait relegiiee parnii les etudes sleriles, presque sans but, sans charme et sans utllite. Alors, la science, raal comprise par le vnlgaire, etait le domaine d'un petit nowibre d'hommes de genie ou de merite, qui devinalent a peine ses destinees fu- tures. II fallait, pour la mettre h sa place, des evenemens tels que ceux qui ont romue le monde depuis cinquante ans; i present, la geographie, loin d'etre une etude isolee, tient a toutes les sciences, que dis-je, a tous les interets de la so- ciete; I'industrie et le commerce dependent de ses progres, et ceux-ci influent a leur tour sur le perfeciionnement de Tespece liumaine, Aujourd'hui, on peut I'affirmer, il est impossible que la civilisation neprofite pas de I'avanccment de cetie science; et eclle-ci des progres de la civilisation : celte influence reciproque de I'une sur I'autre est un fait que tout le raondesenttrojibien, nneverite qu'il est trop facile d'etablir pour les developper ici da vantage, et je les indique seulement pour expliquer I'interet qu'inspire le nouvel ouvrage qui vient de paraitre sur I'A- (i) Paris, 1828; A. Nepveu. i vol. in-8° de ivi-aji pages; prix , 5 fr. N.B. Cat ouvrage appartient par sa forme, celle du roman, a la Litteralure. Cependant, nous en aurions pu placer I'analyse dans ja section des Sciences morales , puisque VHhtoiie africaine n'est qu'un cadre destine a reunir des details gcographiques et descriptifs sur I'elat de la Senegambie, les moeurs et les usages de ses habitans , I'histoire et les progres de leur civilisation encore dans renfance. Le compte rendu de cet important et interessant ouvrage a ete lu , par I'auteur, a la Commission centrale de la Socicle de geographie , et nous croyons interesser nos lecieurs , on lui donnant place dans la Revue Encyclopedique. N. du R. T. XXXVII. — Mills iSaS. 4^ 674 LlTTtRATURE. friqiic, sous le nom dc Kclcilor , Uhloirc afrlcaine. L'aride geographic de nomenclature n'y fient pas une grandc place ; mais quiconque voudra approfondir Ics circonstances morales et locales qui caractcrisent los peuples et le territoirc de la St— nogambie occidentale le lira avec fruit, surtout la premiere moitie, ainsi que !es notes qui lermincnl I'ouvrage; et tout le restc sera lu avcc un veritable intcrct, car I'ouvrage n'cst romanesque que par la forme sculement. Rendre compte du rccit des aventures qui servent de cadre au tableau convien- drait peu dans ce recueil; mais , emprunter quelques couleurs aux scenes varices et animres par lesquellcs M. le baron Roger a peint le climat et la population du pays, I'etat physique et moral des habitans; faire bien saisir le but et la pensee de I'auteur; enfin, parler de la division geographique de la Seoe- gambie, d'apros les donnees d'un homme qui a habile et gou- vcrne le Senegal pendant six ans, sera, je pense, remplir convenablement la tachc qui ni'cst imposce. Si un voyageur qui passe rapidemeut dans un pays peu connu inspire I'inferet et la confiance, quelle confiance et quel interet ne merite pas un habile administrateur , quand 11 pi end la plume pour ex- primer le resultat des observations mures et approfondiesque lui ont permis de faire dc frequens entretiens avec les piinci- paux du pays, la discussion des interels et des droils reci- proques; enfiu, le caractere et les passions des habitans, mis en jeu dans des circonstances graves et importantes ! Ce n'est pas sculement au chef-lieu de la colonie que M. Roger a ob- serve les indigenes; il etalt porte parson activite naturelle, parson ardent dcsir de^rendre retablisscnient utile a la mere- patrie, a se transporter partout ou sa ]iresence pouvait faire du bien. Dans son zele infatigable, il visitait les etabiissemens formes ou projetes dans les provinces, et il recuplHait dans ses momens de loisir les traits de ses descriptions (i). Le lecteur (i) M. KoGER a ndiesse a \a Soc'u-le de geograpliie un ecrit tr^s inte- rpssanl en reponse a des questions sur le Senegal, et elle en a or- donn6 rimpression. ( Consultez le tome ii du recueil de la sociclc. ) LITTERATURE. G75 peut done espeier do trouver dans cct ouvrage des couleurs j)Iiis neiives et plus cxactes que celles qui nous sont fournies par les relations existantes, et des faits qui ont echappe aux prece- dons yoyajreurs. Malgre de bonnes descriptions dii Senegal , on ii'a pas encore euEurope des idees Ires-justes sur certains details denioeurset d'institutions qui sont d'uneassez haute importance. Je citerai seulement, pour csemple, la population du pays et son etat social. Pen s'en faut qu'on le regarde comma presque desert oil mal people, et ses habitans comme des deini-sauvages. Et ccpendant, tons Ics voyageurs s'accordent a dire que la popu- lation est tres-nombreuse , les villages tres-multiplies, et les liommes, en general, plus avances dans la civilisation qu'on ne le croit communement. Indepcndamment de I'induslrie qui est propre aux habitans primitifs, les Senegambiens ont recu des Arabes, avec la loi musulmane, certains arts, certaines insti- tutions qui ne sont pas indignes d'exanien. II faudra bien des annecs pour que TEuropeen superbe s'accoutumc h croire a I'apiitude intellectuelle de I'Africain, et convienne de sa per- fVeiibilitej mais enfin, avec le terns, il se fera a cetteidee; une criTiu-, funeste au bonheur d'une partie considerable du genre hr.main, s'evanouira et la verite se fera jour. Deja les plus puissantcs nations de I'Europe ont renonce au commerce im~ pie de la traite, et I'ont condamne comme un crime. Qui cut pu I'esperer, un siecle plus tot, et meme il y a quarante ans? II est anssi des esprits philosophiqucs Irop preoecupes d'uue dilferrnce d'organisation, et qui sont enclius a conclurede la diffeience des races, non passeulement a une inferiorited'intel- ligence et de facultes, mais une sorte d'incapaeite sociale. L'ouvragc de M. Roger fournit plus d'un argument, ou, pour mioux dire (car les faits sont ici les nieilleurs argumens) , plus d'un fait pour repondre aux detracteurs des noirs, et en cela il (At pen d'accordavocla plupart des ecrivains. Heureusement il penscet il s'exprime comme presque tousles voyageurs quiles ont vus cliez eux , et non pas dans I'eselavage. Mungo-Park n'a vait-ilpasporte deja le meme jugement sur les noirs de la Senc^ 676 litti1:rature. gamble ?N'avait-il/pas eprouv6 leur bon sens, leiir sensibilite, leur intelligence? Je remarque le mcmc langage chez le major Laing et le major Gray. A Sierra Leone, ce dernier troiiva des ccolcs florissantcs pciiplees d'indigcncs. « Les progres des eleves noirs de Freetown, dit le major Gray, en arithmetique, en geographic ct en histoire, prouvent une capacite bicn supe- rieure an pen de nioycns attribues jusqu'a present aux negres, et demontrent clairement qu'on pent arriver a les rendre d'ntiles membres de la societe, en leur donnant I'education necessaire. » Recemment, on a trouve a 100 milles de cette co- lonie, dans I'interiear, une nation gouvernce reguliereraent, ayant des arts, des lois et des magistrats. Enfin, la colonic des Noirs americains, c'est-a-dire, des esclavcs devenus libres dans I'Ameriqne du uord, et ramenos dans leur patrie, ou ils s'administrent par eux-mcmes , est une preuve evidente el vi- vante de I'aptitude des Africains pour la civilisation. J'en pourrais citer une autre encore plus decisive; mais elle m'ecar- terait trop du but que je me suis propose. Passant sous silence, coinme je dois le faire ici, le recit que fait de ses voyages le heros de \' Histoire ofricnitie,ic ni'arreterai an tableau de la Senegamble, tableau en action , qui forme les trois premiers livres de I'ouvrage; seulement je dirai que Keledor , ne dans la province de Walo , eleve dans le pays de Fouta - Toro , republique theocratique , tombe tres- jeune encore au pouvoir des marcliands d'esclaves , est trans- porte en Amerique, vers I'an 1797, avec ses compagnons d'in- fortune , et ne revient dans sa patrie qu'apres avoir subi toutes sortes de vicissitudes, propres i former son jugement et a eclairer son esprit; il y arrive prepare a jouer un role dans le mouvement qui fait marcher insensibiement cettc contree vers une nouvelle existence, fruit de ses rapports continuels avec la civilisation europeenne , et surtout du commerce et des ameliorations agricoles et industrielles qu'a inlroduites le gouvernement de la colonic francaise. Dans cc qui suit, je rapprocherai et je fondrai ensemble les LITTfiRATURE. 677 notions fouriiies'par le texte et celles qui i^siiltent des notes nombreiiscs et instriiotives placees a la fiu de I'oiivrage, et (Jes renseignemens inedits que je dois a la complaisance de M. Roger. Apres avoir, en peu de mots, rendu compte de la revolu- tion politique arrivee en 1775 dans le pays de Fouta, et qui a fait passer le pouvoir royal anx mains des prctres ( ils elisent eutre eux YAlmami, prince Lemporel et spirituel, et forment un conseil qui le revoque ;i volonte ), I'auteur donne quelques details sur la division de la Senegambie a I'ouest duBambouk; elle differe sensibleanent de ce qui a ete adniLs jusqu'a pre- sent, et elle est plus precise et plus complete. Pres de I'Ocean sonlleWalo et Cayor, aujourd'hui independansdu Ghiolof Baol et Salum; le long de la rive gauche du Senegal, est le Fouta- Toro, et au dcssus du Walo le royaume Ghiolof, qui s'etend presque jusqu'a la Gambie; plus a Test et au sud, le Bondou jusqu'a la Faleme;entre laFaleme et leBii-Fing, ie Bambouk, pays riche en mines d'or ; sur le Senegal, au-dessus de Bakel, I'an- cien pays de Galamouetait sitae le fort Saiat- Joseph, aujourd'hui rulne; plus a Test, lejiiasson etieKaartaou bas Bambarah, deux pays aujourd'hui confondus en un seul par un menie interet et leur etat de guerre pcrpetuel avec le liaut Bambarah , dont Sego sur le Dhioli-Ba est la capitale. De la, jusqu'a ce fleuve et jusqu'a Tombouctou, est uu espace beaucoup moins etendu qu'on ne le suppose et qui ne serait pas tres-difficile a franchir par le commerce; nous en avons la preuve, et dans les ex- cursions de Park, et dans le trajet continue! des caravanes; e'est I'intervalle entre les deux bassins principaux de cette contree; son elevation est mediocre, peu de semaines suffisent a le traverser. La nouyelle position qui vient d'etre choisie a portee de la derniere cataracte, sera un point de depart excel- lent: d'autres details sur ce sujet seraient aujourd'hui prema- tures, et 11 suffit d'ajouter que les sciences et le commerce ne peuvent manqucr d'en relirer des avantages prochains. Quant aux Maures Darmankous, Trarzas , Braknas et Doveichs, on sail qu'ils sont les maitres de la rive droitc du fleuve et qu'ils 678 LrniiRATURE. font la loi Jii commerce dans les escales et presquc dans lous les marches (i). La population de toutes cos peupladcs est plus considerable qn'onne le suppose. En voici un apercu en t;ros : Walo,/| 0,000 liabitans ; Cayor, 25o,ooo; Ghiolof, 200,000; Fouta - Toro , 800,000; Bondou , 3oo,ooo; Galam ou Kajaga, 100,000; ne- gres restes sonmis aux Maures , 60,000; Trarzas , 3o,ooo; Brakuas, 60,000 ; Maures Dowichs et Oualad Barek, 100,000; sans compter les populations qui avoisinent la Gambie, celles du hautScnegal au-dessus dc Galam; celles du Kaarta et du bas Bambarah. Les Etats occidentaux ont conserve ieur population primitive; raais le grand Etat de Fouta-Toro a recu sa popu- lation actuelle du dehors ; les Foulhs ou Peulhs y sont vcnus da Bondou, du Foula-Dhialon et duDcntilia, sous le nom de Toukoulenrs, nom aujourd'hui limite aux marabouts ou prctrcs du Fouta. Enlre deux bras du fleuve est une ile tres-riche, appelee Ile a Morfil^ qui a /jo lieues de longueur sur 6 a 7 do largeur moyenne. Le Walo, patrie de Kelodor, est aujourd'hui tout entier acquis i la France ; il s'etend de Dagana a St.-Louis, c'est-Ji-dire, d'unetrentainede lieues delongucur(2); sa largeur est de i5 a ao lieues. Des plantations nouvelles, an nombre de plus de 40, ysont partout distribuees; la colonisation y pros- pere; des Hoij-s libres viennent y louer leurs services; ils s'y rendent de 100, meroe de 200 lieues de distance. L'industrie ct la liberie qui amenent I'aisance, la justice qui en assure le fruit, commencent J» parler a la raison et a I'intelligence des in- digenes; que ne doit-on pas atlendre, pour Tamelioration du pays , de ces premiers essais , surtout si le commerce de France tes seconde, si I'opinion les encourage ! (i) Voyez le Memoire que M. Eyries a joint au voyage de M. Moi,LiEir, et ses autres reniarques sur le Senegal. (a) 40 lieues de rouest s> Test, selon Touvrage , s'il n'y a pas faute d'impression ; mais, si ron conipte les sinuosiles du fleuve , ce serait trop peu, et c est Irop en ligue directe. La posiiion de Dagana est fix6e aujourd'hui. LITTt,RATURE. 679 riusieurs details de mceurs que rapporte M. Roger appar- Stiennent plutot aiix Arabes et a la religion maliometane qu'aiix indigenes, et d'autres sont empruntes \isiblenient a I'Egypte ou a la Nubie , tels que I'art de masser, renfourchement des captifs, les fornuiles de salut, de missives el de serment, les regies de la priere, renseignement simultane, I'attachement du marabout pour son cheval et pour scs armes, les mouezzin choisis parmiles aveugles, etc.; mais je n'avais point cnlendu parler en Aftique du magnetisme animal que I'auteura obser- ve dans ces contrees. Quant aux bouffons de cour, aux chan- teurs, fareeurs et musiciens ( les gawendos et les griots), tons les voyageurs qui ont visite la Senegambie, ont decrit plus 011 moins bien les folies bizarres des uns, les jeux des autres, et surtout leurs exces et leur insolence. Ces derniers ne se ma • rient qu'entre eux , c'est une caste dcgradce; ils sont privos meme de la sepulture commune. On sait de meme ce que sont lesg-m^'r/V, c'est - a- dire, les amuleltcs ou talismans d'ecriture; tout le monde connait ces singuliers prescrvatifs contre les betes feroces, I'incendie, la guerre et tous les niaux de la vie. II est tel voyageurqui a du la sienne a I'innoce.nt artifice des griffonnages les plus insignifians; je ne voudrais pas qu'ils perdissent leur credit. Que les Europeens profitent encore quelque terns de cette faiblesse des nations afrlcaines; puis- qu'elle leur sert de passe-port, et quelle avance les decouverles , qui pourrait s'en plaindre ? Le langage du pays de Fouta est le foulh; cehii des pays de Ghiolof et de Walo est le wolof, langue indigene qui est de toute anciennete, idiome interessant qui vient de fixer I'alten- tion des savans par les particulariles singulieres de sa compo- sition et desa grammaire (1); mais on ne I'ecrit pas, I'ccriture ne sert que pour cx|)riiner le langage arabe des marabouts ct (i) M. Roger prepare un Mcmcirc aur la langue wolofe. En i8a5 , nous avons public le Dlciionnaiic wolof, rcdige au Si-negal par M. Dard , iiisiituteur de lEcole de Saint-Louis , et iniprimc a I'ini- priraerie royale. i vol. in-8°, avec un avant-propos el des tal)!eaiix , d'api'^s l;i graminaire wohfc, tie M. Dard n Paris. 68d L1TTJ£RATURE. de ceux des iudigenos qui ont appris ccttc langue. C'est ce qui avail laissc rjEmope, jusqu a ces deriiiors terns , dans I'igno- rance de la nature et de la composition de la languc wolofe; aussi , le premier Europeen qui est parvenu al'ccrire, y a fait . des decouvertes interessanles, et il I'a du a unc circonstance qui mcrite d'etre rapportee, c'est aux efforts que les philan- tropes francais ont faits, en 1816, pour faire donner un pen d'instruction aux jeunes Wolofs qui habitent le Senegal, line ecole a ete etablie a Saint-Louis ; le mailrc, comme les disciples, ignorant respectivement les deux langues ecrites, I'arabe et le francais , il a fallu, au premier, ecrire un dictionnaire entier de I'idiome des seconds, et sous leur dictee: ce qui I'a conduit a decouvrir pen a peu les regies grammaticales. Le salut de la lance est un usage antique etsolennel pratique au commencement d'une campagne. Chacun des guerriers doit passer devant une lance tres-haute et Jurer devant le prince de combatti'e vailiammentrennemi. En racontant les circonstances dela ceremonie, I'auteur parle , a cette occasion, d'une autre coutume, celle qui veut qu'un esclave puisse quitter le maitre qui la maltraite, et devenir celui d'un autre , en lui faisant uue injure grave; pareille chose exisle dans le Kakougo etchezles Aschantees. Autrefois, au Senegal, I'esclave , pour obtenir cette meme faveur , pouvait couper un morceau de I'oreille au inaitre qu'il choisissait , ou bien a sou fils. Les Wolofs sont regis, de terns immemorial, par une sorte de feodalite. Au sol appartiennenl les droits de justice, d'a- mende , de confiscation, de peages, d'avibaine. Les vassaux payent la dime au suzerain , qui la partage quelquefois avec les pretres; mais deja comme en Europe, des communes com- menccut a se former. L'infliience du regime francais ne tardera pas a se faire sentir. Rien n'est plus fait pour surprendre, h cote de la facilite d'humeur et de la douceur des negres de Senegambie , que le caractere prononce, la fermete et I'esprit d'independance des Foulils; mais leur fierte n'est pas exempfe d'arrogance : ils pas- sent meme pour medians et perfides. M. Roger leur rend plus LITT^RATURE. " - 68 » de justice , et il rcmarque que , chez ce peiiple , c'est una suite du meme esprit qui Icur a fait secouer le joug de leurs tyrans. lis sont passionncs pour la liberie, niais ambitieux et turbuleus, souvenl livres a la guerre civile : ce n'est pas leur seule res- semblance avec les republiques de Rome et de la Grece. Apres leur revolution, en 1775, 1'esclavagc fut proscrit, on n'y admit plus aucun nouvel esclavc; chose bicn remarquable, tout es- clave ancien devint libre, des qiCilsut lire. Les Foulhs vont jus- qu'ii croire que nous avons suivi leur exeraplc en proscrivant la traite. Au reste, aujourd'hui, ces memes hommcs vicnncnt chnque annee par centaincs sur les plantations francaises et se livrent au travail agricole. lis sont d'ailleurs moins robustes et moins grands que les Wolofs. On sait qu'au lieu d'un noir fonce , leur teint tire sur le rouge?. Daulres traits encore les distiuguent du reste des uoirs. L'auteur reniarque la difference des usages des Serrercs, petit peiiple de Baol, au sud de Cayor. Plus sauvages , ils ont resiste au mahometisnie, et ils s'eloignent aussi desEuropoens. Leurs funerailles ne ressemblent point a cellcs des autres Sene- galais. Le niort est assis , cauvert de ses plus riches vetemens; un parent lui adresse ainsi la parole : «Pourquoi veux-tu nous quitter ?]\'avais-tu pas pariui nous tout ce qui t etait ntces- saire? Quel est le sorcier , I'ennemi qui t'a fait perir ? » Uu autre , place derriere le mort, repond pour lui qu'il demando h etre inhume. Alors commencent de grands oris de douleur; mais, des que le corps est enterre , la joie succede , on chante et Ton dtinse, et les fetes durent neuf jours. Les plus beaux negres sont les Gliiolofs ; ils n'ont , dit M. Roger, d'Africain que la couleur. Le ne^, est regulier et les cheveux memes sont alonges. Get angle facial et les autres signes physionomiques qu'on a regardes comme la mcsure de I'intelligence des noirs, se rapprochent cousiderablement de ce qu'on observe en Europe. Que dirout done ceux qui eta- blisseut sur la conformation de la face I'inferiorilc de la race noire? Que diront-ils de cette variele ghiolofe, pour ainsi dire, europeennePAu reste, tout ce que j'ai voulu faireici, c'est desi- Ma LITTliRATURE. gnaler un fait altcstt^- par bien dcs voyagcurs, cl un pen tiop ueglige par les pliilosophes ct les anatoniistes... On a deja lapporte pUisieurs traits qui prouvent epic les negrcs ne sont pas dipourvus dc courage moral , et d'une sensibilite vivo ct profonde. On pourrait en trouvcr d'autres encore dans rouvragc de M. Roger ; niais il faut se borner, ct citer seulement les expeditions que firent, il y a pen d'annces, line soixantaine d'individus qui avaient, par le travail, rachete leui^ liberie. De la Havane, ils se fuent transporter u leurs frais au Senegal, en 1819 et en 1822 : I'aniour dc la patric ct de riiidipendance eclate au plus haut degrc dansces expeditions, et dans la conduite de ces homines qui n'avaient d'autre pers- pective, en prenant une aussi courageuse resolution , quo d'enibrasser leurs vieux percs ou de mourir sur le sol natal : qu'y a-t-il de plus touchant ? En arrivant, il faut le dire, on les voit quitter leurs habits et reprendre la pagne, et mcme substituerbientot le salam aux prieres accoutunices.Les fcmmes, plus constantesdans les habitudes europeennes, mclaientconfu- semeut les symboles des deux cultes,et usaient jusqu'au bout leurs mantilles et leurs soies brodees , pour reprendre h leur tour la pagne modeste, dont leurs meres ou leurs soeurs etaient drapees.Maisapres toutqu'importent, pour ceshommes, le cos- tume et lesliabitudes des colonies europeennesPc'est le spectacle del'acivilisationjdesarts etdel'industriequ'ilsontbesoind'avoir constaniment sous les yeux, et heureusement ils le trouvcut anjourd'hui dans les etablissemens fraucais. Les Maures, re- pousses sur la rive droite du fleuve , ne desolent plus le Walo. Les cultures se retablissent , la population et le bien-etre aug- meutent avec le travail libre; des maisons s'elevent, des vegc- Jaux utiles se multiplient. Voilii enfm une colonic ou des Afri- cains libres s'adonnent a I'agriculture ; ils pcrfectionnent les races de bestiaux; avec le |)rix de leur travail , ils aclietent nos instrumcns, les produits de nos arts, et les emportenta aoo lieues; ilsemporlent aussi avec eux le nom de la France, ou- vrant ainsi la premiere porte a uu commerce qui ne peut plus que s'accroitre avec le terns. 11 faut lire les deruieres pages du litt£rature. 68:^ Hvre pour connnJtreet apprecier legenereux cnlhousiasmetiui auime I'auteur, a I'idee de I'avenir, i\ I'aspect des premiers fruits d'line noble enlrcprise. Qui ne partagerait dc si liono- rablessentimens ? Qui menie, en traitant un tel espoir d'illu- sion, ne rondrait line eclatante justice aux efforts de I'admiuis- trateiir liabile et infaligable qui s'est voue a ime ceuvre debien si diflicile et si ingrate? Combien on prend une part vive a sa sollicitude , a scs voeux, a ses efforts , que rien n'a pu decou- rager pendant plus de six annees d'administration ! Ce ne serait pas donner une idee complete de cet intercssant volume que de passer sous silence le merite du style; I'exac- titude seule ne peindrait pas assez bien les mceurs, les hommes et le climat. Quoique I'auteur ait ete inspire par des evenemens historiques d'un veritable interet, par des traditions vivantes , par les paroles memes des personnages , paroles dont le pays a garde la niemoire, cependant il importait de presenter an lec- teur europeen des tableaux a la fois vrais et expressifs, parce qu'on ne connait guere le Senegal que par des descriptions un peu arides. Choisissons la scene du passage du desert qui separe le Fouta de Cayor , quand I'armee d'Abdoulkader, en 1797 , porta la guerre an darnel ou roi de cette derniere contree (i). En voici un fragment : « Le lendemain, le soleil se leva moins favorable ; il ne dar- dait que des rayons obscurcis, rougis par une quantite de sable soulcve de I'horizonet repandu dans I'air. Tout aiinoncait le regne de ces vents d'est redoutes du voyageur, de ces vents briilans qui, apres avoir balaye le grand desert, en rapporlent la secheresse, I'aridite, et, pour ainsi dire, des vapeurs de poussiere. "A peine eiions-nous en marche, que nous apercuroes comme (1) On sail que lirak , Daniel, Jtinanii soiit les noms divers que prennenl les rois de ce pays. Le premier ,'ijue|poilait le roi de Walo , n'a plus d'applicaiiun; le second est celui du roi de Cayor; le troi- si^me appartieiu au roi de Bondou, et le prince de Fouta-Toro le porte egalemeiir. 684 UTTfiRATURE. uu petil image roux, qui changeait a chaque instant de forme, ct qui faisait les oscillations les plus singuliercs et les plus su- bites. Eu approchant , il grossissaitau poinUle nous inlcrceptei' le soleil et incme la lumiere. Bicntot nous fumes assaillis de la plus effroyable qiiantile de grosses sautcrelles qu'on ait jamais vue. Les arbres, les buissons, en un instant depouilles de leur jeune tcorce, furent surcharges dc ees insectcs; le sol en etait jonclie de phisieurs cauches; I'air, pour ainsi dire, en etait epaissi. Nous-niemes en fumes couverls; et dans leur odieux bourdonnement , ces animaux maudits, froissant continuelle- ment notre figure, nous forcaient a nous bouchcr les narines, ;\ fermer les levies et les yeux.- « Ceux qui connaissent par experience les nuees de saute- relles qui fondent quelquefois sur les campagnes d'Afrique, peuvent seuls juger des effets du tleau qui nous accablait , plus terrible qu'il ne s'etait jasnais montre ; les autres refuseraient d'y croire. Nous nous ouvrions peniblement un passage au milieu de cet immense tourbillon, foulant aux pieds a chaque pas, ecrasant a chaque mouvement des quantites de ces degou- tans insectes. Isoles ainsi, ne dislinguant plus notre chemiu , ne nous guidant que par la voix, plusieurs de nous tombereut suffoques ; beaucoup d'autres furent egares. Heureusement encore, dans cette calamite, les deux malencontreuses cohues s'avancaient en sens contraire. Au bout de deux heures d'in- quietnde, de fatigues inouies, nous commencames a retrouver lair et le grand jour. « Qui pourrait compter le nombre prodigieux d'oiseaux de toute espcce qui suivait ce moiide aerien, ce grand meteore auinae? Combien d'aigles, de faucons, de milans ! combien de grues et de cigognes ! combien de marabouts aux vastes ailes , a la queue oruee d'un duvet riche et leger ! Tons semblaient mus par I'esprit de la destruction; ils devoraient, massacraient et couvraicnt la terrc de morts et de debris. Affreux avertisse- mens du ciel ! ne montrait-il pas assez I'empire de la force sur la faiblesse? ne devait-ilpas nous inspirer d'utiles pressen- timeus ? LITT^RATURE. 685 «Nous Iraversions un pays que r.es insectcs innombrables venaient de depouiller entieremcnt dc verdure ; plus un frag- iTient de i'euillc, plus vin brin d'herbe. Un vent sec et brulant Iieurtait avec bruit la poiissiere coutre les ranieaux des arbres et contra les buissons, semblables maintenant ii des balais uses et blanehis. C'etait un spectacle de desolation , que completait une population errante , Iwirassee. «Des que, par une marcbe penible,nous eumes alteint qnelque onbrage, Almanii fit faire halte, afin de rallier ses gens et de leur donuer un repos bien necessaire : c'est la qu'on fut force de passer la seconde unit. 11 s'en fallait bien qu'cUe resseniblat b. la premiere. Des fatigues, d'affligeans souvenirs, des inquietudes pour les absens , une temperature accablante imposaient a tout le monde un morne silence; il n'etait trouble que par les recherches et les cris de ceux qui s'efforcaient de retrouver le pere, la soeur, I'ami dont ils avaient ete separes. « Le meme vent souffla loute la nuit; niais, comme on I'ob- serve ordinairement dans ces contrees , il devint alors aussi froid qu'il avail ete chaud pendant le jour. Du reste , il ne per- dit rien de sa secheresse; la nuit n'apporta pas une goutte de rosee, pas la plus legere humidite. « II etait evident qu'une journee encore plus difficile que la precedents se preparait. Nous avions fait a peine la moitie du chemin, et la foule ne pouvait parvenir en un jour aux fron- tieres de Cayor. Cependantles provisions manquaient, ons'in- quietait principalement pour lemplacer I'eau qui tirait a sa fin. La nature du pays, surtout dans la saison oii nous etions, ne permettait pas d'esperer qu'on put s'en procurer aufrement qu'aux puits des villages dont on etait encore trop eloigue. Almami sentit tout ce qu'avait de critique sa position ; il entrevit des lors les resultats affreux de I'entreprise dans la- quelle il s'etait iniprudemment engage. Des le matin de la troi- sieme joua'nee , il fit publier que lous les individus hors d'etat de porter les armes etaient invites a retouruer chez eux; qu'on etait content de leur devouement; que Dieu leur en tieudrait sans doute compte; mais que leur presence scrait desormais 686 LITTIiRATURE. plus nnisible qu'iuilo , et qu'il appartonait aux giicrrk'rs sculs eau d'Osymandias. Diodore de Sicile, qui nous a laisse une si brillante description de ce monument funeraire , assure qu'on y vovait entre autres mer- veilles un cercle d'or d'une coudee de hauteur et de 365 cou- dees decirconference, sur lequel on avait indique, pour chaque jour de I'annee , le lever et le couchcr des astres, C'est la qu'etait aussi rcnfermee la bibliotheque celebre ou le genie mys- terieux des Egyptiens avait grave ces mots : Remedes de i-'ame. Quelques-unes des galcries du toml>eau d'Osymandias ont , au licU de colonnes, des piliers carres auxquels sont adossees debout de grandes statues de divinites egvpticnnes : cette atti- tude a probablemcnt suggere aux Grecs I'idee de leurs caria- tidcs. Blais une autre statue, la plus gigantesque qu'ait jamais produite le ciseau egyptien , c'est cellc du roi Osymandias , dont il reste encore un immense debris sur le sol dc Thebes. Elle etait taillee dans ua seal bloc de granit rose, et ses dimen- sions etaient telles que son ])ied scul avait plus dc sept coudees. Si cc colosse cut ete place devant le Louvre, quoique assis, sa tete se fut elcvee jusqu'au sommet de la colonnade. Ces sphinx qu'on voit au dessous, ranges en file, formaient jadis de longues et niajestueuses avenues qui conduisaient au palais de Karnak, le plus vaste des edifices connus. Une seule de ses salies contiendraittout cntierc I'lglisedeNotre'Darric, et ses plus grosses colonnes egalent en proportions cellede la place Vendomc. Leur fut apresde trente-troispiedsde circonference. Quelques autres monumcns sont encore dissemines ca ct la dans la perspective du tableau ; mais il est tems d'arriver au beau portique qui en forme, pour ainsi dire, le cadre. La premiere surprise qu'eprouve un voyageur a I'nspect d'un edifice egvptiou, c'est de le voir decore sur toutes ses faces, et jusque dans ses reduits les plus obscu's, d'une inuombrable 44. r><)2 REAIIX-ARTS. qiiantite de sculptures dont la profusion tient du prodigc. Mais son etounemcnt augmcnte lorsquc, sous la poussiere qui Icscouvrc, il apercoit los coulcurs, fraiches encore, dontelles sont partout revetucs. Celtc alliance extraordinaire de la pein- ture et de la sculpture , dont on ne trouve aucune trace dans les monumens des autres pcuples, est un des traits caracteris- tiques de I'architeclure des bords du Nil. Les Ei^yptiens em- ployaient les couleurs par teintes plates et sans degradation ; lis ne connaissaient point encore I'art dereproduire les ombres par la diversile des nuances, et se contentaient de peindrc tou- jours les memes objets par les mcmes couleurs. Ces pcintures n'etaient d'ailleurs destinees qu'a donner plus de richesse et d'eclat aux orneiTiens sculptes d'un edifice, etcebut etait suf- fisamment rempl: " Ic tableau que nous avons sous les yeux pent ./aire juger de seffet que devait produire ce systeme com- plexe de decoration. Le portique du plus grand temple de Phila; se compose de dix colonnes formant galerie. L'auteur du dessin , pour de- gager ici la perspective et laisser au lointain tout I'espace qu'il reclamait , n'a emprunte de ce portique que la partie neces- saire a la composition de son tableau. On y voit cinq colonnes dont trois sculemen" celles du milieu, sont entlerement de- tachoes : leurs chapitv^ — ix, dt-cores avec gout, sont une heureuse imitation de la nature; ce sont des bouquets de plantes indi- genes, oil il est facile de distinguer les feuilles, la fleur et les boutons du lotus, le jonc, les jeunes pousses du dattier, et d'autres ornemens empruntes a la Flore egyptienne. Quant .lux deux colonnes qui occupent les exlremites du portique, et qui ne se montrent ici qu'en partie, elles doivent principale- ment fixer notre attention : le chapiteau qui les couronne est sans contredit le plus gracieux et le plus svelte qui ait etc ima- gine par les artistes egyptiens. L'idee premiere en est pourlant si simple qu'elle doit etre regardee comme une bonne fortune plutot que comme une invention laborieuse et meditee : ce sont huit branches de palmier attachees autour de la campane, ft dont les extremites lecourbees en saillie dessinent un galbe BEAUX- ARTS. Cyi elegant : lours tiges sont fix^^es an fut dc la colonne par cinq bandes hoiizoiitales qui scnibleiit etre Ics liens de cette gerbe artiliciellc. Ce chapiteau , que les savans ont designe sous le nom de dactylifnrwe , a toute la legcrete du chapiteau corin- thien dont peut-etre il est rorigiae. Parnii Ics nombrcuses sculptures qui ornent toutes les parties de ce portique, nous ferons surtout reinarquer la decoration de la corniche, qui etant partout la menie dans les edifices de I'Egypte, a pris Ic nom de corniche egypticnne. Elle consiste en iin fond cannele au milieu duquel est scul])te un disqiic entre deux serpens. Ces serpens, que les arcbcologues noniment uhoeus ou urosus , sont ici representes la tete dressee et dans line attitude menacante. Derriere eux se deploient deux grandes ailes qui donnent a I'ensemble de cette decoration un aspect elegant et niajestueux. Au-dessous de la corniche et sur la face anterieurc de I'ar- cliitrave , on a sculpte une barque symbolique dont I'image se Irouve frequemment repetee dans les temples; elley reparak presque partout avec plus ou moins de variele dans ses formes allegoriques et dans la richesse de ses ornemens : celle qu'ou voit ici est des plus simples. Soit qu'elle ait rapport a la mi- gration dcs ames, soit qu'il faille y voir un attribut ]iarticulier de chacune des divinites de I'Egypte, ce qui expliquerait la diversite de ses formes, cette barque mysterieuse est evidem^ mcut un emblemcreligieux. Derriere la colonne du milieu s'eleve, bien au-dessus du portique, un obelisque egypticn , decore de plusicurs bandes de sculptures hieroglyphiques, tel qu'on en voil encoi'e a Philae, a Louqsor, a Heliopolis. A gauche et dans le lointain apparait, dans toute sa hauteur, la grande pyramide de Memphis, que les anciens jilacerent au nombre dcs sept mer- vcilles du monde. En deca du portique, la gauche du tableau est occupee par un de ces piliers-cariatides que nous avons deja signales dans le tombcau d'Osymandias : adossee contra le pllier qu'elle semble elle-meme soutenir, la statue n'a pas moins do vingt-neuf pieds de haut, sans comprcndrc dans cette mcjure le double socle qui lui scrt de jjasc. 6^4 BEAUX- ARTS. Nous voici toiit-a-fait sur Ic premier plan du tableau : ici notre attention vivement excitoc sc partage cntre unc foule d'objets qui jonchent Ic sol dans \\n dosordre apparent , inais Qu I'art du peinlre a reuni un choix bicn cntendu do cc que ranliquite (igyptienne nous a transmis do plus prccieux. Com- mcncons par ce bas-relief coloriu qui est appuje sur los jambes monies du colosse, et qui a ete copic dans I'une des cataeombes do Thebes : il represente un joucur dc fiarpc qui semble adresser ses livmnes religieux a unc divinite assise dcvant lui. Une autre scene, absolument semblable , est peinte sur les murs du mome tombeau ; ce qui a fait surnommer ce monument soutcrrain la Catacoinbe dcs harpe.i. L'examcn dc ces peintures conduit a pcnser que I'art musical avail doja fait de grands progres chez les anciens Egypticns : Tune des deux harpes n'a pas moinsde vingtetune eordes,et foutes deuxsont d'une forme si elegante qu'aujourd'hui mome les facteurs les plus ingcnieux de I'Europe y trouveraient encore a imiter. La harpe egyp- licnne aurait pourtant , sous le rapport musical, un desavan- tage manifesto; elle otait sunspctla/es. Les Egypticns n'avaient probablement pas encore imagine cet utile accessoire qui ajoufe aux ressources de I'exocution et complete en quelque sorte I'instrument. ■ 'iili.) [i ■: Continuons noti'e examen en avancant vers la droite, et arrotons-nous devant ce magnifique chapiteau , emprunte au po)'iique du grand temple de Denderah, I'ancienne Tentyris. Si le chapiteau dactyliforme est le plus simple et le plus gra- cieux de tons ceux que I'Egypte a produits , celui-ci en est sans contredit le plus riche et le plus imposant. Il se compose de quatre tetes d'une proportion colossale, dans lesqyolles on retrouve I'image ile la Venus des Egypticns, qui, au rapport de Strabon, avait en effetun temple a Tentyris. Sur le front dc la deesse est disposec, en forme do turban, une elegante dra- perie dont los deux extremites retumbent le long des joues. A son cou est suspendu un collier de plusieurs rangs de perles auxquelles se melent d'autres ornemens prccieux. On lui a donne ici des oreilles de vache, parce que la vache etait parti- culicrcmrnt consacrce a la deesse Athor , VJphroditc egyp- BEAUX- ARTS. (>t)', liennc. Ces quatrc teles souticnnent un cle (juadiilatore doiit chaque cole represente la facade d'un temple, surmontie dc la corniche egyplieonc. A la droite de ce chapitoau sont rangocs pliisicurs picries de dimensions divcrscs ct couvertcs dc bas-ielicfs colorics; on y rcmarqne cntie aiilres un tableau religicux sculptc sous Ic portique du grand temple dc Philaj, et une scene copiee dans les tombeaux dcs rois , qui parait iclalivc ii rcmbaumemcnt dcs corps. La plus graudc dc ces pierrcs est appuyec a dioite sur une tete colossale trouvce dans le toml^cau d'Osymandias. Ellc est d'un beau granit rose de Syene, et, d'aprcs ses proportions , clie a du appailenir a une statue dc vingt-dcux a vingt-lrois pieds de haul. Le travail en est dclicat et pur; c'est un des monumens les plus corrects de la statuairc des Egyptieus. Ccttc tete n'est pas cependant le seul morccau de sculpture egyp- tienne ou Ton ait rclrouvc cetle nieme correction ct cette mcme purcto. On pcul citer encore le debris d'unc statue en granit noir, rccueilli sur remplacement de I'antiquc Abydus, et un groupe de six pcrsonnages , dccouvert dans les fouilles de Thebes ; I'auteur du dessin , pour reunir sous un memo coup d'oeil les trois produits les plus parfaits du ciseau egyptien , a copie ici ces deux autrcs fragmens. Dans le premier, ([ui parait avoir apparlenu a la statue d'un jeune prince agcnouille, on a rcmarque rexactitude avcc laquclle I'artiste a su assnjetir aux conditions analomiques les formes extericures des pieds, des genoux et des jambes. Le second morceau est un bloc quadri- latere autour duquel sont adosses six personnages qui se tien- nent par la main : il y a une certaine souplesse dans la pose, ct dc la grace dans les contours. Les Francais avaient resolu (le transporter ce monnnient dans Icur palrie : deja le bloc precicux, charrie pres du Nil, etait sur le point d'y etre embarque , lorsquc dcs evonemens militaires, bruscjuement jjiiis ou moins reculee, au terns des Plia- raons comme au terns des Cesars, qu'iniporte la date, s'il de- meure prouve , si nul ne rcvoqne en doutc qu'cUe n'a etc sculptec que j)ar les Egypliens memcs et d'apres lenrs propres doctrines astronomiques? Ce point principal n'avant etc rol)jet d'aucune conttoverse, il faut necessairement arriver a cclte conclusion, que Ic zodiaque qui nous a ete transmis par la Grece , et que Ton croyait invente par elle, a ete primitiveinent emprunle au sy.ste:i)e astronomique des anciens ]Egyptiens , ])uisque nous en relrouvons aujourd'hui tous les elemens dans le planisphere de Denderah : abstraction faite de la difference des styles, ce sont absolument les memcs signes, rcpresentes sous les memes figures, dans le meme ordre et avec les memes altributs. Or, comme il est reconnn que I'astronomie etait es- sentieliement liee aux dogmes sacres des Egyptiens, il nous faudra presque remonter a rorigine de lours institutions re- ligieuscs pour marqucr I'epoque de leurs premieres observa- tions astronomiques. Afin de ne rien laisser inapercu dans la description d'un tableau oii tout interesse, il nous rcsle encore a signaler a la curiositc du leclcur qnclques auUes objets disperses sur lesol el qu'ii suflira de nommer : derriere le zodiaque se montie nne statue colossale a tete de lion , trouvee a Thebes. A droite ot sur le devant on voit un chapiteau rcn verse qui a «'te copie dans le beau jiortique d'Esiie, rancienne iMnpolis. Vers la gauche, plusieurs vases egypliens se font remarquer ])ar rele- gance de leur finine. Celte momie, (jui fixe principalement les regards , est celle qui fut apportee , il y a trois ans, par M. Cailliaud, a qui la science archeologique doit ses con- queles les plus r(''centaraissciit digues d'uue atten- tion particcliirc , et nous en rcudrons quelqiiefois compte daus la section d{» Analyses. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. G99 Nous avons remarque que les metlcciii? ct Im physioloj^istcs fraiKjais tie sont point onblies dans cet mile nciicil. Nous y avons relrouve avec inleret les noms dcs Liirrcy, des Lalle- mand, des GWo/f, des il/«^<'wfe, des Cwc/er, clc, entoures de tout Je respect qu'ins|>iient Icuis talcns et Icurs onvracjes. La Sociele do mcdccine dc Pliilndelpluc mai che i gi-ands pas sur les traces des socieles les j^lns illustres de rEiiropc. rarmi les diverses niesures qu'elle a prises dans I'interet de I'luima- nite, et pour eonserver (oute la diij;nite de la profession dc medecin , on pent eitor la creation d'lin comiie charge de re- chereher quels sont les avantaties reels des specifiques dlstri- bues en ce momenta Philadelphio sous les noms de panacee, catholicon , pihiies de Minerve, elc. Le comite doit s'adresser a toutes les personnes qui ont fait usage de ces specKiques , et qui ont delivre des certificats aux dislributeurs, s'informcr de leur age, de leur constitution, du Iraitement qu'elles ont suivi anterieinemcnt , des cas ou I'usage de ces medieamens a amene des resultats avanlageux , et de ceiix ou ils ont eeboue, etc. Le comite est compose de MM. Harris, Horner, Professeur, Klapp, Meigs et John Dell. R. 237. — * Tiie nnterican journal of science and a-rts , etc. — Journal americain des sciences et des arts, dirige par Benjamin SiLLiMAN, professeur de mineralogie et de chiniie au college d'Yale, etc. Newliaven 1828; A. H. Maltby. In-8°. — iV^. ^. A I'avenir ee journal sera tiimestriel; deux cahiers formcront uu volume, et par consc(|ucnt il y aura deux volumes par an. Prix de rabonnement, 3 dollars payes d'avance, pour chaque volume. On s'abonne a Ncwhaveu , chez M. Rlaltby : a Londres, chez M. John Miller, 40 Pall Mall. Heureusemcnt pour les sciences, la publication dc ce journfil n'avait ete qriesuspendue;il rcparait maintenanttelqu'on I'avu, aussi digne de I'attention des savans dans les deux contiuens. Le caliier public en Janvier contient isne no I ice sur les mines d'or dc la Caroline du nord, par un bon juge dc ces sorles d'exploita- tious, M. RoTHE, mincur s.\xon, Ires-instruit en mineralogie. J-i'etiide geognostique des districts anriferes lui a donne lieu depenser que les mines devieudraient plus productives qu'elles ne le sout maintenant. Elles lui ont paru plus riches que cellcs du Rresil; muis, au Riesil, les vivrcs et le travail sont beau- coup moins chcrs que dans la Caroline. La culture du coton a pris dans ce pays, et dans beauconp d'auires, une extension <|ui nepourra se soutenir.Une detresse sera I'inevitable resultat (le cede imprevoyante activite; et alors le travail des mines de- viendra une ressource pour les bras que le coton n'nccupera plus. 700 LIVaiKS i.TR.ViXGKllS. M. Van Rensskiakr donrsc; dc-s details interessnus siir I'en- lonioloL,'ie c!ii comtc d'Oiaiigc , dans I'litat de New- York; il les a extraits des niamiscrits dun observateur do ce pays, et il (•xprime le vcen que des observations aussi altcntives soieiit failes et continuees dans lo plus grand nonibre de licnx cpi'd sera j>ossibIe. Unc roniarqiie tres-singulieie, c'cst \ pur un officicr attache a I'etat-major-general I'M. Trant). Londres, 1827; John Murray, Albemarle street. In-8", avecgravures. M. Trant, le jeune, auteur de cat interessant ouvrage, I'avait compose d'apres I'invitation de quelques amis, et senlement pour Icur instruction. lis I'ont engage a le presenter au public, et cct officier distingue a ose esperer que la critique ne serait pas trop severe pour les incorrections et les negligences de style qui auraien.t pu echapper a un jeune soldat ecrivant sa premiere campagne. 11 n'a eu d'autre pretention que de rap- ^oa LIVRES ETRANGERS. porter rultlemciit los cvc'iiciiuiis de la doriiic're guerre des Arii;lais eoiilrc les Birmans, et de decrire k-s niceurs ct les usages des peiiples ([n'il a ei\ roccasion d'etudier pendant som sejoiir d lijs I'Ava et le Pci,'i). Toiijoius present an (piarlicr-general de larmee do sir ylr- chibald (^iMPP.Fi.i,, di'|!iils le comnuncemeiit jiisqira la cessa- tion de." lioslilites, rauteur a rapporte, comnie temoin oen- laire, les divers incidens (pii onl en lien dnrant les operations mililaires et les nei^ociatimis. 11 penso n'etre pas enire dans des details snperflns; niais, si (pielrjnefois il s'est arrete a des points qui senibleiaient do pen d inipurlanee , c'est qn'ils ten- daient a jetei dn joiir sin- le syskinc partinulier ct les ])lans des Birmans. En deerivant les inaHU's des Birmans, I'anteur ne s'est pas dissiniule qu'il s'eniparait d'un sujet dcja traile avec beaueonp de talent par le lienlenant-colonel Symes. II etait cependant necessairc de jeter du jonr snr le caraciere do ce pcnple ponr eclaircir divers points dn recit, et rautciir a pn- blie tontes les observations qu'il a en I'occasion de faire lui- nienie, lorsqne la prise de I'rome ent etabli entre les Anglais et les Birmans des relations libres et journulieres. II liii restait encore beaueonp a dire, mais le terns Ini a manque. D'autres ecrivains feront v\n jour snns doute i\ne histoire plus detaillee de ce penple enrienx a etndicr. La modeatie de BI. Trant ne fait qu'ajouler au puissant in- teret inspire par son reeit, Son ouvrage , bien qu'il arrive ajires celni dn lieutenant-colonel Synies, est iienf et anuisanl ; et il est deniontre qu'il a vn les evenemcns et les lienx dont M. Symes, qui n'avait guere quitte Rangoun , avait seulement <'ntendu pariir. Plusieurs cartes eclaireissent la marche del'ar- mee anglaise : I'nne represente I'cmpire birman en totalite; une autre , le fort de Uenobiou; vme troisieme, la route suivie par nn detacliement qui se rendit de Pakangyeh dans I'Ava, a Aeng eo Aracan. La plnpart de ces caites, et nolamnient la dcrniere , on! eie levees par M. Trant lui-meme avec un soin extreme, et elles renferment des particnlarites topograpiiiques iateressantes. Quelques planches sont consaerees a des vues, a des dessins , qui representent des costumes de pretres, de danseuses, des generau.x birmans, des bateaux de guerre , des tombeaux, etc. Comnic nous sommes avertis qn'une traduction de cet ou- vrage va paraitre incessaniment chez nn des premiers libraires tamentf.. Mais cet ouvrage d'un ci- toycn du jMex!(iue, d'un actcur qui avail pris pari aux der- nicrs evcncmcns qui anicnerent la delivrance de ce J)ays, man- (juait dcs cpialites ciscntielles a toule production hislorique. II etail souvcnl partial, declainatuirc et difl'us, inconiplei en plusicurs points, et iiourtant trop volumiutux pour deveuir populaire. C'est de ctUe cor.i|»osition in.ligeste ct confuse que M. Men- dibil est parvenu a lircr un excellent resumi'. Les fails exis- taienl : il ne s'agissait que de les classer , pcr le fils a la jambe. II tombe, et sa mere avail a peine reussi a 1 entrainer avcc elle, qu'un piquet de cavalerie turque les entoure; et I'un des soldals, appliquant le boul d'un iiistolet a la tele de la malheureuse Sophia, allait lui donucr la mort, quand le sentiment des devoirs maternels qui lui reslaient encore a renq)lir envers son unique enfant couche tout sanglant a ses pieds, ranima de nouveau I'ame hero'ique de la (Irecquc, qui, se relevant tout a coup el fixant sur le soldal un ceil de feu, s'ecrie : «■ Barbare, ne vois-lu pas queje suis une fenuiie! » Cet appel a Thnmanite fut entendu : les jours de la mere et du fils furent epargnes, ct tons les deux furent conduits en esclavage. Giace a I'activite dcs directeurs GRANDE BRETAGNE. 707 lies comites grecs de Paris et de Geneve, les deux infortun^s ne tarderent pas a ctre rachetes asec deux cents autres de Icurs compatiioles, et conduits a Coifou ofi se trouvaient aiors un grand nombre de families greccjiies raclietees aussi de I'escla- vagc. ■Quels fiu-cnt I'etonneiiient et la joie dclirantc de la pauvre mere, lorstju'elle leconnut paimi les captifs raclictcs sa Cres- sii/a, sa fille adoree, qu'elle avait vue Ipmber mortc a ses pieds ! Aprcs les premiers transports, qii'il n'estdonnoaaucune plume de repiesenter, Crcssula apprit a sa mere que les soldats turcs qui les poursuivaient, s'etant apercus qu'elle etait line femme, et qu'elle respirait encore, la conduisirent a Missolonghi. La, les soins de I'art lui ayant ete donncs, elle recoiivra prompte- inent la sanle, et fut quelque terns apres rachetee par les soins du meme comite qui avait aussi rendu sa mere et son frere a la liberte. » Quand de telles ames apparaissent au milieu d'une telle lutle, comment pourrions nous refuser notre sympalhie et notre as- sistance au pcupic qn'elles honorent. Et puisi]u'une telle action a ete suivie , grace a nos offrandes, d'un resultal aussi hc-u- reux, ne devons-nous pas redoubler d'efforts , de sacriGces meme, en faveur du peuple opprime, quand surtout nous re- flechissons que c'est a la genereuse sollicitude de nos femmes de France que la posterite attribucra le bonheur que ces trois individus ont goute en se retrouvant. H. H. a44- — ^" impartidl examination of the hamiltonian system of teaching languages , etc. — Examen impartial du systeme d'Hamilton sur I'euseiguement des langues, auquel on a joint quelques idees relatives a la meilleurc mcthode d'enseigncr les langues ; par M. Santagnello. Dcuxieme edition. Londres 1827. In 8°. 245. — A Parallel between the hamiltonian system and tha. which N. Hamilton calls the old system, etc. — Parallele entre le systcmehamiltonicn et celui queM. Hamilton appelle le vieux systeme, avec I'examen de la fheorie des verbes italiens a I'u- sage deseleves hamiltonicns ; par F.-X. Donato. Bristol, 1827. In-8». 246. — Outlines of an improved system of teaching langua ■ ges, etc. — Esquisse d'un systeme raisonne sur I'enseignement des langues , on nioyen de reunir les avantages des niethodes anciennes et modernes , par Joachim de Prati. Londres, 1827. ' In-S". Les auteurs de ces trois opuscules , professeurs habiles de langue italienne, se sont fait un devoir d'examiner serieusemenl lenouveau systeme de M. Hamilton, au lieu de I'adopter aveugle- 45 7o8 LIVRES ETRACNGERS. nicnt , cumme tant (rnilres (jiii se laisbciit iinposcr j)ar la simple annonce d'liiic innovation. II resnlle do Iciirs analyses (|iie la mc'tluKlo ancicnnc, lorsqu'cile est uieii appliqiiee,iui;iitt' d't-lre prefcrce a la noiivcllt-, si Ton vciit donmr ime coniiaissance complete do la lani^iii' qu'on enstigni'. M. Donato availctudio les doclrint'S de Diimaisais que d'aiilres giamuiaii-iens paraissent avoir entieicmcnt oubliees; et^il les apj)li(piait a reuseii^nenicnt, lorsipie d'aiities sunt venus se Ics apiiropiier, et souveiit les denaturor. 11 assure en memc tems que la pliipait de,; piofes- seurs de laiii^ue italieime, d'apres I'exemple do ce grammairien philosophe, font usaij;edes tiaductions littc/aks ct intcrlincaires, et qu'elles ont ccttc? eoirection qu'on cherche en vain dans la traduction de \' Eva/igilc de saint Jean , que M. Hamilton em- ploie dans ses coins. M. Donato fait aussi scnlir les avaiitages qu'on pent relircr dcs diciionnaiies et des grammaires, s'ils sont bien rediges. II monti'c comment, an moyen des uns , on rend facile I'explieatiou des mots inconnns , et comment lesau- tresservent, pour ainsi dire, de menioire artilicielle pour en diriger la conslruction. Ce critique preseiite des observations Ires - jnstes sur la j^rononeiation et I'accent de la langue ita- lienne. Nous croyons que la lecture de ces trois opuscules sera profitable a ceux qui s'oecupent de ce genre d'enseignement ; nous distinguons surtout celui de M. de Prati. Anime de cet esprit philosophique qui ne cherche que ce qui est vrai, bon ct utile, il profite des remarques des paitisans des deux systenies, lorsqu'il les trouve raisonnables. II regarde cepcndant le sys- teme de M. Hamilton, surtout dans la partiequi lui appartient veritablemcnt, comme defeetueux et incomplet. Aussi prefere- t-il celui qu'on apjielle Xancicn , surtout si Ton le degage des prejuges inveteres que la routine et lepedantismeont consacres. F. Salfi. oAi-j. — Verbal analysis , etc. — Analyse verbale de VHisloire de la conjuration de Fcnise , en 1628, ]>ar Saint-Real, ena- ployee comme moyen d'enseigner ct d'apprendre le francais , suivant la Methode ^/'Hamilton; on y a joint un traite de la conjugaison des verbes francais, cxtrait du Cours de langue francaise de Lemare. Londres , 1827; Longman. In-8° de 27/, pages. L'ecrit de Saint Real est tres-bien clioisi pour servir de texte a I'etnde de notre langue. On le trouveinsereici,avant son analyse grammaticale, afin quo le lecteur puisse avoir sous les yeux la phrase qu'il vient de traduire mot a mot, et observer sa cons- truction. II est bon de remarqucr que celte methode analytique, qui porte le noni d'Hamilton, n'est guere autre chose que celle GR,VNI)E-}5RETAGNE. 70«> de Duinatsais pour I'l'tude ties langnes mi gi'iK-ijil , et que nofre granimairicn oppliquait sprcialenicnt aux langucs an- cienncs. L'aiiteur a placo dans sa lutifacc dc.s aveitisscnirns que les lecteurs ne devront pasnegligcr; iissont adi esses specialenimt lux instituteurs; on y tfouve plusieurs oijservatioiK qui res- Ireignent I'appUcalion de la methode d'Haiiiilton, et lartnident par consequent plus sure, et qui font niieux connaitre si 3 principcs et son but. Cetouvrage pourrait etre iniitc dans uo:ro langue, a I'lisage du grand nombrc de Francais qui eludient la langueanglaise , non par speculation , mais eoinme moyen d'ae- querir une instruclion plus etendue, de puiser immediatement aux sources de taut de connaissauces indispensaljies pour les progres de I'art social, objct de recberclies que Ton n'aban- donnera point, puisqu'on a commence a s'en occuper serieu- sement. Etudions la langue des pcuples qui peuvent nous ap- prendrequelqiie chose de plus, et neconsunions pas unegraude parlie du tems dc la jeunesse a des langues qui nous ramcnent constamnicnt au point de depart, et semblent s'altacher a I'es- prit humain , comme le remora a ia carcne du vaisseau, ptDur arreter sa marche, N. Ouvrages periodiqucs. 2/(8. — The Athenaeum , etc. — L'Atlienee, journal critique et liiteraire , N° i3. Londres, 7 mars iSiS; Lewer. Paris, Bobee Hingray. Grand in-4" de 16 pages ; piix, 7 p. 249. — The Sphinx , etc. — Le Sphinx, journal politique et litteraire, W i5. Londres, 5 mars 1828; Lewer. Paris, Bo- bee Hingray. Grand in-4° de 16 pages; prix, 7 p. Le premier de ees deux journaux n'a pas encore trois mois d'existence, et il compte dejii pins de deux millc abonnes; il est le seul , de tons les recueils purement litteraires publies a Londres, qui paraissc deux fois par ssmaine; ce qui lui per- met de n'omettre dans ses colonnes aucnn des ouvrages impor- tans quis'impriment en Angleterre, et de signaler plusieurs dc ceuxqui font du bruit sur le continent. Le second de ces deux journaux, /alement devoir appeler son atten- tion sur le choix des epithetes, qui est une des parties les plus difficiles de I'art de faire des vers. Un des redacteurs les plus distingues du mcme recueil (i). M. le prince Viazemsky, a consacre (n° 7 1827) une treniaine de pages a I'examen des sonnets de IvIickiewiczj nous allons liii tmprunter les priucipaux traits dc son article D'Aleniberta dit qu'un poete, au milieu d'nn desert , cess< rait dc rimer, tandis qu'un geometre n'en continnciait pas moins de tracer des lignes et des angles. M. Mickiewicz n'est |)as le pre- mier poete qui dcmente cette assertion; roais il pent aussi etre cite comme exemple, Itii qui a compose et public ses sonnets dans une ville ou il n'y a pent -etre pas dix lecteurs en etat de le comprendre. Ce fait en lui-meme, est du reste fort remar- quable, et Ton ne pent assez accuser rindifference des Russes pour I'etude d'une langue qui a tant de rapports et d'analogie avec la leur. Le mcme reproehe sans doute pent etre fait, avec le meme fondemeut, aux Polonais a I'egard de la langue rnsse; mais il faut tenir compte dela rivalite, disonsplus, de rinimitie qui a regne si long-tems eutre ces deux nations. Esperons que (i) Nous citons souvent ce recueil parce qu'il est a pen pr^s le seul, avec VAbcilledu Nord , qui renferme des analyses satisfaisantes d'ou- vrages rasses ; ne recevant puint ce dernier journal , nous ne poHvons lui fnire les monies empninls qu'au Tdlegraphc. RUSSIE. 7»5 ces haines et ces prt'jugt's de penplcs disparaitront de plus en plus an flambeau de la veritable philosophic, et que des inte- rets moraux reuniront uu jour ceux que des iiit( rets materiels avaicnt divises. Un sonnet sans defaut vaut seul un long poeme. a dit I'auteur de \ Art ijoitiqac , qu'uii jeunc poete russe, M. Pouschkine, appelle le Coianjrancais. Sans pai lager entie- renieiit I'opinionde Boileau pour un genre de poesio totalement abandonue aujourd'hui en France, on peut Irouver encore quelque merite a ce genre de composition , et Ton peut regrelter qu'il n'exerce plus la vci'vedenos autcurs. Ceux de M. Mickie- wicz sont divises en deux livres, dontle premier renferme des essais dans le genre des sonnets de Petrarque, c'est-i-dire qu'a rexception de quelques-uns ou se trouve une legere einprcinte satiriqne , iis sont tons consacres a chanter les rigueors ou ies faveurs du I'aniour. L'autre parlie se compose de sonnets cri- meens, aiusi nouimes par leur auteur, parce qu'il en a puise les inspirations dans uu voyage en Crimee; ils appartiennent, deleur nature, au genre didaclique, et peuvent etre compares, dit le critique russe, pour la couleur locale et I'execution , aux meilleures strophes de Childe Harold , ou Byron a, pour aiusi dire, consigne le journal poeticpie de ses voyages. Apres avoir donne la traduction en prose de deux sonnets du \" livre qu'il examine , M. Viazemsky donne celle de toutes les pieces qui composent le second livre, et nous met ainsi a meme de juger I'auteur et le traducteur , et de declarer qu'ils nous paraissent dignes I'un de l'autre. On sent, en lisant ce dernier, que la richesse des idees, I'elegance du style et le sentiment poetique ont etc fulelement saisis dans cette traduc- tion en prose, qu'il n'appartenait peut-ctre qu'a un poete de faire aussi bonne. Nous regreltonsdenepouvoir donner ici une idee de ces sonnets par des fragmens qui pcrdraient d'ailleurs beaucoup de leur prix, en passant par I'epreuve dangereuse d'une seconde traduction. E. Herkau. Oiiviages periodiques. aSa. — * Journal poiitey soohstcheniia , etc. — Journal des voles de communication, pour I'annee 1826. Petersbourg, iin- primerie des voies de communication. Six cahiers avcc des planches et des tableaux. Prix, 20 roubles pour six mois. a53. — * Journal des voics dc communication (en (Vancais.) — 7*4 ■ LIVRES ETR ANGERS. Meme'prix ( I'un ties journaux est la traduction cxacte do I'autre ). Les circoiistanccs qui nous ont fait connaitre ce journal me- riteraicnt de Irouvcr place dans I'histoirc dcs pro^res des sciences en Russie. Commence au milieu de I'annee 182G, il n'a pu etre continue en 1827 : aucun journal russe n'en a parle; quelle est la cause d'un silence aussi generalement observe ? On ue peut I'attribuer qu'a I'indifference du j)ublic pour les sujets traites par les redacteurs, et pour les memoires qu'ils inse- raient dans leur journal. Hors de Russie, on regrettera que cette interessanle publication n'ait pu continucr , et on desirera qu'elle puisse reprendre, nc fut - ce qu'avec la ressourcc des abonneniens etrangcrs, si les sccours du gouverncment ne lui rendent pas une suffisante activite. Ce regret se fera sentir en France plus que partout ailleurs ; le journal russe nous eut mis en correspondance avec quclques - uns de nos compatriotes , d'anciens eleves de I'Ecole poly technique, zeles propagaleurs des connaissances utiles, en quelque lieu que le sort puisse les placer.^ On aura peine a conccvoir comment un journal destine a vepandre ces connaissances dans un pays oh elles sont rares encore n'ait pas ete mieux accueilli; on s'cn etonnera plus en- core, apres avoir lu ce c^ue nous allons extraire du prospectus. n L'ouvrage periodique que le Corps des voics de communica- tion public aujonrd'hui sous les plus augnstes auspices a pour but principal de faire connaitre dans tons leurs details toutcs les voies de communication ouvcrtes dans I'empire , et surtout celte savanle combinaison des ressourcesnaturellesdela Russie et du parti que I'art en a tire pour produire cette navigation colossale, unique dans le monde entier. De quel interet ne sera- t-il pas de suivre dans leur marche les produits de la nature et de I'industrie, partis des contins de la Siberie ou des bords de la mer Caspicnne, pour etre charges ensuite sur les batimens de toutcs les puissances de I'Europe et du monde qui les atten- dent sur la mer Baltique et la nier Blanche; de voir comment le genie et I'art leur ont rendu commode une route si longue , et I'ont debarassee des obstacles dont elle etait hcrissee ?... Les applications interessantes des sciences physiques et mathema- tiques a I'art de I'ingenieur, dues aux recherches et a I'cxpe- rience, tant des membres du corps que des savans russes et etrangers , trouvcront nalurellement leur place dans cet ou- vrage qui, tout en remplissant uncgrande lacune dans les con- naissances statistiqucs de I'Europe, presentera aux Russes eux- niemes de nouvcaux movcns de connaitre encore mieux leur RUSSIE. 7I& |jays. lis y puiseront dc nouveaux motifs pour aimer la patrie, et pour se serrer de plus en plus autour d'un gouvernement qui, apres etre parvenu a creer une nation forte et puissante , n'a d'autre sollicitude aujourd'hui que d'en assurer le bon- heur.)) . Nous ne pouvons en ce moment donner qu'unc idee tres- superficielle de ce qui est contenu dans ce journal. II nc pouvait se dispenser de payer im tribut de reconnaissance au savant .Betancourt auquel la science dcs machines a tant d'obligation, et qui a repandu tant d'eclat sur le corps des iugenieurs russes. Ony trouvelememoiresur lastabilite des voutes.parMM.LAME et Clapeyron , approuve par I'Academie des sciences de Paris, sur le rapport de MM. de Prony et Cli. Dupin. — M. Bazaine traite avec le secours de I'analyse algebrique d'importantes questions relatives aux bassinsd'epargne, destines a economiser I'eau dans lescanaux de navigation, et il en fait I'application au canal du Ladoga. — Les ponts suspendus font le tour du monde civilise, et s'y etablissent en depit de quelques faibles resis- tances; mais, avant de proceder a leur construclion , on com- mence par des experiences sur la tenacite du fer. Ces ponts ont multiplie les communications entre les differens quarticrs de Petersbourg , en franchissant les canaux par les moyens les plus prompts a mettre en auvre, et les moins dispendieux. — Des descriptions d'ouvrages executes, I'exposition d'ouvrages a faire, les comptes rendus de travaux relatifs aux sciences, voila ce qui compose ce journal. Nous ne nous abstiendrons point d'en tirer deux faits qui doivent trouvcr place dans I'his- toire des sciences et des arts. En 1812, toute la Russie prit part a !a defense de I'Etat contre I'attaque de Napoleon. En revenant de cette fameuse ex- pedition , le colonel JMaiuroff, aujourd'hui conseiiler detat, professeur de hautes mathematiqucs a I'ecole des ingenieurs des Yoies de conmiunication, publia une Geometrie dans I'es- pace , resume dcs connaissances qu'il avail puisees a I'Ecole polytechnique et augmentees par ses relations avec les savans de toute I'Europe. II y a, dans la Siberie occidentale, un canal qui fnt crcuse en 1 584 par le celebre Yermar , Cosaque, conquerant de la Siberie qu'il soumit a la domination des tsars. Ce canal fut en- trepris par les memes motifs qui engagerent les Francais a cou- per I'isthme d'une grande presqu'ile formee par le Mississipi ; Yermak concut et fit executer le meme travail sur I'isthnie d'un circuit fort incommode que faisait alors la riviere d'Irlische , pres de I'embouchure du Fagai. En Amerique et en Asie, le 7i6 LIVRES feTRAlSGERS. resultat fnt Ir nu'-nie : Ic grnrul oonranl ■.Vt.iblit dans la voic la plus conrteet la plus droilc, ct lo circuit que Ics caux formaienl auparavant tut prosquc mis a sec. F. POLOGNE. 254- — * Fontanna ic Bakczjseraiii , etc. — I,a Foiilaiiic de Bakhtchl-sara'i, poeine (\' Alexandre Pouschkine, traduit en polonais. Vilna, 1826. Iu-8'* de xviii-27 pages. Cctte produclion d'un dcs jioeles les plus distiugues de la Russie, publiec a Moscou en 1824 , et annoncee dans la Reviw Encyclopedique (tome xxiii, p. 6/i3), avait deja eu les hon- neurs de deux traductions, I'unc en langue francaisc, et I'aiitre en languealieniande (1). Le lelegraplte dc Moscou[n° 3, fevrier 1827, p. 226-230) parle de celte derniere commc de la plus mauvaisc traduction qu'il connaisse dans une languc tres-richc en cc genre, et qui se pile merveilleusement a tous les tons. Quant a la premiere, nous renvoyons a I'article cpie nous en avons donne (tome xxx, p. 2i();,leqiiel article a ete traduit depuis dans deux journaux russes, le Tclegraphe de Moscou (n° 17, sept. 1826, page 75), et ['Jbeclle du Nord ( n° 162, 21 dec. 1826). La traduction polonaise que nous annoncons ici, et dont nous devons la connaissance au premier des deux journaux que nous venons dc citer (n° H, avril 1827, p. 3io), parait etre I'ouvrage d'un jeune pocte trop confiant dans ses forces, et dont le succes n'a pas entierement couronne I'attente. Outre le defaut de fidelity que lui reproche le critique russe, et dont il rapporte plusieurs exemplcs, on pourrait encore adresser au traducteur des observations sur Ic niecanislne tie son vers et sur la negligence de ses rimes. Quelqucs passages, ecrils avec plus de correction et rendus avec bonheur, ne sufQsent point pour racheter les defauts de cette traduction; ils prouvent seulement qu'avec du travail son auteur pourra prendre sa revanche, et devenir un plus digne interpretc de celui dont il n'a pas crainl d'aborder, pour son debut, xm des poemcs les plus difficiles pcut-etre u traduire, autantpar le melange d'e- nergie et de grace dont il offre un heureux modele que par la couleur souvent unpen vague qui regne dans quelques-unes de ses parties. (i) Der TrauerqucU , verfasst von Alexander Puschkin, an.s deni Russischen ueberzetst von Alexander Wulfert. Saint-Pf tersbourg , i8a6. In-i6 de 48 pages. POLOGNE.— DANEMARK. 717 Le traducteur a fait prccoder ce poeme d'une preface oil il examine la question du romantisine , morceau que Ic critique russe ne nous a pas mis a mcme dapprecicr. Sans daigncr en- trei' en discussion avoc lui, il lui reproche sou attacliement a I'ancienne ecole ciassique, et, cnvcloppant dans le menie ana- theme lous ccux qui ne veulcnt pas ou qui ne peiiveut se rendre compte des nouvelles theories litteraires , il termine son article par cette comparaison, qui a sinon le merite de la justesse, du moins celui dc la clarte : « Le siecle, semblable a un fleuve majestueux, s'avance entre des rives fleurics, laissant ces pauvres gens ( les classiqucs) attaches comme la vase aux bords qii'il a quittes. » E. Hereau. DANEMARK. a55. — Plantegeugraphisk Atlas. — Atlas pour servir a la gto- graphiedes plantes; par M. Schouv. Copenhague, 1824. 256. — Skildiing aj Fcirligcts TilsUmd i Danmar';. — Tableau de I'etat du climat en Danemark; par le meine. Copenliague , 1826. 257. — Bcylrcege ziir verglelchc/tden Climatologie. — Obser- vations pour servir a la climatologie comparee ; par le meiiie. Copenliague, 1827. En 1822, M. ticXiouY ^uhVyai WW Essni stir la geographic des plantes , qui dcpuis a ete tradiiit en allemand; c'est pour faire suite a ce travail neuf et estimable qu'il a compose I'Atlas que nous annoncons. Les observations nombreuses de I'auteur I'ont mis a meme de composer les deux autres ouvrages, uommes ci- dessus, riches de faits , interessans par cux-memes, etqui sans doute contribueront aux progres d'une science qui , pour ainsi dire, sort a peine de son Jierceau. 258. — ■ * Eddnlceren og dens Oprindelse , etc. — L'Edda et son origine, ou Tableau detaille des fables et des opinions des anciens Scandinaves sur la creation, la nature et le sort du monde, des dieux et des hommes, soigueiisement eonfrontees avec le grand livre de la nature, aussi bien qu'avec Its systemes mythologiques et les opinions des Grecs, des Perses, des lo- dienset d'autres peuples anciens, et melees de recherches his- loriques sur I'origine et les premiers rapports des nations les plus remarquables du monde aucien; par M. Finn Magnusen. Copenhague. 4 volumes in- 8°. Compose d'abord pour un concours ouvert par la Societe des sciences, cet ouvrage a ensuitc recu des developpemens et des augmentations considerables, et c'est sous cette derniere 7i8 LivRES Strangers. forme que raiitenr I'a fait imprimcr. Le litre que Ton vient de transcrircen cnlier domic une idee asscz complete du contemi du livre. aSg. — * Danskc Recesscr , etc. — Edits ct Ordonnances dcs rois de la maison d'Oldenbourg, publics avcc des notes ct des eclaircissemens , par M. Coldkrup-Rosenvinge , professeur dc jurisprudence a I'Uuivcrsite de Copenhague. Copenhague , 182/,. •260. — DonskcGriards reUcrog Stadsretter. — Tribunaux danois dela cour ct dcs villcs ; publics par le menie. Copenhague, 1 827. Ces deux ouvragcs forment le /,""' et le 5'"* volume d'un re- cueil d'ancicnncs lois danoiscs que le savant auteur a en- trcpris pour I'usage de ceux qui ctudicnt I'histoire de la legis- lation du Dancmark. AutantM.Colderup a acquis de reputation par son enseignemcnt public a I'Univcrsite de Copenhague, autant il acquiert de droits a Testime ct a la reconnaissance de ses compatriotcs par la publication des ancicnncs lois dc leur pays. II rend ce recueil doublemcnt utile et intcrossant par ses rechcrches profondes ct ses commcntaires insti'uctifs. La col- lection entiere aura 8 volumes. M***. ALLEMAGNE. 261. — * Gcachichte dcr gcngrapliischen Entilcckungsreisen. — Histoire dcs voyages de dccouvertes gcographiqnes, par Charles Falkenstein, secretaire de Li bibliotheque royale de Dresde. Cahicrs i ct 1. Dresde, i8i8; Hilschcr. In-12. On a cnlrepris a Dresde une petite Encyclopedic dans le genre dc K Eiicydopedie portative que public a Paris M. Bailly de Merlieux. Une scric on section de cette collection compren- dra les sciences historiqucs et gcographiqnes. II en a dcja parn pkisieurs volumes que nous n'avons pas eu occasion de voir; mais nous avons sous les yeux VHistoire dcs dicouvcrtts grogra^ phiqiics , par M. Falrenstein, qui fail egalemcnt partie de cette section , et qui aura qualre cahiers. Les deux derniers ne tarderont probablcmcnt pas a paraitrc. L'autciir annonce, dans la preface, qu'il s'est aide des travanx de Forstrr, Sprengcl, Malte-Brun, Hugh- Murray, Barrow, etc. Son resume indique, par ordre chronologique , les decouvcrtes qui ont successive- inent agraudi la sphere de la gcograpliie , et mis le monde civilise en contact avec les pcuples barbarcs. M. Falrenstein resume cette histoire des progres de la geographic el de la civi- lisation d'une maniere substantielle et instructive. Son ouvrage est ce qu'il doit etre, court, precis, dcpouille de fous les de- tails oiseux, et reduit aux fails esscntiels. Parmi les voyageurs ALLEMAGNE. 7 '9 du moyen age, I'auteiir aiirait pu en citer quelqiies-uns qui, a la veiitc, manquent tlans toutes les histoiies de voyages, tels que Ricold de jMontccroix , Marignnle , moine bolonais qui , au xiv^ siecle, se rendit par la Taitario a la Chine, et dont les observations ont ele reciicillies par M. Mcincrt dans les Me~ moires de la Socu'te de Bolit-nie , ainsi que d'autres nioines qui avaient ete envoyes precedcnimcnt par Louis IX cliez les Tar- tares, et sur lesquels M. Abel RrmiisatVi donne (juelques details dans sesMemoires sur les relations des Europeens avec lesMon- gols au nioyen age. Les deeou vertes des Holiandais ont ute recem- ment eclaircies par un ouvrage de MIM. Bennet et Van fFijky couronne par la Societe d'Ulrecht. Ce travail pourra fournir a M. Falkenstetn quelques donnees pour iine autre edition. Le deuxieme cahier de son precis s'arrete a I'annee 1616. A la fin de I'ouvrage I'auteur resumera sans doute les expedi- tions interessantes des Anglais a la mer Glaciale, el les voyages recens des Francais, des Russes, des Anglais, etc. autour du monde. Depping. 262. — Nachrichten uber diejruhercn Einwohner von Nord- Amerika. ^— Notice sur les indigenes de I'Amerique septen- trionale et sur les anfiquites indiennes ; par F. W. Assal, ins- pecteur des mines de I'Etat de Pensylvanie , publiee par S. J. MoNE, professeiir d'histoire. Heidelberg, 1827. In-8° , accompagne de planches litliographiecs. Depuis Grotius et Jean de Laet jnsqu'a nos jours, on a sou- vent discute sur la muniere dont I'Amerique a ete peuplee. Pour cette grande question, on manque de documens ecrits; mais c'est aller droit au but, rpie d'interroger le sol de I'Ame- rique; car les hommes laissent loujours, la on iis ont passe ou habite , des traces qui peuvent donner lieu a des rappro- chemens positifs. Cette methode parait eire celle qu'a suivie M. F. AV. Assal. Cel antiquaire a visite , etudie et interroge des monumens qui existent dans les forets de I'Amerique du nord. II deci it deux sorles d'antiquites , celles qui lui paraissent apjiartenir aux ancetres des indigenes actuals, et celles qui seuiblent annoncer dans la partie meridionale du Nouveau- Monde, la presence d'lm peiqjie plus civilise que ne durent I'etre les Indiens dont la race subsiste. Les vestiges que ce peuple a laisses consistent en retranchemens de terre on de pierrcs, en lurnuli ou sepultures, en niomies , en idoles et usteiisilcs. Les Etats de New- York , d'Ohio , de Pensylvanie sont ceux ofi Ton decouvre le plus grand noiidne d'enceintcs retranchees : on en voit une au midi du lac Ontario; les autres, pen eloi- 720 LIVRES ETRANGERS. <;iH'es eutrc dies, soiit placct-s siir une Iii,mc qui se dirigc an sud-oucst jiisqu'aii fleuve Clu'naiii^o, pies il'Oxford. Ces en- ceintes n'affecUiit pas de formes constanles; les reniparts en sont lantot de 5, tanlot de 3o picds de liaulcur ; elles onl depuis I o jnsqu'a 5o acres d'etcndue. Le voisinage d'nne riviere poissoniieiise , iiiic exposition ou les iuondations n'etaient pas A craindrc onl tonjoiirs determine le choix de cenx qui elcve- rent ces rctrancliemens. Le noniLMe des entrees ou portes nc parait pas avoir ete regie; iiiie especc de cliemin convert fait communiqiier lenccinte avec la riviere voisine. L'entree n'est pas toujoiirs dirccte; on trouve qiielqiiefois en face, et inle- rieurement, un petit rempart qui defend celte entree. Cette disposition a de I'analogie avec la forlilieation que les Remains placaient aux porles de leurs camps, et qu'ils nommaient claviculc ; mais, chez Ics Romains, cet ouvrage etait exterieur. On rencontre aii.vsi dans ces «nceintcs des monticules eleves de main d'liomme et destines a ajouter a la defense on a snrveillcr Tcnnemi. De scmhlables tertres se remarquent dans des retranchcmens oil les Normands on! cAmpe, lorsqu'iis sont yenus attaqner les cotes de Tempi re de Charlemagne. Une de ces enceintes amei'icaines formee de pieiies brutes, et il serait curieux de comparer cette construciion avec les murs dits cyclopeens, se trouve sur un plateau denued'eau; ce qui fait supposer a M. Assal qu'elle est plutot iin monument religieux qu'une forleresse. Nous avons sur notre vieux conlinent des enceintes sembiabies elevees par les Cleltes, et situees egalement sur des moutagnes arides, depourvnes de tout cc qui pent etre utile aux besoius de la vie; ccpendaiit, il est constant qnc ces lieux ont servi de refuge a toute une po- pulation. Tant il est vrai que les hommes dans I'etaf de na- ture ou de demi-civilisation se font luie guerre si cruelle que les horreurs de la faim et de la soif leur semblent preferables ail sort que leur destine le vainqueur. Pres de Cercleville, dans I'Etat de i'Ohio , on voit ur.e fortification circulaire qui en reu- ferme une de forme carree et tellenient orientee d'apre? les quatre points cardinaux , que Ton croit y reeonnaitre quelques notions de I'aslronomie. Nous sommes portes a eroire qu'un systeme religieux a pu entrer dans cette disposition. Quelques fers dt' fleches, des debris d'une poterie tres-fine ou Ton de- couvre quelques traces d'un beau vernis, voila toiit ce que Ton a trouve jusqu'a pre-ipnt dans res enceintes. Les r.ionlieules aiiificielles destines aux sepultures sont de proportions tres-differentes, puisque les uns n'ontqiie 4 pieds de hauteur, tandis que d'aulres prescntent luic elevation de ALLEMA.GNE. 7*1 100 pieds. lis ont un grand rapport avcc Ics moniimens que nous rencontrons dans I'ancien continent, et qui sont connus sous les nonis de tumuli. Lcs corps que les tumuli ainericains renferment paraissent avuir siibi I'actiou du feu; on a trouve dans ces sepullutis des bosseltes de cuivre platjue d'artjent, des fraginens de fourreau, unc poignee d'epee en ruivre ct en argent; un miroir de mica mcmbranacea , des coiMeaux et des haches en pierre. Les idoles ne presentent qu'un loise in- forme et une tete d'un travail des plus grossiers. Les especes de moniies que Ton decouvrc dans des souterrains ont ete de- crites dans des ouvrages assez connus pour que uous n'en par- lions pas ici. M. Assail pense que le peuple qui a laisse ces vestiges est venu de I'Asie , en traversant le detroit de Behring; il est bon de voii- comment cette opinion est developpee dans I'ouvrage public par M. le professeur S. J. Mone, ce que nous ne pou- vons indiquer dans les limites qui nous sont prescrites. P. J. F. 263. — GcschichtUche Darstcllung des Riicfitritts , etc. — Re- lation historique de la conversion de S. E. le niinistre d'etat , comte Clir. - E. de Benzel-Steunau , et de son frere le conile Gor/^/roi rfe Benzel- Sternau, quittaut Teglise catholi(|ue ro- maine pour rentrer dans la communion de I'eglije evangelique protestante. Francfort-sur-le-Mein, 1827; Saucrloender. Ia-8° de 64 pages. Si noire siecle se distingue favorablement des siecles qui le precedcrent, c'est surtout par Tempireque la verite commence a exercer dans tonics les relations de !a vie. II paralt que la conscience devicnt plus energiqne, a niesure que nos connais- sances s'etendent, et que la franchise devient une vertu de plus en plus geni?rale, a mesure que la liberie s'etend et se trouve garantie par des institutions politique^. Alors se constitue, par la publicite, une conscience generate ct publique , et cliacua sent le besoin de justifier ses actions et la place qu'il occupe , devant ce juge supreme. Alors les relations diplomatiques sortent du mystere honteux des intrigues; les gouvernemens exposent aux citoyens les motifs de leurs mesures , ct les ci- toyens eux - memes ne veulent plus paraitre ni plus, ni autre chose que ce qu'ils sonteneffet. Yoila pourquoi, dans ces der- nieres annecs, nous voyons, surtout dans les clats liberalement constitues, tant de personnos passer d'une eglise a une autre, et exposcr au public les motifs de ce changement; ct certaine- nient, leur nonibte ne pourra qu'augmenter encore , des qu'en respectaut la liberie absolue de la conscience, les constitutions T. XXXVII. — il/ar^ 1828. 46 •jii LIVRES I^'.TRA.NGERS. ne rcconnailront pas iino rclif^inn dc I'i'tiit , ot que los lri;isl.i ■ tions seront dobanassees dos dispositions qui niellent des ob- stacles a la formation de noiivellos commiinantcs leligieuses ; onEn, des <]ue des comnuuiaiites chrelicnnes sc seront ctablies «ur des bas(!s plus larges et plus rationnelles que celles des con- fessions de Luther ct de Calvin. — II est vrai que ni MM. dc Benzel-Sternau , niplusicurs autros pcrsonnes, (pii receniment en Aliemaiine ont passe de l'ejj;lise catbolique a I'eglise protes- tante on reformee, n'ont ete astreints a acceder lormellement aiix confessions, qui donncnt leur nom h. ces eglises. Mais une pareille liberie n'est evidenniient qu'une concession particu- licrc. On pourrait nieme demandcr si les ministres qui se sonl permis iine pareille concession n'out pas outre -passe leurs pouvoirs, en tant qn'ils poiirraient lie cette nianiere avoir re^u dans leur eglise des hriuinies, qui ne serai ent reconnus ni commc protestans , ni comme reformes dans d'autres contrees. Car, on ne saurait disconvenir que ces conimiinaiUes reli- gieuses n'existent encore ])ubliqiienient ou politiqueinent , comme eglises , qu'autant ([u'elles se fondent sur une des an- cienncs confessions de foi. Aussi, le niinistre protestant, qui a celebre la reception des comtes de Benzel-Sternau , a formel- lemenl declare les rccevoir dans la conimunaute de I'eglise evangelique-protcstanteptirijice [gclailtcrtc evangclischc protesUin- tixclic Ktrche), denomination qui s'explique par ce que nous venons d'indiijuer, et qui en elle-memc pourrait bien clrejus- tifiee, mais (jui cependant ne se retrouve encore dans aucuiic statistique rcligieuse ou politique. Au reste , cette reception, qui a ete celebree avec une grande simplicite , est d'autant plus remarquable, par 8. de N. Aarau , 1827; Sauerloender. 1 vol. in- 12 de 261 pages. Cost en amateur que M. S. , habitant d'unc petite ville dc ia Suisse, s'est deelde a laiic un voyage de plaisir et de cuiiosite a la cluitc du JNiagara, observant sur son passage les manirs et les coutumes de diverses pcuplades des Etats-Unis. Le iivre, resultat de cclte course rapide, a ete redige par uuc plume etrangcre, d'apres les notes que le voyageur avail ecrites en francais. II n'cst ni scientidtjuc , ni litti'raire, ni industriel; niais il rend, simpionieiit ct avec beaucoup de nettctc,les im- pressions d'un objirvatcur (|ui sc plait a etudier les habitudes des [)euples. Les humbles details auxquels le voyageur ne de- daigne pas de descendre sent parfois caracteristiques, el par cela meme precieux. Aupres de ce chef-d'oeuvre de peinture auquel le genie de M. Chateaubriand pouvait seul preter la majeste de la nature la plus grandiose, toute description du saut du Niagara est necessaireuient plus 011 moins pale. Mais il restait encore a dire, apres lui, que, dans I'ile d'oii Ton va contempler ce grand spectacle, on Irouve un billard. Rien de ce genre n'est perdu pour Telude des hommes ct des peuples. Nous ne pouvons nous empecher de relever une pensee de I'au- teur sur I'influence morale du sentiment du beau el du desir de plaire : « Un colporteur, dit-il (pag- 18), qui vend des ru- bans, des fichus, etc., cxerce une influence plus salutaire sur la civilisation d'un village barbare que tons les ecclesiastiques et les maitres d'ecole , » ou , en d'autres termes , que la religion et I'education. Ce n'est la ni de la philosophic, ni meme un industrialismc raisonnable; c'esl tout simplemenl de la manie. 269. — Description lopogiapJiiqae et Itislorique de la villc et des environs de Berne, par Rod. Wai^thard. Berne, 1826; J.J. Bourgdorfer. In-8" de xi-267 pages. Les topographies qui embrassent rensenible d'un pays ne ponvant pas entrcr dans asscz de details sur chaqtie localite intercssante , elles ne rendeut point superttues les monographies du genre de celle que nous annoncons. La villc de Berne, re- marquable par sa situation, par sa construction, par I'aspect d'ordre et de proprete qu'elle presente , cnfin par le lole qu'elle a joue dans I'histoire, a deja cu phisieurs historiens topogra- phes. Cependant, la litterature nationale reclamait un nouvel ouvrage dans lequel d'anciennes erreiirs fusseiit relevees , les traditions incertaincs distinguees des f'aits averes, les super- fluites elaguees et Telat aclucl de la ville de Berne fidelement reproduit. Ces conditions ont ete remplies par M. Walthard , qui a fait preuve de gout dans le choix des details, et de saga- SUISSE. 729 cite critique dans I'appreciation des faits douteux. Les recher- clics d'erudition historique , rcjetees dans des notes, satisfont les gens instriiits et n'enti'avent pas les lecteiirs siniplement curieux. Une rcciie tmp pcu complete des Bcrnois qui se sont dislingiies dans les sciences , les letlres et les arts , ct une table des principa'es dates des annnles bcrnoiscs, terniinent cevoliime, enrichi d'un plnn tres-exact dc la vide ct des environs de Berne , ainsi que de plusieurs viies dessinees avec une fidelite parfaite et gravees avec talent. Si la correction typographicpie et la purete dn style repondaient toujours aux autres nitrites du livre, celte production de M. Walthard ne laisscrait prcsque rien a dosirer. 270. — * Quels sont les caracteres distlnctifs dc la languegrecque et en quoi consiste sa preeminence ? Dissertation presentee an noncours pour la chuire de littcrature grecque, a Lausanne, par RoDiF.ux, eliKliant a I'Academie. Lausanne, i8a7;impri- nierie d'Hignou ajne. In- 4° de 76 pag. La chaire de grcc dans I'Academie de Lausanne, moilie iheo- logique, nioitie litleraire, a embrasje jusqu'a present I'explica- tion exegetique du Nouveau Testament et la litterature grecque profane. L'annee derniere, pendant la vacance survenue par la raort du professeur charge de ce double enseignement, une decision legislative a separe deux parties aussi essenliellement differentes: Tune est rentree dans les attributions de la faculte de iheologie ; rautre forme desormais exclusivement les attri- butions d'un professeur. Suivant la loi, la chaire reorganisee a ete niise au coiicours , ft la dissertation que nous annoncons est le rtsultal de Tune des epreuves subles par les aspirans. Qiioi- que composee en quinze jours , elie est, conime on le voit a chaque page, le fruit deludes profondes faites de kmgiie main, et eile merite a plus d'un title {'attention des savans. An pre- mier coup d'oeil , litterateurs et lectenrs profanes sont tentes de croire le sujet rebattu. Le fait est cependant , qu'il n'avait jamais ete traite ex professo : des idees vagues, des exclama- tions, delapompe, une admiration vide d'instruclion, voili ce qu'on trouve epars dans qnelqucs ecrits ou Ion effleure a peine occasionnellement la question de la preeminence de la langue grecque. M. Rodieux a done eii le bonhenr asscz rare dc traiter un sujet neuf, et le bonheur plus grand de I'aborder, riche d,'un vaste tresor de connaissances acqiiises par une etude persiiverante, dans des voyage.i en Italic et en Allemagne, enfin a I'ecole et sous la direction personnille du celebre professeur Thiersch de Munich. Hiitons-nous d'ajonter que chez hii ce sont la sagacite, le gout et Ic talent qui disposeut de ces richesses. 73o LIVRES fiTRANGERS. 1,'aiiteur considtire la lang^ue grecque sous le poiut de vue tic la clartt';, de larichesse ct do I'liarmonie; et il fait voir que, sous chacun de ces rapports, ellc a une preeminence reelle sur les autres langues qu'il counait ( le francais, I'italicn , Tan^jlais, rallemand , I'hebreu et Ic grce inoderne), et que cette triple preeminence forme son caractere dislinctif. TJii mcrite surtont rend la dissertation deM. Rodieiix remarquable, c'est le grand nombre d'observaiions fines et precises qui annoncent une elude attentive de tous les elemens et de toutes les particularites de la langue grecque; a cole de ce savoir grammatical, s'y deploient les connaissances et le sentiment d'un litterateur. Nous desirons vivement , dans I'interet des lettres , que le jeune et savant ccri- vain donne a sa dissertation, tiree a nn petit nombre d'exem- plaircs, une publicite j)lus etendue. Elle n'est point destinee k passer avec ia circonstance qui I'a fait naitre, mais elle doit servir la cause de la science et prouver d'ailleurs a combien juste tilre le gouvernemcnt du canton de Vaud a donne une place ])armi les professeurs do I'Academie a celui qui pen au- paravant etait leur eleve. Ce travail nouveau, que nous recla- nions comme Taccomplissemcnt d'un devoir, fournira d'ailleurs a rantcur I'occasion de retoucher le style d'un ouvrage ecril necessairement avcc precipitation, ct dont, suivant I'usage eta- bli, il ne lui a pas ete permis dc revoir les epreuves, bien qu'il n'ait guere cu le tems de relire son manuscrit avant de le livrer k I'impression. S'il obtempere a nos desirs, nous I'cngagerons a donner dans son ouvrage une place a un caractere cminem- nient distinctif de la langue grecque, c'est /'analogic. A defaut d'auties preuves, la parfaite Iiarmonie des lois de la langue grecque, I'exacte correspondance des diverses parties de sa grammaire , prouveraient jusqu'a I'evidence que le peuple qui la parla etait done des sens les plus delicats et de I'esprit le plus fin. En effet, quand on s'applique a une elude suivie de cette langue admirable, on ne sail laquelle etait la plus consequente de I'oreille dans ses plaisirs,ou de la logique dans ses exigences. Nous engageons enfin M. Rodieux a faire disparaitre de son introduction le membre de phrase que nousallons souligner et qui nons parait renfermcr une erreur: « Les vainqueurs (les Romains ), eludierent la langue des vaincus, centre I'ordre or- dinaire des choses , beaucoup plus que les Grecs n'etudierent le latin. » L'histoire des peuples et des langues atteste que I'ordre ordinaire des choses, ou la loi dc la nature, est que, dans li\s fusions operees par la conquete, Ic peuple le plus civilise, vainqueur on vaincu, impose sa langue ctses usages au peuple moins avance dans la civilisation, ou du moins que , dans I'a- SUISSE. — IT AJLIE. 73i malgame, I't'ldment le plus eclairo prcdomine. Cela doit ctre : I'homme, comme la plante, est fait pour cliercher la I'.imiere et lino atmosphere libre;il saisit aveccmprcssenient lesbienfaits de la civilisation qui le poussent a la liberte. La Providence ne saurait permettre le triomphe definitif de la force materielle sur les forces de IVsprit; la victoire momentanee que celle-la oblient quclquefois n'est qu'un moyen de I'amener captive sous I'empire de I'intelligence. Voycz les barbares de I'Asie et du Nord conquerant ['Europe chretienne. C. Monnard. ITALIE. 271. — Siillo statn delt ogricoltura , ecc. — De I'etat de I'agriculture dans le nord de I'Europe, et du commerce des bles en general. Milan, 182S. In -8° de /j5 pages. Get ecrit dc M. Lampato, directeur des Annales de statistique, qui se publient a Milan, est la repetition d'un grand article elabore qui se trouve faire partie de cette estimable publication. On sait que M. Jacob, tin des plus savans economistes d'An- gleterre, avail etc charge, en 1825, par son gouvernement , de visiter les provinces qui approvisionnent les marches de Dantzig, pour savoir jusqu'a quel point les cultivateurs anglais sont exposes ^ souffrir de la concurrence des bles qui peuvent etre importes venant de la Baltiqiie. Le resultat de ce rapport, qui fixa vivenient I'attention, fut que des droits d'importation tres-moderes seraieut sufKsans pour proteger les interets des cultivateurs anglais et qu'ils permettraient un approvisionne- mentsuffisant pour les consommateurs. L'article que nous avons sous les yeux a pour objet ile faire connaitrc aux Iccteurs ita- liens les fails et les raisonnemens conteuus dans le rnpporl de M. Jacob, el d'y joindre quelques autres considerations sur le commerce des bles en general. L'auteur conclut que, quoique la liberte iilimitee du commerce soil un principe a suivre , neanmoins dans certains cas particuliers, notamment dans ce qui a rapport au commerce des grains, il y a des raisons de convenance et meme de neccssile qui doivenl prevaloir qucl- quefois. J. B. S. 272 — * Che cosa e la meiite sann? Indovinello mas.iiino che potrebbc valere poco o niente , etc. — Qu'est-ce qu'est I'enten- demenl dans son etal sain ? Knigmcdont rimportancepeut etre plus ou moins grande. Discours de /. - D. Romagnosi. Milan , 1827; J. Rusconi. In-8''. L'enonce du probleme que M. Romagnosi tache de resoudre scmblerait annoncer une cspece de parodic des livres de cer- 7'Ja LIVRES ETRANGERS. tains psychologistesqui constriiisent dcs theories, en aj)parfnco tianscendantes, mais doiit Ic resuUat ordinaire est de tros-peu d'importance. L'antenr, qui est pciit-etre le savant italien le plus exerce {\ cc genre de rechercheg, an lieu de nous presen- ter unbadinaj^e philosophiqiie, cntreprend une analyse sericuse de rcntcudement hiiniain. II esl jisscz diKleile de le siiivre dans ses raisonneniens; mais il ne laul pas attribuer cette difiiculte au langagc leehnicjiie parliculier a l'auteur;souveutcllc provient de la nature nienic dii sujet et de la grande precision du style et des demonstrations. Pythngorc , Plaion et Arislotc parmi les anciens, Descartes, Leibnitz et Kant parmi les modernes, ont souvent cncouru le nieme reproche. Sans dire ici s'ils Font quel- quefois merite, nous convenons volontiers que le metaphysi- cicn dont les ecrits scront aussi elairs que profond, prcudra le premier rang avant tons les aiitres. Quoi qu'il en soit, on trouve parmi les idees de M. Romagnosi des veiites impor- tantes dans leur genre, des theories ingenieuses, des vues memo nouvelles qui pourraient donner lieu a desresultats plus graves qu'on ne pense, 273. — Tenlntivn per ritarilare I'csttnzlone dell' eloquenza in Italia. — Tentative pour retarder I'enliere decadence de I'elo- qiience en Italic, par le professeur Cl:arles Antoinc Pezzi. Milan, 1827; J. Sonzogno. In 8°. M. Pezzi, auleiir de cet ouvrage, est avantageusement connu par plusicurs autres pioductions de different genres. Dans I'ouvrage que nous annoncons, il combat les rhetoriciens qui prenuent pour de leloquence une sorte de declamation em- phatiquc, quelqucfois elegante , mais prescjue loujours denuee de sens. II donne une idee de la veritable elocpienee, qui n'a pour objet que la conviction de I'esprit et la persuasion du cceiu-; il en esquisse I'liistoire depuis sa naissance jusqu'a nos jours; il parcourl ses vicissitudes et deleruiine I'etat actuel de decadence oii die se trouve en Italic. L'anleur expose ensuite SOS vues sur les moyens de donner a I'eldquence luie nouvellc vie, et il foriilie ses preceptes par son exemple. II offre a ses lecteurs viugt morceaux de hai'angues . Enc, t. XXVII, p. 789). Si alors nous ne'lui , fumes pas tout-a-fait favorables , nous aimons a rendre aujourd'hui justice a sa traduction des Georgiques. Bien que redigee en octave rima , elle est asspz clnire et assez lidele pour etre consideree comme superieure a tant d'autres, faites en vers sciolti, et qui se rcs- scntenl de I'esprit de speculation 011 de vanite qui les a diclees. Nous avons parcouru les notes dont le traducteur a enricbi son travail. Elles sont instruclives , sans eirc faliganles. On tronve, a la fin de I'oiivrage, la traduction du premier livre de X Eneide dans le meme metre. Puisque I'auteur a tant de predilection pour les octaves, nous respccterons son gout, et nous I'invitons a continuer et a terminer son liavail. 276 . — II Paradiso perdiito , etc. — Le Paradis perdu de 734 LIVRES ETRANGERS. Milton, tradiiit par Luzaro Papi. Milan, 1827; Betloni. 3 vol. in-i(). On se plaint en Italic, avec quelque raison, que le Journal des Dibals , en parlant tics (liverses Iraduclions italienues du Paradis perdu dc Mdton , a Toccasion de celle de M. Sorelli, ait oiiblic celle de M. Papi, qui surpassc loutes les autres en exactitude. Get oubli semble d'aiitant plus etonnant, qu'on a donne derniereinent plusicurs editions dc ce beau travail. On ne peut attiibuer une parcille omission qu'a I'oubli des auteurs on des cditeurs, qui, aii lieu de faire de|)oscr leuis ouvrages aux bureaux des recueils oil ils desirent etre annou- ces , croient qu'il suffit d'y envoyer les prospectus ponipeux qu'ils ont eux-memes rediges. Wous prevenoiis nos lecteurs que nous ne rendrons conipte que des ouvrages italiens dont nous iccevrons un exemplaire; et lorsque nous ne pouirons pas lire les ouvrages orijjinaux , du moins nous ne nous en rap];orterons qu'au jugement des journaux italiens les plus accredites, lels que \Antliologle de Florence, la Bibliothcque italiennc de Milan, et quelques autres. 276. — * La Sposa di Messine , etc. — La Fiancee de Messine, tragedie de J. SchUler , traduite par le chevalier Maffei, avec un discours de /'rfl/^co^V Ambrosoli. Milan, 1827. In-8°. Le traducteur a voulu faire connaitro a ses compatriotes les beautes originales de la piece de Schiller, et il a donne une preuve nouvelle de la richesse et de la flexibilite de la langue italienne, en rendant coinpletement les images et les couleurs etrangeres etnieme bizarres de son modele que les aulres tra- ducteurs ont a peine indiquees. II y ajoute aussi, et c'cst ce qui distingue particulierement M. Maffei, cette harmonic ,cette varietede rhythmes , prcsquc toujours imitative, que les autres langues ne peuvent qu'envicr a la poesie italienne. Nous invi- tons ceux qui cultivent les litteratures allemaude et italienne a lire celte belle traduction pour les comparer Tune a I'autre. M. Ambrosoli les dispose a cette lecture par un discours (\m prouve en nieme tems combien il est verse dans la connaissance du theatre allcraand et dans la litterature de son pays. On peut lui reprocher de se laisser quelqiiefois alter trop loin et de s'ar- reter plus qu'il ne faut a ce qui est trop vague ou trop commun. Mais, ecrivant specialement pour .ses compatriotes, il saisitles occasions de dire des choses qu'il leur croit utiles. Nous I'esti- mons d'autant plus que, reconnaissant le merite des vrais elas- siques, il ne rejette pas, par esprit d'intolerance , ce que les novateurs appelesmalaproposrowfl/?^/ytto produisent de plus digne d'attention. ITALIE. 735 277. — * Canto funebre , etc. — Chant funebre siir la moit dii celebre astronome Joseph Piazzi , par Augastin Gallo. Palerme , 1827 ; L. Dato. In-8°. Nous ne pou^ons qu'applaudir a riieureux choix du siijet; et si les vers de M. Gallo n'oiit pas toiitc la perfection desi- rable, on doit toujouis lui savoir gre de les a%'oir consacres au celebre astronome qui a rccule les bornes de la science , ct dont le nionde savant regrette encore la perte. Ce chant est dedie a M. le comle Oriani, astronome non moins celebre que celui dont le poete rappelle les qualiles. - F. S. Ouvragcs perlodlques. 278. — * Annnali universali di statisttca , etc. — Aunales uni- verselles de slatistique, d'economie publique, d'histoire , de voyages et de commerce. Milan, 1828. 278. — * Tecnologia. — Annall univcrsali : 1° di agricoltura, di economia ruralc , etc. — Technologic. — Annales nniver- selles : 1° d'agriculture , d'economie rurale ct domestique; 2° des arts et metiers. Milan, 1828. 280. — * Giornale di far niacin- chimica , etc. — Journal de pharmacie-chimique et des sciences accessoires, ou Annales universelles des decoiivertes, des reproductions de doctrines et de procedes, et des perfectionnemens obtenus en pharmacie et en chimie ; redigees pait A ntoine Cattaneo, docteur es-lois, pharmacien-chimlste, etc. — Milan, 1828; les editeurs des Annales universelles des sciences et de I'industrie. Ces trois ouvragcs periodiques, dont nous avons deja eu I'occasion d'entretenir nos lecteurs, continuent a meriter le succes qu'ils obtiennent; les redacteurs surveillent toujours avec la meme atiention chacun de leurs cahiers. Mais, afin qu'ils repondent encore mieux a I'attente du public hors de I'ltalie (nous ne dirons pas des etrangcrs, il n'y en a point dans la republique des lettres, si ce n'est les barbarcs ) , nous exprimerons nos vceux et nos besoins , ce que les savans re- dacteurs peuvent faire pour nous, et sans doute aussi pour une grande partie du public europeen. Nous serious tcntes de nous plaindre, nous Francais, de ce que nous trouvons dans le Journal de p/iannacic-c/iimifjiie un aussi grand nombre d'ar- ticles siir des ecrils ou destravaux de nos compatriotes, en comparaison de ceux d'ltalie ou des autres contrees de I'Eu- rope. Ce n'est pas que nous soyons insensibles aux honimages rendus k nos ecrivains et a nos savans; mais, dans I'iateret de notre instruction, et afin d'acquerir plus de connaissances 736 LIVRES ETRANGERS. avec moins de peine, nous reclierclions principalement dans les journaux du dehors ce qui abonde Ic moins dans coux de notre pays. Par le nicnie motif, nous desirous que les Annales de statistique et celles do technologic nous ontretiennent fre- quemmcnt de ce qui so passe en Italic , des progres vers le bien-clrc des habitans, vers le perfcctionnemenl des institu- tions, de I'iiistruction , des arts, des industries locales qui nieritent qiiekjue attention, el pourraicut etre imitees ailleuis. Nous les dispensons , poui- cause asscz connue, de nous parler de I'Espague : ce mallieureux pays sera peni-etre long- terns, pour tons les peuples, un objit d'epoiivanle et non d'iiistruc- tion. II scmblc que le plan des ledacteurs est susceptible de s'agrandir; que la conuaissance des forces iiavales et uiiliiaires de chaque nation est une partie essentielie de la statisti(]ue, et que la technologic doit penetrer dans les arscnaux et les chantiers de constructions navaies, y voir les machines nou- velles, les precedes perfectionnes , et suitout ccnx dont I'in- dustrie civile peut faire un usage profitable. Au resle , soit que ces Annates se renfermcnt dans leurs limites acluelles, soit que les redacteurs jngent a propos de les reculer encore, I'ouvrage sera utile , et I'attente du nionde savant ne sera point trompee. Dans le journal de pharmacie-chimique (Janvier 1828}, on trouve une Notice sur Ic <:ow?eMoscATi dont la longue carriere fut utile aux sciences et a I'humanite, dans les diverses fonc- tions doutce vertueux citoyen fut successivemcnt charge. La ])harmacie lui est redevable de la preparation mercurieile qui porte son nom. F. PAYS-BAS. 281. — Rechcrches sur la sommation de quelques series trigo- nometriques , par R. Lobatto. Delft, 1827; L. Dcgroot. In-4** de 1 2 pages. 282. — Gronden der Slerrefunde. — Astronomic elementaire, par A. QuETELET, Iraduite du francais en hoUandais, par R. Lobatto, avec des Notes, premiere partie. Amsterdam, 1827 ; C Portielse. In-i2. M. Lobatto a deduit la sommation des series trigonometri- qucs qu'il considere de deux formules , composees de deux termes combines par addition et par soustraction , et qu'il nc s'agitplus que d'evaluer a I'aide Loosjes. Iu-8" de VI et 270 pages. La Societe de Harlem avait demande un expose des causes qui oat amene la decadence du commerce des Pays-Bas et des moyens propres a le relcver et a I'etendre. Le Memoire que nous annoncons est I'ouvrage d'un negociant instruit et esti- mable d'Amsterdam ; il a ete couronne dans la seance du 19 mai dernier. L'auteur piesente d'abord un apercu historique des faits et ties circonstances , qui out donne lieu a la decadence du com- merce ( pag. 7-75), apercu rempli de details interessans; il a pris comme point de depart, la guerre de 1 780 , qui eclata entre la Grande - Bretagne et la republique des Pays-Bas-Unis, guerre qui sans doute a fait eprouver a notre commerce les dommages les plus sensibles. II tache ensuite de faire ressortir des faits hisloriqucs dont il vient de tracer I'expose, les vraie.s causes de la decadence du commerce (pag. 75-111 ). Parmi ces causes , il s'en trouve une dont il s'attache a signaler tons les effets pcrnicieux. I-es Pays-Bas ctant en guerre avec les puis- 47- 74o LIVRE.S ETRANGERS. sonces maritimes , siirtout avec la Grantle-Bretagne, nos com- mercans se sont viis forces do fairo Iciir commerce sous pa- vilion noiUrc etrangcr. Ainsi, les etiaiigcrs ont appris jios se- crets el nos voies commcrciales; ils onl appris a se passer de nous, et a se procurer directement ce quauparavant ils n'ob- tenaieiit que par notre intermediaire. La guerre cmpeeliant notre commerce, les etrangers ([ui avaient toujours recherche nos marchandises, les acheterent des Anglais ou des autres peu- ples qui purent les leur oflVir. Les colonies, dont le commerce est si important pour notre ]>ays , etaient occupees par les An- glais. Enlin , ne trouvant pas chcz nous d'emptoi pour nos ca- pitaux, nous les jiretames a des etrangers, et nous leur lour- nimes ainsi justement ce qui leur nianquait encore pour faire le commerce eux- memes. Car autrefois, le defaut de capitaux les avait contraints de se servir de notre intermediaire. La troisieme partie de I'ouvrage ( p. 1 1 1 - i5S ) traite du retablis- semcnt du commerce des Pays - Bas dcpuis la restauration , et des causes les plus probables de la diminution qu'il a eprouvee depuis. L'auteur en distingue surtout trois : i" On se prornet- tait de trop grands avantages, ct Ton ne fit pas attention que la situation de I'Europe etait tout-a-fait changee; 2° le gouver- nement prit quelques mesures tres-defavorables nu developpe- mcnt du commerce; 3° la reunion avcc la Belgiqiie donna lieu a des altercations entie les fabricans de la Belgique et les com- mercans de la HoUande; les premiers reclamerent des mesures ])rohibilivcs fort pernicieuses au commerce. Apres ces questions principales, l'auteur traite les suivantes : .'" Quellcs sont les causes de decadence qui resultent de nos propres fautes ? a , Nous avons donne lieu nous - memes a la guerre dei78o, en assistant les colons americains,revolles contre leur mere patrie;^, en pretant nos capitaux aux etrangers, nous leur avons fourni les moyens de faire le commerce sans nous ( page iSg- 164. ) Nous sommes entierement de I'avis de l'auteur, quand ( p. 164 ) il observe qu'il n'est pas invraisem- blable que notre commerce serait dechu , mcme sans que nous y eussions donne lieu paries raisons dc^aexposees.— 2" Quelle partie du commerce antericur des Pays-Bas doit-on considerer comme perdue , soil en partie , soit en totalite ? L'auteur ( p. 165-169 ) espere que rien encore n'est perdu pour le com- merce de sa patrie. — 3" Quellcs sont les raisons qui font espe- rer que notre commerce pourra se relever? 11 porte notre at- tention : a, sur la force morale que la nation a deployee dans differentes circonstances ; b, sur le degre de developpement au- quel lindustric commerciale est deja parvcnue ; c, les res- PAYS-BAS. 74 I • .sourc<;s soiil encore abondantes , et les capitaux, meme apres lo.s perlcs eprouvces, considerables. On n'a qu'a les employer a dcs cntrepriscscominercialesbien enlendues; d , les institutions pareilles a celles des courtiers sont des garans dc la celerite et deia bonne foi dans les transactions commerciales ( p. 169- 189.) — Enfin, 4" I'auteur examine par quels nioyens, par quelles voies Ic commerce des Pays - Bas pourra s'etendre. II nous indique principalement deux nouvelles routes: a , le Le- vant, la mer Noire et I'Eyypte; b , I'Amerique meridionale et ses lies ( p. 189-204 )• Mais les borncs de cet article ne nous permettent pasd'entrer dans deplus grands details. Le systeme commercial de TAnglelerre est developpe, d'apres les disposi- tions et les effets de la loi du 5 jnillet iSiS.M. de Vries nous demontre clairement que nous n'avons pas du tout a nous loner de la liberalite anglaise (p. 2i3-2i5) , puisque les loisanglaises sontbeaucoup plus favorables aux autres nations qu'a la notre. L'examen de linfluence de la societe dite Soci.pte de commerce ( Ncdctidndschc Handelinaetscliappy (p. 224-24 1 ) est impar- tial et judicieux. Trois autres questions d'un interet majcur, sur le commerce de la Chine et du Japon ( p. 241 - 295 ) , sur les [)echeries( p. 249 - 199 ) , et sur le grand canal de la Nord- Hollande, etc. (p. 256-299) conduisent a la conclusion de I'ou- vrage ( p. 270-297 ), dont nous avons tache de faire connaitre rimportaticc. En I'cgrettant que noire langue uationale ne soit pas assez repandue pour que cet ecrit interessant soit aussi generalement connu qu'il meriterait de I'etre dans les pays etrangers, nous nous felicitous sincerement de ce que notre commerce olfre encoi'e des hommcs instruits , entreprenans et integres, dont on pent esperer qu'ils ne negligeront rien pour mettre a execution les heureuses idees que I'auteur a develop- pees. X. X. 289. — * Plutarque des Pays-Bas , ou Vies des hommcs illustrcs de ce royaame , precede d'wne introduction historique , par M. Ader, avec cette epigraphe : J ux grands liommrs, la patrie reconnaissante. Bruxelles, 1828; Laurent freres, impri- meurs-libraires. In-8°, orne du portrait de Guillaurae I". II y aura quatre volumes. Coiieevoir le projet d'offrir aux Beiges la galerie de leurs grands liommes , c'est acqutrir des droits a leur gratitude. Rien n'est propre ;^ perpetuer les belles actions, comme le tableau des vertus ct des talens dont s'honore la patrie... Nous avons icijsous lesyeux, GuillaumeP"', Ruyter, Rubens, Jean second, Grotius , Brauwer, de Wit, Vondel, Boerhave, Gretry, Svram- merdam, Huygens, Erasme et Charles-Quint. La Vie de Ruyter 74« LivRES i!:trangers. est fort intcrcssantc; j'aurais voulu sculcmcnt qu'a propos dc la niort do I'amiral ci'Opdam, qui pn'ifera I'liomicur de son pavilion ;\ la vie , on cii fit rcssortir i'heroismc. Lc pronom de Ruyter (Michel) est ouiis , ainsi que la date de sa inort (29 aviil 1676). Les traits dii poete Jean second me pataissent bicn saisis, et son merite est apprecie avcc gout. La notice sur Grotius, mort le 28 ou le 29 aout i645 (ce qii'on iic dit point) se fait egalenient lire avec charme; j'en transcrirai la derniere phrase : « Get ecrivain avail de roriginalite dans I'esprit, et il rendait ses pensees avec beaucoiip de bonheur et de facilitej c'est ainsi que voulaut pcindre la Hollande sa patrie, il dit: C'cst un pojs ou Ics quatre clemcns nc sont rju'cliauches. Un Hollandais devant leqiiel on rapporta ce mot, s'ecria : Cela pent etre vrai, nutis ce pays a vii naitre Grotius. » Les articles Brauvirer, de Wit, Vondel, Swammordani, Erasme et Boer- have ne laissent, pour ainsi dire , rien a desirer : je dois re- marquer cependant que I'Hippocrate batave est mort, non dans sa 62^, mais dans sa 70' annce. La Vie de Huygcns, par la nature meme des choses, doit moins plaire aux gens du nionde qu'aux savans de profession. II s'y est glisse un ana- chronisme relativement a la deplorable revocation de I'edit de Nantes : loin d'etre anterieure a I'annee 1681 et au depart de Huygens,elle est du 22 octobre i685; ainsi toutcs les con- jectures, anxquelles cette date erronnee permet a I'auteur de se livrer, manquent de fondement. Les pages consacrees a Grefry presentent quelques anecdotes dont I'authenticitepour- rait etre contestee. Quoi qu'il en soit, on y rend justice aux talens de notre Orphee; peut-etre aurait-on pu faire sentir davantage la piquante originalite de ses memoircs. Quant a son ouTrage sur la verite, il n'a pas le moindre rapport avec la musique; c'est une production tout-a-faitlitteraire ou plutot philosophiqne. J'avoue avec I'illustre auteur d'Atala : « que je preferc m'at- tacher a montrer les beautes plutot qu'a compter curieusement les defauts d'un liYre.n Toutefois, lorsqu'il est question d'un livre d'histoire, et surtout d'un livre qui doit eirculer dans les mains des jeunes gens, il importe d'en signaler les erreurs : je ne puis passer sous silence celles que j'ai remarquees dans ce volume, d'ailleurs recommandabie sous plus d'un rapport. Je commence par la vie de Guillaume P"" : il est tres-incxact de dire que les etats de Hollande et de Zelande reconnnrent ce prince, en i58i, pour leur souverain. On indique I'hor- rible attentat de Gerard au 10 juin, au lieu du lojuillet i584. Maurice de Nassau n'est point ne d'nne fille de Taniiral de PAYS -DAS. 743 Coligni; ea mere etait Anne de Saxe, Bccondc fcmmc de Gni!-« laume 1"; c'est Frederic Henri qui naquit (le 28 fevrier i584) de Louise de Coligni. La Vic de Charles-Quint s'annonce aveo eclat. Le debul merite d'etre cite: <■ Les circonstances ou cg prince fiit place des son avenement a la couronnc le uiirent dans I'altcrnative ou de perdre unc partie de ses elats , ou de deploycr constainment toiUcs les ressources de la guerre et de I'art de negocier. D'un cole, la possession usiirpee de la Na- varre I'exposait aux agressions de la France; de I'aiitre, il etait en contact avec la niemc puissance par ses etats liereditaiies de Bourgogne. Pendant ses voyages dans les Pays-I>as, des troubles compromcltaient sa couronne d'Espagne , et pendant son sejour en Espagne, ses sujets flamands se revoltaienf. Pos- sesseur de Naples et de la Sicile, il avait bcsoin de I'affcirtion du pape, qui lui deniandait des rigueurs contre la refornie , tandis que la guerre avec Soliman lui rendail indispensable Taliiance des jirinees reformes pour repousser Tinvasion des Turcs. Afin de faire ponchcr on sa faveur la balance contre Francois I*'", il avait a captiver I'esprit de Wolsey, premier uiinistiede Henri VIII, lequel aspirait a la tiare, en meme tems qu'il faisait donner cette dignite a son preccpteur Adrien. Celte divergence d'interets et de passions, qu'il fut de la mis- sion de Charles de concilier par I'adressc, ou d'cncliainer par Ja force, fit de sa vie politique une longuc agitation, une suite non inlerrompue de traites, de guerres et de voyages. J^nfin, apres avoir chasse Francois de la Navarre et dn Milanais, as- servi I'esprit turbulent et iibre des Espagnols, apaise sos Fla- mands, garanti la surete de rAUemagne contre la Turqine, soumis Tunis, combaltu la reformc, sans avoir peut-etre ja- mais donne un plan suivi a ses conquetes; epuise de tant d'ef- forts d'esprit et de fatigues de corps, il Iransmct a son fils la propriete de son immense empire, et ecbange les agitations d'nn palais contre le repos d'un cloitre. C'est de cette exis- tence si occupee et d'un interet d'aulant plus vasie que Charles- Quint a pese de tout son ])oids surcc xvi'^siecle, qui fut comuie I'avant-scene de notre civilisation actuelle,que nous entrepie- nons de tracer le tableau. » La suite ne scsouticnt malhcureu- sement pas sur ce ton. L'auteur affiche luie trop grande jiortec de vue;il a voulu faire un tableau d'hisloirc au lieu du ])ortrait de Charles-Quint; et la physiouomie du monarque se pcrd en quelque sorte dans les details de cette composition. Le style est trop tendu, il manque de celte facilite sans laqiielle il n'y a point de charme ; on s'en apercoit a ces penibles pronoms celui-ci, cclle-ci, qui reviennent perpetucllement. On y park- dc 7A4 LIVRES ETRANGERS. la rcine mere, de Francois I^""; mais rtltc piinoessc n'a jamais poite que le litre tic diicliesse d'Angoiilcmc; ollc n'a recu son brevet de reiiic que du poete Dupalv, dans I'opera dc Francoise de Fnix. Bnnnivet avait la diij;nile d'amiral; il n'a jamais ete inarechal de France. Je ne sais cequec'cst (ju'nn due de Conde, chef deconspirateurs sous Francois I"""; c'est vraisemblablement encore du connelnble de Bourbon qu'il s'a^it. La Notice sur Rubens, bien ecriteet fort attachante, rcnfcrme aussi qnelques iej^eres inexactitudes. Lc nom (ic sa deuxieme fcmmc est defl- gurc; elle s'appelait Fornient. Les preuoms Pierre-Paul nc so trouvent nulle part ; on nous lepresente Rubens comme s'etant occupe dejii dc I'etude du droit lorsqu'il devint pat;c de la comtesse de Lalain; ce qui supposerait im jeunc liomme d'une vinj^tainc d'annees et pourrait faire naitre d'elianges conjec- tures. Le fait est qu'il avait alors de donze a treize ans; on affirme que Rubens etait un historien profond : d'apres cela, qui ne le croirait auteur de quelqae ouvrage liistorique... 11 fallait se borner a dire qu'il avait fait une elude approfondie de I'histoire. Le Raphael Bel{;e a public plusieurs onvrages relatifs a son art : Petri Pauli Rubenii dc imitationc staliiarum grceccirum schediasma, etc. Son biographe n'en parle point. L'introduclion liistorique par M. Ader (sauf quclques ex- pressions iieologiques et quelqucs mots precieux, comme : sor le reste du lerritoire se poserent les Menappicns, etc.) est ecrile avec aulanl d'elegance que d'esprit. Mais, je dois le dire, .sa maniere de jugcr les hommes et les choses me scmble sou- vent superficiclle et presque toujours beaucoup trop tran- chanlc. II traite Philippe-le-Bon avec une rigiieur extreme; c'est un prince auquel I'hislorien impartial feia sans doute de graves reproches , mais dont il n'oiibiiera ])as les grandes qua- lites et les services rendus a ses peuples. Charles-Quint n'eiit qu'un seul gouverneur, Guillaume dc Croy, seigneur de Chie- vres; I'auteur parle dun second, le prince de Chimay; c'est encore le memc pcrsonnage; la terre de Chimay pour lors ap- partenait a la maison de Croy. Ce n'est pas Tempereur qui (it choix d'un gouverneur pour le jcutie Charles; c'est le roi de France, Louis XII, en vertu du testament dc I'archiduc Phi- lippe-le-Beau. En nous representant Charles-Quint sous les traits du fanalisme, M. Ader s'ecarte tout-a-fait de I'histoire. Le luxe de Leon X n'a jamais passe pour degoutant : c'etait un luxe piotccleur des arts; I'Anglais Roscoe en parle d'une maniere plus favorable. Granvelle n'a jamais etc evcque d'Ath (ville sans evcche) , mais d'Arras. Ce n'etait pas un pretre etranger, puisqu'il etait de la Franche-Comte , province sous PAYS-BAS. — LI \ RES FRANCAIS. 7 4 5 la meme domination que la Belgique : Ic portrait qn'on trace M. Ader manque de verilc. Ancuii historien jusqu'ici ne s'est niontre juste envers le prelat franc-c(imtois. » Toujours blAme excessif, oubien louange outree! » Schiller est celui qui I'apprecie le mieux. Un academicien de Bcsaiicnn, M. Giapiii, vient de prouver jusqu'a I'evidence, dans un memoiie tres-fort de raisonnement , que Granvelle, loin de provoquer, avail conibattu le projit d'erection des noiiveaux eveclies. BI. Ader ne dit mot du ret^nc d'Albert ct d'IsabcUe; cc rciine ne moritait ponrtant pas, non plus que la fermetnre de I'Escaut et le Iraiie de barrieres, celte especc tie dedain. <> Le gouvcrncment aulrichien, niomesous Marie-Tlie- rese , etait un joug stupide!... Nos champs etaient herisses de ronces!... iS'ons ne coiinaissions pas ies douceurs de la liberie, le bonheur de I'indeiJendance!. .» Tout celasent I'etran^er qui nous connait d'hier et qui n'a pu s'identifier avec nos ancicnnes institutions. En rappclant la mort tragique de Corneille de Wit, I'auteur oublied'y associcr celle deJean: Ies deux freresfurent massacres en meme tenis, parnne populace effrenee. Ilappellec/<;'/«fl«f/t' dc concessions iniqucs la pretention qu'eut Josejih II d'affranchir I'Escaut; cela nese concoit point: Joseph rempHssait Ies devoirs du trone; c'est Charles VI qui avait fait des concessions iniques, en consentant a la mine de ses sujels d'Anvers par I'injuste fer- meture de I'Escaut. Joseph, du reste, en s'arrangeani avec la HoUandc, n'y fut pas contraint par ce qui se passait alors dans ses provinces belgiques, puisque Ies troubles n'y ecla- terent que pkrsieurs annees apres. L'auteur fait dater notre incorporation a la republique fiancaise du 14 decembre 1792; mais il a perdu de vue la renlree des Autrichiens an bout de deux mois. La conqiiete delinitive est de 17945 ft IfS echa- fauds de la terreur n'elaient guere propres a disposer I'esprit public en fiiveur de nos nouvelles destinecs. Notre roi fit sa rentree a I,a Haye, le 3 decembre 18 13, et non en 1814. Je ne jiousscrai pas plus loin mes observations ; j'aime bien mieux, en finissanl cet article, applaudir a la peroraison qui termine le discours historique de M. Ader : on y trouve tout le talent de l'auteur des Campagnes en Egypte el d'autres ecrits justement estimes. Stassart. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturelles. 290. — *Elenicns d' anatomic generate, ou description de tous 746 LITRES FRANCAIS. Ics genres d'organes qui composent Ic corps luimain; par P. A. Bkclard [i^Jngers] , prolcsseiir ii la Facultc de niede- cine dc Paris, etc. Deitxienie edition , accom])agnee d'une Notice sitr la vie et Ics trat'c/nx dc I'autcur , ])ar ic D' Olivier (d'Jngers). Paris, 1827; Bi'-cliet jcuno. In-8° dc 676 pages, avec un port?aic c,rayc d'aprcs le bustc dc M. Z^nivV/; prix, 9 fr. Les reclierches anatomiques dcs ancicns s'ctaicnt bornc'cs i\ la description topograpliiquc du corps luimain; et, quoiquc leurs idees rcligieuscs Ics empcchas-scnt d'ctudicr riionnnc dans riiomme lui-nicmc, ils ctaicnt parvenus a posscdcr dcs notions assez exactes sur la position et les usages dcs organcs de I'ad- mirable machine humaine.Le traile de Usti partium dcGALiKW est I'ouvragc le plus rcmarquable que I'antiquite nous ait Icgnc sur la science de I'anatomic ; la s'arrcttrcnt long-lcms scs pro- grcs. Les grands cvencmcns qui boulevcrsercnt Tcmpire ro- main ne permirent pas a cetlc science, non plus qu'aux autrcs , de marcher vers la perfection, et les quei'clles religicuscs dcs Grecs I'exilerent avec les sciences naturcUcs chez les Arabes. Les Nestoriens bannis de Constantinople porterent sur les rives de I'Euphrate les livres d'Aristote et de Galicn. Avides dc sciences, les Arabes s'en cmparerent; mais la loi du projihete prescrivant un religieux respect pour la depouillc mortcllc dc i'hommc, ils s'en tinrent k commenter les livres dcs ancicns, et la science resta immobile. Les croisades, la conquctc dc Cons- tantinople, reporterent en Europe Ics sciences de la Groce ct celles de I'Arabie; mais le prejuge rcligienx vint encore mettre obstacle aux progrcs de I'anatomic. II fallut que les hommes, eclaires par les lumicres que les autrcs sciences rcpandaient en se developpant, comprissent enfin que la ])remiere des connais- sances, sous le rapport moral comme sous le rapport physique, est celle de soi-meme, et que le seul livre a consultcr pour acquerir cette science est la nature. On trouva tant de chaiine dans cette etude , que I'anatomic fit rapidement d'immenses progres; et a la fin du xviii^ siecle, on se flattait de I'avoir portee au plus haut point de perfection. Mais un genie extraor- dinaire s'elanca dans la carriere avec le siecle nouveau. Bichat parut, et revcla i scs contemporains etonnes que I'anatomie avail encoi'e d'importans secrets a arracher a la nature. Pen satisfait do connaitre le nonibrc, la position, I'usagc dcs or- ganes, il voulut connaitre encore leiu' composition intime; I'anatomic gcncrale fut crcee. On sut alors que I'organc elcmen- taire des corps organises est le tissu cellulaire; que, par scs replis divers, par ses diffcrentes nianieres de croiscr, de dis- poser, d'cntrelaccr scs reseaux et ses areoles, ce tissu forme SCIENCES PHYSIQUES. 747 la trame des os, des cartilages, des muscles, des vaisseaux, des visceres, etc. On etudia de quelle maniere les substances sa- lines, acides , alkalincs , metalliques , gelatincuscs , albumi- neuses, etc., sc deposant dans les mailles dece tissu, constituent les dif'ferens genres d'organes. On vit que le muscle et I'os , ayant tons deux pour trame le tissu cellulaire, different en ce que le premier remplit son tissu cellulaire de fibrine, partie contractile du sang, tandis que le second depose dans le sien du phosphate calcaire, des sels, de la gelatine. Bichat publia un traito d'anatomie generale; mais une mort prematuree Tayantenleve a ses travaux, il ne put les conduirc au point de perfection qu'i! avail entrevu. L'impnision ctait donnee ; des recherches d'anatomie gencrale furcnt faitcs avec ardeur dans toute I'etendue du monde sav.int, ct accrurcnt le domaine de cette nouvelle science. Professeur d'anatomie a la Faculte de Paris, Beclard, dont les celebres Iccons avaient attire dans cette ecole ime foule d'etudiaus de tous les points delaFrance et des pays etrangers; Beclard, qui lui-mome avait contribue d"une maniere remarquable aux progres de I'ana- tomie generale , entreprit de piiblier sur cette science un nouveau traite enrichi des decouvcrtes modernes : I'ouvragc obtint un succes brillant. L'illustre professeur s'occupait de preparer les materiaux de cette seconde edition, quand la mort vint I'arracher a ses eleves et a ses nombreux amis. Le docteur Olivier, A'Jngcrs, son compatriote, se chargea de sa publi- cation; elle commence par une notice sur Beclard, pleine d'ia- teret , de sensibilite , et ecrite d'une maniere remarquable. L'analyse de I'anatomie generale dc Beclard demanderait de longs developpemens; nous ne pouvons qu'en indiqucr ici la division. Sous le litre modeste d'inlroduction, I'auteur traite, avec une rare superiorite de talent, des corps organises, dont il fait voir les analogies et les differences; puis il traite de I'or- ganisme, de la vie, des alterations de I'organisation, et de la mort. II entre ensuile en matiere, et passe en revue les diffe- rens lissus qui composenl les corps vivans ; element primitif, le tissu cellulaire avec ses modifications, est decrit le premier; les membranes sereuses , synoviales , muqueuses , la peau et ses dependances, les ongles et les polls, le tissu ligamcnteux, le tissu fibro-cartilagineux, le sysleme osseux, le systeme muscu- laire, le systeme nerveux , forment les matieres des chapilres suivans; enfin, I'ouvrage est termine par I'etude des lissus ac- cidentels qui se developpcnt au milieu des tissus normaux du corps, par des recherches sur les concretions pierreuses, el par la description des corps etrangers animes, tcls que les vers in- 748 LIVRES FRANCAIS. testinaux , ct les animaux par asites qui naisscut , vivcnl et meurcnt dans les tliffcientcs parties dc I't'conomie animate. Cll. D. DE RoUGEMONT. 291. — * Anatoiiiie dc riioinnie, ou Desciiplion <;t iiguies lithographicL's de tonics les parties du coips lutmain , par M. /«/(> Cloquet, d. m., pnbliecpar M. de I astkyrie. 36% 37= livraisons. Paris, 1828; rcdileiir, rue de Crenelle Saint-Ger- main, n" 59. 2 cahiers in-folio; prix de la livraison, 9 fr. Cel ouvrage sera terinine a la 45f livraison. {\oj.ci-des.. Cahier in-folio de 8 pages et 6 planches; prix, 10 francs la livraison. II y en aura 12 a 16. LorsqueM. Breschet obtint au concours , en 1819, la place de chef des travaux anatomjques de la Faculte de Medecine de Paris, il fit paraitre sous le litre A'Essaisur lesvcincs da rcichis un travail fort remarqnable par les notions nouvelles cju'il donnait sur la disposition de ces vaisseaux et sur la mauiere dont le sang circuie autour ds la moelle epiniere. L'ouvrage que nous annoncnns, a en juger par la livraison que nous ayons sous les yeux, est destine a reprocluire avec plus de details encore, et afaide de tons les moyens que I'art du dessinaleur possede, non-seulement cette circulation veineuse de la co- lonne verlebrale, que M. Breschet avait en queiquc sorte de- voilee, mais encore tout ce qui dansl'anatomie des veines exige le secours de preparations difficiles et trop delicates pour pouvoiretre etudie dans les dissections ordinaires. On a quel- quefi)is regarde les planches anatomiques comme nuisibles aux etudes , en ce qu'elles favorisent la |)aresse ou la repugnance des jennes medecins qui, au lieu de sejourner dans les amphi- thealres, se contentent de feuilleter des gravures qui, quelque bien executees qu'elles puissenl etre, ne sont jamais qu'une pale copie des objets qu'elles imitent. Nous pensous que ces roproches sont fondes pour ces ouvrages qui consacrent de nombreuses livraisons a figurer des os ou des muscles qu il est si facile d'observer par soi-meme; mais, lorsque les planches ropresentent des particulariles analomiques peu connues, dont la preparation demande une grande adresseet la reunion d'une 75o * LIVRES FRANQAIS. niiiltltiule do sujets, alors dies avancent reellement la science et rciidcnt un veritable service u ceux qui la culliveiit. Tellcs sont ccllcs que public M. Bieschet; il lui a fallu ouvrir et i)re- i>arer plusieurs ceolaines de cadavres, sculemcnt pour etudier la distribution dcs vcines de la colonne vertebrale dont elles donnent une representation si nette , et nous ajouterons si neuve pour la plupart des medecins. En les examinant, ils ap- precieront facilenient a quelle compression estexposee la niocUe epiniere, placee au milieu dun lacis vcineux aussi conside- rable et si dispose a s'engorger , et quels graves accidens peu- vent derivcr d'une pareille cause , tiop long-lenis ignoree. Cette premiere livraison se compose d'une feuiile de lexte qui commence la description anatomique des veines ; d'une autre feuiile oil se trouve I'explication dcs figures ; et de six planches iithographiees , d'une fort belle execution, et colo- riees avec beaucoup de soin, represcntant , de grandeur natu- relle, le rachis et le crane avec les veines qui s'y rendent, vus exterieurement ct interieurement, au moyen d'une coupe lon- gitudinale. Le prospectus de cet ouvrage annonce que les reclierches auxquelles s'est livre M. Breschet, sur la circulation veirieuse, I'ont conduit a des resultats importans, et tout-a-fait impre- vus. Nous aiirons soin, en rendant compte des livraisons sui- vantes, a mesure qu'elles paraitront, d'indiquer quelles sont ces decouvertes. Rigollot fils, d. m. 2y3. — Gymnastiqiie des jcunes gens , on T\A\\.ii elementalre des differens exercices propres a fortifier le corpSj a entrele- nir la sante, et a preparer un bon temperament. Paris , 1828; Audot. In-18 de xii-xi4 pages, avec 33 planches gravees; prix , 2 fr. 5o c. aq^. — Calisthenie , ou Gymnastique dcs jeuries filks ; Traite elemcntaire des differens exercices propres a fortifier le corps, •2i entretcnir la sante, et a preparer un bon temperament. Paris, 1828; Audot. In-18 de xv-128 pages, avec i5 planches gra- vees; prix, 2 fr. 5oc. On ne pent trop recommander ces deux petits traites aux peres, aux meres de famille et aux instituteurs. La gymnasti- que doit devenir une pavtie essentielle de reducalion; toutes les preventions, tons les prejuges, toute I insouciance quineu- tralisent encore les efforts de scs propagateurs , cederontenfin a I'evidence, qui demontre si clairemeut I'utilite de I'education du corps et de ses facultes exterieures. Ces deux ouvrages que publieM. Audot, sont en partie traduilsderanglais;un medecin iijslruit a ' Nous allons maintenant coiitimier nos reflexions critiques, ainsi que nous nous y sommes engages. 1° La dissertation sur la lepra n'cst point en harmonic avec les progres de la medecine, et les cdileurs auraient du con- suiter \e Dictionnaire des sciences inedica les. — 2" La dissertation sur Moloch, Chamos et Beelphegoi- ; celle sur les divinitcsphe- nicienues, Baal, Aslarto et Adonis, auraient pu etre enrichies de notes curieuses, tiroes des ouvrages de Dupuv, de Volney SCIENCES MORALES. 761 el de MM. Duiaure et Rolle, sur ccs meincs diviiiitos ou sur d'aiitres analogues. — 3° On aurait pu joindre a la disserta- tion sur les qiiaraute - deux campemens des Israelites dans le desert des notions pins positives sur la geographic, puisees dans le grand Voyage d'Egypte et dans d'autres ouvrages ino- dernes. Sans doute, je condamne tout changement de lexteqiii le denature; et, sous ce rapport, je ne saurais trop blamer la Sociele catholique des bans livres ; mais n'y a -t-il pas nioyen de renvoyer les eclaircissemcns an bas des pages, ou a la lin des dissertations, ainsi que cola se pratique ordinairemeni ? — 4° Puisque M. Drach avoue que la version du P. de Can teres manque de justesse dans deux endroits ( tome iii , page 4 1 8 et 5o3 ), pourquoi n'a t-il pas etenducette reniaique a un grand nombre d'autres endroits qui ne sont pas moins inconvenans queceux-la? — 5° M. Drach avance, page 77, tome in, que i'usage de I'oblation en pain azjme a ete pratique de tout terns dans la sainte eglise catholique romaine; a-t- il bien pense a la hardiesse de son assertion et h la valeur de chacun de ses ter- mes? — 6" II veut, page 197, que les trompettes destinees a celebrer le premier jour du septieme mois fussent des cornes de belier, en memoire du belier qui fut subslitue a Isaac comme sacrifice; cependant Moise (Nombres, chap, x) ordonne de faire deux trompettes d'argcnt, battues au marteau, pour an- noncer les festins de religion, les jours de fetes et les premiers jours des mois, sans exception. Terminons par une reflexion generale. Suivant dom Calmet, La police des Juifs a fort varie el s' est fort ressentie des di- verses revolutions de L'etat des Hebreux , un des peuples les plus agites et les plus sujets aux vicissitudes que Von connaisse. Cet aveu est precieux. Dieu lui-meme avait donne des lois a la nation juive, selon qu'elle pouvait les porter; et cependant, cette nation ne cessa de s'agiter et de se tourmenter dans tons les sens. Si une legislation toute divine n'a pas mis a I'abri des revolutions le peuple qui I'avait recue, quel gouvernemeut hu- maiu peut se croire solidement etabli sur ses bases ? J. L. 307. — * Explication des Instituts de Justinien , avec le texte el la traduction en regard, precedee A'un Resume de I'Histoire du droit romain , par M. J.-L.-E. Ortolan , avocat a la Cour royale de Paris. 2elivraison. Paris, i828;Bethune, imprimeur- libraire; I'auteur rue des Francs-Bourg^ois-St.-Michel , n" 18. In-S" de 328 pages (257-684 ); prix, 3 fr. (voy. Rev. Enc, t. XXXV, p. 717 ). Les Instituts de Justinien sont mis entre les mains des etu- dians, des leur entree dans les ecoles, en meme tems que noa :6a LIVRKS TRANCAIS. CoJes uouvcJiix; ct Uindis que ceux-ci offient aiix jciines t'levcs dcs principes d'cqiiilo faciles a saisir, des dispositions parfaitonient d'acconl avec nos moeurs et uos usages , le droit lomaiii, ail conlrairo, no lour prcsentc que dcs allusions a des inslitutions (]u"ils coiniaissent a peine, a des moeurs qui ne sont plus, que des dispositions bizarrcs ou subliles dont ils ne comprennent ni le but priinitif, ni le rapport possible avec les lois qui nous ret,'isscnt. Montesquieu a dit que ks ecJutunics d'un peuple libreetaient line partie de sa libcrte, sans doute parce qu'ellessont la pre- miere source de ses lois, parce qu'elles les expliquent et sou- vent les supi)Ieent. Or, il est constant que rien n'est plus su- perficicl que nos connaissances sur la vie privec des Romains, siir Iciiis moeurs et leurs usages, qui cependant out emproint leurs lois du caraclere (|ui leur csi ])ailiculier. Jusqu'ici, leur histoire n'a ete pour nous que I'hisloire de leurs guerres el de leurs grands homines; nous n'avons connu de cette immense societe (pie les dehors, e'est-a-dire tout ee qui n'avait pas trah a sa legislation; mais les rcssorts iiiterieurs qui faisaient niouvoir ce vaste corjjs, ses prejuges, son esprit, ses cou- tuines; en un mot, tout ce dont la loi est Tcxprcsstion, tout ce qui explique celle loi, nous I'ignorions profondement. L'ou- vrage de M. Ortolan a pour but, en rapprochant I'etude de la legislation de celle de I'liistoire, de les expli(]iier Tunc par I'autre , et de reuuir ce qui n'aurait jamais du elre divise. Deja nous avons rendu conipte du Resume de I'Histoirc du ' droit romain, i'^ livraison. La ae livraisou, que nous annon- cons anjourd'hui, comprend le premier livre des Instituts; elle contieut le lexle et la traduction en regard ; mais cette traduction, (luoiquc facile et exacte, n'est la, pour ainsi dire , que I'accessoire. La partie speeiale et importante de cette com- position, ce sont les explications qui sous chaque texte de loi, piesentent avec concision et clarte les motifs du legislateur, les details historiques qui se rattaehent a la loi; ce sont les resumes qui , terminant chaque matiere grave, remettent sous les yeux du lecteur, dans un cadre tres rcsserre, tout ce qu'il vient d'examincr en detail. Fidele an plan et surtout a la maniere qu'il avait suivis dans son Resume, M. Oitolan a continue, dans les Explications des Jns/ituts, la tentative heureuse et neuve de donner aux lois roinaines le dcgre d'iuleret que |)ouvaient leur communiquer I'etude approfondie des moeurs domestiques et cette couleur locale qui fait renaitre le passe. Pourexpliqucr un texte de loi, I'aiiteur nous fait penelrer dans les foyers du peuple romain , SCIENCES SlOllALES. ' 763 dans scs temples, dans ses tribunaux , sur le Fonun. Les cere- monies, ks habitudes sont retiacees avec cetle lidelite saas la- qiU'lle on ne saurait desormais interesser dans qnelque genre que ce soit , mais qui n'avait pas encore ete appliqiiee a I'etude des kiis. Toiitefois, hatons-nous de dire que I'auteur a use deces ressources avec sobriete. Ricn d'ailleurs de hasarde dans ses assertions , ni de cliimerique dans ses tableaux : les sentences de Paul, les fraLjmcns d'UIpien, surtout les comnientaires de Gaius, lelssont ses mateiiaux et ses pieces justificatives. Panni les matieresdu premier livre, les plus travaillees et con- sidereessous un nouveau point de viie, ondistinguera les obser- vations sur le imiti'oir dominical , sur la puissance patcrn flic , des apereus et des details cntierement nrufs sur les noccs , et parti- culierement sur la ttitelledcsfemines. Les instituts de Gams, decouverts en 1816 a Verone, ont jetu un jour lout nouveau sur cetle tutelle, partie de la legislation primitive de Rome, que n'indiquaient pas les instituts de Justi- nien. T. D. 3o8. — Coup d'oeil sur les pro^res de la civilisation en 1827 ; par JM. ^/2e GoNDiNET. Paris , 1828; Delauuay, Verdiere. ln-8" de Sa pages ; prix, i fr. L'auteur avait destine a la Revue Encyclopedique cette esquisse desprincipaux faits relatifs aux progres de la civilisation pen- dant le cours de I'annee 1827. Son travail, termine trop tard , n'ayant pu trouver de place dans notre Cahier de Janvier, a ete imprime separemcnt. L'auteur offre une espece de resufue , tant des nouvelles theories scientifiques que des applications recentes auxqiielier» les anciennes ont pu donner lieu. Bien que M. Gondinct ait ete mi pen restreint par les limites natiweiies (I'un simple article de journal, son travail n'est point une aride enumeration des acquisitions nouvelles dans les sciences; les faits sont lies entre eux par des reflexions souvent ingenieu- ses, par des apereus consolans sur I'influence de la civilisa- tion, ct par des pensees qui decelent dans l'auteur des con- iiaissances etendues, et un esprit capable de les mettre en oeuvre. T. R. 309. — Apercu de tetat de la civilisation en France; par M. Smith, avocata Saint-Etienne (Loire). Lyon, 1828. In-8°. Dans cet ecrit, qui annonce du talent et surtout de la droi- ture, l'auteur s'est particulierement applique a definir la situa- tion morale et religieuse de la France, a moiitrer combien , sous ce rapport, le present est preferable an passe , et rassu- raut sur I'avenir. La question des jesuites, si heureusement simplifiee par les dernieres elections, a occupe M. Smith. Une 764 UVRES FRAINT/VIS. facheiisc reunion de clrconstaiices a fait de la soutane do cos pcres la banniere sous laquelle I'hypocrisie et I'avidite accou- laient au banquet seivi par iios dcrniers niinistres, anx de- pcns de la France. L'expulsion de ces servitenis infideles amene la retraite des convies qui, nialgre la rccipiocite de mt'pris, partageaient avec eux : du moment oil, dans chaqiic reyiuioUt monle a quatrc cents chevaux, on n'en compte plus six cents pour passer deux cents rations de fourrage aux chefs de la con- gregation , les jesuites cessent d'etre dangereux. Une annee de comptabilite fidele reduira ceux qui nous resteiont a n'ctre plus que ties gens portant soutane sans rabat et chapeau a la Basile. Cette politique n'est pas tout a-fait celle de M. Smith; suivant Ini, les jesuites auraient du se retirer devant les arrets des par- lenicns qui , nous I'avouons , nous paraissent aussi bicn annules par la legislation actuclle que peut I'etre la revocation de I'edit dt- Nantes , devant les inquietudes qui s'attachaient a leurs pas, et cette application d'nne regie que nouscroyons fausse mene- rait bicii loin. La liberte politiq^ie et religieuse , largement com- prise, previent tons les maux ettous les combats qui resultent du monopole. L'ccrit de M. Smith respire un patriotisme trop vrai pour que cette doctrine ne devienne pas la sienne , aujour- d'hui que les faits se pressent pour en etablir I'autorite. Nous avons prononce le mot de monopole. Le monopole de fait qu'exerce chez nous la capitale, en tout ce qui ticnt a la litterature, s'attenuera sans prejudice pour elle, et au grand avantage de la France , a mesure que les dcpartemens grandi- ront ^ leurs propres yeux. On ne saurait trop applaudir aux hommes qui, comme M. Smith, savent penscr par eux-memes: toute manifestation d'opinion, meme erronee, conduit a la lu- miere en provoquant la discussion. J. J. B. 3 1 o. — *Examen denos his elcctorales , des explications, modifi- cations, cJiangcmens ct additions qu'ellcs necessitcnt; de I'applica- tionaenfairecirorganisationdes conseils municipaux, des conseils (i'drrondissement et des conseils generaux de departemcnt ; par M. Duchesne, avocat a Grenoble. Paris , 1828 ; Dondey - Du- pre. In-8° de 202 pages; prix, 5 fr, 5o c. Dans cette courte brochure, plejne i\ la fois de choses etde faits, I'auteur, qui, en 1814, avait dejJi public les Reflexions d'un royaliste constitutionncl siir la Charte , examine d'abord quels seraient les perfectionnomens a apporter a notre sys- teme electoral actuel et les ameliorations de detail que recla- merait la redaction de nos lois sur cette matiere. Pour marcher avec prudence et fermete vers le but qu'il se propose, I'ecri- vain commence par tracer le tableau historicjue des fraudcs i SCIENCES MORALES. 765 pratiqiiees dcpuis 1820 jiisqu'ik 1827 inclusivement, dans les elections d'un departement qu'il ne nomme pas, mais que plus d'un administrateur, soit du nord, soit du /n^Vf/, croira sans doute reconnaitre pour le sien ; a moins toutefois que la cif- Constance, assurement singuliere de I'ignorancc du president d'un des colleges electoraux de ce departemcnt ( fonctionnaire que I'auteur n'a pas meme designe par ses initiales, mais qui, dit-il, ne connaissait ni I'article 5 de I'ordonnance du 10 oc- tobre 1 820 , ni I'article 1 5 qui vent qii'on .wit nomme par la ma- jorite plus uu des suffrages exprimes) ne serve a dechirer le voile sous lequel le narrateur officieux a cru devoir cacher le lieu de la scene, et ne dissipeles incertitudes de ceux qui seraient tentes de s'approprier Ylionneur d'une tactiqne si compliquee et si bien peinte. Quoi qu'il ensoit, c'est appuye sur une masse imposante de faits , d'autant plus effrayans qu'ils seraienf moins rares, que I'auteur, ne pouvant faire le proces ni aux faux electeurs, ni aux presidens de college, ni aux prefets, ni aux ministres, s'avise de faire le proces a la loi. Ce n'est pas li , quoi qu'il en dise, s'en prendie aw premier coupable ; mais c'est faire une chose assurement bonne et utile en soi. — Nous ne suivrons pas I'honorable publiciste dans le detail des change- mcns, modifications et ameliorations qu'il propose et dont on pent voir le resume p. 160 a 169 de sa brochure. Mais, tout en regrettant qu'il ne nous soit pas accorde assez d'espace pour discuter ici la justice et la necessite de quelques conces- sions que lui arrache I'existence aujourd'hui trop enracinee peut-etrc de certains vices, qu'il deplore, ainsi que nous, mais qu'il respecte , dans notre systeme electoral actucl, nous di- rons que partout cet ecrivain procede avec une methode qui parait etrele resultat de la matuinte et de I'experience, et une circonspection qui pourtant n'est rien moins que de la faiblesse. Nous terminerons par deux mots sur la seconde partie de cet opuscule, dans laquelle il traite de I'organisation departe- mentale et municipale. Pour expliquer la liaison qui existe dans la pensee de I'auteur entre ces deux parties d'un merae plan , il faut dire que I'une des principales ameliorations qu'il reclame cousisterait a enlever aux prefets le soin de la confec- tion des listes d'electeurs , et surtout au conseil d'etat le droit de statner sur les difficultes qu'elle fait naitre, pour transporter ces attributions aux couseils municipaux,et aux conseils d'ar- rondissement et de departement dont I'organisation presente est, d'un aveu commun, vicieuse a tel point que ces conseils sont pour les administres (a part toutefois le mal qu'ils peuvent faire, el qu'ils leur font quclquefois), comme s'ils n'existaient 766 LIVRES FRANC/VIS. point. L'auteur ik'niande, et avcc raison, (ju'on ftisse enfin tie ces assciiiblccs d<; vcritabk's cliambrcs rrprescntalit'es dcs inte- rcts locaujc. Esperons que nous touchons au moment cu vont se tionver exauces les voeiix des verital)les amis de I'ordre legal et dcs libcites piibliques. 3i I . — * Dti Coriscil (frtot mis en harmonic avcc les principex rle !a Chartc constitiitionncllr ;^m' M. Mongaivy, avocat aux consoils du roi eta la Coiir dc cassation. Paris, 1828 ; Roret. Brocii. in-S" de 72 pages; prix, a fr. 5o c. M. Mongaivy traite, dans cctto brochure, non de I'organisa- tion, mais des attributions du conseil d'etat en general. II re- clame, avec tous les bons csprits : 1° la devolution du droit d'intcrpreter la loi, dans les cas de dissidence cntre la Coin- de cassation ct les Cours royales, au pouvoir legislatif, autcur de la loi, c'est-a-dire, au Roi ctaf.x deux Chanibres; 2° la crea- tion d'un tribunal administratifindependant, c'est-a-dire, com- pose de juges spcciatix , mais inanwriblcs , pour juger toutcs les questions que Ton comprcnd, si improprement, selon nous, sous la denomination de droit administratif. Clomme s'il existait une autre division du droit que la division en droit public ou politique, en droit civil o\\. prive et en i\\-o\\. pcnoll L'auteur, vers la lin de sa brochure, dit anssi quelques mots des conjlits. — Nous pourrions faire ici , relativcment a tous cesobjcts, una reflexion generalc analogue a cellc cpii fut si tardivenient pre- sentee siu' I'histoirc de la dent d'or. En cffet, nous sommes portes a penser avec un de nos confreres, M. Fritot, que lors- qu'inie cause a ete jugee diversement par la Cour de cassation ct trois Cours royales, il y a bien lieu a modifier la loi , mais que le proces juge doit demeurer defujitivemcnt dans son der- nier etat; autrement, il est evident que Ton donnerail a la loi ou redaction nouvelle im cffet retroactif. Nous ajouterons seu- lemcnt que, poiu' elre juste, Tetatdevrait, dans ce cas , indeni- niser le malheurcux plaideur , victime de I'obscurite de la loi, sinon dc tout le dommage qu'cntraine pour lui la perte do son proces, au moins des Irais qu'il lui a coutes. — En second lieu , ct quant aux questions de droit administratif , nous nous ferions fort de demontrer , et sans beaucoup de peine, que toutes rcnirent dans le domaiue des questions de (\ro\l public ou de droit cicil oa prive , de la nature memo de celles que les tribu- naux ordinaires ont a juger journellement dans I'etat actucl ; dans presque toutes, en effel, le gouvernement, ou, si Ton veut, I'etat compai-ait comme partie, c'est- a - dire, cominc uneper- sonne , soil publlque soil privee. L'opinion de ccux qui soutien - nent que la decision dcs pvoces administradfs doitrester dans les SCIENCES MOR;\.LE.S. -O7 attributions du conscil dV'tat revieiit done a soutenir ralfirina- tivesurcetto proposition, convient - ii que, dans coitaines af- faires, le gouvernenient soil j'ligc etpartc'c, c'cst-a-dire , jU}j;o dans sa propre cause? Lc bon sens ne saurait manqui.r de iaiie justice un jour de cette pretention. Enfm, quant aux conflits , nous pourrions faire reniar(juer a M. Monj^'alvy que, si Ton creait un veritable tribunal ( fut-il dit admifiislratij ) , la ques- tion des conflits perdrait bientot tout son intcret,ou plutot nous n'aurions plus de ce qu'on appelle des conflits ; il n'y aurait plus, il vrai dire, que d(mcgtcrneiis dc jiigcs ; mais, quoi qu'il en soit , et en supposant qu'il y ait lieu d'avoir.quelquefois re- cours a una interpretation autre que I'interpretation doctrinale; en supposant qu'il doive exister pour certaines questions oil I'adminiitration en pcvsoniie se trouve melee, un tribunal spe- cial, nous pensons que ce qu'on pourrait faire de mieux serait d'adopter a cet egard les idecs presentees par M. Mongalvy. II n'y a que sur les conflits que nous ne saurions dans aucun cas partager son opinion. La decision des questions de compe- tence judiciaire ne saurait appartenir aux conscils du prince. Pourquoi ne creerait-on pas pour cet objet une section speciale a la Cour de cassation ? Mais, je le repete , avec des juges ad- ministraiifs independans, cet objet ne vaudrait plus la peine qu'on s'en occupat. Les conflits disparailraienl bientot d'eux- memes. Couchene Lei er , avocal. 3 12. — * Memoire sur les for cats , couronne par /c/ Societe academiqae de Macon; par M. Quentin, lieutenant-colonel de cavalerie en rctraiie. Paris, 1828; Tayclle. In 8° de 99 L'imperfection de noire legislation criminelle, en ce qui louche les forcats, est devcnue I'cbjet de ralteiilion gene- rale. L'opinion piiblique reclame surtoiit des mesures propres a empecher la rentree dans la societe de ces hommps profon- denient degrades, autant par lenr frequcntalion niut\ielle, par les passions que le desespoir enfante , par leurs mauvaises dis- positions natureiles, que par I'effet de la misere, de I'abandou et du niepris legitime qui les attend , apres leur sortie des bagnes. Quaranle-un conseils generaux se sont prononces si- multanement pour leur deporlation , et ce desir pent etre re- garde comnie un voeu national. Mais cette question n'avait pas ete envisagee jusqu'u present sous tous ses rapports; du moins dans ce que nous avons lu sur ce siijet, qui Interesse notre eco- nomic sociale,, aucun ecrivain ne nous parait avoir presente un aussi grand nombre d'observations fondees sur I'experience, de vues justes et applicables , que I'auteur de ce meraoire. ^68 LIVRES FRANCAIS. Apres qiielques considerations geuerales sur I'ctat actuel ties forcats liberes, suivics de comparaisons instructives entre les deux legislations criminelles de la France et de I'Anglelerre, si differentes dans les punitions qu'elles infligent aux con- danines, M. Quentin etablit les principes suivans qui servent de base a son systeme : i° la peine des Iravanx forces ne pent etre abolie completenirnt, ni remplacee d'une maniereabsolue par la deportation; a° la deportation doit etre employee sur d'autres bases en France qu'cn Angleterre, attendu la diffe- rence de rigucnr des lois criminelles des deux nations; 3° par suite de cette difference, la rentree des deportes doit en France etre beaucoup plus rednite qu'en Angleterre, puisque nos de- portes a tcins , s'ils etaient Anglais , seraicnt au moins pour la pltipart deportes a pcrpetuite ; 4" enfin , par une consequence forcce de cette reduction, la deportation a vie doit etre ap- pliquee a la grande majorite de nos forcats. Au lieu de chercher a remplacer la peine des Iravaux forces par une autre peine equivalente ( probieme peut-etre impossible a resoudre dans un etat social ou I'esclavage est proscrit), M. Quentin modifie I'applicalion des lois en vi^ueur, de maniere a diminuer la degradation uniforme qu'elles im- priment sur tons les coupables iudistinctement : de la, il est uaturellement conduit h I'idee de classer les forcats par cate- gories, selon le degre presume de leur perversitc. Dans la pre- miere, il comprend les forcats condamnes aux travaux forces ;\ perpetuite : le sort de ces miserables , puisque tons scelerats determines , ne subit, dans son plan, aucun changement; seu- Icment, il les separc des autrcs condamnes. Cette categoric est cependant divisee en deux sections , dans la seconde desquclles se trouvent places des hommes passionnes qui ont pu commettre de grands crimes , pousses par quelques circonstances extraor- dinaires; a ceux-ci il accorde, lorsqu'ils le desirent, la depor- tation commc une faveur. Sa deuxieme categoric se divise aussi en deux sections , la premiere destinee a recevoir tons les for- cats a tems qui ont subi soit une condamnation superieure au minimum de la peine, soit une condamnation au minimum , ac- compagnee d'antecedens correction nels : aux condamnes de cette section I'auteur applique la deportation, et a ce sujet il entre dans des details interessans sur I'execution de cette grande mesure. La troisieme categorie comprend seulement les forcats condamnes au minimum de la peine et qui n'ont subi aucune condamnation anterienre, lesquels se trouvent encore separes en deux sections, cclle des anciens gondamnes, et celle des nouveaux. Pour la premiere, il fonde lui bagne special et tem- SCIENCES MORALES. 769 poraire; pour la deuxieme, il insliuie des bagnes partiels dans les villes chefs-lieux de departemcns, a I'instar de la Suisse et de rAllemagne. Non content de ces dispositions preservatives, il suit encore les forcats liberes, apres I'expiralion de leur peine des fers : pour leur iiiculquer des habitudes d'ordre et de travail, il concoit des escouades de pionniers employes aux travaux d'utilite pu- blique, tels que constructions de digues, de routes, de canaux , dessechement de marais, etc.; en outre il desire qu'on offre aux forcats liberes actuellement vagabonds des ateliers de travail aux frais du gouvernement. Dans son projet de colonisation I'auteur ne parle que de la Guyane francaise. Des ecrivains ont propose le Senegal qu'un prejuge generalement repandu semble repousser a cause de son insaUibrite. Cependant nous pouvons avanccr, d'apres un en- trelien que nous avons eu avec un planteur de cette colonie tres-florissante aujourd'hui, que la mortalite y est beaucoup moindre qu'a Tile Bourbon, et que la garnison y perd a peine quelques soldats par an. D'aatres indiquent les trois petites lies de Bieque, de la Desirade et de Saint-Martin, dans la mer des Antilles; d'autres enfin quelque lie des nombreux Ar- chipels de la merdusud, ou meme la Nouvelle-Hollande dans ses cotes habitables. Peut-ctre serait-il a propos de tenter des experiences partielles sur plusieurs points a la fois. Deux ou trois annees suffiraient pour avoir des donnees exactes a cet egard. Cette brochure renferme encore beaucoup de details d'exe- cution, tres-dignes de I'attention du gouvernement. L'auteur nous en promet une seconde, faisant suite a son premier ecrit. Nous ne saurions trop I'engager a la publier inccssamment pour eclairer I'opinion des chanibres qui ne tarderont pas sans doute a porter sur cette importante matiere une loi reclamee pat* la morale, par I'economie et par la tranquillite publique. Jd. GONDINET. 3x3. — Du remplacement et du rengagement dans I'armee francaise , oil de la necessite et des moyens de combiner le rempla- cement avec le rengagenient ; par M. ***. Paris, decembre 1827. Auselin , broch. in-8° de 47 pages; prix , i fr. ' Les questions soulevees par l'auteur de <:ette brochure sont graves et impoi tantes. D'abord, il serait avantageux pour I'Etat et pour I'armee qu'un grand uombre de militaires se renga- geassent a I'expiration de leurs six annees de service conscrip- tionnaire; puis on ne saurait priver les citoyens du droit de se faire remplacer, quelque peu de garantie que puissent.don- T. xxxvii. — Mars i8a8. 49 770 LIVRES FRANCATS. nur a la bonto dii service? la plti[)nrt ilos pidletaires quo le bcsoin seiil oil le s;nhl d'une vie dissijiee (leloiidiiieiit a se fi'.ire I'om- placaiis. Mais ne serait-i! pas possible de disposer le syslenie itiule, et que la niai- son ne pent lour donnor. Le prix de leur dopensc journaliere nc dopasse pas 56 cent. -j-, tons frais conipris. Les an lours de la broeliuro que nous annon(^ons si^ialent, au nonibre des causes qui tendent a entrctonir la niendicite it Marseille, ['ignorance du peuple, la passion du jeu, les lotories, le libertinage, le pcrfcolioniiement des machines et le niariage des ouvriers. Nous prouverions facilement que le perfection - nernent des procodos industriels, loin d'accroitro la niisere publiquc, tend, au contrairc , a creer de nouvelles sources de richesses, quoiqu'ii amene une diminution niomentanee dans I'emploi des bras; mais nous voulons bien reconnaitre qu'ati moment memo oil une machine nouvelle est niise en usage, quelques ouvriers se trouvent necessairement sans travail. Toutefois nous n'admettrons jamais que les mariai^es nombreux qui ont lieu dans la classe ouvriere concourent specialement a entretenir la misere. De ccs unionsfreqticntcs, diseut les anteurs, resulteiit des troupeaux d'enfans, qui vont duns les rues solliciter la pitie des passans, s'liabitucnC a mendier, fuicnt le trmntil et devienncnt des aires dan'^creux pour la sociele. On avouera que c'est traitor bien legerement le lien que nos niceurs el nos lois regardent comme le phis sacro, et qu'il y aurait pen de veri- table philantropio a I'interdire a toule une classe, paree qu'elle ferait des troupeaux denfans. La consecpicuee rigoureuse de cetle singuliere observation serait I'otablissement d'lm cens pour le mariage, comnie pour les elections, et la prohibition du lien conjugal aux prolelaires. Non, les enfans des ouviiers ne sont point des etres dangerciix pour la sociele; ils apprcn- uenta aimer le travail, a r^,\?mple de lours pores ct meres; ils lie sollicitent point la pi'outnt's passans, et ils contribuent, au contraire, a I'aisanceie ra'J famille, dos qu'ils sont en age de gagner quelque argent. Liojuvrier considere partout la niendicite comme un deshonneur ; et cola est si vrai qu'il est tres-difficiio de le determiner, dans scs maladies, i se rendro a I'hopitaf, quelque certain qu'il soit d'y etre niieiix soigne que chez lui. iii la classe ouvriere fait beaucoup d'cnfans, ouvrez de nom- breuses ocoh s, fournissez-leur des moyens de sin^truire, for- mez leur intelligence, repandez a profusion la coonaissance des arts ot dos metiers, remplissez ce devoir que la societe contracte SCIENCES MORALES. 775 eiivers toil"- ceux qu'clie admct dans son seiii, oiivrezlciir iine route vers !a possibilile do vivre d'lin travail, d'une Industrie quelconqiie; ft, a Iciir tour, il s'acquitteront an centuple cnvcrs la societe. Lc desir du bicn a quelqnofois ses exces. MM. Scgand et Mery, en indiquant les nioyens qu'ils jiigent cfficaces pour eteindre la mendioite a Marseille, vondraicnt (|ue Ton con- dainnat a une amende tons les ciloyens qui fcraient piibliqne- nient I'aumone. Une amende pour avoir ecoute nn sentiment d'hnmanite, pour avoir satisfait a un besoin du coeur! Ces mes- sieurs n'y ont pas rtfleclii. lis u'ontpas songe qu'une telle me- sure porterait atteinte a ce que les hommes ont de plus cbcr , a la liberie, a la conscirnce, ;i I'esprit de charife dont aucune loi ne pent prescrii e !a limite. Que I'on empeche de inendier dans les rues, et pcrsonne n'aura i'uccasion de faire I'aumone en public. Nous formons des voenx siueercs pour que les administraleurs du depariement des Bouches du Rhone et ceux de Marseille en jiarticulier s'occtipeut promptement des mesures qui peuvent ia/des,\\ est persuade, surl'autorite d'Horace, que les 5o fils de I'un epouserent les 5o filles de I'autre, et qu'Egyptus donna son nom h I'Egypte, 3ao ans avant la guerre de Troie ; mais il ne dit pas comment I'Egypte s'appclaitauparavant. L'ar- licle de I'infortnne due d'Enghini est un pen long; mais on y trouve des details cuiieux, et les auteurs ont dednigoe de faire mention des anecdotes sans doute calomnieuses rapportees par I'abbe Montgaillard. On trouve des details bien plus curieux dans rarliele de la Biograpliie miivcrselle , avec laquelle celle-ci (i)Voyez la Diographie astronomique de Lalande ; Paris, i8o3, pag. 537. ,, (2) Voyez V^nnuaire du burrnti des longitudes, ponr celte annee i8a8 , )')Mg. ao5. SCIENCIES IMORA.LES. 777 ne |jeul soutenir la concurrence. On pent seuleiueut acconler au Dictionnaire que nous annoncons le merite d'etre plus coiirt et de renfermer quelques articles nouveaux. F.-a. 3 1 7. — * Histoire de France , depuis la fin du regne de Louis XVI jusqu'a I'annee j 826 , precedee d'un Discours, etc. , par M. I'abbe de Montgaillard. Troisieme edition , ornee du portrait Ae I'anteur, duy^c simile de son ecriture. Paris, i8a8; Moutardier. i5 forts vol. in- 18 sur grand raisin. Prix de chaque volume, 3 fr. II en parait un tons Ics vingt jours. Cette troisieme edition d'un ouvrage que tout le monde veut lire est destinee a obtenir un succes populaire. Elle est econo- mique, et cependant soignee, sous tons les rapports. Le pre- mier volume est en vente, et la regularite apportee par I'editeur dans la publication des editions precedentes est un sur garant de I'exactitude avec laquelle ii remplira ses nouvelles pro- messes. A. 3 1 8. — * Memoires historiqiies et anecdotes sur les reines et re- gentes , par Dreux du Radier; continues jusqu'aujourd'hui par y\n professeur de I' Universite de Paris. Paris, 1827; Roret. 6 vol. in-8° avec figures au trait et nombreuxyrtc simile\; prix, 36 fr. Les memoires historiques ont aujourd'hui le privilege de captiver I'attention et la curiosite publiques. Quelle que soit I'epoque a laquelle ils appartiennent, on les recherche avec empressement ; on les relit avec un vif intoret. II faut avouer que ce n'esl pas sans raison. Pen de lectures offrent en general plus de variete, d'agrement, etmeme de veritable instruction. Sans avoir la gravite et I'importance de I'histoire, proprement dite, ils I'emportent souvent sur elle par la peinture animee des hommes et des choses. C'est la qu'on voit a nu les passions des personnages , le secret des affaires, la marche des nt'gocia- tions dont on ne trouve ailleurs que lesresultats. C'est en quel- que sorte ime scene dramatique qui expose successivement a nos regards les intrigues , les grands evenemeus , les tableaux piquans de moeurs , les revolutions politiques, les anecdotes sur les hommes celebres, en un mot , les details de la vie interieure et ceux de la vie publique. Sous tous ces rapports, les Me- moires historiques sur les reines et regentes de France , depuis 1 origine de la monarchic jusqu'a nos jours, sent de nature a vivement interesser tous les lecteurs. Rejetant toutes ces traditions vulgaires d'elogeou de calom- nie qui remplissent les compilations , Dreux du Radier a puise avec discernemeut dans les vieillcs chroniques et dans les ma- nuscrits originaux. Tous ses recits portent I'empreintc de la bonne foi et de I'instruction , et son ouvraqe est comme une 778 LIVRES FRANCAIS. immense galericde portraits oii paraissentsiiccessivcmcnt toutes les fommcs qui, coninic reines on favorites de nos rois, ont join; un role dans iiotre aneienne monarchic et laisse dcs sou- venirs aimablcs on jmposans. Qui ne sera cnrienx de eonnaitre avec tons ses details Tliistoire A'Jgnes Sore I , de la ))elle com- tcsse de Cliateattbrianil , de Marie Stuart , epoiise de Fran - cois II , de Marie da Mcdicis , (emme de Henri IV, de I'aimable Gobriclle d'Estrccs , do la sensible La J'alltcre , de Marie Lcc- zinsfia , fcmme dc Lonis XV, et de I'inforlunec; Marie - Antoi- nette. On sent tout I'inleret dont ccs divers snjcis sont suscep- tiblps. Un avaniage precieux distingne la nouvelle edition, elle offrc iin oiivrage complct. Les Memoires /listoriqiies ont etc continnes jnsqii'a nos jours par un professeur de I'Acadeniie de Paris. Cctte panic est faitc d'nne maniere judicicusc, semec d'aneedotcs inlercssantes, ecrite avee autant de gout que d'c- legancc. Z. 319. — * Lcttrcs historifjnes ct politique s sur le Portugal, par Joseph Pecchio , continuees par un ancien magistral portugais , piibliecs par M. Leonard Gallois , et augmentecs d'un Coup d'ceil niilitaire sur le Portugal ^AV M. le general Pelet. Paris, 1827; Ch. Bcchet. In-8° de 376 pages; prix , 6 fr. Jamais epoque n'aura etc plus feconde en niateriaux pour ecrire I'histoirc que celle oi\ nous vivons ; les memoires el les documens dc toutc espece dtirouleront sans peine les eve- nemens dont nous avons ele temoins, aux yeux des gene- rations qui suivronl la noti'c. De nouvelles lettres historiques viennent d'etre p.ubliees par M. L. Gallois; elles traitent des revolutions qui ont SG pages; prix, 2 fr. So c. L'excommunication de Robert et de Bertlie a pain a qiiel- ques autcurs un sujet digne d'exercer leur plume; Mar- CHANGY, dans sa Gaule poetiqiu\ I'avait recommande aux jeunos poetes; et RI. d'Anglemont n'a pas manque de citer, ilans ses notes, quelqnes passages de cet ecrivain; mais nous aurions desire qn'il mit dans sa composition un pen plus de I'imagina- tion et de la couleur antique de son modele. Quel que soit le nieriie d'execution de Bertlie ct Robert, I'in- vention nous a paru forcee et de pen d'clfet : Berthe, frappee de lerreur, abandonno d'abord son t^poux, qui la eherchc long- tems en vain , et finit par la trouver aux picds d'un saint ermite. Cet ermite est Charles de Lorraine, celui (pie Hugues Capet avait prive du trone, qu'il rctint en prison jusqu'a sa niort, arrivee en 992, six ou sept ans avant rexcommunication de Robert; et c'est ce prince ainsi ressuscite, qui cherche a LITTERATURE. 7S3 consoler Ic Ills ct la bin de son ennemi; qui knir parle d'nne fxcommi'.nication (lu'il a .siibic(i), et leur promet d'ii)lercodei- pour eux aiipres dii pape; ft qui, tue dans les Apennins, ne pent tenir sa promesse, de sorte que Berlhe ct Robert qui comptaient sur lui, sont forces de ceder a ranatlieiiie, et de se separcr. Les suites de rexconimunicalion nous font fiemir dans I'histoire. L'auteur n'a point su conscrver la siniplieite et la profonde terreur du reeit qu'elle nous a transmis. On pent si- t;naler plusieurs neijlii/ences de style dans le travail de M. d'An- glemont, et d'abord I'impropriete trop frequente dcs termes. II dit, par exetujile, « les ciseaux dispersent ma longue clieve- lure en debris » (p;.g. 42); « le vieillard se sent rajeunir, lors- qu'il raconte les eclairs de sa vie » ( pag. /|6 ) , etc. ; ensuite une coupe de vers trop souvent dure et boiteuse : Je me depouille, et prends un v^temeut de hure , i\'ci//-, sembl.ible a I'liabit, elc. ( P^g- 42-) D'ailleurs le ton perpetuellenient noble de son poeme ne lui permet jamais de dire Ips elioses simplement, et il perd ainsi tout I'effet que peut produire I'liorrible veritc de I'liistoire. En voici un exemple : L'^tre fragile ericor , qui porte en son berceau Du crime origiiiel I'inevitable sceau , Reclame vainement cette onde saliitaire Qui seu^e ouvre le ciei aux enfans de la lerre : Celui qui du remords veut eti e delie N'apporte plus sou ccbui- contrit, bumilic, Au tribunal , etc. Voila sans doute des vers bien fails; mais ne sent-on pas bien- lot qu'il n'y a la qu'une amplificati^)n poetique , au lieu de ceite desolation vivcment representee dans nos moindres historiens? Enlin, et ce defaiit merite d'autant plus d'etre releve qu'il devient commun a nos poetcs, nous rcprocherons a M. d'An- glemont le melange subit et uon prepare du dialogue et de la narration. M. de Lnniartine, dans le Chant du Sa(rc;M. An- celot, dans Marie de Brabant^ avaient d('j;\ offcrt assez mai- (i) L'histoire ne parle pas de cette excommunication de Charles. M. d'Anglemont aurait-il confondu ce due de Lorraine avec le roi de Lorraine, Lothaire, pedt-fils de Louis-lc-Debonnaire, qui fut excom- munie et oblige d'aller k Rome , pour n'avoir pas repudie sa concu- bine Waldrade? 784 LIVRES FRA-NCAIS. heiireiiscmein I'un t-t I'autie celte confusion que reprouvc le bon goiit. II faut remarquer que ce vice est, conime tant d'autres, I'abus d'une chose bonne en elle-menie. Longin avail reniarque, dans son Traite du sublime, combien ie passage inattendu de Taction au dialogue d'une peisonne a uue autre pouvait produire d'effet. Mais I'emploi doit en etre rare, et en- core faut-il que tout soit prepare par le poete, de maniere que le lecteur ne trouve rieu d'obscur, de heurle, de disparate. Nos jeunes ecrivaias, en negligeant ce principe et I'etude des mo- deles, ont mis a la mode ce style haclie et incoherent, ou les plus grands moj^ens oratoires et poetiques sont prodigues sans effft, par la double raison qu'ils sont trop communs, et hors de leur place. Si j'ai tant insiste sur ces divers defauts , c'est que I'ouvrage de M. d'Anglemont porte I'empreinte d'lin talent reniarquable, mais qui a besoin de nmrir encore. Ici il faut rupeler les cou- seils deja si souvent adresses a nos jeunes poetes; il faut leur rappeler encore que les sujetsnationaux offrenta la poesie des ressources inepuisables dont ils cherchent avec raison a pro- filer; mais qu'avant d'ecrire, il faut etudier a fond I'histoire a laquelle on veut empninter uh sujet; qu'il faut disposer les diverses parties de ce sujet dans un ordre toujours simple et naturcl; enfin, que le style est la partie .difficile de la compo- sition, et qu'on ne fait pas du palhetique avec des figures do rhetorique ou des points d'exclamation , des reticences et des apostrophes. B. J. 324- — * Elegies et poesies de M'"^ Victoire Babois. Troisieme edition. Paris, 1828; Nepveu. 2 vol. in-18, grand-raisin, orues de gravures; prix, 10 fr. Ce recueil se compose, 10 d' Elegies sur divers siij'ets ; 7.° d! Ele- gies nationales % 3*^ d' Elegies maternelles ; 4° A'Epitrcs et d'au- tres Poesies; 5° de quelques Opuscules en prose ; fl" de Lettres adressees i Mme Babois par Ducis. De ces six parties, la 2% la 5' et la 6^ etaient reslees jusqu'a present inedites; la ire et la 4® conliennent un assez, grand uombre de poesies inedites, et la 3« est reproduite telle qu'elle a paru dans les deux pre- mieres editions, en i8o5 et 1810. Les £legies maternelles ont commence la reputation de I'au- teur; lorsqu'elles furent publiees pour ia premiere fois, elles obtinrent les suffrages des gens de gout, suffrages que vinrent confirmer ceux de Ducis, Lebrun , Fontanes , Clwnier, et de quelques autres litterateurs aussi celebres. Le premier, qui se lia d'une amitie etroite avec M"'® Babois, la surnomma la Sapho des meres; et le dernier, dans son Tableau de la littera- LITTER A.TURF.. ^85 turefranraisc, fit ainsi Teloge de raiitciir et (Je r pages. Paris, 1827; Roret ; prix, I fr. 5o c. «... Comment s'abnser au jioinl de croirc que la libcrte |)nisso elre cxelue pins long-tems do ce qu'il y a de plus nativenient BEAUX-ARTS. 797 libie ail moiide, les beaux - arts; qu'une coiiioiinc acaiiemique puisseetre iin brevet cle laleiit, el qii'oii puisse distribiier cha- qiie matin a Rome, clans la tone classiqiie, une ration ile cou- leiir et de verve? » Ainsi se termiiie le saliriqne preambiile tie laseconde partie qui complete TExameii du Salon de 1827, dont la premiere partie sculement avail parn , ([uand nouscn avons rendu compte dans noire cahier du mois de fevrier (page 535 ). Quoi(pie les jugemons de I'auteur sur quelqiics tableaux soient differens des notres, nous devons convenirque sa cri- tique, souvcnt tres - piquante, ))orte rarenienla I'aiix. Les re- flexions que lui ontinspirees les jK,'intures du Musee Charles X , sur la perspective des plafonds, sont dune granile verite et peuvent etre nieditees avec fruit par les artistes :il en est de menie des observations sur le dessin et le coloris, de la pcin- ture a I'luiile, en miniature et sur poicelaine, et (ies reflexions sur la sculpture; car cctte seconde partie passe en revue non- seulement la peinture et la sculpture, mais encore I'aquarelle €t la gravure; et nous pensons que cette brochure, dont la premiere partie a dcja les lionneurs d'une seconde edition, doit survivre, par la justesse de ses observations generales et par le merite du style, a I'epoque qui I'a fait naitre. V. 335. — * OEuvn; (le Jean Goujon, grave an trait, d'apres ses statues et ses bas-reliefs, par M. Reveil ; arcompagne d'un texte explicatif sur chacun des mouumens qu'il a embellis de ses sculptures, et precede d'un essai sur sa vie el ses ou- vrages, par M. J. G. Paris, 1827-1828; Audot. Ce recueil se composera de vingt livraisons, de cinq planches chacune, for- mat grand in- 8"; il en a deja paru cinq; prix , /, francs la livraison. En publiant I'OEuvre de Jean Goujon, dont les productions tienncnt une place extremement inqiortante dans I'histoire de la sculpture en France, M. Audol rend un veritable service aux arts et aux artistes. Done d'un genie fccond et ori'nnal , guide par un gout el un sentiment pieins de grace et de deli- catesse, Jean Goujon est place au premier rang des artistes qui illustrerent le xvi*^ siecle, epotjue ou les arts ont un carac- tere tout particulier. Je me borne, aujourd'hui, a annoncer cette entrcprise; je me propose, lorscpi'elle sera plus avancee, d'enlrer dans un examenattenlif de cet aMivre, (|ui fait suite a celui de Canova, public j)ar le meme libraire. Je ferai connaitre alors la part qu'y a prise I'auteur du texte, homme iustruit et soigneux de puiser aux bonnes sources. Je discuterai les motifs sur les- 798 I-IVRES FRANCAIS. quels il s'nppuif pour reslitucr ;\ Jomi Goiijon Ics sculptures clu chateau d'Ecouen , que beaucoup de pcrsonnes avaient attribuecs a Jean Bullant. L'a'uvre de Jean Goujon doit oblenir beaucoup de succes. En effet, il s'agit d'un grand artiste; ses sculptures sont reproduiteset expliquees avec talent, enfin le prix est tres-mo- dere. Les cinq livraisons qui ont dvjk parn contiennent les sculptures du chateau d'Ecouen et de celui d'Anet. P. A. 336. — * L'inde frnnraisc , ou Collection de dessins litho- graphies , reprcsentant les divinites , temples , pagodes , cos- tumes, physionomies , ineublcs, amies, ustensiles , etc. des perqjlcs indous qui habitent les possessions francaiscs dans I'lndc, et cri general la cote de Coromandel et celle du Mala- bar; publiee par MM. Geringer , Marlct et Chabrelic , avec Uii texte cxpiicatif par M. Eugene Burnouf. Sixieme livraison. Paris, 1828; Geiiuger, rue du Roule, n" i5. Un cahicr in- folio. Prix de la livraison, i5 fr. (voy. ci-dcssiis , p. 536). Get ouvrage se continue avec une grande activite. Les sujets sont tons aus=i neufs que curieux. On ne lira pas sans interet la notice relative aux intcrpretes indous au service des Euro- peens, ainsi que la description du fort de Vellour. Cette ville, qui n'a plus qu'une mediocre importance depiiis que les Anglais sont maitres de I'lnde , a joue autrefois un role brillant dans I'histoire du Carnatic. Elie offre cela de remarquable qn'on y pent reconnaitre les traces des systemes de defense employes par les nations aux(pie!les elle a successivement appartenu, les Indous , les Musulmaus et les Anglais. Nous ne |)Ouvons ([u'en- courager les edileurs a continuer sur le nieme plan ce grand et bel ouvrage; ils doivcnt meme s'iuiposer {'obligation de le pcr- fectionner successivement, ne fut-ce que pour faire une hono- rable exception a la foule des editenrs et des compilateurs de voyages, qui attirent le public par deux ou Irois bonnes livrai- sons, ety font bientot succeder des dessins negliges et incor- rects. ii. 337. — * Cosmorama, ou Voyage hislorique , gengraphiqite et pittoresqnc dans les difjercnte.s parties du monde. Paris, i8a/|- 1827; a retablissemenl du Cosmorama , au Palais-Royal, ga- lerie vitree, n° 23i. 4 vol. in-S" de aoo a 240 pages. Prix d'entree, 1 fr. .5o c. L'exposition du Cosmorama est connue de tout Paris et de la plupart des etrangers qui ont visite cette capitale;ils ont pi'is interet a un etablissement qui leur offre l» la fois une ecole d'architecture, une geographic pratique, une sorte d'histoire des arts mise en action, et qui leur tient lieu, ^ pen de frais, BEA.UX-ARTS. :99 d'lin voyage dispendicux on impossible. Vingt annees d'exis- tence out garanti le succes de cette utile entreprise. Elle a pris naissance en 1808. Des expositions partielles se succedent constamment de nnois en niois. A chaqne exposition on dttlivre anx spectateurs des notices ou sont rapporiees des recherches historiques, recucillies avec nn soin extreme, sur loiigine, les moenrs, la croyance, les costumes des penples dont on represcnte les monnmens; et la suite de ces notices forme actuellement quatre volumes in-8°. Toutes les parties da monde sont snccessivement raises a contribution pour augnienter I'interet de cette promenade scientifique et pit-r toresque. La reputation du Cosmorama est faile, et les efforts de son administration n'ont pas ete infructueux. La prosperite de cet etablissenicnt nc pout que s'accroitre , et nous faisons le voeu qu'un local plus convenable lui permctte d'elendre le rcsultat de ses travanx. On lira sans doute avec interct la collection curieuse que nous annoncons, et Ton ira surtoul visiter les nouvelles representations pittoresqnes qui font snccessivement passer en revue tons les sites et les mouumens remarquables de toutes les contrees du globe. R. 338. — * Iconograpliie instructive, ou Colleclion de portraits des personnages les plus cclebres de thistoire modernc, d'apres les dessins de M. Deveria , graves par MM. Allais , Bertonnier , Fontaine , A. Massard^ JVedgwood , etc. ; entoures , sur la meine feudle , d'un tcxte hisiorique , chronolngique et bihliographique , par A. Jarry de Mancy, auteurde X Atlas des litteratures , sur le plan de V Atlas de A. Lcsage ( comte de Las - Cases ) , du Tableau histovique de t Ecolc Polytechnique , etc. Paris, 1827; J. Renouard. Un cahier petit in-A". L'idee premiere de cette publication est henreuseet piquante de nouveaute et de simplicite. Quoi de plus simple que d'ima- giner I'effet que devaient produire les ])ortraii:s des person- nages les plus celebrcs de nos terns modernes, dessines et graves de main de maitre , et accompagnes d'un tcxte historique , qui presente : 1° la biographic du personnage; !2° ime table chro- nologiquc, qui resume et eclaire cette notice; 3° les sources historiques, ou I'indication sommaire des ouvrages ;i consulter sur ce personnage, et letoiit reuni en une seule leuille, de ma- uiere a etre saisi presque d'tui seul regard ? Tel est le plan de X Iconographic instructive que public M. A. Jarry de Mancy, deji connu par son A tlas des litteratures , heureuse imitation, ou plutot continuation de I'Atlas de A. Lesage (comte de Las-Cases). La methode justement estimee dont M. de Las Cases a donnele modele est le caractere distinclif des publications de M. A. J. 8oo Li V RES FRAKCAIS. (!e Miincy. lei, elle se trouvc appliqnee a la bioj^raphic des ])cisoiiiiai;cs dc premier oidtc, qui rcprescntent, dans tons les j^omc'S, Ics sommitts de I'liisloiie mo(h='rne et conlemporainc. Ccltf publication est rcellcmcnt citcycloju-diquc. Cliacune des fcuilles de V Iconos;iaf)lue instriiclwe est un |)etit tableau bio- j;i'aphiqnc, chronolo;^iqiie et bibliogiaphique, ;i la uianiere du comte dc Las Cases ; plus , le jiortiait du personnage , qui sem- blc ctre la pour assister en peisonnc au recit de sa vie. Celte collection, sans rivale comme sans niodele, est une conception des plus heureuses pour le perfectionuement des etudes histo- riques ct litteraires. Le systeme de classification qu'elle pre- sente est foit ingenieux. Les litres et Ics indications, places en saillie aux exlremiles de chaque fcuilte, donncnt jus(iu'a liuit nianiercs de classcr chacun de ccs portraits avcc lextcs , sa%'oir : 1° le siecle du personnage; 2° sa naissance ; 3° sa niort; 4° sa pcriode chronologique ; 5" le genre auquel il apparlient; 6° la partie oil il excellait; 7° son pays; 8" I'ordie alpbabetique. La lidelite des dessins fait honneur au talent de M. Deveria. Les artistes francais qui gravent sar aclcr , pour cetie collec- tion , rivalisent de purete avec ies artistes de I'Angkterre. M. (le Mancy, en employant de preference les artistes uatio- iiaux,n'a pas donnel'exclusion aux etrangers. Lebcau porliait eut plus les con- .siderer que par lapport a I'liistoire; et, s'ils n'apprcnnent ricn de nouveau ni d'important, ils tombent dans I'oubli : ccux dont parie M. Jouanuet n'eviterout pas cette destinee. Ainsi, I'Academie. de Bordeaux s'occupe a la fois de ce qui cent convenir et plaire aux Bordelais,ei de ee qui est utile a tous les Francais, a tous les hommes. C'est ainsi que les Socielcs savantes et litleraires acquierent,conime I'a dit M. Capelie, de justes droits a I'estinie et a la reconnaissance de lenrs conci- toyens. N. 3/|0. — * Seance pnhliqiie de la Societe librc d'emulation de Rouen. Rouen, 1827 ; imp. de F. Baudry. In-8° de 1 15 pages. Ce volume contient I'analyse raisonneedes travaux de la So- ciete pendant le eours de I'annee aeademique qui vient de s'e- coider,et le rapport sur la distribution des prix et des medailles d'encouragemcnt que cette laborieusesocietedeceine tous les ans. ]VI. Valery, de Dtville pres Rouen , n obtetiu unemedaille d'or MEMOIRES ET RAPPOPxTS. — OTJV. Pl'.R. 8o3 pour la fabricationde la ceruse; M. Valery, apres dcs experiences mullipliees, est parvenu, ce qu'on avail tente iniitilement jus- qu'aiors, a produire un carOofiale de plof?ib com\yvn'able a cclai de Hollande, sansctre plus cher; veritable conquele pour I'in- dustrie du pays, puisqnc la ceruse dite dc IloUande est la base de la plupart des peinturcs, ct que la France en consomme annuelleinent |)our plusieurs millions. Non content d'avoir ob- tenu ces impoitans resultats, M. Valery applique a la fabrica- tion de la ceruse, dont les manipulations sont des plus dan- gercuses, line machine ingenieuse qui a i'a vantage d'econumiser la main d'ceuvre , et le merite beaucoup plus grand de menager la sante et la vie des ouvriers. Deux medailles d'argent ont etc decernees a MM. Kurts et Daiiot; an premier, pour des «ssais de velours legers d'Allemagne, (lit de Crevclt, que Ton pent etablir au prix de lo fr. I'aune; an second, pour un per- fectionnement dans le fourneaii des chaudieres a vapeur qui presente une rapidite plus grandc dans I'operation et une eco- nomie dans le combustible. Les pieces dont la Sociele a ordonne I'impression , et qui fi- gurent en entier dans ce recueil, sont : i'' une Notice sur les bas-reliefs dcs stalles de la cathcdrale de Rouen , sur Vancien. pniimc intitule le Lay d'Arcstote et sur son auteur Henry d'Andc- ly , trouverre normand.^ par M. Hyacinthe Langlois; 2" un me- moire de M. Le Marquis sur le caractere distinctif de la poesie; 3° une notice de M. Deville sur des bas-reliefs qui sont k Rouen I'objet de I'altention des amis des arts et des antiquites iiormandes , et qui representent [Cntrevue de Francois 1" et de Henri VIII au camp du drap dor; le Recueil est termint'; par un memoire fort important de M. Laresche sur la tlistinction des diverses cspeces ds frottemens dans les machines d'horloge- ric ; sur la necessite demployer des corpc gras pour adoueir ces frottemens, aider la rotation des pivots des axes dans les machines en general et dans cellesd'horlogerieen parliculier;sur lechoix. et la preparation de I'huile specialement destinee aux machines employees a la mesure du teins, memoire qui a remporte le prix de 3oo fr. propose eu 182/I sur ccfte matiere par la Societe d' emulation. B. G. Oucrages periodiques.^ 341. — * Journal de I' Instruction publique, etc. Paris, i8a8. On souscrit au bureau du journal, rue Saint- Andre-des-Arts , n" 35. II parait, trois fois par mois, un cahier de Irois feuilles So4 LIVRES FRA.NCAIS. in-8"; prix, pour Paris cl los (lepailcmens, 4o fr. pour I'an- uce; -ii fr. pour six niois. 666. — * Lc Lycce, join nal general tie I' instruction , etc., etc. Paris, 1828; on souscrit a la librairic clas.si(|ue de L.Ilacheltf, jtncien eleve de I'Ecole luJrnialt', rue Pierre-Sarrazin, n** 18. Se publit^, par cahicrs d'euvirou trois feuillos, le 5 et le 20 de cliaque mois; a partir du 5 fevrier dernii-r, le prix de I'abon- ncment pour Paris et ics di'parteniens a ele reduit a 28 fr. pour un an, i5 fr. pour six mois. La Revue Encyclopedi(]ue ses\. toujours fait un devoir de cou- tribucr par ses annonecs a la publicite des ouvrages perio- diques, toutcs ks fois qu'elle ies a ju^es utiles au but qu'elle se propose elle-menie, le progres des lumieres et de la civili- sation. EUe peut se reudre ce temoignage qu'elle a inontre eu- vers toiites Ies enlreprises rivales, qui, depuis qu'elle existe , se sonl eievees aulour d'elle, ettju'elle a souvent fait naitre, un esprit d iniparlialite et de justice dont on n'a pas toujours use a son egard. EUen'estqueiidele a ses habitudes, en recomman- dant atijourd'hui deux journaux consacres a ce qui intere.sse particulierement \' Instruction , a I'exposition des melhodes , ^ I'examen des livres classiques , a ['analyse des cours publics, a la discussion des lois et des reglenaers qui regissent uos eeoles, a I'histoire el a la comparaison des etablisseinens d'euseigne- meut natiouaux ou etrangeis , ancieus 011 nouveaiix ; tons objets auxquels la critique quotidienne , et menic la plupart des recueils semi-periodiques no pcuvent accorder qu'unc atten- tion necessairemont partagee , et qui avaient droit a etre traites plus speeialenient. Les deux journaux (jue nous annoncons repoudent a ce besoin , qui s'esl fait surtout scntu-, lorsque les efforts contraires des amis et des ennemis de I'ignorance ont t'vcille les esprits sur un interet bien grave et tiop long-tems ueglige. Tons deux sont rediges avcc soiu par des membres distingues de uotre Univcrsite; le premier , commence depuis plus d'une annee, est parvenu a son ciuqiiieme volume; le se- cond ne comptc encoie que quelques mois d'existcnce, et ne peut opposer a la collection de sou concurrent qu'un seal volume; mais peut-eire compense-t-il sa nouveaute par un es- prit plus decide , une redaction pins oriLjiuale. Du reste, nous ne voulons point etablir une comparaison dont une plus longue cpreuve preparcra les elemens. Le tems fixera le rang des deux recueils , et peut-etre, ce que nolis desirous pour leur succes el leur duree, amenera-t-il enire eux une reunion dont ils pro- fiteraient egalemcnt. X. LIVRES EN LANGUES ETRA.NGERES, etc. 8o5 Livres en langues ctrangeres, imprirnes en France. 343. — The life of Thomas Egerton , etc. — Vic de Thomas J&gcrtoa ; siiivie de Lettvcs inedltes sur I'epoque a laquelle il flit grand chaiiceHer d'Angletcrre, publiccs par Francis Henri Egerton, comte Bridgewater. Paris, 1828.111-4" de 5o8 pag. (Ne se vend point.) Si I'orgueil de la naissance poiivait elre permis, ce serait snrtout aux homnies qui n'ont vii dansune longue suite d'a'ieux qu'un motif de plus de s'illuslrcr par eu.\-niemes. Lord Francis Egerton, a qui Ton doit la publication du volume que j'an- nonce, pouvait etre fier du nom, du rang et de ranciennete de sa faYnille. Tous les genres d'illustratiou s'y trouvaient reu- nis. Sa maison remonte , en Angleterre , au teni.s de la con • quete; plus tard, ses nieux allaient mourir avec honneur sons les murs de Saint- Jean d'Acre, on triompher avec eclat dans les champs d'Azincourt. Lenr nom s'allie meme a la majeste du sang royal ; une des aienles de lord Egerton s'est assise sur ie trone de France; un deses ancetres avail pour pereEdonard III. D'illnstres chanccliers, de savans prelats, ont mele leur gloire pacifique a ceile des guerriers ; et , comme si lord Egerton de- vait associer, aux souvenirs d'une antique origine, ce qui me- rite le mieux I'estim* et la reconnaissance des tems modernes, tout pres de I'age actuel, son oncie, le due de BRinorwATER, onvrit a TAnglcicrrp une source de richcsses intarissnhie, en multipliant les canaux qui traversent aujourd'hui, dans lous les sens, son territoire. Possesseur indolent de tant de titres, un autre se serait era dispense d'en acquerir de nouveaux. II aurait vecu sur la gloire de ses ancetres, comme de riches oisifs se contentent des biens amasses par leurs peres. Lord Egerton, aujourd'hui comte de Bridgewater, n'en jugea point de nicnie. II pensa qu'on devait ajouter quelque chose a la renommee de ses aieux, si Ton n'en vonlait |)as etre accable. Les siens avaient rendu leur nom celebre dans les amies, dans la magistrature et dans I'eglise; dans I'excrcice des giands <'mi)lois, dans les travaux d'une Industrie bieiifaisante : il chercha la gloire, nioins eclatante peut-etre , mais plus personncjlle , que procure !a culture des lettres ; et eette gloire qu'il ambitionnait ne fut point rebelie a ses voeux. Eleve dans un des noml)rcux colleges d'Oxford , il y placa bientot son nom a cote des noms fameiix dont les fastes uni- versitaires gardent la memoire. On le cita de bonne heure parmi lesjcunes etudians qui cultivaient avec leplus de siwces 8u6 LIVRES EN LANGUES ETKANGERES Ics iiinsts grccqnes ct latinos. Lo IVanrais, I'italifn, I'ospagnol ft mc'inc Ics idioinos de rOrient liii dcviiircnt i-i^alcmcnt fami- liars. Kt'uiiissanl tousles jitfuiTS de nierite, poele, historien , philosophe, econoiiiisle, oi» le vit publier tour a tour iinc vie flu chciiiccUer Thomas Egertun , ties Iccons sur Enrij)ide , dcs Lettics sur la navigation interieure ; et ses ouvrages ont tour i tour excite I'interet dcs erudits , dcs biop;raphes on des hommes les plus occupes liis de pieces ineditcs dans Ic volume que j'annonce. Elles vienncnt en partic de la collection de raiiteiir, en partic des rechcrchcs qii'il a faites dans la Bibliothequc rovale : ecrites par Marie Siiinrt , Henri III, Elisnhctli , par BIM. dc ChutcaunruJ aX. de BdHecre, ambassadeurs dc France en Angletcrre , ces Icttres font con- naitre Ics interets des cours a cette epoqiie , le caractere des gouverains , Tcspril de leiirs agcns et la duplicite dc Icur ])olitiqiie. All nombre de ces lettrcs, on en trouve unc dans laqnelle Marie Stuart deja captive, Marie Stuart, femme, epoiise, reine ct mere infortunee, donne a rambassadcur de France a Londres les j>his touchans details sur les rigueurs de sa prison. On ne pent lire! aussi , sans s'y arreter, unc depcclie que M. de Segur, alors amljassadeur du roi de Navarre qui fut depuis Henri IV, adresse au roi d'Ecosse, fiis de Marie Stuart. « Sire, recher- chez, lui dit il , les nioyens d'cmpioyer les graces que Dicii a mises en vous. II s'en presente tant d'occasions ! inais surtout, je vous supplic, tencz pour suspects tons les conseils qui vous sei'ont donnes par MM. de Guise, roi d'Espagne ct tous pa- pistes, lis ont de mervcilieux artifices; mais croyez que, loj's- qu'ils vous montreront le plus de bonne affection , c'est lors- qu'ils tacheront de vous miner; ils ont porte mallieur a tous ceux qui se sont fies en cux; vous ct le roi de Navarre en avcz, en vos plus proches, de bons txcmples : fuyez-lcs done commc peste , car ils font profit de tout et |50rtent malheur a tons. » Plusieurs lettrcs aiis>si curieuses suKiraient pour donner un ve- ritable iuteret a cette publication. En repandant des clartes nouvelles sur cette sombre epoijue des tenis modernes, lord Egcrton a rendu vin service impor- tant a I'histoire. L'idee d'etre utile, en (|uelqiic chose que ce soit , est un des plus donx plaisirs qii'il puisse goutcr aujonr- d'hui. I,es lettres qui furent si long-Iems pour bii le plus 8o8 LIVRES EN LANGUES ETRANG^RES , etc. agroable delasscmenl, lesoutionnent, le consolcnt, le raniment encore, dans I'elat de soufiVance ou st-s inlirmites I'ont jetc. Ce n'est plus cet hoinmc robiiste , intrepide , adroit ^ tons les exerciccs, qui se plaisait a feiidre i\ la nage les eaux d'un fleiive rapide, a dompter un clicval fougiieux, a lancer un cliarlegcr qu'il guidait lui-menie d'une main fcrme, sur la pcnte d'une montagne , aux bords d'un precipice : de longues douleurs ont epuise ses forces; mais cc front piile se colore sondain , ses yeux eteints brillent tout a coup du feu le plus vif , au souvenir d'une grande pcnsee, au recit d'une belle action. On sent qu'une sensibilile prompte et qu'nne ame noble vivent encore profondement dans ce corps qui senible affaibli par les ans. Apres I'esprit qui est une si brillante emanation de I'intelli- gence celeste, rien sur la terre n'en rappelle mieux le souvenir et I'image que la bonte. Ce besoin d'aider ses semblables est peut-etre le plus noble penchant des coeurs vertueux. Mais, au declin de I'age, la bonte prend encore un caractere plus touchant. Naturels a la jeunesse, ces mouveniens si chaleureux de bienveil'lance et d'hunianite passent quelquefois avec elle. II y a des coeurs que I'age attriste et resserre. II est au contrairc deshommesrares en qui le desir d'obliger croit avecles annees, et qui , malheureux eux-memes et reduits au plus cruel etat de souffrance, ne s'en croieut que plus de droits a soidager le malheur. Qu'il est beau de verser encore des bienfaits d'une main tremblante, et que la pitie parait respectable sous les cheveux blancs d'un vieillard ! On ne pourrait , sans trahir les plus chers secrets de lord Egerton , compter les indigens qu'il a secourus , les malheurs qu'il a consoles, les larmes dont il a tari la source; mais on pent lui repeter du moins ces deux vers anglais qui furent ecrits pour un de ses parens , comme lui , conible des titres les plus eminens, et qui, comme lui, se plaisait a repandre de nom- breux bienfaits: These honours Egerton were all thine own ; The resi where honours borrow'd from the throne ! " Ces honncurs , cct eclat , tu les dois a loi-nienie ; Le reste est un reflet tombe du diad^nie... • *** IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. Missouri. — Exploitation dcs mines de plnmb stir la riviere de la Fievre (Fever-river). — Cette exploitation, qui avait eprouve d'abord de tres-grandes difficulles, est maintenant en pleine activite. En 1823 on n'avait extrait que 100,000 kii. de minerai; en 1827, I'extraction s'est cicvee a 2,540,000 kil., el doit s'elever encore beaiicoiip pins haut. L'espoir des entre- preneurs se nianifcste dej^ par les symptomes ordinaires, les pretentions au monopole; il est question de demander an con- gres que les droits sur I'importation du plomb soient aug- mentes. Ces demandes, qui se renouvelleront probablcment autant de fois qn'une indusfrie rouvelle obticndra quelque succes remarqnable, donnent lieu a quelqucs observations sur la nature dn gouvernement federatif. Dans un fel gouverne- ment est-il permis a I'autorite centrale d'imposer tons les Etats au profit d'un senl, ou du plus petit nombre? IN'est-il pas ini- perieusem^nt present a celte autorite centrale, par I'autorite superienre de la raison , de se renfermer dans les limites de ce qui interesse veritablcment toule la republiqne, sans dis- tinction d'Etats? Des questions analogues se sont deja presen- tees plus d'une fois, et , il Paul le dire , le congres les a rc'so- lues avec sagesse; il s'est montre jusqu'a present fel qu'on se plait Ji imaginer le gouvernemcnt institue pour le petiple, et digne de presider a ses destinees. Lorsque la baule administra- tion est aussi digno de confiance, les erreurs des particuliers ne portent aucun prejudice : on a beau reclamer des privileges, des monopoles, les droits de la nation demeurcnt intacts, la justice et la liberte ii'ont rien a craindre; le cnncs(i) , M. Felix Bentkowski , ct MM. les comtes Louis Plater et Fre- deric Skarbek, deji connu dos lecrcurs de cc Reciieil par sa dissertation philantropiqiie ct instructive sur les causes de la multiplication des jMiunes el sur les moje/is d'y rcmedier. ( Voy. Rev. Enc, t. xxiv. Juin i^i'], pag. 569-579 ). — La iiieme So- ciete, dont plusieurs niciiibios coiitribneront h faire coiinaitre dans notreRevueles ])rincipauxoiivragesnouveaux et importans publics enPologne, et nous aiderontainsi a completer notre plan, vient , dans sa seance annuelle du 20 Janvier i8a8, de nonimer M. Marc-Antoinc .Iullien, de Paris , I'un de ses membres cor- respondans. « Elle a voulu, par ce choix, dit la lettre qui an- nonce cette nomination, donncr un temoignage public de son estime , k I'auteur d'une Notice hingraphique et historique sur le general polonais Kosciuszko , dont le nom consacre desormais par les hommages unanimes des hommes de bien de tons les pays, plane au-dessus des preveutionset des passions orageuscs, mais ephemeres , que fait naitre I'esprit de parti dans les terns de revolution. LaSociete de Varsovie a voulu egalcment que ce suffrage unanime d'une reunion d'amis des sciences et des lettres fut nu hommagc solennel rendu au foudateur d'une entreprise de bien public qui, depuis dix annees, rapproche par des com- munications mutuelles les hommes eclaires de toTites les nations etcontribue puissamment a la destruction des prejuges ou des antipathies qui les separaient, ainsi qu'a la pi-opagation el aux progres des Uimieres, et (jui, devenue le domaine commun cles litteraleurs et des savans , quelle que soit leur pauie , fait par- ticiper loiites les contrees el tons les individusa la connaissance des travaiix utiles que chatpie contree et chaque indivi On y trouve souvent des notices tres-in- teressantes. Ce journal date de l'annee 1 782. — 55. Fnirpriseme (Ifs Prix des denrees), journal publie par les courtiers de la DANEMARK. &a5 villc. — 56. Kjohenhavnaposten (le Courrier de Copenhague). — 57. Ny Freia ( la Nouvelle Frcia ). Ces deux jouriiaux, consacres aux noiiveiles du jour, sc somienneiit diflicilement. — 5d. Den Vestsjoellundskc Avis (Gazette de la partic oocidcn- tale de la Selaiide). Le redaclcitr de cette intercssaute ga- zette est le pasleiir Bastholm , qui nhinit a de vastes con- iiaissances beaucoiip de ponetration. Ses obspi'vations sont totijours cxprimecs avecuno grandc iiberte, mais avcc nicsiirc, et le plus soiivent diseutees avec une critique saine et ri- goureuse. Sa maniere , pour ce qui regaide la politi(]ue et toi'.tes les nouvelles de I'etranger, est de donuer un resume acoompagne d'observations, le plus souvent exlremement in- teressantes. Aussi voit-on Ics pays voisins (la Suede, Ham- bourg, etc. ) proQtcr de sa sagacile, et plusieurs de s(!s notices sont traduites en suedois et en allemand dans Icurs journaux. Cette gazette date de 181 1, etelleest, comnie elle doit I'etre, tres-aimee et tres-rechercliee. — ^<^. Fyciis Stiftsddcnde (Ga- zette de Fionie). EUe a ele redigee, pendant 47 ans, de 1780 a 1827 , par leu M. Iversen; il avait, sans posseder de grandes connaissances , beaueoup de bon sens et un esprit naturel qui, soutenu d'un certain talent pour le comiqne, attirait des lecteurs a sa gazette. Elle est eontinuce par M. Hanck. — 60. Fyens- Stiftsavis ( Journal de Fionie), redige depuis I'an '797 P'^'" ^^' Hempel. C'est un assez bon journal. — 6i. Tidi- ted Jmtsavis (Journal de Thisled.) — 62. Fiborg Snmk'r(^Jm\r- nal de Vibourg. ) — 63. Randcrs Aintsavis (Journal de Ran- ders.) — 64. Aarhuns Stiftsavis (Journal d'Aarhuus.) — 65. Ribc Stiftsavis ( Journal de Ribe. ) — 66. Aalbnrg Stiftscn'is ( Journal d'Aalbourg ). Ces six journaux sont publics dans le Jutland septentrional, et sont tons assez bien rediges. — 67. Lnnlands og Falstcrs Stiftimns (Journal des iles de Lalande et Falster) extrcmenient pauvre et depourvu de gout. — 68. Helsingacrs Avis ( Gazette de Helsingoer. ) — 69. Bornholnis Amtstidcnde ( Journal de Bornholm.) Ces deux feuilies ne contiennent que des annonces. — 70. Siif?ds listen, public a Helsingaer. C'est la - liste journaliere des vaisscaux qui passent le detroit OEresund. Les gazettes ct journaux suivans sont publics en langue allemande dans les provinces alleniandes du royaumc. — 71. Schriften dcr schlesvig-holstcinschen - pnlriotischen Gesellscliaft (Memoires de la societe patriotiqne de Slesvig et Holsteiu). Ces niemoires sont rediges a Altona ou reside la commission admi- nistrative de la societe. On y trouve un grand nombre d'obser- vations et des notices interessantes, surtout pour ce qui regardo I'industrie, Teconomic ruralc et les arts ct metiers. Les me- 836 . EUROPE. moires fournisscnt une pif live tie plus de la grande et respec- table activite dc cette utile soeietc. — 72. Staatibiirgcrlichcx Magazin (Repertoire pour le eitnycn). Le redacteur principal est M.Je professeur Falr , de I'uuiversite de Kiel; neanmoins , ee journal est publie a Slesvig, parce que la liberie de la presse est bien plus grande a Slesviij , ct dans toutes les provinces danoises, qu'en Iloistcin qui fait partie de la confederalio:i {^ermauique. On trouve dans cet ouvrai^e nonibrc de notices it de inemoires dun veritable prix, pour ce qui regarde la ])olitique et I'histoire, et pour ce qui a rapport a I'adniinis- tration. — 73. Sr/ilcwig liolstrinsclie Provinzialbcrichte ( Me- nioires des provinces de Slesvig et de Holstein). Redacteur, BI. le pasteur Petersen. Ces memoires contienucnt plusieurs notices d'un interct general. lis sent assez popiilaires et sont certaincment fori utiles. — 74. Rendshiagcr IP'uchenhlatl (Jour- nal de Rendsbourg), et 75. Gliickstadter Anzcigcri^ioxwn^X de Glukstad) sont deux jonrnaux d'aiuionces reuuics a queUjues melanges. — 76. Altonaer Mcrcar , (le Mereure d'Altona). Ce journal, consacre aux nonvelles politiques du jour et aux an- nonces, s'est sontenu pendant uue longue serie d'annees : il donne le* nouvelles sans observations, sans remarques, mais assez completement. Les deux journaux en langue islandaisesont : 77. .S'/7>/?fr, con- tinuation d'un autre ouvrage : SngnablocI , c'est un joiu-nal pour I'histoire dont on a 10 volumes, de ranneei8i7 a 1826. Skirner a commence avec I'annee 1827 et contient, comme les 10 vo- lumes du Sagnablod, un aper^u sur I'liistoire de I'annec pour tons les pays, ct des details sur la soeiete litteraire islandaise , qui s'est chargee de la redaction de I'ouvrage pour mettre les babitans de I'lslande au courant des affaires des aulres pays. C'est un ouvrage dc beaucoup de merite. — 78. Klosterposten ( le ar son application, ses talens, s;t conduite, ct qu'il ait atteint I'agc do quatorze ans. On admet aussi des eleves etrangers a I'etablissement; niais ceux-ci doi- vent avoir dix-buit ans, eire reeommandes par les preposes et le pasteur de ieur commune, et subir un examen qui prouve un (iegre suflisant de capacite dans les diverses parlies de Icur instruction. Le nombre de ces eleves regens n'est point limite; mais il ne doit dans aucun cas nuire h la reception des orplielins, auxquels les bienfaits de cet etab'.issement sont spe- cialement destines. Ces eleves regens sont loges, nourris et instruits de la meme maniere que les orpbelins; mais ils paient pour cola une somme fixee par la direction, qui couvre les frais de Ieur entretien, ea sorlc qu'ils ne sont point a charge a retablissement, Telles sonC-Ies trois branches distlnctes d'utilitc que presente I'etablissement des ecoies de charite de Lausanne , qui est g'-re par unc administralion dont tous les offices sont gratuits. Cette adininistratiun se compose : i" A'une direction dti vingt niembres, dont la moitie sont ecclesiastiques et la moitie laicpies; 1° d' une asseublee generate , formee de la totalite des contribuans, c'est-a-dire, de toutes les personnes qui ont de- niande a concourir au bienfait de cette pieuse association en payant une cotisation annuelle qui ne peut pas etre moindre de six francs, et par laquclle on acqiiiert le droit de faire en- trer un enfant dans I'une des ecoles externes. 83o EX.; ROPE. l^Si direction s'asscmblc rt-guliercmcnt tons Ics vcndtcuis, cxcepte pendant les viicatucs dcs moissons et dcs vcndanges, pour entendre un rapport stir I'etnt dcs c'cnles ot pour s'oc- enper des divers bcsoins de I'elahlisscment. Lcs nienibrcs de la dirociion sont choisis parmi les eontribiians ct jiar eiix, ait scriuin secret et a la niajorile dcs siiffra[j;cs. Uassenihlcfl i^rfic- rale se reunit line fois par an, a repoque de la Saint-Jean , pom- cntcnd(c iin ra|>port ecrit siir ce qui s'est passe de plus interessant dans Ic courant de I'anuee, et pour piendre con- naissancc de I'etat des (inanccs, et des dons on legs fails depuis la deruiere reunion. II convicnt d'ajoiiter que les rcssources pecuniaires de I'eta- biissement se composent : i° de la cotisalion annuelle payee par cliaque contribuant , laquelle n'est point capitalisee; mais employee a fournir en partic an paiement des pensions des di- ners niaicies; 2° des interets dcs somnies qui ont etc capitali- sees ; 3° enfin, des donations gratuites faites par dons eritre- vifs oil par testament. (Extrait du iVo«('c//«Yc Faadois.) ITAIJE. SiciLE. — Catane. — Academic Gioenia. — Nous avons , sous les yeux nu comptc rendu fort detailie dcs seances des II Janvier, 8 fevrier, a3 mars, 26 a\ril el 17 mai 1827. Nous les considererons loutes en masse, parce que nous n'y Irou- vons pas assez i!e resullats dignes d'attention pour distinguer chacime en particidier. Cettc academic emploie souvenl ime partie de son (ems a multiplier ses mcmbres hoiioraircs on corrcspondans, et a les proelamer 011 a lcs recevoir avcc de longues formalites. On a egalemcnt public la liste des ou- V rages que lcs auteurs se sont empresses de lui envoycr. An milieu de ces formules congralulatoires qui occupent une grandc paitie des proces-verbaux, on a loiitefois fait lecture d'un njcmoire de M. Tedeschi, sur les condilions necessaircs pour rexercicc des facultes psycologiques. M. Rosarin Snu- DEKi a piesente un Essai des signes meteorologiques qu'on rcmarque dans la region meridionale de I'Etna , dans les di- vers changemcns de saison. M. Charles Gemellaro a hi un memoire sur les conditions geologiques des volcans etcinls dans Ic Fal-de-Notn. Florence. — Academic desGeorgophilcs. — L'academie propose im prix de 25 sequins a Tauteur du meilleurmemoire sur la ques- tion suivante:« determiner, d'apres Ics fails, si la greffe apportc quehjue modification dans la plante greffee, ct vice versa si ITALIE. — PAYS-BAS. 83 1 la plante exerce qnelque influence sur les organcs de la grcffc, a I'l-gaid dcs plantcs et des grefffs de la nieme espece on des especes divcrses du mcnic genie on de formes dift'ereiifes. » Le prix sera decerne dans la seance solennelle de iSarj. F. S. PAYS-BAS. Bruxelles. — Miiscc dcs lettres et des sciences. — Cette noii- velle institution, fondec depuis |)eu a Bruxelles, meritc d'eJie mentionnee avec eloges. Ses progrcs paiaisscnt devoir etie rapideset remarqiiables; riiistoire des differenles branches dcs sciences, dcs letlres et de la philosophic y est professee dans deo cours publics, qui tendent a assiiniler cet etablisscnient aux meilleurcs inslitntions d'instruction publiqne. Le nouveaii mnsee contribuera a placer la capitale des Pnys-Bas au ran^ des cites les plus eclairees, conime el!e est deju I'line des plus inagtiiliques et des plus importantes. L'inauguration a eii lieu dans une des salles de I'ancien palais des princes et avec \me grande solennite. Le discours d'ouverture a etc prononce par Tun des professeurs, M. Baron, Francals estimc que reconi- niandent d'lionorables succes obtenus dans I'instruction pu- bliqne. Ce discours a produit une vive impression; il a ete de- puis public, et a justifie Topinion qu'cn avaieiit concue ceux qui I'avaieiit entendii prouoncer. Le choix des professeurs et le succes de leurs cours ont repondu completement a raltente i[i\ gouvernement et du pays. M. Baron professe I'histoire de la litterature, et parait favorable aux doctrines nouvelles qui ne doivent neanmoins elre admises qu'a\ec une sage reserve. L'histoire generale est cnseignee par M. Lesbroussart que I'athenee royal de Bruxelles comptait deja parnii ses princi- paux professeurs. Uue instruction soliile et variee, une philo- sophic sage et un amour eclaire de I'humanite donnent iin nouveau prix a ses lecons. M. Quetelet, collaborateur de la Revue Encyclopedifidc, cpii occupait dijii la chaire des sciences i I'athenee de Bruxelles, et que I'academie de cette viUe, ainsi que I'institut royal des Pays-Bas, complent parmi leurs nieuibres, s'esl charge de professer l'histoire des sciences; et ses connaissances profondes, sou elocution facile et brillaute, son zele actif pour les progres de I'instruction, atlirent a ce cours les amis des sciences et les amis des lettres. — L'histoire de la philosophic est confiee a M. Van-der-Veyer, bibliotlie- caire de la ville de Bruxelles : ce jeunc et digne eieve de I'univiversite do Louvain , penetre des plus saines doctrines, se niontre a la hauteur dc ses trraves fonctions. — L'histoire .Sli ^EUROPE. iiaiionalo ajiparUnait de droit an savant ct respectable liis- toriin (le"la Belj;iquc, M. DiiWEZ, secretaire peri)c'tiicl de I'a- cadeinie de Bruxelles. RI. Lauts est charge du cours de litte- ratuie iiationale, c'esl a-dire, hollandaise; et il enseigne aussi cetle larigiie a I'allienee de Bruxelles. C'est jusqu'ici la seule chaire de Bruxelles ou leu »e professe pas en fraucais : aiissi les auditeuis y sont peu nombreux. Ces couis, et quelques au- tfts encore, d'un objet inoins general, assurent ic succes du inusee de Biuxelles. DI. B. Statistiqui; litteraire. — Revue sommaire dciOuvragcs,tant origiiiaux que traduits ou imitds , publics en differrntes langues dans Ic rnyoumc des Piiys-Bas, pendant I'annie 1827, non com- pris les ecrits peiiodiqncs, Ics journoux, Ics gazettes, etc., et las reinipressions d'ouvragcs pablies a I'etranger (i). Total OEriERM. des ouvnAOEs. (i) Ce tableau est extrait de rcxcellent recucil scienlidqne iiitilulo : Correspondance madxdmaliqne cl phyiique , publie par A. QuETKLtT, t. IV, p. 140. BrnxeUes , 1S28. PAYS-RA.S. 8^^ II a e(8 pnhlie va iii5, en i8»fi, Theologie iti io3 Jurisprudence, Medecine, Physique. . C|3 io5 Hlstoire 94 96 PhUologie, Poesie, Theatre i35 i34 Melanges , Romans 2 4(> ZiS Total 679 763 On voit, en coinparant le nombre des oiivrages piibliespeiv- > Frappe sur Ie milieu du front, Eval eprouve la sensation sur son nez ariificiel ; touche sur la racine du nez , il en rapporte la sensa- tion au front, etc. »Tels sontles principaux faitsde cetimportant memoire (|ui sera insere dans Ie Recueil des savanselrangers. — ^ Da 1 8 fevrier. — Le Directeiir dc t £cnlc vtiterinnire d'Al- fnrt cn\o\c uue dent molaire d'elephant trouvee a une profon- de seule lois; jamais on n'a pris la peine de soumettte la population francaise non adulte a I'essai d'une instruction conumuie, appropriee au besoin de tons : on nc I'a essaye ni une annee, ni un mois , ni un jour. Eu voila assez pour montrer que ceux qui sont opposes de bonne foi a I'edncation universelle (s'il en existe) ne sauraient arguer, contre les lois (}ui la prescrivent, de ce qu'elles n'ont jamais ete executees. Pour les autres adversaires, il est bicn superflu de les combattre, parce qu'il sera toujoiu's impossible de les convaincre. Nous sommes done contraints de chercher ailleurs la vraie difficulte; car il existe une dilficulte reelle, et il est aise de la pressentir. En ordonnant sur toute la surface de la France i'erection des ecoles primaires, le legislatcur n'a rien dispose sur les moycns de les cfciblir, il a laisse le gouveruement de- pourvu de ressources et d'action; or, reiui-ci a-t-il jamais pu se flatter de former soixaute mille institutcnrs et autant d'insli- tutrices, ni de trouver soixante ou quatre-vingts millions tous les ans pour les consacrer a cette destination ? On a toujonis recule dcvaiit cet obstacle ; revidence prouve qu'il etait alors insurmontable. En est-ou nioins fonde a reclamer I'execution des lois? Non , sans doute, si le l)ut est salutaire et le princi|5e incontestable; s'il est vrai que Ton ne saurait acheter par trop de sacrifices ramelioration des moeui s de toute la population, son bien-etre et la j)rosperite du pays. Mais aujourd'tiiu la question a bien cbange de face : les deux mondes possedent un nioycn pratique, efficace, eprouve par I'experience, qui a deplace la diniculte , ou plutot I'a fait eva- nouir. Cc f/u'o/iJ}iisait en quatre ou cinq ans, on le fait en deux ou trois ; lii oit ilfaUait ilix inaiires, un senl sujfii ; oil I'on avait besom de trois millions, il n en f nut plus quun. Eu outre, beau- coup de locaiites qui n'atu-aient pu faire une modiqiie dispense 84 a FRANCE. peuveut maintenant faire face a vine dcpense plus conside- rable. Les communes, le trcsor public, les associations bienfai- santcs., les fondatcurs, ct nicine les families devenucs plus aisees, venant a joindre leurs ressources, on pourra creer et soutenir aiscmciU dcs iuslitutions du ]H('mier degie , paitout , sans exception, sauf a ixunir au besoin les communes d'une trop petite population. Plus de motifs, plus de pretexte a I'avenir pour eluder la loi. II est terns qu'elle soit mise en praticpie, observee et exe- cutee francliement sur toute la surface du royaume; il faut qu'aucun Francais ne soit prive desorniais du droit de lire les livres de sa religion et les lois de son pays. II est bien terns de faire cesser une incurie dont le deplo- rable resultat est d'amener tons les ans dcvant les cours d'assises ime grande parlie des sept a huit mille individus qu'elles ont a juger, et la presence actuelle dans les bagnes et les prisons de pres de trente mille condamnes aux travanx forces , sans en compter quinze mille autres liberes, disperses dans toute la France, et places sous la suiveillancc de la baute police ! Songeons a I'avenir de la patrie! rendons a I'homme sa dignite , au citoyen sa place, a tons nos semblables un droit sacre qu'ils lieniient de leur naissance et des lois du pays, et qu'ils ont recu de Dieu menie! Par ces motifs, etdans le scul interet du bien ct de Tordre public, un simple citoyen sc cioit fon^- a invoquer la sagesse et la prevoyance des Chambres a reclamer I'execution imme- diate de la loi du i3 septembre 1791, et a demander qu'on prennc sans delai les mesures necessaiies a son cntier accom- plissenient , jusqu'a cc que I'inslruction primaire soit donnee dans toute I'etendue du royaume a tous les jcunes Francais des deux sexes. Je repete ici Ic tcxte de la loi: 11 sera cree et organise une instruction puhliqiie conumtne a tous les citoyens , gratuilc a Cegard des parties d'enseignrment indispemablas pour tous les hommes ( i j . et dont les titablissemcns seront dislribues gra- (i) II ne peut y avoir d'cquivoqiie sur le sens de ces mots. Lire, ECRiREet COMPTER, voila ce qui est de nt'cessite premiere pour tous les individus sans aucune exception , indqiendammenl de I'enseigne- ment religieux, qui apparlient nux ministres des diffi'iens rultes re- connus par la loi fondamentale. En faisaiit instruire la jeunessc , I'au- torite aura un autre devoir a remplii-, cVst de faire composer de bons iJvres mis A la portoe du peuple. PARIS. 8/, 3 dueUemcnt clans an rapport combine awe la division da royaiime. Un membre de la Sucictc pour I' instruction elemcntaire. Enseignement iNDUSTRiEL. — Cours de Chiniic experimen- tale fippliquee aux artset a ['agriculture , sui vi d'lin Coiirs iheo- rique et pratique de \' Art de fnbriquer Ic surrr de hctteraces et les divers amies produits del'iiidustrie agricole; par M. Dubrun- FAUT. — Ces cours, dont le programme so dislribue gratis an domicile du professeur, rue Pavee, n" 'it^, au Marais, seront ouverts an public dans le courant du mois d'avril prochain. Le professcur se propose de combiner les diverses etudes qui peuvent contribuer a former des hommes capables de creer et de diriger avec discernemeiit des etabiissemens d'itidustrie agri- cole, et plus parlicuiierement des sucreries de betteraves, qui aujourd'hui sontdignes de toute la soUicitude des proprictaires et des culrivateurs. Ces arts exigent par dessus tout des connais- sances chimiques; aussi le professeur promet de donner dans ses lecons la plus grande part a cette etude , qu'ii accompa- gneia d'experiences et d'exercices de manipulation. II annonce en outre des notions de niecanique, de physique etde culture, qui concourront au but indique. Le cours sera termine par des descriptions techniques des arts qui sont lies ou qui peuvent se Her a I'agriculture; et parmi ces descriptions, qui seront accompagnees d'experiences et eclaircies au moyen d'echan- tillons divers, de dessins executes sur grande echelle, ou meme le plus souvent de modeles mis en fonction, I'auteur promet de donner des soins particuliers et tons les developpemens desi- rables a I'art de fabricjuer le sucre de betteraves. II ne bornera passes travaux , poiu- cette branche de I'industrie, a une des- cription complete d«s procedes et des apparcils connus, et a leur manoeuvre executee sous les yeux et jiar les mains des eleves, mais il ne negligera aucune des tentatives propres a perfectionner toiites les operations (jui en sont suscep'.ibles. Ainsi les cours de M. Dubriuifaut, envisages sous ces deux points de vue , de former des hommes instruits et de perfec- tionner I'industrie par des r«cherches speciales , se recom- mandent doublemeut a Tinteret de tous les amis des progres ^.cs sciences et des arts utiles. Des jeunes Agypliens envoyes h Paris, en 1826. — Apres 4 ^T/.Jullien, de Paris , fondateur- direc- tpiir de la Revue Encyclopcdiqiie. — Monsieur, Dans la 110' li- vraison de votreintercssant Recueil , cahier de fevrier 1828, page 5491 apres avoir cite I'extrait d'une lettre d'un jeune ins- tituteur de Saint-Louis (Senegal), qui annonce avoir opere la delivrance de deux esclaves, vous ajoiitez cette reflexion : Les amis de I'humanite appreiidront avec douleur que I'etnblissement du Senegal n'a pas pour but l' abolition de I'csc lavage en Jfrique, et qu'on vend publiquement des esclaves a Saint-Louis , comme a la Martinique et a la Guadeloupe. Les deux laits cites n'etant pas a ma connaissance, je ne puis ni les avouer, ni les contester. II n'y .'tuiait rien de bien surpre- nant qu'ils eussent echappe a la surveillance des autoriles lo- cales; mais pourquoi I'auteur de ia letlre, qui n'ignorait ni la legislation , ni les ordrcs souvent renoiiveles du gonvernement colonial, n'a-t-il pas revele ces fails et reclame la liberie des esclaves, au lien de les racheter a ses depens? Voila ce qu'il seraif difficile d'expliquer, s'il n'etait pas tresvraisen)b!able que les deux pretendus esclaves n'etaient autres que des liberes en- gages ei terns , par suite de rachat , etat inteimediaire, lempo- raire, preparatoire de la liberie, institution necessaire qui n'a rien que de liberal et de phiiantropique. En supposant encore que deux esclaves , ou un plus grand nouibre nieme, eussent ete introduits en fraude a Saint-Louis, ce qui n'est pas fres-difHcile dans une ville ouverte, serait-il raisonnable de conclure de ces faits i soles , ct non patens , qu'on ne s'occupe pas de V abolition de I'esclavage au Senegal , et qu'on y vend publiquement de nouveaux esclaves ? Les efforts que j'ai faits pour I'aholition de la traite des Doirs, pendant pres de six aus que j'ai gouverne le Senegal , mes prin- cipes bien prononces sur cette matiere, les developpemens 846 1RA.NCE. qu'ils recoivent dans mes ecrits ^^i) , me doiincnt le droit dc re- clainer contre la n'Ofxion consignee dans votre estimable -fie- ('«<'. Celte reflexion est inexaote; elle pent nuire a la coloni- sation si inleressante du Senegal; elle est injiiste a I'egard du gouvcrnement, et tout-a-fait penihle pour tnoi, qui crois avoir bien nierite des amis de I'humanile. J'attends de votre obligeance que vous voudrez bien rectifier I'erreur que je vous signale. Agreez, monsieiw, {'assurance de mcs sentimens de haute con- sideration et de devoument. Baron Roger. N. B. Nous nous empressons de rectifier, par Tinserlion de la lettre de M. le baron Roger , I'erreiu' contenue dans Particle relatif an Senega! , que nous avait communique I'un de nos col- Iaborateius.*Tous les amis de Thumanite apprendront avee une vive satisfaction que I'infame commerce de la traite estcntiere- raent prohibe dans les etablissemens francai>en Afrique. L'ho- norable caractere et les sentimens philanlropiques bien connus de M. Roger ne permetteut pas de revoquer en doute son te- raoignagc sur ce siijet. Addition a I' article insere dans Ic cahier de Janvier , page 27^, sur r exploitation daj'er par les procedcs anglais. — En parlant des entreprises de la Compagnie des fonderics et forges de la Loire et de I'lsere , nous n'avons point fait mention de ce que lenouvel etablissement de la ^'om/^c doit aux soins et an\ talens de M. le directeur general des usincs de la Compagnie , M. Rene Leroux. Nous nous empressons de reparer cette omission, contre laquclle I'habile directeur general n'aurait pas reclame, mais quii serait contraire a lajustice, et par consequent a nos intentions. Theatres. — Theatre Francais. — Premiere representation de la Mort de Tibere , tragedie en cinq actes, par M. Lticien Arnault (samedi 2 fevrier). — Tibere commence cette longue suite d'emperenrs qui opprimerent le pcuple romain avec unc ferocite qui ressemble a la demence; des son enfance, son precepteur avait coutume de dire de lui que c'etait de la bone detrempee avec du sang , et la vie du tyran n'a que trop bien justifie !c jugcment porte sur ses premVeres annees. Cest le dernier jour de cette vie que le poete a voulu mettre en scene. Jl,es historiens ne s'accordent point sur le genre de mort de (l)Not;immenl Keledor, hlstoire africaine, dr. (Voy. ci-des.uis, p. fi/S.) PARIS. 847 Tibere. Scion Ics uiis, it niourut natLirellement ; seloii d'autres, sa fill Cut precipitee par I'assassinat. Siir Ic point de retourner a Capree, il fat rctenu a Misene par les progres du null qui consumaitsa vieillesse. Macron, chef des prctoriens, qui avait succede aSejan dans la faveur de Tihere, averti par Ic medecin Charicles, attendait I'ttvenement et avait tout prepare pour faire regner Caius. «Levieux tyran , dit un histoiien, loniba dans une defaillanceque I'on prit pour la uiort; deja Cains sorlaiten grand appareil pour se niontrer an peuple; tout a coup Tibei'c se ranime, appelle ses esclaves et dcmande quelque noin-riture. La terreur saisit toute sa cour: Caius, precipite de son espe- rance, reste immobile, n'attendant plus que sa derniere heure. MacroLi, sans se troubler, fait etouffer le vieil empereur sous des amas de couvertures, et ordonne que tout le monde se retire." C'est la scene princi|)ale de la piece, dont Taction est tres-faible, et oi'i il ne fant chercher que la peiutiu'e de I'agonie d'un tyran. Les trois premiers acles sont consacres au deve- loppement de ce caractere, qui mele a sa fcrocite un profond mepris pour les Romains. La derniere marque de haine qu'il veut donner a ce peuple, c'est de lui laisser un empereur plus mediant que lui-meme, et il fait choix de Caius Caligula, dont il a demele les inclinations perverses. Au quatrieme acte, Ti- bere tombe dans cette espece de lethargic qui fail croire a la mort; aussitot Macron convoque le senat ct proclame Caius. Des cris d'imprecation s'elevent de toutes parts contre Tibere, on renverse ses statues, on le maudit, et des acclamations uni- verselles saluent son successeur. En ce moment, le moribond , echappe des bras de la mort, mais pale etdel'ait, les vetemens eu dcsordre et convert seulement d'lui long manteau blanc, appa- raitau milieu de la foulestupefaite;ilaccabledes expressions de son mepris le senat, et Caius qu'il fait descendre du trone, et qu'on charge de fers. Toute cette foule si ardente, si exaltee, reste muette et frappee d'effroi, au seul aspect de ce fantome d'empereur qui ne vivra peut-etre pas uu jour. Cette insigne lachete ne fait qu'irriter la haine du tyran : il conjure son me- decin Charicles de prolonger sa vie de quelques instans qu'il puisse consacrer a la vengeance. Bientot une proscription nou- velle estordonnce; le frere et les propres enfans de Charicles y sont compris; Macron levele au medccin cette affreuse nou- velle, et, par ce moyen,^il le determine a hater de quelques momens la fin de ce monstrc. Charicles n'y consent que pour sauver sa famille, et s'empoisonne en empoisonnant I'empereur, C'est l<\une espece d'heroisme que Ton ne comprend pas; mais si la raison en est mal satisfaite, le drame y gagne une belle 848 FRANCE. situation, cclle ou Chariolts doclavft ai( lyian que scs crimes vonl liinr avcc sa vie. Tibere sentant sa fin piochaine revient k sa premiere idee; Caius pent le faire regretter, Cains rej^nera. On I'amene enchaine devant I'enipereur environne du senat; Tibere ordonne aux licteurs de lever ia hache sursa tele; il le fait nieltre a gcnonx devant Ini, il se complait a lui faire eprouver toutes les angoisses d'une mort prochaine, et a I'abreuvcr de mepris; c'est alors (ju'arrachant de son front la couronne de laurier, il la jette sur celui de Caius, et il meurt en Icguant aux Remains cet empereur deshonore. Ce tableau est dramatique, aussi bien quo ceUii du quatrieme acte, qui avait produit pcu d'effet a la premiere representation, mais auquel d'heureuses corrections ont rendu tout Teclat dont il brille maintenant. Tout ce quatrieme acte est original et dispose avec beaucoup de talent; on remarque aussi plusieurs belles scenes dans les trois premiers, de beaux vers , des mots d'une simplicite |>leine d'effet; enfin, sauf quelques traits, qu'il nous semblerait nc- cessaire de corriger, le caractere du principal personnage est bien trace. Cependant la piece ne semble pas destinee a une longue existence; on la voit avec plaisir, on va pen la revoir; c'est qu'elle manque de cet interct d'action que Ton cherche avant tout dans un ouvrage de theatre; le spectateur se soucie fort peu que Tibere cesse de regner et que Caligula lui succede; il se soucie nnoins encore d'une ombre de conspiration repu- blicaine, ourdie par Galba, et dont personne nc s'occupe dans la piece. Le tableau des dcrniers momens de Tibere est done le seul interet qui s'offre au spectateur; mais commc ce denoument n'excite aucune atlente , les evenemens qui le precedent et I'amenent n'eveillent pas meme la curiosite. On ne saurait trop repeter aux auteurs dramatiques qu'une situa- tion ne peut soutenir une tragedie , et que pour composer un drame il faut d'abord trouver une action. — Premiere rejiresentation de la princesse Aarelie. , come- die en cinq actes et eu vers, par M. Casiniir Delavigne. ( jeudi 6 mais). — Aurelie est une jeune reine qui regnait a Saierne, vers la fm du xvi* siecle , ou le commencement du xvii' , s'll faut en croire le costume des personnages; car rien dans la piece n'lndique I'epoque de Taction. Mineure en- core, Aurelie a etc mise, par le testament de son pere, sous I'autorite de trois ministres qui gouvernent en son nora, et dont le pouvoir s'etend jusque sur la main de la princesse, qui n'c-n peut disposer sans leur consentement unanime. Aurelie, dont les princes voisins recherchent I'alliance , aime en secret I'un de scs sujets, le jeune comte d'Avella, mieux dote par PARIS. 8/, 9 la ykiire que par la furtiine , et dont la liaiito iiaissance est sou- tomic par son niei'ito pcrsoiine! bwn [iliis (jiie parses richesses. Dans celtc luttc de I'amour et de I'orgiieil , Anrelie est bien dc- tidce a faire triompher I'amoui'; niais est-elle aimee du comte d'AvclIa? N'a-t-elle point de rivale, coMin)o Ic dcpit dii jeune comte, qtii se ci'oit dedaigne d'Anrelie, hii donne lieu dele siipposcr? Et qiiand elle serait bien convaincue qi'.'ellc est adoree , comment s'y prendrait-elle pour faire consentir ses tuleurs a im pareil hynien? Tel est le fond de la piece; telles sont les idees principales sur lesquelles M. Delavigne a ball son intrigue , et con'bine les incideiis de son dranie. Nous ii'es- saierons point de peindre, dans une rapide analyse, tous ces mouvemens de jalousie, d'amonr, de depit, qui font agir la princesse Aurelie, qui nous la niontrenl frailant le comte d'Avella tantot avec la plus majestneuse severite , tantdt avec la plus teudre bienveiilancc : mission qui rcssemble beaucoup a un exil, favenrs qui le rapproelient du trone, jiroposilion d'uiie commanderie dans I'oidre de Maltc, la prison, la cou- roimc enfin ; telles sont les alternatives qui revelcnt au spec- tateur une passion dont on ne dit pas un mot au jeunc d'Avella, pendant toute la piece, el dont on ne lui fait I'aveu qu'au mo- ment ou il se croit jjerdii. I! n'est pas besoin de dire au lecteur qui conuait le talent de M. Delavii^ne, combien cette donnee a du lui fournir de pensees fines et delicates, de trails piquans et passionues. Il faut surtout remarquer la scene ou la princesse annonce au comte qu'elle a jete les yeux sur lui pour en faire un chevalier de Malte, et celle ou, en lui faisant rcnthe compte (Tune mission militaire, elle ne vent que jienetrer les secrets senlimens de son coeur. Bien sure enfin qu'elle est aimee, la princesse s'occiqje de trouver une ruse ])our surprendre aux trois ministrcs un consentement qu'elle n'obtiendrait pas sans les tromper; malheureusement sa tache est trop facile, et I'au- teur lui a fait trop beaujeu. Nos trois ministres sout des sots si dis])03es a se laisser duper, que le speclateur s'interesse peu a un pjege dans lequel on est bien sur qu'iis vont iomber. Aurelie fait entendre a chacun d'eux que, decidee a elever un de ses sujets au rang de son cpoux, ce pout rait bien etrc lui- meme qui fixerait son choix. Les trois ministres se laissent prendre a la meme amorce; et lorsqu'iis ont remis a la prin- cesse I'acte d'emancipalion qui lui laisse desormais la libre dis- position de sa couronne et de sa main, elle monte sur son trone, et declare devant toute sa cour que le comte d'Avella est roi. Nous n'apprendrons rien au lecteur exerce, en lui di- sant que celtc combinaison ne pouvait produire qu'uu mediocre T. xxxvii. — Mars 1828. 54 85o FRANCE. effet; I'obstacle n'olait miUe pari; ni dans roigucil d<; la prin- cesse qui aime sans scrnpiili", ni dans la perspicacito des trois ministres, gens d'une credulite iin pen niaisc, d'nn ridicule un pen outre, et qui seniblent se moquer d'cnx-memes. Ces trois roles sont comnic nne longue epij^ramme dont tons Ics traits retombent la d'oiv ils partent; il y a dans celte n)aniere onun , ou I'on trouve nn trio deiicieux, Je ne suit rien, mvn Dicii, et un tres-beau cboeur, Que tcs temples. Seigneur ; le psaume x de Benedetto Marcel la ; quelques duos inadrigalesfjues de I'abbe Clari et de Handel ; I'admirable madrigal en ehceur. Alia ri\'a del Tebro , de I'immortel Palestrina ; les Sept Paroles da J.-C, de J. Haydn, et un grand nombre d'autres roorceaux de moin- dre importance. Cette annec, les pieces les plus remarquables qui aient etc cxecutees sont la grande cantate de Handel // Convito d'Jlessandro ,\a. premiere partie du Mcssie du meme compositeur, et le Christ au mont des Oliviers , de Beethoven. Je suis lache de ne pouvoir ni'arreter sur tous ces beaux ouvra- ges, dont I'etude est anjouid'hui si negligee, et qui poiirtant I'empoilent de beaucoup, a mon avis, sur la plupart des com- positions niodernes : mais je veux resserrer le pen d'espace qui me reste pour dire r.n mot de I'execution. Celle des masses est j.n;neralenieut bonne ; elle est meme sans contredit meilletu'e que dans tous uos theatres sans exception aucune, ct la raison en est sim|)le : les choristes chautent par metier, s'emploicnt le moins [lossiblc, et dans le scul but dc se debarrasscr au 854 FRANCE. plus vito d'une enmiyeusc beso{^ne ; Ics jciines elcves de I'ecole lie imisiqne leligieuse chantent avec aideiir cf par gout; iU n'altpndent pas qu'iin chef d'altaqne, qui ne voit jamais que rcxpressioii nialt'iielledf la miisique, les fassepartir en mesine. La, tout If iHoudc est altontif a la replique, et Ton n'eiitend qu'un sctd et unique son au moment des attaques. On nc peut accotdeilesmenu'seiogesau.vo/o; mais on ecsse d'etre exigeant, qiiaiul on songe a Tagc de la plupart des virtuoses. Un d'enlre eux merile d'etre distingue , comme donnant les pins grandes es[ierances; je vcux purler de M. Wartel : ce jeune homme possede un niagnifiqiie tenorc ; sa voix est bien limbree dans toute son etendue, il a de I'expression et de la chaleur; le tems lui fera acquerir la legerete qui lui manque : il pose fort bien la voix, et sous ce rapport, I'ecole de M. Chorou tout cntiere a toujours nierite les eloges des connaisseurs. Nous es- perons voir un jour M. Wartel obtenir des succes sur notre scene lyrique; Topera regenere trouvera certainement en lui un excellent sujet. On a pretendu que XEcolc royale de imisique religicuse ne devait pins fournir d'artistes aux theatres; le di- rccteur des beaux-arts est trop eclaire pour avoir pris une telle determination, qui d'ailleurs seraitinexecuiable. Les conserva- toires d'ltalie fournissaient et fouruissent encore des sujets a la scene et a I'eglise : chacun se trouve ainsi maitre de choisir la carriere pour laquelle il se sent le plus de dispositions. L'ex- perience prouve qu'on a toujours mal reussi quand on a voulu contrarier le gout des artistes ; sotivenons-uous de la decon- fiture de tous ceux que I'autorile a fait debuter a leur corps defendant sur des theatres royaux, etne cherchons si forcer le talent de personne. J. Adrien-Lafasge. , Imitation mimique, ventriloquie et illusion vocale porlees au plus haut degre de perfection. — L'artdu ventriloque, la faculte re- duite en veritable science d'imiter tous les sons , tous les bruits, toules les voix et leurs nuances innombrables, le talent de chan- ger instantanement I'expression de son visage , et dc prendre successivement et sans effort les caracteres de figure les plus dispar.ites , ne sont pas des choses absolument nouvelles en France. Decremps, celebre prestidigitateur du dernier siecle, avant lui Comus et Pinelli , et le fameux Cagliostro lui- meme, ont ete des ventriloques plus ou moins adroits qui s'aidaient de toutes les merveilles de la pliysique et de la chimie pour seduireles spectateurs et les amuser ou les irom- per. Aprcs eux , Thiemct ct le brave et maiheureux Fitz- PARIS. 855 James , tiie aii combat sous Paris, out attire la foiile par des scenes de veiitriloquie fort orijjinales , ou par des cliangc- ineus de figure a vue, qui alttstaicnt line etrange mobilite dans les muscles faciaux. Fitz-James n'etait pas mediocre- inent plaisant dans une scene du comite revolutionnaire^ jouee derriere uu paravent ; et Thiemet remportait tons les suffrages quand i! reprcscntait a lui seul un convent de moines , ie pere Joutlu , le pere Jovial, le pere Grognard, le pore Sansdent , etc., discutant sur la maniere d'accom- nioder un chapon. A ces artistes habiles a succede M. Comte , qui fait decouvrir de bonnes gens tonibes dans des puils , enfcrmes dans des tuyaux de pocle , ou nieme caches dans une tabatiere , mais qui nc s'est pas contcnte d'etre ven- triloque coninie Thiemet, qui a pris un vol plus elcve , et qui, apres avoir monfre qu'il n'c'tait pas inferieur en adrcsse aux Decreraps et auxPinelli, s'est fait direcfenr d'un theatre enfantin dont le succes n'est pas equivoque. M. Alexandre, Venn apres tons les autres, les surpasse encore par les nom- brcuses et singulieres expressions qu'il donne a sa physio- nomie , et par I'incroyable rapidite avec laquelle il change a la fois de visage et de vetement. II ne se contente pas, commc scs predecesseurs , de quelqucs scenes courles et de- tachees; il joue des pieces critieres dans lesquelles il fait, I'un apres I'autre, etsouvent tons ensemble, le vieillard, sa femme, le laquais, la pupiile, I'amoureux, ie docteur, le chien, le chat, la cuisine, le menuisier, meme TomeUtte qui bout sur le feu, etc. 11 revet en un clin d'ceil plus de vingt costumes differens, el sa figure prend un tcl caractere (piil est presque impossible de lui trouver quelques traits de ressemblance avec lui-memc et de le reconnaitre. C'est, sans contredit, le mime le plus eton- nant et le plus parfait des ventriloques qui ait existe. M. Alexandre, quia beaucoup voyage, a etc accueilli avec un vif interet dans la plupart des villes de I'Allemagne, de la Hollande et de la Belgique. II a sejourneassez long-tems dans la Grandc-Bretagne, et il s'est tellernent familiarise avec la languc de ce pays, qu'il y a joiie ses pieces en anglais, en imitant les inflexions particulieres a tons les ages, a toules les classes de la societe, a tous les accens provincianx; ce qui n'est pas la moins sur[)renantc des facultes dont I'a done la nature. Sir Walter Scott, apres I'avoir entendu, lui a adressc de tres-jolis vers, dans lesquels on retrouve la verve coniique et la gaiete qui caracterisent Tauteur de Waverley; et les carmes de Dublin , qui I'ont rc^H dans leur parloir, lui ont lU'livrc un certificat, qui attcste que ccs bons peres ne consacrent pas tout leur terns I 856 FRANCE. a la priore. Lcs princes dc I'pglise , an rcslo, out pailoiil ac- cut'illi avpc faver.r lo mime original ; el parmi v,n grand nonibre de lettres autographes do peisonnages distingues dont il s'est compose )in cviricux allxan , on rcmarqne les nonis . 23o , 739 et 428 ). Cette fois, on a ouvert les portes du Louvre a un tableau representant le Passage dti pont it Arcole ; seulement on n'en a jias insere la des- cription dans le livretou Ton Irouve au nom de M. H. Vernet : W io3i, plusieurs tableaux wewt^wH/weVo. Le Passage du pont d'ArcoIeest un de ces N°^ io3i. Je crios que celte petite pre- caution etait tres - inutile; tout le monde a parfaitement re- connu le sujet, ainsi que le personnage principal; mais, ce qui est digne de remarque, c'est que le public s'y est fort pen ar- rete. Cependant, le tableau n'est pas au-dessous du merite du peintre qui I'a execute; a quoi done attribuer cette froideur? Je n'en sais rien ; toutefois, elle prouve bien evidemmeut que le nom de Napoleon est devenu tout-a-fait historique, et qu'il n'a plus cette influence de parti qu'on voudrait lui attribuer. Il est un autre tableau qui a produit bien plus d'irapression: c'est le Passage de la Beresina , par M. Langlois. Ici, le nom de I'ex - empereiir n'etait pour rien dans 1 'emotion que Ton 86a FRANCE. eprouvait h la vue do cot c'-pisode de I'linc des plus giandes catastrophes dont I'liisloiie ait garde le souvenir. C'ctait la chose elle-meine qui saisissait ; en considerant ce spectacle , on ressentait ce qu'un ancien a si bien ex])rime en disant : « Homo Slim et nihil mild hiinuini nlieniim puto. « Oui ! il est im))OSsible d'avoir un coeur lunnain et de ne pas etre frappe d'une pro- foude douleur a la vue de cotlo masse de maUieiircux, fuyant la lance des Cosaques, ct qui , renverses les uns sur les aiitrcs, trouvaient sous les picds de leurs caniarades, ou dans le fleuve, la niort cpi'ils voulaienf eviter. Jesuis aliedevautce tableau avcc unofficier qui s'etait trouve temoin et acteur de cette terrible catastrophe; ilest reste nniet. Apres I'avoir considere quelque tenis avec lui en silence, je ltd ai demande ce qu'il en pensait: «Ah ! c'est bien eela, >■ ni'a-t-il repondu d'un ton de voix emue. C'est toutco qu'il put me dire, et c'est le plus bel eloge que Ton puisse faire du tableau. Lors de I'exposition au profit des Grecs,j'ai rendu comple d'un tableau de M. H. Vernet dont le sujet est emprunte au Mazeppn de Byron (voy. t. XXX, p. 578). Cet artiste a rcfait le mcme sujet. Cette fois il nous a montre le cheval fuyaul vers ses steppes natales ; Mazeppa est expirant. Des loups qui comp- tent sur une proie certaiiie suivent le cheval qui franchit avec peine les obstacles qu'il rencontre; on craint qu'il ne puisse les surmonter : la presence des loups, leurs yeux de feu, font craindre un denoument funeste et prochain, et donnent ."i cette scene un caractcre tragique. .I'aime beaucoup mieux ce tableau que le premier; il est mieux concu et mieux execute; puis, les loups sont veritablement vivans. M. BouLANGER a traite le meme sujet ; seulement i! a choisi un autre moment : celiii 011 Ic conite palatin fait attaclicr Ma- zeppa sur un cheval indompte. La critique la plus juste que Ton puisse faire de ce tableau, c'est de lui opposer ctlui dont je viens de parler, non pas comme execution, car je ne pretends pas qu'un jeune honune puisse, du premier coup , atteiudre a I'habilete de M. H. Vernet; mais sous le rapport de la pen- see. En effet, Mazeppa, lorsqu'on I'attache sur le cheval, offre bien moins d'interct que dans le moment represente par M. H. Vernet. Dans le tableau de M. Boulanger , on est incertain sur sou avenir;on pent esperer qu'il sera delivre; dans celui de M. Vernet, il est au milieu d'un desert, loin de tout secours, sa perte parait assuree. Et puis, pourquoi avoir represente un sujet de cette nature dans les proportions historiques? Ce ne devait etre qu'un tableau de chevalet. Je dirai encore a M. Bou- langer que la disposition de sa scene n'est pas heureuse , et PARIS. 863 enfui, qu'il faut etre , clans tons les cas, iidele aux costumes: c'est une condition dunt on ne saiuait s'ccaiter. An reste , c'cst iiu essai, et rien , dans cet essai , ne dit que M. Boulangcr ne sera pas mieux inspire une autre fois. M. Steuben qui est, je crois, d'orij^'ine russe, a consacie son pinceau a reproduire plusieurs circonsLinces de la vie de Pierre-le- Grand. Le tableau ou il la lepresente surpris par une tempcte, surlelac Ladoga, lui assura une reputation justeuient merilee. Cette foi'i, c'est un sujet non moins interessant, de la jeunesse du meme prince , qu'il a mis sous les yeux dn public. Poursiiivie par des meiirtriers , lors de la premiere revoke des Stre- litz , sa mere se refiigie dans une chapeile , place son fils sous la protection de la Vierge, et menace les assassins de la vengeance divine , s'ils osent consommer leur crime. Cette scene est concue et executee avec chaleur; la tzarine est ;i genoux sur les degres de I'autel et montre I'image de la vierge aux furieux qui la suivaient ; I'un des deux s'est deja prosterne; I'aulre s'arrete et fait nn mouvement en arriere. L'enfant, debont, leur fait face el les regarde dun air mena- cant. II y a, dans sa pose et dans I'expression de sa tete , un courage fier et calme qui sied bien a celui qui, depiiis, fut Pierre-le-Grand. Tout est bien dans cet ouvrage. Quelques personnes ont pretendu que la scene avait un aspect theatral; je ne partage pas cette opinion ; et la seule chose que Ton puisse dire, c'est que, peut -etre , M. Steuben a eu tort de faire ses figures plus grandes que nature. Dans un tableau de petite proportion , cet artiste a rcpre- sente le meme prince offrantsa couronnc h Catherine. L'execulion en est prccieuse et soignee ; la couleur est brillante ; la scene est bien disposee; c'est enfin un fort joli tableau. Je n'ai point encore parle, et je me le reproche , du Saint Etienne portant des secours a une pauvre famillc , de M. Leon CoGNiET. II y a de I'onction dans la figure du saint ; la tete est d'une belle couleur; celle du vieillard couclie est d'un bon caractere; seulement je trouve qu'il y a trop de noir dans les ombres. Les deux jeunes acolytes sont egalement deux bonnes figures. Je u'ai done , pour ainsi dire, que des eloges a donner a cet artiste, et je m'en felicite, car j'eprouve beaucoup de plaisir i louer. II faut, malheureusement, queje quitte ce role avec M. Champ- martin , qui , dans un tableau de tres-grande dimension , a re- presente les janissaires massacres par I'aga pacha. Dans tout ce tableau, on ne voit, je crois, que deux jarabes rcclles du pacha; tout le reste est une confusion oii Ton ne reconnait rien. On 864 FRANCE. dit que ret aitiste ,i ('-te temoin de la catastrophe qu'il a repic- sentec. 11 me senible impo.s^iible que , dans imo bagarre de celt*; nature, il n'y ail pas cu im de ces mallieiaoux janissaires qui n'ait ossaye de hitter; qui ne se soit eleveau-dessus des au- trcs , materiellement parlaiit ; enfin qu'il ne se soit presente quelqu'episode qui cut perniis au peintre de faire autre chose qu'un troupeau de nioutons, ;iux abois, fuyant devant le loup qui va les devorei-. On s'accorde, toutcfois, a dire que plu- sieurs parties; de cc tableau sont bien peintes : c'est done du talent nial employe. Deux figures que M. Dubuffe appelle le souvenir, ct, les regrets , out beaucoup atlire I'attentiou publique. Ce sont deux femmes, couchees et a demi-niies. L'une tient un portrait et le considere avec complaisance; I'autre eloigne ce nieme por- trait avec une expression de colere et de depit tres-marques. C'est le meme personnage dans deux situations differentcs. Ce qui fait le succes des ouvrages de cette nature, c'est bien moins leur nierite reel , que les idees qu'iis reveillent. Au fait , la cou- leur est assez brillante, mais elle n'est pas toujours vraie; le dessin n'est pas pur; enfin le caraclere de la tetc manque d'ele- vation : c'est une grisette plutot qu'une femme du monde; mais les nus, la situation, I'expression , tout cela arrete les regards du public. Apres les compositions historiqucs, dont jusqu'ici je nie suis exclusivement occupe, a quelques exceptions pres, le genre Ic plus difficile, et des-lors le plus important, est celui des por- traits. M. Gerard , I'un des plus grands peintres d'histoire dont I'ecole francaise puisse sc glorifier, a porte dans ce genre un gout et une habilete dont il vient de donner une nouvelle preuve. Il avait a retracer les traits d'un homme d'etat celebre : 31. Canning. Dans Ic siecle dernier, on n'auraitpas nianqne de mettre pres de lui une table, des papiers; de lui faire Icnir a la main quclque bill ou un discours au parlement. Ce n'est pas ainsi que le peintre celebre dont je viens dc parler s'y est pris. Dans un portrait, c'est I'homme que Ton veut voir; qu'impor- tent les accessoires? ils augmentent I'etendue de la toile, mais ils n'ajoutent ricn a I'interet que pent inspirer le personnage represente. M. Gerard nous a montre M. Canning, assis sur un fauteuil , dans une pose simple, mais il a su animer cette belle tcte, et c'est la le secret du talent. M. Ingres a envoye a I'exposition deux portraits, Vun de femme et Cautrc d'hommc. Cct artiste sait faire valoir et termi- ner toutcs les parties de ces sortes d'ouvrages, sans que I'effet principal en soit affaibli. Cette qualile se retrouve dans les deux PARIS. 865 portraits dont je viens dc parler; ct ccpendant quoiqiie I'exe- ciition en soil cgaleiiient parfaite, ils n'onl pas Ic meme charnie a nies yeux; celui do fciiime me plait moins que Tautre. En essayant de me rendre compte de cette impression , il m'a paru que cela tonait a ce que ce portrait est plus grand que nature. A moins qu'une femme n'ait des traits d'un tres-grand carac- tere , elle doit perdre ii ce sysleme qui me semble devoir atte- nuer ce qu'il peut y avoir de fin et de delicat dans sa physio- noniie. Cost, aureste, un doute que j'exprime. Je trouve aussi que les contours out un peu de secheresse ; la couleur des yeux a quclque chose qui semble manquer de verite. Quant au portrait d'homme , on peut le mettre a cote de ce que les maitres les plus habiles nous ont laisse en ce genre; le modele est bien pose; I'execution est ferme et souple tout a la fois, les mains sont fort belles; c'est enfin un ouvrage tres-remarquable. Des quatre portraits dus au pinceau de M. Gros, il en est un , celui dii Roi a c/wvcil, qui n'a pas ete goute du public. Je ue sais poui'quoi cet artiste a voulu rajennir le roi; il en est resulte un defaut de rcssemblance tres-marque; or, la ressem- blance est veritablement !e but, I'objet d'un portrait; puis, sous le rapport de I'execution, on a trouve (ju'il n'etait pas a la hauteur du talent de M. Gros. Celui de AJ. Villcmanzy, su- perieur de beaucoup a celui du roi , me parait avoir un defaut que je n'avais encore trouve dans aucun ouvrage du menie artiste: de la durete; mais , en revanche, comme celui de M . Mac'tps est bien modele ! quelle verite dans les tons de chair ! C'est aussi un charmant portrait que celui de inademai- selle Korsakoff ; la figure est posee avec une simplicite naive qui convient bien a I'age du modele ; la couleur de la poitrine est d'une finesse remarquable, et Ton sent la vie courir sous la toile. Le portrait deiJi. de La Mennals, par M. Paulin Guerin, a beaucoup attire Fattention publique, et il le meritait a tons egards. Il est execute avec simplicite, sans recherche d'elTet, mais c'est la nature elle-meme que Ton croit avoir sous les yeux, et cela dispense de tout elogc, ou pour mieux dire, c'est le plus beleloge que Ton puisse faire d'une production qui a I'imi- tation de la nature pour objet. Le caractere meditolif de cette tcte, doute d'une grande puissance de raisounemeiit et de talent, est fort bien indique; on lit dans les yeux cette ardour de fame qui pousse aux grandes cntreprises, et en considurant le portrait avec attention , il semble que Ton s'identifie avec la penseo actuelle du modele. Dans le nombre des portraits exposes par M. RouiLLARn , et T. XXXVII. — Mars 1S28. 55 866 FRANCE. qui decolent tons un grand talent, il on est nn surtout qui merittr d'etre distingue : c'est cclui dc M. de J'illclc. II est impossil)le de niieux peindre unc tete el de reprodiiire plus (ideloment son modele. Unc anecdote reccnte vient a I'appui de inos elnges. On dit que, ces jours derniers, un mauvais plaisant a applique sur le cadre une l)ande od etaicnt ecrits ces vers si connus : II n'est point de serpent , ni de monstre odieux , Qni, par I'art imiie, ne puisse plaire anx yeux : D'un pinceaii dclicat rariifice agrcable Du plus affreux objet fuitini objet almable. Qiiand je considere les portraits de M. Hersent, je nc puis m'empeclier de regrctter qu'il ait abandonne la pcinture histo- rique. Sans doute on trouve dans scs portraits de la grace, de I'habilete , dc la delicattsse de pinceau , enfin tout cc qui fait le charme de ce genre; mais, coinme nous n'avons pas dans I'ecole beaucoup dc pcintres qui puissent nous faire des Gns- tave fVasa , jesuis fache qu'il ait abandonne une carriere dans laquelle il a donue tant de prcuves de talent. M"« GoDEFRoi a expose plusieurs portraits remr.rquables; celui qui a le n° 1662, entre autres, est bien pose et bien ajuste; la couleur a beaucoup d'edat, sans cesser d'etre vraie; la tete est modelee avec finesse; c'est enfin un fort bel ou- vrage. Je crois qu'a molns que cela soit exige par le modele, ou qu'il s'agisse d'unc pcinture d'apparat, on doil eviter dc faire un portrait d'honune en pied. En effet, que gagne-t-on a montrer plus que le buste ? Nos costumes sont si miserables qu'ils ne peuvent avoir aucun intcret pittoresque ; d'ailleurs que veut-on connaitre d'un homme celeb re ? Le caractere et I'expression de la physionomie; le rapport du moral nil phjsi(juc : c'est la le veritable motif de la curiosite qui nous pousse a le regarder. M. Belloc a represente M. Boissy d'Jnglas dans un paysage, assis sur un banc, tenant une sortc d'instrument aratoire a la main. Cela vcut dire sans doute que ce celebre jihilantrope aimait son jardin, ses fleurs; qu'il avait cette simplicite de gout qui se rencontre presque toujonrs avec une belle ame et un grand talent? C'est un detail de maurs qu'il fallait laisser au biographe. Ce que le peintre dcvait nous montrer , c'est cette belle tete de vieillard qui exprinie les plus nobles senti- mens. Tout ce qui est inutile en pcinture nuit a I'effet principal. Je crois que ce portrait aurait produit plus d'impression, si I'attention n'avait etc distraite de son veritable but par les de- tails de paysage et d'accessoires que le peintre y a introduits. Au PARIS. 867 teste , ce tableau est d'une belle couleiir-, et la tele est fort bien modelee. Le portrait sous le 11° 1 5i i , I'un de ceux que M. Maizaissf. a exposes, est, dit-ou, celui de son pere. La tendresse (iliale I'a fort bien inspire, car c'cst un tres-bcl ouvrage; la tetc est lumineuse et grassement niodeU-e, ce qui lui donne beaucoup de ressort; puis , I'expression a cette sorte dc simplicitc- vl de naivete que Ton n'obtient que lorsqu'on s'attaclie a reproduire fideleraent la nature. C'est aussi un fort beau portrait que celui de 31. le marquis de G. , par M. Monanteuil; on y trouve un dessin pur, un pinceau ferme et brillant; c'est done un ouvrage qui doit ctre distingue. Un portrait elefemme , de M. Decaisne, sotis le n" 278, m'a arrete plusieurs fois. i.e caractere de la tete a quelqiic chose demelancoliquebien exprime; puis il regne dans le ciel, comnie dans I'ensemble desaccessoires, une puissance de ton qui donne du ressort a ce tableau, et md-me une certaine harmonic qui rn'a plu. Parini les peintres de paysages et de marines, il en est lu), M. GuDijf, qui, depuis la dcrnicre exposition, a pris un essof extraordinaire. Les pecheurs ont bati une mauvaise cabane sur une plage aride oi^i ils etendent leurs filets; vers la fin de la journee le soleil vient eclairer leurs derniers travaux. Les ressauts et le ton dore de la lumiere sont rendns avec une veritc et un charme qui causent une veritable admiration. C'est ce que M. Gudin ajipelle le coucher da soldi. L' entree dcs echelles est im paysagc d'un aspect enchanteur; la lumiere, distribuee avec art, en eclaire bien toutes les parties; les eaux du torrent qui sillonne le vallon sont rendues avec beaucoup de verite , et ajoutent al'interet de ce beau lieu. La touche de M. Gudin est large et facile; il observe bien; il rend avec justesse et avec charme ce qu'il a observe ; il a devant lui un bcl avcnir, mais il a un ecueil a eviter : c'est que les eloges qu'il mcrite ne le rendent moins difficile pour lui - meme : il serait fiicheux qn'un aussi beau talent se pervertit. Une grande marine de ce meme artiste a beaucoup attire les regards : celie on ii a represente un valsseau de la compagnie des Indcs devore par un incendic , pendant une tcmpete. Menaces par les flots et par le feu qui pcut , d'un instant a I'autre , fairc sauter le batiment , les passagers et I'eqiiipage se hatent de se jeler dans des embarcations , au risque d'etre engloulis par les vagues. C'est au moyen d'une corde, a laquclle on les attache deux a deux , qu'il.s descendent dans les chaloupes. Pousses 55. 8G8 FRANCE. par la fuifur da vent, Ics niallicuieiix voient la corde s'abais- ser, taiulis que la barque s'eloigne. Cc spectacle ct les scenes (jiii se passont sur Ic vaissoaii ont un caractere draniatique, qui donne a cette production un grand interet. Les canx sont !)icn rcndues ; les figures mienx faites que I'on etait en droit de I'exigerd'un peinlre de marine ; aussi ce tableau me ]jarait-il mettrc son auteur tout-a fait hors de pair. Comment n'a-t-oa pas charge M. Gudin de repri'senter le combat de Navarin ? II est un genre quia une grande importance a mes yeux, et qui, liepuis quelqnes aniiees, a pris un developpenient consi- derable; c'est la peinturc sur jJorccUiine. C'cst sur poicclaine que M. Constantin a reproduit I'entrce (le Henri IF dans Paris , de M. Gerard, ,1'ai deja expiinie dans ec rccueil (voy. tom. XXXIII, pag. 878 j, mon opinion sur ce tableau , que je regarde comme une des plus belles productions de I'ecole francaise. II me suffira, pour faire I'eloge de M. Cons- tantin , de dire qu'i! a rendu le maiire yvec luie grande lidelite. On salt qu'en faisant vernir tm tableau trop lot, il pousse an noir. M. Gerard s'est vu dans cette necessite. Pour remedier a cette alteration, M. Constantin a donne a sa copie un ton plus clair, et, de cette manieri;,- il a rendu I'effet de I'original, tel qu'il etait, lorsqu'il est sorti carriere des sciences, plusieurs concuient |)Our lui,des cetteepoquc,unc affection qui ne s'est jamais denieniie. Teh furent Beutiiollet et Brousson- NET, demeures fideles a cet atlacliement juscju'a lemmorl; et ]>!us tard notre illuslte Bosc, qui rend encore aiijourd'liui desi imporlans services aux sciences ijatureiles. A uu esprit pene- trant et fin, le doctenr Gibelin joignait Ies qualites du cceur Ies plus donees , Ies formes Ies plus aimables : ces dispositions interessantes ne cesserentde lui attirer des amis , et il n'en per- dit jamais aucun. II alia ensuite a Londres ou il fut rrcu membrc de la Societe medicole. Frappe de i'importance de qucl!]nes livrcs anglais pour Ies progres de la physique et de !a nicdecine, il concut alors le projet d'en enrichir nos ecoles , en Ies traduisaut en francais. Cetce idee Ic ramena a Paris, en 1774; et des I'annee 1775 , il commenea a publier ses Iradnctions , dont la premiere fut le TraiteAe. Priestley sur difft'rcntcs especcs (fair, en neiif volumes in-ia. Ses Iravanx dans ce genre sc continucreiit jus- qu'a lantiee 1791, 011 il pnblia Ies deux derniers volumes de son Abrege des transactions philosopliiqurs dc la Societe royalc dc Londres, concernant !a botauique et la physique vegetale. Dans Tintervalle il fit paraitre Ies ouvrages suivans : Expe- riences et Obsp-i'ittions sur dijferentes branches de la pJiysique par le meme Priestley, 1782, 4 vol. in - 12. ; Traite sur Ic venin de la vipere , sur Ies poisons americains , etc., par Felix FoNTANA, imprime en francais, a Florence, 1791 , deux vol. in-/i'^ , tradnit par Gibelin sur le manuscrit italien de I'auteur, son ami'particnlier ; Observations sur Ies maladies veneriennes , par SwEDiAUR, 1784, in -8"; lilemens dc mineralogie dc KiR- wan , 1785, in-8" ; Jbrege des transactions philnsophiques de la Societe royalc de Londres ; Histoire naturelle , 1784 , 2 vol. in - 8*^ ; Histoire des progres et de la chute de la repiiblique ro- rtiaine , par Jdaw Ferguson ( dont la premiere nioitie sen- lement appartient a Demennier, et dont la moitie dn quatrieme volume et Ies trois suivans sont de Gibelin et non de Bergier , coiiime on I'a dit ) , 1784 , 7 vol. in-8" et in-12 ; Memoires de la vie prii'ee de Benjamin Franldin , i''" partic, finissant a I'an- nee 1757, traduits par Gibelin, sur le manuscril original de lauteur. Tandis qu'il s'occupait de ces ouvrages, le marquis de Me- PARIS. 877 JAKES [J.-B.-M.dc Piquet) mourut k Paris, le 5 octobre 1786, ;i[)res avoir legiie ii la province de Provence la niagnifiqiie bi- biiolheque qu'il avail formtee , avec rintention de la rendre pu- bliqiie dans !a viile d'Aix. Ce genereus citoyen , done de toiitcs les connaissances necessaires pour unesi noble entieprise, avait employe plus de trente annees a rassembler a cet effet au-deli (le qiiatre-vingt millc volumes, renfcrmant les ouvrages les jilus iniportans dans les sciences, les lettres, I'histoire generale, et i)articulierement dans I'histoire politique el administrative de la Provence. En 1787, I'assemblec des Communes du Pays accepta ce legs; et aussitot on s'occupa de reunir les livres restcs a Aries, a Aix, a Paris, apres la mort de I'acquereur. Le savant abbe Rive , qui avait dirige auparavant la biblio- thequedu due de La Valliere, fut nomme Ijibliothecaire, et le docteur GiBELiN lui fut donne pour adjoint. Rive, deja frappe deparalysie,ne pouvant s'occuper du rassemblement des livres, tout ce travail fut a la charge du docteur Gibelin; et Rive etant mort ii Marseille , le 20 octobie 1791, celui-ci se troava seul charge de la conservation de ce precieux depot , et du soin d'en dresser le catalogue. Les estimables quahtes de cet homme de bien, qui n'avaient contribue jusqu'alors qu'aux jouissances de sa famille et de ses amis, tonrnerent des ce moment au proGt de la chose pu- blique. En 179^; i794, dans les annees suivantes, qiioique prive de tout Iraitemcnt, il nc cessa de s'occuper de la forma- tion du catalogue, et de la garde assidue du depot qui lui avait etc contie. L'estime universelle ne I'abandonna point dans ces terns de troubles. Son esprit conciliant aplanissait les diflicultes que de freqiientes occasions pouvaicnt faire naitre; il eat le bonheur de garantir son tresor dc toute dispersion, et celui de conserver sa vie. Long-lems encore, apres que la tranquillite fut retablie, il continua son travail sans emolumens; et cnfin le 16 novembre 18 10, la bibliothcque ayant ete ouverte au public, il recut dc ses concitoyens un honorable prix de son devoument. Le consoil municipal de cette epoque, et le maire qui le presidait, homme aussi recommandabic parses lumieres que par son amour pour les arts, M. Sallier, proprietairc d'une belle collection d'antiquites qu'il a formce liu-meme, eleverent dans les salles de cette bibliotheque , a cote du buste du fondateur, deux cippes de marbre, sur I'un desquels fut grave le noni de Jacques Gibelin, accompagne de I'enonce dc ses titres a la gratitude publique. Au 20 mars i8x4, les administrateurs se trouvant suspen- dus, un prefet digoemcnt informe, ayant a choisir pour la 878 FRANCE— PARIS, ville d'Aix un maire qui joiiissait an plus haul dcgrc dc I'cg- time publique , sut, par le credit que lui donnait son uierilc-, niaiutenif daus I'ordre tons Ics pariis, et il choisit I'avocat Dubreuil, ancicn assesseur dans i'adniinistiation de la pro- vince. A ce maire il fallait des adjoinls dij^nes de lui ; I'un d'eux futle docteur Gibelin; etcette municipalite, aussi vii^ilante que fcrnie et devouee, parvint h niaintcriir la cite dans une tran- quillite parfaite, au milieu des passions qui fcrmentaient a chaqne sccousse ])olitique. L'exercice de sa profession de medccin, etsestravauxbibiio- graphiques, n'cmpechaient pas le docteur Gibelin de se livrer a d'autres etudes. En 1809, fut etablie a Aix une Socictc acadc- miquc , conuue aujourd'hui danS le monde savant par troi« volumes de memoires. Apres avoir coopere a sa formation, il en devint des I'origine le secretaire perpetuel , et il ne cessa pas d'cn ctre I'ame. De long- terns on n'oubtiera dans la ville d'Aix I'interet des rapports qu'il preseniait chaque annee dans la seance publiqne de cette academic. Ce travail kii donnait uaturellement occasion de developper S'amenile de son carac- tere autant que la variete de ses coiinaissances et les ressources de son esprit. Nul ne connut mieux que lui I'art de relcvcr un sujet , et de louer fmemcnt, sans outrcpasser la racsure. Des qualites si precieuses le rendirent le confident des tra- vaux de plus d'i;n litterateur; et chaque fois qu'il etait consullej, ses avis bienveillans lui valaient un nouvel ami. Prive de la vue, dans les deux deruieres annees de sa vie, cette infirmite n'altera point la tranipiiUite de son ame. Il n'a pas cesse de s'occuper des sciences et des lettrcs; et , malgre son grand age, sa memoire u'avait rien laisse ccliapper de son vaste savoir, sa critique n'avait rien perdu de sa procber et comparer tour a tour, soit I'etat des sciences et des eleinens de la civilisation dans chaque pays , soit Ics natinns elles-raemes, sous les differeus rapports sous lesquels on a eu occasion de les considerer. LcADEMiES. Voyez SociETES SA- I Accord dcla foi avficla raison,etc., V ANTES. 5oO. (') On souscrit pour ce Recueil scientifique et litteraire, dont il parait un cabier dc quatorze feuilles d'impression tons les mois, au Bureau CENTRAL d'abonnement , rue d' Enfei-Sainl- Michel , n" 18; cbez Arthus Bertrand, rue Hautefeuille, u" 28, et cbez Renouard, rue doTournon, u" G. Prix de la souscription : a Paris, 46 fr. pour un an; dans les departemens, ■ 53 fr. ; 60 fr. dans I'etranger. T. XXWIT. 56 882 TAHLK ANALl'lIQUF. Ader. Plutarque des Pays - Bas , 74!. AdMIJMISTK ATION MILITAIRF,, -(!(). PIIBI.IQUE, 45't, 772, 773. Adiieii-Larasge(J.), C— B., 47S. — N.,854. AFRrQUR, J'46,321, 338, 344, 49'^ 549- Aghija, Tasrhciibuch, 4fi4- Agoiib(,T.),C.— A.,C.88. Agricui-ture, aSo, 54', 735. — (Mir I'etat de 1' ) dans le nurd de rEurope, etc., par Lampato, Alaiix , peintre. La Justice qui amene I'aboiulance et I'iiidus- trie sur la terrc. Tableau d'onie- meiit du Musoe Charles X, 3i4. Albert -Montemont. Voyage dans ies cinq parties du nionde, 175. — C. B., 224j 520. Alexandre. Minieetventriloque le plus par fait qui ait existe, 855. Alger, 246, 5i i. Allard ( J. T. Pascal ), C — B. , 206. ALi-iiniAGKE, i34, 253, 456, 5(io , 718, 827. Alliages rnetalliques. Foy. Herve. Almacli, ,443. Almajsach des electeurs de Paris etdes dc'partemens, aoo. — des Muses, 216. — Foj. Bon jardinier. - — philantropique. yoy. Cassln. — dn commerce de Paris, desde- partemeus, etc., 75S. — parisien, oulistede55,oooprin- cipaux babitans de Paris , 758. .^melioration ( Notice surl') des troupeauxen France, par G. F. Ternaux, if)3. AmEKIQTJE MERIDIONALE , III, 245. — septentrionale , io8, 242 , 43G, 5/,«, (igS, 809. (Notice sur Ies indigenes de r)et surlesantiquitesindieniips, par F. W. Assal, 719. Amours (Les) de Camoens et de Ca - ib.erini" d'Ataule, par M"""Gau- tier, 53o. Amy liobsait , draine, ])ar faul Fouclie, 577. Analyse verbale, en anglais, de riiisSoire de Venise, pur Saint- Real , employee comme moyen dVnseigner le francais , etc. 708. Akalvses (II) d'ouvrages anglais: O'Neill, oil le Rebelle, poiime par E. Litton Buhver (//. E. P.), loi. • — Bibliotbeque des con- naissances usuelles ( Z?. L — r), 364. — Troisicme rapport sur les emigrations et les colonisa- tions (7. Pj. S.), 3y4. — d'ouvrages es/)no^«o/.f; Histoire de la revolution de Colombio , par Jose Manuel Restrepo {L. i. 0.),643. — d'ouvrages franciiis : Histoire naturelle des poissons, par Cu- vier ( /'O'^' de Sninl - Vincent') , 43. — Collection des cbroniqiies nationales francaises, par J. A. Buclion. {J. C.L. cle Sisinondi) , Sa. — Guerre des Vendeens et des Chouans con're la repu- blique francaise ( i\'. ) , 71. . — ■ Discouis du gcnu'ialFoy(/i.6'.), 83.— OEuvres cb.oisies etOEu- vres inedites d'Evariste Parny {X. P. D. ), 90— Le Petit Pro- ducteur francais, par Charles Dujjin {Ferrj), Z'^'\. — Du sys- teme penal et du systtme re- pressif en geiJeia),et dels peine de moit en particulier , par Charles Lucas {A. Taillnndier), 382.— Histoire de la guerre de la Peniusule, par le general Fi)y [/iiigiisle Fable), 404. — Le loman de Rou et des dues de Normandie, par Robert Wace ( Deppiiig ) , 43'>' — Provei bes Dramatiques par Theodore Le; clerc ; les Soirees de Neuillv ; Provei bes romantiques , par A. IJES MA Roniieii ; Proverbes dramatic ques , de J. B. S.uivnge ( //. frt- ft'«) , 429. — Letlie de rauteiir du concoiirs oiivei't a Geneve , eii'1826, en faveur de raholi- tioa dc la peine de mort , etc. De la justice de prevoyance, etc. par Edouard Ducpetiaux ( Cli. Renouard) , 632. — Cromwell , draine par Victor Hufjo [Ckau- vfr),654. — Le Voyagede Grece, poenie par Pierre Le'iniii ( //. Patiii'), 665. — Keledor, liistoire africaine, par Roger {Jninard) , 67, i. — Description d'Egypte pu- bliee par C. L. F. Panckoucke {J. Agoub), 688. — d'ouvrages /"i^ej ; Recueil des actes de la seance solennelle de I'Academie iniperiale des scien- ces de Saint-Pelersbourg , 626. Alf ATOMIE, 749- — generale (Elemens d'), etc., par P. A. Beclard, 74''- — (Abrege d')physiologique, etc , par Philippe Uccelli, i5i. — conipareedu systfeme dentaire chcz rhoninrie et chez. les prin- cipaux animaux,par Rousseau, i63 — de rbomme , etc., ))ar Jules Cloquet,publiee parC. de Las- teyrie, 49' . 748- Ancelot.L'Important, coinedieen vers, 299. Audral flls (G.). ^oy. Lemercier. Andrieux, de I'lnstitut. Cours de litterature francaise, 287. — Lettre a M"* au sujet d'lin ar- ticle de la Gazette univeiselle de Lyon, 535. Anglemont (Edouaid d' ). yojez Berthe et Robert. Angleterre. '''oy. Gb\inue Bre- TAGNE. Annales lomantiques , Recueil de morceaux choisis de littera- ture coutemj)oraine, 216. Ankuaire pour 1828, publieaux frais du roi des Pays-Bas , 479. TIERES. 881^ — par le Bureau des longitudes de Paris, 489. Aii^priiche [Ueber die ) na'erns an Landestlieile des Gross Herzog- (hums Baden, 724. a]ntili,es, 547. Antiquites, 688, 821. Apercu geograpbiqiie sur le Por- tugal, etc. , par H. S., 5 14. Apologues en quatre vers,traduits du russe,de J. J. Dinitrief, en polonais, par B. Reutla , 71 f. Aquarelle, f^oy. Manuel. — ( Art de peindre a 1'), par Tlio- mas Smith, 5,39. .■\queduc ( De 1' ) et de la grandc (ontaine de Perouse, etc., par J. B; Vermiglioli , 132. Aragoii ( M""^ Alexandrine). Foj. Epicurien. AitcHEOioGiE , 253 , 458 , 460. f^'vyez aiissi Antiquitbs. Architecture, 233, 234, 257. — f'of. Dictionnaire. — ( Traite d' ) de Vitruve , avec les commentaires de plusieurs savans, 474- Ardenni (Pli.). Manuel dupoelier f'uniisle, 755. Arfwedson. f^oyez Nomimatioks acvdemiques. Arithmetique, 171,276. — pratique, par Desnanot, 75j. Arlincoui t (D'). f'oj. Ismalie. Armet. P'oy. Isainbert. Arnault (Lucien). La Mort de Ti- bere, tragedie, 846. Art militairk , 174 , 552 , 737 , 738, 818. ^oj. Rocqancourt. — vetekinaire, 166. (L') de verifier les dates, depuis I'annee 1770 jusqu'a nos jours , 20f . Arts ihuhstriex-s, 172, 374, 478, 493, 735, 755. Artilierie a vapeur, 55i. AsCETIQUE. f^Oy. SclEMCES HUI.I- GIEUSES. AsiE, 246,8 to. 88/, T-> Assal (F. jy.). Kachrichten i'tber die friiheren Einwohner -von Nord- Amerika, herausgegeben -von S. J. Mone, 719. Assurances ( Traite des ). Foj-ez Boulay-Paty. — - — terrestres. Voy. Quenanlt. AsTBOivoMiE, Syo. — elementaire par A. Quetelet, traduite en hollandais par R. Lobatto, y36. Alhenee royal de Paris, 294. Atlas degeographieancieune,etc , par Letronue, 493. — geographique et statistique des departemens de la France et de ces colonies, 75(). • — pour servir a la geogranhiedes plantes, par Schouw, 717. — des oiseauxd'Europe , etc., par J. C.Verner, 48^. Aubuisson de Voisins. Traite du mouvement de I'eau dans les tuyaux deconduite, 754- Audouin. Voj. Crustarcs. Au Hasard; fragment sans suite d'une bistoire sans fin, etc., par Ad. Breant , 796. Aurore boreale, 569. AvA (Deuxannees a ), parTrant, B Babois (Mm« Victoire). f. Elegies. Balbl (Adrien). L'empereur d'Au- trichelui fait remettrela grande medaille d'or, pour son Atlas etbnographique du globe, 5fio. — C— M., 593. Bailly (J.L. A). rqr.Bibliotheques. Balistique ( Theorie ) , par J. F. Scheer de Lioiiastre, 737. Babbarie, "il-fi, 338. Barbier(Antoine Alexandre). Voj. Catalogue. Barde(Le) des Vosges. Recueil de poesies, par Pellet, 519. Barigot. Voy. Teleniaque travesti. Bartbelemy! T'oy. Etrenncs. B;>rue('Sulpice). ^or. Cuisinicre. AKAL\Tlyl)E Baudrillart. Foj-. Code forestier. Bautain (L.). Voy. Morale. Bautier ( Alex. ). Tableau analy- tique de la Flore parisienne , 487. Bavi^re (Pretentions de la cou- ronne de) a la possession tcrri- toriale d'une portion du grand- ducbe de Bade, 724. Beaumont ( J. A. B. ). Travels in liuenos-Ayres, etc., 44'- Beaux-Arts, 146, 23 1, 257.264 > 3o2, 535, 579,688,796, 857. Beclard ( P. A. ). f'oy. Anatomie gener.ile. Becourt (A. de ). Art de fabriquer toutes sortes d'ouVrages en pa- pier , etc. , 493. Art de construire en car- tonnage toutes sortes d'ou- vrages, 493. BeUaiiger[ IV. A. ). Modern french and english conversation, 241. Belles letthes. yoy. Litteha- TURE. Belloc, peintre. M. Boissy d'An- glas. Tableau de I'exposition de 1827, a Paris, 866. — (M>ne L. S wanton), C. Les ar- ticles signes L. Svv. B. Bennet ( R. G. ). Voyez Decou- vertes. Benzel-Sternau. Voy. Conversion. Bergmann. Manuel des maladies de la peau, etc., i65. Bertbe et Robert , poeme , pai Edouard d'Anglemont, 782. BerviUe ( Saint-Albin) , C. — M. 616. Bergery ( E. L. ). Voy. Geometric appliquee. Berne, roj. Waltliaid. Bible. Voy. Yillanueva. — de Vence, en latin et en fran- cais, 178, 759. — Voy. Ecriture sainte. BiBLIOGRArHIE , Io8, 229, 23o , 231,436,476,533,698. Bibliotlicque des connaissances usuelles, A , 364. 1)ES MATIERES. — dramatique italienne. Publica- tion prochaiiie, 564. BlBLIOTHEQDES ( NotlCCS llistO- riques sur les) anciennes et mo- dernes,etc.,par J. L. A.Bailly, 329. Bigel. Examen de la methode cu- rat! veduD'. Hahnemann, 45 1. Bignan (A.), foj. Ermite. Bigot deMorogues. Voy. Politique religieuse. BioGRAPHiE, 206, 442 , 443, 467 , 48a j 5i5 , 74r, 775, 8o5. — des hommes vivaus de I'Angle- terre, 120. liiography of the signers to the de- claration of independence of the United States, 1 1 o. Birmans (Empire des), 701. Blanqui. Histoire dc Texposition desproduiisde I'industrie fran- caise, 197. hlaqniere's { Rd. ). Letters from Greece, 704. Blondel, peintre. La France rece- vant la Charte constitulion- nelle. Tableau qui orne le pla- fond du grand salon du Musee Charles X, 3r r. IJoccace. /^ty. Ciampi. Bohemiens (Les),poemerusse, i3o. Bon Jardinier ( Le ) , alnianach ponr I'an 1828, par A. Poiteau et Vilmorin, 488. Bonnefond, peintre de Lyon. Une jenne femme secourue par des religieux. Tableau de I'exposi- tion de 1827, ^ Paris , 3i3. IJonnington, peintreanglais. Line Vue de Venise. Tableau de la nidme exposition, 3i6. IJory de Saint-Vincent, C. — A. , 43. Bosellini ( Ch. ). I oyez Necko- X,OGIE. B0T.VNIQUE,'233, 347, 278, 486, 487,541,717. Botzaris el Chrysei,et quelques hpi OS de la Grece moderne, ro- 885 Da- man historique, par M ring, 53 1. Bouchene Lefer, C— B., 767. Bouillon , peintre. La Clemence d'Auguste envers Cinna. Ta- bleau d'ornement du Musee Charles X,3ii. Boulanger, peintre. Mazeppa at- tache sur un cheval indompte. Tableau de I'exposition dei82-, a Paris, 862. ' Boulay - Paty ( P. S. ). Traite des assurances et des confrats a la grosse d'Enierigon , etc. , 189. Bourckhardt (Charles). Rapport sur les etablissemens de deleu ■ tiou de la Suisse, 465. Bourguignon. Manuel du jury, 5o3. Boyard. Des liberies garaniies par la Charte, 186. Bieant (Ad.). Voj. Au Hasard. Bres, C. — B., 5oo, 522. Breschet. yoy. Recherches anato- miques. Bretonneau. Notices sur les pro- nrict^s de quelques insectes de la famille des cantharides, 571. Brisenx. Fojr. Racine. Brown, f^oy. Hieroglyphes. Buchon. Foy. Chroniques. BuENOS-AvKES, 44i- Bui LETIN BIBLIO(;RArH(QUE ( III ) : AUeniagne , i34, 456 , 718. — Chili, I II. — Dancniark , i33 , 717. — Etats - Unis, 108, 436 , 698.-^ France , 161 , 483 , 745. — Grande-Bretagne, 117, 438, 700. — Italic, i5o, 470, ySi. — P.iys-Bas, i57, 478, 736. — Po- logne, i32, 45i, 716.— Russie , 126, 446, 711.— SuMe, 453.— Suisse, 147, 465, 727. Bulos. yoy. Perspective. Buniouf (Eugene). I'oy. lade. Busoni. /^o)'. Racine. Byron (Lord) et quelques-uns de ses conipatriotes , [lar Leigh Hunt, 443. «86 C C;iau. Rapport sur I'etat des co- lonies lie bienfaisance otablies dans les j)rovinces septeiitrio- nales des Pays-Eas, 48 r. Caleiidrier dii dix-neuvi^me sit'- cle, 7J8. Cnlculs fails, a I'usage des indus- fiicls en general , etc. , par Le- noir, ijr. Calistlienie , ou Gymnastique des jcuiies lilies, j5o. Cjlza. f'oj. Dlctionnnire dn no- taiiat. Campagnes de Catalogne. f-'oy. Memoires. Canning ( George ). f'oj. Me- moires. Canons de Peikins, 55 1. Capefigua (B.). Vie do saint Vin- cent de Paul, 206. Ciiradeuc (De). f^or. Urbin Fo- sano Cnrove. Utbir die allein seligma- chende Kirch e , i34. Caiove ( Fred. Guill. ), C— B. , 723. Carte figurative de rinstruclion pop'ilaire des Pays-Bas , ySS. des proportions statistirjues entrc les provinces du royaume des Pays-Bas , par H. Somer- liausen , ySS. Cartonnage. f'oy. Becourt. Carter ( iV. H. ). Letters from Eu- rope , etc. , 437- Cassas ( Louis Francois ). ^oj . Necrologie. Cassiii (Eugfene). Almaaach pbi- lantropique , ou Tableau des societes et institutions de bien- faisance, etc., 509. Catalogue des livres condamnes depuis i8r4 jusqu'a ce jour, a.-o. — des livres imprimes et niann- scrits defeuM. A. A. Barbier, 23l. TaBLK ANaI.\TH>UE Catnlogiis artifwiiin, sii'e architecti, statiiarii, scii//)toris, etc. Grceco- riiin et Roinanorun litterarum ur- dine positi a Julio Sillig, 146. Cataracte congeniale. ^oj. Lu- sardi. Catberinc, ou la Mesalliance, par Mme**«, 2 2(). Catbolicisnie ( Le ) et le Protes- tantisnie, consideres dans leurs constitutions, etc., parClaus- .seii, 1 33. Cauchy. Usage du calcul iles re sidns , etc., i-^Ci. Certitude ( Nonvel Essai sur la ), par I'abbe Vrindls , Sot. Chacun de son cote , comedie en prose, par Maz^res, 297. Cbalmers ( Tboinas ). ^or. Dis- cours. Cbanipmarlin , peiiitre. Les Ja- nissaires niassacie par I'Aga- Pacba. Tableau de I'expositioM de 1828, a Paris, 86.3. Cbancclier (Le) et les Censeurs, roman de moeurs, ])ar de La- niotlie-Langon , 790. Chansonnier des Dames, 5it. Chants du siecle , par Adolphe Nicolas , 2 t3. — belleniens de W. Muller, 5 18. Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock, comedie en |)iose, par Alexandre Duval, 85i. Charles Jean, roi de Suede. /'"j. Recueil de lettres. Cbatelain.Memoiresurlesmoyens a employer pour punir Alger et detruire la piraterie, etc. , 5ii. Chavannes ( D. A. ). Rapport sur la malson de detention de Lau- sanne, 465. Chauvet , C— M. , 32i. — A., 654. — N. , 590. Cbieri. yoy. Cliburio. Children s ( Tlie) fire side , etc. , 125. ChII,! , III, 245. Chimie , 276 , 735. — experimentale (Cours de ) ap- UES MATllinKS. pliquee anx aits et a ['agricul- ture , par Dubruiifaut , 843. Chine, lyS. CnlKUHGIli. f'^oy. SciF.KCES JIE- DI-CALES. Choroij. f^oj: Concerts. Christmas (The) llox , i24- Chroniques ( Collection des ) ua- tionales fiaiicaises , etc. , par J. A. Buchon , A. , 52. ChROJSOLOGIE f l33, 20I. Cinmpi ( iV. ). LcLCera dimesser Gio Boccacio f etc. , 1 55. Cibiario ( £. ). Delia Storia di Chieri, l54. Cicconi ( Louis). A'ty. Malvira. CiviLiSATioif de I'At'rique. I'oy. Notice. 1 — de I'lnterieur de I'Afrique. f'oy. Drovetii. — ( Progies de la ). f^oy. Gou- dinet. — en France, riij. Smith. Claiissen. CathoUcismens op; Pro- teslantismens , etc. , i33. Cliniat du Chili, 245. — (Tableau de I'etat du ) en Da- nemark, par Schouv , 717. Climatolugie ( Observations pour servir a la ) comparee , par Schouv , 7/7. Clinique medicale, etc. , par Ler- miuier, if)4. Cloquet ( Jules ). Foy. Anatomic de rhomme. Code foreslier, etc., public par Baudri!l,irt, 191. — des maitres de poste , des en- trepreneurs de diligences et de roulage , etc. , par A. Lanoe , 5o8. Coguiet ( Leon), peintre. Saint Etlenne portant des secours a une panvie famille. Tableau de Texpositioii de 1827, a Paris, 863. Coldenip- Roscwinge. Damke Re- ccsser , 718. . Dnnske Gnardsierfer og Stads- retter, 718. College royal de France, 28-. — de Geneve. A^o/. Plan d'ame- lioration. Collin [illatthaui Edlen von) nach- gelassene Cedi:h!e , heiaiisgrr^v- ben von J . von HamnuT^ 4^3. Coi-OMBia , (J43. Colonel ( Le ) Duvar, Cls nature! de Napoleon, etc., 222. Colonies belgiques de bienfai- sance de Frederiks-Oord et de Woitel, 2fi4, 480, 4Sr. Colonisations. Voy. Emigrations. Combat ( Le ) de tiente Bretnns coiitre trente Anglais, etc.. } or G. A. Crapelet, 5i2. — ( Le ) de Navarin , par E. Mi- clielet , 520. Comedi;;s bistoriques, pur L. Ne- pumucene Lemercier, 220. Commerce, 700, 758, 809. — ( Traite sur le ) des Pays-Bas , par J. Van Omverkerk de Vries, 73g. — de France. Voy. Moreau ( Cesar ). Compagnie des mines de Real del Monte. Rapport fait a I'a.ssem- blee generale de celte com- pagnie , 438. Comte. The;\tre , 220. Concerts de I'ecole royale de mu- sique religieuse , dirigre par M. Choron , 85a. t'onformation de h Essai. Conseil de salnbrite Conseil-d'Etat ( Du ) mis en har- niouie avec les principes de la cliaite constitutionnLllf- , p.T Mongalvy, 766. Considerations geneiales sur la republique des lettres en 1827, M., 5. 1 Constantin , i^eintre sur porce- \ laine. L'enlree de Henri W ( dans Paris, d'apres Gerard. Ta- ] bleau de I'ex position de 1827- i a Paris , 868. terre. ^oy. .67. 888 TABLE Deux ANaI.YTIQUK Constantinople, ^oj nees. Conslitiicion politica del esrado de. Chile, 112. CoNTES. yoy. Rom .VMS. en vers et poesies de Charles Pougens , 2i5. — irlundais , precedes d'une in- troduction , par P. A. Dufau , 532. Conversations francaises et an- glaises. Voy. Ballanger. Conversion ( Relation historique de la ) des comtes Ch. E. et G. Benzel-Sternau ,721. Cooper ( Th.). Lectures on the ele- ments of political economy, 108. Cordellier-Delanouf. l-'oy. Epi- tre. Correspondance de Fenelon , la plupart inedile , 211. Corse , 6o4- COSMOGKAPHIE , 483. Cosmorama , ou Voyage dans les differentes parties du monde, Conpin ( P. A. ). Voy. Reclama- tion. Court, peintre. La mort de Cesar et la mort dUippolyte. Deux tableaux de I'exposition de 1827, a Paris, 3i5. Coxe (William ). roy. Espagne- Crapelet ( G. A. ). roj. Combat. Crivelli, avocat, C— B. , 607. Cromwell , dranie , par Victor Hugo , A. , 65/i. Crustaces ( Syst^menerveux des). Memoire y relatif d'Audnin et Milne Edwards, 838. Cuisinl^re (La) de la campagne etdelaville, parSulpiceBarue, 172. CuLTE. yoy. Sciences reli- GIEUSES. Cuvier ( Baron ). Histoire natu- relle des poissons , A. , 43. T) Daminois (M'"' Ad^le). yoy. Mes Souvenirs. Danemakk, i33, aSi, 717, 817. Dante Jlighieri's lyrische Oedichle, ilbersezt von C. I.. Kannegiesser, i45. Daring (M"'"'). Toj. Botzaris. Davuidof ( Denis'). Examen de trois passages des Memoires de Napoleon, 448- Debraux ( Em. ). yoy. Peyron- net. Docaisne , peintre. Ses tableaux a I'exposition de 1827, a Paris, 867. Decouvertes (Dissertation sur les) des Beiges dans I'Amerique , I'Austraiie, etc., par R. G.Ben- net et J. VanWyk, i6o. Decrusy. yoy. Isambert. Defauconpret ( A. J. B. ). Voy. Reuben Apsley. Degeorge ( Frederic ). yoy. Es- says. Delacroix , peintre. L'empereur Justinien coinposant ses lois. Tableau d'ornement du mnsee Charles X, 3i3. Un Christ au Jardin des Olives. Tableau de I'exposition de 1827, a Paris , 3i5. Delaroche, peintre. La mort du president Duranti.Tableaud'or- nement du musee Charles X , 3ii. Sardanapale. Tableau de i'exposition a Paris, 58a. I,a mort d'Elisabeth. Ta- bleau de la m^me exposition , 858. Delavigne ( Casimir ). La Pnn- cesse Aurelie, comedie en vers, 848. Delisle or the distrustful man, 443- Delonnc, peintre. Hector repro- chant a Paris sa lAchet^. Ta- I)ES MATIKRES. bleau de I'exposition de 1827, a Paris, 58 1. Deportation des forcats liberes. yoy. Observations. Deppiiig, C. — A., 4^0. — B., 719. Voj. NoMIKATIOJfS ACADKMI- QUES. Dercy ( Francois ). Voy. Mo- liere. Desmaziferes ( J. B. H. J. ). Voy. Plantes cryptogames. Desnanot. Voyez. Arithm^tique pratique. Desorniery ( M""" Eveline ). Poe- sies , 787. Uessin, 23i, aSa, 233, 237, 538, 539. Deux Annees a Constantinople et en IMoree , etc., par C... D..., 537. Deveria ( Eugene ) , peintre. La nnissance de Henri IV. Ta- bleau de I'expositiou de 1827, a Paris , 3 14. — Foy. Iconographie instruc- tive. DiCTioNNAiRE d'Arcliitecture , etc. , par Vagnat , 233. — bibliograpbique des savans, bistoriens et gens de lettres de la France, par J. M. Guerard, 533. — ( Nouveau ) de poche , fran- cais-anglais et anglais-fran- cais, par Th. Nugent , 542. — historique , etc. , par I'abbe F. X.de Feller, 775. — et bibliographic de la masi- que , par Pierre Lichtenthal , 476. — du notariat, par Calza, 473- — de peinture, traduit de Taii- glais, par Bulos, 538. Digby ( Kenelin ) voy. Memoirs. Discipline des colleges. Voy. Hum- bert. Discours sur la revelation cbre- tienne, consldereeen harmonic avec l'astrononiiemodernc,par Thomas Chalmers, 180. T. xxxvii. — prononc^ & I'Duverture du col- lege de New- York, par J. Gris- com, 436. — sur la verite , par Saint-Albin Berville, M. , 616. — du general Foy, A. , 83. Dniitrief (J. J. ). Voy. Apolo- gues. Dogmatique (Systemede) chre- tieiine, par P. E. MuUer, i34. Doin ( M""' Sophie ). Nouvelles blanches et noires , 329. Donato's Parallel between the ha- mihoiiiaii sjslem and the old sys- tem , 707. DoUAMES, 129, 546. Doublet de Boisthibault ( J. ) , C— B. , 5o8. Dreux du Radier. Voy. Metnoires historiques. DhOiT. Voy. Jurisprudence. — FKANCAis. V-oi)-. Galisset. UES GENS , 246. IfATUREI. , 567. PENAL , 383. KOMAIN, 761. — KURAL ( Cours de ) , par Gui- chard pere, 507. Droits sur rimportation desetof- fes aux Etats-Uuis, 546- Drolling , peintre. La Loi des- cend sur ia terre , etc. Tableau qui orne lo plafond d'une des salles du Musee Charles X , 3l2. Drcvetti ( Sur un projet de M.) pour preparer la civilisation de i'interieur de I'Afrique , M. , 344- Dubniufaut. Voy. Chimie experi- mentalc Dubuffe , peintre. Le Souvenir et les Regrets. Deux tableaux de I'exposition de 1827,3 Paris, 864. Duchesne. Examen de nos lois f'lectorales , etc., 764. Duchesne ( E. ). Voy. Geometric descriptive. 57 Du Couiliier. Voyage dans la v.Tllee des Originaux , ypS. Diicpeliaux ( Edouaid ). De la justice de prcvoyance , A. , 63i. Uiifaii ( P. A. ). roy. Coutes ir- Inndais. Du|jin (Charles), de I'lnstitiit , C— M. , 34. Le petit Producteiir J A. , 374. Foy. Pagani. f^oj. Forces electorales. Diipre , peiiitre. Un Grec arbo- raut I'etendard des Hellenes sur les murs de Salone. Ta- bleau de l.'exposition de 1827, a Paris , 58o. Duval ( Alexandre ). T'oy. Char- les II. Duvau. Essai statistiqne sur le depart. d'Indre>-€t-Loire , etc. , 572. E Eauxthehmai.es, i52, 604. Eclectisme,ou Premieis Priiicijies de philosophic generale , par Fred. deReiffenberg, iSg. 6coi.E gratuite des sciences ap- pliquees aux arts et metiers, etablie a Dole, 275. ^.COLES de charite , de /Lau- sanne, 828. ECONOMIE DOMESTIQUE , 17a , 238, 239,735. POI.1T1QUE, 14 > 34' ( Lecons elementaires d') , par Thomas Cooper, io8. f^uy. Edmons. — RTJRALE, i63, 239, 735. I\cossE. for- Grande-Bketagjme. Kcriture sainte ( Introduction pratique pour tous les livres de 1'), parC. F.Staudlin, 456. Edda (L')et son origine, etc., par Finn Magnusen, 717. tditsetOrdonnancesdesrois dela maison dOldenbourg , publics TABLK ANaIYTIOUK par Colderup-Rosenvinge, 718. Edmons ( T. R. ). Practical, moinl and political Economy , 44^- Edouard etLucile, ou le Patriote a la fin du xvin* si^cle,par Th.L. 792. Education, 465. Egerton (Thomas). Voy. Life. Eglise ( De r ) hors de laquelle il n'y a pas de salut, par Caroy6, 134. fioYPTE, 460. Egypte ( Description del'), etc., publieeparC.L.F. Panckoucke, _ A., 688. Egyptiens ( Des jeunes) envoycs a Paris, 843. Elegies et autres poesies riisses de D. Glebof, 45o. Elegies et poesies deM"" Victoire Rabois, 784. Eloquence (Tentative pour re- tarder la decadence de 1' ) en Italic , par Charles - Antoine Pezzi, 782. DK I.A CHAIRE, 1 34. DE LA TRIBUNE, 83. Elucubrationsd'un prisonnier d'e- tat, etc., 140, Emerigon. yoy. Boulay-Paty. Emeric-David, de I'lnstitut. C. — , N.,878.. Emetique."!. Voy. Marcq. Emigrations ( Rapport fait k la Chanibre des communes d'An- gleterre sur les) et les colonisa- tions, A., 394. Ekcouragement donne aux let- tres par la duchesse deParme, 357. aux sciences par rempereur d'Autriche, 56o. Encyclopedic portative , ou Re- sume uuiversel des sciences, des lettres et des arts, 484. EnSEIGNEillElNT ELESIENTAIBE , 839. ( Propagation de 1' ) en France ,674- — INDUSTBIFL, 275, 84 • ' DEi MATILRI'.S. Eiiseigiienieiit fles langues. f^oyez Siintagnello. — ^'oj. Donato. — f^oy. Piati. — yoy. Analyse verbale. Enlendement ( Qii'est - ce que 1' ) dans son etat sain?, etc., par J. D. Romagnosi,73 I. Entomologie, 571. Ephemeres (Les) , on la Vie en uii jour , tragi -coinedie , jiar Pi- card et ***, 678. Epicurien (L' ) , on la Vierge de Memphis, traduit de I'anglais d-i Thomas Moore, par M""*^ Alexan- drine Aragon, 223. Epitre k sir Walter Scott , par Cordellier-Delanouf, 219. EscLAVAGE, 242, 810, 845. — des negres dans I'^tablissemeut francaisdu Senegal, 549. ESPAGKE, 2f)3. Espagne ( L' ) sous les rois de la maison de Bourbon , etc. , par W. Coxe , traduit en francais par A. Muriel, 5i i. Essai snr les modifications ap- portees a la conformation de la teire depuis sa creation, par Jo- seph J. D., 483. --• statistique sur la presse perio- dique du globe, M., Sgl. Essays , etc. by Frederic Degeorge , 123. Elablissement orthopedique et gymnastiqueduMont-Parnasse, a Paris, 294. ErATS-Ums, 108, 242, 436, 54^, 698, 727, 809. Ethkogkaphie , 23r , 496,536, 673, 701. Etoile(L')des Mages. Recherch'es .sur I'annee de la naissancede Jesus - Christ , par Frederic Munter, i33. Etrennes a M. Villele , on nos Adieux au minislere, par Mery et Barthelemy, 2 10. Etrennes litteraihes, 124, ' '5, •J16, 464 ,521. Etude sur la revolution grecque , et sur le sort probable reserve alaGr&ce,M., 349. Euripidc. Voy. Hermann. Exploitation du fer par les prece- des anglais, dans la mine de La Voulte , departenjent de I'Ar- dtche , 273. Exploitation du fer par les proce- des anglais, 846. Exposition des produits de I'in- dustrie francaise. Voy Blanqui. — des beaux-arts, a Milan, 257, — des ouvrages de peinture, a Ma- drid^ 264- — des tableaux , i Paris, 3o7, 535, 579, 796, 857. F Fablier ( Le ) de Flore , ou Choix de fables sur les fleurs , 522. Fabre ( J. A.. ). Notice sur la ville de Frejus, 170. — C. — A., 404. Fabrique d'armes ( Description de la ) de Toula , par Joseph Hamel, 126. Falkensteins Geschichte der geogia- phischen Eiirdec/iiingsreisen, 718. Faust , tragedie de Goethe , tia- duite en francais par Gerard , 524. Feller ( F. X. de ). Foj-. Diciiou- nalre historique. Femme (La), ou les six Amours , nouvelles par M""^Ellse Voiart, 224. Fenelon. Poy. Cr.rrespondauce. Ferry, C— A. , 372. — B. , 171. Fleu"r,s(Choix des plusbelles),etc., par P. J. Kedoutc, 233. — ( Choix de fables sur les). Tor. Fablier. Flore parisicnne. Voy. Bautier. Foi catholiqiie (Principes sur les- quels repose la), 5oo. Fongeiay. Les soirees de Neuilly, A., 429. Hi)2 TABLK ANALYTiyUF. Fontanna ev tiakzyseraia, etc., 716. Fontenelle ( Julia de ), C. — B. , 167. Forcats. f'^oj. Queutin. Forces ^lectorales de la France a la fin de 1827, etc. , par Char- les Dupin, 757. — productives et commercialcs du midi de la France , 3e arti- cle, M., 34. FoRicTs, 191, 19a, igB. Fossati, C. — B., i5i, iSa. Foucli6 ( Paul), yojr. Amy Rob- sart. Foy ( General ). Histoire de la guerre de !a Peninsule sous Napoleon , A. , 404. Foy. Discours. Fragmens puises dans ina vie et dans mon terns, par JeanWit, 140. Fragonard, peintre. Francois I""' accompagne de la reine de Na- varre. Tableau qui orne le pla- fond d'une salle du musee Charles X , 807. FnANCK, 52, 71, i6i, 278, 437, 483, 497, 569, 745, 834. — ( La ) litteraire. Foy. Gue- rard. Francoeur, C. — B. , 289, 498, 754, 756. — Comparaison du metre fraii- ^ais avec les mesures franca i- ses , 277. — Cours complet de niath^ma- tiques pures, 751. Francois de NeufchAleau ( Nico- las). Foj. Neckologif, Franklin ( James ). The present state of Hayti , 119. Fratricide (Le), ou Gilles de Bre- tagne, chronique du xv'' si^cle, par Walsh, 221. Frejus ( Ville de). /'oj. Fabre. Fresnel ( Aug. Jean ). Voy. Ne- CROLOGIE. Frictions mercurielles employees avec succes contre la peste , aSg. Friendship's ( The ) offering , etc. , 124. Frissard ( P. F. ). Theatre de- Dieppe, 284. Galisset. Corps du droit fran- cais, etc., 5o8. Gallois ( Leonard ). /'oy. I ettres historiques. Gassies, peintre. La Mort du pre- sident Brisson. Tableau d'orne- ment du Musee Charles X , 811. Gautier ( M'"^ ). Les Amours de Camoens et de Catherine d'A- taide, 53o. Geneai-ogie, 488. Geographie, 458, 498, 494> 5i4> 573 , 718 , 719 , 756, 759, 820 , 835. — physique et historique de la France , par V. A. Loiioi , 75fi. Geometrie descriptive (Elcmens de ) , etc. , par E. Duchesne , 492. — ( La ) appropriee aux arts et metiers, par Lemaire, 4/8. — ( Resume du cours normal de ) et mecanique des arts et me- tiers, par Pagani, 478. — appliquee a I'industrie , etc. , par E. L. Bergery, 753. Georgiques (Les) de Virgile, tra- duites en ottave rima , par I'au- teur de Vl/iacle italiana, 788. G6rard. Voy. Faust. Gerard , peintre. Saiiite Therese. Tableau de I'exposition de 1827, a Paris, 857. — — Portrait de M. Canning. Tableau de la meme exposition , 864- Gergonne (J. D.) Annales de ma- thematiqucs pures et appli- quees, 239. Geringer. yoy. Inde francaise. GeschitUche DarsteUiin^ des Riick- iritts der Graf en C. E. unci G. ISenzel - Steriiaii, Ji i. Gibelin (Jacques), foj-. Necho- LOGIK. Gioja (i)7.) Filosojia della statislica, 470. Girard de Caiideniberg. Notice sur de noiiveaiix niortiers by- drauliques qu'on oblient avec les arenes, 17/4. Glebof (^Dmitri). Eieguiii drotiguiia slikhotvoreniid, 45o- Godefroi ( Mil'), peintre. Ses ta- bleaux a lexposifion de 1827 , a Paris, 8fifi. Golbery (Ph.). C— B., i45, 147 , 462, 54t , 727. Gondlnet(Ad.).C.— B., 186,491, 753, 769. Coup d'cEil sur les progres de la civilisation, 763. Goujon (Jean). OEuvre. Grave au trait d'apres ses st.itues et ses bas-reliefs , pai' Reveil, 797. Grande - Bretagne ,117, 247 , 437, 438, 55i, 700, 811. Granger, peintre. Pelee delivrant Andromaqiie. Tableau de I'ex- position de 1827, a Paris, 58o. Gravitue , 799. Gkece. 160, 198, 349» 665. — ( Description geographique et archeologique de In), par Kruse, 458. — ( Lettres sur la ) , etc. , par Ed. Blaquiere, 704. Griscom ( John ). An address pro- nounced at the opening of the New-York high-school , 436. Gros , peinlre. Le Roi donnant aux arts le Musee Charles X. Tableau qui orne le plafond d'une salle de ce Musee, 3o3. La Gloire s'appuyant sur la Vertu ; Mars couronue par la Victoire ; le Tems eleve la Ve- rite vers les marches du trone. Trois tableaux qui ornent une autre salle du meine Musee, 3o5. Quatre portraits, dont lun lERKS. Sf)*^ celui duRoia cheval. Tableaux de I'exposition de 1827, a Pa- ris, 865. Gouache, f'oy. Manuel. Gudin , peinlre. Ses tableaux a I'exposition de 1827, a Paris , 867. Gucrard (J. M.). La France lilte- raire, 533. Guerin ( Paulin ), peintre. M. de La Mennais. 1 ableau de I'ex- position de 1827, a Paris, 865. Guerres des Vendeens et des Chouans contre la republique francaise , etc. a""" article, A. , 7'- ' . , Guichard, pere. yoy. Droit rural. GnicJe des jeunes employes, par N. L. Renson, /,8i. Guilford (Comte de). P'oy. North. Guillemot, peinlre. Clenience de Marc-Aurele. Tableau d'orue- mcnt du Musee Charles X , 3ii. Gurney. for. Volturea vapeur. Gymnastique des jeunes gens, 750. — des jeunes filles. P'ojez Calis- thenie. H Hahnemann, f^oy. Homeopathic. Haiti , 549. — ( I't-tat present de ), etc., par James Franklin, fiQ. Hamel. Opissanie ToidsAavooronjei- navo zavoda, etc., 126. Hamilton. T^ny. Donato. — Voj. Snntagnello. Hammer ( J. de ). J oy. Collin. Haschke. Voy. Necrologie. Haussez ( B. d' ). Rapport fait a I'assemblee gtnerale de la So- ciete j)iiur Textinciion de la mendicite dans la ville de Bor- deaux, 772. Hauterive (C. d'). Mctbode pour sc former en pen de tems a une prononciation facile et corrects SgJj TABLE ANM.VTIOUF lies laiigues etrangferes, 5i(i. HazzUtt ( jyUluim). The life of Na- fiolton Bonaparte, 44'^- Heim, peintre. Le Vesuve rece- vnnt de Jupiter ie feu qui doll consumer les villes d'Hercula- luiin, etc. Tableau qui oriie ie plafond d'unedessalles du Mu- soe Charles X, Soy. Hellas, Oiler geogrophisch antiqiia- rische Darstelliing des alten Gric- chenlandes von Krtisc, 458. Herbin de Halle. Petit Manuel fo- restier, 192. Petit Manuel des gardes forestiers, igS. H^reau ( E. ). C. — B. , 129, 210 , 218, 227, 45i , 5i8, 523, 718 , 717, 787. — N., 557, el les ar- ticled signes E. H. Hermann {€.). Eurinidis Jon, 72^. Hermite (L')des Alpes, nouvelle, pur A. Bignan,226. Hcrsent, peintre. Ses tableaux a i'exposition de 1827, a Paris , 866. Herve. Documens sur la matiere a canon et sur quelques nou- veaux alliagesmetalliques,etc., 174. Hieroglyphes ( Apercu sur les) d'Egypte, etc., par Biown,78o. HisTOiRE, 52, 71, 121, 137, i4o, 160, 204, 5ir ,5i2, 5i4, 703, 704, 777' 778'. 77:)' S20. — de la revolution de Colombie, par Jose Manuel Restrepo , A. , 643. — de Chieri , ou Quiers , en Pie- niont, par I^. Cibario, i54. — de la Grece , par V. G. Van Kanopen, i()o. — - de France , depuis !a fin du regne de Louis XVI jusqu'a I'annee 1825 , par I'abbe de Montgaillard, 777. — ( Refutation de l' ) de France de Tabbe Montgaillard , par Laurent, 203. — de In cucrre df la Peninsule , 'neral sous Napoleon , pai Foy, A., 40.4. — de Napoleon , p;ir M. de Nor- vins, 01 5. — ( Manuel de 1' ) de la litlera- ture , par Louis Wachler, \!\'i. — des voyages de decouvertes geo- grapliiqiies, par Cliarles Fal- kenstein ,718. HiSTOIRE LITTERAIRF. , l43. NATURELLE, l6f , ifia, 278. des poissons , par le baron Cuvier, A., 43. Homeopathie du docteur Hahne- mann, 45 1. Homme ( L' ) , par de Lacepede , 161. Horn (F.). Shakespears Schaiispicle erldiilert , ^6i. FiOKTICULTtIRE, 48S. Hugo (Victor), yoj: Cromwell. Hugo Grotius et Marie de Rei- gersbergen , par Jerome de Vries, 482. Humbert (Jean). T'oj. Plan d'ame- lioration. Humbert (F.). Quelques observa- tions sur la discipline des col- leges, etc., 5 to. Hunt (Leigh). Lord Byron and some of his contemporaries, 443. Hyduodynamique, 754- Hygiene, 238 , 23(). Hvgiologie, par Acliille Vergari , i5o. I IcHXIOLOGIE, 43- IcoNoGKAPHiE instructive . ou Collection de portraits des per- sonnages les plus celtbres de I'histoire moderne , d'apres les dessins de Deveria , texte par Jarry de Mancy, 799- Ilf.s Ioniesnes , 259. Impoitaut (L'), comedie en vers par Ancelot , 299. Inde francaise ( L'), on Collec- tion dc dessins lithograpliics rcprdsentant les temples, etc., ties jienples hinrlous, etc. , par Geringer et Marlet , texte par E. Burnouf, a3i, 536, 798. Ijvue« oriektales , a46 > 701 , 8(0. Indicateiir ( L' ) orleanais , on Guide des Strangers a Or- leans , etc. , par Vergnaud llo- magnesi, 177. iNousThiE, 197, 279, 465. — metallurgique ( Efat de 1') en Saxe, 253. Influence ( De 1' ) des fiiturs pro- gres des connaissances econo- niiques siir le sort des nations, M. , 14. Ingres , peintre. Hom^re cou- ronne par la Victoire. Tableau qui erne le plafourt d'une des salles du Musee Charles X , 3o8. Deux portraits. Tableaux de I'exposition de 1S27, a Pa- ris , 864. InSTITUT. f-'oj: SoCIETES SAVAIf- TES. Institution anti-pirate, f'oy. Sid- ney Smith. Instifuts de Justinien. J'oj-. Or- tolan. Instruction populaiue dans le canton d'Appenzell, 254- des Pays-Bas. Voy. Carte figurative. — publique, 8o3, 804. yoj. aiissi ficOLES, UnIVERSITES , CtC. -a Berlin , Sfio. — ■ — dans le grand-duche de Sa,\e-Weiuiar , 56o. Intervention ( Del' ) arrace pour la pacification de la Grcce, par M. de Pradt, 198. Inventions, a46, 248. IllLANUE. f-'oy. GkaNDE-BrETA- GNK. Isambert, Decrucy et Arrn^t. Re- cueil general des anciennes Inis francaises, 188. Isnialie', ou la Mort et I'Amour, DES MATIKEKS. 89** roman-poeme , par d'Arliu- court , 5'/ 5. Isographie des hommes ce\h- bres , etc. , aSg. IxALiE, i5o, 176, 9.57, 437, 470, 564) 73i, 83o. Jaaibochje orer, 1828, etc. , 479- Jal ( A. ). For. Salon. Jaquotot ( IVIme )j peintre sur por- celaine. Corinne , Psyche et I'Amour, d'apres Gerard, etc., etc. Tableaux de I'exposilion de 1827, a Paris, 868. J AH DIN AGE. Koj. HoKTICULTUKE . Jarry de Mancy. J^o}-. Iconogra- phie instructive. Jaunie Saint-Hilaire. Flore et Po- mone francaises, 278. Jean , par CI*. Paul de Kock , 793- Jobard , lithographc du roi des Pays-Bas , est parvenu a pro- duire des morceaux lithogra- phies superieurs aux gravures en cuivre , 833. Joniard , C. — A., 673. — Lettre an sujet des jeunes figyptiens a Paris , dont il di- rige les eludes, 844- Jones ( Leslie Grove ). An exami' nation of the principles of Icgi' timacy, 119. JOUBNADX ET ReCUEILS PERIO- DIQITFS. — publics en Angleterre : The quarterly Rei'iew , 123. — The library of useful hiowledge,Z6^. — The foreign Review , 445. — The Athenceum , 709. — The Sphinx , 709. — publics au Chili : Rot de Poli- ticn. — Registro de documentos del Gohernio. — La Aurora — La Clave, etc. , ill. — iJiscellanea politicr, ylitteraria, 112. i publics en Danemark : Revue lS()6 TAIil.l, ANA j;t'nerale de tomes les publica- tions periodiques de ce rovau- me, 817. — publics aux Etats-Unis : The I^ew-Yot'k medical and physical joiirnnl , no. — Le Courrier des Etats - Unis, journal fraii- cais, a New - York, S/jfi. — The itorlk american medical and sur- gical Journal, a Philadelphie , 698. — The american Journal of science and arts , ii Newhaven , 699- — publies ep France : Le Medecin du peuple, etc., a Paris, 9.38. - — Annales des niatliematiques pures et appliquces , etc. , a Montpellier, 189. ^Journal des connaissances usuelles et pra- tiques , etc., a Paris, 189. — Journal Asiatique , etc. , a Pa- ris, 140. — Journal de la Societe deniulation du departement des Vosges . a Epinal , 54o. — L'Ami des cbanips, journal d'a- griculture , etc., a Bordeaux, 541. — Journal de I'instruction publique, a Paris, 8o3. Le Ly- cee , journal general de I'ins- truction, a Paris, 8o4- — publics en Italie : Giornale Li- giistico di scienze, letlcre ed arti , a G^nes, l55. — Annaliunii-ersali di statislica, a Milan, ySS. — Technologia. Annali universalis a Milan , 735. — Giornale di far- niucia-chimica ^ a Milan, 785. — publiesen Russie : P'. Pressepc- riodique. — Journal poutny soobsl- cheniia , etc. , a Petersbourg , 7 1 3. — Journal des voiesde com- nuinication. Traduction fran- caise du precedent, 718. Jullien(M. A. ). Foudateur-Direc- teur de la Pievue Encyclope- dique , C. — N. , 876 , et les articles signes M. A. J. . — f'oyez Nominations acade- MIQUF.S. YTIOUE JURISI'RUDESCK, 382, 5o3,5o7 818. Jury. Foy. Bourguignon. — ( Etablissement du ) dans la republique d'Haiti, 549. Justice (Dela)de prcvoyance, etc. par Edouard Ducpetiaux, A. , 532. Juvenile ( The ) forget me not, etc. , 124. K Kannegiesser (Ch. L.) f'oj. Dante- Keepsake (The), 124. Kel^dor, histoire africaine , re- cueillie et publiee par le baron Roger, A. , 673. Kirckhoff, C. — B. , 1 58. — N., 271 . — Memoires sur les colonies de bienfaisance de Fredericks- Oord et de Wortel, 480. Klaprotli (J.), f^oyez Voyage a Pekin. Kock ( Ch. Paul de ). Foyc Jean. Kruduer ( M"''' de ). Voy. Notice. Rruse. Voy. Hellas. L Lacepede (De). L'liorame , ifii. Laffaille ( G. ). f^oy. Memoires. Lagneau (L. V.). Traite pratique des maladies syphilitiques , 492. Lamarque ( Nestor de). A la me- moire de Talma, ode, 218. Les Novembriseurs, impro- visation lyrique, 218. Lamothe-Langon. Le Chaucelier et les Censeurs , roman de moeurs, 790. Lampato. Sullo Stato delt agricol- tura ,731. Langlois , peintre. Le passage de la Bercsina. Tableau de I'expo- sition de 1827, a Paris, 861. La niort de Hyrnetbo , au- UES MATIERES. 897 tre tableau de la m^me expo- sition, 58 1. Langlois de Longuoville. Voy. Manuel du lavis. Langue anglaise. f'oy. Nugent. — grecque. Voy. Rodieux. Lanoe ( A. ). Voy. Code des mai- tres de poste. Lasteyrie (C.de).Journal des con- naissances utiles et pratiques , 239. — Voy. Anatomie de I'liomme. Laurent. Voy. Refutation. Lavis a la seppia. Voy. Manuel. Lawrence , peintre anglais. La duchesse de Berry et un jeune fils de M. Lambton. Deux ta- bleaux de I'exposition de 1827, a Paris , 3 16. LeBrun. Voy. Nominations aca- DEMIQUES. Lebrun ( Pierre ). Le Voyage de Grece, poeme. A., 665. Lebrun (Isidore), C— N.,835. Leclerc (J. V.) C— B. , i49- Leclercq (Theodore). Voy. Pro- verbes dramatiques. Legislation, 112, tSS, 189, igr, 192, 193, 196, 5o3, 507, 5o8, 549, 632, 718, 723, 764, 766, 767. — (Reformation de la) anglaise. Sir. Legitimite(Examen des principes de la), par Leslie Grove Jones, Legraverend ( Jean Marie Emma- nuel). Voy Neckologie. Lemaire. De Meetkiinst op de Kitm- ten toegepast, 478. Lemercier ( L. Nepomucene ). Voy. Comedies historiques. Lendormy. Recherches sur les poids et les dimensions a don- ner aux volaus , etc., 571. Lenoir. Voy. Calculs fa its. Lenormand ( L. Seb. ). Voy. Ma- nuel du chandelier. C— B., iSo. leoni ( M. ). Le Georglche di Vii- T. XXXVU. gilio in ottai'e ritna , etc. ,733. Lepage (Ch.). Voy. Peyronnet. Lerminier.Cliniquemedicale,etc., pnbiiee pnrG. Andral fils, i()4. Lesson ( t'rimevere ). Voy. Mam- nialogie. Letronne. Atlasdegeographie an- cienne, 493- Lethiere, peintre. Saint Louis re- fusant de creer chevalier I'emiv Octn'i. Tableau d'ornement dn Musee Charles X , 3i i. Lettre de messire Jean Boccace a maitreZanobieda Strada,etc., publiee par Seb. Ciampi, i55. — de saint Vincent de Paul au cardinal de La Rochefou- cauld , etc. , 779. — de I'auteur du concours oii- vert a Geneve en 1826 , en fa- veur de I'abolition de la peine de mort , etc. , A. , 632. — au Roi sur le maintien ou I'or- gaoisation du conseil, etc., par A. Madrolle, 199. — de M. Andrieux a M***, au su- jet d'un article de la Gazeite de Lyon, 535. Lettres ecrites d'Europe , etc. , par N, H. Carter, 437. — historiques et politiques sur le Portugal, par Joseph Pecchio, publiees par Leonard Gallois , 778. — d'un voyageur "5, aa3, 3oo, 44^, 444, 445, 462, 709» 733 , 781 , 789. — biblique , 456. — chilieniie , m , ira. — danoise , 822. — espagnole, 543. — des Etats-Unis, 546.— francaise, 5, 83, 90, 208, aio, an, aia, ai3, ai5, 216, ai8, ai9, aao, aai, aaa, a24> aaS, 9a6, 227, 228, 229, 287, 2g6, 397, 299, 420, 429» 5i6, 517, 5i8, 5i9, 520, 521, 5a2, 525, 529, 53o, 53i, 53a, 54i, 577, 578, 654, 665, 673, 782, 784, 787, 790, 793, 794, 795, 846, 848, 85 1. — italienne , i45, i55, 474 , 564, 733, 734.— orientale , a4o. — polonaise , iSa, 716. — FHSse, i3o, 45o, 711,716. — scandinave, 717. Litton Bulwer (L. ). f'oy. O'Neill. Lobatto (R.). Recherches sur la sommation de quelques series geometriques , 736. — Astronomieelementaire, par A. Quetelet, traduife du francais ea hollandais, 736. Lo6ve -Veimars. fqx. Romans historiques. Lois (Anciennes) francaises. f^oy. Recueil general. — (Comparaison des) francaises et prussiennes, par O. d'Oppen, 723. — 61ecrorales. ^oj. Duchesne. Longchamp (Louis). Foj. Voca- bulaire grec-francais. Loriol (V. A.). Geographic de la France, 756. Lucas (Charles), f^oy. Syst^me penal. racte congcni.ale , 478- M Machine ( De la) humaine , de son rapport en general , etc. , par Usiglio, l5o. MadroUe (A.), f^oy. LettreauRoi. l\laffe\. Lu Sjjosa di Messina, 734- Magnusen ( Finn ). Eddalaeren og dens Opriiidelse , elc, 717. Maisonsde detention de la Suisse, 465. Maladies de la peau. Voy. Berg- mann. — syphilitiques. Voy. Lagneau. — veneriennes (sur I'histoire des). Lettres de DominiqueThienne, i5i. Malvica ( F. ). Sopra Liiigi Cicconi et la liagedia esteinporanea, etc. , 474- Mammalogie ( Manuel de ) , par Primevere Lesson, 162. Manuel du chandelier et du ci- rier , etc., par I>. Seb. Lenor- mand, 17a. — epistolaire , a I'usage de la jeunesse , par L. Philippon de la Madelaine , ao8. — forestier, paf Herbin de Halle« 19a. — des gardes forestiers, par le- m^me, 193. — du jury, etc. , par Bourgui- gnon, 5o3. — de miniature et de gouache , par Constant Viguier, aSa. — du lavisala seppiaet de I'aqua- relle, par Langlois de Longue- ville, a32. — du po^lierfumiste , par Ph. Ardenni, 755. Manufactures , ia6. Marcq (A.). De Taction des eme- tiques et des purgatifs sur I'e- cononiie animale, 157. Marine , 44'^- Marlet. Foj-. Iiicle francaise. Marline: de la Roza. Obras lice/a- rias ,543. Mathematiques, a3y, 478, 492, 736, 753. — pures ( Cours complet de ), par L. B. Fiancoeur, 75i. Matiire a canon, f^oy. Herve. Mau7.aisse , peintre. La Sagesse divine donnant des lois aux rois. Tableau qui orne le pla- fond d'une salle du Musee Charles X , 3 13. Ses tableaux h Texposition de 1827, a Paris, 867. Mazferes. P^oy. Chacun de ,son cote. MjEDECIME. yoj. SclEJSCES MEDI- CALES. Meiii Besuch Ainerikas , etc., 727. Melanges de theologie, par Myns- ter, i34- Memoires, Notices et Melak- GEs ( I. ) : CJonsiderations ge- nerales sur la republique des lettres en 1827 , pag. 5. — De I'influence des futurs progres des connaissances economiques sur le sort des nations ( J . B. Say), 14. — Forces productives et oommerciales de la France , troisieme article ( Ch. Dupin ), 34. — Notice sur la civilisation de I'Afrique ( Ckauvet ), 32 r. — Note sur la necessite de faire cesser les pirateries des Etats barbaresques, 338. — Sur un projet de M. Drovelti , pour preparer la civilisation de I'A- frique ( Packb), 344. — l^tude sur la I evolution grecque { Mi- chel Schinas ), 349. — Essai sta- tistlque sur la presse periodi- que du globe ( J. Balbi), 593. — Voyage aux eaux de Pielra- pola , en Corse (** ) , 604. — Discours sur la Verite ( Saint- Albin Berville), 6l6. — ET Rapports de societes sa- DES MATIERES. 8^9 vautis en France, i35, S^jo , 801. — de la Soci^te Suisse d'utilitd publique, 465. — publics par le departement de I'amiraute de Russia, 446. — sur les campagnes de Cata- logue , par G. Laffaille, 204. — historiques , et anecdotes sur les reines et regentes , par Dreux du Radier, 777. Memoirs of the righc honorable George Canning, 121. — n/ the same , by Thomas Rede , 121. — 0/ sir Kenehn Digbj, 704. — ( Castrations from ihe same ) , 704. Memorial des camps , par J. H. Urbain , 738. Mendibil ( Pablo de ). Rest/men his- torico de la revolucion de losEs- Cados Unidos Mejicanos, 7o3. Mendicite k Bordeaux, fojr. Haussez. — ( Moyens d'eteindre et de pre- venir la ) a Marseille, 773. Mery. ^qj-. fitrennes. Mes souvenirs, ou Choix d'anec- dotes , par M™« Adele Danii- ■y nois , 227. Metali-urgie , 253, 273, 437, 809. Metaphysique , 73(. Meteorox-ogik , 479 > 489. Mexiqde , 437, 7o3. Michelet. Le combat de Navarin, 520. Michelot (A.), C — N. 279,573, 839- Mickiewicz ( Adam ). Senates russes , 711. Militaire turc , 537. Milne Edwards, for. Crustacds. Milton. LeParadis perdu, traduit en italien par Ij. Papi, 734. MiMERALOGIE, 485. — ( Precis de ) moderne , par G. Odolant Desuos, 484. Mines de Freyberg, en Saxe, 253. goo — lie fer de La Voiilte , clej)aric- nientderArdeche, 273. — dc Real del Monte , au Mexi- quc, 438. — de plotnb sur la riviire de la Fifevre, aux Etats-Uuis, 809. jUiniitoli ( von ). NacJilrag zn meinem Werhe , 460. Moli^ie , coiuedie en vers , par Francois Dercy, 296. Monanteuil , peintre. Ses ta- bleaux a I'exposirion de 1827, a Paris, 8^17. Monde ( Le ) en estampes , par Roujoux , 494. Mone (S. J.). Voy. Assal. Mongez ( M"'fi), peintre. Lessept chefs devant Thebes. Tableau de I'exposition de 1827, a Paris, 582. Monnard ( C. ) , C— B. , 467 , 73'- Mongalvy. Voj. Conseil-d'Etat. Montgaillard ( Abb6 de ). Voy. Histoire de France. MonuiuentenrhonneurduTasse, cleve a Rome, 564. IWoore ( Thomas ). Voy. Epicu- rien. Morale , iSa , 276 , 5io , 616. — ( La ) de I'Evangile comparee a la morale des philosopbes , par L. Bautain, 181. Moreau ( Cesar ). Tableau coni- paratif du commerce de France avec toutes les paities du inonde , eic. , 700. Moreau de Jonnes, C. — N. , 260, 549- Mort (La) de Tib6re, par Lucien Arnanlt, 84fi. Mortiers hydrauliques. Voy. Gi- rard de Caudembeig. Mouvement de i'eau ( Traile du) dans les tuyauxdeconduite,etc., par d'Aubuisson de Voisins , 754. Miiczkowshi. Poezye JJiAolaja Sem- pa, i3j. T.illLE ANALYTIQUE .y'lle, ( p. E. ). Sntan i Jen chris- Itlige Dogmatick, i34. Muller(W.). Chants helieniens, 5iS. ^J(lt!ste^ ( Graf ran ). IViderlegung der ehrenruhrigen Beschiildigun- gen, etc. , \Zj. Miluter ( Fr. ). Der Scern der Weisen , i33. Muriel, C— B. , 545. — ^oj. Espague. Musee des lettres et des sciences de Bruxelles, 83 i. MusiyuE , 579, 852. — Voy. Lichtenthal. Myiister. Praedikener, etc. , 1^4. — Kleine theologische Schriften 134. N Napoleon. Voy. Foy. — Voy. Hazzlitt. — Voy. Davuidof. — /•'oj. Norvins. Navigation, 713. pak la vapeuk, 246. Neckologie : Charles fSosellini , celebre economiste italien, 258. — Frederic North , comte de Guilford , chancelier de I'U- nivcrsite des iles loniennes , afio. — /lugiistin Jean Fresnel , membre de ITnstitutde France, 3 1 6. — Louis Francois Cassas , inspecteur general de la manu- facture des Gobelins, a Paris , 317. — Haschke, poeleallemand, a Yienne,56i. — Aiiguste de Stael, 562. — Francois de A'ei/f' chateau (Nicolas), 587. — Mi- chel Pichat, auteur draraatique, a Paris, 588.— Miss fielene Ma- ria Williams , de Londres, a Pa- ris, 869. — Jean Marie Emanuel Legraverend , a Paris , 870. — M'™ la comtesse de SSgur, a Pa- ris, 872. — Jacques Gibelin, doc- DES MATIEKi:S. A , 810. — Italic, 257 , 5fi4 , 83o. — Paris , 276 , 56g , 836. — Pays - Bas , 264 , 565 , 83i. — Pologne, 557,815.— Russie, a5o, 553, 8i5. — Sene- gal, 549. — Suisse , 254 , 56r , 828. Novembriseurs ( Les ). yoy. La- niaique. Nugent ( Th.). Nouveau Diction- naire de poche fraucais et an- glais, 542. o Observations sur les votes do quarante-un conseils gcneraux de departemens concernant la deportation des foicals liberes, OEuvres choisies d'Evariste Par- ny. A., 90. — cOiiiPLETES de Voltaire. Nou- velle edition de Baudouin, 210. — litteraires de Francois Marti- nez de la Rosa, 543. Olivier (Culture de 1') sur la cote meridionale de la Criniee, 25o. O' Neil I , or (he Rebel , a poem , hjr Edsv. Ljtton lUdwer, A. , lOf . — meme ouvrage tradult en fran- cais, par Mile Harriet Prebble, 781. Oppen ( O. von ). Vergleichting der franzotischen and preussischen Gesetze, "j-ii. Ohnithologie, 486. Orthopedie, 294. Ortolan (J. L. E. ). Explication des Institutes de Justinien, etc., 761. P Pacho, C— M. , 344. Pagani. Resum^ du cours normal de geometric et mecanique des arts et metiers, etc., parM. Du pin, 478. 90^* TABLE A?i Panckoucke ( C. F. L. ). yojc: Egypte. Papi ( Lazaro ). U Paradiso per- ditto , etc. , 733. Pakis, 276, 569, 758, 836. — et ses environs; [)romeiwdes pittoiesques, 499. Parny ( Evariste). Foj: OEuvres choisles. — f^oj. Poesies ineditcs. Pathologic (Ij^lemcns de ) v^teri- naire, par Valel, i()(i. Patin (H.), C— A., 429,665. Pauvkes , 264 , 4'^5 , 480 , 77a , 773. Pays-Bas , 157 , 264 , 478 , 565 , 736, 83r. Pecchio ( Joseph ). roj. Lettres historiques. Peine de mort. T'of. Systdme pe- nal. — — ^oj. Lettre. Peijxture , 257, 264, 3o3 , .'>35, 579.796, 857. SUR PORCELAINE, 868. Pelet (General). Coup d'cell niili- tairesur le Portugal, 776. Pellet. Le Barde des Vosges, 5 19. Pendule (Experiences sur le) par le capitaine Sabine, 55i. Perdonnet (Aug.)., C. — B., 254. Perkins, f^oj. Canons. Perspective a I'usage des gens du monde, etc., traduit de I'anglais par Bulos, 538. Pestc. /^'o/. Frictions mercurielles. Peyronnet devant Dieu , poeme en quatre chants, par Ch. Le- page etEm. Debraux, 524- Pezzi ( C. A. ). Tentativo per ritar- dare I'estinzione dell' eloqiienza in Italia , y3i. PhaRMaCIE, 735. Philippon de la Madelaine. f^oj: Manuel epistolaire. Philologie, i59, 616. Philosophie, 149, 726, 729. — de la slatistique, par Melchior Gioja, 470. A'hxsioi.ogik, i5o, i5i. AI.YTiyUE Physique, 25i, 277, 55i. PicARn(L. B. ). rojr. Sept tna- riages. f^ojf. Eph^inferes. Pichat ( Michel ). foj. Necroi-o- GIE. Picot, peintre. L'Etude et ie Ge- nie devoilent I'Egypte A la Gr^ce. Tableau qui orne le pla- fond d'unesalleduMusee Char- les X , 3o5. Piraterie. Moyende la faire cesser dans la Mediterranee, 246. Pirateries ( Moyens de faire cesser les) desEtats barbaresques, M., 338. — (Moyens pour detruire les) des puissances barbaresques , par Chatelain, 5i i. Plan d'amelioration pour le col- lege de Geneve, pur Jean Hum- bert, 147. Plantes cryptoganies du nord de la France, par J. B. H. J. Des- inazi^res, 486. Platine. f^oj. Rever. Pledge (The) 0/ friendship , etc. , I 24. Pluquet (Fredciic). Voj. Roman. Plutarque des Pays-Bas , etc., par Ader, 741. Poelier-fumiste. ^oj. Ardenni. PoEsiE, lor, i3o, 145, 212, 2i3 , 2t5, 216,218,219, 45o, 464 , 517, 5i8, 519, 520, 521 ,522, 525, 711 , 716, 733, 782, 784. UK AMATIQCK , 220 , 296, 297 , 299 , 3oo , 462 , 524 , 564, 577 , 578, 654,734,846,848,851. Poesies de M"'" Eveline Desor- niery, 787. — inedites d'Evariste Parny , A., — polonaises de Nicolas Semp,i 82 . — posthumes de M. de Collin , 463. PoiDS EX MESURES, 277. Poiteau. Le Bon Jardinier, 488. Police deLondres, 811. DES MATlinES. Politique, irg , i86, 199, 349, 394, 511,734. 7*5, 823. — religieuse etphilosopbique, ou Constitution morale du gou- vernement , par Bigot de Moro- gues, 182. PoLOGNE , r32 , 45i , 557 , Tlfi , 8i5. PojfTS ET CHAUSSEES, 583, 7l3. Population des Pays - Bas. yoyez Quetelet. Portrait de Frederic II, 286. Portugal, 778. — f^oy. Apercu geographique. — ^''- Maffei, 734. ' Schinas ( Michel ) , C— M 349. Schmid ( Jos. ). f-oy. Reclama- tion. Schmidt-Phise)decls ( Herr von Ywid die iiffentUche Meinting, 725. Schouv. Plantegeographisk Jilas , 717- — Skddering of Veirligcts Tilstand i Danmark, 717. — Beytrage iur vergleichenden CVf matologie, 717. Sciences medicales, iio, i5o, i5r, 157, i63, 164, i65, 238, 247, 259, 275. 276, 45i, 478, 492,r>98, 819, 837. — morales ET POLITIQUES, 52 , 178, 374, 632,759. — PHYSIQUES, 43, 161, 364, 483, 625, 745, 819. RELIGIEUSES , l33, l34, 178, 180, i8x, 456, 5oo, 5oi, 721, 759, 817. Scott ( Walter ). Impromptu adresse au mime Alexandre , 856. yoy. Epitre. Sculpture, 257, 796. Segur ( Mme Ja comtesse de). Voy. Necrologie. Sellon. Lettre snr I'abolition de la peine de mort, A. , 632. Semp (Nicolas), ^oj. Muczkow- ski. Senegal, 549. Sept manages (Les) d'Eloi Gal- 59 goG TABLE ANA land, par L. B. Picard , 793. Sermons d.inoi* de tons les di- manches et jours de f^tes de Tannee, [)ar Mynster, i34. Serullas. Observations sur I'oxi- bromure d'arsenic, 276. Shakes]ieare. I.e inarcliand de Ve- nise 3oo. — OEuvres dramatiques com- meiitees par F. Horn, 4fi»- SiciLE, 117, 17(1. Sidney Smith (W.). Lettre au su- jet de I'institutioa anti-pirate, '339. Sigalon , peintre. Athalie faisant egorger tous les cnfans du sang I'oynl. Tableau de I'expositiou a Paris, 3i5. Sillig (JuVius). Toy: Catalogus. Sillimnn( Benjamin). Journal amc- ricain des sciences et des arts, 699. Simond ( L ) for. Voyage en Ita- lic. Sismondi (J. C. L. de ) , C. — A. , 5a. Smith. Apercu de I'etat de la ci- vilisation en France, 763. Smith ( Horace ). fojr. Reuben Apsley. SOCIETES SAVAWTES ET u'uTILITE PUBLIQUE : — en Angleterre : Societe niedico- botauique de Londres , s47- — Society royale de Londres, 55 1 . — en Russie : Academic imperiale des sciences de Saiot-Peters- bourg, A. , 6a5. — en Pologne : Soci6te royale des amis des sciences et des lettres de Varsovie, 81 5. — en Danemark ; Societe etablie a Copenhague pour propager I'etiide de la pliysique fxpeii- mentale, aS i. — Societ6 archeo- logique du Nord, 253. — en Suisse : Societe d'utilite pu- blique deZurich, 465. — Societe d'utilite publiqne dn canton de Vaud , 4*'5. — Societe bAloise LYTIQUF. pour I'avanceinent du bien , 4fi5. — en /ra//e; Academic des beaux arts de Milan, 257. — Academic Gioenia , S3o. — Academic des georgophiles de Florence , 83o. — en Espagne : Academic des beaux-arts de Madrid, a64- — dans les Pays-Bas : Societe de bienfaisance fondeeparleprince Frederic, 2(^5 — Societe FSlii- Meritis d'Amsterdam , 27 a. — Institut royal d'Amsterdam , 565. — Societe d'etudians de Louvain, 568. — ( dans les departemt-ns ) : So- ciete d'agriculture , commerce, sciences et arts du deparlement de la Manie, 235. — Societe ar- cheologiqne de Dieppe, 273. — Societe de medecine de Rouen, 275. — Societe des sciences, agriculture et arts du departe- ment du Bas-Rhin , 275. — So- ciete d'emulation du deparle- ment des Vosges, 54o. — Societe pour I'extinction de la mendi- cita dans la ville de Bordeaux, 772. — Acadenoie des sciences, belles-lettres et arts de Bor- deaux, 801. — Societe libre d'e- mulatlon de Rouen, 802. — So- ciete linneenne de Caen et la Societe des Antiquaires de Nor- mandie, 834- — (a Paris ) : Institut royal : Aca- demic des sciences, 276, 069 , 836 . — Acad, fraucaise, 839. — Societe d'encouragenieiit pour I'induslrie nationale, 279. — So- ciete royale pour I'amelioration des prisons , 283. — Societe de geographic , 673. — Societe pour I'instruction elenientaire , .175. — Societ6 royale des bon- nes-lcltres, 576. Soirees (Les) de Ncuilly , par Fon- geray, A., 429. Somerhausen (H.). Foy. Carte fi- gurative. DES MATIF.RES. Sonitnaiion ( Beclieiclies sur la ) de quelques series trigonome- triques, par R. Lobatto, 736. Sonety Adama Micfiiewicza , etc. , ^v- . . . , Sowinski (Albert) , pianiste polo- nais, 579. Stael ( Auguste de ). Voy. Necro- I.O&IE. Stassart,C. — B., 482, 745. Statistiqtje, 34, i58, 4703 568, 572, SgS, 700, 738, 756, 757. — litteraire des Pays-Bas, 832. — jiidiciaire. Causes jugees par les tiibanauxcipagnols eniSsfi, 263. Siaudlln [C. F.). Lekrbuch der prac- dschen Einleitung in alle Bi'icher der Heiligen Schrift, 456. Steuben, peiutre. Pieire le Grand poursuivi par des meurtriers , lors de la revolte des Strelitz. Tableau de rexpositioa de 1 827, aPaHs, 863. Suede , 453. Sueur-Merlin, C— B. , 196, 494, 757. Suisse, 147, 254, 4^7- 465, 56i, 727, 828. Syphilis, i5i, 492- Syr, fleuve. f'oj. Lewclune. Systtme penal (Dii) et du systenie lejiressif en genei.il , et de la jieine de mort en particulier , par Ch. Lucas, A. , 38i. Tableaux poetiques, par le comte Jules de Resseguier, 517. T.tiUandier (A.), C— A., 38a. Talma, f'oj. Lamarque. Tarif general des droits d'entree et de fortiede I'enipire de Rus- sia, 129. Tasse(Le). ^oy. Monument. Tgcumoi-ogik. f^ojf. Arxsjvdus- TRIELS. Telcniaque travesti, poeme ht'i li'i- 9" 7 coniiqne en vers libres, par Ba- rigot, 212. Temminck, yoj. Verner. Ternaux ( G. J. ). Notice sur I'a- melioration des troujieaux en France, i63. Tbeatre de Dieppe , par G F. Frissard, 234. — de Conite, 220. Theathes : — de Paris, 296, 677, 846. — Anglais a Paris, 3oo. Thcologie. roy. Sciences hbi.i- GIEUSES. Thermes (Essai snr les) deRoselie, par G. G. Uccelii, i5a. Thevenin, peintie. Henri IV dcn- Hant audience anx professeuis du college royal , etc. Table:iu de I'exposition de 1827, a Paris, 583. Thienne ( Dom, ) Stdia storia dc' mah'veiierei, elc, l5t. Thomas, peintre. Les Barricades, et les Seize an parlement. Ta- bleau d'ornement du Musee Charles X, 3i2. Thon (M'n« Adele du) P'oy- Notice. Timkovski ( G. ). Voy. Vojage a Pekin. ToPOGRAPHIE , 175, 177, 497' 499. 7'2- TKiOUCTIOJiS : — en aUemand , d(> Titalien, i45. — exxfrancais, de rallemand, i65, 5j4) 526. — de Tanglai-; , tSo , 189, 223, 5ii ,538, 539,780 , 78 r. — du latin, 779. — durns.'ie, 475,713,759. — en hoUandais, du fianc.tis, 736, — en italien , de I'allfniaiid, 734- — de I'anglais , 733. — du latin , 733. — en polo/mis , du russe , 711, 716. Tragddie improvisee. f^or. Mal- vica. TRA.tTE DES HOIKS, yorcz EsCLV- VAGE. Trant. Twj years in /tta, yoi. 908 1 TABLE ANA Travels through SIciljr , etc. ,117. Tremlilement de terre aux An- tilles, 547. Tribunaux danois de la cour et des villes , publics par Cokle- rup-Rosenvinge, 718. — espjignols. yoj. Statistiqiie ju- diciairc, 268. Trois Socuis(Les), par M">e A. L***,225. Tsigani, i3o. TuRQUiE, 537. u Uccelli ( F. ). Coinpendio di anato- mia fiiiologico - comparata , 1 5 i . — ( Gio. Glial.)- Saggio suUe terme Rossellane, i52. Ukiveksites : — de Varsovie , 557. — de Lou- vain, 568. — deMoscou, 8i5. — — de Maibourg, 827. Urbain ( J. H. ). Memorial des camps, 788. Urbain Fosauo , ou la Jettatura , histoire napolitaine, par de Ca- radeuc. Sag. Usiglio. Delia rnacchina dell'tio- rno, etc., i5o. Vagnat. Uictiunnaire d'architec- ture, a33. Van Kanopen ( V. G. ). Geschiede- nis 'van Griekenland , 160. Van der Velde. f'oy. Romans his- toriques. Van Wjk. Foy. Decouvertes. Vatel. Vify. Pathologie. Ventriloquie. yor. Alexandre. yir^ari [A-). Igiologia, etc. , l5o. Vergnaud Romagiiesi. Toj. Indi- cafeur. VermigUoU ( Giov. Hat. ). Dell' ac- quedotto e ddlafontuna maggiore di Perugia, etc., 1 . Verner(J. C. ). Atlas des oiscaux I.YTIQUF. d'Europu , pour servir de com- ptement au Manuel d'ornilho- logie de Teniminck, 4S(J. Vernet ( Horace ). Jules II or- donnant les travaux du Vati- can , etc. Tableau qui orne le plafond d'une salle du Musee Ciiarles X, 3o4. Philippe - Auguste avant la bataille de Bouvines. Autre ta- bleau d'orncment du m^me Mu- see, 3og. — — Edithe decouvre sur le champ de bataille d'Hastings le corps sanglant d'Harold. Ta- bleau de I'exposition de 1827,3 Paris, 860. Le Passage du pont d'Ar- cole. Tableau de la mcme ex- position, 861. — — Maz.eppa. Tableau de la msiine exposition, 862. Vie de saint Vincent de Paul, par B. Capefigue, 206. — de Napoleon Bonaparte, par W. Hazzlitt, 442. — dans rOuest, 444- Viguier ( Constant), ^o/. Manuel de miniature. Villanueva. Recomuiandation de la lecture de la Bible en langue vulgaire ,119. Vilmorin. Le Bon Jardinier, 488. Vinchon , peintre. Un Vieillard grec assis sur les mines de sa maison incendiee. Tableau de i'exposition de 1827,^ Paris, 58o. Virgile. f'oj. Leoni. J'ltruviiPollionis arcliitectura, 474- Vocabulaiie grec-francais par fa- milies, etc. , par Louis Long- champs, i49,. Voiart ( M'"* Elise ). La Femme ou les Six Amouis, 224- Voiture a vapeur, nouvellenient inventee en Angleterre par Gur- ney, 248. Volia ( Alexandre ). Relation du DES MATIEBES — dans la vallee des Originaux , pardu Coudrier, 795. Voyages de decouveites geogra- phiques. Voy. Falkeusteiii. Voyageur ( Lettres d'un ) a I'ein- bouchure de la Seine , par A. M. de Saint-Ainand, 497. Vries ( Jerome de ) Voj, Hugo Grotius. — ( Van Omveikerk de ) f'oyez Commerce. Vrindts ( L'abbe ). Voyez Certi- tude. w voyage litt^raire fait en Suisse, 47'3; Voltaire. f'o/.OEnvres completes. Voyage dansles cinq parties du monde, par Albert-Moutemoiit, 175. — en Amerique , par S. de N., 727. — a Buenos-Ayres et dans les pro- vinces de Rio de la Plata , etc., par J. A. Beaumont, oj^n , — a Pekin, a travers la 44i-golJ^ par Timkovski , public par J. Klaproth, 175. — (Supplement du) au temple de Jupiter Ammon, par Henri de Minutoli, 4^0. — - ea Angleterre, etc., par N. H. \f^^^''^^ ( ^?''!*"' \ ^t°1',u^!^^TI Carter, 437. — litterairc en Suisse, parA. Vol- ta, 473. — en Italic et en Sicile , par L, Simond, 176. — en Sicile et aux lies Lipari, par un officier de la marine an- giaise, 1 17. — aux eaux de Pietrapola , can- ton de Fiumorbo , en Corse, M., 604. — (Le) de Grfece, poeme par Pierre Lebrun, A., 665. IVachler ( Lncin: ). Lehrbuch der Li- teratur-Geschichte, i43. Walsh (V.). Voy. Fratricide. Walthard (R.). Description topo- graphique de la ville et des en- virons de Berne, 728. Williams ( Miss Helene Maria ). Foy. Necroi-ogie. Wit {J .). Lucubrationen eines SCaats- gefangenen, x^o. — Fragmeiite ausmeincm Leben, etc. i4o. FIM DE LA TABLE DU TOMB XXXVII ERRATA DU TOME XXXVII. Cahierde Janvieh. Page 127, !igue 33, perede Pierre-le-Grawl, Vtsez: grand' perede Pierre-le-Grand ; p. 128, 1. 24, la somme ds \-).li, roubles environ , lisez • la somme de 124 mille roubles environ; p. 197, 1. 1''° dusecoud alinea, Barbe- Marbois , lisez: Barbe-Marbois ; p. 218, 1. i5 du 2e alinea , supprimez la vir- gule apres le mot paraisse ; p. 220, 1. 9 du 'i' alinea , et a qui, lisez : et a la- quelle. Cahierde Fetrier. Page 383 , ligne 29, Justice de cqnvention, lisez : yi/x- tice de conservation ; ■p. Ziti, 1.8, meme correction ; p. i53 , 1. 17, et'de set principaux collaborateurs , lisez : el a ses principaux coHaborateurs. Cahierde Mars. Page 599, 1. 3odu tableau, Etats-Unis, 840, lisez : 800; ]). 601, 1. 26 du tablean, Amerique Anglaise, 3o, lisez : 4o;p. 712, 1. 5 et 6 , qu'il n'aemprunte M. MoUevaut , lisez : qu'il n'a e/nprunle a M. Alulle- caut ; p. 787 , I. 8 Ju 2' alinea, etrfe ses sous , lisez : et de ses soins ; p. 8i5, 1. 17 de I'article Moscou , supprimez la virgule ; p. 86lj 1. i5 du 2' aliuea, Je crios , lisez -.jecrois. t N^ 3. — Mahs 1828. ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES ET INDUSTRIELLES, AMS?Z:X£ES A X.A REVUE EII7CYCI.OPESIQUE. " BALANCE POLITIQUE DU GLOBE, EN 1828 , A I'usage des homines d'elal , des administratcurs, dcs baiK|iiii:;iiiilc lf> tliili( iilli's qui iiccoiiiiia- giifut rcxccutioii (1 un stiablaljlc travail , H Ics incertitudes que pri'scnleut lus di- vers oiivragcs dc slatistique, lorsqu'on vcul en rt'imir Ics rusiiltats pour former une Slalisti(jiiC gcnerale el compaiee da principaiix Etafsi/n <;!of>r.Vv^par.o a man- que a M. Bai,!)! pour indiquerles sources noaibreuses daus lesquelles il a pulse; mais nous transcrirons ici ses propres ex- pressions , aflu (|U(! I'ou ne confonde point la Balance politique clii globe, fruit de louyues et dilTiciles reclierclies , et dc la cooperation dc plusicurs siivans distin- gues etdeplusieurs lioninies d'ciat d'Eu- rope et d'Amcriquc , avec les productions imparfailes cf Ics coinpilatious informes auxquelles on donne dcs litres iniposans et qui rcnfcrmcut trop souvcut Ics er- rcurs les plui grossiercs. " Si rondcniandc (|uullccst la garantic de I'exactilude des calculs prcsentes dans ce tableau , nous nous appuierons d'abord sur vingt annees consacrecs a I'etudc de la statistique et dcs sciences qui MM, AJithu* BfeRThAlrO, MJettautefeuille, n*43; — BBiroirAnu, rue de t'ou»uon,n'' 6t — Levraui-t, rue de Iti Hifpe^ n" Si, el i Strasbourg ; — Bos- »ANa«/)i«, rue Ricbelieti, ii*6o; et a Londres,pour se procurer le« divers outrages Strangers, anglais, allefiidnds, italieus« russes, poto- nais,bollandais, etc., d.insfi que les autr«9 productio&a de la litt^rature ^traagire. AUX MADl^MIBR i* kVX MClttii SAtAlrf» (tg tolU Hi pOff. Les AciDSMiKS et let Sogikti^b satahxbs bt D'tixiuVi vvtiiiqv*, fraD9aise$ etetrang^esjsontin-vit^es k faireparvenirexactenient,/hj«M tie port , au Directeur de la Revue Encyclc^diqne , Ie» comptet k-endut de leurs travaux et les programmes des prix qn'elles pf oposent « afin que la Revue puisfe les faite cMmaitte le plus promptemeat ^6Mible k ses lecteurs. AuX iDITBOBS D'OUT&AOK* t.'t At)l LtltJiAitftM. MM. leg 4diteurs d'ouvrages p^riodiques , fran^tiis it ^tftgets, ^ki d^sireraient echaoger leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous feront • leuis propositions d'^change , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce. genre et des autres outrages , nouTellement publics « qu'ils nous aaront tkdress^Sb AUX EOnKDRS DBS BBCUBI.T.S PBaiODIQUES B> AKOLBTERBB. MM.les ^ditews des Recueils p^riodiques public on Angleterrciont pri^s de faire remettre leurs numeros k M. DboAokgb> corrtsp^ntkiMdtla Revue Sncyclope£que a Londres, n" *o, Berners-street, Oxford-street, chcz M. Rolandi ; M. Degeorge leur transmettra , cbaque inoi» , en ^chknge , les cahiers de la Revue Bncfclopidique, pour laqnelle on pe»t aussi 80ti8< crire chez lui , soil pour Tannic courante, soit pour se procurer le< collections des anneea ant^rieuresf de 1819 A ^8s6 inoiti8>yemciit. AOX LIARAIZES E« AUJt itllTBtr«8 tJ*0uV»A6BS tM AttAVAGJtB. M. ZiRGis, libralre k Leipzig, est charge da recevoir et d« sous faire parrenir les ouvrages ptibli^s en Allemagne , que MM. Us libraires, leS 6diteurs et Ics atitflUM de«ir*ront feire bdhobcot dans U Vtvue Bmy opMgtte. LiBUAiRES chez lesquels on xouscrit dans les pays Strangers.. Londres ,V. Rolandi. — Dulau et Cie; — Treuttel et Wiirtz; — Bossaijce. Aix-la-ChapeUe, Laruelle fils. Amaterdam, Delachaux; — G. Du- four. Anvers , Ancelle. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne , Clias ; — Bourgdorfer. Breslan ^ Th, Korn. BrnxeHes, Lecharlier ; — Demat; — Brest van Kempen;— Horgnies- Rcni(5. Bruges , Bogaert; — Dumortier. Florenct, Pialti. — Vieusseux. Fribourg (Suisse) , Alo'ise Eggen- dorfer. Francfort-sur-Mein , Schaeffer ; — Bronner. Gand fVaadenkerckoy en fils. Genive, J.-J. Pasehoud ; — Bar- bezatelDebrue. La Haje, les freres Langeuhuysen. Lausanne , Fisclier. Xe«/)z/g-,Griesharamer; — G.ZIrges. Liege, Desoer. — Colardin. Lisbonne , Paul Martin. Madrid , Uennee ; ^— Per^s. Manlteim , Artaria et Fontaine. Milan, Giegler; Vismara; Bocca. Mons, Le lloux. Moscoit, Gautier; — Riss pereetfils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. New-YorA (Etats Unis), Thoisnier- Desplaces; — Berard etMondon; — Behr et Kahl. Nonvelle - Orleans , Jourdan ; — Roche , freres . Palefme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori ; — Boeuf (Ch.). Peu-nboiirg, F. Bellizard ct C"" ; — Graeff;— Weyher;— Pluchart. Rome , de Romanis. Stuttgart et Ttibingue, Gotta. Todi, B. Scalabrini. Turin , Bocca. ^awoi'jVjGlucksberg. Fienne (AutricLe), Gerold ; — Schalbacher. vSchaumbourg ; COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre) , Pioiet aine. Ile-de-France (Port-Louis), E. Burdet. Martinique y Tbounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Ad Bureau de redaction, rue d'Enfer-Saijtt-Michel , n" 18, ou doivent ^tre envoy es , francs de port , les livres , dessins et gra- vures, dont on desire Taanonce, et les Lettres, Memoires, Notices ou Extraits destines a 6tre inseres dans ce Recueil. AuM USEE Enctclopedique, chez BossANGE pere, rue Richelieu , no fio ; CuKi; Treuttel et Wurtz, rue de Bourbon , n° 17; Rey ET Gravier, quai des Augustins, w" 55; Charles Bechet, libraire-comm" , quai des Augustins , u° 57 ; J. Renouakd , rue de Tournon , n" 6 ; Rorex, rue Hautefeuille , n" 12 ; A. Baudouin , rue de Vaugirard, n" 17 ; Dbi.ausay, Pei.icier, Ponthieu, la Tente, Cabihet Litte- RAiRB, au Palais-Royal. A LONDRES. — Foreign Library, 20 Berners-street , Oxford- street ;Trkuxtei, ET Wurtz; Bossange; Dujlauet C'*'. Pfota. Les ouvragci annouces daus la Revue se troiivent aussi cbcz Roret , rue Hautefeuille , n" 12. — PARIS. DE I.'lMPRIIHERIE DE RIGNOTJS, rue des Fraucs-Bouj-geois-S. -Michel , ii^ 8. P: