»"ME IV*'- 1 828. ( 4o^ (le la collection. ) 118^ LiviiAisojy. ^ REVUE U ENGYCLOPEDIQ ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA E-ITTEKATURE, XES SCIENCES ET LES ARTS. 1° Poor les Sciences physiques et mathematiques et les Arts industriels : MM. Ch-Dupik, Gxrabd,Navier, de I'lnstitm; /. J. Battde, Dubkusfaht, Ferr-s-.Frawcoecr, Ai). Gomdinkt; D.Lardnkr, d<; Londres; A. Michelot, DE MOKTttiRY, MOREAU DE JOWKES, QoETELET, T. BiCHARD, WARDEN, etf. a* PouT^es Sciences naturelles: MM. Geoffroy Saiht-Hii.air£, de I'lnstitut; BoR-C, uEi^AiNi'-ViNCEKT, cori'Csi)Ondaiit de I'lnstitut; Mathieu Bonafods, dc Turin; B. Ga,ii.i.ow, de Diepiie; V. Jacquemont, Jcica FoNTEKELLE,etc. 3" Pour les Sciences medicales: MM. Bally, Damxron, G.-T.Doiw, Amed^e Dhpau , FosSATi , Gasc; Gerson, de Hambourg ;' »e Kirckhoff, d'Anvers; RiooLLOTfilsJ^Amieus, etc. 4° VoixT le^tmences p/iilvioj/hiques et morales, poUtiques, geogrophiques et hisloriquesi'^^mi'Mi. A. Julliew, de Paris, Fcudatear-Dlrecteur de )a Revue RncyclnpediqtM AnoLPHE Blanqxti, Alex, de la Borde, Jomard, de I'lns- titut; M. Av3Sel, Barbie do Socage fils, Bjebjamin CojfsTAHi, Charles CoMTE.DkPPINO, DBFAt],DCHOYER, GciliNIAUl', A. Jaubert, J. Labocd^rie, Alex. Lametb, Lanjuiwaxs fils, P. Laht, LESDEtja-MERMw, ^Massias, Albert Montemont, EitsebeSalverie, J.-B. Sat; briiowDE DESissiONUt, de Geneve ;WARWK.OENift,de Liege, etc.; Dupiw atue, Berville, Boucueme- Lepek , Crivelli , Ch . Bskouard, Taillanoier , avocats, cic. ,^' Pour la Lil'JralureJhtncaise et etrangere, li. Bihtiogi^ayhie ,\' Archiologie et les Beaux- Arts :M.TSl. /Vkdrieux, Amal'ry-Dcval, liMERit Bavid, Lemer- ciER , de Segcr , de I'lastitut; Andrietix, de Limoges; M™« L.-Sw. Belloc; MM. Michel Berr ; J.-P. Bres, Bormouf lils, Chadvet, Cu^hedolle, de Liege; P. - A. Couptif, Fr. DfiGEonue , Dumersan; Pu. Gol»eivv, corres- poudant de J'Institut; Lech Ualkvy , Hemhichs, E. Hereac, ArotrsxE JoLLiEW fils, Bernard Jdlukn; Kalvos, Je Zautc; Adrien-Lafasge, J. V Leclerc , Nestor L'hote , A. Mahtil , D. P. Mesbxbil ; Mohjjard, de Lausanne; C. Pagamkl , H. Patin, Posgf.r'ville,. de Heiffej^bero ; dk Roujocx; DK SxASSART.de BruxeUcs;FR. Salfi, M, Scbinas, ScuHiTZf,ER, Leon Thxesse, P. K. Tissot, Viguier, Villekatk, S. Vxsccnti, etc., A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENC YCLOPfiDIQUE , BUBu'ENfiSB-S.-MICIlHX.. J,o l8 ; ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE, RUE SAUTEFEUILLE, N° 23. OGTOBRE 182S. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuis le mols de Janvier 1819 , il parait, par ann6e, douze cahiers de ce Recueil ; chaque cahier , public le 3o du mois, se compose d en- viron i4 feuilles d'impression , et plus souvent de i5 ou 16. Oa souscrit h Paris, au Bureau central tfabonnement el d'expeditton indiqu6 sur le titre , et cliez les libraires ci-apr6s : ARTHUS BKRTRAND , rue Hautefeuille , ii<> a3 ; « • 1 r Au MosEH Ki!rcyci.opsDiQUE, CHEZ BosstNOB p6re,rue Richelieu, n" 60; J. RENOD^aD, rue de Tournon, n" 6; Prix de la Souscriplion. /^parig 46 fr. pour un an; 26 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A r^tranger 60 34 En Augleterre yS 4 a Lc raontantde la souscription, envoy^ par la poste, doit Stre adress^ d'avance, PBAWC de portj ainsi que la correspoudance, au Directeur de la Heme Encyclopidique , rue d'Enfer-Saint.Michel, n° 18. C'est a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On pent aussi souscrire cKez les Dlrecteurs des postes et chez les principanx Libraires, a Paris, dans les departemens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons fovment vn volume. Chaque volume est termini par une Table des matures alphabitique et analytique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au i" cahier du volume suivaat, 4 I'exception de la derniere Table de i'ann^e, qui est exp6diee isol^nieot, i tous ceux qui penvent y avoirdroit. On souscrit ,'seulement i partir de deux ^poques , du i" Janvier ou du i»rfutUetde chaque annee, pour six mois, ou pour un an. On trouve, att bubk*u cbntrai-, les collections desannees 1819, 1810. s8at. i8aa, i8»3. i8a4ef iSaS, au prix de 5o francs chacuue. Chaque anni^e de la P.evne Encyclopidique est independante des annees qui pr«c6dei»t, et forme une sorte di'Anmiairo sciemifique et lUtSraire, en 4 forts volumes in-8«, pour la periode de terns mscnte snr le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. PARIS. — TMPRIMERIE DE RIC.NOUX, RWK DKJ Fa*NCS-B0UR«EOIS-S.-MirH»I., »" 8. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMAPiQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIELS , LA LITTERATURK ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNIOW DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XL. PARIS. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE , RUE d'enfer-saint-michel, n" i8. OCTOBRE 1828. » Tontcs Ics sciences sont Ics rameanx d*nne m^me tige. » Bacon. « L'art n'est antre cliose que le contrAle et Ic registre des roellleures produc- tions... A contrd'.er les productions (ct les actions) d'nn cbacun, il s'engcudre cnvie dc? bonnes et mepris des mauTaises. » MOMTAIGNE. o Les holies lettres et les sciences, bien ctudiees et Lien comprises, sont des iDstromens iiniTer»cls de raison , de vertu , de bonlienr. » REVUE ENCYGLOPEDIQUE, 00 ANALYSES ET ANNONCES RAISONNl^ES DES PRODDCTIONS I,ES PLUS REMARQUABLES DANS LA I.ITT^RATURE, LES SCIENCES ET LKS ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MiilLANGES. DE L'INFLUENCE DES REFUES SUR LA PROPAGATION DE L'ESPBIT PHI LOSOPHI QU E. Comme il convient de generaliser les idees, les ob- servations et les connaissances, on est conduit afaire la nieme operation sur les signes des idees, a etendre, au- tant qu'il est possible, la signification des mots. On com- prendra done, dans la denomination de revues, non seulement les ouvrages periodiques auxquels on a donne ce litre, mais tons ceux qui ont le meme but etle meme mode de publication; qui analysent les plus iniportantes productions de la presse, observent les progres de la ci- vilisation, enregistrent les fails qui doiventtrouver place dans Ihistoire de I'espiit humain , etc. La republique 6 INFLUENCE DES REVUES ties letlres ne manque plus de ces sortes d'ecritsj il seml)lc meme qu'ils y sont en surabondance, et ne peu- vent ohtenlr tous des lecteurs en assez grand nombre ou assez attentifs. Cette opinion, qu'un premier coup d'oeil fait naiti-e, merite qu'on I'examine soigneusement, quel que puisse etre le resultat de cette investigation. Si 1 on parvenait a connaitre le degre d'influence qu'attei- gnent les Rci>ues actuelles, on saurait un peu mieux ce qu'elles sont en etat d'operer, a I'aide du terns, de I'ac- croissement des lumieres, du perfectionnement des me- thodes, de toutes les causes d'ameliorations sociales. On ne sera pourtant pas encore en etat de decider si ces nioyens de propager I'instruction suffisent, si les res- sources qu'ils offrent sont en raison de nos besoins, s'ils les depassent, ou s'ils restent en arriere : cette question est tellement complexe, qu'avant d'essayer de la re- soudre, on sent la necessite de faire de profondes re- cherches sur les moyens de solution. Si les travaux de I'ecrivaln periodique sont dignes de quelque estimc, s'ils peuvent hater ou assui'erles lieureux effets de I'instruction donl on pouvait etre prive, ou dont on n'aurait joui que plus tard, il faut avouer que nul ser- vice n'obtient moins de reconnaissance, que nul travail n'est moins encotiragc. C'est au milieu des orages que lecrivain poursuit sa penible carriere, sur des routes mal tracees, sans aucune station de repos ou il puisse se (lelasser et prendre de nouvelles forces. Sa pensee, ra- menee sans cesse sur les pensees d'autrui, dans des voies qu'elle n'eut point choisies, ne connait plus les charmes de la liberie; elle ne prend plus Tessor, transportee par des inspirations dont sa propre activite soit la source; elle neglige les exercices salutaires qui entretiennent et accroissent la vigueur intellectuelle. Moins independant SUR L'ESPRIT PHILOSOPHIQUE. 7 qu'un lecteur ordinaire, I'ecrivain periodique doitrendre compte de ses lectures, et revetir ses jugemens de former varices, quoique, le plus souvent, la meme formule les eat exprimees avec plus de justesse et de brievete. On lui impose le joug dune foule de convenances dont ses lecteurs n'auront aucune idee, qu'on n'observera point a son egard, en sorte qu'il sera juge lui-meme avec une severite qu'il s'est efforce d'adoucir pour les productions de quelques auteurs fort peu reconnaissans. Des occu- pations aussi penibles, aussi rebutantes, seraient com- pletement abandonnees, si elles n'offraient point des compensations moiales qui puissent faire supporter les fatigues et les degouts dune interminable polemique : et quelles peuvent etre ces compensations , sinon la cer- titude d'avoir accelere la propagation des connaissances utiles par des moyens dont le concours etait indispen- sable? Si les services rendus par les Revues sont con- states par des resultats qui leur appartiennent, elies ne nianqueront point de redacteurs, meme parmi les no- tabilites litteraires les plus imposantes. Voyons done s'il est possible de reconnaitre quelques traces durables de leur circulation dans la republique des lettres, quelques effets de leur influence sur les progres de Tinstruction et de la raison publique. L'instruction a deux parties distinc tes, mais inseparables, savoir: les habitudes quel'esprit contractepar I'etude, et les connaissances positives dont il fait I'acquisition. L'etude est la meilleure gymnastique de I'intelligence; elle la developpe et la fortifie beaucoup plus que la con- troverse : celle-ci n'exerce que la logique, et I'autre cul- tive, non Tart de I'argumentation, mais I'eminente fa- culte de raisonner. Elle va droit aux verites qui sont I'objet de ses recherches, elle les reconnait par des me- 8 INFLUENCE DE REVUES taoties sAres, par des caracteres deduits du fond des clioses, et non des formes de la pensee et de son expres- sion. La loglqiie peiit former des avccats, des orateurs, ot non des pliilosophes. L'habitude de diriger continuellement sa pensee vers des objets accessibles a, nos recherches, et dont la con- nalssance soit profitable; de separer, par line operation rapide et sure, le vrai du faux, le bon de I'inutile et du nuisiblo; d'apprecier le savoir en raison des bien- faits qu'il peat repandre sur I'humanite; voili ce qui est digne du noble litre de philosophie : I'esprit qui a contracte cette habitude est, sans contredit, un eiprit philoiophiqne. L'enseignenient est la voie ordinaire par laquelle I'in- telligence arrive aux connalssances positives, et peut se les approprier. Si I'instituteur n'a pas I'esprit philoso- pliique, ce qui n'est que trop commun, les connais- sances qu'il transmettra seront plus ou moins alterees; ses eleves apprendront plus difficilement, et sauront moins bien , il est meme a craindre que les esprits ordi- naires ne puissent resister a la dangereuse influence de cette instruction mal diriofee. Mais il est des intel- ligences plus robustes dont la vigueur native ne se res- sent point de ces atteintes, qui trouvent en elles-memes les nioyens de corriger les vices de lenseignemenl qu'elles ont recu. Quelques etudes leur suffisent pour que leur raison soit exercee; I'esprit pbilosophique s'y developpe en depit de tons les obstacles. Lorsque I'enseignement est dirige par I'esprit pbilo- sophique, ses methodes sont meilleures, et les etudes plaisent au lieu de fatiguer. Les disciples ne sont plus dans la necessite de recomniencer leur instruclion au sorlir des ecoles. Les operations de I'intelligence sont SUR L'ESPRIT PHILOSOPHIQUE. 9 faciles, lumineuses; ses developpemens paraissent iia- turels, spontanes. Les habitudes qu'elle contracte aug- inciiten!; a la fois son activite et ses forces : des esprits ordinaires prennent un degre remarquable do justesse, et ne le perdent point. Ces heureux effets dune instruc- tion philosophique peuvent etre obtenus, quand meme elle n'embrasserait qu'une seule des divisions des con- naissances bumaines; mais ils sent plus assures et plus etendus lorsque I'intelligence est exercee sur des objets varies, pourvu qu'ils ne soient point au-dessus de sa portee. Ainsi , I'enseignement philosophique est le meilleur nioyen de former et de propager V esprit philosophique ; tar la disposition babituelle de lintelligence a laquelle on donne ce nom est un fruit de la meditation, de I'etude, de I'instruction. II serait absurde de supposer que des esprits non exerces pussent etre pourvus d'a- vance de regies sures pour analyser, de termes de com- paraison, de moyens dapprecier et de juger. Un ensei- gnement philosophique est peut-etre le don le plus pre- cieux qu'un gouvernement puisse faire a la nation dont il regie les destinees, la plus sure garantie des institutions bienfaisantes, de la conservation des Etats. C'est parson influence, par faction continue de I'esprit philosophique dont il est la source la plus abondante, que les abus disparaissent peu a peu, que les lois se perfectionnent, que tons les mouvemens du corps social sont mieux regies. Que chaque nation se degage un moment des illusions de I'amour- propre, et qu'elle se demande si une veritable phllosopliie dirige ses ecoles : si la ques- tion est faite avec siiicerite, et si la reponse est exactc, les nations auront recu de salutaires avertissemens j elles connaitront mieux leur situation presente, et sc lo INFLUENCE DES REVUES tromperont nioins sur I'avenir qui leur est prepare. Hors (les ecoles, les etudes liuissent pour la plupart ties honinies avant que linstruction soit sutlisante, et lintelligence assez exercee. Des conoaissances trop im- parfaites, appliquees avec une presomptueuse confiance, sont les causes orcllnaires de mecomples ruineux, de pertes irreparables; I'esprlt plulosophique est a I'abri de ces desastres. L'homme guide par cet esprit conserve dans tous les tems le desir d'apprendre, et il en chei'che les moyens. Si des occupations journalieres, des fonc- tions publiques, des devoirs a remplir ue lui perniettent plus de se livrer a des etudes regulieres, il y supplee par des lectures instriictives; c'est ici que commence I'office des ouvrages periodiques, des Ileiuics. Mais qu'on ne se meprcnne point sur leur veritable destination, et que Ion n'y chercbe point des connaissances assez com- pletes, assez mnries pour etre appliquees immediate- nient avec succes; leur titre niyme annonce qu'elles n aspirent point a cet emploi : ce sont, comme dit Montaigne, des hvres sur les livres , plulot (jue sur les ckoses dont les livres parlent. C est dans cette derniere .sorte de livres qu'il f'aut chei'cher une instruction suf- fisante, reelle. Quelques recueils periodiques possedent, a tous egards, les precieuses qualites de ces livres; tels sont, dans notre langue, le Bulletin de la Societe d^ en- couragement ^ les Annales de physique ct de chimie, les Annales de la Societe centrale d' agriculture, et en ge- nei'al , les collections de Memoires qui, en raison de leur etendue et de leur importance, doivent etre assimi- lees aux publications academiques. Mais, quel sera done I'emploi des Revues? Quels litres peuvent-elles conserver a lestime et aux faveurs ort de Juvenal , qui n'est pas eloigne d'un kilometre de Mont- pellier. Enfm , on n'a donne qu'un metre d'eau au petit canal ou robine de Vic , alimente par une source d'eau minerale et par les eaux des ctangs et de la mer ; il va de la commune de Vic dans I'etang de Vic et de Palavas ; il sert a transporter les pierres tirees des carrieres de Vic pour reparer les digues du canal des Etangs. Lc departemcnt de I'Herault n'a que d( ux rivieres navi- gables : I'Orbe, qu'on remonte avec de petites barques jusqu'a Serignan; et I'Herault, qu'on remonte avec de plus forts ba- teaux jusqu'a Bessan , dans une etendue de quatre lieues. Un canal lateral pourrait permettre de rcmonter avec des bateaux DU MIDI DE LA FRANCE. 4i jusqu'a Saint-Giiilhem , au-dessus duquel ce fleuve cesse d'etre Hottable. Le port de Cette, etabli par Colbert des 1666, est abrite par un mole de 600 metres ; le fort Saint-Louis s'eleve a la tete de ce mole pour protoger I'entree du port. Un premier canal , large et borde de tres-beaux quais , traverse la villa dans toute sa longueur, et fait comuumiquer du port a I'etang de Thau ; un second canal , d'equerre avec le premier , aboutit au canal creuse dans le milieu des etangs vers Test. Ainsi du port de Cette on pent naviguer sans interruption, d'un cote jusqu'a Bordeaux par le canal du Langucdocet la Garonne; de I'autre jusqu'au Rhone par les canaux des Etangs, d'Aigues-Mortes et deBeaucaire. Le port a 12 hectares de superficie, et pourtirant d'eau 6 metres a I'entree , 5 metres 5 dans Tintericur , et 4 metres dans le canal dirige vers I'etang de Thau , jusqu'au pont qui reunit les deux parties de la ville : ce pont est mobile. Durant la revolution Ton avait neglige le curage du port ; il a fallu de trcs-grands travaux pour remedier a cette ne- gligence. On doit construire un second mole qui portera le nom de Louis XVIIl y une jetej ou brise-lanie en avant de I'entree du port de Cette , pour la proteger centre la violence des vents du large, et pour empec'ner que les alluvions ne soient pous- sees avec trop de force et d'abondance dans le port de Cette. L'etablissement du port u'Agde est une creation de Riche- lieu. Mais I'emplaceraent choisi par ce niinistre n'estpas celui du port actuel, qui se trcuve a i'embouchure de I'Herault. Ce fleuve a 100 metres de largeur moyenne jusqu'a la ville d'Agde, dans une longueur de 4,800 metres ; ce qui presente une super- ficie de 48 hectares. La profondeur moyenne des eaux de ce chenal est de 5 metres : voila le port d'Agde qui, dans toute sa longueur, est borde par de beaux quais en pierre de taille. Une barre s'est formee a I'embouchure de I'Herault, eu avant des jetecs du port d'Agde , qu'il est urgent de prolonger si Ton tient a I'usage de ce port : sur la barre le tirant d'cau n'esl plus que de 3 metres, 6. 4a FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES Chaque annce tics sables d'alluvion s'accumulcnt avec rapi- tlilo sur le littoral en avant dc I'emboucluue dc rHcrault, et forment des attcrisseiiiciis tonjours cioissaiis. II cxistait autrefois des deux cotes de I'Herault , des forets dc pins qui s'etcndaient jusqu'a la montagne de Cette ; il fau- drait les rcplanter pour proteger la plage dans cette partie du littoral , et pour empecher que les sables emportes par les vents ne viennent s'ainonceler a rembouchure de I'Herault. Le dcpartement possedc encore le "port de Mcze , vers le milieu de I'etang de Thau. C'est un rectangle long de 200 metres et large de 5o , entoure de quais ; il recoit de pctits navires et des bateaux de 40 tonneaux , qui viennent y mouiller en grand nombre h I'epoque de la foire de Beaucaire. Ce port aurait besoin de grandes reparations. Le port de MarceiUan , pareillement situe dans I'etang de Thau , a 200 metres de long sur 33 de large. Les moles de ce port sont tres-degrades. IVous devons particuliercnicnt arreter noire atlention sur les etablissemens de bieufaisance de Montpellier ; ils meritent d'etre cites, pour la grandeur des edifices et pour le regime interieur , ainsi que pour les soins administratifs. L'hopita! Saint - Eloi contient 23 salles, dont 9 pour les fievreux , 3 pour les blesses , 9 pour Icsgaleux et les veneriens, 2 pour les femmes. On a caleule le volume d'air pour chaque cspece de maladies d'apres le rapj)rochement des lits. On I'a (ixe , pour les fievreux et les blesses loges : au premier etage , a 68 -^ met. cub. au maximum, et 37 ~ au minimum; au second etage, a 44 m^i- cub. au maximum, et 24 7 au minimum; pour les galeux et les veneriens , le volume de I'air varie de 35 a 27 -i- met. cub. Ce document pent ctre utile dans I'eta- blisscment de nouveaux hopitaux. Les cours sont entourees de galeries spacieuses oii, dans tons les tcms , les maladcs peuvent se promcncr; des eaux abondantes et pures sont fournies par les Fontaines de la viile. L'edifice presenle une salle oil Ton pent prendre au moins cent bains chaque jour. Cet hopital envoie scs malades qui en ont besoin aux eaux minerales de DU MIDI DE LA FRANCE. 43 Balaruc,oii il dofraio Icurs depenses. Le prix uioyen auquel rcvient une journee de chaqiie malade dans cet hopital , est de 82 c. -pj, pour les dix deniieres annecs, valeiir moyenne. C'est a coup sur une faible dcpense , si Ton considere I'en- semble des soins et des remedes administres aux malades. L'hopital genual, ou sont recus les pauvres, les incurables et les vieillards, picsente 21 salles : 9 pour les liommes et 3 pour les enfans males; 8 pour les femines , une pour les jeunes filles. II faut remarquer dans cet ctablissement les dispositions d'apros lesquellcs les salles de service placees dans le cenlre de la maison permeltcnt aux personncs de chaque sexe de s'y rendre sans sortir du quarlier qui leur est reserve ; des tri- bunes separees recoivent a I'eglise les personncs de sexes dif- ferens; et Ton s'y rend de chaque quartier sans communiquer avec d'autrcs parties de retablissement. Ccl hopital a des eaux abondantes et,uae vaste salle de bains ; enfiu, Thopital general entreticnt a Balaruc un etabllsscment pour faire prendre les eaux minerales a scs malades qui en ont besoin. Il envoie des malades a Cette pour prendre des bains de mcr. Pres de l'ho- pital se trouve un depot de police pour les veneriens, les galeux et les teigneux, les fcmmes de mauvaise vie , les vaga- bonds et les indigens. De 1809 a 181 8, la depense moyenne des personncs entretenucs dans cet hopital s'est trouvee lui pen moindre de /(/( centimes.Laniodicite de cette somme s'explique par le grand nombrcd'enfans qu'on admct dans retablissement. II faut citer aussi I'hospicc de la Maternite , ctablissement analogue a la maison d'Accouchemcnt de Paris; ct I'hospice ou Ton traite les insenses. Montpellier possede uu bureau de bienfaisance analogue aux bureaux de charite des arrondissemens de Paris. Tous les jours cet etablissement , connu sous le nom d'OEuvre de la Misericorde , donne des secours a 3 ou 4oo pauvres, ziombre moyen. Douze sceurs de Saint-Vincent de Paul sont attachues a rOEuvre de la Misericorde ; deux d'entre elles tiennent une ecole gratuitc de jeunes filles : elles en ont environ Boo; quatre sceurs sont occupees a la pliarmacie; deux visitent a domicile 44 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES les malades pauvres. Une soeur de charite est chargee de la nouiriture ct de la lingerie dcs prisonniers. Les aiitres soeiirs siiflist'tit a tons les soiiis de charile qu'exigent les malades et les pauvres secourns par la inaison de Misericorde ; 6 mede- eins, 6 chiriirgiens ou accoucheurs sont attaches a cet eta- biisseiiient et visitexit gratis tous les indigens. La pharmacie de la Misericorde fournit les niedicamens qu'ils prescrivent. N'ou- blions pas de remarquer que cetle maniere de secourir les mallieiireuxest devenue le modele des dispensaires de Londres, imites ensuite a Paris , a Marseille , a Lyon. Une autre institution digne d'etre citee, est I'OEuvre du pret graluit et charitable qui remonte a I'annee i6.S4- Cet etablis- sement souffrit beaucoup durant la revolution. En 1796, I'ar- gent ainsi qu'une grande partie des gages deposes dans les magasins de I'OEuvre furent derobes par des voleurs. La cha- rite dcs habitans, par une contribution volontaire, remplaca cette perte. En 1797, les prets gratuits recommencerent. C'est iin Mont de piele gratuit, pareil a celui que j'ai forme le vosu de voir etabli dans la capitale, et qu'il faudiait ensuite imiter dans toutes les villcs de France. Les administrateiu's de I'OEuvre du pret gratuit de Montpellier ont pousse si loin leurs soins geuereux pour secourir quelques personnes necessiteuses des classes elevees, qu'ils operent ces prets sans inscrire sur aucun rcgistre les noms des emprunteurs, et se contenteut de mettre ces noms et les reconnaissances des prets dans un billet ca- chete qu'on attache aux eflets engages et qu'on restitue sans Touvrir. Des dons et des legs constituent le capital qui perniet de semblables bienfaits a I'OEuvre du pret gratuit de Mont- pellier. Des i'annee i8o5, cette ville possedait une administration charitable des prisons, association de bienfaisance qui s'est, depuis cette epoque, occupec avec un zele extreme de I'ame- lioration du sort des detenus dans les prisons civiles et mili- taires. Elle donne des vetemens aux prisonniers qui en mau- qucnt, et dans les grands froids, leur procure du chauffage. Cliaquc scmaine elle dislribue une petite somme aux prison- DU MIDI DE LA FRANCE. 45 niers, et delivre de tems a autre dcs prisonniers pour dottes. II y a dans Montpellier une maison centrale de detention , ou sent etablis des ateliers pour le tissage du calicot et des toiles a voiles, des toiles fines et des services damasses, pour le filage et le devidage du coton et du chanvre, pour la fabri- cation des bretelles et des couvcrtures de laine : il existe aussi des ateliers de tailleurs, de cordonniers, de nienuisicrs, de serruriers, de couturicres, etc. Les detenus employes dans cos divers ateliers recoivent une retribution qui varie depuis 20 cent, jusqu'a un franc, suivant la nature et la quantile des travaux. Cette maison recoit les condamnes des departemens de I'Ardeche , de I'Aude , de I'Aveyron , de I'Herault , de la Lozere , des Pyrenees-Orientales et du Tarn. La prosperite de I'agriculture du Languedoc pent etre rap- portee a trois grandes epoques. La premiere est I'ouverture du canal du Midi, qui permit un debouche facile aux produits de la contree; la deuxieme a I'edit de 171 1, d'apres lequel les terres defrichees etaient pour quinze annees exemptes de toutes especes d'impots, de dimes et de droits feodaux ; enfin aux lois de I'Assemblee constituantc, qui firent disparaitre beaucoup d'en- traves oppressives pour les cultivateurs , et rendirent partout les terres de France completement libres. Quelques personnes se plaignent de I'extreme division des proprietes dans le departement de THerault ; mais elles recou- naissent aussi les efforts extremes que cette division fait faire aux cultivateurs. On cite I'exemple de Lodeve, autour de la- quelle on voit la vigne cultlvec sur des rochers ou la terre est presque entierement apportee par les hommes et contenue par des murs a pierres seches en forme de gradins. De sem- blables travaux ne peuvent etre [fructueusement executes que par de petits proprietaires ouvriers. Les vignobles de rHerault sont renommes ; on cite avec eloge les vins muscats de Frontignan, de Lunel, de Bezicrs, de Montbasin, etc. On evalue a 2,077,582 hectolitres la recolte moyenne des vignes du departement. On pourrait planter dans le departement de I'Herault des. /,6 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES haies de muviers qui vicnnent prompfcment et qui sont tres- avantageiix pour rotUication ties vers a sole. L'olivier est ciiltive non-sculement en superficies appelees olivetes, mais sur une foule do points isolcs, dans les vignes et dans les terres labourables, soit places en bordures, soit dis- semines dans toute I'otendue des champs. La diminution des plantations et des produits de I'oUvier, par suite des hivers rigoureux, est deplorable, et demontree par le tableau sui- vant : En effet, la recolte moyenne de I'huile avant I'hiver de 1789 etait sculcment de 47>ooo hectolitres. II y a cinquante ans on ne I'evaluait plus qu'a 1 4,232 hectolitres. Le vin du departement, brule pour etre exporte, est de 1,280,000 hectolitres. On exporte 400,000 hectolitres de vins muscats et de vins ordinaires. Le departement compte 264 distillateurs sans parler des pro- prietaires qui brulent eux-memes leur recolte. Cette industrie occupe 5 10 onvriers. On emploie pour cette operation des appareils perfectionnes d'Adam et de Baglioni. La valeur totale des vins employe's a la distillation, a la con- sommation interieure et au commerce, produit par le depar- tement de rHerault, s'elevc a 1 5,840,000 fr. On trouve au voisinage du port de Cette des salines qui fournissent les seis les plus blancs, les mienx cristallises et les plus compactes qu'on obtienne sur tout le littoral de la Medi- terranee. Le tonnage total des navires etrangers ou francais de long cours ou de cabotage que rccoit le port de Cette est d'en- viron 5o,ooo tonneaux par annee. Le port d'Agde est d'une tres-grande importance pour I'ap- provisionnement de nos armees dirigees vers I'ltalie ou vers I'Espagne. On trouve aussi dans le voisinage des salines trcs-abon- dantes. Le tonnage total du port d'Agde ne s'eleve guere qu'a a5,ooo tonneaux par annee pour les batimcns etrangers et francais. Dans une annee moyenne, telle que iSaS, on a trouve DU MIDI DE LA FRANCE. 47 pour navigation de i'est a I'ouest, sur Ic canal du Langucdoc, 1,636 embarcalions de toute espoce, transportant 33,6go ton- neaux de marchandises , de prodiiits agricoles, de charbon fossile, etc., non compris 80,000 pieds cubes de gros bois de sapin ou de chene. Pour la navigation de Touest a Test, il y a 2,043 embarcalions venant du canal des deux mers, et se di- rigeant sur Montpellier, Lunel et Beaucaire; transport total des marchandises, des produitb agricoles, denrees coloniales, tabacs, fers , sondes, draps, laines, marbres, etc., 35,54o tonneaux. II est fach-eux que I'etat actuel du canal des Etangs ne pre- sente qu'une profondeur de 1™ a i" 3o, et force de trans- porter sur des aleges une grande partie des chargemens ; ce qui explique le plus grand nombre de bateaux employes a la navigation de Test a I'ouest. Le canal des Etangs apporte aussi beaucoup de produits d'agricultureet d'industrie, auport deCctte, pour I'exportation. Le departement dc I'Herault est riche en charbon fossile; on trouve des mines de houille pres des bords de I'Orb, dans un territoire qui s'etcnd jusque vers les sources de la Mare, affluent de cette riviere, et non loin des limites du departe- ment de I'Aveyron. Cos mines offrent I'exploitation la plus considerable et pourtant elle n'est que de 6,000 tonneaux par annee dont la valeur est portee a 78,000 fr. La redoutable concurrence des charbons de Saint-Etienne , qui descendcnt par le Rhone , reduit beaucoup les demandes de ce charbon fossile. Les mines de I'Herault que nous vcnons de cifer sont situees dans des gorges profondes et d'un difficile acces. Il faut fran- chir des chaines de montagnes afin de parvenir a la plaine et aux voies principales de communication. Nous croyons ce- pendant qu'un bon systeme de routes en fer pourrait etre tres- avantageusement introduit pour faire descendre la houille des lieux d'exploitatioa jusqu'a Beziers. Ce projet est digne de toute la soUicitude des administrateurs et des citoyens du de- partement de I'Herault. II existe d'autres mines de houille aux /,8 FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES environs de Roujan et de NeGes; ellcs donnent i,ooo tonncaux de charbon, cvalues a 16,000 f. Vers les limites du departcment de I'Aude, le departement de I'Herault possede aussi des mines de houille alaConette et Azillanotte; ces dernieres mines foiir- nissent environ 1,600 tonneauxdehouille evaluesa 28,000 fr.Oa trouvequeles houilleres de I'Herault ne sont pas exploiteespar line aussi bonne metliode qu'on pourrait le desirer. Les dernieres mines que nous venons de citer, celles qui s'etendent de Bize a Sesserasse sur la droite de la Sesse presentent une masse de combustible pour ainsi direinepuisable, et qu'on n'a pas encore commence d'exploiter. On n'a pas non plusapprecie I'elendue et la puissance des mines de houille situecs sur la rive gauche de celte riviere. Esperons que les developpemens naturels de I'industrie feront entreprendre des exploitations dignes de ces richesses minerales. Le departement de I'Herault est riche en substances mine- rales de diverses especes; mais dans un grand nombre de loca- iites, le mauvais etat des chemins rendrait le transport trop dispendieux pour que I'exportation de ces matieres puisse etre faite avec avantage. Le departement de I'Herault possede plusieurs carrieres de marbre exploitees a diverses epoqucs, et maintenant aban- donnecs par la difficulte des transports, difGculte dont nous venons de parler. Depuis 1822, Lodeve possede une fabrique de potcries en terre de pipe , qui donne di'ja pour ^40,000 fr. de produils. L'arrondissement de Beziers presente im grand nombre de cloutcries. Environ aSo ouvriers sont employes a ce travail, et fabriquent pour i5o,ooo fr. de clous. Lenr Industrie est tres- favorisee par le voisinage des mines de charbon fossile. Monlpellier tient un rang distingue pour la fabrication des produits chimiques. Elle posseda long-tems la Aibricalion ex- clusive du vcrdet ou acetate de cuivre. Cent trente-six eta- blissemens consacres a cette fabrication rendent annucllement 56o,ooo fr. , en y comprenant la fabrication de Montpellier et celle de Gignac, ville situee sur les bords de I'Herault. Chacun DU MIDI DE LA. FRANCE. 49 de ces etablissemens ne coiisiste guere que dans le maitrc d'liiiu cave, qui suffit a ce travail avec I'aide de sa famille. On cvalue a plus de 1,000,000 fr. la valour totale des produits chimiques fabriques dans le dcpartenient. II faut compter au premier rang, parmi les fabriques dc produits chimiques, celle de M. Etiennc Berard, fondce par le comte Chaptal. La grande fabriquc etablie aux Tliermes, pres de Paris, par MM. Etienne Berard ct Chaptal, a recu tous les precedes mis en pratique depuis quarante ans, dans la manufacture de Montpellier. On remarque sur les bords de la Lez, aupres de Montpel- lier, une scierie h3'draulique qui debite une grande quantite de tables de marl^re ct dc dalles de pierrc. Le departement fabriquc annuellemcnt pour environ 11 f^ milie fr. de bouteilles, dedames-jeannes, d'huiliers ct de ca- rafes, dans trois verrcries. La fdature du colon a plutot diminue qu'augmente depuis le commencement de ce siecle ; cependant les travaux de tissage de coton ont conserve dc I'importance surtout dans les ateliers de Bf. Verdier, inventcur du tissu cote-pali, etoffe dont la chaine est en coton avec trame de soie teinte en ecru. La valeur du travail des cotons surpasse annuellement 400,000 fr. En 1789, les fabrications du meme genre pour le departement de I'Herault s'elevaient a la somme de 3,737,5oo fr. Cette im- mense diminution tient d'une part aux pi'ogres de I'industrie dans la France du nord, et de I'autre aux prohibilions de nos produits dans la Lombardic devenue autrichienne, et dans I'Espagne. Une Industrie pareillement diminuee depuis 1789 est la fabrication des liqueurs, des parfums et des essences. A la premiere epoque, Montpellier comptait vingt et une grandes fabriques, et n'en compte plus que quatre aujourd'hui. La tota- lite des fabriques etablies dans le departement donne 1 38,760 fr. de produits annuels. Le departement de I'Herault contient douze imprimerics , T. Lx. — Octobre 1 828. /, 5o FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES dont sept a Moni[H'!lifr ct trois a Etziers. Le departement conipte luiit ecrits periodiqucs utiles a radniitiistralion , aii commerce ou aux sciinces. Le depaitoment possede six pape- terics, dont le prodiiit siupasse Go,ooo fr. La ptche daus les ciani;.s est line industrie importanle pour le di-p;iitemcnt do rilcTault ct produit iiiic somiiie de 5Go,ooo fr. La (abrication dcs dr.ips pour la troupe est line des princi- pales ressonrces dii di'parteir.ent del'IIeraiilt. La\ille de Lodeve est le lieu principal du coltc fabrication. D'autrcs villes, Cler- mont, Saint-Chiniau et Villcneuvette fabriquaient autrefois des draps pour le Levant, ct fiirent crigc'es en manufactures royales sous if iiiinislere de Colbert. Les anciens Etats de Languedoc doiinaient aux draps sorlis de ccsfabricpios iine gratification ou prime dVncoiiragement, cc qui nionlre toiite I'attention que le ^otivernement provincial donnait a cette fabrication. Enfin, il esis'e a Bedarieux eta Sainl-Pons dcs fabriques de draps dont I'origine remonle a la fin du xvii" sieclc. En 1789, la valeur des draps fabriques pour le Levant par les villes que nous venons de citer siirpassait 8,000,000. En 1822, le departement de rHeraidi n'a fabriqne po.ir le Levant qn'une quantite de draps doiil la valeur est scuiement de 1,402,765 fr. La consommalion de draps pour linterieur de la France supplee en partie au debouclie du Levant. Disons aussi que les diverses villes qui se bornaient a i'approvisionnement ilu Levant concourent maintenant a I'habilb ment des troupes, et commencint a fabriquer des draps siipeifins. Au total, le departement de rHeiauU cnnij)tait en 1789 98 fabriques de draps dont 49 a Lodeve, 26 a Clermont, i5 a Bedarieux, etc. II en compic maintenant 53 a Lodeve, 33 a Bedarieux, 32 a Clermont, i5 a Saint-Chiniau, 14 a Saint- Pons, 4 ^ Riols, une a Vilieneuvette. En 1822 , le tola! des fabrications etait de 35,75o pieces. Cette fabrication eniploie 8,53 1 ouvricrs, et la valeur des produits est de io,428,o32 ft. Ainsi, la fabrication des draps est encore de beauconp la branche d'induslrie la plus richc DTJ MIDI DE L.\ FRANCE. 5i du departemeiit d«? rHeraiilt. La f;ibriralion des couvertiires de laice, qui conipte plus d'lm siec'.e, occupe environ i,5oo ouvriers, et prodiiit 1,800,000 fr. Le dcpaiicmcnt a pi'idu la fabrication des etoffcs de sole; il est reduit mainleiiant a la bonnetcrie. Montpellier etait le centre d'une grande indusirie qui faisait fabriquer en 1789, 100,000 douzaincsdemouchoirs, 5o,ooo aiines demouchoirsde coton rayes ct qnadrill6.s,pour rintcrieiii' de ia France, lePit^- mont et nos colonies d'Anitiiquc. On teignait a Monlpellicr 200,000 quintaux de roton pour les roaniifactures des autres provinces. Pres des litniles du departemcnt du Gard et des rives de I'Herault, la ville de Gange, au pied des Cevcnnes, et dans nn paysoiilarecoltedcs soies ostextremement abondanle, s'adonne avec avantage a la fabriquc des bas de soie. Elle excelle dans la confection des bas a dcntclle pour femnies. Les produits de Gange sont presque entierenient envoyes a Paris. La petite ville de Saint-Marlin de Londrcs s'adonne a la menie industrie. La valcur totale de la soie filie pour tout le departemcnt esl, annee moyenne, d'envjron yoo,ooo fr. La valeur toiale des b.^s de soie fabricjues dans le departemcnt est de /,68,ooo fr. Les tanneries sont, pour le departemcnt de rilerault, nne branche import.Tnte d'industrie , principalemcnt cxercee a Montpellier, a Gange, a Niannc, a Pesenas et a Clermont. Les cuirs sont tannes avec I't'corce du qiiercus ylcx coxifera, qci procure un tan tres-aclif et donne nne grande force aux cuirs. La valeur totale du jnoduit des tanneries dans le depar- temcnt est de 2,663,000 fr. La fabrication des bougies donne 5o,ooo fr. , et la fabrique des chandeiles 809,000 fr. La chapellerie produit 97,600 fr, Le total des principales branches d'industrie que nous ve- nous d'tnumerer donne une valeur de 20,255,593 fr. ; et nous sommes loin d'avoir compris toutes les fabrications. Si nous resumons les ameliorations possibles dans le depar- temcnt de rHerault, nous trouverons, pour efforts a tenter, pour bienfaits a produfre : 5a FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES Donner uii enseignement piimaire a 654 communes, les- quelles en sont privces. Rcndre a rcnseignement des colleges la vogue qii'il avail en 1789, c'poqiic oil n'e.xistait pas la retribution universitaire. Retablir a IMontpi-llicr I'Ecolc do droit (jui florissait autrefois dans cetie ville. Donner la s|)Unilcur avec I'lndependance a I'Ecole de medecine de Montpellier ; y rendre graluits les cxamens. Instituer, completer I'enseignement des sciences ap- pliqiiees a I'industrie, dans douze villes du deparlement. Aclie- ver 86,000 nietrt;^ de routes royales ; completer les routes deparlementales et creer un bon systeme de cliemins vicinaux. Etudier et mettreen execution des routes-ornieres en fer, pour aller des hautes parties du departen.ent jusrpj'a la mer. Ralta- cher a ces routes des exploitations nonvelles ou plus comjiletes et mieux entendues, pour la houille, les metaux, les marbres, les pierres, etc., dont le departement abonde. Perfeetionner le canal des Etangs, en le creusant dans toute son etendue k la nicme profondeur d'eau que le canal du Midi. Assainir tout le littoral do THc'raiilt; planter les dunes et dessccher les abords marecagoux des etangs. Achever les moles et les jctees des ports de Cctle et d'Agde. Recotiqiiorir, autant que possible, le commerce des draps du Levant, par une etude nouvelle des moycns de soutenir avec avantage la concurrence contre les fabrications anglaises. Reclamer fortement pour que le gouvernement francais, au lieu d'irriter les etrangcrs par des prohibitions, que les otran- gers chalient par des rcpresailles, adopte des vues eommer- ciales plus larges et plus genereuses, et revoque par degre ses prohibitions pour prix de revocations analogues obtemies des Espagnois, des Sardcs, des Piemontais, et de tous les Etats d'ltalie. Accroifre la culture des muriers, I'education des vers a soie et les travaux des soieries economiques ou pures ou melees de coton. Remplacer 800,000 moutons indigenes a laine grossiere par DU MIDI DE LA FRANCE. 53 un million de metis ou de meriuos, dont les toisons vaudiont une somme double. Envoyer des observateurs iutelligens pour etudier les nou- veanx besoins et les uouveaux desirs des peuples etrani;;er9 dont la Medilerrance baigne les cotes , en Europe, en Afrique et jnsqu'en Asie. Tenter ensuite toutes les fabrications uou- velles propres a satisfaire ces desirs et ces besoins. Si les habitans de THerault veulent entrer avec courage et suivre avec perseverance la carriere de perfectionncment dont on leur offre ici I'esquisse imparfaite, il est naturel d'esperer qu'en peu d'anuees les habitans de ce beau departement joui- ront d'un uouveau bien-etre et verront tripler leurs ressources. Charles Dupin, Membre de I'lnstitut. II. ANALYSI^S fTOUVUAGES. SCIENCES PHYSIQUES. ASTIIUNUMIK ANCIEN:ente, u" 7. i vol. in-S" de 400 jKig. ; pri>. , 7 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 55 decodvertcs soicnt plntot I'ceuvre «l'iin homiiie que de tout autre : les determinations exactes qui servent de base a I'as- tronomic modcrne lie ivmoiitcnt pas plus loin qn'anx travaux de Ln Caillc , t.n i 75o , aimee q.ie Lii Place a du choisir comme le point de depart de toules les observations certaines, parce qu'avant ceite epoque aucuus travaux ue lui olTraieut le dcgre de precision necessaire pour servir de base a rastrono- mie. Mais si des discussions approfondies peuvenl permettre de troiiver des rcsuUats aslronomiqucs presque aussi exacts que ceux de La Cai'.le , et antcrieurs de 2000 ans , les fonde- mens de la science en recevrout des secours puissans quiseront pour nous d'un immense interet. Ces periodes do restitution , que des observations continuces pendant iin grand nombre desiecles, avaicnt rendues certaines , deviendront autant d'e- Icmens qu'on devra regarder comme precis , parce que les erreurs propres a ciiacnne sont compensees par la dureedu terns qui les separe. Nous devons encore indiquer, comme nne raison d'altaclier de Timporlance a ce genre d'etude, I'interet de curiosite qui se lattaclie ;t ces sortes de considerations, in- teret si puissant , que I'Euiope etitiere s'est eniue au simple expose descriplif dun monument eiilevc a I'Egypte, et dont I'existence ne rcmonte guere qua huit ou neuf siecles avant noire ere. C'est done un sujel bien utile de meditations que cehii qui a exerce !V]. Marcoz, ct la reconnaissance des savans ponr des travaux de cet ordre doit ctre proportionnee aux difficullesqu'ils presententet aux utiles rciultats qu'on en retire L'auleuretablit d'abord pardos argumensipii nous sernblenj;' sans rejjlique, v^u Hipparquc n^x.ii\\.(\\\e ledepositairedes secrets astronomiques de ses predecesseurs. Habitant Tile de Rhodes environ i5o ans apres la fondalion du Musee d'Alexandrie, il communiqiiait avcc les Chaldeens, les ludiens et I'Egypte par les moyens que lui fournissait le commerce de ses compatriotes, qui etaieiit alnrs les jx'i'plcs les plus habiles en ce genre. II parait lueme qu'IIippar.jue y avail acquis des richesses ou des seconrs ipii Tout mis a nieme de faire les frais necessaircs pour faire fabritpicr les instrumens qu'il avail invenles ou perfec- 56 SCIENCES PHYSIQUES, tionnes. Les Lgyptiens n'avaient plus que des traditions, puis- quc Manelhon , un siecle avant, est le dei'nicr des pretres qui se soil livre a I'etude et k la contemplation des astrcs. C'etait dans le but de predire le sort futur des hommes et des empires qu'on etudiait le ciel ; et les erreurs de I'astrologie sont vine preuve irrecusable de I'exislcnce des tables astronomiques a cette epoque reculue, puisqu'il n'etait pas possible de noter I'etat acluel, passe ou futur du ciel, sans elre capable de mar- quer la place des planetes, du soleil et de la lune, pour une epoque designee. M. Marcoz cite divers passages d'aiileurs an- ciens qui prouvent I'existence des tables, ou de methodes de calcu! equivalentes. D'aiileurs, il est certain que des predictions d'eclipses de soleil et de lune ont ete verifiees par I'evenement sans errcur sensible, et on sait qu'on ne peut annoncer des eclipses de soleil pour un lieu donne, par le secours des pe- riodes. Hipparque profita de tout ce que la tradition put lui four- nir de documens; mais il est certain qu'il n'alla pas jusqu'a inventer la plupartdes notions qu'on lui attribue; et particu- lierement la connaissance des periodes de longue diiree ne peut etre le resultat de ses propres travaux, puisqu'clle exige des siecles d'observations : il ne la dul par consequent qu'a la communication qu'il en eut des Assyxiens, des Egyptiens et des Indiens. Les Grecs voulaient passer pour inventeurs de tout , et il est constate qu'ils n'etaient qu'imitatcurs ; leurs dieux memes, leurs initiations, n'etaient pas imagines par eux. lis n'avaient pas une asscz longue duree d'observations pour avoir frouve certaines periodes; ils connaissaient tres-bien les resultats des travaux de ceu.x qu'ils appelaicnt des barbarcs, et on ne trouve nulle part le moindre indice qui piiisse mon- trer d'ou lour vonait cette instruction , ni ce qu'ils y avaicnt ajoute. II est done tres-probable qu'ils n'avaient presque rien en proprc; et ce qui le prouve mieux que toute raison con- jeclurale, du moins pour ce qui concerne la science du ciel, c'est que les Grecs ne savaient meme pas regler leur calcndrier luni-solaire qui etait toujours en desordre. Leur langue, en- SCIENCES PHYSIQUES. 5j lichie par la poesie la plus brillante et les plus eloqueiis dis- couis, a seule survecii aux hingues contcmporaines; cellesci d'ailleurs n'exprimaient jamais les idees positives qu'cn termes allegoriques et par des symboles pcu inteliigibles. Nous con- naissons done seulement ce qu'ont ocrit les Grecs; et puisqu'ils nous ont souvent trompes en s'attribuant certaines inventions, il est permis de penser que I'amour de leur propre nation les a egares jusqu'^ chercher a s'en atlribucr bien d'autres. C'est, au reste, un fiiit dont M. Marcoz fournit beaucoup de preuves. « La creation est Touvi-age du genie, dit cc savant; ce feu emane de I'cspi it divin a sans doutc brilie avcc le plus grand eclat chez les Grecs : poetes, orateurs, historiens, mathemati- ciens, archilectes, peintres, sculpteurs, tous ont manifeste I'e- lendue du genie departi a cette nation. Hipparque a donne de tres-grandes preuves de celui dont il etait done. Mais dans I'astronomie, le genie le plus sublime ne pent rien creer sans les observations , et sans une longue suite de bonnes observa- tions. Auciin etablissement dans la Grece n'a remplace ces corps permaneas d'astronomes dont I'Egypte et la Chaldee se glorifiaient. Les astrononaes grecs, qui etaient de simples par- ticuliers, ont observe sans suite, etle solstice de Met/ion depre- cie singulierement toutes ces observations. Les Grecs n'avaient done pas les materiaux necessaires pour creer I'edifice de la science. Obliges de les dcmander aux etrangers, ils n'ont pas eu, au moins la plupart, ;i se feliciter de leurs communications, faites avec une reserve mysterieuse. Hipparque, convaincu de cette disette d'observations chez les Grecs, a multiplie les siennes ; mais il lui manquait des termes exacts de comparaison. Dans cet ctat de choses, on a droit de demauder quelle est la creation ou I'invention que Ton pent attribuer a Hipparque... Dans le petit nombre de determinations anterieures a cet astro- nome qui nous sont parvenues , nous en remarquons de bien plus exactes que les siennes. C'est ainsique, chez les plus anciens Egyptiens et Chaldeens, nous trouvons une annee siderale de 365 jours 6 heures ii minutes beaucoup plus exacte que celle d'Hipparque... Les Chaldeens nous offreut encore le niouve- 58 SCIENCES PHYSIQUES. ment nioyen diurne de !a lune dc iS" lo' 35'' bion plus rxact que ccliii de cet astrononie..." « Etahlir des periodos asiiouomiqucs qui n'ont quelque pre- cision que lorsqu'cllcs sout coniposees de nombres conside- rables, qui par la mcme dcvicnnent d'un usa^e tros-borne et d'une exactitude Ires-difruile a constater, et qui d'aillturs snpprinicnt toiijours des elemens qui devraicnt cntrer dans leur formation, est une methodc ahsoliuiient abandount'c par les modernes, a cause de son iitiperfection. La periode chaldeenne de i8 ans ii jours 8 heurcs, pour prevoir les eclipses delune, lorsqu'on renoiivelle son epoque, est pour I'usage preferable a cellc d'ilipparque, quoiqn'il I'ait criiiquec. " C'est avec cctte force de raisonneuunt, cette puissance de logique et de discussion que cette premiere partie de I'ouvra^e de M. Marcoz est ecrite. Et qu'on ne croie pas que cet amour national qui a porte les Grecs a depouilli-r les etrangers du merite de leurs decouvertes pour sc les allribuer soit une chose sans exemple: I'histoire prouve mcme que le sentiment d'equite de la part des peuples est an contraire tellcment rare, qu'on n'en peut citcr que des traits cchappes, pour ainsi dire, u lies autenrs plus naifs qn'eloquens. Si les langues de I'Europe venaient unjoin- a sc perdre pour ne laisser subsister que celle derAnglelerre, que rimprimcrie fut detruite avec les ouvrages qu'ellc a nuiUiplies, ne croirait-on pas , en lisant la plupart des manuscrits anglais, que ces j)euples ont seuls fait des progres lians les sciences et les arts; (\ue les Francais, les Italieni, les Sucdois, les AMemands, etaienl des barbares : on y parleiait a jieine des yuncamon, iin^ Monti^oljicr, des Faijui, pour faire resonner lesnoms de ff'att , Brimuili, /^o//, liommcs d'un genie si recommandable d'ailleurs. Lenom de yV«i'/o« serai l cite, sans parler <\e Leibnitz, de Descartes, de Fcniutt, cjue pour en faire iin j)aral!ele injuste ;la litteraltire francaiseei iialicune scraient a peine citees, etc.Yoila jirecisement ce que les Crecs out reussi a faire, a une epoque on toutes Ici circonstanccs politiques sont venues se reunii pour consolidcr leur usurpation. Ren- dons graces an criritpie, qui, arme des ecrils niemes des Grecs, SCIENCES PHYSIQUES. 5g 1 estittie a chaciin ce (jui liii appartient : la part de la Grcce est ( iicore assez ample pour siiiiiic a rillusli'cr et a meriter notre reconnaissance. Quant a Tcxistence dcs lables astronoiuiques des Chaldecns, tui dii raoins tie mothodes equivaientes, elle est elablie par des preuves formelles ct posiiivos, par des passai^es extraits de Ciceion, de Pliilarquc et de I'enipereur Jiiiien; en sorte que nialnlenant on doit la rcij;arder coninie ur fait hisloriqiie in- contestable. C'est, an reste , nnc opinion qui a etc niise hors de donte par plubieurs sava^s. 11 en fr.iil dire anlant des Egy[)tiens , qui, au rapport de Diodore de Sicilc, annoncaient les eclipses de soleil et de lune, dont tontes Ics circonstances (irrivaient cxactcment sans crrcur , comme il les avait pre- diics. Ce mot, sans crrcur, est conlirnie par des passages de Plutarque, de Polybe et de Pausanias. Or une precision d'an- nonce d'eclipse solaire, sans erreur, suppose certainement i'existence de bonnes tables dcs mouvemens du soleil et de la lime. « Les tables astronomiqnes sont le precis ct I'abrege theo- rique et pratique de rastroiiouiie du tenis oil elles out ete faites. 11 est evident par la (ju'Ilipj)nrque, dans ses tables dt» suleii et de la hme , a donne le rebidlat des travaus de ses pre- decesseurs, perfectiotmes par les siens propres. Cette niarelie et cette successioii d'essais tonjours nieilkurs parait si ualu- relie, qu'il semble suffisaut de I'enoncer pour I'etablir. Hip- parqne, en perfeciionnant les tables astronomiqucs trouvees et dressees par les Egyptiens , n'est done pas I'tuventeur de ces tables ni de rastrotiouiie exacte... Ainsi lorsque les niodernes di.sent que Kason et Biir^ ont perfectionne les tables lunaircs di' M;iyer, c'est convenir que ces tables de Mayer ont duja etc portees au point d'une grande precision; ainsi les Grecs, en sc mettant tonjours en premieie ligne, ne font cependant |)as eclipser la gloire de ceux dontils discnt avoir peifeclionne ici tables. " Au rapport d'Acliille Talius, il y avait dcs tables d'Aralus^ jjour les planeles : ces tables sont perdues. Delambre croit Co SCIENCES PHYSIQUES. affaiblir leur importance cii disaiit que c'etait peu ile chose: inais d'oii le sait-il? Ne voit-ou pas dans cctte assertion la |)rt'doniinance d'uiie idee fixe qui vcut que tout s'y raltache? L'eclipse de soleil de Sulpitias Gallus est aulhentique; cette annonce suppose I'existence des tables. Le mcme savant, tou- jours pieoccupe de la verite de son systeme, juge et analyse un passage d'Hipparque, cite par Aiistote, ou il est fait men- tion de tables anlerieuresa lui, de predictions d'eclipses qui ne sont que rarement fautives d'un 6<^ du diametre; et il pretend neanmoins qu'Hipparque est I'inventeur de la psediction des eclipses. Un fragment d'astronomie solaire des Egyptiens se trouve k la fin de Geminus : c'est un calendrier pour I'annee de 365 jours, dont ccs peuples faisaient usage. LesGrecs recevaicnt d'eux les calendriers ou parapcgmes en usage. « Delambre a garde le plus profond silence sur ce parapegme : il parait que c'est parce qu'il contrariait ses idees. » Et cependant Delambre est conduit i\ reconnaitre que les observations d'Hipparque ont ete en erreur de i, x,Z etjus- qu'a 4 degres : c'est-a-dire, en d'autres termes, que les travaux de I'astronome grec sont nuls, car ce sont 2, 4 > 6 ou 8 lunes qu'il fant placer en ligne droite a la suite les unes des autres, et I'erreur consiste a avoir subsfitue I'un de ces astres fictifs a I'autre. Pent -on attribuer un ecart aussi enorme dans des observations, nieme a I'astronome le plus mal habile. Mais M. Marcoz pretend justifier Hipparque, et montrer que les erreurs qu'on lui reproche sont dans les calculs de Delambre, ou des fautcs de copie. Apres s'etre fait le detracteur d'Hip- parque, il devient son apologiste : on voit qu'il ne vent le depouiller que de la fausse gloire dont on I'a environne, et lui rendre au contraire le juste tribut d'estime qui lui est du. Jusque la tout est bien dans I'ouvrage de M. Marcoz; niais la suite presente une multitude de conjectures, et une com- binaison d'hypotheses si singulieres, pour ne rien dire de plus, qu'il n'est pas possible de demeurcr de son avis. Apres avoir fait I'exposition d'un gmnd nombre de resullals astro- nomiqucs obtenus par Hipparque, et montre que les uns sont SCIENCES PHYSIQUES. fir exacts et les autres tres-dcfectiieux, qiioique ceiix-ci soieiit lies aux premiers, il se demaade :« Comment concilier ces de- terminations inexacfes avec celles qui sent d'une exactitude presque egale a cclle des niodernes? La perfection des unes nous induit a croire que les aiitres auraicnt du participer au meme degre d'exactitude. Rien nc prouve que I'instrument qui a donne un ou plusicurs resultats egalement bons ait cesse d'etre le meme pour d'autres observations ; rien n'indique que I'observateur qui a trcs-bien su faire une observation n'ait plus su en faire une autre avec la meme exactitude. » A cela 11 est facile de repondre que c'est preciscment ce qui arrive tous les jours; les liommes les plus exerces, armes des raeiileurs instrumens, sont encore exposes a Terreur; il n'y a que ceux qui n'ont fait do Tastronomie que dans leur cabinet qui ignorent cette verite. D'ailieurs !cs fautes des copistes sont trcs-nombreuses, surtout lorsqiie Ton remarquc que diffc-rens manuscrits grecs ne sont pas d'accord entre eux, et que les chiffres en usage chez cette nation etant les leltres rnemes de I'aiphabet, sont tres-sujefs a se trouver deformes. Mais M. Mar- coz rcpond a sa propre interpellation, en affirmant que les errciirs cV Hipparqne ct de Ptolonice etaicnt votontaircs. Il croit que, snbjugue par I'infiuence des pratiques egyptiennes, qui enveloppaient tout d'un voile mystcrieux, ces astronomes ont cherclie des detours pour soustraire leurs travaux aux re- chcrclies des investigateurs de la verite pure, et qu'ils se sont plu a alterer leurs propres decouvertes, en les colorant d'un fard imposteur, pour nous' les laisser a deviner, si nous vou- lions parvenir a savoir ce qu'ils savaienteux-memes. Cette pre- meditation de faussetes calculees et a peu pres sans objet, de la part d'hommes livres a I'etude des sciences exactes, est si extraordinaire et si eloignee de ce que nous connaissons des habitudes et des penchans du coeur humain, qu'il faudrait des preuves plus claires que le jour pour s'y soumettre, et en avoir la conviction. Je ne suivrai pas M. Marcoz dans les calculs qu'il presente pour montrer les erreurs des tables solaires d'Hipparque, de 6a SCIENCES PHYSIQUES. son annce tropiqiie , dc I'npogt-e solaire, etc. : je ne parlprai p.is do la slni;uricrc inelliode dont sc sort raiitciir pour otablir que cet astronomc cotuiaissait la prc'ccssion dcs equinoxes avec une exaclitude etonnantc, en la tiraut de valciirs des annees sideralc et tropique tout- a- fait fausses, ef oii ii se trouve quo le rcsultat de la compaiaison est juste, par une compensalioii fortiiite d'erreurs ties -graves; ce qui etablit senlement qu'on ne pout loi;i(]uement en tirer aueunc conse- quence utile. Eufin jc tairai tons les details techniques que donne M. Marcoz pour pronver la faussete dc rastronomie d'Hipparqup, parce que ce fait est bien constate, du nioins surles points dont ils'agit, et que Delambre et tous les savans s'accordent a ce siijet. J'en viens ii la preuve que M. Marcoz donne pour etablir que tout cela est neanmoins exact, et qu'il re faiil que snvuir lire la verite a travcrs les deguisemens qui la cachent. II y a a peine cent ans que les instrumens sont assez parfaits pour qu'on en puisse tirer de bonnes observa- tions, et cependant notre auteur croit que celles des anciens meritent une grande confiance, et que leurs erreurs sont coni- niises .'i dcssein. II entreprcnd dc lire les vrais resultats caches par des fautes qu'il dit etre volontaires. n jVous devons juger, dit M. Marcoz, qii'au terns d'Hip- parqueil y av.iit deux manieres d'exposer I'a'^tronomie; Tune sincere et veridique, telle qu'elle resultait des observations le- gitimes; I'autre deguisee, ou allegorique, ou inysterieuse , fondee sur des observations fausses ou alterees dans leurs dates.') II i)ensc que ce savant astronome etait epiis des nie- thodes chaldeennrs, auxquelles il devait son instruction et ses p!us belles deeouvertes, et qu'au contraire il avail jure haiue a I'astronomie egyplienne , rivale de celle de I'lnde. Le nombre e et ses multiples 60, 36, 35o, etc., etaient cabalistiques chez les Chaldeens, qui les avaient en honneur et leur don- naienl la preference dans tons les cas ou cela leur etait permis: c'etaienl le nombre 5 et ses mulliples qui jouissaient de cctte faveur en Egypte. M. Marcoz, apres d'amples citations pour etablir ces deux faits, part de \h pour dire que les alterations •SCIENCES PHYSIQUES. 63 d'Hipparqiie sont faites en liaine do 5, et pour en enrichir 6. Une eclipse est-elle datoe de I'an 55, par erreiir poiirl'an S/j, c'e>t pour incnlpcr iiii multiple de 5 ; unc position dii soleil donnee pour I'an 5i est en crreur de i5', ct devient jilus juste rnrappiifjuant a I'an 5o ; il faut accorder qu'Hipparque a fait ici la petite guerre au nombre 5 en accusant faux, niais qu'il savait tres-bien ce qu'il faisait. En sorle que le meaie motif qui inlroihiit un mub.iple de 5 a tort est ceUii aussi qui I'en fait disparaitre. Le 5*^ des equinoxes observes par Hippanpie est aussi atleint d'une fatite voloiUaire, en ce qu'il portc la date de la 3,',^ annee, au lieu de la 3?j'^, de la periode calipjjiqiic: et M. Marcoz part de la pour elablir une discussion sur les equinoxes, les uns vrais, les autres errones, fails par I'astro- norne giec, etc. U est inutile de riosis etendre plus lonL^uement sui- un sujel: qui, traile avec cetle libei te di; conjectures et d'hypolheses, ne laisse rien de certain dans I'esprit , et autorise a frouver tout ce qu'on veut dans les ecrits aneitns. Je terniinerai cette ana- lyse en disantque M. Marcoz croit que les revolutions limaires et les annees tropiques et sitleralcs sont constantes avec la du- ree des siecles: Cassini, Slayer, La Caille, Lalande , Delambre , etaient de cet avis; mais la theorie de I'attraction le repousse; aussi Euler, La Place, La Grange, Bailly, Schubert, et tons ceux qui pensent que la theorie est plus exaete que I'observa- tion, et memo la rcdressc dans ses erreurs, ont donne des formtdes pour mesurcr retendue des cliaui^emens que ces du- rees e])rouvent (voy. l'f/rrt«oo-r(7/?/;/(?, 4"= edit., p. 4^5 ). Pour eiablir la Constance de ces quantites, M. Marcoz a le talent de les trouvcr dans Hipparque, a pen pres tciles qu'elles sont de nns jours, bien entendn en s'aidant de sa flexible meibode d'interpreter Ptoloniee; et il part de la pour en conclurc que piiisque 2000 ans n'ont apporte ancun cbangenient, c'est que le changement est impossible. Mais a s'en rapporter a des pages tres-sagement ecrites par noire aiiteur lui-mciae, il semble que cette argumentation aurait du etre repoussee. Il demontre en effet en plr.sieurs lieux qu'on ne peut avoir aucune foi an.x 6/, SCIENCES PHYSIQUES. • observations des anciens, si ce n'cst lorsque , par une diiri-e presque infuiie, elles se sont corrigees mutuellement et ont fourni dfs periodes de rcstilution. Voila le sciil monument re- marqiiablc que rantiquitu nous ail laisse, et Ton voit Lien que ces periodes n'etant que des rcsultats approches donneiit peu de prise pour en conclure la duioe exactc de I'annee sidcrale, des revolutions lunaires, etc. Cependant Delanibre, en parlant de Lagrange, disait que « souvent il laissait voir quelque inquietude sur I'imperfection des methodes d'approximation employees clans I'astronomie physique, et paraissait craindre qu'elles nc devinssent une espece de mine d'oi^x Ton tirerait i peu pres tout ce qu'on voudrait; mais il ne manifestait ses doutes qu'a voix basse, pour ainsi dire, en Ics accompagnant de plusieursyV ne sals pas.v Et M. Marcoz se croit fonde , par le prudent et sage scep- ticisme du plus grand geometre de notre iige , a rejeter tout ce qu'on en a tire, tout ce que I'obscrvation la mieux dirigee en a deduit, et a donner la prelerence i^i d'asities observations fausses en cffet, mais reparees par des liypolheses, etqiii n'ont d'autrc ^arantie que des assertions conjecturales. jVous dcvons croire que de pareilles doctrines n'obticndront pas I'assenti- ment des savans. Quoi qu'il en soit, I'ouvrage de M. Marcoz est celui d'un homme de merite; il invite a penscr; il est rempli d'une foule de recherches interessantes; et s'il n'a pas prouve qu'Hip- parque ne s'est trompe que parce qu'il Youlait nous embar- rasser, et nous obligcr a decouvrir dans scs oeuvres la verite qu'il deguisait volontairement, du moins notre auteur a nion- tre beaucoup de sagacite et d'esprit dans son livre. Il nous promet d'aulres ecrits sur I'astronomie ancienne; mais nous I'invitons a moderer son penchant aux hypotheses, s'il vent laisser aux sciences un monument utile et durable. Francoeur. SCrENCES MORALES ET POLITIQUES. HlSTOIRE DES INSTITUTIONS DE Moi'SE ET DU PEUPLE HEBRETj; par J. Salvador (i). Dans I'antiquitc', lo plan des legislateurs cmbrassait les convenances morales, religieuses, civiles , et mcme dietetiques* dont la reunion sous dcs formes particulieres devait carac- teriser les divers peuples, sans les ecarter de I'ordre nature). Les principes de cette haute politique n'ont plus guere d'ap- plication directe ; I'art moderne des homraes d'Etat, bien que phis savant peut-etre, demande moins de genie. Cependant, ni le moraliste, ni le vrai publiciste, ne renonceront jamais a Tetude des fortes institutions que pei'mirent I'isolemenl et I'en- thousiasme naif de plusieurs peuples d\i vieux tems. Des tribus encore subsistantes parmi nous ont garde assez fidelement cette ancienne empi'einte , et elle nous parait d'au- tant plus originale qu'ii la difference des ages se joint une op- position non moins marquee entre nos manieres et les cou- tumes orientales. Le veritable esprit de la legislation de ces tribus a-t-il ete meconnu jusqu'a ce jour dans I'Europe qui toutefois s'en occupait sans cesse, ne fiit-ce que pour les pros- crire en les appelant en temoignage, et pour rejeter leur doc- trine autrefois seule venerable? Peut-etre serait-il difficile de prononcer irrevocablemcnt sur cette question importante; raais du moins, en rounissant la hardiesse des apercus, la jus- lesse des inductions, et cette circonspection qui, pour se faire toujours comprendre, n'a pas besoin de tout exprimer, M. Salvador parait approcher de la solution avec un rare bonheur. (i) Paris, i8a8; Ponthieu, quai Malaquais, n° i. 3 vol. in-S° dexx-4i5, 457 et 458 pag. ; prix , 21 fr. T. XL. — Octobre 1828. 5 GG SCIENCES MORALES. Quand il s'agit d'approcicr un livrc rcmarquable, on aime d'abord a se faire line idee des vraies dispositions dc I'auteur, et dc sa conviction intime. On le lira, on le consultcra avec un double intcrct, s'il a pris pour devise , sinceiite, moderation, independance d'esprit. Si un ecrivain israelite conserve la f'oi sans juger que la creduiite en soit inseparable, il celebrera Mo'ise avec predilection , niais il s'expliquera peu sur de cer- tains evenemens; lorsqu'il ne pourra les interpreter d'une raaniere naturelle , il prendra le parti de laisser un peu obscur ee qui est en effet reculedans la nuit des terns. Ainsi doit faire quicouque respecte beaucoup le zele des pieux rabbins , et respccte davanlage la verite qui sera encore divine .lors meme que par malheur les rabbins n'cxisteront plus. D'autres inspirations genereuses sont inseparables de cet amour du vrai. Persuade que I'heure approche ou le genre humain sera nioins divise, moins trompe, nioins afflige, I'au- teur scmble ecrire pour avancer raccomplisscment des terns. Si, en tra^ant I'histoire du mosaisme , il cherche a eclairer, comme il le dit lui-meme , les lois par les fails, et les faits par les lois , c'cst alin de montrer dans Mo'ise le genie devan^ant les siecles, et posant solennellement les bases sur lesquelles uos neveux ne tarderont pas a relever enfin I'ediGce social con- struit jadis, dans la plupart des lieux, avec des materiaux trop melanges. Tons les grands principes de la poHlique ont germe, selon I'historieu de Moise, dans la tete de ce legislateur; et, quant aux meilleurs maximes de morale, il ne s'en trouve dans les livres du christianisme aucuue qui ne fit partie de ceux de David, de Salomon, d'lsa'ie, ou bien du Penlateuque. Soutenu par la sagesse accordee aux premiers justcs, ou par I'energio de sa propre pensce, Mo'ise s'elcva et contre la superstition des peuples, et contre le despolisrae des castes, en evitant meme d'etablir celui du sacerdoce. Conformement au plan do I'uni- vers, Mo'ise a fait dc Tunile I'objet du culte, et le principe de la legislation. N'admettant d'autre souveraiuete que celle de Jehovah, et toutefois soumettant le sacrificateur a la loi, Moise SCIENCES MORALES. 67 n'a reconnu pour regie supreme que I'avantage public; il a donne, par cette sorte de nomocratie , une impulsion neuve et une physionomie indelebile aiix tribus qu'il avail delivrees. Ce qui ie caraclerise lui-meme, selon la remarque de I'auleur , cc qui prouve que son ame etait grande, c'est qu'il a fait du bonhenr dc fous le premier objet de la legislation. Telle est la pensee fondamentale developpee dans cette histoire des institutions hebraiiques. Mais, quelque juste que puisse etre I'idee dont on est occupe long-tems, si clle absoibe trop I'attention, le desir meme d'etre impartial ne garantira plus de toute grave inexactitude. Mais preoccupe, le lecteur trouvera trop hasardee cette double asserlion que le livre des Hebreux est en honneur chez lous les peuples, et qu'il ren- ferme les notions les plus ancienues sur la civilisation orien- talc. Une note justificative a cet cgard n'eut pas ete superflue : I'auteur en fait de si instructives et de si judicieuses! Prives de ces eclaircissemens nouveaux, nous accorderons Tanterionte a d'autres livres, et particulierement a ceux que des mission- naires ont cru aussi anciens que les sanctuaires de Thebes, qui I'etaient deja quand on batit ceux de Memphis, avant I'epoque du Pentateuqiie. Quant aMoise, I'auteur lui-meme partagc nos scrupides. S'ii le regarde comme ayant reuni mieux que nul autre la pra- tique ct la theorie, et comme ayant eu « I'esprit le plus droit , le plus ferme, le plus positif qu'il soit permis de concevoir, » il ne rapporte que pour ne pas paraitre I'oublier uu mot du livre des Nombres sur I'indulgence de Mo'ise. C'est uu des pas- sages que de nos jours on n'est plus certain de bien cooi- prendre , selon la prudente observation de M. Salvador. Effec- tivement, plusieurs coups d'Etat des plus scveres, et dont les gentils ont tire lui grand parti, rendent cxtrenicmenl embar- rassantes ces expressions : Moyses vir mitissimus super omnes qui morabantur in terra. L'auteur allegue la difficultc des terns , ce qui expliquc tout, mais seuletnent jusqu'a un certain point; du reste, il avonc que Moise pourrait bien avoir paye un tribut aux nceurs de son siecle. Mais, qu'est-ce que i'influenco des 5. €8 SCIENCES MORALES. inaMirs popiilaiies sur ct-liii qui est inspire d'on liaiit? Qiioi (pi'il fii soit, M. Salvador excuse assez bieu le peuple ir^ciu-rc qui (ie ses hotos d'Egyptc emporte la vaisscllc; uiais il a iu;glig6 til! dire cDUiuient il f.uidra s'y proiuire pour coucilier les vertus et l(;s ciiiiucns services d'Aarou avec Taventurc du veau d'or. La vertu d'Aaron aiirait-elle consiste a n'eii faire qu'un, tandis que du vivant d'Elie on en cut douze, chaqne tribu etaut Lien aise d'adorer sa bete, comnic dans l>is noines de I'Egypte? Dans une occasion iui[)ortante , Moise renonce a son pre- mier dessein ; le voyant iin])ralicable, il prcnd un parii tres- different. On peut rester^n hoinme prodtffieu.v , en reconnais- sant assez tot ses erreurs; mais alors, n'ayant recu mission que de sa propre pensee, on n'accomplit qu'imc oeuvrc pro fane. Peut-etre Ic moderne liistorien des Ilebreux n'est-il pas eloigne di; voir seulemcnt dans leur legislateur un grand homme obeissant a la voix qui Impose a ses parcils de memo- lables travaux. Mais ce!a meme suppose dos occurrences heu- reuses. Venu quelques siecles plus tard, Moise n'eut etc qu'un des innombrables proplietes da peuple choisi. Sans doute, Wuma , Dracon, Solon, durent avoir nioins de peine en un sens, comme le dit I'auteur. Mais aussi i!s ne pouvaient realiser que des projets assez ordinaires. Moise fut mieux seconde par le sort. Qu'importe la dilTiculte, pourvu qu'elle ne soit pas insurmonlabk'? Ce que la fortune peut faire de plus pour nous, c'est de nous placer dans des lieux oil il y ait k entreprendre qnelque chose de grand, c'est-a-dire d'ufile aux nations. Des tribus a qui Ton propose de sortir de la servitude, pour aller occuper une lerre couverte de micl et de lait, ne doivent pas etre Ires-difficiles a persuader. Mais, oil trouver le sol de proniisslon ? A cet cgard, Moise n'a reussi que tics imparfai- tement : ni cc peuple, iii ce chef peut-etre, n'etaient faits pour les conquetts. Si Moise eiit pu se rendre maitrc, par exetr.ple, de I'Arabie nseridionale, I'independance d'Israel eut ete assuree pour long-terns; I'arche ct Ic temple n'auraient pas successi- vemcnt disparu. Quel que soil le genie d'un homme, ce qu'il SCIENCES MORALES. (?9 execute nVst pas ce qu'il desirorait, niais ce que les circoii- stanccs permettent : Muise a subi la loi commune, et n'eii esf pas moins un grand personnage liistorique. M. Salvador a prefcre a I'onlie clironologiqne celui des matieres, parce que s'occuparit suitout des institutions de Moise, il avait a combaltre expresseirient, et en s'appuyant sur le texte nieme de ces lois, plusieiiis preventions invoterees. La premiere partic, iniitulee poliliqiw , offre d'abord I'exanien gi'ueral de celte legislation .si complete, et que Tcveque de Meaux appelait la plus belle constitution d'Etat qu'on cut jamais vue. Les chapitres suivans sont consacres aiix fonntions legislatives dans la republique des Hebreux, au\ regies pour le mainticn de la division des proprietes , aux lois penales, aux r.ipports esterieurs, a cenx do la vie domeslique, aux droits des femmes, et aux maximcs morales sur lesquelles lelcgisla- teur a le j)lns insiste. Les precaulions relatives a la sanle pu- blique sous le ciel de la Syrie, et les ceremonies du culte datis HH lieu central, afin d'cntretfnir long-terns I'union des tribns, terminent cette ji.Trtie beauconp plus etendne que la seconde. Neanmoins, celte derniere est aussi d'un grand interet, tt n'a pas exige des recberches moins assidues. Sous le titre tie |>l)i- losophie, ou reunion de la sagesse et de la science [korma en lu'-breu), elle enibrasse la tbeologie de la Bible (ou de niicra , la lecture), celie des prophetes el des sectcs principales, les traditions des premiers lems, et cnfui I'idee qu'on s'etait formee- des messies dans Jerusalem, On sail que lo bien etre temporel, la prosperite terrcslic- des descendans d'Abraham , a etci I'unique objet de la loi ecrile sur le Sinai. Selon I'abbe Fleury, elle prcscrivait seulenicnt la. mauierc la plus raisonnable de vivre sur la tctre. M. Salvador eu convient, et rcmarque avcc raison que nul legislateur n'aurait omis par uae simple inadvertance le dogme de la vie futiue. Si Moise ii'en parla pas, ou ce fiit a dessrin , supposition pen vraisemblable, ou celte croyance asiatiqiie, cf qui surprendtait aussi, n'etait pas encore parvcnue dans los s;uicluaires do I'Egvpte, ou enfin Moise n'avait connu qu'une- 70 SCIENCES MORALES. parlie de la doctrine descendue de Thebes a Memphis, quoi- qu'il paraisse avoir ete hji-menie sacrificateur dans Heliopolis. Non-seulemenl Israel devait etre heureiix sur la terrc, mais il dcvait y raster libie. La loi incnie dictee par Jehovah n'est qu'une sorte de parte avec son peuple, qui n'est tenu d'obeir qu'apres y avoir consenti , et parce qu'il y a consenti libreroent. Qiielqiie singulier que ce fait puisse paraitre aux yeux de ceux qui n'annoncent que des devoirs, et veuient siipprimer tous les droits, c'est tin point etabli avec force dans le chapitre ou il est iraite de la ioi : sans meconnaitre le genie de Bossuet, I'au- teur lui reproche a cette occasion de n'avoir pas compris Moise, de n'avoir pas voulu admettre ce qui ebranlait le sys- teme du pouvoir absolu, et d'etre tombe dans plus de contra- dictions que les partisans de ce systeme , qu'ils erigent en doctrine, n'cn ont reproche aux philosophcs. hcs prop/ieles , ou\cs voja/is , les sofigrurs , qui prirent tant de part aux vicissitudes d'Israel, n'y etaient pas, comrae en Egypte, une division de la caste sacerdotalc. C'etaient des honimes independans qui, avec plus ou moins de lumieres ou de sincerite, et sans autre titre qu'une inspiration, qu'on elalt libre de leur contester en les appelant de faux prophetes, ccnsuraient les levites comme les autres citoyens, et les chefs du peuple coninie le peuple meine. lis faisaicnt profession de voir juste, non moins que d'apercevoir I'avenir. lis avaient ordinairemenl^une faculte qui a vieilli depuis, selou I'expres- sion de I'auleur; ils faisaient des miracles, mais sans que ce fut un privilege. Chacun, dans son faubourg, pouvait en faire, oil en essayer pour son plaisir, ^auf a etre puni si ie but etait juge contrairc a la loi. 11 parait d'aillenrs que, nicme alors, il aurait fallu un grand talent pour soidever le peuple au moyen de ces prestiges dont le gouvernement voulait bieu qu'on .s'amusu!. Les plus fameux d'eutre les voyans formaient des disciples. L'illustre rabbin Maimonide , qui a nie meme qu'on dut voir un miracle dans le succes de Josue, exigeait des pro- phetes du geuie et de la grandeur d'ame : il aura siuemcnt encouru la disgrace de toute cettc congregation. SCIENCES MORALES. 7 i Invites a respecter autant qu'il clait possible rintU^pcndance dc Iciirs coinpatriotes, les Hcbt eiix preferaieiit pour un travail sei'vile un homnie de race etrangere; mais I'auteur ponse qu ils n'avaient point de veritables esclaves. Quant aux serviteurs Israelites, leurs engagemensv de la duree de six annees, etaient pourtant de la nature de ceux que les domestiques contractent en Europe. L'auleur a le double tort de ne pas s'apercevoir qu'ensuite le christianisnie ait fonnellement aboli I'csclavage , et de pretendre que, depuis I'ere philosopbique, on a plus avance sur ce point en quaraute ans, qu'on ne I'avait fait durant dix-huit siecles. Chez les Hebreux, Tannee jubilaire affranchissait de toute espcce de joug. Si , beaucoup plus tard , il ue fut pas d'anuecs jubilaircs pour des millions de negres dans nos colonies, c'etait sans doute un des bienfails de la nouvelle loi : elle ne pouvait pas affranehir les esclaves, attendii que sous la loi chretienue assurement il n'y avail pas d'esclaves. En cessant de servir, I'lsraelite recovait queiqnes brebis, ou d'autres dons; mais sonvent on lui avait perce I'oreille, et la domesticite laissait sa marque, comme la vanite, en d'autres pays, attachait ses anneaux aupres du cou dcs femnies. Dernierement , lorsqu'on s'est efforce de remettre dans I'en- tiere dependance du clerge I'acte qui constitue la famille, on a trop affirme que la celebration du mariage avait ete dans les attributions des pretres chez tous les peuples. Il serait malheu- reux que Moise lui-meme eiit meconnu ce grand principe... Mais enfin M. Salvador n'a pas trouve que, dans la pretendue theocratie des Hebreux , le sacerdoce intervint en aucune maniere, soit au moment du maringe, soil a cclui de la nais- sance ou de la mort, ou meme de la ciiconcision, sans laquelle toutefois on ne pouvait etre membrc de la grande famille J'Isaac. Toute cette organisation civile ou politique des Elats doit varier selon les tems ou les climats , et elle depend aussi des opinions systematiques, ou meme des passions du legislateur. AU contraire, la morale est a peu pres la meme en tous lieux; c'est la loi imposee sans exception a I'espece humainc. La 72 SCIENCES MORALES, morale est tcllement sure, tellement egale , des que les errertrs accidentelles ccsscnt dc nous troiiblcr, que nos institutions les plus opposccs ^ d'autres cgards se Ijorncnt a la modifier fai- blement. Aussi, la theocratic s'attache-t-elle , dans les differens cultes, ii presenter comme surtout adorable le dogme qui a quciquefois besoin de cettc reeommandalion. Quant a la mo- rale, on la ueglii;e pour se livrer a dcs disputes theologiques; apparcmment, on sent qu'elle est asscz belle par elle-nieme. Elle fut dans les livres des Juifs ce qu'elle avait etc preccdem- ment, el ce qu'elle fut depuis dans d'autres livres sacres. Il avait cte dit dans le Chu-hing , et il a ete dit dans le Deute- ronome : Chacun sera I'esponsable de ses propres fautes, et les enfans ne seront pas punis pour leurs peres. Jercmie a dit et il a ete redit depuis : Au lieu de te livrer a la vengeance, presente I'autre joue a celui qui t'a donne un soufflet. Le respect pour les vieillards etait en vigueur sur les bords du Hoang, avant de I'etre sur ceux du Jourdain, et de tout tems on a enseigue, vers le Gange, I'humilite qu'on presente ici comme un pre- cepte autrefois iuconnu. Celui de secourir les indigens n'avait pas ete oublie de Moise. Quand ton frero, dit-il, sera tombe dans la pauvrete, tu le soutiendras, et tu feras de meme pour I'elranger. Ne differe point de donner a I'ouvrier son salaire : qu'il u'y ait jamais aupres de toi des pauvres abandonnes. La vertu n'etait pas d^sinteressee chcz Israel; on lui en a fait un sujet de reproche. En effet, I'abondanee et le conten- tement sur la terre devaient seuls recompenser I'accomplisse- ment de la loi mosa'ique. Mais, sous quelle discipline est-on generalement desinteresse? Peut-on I'etre, quand on aspire aux joies inexprimables de la vie future? Pratiquer le bien sans une altente heureuse, ou du moins sans une vague esperance, serait peut-etre audessus de I'homme, et ne pent jamais ctre exige de tout un peuple. Quelque chose} d'eleve ou d'infini, comme les plus purcs doctrines theosophiques, manquait a la legislation de Moise, et pourtanl elle ne fut pas sans grandeur. Le bien de toutc la nation on etait le but universel, de sorte que I'exerciee des SCIENCES MORALES. 73 fonctions pnbliques etait regardc bien nioins comme uue pre- rogative que comme une charge imposee par le devoir. La simplicite on la franchise- caracterisait, dit I'auleur, rorgani- sation sociale des adoraleurs de Jehovah. Aussi I'hypocrisie fut-elle rarement au nombre des vices reproches a Israel par les etrangers, qui du reste, il faul I'avouer, paraissaient peu prevenus en sa faveur. Quel inconvenient secret aura empeche que cette legislation , dont les effcts ont ete si durables, en eut de plus heureux? Le sol de la Judee etait mal choisi : manquant de limites naturelles, il exposail a de frequentes invasions les tribus peu puissantes qui I'occupaient. Aussi furent-elles divisees environ six siecles avant I'ere moderne, ct tout-a-fait dispersees immediatement apres la niort de Barcokobas, le plus courageux de leurs faux messies. Cependant, cette consideration ne parait pas suffisante pour expliquer une sorte d'opposition entre les moeurs qui ont ]>revahi chez les disciples de Mo'ise, et le genie de sa loi. Il est a regretler que M. Salvador ne se soit pas propose cette ques- tion ; mais il s'est plus attache a combattre les erreurs vulgaires sur la tendance generale du mosaisme, qu"a examiner si pour la plupart des generations le resultat fut aussi bon que sem- blaient le promettre des moyens dont I'ensemble avait tant de force, et jjarait encore si louable. On pent les recapituler ainsi : Tadoration de I'Eternel, presente toutefois trop exclusi- vement comme le dieu d'Abraham et de Mo'ise; I'amour du pays ( mais surtout de la race, comme peuple choisi); I'entiere sou- mission a la loi ; I'horreur de la servitude, et celle des supersti- tions etrangeres ; vine tolerance formellemcnt recommandee , dit I'autcur; I'obligation constante de rendre le bien pour le mal; la foi du serment; le respect pour les femmes, ainsi que la veneration pour les peres, les vieillards, les magistals(et les prophetes ) ; I'hospitalite et la disposition a I'amitie ; une bienveillance active, meme envers les etrangers; enfin, cette persuasion si encouragcante, qu'apres de longs revers luira avec eclat le jour de la delivrance. Ces infortunes, cette captivite sur les bords de I'Euphrate , 74 SCIENCES MORALES. la perte de I'arche , qui disparut dans unc caveiiie, et enfiu la luine dc Sion , susciterent ou eiiSreliurent chcz Israel , seloii son hislorien , I'attente de quelques liberateurs qui, seniblables a Cyrus, rcbatiraient le tabernacle, ct rendraicnt a Judas un pays riche en niie! , en lait et en raisins. Le messie est encore attendu; il possedera I'art de la gueiTC, et, apres ses triom- phcs, los tribus seront en paix avec toutes les nations. Alors il y aura de bonnes moeurs, et beaucoup de raison ou de droiturc; les hommes justes s'assenibleront, et le peuple so fera une idee sage de la Divinite. Qu'on juge par ce pen de mots des docteurs d'Israel, combien est encore eloigne le tems du mossie en qui ils esperent. L'auteur aimerait neannioins a voir dans raniclioration de I'ordre politique eu Occident uu signe du prochain accoraplis- bcment de ces liautes pronicsses. Ce ii'est pas tout ; cette legis- lation hebraique que M. Salvador a su eonsiderer sous un point de vue imposant, et cette perseverance de trente-trois siecles, vont etrecouronnees par un evenement plus merveillcux que tout le passe. L'hypothese est tres-hardie ; il ne s'agit de rien aioins que de rentiore reconciliation, de la reunion du chris- tianisme et de I'israelisnie. Les voyans eux-memes souriraient a cette sorte de conclusion : leurs prcdiclions se trouveraient justifiees taut bien que uial, et on n'en drniande pas plus. D'ailleurs, ce voeu de l'auteur n'est pas moins philosophique (|ue religieux. Mais pourquoi I'islamisnie ne signerait-il pas aussi le traite? Ne reconnait-il pas egalement Abraham e' Mo'ise? Si Mohammed n'a pas fait de miracles, il a prie I'ange Gabriel de parlor beaucoup, dans le Coran, de ceux de I'ancienne loi. De plus, les Israelites ayant ete moins souvent brules vifs par les vrais croyans que par les soldats de Pierre Termite, et Jerusalem etant plus pres de la Mec(jue que de flome, I'accord sera plus facile: voila le triple pacte auquel il faudra bien que les Osmanlis se resignent. L'islam conipte beaucoup dc fideles, leurs acclamations ne seront pas a de- daigner pour les enfans de Jacob plus cpars que uombreux. Alors seulement on pourra parler du repos geueral dcs SCIENCES MORALES. 75 esprits, et dii bonhcur de Tliumanite entiere. A la verite, ii reslera encore la nioitie cles peuples du globe , mais ces gens-la sent si loin qu'il n'y a pas moyen de penser k eux : on aura plutot fait dene rcconnaitrc, selon I'usage, d'autre Orient que I'Orient occidental. S. Vie politique • et militaire de Napoleon, racontee par lui-meme au tribunal de Cesar ^ Alexandre et Frederic (ij. II y a une si grande opposition entre le debut et la fin de la carricre politique de Napoleon, que les plus profonds espi'its cherclient a expliquer ce contraste. Se declara-t-il pom- la revolution par penchant ou par calcul ? Ses premiers pas t'urent-ils diriges par I'ambition ou guides par le patriotisme? Lc projet qu'il forma de s'emparer du pouvoir fut-il execute avcc une dissimulation profonde, ou bien ne fut-il que le re- sultat fortuit et gradnel des circonstances ? Faut-il regarder les fautes qu'il commit comme des erreurs de politique , ou bien comme des egaremens de I'orgueil? Peut-on enfin absoudre I'empereur de sa tyrannic, en faveur du but qu'il se proposait d'atteindre ? Voila le grand probleme sur lequel, depuis qua- torze ans , se partagent les contcmporains. Sans doute nous sommes encore trop pres des evenemeDs mcmorables qui ont marque le regne brillant et passager de Napoleon, pour etre a portee de les bien apprecier. Ce n'est point le voyageur frappe par le tonnerre qui raisonne de sang froid sur les causes de ce meteore. Mais, quelque imparfaits , quelque passionnes que soient les jugcmcns portes sur cet honnne extraordinaire, ils n'en sont pas moins attaclians. Sa vie sera toujours un sujet d'etude ou les moralisles, les hommcs d'Etat et les militaires puiseront dcsexemplcs a I'appui de leurs theories. (i) Paris, 1827; Anselin. 4 vol. iii-8°; prix, 3o fr. (Voy. Rev. Enc, t. x\xvi , p, 448.) 76 SCIENCES MORALES. Tons k's oiivragcs publics jiiscjirici snr Napoleon n'ont i)oiiH encore entieremcnt satislait lacuiiosite piibliqiic. On a rcniarqut dans CCS ecrils un certain nombre de revelations propres ii jetcr lui grand jour sur I'histoire contcmporaine; mais, rediges avec precipitation, ils offrent trop dclacuncs. II etait reserve a I'au- teur de VHistoin; critique clcs gticrrcs de la revolution dc tracer un tableau jilus coniplctde la vie de ce grand hommc. Deja, dans eel important ouvrage, il avail pose la base de ce monument ; il lui etait moins difficile qu'ii tout autre de Tacbcver. Le general Jo- mini apense, en horame d'esprit , devoir ^s'ecarter de la route frayee par ses devanciers : offieier general au service de Russia, il lui etait defendu, sous peine de voir son livrc a I'index, de s'exprimcr sur plusieurs questions epineuses avec la liberie et I'energie qui caracteriscnt Tlustorien impartial et philosoplie. Son lu'ros a passe des transactions trop importantes avec les niaitres qu'il sert maintenant; il a en de trop grands interets a deballre, des guerrcs trop sanglanlcs a soutenir contre eux, pour que I'auteur osat s'expliquer sans reserve. Il a prefere laisser parler Napoleon. Pour cela , il n'a eu qu'a recourir a une fiction. Montesquieu a suppose que Sylla rendait compte de sa vie a Eucrate ; le general Jomini suppose que Napoleon, a son arriveeauxChamps-Elysecs,raconte la sienne a Alexandre, ;^ Cesar el a Frederic ; mais , sans en excepter meme I'entree en scene , il n'y a aucune coniparaison a etablir entre la ma- niere des deux ecrivains. Montesquieu peinl a grands trails le caraclere du dictateur romain ; il devoile avec une effrayanfe vcrile son atroce politique; c'est un tableau qui attriste el at- tache a la fois , et dont il reste des impressions morales qui rendent le despotisme plus odieux. Tel ii'est point I'objet que s'esl propose le general Jomini. Seduit par les qualites bril- lantes de Napoleon, il fait I'apologie de la plupart de ses ac- tions, el loin de blamer son ambition , il s'efforccde la pallicr en la monlrant comma une condition necessaira el inseparable de la veritable grandeur. Du reste , si Ton regrelle au premier roup d'ocil quo I'auteur ait condarane ses trois auditeurs au role dc mucts, et 6te k son ouvrage I'inleret d'une composition SCIENCES MORALES. 7^? •dramatique , a mesure qu'on avance dans la lecture , on recon- nait que pour developper un si vaste ensemble de conceptions politiques et niilitaires , la forme qu'il a choisie etait la plus con- venable. Si sou livrc est dcpourvu de ces agromens dont abon- roi Georges au parlcmcnt annonca la reprise des hostilites. En brus((uant la declaration de guerre, I'Angleterre causa des pertcs enormes au commerce fraucais; mais le Premier Consul s'en vengea, en faisant arrctcr les Anglais qui etaient SCIENCES MORALES. 7y alors eu France. Leurs personncs devaient repondre des Liens et des prisonniers faits sur des navires qui parcouraient les niers sur la foi des traites. Bientot, en represailles, des es- cadres bloqucrent les princij)aux ports de France, et toute la cote depuis Ostcndc jiisqu'a rembouchure de la Seine fut declaree en ctat de blocus. Des lors, ce ne fut plus une guerre ordinaire pour I'Angleterre : il s'agissait pour elle de I'empire du monde. L'etat de ses finances et de son Industrie exigeait, sous peine de mort , qu'elle conservat , avec le monopole et rcrnpire des mers, la possession de I'lnde et des colonies d'Anierique. La perspective de la France etait nioins effrayante. A la verite, des le commencement des hostililcs, ses rela- tions maritiraes furent, pour ainsi dire, aneanties; mais la revolution ayant deplace toules les fortunes , tous les inte- rets , les capitaux n'avaient pas encore pris de direction prononcee. La grande division introduite daus les proprietes par la vente des biens nationaux avait donne aux campagnes un degrii d'activite inconnu jusqu'alors, et I'agriculture em- ployait utilement les capitaux surabondans ailleurs. La dette publiquc elait presque nuUe ; enfin, les relations de la Repu- falique avec la Hollande, I'Espagne et I'ltalie, lui ouvraient de precieux debouches dans ces contiees, et les avantages qu'elle en retirait elaient assez considerables pour lui permettre d'at- tendre patiemment la creatton de la marine qui lui ouvrirait le chemin de ses anciennes colonies. Napoleon songea a frapper I'Angleterre au cceur, en operant une descente. Plus de 2,000 chaloupes canonnieres ou bateaux plats furent construits a grands frais dans tousles ports de Hol- lande etde France. Cent vingt niille fantassins, douze niille cava- liers, huitniitle dragons, quatrc niille canonniers, furent reunis snr les cotes de i'Ocean, eiitre Zeist etMontreuil. Cesarmeniens formidablcs donnaient a croire que le Premier Consul allait mettre un terme a la lutte par un coup d'eclat. Vouiait-il I'eel- lement executer une descente en Angleterre? Le general Jo- mini rcsout la question affirmativement, et il attribue I'ajour- nement indcfini de I'expedition aux fausses manueuvres dt- 8o SCIENCES MORALES. I'aiHiral Villeneiivc. Mais, en supposant que la traversue eut pu se faire lienreiisenient, au milieu des tlottes anglaiscs qui oouvraient la Manclic, la prudence autorisail-elle a laisser derricre soi la France en butte a toutes les haines du conti- nent? etquel espoir raisonnable de successeialt-il rcste a une armee qui, des le jour de son dcbarquenient, lancee au milieu d'une population exallee par le palriotisnic , se fut trouvee en raeme terns separec de sa base, et saus espoir d'en recevoir a terns des renforts et des munitions? Quoi qu'ilrn soit, I'avan- tage d'isoler I'armee de la nation , de lui iuculquer des maximes innperiales , de la x'ompre a la discipline et a la vie des camps , etait trop evident pour douter qu'il ait echappe a Napoleon. II ne nous a point fait cette confidence; mais on pent lui dero- ber ce secret. Le camp de Boulogne a forme I'armee qui mit en deux campagnes I'Europc a ses picds. A ces formidables preparatifs, I'Angleterre opposa ses vaisseaux, la force de son gouvernement const! tutionnel et I'esprit public qui animait toutes les classes de la nation. Tout faire pour empeclier la France de se creer une marine , la retenir prisonniere sur ses rivages en bloquant ses ports avec des escadres superieures au nombre des vaisseaux qu'ils con- tenaient, et coucentrer definitivement entre les mains de la na- tion tons les btneGces du commerce colonial, afin d'en tirer I'argent indispensable aux frais de la guerre : tel fut le plan que Pitt adopta. II y joignit bientot le systeme des coalitions conti- nentales. En suscitant a la France des guerres acharnees, ce ministre se flattait de faire tomber sur les vaincus le poids de I'irritation, de la baiue ct de I'ambition des souverains. Dans ses calculs machiaveliques, il comptait que la force dcciderait de tout comme dans les tems de baibarie II avait resolu de rayer la Frauce de la carte de I'Europe, etil se flattait de reunir centre elle toutes les animosites, tous les intercts, si elle sortait victoi'ieuse d'une premiere epreuve, et d'eloigner a jamais la lutte corps a corps. C'etaittaillcr la besognc en grand, et tirer de la situation des puissances continentales et des faiblesses de leurs souverains des resultats d'tuie incroyable portee. SCIENCES MORALES. 8t Pendant que Tempereiir ties Francais faisait manoeuvrer ses troupes dans Ics camps do Boulogne ct de Montechiaro, une formidable tempete grondait dans le nord. La Russie , I'Au- triche et la Suede s'unirent a I'Angleterre pour acconiplir les desseins du ministere britannique. La guerre eclata : I'Autriche fut envahie , et la victoire d'Austerlitz , en terminant la cam pagne de i8o5 , rompit le noeud de la triple alliance. La Cour de Vienne humiliee acheta la paix par le sacrifice d'une partie de ses Etats. Pen de mois apres la Prusse arma a son tour contre la France; et si clle ne fut pas phis heureuse que I'Autriche, au moins avait-elle plus de motifs qu'elle de tenter la chance des combats. Toutefois, Napoleon s'apercut que ses victoires n'avaient porte a I'Angleterre que de faibles atteintes; il dirigea ses coups vers le seul endroit qui fut a sa portee , le commerce europeen. Alors fut promulgue le fameux docret de Berlin , par Icquei toute relation enlre la Grandc-Bretagne et les contrecs sou- niises h I'influence francaise etait defendue. Ce decret forma , avec les corollaires qu'on en lira par la suite, I'ensemble dc I'operalion politique connue sous le nom de sjsleme coriti/ien- tal. L'empereur de Russie ayant accede a Erfurt k ses princi- pales dispositions, I'Europe, comme I'Angleterre, ne tarda pas a en ressentir les cruels effets. Sous le rapport du droit et de la convenance politique, I'etat deblocus rigoureux auquel I'Angleterre avait soumis la France, la juridiction arbitraire qu'elle exercait envers les neutres, jus- tifiaient peut-etre la durete des decrets imperiaux ; et le commerce francais, auquel la mer restait interdite, allait pro- bablement s'enrichir des commandes qu'il serait desormais impossible d'adresser a Manchester ou a Birmingham. Mais, si ces motifs se reunissaient pour altenuer en France le mat cause par I'interruption des echanges, l'empereur affecta de croire qn'il n'en etait pas de meme dans le restc de I'Europe, et ce fut la son erreur : une conGance sans bornes dans une cause toute continentale ne put faire resigner les peuples a souffrir des privations que la domination francaise aggravait encore T. XL. — Octobre i\ii?i. o Sa SCIENCES MORALES, par toutes sortcs d'avanies. D'aillcnrs, Napoleon se garde busi d'avoiier que, dans son impatienee, il sacrifia an hut du mo- ment un avenir qn'il reeulait de jour en joiu'. La nccessite de sc procurer I'arijent necessaire pour alimentcr la guerre I'en- gagca a violer le systeme continental et arompre de ses propres mains les mailles Ics plus fortes du filet sons lequel il voulait rcteuir TAngleterrc. Eaisant un lipnteux trafic dcs licences , scul achetcur, seul vendeur, le gouvernement imperial vitpar cettc speculation entrer plus de numeraire dans ses coffres qu'aucune des victoires remportees precedemment n'en avail verse a titre de tribut. L'industrie europtenne ne recut pas d'encouragenientdc cet etal de choses, et I'Anglcterre echappa a la mine dont elle etait menacee. Jusqu'a I'epoque de I'expedilion de Russie , Napoleon eut a sa disposition assez de moyens pour triompher de I'Angleterre : mais il ne sut pas toujours les bien employer, ni contenir son ardeur. An lieu d'cncourager la course et de donner tons ses soins a la creation d'unc marine , il accnmula guerre sur guerre. C'etait pen pour lui d'avoir envalii I'Espagne avant d'avoir mis TAutriche hors d'etat de lui nuire; il declara la guerre a la Russie avant que la Peninsule fut pacifiee. La chute de I'empire dcs tzars etait certainement necessaire pour completer le systeme de domination de Napoleon; mais je suis loin de convcnir avec lui de I'utilite de ce resultat. Sans doute le colosse rnsse pesc sur le continent; mais le meilleur moyen de le retenir dans de justes iimites etait de laisser libres el fortes les puissances qui I'avoisinent. Napoleon, en attaquant la Russie, fut ebloui par sa haute fortune : il etail parvenu par la prosi)erite a ce degre de confiauce oil Ton voit la verile beaucoup plus dans la concordance de ses propres idecs entre elks que dans leur rapport exact avec les choses; et, d'apres ses aveux, il echoua plus pent-etre par la manitre dont il combina ses operations , que par la resistance que lui oppo- serent les hommes et les elemens. La campagne de i8i3, dans laqucllelesFrancais furent chas- ses de rAllemagnc, prcluda an triomphe de I'Angleterre. La SCIENCES MORALES. 83 ciirnpagne d'hiver de i8i4 en France scmble n'avoir inspire a Napoleon les plus savantes conceptions, que pour donncr k sa chute I'eclat de ses premises campagnes; ct Paris, cctte superbe capitale dans laqucUe depuis tant d'annees s'allumaicnt les foudres qui allaient embraser le monde , vit a son tour flotler des drapeaux etrangers dans son enceinte. Le triomphe de I'Angleterre replaca les Bourbons sur le trone de leurs ancetres ; mais les fautes d'un esprit de parti t'troit et aveugle ramenerent Napoleon aux Tuileries. La haii;e recente et generale que son dcspolisme avail allumee arma bientot contrc lui tons les souverains auxquels son retour de I'exil ne laissait plus d'espoir de paix. II succomba enfm a Waterloo , laissant cette France qui lui avait fait dc si grands sacriGces en butte au ressentiment et k la vengeance de ses ennemis. La se termine la tache du general Jomini; il cpargne a ses lecleurs le spectacle de ce grand homnie subissant le sup- plice de Promethce sur un rocher dc I'Atlantique. Deux points dc vue domincnt dans cet important ouvrage : I'amour du pouvoir absolu et la haiue de I'Angleterre. C'etaient les seuls que la position personnelle de I'auteur lui perinissent d'adopter, sans porter ombrage a la censure russe. Il etablit que la prosperite des empires depend moins de la liberalitc des institutions interieures que de leur politique a I'egard des puissauces voisines. On ne saurait proclamer plus franchemcnt le principe d'intervention toujours si funeste au faible. Le general Jomini ne manque jamais de raisons pour justifier les eutreprises de Napoleon. S'il desobeit auDircctoire, c'cst pour la plus grande gloire de la Republique. S'il saisit les renes du gouvernement , c'est pour dellvrer la nation de I'anarchic. Casse-t-il le tribunal , c'est pour simplifier les ressorts de son gouvernement. C'est ainsi qu'il colore loutes ses entreprises centre les liberies publiques. D'un autre cote, tous les actes dc sa politique exlerieure sonl la consequence du systeme oppose u rAngleterre : c'est ainsi que s'expliquent la guerie d'Espagne , celle de Russie, la reunion des divers Etats d'ltalie, I'incorpora- tion do la Hollandc ct de ITambourg a rcmpire ; cu un mot, tous G. 84 SCIENCES MORALES. les envabissemens successifs qui ontraicnt dans son plan de do- mination universclle. Les raisonuemens do rautciir a cet egard, plus spccicux que solidcs, intTitent cepcndant d'etre cntendus. Us jettent un i;rand jour sur la politique impcriale, et jc no serais pas etonne qu'il en ait puise les bases dans les com- munications coufidentielles d'un niinistre de Napoleon. Certes, pcu de monarqucs out fait la guerre pour le seul plaisir de la i'aire. Quand Louis XIV portait le fer et la flamme en HoUande pourse vengerdes insulles d'un gazetier, il croyait sans doutc qu'il importait a rhonneur de la France qu'on n'in- sultat pas impunement Ic cbef de I'Etat. Ce molif a-t-il suffi pour I'absoudre? De nieme, dans ces luttes sanglantes oil Ic vide des resultats attcste la faussete des vues, Napoleon allegue des idees de grandeur et de gloire , comme si la veritable gloire des armcs ne consistait pas a les rendre utiles a la patric ! Mais la ]iartie dcl'ouvrage qu'on ne lira pas sanseprouverunc veritable illusion, c'est le recit des operations militaires. C'est bien Napoleon lui-meme qui raconte ses exploits. La relation qu'il en fait aux Champs-Eiysees est superieure meme a cellc que les generaux Montholon et Gourgaud ont recueillie de sa bouche ;\ Sainte-Helene. En effet , ici c'est un prisonnier qui dicte de memoire et avec hunieur ses* commentaires ; mais dcvant Alexandre , Cesar et Frederic , toutcs les petites consi- derations disparaissent. C'est le premier capitaine de I'Europc moderne qui explique ses campagnes, et il n'omet rien de cc qui pent mettre d'aussi bons jiiges en etat d'apprecier la vigucur de son genie. Jamais relation de guerre ne sera plus attachante , plus instructive, pins feconde en lecons. Aussi sommes-nous fonde a croire que, sous ce rapport, I'ouvrage du general Joniini sera recherche par tous les militaires. Nous avons dlt plus haut que le langage pretc a Napoleon elait conforme a I'esprit qui avait probablement preside a ses relations diplomatiques. Pour mettre nos lecteurs a mcme d'en jugcr, nous leur indiquerons specialement le chapitre vii, ovi I'auteur expose les maximes de Napoleon en matiere de gou- vernemcnt; le chap, ix, ou il developpeses idees sur une puis- SCIENCES MORALES. 85 sance federative; lexi, ou il pose les bases du systeme con- tinental. Nous leur conseillons aussi de lire les premieres pages du chapitrexix, qui commence a la premiere periode de la campagne de 181 3, ainsi que cellesdu chap, xxi ou il expose les raisons qui fireul refuser a I'empereur Tultimatum de Chatillon. Si I'espace ne nous manquait, nous aurions prouve, par des citations, avec quelle sagacite la partie diplomatique est trai- tec , quoique defectueuse dans son ensemble, par suite du plan bien visible de I'auteur de rehausser son heros sans blesser les opinions et les passions des Russes. Cependant, malgre le soin qu'a mis le general Jomini a caresser la vanite de cette nation , en exagerant meme ses qualites belliqueuses , comme il a eieve quelques doutes sur la bonne foi des souverains qui ont viole les capitulations de Dresde et de Dantzig, e'en a ete assez pour I'obliger a faire une amende honorable. D'abord , en lisant I'article qui a ete insere dans les journaux de Berlin et de Francfort , nous avons cru qu'effectivcmeut I'auteur avait ete victime d'un abus de confiance ; mais , en comparant ce desaveu avec la lettre in- seree dans le Journal des Sciences militaires du mois de mars dernier, et avec les sept ou huit cartons qu'elle annonce , nous avons ete convaincu que I'ouvrage portait son cachet, et que le general Jomini est seul responsable du bien et du mal qu'il renferme. Memoires historiques et militaires sur les evene- MENS DE LA. GrECE , DEPDIS 1822 JUSQu'aU COMBAT DE Navarin 5 par Jourdain , capitaine de fregate de la marine royale , colonel au service du gouvernement ffrec (0- Ce n'est ici I'ouvrage ui d'un historien ni d'un publiciste; on y chercherait vainement le plan d'une composition litte- (i) Paris, i8a8; Brissot-Thivars , rue de I'Abbaye, n" 14. 2 vol. in-8°de lj-3i3 et 464 pages, avec quelques lithographies; piix, i5 fr. 86 SCIENCES MORALES, liiire, cette savaote ordoniiance qui dispose les masses, dis- tribue les details, classe les fails de nianiere a produire une certaine impression, cette pensee profonde qui domine un vaste sujet et conduit le lecteur a un but'annonce des I'abord : c'est tout simplement le journal d'un homme qui a vu et qui a note les evenemens qui se sont passes sous ses yeux. U met peu d'ordre dans ses recits; et comnie la plupart des temoins oculaires qui se pcrsuadent qu'on doit les comprcndre facile- ment, il raconte avcc quelque confusion des choses qui sont foitclaires pour lui-nieme. Mais si le livrc dc M. Jourdain n'est pas une histoire, c'est un recueilde materiaux historiques qui doit inspirer un vif interet, dans un moment ou la Grece est I'entretien de toute I'Euiope, et qui sera consulte par les liommes qui ecriront un jour les annales de cette illustre con- tree, de sa lutte memorable, et de la regeneration qui doit en etre le glorieux resultat. «Tels sont les evenemens qui se pas- serent sous mes yeux pendant mon sejour sur la terre classique de la gloire et de la liberie, dit M. Jourdain , a la fin de son livre. J'ai cru devoir me borner au recit de ceux auxquels je pris part, et dont je fus temoin oculaire. » C'est par-la surtout que ce livre merite d'etre distingue; c'est par -la qu'il doit piquer la ciiriosite du lecteur trop souvent Irompe par les auteurs qui ecrivcnt sur la foi des autres, et qui, au lieu de souvenirs originaux, ne donnent que des copies de souvenirs. M. Jourdain aurait pu faire comme eux ; il a eu le bon esprit de ne pas les imiter. « Je donne dans le cours de mon voyage^ dit-il, quelques details sur Alhcnes et sur sa citadelle. Que pourrais-je ajoutcr a tout ce que les voyageurs ont dit de cette ancienne capitale de la civilisation? Objets d'un interet tou- jours nouveau, et de nombreuses investigations, ses debris, ses temples, son Parthenon, son beau ciel, sa situation actuellc, et les faibles rapports que les moeurs de ses habitans preseutent encore avec les moeurs des Alheniens contemporains d'Alci- biade et de Socrate, ont ete decrits trop souvent pour que je puisse me permettre de revenir sur ce sujet. » M. Jourdain a \oulu etre ii la fois plus neuf el plus utile; il deciit les lieux SCIENCES MORALES. 87 en homnie de guerre plutot qu'en simple voyai^eur; il les con- sidere sous le point de vue de I'attaque ct de la defense; il clierche quel paili on en peut lirer dans la liitle qui estaujoiu- d'hui engagee, et cotte particularite doit rccoinniandcr, suitoiit en ce moment et aux yeux dcs mililaires , un ouviagc qui sc recommande d'aillcurs 11 toutes les classes de leclenrs par le lecit de faits interessans dont quelques uns sent pour la pre- miere fois publies. La posilion miiitaire de Nauplie (Napoli de Romanic) , I'elat de ses fortifications, la configuration des terrains qui I'envi- ronnent, attirent d'abord I'altention du philhellene; il deerit ensuite les divcrses circonstances qui se reunissent pour faire > II est bien difficile, meme a un peuple civilise, de faire la guerre centre des barbares sans etre quelquefois entraine a imiter leur barbaric. West-ce pas I'explicalion , si ce n'est I'excuse, de quelques-uns des exces que Ton peut reprocher a ces Grecs dont la civilisation [est encore si imparfaite ? Qui ne se laisserait d'ailleurs gagner h. I'indulgence a la vue de tant de malheur et d'heroisme? Faut-il rappeler quelques- uns des traits norabreux cites par notre auteur? Dirons-nous I'aflaire des moulins, pres de Nauplie, poste defendu avec succes par 227 hommes sous les ordres du prince Ypsilanti contre 7,200 Turcs? Raconterons-nous le devoimicnt du papas Fletchia el de ses 3oo Arcadiens, qui, abandonnes de leurs 94 SCIENCES MORALES, compagnons dans un village entoiire d'ennemis, s'y dcfendirent jusqn'a ce que cc5 nouveaux trois cents fussent tombes pour la paltie. Deux Grecs seulcnicnt survocurent; couches parmi les morts, ils s'echappeicnt pcndani la nuit. Ecoutons ce que M. Jourdain raconte de la prise de I'lle de Sphaclerie : « Le capi'.aine Tsamados, abandonne par ses embarcations, qui avaient pris precipitamment la fuite, encouragea ses compa- gnons d'infortunc a vcndre cherement leur vie ; et, i\ I'exemple de ce brave couMiiandant qui mourut criblc de blessures, les marins ne vouluient jamais se rendre, et combaltircnt en des- esperes. Le chef de bataillon Stavro Sahini, Hydriote, a la tele des marins d'Hydra, prit I'eteudard de la croix, chargea I'ennemi et le repoussa deux fois. Accables par le nombre et redtiits a tres-peu de monde, les Grecs se refugierent dans une petite chapelle ou etaient leurs munitions de guerre. La, ils furent cernes et se battirent avec un courage dont il y a peu d'exemples, jusqu'au moment ou le commandant Stavro Sa- hini, ne se trouvant plus qu'avec six hommes, seul reste de toute la garnison grecque, mit le feu aux poudres, et mourut en heros avec ses compagnons. Mais la prise de File de Sphac- lerie couta cher a I'ennemi, auquel il n'eut pas falki beaucoup de scmblables victoires pour qu'lbrahim se Iron vat seul en Morce. » Nous voyons ensuite la garnison du vieux Navarin so battre pendant trois jours, sans avoir un morceau de pain ni un verre d'eau ; et celle du nouveau Navarin declai'er, sur une snmmation d'Ibrahim, qu'elle se fera sauter plutot que de se rendre; reponse familicre aux garnisons grecques, et trop de fois scellee dans le sang pour qu'on puisse doutcr de leur heroique sincerite. Nous ne dirons rien de I'admirable sacri- fice de Missolonghi, auquel M. Aug. Fabrc a eleve un monu- ment hlstorique que tous nos lecteurs connaissent; mais nous cmprunterons a I'auteur des Mcmoires quelques passages rela- tifs a la chute glorieuse d'Ipsara, desastre nioins celcbre mais non moins memorable. Une flotle otlomane de deux cents voiles etait venue pour s'cmparerd'Ipsara. 'iEnrin,Ic4jiiillet 182/), les Ipsariotesvoyant SCIENCES MORALES. gS leurs nonibreux cnnemis s'augmcnter par de nouvelles troupes (]ui Icurarrivaientichaqiie instant, n'ayantd'aillenrs pas de vi- vrespoiirpouvoir attendie I'arrivee desflottesliydrloteetspcz- ziote, com prirentqu'unedtjfense plus longiieetait inutile, et qu'il fallait perir en heros : la population entiere prefera la mort a I'csclavage. Vers les deux heurcs de I'apres-midijUn Ipsariote s'avance en dehors du fort, muni d'une loiche allmnee, pour nietlre le feu a luie vaste poudriere souterraine qu'on avait construite; il tombc crible de balles, Un second se presente et subit un sort pareil. II en parait succcssivement jusqu'a six, qui perisscnt de meme. Alors Ics Grecs cessent le feu pendant qiieltpies minutes; les Turcs penscnt qu'ils vont se rendre , se procipitent en foule vers la forteresse, et sont au moment d'y enlrer, lorsqu'elle tire un coup de canon, amene le pavilion ipsariote, et arbore subitement un drapeau blanc, ou etaicnt ecrits ces mots : Liberie ou la mart. A peine cet etendard a-t- il flottc dans les airs, qu'une terrible detonation se fait entendre; Saint-Nicolas s'ccroule; leslpsariotes et les Turcs disparaissent, engloutis par I'explosion dont I'lie meme est ebranlee, et qui fait eprouver une secousse violente aux batimens qui etaient en mer non loin d'lpsara. Pres de six mille Turcs et deux miUe Ipsariotes, non compris les enfans etles vieillards, perirent par suite de cetle intrepide determination. » Certes, de tels hommes meritent d'eire libres; et lorsqu'on songe qu'a cette intrepidite ils joignent un esprit vif et inge- nieuXjOn reste convaincu qu'une fois affranchis ils ne tarde- ront pas a se replacer au rang dcs nations les plus civilisees. Nous ne discuterons point I'opinion de I'auteur, qui pense qu'une organisation federale, semblable a celle de la Suisse, ou pintot a celle des Etats-Unis, est aujourd'hui la plus conve- nable a la Grece. La solution d'une question de cette impor- tance exigerait I'examen de beaucoup de faits et de circon- stances dont nous ne pouvons nous occuper ici. Nous ne refutci'ons pas cette autre opinion , qui se refute suffisamment d'elle-meme, que I'etablissenient de I'ordre de Make dans uue des iles de rArchipcl , et I'alliancc de la Grece avec cet gG SCIENCES MORALES, ordre, aurait pour ce pays d'u/imenses avantagcs. M. Jour- dain qui avail entame uue negociation a cet egard, et qui nous donne le projet de traite qui avail ele arrete, ainsi que toutes Ics pieces qui y sonl relatives, se fait sur ce point uiie illusion singuliore , et caresse avec bcaucoiip de complaisance une veritable chimere. L'ordre de Malte a fait de grandes choses a une epoque oii il irouvait sa place dans l'ordre social: aujourd'luii qu'il n'esl plus en harnionie avec noire civilisation, il ne pourrait plus etre bon a rien; et il est sans doule pour jamais aboli. En le retabiissant, on anangerait pent -etre les affaires de quelques individus; niais bien certainement onn'en ferait qu'une institution sans utilite commesans avenir. Parmi les particularites remarquablcs mentionnees par M. .Tourdain, et qui peuvent servir a faire connaitre le pays, nous citerons ce fait : Dans I'ile de Siphante, oil I'auleur compte douze cents niaisons, et une population de six a sept mille ames, on trouve, outre quarante eglises, trois couvens d'hommes et deux de femmes, et environ cinq cents chapelles stationnales. Les hommes ont toujours eu besoin de merveilleux; ils out une foi qui est trop souvenl au service de tons les miracles qu'ou veut leur faire croire. Voici ce que Tauteur raconte en pas- sant a I'ile de Tine, nommee d'abord Hydrossa a cause de ses nombrcuses sources d'eau. On pretend que Neptune se servit des cigognes pour extcrminer les serpens qui desolaient cette lie, et (ju'en reconnaissance de ce service les habitanslui fuent elever un fort beau temple dans un bois, tout pres de la ville. Aujourd'hui il n'y a plus ni temple, ni bois; niais les Grecs orthodoxes y ont fait batir une Ires-belle eglise qui doit aussi sa construction a un pretendu miracle; on a public qu'une image de la Vierge avail ete tronvee dans les fouilles, el cette marque d'une protection surnaturelle attire a Tine les offrandes des Grecs des autres lies. A Ipsara , un ancien temple de Bacchus est devenu un nionastere consacre depuis a la sainle Vierge; ainsi, dans ce pieux asile, des nonnes rcmplacent des bac- cliantes! Il y a plus de philosopliie dans le rapprochement de pareils fails que dans de bien gros livres. SCIENCES MORALES. 97 Nous voudrions traiiscrire ici qnclqiies fragmens (Vune adresse des dames grt-cques aux dames philliellenes, placee a juste litre parmi les pieces interessantes que I'auteur a jointes a son livre; nous aimerions a lui emprunter aussi le portrait plein decharmcs qu'il trace desfemmes deSiphante. Nous nons boruerons a rappeler qiielqnes traits de la peinfire des Hy- driotrs, et, avec cenx que nous avons deja cites, ce passage suf- fira pour donnor uue idee du style de I'auteur: «Les Hydriotes joignent a I'activite qui forme le fond de leur caractere, beau - coup de bra-voure et des passions extremes; ils poussent I'ami- tie jusqu'a I'adoration, la joie jusqu'a la demence, la colere jusqu'a la fnreur. Malheureusement, ces (i) qualites sont me- lees a quelque chose de la barbaric des Turcs. lis sont, en general, grands, bien faits et robustes. Leurs yeux noirs, vifs et pleins de feu , ont une telle expression qu'on devine la pensee d'un Hydriote dang ses regards. » Quelque fondes que puissent etre les reproches que la civi- lisation est en droit de faire aux Grecs d'aujourd'hui, on ne saurait disconvenir qu'il n'y ait encore dans cette malheureuse et noble contree tous les olemens d'une grande nation : son genie naturel, long-terns cngourdi du sommeil de la servitude, se reveille apres des siecles. La Grece efface dans cette guerre d'independance les traces de son long esclavage, elle se forme par les desastres comme par la victoire, elle se retrempe enfiu an sang des Turcs , et elle apprend la civilisation dans cette liitte a mort qu'elle soutient contre la barbarie. M.A. De l'empire Grec et du jeune Napoleon (2). Le titre senl de eel ecrit reveille deux grands souvenirs : le sujet doit exciter vivement la curiosite et fixer I'atteniion. (r) Sans doute il faut lire leurs , car I'auteur ne peut mettre la co- lore au nombre des i/iinlites des Hydriotes. (a) Paris, 1828; Mesnier, place du la Bourse. In-8° di; 3i pages; prix, 1 franc. T. XI,. — Octobre 1828. r. gB SCIENCES MORALES. Les hommes d'Etat , lors meme qu'ils n'approuveraient point toiites les viies de rautciir, y trouvtront a mediter iitilement sur les iDoyens de terminer , a la satisfaction commune des gouvernemens et des pcuples , des partisans de la legitimite et de ceux de la libertc, une crise qui, si elle devait enfanter une guerre gencrale , entrainerait des dcchiremens et des commotions dont les suites seraient incalculables. II faut lire, avec uu esprit libre de projugts, les devdoppemens que I'au- teur anonyme donne a sou opinion sur Telat acluel des af- faires de rOrient, sur les chances diverses que presentent les succes ou les revers des Russes , et sur les pretentions reci- proquos des grandes puissances qui doivent intervcnir dans la solution du problemc auquel donnent lieularegenei'ationde la Grece et la ruinc desorniais inmiinente dc I'empire ottoman. n Le teais est venu, ditl'auteur, de niettre I'Orient en des mains capables de le garder et de le civiliser. La marche qu'il propose aurait , selou lui , I'avantage d'etre rapide et assurce : on s.iurait vers quel but on doit tendre , quelle route ou doit tenir : c'est le moyen d'arriver h. tems. Le trailc du 6 juillct 1827, parlcquel les puissances contrac- tantesontdcclare«qu'elles ne cheicheront aucune augmentation de tcrritoire, aucun avautage commercial pour leurs sujets, an detriment des sujets d'aucune autre nation; >> ce Iraitc , qui avail pour objet de prolonger et de garantir I'etat de paix dont jouit I'PLurope depuis quatorze annees , va se trouver ebranle dans ses bases par les consequences necessaires de la lutte engagte entre les Russes et les Turcs. Les formes republicaines sous lesquellcs s'est constituee provisoirement la Grece nc sauraicnt guere convenir , selon lauteur, a la stability qu'on doit lui desircr. Sans moycns sufdsans pour assurer sa tranquillite intericure et pour se defendre centre desvoisins puissans et ambitieux, sans fron- tieres assez etendues et assez fortes pour la metfre h I'abri d'une invasion , elle scrait coudamnee a implorer tour a tour la protection et I'appui , soit de la Russie , soit de I'Autri- che , soit de I'Angleterre ; et n'ayant aucune garantie pour SCIENCES MORALES. . 99 son independance, elle n'en offrirait aucune poui la paix do TEuropc. 'i La politique de Napoleon , a I'egard de la Pologne et do ritalie, fut sans doute une des principales causes de sa chute. Si, au lieu de niorceler ces deux pays, il en eut fait deux puis- sances independautes et compactes , la Poloi^iie out ete une barriere pour la B ussie , et I'ltalie pour i'Autriche. Les mo- tifs et les raoyens eussent manque aux agressions contre ces deux empires. Assez fortes pour raaintenir leur independance, ritalie et la Pologne auraient assure la paix de I'Europe. » Ce grand exeraple, cette faute grave, doivent eclaircr aujourd'hui les cabinets. L'auteur trace avcc energie et fidelite la division de I'Eu- rope, (juelles que soient les circonscriptions politiques, en deux grandes nations : les amis et les ennemis de la liberte. Ces deux grands partis sont en presence ; les iiommes d'Etat, qui sont doucs de quelque prevoyauce, doivent eviter qu'une lutte serieuse se declare; ils doivent sentir la nccessite de consti- tuer un empire chretien sur les debris de I'empire turc. La est uu gage de securite et de paix durable : les interets de loutes les puissances sont identiques sur ce point. Il faut voir, dans I'ouvrage mcme, comment la politique, le commerce, la tranquillitc interieure de plusieurs Etats oil fermentent des causes de troubles , sont interesses h voir s'etablir , dans I'Orient , une puissance nouvelle fortement constituee : elle altirerait sur le sol ou elle voudrait naturaliser la civilisalion europeennc un grand nombre de ces hommes ardens, mecon- tens et inquiels, dout la presence parait dangereuse aux goti- vernemens qui craignenl des innovations : elle ouvrirait d'u- tiles debouches au commerce de tous les peuples. «t Ce n'e^t que par I'independance que Constantinople pcut dcvenir un veritable foyer de comnicrce et de lumieres. »' L'auteur apprecie avec sagacite, analyse avec precision les positions respectives de lAngleterre, de la Russie, de i'Au- triche, de la France, et il se montre conieiller sincere eteclaire dans cette grande question a laqiu-lle se rattache I'avenir de loo SCIENCES MORALES, plusifiii's Etals. II fait ressortir habilement la ri'-ciprocite de btsnins et de rcssoiircos qui e\iste cntre la Tiiiquit- d'Europe, I'Asic niinrure et los bassins dii Voli;a, du Dnieper et du Don. II niontre que relablisseiiienl d'un empire cliretien dans I'Orient est le seul nioycn de concilicr les vues annoncees par la Russia avee la paix de I'Europe, avec la justice, avec les rivalites om- brageuscs des autres puissances. La libre navigation du Bos- pliore, de I'Arthipel et du Pont-Eu.\ia serait assuree par un trone fondc sous la medialion de ccs puissances , et dcviendrait le droit conimua, la propricte de tons les peuples coniiiiercans. « La Russie a bejioin de s'elever, it noii pas de s'etendrc... 11 lui importebien molns de fortifier dcs frontieres plus reculees et plusoxposeesauxdepensdescsprovincesactuelles,quedevivifier celles-ci par dc nouvclles ressources ct de nouveaux capitaux.» Maintenant, quel sera le prince appele a gouverner ce nouvel Etat qui doit reniplir le vide que la puissance otto- mane va laisser an sud-cst de I'Europe? Ou trouvcr celui qui, sans etre ui Russe , ni Autrichien, ni Francais, ni Anglais, ne serait repousse par aucune de ces puissances, qui attirerait a lui les emigrations necessaires pour renouveler promptement la face de ce beau pays, sans qu'ancune nation y usiupat nne influence exclusive , et dont le nom inspirerait a la nation vaincue respect et securite ? — « Ce prince, repond I'auteur a la question qu'il a posce, c'esl le fils de Napoleon; et I'avan- fage immediat dc rendre parfaitement simple et rassuraute line position aussi inquiotante que compliquee, ne serait pas If seul qu'offrit ce choix a TOrient el a I'Europe. » Des considerations d'un ordrc supeiieur , fondees sur une connaissance exactc de I'ctat des esprits en France et en Eu- rope, suivent riiiiport;in!c discussion que nous vcnons d'indi- cpier ; et les objections graves ou les repugnances iiatnrellcs (pie pent faire naitre la proposition inattendue de placer le jcune Na[)ol;ou sur le nouveau trone d'Orient nous paraissent combattues avec une logique enlrainante devant laquelle t'choueraient beaucoup de subtilites iliplomatiques. L'autcur abordc franclurncut les questions les plus dclicales , SCIENCES MORALES. loi piirre qti'il ocrit sous I'inspiralion d'line conviction iiilimc ct profonde. L'oloignemeiit volontaire d'lin grand nombie d'hommes capablcs et cnergiqucs de I'ltalie, . qu'Esope, en particnlier, -eut bien plufotpour but d'amuser, et surtoiit de critiquer, que d'instruire ; » enfin que 't La Fontaine, danssa niodeste simplicite, croyait (ravail- ler pour Vinstruction de I'cnfance. » Nous regardons comme inutile de nous arrcter a cette det- niere assertion, victorieusement refutee par M. Walckenaer (i) , et que peuvent seuls reproduire aujourd'hui ceux qui ne sa- (i) Dans son Histoire de la vie el des outrages de La Fontaine. Paris , 1820; Ncpveu. I vol. in-8° (voy. ^cc. Enc, torn, ix , pag. Sil-Sty.) LITTER ATURE. ii3 vent point distint^iier la vraie niodestio ct la simplicitc tic moeurs d'avec I'igiiorance complete de soi-meme et des aiities, et, pour trancher le mot, d'avec la betise. Ce mot de beti<:c , employe par Fontenelle a I'egard deLa Fontaine, ne signifiait autre chose dans sa bouche qu'une disposition d'esprit diffe- rente de celle qui obtint de si brillans succes dans la societe a I'anteur ingenieux de la Plurallte des mondes. Au reste, la poste- rile a bien venge notre immortel fabuliste des sarcasmes des beaux esprits de son siecle ; et, de tous les auteurs de ce siecle celebre , celui dont la gloire est arrivce plus entiere et plus pure jusqu'ct nous est ce Moliere qui, plus juste etmeilleur apprecia- teur que ses amis, disait de La Fontaine : « Le bonhomme ira plus loin que nous. » Mais nons ne pouvons laisser admettre en principe que les leftres doivent elre regardees cnnime un simple amusement , et qu'elles ne doivent pas pretendre a ameliorcr les moeurs; ce serait leur enlever Icur plus beau privilege et les reduire a un role bien secondaire. Sans doute , la representation d'uneseule comedie, on la lecture d'une scule fable ne suffiront pas pour changer totalement un homme vicieux ou ridicule (i); mais la frequence d'une lecon , presentee avec art 6t sous des formes aimables, ne peut manquer d'exercer a la longue une beui'euse influence , surtout sur les hqmmcs chez lesquels , pour nous servir des expressions nieines de La Fontaine, I'etoffe n'apas encore pris son pli. Cette pretention, aucun ecrivain ne doit I'afficher ouvertement, parce qu'il manquerait son but en bles- sant notre orgueil; mais elle doit le guider et I'animer conti- nuellement dans une carriere ou elle suffirait pour I'clever au dessus des autres hommes, en I'ennoblissant ei ses propres yeux. Quant a cette proposition , que les premiers fabulistes n'ont voulu que plairc, ou se faire admirer, sans songer a notre (i) II faut excepter tontcfois les Precieuses ridicules de Moliere, qui oper^rent une revolution si complete dans les salons et dans I'cs- prit de I'epoque. T. XL. — Octobre 1 828. 8 ii4 LITTliRATURE. instruction, ellc est dementie par les fails. Les fables chez tous les peuples ont bien roellement ete des lecons de sagesse et de morale, et c'est ce que constatent suffisamnient collesqui sont parvenues jusqu'a nous, sous les noins de Bidpa'i ou Pilpai, de Lohman et A'Esope, qui , selon les recherclies recentes des oiientalistes, ne cacheraient qu'uti seul et meme auteur, Fichnoii-Sarma. Cos fables , comme toutes celles des niodernes, auxquelles elles ont servi de type, avaient un sens moral. Mais il faut s'entendrc sur la valeur de ce mot. II y a une morale universellc et une morale relative. Cette dcrniere depend des lois, des usages et des coutumesd'un pays. L'etat de uotre ci- vilisation moderne, oii tous les devoirs, tous les droits sont balances, a du introduirc une morale relative plus severe que ceile des siccles aaterieurs et des peuples qui nous ont prece- des. II serait injuste de les juger d'apres nous. Ainsi, poiu- n'en citer qu'un exemple, le vol qui a pu etre tolere , et meme re- garde comme une vertu a Sparte , doit etre fletri dans nos so- cietes. La plupart des fables de Bidpai enseignent la ruse , parce qu'elle e,tait necessaire sous le regne de la force; elle devient un juste motif de reprobation sous le regne des lois. En partant de cette distinction importante, qui paraii avoir echappe a M. Roger, nous arriverons a reconnaitre que non- seulement les fables senegalaises ont un sens, vuie intention morale ; mais que, malheureusement, leur traducteur ne I'a pas xtoujours bien saisi , puisqu'il s'est attache a leur en donner un autre, approprie plus souvent a nos habitudes morales qu'a celles du peuple qu'il avait a nous faire apprecier. En voici un exemple dans la fable suivante , qui fera juger en meme fems du style et dela maniere du traducteur. Lc Lapin qui xe revet de la penu d'une Gazelle. All Boeuf , maitre d'uii 'pAturage, Certain Lapin devait un an de pension ; A tous les gens du voisinage II devait, sans exception; Ici J)eu, la heaucoup. Toujours sur son passage : « Payez I'herbe » ou « payez le son. » LITTERATURE. ,,5 n Payez-moi , payez-nioi. » Toujours meme chanson. Ayanttout epuise, proraesses et grimaces, II cherchait quelque mechant tour, Car on en etait aux menaces. II y r^vait tout seul, quaiid il decouvre un jour Une Gazelle morte et gisant sur la terre. Messieurs mes creanciers, voila bieii notre affaire, Dit-il ; vous verrez du nouveau . La Gazelle ecorchee, il en revet la peau, L'ajuste de son raieux , et va dans la prairie. « Pau\re Gazelle , helas ! que t'est-il arrive ? Et qui done ainsi t'a maigrie? • Disait chaque bete attendrie. — C'est le Lapin que j'ai trouve Faisant quelque sorcellerie. Voyez, il m'a niaudite; il m'en coute bien clier! Dieu vous garde de le ficher. — Eh ! I'entendez-vous, ma comniere? Get avis vous vient a propos. Jecrains quelque mauvaise affaire; Laissons le lapin en repos. « Je demandais unjoura I'un d'eiix [h un nafnrel du pays), dit M. Roger, p. i3 de sa Preface, apres leur avoir explique ce que nous entendons par morale des fables, quel etaitsuivant lui le sens de celle - ci. C'est, repondit-il, apres y avoir reflechi quelque terns, que, lorsqu'on est adroit, on peat se dispenser de payer ses dettes. » C'est cette reponse sans doute que le tra- ducteur a voulu rend re par le vers suivant, qui vient immedia- tement apres le recit de la fable : Le drole ainsi paya sa dette. Le mot, comme le remarque M. Roger lui-nicme, n'est pas depourvu de sens, el pour un honime peu delicat, il est exac- tement la consequence de la fable. Pourquoi done, puisque son projet etait de peindie fidelement les nioeurs senegalaises a-t-il cru devoir ajouter la morajite suivante? Tirons de cette fable une moralite : Speculer sur la crainte et la credulite , 1 1 C> LITTERATURE. C'est jouer a coup siir. Ah , pauvre liumanitc ! Chez nous, par ce nioyen , que de fortunes faites! Cette reflexion philosophique est fort sage et fort juste, prise en general; mais eile est toute francaise, ct nous semblc former nn contre-sens avec I'esprit reconnu des Scnegalais. Ce n'est pas la seule fois que nous aurons occasion de faire cetle remarque. La fable x^ du recueil , qui precede im- mediatemenl celle que nous venons de ciler, lui resscmble entiereinent par le fond: c'est egalement uue licon d'adresse; le traducteur en a tire une conclusion moins directe et dont le motif n'est evidemment que secondaire. M. Roger revient plusieurs fois sur cette observation de la preface (p. 19), que toute la partie morale de son recueil a ete ajoutee par lui. Toutefois, 11 ne s'est pas astreint a donner une explication a chacune des fables qu'il reiiferme; les fables 4% 5*", 10% 1 4% 17®, 19^ et 20* n'ont pas de moralite exprimee posilivement. II ne faudrait pas en conclure qu'il ctait impossible d'en deduire au- cune lecon; au contraire, le sens en etait fellement clair qu'il pouvait parfaitement se passer d'explication. Nous y aurons gagne sans doute une version plus fidelc. II faut bien avoir sur ce point une foi aveugle dans le traducteur, puisqne nous ne pouvons comparer son travail a I'original, qui, comme nous I'avons deja fait observer plus haut, n'existe point en corps d'ouvrage et n'est meme point ecrit. Mais nous avons lieu de regretter que M. Roger ait jugc qu'il suffirait de s'en rap- porter au jugcment du lectcur pour dislinguer, dans ses imita- tions, ce qui vient de Tctranger d'avec les traits qui ont le caractere francais (note de la p. i63). Lui seul etait en etat de bien nous guider dans ce travail; car tons ses traits ne sont pas aussi aises a rcconnaitre que celui-ci, que nous trouvons ii la fm de la fable l'^^, ou le traducteur suppose qu'un loup, ayant perdu sa compagne, S'en desola pendant... un jour. Ceci sent tout-a-fait I'epigramnie francaise; et la chose, ainsi que I'expression, ne sont point, nous aimons a le croire, dans les iRceurs sencgalaises. LITTERATURE. 117 La fable 25« est la seule ofi M. Roger ait place la moralitu au commencement, et il a ties-bien fait de ne pas suivre cetto marche pour les autres. I! est bien preferable de la placer a la fin, pour laisser au lecteur le plaisir de la dcduire lui-meme du recit; lorsque I'esprit est prevenu, il n'a plus qu'uue seule operation a faire, c'est dc voir si I'auteur a bien tire parti de I'idee mornle choisie par lui, et il perd un grand plaisir, celui que procure la surprise , ou mieux encore , la certitude d'avoir rencontre juste. Quoique Ics nioralites des fables 7% 9% 1 1% 1 2", 13"=, 2ie, 23'', 24^ et 28" nous paraissent assoz naturellement deduites du sujet, nous aurions mieux aime que I'auteur put rester tidele a la terminaison originale, comme il parait I'avoir ele dans les fables 6% 8^ et 26", dont nous rapporlcrons le sens et en meme tems les derniers vers pour mieux faire connaitre la maniere des fabulistes negres. Dans la 6^, dont le sujet rappelle le Milan et le Roasignol de La Fontaine, une gazelle cherche a attendrir par une chan- sonnette un loup qui s'apprete a la manger (i). Moins ruse que le milan du fabuliste francais , le loup se laisse prendrR au piege, et la gazelle lui echappe. La fable se termine par ces deux vers , qui temoignent que le loup a prolite de la le- con que la gazelle lui a donnee, et que I'auteur transmet a son tour par le simple recit du fait : Le Loup, depuis cette querelle, Guetle, surprend et croque la gazelle. Le sujet de la fable 8* est Ic Loup voulant faire le Tabaski , I'une des fetes des iNfegres mahometans , qu'ils celebrent Ic dixieme jour de la douzieme lune. I! s'est invite dans quatre endroits a la fois ; mais au moment de se rendre au festin, il (i) II y a moins de convenance et de vraisemblance dans le choix de la gazelle que dans celui du rossiguol ; ou peut croire a celui-ci Yin:cnilon d'attendrir le milan par ses chants , taudis que la [ossibUiic n'eu est uui'it supposahle chez la pi en)i(Jr(.'. ii8 LITTIilRATURE. hesite sur le choix, va tantot vers I'lin , tantot vers I'autre, et laisse ainsi echapper I'lieure : Depuis un telechec fait a sa vanite, De f^ter Tabaski leLoup n'est plus tente. Puisqiie M. Roger a cm pouvoir metlre du sicn dans les fables qn'ii nous prt-sente , il ainait du siibslituer une moralite a ces deux vers , qui nous paraissent aussi insignifians qu'a lui. Mais nous le repetons, nous aurions mieux ainie encore une rigou- reuse fidelite. Dans la fable 26', un poisson, Vobo (1), pres d'entreprendre un long voyage , demande eu souvenir une arrote a chacun de ses amis, habitans, comnie lui, du liquide clement; mais, au retour, il refuse de la rendre : C'est, dlt-on , depuis ce tems-la Qu'enrichi de cefte mani^re, D'aretes bien pourvu, I'obo lui seul en a Bien plus (ju'aucun poisson de mer ou de riviere. Certes, ce n'est pas la utie moralite; c'est a peine une fiible meme ; mais c'est une maniere assez ingenieuse pour des Ts^e- gres d'exptiquer un fait d'histoire naturelle qui les a frappes; et c'est encore un trait caracteristique de plus. Quant aux fables en elles-memes , elles nous ont paru en general offrir le merite de la vraisemblance dans I'invention. Nous en excepterons toutefois la 4% dans laquelle un loup est cense a\ oir preCe des mnutons a un fusil. Cette fable, comme I'observe fort bien M. Roger , parait n'avoir cle composee que pour cette seule idee , cette seule recommandalion du loup a son debiteur : RJais ne me dites rien, ou du moins parlez has, Car je crains votre. voix a I'egal du ioiinerre. Le sujet de la fable 19" est encore plus invraisemblable , (i) Les Senegalais appelleut obo uii poisson qui appartient au genre cliipd , qui comprend les poissons abdomiuaux et a nombreuscs ar- r«He« , tels qucharengs, sardines, aucliois , aloses , etc. LITTER ATURE. 1 1 9 s'il se pent, piiisqu'on y voit un chasseur proposer a un rat palmistc, avare (ij, de lui prcter sa peau, qu'il doit lui rendre etisuile toute pleine d'or et d'argenl. Mais, si la pliipart de ces fables nous ont paiu oiiginales , quelques-unes aussi nous ont rappele des snjets dcja connus et traites nicme par notre immortel fabuliste. La fable 5*^, le Poulain , nous offre le sujet du Dcpositaire infidele (La Font. , liv. ix, fab. i''^). Un proprietaire veut s'em- parer du veau d'un de ses voisins , en pretendant qu'il est bien a lui, et qu'il a etc mis bas par sa vache ; le juge devaiit lequel I'affaire est portee feint tout-a-coup d'etre saisi des douleurs de I'enfantement, et par cette feinte fail ressortir la ruse grossiere Aw coupable {%). La fable 12", le Caiman et le Requin , est la fable des; Grenouillrs qui demandcnt un roi , imitee de Phedre par La Fontaine (liv. m, fab. /i"^) : De celui-ci contenfez-voiis, De peur d'en rencontrer un pire , avail dit le fabuliste francais ; M. Roger termine par la mcme idee : Puisqu'il vous en faut un , ne changez pas de maitre; Celui qui surviendrait serait pire peut-elre ; Supportez votre mal, de peur de plus grauds maux. Le sujet de la fable i5*, le Loup, Ic Boeiif et I' Elephant, est, a peu de chose pres , le uicme sujet que celui du Bono ct du Renaid (liv. iii , fabl. 5^), mais avec une terminaison diffefente (i) Au Senegal, on appelle aiiisi, iniproprement , dit M. Roger, une jolieespeced'ecurcuilqui grimpe sur les palmiers. CesX\epalmisle de Buffon et le sciitrus palmoriim de Liiinec. (2) Ici, le traducteur a cru devoir faiie a la delicatesse de notre laiigue le sacrifice du texte original, qui suppose que le juge se plaint d'une incommodite periodique particuliere aux femnies; la substi- tution qu'il a faite est a la fois de meilleur gout et plus coniique. Nous ne saurions done que I'approuver, d'autant plus qu'il previent ses lecleurs , dans une note , de la liberie qu'il a prise en cette occa- sion avec I'origiiial, et qu'ainsi il ne nous le fait pas nioins connaitre dans toute son integrile. 120 LITT^RATURE. cIh ccUe (111 fabuliste francais. On se rappt-lle que, dans La Fon- taine, le renard , apres s'elrc servi des oorncs dii bone ponr sorlir dii puits ou ils ctaient lombes tons deux , s'enftiit et laisse son camarade dans I'embarras. Dans la fable senega- laise , un boeuf rend le mcme service a un loiip ; mais, a peine ce dernier est-il sorli d'embarras, qii'il veut , obeissant a son instinct carnassier , se jeter sur son liberateur pour le dechi- rer. Un elephant, etabli jiige eutre eux, decide qu'il faul que le loup se reraette dans son trou et que le boeuf agisse comme il I'entendra. On pense bien que ce dernier ne se laisse plus prendre a obliger un ingrat (i). La fable i6% le Lion et la Ca'dle, rappclle le Moucheron et le Lion du bonhomrae (liv. ii , fab. !i«). Enfin, la fable 20°, le Lion, Ic Chacal et le Loup, n'est autre que le Lion , le Loup et le Renard du menie fabuliste ( liv. VIII, fab. S"). Maintcnant , comment ces siijets de fables, empruntes par La Fontaine a Bidpai, Esope et Phedre, sont-ils parvenus chez les Negres du Senegal? quand cette transmission a-t-elle en lieu , et d'oii s'est-elle operee? Sans chercher a resoudre ici ces questions, qu'il nous siiffise de faire observer que toutes les fables nous vienncnt de I'lnde. Celte opinion , generale- nient admise aujourd'hui , et dont Voltaire a eu I'uti des pre- miers la revelation ou le presscntiment (2), se trouve appuyee (i) Mais est-il bien vraisemblabie que le loup se remette dans le trou, d'oii il doit s'estiraer fort heureux d'etre delivre ? II fant dire, a la justification de I'auteur , qu'il n'existe point de loup propreinent dit au Senegal. Le boiiki, que M. Roger a rendu par loup en fran- cais, est I'hiene, animal qui figure trfes souvent dans les fables des Negres, et auquel ils font jouer le role d'un lourdaud , toujours dupe de lui-tneme et des autres. (2) « Quel est done, avait-il dit, le jiouvoir des vers naturels , puisque par ce seul charme La Fontaine , avec de grandes negli- gences, a une reputation si univeiselle et si meritee , sans avoir ja- mais rien invente! Mais aussi, quel merite dans les aucieus Asia- tiques , iiiventeurs de ces fables connues dans la terre habitee! • ( Slide de Louis Xl^. ) LITTfiRATURE. lai de preuves nombreuses dans la preface de I'editiou des Mille et une Nuits , qu'un jeune orientaliste , I'un de nos coUabo- ratenrs, M. £douard Gauttier, a donnee en 1822 (i). 11 pense, et c'est ici une communication ovale que nous iui devons , que la fable a pris naissance dans la chaine de V Hymnialaya , d'oii elie est descenduc comnie un fleuve bieufaisant pour feconder la litterature de tous les peuples ; etjsil'on pouvait Iui accorder que c'est sur le mont Hjmmalaja , et non sur le mont Ararat , que I'arche de Noe s'est arretee , il prouverait ainsi que la fable est aussi ancienne que le monde. Les Negres du Senegal out pu , comme les autres nations , prendre leur part de cet heritage prtcieux; mais la tradition s'al- tere bientot chez un peuple qui n'a point de litterature ecrite. De \h vient que les traces des ancicns apologues indiens se sont pen a pcu effacees pour faire place aux idees et aux su- perstitions locales , avec lesquelles elles s'etaient d'abord me- langees. De la ces resseniblances on petit nombie avec les fables des autres peuples ; de la ce caractere d'originalite qui exisle dans les fables scnegalaises , et que M. Roger n'a peut- elre pas conserve assez religieusement. II est vrai qu'il en donne quelque part une assez bonne raison , et que la pru- derie de notre langue s'y est quelquefois refusee. Parmi celles de ces fables qui nous ont le plus frappes par ce caractere d'originalite dont nous parlons, est la 22% qui a pour titre : Les Gris-Gris. Les gris-grcs jouent uu role tres actif dans les apologues que nous transmet M. Roger. « Ce sont, dit-il , des morceanx de papier sur lesquels les Mara- bouts ecrivent tant bien que mal , ou feignent d'ecrire des passages du Koran. On les renferme dans des sachets de cuir, d'etoffe ou de metal , que les Negres portent suj* eux de di- verses manieres et comme des ornemens. lis paient plus ou ()) Voy. Rev. Eiic. , t. XX , p. 207 ct t. xxiii, p. j2o , raunonce de cette edition, pubiiee sous les auspices et par les soins de la Socieic tie traduction , dont nous regrcttons d'avoir vu les travaux si tot in- terronipus. 122 LITTERATURE. moins clier ces sortes d'amiilettes , selon la reputation de science et de sainteto de celui qui les vend. » Dans la fable citce, c'est un bceuf qui joue le role de Marabout \is-;\-vis des autres animaux , et qui leur vend des gris-gris. Un pauvre diable de lievre, crible de dettcs, vicnt liii demander un secret pour eviter de les payer : Le Boeuf lui dit : « Preiiez raes amulettes, Vous ne craindrez nul creancier. — Grand inerei , Marabout, de vos bonnes recettes ! — Merci ! non , non , repondit le premier ; Je nc vis pas de semblables sornettes; Payez-moi mes gris-gris. — Je les veux essayer, Dit le lievre ; voyons I'effet de ce papier : S'il a vraiment quelques vertus secretes , II doit me dispenser de vous payer mes dettes. S'il est niauvais, quel prix vaut-il? Comhien? Je n'en voudrais pas pour rien. Puis le traducteur ajoute : Trompeur parfois s'adresse a qui le lui rend bien. La Fontaine avail dit avant lui : A trompeur trompeur et demi. Cuique suiim , comiiie robsorvc lui-memc M. Roger u cette occasion. Nous voudrions bien pouvoir rapporter ici, dans toule son inttigrile , la fable ii°, qui a pour litre : Le Lion, le Loup et les Mo i( tons ; mais , comme I'observe le traducteur, le siijet de celte fable convient si pen a la delicalcsse un pcu begucule de notre Utterature , que nous aimons mieux prevenir avec lui les lecteurs trop chatouillcux de sauter les deux pages 94 et yS , oil el!e se Irouve , averlissemcnt qu'il aurait du au luoins donner avant la fable , et non pas apres , comme it I'a fait. Pour ceu.x de nos lecteurs qui n'auraient pas son recueil entre les mains , et qui seraient curieux de connaitre cette fable , nous aliens essayer de leur en donner une idee. Un troupeau uombreux de nioutons et de brebis vivait dans un LITTERATURE. i23 riche paturage , sous la protection puissante d'un lion ; un loup , habitant des inemcs lieiix , convoitait depuis long- tems ce troupeaii, et ne cherchait qu'un pretexte pour I'atta- quer et fairecuree an nioins de quelquepauvro petit agneau.Un jour qu'il s'etait mis a la piste d'une brebis , en grognant enlre ses dents plus fort que de coutume, celle-ci en fut tellement effrayee que, pour me servir de I'expression d'un ecrivain in- genieux, mais moins positif que M. Roger (i), le veut ap- porta bientot a I'odorat du loup Son fumet de poltronnerie. All moment ou celui-ci , outre qu'on ait oso lui manquer de respect a ce point, s'appretc a s'cn venger sur la brebis, ar- rive sire lion, que Ton instruit de toute laffaire. Le loup en recoit une injure encore plus grave, sans oser toulefois souf- fler mot , et le traducteur ajoute : Pour tourmenter les pauvres gens, D'un mot, d'un rien Ton s'autorise , Tandis qu'a genoux la Sottise Encense les fautes des grands. Mais nous arrivons an terme de notre excursion litteraire, el nous u'avons encore parle que de la premiere partie du recueil de M. Roger. Nous nous arreterons cependant , apres avoir rempli la tache que nous nous ctions prescrite, en faisant con- naitre a nos lecteurs le genie litteraire de la nation ghiolofe. C'etaitla notrebut principal ; c'etait aussi,nousle croyonsjl'inten- tion primitive du traducteur. 11 nous pardonnera done d'avoir consacre a I'examen de la premiere partie de ce recueil, ou, d'apres son assertion formelle, il n'cst pas une fable qu'il n'ait entendu raconter par des Scnegalais, et dont il n'ait conserve le caraclere proprc, une place que nons aurions pu employer au profit de son amour-propre et peut-etre des plaisirs de nos (t) M. Victorin FABac , dans sa fable du Cerf, voy. V Mmanach des Muses pour iSaS , p. gS. ia4 LITTERATURE. lecteurs , en citant quelques-unes ties pieces des deuxieme et troisieme parlies , qui ne rcnfernieiit du I'esle , de son aveu , que des fables dont les sujets , les acteurs et les descriptions appartienneut au Senegal , ou des fables qui n'ont de droit an litre de senegalaises, que parce qu'elles ont ete composees par I'auteur pendant son administration dans ce pays (i). Edme Hkreau. (i) Le recueil ne renferme , en tout, que 4^ fables; elles sont ainsi partagees : 28 dans la x^e partie, 8 , dans la seconde, et 7 dans la dernifere. 11 est termlne par un Epiloffiie , que nous allous rappor- ter pour payer un dernier tribut a I'auteur. Au Senegal, successcur de Boufflers, Que n'ai-je pu I'etre au Parnasse ! J'ai vainement cherche la trace Du dieu lutin qui lui dictait des vers , De son talent et de sa grace ; Deja les echos africains Out oublie ses doux refrains. Dans ces climats, oh ! si quelque autre Aline M'eut apparu, m'eut iuspire ! Fal)les, tristcs enfans de mon bumeur cbagrine, D'amours , de ris , do jeux votre berceau pare Vous eiit donue cetle grace enfautiue , Ce uaturel bcurenx , ces airs ua'ifs et vrais Dont La Fontaine empoita les secrets. Bien autre fut votre origiue ! Vous deviez, en naissant, cliarmer tons Dies ennuis. En Afrique, par vous, j'eus de douces jouruees, Par vous j'eus d'agreables uuits. Puisseut, pres des lecteurs, pareille destiuee Vous suivre dans I'Europe oil je vous introduis. Mes Fables, craignez les orages. Vous avez navigue siir des paisibles mers; Mais celle ou vous cntrez est fecoude en naufragcs. Que n'avcz-vous , dans vos brilans parages , Trouve dri moins la nacelle ou Bouflers, Faisant si bien voguer et sa prose et ses vers , Couduisit a boa port ses tlegaua bagagcs! in. BULLETIN DIBLIOGRAPHIQUE. TJVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. I. — * Report of the committee , etc. — Rapport An comite charge par le bureau des gardiens dos panvres de la ville et des districts de Philadelphie d« visiter les villes de Baltimore , New-York, Providence, Boston et Salem. Philadelphie, 1827. Ce Rapport est le fruit des observations recueillies par les membres dti comite charge d'inspecter les depots de mendi- cite de ces villes, pour rechercher le meilleur systeme a intro- dnire dans rinstitution de ce genre qui existe a Philadelphie. Le premier qu'ils aient visite est le depot de mendtcite etabli a Baltimore. C'est un vaste edifice, compose d'un corps de logis et de deux ailes, capable de recevolr 800 a 900 personnes, situea environ une lieue de la ville, et qui s'eleve sur une ferme de 3oo acres. 11 renferme : 1" une infirmerie ; 2° un hopital pour les femmes en couches; 3° un atelier pour les vagabonds et les niendians en elat de travailler; 4° "n asile et une ccole pour les enfans; 5° une maison d'alienes; 6" nne ecole deme- decine et de chirurgie. I/administration est confiee a un bureau de sept membres nommes chaque annee, savoir, quatre , qui doivent etre citoyens de Baltimore, par le maire et le conseil municipal, et trois, domicilies dans le comte, par le gouver- neur et son conseil. II y a un maitrc ou inspecteur, aux appoin- temens de 600 dollars, une garde en chef, qui en re^oit 200, un medecin 400, et un intendant de la ferme 400. Ce sont la les seuls traitemens a payer; car les fonclions du secretaire, de (i) Nous indiqiions par un asterisqne {•) , plaoe a c6te > Les rapporteurs rccommandent, enlerminant, «la fondation d'un rtab'issemenl destine a pnnir I'intemperance. Una institu- tion de ce genre, dirigee convenablement, tcndrait a arreter le developpemcnt de ce fleau destructeur. Si les directeurs etaient investis du pouvoir d'arreter et de detenir ces etres abrntis dont la honte et le reproche seuls font justice, ce serait porter le coiip de mort au paupcrisme ; car I'ivrognerie est la mere de tous les crimes, et les maladies et la misere en sont les suites iiecessaires. » Les personnes qui composaient le comite etaient MM. Tho- W(7^RoGEKS, /«me.v West, TioZiert Earp, et //^.-/^. Anderson. W. Oiicrages periodlques. 1. — * TJie americnn journal nf science , etc. — Journal amerioain des sciences et des arts, dirge par Benjamin Sin- LiMAN , proiesseur dc cliimie et de mineralogie au college d'Yalc, etc. (juillet 1828). NcAV-Haven, 1828!' In- 8° de 192 pages, avec 6 planches. Depuis que nous sommes rassurcs snr la diiree de cette in- teressante publication, nous ne sommes pas moins empresses de voir arriver en Eiirope chacune de ses livraisons, bien cer- tains que nous y puiserons de nouvelles connaissances. Ce cahicr n'a point trompe iiotre attente : les geometres, les phy- siciens, les cliimisles et les naturalistes y trouvcront des idees et des faits. La iheorie des fluxions et les principes fonda- mentaux de la mecanifjue sont les sujets de deux Memoires ; il elait peul-elre sitperflu de presenter sous une nouvelle forme ce que Ton salt deja bien. La geologic de la Caroline ^\\ nord et d'une partie de la Nouvelle-Ecosse, les coquilles que Ton trouve dans quelques affluens de I'Ohio, des observations sur la vision, d'autres sur les instrumens geodesiqnes, et par- s' i3a LIVRES ETRANGERS. ticulierement siir la boiissule, ties dcscriplions de graminocs amcricaincs et de la niinrralogie de quelques lieiix ; voila ce qui pent smtoiit nous interesser, nous autres Euiopeens. Eu echange, IM. Silliman importe dans sa ])nlrie quelques pro- duits des travaux seientiliques de TEuropc, ct le choix est loujours en faveur des coniiaissances les plus utiles. Nous re- liiettons de nc pouvnir donncr a nos lecterns une analyse de quelques-uns des Memoires contenus dans ce cahier ; il fau- drait etre court, mcme aux depens de la liaison des faits et des idees, et par consequent une telle analyse ne pourrait etre (lu'iufidele. C'est a I'ouvrai^'e menie que les lecleurs avides d'iiistniction denianderont les donnecs necessaires pour con- tinner la comparaison entre Tancien et le nouveau nionde, dans rinlerieiir de la terrc el a sa surface : M. Silliman prend soin de preparer tout ce qui pcut rendre cette cojnparaisonplus facile ct plus instructive. F. ASIE. 3. — * VerhnndcUngcn van lic.t Bnlnviaasch Genootschop van Kunsfcn,cri fVctcnschnppcn , etc. — Memoires de la Societe bata- vicnne tics /irt.i et des Sciences. Batavia, iSaS-iSaS. Imprimerie nationale. 3 vol. in-8". i" et 2" vol., 3^ edition. 3« vol., 2" edi- tion : se trouvent a Amsterdam chez Jean Allaid, libraire. Cette collection forme eu tout onze volumes publies jusqu'a I'annee 182G, et que la Societe de Batavia vient d'envoyer a la Revue Enryclopcdiqiu' , dans laquelle on rendra comj)le suc- cessivement de ee cjue les memoires de cette Societe renferment de plus important. Ces Memoires sout le fruii des travaux litleraires de la So- ciete des sciences et des arts etablie a Batavia, le il\ avril 1778 , sous les auspices de M. Reynikr nr. Klark, alors i^ouverneur general des colonies lutllandaises des Indes oricntales, et qui en fut le premier piesident. Le but de cette Soeiele est de fa- voriser la propai;atinn des arts et des sciences, et de contrihuer au developpement des facultes intellectuclles et indiistrielles des liabitans indit^cnes et etrantjers de Batavia el de tons les pays de sa dependance. Le nombre des niembres de la Societe batavicnne n'est point limile. En 1826, elle etait composee de la raanicre snivante : 1 president, i vice-president , 8 direc- tcurs, I secretaire, i bibliolhecaire, 8 membies charges de I'administration, 9^ n)embres ordinaires vesidans a Batavia, 86 membres extraordiuaires residans dans plusieurs provinces de I'lnde orienlale: total 201. ASIE. 1 33 Les staluts de la Societe sont divisds en 17 articles, dont le sixieme est siibdivise en 46 paragraphes. Les premieres seances fureni tenues dans le chateau de Batavia; puis dans une habitation donnee par M. Radermacher, dans laqiielle, au nioyen des dons dcs niembres ordinaircs et exrraordinaires , on a forme une bibliotheqi'.e riche en livrcs classiques anciens et modernes, ecrits dans les langues europeennes , et en livres et n)anuscrits orientaux. Cette bibiiolheque est ouverte au public, tons les mercredis, de 8 a 10 heurcs du matin. Les inembres de la Societe peuvent emprunter et emporter chez eux les livres qu'ils ont besoin de cousulter pour leurs travaiix. On a forme dans le meme local un cabinet d'histoire natnrelle, un nnisee d'antiquites, et un jardin botanique. Une correspondance regnliere est etablie entre la Socii'te Balavicnne, et celles de Rotterdam , de Harlem, d' U/issingen (en Hanovre), de Groningue , d' Amsterdam , <\' U- trechl, de Calcutta, de Londres , et avec les missionnaires de Peliin et de Trunquebar. 11 en resulte que les Memoires de ses membres sont tres-inferessans , puisqu'ils font connititre des pays, des peuples, des mceurs, el des branches d'industrie de plusienrs provinces des Indes orientales sur lesqueiles on manque absolument de renseignemens en Europe. Nous donnerons ici I'indication des Memoires contenus daus les trois premiers volumes, et nous tiicherons ensuite d'en ex- traire pour nos lecteurs les choses qui meriteiit le plu5 I'at- tention des geographes , des philologues, el des amateurs de rhistoire natnrelle et des antiquites. Memoires da premier volume. — 1° Courle esquissc des pos- sessions de la Compagnie hoUandaise des Indes orieniales , contenant la description du royaume de Jaccatra et de I'Etat de Batavia, par M. J.-C.-M. Radermacher , et M. W. Fan Hn- gemlorp ; oP Rapport sur la nature des maladies des enfans de Batavia, par M. J. Van dcr Steege ; 3° Sur la preparation d'une espece de toile de colon par le moyen de I'ecorce de I'arbre Bisang , parM. J.-H. Paringaiuv ; 4° Catalogue des families des trois regnes de la nature, en malais, hollandais et latin; par M. .T.-C.-M. Radermaclier ; 5° Difference de la chronologic des peuples asiatiques, par le meme; G° Interpretation d'une his- toire de Java, mM\\\(ic Sadjara Radja Djatva , par M. J. Van Iparen; 7° Considerations sur I'etat de I'agriculture des envi- rons de Batavia, par J. Honyuian; 8° Reflexions sur les cartes hydrographiques de la Hollande, par Josua Van Iparen; 9° Des- cription de rtle Timor, par M. VV. Van Hogendorp; 10° Des- cription d'un mulalre, d'une grandeur extraordinaire, de I'lle ]S4 LIVRES ETRANGERS. Bali, par M. Josua Fan Iparcn; ii" Notice sur la corrosion ties entrailles dans les maladies des enfans de Batavia, par M. J. Van cler Steege; 12" Classification des palmiers des Indes orientales, par Al. F. Baron /'«« fVurmb. Memoircs da deuxieme volume. — 1° Considerations sur les connaissatices historiqiics, par M. Josua Van Jparcn; a** Des- cription de I'lle Borneo, par J.-C.-iM. Rodcrniachcr ; 3" Liste des empereursspirituels et temporcis du Japon, parM. E.Kac/ii- pher ; 4" NonvcUes observations siir I'elat de I'aj^jricultiire des environs de Calavia, par M. J. Hooyiiian; 5" Essai siir la forme et la coulenr des habitans des Indes orientales, par M. J.-C.-M. Radcrmaclur; 6^ Description du !4ranci oiang-ontang de Pongo, par M. F. Baron Van tVitrwh; 7° Suite de I'intei prelation de I'histoire de Java, intitulee Sadjura Radja Djuwa, par M. Josua Van Iparcn; 8'^ Notice sur I'origine, le proj^res, et I'etat pre- sent des missionnaires danois sur la cote de Coromandel, par M. J. Hoojinan; : du ventre, par BI. B. IVolj, M. D. ; 18° Observations sur I'lIc Timor, avec un vocabu- laire de la langue des naturels, par RI. AV. Van Hogendorp. Mcuioircs du troisiemc volume. — 1° Descri|ition resente le tableau de I'etat actiiel de ces deux royaunies; par /o//« Crawford, ecuyer. Londres, 1828. In-4°. Cetlerelationest unpen tardive: septanneesse sontecoulees avant que M. Crawford rcndit compte lui-nieme de tout ce qui pent e!re communique au public dans la mission dont il avail ete charge. Afin de satisfaire Tinipatience des curieux, des sa- vans et de tons ceux qui prennent interet aux affaires de I'lude, quelques eerivains out public divers ecrits sur cet objet, et M.FiNLAYSON, naturaliste attache aTambassade, a faitparaiire son journal particulier. Cependant la narration de M. Crawford ne pent niauquer d'etre recherchee par toutcs les classes de lecteurs; ils y trouvcront beaucoup de faits nouvcaux , et le caractere de I'auteur est garant de la fidelite de scs recits. Les observateui's de I'homme et des nioeurs des nations auront a mediter sur la singuliere analogic de plusieurs prejuges natio- naux aux Indes et en Europe , malgre la difference des institu- tions , des formes de goavernement, des religions, de tout ce qui influe le plus puissamment sur la pcnsee de riionuiie. Ainsi, par excmple, le Siamois soumis a un pouvoir despoliquc, sou- vent capricicux et cruel, avec ses faiblcs arts et sa mrsere se croit beaucoup au-dessusdu Cochin(;hinois, pins iudustricux, phis instruit et jouissant d'une aisance assez gcneralemcnt re- pandue. On pent citer en Europe plus d'un amour-propre national aussi mal fonde. Sous le mauvais gouvernement de Siam , la population decroit; et malgre les liberalites de la na- ture, clle n'cst pas le dixieme de cclle de la Cochinchinc, en comparant I'un a I'autre des territoires d'egale etendue, ega- lemcnt fertiles ,et places j autant qu'il est possible, au milieu de ressources equivalentes. Dans I'un et I'antre pays Thommc ne se borne point a degrader la Divinite jusqu'aux passions et meme aux vices de son espece : il la fait desccndre plus bas i3fi LIVRES ETRANGERS. encore, et deforme Ics traits de riiomme dans les images de scs dieux. C'esl dans ccs images que Ics deux peiiples deploient la plus grande niagnilicence, siirtout les Siamois. M. Crawford vit a Bungkok, dans im temple de Bovidg, une prodigieusc multitude destalucs de diviiiites fatares : celle qui attiraleplus son attention est en cuivre dorc, et n'a pas moins dc trente- cinq pieds et dcmi de hauteur. M. Crawford a joint a son ouvrage une carte dcs pays qu'il a parcourus; clle est sur une grande echelle dressee d'apres les mcilleurs docuniens, auxquels on a reuni plusieurs obser- vations faitcs dans le cours de I'ambassade. Les cotes de I'em- pire des Birmans , de la prcsqu'ilc de Malaca, du royaume de Siam et dc laCochincliinc y sont representees avec plusd'cxac- tilTide que dans aucune des anciennes cartes. F. 5. — * Tlie Revolt of the bees. — La Revoke des abeilles, avec cette cpigraplie : Ea voviint I'iDStinct de ces pptits anlmaux snrpasser I'intelligenre de riiomrae, je me suis dit : Heu- reusps les Socii'tcs liutnaines, si elles possedaieut la sapesse de ces abeilles ! Et j'ai forme des vccui en favour de mon pays. Saint-Pierre. Londres, i8a8; Longman. In-8° de 272 p. Nous avons rapporle I'epigraplie de cet ouvrage, parce qu'elle en fait connaitre I'objet. L'auteur, que nous connaissons, sans vouloir dechirer le voile dont il se couvre, est un de ces philantropes qui croient a la possibilite departager les nations en plusieurs Sucictcs rooperatires oil les biens seraient mis en commun, et dont cliaqiie membre contribuerait, selon ses talens, a I'entretien de la sociele. On con^oit que la repu- blique, on, si Ton vcut, la monarchic des abeilles est un type qui eonvient fort aux socirtes cooperatives. En effet, dans une ruche chaque classe d'abeille a son emploi; chaque individu execute une pclile portion d'un travail commun, dont I'en- xemble parait excedcr la portee d'un ctre aussi petit et aussi faible. On conceit aussi que si la ruche se met enrevolte,si chacun ne se tient pas aux fonctions qui lui sont assignees, la societe tout cntiere sera privec d'abri , dc nourriture, et des moycns dese perpeluer. Tel est le cadre ingenienx de ce petit roman qui est paifaitement combine pour faire sentir la supe- riorite du systeme cooperatif, oil les efforts individuels sont diriges vers un but commini, sur le systeme de la concurrence, ou chaciui clierche a s'elever aux depens fles autres. Rcslera toujonrs la grande difficulte de trouver, sans la propriete exclusive, uu motif assoz puissant suv I'esprit de GRANDE-BRETAGNE. i^'j rhomme, pour I'engager a surmonter sa paresse naturelle. Les abcilles sonl toiirmentees par leiir instinct du besoin de le- cneiilir de la cire et du miel et d'en faire des alveoles rcm- plics de provisions pour Ihiver. Quelle est la force coercilive capable de vaincre Tincuiie de I'hommc, si vous lui otez le stimulant de la propriete? Dans nos grandes ruches que nous appclons des nations , on batit aussi , on recueille aussi des provisions; les ciioyens se partagent les emplois de la societe; tons concourent au but commim qui est la conservation de la ruche; mais il faut que I'instinct, la force aveugle qui pousse I'abeille, soit remplacee pai- un moleur propre a agir sur riiomme, et ce moteur c'cst I'amour de la propriete. Nul autre n'a etc trouve pour le reniplacer. Au reste, deux sentimens dominent dans I'ouvrage dont nous rendons compte, et se rencontrent dans tons les ouvrages du meme genre: c'est, d'line part, un profond amour de I'humanite, et de I'autre une aversion prononcee contre toutes ces superstitions qu'on a crues capables d'unir les hommes , et (pii ne paraissent proprcs qu'a les diviser. La superstition de I'eglise romaine la porte ;\ bruler dans I'autre monde, a defaut de celui-ci, ceiix qui ne pensent pas comme elle; la supersti- tion de I'eglise anglicane la porte a les pendre; le tout pour la plus grande gloire du Tres-Haut et pour le plus grand bien de ses ministres: il faut convenir que les reves de la philantropie ne sont pas si dangereux. J.-B. S. 6. — SlcJiogrnpJiy, or an easy system of short-hand, etc. — Stenographic, ou Methode facile d'ecritiu'e abregee fondee sur des principes mecaniques et mathematiques (d'apres les sys- temes de Lewis et de Richardson), et exposition d'une methode reguliere pour etudier I'ouvrage sans assistance ; par E. Hin- TON. Deiixieme edition. Londres, 1828; Longman, Rees, Orme, Brown et Green. In-8° de 78 pages. La stenographie a ete connue des les tems les plus recules. Les Hebreux, et, chez les Grecs, et les Romains, Xenophon et Ciceron , avaient invcnte des signes a I'aide desqncls ils pre- iiaient avec rapidite les notes qui lenr etaient necessaires. Parmi les peuples modernes , ce sont les Anglais qui ont in- vente le plus grand nombre de systenics stenographiques. Gurney, Byron, Richardson, sont les auteurs dont les me- ihodes sont le plus generalemeut suivies. L'ouvrage que nous annoncons participe de ces divers syslemes; mais I'auteur a cherchc a simplifier I'etude de son art, et nous pensons avec lui qu'un mois est suffisant pour le comprendre et en com- niencer I'application. Son Alphabet se compose de 21 signes i38 LIVRES ETRANGERS. tres-simples , tons derives du cercle ol de la ligne droite, et qui ii'exigent que 21 mouvcmons, tandis que Ics lettres de I'al- pliabet qn'ils repiesentent en exigent 119; une douzaine de points et dc virgules indiqiient par Icur position Ics terming i- sons principales. — Le papier re^Ie dont il se sert offre le moyen de faire de noiivelles abreviations. Eii effct, la case fixe oil Ton commence le mot en designe la premiere Icltrc, sou- vent nieme la premiere syllabe : de sorte qu'uiie partie du dis- cours se trouve ecrite avant que I'orateur ait ouvcrt la bouche. Ccs ligncs aident aussi a vaincre Time des plus grandes diffi- cultes de I'art stcnogra])liique , cellc qui consisle a relire les notes apres qu'elles ont ele prises. Une traduction francaise de ce petit ouvrage ne pourrait manquer d'etre accueillie, dans un terns ou la stenographic s'cst chargee de nous faire con- naitre non-seulcmcnt les discours prononces a la tribimc publi- que, mais encore les lecons de nos plus celebres professeurs. H. D. Ouvragcs jH'riodiqucs. 7. — * The Gnrdeiwrs Magasine , etc. — Le Magasin des Jardiniers, et registre des nouvelles acquisitions de I'agi'icul- tiire et dc recoiiomic domestlque ; dirige par J.-C. LounoN. Londres, 1828; Longman, Rees, Orme, Brown et Green, pater noster Row. — Ce journal, qui parut d'abord tons les deux mois, est aujourd'hui mensuel; chaque cahier conticnt deu.x feuilies in-S", avec plusieurs figures; prix, 1 sh. 6 p. Get ouvrage pcriodique ayant dejii subi I'epreuve de deux annces, son avcnir se presente sous une apparence rassurante, car le gout du jardinage ne jieut que s'etendre : il n'est point un caprice de la mode. RL Loiulon divise cliacune do ses pu- blicatiot.s en trois parties. Dans la premiere, il inscre des iH/ticcs ou m('nicires sur les divers sujets qui sont compris dans son plan; la sccoude partie, inlitulee Revues, est, pour le jardinage et les arts (pii y sont relatifs, ce que le Bulletin Libllogriijilsifinc de la Revue encyclopcdique est pour rc.'nsemble des connaissaiiccs Immaincs : Ics ecrits y sont analyses en pen de mots; le lecteur pent en prendre une idee, et jugcr s'il y trouvera I'instruction qu'il v; ut acquerir. La troisieme partie, intitulee Melanges, ou In/aniuitcnns diverses , est subdivisce en deux articles ou sections, les informations qui vienneut du dehors, et celles c[ue I'Anglcterre mi'me fournit par ses publications si multipliees, et que M. Loudon obtient par sa correspondance. Ainsi, les indications y sont tres nombreuses et tres-variecs ; ce recueil est, an nioins pour les pays du GRIISDE-BRETAGNE.— RIjSSIE. iSg nord, le repertoire le plus complet ou les jardiniers puissent chercher les acquisitions successives de leur art. Les gravures en bois sont faitcs avec soin , et trcs-nombrcuses; dans le n° i3 (avril 1828 j, que nous avons sous les yeux , on en compte pres d'un cent, et Ton y voit dcs figures de plantes, des dessins d'appareils, d'instrumens de jardinage, de con- struclions rurales, etc. ll est facile, sans cloute, d'etre varie, lorsqu'on parle dun art ou tant d'objets et de formes peuvent etre combines et groupes de tant de manieres, et toujours avec succes; mais on doit reconnaitre que la redaction de ce recueil tire un tres-bon parli de cette variele, et que les lectenrs y trouvent abondamment ce qui pent exciter et satis- faire la curiosile. Dans le I'i^ caliier, on lit un article sur un appareil pour echauffer les serres an moyen de la vapeur. Ce mode de com- munication de la chaleur pent etre employe de tant de ma- nieres differentes, qu'il n'est guere utile de clonner des conseils aux jardiniers sur im sujct ou i!s sont assez bien guides par le simple coup d'oeii, et par I'experience la plus commune. Dans ces cas ou rinleliigence ordinaire suffit, les conseils peu- vent etre nuisibles , en substituant I'habitude d'imiter a celle de reflechir, et de ne pas tenir compte dcs circonstances locales qui peuvent faire varier les applications. F. RUSSIE. 8. — * Shear istoritches/iii , etc. — Dictiounaire historique des ecrivains appartenant a I'Eglise greco-russe. Deuxieme edition, corrigciu et augmentee. Saint-Petersbourg, 1827; im- primerie et librairie de Glazounof. 2 vol. in - 8° de 343 et 333 — Lxxvi pages; prix, 12 roubles. Cetouvrage, que Ton doitau metropolite de Kieff, Eugene, coritient 44 2 noms d'autcurs appartenant a I'Eglise russe , et qui out ecrit sur difforens sujets depuis le ix° siecle jusques el compris le xix". La vie de queUjues-uns de ces auteurs offre dcs details curieux pour I'liistoire. C'est ainsi qu'a Tarticle Jean Fedorof , diacre de I'eglise de Saint-Nicolas Gostouusky, an Kren)!iu, on Irouve la relation de I'origine (i553) et des progres de I'imprimerie en Russie. Dix annees scniement apres I'introduction de cet art d^ms cctte vaste contree, c'est-a-dire an mois de mars de i564, parut la premiere edition russe du Licre dcs Apoircs , commencee le 19 avril de I'annee prece- dente. Les copistes de manuscrits se voyant |)rives de leur etat par cette nouvelle invention , accuscrent les imprimeurs i/,o LI V RES ETR ANGERS. d'heresie et de sorcclleiie, et les obligerent de se refugier en Pologne, oil lis furent bien accueillis par le roi Sigismond. Le Btdlctin (III Nnrd ( call, do mai 1828, pag. 3o — 5o) donne la traduction francaise de ce morceau , oil Ton suit loiites les vicissitudes de riniprimeric en Russie , et ou se trouvent cites les premiers etabiisscniens de ce genre et ceiix qui les ont siiivis dans les terns modernes , soil qu'ils appartiennent an gouvernenient , snit qu'iis aient ete creos par des particuliers. Les details renferines dans ce morceau sont d'une nature trop speciale pour etrc rapportes ici. Nous dirous seulcnient qu'il parait que la gravure (ut introduite en Russie en iiii'me lenis que rimprimerie , sous le regne da tsar Ivan Vassilievitch , puisque le Lu'rc des Jpotirs, dont nous avons parlc plus haut, offre des ornemens flgures, et que les editions subsequentes ont meme des figures. II est vrai que ce n'etaient que des gra- vures en bois, qui se tiraient avec une presse ordinaire; ce ne fut qu'un pen plus tard qu'on connut les planches en etain fondu , et rien n'indiquc que les planches en cuivre aient e'.e employees en Russie avant le regne du tsar Alexis Mikliai- lovitch , pere de Pierrc-le-Grand. La taille-douce parait -y avoir ete introduite au commencement du xviii^ siecle, et la lithographic y est en usage depuis 1816. Le Telf'grnphe dc Moscoii ^ qui a consacre une analyse au Dictionnnirc lustorique , lone beaucoup cet ouvrage ; mais il regrette que I'auteur de cetle utile publicalion ne se soil pas nioiitre assez difficile dans le clioix de ses materiaux , et que, dans la deuxieme edition , il n'ait pas ecartc quelques articles dont I'authenticite ne parait pas bien prouvee. 9. — tg^>'> poeme licroique traduit du russc , suivi de ballades et poesies diverses ; par N. Blanchard. Moscou , 1823 ; Loguinof. Grand in-8" de iii et xiv pages; prix , /| r. Ce poeme , que le traducleur a puise dans le Rccueil des antiquUes rasscs de feu Moussine-Pouschkine (i), est un pre- cieux reste de I'ancienne poesie russe. Compose vers la fin du XII* siccle , il a pour siijet un episode du regne d'Igor , qui occupa le trone de Russie de 91a a 945 (a). Ce prince, pour (i)Le comte Moussine-Pouschkine , niort en 1817,3 employe une grande parlie de sa vie ii recueillir les antiquites de son pays. Onluidoit, entreautres, la decouverte du Chant nxx Reck de la cam- pagne du jirince Igor contre les Poluvisis , public par ses soins en 1800, et deux editions du code russe, Ro'iskaia Pravcin, doxm(:e& I'une a Saint- Petersiiourg, en 1792 , et I'autre a Moscou, en 1799. (i)M. Blanchard se tronipepai consequent, on disani que I'auteur de ce poeme ^tait sans doute conteniporain d'Igor. RUSSIE. 1 4 r piinir les Polovtsis, qui avaient fait line invasion sur son ter- ritoire , avail assemble une armee et etait alle a leur i-en- contre, suivi de ses frercs Vsevolod et Vladimir. Arrive sur les Lords 1487 et i45i. II sorait utile de cherchcr la cause de ce chan- gement defavorable. — Les elabliiseinens pour les soards-muets se tronvent a Gand, a Liege et a Groningue. La premiere de ces villes renferme deux etablissemens pour lessourds-muets, «lont I'un , particulier, est administre par le chanoine Triesl , qui pourvoit aux depenses. — On ne compte qu'un etablisse- ment pour I'ediication des jeuiies aveugles ; il se trouve a Amster- dam , et Ton en est redevable a une Societe philantropiquc. (1) Recherches sur la j>oj)idation , les naissaiices , elc. Bruxelles, 1827; Tarlier. L»-8°. II. ie4 LIVRES fiTRANGERS. Les sonscriptions anniiellos couvrent a pou pres les depenses; on n'ycompte ordinaircment que 3o a /(O eleves. — On (rouve aiissi a Amsterdam une Societe pour ['amelioration morale des detritus; elle a des sons -directions dans presque toutes Jes \illcs des provinces septentrionales ou il se trouvent des prisons. Cette Societe coinptait, an3i decembre 1826, 4>88o membres, qui font face aux depenses par des sonscriptions. Parmi les institutions qui tendent a prevenir I'indigence, il faut ranger les monts-de-piete , les caisses d'epargnes et les caisscs de secours mutuels. — Il y avait, i^l la fin de 1826, 124 monts-de-piete; les capitaux employes en prets etaient de 4,208,068 florins; les benefices, deduction faite de tous frais, ont produit 238,683 flor. L'interet annuel du pret est tres-ine- gal, et varie entre les limites de 2 a 34 pour cent; cependant sa valeur moyenne est de 1 5 environ. — Les caisses d'epargnes sont au nombre de 5o : il s'en est forme deux nouvelles, une i Gand et une a Tournay; elles comptaient, a la fin de 1826, i8,o35 participans, et les capitaux montaient a 2,771,608 fl. Le nombre des deposans s'est accru dans I'espace d'un an de 2,585 individus, et les capitaux de 345, i3i fl. — II se trouve dans quelques provinces un grand nombre de caisses de se- cours mutuels principalement instituees pour la classe ou- vriere. II parait que le nombre des membres s'eleve dans plu- sieurs villes a plus de 10,000. Ces institutions ont pour but de procurer, moyennant une tres-legere retribution hebdoma- daire, les secours de I'art en cas de maladie, et de pourvoir aux frais des funerailles. Apres avoir considere la nature des differens ctablissemens de bienfaisance que presente le royaume des Pays-Bas , il ne sera peut-etre pas sans interet d'examiner le nombre des indi- vidus auxquels ces ctablissemens donnent des secours dans les differentes provinces. Nous avons deja fait connaitre dans un des precedens cahiers de la Recue Enryclopediquc (voy. I. xxxvi, p. 596), tous les elemens de population qui concernenl les pro- vinces, tels que la fecondite, la mortalite, etc ; on pourra leur comparer les resultats que nous allons donner ici. PAYS-BAS. i6S PROVINCES. Rialiant septentrional. . meridioual. . . Limbourg Gaeldre Liege Fiandre orientale. . . . occideDtale. . . Haioaat Hollaade septentrlonaie. meridionale. . . Zelaude Namur , . Anvers Utrecht Frise Over-Yssel Groningue Drenthe Luxembourg Le royaume POPULATIOH 1826. 328,026 488,()27 32/,,368 285,573 337,019 693,312 568,a58 553,485 394,550 441,453 l32,221 190,482 33o,i25 1 19,351 2o5,oi6 162,791 157,973 54,835 291.759 6,o5g,524 XKDIVIDOS SECOCRDS DANS LEs HOSPICK3. 22,374 112,387 4o,958 19,180 59,446 66,725 83,5oo 104,220 83, 100 41,092 8,252 25,980 22,636 14,19' 23,179 6,58o 7.577 1.976 2,299 745,65a 606 4,776 1,871 1,366 1,258 3,o36 2,328 3,524 7,781 4,466 7o3 1,349 4,028 946 1,139 877 707 i4o 271 41,173 On remarquera que les provinces les plus populeuses et les plus riches sont aussi generalement celles ou le rapport des in- digens a la population est le plus fort, celles ou la mortalite est la plus grande , et ou les generations se succedent avec le plus de rapidite. On pourra considerer encore a cote des nombres prece- dens ceux qui donuent les valeurs des secoursqui ont ete dis- tribues. (Voy. le tabUuu ci-contre, p. 166. i66 LIVRES l^.TRANGERS. PROVINCES. Eraliant septentrional.. meridional. . . Liniboarg Gneldre Liege Fiandre orientale. . . . occidentale. . . Hainaut Hcllande septentrionale meiidionale. . Zelande Namnr Anvers Utrecht Frise Over-Yssel Gi'oningae Drenthe Lnxembonrg Le ROYAtlME SEcocns EEPENSES A DES DOMICILE. HOSnCES. a38,2o5 72,880 274,193 5j8,565 i53,447 103,934 241,925 186.961 145,258 1 56, 363 367,160 288,998 392,205 256, 5oo 339,739 275,164 67 1,821 714,742 945,500 591,816 228,659 89,427 48,352 83,201 285,294 135,677 232,800 464,914 I i2,o56 1 15,467 89,4r4 191,200 30,428 18,352 5,448,739 58,2i3 8,748 19.792 4,091,156 I En comparant le nombredesindividiis secourus a la popula- tion entiere du royaiimc, on tronve que phis du septiemc decette population abcsoin d'etre aidee, et Ics sommes dent on dispose en sa favenr forraent environ le septieme des reveniis annuels de I'Etat. En ciassant les provinces d'apres la grandeur du rap- port des individns secourus h domicile aux populations res- pectives, on tronve : Le Brobarit meridional , In Hollande sep- tentrionale, le Hainaut, Liege , la Fiandre occidentale, Namitr, Lirnboiirg, Utrecht, Frise, Hollande mcridionalc, Fiandre orien- tale, Brabant septentrional , Gueldre , Anvers, Zelande, Gronin- gue , Oi'cr-Yssel, Drenthe , Luxembourg. On observe a peu pres la menie classification h I'egard des hos])ices. Le Brabant meridional et le Luxembourg se trouvent aux extremes op- poses; on compte dans la premiere province jusqu'a i?to in- dividns sur 1,000 qui ontbesoiu de secours, et dans la seconde 8 setdement. Nous avons vu que plus de 147,000 enfans appartenant a des families indigentes out re9u gratuitemont I'inslruction; cc PAYS-BAS. — LIVRES FRANQAIS. 167 nombre est h celul de la population moyenne du royaume comiue a4 est a 1,000; et k celiii des pauvrcs secoiuus a domicile a peu pies comme 1 est a 5. Si ces enfansenvoyes aiix ecoles apparte- i!aieut effectivcment tons aiix families indigeiites cpii viveiit des secours qu'on lenr accorde, il faiidrait en concliire que la flasse indigente participe chez nous au bicnfait de rinsliurtioii plus qu'aiicuue autre elasse, puisqu'elle enverrait t,'eueralc- ment tous ses enfans aux ecoles. Les tables de populaliou nous luontrent en efftt que, daus une population donnee, sur 5 iudivitlus il f;iut en conipler i en age d'etre rnvoye aux ecoles. En preiiant les nonibres moyens pour uotre royaume, on compte seulemen? 100 enfans envoyes anx ecoles par 947 liabitans; on serait done induit a croire que la classe indii;en(e est celle qui participe le plus a rinstruclion priinaire, ce qui u'est cerles pas le nioindre avautagc que Ton doive aux institu- tions de bienfaisance. A. Quetelet. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques el natitrelles. 26. — * Histvlre dcs vcgetauxfossUes , ou Recherclies bola- uiques et geologjques sur les vegetaux renfermes dans les di- vf rscs conches du globe; par M. Adolphe Brokgniart , docteur en medecine de Paris. 1'° et a'' livraisons. Paris, 1828 ; Dufour etd'Ocagne, quai Voltaire, n° i3. 2 cahiers in-4°d(? i3G pages, avec uu grand nondjie de planclies ; prix i3 fr. la livraison. Les belles recherchcs de M. Cuvier sur les animaux fossiles out demoutre I'utilite de ce genre detiavaux, et appele I'atten- lion de tons les obscrvatcurs sur les debris organiqnes que les < ouclies di- iiotre globe renfernient en si grand nombre : de Sous cotes des dissertations savautes font connaitre les animaux frtssiles des divers pays, et la botanique fossile tend a completer ce genre d'insliuction. Deja M. Adolphe Brongniai ; avait prouve I'interet qu'il pienait a ce genie d'eludes par plusieiirs iiOus niemoires publics dans la collection du Miiseuin d'histoire iiaturclle et par pliisieurs notes inserees dans le grand ouvrage de MM. Cuvier et Alexaiidie Biong/iiart sur les environs de Pa- lis. Il clierche maintenant a completer ces travaux et a presen- ter d'une maniere metho diminue I'importance du iniel, et que les progrcs de la chimie auimale menacent de eompromettre ceile de la cire, les abeilles n'en resteront pas nioins ime branehe interessante de notre economic rurale : c'est surtout en naturalistes et en amateurs que les ecrivains les out considerees; mais les etudes et les soius dont elles sont I'objet ne perdraieut rien de leur charme si Ton s'occupait un pen plus des resultats ecouomiipies qui s'y rattachent. Ce Ma- nuel, recommandable a beaucoup d'egards, serait encore plus complet si M. Martin avail etabli , par la comparaison des frais et des produits, les meriles respt^etifs des proceties ([u'il ^'xpose avec clarte. Cetle uiitiiiere d'etudier ragricullure <'st SCIENCES PHYSIQUES. 169 lente, queiqiiefois peuible; mais c'est !a seule qui lui fasse faire des progres, d'aiitant iiiieux que des experiences econo- iniques bien faites enseigneut toujours au-dela de ce qu'on y chercliait. J. J. B. 28. — Nouvel apcrcu snr la metcorologie , par G.-A. Clos, docteur en medecinc. Paris, 1828; Bachelier. In-8" de ii5 p., avec b planches; prix, 4 fi". Le travail de M. CIos est le resultat d'utie suite d'observa- lions locales : I'auteur n'avait d'abord en vue que de rediger line topographie medicale du lieu qu'il habite : mais « je ne fus pas long-tems a m'apercevoir, dit-il, que dans ce pays la po- sitiun et la coupe des montagnes qui bornent une partie de I'horizon transformaient certains vents, et leur donnaient des directions et des qualites qui ne leur sont pai habituelies ; et je ne voyais de nieilleur moyen pour resoudre ces difficultes, que d'etudier le cours des nuages, leur forme et leur disposi- tion. D'un autre cote, un medecin dc campagne, comme moi, frequemment expose a toutes les inlemperies de I'air, devait naturellement chcrcher re qu'il avait a altenJre de tel nuage qui le meuacait, comment il se trouvait atteint ou preserve de I'orage , quelle route avait suivie le meteore.... » M. Clos a eu besoin dune nomenclature nouvelle dont il doniie IVxpiication. II faut avouer que certains mots ont ettt detournes de leur signification ordinaire, ce qui n'est jamais sans inconvenient , et que les definitions de quelques autrcs manqueul de justesse. Ainsi, par exemple, la voute ou coupole celeste est, dans cet ouvrage, I'espace que I'oeil du spectateur pent apercevoir, la limite des meteores visibles pour un point donne sur la lerre. Ce mot ayant un autre sens dans le diseours et dans les sciences, il eut fallu faire un autre choix. « Si la voute celeste est coupee par un plan incline , on aura un si'onienl inetfjorologique. On doit distinguer dans ce segment \arc qui est la courbe formee par la section du plan avec la voiUe, la corde fonnee |)ar rhorizon , les exlremites, etc. « Ces definitions s'e- cartenl de la rigueur geometrique. \^g plan incline pent couper la voute celeste y telle que I'auteur la concoit, uon suivant un arc, uiais suivant un cercletout eulier; dans ce cas, le plan ne coupe point \'l(orizon , suivant la definition de cet ouvrage, il n'y a point de corde, et cependant il y a dans la voute celeste une calotte , dans le sens que I'auteur donne a ce mot. Dans la disposition des nuages que M. Clos a nommee rayonnance me- teorologi(iue, on ne voil pas qu'il ait separe ce qui n'est qu'iine illusion de perspective de ce qui pent olre une realile; et plus loin, dans rarlicle intitule llicorie de la rajonnance, on ne 170 LIVRES FRANC AIS. tioiivo pas non plus los nioyens de dissiper Ic prcslijjc des ;ip- jiarences, et de decouvrir la vcrilahle formo de I'objet observe, ninsi que sa position. A la pat;o 1 13 , on lil : « On prut dire, en lliL'se generale, dc deux pays voisius, qu'ils ne peuvent avoii' tie communication mctcorolo^ique que pai- Ic seul point que I'uii el I'autre lioi izon ont de commun. » Cos horizons voisins sont deux surfaces, et ont necessairement loule nne ligne com- mune, ct non pas uu seul point. D'aillcurs, les commiiuicntions metcowlogiques enire les pays voisins sont elablies par I'atmo- sjiherc, el n'ont ricn de comnniii avec la position des observa- teurssur !a tcrrc, Jii par consequent avec les notions dV/o/iso/?, qiielque sens que Ton donne a ce mot. En general, I'auieur de cet ouvrage fait preuvc de connais- .sanees Ires-exaetes en physique, et il les applique avec habilele et siicces, pourvu que les notions geometriques ne soient pas iiecessaircs pour ces applications. Mais en meteorologie , lors- qu'il s'agit d'observcr le mouveirent descorps d.iiis I'espace, rieii ne peut supplecr aux connaissances niallu'snatiques. II y a , sans doute, des f;;its prceieu\ , des observations bien faites, d'exeel- Icns maleriiiux i tirer de cet ouvrage; niais il y a des ei'reiirs georaetriquej dont il faudra necessairement le debarrasser. F. 2g. — * Traite des coniiaissancrs mcdicnlcs nt'ccssaircs aux i^rns du u-.ondc^ on F.lude de riiommc considere a Tetal de sante, a eebii de nialadie ct dans ses rapports avec les differcrss elres de la nr.ture; ])ar P. Ollion, medecin a EiiglsirnMont- inorcncy. I'aris, 1828; YiHeret et compagnie. In-8" de /|S4 p.; prix , 7 fr. 5o c. Le tilrc de ce volume ne donne pas une idee juste de ce qu'il iiiiferme; il semblerait ([u'il y soit (juestion de pathologic et cl'hygiene; cejiendant, suivant M. Ollion, les connaissances niedicales necessaires aux gens du monde se bornent a celles ront tirees de la langue jjrecque, seront peut-etre regardees comme un neologisme inutile; mais le lecteur qui s*y sera habitue, trouvera bicntot qu'elles abregent le discours sans nuire a sa clarte. II nous serait difficile de donner en pen de mots une notion suffisante de cet ouvrage, encore incomplet, puisque le second volume que nous annoncons ne contient que la fin de la huitieme classe de lesions, celle des irritations, et unf grande partie de la neuvieme, celle des phlogoses, k la veriti; les plus importantes de toutes et qui demandaient les 174 LIVRES FRANCAIS. plus long5 developpcmens. Nous ajoutorons sculement qu'il n'a point etc compose avec d'autres livros, iii avcc les idocs syste- nialiqiics que Ion puisc dans le silence dii cabinet; que c'est au milieu d'un hopital, en observant attenlivemcnt lesmalades, que le plan en a ete concu, et qu'on y frouvera de nombreuses observations particulieres, des fiiits de pratique pleins d'in- teret, qui, independamnient du cadre oii ils sont places, doivent le recommander u toutes les personnes qni rccherclient uue solide instruction. Ricollot fils. 32. — Qacstiun^ de jurisprudence medico- l(^gnle , par Col- lard DE Martigny. Paris, 1828; Auge-Mequij^non , rue de rEcole-de-Medecine , n° i3. In-8" de 1 1 1 pages; prix, 3 fr. Trois sujets tres-importans sont traites dans cette brochure. Dans la premiere discussi^ju il s'aijit de la viabilite civile el de la viabilite naturelle; dans la seconde, de I'infanticide d'un enfant vivant mais non viable; dans la troisieme , I'auteix' exa- mine et discute I'opinion eniise par divers mcdecins sur la mo- nomanie homicide. On tiouve dans ces discussions beaucuiip de connaissances et de raisonnement. Les personnes menie qui n'adopteraieut pas les conclusions de I'auteurnepourroutqu'ap- prouver ses intentions. 33. — Memoire sur le tiaitcmcnt de la cataracle ; par Louis- Francnis Go'SDV.'E'T. Troisieme edition. Paris, 1828; Gabon et compagnie, rue de r£code-de-Medt'cine. In-8° d? 63 pages; prix, 2 !r. Si la medecinc cpii guerit les maladies est un art precleux , celle qui les previent doit I'etre bicn plus encore; et sous ce point de vue, le Memoire de M. le D'' Gondret doit spcciale- ment fixer I'attcntion ; car le memo moyen que ce praticien emploie avec succes contre les cataractes deja formees, parait avoir reiissi egalement entre ses mains contre les cataractes qu'il a traitees des I'origine. Plusieius des observations citees dans son memoire en fournissent la preuvc. Genest, D. M. P. 34. — Arithmetifjuc commcrcialc et administrative reduite a I'addition, ou Methode entierement neuve, demontree en six lecons; par F. Midy. Paris, 1828; Garnier. In-8" de 278 pages; prix, 5 fr., et 6 fr. 5o c. par la poste. Il est aujouid'hui bien reconnu que les sciences offrent a I'industrie ses plus puissansmoyensdeperfectionncment. Aussi combien de principcs theoriqucs , naguere cnfouis dans les livres ou dans la memoire des savans, ont-ils de nos jours fourni d'applicalions utiles aux arts industricls ! I/a(hiiirable invention des logarithmes et ses applications si fecondes dans SCIENCES PHYSIQUES. 175 les regies les plus compliquees de rarithmetique, comme dans Ics foiiTiules les plus transcendantes de I'alj^'ebre, sont egale- ment appreciecs ; et neanmoins la connaissance de ces pio- codes ingenieux reste etrangere au plus grand nonibre. Les traites specialement consacres aux negocians n'en font mtnie pas mention. Destine a rendre ces melhodes familieres a tout le monde, le livre de M. Midy ramene avec leur secours ?outes les operations de rarithmetique a nne simple addition. II con- tient en outre une foule d'applications qu'il serait trop long d'enumerer ici , et dont les principales concernent les calculs d'intercts, d'escomptes, de changes, d'arbitrages, de faclures; les operations de bourse ; les calculs relatifs au toise des surfaces et des bois, h Tindustrie manufacturiere, au lissagc et a la fi- lature des colons, aux tables de statistique, etc. ; avec des ta- bleaux tres etendus, p.irmi lesquels on distingue ceux qui ser- vent k converfir les poids, mesures et monnaics de toutes les nations , en [loids , mesures et monnaie de France , et reci- proquement. Cet ouvrage , redige avec beaucoup de clarte et de simplicite, nous parait eminemment utile et parfaitement en harmonic avec I'etat actuel de la science. Son auleur, en fjuitlant les ornieres de la routine, contribuera sans doiite a rendre popidaires en France les premieres notions de !a theo- rie des logarithmes dont les geometres font des emplois si nombreux et si expeditifs. yid. Gondinet. 35. — * Traile siir V art de /aire de bons niorliers et d'en bieii diriger teniploi, on Methode gtnerale pratique pour fabriquer en tons pa)'s la chaux, les cimens, et les niortiers les meilleurs et les plus economi(|ues ; par le colonel Raucourt de Charle- viLLE. Deuxieine edition. Paris, 1828; Malher et C"^. In-8° de 3-7 pages avec des planches; prix , 7 fr. 5o c. 36. — * Manuel tiieorique et pratique da chaufournier , conte- nant I'art de calciner la pierre a chaux et a platre, de composer toutes sortes de mortiers ordinaires et hydrauliques, cimens, ponzzolanes artificielles , mastics, briqucs crues, stucs, pierres et marbres faclices; par M. Valeruin Biston. Paris, 1828; Roret. In-i8 de 3iG pages; prix , 3 fr. Le prix de la maconnerie en moellon varie, en France, entre le (|uart et le dixieme de celui de la maconnerie en pierre de taille,et quand les mortiers sont fabriques avec soin suivant les nouvelles melhodes, la solidite est a ]3eu pres egale dans les deux cas. On pent ajouter que le moellon , bien employe, ne depare point les constructions les plus elegantes : c'est ainsi qu en jugeaient les Romains; et lei'.rs monumcns, debout npres dix liuii siecles, prouvtnt a quel point ils avaient raison. Grace 176 LIVRES FRANC AIS. aiix recherches faites, depnis line quinzainc d'annees, sur la fiibrication dcs mortiers , on oblientaiijourd'hni, poiir iin prix cinq on six fois moindre, la solidite de la pierrc dc taille; des fondations de ponts, jadis rdpulees impossibles, s'exccutent avecaiitant d'economie que de facilite; les licux les plus hii- mides recoivent des constructions impermeables dans loute la rigueur dii mot. La premiere gloire de ce grand progres dans Tart des constructions appartient a M. Vicat, ingenieur des ponts et chaussees : d'immenses economies, une notable aug- mentation de la duree des monumens, la salubrile des con- structions privees en sont les consequences : depuis bien des annees, on n'avait fait aucune application aussi etendue et aussi utile des sciences physiques. M. Vicat a ete recompense , dans le tems, par les memes distinctions honorifiques avec les- quelles on encourageait le zele des litterateurs de la police, ou les fonctionnaires publics qui manipulaient convenablcment les listes electorales ; il a de plus obtenu , quinze ou dix - huit mois avant son rang d'anciennete , un grade qui a ajoute envi- ron 2,000 fr. h son traitement. D'autres , par compensation , ont obtenu de grands cordons , la dignite de pairs de France et de fortes pensions. Parmi les camarades de M. Vicat qui ont applique ses me- thodes avec le plus d'intelligence et de succes , s'est distingue M. Rancourt de Charleville; il a prouve par I'experience que , partout oil il existait du carbonate de chaux , de la terre et du sable, on pouvait fabriquer des mortiers d'une solidite par- faite. L'augmentation de depense est peu sensible; une appre- ciation exacte des elcmens dont on dispose , un peu d'intelligence pour les combiner, et un soin extreme dans les manipula- tions, voila ce qui conduit au succes. L'auteur ne doute pas qu'on ne puisse ainsi doubler la duree des maconneries de moel- lons et decupler celle des enduits : dans les cas les plus fre- quens, sa premiere evaluation est certainemenl au-dessous de la verite. C'est un livre de chantier que M. Raucourt a pretendu faire ; il en a exclu tout ce qui ne tendait pas directement a I'applica- tion des procedes de fabrication; le dire, c'est faire I'eloge le plus complet de I'esprit dans lequel est ecrit son traite, et ex- pliquer comment I'analyse que nous en donnerions serait ne- cessairement incomplete; il suffit d'apprecier combien le but est judicieusement choisi , pour donner an lectenr une idee de I'utilite de I'ouvrage. C'est precisement parce que nous sentons tout le prix des travaux de M. Raucourt, que nous nous per- niettrons de lui adresser un reproche, sur un point grave SCIENCES PHYSIQUES. 177 meme pour iiii constructeur qui veut propager $es idees : nous voulons parler de I'extreme negligence de son style. La recherche, I'elegance meme, seraient chez lui des defauls; mais la clarte est toiijours indispensable, et elle manque trop sou- vent, a force d'incorrection. II est penible de relire des pages enlieres pour les comprendre, et d'hesiter sur la pen see de I'auteur. Nous insistons sur ce defaut, parce qu'on voit, en comparant les differentes parties de I'onvrage, que, pour se corriger , I'auteur n'avait qu'a ressembler a lui -meme. Un livre mal ecrit sur un objet aussi interessant ressemble a une route raboteuse qui conduit a un marche frequeute. Un style clair est aux idees dont il est le vehicule, ce que la bonte de la route est aux marchandises qu'on y transporte. M. Biston, dans son Manuel du chaufournier , a, comme M. Raucourt , traite des mortiers ordinaires et hydrauliques. Ce n'est pas son experience personnelle dontil donneles resul- tats; mais il a puise aux raeilleures sources : elles ne sont pas encore tres-nombreuses; il a recherche et donne les resultats de beaucoup d'cxperiences tres-utiles a consulter. Les combi- liaisons des mortiers sont aussi variables que la nature de leurs elemens ; il faut mainlenant que, dans chaque localite ou I'u- sage en est un pen considerable, on fasse une etude approfon- die de la composition des materiaux, et qu'on en reduise la combinaison en formules. La theorie est faite, elle est eclairce par I'experience; il ne reste plus qu'a en multiplier les appli- cations. Ce que M. Biston a cru devoir dire de la fabrication des briques est trop incomo'et pour ajoutcr beaucoup au meritc de son Manuel du chaufournier. Cette fabrication merite un travail a part : M. Raucourt parait I'avoir en vue, et il ne doit [>as douter de I'interct avec lequel ce traite serait accueilli. J.-J. B. 37. — * Encyclopedic populaire, ou les Sciences et les Arts mis h la portpe de toiites les classes. Cette collection de Traltes vient de s'accroitre des i5 livraisons suivantes : Traite de rite- canique pratique , traduit de I'anglais, par M. Boquillon. 7 livraisons in-i8. 38. — Le Toise des bdtimens, ou YArtde se rendre compte, et de mettrc a prix loiite espece de travaux : ouvrage utile aux archi- tectes, constructeurs et proprietaires; par M. Pernot, archi- tecte expert pres les tribiinaux. 4 livraisons in- 18. 39. — Cidniie du teinturier, par E. Martin, ancien professeur de sciences physiques et mathematiques, directeur de teinture k Louviers et a Elbeuf. Une livraison in 18. T. XL. — Uclobre I S 28. j2 178 LIVRES FRANC AIS. 40. — Artdela teinturc deslaines, par le meme. Une livraison in-18. 4 1 . — j47-t dc la teinture de la sole, da coton, da lin, etc.; par le meme. Une livraison in-18. 42. — Art dc df-graisser ct dc rcmctlre a neuj les tissus ; meme aiitcur. Une livraison in-18. Paris, 1828; Audot , editeur de X Encyclopedic populaire. Prix de chaqiie livraison, i fr. (voyez Rev. Enc, t. xxxviii, juin 1828, p. 729.) Reprenons la suite des petits volumes puLlies par M. Audot , et voyons s'ils Jepondent a I'idee que nous avons concue des ouvrages populaires, s'ils sont en etat de remplir leur louable destination. Un traite dc mecanique pratique, quand il sera perfectionne par I'experience d'un enseignement prolonge, sera I'un des livres les plus usuels que Ton ait jamais composes, Tune des acquisitions les plus precieuses, iion-seidcment pour les art^, mais pour I'esprit humain. Si Ton faisait I'enumeration com- plete des notions exactes et applicablos que ce livre mettrait dans les tetes, et celle des idees fausses dont il nous debarras- serait, ce serait alors que I'ou connaitrait I'etenduc dn service qu'il aurait rendu. Mais pour qu'il atteigne ce degre de perfec- tion, il faut beaucoup d'observations, d'cssais, d'editions suc- cessives, un terns dont nous n'avons point la mesure, mais dont il depend de nous d'assurer la venue. Des qu'un ouvrage de cette nature se presente avcc quelque merite, qu'il receive im accneil favorable. Mais que ses imperfections ne soient point dissimulees; qu'on necroie point toucher le but, lorsqu'on en est encore fort eloigne. C'est dans cette disposition d'esprit que nous avons procede a I'exanien du Traite de mecanique pratique. La distribution des matieres, les defmitions et les methodes d'ex- position y sont tellement analogues a celle de I'enseignement industriel dont la France offre aujonrd'hui le modele a toutes les nations civilisees, qu'on serait tentc de croire quel'aiiteur anglais a mis a contribution les ouvrages publics en France sur ce meme sujet, si Ton ne savait point que les idees justes pen- vent litre concnes en meme terns par des csprits egalement droits, quelle que soit la distance qui l(;s separe. Si les profes- seurs anglais connaissent nos methodes ct les estiment assez pourles adopter, c'est unhommage aiiquelnous ne serous point insensiblcs : s'ils les out trouvecs d'eux-memes, ct sans notre assistance, nous serons d'autant piusconvaincus de leurbonte, et nous les suivrons avcc encore plus de condance. Mais cette analogic remarquable cntrela traduction de I'ouvrage anglais et les traites publics en France sur le meme sujet est un fait dont nous dcvions faire mention. Get ouvrage anglais est un resuma SCIENCES PHYSIQUES. 179 clair, methodique et tres-court, car il n'y a pas plus de cinq livraisons de texte, et deux livraisons de planches. Pour faire la part de la critique , exprimons le regret que Ton y Irouve des forniHJes empiriques, artifices de calcul qui ont I'inconvenient d'cloigncr la recherche des lois d'action des causes diverses qui concourent a la production des effets. Sans la connaissance de ces lois , il n'y a point de theorie; or une formule analy- tique devrait etre I'exprcssion exacte des donnees de la ques- tion et des lois de leur combinaison entre dies, et par conse- quent de leur theorie. Ce reproche, que nous faisons au nouveau Truite de m/'canique pratirjiie , pent etre adresse a plusieurs des traites pidilies jusqu'a i)r(';sent, nienie en France : nous nous dedommagerons de cettc penible necessite de critiquer un peu par la satisfaction d'avoir beaucoup a loner. Nous le disons avec coufiaiice : ce traite sera utile auxindustriclsctauxhonimes dumondc,qnoiqn'il soit encore susceptibledeperfectionnement. Dans le second ouvrage ( Toise des hdlimejis, etc.) , le litre ne sera pas a I'abri de la critique. Y a-t-il un a?t de se rcndre compte, et de meitre a prix toute espece de travaux? L'auteur ne parle que de maconnerie, de charpente, de serruieric, de cou- verture et de carrelage : mais I'art des constructions ne pent se ])asser d'autrcs travaux dont M. Pernot n'a point encore parle. Son ouvrage est redige pour Paris, avec les opinions et quelques-uns des prejuges des ouvriers de Paris : il sera done moins utile hors de la capitale; et dans plusieurs parties de la France, il ne serait pas compris. Mais la capitale ct ses envi- rons a une distance assez considerable prendront cc livrc pour guide , et par consequent il sera utile; il est du nonibre de ceux que Ton consulte au besoin, niais qui ne servent point a I'etude. On saura gre a M. Martin d'avoir fait preceder son Traite de I'art de la teinture par la Chiniie da teintiirier. La science n'est pas tout entiere dans ce petit volume, elle ne pent y etre con- tenue; mais les connaistiances necessaires au teinturier v sont exposecs avecclarte et precision. Chaque chose y est a sa place, et l'auteur a soin de renvoyer aux traites suivaus ce qui ne pent etre bien compris qu'avee la connaissance des munipida- tions. Dans la conclusion de ce traite, on lit : «Nous nous pro- poions de publier incessamment, comme complement indis- pensable, W'Irt de la teinture , divise en denx parties principales; la premiere destinee a la teinture deslaiues, et la seconde a celle de la sole, du coton et du lin ; et nous nous efforcerons de mettre un tel ordre dans les matieres, et de decrire les precedes avec tant de soin , que tout lecteur , pourvu qu'il soit atlenlif, pnisse lui- ukmiic en repeter la plupart saus difficulte 12. i8o LIVRES FRANCIA.IS. et avec succ^s. Quant aux operations qui, comme la conduitc des cuves de bleu, reqnierent une longue habitude pour leur direction, et a I'egard desquelles rien nc pent entierement suppleer a rexperieuce, nous les decrirons neanmoins avec reilexion , et nous csperons que ce que nous dirons a leur occa- sion ne sera pas juge inutile. )>L'auleurpromettait beaucoup; les deux livraisons annoncees out paru, et Ton a vu qu'elles n'e- taient point au-dessous de ce que Ton avail le droit d'exiger : c'est aiusi qu'il faut ecrire sur les arts. Voici un ouvrage que les gens du monde pcuvcnt lire, et qui met a leur portee des con- naissances qui agrandisseut la sphere dans laquelle la pensee pent s'exercer et donnent de nouveaux nioyens d'observer et dejuger. Ces lectures ne sont point des etudes; et cependant elles procurent une instruction aussi profitable et aussi per- manente que si elle avait etc acquise plus dillicilement. Ceux qui ont lule Traite de I'artdudrgraisseur, par M. Chap- TAL, liront encore avec plaisir celui de M. Martin : cejui-ci est plus complet, connne on devait s'y attendre, puisqu'il vient le dernier, et que I'art du dc'graisseur a lait quelques progres, comme tons les autres. Ces quatre petits volumes sont du nombre de ceux qui circuloront long-tems dans les ateliers, et qu'on voudra lire ailleurs que dans ces lieux de travail : espe- rons que nous verrons se multiplier ces ouvrages veritableraent populaires. N. £. M. A.udot a public aussi plusieurs livraisons de VJrt du mcnuisicr en bdtiinens et en nieubles. Lorsque cet ouvrage sera complet, nous lui consacrerons un article special. F. 43. — Manuel duCaisinieretdc laCuisinierc, hCusage da laville et dc. la campagne ; contenant toutes les recettes les plus simples pour faire bonne cheie avec economic, ainsi que les meilleurs procedes pour la patisserie et I'oflice ; precede d'lm tiaite sur la dissection desviandcs; suivi de la maniere de conscrver les substances alimentaires , et d'un trailc sur les vins ; par P. Car- DF.LLi , ancien chef d'office. Sixieme edition , angmentee des nielhodes a suivre pour bien preparer et servir le cafe , ouvrir les hnitres , reconnaitre les bons melons , et d'un calcndrier rutritif, contenant I'indication des produits destines pour la table pendant lecours de I'annee. Orne de figures. Paris, 1828; Roret, rue Hautefeuille. In- 18 de 334 P^g-; prix , 2 fr. 5o c. 44- — Voyage aiix Pjrenees /rancaises et es/ingnoles, divv^e principalcmeut vers les vallees du Bigorre et d'Arragon , suivi de quelques verites sur les caux minerales qu'elles renfcrment, et les nioyens de perfectionner I'econoniie pastorale ; par J. P. P"*. Deuxieme edition. Blois, 1828; Paris, E. Babeuf. In-S" de VII et 428 p.; prix , f) fr. SCIENCES PHYSIQUES. i8i La premiere edition de ce voyage a ete publice en 1789; il se roproduit apres trente-neiif ans, refondii, augmente, et I'on ne salt vraiment, qiiand on a lu roiivrage , si cetle revi- sion est faile snr une nouvelle inspection des lieux ou sur d'an- ciens souvenirs : il est pen de pages oii I'on ne trouve une bizarre alliance des idces de 1828 avec celles de 1789 : des reflexions sur des evenemens recens y sont assaisonntjes de cette philosophic sentimentaleqiiictaitde mode dans les operas il y a une cinquantaine d'annees, et il en resulte iin goiit de rechauffe qui nelaisse pas de niiire a I'effet general del'ouvrage. Le bcdeau de la calhedrnle de Toulouse, qui guide noire voyageur dans la cite palladienne, fait un beau discourssur Ic massacre des Albigeois, qu'il qnslifie en propres lermes de rigucurs salutaircs ; nous coiivenons que ce bedeau peut fort bien avoir entendu, depiiis la revolution, ces paroles a la porte de la sacristie; mais notre cbronologle est derontee, lorsque I'auteur arrive a Limoges ])ar la malle- poste : assem- bl-cs sur la grandc place , Imrlant de joie, les Limousins cele- braient la fete de leur patron, et dans un cantique qu'lts cliantent luemc dans les temples, nctant ni ambitieux , nl p^ourmands, ils ne demandent pour tout bien a saint Marcean ( c'est saint Mar- tial , qu'il fallait dire) que des chdtaiones et des raves. Limoges, ajoute-t-il , avcc les restes d'un ancien cirque, sa manufacture de porcelaine et ses loitrds chevaux, ne peat cacher sa misere. Cer- taincment celte psinture n'est pas de nos jours; les chevaux limousins ne sout point lourds, et la population de Limoges, essentiellcmcnt econome et laborieuse, ne cache point sa mi- sere avec un cirque. C'est encore ainsi qu'apres avoir entendu- les habitans de Toidouse s'expliquer fort lestement sur ie comple de M. de Villele, M. P. se trouve, a queUpies myria- metrcs Ac la, au milieu de cette pepinierc de Jiers hobereau.c gascons dont les castels couronnent d' ordinaire le sommet des collines du Gers , oil leur burlesque importance vent singer le mo- narque ke Versailles... Pour eu venir la,]VI. P. a traverse dans la malle-poste de Toulouse les marais peslilentiels du Berry et le Perigord, dontCahors est apparemment le centrea sesyeux. M. P. ari'ive etifkn au pied des monts; mais ses courses de- passent pen les limites du departement des Hautes-Pyrenees , et embrassent a peine le quart des Pyrenees francaises, en sorte que le litre de con ouvrage n'en donne pas une idee parfaitement exacte ; il vislte tous les etablissemens thermaux de la contree, y blame beauconp de choses, rectifie les idees des chimistcs de uos jours, en les ramenarit an foie de soufre nlcalin et i Vargite phlogistiquec ; et a travers des causeries et i8a LIVRES FRANCAIS. des descriplions dont le naluiel iie fait pas toujours le uierite, il aitive ii unc notice hislorique siir Ic Uigorre. L'oiivrage se ler- ininepardes viies sur reconomie pastorale des Ilautes-Pyre- nees, ses vices et les nioyens d'y i)oiler rLMiiede : c'cst la partie la plus instrncUve du voyage. L'aiiieur cherclie a dotriiire cette idee fausse qui porte les moutaguaids a preferer une grande qiiantite debt-tail nial noiuri a uu moiudre tiombre bien tenu. Du betail a qui i'on donne juste les aliiueiis neeessaires pour se soutenir ne fournit ni travail, ni laitagc, iii fumier, et exige des soins qu'il ne paye pas : c'est sur I'excedant dt- nourriture que s'etablissent les profits. Industrie, commerce, histoire, agriculture, geologje, M. P. effleure tout, mnis sans instruire bcaucoup ses lecleurs. Un tel ecrit a peut-etre, en 1789, conime I'assure I'auteur, appele I'attention generale, qui pourtantetait sollicitee d'un autre cote par d'assez graves interets; il est aujourd'hui plus difficile de la captiver. Le Forage aiix Pyrenees sort des presses de M. Dezairs, et il est remarquable par la beaute de i'execution lypographique. Au terns ou les Limousins ne demandaient au ciel que des 1 aves et des chataignes, les imprimeries de Blois ne rivalisaient pro- bablement pas avec les plus reeommandables de la capitale. J. J. 13. 45. — Manuel complet du xoyagcur dans Paris, ou Nuuveaii Guide de I'etranger dans cetlc capitaie , coiitenaiit la description historique, geographique et slatistique de Paris; son tableau politique, sa description interieure 5 tout ce qui conccrne a Paris les besoins , les habitudes de la vie : i" le logement; 2" la nourriture ; 3° les etablisscmcns publics et particuliers qui concernent les vetemens; 4" les etablissemens hygieniques ; 5" les etablissemens de niedecine , de pharmacie , etc. ; 6" les edifices et Jjocietes de religion; 7° les etablissemens et les So- ciete^ de bienfaisance ; 8° les edifices consacres aux sciences et aux arts; les Societes litteraires et savantes; 9" le commerce et les manufactures; 10° les amuscmens, theatres, bals , prome- nades , curiosites ; 1 1° les moyens de transport , comme poste , niessageries , voitures de place, etc.; 12*^ les prisons, cime- tieres , catacombes, etc. , avec un tableau statislique de Paris ; le tarif du change des monnaies ; la liste des rues , places , qnais, leurs tenans et aboutissans, et des remarqnes histo- riques; Ouvi-age orne de divers plans de Paiis et de planches en taille douce , represenlant ses monumens ; par M. Lebrun , de plusieurs academies. Paris , 1828; Roret, rue Hautefeuillc. Ib-i8 de 586 pag. ; prix , 3 fr. 5o c. SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. i83 Ce long litre suffit pour donner imc idee satisfaisante de I'ouvrage; et loin d'etre trop ambitieux , il n'expose nicme pas encore tout ce que le livre renferme. OE. Science.i religicuses , morales , politiques ethistoriques. 46. — *Sainte Bible de Vence , en latin et en fraiicais , avec des Notes litteraires , critiques ct historiqucs , des prefaces et des dissertations tiroes du Comnientaire de dom Calmet , abbe de Senoncs , de I'abbe de Fence, et des autres aiiteurs les plus celebres , pour faciliter I'intelligence de I'Ecriture sainle; en- richie d'un Atlas et de Cartes geographiques. Ciuquieine edi- tion, revue et corrigce, Tom. VII et VIII. Paris, 1828; Me- quiguon-Havard. 1 vol. in-8° de 5/i6-654 pag- ; piix de chaque livraisou de deux vol., 14 fr., et i5 fr. satiiie. M. Drach a entierement abandonne la methode qu'il sulvait dans les couimencemens de son travail. La traduction du pere de Carriere , qu'il s'ctail borne a revoir dans les premiers vo- lumes , a retoucher dans les volumes suivans , est maintenant tellement ch;ingee, qu'il la presente comnie une traduclion iiouvelle. Celle de Le Maistre de Sacy esi frappee de nouveaux analhemes : « Outre qu'elle sort d'une ecole plus que suspecte sous le rapport de I'orthodoxie , elle se borne le plus souvent a rendre la substance de I'original, et s'eloigne trop de I'ex- pression du texte. » Ainsi, M. Drach porte le scrupule , en niatiere de foi, phis loin que I'eglise elle-meme , et condamne un ouvrage que les eveques ont epargne jusqu'ici. M. Ge- uoude est traite avec plus de menagemenl; on n'eleve aucun soupcon sur son orthodoxie. Quanta moi, etranger a Molina, aussi bien qu'a Jansenius , je desire sincerement qu'on ne fasse aucune acceptiondes personnes, et qu'on ne reprouve pas des livres a cause des liaisons de leurs auteurs, ou par d'autres considerations etrangeres a ces livres eux-memes. II serait fa- chcux que la Bible, ce livre de])aix et de concorde, deviut une arme employee dans les luttes des partis. Nos aneiens traductenrs, generalement peu habiles dans la languehcbra'ique, avaientlaisse echapperdes bevueset des me- prises ; M. Drach les releve avec beaucoup d'exactitude et d'e- ruditiou , mais peut-etre aussi avec trop de hauteur. Ponrquoi oublier que la niodestie est la compagnc inseparable du vrai merite ? Le critique nous avertit que, dans ses prefaces et dans ses notes sur la Bible, il se propose specialement d'eclairer les yeux de ses freres selon la chair. On voit en effet qu'il met Je I'empressement k indiquer toutes les propheties qui conccment i84 LIVRES FRANCAIS. le Messie ; qu'il les expliquc avec mcthode et claite, et qu'il ne manque jnmais cle lenvcjyer, pour de plus amplcsdevelop- pemens , ses co-religionnaiics aux lettres qu'il leuradressH u I'epoque de son baptome. Rondet ii 'avail point dissiniule les grandcs difficult«5s qui naissent des nonnbreuses contradictions que Ton trouve entre les Paralipomenes et les livrcs paralleles de la Bible, tels que les Rois , Jeremie , Isnie, etc. ; il repete frequemnient celte re- marque, qu'il y a dans les textcs bcaucmip de resscnihlances et beaucotip de differences ; que le textc des Paralipomenes est fort different da texte des Rois ; que les textes des Rois et des Pa- ralipomenes ont le meme objct , macs souvent deux recits en- tierement differens , etc. Suffit-il de faire un pareil aveu? Peut-on dire que ses reponses soient salisfaisantes? Ne reste-t-il plus de doute dans I'espril de ceux qui les ont nmrement pesces ? Dans cette edition a-t-oii supplee a ce qui manquait aux pre- cedentes? On lit a la page 32 du tome VII : « Nous avons pense qu'il serait avanlageux de rapprocher les textes paralleles des Para- lipomenes et des Piois, et de presenter sur deux colonnes col- laterales une version latine et lilterale des deux textes hebreux ; par ce moyen ou verra les ressemblances et les differences sans avoir bcsoin de remonter aux textes originaux que tons n« ])euvent pas entendre; et ces differences seront le sujct de quelques remarques qui accompagneront cette version, liKpielle sera extremeirent litterale, alin de rendre plus sensibles les rapports des deux textes. Nous embrassons dans ce parallele des deux textes, non seuleinent ceiix qui se ressemblent, mais encore ceux qui ne se ressemblent pas. » Le nouvel editeur a reva avec soin cette dissertation de i'ancien , et il en a re- tranche les corrections que celui-ci s'elait permis de faire presque a cliaque verset du texte hebreu. Lebrun-Desmaretles avait dej^( fait un travail comme celui de Rondet, et I'avait pu- blic a Paris, eii i 691 , in-4°, sous ce titre : Concordia librorum Regum et Paralipomenon complectens historiam I'egtim Israel et Juda , cum anriotationibas et variis indicibus. Rondet pouvait avoir ses raisons pour ne pas en parler; nous ne comprenons pas quels sont les motifs qui ont empechc M. Drach d'cn faire mention. Nous aimons a reconnaitre que les Notes qui enricliissent les livres d'Esdras, de Nehemias , de Tobie , de Judith ct d'Es- thcr, prouvcnL que le nouvel editeur est aussi verse dans la l.iDgue grecque et dans rarcbcologie que dans les langues sc- mitiques. J. L. SCIENCES MORALES. , i85 [^'J. . — * Recherches sur I'orlgine et la nature da cutle et di'.i mysteres de Mithra; Menioire envoye au concouis de \' Acadd- mie rojale des iiiscriptiuns ct belles-lettres de Paris en iSaS, par le chevalier Joseph de Y{kT,ui%v^,ineiiibre de plasienrs Acade- mies , etc.; public par /.-6/?f«ffr Smith et G.-6'. Trebutien, de la Suciete asiat.ique de Paris. Paris, 1828 ; Dondcy-Dupre; Lance, rue Croix-des-Potits-Champs, n° 5o. L' Academic des inscriptions et belles-lettres a accorde suc- cessivemcnt deux mentions honorables au MemoiredeM.de Hammer, dans ses seances du 29 juillet 1825 ct du 28 juillet 182G. M. de Hammer, encourage par les temoignages de ce corps savant, et par I'impulsion remarquable donnee de nos jours a I'etude des litteratiu-es orientales , a pense que son ou- vrageserait accueilli favorablemcnt en France; mais, relenu a Vienne par ses fonctions de ])remier interprete de renipereur d'Autriche, il a charge MM. J. Spencer Smith et Trebutien , sescollegues a la Sociele asiatique de Paris, de surveiller I'im- pression et la publication de son Memoire. La cooperation de ces deux hommes distingues ne peut manquer d'etre utile a cet oiivrage, que nous ferons connaiire a nos lecteurs lorsqu'il ft-ura paru. A P. 48. — * De V influence dcsfemmes sur les moeurs ct les desti- nees des nations , sur leurs families et la socicte , et de l' influence des moeurs sur le bonlteur de la vie, par M"'" Fanny Mongellaz. Paris, 1828; Miehaud, libraire-editcur. 2 vol. in-S^dexxxii- 636 et 5o4 pag. ; prix, i3 fr. Ot'ide et Senvquc , chez les Romains; Plutarque , chez les Grecs ; chez nous, Saint- Evremont, Thomas , Bernard , J. -J. Rousseau, Legouvc, Segur, MIM'"''' Campari, de Genlis, Remuzat, Guizot , ont ecrit sur les femmes avcc plus ou moins de verite, de bienveillance et d'impartialite. line hisloire des femmes el nn ouvrage ecrit par uue dame anglaise , sur les droits des femmes ct sur I'etat de subordination et d'oppression auque! la legislation de plusieurs peupies niodernes les a condanmees, ont ete publics en Angleterre, et re|)rodnits dans notre langue. Voici un nouvel ouvrage , specialcment consacre a ])resenter im tableau historique et ])liilosopiitque de rinfluence des fem- mes, cousideree chez les divers pciiples et dans tons les siecles. C'est line femme qui a trace ce tableau. Aura- 1- die bien com- pris toute I'importance de sa mission? aura-t-elle su la remplir avec une noble impartiaiite ? Nous croyons que, sans egalcr plusieurs des ecrivains qui ont traite avant elle le meme snjet, ]\Ime Mongellaz a sur eux I'avantage d'offrir lui jjIus grand nom- bre de faits propres a faire apprccicr le caractcre et les pas- i»6 LIVRES FRAWCAIS. sions deceltemoiliesiiuteressantedu ^cnrehumain,quiexeice line puissante influenco sur raiitre. Son livre est divisc- en trois parties : la premiere nous offre, dans line esquisse rapide, la condition des femmes dans les dif- ferentes con trees de la terre. Par tout on voit leur influence devenir salulairc on nuisible , selou leurs vertus ou leurs vices, et ces vertus ou ces vices nailre et dependre, en grande partie, de la religion, de rediication, des lois et des institu- lions qui elevent ou degradent les sentimens et le sort de la femnie. L'aiiteur, dans cette partie, s'attaclie tropexclusivement a niontrer I'intliience qu'out exercee les femmes de plusieurs princes souveraius etdequelqiieshommespuissans. Les grandes revolutions morales et politiques d'Anglelerre et de France nous ont appris comment les femmes des classes moyennes et inferieuresd'une nation peuvent exciter les passions populaires et prendre cllesmemes une part active aux evenemens qui doi- vent renouveler I'ordre social. La seoonde partie, qui traile des rapports des femmes avec leurs families, nous parait aussi laisser beaucoiip a desirer; les divers genres d'influence de la fenime , aux differentes epoques de sa vie, ne sont pas exposes avec les developpemens conve- uables. Les divisions qu'out souvent fait naitre dans I'inlerieur des foyers doniestiques la piete mal eclairee, I'exaltalion po- litique et religieuse de quelques meres de famille, auraient pu suggerer des reflexions sur les dangers de cetle exallation que la raison et la veritable religion devraient repriiiuT. La troisieme partie CKt Tapplicationdesidees rcnfermeesdans les deux autres a la vie ordinaire de la femme. Elle renferme un episode intitule : Bcrthe ct Jeannettc , dont la Uiorale est que nous devons mepriser la fortune qui ne pourrait etre acqtiisc qu'aux depens de notre conscience et de notre repos. Cet epi- sode, qui fait redescendre I'ouvrage au genre seeondaire d'un simple recueil de contes moraux ou d'un roman , n'estpas, seion nous , en harmonic avec la hauteur et la gravite du sujet, ni avec le litre, quisemble annoncer une histoire generale et philosophique. Nous reviendrons neanmoins sur cet ouvrage , qui, malgre ses defauts, presente un veritable interet. Les questions si im- porlanles que le sujet fait naitre , la varietc inlinie des person- nages qui sont naturellement ameiies sur la scene, le rappro- chement curieux de tous les siecles , de toutes les grandes epoques historiques, de toutes les nations, de tousles degi-es de la civilisation , de toutes les conditions sociales, les hautes considerations morales et politiques qui so rattachent a I'edu- I SCIENCES MORALES. 1S7 cation des feinmes et a la manieie dont elles sont prepaiues aiix devoirs que la nature et sa societe leiir imposent, exi- t;eaient peut-etre dans I'anteur line instruction plus profonde, nn esprit plus philosopliique , une viie pluselevee, en nn mot, cette puissance intellectuellc qui se fait reniarquer dans Y£s- prit des Lois et dans \ Exaiuen dcs causes de la grandeur et de la decadence des Romains. Tel qu'il est, I'ouvrage de M"" Mon- gellaz, ecrit avec elegance et purete, sera lu avec plaisir, sur- tout par les personnes de son sexe. Nous croyons pouvoir rappeler ici que la Revue Encyclopedirjuc , dans une Escjuisse dun precis liistorique sur V influence des fern nies {\oj. Ret'.Enc, t. X, avril 1821 , p. 8-42) , a, pour ainsi dire , provoquect in- spire I'ouvrage que nous annoncons aujourd'hui. Elle en a i'ldi- que I'idee principale, les vues generales, le plan ct le but. Elle aexpriute ledesir qu'unefeaime eciivit elle nieme I'histoire dcs femnies et s'attachat a nionlrer quelle a ete, quelle pouvait etre cette influence, et comment i! convenait de la preparer et de la diriger. Nous nous felicitons que I'ouvrage dont nous avions essaye de tracer line ebauchc imparfaite soit venu reuiplir une lacune que nous avions signalee. Mais nous croyons que I'auteur doit reprendre avec courage et perseverance tout son travail pour le perfectionner et Is completer. N. 49. — * Lettres sur Ic Systcnie de la cooperation jnutuelle , et de la communaute de tous les biens, d'apres le plan de M. Owen; pav Jose/)h Rey (de Grenoble}. Paris, 1828; Sautelet. In-12 de 170 pages; prix, 3 fr. Dans la ]iremiere tie ces trois lettres, M. Rey donne un apercu dts motifs qui out conduit M. Owen a I'idee du Systeine conperatif. Sous cette bizarre alliance de mots, le celebre phi- lantrope anglais concoit un nouvcl ordre social fonde sur la cooperation mutuelle de tous les travaux, sur la commu- naute des biens et sur la particii;!alion egale de cliacun a la jouissance des produits de I'industrie humaine. Apres quelques critiques sur notre etat social, plus specicuses que solides et dirigees principakment conlrc Tinegalile des richesses, M. Rey oherche A faire sentir I'urgence d'une organisation sociale toute nouvelle, et celle qu'il propose n'est a uos yeux qu'une nouvelle ntopie. Enlre autres inconveniens de I'inegalc re- partition de la propriete, ii signale W'sprit d' individualite ex- clusive qui nous porte a cherchcr notr« bonheur , indepen- dannnent do celui des aulres. Cette disposition si naturclie chez I'homme , tel que nous le voyons, n'est , selon les par- tisans de cette doctrine , que le resultat de nos institutions sociales : ils Tappellent /•' principe de la competition , c'est- x88 LIVRES FRANCAIS. i-dirc de la concurrence ou de la rivalito ; et c'est h ce prin- cipe , source de tant de maux , qu'ils opposent celui de la cooperation , destine a dirigcr en concert tons les travaux ct toutes les volontes vers un sciil et meme but , I'accroisse- inent du bonheur general, fonde siir la communaute des biens la pltis absolue. Voici les bases principales du plan d'organisation de M. Owen, suivi dans qnelqucs-uns des etablissemens qu'il a fondes tant en Angleterre qu'aux P!tats-Unis : « La liberie la plus illimitee doit presider a retablissement de toute commu- nication cooperative. Nul ne pourra jamais ctre force d'en faire partie ou d'y rester.... » ( Ce principe fondaniental n'est- il pas diametralement contradietoire avec I'idee d'une orga- nisation universelle? ) « On aura la plus grande liberie de ma- nifester sa pensee ou ses sentimens sin- toute espece d'objets; et , en matiere de culle, chacun pourra, non-seulement pra- tiquer celui qui lui paraitra le plus eonvcnable, mais encore s'abstenir de tout culte exterieur, si aucun deux n'est dans sa conviction ; mais , dans tous les cas , Ic plus grand respect estrecommande pour toute pratique ou opinion religieuse quelle qu'elle soit. » ( ]V'y a- t-il pas encore dans cet article une contradiction manifeste ? ) « Tous les travaux scront volon- taires, mais on prendra des mesures pour rendre aussi at- trayantcs que possible les occupations de la societe.... >> ( ISe pourraiton pas citer telle occupation, dans la Societe , qui n'est su'iceplible de devenir attrayante pour personne ? ) «. II y aura communaute de cooperation dans la creation des pro- duits, soit par ie travail des mains, soit par I'application des facultes intellectuelles , chacim scion sa vocation particuliere combinee avec I'interet general , mais le tout de gre a gre- et par le seul effet de la persuasion." (La vocation particuliere combini-e avec I'interet general, cela n'est pas bien clair ; et puis qu'est-ce qu'une vocation poiu' la plupart des hommes? n'est- ee pas !c resultat de I'edncation et des habitudes con- tractees dans I'enfance ? ) « II y aura communaute dans la propriete de tout<'s les terres , maisons, instrnmens ct autres objets eonnus sous le uom de capital , qui m; sont pas des- tines a la co/isnmniation immt'diate. » ( Cette condition de eon- sommation immediate n'estelle pas susceptible de niille inter- pretations diverses ? ) « Les droits et les devoirs de c haque niembre adulte seront egaux , et ccux des femmes sout abso- lument les mcraes que ceux des hommes. » ( La nature n'est- elle pas ici eu o|)position avec M. Owen ?) « Tous les diffe- rends qui pourraient s'elcver en ire les nieir.bres de !a coiiv- SCIENCES MORALES. 189 niunaute seront termines dans son sein par voie d'amiable composition, sans qu'il puisse y avoir jamais d'antre moyen de rigueur que celui du renvoi de la Societe. « ( Et si la So- ciete devient universelle , selon les intentions du fondateur, quel parti prendre?) « L'educatiou des enfans sera commune... elle comprendra la theorie ainsi que la pratique de toutes les sciences et de tons les arts utiles a I'homme en societe. » ( C'est beaucoup , ce nous semble. ) « Chaque conimunaute ne sera ni au-dessus ni au-dessous d'un certain nombie de membres, selon les circonstances parliculieres de chaque as- sociation naissante. » ( Et si ces comnumaules devicnnent la base d'une nouvelle organisation socialc , comment s'y pren- dront les successeurs de M. Owen pour regulariser la coope- ration?) « On rentrera necessairement dans le systeme general de la societe politique a laquelle on apparliendra , soit par le debouclie de I'excedant de certains produits, soit pour les relations de voisinage, soit enfin pour I'execution des lois gene- rales auxquellesonrestera toujours soumis. » (Une organisation fondamentale soumise aux lois d'une organisation transitoire, cela n'est pas bien facile a concevoir. ) Dans la deuxieme lettre , M. Rey nous donne une esquisse historique des principales tentatives failes jusqu'ii ce jour pour I'etablissement pratique du systeme dont il s'agit ; niais avant de nous en offrir le tableau, il croit devoir parler des esse- niens , secte juive dont tons les individus vivaient en com- mun dans les principes d'une entiere egalite; An^freres niorm'e.i, designes ([uelquefois sous le nom Ae freres itnis et sous celui de liernheutcs , qui ont maintenant des communautes , non-seu- Icment en Moravie ( d'ou vicnt leur nom ) , en AUemagne, en Hollande et cu Angleterre , niais encore en Amerique , en Afrique et jusque dans le Groenland ; des dangers ou dam- piers ; des shaf,ers ou sJiaking-qna/iers , et autres associations moins connucs; enfin , des liannoniens, originaires du royaume de Wurteuiberg , d'ou ils se rendirent , il y a quatoize ans , dans I'Amerique du Nord , pour y vivre aussi en des com- munaute. II nous fait connaitre ensuite BI. Owen , les prin- cipales circonstances de sa vie , ses essais successifs et ccux de ses pariisans, pour appliqiier le systeme, retablisscment et les fortunes diversesdes Societtis cooperatives etdcs commu- nautes , organisees en Amerique au nombre de plus de trente, et dans plusieurs parties de la Grande-Eretagne; il nous an- uonce meme la formation recente a Paris dune Societe coo- perative , a I'instar de celles de rAngleterrc et dont les staluts doivcnt etre publics incessamuunt. I go LIVRES FRANCOIS. La troisieme et deniiere lettrc est consacree h I'examen dcs principales objections qii'on oppose an Srst'jnie conpcratif. M. Rey expose d'nbord dans nne premiere serie, en Ics com- battant sans les detriiire, toutes celles qui sont relatives a son application, i" Leplan de M. Owen est impossible par cela seul qii'il n'a jamais ote execute, au moins dans son ensem- ble , les diverses commiinautes instituces jusqu'a prescut ne jjouvant etre considerees que comme des exceptions dont on ne saurait rien conclure quant a I'organisation generale de la societe; i° la nature humaine repugne ik de semblables associations, vu que celte bienveillance generale, ce concours de toutes les volontes vers un meme but est incompatible avec les conditions de notre nature; 3" les homnies d'une grande supeiiorite iutellectuelle ne voudront jamais consentir a n'avoir (ju'ime part egale a celle des ignorans et des imbecilles; A° le systeme cooperatif serait favorable a I'esprit de paressc, parce que les hommes apathiqnes compteraient sur le travail des autres; 5" en supposant meme la possibilite d'etablir isolement des communautes d'apres le plan de M. Owen, le principe de compeiition ne ferait que passer des individus a ces memes communautes; 6° le bnnheur et Tabondance que ces commu- nautes produiraient d'abord favoriseraieut singulierement un accroissement trop rapide de population qui ranienerait bientot la miserc et toutes les divisions qu'elle enfante. Dans la deuxieme serie sont comprises les objections relatives aux consequences facheuses qui suivraient retablisscment du systeme. cooperalij. M. Rey les combat aussi, avec plus de zele et de talent que de succes. 1° Le systeme ne pourrait s'etablir generalement sans bouleverser tout ce qui existe dans la societe ; 2° il serait conlraire a toute religion, a cause des opinions attribuees a M. Owen; 3° la doctrine de la necessite de nos actions, pro- clamee jiar son auteur, dctruit toute idee de merite ou de demerite, de recompense ou de punition, et par consequent tout motif (le faire le bien et d'eviter le mal; 4° i' conduirait a rimmoralite dans les relations entre les deux sexes, a cause des principes de liberte absolue qu'on y etablit; 5° reducation commune exclurait tons les agremens qui resultent de la variele des talens et des caracteres. M. Rey termine sa corrospondance en professant unc con- viction entiere « non-seulemeut sur rexcellerice du plan de M. Owen, mais encore sur la possibilite de le meltrc en pra- tique partout oil la vraie civilisation aura fait (juelqnes progres. » Puisque cct ecrivain se proposnit de iraitcr a fond ime question si interessante, il aurait pu citer le discours prononcc a New- SCIENCES MORALES. 191 Harmony (Etats-Unis) par M. Owen , le /» juillct, jour anniver- saire de rindependance americainc : on y voit se manifester avec une <';gale evidence Ics bonnes intentions et les idees chimcriques du nouveau legislatenr, enncmi declare de la division des proprietes , dcs divers systenies de religion et du ma- riage base sur la propriete particidiere. Voici comment !e phi- lantrope anglais s'exprinie sur ce dernier siijet : « Les hommes veritablement sages ne respectercnt le mariage que lorsqu'il aura etc forme par dos elres egaux en richesses, en instruction et en condition, par des etres qui avant de former cet engage- ment auront reciproquement bien connu leurs habiludes , leurs idees et leurs sentimens, qui, prealablemcnt, auront ute inti- mement convamcus que la continuite de leur affection ne devait depcndre que d'eux-memes, qu'elle augmenterait ou diminucrait en proportion des sensations agrcables ou des- agreables ([u'ils se feraient mutuellement eprouver. Pour etre un lien vertueux et heureux, le mariage ne doit etre contraclc que dans i'unicpie vue du bonhcur. » An. Gondinet. 5o. — * DesConJlits, ou cmpietenient de I'autorile odniinistrative sur le poiu'oir judiciairc ; par M. J.-N. Bavoux. Paris, 1828; Ailiaud. 2 vol. '\u-[^° de xxxvii-4<>8 et 34i p.; piix, 12 fr. 5o c. Nous son)mes en letard pour parler de cet ouvrage , qui a obtenu ia plus eclatante des recompenses auxquelles un citoyon puisse aspirer, puisqu'il a ouvert au magistral qui en est I'au- teur les portes de la Chambre des deputes. C'est im acte d'ac- cusation dressu avec euergie, plutot (ju'avcc methode, contre le Conseil d'Etat, ses abus et sa jurisprudence. La derniere ordonnance rendue sur les conflits a apporte un demi-remede a quelques-uns des vices de I'ancien etat de choses dont s'est plaint M. Bavoux; mais un pared palliatif ne pouvait qu'ctre insuffisant; ct c'est au legislateur qu'il appartient de renverstr par la base I'edifice mal joint de noire juridiction administra- tive. Les materiaux dont I'ouvrage de M. Bavoux abonde , et la presence de M. Bavoux dans la Chambie elective , contri- bueront sans doute a faire obtenir ces residtats desirables. V. 5 1 . — * Du systeinc penilcntiaire en Europe et au.x Elnts- Unis ; par Charles Lucas, avocat, atilenr de I'ouvrage sur le systeme rcpressif en general , et sur la peine de niort en particulier. Paris , 1828 ; Ad. Bossange. In-8° de cxvi et 34o p. , avec pin- sieurs plans de prisons et tableaux statistlques; prix, 7 fr. 5o c. Cet ouvrage merite un serieux examen. Conlentons-nous au- jourd'hui de faire connaiire ce qu'il contient. \° Petition aux Chambres sur la double necessite d'allouer , comme le mcilleur inoyen de prevenir les crimes , unc forte somme a I'inslruction iga LIVRES FRANC AIS. primaire, et d'ex^ciiter, comme le nieilleur moyen de Ics re- primer, rordonnance du 9 septen)bre 1814 , relative a I'adop- tion du systeme pcnitentiaire en France , ordonnance dont I'execution n'a ete suspendiic que par les evenemens du 20 mars 181 5. Cette ordonnance avail pour objet de former une prison d'essai oii aurnicnt ete reunis tous les prisonniers condamnes pour crimes , et ages de moins de vingt ans. M. le due de Larochefoiicauld avail etc nomme direcleur general de la prison, et M. Delessert son adjoint. 2° Programme d'unepri- son-modele qui s'elcve a Paris pour servir de maison de correc- tion de t'cmmes, et qui est destinee a contenir une partie de la population des Madclonettes et de Saint-Lazare. 3° Rapport de M. Edouard hiviT^GSTOTJ , servant d'introduction au code de reforme el de discipline des prisons. 4° Notes de M. Lucas sur ce rapport. 5° Texle du code de reforme et de discipline des prisons. Ce code conlient 337 articles , et il est partage en trois litres. Le premier traite des divers Ueux de reclusion, deleur construction , de leurs officiers; le deuxieme determine le trai- tement des personncs renfcrmees ; le troisieme contienl les leglemens de la maison de refuge. 6°Notes critiques de M. Lucas. 70 Rapport de M. Dumont sur le projet de loi pour le regime interieur des prisons de Geneve, prononce en conseil repre- sen'alif, le 5 Janvier iSaS. 8° Tcxte de la loi du 9.8 Janvier 1825 , sur le regime interieur des prisons de Geneve, en 62 ar- ticles. 9" Tableaux slatistiques et plans de prisons. M. Lucas a cntrepris ceite imporlante publication avec un zele qui nous promet de sa part une suite constaute de travaux, et qui s'ex- pliqiic par I'epigraphe placee en tcte de son ouvrage : « Quand on s'occupe de reformes qui toucbcnt au bien public, on pcut aisement sc resigner a des travaux sans recompense , mais non a des efforts sans resultals. « Nous aimons a terminer cette trop courte notice par la cita- tion suivante de la preface de M. Lucas : " C'est M. Taillan- niER qui le premier a fait dignement connaiire a la PVance el h. I'Europe le projet du code penal de M. Livingston : il lui etait des lors natnrellement reserve de publier son projet de code disciplinaire : telle etait aus'^i son intention ; mais, ayant oppris que tout ce qui tieiit au systeme pcnitentiaire etait I'objet de mes plus actives rccherchos , il s'esl empresse de me remettre tous les materiaux precieux qu'il avail recueillis, et s'est ainsi desiste en ma faveur, de la nianiere la plus delicate et la plus genereuse , de loule idee de publication des travaux de M. Li- vingston , relatifs aux prisons. » C/i. Renouard. Sa. — * Couj) d'aeil sur la misere volontaire , scs causes, scs SCIENCES MORALES. 193 r.hiis, oil la mcndicite valide delruite par la morale et ie travail. Paris, i8a8; Roy-Terry, Palais-Royal, galerie de pierre, ii" i85. In-8° de 44 P-; prix, i fr. « Sur une population de trente-deux millions d'hommes en France, il y a cinq millions tic pauvres , de paiivrcs dans toute 1 elendue dii mot, mendians ou prets a mendier pendant cet liiver de funeste presage. Cent trente niille iudividus, an moins, desolent Ic royaume par des depredations de toute espece; quinze on vingt niille sont arrctes et pimis. La surete des routes, des villcs, I'entretien des bagnes et des prisons, coutent a I'Etat ])lus de quatrc millions par an. Les somnies voices ou les dom- mages occasiones, chaque annee, peuvent etre evalues a deux millions. II existe plus de cent cinquante niille detenus dans les prisons civiles et militaires , ou maisons de force, ou qui vege- tent dans les hopitaux, les hospices, etc. II y a plus desoixante w///e journaliers, fils de mendians, ou batards rejetes par des parens pauvres qui sont sans autre asile que les cabarets, les forets, les cavernes de contrebandiers. Enfin,il y a en France plus de trois millions d'individns dont la subsistance n'est pas assuree pour un mois. Qu'on ajoule a ce tableau effrayant, les onzc niille qiiatre cent soixantc-quatreforcats liberes des galeres et les sept niille huit cent quatre-vingt- seize prisonniers liberes de la reclusion; on concluera qu'il est instant de s'occuper de moyens prompts et ccnvenables pour remedier a un tel etat de choses. » C'est ainsi que s'exprime, dans cette brochure, adressee a S. Exc. le ministre de I'interieur, M. Laforest ancien directcur du depot de mendicile des Bouches-du-Rhone, et qui s'inlitule lui-meme, avec raison, « ami de I'ordre, et ouvricr philantrope exerce dans la partie curative des miseres humaines. » M. Laforest, qui du reste ne se pique pas d'ecrire en litte- rateur, mais qui parait connaitre a fond la matiere qu'il traile, aprcs avoir retrace les causes qui firent creer Its depots de mcndicite en 1808, et les motifs ppeciaux qui les firent sup- primer en 1819, expose les considerations q'ui militcnt aujour- d'hui en faveur de leur relablisscment, sous le nom de mnisons centrales cle morale et de travail. Les faits sont les argutr.ons les plus decisifs pour on confre ces sortes d'e'.ablissenlent. IvI. Laforest, a I'appui des propo- sitions {|u'il emet, cite Ic fait suivant : « En 1818, fortement pcnoire des avantages que la reclusion teniporaire des iudi- vidus sorlis successivement du depot des Bouches-du-Rhone avait du avoir sur leur conduite ulterieure, par suite de I'in- struction chrelienne qu'ils avaient recue et des metiers qu'ils T. XL. — Octobre 1828. i3 194 LIVRES FRANCAIS. avaient appris, il pria M. de Laroulie, avocat-general en la Cour royale d'Aix, remplissant los fonctions do procurcur- general, de fairc dresser, d'line p;iit, le taljicau des plaintes pi)rlee.s en police correclionnellc pendant les dix anntes qui precedercnl ronvcrtnre dn depot de mcndicite, et d'autre part, celiii des plaintes qin' y (iirc^nt ])ortees ])en(lant les six premieres annees de la mise en activite de cet etablissement. D'apres ces releves exacts, ([ui fiirent adresses an j,'arde des sceanx ( M. de Serke), il fiit notoire qn'^Vj' cut [\Cti plaintes de plus , en police corrcctionncllc, dans Ic departrmcnt des Bou- ches-du- Rhone , pendant les six cinnres qui prrcrdcrent I'ouver- iure du depot de mendicite , que pendant les dix premieres annees de sa mise en art/i'ite. M. laforest conclut de ce fait que les 65 depots qui existaient alors, n'cusseiit-ils empeche (jiie 200 crimes eliaciui, an lieu de 400, coninie dans le cas precite, pendant six ans, n'en aurnient pas mains detourne i'3,200 in- dividus de la prison , de la f/etrissure , de la c/iai'ne 011 de I'eelia- faud. Entre antres faits importans que rapporte encore I'auteiir de cet ecrit, nous citerons ie tableau des "j^ofurcats de 1 7 « 23 ans, qui etaient dans le scul bagne de Toulon, en 1819, et dunt les neuf dixiemes ne saraient ni lire , ni c^crire... Si des abus, si uue mauvaise administration, ont fait siip- primer les depots de meiidicite, ce n'en serait jias nioins une sage uiesure que celle qui formerait de nouveau des etablisse- meas analogues; et dans ce cas, on pourrait consulter ntile- ment I'auteur de Tecrit dont nous venous de rendre compte , et qui s'apprete a trailer de la nourriture des reclus, du eou- cher, des separations utiles, de I'liabiUement, des nialades , de I'iudrmerie, des inhumations, de la sahibrite, de la police interieure et exterieurc, de la discipline, des revoltes, des ateliers de travail, de la moraie, de I'administration et de la comptabilite. F — y. 53. — * Moyens de prolnnger V existence , ct autres avanlages des placeniens viagers coUectifs; par M. Coutelle, chef de batailion du genie en retraite. Pans, ii:<28; Delaunay. In-S". II est bien conslale i)ar I'experience que I'abonilance des se- cours publics ne manque jamais de nHilti|)lier lis bi soius; que les ho^])ices, avec lesqiuls il ne faut pas co!ifond;(! les liopi- taux , sont uno prime olfcrte a la paresse, a la lachete, et font beaucoup plus de niaux qu'ils n'en guerissent. Les placeniens colleclifs, viagers ou non, ne nieritint aueun reproclie dccelte espeee; ils donnent aux individus les moyens de reporler sur I'age oii Ton a plus de besoins que de forces , les proOts de I'age oil Ton a plus de forces que de besoius : les families n'eprouvent SCIENCES MORALES. igS pas moins de vicissitudes que les individus, et des caisses d'e- pargne leur offrent souvent !es sculs nioyens honorables de se soiistraire a un aneantissement complet. Les resultats econo- niiques et moraux que chacun apcrcoit dans ce genre d'institu- tions resteraient dans la sphere des speculations scientifiques, si de bons esprits ne se livraient a I'observation des faits sur lesquels elles reposent, et ne calculaicnt avecuce precision ri- goureiise le mecanisme qui j)eut en assurer le succos. C'est ce qu'a tachc de faire M. Coutelie , et Ton doit lui savoir gre de la nettete avec laquellc il signale les abiis de la caisse Lafarge ; il est bOn de montrer qu'une application fausse n'altere point la bonte dun principe. L'administration de la tontine Lafarge se gardera bicn d'appeler I'attention, en essayant de repojidre aux remarques de notre auteur. Aujourd'hui que la politique se montre partout, M. Coutelie lui ouvre, dans les tontines, une porte a laquelle personne n'avait encore pense. II a remarque que, depuis nonibre d'an- nees, les regrets qui accoinpagnent les grands de la terre a leur derniere deineure, se font a peine apercevoir au milieu des fe- licitations qui entourent Icurs successeurs. Pour changer une ciiconstance si mortifiante pour la vanite, M. Coutelie conseille aiux princes de placer, sur leur propre tete, une grande quan- tite de rentes viageres , et de rtpartir ces rentes entre les personnes auxquelles ils seraient jaloux d'inspirer un attache- ment sincere : les princes n'auraient alois qu'a consulter leur controleur des finances, pour savoir s'il est permis de douter de la sinccrite des vceux formes pour la conservation de leurs jours precienx ; et quand ils mourraient, ce serait une desola- tion generale parmi les tontiniei's. Malheureusement on ne peut pas douner des rentes viageres a tout le monde, et nous faisons des vceux, pour qu'avant I'examen de ce cote de la question, quelque riche potentat fasse a I'auteur I'application du ressort politique qu'il indique. J. J. B. 54- — * Trnite eleinentaire de la Richesse individuelle et de la Richesse publique , et Eclaircisseinens sur les principales questions d' economic politi(iue ; par Louis Say, de Nantes, mernbre de la Societe academiqae du departcment de la Loire- Infcricure. Paris, 1827; Mongio. In-S" de 827 pages; prix, 6 fr. L'auteur de cet ecrit est le frere de notre coiebre econo- miste Jean-Baptisle Say, dont les ouvrages, aujourd'hui connus et apprecies de I'Europe entiere, sont rcgardes comme une autorite par les savans de tons les pays. On devait done s'at- tendre a rencontrer, dans le Traite elemcntaire de la Richesse individuelle et de la Richesse publique , une certaine conformitc i3. 3 9^ LIVRES FRAKCAIS. (\e doctrine avcc le Traitc d Economic politi/jite ; mais il parait que rautenr a voiiUi prtscnicr la scirncc sons iiii point dc vne tie son choix, en cssayant d'eclaircir ce qui liii a .sembi« obscur dans Ics travaiix de ses devancicrs. Son ouvrage se compose de deux parties : la premiere renferme unc exposition de prin- cipes gencraux; la seconde contient XnppUcution de cos prin- cipcs. Malheiircusement ces priucipes ne soiit point d'accord avec I'observation, etj'ai quclqrc peine a declarer que M. Louis .Say, de Nantes, s'est completemeiit trompe sur beoucoup de definitions et sur des questions de la pi us grande importance. Seion lui, par cxemple (pat^e \^\-, Xi: fonels seal est tie la ri- c/iCsse, et Ic rei'enu n'tn est pas. Ainsi done, en consommant du revenu , on ne consomme pas de la ricbesse , et Ton n'c- pargne pas de la riches^c en eparynant du revenu! Assiirement ".me telle doctrine no pent so soutcnir, et les cor,se(]uenccs d'un principe aussi crrone ne sauraient conduire qu'a I'crrcur. L'auteur ajoute ailleurs (p. 37) que le trcwnil n'a pas de valciir par lai-mcnie , et voici comnitnt il essaie dc le prouver : « C'e- tait un travail pave, dit-il, que celui des soldats qui massa- craient et des bourreaux qui tortiiraient pour cause tropinions religi-?uses. Ce travail etait-il productif? etc. « Assurement non; mais, comment peut-on honorer du r.oni da tiavailleurs , des assassins et des bourreaux? Je crois stqierflu de refuter la doc- trine de M. Louis Say, sous ce rapport, et je suis sur qu'avec un pen de reflexion , il en senlira lui-meme I'inconvenance. Si le travail n'otnit pas productif, il ue faudrait pas vendre une livre de sucre raffine pins clier qu'une livre de sucre brut; car c'est'le travail du raffineur qui etablit une difference entre cos deux valours. Smith ct M. J.-B. Say avaient assezuettement ex- pose la theorie du travail , pour qu'on put juger inutile d'y rc- venii'. Plus loin (page io3), M. Louis Say a encore cherche a refuter Adam Smith, en I'accusantde n'avoir vu aucune autre nianicre d'obtenir les choses quo par I'echangp. Nous repon- drons que Smith, s'il vivait encore, s'ctonnerait beaucoup (run tel vcproche , et surtout du mepris avec Iccjuel son advcrsaire traite celte belle theorie des capitaux que les savans travaux de son propre frere out rendiu; si simple et si facile. Pour comble de rnallieur, M. Louis Say n'a pas ciaiut de se declarer le par- tisan de la balance da commerce , cette vieillc chimere aujour- d'hui iinivcrsellement dv'consideree, mAnie chez la plupart dc nos economistes de bureati. II ne doit cependant pas ignorer qu'un etat s'enrichit, quand la valour dc ses importations sur- passe celle des exportatious; et en verite, j'cprouve a montour SCIENCES MORALES. 197 quelque re[ni;^'uance a It; lenvoycr aux ccrils de son frcre pour y trouvei" la demonstration de ce fait. Ailleurs, rauleur pose d'aiitres principes non tnoins etranges, dont la consequence (page 224) scrait c]iie les partlculiers d'un pays pen vent etre riclies, et le pays etre paiivre. Mais, ce qui ra'a le pins convaiucu du danger qu'il y a de s'ecarter Jes ve- ritable? lois de robservation, ce sunt les principes de i'auteur en niatiere de consommalion. II assure (page i5) que la con- sommation n'est point line destruction de ricltesse. Quoi! la poudre brulee par le mineur n'est pas une valeur detruite ! Quoi ! cent niille sacs de ble consommes nc sont pas des va- leurs aneanties, et la valeur de mon diuer exlste encore, quand je suis sorti de table ? Quelle que soit a cet egard Targumcnta tion de M. Louis Say, je ne saurais croire qu'il attache serien- ■^rment de I'iaiportance a de pareilles idees. Jaime mieux sa dis- itation sur les effets du dogme cliez les calholiques et chi z i protestans, quoique des considerations dc cette nature nit; paraissent tout-a-fait etrangercs a I'expose des lois de la pru- linclion et de la consommalion des richesses. En somme, I'ouvrage de 31. Louis Say de Nantes, reniar- quable, d'aitleurs, par des opinions genereuses et par des viies Lienvei'.lauies en faveur des classes inTerieures, ne renferme aucune idee neuve en economie politique ; et, comme on vient de le voir, i! n'est pas exempt d'errcurs deja miile fois refutees. C'est iin livre qu'il faut lire avec precaution sous le rapport des doctrines ; en un mot , c'est le travail, un peu leger peul- ctre , d'un bomme de bien qui s est trompe dc la meilleure foi du mondc. A. B. 55. — * Des projets de la Rassie , par le lieutenant-co- lonel DE Lacy Evans; traduit de I'anglais, et augmante de Notes par M. Prosper Gaiha. Paris, i8; le commencement de la Revolution jusqu'a la fni du regne de Napoleon, ornee de portraits, plans et cartes. Guerres d Italie : deuxiemc partie; par X.-B. Saintine. Paris, 1828; Ambroise Dupont. In-i2 de 338 pages; prix, 3 fr. 76 cent. Sous la forme d'une esquisse elegante, M. Sainline continue ( voy. Rei'. Enc., t. xxxii, page 477)> dans ce second volume, la description animee des combats memorables, des faits d'armes glorieux et de toutes ks scenes politiques qui se pas- sercnt en Italie apres que I'armee francaise, conjmandee par le jeune Bonaparte, eut quJtte le Piemont pour dcscendre dans la Lombardie. Rien ne peint mieux les resultats des marches rapides de nos soldats et des manoeuvres audacieuses de leur chef que la Ic-ttr suivante, adrcssee par Beaulieu aigri et decourage , au conseil aulique de Vieune : « Je vous avals de- mande un general et, vous ni'avez envoye Argenteau. Je sais qu'il est grand seigneur, et qu'en recompense des arrets que je lui ai ordonnes, on ^'a le faire feld-marcchal dc I'Empire. Mais je vous previens que je ?i'ai plus que vingt mille hommes et que les Francais en ont soixaute mille, que je fuirai demain, apres-demain , tons les jours, jusqu'ea Siberie, s'il prend en- SCIENCES MORALES. 201 vie a ces diables de m'y poursuivre. Mon age me donue le droit de tout voiis dire : en im mot dep6chez-vous de faire la paix k quelque condition que ce soit. » Apres Beaulieu, Meias n'ap- parait qu'un instant sur la scene pour ceder le commandement de Tarmce aiitrichienne a Wurniser, ancien officit-r fraiicais , ne en Alsace, et digne d'un meilleur sort. Sa liitte avec Bona- parte occupe une grande place dans ce volume, qui (init an moment ou le vieux et brave general , malgre sa vigueur et sa perseverance, est enferme dans Mantoue et reduit a faire saler ses chevaux pour nourrir ses soldals affames. Une carte placee a la fin de ce livre facilite I'intelligence de la narration et per- met de siiivre la marche respective des deux armees bellige- rantes. Entre autres details intercssans et choisis avec discer- nement par I'anteur, nous citerons I'extrait suivaiit d'une lettre de Bona|)arte au directoire, qui, jaloux de ses succes et de son pouvoir naissaiit, voulait diviser le commandement de I'arraee et I't-nvoyer contre Livourne et les Anglais, reservant au ge- neral Rellermann Thonneur decombatire la grande armeeau- trichienne : « Chacun a sa maniere de faire la guerre : le gene- ral Kellermann a pins d'experience et la fera mieux que moi , niais lous les deux ensemble nous la ferons fort mal; je ne puis rendre a la patrie des services essentiels qu'investi entierement et absolument de votre confiance. Je sens qu'il faut beaucoup de courage pour vous ecrire cette lettre; il serait si facile de m'accuser d'ambition et d'orgneil.... » Jd. G. 58. — Lettre a M. le redacteur da Globe, au siijet de la pre- tendiic ainhassade en Russie de Charles de Talleyrand. — Se- conde edition , nugmcntee d'ltn post scripttim contenant une lettre inedite de Louis Xlll. Paris, 1828 ; Firniin Didot pere et ills, rue Jacob ; ct Rilian , rue de Choiseul. In-8". Le sujet de cette lettre est un fail di[)lomatique qui remonte au 17'' siecle. Le Globe , eu rendant compte, le 29 mars der- nier, de I'ouvrag'i allemand de M. Varnhagen von Ense, avait fait mention de lexil en Siberie d'un ambassadenr de France en Russie nomme Charles de Talleyrand. M. le prince A. La- BANOFF , jaloux dc justificr Ic gouvernement de son pays d'un acte qui serait une violation du droit des gens , a pris la plume pour demontrer que Charles de Talleyrand, qui fut effcctive- ment exile en Siberie par le tzar Michel Feodorowitch , n'etait charge d'aucune mission diplomatique de la part de Louis XIII, ct qu'ainsi son exil n'etait qu'un acte judiciaire exerce par le tzar sur un sujet du roi de France. Un passage d'Olearius , mal interprete par Voltaire, avait donne lieu a cette erreur, que Levesque avait dej4 relevee. M. de Labanoff accomule les aoa LIVRES FRANCAIS. preuves h Tappui de son assertion : la dernierc , qui nous parait concUianic, est inie Ictlre de Louis XIII au Izar Michel, trouvec aux archives des affaires etrangeres a Moscou , par M. Juste de Noaillcs, qui avait pris a coeur d'eclaircir ce point liistorique. 59. — Elnge liistorique do J. M. N. Fretcau , d. m. ])ar J. B. E. Priou , D. M. Nantes , i8a3 ; Busseuil jeiine. In-8" de 81 ])ag. Ce discours , prononcc dans la seance publitjue de la Sociele Acadeinujue da dcpartcnicrit de In Loire-lnferleitre , le 19 de- cembre 1823, esl un hommage rendu par la reconnaissance et Tamitic a nn honimc de bien et de talent. J. M. N. Freleaii, ne a Messac en 1765, et mort a Nantes en 182,3, exerca lonpf- tenis I'arl de guerir dans le dejiartcment de la Loire-Infe- rieure, apres I'avoir etudie a Paris sons des mailres habiles et celebres. Medecin distingue, il ne negligea pourtant pas I'etude de la chirurgie, dont la connaissance et la prati<|ue peuvent etre souvent utiles a lf)us les medecins , niais qui sont indispen- sables a ceux qui habitent dans les campagnes et loin des grandes villes. — Les idees de 31. Priou nous out paru saines et philosopliiques , son style clair et generalement correct. A. P. Liltpratare. 60. — Grammaire de In Inngiie giecqnc ct de ses dlfferensdia- lectcs , prescniee dans un ordre analytique et synoptique ; par J. Gf.rfaux. Paris, 1828; Kilian, rue de Choiseul , u° 3. In-4'' de VIII et 96 pages; prix , 5 fr. Voici un auleur de grammaire qui dedaigne les sentiers bat- tns de la routine ; son but priucijial parait avoir ete de faciliter par de nombreux tableaux les niqyeus de saisirnvecla vi\c ct de relenir pur la niemoire des objets difftrens qui out beau- coup de rapports niutuels. On voit qu'il ne s'agit pas ici do I une deces grammaires des langues anciennes ou I'on ne trouve les principes generanx des langues niorles cpi'habilles a la frau- caise, a rallemande, etc. C'est dans la langue grecque clle- mcme qim I'anteur a puise les eclaircissemens, les exempics. II en resulte pent - etre que ccs preceples ne peuvent eire mis entre !es mains des enfans en bas age, chez lesquels la memoire est encoi'c pres(]ue la seule farulte active ; inais M. Geifaux ne parait pas avoir fait sa grammaire pour les Ires-jeuiies enfans; en revanche clmix (|ui commencent I'etude du grec i» I'age ou le raisoniiement est deja nn jjcu forme, ou ceux qui I'ont deja etudie pendant un ou deux ans, trouveront dans cet ouvrage le veritable genie de \x langue grecque et la solution de beaucoup LITTERATURE. 2o3 de difficuUes qui ne sont pas menie abordees dans les autros gramraaires; enfin I'oleve avance dans ses etudes y renconlrera une erudition qu'il chercherait vaincment ailleurs. Gt, 61. — * Coiirs d' eloquence a I'usage des jeunes gens qui se destinent an barreau ou a la tribune nationale ; professe publi- quement dans la salle de la Societe des arts a Geneve, et dans cello de I'Academie provineiale a Lyon; par Ch. Durand, an- cien procureur du roi. Paris, 1828; Malher et C'^. 2 vol. in-8° formant ensemble 771 pages; prix, \l\ fr. Cet ouvrage est un recueil de pensees sur I'eloquenoe expri- mees presque toujours eloqueniment, niais ce n'est pas, ce ne pent pas etreun cours. L'auteur nous dit lui-mcme qu'il a re- cueillides lecons qu'il improvisait , et dans lesquelles il expo- sail aux auditeurs des idees qui se pressaient dans son ame. Il a ecrit ainsi de tres-belles pages, il a meme fait un ouvrage qui peut , qui doit etre de quelque avantage pour la jeunesse; mais, malgre le mepris qu'il affecte pour les rheteurs et pour les traites de rhetorique, ces traites et ces professeurs ne sont pas moins ce qu'il y a de plus utile pour celui qui veut apprendre Telo- quence. De tons les beaux arts , reloquence et la poesie sont cenx quideniandent les connaissances les plus varieeset les plus profondes: il est clair que, puisqu'il n'y a pas un snjet que ne puisse traiter un orateur, il n'y a pas non plus une science a la- quelle il doive rester etranger. Estce une raison pour qu'on fasse entrer dans une rhetorique ou dans une poetiqne toutes les sciences physiques, mathematiques, niedicales , religieuses, ralionnclles, morales , philologiques, etc.? Non sans doute : un cours d'eloquence deviendrait une encyclopedic. Qu'a fait M. Durand ? I'analyse de son ouvrage va nous le montrer. Le premier volume se divise en quatre livres qui traitent : 1° de I'eloquence el des orateurs de la Grece ; 2° de I'eloquence romaine; 3° de I'eloquence en France avant Fran- cois I"'; 4° de I'eloquence et de la litterature francaise depuis ce prince. — Apres cette histoire de i'eloquence , on trouve , dans le second volume, quatre livres qui traitent successive- nient : 1° de la philosophic, des passions, du malerialisme et du spiritualisme , du christianisme et de la morale ; a" du droit naturel, du droit de vie et de mort, et de tjuelques sortes de gouvernemeus; 3" de la chronologic, des voyages, du genie du beau dans les arts et les lettres, de I'harmonie, de I'inven- tion, des parties dudiscours, des styles et de la poesie; 4° ^'^'^ connaissances guuerales de I'orateur, et en particulier des di- verses sortes d'eloquence , de I'improvisation et de la diction oratoire. 204 LIVRES FRANCAIS. De bonne foi, cstce \h uii coiirs dcloqiicnce ? Toiites Ics questions contenues dans le second volume sont inconteslablc- ment fort interessantos ; mais avec qnclle legorete ne sont-clles pas discutecs ! Qu'npprendra roratcur dans le petit nombre de pa|:;es oCi raiitcur reprle qiielqiics argumens aussi vieux que le nioLide contre le nialerialisme ? M. Dnrand se proiionr.e contro la peine de niort ; el a Dieu ne plaise que nous soyons ioi d'une opinion differcnte de la sicnne : mais lorsque cetle question ti<-nt encore divises les plus grands philosophes de ce sicclc, douze pages sufUsent- elies pour la resoudre ? et I'eieve aura t-il fait braucoup lors- qu'il aura lu les argumcns d'un seul liomme et les reponses qu'il fait aux argumens contraires qu'il vent bien citer ? J'en dirais autant de la politique, de I'economie politique, de I'his- toire etdelachronologie, de la physiologic, des malliematiciues ot des autres branches de nos connaissanccs dont parle I'au- teur. Chacune d'elles demanderait im trailea part : la reunion do quelques-nns de leurs principes ne pent e!re absolnnient d'aucunc ulilite. Si M. Durand voulait indiquer les sciences qu'il est bon que I'orateur eludie, leurs noms suffisaient, on il pouvait dire plus brievement encore qu'il fallait les etudier toutes (i). (i) L'auteur de cet article a long-tems professc la rhetorique. Oblige d'obeir aux regleniens universitaires, il donnait a faire a ses eleves des discours qu'il niettait le plus possible a leur port^e ; mais , niaigre I'attsntion qu'il apportait a ce choix , les compositions de ses jeunes gens decelaient toujours, par quelqucs petiiionsde principes, par queique precepte de morale hasarde, I'ignorance ou ils f'taientde toutes les sciences dont on auiait dii faire preccder I'etendiie de la rhetorique. II se convainquit alors par sa propre experience dela ve- rite et de la justesse de ces pensces de Marmontel [Encyclopcdie , mot B/ie'loriijuc): oEl c'est cet art invente, cultive , eleve dans laGiecea uii si haul degre degloire etde puissance, adopte, agrandi , el, a ce qu'il mesemble, perfectionne chez les Remains; cet art qui faisait I'etudi,- la plus assid;ie et la plus serieusd des Pericles, des Dcmosilieiies, les plus sublimes entretiensdcs Crassus , desAntoinc, des Ciceron et des Brulus ; c'est cet art que, dans nos colleges, nous croyons enseigner «i des enfans de douze ans. Quand les rheteurs se pressent d'inltier leurs eleves dans les mysteres de I'eloquence, ils temoignent qu'eux- memes ils n'en ont pas I'idee : la rhetorique est, de toutes les parties de la lltterature, celle qui suppose le plus de connaissances et de lumiferes dans celul qui I'enseigne , le plus de discernemeut et d'appli- cation dans celui qui I'apprend Non , rheteurs , non , ce n'est pas dans un age oii la t^tc est vide , oil la raison n'est point LITTERATURE. 2o5 Le scul moyen d'ctiidier une science avcc fruit, Lien Win d'elcndrc son domainc, ot do la faire empieter sur les aiitres , c'cst an contraire de la circonscrire de nianiere a c(- que I'es- prit en apercoivc disfiuctemcnt toules les parties : sous ce rap- port, I'aiiteur d'uu coiirs d'cioquence n'avait pas beaucoup a fairc; le plan de la science de I'oraleiir avait ete d(^puis long- terns trace par ceuxa cpii I'aiiteur donne trop volontiers le noni de pedans, et a la tete desqueU se placent ccpendant Ciceron et Quintilien. Que si Ton vent etndier reioqucncc, non coinme une science theorique, mais comme un art, pour le pratiqner, alors ce ne sont plus des livres qu'il faut, mais des ecoies analogues a celles ou declamaient les jciines yens d'Athenes et de Rome. La le professeur pourra ei^alement corriger les fantes de composi- tion ou de style, (j;uider la voix et la prononcialion, redres- ser les gestes vicieux , moderer les monvemens excessifs , et donner lui-meme le precepte et I'exemple. Mais si, comme semblait I'indiquer le premier volume, on se borne a une histoire de I'eloquence , alors qu'une analyse plus soi- gneuse, plus detaillee nous fasse connaitre a fond les orateurs de I'epoqae qu'examine le professeur ; mais qu'on ne lui donne pas le nom de cours d'eloquence qui n'a plus de sens , et ne pent que nons induire en erreur. J'ai blame jusqu'ici, car je ne me suis encore occupe que du plan qui m'a semble vicieux, si toutefois I'auleur s'en est propose un , et de la science qu'il semble dedaigner enliere- ment. Je n'aurai qu'a loner en parlant du style auquel M. Du- rand a sacriiie, sans se I'avouer alui-meme, toutes les autres parties de son livre. II protesle, des les premieres lignes, contre cet art futile qui inspire aux rhctcurs des phrases cadencecs ; mais le soin qu'il prend de disposer tonjours ses idees dans I'ordre le plus proprc a flatter I'esprit, de leur donner cons- tamment une forme agreable et pittoresque, d'arrondir et de affermie en priocipes , ou les elemens de nos pensecs ne sent pas incme rassembles, ou prestjue aucune de nos idees abstraites n'est distiiicte et complete, oil les piocedes de reiitendenient du composd au simple, du simple an compose , ne sont encore, si j'ose le dire, que le tatoniiement de rignor.nnce ef de I'incerlitude ; ou Ton n'.i gucre que des notions v.igues du juste , de I'honncte, de I'utile et de k'l'.rs contraires, des droits de I'lionniie et de ses devoirs ce n'esl pas dans cet age qu'il faut exercer les enfans ^ discuter de grands objets de morale et de politique. » io6 LIVRES FRANCAIS. cadencer ses periodes , indique assez cliez lui !e soin et le de- sir de plaire : il savait bien qu'il ne reiissirait pas sans ccla , et son indij^nat.Wn factice contic les rhcteiirs nVtait sans doute A ses yeux qu'iinc precaution oratoire analof;uo a ces figures de rhetoriqiie qu'il propose, je pense, en plaisantant, de bainiir dii discours ( t. i , p. y. i5, Note). Quoi qu'il en soit, c'est par le style que M. Duratid se dis- tingue de la loule dcs hommes qui ont ccrit sur I'art oratoire. L'eli'valion des pensces, la tournuie drauiaii(pie dos leeons , le choi\ de quclques-uns des exeuiplos tlont I'autcur les embcl- lit, enlin la purete et I'liarmonie de I'expression , voila ce qui assure a son ouviage I'approbalion de ses lecteurs, commc il a oblenu cclle de ses auditeurs. B. J. 61. — * Mt'Dioires , Corrcspondance et Opuscules imklits de Pau I- Lou Is CovRi^R.T. I et II. Paris, 1828; Sautelet et C'", rue do Richelieu, u" i/i. 2 vol. in-8*' de xiii-'iHg et 408 p.; prix, 14 fr. De tons les eerivains qui ont paru dans ce siecle, Courier est assurement un des plus originaux, des [)lus instruits, des plus independaus. II y a pen d'lionnnes qui aient en un esprit aussi juste, et qui aient expose leurs pensces avec plus de nettele et plus d'energie. Le sncces que ses ecrils ont obtenu a ete tout-a-fait etranger aux circonslances an milieu desqnelles il les a publics. Rien ne le prouve mieux que le plaisir qu'on eprouve encore a relire la plupart de ses pamphlets. Ce qui caracierise surtout la phipart de ses ecrits, c'est un sentiment profond des principes de la morale et de la justice. Tout ce qui blessait en lui ce sentiment Ini causnit nne irritation dont il n'etait pas maitre, et a laqucUe il faut attiibuer en grande partie ses succes et ses malhcurs. Les ecrits qu'il pnblia sont trop connus pour qu'il soit necessaiie d'en parler ici : ce n'est pas d'ailleurs dans ime simple annoucc que nous ])ourrions en donner nne idee a ccux de nos lecteurs qui ne les auraient pas connus. Aussi nous bornerons-nous a parler des deux volumes que viennent de pnblier pour la premiere fois MM. Sautelet et compagnie. La panic la plus considerable de ces deux volumes se compose des lettres ecriles a ses amis on a M'"® Cou- rier depuis 1791 jusqu'en 1824- On trouve dans ces lettres la mcme originaliie, la meme purete de style et quelquefois la meme eloquence que dans ses pamphlets. Nous avons ete frappe surtout des lettres ecrites d'ltalie, depuis 179;) jusqu'en 1810, sur I'invasion et I'occupation de ce pays par I'armee francaise. II etait diflieile de decrire avec plus d'energie la rapacite des cooquerans et la bassessc des grands qui aidaient LITTERATURE. 207 k dechirer leur pays pour se jeter sur les lambeaux que I'en- nemi lenr abancloiin;iit. « Dices a ceux qui vculent voir Rome qn'iis se liatent, car cha(iue jour le fer du soklat et la serre des agens francais flctrissent scs beautcs iiaturclles et la depouillent de sa parure. Permis a vous, monsieur, qui etcs ac:coutunie au langage na- turel et noble de I'autiquile, de trouver ces ex])ressions trop fleuries ou meme Iroji fardiies , mais je n'en ai pas d'assez Iristes pour vous peindre I'etat de delabiemcnt, de misere et d'op- probre ou est touibee cette pauvi-e Rome que vous avez vue si pompeuse, et de laquelle a present on detruit jusqu'aux mines. On s'y rendait autrefois, comme vous savez, de tons les pays du monde. Coiidiien d'etranii;ers, qui n'y etaient venus que pour lU) hiver, y ont passe loute leur vie! Maintenant il n"y resle que ceux qui n'ont pu fuir, ou qui , le poignard a la main, cliercheut encore, dans les haillons d'un peuple mou- rant de faini, queique piece ecliappee a tant d'extorsions et de rapines... » La dt'scription (pie fait Courier de la conquete du royaume de Naples, en ecrivaiit a Rime***, est sur un ton beaucoup moins grave; mais les vainqneurs ct les vaincus ne s'y montrent pas sous un point nel ou chef, n'importe de quel grade, qui a fait partir ce detacliemcnt, informe de la deconlitiu'e, dit Courier, s'en prend aux villages voisins; il y envoie un aide de camp avec cinq cents hommes : on pille, on viole, on egoige, et ce (|ui echapj)e va grossir la bande du sous-diacre. « Me dcmanderez- vous encore, ma- dame, a quoi s'occupe ce commandant dans son cantonne- rnent? S'il estjeune, il cherche des lilies; s'il est vieux, il amasse de I'argent; souvent il prend de I'un et de I'autre : la guerre ne se fait que pour ccla. Mais j(;une ou vieux, bientot la fievre le saisit : le voila qui creve en trois jours entre ses fille§ ct son argent. Quclqiies-uns s'en rejouissent; personne n'est fuche; tout le monde en peu de terns I'oublie, et son successeiir fait comu:e lui. « Les tableaux que fait Courier dans ses lettres de la con- quete de I'ltalie ne ressemblent guere a ceux qu'eu ont fait nos poetes, nos orateurs ou meme nos historiens; mais Courier etait soldat, il etait sur le theatre de la guerre, il n'aspirait a faire sa cour i personne, et jugeait les evenemens en philo- 2o8 LIVRES FRANCAIS. sophe : ;■. son avis, il y avait plus de lachete dans les vaincus que d'habiletc ou dc courage dans les vainqueurs. « Ce royauinc que nous avons pris, dit-il, n'cst pourtant pas a dcdaigner : c'cst bien , jc vous assure, la plus jolie couquute (ju'on puisse jamais fairc en se pronicnant. J'aduiire siutout la complai- sance do ceux qui nous lo cedent : s'ils se fussent avises de le vouloir dcfendre, nous I'eussions bonncment laisse la; nous n'etions pas venus pour faire violence a pcrsonne. Voilii ua commandant de Gaete qui ne veut pas rendre sa place; eh bien qu'il la garde! Si Capoue en cut fait de meme, nous scrions encore a la porte, sans pain ni canons. Il faut convenir que I'Europe en «ise maintcnant avec nous fort civilement. Les troupes en Allemagne nous apportaient les armes, et les gou- verneurs leurs clefs, avec une bonte adorable. Voila ce qui encourage dans le metier de conquerant; sans cela on y renon- cerait. Tant y a que nous sommes au fin fond de la bottc, dans le plus beau pays du monde ct assez tranquilles, n'etaient la fievre et les insurrections, car le peuple est impertinent; des coquins de paysans s'atta(]uent aux vainqueurs de I'Europe ! Quand ils nous prennent , ils nous brulent le plus doucement qu'ils peuvent. On fait pen d'attention a cela : tant pis pour qui se laisse prendre. Chacun esperc s'en tirer avec sonfourgon plein ou ses mulcts charges , et se moque de tout le reste. » Cette collection de lettrcs , quoique pen volumineuse , est cependant tres-variee; on y trouve, au milieu d'une foule de faits curicux el d'auccdotcs piquantes, des reflexions justes et souvent tres-originales sur toutes sortcs de sujets. Il ai peu de livres dont la lecture puisse inspirer autant d'interet. La derniere moitie du second volume se compose d'opus- ctdes dont nous nous bornerons a rapporler les litres : Conver- sation chez la comtesse d'Albany, a Naples, le 2 mars 1812 ; Conseils a un colonel; Consolations a luie mere; I'Heritage en Espagne; Eloge de Ikiffon, 1799; Pericles, traduction libre cl abregee de Plutarquc; Menelas apres la fuile d'Helene. Ch. COMTE. 63. ■ — * Chansons ineditcs de M. P.-J. de Bkranger. Paris, 1828; Baudouin freres. In-18 de i32 pages; prix, 3 fr. Sous le dernier ministere , un poete s'avisa do faire figurer dans ses vers un abbe Monopolis , faibie et faux, dur et andii- lieux : un avocat general, (jui certainement ne songeait pas a faire sa cour, prelendit qu'on n'etait pas ar ccux ([iii la eondamnent, il y a apparence que le vice, le defaut qu'elle atlaque est reel : c'est alors un mauvais office que de la relever; et nous comprenons nial a quel titre de dangereux amis exigeraient un respect ser- vile pour des faiblesses dunt la plus part du tems les princes ont a souffrir en meme tems que le peuple. Titus, qu'il est perniis de citcr aux princes, croyait sa gloire interessee a de- daigner la calomniie ; et si , disait-il , ceux qui parlent mal de moi ont raison , ils me rendent service en ni'obligeant a me surveiiler moi-meme, en m'indiquant ce que je dois corriger en moi. Les chansons inedites sont au nombre de trente-quafre ; toutes ne sont pas des chefs-d'oeuvre; niais on ne pent, dans pltisieurs d'entre elles, meconnaitre un talent qui grandit ; on n'y trouve plus de ccs obscuiites, de ces tournans brusques, si Ton pent s'exprimcr aiusi , qui deparent qiielquefois les cou • plets de notre chausonnier national : I'expression est ici tou- jours elincelante de justesseet de poesie ; la vivacite des images eclaire I'esprit en meme tems qu'elle le frappe : Beranger n'a jamais mieux justifie ce titre de pocle du peuple, auquel il at- tache avec raison plus de prix qu'a cehii de poete laurcat. Quoi qu'on en ait dit , I'expression metapliorique, qui lui vicnt avec taut de bonheur , n'empechera point le peujile de le com- prendre ; ceux qui ont pretendu le contiaire n'avaient jamais entendu ime conversation de corps de garde ou dc bivouac. En commencant cet article , notre intention etait de citer beaucoup. On n'a rien fait qui surpas'^e en grace, en mollesse, le Grcnicr et Encore des Jiiwitrs ; rEcliclle de Jacob petille de verve satirique , et Ton se sent heureux d'etre le conipatriotc de I'auteur de IFateiioo et du Tonihcciu de Manuel... Manuel, dont la France ne se souvint plus quand elle sembia s'oublier e!le-meme, qui fnt plus grand parson courage et son carac- tere epic par son eloquence, que ceux qui le virent de pres trouveront toujours supcirieur a sa reputation. On commencera peut-ctre le volume par les chansons dont LITTERATURE. 211 nous venons d'indiqucr les litres ; on ne le laissera qn'apres I'avoir epuise. J. J. B. 64. — * Almanack des Dames, pour Tan 1829. Paris (1828); Treuttel et Wiirtz. In-i8 de 2/,o pages, orne d'un joU fron- tispice et de 8 gravures , avec Notices; prix, r» fr. broche. Ce volume reuferme 104 pieces de vers, partagees entre divers genres de poesie, parmi lesquels Velegie domine, et une Nouvelle en prose, intitulee VHeure fatale. Soixante-huit aii- leurs out etc'; mis a contribution. II a fallu aller au-devant de qnelques-iins d'entre eux qui ne pouvaient venir en personne disputer la palme dans ce concours litteraire : tels sont Go- DEAU, FuzELiER, La Monnoye, La?.iotte, Panard et J.-B. Rousseau. Nous sommes bien eloignes de blamer les editeurs de ces sortes de recucils poetiques d'avoir quelquefois recours a d'anciens nonis consacres sur notre Parnassej leurs oeuvres, mises en regard des productions modernes , peuvent fournir nn sujet delude et de comparaison oil le bon gout ne pent avoir qu'a gagner. Mais il faut user de ce droit avec discre- tion, et choisir, aiitant que cela est possible, des pieces qui ne soient pas trop connues, et qu'il y ait quelque merite ^sa- voir tirer de I'oubli. Nous ne croyons pas que la Moralite de La Monnoye, la Remarque de Panard, Dcmnin, par Fuzelier, le Quatrain de Godeau , ni meme la Fievrc d'amour, de J.-B. Rousseau , meritassent beauconp I'honneur qu'on leur a fait. Quant a I'enigme de ce dernier sur le mot portrait, et a la fable de Lamotte intitulee les Grenouillcs et les Enfans, on peut les donner comme des modeles dans leur genre; mais trop de lecteurs les connaissent. A cote de ces deux dernieres pieces, et comme dignes de leur etre comparees, nous placerons V Err cur, par M. Boucher de Perthes; une ode imitee d' Horace , par feu Bariseau ; une traduction libre du fameux Sonnet de Filica'ia, sur I'Icalie, parM.M. A. JuLLiEN, de Paris; uneC/2«/?5o«,par]VI. Levasseur; une ode de feu Loyson , intitulee le jeiine PoUte aii lit de mart, et une epigramme de M. Andrieux, trop connue pour qu'on ne s'etonne pas de la voir figurer sans nom d'auleur a la p. go, lorsqu'elle est dans le recueil de ses oeuvres (i), et mieux en- core dans la memoire de tous les gens de gout. Nous avons reraarque aussi des fragmens inedits d'un poeme sur la pein- ture, par feu Girodet, dont on nous fait esperer la prochaine publication (2). (i) Tome VI, pag. 36 de I'edition in-i8. (2) Les OEui'res posthiimes , iittcraircs et didactiques de Girodet- 14. 312 LIVRFIS FRANCALS. Ce deriiier nom nous amene tout naturellement a parler cics p;ravures, qui sont un ilcs jsrincipaux tilros do V Alnianncli dcs Dames a cettc ancionnc ri'pntation qu'il meriie de coiiseivcr. Cellos qui rcprcsentrnt la Coviiinc de Glrard, une Scene cic rintjuisition , par 1e comte de Forbin, le lie tour a u Villags de M. Destouches, ct deux paysa;;cs de Meyer, le Printcius et \ Automne , ainsi que la viL;iietle du litre, nous p;u'aissent tres- satisfaisantes. Deux portraits, I'un de M''-'= Gitizut, I'autre de jjiue Perie-Cancleille , coiupletenl , avec la Dame blanche, de M. RoQUEPLAN , le iiombre des i;iavuies annnncees en tetc de iiotre arliele. Cette dernieic graviire, qui ne le cede jioint en nierileaux aiUros dii mcme atitei!r(M. Delvaux), rappelle iin tableau sui' leqiiel I'aUention pnhliquc s'est fixce au salon de 1827, ct qui a, comnie le dit fort bien la Notice, « tout le va- poreux que reclame cette scene romanti(jue. » Quant a nous , s'il nous est permis de dire notre opinion sur I'effet et la coui- position de ce tableau, nous croyons qne ce chevalier a I'air effare, un pied chausse el I'aulre nu, I'epee ii la main devant une fenune dont il est separe par un larjjjc ruisseaii , est, en peinture, de la menie ecoie qn'est en poesie le Sylphe de M. Victor Hugo, qne nous relrouvons dans X AlmanacJi des Dames pour 1829, et ou nous remarquons cette strophe au moins singuliere : Ce soir un couple lieureux , d'une voix solennelle , Parlait tout has d'amour et de flanime eternelle. J'entendais tout ; pies d'eux je m'ctais airete. lis ont clans un baiser pris le bout de mon aile. El la nuit est ■venue avant ma liberte. Si I'ecole romantique alfecte souvent un naturel qui est voisin du trivial, elle tombe quelqiiefois aussi, comme on le voit , dans le defaut contraire , qu'elle reproche avec raison aux partisans exacteres des Dorat ct des Desmoustiers. E. Hereau. 65. — La Cotte rouge, ou rinsmTcction de 1626; liistoire dauphinoise du xvii^ siecle, precedee d'liiie notice sur le cha- teau de Vizille; par A. Barginet, de Grenoble. Paris, i8'i8; Mame et Delaunay-Vallee. 4 vol. iu-ia de 208, 229, 287 et 240 pages; prix , 12 fr. Pins je lis les imitateurs de Waller Scott, plus je sens croitre mon admiration pour cet homme de genie. Cerles, M. Barginet peut pretendre a un rang distingue parmi les ecri- TRiosoN,pr($cedeesd'uneiVo//cesurcepeinlrecelebrc,parM.P.A.Cou- piN , fornieront a vol. grand in-S", avec gravures. LITTl^RATURE. ii3 vains qui suivent scs traces. A une connaissance approfondie de nos anciciines in(Eiirs, il joint une conception vive, un esprit eclaire et obseivateur, un style geneialement pur et elegant, quelquefois encrgique ou original; et pourtant, mal- gre ces qualites, dont la leunion est deja si rare, conibien, dans son roman de la Cottc rouge, il est reste au-dessous du romancicr ecossais! Habile a reproduire, dans la peiuture des caracteres et dans les details de moeurs, la louche spirituelle et legere de Walter Scott, qu'il imite memc quelquefois de trop pres, il n'a niaiheureusemcnt pas su Ini derober cet artifice jngenieux de la composition ijui fait marcher les heros d'eni- barras en enibarras, et le lecteur de surprise en surprise. Dans les trois premiers volumes de la Cotte rouge , nous voyons les protestans se preparer a faire le siege du chateau de Lesdi- guieres. Pendant tout cc lems, les personnages pour lesquels I'auteur veut nous faire prendre parti ne se trouvent dans aucune de ces situations perillcuses et critiques qui excitent, vivement la curiosife et determinent I'interet. Les catholiques sont places, pour ainsi dire, derriere le rideaii; et les persecu- tions qui niotivent la revoke des protestans n'etant pas uiises en action, ceux-ci ont le desavantage de paraitre agresseurs. Enfin, des que le lecteur a fait connaissance avec le personnage du connetable, trace du crayon le plus vigoureux, les autres caracteres sont effaces, et la defaite des assaillans est prevue. S'il nous etait possible d'entrer ici dans quelques details, nous trouverions a nous dedommager de ces critiques par de nom- breux eloges. Le roman historique est d'ailleurs un genre dont I'appareute facilite cache d'innombrablcs ecueils. Combiner le Uibleau des moeurs et des evenemens d'une epoque avec le de- veloppement de cet interct romanesque qui donne la vie aux ouvrages de cette nature , c'e.-t un probleme des plus compli- ques. Nous ne doutons pas, d'apres le talent dont M. Barginet a fait preuve dans la Colte roi/ge , qu'il ne soit appele a le re- sondre un jour avec un plein succes. Ch. 66. — Le Macon, moeurs populaires, par Michel Raymond; avec cette epigraphe : « Mais oii commence le peitple? N'j at-il pas du, peuple dans toutcs les classes? « Boiste. Paris, 1828; Ambroise Dupont. 4 vol. in-12, formaut ensemble 890 pages; prix, 12 fr. Ce roman a-l-il un but moral? L'auteur a-t-il voulu offrir quelques lecons an peuple dont il point les moeurs? Nous serious fort embarrasses de decider cette question; car, a tort ou a raison, M. Raymond, contrairement a I'usage des auteurs en general, et mcnie dc la plupart des romanciers, s'est dis- 2i4 LIVRES FRANCAIS. pi'iise d'ecrire une preface qui auiait mis i I'aisc los lectcurs et les critiques en leur explicjuaiit la destination dc son livre. S'il n'a eu d'aiitre projet que de tracer une pcinture (idcle et interessante des niceurs populaires, nous ne craignons pas de dire qu'il a reussi. Mais ses tableaux seraient deplaces dans une bibliothequc populaire : les couleurs en sont trop reclier- cliees; la morale n'en est pas assez simple. Le principal person- nage est un macon, Gauttier, qui se marie avec une femme selon son ea'ur, avant d'avoir acquis par I'age et le travail la maturite d'experience et les habitudes d'ordre neeessaircs pour assurer son bonheur et cclui de I'etre faible qu'il appelle a jiartager son sort. Entraine ])ar de detestables exemples et de funestes conscils, Gauttier s'abandonne a I'oisivete et aux vices qu'clle engendre; il neglige ses enfans et cette Suzanne qu'il a tant aimee , mais dont les tendres exhortations ne peuvent plus lutter centre I'influence terrible qu'exerce sur lui son mauvais genie, le macon Leroux , coureur de cabarets et de maisons de jeu. De faiblesse en faiblesse, de chute en chute, Gauttier tombe dans un conciliabulede brigands, quicherchent a le rendre complice d'un vol de nuit. Le denoument de cette cruelle histoire a lieu devant la Cour d'assises et sur la place de Greve : Leroux meurt sur I'echafaud; Suzanne est engloutie, avec ses deux enfans, dans les eaux glacees de la Seine ; et Gauttier reste sur la terre avec ses remords et son desespoir, triste victime de la faiblesse de son caractere. Est-ce dans I'interet de la morale qu'on s'attache si souvent aujourd'hui a revciller des emotions aussi poignantes, des sentimens aussi penibles que ceiix dont cet ouvrage penetrera tons ses lecteurs? Nous pourrions citer plus d'un auleur de drames on de romans qui a manque de frapper juste, par cela meme qu'il a vouhi frapper trop fort. En chargeant la peinture du vice, en choisissant tout expres dans ses annales les eve- nemens les plus extraordinaires, les scenes les plus sinistres et les plus dechirantes, ne doit-on pas craindre de revciller la pitie en faveur des malhcurcuses victimes des penchans cou- pables, bien plutot que la crainte meme de leurs fatales conse- quences? Ccux a qui ces pretendues lecons etaient desti- nees, rassures par rinvraiscmblance des details, poursuivent avec insouciance la route au terme de laquelle ils trouveront le precipice. M. Raymond appartient a cette ecole moderne de moralistes qui nous semblcnt avoir mal compris leur mis- sion. D'un autre cote, si nous nous bornons a considerer la partie litteraire de sou ouvrage , nous aurons encore a lui reprocher de I'embarras dans I'intrigue, qui n'est ni assez ra- LITTER ATURE. 21 5 pide ni assez claire, beaucoup de pretention dans ie style ct surlout I'abus dii ;,'enre descriptif. Mais on se console i'acile- ment de ces delauts; car les caracteres sont vrais, quoique copies sonvent sur une nature assez triviale; Ie recit ne manque ni de chaleur ni d'interet, et les descriptions sont empreintes d'un coioris qui unit la fraichcur a la liclelite. a. 67. — * Promenades d'un solitaire , par Cn. d'OuTREFONT. Paris, 1828; Firniin Didot. In-8° de 286 pages; pi'ix, 3 fr. M. Cli. d'Outrcpont pent tenir Ie milieu entre les deux classes de moralistes que nous avons distinguees, en rendant compte des Aventures d'un pronicneur ( voy. Rev. Enc, , t. xxxix , p. 484), c'est-a-dire entre cenx qui s'attachent a i'etude de la morale speculative et ceux qui se bornent a tracer des tableaux de mceurs. II y a entre M. Saint-Prosper et lui cette dilTcrence qui devait naturellement resulter du litre que chacun d'eux a choisi pour son ouvrage : les Aventures d'un pronicneur pro- mettent des recits animes, des tableaux, une action enlin; des pensees, des reflexions doivent seules etre Ie resultat des Pro- menades d'un SOLITAIRE. Mais ces pensees, ces reflexions peu- vent etre varices a I'infini, pen vent s'exercer sur mille sujets, et offrir une lecture attachante. Tel est Ie livre de M. Ch. d'Outrepont. C'est un ami complaisant et instruit qui nous entretient de morale, de philosophie, d'histoire, de litterature , de beaux-arts, avec beaucoup de gout et d'esprit, et qu'on nc se lasse pas d'entendre. On trouve en effet de tout dans les Promenades d'un solitaire; chacun des chapitres de cet ouvrage, ou plutot cliaque frag- ment dont il se compose, porte nn titre piquant et fait pour exciter la curiosite; chacun peut etre lu isolemcat. On pent ouvrir Ie livre ou Ton Vent; on est assure d'y rencontrer par- tout des preuves d'insti'uction, de conscience etdebon gout. Plu sieurs de ces chapitres sont tout en aphorismes ou en r^nsees- tels sont les XIP de la premiere partie et XXXT v'*" de la seccnde; Nous en citerons quelques-unes, que nous avoas irouvee. disseminees dans les autres cha;^itres, pour donaer ure ides de la mauiere de I'auteur. (p. 22) «Le bonhear est une fleue delicate qui se fletrit au grand jour. » — (p. 5i)(( hesjiatteurs nr nous apprennent rien de nouveau; lis nous disert ce que none nous disons tousles jours, etvoila pourquoi nous les aimons. s — (p. 62 ) 1' II est singulier que plusieurs hommcs d'Etat croieno montrer de la profondeur en affectant beaucoup de meprist pour la morale des honnetes gens. Ces poliliques sublimes ne savent pas que les voleurs de grands chemins pensent comme eux. u — (p, 106) nQuand on connait les hoiumes, il faut etre ai6 LIVRES FRAKCAIS. devoro d'lmc bicn grande ambition pour vouloir etre lenr niinli'c. » — (p. 2o4) " Lcsnipilloiircs institutions ncsont rien, si Ics ma-urs ])iibliqucs nc les soutionncnt pas. " — (p. a65) « Les Iiommcs qui nc voulcnt qn'cire iibres nc sent jamais des ins- trumcns do tyrannic. » Parmi les cliapitres que nous avons remarqucs pins speciale- meiit, il on est plusionrs oi!i iinc fine ironic se mclc aux pre- C('])tos de la sagcsse; tcls sont ie XI*^ dn livrc premier, qui est intitule : Malheur a qui s'cclairel et Ie XXIX" du livrc deuxieme, qui a poiu' titre : Tous ccs gcns-la etaicnt philosnphcs , et dans loqnel Tautcur fait unc longuc et triste enumeration de tous les enncmis do la philosopliic, qui ont cto les floaux de Icur tenis et do I'humanite. Nous rocommandous aussi aux Iccteurs Ie cha- pitre XVI dn livrc premier, dont Ie sujet est la disproportion dos peines avec les dclits , ot qui a pour litre : Vn peu cl'lm~ manitc pour Vainour de Dicu ct des liommes. Le chapitre" XX rontiont des reflexions fort justes et fort sages sur la doctrine des matcrialistes. Le XXIV", qui a pour titre : Mauvais livre qui a vte hon , est tros- piquant. Cost I'histoire d'un honnele paysan qui, en i8i5, avait mis entre les mains de son fds le CnU'cliisme a V usage de toutes les eglises de I' empire francais , et qui nc ])ouvait se persuader qu'un livre approuve par 1 arcbe- veque de Paris, et memo par le pape de Rome , put jamais etre mauvais. Le chapitre XXXIV", sous le titre A Esqaisse, ren- fcrme bcauconp de choses en pen dc mots. Le chapitre L conlicnt la refutation dc plnsieurs pensees de Pascal ; et malgre I'autorite dc cet ecrivain si j'istcmentcelebre, I'auteur moderne nous semble avoir ralson contrc lui. Dans le chapitre LII, M. d'Outrepont etablit que I'homme a de tout terns etc sociable. " J'aimerais autant, dit-il ;\ I'occasion dc ceux qui ont avance une opinion contraire, qn'on me demandat oii, quand ct pour- quoi commenca la societc des abeillcs." Le chapitre suivant offre des reflexions fort justes sur Tinslinct des animaux. Le chapitre YI dn livrc deuxiomq a pour titre le Ballet original. Voici CO que c'est que ce ballet, dont parle Voltaire (t. xlvh, p. 289, edit, dc Beaumarchais): «Le poiivoir despotique et 1 etat rc'pidDlicain furent representcs a Londres, en 1709, par xme danse tout-a-fait galantc. On voyait d'abord un roi qui, apres un entrechat, donnait im gi-and coup de pied dans le dcrriere h. son premier ministre ; cciui-ci le rendait a un second, le second a un troisieme, et enfin eclui qui recevait le dernier coup (igurait le gros de la nation, qui ne le rendait a personne : le tout se faisait en cadence. Le gonvernemcnt republicain etait figure par une danse ronde, 011 chacun donnait et rece- LITT^RATURE. 217 vait c'galement. « M. Charles d'OiUrcpont ajoute k la descrip- tion dc ce ballet vraiment orii^inal : « On bait que quclqnes elevcs de Terpsichore ont voulu nationaliser parnii nous cette der- niere (iyure; mais il ne lenr a pas ete possible de nous Tap - ])ren(lre, quoiqu'elle soit tres-siniple : nous soinmessi petulans et nous avons tons unc si bonne opinion dc nous-memes que chaciin a voulu y meltrc du sien; il en est resulte la danse la plus embrouillee que Ton ait jamais vue dans aucun bal. » Les lecteurs ont pu prendre par nos citations une idee suf- fisantc de la nianiere et du style de I'auteur. Ajoutons que phisieurs de ses chapitres renferment dcs discussions litteraires du phis grand intcret, et qui tcmoignent d'un gout qui devient nialhcureuseraent de plus en plus rare de nos jours. Tel est I'eioge qu'il fait de VHelnise et de VEinile (p. 9 et p. i65 ) ; tels sont'les chapitres XLI,XLII, XLIII, XLIV et XLV du livre premier, etie XLII^ dn livre deuxieme, consacre a I'examen du genie de Shakspeare ct de Goethe. Vengeant un critique esti- mable ( M. DuviQUET ) des attaqucs de la mediocrite jalouse, il rappellc (p. 81) le mot si juste de ce critique : « Regie gene- rale , quiconque no comprend pas les defaiits d'un auteur, n'est pas digne d'en apprecier les beautes. » Les chapitres XVIII , XIX ct XX du livre deuxieme, dont I'un a pour litre : Rien n'est beau que le vrai, sont exclusivement consacres a la mu- sique et ne sont pas indignes de la Lettre dc J. -J. Rousseau t'critc des Champs-Elysees a M. Cast'd - Blazi; , que M. Ch. d'Outrepont a piibliee a la suite de ses Dialogues des marts et qui a fait du bruit lors de son apparition (i). Maintenant, faut-il faire la part dc la critique? elle sera legei'c, et I'auteur lui-meme, qui a prevu le reproche qu'on pourrait lui adresser, nous semble y avoir bien repondu d'a- vance. «Vous direz peut-etrc, rcmarque-t-il, p. A de son Dis- cours a ceux qui le liront, que je saute de branche en branche, qu'il n'y a presqiie jamais de liaison cntre nics chapitres , et vous n'aurcz pas tout-a-fait tort. Mais, si vous ajoutez que je manque de methode, vous ne sercz pas juste, car on n'exige jamais que dcs melanges fassent un tout regulier. « E. HtREAa. (i) Voyez I'aniionce de cet ouvrage dans la Rev. Enc. , torn, xxx, pag. SaS.Tons les autres ouvrage.s dc raiitenront eteannonce.s suc- cessivemeiit dans ce nieme recuei! , savoir : la Sainc-Bardielemy, t. XXXI, pag. 773 ; la iVort de Henri III , torn, xxxir , p. 780 et la Mon de Chades Lt, tom. 33, pag. 820. 2i8 LIVRES FRANCAIS. Bctiux- Arts. 68. — * Gaterie de Shahspeare ^ dessins pour ses OEuvivs drama tiqiies, graves a I'eau-forte d'apres Retzsch , avcc dcs explicacio/is, trailuitcs de rallcniaiid du professeur Boettiger , par M'"<' Z.7/.ve VoiART, et des scenes dc S/ia/isiJcan^ , traduites par M. Guizot et Ic traducteur de lord Byron. — Hamlet. Pa- ris," 1828; Audot. Ia-i6 oblong contenant 17 dessins; prix, 2 francs. L'idee de reproduire dans de rapides esquisses les princi- pales situations des poemes celebres est tout-a-fait lieureuse, etremonte en queique sorte a la renaissance meme des arts, puisque Tbistoire a garde le souvenir de dessins faits par Leo- nard de Vinci, pour I'explication de la Divine Cuiiiedie du Dante; c'est ainsi que nous avons vu les Girodet, les Gerard retracer les beautes sublimes de Racine , et , degages des en- traves que la susceptibilite francaise impose a I'audace dcs acteurs, nous niontrer dans une suite de dessins remarquables le genie tout entier de notre premier poete. Mais il est un au- teur quipresente aux artistes un domaine bien plus vaste en- core, c'est I'Eschyle anglais; c'est dans les ceuvres si riches, si varices de cct immense genie qu'ils peuvent puiser toutes sortes dinspirations et d'lmages tour a tour gracieuses , ter- ribles, fantastiques. Aussi, depuis long-tems la gravure an- glaise a-t-elle reproduit toutes les scenes echappees a la verve sou vent desordonnee, mais toujoius originate de Shakspeare. Seulement une certaine mollcsse se fait remarquer dans pres- que toutes ces compositions , dont un fini prccieux forme le principal mcrite; les costumes surtout y sont traces avec une negligence impardonnable; il n'y est tenu aucun compte ni des pays ni des terns, et si tous les anachionismes qu'on pour- rait y relever sont imites de la representation, ils ne don- neraient pas une haute idee de I'exactitude des acteurs anglais. L'ouvrage que nous aunoncons nous parait avoir evite les defauts que nous venons de signaler. Le nom de I'auteur pro- niettait des dessins pleins d'originalite et de correction tout ensemble; cette promesse est realisee. Deja connu chez nous par le succes de son Faust ea gravures au trait, Retzsch , des- sinateur allemand distingue , a choisi dans les tragedies de Shakspeare une suite de sujets qu'il a tres ingenieasenient rendus. C'est par Hamlet que commence cette serie , et chaque personnage du drame a recu de I'auteur une physionomie, un caractere particuliers. Parmi les dix-sept dessins d'Hamlet, BEAUX-ARTS.— M£M0IRES ET RAPPORTS. 219 nous citerons surtout avcc eloge : Claudius tuant son frere endormi ; Hamlet frappant Polonius derriere la tapisseiie ; Ophelia, devenue folle apres la niort de son pere, s'avancant le front pare de fleurs (channanle conception rendue avec in- finiinent de gout); la scene de renterrement d'Ophelia, celle enfin de I'assassinat de Claudius. Nous devons fane des vceux pour que cette galerie piltoresque dontnous pouvons deja ap- precier le peristyle , se derou'e bientot tout entiere a ncs yeux; ce sera pour nous une occasion favorable de niieux etudier et de aiieux comprendre Shakspeare. B. 6g. — * Isographie des Homines celebres , ou Collection de facsimiles de Lettres autograplies et de signatures, dont les origi- naux se trouvent a la bibliotheque du Roi, aux archives dii royaume, a celles des differens n)inisteres, du departement de la Seine, et dans les collections particulieres de MM. Berard , Bcrthevin, de Chateaugiron, Duchesne aine , Lucas de Monti- gny, Marron, Monmerqae, Tremisot, Fillenave, etc. 17'' et i8* livraisons. Paris, 1828; Treuttel et Wurlz. 2 cahiers in-4°; prix de la livraison contenant 24 facsimiles, en papier ordi- naire, 6 fr. ; en papier velin, 10 fr. (Voy. F\.evue Enc. , tome xxxviii, page 773 , et tome xxxix, page Agi-) Memoires et Rapports de Societes savantes. 70. — * Memoires et rapports de la Societe d'agriculture et arts du departement du Doubs, 1826 et 1827 (7^ et 8^ annees de la restauration de la Societe ). Besancon , 1828 ; veuve Daclin. In-8" de 276 pages. II est pen d'ouvrages qui provoqueut plus imperieusementla pcnsee que le petit nombre de Memoires inseres dans ce recueil. Enleslisant, on s'arrcle involontairement, et frequemment ; on medite, on adopte ou Ton rejette I'opinion de rauteur;mais dans I'un ot I'autre cas on s'est fortementoccupe du sujet traite dans le Memoire. Le besoin de reflechir se fait sentir des les premieres pages, dans le discours prononce le 20 mars 1828, dans une seance publique , par M. Girod de Chantrans, pre- sident de la Societe : on y rencontre avec surprise la proposi- tion toute nouvelle de former, dans 1 interieur de la France, des colonies de forcats liieres. On regrette que des questions aussi complexes soient aboruiees dans les solennites acade- miques, ou il semble que les verites bien constatt'es devraient avoir seules le droit de se produire avec cette expression noble et simple qui est I'eloquence de la raison. Un etablissement pour les forcats liberes serait une institution que le legislateur a seul aao LIVRES FRANCAIS. le poiivoir de crccr, et qui le iiiotlrait dans la nccessitc de ic- fnrincr tout Ic systemc de nos lois criiiiiiiclles. Ces colonies ou Ic forcat libere serait conduit et relenii nialgre lui, ou il tra- vaillerait malgre hii , etc., seraient des lieux de delenlion per- petuelle, oudcs homines qui ne sont plus traites en condamnes subiraient uno nouvelle punition. Un sujet de eettc nature , et d'une aussigiande iniportancc, ne pent etre traite en passant , et senlement par occasion : M. de Cliantrans en parle a la suite de quelqnes reflexions sur le ])rojet Aq fr act i flea tion uni- wrscllc , propose par SI. Uauch , projet sur iequel on ne s"ac- cordcra que tres - diflicilenient, non quant au but, mais quant aux moyens d'e.xecution. Dans la meme seance, M. Laurens, secretaire, a rendu conipte des travaux de la Societe : ils sont non)breux , et pleins d'interet. Nous aurons I'occasion d'y rcvenir au sujet des de- couvcrtes geoloj^iques failes dans la grotte d'Osselles et au som- niet du niont de Bregille , pres Besancon. Les Memoires contenus dans ce volnsne sont Ions reconi- mandes par rutilitede leur objet, ou par les fails curieux qu'ils exposent. Il en est quelques-uns qui auraient besoin de recti- fications, en tres-petit nonibre, il est vrai, mais qui ne son! point sans importance. Ainsi, par excmple, dans X EssaL sur Tugricul- ttirc consideree dans ses rapports avec les arts industriels , par ]M. Bailly , rautetu' fait honneur aux Espagnols de canaux d'irrigation qui sont une oeuvre des Arabes, et que les habitans actuels n'ont pas su multiplierdans les lieux ou ils auraient eu le mcme succes. Les experiences que I'auteur a faites pour com- parer entre ollesdivcrscs sortes de combuslibles sont trop im- parfaites, conduisent a des resultats f(ut differens de ceuxque Ton a oblenus plus en grand, el par des procedes plus exacts, en Amerique et en Europe, etc. On doit aussia M. Bailly une Notice sur le froment locidar { triticum monococciuu), qu'il in- dique comme le plus propre a fournir la paille pour la fabrica- tion des chapeaux dltaiic : mais il ne dit pas que les bonnes qualifes de cette paille ne dependent point de I'espece ou va- riete du froment, mais des moyens employes par les culliva- teurs pour obtenir des tiges tres - longues et tres - fines ; qua- lites sans lesquelles I'adresse de la tisseuse ne produirait qu'un ouvrage grossicr , incapable de soutenir la concurrence des beaux ouvrages de ce genre que I'ltaiie nous envoie. Nous recommnnderons specialement a nos Iccteurs deux nie- iTioires de M. de Ciiantraxs, I'un sur qtudques cantons de la Suisse, oil beaucoup de choses trop vanlees par la (oule des voyageurs sontramenees a leur juste valeur ; et I'autre intitule: MlllMOlRES ET RAPPORTS. 221 Quelqucs nflexioiis sur la necessitc d'un juste rapport entre la population , I' agriculture , les arts et le commerce d'un Etat cjuel- conque , pour former I' ensemble d'industrie le plus favorable. Dans cclui-ci, des vcrites utiles a tonics les classt^s sont expo- sees avec la gravite, la droilure, la simplicite d'expression qui convieniieut si bieti au dcsir de persuadei' par les seiilcs forces de larnjson. On ne man(piera point non plus de lirel'exceHeDt Memo] re de M. Bosc sur les ameliorations a apporter au c/iauf- fage domcstique : il est tres-instructif , meme pour ceux qui n'au- raient pas bcsoin de profiter de cette instruction; il met au couraat des recherclies faites jusqu'a present sur I'art du chauf- fac;e , des resullals obtcnus, des appareils en usage , etil dirige, autant qu'il est possible, les recherclies ulterieures. C'est une dissertation des plus completes sur un sujet d'uue utilile gene- rale , et I'auteur a trouve le secret d'etre fort court , en n'omet- tant rien de ce qui etait renferme dans le cadre tres-spacieux qu'il s'etait Irace. N. 71. — * Rapports ctcomptcs rendus de la Societe philanlropique de Paris , pour I'aniiee 1827 , lus dans I'assemblee generale da ^.Sj'uin 1828. Paris, 1828; Everat, rue du Cadrau. In-8° de 238 pat,'es; prix, 2 fr. Les deveioppemens que cette utile institution avail ]n'\s dc- puis queUjues annees n'offrent plus les memes progres. Le nombre des souscripteurs et le montautdes souscriptions n'ont presque pas varie de I'annce precedente a I'annee 1827. L'un des rapporteurs, M. Descamps, s'etonne avec raison d'un tel etat de choses, lorsqiie I'accroissement considerable qui a eu lieu, depuis qiielques annees, dans la population et dans les fortunes de Paris , I'esprit de bienfaisance et de charite gene- ralement repandu dans les classes elevecs et opulentes que renferme cette capitale , donnaient droit d'esperer de voir beau- coup augmenter les ressources de la Societe. II a cru en trouver la cause «dans ce voile de modestio dont les oeuvres de la So- ciete philantropique sont couvertes, dans cette espece d'obscu- vite dont elle entoure ses bienfails, obscurite conforme sans doute a la sublime morale qu'elle profcsse , mais qui nuit a raecomplissement des vucs qu'elle se propose. «Le soulagementde I'll umanitesouffrante,ajoutele rapporteur, tel est I'objet constant des travaux dela Societe philantropique; il faut I'alleindre par tons les movens possibles, et votre comite a senti la uecessite de s'elever au-dessus des considerations, pourtant respectables, qui la retenaient dans cette obscurite. 11 a concu, pour Ten faire sortir, des moyens de puhlicite donl le resultat doit etre efficace; mais, en attendant qu'il puisse les 222 LITRES FRANCAIS. — LIV. EN LANG. ETR. mettre en usage, et en obtenir le succes qii'il .t lieu d'cn esperer, reunissons-nous ;\ lui poiu" concourir a cet apostolat. Que cha- cun de nous, dans Ic cerele de scs relations, cherche de nou- veaux bienfaiteurs; qu'il appelle ses counaissances a partager le plaisir si doux de secourir riiiforluno; laisons-leur connaitre qu'une association de gens de bien, reunis sous un auguste pa- tronage, s'occupe avec perseverance de soulager Ics malheu- reux; augmentons ainsi, avcc le nonibre de nos eollaboratcurs, la masse des secours, dont une population d'infortunes re- clame I'assistance. » Nous nous cstimerions heurcux de pouvolr conlribuer a ce resultat. La Societe pbilanlropique est une institution eminem- ment utile; les bommcs gcne.rcux animes du desir d'anieliorer le sort physique et moral de ces malheureux qui sont caches par centaines et par niiliiers dans les quartiers les plus obscurs et les phis malsains d'une vaste cite, doivent se reunir a elle avec enipresscment. On no pout I'accuser d'encourager la men- dicite; ses secours sont distribues par les bureaux de cliarite , dont les membres peuvent les appliquer avec discernement , et la plus grande parlie de ces secoius n'est point im don gra- tuit. C'est une noiuriture saine qu'on accorde a un taux extre- mement bas, niais qui peut encore etre considere comme le prix du travail. Le service de la soupe aux legumes, I'un des objels essentiels de la Societe, a coule, pendant le dernier exercice, 3!^,4io francs 91 centimes, pour une distribution de 3oo,5i7 portions; ce qui donne, pour chacune , un prix moyen de II centimes^. 1 27,856 de ces soupes ont ete vendues au prix de 5 centiuies, c'est-a-dire a moins de la moitie de ce qu'elles coutaient a la Societe. Les dispensaires ont soigne 3,557 malades, dont les traiteniens presentent une depense tolale de 46,3o6 francs 80 centimes; d'ou ii suit que la depense moyenne occasionee pour chacun d'eux s'cst elevee a i3 fr. 01 centime. La depense totale de la Societe a excede la recette de I'annee de 6,906 fr. 54 cent. On trouvera des faits et des observations interessans pour la science dans le rapport que M. le docteur Lisfranc de Saint- Mautin a fait, au nom des medecins et des chirurgiens des dispensaires, sur la pratique medico -chirurgicale et sur le mouvement des malades dans les dispensaires pendant I'an- nee 1827. A. P. Livres en larigucs etrangcrcs , imprimes en France. r-ji, — Sulla riproduzione naturale degli esseri organizati dis- corzo , etc, — Discours sur la reproduction naturelle des etres LIVRES EN LANGUESETRANGERES, etc. aaS organists; par le marquis Louis del Gallo. Paris, 1828; Renouard. In 8°. L'auteur s'est propose de recherclier quelles sent Ics lois natureiles de la reproduction des etres organises , rhomme ex- ccple. II est evident que tout etre organise tire son oritjine d'un eire semblable. Or, pour ne pas supposer une serie infiine , il faut admettre un etre organise, priniitif et commnn , qui ait recu I'existence par des causes toutes differentes de cellesqui president a !a reproduction de son espece. L'auteur evite avec adresse cette discussion interminable, et par consequent inu- tile. Quant aux hypotheses par lesqueiles il essaie de siq^pleer a ce que nousignorons, il serait inutile d'en occui)er ceux qui ne peuvent gouter que ce qui ajoute rcellement a Icurs connaissanccs c'est-a-dire Ic vrni qui a fourni toutes ses preuves. Les lecteurs dont rimagination se plait aux roinans physiques lironlceluide M. le marquis del Gallo , le I'eliront encore : et quoiqu'ils eiis- sent pu faire un meilleur emploi de leur terns, iis ne le regret- teront point , et ne I'auront pas entierement perdu. F. S. 73. — Cours de Versions grecqiies, a I'usage des eleves de cinquieme et de quatriemc, exlrait de X Elemcnlar Bach de, Jacob et du recuei! de Gcclik ; contenant, 1° des exercices eie- mentaires sur les declinaisons, les conjngaisons et la syntaxe; 2° des traits historiques ; 3" des notions mythologiques ; 4° des dialogues; 5° des leltres; G° des notions sur I'histoire naturelle ; 7° des extraits de differcns auteurs sur les moeiirs et les usages des anciens peuplcs ; 8° la geographic historique des trois parties du monde connu des anciens; avec clcs notes et un vocabulaire, ou sont indiques les mots racines, les mots composes et les parties des verbes; par C. Villemeureux , professeur agrege au college royal de Henri IV. Paris, 1828; librairie scientifique et indnstrielle de Malher et compagnie. In- 12 de 23o pages; prix, 3 fr. 5o c. La variele des sujets qu'offrcnt les versions contcnues dans cet ouvrage, est pour Ics eleves un attrait qu'ils ne sont pas habitues a rencontrer dans les livrcs mis entre leurs mains ; l'auteur a d'ailleurs presente Ics ditficultes dans un ordre pro- gressif qui facilite et encourage I'etude de la langue grecque. Le vocabulaire qui suit ces divers extraits, choisis d'ailleurs avec gout, n'offre pas une moins graude utilite; il evite de longnes et miuutieuses recherches ; mais toutefois , loin d'etre favorable a la parosse , il exerce I'intelligence et exige loute I'application de ceux auxquels il est destine. B. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAITxES. AMlilUQUE SEPTENTRIONALE. Mexique. — Situation politique ct conimercinle dc ce pays. .Les details qui buivent sout extraits d'liu docuiiiont olliciei presenle au congies de celte rtpublique, a rouvertuie de sa derniere session. — Le voyage que M. Camaciio, ministre dcs affaires ctraiii^eies, a fait eii Europe, a exerce la plussalutaire influence sur ies rapports politiques et comnierciaux de la le- j>ubHque avec Ies nations ctiangeres. Lcs difficultes qui avaient relardo pendant deux ans la conclusion du traite d'amitie, de commerce el dc navigation avec la Grande-Bretagne, ont etc aplanies; ct ce |)acte, foude sur la recipiocite, s'exeoute de part ct d'aulrc avec une scrupuleuse bonne foi. De semblables trailes ont etc conelus avec Ies Pays-Bas, le Hanovie, le Ba- nemark ct Ies villes anscatiqiics; lcs negociationsavec la Suede prennent la tournure la plus favorable. Une convention de com- merce a cie conclue avec la Prusse; elle est basee sur le merac principc dc reciprocite, ct assure au commerce mexicain dans ce pays le Iraiiemcnt de la nation la plus favorisee. La France s'est enfui decidee a etablir au Mexique dcs consuls nomtncs par le roi, et a donner X cxccjuatur royal aux titres de creance de I'agent general du conunerce mexicaiu. Une convention dc com- merce a ele signee a Paris; mais elle n'a qu'un caractere provi- soire. Le ministere francais a manifeste I'interet qu'il preud a la rcpublique, en menageant a son envoye une enlrevue avec le uonce du pape, qui a exprime, aunom de sa saintcle, riutention de renouer Ies rapports spirituels avec Ies Mexicains. Un le- moignage plus important des dispositions amicales de la France Viisulte de retablissemenl des paquebols mcnsuels, qui facili- terontbeaucoup Ies communications cnlre Ies deux pays. — « Lc gouvernement, a dit M. Espinosa , se felicite d'avoir a ))re- senter aux chambres ces resultats heureux du zele et de I'ac- tivite des agens auxquels il a coufie le soin d'entretenir nos re- lations avec I'Europc ; et c'est un devoir pour lui de faire , a ce litre, une mention specialc de M. Tli. Murphy perc, auquel, AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ?,a5 bien qu'a regret, et pour obcir a la loi dii lo mai 189.7 (1), on a ete oblige de relirer I'agence getierale dn commerce qu'il exercait en France avec Vcxequalur royal , et ou il avail rendu de nombreux et importans services. Tout ce (|u'on doit a ses la- lens et k son devoiiment a la republique, tons les services qii'on pent en attendro encore, reclament en sa favenrnne dispense particuliere des conditions de la loi. « — LesElats mexicains con- tinuentaenlretenirdes rapports de fraternitc et de bonne intelli- gence avec ]os autres nations du Nouvean-Monde. Le gouverne- mentseprononceavecbeaucoup de force pour I'etablissementde la grande confederation americaine; et, loin qiielcs evenemens qui ont trouble la paix des Etats nouvcaux lui paraissent des motifs suflisans pour retrograder dans cette voie, et revenir sur les actes de I'assemblee de Panama, il y voit, an contraire, des raisons decisives qui prouvent leur necessile. I^a coincidence de ces fails deplorables, I'identite de leur origine, de leur niarche et de leur tendance , malgre leloignemeiit des lieux et ia diver- site des circonstances, tout les rattaclic a un plan concerte contre I'independance americaine; et le grand congres du Nou- veau-Monde est la seule autorite caftable de conibattre cette unite d'action par un concert oppose d'efforts et de nioyens, d'apaiser par sa pulssante influence les dissensions qui affai- blissent les Etats nouveaux , et de combiner leurs forces contre Icnnemi comniun. Le gouvernenient mexicain n'a rien epargnc pour obtenir la reunion de cette assemblce a Tacubaya, et il a snrtout fait valoir, a I'appui de ses instances, les evenemens facheux survenus dans I'Amerique centrale. Plusieurs confe- rences confidentielles ont eu lieu, et Ton s'oecupera, avant tout, des traites de confederation. Les prineipales branches de la richesse pnblique ont conti- nue a prosperer. On voir, par les tableaux olficiels, que le niouvement des etrangers, en 1827, a surpasse d'un huideme celui de 1826. Des passeports ont ete delivres pour sejourner an Mexicpie a 866 etrangers, dont la moitie sont des Anglais, commercans ou employes dans les mines. On compteaussi dans ce nombre 187 Ainericains du nord. II est arrive, dans la meme annee , ifia J'rancais; il en est parti sculement /|5. Les etran- gers etablis dans la republique se repartissent comme il suit, d'apres les motifs qui les out attires : commer9ans, 352; minenrs, (t) Cette loi exclut des emplois publics tons les Espagnols euio- peens. L'agence gpiierale est raaintcnant tonfiee a M. Muri-hy fits, qui est Mexicain de uaissance. T. XL. — Octnhre iSctS. i5 226 AIMERIQUE SEPTENTRIONALE— AFRIQUE. 274; artisans, 91 ; agricultciiis, 10; |>roftssioiis diverses, 80. II n'a etc delivre que j 49 passeporls a la sortie. Lo nonibre des etrangers doniicilii'-s s'est doiip accrii de 717 pendant raiinue. Les capitalistes ont cte invites a former des entreprises pour I'ouverture ct I'anielioration des voies de comniunicalion.il a etc importe de France des tronpeaux de merinos et de chevies de Cachemire. L'epideaiie qui a regne parmi les troupeaux in- digenes afailli compromettrele succes (!e cctte tentative ; mais, des 55 individus qui subsistent , la pkqjart sont nes dans le pays meme; ce qui donnc I'espoir fonde de les conscrver et d'en acdimater la race. Le gouvernemcnta forme une commission pour preparer un nland'instruction publiquc. On lui a recommande dese regler sur les circonstances acluelles du pays, et de laisser de cote les magnillques utopies dont I'execution scrait impraticable. En attendant, les institutions existantes continuent a prosperer et a produire les meilleurs resultats. A leur tete se placent les col- leges des Mines, de Latran et de Sainl-Gregoire. On enseigne, dans quelques-uns de ces elablissemens, la jurisprudence , la philosophic , les mathematiques, le latin, le francais et le des- sin. II s'est etabli dans le college de Latran une academic pii- blique de legislation et d'economie publique. Le conservatoire des antiquites mexicaines et d'autres objets precieux destines a la formation du musee national s'enrichit journellement, grace a la genereuse Hberalite descitoyens. II possede maintenant plus de 600 peintures ou dessins relatifs a I'histoire des races indi- genes , un nombre egal de monumcns de pierre ou d'argile, plus de 600 manuscrits importans et curieux, et 42 tableaux des meilleurs peintres nationaux. Des dissensions graves ont agite plusieursfitats de la federa- tion. Le gouvernement reproduit annuellement ses plaintes sur les abus de la liberte d'ecrire, tout en rendant hommage aux services (in'ellea rendus. Mais, en derniere analyse, le peu de succes des tentatives obstinees de I'Espagne, la facilite avecla- quelle ont ete etouffees les conspirations d' Arenas et du gene- ral Bravo, sont des pieuves irrecusables des progres de I'espt it republicain et de la popularite du systeme federal. ^. AFRIQUE. Voyage de M. Caille dans VAfrlqae ccntmle. — La Soc.iete de geographic de Paris vient dc publier, dans un supplement a son Bulletin, n° 66 , I'extrait suivant de deux lettres de M. A. Caill£, datees de Toulon du 10 octobre. — « Elant au Se- AFRIQUE. 227 tK'gal, on 1814, je projetai d'cxplorcr rAfiicjiie centrale, dc visiter Ics villes de Jcnne ct de Tomboucton, objct des rc- clierches des Europeens , et qui ont coule la vie a tant d'il- luslres voyageurs ; cnfiii de siirpasser, s'il etait possible, les Anglais qui nous avaient devanccs. Je me decidai en conse- quence a partir pour I'interieur, a I'aide de mes seules res- sources, persuade qu'a mon retour le gonvernemcnt saurait apprccier mes services. — Le 19 avril 1827, je qiiiltai Ca- caudi sur le Rio-Nunez; je suivis une caravane de marcliands mandingues allant sur le Niger. Grace au costume arabe et a la religion du pays que j'embrassai , les nombreuses difficultes attachees a ce penible voyage ont ete aplanies. J'ai franclii sans obstacles les hautes montagnes de la Senegambie et du Fonta- Dliialon, les pays de Rankau,de Vassoulo, elc.,et je suis arrive a Time, village Jiabite par des Mandingues mahometans, et situe dans la partie sud du Bambara ; j'y sejournai cinq mois relenu par une maladie tres grave. Le 9 Janvier 1828, je repris mon voyage : je visitai I'lie ct la ville de .lenne, et je m'enibarquai sur le Niger sur un batiment d'environ soixaiite tonneaux, des- tine pour Tomboucton; j'arrivai, apres un mois de navigariori penible, dans cctte ville qui est situee a cinq milles au noid de Kabra, dans une plaine de sable mouvant, oii il ne croit que de frelcs arbiisseaux. J'y sc'jonrnai quatorzc jours; j'etudiai les moeurs et les usages des habitans, le commerce et les res- snurces du pays , et je pris toutes les informations que je pus me procurer. Eusuitc, je nie dirigeai au nord pour traverser le grand desert, et j'arrivai a Ei-Aravran, ville eloignee de six journees de marche de Tomboucton : c'est Tontrepot du sel qui est tratisporte a Sansanding et a Yamina ; elle est situee sur un sol aride et sans aucun arbrisseau. Le vent brulanl de I'est y regne continuellement. Je continual ma route, ct j'arrivai au puits deTeiigue, a huit jours d'EI-AvaviMn. — De la, je m'en- foncai dans le desert, au nord-nord-ouest. Tout le sol est com- pose de sable mouvant et de roches de quartz gris jaspe de bianc. Apres deux mois de marche et les plus penibles priva- tions dans cet horrible desert, je passai erilin a Tafdet, a FVz, a Meqiiinez, Rabat et Tanger, ouje fus acciu'illi par M. Dela- no rle , vice consul de France, qui me procura tons les soius qu'exigeaieut ma position. Pen apres, je m'enibarquai sur une goelette qui me conduisit a Toulon , ouje suis en corwalcsccnce. » La commission centrale de la Societe de geographic a decide, a I'unanimite , dans sa seance du 17 octobre, qu'une premiere indemnite pecuniaiie serait envoyee sur-le-ehamp a 3L A. i5. aaS AFRIQUE.— EUROPE. Caillc, qui fera sans doute connaitre plus tard au public les details circonstancies de sou voyage. En rapportaut ce fait , nous nous appuyons de I'autorite d'une Societe savante, dont les nicmbres sorit ap))(;U''s, par la nature de leurs connaissaiicfs ct de lours reolierclics , a juger niieux que nous dn caracUMC de verite quo pcut odiir Ic rccit de M. Cail'i'. Pent-oire nonninoins ne f;iiit-il pas Irop s'cnipres- ser de croire au siicces d'une eutrtprise aiissi periliense (pi'un voyage a travcrs les regions iiisi'.hdjres et les lurouciics popu- lations du centre de I'Alt itjue. T.int d'honunes aguerris eonti"e tons les dangers, soulenns par les recomuiaiidations et les en- couragemens des souverains ou des plus riclies associations, ont echoue dans leurs tenlaiives pour explorer ces eoncrces fatales tjux Europeens, qu'il est i)ermis de douler un iustant qu'un individu isole, abandonne a ses propres ressoiu'ces, ait pu reussir l;i ou tons ses |ueil("eesseurs avaient Irouve la mort. Cependant, il est possible que M. Gallic ait du a son isolement meinedene point atiirer I'iitiention et la meliance des AiVicains; et si, grace a une saule robuste , et surtout au coslume et a la langue des Arabes, il est parvenu a surmontereu elfit les ob- stacles de tout genre qui ont du entraver sa niarcbe, la France et I'Angleterre ne manqueront pas de hii adjuger, avcc les re- compenses que meriteut son zele et ses travaux , cette belle part de gioire dont la recherche a fait avant lui de si uom- breuses victimes. EUROPE. RUSSIE. Saint-Pf.tersbourg. — Academic imperiale des sciences. — Seance puhlique annuclle. — Cette couipagnie savante avail coutuine de lenir, chaque aiinee, luie seance pid)li(pie, le 25 du mois de juillet; mais, depuis le jubile qu'elle a ceUbre avec tant d'eclat en iSaG, elle a juge plus convenable de reporter celte asseuiblee generale a i'anniversaire de la fondaiiou, lixe au 29 deeeuibre 1826, vieux style, au lieu du 21, joui auquel elle avait eie reellement ouves le en lyaS. L'enq)erenr ayant ap- prouve cet arrangement, l' Academic a tenu, le ay decembre 1827, une seanct; solcnnelie a laquelle assislaient, avec le due cic Vurlemberg, les membres les plus distingues du elcrge et des adminislralions civile et militaire. Le discours d'ouverture prononce par M. Ouvarof, presi- dent de rAcaderaie, etant de nature a interesser tons les amis RU8S1E. 229 des sciences, et de la civilisation en general, nous en offii- rons une traduction h nos lecleiirs. « Messieurs, une annee nous separe du jour ou je vous offrais, dans ce nienie lieu, une esqnisse, bien faible sans dotite, des bienfails dont les soiiverains de la Rnssie n'ont cesse de coin- bler I'Academie iniperiale des sciences. Aussi cetle Acadeniie, devancant I'liistoiro en ce jotir, voiidra-l-elle ajouter aiix noms de Pierie, de Catherine et d'Alexandre, le nom sacre de INi- colas! — Dans sa haute sollieitude pour ce sanctuaire de la science, el aiiiniee du desir de hii ouvrir de nouvellcs voies pour atriver a des proxies toujouis croissans, S. M. I. a daigne confirmer les articles suppleinentaires de sou reglcnient, et lui accorder un noiiveau badget avec la liberalite qui caracterise un mouarijue ami des luniieres. En verlu de ces articles, I'Aca- demie aiua dorenavant vingt-lrois nienibres ordinaires, dont les attributions sont hxees coinme il suit : i" Clnsse des sciences mat/iemaciqiies. Deux academiciens s'occuperont des mathc'ma- tiipies i)uiei3 , deux des inallieinaticjues ap[)liquees, deux de I'astronomie, un de la geographie et de Tart nautique. i"^ Classe des sciences nature.Ues. Elle comprendra deux ;icadeniiciens pour la physique, un pour la ehiuiie generale, un pour la technologie, un pour la chimie apjjliquee a I'econoiTiie rurale, deux pour la zooiogie, un pour la botauiqne, uii pour la mi- neralogie et la geognosie, un pour laiiatoiuie coniparee et la physiologic. 3" Classe des sciences lustoriqnes et poliliques. Un academicien sei'a charge de I'economie politique et de la sta- tistique, un autre de I'liisloire de la Pvussie et de ses anfiquites, un troisieme et un quatrieuie de rarcbeologie greeque et de I'archeologie latine; enfui , deux academiciens feioiU de I'his- toire et de la litterature des peuples de i'Asie ie sujet special de leurs travaux. «Une si grande liberalite permet a I'Academie de petfection- ner sou organisation : les moyens ne lui manquent plu-; pour exciter le goiit de la science dans ceux sur lesquels elle doit agir, et elle se trouve en etat de recevoir dans son sein tons les houunes qui, parmi nous, parcoiu-cnt avec distinction la carriere des lettres, et menie d'en apjjeler d'aiitres des con- irees les plus eioignees. Si le siede d'Eiisabotli et de Callrerine a pu montrer avec un juste orgueil les Etilcr, les Mailer , les Scldotzcr , les Pallas, appcles de loin, le regne glorieux de Nicolas sera illusfre, nous n'en doulons pas, par des hunimes nou moins digues d'ajoul<'r encore a son eclat. f liclevee d'aiileurs d'une parciinonie dont I'etat de ses re- venus lui faisait une loi, I'Academie aura plus de moyens 23o EUROPE. pour enrichii" ses coUectii)ns par des acsjuisitions ioipoi tantes, ct ses niusces et sa bibliotheqiie rccevront line nouvellc impulsion. El!e s'iniposeia le devoir de faire continucr ces voyages d'investiijation aiixquols, j'ose Icdire, nous devons tout ceque nous savons sur la geographic, siir la statislique et sur rhistoiif natiirelle de notre patric. Rlais, dans cct empire, qiielles vastes contrees, coinbiiii d'obji'ts reinar(|uablts altcn- dent tonjoiirs riiouime cajiable de les decrite ! Quel eltaroji est ouvert an naturaliste, a I'antiqiiaire, au geulogue! 11 reste nn monument de gloire et d'lililite a fonder, ct c'est sous les aus- pices de Nicolas que I'Acadetnie voudra lemplircclteobliL^ation. « Objet de la haute munificence du monarque qui viont de lui donuer une nouvelle vie, cncouragee par la sollicilude avec laquelle il daigne s'occuper d'elle, ct recompensee dans la personne de sou jiresiilent, I'Academie, penetree du senti- ment de ses obligations, s'empressera de lepondre a I'attente de son genereux prolecteur, a celle de la patrie et de toiite I'Europe attentive a ses progres. « Chaque nouvelle solennile de I'Academie des sciences, chaque evencment heureux pour elle, reporte involontaire- ment sa pensee sur son auguste fondateur. En quel autre lieu le coeur battrait-il si fort au souvenir de Pierre-le-Grand ? Rien n'a pu effacer ses traces dans cette enceinte; I'Academie, sa clerniere, sa plus chere creation, lui apjiarticnt plus qu'au- cune autre, et e'est ici que I'etendue de son immense genie conunande surtout notre admiration. Ah! si, par un miracle de la Providence, le grand fondatetu- de I'empire russe, fran- chissant un moment le seuil etroit de la tombe, venait saluer aujourd'hui ce sanctuaire de la science, et qu'il nous vit ras- sembles au nom do son arriere-neveu, quelle solennite pour- rait etre comparee a la notre? Ne ret;oniiailrait-il pas dans ce neveu celui par lequel ses grands projets, pour des oeuvres de guerre et de paix, dcvaient etre accomplis ? 11 croirait voir un second lui-mcme, mais dans toute la vigticur de I'age, mais tel que nous avons vu notre empereiu' au premier jour de sou regnc, conjurant I'orage , et digne en tout de son grand aieiil. Que serait-cc, si, apres avoir vu tant de grands travaux, dignes d'un Pericles et du siecle d'Auguste , Pierre enteudait soudain les chants du triomphe, ct qu'il sut que les banuieres de la Russie ilottent sur les murs d'Erivan et deTebris, c|ue I'aigle moscovite plane avec majeste sur les flots de la Medi- terranee? Avec quel ravissement il apprcndrait que la Provi- dence , qui se plait a nous favoiiser, lui a donne un successeue- destine a metlre la derniere main a son ceuvrc immortelle, et RUSSIE. 23 1 ii nous iin nionarque, entre les mains, on, pour niieux. dire, dans le coeiir d'lqiiel les dcstinets de la guneralion actuelle et les f^randes espurances de I'avenir reposent en surete. « Adiessons-noiis, messieurs, a raiilenr de tout bien , pour le prier de repandre ses benedictions divines sur les jours de INicolas, d'etre avec lui dans la paix et dans la guerre; de cnuvrir de son puissant bouciier le front de I'oint du Seigneur auquel il a loniis le pouvoir, de celui que nons connaissons aja fois excellent eitoyen , tendre pere et le plus respectneux des fils. Descendant de Pierre, petit-fils de Catherine, (ils de Marie et frere d'A.lexandr<-, il Irouve dans les annales de son auguste maison les plus nobles modeles. La force creatrice du genie, la jjolitique la plus eclairee, la cleuifnce hereditaire dans sa famille, une vertu sincere, enfin, ies vestiges sacres du nio- narque beni de Dicu (Alexandre)... voila ce (pii I'entonre, voila ce qui nous assiue la benediction du Ciel promise pur tant de garanlies de bonlieur et de gloire. Dieu est pour nous! « Apres ce discours, ecoute avec un grand interet, M. Fuss, secretaire perpeluel, a fait lecture d'un apercu general des travaux de TAcademie pendant les annees 1828 a 1826, les dernieres du premier siecle de son existence. Pres de cent dissertations et sept ouvrages devaient trouver place dans ce rapport qui n'etait pas tres-long : il a done du s'intcrdire tons les details; les ouvrages sculs Tout arrete quelques momens. Commengant par les plus ages des academieiens de cette pe- riode, il a rappele leurs titres a I'estime des savans, et a fiiit connaiiresuccessivementles travaux de tons les autres membres de I'Academie. Cette revue, redigee en langue francaise, et devant faire partie de I'histoire de rAcademie, sera imprimee dans ses Memoires. M. Parrot, physicien avantageusement connu, a In ensuite iin rapport detaille sur les resultats obtenus par des observa- tions sur I'aurore boreale et les glaces polaircs, faites par M. le baron de V/rangel pendant sa derniere expedition. Ce hardi navigateur a cherche a expliquer la formation de ces glaces etacoustater la duree de leur existence; il a voulu aussi rechercher pourqnoi une vaste surface d'eau entouree de g'aces en est elle-meme souvent degagee. Quant a ses reflexions sur I'aurore boreale, elles sont tres-curieuses, et M. Parrot y a joint ntiehypothesenouvelle par laquelle ilessaiede trouver une solution plus satisfaisante a une question agitee en sens divers. L'Academie, desirant repondre aux intentions de S. IVI. I'em- pereur, avail pris la resolution de faire entrejircndre de nou- veaux voyages scientifiques propres a etendre la connaissance 23a EUROPE. des parties Ics moInsexploiL'es jiisqu'ici dii vaste empire russe; elle avait charge M. Tuinius, botanisle, I'lin dc ses nienibres, de tracer le plan provisoire d'liii voya[,'e destine siirtoiit a en- ricliir I'liistoiie naturelle do nouvelles observations. Apres que rt'baiiclie de ce plan eut cle hie en russe par M. le secretaire, ce dernier rendit compte des dons fails a I'Acadeniie par la faniille imperiale et par liv. suisseS ( la livre suissc cquivaut a i fr. 5o c. de France). Hospice cantonal. Nombicdcs malades pendant I'annce 1827, 488; \l\\ de plus qu'eu 1825. 299 sont soi tisgiieris ; 55 dans im elat ameliore ; 28 soiit reconnus incuiables ; 36 sont morts. Hospice lies aliencs. lis out ete cetle annee an nombrc de 85 ; 18 sont sortis j^ueris ; i dans un etat ameliore; 2 sont sorlis coinme incurables et non dangereux ; 6 sont niorts. — Pauvres. II leur a ete distribue, pendant I'annee, 12,950 fr. A. P. ITALIE. Reclamation. — (Florence, 1 "' sept. 1 828.) — Monsieur, je lis dans la Bibliotcca italiaiia (C. L. p. 43o) des observations rela- tives a un article fourni par moi a la liei'in: EncydojH-diqitP , sur un ouvrat^e de M. le D' Licthtenthal. M. F. A. ( telle est la signature de I'artiele ) me leproclie d'etre tombe dans des errenrs que je ne crois jioint avoir comniises : les reproches qu'il m'adresse sont de telle nature que je ne ])uis les laisser sans reponse. J'espere (jue la presente reclaniaiion sera in- seree dans la Bibliotcca italiana ; mais il ne m'importe pas moins qu'elle paraisse dans ia Jirviw. L'acte d'accusatioti de M. ¥. A. est divise en quatre chefs. Premierement, il pretend que je me suis servi d'expressions acerbes en parlant d(! M. Licthtenthal. Ce i-epronhe m'etonne infininient, et il aura surpris M. Liehtenlhal lui-meme, s'il a lu mon article. Les termes ccla passe raillerie n'ont rien iCurcrhe : lis iudiqiient simplement que nous sommes choques par une opinion qui nous semble extcaordiuaire : telle est du moins le sens de ces mots pour quioonque connait bien le t;enie di^ notre lanij;ue. En second lieu,j'avais tro.uve que M. Licthtenthal meltait sur le meme rang des compositeurs qui etaient loin d'etre egaux en merite, et j'en connais quelques-uns : M. F. A. dit, sans peri- phrase, qu'il n'y a pas un mot de cela dans I'ouvrage en ques- tion; et voila, poursuit-il, cc qui passe raillerie. Ainsi je serais convaincu,sinnn d'une assertion fausse, du moins d'une exces- sive legerete : je prie M. F. A. et tons les lecteurs qui voudront bien s'en donncr la peine de veriiiir ma citation. Voiei les compositeiws que 1\L Lichtenthal doniie coiume formant la sixieme ecole de I'opera francais : ^'ogrl , Lrnioine , Mehiil , Berton , Catel , Clieruhini , Gosscc , Jadin , Kreuzer (il fallait ^crire Kreiitzer) Lebrun , Lesueur , Persuis , Porta et Spon- I ITALIE. n/ii tini ('.). On voit que j'aurais belle occasion de rocriminer; cai', lorsqu'on accuse qiielqn'ini d'inexactitiidc, il est bon d'etre soi-meme exact; niais j'aime mieiix passer tout dc suite au troisieme chef d'acciisation. II consiste dans le tort que j'aurais eii de relever des nonis propres mal ecrits et corriges dans Vcriatn ; je me siiisinianiicl Cic.ocj^a, qui se propose d'cn publicr un clioix. Les ouvrages imprimcs sont , i° les Lcltres d'Alciphron, traduitcs du grcc en italien. Ccs Icttrcs qu'on croit supposces ct qui avaient etc traduitcs en latin dans la belle edition d'^V. ^tvg/r'r (Leipzig , 1709-1715, etc.), et en IVancais, par I'abbe llic/uir(l(P-dY\s, 1785), manquaient a I'lta- lic, qui a gcneralemcnt accueilli la version de Negri; 2° la J-^ir el'Azuztolozcno, nn des plus cclebrcs litterateurs et critiques qui flcurirent an commencement du i8«siecle; 3" les Vers des frercs Amaltei, qui etaicnt du nombre des mcillcurs latinistcs du xvi" siecle; l^° \g Fragment celcbre de reiegie d'Hcrmesianax, tra- duit etcommentc. Ce fragment nous fait regretlcr la pertc des autres productions de ce poete grcc, contemporain de Philippe ct d'Alexandrc-le-Grand; 5" les Viex de cinquante hommes illustres des provinces de Venise; 6" divers Memoires sur qucl- ques inscriptions anciennes, et d'autres ouvrages, lant en prose qu'en vers. La plupart des ouvrages inedits ne sont que des traductions et des commentaires. F. S. PAYS-BAS. Liege. — Socicte llhrc d'cnudatlon pour I'cncoiLragement des lettres, des sciences et des arts. — Seance piibtiqiie , tenne le 17. juin 1828. — Le secretaire general, M. J. J. Picaud, a ouvert cette seance par un rapport sur les travaux de la Societe. Il a fait connaitre que Ve/ogc de Gretry, auquel il avait eie accorde , en 1825, uiie medaille d'or de 200 fr., est de M. Moreau de .ToNKES, mcmbre correspondant ; que I'eloge ayant poiir epi- graphe : Nature et veritc , et qui a obtenu a la memc cpoque nne mention honorable , est de niadame Caroline de Monti- cny; que le comite de litteraturc et des beaux-arts, n'ayant re^u dc[)uis la derniere seance publique aucun autre eiogc dignc dc Gre(ry, a retire ce sujet du concours; qu'il eu a cga- I PAYS-BAS.— FRANCE. 243 lement retire le sujet de poesie ( V etablissement d'une universitt; ■ a Liege), siir leqiiel il n'a recuque deux odes assez mediocrcs; que le comite des sciences physiques et mathematiques, n'ayant point recu de reponse satisfaisante a la question lelative aux csncers, I'a retiree du concours , et que le prix propose pour la question des revulsifs a ete decerne a M. Gentrac , profes- seur a Tecole secondaire de medecine de Bordeaux. La me- daille en or de 3oo fr. , offerte par le comite des arts et nia- nufacturi!S pour la fabrication d'une foie d'une dimension propre a remplacer celle que Ton fait venir de TAni^'leterre pour la confection des chaudieres des machines a vapour, a ete accordee a MM. Orban et fils , de Liei;;e. M. Picard a annonce que la Soeiete a soUicite aupres du gouvernement I'etablissement a Liege d'une exposition pu- blique des produits de I'industrie, et que sa deniande parait devoir ctre acciieillie favorablement. — Plusietirs morceaux de poesie ont ete ius par MM. Comuaire, Modave et Gravez. Les fables de ce dernier sont ecrites avec une grace naive qui rappclle quelquefois le grand modele. M. Modave a rendu avec elegance et iidelite le debut du xve chant de la seconde guerre punique de Siliux Italicus. M. Teste , avocat , a lu un Essai sur Ics etudes et les cxer- cices oratoires dans leur rapport avec I'cnscigneinent supcrieur. Ce discours renferme des passages ecrits avec beaucouo de chaleur, et dans lesquels de nobles et beaux sentimens sont vivement exprinies. M. de Gerlache a prcsente des Fragmens de I'ltistoirc de Liege ; ils comprennent les guerres d'Awans et de AVaroux dans le xii" siecle. Ces fragmens , ainsi que les autres discours prononces dans celte seance , ont ete imprimes (i) dans le meme volume. On trouve uu Rapport sur I'ecole industrielle de Liege , fait a la Soeiete par M. CIi. Rogier, dans la seance du S' mars 1828. L'ecole industrielle comptemaiutenaut environ centeleves. A. P. FRANCE. DEPARTEMENS. Societes savantes et Etahlissemens d'utilite puhlique. AucH [Gers). — Enscignemc?it industriel. — M. Aza de "\^i- (i) Proces-verbalde la seance puhlique , tenue , Ic x-x juin 181S, par /a Sociitc Hire d'cnmlation de Liege pour I' encouragement des Icilres, des sciences el des arts. h\i'ge, 1828; Fr. Lemarie. In-8° de 127 pages'. 16. 244 FRANCE. DAiLLAN , ancicn eleve de I'Kcole poly technique, fils de I'lin des inembres les plus cousiden's du conscil i^eneral du depaireinexit du Gers, a ctabli et profcbse un Cours public ct gratutt clc gco- inetric appliqiu'c aux arts niccaniques. Cette instilulion niauquait cnliereuient au departement du Gers, ct a la plupart des depar- teniens voisins. En rabsouce du piefet et du inaire, nieiulirede la Chambre des deputes, les autorites niunicipalesont ouvert le Cours avecsolenuite; et le jeune piofesseur a reeu la plus douce recompense de son zcle. Cent ciuquante ouvriers se pressent a ses lecons. Nous ne pouvous trop reeoinmauder ce noble exemple a reslime et h remulation des bons citoyens. C'cst en sc cousacrant aiusi a faire entrer la elasse pauvre en partage des luniieres que la fortune permet d'acquerir, et du bien-etre qui suit les lumieres, que lesjeunes honimes des families qui jouissent d'une honorable aisance, trouveront un utile emploi de leur terns, un i;enereux exercice de leurs facultes, et ac- querrout des litres a la reconnaissance publique. Marseille. — Societe de la Morale chreticnne aiixilicnrc de cello de Paris. — La seance anniu;l!ede cette interessante Societe, pour 1827, a eu lieu le 27 septembre, sous la presidence de M. Tou- LOUZAN , redacteur du journal intitule I' Ami da hien , qui est Torgane officiel de la Societe. Apres un discours bicn pense et bieii ecrit du president , M. Chassan , I'un des secretaires, lit un rapport sur les travaux de la Societe dans I'annee courante. II expose d'abord sou origine qui I'emonte a quatorze mois , ses rapides progres et lo but eleve auquel elle se propose de con- courir. L'attention de la Societe s'est portee sur plusieurs points de bien public. Elle a obtenu, sur deux principaleinent, des re- sullats avantageux; elle a etabli un ccrclc studicux destine aux jeunes gens qui sortent du college , et qui perdeut trop souvent le gout des lettres et de I'instruction , faute d'un lieu de reunion 011 cette hcureuse disposition puisse recevoir quelque aliment. Ce genre d'etablissement manque a la plus graude partie de nos villcs de province. La Societe aurait voulu pouvoir fonder a Marseille un gymnase normal pour les jeunes Grecs ;certaines circonstances I'ayant obligee d'ajourner cette genereuse Resolution , elle s'est occupee du moins de placer ailleurs les erifans des heros de la Grcce moderue, afin de leur faire donner una education digne de la patrie qu'ils sout appeles a servir un jour. Les efforts de la Societe n'ont pas etc infructueux. Elle a assure I'asyle et I'education a 36 enfans , dans divers instituts de la Suisse et de I'Alle- magne. A ce sujet , le rapporteur rend hommagc a I'esprit de charite de ce sieclc, objet de tant d'accusations violenles et D^PARTE MENS.— PARIS. 245 iujiistes. Cos orphelins ont eti- transportes et defrayes partoiit, sans auciine charge pour la caisse de la Societe : de simples anbergistes mcme ont refuse d'etre indemnises du sejour des jeunes voyageurs chez eux. 7.'i aiUrcs orphelins vont etre places de la memo maniere. Le nombre total sera alors de Sg : 8 seu- lement sur ce nombre auront etc places en France. La So- ciete avait offcrt un prix de i5o fr. , dont les fends avaient ete fails par un membre, au meilleur ouvrage contre le jeu. Au- cun des ouvrages envoyes n'ayant ete juge digne d'obtenir un prix , le snjet est de nouveau mis au concours pour 1828. On desire qae I'ouvrage ait unc coulenr locale ; toute forme est admise; le stvle doit etre simple et a la portee des classes ou- vrieres. II faut , 1° etablir qu'en dernier resultat le jeu doit miner successivement tous ceux qui s'y livrent, pour ne pro- fiter qu'aux maisons qui reroivent les joueurs ; t.'^ montrer que le jeu doit nccessairement pousser les joueurs , ou au des- espoir, et par suite au crime, ou a I'oisivete , c'est-a-dire a la demoralisation. Le prix est une medaille d'or de 3oo fr. , ou une somme d'egale valeur , au choix de I'auteur couronne. Les Memoires devront etre adresses , francs de port, au bureau de la Societe, rue Saint-Ferreol, n° 57. P. A. D. . . PARIS. Institut. — Academic dc.s sciences. — Dit 22 septcmbre 1828. — On lit imc lettre de M. Raspail, ayant pour objet de prendre date d'une communicaiion relative a un point qu'il avait laisse dans le doute dans son travail sur les cristaux de silire et d'oxalate de chanx, et qti'il vient de traiter apres un nouvel exnmen. — M. BEmuANDdemande le dejiot d'un paquel cachcte contenant divers precedes nouveaux pour la fabri(;a- tion des papiers de reglisse, de murier et de tamarin. — M. MoREAU nE .Tonnes donne lecture de son niemoire intitule : Reclirrclics de geographic hotaniqite sur le niais , la synonymic de cctte ccrealc , son pays originairc , I'etendue de sa culture , et son antiquite chez les pcuples ahorigenes dit Nouveau- Monde. — M. Cui'icr fait un rapport verbal sur un ouvrage de M. Audubon relatif aux oiseaux de I'Amerique septentrionale. — M. Girou DE BuzARiNGUES, correspoudant , lit un niemoire sur les attri- butions des principaux organes cerebraux. — Du ig septernbrc. — MM. Audoin et Milne Edwards presentcnt un recueil de 70 dessins colories, ou sont consignees des observations sur divers animaux marins qu'ils se proposent de lire a I'Academie. — M. Trehan annonce avoir employe 246 FRANCE. avec sncces, dcpuis 1824, la compression de I'aorle contre Ics lu'iiiorihai^ios iiterincs , et cicmande a prendre date pour la prioritc de celte mi'thode. — M. Frejcinct donne lecture d'tinc iiouvelle letlre de MM. Quoy et Gaymard, datee de Hobart- Towii (lie de Van Diemen ), IcaS decembre 1827, et coiitenant des details siir I'expedition a laquelle ces medecins sent atta- ches.— MM. Poinsot et ISavicr font le rapport suivant snr le niemoirc de MM. Lame et Clapeyron, anciens eleves de I'Ecole polyfechnirpie, actiiellemenl an service de Ilussie, lequcl a pour objet Teqiiilibre des corps solides homogenes. « La llieorie cpii est I'objet dc ce niemoire est nouvelle. Celte theorie a attire depiiis qiielque tcnis I'attention de plusicurs geornetres qui ont presenle sur ce sujet des notions qui no s'accordent pas entre elles. Quant aux principes adoptes par les auteurs, I'opiuiun de I'un dc vos commissaires an nioins ne pent eirc douleuse u cct egard , puisque ces piincipes sont les niemes que ccux qu'il avail elablis depuis long-terns dans un ecrit dont il a ete question ci-dessus. Cependant, commc le terns et Tassentimcnt genjral sont necessaires pour fixer enlie- reinent les idees sur des objets de cette nature, il ne convicii- drait pas de proposer ici a I'Aeademie de prononcer sur ce point un jugemcnt positif; niais nonobstant cette reserve, nous n'liesiterons pas a reconnaitre un inerite distingue dans le travail de MM. Lame et Clapeyron, et a demander qiie ce travail soit approuve par I'Aeademie, et imprime dans le recueil - L'intention de la commission est d't'lever iin monument dont rexccution sera conQec a M. Foyaticr , statuaire, et a M. Fisconti, architecte. Les personnes qui desirent participer a cette souscription sont priees de faire remettre la somme qu'elles voudront y consacrer chez M. de Lamaze , notaire , rue de la Paix , n° 2 , ou chez MM. Trcuttcl et Wiutz, rue de Bourbon, n° 17. Theatres. — Theatre-Francais. — Premiere representation de IValstein, trajjedie en ciuq actes, par M. LiADiERES.(Mercredi 22 octobre.) — Tout le monde connait cette belie trilogie de Schiller, ou le poete a peint de verve I'un des episodes les plus remarquables de la guerre de trenteans, et lecaractere d'un des plus illustres generaux dont se glorifie i'Ailemagne. Le Camp de IValstein , les PiccoloDiini et la Mart de JFalstein , sont trois pieces dont Tensemble forme una espece de galerie de ta- bleaux ou I'epoque revit tout entiere, animee des plus vives couleurs. Rien de plus frappant, de plus poetiquement vrai que I'image de ce camp, oii le paysan et le soldat , le capucin et la cantiniere figurent I'un ;i cote de rautre;ou se reunit cette foule d'aventuriers , attires de tous les pays, sous les drapeaiix de Walstein, par la renommee de ce grand general, par la soif du pillage et I'attrait de cette licence des camps qui est, aiix yeux du soldat, une sorted'independance.Transporte au milieu de ce camp, le specfateur comprend mieux que par tous les recits la puissance de Walstein , ei en meme tems qu'il est temoin de I'enthousiasme et du devounient des troupes jiour ce guerrier fameux, il cntrevoit que, si la fortune venait a changer, ces soldats avides de biitin, ces officiers de fortune qui atlendent tout de leur general, ponrraient bien changer avec elle. Ce n'est pas I'homme qui est leur idole, c'est le ca- pitaine qui les mene a la victolre et qui leur prodigue les de- pouilles des peuples. Avant meme de nous montrer Walstein , qui ne parait pas dans la premiere partie de sa trilogie, Schil- ler a su nous faire comprendre cet homme qui , par sa seule influence, et,lor.>>que I'empire etail sans ressources, sut creer deux fois des armees de cent mille hommes , et rassurer le trone chancelant de I'empereur. Ainsi annonce, ce person- nage figure, dans les Piccoluniini , au milieu de ses generaux, et cette seconde piece , qui n'est elle-meme qu'une espece d'ex- positioK de la troisieme, nous montre d'un cote les desseins ambitieux et les incertitudes, I'audace et la superstition de cet homme extraordinaire; de I'autre, toutes les passions, 25/, FRANCE. toutcs les ambitions qni s'agiient aiitour de liii , ces Irames ouidics pour le pcrdre , au nom de renipereur, et par cet Oc- tave Piccolomini qu'il croyait son ami le plus fidelo. Tous les caracteres sont mis en jeu et se devcloppent dans cette se- conde partie avec un natui<'l, nne verite c]ui attachent, et qui ticnnent lien, jiisqn'a nn certain point, de Taction qui manque. Cette action , le poetc I'a reservee pour sa troisieme piece, oil son heros declare ouvertement ses projets, voit ses plus de- voues partisans I'abandonner, et lombe enfin sous les coups d'un assassin. Ces trois pieces, qui ont pour les Allemands tout I'attrait d'un sujet patriotique et d'unc peinture naive et fidele (me- rite fort apprecie chez eux) , nianquent de cet interet drama- tique qui s'altache a un heros quele poete nous fait aimer, ct a une action au siicces de laquelle nous prcnons une vive part. Schiller I'a compris, et il a imaj;ine deux personnages sur les- quels il appellc toutes les affections des spectateurs, et qu'il a peints avec un admirable talent et une veritable inspiration poetique. Tliecla, lille de Walstein, que sa mere ameue dans le camp au sortir du convent oii elle a ete eleveo, et Max Pic- colomini , fils d'Octavo , sont deux figures dont I'ideale beaute nous frappc encore tlavantage par le contraste des autres per- sonnages. Cette jeune fille, modele de candeur et d'amour, dont les sentimens sont si purs et si bien degages de tous les interets mondains; ce jeune heros, si iidele k la patrie, a I'a- moui', a I'amitie, et qui meurt glorieusement pour ne trahir ancun de ces nobles sentimens, nous paraissent deux creatures celestes au milieu de tous ces hommes agites, autour d'eux, d'ambition, de haine el de vengeance. Victimes de ces pas- sions furieuses dont la contagion les environne sans les toucher, ces jeunes amans eveillcnt dans I'ame du spectateur line sympathie douce ct mehancolique : lout le genie de Schiller est dans celte heureuse creation. II nous reste a parler d'un personnage important sur lequel nous devons donncr qiiel- ques details pour faire comprendre la critique que nous allons hasarder d'une des situations les plus applaudies de la piece nouvclle. Butler est un soldat de fortune parvenu a un grade eleve, et, apres Walstein, I'un des officiers de rarnu'e qui a le plus d'empire sur I'csprit du soldat. Toute son ambition est d'obteuir un litre do noblesse : ce prix de ses longues fatigues , de son sang repamlu, de ses brillans exploits, lui est refuse par I'empereur, et Butler a voue a ce prince une haine impla- cable. Ce mepris do ses services I'a d'ailleurs attache plus in- timement ii la fortune de Walstein; c'est ce qu'avait bien prevu I PARIS. 25t rastucleiix general, qui, en meme tems qu'il accable Butler de temoignages d'amilie, avail eu soin d'ecrire a I'empereur d'liumilier sa vanite. Irrite ile cette trahison , dont il est in- forme par Octave Piccolomini , le vieil ofiicier devient aussi passionne dans sa haine contre Walstein qu'il avail ete fana- tique dans son attachonient, et il cdncoit le dessein dc venger I'enipereur et hii-meme en assassinanl Walstein, qui doit etre livre mort ou vif al'euvoye de I'empire. En cmprunlaiit an poete alleniaud le nom de son heros, la marche geueraie du draine, quelques-uns des caracleres et des details , M. Liadiures a fait une piece qui ressembie fort pen a Touvragc de Schiller. Au lieu de cette figure parfaile- ment historique et si originale de Walstein, il nous moiitre un personnagc de son invention et qui ressembie .:i vingt heros de trageilies. Ce n'est plus cet honime a la fois superstitieux ct intrepide , ambirieux dans ses desirs et inccrtain dans ses re- solutions, cet honime dont un biographe a dit : « II cut peut- elre cgale les premiers heros de Thistoire, si ses quaiites n'a- vaientete ternies par unc ambition demesuree , une arrogance sans borucs, ct par cet amour de I'argent et da luxe qui le rendit le fleau de taut de millions d'hommes. « Walstein , dans la tragedie nouvelle, est un heros dont aucujie faiblesse n'ob- scurcit les brillantes quaiites : grand homme de guerre, sujet fidele, pere tendre, ami genei'eux, c'est un j)i'ince jete dans le moule use de nos princes de theatre; raais ce n'est point cette puissante, cette naive individualite que Schiller emprunte rl I'histoire pour I'exposer sur la scene. Le W^alstein allemand scmble sortir des mains de la nature, il en a toute la sponta- neite; le Walstein francais est un etre faconue par les combi- naisons de I'art, ou dirait qu'on I'a deja vu ailleurs. Sans doute il y a du talent dans cclte composition , il y a des effets qui de- vaient reussir, et d'antant plus sur* qu'ils etaient nioins neufs; mais il y a absence totale de verile historique. II est perniis a un poete de nieltre sur la scene un sujet de son invention , mais il ne faut pas qu'il le decore d'un nom historique qui ferait men- tir chacunc de sos situations et prcsque chncun de ses vers. Un general illustre, long- tems sujet fidele d'lm prince que ses ex- ploits ont niaintenu sui- le Ir6ne,et qui n'est pousse a la re- volte (pie par les injustices et les affronts de ce roi qui lui doit tout, peut etre assurement le heros d'une tragedie; mais, encore une fois, cc heros n'est pas Walstein. En changeant cette figure principale, I'auteiu' s'cst aussi prive d'une grande partie de I'effet qui resulte du contiaste poetique etabli par Schiller entre ses dcu.x amans et autrcs pcrsonnages de son 256 FRANCE. dranic. Cctle touchante creation dii poete allemaridest iin pen ieffacee dans la piece fiancaise; sans doufe M. Liadieies nc pouvait pas conservev a Thticla cctte exaltation mystique qui lui sled fort bien sur les theatres de Berlin on de Weimar, mais qui est d'une vorite un peu trop allemande pour etre bien comprise a Paris: toutefois il aurait du s'cf forcer de donuer un peu plus d'importance a ce role. Notre poete a puise, dans ce caractere de generosite qu'il a donne a son Walstein, I'idee d'une scene qui a beaucoiqi contribue au succes du cinciuiemc acte. Au moment ou Butler vient de tout disposer pour faire assassiner son general, celui-ci I'aborde , et, s'ouvrant a lui sur le ton de la plus franche amitie , il lui dit : « Mon vieux cama- rade, j'ai un reproclie a me faire, et je veux en decharger mon coeur avant d'aller au combat, ou peut-etre nous trouve- rons la mort ; c'est moi qui t'ai prive de ce titre (jui fait I'objet de tons tes voeux, mais je ne I'ai f;iit que dans ton interet. Ton nom,tant de fois illustre, se serait obscurci sous I'cclat d'un titre, et je t'ai fait refuser cette faveur pour mieux conserver ta gloire. « Butler, touclie de cet avcu, revelc a son tour a Walstein la vengeance qu'il a preparce, etil court en suspendre I'effet ; mais il est tue lui-meme avant d'avoir pu avertir les meurtriers, et Walstein tombe sous les coups qui lui etaient destines. On comprend Teffet dramatique de ce double aveu; mais M. Liadiores devait motiver d'une maniere plus specieuse I'excuse que Walstein donne a Butler, car celui-ci pourrait lui repondre : « Mais vous, vous avezbien accepteles litres de prince de Friedland et de due de Mecklenbourg, ils n'ont rien ote a la gloire du nom de Walstein ; le titre de comte n'aurait pas plus obscurci celui de Butler. » Mais Temotion du vieux soldat ne lui permet pas de voir que cette defaite de Walstein ressemble beaucoup a une gascounade, et le public a temoigne par de vifs applaudissemens qu'il s'y etait laissc prendre comme Butler. Le titre de la tragedie nouvell« nous avait fait concevoir des esperancesqui ontete trompees , et ce mecompte nous a rendns severes;si, pour la juger, nous oublionsun instant et rhistoire, et la tragedie allemande , nous reconnaitrons avec plaisir quelle offre une composition interessante, des caracteres no- bles, energiques et dessiues avec art, des situations drama- tiques, enfm un style elegant, seme de beaux vers et de traits vigoureux; le seul hemistiche : Rcine , seclicz vo.t pleurs , est line veritable pcripetie. La scene oi!i Walstein resigne sa puis- sance, en jetant son baton de commandement, est belle et a pro- I PARIS. £57 duit beaucoup d'effet, aussi-bien que celle du ciuquieineacto, eiiticWalstein et Butler, dontiioiis avonsdcja fait mention. En- fin, saufl'espece d'escamotage de la catastrophe, ce tte piece est line tragcdiebien I'aite dans I'ancienne maniere, uianiere excel- lente sans doute pour traiter certains sujets, inais que Ton sent de plus en plus le besoin de modifur, a mesurc qu'oii fait des tentatives nouvelles pour Tappliquer a Ibisloire moderne et aux sujets contemporains. L'autcur qui a obtenn un si beau succes en mettanl Mnric Stuart sur la. scene francaise etait restc plus pres de Schiller; et I'auteur de Leonidas , en repro • duisant le Guillaume Tell du meme poete, a religieusement respecte ses beaiUes naives et originales. Les amis de I'art dra- matique esperent que MM. les comediens ne les priveront pas plus long-teais d'un ouvrage si impatiemnient attendu. La tragcdie de M. Liadieres a cte assez bien jouce; Joanny surtout a eu des momens de siniplicile et de naturel qu'on ne saurait trop applaudir. On annonce a I'Odeon une autre tragedie de Walstein, de- but d'un jeune poete dans la carriere dramatique ; cclle-ci est, dit-on , une imitation plus fidele de la tragedie alleniande. On salt que le drame de Schiller avait deja ete imite en vers par M. Benjamin Constant; cette piece n'a pas ele representee, ce qui n'a pas empeche d'apprecier les beautes donl elle briUe. Elle est precedee de reflexions neuvcs et profondes, qui merltent d'etre medilees par tous ceux qui s'interessent au- jourd'hui a I'art dramatique tt a ses progres. — Odeon. — Ouverture (Dimanche 5 octobre). — Premiere representation des Suites dun coup d'epee, comedie en un acte et en vers , par MM. Ader et Brousse. (Samedi i8 octobre.) — Premiere representation du Concert a la canipagne , inter- mede, par MM. Halevy et Saint-Georges. (Jeudi 23 octobre.) — On avait ete oblige de lerrner I'Odeon faute de spectateurs, et on le rouvre , quelques mois apres, avec les menies pieces, les memes acteurs et un privilege greve des memes restric- tions. N'a-t-on done rouvei t ce theatre que ]iOur le refi^rmer bientol? On convient cependant (jii'nn second theatre est ne- cessaire a la prosperile de I'art dramatique, soit pour former des acteurs, soit pour ouvrir la carriere h de jeunes |)oetes auxquels elle serait long-tems fermee si on ne jouait la tragedie et la comedie que sur un seul theatre. L'experience acquise l.i premiere annee de I'existence de I'Odeon comme second theatre francais n'a- 1- elle pas sufGsamment denjontre les avantages d'une lutle cntre deux theatres? Cette necessite d'une double scene francaise n'est-elle pas plus evidenle ea- T. XL. — Octobre 1828. 17 a58 FRANCK. core a une epoque oCi les doctrines litteraires se combaltent, oil des innovations sont reclamiJes ? Sans meme se declarer pour I'liii des deux systemes, ne peut-on pas desiver de voir la lice ouverte a tons deux? n'est-il pas juste d'appeier le pu- blic a juger entre !'un et rautre,et le public peul-il prononcer ailleurs qu'au theatre? Cependant, lorsqu'il n'existe qu'un seul theatre, il peut, de sa propre aulorile, exclure un sys- teme, proscrire des innovations, et la grande question dra- matique se trouverait ainsi decidee par quelques comediens , an lieu de I'etre par le public. II ne s'agit pas ici de maintenir des doctrines anciennes ou de propager des doctrines nou- vellcs ; il suffit de leur ouvrir une libre carriere, et de les laisser elles-memes se produireavec des avantages egaux; or, le seul moyen est de jouer sur deux theatres la tragedie et la come- die. Mais on salt aussi que ce genre seul ne suffit pas |50ur peupler la vaste salle de I'Odeon; il faut done y joindre un genre qui a de I'attrait pour le public. L'opera comique seul peut assurer une existence diu-able a cc tlit'atr(!; lar.t qu'on ne lui en donnera pas le privilege, on fera poiu' le soulenir d'iuuliles efforts. Un nouvel Opera Comiqueserait une ecole de clianteurs: il ouvrirait une carriere a beaucoup de jeunes compositeurs, et particulierement a ceux (pii revienneut de Rome, et qui sont long-tems re|>ousses de I'Opera Comique ou du grand Opera, par des preventions ou par la preference qu'on accorde natu- rellement a ceux qui ont deja fait leurs pieuvcs. Enfin, loin de nuire a I'Opera Comique qui languit aujourd'hm sans rival, il ne ferait ipie lui inspirer une emulation salutuire, donl ce theatre , I'art et les artistes profiteraient egalement. Nous ne Savons si les conseils donncs a cc sujet finiront enfin par triompher des sottes et nuisibles pretentions du privilege ex- clusif, mais ce qui est bien certain, c'est que TOdeon n'a qu'a se preparer a une fermeture nouvelle si on ne lui accorde cette faveur. Nous inentionneronssoulement pour memoireles deux nou- veautes dontnous venons de transcrirc les litres. On remarque dans les Suites d'un coup d'epce la peinture assez comique, niais trop pen developpee, d'un personnage qui declame coutre le duel, qui a fait conlre ce prejuge im livre fort eloquent, etqui finit par proposer lui-memc un cartel. Un style agreable n'a pu conipenser aux yeux des spectalcurs tout ce qui manque d'ailleuis a cetle petite comedie, qui n'a obtenu qu'un succes conteste. Le Concert a la campagne avail cte compose, dit-on, pour servir de prologue le jour ou I'Odeon a ete rouvert, et le PARIS. aSg thre iVintermcde mnntrc en effet que les aiifeiirs n'ont pas eu la pretention d'offrir au public une piece en forme. Aussi Ton n'y a vu que ce qii'ils voulaicnt sans doute eux-mcmes qa'on y vit, iin cadre destine a faire connaitre les divers genres dc spectacle qu'oflrirait desormais la scene de I'Odeon. Malheu- reusement, en faisant reparaitre plnsieurs deschantcurs et des cantatrices qu'ot! y a nagiiere applaudis, on n'a pu nous faire esperer (jiic nous les entendrions encore dans qneknies operas nouvcaux; mais en revanche on nous a promis le vaudeville, anquel quatre on cinq tlieatres sont doja consacres! L'ctrange incapaciie qui piesidechez nous a la direction de I'art drama- tique est aussi nuisible a ce bel art que facLeuse pour les plaisirs du public. Les auleurs de cette bagatelle n'avaicnt voulu que tracer un canevas a la musique, et se sont contentes de le seiner de quelqucs jolis vers. L'adininistration de TOdeon doit songer que le public de ce theatre attend impaticmment un ouvrage nouveau de quelque importance. M. A. Necrologie. — HouDON [J.- Ant.), ne a Versailles, en i74f> > de parens honorables, mais sans fortune, se vona au dessin des sa plus tendre enfance. II y fit des progres rapides, etbien- tot, cnflaninio par la reputation que s'etait acquise Pigalle , il embrassa I'etude de la sculpture. A peine age de i8 ans, il rem- porta le grand prix et se rendit en Italic oii son talent s'eleva prompteincnt a un tres-haut degre de maturite, par I'etude des beaux modeles. II produisil a Rome des ouvrages qui augmen- terent sa jeunc renommee, notamment un saint Jean de Latran, qui decora I'eglise de ce nom, et un saint Bruno, au bas duquel Clement XIV ecrivit : Si son ordre ne lui dijcndait de parlcr , il parlcrait. De retonr en France, Hc/udon poursuivit le cours de ses travaux. II fit paraitre son Ecorclw , dont les reproductions en platre scrvent encore de modeie dans nos ecoles. Sa reputa- tion ayant traverse les mers , il fut choisi quelijues annees avant notre revolution par le gouvernement des £tats - Unis pour perpetuer les traits du plus illustre des liberateurs dc I'A- nierique soplentrionale, de Washington , et ce fut Franklin qui le condnisit lui - meme a Philadelphie. Nous ne pouvons enii- nierer ici les nonibreux ouvrages qui assurent a Houdon un rang si eleve parmi les artistes que la France a produits. On reconnait en general dans ses ouvrages la correction du des- sin, la purcte des formes, la sagesse et le uaturel des attitudes. Ses bastes de femme ont un caractere de naivete seduisante, o6n FRANCE. et rarement le marbre a aussi bicn expriiiie que sous son ciseau la physionomie vive et spirituelle dc tel ou tel de nos grands homines. Ot habile artiste fut nii hommc de bien. Bon epoux, bon pere , et ami de scs rivaux mt-mes, il fut cheri de tons ceux qui rapprochaienl. Dans les dernieres annecs de sa vie, ses facultes intcUectuelles s'etaient un pen aflaiblies, mais sans que la douceur de son caracterc en fut alteree. Pris d'un assoupis- semeut subit, le 6 dn mois de jniliet dernier, il s'affaiblit gra- duellemeiit pendant dix jours, et expira paisiblement, s^ans avoir eprouvo ni crainte ni soulfrance. II etait age dc 82 ans. Houdon etait membre de I'lnstitut, chevalier de la Legion d'Honneur et professeur a I'Ecole rovale dcs beaux-arts. A. — J,EcouRT. ■ — Les services rendus a Ihunianile dans les conditions les plus obscures nc doivent pas etre condamnes a I'oubli. Un hoiiime c|ui s'est rendu eminemment utile a son pays et a ragriculture, Henri Lecourt, vienl de mourir a Pontoise. II occupait, avanl la revolution, un emploi a Versailles. En - traiue par un gout irresistible, il fixa de bonne heure son at- tention sur I'instinct des animatix; plus tard, les diflicultes de I'observation et Tutiiite de I'entreprise, en donnant a son genie line auire direction, I'amenerent a etudier exclusivenicnt la taupe. Lecourt conimenca a etre connu vers 1800, quand ses con- seils eureiit preserve une riche et vas'e canipagne d'une sub- mersion totale. Une digue de lefenne avait fnit eau dc plusieurs cotes, et on la n'parait par des travaux insuffisans. Lecourt avertit qu'un ennenii puissant, qu'il fallait d'abord detruire, \Ivait au sein de la ['.lace : c'etait des taupes qui s'elaient logees et inultipliees dans les terres de la levee. — M. Germain Gar- NiER, alors prefet du > Cethonorable temoignage doit faire regrctter que le manuscrit de M. Re- niard n'ait pas ele publie. Indepcndammcnt du poeme dont nous avons parle plusliaut, nous ne pcnsons ])as (|u'il ait fait im|)riuier d'autre ouvrage (jue If Guide du Voya^cur a Fontai- ticbkaa ( i vol. in-12. 1820). Nous iie devons pas omcttre dc dire que M. Remard possedait de vastes connaissances biblio- graphiques qui le rcndaient trcs-propre a I'emploi qu'il occu- pait. 11 est niort a Paris le 20 seplenibre 1821). A. T. Rectification. — Dans un article sur le Dictionnaire histo- riquc de Feller , insere dans le dernier cahier de la llei'uc Encyclopedique ( t. xxxix, p. 710), 11 est dit : « A rarlicle Molierc, on convient que cct «'crivain epou?a la fille de la co- medienne Bejart, ce qui ne jiarait pas douteux... Les editcurs auraicnt pu consultcr {'rdidon dc Molierc publiee par M. Jules Tasciierkau , en 1824, avcc Acs Notes c\\\'\e\\sa,\e Supple - mcnt au.T ceuvrcs de MoUcre , imprime en i825 , et la vie de Mo- lierc ^ par le meme M. Taschereau, qui en a donne deux edi- tions... L'autcur du Supplement prom>e evidenimcnt le mnriage de Mnliere acec In fille de la comedienne Bejart , tandis epic M. Bkffara souticnt, ronlrc une tradition constante , que Molierc etait le beau - fiere de cclte comedienne. ^^ Ce passage renferme plusieurs inexactitudes. La preuve que Moliere avait epouse la sosur el nou pas la fille de la comedienne Bejart resulte d'actes de I'otat civil, deoouverts et publies par M. Beffara, notammcnt de I'acle de mariage dc cc grand homme. Quant a M. Taschereau, loin d'avoir combatlu I'asscrtion de M. Bef- fara , il I'a au contraire adoptee et dcveloppee tant dans son Supplement a la vie (et non pas aux oenvros) de Moliere, com- pris dans I'tnlition cpi'll a donnee tie cet eorivaii) , que dans son Histoire de la vie et des ouvrages de Molierc , dont nous a\ons annonce la scconde edition ( voj'ez Rev Enc. , t. xxxviii , p. 7^8 ). Nous n'aurions ])oint releve cetle errcur, si la sup- position que Moliere avait epouse la lille de la Bejart n'avait servi d(? foudement a la ealomnie accreditee par Montflcury , que Molierc avait epouse sa ]>ropre fille. Tout ce qui interesse I'honnenr d'un grand homme doit ctre I'objet de la plus scru- puleuse exactitude. Ch. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE GENT DIX-HUITIEME CAHIER. OCTOBRE 1828. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. De I'influence des Revues siir la propagation de I'esprit phi- losophique P^g. 5 a. L'ediication doit-elle ^tre libre? i5 3. Forces productives et commerciales du departement de I'He- rault; second article Charles Dupin. 35 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Astronomie solalre d'Hipparque , par J. B. P. Marcoz. Francoeiir. 54 5. Histoire des institutions de Moise et du peuple hebreu ; par J. Salvador S. 65 6. "Vic politique et militaire de Napoleon, racontee par lui- mdme au tribunal de Cesar, d'Alexandre etde Frederic. . . j5 7. Memoires sur les evenemens de la Grece, par le capitaine Jourdain M. A. 85 8. De I'einpire grec et du jeune Napoleon M.A.J, 97 9. Recueil de notes de tous genres sur le grec ancien et mo- derue (ouvrage grec) J. R. io3 10. Fables senegalaises, recueiliies de I'Ouolof, et mises en vers francais, par le baron Roger. . . . Edme Hereau. no III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 73 Outrages francais et etrangers. Amerique septentrionale. — Etats-lJnis , 2, dont i ouvrage periodique laS AsiE, I, savoir : Memoires de la Societe des arts et des sciences a Batavia ; i32 EuKOPE. — Grande-Dretagne, 4, dont un ouvrage periodique. i35 — Bliss ie, a 1 39 — Daneniark, i i4a — AUemagne , 6 1 45 — Suisse, 3 l5o — Icalie, 5, dont 2 ouvrages periodiques i55 — Pays-Bas, i, savoir: Rapport sur les institutions de bienfai- sance de ce pays i6i l64 T\nLE DES ARTICLES. Fkamce , 48, savoir : Sciences [.hjsiqiies et nalureUes , a-o. . . . 167 — Sciences religieuses , moiales , polUiques et liistoriqnes , i4- • • 1 83 — LitCeraCiire, 8 20 a — lieaux-Arts , 1 218 — Memoires et Rapports tie societcs savnntes , 1 aig — Livres en lai:i^iiei et/aiigercs , imprimcs en France, 1 aau IV. NOUVELLES SCIENTLFI'^JUES ET LITTERA.IRES. AiMERiQUE SEPTENTiiioN\i.E. — SJexir/tie i Situation politique et comnieiciiile de ce pays 224 Afkiquk. — Voyage de M. Caille daiis I'Afiique ceatrale. . . . aafi EUROPE. RussiB. — Saint-Petersbourg ; Academic iniperiale des sciences; Seance publique annuelle aaS Danemvrk. — Colonies danolses : Propagation de I'enseignement mutuel ., a3a Allemagne. — linviere : Population; Statlstique ; Etablissemens d'education et de bienfaisance. — Curlsruhe: Publication pro- chaine a33 Suisse. — Geneve: Conservation des oeiifs. — Canton de Vaud : Session ordinaire dii Grand Conseil , en 1828 uZ-] Itai-ie. — Florence : Reclamation a propos d'un article de la /Ic- bliotheca kalinna. — Venise. Neaologie : Francois Negri. . . . a4o Pays-Bvs. — Liege : Societe libre d'emuiation pour I'encoura- gement des lettres, des sciences et des arts 242 France, — Societes sm^antes et Etab isseniens d'ulilile publique : y4iich{Gers) : Eiiseignenieut industriel. — Marseille (Bouches- du-Rh6ne) : Societe de la morale chretienne auxiliaire de celle de Paris a43 Paris. — Insiitni : Academic des sciences : Seances du 22 sep- tembre an i3 octobre. Academie des beaux-arts : Seance pu- blique annuelle. — Institut auxiliaire de I'Ecole de Droit. — Monument consacre a la memoiredu D' Gall. — Theatres. Tliedtre-Framais : i" representation de Walstein , tragedie. Odeon : Ouverture et i'*^* representations des Suites d'un coup d'epee, comedie, et du Concert a la campagne, inteimede. — Nccrologie : Houdon ; Lecourt; Remard. — Rectification. . 245 PARIS. DE L IMPRIMERIP DE RIGKOCX, rue des Francs-Bourgeni«-S.-Micbcl, 11" 8. FAUNE FRANCAISE, HISTOIRE NATURELLE, GEN^RALK ET PARTlGULlfeRE DES ANIMAUX QUI SE TROUVENT EN FRANCE , CONSTAMMEPIT OU PASSAGKBEMEMI , A LA SUBFACB DV SOL , DANS LES EAUX QIH LB KAlGJiBNT, ET DANS LE I.ITTOBAL DES MERS QCI LS BORMJNT ; Pa.MM. L.P. VIEILLOT; A.-G. DESMAREST, Conespondantde rinstitut, Prufesseiir de zoologie h I'Ecole royale v6terinaire d'Ailbrt; H.-M.DUCROTAY dk BLAINVILLE, Membre de I'Instltut, Prof'essfiir de zoologie a la Faculte des Sciences, a I'Athenee de Paris, elc; .T.-G. AUDIiNET-SERVILLE. LEPELETIER de SAINT-FARGEAU, Membre de la Societt d'Histoire Naturelle de Paris et de celie de Moscou; k ...,..„...„,. ^Hb AVEC DES FIGURES SOIGNEUSEMENT FAITES d'apRES NATURE Par MM. PRETRE, peinirede la Commission d'Egj'pte, et MEUNIER. peintrc du Musditm d'Histoire naturelle PROSPECTUS. Uepvis assez long-temps la France possede, sous le nom dc Flore Francaise, iin ouvrage consacr^ li I'histoirc gen^rale des plantes qui croissent sur son sol , et cet ouvrage , qui est a sa seconde edition , a justcnient conlribu(5 a la rd-putalion dcs deux savans botanistcs auxqaels nous Ic devons. La publica- ( •->- ) l-ion successive do plusioui-s Florls parliculieres de di'-parlc- mciis pent encore prouver que le ri^gne v^'getal a toujours eti^ en France I'objet de recherches suivies, et Ton saif dc quelle importance ces Iravaux onl (ilc pour ravanccment de la hota- niquc. Les clioses sont bicn difr(^rcntcs pour Ic r^gne animal. En effet , sauf une ou deux compilations indigestes, ct surlout fort incompletes, qui n'en prennentpas moins Ic tilre general de Faune FRAjfcAisE , nous nc connaissons qu'un asscz petit nombre de trait<5s partiels, c'esl-a-dire bornes a une partie de la France ou a une porlion de ses animaux; mais il n'existe aucun ouvrage qui comprcnne la description et la figiue de toutes les especes qui vivent a la surface de notrc sol , dans leseaux qui le traversent, ou dans les mcrsqnicn baigncnMcs rivages. Les zoologistes, en France , sont done bien moins avanc<5s que les hotanistcs, et mi'mc qne les zoologistes iHran- gers, qui non-sculenicnt ont des Faiincsparticulieres de beau- coup de leurs provinces , mais qui en possL-dent, en oulre, de generates. Comment s'expliquercette veritable inconsequence, d'au- lanl plus etonnante a prt^sent , que partout nous cbercbons a repousser le reproche de manquer de cet esprit national (pie les etrangcrs se glotifient de posseder exeliisivement? I'^xisfe- t-il dans le sujct meme quelque cause de non succfes, ou bion les zoologistes suivcnt-ils en g(!!n6ral une fausse direction ? C'est la ce qui nous parait Evident, comme il serait aise de le d«monlrcr,si nous no eroyions plus utile d'exposer de suite les molifs qui ont dcterminti plusieurs zoologistes a entrcprendrc I'ouvrage que nous annoncons, en y joipnant quelques de- tails sur le plan qu'ils ont adopts. La gloire nationale est le premier et Ic plus pvu"ssant de ces motifs; et il ne pourra , sans doufe, etre mieux apprecit* qu'a celte epoque oil la nation approuve et encourage ouverte- ment les entreprises qui ont pour objet une utilite immediate et sa veritable gloire. Mais s'il est convenable pour les Francais dc connaiire les (5 ) pioducUoiis dc Icurpays, il ii'est pas moins iinpoitaiil pour les zoologistes en particulier d'etudier avec soin , et pendant les differentes p^riodes de leur existence , les animaux qu'ils pcuvent se procurer avec facility , puisqu'a I'aide de cette etude speciale ils pourront etablir des bases certaines, des points de depart, qui leur serviront cnsuite a r^soudre, par la voie d'analogie et d'induction , plusieurs problcmes de zoo- logie g<^ut^rale. L'appui si heureux que , depuis vm assez petit nonibre d'ann(5es, la geognosie empruntc a la zoologic pour la solu- tion de questions du plus liaut interet , c'est-a-dire pour la connaissance de la composition et des revolutions du globe en general et du sol de la France en particulier, ne peut de- venir un pcu solide el a I'abri des objeclions qu'aulant que tous les animaux qui s'y trouvent aujourd'liui auront et6 re- connus et nettenient distinguc^s. Les caracleres distiuctifs des animaux qui habitent conti- nuellement, on a des 6poques d(^terniini?es , les di verses par- ties de la France , la connaissance de leurs mojurs et de levu's liabitudes, sont d'une application si frequente pour les agri- culteurs et les mtidecins , qu'il nous suffira d'indiquer ce but d'utilitt^ d'une Faune FRAPtgAisE , pour en faire sentir toute I'importance. A ces motifs de premiere valevu-, nous pourrions en joindre plusieurs aulres plus ou moins secondaires, et qui tiennent a line utility moins «5vidente , comnie ;'» un complement d'ins- truction et meme a Tagrement, si, sous cc double rapport, rutiiite des sciences naturcUes n'etait aujourd'hui generale- menl appreciee. Ainsi done, rcmplir nne lacune peu honorable pour la na- tion, aussi-bien que pour la zoologie; fitre utile a I'agricul- fviur, au medecin, au naturaliste ; offrir des sujels d'instrnc- tion, de meditation el meme d'une distraction utile et agrtia- ble au philosophe comme a I'homme du nionde, a la jeunesse ronuuc a lage niur, et menie a la vieillessc : tcllcs sont les raisons principalcs qui out delcrmind un petit nombre dc ( 4 J zooloi^istes, tleja counus par dcs travaux ant^rieurs, k conce- voir ct a enfreprcndre, sous le litre de FAtNE Fran^aise, une histoire g(^neralc ot particuliere de tous les animaux qui existent en France, accompagn(^e de figures faites et colo- rizes avee le plus grand soin. Dans ce but, ils ont dii calculer les moyens qu'ils pour- raient employer pour y parvenir le plus surement possible. Mais c'est surtout dans celui qu'ils veulent atteindre, de ren- dre la Faune Fran^aise la plus complete possible, de faire que les differenfes parties dont elle doit se composer forment un tout regulier et uniforme, qu'ils devaient rencontrer le plus de difficultes ; et c'est ce qui les a engages a se rZunir pour concerter cntre eux un plan general dont ils ont succes- sivenient discutZ les articles, et d'apres lequel ils se sont en- gages a travailler, sans qu'aucun d'eux puisse s'ecarter de la marche adoptee en conimun. C'est ainsi que, rapplication d'un syst^me gen(5ral et com- plet de zoologie ne pouvant fitre faite a la description des seuls animaux propres a la France, il a He convenu que les bases du systeme seraient prises dans Linne, et que, pour fa- ciliter la connaissance des espfeces, les divisions secondaires etablies dans les grandes coupes de ce c61ebre zoologiste, se- raient encore caracterisees et d(5nommZes; mais que , pour toutes les autres subdivisions dicholomiques que les entomo-' logistes (itrangers ont les premiers introduites dans leur par- tie, et qui menacent d'envahir toutes les autres, elles ne se- raient qu'indiquZes a la maniere de Linnei et Gmelin ; en sorte que cliacun, suivant son goiit, pourra s'arreter au degre qui hii paraitra convenable, et prendre cependanl une idee a pen pres complete de I'Ztat actuel de la science. C'est encore dans un point de vue assez analogue, que les auteurs se proposcut de publier separ(5raent les mammiferc»i, les oiscaux, les reptiles, l<;s poissons, Ics diflTcrcntes classes d'iu- sectes, de moUusques, ct mfime de zoophytes, et ccla neces- sairement avcc une pagination diirerenlc,(le maniere quecha- cun puisse les ranger dans I'onhc qu'il eroira devoir adopter. L'iniporlance tie bonnes figures dans I'lusloiie nalurelle en general, et surlout dans vui ouvrage conime celui-ci, destine a toutcs les classes de la socit^tt^, nc pouvant ^Ire confestee, les anteurs sesont accordes pour y donner tous les soins con- venables : ainsi non-seulement tcutes les figures seront origi- nales, et faites, autant que possible, d'aprfes les auiniaux frais et sous leurs yeux, par des artistes ehoisis, niais encore elles feront counaltre les difTerences d'age, de sexe, quand cela se pourra. Dans le tcxte explicatif des figures, qu'il a ete (igalement convenu de rtiduire, aulant que le nombre des especes a com- parer entre ellcs pourra le perniettre, on s'etendra davantagc sur riu'stoire de cclles qui pr^senteront quelques avantages ou quelques desavantages, de maniere a remplir I'un des buts prinoipaux proposes, celui d'utilit6 et d'appiicalion. Enfin, quoique I'intention des auteurs de la Faone FnANgAisE soil de se borner strictement a I'liistoirc naturellc des ani- mavix de France, ils se proposeut cependaut de comprendre daus cette cat(5gorie non-seulement ceux qui I'habitent d'une maniere continue, niais encore ceux qui y s(ijournent seulc- ment une partie de Tannine, ou nieme qui ii'y font presquc que passer, comme certaines espfeccs d'oiseavix, et surtoul de poissons, qui, prt^cisement a cause de cela, sont g^nt^ralement moins connues. Les auteurs de la Faune Fran9Aise s'en sont partage les diverses parties, d'apres la nature de leurs travaux habitucls : ainsi, M. L.-P. ViEiLjLOT, auteur de divers ouvrages d'ornithologie, collaborateur des deux editions du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, pour la partie ornithologique, etc., traitera des Oiseaux. M. A.-G. Desmarest, auteur de I'Histoire naturelle des Tan- garas, collaborateur des deux editions du Nouveau Diction- naire d'Hiitoire naturelle, de V Encyclopedic miUhodi- quc, etc., traitera des Mammiferes, des Reptiles , des Amphi- biens, et de plusieurs ordres d'insectes. (<^ ) i>l. Ii.-!\1. UicKOTAY i>E Br.AiNviLLE, collaboratcur de la nou- vclle ediiioii du Nouvcau Dictionnaire d'Histoire naturelte, (hi celui des Sciences natureUes pour les animaux sans ver- tfebrcs, etc., traitera des Poissons et de tons les animaux in- vertebr^s, moins les insectes proprement dits et lesaraign(5es. M.J.-G.AnDiNET-SERvitLE, I'un dcs auteursde VEncijclopcdie mcthodiquc, pour la partie entomologique , etc., traitera des Col^optfercs, des ri(^mipt6res, des Hym^noptferes, des Dip- t feres. M. Lepeletieu de Saint-Fakgeait , Fun des auteurs de VEn^ eyctopcdic niMiodlquc, pour la partie entomologique , etc. , traitera des L^pidoptcres. M. C.-A Walgrenaer , qui depuis long-temps s'est occup6 sp^cialement de I'hisloire naturelle des araign^es , a bien voulu se clmrger de la description de ces animaux dans la Faune Fran^aise. Chaque livraison sera composee de dix planches d'animaux pris dans dcs classes difFi^rentes ; et de cinq feuilles de texle qui appartiendront a une partie dt^terniinee, et qui, par consequent, seront d'uu seul collaboratcur. Mais , pour eviter des repetitions inutiles , en meme-temps que pour faciliter la conception, non-seulement de I'ensem- ble de I'ouvrage, mais encore de celui de chacune de ses parties, 11 a ete arrfite que les geueralit6s convenables ix chacune d'elles, ainsi que le tableau dcs divisions principales el de leurs caracteres , jusqvi'aux genres exclusivement , se- raicnt contenus dans une introduction qui aura une pagina- tion differente de la parliea laquelle elle appartiendra. Alors dans le texte explicatif des figures on ne trouvera que les ca- racteres de genres. Pour parvenir a renfermer cet ouvrage dans des bornes convenables, sans cependant faire de tort a I'ordre necessai- re, les auteurs sont d'accord de n'adopter que le moins de genres possible, en s'en tenant presque a ceux de Linn^ en apparence, mais de faire connaUre leeJIcment la plupart des autrcs dans les subdivisions dcs cspeces. lis espereut ainsi en- (7) courager h rctude de la zoologie par la simplicitc dii systemc, an lieu d'en eloigner par une complication mal cntendue, en ni6me-temps qu'ils ne perdront pas I'avantage des observa- tions delicates faites dans ces derniers temps. Les caracteres des genres seront expost^s d'aprfes un plan determine et uniforme, le caractere essentiel etant en ita- lique. La synonymic, r«5duite k ce qvi'elle a d'important, sera bor- niie , pour chaque espece, a la citation, i° do I'auteur syst^- matique le plus complet dans chaque partie ; 2° de celui qui aura donn^ la description la plus parfaite sous le rapport de I'cxactitude ou du style; 3° de I'iconographe qui aura public la meiHeure figure , quand I'espfece ne sera pas representee dans la Faune Fran5aise ; 4° «iu nom italien , allemand et an- glais. Quant a la synonymic francaise, les auteurs se propo- sent de la rendre aussi complete qu'ils le pourront, de sorte qu'au moyen d'une table des noms vulgaires qui terminera ' I'ouvrage, chaqu.eFrancais pourra d^sormais connaitre i'his- toirc d'un animal dont le noni sous lequel il est d^signe dans son pays n'est pas nieme dans nos volumineux dictionnaires. Septembre 1828. Depuis le commencement de I'execution de celte grande entreprise , dont plusieurs circonstanccs ind^pendantcs de la volonle des auteurs et de r^diteur actuel * ontforce de ralenlir d'abord , et ensuite de suspendre presque tout-a-fait les li- vraisons , quoique les premiers n'aient cess6 de s'eri occuper, il est venu a leur connaissance quelqvies observations sur les- quelles il leur parait convenable de donuer des eclaircisse- mens. Plusieurs personnes auraicnt d^sir^ que I'ouvrage I'ut ex(5- Ccs cireonstanccs sont la lonpic lUiiladie cl la mort du pieiDiur edilcur. ( « ) . "^ BLAlNVILLE. POLYPES ET MADREPORES... V \ SPOXGIilRES ET INFUSOIRES. XXV. I I |de BLAlNVILLE | 1 I DE BLAlNVILLE I I I 160 20 120 80 40 100 4o do 70 40 90 5o 900 ( '^•- ) COIVDTTIOISS DE LA SOUSCRIPTION. L'ouvrage forracra 90 liviaisons in-S" , composccs de 10 planches chacunc ' ct dc 5 feuillcs de texte ; 17 livraisons sont en vente. L'editcur s'engage i en faire parailie rcgiilipiement au molns une par mois. Les personnes qui ne voiidraient pas faire de suite la depense de loutes les livraisons parues, peuvcnt se borner a en prendre deux par mois. — On ne pale rien d'avancc. Le prIx de cliaque livraison, planches et lexte conipris, est Cxe ainsi qu'il suit : Texte ordinaire, figures noires ^ ir. idem. figures coloriees 10 fi. idem. figures colorizes in-4° 12 fr. Texte velin, figures coloriees in-4° i5 fr. idem. figures in4° coloriees et noires avant la lettre. . 20 fr. II faut ajouter 5o c. par livraisons pour les recevoir franco dans toute la France. ON SOUSCRIT, A PARIS, CnEz F.-G. LEVRAULT, libraiue , rue de la harpe, n. 81 A STRASBOURG, mkme maison ; \ BRUXELLES , k la librairie paRisienne, rve de la Madeleine, n. 438. Les |icrsoniics qui aurairnL a rommuniqiUT ties observations ou des renseijjnemens cliSl qudqiie iitilite' pour la Faine pRANfAISE, sout prices de lc3 adrcsser a rcdileur, M. .1 -1 J. Rapel, rue dcs Marais-Saint-Germain, n. 12. IMI'RIMKHIK DE I'l.A.SSAN, RUE DE VAUGTUARD , ^ i.V LIBRAIRIE D'ANSELIN, KUE DAUPHINE, N" 9, A PARIS. TRAITfi PRATIQUE DE CHIMIE APPLIQUEE AUX ARTS ET MANUFACTURES, A L'HYGIOE ET A L'ECOiNOMIE DOMESTIQUE, PAR S. F. GRAY; CHADaiT DE l'amGLAIS, CO^Sl DERABLF.M E ^T ACGMEKTE ET MIS EN HARRIONIE AVBC HOS PAR T. RICHARD. 3 vol. iu-8, papier velin, impiimcs par Finnin DiJot, avec 100 planches represeiitaul 379 ligures gravces eu taille-douce. L'ouvrage sera compose de i3 livraisons, qui paraitront exaclement tous les vingt jours. Cliaque livraison compreudra 112 pages ct 8 planches. PRIX DE CHAQUE LIVRAISON : 2 fr. 5o C. |)r0epfctuj5. i i\ Chiniie , celle de toulcs les scieuces qui a fait le plus pour i'in- iluslrie, ii'avait point encore vu reunies en un corps d'ouvrage les immenses et iniportantes applications qu'elle acreees; aucuvi Iraite' de Chimie industrielle n'existait encore ; et c'etait en vain que, parmi les excellents ouvrages the'oriques que nous possedons sur la science, les nianufacturiers et les nombreux amateurs de technologic cher- chaient un guide dans leurs operations cliimiques ou dans les con- naissances pratiques qu'ils voulaient acquerir : nous venons essayer de remplir cette lacune par l'ouvrage que nous annoncons aujour- d'hui. Savant aussi distingue que praticien habile, universellement counu dans la Grande- Bretagne tant par les excellents ouvrages (|iril y avail publics , que par son /Mc pour It's progi'cs dcs arts, Gray avail a peine mis an jour ce dernier ouvrage, (|u'il y olilint un sucees prodigieux ; il Taut le dire, oe n'est point uni(|ucn)ent an nicritede I'autcnr, ce n'est point senlementu rimportance do son olijet , que ce livre a dn sa fortune, c'est encore a la inaniere dont il estecrit. En effel, Gray a pense<|ue la premiere condition, en redi- geanl son ouvrage , etail de se mettrea la portee de toules les classes de Iccteurs, el que dans un siede on toules les idees sont lournecs vers les applications des sciences anx arts, ou un si grand nomljrc de personncs, soil par gout, soil par inleret, sont appelces a s'oc- cupcr d'industrie , il fallail ctre conipris de I'ouvrier comme du sa- vant, et de riiomme du monde comme du chef de manufaclure. Aussi esl-ce avec la naivete, la minutieuse exactitude du simple ouvrier, qu'il decril les nombreux procedes qu'il a lui-mcme pra- tiques; (pi'il iiKlii|ue les ameliorations qu'il a provoquees dans les manufactures , et les experiences interessantcs qui hii sont dues ou qu'il a repe'te'es. Ces descriptions, ciaircs, completes, et , ilesta peine besoin de ledire, parfaitemenl en rapport avec I'etat des lu- mieres, reproduisent fidelement I'elat des arts a I'e'poque ou Tanteur ecrit (mars 1828), non-seulcment dans son pays, ou la Chimie des manufactures a fail de si immenses progres , mais encore sur le coniinent, qu'il a parcouru el eludie sous le rapport poremenl in- dustriel. On voit done que eel ouvrage n'est point unc exposition d'un systeme plus ou moins ingenieux, un ensemble des lois natu- relles qui reglent les combinaisons des corps; I'auEeur ne considerc ces corps que sous le point de vue de leur ulilile' et de leur fa- ])ricalioii. II accorde Ibrt peu de place a la theorie; il en resume les I'.rincipes cependant , mais dans un petit nomiire de pages; et c'est aiix nombreuses applications de ces principes qu'il laisse le soin de les developper el de faire concevoir la science. Cel ouvrage n'est done j)oint une Clhimie de recherclies, mais bien la Chimie du manufactnrier. Non content de son expe'rience propre et de ses connaissances si e'tendiies, fruit d'une longuo pratique el d'immenscs eludes, I'auteup a voulu niettre a contribution les nombreux ouvrages publics dans sou pays ou sur le continent. C'est ainsi que Rmnfortl et plus encore Tredgold lui onl fourni d'uiiles inilications sur le calorifpie et son emploi usucl, des fails curieux et encore trop peu conniis sur I'economie el la valeiu' relative des combustibles, sur les appli- cations de la chaleur a la ventilation , a rassainissemcnt ou au chauffage des maisons particuliercs, des theatres, des prisons, des hopitaux , des vaisseaux, des serres , etc., elc. Mais ces indications, ces fails, il les discule et y ajoute presque loujours les resullals d'nne experience acquiseau milieu d'une vie consacree tout enliere a I'elnde des arts chimiques. II est encore un autre point de vnc sous lequel eel ouvrage me- rite d'etre considcre. Nous voulons pailer des nombreuses applica- tions de la Chimie a I'hvgiene rt a rc'coriomic domcsliqne. Long- (3) temps nous avons dedaigne ce Comfort que les habilanls de l;» Grande-Bretagne prisent avec raison. Ce n'est point cependanl une chose indilVerenle que de pouvoir assainir son habitation, que de savoir preparer une infinite de produits a-la-fois agreables et eco- nomiques, que de pouvoir diriger un ouvrier dans la construction d'un tour, d'un pocle, d'une cheminee, que de consumer vingt ou trentc fois plus de combustible qu'il n'est necessaire pour chauflcr sa maison. linfin il n'est pas moins important de pouvoir a I'instant meme , et en I'absence d'un niedecin , arreler le cours funeste de substances veneneuscs introduiles dans I'economie animale ou par inattention ou par desespoir; Gray a consacre en partie son on- vrage a celle Chimie qu'on pouriait appeler domeslique, et que Ton ne cultive point assez , en raison ile son influence sur notre bien-elre. ]\!ais les limitcs d'un Prospccliis nc nous permeltent point d'entrer dans un e\amen plus approCondi de cet ouvrage; un coup il'ocil sur la Table des niaticrcs jointe a ce Prospectus dotinera une ]ihis juste iile'e de son ntilite et de son importance extreme , que ce (jue nous pourrions ajouter. II etait indispensable, pour I'intelligence du discours et pour I'nciliter la construction des divers appareils, d'yjoindre des figures, (^.cnt planches repre'sentant 379 figures, el gravees avec beaucoup de soin , formeront ie conqjiement de cet ouvrage veritable Trnile pratique de Cliimie industiielle ct domcstitjue. Le traducleur M.T.Richard, ayant long-temps habile' I'Anglelerre, 011 il s'est livre a I'e'tude des sciences, on pent compter snr la fidelite de sa Ira- (luclion; ses etudes lui ont permis d'enrichir I'origijial il'une foule de fails que Gray avail neglige de rapporler, comme les jugeant sans doule inutiles pour ses concitoyens, mais qui deviennent en France du plus haul interel, ou se jjresentent meme comme le complement indispensable des lecons de I'aulenr anglais. Tout doil tionc concourir a rendrc la lecture de cet ouvrage agreable el nlile aiix gens inslruils, aux hommcs du monde, sans qu'il cesse treirc d'une necessite absolue pour les nianufacluriers et les artisans. APEKCU DIT CONTENU DE L OUVRAGE : Valeins rclativfs di's ilivers coiiil)iistil)li's. — Priucipes de la coiistriirlion (les foiiriieaiix. — Desnijilions des lounieaiix employes dniis les giandes operations chimiques. — Des fonrneaiix portatifs. — Leiir disposition dans nn laboratoire. — Des lainpes. — Des divers rhalumeaux. — De la mcilleure construoliou des clieminees domesliqucs. — Du chaiiffage par la vapetir. — Du chautTnge par I'air ochauffe. — Emploi economiquc de ia clialeur dcve- loppee par la lernienlaiioii. — Emploi de la clialeur solaire. — Du froid , de sa production cl de son emploi. — De la niauicre de construire les tliermo- nielrcs. — Du ralorique specifique. — Dela lumiere, corisiderce comme af;ent cliimique; des moycus d'evitcrsou action. — De la prodiirlion de la Inmiere. — -De sou emploi domeslique. — Des lampes, de I'emploi des dilTcrenles lniiles,des chaudelles. — De I'electricile. — Du galvanisme. — Des balance*. - Des poids ct mesiires. — Des appareils pour determiner le poidsspcrilique de ,livi-rscs substances. — Des moulins el appart its (pii scrveni a pulveriser. (4) — Des filtres. — De la clarification. — Dos appareils qui servent a fondre, a calciner, a sublimer. — Des appareils a distiller. — Des boiiteilles. — Des siphons. — Des appareils ponr les gaz. — Dos i^azomolres, etc., etc. — Des hits. — Procedcs divers.- — Thcorietres-abregee de la chimie. — Desiiombres proportionnels et de lenr usage. — De la ventilation ef de Tassainissenient des maisons parliculieres, des prisons, des vaisseaux , des theatres, des hopitaux, des mines. — Del'air atmospheriqne. — Des divers gaz et de lenr preparation. — Deseaux. — Des eaux mincrales. — Moyens de reeonuaitre facilement et avec assez d'approximalion les substances ((u'elics coiiiiennciit. • — Des acides en general. — De la preparation et des usages des acides employes dans les arts. — -De la I'abricalion des vinaigres de viu, de bois, de sucre, etc., etc. — Des alkalis en general. — De la potasse et de ses combinaisons. — Dii salpetre et de la fabrication de la poudre a canon. — Des pieces d'artitice. — De I'ean de javelle. — Des poudres fulniinantes. — De la sonde. — Prepara- tions dans lesquelles elle entre. — Dii sel conimun. — De son extraction. — Dn travail des mines de sel. -- Dn sel ammoniac. — De la chaux et de ses combinaisons. — De lour preparation et de leur emploi. — Des terres. — Dn ehoix des pierrcs pour les constructions. — De la silice. — Taille des plerres pour les arnies a feu. — Des changements qu'on pent fairesubir aux pierres precieuses. — Dn verre. — De la fabrication des diverses especes de verre. — Des pierres precieuses art ifieielles. — Dii stras. — Des verrescolorcs. — De la gravnre sur verre. — De la porcelaine, dite de Reaumur. — De I'outremer, dujaune de Naples et autres eouleurs. — De ralinnine. — Des poleries de toute espece. — De la porcelaine du Japon. — De la porcelaine d'Europe. — De la pnteriedes Grecs, des Etrusques, des Piomains. — De la poterie de grcs. — De la fabrication des pipes a funier. — Des briques et de leur fabrication. — Des tuiles. — Des differentes series dalun. — Dn sel d'Epsom. — Des metaux. — Des mines. — Preparation niecaniqueet rhimique du mineral. — Des machines soufllantes. — Du plomb et de son extraction. ■ — De la soudure des plombiers. — De la fabrication des caracteres d'impri- Dierie. — Des balles de fusil. — Des preparations de plomb. — de I'elain. — De son usage pour imiter I'argent. — Du cuivrc. — Du travail des mines de cuivre. — De la foute des canons. — Des cinches. — Du bronze. — Dn cuivre dorc, etc., etc. — - Preparation du vert-de-gris. — Du fer. — Du tra- vail du fer. — Des fourneaux. — De la fonte. — De la soudure de fer. — Des divers aciers. — Des preparations de fer. — De I'argent. — De I'essayage du mineral. — Travail du mineral. • — De Tor. — De Tessayage du mineral. — Travail du mineral. — De Tor et de I'argent monnayes. — Du mercure. • — Extraction du mercure. — Des preparations du mercure. — Des divers ver- milions. — Des poudres fulminantes. — De I'etamage. - — Du zinc et de soh extraction. — Dii bismuth et de son extraction. — De la fabrication des crayons. — De I'antimoine. — Du cobalt. — Du platine. ■ — De Tarsenic. — Du chrome. — De leurs usages et de leur preparation. — Des matieres in- flammables.— Du gaz hydrogene. — Gaz du charbon. — Gaz de I'huile. — Du soufre. — Du phosphore. — Des esprits. — Des eaux-de-vie. — De la distillation. — De I'csprit de pommes de terre. — De I'esprit de grains. — Du rum. — Deshuilesessentielles. — De leur preparation i)oiu' la p:ufumerie et la medecine. — Des hniles fines et des verm's. — Des veruis chiuois. — De la cire. — Des cires a cacheter. — Des savons anglais et fran^■ais. — Des sucres. — Des sirops. — De la fabrication du pain. — Du pain d'epice. — Des biscuits de mcr. • — Des preparalious economiques de la ponime de terre. — Du tapioca. — Du lait. — Du beurre. — Des fromagcs anglais, franrais et itatiens. — Des eau.x de senteur. — : Des tbes. — Des cafes. ■ — De la gelatine. — Des soupes. — Des vins de France, d'Espagne, d'llalie. — Des vins de fruits d'Angleterre. — Du cidre. — Des bicres. -^ Du portei-. — De Tale. — etc. , etc. , etc. — Methode de Bcrzclius, pour I'analyse des suiistances inflam- mables. — Methode de Cooper, pour I'analxse des matieres organiques. (5) TITRES DES PLANCHES DU TUAITE PRATIQUE DE ClIIMIE Par GRAY; Avec riiidiralion dii noniljie dc figures qu'elles coiitienneiit(i). Uechaiid.— Foiirneaii a bain de sable, 2 fig. — Cbaiidieres perfect ionnecs- 4 fig. — Appareils dislillal.jires, 2 fig. — Foiirneaux de fusion. — Kauis de va- penr, 4 fig. — Pelils fourneaiix de ' fusion. — Fourneaiix a revcrbere, 5 fig. — Fours de menage perfertionncs. — Rotissoir economique de Sylvester, 4 lig. — Sechoir de Field, 7 fig. — Fourneaux de Watt, 5 fig. — Forge, Chaiidiere deWatt, 3 fig. — Laboraloire de I'Universite d'Utrecht, 1 fig.— Laboratoire du docteur Bryan Hi:;gin, i fi?. — Fourneaux de Pepys, i fig. — Laboratoire de la Sociele'des apothiraires de Londres, i fig.— Fourneaux de Thcnard , , fjg.— Fourneaux portalifs de Black, de Knight, d'Aikin, 4 fig. — Four- neaux portalil'sde Price, de Boerbaavepour la tourbe, 6 fig. -—Fourneaux a reverbere de Macquer, 3 fig. — Fourneaux porlatifs francais et Fourneau litbogeognosique de Macquer, 4 fig. — Calefaclcur Lemare. — Fonrneanx- Lampes de Percival, 5 fig. — Lampes a bain de sable de Baumo,a bain-mane du menie, a reverbere du meme. — Chalumeaux de Gahn, de Wollaston, 5 fig. — Chalumeaux de Gurney, chalumeau de Hare, 4 fig- — Cbeminees irlan- daises, chemineesde R^umford, 7 fig. — Cheminee du Stafl'ordshire.— Chemi- nee de sir George Onesipiiorus, 2 fig. — Poelc, divers, 4 fig. — Conduits de chaleur des Chinois. — Appareils pour le cbaufl'age a la vapetn-, 4 fig. — Ap- pareils pour le chauffage a la vapeur. — Poelc de Perkins, 5 fig. — Cbauflage par I'air echaufte, 2 fig."^— Lentilles dc Parker. Lcntilles de Brewster, 5 fig.— Glacieres. — Tbermometres, S fig. — Lampe de Dobereiner. — Appareils electriques, 3 fig. — Machine elect'rique de Hammcll. Electropliore, Eiidio- metres,pile de^'olta, 5 fig. — Batteries gahauiques de Cruikshank,de Hare, 4 fig. — Dtllagrateur de Hare, i fig. -Balances de Troughton, deJardine, 2 fig. — Areoinctre dc Baume de Fahrenheit , de :N'icholson. — Gravimctrc , de Guyton de Morveau , fi fig. — Appareils qui servent a broyer et pulveriser, 2 fig. — Id. 2 fig. — Id. de Langelolte du docteur Lewis. — Pressoir de Field, 4 fig. —Appareils divers pour les distillations et la sublimation dcs corps, 16 Yig. — Appareils de Glauber, de Woulfc, 5 fig.— Appareils a distiller, 7 fig. — Appareils divers pour les gaz, 12 fig.— Appareils de Murray, d'Hamil- ton, de Butt, 6 fig. — Tubes de Kerr. — Appareil de Berzelins , 3 fig. — Appareils pour I'analyse des substances organiques, 3 fig. — Fillies. Si- phons, etc. — Gazonietre d'Accum, i3 fig.— Gazometres de Clayfield , dc Newmanu, 3 fig. — Appareils pour transvaser et peser les gaz, de Cavallo, de Read, dc Laroche et Bcrard, de Cavendish, 7 fig. — Appareils do Barry et aulres, 8 fig. — Systeme d'airage d'line mine de houillc, i fig. — Systeme d'ai- rage de Ryan, i lig. — Section vertiealc d'uue mine qu'on exploite, i fig. — Lampes de mineur's du docteur Clanny, de Davy. — Appareils pour la prepa- ration dcs acides sulfurique et hydrochloriqiie, 3 fig.- — Appareils pour la preparation du cblore, 2 fig.— Cascades de Clement. — Preparation du vi- naigre de bois, 3 fig. — Appareils pour saturerl'eau d'acide carboniqiic, 2 fig. — Preparation du chlorate de polasse, 2 fig. — Section d'une mine de set a Visachna, i fig.— Batimenls de graduation, t fig. — Preparation du sel am- moniac (bydrochlorate d'ammouiaque). i fig. — Fours a cliaux, 4 fig. — Taille despierresa fusil, it fig.— Vcrreries. — Bouteilles.— Fabrication du Crown glass, 2 fig. — Fabrication du Flint glass, id. des glaces, 3 fig.— Four a poteries, 2 fig. — Fours a porcelaine de Thuringe, 3 fig. — Fabrication des pipes a fumer, i fig. — Section d'une mine en exploitation (plancbe double), I fig. — Roues hydrauliques et Bocards pour le travail des mines, 3 fig. — (l) Indepeiitlainment deces appareils, I'auleur en deciit un !;rand nombio dont il n .1 pas cro nm-ssa!re de faive sjraver les iiiodMes, pai-cequ'ils out l>ca>.coiip de rappo;-! avcc qeun. donnes, oil parte qii'unc description verbale suffil pour les conslruirc. (G) Appareils pour lo lavage, 3 fig.^lJ. 3 fig.— Rotissage, 5 fig. — ronriicaii.x de jotissage, 3 (ig. — Machines sotilYlan'.es, a fig. — Koiirneaux de I'oullaloiien pour le travail du plomb, 3 fig. — Kourneaux de fusiou pour le plonii), 5 fig. — Fourneaux de fusion du Hariz, 5 fig. — Kourneaux de fusion de Goslar, 3 fig. — MINERAI JVETAIN — Fourneaux de fusion, 4 fig. — Mincrai de ruivre. Fourneaux de fusion et de raffinage, 5 (ig. — Fourneaux dc fusion fran- cais, 3 fig. — MINERAI DE FER. — Hants fourneaux, •>. fig.— Fourneaux ])our la fabriraliou du fer au charbon de hois, 2 fig. — l'"ourneaiix de fusion, (i fig. — I'ourneaux a reverbcre pour raffinage de la fonle, 2 fig. — Forge ea- talane. — Fourneaux anglais a reehaufi'er, /, fig. — ACIER. Fuiu-neaux, 5 fig. — ARGENT. — Machine d'amalganialion a Freyberg, 3 iig. — Fourneaux de Coupelle, (i fig. — MERCURE. — Fourneaux d'Idria, 2 fig. — Id. 3 fig. — ZINC — Fourneaux , 5 fig. — ANTIMOINE. —Sotifre. — Fourneaux, 5 fig. — Appareils distiliatoires perfeclionnes, 5 fig. — Appareil a distiller de Solimanni, 5 fig. — Autres appareils du nienie genre, 9 fig. ®n trouDf t\)t} k mmt Cibrairf : I'ossuET. Discoiirs sur I'Kistoire universelle. 2 vol. br. inipr. par Rignoux , papier veliu. 5 f. Le meme, rcl. 6 f. Vertot. Revolutions romaines. 4 vol. b, imp. par Rignoux, pap. v. g f. Le meine , rel. ri f. MoKTESQUiEU. De la Grandeur et de la Decadence des Remains, i vol. br. imp. par Rignoux, papier vclln. 2 f. Le meme rel. 2 i'. 60 c. Ces 7 vol. sontrcuiiis en un scul in-S°. 12 f. Les Commentaires de Cesar ; edition de Wailly, entierement revue et corrigee, avec une carte des Gaules, representant les nouis anciens et modernes. 2 vol. pap. vel. , imp. par Didot , br. .5 f. Le meme, rel. 6 f. DicTiONiNAiRE PORTITIF DE i.A LANGUE KRANCAisE, d'apres le systeuie or- thogiaphifjue de I'Acaderaie ; par Phil, de La Madelaine. i vol. in-18, lel. 4 f. Ancillon. Tableau des revolutions du systeme politique dc I'Europe , nouvelle et tres-belle edition, revue et corrigee par I'auteur, imprimee par Firniln Didot. Paris, 1828; 4 vol. in-8. 24 f. (.'et (luvrage , digne de la plus haute celehrite, serait aiijoiird'Iiui dans tou- tes les mains, si les temps oil Tauteiir publia la ])remiere edition (i8o3)n'eus- scDt oppose de vives resistances a la propagation des principcs de sage ])0- htiqiie, de saine philosophic et de veritable li.bertc, qu'il a si habilementde- veloppes. Le talent de I'auteur est remarqiiable par sa souplesse et son universalite. Savant jurisconsulte , s'il traite de legislation , son recit s'anime et se colore quaud les arts et les sciences se rencoutrent sur sa route. Scs descriptions, riilies et uondireuses, impriment une pliysionomie aux peuplcs et aiix con- trees. II excellc dans les portraits: rarcment uu souverain , un niiuistre, un liomme d'etat , cchappe a la vivaeite ct a la (idelite de son pinceau ; il les fait revivre aux yeux du lectcur, etorne sa memoire d'unerielie galerie oil sc re- presentent sans effort une multiliidc de personnages relebres. Examine sous les rapports purement litteraircs, la critique la plus severe accordera k M. Aurillon le juste homni.age qu'elle aimc a rendre a uu style elegant, cor- rect, liarmonieux , qui rcproduit a la fois la purete, la grace et la concision des anciens historieus. PuiBUSQUE. Lettres sur la guerre de Russie en 18 i 2 , sur la villc de Saint- Petersbourg, les mocnrs, les usages des habitants de la Russie ct de la Pologne; 2'' edit., revue. Paris, 1S17; i vol in-8. 4 f- 5o c. (7) .,,, La jilupart ile ces lettrcs peuvent i'tre consulertes oomine autant de pro- res-vcrbaux, rediges sur Ics lieiix ct jour par jour. — Ellos out cte ecrites par un oominissaire des guerres, qui , ]>pndantcette guerre , etant tombe en- trc les mains des Cosaques, s'est trouve a portee d'excrcer ses remarques sur uu theatre plus etcudu, et s'est procure des renseignemcnts qu'il n'aurait pas pu obteuir dans iine autre position. — Les rapports qu'il a eus avec les Tain- qucurs a Saint-Petersbourg , et surtoutavec Ic general Kutusoff , out donne .1 ses observations plus de verite et d'interet. yVussi eet ouvragcporte-t-il a la oonuaissancc du lecteur des circonstances et des causes premieres qui etaient encore ignorees, quoiqne I'ensemble des resultats fut bien connu. Traite de la. ferrure sans contrainte , ou moyen de ferrer les cbe- vaux les plus vicieux en moins d'une Leure , et de les cornger pour toujours de leurs defauts; systcrae pulse dans les princlpes de la physio- logic du cheval , par Constantin Babssa, capitaine de ca valeric au ser- vice d'Autriche , traduit par un oflicier francais, i vol in-8 , avec 6 planches. 182S. 2 f. 5o c. Des essais nombrcux, une Constance qui a surmonte toutes les difficul- tcs, ont couduit M. Balassa aiix resultats beureux que nous pnblions aujour- d'bui. Son systeme ayant ete soumis au gouvernemeut, les princes de la fa- mille imperiale, qui en concevaient toute I'importancc, ont voulu assister aux cxperieuccs; elles ont ete couronnees d'un succes si complct, que le Conseit ai/lique a nomme de suite une conimission spcciale pour examiner la me- tlmdc; sur le rapport avantagenx de cette commission , I'auteur a etc promu au grade de capitaine par ordre expres de I'empereur (on sait que Tavance- mcntne s'obtieut en Autriclie que par ordre d'anciennete) ; a cette marque extraordinaire de satisfaction, Sa Majeste a ajoute une pension viagere. La methode de M. Balassa est introduite dans les regiments autricbiens ; et pour lui donner une plusgrande extension, il en fait a Vienna I'application dans nil etablissement a la tete duquel il a ete place. De 1,'emeouchure du cheval, ou methode pour trouver la raellleure forme de mors; maniere d'erahoucher le cheval, et principes sur I'art de le brider ; suivie de la description d'une bride qui empeche le cheval de se cabrer, par le chevalier de Weyroter, eouyer en chef de I'ecole espagnole a Vienne, ci-devant ecuyer en chef de Tlnstitut militaire d'equitation. Traduit de Tallemand sur la 2" edition , par un oflicier francais; r vol. in-8, accorapagne de 12 fig. gravees en taille-douce. 1828. 2 f. La reputation de AL Weyroter est grande et meritee, son nom fait autorite; sa Methode est le resultat d'une longue pratique , elle a obteuu eu AUemagne un succes complet. La faire couuaftre en Franco, c'est rendre un grand ser- vice aux nombrcux proprietaires ou amateurs do chevaux. Lapie (officier superieur au corps royal des Ingenieurs , etc.) Atlas clas- sique et uiiiversel de geographic ancienne et moderne , dresse pour I'instruction de lajeunesse, et servant a rintelllgence tant de I'his- toire que des voyages dans les differentes parties du nionde ; conte- nant i\i planches. ^'^ edit., enrichie des decouvertes faites , et des connaissances acquises jusqu'a ce jour. Papier colombier superlln , coloric. 36 f. — IjC raeme , papier veiin, coloric en pleia. 5o f. I'errot. MoJcles de topographic, desslncs et laves avec le plus grand soin;t vol. in-4 oblong , 2"^ edit. 18 i. Ci.ATER. Le "Veterinaue domestique , ou I'Art de guerir soi-meme ses cliovaux, traduit de I'iinglais sur la 21" edition, par P. L. Pretot, F. LA LITT^RATBBB ^BANCfcRE. On peut s'adresser k Paris , par Tentremise du Bubeau chhtbal de i.4. Rrmjh EwcrcLoPEDiQCK , k MM. Theuttel et Wurtz, rue de Bourbon, n» 17, qui out aussi deux maisons de librairie, Tune i Stras- bourg, pour I'Alleinagne , et I'autre ^ Londres ; — a MM. Arthus Bertrakd, rueHautefeuille, b* »3; — Behovaru, rue deTournon,!!" 6; — Levbault, rue de la Harpe, n" 81, et a Strasbourg ; — Bos- skUQ'R pere, rue Richelieu, n^eo; et a Londre8,pour se procurer les divers ouvrages Strangers, anglais, allemands, italiens, russes, polo- nais,hoIlandais, etc., ainsi que les autres productions de talitterature ^trangfere. Adx academies et adx societes sataktes de tons les pajs. Les Academies et les Societes savantes et d'otilixe tobjliqdk, francaises etetrang^res,sont invitees ^ fa)reparvenirexactenient,//-7 inclusivemeut. Aux I.IBBAIRS8 et aux EDITEUXS Q OOTHAGBSEir AZ.I.BJHAGBB. M. ZiRGiSjlibraire a iei/Jzi^, est charge derecevoiret denous faire parvenir les ouvrages publics en AUeniague , que MM. les libraiies, les ^diteurs et les auteurs desirwront faire annoncer dans la Itevue Ency- dopidiqiie. ^^^^ LiBKAiRES chez lesquels on souscrit dans les pays ethanqers. Aix-in-Chapelle, Lamelle fils Amsterdam, Delacbaux ; — G. Du- four. Anvers , Ancelle. Arau (Suisse) , Sauerlauder. Berlin, ScUlesiiiger. Berne , Clias ; — Bourgdorfcr. Breslaii , Th. Korn. BruxefUs, Lecharlier; — Deuiai;-- Brest van Keaipen; — Ilorgniei,- R<5ui6. Bruges , Bogaert; — Dumoitler. Florence, Piatti. — Vieusseux. Fribourg (Suisse) , Aloise Eggeu- dorfer. -fniHcfort-sur-ltlein , Scliaeffer ; — Bronncr. GanJ, Vandenkerckoven fils. Genhve, J.-J. Paschoud ; — Bar- LezatetDelarue. La Uaye, les fieres Langenliuysen. Lausanne , Fischer. ieipajg^tGrleshaianisr; — G.Zirges. Liege, Desoer. — Colardin. Lisbonne , Pa-ul Martin. Lendres,?. Rolandi. — l>ulau et C'e; —Treuttcl et Wiirt-it; — Bossauge. Madrid , Dennee ; — Peris. Manheitn , Artaria et Foutaiue. Milan, Giegler; Vismara; Bocca. Mons, Le Roux. Moicou, G;iutier;— Hiss p^re et fils. Naples , Borcl ; — Marotta et Wanspandock. New-Yo)* (tlats Unis"), Tholsniex- Desplacesj — BerardetMondon. Noime/le - Orleans , Jourdau 4 — A. L. Boismare. Palerme (Sicile), Pedonne et Mu- ratori; — Bocuf(Ch.)- Pitersboitrg, F. Bellizard et O" j — Graeff;— VVeyher;— Pluchart. Rome , de Romanis. Stuttgard et Tubingiie, Cotta. Ti'di, B. Scalabriai. Turin , Bocca. ^arjoi'iVjGlucksberg. Vieiine (AutiicLe), Gerold ; — iichauuibourg ; — Schalbacher, COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-PItre), Piolet aiue. ile-dc-Franoe (Port-Louis), E. Burdei. . Martinique, Tbounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Ao Bdwkau db reuachoj(, hub d'Ewfbr-Saint-Michei. , a" j8, ou dolveut ^tre envoyes , francs de port , les litres , de.ssins et gra- Yures, dout on desire raiinonce, et les Lettres, Memoires, Notices ou Extraits destines a ^tre inseres dans ce Recueil. AuMnsKEEHCYCi.oPEniQUK,chezBossANGB pere, rue Richelieu, ii"» 60; Chez Trbuttei. et Wurtz, rue de Bourbon , n" 17; Rey kx Gravibr, quai des Augustins, 11° 55; Charles Bechkt, libraire-comna''", quai des Augustins, u° 67; J. Rbhou AHii , rue de Toiinion , n» 6 ; RoRHT, rue Hautefeuille, n" la ; A. B-iUoouiN , rue de V.iugirard, u" 17 ; Dki.aithay, Pei-icihr, Pontuieu, la Tbkxe, CarihexLixtk- n^TRB, au Palais-Royal. A LONDRES. — FoRBroN Lidraby, ao Berners-street , Oxford- street; Treuttei. EX WuRxz; Bossawgb; Dui.au ex C". Tfota. 1st ouTTage.i aaaooccsdaDs la Revue se trouvent aassi chozRoRET, rue Hautefeuille , n" la. ; ; ^ I'ARIS. — JIE I.'lMrRlMEBIE KF. RlOaOUX, rue dcs Frauca-lioargeois-S.-Micliel , u" 8. Tome iv*-i828. ( 4o* de la collection. ) 119' LivRAtsow. REVUE ENGYCLOPEDIQUE, ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA tlTTERATURE, LllS SCIENCES ET LES ARTS. i' Pour lies Sciences physiques et matliematiques et les Arts induslriels : MM. Ch.Dvpiw, GiRARD ,Wa.vier, de I'Icstitut; J. J. Bahde, Dubruhpaut, Ferrt.Frakcoecr , Ai). Gokdiwet; D- 5jArdner , de Loudics ; A. Micbelot, DE MoifTGEBy, MOREAO DE JONWES, QOETEtET, T. RlCDARD, WaRDEH, CtC. a' Pour les Sciences natarellas: MM. Ceofproy Saikt-Hilaire, de I'lDStitnt; BoR-» DE Saint-Viuceht, Porresi)Ontlaut de ('(nstitut ; Mathieu Bokafobs, <3e Tiniu; B. Gaii-loh , de Dieppe; V. Jacqbemont, Juua Foi!TEj?EM.E,etc. 3" Poiirlcs Sciences meclicales: MM. Bally, DAwrROM , G.-T.Dois, Amepee DoPAii , FossATi, Gasc; Gersojt, de Uambourg ; de K.lRCK.noFF , d'Anvers; RtGor.LOT fils, d'AmieDS , etc. 40 l^nuT \3s Sciences p/iilosopUques et moraUs , politijiies, geograpkigues et hislon'.-^ites : HM. M. A. JuLLtEW, de Paris, Foudateur-Directeur de la Revue F.iicfclr>i:idique; Adolphe BtAPTQur, Ales, de la Borok , Joimard, de Vlns- titut; M. AvEHEL, Bapiie du Hocage fils, Berjamin CoKsxAnr. Charles Comte.Deppiho, Dufac, DtinovER, GniGNiADT, A. Jalbkrt, J. Labocderie, Alex, Lameth, Lahjiuwais fils, P. Lamt, Lesueor-M^lik, Massias, AlmrjC Monteihont, EoseeeSalverte, J.-B. Sav; S«.ohde deSismonui, de GenevcjWAnnKOEKio, de Liege, etc.; DtrpiK alne, Berville, Bodchene- Lefer , Crivelli , Cb-Benouard, Tailtjvndier , avocats, etc. ,5" Pour la l.il'.eraturefrancaise et etrangere, la Bibliographic ,\.'Archeologie et lei JSeaux-Jris .-'M.yi. Akdrieox, Amaury-Ddval, Emeriu David, Lemer- ctER , i>E Segiir , de 1 lostitut; Andriedx, de Limoges; M">eL.-Sw. Belloc; MM. MrCBEL EeRR; J.-P. BrF.S , BuRHOUP fils, ChACTET, CBESEnOLX.K, de Lief: P. - A. Cocpiw, Fr. Degeoroe , Dumersan; Pb. Golbery, corjes- poua..nt de I'fnstitut; Lios Hai.evy , Hesricbs, E. Hereau, Auouste JoLLic.w fils, BerKard Julue:;; lL»Lvor., de Zanfe; Adrirk-Lapasoe, J. V I.eclbro., Nestor L'uote , A. Mahwl , D. P. Mendihii. ; Mohxiaro, de Lausanne ; C. Paoahel , H. Patiw, Pojsgerville, uk Reipfewbero; bb RonJODx; dk STAs»ART,de Brnxeiles;FR. Salfi.M, S<;BtHA8, ScHMTZf.EB, LeONTHIESS*, p. F, TlISOT, VlGUIER,\lLLESAVE,S.VlSCOKTI,etC. A PARIS, AU BUREAU CENTRAL DE LA RE^X^E ENCVCLOPfiDlQUE, UUB l)'EKFEH-S.-MICHaj.,B° i8; ARTHUS-BERTRAND, LIBRAIRE. RUE DACTEFEUILLK, H" 23. NOVEMBRE 1828. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuisle moisde Janvier 1819, il parait, par auii6e, dou7.e cahiers de ce Recueil; cliaque cahier, publieie 3o du mois, se compose d'en- viron i4 feuilles d'iraprcssinn, etplus souventde i5 ou 16. Ob souscrit h Paris, au Bureau cttnCral tfabonnenKnt tt d'exprditwn indiqu6 sur le titre , et cliez les llbraires ci-apres : ARTHUS BERTR AND , rue Hautefeuillp , n" a3 ; Au MusKK BNcvcLOPBDiQirK, CHEZ BossiKGE pfere,rue Richelieu, n* 60; J. RekoU4K», rue de Tournon, n" 6; Prix de la Soiucrip'ian. A Paris 46 fr- pour un an; a6 fr. pour six mois. Dans ies departemeDs. 53 3o A I'etranger 60 84 En Angleterre 76 42 Lc monlantde la sousrription, envoy6 par la poste, doit 6tre adres^t fravance, FKAMC dh port, ainsi que la correspoudance, au Directen, de la Revue Encxclopsdiquc , rue d'Enfei^SMnt-M^chel, n° 18. Cast a la indme adresse qu'on devra envoyer les o^uvrages de tout genre et les pravures qu'un voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on rtesirera Tinserlion. On peut aussi souscrire chez les Directeurs des postes et chez les princlpaux Libraires, k Paris, dans les d^partemenif et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons formeni un volume. Chaque volume c.it termini par une Table des matiires alpknb^tiqne et analydque, qui cclaircit et facilite les recherches. Cette Table est tou jours jointo au i"' cahier du volume suivaat, ft I'exception tie la derni^re Table dc I'anade, qui est exp^dide isol^menl a tous ceux qiii peuvent y avoir droit On souscrit, seulement ^ partir de deux epoques , du \" Janvier on du lirjiu'llet de chaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. On t'ouve, ao bubeau cbhthal, les collections desannees 1819, i8jo, sSzt, i8a3, t8a3, i8a4 et i8a5, au prix de 5o francs chacune. Chaque aunee de la Kevuc Encyclopidique est ind^pendante des annfes qui pr^cedeat, et- forme une sorte d'/inmiairv scientijique et littiraire, en 4 forts volumes In-8', pour la periode de terns inscrite »ur le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, OD ANALYSES ET ANNONCES RAISONN^ES BES PRODUCTIONS I.E3 PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTER ATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. L'EDUCATION DOIT-ELLE ETRE LIBRE? SECOND ARTICLE. TROISIEME PAKTIE.(Yoy.ci-(lcssus,])CL'^. i5 et suiv.) Nous ne vivons sous I'cmpire d'aucun des deux systemes qui viennent d'etre exposes. 11 ne serait pas facile de designer I'idee-mere, le princlpe geuerateur d'ou derive notre legis- lation en matiere d'enscignement. Elle participe [du premier systeme en ce qu'elle laisse libre I'ediication domeslique, ct qu'elle met a la charge des parens les frais de I'L-diication et le paiement des mailres : e!le participe du second en ce qu'elle reserve a I'Etat ie privilege cxclusif d'autoriser ct d'instituer les maitres, toutes les fois qu'il plaira aiix families de dele- giier 1 education. J. XL. — Novernbre 1828. 18 266 L'lEDUCATION Notre regime universitaire est beaucoup plus facile a expliquer historiqiiement qu'a ramener a des priiicipes ra- lioniicls, consequens avec eux-memes. L'origiue de TUniversitc', comme celle de tant d'autres communautcs , appartient a ces tems ou I'esprit de corps etail line des rares sauvegardes ouvertes centre rimpuissance des lois, et ou la violence des desordres obligeait les individus a se serrcr les uns centre les autres pour se servir mutuelle- menl de soutien , et pour etre moins facilement ecrascs. A cetle epoque , on reconnaissait des privileges, niais non des droits; et les liberies les moins contestables, perpetuellement mises en question, avaient besoin d'etre accordees en fran- chises, et garanties par des chartes violees sans cesse et sans cesse renouvelees. Le pouvoir dominant traitait avec les communautes de puissance a puissance; pour prix de leur soumission, il Icur garantissait le monopole, et les protegcait centre toute concurrence de la part des individus qui leur etaient etrangers. Les moeurs. publiques etaient faites a ces idees; le classement des professions sacrifiait la liberie a laquelle en ne songeait guere, mais prolegeait les peuples centre des dangers presens, centre des maux redeutables ; aussi ne se faisait-on nul scrupule de trailer comme usurpa- teur quiconqiie pretcndait a exercer lui-meme celle de ses facultes naturelles dent une corporation quelconque se trou- vait raise en possession exclusive. De mcme que pour vendre du drap il fallait appartenir a la communaule des marchands drapiers ; pour en fabriquer, au corps des fabricans; a celui des beuchcrs pour vendre de la viaude, des libraires pour vendre des livres; de mcme, pour donner rcnseignement, il fallait faire parlie du corps enseignanl. Des hommes voues par etat a la culture des sciences et des lettres devaient naturellement prendre le pas sur la plupart des autres professions. La consideration qui s'attache aux hommes plus instruits que leurs conlemporains, les honneurs accordes par les princes eclaires , soigneux de recompenscr Ic merilc, Timportance de i'inslruction sur le sort des genera- DOIT-ELLE ETRE LIBRE? 267 tions qui s'elevcnt, visible pour la prevoyance la plus vulgaire, les rapports du corps enseignant avec d'autres corps eclaires , tels que le clerge, les parlemens, rapports tantot d'alliance, tantot de guerre, et qui donnaient interet de le meuager, toutes ces causes ont fait de I'Universite une puissance, et I'ont mainlenue a la haute dignite de fille ainee de iios rois. Les progres des tenis , retablissement de la paix publique et de Tordre, la diffusion des lumieres et de I'industrie, ont ruine successivement la plupart des monopoles, dont nean- moins plusicurs subsistent encore. Celui de Tenscigneinent devait durer plus long-tems que beaucoup d'autres. Trans- porte de TUniversite au gouvernement, il semble que ce soit une arme devenue necessaire a la force et au maintien du pouvoir, et beaucoup sent d'avis que la prudence defend de le deposer entre les mains libres des citoyens. Exaniinons si la suppression de ce monopole aurait, soit pour le gouvernement, soit pour les interets particuliers, les dangers que Ton redoute. Dans I'interct general et dans celui du gouvernement, trois argumens principaux sont preseutes. « Il faut, dit-on, que le gouvernement fasse enseigner ses docU'ines; il f;iut de I'unite dans I'enseignement; il faut que les saines doctrines soient seules propagees et garanties. » Pour savoir done s'il y a incon- venient ou avantage a enseigner exclusivement certaines doc- trines, essayons de les considerer sous leur triple caractere d'offioielies, d'uncs et de bonnes. Anx epoques de conquctes , ou les vainqueurs imposaient un gouvernement aux vaincus chez lesquels ils s'etablissaient, la nation conquerante avait ses interets a part des peuples con- quis et gouvernes; il lui fallait, pour affermir sa domination, leiir imposer sa langue, ses lois, son enseignement. Les memes necessites ont existe toutes les fois que des castes quelconques, dominantes ou aspirant a le devenir, ont voulu soumettre a leurs idees la population , etlui faire accepter leurs cnseignemens sans examen et par consequent sans concur- rence. 18. 265 L':tDUCATION On concoit qu'alois les goiivcrnans ft les gouvernos, Ii>s maitres et les disciples, forment deux pcuples a part, doiit I'uo veut dresser I'autre pour le tenir siijet, dont I'un est laif pour instruire et I'autre pour cti'e instruit. Cet ctatde choscs cst-il le notrc? Notre gouvernement csl-il nne force otrangore, qui ait pour mission dc faconner uos idees, dans la vue de nous exploiter avec moins dc peine au profit de quelqucs interots prives? La societe et lui sont-ils deux puissances enneraies en presence comme le maitre et I'esclave ? S'il en etait ainsi , j'entendrais la necessite d'un ensei- gnement officiel , tout en souhaitant , a nous autres esclaves, dcs amcs de trenipe asscz forte pour grandir en Ic dcdaignant. Mais non : grace au ciel , non, tel n'est pas notre etat po- litique. Le gouvernement, chez nous, tcl que uos moeurs et nos institutions I'ont fait et le feront chaque jour davantage, n'est pas un maitre jaloux, un doniinateur etranger. C'est la loi vivante; c'est I'emanation, le serviteur du pays : service auguste, le plus grand, le plus noble qui puisse honorir riiomme sur la terre et I'cnvironner de puissance et de gloire. Le gouvernement, c'est I<; pouvoir central, sympathique avec la majorite des citoyens, et appele a mettre en pratique tout ce qui apparait de sage et d'utile dans les opinions dominantes, ct dans les interets les plus gencraux. Ainsi compris, le gouvernement n'a pas et ne pent pas avoir ses doctrines a part de la societe, puisqu'il n'est pas autre chose que la representation de cette societe ni«;me , ou plutot que I'expreshion de sa majorite. On retrouvera done inevitablenient les doctrines officieiles dans le sein de la societe, qui a coromunaute d'interet et de passion avec son gouvernement pour les faire prevaloir. Dcs doctrines qui seraient ccUes du gouvernement ct que la societe rcpudierait supposeraient un gouvernement sans parli dans la nation, sans echo, sans appui; gouvernement bizarre, puisque ce serait uue emanation qui n'emanerait de personne, nne representation qui ne representerait rien. .Stq)posi r til) gouveiiK ment qui u'exprimorait que I'opinion DOIT-ELLE tTRE LFBRE? '269 d'line minorite nationale, c'est siipposer un etat de chosea niauvais. Mais enfin, dans les cas mcme ou se realiserail cette fAcheuse hypothese, le goiivernement dii moins represeiite- rait, a defaut de la majorite, iinc fraction quelconqiie dii pays. Eh bien ! dans ce cas encore, les doctrines oHicielles se retroiivent quelque part dans la nation ; pour pen qu'elles meritent de vivrc, elles peiivent s'y soiitenir et s'y ctendre, par le travail et les efforts de leurs partisans. Elle n'ont pas bcsoin que I'Etat les place dans toutes les chaires, les im- pose a toutes les ecoles. Mais il faut aussi faire la part d'une consideration des plus graves. Le gouvernement, quoique n'etant vrai qu'autaiit qu'il represenle la majorite, n'a pas, pour cela, droit de re- jeter la minorite hors de la sphere sociale. Le droit de la mino- rite a emettre ses opinions, a les produire j)ar ses organes , k les propager par ses enseignemens , est tout aussi sacre que celui de la majorite meme. La majorite, qui, en cette qualite, a droit de gouverner , n'a pas le droit d'etouffer ses advcrsairts sans combat. La minorite d'ailleurs se composera toujours d'elemens tres divers. Ce qui fait la majorite , ce sont les opinions assez solidement etablies, assez ouvertement prou- vees, assez eviderament utiles, pour entrcr dans la convic- tion du grand nombi-e, et pour parler an bon sens ordinaire. Ceux qui composent la minorite, ce sont les hommes en arriere et en avant de leur siecle ; ce sont ceux qui ne com- prenneut pas encore ce que les masses comprennent deja, et ceux qui prevoient deja ce que les masses ne pressentent pas encore. Aux uns comme aux autrcs doit demeurcr toute liberte de parole et d'enseignemcut. Aux uns on ne pent pas inter- dire de combattre pour le mainlien d'idees dont ruxperience du passe s'accommodait; auxquelles des habitudes, des affec- tions, des interets les attachent encore, et que Ton peut sans danger laisser enseiguerct produire, si elles ne repondent plus a rien de reel. Quel tort, si elles sont mortes, craigncz-vous qu'elles fassent a vos doctrines officielles ? A quels efforts reunis connaissez-vous la puissance de rallumer des ceudres ? 270 L'EDUCATION (pliant a celte nunoritc qui sc jette h I'avant-gaide de la civi- lisation, laisscz-la, pour votre propre salut, battre libremeut les sentiers uon encore explores, et soulever des idees nou- velles. Si des aventuriers se fourvoient, les masses ne les sni- vront. pas ; si leurs paroles sont de vains sons , le bon sens populaire ne les redira pas , et ne se souciera pas nicme de les comprendre. Mais puisque le genre humain est perlectible , il faut bien que ce qui est se resigne de bonne grace a se laisser cnvahir par ce qui sera : il faut que les idees nouvelles , digncs de fruclificr ct salutaires a I'espece humaine, apres avoir apparu comme des theoiics audacieuses, deviennent des lieux communs philosophiques, pour arriver plus tard h penetrer dans la pratique des affaires. Ainsi done ce pretendu interet du gouvcrnement a faire cnseigner ses doctrines a lui n'est concevable que dans un regime qui n'cst pas le notre , ct ou I'Etat scrait distinct des citoyens. Aux doctrines du gouvernement, repandues dans toute la partie de la nation dont il exprime et represente les opinions , appartiendra la plus large part de puissance. Venant de lui , dont I'interct est de ne pas se separer du bien general, dont la vne plus indepeudanle apercoit les objets de plus haut, elies se presentcront avec faveur a litre de conseils, sans faire violence a aucune persuasion, sans etouffer d'autorite aucune doctrine heterodoxe. En laissant ainsi les opinions se developper et s'enseigner en liberte, le gouvernement saura discerner celles qui meiitent d'etre appuyoes par I'autorite de sou assentinient; il saura, en les laissant toutes libres, les survciller toutes, afin de pour- siiivrc les infractions aux lois et les violences centre ia liberte. Plusieurs personnes attachent a I'unite de doctrine une extreme importance. II ne m'est pas donne de comprendre quels avantages on y trouve; et les sinistres predictions d'anar- chie, dont la diversitc d'enseignement contiendrait, dit-on , la menace, ne me frappent guere que comme un vain bruit de mots sonores. La pretention a Tunite, tout ordinaire qu'elle soil a I'esprit humain , en est une des plus dangereuses maladies ; DOIT-ELLE feTRE LIBRE? 271 c'est pour la satisfaire que tant de systeme* font raentir les fails ; ses allies sont rintolerance dans les opinions et I'immo- bilite intellectuellc. L'unite est belle : qui en doute ? mais eiie n'est possible que bien haut, car elle n'appartient qu'a Dieu seul. Condition et signe de la perfection , elle est exclusive de la libertc, et ne s'associe qu'avec uuc sagesse qui n'a pas besoiu d'etre libre, et qui en sait trop pour avoir un choix a faire entre le bien et le mal. L'unite suppose rinfaillibilite : oii est-elle dans les matieres d'enseignement? ou est-elle dans les opinions, dans les sciences, dans la litlerature, dans I'histoire? Vouloir desdoctrinesuniformes, c'est pretendrequejamaisqucl- ques unes n'auront raison contra cette unite; c'est dire qu'elle tranche toute question, sans que la contradiction soit possible, ni le doute perniis; sans que nulle amelioration ait le droit de se proposer; c'est croire que les progrcs de I'esprit humain s'operent en vertu d'illuminations soudaincs, sans tatonne- mens individuels, sans efforts perdus, sans essais infructucux. Les partisans de l'unite d'enseignement ignorent-ils done que la science ne sera point finie, tant qu'existera le monde, et que notre faillibilite, a chaque instant manifestee par la dou^ loureuse experience de nos ecarts, est I'attribut necessaire, la condition inevitable de ce qu'il y a de plus noble dans I'esprit humain, de sa liberte, et de sa perfectibilite progressive ? Si I'autorite qui impose un enseignement ne se trompe pas, apparemment elle trouvera dans la verite meme de son en- seignement assez d'evidence et de force pour le faire accepter par les esprits sinceres. Si elle se trompe, de quel droit im- posc-l-elle a tous le joug de ses erreurs ? L'unite d'enseignement est la chimere de tous les despo- tismcs, politiques, scientifiques, religieux; de meme que leur eternel moyen d'execution est de prevcnir a I'avance, par une censure prealable, toute atteinte contre les saines et purcs doctrines. Les voix les plus eloqucntes ont tout dit sur la censure , sur son inutilite, son injustice, ses dangers. C'est la une dc ces questions jugees, sur lesqnelics la raison publiquc n'entcudrait 272 L'J£DU CATION plus qii'avec impatience des devcloppemens desormais super- flus. Le monopolc de renseignemcnt, loisqu'il se vantc de prevenir I'cmissiondes doctrines prcsumeesniauvaises, s'altaque lui-raeme; car il justifie par la son etroite parentc avec cette odieusc censure si fatalc aux progres dii bien. Sous quelque point de vuc que Ton envisage I'interot de I'administration , Ton n'apercoit pas ce qu'elle pourrait ga- gner a rester dispensatrice souveraine de I'education. Il n'est pas t'tonnant tontcfois que le pouvoir, oblige de soutenir bien des luttes , et naturcUement preoccupe par le desir de se for- tifier et de s'etendre, sesoit exagere I'importance de son action sur renseignemcnt, et ait compte pour un grand avantage I'esperance d'y parler seul. Beaucoup de tems est necessaire pour que les esprits se plient a comprcndre que la vraie force du pouvoir est dans sa sympathie complete avec les intercts generaux. Est-ce avec plus de raison que Ton invoque en faveur du monopole I'interet des particuliers ? Prenons cette soUicitude pour sincere. Oublions qu'elle n'est souvcnt qu'un pretexte mis en avant afin de couvrir d'autres intercts que Ton n'avoue pas. Convenons qu'une reserve, dont le principc est respectable, arrete et preoccupe de trcs bons esprits. Beaucoup de personnes s'ecrient : « Voyez ce que vous risquez! Tremblez de I'incurie des parens, de I'inhabilete ou de I'immoralite des maitrcs! Tremblez surtout que de deplo- rables influences n'envahissent la direction des generations qui s'elevent! « Entendons cette dameur, et tachons d'y re- pondre. Remarquons d'abord que le langage du monopole est le meme en toute matiere. On leproduit, a propos de renseigne- mcnt, avec une perseverance que les refutations de I'expe- rience ne rebutent pas, les argumens que Ton a uses contre la liberie d'industrie. On veut premunir les families contre leurs propres erreurs dans le choix des maitres, des methodes, des objets d'enscignement; de meme que par les jurandes et mai- trises, on voiilait proleger les acheteurs contre les vcndeurs, et, DOIT-ELLE iXRE LIBRE? 273 par les reglemens de manufactures, les consommaleurs centre les fabricans; de meme, encore, que, par un precede d'esprit tout semblable, on appelle h I'aidc de I'innocence des lecteurs la censure centre les ecrivains. C'est toujours la niise en tutelle des particuliers au profit d'une anterite qui se vante d'etre seule capable de penser et de choisir pour eux. Deux presomptions puissantcs protestent cependant en fa- veur des families, et ne perraettent guere de douter que le cheix et la surveillance des enseignemeus et des maitres ne doivent etre plus ulilement places dans leurs mains que dans celles de I'Etat : I'affection est plus vive , et I'interet plus grand. II serait difficile de ne pas cenceder ces deux points : aussi est-ce ailleurs que les objections vent se retrancher. Les lu- mieres, dit-on, ne seront pas suffisantes de la part des peres; I'Etat doit proteger les droits des enfans et ne pas souffrir qu'ils restent exposes a la merci des intrigans qui egarerent la bonne foi des families, qui corrompront I'enfance, perverti- ront la jeimesse. Autre chose est de mettre en parallele I'intelligence de chaque particulier avec la masse de lumieres que le gouvernement pos- sede, autre chose est de reconnaitre si chaque famillc, snr chaque education , ne s'y entend pas mieux qu'un peuvoir qui n'a ni un devoir si grave ;\ remplir envers I'enfant, ni une affec- tion si forte , ni un interet si immediat. Un pere, tout pauvre, tout ignorant qu'il soit, place pres de ses enfans, au meme degre qu'eux sur I'echelle sociale, instruit de leur caractere, sentant leurs besoins , assistant aux developpeniens successifs de leurs facultes, a sur leur sort futiir et sur les convenances de leur education un sentiment plus net, une prevision plus clairvoyante, que I'administration centrale avec ses vastes lu- mieres : car I'administration, obligee de procedev par gene- ralites, doit faire abstraction des individus, et n'arrive aux ap- preciations particulieres qu'en descendant par I'intermediaire d'une multitude de subordonnes, hors d'etat souvent de pre- senter de suffisantes garanties. 274 L'EDUCATION On peiit etre incapable d'instruire soi-menie ses enfans et tres capable de leur choisir des raaitres. Qu'on ne dise pas que le discernement des dernieres classes de la societe sera souveut obscurci par I'ignorance et la misere. A defaut des lumieres qui leur manquent, elles trouveront dans les classes plus elevees des directions et des conseils : elles consulteront la faveur publique dont le suffrage ne soutiendrait que des ecoles ou I'education trouverait de sages garanties. Mais d'aillcurs que craint-on pour les basses classes? Qu'ont-ellcs a perdre au regime acluel? Le monopole universitaire vend I'education et ne la donne pas. Des maitres, des enseignemens , choisis tant bien que mal, valent toujours mieux que I'absence totale d'en- seignemens et de maitres. Les families, au lieu et place des- quelles le monopole fait aujourd'hui ses choix, sont les families qui peuvent payer I'instruction. Pour celles-la, elles sont au- dessus des premiers besoins de la vie; elles ont une Industrie ou un patrimoine : elles ne sont done pas depourvues de quel- (jnes lumieres, compagnes ordinaires de I'aisance. La fortune que suppose une certaine quotite d'impots inspire a nos lois fondamentales assez de confiance pour leur designer les hommes qu'elles inveslissent de la mission redoutable de prononcer comme jures sur la vie et I'honneur de leurs concitoycns, et de la mission non moins grave d'elire les deputes du pays. Assez d'aisance pour payer I'education de ses enfans suppose ou assez d'intelligence ou assez d'usage du niondc pour savoir leur choisir des maitres. Si le monopole cherche a appuyer la necessite de son exis- tence sur le pretexte de I'ignorance generale, que repoiidra til quand on viendra lui demander, a lui, compte de celte igno- rance? Pourquoi ne I'a-t-il pas fait cesser, lui qui s'etait charge derinstruction detous?C'est sous son empire que tantd'honimes lauguissent sans culture, que tant de citoyens sont perdus pour la patrie, que tant d'ecoles manquent a la population; que I'ins- truction secondaire, renfermee dans le cercle etroit des etudes classiques, reste inutile et iuabordablc pour la majorite des ci- toyens. Le monopole iaisse a leur abrutissement les ignorans et DOIT-ELLE iTRE LIBRE? 475 les pauvres : il impose ses entraves k qui ne demande, pour prosperer, que la faveur de so passer de lui. Quand I'Etat, en vertu de la presomption de son discerne- ment superieur, s'attribue le choix exclusif des enseignemens , des methodes et des maitres , les engagemens qu'il contracte ne vont a rien moins qu'a I'obliger de choisir toujours mieux que lous les peres. Si une seule fois il vient a choisir plus mal, ne sent-on pas tout ce qu'il y a de deplorable a avoir ravi a la famille I'exercice d'un droit, non seulement sans profit pour I'enfant, mais meme a son prejudice? Lequel est le plus cou- pable, le plus malheureux , de celui qui se trompe en remplis- sant mal une obligation dont il est naturellement charge, ou de celui qui manque a une obligation apres en avoir volontai- rement assume sur lui tout le poids pour priver un autre du droit de I'accomplir? Or peut-on dire que I'infaillibilite soit un attribut necessaire du monopole? Certes, il s'en faut bien que notre Universite manque ni de lumieres ni de zele. Des hommes quibrillent par de hautes vertus et par des talens eprouves, des professeurs instruits, des savans modestes, de sinceres amis del'enfance, s'y reunissent pour en former un corps d'elile. Et cependant n'y a-t-il pas une part a y faire aussi pour les mauvais maitres, pour les mauvais exemples , pour les enseignemens perdus , pour les etudes a recommencer? Tout ce que nos colleges ren- ferment d'hommes eclaires manquera-t-il done au choix des parens , alors que les suffrages du public et I'approbation des families auraient a designer les maitres que I'administration institue aujourd'hui? II arrive, dans nos colleges, que des ca- racteres se degradent, que des intelligences se retrecissent, que des moeurs y sont fanees, des vocations interrompues, des esperances avortees. Si rarcs qu'on veuille supposer ces mal- heurs, quel desespoir lorsqu'ils autorisent un pere a dire a la loi : '< J'ai du recourir aux seuls enseignemens , aux seuls maitres que vous avez permis a mon enfant. Pourquoi ne m'avez-vous pas laisse libre de faire mes choix suivant ses besoins? Si je m'etais trompe, je ne pouvais accuser que moi, et mon erreur 176 L'EDUCATION privee restait sans autorite, sans scandale. Mais vous, qui avcz voulu etre pere a ma place, voj'cz ce que vous avcz lait ! » Centre les vues de I't'ducation , ofiicielle ou non, le meillcur remede est dans reducation que I'cnfant ou le jeune homme se donne a lui-meme. Si la famille I'a neglige, ou si elle I'a eleve a tort dans un systeme d'idecs oppose a cclui qui pre- vaut dans le pays, ct que la niajorite descitoyens suit et aft'ec- tionne, des moycns d'amcnderaent se presseront autour du jeune homme, lorsqu'a son entree dans le monde il se senlira vivre dans une atmosphere nouvelle. Desecoles pour les adultes , des cours publics, des tribunes, des academies, des theatres, et, plus que tout cela, ce commerce actif des intelligences qui unit ensemble les habitans d'lm meme sol ct les sisjets des niemes lois , celte circulation de livres , de journaux , de paroles qui mettent en mouvement tant d'idees, voiia des remedes puissans contre les erreurs et la negligence des fa- milies. Sans doute les memes remedes ne manquent pas contre I'education dont I'^tat s'est fait exclusivement distributeur. L'experience de tons les jours montre ce que deviennent, apres quelque tems, la plus grande partie des lecons qu'on a piiisecs dans les colleges. Toutefois la chance de guerison ne diniinuera- t-elle pas si les erreurs dont on aura empoisonne les ecoles se relrouvent dans les institutions publiques? Mais un nial plus grand est a redouter. Est-il done d'une politique bicn sage d'associer a des idees d'opposition contre le gouvernement les premiers efforts par lesquels une jeune raison se raidira pour purifier les enseigncmeus qu'elle aura re^us, et pour rejeter ce qui pourra lui doplaire? Tout demohtre qu'erreurs pour erreurs, cellcs des particu- liers entrainent nioins de maux que celies de I'Etat. Les conse- quences terribles du monopole, s'il venait a tomber en man- vaises mains, font fremir, et devraient seulcs faire renoncer pour jamais a affronter la chance desastreuse d'un enseigne- * ment exclusif qui scrait corrupteur. II n'y a meme aucun bieii il attcndrc de la diance opposce; car le monopole ne serail DOIT-ELLE tTRE LIBRE? 277 pas bon , meme quand dcs mains sages et pures en auraient toujours le depot. La meilleure education officiclle est obligee sous peine de folie a pousser la circonsjiection jusqu'a la plus scrupuleuse timidite. Le moindre chaiigcment, quand il part de i'autorite, est de la gravite la plus haute; le tenter c'est risquer en expe- riences une direction oil Ton a pris en quelque sorte I'engage- ment de ne sc troniper jamais. Qui pourrait compter combien aujourd'hui, au milieu des meditations graves dirigees de toutes parts vers la science de I'education, I'existence du monopole etouffe dans leurs germes d'idees utiles et de perfectionnemens salutaires? Avec la liberte, on verrait les ameliorations s'intro- duire, les experiences s'accumuler, et une mobilite feconde succeder a la reserve obligee de I'immobilite officielle. Sans doute on se trompe souvent alors qu'on innove; mais ne se trompe-ton pas autant en demeurant stalionnaire? Le but de I'education, c'est de conduire chaque individu, le plus directe- ment qu'on pourra, vers la place qu'il lui convient d'occuper dans le moiide pour son bien et pour celui des autres. Si la societe marehe a pas de geants , I'education peut-elle etre bonne sans s'avancer avec elle? Entre cent exemples, pour n'en citer qu'un-seul, n'est-ce pas raerveille que de voir, de nos jours, lorsque tant d'etudes si varices , si graves , soliicitent les mo- mens et I'attention de la jeunesse, les reglemens exiger que pour couronnement supreme des cours classiques de nos col- leges, on professe la philosophic en latin? La liberte a ses erreurs,mais elles sont plus reparables, plus courtes, moins generales que cciles du monopole. La liberte du moins s'ac- commodeh la diversite des esprits, des besoins, des opinions, et laisse chacun maitre de sa route. En donnant pour surveil- lant aux instituteurs le public tout entier, et I'atlentive sollici- tude des families, elle vivifie I'education par la concurrence et par une emulation de tons les instans. Une verite que I'ex- porience a rendue triviale, c'est qu'il faut pratiquer la liberte pour devenir digne d'elle. Un enfant qu'on retiendrait dans son lit de peur de quclques chutes n'apprendrait pas a mar- 178 L'EDUCATION cher. Pour que les populations se meltent en etat de choisir les enseignemens et les maitres, le plus sur moyen est de ne Icui" pas interdire cet usage de leur jugement. On craint que Ic charlatanisme ne fasse des victimes; mais croit-on qu'il n'y ait de chances pour lui que sous la liberie, ct ne sait-on pas au contraire que la concurrence et la publicite le tuent? Quand le gouvernemcnt se charge de veiller pour tons, la paresse ge- nerale s'en tient volontiers i I'examen qu'il fait des choses et des homnies. Le public habitue a voir ses affaires gerees par son gouvernemcnt reste incapable de s'en occuper; il est con- fiant, il est credule, il va au devant des deceptions. Qu'on le charge du soiu de ses affaires, sa sagacile s'eveillera, et per- sonne ne le trompera long-tems. Il faut aborder avec franchise une objection devant laquel'.e beaucoup d'exccllens esprits s'arretent epouvantes. « Les tems, dit-on, ne sont pas opportuns pour precher la liberie d'edu- cation ; de toutes parts de puissans advcrsaires se tiennent aux aguets pour s'en emparer. Ne les voyez-vous pas tendre autour de vous les vastes filets de leurs deceptions puissantcs ? lis y ont enlace deja une parlie considerable de la population. Qu'ad- viendra-t-il si le gouvernement ne se liguait pas avec le public pour dejouer leurs efforts? » En verite, plus j'etudie cette objection, plus je demeure con- vaincu que les pires conseils sont ceux de la peur. J'entends tres bieu que, sous le regime on nous vivons , Ton s'unisse pour reclamer avec force de I'autorile publique qu'e'.le ait a prendre le soin d'elever de puissantes barrieres contre les invasions de corporations ennemies. Quand on se presente aux families comme raandataire necessaire de I'education de tons les en fans , il faut bien qu'avec la mission de tout faire on accepte la charge de tout empecher; et la responsabilite du mal qui se commet ne pent relomber que sur celui-la qui tout seul a le droit d'agir. Mais qu'on ne s'y tronipe pas : les prohibitions, les censures preventives, les persecutions, les bannissemens sont de faibles digues contre I'envahissement d'une opinion nicme coupablc et menteuse. Voire gouvernement, quel qu'il fut, v i DOIT-ELLE ETRE LIBRE? 279 perdrait son credit et sa peine. La seule protection efficace du pays , et en meme temps sa seule protection legitime, c'est la liberie; son vrai defensear c'est lui-meme. Quand il sera libra dans ses choix, il saura reconnaitre qui il veut et qui il repousse. Quand chacun deploiera ses forces, appellera ses amis, montrera ses oeuvres, il faudra bien que la victoire de- meure h. qui meritera de la remporter. Rends-nous le jour et combats contre nous , disait I'impie Ajax au maitre des dieux ! Ce defi valait une meilleure cause. Qu'on nous donne la liberte, et viennent ensuite nos cnnemis ! Nous croirions bien pen a la force de la verite si nous regardions ses armes comme de trop faible trempe contre celles du mensonge. A qui done appai- [ient-il d'avoir foi dans I'avenir, si ce n'est a ceux qui croient en eux-niemes? Soyons justes, meme envers des gens dont leperpetuel effort est de manquer envers nous de justice. Les corporations que Ton redoute n'ont pas le droit d'etre libres avant nous ou sans nous ; mais elles ont le droit d'etre libres si nous le sommes. Ou elles commettront des delits dans I'enseignement , et alors il les faudra punir; ou elles se renfermeront dans Ics limites legales , et alors comment entendrions-nous la liberte, si nous n'en voulions que pour nous ? Quelle est la vue assez courte pour ne pas voir jusqu'oii les peuples s'engagent, lorsque , parells a I'imprudent cheval de la fable , ils sollicitout le joug pour mieux poursuivre leurs ennemis ? Votre confiance dans le pouvoir central est sans borues aujourd'hui , mais savez-vous ce qu'il sera demain ? Qu'adviendra-t-il de vous s'il tombe aux mains de ceux contre lesquels vous croyez necessaire de forger le vaste reseau oii vous vous tenez enchaines avec eux ? User du monopole pour resistor au mensonge, c'est fortifier un mal pour en combattre un autre, et s'exposer a ce qu'ils fassent alliance contre les imprudens qui se fient a I'un des deux. Nos terreurs perdraient bien de leur force si notre imagi- nation ne leur en pretait pas. Les corrupteurs de la morale pu- blique , dont I'ambition nous effraye , ont I'habilete d'epaissir a8o L'EDUCATION autour d'eux )es tenebres menacantes au sein desquclles leur fantome grandit a nos yeux. Le grand jour de la liberie d'en- seignement aurait bientot desenchantc leur puissance. Ni les particuliers ni le gouverneraent n'ont plus rien a gagner aujourd'hui par le monopolc universitaire. Le regime mixte et equivoque sous lequcl nous continuons a vivre doit faire place a un systeme ou tout se tienne et s'accorde. Notre education domestique est libie; notrc education physique n'est soumise a aucune entrave ; la civilisation generale aura fait un immense progres lorsque I'educalion intellectuelle et morale, laissee tout entiere a la surveillance des families, pourra etre deleguee librcment. CONCLUSION. On fait souvent une distinction entre les verites de theorie et les verites pratiques. On a grand tort. La pratique n'est in- telligente et sure que pour ceux qui , au lieu de marcher an hasard , se tracentun plan et connaissent leur route. Les theo- ries ne sont serieuses et vraies que si leur execution est pos- sible. Pour achever d'exposer les principes de la liberie d'educa- lion , il nous reslerail done a les organiser en systeme , et h niontrer qu'il leur est facile de subir le controle de I'expe- rience. Parvenu a ce complement de mon travail, un scrupule m'a retenu. II m'a semble que jc risquais d'encourir le reproche de presomption si, des a present, tenant pour admis des prin- cipes que la conviction generale pent n'avoir point encore ac- ceptes , j'entrais dans des details de dispositions reglementaires. Ce qui presse , maintenant , c'ost de reconnaitre les principes. Plus tard, et quand ils paraitront affermis, il sera tems d'arri- ver aux applications et de deduire les consequences. Le delai ne pent pas etre long. La liberie d'education est pour noire epoque une de ces questions necessaires vers lesquelles la rapidite du mouvement intellectuel nous emporte, et dont clia- cun de nos dcbats publics appelle et hate I'examen. DOIT-ELLE PLTRE LIBRE? 281 Du jour ou la liberte d'cducatiou aurait pris piaco parmi les dogmes chers a I'opinion , son etablissemcnt serait facile. Elle n'invoquerait pas nne revolution soiidainc , et n'aurait pas re- cours a cette precipitation impatientc qui ,inccrlaine de I'ave- nir, repousse Ics precautions transitoircs. Sans inquieter aucuu droit acquis, sans compromettrc aucuue existence, ellc lais- serait suhsister toutos les maisons officielles d'education dont la France est couverte , et se contenterait de permettrc a des insti- tutions rivaies de soutenir la concurrence. Partoiit oil I'expe- rience inontrerait que les efforts de I'industrie privee pour- rajent suflire, VtAat retirerait par degrcs son intervention reconnue inutile, ct il reporterait aillcurs son terns, ses dc- penses et ses peines, hcureuxdepouvoir concentrcr ses secours sur les points oil les besoins seraient plus pressans et on , sans lui, I'education ne sc donnerait pas , ou se donnerait mal. L'Etat , cessant de s'epuiser en encouragemens de luxe et en efforts superflus, aiderait les families et n'aspirerait pas a les remplacer malgre elles. Sans negliger ni les hautes etudes, ni les ecoles de services publics, ni les enseigncmens speciaux , il placerait au premier rang de ses sollicitudes I'instruction jirimaire; il s'efforcerait de I'asseoir sur une large base, parce qu'elle est un gage de la paix publique, une dette de la societe envers chacun de ses membres, une faible reparation des pri- vations et des doiileurs que fait peser sur les classes pauvres la necessite des inegalites sociales. La memc loi qui proclamerait la liberte d'education pren- drait le soin d'en punir les abus ; car la liberte ct I'inipiuiite ne vont pas ensemble. La liberte morale, type de toutes les autres, trouve dans les tourmens de la conscience le chatiment du a ses (';carts ; la liberte legale doit trouver dans la loi la repression de ses debts. On a su venir a bout de soiimcttre les abus de la presse a des peines efficaces; les debts d'education, dans une matiere fort analogue, peuvent aussi cire prevus avec franchise et reprimcs avec vigueiir. Dc pareils debts sont inevitables; Ic regime du monopole n'en est pas plus exempt que celui de la libgrte; mais la plupart du lems le monopole les t'-touffe , la T. XI,. — NiHTii/tir iS'iHi. iQ 0.S2 L'J-DUCATION lihortc ([iii ii'a ]>a,s dc grarx- a Iriir I'.iirx' .s'lirforniira par Iciir cli.'i lillK'Ht. S"i! est vrai quo la libertc trcdiication soil bonne, si c'cst tin lioiniungo roiuhi a rindi'-pondancc dc la volontc luiniaine, a la '^aiiilitc' des lii-ns dv ramille, a la sagcssc dc distribution dcs Ibrccs do I'Etat, il sorait pncril E L'ABSENTISME ot qui finira par la tuer. Les Anglais instriiits le savent et coni- nicncent a s'eu incjuiolei'. L'IrlaticIc fiit souiDise par la force, et I'ainalgame ne s'est jamais opere. L'ile la plus grande a devore I'aiUre, mais n'a jamais pu la digercr. II n'y a qu'ime seule lie hritanniqiic; I'autre est reslee l'ile d'Erin, I'lrlande. Que nc corrige-t-on ces institutions vicieuses, dira-t-on? — L'objection est naturelle; mais c'est comnie si Ton disait , que ne gucrit-on le cancer? II porte en lui-meme sa malignite. Le paysan iriandais est cathoiique, ses prejuges Uii font uiie loi d'entretenir les pretres de sa religion; mais les pretres anglicans ne veulent pas faire I'abandon de leurs dimes, ils les perroivent avec rigueur. Comment leur persuader que chacun ue dcvrait payer que son culte? Les lords spirituels qui siegent dans la chambre haute ne sont-iis pas la pour les soutenir? n'ont-ils pas aussi leurs dimes a defendre ? Avant de se soumctlre , I'Irlandais s'cst riivolte : c'est dans {'ordre ; on a massacre, on a conlisquc les terres : c'est tout simple. Mais ailleurs, luic revolution n'est qu'une bourrasque passagere; les biens, aprcs avoir passe dans d'autres mains, sont soignes par leurs nouvcaux proprietaires, souvent avec plus de diligence que par les anciens, et le pays prospere plus que jamais. En Irlande, au conlraire, les terres ont etc, non pas vendues, mais donnees aux suppots de la dynastic nouvelle, aux ancetres des Castlereagh, des Wellington, des Bercsford et de beaucoup d'autres. Ces gens, ne ponvant habiter avec agrement, avec surete , au milieu d'un pays ainsr iraitc , sout revenus en Angletcrre , apres avoir loue leurs biens a des speculateurs qui les ont sous-loues par petites portions a de nauvres cultivateurs qui encherissent les uns sur les autres, et se trouvent heureux quand , apres avoir pave leur loyer , il leur reste assez de pommes de terre pour ne pas niourir do faim. Tel est le regime pour lequel on a fait un nouveau nom , I'dbscntlsinc , et que queiques personnes ne rougissent pas de defendre. On conioit que ccux qui se gorgent en Anglelerrc des sueurs ET DE CE QUE'DEVIENDRA L'IRLANDE. 285 dii peuple d'Irlande, ct qui remplissent les hauls emplois de radministration, ne puissent pas consentir de bonne foi a renoncer ^ des abus dont ils profitent; mais que des ecrivains qui devraient etrc independans, des pliilosophes qui professeut I'amour du bien public, soutienuent un ordre de choses aussi vicieux; qu'ils fassent a reconomie politique I'injure de pre- teiidre que cet abominable abus de la force est fonde sur ses principes, c'est ce qu'on ne saurait tolerer. En these generale , iin homine qui consomme tout son revenu n'altere pas le ca- pital national; mais quand il consomme son revenu dans I'etranger ( et rien n'est plus etranger a I'lrlande que I'Angle-r terre ), sa consommation ne favoiise en rien la reproduction, ct ne distribue aucuns salaires, aucuns profits dans le pays. La nianiere dont se font les consomniations n'est point indiffc- rente : une portion des revenus des gens riches est toujours re- jjlacce productivement. Ce sont des ameliorations sur le sol , des batimens, des moyens de communication si tous ces ele- mens de prosperite sont repandus sur le sol anglais , au nioycii des revenus qu'on tire d'Irlande, il est difficile de nous per- suader qu'on ne fait aucun tort a ce dernier pays. Ce n'est pas avec des principes abstrails que Ton pent fjiire admettre ce qui revoke le bon sens. Un ingenieur, apres avoir fait un pont qui est tombe , ne me prouvera jamais par son algebre que son pont devait se soutenir. M. MaccuUoch ne prouvera pas davantage que les spoliatein-s de I'lrlande n'ont aucuns reproclies a se faire en consommant au loin les produits de la taxe de guerre qu'ils font payer tous les ans au peuple d'Irlande. La bonne cconomie politique, la seule bonne, n'est point une science d'abstractions; elle est une science pratique et toute experimentale, comme la physique et la chimie. Sa gloire est d'expliquer les faits, et non de les contredire. C'est ainsi que la concevait Adam Smith; c'est ce qui lui a procure lui succes durable et I'a fait traduire dans toutcs les langncs. Mais il faut pour cela n'ccrire que ce qui est tout a la fois utile et vrai. Pour en revenir ii I'lrlande, et an mal que lui fait rabscn- aSd DE L'ABSENTISME tisnic , on pQut, apres avoir rcconnii quo I'clat do ctlto ilo est violent et centre nature, se dcmaiider comment ccia doit finir; car je nc pcnse pas qii'on sc rallic au souhait philantro- jiique forme pour son ongloulissement. Co qui scrait a desirer pour elle, serait que los torrcs dont on a gratifie les dcfcuscurs de la religion et des dynasties dominalrices fusscnt restitutes ;i leurs anciens possesseurs, on vendues au profit de I'lrlande; quo letablisscmcnl religieux fiil supprime, et qu'il fut loisible aux Irlandais de professor telle religion qu'iis voudraient,a la tliarge de payer leurs pretres. Alors il arriverait la ce qui est ar- rive en Ecosse, ofi la majorite presbyterieinien'a point de dimes a payer, n'acquittc que sa part des contributions generales de i'Etat, et du reste, participe a toutes les places et, a la pro- tection quo I'Etat doit a ses ciloycns. Peu a pen Tlrlande s'iden- tifierait a I'Angleterre , et deviendrait une province procicuse pour I'empire brilannique. Mais les cnnemis de I'empire britan- ni([ue, s'il en a , peuvcnt se rassurer sur la force politique qui resulterait d'une conduite aussi sage. Quand les Anglais par- viendraient a se defaire do cot egoisme national qu'on leur re- prochc , et de ce profond mepris pour tout ce qui n'est pas eux, il n'est pas possible que los interets puissans qui s'oJ3posent en Angleterrc a unc reforme si desirable soient jamais vaincus. Une revolution complete n'en viendrait pas a bout ; car la po- pulace anglaise elle-momc sc revolterait a Tidee d'appeler les Irlandais ses freres. Le mal fera done des progres , et ces progres seront rapides. Voici ce que jo lis dans un ecrit recent d'un medecin anglais qui a sejourno en Irlande plusiours annees (i) : « Il est avere que des milliers de pcrsonncs chassees par le besoin, et aidees par les soiiscriptions des classes aisees , debordent chaque an- iiee sur notre territoire... Bientot les Irlandais arrivcront par hordes, et ol'friront leur travail pour la moitie du prix ordi- (i) Letters on the stale of Ireland , hj (i. R. Ei.moke , M. K. I.ondii's ; Ridgway, ifig Piccadilly. ET DE CE QUE DEVIENDRA L'lRLANDE. 287 nairo dcs salaircs dans node pays... L'ouvrior anglais sei-a force do tiavailler ponr le mcmc prix; autrcnient il manqncra d'on- vragc. II retombera a la charge dcs paroisses... et il n'y a ])as d'acles dii parienicul qui puissent renipecher... Co nial ii'csl pas chimcrique , car on en cpronve dija Ics effets. « Nos rapports aveo I'Irlaade sont toiit-a-l'ait changes par retabiissement de nombreux. bateaux, a vapeur. L'imiiie!!se poiivoir de la vapour a rapproche geographiquenicnt les deux lies ; car on a gagne du terns cl do respace. On ne considcre [)lus un voyage d'Irlande conuiie un sujet de danger ou d'in- quietude. Au lieu d'un trajet moyen de huit ou dix jours, en y comprenant I'attente du paquebot, celle de la maree et d'un vent favorable, nous pouvons maintenant partir de Londres et arrivcr a Dublin ou a tout autre jiort du canal , dans I'es - pace moyen de quaranto heures. « Les comninnications entre I'lrlande et les villes nianufactu- rieres du Lancashire et de I'Lcosse sont encore plus rapides. Moyennant quelques shillings, des niilliers de families pauvres arrivent journellement. Le maire de Cork , M. Richard Parker , a recu publiquement les remerciemeus de ses concitoyens , pour les peines qu'il a prises en recueillant des souscriptions el en faisant embarqner des families d'ouvriers sans ouvrago. Tons ceux qui etaient temoins des horribles soufl'rauces de ccs pauvres gens et de I'impossibilile d'y ])oiter remode aulre- mcnt, ont applaudi a ses efforts. \J Asylc de incndicile , foiiiie par ce brave homme, etait insuffisant pour preserver la masse de la population de niourir de faim. » Dans cet etat de choses , il ne se passe pas de session qu'oii ne parle de prendre un parti sur I'lrlande; mais on se borne a en ])arler. (Jn croit (pie le nial vient de ce que les Irlaudais sont demeiu-es calholiques , sujets du ]iape ; on voudrait qu'iis devinsscnt protcslans-episcopaux. Et quel chemiii prend-ou pour y parvenir? On les fait insulter journellement en chaiie par les prctres anglicans ; on leur fait impitoyablement payer CCS j)r(Hres (pii les itisullent; les orangistes ( c'est-a-dire les uScS DE L'ABSEiNTlSME piotostans cpiscopaux ) , soiit i)orj)C'tticllcineiit en amies, Ics niciiaceiit , les ("usillcnt au l)csoin, conime ces lerroristes qui ccrivaieiit sur Icnrs miirs ces niols : Fraternitc ou la niort , que Cliamfort traduisait plaisamment par ceux-ci : Sots monfierc , oajc tc'tar. Voila par (piels moycns on croit raniencr cette po- pulation aigrie. Au reste , la religion n'est, pour Ics gens eclaires du parti , qu'un elendard politique, une maniere de declarer qu'on est niecontent. Le fanatisnie cesserait bientot si Ton avait de quoi diner; et de leur rote , les chefs du parti prolestant s'intcrcsscnt raibicmcnt anx dogmcs; ils ne croieut pas que le niysterc de la traussubstantiation soitbeaucoiq) plus inexplicable que cclui de la trinite ; mais ii s'agit de maintenir relablissement sacerdotal: car, s'il etait ebranle , tons les autres abus pourraient I'etre. Pour refuser aux catholiques I'emancipation , on pretend qu'il est impossible de se fier au sentient de fidelite que des pa- pistes preteraient au roi, atlendu que les papisles croient que Je pape pent les rclever de leur scrnient. On juge que ce ser- luent est valable quand ils juront fidelite au roi dans la marine et dans I'armee, et on ne le croit pas suffisant pour entrer au parlement ! Si le pape a tant de pouvoir sur les catholiques , dit I'auteur que j'ai deja cite, comment ses foudres ont-elles si peu d'effet quand des armees catholiques envahissent Rome et depouillent le Vatican? On craint que s'ils siegent en parlement , les catholiques no fassent reslituer les biens confisques. On ne fait pas attention que, dans la chambre haute, sans parler du banc des eveques anglicans , il y a soixante-neuf pairs (pii ont pris part a ces confiscations; et que, dans la chambre des communes , les (juatre cinquiemes de la deputation iriandaise forniee , sous rinfluence de Tadministralion, sont dans le memo cas. Que les abus sc rassurent , ils sont bien defendus. On se retranche dcrriere la conscience du roi ; on pretend qu'aj'ant jure de defcndre la religion protestante , il ne pent pas vouloir admettre des legislateurs catholiques ; mais on sail jus- (|u'a quel point de parcils sermens sont obligatoires , quand ET DE CE QUE DEVIENDRA L'IRLANDE. 289 on lit dans I'histoire que les trois princes qui ont fondc la re- ligion "protestante en Angleterre, c'est-a- dire Henri VIII, Edouard VI et la reine Elisabeth, ont tons trois jure, a leur couronnement , de niaintenir la religion calholique. On craint I'esprit envaliissant du clerge romain , et qu'apres une conces- sion il n'en obtienne une autre. Voyez comme les pretres se conduisent en France , dit-on ; apres avoir ete brides sous le Directoire et sous Bonaparte , ils sont redevenus tout-puissans. Mais, peut-on repondre , tout proteges qu'ils sont, voit-on leur pouvoir s'enracincr ? Empechent-ils I'opinion d'avancer a pas de geant ? Blenie en Espagne et en Portugal , celte terre classique de la superstition, ont-ils le pouvoir de retablir I'in- quisition? Et d'ailleurs le clerge episcopal n'est-il pas envahis- sant comme I'autre ? Nejouit-il pas d'un rcvenii plus consi- rable que quelque clerge catholique que ce soit? Le pouvoir de Rome a eu beau etre releve par les imprudences de Napoleon et les terreurs de la sainte alliance , il penche toujours vers son declin ; il n'a plus la bride et I'epcron a I'aide desquels il gou- vernaitles peuples et faisait trembler les rois. Les Anglais croient que la population de I'lrlande depassera toujours ses moyens de subsistance , et que nulle concession n'empechera son peuple de deborder en Angletcrre. Je pense aussi que I'espece humaine est la meme partout, et que la po- pulation devancera toujours plus ou moins les subsistances ; mais tel n'est pas le cas dans le moment actuel ; car I'lrlande exporte beaucoup de vivres , de ble, de viande salee , auxquels ses cultivateurs ne touchent jamais. On sait que les navires qui vont en Amerique relachent presque tous a Cork , a Water- ford, pour y completer leurs provisions. Cette ile contient d'ailleurs beaucoup de terrcs incultes, de marais susceptibles d'etre desseches; et son agriculture, sous un meilleur regime, acquerrait de grands developpemens. Ce qui manque aux Ir- landais , ce sont moins les subsistances que les moyens d'en acheter ; mais des proprietaires toujours eloignes de leurs terres , I'absence des capitalistes qui pourraient former chez eux des etablissemens d'industric , de nombreux fonctioimaires ago I)E L'ABSENTISME civils, eccltsiasliqucs ct militaircs a noiirrir, ile loiirds inijiols a payer, et I'ignorancc qui rcsulle do tons ces niaiix , ne leiii- laissent pas Ics nioycns d'anicliorcr Icur sort. lis n'ont qu'unc senle consolation , ils en usent : la po]>iilation va croissant , et avcc elle la niiscre. Avcc nne existence moins dure ils auraient plus de prevoyance; ils feraient un pen plus d'economies et un pen moins d'enfans; ils dcvicndraient plus civilises; niais cede existence moins dure , il n'appartient pas nux Anj^lais de la lenr donner : jen appclie a tons les [icuplcs qu'ils out tonus dans leur sujotion. Aussi , quand le voeu philantropiquc do ce bon membrc du parlement serait exauce ; quand I'lrlando, apres avoir ete tenuc vingt-quatre heures sous I'eau, reparaitrait vierge et dopeuploe, les habitans qu'on y mcttrait pour la repeupler , au bout de pen d'annees donncraienl les monies soucis a Iciirs dominateurs , ou bien il faudrait que ccux-ci changoasscnt toutos lours inslitu- tions , leur donnassent des administrations locales de leur propre choix, leur laissassent une entiere liberie de conscience : peut-etrc alors les Irlandais consentiraieut-ils, pour acheter la protection d'un grand Etat, a payer leur part des lourds impols dont une ambition trop vaste et des abus trop multiplies out surcharge le peuple anglais; encore cctte protection, a quoi scrvirait-ello a I'lrlando? Nul Etat oin'opoon ne songerait a en I'aire la conquoto; et, s'il la faisait, il ne pourrait la gardor. On n'attaquera jamais cette ile que pour jouor un mauvais toiu a I'Angleterre ; et si elle etait independanle , ce motif n'exis- lerait plus ; que dis-je, I'Angleterre elle-meme, pour qu'oUe ne tombat pas aux mains de ses enneniis, dolondrait son indo- pendance. On pent en venir la , sans la ressource un pou extroine do la submersion. Les Irlandais, traitos maintonant conuiic on serait oblige de les traitor alors , dcviendraient bien vito des amis; niais les revenus de M. lo due de AVollington en souffriraiont l)eaucoup. Au surplus, c'cst une ulopie dont , on i)()lili(ine pratique, il nest pas pcrmis d'osporor la realisation. Los calhoH(iuos ob- ET DE L'IRLANDE. — VOYAGE EN FRAiVCE. ayi liendront leiir emancipation : ils jouirout dc leurs droits civils tellement quellenient; niais, s'ils ne doiveiit plus ctie mineurs par les lois , ils le seront toiijours par le nombre et par Ics in- terets puissans qui militeront contre eux. Ils seront par conse- quent toujours amis des ennemis de TAngleterre. J.-B. Say. Relation d'on voyage au midi de la France, pendant les Dtois cVaout etde septembrei^'x'i ; par M. Adoiphe Blanqui, professeur a \ Athenee et ^^XEcole spccia'e da commerce de Paris. La France n'est pas connue de tons les Francais qui vont chercher fort loin de lour patric dcs emotions et des spectacles dont la nature a fait les frais sous leurs yeux. Cependant il n'est pas une partie du territoire national qui n'offre a I'agro- nome, a I'industriel , au philosophe, a I'administrateur, un sujet inepuisable d'obscrvations curieuscs et d'ameliorations certaines. Jaloux de comparer I'etat present de mon pays a celui des nations voisines qiiej'avais deja visitees, je suis parti de Paris par la route du Bourbonnais qui traverse les villes de Fontainebleau, Montargis , Nevers et Moulins, pour ar- viver a Clermont-Ferrand. Les chemins sont affreux dans cette direction plus que dans aucune autre : des ornieres profondes , des relais mal servis, nne lenteur dcsesperante , 65 heures pour faire 90 lieues. Nos diligences publiques sont a la nierci des postilions , souvent ivres , toujours malpropres , I'espece d'hommes la plus grossiere ct la plus indisciplinee qui soil connue. En Angletcrre , le contrastc est frappant : betes et gens paraissent toujouis comme en habit de fete; les postil- ions portent cravatte blanche, habit de bon drap, redingotc a longs polls ; leurs chevaiix semblent harnaches pour une grande ceremonie , et la sculement, comme I'a dit Buffon , ils nicurent pour niiciix obvir. Eii France , les conductcuis soignent leur sante d'abord , puis ccilc de leurs betes, et par amplia- tion la vie dcs voyageurs. En Anglclen e , le vnyagrur coui- 29* VOYAGE mande; en France, il obeit. Ce que nous souffrons une Ibis emballes dans ces maisons roulautes qu'on nonime diligences , est vraiment inou'i; j'en citerai plus tard quelqucs exemples curieux qui ne profiteront peut-ttre a personne , niais qui nieriteraient les honneurs du requisitoire, si M. le procureur du roi le voulait. Il serait a dLsirer que ce qui depend des honunes fut plus en harmonie avec la liberalite de la nalure dans la plupart de nos contrees; mais , il faut I'avouer, nous sommes confians dans la grace de Dieu , comme des Espagnols , des Turcs ou des Napolitains. Nous laissons faire par indifference d'agir; on nous preche, on nous administre , on nons verse , et nous nous resignons aussi facilement avec les prefets qu'avec les postilions. Nul ne songe a elever la voix, et sitol qu'un liomme, soil abbe , garde-champetre ou valet d'ecurie, porte la halle- barde ou fait claquer son fouet avec un air d'importance, la foule suit obeissante et passive : quiconque reclame ses droits est un original , un brouillon , dont les journanx de Paris ont exalte I'esprit. Voila ce qu'on disait il y a moins d'une annee, dansles salons de prefecture de notre belle France; et sans uue protestation de soixanle mille electcurs, on le dirait encore. La fortune publique se dissipait effrontement sansaucun avantagepour le public; de foUes depcnses etaient faites ; d'inevitablcs travaux etaient ajournes. A Nevers il y a des reverberes qu'on n'allume point, un pont sur la Loire qu'on ne repare pas , et sur la place \n\ enorme Calvaire du plus mauvais goiit qui a coute trente millc francs. Les gens du pays ont donne , ou se sont laisse prendre ces trenle millc francs pour ce Calvaire , et ils ne les trouvent plus pour achcter de I'huile et pour eclairer leurs rues tortueuses et mal pavees ; et pourtant le departement de laNievre est un pays riche, peuple de citoyens laborieux , arrose de rivieres superbes, convert de bois , de vignes , d'usines et de paturages , el il a pour depute M. Dupin. La ville de Moulins s'embellit de jour en jour; elle acheve de se batir un fort bel hotel-de- ville; elle possede ime biblio- DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 298 theque et plusieurs etablissemens inleressans. C'est une cite de plaisir plus que d'affaires, dont les environs sont vraiment cnchanteurs. L'Allier baignc scs niurs et fertilise ses cam- pagnes, ornees de plantations nombreuses, et surtout d'arbi-es fruitiers. Nous rencontrions souvent des pataches rapides , petitcs voiturcs a deux roues, non suspendues , ouvertes par devant et par derriere, veritables casse-cous qui transportent les voyageurs a peu de frais , mais non pas sans fiUigues. On pourrait, il est vrai, les adoucir par des ressorts en fer ou des soupentes en cuir; mais le droit indirect serait plus eleve. Pour eviter le droit , on est fidele a la routine , et Ton voyage encore dans le Bourbonnais comme da terns de Henri IV. En quittant le departement de I'Allier ct les environs char- mans de Saint-Pour^ain et de Gannat , nous sommes entres par Aigueperse dans le departement du Puy~de-D6me. Les champs sont parsemes de noyers et de chataigniers; les coliines sont couverlcs d'un manteau de vignes qui donnent un vin plat , epais et colore , sans debouche de quelque importance , peu charge d'alcool , et par consequent peu propre a la distillation. On le fabrique mal , on le soutire peu , et on le consomme ge- neralement sur les licux , oii il ne coiite pas plus de /jo francs los huit cents litres. L'agriculture est ici dans un etat deplo- rable. La campagne est superbe , les accidens de terrain cn- chanteurs pour le poete et pour le peintre; mais pour le phi- losophe , que de sujets de peine et de meditations ! Encore rAuvergne est-elle un pays de cocagne, en comparaison des departemens voisins, tels que ceux de I'Allier, de la Creuse, de la Lozerc, de la Loire, de I'Aveyron et de la Haute-Vicnne. Le chemin de Clermont a Lyon , excepte le beau valion dc Thiers, qui fait partie de la Limagne, est d'une aridite deso- lante. Le Bourbonnais, sauf la portion qni touche aux fron- tieres de I'Auvergue, est un sol maigre, presque entierement consacre a la culture du scigle et sous I'empire des jacheres. Le boeuf, le cheval et le mouton y sont de la plus mauvaise race et d'une laille extremement chelive : les prairies artifi- ciclles y sont a peu prcs inconnues. 29'» vo\a(;e L'Auvcrgnc sc prescnte sous uii aspect vc-ritablcmcnt se- duisaiit an voyageur qui viont dc paicourir Ics longucs plaines dii Bourbonnais. Ses montagnes ne rcsscmblent a ccllcs d'au- cun pays ; dies ne sont ni aussi vertes que celles de la Suisse , 111 sauvagcs comme les Alpes, ni escarpces comme les Pyrenees. On cioirait voir dn haut du Puy-de-Domc line mer houlcuso dont les vagucs sc seraient petrifiees tout a coup Ct i-ecouvertes de plantes. Lc beau vallon de la Limagne s'tlend entrc ces vagues , on plulot entrc deux chaines de montagnes paral- Icles qui lenr ressemblent , ct qui se rapprochent singuliere- inent vers lc sud , aux environs de Brionde. La jolieville de Clermont occupe lc milieu de ce bassin allonge , dans nne des plus riantcs positions du monde. « Qu'on se represcute, a dit (juelque part M. de Chateaubriand, des montagnes s'arrondis- sant en un demi-cerele; un monticule attache a la partie con- cave de ce demi-cercle ; snr ce monticule Clermont; an pied de Clermont la Limagne. C'est nn terrain tourmente , dont les bosses, de diverscs hauteurs, semblent unies cjuand on Ics voit dc Clermont, mais qui dans la verite offrent des inegalites nombreuses, et formcnt une multitude de petits vallons an sein de la grande vallee. Des villages blancs , des maisons dc campagne blanches , de vieux chateaux noirs , des collines rougeatres , des plants de vignes , des prairies bordees dc saules , des noyers isoles qui s'arrondissent comme des Gran- gers, ou portent Icurs ramcaux comme les branches d'un can- delabre, melent leurs couleurs varices a la coulcur des fro- mens ; ajoulez ii cela tons les jenx dc la lumiere. » On parle bcaucoup duPuy-dc-D6me, auquelon fait I'hon- neur dc I'appeler une montagne. C'est un cone tronqne de 5,000 pieds de haut, dont lc sommet , creusc en forme d'en- tonnoir, fut jadis le cratere d'un volcan, ct dont on n'aurait jamais vante la celebrilc sans les belles experieuees dc Pascal sur la pesantcur dc I'air. On y arrive par un cheinin assez raide , reconvert d'un tapis de bruyeres , de tubereuses , de violcttes et de pensi'es sauvages , pour ctre dcsappointe par une perspective pl.Ttc ct vague, sur latpiclle les objets se rapp( - DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 2'j5 tissent et se defolorent. A I'oiicst dc la valleo de la Limagne , ft imniediatcmciit derriere Clermont , s'eleve uii plateau de gianit d'etiviron seize cents pieds an-dessus de lavallee, ct Irois mille aii-dcssiis dc la mer. Ce plateau sort de base a soixante-dix niontai^ncs volcar.iques de formations diverses , appeleeslcs Piiys des Monts-Domes. Ellessecomposentde blocs de laves, dc roches graniliqiies disposees d'line maniere ex- tremcment piUoresque. Le cratere de plusieurs est intact. Les coulees desceudent sur le flanc de la niontagne , sons la forme de scories informes dont la couleur et le volume varient a chaque pas, et parmi lesqiielles une industrie patiente est par- venue cT se mcnager des cspaces cultivables. NiiUe population ne surpasse en effct celle de I'Auvergne en amour pour !c travail. La, chaque jour, liommcs , femmes ct enfans gravisscut les coteaux les plus escarpes, soulevent a la beche les tcrres les plus durcs, rapportent sur leurs dos les fardcaux les plus lourds. On les voit battre le grain a I'ardeur d'un soicil devorant, soutenir le sol qui s'eboule, reporter au sommet des coteaux les tcrres que I'orage en a precipitees. ]\Ialhcureuscment si les Auvergnats sont laborieux, ils ne sont jias tres-industrieux ni tres- disposes aux ameliorations, et leur misere est aussi grande que la peine qu'ils se donnent pour I'eviter. Eti quittant le Puy-de-Dome, nous sommes descendus au village de Royat, situe pres de Clermont , ct au fond d'une gorge d'ou celte villc rccoit toutes ses eaitx. L'ltalie assure- nieut n'a rien de plus pittoresque aux environs de Rome et de I'lorencc, et la Suisse , a mon avis , ne possode aucun site jjIus digue du suffrage des connaisseurs. Mais, qui le croirait, les liabitans de ce paradis resseinblcut a des Lapons ou a des Hottentots; les femmes y sont toutes affligees de goitres, les enfans jiales ou rachitiqucs , les honimcs demi-nus ou con- verts dc liaillons. Un arbre scie en deux et pose sur deux blocs de pierre volcauique sert de chaise et de table; on voit pen , ou i'on ne voit point de vitres aux fenetrcs des chaumicrcs qui ont dos feneires. Des sources limpidcs comnic du crislal iaillissent de tons les rochers , de tousles nuirs , coulent dan-. 296 - VOYAGE toiites les rues , et ne suffiscnt point pour iiettoyer Ics immon- dices qu'y versent incessamment les boeufs , les vaclics , les iines et les coclions. On se croirait en Espagnc, an beau milieu j)C'iff(:li()n cK's nioiuinicns d'ai- cliiticture tres-compliqiu's , sur dcs ffiiilli-s dc ])a|>icr d'niie dimension considerable. Phisieurs aulrcs, arnies dn ciseaii dii sculpteur, cbauchaicnt dcs statues et des bas-reliefs en lave dn voloan. All reste , le public parisien sera liicntot appele a jngcr les oeuvrcs des eleves sculplcurs de I'tcole de Volvic. Lc mo- numont dn prince Lebrun doit partir incessammcnt pour la cai)itale, ou il sera eleve an cinietiore dn Pcre-Lachaiso. Il a ete execute en grande partie par deux apprentis, d'apres les plalres cnvoyes de Paris , et il sc compose de qualre grands bas reliefs allegoriques, dc sept a huit pieds de base, sur cinq ou six de hauteiir ; les personnages y sont a peu pres de gran- deur naturelle. On verra alors ce qn'on pent csperer en France d'une population dont sept a liuit enfans , pris au hasard dans un village et sous les chauniieres, ont execute avec tant de succes une aussi belle composition. Pcut-etre aussi daigncra- ton reflechir qu'il est terns d'arracher nos enfans aux me- thodes monotones et steriles de I'universite, pour les preparer a des travaux utiles , an lien de sacrifier leiirs jeunes annees a 1 elude de deux langues mortcs. J'ai quelqne regret d'avouer a cet egard qu'il y a plus d'avenir dans I'ecole de scnlpliire des petits paysans auvergiials , tjue dans tel college de P.vis oi; des departcmens dirige , comnie ils le sont presquc tous , par des ccclesiasliqiies. M. l\o"er, directeur de letablissenient de Volvic , nous a montre des vases, des colonnes, des bas-reliefs, des urnes, des dalles pour trottoirs, des tnyaiix de conduiteponr les canx , executes en lave basaltique d'une maniere cxtremementremar- quable par ses eleves. Mais !e mauvais etat des communications rendra long-lems encore ccs avantages a peu pres steiilcs iiDur le pavs. Qui croirait qu'une toise carree de laves prise a Volvic coute i5 francs, et ne revient pas t\ beancoup moins de irois louis reudue a Paris ? Autant vaudrait paver nos trottoirs en pieces de cinq francs. Ce defaul de comnninica- lions perpetne des prejuges etrangos el facbcux sous plus d'nu OANS LE MIDI Dli, LA FRANCE. 299 rapport. J'ai appris pcndiint nion st'jour a Clermont-Ferrand sement qui jouit d'une grande reputation, et que j'avals le plus vif desir de connaitre. Nous sommes done montes a cheval, et apres huit heures d'une niarche penible an travers dcs precipices qui separent entre Ardes et Allanche, le Puy -de-Dome du Can- tal, nous sommes parvenus sur la crete d'un plateau immense, nu coinme la main, absolument desert. Sculement, nous aper- cevions de distance en distance de nombreux troupeaux tie vaches rabougries, errans sur les mamclons qui dominent le plateau; mais jjas la moindre trace d'habilation. C'est au mi- lieu dc cette vaste solitude que I'ancien archeveque de Malines a conslriiit plusicurs corps de batimens, entoures de quelques arbres, les seuls qui existent sur ceile large stiperlioie. La 3.0. 3oo VOYAGE ferme est dotee de jnille arpens dc paturages, dont le proprit-- tairc retire en ce moment six cent miliicrs dc bottes de foin ; il se propose d'cn obtcnir quntrc viilliori.'!) des qn'il aura fini les travaux qu'il mtdite. <> La qucslion quo je me suis faitc en arrivant ici , me dit-il, a etc de savoir en quoi je pourrais convertir avec le plu^ de succes nics immerses fourragcs. II m'a semble qu'a nourriture egale, il valait mieux cntrclcnir de beaux chevaux et de belles vaches, que des animaux chc- tifs et niiserables. J'ai done fait vonir des vaches suisses, ot je me suis procure des jumens ponliniercs des mcilleurcs races. » Ainsi pailant, nous sommes arrives an paturage oii cinquante niagnidqucs vaches, veritahlcs fonlaincs de lok , selon rcxprcs- sion de M. de Pradt, promenaient en liberie leurs formes colossales. Les chcvaiix nous ont surpris bien davantage en- core par la beaute de leur taille, par leur vivacite, leur ele- gance. Messieurs, dit alors M. de Pradt, on petit me comman der un chcval, coinnie on commande un habit a un tnillcnr; je me charge de le fournir h unc cpoque donnee , de la robe , de la taille , de I'encolure et da caractcrc qu'on m'aura designcs." En effct,rien ne nous a plus charmes que la variete des formes et des qualites qui distinguent les chevaux du haras dc Tancieu archevcque de Malincs. Plusieurs d'entre eux, de race arabe, sont nes sur les hauteurs ou, selon les pn'juges populaircs , on n(; saurait clever que des chevaux de petite taille, ct lour beaute extraordinaire n'a pas encore desabuse les routiniers de la contree sur I'inconvenient d'abandonner au hasard ce qu'on pent anieliorer par I'industrie. Le savant archevcque nous racontait qu'il avait oblcnu avec peine des paysans des environs la permission de leur prefer gratuitement ses tau- rcaux suisses pour perfectionner Icurs races indigenes. Aussi , la plus cffroyable misere regne dans loute cctte re- gion moulagneiise qu'im peu d'intclligencc changerait bicntot en lui sejour dc richesse et de prosperite. En allant d'Ardes a Allanche, je me suis arrele dans un })etit village nomme le Lu- guet, ou nous avons demande des chevaux frais pour conti- nucr notre route , nos monlures etant cxtremcment fatigu«'cs. DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 3oi I-enclaiit ijue rh6tcsse parcourait foutcs les maisons voisiues pour leunir les clcniens d'un modesle souper, nous avons clicssc I'invcntaiie de ccttc singiiliere denieurc, qui pouria donncr une idee de la civilisation des pays de monlagnes au centre de notre belle France. Deux enormes peaux de coclion avec Icur lard, entieres, et noircies par la fumee, etaient sus- pendues au plafond, ou plutot aux solives de sapin qui en tenaient lieu; vingt-cinq ou trenle fromages, rcvetus de cendre et de poussiere, laissaient suintcr sur nos totes des stalactites de petit lait, et Ton voyait pendre auprcs d'un plat k barbe qui se transforma pour nous en saladier, plusieurs queues de mo- rue salee. Autour du feu , deux chetifs pots de tcrre , depouilles de leurs anses, etaient preserves de la fumee par de petits disques basaltiques , en guise de couvercles. Qualre lits occu- paieutla circonference dela piece, dontlesvides etaient remplis par une complainte sur la bete du Gevandan et des couplets sur I'assassinat de M. Fualdes. Grace au ciel, je savais le patois auvergnat, sans quoi nous courions le risque de n'etre pas conipris dans notre langue maternelle , nous Francais, au centre de la France, h quinze lieues d'une villc qui vit nailre Pascal , qui eut Massillon pour eveque, et qui compte aujourd'hui parmi ses enfans MM. de Pradtet de Montlosier. L'influencc sa- cerdotale ne contribue pas pen a propagcr cet esprit do rou- tine, si contraire a toute espece d'amelioration physique ou morale. « Pendant un mois, nous dit M. de Pradt, il a plu a verse sur ccs montagnes, et par une singuliere bizarrerie, il faisait beau tous les dimanches. J'engageai done deux cures des environs a permettre i leurs paroissiens de profiter du premier rayon de soleil qui paraitrait un jour ferie pour rentrer leiu's recolles de foin , les seules du pays. Croirioz- vous que I'un d'cux me dit qu'il aimcrait mieux fuir sa paroisse que d'etre teinoin d'un pared scandale, el que I'autre m'accabla de citations des livres saints pour me prouver que Dieu voulait qu'on laissat pourrir la recolte de I'annee plutot que de la rentrer un dimanche?... » L'Auvergne est riclie eu ruinos ieodales qui occupont la 3oa YOYAGE 11 etc dc la plupait dcs hautfurs, et ccs mines sont si varii'-of. qii'ellcs rormeraieiitseulcs la matit-rc d'lin voyage piltoiosfiiic. L'une dcs plus curieuscs du pays est, sans coiitrcdit, lo cha- teau dc Toiiriioel, appartenant a M. Ic comf»! Chabrol de Volvic, prefet de la Seine. II est siliic snr la cime d'nn manic- iou escarpe, d'ou la viie sYtend snr tonte la plaine de Riom ct sur les collines d'alentoiir. Son aspect a la fois ninjesUienx et sanvage frapjw res]irit d'nnc s'jrte dc toiieiir qui saccroif a mcsnre qu'on en parconrt les apparti mens interienrs, aii- jourd'hui entierement abandonnes, Une jeunc et jolie femme nous a fait voir le cachot dcs oubliettes, la salle a manger des chevaliers, et la grotte artificielle oii la dame du lieu prenait ses bains. Ccs oiiblieltcs ne sont autre chose qu'un lonibeaii de aS pieds de profondeur, n'ayant jiour issue que rouvcrture par laquelle les anciens seigneurs uu logis faisaient des- eendre leurs victimes; rarement Tinfortune qu'on y avait plonge revoyait la lumiere. M. de Chabrol a ele oblige de faire pratiquer une ouverturc h. rextreniite inferienre de cet horrible cachot qui etait deveuu un repaire de serpens et d'animaux venimeux. Ailleius, nous avons vu les trous enor- mes par lesquels passaient les verroux des cachots superieuis. J'avoue qu'a I'aspect de ces traces vivantes de la barbaric d'nn autre age, nous eprouvions du charme a penser qu'enfm le tetns et les homines avaient fait justice de tant d'indignes nio- iiumens. Je concevais la furenr des paysans , dont la brutaliu: vengcresse avait renverse a deux reprises si'parees par phis de quatre siecles, ces innonibrables bastilles, et M. de Cha- brol semble eire de nt)tre avis, si Ten en doit juger par le pen de soin qu'il fait donner a la conservation des mines de Tournoel. Je conseille aux amaleurs du bon vieux tenis d'en treprendre un pelerinage a ce chateau , dignc de servir de bi- bliotheque aux ecrits de M. de Bouald. La ville dc Clermont possetle une fontaine qui juuit de la singuliere propriete dc petrificr toules les substances vegelaies on aninialcs. On nous a niontre une collection fort curieu.se (i<; fleurs, de fruits, d'oiseaux el de quadrupedes parfaiteitieiii DANS LE MIDI DE LA FRAiNCE. 3o3 solidcs, ct cjiii n'etaieut |>as soumis depais plus cS'im au a I'action de cette eaii reiiiarqiiable. Unc petrification enorine, lui vrai roclier ue phis dc cinqiiaiite piods de long, s'cst forme aux depens de la fontaine, ct par suite de ses depots successify. Les corps qu'on y plonge n'eprouvent aucuiie alteration dans leur composition intericure; ils se recouvrent sculemcnt d'nne espece de crislallisalioi; terne et grisatrc, dont I'epaisseur aitg- nientc iuscnsiblement , et fmit par former autour d'eux un en- duit impenetrable. Un banif entier etait expose et dejii a moitie petrifie, le jour de notre visite k la fontaine. Plusicurs che- vaux I'ont ete precedeniment et contribuent aujourd'hui a rembellissement du jardin qui environne la sonrce. Le tenis ct les reactifs m'ont manque pour analyser cette eau singu- Here, dont aucun pharmacieu de Clermont n'a cherclie a con- aaitre la composition. La route de Clermont a Lyon (jui communique avee Limoges par Aubusson, doit etre consideree commcune des causes les plus efficaces de I'accroissement de la richesse publique en Auvergne, inalgre la foule de prejuges qui en arretent le developpement. C'est par cette route que nous sommes arrives a Lyon , ville peut- etre unique en Europe par la beaule et I'originalite de sa situa- tion. Rien n'^st comparable, en ancune autre cite de France, au coup d osil de tons ces faubourgs qui couvrent la colline an pied de laquelle coule la Saone, et des quais magnifiques dont le Rhone est horde. Le contraste des deux rivieres, n'est pas moins remarquable, et robservalcur demeiire saisi d'etonne- ment, en passant des rjves oil la Sadu Comtat , toute lesplendissante de la verdure des peupliers , des sanies tt des \ergers innombrables qui la couvrent. Le Mont- Ventoux , avec ses cimes rougeatres couronnees do nuages, parait a I'horizon comme une immense barriere der- riere laquciie on entrevoit les Alpes. Le faubourg de Villeneuve, surmonte de ses vieilles tours, occupe la rive droite du Rhone, oil commence le departement du Gard. '^9.o VOYAGE Depuis quo Ics fureurs de i8i5 ont fait place a des scntimcns plus humains ct a dcs travaux honorahlcs , la ville d'Avignon s'est enrichie des progres de son induslric. Dcs etablissemens nouveaux s'y sont multiplies , et il itgne dans toutes les classes beaucoup plus d'aisance qu'a I'epocjue fatale dont jc vicns de parlor. Qui salt nicnie si la niiserc et le dosceuvroment de la populace n'ont pas etc los principales causes do tous les crimes dont cctte grande villo a du rougir ! Pour moi , je n'ai pas vu sans frissonner la place cju'occupait reffroyablc glaciero, «i cette arche dn pont d'o^ les cannibales dupays precipitorent dans le Rhone les restes mutiles du marechal Brune. La piece que nous oecupions a I'hotel du Palais-Royal etait voisine de celle ou Alt assassine ce malheuieux guerrier, et Ton voit en- core , siir le papier bleu de ciel qui en couvre la muraille , la trace profonde de la balle qui lui traversa le cou. Uno odicuse inscription (i), gravee sur le parapet du pont du Rhone, n'a disparu que depuis pen d'annees. Au theatre, ou , pendant notre sejour, phisieurs lutteurs entierement nus conibattaient sur la scene , Jos vociferations bruyantes et de grossieres apos- trophes en patois sVlevaient du parterre en favour des diffe- rens athletes, ct produisaient sur nous une impression de de- ■goiit dont los theatres de nos boulovarts no sauraient dozuior qu'une imparfaite idee. L'amelioration des classes moycnnes presente d'ailleurs un contraste rcmarquable avec la rudesse des mceurs populaires , ct j'ose assurer que si dans les derniers rangs de la multitude on retrouve encore la ferocite dcs tems doplorablos de reaction, nul no so rencontrerait parmi les rangs plus oleves, qui vouliit exploiter d'aussi tristes pen- ohans. La fusion des opinions s'opore insensiblement, et il no reste plus de trace de projugos que chez un petit nonibre do vieillards eleves dans les principes de I'ancien regime. La plupart de ces hommes occupent, par nialhour , les fonctions influontes daus les administrations departomentalo el munici- (l) C'cst ici U: toinlieau de tirunc. DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 32i pale , et dans les conscils gencraux , de sorte que la genera- tion actuelle est gonvernee au rebours des idees nouvelles; niais le tems marche avec elle, et cliaque jour voit disparaitre les obstacles qui s'opposcnt au developpement dcs libertos constitutionnelles. Aux hotels a vicilles armoiries succedent les habitations elegantes des negocians enrichis par le com- merce des soieries ou des garances, et I'influence politique senible passer tres-rapidement des anciennes maisons aristo- cratiques aux fortunes crcees par I'industrie inoderne. La f'ontaine de Vaucluse clle-meme a subi I'influence du tems. Une charmante papeterie a remplace snr ses rives le chateau mine des seigneurs du lieu; et,quoique le village il- lustre par Petrarque soit encore une bourgade miserable, du moins on y arrive par une route praticable aux voitures, et ony trouve une bonne hotellerie. La Sorgue , jadis si poetiqae, est devenuc industriclle , sans rien pcrdre du charme de ses eaux, qui n'arrivent au fleuve qu'apres avoir anime un grand nombre d'usines et fertilise cinq a six lieues de pays. Elie sort paisiblement du fond d'un immense cratere, ouvert oblique- nient et couronne d'un dome de quatre cents pieds de hau- teur. Aucun arbre, si ce n'est un figuier suspendu au-dessus de I'abyme, n'embellit cette source singuliure, sujette a des crues d'eau limpide qui s'elevent jusqu'a 60 pieds au-dessus de I'etiage. Sa forme interieure est celle d'un vaste entonnoir borde de cailloux , que les eaux pluviales, en descendant dcs rochers supcrieurs , y versent depuis plus de mille ans, sans que le fond en ait jamais paru exhausse. En sortant de cette grotte, la fontaine de Vaucluse prcsente un volume d'eau assez consi- derable pour porter bateau; elle coule sur un lit de plantes aquatiqucs d'un vert couleur d'cmeraude magnifiquc, et se re- pand dans la campagne avec une etonnante rapidite. C'est sur ces bords que, pendant plus de vingt ans, Petrarque passa ses jours, commeil le dit lui-meme, a rever a I'dnie ct au corps (\c cette belle Laurc, qui donnait pendant ce tems-la onzeenfaus a un mari fort indifferent pour elle, car il se rcmavia sept Saa VOYAGE mois et domi aprcs sa inoit. L'histoirc dit que Laurc se iiion- tra severe jiisqu'au dernier soiipir envers riiomme de genie qui I'a immortalisee, el Uu-meme semble confirincr le temoignagc de I'histoire dans un passage assez curieux de ses ecrits (i). La route d'Avignou a Aix est agreablemeut bordee de saules et de peiipliers. Les ehauips sout parfaitcmenlcullives; les plantations de raurierssont iioinbreusesjusqu'aiix bords de la Durance qu'on passe sur un pont d'nnc grande longueur , construit par Bonaparte. Nous traversons Novcs , si ciiere a Petrarque pour avoir donne le jour a Laure; Lambesc , riclu- de son terroir; et bienlot nous decouvrons du haut d'unc emi- nence le vaste plateau occupe par la ville d'Aix et ses forcts d'oliviers, que le terrible hiver de 1820 faillit detruire sans ressources. Depuis lors, ces arbres ont ele coupes jus(ju'i\ la racine, et ecux qu'on voit aujourd'hui ne sont que les rejetous des ancicns. La ville d'Aix est une cite de plaisirsetde gouts lit- teraires; la jeunessc y est plus studieuse que dans les autres vilies de Provence; les bibliotheques y sont plus riches et plus fre- quentees : e!le est rAthcues du midi. Les niagistrats de son an- cien parlenient se delassaient dans Icsein des muses des fatigues de leur honorable profession; plusieurs d'entre eux, parnii lesquels I'illustre /'nrcir brille au premier rang, se sont dis- tingues par leur savoir et leur erudition. lis soignaieut avee une extreme sollicitude I'education de leurs enfans.Lc. barreau suivait ce noble exemple , et I'instruction se repandait dans toutes les classes. Des collections rares, des bibliotheques choi- sies se transmettaient dans les families, commc lesricbcsses les plus precieuses. Aussi celte ville a-t-clle donne naissance a une foule de savans et d'artistes reniarquables. Tourncfort , Mouclar, les l^'aiUoo , et de nos jours, les deu.v jeuncs et esti- (i) n Piiisqu'ellc est inorte , dit-il, le lieu le plus foil est roui|>u. Je u'ai plus qu'a soilir d'une vie fugitive oil tant Jc -vaincs esperance > m'ont agite peiidaut le tenis que j'ai passe sur la lerrc. » DANS LE MIDI DE LA FRANCE. 3-23 mables historiens de la revolution fraricaise, MM. Thiers et Mignet , sont nes a Aix. Hue chaine de niontagnes arides separe le territoirc d'Aix de celui de Marseille, et la route qui unit ces deux villes est sans cesse obscurcie par dcs nuages de poussiere. La verdure du nord a fait place aux oliviers , aux figuiers, aux capriers, aux vignes a feuilles rougcatres qui rampent sur la terre sans I'eni- bellir, Des milliers de maisons de campagne sont eparses ca et la, sansaucune de ces allees epaisses et sombres de nos cha- teaux de Normandie ou de Touraine ; et Ton dirait, a voir leur nudite, que, dans ce pays ardent, c'est de soleil et non pas d'ondjre que les habitations out besoin. Toutefois , aux en- virons de Marseille, la vue de la mer, souveraine decoration de tons les paysages , semble rendre la vie au voyageur altere par les rayons brulans que !ui renvoienl les rochers de la Pro- vence. Une premiere vilie , composce de cinq a sixmille basticles, annonce la grande cite dcs Phoceens, qui se deploie majestueu- sement au fond de la baie. Des fabriques d'acides et d'alcalis, cachecs dans les anfractuosiles des collines, mais trahies par les colonnes de vapeurs noires qui se jjalancent au-dessus de lours cheminees en obelisques , representent a leur tour la ville nia- nufacturiere , tandis que les pavilions qui flottcnt dans le port caraclerisent d'une maniere plus pittorcsque encore la metro- pole du commerce de I'Orient. Dans I'interieur, la scene , plus bornee, n'est pas moins remarquable. Des milliers d'hommes de toutes les nations circulent dans tous les sens, se heurlent dans toutes les directions ; sur les quais , des matelots francais , anglais, americains, italiens, africains, la tete couverte de leurs chapeaux goudronnes, vont et viennent, sans grace et sans vivacite , avec cet aird'insouciance qui leur est propre. Dans le port , qui s'avance comnie un grand canal jusqu'au centre de la ville, des floltilles de chaloupes se glissaient le long du balcon redoutable de I'iulcnidauce sanitairc , tanlot jetant leurs lettres dans uu baquet de vinaigre, tantot parlc- nientant avec les gardes. Aillciu's cnfm on achevait une fregate pour le pacha d'Egypte, a cote dcs transports nunierotes pour 3a4 VOYAGE DANS LE MIDI DE LA FRANCE. I'cxpedltion de Mo.ee. Qiie de passions , que dc con- trastes, que de craintes et d'esperances autour dc ccs t.eles navircs ! Oa ue sauralt disconvenir que Ics troubles du Levant onl porte un coup fatal au commerce dc Marseille, et change en unevaste solitude !e mouvement jadis si anime dc son port. Mais si quelque jour la civilisation rcnait sous nos auspices dans les belles contrees que nous venous d'aflranclur , qui sail de quels importans debouches I'industrie et le commerce mar- seiUais pourront etre doles ! qui sait si les habitans de cctte ville industrieuse ne rcnouvelleront pas les merveillcs de Tyr , quand les barbares, chasses du littoral de la Med.terranee, laisseront a decouvert I'Asie mineurc , I'Egypte et cettc un- mense Numidie qui fut un tems le grcnier de Rome et de Tern- pire ! II. ANALYSES DOUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. Voyage autour du monde, execute par ordre du Roi , sur la corvette de S. M. la Coquille , pendant les an- nees iSaa , iSaS , 1824 et iSaS , par L. J. Duperrey, capitaine de f'regate, commandant de rexpedition( i). Pour donner une idee de ce niagnifique ouvrage, le plus soigne et Ic plus beau que nous connaissions en ce genre, nous croyons devoir reproduire ici I'itineraire et le resume succinct (i) Paris , 1828 ; Artlius Bertraiid , rue Hautefeuille. Get ouvrage aura qnatre divisions: 1. Zoologie ; II. Bolanique ; III. Histoire du Voyage ; TV. Hydrographie et Physique. La parlie Zoologique ( a vol. in-4°, avec uu atlas de i45 planches environ, coloriees ), rcdigee par MM. Lesson et Garnet, aura 26 livraisons ; huit livraisons sont en vente.La partie Botanique (r vol.in-4°, avecun atlas de ii5 planches environ, dont 26 coloriees), parMM. Eory de Saint- Vincent elAdolphe Brongniarl, redigee sur les materiaux recueillis par M. Ditrville , bo- tauiste de I'expcditlon , suivra iinmediatement; quatre livraisons sont en vente. U Histoire du J'oyage ( 2 vol. in-4", aVec uu atlas de 60 planches coloriees), a laquelle on a joint les vocabulaires des langues des sauvages, sera publiee concurreniment avec la partie Zoologique ; deux livraisons sont en vente. La partie Hydrographique , Naulique et Physique (i vol. in-4'', avec un atlas de 5o planches, for- mat colombier), paraitradans le courant de I'annce de i82g.C!iaque livraison de chacune des quatre parties coutera aux souscripteurs , soil a I'ouvrage eutier, soit aux trois premieres parties , li fr. ; sur papier velin saline, 24 fr. ; sur papier velin , tire a quinze exem- plaires,doubles figures, noires et coloriees, avantet avec la lettre, 3ofr. La souscription a ete fermee le premier Janvier 1827. Les per- sounes qui n'ont pas souscrit avant celte epoque pajent uu franc de plus par chaque livraisou deja publiee au moment oil elles sous- crivent. Le psospectus se distribue chez M. Arthus Bertrand. 326 SCIENCES PHYSIQUES. des operations dece voyaj^c, qui, scion rAcademiedes sciences, merite d'occiiper le rang le plus distingue parmi les plus bril- lantes expeditions scientifiques exccutccs soil par la marine francaise , soil par la marine des autres nations. La corvette la Coqulllc , armce au port de Toulon, an com- mencement de 1822, pour une expedition de deeouvertes, avait principalement pour but le perfectionnement de la geo- grapliie et des sciences naturelles. Le commandement de la Coquille fut confie au capitaine de fregate Duperrey, qui, dans le partage des travaux projetes, se reserva la direction de toutes les observations astronomiques, physiques et geo- grapluques, tandis que son collogue M. Durville, second de I'expedition, marin uon moins distingue et naluraliste habile, se chargea de la botanique ct de rentomologie. Le reste de I'histoire naturelle dut ctre traite par MM. Garnot et Lesson. Z.fl Co(y?«7/eappareilla le ii aout;apres dix-sept jours do tra- versee, elle relacha a Teneriffe, ct prit ensuite connaissance de la parlie nord do I'lle Saint-Antoine et des ilots de Mar- tin-Was etde la Trinite,dont onveriQa la position. LaCoquille so dirigea alors sur les Malouincs; mais I'interct quo presentait la reUiclie sur un point de la cote du Bresil determina M. Du- perrey a la conduire au niouillage do Sainte-Catlierine, ou elle sejourna du 16 au 3o octobre. Ce point est !e premier de la campagne sur lequcl les nalu- ralistes et les physiciens de I'expedition purent se livrer aux differentes rechcrches qui leur avaient etc indiquees par I'Acadcmie des sciences. Le 18 novembrc, la Coquille atteignit le port Louis, situe au fond de la baie francaise aux lies Malouines. Malgre les contrarietes nautiques , frequentes dans ces parages, on parvint i reunir un grand nombre d'obscrr vations, et notamment plusieurs series du pendule, dont ics resultats out deja fixe I'attention des savans. Les lies Malouines etaicnt particulitTemcnt remarquabk^s alors , sons le rapport de I'histoire naturelle, car leurs productions indigenes etaient entierement neuves pour la science. Les voyageiu's anterieurs n'y voyant pas de grands arbres, do fleurs brillantes ou de SCIENCES PHYSIQUES. 827 gros animaiix, les avaient siipposees steriles. Les travaux de M. Gaudichand , habile naturaliste dc I'expedidoii Freycinet, n'etaierjt poiut eucore publies ; on pouvait consccjuemnicnt regarder commc inconuu tout ce qu'on rccoltait siir les Malouiaes. Les travaux reunis de la CoquUle et de I'Uranie doiinent sur cctte partie du globe les lumiercs les plus satis- faisantes; et, grace aux recherches des savans moiites sur les deux navires, son histoire naturelle est enQn assez connue pour pouvoir fournir un point de comparaison en geographic physique: chose tres-essentielle, depuis surtout que M. Bory de Saint-Vincent a demontre combien la connaissance des productions des iles, et leur comparaison avec celles des sora- mets de nos plus hautes montagncs, qui sont aussi des iles projetees vers la surface de I'atmosphere, sont plus impoi- tantesqucla comparaison des productions continentalos. (Voyez t Encyclopedic par ordre de matievcs , planches de la Geographic physique. ) L'expcdition I'emit sous voile le 18 dcconibre, pour doubler le cap Horn. Elle visita, sur !a cote occidentale d'Amerique, le port de la Conception au Chili, qui a produittant de richesses hydrophytologiqnes (en plantes marines); celui de Callao au Perou, et enfin la cote pierreuse dc Payta, dont la position intermediaire aux cquateurs terrestre et niagnetique etait tres- favorable a I't'tudc des mouvemens diurncs de I'aiguille aimantee. Le recit des divers evencmens politiques qui agi- taicnt I'Anjerique, a I'epoque du passage de I'expedition , sera intcressant pour les lecteurs europeens; on pense que M. Du- perrey ne Tomettra point dans sa relation; il n'aura plus a craindre de deplaire par sa franchise au niinistere ombrageux, et si stupidement aveugle sur le Nouveau-Monde, qui I'avait expedie. Le 2a mars , la Coquillc abandonna les cotes de TAmerique, et traversa le vaste espace de mer qui separe cette partie du monde de rarchipel dangereux, ou Ton decouvrit plusieurs iles qui recurent les noms des puissans d'alors , et ceux de quelques marins ou savaes estimables. En s'eloignant des recifs madreporiques qui forment cct ar- 3a8 SCIENCES PHYSIQUES. chipcl, nos navigatcurs ont pionioiic Icurs regards sur Ics lies dela Societc, dont I'aspcct a reproduit dans leur iimeccs douccs emotions qu'avaient eprouyces les Bougainville ct les Forstor. lis mouillerent successivement a Taiti ct a Borabora, oii les missionnaires et les natiirels semblaient les attendre pour moltrc un tcrme aux privations qu'ils venaicnt il'tprouvcr dans leur derniere traversce. Cos deux relaclics prcscntent d'autant plus d'interot qu'aujourd'hui I'idolatrie n'existe plus dans les iles de la Societe , ct que les mccurs europeennes com- mencent a y etre generalcment adoptees. Le 9 juin, on se dirigea vers I'onest , en prenant successi- vement connaissance des lies Salvages, Coa , Santa-Cruz, Bougainville et Bouka , et Ton jeta I'ancre le 12 aout dans le port Praslin de la Nouvelle-Irlande , 011 Ics relations amicales que Ton eut avec les naturels pernieltent d'ajouler encore quelqucs traits singuliers a I'histoire de riiomme. L'expcdition travcrsa ensuite le canal Saint-Georges , communiqua avcc les naturels de I'lle d'York et de la Nouvelle-Bretagne , refit la geographic des lies ancicnnement decouvertes par Schouten , au nord-est de laNouvelle-Guinee, et niouilla le G'septembre, dans le havre d'Offak , sur la cote nord-ouesl de Waigiou , I'une des lies desPapous. II etait interessant pour la geographic de constater Texistencc d'une baie meridionale qui n'est separee d'Offak que par un isthme tres-etroit ; les excursions de MM. Durvillc et Blosseville ont complctement rempli cet objet, et MM. Bcrard, Lottin et de Blois ont etc charges de lier ce travail aceluiquc M. Duperrey avait deja eu occasion de faire sur cctte cote, dans la campagne de V Uraiiie. On concoit que I'histoire naturellc dut s'enrichir dans ces contrces, ou la na- ture semble etalcr avec complaisance scs plus brillantes crea- tions, et n'pandre les couleurs les plus eclatantes sur les ctres les plus faiblcs el les moins bicn organises en apparence. Le 16, la Coquillc apparcilla, ct le 17, elle prolongca la partie nord des iles comprises enlre Ecu et Yang. Continuant sa route, I'expedition fit une courte relache a Cajeli, et se rcndit a Am- boine , ou elle rocut de la part du gouverneur des Moluques SCIENCES PHYSIQUES. Bag racciieil Ic plus agrcable ct tons Ics secours tloiit elle avail bcsoin. Ellc remit a la voile le 27 octobre, sc dirigea sur Timor, en passant a I'ouest dcs lies Turtles etLucepara ; le 4 novembre, la position dc I'lle du Volcan fut determinec; le 1 1 , on apcrcut les lies Wetter, Robi, Dag ct Ganibing; et le i5 , la corvette donna dans le detroit d'Oucbay, en prenant un grand nombrc de rclcveraeus sur la longue chaine d'iles qui de Pauter et Oncbay se dirige vers Jonce. Les vents contraires ne pcrmirent pas dc longer la cote occidentale de la Nouvelle-Hollande, comnie M. Dujjerrcy en avait eu le projet; ce ne fut que le 10 Janvier 182/1 qu'ildoubla les terres de Van Diemen. Pendant la nuit du 16 , on apcrcut le phare du port Jackson, et le 17, la corvette fut amarree dans Sydney -Core, ou clle renouvela ses vivres de campagne qui etaient presque cntieremcnt con- sommes. Le general Brisbane , gouverneur de la Nouvelle- Galles , accucillit avec empressement les officiers de I'expedi- tion, et les aida pulssamment dans toutes leurs recherches. L'expcdilion quittaSydncy Ic 20 mars, et mouilla , a la Nou- velle-Zelande, dans la baiede Monowa, an fondde cclle dcs iles. Indcpendammentdesobservations dephysique, de geographic et des recherches d'histoire naturelle qui furent faites ici, les rap- ports frequens que Ton eut avecles indigenes ont fourniarexpe- dition des doeumens curieux sur I'etat permanent d'hostilite , sur les mceurs et les idees religieuscs d'un peuple que Ics niis- sionnairesnesont pas encore parvenus a soustraire al'horrible usage dc rantliropophagie. En remontant vers la lignc, on communiqua avec les naturelsde Rotouniak, ile solitaire et petqjlec par une race douce et hospitaliere. On fit aussi la re- connaissance des iles Cocal et Saint- Augustin, d'ou Ton cntreprit I'exploration des Mulgraves et des Carolines. Dans les Mulgraves, qui furent parcourues des i5 au 29 niai, la CoqiaUe n'a cessc de prolonger des recifs , parmi Icsquels M. Duperrey constate la position dc Kingsmill, Hopper, Wood, Henderville, Holl, Knox, Gilbert, Mathews, le groupe dcs Mulgraves et I'ile Benham , dont il a dressc une carte generale. T. XL. — - Novembre 1828. aa 33() SCIENCES PHYSIQUES. Dans les Carolines , les reconnaissances ne fiirent pas nioins nombreuscs; nous citcions particulicrcment Tile d'Oualan , le ijroiipe dos iles Mougoul, Oiigay et Ic Oiira, celui do Pelop; enfm le groupe d'Hogoiaii sur leqiiel on n'avait encore que les indications donnecs au P. Cautora par quelques naturels naufrages en 1731 sin- I'lle Guam. On recnt frequcniment a bord les divers peiiples dcs loiigucs ehaiues d'lles scmees sur rette portion dii globe. L'lle d'Oualan fut snrtout reniarquce par scs aspccls ot par rurbanito dc scs babilans; clle vil pour la premiere fois un batiment europecn sur scs rivagcs. Du 5 au i5 que dura la relache, et pendant que Ics observations d'as- tronomie et dc physique se poursuivaicnt avec activite , les na- turalistes et les geographcs parcouraient I'ile dans tous les sens pour en examiner jusqu'aux moindres details , et Ton rccueillit en mome terns, sur les insulaires , tout ce qui meritait de fixer I'attention des moralistes. La Mousson d'oucst s'ctant prononcee vers I'extremite occi- dentale des Carolines , M. Duperrey vint explorer une partie de la cote nord de la Nouvelle-Guinee. Sa relache au havre de Doney, importante sous les rapports de la geographic et de I'histoire naturelle , cut lieu du 26 juillet au 9 aout. Apres avoir de nouveau traverse les filoluques, et fait une relache a Sourabaya , il s'achemina vers les i!cs de France et de Masca- reigne ou Bourbon, ou il arriva le dernier jour du mois. Il quitta ces iles, le i3 novembre, mouilla successivement a Sainle-He- lene , a TAscension , ou tous les genres d'observations furent renouveles , et arriva enfin a Marseille , le 4 mars 1826. C'est le recit de cette expedition, qui a dure prcs de trente- deiix mois, et pendant laquellc la CoquiUc a jparcouru plus de vingt-cinq niille lieucs , que public M. Arthus Berlrand; et Ton doit cette justice a I'editeur, qu'il ne neglige ni soins ni de- penses pour que I'cxecution du travail reponde a I'importance .du sujct. On pcut en juger par les livraisons qui out dcja vu le jour. L'une d'elles fait partie de la relation historique ; sept de la partie zoologique , quatre dc cello de la botanique. L'historiquc du voyage presente d'autant plus d'interet que SCIENCES PHYSIQUES. 53 1 nos uavigateurs ont successivemcnt visite et pu comparer, non d'apres des collections rapportees par d'autres , mais sur les lieux memes , les deux cotes ojjposees de rAnieriqiie meridio- nale. Plus loin, ils out pu comparer encore la Nouvelle-Zelande a la Nouvelle-HoUande , et TOceanie a la Polynesie. Cetle di- vision du voyage que s'est reservee M. Duperrey, chef de I'ex- pedition, sera accompagnee de nombreux vocabnlaires faits pour exciter le plus liaut degre de cnriosite cliez les personnes qui chercheut dans les racincs dcs langues les traces de la filiation des peuples. Cette partic de la relation aura deux volumes et 36 planches coloriees, avec des portraits d'hommcs, d'especes on de races diverses. Ce qui en a dcja paru ne contienl encore que le rapport flatteur fait a I'Academie par I'elite de ses membres sur les avantages considerables qu'ont retires toutes les branches dcs sciences physiques du voyage dont nous nous occuports. On y veil : i° le titre de I'atlas, qui peut etre con- sidere comme un modele en ce genre , et qui fait honneur a la plume de IVI. Ermeler qui I'a compose , et au burin de M. Abel Malo qui I'a grave ; 2° deux planches representant des usten- siles a I'usage des habitans des iles de la Societe ; 3° un paysage de Ta'iti , remarquable par un beau rocher basaltique forme de prismes nombreux ; 4" une autre vue marine de la meme ile ; 5° enfin des habitans bistres et tatoues d'Iros , Penelope et Coucera. Les sept livraisons de zoologie donnent une idee plus com- plete de la maniere dont sera composce cstte importantc section , dont la redaction est conGee ii Tun des naturalistes du voyage , M. Lesson, qui , depuis peu , s'est place au nombrc de nos plus actifs et habiles naturalistes par une multitude d'ex- cellens travaux. M. Bory de Saint- Vincent s'empressa de I'ap- peler a la collaboration du dictionnaire classique d'Jiistoire naturelle, qui deviendra un ouvrage monumental; dans la collection des iJe'^jfOTeV on lui doit , outre un fort bon traitede niammologie, une ornithologie qui peut etre consideroe comme le meilleur abregc de ce genre. Enfin, le libraircBaudouin public une continuation de Buffonlaitepar le meme M. Lesson, dc la- 332 SCIENCES PHYSIQUES, quelle les deux volumes qui out paru sur les cetaces donuent la plus haute opinion. Dans sa part de collaboratiou an voyage de la Coquille, cejeune savant s'occupc d'abord de considerations generales sur les lies du grand ocean et surles varietes humaines quileshabitent. Sans adopter toutes lesidees derauteiir,nousen recomniandons la lecture auxbons esprits.Viennent ensuitedes considerations generales sur les manimifcres, chapitie non nioins intercssant que celui ou il est traile de I'hoiTimc , ct d'ailleurs fort bicn ucrit. Les cspeees decrites a la suite de ces conside- rations sont le vespertilion dc Buenos-Ayres , I'outarie mo- losse , le couscous tachete , le couscous a grosse queue , Ic couscous blanc , le kangourou oir alabot , le ral taupe liotten- tot , le lapin dc Magellan , le cochon des papous. Les figures de la plupart de ces aniniaux ont dejii paru, aiusi qu'uue planche de cranes et de marsouins qui n'etaieut pas encore connus. Le chapitre cinquieme du contingent de M. Lesson est renipli d'observations generales, aussi neuves qu'interes- santes sur I'histoire naturelle des diverses contrecs visitees par la Coquille , el plus particulicrement sur rornilhologic do cbacune d'elles. Trentedcux planches, representant quarante- une especes d'oiseaux , accompagnent le texle : elles font le plus grand honneur an pinceau de M. Pictrc; on y distingue surtout le cormoran de Gaimard, le heron phaeton , la tour- terelle bleu-verdin male et fcmclle , plusicurs colombes , un perroquet de Desmarest , le caocal atralbin , Tepimaque royal et le martinet a moustaches. Parnii les planches ou sont si bien figures ces beaux oiseaux, on doit remarquer la I'j^, sur la- ' quelle sont trois etats de la moucherolle poncare , tellement differcns les unsdes autres, que, sans le lemoignage de M. Les- son , il serait difficile de n'y pas voir trois especes distinctes. L'un est d'vui bleu fonce tirant au noir dans toutes les parties, c'est le male adulte : I'aulre tout blaiic avecla tetc seule noire , c'est le malevicux; le troisieme est d'un beau jaune ardent avec le croupion ardoise , c'est la fcmelle. On voit par la com- bicn il est difficile de faire de I'ornithologie avec les peaux d'oiseaux les mieux enipaillecs, ct Ton pcut juger combicn cctte SCIENCES PHYSIQUES. 335 partie de la zoologie est encore mal connue , ceiix qui I'ont tiaitee s'etant hates de decrire comme appartenanta des especes distinctes, sous les noms les plus bizarrcs, dc simples varietes d'ages et de sexes. La partie botaniqiie ne sera pas moins bien traitce sous tous les rapports , si Ton en croit la reputation des savans qui s'en sont charges, et si Ton enjuge paries qualresuperbes livraisons que nous avons sous les yeux. A peine de retoiir dans sa patrie , recompense par un avancement nierite des nombreux services qu'il venait dc rendre a la marine et aux sciences , M. Durville soUicita I'honneur de commander une nouvelle expedition de decouverles. Son offre flit acceptee; et deux mois environ apres son retour, M. Dur- ville etait deja en mer, vers la Nouvelle-Guinee. Lie avec le colonel BoR-v de Saint-Vincent, il lui proposa de se charger a sa ])la<;e d'une part de redaction dans le voyage de la Coquille. CV'tait associcr h I'une des plus belles entreprises scientiGques de notrc epoqiie un savant qui avail fait ses preuves sous le consulat, dans une autre expedition de decouvcrtes; expedition aussi celebre par les grandes Uimieres qui en rejaillirent sur les sciences physiques et sur les savans qui en Grent partie, que par I'imperitie dti chef auquel on en avail trop legerement confie la direction. M. Bory de Saint- Vincent accepla avec autanl d'ardeur que de desinteressement cetle occasion de montrcr son zele pour la gloire d'une entreprise qui honore la France. Rlais, accable d'occupations, il engagea 31. Dur- ville a partager ce travail entre lui el le jeune M. Adolphe Brongxiart, si avantageusement connu dans le monde savant par plusieurs excellens ouvrages. M. Bory se rcserva les parties dc la botanique connues sous les noms d'agamie et cryptogamie , c'esl-a-dire I'hisloire des vegetaux prives de sexes, ou chez lesqnels les sexes ne sont point distincts.Non-seulement il les a decrits , mais, quittant la plume povu* le pinceau, il les a figures lui-meme avec une rare perfection. On savait an depot de la guerre donl il avail fait partie, que le colonel excellait a dessiner la topographic. Sa celebre carte de Bourbon ayant des Tan 1804 33/, SCIENCES PHYSIQUES, etabli sa n^putation en cc genre, los generaux en chef sous les- quels il fit si honorablement la guerre, I'emploj'crcnt souvent dans les reconnaissances ou Ton voulait avoir un figure parfait du terrain cnquclques instans; niais il y a loin d'uu dessin a la plume a de veritabies tableaux faits pour rivaliser par la beaute du coloris avec la nature meme. M. Bory de Saint- Vincent, que son lexte place en premiere ligne parmi les naturalistes, a voulu se placer a cote des maitres en peinture par ses planches. Nousne pouvons donner une idee plus exacte du merite de son travail qu'en transcrivant ici un extrait du rapport fait a I'Aca- demie des sciences par M. de Mirbel, que cet illustre corps avait charge de I'examiner. On y verra corabien M. Bory a su rattacher a un sujet peu important au premier coup-d'oeil des considerations du plus haut intcret. N. Rapport sur la partie botanlouc da Fojagc antour du inonde^ rfeMM. DupERRET et Durville. Notre savant confrere, H. Bory de Saint- Vincent , a pre- sente derniercment a I'Acadeniie les premieres livraisons des plantes aganics et cryptogamcs recueillies par MM. Durville et Lesson, dans le Voyage autour du monde , execute sous les ordres de BI. le capitaine Duperrey , et il a desire qu'il en fiit fait un rapport. Cette tiiche m'a etc confiee. Le litre de I'ou- vrage indique soc objet special; et comme M. Bory, dont la sagacite estcounue, a fait une etude approfondie des cspeces qui composent les tribus inferieares du regne vegetal, j'aurais pu affirmer d'avance que ses nouvcllos recherches seraient accueillies favorablement par Ics botanistes, et je ne me serais pas trompe. Les botanistes recevront toujours avec reconnais- sance une suite d'excellentes descriptions, eclaii'ees par une judicieuse critique, et acccmpagnees dc figures d'une execution parfaite. Mais ce n'est pas a ccla que se borne le travail de M. Bory. Quelques centaines d'agames et de oryptogames , rapportees de differens points du globe, kii ont fourni I'occa- sion, ou, si Ton veut, le pretexte d'exposer ses idees sur la geographic physique, sur I'origine des etres organises, sur SCIENCES PHYSIQUES. 335 leur distribution a la surface du globe, sur leur classification scientifique en raison de !a simplicitc ou de la complication de leur structure. II y avait la-dedans de quoi composer des vo- lumes ; M. Bory a trouve moyen de resserrer la matiere cans un discours de soixante pages auqiiel 11 a domic le tilre d'l/i- trodttction. II nrond pour point de depart unc opinion consacree par les plus anciennes traditions ; il admet commc fait incontestable qu'avant I'apparition des etres organises, le globe etait tota- lement enveloppe d'nne epaisse couche d'eau, que c'est an sein de cette mer sans rivage que se developperent les germes des premieres creatures vi\ antes; que c'est l;i, pour me sevvir de ses propres expressions , que la vie ct la vegetation ont eld se preparer avant de paraitrc a la surface des ilcs et des con- tinens. Les causes qui ont amene la disparilion d'une partie considerable de la masse des eaux, causes que M. Bory ne nous fait pas connaitre, n'ont point cesse d'agir et ne tendent a rien moins qu'a mettre a sec le fond des bassins des mers. D'ou Ton pent conclure, quoique I'auteiir n'en disc rien, que les creatures vivantes, vegetalps ou animales, dont les types les plus simples sc sont formes dans les eaux, periront toutes par I'exces de la secheresse. Que cette hypothese , presentee d'une maniere si absolue, soit fondee ou non, ce n'est' assurement pas ce que je deciderai; je me contenterai de remarquer que M. Bory a rtuni avec art unc foule de faits qui lui ont paru devoir la fortifier. " Le globe, dlt-il, offre sur une partie de sa surface de vastes deserts de sable meles de sel et de debris d'animaux marins. CJes deserts arides et presquc-steriles ont etc autrefois des mers interieures qui se sont dessechces insensiblement. La Caspienne, la mer Morte, le lac Ba'ical, etc., se dessecheront aussi. Alors, les lits de ces vastes amas d'eau salee seront des deserts de sable. Les Mediterranees , soit qn'elles u'aicnt qu'unc issue , coinme notre Jlediterranee proprcment dite , la mer Rouge, lamer Baltiquc, etc., soit qu'elles aicnt plusieurs issues, comme le golfe du Mexique, les mers d'Okotsk, du 33 (; SCIENCES PHYSIQL'ES. Japoii , dc la Chine, etc. , cesseror.t de commiiniquer avec los inlands bassins occaniqiies; elles doviendiont des mers inte- rieures, de veritables Caspiennes, qui sc dessecheront a leur tour. De tous coti's, nous voyons les eaux fluviales entraincr dans leur course la poussicre des coutinens. Des atterrisse- inens, des deltas, des bancs de sable se formcnt au voisinage des cotes et dans les directions des courans; des animaux madivporiqiics batisscnt les foudcmens de nouvcllos terres; et tandis que les detroits se ferment, que les abimes des mers se comblcnt, le niveau deseaux, qui semblerait devoir s'elever, s'abaisse d'une maniere sensible. II y a done diminution reelle dans la quantite du iiquide. » Telle est, en substance, la philo- sophie cosmologique de I'autcur. II scrait difficile, comme il I'observe, de donner de bonnes raisons pour justilier les noms et les limites que les gcograpbes ont imposes aux differentes regions oceaniques; mais je re- marquerai qu'il serait encore plus difficile de faire adopter generaleraent de nouveaux noms et de nouvcUes limites, qucique judicieuses que fussent les innovations proposces. Toutefois, M. Bory, ecrivant pour les naturalistes, me parait avoir eu une heureusc idee, en simplifiant la nomenclature et en formant des regions marines, d'apres des considerations tirees de la distribution des etres organises qui peuplent les mers. Aucune partie de son Introduction ne m'a paru plus digne d'attention. II V a cinq grantles regions Occanicjues ; i° IJ Ocean arctique. II a pour centre le pole boreal , et il est borne au sud par les cotes septentrionales de I'lrlande , de I'Ecosse , de la Norvege , de la Russie d'Europe , de I'Asie et de TAmerique du nord. 2° H Ocean atlantiqac. Il est limite, ati nord, par uncligne tiree du Labrador aux Hebrides; au niidi, par une ligne tiree de la pointe de I'Afrique au detroit de Magellan ; h. I'ouest , par ks cotes orientales des deux Ameriques et des Antilles; et a Test, par les cotes occidentales de I'Europe et de I'Afrique. 3° L'C- ctan antarciiquc. Cost la ]>lus vaste des mers. Aucune lie, au- cun basfond, auouu recif ne sc moutro pour lui servir do SCIENCES PHYSIQUES. 3:^7 borne; mals ses limites naturelles, qui s'etendent ou se resscr- rcnt selon les longitudes, sont clairenicnt indiquces, eiitre Ic 55*^ et le /jo" degre, par la ligne d'arrot do plusieurs especes \egetales ou animales. 4" U Ocean indien. Celle mer est limilee au sud par une courbe partant du cap de Bonne-Esperance et venant aboutir h. la cote sud-ouest de I'Aiistralasie en passant par la terre de Kcrgueleii ; au nord , par les cotes ineridionales de I'Arabie et de I'lnde; a Test, par les cotes occidentales de Sumatra, de Java et de I'Aiistralasie; et a I'ouest, par les cotes occidentales del'Afrique. S^Enfiii YOcta/ipacififjiic. Borne a Test par les plages occidentales des deux Ameriques , et a I'Duest par les plages orientates de la Polynesia et de I'Asie, il com- mence au nord ou finit I'Ocean arctique; il liuit au sud ou com- mence I'Ocean antarclique. Ccs cinq oceans ontchacun, dans leurs climats et dans leurs productions animales et vegetales, des caracteres qui leur sont propres. L'auteur les decrit avec cet eclat d'imagiualion et celte vivacite d'esprlt qui le dislingucnt. Une froide analyse repro- duirait Irop imparfaitement ces tableaux animes qui n'appar- tiennentpas moins a la litterature qu'a la science. Je n'appel- lerai qu'un moment I'attcnfion de racademie sur les distributions geographiques des liydropbytes, qui, malgrc les frcqucntes ex- cursions de M. Bory dans le domaine des autrcs branches de 1 histoire naturelle, restent toujours a ses yeux comme aux miens I'objct principal de son travail. Les deux Oceans polaircs, I'arctique et I'antarctique, nour- rissent les hydrophytes les moins sensibles a la rigueur du froid. Les especes de I'Ocean arctique sont en general des la- minariees et des fucacces de la nature de celles qui ne se rami- fient jamais; on les prendrait volontiers pour des lanieres de cuir, tant elies ont de souplesse et de tenacite. Celte robuste constitution les rend capables de tenir contre les rudcs assauts des tempetes hyperboreennes; mais a mesure que ces plantes se rapprochent des climats temperes, leur tissu s'amollit et re- siste moins au choc impetueux des flots. Les especes dc I'Ocean antarctique sont particulierement des laminariees r.imeuscs des 338 SCIENCES PHYSIQUES. i;eiires macrocystis, Diirvillita ct Lossonia. Les frondes dcs ma- nocystis sont quclquefois si longues , si noinbreiises ct si co- I iaces, qu'elles rendctit impuissans les efforts des rameius. Le voyageur qui parcourt d'linc extreniite a rantre !a nier Atlantique y trouve dans les types organiques line certains uniforniite a laqiiclle il etait loin dc s'attendrc , en cnnsiije- lant Ic noiubie des degres de latitude et la diversity des cli- niats. Les laiuiiiariees et les fucacees sont bien nioins com- munes ici que dans les eaux arctiques et antarctiques ; mais en revanche il y a beaucoup de cystdscires et de sargasses , types geueriques inconiuis dans les regions polaires. Ces vege- taux detaches dfs profondciirs de la mer s'elevent en vasles lapis a sa surface et semblent des lics flctrantes. Dans les re- gions chaudes , les roches , et surtout celles de construction niadreporique , se couvrent d hydrophytes ornees des phis brillautes coulcurs : 'ce sont des floridees , des padines , des ceramiaires , des coniervees , qui se melent a des polypiers flcxibles. La flore de I'Ocean pacilique resscmble beaucoup a cel!e de rAtlantique. Les genres y sont :\ peu pres les memes, les especes seules different. Commc daas TAtlantiquc, les eaux proinencnt a leur surface de largcs anias de sargasses ; et poir.' complete:- I'analogie, les laminariees a frondes simples de I'Ocean arc- tique , aussi bien que -les laminariees a frondes rameuses de rOcean antarclique, y sont tres-rares. L'ouvrage que j'exaraine ne me fournit aucuii renseignement sur les hydrophytes de I'Ocean indien. J'inclinc a croire qu'elles different pen des hyc'rcphytes equatorialcs des Oceans atlan- tique et pacilique. Toutefois, M. Bory pense que la distribution geographiqui de ces productions marines distingue nettement les cinqiOceans qu'il reconnait a la surface du globe, ct que la vegetation pro pre aux differentcs Mediterranees n'est pas moins caracteris- tique. Il observe, a ce sujet, que chaiun de ces bassins secoi.- daires , qui coiunianiquent avec les grands Oceans par un ou par plusicurs detroits, offre sur ses cotes en regard une vege- I SCIENCES PHYSIQUES. 339 tation seniblable ; tandis que les cotes adossees de deux bas- sins contigus , quelque basses , etioites et motcelees que soient les terres qui les separent , se couvrent constammcnt d'une vegetation differente. Ainsi , les cotes de I'Europe et de I'Afrique qui bordent notre mer Mediterranee nourrissent, an sud et an nord , les raemcs especes d'hydrophytes. Ce sonr qiielques caulerpes, le pndina Tournefortii , etc. , dont on cher- cherait en vain la plupart dans la Mediterranee erytlireenne (mer Rouge), quoique Tisthme de Suez ait apeine vingt lieues de large. Les hydrophytes connues pour appartenir a la Medi- terranee cry ihreennesontdes sargasses, d'autres caulerpes, etc., dont les types spccifiques existent egalement dans les eatix de la Polynesie , de la Chine et de la Coree. Deux autres exem- ples de I'identite des especes d'un nieinc bassin et de la diver- site des especes de deux bassins contigus resultent de la coni- paraison de la Mediterranee colorabienne (golfe du Mexique ) et de la Mediterranee sinique ( mer de la Chine , mer Bleue , mer du Japon ) , avec les oceans voisins, dont elles ne sont separees , I'une que par I'isthme de Panama a I'oucst et les Antilles a Test , I'autre que par la lougue chaine d'lley qui , sous differens noms , s'eiend, dans une diiection sud-est , de la cote orientalc! de Sumatra a la cote occidentale de la pres- qu'iie Seghalienne. Les besoins aussi bieu que I'organisation n'etant pas les memes dans les diverses especes d'hydrophytes , il s'ensuit qu'elles s'etablissent a differentcs hauteurs sur le sol marin; de nieme que nous voyons les especes aeriennes occuper dans les plaines et sur les montagncs des stations plus ou moins ele- vees, selon les exigences de leur temperament. Les lichina, hydropiiytes de couleur brune , se fixent au- dessus des eaux ; il leur suffit pour vegeter d'etre humeetees par I'ecume des vagues. D'autres hydrophytes, egalement bru- nes, croissent, aucontraire, a de grandes profondeurs, temoin cette touffe de sargaisum tiabinatum que M. Bory retira de six cents pieds entre les lies de France et de Mascareigne. Des nives d'lm vert tendre flottcut avec des confervees sur les ma~ 3/,o SCIENCES PHYSIQUES, rais et siir la mer ; d'antres ulvcs ont ele arrachees par la diagiic a cinq cents pieds, sous les ycux de Peron, pros de la terre de Leiiwin Ellcs etaitnt ])h(),sphoresccnfc3. Cost a deux, cents pieds de piofondeur dans ics parages des Canaries que M3I. DE IIuMisoi DT ct BoNPLAND out peclit: cctte belle caulerpe verle , qu'ils ont nonimee caulerpa vUifolia. Les iridees , les cystoscircs , la padiae i plume de paon, qui brillent des cou- leurs del'arc en-ciel, viennent jusqu'a fleur d'eau. Un peu plus has paraissent les floridees qui se colorenl de toutes les nuances du rouge. Feu B'l. Lamouroux, dunt les travaux sur les hydropliytos soi>t si rcconimandabies , avail remarqiie que la plnpart des ulves marines sont specifiquement les'niemes. M. Bory con- llime cetle observation d'autant plus importante, selon hii , qti'il regarde les idves comme I'une des transitions par les- quellcs la nature passe des liydropliyUs auxplanles aerogenes. « Si Ton vonlait, dit-il , cxposer en tableau les rapports des ordres naturels et de leurs families , a pattir du ternie le plus simple et en s'elcvant de dcgres en degres, suivant le mode de complication , il faudrait placer d'abord la maticrc muquense penetree du globuline au centre d'une sphere d'oii rayonne- raient les cliaodinees , les ulvacees , les ceramiaires , les con- fervees , autres spheres d'ou rayonneraicnt a leur tour les li- chens, les cryptogames, les naiades, ainsi de suite et toujours on s'elevanl vers la phanerogamie. « M. Boiy terniine en adressant d'excollens conseils aux voya- geurs naturalistes sur la manierc de recolter et de conserver les hydrophytes. L'analyse que je viens de presenter de cette brillante intro- duction n'en pent donuer qu'une idee trcs-inconiplele. II faut lire I'ouvrnge meme. Un critique severe pourrait rejirocher a I'auteur one cer- taine disposition a risqucr des geucralites, sans les appuyer sur les faits de detail dent elles ne doivent etre que I'exprcssion !a plus abregee; il pourrait, par exeraple, lui dcmander pour- (juoi il n'a pas place h la suite de scs descriptions d'Oceans, SCIENCES PHYSIQUES. 34 i de Meditcrranees, dc Caspiciines , la liste nominale des espcces d'hydrophytes qui donnent a chacune de ccs inimenses masses d'eau salee un caractere particulicr; on pourrait Uii diie que loi's- qu'on a I'ambition de fonder iine theorie nouvelle, lo piemiei' soin a prendre , sous peine de rencontrer beaucoup d incre- dules, est d'exposer piece a piece les materiaux de Tedifice pour que les connoisseurs soient A meme den apprecier la soliditc. Mais quiconque sait avec quelle ardeur et quelle ia- telliijence M. Bory s'occupc depuis longucs annees dc la geographic physique ct de I'liistoire naturelle des planus marines n'hesitera pas a conslderer son bitrodaction commc I'annonce d'un grand travail ou se frouveront classes mctlic- diquement tons les fails qui doivent donner a ses assertions le caractere de I'evidence. II suffit, pour se conlirmcr danscotte idee, de lire les 74 pages qui commencent I'histoire naturelli- des hydrophytes recoltees par MBI. Durville ct Lesson. Ici rien qui ne soit positif : I'auteur a examine, compare, decrit, classe lous ics etrcs dont il a parle. II expose avec elegance et clarte I'ensemble des faits dont la connaissancc approfondie importe au naturaliste. Son esprit observateur passe de I'etude des caracteres superficiels a celle des details de I'organisation in- terne. C'est ainsi qu'il place , a cote de la description bofa- nique de son genre Lessonia , la description anatoniique des tiges des troisespeces qui comnosent ce groupe; d'ou il resulte la preuve que ces tiges ont un canal medullaire , des couches concentriques ct una ccorce distincte, de meme que les dico- tyledons , fait curieux qui vient a I'appui d'une observation dc M. Lamouroux. La partie critique et synonymique est traitee avec soin. La distribution gcogi-aphique des espcccs est I'objet dc remarques trcs-interessantes ; raais , a I'exemple de M. Bory, je dois en altribucr en partie le nierite a MM. Durville et Lesson , qui n'ont jamais neglige dc prendre des notes sur les contrcf s et les stations ou ils ont trouve les indi- vidus dont se compose Icur collection. Sur 33 ou 34 especes d'hydrophytes comprises dans les trois premieres livraisons, 17 34a SCIENCES PHYSIQUES, etaient toiU-a-fait inconnucs. Les unes et les autres appartien- nent a onze genres, parmi lesquels j'en vols quatrc de la crea- tion de M. Cory. II a distribue ces onze genres dans trois fa- milies : les laniinariees , les fucacecs, les cylinilracees. Cette classification , fondee sur des caracleres organiqiies negliges jusqn'a ce jonr , est encore son ouvrage. Eulin, il ne s'est pas montre nioins habile dessinatenr que savant naturoliste : scs planches , qui offrent souvent des details anatoniiques tres- delicats, egalent, si ellcs ne surpassent, ce qu'on a public de mieux en ce genre. MiRBEL. SCIENCES MORALES ET POLITIOUES. HisToiRE CRITIQUE DV GNOsTicisME , et de SOU injluefice sur Ics secies reUgieuses et philosophiques des six pre~ miers siecles de Vere chretienne; par M. Jacques Matter , professeura V Acadcinie de Strashourg{\). Get ouvrage a ete couroiinc par I'lnstitut au concours de 1826. II ne traite point une de ces questions speciales appre- cieespar les seuls savans; il embrasse toute I'liistoire de I'esprit humain , loutes les speculations philosophiques, toutes les croyances religieuses qui prccederent , accompagnerent, et suivirent retsblissement du christianisme. C'est, comme le dit judioieusement I'auteur, un beau spectacle que celui du monde ancien venant pour lutter encore une fois contre son succes- scur, avant que de lui ceder tout I'avenir. Ce sujet n'avait point echappe aux doctes recherches des Allemands. L'Academie des inscriptions connaissait leurs travaux; mais elle a voulu que cette histoire fut ecrite d'uue maniere plus large : elle a desire un ensemble ct des resultats geueraux, plutot que des disserta- tions sur des points isoles, et lo prix a ete adjug-e a M. Matter, qui deja s'ctait distingue par une bonne Histoire de I'ecole d' Alcxamlric (2;. M. Matter commence par faire connaitre son sujet. C'est dans Pythagore , c'est dans Platen qu'on trouve , en Grece , les premieres traces du laugage et des idees du gnosticisiae ; car la scule veritable jihilosophic est la connaissance du mondc intellectuel , et c'est absolumcnt ainsi que les gnostiqucs defi- (i) Paris, i8a8; Levrault. a vol. in-S" de texte et i de plancbesi prix , I S fr. (a) Voyez R.v. Enc, I. x, pag. 5a8. 344 SCIENCES MOPtALES. Dissent lour scionce. Chez Ics aiicicns, Ic mot qui dcvint en- suitclc noin de ces pliilosophcs ne signifiaitpas unc sectc, ouun individu qui prctcndit posscdcr une scionce paiticuliere. rvaa-is se tradiiirait convenablement par curi/iaissance ; yyt^Kmnes , par (laud de la faculle de connaitre. Si ces mots ont recu une autre acception avant rctablissement dii christianisme, cc ne fut que peu de terns auparavant , et probablcinent a Alexandrie; mais alors encore on ne s'en scrvit que pour indiquer une science supcricure en general. Quant an gnosticisme lui-mcnie , il en faut chercher I'origine dans I'un dcs faits los plus marquans dc I'histoire d'Oricnt , dans la transmigration dcs Juifs sur les bords de TEuphrate et du Tigre. Lcs doctrines de Zoroastre , melees a celles du ju- daisme, vinrent ensuite se confondre dans Alexandrie , ou deux homnics celi'bres , Arislobule etPhilon, s'en rcndircnt les in- terpretes, en memo tenis qu'ils reunirent les rayons cpars de tons les autrcs systemes pour en doler leur antique religion , Gt la faire briller a la fois de I'eclat emprunte a la pliilosophie pa'ienne et aux theories de I'lnde , de la Perse et de I'Egypte. Aristobule alia si loin qu'il pretendit que Platon avait pulse scs plus belles idees dans les livres sacres des Juifs ; et pour prouver que les Grccs enseignaient la meme chose que Moise , il composa, sous les noms d'Orphee et de Linus , d'Honiere et d'Hesiode, des vers ouil consignait dcs principcs judaiques. L'autenr analyse le systeme du Zend-Avesta , que Ics Juifs trouverent en Asie a cote des idees des mages et des Chaldeens , et fait voir que les doctrines de la Kabbale sont ii celles de Zoroastre, comma la copic est a I'original. Si les Juifs les rat- tachent a Moise et aux palriarches, c'est une exageration he- bra'ique dont il faut faire justice. Suivant la Kabbale, commc suivant les idees de Zoroasli'c , tout ce cjui existc est eniane d'une source de lumiere infinie. Avant toutes choses existait I'etre primitif , I'ancien des jours , le roi de la luntiere , tilre qui est frequemment donne au ci-eateur dans le Zend-Avesta. Les kabbalistes ont pris chez les Pcrses toutes leurs idees d'emana- tions et leurs gradations. «L'Etre supreme se retira en lui-memc, SCIENCES MOR7ILES. 345 et forma autour de liii un espace vide dans leqiiel il laissa tomber one premiere emanation , rayon de lumiere qui reunit a la fois la force generatriee et conceptive qui est pere et mere dans le sens le plus sublime. C'est do cette double force qu'est emane le premier ne de Dieu , I'liomme primitif, AdainCadmon.v On retrouve en grande partie les altributs d'Ormuzd ; et, comme celui-ci avail cree des genies, Amschapands , Ozeds et dcs ferouers, Adam Cadraon se rcvela en dix emanations de se- phirolhes qui ne sout pas litres, mais des sources de vie, des attributs de I'Etre supreme : la couronne , la sagcsse, la pru- dence , etc. De la sout sortis quatre mondes qui suivent de I'un a I'autre una progression croissante de degeneration; mais, tout venaat toujours de Dieu par irradiation , il n'y a rien de purement materiel dans ces mondes, qui sont : 1° d'emanation ( aziluth ) ; 2" de creation ( briah) ; 3" de formation ( jezirah) ; et 4° de fabrication (aziali). Le chef des habitans de ce dernier est Belial ;ils combatteutle regne du bien, iisseduisent les homraes, ils ne cessent de provoquer les faates et les guerres. On recon- nak dans ces etres , appeles Rlippoths, les Dews dont Ahri- mane est le createur ; et il n'y a , dit M. Matter, entre les kab- balistes et les disciples de Zoroastre , que quelques differences de terminologie. La iheorie de I'ame est a pen pres la meme dans I'un et dans I'autre systeme ; elle est retenue dans un corps pour y cxpier sa fautc, et se divise en nuatre parties, dont chacune correspond a I'un des mondes ; il faut que la priere I'epure et la rende digne de venir dans aziluth contempier I'Etre supreme. L'auteur retrouve les doctrines orientales dans le Talmud, qui est si contraire au mosaisme , qu'il n'a pu se faire jour qu'en I'etouffant. Ce livrc est reniarquable par sa theorie sur les anges. Cliaque astre , chaque pays, chaque ville a pour pro- tecteur I'un de ces princes des cieux. II y en a pour les ani- maux sauvages, pour les oiseaux , pour le tonnerre, pour la grele. Le sorameil et I'amour, la grace et la faveur out chacua leur prince. Un genie particulier veille sur le developpement de chaque plante. Le parsismc se montre jusque dans la ver- T. XL. — Novcnd)re i^'i%. ■j.'i 346 SCIENCES MORALES, sion des Septaiite, qui seivit dc moyen de communication entic Ics Juifs ct les Gi'ocs. Le lanyage dc cette version portc des indices irr^cusables des gcrmes du guosticisme dans Alexan- drie. Cette ville devint le theatre de toutes les revolutions in- tellectuclles. «D'abord ce fut le platonisme qui domina; bientot ils'associale pythagoricismect le pcripatctisme ; mais aucun de ces systemes n'avait sa purcte primitive. Les antiques doc- trines de I'Egypte, les enseignemens mystcricux de la Thrace ct de la Samothrace penetrerent dans les trois principaux sys- temes de la Grece. Dans la personne d'Aristobule , le juda'isnie s'empara d'Aristote; dans celle de Philon il s'implanta le pla- tonisme ; les Esseniens et les iherapeutes I'eunirent ce que les pretres de I'Egypte et de la Perse , ce que Pythagore et Plalon leur offraient de plus sublime ; et les kabbalistes, rcuchi'rissant 5ur cux , firent enti'cr dans leur enscigncment le zoroaslisme presque lout en tier. » On vit naitre alors les deux doctrines les plus remarquablos de I'ancien monde. Toutes deux suivirent I'etablissement du christianisme : I'une, celle des gnostiques, qui s'arrogea sur les apotrcs un droit d'examen quand les priucipes exuterujucs de ceux-ci ne lui convenaiont pas; I'autre, celle des neo-pla- toniciens , qui combattit et les chrctlens ct les gnostiques. On reconnaitra , dans les commencemens de I'ouvrage de M. Mat- ter, des idees neuves, et on lui saura gre de ses rapprochc- mens ingenieux entre le parsisme et la kabbalc. Ce ne sont point la devalues hypotheses ; ce sont des preuves qui reposcnt elics-memes sur un fait historique dont les consequences n'a- vaient pas encore ete deduites. Des le commencement du christianisme cette religion eut a combattre les doctrines qui s'elevaient au milieu des siennes. I^es pi'emiers gnostiques avancerent que les commentaires his- toriques et les lettres pastorales axvaient ete tronques , inter- poles, falsilies , et qu'il leur appartcnait, a eux, d'y retabiir la primitive purete des textes. Il se trouva dans Ephesc difi^ hommes qui chercherent a combiner avcc le systeme qu'on venait d'y repandre des systemes dcpuis long- terns etablis : SCIENCES MORALES. %k1 M. Matter prouve ce fait par les epitres de saint Paul , par I'e- vangilc de saint Jean , qui est dcla Qn du premier siecle. L'Apo- calypse est pleine dcs doctrines de la Perse ct de celles de la kabbale. L'auteur poursuit ses rapprocheniens avec une ingc- nieuse erudition. Les premiers chefs du gnoslicisme nous sont done inconnus. Basilide , Valentin, Saturnin, etc., ont eu Icurs precurseurs. La societc marchait par la seule impulsion de I'esprit humain , et les hommes distingues dont Ic nom est demeurc dans rhistoire sont plutot dcs chefs d'ccole que dcs fondateins. Les plus cclcbres furcnt Simon le magicien et Ce- rinthe. Simon ne vit dans le chrislianisme qu'un moyen de perfectionner la magie. II finit par se regarder comma la grande puissance de l'£tre supreme ; ses disciples le prirent pour Dieu nienie. Selon lui , I'Etre supreme , ou le foyer de lumiere , a produit d'abord trois couples d'etres unis, qui ont ete les ori- gines ou plutot les racines dcs clioses. La premiere pensce de Dieu ( Ennoia ) est la mere de tout ce qui existe ; c'est par elle qu'out etc faites les premieres classes d'esprits , les anges et les archanges , et c'est elle qui leur a confie le gouvernement du monde. On voit done reparaifre ici I'Ensoph de la kabbale , I'Ormuzd de Zoroastro , le Logos de Platon , et la Sophia de Philon. Mais les esprits crees par Ennoia sont devenus jaloux de sa superiorite; ils la saisirent et la retinrcnt captive; puis, deta- chant le monde inferieur, dont ils^elaientlcs maitres, du monde superieur ou ils ne jouaient qu'un role subalterne, ils relegue- rent Ennoia dans les corps humains, ou ello vit esclave des formes et des lois de la matiere. L'Eire supreme resolut enfui de la delivrer de sa captivite, et de la mcten)psicose a laquelle elle etait assiijetie. Alors Ic pere d'Ennoia apparut a tons les etrcs, .selon la forme qui leur etait propre, et aux Samaritains soils celle de Simon. D'un autre cote, une femmc, nommec Helene, etait, aux yeux de Simon, la premiere pensee de Dieu; il I'avait rachetee de I'esclavage o\x elle vivait a Tyr, ou elle subit toutes sorles d'ignominies. L'auteur fait remarquer que pour la premiere fois , on imaginait de fairo trainer de degra- 23. 348 SCIENCES MORALES, dation en degradation rinlelligcnce divine. Eniioia devint I'ohjet d'une redemption, an moyen du Saint-Esprit, confondu tautot avec Sophia, mere des sept genics planetaires, tantot avec Arlemis ou Minerve. C'est un phenomene singnlier que do voir le Saint-Esprit transfornie en femme; mais M. Matter fait observer tjue cola nc snij)rendra auciin homme familiarise avec les idets do I'ecole jndaKjiic d'Alexaiidrie. Les disciples de Simon confondiient aiissi Ennoia avec Rliuerve, et I'ado- rerent sous le nom de cette deesse. Dans le syslcmc de Simon, le dieu des Juifs n'etait pas I'Etrc supreme, ce n'etait que I'un des anges d'Ennoia, et par consequent un esprit d'un ordre inferieur. Les prophetes ne semblaient done a Simon que les organes d'un pouvoir subalterne ; aussi les reformait-il a son gre. Ccu.x qui croyaient en lui,se trouvant places au-dessus des lois de ce dieu vulgaire, pouvaient agir en toute liberte. La sectedessimonieus finit par professor qu'il ny a ni nioralite , ni iniinoralue dans I'acte cxtericur , et la corruption des moeurs fut poussee an dernier point. Menandre et Cerinthe sont les autres precurseurs immediats du gnostieismc. L'immortalile que promeltait Menandre devait assurer a ses disciples des corps toujours jeunes et exempts d'infirmites. Selon Cerintlie, le monde etait non-seulement I'ouvrage d'un esprit inferieur que ne connaissait pas I'Etre supreme, il etait meme rceuvrc d'un mauvais esprit; les livres saints n'etaient inspires que par des csprits subalternes. Ce- rinthe ne regardait JeMis- Christ que comme le fils de Joseph et de Marie; mais il reconnaissait en lui im homme distingue qui , par sa prudence et .sa sagesse, pouvait plus que les autres. M. Matter pense que les nicola'ites, disciples de iS'icolaiis, ne meritaient pas les reproches accumules contre cux an sujet dii relachement des moeurs; il croit que cette secte a subi I'in- fluence du gnosticisme, apres avoir d'abord concouru a I'etablir. Les ecoles de gnosliques se montrerent a pen pres vers I'an 120 dc notreere; et, ce qui prouve combien Icurs doc- trines etaicnt deja repandues en Syrie, en Egypte, en Asic, et jusqu'en Italic, c'est qu'on les voit fondees par des chefs SCIENCES MOllALES. 34.J cgalement etraiigers iiii judaismect a la philosophic des Gix't-s. II y eut done, eiitre Simon, Cerintlic, Menandre ct Nicolaiis, d'autres honimes qui n'adopterent quline partie de leurs i:n- seignemens, en les combiaant secretement avec d'autres, en fotmant des eleves capables de les professer publiqueineiir. Una chose bien digue de lemarque, c'rst qu'aucnne ecole gnostique no donna la raison de rhomme pour source du systeme qu'elle professait; aucune ne fiit rationnaliste dims le sens que nous altachons aujourd'hui a ce mot. Les unes , marchant sur les traces des kabbalistes , faisaient deriver leur science d'une antique revelation transmise aux enfans de la lumiere de generation en generation. Les aulres, comme Philon, regardaient lintiiition extaliqiie du mondo siiperieur comme la veritable source de la science ; d'autres encore bornaient toutes leurs pretentions a teuir leurs doctrines de quelques disciples de Jesus-Christ, plus capables que le reste de saisir I'enseignement du Sauveur dans toute sa purete. D'apres ces hypotheses, tout emanait de Dieu, aspirait a Dieu, et se rapportait a Dieu. Aux yeux des gnosliques, les chretiens ne suivaientque des doctrines alterees par I'imperitic de leurs chefs. On comprend que ce premier principe des gnostiques les dispensail de prouver tons les autres. Aussi se faisaient-ils Un jeu des plus grandes queslions qui avaient si long - tenis agit6 les chefs des ecoles phiiosophi'^ues : en fait de creation, d'eternite, de chute du genre hurnain et de repristination, ils savaicnt tout. Le caractere distinctif du gnosticisme, dans toutes scs bran- ches, est d'enlever la creation a I'Etre supreme pour I'atfribuer a un agent secondaire ( au Dennargc), on bien ii des esprits inferieurs. M. Matter combat done avec avantage ctux qui, dans leur classilication des gnos'iques, admcttent des sectes jitdaisantcs. Les grandes divisions soot niieux etablies par re- gions; ainsi, il y aura des gnostiques de Syr'e, des gnostiques d'Egypte,et des gnostiques d'Asie niineure. Sa Syrie doit etre consideree comme le premier foyer du gnosticisme chretien^ 35o SCIENCES MORALES. L'l'colc tie cc pays est plus simple dans ses theories que celle tie ri^lgypte. Lc thialisme sc prcscnte chez elle sous les veri- tables formes tie I'intuition mentale , lantlis qu'il revet en Egypte celles dc la speculation gre(;qMe. Les ecoles se parta- gerent, suivant I'inilucnce du parsismc sur I'une, du platonisnie sur I'autre. Celle d'Egypte se rattachait d'une part aux idees de Philon sur la crt;ation du monde par les anges on les ministres de Dieu, ct, d'un autre cote, aux idees sur I'amc du monde telle que I'enscignaient les platonicicns. Mais dans Tecole de Syrie, le Dcmiuri^e est tout autre chose: c'est une puissance orgueillcusc, jalouse, enncmie de I'Etrt; supreme. Cette ecole reprochait aux juifs dc I'avoir prise pour Dieu meme. Ces distinctions si lucides une fois posees, il s'agit de consaerer les developpemens particuliers aux subdivisions de toutes ces ecoles. . Nous avons remarque, comme nouvcati ct comme ingenicux, le rapprochement que M. Matter a titabli entre les doctrines de la gnose de Syrie et celles de Sanchoniathon , que Ton fait con- temporain de Semiramis, malgre les reclamations de Porphyre. Toutc la theorie dcs Pheniciens s*y trouve exposee, et Ton prouve qu'elle est d'origine persane. Le serpent, qui joue un si grand role dans les mysteres des peuples de I'Asic, s'est con- serve aussi dans lc systemc pheuicien , ou cependant il ne figure pas comme seducteur : il s'agit tie sa force vitale et de sa nature ignee. Sanchoniathon pensait quil est immortcl et qu'il rentre en lui-mcme, ce qui est reellement un attribut de la Divinite : aussi les ophites, qui tirent leur nom de celui que la langue grecque donne a ce reptile, le prenaient-ils pour un bon genie, tandis que, dans I'antiquite oi'icntale, il est presquo toujours lc symbole d'une puissance maligne. Saturnin ct Bardesanes attirent I'attention de I'auteur, qui analyse leurs opinions avec beaucoup de sagacite. Saturnin, dit M. Matter, ne pouvait se resoudre a croire que la religion chretienne, qui appelle Thommc si haut,*et la religion judaiique, qui place sou- vent Dieu si bas, eussent entre ellcs les rapports intinies dc la fdiation , ct les declara ennemies par amour pour la fiilc et par SCIENCES MORALES. 35 1 prevention contre la mere. L'ecole de Saturnin enseignait I'hor- reur dii niariage a la classe des clus, pour empecheria propa- gation d'un ordre de choses aussi iniparfait. Bardesanes com- posa des hymnes rejetes par les orthodoxes. II place a la tele de son systeme deux principes : I'un , le pere inconnu , le Dieu supreme et eternel ; I'autrejla matiere eternelle , masse inerte, informe, tenebrcuse, mere de Satan. II ne considere point celui-ci comme une emanation de la liuiiiere, dcgradee par suite de son orgueil ; il le rattache a un principe qui dilferait de Dieu de toute eternite. Bardesanes admettait sept emana- tions par couples, qui , ayec le pere inconnu et sa pensee, com- posaient le plerome ou I'ogdoade des autres systemes gnos- tiques. Sept, avec son complement de huit, formait le nombre sacre de toute I'antiquite, nombre qui parait s'etre regie d'a- pres les sept astres. Nous ne suivrons point I'auteur dans ce qu'il dit sur les csprits sideraux. La Sophia Acliainoth etait fillc de la compagne du pere inconnu ; mais clle etait le fruit d'une emanation imparfaite. Le Christos vint a son secours; elle I'aima et s'unit de nouveau avec lui comme sa primitive com- pag^ne, et Bardesanes represcnta cette union sous I'image d'un hymen, allegorie qui n'avait rien de choquant dans les mceurs de rOrienl ; car, dans les livres des proplietcs, I'infidelite a Dieu est representee comme une infidelite conjugale -rra^iua, ; et plusieurs des plus belles paraboles reposent sur la meme allegorie. Une autre particularite du systeme de Bardesanes, c'est que le Christ etait revctu d'un corps ctlesle qui ne fit que traverser la naissance tcrrcstre. Il apparut aux hommes , et retourna dans le plerome apres avoir renipli sa mission et souffert la seule mort qu'il put souffrir, une niort d'apparence. Tel etait le dofietismc des ecoles samaritaines, kabbalistiques ct philo- niennes , dout les apotres avaient deja combattu les partisans. Des ecoles de Syrie , M. Matter ne passe pas immediatement acelies d'Egypte. II parlc d'abord de Marcion , qui fonda une thcoric emanee de la premiere ct qui tient de plus pres au christianisme apostolique. Nee en Italic, cette ccole screpandil Vji sciejNCe.s morales. duns I'Asio mincurc , en EgvjJtc, on Syrie ot en Perse. Ce qui la caracterise , c'est d'abord line forte opposition au chimerique empire millenaire que le judaisme avail Icgne aux clire- tiens; c'est aiissi la pretention de posseder seule les vcritables ecrits dii christianisme; enfin , c'est un asceti.sme tres-rigou- reux. D'abord, il est question de Cerdon, scion lequel I'Etro su- preme n'est point le createur de ce monde imparfait. Il re- fusait I'inspiration aux ecrits qui representent Jehovah comme un etre mechant. Le Christ ne s'est point confondu avec un corps, etc. Marcion vint rejoindrc Cerdon, et futbien plus ce- lebre que iui ; il s'attacha principalement l\ la morale, et conciit bientot I'idee que le Dieu du nouveau Testament etait tout autre que celui de I'ancien. II ne poiivait se persuader que Je hovah, jaloux et vindicatif, repentant et cruel, (ut le meme que ce Dieu d'amour et de charite que revela le Sauveur. Mar- cion examina severenient les livres des apotres , et s'attacha cxclusivcment a I'cvangile de saint Luc. M. Matter suit ici ce chef de sccte, verset par verset, dans les retranclicii;ens qu'il opera; puis il parle de ses doctrines et de son livre des Antitheses. Marcion n'admettait pour redemption que I'affranchissemenl del'ancienne loi, et n'attribuait au Christ qu'une apparcnce de corps. L'opinion la plus surprenante de ce systeme , c'est que ceux des Juifs qui n'ont point participe a la grande redemption doivent attendre I'arrivce du Messic qu'ont professe leurs maitres ; et cet envoye , selon Iui, viendra un jour reunir ses partisans. Les ames peuvent etre aussi releguees dans les corps des animaux ; mais ce sont des ames plus coupables , soumises a des epreuves plus durcs. Les marcionites recommandaient la chastclejusque dansle mariage,et I'abstinenre des alimens Irop substautiels. lis mcprisaient les plaisirs des yeux, lels que les spectacles qui reveillent souvent les passions ; enlin ils se dis- tinguerent toujours par la simplicite de leurs vetemens et la gra- vite de leurs moeurs. Nous ne parlerons ici ni de Marcus, ni de Lucain, ni d'Apelles, et nous ferons seulement remarquer que les sectateurs de Marcion et de ses disciples existaient encore au SCIENCES MORALES. 3 53 sixieme sieclc, epoquo a lacjuclle ils se perdirent dans les rangs des orthodoxes. L'ecole d'Egypte porte un tout autre caractere que celles doiit nous venons d'indiquer les principales subdivisions , et c'est ici surtout que I'auteur a beaucoup avance la solution de la ques- tion. Maii^ae une domination etrangere de trois siecles, I'E- gypte litait encore la avec ses mysterieuses doctrines , ses tra- ditions populaires et ses magnifiques nionuniens. Les anciennes doctrines de cette contree avaient niodide nieme le christia- nisme , qui est Ic point de depart du gnosticisme; ses principes y etaient exposes avec plus de science, plus d'adresse, plus de gout. On y voyait les Pantene , les Athenagore , les Clement, les Origcne. D'une part, ils ptnetraient I'antiqiie sagesse des sanctuaires de Thebes et de Memphis; de I'aulre, ils s'cntou- raicnt des tresors du Mnsee d'Alexandrie. Ici M. Matter, profi- tant des savantcs recherches de MM. Champollion , arrele long- tems les regards de ses lecteurs sur Amon-Re, qui est reel- lement le Dieu inconnu et cache, celui duquel tout emane; puis sur Neith, principe gcnerateur femelle, qui ne fut autre qu'un clrplmement Ae Dieu. Anion et Neith ne formaieut qu'un seul tout , qu'une syzigie gnostique. Neith sera, si Ton vent, la primitive pensee, Ennoia. Viennent ensuite Mendes et Ilithyia, et Chnoubis qui est I'esprit bon et qtie le serpent represente; mais le deplorement le plus I'emarquable est Phta. Le demiurge Cnouphis voulant realiser la creation concue dans Neith, fit sorlir de sa bouclie el produisit par sa parole un oeiif, c'est-a- dire I'univers, ou la matiere de I'univcrs, rcnfermant en elle- meme I'agent qui devait tout disposer. Cet agent est Phta, qui parait dans sa niodilication la plus importante sous le noni de Socari : c'est Vhephaistos des Grecs, et M. Matter fait remar- (juer que I'idee que Dieu lui-meme est I'ame du monde , et que le feu est I'agent de cette ame, etait I'une des plus repandiies dans I'antiquite. Les details nc peuvent entrer dans cet article; mais on sait que les Egyptiens admettaient trois emanations successives, ou trois ordres de diviiii't's, composes : le premier, de huit ; le 354 SCIENCES MORALES, second , de doiize , et le troisionie , de dix on dc trois cent soixante-cinq dieiix. M. Matter y reconnait I'ogdoadc guosti- «]MC. La dodecade liii foiirnit aiissi des rapprochcmens ; plus loin, il nous niontrc Osiris figurant sur Ics monvnncns des gnostiques, et Isis deveniie la soeur du Christos ou d'Osiris , sauveur. Les idecs fondamentales dc I'emanation des dieux et des ames humaines se trouvaient done a la disposition des chefs d'ecole. Basilide parnt et pretendit que sa doctrine elait la veritable et primitive religion des Chretiens , ct qu'il I'avait recue de Glaucias , interprcte dc saint Pierre. Les sept pre- mieres emanations de son systcnie forniaient avcc Dieu une ogdoade semblable a celle des Egyptions. Basilide admcltait aussi les autres, et le nombre 365 embrassc loutc la serie xles emanations successives de I'Elre supreme. Ce fut pour cxprimer ce nombre en lettres grecques que Ton ecrivit ABPASA2, mot qni prit bienttk un sens mysterienx, et dont on se sert mal a propos pour designer , non sculemcnt toutes les medaillcs basilidiennes, niais en general toutes les gemmes gnostiques. Dans I'origine , ce n'etait qu'une agregalion de lettres, exprimant, par les nombres , la totalite des inlclli- gennes qui composent le plerome. II ne faut done pas cher- cher a expliquer le mot. Ici , M. Matter combiLt, lout en les declarant ingenieuses, les interpretations de MM. Lcllermanu et Milliter. Ces gemmes ont pu servir a rappelcr aux basi- lidiens leurs principaux dogmes ; on a pu en faire des signes de ralliement , et la superstition les a sans doute aussi trans- formees en amuletles qui attiraicnt la protection des genies celestes. Nous ne pouvons derouler ici toute la theorie de Basilide. L'amc , selon lui , etait conlrariee dans son affran- cliissement de la matiere par de coupables csprits qni se sont asiocies a elle , au point d'y former une secoudc auie , une a ne animale. Basihde eprouvait ses disciples par cinq annees de silence <^|u'il leur imposait , a'l'exemple de Pythagorc. Au surplus, saint Clement d'Alexandrieaccusait les basilidiens d'unegrande licence de principes : ils peusaieiit que les paifaits n'etaicnt SCIENCES MORALES. 355 soumis ;i aucuiie loi , que leurs cprps pouvaient sans danger suivre tous les penchans cle la nature. Valentin pietendit posseder scul la veritable doctrine chre- tienne ; il vint a Alexandrie vers I'an il\0 , et y fonda une ecole. Selon lui , -le bjthos , apres axoir passe des siecles infi- nis dans le repos et le silpnce , resolut de se manifester ; il se servit pour cela dc sa pensee, qui est la source de toute manifestation : la premiere Tut I'intelligence. Ennoia, fecondee ])ar le byihos, donna rexistcncc avmious, le fils unique, (Kova- yev;jV- Avec lui naquit sa compagne alethcia, la verite. C'est la la premiere tetrade; voici la seconde : le logos (^XAvertii) et zoe ( la vie] , anthropos ( \liomme ), ecclesia ( \eglise ). De la sorte , I'ogdoade se trouvait complete. M. Matter recher- che, avec beaucoiq) de sagacite, les sources de ce plerome. Different en cela de Basilide, Valentin n'admettait pas de prin- cipe eternel du mal : Satan n'est autre chose que le produit de lamatiere resistant a la creation. Ici encore le Sauveur n'est pas le demiurge. Le Sauveur superieur etait entre dans le monde par la vierge Marie , comnie Venn traverse an canal. Kous ne pouvons analyser ici la doctrine de Valentin, et nous pouvons encore moius nous arreter a celle de ses succes- seurs. M. Matter considere les ophites commc une secte gnosti- que ; il s'eleve contre I'assertion qui leur donne I'anteriorite sur le christianisme. Dans le systeme des ophites, Satan n'est pas un esprit eternel: le dualisme est chez eux une scission tem- poraire ; il se fait, il disparait. D'accord avec I'anteur de la cosmogonie phenicieune , qui prenait le serpent pour le plus pneumatiquc des auimaux , les ophites faisaient consacrer leur cenc par des serpens qu'ils lenaient caches a cet effet dans les lieux dc leurs assemblees. Nous recommandons a nos lecteurs I'interpretation savante et ingenieuse du diagramnie. L'auteur rectifie une foule d'erreurs accreditees jusqu'ici. Quant a I'ex- plication donnee sur les genics au moj'en du planisj>here egyptien, elle est eutierement nenve ; enfin, la distinction des sethiens et des cainites ne merite pas moins d'attention. 356 SCIENCES MORALES. Quoique celte analyse soil deja (ort ctcudue , nous ne pou- vons nous dispenser d'accordcr iin regard aux carpocraticiens , qtii voj'aicnt dans Ics instituteiirs des pcuples des hommes su- pc'^rieurs, ct veneraiciit egalcnifnt les ini.i^cs de Zoroastro , de Pylhagore, de Platon, d'Arislotc rt procliemi'ns sont snivis secte par secte, a commencer par les Chretiens iudaisans. Nous vondrioiis pouvoir citer des passages oii M. Matler parle des manichecns et des priscillianistes, ct surtout des mandaites; nous preferons indiquer qnelques-nns des rapports des gnos- tiques avcc des secies phdosuphiques de la Grece. « A en juger par les principes des sectes caipocratiennos, on prendrait ces dernieres pour ime emanation des ecoles d'Epictue ou d'Aris- tippe. Cyrene, la patrie dune secte paienne i(loh\trc > A ce tableau, malheureusement trop fidele, I'orateur, apres avoir marque les limites de son sujet et distingue les deux parties du Code penal, dont Tunc comprendla description des peines, et Tautre renumcration des crimes et leur punition , oppose le tableau des premieres ameliorations que la force des institutions nouvelies fait penetrcr comme d'elles-memes dans la loi penale. Leur premier effet aura ete de faire disparaitre ces crimes d'he- resie, de lese-majeste divine, dc sortilege et de magic, «dont la poursuite vraiment sacrilege a si long-lems offense la divi- SCIENCES MORALES. 3Gf) nito ; « le Code de la ferine , « qui bonifiait un privilege par une concession delois penales et ameliorait une regie par quelques lettros-patentes de galeres on de mort; « enfin, ces Codes des capitaineries, des chasses, des eaux. et forcts, de la librairie, « dont les iins defendaient les retraites de quelques animaux privilegies avec plus de rigueur et de vigilance que la police n'en apportait a niaintenir la surete dans les demeures des liommes, dont les autres condamnaient un impiimeur et lui confisquaient corps et liens , non pas meme pour avoir im- priine un mauvais livre, inais pour avoir imprime un bon livre sans permission. » De ces considerations generales , I'orateur passe a la theorie des peines, objet special de son travail. II vent que les peincs scient humaines, justement graduees, dans un rapport exact avec la nature du delit , egales pour tous les citoyens , cxemptcs de tout arbitraire judiciaire; qu'elles ne puissent etre dena- turees apres le jugement par le mode de leur execution; qu'elles soient repressives pi'incipalement par des genes et des priva- tions prolougees , par leur publicite, par leur proximite du lieu oil le crime a ete commis; qu'elles corrigent les affections mo- rales du condamne par I'habitude du travail; qu'elles decroissent en approchant du terme fixe a leur duree, enfin qu'elles soient temporaires. Ces principes sont parfaitement justes, et la de- monstration en est tres-satisfaisante. Partant de ces principes, le rapporteur examine successi- vement les divers genres' de peines en usage sous I'ancienne legislation. II repousse d'abord avec une juste indignation ces supplices barbares qui trop long-tems out souille les Codes des nations civilisees; inventions execrables oil le legislateur se fait I'einule des demons et va demander scs inspirations a I'enfer. Arrivant a la simple peine de mort, il traite avec beaucoup de soin et de talent cctte haute question. Avant d'anaiyser son opinion sur un sujet si important, je dcmande la permission d'cxposer la mienne en pen de mots. La societe a-t-elle le droit dinfliger la peine de mort ? j'avoiie 370 SCIENCES MORALES. qu'apres avoir lii avcc attention tout ce qu'on a ecrit pour le lui contester , je n'ai pa ctie convaincu. II m'a toujours paru certain quale quasi-contrat de societe renfermait essentiellement une assurance mutuelle contre le crime , et que la loi de conser- vation du coupable ne pouvait prevaloir sur la loi de conser- vation de I'innocent. Si le legislateur ne peut preservei- le citoyen paisible qu'en prononcaut la mort contre le ineurtrier, je lui en accorde Ic droit sans ia moindre dilficultc. Mais cette impossibilite existe-t-elle? c'est la qu'est pour moi toute la question : tout se resout a nies yeux dans la ques- tion de necessite ; et cette question, a son tour, se resout encore a mes yeux en une question de civilisation. Je concois, je ne suis pas mcme eloigne de penser qu'il peut exister tel etat de societe ou le legislateur , obli^'e d'agir sur des iiaturels grossiers et feroces , se voiecontraint de recourir a des repressions plus fortes, Je ne repugne point a croire que la peine capitale soil une des necessites de I'etat de barbaric. Mais le progres de la civilisation affaiblit chaque jour cette necessite et tend a la faire disparaitre; d'un cote, a mesure que les moeurs s'adoucissent , les violences deviennent plus rares; de I'autre, la culture des esprits, qui rend la sensibilile plusvive, accroit Tefiicacite relative des peines et permet d'en diminuer I'inten- site. Enfin, une police plus exacle, en meme terns qu'elle pre- vient une foule de crimes par la protection qu'elle assure aux citoyens, ajoute a la puissance des peines par la certitude de ne s'y pouvoir soustraire. La France est-cUe parvenue a ce point de civilisation qui perniettrait d'effacer la peine de mort de sa legislation penale ? En cas de solution affirmative, pourrait-elle atteindre ce re- sultat sans transition ? J'inclinerais a dire out sur la premiere question ; je n'oserais prononcer sur la seconde. II me semble qu'a cet egard , les moeurs et I'opinion sont les meillours guides que le legisiatour puisse consuker. Qu'il supprime , sans hesi- ter, la peine de mort, partout ou nos moeurs la repoussent. II I'a fait pour le duel , et le duel , non-seulement n'est pas dcvenu plus cominun, mais Test devenu beaucoup moins qu'avant cette SCIENCES MORALES. 571 reforme : qu'il la siipprime egalement pour tons les delits poli- tiques , sans exception ; pour I'infanticide , qui n'est jamais un acte complctement volontaire; pour plusieurs cas d'inccndie ; pour les delits composes, dont chacun , pris separement, no serait point puni de niort. Je ne parle pas du faux monnayage : je n'ai jamais compris quel rapport ni quelle proportion il pouvait y avoir entre de I'argent contrefait et une tcte coupee. Quand ces relornies seront faitcs, on en verra les resultats, et Ton ira plus loin, si Ton reconnait la possibilile d'aller plus loin sans comprometlre la siirete publique. Telle est notre profession de foi sur cette question si grave et si compliquee de la peine de mort. Lepelleticr va plus loin : il propose I'abolition absolue et immediate de cette peine, et il faut avouer que ses raisons sont dignes d'une attention serieuse. Il reconnait, corame nous, le droit de la societe; mais, comme nous , il proclame que de sa necessite seule derive la legitiinite de son exercice. Cette necessite, il ne la reconnait pas. Il prouve, par des argumens tres-ingenieux, rineflicacite de la peine de mort, consideree soit en ellc-meme , soit relati- vement aux crimes qu'elle est appelee a reprimer. Il remarque avec raison que , dans I'instant oii I'assemblee veut supprimer les supplices barbares, la peine de mort simple, Iransportee tout a coup du second an premier dcgre de rcchclle penale, sera moins puissante encore qu'en tout autre lems sur rimaginatioii des hommes. Apres I'avoir attaquee comme inefficacc , il I'at- taque comrae immorale. Elle habitue le peuple a la cniaute, elle inspire pour le coupable une compassion qui affaiblit I'elfet de I'exemple ; enfin , en cas d'erreur, elle est irreparable. Toiites ces considerations sont justes et bien developpees. Cependant, en mcme terns qu'il rejette en principe la peine de mort , Lepelletier etablit une exception que je ne saurais admettre : elle concenie les citefs de parti. Je cherche en vain la raison de cette exception. On dit que I'existencc d'lm chef de parti peut devenir une cause de troubles; on ailegue I'utilite publique : c'est, suivant moi , tomber dans une confusion evi- dente. Ce n'est point assez qu'une mcsure soit utile, il faut 37a SCIENCES MORALES. qu'elle so'it juste ; ct d'aillours, il ne faut, dans raclininistralion de la societe, deniaiidcr ii chaque cliose que le genre d'utilite auquel ellc est destinee par sa nature: autre est I'utilite du Code, autre I'utilite du canon. La loipenale est instituee pour punir les actes coupables , et non pour detruire les individus dont I'existence pourrait ctre incommode ou dangereuse. On sent, d'aillours, quelle effrayante latitude est renfermoc dans res mots, clicfdc parti, ei combien les passions sauraient en abuser. Poursuivant I'examen des peines en usage sous I'ancienne legislation , Lepolletier approuve celle des travaux publics (autrefois des galeres) , en taut que fondee sur le travail ; il la condamne comme trop susceptible d'arbitraire dans son execu- tion. La flagellation ne lui parait qu'un simulacrc de peine a la fois dcgoutant ct inefficace. La marque, qu'on s'etonne de re- trouver encore dans nos codes modernes , est rejctee a la fois c^mme peu utile et conimc incompatible avec le systeme des peines temporaires. Quant au bannissement de province a pro- vince, I'orateur n'a pas de peine a en demontrer la ridicule inconsequence. Des peines afflictives , il passe aux peines infamantcs. 11 en adopte le principe , etj'aurais desire trouver dans son rapport les motifs qui ont pu determiner cette adoption , dont la con- venance laissc des doutes dans nion esprit : niais il propose d'en simplifier I'application , en rendant moins nombreuses les formulcs portant infamie. Quant aux peines pecuniaires, il n'en dit qu'un mot, ct c'est pour signaler la confusion qui regnait a cct egard dans I'ancien systcme de notrc legislation. Cette confusion n'a pas tout-a-fait disparu de nos lois nouvelles, Toute cette partie durapjjort, qui conticnt I'examen et la critique de I'ancien systeme penal , est remarquable par une bonne methodc , par une discussion lumineuse, par une saine philosophic. Je suis moins satisfait de la seconde partie , ou le rapporteur presente les bases du systeme nouveau qu'il veut (itablir. Api)arenuncnt qu'en legislation , comme en beaucoup d'aulros choscs , la crilif/ac ('.•■t aisec ct iart est diffcile. \ SCIENCES MORALES. S^B Je sais que Ton aura toujours des considerations tres-puis- snntes a alleguer conlre toute peine possible. Infliger une peine, c'est produire du mal , et I'liumanite trouvera toujours des ar- gumens plausibles contre toute creation de ce genre. II est vrai que , du moins en principe , c'est produire un mal moindre pour en eviter un plus grand : mais ce moindre mal est imme- diat , et le bien qui en resulte ne Test pas egalement ; I'un tombe sous les sens, I'autre u'est aperru que par la reflexion et ne se montre que dans un avenir eventuel. C'est done une tache extremement difficile que d'inventer des penalites contre lesquelles la pbilantropie n'ait pas de reclamation a elever. Lepellctier a-t-il resolu ce probleme? Nous ne le pensons pas. Son projet admet trois peines afflictives, le cachot , la gene, la prison ; et une seule peine infamante, savoir, la degradation civique pour les homnies , le carcan pour les femmes. Nous avons indique nos doutes sur le merite des peines infa- mantes. Des peines afflictives, une seule , la prison nous parait bien concue. La separation des prisonniers et I'usage du travail dans les maisons de detention sont des institutions utiles et dont on doit savoir gre a leurs fondateurs. Je n'en dirai pas autant de la peine du cachot.Etreenfermeseul, sans lumierc, avec les fers aux pieds et aux mains, avec une ceinture de fer autour dn corps, de la paille pour lit , du pain et de I'eau pour toute nourriture, seulement pendant quclques jours, serait un chatiment rigou- reux : pendant douze ou vingt-quatre ans, ce serait un supplice effroyable. Je ne vois pas, avec une telle peine, ce que I'humanite aurait gagne a la suppression des tortures , ou phitot , je ne vois pas comment on pourrait sc vanter de les avoir supprimees. La peine de la gene est moins cruelie; je crois pourtant qu'elle I 'est trop encore pour obtenir place dans un code de loishumaines. Neanmoins, tout en reprouvant la nature de ces peines , je dois applaudir a la disposition qui presente aux condamnes le travail comme un adoucissement a la rigueur habituelle de leur situation, et qui le \ei\r per/net, deux ou trois jours par semaine, a titre de recreation , si j'ose ainsi m'exprimer. Cette idee est a la fois ingenieuse, humaine et moi'ale. 374 SCIENCES MORALES. Je ne sais s'il faut accorder la mome approbation k une antra mesnre, celle qui onvre une fois par mois an public les portcs dc ia prison, et qui rappelle a contempler les condamnes ac- cables sous le poids de leurs fers. J'apcrcois bien ici le dessein d'effrayer par I'exemple; niais, outre le pen de confiance que j'aurais dans la puissance d'un pareil moyen , je ne puis peuser qu'avec une profonde repugnance a cette sorte d'exposition pu- biique , qui ferait d'une maison de force comme une menagerie, et dcs detenus des especes de betes feroces que lesoisifs vien- draient voir par curiosile enchainees dans leurs cages. La con- ception ne me semble pas heureuse. Nous avons donne une certaine etendue a I'analyse de ce rapport qui nous parait, malgre nos critiques, le morceau le plus important et le mieux pense qui soit sorti de la plume de Lepelletier , et qui d'ailleurs pent encore aujourd'hui raeme etre medite avec I'ruit. Apres ce morceau , cclui qui merile le plus de fixer I'attcntion est un plan A'educction na- tionale , prepare pour la tribune de la convention, et que la mort de son auteur empecha d'y presenter. Commencons par en exposer les bases; nous en dirons ensuite notre pensee. Convaincu que la nation francaise avait besoin d'etre rege- neree, Lepelletier voulait accomplir cette reforme par le moyen de I'education publique. II proposait de fonder, dans chaquo canton de la republique, un grand etablissement d'edu- cation ou chaque pere de famille serait tenu d'envoyer ses enfans, depuis leur cinquieme jusqu'a leur douzieme annee revolue pour les gargons , jusqu'a leur onzieme annee seule- ment pour les lilies. La, tous recevraient une instruction com- mune, seraient soumis in un regime semblable, occupes aux memes travaux corporels, principalcment a la culture de la terre. Les frais de I'etablissement seraient supportes par tous les citoyens, non par contribution efale , mais au prorata de leurs autres impositions ; par ce moyen , le riche sc tronverait amene indircctement a faire les frais de I'education du pauvre. La surveillance serait excrcce par les pcres de famille, qui, tous les ans, nommeraient a cet cffet un comite de cinquante- SCIENCES MORALES. SyS deux mombres; pour que la surveillance fut plus complete, chaque nicmbre du coniite viendrait a son tour resider dans retablissenient pendant une semaine. II serait injuste de meconnaitre dans la conception generale et dans les details de ce projet I'ceuvre d'une tcte pensante. Je suis meme persuade que les intentions de son auteur etaient tres-louableset tres-puies. Cependant, loin d'etre dispose a I'a- dopter (quand meme je le croirais praticable, ce qui est fort doutenx), jo confcsse que mes idees en fait d'educatiou y sont diametralement opposees. 1° Je ne crois point qu'une nation se regenere ainsi d'un coup de baguette. La regeneration d'un peuple est I'ouvrage du terns, des institutions, des lumiercs. Elle doit s'accomplir avec maturite comme les grandes revolutions de la nature. 2° Le projet repose sur la complete spoliation de la puissance paternelle. Ce principe eut sans doute fait fortune a Sparte, ou riiomme ne vivait point pour lui-meme, et se voyait con- fisque corps et biens au profit de I'etat. Elle pourrait convenir au systeme thcocratique , dans lequel le gouvernement n'existe point pour les sujets, mais les sujelspour le gouvernement. Je doute qu'il soit accueilli parmi nous, qui ne voyons dans la liberie publique que la somme des liberies individuelles, et qui, a force d'y penser , sommes enfin arrives a cette grande decouverte , que la liberte est le pouvoir de fciire ce quon veut ; en d'autres termes, queire libre , c'er.t elre libre. 3" L'auteur de ce projet n'admet d'autre education que I'edu- cation publique, meme pour les fillcs. Moi, tout au contraire, je ne regarde I'education publique que comme un s\ipplement , souvent necessaire, mais toujours incouiplet, a I'education do- mestique , et je trouverais une souveraine injustice a forcer cclui qui pout faire trailer convenablement sous ses yeux son enfant malade, de I'envoyer a I'hopital. Quant aux filles, je pense que I'education publique est prc'cisement I'oppose de ce qui leur convient. 4° L'auteur veut une instruction commune sous la direc- tion du gouvernement. Je n'admcts, au contraire, en fait d'en- bciguement public, (^ue la libre concurrence des doctrines, el 376 SCIENCES MORALES, je rcjcttc complelenient le principe de Vunlte, qui n'est, sous un autre noin , que le piiucipe dc Vautorite , fondemcnt des gou- vcrnemens absolus ou ihuocratiqiics. 5° Quclque scduisantc que paraisse, an premier coup d'a-il, I'idee de laire payer au riclie I'educalion du pauvre, il me parait difficile de la coucilier avec la justice distributive et le respect des proprietes. Certes, c'est un grand mal dans un etat que I'excessive inegalite des fortunes; mais un sage legislateur y remedie en favorisant par ses institutions la division conti- nuelle des proprietes, et non en prenant brusquement a Tun pour donner a I'autre. On trouvera des idees saines dans I'opinion emise par Lepelle- tier sur une proposition relative a la liberte de la presse. L'ora- teur y indique avec sagacite les causes de la dilficultc d'une bonne loi repressive en cette matiere. «Si Ton proliibe ces de- lits (les debts de la presse) d'une maniere generale, la loi pent servir a punir des innocens, a persecuter les citoyens, a rendre les tribunaux juges arbitraires des pensees, et a cnchainer la liberte. Si , au contraire , on veut caracteriser les debts , la loi reste sans effet , parce qu'alors les malfaitcui's , sachant se mettre hors des termes de la loi , ne sont plus punissables par die. » Il n'est qu'un remede a ce double inconvenient; c'est le jugement par jury. Nous ne le possedons pas encore, et tout, cependant, en fait sentir la neccssite. On trouvera encore dans ce volume quelques autres nior- ceaux ; une Opinion sur le droit dc paix ct de guerre , une Pic d'£pamiiiondas , ccrile par Michel Lepelletier a I'age de huit ans et demi, etc. Tous ne sont ni d'un egal interet, ni d'un egal merite ; mais, en faisant un clioix dans ces OEm'res , on pent y reeueillir de I'instruction et plusieurs vues utiles. I/autcur niontre des connaissances solides, principalement en legisla- tion ; son esprit est grave et methodique; son style n'a point un grand eclat , mais il ne manque ni de clarte, ni de precision , ni de fcrmete. C'est, en un mot, un de ces livres qu'on pent se dispenser de lire, mais qu'on ne regrette point d'avoir lu. Berville. LITTERATURE. Princxpi di Estetica,- etc. — Principes de la theorie generale des beaux-arts; par M. Talia (i). Le mot Estetica esl nouveau , je crois , dans la langue ita- lienne; il derive, suivant M. Talia , d'un verbe grec qui si- ^n\ficsentir (sans doute aW^«V«/). D'apres cette etymologic, i' Estetica (Eslhetique) serait la theorie des sensations. Mais, comme notre auteiir ajoute qn'elle est aux beaux-arts en ge- neral ce que la poetique est a la poesie, j ai cru donner de son hvre une idee plus precise et plus claire en traduisant ce mot par ceux de Theorie generate des beaux-arts. L'auteur , dans une savante introduction, examine les ou- vrages qui ont ete composes sur le meme sujet par Jristote , ^''^'■^tori,Gra.ina,rico,MarioPasano,Parinielque\qnesAnUes ecrivams celebres. ]\ous ne nous arreterons pas sur cetle partie du livre ou M. Talia montre beaucoup d'erudition et de sagacite, mais qui a Tinconvenient de rappeler des doc- trines ou trop connues, ou trop oubliees pour meriter un nou- veau commentaire , surtout lorsque des theories recentcs preles a envahir le domaine des arts, reclament I'examen du' philosophe et du critique. M. Talia s'attache ensuite a separec VEsthetique de la meta- physique. « Celle-ci embrassc les impressions que tous les sens produisent sur Tesprit : cclle-la , negligeant los percep- tions trop materielles du gout, de I'odorat et du tact se borne (i)Venise, ,827; imprimerie d'AIvlsopoli. s vol. in-8° de ago a 3o5 pages. Prix x, fr. Voy. Be.. Enc. , t. xviix . p.g. 6.fi , I'annonce d uneprem.ereed.fon de cet ouvrage,qui a pnru a Venlse en ,8.. sons le litre de Saggio (F.ssai) di Estetica. T. XL. — Nowmbre 1828. „': 378 LITTERATURE. auK sensations pins piiros (te la vuo ct de roui'e ; et commn CCS sensations sont tonjours acconipagnei'S dc plaisir ou do (legout , die recherche , soil dans les objcts extcricnrs , soit dans nos sens ot dans notre esprit , les causes de ces cffets si divers. Ainsi, les objets qui plaisent a la vne et a I'otiie etant ceux qui ont etc nonimes beaux, VEsthelique est d'abord la tlieorie de la beaute sensible on physiipie. Quant anx objets qui deplaisent , ou elle les dedaiL;ne , ou elle ne s'eu occnpe que pour les rendre propns a plairc; et en cela son but est encore la beaute. Appliquant les menies ptincipes aux actions ot aux affections , elle devient la theorie de la beaute morale ; et comma les sujets qu'elle embrasse doivent satisfaire , non- seulenient les sens et le coeur , mais encore I'intelligence , V Esthetiqiie est aussi la theorie de la beaute intellectuelle. Mais VEsthetique etant un art, ce sera surtout a ces differcnles beaules imilees par les arts qu'elle devra s'attacher ; elle sera done la theorie de la beaute physique, morale et intellectuelle , en- visagee comme produit des arts. Or, les beautes artificielles prenant leur source dans celles de la nature , c'est par I'etude de la nature qu'elle devra commencer; et non contente d'in- diquer la beaute qui existe , tant dans ses ouvrages que dans ceux de I'art , elle devra enseigner encore a la reproduire et ^ la gouter; d'ou resuUe, dit M.Tama, la division de ce traite en trois parties, dont la premiere a pour but d(! definir les earacteres dc la beaute naturelle; la deuxieme, de reehcrcher comment sur ce modele se forme la beaute artificielle ; et la troisicme, de diriger le gout, soit dans la composition, soit dans le jugement des ceuvres de I'art. » Sans vouloir chicaner I'auteur sur cctte division , nous remai-querons que la troi- sieme panic scmble avoir le meme objet que la seconde : I'in- dication des lois que doivent suivre les arts dans I'imitation de la nature. Au commencement de la premiere par tie , consacree a la beaute naturelle, M. Talia nous donne une nouvelle raison pour latpielle les sensations quiproviennent du gout, de I'odo- rat et du tact sont exelues de la qualification de belles. « C'est, LITTERATURE. 379 dit-il, que les qualites des corps qui frappent ces sens passent en quelqne sorte dans I'individu qui on oprouve i'effet, tandis que les qualites des corps qiii frappent la vue et louiie de- ineurcnt inherentes a ces memes corps , sans aucunc commu- nication ni alteration de substance; d'oii Ton peut conclurt; que I'adjectif ^^/«io«desa beaute; « car, dit-il, nousnepou- vons nous dispenser de reconnaitie dans cet objet la beaute qui nous a deja plu ; ot s'il nous plait moins , il ii'en est pas nioins beau, les qualites qui procurent aux facultes de Tbomme le plaisir de la beaute etant attachees a cet objet. « Raison- nomcnt plus speoieux que juste , dont nous esperons faire bientot sentir la faiblesse. « Jusqu'ici , poursuit l'auteur , nous avons demontre qu'il cxiste dans les objets physiques certaines qualites qui produi- sent en nous jjn sentiment agreabie que nous exprimons en leur attribuant le nom de beaux. Mais, si on les considcie plus atlentivement, on s'assure que ces qualites sont de deux sor- les : les unes appartenant a leur etat materiel , qui sont pure- nient exlerieures; les autres qui existent sous cette npparence. :i8o LITTERATURE. et qui appartiennent pliilot a la condition spirituelle dos etres, s'ils sont aiiimos , ou h ccrtaines analogies avcc ce que nous appelons esprit, s'ils sont inanimcs; ce qui nous conduit a parler des beautes ou sont melees les qualites physiques et spirituelles, et que je nommerai beautes d' express ion. » Je re- marque ici que I'auteur , apies avoir decrit unc nuiUitude d'objels qu'il suppose posseder la beaute sensible ou puremeut physique, nous fait passer aux beaulcs mixtcs qu'il noinme beautes ({'expression, sans nous avoir dit en quoi consiste pre- cisement la premiere espece de beaute , ni comment elle pent exciter en nous un sentiment quelconque , sans nous offrir Vexpression d'un sentiment analogue. (Jliant aux beautes d'exprcssion , I'auteur dit en general qu'elles indiquent dans I'aspect exterieur des objets certaines affections plus ou moins reelles , si les objets sont animes ; illusolres et supposees, s'ils no le sont pas; « d'oii il suit quo, bien que ces beautes se montrent dans I'apparence d'(m objet, elles n'y resident pourtant pas , mais elles sont placees au- dessous, comme cachees par I'aspect exterieur des ckoses, et leur impression n'est pas, comme dans les beautes physiques, de corps a corps , mais d'esprit i> esprit. « Ce langage est assez obscur, et M. Talia me semble en general plus heureux dans ses descriptions que dans ses definitions. II divise les beauti-s d'exprcssion en deux classes principales , qui ont pour carac- teres le sublime et la grace, et i! nous montre, dans des de- tails pleins de finesse et de gout , lours rapports avec les dif- ferens etrcs. II comprend cnsuiSe , sous la denomination de beautes spirituelles , cclles qu'il a d'abord designees separe- ment comme beautes intcllcctuellcs et morales. Cos beautes, qui consistent en actions vertueuses , en qualites morales et en verites intellectuelles, n'ont, suivant lui, aucun hesoin pour etre senties de I'intermediaire des sens ; il en voit la source dans ces trois facultes de I'homme : la sensibilite , la volonte , la raison. Je ne le suivrai pas dans les rccherchcs metaphy- siques ou I'entraine cclte partie de son sujet. J'obscrverai seu- leraent que les beautrs <\\\\\ qualifie de spirituetlcs sont pout- LITTER AT URE. 38 1 etrc nioins indepcndantcs qu'il ne le suj)pose du ministeie des sens , et qu'une beaute absolument etrangere a leurs im- jnessions, si tant est qu'elle existe , ne fait point partie du domaine des arts. Mais je rencontre ici un chapitre excellent, qui toutefois, aussi bien que pliisicurs de ceux qui le suivent, paraitrait niieux place dans la deuxieme partie de I'ouvrage. L'objet de ce chapitre est de prouver que les arts ont pour but de guider rhomme vers le beau intellectuel et moral, non par la voie de I'enseignement, mais par I'altrait du plaisir, en quoi leur influence est d'autant plus puissante et plus sure. « II suffit , dit M. Talia, que ce plaisir soit innocent pour que I'imitation soit louable [retta). Un tel plaisir, en meme temps qu'il exerce noblement nos facultes, prepare notre esprit a con- cevoirunebpauteplusparfaite; iU'epure, I'aiguise et le rendde- daigncux du laid , c'est a-dire du desordre et du vice. Que si quelqu'un, par un exces d'austerite, se plaint de ce que les beaux-arts , pour se reudre plus agreables a I'imagination et au cceur , entoiuent la beaute spirituelle d'orneniens trop at- trayans et alleclient les sens afin de captiver I'esprit, qu'il veuille bien considerer que les plaisirs innocens des sens, de I'imagination et du coeur sont aussi dans lordre de la Provi- dence , qui nous a elle-meme prodigue des jouissances sans nombre. Lorsque celles-ci , aussi bien que celles que nous offrent les arts , ne nous servent pas de sentier pour nous clever vers ime beaute plus sublime et plus parfuite, la faute en est a la paresse et i la distraction de notre esprit. » Ces observations font houncur , selon moi , a ia saine raison et a la perspicacite de M. Talia. Mais je ne puis etre de son avis> lorsque, plus loin, il voudrait , par respect pour la pudeur, limiter I'emploi du nu dans la sculpture, et la reduire a se conformer aux usages de la vie reelle. La sculpture est de tous les arts celui qui se prete le moins a la reproduction exacte de ce qui est ; lui imposer de tels sacrifices , c'est le reudre muet ou ridicule ; c'est I'aneantir. Je ne partage pas non plus I'opinion dc M. Talia , lorsque , demandant avec" raisoii que la mythologie soit exclue des siijets modernes , S8'2 LnTF,RA.'n!RE. il se I'onJe sue ft> qu'clli; f'iii;ai,'cinit a les lraitt*r bous le rnp- port de la beante corporelle, et retarderait ainsi chcz I'liomnie la conception dc la bcaiite spirituelie. Parlcr a Tesprit par I'intermciliaiie des sens est h la fois Ic premier prccepte et le plus hcuroux privilege des arts. L'auleiir, comme s'il craignait d'avoir fait ici line concession aiix romantiques, se hate , dans le chapitre suivant, de con- damner I'imitation exacte dc la nature, le vague des pensees et la mysticite du langage. « Les imitations des arts, dit-il, doivent se montrer belles el non pas vraics. » Ce principe est trop absolu. Ricn n'est beau que le vrai, a dit un auteur qu'on n'a pas encore accuse de romaiitisme ; niais cela ne veul pas dire que tout ce qui est vrai soit beau. M. Talia revient en- suite a I'idee dt'ja enoncee que les arts doivent s'efforcer de rendre les horamcs meilleurs. Toutefois, ajoute-t-il, leurs travaux supposent des juges compctens, et il jelte en passant une sorte de defaveur sur les ouvrages composes pour plaire a la multitude; ce qui me semble peu d'accord avcc le prin- cipe que Ic but des arts est d'ameliorer I'espece humaine. Pour nous, au contraire, nous placons au premier rang celles de leurs productions qui frappent les intelligences les plus nom- breuses, et Icur influence sur les masses nous semble une de leurs plus belles prerogatives. Nous passerons sous silence les premiers chapitrcs de la deuxieme partie, on I'auteur recherche si I'idee de la bcauie est innee chez I'homme , s'il existe parmi les etres crees une beaute parfaite, et comment se forme la beaute ideale , pour arriver tout d'un coup a la beaute artificielle, qui, d'aprcslui, resulte de I'imitation des trois genres de beaut(5 qu'il a indiques dans la premiere partie (beaute riiaterielle,hea\iie d' expression, beaute spirituelie). « Mais, dit-ii, I'art a encore une beaute qui lui est propre, laqnelle coiisistc dans une imitation parfaite. Certains objets, qui ne sont pas beaux en eux-mcmes, nous causent ie plaisir que donne la beaute, lorsqu'ils sont imites avec talent. C'est, i" qu'ils sont parfaits dans leur laideur; 2° qu'ils cxcrcent I'iutdligence, qui se plait a comparer I'inii- litti5:rature. :i83 tatiou avec I'origiiiai; il'ou nait iine qiiiitricme espece de beau, qui ne rcsiilte pas de la perfection de la beaute, mais de la beaute de la perfection. » Plus haiit, M. Xalia posait en priu- cipe que les iniiialions des arts doivent etre belles et non pas vraies. Maiuteiiant il admet que tout objet parfaitement iinite peul produire la mcnie impression que le beau; n'est-ce pas tomber dans deux exces contraircs? Apres avoir sagcnient reconimande aux artistes de concilier I'unite d'inleation avec la variete des moyens, M.Talia lecapi- tule ainsi les bases de sa iheorie : « Si I'artiste represente des objets doues d'uue beaute sensible ( ou physique) , il rassemble en iin tout harmoni('Ux leuis beautes les plus exquises qui st; trouvaient repandues dans des objets divers; s'il represente des objels qui ont la beaute d' expression , il choisit son ])oint le plus efficace et le plus opporlun, relativeaient a I'ctat ou il les place; s'il represente des objets spirituellement beaux , il s'cfforce de donner le plus d'euergie possible aux pensees , aux actions, aux affections qu'il contemple, faisant en sorte que toutes les parties, memo materielles de son travail, confri- buent a ce dessein; enfin, s'il represente des objets qui ne soient pas beaux, ou menie qui soient laids , il taclie, par une execution parfaile, de les rendre ie plus complets possible rc- lativement a leur condition naturelie et aux circonstances ou il se propose de les placer. Tons les efforts de I'artiste tendent done a saisir le snjct dans son meiileur point, et li fixer ce point dans scs travaux. » Nous ignorons si les artistes coni- prendront aiseuient ces principes; ponr nous, ils nous parais- sent compliques et obscurs en bien des points ; ce dont I'auteur se serait convaincu lui-nienie s'il etait descend u plus souvent de la theorie aux applications et aux exemples. Nous essaierons, dans la suite de cet article, d'indiquer I'origine de ces compli- cations et de cette obscurite. Dans les derniers chapitres de ia deuxipuie partie, I'iiuteur onsacre a chacun des beaux-arts des reflexions judicieuses ou nous regrettons dc ne pouvoir le suivre. Nous somines aussi contraints d'enoncer rapidement les inatieres qu'il traitc dans sa Iroisieme partie. Apres avoir 38/, LITTERATURE. ctabli que le gout se compose de sensibilite, d'imagination (i) ct de jugenient, il en retrace !cs priiicipaux caracteres, la cor- rection, la purete, I'elegance , etc. II envisage ensuite le gout dans ses rapports avec le sujet et avec le style, et parcourt ies principales qualites du style, qui sont, d'apres lui, la conve- nance, la Constance, la clarte et rorncment. Cette partie de I'ouvrage nbonde en observations fines, en rapprocheniens in- genicux ct en preceptes utiles, sur lesqiicls nous voudrious jiouvoir fixer I'attention du lecteur. Mais nous lui avons promis un examen plus attentif des idecs de M. Talia sur le beau, et il nous reste u peine I'espace necessaire pour remplir cette tache difficile. Ce qui nous frappe d'abord dans la theoric de cet auteur, c'est sa complication. Apres avoir divise le beau en naturcl et ortificiel , il siibdivise Ies beautes nalurelles en beautes sen- siblcs ou plutot scnsuellcs , he^^wiis d' expression , et beautes spiritueltes, subdivisees ellcs-memes en morales et intellectuelks. 11 nous dit que la beaute artificiellc consiste dans I'imltation de ces differentes sortes de beautes, et tontefois il Irouve encore dans Ies productions des arts une beaute d'un autre genre, beaute qui n'est point incompatible avec la reproduction d'un objct laid ou hidcux; ce n'est plus alois la perfection de la beaute qui nous plait, c'est la beaute de la peifection. II me semble que M. Talia, comme la plupart de ceux qui ont parle dubeau, a etc enlraine dans des difficultes sans uombre par (i) L'auteur, divisant riraagination ( bnmaginazione ) en active et passive, voudrait que la jiremiere fut exclusivementnommee/a«^a.5/a ( terme que notre laiigue ne peut rendre que par le ra^me mot A'ima- glnallon')', et il se fonde sur ce ([ue fantasia derive du verba infaiilare, enfanter. Une telle etymologie m'a surpris , je I'avoue , cliez un ecri- vain aussi instruit. Fantasia est un mot tout grec , (pavrauia, f'nculte de concevoir des images, t^tMza.rs^i.a.Ta. , de (paivto, paraitre. Jnfantare vienl, au contraire , du mot latin infans , enfant yui ne park pas , racine,/an, du grec tfviu.i, parler. Je n'apercois aucuu lien de pareulc rntie ces deux families de mots. LITTERATURE. 385 line premiere erreur: cette erreur consiste a faire tie la beauto line qualite inherente aux objets, au lieu de la considerer coinnio line sensation qui se passe en nous-memes. Si la beaute etait inherente aux objets, le meme objet paraitrait egalcment Ijeau a tous les hommes; il n'en est rien : que dis-je? I'impres- sion d'un objet n'est pas constamment la meme sur le meme individu; sa beaute varie suivant le point de vue ou il est place et suivant les dispositions accidentelles de celui qui I'observe. Si quelques objets font sur un grand nombre d'hommes un effet a pen pres semblable, cela tient a i'ana- loi^ie des organisations et des habitudes; mals, a cote de cette masse qui s'accorde sur un point, existent d'autres masses qui percoivent des impressions toutes differentes. Enire ces di- verses organisations, qui soutiendra que la sienne est la bonne? Si , par impossible, il nous advenait un sixieme sens, combieu nos idees sur tout ce qui nous environne scraientbouleversees ! Ceci nous ramenc a une verite trop souvent mcconnuc: I'homme ne concoit que des idees de rapport ; et cette question que le fabuliste met dans la bouche d'un des compagnons d'Ulysse , Qui t'a dit qu'une forme est plus belle qu'une autre ? est plus raisonnable et plusprofonde qu'elle nc sembk au pre- mier aspect. Quand nous declarons que telle forme est belle , il n'y a la d'absolument vrai que le sentiment , Videe de la beaute qu'elle excite en nous. Raisonner de la beaute commc d'une qualite inherente aux objets , c'cst done se jeter dans des embarras inextricabies. Les objets , d.ins les seusalioiis qu'ils nous causent, agissent commesignes; ils ne sont pas plus materlelleinent beaux que ne le sont les mots et les caracteres d'une langue. Ce vers d'Homere est admirable, aux yeux de I'hellcniste; aux yeux d'un autre, ce n'est qu'une ligne de ca- racteres bizarres. Cette montagiie herissee de rochers est su- blime pour I'admirateur de la nature; pour tel hommc grossier„ c'est une masse informe et hidcuse. M. Talia etait sur la voie de cette verite, lorsqu'il a dit que \' Esthetique doit recherchcr, soit dans les objets, soil dans nos sc//s et dans notre esprit , I'ori- 386 LITTERATURE. ^ine des sensations «le plaisir ct de degout que nous t-prou- vons, et je siiis fache que ce dernier point de vue du snjet n'ait pas ete approfondi par I'autenr. Il s'est encore rapprodic de cette mcmc verito , en faisant reniarquer que les qualiies iiui frappciit Ic gout, Todorat et le tact passent en qneUiiie sorte dans I'individu qui les cjirouvc, et que Icur iuiprcssion a lieu dans nous. Mais pourquoi ne pas elendre cctle observa- tion aux deux aulres sens? N'est-ce pas, d'aJlleurs, trop obeic a I'usage capricieux des langues que d'exclure absolument lis trois premiers de tonte participation au sentiment du beau? L'idee de la beaute est originaire du sens de la vue; cela est evident. Les perceptions de I'ouie fiirent ensuite nommecs belles ]jar nietaphore. Sans doute, cclles des autres senssoni plus bornees, plus niaterielles. Toutefois, peut-on nier qu'il resulte de I'odorat certaines affections morales? Quand nous disons : Cette matiere a un beau poll , noire expression nc se rapporte-t-elle pas surtout au plaisir du tact ? N'esl-ee pas par le tact que I'aveugle-ne percoit la plupart de ses idees de la beaute? D'ailleurs uos impressions ne se modifietit-elles pas reciproquement ? Cette rose scrait-elle aussi belle i). mes yeux sans la suavite de son parfum ? Si ce serpent me fait horreur, n'est-ce pas qu'une sensation derivee du tact m'avertit d'un de- gout et d'un danger qui font disparaitre le charmc de ses couleurs et la gracieuse agilite de ses replis? II semblc done que tons les sens participent au plaisir du beau , en proportion de leur influence intellectuelle ct morale; et c'est sans doute par ce niolif que les beaux-arts s'adressent de preference a la vue et a rou'ic. Toujours actifs, toujours en rapport avec ce qui nous environne, malgre les distances et les obstacles , ces deux sens sont les rainistres favoris de Tintelligence. Pour eux , dans la nature, tout a une ame et un langage : la fleur qui s'incline nous nvertit que la jeunesse est ephemere; I't'cueil battu des flots nous peint les combats qui assiegcnt la vertu; le muimure du ruisseau nous invite a la paix de I'ame; le souflle plainlif des vents nous parle de mort et de resignation. Ce sentiment, cette idee, cette impression morale que nous offrc plus ou moins LITTERATURE. 387 chaque objet, est ce qui en constitue la beaute. Mais, bien qu'elle soil aiissi divarliculier, dc la fantaisie dans riniaginatioii, une certaine originalite dans I'luimeur, ct le menie genre de talent. Avec cctte identite si parfaite, Icur personne morale offre pourtant des dilTerences, comme on en voit entre des freres. Celui-ci parait plus gai et s'abandonnedavantage; celni-Ia plus serieux ct plus dispose a ecouler. Tons deux sent plcins de verve dans la conversation, quand ils 's'y livrent; niais ils preferent la retraite ou ils peuvent valoir tout leur prix , et s'appliqiier, avec le sentiment du bonheur de leur inlimite et des delices de leurs utiles communications , ces vers touchans de Tibiille : Tu mild curarum reqiiies , tu node I'el atrd Lumen , et in solis Ui mihi turha locis. Inseparables depuis I'enfance, leur amitie semble etre une fusion de deux natures; et en adoptant la langue de Mon- taigne, ils pourraient dire mutuellement sur celto assimilation si parfaite : « Lui c'est moi; moi c'est lui. » Jumeaux, uon par la naissancc, mais par le coeur, par I'esprit, par les impressions, par les habitudes, par I'echange continuel de leurs facultes, par les travaux, par les plaisirs, ils scntent, ils imaginent, ils poetisent a deux, sans disparate et sans desaccord. Tant d'har- monie regne entre leurs facultes, que souvent les memes vers s'echappent d'eux en meme tems, comme d'une seule source. Grace a regalile fratenielle de leurs talens, I'un pent continucr I'ouvrage de I'autre , et ne laisser aucune trace du changemcn!: de main. Eux seuls sauraient revendiquer la propriete de tcl ou tel passage, et la faire connaitre an lecteur incapable de la discerner par lui-meme. Des denx auteurs, lequel api)orte le plus dans la mise commune? on I'ignore; peut-etre ne le savent-ils pas eux-memes? du moins ne leur ecliappe-t-il jamais rien qui puisse trahir leur secret. Mais les deux freres en poesie auraient-ils concu en meme tems la pensee de prendre I'l^lgypte pour sujet de leurs chants ? Oui sans doute ; et, si cette inspiration simultanee excitait \ LITT^RATURE. Bg^ fles doules, meme apres les details que Ton vient de lire, elle ne pamitra plus tenir du merveilleux, apres ce que je vais ajouter. P.IM.MeryetBarthelemy, nes snr lesbords de laMediterranee, sur la plage meme d'ou notre flotte s'elaiica vers un but qu'elle ignorait, out ete, pour ainsi dire, berces avec les recits de I'embarquement, du depart, de I'arrivee ct des exploits de notre armcc d'Orient. Marseille , veritable colonie d'Asie et d'Afrique , leur parlait chaque jour de tout ce qui regardait la fameuse expedition. Enfans attentifs et curieux, jeunes gens avides de voir et de connailre, leurs esprits se sont fa- miliarises de bonne heure avec les habitudes , les usages et les moeurs de I'Egypte ; iis ont cause avec tous les voyageurs venus de cette contree ; ils ont vu les armes , les chevaux, les evolutions , les moeurs civiles et guerrieres des mamelucks , de- venus soldats francnis et citoyons de I'ancienne Phocee. Leur imagination n'a cesse de voyager dans I'Egypte; leur memoire, leur esprit, leur coeur, etaient remplis de ses merveilles an- ciennes et nouvelles ; iis en parlaient sans cesse, en sorte qu'on peut dire que le poeme de I'Egypte se composait a, leur insu dans leur iuterieur, et que, lorsque I'un a dit : nous chante- rons I'Egypte, I'autre a pu rcpondre : j'y pensais. Rien que de naturcl dans cette conformite; on sent combien la solitude et I'amitie meltent les ames a I'unisson , et leur fournissent les memes inspirations an meme moment. Une fois cet avcu mu- lucl sorti de leurbouche, I'Egypte est devenue pour MM. Mery et Bai thelemy une pensee Gxe qui les poursuivait la nuit et le jour, et venait s'interposcr sans cesse au milieu des composi- tions qui les entrainaient dans la lice politique, oil ils ont com- battu a toute outrance I'ennemi des liberies nationales. L'en- nemi une fois renverse sur les mines du pouvoir qui lui servait de rempart, les deux poetes, libres et victorieux , se sont ecries ensemble : I'Egypte! I'Egypte! et, des ce moment, ils n'ont plus voulu la quitter jusqu'a I'entier achevement du monument qu'ils avaient jure d'elever ensemble a la gloire de leur pays et a celle de^l'homme prodigieux qui a grave ajamais sonnom sur T. LX. — Nwcmhrc 1828. * 0.6 394 LITTlilRATURE. les orgueilleux tombeauxdes Pharaon et sur les rochers voisins des cataractes du Nil. Ici Napoleon domine comme le genie de la guerre de civilisation, en agrandissant tout ce qui I'approche; et en effet, pour ue citer que deux exeniples, voyez ce que Kleber et Desaix deviennent dans lenr commerce avec la gloire du chef de I'armee d'Orienl ! la sublime journee d'Heliopolis t)t les nierveilles de la Haute-Egypte ne sont-elles pas Giles de la bataille des Pyramides ou de la vicloire d'Aboukir ? et nos soldat>, quelle que fut I'aureole dc triomphes brillante aulour de leur tete , avaient-ils jamais uni a leur intrepidite une con- stance aussi admirable que celle qu'ils developperent , dans, lessonffiancesdu desert, dcvant les murs de Saint-Jean-d'Acre, et dans Thopila! de Jaffa , sous les yeux du chef qui exercail sur eux I'autorite du genie, I'ascendant supreme du comman- demeut , et I'influenee toule puissante des jirodiges? An reste, i'ouvrage de MM. Mery et Barthelemy est essenliellement na- tional ; la France , Tarniee , ses chefs, les savans qui ont aussi conqnis I'Kgypte . personne eufin n'est immole a un honime; Napoleon ne ravit a qui que ce soit la portion de gloire qui lui revient dansle siecle et dans la posterite. Je n'entreprendrai pas aujourd'hui I'analyse raisonnee du poeme de MM. Mery et Barthelemy; et content d'annoncer ici que cetouvrage, dans un gt;ure si nouveau pour eux, annoncc un progres immense de leur talent , et uneetonnante metamor- phose de leur muse qui, aecoutumee jusqu'ici a Failure de la satire , sceur de la comedie , a su prendre sans effort, et sou- tenir avec tant de facilite le ton de I'epopee heroique , je me bornerai a une esquisse rapide des beautes dont cette compo- sition etincelle. Ici le portrait de Murat, lel que s'il sortaitdes mains savantes dc I'artiste inspire qui a jete le general Lasalle vivaut sur la toile ; la , tout le grandiose du merveilleux , toute I'energie du drame , opposes aux plus suaves descriptions ; plus loin , I'etonnante action des Pyramides , dont aucun pcintre de batailles ne saurait egaler la verve et I'affreuse ve- rite; ailleurs, le bivouac nocturne de I'armee victorieuse, ta- bleau inconnu a notre poesie ; I'occupation du Caire avec tons littp:rature. 395 ies grands spectacles que Bonaparte et I'Egypte se sont donnes I'un a Tautrc. M.iintenant, Ies souffiances , Ies cruellcs illu- sions du desert , le triomphc dc Tarniec sur cc terrible ennenii ; puis, Ies soixante assauts de Saint- Jean-d'Acre , rancienne Ptolemais; au septieme chant, la peste dans la ville turque ct dans le camp francais , creation pleine de verite , d'imagina- tion , d'eloquence et d'interet dramatique. Le huitieme chant couronne toutes ces choses d'une nianiere digne d'ellcs, et finit par un magnifique epilogue qui deroulc toute la vie guerriere et imperiale de Napoleon , depuis le depart d'Egypte jus- qu'au dernier acte du drame hcro'iquc sur le rocher de Sainte- Helens. P. F. TissoT. ■J.G. \U. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 7/1. — * ^ Defence of the experiments , etc. — Defense des experiences faites pour comparer les qiianlites de chaleur fournies par differentes sortes de combustibles employes en Europe et aux Ii,tats-Unis ; Correspondauce a ce sujet avee le Coniito de V Acadcnde aniericainc des Arts et des Sciences ; — Rapport du Comitc; — Observations sur ce rapport et sur la maniere donl TAcademic a compris les intentions du comte de Ruuit'ord , fondalenr du prix qu'elle avail a deceruer ; par Marcus Bull, nienibre de la Societe philosophique ameri- caine. Philadelpbie, 1828. In-8° de 49 pages. (Paris, Arthus- Bertrand.) 75. — An Answer to a short reply, etc. — Reponse a une courte rcpli(jue a I'ecrit intitule : Defense des experiences , etc. , publiee a Boston ; i^r Marcus Bull. Philadelphie , 1828. In-8" d'une feuille. ( Paris , Arthus-Bertrand.) Nous avons annonce , lorn, xxxii, pag. 38, I'interessant Memoiie de M. Bull sur les differeutes sortes de combus- tibles : ouvrage envoye au concours ouvert par I'Academie amerlcaiue pour le prix fonde par le comte de Runiford , cet illustre propagateur des connaissances utiles, des arts econo- miques, et surtout de I'art du chauffage. Les experiences de M. Bull furent jugees severement par le jury academique : il fut decide qu'elles ne resolvaient aucune question, que I'auteur du Memoire, partant de ])remihses inexacles, ne pouvait arri- ver qu'a des conclusions fausses, a des doctrines plus dange- (l) Nous iodiqiioiis par uu asterisquc ('), place a cM.e du titi-ede cLaque ouvrage, reux dtj. livrcs otraugcrs ou fraucais qui jiaraisscut diguc.>d'ime att.e procurer. Mais n'approcherait-on point de la solution par une autre voie, moins sure, il est vrai, parce (ju'elle est moins directe , moins experimentale , que le raisoniiement y prend plus de part, et fait craindre qu'il n'y ait apporte ses illusions et ses nieprises? Il s'agiralt d'examiner si I'ordre des idees classees dans la lete d'un homme instruit pent differcr , dans certains cas , de Tordre le |)lus convenable pour Icnseigne- nient. Les lecteurs deja familiarises avec la science reconnai- iront sans peine que M. Woodhridj^e et Mistress Willard ont presente la geographic telle qu'il faut la savoir. En rendant justice a I'excellence du plan, nous ne pretendons point ga- rantir I'exactitude de quelques details ; on sait que I'attentiou la plus soutenue laisse echapper quelques erreurs , que les in- vestigations les plus soigneuses ne peuvent tout decouvrir, et que les nieilleures sources auxquelles on va puiser ne sont ja- mais parfaitement pures. En parcourant ce volume, nous avons apercu quelques-unes de ces legeres inadvertances; ainsi, par exemple, les terrains granitiques ne sont pas toujours aussi abruptes qu'on le dit ici, ni dans les hautes montagnes , ni pres de la mer et sur les cotes; Kiatka , ville de Russie sur la fronliere de la Chine , lieu d'echanges commerciaux entre les deux nations, n'est pas sur la Selinga, etc. Mais ces imperfections inevitables et sans importance I'eelle disparaitront siiccessive- ment; chaque edition nouvellc apportera son tribut d'amelio- rations : telle est la destinee des boiis ouvragcs. Pour donner une idee juste du travail de M. Woodbridge, il faudrait transcrire en eulier I'analyse qu'il en a faite, au lieu de se bonier, suivant I'usage, a une table des matieres : I'ex- position de I'ouvrage y est complete, mais reduite a ses moin- dres termes , et n'est plus susceptible d'abieviation. On ne pourrait non plus se dispenser d'inserer en entier les indica- tions donnees par I'autem' aux professeurs qui feront usage de son livre. Le laconisme de la redaction, I'abondance et la va- riete des matieres etonnent le leeteur, qui ne s'atlendait point a une marche aussl rajjide , et qui sent le besoin de regler la sienne , non d'apres le nombre des pages, mais en raison de la somme des idees qu'elles coutiennent. L'auteur n'a peut- etre omis aucun des aspects sous lesquels on pent envisager les sciences geographitjues , aucune des comparaisons entre les diverses confrees , les formes du terrain, les elimats, les pro AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Sgy ductions , les pheiiomenes gencratix ou locaiix , etc. II est done necessaire que ce livre soit leniis entre les mains de dis- ciples poui'vus de quelque instruction eu histoire naturelle. Sans connaissances mineraloj^iques , point de geologie ; pour \qs ignorans en bfitaniqne , la distribution des plantes en rai- son de la temperature et de I'elevation du sol , ces grandes et belles lois de la nature seraient ininteiligibles , etc. Quant au.x connaissances geometriques , on se borne trop souvent a ce qui est regarde comme absolument indispensable pour I'mtel- ligence des carles et des tcrmes scientifiques , ot cette faible instruction, a peine sufiisante pour apprendre , ne Test nulle- ment pour retenir ce que Ton croit avoir appris. Un des ser- vices que M. Woodbrigde aiu"a rendus a Tenseignement de la geographic, c'est d'avoir assigne la place qui iui convient, les enseigneniens qui ont du le i>receder , ccux qui peuvent I'ac- compagner, pourvu que Icur marche soit assez prompfe, et qu'ils ne causent point de retard. Ce livre sera le guide des professeurs, si les cleves sont tres-jeunes; au sortir des colle- ges , et plus tard encore , ceux qui voudrout bien savoir la geographic n'ont rien de niieux a faire que de consulter M. Woodbridge. La tacha de mistress Willard etait beaucoup moins longue que celle de son collaborateur ; cepcndant il n'ttait peut-etre pas moins difficile d'etablir un ordre entre des materiaux dis- parates, de les souniettre a tme critique rigoureuse, de re- cueillir lout ce qu'il est utile de savoir, et de n'y laisser au- cune erreur. On trouvera , dans ce resume de la geographic ancienne , ce qui met en etat de lire avec fruit les anciens historiens grecs et remains. Mais ue serait-il jias tenis de join- dre a ces etudes classicjues celle de I'histoire des Indiens et des Chinois , non moins ancienne , non moins authentique et ins- tructive que les annates des peuples occidentaux ? Pourquoi nous borner a la mythologie grecque , et demeurer elrangers aux conceptions religieuses des peuples qui ont aussi une litte- rature, des sciences et des arts, et de plus (juelque illustration? Que I'histoire ancienne devieime uiiwersellc, aiusi que \ix geo- graphie ancienne. Eu exprimant ce voeu , nous inviterons mis- tress Willard a faire elle-meme ce nouveau travail pOur la ^uie edition de son ouvrage. Un seul volume in- 12 pour taut de matieres! Ce phenomene tienlentres-grande partie, sans doute, a I'extreme concision dont les anteurs se sont impose le devoir , niais il depend aussi du iravail de I'imprimeur. Avec des pages de 4^ a 60 ligues, sui- vant le caractere , on reduirait de tres-gros livres a uu petit /ioo LivRES Strangers format. II ne faut done pas ju|,'er cet onvrage par ses dimen- sions extcricures : il ne conticnt pas moins qu'un Ires-volumi- nciix in-8°. j.\ AMERIQUE MERIDIONALE. 78. — * El Mcrcurio chilcno. — Le jVIercure cliilien, n" i (avril 1828). — Recneil mcnsiiol, public par cahiers de /|8 pag. in-S*^. Prix de rahonnenient, 3 pesos pour six niois ; chaciue caiiier detaclie eoute 5 reanx (environ i franc). On s'ahonne a Santiago dii Chili, clicz MM. don Martin Andonaegui et don Anicnio Ramos, an cafe du Commerce, ou chez I'imprimeur, M. Ramos Rcngifo. IJu Mercure an Clii'ii ! Lorsque notre compatriote Fresier parconrait ce pays, il n'y a guere plus d'un siecle, il n'eut cer- tainement pas soit|)conne (pie dcs changemens aiissi conside- rables pussent y elre operes en aussi pen de terns. On ne tronverait plus maintenant a Sanliago dcs predicaleurs qui, pour donner une idee de I'union de deux saints, la compare- raient a celle d'Anleros et de CupiJon, Des journaux circulent, ime socicte de lecture est etablie, et un 3Icrcure \ient d'appa- railre! Bieniot peut-etre on verra s'elever un theatre ou les fhefs-d'ceuvre de la litterature dramatique de toutes les na- tions, traduits dans la langue du pays, a|)piendront a la nstion chilienne le secret de son genie litteraire, apres I'avoir elounee [jar des emotions aussi nouvelles que nobles et profondes. Ce Duissant moyen de civilisation ne sera point refuse a la repu- blique naissanlc, lorsejue son gouvernement aura pourvu k des besoins d'un autre ordre et de premiere nccessite. Les rcdacteursdu Meicure cliilien ont pour bat de propager rinsi ruction parmi leurs concitovcns : leurs efforts ne seront point infructueux; mais, pour insfruire encore plus, et plus utilenient, ce sont des livres qu'il faut mettre enlre les mains de eeux qui savent lire : aucun autre moyen ne pent suppieer a celui la. L'ouvrage periodi. — Ncccmbre 1S28. a- 4io LIYRES ETRANGERS. Correspondances. La troisi^nie partic , si Ion en jiigeaii par ce cahicr, ne repondrait pas tout-a-fait an but du recueil ; ce scrait un catalogue des merveilles dp la nature, et non pas un choix de fails plus convenablcs qu'aucun de ceux du menie oidre pour en composer un jour un corps de doctrine qui serait la philosopliie dc I his loir c natiirclie. Nous aurons I'occasiou de revcnir snr cette interessante pu- blication , et tout anuonce que nous aurons. la satisfaction d'en faire un eloge qui sera confirnie par m'S lectcurs. — 8/4. * The quarterly Review , etc. — Revue trimestrielle, n° 76. Londres, octobre 1828; John Murray, Albemarle Street. ln-8° d'environ 3oo pages. 85. — * The Edinburgh Review , etc. — Revue d'Edimbourg, ou Journal d'analyses critiques, n" g^. Edimbourg, octobre 1828 ; Longman , Roes , etc. In-8° de 26G pages. 86. — * The foreign Review , etc. — Revue etrangere , et no- tices diverses relatives au continent europeen , n° 4- Londres, octobre 1828; Black, Young. In-8" de 280 pages. ^- Chaque numero de ces ouvrages coute 6 shillings ( 7 fr. 5o c. ). En reunissant dans un meme article ces trois ouvrages pe- riodiques, nous ne pretendons point les comparer sous tous les aspects, assigner le caractere propre et le merite relatif de chacun. Pour etablir entre eux un equitable parallele , il serait indispensable de rappeler et d'apprecier ce qu'ils onl fait, de les suivre dans leur marclic , d'examiner si elle fut toujours ferme et dans la meme direction, quelle cause ils embrasserent, et quels services elle recut d'eux. Ces recherches dans le passe mettraient hors de ligne la Revue etrangere , pu- blication qui donne beaucoup d'esperances, mais qui n'a pas encore subi I'epreuve du terns (i). Nous renoncons done , quel qu'a regret, a traiter notre sujet dans toute sa generalite, comme cela eut convenu le mieux a la \Revue Encyclopedique. Mais, en nous bornant a ne considerer que sous un point de vue special les trois Revues anglaises que nous avons sous les yeux , en nous renfermant dans !e terns present et les circon- stances actuelles , nous devons appeler I'attention de nos lec- teurs sur I'influence que ces ouvrages exercent aujourd'hui , sur I'irresistible pouvoir des dissertations bien faites, appro- (l) Un autre Recueil e.«t public, depuispeu, sous le m^me tilre par la maison Treuttel et Wiirtz, a Londres ; mais comma les derni^res publications ne nous en sont point pnrveuues , nous n'avons pu le comprenilre dans cet article. GRANDE-BRETAGNE. 4ii fondles, doiit le sujet esi de la plus haute importance , envisag*'; diversement par des amis siuceres de riiumanite , et sur leque! il est urgent de sc meltre d'accord ; car le tems d'agir est ar- rive. C'esl hors de France que nous aliens cherchcr les preuves de ce pouvoir dont les ouvrages pcriodiques sent maintenant en possession : il nous cut ete plus penible , plus difficile peut- etre de soumettre nos compatriotes a un examen dont I'impar- tialite pourrait etresoup^onnee. Quoique les trois Reciies anglaises soienl entre les mains de redacteurs habiles et soigneux, le succcs qu'elles oblienncnt est nioins littcraire que politique. En depit du choix des sujets les plus etrangers aux affaires de gouvernement, d'organisa- tion socialc , de lois , etc. , la politique s'insinue presque par- lout , et les lecteurs ne la desapprouvent nullement; ils lui font mcnie d'ordinaire un accueil tres - gracieiix , lorsqu'ils la Irouvent en des lieux ou elle n'etait point appelee. En compul- sant les derniers numeros des trois Revues qui nous occupeut , on pourra se convaincre de ces envahissemens de la politique, lis sont, il est vrai , moins nombreux dans la Revue trimcs- triclle ( quarterly Review ) , parce que Ks articles purement lif- teraires n'y sont qu'en tres-petit nombre. Cependant, au sujet des Georgiqiies de Virgile, de I'abbe Delilie et des abbes en general, d'une traduction espagnole du poeme latin , etc., ie redacteur n'a point epargne a notre nation des critiques asscz jusles. Plus loin , lui article sur la peche a la ligne amene des considerations serieuses sur I'oisivete, les passe-tems, le luxe ; et nous devons en convenir, dussentquelques-uns de nos com- patriotes s'en trouver un peu blesses, le redacteur pent comp- ter sur la majorite des suffrages. Comme tout le reste du volume est du domaine de la politique , nous n'avons a exa- miner que la forme qu'elle y prend et les maximes qu'elle y professe. Ici les redacteurs , toujours fideles a leur parti , se rapprochent lentement de la raison; mais enfin quelqucs pro- gres se font apercevoir, et soutiennent Ti^sperance il'une con- version definitive. lis ne veulent encore ni reformc parlemen- taire, ni droits poliliqiies pour ceux qui ne professent point la religion de I'Etat : ils persistent a repousser les innovations dont I'experience a fait sentir la necessite , et pretendent opcrer par d'autres moyens les ameliorations qui dejiendent esscntiellement des reformes sollici'ees depuis long-lems. C'est ainsi qu'a une epoquc encore peu oloignee, nos legislateurs venaient au secours des pauvres , en creant des eveques et des chanoines, avec des traitemens qui les missent en etat de faire I'aumoae. La couleur politique de la Revue trimeslrielle est \i% LivREs Strangers. celle des torys, avcc la rigiieiir et les exigences de ce parti pour certains points, et des concessions siir pliisieurs autres, en favour du bon sens et de I'humanite. Le dernier numero de la Recue d'Edimboiirgc?,\. anssi presqiie tout politique: un long article sur Ics mines de Babylone , un autre siir la Cyienaiquc , et un troisicme sur I'histoirc de la peinlure en Italic, n'ont point oppose assez d'obstacles a I'in- truse ; elle s'y est glissee , et ne cedera point la place. Mais qu'on ne s'aitende point a I'y voir mariifcster des prelonlions aiistocratiques ; elle n'y vient que pour prendre la defense des interets generaux ; son noble caractere ne se dement point. II lui manque encore de mcttre im pen plus d'ordre dans ses dis- sertations, d'egaler ii cet egard sa rivale qui pcut servir de • modele , nieme hois de I'Angleterre. Comme le terns des sou- haits de bonne annee approche, et comme les futurs numeros de chacunc de ces Ranies paraitront au commencement de Jan- vier 1829, nous exprimerons le voeu que la Jirritc trimcstriclle soit desormais guide par des vucs elevecs, genereuses, telies que sont les siennes, toutes les fois qu'elle peut oublier le torysme et ses maximes; nous invoquerons, en favour de la Rei'iie (f Edimboiirg ^ cette puissance peu connue qui fait passer dans les ecrits toute la clarte et toute la force de la raison , qui met chaque idee a sa veritable place, et mene a la verite par le chemin le plus facile et le plus sur. Ces deux ocrits pe- riodiques out obtenu les plus honorablos suffrages; ils sont roimprimos anx EtatsUuis d'Anu'rique, et circulont dans toute lEurope : qu'ils profitent , a I'envi I'un de I'aulre , de cette fa- vour peu commune dans les Ictires, pcur la jiropagation des connaissances les ])!us utiles; et dans les circonstanccs actuelies, c'est d'insU'uction politique, d'idees saines en adniinistralion , que nous manquons le plus. Venous maintenant ii \a. ']e\ine Rjecue etrangerc , dont les re- gards paraissent toujours attaches sur des objets du dehors , mais qui ne perd jamais de vue sa patrie. Les lecteiirs (jui re- tloutentla politique(te n'est que iepctitnombre)s'accommodc- ront mieux de ce recucil que des deux precedens : mais qu'ils n'esperent pointgagncr le large sans essuyor quelques bordeos; I'cnncmi les poursuit partout, ils ne lui echapperont point sans payer au moins une contribution, sans prendre quelque part au nioiivement general des esprits. Un aiticle sur les danses et les chansons du Guypuscoa sort de toxte pour une digression sur les effets de la liberie : on ne parle point de la .Jitterature de la Russie , de colle du Danemark ou de la .Suede , sans chercher dans les formes du gouvernement le GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 4i5 caractere des peiiples, le cliinat, etc. , des causes qiiiont agi sur los productions litteraires. Outre une demi-douzaine d'ar- ticles ou la politi(jue n'etait pas iiecessairc, on en trouve un plus t^rand noiubrc ou elle est a sa place, en sorte que sa do- mination y est elablie et consolidee , jnsqu'a cc que rattenlion pnblique se porte sur d'aulres objels. Mais qui potirrait se plaindre de cette irruption generale de la science qui s'occupe des |>lus grands interets des societes hup.iaines ? Dans la Rame ctrangere on la trouvera toujoiu's telle que I'hoinme de bien la concoit , toujours dirigce par la prudence, ennemie de tous les exces , de toutes les persecutions. Nous ij^norons si la jeune Revue est accucillie dans son pays comme elle le meritc ; mais , sur le continent, elle nc sera trailee nulle part en ctrangere. Qu'elle continue comme elle a commence ! ses succes ne seront peuJ-etre point inferieurs a ceux de ses devancieres , et ■ 'impulsion que ['opinion publique, les sciences et les lettres auront recue de ces tiois recueils, tiendra une place reraar- quable dans I'histoire de la litterature periodique. N. RUSSIE. 87. — *Dle Lagcrstfite des Guides iind P latin im Uralgebirge. — Sur les couches d'or et de plaline dans les monls Ouraiicns; par le docteur Maurice d'Engeihardt, conseiller aulique et professeur de miheralogie a I'universite de Dorpat. Riga, 1828. In~8° de /,4 pages. Apres un long voyage dans les conlrees ouraliennes de la Russle, consacresurtout a I'exploration des richesses metallur- giques et des pierres fines de ces monfagnes, M. Engelhardt a repris ses interessantes lecons a runiversite de Doipat, ou 11 est sjiecialement charge de la mineralogie. C'est a ses audi- teurs qu'il s'adresse dans le programme dont nous venons de transcrire le titre. II leur fait apprecier les avantages reels de la science qu'il leur enseignc, les immenses resullats nuxcjueis elle pent conduire, et le bien qu'ils pourront produire eux- niemes dans leur palrie, en s'appliquanl serieusement a ime etude capable de lui crecr des ressources nouvelles et incal- culables. Cetic argumentation od lionniiem est adroite : malgre les efforts d'un grand nombie de profeiseurs distingues, on remarque encore qiulqiie liedeur iiarmi le plus grand nonibre des etudians de Dorpat. Leur faire envisager la grande uti- ite qui peut resulter de la pratique d'une theorie profonde, ' est stimuler leur ardeur et suppleer a I'enthousiasme de. la cie n ce , qui ne nianquera pas sans doute de naiire parrai «ux. 4i4 LIVRES ]£tRANGERS. M. d'Engel^hardt decrit los lieiix d'ou Ton retire ces pre- cieiix nietaux, soil a la fois, soil scparemeiit. Apres avoir determine la situation de ces lieux, il fait connaltre !a forme sous laquelle I'or et le platine se presenteat, et entre dans des details pi'opres a interesser toutes les classes de lecteius. Nous profitons de cette occasion pour indiquer la quan- tite d'or et de platine extraite des mines de I'Oural dans le courant de I'annee 1827: en ajouiant de nouvclles donnees k celies qui out ete fournies par I'un de nos coilaborateurs ( voyez jfiei'. Erie, t, xxxviii, page Sao ), nous mettrons uos iecteurs en etat de juger de rim])ortance de cette exploi- tation , dent I'accroissemeut successif pent mettre un poids nouveau dans la balance politique des Etats. Les mines de la couroniie ont donne, pendant cette annee, en or, 89 pouds, 29 livres 53 f| zolotniks, et en platine , 2 pouds , 7 livres 25 W zolotniks. Les mines des particu- lieis ont donne, en or, 192 pouds 10 livres 49 zolotniks, et en platine, 23 pouds 23 livres 40 |-| zolotniks. Total de IV, 282 pouds 6 ff zolotniks. Total du platine, 0.5 pouds 3o livres 65 fl zololniks. On sait que cette provision de platine, dtja fournie par les monts Ouraliens, a determine Tempcreur jNicolas a en faire frapper une nionnaie qu'il offre a la circulation, sans la lui imposer. La piece de platine, que tout le monde stra libre de ne pas recevoir, aura la valeur de trois roubles en ar- gent, ou de 1 1 fr. 90 c. environ; elle ressemblera, pour la forme et la grandeur, a la piece qui represente uu rouble en asslgnats, c'est a-dire qu'elle sera un peu plus grande que les pieces de monnaie francaise d'un franc. Destinee seulement a former im essai , la premiere emission de cette monnaie seia peu considerable. Les productturs particuliers peuvent ega- lement faire nionnayer leur platine aux ateliers de la cou- ronne, et concourir a une entreprisc qui, faible dans les com- mencemens, a raison de la petite portion de matiere exploitee jusqu'ici, peut devenir un jour pour la Russie, si la nouvelle monnaie est admise dans le commerce, la source dun nouveau revenu d'une haute importance. 88. — * Untersuchangcn iibcr die Sprache, etc. — Recherches sur la langue ( russe }, offertes au public dans les Annales de I'aca- demie russe, par Alexandre Chichkof, amiral , membre du conseil de I'empire, senateur, ministre de I'instruction pu- blique, etc., et traduites du russe. Saint-Petersbourg, 1826 et 1827; imprimerie de I'academie imperiale russe. 2 vol. gr. in-8°. Les Annales ou Memoires de I'academie russe ( Jzvesstiga RUSSIE. 4i5 Rossiishoi Akadeinii , 8" ) furent fondtes en 1816, et sont a leiir oiizieme ou doiizieme livraison. Destinees specialement k I'e- tude approfondie de la langue nationale, aihsi qu'a celle des antres branches de la grande famille des langues slavonnes, elles doivent leur origiiie a M. I'arairal Chichkof, que les plus hautes fonctions de I'etat n'ont pas empeche de revenir parfois a ses travaux littcraires. On kii doit un Traite siir I'ancien et le nouveaii style , dans lequel I'auteur a lutte avec succes contre le uiauvais gout qui, a la fin du siecle dernier, caracterisait les ecrivains russes. Si la publication de ce journal a ajoutc a la re- putation lilterairc d'un horame place si liaut dans la hierarchie sociale, elle a surtout justifie le choix du monarque, qui , en le nommani president de I'acadeane russe en i8i3, init a la tete de cette academic rhomnie le plus verse peut elre dans les ])arties qui en formeut la priucipale attribution : I'ctymologie des mots de la langue russe, 1 histoire de son origine et de ses progres , et ses rapports avec le slavon , et les aulres dialectes qui en sonl decoules. M. Chichkof etait d'ailleurs avantageuse- ment connu par une belle traduction en prose russe de la Je- rusalem delivree, par plusieurs dissertations erudites sur I'his- toire de la Russie et de sa litterature, par des travaux relalifs li la science de la navigation, etc. Ces ouvrages et les efforts con- tinuels de leur auteur en faveur de la purete et de la simplicite primitive de la langue nationale ont pleinement justifie la con- fiance de rempereur, qui, quelques annees plus tard, I'appela encore k succeder au prince Gallitzin, dans la direction gene- rale des etudes, fonctions que depuis peu M. Chichkof, presque octogenaire, a resignees. C'est M. Chichkof lui-meme apparemment qui, sachant coni- bien, hors de la Russie, on etait reste etranger a I'etude de la langue russe, et dans le dessein de populariscr cette langue parmi les savans de tons les pays, vient de faire publier la tra- duction des principaux articles inseres autrefois par lui dans le journal que nous avons cite. L'elude generale des langues doit necessairement gagner a cette publication. Les traducteurs, car les deux volumes ne sont pas de la meme main, ont voulu garder I'anonyme ; sans trahir leur secret , nous dirons que leurs noms, que des initiales nous laissent deviner, inspircnt toute confiance, et qu'ils ont rendu , par ce travail , un service signale a la republique des lettres. Nous nous bornerons cette fois a faire connaitre le principal contenu des deux parties achevecs, sauf i y revenir qnand nous aurons sous les yeux I'ensemble de cet important ouvrage. Tome I. Apres un avant-propos du traducteur , M. Ch. 4i6 LITRES Strangers. de P. , destin(5 a faire valoir les litres litieraires de I'auteur de cet ouvrai,'e, et renfermant des notices interessanles siir I'ori- gine et les travaux de racadcniio imperiale russe, iinc introduc- tion de qiielqnes paj^cs offre I'expose des vues generales qui ont servi de base ar.x chapitres de ce livre. I. Reflexions sur la maniere de refondre ie dielioniiaire rnssc de racadeniie , p. 12-56. II. Nouvel Essai siu rori;j;ine, I'unite et la diversite des langues, fonde sur des rccliciches et un exameu scrupu- leux, en trois chapitres, p. 56-258. Le traducteur du second volume, M. de G. , a fait aussi prc- ceder son travail d'une courte preface. La premiere disserta- tion qui la suit immediatement a pour titre : Suite des Reclier- clies sur les racines des langues, p. i-ii/|. La seconde s'attache a tirer quelqucs conclusions de cet exanicn, p. 1 14-1^4; ct la troisieme offre di's reflexions sur les Hefauts et les erreurs qui deparent le grand dielionnaire etymologiiiue de I'academie, cousequences inevitables d'un travail qui n'avait pas ete pre- cede, comme il devait I'etre, d'un examen consciencieiix des racines de la langue. Le dictionnaire etymologique a paru, depuis 179I , en sis. volumes in-l^°■, il a ele suivi d'un diction- naire alpliabetique tres-estime. Nous desirons que cet ouvrage soit bientot continue : il se distingue autant par la profondeur que par I'originalite des vues, et par une connaissance parfaite de tout ce qui doit entrer dans Tetude de la langue russe. 89. — * Sotcliineiiija PhacUia Bnulgavina. — OEuvres de ThadeeBouL'arine. Saint- Petersbour^, i8.»7 — 1828 ; Sleuline. 5 vol. in-i2. T. I : xi, 191 et 196; T. II : 266 et i43, xv; T. Ill: XX, i^Qi et 25o; T. IV : j6i et 275 ; T. V : 224 et 190 pages. M. Boidi^arinen'est pasRussCjquoiqu'ilsoitanjourd'huiau ser- vice de I'empereur ; place dans les rangs des Francais avec Tes Polonais, ses braves compatriotes, il a nieaie eoiDbattu la Riissie dans la derniere guerre. L'amilie iniime qui I'unit a M. Gielsch a beaucoup contribue sans doute a perfectionner son slyie et a fairc disjjaraitre les defauts qu'on bii avait d'abord reproches. Quoi (ju'il en soit , il s'cxprim.e aujourd'hui dans une langue qui n'est pas la sienne , et qui presente de graves difiicidtes aux etrangers, avec autant de purete que de facilile. IJne tour- nure d'esprit loute particuliere , la maniere spiriiuelle et encr- giquc a la fuis dont il sail rendre ses idees , roriginalite de ses vues et un certain abandon rcmpli de charme, lui ont as- sure des lecteurs tres-nombreux , auxquels chaque nouvclle production de cette plume feconde promet de nouveaux plai- sirs. C'est pour ceder aux voeux de ses amis que M. Boulgarine, RUSSIE. 417 dont presque toiites Ics compositions doivent le jour aux cir- constanccs et a I'inspiration du moment , a publie cette collec- tion complete de ses opuscules. Les cinq premiers volumes que uous annoncons seront siiivis de deux autres au moiiis. lis offriront sans doiite Ic meme interet que les premiers. Tons CCS opuscules cepcndant ii'ont pas I'attrait de la nouveaute. Le plus grand nombre a deja paru dans VAbcille da Nord, qu'ils out contribue a mettre en \ogue; ces feuilletons, ecrits avec beaucoup d'esprit, etaient bien dignes d'etre conserves; des vues a la fois si neuves et si ingenieuses ue devaient pas avoir I'existence ephemere d'un niuncro de gazette. Nous recom- manderons suitout aux tradiicteurs , qui ne manqucront pas A cetouvragc, les parties (luel'auteur intitule iVVrti^, on Moeiirs; rien de plus vrai, de plus ressembiant, que les portraits qu'il y trace, que ce tableau de la vie des salons, des travers des grands, des ridicules de tons, et du genre de vie de plusieurs classes du peuple russe ; cxcepte les Banctcllcs de 51. Fnher, qui ne portent pas la tpenie cmpreinte de franchise et d'inde- pendance, nous ne connaissons aucun oiivrage qui caracte- rise si bien ce peuple interessant. II ne faiit pas ctoire pour- taut que ces esquisses de mosurs soient exclusivement russes; les scenes qu'elles rctracent se repetent , avec de legeres nuances, dans toutes les grandes capitales. II ne serait meme pas impossible que les Francais eux-memes eussent foiirai a rauteiu' (piel(jues-unes des couleurs dont il se sert, car oa reconnait queiqnefois dans ces esquisses les briilans tableaux d'nn autre nioraliste qui n'a cru peindre assurement que la pliysionomie du peuple qui I'entourait. Ces emprunts j)our- raient bien etre involontaircs. Kous soniroes loin de les repro- cher a M. Bouigarine cjui est assez riche de son propre foiids, pour etre excusable de n'avoir pas repousse avec trop de se- verito des reminiscences qui ajontcnt a la verile de ses ta- bleaux , dont ui» grand nombre sont vraiment originaux. Ces charmantes iiroductirms, que nous conslderons conimc la jjartie la plus importaiite de toule cette publication, occup.nit la pre- miere panic des second , troisieme et cin(|uieme volumes. La seconde partie du quatrieme et les six auires parlies contien- nent des narrations ou des contcs , des morceaux d'histoire et des articles de critique historique. L'histoire de Marie Mnichekh a etc traduite en ailemand dans le journal de M. Oldckop. M. Bouigarine est un ecrivain j)!us spirituel que savant; ses dissertations critiquesdoivent doncetre luesavecune precaution que rendrait d'ailieurs necessaire I'influence de la censure sous laquelle dies ont paru. Nous cspcrons trouver 4i8 LIVRES ETR ANGERS, dans les volumes qui reslent h parailre la promenade de I'au- teur dans (rs trois provincfis baltiqtics , que nous avons lue avec plaisir dans VJbcille du Nord. Chatjue volume est orue de deux ou troisjoiles gravures faites aVitnnc, el i'imptession ne laisse lien a desirer. J. H. Schnitzler. ALLEMAGNE. 90. — Ucbcr die If^oUhdtigkeitskolonien zti Ftiederichsoord and fVortcl. — Sur les colonies de bienfaisance de Frcderiks- oord et de Wortel; par le chevalier de Rircrhoff. Traduil du francais par M. Ruder. Leipzig, i8'i>8; impriraerie de Hart- inann. In-8". Le Memoire de M. de Kirckhoff sur les colonies de bien- faisance etablies dans le royaume des Pays-Bas, doit a I'interet seul du sujet d'etre bien recu dans Ions les pays. II n'est [)as etonnant qu'il ait fixe I'attention de plusieurs souverains : les rois de Prusse, de France, de Suede, de Danemark, et les grands-ducs regnans de Hesse-Darmstadt et de Saxe-Weimar I'ont surtout distingue d'une maniere tres-flaiteuse. Mais ce (pii n'est pas nioins flatteur pour M. de Kirckhoff, c'est la traduc- tion que vient d'en donner I'un des plus estimables philantropes d'Allemagne, M. Ruder, connu par ses grandes connaissances en economic politique et en agriculture. M. Ruder a ajoute a sa traduction une preface de seize pages et plusieurs notes du plus haut interet pour les pcrsonnes qui s'occupent du systeme de colonisation , mis en pratique dans les Pays-Bas. G. gi. — * f'orlcsungen iibcr die Gefangnisshunde , etc. — Lecons sur la science des prisons ou sur les nioycns de les anieliorer, de cultiver le moral des detenus, des forcats liberes, etc., faites i Berlin en 1827 ; par N. H. Julius, doctcur en medecine; pre- cedees d'anc Introduction sur le nonibre , le genre et les causes des crimes dans dijfcrcns Etats de t Europe et de I'Amerique. Berlin, 1828; Stuhr. In-8° de clxviii et 368 pages. Ce travail est sans contredit le plus complet qui ait ete pu- blic sur cette matiere interessante. L'auteur a eu des rcnscigne- mens precieux sur les prisons de la Grande-Bretagne el de rirlaude; lui-meme a f.iit dans ce pays un voyage detaille, en i8a5. Mais ce qui le rend surtout digue d'elogos, c'est qu'il a su quitter les voies etroitcs tracees par la plupart de ceux qui ont ccrit sur le mcme sujet : au lieu de borner comme eux ses vues aquelques ameliorations de regime intericur, il s'est eleve a des considerations generales de la plus haute importance. En i^ltendant que nous puissions consacrcr ii cet ouvrage I'examen ALLEMAGNE. 4ig a))profoudi qu'il ineiile, nous allons donner uii tableau des objets nombreux qui y sont traites. L'introduction , fort ttendue (i68 p;iges) et riche d'apercus philosophiques , est le developpemeut des trois questions fon- (lamentalessuivantes : i°dunombreet du genre des crimes dans les differens pays, et de leur proportion avec le nombre des habilaos; 2'' de la proportion des crimes avec la religion, les lumieres et le bien-iitre des peuples; 3° du nombre et de I'elat des prisons. Nous devons a la verite de dire que le plus grand desordre nous a paru regner dans les tableaux statistiques, d'ailleurs incompiets, dresses par I'auteur a I'appui de scs rai- souneniens pleins de justesse. Le corps de I'ouvrage se compose de douze lecons; nous ne croyons pouvoir faire mieux que de presenter a nos lecteurs la table des matieres; elle leur fera connaitre le sujct de ces le- cons et quelquefois aussi I'opinion du professeur. 1''* Lecoft. Avantages de fenseignement oral sur I'ensei- gnement acquis |)ar la lecture; la prison, consideree comnie moyen penal; la punition, regardee avec justice comme repa- ration de I'offense envers les lois divines et humaines; I'hu- manite a I'egard des condamnes ne date que du christianisme; tableau des prisons grecques el romaines; persecutions des Chretiens et leur influence; etablissemens chretiens pour les prisouuiers; legislation des prisons; delivrance des prisonniers aux jours de fetes puhliqnes ; ces lois, transpoitees du droit ca- non et remain chez celui des nations germaniques; moyen age; 1 Italic precede aussi sous ce rapport les autres pays, etc. — 2^ Lc'cnn. Le droit penal des Anglais et sa cruaute; I'impunite , resultat de I'augmentation des delits et de la severite des cLa- timens; Howard; disposition a I'adoucissement de la penalite , generale dans I'Europe de 1750 a 1790; les prisons anglaises; augmentation des delits par la prosperite du commerce, des metiers, etc.; moyens employes pour placer les nombreux detenus; translation en pays etrangers; inutilite et frais consi- derables de cttte punition; emprisonnement sur les vaisseaux. — 3* Lecon. Detention dans des maisons de penitence et de correction; maison de correction a Glocester; Panoptique de Beutham; prison de Milbank; efforts pour Taraelioration des prisons , depuis Henri viii ; sir Samuel Romilly ; legislation des prisons de 1823 a 1824 ; le ministre Peel. — 4^ Lecon. Efforts Individ uels pour I'amelioration des prisons et de la legisla- tion penale ; lord Auckland; Association pour la delivrance des debiteurs de sommes peu considerables ; mort d'Howard ; les quakers et leur activite philantropique; la Pensylvanie, Phila 420 LITRES Strangers. dclphie; Societe pour radoucissement de la misere dans les prisons publiqucs; Societe pour I'abolition de la peine de mort et pour I'amelioiation des prisons; Societe pour la recherche dcs causes qui augmentent le nombre des jeuncs criminels a Lon- dres;corriiplion des detenus dans les prisons; Sociele pourl'ame- lioralion du rei;ime dcs prisons et celle dosjeunes detenus ; Th. F. Buxton; William Roscoe; sir James Mackintosh, elc. — 5" Lecon. Conditions neccssaires pour une bonne maison de detention. De la surete : murs d'cnceinte; entree; batimens; chauffage;eclai- rage; tiiyaux servant deporte-voix; cloche d'alarmc, passajies; portes; provision d'eau; visileurs. De la salubrite : maladies communes dans les prisons; reuouvellementderair ; fievre des cachots; costume des detenus; nonrriture; sa proportion avec le travail; maladies a Milbank; proprete; hamacs; disposition des celhdes; cxercice au grand air; soin des malades; maladies pretextees, prolongees on cuipirees ; bailment pour les nialadcs et les convalcscens; devoirs gencraux d'un medecin de prisons; influence de I'etat moral sur le phjsique. — 6° Lccon. Surveil- lance et diposilions proprcs a la faciliter. L'architeclure a cu pour but juscju'ii ce jour de menagor a un grand nombre de personnes la vue de quelqnes unes; le contraire est imjiortant , surtoul dafis les prisons ; I'inspccteur doit habiter le point cen- tral; une surveillance invisible est seule vraiment utile; ateliers de travail; cours; inoulins mis en mouvement avec les [)ieds on les genoiix; dortoirs; edifice central et demeure de I'inspcc- teur; chapelle, etc. Division par classes; sa necessite; I'indi-' vidu (lisparait dans la masse; I'amelioration n'est fiossible (jue par I'isolement; classemcnt ties criminels chcz les Romains, au moyen age; d'apres la loi anglaise de 18^3 , dans la [u-ison du comte de Kent; principes generanx du classement des detenus qui promettent quclque amelioration ; quel genre de criminels en sont exceptes; maisi.nis de detention; maisons d'interet par elles-menios : Alhanase avail profitc du beneiice de la loi de Julicn qui pcrmettait a tons cens qu'avait exclus Constance de revcnir dans leur ]iatrie; mais il avail re- pris i'episcopat, a raison de quoi il ])aiait avoir ele denonce par les aricns. Julien dit rpi'il a permis aux chreticns de rentrer dans leur patrie, ct non dans Icurs egllses; il bannit Alhanase line seconde fois. ]?ieut6t apres il ecrit de nouveau. Cette fois il s'adresse au piefel d'Egyple, el menace loiile la province d'une amende si Atlianase n'a pas (piitle Alexandrie avant le I*'' decenibre. La colore de rempeicur s'accroit lorsqu'il apprend qn'il a baptise qnelques femmes grecques. Dans la derniere des Irois lellres sur Alhanase, il attaque les chreliens eti general, et se plaint encore beaucoup d'eux dans la Sa''. Rieri n'esl plus gracleux (pre certains billets dictes par raniitie. ISous cilerons paiticulierement ceux qui sont adresses h Liba- ALLEMAGNE. 4-27 niiis, et les vaciix que Julien adresse a Prisciis pour un heureux voyage; enfin la lettre ou il s'excuse de n'avoir point donne de ses nouvelles a Philippe. M. Heyler n'a pas neglige les fragmens ; il y a joint quatre petites pieces de vers, dont I'une est la celebre cpigramme centre la biere. M. Heyler n'a pas voulu omettre line lettre attrihuee au Cesar Gallus, quoiqu'il soit tres-certain qu'elle ne ini apparlient pas. Neanmoins La Ble- tcrie, MM. Jondot et TourUt I'ont regardee eomme authen- tiqne. Le nouvel editeur fait apprecier toute la faiblesse des argumens qu'on a fait valoir en sa faveur. Puisse le savant auquel nous devons cc beau travail reprendre son premier projet, et nous donner les a'uvres completes de Julien ! P. DE GOLBERY. 94. — Lehrbuch dcr Litcraturgeschichte. — Manuel de I'his- loire de la litteralurc; par le docteiir Louis Wachler. Leipzig, 1827 ; Bartli. In-8° de r)67 pages M. Wachler est auteur (i'un grand manuel en quatre volumes qui a paru dans les annees 18-22 a 1824 a Francfort, et dont le premier comprend la litlerature aneieime, et le second li litte- rature du moytn age, tandis que les deux derniers volumes son} destines a la litteraturcnioiierue. Dans cet ouvrage, I'auteur passe de peuple en peuple, indique les principaies epoques de leur civilisation, et ajoute des renseigneniens bibiiographi- ques sur chaque epocpie. Le Manuel que M. Wachler vient de faire paraitre est un abrege de ce travail, mais revu et continue jusqu'a la derniere annec. L'auleur s'occupe pen de I'lnde, de I'Egypte et du peuple hebreu, et il passe tout de suite auxGrecs et aux Remains. Vient ensuite la litlerature chretienne, c'est- a-dire des premiers tem> de. christianisme ; puis eelle du moyen age, dans laquelle rauteurcomprendcellede I'Orient; il accorde beaucoup d'espace a I'crudition qui joue en effet uti grand role dansla iitteraturedu Word. Dans la derniere section, M. Wachler continue I'liistoire de la litterature depuis le seizienie siecle ius- qn'a I'annee 1826, en traitant nou-seulemcnt des principaux etats europeens , mais encore des Bohemiens, des Honqrois, desTurcs, des Juifs, etc. Il n'a ete possible dembrasser tant d'epoques el lant de nations qu'en clfleurant a peine les traits caracteristiques de ia litterature de eha(|ue nation et de chaque epoquc. En revanche, I'auteur a eutasse beaucoup de nonis, en sorte qu'une grande j)artie de son Manuel n'est qu'une nomen- clature qui apprend pen de cliose aux etudians; quand ils s.iu- rout, par exemple, cinquante noms d'eerivains qui se sont distinguesen France ou en Allemagne au seizieme siecle, lenrs connaissances ne serorit pas beaucoup enrichies. Lnuteur n'a 28. /,28 LIVRES KTRANGERS. nascu ;issc7, tl't span; |ioui si^iiMlt.'i U-mi'i ile clfsgraiidstcrivains; jl ne petit (|nc Ics uoiuirxr i^ rolt'- dc ornt ;uitrcs qui Inu- ^onl in- let icitrs. MtHitesquifU recoit Tepithctc d'inij^t'/iicux ; daiitics ne recoivont pas dipit'lu-le du tout. II aiirait miciix vain, cc; nous scnible , passci sous siirncc la funic d'l'crivaiiis secon- daircs, et so bonuT aii\ piiiiripanx, pat'lcr en goncial iin pen plus des OMvrages, ct citcr moiiis de noms propros ; en un moi, caraclerisir lalitteralure de chnquc epoqiic et do cliaqnc pen- p!c. Pour un livie a eonsulter en cas de besoin, le Manuel d • M. WacUlcr a son nierile; c'est un cataloij;ue bien classe : I'auteur indlque li s editions des livies autant (|ue resp.uo !'• lui pirmet, et c'est vr.iiinent un lour de force d'avoir pu fain- entrer dans un Manne! tres-poi talif des niilliers d'errivaius d^' tons lespays, avec riu'lication biblioijraphique de leurs ceuvrcs. Cette compilation a du eouter une peine extreme a I'auteur. q5. — Ueher Unsiiiii unci Borborci in drr licuti^cn deuts- ctien Literatnr. — De rabsurdili; et de la barbaric dans la litterature allemande d'aujourd'hui; par Th. Schacht. Mayenc. , 182S; Kupferberg. In-ia. Cette brochure, dont le titre est bien severe, est un pam- phlet dirige contie M. Menzel , auteur d'un ouvrage sur I'etJM actuel de la litterature allemande, que nous avons annoiiei- fvoy. i?fe. £«c., t. XXXVIII, p. 703). M. Meuzel appartieut a I'ecolc ch. II. Revenus et depenses ( budget federal, budgets can- tonaux. ) Livre VIII. Hnlntudes : s d'exposilioii. M, Decaiulolle est loin de concevoir aucun doule sur I'litilile dun concours public entro tous les industriels : i\ expose avec SUISSE. 435 clartc et precision toutce (]ue i'oii pout dire en faveiir decette institulion, non-seulcment a Geneve, mais partout ou la reunion des objets exposes pent exciter I'emuialioii et re- pandre des connaiisances. La seconde partie de son rapport pent-etre consideree comnie un excellent chapitre dun traite d'ecoiiomie politique. Cenx qui ne sent pas tout-a-fait de son avis eprouvcrotil un veritable embarras lorsqu'il s'agira de le refiiter sur quelques points : et ccpendant ou n'est pas cou- vaincu, on regrette de ne pas I'etre; mais, dans des nifitieres aussi complexes et aussi pen susceptibles d'une analyse ri- goureuse, les verites memes ne peuvent etre tout-a-fait claires , ni la conviction aussi entieie que tlans les sciences exactes. Afin quo nos lecteurs puissent juger de la maniere dont M. D('candi)l!e discuteles diverses manieres d'ericouragcr I'indusirie, citons uiie note ou il expose les effels reels des impots ot des prohibitions, an moyen desquels certains gou- . vernemeiis pretendenty«('«m<'r les arts. « Voiis inettez un droit d'enlroe siir la laine brute, pour favoriser votre agriculture; c'est un impol sur le fileur de laine. Pour le consoler, vous imposez la laine fdee; c'est un impot sur le tlsseur. Vous indemnisez cehii-ci par un impot sur le drap; c'est un impot sur le tailleur et le consommateur. Prenez I'inverse : vous taxcz la soiebiule a la sortie; c'est un impot mis sur I'agriculture, an profit du fabricant de soieries. Dans ie premier cas, vous diminuez la fabrication, parce que vous empechcz I'entree des matiere^ qui la favorisent ; dans le second cas, vous empechez la production, en restreignant le marche des matieres brutes. L'une des injustices, direz-vous, compense I'autre : mais ces compensations sont arbitrair-es . rarement vraies , souverrt impossibles; elles tendent tou- jours, du moins, a diriger les capitaux ou la nature des choses ne les aurait pas jjortes. Les douanes ne peuvent se defendre que comme irupot, et dans I'interet du fisc ; et sous ce rap- port, c'est Timpot peut-etre le plus cher de perception, et le plus dernoralisant qu'ou puisse Irouver. » Dans la preruierx' par'tie (Note sur /es objels cxpuses j , otr remarque I'effet du systeme des douanes sirr les produits des forges de France et de Suisse. Dans certaiirs cas , les fers d'Augleterre content moius a Geneve que ceux que Ton tire- rait des fioutieres de Frauce, ou ce metal abonde. 11 en re- sulte que les forges de Suisse preuueut plus d'activite, el que les fabriques d'aeier , de fer- blanc, etc. se multiidiaut aussi, le nonihre des objuis d'echarige entre la Fiance et la Suisse diiuinuera de i)lus err plus. 436 LIVRES KTll INGE lis. Qiielqiies arls qii'on rci^anle comimirionifnt comiiio frivolrs ctaient prescns a cc concoiirs; ce qui doit contrihuer a les rehaljilitor clans I'opiiiion dt-s hommes scricux, amis do tout ce qui est utile. Mais i'iudiistrie qui convient u tous les terns, a pt esquc tous les licux est celle qui domine dans le canton de Geneve; ello s'est montroe de manieie a satisfaiie jjour le pre- sent, ct a donncr de grandes esperances pour I'avenir. Les commissaiies de I'exposition out expiinie leurs opinions, ou prononce leiu's jngeniens avec iniparlialite , sans deguiser ce que I'industrie etiangerc execiilait mieux que leurs compa- Iriotes. Get example d'une scrupuleuse tquite ue sera pas perdu; c'est ainsi que les nations exercent les unes sur les autres une surveillance profitable a toutes, et qu'elles s'aident mutuellement dans leur marche vers le bonheur social. F. ITALIE. g8. — * Cakndario georgi'co , etc. — Annnairc agronomique de la Societe royale d'agiiculture de Turin, pour I'annee i8'27. Turin , 1827 ; Pomba. In-S". Cette nouvelle livraison d'un ouvragc pcu connu en France, mais qui jouit en Italic de I'estime des agrononomes , n'est pas inferieure, par I'interet qu'elle prcsente , a toutes celles qui I'ont precedee depuis plus de treute ans. Les articles que celle-ci renferme, sont disposes tlans I'ordre suivant : — De la reproduction des champignons , par le marquis de Lascaris , president de la Societe. Get ami zele des cullivateurs expose le procede suivi dans les environs de Port-IVIaurice, pour former des couches a champignons au nioyen du marc des olives ct d'une tei-re impregnee de sjiotulcs. II a tcnte les niemes experiences avcc les residus de la fabrication des liuiles de graine, dans le but d'etendre cette pratiipie aux pays dont le climat se refuse a la culture de I'olivier. — JSoti(c sur les pnragreles , par le professeur Garena. Get habile physicien , sans admettre ni lejeler I'efficacite de ces appateils, a pi'e- sente I'histoire impartiale des moyens proposes pour soustraire nos campagnes au ravage de la grele. Apres avoir engage les proprietaires a se cotijer entre eux pour tenter des essais en grand, il invite les meteorologistes .a verifier si, dans les vilUs armees de paratonnerres, telles que Munich, Lucques, etc., I'influence de ces conducteurs previent la formation de la grele. — De I' action da I'iode sur la germination , par M. Gan'Tu. Cejeune savant, a qui Ton doit la decouverte de I'iode daiis plusieurs eaux minerales du Piemont, considerant Tanalogie ITALIE. 437 qui lii^'iii' cntre le chlore ct ctito snhstaiice, n'a pas cm inn- rile (I't'-Ui.iii r son infliu-nce siir la V'-getation. I! a rcconnu que Its phintrs, fraitces par I'iode, siirpassaifnt en viguo;ir ci'lles q\ii sont arrosees avcc Ic chlore on avec de I'ean pure, ct il s'cst assure en (iUtre que ces vcj^etaux avaient absorbe Tiode avec nne avi.Iiie rcmarquable- — Note xur te.mploi d'linc nincliinc (t (If'jiiqucr le riz, par le marqnis tie Cavour. Cctte macliine que noi;s avons decrite tians un article precedent ( voy. Rn'. Erie , X. XXXIII, p. i85, 1827), a (ite depuis perfectionnee dans pliisieurs de ses parties; mais cette utile invention doit hitter encore contre la routine des cnltivateurs. — De la v('gtUiti«ii (Its i>l/inies dans la mousse. L'auteur de cet article a cru inte- resser les liorticulteurs en leur faisanl connaitre la possibilite d'elcver des plantes delicates dans de la mousse, et les nou- velles experiences tes de I'auteur, on doit ajouter des omissions importantes el quelques erreurs qui peuvent ecarter les praticiens de la bonne route tracee par Dandolo et par d'autres agronomes. Ce livre est divise en vingt-quatre chapilres; les six premiers traitent de la culture du murier, et les auti-es de I'insecte pre- cieux qui se nourrit de sa feuille. II est termine par une mul- titude de notes dnnt quelques unes sont en conlradiclion avec le lextc. BoNAFOus. 102. — Delle Medaglie di Giurila Donatn , cc. — Des Me- dailles de Junia Dojiata, fcmme de M. Cassianti.s Possumus , tyran des Gaules ; Memoire hi j'l Tacademie de I,iicn"es, le aG 4/»o LIVRES ETR ANGERS. mni 1827, par Ic chevalier Jules Cordf.ro, de Saint Quintin, consorvaUMir dii musee royal egypiien de Turin. Turin, i^i'j. In 4" i'*^ '8 pai^es, avfc wnc planclie gravec. Nous avons anrionce dans la Rcvae E/irycIoped. (voy. t. xxxii, p. 146) la Notice de M. le clicvalier Cordero sur la colleciion dc mcdailli'S de fen I'abbc Jncisa , rcctcur dc runivcrsiie de Turin. Uatis ceitc collection se trouvait la medaille qu'il puhlie anjonrd'hdi. On a . Enc. , t. XXXIII, p. 62.) On ne peut mettre plus de conscience dans un travail de ce genre que n'en inettent iri les auteurs et les libraires; ils ont promis seize volumes, et pour remplir leurs engagemens, ils ne craigneut pas de dormer des tomes d'une force telle qu'ils contiennent cliacun, surtout les dernicrs, pour un prix plus modique, autant de matiere (jue trois et quatre volumes des autres diclionnairesou entrepriscs analogues. Le tome qiii vicnt !ie, il y a un an, la premiere partie du premier tome de son Traite de physique; il donne aujourd'hiii la seconde, qui comprend troi^ livres : I'un traite du niagne- tisme, I'autre de I'clectricite, et le dernier de I'electro-magne- tisme. Get ouvrage est I'expose fidele des lecons que cet habile professenr fait a la faculte des sciences. Depuis que les tribu- naux lui ont donne gain de cause dans Taction qu'il a intentee centre les plagiaires qui venaient a ses cours stenographier ses lemons, et en publiaient le texte, en le denaturant quelquefois par des non-sens souvent ridicules, l'ouvrage de M. Pouillet devient le guide necessaire des jeunes gens qui se pressent a ses cours de la fariiite des sciences et du college Boinbon. Lorsque lesecond volume de cet utile ouvrage sera public, nous rendrons compte des choses remartjuablesqui s'y trouvent. Francoeur. 118. — * Les 1,000 Recreations de physique et de chimie , ouvrage renfermant un grand nombre d'experiences instriic- tives et amusimtes ; par //. Demerson , d.-si. , auteur de la Botaniqae en a?, lecons. Paris, 1828; Audin. In-12 de 436 pages, avec 1 5 planches; prix, 6 fr. 454 LIVRES FRAISCAIS. Nous ne compterons point rigoureusement avec M. Demcr- soii , pas plus que le lecteur des Mille et une Niiits no lient registre du teins qui s'ecoule pendant les recits de la spiri- tuelle Scherazadc. Pen nous importe que ce livre conticnne offectivemetit le nombre de recreations qu'il annonce , pourvu que nous y trouvions varieto , agrement , instruction. L'au- teur avait ii sa disposition les immenses ressources de deux sciences ou les faits curieux abondent autant que dans aucune autre division des connaissances humaines; il lui etait facile d'y trouver la matiere d'un ouvragc tel que celui-ci , d'autant plus que d'autrcs collections analoijues etaient dej;\ publiees. Mais M. Demerson n'a pas voulu n'offrir a ses lecteurs qu'un spectacle amusant ; il aspirait a les instiuire. On regrettera qu'il n'ait rien dit des experiences electro-magnetiques , si interessantes pour des spectateurs meme sans instruction , et d'une si grande importance pour les theoi'ies physiques. 11 y a quelques erreurs peu graves sur quelques fails , et qu'il sera facile de faire disparaitre. Ainsi , par exemple , il ne fallait pas dire que le niiroir polyedre de Buffon volatiUsait le diamant : il n'est pas plus exact d'ajouter que ce iniroir etait une imitation de la grande lentille de Tchirnhausen. Ces taches legeres sont en petit nombre ; elles n'empecheront point que I'ouvrage de M. Demerson n'obtienne les suffrages de ses lecteurs , et qu'il ne leur soil reellement utile. Les sec- tateurs du magnetisme animal ne seront pas de cet avis ; I'au- teur leur declare une guerre qui ne peut finir que par I'ex- termination de leur doctrine. Voici ce qu'on lit dans son ou- vrage : « J'ai vu tous ses prestiges (du magnetisme animal), tons ses miracles ; je me suis soumis a toutes ses influences avec le sentiment d'un homme qui observe , et la boime foi prete a se rendre k I'evidence. Mes observations m'ont porte \ confesser hautement , et en face du plus zcle defenseur de celte doctrine, qu'elle n'est qu'un veritable charlatanisme, qu'elle ne peut avoir pour proneurs que des hommcs inte- resses a tromper, que des esprits faibles , faciles a seduire, entaches de la plus grossiere ignorance et de la plus servile credHlite » M. Demerson oublie qu'une academic a dans son sein une commission du magnetisme animal. F. I ig. — * De t'Or, de son eiuploi dans Ic traiCemenl de la syphilis recente et inveteree , et dans celui des dartres syphilitiques; du Merc lire, de son efficacite et des dangers de I'administrer dans le traiteinent des mc'mes maladies ; avec une appreciation du trai- temcntantlpldogistique ; par A. Lf.grand , d' Amiens , d. m. p. , etc. Paris, i8a8; Crevot. In-8"^ de xiv et 548 pages; prix, 7 fr. SCIENCES PHYSIQUES. 455 L'emploi de I'or est-il le moyeii le plus efticace et le moins dangereiix de combattre la syphilis ? Telle est la question que M. Legrand resont par raffirmative. Pour appuyer sa proposi- tion , i' a reuni dans ce volume , a toutes les observations qui jusqu'ici avaient ete publlees sur les heureux effets des prepa- rations aiiriferes, un nombre non moins grand d'observations ineditps que lui a genereusenient communiquees le docteur Chrestien , de Montpellier, inventeur de ce genre de traite- ment, a qui elles avaient ele adressees par les inedccinsqui en firent usage a son exemple. II en resulte uue masse de pres de quatre cents observations, toules favorables a l'emploi de Tor, et bien propres a engager les praticiens a y avoir recours. Mais M. Legrand, nese contentantpasdecespreuves directes et muU tipliees de I'utilite de ce remede, entreprend en outre de montrer rinsuffisance et le danger du traitement mercuriel et le pen de confiance que doit inspirer la methode purement antiphlogis- lique que recomniandcnt depuis plusieurs annees quelqnesme- decins etrangers, et en France particulieremcnt les partisans de la doctrine physiologique; en sorte que, s'attaquant a la fois aux anciennes pratiques et aux routes nouvelles que I'art essaie, il fait une necessite de se servir de I'or, seul capable de bien guerir. Cet oiivrage, fait avec soin, merite parson importance d'at- tirer I'attention des medecins; s'il pouvait lui etre adresse un reproche, nous dirions qu'il ressemble trop a un plaidoyer et annonce trop clairement le parti pris d'exalter les proprietes medioales, a notre avis non contestables, d'un metal que deji tant d'autres litres rendaient le plus precieux de tons. RiGOLLOT fils, D. M. , d'Amicns. 120. — Lettre a M. Magendie, sur les preparations (For el les differentes manieres de les admiuistrer; par /. A. Chkestiew, D. M. de I'universite de Montpellier. Paris, 1828; Boigelins, rue de I'Ecole de Medecine, n° 3. In-8° de 79 pages; prix, 1 fr. II senibierait, quand on a fait quelquc decouvcrte qu'on salt par experience devoir etre utile a I'hunianite, qu'il ne reste plus qu'a la publier pour la popidariser. M. Chrestien , si bien connu dans nos departemens meridionaux, devait bien penser qu'il lui suffirait de dire : J'ai gucri les maladies vene- rienncs avec telles et teilcs preparations qui ont I'or pour base ; j'ai gueri mieux cju'avcc Ic mercure , et des niaux dont n'avait pu triomphcr ce dernier metal , pour que tons les praticiens se crussent engages a prendre une connaissance consciencieuse de sa methode, et a vouloir I'essayer. Ce ne fut point ain.si qu'on proceda i Paris. On y oxperimenta, mais sans etudes 456 LIVRES FRANCAIS. prealables, avec un sel d'or qui n'etaitpas ccliii que proconi- sait k si juste tilrc Ic jiraticicu do Moritpellier. On echoua ; de li , manlfeste lanct- coutrc les prcpaialions auriferes. M. Clircstien |iensa qu'il pouvail laisser sans reponse des at- taques injustes; il garda Ic silence, laissant au terns le soin de faire triompher la vorito. Mais il dut le rom|)re, quaud il vit M. Maj^endie,' hunnne aussi recommandable par son carac- tere que \n\v son talent, se ranger parmi les adversaires de sa niethode. Ce niedecin , en emettanl dans les dernieres editions de son Formidaire une opinion defavorable sur les prepara- .tions auriferes, ne parait point avoir parle d'a|)res sa ])ropre experience; il a agi comnie on fait trop souvent a Paris; il a eci'it sur les paroles d'un homuie bien place, il faut le dire, pour faire connaitre la verite, mais qui, dans cette circon- stance, a mal rcmpli son niandat. M. Chrestien a done sage- inent agi en publiant sa lettre a M. Magcndie. Cette brochure, ecrite avec la dignite qui convenait a un pralicien presque septuagenaire , ccrivant a un confrere place dans une sphere medicalc si elevee, est de nature a engager I'honorable aca- demicien a apporter quelques modiQcations i la maniere dont il parlera desormais des preparations auriferes. Nous ne dou- tons meme point que, s'il cssaie de s'en servir, il en deviendra grand partisan et un des plus zelcs propagatcurs. A. L. , D. M. 121. — Essai sur la pneiimolaryngalgie on astlmie aigti; par L. SucHET, D. M. P. Paris, i8?,8; Gabon. In-8'' de : les plus distingues, que I'exemple des peuples voisins recom- mandaient a I'atteution de nns legislatenrs. Mais im grand ob stacle s'oppose a ce que I'Ecole polytechniqne fournisse des officiers d'etat-major, parce qu'il n'y entre pas acHiellement assez de sujets pour les services militaires; de sorle que I'artil- lerie et le genie souffriraient de cette innovation, tandis que les officiers d'etat-major n'ont pas besoin d'etudes aussi savantes, mais bien tl'une insti'uction tres-varice dont ils aient appris a firer parli. Au reste, nous renvoyons a la lecture de cetle bro- chure, qui interessera les officiers de loutes armes; car l'au- teur a ecrit dans I'interet general de I'aimee, qu'il semble bien connaitre. J. F. laS. — * Precis de la geographic nnivcrsclte , ou description de toutes les parties du nionde, sur nu plan nouveau ; par M. Mai.te-Brun. Tome vii. Ouvrage posthuuie. Paris, 1828 ; Aime-Andre, quai Malaqiiais, n'' i3. Un fort volume in-8" de |)res do 800 pages. Prix des 7 volumes, avec atlas de 75 cartes, 1 1 5 fr. II y aura un S^ volume. Ce volume renferme la description de toute I'Allemagne, de toule la Suisse et de toute I'llalie. Cette partie de I'Europe etait difficile a trailer, et Ton con(;oit que les difficultes qui s'accu- mulaient aulour d'uu tel travail aient engage Malte-Brun i re- culer toujours la description de I'Europe ceutralc et occiden- tale, a la vue du dedale (pi'offre la division politique de I'Alle- magne et de I'ltalie. II redoutait aussi le moment ou il serait force d'oxercer son talent sur des pays d'autant plus difficiles a yVy\v;Vy«eety:)nZtciu's , 35 fr. ; id. in-/,", pap- vclin , 72 fr. Les i"^ ct 1' livraisons , forinant le tome i"'', de i,5()8 pages , y conipris i'iDtroduction de 188 pages, sont en vcnte. Prix, avec I'atlas ci-dessiis , 24 fi"- ; i'l- in-/l") pap- veiin , /,8 fr. On ne paie rien d'avance. Le tome a^ et dernier, formant les 3^, et 4*^ livraisons, ^era irrevocablement public dans les premiers mois de i^-i.g. On joint a ce dictionnaire un nouvel atlas universe! portatif de geographic ancienne et modcrnv , petit in-fol. cartonne, de 4 1 cartes, dotit 33 pour la partie inoderne , pai' Arrnivsmitli ^ et 8 pour la partie ancienne, par Danville. Prix des deux pre- mieres livraisons avec I'atlas ci-dessus, 40 fr. Get atlas se vend separement a5 f. Ce dictionnaire classique differe entierement, parson plan, des lexiqaes geographiques abreges qui ont paru jusqu'^ ce jour. Voici les avantages qu'il presente : 1° D'avoir sn ouvrage qui ait de I'ensendile, etant revu en entier et redige par iine seiilc main, et qui soit ijroportionne dans toutes ses parties a raison de leur importance et dc Uur etendue. On n'a point sacrifie tons les aulres pays a la France , qui occupc la plus grande place dans presque tons les diction- naires geographiques. 1° D'offrir de I'uniformite pour I'ortliographe des nonis propres , conserves tels qu'ils s'ecrivent dans les langues na- tionales ; d'indiquer les parties du nionde on les pays et les Heux sont situes. On a ajoute les noms de la geographic an- cienne en italique et en parentheses, k cote des noms mo- dernes. On donnera a la fin de I'ouvrage une table alphabe- tique des noms de ia geographic ancienne et moderne com- pares. 3" De renfermer I'analyse succincte et raisonnee des dictiou- naires geographiques etrangers , statistiques , voyages, an qombre de plus de 10,000 volumes, extraits et traduits , a I'exccption de la France , des principales langues de I'Europe. 4" Dedonner, pour tons les Etals belles , elevees , exprimees souvent avec chaleur , avec eloquence, maisqui sont neccssairement \m pen monotones, puisqu'elles ronlent toutcs sur cette pensee fonda- mentale : Thomme sc sent appeic interieurement a une vie plus pure et plus beureiise ; il s'agite avec inquietude jusqu'a ce qu'il donne a ses desirs un but plus digue de lui , et qu'il se repose dans une conviction religieuse qui hii promette Timmortalite. M. Gustave Grandpre a place, en tete de son ouvrage, un avant-propos dans lequel il traite une question qui touclie aux discussions politiques du moment : « Le retablissement des communautes religieuses est-il une consequence necessaire de la liberie des cultes ? Est-il compatible avec nos institutions constitutionnclles ? » Nous repondons affirmativemcnt , et nous dcmanderons a notre lour : Quel despotc serait asscz insense pour empecher deux hommes fatigues du monde de s'en SCIENCES PHYSIQUES. /,65 retirer, tie mcMtie en commiin leiirs pensees , Icius croyances, k'lirs biens, lout ce qu'ils |)()sscc!cnt dans cette vie, et lout ce qu'ils attcndcnt de I'autre ? Les renohites , dit-on , sont une partie inutile et parasite de la societe : je le pense comme voiis. Mais la loi doit respecter la libcrte itulividuelle de i'homme, et ehacun n'entre dans le contrat social que sons benefice d'inventaire, et s'cn retire des qn'il liii convient de le faire. Maintenant , pour prevenir une trop grande aggregation de hicns siir la lete d'un on plnsieurs individus , allez-voiis , comme Ic propose M. Graiidpre , emettre loi sur loi ? Cette le- gislation exceptionnelle serait toujours vieieuse et incomplete, carle principe sur lequel dies s'appuierait serait lui-meme vicieux et tyrannique. Que faut-il done faire pour arreter ce torrent de congregations, de couvens , de mi>incs de tontc couleur dont nous sommes menaces ? Ce qn'il faut faire ? rien , sice n'est d'abolir toutes les lois,loutes les ordonnances qui regissent cette maticre; de permettre a ehacun d'etre nioine on franc-macon , sans qn'il soit pour cela en ctat de suspicion devant la loi. Mais un principe doit etre adopte avec toutes scs consequences ; et quaud il conviendra a un prt'tre, a un religieux, de rompre ses voeux , il ne faudra pas creer pour Ini une autre loi exceptionnelle , et rcmpecher de se marier et d'entrer dans I'ordre civil en quelque facon que ce sou. L'opinion publique, comme le dit M. Grandpre , sera la pour le punir d'avoir manque a s'.'S sermens , on pour le loucr d etre revenu a la raison. La loi n'a rien a faire dans tons ces cas de conscience ; e!le doit etre morale et non religieuse. Que I'en- seignement soit libre; qn'a defaiit du gouvernement les hommes eclaiies le repandeut et reneonragent dans les classes infe- rieures,et nous scrons pour long-temps delivres des craintes qu'inspire I'esprit d'envahissement du clerge. Encore utie fois , adoptons des principes larges et complets qui soierit en harmonic avec la libcrte morale , avec le bou sens , aveo la justice, car on nc fait rien de durable et de grand sans ces con- ditions, prises dans un sens absoki. M. G. Grandpre a cherche a dissimuler ce que ces discus- sions poiivaient avoir il'aride, en y moiant des episodes ro- mancsques qui ne nous out pas paru bien inleressans : mais tout le livre est ecrit avec beaucoup de purcte et d'elegance ; et denombreuses citations, faitcs toujours a propos, temoignent liu savoir de I'antcnr. A. P. /,66 LIVRES FRANCAIS. Sciences rcligieuses , morales , polici(/ues el /listuritjues. lag. — * Education ftiniiliere, ou Scrie dt: lectures pour Ics enfans , ilcpuis le premier age jus(]ii'a I' adolescence , par miss Ma- ria Edgeworth, ouvrage tradiiit de I'anglais par mad. Louise Sw. Belloc. Paris, 1828; Alexandre Mesnier, place de ia Bourse; piix, 6 fr. Cet important ouvrage,qui,en Angleterre, a ete uuiverselle- ment rcpandii dans les etablissemensou Ton s'occupe de donner aux enfans ies premiers elemens de redncation, est rendu en francais avec autant de fidelite que de gout; on ne pouvait pas apporter plus de soin a la traduction d'un ouvrage. Cepcndant la taclie du traducteur n'etait pas facile; il s'a^issait de trans- meltre en francais les idees simples et sans appret d'un petit cercle de jeunes enfans qui, dans lours reunions , parlent outre eux le langage naif de leur age. Quand on veut engager les enfans a quitter leurs jeux pour se livrer a des lectures instructives, il faut otudier leur caractere, lours penchans; il faut connaitre intimcment leurs manieres, ieurstermes, Ic slyleinnocent etgmcicux de leurs conversations. Aussi est-ce a cela que miss Edgeworth s'est surtout attachoe : elle y a parfailement reussi. Madame Belloc n'a pas moins senti I'importance de conserver dans un ouvrage destine aux enfans leur style facile et naturel ; graces a ses soins, ce systeme d'6- flucation, le meilleur qui existe pour le jeune ago, appartient aujourd'hui a la Franco autant qu'a I'Angleterre. La mome cause qui a donne a ce systeme d'education un succes si eclatant dans toutes les villes de la Grande-Bretagne doit le lui assurer en France : cette cause esilapurete et la bonlc des principes quil inculque dans I'esprit des enfans. En effet , il serait impossible de leunir dans le nicMiie ospace plus de sages maximes et plus d'exemples utiles. Des le^;ons de sagesse adap- tees aux gouts, a I'inielligence des enfans, et ornees de mille images agreables, viennent sans cesse frapper leur esprit; des principes de morale, propres a former renfauce et a la conduire dans le scntier de la vortu, s'iusinuent imperceplibUmeut dans leurs cocurs ; ils y laissent graves en caracteres iueffacables des avcrtissemens propres a eloigner toujoursles enfans des actions etdes habitudnr education morale, lorsqu'il les voit eiUrer dans I'age dc I'adolescence , parce qii'a- lors !a necessile en est trop apparente. Mais que de peines il aurait pu s'epargner si , an lieu d'attendre cette epoque de la vie oil les peiichans du jeune hoinme viennent combattre les bons principes que son pere veut repandre dans son coeur, il s'y etait livre qiielques annees plus tot, quand le caractere etalt encore flexible! En mettant dans les mains des enfans un ouvrai^e qui pent leur servir de tableau pour modeler leur conduite ( et il n'en existe point de comparable a celui de miss Edgeworlh dans ce genre), les pcres, les parens, les amis verront avec plaisir que ces enfans s'approprieront de sages maximes pour jes guider dans toutos leurs actions; et par la se trouvera pres-r que remplie cette taciie si necessaire, si difficile, de susciter de bonne heure dans le coeur de I'homme le desir de pratiquer la vcrlu lui-meme et de Ihonorer dans les autres. De lous les ouvrages (|ui out ete composes dans le but do tourner I'csprit des enfims vers les bons principes de la morale el de la sagesse , celui de miss Edgewortli offre le plus d'atti ait. Cet excellent ouvrage a ete traduit avtc un soin extreme par iiiadame Belloc, deja honorablemcnt connue par sa BibUothequc de fainillc et par d'autres ouvrages utiles : elle n'a rien neglige •lans cetle nouvelle production pour donner en francais la meme simplicile, les memes graces, le nieme naturel qui dis- tiugucnt I'ouvrage anglais. II faut dire qu'elle a completement reiissi. JoJtn Sinnett. i3o. — * Du courage cwil t:t dc i education propre a inspiri r tcs vcrtus publiqucs ; par Hyacinthe Corne, conseiller auditeur a la cour royaie de Douai ; ouvrage qui a remporte le pris. propose par la Societe de la morale cliretienne au conconrs eres pour conquerir la liberte, iiu'-rito done un serieux examen. Les deux productions que nous annoiieous aujourd'hui out cte eulre- prises dans ce but aus-.i iutcrcssant qu'utile. L'ouvrage do M. Leber surlout prouve que son auteur s'est livre aux plus SCIENCES MORALES. /iGp profondcs etudes sur la partie de notre histoire qu'il a voulii trailer. Souvcnt il combat M. le president Benrion de Peiisey, qui a aussi compose uulivre fortestiniesurie pouvoir municipal. Nous nous serious fait un devoir d'eiitrcr aujourd'hui dans de plus amples details sur les deux ouvrages dont nous avons transcrit les litres en tele de cet article, si Ton n'annoncait, coninie devant paraitre incessammeiit, une Histoire dcs com- munes en France , par M. Raynotiard , niembre de I'lnstiUit. Nous en altendrons la publication, pour rendre compte a nos lecteurs, dans ia section des analyses, des divers systemes suivis par les trois aulours qui out entrepris de trailer l.c mcme sujet. . i33. — * Causes celebres etrangeres , publiees en France pour la premiere fois et traduites dc I'a'.iglais, de I'espaguol, de ritalicn , dc Tailemand , etc. , par une Societe dejurisconsaltes ct de gens de leiires. T. V. Paris, 1828; C.-L.-F. Panckoucke, edileur. In-8° de /JoS p.; prix de chaque volume, 6 fr. Cc cinquieme volume terniine la collection des Causes cele- hrcs etrangeres , publiees par M. Panckoucke. Les proces qui s'y trouvent reunis offrent tons beaucoup d'interet, et plusieurs d'enlre eux , parmi lesquels nous citerons celui du corn- plot papisle, tieniient directement a I'lustoire d'Angleterre. Nous ne puuvons que confiimer de nouveau les eloges que nous avious deja donnes a cet ouvrai,'e, lors de la publication des preccdens voltmies. (Voy. Hef. Enc. , t. xxxiii, p. 787 , t. XXXV, J). 444 el t. xxxv, p. 749- ) A. T. 134. — * Economie politique des Alhcrdens , oiivrage Iraduit de rallemand de M. Augnste^or.cv^vL, de I'academie de Berlin, par M. A. Laligakt. Paris, 1828; A. Sautelel. 1 vol. in- 8° de 5oo et 484 pat?-; pi'ix , i5 fr. Ce n'est point ici un ouvrage A'economie politiriuc , dans le sens que nous sommes conveuus d'attacher a cctte expression. L'auteur ne s'est point propose de nous faire connaitro les theories des savans d'Atlienes, sur la formation, la dislribu- lion ct la consonunation des richesscs. Les savans de I'ancienne Orece n'avaienl fail a cet I'i^ard aucune theorie : on ne trouve cliez eux sur ce sujet (pie qaelques iJees eparses el sans liaison entre elles, Les ))ljenouienes et les principes dont la connais- sance ct renchainement constituent la science exislaient chez eux comnie chez nous; niais ils n'avaienl pas etc observes et rcduits en systcme. L'economie politique, telle que nous I't'n- '.endons , u'exisiait pas pour les [)cuples de I'anliqiiile. L'objet que M. Boeckh s'est propose a ete de nous faire con- naUrc I'uiduslrie des Atheniens, c'est-a dire la ninniere jpeciale /i70 LlVRES rRANCAiS. (lont cc pouple pomvoynit a sos licsoins. II a on pnt- coiise- (pient a oxposer , iion-sciili-meiit I't'lal dcs divorces branchtF. (Ic riiiclustrie dcs paiticiiliers , niais Ics niesiir es de finances ct Ics ressoiirccs a I'aide tlcsqiiclles If i;oiivernemcnt siibvenaii; aiix dcpenses piibli(pies. Ce travail exitjrait do la part de I'au- toiir line erudition immense et line patience infatigable : qui- conque lira son ouvrage reconnaitra qu'il n'est point reste au-dessous de la tach<; qu'il s'otail imposec. M. Boockh a diviso son ouvrage en quatre livres. Dans lo premier il a traite d'abord dcs monnaies ot des rapports qiii existaient entre la valour rospeclivc des nietaux ct des objets de consommalion. II s'est occnpo ensnite i\c Vital de la popu- lation, del'acirieulture et de Tinduslrie , dos divers objets qui Constituaient la richesse individuolie , dos valeurs necessaires a rentretien de la vie, dessalaires, des interets torrcstres et niaritimes , des loycrs et des ferniagos. Co livre contient iine multitude de faits relatifs a la vie privee des Atheniens, et ces fails sont d'autant plus interessans que les bistoriens s'en sont en general peu occnpes. Le livie second traite de I'administration des finances et des depenses pnbliciues. Chez les Atheniens , les agens proposes a la perception et a I'emploi des revenus publics formaient nne partic considerable du gonvernement. JVl. Boeckh s'ost attache a nous les faire connailre dopuis les plus grands jusqu'aux plus potits. L'enijiloi des revenus publics no pouvait otre de- termine qu'en faisant connaitre les divers objets anxquels ils elaicnt appliques. L'auteur a done oto conduit naliuollement a exposer les principales fonctions du gouvornemenl. II traite succcssivement des constructions publiques , de la ])olicc, de la celebration des fetes, des sacrifices , dos distributions faites au pouple, du salaire de I'assemblee du peuple ot du sonat , du salaire des ti ibunaux , des secours donnos aux necessiteux , des recompenses publiques , de la marine , de I'armee , dcs depenses do guerre, etc. Le livre troisiemc est consacre a faire connaitre les sources auxquolles los Atheniens puisaient leurs revenus publics. Cos sources peuvent so roduire au nombre do quatre : les propriotes publiques, tollos que les mines; les impots per^ussur les ri- chesses ou sur Ics individus; les aniendes et les confiscations , et les tributs imposes aux allies. S'il existait encore des illusions sur la perfection des gouvernomens de Tantiquile, et sur le l)onheur reserve aux diversos classes do la societo , rien no sorait plus propre a les dissiper que les faits rapportes dans ce iroisicme livre. On voitqu'a Athenes , comme a Rome , qiiaml SCIENCES MORALES. 47 1 les ciiojens ne vivaient pas fles prodiiits arracliiis aiix travaux liemc,cditinn, enrichied'uii grand nouibre d'ai tides nouveaux, corrigcesur les observations de nos nieilieurs biographes, et ornee dii portrait SCIENCES MORALES. 47 3 de rauteur. T. XIII et XIV. Paris, 1828. Mequignon-Havard , libraire-editeiir. 2 vol. in- 8° de 491 et 499 pages; prix, i4 fr. Ces deux volumes commencent a I'aiticle de saintO;Ao«, eveque de Bamberg, et fiuissent aceluide I'amiral Rodney. On s'etonnera peut-etreque le saint assez pen connu dont nous venons de faire mention ait trouve place dans ce dictionnaire, de preference a i'empereur romain et aux empereurs d'AlIemagne qui ontaussi porte le nom d'Othon. II est encore assez singulicr que ['article de Piine I'ancien se trouve a la fin d'un volume, et que celui de Pline le jeune commence I'autre. II est sans doute assez difficile de placer une lettre entiere dans un volume; mais il faudrait du moins que chacun de ccs volumes fut termine par un article com- plet. Prusias , roi de Bitliynie , a etc plus heureux que I'empe- reur Othon , et a trouve ici sa place. Les auteurs y out profite d'une correction importaute faite dans la Biographie universelle, avant laquelle la foule des dictionnaires avaitconfondu Prusias le chasseur avec son pere Prusias le boiteux. Blais a I'article de Claude Ptolemee , le pere Feller, fidele a sa profonde igno- rance en astrouomie, met en doute si I'opinion qui f;iit tourner la terre autour du soleil n'aura pas le sort general des opinions humaines, comme s'il ne s'agissait pas ici d'une veritable de- monstration devenue incontestable. Il n'etait guere permis non plus aux editeurs de no pas dire que labbe Halina , qui vient de mourir , a donne la traduction complete des oeuvres de Pto- lemee, avec des commentaires tres iiiiportans. Un travail aussi penible et aussi considerable meritait bien que Ton en fit ici mention. Les articles de Pie vi et de Pie vii sont faits avec plus de soin et peuvent etre consultes par cenx qui voudront etudier I'histoire de ces deux papes. F. — a. 137. — Histoire ph'dosopldque et politique de la Rassie , par M. EsNEAUx. I''^ livraison. Paris, 1828; Corrcard jeune, libraire. In-8° de iv et 160 p.; prix, 2 fr. 5o c. la livraison. Karamsin s'arrete a I'epoque la plus intercssante des annales de I'empire russe; il laisse une grande tache a son continuateur. Sa critique est eclairee et judicieuse; ses rcciierches ont ete immenses; cependant, sobre d'hypotheses , il se renfermo presque toujours dans les faits. En sa qualite d'historiographe, il eut la faculte de puiser a toutes les sources ; doue d'une grande facilite, il s'imposa le devoir de proceder avec lenteur, et tout son ouvragrt est einpreint de ce caractere d'unite et d'enchaiuement qui est le cachet des esprits superieurs. Cepen- dant, un vif sentiment de patriotisme donne quelquefois a son recit unecouleur apologetique. Son style toujours soutenu se distingue par la purete et la noblesse. Levesque a I'avantage T. XL. — Novcmbre 1828. 3i 4:4 LIVRES FRANCAIS. d'etre plus Eiiropeen , et d'avoir cmbrasse I'enscnible des tgms niodernes : moins verse dans la lani^ue et les antiquites russes , il se recommande par une gravile coiiscieticieiise qui n'excliit pas relevance; njais , comnie ecrivain , on le met generaleinenl au-dessous de Karamsin. Entreprendre apres eiix I'histoire de Riissie , c'est se flatter qu'ou pent niieiix faire. Nous predisons a M. Esneaiix qu'il ne (era oublier iii Tun ni I'aiitre, et il nous semble qu'il a Irop presume de ses forces. Nous aliens motiver ce jugement qui pourrait paraitre trop severe. I.a preaniere livraison de I'ouvrage de M. Esneaux renferme riiistoire des tems qui ont precede le regne de Ruric, et qu'il a extrai(e ou copiee , comme il en convient lui-meme, de Karamsin et de Levesque; un apercu de la mylliologie slave, iin essai sur les moeurs de ces tems antiques, un apercu sur I'origine des peuples russes, et enfin les regnes de Ruric, Oleg, Igor, Sviatoslaf, Vladimir et Sviatopolk. Nous bornerons notre critique a un seul point, parce qu'il pourra donner une idee de la manierc et du style de I'auteur. I>es chroniques de Nestor font foi que pUisieurs peuplades slaves appolerent des chefs Varegues pour les gouverner. Aucune circonstance explicative n'accompagne cette tradition. M. Esneaux discute long-tems le fait, et pretend prouver que' ces Var«!gues, loin d'avoir cede a ime invitation , prirent pos- session du pays comme conquerans. II rejette I'autorite des chroniques. « Si Nestor, dit-il, me conte un fait impossible ou absurde , je ne le croirai pas plus que 1' Alcoran , lorsque I'Alcoran, d'ailleurs rempli des meilleures choses, me soutient que Mithomet escamote les quartiers de la lune. » Nous ne pensons point, n'en deplaise a M. Esneaux, qu'il y ait parite dans ce rapproch* ment ; nous trouvons le fait digne de re- marque, mais nous ne le trouvons point absurde et impos- sible. Est-il done inadmissible que des tribus rivales et lasses de se combattre se soient soumises a des etrangers dont elles avaient peut-etre eprouve la moderation ? La moderation des Normands parait aussi inexplicable a M. Esneaux que les quartiers de la lune. J'avoue que je ne partage point cet exces de scepticisme. Quand les Normands faisaient des expeditions lointaines pour recueillir du butin , nul doutc qu'ils ne se piquaient point de paraitre moderes ; mais dans les pays voisins ou ils avaient I'intention de s'etablir, pourquoi n'au- raient-ils pas essaye de faire aimer lenr joug ? Et si plus tard les Varegues formerent exclusivement la garde du prince, et furent investis des emjilois, est-il absurde d'admcttre qu'on les ait appeles, parce qu'ils abuserent bientot du pouvoir qu'on SCIENCES MORALES. 475 leur avail confie ? M. Esneaux accorde aux peuplades sauvages un brevet de patrioUsme qu'il refuse aux nations civilisees : nous allons citer ses propres expressions. « Non , les peoples ne se donnent pas, mais ils se laissent donner ou prendre. Quel gou- vernement ou quelle faction pouvait donner les Slaves a des etrangers? Rien n'est plus facile quelquefois chez un peuple civilise; en une nuit opportune, quelque adroite coterie I'esca- mote , pour ainsi dire, et rarement il s'en fache. Quand le matin ses journaux lui disenl : c'est fait, il s'etonne un instant, et retourne a son travail ou a ses plaisirs, riant de I'aventure, et plaignant presque ses nouveaux mailres de la peine qu'ils vont avoir. Pour lui, qu'enveloppent tant de I'eseaux tendus sur le pays, la chose du monde la plus indifferente est le changement des gouvernans : que lui importe a qui il soit, pourvu qu'il porte son bat ? « Voila comme M. Esneaux entend I'histoire politique et philosophique. En general , sa critique est pen nourrie , et son style ou se choquent des allusions bizarres nous parait peu convenable a la dignite de I'histoire. C — n. i38. — * Histoire des Francois , par M. /. C. L. Simonde dk SiSMONDi, auleur de V Histoire des republiques italiennes, Paris, 1828; Treuttel et Wuriz , rue de Bourbon, n° 17; Strasbourg et Loudres , nieme maison de commerce. Tom. X, XI et XII. In-8° de i 20 feuilles ou 1920 pages ; prix , 24 f. : prix des neuf premiers volumes, 69 f. ( Voy. Rev. £nc., t. xxviii, pag. ySa et t, XXXII, pag. 346. J Un critique, aussi distingue par ses lumieres que par son ta- lent, a rendu compte, dans la Revue Encyclopedic/ue , des pre- miers volumes de cette histoire. En attendant qu'il analyse les livraisons qui ont paru depuis, nous nous bornerons aujour- d'hui a faire connaitre la matiere des tom. X , XI et XII qui viennent d'etre mis en vente. L'auteur y retrace les evenemens d'une periode de 94 annees, depuis I'avenement de Philippe de Valois jiisqn'a la mort de Charles VI. Tout se reunit pour faire de cette epoque unedes plus remarquables qu'offrent les annales des nations. Les discussions sur le droit d'heredite allument entre la France et I'Augleterre la guerre la plus acharnee; au desastre de Creci succede celui de Poitiers : un roi de France est prisonnier dans Londres. Bientot la fortune nous trahit en- core dans les plaines d'Azincourt; a la guerre efrangere se joint la guerre civile, et la sanglante querelle des Bourguignons et des Armagnacs, si fertile en spectacles dramatiques et en grandes lecons, acheve de desoler I'empire. De violentes commotions politiques, la Jacquerie, les projets des Maillotins, augmenteut encore ledesordre;unepeste de trois ans fait le tour del'Europe 3i. 476 LIVRES FRANCAIS. et enlevc a la France presdu tiers de ses habitans. An milieu de tantde calamites, de grands devoumcns s'accomplissent; Eus- tiiclie do Saint-Pierre et ses coinpaynons iiluslrent a jamais la chute de Calais; de grands caracteres s'clevent ; on voit briller tour a tourDu Gnesclin, le princeNoir, et d'autres hommes ener- giques , tcls que I'eveqne de Laon , et le prevot Marcel, que M. Sismondi defend centre les attaques de prcsque tous nos historicns, de Villarct, de Secousse, de Mezeray, de Pasquier et de Jean de Serres. On sent combien un pareil sujet habilcment traite doit cap- tiver lattentiou des lecteurs. A mesure que M. Sismondi avance dans son i^rand ouvrage , ses recits acquierent un nouveaudcgre d'iuteret.une importance nouvelle. La peintured'eveneniens plus rappi'oclu'S de nous devientphis instructive, etlos reflexions de I'habile historien peuvent s'appliquer plus facilement aux objets qui nous touchenl. Aussi attend-on avec impatience les douze volumes qu'il nous promet encore, et qui paraitront, comme les precedens, par livraisons suceessives. Du reste, M. Sismondi ayant divise sou sujet en grandesepoqucs, ehacune de ses livrai- sons pent etre consideree cumme formant un ouvrage separe, aussi bien que ['Histoire de In Ligiie , VHisloire de la Fronde, YHistoire dcs gucrres dc religion, etc. D — x. 1 3q. — * Histoire des rois et des dues de Brctagne ; par M. de Roujoux, ancien prefet. Paris, 1828 ; Ladvocat. L'ouvrage doit avoir 4 vol. in-8°. II en a deja paru deux ; prix, 7 fr. 5o c. le vol. Parmi les anciennes provinces de Fiance, la Bretagne est una de celles qui offrent une pliysionomie plus originale , et dont I'histoire presente le plus d'interet. Nous nous proposons d'exa- niiner ce livre avecquelqucs details ; en altendant nous devons dire qu'au premier coup d'oeil M. de Roujoux nous semble avoir iravaille en historien exact et laborieux ; il a puise aux sources et compare les aulorites ; les reflexions qu'il presente, danssa preface, sur les diflicultes de la tache qu'il a entreprise, montrent qu'il lesjuge en homme capable d'en triouipher. Le nom de I'auteur, connu par plusieurs ouvrages qui ontobtenu un succes merite, est d'ailleurs une garantic du talent qui re- eommande cette uouvelie production. M. A. i/,o. — * Histoire de la revolutiun francaisc , par M. A. TnibRS. Sec.ondc edition. T. I — I'V. Paris, 1828; Lecoinle; Alex. Mesnier. 4 vol. in-S". L'ouvrage enlier aura 10 volu- mes, dont la publication doit etre terminee a la fin de Janvier prochaiu; prix, 70 fr. « Ecce... iiij^ens opus ; quisqtiis atligerit , Piiii pleniis litlcis , sub onerc labetnr. •> (Pethok.) SCIENCES MORALES. 477 On peut appliquer avec justice cet airel: a I'liistoire de notre revolution, et avec justice declarer que M. Thiers, loin de succomber sous le fiux, I'a soutenu honorablcment jusqu'aii bout de la carriere. Ce siijet a souvent ete aborde ; niais si I'on cxcepte rexcellrnt Prc-cis de M. Mignc.t , il n'avait encore inspire que des manifcstcs o\\ la passion s'in^mole aveuglement la verite, et des annales dont la froideur n'est pas ton jours rachetee par une parfaite exactitude. En Iraitant notre histoire depuis I'aurore de la revolution jusqu'a la chute du directoire republicain, M. Thiers, narrateiir consciencieux et habile ecrivain, se montre aussi exerce a saisir le style pro|He a son sujet, que soigneiix de disccrner la lumiere de la verite au milieu des Incurs trompeuses qu'a fait, de part et d'auire , jaillir I'esprit de parti. La prcn)iere edition dc son ouvraj;e a obtenu im succes d'autant plus flattenr, que les recueils periodiques n'en ont presqiic point seconde la publicite. Loin de se reposer neanmoins, M. Thiers n'a songe qua en faire disparaitre les taches qu' aurait pu jr remarquer la critique. C'est ce qu'il a tente dans la nouvclle edition que nous annoncons aujour- d'hui, en nous proposant de consacrer bientot a cette pro- duction remarqnable, une analyse dont I'etendue reponde a son importance. Forts dc nos souvenirs, nous y releverons peut-etre quelques assertions qui nous semblcnt hasardees ; mais ce ne sera qu'avec la reserve que cnmmande son merite : nous exposerons notre opinion, le public jugcra. Quels que soient ses arrets, nous osons predire qn'il apprcciera dans 1 Histoire de la revolution frcuicaise un beau monument d'his- toire nationale, et dans Tauteur un citoyen qui honore son pays par son talent et par son caractere. Eu.iebe Salverte. ' ^ I- — * Histoire dc la guerre dans la Pcninsule et dans le midi d.e la France , depuis I'annee iSoj jiisqu'ii I'annee 181/,' ; publiee aLondres par IV. F. P. Napier, lieutenant colonel; traduction revue, corrigee et enrichie de notes par M. le lieutenant general comte Mathiea Dumas, auteur du Precis des cvencmens militaires. Tom. I et II; Paris, 1828; Treultei et AVurlz , rue de Bourbon n" 17; Strasbourg et Londres, nicme maison de commerce. In-S" de xv-495 et 374 pas. Prix, 7 fr. le volume. La guerre d'Espagne a long-tems occupe I'attention pn- blique; et cependant elle est en" general assez pen connne, du moins dans les details. Pour se rendre compte de cette lutte nationale, il ne suffit pas, comme dans I'etude des campagnes d'Allemagne on d'ltalie , de suivre la marche de deux grandes armees dont le choc sur \\n petit nombre de champs de bataille 47S LIVRES FRANC AIS. tixe bientol les deslins. Iri, plusieurs armees agissent simulta- nement sans agir toiijours de concert; chaque province est en quelque sorle le theatre d'une guerre particuliere, et les combats se multiplient sans rien decider, parce que derriere les troupes vaincues se trouve la nation tout entiere. Tracer de toulesces operatiflns diverses un tableau complet sans confu- sion , et faire sentir toiijours I'influence des unes sur les autres , etait une tache difficile a remplir. S'il faut juger de I'ouvrage d'apres les deux premiers volumes, M. Napier parait y avoir reussi. II a su mettre en oeuvre une foule de documens pre- cieux, et montre une sagacite peu commune dans I'examen critique des mouvemens militaires. Le tome second conduit le Ifcteur jusqu'ii la bataille de la Corogne on peril sir John Moore. Lorsque les autres livraisons auront paru, nous con- sacrerons une analyse a cette histoire vraiment remarquable. Nous croyons devoir des a present engager le traducteur u soigner un peu son style , souvent trop neglige. J. R. 1/(2. — * Histoire de Napoleon ; par M. de Norvins. Paris , 1827 et 1828; Ambroise Dupont, rue Vivienne, n° 16. 4 vol. in-8° ornes de portraiis , vignettes, cartes et plans ; prix, 48 fr. Avant que cet important ouvrage fut termine , son succes etail deja decide. Nous en feronsincessamment I'objet d'une analyse; mais, en attendant, nous pouvonsdonnerauxediteursleseloges qu'ils meritent pour la beaute de I'exucntion typograpliique. Le soin qu'ils ont apporte k remplir et meme a depasser leurs promesses est assez rare pour qu'on leur en tienne compte , et on pent le citer en exemple. L'ouvrage est enriclii de portraits, de vignettes et de plans executes avec talent , et dont le nonibre depasse de beaucoup celui qui avait ete annonce. Cependant , il est encore plusieurs personnages ou acteurs principaux dans ce grand drame dont Napoleon est le heros, et dont il oonvient de joindre les portraits a ceux qui sont deja places dans l'ou- vrage. Cos portraits, au nombre de vingt-quatre , seront pu- blies en 6 livraisons ; deux ont paru ; le prix de chaque livrai- son est de a fr. Voici les noms des personnages dont les portraits composeront ce que les editeurs appellent illustrations dc V his- toire de Napoleon : Kellerniann , Jourdan , Le/ebcre , Gouvion- Saint-Cjr, Mucdonald , M artier, Fictor, Moncey, Soult , Brune , Gerard, Suchet , Ponialowshy, Bcrtlticr, Murat , Eugene , Ber- nadotte , Drouot , Mange , Corvisart , Bertram! , Fouc/ie , Tal- leyrand, Bassano. 145. — * Histoire generalcdc Napoleon Bonaparte , de sa vie privee et publiquc , de sa carriere politique et mi lit aire , de son SCIENCES MORALES. 479 goufernernent et de son administration ; par J.-C. Thibaudeau. Paris, 1827-1828; Jules Reiiouard , rue de Tournon , n° 6. 6 vol. in-S" out deja paru ; pi ix , 42 fr. Depuis que la posterite e' , est un etablissement sans modele comme sans imitaleurs ; car les di- ■verses ecoles qui portent ce nom dans quelques capitales de I'Europe ne peuvent lui etre comparecs sous aucun rapport. Fille de notre siecle , cetle institution est un des plus puissans moyens qu'un grand elat puisse employer pour accelerer le developpement de la raison humaine. Elle doit interesser a double litre, et par les nobles souvenirs qu'elle ra|)pelle, et par les progres rapides qu'elle a iait fairc anx seieuc(;s phy- siques et matbematiques, et aux arts de coustruction. Les aca- demiciens , les militaires, les ingenieurs, les professcurs et les aulres hommes honorablcs qui ont puise leurs connaissances les plus solides a cette source feconde, ne seronl done pas les SCIENCES MORALES.— LITTERATURE. 48 1 seals qui lironf avec intcret I'liistoire de cette belle institution. Le lecteur, jaloiix dc connaitre son origine, ses modifications succcssives, les rt'siiltats si precieux et si varies cju'ellc a pro- diiits depuis trente-qiiatre ans qu'eile cxiste, trouvora dans cet ouvrage la severite convcnablc a tm pareil snjet, la conscience d'un liistorien ami dc la verite, et le talent d'cxposilion neces- saire pour clnsser des matieres diverses, et pour presenter le tableau des discussions qu'eile a fait naitre avec niethode, pre- cision et nettete. Le livie de M. Fourcy sera I'objet d'une ana- lyse dans un dc rios prochains cahiers, et ce devoir sera doux a remplir par un ancien elcve dc I'ecole , qui acquittera en meme tenis la dette de la reconnaissance. Ad. Gondinet. i/nG. — Des Grecs , des Tares ct de fes/vit public eiirnpecn , opuscule de 1821 , par M. L.-C.-D. B. Paris, iSscS; Jules Re- nouard. In-8° dc xxxii-17/i pages; J^rix, 3 U\ 7$ c. Cet ecrit est, comme le litre I'indique, d'une date deja an- cienne. II fut compose par I'auteur a Livourne, au niois de juillet 1821, et adresse par lui a M. le comte Capo d'Istria , chez lequel il etait bien sur, des celte epoque , de rencontrer des vocux et des esperances favorables a la cause dont il entre- prenait lui-meme la defense. Quoique pliisieurs des points d- viie discutes dans cet opuscide aient etc dcpnis souveraine- ment juges par le bon sens enropecn , le talent avec ioqucl iis sont traites par I'auteur en renouvclle I'interet. On reconnait lu , en voyant I'avcnir justifier toutes les sages previsions de I'au- teur, couibien une grande sincerite de vues, un sentiment pro- fond de ce qui est du a rhumanite , sont desormais utiles pour eclairer la politique et la diplomatic. Ce rnemoire, oCi sont rappeles les priiicipes invariables sur Icsquels se fonde la ci- vilisation moderne, et qui doivent triomr)hcr tot ou tard , fut, a I'epoque 011 I'auteur Tenvoya en Russie , un grand service rendu ii la cause des Grecs pour laquelle on se bat aujourd'hui, apres avoir vu quelque terns en eiix des jacobins et des car- bonari !... II place M. L.-C.-D. B. au rang des premiers defen- seurs de cette noble et malheureuse nation. P. A. D. Litterature. i!\']. — Slifjidotechnie , ou I'Arl d'enseigncr a lire en vingt oa trcnte Icr.ons d'une heure clincune, au moyen de I'analyse des sons do la parole; par M.J"-J'>MoNTEMONT. Paris, ib28;Chau- merot. In- 12 de 12 et 72 pag. ; prix, 2 fr. On n'entend parler maintenant que de mc'thodes pour aj) • prendre a lire rn un petit nombre d'heures; ces methodes sont 48a LIVRES FRANCAIS. prcsqiie toujours appuyees de niemoires et d'att.estations qui reiicherissent encore sur les promesses de rinveiiteur. Mais on a, dans ces rapports de complaisance, si sonvent et si cruelle- nient abuse de la crednlite publique, que riiomme sage doit siispendre son jugement jnsqu'a ce que dcs faits incontestables lui pronveut que ces melliodes ne sont pas seulement de vaines theories. Ces faits me manqiient : ainsi, sans prononcer sur la valeur de la methode de M. ftlontemont, je ferai seulement connaitre son ouvrage. II le divise en deux parties : la premiere traite de la decomposition des mots en syllabes, et des syllabes en articulations et en voix ; la seconde contient des exercices de prononcialion sur tout ce qui fait exception aux regies gene- rales, Ces regies sont resumees, dans la premiere partie, en trois tableaux contenant : i° les articulations et les voix prin- cipales et serviles (i) ; i° les syllabes elementaires resultant de la reunion de ces articulations avec nos cinq voyellcs; 3° les alliances de consonnes et les contractions de voyelles. C'est sur la distinction enoncee dans le premier tableau que I'auteur fonde ses regies de lecture: il n'est pas douteux qu'en niettant de I'ordre dans cette premiere etude, il n'obtienne des resultats avantageux, et n'abrege ainsi le tems que Ton consacre d'ordi- naire a I'epellation ; mais ces resultats ne seront que partiels , d'abord parce que la division est tout-a fait arbitraire, et beau- coup moinsque cellesde Beauzee et M. deDestutt de Tracy fon- dee sur la nature de I'organe voctil ; ensuite paice que notre ecriturepresentetantd'irregularitesqu'aucune regie ne pour rait les comprendre toutes sans se detruire cUe-meme. La seule chose qui puisse rendre la lecture evidemmeut facile et prompte, c'est une refornic complete, sinon dans notre ecriture, du moins dans notre systeme d'orthographe , reforme demandee dans tons les tems par la raison, et obtenue petit a petit , malgre la routine et les plaisanteries delicates des predecesseurs du mar- cliand de papier de la Qtiotidienne. Esperous que la Societe grammalicale , qui s'occupe de ce travail, le completera de maniere a satisfaire toutes les exigences. Jusque la, il est bien (i) M. Montemont dit qu'il tire de la langue hebraJique cette divi- sion des lettres ; cela n'cst pas exact; les lettres en hebreu soiitradi- cales oil serviles : les radicales sont cellesqui n'appartiennent qu'a la racine des roots ; les serviles , celles qui determinent les diverses mo- difications de genre, de nombre, de cas , de personnes , etc. Cette division en hebreu n'est done utile que quant a la syntaxe, et ii'a au- cun rapport avec la lecture, dont I'ouvrage de M. Montemont doit j'occuper exclusiveraent. LITTERATURE. 485 difficile que celui qui a I'habitude de I'enseignement vole dans les promesses exagei'ees qu'on lui fait depuis peu , autre chose que du charlatanisme : il est juste, au resfe, d'absoudre en- tierement M. Montcmont de ce dernier roproche; car, en de- mandant vingt ou trenle lecons d'une lieure, ct en reconnais- sant, par la bouche d'un rapporteur de la Societe de la morale chreticnne de Marseille, que chaque eleve ne recoit guere que dix minutes de lecon de suite, il avoue que sa mcthode exige de cent vingt a cent quatre-vingts seances, qui, en supposant deux lecons par jour, et en reduisant le mois a vingt jours d'etude, ferment au moins trois mois, terns encore fort court, si on le compare a ce qui s'est fait jusqu'a ce jour ; mais I'ordre suivi par I'auteur explique I'avantage qu'il obtient. B. J. 7 48. — Nouvelle methode pour apprcndre a lire sans epcler , par J. Bebian , instituteur de sourds-muets , auteur du Manuel d'enseignement pratique. Paris , 1828; I'auteur, rue des Beaux- Arts, n" i5, et Sautelet. In-4" avec planches lithographiees; prix, 12 fr. L'attention du public eclaire est depuis quelque terns excitee par diverses tentatives qui ont ete faites dans le but de perfec- tionner, c'est-a-dire de rendre moins penible et plus prompte la premiere de toutes les instructions, la lecture. MM. Jacotot, Mialle et Lafforc ont chacun invente une methode qu'ils ap- pliquent, a ce qu'il parait, avec succes. M. Bebian, dont le nom est honorablement connu par ses travaux sur I'instruction des sourds-muets, a voulu offrir aussi son tribut a I'enfance. Je ne connais point les precedes employes par ses devanciers dans la meme carriere, et je ne puis, par consequent , les comparer avec la methode de M. Bebian ; mais, apres un cxameu attentif, je nie crois fonde a pouvoir declarer que celle-ci offre de grands avantages. Ce qu'elle a d'ingenieux surtout, c'est d'ap- prendre en meme tems a I'enfant les elemens de deux arts qui sent en general successifs pour lui, la lecture et I'ecriture. Voici en quoi consiste cette methode : dans une serie de ta- bleaux sont presentees successivement les differentes lettres, simples ou doubles, qui concourent a former les sons ou syllabes. Chaque lettre est, pour ainsi dire, incorporee dans la figure d'un objet choisi precisement de telle sorte qu'il puisse a peu pres rendre sa forme. Ainsi, par exemple, Vorange est pour I'O, le serpent pour S. L'auteur fait dessiner chacune de ces figures a I'eleve et lui en apprend le nom, qui a toujourspouriuitiale, comme ceuxqueje viens deciter, la lettre qu'il s'agit d'apprendre. II est clair qu'en desiinant la figure, I'eleve s'exerce i reconnaitre la forme de la lettre; maintenant, 484 LtVRES FRANCAIS. le niaitre , en lui faisant prononcer le nom qui y est attache, lui fait graducllcmcnt detaclur I'initiale dii reste du mot, O... RANGE, S...EKPENT, dc iiianioro qu'il linissc |)ar ne plus faire entendre que le son dc la voyellc, on le sifflcment, de la COU'- Sonne; le reste du iiiot etant terinine a voix basse. Apros avoir renouvele plusieurs lois cet exercice , « nous lui monlrons, dit M. Bebian lui meme (p. i3), avec one baguette la lettre A ; il la prononce. Nous lui apprenons a prolouger le son jusqu'a ce qvu! la baguette, en quittant cette lettre, se porte sur une des consonnes qu'il a etudiees et qu'il prononce de suite A... R. En portant plusieurs fois, et toujours plus rapidement, la baguette d'une lettre a I'autre, nous finissons par oblenir AR d'une seule emission de voix. Nous passons alors aux combi- naisous o/", ir, oir, etc., qui ne presentent aucuue noiivelle difliculte. » Ceci suffit pour douner une idee des principes sur lesquels se fonde la niethode de M. Bebian; entre autres appli- cations qu'il en a faites, il cite (p. 19, note 7.) un enfant de cinq ans qui, opres quinzc Iccons , s'est troiwe en etat d'ecrire tons Ics mots qui luietaient dictes, et de surmonter dc nomhreuses dijficultes de lecture qui lui furcnt proposcex en presence de MM. LAROMiGtJiERE, JuLLiEN , Bally. Uh tcl resultat est sans doute fort remarquable et bien propre a faire regarder la methode conimc un nouvean titre acquis par M. Bebian a I'estime et a la reconnaissance publiques. P. A. D.... 149. — * Histoire generale de I' art dramaiique, suivie d'H« Essai liltcraire sur MoUcrc et An poem c dramaiique d'Halidon- Hill; par sir f Falter Scott:. Paris, 1828; Ch. Gosselin. 2 vol. in-i2 de vii-276 et 283 pages; prix, 6 f. Halidon-Hdl est moins un drame qu'uue chronique sous la forme dramatique; et, comme le remarque son editeur francais, ce poeme, public en 1812, parait etre le prenwer essai d'un genre de composition que les auteurs des Barricades et de la Jaquerie ont reccniment mis en grande faveur parmi nous. Le talent de Walter Scott pour peindre les moeurs sauvages de I'an- cienne Ecosse etriieroisme barbare du moyen age se retrouve tout entier dans cette production, trop peu etcndue pour avoir cte remarquee, et qui se pcrd an milieu de la volumineuse col- lection du fecond ecrivain. Dans les deux volumes que nous annoncons, on a tres-eonvenablement fait preceder les scenes d'Halidon-Hiil de deux morceaux de critique qui se vapportent an theatre. Le premier , qui est extrait de la grande Encyclo- pedic britanniqae et vient d'etre reimprime a part en Augle- terre, contient !'>histoire de I'art dramatique cliez les ancicns et chcz les modernes. C'est une exposition rapide, o^cessairement LITTERATURE. 485 un pen siiperficielle , mais claire, precise, juste. On y suivra surtuut avec interet le tableau des diverses cpoques de !a scene anglaise, tableau sur lequel I'auteur a du s'arreter avec quclque preference. Vhisloire de la vie et des ouvrages de Molicre, par M. Taschereau ( voy. Rev. Enc. , t. xxxviii , p. 758) , a servi de texte au second morceau qu'il nous reste a annoncer, et qui vrai- semblahlement, car I'editeur ne nous en dit rien, a ete ecril pour quelqu'une des revues anglaises. Ce qu'il y a de plus reniar- quable dans cet essai, c'est Tenthousiasme de I'auteur pour le genie de Moliere, qu'il place, comme pourrait le faire notrc orgueil national , a la tete des coiniques de tous les pays et de tons les tems. Walter Scott avait deja montre, dans sa Notice sur Lesage, cette impartialite , rare au-dela du detroit, et qui, autant que son bon sens et son esprit, est propre a honorer sa critique. H. P. i5o. — * Chefs-d'oeuvre du theatre indien, traduits de I'ori- ginal Sanscrit en anglais, par M. H.~H. Wilson, secretaire de la Societe asiatique du Bengnle , etc. , et de I'anglais en francais par M. J. Langlois, inembre de la Societe asiatique de Paris, etc. ; accompagnes de Notes et A' Eclaircisseniens , et suivis d'une Table alphabetique des noms propres et des lermes reiatifs a la mythologie et aux usages de I'lnde , avec leur explication. Paris, 1828; Dondey-Dupre, pere et fds. 2 vol. in-8° dei.xxxvii-376 et 480 pages; prix , i5 fr. Depuis la publication de Sacountata , par ff. Jones, qui vint apprendre a I'Occident qu'une litterature dramatique avait exisle sur les botds dn Gange, a une epoque peut-etre cou- teinporaine de Sophocfe et de Seneque, la curiosite du public litteraire s'etait vainement tenue eveillee ]JOHr atlendre des notions plus |irecises sur cette source de richesses originales. Les travaux de MM. Taylor et Colcbrooke se rapportaient bien, ilestvrai, a cette branche nouvelle de la litterature; niais ces savans n'avaieut pas pour but principal de faire connaitre le theatre indien. La traduction du Lever de la tune de C Intelli- gence, par le premier, donne plus de renseignemcns sur la me ta physique que sur I'art dramatique des peuples de I'lnde ; et M. Colebrooke avait envisage son sujet specialenient sous le rapport de la jirosodie sanscrile el pracrite. M. fVilson, qui etait deja connu du monde savant par sa traduction du Nuage messager et des Annates de Cachcmir et par son edition du Dictionnaire sanserif, a done rendu un veritable service aux lettres, en s'attachant a reproduire aussi cxactement que pos- sible dans une langue europeenne ces monumens peu connus, racme dans les contrees qui les ont produits. TSous rendrons 485 LIVRES FRANC AIS. compte plus tard d'une maniere etendue des deux volumes que nous ne faisons qu'annoncer aujourd'hui. lis contiennent six pieces : le Chariot d'cnfaiit, drame en dix actes, qu'on pourrait nommer avec plus de raiaon la Courtisanc amoureuse ; le Herns et la Nyniphe , drame en cinq actes; le Manage par surprise, drame en dix actes; Suite de I'histoire de Rama, drame en sept actes; V Anneaa da niinistre ^ drame en sept actes; le Collier, drame en quatre actes. On voit deja que les Indiens ne se sont point assujetis aux regies que s'itaient imposees les Grecs; quatre, cinq, sept ou dix actes, ils s'embarrassent pen du nombre. Dans les details, plus de difference encore et d'ori- f^inalite; leur nature poetique n'est point telle oo telle nature de convention prise dans rimaginatiou du poete; ils peigncnt la vie veelle, conime tout le monde la voit, et nous pensons, avec M. Schlegel, qu'on peut les c'asser dans I'ecole dite ro- mantique. Cependant, I'unite de tems et de lieu est, en general, assez lidelement conservee. Du reste , qu'on n'espere point trouver dans ces drames I'interet (jui s'attache a une intrigue bien liee, a des caracteres bien traces: les moeurs qu'ils peignent, les croyances qu'ils rappellent, sont trop loin de notre caractere europeen, de nos idees religicuses et ile notre organisation sociale. Mais c'est precisement cette difference qui doit faire naitre une autre espece d'interet. Ces drames apparticnnent a I'histoire de I'art dramatique; ils fornient un dcgre de I'echelle qu'il a du parcourir pour arriver des essais jnformes de Thespis aux sublimes compositions d'Euripide et de Racine. lis pourront donner aussi quelques lumieres sur le caractere et la civilisation ue ces peoples qui dorment depuis tant de sieclcs dans cette mollesse du corps et de I'esprit qui semble etre une des necessites de ce climat enchanteur sous lequel la vie s'ecoule cnmme un reve. A. P. i5i. — * Repertoire du theatre dc Madame. Paris, 1828; Baudouin freres. 5o livraisons in-32 ; prix de la livraison con- tenant une piece , i fr. Parmi nos theatres secondaires , il n'en est aucun qui , des son origine , ait plus obtenu et niieux merite la faveur du pu- blic que le theatre de Madame. Si , d'un cote , le talent de quelques acteurs distingues contribuait a repandre sur les pieces de son repertoire un charme peu commun , de I'autre , un ecrivain original imprimait aux productions , dont il enri- ehissail la scene de son adoption, un cachet de nouveaute qui devait seduire les amis de I'art dramatique , chasses de la plupart denos theatres paries rigueurs de la censure ou par la mediocrite desesperante de la foule obscure des imitateurs. LITTfiRATURE. 487 C'est u M. Scribe et aux spirituals collaborateurs qui s'asso- cierent a ses nombreuses compositions , que le Gymnase dra- matique dut siirtout ses prompts et heureux succes. Michel et Christine , I'Hcritiere , la Haine cV une femmc , le Charlatunisme , la Mansarde dcs artistes , le Mariage de raison , et une foule d'aiitres comedies pleines d'observations lines el piqitentes, riches de saillies brillantes et vives, assurerent la fortune du theatre et la reputation d'un auteur qui eut quelquefois le tort de tenter des genres dont les proportions ne convenaient point a son esprit et a son talent, mais qui conservera certai- nement iin rang distingue parnii les ecrivains dont s'honore la scene francaise. Apres avoir vu les pieces dont nous avons cite les litres , embellies par les prestiges de la representation et par le jeu des Goniier, des Ferville , des Perlet , des Ber- nard-Leon , de M'"" Theodore et de la charmante Jenny Vertpre , on eprouvera encore un plaisir tres-vif en les lisant dans le repos du cabinet. Car, si Ton a pu reprocher a M. Scribe nn langage quelquefois pretentieux et maniere qui ne laisse pas que d'avoir en certain air de famille avec le style de Mari- veaux , dont, soit dit en passant , on a peut-etre beaucoup trop exagcre les defauts ; si encore on retrouve de terns en tenis dans ses oeuvres des sujets de comedies, ou des motifs de scenes empnmtes a d'audcs auteurs et surtout a celui des Proverbcs dramatujues , ]M. Theodore Leclercq , on ne peut nier que son theatre n'offre une galerie infiniment varieedes moeurs du jour, dont la peinture n'est denuee ni de grace ni de verite. Le public saura done gre a MM. Baudouin de Ini offrir cette collection de cinquante comedies , ou Ton remarque , a cote des chefs-d'oeuvre du theatre de Madame, qnelques pieces empvunlees aux repertoires du Vaudeville et des Varietes , entre autres le Comte Ory et le Solliciteur , ou Ton reconnait aussi la louche de M. Scribe. «. i52. — La Hierodie , ou Recueil de poesies chretiennes extraites des meilleurs auteurs qui aient ecrit svir la religion. Caen, 1 828 ; Poisson et Mancel. In- 1 2 de xii et 468 p.; prix, 5 fr. C'est sans doute une bonne idee que celle de faire un recueil de poesies chretiennes; mais ce genre, par cela nieme qu'il est serieux et qu'il s'occupe peu des choses sensibles , est plus expose que tout autre a ennuyer les lectcurs. II fallait done etre d'autant plus rigoureux dans le choix des pieces, que la poesie metaphysique est plus fatigante. Ce choix n'a pas ete fait avec assez de discernemcnt et de soin. Si Ton voit avec plaisir quehjues extraits des poetes du premier ordre comme Malherhcy Racine, J.-B. Rousseau, ou des poetes secondaires 488 LIVRES FRANC AIS. comme Gilbert, Malfildtrc , Racine fils , on eprouve un invin- cible dugout , en rotombant sur los vets pi osaiqiies des noni- breux rimeurs mis a conliibution pour completer les quatre cent cinquante pages de cc volume. B. J. 1 53. — * Poesies , par A. Bignan. Paris, 1828; Louis Janet, rue Saint-Jacques, no 5g. In-18 dc 337 psgt's; P'i-"'' ^ ^''- ^" '^■ Co recueil se divise en cinq parties : les odes, les poemes, les elegies, les epitres, et les poemes lyriques. Dans la pre- miere , nous avons remarque la Sulamiie , les Deux mourans et la eampngne de Russie ; dans la seconde, le Lepreux , Judith et Ic Dcvodment des niedceins francciis ; dans la troisieme, le jcune Israelite , Ponipeia , le Colysee et le golfe de Naples ; dans la qualrieme, les epitres sur le Duel et sur I'abolilion de la Traitc des noirs ; enfin dans le cinquieme, Venise, le siege de Lyon en 1793, et Napoleon, ou le Glaive, le Terns et le Tom- beau. (Voy. Rev. Enc, t. xxix, p. 714-735.) La plupart de ces pieces ont ele jCOuronnees par nos diverges academies. Le re- cutil de M. Bignan sera prochainement I'objet d'un examen detaille. Z. i54. ■ — Almanack dedie aux Dames, pour I'annee 1829. Paris, 1828; Lefuel. In-18 de 190 pag., avec un frontispice grave et six gravures ; prix, 4 fr. broclie. i55. — Hommai^e aux Dames. Paris, 1828; L. Janet. In-18 de 1C4 pag. , avec un frontispice grave et six gravures ; prix, 3 fr. 5o c. 1 56. — Jlmanach dedie aux Demoiselles. Paris, 1828; le meme. In-18 de i63 pages, avec un frontispice grave et six gravures ; prix, 3 fr. 5o c. iS^. — Le Petit Moissonneur des Theatres. Paris, 1828; Lefuei. In-i8 de 192 p., avec gravures coloriees ; prix, 4 fr. i58. — Voyage pittoresquc ct romantiqne sur la cheminee ; par M. Bkes. Paris, 1828; L. Janet. In-18 de 166 pages, avec gravures ; piix, 5 fr. Voici venir I'epoque du renouvellement de I'aunee, du I'e- nouvellement des sermens, des protestations d'amour, d'amitie, de devouinent,*et avec ellc celle des cadeaux, parmi lesquels les bonbons et les almanachs se disputent la preference. Deja celiii *n Gouffe, Brazier, DuMEESA>"etBERA>"GER.!Nous y voyons aussi M. le comtc de Secur : il vient, en chaatant, raconter son Histoire, qui, nous I'esperons, n'est pas encore ferminee. M. Creuze de Lessert chante V Jmntir et Ic Dtable avec esprit, inais nou point avec autant de gaiete que semble I'exiger le litre de sa chanson. Parmi les poetes qui n'ont pas eru deroger en publiant dans un cliansnnnifr des productions inspirees par la trisfesse, on trouve MM. Vieillard, Pain, Saint-Valry, d'Arlincourt , Charles Nodier , Champein, Lnitis GoERiN , etc. M. Charles Malo a concouru a rendre sion recueil agreable en publiant quelques-unes de f,es produc- tions; il faut aussi lui savoir gre d'avoir mis en musique le Chant de la Nourrice , romance chci'alcresqiie par M. Nodier, dont le style bizarrement golliique avait besoin qu'on se souvint d'un des proverbes crees par Figaro. Le groupe poetique dont nous venons de faire I'examen rcnferme quelques dames, parmi Icsquelles nous remarquons ]M""^s p^ Qexlis, Desbordes-Val- MORE, Amahle Tastu, de Plancy et miss Pitman, qui a reuni le tribiit des muses anglaises a ceux de noire parnasse en com- posant la musique d'une ballade: intitulee Tlie cottage Girl. On frouve rarement IM. de Chateaubriakd parmi les chanson- niers : loutefois il figure dans le nonveau recueil, oii il nous offrc le Chant da Montagnard emigre y connu depuis plus de trente ans , mais dont la lecture est loujours agreable. Bres. i6o. — Le Diable philosophe , ou Adieux aux jesuites ; par Ch. Massas. Paris, 182b; imprimerie de Busseuil. In-8" de 16 pages. Le poete suppose que le diable, au moment de I'expul- sion des jesuites de France, les cngige, s'ils veulent rester parmi nous, a le prendre pour modele, et Iracant son ])or- trait , il leur fait une excelienle Iccon de morale. Celte idee froide et fausse n'a inspire que des vers bien faibles. <*. 161. — * Voyage sentimental r/e Sterne; traduction nou- velle, par M. Moreau-Christophe , avocat ; ornee du portrait de Sterne , et accompagnee de Notes historiqiies , critiques et lit- teraires. Paris, 1828; J. G. Dentu, rue du Colombier. In-iS; prix , 4 fr. Combien d'hommes d'e«prit ont fait de mauvaises imitations 32. /,92 LIVRES FRANCAIS. des reveries sentimeiitales do Sicrno! Toiites ii'ont scrvi qij'a rendre plus eclatant le mc-ritc de ce singulicr ccrivain. Un sciil homme, mais qui, jc pciisc, no cluncliait pas a imiter, I'aii- teur dii Voyage aiitour de ma chambrc , s'est place non loin do Sterne, dont il nic senil)lc avoir traduil le caractere en francais. — Je suis loin de ladniiratiun fanatiqiie de cot vVni^lais, qui offralt une giiiuee pariigne h ceini (]ui liii apporterait iine paji;c incdite de Sterne. Ses Sermons me paraissent a peine aii-dessus dn mediocre; ses Lcttrcs h'ont pas, a mes yenx, un fort grand merite ; mais Tristram Shandy, et snrlout Ic Voyage sentimental , niesemblent de veritablcschefs-d'ceuvre, si Ton pent; donnei- ce nom ;"i des ouvragcs qu'on croirait ecrits sans nuUe application et sans nul effort. Tons les critiques, je le sals, ne sont pas, de cet avis. — Walter Scott entre autres traite fort mal Sterne , I'accuse de plagiat, d'affectation et de Lien d'autres choscs encore que je craindrais de repetor, tant elles me semblent approchcr du blaspheme : la lecture d'un seul chapitre de Sterne suffit pour I'absoudre entierement dans mon esprit de toutes ces accusations. Nous avions deux traductions du Sentimental Journey ;V une , de Fresnay, 1769; I'autre, deM. P. Crassous,i^o[\. La premiere n'est, comme le dit M. Moreau-Christophe, qu'une parodie de I'original; quant a la seconde elle ne me paraitpas aussi impar- faitequ'il lepense. Je reconnaltrai pourtant volontiersquecelle de M. Moreau-Christophe estbien superieure , quoiqu'il me fut facile d'indiquer quelqiies passages on il s'est , a mpn avis , ecarte de la pensee de Sterne. Mais le Voyage sentimentalist un ouvrage moh beaucoup d'expressions n'ont pas de valeur absolue, surtout dans une languc differente, et dont le sens n'est pas exactenient iletermine, mais varieselon Torganisaiion et la maniere de scn- tir du lecteur. Mcs critiques ne pourraient done s'appuyer sur ancune base fixe, et je lee abandonne avec plaislr pour louer sans restriction la purete et I'elegance du style de M. Moreau- Christophe, qui temoigne une defiance excessive de ses forces et de son merite. Sa traduction est plcine de verve et de couleur; les notes qu'il a placees a la fin du volume prouventqu'il possede une instruction profonde et vai ite , el je pense que le public ac- cneillera favorableraenl un ouvrage qui lui est presente avec une insouciance tres-peu paternelle. La vie de Sterne e'^t generalc- ment peu connue en France; et pourtant on doit eire curieux de savoir ce que fut dansle monde cct homme qui nous a initios, pour ainsi dire, a sa vie intime : j'aurais desire que M. Morcau eut place au nioius \\u abrege de son histoiro en let<; de sa tra- duction, ct cut donne dans ses notes plus de developpemcns aux LITTERATURE. /.O? extraits deTO/Zwde Davis qui conccinentSterue.M.WALCKENAER [Biogr. de Michaud , t. 43, ) lui aurait fourni c!e bons materiaux, ainsi que le livrc du doctcur Ferriar, dc Manchester , intitule : Essai ct eclaircisscmcns sur les outrages de Sterne. On doit sou- haiter qii'il repare cette omission dans les editions subsequentes que son excellente traduction ne pent manquer d'obtenir. A. P. i6a. — Le Chef da Mont, ou les Contemporalns de Briinc- haiil , romanbistoi-iqiie du vi<^ siecle; parM. Emde *****, ancien eleve de I'Efole polytechnique. Paris, 1828; Gossclin. 4 vol. in- 12 de 208 a 236 pages; prix , 12 fr. Le Chef du Mont est encore un de ces personnages qui , apres avoir disparu des recits de I'histoire, reprenuent une vie mysterieuse sous la plume des romanciers. Le poete anglais Soulhey est, je crois , le premier qui ait employe ce moyeu d'exciter I'interet dans son poeme de Roderic , dernier roi des Goths f dont le trop famenx Solitaire n'cst qu'une faible imi- tation. Cette fois c'est Gondebaud , fils de Clolaire L' , dont I'auteur du roman nouveau a juge a propos de prolonger I'existence apres la catastrophe qui le livra au pouvoir de Gon- trau. Cet auteur parait avoir fait une elude assez profonde des lois , des institutions et des moeurs de I'epoque qu'i! a voulu retracer. Les Grecs , les Francs deja chretiens , les Gaulois en- core idolatres, figurent tour a tour ou ensemb'e dans ses re- cits, oil il a cherche a mettre en presence les interets et les opinions de ces diverses races. II y est parvenu avec quelque succes : il est toutefois a regretter qu'une action trop compli- quee repande de I'obscurite et de la froidcur dans pliisieurs parties de I'ouvrage. L'interet, souvent pret a naitre , se irouve ainsi comme suspendu , et ne devient vifque vers le denoii- ment. Le style est presque toujours correct et elegant; niais il manque de cette originalite et de cet abandon qui donnent la vie aux peintures du ron)ancier. Ch. i63. — Lc Fils du mcunier ; premiere parlie : le Siege de Rouen (chroniques du terns de la Iralile , il a ob- tenu le creur de Marion Charpentier, fdle d'un riche marchand de Paris; cet amour I'a eloigne des cabarets et des mauvaises habitudes contractees au milieu de scs grossiers compagnons de danger et de pillage, et commence meme a faire naitre dans son esprit de seiieuscs reflexions sur les honeurs donl il est ie teraoin et sur la religion dont les jesuitcs et les ligneurs abusent avec tant d'elfrouterie etde cruaule. Le veritable heros de cette premieie parlie est le colonel Pehu de La Mothe, qui , apres bien des vicissitudes , apres I'nssassinat du frere de sa maitresse dont il est injustement accuse, apres avoir joiii du privilege de la ^tT^tf de Saint-Romain , epouse enfin Marguerite Duhallot, ancicnne amie de la belle dame de Saint-Bris. 11 est bon de dire que la fierle de Saint-Romain donnait tous les ans la liberte au plus grand crimine! que contenaient les prisons de Rouen , et cela par lacondescendance suptrslitieuse des magistrats et du peuple pour une vieille legende qu'on pent lire dans le romau. C'est au roi Henri IV qu'est duel'abolitionde cette pratique. En general, M.Mortonval parait avoir etudieavecsoinl'histoire de I'epoqne dont il essaie de reproduire les traits; il cite meme souvent les ehroniques particulieiesde la ville de Rouen. II pos- sedennautre nierite, c'est d'inlcresservivemcnt les tecteurs; mais peut-etre son pinceau n'a-l-il ])asasscz de vigueiir pour la jjcin- ture d'un terns ou les grands crimes etaient aussi communs que les grandes vertus , on I'habitude de la guerre et de ses hasards, et la vehemence des opinions religieusescommuniquaient a tous les caracteres une force et uneauclace quine se renrontrent plus dans les terns de calme et de paisible soumission aux idees recues. Tontcf'ois, certains passages de ce roman, qnelqucs autres du premier ouvrage de M. Mortonval , Ic comle de Villnmnyor, an- noncent chez cet auteur nn esprit original qui ne manque ni de grace, ni denergie, toutes les fois qu'il prend librement sou essor. Nous cilerons, parmi les chapitres i\\y Sie^e dc Rouen qui nous ont paru porter plus evidemment le cachet du talent, ceux qui sont intitules : les Portraits de fa in die , la Lettre , la Deli- vrance. Enfin, nous ne craignons pas d'etre desavoues en pla- 9ant M. Mortonval parmi les plus lieureux imitateurs francais de Waller Scott, et en liii promettant le premier rang, si , plus LITTERATURE. — BEAUX-ARTS. 49^ conHant dans ses propres forces, il s'abandonne plus souvent aux inspirations d'une verve brillante et bardie. a. Beaux- Arts. 164- — * Description des monumcns musidinans da cabinet dc M. le due dc Blacas ; par M. R.einaud , employe au cabinet des mannscrits orienlaiix de la bibliotbeque dn roi, membre de la Societe asiatique, etc. Paris, 1828; imprimerie royale; librairie orienrale de Dondey-Dupre. 2 vol. in-8" avec planches; prix , 18 fr. , et 3o fr. papier velin. Il est rare que Ton ait a reprocher aux auteiirs de donner au public bien plus que ne promettait le titre de leurs ou- vrages ; et M. Reinaud doit s'applaudir de meriter ce reprocbe. Non seulement son livre contient un traite general des pierres gravces musulmaues, tres-complet, ct une description detailiee des monumens de ce genre, precieux ct rares , recueillis par un riche amateur; mais, ce qui interessera certainement un bien plus grand nombre de lecteurs, on y trouve des notices aussi neuves que substantielles sur tous les personuages dont ces monumens offrent les noms. Parmi ces notices, on distin- guera surtout une vie de Mahomet, tres-diffcrente de toutes celies qui ont ete publiees jusqu'a ce jour : c'est I'histoire exacte de I'origine et des progres dc I'etablissement de I'islamisme dans I'Orient; de cette religion qui, apres s'etre repandue dans les deux plus anciennes parties du mondc, aurait peut-etre, sans une grande victoire, envahi I'Europe el detruit a jamais le christianisme. Je conseillerais volontiers a I'auteur de pu- blicr separement cette Vie dc Maliomct , qui formerait bien, a eile seule, un volume. On ne lira pas avec moins de proQt et de satisfaction tout ce que I'auteur a reuni de renseignemens sur les opinions, les moeurs, les usages et la vie privee des musulmnns. Je puis assurer que nulle part ailleurs on ne recueillera de notions plus exactcs sur des peuples que les circonstances poliliques de I'epoque nous imposent Ic devoir de bien connaitre. C'est aux veritables sources, dans les manuscrits orientaux, que I'auteur a puisc les materiaux de lout son ouvrage : ses cop- naissances dans les langucs de I'Orient, et la place qu'il oc- cupe a la bibliotbeque du roi, lui donnaient a eet egard tout<.'s facilites. Aussi releve-t-il une foule d'erreurs , de fausses opi- nions emisespar des voyageurs et des historiens, on Irompeurs ou trompes. Un ouvrage si important et si utile ne pent etre sufilsamment A96 LITRES I'RANCAIS. appivcic dans qiieKi»ios liLincs : je lue reserve d'on faire I'objol (I'liii plus long L'xauieu. Am. D — l. i65. — * Description tic Id rnllcction ties Medai/les de feu M. Ai.LiF.R DE H.vuTF.Rocnr. , ineiiibre de rAcadc'niie de Mar- seille, et ancion consul an Levant; avec des Notes orcheolo- giqucs , par BL Dumersan, dn cabinet des niedailles de la Bibliotheque du loi. Paris, 1829 (1828); M. Midy d'Ennenil, propiietaire de la collection, rue de I'Echiquier, n° 4 ; Debure freres, libraircs, rue Serpente. ^1-4° avec 16 planches gravees contenant pres de 400 mcdailles; prix, i5 fr. Celte collection, formce par (en M. Allier de Hauteroche, dans scs voyages en Grece et en Egypte, se nionte a qnatre mille pieces d'unc tres-belle conservation, la plnpart rares et parmi lesquelles il y en a beaucoup d'inedites. La description iuteressante que public en ce moment M. Dumersan a pour but de la faire connaitre aux amateurs de numismatique, avant qu'elle ne sorte da France , si elle est acquise par quelque cabinet etranger. Nous ne pouvons qu'exprimer le desir de voir acquerir, pour le riche cabinet duroi, ce fresor amasse par un Francais qui a passe trente ans de sa vie a I'augmenter et a rillustrer par ses savantes recherches. Nous avons con- sacre a M. de Hauteroche un article necrologique (voy- lie*'- Enc., t. xxxvi, p. 837, decembre 1827 ), dans lequel nous avons fait connaitre les dispositions testamentaires par lesquelles il a temoigne son zele pour la science et son amour pour son pays. Son dernier vceu serait rcmpli, si son nom se trouvait associe a ceux des Pellerin et des Dennery, dont les belles suites de niedailles on* enriclii le cabinet de France. Quel que suit maintenant le sort de la collection de M. Allier de Hauteroche, la publication qu'en a faite M. Dumersan lui assigne une place parmi les cabinets celeb.-es que sc plairont i\ cite> les numismatistes. Les medailles sont classees dans I'ordre uie- thodique adopte aujourd'hui dans tous les cabinets, et acconi- pagnees de Notes sur quelques points curieux de geographic, d'histoire et de chronologic, autant que I'ont permis h. I'au- teur les bornes dans lesquelles ii a ete oblige de se circonscrirc. Cette collection, qui par sa grande valcur et I'inleret qu'elle offre a la science, pent convenir a un cabinet royal, est main- tenant en vente, et on pent la voir chez les heritiers de M. Allier de Hauteroche : mais la description en est faite de nianiere que, sans I'avoir vue, il est facile a toule personne versee dans la numismatique de I'apprecier complctement. N. 166. — * Choix des plus belles flenrs prises dans differciites futnilles du regno vegetal , ct de quelques branches des plus beau.i BEAUX-ARTS. —OUVR. P^RIODIQUES. 497 fruits , gronpees quclquefois, et soiivcnt animees par des in- sectes et des papillons, gravees , irapriniees en couleur, et retoiicliecs an pinceau avcc un soiii qui doit !ej)on(lie de !eur perfection; |>ar P.-7. Redoute, peinlre et profcsseiir d'ico- nographie an Musee d'histoire naturelle , 4®> 5*^, 6"=, 7®, 8", 9" et 10'' livraisons. Paris , 1 828 ; I'auteur, rue de Seine, n° 6 , et Panckoucke, rue des Poitevins , 11° i4- 7 cahicrs in-4", contenant chacun 4 planches; prix du cahier, 12 fr. Loi's de la publication des trcis premieres livraisons de oet ouvrage ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxvi , p. 202 ) , nous avons paye a I'auteur le tribut de louanges du a son beau talent. Les livrai- sons que nous anno!)cons n'ont pas trompe I'esperance que les premieres avaient fait concevoir. Dans la riche collection placee sous uos yeux , uous remarquons principalement uue branche de cerisier garnie de feuilles et de fruits, la rose jaune, le narcissc , une branche de pommicr en fleurs , le camellia panache; la rose a cent feuilles, humide de rosee, et sur la- quelle un beau papillon vient butiner; le laurier-rose, la ja- cinthe blanclie, le liscron tricolor , la tubereuse et bien d'autres encore. Chacune de ces plantes meriterait d'obtenir une men- tion particuliere. OE. Oiivragcs ph'iodiques. 167. — * Journal dc Caen et de la Normandie , paraissaut les jeudi et les dimanches. — Ou souscrit a Caen , chez Chalopin , rue Froide. Prix de I'abonnement , 5 fr. pour trois mois ; 10 fr. pour six mois; 20 fr. pour un an. Les journaux se multiplient dans les deparlemens qui for- maient I'ancienne Normandie; c'est une preuve qu'on y lit davantage, et que la masse de la population s'eclaire de plus en plus. Le journal que nous annon^ons a commence a paraitre au mois de mai dernier; il s'occupe surtout de maticres litte- raires et scientifiques, et rend compte avec exactitude des travaux des diverses societes savantes que renfernie la ville de Caen , des representations dramatiques qui s'y donnent , des principaux ouvrages qui pai'aissent , soit a Paris , soit en Nor- mandie ; il confient de plus des articles originaux sur differens sojets, ecrits souvent avec esprit et talent. Nous avons re- marque (N" 62, 6 noveml)re 1828) de fort jolis couplets sur la chanson de Bt ranger, intitulee la Cojnete de i832; un long article de I'un des derniers numeros nous parait susceptible de quclques reflexions de notre part. L'auteur s'etonne et s'af- flige de voir aussi peu de Normands dans les rangs de I'adnii- nistration; i! pretend que d'autres parties de la France four- /,98 LIVRES FRANCAIS. nissent en plus grand nonibrc aux listes ministeriellcs dos piefets, des receveurs-gc'inTaiix , etc. En supposant que cette disproportion cxistat, la Norniandie devrait s'en (eliciter; car ce qui inlt'-resso un departement, ce n'est point tant d'augmen- ter Ic nombre de ceiix qui vivent sur le budget , que d'avoir moins de marais, de landos , dc tcrres incultes ; moiiis dc men- dians, plus de fabriques ct plus d'aisance dans toutes les classes. Ici , rorgunil est non-seulemcnt pardonnable, il est louabic , lorsqu'il produit rt'mulalion. A. P. 168. — * Le Propagateiir, journal du Pas-dc-Calais , con- sacre aux matiercs poUtiques et litteraires, au couuiierce el a I'agriculture, a paru a Arras Ic i5 novembre, et sera publie deux fois par semaine. Prix pour I'arrondissement d'Arras , 6 fr. par triniestre ; pour Ic dehors, 7 fr. Si retablissement d'un journal libre est un bienfait pour tons les deparlcmcns, la creation de celui que nous annon- cons sera eminenuncnt utile et feconde en resullats. Le dc- partement da Pas de-Calais , considerable par sa population, ses contributions , ses deux villes maritimes et par ses aiitres richesses statistiques, manquait d'un ressort qui aninuit son Industrie et son commerce, et qu'il trouvera desorniais dans la publicile. La ville de Boulogne comjite trois journaux speciaux, et Calais en a un, tandis que Saint-Omcr , la se- condc ville de I'ancien Artois et aujourd'hui le chef-lieu judiciaire du departement, est reduit a une simple feuille d'annonces. Les villes de B ethane , Saint-Pol et Montrcuil, chefs-lieux d'arrondissement, elaient prlvees aussi de toute presse periodiipie, consacree aux bcsoins dc leiirs localites. Get etat de torpeur morale avait inspire, il y a quelques mois, a deux mcmbres du barreau de Saint-Omer, la pensee d'un journal admini'itratif, commercial , politique et liltrrairc , dont \e prospectus wovxfi fut communique, niais qui n'a p>i se realiser, par le retour iuopine a Paris dc I'un des deux associes. C'est ce projet qui vicnt d'etre repris en quelque sorte a Arras; et peut-eire vaut-il mieux qu'un semblable journal soit publie au chef-lieu du departement, d'ou il sera comme un p/iare , qui repandra la lumiere de plus haut. Le Propagalear du Pas- de-Calais justifie ainsi son titre : « Repandre tons les genres de connaissances utiles, tons les sentiniens patriofiques et :iio- raux ; faire tombcn- les barrieres qui separent encore trop les differentes classes de ciloyens; dissiper par \a propagation des }umicres les prejuges de I'ignorance ; combattre I'arbitraire ; faire aimer et respecter les lois, tel est le but que les redactturs fie ce journal se sont propose d'atteindrc et qu'ils sc font OUTRAGES PERIODIQUES. 499 gloire d'avouer. » La Revue Encyclopedique reclame aussi le rnerilc d'avoir .nppele par ses voeux la midtiplication des joiirnaiix dans Ics departeniens, coinme un principe de vie sociale, et comme un lien de coirespon dance et iin moyen d'emidation entre les provinces et la capitale. Le redacteur gerant du Propagateur est I'un des collaboiateurs de la Revue, et c'est ainsi qn'elle a deja fourni plusieurs oiwiiers a divers etablissemens d'lUilile publique. On pent esperer qn'un journal entrepris dans les plus nobles intentions accomplira digne- ment la mission qu'il s'est donnee. Honneur en soit rendu, comme un encouragement, a ses deux fondateurs, MM. Hnrlc fils et Come de Brillcmont , qui ont deja propage dans le Pas- de-Calais plus d'une Industrie, et qui, en eaiployant si utile- ment leurs capitaux, ennoblissent la ricliesse et la font sym- pathiser avec la prosperite publique ! P-R. 169. — Gaceta de Bayona , periodica , politico , etc. — Gazet'e de Bayonne, journal politique, litteraire et industriel, parais- sant tous les trois jours. On souscrit a Paris, chez M. Seguin , rue de Clery, n° 9, et a Bayonne, chez BI. R. Barandiaran, rue Mayou. Prix de I'abonnement, 8 fr. par trimestre; 16 fr. pour six mois; 82 fr. pour I'annee. Le titre de cette feuiile iudique les matieres dont elle s'oc- cupe. Ses nouvelles polisiques lui viennent des journaux de Madrid et de ceux de Paris. Nous lisons, dans la partie litte- raire ( N" du 7 novembre ), I'annouce d'une publication interessante qui se fait a Madrid, chez Esciibano, rue des Carretas : c'est la Collection des chrjs-d'oeuvre du theatre espngnol, depuis Lope de Vega, jusqu'a Caiiizares, c'est-a-dire deptiis les trenie dernieres annecs du xvi" sii'cle, jusqu'aux trente dernieres annees du xviii". C'est la premiere entreprise de ce genre qui ait ete faite pour reunir les bons ouvrages perdus dans I'immensile du repertoire dramalique des Espagnols. Nous desirons vivement que la Gazette de Bayonne^ dcstinee a se repandre en Espagne, y propage le gout de I'inslruction, ct surtout des arts industriels, qui seuls pourraient donner a ce malheureux pajs un moyen de sortir pen ii pen de sa profonde misere. Les numcros que nous avons sous les yeux sont ecrits avec clarte et correction. Quant aux opinions politiques des redactcurs , elles sont de nature a ne porter aucun ombrage au parti qui domine dans la Peninsule; un fait, dont on nous garantit la verite, suffira pour le prouver. Le gouvernement cs- pagnol , ayant appris qu'un journal en langue nationale se publiai t en France, crut devoir prendre des mesures prudentes poiu' rempecher d'inlroduire sur le territoire classique du cathol's ^'oo LIVRES FRANCAIS. cisme le vcnia des manvaises doctrines dout on le supposait imbii : il fiit prohibc a I'entree. Mais la lecture dos pieniiers nuincios dctroinpa les ccnseurs de Madrid, qui se haterenl de fairc rc'voqucr celte proliibilioii. A. P. Livres en langues vlran-^eres imprimes en France. 170. — * A Cnmnienlary on the Memoirs of Theobald Jf^'olfc Tone, etc. — Commentaire sur les Memoires de TheobnUl tVolfe Tone, major general au service de la republiciiie francaise, dans lequel on examine et Ion discute la question de savuir si rirlande est moralement et physiquement en etat de soiitenir son independancc comiiie nation ; par le colonel Philijij)e Roche-Fermoy. Paris, 1828; Bobee, Amyot el Triichy. Im-8" de 212 pages; prix, 4 f*"- Tout le uioiide oonnait la fin malheureuse du patriote irlan- dais Theobald Wolfe Tone, Tanii de Carnot, de Hoche et de Rilmaine. Piis a bord du vaisseau le Hoche, sur la cote d'lr- laiule, reconnii parnii les prisonniers fiancais, et denouce par sir Georges Hill, son ancien camarade de college, il Tut arrele, traduit devant line commission niiiil;tire, et condamm; a etre pendu, comme traitre. Mais Tone ecliappa au supplice cruel qui lui etait destine, en se donnant lui-meme la mort. Le general Tone n'a pas sculciiieut legue a la posterite le souvenir de ses patrioti(|ues efforts pour laffranchissemeut de son pays, il a aiissi laisse des Memoires que son fds vient de publier aux Etats-Unis, et ou I'liistorien puisera des rcnsei- gnemens precieux sur Tinteressautc epoque qui en fait le su- jet. Tone assure que ITrlande etait eii etat de maintenir son in- dependancc ; niais il reslait a prouver par des fails que ce n'etait pas li une simple assertion. C'est ce que M. le colonel de Fernioy a entrepris dans cet ouvrage; et, si nous ne sonimes pas toujours de son avis sur les nioyeus qu'il croit propres a assurer lindependance iriandaise, sans le secours d'une puis- sance amie, telle que la Fance ou les Etats-Unis, nous conve- nous du moins avec lui que I'lrlaiide possedc des ressources suffisantes pour defendrc sa liberie, lorsquielle I'aura conquise. M. Fermoy a eu I'ingenieuse idee de comparer I'lrlamie a une place forte uaturelle, oecupee par nne garnison plus que suffisante pour sa defense, et qui jouit urnir quel(|ues bonnes informations; enlin, que les curieux materiaux dont vous parlez, (;omme etant en votre possession, soient rendus publics le plus lot possible : ainsi (jue je lespere, nous jouirons bientot des documens rapportes, dil-on, par k nomine Lander, domeslique de C!ap[)erton; et alors je ne serai jjas le dernier a fain; valoir le merite de cette nouvelle vietime des sciences. Permettez-moi, monsieur, d'ajouler ici une reflexion : si j'avais eu k faire la liste des Europeens (jui nut atteint la villo de Touibouctou, je n'aurais pas oublie plnsienrs individus qui paraissent I'avoir visitee, et peut-etre auiais-je menie fait mention de Kubnt Adaim;, quoique son voyage soit revoqne eu AFRIQUE. — EUROPE. 5o7 doute, chose siir laquelle, vous le savez, les avis sont parfages. M. Delaporte egalement n'aurait pas mauqiu'! de les citer, si tel eiit ete son but; mais son intention elait seulement d'anuoncer riieiireux retour du voyageur, apres avoir traverse le grand desert: ce qui n'est ariive ni a Horncmaiin , ni a Par/,, ni a Oiuhief, ni a I'iufortune Lain^, ni a taut d'autres deplorables victinu's. II nie reste, monsieur, a me feliciter de I'occasion que vous m'avez offerte de vous exprinier mes verionr 100, et les ventes s'en font a un an, avec demi pour 100 d'escompte. Cette marchandise est soigneuse- ment emballee dans des feuilles de plomb enveloppees d'une pcau, de sorte qu'elle ne puisse contracter I'odeur des corps qui I'environnent. Le the que les Russes transportent par terre a une grande snperiorite sur celui des Anglais, qui, dans le trajet qu'il fait sur nier, ne pent ctre isole de maniere a se trou- ver garanti dc I'inflnence des cxhalaisons salines dc I'Ocean. Get objet de consommation est devenu en Russie, en quelqnc sorte , un article de premiere neccssite ; et Ton pent mcme dire cpie son usage a exerce sur la basse classe un effet salntaire, attendii que, depuis qu'elle I'emploie, elle a commence a cesser de se livrer a I'abus des liqueurs fortes. C'est vers I'annee i653 que les Siberiens ct les Boukhres commencerent a conduire des caravanes a travers la Tatarie (i) Les raschivi-s sont des bateaux pontes ayant une quille et un gouvcrnail. Ces bateaux marcheiit mieux que les barques , dont la plupart sont egalenient pontics, niais ils tirent jusqu'a a arcliines ^ (I'aichine a 718 millim.) Elles out ordinaireuient onze sag^nes (la sa- f;ene de a metres i54 millim.) de longueur sur 7 de qiuHc et 4 de arge , et coutent i5oo roubles, el, munies de leuis agrcs, 5 ou 6,otK>. RUSSIE. 5n chinoise jii-iqn'a Pekii). lis y poiiaicnt iles toiirnircs, qu'ils echani;eaieiU coiitre de Tor, tie I'argent, des piencs prccieiises, des c-toffes et dii the. L'arrogancc de ccs marchands ft leiir mau- vaise conduite leiir fcrmert-nt ensuite I'entree de la Chine, tt ils se virent reduits a trafiquer stir les fronlieres. En i(j8y , h« Russie fit avec la Ciiine ini traite de commerce qui rc^-ut line Cc'iraine extension en 1712, tors de I'ambassade de Laurent Lange, envoye a la Ciiine ])ar Pierre le-Giand. Cetle bianche de commerce se consolida et se regiilarisa sons les regnes sui- vans. On dislingtie les thes t\f famille par les noms des proprie- taires et des fabricans, et il existe dans le commerce plus de deux cents de ccs families qui jonissent d(! plus ou moins de vogue, selon la qnalitt; des maichanrlises qu'elles fotiinissent. Dans le commerce actuel, on remarque, dans les qualites ordi- naires, le mnwukonc , le hnloun/.') , le vansountcho , le kuKhous- sirif , \e sc/iitichoitafin , le soumtchene ^ le sioufatcltene , etc.; et, dans les fleurs de the, on dislingue les nonis de mnioiiknne-tioume, kalonnko - [uintsinc , vnnsoniicho - kouine , hokhoussine - mniiine , sounitrftene - koanlinne , sioiifatchene- liantsinc et iioufatcliene- same , etc. De petites parties d« the d'ane qualile superfine se vendeni dans des caisses vernies pesant a pen pies 3o livres, el que Ton paie jusqu'a 55o roubles ( 55o fr. ). Pour s'assurer de la qualite dii the, on [>erce le tsibik ou I'outre qui le renferme nxec une sonde creiise qui en re- tire une peiile ipiantite : I'essayeur ip;i a I'odorat exerce decide tout de suite de la bonne ou mauvaise qualile de la niarchandise. Les plus forfes maisons qui font ce commerce soiit elablies a Moscou, et ont a Kiakhta des comptoirs charges de faire des echanges avec les marchands chinois. Ces derniers , qui ont souvent recours a la fraiide, ont imagine, depuis qiielques annees, d'augmenter la tare de celte niarchandise en donnant une plus forte epaisseur aux feuiiles de plomb qui I'enve- loppent. Comme on n'apporte annuellement a la foire de Nijui-Novjjo- rod que la quantite calculee sur la consommation , les prix se soutiennent. A la derniere foire (1827), les prix se sont etabiis de la maniere >;uivante : 1° Le the ordinaire, de aSo a 240 roubles le tsibik, contcnaut generalement 55 livres, poids do Russie; 2° le the de famille, noir, de 45o a 475 roubles le tsibik, de 60 a 65 livres; '6" la fleur de the de famille, de 55o a 65o roubles le tsibik , de 5o a 55 livres ; 4" le the vert perie, i» 4^0 roubles ie tsibik, contenant six caisses du poids de 9 liv. 5i2 EUROPE. ct dcniie chaciine; 5° eritin, le ihij en briques s'est vcndu de ii5 a 120 roubles le tsibik. Celte derniere espece de the ii'est achetee que par les Kalmouks et d'autres peuples nomades , qui rinfusent dans du petit-lait do jument. (ExUait du Bulle- tin da Noid, cahier d'avril 182b, p. 4i2-/iiG.) E. H. ALLEMAGNE. Prusse. — Berlin. — Congres des physiciens et des natura- listcs dans ccttc capitale, le iS scptcmbre 1828. — Honncur an j^ouvernenient prussien qui a iiou-seulemcnt permis , mais fa- vorise cette reunion de savans! Honneur a la nation allemandc qui , la premiere , concut le projet de ces asserabiees, qui en fit les premiers essais , et dont I'heureuse perseverance a sur- monte tons les obstacles! Ce paisible congres des sciences na- turelles tenait , cette annee, sa septieme session : mais, en raison du nonibre des savans reunis et de I'importance des objets dont i!s se sont occupes, on pent dater de cette annee rexislenco influente de cette assemblee : I'Europe n'y etait pas encore complttcment representee; la Grece n'avait point en - voye sa deputation. Mais avant que la nation grecque rege- neree prenne son rang dans la republique des lettres, il faut que la politique ait marque sa place dans les congres des puis- sances europeennes. On a remarqueaussi I'absence des deputes du Nouveau Monde; une premiere assemblee ne pent guere ctre aussi reguiiere que celles qui vienuent apres quelques epreuves , lorsqtie rinslilution est en pleine aetivite. On pcnse bien quo le nombre des represenlans de chaque nation ins- truite n'elait nullement en raison des richesses intellectuelles, ni du nombre des savans; Berlin sen\ avail 197 uiandataires; le reste de la Prusse, 127; la Saxc , 3i ; la Btwiere , 12; le Honovre , 7 ; le royaume de fVurtemberg , 3 ; les autres Etats de la Confederation germaniqae , parmi lesquels il parait que Ton a confondu la Suisae , <\\x\ a. donne elle-meme le premier exemple de reunions scientifiques et periodiques du meme genre, 53; les Etats autrichiens , un seul. Les deputations des autres contrees de I'Europe etaient reparties de la nianiere suivante : la Suede avait envoye 12 savans, le Danemark , 7; la Polognr , 5; la Russie , 2, ainsi (pie VJngleterre , la Hol- landc, la France; la Norvege n'avait qu'un seul depute, non plus que Naples : le re^te de Vltalie n'avait pris aucune part i\ ce mouvement inusite, et dont sans doute les savans de Flo- rence, de Turin, etc. ne furent pas assez promptenneut avcrtis. Au reste, les mots deputation, deputes, representation, ecu- ALLEMAGNE. — SUISSE. Sii gres , n'onl ici aiicune analot^ie avec le sens qu'ils recoivent en politique : chaciin dcs savans reunis a Berlin ne tenait sa mis- sion que de lui-menie ; ven.iit qui voulait, et tons ecus qui se presentaient etaient bieu recus. Coinme les sciences niedicales sent une pnrtie considerable des sciences nalurelles, ptesqiie tons les medecins de Berlin se sont trouves a rassemblee; il en est Venn aussi plusieurs des differens Etats de X Alkinagne , ainsi que de la Prusse. Le nonibre total des savans reunis etait 467, dont 324 prussiens, 109 allemands , et 34 des autres parties de I'Europe. M. Alexandre de Humboldt , president , a ouverl et ferme la session : dans son discours d'ouverturc il s'est attache a faire connaitre le but de rassemblee, a indiquer exactement ce qui distingue les nouvelles reunions de savans, le bien qu'elles |)euvenl operer, leur influence sur la decouverte et la propagation des verites utiles. Le discours de cloture nous ap- prend que la 8« session du congres est convoquee , pour I'annee prochaine , a Heidelberg ; que M. de Humboldt sera privc du plaisir d'y assister, parce qu'a cette meme epoque il visitera le continent asiatique , et se trouvera probablement au milieu de la Siberie. M. de Humboldt, en terminant son discours, a etc I'organe de la reconnaissance de I'assemblee envers le souve- rain , dont la bienveillance I'a secondee en tout ce qui pouvait rendre le sejour de Berlin plus agreable a chacun de ses membres, et plus utile pour le progres des sciences. La session n'a ete que d'une semaine , mais bien remplie, et qui ne sera pas omise dans I'histoire des sciences. Des lec- tures interessantes reunissaient tons les savans en seance pu- blique : les comites occupaient le reste de la journee , et c'etaif* la que Ton discutait, que Ton s'eclairait mutuellement , que les opinions se rapprochaient. Uastronomie, la geographic , la chimie , la rtiineralogie , \a botaniquc , \a zoologie , Vanatomie, la phjsiologie et la inedecine avaient chacune leur comitc. Quelques discours ont ete iniprinies , entre autres le prenaier de M. DE Humboldt, et un Memoire de M. Reinwardt, de Leyde , sur les caracteres du regnc vegetal dans TArchipel in- dien. Esperons que le public ne sera pas prive des Memoires lus par MM. OErsted, Bebzelius, Oren de Jena, Puscu de Varsnvie , Gloerer de Breslau , Hoffmann de Eallc , Keilhau de CItristiania , Martius , auquel on est redcvable d'une grande partie de ce que Ton sait sur le Eresil , etc. N. SUISSE. Legislation. — Le 16 aout dernier, la commission chargce 5i4 EUROPE. de rox;imen du projet de code ju'rial militaire pour les regimens capitulcs en France, a fail iin rapport dans leqiiel, outre piu- sieurs modifications el cliani^cmens de redaction, elle propose I'abolilion de la peine du baton, en se fondant parliculiere- nient sur I'opinion pul)lique a ce snjet , ct sur I'aversion cjn'on eprouve en Vrance pour ee genre de [iunition. Les aiitres |)ro- positious de la commission tendiMit, en general, a adoucir les chatimens, a limiter la peine capitale , el a assurer le recours a la grace du roi , dans le cas de sentence de mort. La dis- cussion dans la diete a etc favorable a ces propositions, pres- que sans condition. Le depute du canton de Bali; desirait que la revision du code Suisse fiit ajouruee jusqu'au uiomont ou le code francais serait revu. Le depute des Grisons ne voulait prendre les nouvelles dispositions qu'a I'essai, ct pour un tcrme de deux ou trois ans. Vingt voix ont acccpte le projet; sur ce nombre, dix deputes se sont reserves la ralilication , (]u'ils ont ete invites a envoyer avant la fin de I'aunee. Le depute de Geneve a pris la discussion ad rcfercaduni, et ceiui de Neu- chatel a refuse d'ime niauiere absolue. — On ne pent qii'ap- plaudir a la decision de la diete; elle n'etait pasreclamec seu- lement par I'opinion publique , niais encore par I'humanite qui repoussail ime coutume barbarc et cruelle. A^. P. Genkve. — ^tatUtique ; population. — Nous empruntous aux Nouvelles annalcs dps voyages ct des sciences gcographicfues les observations suivantes sur la duree moyenne de la vie des ha- bilans de Geneve, depuis 260 ans. A. P. Duree moyenne. — 1 8 ans 5 mois. — 23 ans 5 mois. — 32 ans 8 mois. — 33 ans 7 mois. — 38 ans G mois. De i8i5 k 1826. — 38 ans 10 mois. Cette progression nous parait tout-a-fait remarquable, et fournil une preiive imposante en faveur des avantages crois- sans de la civilisation qui ameliore la sante publique, et pro- cure a la fois a loutes les classes de la societe plus de liberie , d'aisance et de bien-etre, et plus de moyens de prolonger la vie. ITALIE. Turin. — Academic royale des sciences. — Cette Academic propose un prix de Goo fr. pourle meilleur travail general ou ])articnlier relatif a I'liistoire naturelle des Etats du roi de De i56o c\ 1600. De l60£ a 1700. De 1701 a 1760. De 1761 a 1800. De 1801 a i8i4. ITALIE. — GRtCE. 5i5 Sardaigne; les ouvrages envoyes au concours devront etre adresses, avaiit le i" mars 1829, a S. Exc. le comte Balbk, president de I'Academie, ou a M. le professeiir Carena , secre- taire perpetuel. — Societe economique de Chiavari. — Si I'ltalie avait un point central auqiiel pussent aboutir les travaux d'une multitude d'associalions scientifiques eparses sur son territoire, on ne saurait se dissimuler loute rinflucnce qu'elle exercerait sur les progres de la civilisation; mais I'etat d'isoiemcnt dans Icquel se Irouvent la plupart des Academies italiennes nous derobe la connaissance de leurs travaux , et quelqncfois nieme Icur existence. Nous citerons entre aulres la Societe economique de Chiavari, dignc d'etre offerte pour exemple a nos Societes departementales. Instituee en 1791, elle diit suspcndre ses travaux en 1799; et reorganisee en 180G, elie n'a cessci de prospercr sous les divers gouvernemens qui out rei^i la Liguric. Non contente de diriger son influence sur lout ce qui pent favoriser ra^'riculiiue, les arts ct I'industric, cette Societe a cree une bibiiotheque coniposee de plus de G,ooo vo- lumes. En 1819, ciie a fonde un asiie pour les orphelincs delaissees ; en 1820, elie a onvert deux ecoles , I'une d'ar- chitecture, et I'autre d'ornemcnt. Enlln, chaque annee elle fait une exjiositiou des jjroduils de I'industrie locale, ct ceux- ci, au moyen d'une loterie legalemeut constituee, trouvent un debouche facile et propre a encourager les productcurs. — Exposition iiidustriellc. — Une loi rendue par S. M. le roi de Sardaigne ordonne qu'i! sera fait, tons les Irois ans, une exposition pubiique des produits de I'industrie agricole et coin- merciale de ses Etat^. Celte exposition aura lieu sous les auspices de la Cliauibre d'agriculture et de commerce de Turin , chargee de distribuer trois medailles d'or , dix medaiiles d'argent, et un nombre indetermine de medailles de bronze a ccux des exposans qu'elle en aura juges digues. BONAFOUS. GRECE. EciTfE. — On a imprime dans cette ville la traduction en grec moderne du Cntechisme d'economie politique de BI. J.-B. Say; et le traducteur, M. G Chrtsedes, a dedie son ouvrage a S. E. le president Capo d'Istria, qui vcut que la Greee ndu- velle partieipe a tons les avantages que les lumieres modernes promettent aux nations. Necrologie. — Andre-l^Jaxinulicn Broclio ( le comte ) na- quit a Rceamati, le 3i mai 1788. II se distiugua, dans ses pre- 5i6 EUROPE. micros etudes, par ses siicccs dans les sciences niath<''mali(]ucs ct dans la litteraturc grccquc. A vinjijt ans, il eutra commc volontaire dans la garde du vice-roi d'ltalie, d'ou il passa dans le corps des chasseurs italiens. La dworation de la Lej^ion- d'Honneiir fut la recompense de sa belle condiiite a Smozinsko. A Malojaroslavetz, il fut convert de blessures, laisse pour niort sur le champ de bataille, ct fait prisonnier par les Riisses, qui le condnisirent en Siberie. Rendu .'i la liberie, i! courut se ranger sous les drapeaux de Murat, et se distingua particu- lierement au siege de Gaete. Le comte Broglio se retira, apres la guerre, dans la maison paternelle, qu'il ne tarda point <\ quitter pour faire un long voyage. II parcourut la mer Egee et ■ I'Asie mineure , visita Constantinople, et revint par le nord. II s'arreta a Varsovie, et epousa dans cctte ville la conitesse Ed- wige SuLMiENSRi, qu'il amena danssa patrie en 1820. Du sein de sa retraile, il stiivait d'un ceil sympathique les efforts de la Grece. En 1827, il ceda au desir qu'il nourrissait depuis long- terns, et alia joindrele corps du general Church, qui le nomnia major de cavalerie et I'attacha k I'etat major general de rarniee. II ne ful pasassez heureux pour servir long-tems la noble cause qu'il avaitenibrassce,ct pourctretemoin de son triomphc. Lea"^ mai 1828, un boulet I'atteignit mortellement, au moment ou il s'elan^ait, avec le bataillon des phiihellenes, a I'assaut d'Ana- lolico. Le general Church, en annoncant sa mort a sa famille, s'exprimait en ces termes : « II est mort en heros...; il ne nous reste de lui que son exemple a imiler en versant notre sang pour la cause sainte de la Grece et de la liberie. » I. ESPAGNE. Gibraltar. — Notice sur f eruption de la fievre jaunc dans cette ville (i). — Dans les derniers jours du raois d'aout dernier , le navire suedois le Digden, venant de la Havane, mouilla dans la bale de Gibraltar : il avail ele repousse des ports de Cadix et de Malaga, parce qu'il avail la fievre jauneason bord, etqu'une !>arti(' de son equipage avail succombe a cette maladie. Nean- inoins, pendant le cours de la quarantaine qui lui ful imposee a Gibraltar, il obtinl la permission de debarquer sa cargaison; ce (jui ne pouvait se faire sans des communications perilleuscs. (i) Cette Notice, redigee d'apres les documens officicls esi)agiiois et anglais, a etc coiiiiimniquee a V Academic des Sciences , dans sa seauce (Ju 20 ocfobie dernier. ESPAGNE. 5i7 Le3 septembrejOnappritaCadixqu'ime majadied'un carac- leie pctuiciciix avail eclatc dans le quarlier de Gibraltar avoi- siuant les casernes. I-es rcnseignemens que sc prociira le general coniteGuniN, commandant Ics troupes francaises qui occupaient la place, firent rcconnaitre la fievrej.iutie. Aussitot la jiinte sa- nitaire, pour prevcnir rintroduction de cette maladie dans la ville de Cadix, interdit toute commiuiication par terre et par mer avec Gibraltar. Les juntes de Tarifa, de Saint-Roch et d'Al- gesiras avaient deja pris les memes niesures. Cependant, jusqu'alors la raaladie n'avait fait encore que pen de progres; mais hnmediatcment apres I'arrivee des fre- yates bresiliennes qui amenaient la jeune reine de Portugal , la curiosile que fit naitre cet evenement ayant reuni dans les licux publics une multitude de personnes , la fievrc jaune se propaj:;ea rapidcment. Le 6 , le gouverncur de Gibraltar, d'apres I'avis de la junte , qui dcclara que la maladie etait transmissible, publia un ban pour engager les habitans a contribuer de tons leurs moyens a rcndre efficaces les mesures prises par I'autorite pour tenter d'arreter la propagation de ce flcau. Deja le quartier on la maladie s'etait d'abord manifestee avait eteseparedu i'este de la ville; scs habitans avaient ete campes hors des portes, du cofe de la terre ferme, et les malades avaient etc envoyes dans des hopitaux speciaux. Des moyens de desitifection avaient ete adoptes par I'autorite, et employes sans retard dans loutes les maisons atteintes par I'epidemie. Aussitot des mesures sanitaires, pour prevenir I'introducfion de la fievre jaune par les voyageurs ou par les marchandises qui pourraient en Iransmettre le gernie, furent mises a exe- cution ])ar toutes les juntes de I'Andalousie. Les licux qui , comme le port Sainte-Marie, n'ont ni lazaret, ni autre en- droit propi'c aux quarantaines, ont intercepte toute espece de comnumications maritimes. L'entree des navires provenantde Gibraltar ou des licux qui ont communique avecjcctte place, a ete interdite i Cadix , a Malaga et dans les autres ports de» I'Espagne meridionale. Un cordon de troupes empeche toute relation par terre avec Gibraltar. Seville a inteirompu les siennes avec les villes de la cote par une ligne de postes mi- litaires ; plusieurs de ses portes ont ete fermees, et Ton a etabli trois lazarets hors de son enceinte. Les precautions prises a Gibraltar pour rombattre les progresde la contagion paraissent avoir ete trop tardives Le i !} septembre, on comptait dans cette ville plus de cent personnes atteintes .i la fois de la fievre jaune ; sept avaient suceombe dans la journr e. 5i8 EUROPE. Dans les i8 joins siiivans, le nombre dcs malades parvint pro- gressivenicnt, nialgrc les convalescences et les deces, a GaS per- sonnes atleintes simiiltancnicnt; le nombre ties morts s'elevait alorsa oo par jour. Ainsi,dans ccttc courte periode, le nombre des inalades asextu|)lc, et ccliii des deces a lri])le seiilemcnt. Mais il faiu remarqucr qiw; les bulletins onicielsnecomprennent guere qnc les individiis trans|)ortes aiix bopitaux, et que la plus grande partie des habitans (|ui ont qiielque aisance et qui sont renfernies dans leurs ni.iisons parviennent a echapper, lors- qu'ils tonibent malades, a la surveillance deraulorite publiqno. En examinant les nombres que presentent ces bulletins, on reoonnait : i'' quil peril un nialade sur trente, ce rjui est dix fois moins que dans les grandes irruptions dela (ievre jauneaux Antilles; d'oii Ton pent indaire que la malignite de la con- tagion est beaucoiip moins grande que dans les contrees tropi- cales; i° que, malgre des mesures sanitaires auxquelles on ne pent rien reprocher que tl'avoir etc tardives, et nonobstant i'ordre social pprfectionnc des villes de I'Europe, le nombre des malades a sextuple en I'espace d'un pen plus d'nne quinzaine de jours, ce qui egale en rapidite de propagation les plus fuuestes irruptions de la fievre jaune dont j'aie ete tenioin sous la zone torride; d'ou Ton pent conclure que si la maladie est moins meurtrierea Gibraltar que dans I'Amerique tropicale, elle n'a pas une puissance de transmission qui soit moins grande et moins rapide. A. BIoreau de Jonnes. PAYS-BAS. Snclctes savantcs ct iVutUite puhliqiic. — Ln Societe tot nut van't algcmccn (pour I'utilite generale) a surtout pour but de repandre dans les classes inferieures du peuple les principes de la morale et les elemcns des connaissances usuelles. Sans faire acception d'aucune croyance reiigicuse, elle (onde des ecoles, des hos]">ices, distribue des secours, accorde des prix aux actions genereuses, institue des banques ou tontines d'epargnes, fait rediger des livres classiques ou propres a etre Ins par I'artisan, I'habitant des cliaumieres, on meme a cor- rigcr le coupable qui cxpie ses fautes dans les prisons; enlin elle s'attaclu! a dissiper les prejuges qui infecient ordinaire- ment les prolt'taires, ainsi qu'a propager les mcthodes les |)lus saiiies , a Taidc d'almauaclis et d'aulres ecrits merveilleusc- ment adaptes aux intelligences les plus bumbles. Ses doparte- mens, qui peuvent se multiplier a I'infini, coirespondent avec la direction ccntrale «ltablie a Amsterdam, et que M. Henri PAYS -B AS. 5i9 Ravekes vivifie de son zele. Chaqiie annec , cetfe direction tient une asseniblec geneiale ou Ton met au concours iine foule de questions, doiit ce qui vient d'etre dit pent donner une idee. Suivant le programme des assemhlees des 12 et i3 aout der- nier, le departement de Briixellos a demande la redaction (I'une serie dc manuels, a I'inslyr dii Petit Prodiicteiir fnincois , cX. dc la Bihliotlicqac iiidustnellc ., etc., ou la traduction des meilleurs ouvrages de ceite espece j)iiblies en France. Le de- partenient central a iiidiqiie le livre sur VEniploi du terns , par M. M.-A. JuLLiEN, de Paris, comme tni niodele qu'il desire qu'on siiive en traitant un sujet analogue, d'une maniere ap- propriee anx besoins des lecteurs qu'il a en vue. — La Soci('tc de litteiatiire riationalc de Leydc s'est reunie, ie 16 juin dernier, sous la presidence de M. Siegenbeek, qui, dansun discoiws etendu, aconsacre des notices historiques fort flelaillees ct fort interessantes a la memoire de Jean Scharp et de Daniel Gv\'OT , tous deux pliilanlropcs dignes de la reconnais- sance publique, et dont le dernier, comme nous I'avons deja dit, s'est place a cote des abbes de l'Epee et Sicard. C'est dans le discoiirs de BI. Siegenbeek. que M. Mahul doit puiser, s'il veut etuichir son Annaaire necrologique de deux articles cu- rieux el exacts. — La seance A&la Societe provincialed' Utrecht a. eu lieu le 27 juillet. Parmi les questions qu'elle a mises au conconrs, on rem.^r- que celies-ci : 1° Tracer Ihistoire des Freresde la vie commune ; 2° Exposer la qucrelle qui s'eleva dans Ic moyen age entre les nominalistes et les realistcs, et son influence snr les proirres de la philoso|)hie et la propagation des lumieres en Europe; 3° Faire I'eioge de L.-G. Valckenaer; 4° Restituer aiilaut que possible le Traite d'ARiSTOXE: UoXiTilat ^roXiav; 5°Recueillir les fragmens et les ouvrages attribues aux anciens pythagoriciens, et exa- miner leur autoritc. — Le 2/| juillet, M. D. Arivould, secretaire de la Sociele d'encouragement pour I'instruction olementaire dans la pro- vince de Namwr, a fait soji rapport sur I'etat de cette associa- tion, dont /e; Globe, en 1827, a entrctenu ses lecteurs, et qui s'est mise en relation avec celle de Paris pour I'enseignemeut elenientaire. II en resulte qu'on a fourni : Livrrs. Ardoiscs. CiMyons. En 1825-1826 38,236 , En 1826-1827 ... .50,226 3,000 i5,70o En 1827-1828. ... 54,620 2,388 22,400 143,082 5,388 38, 100 520 EUROPE. — FRANCE. En caiculant lu part que chaqiio enfant a pu obtcr.ir dans la distribution dcs livres, on trouvera cpi'elle a dn otro, I'un por- taut I'aulre, de six cxcmplaiies; I'excedant represenlc ies livres foiunis aux instituteuis et aux bibliotheijues d'ecolcs et des reunions de districts. Les charges des acheteurs, de 1825 a 1828, se sont re- duiies a florins i253i(,66 \. Si on compare cette sommc a celle (jue les instituleurs et les parens auraient dti debourser pour la meme quantite de livres, avant que la Societe eiit fait t'aire des editions economitpies, on trouvera <|u'elle aurait inonle a environ 87000 florins, en ne comptant cpie les deux tiers en sus des prix actuels, evaluation tres-moderee , puisipi'il y a beauconp de res livres qui se vendaient 28, 47 et gS ccn- tienif'S, an lieu de 4 et 8 centiemes. Neanmoins, celte consi- deration puremeut economique n'est rien en comparaison de Tinimense avantage resultant d'un clioix de livres tendant a donncr aux enfans des notions utiles et usuelles en harmonic avec leur intelligence, et a offrir une lecture assez attrayante pour eloigner I'ennui et le degoul, compagnons autrefois inse- parables de riustruction. On trouvera des renseignemens plus amples dans la Mono- grapliie des etablisseincns d' ulilite puhliquc da rayaume des P/ijs- Bas , que prepare en ce moment M. £d. Ducpetiadx. Un fait Ires-propre a prouver le degre de civilisation de ce pays, c'est que, cette annee meme, a Hihcrsum , gros village entre Ams- terdam et Utrecht, les echevins et le bourgmestre ont delibcre sur la creation d'une academic de peinture!... Hilversuin , en effet, possede dix-ncuf y>ti\n\rei , dont quelque-uns d'un grand merite. Get endroit a dt^a sa chamhre de rhetorlquc , comtue beaucoup d'autres moins considerables, et 011 de simples pay- sans viennent a certains jours lire de la prose et des vers. DE ReIFFENBERG. FRANCE. DEPARTEMENS. Societi's savantcs et Etahlissemens d'utilitc publique. Arras [Pas -de-Calais). — Socicte royale d' Arras, pour t'cii couragemerit dcs Ictlres, des sciences et dcs arts. — Siijels de prix pour 1829. — I. Utilite publiquc. Quels seraient les moyeus de procurer a la ville d'Arras des eaux salubres, soit par des l^ompes, des fontaincs jaillissantes, on tout autre procede, afin de faire disj)nrailre les nombreux inconveniens des piiits DEPARTEWENS. Sai actuels? — Prix, niedaille d'or de 3oo fr. — Les fonds de ce prix sont faits par radministratioii miniicipale. — II. Ecoiiomie raralc. i" Expliqner, par les lois do la physiipie et de la chimie, Taction des engrais siir les plantes, et de celles-ci siif les engrais dans la vegetation. 2" Etablir, d'apres les faits et I'observation, si les melanges de differtns engrais, combines ensemble et sonmis a la fermentation, pmduisent sur les terres, en developpant des princijics nouveaiix, un effet plus marque que chncnn de Iciirs composans employe separement, et qui ptiisse dedommnger des frais qu'ils occa- sionent. — Prix, medaille d'or de 200 fr. — III. Economic publique. Quelles sont ks ameliorations dont serait suscep- tible le regime actiiel des prisons du depaitement du Pas- de-Calais? — Prix, medaille d'or de 200 fr. — IV. Morale. Discours en prose : Situation des idees philosophiqnes au dix- neuvieme siecle. La Soclete croit devoir determiner le sens precis qu'elle attache f» cetle question; elle considere que ies idees philosophiques ne sont pas uniquement des abstractions nietaphysiques, niais qu'elles se composent, etant appliquees a I'ordre social, des diverses influences que la marehe de I'esprit liumain apporte dans la civilisation, dans les interets generaux, dans les sciences, les arts, les gouts, les habitudes sociales, et comprenncnt en uu mot toute la physionomie morale et distinctive d'une epoquc; car chaque siecle a un caractere qui lui est propre, et qu'il emprunte de la marche ascendante on retrograde de I'esprit humain, ainsi que des cir- constances generales oii sont placees les societes politiques. — v. Eloquence. Eloge historique de M. le due de La Rochcfou- cauIt-Liancourt , pairde Fiance, mort a Paris en 1827. — Prix, medaille d'or de 200 fr. — VI. Poesie. Une piece de trois cents vers au moins sur Icj malheurs causes par la loterie. — Prix, medaille d'or de 200 francs. Les ouvrages cnvoyes au concours pour 1829 devront eirc adresses, francs de port, a M. lo secretaire j)crpetuel, et etre parvenus avant le i*"'" jnillet, terme de rigueur. — Les con- currens joindront a leurs ous rages un billet cacheJe, qui con- tiendra leurs nonis , prenoms, qualite et domicile, et indiquera exlerieurement I'epigraphe mise en tcte de I'ouvrage envove au concours, afm d'eviter toute erreur. — Le President^ Theli.ier de Sars; le Secretaire pcrpetuel, T. Cornille. Metz [Moselle). — Societe acadeuiiqnc. — BiblLothequc iii- (lustrielle a I'usage des ouvriers. — Cette societe s'occiipe de former une bibliothcque composee d'ouvrages moiaiix et in- structifs, appro])ries aux besoins des ouviiers auxquels res T . X L . — ISovem i/r 1 8 2 8 . 34 521 FRANCE. ouvrages seront pretes. Lcs Mcssins qui aimenl a voir les ki- inieres descendre dans lcs ateliers, s'empresseront de seconder la Societe dans la creation de ce nouvel etablisseaicnt. ( Aheille clc la Moselle.) Saumur [Mciine-et-Loire). — Ecole royale de cavalciic. — • Nous desirions depuis long-tcnis consacrer uue mention hono- rable a cetts belle institution, pcut-clre unique dans son genre, dont s'honore la France, et que plusicurs pays otrangcrs lui envicnt et se proposent d'imiter. Le but est grand ct utile, I'organisation est vasle et bien concue , les batimens sont nia- gnifiques et parfaitement approprics a lour destination. Le commandant de I'ecole y a doiine, cctte annec, a S. A. R. M™<^ la duchesse de Berry, lorsqu'elle est passee a Saumur, le spec- tacle d'un tournoi, dans lequcl on a admire la precision des manoeuvres, la beaute des costumes, la bonne tenue, I'adresse et I'agilite des chet'aliers. Enfin, la justice et la vcrite ne per- mettent point de laisser igiiorer que I'ctat de piosperite de I'Ecole de Saumur et les services importans qu'eiie rend h I'armee francaise , sont dus, en grande partio, au general com- mandant, M. le marquis Oudinot , fils dc M. le mareclial due DE Reggio, qui a introduit ie plus grand ordre dans I'admi- nistration de I'ecole et ime activite soutenue daus les exercices et dans les etudes, et qui, par un heureux melange de la douceur et de la fermete, par un zele infatigable, par une surveillance pafernelle et eclairee , a su faire aimer et respecter son autorite et animer de son esprit tons ccux qui doivent cooperer avec lui a la direction de Tetablissement. Saumur avait dcja possede une ecole d' Instiuction pour les troupes a cheval ; les besoius de cette arme ayant fait seutir la necessile d'une autre organisation, Creole de cavakrie fut creee sur les bases actuelles. Elle est en quelque soite uric cvole norinalc o\x se forment des instructeurs qui passent eiisuite dans i'armee et y propagent les divcrses connaissances dont lis ont fait une etude speciale pendant deux ans. L'equitation et I'eniploi de la cavalerie, ainsi que ses rap- ports avec les autres armes, I'etude du cheval anx differenles epoques de son existence , la ferrure et la mareclvilerie : tols sont les objefs printipaux dont se compose I'enseignement. Une ecole de marechalerie, un haras qui renferme des eta- Ions anglais et arabes , un manege aux exercices duquel sont consacres 200 chevaux de prix et de toutes les races, une ecole de trompettcs et deux escailrons de cavaliers eleves- instruc- teurs, sont attaches ii I'etablissement. Des capitaines choisis dans les regimens ont etc envoyes pendant deux ans a Saumur j ils y sont aujourd'hui remplaces DEPARTEMENS. SaS par des lieutenans appeles k les seconder comme instrucfeurs et a leur succeder dans leur grade. En sortant de Saint-Cyr, les eleves designes pour la cavalerie vont passer deux ans a Saumur, avant d'ehe places dans les regimens, oii ils devien- dront a leur tour lieutenans et capitaines instructeurs. Les escadrons de cavaliers-eleves se composent; i° de mili- taircs portes sur les tableaux d'avancement et designes par les colonels; 2° d'enroles volontaires, choisis de preference parmi les fils de militaires ct les jeunes gens fi qui leur age ou leur fortune n'aurait pas pcrmis de se presenter an concours de Saint-Cyr, niais qui, en raison de leur education premiere, ne se seraient pas decides a entrer comme simples soldats dans les rangs de I'armee. Ces cavaliers , assujetis a toutes les obli- gations du service militaire, suivent, en outre , des| cours analogues a ceux des officiers. Ils sont envoyes dans les corps •on qualite de sous-officiers, lorsque, apres deux ans de sejour a I'ecole, ils sont recoiinus , dans les examens , capables de bien remplir, non seulement les fonctions de sous-ofiiciers, mais encore celles d'instructeurs. Chaque regiment en recoit deux annuellement. L'instruction de I'ecole comprend : 1° I'ordonnance sur I'exer- cice et les evolutions dela cavalerie, I'escrime a pied et ^cheval, etle tir des diffyrentes amies; 2° le reglement sur le service inte- rieur et celui des places; 3° un cours theorique et pratique d'e- quitation divise en quatre parties, savoir, la connaissance du clieval, son omploi, sa conservation, et les haras et remontes; /i" un cours d'ait et d'histoire militaires, comprenant la topographie, Tadministration des troupes et la theorie du service en cam- pagne ; 5° le dessin , applique priucipalement a I'etude du cheval et a celle du paysage; 6° I'escrime, la voltige ct la natation. On a fait disparaitre de I'etablissement la distinction d'em- ployes civils et d'eniployes militaires. Les emplois d'ccuyers, de mailres et de sous-maitres de manege , sont donnes a des militaires en activite , destines a porter dans les corps les prin- cipes et la melhode de I'ecole. Voici quelle est la composition dc I'ecole : un marechal-dc- camp , commandant; un colonel, commandant en second; un lieutenant-colonel, quatre ofliciers superieurs, un aumonier, huit capitaines-instructeurs, trois capitaines- majors , un capi- taine-tresoricr, un lieutenant d'habillement, un sous-lieutenant, cinq officiers de sante, un ecuyer-commandant, huit ccuyers militaires; un capitaine d'etat-major, professeur d'art et d'his- toire militaires , deux lieutenans d'elat- major, professcurs adjoinls d'art et d'histoire militaires, un profcs'^eiir de dessin , 524 FRANCE. iin professeur do musiqiic, iiii profissenr de man-chaleric, iin maitre et qiiatrc soiis-inaiUrs de manege , maiti cs d'armcs , etc. Le corps de troupes formant uii effeclif de 607 hoinmes et 3o6 chevaiix , est organise ainsi (jn'il suit: , ( Unc division de frrosse cavalerio; i*"^ escadron. } tt j- • ■ 11 1 Unc division de dragons. I Deux divisions de cavalerie legcro, dont a* escadron. , I'nne arinee de niousquetons , ct raiitre f de lances. „g J I Une division de marechaux ferrans ; ^ ' j Une division d'eleves trompettes. Chaque annee Ics inspecteiirs generaux de cavalerie de- signent au clioix dii miiiistre de la guerre un oflicier de tons les corps de troupes a cheval , tant de la garde que de la ligne, pour etre envoye en qualile d'oflicier d'insi ruction it I't-cole. lis y conserventruniforme du regiment auquel ilsapparticnnent ; ils y amenent Icurs chevaux, et s'en servent pour les excrcices et les manoeuvres. Les emplois do capitaine-instrucleur sont exclusivement re- serves aiix officiers qui ont suivi les cours de I'teole en qualite de lieutenans d'instruction. Ceux qui cut ohtenu aux examens de sortie les deux jiremiers numeros de merite sont proposes au roi pour obtenir immediatement , soit de I'avancenient , soit leur admission dans la garde. Les officjers-t'leves , sortis de Saint-Cyr, forment un esca- dron, sous les ordres d'un officier superieur et de deux capi- taines d'etat - major : ils prennent a Saumur I'uniforme de I'ecole; ils sont tenus d'y arriver avec un bon clieval d'esca- dron , et subissent a leur sortie un examen qui determine I'ordre de leur avancemeut parmi les eleves de la meme pro- motion, et leiu" donne Ic robation de I'Academie, et nous ne doutons (las (|uc cette approbation ne liii soit accordec plus amplement lorsqu'il aura re^u les developpcmens dont il est susceptible. » ( Approuve.) — M. Dutrochet lit I'extrait dc deux memoires, I'un sur Tirritabilile dans les v«!'getaux, I'autre sur la cause des mouvemcns des tiges des racines. — Du 10 /loi'cniOrc. — M. ^rago conuiiiinique une note de M. CauN/VRt-Latovr , par laquclle ce physicien declare quil 4 PARIS. 5'^ a dc soil cote reiissi i faire cristalliser le oarbone pour obtenir (111 diamant, par des mclhodes differentes de cclles de M. Gan- rial , el qn'iin paqiict cachete , depose au secretaiiat en 1824 , contient le detail de ses premiers procedes. M. Arago nnnoiice qu'il connait une autre personne qui est arrivee a des resuUats semblables , et M. Gny-Lussac fait connaitre que M. Ganiial lui avait parle dcpuis plus de liiiit ans de ses tentatives. — MM. Arago et de Hossel font iin rapport sur le meinoire de M. Daussy , relatif a la determination des longitudes geogra- phiqnes des lies de Malte , de Milo et de Corfou. Ces longi- tudes , donnees en heures , minutes et secondes , ^ compter du meridien de Paris, sont, Pour Malte. ... » h — 48' — 42" Pour Milo 1 h — 28' — 27" Pour Corfou. . . i 1' — 10' — 22". Voici les conclusions du rapport: « Les longs calculs qn'ont necessites ces importans resultats nous paraissent faits avec le plus grand soin , avec les attentions les plus minutieuses. Uu travail de ce genre, qui embrasserait un certain nombre de positions convenablement choisies sur la surface du globe aurait le plus grand interet. C'est par la qu'il faudrait com- raencer la reforme , de\ enue indispensable , des catalogues de longitudes et de latitudes les mieux accrediles. L'autcur du menioire est plus en etat que pcrsoune de rendre a la geo- graphic cet eminent service. Jeune, piein de zele , calculateur infatigable , familiarise avec les meilleurs methodes de reduc- tion , astronome praticien et des lors tres-bon juge du me- rite relatif des differens moyens d'observation , M. Daussy joint ii tons ces avantages celui d'etre attache au depot de la marine en qualite d'ingenieur hydrographe , et de pouvoir puiser librement dans la riche collection de documens inedits que ce be! etablissenicnt possede. 11 nous semble , d'apres ces considerations, qu'en accordant sou ap|)robation la plus en- tiere au travail de M. Daussy, I'Acadeinie doit I'inviter a par- courir avec perseverance la route penible , mais feconde en utiles resultats, dans laqnelle il vient d'enlrer. » (Approuve. ) — M. Sik'cstrc fait un rai)port verbal sur la Bibliotheque agro- nomiqiie de M. Giuseppe Moretti, professeur de botanique a I'universile de Pavie. — M. Heron de Villefossc fait un rapport verbal sur le voyage metallurgique en Angleterre de MM. Dc- FRESNOY et Elie DE Beau.mont. — M. de Pronj presente, de la part de I'auteur , M. Bald , une carte tresdetaillee du comte de fllayo , en Irlandc , avec un meuioire sur les operations 53 o FRANCE. tiii^onotr.clriqjies qui ont scrvi de base a ce travail. — M. Gi- Rou DE BuZAUAiNGUES lit Mil nicmoire sur la distribution et les rapports dcs deux soxes dans Ic royamne. — M. Lassis lit iin nienioire sur Ics nioyens de faire cesser sur-le-champ lYpidc- niie de Gilhra.tar. A. Michelot. NoTA. Les habiiiidos des corporations sent difiiciles a lompre; mais dans cc terns des meilleiires destinees pour I'esprit liuniain, ellesne sauraient tenirdevant des avantages nne fois concus et compris. Ce qui vient de se passer a TAcadcinie des sciences en est une preuve. L'Academic devait pourvoir aii remplacement de M. Bosc. La section deconomie rurale forma sa liste de eandidats des noms suivans : MM. Emmanuel d'Hnrconrt, Haclictte, Hazard fils, Baudrillard , Buschc , Daiblaj, Girard et Soidangc-Bodin. La section cntenduc, rAcademie admet et discute une autre liste de eandidats, qui sont MM. Flourens, Dutroche: et Giroii de Buzaraingucs. Les savans anciennement el le plus souvent repousses, et les purs applicateurs preferes, voila ce qu'on essaie de changer. Les acquisitions de I'esprit humain sont de deux sortes , speculatives et appliquees , llieoriques, puis pratiques; les in- ventions sont Is fait et le produit de la science , et les per- fectionncmens ceux de \'art. Le bou sens du public avait deja trouve cela et pourvu aux bcsoins de la soclete, du nioins a Paris, par retablissement d'une Academic des sciences, reu- nissant les inventeuis, et par la formation d'Acadeniies secon- dairespour rencouragement dcs applicateurs. Cellesci sont en effet pour I'art de guerir, rAcademie royale de niedecine, et pour celui des procedos agricoles , la Societe centrale et royale d'agricultnie. La discussion fut grave : le nouvcau systemc a etc compris et adopte par plus que les trois quarts des membres : car a un premier tour de scrulin, sur 67 votans , 4i suffrages lui furent acquis, et 5i au second tour. Un candidat jeune encore, isole par I'etude , sans le ciedit des emplois, sans aucun protecteur, et qui n'etait recommande <|ue par un grand et beau talent, a profite de ce changement de systemc : M. Flourens a etc elu. Avis a la jeunesse labo- rieusc. Geoffroy Saint-Hilaire. Ce 1*'' decembre 1828. — Academic francaise. — Seance publiquc pour la reception dc M. DE Barante (21 novembre ). — Deux eandidats sc pre sentaient pour recueillir la succession de M Deseze a I'Acade- mie. Rccommandables tous deux par ranienite de leur eara- PARIS. 53 1 tcM'e et par leurs qualitessociales , tous deux se recommanclaient egalement par lours titrcs littcraires : Fun, par I'eclat d'urie poesie loiijours riche d'elcgance et d'liarnionie, par une liitte glorieusement soiiteiine avec Inn dcs plus grands poetcs de I'antiquite , par des fragmens prc-cieux habilcmcnt derobcs au chantre brillant des Metamorplwses ; I'autre , par qiielques essais de critique litteraire , par nne grande composition liis- torique , par sa traduction dc Schiller et par des opinions pleines de loyaute, de sagesse et de talent, prononcees a la tribune de I'une de nos Chambres legislatives. Enire de tels concurrens, rAcadeniie ne ponvait faire qu'uu tres-bon clioix; aussi eut-elle quelque peine a se decider. Au scrutin jirepara- toire, M. ue Pongerville parut Temporler dune voix sur M. DE Barante; au scrutin definitif, M. de Barante, a son tour, I'cmporta egalement d'une seule voix sur M. de Pon- gerville. On a pu pcnscr ainsi que rAcademie regreltait de n'avoir pas deux places a donner. La seance de reception du nouvel academicien avait attire un nombreaix concours d'auditeurs. Un grand nonibre dc pairs de France avaient voulu assister a I'installalion de leur col- legue dans la chambre haute de la litterature. Le discours du recipiendaire a ete frequemment applaudi : une foule d'apercus ingenieux, d'idees genereuses et noblement exprimees, ont obtenu de justes suffrages. Toutefois , quelques personnes n'ont pas ete complctcmcnt satisfaites de la maniere dou' I'ora- teur avait embrasse son sujet, et, nous devons I'avouer, nous soinmes sur ce jjoint un pou de lenr avis. M. de Barante avait a loner M. Deseze; il devait rappeler sa conduite honorable dans lui proces douloureusement cc- lebre : cetle necessile de son sujet en etait aussi I'ecueil. Au danger d'attrister par de penib!es souvenirs une solennite toute litteraire, se joignait le danger, plus grand encore, de se laisser entrainer a des impressions legitirnes en elles-uieaies, injustes peut-elre dans leius resultats. Eneffct, la revolution francaise est un evenenient trop important, Irop solcnnel , trop immense, pour qu'il soit possible de I'apprecier en le con- siderant du point de vue d'un incident isole, quels qu'en soientla grandeur et le caractere. Se |lacer, pour le considerer, an milieu de 1793, en face de I'echafaud d'un nionarqiic infor- tune, victime d'un fatal enchainemcnt de circonstances dont les plus graves ne sont point iuiputables a ['influence revnlu- tionnaire, n'est-ce pas d'avance se coudamner presque infoil- liblement i'le meconnaitro? La catastrophe a jamais deplorable du 21 Janvier fut, sans doule, une des grandes douleurs de la 532 FRANCE. revolution; die ii'en fiit , ct'iles, iii le but, ni memo la coiise- quenco directe. Appele a parlei' dc ccttc epoquc faUile, I'art, ce nous semble, conseillail a roraicui' de glisser habiloiuent stu' cortaius details, de laisscr a I'ecart le cole politique des evene- mens, pour nc s'attacher qu'i la partie diamati(iue et morale, de ne poiut reiidre liigubte unc coniineiuoiation qui ne devait ctre que touchante, et dc laisser a I'histoiie le soiii de retracer des scenes dont la vastc etendue ne pent se reiifcrmer dans le cadre etioit d'une allocution aead«''mique. M. de Barante a cm devoir en user autrement : il a attaque de front, il a meiue semble multiplier a plaisir les dilTicultes. M. Deseze I'a conduit a Louis XVI, Louis XVI a la revolution, et lelieros du discours a presque disparu sous les develoj)pemens de ce double episode. A-t-il bien fait d'en aij;ir ainsi? nous n'oserions rafliriner; et, malgre re!e{.;ante convenaijce dc son expression, malgre la niesure parfaite de sa pensee et ile son lan^age, nous ne pou- vons dire que le recipiendairc ait reussi a eviter tons les incon- V(iniens de la position qu'il avait clioisie. M. JouY a repondu a M. de Barante en homme d'esprit et de gout. II a mele a de justes eloges quelques observations critiques, exprimees avec autant d'lubanite que de iVanchise. En parlant des qualites p<;rsonn(;iles de son nouveau collogue, il a rappele fort a propos ces paroles de d'Alembcrt : Si la nic- rite scul a droit dc frapp er aii.v pnrtrs dc V Academic , c'cst aii.v qiialik's socinlcs a les ft/irc uiivrir. L'application n'en pouvait eire plus heureuse. Des veis de M. Lebrun sur I'i/ispiration poctirpic , bien peuses , bien ecrits , bienlus, out agreablement tormiue cette seance interessante. — Acadcinie ray ale dcshcnux- arts. — Cette Academic a procedo, dans sa seance du (i septembre, a Telection d'uu membie pour remplir la place devenue vacaute dans la section de scidjjtriro, par la mort de I\L Eoudun. M. Pvamey fds a ele elu, l\ la uiajorite absolue des suffrages. Sncietc pinlutcch/iiquc. — Sconce pitblique du '23 rioi-cinhrc iS'iS. — La vasto salle Saint- Jean , a I'hotel tie I.i ])refeeture de laSeine, etait remplie d'une soeietebrillante, quand la seaneo a etc ouverte , sous la prosidenco de M. le lieutenant-general TiuEitAULT, par le rap|)ort d'usage sur les Iravaux de la Societe, fait par M. Vii.lenavf. , secretaire perpetuel , (pii a etc econto avec un interet soutenu, et sou vent interrompupar des applau- disscmens. PARIS. 533 Diverses lectures en prose et en vers ont ete favorablement accueillies. MM. Mf.rvili.e et Berville ont lii , I'un , pour M. BoucHARi.AT, un poeme intitule : Leonidas aiix Tlicrmopyles ; I'antre , ponr M. Ponce , des reflexions sur vin notn'eau mojen (Vaugmenti'.r I'utilite , Vinflucnce et C illustration des beaux-arts. Tvo\s fables de M. Naudet et trois fables de M. Febve ont ete applaudies , comme montrant avec un art ingenieux, sous tui leger voile, la verite: ... Seule ■vierge en ce vaste univers, Qu'on alme a voir un peu vetue. On a priiicipalement distingue ie premier chant d'un poeme sur les qitatre ^ges, I'enfance ehantee par un vieillard de 83 ans, M. GoHiER, qui couronne, par la culture de talens aimables, une vie consacrec par de hautes vertus. L'heiire avancee n'a permis d'entendre ni des reflexions de M. Alexandre Lenoir, sur la dcrniere epoque de la restaurfttion des arts en France , ni la fin d'un Elage du general Miollis , pro- nonce par le secretaire perpetuel , et dont I'impressioa doit etre vivement desiree. La seance a etc terminee par des morceaux de musique et de chant. MM. Baudiot, Vogt et SowiNSK.i,jeune artiste polonais,. ont fait admirer leur beau talent sur !e haulbois, le cor ant;lais, le violoncelle et le piano. M. Domenge , M. et M""" Rojiagnesi ont chante avec gout et expression des romances, des nocturnes el des airs legers, qui ont enleve tons les suffrages. Athenec royal de Paris (rne de Valois, n° 2, pres le Palais- Royal). — Programme pour 1H29. — Get utile etahlissement , qui compte maintenant quarante-quatre ans d'existence , va recommencer ses cours, dont la seule indication suffira sans doutc ponr y atlirer beancoup d'amis des sciences. — Section des Sciences physiques: M. Pouiliet professera la physique experimentale ; M.Dumas, la chiinie ; M. Constant-Prevost, la geologie ; M. Bory de S Ai-ST-\n:ici.-ST ,]a geographie physique ; M. Babinet, la meteorologie ; M. Amussat , Vanatomie et la physiologic ; M. Trelat , V hygiene. — Section des Sciences mo- rales et politiques et de la litteratare : M. Marrast professera la philosophic; M. Adolphe Bi.anqui, X economic pjolitique ; M. Aniedee Pommier , la litterature ; M. Villerme fera un cours sur les lois de la population , et M. Doin, sur Vhis- toire des etablisseincns d'utilite publique en France, depuis le X® siecle jusqu'a nos jours. Independamment de ces cours, plusieurs hommes de leltres feront des lectures sur divers sujels. — ■ Le prix de sou'^.cription pour I'annee entiere Cit de 53/, FRANCE. 120 fr. pour leshommos; dc 60 fr. pour Ics dames ct pour Ics etudians. Instruction pubUfjue, — Coars sprciaux dc chimir, de physique et d'histnirc naturelle , appliques a l' exploitation des mines , aiix arts indii.striels ct an cninniercc , dans l' institution da M. Gasc (rue des Postes, 11°^ n8 ct 40). — Ces cours parliciilicrs, qui coiiiprennenr, outre des Iccons preparatoires pour les ecoles niilit;iiics et pour celles de la uiarine, renseignenicnt de la chimie , de la physiipie et dc I'liistoire naturelle ap[)liquees 11 I'cxploiialion des mines, aux arts industriels el au com- merce, sont special ement destines, 1° aux jeuues etrangers qui ne viennent en Fi'ance que pour apprendrc notre langue, nos sciences ct nos arts, ct qui ne trouvcnt ])as a Paris I'en- scigncmeat elemenfaire qui leur est iiccessaire pour suivre avec fruit les cours des facultcs; a" anx jeunes Francais dont les etudes classiqucs ont etc mal faites , el qui pourront , au moyen de methodcs moins I'ebutantes que celles des colleges , rcparer le terns prccieux qu'ils ont perdu ; 3° aux jeunes gens destines au commerce on aux professions industrielles qui ne recuivent qu'une premiere education univcrsitaire dans les departemcns, ct sont ensuite envoyes a Paris pour apprendre les mathemaliqu-vs, I'histoire, la geographic et les arts d'agre- meut. Le fondateur et le chef d'une institution qui se distingue d'une maniere si honorable des autres etablissemens du meme genre, donne , par la fondation de ces cours, un iiouveau gage de son zele aclif et eclaire pour les progres de I'cn- scignement. AnTiQUiTiis DE LA Fr4Nce. — Commission dc I' Academic royalc des inscriptions ct belles- lettrcs , cliargee de I'cxamen ct du classemenl des Notices et Documcns dcmandcs a MM. Ics prefets des departemcns sur les anciens monumcns de notre liis- toire. — Cette commission , composee de plusieurs niembres dc I'Academie des inscriptions et belles-lettres , a repris ses travaux avec une nouvclle activite. Deja, daus \\n rapport aussi lumineux qu'etendu > I'un de MM. les commissaires a fait coiuiaiire ccux des Memoires envoyes dans ces derniers terns qui out le plus iiarticulierement merite les suffrages de la sccoiule classe dc I'lnstilut. M. u'Allosville , aucien prefet de la Somme, ct actuelle- mentprcfet de la Meurthe, a obtenu Tune des Irois medailles d'or que Sou Ex. le ministre de I'iuterieur a rnises a la disposi- tion de I'Academie ; M. Jouannet a obtenu la scconde, et M. Re- vER la Iroisieme. Le Memoire de M. d'Allonville ctait, quand au fond, deja PARIS. 5^5 connu par le rapport qui eu fiit fait cu 1825. Mais, pnr suite des iiombreux developpcmens que I'auteur a ajoutrs a soy pre- mier travail , et surtout des cartes dont il I'a ciipiclii , ce IVIe- moire est devenu , pour ainsi diie , un nouvel ouvrage , dans lequel on frouve des delaiis tres-intc'ressans sur la Samarobriva des Ainbinni, que I'ou croit generalement avoir elo la villc connue aujourd'hui sous le nom A' 'Amiens. M. Mangon de la Lande a adresse de son cote , aTAcadeniie, un Meuioire dans lequel il pretend, an conlraire , que la Samarvbrh'a de Cesar n'est autre que V Augusta Feronmndaornm , aujourd'liui Sitirtt- Quciitin , dans le departement de I'Aisne. L'opinion de M. d'Al- lonville , conforme a celle de Bergier et de Danville , pa- rait devoir etre profei ec a celle de M, Mangon de ia Lande. II appartenait au fonetionnaire cclaire , charge pendant plu- sieurs annees de I'administration du departement de la Soaime, de nous donner d'utiles rcnseigncmens sur les camps roniains [stativa), que Ton sait avoir existe jadis en Picardie. M. Jouannet , autpiel on devait deja plusieurs Memoires sur les antiquites du depJirtement de la Gironde, en a coaipose un nouveau sui' les 67 cippes decouverts au mois de sep- tembre 1826 dans le niur d'euceinte de la ville de Bor- deaux. Ces cippes, revetus d'inscriptions funeraircs, sont en outre decoses de bas-reliefs qui ne sont pas depourvus d'une certaine elegance. M. Jouannet croit avoir rcconnu que qua- torze des inscriptions recouvrant les cippes prccites ne prc- sentent que des noms celtiques. Ces nionumens lui parais- seul etre en general anterieurs au regne de Constance. M. Rever s'est occupe successivcnient des ligurines trouvees en 1825 dans !a foret d'Evreux , departement de I'Fau'e , et de divers points de geographic ancienne. Parmi les figurines que M. Piever a adressees a TAcademie, a I'appui de son Memoire , Ton remarcjue une Venus anadyomene , un Mer- cure avec le petase aile , la bourse et le caducee, et plusieurs busies dans le genre de ceux que M. de Caylus a decrits dans le 111'^ voliune de son recuell d'antiquites. M. Rever a joint H sa dissertation une interpretation heurcuse de I'inscription qu'on lisait autrefois sur I'eglise la plus ancienne de Pont- Audemer. Outre les Memoires couronnes par I'Academie', plusieurs autres mcrileul d'etre mentionneshoiiorablemcnt. Decenombre est celui de M. Schweich^euseu sur un vase en verre trouve dans un sarcophage antique pres la porte Blanche, a Strasbourg. Ce vase, qui m'a etc niontre par le savant M. Jung, pendant le sejour que j'ai fait derniercment dans I'ancicnne capitale de 536 FRANCE. I'Alsace, resscmble beaucoup a colui qu'a decrit Fea : Tin- scription qu'il porte, et (jue je conserve dans mes notes, le fait rcmonter au tems dc rompcrenr Maximien, collegiie de Coristanoo. Vicnnent cnsnile nne dissertation de M. Goibkuy, conscillcr a la Conr royale de Colniar, s.if nn soiilcrrain con- sidi'-rahlc decouvert il y a quekiiics annc'os a Sotiltzmattcn , dc- partement dii Haiit-Rhin, et d'ontres Notices plus ou nioins importantes envoyees par M. nr. Mice, siir Ics antiquites des departcmens avoisinant les Pyrenees, et par M. Maugtn snr celles dii departement des Vosges. M. Maugin foiirnit des ren- seignemens interessans sur les tumulus trouves dans Tinterieur dn Cluitclct gfiulnis, mur eliiptique qui environue la crelo d'une haute montagne sitnce k une lieue N. O. de la ville de Darney. Le rapport des membres composant la commission des an- tiquites uationales prouve combien il etait indispensable de retablir les piix fondes, en 1821, pour entretenir une noble enmulatio de travail dans nos departemens. Alexandre Le Nobi.k. Theatres. — Thkatrk-Francais. — Premiere representa- tion des Intrigues de cour, comedie historique en cinq actes et en prose dc M. .Touy. (Mardi, 18 novembre. ) — Nous ne ferons point I'analyse de cctte piece, imprimee depuis plusieurs annees dans Ic recueil des OEuvres de M. Jouy, et que nos lecteurs doivent coniiaitre. L'cpreuve de la represeutaiion ne liii a pas ete favorable, et I'auleur I'a retiree du theatie. Le fond de eette comedie est jjlutot une conspiration qu'une in- trigue. Le due de Viseo , pour venger une ancienne injure qu'il a recue du prince actuc llcment roi de Portugal, et pour punir le refus que fait ce roi d'epouser la soeur du due de Bragancc, tramc un complot dont le but est d'enlever le roi au milieu dune fete. Cette conspiration est dejouee par le pere de Flo- rida, jeune fille dont les courtisans veulent faire la maitresse du roi, et dont le roi fait sa fenmie. Les deux premiers actes sont un pen froids , malgre les traits spiritucls dont I'auteur les a semes; il y a dans les trois dernicrs plus de drame et de mouvement ; mais le denouement semble trop prcvu : c'est peut-etre a ces deux causes qu'il faut attribucr i'impatience du spectateur , excitee d'ailleurs par quelqiies mots hasardes, et ((ue Ton a accueillis avec d'nutant plus de severite qu'on les attendait moins dans un ouvrage de M. Jouy. 11 y a de la finesse, de la gaiele , de-1'observation dans plusieins parties de la piece; mais ou voit que I'auteur n'n pas ete libre de peindrel'interieur d'une cour conime il Taiu-ait vouhi ; la ecu- PARIS. 537 sure, qui a loii|^-lems empecbe la representation ile sa piece , ctait sans doute prescnie a sou esprit quand il la eoaiposa : c'est elic qui lui a conseillc de placer a (juelques centaines de lieues et d'annces la scene de cette comedie , et de donner ii des idees de romati une place qui cut etc niieux employee a des peintiires satiriques. Le litre promeltait en effet quelque chose de plus neuf et de plus actuel. On a mis souvent en scene des courtisans; mais le tableau comiquc des cours, telles qu'elles sont aujourd'hui , est encore a (aire; il faudrait un Moliere pour executer ce chef d'oeuvre ; il faudrait une censure rai- sonnable pour en penuettre la representation : ces deux condi- tions ne seront pas de sitot remplies. Premiere representation de la Durhesse et lePogc, comedie en trois actes et en prose, deM. Beuaud. (Mardi, ^5 novembre. 1 — La jcune duchesse AmeliedeWalbourg est le fruit d'une union dont la lef^itime est conteslee, et dont le litre se trouve entre les mains d'uu nomme Stub , ancien homme d'affaires du due de Walbourg. Un baron d'Arfeld el un conite de Klinsbergaspirent a la main de la duchesse. Le premier, cousin d'Ameiie, la me- nace de faire declarer sa naissance illegitime el de la depouillcr desesgraisds biens, sielle ne consent a I'epouser; I'autrfest uu amant timide qui essaie Irois fois de faire une declaration qije definiiivement il ne fait pas. Amelie, qui ne volt en lui qu'un ami , el qui est resolue a ne pas epouser son cousin, se sent en- Irainee par un penchant irresistible vers le jeune Theodore que protegea son pere, qui fut eleve avcc ellc en qualite de |)age, et qui esl aujourd'bui son secretaire. Theodore est un orphelin dont les parens so:it meme inconuus, et qui, dans celte triste position, n'ose laisser parailrc I'ardent amour qu'il eprouve pour sa belle maitresse. Amelie, de son cole , se trouve placee entre les convenances el son amour; I'amour Iriomphe enfin,et la duchesse epouse son ancien page. Cette piece, imitee du Chien du Jardinier, de Lope de Vega, et qui rappelle surtout les Faus- ses Confidences , nous semble bien infer'ieure a cette derniere comedie pour le developpement de la passion; pour la revelation delousces petitsmystcres du coeui" des femmes, dont Marivaux savait si bien le secret; enfin pour la vivacite des situations dramati(|nes, disposees dans I'ancienne piece d'une maniere beaucoup plus piquantc. On s'elonue que M. Beraud, qui a fait pceuve sur des scenes secondaires d'une grande fecondile, n'ail pas essaye d'etre plus neuf sur la scene fran^aise. Ce sont nppa- reniment des souvenirs trcip presens a la pensee d,i parterre, qui lui out f:iit accueillir la Durhesse et lePogc avee beaucoup de se- T. XL. — l\eveinl>n' 1828. ;^j 538 FRANCE. vt-rile; ccpciidant on a applaudi sans opposition iinc scene bica faite cntre Anielie et Theodore, scene dans laquellc !a duchesso, jalouse d'une de ses femmcsdont elle croitTheodoteamoureux , apprend que c'est clle qui estaimee. Une situation dramatique a aussi obtenu tous les suffrages : Arfeld, qui a surpris Tlieodorc aux pieds de la duchesse, indigne de so voir preferer un tel rival, s'emporte en propos injuricux contre Amelie; en vain Theodore lui en dcmandc raison , un honime de sa qualite ne se bat pas contre une cspece de domestique; niais en ce mo- ment le comte de Klinsberg , qui sollioitait pour Theodore une yjlace d'officier , en remet le brevet au jeune homme, dont Arfeld accepte enfui le defi. Theodore est blesse; niais mal- gre ses souffrances, il court apres Stub, qui, dit-on, a dis- paru , et va vendre a Arfeld le titre qui constate la legitimite de la naissance d'Amelie. Tout ce qui concerne ce litre est une nial- heureuse invention qui a failli etre fatale ;"i la piece ; le denoue- ment n'a pas etc entendu; on disait a nos cotes que le comte de Klinsberg adoplait Theodore, et donnait ainsi un nom et un rang a I'epoux d'Amelie. La piece a etc bienjouee; et made- moiselle Mars , si parfaite dans le personnage d'Araminte des Faiisscs Confidences , a ete parfaite encore en jouant au- trement uu role presque semblable. M. A. — The\tre-1'i ALIEN. — Le terns n'est pas encore eloigne ou le Theatre-Italien etait considere par la majeure partie des Parisiens comme luie espece de temple mysterieux ou quel- (]ues inities avaicnt seuls le droit de s'iutroduirc. Alors la mode n'avait pas fait choix de ce lieu pour y rasscmbler sa cour, et c'etait au Grand-Opera que se foulaitl'aristocratie de I'Empire. Plusieurs causes le voulaicnt ainsi: d'abord nous etions, a celte epoque, plus voisins du terns ou Piecini, Sacchlni, Gluck et autres, Italieus ou Allemands, avaient importe chez nous la musique si ingeuieuscnient appelee inusique fraricnise ; les sou- venirs des batailles livrees aux coins du roi et de la reine etaient tout palpitans encore, et I'honneur national que Naj)0- leon avait fait revivre et savait exploiter en toute occasion, voulait que \' Opera francais fut le seul applaudi par des honuues dignes de ce nom. Mais une autre raison, presque politique, etait encore plus imperative. La flatterie, qui depuis long-tenis sommelliait sous les lambris dechus des Tuileries, s'elait reveil- lee au bruil des ponipes dc I'Empire. Le soldnt hcurcitx de- venu empereur n'avait jias manque, en penetrant dans I'an- tique demeure des rois , d'y trouver tout pret ce mobilier de louangeurs que la puissance rencontie toujours et tout ^\ve\.i: desa methode; maisses defauts paraissent incurables, et son uniformitej^laciale le force, nialgre tout son merite, a rester a jamais sur le second plan. Des canta trices (jne nous venous de nommer, I'une, M"" Son- tag , qui, nous quittant il y a qnclques mois, avail emporle tout notre amour et tons nos vceux , a pn sn plaindre a son retour de qnelque indifference de la part de ce meme public qn'elle avail iaisse si cnthousiastc. Faiblemcnt encouragee lors de sa rcntrec, privee d'aillenrs d'uue partie de ses moyens, elle a etc bientot conlrainte , par un accident facheux, dc quit- ter la scene , temoin nagnere de ses triomphes, et Ton ignore si elle pourra, d'ici a quelqne terns du moins, reparaitre dans Mdtildii eU Sluibian , nouvel ojiera" de Rossini, dont le role principal lui a ete confie. Jusqne-la c'cst M'"'" Malibian qui la rcmplace dans le Barbicr et dans Cendrillon ; ct par \\^^e sin- gularite remarquable , c'est aussi M™" Malibmn qui est chargeo de nous consoler du depart de M'"<^ Pasta ; de sorte qn'elle doit rennir v.n elle les qualitcssi differentes de ces deux cantatrices, dont I'une, toujours gracieuse, etonnait par sa legerete , abor- dait avec bonheur les j)lns grandes difficultes instrumentales ; tandis que Tautre , profondement dramatique, actrice accoiii- plie , ne se servait du chant que comme d'un langage pour cx- primer les sensations quo chaque situation lui inspirait, A.ssure- ment il est rare ( et c'ctait tout-a- fait nouvcau pour nous) de 542 FRANCE. voir line femme de vingt ans , jolic , enjouee , si bicn placee cnlin dans I'opera biifl'a, qii'il seinblc que ce soil la son genre de predilection , s'identilier d'une manierc complete avec las jiersonnages Ics plus tragiqiies ( Desdcnioita , Romeo ) , s'isoler entierement de toutc idee de representation sceniqiic, trouver dans son coeiir et par de soudaines inspirations les accens Ics plus vrais, les plus dechirans de la fiile d'Einiiro , de I'amantde Juliette; tel est ce talent sijeune et deja si pres de la perfec- tion. Le seul voeu que doivent fairc les dilettanti, c'est que cotte ame de feu ne se consume point par son activite nieme , et que M'°'^ Malibran trouve dans sa jeunesse des ressources contre la fatigue inseparable de si vives emotions, contre les assauts d'une imagination si exaltee. Tandis que M'"« Malibran doit taut de reconnaissance a la nature qui I'a comblce de si nombreuses faveurs , c'est I'art que nous devons remercier des qualiles brillantes de M""^ Pi- saroni. Cette dame a su coniprendrc que son chant seul pour- rait obtenir merci pour toutes sortes de disgraces; c'est done a la purete irreprochable de I'executlon que tendent tons ses efforts, et parfois elie y arrive. Douee d'une methode magni- liquc, mais trahie souvent par un instrument dont le tems a deja endommage plusieurs cordes , elle n'est plus en droit d'at- tendre de I'avenir d'heiueuses modifications, et cliaque jour qui fuit , De sa superbe volx emporte quelque reste. 11 n'est personne qui, parcourant I'ltalie ou la Grece, n'ait eprouve, a la vue d'un monument a moitie detruit, unc im- pression d'autant plus penibic que ces ruines gisantes lui rappelaient de plus grands souvenirs. Dans cette situation d'esprit, le voyageur salue avec cmpressement et en quelque sorte avec reconnaissance le fronton intact, la colonne en- titre, qui surgissent du milieu des debris; tel est a peu pres le plaisir que procure encore M™'' Pisaroni, dans les roles de Malcolm et surtout d'Arsace, les deux seuls qui lui restent pour soutenir sa renommee. Zuccliclli est un excellent clianteur, plein de gout et de correction; mais le plus souvent il execute avec mollesse et scmble avant tout preocupe du soin de conserver la fraicbeur de sa voix. DonzcUi , tenor distingue, fait cliaque jour des progres, et s'cst siulout rendu niaitrc du role d'Otcllo, de manierc a s'y montrer dignc de M""= Malibran. Ajoutons uu mot pour Stirili/ii qui pout, par des e.ludes PARIS. 5, ',5 opiniatres et en adoucissant I'dpret^ de sa voix, atteindro t\ un • rang honorable comme chanteur; pour Zuccoli, qui n'a plus de voix, mais qui remplit encore assez bien qnelqucs roles bouffes; enfln, pour Grazinni, acteur plein d'intelligcncc ct qu'il serait difficile de remplacer. Ce denombrcment fait de rarmee de M. Laurent, nous devons souhaitcr que cot habile general, auquel nous devons I'heureuse importation de la scene anglaise sur notre theatre, prenne de nouvelles positions, c'est-a-dire nous donne sans delai des ouvrages moins connus que ne le sont Otello , le Barhier de Seville et Tancrcdc. C'est a raviver son repertoire' que doivent tendre surtout ses efforts; et, s'il peut determiner Kossini a lui faire quelque chose de tout neuf, il sera certain de recevoir les benedictions des dilettanti. Que serait M""= Ma- libran, dans un role fait a sa taille et modele sur ses moyens, lorsqu'elle est deja si remarquable dans une rausique ecrite pour d'autres, et qui souvent contrarie sa voix ? B. — Theatre de l'Odeon. — Premiere representation de \ Jppartemcnt , on Fingt-quatre heiires de la vie (Van ricJie , comedie en cinq actes et en prose, de M. Merville. ( Le 6 no- vembre 1828.) — Ce second titre est inexact; il semble que nous allons voir I'embarras des richesses, et nous nevoyons que Tembarras des mauvaises affaires. Duversin , le heros de la piece, est un banquier fort gene , et qu'un crcancier est sur le point de faire arreler pour une dette de 80,000 francs. Du- versin a neanmoins tons les dehors d'une grandc fortune; il occupe un vaste appartement , il a un nombreux domcslique , il donne des repas somptueux et des fetes brillantes, mais il est devore de soucis , et I'huissier qui doit saisir ses mcubles paralt au milieu du bal. Cette idee n'est pas neuve ; I'intrigue ne Test pas non plus. Deux amis de college de Duversin qui reviennent apres une longue absence , et auxquels on fait pen d'accueil dans la maison , y jouent le" principal role. L'un , fort riche , sanve Duversin de la catastrophe qui lexnenace ; I'autre, qui est pauvre , a une fille dont le fiis de Duversin est amou- reux , et leur mariage lermine la piece, malgre les projets de fortune que Ton avail formes pour cejeune homme. Pas mi les personnages episodiques , on distingue celui d'un medecin gourmand et nouvelliste, qui ne vient voir certains de ses ma- lades qu'a I'heure du dejeuner ou du diner, et qui leur parle des Turcs en leur tatant le pouls. Les valets occupent beaftcoup de place dans cette piece ; ils remplissent une grande partie du'premier acte [I'anlichnmbie), et dn Iroisieme ( la salle a manger). Le second acte se passe dans le cabinet de Duversin ; le quatrieme dans le salon , et le dernier dans Ifi 5U FRANCE. clianihrc a anichrr. li y a dans cot oiivragc des trails d'obser- vation fideloiHcnt saisis , mais un pen comimins ; il y en a d'autres qui proiiveiit pcut-c^trc que raiitcnir \it dans son cabi- net plus que dans le monde qu'il a voulu peindre. On n'est pas surpris de trouver de I'esprit dans une comedie de iAI. Mer- ville ; raais on s'otonne de n'y pas voir cette vivacitc d'intrigne , ct ces hcureuses coinbinaisons donl il connail le secret , ct que Ton a souvenl applaudics dans plnsicurs de ses pieces, que I'on revoit toujours avec plaisir. — Premiere representation de Marie dc Brabant, drame historique en cinq actes et en vers, par M. Ancklot. ( Mardi 18 novembre. ) — Nous supposons cpie nos lecteurs coiuiaissent le poenie publie il y a environ deux ans par M. Ancelot, sur ce meme sujet, et nous nous dispenserons d'en faire une ana- lyse detaillee. On se souvient que Marie de Brabant, seconde femme de Philippe-le-Hardy, successeur de Louis IX, fut accusee d'avoir empoisonnc Louis, fds de Philippe, d'un pre- mier lit; le crime avait etc eommis par le baron de Liixeuil , jadis Labrossc, barbier de Louis IX, et devenii, sous le fils dece roi, ministre et favori. On raconte qu'une femme designee par I'histoire sous le nom de Beguiiie dc Nivellc , et qui passait pour avoir le don de deviner, sauva la reine, en declarant le vrai coupable, qui fut attache an gibet. Ce sujet est veritable- ment tragique, et offre plusieurs situations tres-bien disposces pour la scene. Le role de la Reguine pourrait produire un grand effet, niaihcureusement le poete la montie trop souvent; il faut menager avec beaucoup d'art I'emploi de ces person- uages merveilleux auxquels on attribue une puissance surna- turelle; plus le spectateur les voit, et nioins il a de foi en eux; il ne faut It-s montrer qu'envcloppes d'une sorte de terreur solennelle, et les reservcr pour ces rares occasions oil leur presence pent auiener qutlque peripetie ; ainsi , il nous semble que M. Ancelot n'anrait pas du laisser voir la Beguine avant cette scene ou, traversant la foiile qui s'ecarte avec horreur , et arrivant jusqn'aii pied du trone, malgre les lances qui lui ferment le passage, elle vient annoncer rempoisonnc- ment el la mort du jeune prince, (pii en effet tombe aussitot sur les marches du trone oa Philippe vient de le faire asscoir a ses cotes, apres lui avoir donue sa benediction, et I'avoir n'-concilie avec Marie. L'apparition de cette espece de sorciere chretienne, qu'on appelle ici Viiispin'c , cut ete ainsi bien pins dramatique, pourvu qu'cUe eut ete jiieparee jjar I'effroi su- perstitieux du peuple et rinijuietude des courtisans. Toutefois , ceite scene du premier acte n'est pas sans terreur; et si, dans le rcste de la piece, la Beguine produit moins d'effet, c'cst, PARIS. 545 nous le repctons, quelle est trop prodiguee. II sumble aussi que le poele se met trop a son aise avec !a science tie sa sor- ciere ; elle sail et elle ne sait pas, selon qu'il est neci ssaire a la niarclie chi drame. II y a la quelijue chose d'obscur qui gene ; la pieniiere condition de I'interet, c'est la elaite. Au second acte, Liixenil fait appoiler en presence du roi et de !a reine le corps du jeune prince , snr leque! paraissent les traces dii poison ; rnn()ression prodiiite par de semblables moyens pent seule les justifier; or, I'apparition urs, eideva au.\ peuplcs en out pio/ile; des laleiis reiiKirquablcs ont trouvc une nou- velle |)atrio qu'ils serviroiU avcc devoiiineiif , et qu'ils lionoreroiil. Tet est lo resiiltat des conceptions etroites et I'ausses d'une politiqu;' qui subsliuie les passions au raisonueineiU, et les petites jjassions ;i oelles dont I'objet el le mobile ont au moias quelque grandeur. PARIS. 549 sciences et a ramiiie un homme dont elles doploreront long- tcms la fin preniatiirec... « Qui n'a pas cntendu dts loiiangvs et des bent'dictions aux obseqties de noire jeiine ami ? Elles pouvaient seiilcs rompre !e silence relii^ieux que raffliction des coenrs fit rogner long- terns dans cetle fonle empressee de rendre Ics derniers devoirs aux restes d'un hoinme qui avail honore sa ville nafale. Tous Ics rangs etaient confondus, comme il arrive toujours dans un grand malheur public : on voyait se suivre, on marcher cote a cote, de simples onvriers et des ofQciers d'artitlerie, les pro- fesseurs du college et des sous-officiers, des chefs d'artillerie et les mcnibres de Tacademie nniversitaire... Des ecclesiastiques payaient aussi leiir tribut de douleur... Mais les eleves de I'ex- cellent professeur temoigDerent bien |)lus vivement encore Icnrs regrets et leur reconnaissance : onvriers, sous-officiers d'artillerie, externes du college, tous vinreiit a Tenvi offrir leurs bras pour porter sa de|>ouille mortelle a la derniere de- menre; chacnn d'eux faisait valoir avec chaleisr les droits qn'il avait a remplir cc triste devoir , et Ton en vit un grand nonibre rentrer dans le cortege, affliges d'etre forces de renoncer a un acte que le coeiir leur prcscrivai). « (ExTRAiT d'une Notice hie ;t la Societe academique de. Mclz, par M. Bkrgkry, professeur des sciences appliquees de l'£cole rojale d'artiliciie, etc.) Reclamation. — M. Antoine [de Sai/it-Gervais) ecrit an dirccteur da la Rei'iic cncyclopedcqae pour rectifier ileux erreurs qu'il a remarquees dans le compte rendu de son Histoirc des Emigres fra/icais. (Voy. Rev. Enc., t. xxxix, p. 21 5.) La pre- miere de ces erreurs est incontestable, et M. de Saint-Gcrvais n'a ]>oint, comme nous I'avions cru, voulu designer r.-aileiu- de VHistdirc du Cahinct de Buonaparte ., mais bien I'aufeur d'un livre intitule : Histoire du Cahinct des Tuileries , ouvrage public a Paris, en i8i5, chez le libraire Delaimav. L'absence de ces dernieres indications dans le volume de VHistoire des Emigres francais explique et justifie jusqua nu certain point notre me- prise. La seconde erreur serai', plus grave; voici comment M. Antoine de St.-Gervais la releve : « Ce n'est pas sur la seule et unique anlorite de I'autenr ( in- diqiie ci-dessus), que je ine siiis permis de parler decet empoi- sonnement (i) ; mais , an contraire, parce quV/ est dit positive- nient que le Due de Feltrc a dejonc le complot a I'egard de Louis XVIII, a Gand; et que le Prince Talleyrand a vu le (1) II s'nj^it du double enipoisoniiementde Louis XV 111 el de Tein- pereur Fi.in^ois par les ordies 011 du eonsentcment de Napoleon. 55o FRANCE.— PARIS. nionSlre qui, a Vienna, avail tloja rempli son affrcusc coin- Hiission a Tegard dc Francois II. Lorsqu'on lit Ics iionis dc deux niinistrcs da roi cites dans iino aiissi hoiiiblo aflaire, et que pcrsonne n'a provoqde ie dementi dc ces haiits for.c- tiounaires , I'historien qui rajjporte un tel fait, en publiant la source d'oii il Ic tire et Ie noui des honimes d'EtiU (pii, a scs yeux , en sont demeiirrs les garans, cet historitn , dit-je, se croit a I'abridui'eproclic d'avoiragi avecune extreme legeret('.» Nous ferons reniarqncr a M. de Saint - Gerviiis tpie i'au- teiir de la brochure de i8i5 est bieu , quoi qu'il cii dise, sa scale et unique autorile ; car il resulte clairement des ternies meme de sa lettre, que c'est cet auteur qui dit que M. Ie due de Feltre a dejoue en ])artie eette odicuse trame , et que M. Ie prince de Talleyrand a vii I'un des esecuteurs de cet infanie attentat. La circonstance que Ie dementi de ces hauls fonctionnaires n'a jusqu'a present etc provoque par personne, ne me parait pas ctre d'un grand poids. Personne , sans doute, si ee n'est peut-clre M. de Saint-Gervais , n'avait interet a faire naitre de Icur part une telle explicalion. Et eertes, les liomnies d'Etat en general auraienl trop a faire si, d'office, il leur fallait refuler loutcs les assertions qu'il aura plu a tel ou tel eerivain de deposer dans une brochure anonyme. Ce genre de preuve negatif n'cst done, selon moi, rien moins que concluant. Mais il est iei, d'ailleurs , plusieurs raisons, je ne diiai pas seulenient de douler, niais de ne point croirc. E!i qnoi ! M. Ie prince de Talleyrand a vu Ie monstre ! et re monstrc n'a pas ele mis en jugement ! et Ie fait n)at('ricl dc I'em- poisonnement n'a pas ete constate d'une maniere quelconquc; \\\ juridi(jucmcnt, ni an moins officii: llcmcnt! II ni'est impos- sible, quanl a present, d'admettre conmie verite historique une semblable anecdote. Et j'avoue qu'il ne m'est i)as donne de partager sur ce point la foi robuste de M. Antoine dc Saint- Gervais. BoucHENE Lefer , avocat a la cuur rayale. Rectification. — En annoncant avec les eloges qu'il me- rite I'excellent ouvrage de M. Coulieu ( Tabic des principalcs positions gcograpliiques da globe. Paris, 1828; Hector Bossange. In-8" dexvi-3i2 et 182 pag. ; prix, 12 fr. (voy. Rev. £nc., t. xxxix, p. 198), nous avons dit qu'on y Irouvait sept niille trois cents positions an ;//«///.< rapportees par ordre alplinbelicjue, etc. Il y a errcur bien evidente dans cet enouce. C'est au momAvingt- deux niille c]\\'i\ fallait dfre. La difference est enorme, et nous saisissons volontiers cctte oeccasion pour recommandcr denou- veau h toutes les pcrsonncs qui s'occupent dc geographic Ton - vrage dcM. Coulier. Bory de Saint- VlNCE^T. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT DIX-NEUVIEME CAHIER. NOFEM\BRE 1828. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. L'education doit-elle etrelibre? Second article. . C. R. P.ig. a65 a. De rabsenlisrae et de ce que deviendra rirlande. J.B.Say, a83 3. Relation d'uu voyage dans le midi de la France. Adolphe Blanqui. 29 r II. ANALYSES D'OUVKAGES. 4. Voyage autour du monde, par L. J. Duperrey N. SaS 5. Rapport siir la partie botanique de ce voyage , redigee par M. Bory de Saint-Vincent Miibel. 335 6. Histoire critique de gnosticisme , par J. Matter. Ph. de Golberj. 343 7. Cours completd'economie politique pratique, par J.B. Say. D. D. 359 8. CEuvresde Michel Lepelletier Berville. SOj 9. Pfincipj di Estetica (Theorie des Beaux-Arts), par M. Talla. ChauveC. 3^7 10. Napoleon en Egypte, poeme , par Barthelemy et Mery. P. F. Tissot. 3uo III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, Annonces de 97 Ouvrages francais et itrangers. AmERIQUB SEPTENTRIONALE. Etats -Ullis , 4 3g6 Amebique MEKiDiojrALE. — Chili, I ouvrage periodique 400 AsiE, t, savoir : Memoires de la Societe des arts et des sciences de Batavia 401 Europe. — Grande-Bretagne, 7, dent 4 ouvrages periodiques. 4o4 — Brissie, 3 4'^ — Allemagne , 6 4 18 — Suisse, 2 4^9 — Icalie, 5 4^6 — Pajs-Bas, 5, doiit 2 ouvrages periodiques 44t Fkasoe, fi3 , savoir : Sciences ihysiqites et nalure/les , 21. . . . 44^ — Sciences religieuses , morales , politiques et historiqties , 18. . . 46^ — Litteratiire , 17 48 1 — Beaux-Arts , 3 493 — Ouvrages periodiques , 3 497 — Lii'res en laugties etrniigeres , iinprimes en Prance, i 5oo 55a TAnLE. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTKRA.IRES. Ameriqur septentrionale. — Jtcats-Vnts : Etablisscment d'une uuiversite a Boston 5o2 Afrique. — Voyage de M. Caille k Tombouctou Ibid. EUROPE. Grande-Bretagne. — Prospectus de I'Almanach britannique pour 1829. — Hommages a Bentham 587 RussiE. — Kamtschatha : Amelioration de I'agriculture. — Com- merce da the Sag Allebiagnk. — Pnitse : Congr^s des physiciens et des natura- listes a Berlin 5i3 SoissR. — Legislation : Abolition de la peine du baton pourles troupes capitulees en France. — Geiiive : Statistique ; Popu- lation 5i3 Italie. — Turin : Aciidemie royale des Sciences. — Exposition industrieile. — Chiavari : Sociele economique 5i4 Grece. — iTo-fwc ; Traduction en grec moderne du catechisme d'economie politique, par J. B. Say. — Necrologie : Andr^- Maximilien Broglio 5i5 EsPAGNE. — Gibraltar . Notice sur I'eruption de la (ievre jnune. 5 16 Fays-Bas. — Societes savantes et d'lidliie piiblique : Societc pour ['utility generate , d'Anisterdam ; Societe de lilterature iintio- riale , de Leyde ; Societe provinciale d'Utreclit ; Societe d'en-- couragement pour rinstructiou elementaire de la province de Namur 5i8 Fb»nce, Societes savantes et tTiitilile publiqi.e. — Arras { Pas-de- Calais ) : Societe royale pour I'encouragement des lettres , des sciences et des arts. — Metz ( Moselle ) : Societe academique ; Bibliotheque industrieile a I'usage des ouvriers. — Saumiir ( Maine-et-Loire) : licole royale de cavalerie Sao Paris. — Jnsiittit ; Academie des sciences : Seances du 20 oc- tobre au 10 novembre. Academie francaise : Seance pnblique pour la reception de M. de Barante. Academie roynie des beaux-arts : Nomination de M. Kamey, Cls. — Societe philo- technique. Seance publique du 23 novembre. — Athence loyal: Pi'Ogramuie pour 1829. — Antiquites de la France : Commis- mission de TAcademie royale des Inscriptions et Belles-Let- tres , cliargee de Texamen des travaux qui s'y rapportent. — Theatres. TIiccitrc-Francais : premieres representations des Intrigues de Cour, comedie, et de la Duchesse et le Page , comedie. — Theatre Ilalien. — Odeon : premieres representations de I'Appartement , comedie, de Marie de Brabant, drame bislorique, et d'un Trait de Cartouche , comedie. — ISeaohgie : Isaac Berr; W^oisard. — Reclamations a55 TARtS. DE r.'lMrnilHeniE BE RtGNOIIX nietli'5 Kr.incs-Bourceois-S.-Micliel, 11" S. LIBRAIRIE I)E JULES REISOUARD^ Fits ET SUCCESSEUR DE ASTOISE-AUOUSTi:? REnOUARD , RUE DE TOURNON , K" 6 , A PARIS. OWRAGXS B.X:CEnm£37T PUBLISS. * BAZ.BZ (A.), La MoNARcniE ruANCAisE compnrte aux princl- paux Etats du monde, ou Essai sur la Statisticjue dc la France consideree sous les rapports geographique, moral ct politiqae, offrant, dans un seul tableau, le maximum , le minimum et Ic ternjc moyen de sa population, do la richesse, de I'indus- trie, du commerce, de I'lnstruction et de la moralite de ses habitans, compares a leurs correlatifs dans plusieurs pays dc I'Ancien et du Nouveau-Monde ; a I'usage des hommes d'etat , des administrateurs , des banquiers, des negocians, des voya- geurs, et speclalcaient de MM. Ics pairs de France et de MM. les deputes. Un tableau grand in-folio, colorie(i Sag). . . G fr. — Colle sur toile et plie 8 fr. Bien que le litre de ce travail suffise ponr ea donncr une idee, nous ajoii- terons qu'il est divise en trois parties principales composant un tableau scm- Uable pour le format h 1.t Balance politique du globe. La premiere iatitulee: Esquisse statistique, contient, en dix-ueuf colonncs , le nom et la position de rliaque departoraent avec les divers apercns qui leur sont relatifs ; la seconde ; Paratlile entre la moaarchie/iancaise et les principaux etats da mcnde , offrc, tu neuf colonaes, I'etenduc, la population absoluc ct relative, le rcvenu ct la dette publique, etc., de ces divers etats; euCn la \.'co\m:\\k: Kesumes stati' stiqiies , renferme en vingt-buit articles, sur le sujct precedent, des compa- raisous dont renscmblc etait rcste josqu'a present inapefcu. * BAZiBI (A.), Ralance politique du globe, ou Essai sur la Statistique de la Terre , d'apres ses divisions politiques nctuelles et les ddcouvertcs les plus rcceutes; offrant dans un seul tableau , pour tous les Etats de I'Europe ct de I'Amerique , et pour les principaux ttats des autres parties du monde , la superficie et la population, les revenus et la dettc, les forces de terre et de mcr, la repartition des habitans d'apres les re- ligions et d'apres les langues, le souverain regnant, ou le chef du gouvernement actncl , avec I'indicatlon de I'epoque de son avenement et de sa minorite , de la religion rjn'il professe et dela dynastie a laquelle il appartientj la population des villcs •i riCRAIRIE EE JULF.S T.V.^OV\T.D. prlncipalos (lc'ch;iqne ctat, en (]i'si,T;nant celle qui en est hi capitalf , et signalant I05 duisioDS atliniiiistnitlvcs ajixcjiicJlps les aiitres appartiennent. Un tableau grand in-folio , coloiic (1828) 6 h. Ce tableau offre Ic resiimo de tout ce qoe la gingiaplne et la .vfatl»l'H[ne out aujourd'hui do plus posltif ct do plus itnpoitutit. (IVst le f'lQit d'etutJt's profoiidcs ct de rassjstaiioc gpnereiise dcs saviiiis les jihis distingnrs dc la Frimee ct dos autrcs contri'cs dii raondc civilise. Lcs elcineDs de «c travail sont susccptiblci. d'liu grand noinhrc d'applications dont pjusieiirs nppaiticDncDt »ux (jm-slion* de I'ordic Ic plus eleve. * BOXSSiE&ES (S.) , VUES, PLANS, COUPES ET DETAILS I>E LA Ca- THEDRALE DE CoLOGNE , avec dcs restauratioDs d'ajires le plan original , accompagncs de recherclies sur rArchitecture de& anciennes cathiidrales et de tableaux coniparatifs dcs princi- paux monumens^ tcxte in-folio, ct planches tres grand in- folio (1824 — 29). Prix de cliaque livraison sur papier fin grand aigle et grand monde i3o Ir. — Avant la lettre , sur papier velin 260 fr. — Avant la lettre , sur papier de Chine. . . . 325 fr. 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Premiere partie : Orthographe regufiere. In-8. . . i fr. i>«/x/f?w('/>rtrfic .• Orthographe irreguliere. In-8. . 2;fr. Cettc sceondc edition, ornce de figures, prcscntera un iiouvel attrait nux. enfans. L'autenr a gradue les difficultcs avec soin , pour cviter aux coninicncaD.'- I'cnnui qui a etc long-tcnqis inseparable de ces premieres etudes. » BOHIFACE (A.), Grammaike rnAJfCAiSE, methodique et rai- sonnee , rcdigee d'apres un nouvcau plan et fondee sur un grand nombre de fails et sur I'autorite des grammairiens les plus estimcs, ouvrago t'ont le but est dc faciliter I'cnsei- OUVRAGIS XOUVEAUX, 3 gacment et Tctude dc la languc francaise. i fort vol in-12 (1829). a fr. 5o c. * CHAMBURE (A. DEJ, jVapolkon et ses contemporains , suite (le gravures accompagnoe d'un lexle expllcalif. 12 livrai- sons, chacune de /( planchesavec texte, et formanti vol. in-4, ti'es bien Imprlm^ sur papier velln ( 1828). Prix de la livraison : Epreuves avec lettre sur pap. \v\. i o fr. Epreuves avec lettre sur papier de Chine. . . 16 fr. Eprcuvcs avant la lettre sur papier dc Chine. . 32 fr. Prix de I'ouvrnge complet, que Ton a la faculte d'acquerir en une sculc fois, cette publication etanl terminee: Epreuves avec lettre sur papier velin. . . . 120 fi*. Epreuves avsc lettre sur papier de Chine. . . 192 fr. Epreuves avant la lettre sur papier de Chine. . 384 fr. L'.iuteur .i voulu represeutcr Kapoleou dans les h.ibitudcs de sa vie privce, dans sa famille ou au milieu dc ses compaguons; c'est la qu'il a puisc ses sujets, ct il n'a adrais que des recits foudes sur I'authenticite la mieux constatee. — Les dessins , de MM. Cliai-let , Delornie , Dcscime , DeTcria , Grenier, E. Laray, Langlois , Schcffer , Steuben, ont cte graves par nos nieilleurs artistes. * COZiART (Instltuteur des Enfans de France), Histoire de France representee par des tableaux synoptlques et par 70 gra- vures , employ<5e pour I'education des Enfans de France, i vol. in-8 , oblong, cart. (1826J 20 fr. * COiliECTION o?f), Meinbrc de I'lnstitut. Le Visitrur DU PAUvr.E. Troistcine edition , considerablement augmented In-8 (182G) , 7 fr. Ouvragc couronno par rArademie franraisc ct rAcadomie de Lyon. C'est ui> manucl pour tons ccux qui s'ocrupent de soulagor les inallieureux, ct qui vcu- lent que Icurs l)icnfiiits soieut repandus avec discernemcnt. SEXiAMAIiIiSr , Plaidoters choisis et oeuvres diverses, 4 vol. in-8, ornes d'un portrait (182G) 24 fr. • BES GHECS , BES TUHCS , et de I'Esprit public euro- peen, par M. L. C. D. B. In-8 (1828). . . . 3 fr. 7,5 c. Ccs considerations , ccritcs en 1821, furcnt alors adrcssecs nn comte Capo- d Istria; I'auteur y fsisait pressentir une parlie des evencmens dont nous avons ete temoins dcpuis rcttc cpoqne. En pobliant auiourd'hni cct opnscufc , il I'accompagnc de notes sur I'ctat des clioscs depuis 1821. 2>B.OZ (Joseph), de rAcademie francaise , OEu\ties. 2 vol. iii-8, ornes d'un portrait (182G). . . , . ^ t 14 fr. — En grand papier velin , 36 fr. Le premier volume contient ; Essai snr I'Art d'etre hcurcurt. — tiogc de MoD- taigne. — Etudes sur le beau dans les Arts, Le deuxscme volume reuforine 1 Dc ta Philosophie morale Applications de la morale a la politique. — Notice sur Michel de I'Hospital. — Discours dc reception .1 rAcademie francaise. Les divers ouvragcs de M. J. Droz , publics separoncnt , ont cu beauconp de succes etont touscte plusienrs foisreimprimcs. Ces deux volumes, dansUsqucb Us se tronveut reunis, dc seront san.i doute p.-rs aecneillis avec moras Jemprcs- scment. Cliaque ouvragc pout toujours ROZ (Joseph) , Essw sur l'art d'etue heureu.k. Sixicrnc edition, I vol. in-18 (1829). ...,...,.. 3 fr. Snoz (Joseph) , Etudes sur le heau daxs les arts. Scconde edition, in-8 (182G}. . . 4 fr. 5o c. ^UCKETT (Vv'lLLIASi) , IN'onVELLE CRAMMAIRE APTGLAISE. T vol. in-i2 (1828). 2fr. 5oe. OrVEAGES TfOUVEAfX. S C'cbt au momcut oii la connaissancc dc la langue anglnise devient jilus que jamais iuilispcusablc , qu'on Jolt scntir Ic bcsoiu de livrcs ck'nuutaircs qui eii facilitent I'ttudc. M. Duckett a clicixlie a fairc tine grainmaire a I'aide do la. fjuelle ou puissc en quclque sorte se passer dc maitre. II y a joiut uu traitc dc l>rosodie anglaise ; quclques dialogues sur ks habitudes dc la vie comjilttcnt son ouvrage. Cc volume , quolquc luiprime avec le plus grand soiij , est d'ua pjrix tres modique. XSSAX sur les Modifications npporlccs a la conformation de la terrc dcpuis sa creation , par J. J. D. , ancien capitaine d'ar- tillerie. In-8 (1828J 2 fr. 5o c. * SVERETT (a. H.), N0UVF.LLES iDEES sur la population, avec des roraarques sur les tlieoiies dc Malthus et de God^vin, ou- vrage tradnit sur I'edit. anglaise de iSa^ , par C. J. Ferry. In-8 (182G) 3 fr. * FABllAUX ou CoNTES traduits, ou extraits de manuscrits dcs XII^ et XIII" siecles , par Legrand , avec des notes histori- ques ct critiques. Troisiemc edition, corrigee et augmentee d'apres les manuscrits de I'autcur. 5 vol. in-8, pap. cavalier velin, ornes de 18 vignettes d'apres Moreau et Desenne. [Sous presse.) Cette ncuvelle edition est faite sur un cxemplairte reinpli de corrections ct d'additior.s de la main de Legrand. L'aiiteur par ses travaux , I'editcur par ses siOins , ses verifirations stTupuleuscmcnt cxactes , auront rendu ce llvrc Lien superieur aux editions precedcntcs. A la fin de eliacun dcs 3 volumes sera im- jirimc , dans rancien langagc , un clioix de ee que presenteut de plus interes- sant les fabliaux contenus dans le volnme. L'editiou est tiree a petit nombre dans I'un et I'autre format. L'exeiutinn eu est dc la plus grande elegance et les 5 volumes sont ornes dc 18 gravurcs dimt 15 sont le dernier ct pcut-etre Ic plus bcl ouvrage de Moreau ; les trois dernitres, dessinecs par Descune , sont dignes dc la reputation dc cct estimable artiste enleve trop t6t aux arts. FILAKKItZSr (Benj.\min) , Memothes. Traduction nouvclle, a vol. in-i8 avec i portraits (1828] 6 fr. Un msnuscrit original que les t'ditcurs ont eu entre les mains , leur a permit do donncr une traduction tres exaete, et de restituer quclques passages impor- tans que Sir William Temple, petit-Cls de Franklin, ct premier editcur de sci Mcmoires, avait supprimcs. Cos deux volumes peuvect se joindrc aux Melanges annonces ei-apres. raAlIKXIM' (Benjamin) , Melanges de morale , d'econoniie et de politique , e.\traits de ses ouvrages , et precedes d'une no- tice sur sa vie , par A. Cli. Renouard. Seconde edition. 7. vol. in-18 (1826) 5 fi. Le plus grand nombre dcs morccaux dont ccs deux volumes se composcnt n'avaient jamais etc rccucillis eu francais ; plusicurs mcme n'uvaicnt point cv» core (itetraduiti cu cctJe languc, 6 LICRAIRIB 6£ JOteS RENOfARtr. GARMERAV. Ycesdes cotes ue France, dans I'Ocean et dnm la Mediterranee , pelntcs et gravces par Louis Garncray, decrltes par M. E." Jouy, de I'Acadtiniie francaisc. i5 livralsons in-fol. , grand pap. vel. , chacune de 4 planches avec tcxtc. II parait lo Ilvraisons chacune du piix de lafr. * OAXSm AivTiQtJiTEs DE LA NuBiE , ou Montsmcns incdits des bords du Nil , situesentre la premiere et la seconde cataractes, dcssiniis ot nicsurcs en 18 ig. i vol. grand in-fol. avec 63 plan- ches et vignettes dent 8 coloriees (tennine en 1828). 240 fr. — Eu papier vclin 480 fr. Cc grand ouvnigc , fi-ait dc longucs reehcrolies , se compose dc Gi plan- ches ropicsentant rcnscmble ou les principaux details dcs laonuraens que rautcur a rencontres cii Nabie ; de Id fcuillcs d'inscripdoas et dc 15 vucS ['vigneties) choisies pour donner lidte de I'afpect general du pays. Qoelqucs- nncs dcs planihcs d'arcbitecture sout colorifccs , et reproduiscut iidelement Ics pcintures des inonunicns cubicns. Lc texte rontient due introduction, uuc re- lation du voyage ueM. Gau, uae explication des inscriptions par M. Lctroanc, et un cominentairc par M. Nicbidir. Cct ouvrage destine a servir d'iutroditctioD ou dc complement au grand travail de la commission d'Egyptc , a cte execute aver lc meme soin. La gravure des plancbcs a etc confiee aux menies artistes. GAtTIiTIER (L. ), CouRS liLEMKNTAiRE DE Geogkaphie, enticrc- ment refondu et considerablement augmente par MM. De BlI- gnieres, Demoyencourt, Ducros etLeclerC, ses eleves. Sa^oir : Lecoks dk Geoguaphie, divisees en trois parties : F" Partie. No- menclature dcs difforens endroits de la terre; IP Partie. No- tions de Geographic historique, physique et politique; 111*' Partie. Elemens de Cosmographie- i vol. in-i8 de pres dc 400 pages, cartonne, avec unc planclic (1828). i fr. 5o Cw Ati.as DE Geograpiiib, contenant 7 cartes coloriees, plus une feuille d'ellqucUes pour le Jcu de Geographic. In-folio, bro- che (1828) 6 fr. Chacune des 8 cartes de I'Atlas peut etre achetee separement. Prix de cliaque 1 fr. — Collee sur carton 1 fr. 25 c. Elemexs de Giiocr.APniE, exlraits des Lecons dc Geograpliic. In-i8, cartonne 75 c. N !>■ Le Cours comph-t d' Eludes eUmenUtires pour les enfans , ]i:4r Ij. G.a.ui.- TtKP. , comprenant la lecture, I'ecrllure , rarithni(;tic|uc , la geometric, le.9 l.Tugucs franraisc, latinc, italienne; la geograpliic, la chronologic et I'liistoirc, I'nrt do pcnser et d'ecrire , la musiquc , etc. , etc , se compose de 22 volumes iil-lS', C vol. iu-13 , 7 oabiers in-folio et plusieurs Loites ct etuis. Lc tout r ;-.''.• i:iL vlap-i uuc boltc , co(ite 66 fr, 6VVf.AGKS NOtVEACX, ■* * €Sl?lO"31iT*'3!'E.IOS033' « OEuvris rosTHUitr.s voktiqtjes vx DiDicTiQUJES, suivies de sa corrcspondiuice ; piccedees d'uiu' iiolice lilstorique ct imscs en ordre par P. A^ Coupin, i voi. grasd IB- 8, papier A elin, orites de G gravures et lithogr.i- phies > d'apres les dcssins ovJginaux dc Girodtt, et d'un poi • trait (i8ag). » 4o ''^ • — Avec les grav. avant la lellre sur pap. de Cliine. . . 60 Ki\ Girodpt , dcja si grnisd oaminc pr^intre, vouiait cacore s'illyslrer cfMim.- ^>ottc. Unc mart truj* proinpto l'(M!»j5<'c3m de j>i'.felier lui-irn'Mc ses OEuvr*-.'. Ju- ^CTaifcs". nous l-ca (rffrens ;i\ijoTirdVmi mix .-wiiis des arts ct dcs lettres. O.-ttc |VHljlk-atioa se c'lnpesc rie di^xrs otivrKgcs en vers ct en prose , tin ■. inedits, et relatiJfs a i'art do J;i peint. mniiuscrits , dc Is redaction d'lrae notice fciogr.ipl.ifjirc etdeocUe du cat;;J,>;:]: ■ ■<.]es uombreuscs prodiKliojis t^wi wit pliKe Girod-et an premier ran:; li' - j[»ciiitres modcrKCs. L'uJitioii qac onrus annoacoas est impriisoo-arec luxe; dos 7 plaaclics i!..i.: ■cUc est ornce , 7) ont elc gr-avvcu , d'aprcs les de/.sius origiaaux dc Oiroi:!.;. ,j>ar MM. Bcia, H> ftipo-ut et Mailer, ct 5 ORt etc litliograpliiocs par M. SkiUh' , jiiinsi qse le jiortpait. SfAIM'(L.}, RE^ERtoniuM niBLiocttAr'HicuJi. i^a^uolib^^onln^s:l^^ artelypegrapliicainvenla usque ad aRjiiim MD. typis exp«t\-M ordine alpliahclico vcl simpltciler enuincranlur, vel adciir,:- tiiis rccenscsitur. 4 vol. in-8(xS26 — 27). Chaque volume, depresde Goo page:; 2HU>rImces a 2 co'oi:- nes 5 siir papier fort ct colK'\ .,...,., 1 -S I'l . Cct oKvragc , fmit de pii!sie«rs aiiRecs dc travaii.v ct dc rcclierches , >>'( scnte cac HoniOBclatiire plus oot'utrce, deux odcons, de j)luskurs tombciiux ct iiiitres joonuincrs j les coupes ct t'linations , gravccs au trait, de chacuii I'.c ics inoiiiiuifns , dans son ctat actucl ; les restaurations , an trait, de ccs mtiuos numumcns; !es details d'aichitectiirc , avcc riiiJlcMtiiin du systi'uic dc iGnstruclion dcs t'-dificcs ; cufiu , les r.ictin)cs sculptec.s dcs temples dc Seiiiuiute, les iigurcs «i)!()5s:ile!< dc rinteneiir du temple dc Jupiter-Oljinpicn , les rcstcs des sculp- tures des fionti.ns de ee tciiiplc, ct p'usieurs autres fr;:';meiis troiives a Agri- geutc, Tauiiniue, SjTaciise, Oit.inc et Acre, ccs dcruiires plaiulios ombrecs ct colorie<'s. ■ • • • ... * SIT'Z'CB.FS' KT aSASJTH, Architecture moderxe de i.aSi- cii.E , ou Rcciicil des plus beaux monninens religieux et des edifices jnibiics et j^articuliers les plus remarquablcs des prin- cipnies \illcs de la Sicile. Grand in-folio (1826 — 29). Cct ouTrape sc ooinposcra de 18 livraisons dout 4 5 .sont puLliees. Chaque 11- Traifon conticnt 1 planches. L'n textc explicatif ct liistoriquc sera remis gram aiix soo.scrijjtcurs avcc la Jcrnieie livraison. Lc pri-1 do cliaquc livraixiii est, pour les souscriptcurs , sur papier colom- ])icr fin 3 fr. — Snr rolombicr veliu 10 fr. L'oa%"ragc .'.ur Tarcbitccturc antique do la Sicile , cnmpreuant les monumcns de la pluff Iiat:te an'.iqiiite jusqu'a la decadence dc I'art , ct I'ouvragc sur I'ar- diitccture Hiodcrnc offrant les edifices constniits depuis la rcnai.ssance jusqu'a nos jours , Ces deux Uccueils reunis formerout le tableau complet dc I'litetoire de cct art, dans un des pays les plus eelibrcs dc rantiquite. HUMBOLDT (A. de), EssAi politique sue le koyaume de la Nouvr.LLE-EsPACNE. SccoTtdc edition. 4 "vol. in-8, avec un atlas geogiapbique ct physique compose de 20 jjlanches, grand in-folio (1827) 166 fr. — Les /i volumes sans I'atlas 36 fr. — L'allas separenient i 5o fr. Dans une occasion solenuclle, lc 21 juln 1821 , le pouvoir executif du Gouver- Dvinent Mexicain a declare « que HEssai politique renferinc le tableuu le plus cui/iplet et le plus exact cllc carte generalc de la Nouvelle-Espagnc ct des pays eirconvoisins. Cette uouvcUe edition, dc mcmc que l'in-1 qui I'a preeedee, est accompa- gnec de I'Atlas gcograpbiquc et politicjue de la Nouvclle-Espagne. Pour fairc sentir rimportauco dc cct .Itlas , il suffira de rapj>cler succinctcmcnt les litres des planches qu"d reufernie. I. Carte gcneralc dc la Nouvelle-Espagnc. JI. C;irte du Mcxiquc et des pays limitropbcs, situcs .tu nord ct a Test. OUVRA.CES KOCVr.AUX. 9 HI. C.-irtp dc la v.illic tie Mciiro ct dcs niontaguci voisincs. IV. Poiuts de p.irt.itje ct coihimiiiio.Ttioiis projcttcs eutrc Ic (W and Occ'aa ot rUwaiiAtliintitjue (Iniit petitcs Cartes sur uii foiiillct). Y. Cai tc rcdiiite de la route d'Acapulco a Mexico. VI, VII, VHI. Route de Mexico a Sauta Fe du Nouveau-Mcxiquc. IX. Carte rcduitc de la partie orientale de la NouTcUc-Espague, ucpuis Ic plateau dc la villc dc Mexico, jusqu'au port de la Vcra-Cruz. X. Carte dcs fausscs positions attribuces (par divers gcograplies) aux ports de la Vcra-Cru7. ot d'AcapuIco , ct h la villc dc Mexico. XI. Plan dii port dc la Vera-Cruz et du cliAtcau dc Saa Juaii dc Ulua. XII. XIII. Tableau physique dc la pcnte oriculalc et occidcntalc du plateau de la Nouvellc-E.spagnc. XIV. Tableau du plateau ccutrjil dcs montagncs du Mexiquc. XV. I'rofil du canal de Huehuctoca (Desague Real). XVI. Volcans de la Puebla. . XVII. Pic d'Orizaba. XVIII. Plan du port d'AcapuIco* XIX. Sur un feuillct , cinq Cartes relatives aux mines ct a leur produit. XX. Deux Tableaux coniparatifs dc I'ctenduc territoriale , et dc la po- pulation dc la Nouvelle Espagne. N. B. II rcste encore quelqucs cxemplaircs de la premiere edition en 3 vol. iUfl , indispensable aux personues qui veulcnt reunir la belle collection, cu grand format , dcs voyages de MM. dc Humboldt et Bonpland en Ame- rique. — Les 2 vol. et I'Atlas grand in-folio, coiUeut 250 fr. JOUY , dc I'Academie francnise, Jeu d'Astro>'o.>ue , compose de 48 cartes renfermees dans un etui (iSay) 2 fr. — Jeu de Botanique, comppsc de /jS cartes renfermees dans un ^tul (1829) 2 fr. Complcmeot de la collection des Jeux instructifs par le mime Auteur, et qui se compose dc 15 Jeux, savoir: Lecture. Histoire ancienne. Histoire des auiraaus. CLronologic. Histoire romaiuc. Mythologic. Geographic. Histoire des Empcreurs. Musique. Histoire sainte. Histoire dc France. Astronomic. Nouveau-Tcstament. Histoire d'Angleterre. Botanique. Chacun de ccs jeux oontenant 48 cartes renfermees dans un etui. . 2 fr. Le jeu de geographic , avec une plauthe , coiite 2 fr. 50 c. Voici en quels termcs madame Campan s'exprimait sur les jeux liistoriques , dans son ouvrage de V Education. « M. de Jouy a rendu un grand service pour les premieres annces de I'cdueation en faisaut passer dans notre langue les cartes liistoriques, dcpuis long-teuips eu usage en Angletcrre ; on ne saurait trop en rcmercier ce spirituel ecrivain ■>. Les deux nouvcaux jeux que M. Jouy livre au public, Astronomie ct Brtlanique , etaicnt devcnus indispcnsables ; les encouragemens prodigues d quiconque clierchc a initicr rintelligence des cnfans dans les sciences naturelles , nc permcttaicnt plus a I'autcur dcs jeux dc cartes iustructivcs dc laisscr sa collection incomplete et de ne pas lui impri- mer re caractere vraimcnt encyclopcdiquc qui, dcpuis quelqucs annces , est Ic cachet dc tant de publications. KAIiVOS de Zante , Odes Nouvelles , suivles d'un choix de poesies de Clirestopoulo , avec le texle grec moderne en re- gard, in-18 (182G) 4 fr. '0 iiKriiRt)'. m. JDtfeg RfiKotjAnD. * KABACZAV (CoOTK FEDOr,), BfANUKi, du vcVagelt. £?r\S{- nt.E. In- 18 ;ivcc unc cnrte (1826} 5 fr. ^Ti c. XiESAGZ: (CoMTKDK Ia3 Cases) , Caute d'AllemagSe poli- tique acluellc oti Confederation germnnlque (1827). Tableau grand in-fol. , colorie 5 fr, — Feuille coinplwiicntaire pour 1828. Grand in-folio. . 5 fr. Cos 2 cnrtos, avec les j suiwintcs scrvcnt a couijilotcr foutcs Ics aacieuues jidilious df V Atlas de Lesngc. AjiiiniQUE luBtoriquc, pbyf-icjiie ot politUjiie en 1H25 6 fr, Etats-U.ijis d'Aineriqiic ca lb:i6 5 f^, EuKOi'E hiatoriqiie ct politique en d 6:26 . . 5 fi'. tESWE. — La Reliure , poenic didactique cii G cliants. Sc~ conde cditinn, suivie d'un vocabulaire dcs Icrmcs techniques de I'art dc la rrliurc. Grand in-8 , tire a i2f> excnipliires sur paplor vclin d'Annonay (1S27) 2,5 fr, Cartonne par I'autcur et d'apres ses proccdes. . . 27 fr. aSASffCX (A. J. de) , Atlas insTosiytJE et f;ttnoKOLOGiQUE des LlTTERATtJRES AKCIEWNKS ET MODERSES , EES SCIENCES ET DES Ur.Aux-AiiTs , d'apres Ja methode et sur le plan de I'Atlas de A. Lcsage (Cointe dc Las Cases), ct pi oprc a en former le com- plement. I vol. gr. in-fol., cojnpose de 2 J tableaux ooloriea. (1827 — 29). Prl-s pGu'r los souscripteurs 100 fr. Cct Atliis se compoaern de 25 tnldcnux dont 19 out di'j'i p.aru , ct est distri- »)Ue pill- livraisons de 'I taLloaux. Lo prix de iliaque livriiii,on est, ponr Ics BDnsc-ripteurs , dc 8 fr. ■ — ■ En grand papier vclin. . IG fr. On pout a<(iucrir cliaquc tahk-.-iu teparcnirnt an pris dc 5 fr. Apres la piii)Iit«tioii dc !a 15" ct dcr^ierc livraison , le pri.t dc rouYragc Cfimplct, en dcmi-rcliiirc , sera porte 11 , . . 120 fr. L'aj>p!ic.-.tion dcs tal)le.iux syiioptiqucs u Tctudc dcs sciences liistoriqucs a rav;int;ij5e incontcstaljlc de j>!Rccr suii-s les jcux ct de faire suivre fnrilcmont ;i Tcsprit IVjjsemble, ct la Cliutiou dc3 fails. Ricn n'cuipOclinit que cettc nicthodc , dcpiiis loiig-tcinps rccoiiimc Ijonne pour I'histoirc dcs pciq)lc,i, no fiU sppli- quce .i liiisSoirc littcraire qui sc lie si intiniemeut aiix aunales politiqucs. Ot atlas sera wn viistc repertoire dcs faits dont la conuaissunce est acccssairo pour I'etudc de I'i.istoJrc de la litlcrature ct dcs s^.-ieuct.'s ; il se compose dc tableaux gCEcraU.x et de tableaux spcciaux qui scrvcnt do develoT)pcnicnt aux premiers. Cliaciiu d'ciix est diviso cu plusieurs rolonncs , prcscutant uh ordrc eiirouolo- gique dcs fnlts rclatifs a I'objet traitc. La coloJinc du in:lieH indiqnc cct olijct par un titre cxplicatif. La pi-cniitrc colociie a gnuclic offre tin precis Listorique et critique sur In science, la littcratiirc on le corps savaut dout on s'occupc. Unc .lutrc colonuc contient I'indic.Ttion dos .sr.rlrccs ; d'autrcs, laeiicccosion d'aprc.) (•■> dato de Icur mort, dcs puites prosatcurs on savans, avcc la dtbiguation dc Icurs principaux ouvraycs , etc. Daus Ics dcrnicrcs coloiincs .i droits' on Irouvc ordinaircmcnt unc esqiVissc do chronologic coinparcc dc I'histoirc littcraire ct de riiisioirc politique. L'autcur a consiilte toutcs les sourcca ct cherchc , Jiar dn longs et de noinhnux efforts , a rcudrc complete rcxaetitudc Jj ;os Uiilcau£, i:u vuiliics doum; la copie cx;!(te des 152 prin- cij>ni!x dcssins originaux dci giauds maitics qui fout parlie de la galerio royalc do Munioh. Lcs touios 1 ct 2 , conticunent I'Ecolc italicnne. — Le tomu "i , Ics Ecolcs lla- mandc , hollrfndiuse ct fnincaise. — Lc tome 4 , TEcoIc allcniandc. * THZBAVBEAU (A. C), auteur des IMemoires sur le Consulat. IIisToiRE CEMiRALE DE Napoleo?? Bo>'aparte , dc sa vie privte et publique , de sa carriere politique et militairc , de son gou- vernement et de son administration. 14 volumes in-8 qui pa- raitront par livraisons de 2 vol. — Lcs 6 vol. deja publics contiennent : Guerre dltalie, 3 vol.; Guerre d'Egypte , 2 vol.; liisloire du Consulat, torn. i''*'. Prix dc cliaque volume 7 fr. Ccttc Histoire est ccritc d'aprcs les monumccs du temps, ofCcicIs ou privcs, publics ou secrets. .A.ux esquisscs plus ou moins fidilcs dont J\apolton .1 cte If sujet, ct ou il a cte, suivaiit les uns, trop maltraite par la haine, suivant les autres, trop exalte par I'admiratiou , son Histoire gekehale oppose un ta- bleau ou il sc peiat par ses actcs, ses correspondanccs , ses proclamations, scs conversations, ses confidences, scs ecrits. Cct ouvrage sera sans contredit le plus coniplct qui ait pnru sur Bonaparte. L'auteur est un dc ccux qui out assiste, de pris a tons les cvtncmcns de sa vie politique. * TEIBAUIiT (J. T.), Applicatio:? de ea Perspective ei- NEAiRE aux arts du dessin , ouvrage posthume, mis au jo'ur par Chapuis. 1 vol. gr. in-4 , papier velin, avec 55 j)lanclies (1827) 5ofr. VAMTHAIiEJH' (Dos .Tua?() , chef d'etat -major d'unc des divi- sions de rarmce dcMina, en 1822 et 181'i. Mejioires, 2 vo1._ in-8, orncs de 2 portraits, de divers fac-so/u'h' ct d'une carte de la Guorgie (1827) 12 fr. La Premiere pdrtie, contient Ic rccit dc sa captivite dans lcs cachets de I'in- quisition d'Espagne en 1817 et 1818, de sou evasion , etc. La Scconde panic contient le recit de sa campagneau Caucase , sous Yermolovi', en 1819et 1620^ et de son retour en Espagne en 1821 , etc. VA?J EEa VjEI.de (C. F.), Romans iiistoriques, traduits de I'allemand par A. Locvo-VeiiTsars. Scrorulc edition. iG vol. in-12 (1827—28) 48 fr. Des leur apparititm en .Mteinague , ccs romaus fnrent .nccuciliis avec un cm- presseraent c.xtrdordinaire, ct deja avant la mort de Tautcur, trois editions qui s'ctaieut succcdees rapidei.T.'Ct attestaicnt qu'ils etaicnt digncs de leur suices. OtrVRACFS NOUVEAUX. l5 I.es IG volumes renj'crirtcnt : Arv.cd Gyllciisticrna. . . '1 vol. La Conqui'te dii Moxii|iic. . 2 vol. Les Anahaptistcs 1 vol. Lp Roi Thi-odorc 1 vol. Les Patririens 1 vol. L'Horosooiic Paul (le Lascaris , ) "2 nl Axel. (iiininia ....$' ^ ' Les Fl;l)ustiers. . .. . x^ ^ ^^,^ Les Hussites 1 vol. Les Tartares en Silcsic. . Cliristiac 1 vol. La Guerre (les Scrvantcs. L'.imbassade en Chine. . . 1 vol. La Dniidesse Cliaquc ouvrage pent etrc aclictc separemcnt. Prix du volinnc. . . . 5 fr. VICO (J. B. ), Principes de la piiilosopiiie de l'Histoirk , traduits de la Science nonvclle de .T. B. Vico, precedes d'uii discours sur le systeme et l;i vie de I'Auteur, par M. Michelet. In-8 (1837) 7 fj-- Get ouvrage , encore pen connu en France, a cu 7 jditions ea Italic. Un livre sur la Piiilosopiiie de I'Histoirc , public 40 aus avant cclui de Voltaire ; tin livrc on Ton trouvc deja les doutcs de Wolf sur rcxistence d'Homirc , eeux «le Niebuhr sur les premiers siecles de rbisloire romaine, et le gcrme de la jdupart des tlieories qui font I'orgucil de rAllcmagne moderne, inerite I'attec- tion du public francais. Avcc quolque severitc que Ton juge les idees dc I'autcur, on admire du moins sa mauiere , qui rappclle relevatioii et I'audacc poetique de Bacon. VITET (L.). Les Barricades, scenes liistoriques. Trolsieine edi- tion , revue et augmentee. In-8 (1827I 6 fr. * VUES PITTORJES^IJES de Francfort-sur-le-Mein , litho- graphiees par Eichehols , Courtin etDcroy. 6 livraisons grand in fol. chacune composee de 6 planches, coute. . . 20 fr. — Sur papier de Chine 36 fr. * "WACE (Piobert) , Le Roman de Rou et des ducs de Nor- mandie, public pour la premiere fois d'apres les manuscrlts da France et d'Angleterre , avec des notes par Frederic Pluquot. 2 vol. in-8, fig. {Rouen, 1827) 20 fr. Z.IVII.ES ESPAGXrOIiS. ACCUM (F.), Recreaciones ouImicas, que conlipnen una seria de Experimentos qiiimicos curiosos e instructivos, que pue- den ejecutarse con facilidad y sin el menor peligro ; tradu- cidas del ingles al castellano de la cuarta edicion , con nolas \ por .1. L. Casaseca. 2 vol. cn-12, con laminas (1826). 12 fr. EUBEB. , EXPOSICION ESTADISTICA DE I A ISLA DE CuBA , tradu- cida al castellano por D. J. R. de V. y M. en-8 (1827). . 5 fr! HUMBOXiDT ^A. de) , Ensayo politico soj;ke la Nueva- EspaSa ; segunda edicion , corregidn yaumentada, traducida al castellano de la spgunda edicion Irancc-a , por D. V. Arnao. 5 vol. cn-S , con n:apas (1827) . 75 fr. l6 MBnvlniK DE JULES KKNOtTARD. — OUVRAGES NOUVEAUX. HVAEBOaiDT (a. dk). — Atlas CEOcnArico y pisico dk i.a NuEVA-EsPANA, ao inapas en-folio aSo fr. Tittihs lie L>s vcintr: Mapas. M.ipit general dc la Nucva- Kspai'ia. 1 y 1 his II. Mapa lie la Nucva-Espana y lie los jiaises liuutrofcs al IS. y al E. III. Mnjia del vallc dc Mrjieo o <'.el antifjiio Tcnoelititlaii. IV. Majia ijiie n-jircociita los ]>un- tiis cii ins ciiales se lian j)royt'etado comuniearioncs eulrc cl Oeeaao Atlantieo y cl Mar del Sur. V. ]\Iai)a rediieido del eamino dc Acapideo a Mt'jieo. VI. Majia del eamino dc Mcjico li Dur.ingo. VII. M.apa del eamino de Dnrango a Cbiliuahua. Vltl. Mapa del eamino de Clii- liualuiaaSanta-Fe delNuevo IMejioo. IX. Mapa de la parte oriental de la ]Nueva-Kspana , desde la llanura dc Mcjieo liasta las eostas dc Vera-Cru7,. X. Mapa dc las falsas posfeio- ncs. XI. Piano del pucrto de Vcra- Cruz. XII. Dcsciipcion fisiea dc la falda oriental del llano de Ana- liuae. XIII. Mapa Csieo de la falda occi- dental del llano dc la Nueva- Kspana. XIV. Ma|)a fisico dpi llano centra? dc la Cordillera dc la Niieva- F.spana. XV. Pcrlil del canal dc llucluic- toca. XV[. Vista pintoresca dc los volca- nes de Mejico y de la Pucbla. XVII. Vista pintoresca del Pico dc Ori7.al)a. XVIII. Piano del pucrto dc Aca- pulco. XIX. Mapa dc los diver>.os caminos por los cunlps rcfliiycu l.'.s riqnczas metiilicas dc tin rontincnfe al otro. XX. Figuras que reprcscntan la supcrCcie dc la Nucva-lis- jiaua y de sus intcndcii- cias , los progrcsos del la- borio metalico y otros cd)- jctos rclativos a las colonias de los Europcos en las dos Indias. (Vcnse cl nnalisis razonada de cste atlas en el torao 5 del Ensayo poli- tico sobrc la Nucva-Espaiia.) HUZT (A. de) , En.sayo POLITICO sobue la isla de Cuka, con un mapa; en-8 (1827) 12 fr. IVAGEia'SIZ; , Formulario para la prcparaclon y uso de varios Medicamcntosnucvos, etc., traducido al caslelinno, con nofas, ])or J. L. Casaceca. 1 vol. en-i2 (1826). ..... & IV. OXiSISSO (.I.J.), La Victoria deJunin, canto a Bolivar. 1 vol. en-12, con iaminas ^ ^^'• PiUlAIS, La QuijiiCA del Gusto y del Olfato jmesta al alcance de lodo el inimdo, Iraducida al #:astellano por D. M. de Yaniz. en- 12 (1827) G fr. FAIi}L.A!S, Tratadosobrk la Dkstii.acion qnc conticne la Ico- ria de la fcnnentacion y su aplicacion a la practica , traducido fil ca.stcllano por D. M. de Yaniz. en-12 (1827). . . G Ir. VAN HAI.E3I (Don Juan), gefe de estado mayor dc una do las divisioncs de MIna , en 1822 y i82'i. — Narracion escrita por el mismo, 6 re)acion circiinstanciada dc su cautividad en los calabozos de la inquisicion , de su evasion, etc. 2 vol. en-12, con laminas (1827) 12 ir. J. CORREARD JEUXE , KOITEUR, DIHKCTEUR DU JdtllNAL nKS SCIKKCES MIt.ITAIRES, BUE'RlCnELIEU , W" 51, A PARIS. HISTOIRE PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE DE RUSSIE, DEPUISLES TEMPS l.ES PLUS RECULES JUSQU'ANOS JOURS; PAR J. ESNEAUX. Tous les regards des politiques, toiiteslespensecs des philosophes se tournent, en ce moment, vers la Russie. Si I'importance du role qu'elle joue , si la place qu'elle occupe dans la balance de I'Eii- rope sont de nature a exciter vivement I'interet, combien ne doit-il pas etre curieux de remonter a son origine , de considerer sous tous ses aspects un Etat jusqu'ici trop ignore , et dont I'attitude mili- taire devientsi imposante de jour en jour! Deja nous sentons que la Russie influe . et nous prevoyons qu'elle influera incessamment davantage sur les destinees du monde. L'histoire de ce grand Empire doit done interesser I'universalite des penseurs , mais il importe surtout de connaitre le point de de- jiart et la marche progressive du colosse. ( ^ ) La aiethode que nous avons suivie ii'est pas la plus usilee ; nous n'avons omis aucun fait quel- que pen interessant qu'il fut, et , sous ce rapport, notre Ouvrage est une histoire complete ; mais nous avons regarde la serie des faits comme un canevas sur lequel le philosophe , le politique , doit etablir ses raisonnemens. En adoptantcette marche si naturelle et si feconde en observations, nous avons developpe les causes et les consequences des evene- mens , nous avons suivi pas a pas la marche tantot progressive , tantot retrograde, quelquefois station- naire de toutes les institutions , apres en avoir cherche et note I'origine. Ainsi , on verra peut-etre avec etonnement qu'a- vant le iS" siecle , il y avait en Russie des repu- bliques aussi fieres que Lacedemone , aussi demo- cratiques qu'Athenes ; que toutes les villes un peu importantes possedaient des institutions munici- pales , plus liberales que nous n'oserions en sou- liaiter pour nous-memes au 19* siecle; que par- tout dans les cites la liberte avait un genie ombra- geux et les armes a la main ; que les chefs elus par le peuple balancaient le pouvoir des princes particuliers et la puissance des Monarques eux- memes. Pendant ce regime , de grandes conquetes , des guerres civiles , des invasions etrangeres eleverent et ensuite abaisserent la Russie , morcelee en principautes et en republiques rivales entre elles. ( "> ) Mais insensiblement I'unite viuta s'etablir, et raii- torite royale tendit k devenir preponderante. Alors un despote sanguinaire monte surle tronc; il etouffe dans le sang toutes les institutions , toutes les idees liberales ; il transplante les debris de populations republicaines, et fonde I'autocratie sous I'empire de laquelle vit aujourd'hui la Russie ; a I'ombre du trdne , I'aristocratie se constitue d'une maniere plus solide. Toutes ces revolutions , toutes ces vicissitudes sont fecondes en instructions. C'est particulierement chez les Russes, peuple neuf, puisqu'il ne date que de 862 ( avant cette epoque nous le trouvons sauvage) , qu'il est curieux d'etudier la marche des evenemens et des institu- tions politiques, et celle de I'esprit humain sous ses divers points de vue. C'est ce que nous avons developpe le plus clairement qu'il nous a ete pos- sible. Les premiers ages sollicitent I'attention du lec- teur , parce qu'on y voit la nature encore brute et les hommes agissant suivant leur instinct, qu'ils ne savent ou ne veulent pas dissimuler. L'age moyen interesse par les dernieres lueurs d'une liberte poussee jusqu'a la licence , par la destruction de cette meme liberte , et par le spec- tacle de figures presque fantastiques qui occupent le trone et organisent I'autocratie. L'age nioderne eveillera la curiosite parce qu'il nous touclie , parce que les evenemens se melent ( 4 ) a notre propre histoire , parce que nous sommes alles a Moscou et que les Russes sont venus a Paris et marchent sur Constantinople. Enfm les mceurs, les arts, la religion, tout nous interessera , parce que nous les comparerons avec les notres , parce que nous y trouverons tantot de la ressemblance , tantot une difference qui ne sera peut-etre pas toujours au desavantage de la Russie. CONDITIONS DE LA SOUSCIUPTION. L'Ouvrage, imprinie en caractfcres neufs de la fondeiie polyamatyquo de MM. Marcellin Legbakd , Plassar et compagnie , sur papier veFin satiue , exactenient semblable a ce Prospectus, f'orinera quatie vo- lumes in-S" , cliacun d'environ 5oo pages ou 3o f'euilles d'inipi ession ; le premier sera orne d'lin portrait lithographie avec le plus grand soin , par C. Girardet. Une iivraison entiere de lithographies execulees par le crayoQ gracieux du nieme artiste paraitra apres le qualrieme volume. • Chaque volume sera public par Iivraison de dix f'euilles , qui se succ6- deront de quinze jours en quinze jours. Le prix de chaque Iivraison est de deux francs chu/iiantc centimes pour los souscripteurs,et de trois francs pour les non-souscriplcurs ; en sorte que les souscripteurs k cet ouvrage nc s'engagent qu'k une depense de cinq francs par mois. Pour etre souscripteur , 11 suffit de se I'aire Inscriie chez I'Editeur, J. CoRREAHD jeune, Directeur du Jour7ial dcs Sciences mililaircs , rue Ri- chelieu , n° 9.1 ; chez MM. TREuxrELel Wijrtz ; Bossange I'reres ; Abthds Behtband , ScuuBARD et Comp" ; Anselin ; Delaunav; A. Lkvavasseuh , successeur de Pontliicu, et Gabnier, au Palais-Royal; et chez les prin- cipaux libraires de I'elranger. On souscrit aussi chez MM. Amiot , rue de la Paix; Malo , au Palais-Royal; Mesnieb, place de la Bourse ; Mon- GiE, boulevard des Italiens ; Pbmcikr et Chatet, place du Palais-Royal ; Rousseau , rue de la Paix, On ne paie rien d'avance , mais la premiere Iivraison sera payable en recevant la soconde, ainsi de suite. IMPRIMERIE DK PLASSAN ET C' BIB DE ^AL'ClnARD, K" |5' AYANT-PROPOS DE L'HISTOIRE DE RUSSIE Xj'histoire des Riisses deviendra sans doute , et peut-etre bientot, I'liistoire des niaitres du monde. Si la bonhomie europeenne leur permet de s'eta- blir sur la Mediterranee , ou , ce qui revient au meme , de s'assurer le libre passage des Darda- nelles , lis arracheront le trident des mains de I'Angleterre , et le knout regira lunivers abruti. On se flatte que la Russie affranchira la Grece ! La Russie n'affrancbit ricn , elle enchaine tout ;et malheur a ceux qu'elle protege , elle fmit par les devorer. Elle a , pendant quarante annees , protege leroyaume de Kazan ; c'est une de ses provinces. Elle pretendait proteger la Pologne , quand elle la dechira. Depuis nombre d'annees elle protege la Grece comme elle avait protege le royaume de Kazan ; ici la similitude est frappante pour qui sait lire et voir. L Angleterre ne s'oubliera point; songeons a nous. C'est contre nous que la Russie, devenue puissance maritime preponderante,porterasespremierscoups. M'opposera-t-onlesoleild'Austerlitz , lagrande ar- meedc I'empireet lesquatorzearmeesde larepubli- II AVANT-I'UoroS. ([lU'? Kioii , si les souvenirs prevalent contre los baionnettes et la mitraille, contre le macliiave- lisme qui sait faire naitre , et attendre ou brusquer 1 'occasion. Jamais je n'ai calomnie la France; je sals tout ce qu elle est, tout ee qu'elle vaut, tout ce qu'elle pent; mais je la vois desaruiee de ce patriotisme delirant , de cette fureur guerriere, de cet instinct victorieux qui jadis centuplaient sa taille et ses forces; et d'un autre c6te, je vois grandir sans cesse et tons les jours s'aguerrir le geant ambi- tieux qui s'achemine a la conquete du nionde. On ne commande pas a la crainte , et je erains que la llussie ne parvienne un jour a I'empire universel. Qu'elle y parvienne , cela est dans I'ordre des choses possibles et peut-etre procliaines. Mais res- tat-elle renfermee dans les limites de son terri- toire et de sou importance actuelle, la Russie est I'un des Etats dont I'histoire merite le plus d'atten- tion. C'est un empire nouveau dans la vieille Eu- rope; il est encore nouveau par la date de sa fon- dation,et nous commencons a peine a le connaitre, lorsque deja il exerce une enorme influence sur les destinecs de I'univers. Levesque a eu beau dire, on s'obstine a regarder ce grajid Etat com me un colosse nc tout a coup du cerveau de Pierre-le-Grand. On a bien quelques idees confuses sur la Russie depuis ce monarque ; AVANT-PROPOS. Ill inais on se plait ou Ton s'obstine acroire, ou du moins a dire, qu'avant lui la Russie etait encore dans le chaos. Levesque d'abord et ensuite Karamsin ont re- fute cette erreur , en presentant , d'apres les anna- listes , le recit suivi des faits depuis la fondation de I'empire russe en S62. De cette epoque a celle de Pierre I", ils nous montrent une serie d'hom- mes et de choses dignes d'occuper les curieux et les penseurs. Avant Pierre, la Russie a eu plusieurs monarques bien autrement remarquables. Beau- coup d'evenemens anterieurs sont plus brillans , plus considerables, plus instructifs que ceux dc son regne; et c'est avant lui que nous vojons la liberte la plus fiere , les institutions les plus libe- rales naitre , murir, dominer, et enfin perir sous la hache du despotisme , sans laisserles moindres vestiges. Dans cet essai je n'ai pas oublie le peuple, c'est a lui que je rapporte tout ; j'ai explique selou mes faibles lumieres les causes et les consequences des faits; la marche simultanee de la royaute, de I'a- ristocratie, du pouvoir sacerdotal et de la liberte ; leurs rivalites et leurs combats. J'ai juge les hommes et les choses sans passion comme sans interet , sur le temoignage des faits , ot d'apres ma conscience , ayant soin de faire IV AVANT-l'UOPOS. toujours la part dcs circonstancesetdu temps. Jo n'ai pas cru que des jugemens anterieurs, quels qu'ils pussent etrc , dussent servir de regies aux miens. J'ai pu louer ou blamer ce que d'autres ecrivains out au contraire blame ou loue. lis out pu faillir, j'ai pu errer; chacun ii'est comptable que de sa loyaute. Si on veut bien me lire avec iin peu d'attention , peut-eti"e on avouera qu'il en faudrait beaucoup plus pour deduire dcs donnees historiques tons les apercus qu'elles m'ont fournis, et on me par- donnera d'avoir offert des jugemens tout faits a la presqu(^ universalite des lecteurs, qui n'aurait pas voulusedonuer la peine de les faire, ou qui pren- dra celle de les rectifier. 1MI'[;IMERIE DE PLASSAN ET ^" HIE DK Val'(;iiuki) , !t" I 5. J. CORREARD jeiinc, Editeur, Directeur du Journal DES SciEiMCES MILITAIRES , rue RichelicU, 11° 2 1. ^^X0$fC(Ux$. EXAMEN CRITIQUE DES COLRS DE MM. VILLEMAIN, COUSIN ET GUIZQT ( LECOiX PAR LECON ). Rien u'est plus incontestable que le rare talent des profes- seurs dont la presse va de nouveau recueillir et r^pandre les lecous. Improvisation facile, Lrillante, eloquente quelquefois, savoir r^e\ , et savolr (aire : voilii les clemens de rimmense succfes qu'ils ont obtenu d6jh, et du succfes plus grand encore que promettent les sujets qu'ils annoncent. Ainsi vont etre jctdes dans la circulation des opinions lit- teraircs, philosopliiques, historiques, cmpreintes d'un cachet iuiposant; ainsi s'etabliraient sans d^bats des jugeniens tout lails, des doctrines toutes pretes, excitant la sympathie par (pielques souvenirs politiques qui rendent le jeune homuie plus enlhousiaste, et riionimc mur plus accommcdant. Toutefois, rien ne se ternit aussi vite aujourd'hui qu'un vernis politique, et d6jk les lecons publides Jusqu'a ce jour laissent d^sirer au lecteur attentif, ici une plus grande force dans la penste, une appreciation non pas plus line et plus spirituclle, mais plus profonde et plus m^thodique des grands ecrivains et de leurs ouvrages; Ih, un style moins fastueux , moins plein deluxe et de redondance, et qui laissat voir tout Ic vide des reveries Kanto-platoniques , dont les productetu's lie vculent plus, et que les coiisommaleurs n'aiment gufere ; ailleurs une observation plus cxaclc des fails, une plus grande vari(5t(i d'iddes, des formes de laiigage plus pures, un systfeme enfin plus arretd dans ses principes, etmieux ordonn6 dans scs d^veloppemens. II y a done beaucoup Ji relevcr dans les lecons de MM. de la Facult6 des Lettrcs. Voilh pourquoi il a paru tout b la fois piquant et utile de leur faire subir I'dpreuve d'un controle imm^diat. Chacune de leurs productions hebdomadaires sera done suivie, d^s le lendemain, de son cxamcn critique; elle le por- tera , pour ainsi dire, en croupe , et ce contre-poids rendra moinsleger, peut-etre, le mouvement qui emporte laSorbonne h la post6rit6. L'opposition que nous annoncons ici n'aura ricn d hostile ni de haincux; _elle ne partira pas d'un camp opposfi, et la (juestion des personnes en sera toujours absente. Seulement nous nous permettrons un peu de malice , si nous voyons, par exemple, Platon en ruban rouge, pr6f(6rer Vabstralt au concret, et se montrer exclusivement sensible a La tripUcite phenomenaLe ijui se resoui dans C unite. Nous pour- rons sourire si nous surprenons le professeur d'eloquence tou- jours tremblant devant le flagrant detit de ses paroles, et tout I'esprit de I'acad^micien s'6chappant obliquement entre les souvenirs du maJtre des requetes et les remords anticip(5s du conseiller d'6tat; nous sourirons en apercevant Videe ^ter- nellement progressive de M. Guizot, empaquetee dans le Globe, un peu plus ouverte dans les Debats, dtendue dans la Revue fran^aise, se d6veloppant Ji I'aise dans sa chaire, et re- trouvant son canape. Pour le grand nombre de personnes qui n'assistent point a la le^on ovale, nous donnerons aussi la statistique du professeur et de la galle; nous expliquerons ainsi le succ^s d'une 6pi- gramme ou d'un mouvement oratoire qui aura sa raison , ou dans un malin sourire, ou dans un poing qui so fermc, ou dans une voix qui rctentit. Assis sur les bancs de I'^colc, ob- servateurs minutieux et fiddles, affranchis des entraves du dogmatisme, presque toujours severe ct parfois pedant, nous profiterons de notre liberty pour varior Ics formes de notre examen critique; pour suppleer dans la lecon ce qui manque, completer ce qui n'est que commence, discuter ce qui ap- pellela discussion, contredire ce qui doit I'etre, developper la pens^e timide , eclaircir le langage obscur , et donner enfin leur veritable couleur h des tableaux que la position des peintrcs ne leur a permis que d'esquisser. En deux mots, nous chercherons h plaire, parce que nous voulons etre lus; mais nous nous proposons surtout d'etre utiles ; et si nous offronsh de jeunes enthousiastes un antidote contre I'engouement , nous ne craindrons pas de prendre, pour tout ce qui nous paraitra juste et raisonnable, le fardeau de la louange et la responsabilit^ de I'admiration. Conditions de la Souscription. Prix de la lecon : 75 c, et 85 c. par la poste. Pour Paris. Ponrlesdtp. Prix pour 20 lecons h. un coars 12 ir. i4 fi'- h deux cours 92 26 auxtroiscours 62 38 On souscrit aux trois cours, ou k chacun separ^ment, pour 20 lecons, en envoyant les fonds francs par la poste, ou de toute autre manifere, £i J. CorrAard jcune, Editeur, directeur du Journal des Sciences militaircs , rue Richelieu , n° 21; Papinot , Libraire , rue de Sorbonue, n" il\. On ne recevra pas les lettres non affranchies. _ 4 - sous PRESSE. HISTOIRE PHILOSOPIIIQUE ET POLITIQUE DE RUSSIE, DEPUIS LES TEMPS LES PLUS HEGULES .TUSQU'A NOS JOURS; Par J. ESNEAUX. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. L'Ouvrage , iiiiprim6 eu caracteres neiil's de la Ibnderic polyamalypc de MM. Marcelliu Legrand, Plassan et conipa- gnie, snr papier vdlin saline, fornicra quatre volumes tn-8" , chacun d'environ 5oo pages, on So feullles d'impression; Ic premier sera ornc d'un portrait lithographie avec le plus grand soil! par C. Girardet. Une livraison enliere de lithographies ex<^cut6es par le crayon gracieux du nieme artiste paraitra apres le quatri^me volume. Chaque volume sera pul)hV' par livraisons do dix feuilles , qui se succederont de quinze jours en quinze jours. Le prix de chaque livraison cSt de deux francs cincjuantc ccii- litnes poiir les souscripteurs , et de trois francs pour les non- souscripteurs; en sorte que les souscripteurs h cet ouvrage UP sVngagenl qu'a une depense de c'uxj francs par mois. Pour etre souscripteur , il sullit de se laire inscrirc chez niditeur, J. CoRRi arb jeune, Directeur du Journal des Sciences militaires, rue Richelieu, n° 21. On ne paie rien d'avance , mais la premiere livraison sera pavable en recevant la seconde , ainsi de suile. Deux livraisons sont en vente. FOINDERIE POLYAMATVPE DE MARCELLTiN-LEGRAND, PLASSAN ET C'' IMI'KIJIERIE UE Pl.ASSAN ET tiE,KtE DE VMGiaABD, n" i5. Paris, It? novenibre 1828. M Nous avons rhonneur Ae vous donner avis que nous venons de publier : L'ALMANACH DES DAMES pour I'annee 1829. Volume jn-i6, de I'imprimerie de DidotTanK^, sur papier velin , avec 9 tres jolies Gravures. Get Almanach , qui depuis 28 annees se fait remarquer par I'heureux choix des pieces qu'il renferrae , offre encore cette annee le rare merite de ne contenir true des morceaux de poesie avoues par le bon gout et la morale , et non raoins recom- mandables par la finesse de la pensee que par la grace de I'expression, Les sujets des gravures dont ce nouveau volume est orne, et qui sont toutes executees au burin avec une grande purete, sont : 1°. Corinne au Gap de Misene, d'apres le baron Gerard; 2". Scene de I'lnquisition, d'apres le comte de Forbin ; 3°. Le Retour au Village, d'apres M. Destouches ; 4°- La Dame Blanche, d'apres M. Roqueplan ; 5°. Le Printemps, d'apres Mever ; 6°. L'Automne , d'apres le meme ; 7°. Le Portrait de M">e Guizot, d'apres Scbeffer ; 8°. Le Portrait de M"'e Peri6 Gandeille. Une eUgante apparence exterieure r^pond au merite interieur de cet Almanach que nous avons fait disposer dans les diiferentes reliures ci-apr^s. II en est de meme de LIMITATION DE JESUS -CHRIST, traduction nouvelle tres estimee, revue sur les textes les plus authentiques, par M. Gence. Vol. de 4'^6 pages, formats in-i8 et in-12, sur papier ordinaire et sur papier velin; ouvrage bien propre J» etre offert pour fitrennes, et sur le merite duquel toutes les opinions sont depuis long-temps fixees. — Une nouvelle edition latine de cet incomparable ouvrage, egalement donnee par M. Gence, ne laisse plus rien a desirer sous le rapport de la correction et de la purete primitive du texte. Nous saisissons cette occasion pour vous soumettre, en I'autre part, la Notice des ouvrages iiouveaux, plus ou moins importans , que nous avons successive- ment mis en vente. Nous mettrons de I'empressement a remplir les demandes qu'il vous plaira nous adresser. Veuillez, M agreer nos trfes humbles salutations. TreuTTEL et WijRTZ, Libraires, rve de Bourbon, u" 17. Prix de /'Almanach des Dames, dans ses differentes reliures. I . Broche fi f . 1. Rclie en pap., etui, etdore sur tranche. 8 3. — en veau , dore sur tranche". 8 /(. — en veau, nerf et fers a froid. ... 9 5. — en maroquin , sans etni 10 6. — en maroquin double en tabis. ... 11 7- — en maroquin, avec etui maroquin. 14 8. — en maroquin, avec etui et tabis. . . i5 9. Relie en papier glace', etui idem 1 1 f. 'o. — en papier avec fleurs ou oiseaux sur la couvertare 12 'I. — en moire, etui en moire 18 II. — en moire , etui en moire, avec 2 paysages peints sur la couverture. q5 1 3. — le raeme, avec 4 peintures : 2 sur la couverture et 2 sur I'etui 3o Prix de /'Imitation de Jesus-Christ, dans ses diffei-enles reliures. 1. Format In- 18. Pap. ordin., broche. 2 f. 2. Idem , idem y relie en basane 3 3. Idem ^ sur papier veliu , broche.. . 4 4. Idem , idem , veau dore sur tr. . . . 7 5. Idem , idem, maroquin fin g 6. Format ia-i 2. Pap. ordin., broche. 2 5o 7. Idem, itlem, relie en basane, filet. 3 TO 8. Format in-ia. Papier fin, broche. . 3 f. 9. /./- HOOKER ET GREVILLE. Tcones filicmn adeaspotissimum species illustrandas deUneatce , qua- hacteiiiis i>el in herbariis delituerunt prorsiis inco^nitfE , vel saltern nondinn per icones boCa- nicis innotuenint. In-folio. Cum tab.cen. Livraisons I a 5. — Chaqae livraison en noir. 3o fr. — Le lueine ouvrage , planches en coulenr, chaqae livraison 5o fr. L'ouvrage entier formera dou7.e livraisons de 20 planches cliaque , accompaguees d'autaut de fcailles do descrlpliou. Tous les deux mois it en paroit une livraisOQ. (Uu prospectus de Tou- ▼rage se distribue graluitement. ) HOBATII (Q.) FlACCI, ex edit, EiPOHTINA II, AD OPT1MA3 LECTIOHES MSS. ET EDD. HOVA EDiTio RECE>siTA, brcvibiis twtis critic, et interp. subjunctis, nee non Horatiano indice ; cum adnotata Horatii vita , et Notitia litteraria de hujus edd. comment, et vers. ampUssima. i vol. in-8. de 554 pages. Parisiis, 1 828 4 f'"- 20 c. — Le memo ouvrage, snr papier fin , p&te velin 5 fr. La presente edition de VHoralius fait partle de la Collection des Auteurs classiqiies grecs et latins , dite des Dcux-Ponts , en 192 vol. iu-8. aussi-bieu que celle du Cornelius IVepos ci-dessus aononcee. Les Editeurs coutinucrout aiusi a reimprimer successivement les volumes epuises de cette riche CoUectiou. DE IMITATIONE CHRISTI libri quatiior , ad pervctustum exemplar, internarum Consola- tioniirn dictum , necnon ad Codices complures ex diversa regione ao editiones aivo et riota insi- gniores, variis nunc primum lectionibus subjunctis , recensiti , et indicibus locupletati. Studio J. B. M. Gence. Un foi't vol. in-8. avec 6 planches, snr pap. fin 7 fr. 5o c. La Legislation Civile, Commerciale et Criminelle de la Frakce, on Conimentaire et Com- plement des Codes francais, tires, etc , etc. ; par M. le baron Locre, ancien secretaire gene- ral du Conseil d'Etat. In-8. Tomes i a i^. (Voyez le prospectus de cet iinporlant ouvrage.) L'ouvrige formera a4 a 25 forts volumes in-8. de 5oo a 600 pages d'impresslon, caractere ueuf, interligne. Les Tomes i5et iC, qui sont sous prcsse , completerout le Commentaire sur le Code Civil. Depnis le 3i decembre 1826, aiusi que les prospectus I'ont aunonce, cbaque y o\ume publie est du prix de 9 fr. pour Paris ; mais la souscription demeure toujours ouverie pour les volumes a paraitre , et qui ue coi^teront a MM. les souscripteurs que 7 fr. En acquerant les premiers volumes , MM. les souscripteurs paient d'avance le dernier," et prennent reugagement de retirer cliaque volume au fur et a niesure qu'il en paroltra. Legislation sor les Mines et sdr les Expropriations poor cause d'htilite roBLiQDE , on Lois des ai avril et 8 mars i8io, expliquees paries discussions du Conseil d'Etat, les ex- poses de motifs, rapports, discours , et geueraleraent par tons les travaux preparatoires dont elles sont le resultat; et corapletees par les actes de I'antorite publique qui les con- cement ; par M. le baron Locre ; fort volume in-8. de 676 pages. Pam, 1828 8 fr. Les deux lois qu'on donne ici avec leur Commentaire et avec leur Complement sont extraites du Livre de la Lt'gislalion civile , commerciale et criminelle de la France. Precis des Evenemens mihtaires, ou Essais Listoriques snr les Campagnes de 1799 a i8r4, avec Cartes et Plans; par M. le lieutenant-general cotnte Matbiec Dcmas. In-8. Cam- pagnes de 1806 et 1807, formant les tomes 17, 18 et 19 de la Collection, avec nn atlas de 22 cartes et plans in-fol. oblong. 1826 Sg fr. — Du raeme ouvrage , la collection des 19 volumes publics, avec huit atlas in-fol.. . . 240 fr. Precis dc systeme hieroglyphique des anciens Egyptiens , ou recherches sur les elemens premiers de cette ecritnre sacree , sur lenrs diverses combiuaisons , les rapports de ce sys- teme avec les autres methodes graphiques egyptiennes, par M. Champollion le jenne. Nouvelle edition, revue, corrigee et augnientee de la Lettre a M. de Blacas, etc., 2 vol. grand in-8., dont un de planches; de i'lmprimerie Royale. 1828 27 fr. Relation des quatre Voyages entrepris par Christophe Colomb , pour la deconverte da Nonveau-Monde, de 1492 a i5o4, par Marie Fernandez de Navakrete. Tradnit del'espa- gnol avec des Notes , par MM. de Verneoil et de la Roquette. 3 vol. in-8. avec Cartes. 1828 21 fr. Rose de Tanneeodrg , Histoire do vieux Temps ; par M. Ck. Schmid , aatear de la Corbeilie dejleuis, des OEuJs de Paques , etc. i vol. in-12, fig. i fr. 80 c. Le Roman du Renart, publie d'apros les mannscrits de la Bibliotheque du Roi des xiii^ , xiv« et xv= siecles ; par M. Meon ( editeur du Roman de la Rose , des Fabliaux et Comes de Barbazan , etc.). 4 vol. in-8., avec 4 gravures. 1826 40 fr. — Le mcme, sur papier grand-raisin velin soperfin , satine , gravures avautla lettre. 108 fr. — Le mcme , sur papier graud-raisin d'Hollaade, gravures avant la lettre lao fr. SCOTT (Walter). — The Life o» Napoleon Buonapartk, emperor of the French; with a preliminary 'view of the French Revolution. 9 vol. in 8. papierfin pate v^lin ; de riiiipriinrrie de FIrmin Didot , avec portrait d'apros David , 1 827 67 fr. 5o c. SCOTT (Walter). — Vik dk NAPot.ioN Ruophparte , emperenr des Francais, precedee d'ua Tableau prelirainaire de la Revolution l''ranc 34 fr. — Da meme , la collectioa des cinq precedentes annees 87 fr. 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Arxhus BEBTKAifD.rueHautefeuille, n°a3; — Remouahm, ruedeTournon,n''(i; — Levraoi.t, rue de la Harpe, n° 81, et a Strasbourg; — Bos- tAJidv. pere , rue Richelieu, n^do; et a Londres, pour se procurer les divers ouTrages 6trangeis, anglais, al'eciauds, Italiens, russes, polo- nais, hoUandais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature ^tranffere. Aox acahemies kt wx sociETES SAVAMTES de tons les pajs. Les AcAUEMiEs et les Societes sa.va»tes et d'utii.ite publiqch, fran^aises etetrang&res,sontinvitdesa faireparvenir exacteinent,//-anfj de port , au Directeur de la Revue Encyclopedia nc , les comptes rendus de leurs travaux et les programmes dfes prix qn'elles proposent, atin que la Retruc puisse les faire connailre le plus promptement possible k aes I'ecteurs. AU^ EDITEDRS d'oUVRAGES ET AOX LIBRAIRES. MM. les^diteurs d'ouvrages periodiqnes, francais et dtrangers, qui df^sireraient cchonger leur^ iecneils avec le n6tre, }>euvent compter sur le bon accueil que nous ferons a Icurs pro;>csiiioiis d'^cbange , et sur uiie pro?nple annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouyrages , nouvellement publles, qu'ils nous auroni adress^s. Aux EDITKURS DES RECUEII.S PERIODIQVES EK AKGLETERRE. MM.lef.IilditeurgdesRecueilsp^riodiquespnblif^sen Angleterresont priesde faire rcmettre \tursniime>'o$ h^i.'Df.GV.ORG'B., corresj'ondanidsla Revue Encyclorcdique a Londres, n<> ao, Berners-street, Oiford-street, chez M. Rolaudi;M. Uegcorge leur transmetlra, chaquemois, en cchange, les cahiers de la Revue Encyclopidique , pour laquelie on peut aussi sous- crire chez lui , 8oit pour raande courantc, soit pour se procurer le» collections des auncSesanterieures, de 1819 a 18J7 inclusivemcut. Aux LIBHAIBES EX AUX EDITKURS D 0UTBAGX5 EN AI.I.BMAGXE. M. Zirg4s, libraire 6 Leipzig, est charge de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages publies en Alleniagiie , que MM. les libraiies, les editeurs et les auteur* d^ireront faire annoncer dans la Revue Ehc^- clopidiqi'f- LiBBAiRES chez lesqueh on souscnt dans les pats iTRANOEHs. Aix'la-Chapclle, liaruellc fils. Amsterdam, Delachaux ; — G. Du- four. Anven , AnceUe. Aran (Suisse) , Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Heme , Clias ; — Bourgdorfer. Ureslaii J Th. Korn. Bruxellts, Lefharlier; — Demat;-- Brest van Kempen; — Horgnies- Reni^. flniges , Bognert; — Duinortier. Florence, Pialti. — Vieiisseux. Friboiirg (Suisse) , Alolse Kggen- dorfer. Francfort-snr-Mein , Scliaeffer ; — Bronner. Gand, Vandenkerckovfin fils. Genive, J. -J. Paschoud ; — Bar- bexatelDelarue. Jul Hayc, les frdres Langenhiij'sen. Lausanne , Fisclier. ici/>i;g-,Grieshanjin2i-; — G.Zirg6s. Liege, Desoer. — Colardiu. Lisbonne , Paul Martin. LondreSfV. Rolaiuli. — Dulau f|e ; — Treuitel et Wurt/.; — ossaiigf^, Barthez, Loweilet C'"" Ma-Itid , Deiin(5e; — Perfcs. ^!anhetir\f Ai taria ot Fontaine. Milan Jpteper; Vismara; Bocca Mons^.e Iloux. Moicoti, Gautier; — Riss pfre*! Gls N/i/i/es , Borcl ; — Marotla ct Wauspandock. Neiv-Yoik (lilats Unij), Thoisnier- Dcspiaces; — Ccvard el Mondon. P!oiiveUe - Orleans , Jourdan ; — A. L. Boismare. Palenne (Siciie), Pcdonne ct Mu' ratori; — Boctif(Ch.). PetenhQiirg, Y. Be) lizard et C'^j — Gr:ui(f;— Wej'Iier;— Plucbart. Rome, de RoDianis. StuiCgcird et Tubingite, Colta. Tcdi , B. Scalabi'ini. Turin , Bocca. /■''ar.tm'itfjGluckiherg. yienne (Autiiche), Ceroid; — Schaumbourg ; — Schalbacher. COLONIES. Guadeloupe (?ointc-a-Pilrc). Piolet atne. lle-deFrnnce (Port-Louis), E. Burdol. Martinique, Tiioiiners, Gaiijou.\, ON SOTJSCRIT A PA.R1S, Ad BuRKAtJ OE REDACTION, RUB !>'£?; F1'.R-Sa IST-MlCUEL , n" 1 oil doiveiit ^trc envoy^s, francs de port, les livres , dessins et g vures, dont on desire I'anncDee, et les Lettres, Mi'-moires, Noti ou Enrnits destines a etre inserrs dans ce Becucil. AuMusBEEncycLoi'EniQ'DEjCliezBossvjrGE p^re, rue Richelieu, r.o CuEzTnEtixTEL EX Wi/KT/. , ruc de Bovrbt-n , n" 17; Rey et Gravieb , quai des Augusting, u° 55; Charles Rechet, libraire-conim" , quai <\'iB Aiigustins, n" •T. REKOtTiKD , rue de Tounioii , n" (> ; RonET, rue K3utefe»ille, n" la ; A. Bacdoujn , ru( ^.e »'augirard, h" 17 ; Dklausay, Pex-icieb, PosxHiKU, Lv '1'kste, Caiiiket Liiti' nAiRR, an PalaisrRo^al, A LONDRES. — Foueign Lihraky, ao Eeraers-slreet , Oxford street; Tkeuttel et Wurtz; Bossasge; Ddi-atj et C'^ Nftta. L«« ouvragcs annoncis daus la Revue sc tronTcat ans.-ij cbez RonET , vu Bkutefcuillc , n" X2. ()o: 5:; PARIS.— ruf Je ■xtf. r.iMrniMF.RiE df. kignox.x, Francs-Bciurgcojs-S.-BIichel, u° 8. I/OM!' rv'-iHa8. ( ^o'' dc la colh^ctioa. LIVIIAISON. "I w ■^ 1'^ REVUE 'f r ENGYCLOPEDIQ OTJ ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS t.A LI'fTElX.VTURE, I.E6 SCIENCES ET tES ARTS. 1° Pour \c,s .Sciences fihysicuis et mathimatiques et Ifls ^rTCERY, MoREXU UF. JoNH E8 , QcETKI.ET , T. RrcBARD, WaRDKK, CtO. 1° PoiXT lei Sciences natu I eiles: M.M.Flourens, GeoffrotSaikt-Hu.aire, de I'bistitut; Dory dk Saint- Vxifr.EST, correspond.int de I'lnstltut; ^fAT:^(E^I Cokafods, de fui;iD;l'.GAt,i.OH,'def)iej)iie;lsu)0REGKOff RDYSAiNT-iliLAiRE, V. Jacquemont, Jur.tA i'V.y rE3fj;r.r.r., etc. 3** Poiirles Sciences med-calet IVTM. I)Al.i.Y,DAMrROW, G.-T.Doi.-?, Amfcee DupAC , Fo.-.SA'i'i , Gaso ; GtRso^■, de Uiimbourg ; de Kirckhoff, d'Auvers; RrGot.T.oT liis, d' Amicus , etc. li" V-M-iT \c. Sciences iihilosophiquf's >-.'. tnirc.les'iJpnlitiques, giu^rapl.ipn^s et hisiii. '/y,u.;: MM. H. .\. JuM.iKrr, do IVuis,, Fo)ida;tf'urnirfcC!.f i^r i'.e ta Revue En.-yc'h-y.ediqiie: Anoi.PBE Br.AHQCi, Ar-F.x. T5E i.a Borde , JosiakD: <5c I'lnv- ti£ut.;M. AvfNET,, Bii'HtE nu !JOCA«E fiis, BeWJAMIK CorJSTAKT . Char f.lCS Comte.Detpxng, TJufau, Dukotkr, CuiojrtAur, .A. Ja.itbert, .1. I^abocxiehie, Alex. I.AWETH, Lahjcinais Ills , 1*. Lat.ij, LEsaKUR-MERMW, 11a.ssxas. Albert Mosi'ejuoijt, EusiBs Salvs^.te, J.-B, Sa^; Simonbe cE£isado?fv■'>■ DECEMBRE 1828. CONPITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Depuisle moisdejanvier 1819, il parait, par annde, douze cahiers de ce F.ecueil; chaque cahier , publi6 ie 3o du mois, se compose d'en- viron t4 feuilles d'impression, etplus souventde t5 ou i6. On souscrit i Paris, au Bureau central tfabonnement et d'expcdition indiqud sur le litre , et chez les libraires ci-apr6s : ARTHUS BERTRANB , rue Hautefeuille, n" a3; Au MnsEEENoycLOPEDiQiTE, c'UEz BossAWGK pfere,rue Richelieu, n-eo; J. Renouaed, rue de Tournon, n° 6; Prix de la SouscripCion. A Paris 4fi fr. pour un an; 26 fr. pour six raois. Dans les departeraens. 53 3o A r^tranger 60 34 En Angleterre yS 43 Le montantde la souscription, euTOv^ par la poste, doit 6tre adre$se d'avauce, pra.mc deport, ainsi que la correspondance, au Directeur de la Revue Encyclopidique , rue d' Enfer^Saint-Michel , ri° 18. Cast a la m^me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra (aire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'insertion. On peut aussi souscrire chez les Directenrs des paste's et chez les principaux Libraires, k Paris, dans les d^partemeus et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons formeut un volume. Chaque volume est termini par une Table des matiires alphabitique et analjtique, qui (fclaircit et facilite les Irecherches. Cette Table est toujours jointe an I*' cahier du volume suivant, i I'exception de la dernifcre Table de Tannic, qui est exp^di^e isol^menfi tons ceux qui peuvent y avoir droit. Ou souscrit, seulement i partir de deux ^poques , du 1" Janvier oa du i»r/uillet de chaque ann^e , pour six mois , ou pour un an. Oa tiouve, av borbau cbnthal, les collections desannees 1819, i8»o, 1821, i8aa, iSaS, i8a4e{ i8a5, au prbc de 5o francs chacune. Cliaque ann^e de la Rame EnoyclopMique est independante des annies qui prs^cfedent , et foroie une sorte d'^nnuaire scientifi/ue et littiraire, en 4 forts volumes in-8°, pour la p^riode de terns inscrite aMT le titre. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONN^ES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DA.NS LA. LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. SUR T.A NATURE ET LES USAGES DU GliaUO, SOrtC (V en- graisfort en usage an Perou.' — Etat de l'agricultdre DANS CE PAYS AVANT LA CONQUETE. M. Mariano Rivero , directeur-general des mines et ins- pecteur - general de I'instruction publique au Perou , vient d'adresser a 1' Academic des sciences de Paris un Memoire sur les usages tiin guano, son origine et sa composition chimique. Ce Memoire est ecrit en espagnol , et imprimc a Lima. Ondonnelenomdeg^«a«oa unesorted'engrais Tort en usage au Perou, qu'on tire deplusieurs ilcsvoisines delacote, etmeme de certains points du littoral. Quelques personnesleconsiderent comme un produil mineral ; d'autres , comme I'accumulation des excremens d'oiseaux de mer. Les premiers alleguenten fa- veurdeleunopinion I'abondaucc de cette substance donton fait chaque annee, et depuis un terns immemorial, une extraction t.w.— Decembre 1828, « 36 554 SUR LA NATURE considerable; son poids et sa conleiir rouge d'oxide de fer ; et il est vrai que I'iniaginatiou s'effraie, (jiiaiid on songe au terns et h la qiiantite d'oiseaiix qu'il a falhi pour prodiiire dc si vastes depots. D'un autre cote, Todcur ainmoniacale de cette substance , la presence des acides urique , phospliorique , oxalique , celle de la potasse , la variete des nuances qu'elle presente, etant plus ou moins foncce, suivant qu'elle a ete plus ou moins exposee a Taction de I'air, sont des raisons suffi- santes pour lui attribuer une origine animale. Sa composi- tion d'aillours est la mcme que celle du guano blauc qui se reproduit constamment, et dont I'origine n'est point douteuse. Ajoutez a cela que le guano se trouve seulement dans les lieux que frequentent les oiseaux de mer ; qu'onne le trouve jamais dans I'interieur du pays ; qu'il n'offre aucune apparence de strutification ; qu'il renferme quelquefois des restes de ces oi- seaux , et qu'on y a mcme trouve des instriunens tranchans des Indiens ; eufiu , qu'on a un cxemple dans I'lle de Torre- cilia que le guano blanc prcnd avec le tems la couleur rouge. Farietes du guano. — On distingue trois varietes de guano : le blanc , le rouge et le brun. Ces deux derniers se trouvent dans les lies de Chincha , pres de Pisco, d'lquique ; et dans le mont du Pabellon de Pica. Ce fut de I'ile d'lquique qu'on lira d'abord cette substance. Du moins, pour la distinguer du blanc , on a coutume de I'ap- peler guano de Iquique , sans vouloir par la designer le lieu dont on i'a extrait. Lieux oil se trouve le guano. — L'lle d'lqui/jue est distante du port du meme nom d'environ 400 varas (1); elle a pres de 800 varas de long et 200 de large. On en a extrait le guano (i) La -vara est une mesure espagnole de seize centimetres environ, plus courte que le m^tre ; ou, si Ton veut le rapport exact , une vara equivaut a o", 8353oi6. La toise espagnole se compose de a varas; et celle-ci, par consequent, equivaut a trois pieds espa^nols. ( NoCe du Tradiicteur. ) ET LES USAGES DU GUANO. 555 pendant vingt-cinqans (i); aujourd'hui le depot en est epuise. Maisunpilote appele Reje decouvrit, il y a trente ans, un nouvel amas dans le mont du Pabellon de Pica^ sur Ic Lord de la mer, a environ trente lieues de la peuplade du mume noni, et a quatre-vingts du port de Molledon. Ce mont est tres-eleve; toute la base du cote que baigne la mer est de guano ; le cote oppose est de gres et de pierres detachees. On a fait des fouilles dans ce gres , parce qu'on croyait qu'il y existait una mine d'argent. Les excavations n'ont fait decouvrir aucune in- dice de guano ; les collines voisines sont composees unique- meut de sables, qui, enleves par le vent , viennent se deposer sur le guano el le couvrent , et en ont ainsi cache long-tems Texisteuce. Le guano occupe sur ce rocher environ un quart de lieue en longueur, et y monte jusqu'a la hauteur de 3oo va- ras. Pour I'extraire , il faut d'abord ecarter la couche de sable qui le recouvre j ce qui necessite des excavations assez pro- fondes. A la Pointe aux Loups ( Punta de Lobos ) , a trois lieues au S. du Pabellon de Pica, on trouve aussi du guano; mais on ne I'exploite guere , parce que les batimens destines a le trans- porter ne trouvent en ce lieu qu'un mouillage dangereux. On en trouve encore a huit lieues plus loin ; il est I'objet d'une exploitation assez importante pour les Quallagas et les Huato- condes. A la pointe de Paquisca il existe aussi en grande abon- dance, et le peu qu'on en a tire jusqu'a present est de la meilleure qualite. Le guano blanc est considere comme le plus actif; on le trouve dans presque toutes les lies qui sont a une petite dis- tance de la cote, telles que les lies de Lagarto , Las Animas, pres d'llo , la Margarita , les lies de Jesus, celles de la Brava (a) II faut qu'il y ait ici une erreur d'impression. L'ile d'lquique, en effet, fournissait, au terns de la conquete , du guano, et cela de teins immemorial , ainsi que nous I'apprennent les ecrivains de cette epoque. L'auleur du Meinoire a sans doute voulu dii'e que depuis vingt-cinq ans le depot est epuise. ( l\ole du Traducteur. ) 36. 556 SUR LA NATURE et de la Mansa sur les cotes de Cocotea, cellos de Hornillos, et beaucoup d'autres. Prix (les divcrses csptccs de guano. — Le prix dii guano varie suivant les vatietes. Le rouge et Ic biun, qui sont plus abondans , valent lo reaux de Plata (environ 6 fr. 55 c. ) la fanegue de dix arrobes (deux quintaux et demi poids espagnol , 238 livrcs poids de France). Le blanc est plus clicr, et se vend au port de MoUendo, a raison de 2 piastres (lo fr. 5o c.) la fanegue; dans les terns de guerre il est monle jusqu'a 7 piastres. Origine da guano blanc. — Le guano blanc est de[)ose sur les lies que nous avons nommees par les oiseaux de mer qui y passent la nuit , et dont le nombre est si grand que, lors- qu'ils se mettent en mouvement , ils forment une epaisse nuee de plusieurs licues do longueur. Dans les iles d'llay et de Jesus, que les oiseaux IVoquentent de preference, on exploite annuel- lement de niille a quinze cents quintaux de guano. Dans les dernieres annees, la quantiti; extraite a etc moins considerable, parce que les oiseaux y sont moins venus : ce que quelques personnes atlribuent aux chaleurs excessives qui ont regne pendant plusieurs etes consecutifs; d'autres, aux mouvemens plus considerables des ports , aux passages des batimens , au son du canon , et au tuinulte, qui n'a pu manquer d'ecarter les oiseaux. On sait que les proprietaircs de la mine de guano de I'lle de Jesus avaient obtenu de la cour d'Espagne une ccdule royale defendant a tout batimcnt d'aborder a I'lle ; et Ton ne pent douter que I'ouverture du port d'llay n'ait beaucoup contribue a diminuer la production du guano , dont I'annee derniere on a extrait a peine trois cents quintaux. Composition chimiqtic. — MM. Fourcroy et Vauquelin ont donne une analyse du guano rouge qui lour avait cte rcmis par M. de Humboldt. Ilsy reconnurent de I'acide urique , en parlie sature par I'ammoniaque et la polasse ; de I'acide phospho- rique , combine avec les memes bases et avec la chaux ; des traces dc muriate, de potassc et d'amnioniaque; un peu de matieregrasse, et du sable quartzeux et fcrrugineux. L'analyse de M. RivERO s'accordc parfaitcmcnt avec la leur, sauf que , ET LES USAGES DU GUANO. 55? dans le guano qu'il a analyse , il existait ime quantite tres- notable de muriate de sonde, de sel d'ammonlaqne et de fer. L'abondance de ces sels est memo telle, que, si Ton dissout urie certaine quantite de guano , dans de I'eau qu'on laisse deposei', puis qu'on soumette a I'evaporation la liqueur limpide , on obtient de nombreux cristaux de muriate de sonde et de mu- riate d'ammoniaque tout a-fait faciles a reconnaitre. Le guano blanc a la meme composition chimique; seule- ment on n'y Irouve pas de sable. Quant aux caracteres exte- lieurs, outre la difference de coulcur, il est moins pcsant. L'odeur ammoniacale qu'il exhale est bien moins foric ; il est presque insipide , tandis que I'autre a uue saveur urineuse et salee tres-prononcee. Carbonise , il laisse moins de residu dan;; le creuset , et contient moins de fer et de muriate de sonde. Usages dii guano dans l' agriculture. — Le guano est au Perou d'une extreme importance pour I'agricullure, surtout dans le departcment d'Arequipa , dont le sol volcanique et sablonneux donne pourtant , grace a cet engrais, d'excellentes recoltes. Le territoire seul des environs^de la ville, ce qa'on nomme la Campina , en consomme a elle seule annuellement de trente a trente cinq mille quintaux, expedies par le port de Mol- lendo , qui est eloigne de la ville d'enviroa trente lieues. Dans la province de Tarapaca , dans les vallees de Tambo et de Vitor, la consommalion en doit etre encore plus grande; car on y emploie cet engrais dans loutc sorte de culture indislinc- tement , excepte dans celle de la canne a sucre , tandis qu'a Arequipa on s'en sert seuleraent pour le ma'is et la pomme de terre. On a coutume d'employer, dans les environs d'Araquipa , pour cliaque topo , qui est une superticie de cinq mille vares carrees , quand on vent y mettre du mais ou des pommes de terre, trois fanegues de guano ( sept quintaux et demi ). Mais , k Tarapaca et dans les vallees du Tambo et de Vitor, il en faut cinq. A Arequipa , un champ fume avec le guano donne qua- rante-cinq pour un de pomme de terre, trenfe-cinq pour un de mais, tandis que* le froment, pour lequel on emploie le fu- 558 SUR LA NATURK mierdecheval, ne donne dans les mcilleures terres quedix-huit pour nil. Manicre dont on emploic le guano. — Un engrais aussi actif exige quelques precautions quant ^ la manicre de I'employer. Les laboureurs d'Arequipa ont coutume d'en niettre une poi- gnee au pied de chaque touffe , et le lendemain il faut qu'ils Tarrosent. S'ils negligent cette precaution , la plante se desseche. Dans lesvalleeson ecarte un peu la terre au pied de chaque touffe de piment ou d'oignon , en prenant garde d'endom- mager les racines ; on y met une pincee de guano ; on la re- couvre , et on arrose peu d'heures apres. Si Ton cesse de mettre du guano dans un champ ou Ton veut avoir du mais ou des pommes de terre , la recolte qu'on obtient est , a pen de chose pres, la moitie de ce qu'elle serait si le champ cut etc fume selon I'usagc. Le port de Mollendo emploie pour le transport du guano six balimens qui font neuf voyages par an. La quantile qu'ils en extraient est estimee a soixante miile quintaux. De Cocotea on en tire pour Umate, Carumas et Puquina, environ treize mille ; les deux batimens de Chanray en exportent annuellc- inent de dix a onze mille ; Arica ct Tarapaca en donnent a peu pres la meme quautitc. Etat actuc'l de I'agricnllure au. Perou compare h ce qu'il etait avant la conquetc. — D'apres ce que nous apprend le Memoire de M. Rivero sur cc sujet , il parait que , loin de se perfectionner par suite de I'introduction des Espagnols , cet art n'a fait que degenerer. Tous les auteurs espagnols con- teniporains de la conquete , Gomara , Xeres , Zarate ne parlent qu'avec admiration des immenses travaux qu'avaient faits les Incas pour porter I'eau dans des licux que la seclicresse rend aujourd'hui stcriles , enfin, de la perseverance et de rhabilcte des laboureurs peruviens. Or, il est a remarquer qu'a cette cpoque la culture dans certaines provinces de I'Espagne, ctait fort bien entendue , et qu'elle ne commenca a dtchcoir qu'a I'epoque de I'expulsiou des Maures. Toutcfois , I'agriculture pcruviennc parut aux Espagnols supericure en bien des points ET LES USAGES DU GUANO. SSg ;\ celle de leur propro pays. Nous allons en doimet une idee, en n'empruntant nos details qu'a des auteurs qui ont vu par eux-iremes tout ce qu'ils ont decrit. Tel est Garcilasso, qui , n^. d'un pere espagnol et d'une mere indienne du premier rang', nous a laisse uq fidele jtableau de I'etat de ce pays avant Tarrivee des europeens. Le Perou , dont les peinlures de quelques romanciers nous font un vrai paradis terrestre, est peut-etre de toute I'Ame- rique espagnole le pays que la nature a le moins favorise. Compose en grande partie de montagnes abrupfes et de plaines sablonneuscs; prive de pluics, n'ayant pour rivieres que des torrens, loin de fournir k rhomme une nourriture abondante et facile, il ne scmblait destine a nourrir qu'unc population clair-semee, denuee des choses les plus neceasaires k la vie, miserable enfin, malgre tout son or. Mais le travail et la perse- verance vainquirent tons les obstacles. Les montagnes s'apla- nirent; des irrigations artificiellcs suppleerent au defaut des eaux du ciel ; des engrais d&di verses natures rajeunirent le sol auquel on etait force de demander chaque annee des mois- sons. Les jjentes trop raidcs pour le labour se couvrirent de paturages, ou des canau.x liabilement nienages entretenaient sans cesse la fraicheur, et nonrrircnt d'immenscs troupeaux. Les premiers essais, en rendant la subsistancc plus facile , firent croitre rapidement la population, et dans un petit nombre de siecles, la nation peruvienne devint assez puissante pour en- treprendre des travaux qui encore aujourd'hui nous etonnent par leur grandeur. L'Inca ViRAGOCHA, dont le regne fut le cinquieme avant le terns de la conquete, (it construire, entre autres ouvrages d'utilite publique, trois aqueuucs en pierres taillees d'une vasti; capacite, et dont chacun n'avait pas moins de cent viugtlieucs de longueur. Les difficultes qui se presenterent dans I'execution de ce travail furcnt vaincues moins par I'art que ])ar la perse- verance; car , les Peruviens u'ayaut jamais su faire une voutc, il fallait que les canaux qui, a ce qu'il parait, etaient habituel- lement a ciel ouvert, courussent le long de la pentc dcsmou- 56o SUR LA NATURE tagnes et en suivissent toutes les sinuositcs. La plus ctroite vallee , que I'art europeen cut traversee directemcnt , Ics obli- geait a faire un immense detour. Ces trois aqucducs ttaient deslines a arroser des paturages que la secheresse rend aujourd'Uui entierement steriles; car les Espagnols non-seulement ne conserverent point, niais de- truisirent mcme en partie ces constructions; et pour s'epar- gner la peine dc tailler quelques picrres, ils les enleverent Ji ces canaux ct frappcrent de sterilite des districts entiers. II y cut aussi des' aqucducs destines a I'irrigation des tcrres de labour ; mais ces ouvrages en general furcnt moins gigan- tesques, parce que, dans les lieux qu'on pouvait consaerer a la culture, les sources etaient habituellement moins rares, et Ton n'avait pas besoin d'amener I'eau d'aussi loin. La distri- bution des eaux etait confiee a des administrateurs qui la donnaient a chaque laboureur par ordre et par mesure. Pour en tirer tout le parti possible, on avait grand soin de ne donner au terrain que la pente absoliiment necessaire; et, conime les terras de labour se trouvaient specialement sur les cotcaux , on les soulenait par des terrasscs en echelons qui s'elevaient depuis la base jusqu'au^sommet. Si une partie du flanc de la montagnc par une pente douce scmblait propre au labour, mais elait d'ailleurs depourvue de terre vegetale, on en ap- portait, en la prenant dans les lieux que leiir declivite rendait moins propres a porter des moissons. Les terrasscs etaient formecs de trois murs de pierre bien resistans et un peu inclines en dedans pour mieux soutenir la poussee des terres. C'etait principalement pour la culture du mais qu'on faisait tous ces travaux; car jamais on ne semait ce grain qlie dans les lieux oii Ton pouvait disposer d'une irrigation artificiclle. Dans ceux ou cela n'etatt pas possible, on plantait la pomme de terre, la patate douce et plusieurs autres plantcs tubercu- leuses que nous ne connaissons pas en Europe. Comme ces plantes supportent mieux le froid que le mais, on trouvait . moyen d'utiliser ainsi les plaines qui se trouvent a une grande hauteur sur les Cordilieres. ET LES USAGES DU GUANO. 56i On employait pour ces terres le fumier des troupeaux, tandis que, pour les terres a mais, on se servait communement pour engrais d'excrcmens liumains. Dans les terres voisines de la cote, depuis Tarapaca jusque bien au-dela d'Arequipa, on fumait les terres avec le guano. Les lois veillaient a ce que la reproduction de ce precieux engrais ne fut point troublee; et dans le terns oil les oiseaux qui passcnt la nuit sur ces lies y elevent leurs pelits, il y avait defense sous peine de mort d'y abordcr. On ne mettait pas moins d'ordre et d'economie dans la repartition de ces engrais que dans celle de I'eau : chaque dis- trict avait ses iles ou il allait le chercher. Les ilcs d'une grande etendue etaient assignees a plusieurs cantons et divisces par bornes. Au reste, chaque ludlen ne pouvait en emporter que la quantite qui etait rcconnue ncccssaire pour I'etendue de terre qu'il avait a cultiver. Dans quelques autres parties de la cote, vers Atica, Yillacori, Malla, etc., ou le pays est sec, sablonneux, sans ruisseaux et sans moyens d'irrigation arlifi- cielle, les habltans avaicnt ctabli Icurs cultures tres-pres de la mer. La ils creusaient des fosses assez profondes pour qu'elles fussent un pcu au-dessous du niveau de I'eau, de sorte que, par rinfiltration qui se faisait a travers un sable fin, le fond avait quelque humidite. Mais ce sable, bien qu'hu- mecte, eut ete encore sterile, si la mer ne leur eut fourni un engrais abondant, en faisant echouer chaque annee sur leur cote des bancs entiers de petits poissons semblables a la sardine. Apres avoir bien prepare leur fosse, qui etait assez vaste pour recevoir plusieurs boisseaux de semence, ils y tracaient au cordcau des ligncs le long desquelles ils placaient a espaces reguliers dans un trou de quelques pouces de pro- fondeur deux ou trois grains de maiis renferines dans une tete de sardine. R— N. 562 DES COLONIES MILITAIRES Considerations sur les colonies militaires etabmrs en russie. L'empire russe offre une supcrllcle d'environ 36o,ooo milles geographiques carres , ct une population qu'on pent (•valuer approximativement il 5o millions; ce qui donne i38 habitans par mille carre. L'armee effective, d'apres dcs donnees re- centes que tout portc a croire cxactes , prosente un total de 622,270 liommcs. On n'a point compris dans cette evaluation les troupes irrcgulieres , ni les forces qui nc paraissent point susceptibles d'etre mobilisees , comnie les demi-invalidcs ou veterans , les 76 bataillons de garnison (i) , etc. Ainsi, le nii- litaire effectif est, a la population, dans le rapport approxi- matif , de 1 a 83 , et toute la force arniee , comme x est a 5o. Dans un Etat qui offrirail une population compacte , cette base ne presenterait rien d'excessif; mais il suffit de jeter les yeux sur la carle et sur les tableaux stalistiques, ])our se convaincre que cet etat de choses est ruineux poiu* la llussie, dont la si- tuation financiere est loin d'etre fiorissante. L'Oural et , au- dela de cette cliaine, d'immenses solitudes appuient ses flancs h Vest; au nord, ses limites sont celles des regions habitablcs de cette portion de notre hemisphere ; elle domine le nord de I'Europe par les forteresses inaccessibles de la Finlande , d'ou elle s'ctend , en traversant I'Asie, jusqu'a I'Amerique ; en Asie, elle touche a la Chine, et cmbrasse une partie de la Caspi(*nne; elle a deja le pied dans la Perse , contre laquelle le Caucase lui sert de rempart ; la grande lutte actuelle laisse indecises ses frontieres du cote de la Turquie; a I'ouest, elle presse I'Autriche et la Prusse , et la Pologne russe est comme son avant-garde europecinne; mais les 40,000 soldats qu'elle y en- tretient suffiscnt a peine pour contenir ce peuplc encore pal- pitant de libcrtc. Les gouvcrnemens les plus populeux se groupent autour de Moscou , et composent U; noyau des populations russo-slavob. (^i) S/tec/altiir mililairi!, x.vviii'' livraisoti , t. V. DE LA RUSSIE. 563 Cependant on cherche en vain un point central autour duquel rayonncnt des communications generales. Petersbourg , pensee fccondc de Pierre I"", est un magnifique port auquel I'empire est redeivable de sa fortune europeennt; ; mais cette capitale est a peine russe. Moscou , sitae sur un rixisseau , se refuse a un grand developpement commercial ; la prosperite eventuellc d'Odessa depend du bon plaisir des Turcs. En supposant menie la conquete permanente de Constantinople et I'occupation des Dardanelles, on n'aurait encore que deplace la difficulte. II est vrai que , dans cette hypothese , les coutrees les plus fer- tiles trouveraient un debouche favorable pour leurs riches produits ; mais le nord irait se depeuplant , faute d'un point central autour duquel graviteraient la population , le com- merce et I'arrnce. Ce vice dans I'ensemble se fait vivement sentir en Russie. Les provinces semblcnt etre a quelques villes pri- vilegiucs, ce que les serfs sont aux seigneurs; les capitaux et les produits courent s'engloutir dans un petit nomhre de cites, sans reagir favorablement sur la masse , comme dans -les autres pays de I'Europe. Mais c'est surtout pour le recrutement et la mobilisation des forces railitaires que cet inconvenient est frappant. II y a une difficulte extreme a transporter des troupes sur les points menaces ; d'un autre cote , il y a danger a se degarnir; et le defautde places fortes, sur la frontiere occi- dentale, rend cet inconvenient plus grave encore. Aussi, la politique russe a-t-elle habilement exploite les mesintelligences de ses ennemis naturels, les poussant les uns contre les autres, profitant presquc toujours de leurs avantages ou de leurs re- vers , et Iraitant suivant I'opportunite des circonstances ses ennemis en allies et ses allies en ennemis. L'invasion des Francais, leurs victoires si cherement achetees , qui mcttaient an grand jour la bravoure du soldat russe et les vices de I'ad- ministration , leurs desastres expliques par les localites et la rigueur de la saison , tons ces grands evenemens si inattendus (irent une impression profonde sur I'esprit de I'empereur Alexandre. Le danger qu'il venait decourir, la crainted'une •expedition mieux conccrtce, et le role qu'il etait appele a jouer en Europe, lui inspirerent probablcmeut la premiere idee d'uii 56/| DES COLONIES MILITAIRES systeme de centralisation militairc ct adniinistratif ; je veux parlcr dcs Colonics mititaires. Lc conito Araktcheief fut charge de I'execiition dc ce projct. Le hut ctait grand ; mais I'execu- tion , ainsi con9ue, impraticahle partout ailleurs , pouvait du moins ctrc essayee dans un pays ou lc code est dans la vo- lonte du prince. Les colonics militaires dcvaicntoffrir une armee organisee, et uue pcpiniore toujours onvertc, dcstince a en reniplir Ics vides. On vouiait, par cet ctablissement : i° obvicr aux incon- veniens du rccrutcment ; 2" simpliiier I'approvisionnement par des produits permanens en harmonic avec les besoins ; 3° parvenir Ji la mise en valcur d'une grande etcndue de terres en friche, et soumettre a la culture ccUes que I'eloi- gnement ou I'abscnce dcs communications laissait improduc- tivcs ; 4° soulagcr les habitans obliges dc fournir des logcmens militaires et des chevaux, soil dans le cantonnement , soit lors du passage des troupes ; 5" amcliorer la situation morale du soldat , en lui interdisant I'oisivete , en lui revelant le bien- etre de la condition domestique , en lui montrant dans la propriety la recompense de ses travaux ; enliti , en assurant im avenir honorable a sa vieillesse et a scs iniirmites. Deux grands prineipcs , qui paraissent s'cxclure au premier abord, ont etc les bases de ce systeme; 11 s'agissait d'amalga- mcr les soldats et les habitans primitifs , de telle sorte que ces derniers trouvasscnt des avantages en compensation de leurs nouvclles charges , et que les autrcs parvinssent a se plier aux habitudes laborieuses de la campague , sans que le service mi- litairc en souffnt, et sans prejudice pour la pi'osperite des cultures. En admettantmeme que lesmcsurcs employees eussent ete les meilleiu'cs possibles, une telle marche devait rcncon- trer des diKicultes graves et nombreuses. On signalait tout haul les vices du mode de recrutement ; ce qui n'empechait pas que la plupart des seigneurs ne vissent cette innovation avec inquietude. En effct, quelque drfectiioux que soit im systeme, par le fait seul de sa diuce , on fuiit par se resigner a ses de- fauts; dcs ramifications qui touchent tant de details finissent par s'incorporer a I'administration ; Tesprit de I'homme se fa- DE LA RUSSIE. 565 miliarise avec des abus que le terns a reduits a leur plus simple expression ; et une soi te d'ordre s'introduit dans le desordre lui-menie. II faut convenir, d'ailleurs, qu'une pareille reforme metlait en question les plus haats inteivts dc I'Etat : a I'iate- rieur , par la propriete et la civilisation ; h. I'exterieur, par I'eveil donne aux autres puissances, alarmces de voir des habi- tudes gucrrieres impqsees a toute une population. Une organisation ainsi improvisee devait offrir cet etat de crisc qui accompagne les grandes revolutions administratives. On proniettait aux habitans primitifs de conserver leur pro- priete intacte , de reparer leurs maisons et de completer leur menage aux frais de la couronne , de doter les arrondissemens trop a I'etroit , soit par des defrichemens , soit en leur annexant de nouvelles terres ; d'affermer les terres aux colonies , en les affi'ancliissant de tous droits et de toutes redevances ; de faire marcher de front les travaux champetres avec le service mi- litaire des colons aptes a !e remplir; d'exempter du service les vieillards et les inlirmes ; d'assurer I'education des enfans et la subsistance des invalides. De leur cote , les soldats , tout en conservant I'ensemble et les divisions de I'arTnee, trouvaient un domicile fixe et affranchi de toute redevance ; ils se voyaient distribues, ausein de leurs families respectives, dans les terres affectees a chaque regiment, et I'exploitation dusol devait aussi tourner a leur profit. L'armee , dans la colonisation , conserve sa composition ge- nerale, et comprend : i° i'infanterie ; 2° la cavalerie; 3° I'ar- tillerie; 4° l^s sapeurs et les pionniers. EUe se divise en corps, divisions, brigades et regimens (i). Les terres assignees a chaque regiment forment les arron- dissemens de regimens ; ces arrondissemens composent ccux de brigades , qui forment les arrondissemens de corps dont se compose le domicile de l'armee. (i) Pour la partle positive de ces details , nous avous puise aux m6mes sources que le Spectateiir militaire , auquel nous devons aussi plusieurs reflexions. Tome v, \xvnc livraison. 566 DES COLONIES MILITAIRES Tons les arrondissemens militaircs sont en dehors de Tadmi- nistration civile, et sont soiimis a iin regime mililaire. L'ar- rondissement regimentaire est administrc par Ic comite dii re- giment ; ceux de brigades , de divisions et de corps Ic sont par Icurs chefs respectifs. Quand les corps seront tons organises, le commandant en chefde I'armee sera investi de Icur adminis- tration general e. Dans cliaque arrondissement de regiment , il faut eonsiderer denx clioses : i° la composition economicjue; i° la composition du service de front. Chaque arrondissement se divise en menages : le menage se compose d'une terre avec ses dependances , de la maison et des appartenances , des animaiix domestiques et des betes de labeur, des instrumens aratoires, des meubles et ustensiles de menage , des provisions et des grains pour la consommation et les seniailles. Lc nombre des menages est proportionne au nombre d'hommes faisant le service de front. La population d'un arrondissement de regiment sc divise en immobile et mobile : la premiere ne quitte point ses foyers; I'autre doit toujours ctre disponible. La population immobile se compose des chefs de menages, des cantonnistes, des inva- lides, des habitans primitifs dont I'age excede 45 ans , et enfin des families de tons. L'exploitation des tcrres , ainsi que toutes les appartenances economiques, est confiee aux maitres de menages, qui sont aussi charges de I'entretien des families que le corps mobile laisse incompletes lorsqu'il entrc en campagne. Les individus qui appartiennent aux families des absens sontrepartis dans les menages; ils prennent part aux travaux, et participent aux produits et aux benefices. Tout ce qui est acquis par I'industrie ou le commerce des chefs de menages et des membres immobiles de la eolonne absenle , independam- ment des besoins du menage , est leur propriete personnelle. Tons les enfans males indistinctemcnt sont admis au nombre des cantonnistes. lis se divisent en trois ages : I'inferieur, le moyen et le superieur. DE LA RUSSIE. 567 Chaque arrondissement se divise en bataillon , compagnies ou cscadrons, scion le genre de service. Les maitres de menages, repartis militairemeat, preparent au service, en I'absence de la partie mobile , les homines incorpores, destines a remplir les vides de I'armce en canipagne. Dcs egllses sent construites dans chaque arrondissement, qui possede aussi divers etablissemens d'litilite generale. Outre les menages particuliers , on fondera , selon les circonstances lo- cales et les besoins , des etablissemens economiques dont les arrondissemens respectifs toucheront les revenus. Des haras seront etablis dans chaque arrondissement de ca- valerie. II sera fonde uu capital d'emprunt alimente par les revenus de I'arrondissement. Des magasins de grains, oil sera verse I'excedant des recoltes , seront cgalement etablis , ainsi que les constructions et les edifices necessaires aux diverses branches d'administration. On organisera dans chaque arron- dissement des moyens de communications pour le service des postes et pour les relations commerciales. On fondera dans le plus court delai des etablissemens destines au transport du materiel , aux capitaux des colonnes mobiles, aux places d'exercice , aux depots de munitions et d'armes, aux metiers affectes a I'entretien des armcs. Des ecoles sont organisees dans chaque arrondissement pour I'enseignement des cantonnistes de I'age moyen. Ceux de I'age superieur sont formes au service , selon leur destination. Une maison d'invalides et un hopital sont fondes aux frais de la couronne. Des villages entiers sont souvent la proie des flammes ; des etablissemens ad hoc previendront ou arreteront les progres de I'incendie. Les paysans colonises pourront faii'e toutes les acquisitions legalcs ordinaires ; les capitaux d'em- prunt ouvriront une carricre feconde a I'activite et a I'industrie. Les enfans mineurs sont entretenus et instruits aux frais de la couronne ; les majeurs , deja au service , sont rendus a leurs families , a leur retour. En general , les proprietes des individus peuveut etre inegales ; elles suivront le mouvement naturel du travail et de I'industrie. Les districts suivans sont deja exempts 568 DES COLONIES MILITAIRES du rccrutement : dans le gouveniemcnt de Nofogorod, le dis- trict du meme nom ; dans le gouvernement des Slobodes d'U- Araine , les districts de Foltchansk , de Zniicf, de Kotipensk et A'Isioum; dans le gouvernement de f'oroncje , le district de Starobclsk ; dans le gouvernement dc Kherson , les districts de K/ierson, d'ElisabetJigrad, d' J /cxandrie aid' Oh'iopol ; dans le gouvernement d^ Ekatlierinoslaf , celui de Verhhni-Dneprowsh. A cet effet , le senat dirigeant a rccu les oukases supremes , eii ' date du 26 aout 1818, du 12 decembre 1821 , ct du 18 fe- vrier 1825 (i). Apres ces dispositions reglcnientaires qui ne sont qu'une es- quisse des traits principaux de ce vaste systomc , nous allons donner quelques details sur I'etat des colonies niilitaires d'in- fanterie et de cavalerie. Le comte Araktcheief a designe , pour la colonisation des trois regimens de grenadiers , les gouvernemens de Pctersbourg et de Novogorod. La premiere division ( composee des regi- mens de I'empereur Francois, du roi dc Prusse, d' Araktcheief, premier et dcuxieme de carabiniers ) , qu'on pent regarder comme ayant servi d'essai, a ete installee sur le Volkhof, fleuve qui fait partie du grand systeme de navigation qui ap- porle a Pctersbourg les produits de la Russie meridionale. Mais ses rives malsaines et incultes, dcpourvues de colons agricoles ( les habitans primitifs sont adonnes au commerce), n'offraient tii etablissemens , ni communications , ricn enfin de ce qui au- rait pu en determiner le choix, sice n'est la proximite de la capitale. Les regimens colonises n'ont pas recu phis de 9 a 10 mille colons, tandis qu'en Auti'iche , on ce systeme a reussi , on compte i5 habitans pour un militaire. Tout etait done a creer, institutions , defricliemens, marais a dessecher, canaux a perccr, etc. Des sommes considerables y ont ete employees ; mais, la population n'etant pas en harmonic avec le nombre (i) On peut completer ces dounees , en y joignant les details ci- apr^s sur les colonies de cavalerie. DE LA RUSSIE. 569 des soldats , les avantages obtenus se trouvent reduits a la mise en valeur d'une grande etendue de terres , et Ton est fonde a croire que I'economie qui en resulte pour le gouvernement est loin de couvrir la valeur et I'interel des capitaux qu'on y a affectes. II faut encore faire entrer en ligne de compte la perte de belles forcts, dont la destruction a dii se faire senfir aPe- tersbourg. La colonisation des troisiemes bataillons des deux autres divisions de grenadiers, sur les bords du lac Ilmen, ue presente point un resultat plus satisfaisant. Ainsi , pour les co- lonies d'infiinterie, le mauvais clioix des localites a fait manquer entierement le but qu'on se proposait; ct malgre les modifica- tions que I'empereur Nicolas se propose d'y apporter, elles seront long-tems a se relever du coup funeste que leur a porte une premiere organisation defectueuse. Nous nous etendrons davantage sur les colonies de cavalerie dont la reussite ne saurait etre contestee. La direction en a ete confiee au comte de Witt, habile administrateur, qui parait avoir envisage ce systeme sous un auti-e point de vue que le comte Araktcheief. Favorise par les localites, il semble avoir atteint le but propose, sous le triple rapport de I'organisation des corps mobiles et immobiles , de I'instruction militaire et de I'economie. Deux divisions , I'une de lanciers et I'autre de cuirassiers ont ete colonisees dans le gouvernement de Khnrkof ; la premiere , sur le plan modifie du comte Araktcheief; la seconde , d'apres celui du comte de Witt. Les colonies de Kherson se composent de trois divisions , une de cuirassiers et deux de lanciers. Une population, composee d'un ramas de Moldaves , de Valaques , de Serviens et de Tartares , occupait une vaste etendue de steppes entre le Dniepr etlcBoug sur un developpement consi- derable de Test a I'ouest, et le long des rives du Dniepr, de I'lngoul , de I'lngoaletz , du Boug et de quelques uns de leurs affluens. Cette population pouvait devenir inquietante; la co- lonisation I'a agglomeree et I'a faconnee i une discipline rigou- reuse. Une grande etendue de terres forme la dotation de la colonie , dont la subsistance est assuree par un sol vierge et T. XL — Deceinbre 1828. 87 570 DES COLONIES MILITAIRES line vegetation vigoureuse. Une population do 87,000 individii& males , qui s'est trouvee habiter cetlc portion du gouverne- ment, a ete distraite de radministration civile, et affcctec a I'entretien et au recrulement de 12 regimens de cavalcrie. Elinabcthgrad , qui estle chef-lieu general , est reste sous I'ad- ministration civile. Deux modes de colonisation out etc suivis. En 1818, une division dcs lancicrs du Bong est entree en can- tonnement, et tout a etc etabli en sa presence. iSbataillons d'infanterie y furent employes , et il a fallu pourvoir a I'entre- tien et a la subsistance des troupes , jusqu'a ce qu'on cut ob- tenu des recoltes suffisantes. On a senti le vice de ce mode , et la division d'Ukraine n'a cnvoye a Nijnenovogorod que des cadres pour les escadrons de reserve et de cantonistes; c'est-a- dire, 27 officicrs et 60 sous-officiers par regiment. Alors on a cadastre le pays, distribue la population, etabli des ecoles , dcs magasins , des haras ; faconne au service les habitans qui y etaient appeles ; et en 1821 les regimens sont arrives. Toutes les constructions n'etaient pas encore achevees , et Ton a re- connu que bicn des ameliorations restaicnt a faire. C'est seule- ment apres quatre ans de preparation que la division de cui- rassiers a pris possession de ses etablissemens. Ccpendant , il reste encore beaucoup de travaux a executcr pour remplacer le provisoire. Les biitisses paraissent solides et simples , la re- gularite a ete reservee exclusivement aux etablissemens publics. On a donne aux habitans primitifs dps modeles et des facilites pour construire des maisons plus commodes , en les obligeani a se rapprocher ; de cettc maniere , les villages forment des portions d'escadrons ou des escadrons entiers. On a laisse a chacun le terrain qu'lfcullivait ; mais on I'a augmente pour les plus pauvres jusqu'a concurrence d'un maximum. Des terres sont affectees a la consommation des hai-as, ainsi qu'aux cultures en grains et en avoines , taut pour les besoins ordinaircs que pour les approvisionncmens de reserve. Ces: cultures .s'obtienncnt par corvees; des prairies fauchees par los habitans et les troupes fournissent egalemcnt aux besoins dc la cavalerio. Lc resultat des cultures est si satisfaisant qu'ou n DE LA RUSSIE. 671 partout line annec d'avance. La dcrniere recolte offrait un ex oedarit qu'oii ne pouvait meltre a convert; 290,000 tchetverts de grains avaient cte mis a la disposition de i'armee qu'on des- tinait a entrer en Tiirquic; et cependant, a peine le tiers de la dotation territorialc etait en rapport. Les deux tiers en plus seront appliques aux besoins de I'exccdant presume de la po- pulation. Les moyens de recrutement depassent de beaucoup les limites ordinaires; plusieurs regimens comptent jusqu'a 1,700 hommes dans la reserve. On a senti la necessite d'en re- duire le nonibre, et Ton a decide que 3oo homnies seulement recevraient I'liabillement affecle a cette classe. Le nombre des eleves qui frequentent les ecoles s'eleve a 27,000; niais, sans garantir I'exactitude de ce cliiffre , on pent affirmer que les ecoles presentent un aspect florissant. Un rap- port d'un escadron de la division d'Ukraine constate qu'au I*'' octobre i8a6 , il existait , dans les etablissemens de cet es- cadron, 848 enfans des deux sexes au-dessous de dix ans , et /|6o entre dix et dix-huit. Les ecoles d'escadron, qui com- prennent les enfans males de dix a quatorze ans , ont toutes offert de 108 a 1 10 eleves , et I'ecole regimentaire , qui ne com- prend que ceux de quatorze a dix-huit, doht la constitution est apte au service , est partout complete au nombre de 200 ; ce qui est plus que suffisaut pour maiutenir a 3oo les escadrons de reserve. L'especed'hommcs est superbe , et parait egalement agile et intelligenle. Quant aux moyens de remonte , la quantite des poulains a paru considerable, les etalons beaux et les jumens bien choi- sies ; en iin mot, le succes des haras est hors de doutc. Pour leschevaux des cuirassiers, on pent augurer favorablement des haras ; cependant , le melange de tant de races ne saurait etre e.xactement prevu. A en juger par apercu, le systeme des co- lonies de cavalerie , compare a I'ancien , parait offrir , toiite depense faite, una economic de 120,000 roubles par regiment. Il est vrai qu'il y a une premiere mise de fonds considerable; mais, d'un autre cote, toutes les depenses n'ayant point une destination purement militaire , on ne pent les soumettre a un 37. 57* DES COLONIES MILITAIRES calcul positif. A cot c-gard , le goiivernemcnt lui-memc nc pent avoir des rcnseignemens d'une precision rigourense, vu la imii- titude des details , leur reaction muliiclle ct I'instabilite dans revaluation des divers produits. Si Ton en juge par les difficultes qu'on rencontre a visiter les colonies militaires, dont les details sont encore pen connus, il est presumable qu'il y regne encore des abus nombrcux et graves ; ccpendant, tciut porte a croire que ce systeme doit in- fliier d'une maniere sensible sur les mceurs et I'esprit de la po- pulation ; I'avenir seul revclera dans quel sens. Nous sommes obliges de nous borner a cette esquisse incomplete d'un systeme que Ton peut considerer comme un ordre social tout entier. Quatorze volumes en renferment Icsreglemens. Les obligations des tenanciers chefs colons , leurs droits et leurs devoirs y sont traces ; on n'a point oublic les mesures h prendre pour les re- serves en nature , ni un capital qui fait le service d'une banque d'emprunt. Le sort des invalides , IV-ducation des enfans des deux sexes et des differens ages y sont prescrits ; le mode de leguer et celui d'heritage y sont dcfinis ; et une sorte d'admi- nistration municipale elective a etc improvisee au sein de ce despotisme militaire. Cepcndant, au milieu de I'abondance , les soldats ne pa- raissent point satisfaits , et les officiers ne dissimulent point leur mecontentemcnt. Sans pretendre en expliquer les causes, jetons un coup-d'oeil rapide sur le cote moral de ces etablis- semens. Plusieurs personnes pensent qu'cn entreprenant cette grande tache, I'empereur Alexandre avail plutot en vue la civilisation accelcree de ses Etats que I'economie et la facilite des mesures militaires. L'education des fils de soldats, qui se lie intimement a ce plan , scmble indiquer qu'il voulait eclairer les masses , et parvenir a creer une classe moyenne en Russie ; les dissidens religieux qu'il a terrasses , les communications ouvertes, toutcs les institutions qui se groupent autour des colonies militaires > paraisscnt annonccr des intentions ulterieures. Peut-etre aussi ces ameliorations n'etaient qu'une consequence naturclle du DE lA RUSSIE. 573 plaa milltaire; ou bicn, se pretant une force et une vitalite mutiielles , ces deux projets, inconiplets I'un sans I'autre, s'of- fraient avec une egale importance dans la pensee du fon- dateur. Ici un jugenient base sur les idees europeennes serait peu applicable. Pour etre en etat d'apprecier les avautages et les inconveniens d'une telle mesuie , il faut connaitre les nioL-urs et I'administration de cet empire : il faut avoir etudiu I'obeis- sance passive de ce peuple extraordinaire , la rigueur de la dis- cipline riisse , la toute-puissance des moyens de repression. Dans ce siecle ou tout va si vite , on est souvent presse de mettre a la place des faits des opinions ou des corollaires specu- latifs. Nous ne sommes ni assez clairvoyans , ni assez presomp- tueux pour adopter cette raarche; et dans les reflexions que nous donnerons sur les colonies militaires , comme nous I'avons fait ci-dessus pour les details qui nous ont ete communiques , nous signalerons des jugemcns qui ne nous appartiennent que par leur enchainement et la maniere de les presenter. Les premiers essais de la colonisation militairc ont inquiete I'ambition des seigneurs ; leur esprit delie eut bicntot demele qu'il sapait par la base redifice de leurs privileges : leur patrio- tisme u'allait pas jusqu'a sacrificr leurs interets presens a des avantages contestables et eloignes. Le pouvoir supreme n'en reslait pas moins sans limites ; et , tandis qu'on relevait le peuple par I'education, Ton ne faisait rien pour la noblesse dont I'influence devait diminuer graduellement. Les distinc- tions militaires dcvaient finir par etre donnees au merite , et non plus a la noblesse exclusivement. D'un autre cote , ce regime despotique et militaire n'etait pas sans danger pour le gouvernement lui-meme. II suffisait d'un prince faible et d'un favori ambitieux pour bouleverser I'empire. Le mecontente- ment des grands fermentait d'une maniere inquictante, lorsque la mort d' Alexandre fit eclater une conspiration qui , pour etre etrangere aux causes dont nous nous occupons , n'en at- testait pas moins un tlat de malaise dans le corps social; et, si, k cette epoque, les chefs des colonies militaires eussent ete 574 DES COLONIES MILITAIRES dt'voues aux mecontens, e'en ctait fait peut-ctre dc la dy- nastic. C'etait pen cependant pour les desseins du goiivernement que les seigneurs visscnt Icurs serfs leur echapper; il fallait encore reduire la grande propriete fonciere . Un vaste systeme hypothecaire, qui presentait des facilites aux emprunteurs, parait avoir etc organise dans le but de faire rentrer insen.si- blement les proprietes seigneuriales dans le domaine de la couronne ; et, comine ces mcsures se rattachaient au systeme des colonies militaires, ou du moins qu'on le supposait ainsi, on chercha le cote faiblc de ccs institutions, soil en conside- raut les vices inhcrens a Icnr essence, soit en signalant ceux que leur institution recente n'avait pu faire disparaitre encore. Comme on n'osait remonter plus haiit , on accusa Tambition hau- taine d'Araktcheief ; on lui reprocha d'avoir etabli les colonics d'infanterie dans des gouvernemeus voisins de la capitalc , nialgre I'absence totale de toutes ressources, dans la crainte de perdre son credit en s'eloignant de la Cour. On disait tout bant que les paysans n'avaient fait que changer d'esclavage, avec cette difference toutefois que le despotisniemilitairepesait plus sur eux que leur premiere dependance ; que cette mesure , alarmante pour I'Asie et I'Europe, devait surlout inquieter I'Autriche et I'Anglctcrre; I'Angleterre, en lui montrant un vaste camp assis en Ukraine, destine a empieler sur la Perse , dans la direction des Indes, et au sud, en s'acbeminant jus- qu'au littoral de la Mediterranee; I'Autriche, par le danger plus immediat de sa position, par ses fronlieres deboi'dees, et par son systeme politique qu'ebranlerait dans ses bases la re- generation de rOrient. C'est ainsi que I'interet prive faisait fermer los ycux snr la grandenr nationale; et Ton accusait a la fois Araktcbeicf, pour ce qu'il faisait, pour ce qui scrait, et pour ce qu'il n'avait pas su faire. On s'est elcve centre la rigneur excessive qu'il a de- ployee contre les habitans primitifs du district de Novogorod : mais rexaltation religieuse de ces hommes, dont un grand nombre appartenait a la sectc des staroi^'ei tsi [\ieux croyans), DE LA RUSSIE. 575 rendait la violence inseparable de la mesuie , et c'cst ce qu'on |)eut dire de plus fort contre un tel systemc. On contestait les avantagcs economiques et ceux du rf crutement. On convcnait quel'ancien mode de recrutement faisait perir un grand nombre d'hommes, surtout dans les recruei destines a I'annee de Georgia (1); mais on soutenait qu'il etait possible d'ameiiorer cc systeme, sans une revolution aussi brusque; que, I'egalite du recrutement n'etant applicable qu'aux districts colonises, tout le reste de I'Empire se trouvait dans un regime exceptionnelj que I'hypothese de la colonisation generale de I'Empire ne pouvait s'admeltre, puisque le service des mines et la marine, les commercans manufaeturiers, les artistes, les artisans et toutcs les professions liberales resteraient en dehors de ce systeme; que la violation des liens de famille etait a la vcrite moins flagrante, mais qu'elle existait par le fait, puisque les cufans etaient sc'pares de leurs parens, des le berceau. On demandait quelles etaient les garanties de I'honneur des femmes et des fillcs appartenant aux soldats de la colonne mobile, puisqu'a leur entree en campague elles etaient distribuees dans des families etrangercs, et que celte distribution, souvent ar- bitraire, dependait de circonstances purement locales et ma- tcrielles. Du moins, dans I'ancien systeme, la femme d'un recrue devient libre et pent suivre son mari. Quant an bien- ctre des colons, on objectait que la prosperito des arrondisse- mens etait pour la masse, sans profit pour les individus; que I'uniformite dans le genre de vie et la presque certitude que leur sort ne peut changer, devaient les rendre indifferens au developpement de la richesse coloniale. On comparait a cet etat celui des paysans serfs qui s'enrichisscnt souvent, et dont les charges annucUes n'excedcnt pas 20 roubles. Quant a I'education, on se demandait cc qu'on pouvait en faire avec I'esclavage. Ou elle resterait imparfaite, ou elle revelerait ce que vaut la liberie. Quel parti un chef ambitieux ou enthou- (i) II en meiut uu tiers en route. 576 DES COLONIES MILITAIRES DE LA RUSSIE. siaste no pourrait-il pas tirer de scmblables circonstances, en disant aux colons : Vous connaisscz vos droits et voiis avez des armes ! A des hommes ainsi formes , il faiU tot ou tard dcs garanties, c'est-a-dire line constitution; mais, lorsque les connaissanccs et les vertiis civiles scront grcffces sur ces corps robnstcs, qui osera leur dire : Vos frontieres finissent la ? Ainsi, nialgre I'insufBsance des details qu'on a recueillis sur les colonies militaires , on pent, ce nous semble, en deduire les consequences suivantes : Que la politique russe vise a I'emancipation du peuple, mais en modorant I'effervescence d'une liberie avcugle par le frein de la discipline militaire; qu'elle combat les systemes liberaux, parce qu'elle en redoute I'invasion prematuree ; de sorte qu'elle eleve ses institutions d'ime main, tandis que, de I'autre, elle contient I'essor des constitutions populaires, jusqu'a ce qu'elle puisse se mettre a leur niveau ; que , le pouvoir ne pouvant que gagner a I'afrranchissement successif des masses , la lutte veri- table n'est pas entre le tzar et le peuple , mais entrc les nobles et I'autocratie; que I'influence des seigneurs diminue de jour en jour avec leur fortune , et que cettc decadence deviendra plus sensible a mesure que la civilisation sera plus rapide; cnfin, que le gouvernement russe marche a beaucoup^d'egards dans le sens de I'absolutismc, et en sens inverse de I'esprit qui caracterise notre cpoque. Cependant, par une compensation heureuse, les autres ctats de I'Europe exercent moralement sur ce vaste empire I'influence qu'il exerce materiellement sur cux. II doit a leur contact ses progres dans les arts et les sciences; progres qui s'arreteraient infaiiliblement s'il venait i\ s'isoler dans ses institutions et dans ses mneurs. Si le developpement de sa puissance cause de I'in- quietude, la garantie la plus sure, a notre avis, se trouverait dans une bomogeneitc fratcriielle dans les institutions politi- ques de la grande Aunille europeenne ; dans un mode adminis- tratif large el franc qui, en respectant les droits de tous, pour- rait compter, au besoin, sur une cooperation a la fois inttressee etgenereuse; et, corame les lumieres attirent les lumieres, la DES COLONIES, etc.— NOTICE SUR MORATIN. 577 civilisation, ainsi favorisee^penetrerait peu ^ peu sur tous les points de cet empire, et le forcerait a reporter sur lui-meme cette activito inquiete qui decime ses generations, et qui s'epuise dans le but sterile de mettre resclavage h la place de la liberie. Chopin. Notice sur Moratin, et Annonce d'line Histoire du THEATRE cASTiLLAN , qiiHl a laissie. Celui des auteurs dramatiques i qui I'Espagne doit la reforme de son theatre national est mort a Paris, le 21 juin dernier, a I'age de soixante-huit ans. De retour de la Catalogue oii il s'etait rendu de France, en 1817, et ou il s'elait occupe de travaux dramatiques, il avait fixe, depuis quelques annecs, sa residence a Bordeaux. Il menait dans cette ville une vie paisible au sein de I'araitie qui se plaisait a I'entourer d'attentions et de soins affectueux, lorsque la famille de M. Silvela, son com- patriote et son ami, vint, en 1827, se fixer h. Paris. Moratin voulut la suivre Ceux qui connaissent rempressement que Ton met dans cette capitale a honorer les hommes de talent, de quelque pays qu'ils soient, s'etonneront peut-ctre de la solitude dans laquelle ce littei-ateur a passe ses derniers jours. Beaucoup de personnes distinguees firent vainement des demarches in- slantes pour approcher de lui. Une altaque d'apoplexie qu'il avait eprouvee a Bordeaux avait change la disposition de son esprit vif et cnjoue. Uniquement occupe du soin de sa sante, il vivait dans une retraite absolue. A peine consentait-il a rece- voir d'anciens amis que cette reclusion affligeait. Mais toutes ces precautions, les secours de I'art, et les soins les plus assidus n'ont pu eloigner le coup fatal qui I'a enleve aux lettres et a I'amitie. Les restes inanimes de Moratin reposent a Paris, dans le cimetiere de i'Est, aupres de ceux du grand Moliere. Felicitons ses amis d'avoir choisi cet emplacement pour son tombeau. Cette idee est hcureuse et renferrae un double horn- 578 NOTICE mage rendu i\ la fois au niodcle ct i son imitateur : hommage qui nc pout qu'c'tre agreable aux deux nations qui les ont vus naitre. Nous ne parlerons pas ici des compositions dramatiques de Moratin, ni de son merite comme poete et litterateur. La Revue Encyclopedique, dans un examen critique de ses differens ou- vrages, a deja tache d'apprecier leur influence sur la litterature espagnole ( Voy. t. xxxiii, p. /(5i.). Nous nous bornerons a dire ici que Moratin a reforme la scene de Lope de Vega et dc Calderon, et quo, plus heureux et micux inspire que ces poetcs, SOS devanciers, il a fait faire h. I'art de veritables progrcs. En effet, si d'jgnobles farces ont fait place sur le theatre espagnol a des tableaux avoues par le gout, si des comedies vraiment gaies et plaisantes, qui cependant rcnferment des lecons mo- rales, y sont applaudios par les gens de gout; si enlin on prefere aujourd'luii ii quelques traits d'esprit sans liaison ct sans but, une action bien concue, des caracteres traces avec talent, et surtout de veritables intentions comiques, c'est a I'imitation des comedies de Moliere tentee avec le plus grand siicces par Moratin qu'on doit une si heureiise revolution. On a l)eau repoter jnsqu'ii satiete , que les regies genent I'imagiuation des auteurs espagnols, et quo I'imitation de I'ecole fraucaise a tuo leur genie; les comedies de Moratin oil regnent le naturcl et la vraisemblance, oii I'esprit et la gaieto animent Ics mceurs nationalcs qu'elles rcpresentent avec une grande fidelito, ou dominent constamment la purete , I'energie et la grace du langage , donncront toujours un dementi formel aux detrac- tenrs de la scene espagnole modcrne. Moratin a essaye, comme Moliere, de fletrir la fausse devo- tion, dans sa 3Iogigata (la Fcmmc Tartuffe) ; mais, en traitant le memo sujet, il n'a pu atteindre Jl la hauteur et a la per- fection du chef-d'oeuvre de recolc francaise. Cependant, Moratin a tiro un grand parti d'un sujet qui n'elait point sans ditficulte, et il a su y trouver des situations vraiment comiques; si, apres avoir traduit ces vices avec succes sur la scene, il n'a point rcussi a extirper cntieremcnt I'hypo- SUR MORATIN. 579 crisie religieuse chez les femmes auxquelles son ouvrage s'adressait specialement , on avouera du moins qii'on voit au- jourd'hui, en Espagne, pen de jeunes personncs afiicher, comme naguere , une devotion ardente , un vitdesir d'atteindrc a la perfection recommandee par I'Evangile, tout en conser- vant des scntimens tres-mondains et fort pen en harmonie avec des inaximes aussi severes. Quelqu'influcnce qu'ait exercee rimitation de I'ccole fran- caise sur la litterature espagnole en general, on ne saurait con tester a Moratin de la verve et du genie. Apres avoir imite Moliere, il servira lui-meme de modele aux poetes dramatiques espagnols. Ceux-ci ne craindront pas de s'egarer, en marchant sur ses traces. Car il importe de remarquer que , si Moratin a fait ecole , ce n'est pas parce qu'il a suivi Moliere , mais biea parce qu'en le suivant il a fidelement copie la nature, et su mettre en pratique les preccptes reconimandes par les meillcurs maitres. Les premiers terns de I'art dramatique chez les Espagcols ne sont pas bien connus, faute d'un travail special sur cqtte nia- liere. Bloratin s'est charge de debrouillcr ce chaos. II a laisse I'histoire de la scene espagnole, dcpuis sa naissance jusqu'a Lope de Vega. Son ouvrage, fruit de longues veiiles, a pour titre : Origcnes del theatro cspmiol ; il a etc revu avec soin par I'auteur, et se trouve tout pret a etre livre a I'impression ; on peut croire que cette histoire, ecrite avec toute la correction et toute I'elegance de style qui distingue les autres ouvrages du menie autcur, est traitee, pour la partie critique, avec cette purcte de gout et cette sagacite dont il a donne tant de preuves. Nous allons traduire ici I'avant-propos de I'ouvrage oii Moratin expose I'esprit et lo but de son travail. « L'histoire du theatre espagnol est encore a faire. Ceux qui auraient pu entreprendre cette tache en raison de leurs talcns et de leur gout ont recule devant la necessite de re- cueillir un grand nombre de documens, depuis I'origine de I'art jusqu'a la fin du xvi^ siecle. Quaut aux auteurs drama- tiques du xvii' siecle et a I'etonnante multitude de leurs 58o NOTICE ouvrages, il fallait les connaitrc, les classer, ies comparer et lesjuger avec une critique jiisfe et severe. Pe,ndant le dernier siecle, et dans Ic commencement dii xix", on a cultive la poesie dramatique. Mais la diversite des principes des auteurs, dont les uns out suivi I'exemple des poetes qui les avaient precedes, ou se sont appuyes sur les preceptes des maitres de I'antiquite, tandis que les autres ont cherche a former, par leurs exemples, le gout modcrne et a le conduire dans des routes nouvclles; cette diversite rend indispensable une elude approfondie, pour pouvoir distinguer le merite relatif des ouvrages de ces ecoles opposces. On chercherait en vain a profiter pour ce travail des jugemens que les contemporains ont portes; car, dans la lutte de doctrines qui les divisait, on ne pent pas toujours compter sur leur impartialite, ni sur leur bon gout. D'ailleurs, il ne faut pas perdre de vue I'influence exercee de tout tems sur les productions litteraires par la forme de gou- vernement, par les opinions en vogue a la Cour , par le mode suivi dans les etudes nationales, par la politique, enfin par les moeurs ; d'oii il suit que tout auleur qui voudra ucrire I'histoire de notre theatre , aura besoin de rechercher les veritablcs causes de ses progres ou de sa decadence. Or, cette investi- gation ne saurait etre sans dangers, la ou regnent i'inquisilion et I'arbitraire, et ou les passions politiques sont encore en fermentation. « Dans les travaux des bibliographes sur I'art dramatique espagnol, a peine pourrait-on recueillir quclque legers apercus jetes au hasard , incomplets et mal coordonnes , pen propres par consequent a satisfaire la curiosite de ceux qui demandent une histoire de notre theatre. En se copiant les uns les autres , ceux qui ont ecrit les derniers n'ont rien ajoute qui soit digne de remarque. On est meme tombe dans plusieurs meprises » et Ton a manque a la fois de verite historique et de critique. Lorsqu'enfin il futquestion de defendre la gloire de notre litte- rature, il ne fut pas possible aux apologistcs de rien etablir sur d'aussi faibles bases. lis rcmplirent leurs livres de sophismes et d'erreursj ils appliquerent leur critique k des ouvrages SUR MORATIN. 58 1 tju'ils n'avaient point lus avec soin et reflexion ; et , faiite de bonnes etudes , ou bien ccdant a I'influcnce de leur profes- sion et des lieux ou ils ecrivirent , ils montrerent avec evi- dence qu'ils manquaient des moyens necessaires pour accom- plir la tache difficile qu'ils avaient entreprise avec un zele , d'ailleurs tres-louable. « Quant aux etrangers, lorsqu'ils parlaient de notre poesie dramatique, pouvaient-il faire autrement que de repeter les memes choses qui se trouvaient dans nos propres auteurs ? II est meme arrive a quelques-uns d'entre eux de ne point trou- ver une meilleure nianiere de se tirer d'affaire qu'en alleguant que la litterature espagnole est une mine ingrate, et qu'il y a peu de profit k I'exploiter. C'est ainsi qu'ils ont cherche a de- guiser leur ignorance. « J'ai done entrepris cette liistoire de notre theatre , tout en reconnaissant que cetle tache est fort au-dessus de mes forces. Neanmoins , comme je me suis propose depuis ma jeunesse de reuniretde mettre en ordre tous les renseignemens que j'ai pu obtenir, soit en Espagne, soit |au-dehors , il m'a semble qu'avec les materiaux que j'avais prepares je pourrais ouvrir du moins la carriere, si je n'atteignais pas le but; tel est le travail que je vais offrir au public. « Le lecteur jugera maintenant du zele et de I'assiduite qu'ont du exiger tant dc laborieuses recherches etd'aussi nom- breuses lectures; il jugera combicn de reflexions ont etc neces- saires pour pi'ononcer avec connaissance de cause et en con- science ; quel desir toujours soutenu de trouver la verite a du m'animer pour demeler ct pour rectifier les erreurs de ceux qui avaient traite avant moi le meme sujet ; pour examiner tout par moi-mome, afin de presenter un resume critique sur I'origine de notre scene , ses progres , les causes des vicissi- tudes qu'elle a eprouvees, jusqu'a ce que Lope de Vega vint fixer son caractere par son exemple et son autorite. Voila, en abrege , les obstacles que j'ai du sunnonter dans le discours preliminaire ou j'ai tache d'ebaucher mon plan. 1 Dans les notes que j'y ai ajoutees , j'ai voulu appuyer mes 582 NOTICE assertions sur des preuves puisees , autant que cela m'a cto possible , dans des documens irrecusablcs ; je suis ainsi par- venu a eclaiicir un grand nombre dc points mal compris, ou enlierement ignores jusqu'a cc jour. Vient a la suite un catalogue historique et critique des pieces dramaliques anciennes , le premier de ce genre qui ait paru jusqu'ici : il contient plus de cent soixante ouvragcs , tous anterieurs au terns oii Lope de Vega commenca k ecrire. J'examine leur merite, leurs beautes, leurs defauts, en inserant tex- tuellement les passages les plus rcmarquables de plusieurs de ces comedies , sans oublier celies qui meritent une censure severe. Rien n'est si facile , je le sais , que de decrediter un ouvrage, en ne citant que ce qu'il pT!Ut avoir de defcctueux, et de faire valoir, au contraire, une production mediocre ou niauvaise , en rassemblant soigneusement les passages qui me- ritent des cloges. Telle n'a pas ete ma conduite. J'ai voulu eviler les deux extremes : je ne me suis propose ni I'apologie , ni I'accusation de notre theatre; mon intention a ete d'en tracer I'histoire impartiale , et de le representer tel qu'il fut reelle- ment a I'epoque dont je me suis occupe. « Des details biographiques sur plusieurs auteurs accom- pagnenl cet exanien de leurs ouvrages. En cela , je crois avoir rendu un plus grand service aux etrangers qu'aux Espagnols ; car les premiers seront a meme de rectifier un grand nombre d'erreurs qui se sont glissees dans leurs notices et leurs dic- tionnaires biographiques , faits trop souvent a la hate, et sans le discernement convenable. nQuant h I'ordrc que j'ai suivi dans la revue de ces pieces, je I'ai etabli d'apres le temoignage des ecrivains contemporains des poetes dont j'avais a examiner les ouvrages, et en consultant les dates des premieres editions , pour determiner les epoques oil ils durent ctre composes ou joues ; cnfin j'ai donne d'assez grands details sur la vie des auteurs, et j'ai puise beaucoup dc documens et de faits dans les avis qui precedaient leurs pieces. La plupart des dates que j'ai etablies sont d'une grande exac- titude. Dans coUes qui n'offrent que des probabihtes, j'ai du SUR MORATIN. 583 choisir les conjectures losplus vraiscmblables. Le mome cata- logue comprend les comedies qui furcnt jouecs ou qui purent I'etresur les theatres publics ouparticuliers; mais on en a exclu les ouvrages qui, sous les titres de comedies el de tragedies, ou de tragi-comeclies {Ara.mes>) , furent si nombreux au seizieme siecle, et dont la collection scrait trop volumineuse. Nous aile- rons seulement la Celeslina , premier modele de cctte sorfe de composition, alaquelle la pi'ose et le dialogue durent despro- gres fort remarquables. Jc me suis borne aux productions theatrales, composces expres pour ctre representees sur la scene. Dans le meme esprit d'ordre,' ct pour eviter la con- fusion, j'ai reuni les ouvrages des poetes dramatiques contcm- porains. « Le catalogue est suivi d'lme collection des pieces de theatre, en prose et en vers , dont j'ai fait le choix dans les oeuvres de nos anciens auteurs, et qui m'ont paru dignes d'etre conservees. Je me suis seulement permis de metlre un litre aux pieces qui eh manquaient, d'enoncer le lieu et les changemens de de- coration, de diviser en actes deux comedies, pour faire mieux sentir la regularite de leur fable, de supprimer parfois quelques lignes du dialogue, lorsqu'cUes m'ont paru entierement super- flues pour Taction, Le texte des auteurs a ete religicusemenl conserve. II m'aurait ete facile de faire une collection bien plus volumineuse, en y inserant quelques autres pieces d'un merite reconnu ; mais celles dont je presente le recueil m'ont paru suf- fire pour remplir mon dessein. « Moratin a legue ce precieux ouvragc , ainsi que ses autres raanuscrits, a son ami M. Silvela, qui se propose de le publier bientot, soil au moyen d'une souscription , soit en traitant avec un libraire. Plus tard , il se propose aussi de faire pa- raitre une Fie de Moratin, qui renfermera non seulement des details biographiques sur ce pocte , mais un grand nombre d'autresrenseignemens precieux pour Thistoire litteraire de I'Es- pagne. On a lieu d'esperer qu'il accomplira cctte tache aver succes. Cette Pic sera accompagnee de lettres, de fragmens, 584 NOTICE SUR MORATIN. et de notes critiques de Moralin , ainsi que quelques-uns de ses ouvrages en prose, deja imprimes, mais qui ne portent point son noni (i). A. Muriel. (i) Nous terminons cet article en invitant les litterateurs des dif- ferenfes nations de TEurope a transmettre a M. Silvela, rue de Monlreiiil, n° 33, a Paris, les modifies d'inscrlption qu'ils jugeront convenables pour la tonibe de Moralin , en latin, en espagnol , en francais, en italien on en anglais. Un comite, compose d'hommes ^claires , choisira celles qui leur pareltront reunir au plus liaut degr6 les qualiles de ce genre de composition. Les inscriptions qui orneront la tombe du pofete seront en quatre langues differentes. I II. ANALYSES D'OUYRAGES. SCIENCES PHYSIQUES. De l'iuritation et de la folie, ouvrage dans hquel les rapports clu physique ei du moral sont etahlis sur les bases de la medecine physiologique; par F. V, Broussais, medecin en chef, premier professeur a I'hopital mill- taire crinstruction de Paris, etc.(i). OfiSERVATIOPtS SUH LES ATTAQUES DIRIGEES CONTRE LE SP1RITUALIS5IE , par M. le docteur Broussais ^ dans son livre : de I'lrritation etde la Folie; par M. Massias (2), Deux systemes entierement opposes I'un a I'autre se par- tayeiit noire ecole philosophique. L'un proclamc la preemi- nence de la substance spirituelle sur la substance matericlle, de rAmc sur le corps , en affectant pour les sens un dedain absolu ; I'autre nie formellement I'existence de I'ame, et attribue a la matiere seule tous les phenomenes de la vie et de I'intelligence. Le premier de ces systemes , modification de la philosophic de Kant , associee aux idees de Platon , presente par un homme d'un genie supurieur et d'une immense erudition , compte deja un grand nombre de partisans. Le second, defendu par le chef de I'ecole physiologique , s'appuie sur les travaux de Lochc , de Condillac , de Cahanis et de Destatt- Tracy. Exagercs dans leurs principes , extremes dans leurs consequences , ces deux sys- temes paraissent ncanmoins destines a imprimer a la philosophic ime heureuse impulsion. Les sectateurs du psycologisme ct (i) Paris, 1828; M"'= Dclaunay. i vol. in-8° de xsxii prix , 8 fr. (•2) Paris, i828;Firmin Didot. Brochure in-Bode 38 pag.; prix, % fr. T. XL. — Decaubrc 1828. 38 586 SCIENCES PHYSIQUES, ceux (111 physiologisme ont besoin pour se refuter d'argiimens d'unc force dc logique invincible j aiissi rhacun d'cux oppose k son adversairc des fails precieiix qui serviront a fairc briller plus proiuptcnicnt le flambeau de la verite. Le livre de V Irri- tation ct de la Folic doit , eu philosophic , produire les memes resultats que VExamen des doctrines medicates ^ du meme au- teur, est appele a produire en medccine; son premier effet sera de jeter du doute sur les dogmes du psycologisme , et bienlot d'une circonspcction salutairc' naitia im ecleclismc eclaire , qui , reunissant ce qu'il y a de vrai dans les deux sys- temes, donnera natssancc a une doctrine pure et sage. Notre analyse du livre de V Irritation et de la Folic etait en parlie terminee, lorsqtie M. Massias publia ses Observations critiques sur cet ouvrage ; sa brochure , cerite avcc lucidite , se distingue par un ton de moderation et de justice que devraient toujours prendre les ecrivains rivaux. Des lors, nous avons raodilie noire travail , pensant qu'il serait agreable a nos lec- teurs de trouver reunies dans un meme article les parties sail- lantes de ces deux productions, et qu'ils verraient avec plaisir les refutations de M. Massias placees immediatement a la suite des argumens lances par M. Broussais contre le spiritualisme. L'ouvrage de M. Broussais se compose de deux parties. L'unc , qui a poiu- titrc : De l' Irritation , est toute philoso- phique ; I'autrc , qui traite de la folic , est entierement medicale. L'autcur se propose , dans sa premiere partie , ainsi que dans un supplement place h. la fin du volume, de prouver : i° que les medccins seuls sont aptes a ecrire I'histoire de I'homme inlcllcctuel , parcc que seuls ils ont etudie les organcs de I'honnne d;ins I'etat de vie et dans I'etat de mort; 2° que les philosophes et les metaphysiciens qui se sont occupes de I'e- tude de rhonime intcllectuel ont cree une science chimerique, parce que , dit-il, ignorant I'homme physique, ils ont fait une collection des phenomenes de notre faculte inlellecluelle jilus ou moins associee Ji oos facultes instiuctives , et Tout designee l)ar un mot «/«e, mot qui est devenu pour eux le mobile de ces phenomenes eux-memcs ; 3" entiu , M. Bioussais parait SCIENCES PHYSIQUES. 587 vouloir prouver qu'un principe immatcriel ne pent s'unir au principe materiel, ni agir sur liii; par consequent, que ce sont les organes composant I'encephale qui sont lex seals producteurs de la pensee et de tons les phenonaenes de rintelligence. Dans la seconde partie de son livre , M. Broussais explique , par la doctrine de I'irritation, la folie dans toutes ses nuances ; il propose le traitement antiphlogislique comme moyen curatif de la folic, quelle que soit sa cause, quelque dissemblables que soient ses symptomes; il complete ainsi son systeme medical. La premiere partie renferme une preface et huit chapitres. La preface est une attaque violente , et parfois injuste, dirigee centre le chef de I'ecole psycologiqiie et centre ses disciples. La verve avec laquelle ce morceau est ecrit ne saurait I'excuser ; car la personnalite doit etre bannie de toute discussion scienti- (ique. Le chapitre premier est consacre a la definition de I'irri- tation; M. Broussais la nommeen general irritabilitejdausl'etat normal, c'est la faculte que possedent les tissus qui forment le corps de I'homme et des animaux de se mouvoir par le contact d'un corps etranger, et il reserve le nom d'irritation a I'irrita- bilite exaltee , a I'irritation maladive. II distingue ensuite I'irri- tabilite de la sensibilite. « Lorsque I'homme, dit-il, a la con- science des mouvcmens excites par les corps etrangers, il a senti I'impression de ces corps, et cette faculte de scntir prcnd le nom de sensibilite. La sensibilite appartient done au moi, etl'irrita- bilite a toutes les fibres du corps de I'homme; la sensibilite est done la consequence de I'irritabilite , tandis que I'irritabilite est independante de la sensibilite. Les modifications qui mettent en jeu I'irritabilite sont appeles excitans ou stimulans, et leur effet , stimulation ou excitation... L'excitation ou la stimulation qui depassent I'etat normal, qui se trouvent etre excessives, forment I'irritation maladive, et les agens qui les produisent prennent la qualification d'irritans... C'est, ajoute-t-ii, cetle irritation qui fait la base de la doctrine physiologique. » Cette definition de I'irritation nonnale et maladive est d'une grande justesse, de meme tjue la distinction ctablie entre I'irri- tabilite etla sensibilite; raaisla proposition suivante : a Les mo- 38. 588 SCIENCES PHYSIQUES. « dificatcurs qui meitent en jcu Virrltahilite sont appeles exciUins n on stimulans, » lenfermc, scion nous, toiitcs les crrcurs de la medocine physiologiquc. II rcsulte dc cette proposition, que rirrilabilite n'est modifice que par une seule classe d'agens, Ics excitans; que tons les corps que renferme la nature, dans quel- que combinaison qu'ils se trouvent, ne sont que des excitans; d'ou toutes les maladies sont des irritations ; c'cst ce qui est dementi tons les jours par Texperience et I'observation. La na- ture est simple; mais, pour etre , il lui faut des elemens ; elle uc peut se reduire a I'unite. Or, les elemens de la vie sont les mo- dificateurs de I'irritabilite; il est done rigoureusement neces- saire que ces modificateurs appartienncnt au moins .\ deux classes distinctcs ct opposees dans leurs proprietes. Le premier pi'ineipe de la medecine physiologique etant en partie vicieux, ses consequences peuvent-elles toutes etre vraies ? Le second chapitre expose I'liistoire de I'irritabilite. Nous y trouvbns la preuve que la decouverte de cette admirable pro- priete des tissus vivans est un des titres de gloire des tems mo- dernes. Dans le chapitre suivant, I'auleur developpe les points fondamentaux de la doctrine physiologique, et donne un re- sume des differens ouvrages qu'il a publics jusqu'a ce jour, notamnient de sa physiologic et de son article irritation , insere dans r Encyclopedic progressive. Le chapitre quatrieme traite des fonctions du systeme nerveux dans les phenomenes instinc- tifs et intellecluels. Les fonctions du systeme nerveux chez I'a- dulte y sont d'abord determinees. Le role des nerfs, que nous considerons ici dans leur etat de developpement, dit M. Brous- sais, est de propager la stimulation dans I'economie pour entre- tenir les fonctions. Le cerveau est place eutre deux ordres de nerfs. Les uns se terminent a la surface du corps oi!i ils formcnt des expansions sensitives , et les autrcs se plongeut dans le tissu des visceres. De ces deux ordres de nerfs, le cerveau recoit deux especes de stimulations generales, mais qui offrcnt des dif- ferences secondaires. Chatjuc sens externc est en rapport avec un agent particulicr, dont rimpresslon produit la stimulation sen- sitive; et tons sont susccplibles d'vm autre genre de stimulation, SCIENCES PHYSIQUES. 889 lorsqu'un corps vulnerant penetrc dans la niati^re ncrveuse de I'organe du sens. M. Broussais etablit ensuite autant de sens in- ternes qu'il y a d'appareils d'organes, et ontre cesscns internes normaux, la maladie, dit-il , pent encore en produire d'acciden- telsjcarpartoutnul'irritationse developpe,lanialierenerveuse, presente dans tons les tissus , acquiert uae activite qii'elle n a- vait pas , et qui devient unc source continuelle de perceptions. Le cerveau, chezl'adulte, est done en rapport avcc deuxordres de sens , et il est organise de maniere que , dans toutcs les per- ceptions externes relatives a la satisfaction des besoins iustinc- tifs qui se developpent les premiers , il ne puisse determiner Paction qu'en vertu d'autres perceptions simultanees on conse- cutivcs qui proviennent des sens internes. Apres avoir etabli les fonctions du systeme nerveux chez I'a- dulte, M. Broussais etudic le developpement successif de ce systeme, depuis I'etat d'embryon jusqu'a cclui d'individu par- fait. Dans les premiers momens de son existence , I'liommc n'est qu'une masse de matiere animale , sans organes, soumise aux lois de la cliimie vivanle. Pendant les premieres semaines sui- vantes, I'embryon est encore depourvu de membres. Ses nerfs remplisscnt alors le meme role que chez les vers ; ils ne peuvenf, ainsi que le cerveau, presider qu'aux mouvemens du coeur etdu systeme vasculalre. Les membres germent, se developpent , et rcncephalc voit augmenter ses fonclions; rcilecliissant alors les stimulations qui agissent sur les nerfs , le cerveau determine les premiers mou- vemens du foetus. Les sens internes s'accroissent , pendant le reste de la duree de la gestation, et ils^cquiercnt plus de de- veloppement que les sens externes, parcc qu'ils sont destines a ia respiration et a la nutrition. L'enfantnait:ccluiqui est bienorganise,quipossedeun cerveau, pousse des cris des qu'il sent I'imprcssion de I'air ; maisl'enfant accphalCjl'enfant ne sans cerveau, ne percoit ni le contact dc I'air, nilebesoinderespirer,quoique lesens du tactet celuidela respiration soieiit convonablemenl dcveloppcs et recoivent.des stimulalious. Les premiers cris, la premiere respiration dcl'en- 590 SCIENCES PHYSIQUES, fant, sontdonc determines par une reaction de Tcncephale, en consequence dcs premieres stimulations; mais quand il n'y a pas de cerveau pour Ics recueiilir et les reflechir sur Ics muscles respiratenrs , il n'y a pas de perception, il n'y a pas de sen- sations. Les sens externes se developpent avcc I'cnfant, et a mesuro que ses besoins s'accroissent; il exerce ses yeux a distinj^uer les objets, puis, a leconnaitre leurs formes, a juger de leurs dis- tances ; il recueille les $ons de la voix humaine, s'essaie a les imiter, et parvient enfin a les repeter. Le tact, le gout se per- fectionnent; I'encephale prend en memo terns de I'accroisse- ment; alors, I'enfant possede la faculte de se distraire de ses sensations; I'atteution commence a paraltre, et cette nouvelle faculte n'est qu'un plus grand developpement de I'instinct, te- nant a I'augmentation du cerveau. L'enfant continue de croitre, de se developper, ct aveclui lintelligence. L'instinct I'emporte sur I'intellect, pendant les premieres annees de la vie; aussi , les enfans ne sont-ils point aptes k la reflexion : leur mobilite vient dn besoin instinctif qu'ils eprouvent de mettre leurs mem- bres en action, de voir un grand nombre d'objets. lis preferent le mal an bien, parce qu'il satisfait mieux leur vanite, parce qu'il leur faut des emotions. La crainte des chatimens, le be- soin instinctif de la conservation individuelle, la bienveillancc, la bonte, I'exercice de I'attention et de la memoire, des notions sur le bien et le mal , le juste et I'injuste, servent a corriger tons ces penchans vicienx. Arrive I'epoque de la puberte; avec le developpement subit d'un nouveau sens, s'opere le dernier periode du developpe- ment organique du cerveau. Alors le jeime pubere commence a saisir des rapports, a voir de I'ordre et de I'enchainement la oil il o'apercevait que des differences , de la multiplicite, de In confusion. Les notions de dependance ct de causalite lui appa- laissent; il ainie la deduction qui lui est aussi facile qu'elleelait naguere dilficile; il objccte, il raisonne, il commence a trou- ver du plaisir a se refl 1228 5 1487 56 4348 1827 3.7 1062 12 23 c I44G 4236 39 Go2 SCIENCES MORALES. out etc executes; les autrcs ont dii a. la clcnienee royale diverscs commutations de peine. Des 1,062 iudividus qui ont encouru la peine des travaux forces i terns, 48 ont ete condamnes au ma.ximum, 486 au minimum dc cette peine. Le maximum de la peine de la reclusion a ete prononce contre 78 condamnes; le minimum conlre 781. La proportion des acquittemens a depasse d'un centienie celle de 1826. Sur 100 accuses dans tout le royaume, ?>g ont ete acquittes, et 61 condamnes, savoir : 89 a des peines infa- mantes, et 22 a des peines correctionnelles. Cette proportion varie , comme a I'ordinaire, d'un departe - ment a un autre ; mais il est a remarquer qu'elle est restee a peu pres la meme, depuis trois ans, dans cliaque departement et dans cliaque ressort de cour royale. Ainsi, dans le departement de la Cote-d'Or, il y a eu, en 1825, 19 acquittes sur 100; en 1826, 24; en 1827, 23. — Dans le departement de la Haute-Loire, il y en a cu, pendant les memes annees, 58 , 78 et 62 ; et dans le departement des Hautes- Pyrenees, 52 , 21 , 80. — Dans le ressort de la cour royale de Rouen, 3 i, 3o, 3o; dans celui de Paris, 3i, 37, 35. — A Caen, 34, 35 , 36 ; — a Douai, 3o, 32 , 35 ; — a Lyon, 35, 38, 38 ; — a Rennes, 36, 3i, 34 ; — a Agen, 40, 44 » 52 ; — a Mont- pcUier, 44 > 5o, 49 j - — a Poitiers, 42 , 44 j 5i ; — a Riom , 45, 41, 45 ; — a Toulouse, 43, 49, 49- Dans les crimes contre les personnes , la proportion des acquittemens est de 5o sur 100; elle n'est que de 35 dans les crimes contre les proprietes. Dans la premiere classe, les accusations de rebellion sont celles qui entrainent le plus d'acquittemens. Sur 100 accuses, 2 ont ete condamnes a des peines infamantcs, ct 1 6 i des peines correctionnelles; 82 ont ete acquittes. Sur 100 accuses de coups et de blessures, 7 out ete con- damnes a des peines infamantes, et 41 a des peines correction- nelles ; 5 2 ont ete acquittes. Dans les crimes contre les proprietes, les accusations d'in- SCIENCES MORALES. 6o3 cendie ont donne lieu a 82 acquitlemens sur 100 accuses ; celles de fausse raonnaie, a 44- Parmi les accuses qui, apres avoir ete condanines par contu- mace, ont ete repris et juges contradictoiremeiit (tableau lx), on ti'ouve 55 acquittes sur 100. Le nombre proportionnel des femmcs traduites devant les cours d'assises est, comme en 1826, de 18 sur 100 accuses; il n'a pas plus varie dans les tribunaux de police correctionnelle, ou il est encore de 21 sur 100. Plusieurs tableaux indiquent, comme I'annee precedente, combien de femmes ont ete con- damnees, pour quels crimes ou debts, et a quelles peines. Le nombre des accuses ages de moins de seize ans, qui etait de 124 eu 1826, s'eleve cette annee a i36; mais le nombre des accuses de seize a vingt et un ans a diminue au contraire de 79. Les accuses ages de moins de trente ans forment les 5i cen- tiemes dn nombre total ; en 1826, ils forraaient les 53 centiemes. Un nouveau ti:bleau ( lxiii ) marque la nature et le nombre des crimes commis dans chaque mois de I'annee. II nc peut donner lieu, quant a present, a aucune observation. M. le garde des sceaux annonce qu'il a tache de completer, par huvt nouveaux tableaux, les recherches commencees I'an- nee 1826 sur les recidives. Le nombre des accuses on reGidive,qui etait de 756, en 1826 s'est cleve en 1827 h 893 : 744 ont ete condamnes k diverses peines; 149 ont ete acquittes. Ainsi le terme moyen des ac- quitlemens , pour les accuses qui ont deja ete repris de justice, est de 17 sur 100. Sur les 893 accuses en recidive, 739 n'avaieut subi qu'uue seule peine quand ils ont ete traduits de nouveau aux assises; io3 avaient deja ete condamnes deux fois; 36 trois fois; 12 quatre fois; 2 cinq fois; i seul avait encouru six condamna- tions, qui, a la verite, elaienl toufes correctionnelles. II a ete condamne, la septieme fois , a la peine des travaux forces a tems. ( Tableau lxx. ) Plusieurs tableaux marquent la nature des peines qui avaient ete infligees A cesindividus. — 173 avaient ete preccdemment 39. fio/i SCIENCES MOR7VLES. conclamnes aux travaux forces; — 112 a la reclusion; — '-$97 h remprisonnement d'un an et plus; — 211 a remprisonnement de moins d'un an. Ainsi le nombre des forcats liberes en recidive, qui etait de 179 en 1826, n'est cette annee que de 17?; encore faudrait-if en relrancher 7 femmes qui , d'apres la loi, ont subi Icm- peine dans des maisons de reclusion. Le nombre des recidives parnii les individus liberes de la re- clusion s'est au contraire eleve de 90 i 1 12. Les renseignemens adrainistratifs parvenus au ministere por- tent h 11,464 le nombre des forcats liberes qui existent en ce moment daiis tout le royaume, ct h 7,896 celui des condamnes liberes de la reclusion. En comparant ces nombres avec ceux des recidives, on Irouve pour les forcats liberes une recidive sur 66 indi- vidus; et pour ceux qui ont subi la reclusion, une recidive sur 70. ** Cette proportion peut paraitre encore bien forte : cepen- dant il est consolant de penser que les 98 centienies des con- damnes les plus dangereux profitent du premier chatiment qui leur est inflige, et rentrent dans la societe avec de meilleurs sentimons et des habitudes mieux reglees. Tel est le premier resultat des sages reformes qui ont commence h s'introduire dans le regime des lieux de detention. De tons les systemes qui ontete proposes, depuis quelque tems, pour diminuerle nombre des recidives , celui-ci est le seui dont I'efficacite ne pui sse pas etre contestee. C'est parmi les individus qui ont deja subi des condamna- tions pour vol qu'on rencontre le plus de recidives : il y en a 686 sur 893, ce qui est dans la proportion de 77 sur 100. ( Tableaux lxxvi a lxxix. ) On ne trouve, parmi les accuses en recidive, que 35 indi- vidus qui aient eto precedemment condamnes pour vagabon- dage, et 122 ( ou i3 sur 100 ) qui aient cte precedemment condamnes pour des crimes ou delits centre les personnesy savoir : SCIENCES MORALES. 6o5 Pour coups et blessures -o Crimes et delits militaires ... i^ Outrages a des fonctioiinaires publics 8 Crimes et delits politiqnes 6 Rebellion ' ^ Divers autres crimes et delits 22 122 eux On a deja fait remarqaer que la proportion generate des «rimes coutre !es personnes , dans le nombre total des accuses de 1827, est de 28 sur 1005 elle n'est que de 11 sur 100 parmi les accuses en recidive de la meme annee. 268individus out ete accuses d'assassinat en 1827 : lod'entre IX avaient precedemment subi la peine des travaux forces; 3 celle de la reclusion; 9 celle de lemprisonnement : en tout 22 ou 0,08. ' Des 109 condamnes a mort, 5 avaient deja subi la peine des travaux forces ; 4 celle de la reclusion; 3 celle de Tempri- sonnement. Le crime de vol est celui que commettent le plus frequem- ment les condamnes liberes. Parmi les accuses en recidive de 1827, 83 sur 100 ont ete traduits aux assises pour ce crime , tandisque, dans le nombre total des accuses, la proportion des vols n'est que de 61 sur 100. 639 accuses en recidive ont ete poursuivis de nouveau pour des fails de la meme nature que ceux qui avaient motive leur premiere condamnation , sayoir : Pour viol ou attentat ^ la pudeur i Infanticide, change, comme il arrive sou- vent, en simple debt d'homicide par im- prudence Coups et blessures ....*.' 16 Pour association de malfaiteurs i Banqueroute frauduleuse ' * " Faux ^ 1. b raussemonnaie. . . . ^«' :..::::::::::::;:: .13 Total. «9 6oG SCIENCES MORALES. Aiiisi , tous les fails conduisent a cette consequence , que !e penchant au vol est celui qui se corrige le moins. Dans chaquo classe d'acciises en recidivc , la recherche de riutervalle de terns qui s'est ecoule entre la premiere liberation et les nouveaux crimes comniis, donne le resultat suivant : sur i73forcats libercs jugesen 1827, 10 ontrecidive pendant qii'ils subissaient leur peine ; 42 dans la premiere annee de Icur libe- ration ; 29 dans la deuxieme; 27 dans la troisieme ; i/i dans la quatrieme; 9 dans la cinquieme ; et 42, apres cet intervalle de cinq ans, lorsque nos lois leur permettaient d'aspirer a line rehabilitation solennelle , en recompense d'line bonne con- duite soutenue. La plupart des condamnes qui subissenl Icurs peines dans les maisons centrales de detention n'en sortent qu'avec des ressources euffisantes pour pourvoir a leurs premiers besoins. Cependant ils ne paraissent pas moins prompts que les forcats libercs a reprendre leurs criminelles habitudes. La proportion «Jes condamnes qui ont commis de uouveau.x crimes, des la premiere annee de leur liberation, est de 24 sur 100 pour les travaux forces; de 2^ pour la rcclusion ; de 3o pour Fempri- sonnement d'un an et plus, et de 3i pour I'cmprisonnement de moins d'un an. Les recherches sur les recidives sout lerminees par uu ta- bleau ( le Lxxx ) qui marque I'age des condamnes liberes a I'epoque de leur premier crime, et a I'epoque du dernier. On voit avec peine que 238 de ces malheureux (87 sur ioo)avaient encouru leur premiere condamnation avant I'age de vingt et iin ans. II serait a desirer que des prisons particulieres pussent etre etablics pour des condamnes de cet age , couformenient aux intentions manifestees dans I'ordonnance du 9 septembre 1814. 29 tableaux (lxxxii a cxi) embrasscnt tout ce qui concerne les jugemens rendus pi\r]es triiunaux correctio/i/ie/s du royaun;e. Ces tribunaux ont rendu, en 1827, ii5,488 jugemens, on figuraient 171,146 prevenus. Ainsi il y a eu 7,098 affaires, et 1 1, 406 prevenus de plus qu'en 1826 ; mais celte augmentation SCIENCES MORALES. 607 porte principalement sur les delits forcstiers. Le nombre des jugemens rendus en cette matiere depasse de 6,41 3 le total de 1826 ; et celui des prevenus , de 1 1,540. Sur les 171,146 prevenus qui ont etc traduits en police correctionnelle , 25,980 ont etc acquittes , et i45,i66 condam- nes , savoir : A rempiisonneraent d'un an et plus. . . 6,180 1 ^ ^^ (le moins d'un an. 2o,«)76 ) A I'amende seulement 1 17)999 Capitaines de navire interdits de tout comman- dement 11 ToTAi 145,166 On a conserve la grande division des condamnes a un an et plus d'emprisonnenient , et des condamnes a moins d'un an , parce qu'elle est fondee sur les dispositions de I'ordonnance du 2 avril 1817, relative a I'organisation des maisons centrales de detention. Mais on a marque avec plus de details, dans un nouveau tableau, la duree de Temprisonnement pour les con- damnes de chaque age et de chaque sexe ( tableau lxxxv ). Les tableaux cviii , cix et ex marqueut la nature et le nombre des dclits de la presse et de la Hbrairie qui ont etc juges a Paris et dans les departemens. Sur 191 prevenus, impliques dans i38 proces , 96 ont ete acquittes et gS condamnes, savoir : 5o a I'amende seulement, 4^ a I'emprisonnement et a I'amende. Apres ces details sur les jugemens correctionneis , M. le garde des sceaux a marque le nombre et les resultats des ap- pels. Sur les 11 5, 488 jugemens correciionncls , 5,548 ont etc attaques par la voie de I'appel ; c'est la meme proportion que I'annee precedente, un peu moins d'un vingtieme; 2,952 ont ete confirmes , et 2,596 ont ete infirmes ou modifies. 7,743 prevenus etaient interesses dans ces appels Les cours et les tribunaux d'appeloni confirme la condamnation de i,542, et racquittemeut de 2,654. i,025 prevenus, condamnes en premiere instance, ont ete acquittes en appel; 857 acquilk's 6o8 vSCIENCES MORALES, ont ct»! coiulamncs. La peine pronoiicee par les premiers juges a ^te aggravee k I'egard dc 547, e' diminuee exi favour de 1,047. La troisieine panic , )>clative aux jugemcns de simple police (tableau cxii ct»siuv.), presente 11,718 affaires et 18,006 iiiculpcs de moins qu'en 1826. Elle n'avail ete composeo jus- qu'ici que d'un seul tableau; on en a ajoute quatre indiqiiant pour cbaque departcment le nombre de quelques contraven- tions aux lois sur I'observation des dimanches ct fetes , sur les poids et mesures, les injures verbales, les bruits et tnpages in- jurieux et nocturnes. La quatrieme partie comprend 19 tableaux. Afin d'y reunir tout ce qui concerne I'instruction criminelle, on a trausporte des tableaux qui se trouvaient classes dans la premiere parties et ajoute plusienrs autres. Elle embrasse maintenant, dans cinq paragraplies distincts, les affaires terminees par les chambres du conseil et les chambres d'accusation , les morts accidentelles , les suicides et les duels qui ont excite I'atlention du ministere pu- blic ; la duree des procedures dans les divers tribunaux de re- ])ression; le nombre des fonclionnaires incnlpes a raison de leurs fonctions, et qui n'ont pu ctre poursuivis qu'en vertu d'une autorisation speciale; le nombre des jures qui n'ont pas comparu dcvant les cours d'assises ; la duree des sessions de ces cours; le nombre des temoins qu'ellesont entcndus; les rosultats compares de I'inslruclion ecrite et de I'instruction orale dans les affaires criminelles, et les autres incidens de la procedure ct du jugement devant les cours d'assises; enfm les arrets de la cour de cassation en matiere criminelle , correctionnelle et de police. Nous allons rappeler les principaux faits qui sont classes dans ces tableaux. Les chambres da conseil des tribunaux dc premiere instance ont decharge des poursuites 16,888 inculpes, parmi lesquels7,54o avflient ete arretes pendant I'instruction. Les chambres d'accusation en ont dcchaige i,385, dont 903 etaient detenus. SCIENCES MORALES. 609 "Les chambrcs du ronseil ov\X rendu en tout Sg.oi /» ordonnances. Ce nombre excede de 2,3 1 5 celui de 1826; et ccpendant I'in- stiiiclion a ete encore plus rapide que precedemnient. Car, en 1826, 82 ordonnances sur 100 avaient ete renducsdansles trois premiers niois du crime ou du delit; et en 1827 , la proportion a ete de 84 sur 100. Le nombre moyen des accusations jugees par les cours d'as- sises dans les six premiers mois du crime est, comme I'annee dernierc, de 64 sur 100. Dans le rcssort de la cour royale d'Orleans, 80 sur 100 ont ete jugees dans le meme delai; a Nancy et i Rennes, 78; i Amiens, 77; a Colmar, Aix , Metz ct Angers, 76, 76, 71. Dans d'autres ressorts, 11 n'en a ete juge que 4G, 4^ , It'i, 3g et meme 22. Le zele et I'activite des tribunaux correclionnels ont suivi I'accroissement du nombre des affaires. En 1826, 90 causes sur 100 avaient ete jugees dans les Irois premiers mois du delit. II en a ete juge cette annee 91 dans le meme delai. Les cours et les tribunaux d'appel ont aussi expedie leurs affaires avec un peu plus de celerite que I'annee precedente. Dans le ressort de la cour royale de Rennes, sur 100 appels 93 ont ete juges dans les deux premiers mois; h Douai, 99; a Bordeaux, 88; a Poitiers, 83; k Caen, 82. Dans d'autres res- sorts on n'en trouve que 49, 48, 4^, 32, 27. Un nouveau tableau (le cxxv®) compare le resultat des poursuites correctionnelies intentees par Ic ministcre public , les administrations publiques el les parties civiles. Dans les poursuites intentees par le ministere public, la pro- portion des acquittemens a ete de 27 sur 100 : elle a etc de 48 sur 100 dans les proces qui ont ete suivis par les parties ci- viles. Quant aux administrations publiques, qui poursuivent Ic plus souvent sur des proces verbaux faisant pleine foi en jus- tice, elles doivent nalurellement obteuir un plus grand nom- bre de condamuations. 97 fonctionnaires publics ont ele impiiqucs , en 1827, dans 77 proces crimineis ou correclionnels, relalifs i» leurs fonc- 6io SCIENCES MORALES. lions. L'aiitorisation de ponrsuivre a c'le accordee a I'egard de 45, par les chefs des administrations auxqiiclles ils apparte- iiaient; et a I'egard de 24 , par le roi , siir I'avis du conseil d'etat; elle a ete refusee a I'egard de 28. Sur les 69 dont la raise en jugcment a ele autorisee, 20 ont ete renvoyes des poiirsuites par la chambrc du conseil 011 la chambre d'accu- sation ; 18 out ete acquittes, i par un tribunal correctionnel , 17 par dcs cours d'assises; 24 ont etc condamnes, savoir : 6 a des peines infatnantes, et 18 i des pcincs cdrrcctionnelles ; 7 n'etaient pas encore juges au moment de la redaction du compie rendu. (Tableau cxxvi.) Le nombre des jures defaillans a ete a peu pres le menie qu'en 1S26. (Tableaux cxxvii et cxxviii. ) L'expedition des affaires criminelles^^a rendu necessaires, en 1827, dans toute la France, 377 sessions de conrs d'assises, qui ont dure ensemble 3,958 jours; 47, 99^ temoins y ont ete entendus. Sur les 5,287 accusations portees devant les cours d'assises, 1,959 ont ete accueillies entieremcnt; les autresn'ont ete accueillies qu'en partie; 1,148 ont ete modifiees de maniere a ne laisser aux faits reconnus constans que le caractere de simples delits. La cour d'assises ou il y a eu le moins d'accusations rejetues ou modifiees est celle de la Cote-d'Or. La cour d'assises des Hautes-Pyrenees est celle ou il y en a eu le plus. Sur 23 accu- sations, une seule a ete accueillie eotierement; 5 I'ont ete en partie; 17 ont ete rejetees. Dans 373 affaires, sur 5,287, les cours d'assises ont ete appelees a deliberer sur des declarations du jury rcndues a la simple niajorite de 7 coiitre 5. Elles se sont reunies a la majorlte dans 3ii affaires; ;\ la niinoritc, dans 62. D'apres les memes tableaux, les cours d'assises ont applique en faveur de 237 individus declares coupables, la loi du 25 juin 1824 > qui permet de modifier les peines encourues. Elles ont ete reduites a dcs peines infamanfes d'un degre inferieur a I'egard de 67 individus; a des peines correctionnelles , a I'egard de 170. Les tableaux font counaitre dans quels depar- SCIENCES BIORALES. 6ii teniens et pour quels crimes ces decisions ont ete rcndues. (Tableaux cxxx et cxxxi. ) Les cinq derniers tableaux iiiarquent le nombre des arrets et des jiigemens casses en matiere criminelle , corrcctionnelle et de simple police. Sur 6,017 arrets contradictoires ou par con- tumace rendus par les cours d'assises, 1,9,26 ont ete deferes 11 la cour de cassation, qui a statue sur tous les pourvois. 79 seu- lemcnt ont ete casses dans leurs dispositions principales ou accessoires, avec ou sans renvoi devant une autre cour d'as- sises el devant un autre jury. Les jugemens correctionnels soiit plus raremenl attaques par cette voie. La cour n'a statue, en 1827, que sur 870 pourvois; elle a casse no arrets ou jugemens. En matiere de simple police, Sg jugemens ont ete casses sur 88 qui avaient ete attaques. Nous devons joindre comme appendice aux calculs rapportes dans cet article les details suivans sur I'instruction des indi- vidus detenlis en ce moment dans les prisons. II resulte du recensement que le garde des sceaux a fait faire dernieremeut de la popidation des maisons centrales de deten- tion, en y comprenant quelques grandes prisons soumises au meme regime, que cette population s'elevait a 18,890 condam- ues, savoir, 1 3,388 hommes et 5,5o2 femmes. Sur ce nombre total de 18,890 condamnes des deux sexes , G,i 72 seulement ont ete designes commesachant lire ; les autres n'ont recu aucune espece d'instruclion. A.iusi, la proportion generale de ceux qui savent lire est de 33 stu' 100; mais elle varie d'une manicre remarquable dans les diverses prisons. Elle s'eleve jusqu'a 59, 67 et 5i sur 100 dans les prisons de Melun, Poissy et Bicetre , qui sont particulierement destinees aux con- damnes de Paris et des deparfemens voisins. Elle est egalement de 59 a Ensisheim , ou sont detenus les hommes condamnes dans les deux departemens du Rliin. Elle est de /|3 a Gaillon, de- partement de I'Eure. Elle n'cst pas de 16 sur 100 dans la vaste prison do Loos, departcmont duNord; el elle descend jusqu'a 12 dans cclle de Rioui. 6i2 SCIENCES MORALES. Dans les prisons de Clermont (Oise) et Saint-Lazare a Paris, qui sent dcstinecs aux remmes condamnees du dcparle^ment dc la Seine eldes departemens voisins , la proportion dc cellos cpii savent lire est de 45 sur loo. Elle n'est que 19 et 18 dans les maisons centrales de Monfpellier et de Cadillac , deparfe- inent de la Gironde, qui no rcnfernicnt egalement que dcs femmes (i). Ainsi , le resultat definitif de ces recherches sur I'instructiou des prisonniers, aboutit a prouver que sur 100, il y en a 67 qui ne savent ni lire, ni ccrire. Quelle plus forte preuve que I'igno- rance est, comme I'oisivete , la mere de tous les vices ? L'impertant travail dont nous venons de rendre compte fait le plus grand honneur a I'adiuinistration qui en reunit les ma- teriaux et a M. Guerry de Champneuf, directeur des affaires criminelles au ministere de la justice, a qui I'executiou en a ete conliee. Cette statistique officielle laisse bien loin derriere elle les documens analogues qui se publient annuellement dans dif- ferens autres Etats, et Ton pent dire qu'un scmblable ouvrage, s'il se continue, comme on doit I'esperer, ouvrira un vaste champ aux meditations des esprits serieux et eclaires. A. Taiilandier. HiSTOIRE DES GaULOIS, DEPUIS LES TEMS LES PLUS RE- cuLEs jusqu'a l'entieee sodmission de la Gaule a LA DOMINATION ROMAiNE, par Amedec Thierry (2). Nous avons deja eu I'occasion d'exprimer quelle haute opi- uion nous avons con9ue des talens de M. Aiigustin Thierry, auquel nous dcvons VHistoirc dc la coriquetc rlt: V Anglclevrr. paries Normands; ct le nora de son frere, autcur de I'ouvrage (i) Moniteiir i\u 21 iiovembie i8»8. (a) Paris , 1838; Sautelet et compagiiie. 3 vol. iii-8" de i,xxvi-4o8, /( ) 4 L'l 5 1 5 pages ; pi ix , a i fr. SCIENCES MORA.LES. 6i^" rftie nous annoncons, nons a prepares a une solidaritu de suc- ces, puisque nous savons coinbien ils sont accoutumes ii etudier, a penser, a scntir ensemble. Cependant, nous I'avouons, ce n'est pas sans quelque doutc siy la reussite, que nous avons commence la lecture de I'histoire des Ga^ilois; nous ne savions point prevoir quel interet ou quelle instruction nous pouvions attendre de I'histoire d'un peuple conquis , et presque aneanti depuis dix-huit cents ans; d'un peuple qui, durant sa longne existence s'etait toujours conserve barbare, qui n'avait jamais rien fait pour I'avancemont dc I'especehumaine, et qui, indifferent sur le jugement dc la posterite, ne nous a pas laisse unescule histoire, une seule chronique, un seul poeme, une seule in- scription, dans lesquels nous pnissions I'entendre parler lui- meme et exprimer les sentimens qui Ini etaient propres. Les ravages des barbares, les maux qu'ils infligent et ceux qu'ils souffrent, nous semblaient former un tableau propre seule- ment a nous revolter ou a nous degrader;nous croyions qu'il nous ferait peniblement sentir combien peu I'homme non civi- lise est au dessusde la brute, et qu'il n'exciterait en nous guere plus de sympathie que s'll nous representait les combats des loups dans les monf agues, o« leurs invasions dans la plaine ou I'hiver les force a descendre. Aussi, la premiere impression qu'a excitee en nous la lec- ture de I'histoire des Gaulois, c'cst le desir de rendre hom- mage au talent createur qui, apres avoir recueilli tant de faits epars et confus, a su en faire un bcl ensemble. II a rendu la vie en quelque sorte h un peuple presque oublie, pour le faire agir devant nous, et pour nous initier dans ses passions et ses douleurs. L'hisloire des Gaulois, loin de nous faire sentir le vide de nos connaissances et la peuurie des documens ancitiis , satisfait pleinement notre curiosite; elle nous instruit ct elle nous emeut; elle explique pour nous plusieurs des plus graude& revolutions de notre Europe; elle nous attache enfin a de:> hommes, en nous faisant scntir que ces Gaulois qui peut-etre sont les ancetres de plusieurs d'entre nous, nialgre toute la difference des lois, des mceurs, de la religion, des lumieres- 6i4 SCIENCES MORALES. sout des c'tres do uotre espccc, qui aimaient, qui espcraient , qui souffraiciit comme nous. Le plus souvent, les journalistcs s'attribuent le droit do tra- duire devaiit leur tribunal les ouvragcs dont ils doiventrendre comptc; d'opposer les idees qu'ils out concues d'avanee a celles qu'ils trouvcnt dans de nouveaux livres, de relever comme des erreurs ce qui s'ecarte de leurs opinions , et de pro- noncer leur sentence sur les sujets qui ont coute a I'auteur les plus longues meditations. Nous n'eleverons point si haut nos pretentions; nous sommes disposes a croire que I'auteur sait beaucoup mieux que nous ce qui a fait I'objet de ses etudes speciales. Si nous differions d'opinion aveclui, si nous nous croyions appeles a le combattre, nous nous sentirions en meme tems obliges de renionter a toutes les sources oii il a puise, dc nous placer au moins a son niveau, et de discuter une question compliquec avec autant de soin qu"il en a mis a I'etablir. De meme nous repoussons la tache toujours ingrate de comparer I'ouvrage de M. Thierry, avec un autre ouvrage sous le meme titre, et de meme etendue, public il y a environ vingt-cinq ans par un auteur vivant (i). Nous ne nous croyons point de droit pour ctre juges : il nous suffit de nous presenter devant le public comme rapporteurs. Peut-etre meme, en nous bor- nant a exposer le plan de I'ouvrage de M. Thierry, I'enchaine- mentdes faits qu'il rapporte, et des idees nouvelles qu'il ren- ferme, serons-nous plus utiles a nos lecteurs. En remontant dans la plus haute antiquity, quinze ou seize cents ans avant Jesus-Christ, et aussi loin que la lueur incer- taine rcpandue par quelques ecrivains grecs ou romains pent nous conduire, nous trouvons la Gaule, habitee par le pcuple qui lui a donne son nom, et que M. Thierry designe par le nom de Galls; peuple pasteur, qui ne connaissait point encore I'usage desraetaux, qui souvent teignait ou tatouait son corps (l) Histoire des Gaulois deptiis leur oiigi/ie jiisqu'a leur iurlfiri;;e ai'cc les Francs , par J. Picot. 3 vol. in-S"; Gent-ve, an sii. SCIENCES MORALES. 6i5 au lieu do le revetir d'habillemens, qui s'armait de picux aigui- ses ou enflanimes, et de haches de pierre, et qui avec ces armes grossieres s'etait cependant rendu redoutablc a ses voisins. La race espagnole, ou des Iberes, occupait cependant un angle de la Gaule, I'Aquitaine , pays circonscrit par la Garonne, les Pyrenees et I'Ocean. Des guerres dont il ne reste point de souvenirs, entre les Gaulois et les Iberes, avaient tour a tour refoule ces deux peuples I'un sur I'autre. Tandis que les Iberes occupaient I'Aquitaine, les invasions des Galls dans I'Espagne occidentale les avaient rendns maitres de deux provinces dont les habitans conserverent leur nom , leurs moeurs, du moins en partie, et leur langage; c'etaient les Celtiberes et les Galli- ciens. Mais de meme que les Galls s'etendaient an couchant en Espagne, les Iberes debordaient au levant dans la Gaule. On peut suivre la marche de deux colonies espagnoles qui fran- chirent les Pyrenees orientales; les Sicanes, qui, apres avoir traverse la Gaule meridionale, s'etablirent en Italic, et les Ligures , qui occuperent toute la cote de la Mediterranee, des Pyrenees jusqu'aux bouchcs de I'Arno. D'autres guerres, que notre historien place entre I'an i/joo et I'an looo avant Jesus-Christ, introduisirent les Galls en Italic. Une horde nonibreuse, composee d'hommes, dc fcmmes et d'enfans de toute tribu , s'organisa sous le nom coUectif d'Am- bra (les vaillans ou les nobles), franchit les Alpcs, vers I'an i364 avant notre ere, et se precipita sur I'ltalie. Elle chassa devant elle les Sicules qui se refugierent dans la grande i!e a laquelleils donnerent leur nom; cette horde, connue dans I'his- toire sous le nom d'Ombres , occupa toute I'ltalie superieure jusqu'aux Apennins. A leur tour, les Ombres y furent attaques, entre I'an looo et I'an 600, par les Rasencs ou Etrusques, qui sortaicnl dc la Grece scptentrionale. Ceux-ci qui etaient doues d'une civilisation bien plus avancee reconquirent successi- vement la plus grande partie du pays ou les Ombres s'ctaient etablis ; ils subjuguerent les uns , ils refoulerent les autres dans les montagnes , oil une petite province conserve encore leur nom. Dans toute cette premiere periodc de I'histoire de la race 6i6 SCIENCES MORALES, gaiiloise, Ics Galls, absoUimont barbares, n'entrcrent point en contact avec les peiiplcs civilises , a la reserve copenilant tics Pheniciens, dont les hardis navigateurs freqiienlaient deja pour leur commerce les rives de la Mcditcrranec, des deux cotes de la bouche du Rhone , et y avaicnt etabli quelques comptoirs. Une nouvelle periode commence au vii^ siecle avant notre ere, avec I'invasion des Kimris ou Cimmeriens, qui vinrent partager la Gaule et tous les pays ou les Galls avaient jusqu'alors domine. M. Thierry regarde les Kimris comme une autre branche de la grande famille gallique, qui avait ete separee des Galls a une epoque et par des circonstances qui nous sont inconnues : la langue des Kimris, qui s'est conservee entre aiitres dans le pays de Galles, n'est pour hii qu'un second dialecte de la langue des Galls ou Gaels, qui s'est conservee dans la Haute- Ecosse. Les Kimris, a la plus ancienne epoque ou Thistoire nous les montre, habitaient les borfis du Palus-Meotide et du Pont-Euxin, ainsi que toute la vallee du Danube. Plus sauvages encore que les Galls, ils n'avaient pour habitation que des chariots, pour plaisirs que la guerre et le pillage. Une invasion des Scythes dans leur terre natale les fit refluer sur I'Europe. Ils passerent le Rhin sous les ordres de Hu , ou Hesus le puis- sant, chef de guerre, pretre et legislateur; ils sejeterent sur la Gaule occidentale, et ils la conquirent tout eniiere, dcpuis le pied des montagnes jusqu'a la mer, et depuis le Rhin jusqu'a la Garonne; tandis qu'ils forcercnt les Galls a se retircr dans toute la partie montueuse et orientalc de la Gaule, dcpuis les Vosges jusqu'aux monts Arvernes. Jusqu'ici notre historien n'a guere ete dirige dans ses con- jectures, que par des traditions bien vagues, et des etymolo- gies deduitcs des deux laugues kimrique et gaelique, qu'il parait avoir otudiees avec beaucoup de soin. Mais vers le menie terns, ou entre I'an 600 et I'an 587, avant Jesus-Christ, la fon- dation de la colonic de Massalie ou Marseille par les Phoceens fait jaillir pour la proniiere fois siu- la Gaule la lumierc des histoires grecqnes, et M. Thierry en profite avec habilete pour rendre de la vie et un niouvemeul draniatique a uii recit (jiii SCIENCES MORALES. 617 n'avait eu jusqu'alors pour ol)jet que les races, non los iadi- vidus. La conquete de la Gaule occidentale par les Kimris causa bicn- tot un echange de demeures entre ces deux branches de la memo famille. Les Galls se trouvaient trop presses dans la region mon- tueuse ou ils avaieut etc repousses ; aussi envoyerent-ils au- dehors deux armees , ou deux colonnes militaires. Sigovese conduisit la premiere de ces hordes formees de guerriers", de femmes et d'enfans ; il sortit de la Gaule par la foret Her- cynienne, et il s'etablit sur la rive droite du Danube et dans les Alpes illyriennes. Bellovese conduisit la seconde, et il s'eiii- para de I'ltalie transpadane. Une horde de Kimris, suivant son exemple et la route qu'il s'etait frayee , s'etablit dans I'ltalie cispadane. Ainsi , I'Europe se trouvait a cette cpoque en grande partie aux mains dcs Gaulois ; niais chaque contree etait partagee entre les Kimris et les Galls , qui, apres une lutte acharnee , avaient paru se reconnaitre pour issus d'une mcme souehc , et etaient demeures phitut rivaux qu'ennemis. Iss Kimris ha- bitaient tout Ic midi de I'ile qu'ils avaient nommec Prydain ou Bretagne, et que les Galls, retires au nord, appelaient et ap- pellent encore Albannach , Albion. Les Kimris habitaient tout I'occident de la Gaule; les Galls, tout I'orient : les Kimris, tout le midi du P6 en Italic ; les Galls , tout Ic nord : les Kim- ris , tout le nord du Danube en Allemagne ; les Galls , tout le midi. Enfm, les Galls occupaient encore une grande partie de I'occident de I'Espagnc ; M. Thierry n'y place pas de Kimris. Notre auteur entreprend dc nous faire connaitre I'histoire de ces differentes branches de la race Gauloise jusqu'i leur destruction ou leur asscrvissement. Comme le contact avec les races civilisees , les seules qui garden t le souvenir des terns passes , est I'unique moyen de repandre quelque lueur sur elles , il ne les introduit sur la scene qu';\ mesure qu'clles s'approchent des Grecs ou dcs Remains , et la premiere partie de son ouvrage est dcstinee a suivre les Gaulois en dehors de la Gaule. Les premiers qui fixent son attention sont les Gaulois T. XL. — Deccmbrc i^iS. Lo 6ih SCIENCES MORALES, tie I'ltalic, que las Romains distinguaient par le nom de Gau- lois cisalpius. Ceux-ci , de Tan 587 a I'aii 'iyi, avaiciit fait rcculer la civilisation devant eux dans Ionic I'ltalie suptrienre. lis y avaicnt delrnit tonles les villes, a la reserve de cinq; ils avaient en nienie terns mine une grande partie de I'ltalie inferieure par leur brigandage, car, presque cliaque annee des expedi- tions parties de la Cisalpine allaient piller les penples da midi. Enfin , en Sgi , ils rencontrerent les Romains en Etriirie, de- vant Clusium. Ce fut alors que conimenca cette premiere guerre gauloisc qui niit Rome a deux doigis de sa perte ; [e Brenn , on roi de guerre des Gaulois, dont les Romains ont \n'is Ic titre pour un nom propre, Breiunis , entra sans resistance •lans Rome, apres avoir del'ait les Romains a Allia. Le Ca- pitole seul se defendit ; Mauiius le sauva d'une surprise, ce qui n'empccha point les assiegcs de payer une humiliante ran- con, et Furiu« Camillus, qu'ils avaient nomme dictateur , ne les en sauva point , encore qu'il remportat plusieurs avantages sur les Gaulois dans leur retraite. M. Thierry, sans autre guide que Icb historiens des Romains , sait donner de la nouveaute au recit de cette guerre; parce qu'il se place toujours dans le camp des Gaulois, qu'il ramene I'interet sur eux, ct qu'avec une partialite qui n'est ])as sans reproche , ct qui domine dans tout son ouvrage , il releve et met au grand jour les actes de cruaule et de perfidie de la race civilisce , tandis qu'il passe le- geiement sur ceux de la race Larbare, en eonlessant seule- ment qu'on ne pouvait atteudre d'elle autre chose. Les guerres des Romains contre les Gaulois cisalpius, de 889 a a83 , sont traitees par lui dans le meme esprit. En lisant son recit, on est fi appe sans doute de la bravoure et de I'habilete guerrierc que deploient les Gaulois; mais je le suis davatitage encore, je I'avoue, du danger qu'aurait courii la race humaine s'ils avaient triomphe. Sans nier les vices et les crimes des Ro- mains, il faut aussi reconnaitre que d'eux seuls on pouvait attendre les progrcs de la perleclibilite , tandis que chaque victoire des Gaulois faisait retrograder le nionde vers la bar- baric , la souffrance et I'esclavage. SCIENCES MORALES. 619 Dans la premiere moitie du iV siccle , la Gaule propiement dite fnt exposee a line nouvelle revolution , dent aucua detail ne nous est counu ; la confederation des Belgs, ou Beiges, n I'une des trois grandes confederations Rimriques d'outre Rhin, qui avoisinait de plus pres ce pays , franchit tout a coup ce fleuve et envahit la Gaule septcutrionale jusqu'i la chaine des Vosges a Test , et au midi jusqu'au cours de la Marue et de la ' Seine^ La resistance des Galls et des Kimris, enfans de la pre- miere conquote, ne permit pas aux nouveaux venus de depasser ces barrieres. Deux de leurs tribus seulement, les Arecomiques et les TecLosages parvinrent a se faire jour ; et apres avoir traverse le tcrritoire Gaulois dans toute sa longueur, s'empa- rerent d'une partie du pays situe entre le Rhone et les Pyrenees oricntales, et formerent une nation unique qui continua de porter le nom de Belg , que ses voisins les Galls et Iberes pro- noDcaient Bolg, Volg et Volk. « (T. I, p. i3o.) Cette revolution dans la Gaule en fit sortir, I'annee 281, par la foret Hercynie une nouvelle horde de Gaulois qui suivirent dans la vallee du Danube !a raenie route que Sigovesc avait suivie 321 ans auparavant. I!s parvinrent jusqu'aux bouches de ce fleuve. Quoiqu'ils fussent de la race des Kimris , ils s'al- lierent sans difficulte avec les Galls qu'ils trouvercnt etablis dans les raemes contrees. Ceux-ci avaient commence a faire marchandise de leur valeur, et a se mettre a la solde de tons les I'ois successeurs d'Alcxandre qui voulaient les employer dans leurs guerres , en Grece on en Asie. Familiarises avec ces contrees, ils proposerent aux Kimris qui arrivaient au milieu d'eux de s'associcr pour les piller. Un roi de guerre, ou Brenn , fut nommc pour commander les deux nations armecs qui fondirent en memo terns sur la Macedoine et la Grece. De 281 a 275, les Gaulois devasterent ces deux contrees avec uu degre de fureur que les barbares ont manifeste plus d'une fois en attaquant la civilisation : ils semblent dans leur jalousie vouloir detruire en meme terns tons ses bicnfaits et toute la race qui en pent conserver le souvenir. Les Gaulois furcnt bien pres d'effacer de ia terre, dans cette invasion, la race ',0. 620 SCIENCES MORALES, grecquc ; comme , no ans aiiparavant ils avaient ete prcij d'ancantir la race italique. Heureuscmciit pour les progres dii genre huniain qu'ils auraicnt arretes , ils fiirent frappis d'unc terreur superstitieuse, en 275, an siege de Delphcs; leiir re- traite fut desastreuse, leur Brcnn sc tua , une grande partic de leur horde perit ; d'autres regagnerent leurs forets et s'eLoi- gnerent de ces contrees. Pausanias est le meilleur des guides que suit M. Thierry dans ce recit , auquel il a su donner un haut in tore t. Une par tie cependant de la horde gauloise qui avait envahi Ih Grece demeura maitresse de la Chersonese Tracique et de Lysimachie : elle etendit bientot ses ravages sur tonte la cote depuis I'Hellespont jusqu'i Bysance ; elle se rendit si redou- table et si a charge a ses voisins , que le roi de Macedoine con- sentit a la transporter de I'autre cote de I'Hellespont, pour s'en debarrasser et la rejeter sur ses ennemis. Ce fut le com- mencement de la Gonquete , ou de la devastation de I'Asie mineure par les Gaulois : elle dura de 278 a 241 avant J. C. Les peuples riches , voluptueux et effemines de I'Asie furent abandonnes aux brigandages de hordes sanguinaires qui, sans provocation , sans motifs de haine, abusaient de la superiorite de leur force et de leur valeur pour les piller el les egorger. Attale , roi de Pergame, reussit enfin a les rejeter dans la haute Phiygie, qui prit d'eux le nom de Galatic. Leur melange avec le peuplc conquis leur fit donner le nom de Gallo-Grecs^ aussi bien que celui de Galates , sous lesquels ils maintinrent leur indepcndance , de I'an 241 jusquW I'an 63 avant J. C. M. Thierry, apres nous avoir trace le tableau des exploits et des ravages de cette horde gauloise en Asie, nous ramene h. la suite des flots d'aventuriers sortis de la Gaule , qui, avides de guerres, d'emotions fortes et de pillages, et ne trouvant point assez de combats au service de leur patrie , allaient vcndre leur valeur et leur sang k toutes les nations qui avaient do I'argent et des querelles. II nous montre les Gaulois h la >,nlde de Pyrrhus, et les vrais auteurs de ses victoires ; les Gaulois a la solde de Carthage, et rcmplissant la Sicile et SCIENCES M'ORALES. 621 rAfiique da bruit de leurs exploits; les Gaulois cisalpins clc- faits dans I'lnsubrie par les Romaius; les Gaulois transalpias engages par Annibal i venger leurs freres. II reclame en effet pour la Gaule les victoires de ce grand general, et il nous represente, avec ce talent qu'il partage avecson frere, ce talent qui rend la vie aux ages passes, qui fait voir les eveneraens et fait sentir les passions des peuples, tout le tableau dela sc- conde guerre punique, depuisl'an 218 a I'an 202, etjusqii'a la destruction de toulcs les armees gauloises que les Transalpins et les Cisalpins avaient alternativement fournies h Annibal. Cctte alliance des Gaulois avec les ennemis les plus acharues de Rome determina les Remains a poursuivre a leur tour les Gaulois partout ou ils les trouvaient etablis hovs de la Gaule. Les deux derniers chapitres du premier volume de cette his- toire sont consacres a raconter, I'un la conquete de la Gaule cisalpine par los Romains, de 201 a 170 ; I'autre la decadence de la Gallo-Grece, ou Gaule asiatique, dans sa lutte conlre le nieme peuple, de I'an 191a I'an 63. Le second volume et la seconde partie nous ramencnt dans la Gaule proprement dite, pour nous faire assistcr a sa san- glanle lutte avec les Romains,, jusqu'i I'epoque ou die fut subjuguee. Le premier chapitre de celte partie, le plus long et I'un des plus importans de toutl'ouvrage, est destine a nous faire comprendre la situation de la Gaule transalpine pendant les second et premier sieclcs avant notre ere. Apres nous avoir expose sa situation geographique, telle que I'avaient decrite les anciens, il nous fait connaitre les trois families humaines qui se parlagerent ses richesses et son beau territoire; savoir: 1° la famille iberienne, diviseeen deux branches, les Aquitains et les Ligures; 2° la famille gauloise, proprement dite, com- prenant la race gallique et la race kimrique, jiartagee elle- mcme en deux branches, les kimris de la premiere invasion, melanges en grande partie avec les Galls, et qu'on pourrait appeler Gallo-Kimris , et les Kimris de la seconde invasion, ou Beiges ; 3'' la famille grecque ionienne, composee des Mas- saliotes et de lems colonies. Le caraclerc de ccs trois families 6a-J SCIENCES MORALES, hnmaincs c'tait trcs-differcnt. « L'Aqnitain ctait brave; mais rusc(i). Un esprit vif et intelligent le rcndait tres-habile h saisir ct a imiter la tactiqiie de son ennemi (a). L'habitude d'exploitcr los mines Ini donnait line adresse remarqnable dans tons les travaux souterrains applicables a la defense on a I'attaqac des places (3). L'infantcrie aquitanique etait renom- nice ponr sa legerete (4).>'--. Le Ligure avait conserve nioins purenient (jiie TAqnitain le tyi)e original. « II etait de petite taille ct d'nnc complexion seche raais nervense (5), sobre, eco- nome, diir an travail (6'*; il gAtait ces verUis par des vices qui lui donncrent chcz les ancicns une celebrite malheiireuse. II passail pour fourbe, perCde, intercsse (7). Dans la contree voisine de Massalie, on rinfliicnce de la civil'isation grecqne s etait fait sentir immediatemcnt, les Ligures cultivaient I'oli- vier, la vigne et les cereales, soit pour eux, soit pour le compte des marcbands massaliotes. Plus loin, dans la raonlagne, ils vivaient de chasse, on venaient dans la plaine se loner comme ouvricrs aux proprietaircs de cultures (8). Siir la cote ils fai- saient la pechc ou la piralerie^ Des que la lempetc; commencait a troubler la mer, on voyait ces hardis corsaires nicttre a flol leurs fragiles barques ou leurs larges radeaux sontenus sur des ontres, et aller assaillir les vaisseaux eirangers surpris par le gros terns loin des ports; ils revenaient ensuite deposer leur (i) Callidum geinis. Flok. , I. 111, c. 10. Gjes. beli. Ca/l. , 1. iii. (2) Cjs.s. bell. Gall, 1. iii , c. 20 et seq. (3) Ciijus rei sunt loi)g6 peritissimi aquitaul , propterea quod nmltis locls apud eos asniriBe structurae sunt. Idem , ibid. (4) Ca;s. bell. Gall, passim. — Bell, civil. , 1. i. (5) Tc'i; o'^-xot? eiGi ouvccr-x/.u.svoi, y.iy.\ Sik r^v (ju^iiyri -j'uy.vaTiav e'jT&vci. Dioo. SicuL., I. IV. (6) Assiietum ma!o Lignrem. Vikgii.. Georg. , I. 11. — Durum ge- nus. Tix.-Ljv., I. xxvir. Strab. , 1. iti. — Dion. Sicul. , 1. iv, 1. v, p. 3x5. (7) Lalrones, iuiidiosi , mendaces, fallaces.-CATO o/), 5c7w»/m, nrl ). XI. Aineid. — Vibo. iEneid., I. vi, etc. — Claudiais, Idyll, xii, etc. (S) Strab. , 1 . iii. — Diou. Sic. , liv. iv et v. SCIENCES MOR/ILES. SaS biitin dans les iles voisines de la cote. La repression de ces brigandages couta unc peine iniinie a la marine massaliote : en vain les Grecs s'emparcrent des lies , constriiisirent dans quel- ques-unes des forts, et v placerent des garnisons; les pirates se (irent d'autres repalres siir le continent, et ne cesserent que tres-tard d'infestcr les parages de la Gaule et de I'llalie. «Le Gaulois etait robiiste et de haiUe stature; il avait le teint blanc, les yeux bleus , les chcveux blonds on cliatains, aiixquels il s'etudiait a donner une couleur rouge ardente, soil en les lessivant avec de I'eau de chaux , soit en les endiiisant frequcmment d'une pommade canstique composee de suif et de certaines cendres ( i). Il les portait dans toute leur longueur, tantot flottans sur les epaules, tantot releves et lies en toulfe au sommet de la tete. Le peiiple se laissait croitre la barbe; les nobles so rasaient le visage, a rexception de la levre superieure, ou ils entrelenaient d'epaisses moustaches. « Hardi , bruyant , impetueux , ne surtout pour les entre- prises du champ de bataille, ce ])euple possedait pourtant un esprit ingenieux et aclif, propre a tout comprendre et a tout faire. II n'avait pas larde a egaler ses maitres Phenicicns et Grecs, dans I'art d'cxploiter les mines, et il s'etait mis a les travailler <\ son j)rofit, vendant aux marchands etrangers le metal purifie, tout pret pour la fabrication. Bientot meme il s'appliqua a imiter les armes et les ornemens provenant de ses propres melaiix, qu'on venait rtinsi liii revendre a grands prix, et des fabrifjucs s'eleverent chez les Bituriges pour le fer, chez les Ednes pour Tor et I'argent. » Diodore de Sicile, Strabon, Pline, sont mis a contribution parM. Thierry pour nous faire connailre la Gaule; mais surtout Posidonius d'Apamee, dans desfragmens de voyage rapportes par Athenee , et qui peignent mieux qu'aucun autre ancien ecrivain les mceurs domestiqucs, I'industrie, et le degre de civilisation des Gaulois. (t) Galliaruin hoc invenium rutilaiidiscapillis fit ex sebo ct cinere. Plim , 1. XXVIII, c. la. — Mahtiai. , 1. viii, ep. 33. — Theod.- PuiSCIlN , 1. I , c. 3. 6^4 SCIENCES MORALES. Enlin M. Thierry trace Ic poilrait dcs Massaliotes qui appar- tenaicnt i\ la troisieme des grandes families humaiucs habitant la Gaule. « Les Massaliotes se recomniandaient generalenient par un caractere aflable, une vie temperanfe, des moeiirs hon- iietes et graves. L'aniitie ctait a leurs yeux. la premiere dcs vertus. Pendant long-tems une loi somptuaire fixa a cent ecus d'or la dot la plus riche , et a cinq la plus riche parure d'une femme. Les ferames ne huvaient pas de vin. Les spectacles des mimes etaieut severement proscrits comme pernicieux a la mo- rale. Avec non moins de rigucur on repoussait les magieiens et ces pretres mendians qui , pour nous servir des paroles d'un ccrivain remain, par faux semblant do religion, et sous le masque d'une superstition menteuse, circulaient de ville en ville engrais- sant leur paresse (i). Un seul mot fera connaitre de quel haul degre d'estime la nation massaliote jouit long-tems a I'elranger. Deux siecles avant notre ere, a I'epoque do la scconde guerre punique, I'expression moeurs de Massalic ctait provcrbiale a Rome, pour signifier (2) I'idcal de la gravile, de la fidelite, de riionnetete. Quatre cents ans plus tard , le mcme provcrbe sub- sistait encore; mais sa signiiication avait bien change; il re- veillait alors I'idee de ce qu'il y a de plus honteux dans les exces de la corruption (3).u Apres avoir passe en revue les divers peuples independans ou confedcres qui appartenaient a chacune des trois races que nous venons d'enumerer, et plus particulierement a chacune des divisions de la race gauloise, les Galls, les Gallo-Kimris et les Beiges; apres nous avoir fait connaitre leur habillement, leur armure, leur industrie, leur eloquence, etleur hospitalite, I'etat de servitude o\x ils tenaient les femmes, les trois periodes par lesquels passcrent leurs gouvcrnemens, savoir la theocratic, I'aristocralic militaire, et les constitutions populaires; apres nous avoir moutre la religion du peuple et celle des druides (r) Valbr. Maxim., I. it, c. 6. (2) Ubi tu es, qui colere mores Massiliense3 pustulas. Plaut. Casiii Art. 8, sc. 4- (3) Alb. L. XII, c. 5. Suifl. Lex., t. i, p. fii)5 , 869. SCIENCES MORALES. GaS en presence I'une de I'autre; la premiere, loute sensible, derivant de I'adoration des plicnonienes naturcls, et par ses formes, ainsi que par la marche libre de son developpe- ment, rappelant le polytheisme de la Grece; I'autre fondec sur un pantlieisme materiel, nietaphysicjue, mysterieusc, sacer- dotale, presentant avec les religions de I'Oricnt la plus cton- nante conformite ; notre auteur nous ramene ^ la lutte entrc les Remains et les Gaulois , dans I'interieur nieme de la Gaulc. Celte lutte commenca par I'assistance que les Romaius don- nerent aux Massaliotes contre les Ligures : elle les engagea dans des guerres contre les Allobroges et les Arvernes, a la suite desquelles les Romains demeurerent maitres pour la premiere fois d'une partie de la Gaulc transalpine , dont ils formerent une province , qui garde encore le nom de Provence, Elle n'avait pas beaucoup d'etendue, lorsque, I'an ii3 avant notre ere, la plus forte des bordes kimriques restee au-dela du Rhin, qui liabitait la Peninsule Kimrique et la cote voisine, effrayee par un tremblement de terre ensuite duquel la mer avait englouti une partie du rivage, se prenipita sur les peuples du midi , de concert avec une nation teutonique du voisinage. Cctte inva- sion teiTiblc,qui menaca de nouveau dune destruction absolue les pays qui avaient participe aux bienfaits de la civilisation, ne fut arretee qu'apres qu'elle eut repandu pendant douze ans la devastation et I'effroi en Espagne, en Gaule et en Italic. Marius ne vainquit pas seulement les Kimris ou Cinibres et les Teutons; il aneantit presque les deux hordes qui s'etaient mises en mouvement. Apres cette victoire, I'ambilion des Romains travailla la Gaule pendant quarante ans encore avant de I'asscrvir. Elle sema la division parmi les peuples independans, elle tourmenta les peuples soumis; elle poussa les uns h larevolte, elle en engagea d'autres h. prendre part a la conjuration de Catilina, a la denoncer ensuite. Durant cette fermentation, ks Sequanais et les Arvernes cliercherent un appui ctranger contre les Ro- mains, dans I'alliance d'Arioviste, roi des Suevcs; ils introdui- sirent ces peuples germains dans la Gaule comme auxiliaires, 6a6 SCIENCES MORALES. et bienlot ils seiitirent qu'ils s'ctaient ilonnc dcs mailii's. Non (|iie les Gfrmaiiis, pins barbares alors que les Gaulois, se nio- lassent de leur goiivernement intorieiir , on changeassent la constiiiition de leurs repiibliqiies. C'ctait sur leurs proprietes, sur leurs pcrsoniies, ct non sur leurs conseils qu'ils exercaient leur tyrannie. Avides d'argent et de debauches, ils pillaieut, ils insultaient, mais ils ne gouvernaient pas. Les efforts des Gaulois pour se soustraire tantot a I'opviression des Germains , tantol a celle des Romains, produisircnt onfi!i la grande lutte dabord des Helvetiens, ensuite de tous les peuples des Gaules contre Cesar. Pour I'^tudier ct la decrire , M. Thierry retrouve un guide incomparable dans cet homme qui ne dcploya pas moins de superiorite comme historien que commc general. Aussi tout le reste de la seconde partie de I'histoire des Gau- lois, on la fin du second volume et la moitic du troisieme, sont consacres a la guerre par laquelle Cesar, de I'an 59 a I'an 5i avant Jesus-Christ , acheva la conquetc de la Gaule. M. Thierry possede a un trop haut degre le talent de faire revivre ses personnages et de presenter sous la forme la plus dramatique la suite des evenemens, ponr qu'il ait pu niettre en scene Cesar sans exciter la plus vive admiration pour ses talens militaires. Ce n'est cependant pas du cote des Romains que notre auteur voit rheroisme ; tout son amour, toute sa sympalhie, sont reserves aux Gaulois. Leur devoument a la patrie, leur zele ardent pour son iudependance, leur cou- rage , le secret impenetiable et la fidelite qu'ils observaient dans leurs conspirations , la Constance avec laquelle ila renouvelaient la lutte sous des circonstances toujours plus defavorables , ex- citeut en lui I'enthousiasme qui les animait eux-memes. II s'ap- ])uie sur les confessions de Cesar pour faire voir que la perfidie et la feroeite pouvaient au moins aussi souvent etrc reprochees au heros civilise qu'au peuple barbare ; et, en fixant notre at- tention sur les aveux (jue le Remain laisse cchapper, il excile notre horreur pour une conquete ipii couta tant de sang a I'hu- uianile. Plutarque avait recapiiule ces calamites, comme si elles elaienl aulant de litres de gloire pour son luros. « Cesar, dit-il, SCIENCES MORALES. 627 prit de force plus de huit cents villes, soumit plus de trois cents nations , combattit en differens terns contre trois millions d'hommes, siir lesquels an million perit en bataille rangee , et wn million fut reduit en captivite (i). » La troisieme partie de cet ouvrage coniprend un espace de cent vingt ans ( de 5o avant J. C. , jusqu'a 70 de I'ere com- mune), pendant lequel les vainquenrs travaillerent efficace- menl a assimiler les Gaulois anx Romains. Des ie moment de sa victoire , Cesar commenca cet ouvrage par la douceur et I'indulgence. Les Romains possedaient alors trois provinces portanlle nom de Gaulc : la Cisalpine, qu'ils designaientpar Ie noin de Gallia togata , parce que les habitans avaient adopte la toge romaiue; la Transalpine, entre Ie Rhone et les Alpes , qu'ils nommaient Gallia braccata , parce que les habitans avaient conserve les braies , vetement de leurs ancetres ; la province nouvelle enfin subjuguee par Cesar, et qui s'elendait du Rhone et des Pyrenees an Rhin et a la mer, ils la nom- maient Gallia crinila , parce que les habitans porfaicnt fou- jours les longs clieveux de leurs peres. Cesar, embrassant la defense des peuplesqu'il avait vaincus, accorda a cette der- niere les plus amples privileges, an point d'exciter vivement la jalousie des deux autres. Aussi , dans les guerres civiles qui ne tarderent pas a eclater, tira-t-il de la Gaule chevelue les plus puissans secours, tandis que rancieiine province etait devouee a Pompee. Octave fut moins partial pour la Gaule chevelue, dont il fit une province militaire. Cependant, en mome tems qu'il assurait sa dependance par I'organisation forte qu'il lui donnait, il chercha aussi a se I'attacher par de nombreux bienfaits qu'il distribuait d'une main adroite, en fondant des cites nouvelles , en donnant son nom avec d'amples privileges aux cites anciennes , et paraissant se pro- poser surtoutd'effacer les souvenirs de la Gaule independante, et de faire disparaitre les villes qui avaient oppose la plus longue resistance aux Romains. (i)Plut. J. iWs. , [). ji5. 6^8 SCIENCES MORALES. La conqiicte dc I'lle de Bretagiie rediiite en province ro- niaine , entre les annees 4^ ct 8/j de J. C , fait diversion an tableau de eette civilisation et de eel asservisscnient de la (laiile. La lutte des Bretons contre les Romains et la persecu- tion des druides dans leur dernier refuge rentrent dans I'his- toire de M. Thierry, parce que I'ile de Bretagne ou d'Albion , partagee comme la Gaule entre les Galls et les Kimris, compre- nait une des grandes divisions de la nation dont il a entrepris de nous faire connaitre les destinees. Enfin , noire autcur, en prenant Tacite pour guide, fait riiistoire des guerrcs civiles qui eclaterent dans la Gaule apres la niort de Neron, des projets et des efforts du batave Clau- dius Civilis , de la derniere lutte dans laquelle s'engagerent les Gaulois vers I'an 69 et 70 , pour changer leur province en em- pire des Gaules ; et , apres avoir raconte le devoiiment he- roique d'Eponine , qui vecut ncuf ans dans les tombeaux avec son mari Julius Sabiiius , et qui niourut avec lui lorsquc Ves- pasien punit en lui I'ambitieux qui avait revetu la pourpre des Cesars , M. Thierry terniine son oiivrage en exposant en ces termes , et inieux que nous ne saurions le faire , I'esprit et le but de tout son livre. « Tel fut le dernier sang verse pour la cause de la vieille Gaule , le dernier devoument public a un ordre social , a un gouvernemcnt , a une religion , dont le retour n'etait ni de- sirable , ni possible. Nous avons vu combien d'obslacles lirenl avorter cette malheureuse tentative ; ils allerent croissant et se , fortifiant de plus en plus. Chaque jour davantage la haute classe separa ses interets et ses sentimcns des sentimens et des interets de la masse; les Druides eux-memes fuent leur paix; ils s'eclairerent et devinrent professeurs de la science ro- niaine, pretres du polytheisme gallo-romain (i). L'amour de I'ordre s'insinua peu a pen dans tons les esprils , et la Gaule fut resignee : vint bientot le christianisme , qui accelera et conso'ida I'ouvragc. (i)AusoN. de Cliir. Profts^or. SCIENCES MORALES. 629 n De celte situation nouvclle soitit une nation qui ne manqua point d'oiiginalite. Le role que joua la Gaiile, comme province de I'empire romain , est plein de grandeur et d'interet. Ce be- soin de mouvement et de liberte que nous avons vu tout a I'heure ebranler un gouvernement conteste , quand ce gouver- ncment fut consenti , ne s'eteignit point ; il s'exerca dans les limites de la constitution et des coutumes romaines ; il prit Ic caractere d'opposition , non de revoke. Sous cette forme, la Gaule arracha de grandes concessions a la puissance imperiale , cassa plusieurs empereurs , en imposa d'autres a I'ltalie , et s'e- tablit meme pendant quelque terns metropole de tout I'empire. Mais ces evenemens curieux , quelque place qu'y occupe I'ele- ment Gaulois , appartiennent a I'histoire de Rome , et ne sau- raient en ctre detaches ; c'est dans I'histoire de Rome qu'il faut chercher leur explication comme leur cause. « Ainsi done ma tache est achevee. J'avais entrepris de tracer les destinees de la race gauloise, et j'ai atteint successivement les epoques oix, sur to.'s les points du globe elle a fini comme nation , non comnie race , car les races humaines ne meurent point ainsi ; les epoques ou son individualite disparait sous les formules d'une civilisation imposee , ou son histoire devient un episode d'une histoire etrangere. Pendant le cours de dix-sept cents ans je I'ai suivie pas a pas , a travers toutes les periodes de sa vie si aventureuse et si pleine; ici nomade; la, sedentaire; tour a tour conquerante et conquise , sous tous les climatsde la terre , en Gaule , en Bretagne , en Germanic, en Espagme , en Ita- lic , en Grece , en Afrique , en Asic ; et partout et toujours je I'ai montree la meme : intelligente , spirituclle , brave , ardente , mais mobile, peu capable de Constance et d'ordre, mais vaine et desunie par orgueil. Que si Ton parcourt les terns qui suivent cette histoire , on reconnaitra aisement les grands traits du ca- ractere gaulois dans les evenemens romains de la Gaule ro- maine ; on les vcrra percer encore au milieu de la barbarie de la Gaule franke, malgre la conquete et le melange des races, et ils apparaitront de loin en loin sous les institutions originales du moycn age. (J3o SCIENCES RIORALES. « Est-ce la tout ? Descendans dcs soldats dc Brenn et do Vercingt-lorix , des citoycns de Carnutnm et de Gcr^ovic , des senats de Durocortoriim et de Bibracle , n'avons-nons pitis rien do nos peres ? Cc type si lorfement enipreint sur les premieres generalions, le terns I'a-t-il efface des dernieres ? Peiiple des societes modernes, la civilisation, ce costume des races hii- maines, a-t-elle transforme chez nous en meme tems que re- couvert le vieil homme? Et, si nous nous examinionsbicndans quelqu'une de ces crises ou les peuples , brisanl toutes les con- ventions sociales , se rcmontrent, pour uinsi dire, dans la nu- dile de leur nature, serait-il impossible de decouvrir quelquo signe de cette parente de vertus et de vices ? Je ne sais , mais , ^m tracant les recits de ce long ouvrage, plus d'une fois je me suis arrete d'emotion ; plus d'une fois j'ai cru voir passer dcvant mes yeux I'image d'hommes sortis d'entrc nous ; et j'en ai con- clu que nos bonnes et nos mauvaises dispositions ne sont point nees d'hier sur cette terre ou nous les laisserons. »' J. I. L. DE SlSMONDl. Refutation de l'histoire de France de rahbc de Montgaillard , publiee par M. Uranelt de Leuze ( M. Laurent, auteur de YHistoire de Napoleon et du Resume de Vhistoire de la philosophie. ) Secoiide edi- tion (i). Cet ouvrage n'est pas seulement rcmar(|uable par les qua- lites litteraires que nous nous sommes plu a lui reconnaitre , dans notre premier article (v. Rev. Enc. , t. XXXVIII, p. 358), par une narration interessante de plusieurs grandes scenes de la revolution francaise, et par des observations profondes sur le caraclere des hommes de cette epoque : il pent etre consi- (i) Paris, t8i8; Uelaforest , rue des Filles-Saiiit-Thomas, n°7. 1 vol. in-8°; prix, 7 ir. 5o c. J SCIENCES MORALES. 63 1 dere comme line premiere appliciition dcs doctrines pliiloso- ]>hiques de I'ccole de Saint-Simon a la maniere d'ecrire I'his- toire; et, a ce tilre , il merite una attention toute parliculiei-e. L'absence d'une idee generale, necessaire pour concevoir la liaison des faits et ponr en embrasser Tensemble, sans etre distrait par la portion purement dramatique, a transforme, depuis I'admirable tableau trace par Bossuet , presque tons les historiens en de simples chroiiiqueiirs. On a nieme etc, dans CCS derniers terns , jnsqu'a reduire I'histoire a un proces- verbal minntieux, denue de tonte pensee de relation. Un pareil travail peut a peine etre regarde comme un recueil de mate- riaux pour I'historien a venir, materiaux incompletset souvent propres a induire en erreur; car les faits generaux, seuls im- portans pour bien juger I'etat dcs lumicres, y sont presque toujours negliges an profit de la partie anecdotique. La tendance de la nonvelle ecole est de nous replacer an jioint de vue philosophique, de presenter de grandes series de faits pour en deduire des consequences , d'observer la marche de la civilisation dans le passe, afin de prevoir celle qu'elle suivra dans I'avenir. Lorsqu'on veut apprecier une periodehistorique, le premier devoir est de se poser cetle question et de la resoudre : Quelle fut la mission accomplie par elie? fut-elle appelee par le destin a produire un systeme social , a le consolider ou a le detruire pour preparer les voles a un nouvel enfantement ? S'agit-il ensuite de juger le role joue par chacun des acteurs du drame dont le but est eclairci a nos yeux ? Il faut, depouillant tout motif de haine ou d'affection personnclie , examiner sa part dans les efforts tentes pour atfeindre ce but; il faut marquer sa place , selon qn'il a contribue a la direction progressive, ou qu'il s'est constitue en opposition avec elle. Reste encore un troisieme travail dont I'importance philosopliique est de beau- coup inferieure : c'est celui du biographe. Apres avoir loue digne- ment les services rendus par im Homme a la chose publique , ou I'avoir maudit comme un obstacle aux ameliorations , on peut rendre justice aux qualites individuelles et aux talens de celui G32 SCIENCES MORALES, qii'une deplorable crreiir a rangi'; parmi les enncniis de la civi- lisation ; on pent sympathiser avcc lui plus volontiers qu'avec riionime audacicux qui niarche au ternie desire, inais en impo- sant silence a tout sentiment affable. Appliquons ces principes a I'histoire de la revolution fran- caise. Ce giand cvenement apparait a I'oeil dii philosophe comme un dernier acta inevitable prepare par les progres de I'humanite depuis la reformation, la destruction materielle du systeme theologique ct feodal , deja mine dans les intel- ligences par la critique du xviii" siecle. L'accomplissement d'une telle mission exigeait un double travail; il fallait con- server religieusement le territoire et le purger de tout ce qui pouvait mettre des entraves a une reorganisation sociale. Les honimes de la revolution ont admirablement rempli ce mandat ; mais ccux qui en commencerent I'execution ne pouvaient la mener a fin. L'assemblee nationalc porta le premier coup a I'edi- fice antique; c'est pour elle un beau litre de gloirc.] Quels preju- ges n'eurent-ils pas a surmonter , ces hommes dont I'educatioa avail ete si etrangere aux nouvelles exigences? Mais d'un autre cote, pouvaient-ils etouffer ces prejuges assez completenient pour entrevoir toute I'etendue de la refornie necessaire ? Les direcleurs spirituels d'une partie de Tasscmblee , les Lalli-To- lendal , les Necker, les Mounier , ne portaient point leurs es- perances plus loin que la chartc anglaise; c'etait moconnaitre etrangemcnt les besoins du peuplc , puisque aujourd'hui, lors- que nos institutions sont incomparablement plus perfection- nees dans la direction liberale que celles de I'Angleterxe , leur insuffisance se fait sentir chaque jour. D'ailleurs , il ne pouvait etre question d'etablir une constitution definitive sur un terrain encore convert de vieux debris ; il fallait auparavant achever de le deblayer : c'est ce que l'assemblee nationalc ne put con- cevoir. Elle voulut s'arreter au moment oii I'oeuvre de la destruction ne faisaitque de commencer; d'autres hommes, que leur position sociale et leur education mettaient mieux a meme de comprendre les besoins du peuple francais, s'emparercnt du gouvcrnail abandonne; ils poussercnt le navire plus loin dans SCIENCES MORALES. 633 sa direction inevitable. Bientot , cependant , non pas effrayiis , satisfaits au contraire de lenr ouvrage, mais hors d'etat de le terminer, ils confierent ce soin i des bras plus puissans. Alors s'ouvrit la carriere aiissi penible qu'eclatante de la convention: plus les resistances se multiplierent, plus elle redoubla d'ener- gie. D'une main elle repoussa Tagresseur etranger; de I'aulre elle acheva le travail commence depuis plusieurs siecles. Le sol francais demeura intact, et il n'y resta pas une trace de I'an- cienne organisation. Ici la scene change. Ceu.\ qui viennent de tout renverser s'arretent et ne voient plus autour d'eux que des monceanx de mines. lis sentent que I'ceuvre de la desorganisation est accofti- . plie; ils sentent en meme terns que les peuples ne sauraient etre gouvernes par -des principes purement critiques , et que le terrain vacant attend les fondations d'un noiivel edifice. Hebert et la faction ochlocratiquene sont point satisfaits: ils s'efforcent de reniuer des cendres fumantes encore ; On les ecrase. On voit surgir le projet d'institutions republicaines de Saint-Just, la fete a I'Etre supreme de Robespierre , et plus tard la theophi- lantropie ; essais imparfaits, essais vicieux, mais qui attestent le besoin de sortir du chaos. Les passions individuelles, donip- tees jusqu'aloi's par une pensee commune essenlicUement active, cellc de la defense a I'exterieur et de la demolition au-dedans , les passions individuelles se dechainent et le desordre est a son comble. En ce moment, un homme s'eleve, saisit les renes de I'Etat, les rassemble en un faisceau dans sa main toute-puissante etretablit I'unite; unite factice, il est vrai, precaire , mais qiii permet du moins de travailler li I'abri de la violence dans I'ate- lier de la civilisation. La crise aurait pu se terminer d'une ma- niere plus heureuse, nous le pensons; Clle aurait pu I'etre par un homme qui unit aux prodigieuses facultes intellectuelles de Napoleon un sentiment moral plus epure. Mais, nous le repe- tons, une force de volonte comnie la sienna etait indispensable pour retablir I'ordre; heureux s'il ne I'eut point exploitee a son profit, au lieu de I'employer au bien-etre general ! Hatons-nous cependant de le dire, son regne, tout deplorable qu'il fut aux T. XL. — Dccembre 1828. At 634 SCIENCES MORALES, yeiix des amis do la chose publiquc, ses guerres elles-memes, confribuerent jjuissammeiit, malt^re lui peut-etre, aux progres de la civilisation. Ses soklats, speclateurs, acteiirs pour la plupart de la lutte rOvolutioiinaire, en colporlerent les prin- cipes dans I'Europe entiere; ils en devinrent les vulgarisateurs , pour me servir de I't-xpression de Saint-Simon, ct propagerent le levaiu d'un changenicnt universe! , cpii s'operora tot ou tard , sous I'empire de circonstances diverscs, sans doute, et, nous pouvons I'espeier, avec des formes moins violentes que n'ont du I'etre necessairement celles du peuple qui, le premier, a entrepris sa regeneration. Combien de resistances n'avait-il pas a vaincre, dont on connaitra desormais, par son experience, I'inutilite ! En resultat , les campagnes militaires dc Napoleon ont servi au developpement du seutimcnt cosmopolite qui carac- terise notre age. Les haiues, disons plutot les colcres natio- nales qu'elles ont excitees , etaient de leur natiue aussi passa- geres que vehementes; les peuples out appris a se conuaitre et a s'associer par une plus grande conformite de pensee : la croisade de nos armees a jete les fondemens de I'linite de Ian- gage, puissant moyen de transmettre la civilisation ; ct grace a luie preponderance materielle ephemere , la preponderance de la langue francaise est assurce dans I'avenir. Nous venous de tracer un apercu rapide des diverscs phases de la revolution, d'apres le point de vue ou doit se placer k- philosophe. Ce point de vue est celui de M. Laurent. On lui a reproche d'avoir parle avec une egale approbation de plusieurs hommes dont les carrieres politiques semblent opposees. Mais , que Ton se reporte a ce que nous avons dit tout-a-l'heure sur les devoirs de I'historien : on verra qu'il a dii, comme il le dit lui-meme, « signaler, sans acception de systemc ot dc nuances [)olitiques, les hommes fameux ou celebres qui lui paraissaieut avoir suivi, sous des drapeaux divers, la ligue progressive, et servi egalement, quoique avec des formulaires et par des moyens contraires, I'entier developpement de notrc crise regcneratrice, scion les besoios qui s'etaient reveles a chacune de ses phases. « On verra que, ses idees etant parlaitement arrctees sur la mis- 4 SCIENCES MORALES. 635 sion remplle successivenieiit par la revolution et reinpire, il s'est enthousiasme lour a tour pour chacuu de scs ht-ros, en taiit (ju'ils conlrihuaient a raccomplisscnient de cottc mission; en d'autres termes, il sest enthousiasme pour iin etrc ahstrait , marchant toujours au mcme but, et personnifie tour a tour sous los nonis do Mirabeau, de La Fayette, de Robespierre, de Napoleon : I'honjme lui-meme disparait complelement a ses yeux des I'instant ou il cesse d'avancer dans la direction con- sideree par lui connne devant mener au resultat le plus avanta- geux. Plus tard , devenu biographe, nous le verrons changer de role; il tiendra compte de toutes les circonstances indivi- duelles, il saura apprecier le merite de chacun , d'apres les efforts qu'il lui a fallu faire ; I'education , les prejuges de caste serviront d'excuse a I'adversaire le plus acharne du progres social; il parlera avec estime des Bouille, des Broglic, des Breteuil. Ainsi, les apparentes contradictions que Ton a cm remarquer dans son ouvrage sont autant de temoignages de ses vues philosophiques. II importe beaucoup de populariser cctte n)aniere rationnelle d'asseoir son jugement , en coniparant les actions avec les circonstances qui les out inspirees, les institu- tions avec I'etat des lumieres chez le peuple qui fut gouveine par elles. On est presque toujours amene ii se dire : cet acle que nous condannions aujourd'hui, cette institution que nous blamons, meritcrcut a juste titrc I'adnuration des contempo- rains et furent pour eux un immense bienfait. Je trouve dans le livre de M. Laurent ( lettre ix^, p. 224 ) un developpement de cette pensee qu'il me parait utile de transcrire ici ; il y combat une opinion erronee et trop repandue : « Il a tile long- terns de mode, dans le monde philosophique, de considerer les institutions du moyen age conniic alisolument pernicicusos et oppressives. Ce prejuge qui produisit, en 1789, une exiiltation utile contre mi systeme social devenu abusif, n'est pas meine tout-a-fait deracine encore. Nous voyons , au contraire, de terns a autre, les invalicles de I'ecole critique, soutenus de quelquesyeM/zej veterans , s'efforcer de le raviver, en lui pretant la chalcur genereuse de Icur liberalisme et de 41. 636 SCIENCES MORALES, leur talent. On clirait que ranioiir-propre , aiix prises avec ia raison, les empcche de convenirque I'organisation sociale qu'ils ont decriee a bon droit dans sa vioillesse, put avoir aussi sos jours d'litilitcet de bonle relatives, lis aiment mieuxsupposer des effets sans cause, que d'accorder la moindre influence salutaire aupatriciat etausacerdoce surlY'ducation progressive del'espece hnmaine; et, s'obstinant a refuser au systeme tlieologique- feodal toute puissance capable de produire les ameliorations qui se sont manifestees pendant la duree ou a la suite de son em- pire, ils expliquent les progres dont ils s'enorgueillissent, par une impulsion constamment retrograde, et font ainsi, du dc- veloppement conlinu du principc de la perfectibilite un miracle perpetuel. Les ccrivains precurseurs de la revolution ont comrais, il est vrai, la menie erreur et la mcme injustice; mais en cela ils ne firent, eux, que subir la loi de leur terns, et leur meprise seconda meme raccomplissement de la mission qu'ils avaieut a remplir. Il otaiten effet dans I'ordre dts progres de la civilisation, qu'au moment ou I'incompatibilite des vieilles institutions, avec des idees et des besoins nouvcaux, aurait produit un malaise universel, les plus liautes capacites iutellectuelles se trouvassent amenees a appliquer passagere- ment et specialement leurs efforts a la demolition complete d'un edifice mine de toutes parts, sans songer que d'autres generations purent y jouir des avantages sociaux proportionnes aux lumieres alors acquiscs. Mais le philosophe qui, apres I'achevement de cette oeuvre immense et terrible , pent etudier riiistoire du moyon age dans le silence des passions, en depit des cris d'alarme que la peur des revenans arrache a quelques esprits forts , et malgre les foUes menaces que font entendre des legions de fanl6mes qui essaient vainement de ressaisir des armes brisees h jamais, le philosophe du xix« siecle doit juger im ordre social irrevocablement detruit , avec cette gcnerosite qu'inspire une victoire decisive, et cette justice eclairee qui nc pouvait se faire entendre au milieu des hostilites. C'est ce qu'a fait Saint-Simon , lorsquc , s'elevant au-dessus des pre- juges de la revolution et de I'ecole, ii a demontre la superiorite SCIENCES MORALES. 637 du systeme theologique-feodal sm- I'ordre politique des Grecs et desRomaius, apres avoir i-tabli, comme point de compa- raison, que la meillcure organisation sociale serai t celle , i° qui reiidrail la condition des homines composant la majorite de la societe la plus heureuse possible, en lui procurant le plus de raoyens et de facilites pour satisfaire ses premiers besoins; 1° dans laquelle les hommes qui possederaient le plus de me- rite, et dont la valeur inlrinsequeseraitlaplusgrande, auraient le plus de facilite k parvenir au premier rang , quelle que fiit la position ou les aurait places le hasard de la naissance; 3° qui reunirait dans line meme societe la population la plus nombreuse, et qiu lui procurerait les plus grands nioyens de resistance centre I'etranger; 4° qui donnerait pour resultat des travaux qu'elle protegerait les decouvertes les plus im- portantes et les plus grands progres en civilisation et en lumieres. Sous ces divers aspects , le moyen age I'emporte en effet de beaucoup sur rantiquite; les masses actives, chargees de la productfon matcrielle, n'y subissent plus, comme a Sparte, a Athenes et a Rome, le joug d'un maitre, a qui la legislation accordait le terrible droit de vie et de mort sur ses csclaves, sans que la loi religieuse vint attenuer, par quelques inspirations philantropiques, les rigueurs de la loi civile. Si elles sont attachees a la glebe, ce n'est plus qu'une sujetion indirecte qui pese sur elles, et leur servage les met moins a la discretion que sons la protection de leurs seigneiu's , dans un tems oii I'csprit de competition hostile fait d'un voisin un ennemi, et reduit la faiblesse laborieuse a accepter la tutelle de la force armee. Chez les anciens , la hierarchie politique condamnait rhomme d'esprit ou de genie qui avait eii le mal- heur de naitre dans les conditions infimes a rester dans un elat perpetuel d'inferiorite. L'ingonieux Phrygien a qui nous devons I'invention de rapologuc ne cessa d'etre I'esclave d'un philosophe, que pour porter, de ville en ville et de cour en cour, la tache de son origine, et pour devenir, sous le litre humiliant d'affranchi , le devin ou le bouffon des aris- ocrates et des rois. Epictete fnt oblige de tcnir constamment G38 SCIENCES MORALES, son anie dans iiiic situation cxtra-normaic, ile se donner IVxaltation ou la fievre dii Portiqiie, pour supporter sans accablement Ic poids de la servitude. Sous le regime theolo- gique-feodal, au contraire, le prejuge de la naissance n'in- terdisant point aux plebciens I'exercice des fonctions sacerdo- tales, la' roture kttree prima bientot la noblesse ignorante, par I'ascendant de la religion et de la science, et parvint k composer le premier corps de I'Etat. Esope, si abreuve de degouts et d'amertume par son maitre Xauthus, aurait pu s't-lever a la dignite de prince de Tegli.se , la ou Spiridion fut revetu de I'episcopat, oii le patre de Montalte, heritier d'un p'echenr de la Judee, orna son front d'une triple couronne. » Nous avons cru devoir jirolonger cette citation importante, parce qu'elle indique sunisamnicnt , pour tout liomme habitue a reflechir , la direction jihiiosopliique de I'ecole du Profluc- tuiir (i), a laquelle appartient M. Laurent. Son ouvrage, concu sous rinfluence de cette doctrine, lui doit une marche assiuee et un caractere d'homogeneite morale que Ton est pen accou- tume k rencontrer dans les compositions de noire epoque. Nous lui avons reproche , dans notrepremier article, den'avoir pas conserve la mome unite dans I'execution litteraire; mais en meme tcms nous reconnaissions que la faute en appartient a Montgaillard autaiit qu'i\ son advcrsaire; on a lieu de re- gretter que celui-ci n'ait point entrepris un travail original, au lieu de s'attacher a refuter un libelle qui offre en lui- meme son contre-poison , par ses formes atrabilaires, ses er- reurs evidentes et ses nombreuses contradictions. D'un autre cote, cependant, le public devra quelque reconnaissance a ce dernier, pour avoir donne lieu a la refutation de M. Laurent, refutation qui, heureusement, u'impose nutlement I'obligation de lire la volumineuse production de I'abbe. Apres avoir donne une idee de la melhode bislorique de (i)Ce journal, dont les espiils sirieiix legrettaicnt Ic longsilciKC, {loit recoiiimeucer i'l parahre en j.mviei' piochain. SCIENCES MORALES. Gig notre auteur et de ses vues geiierales, nous devrions peut-etre le suivre dans quelques details de sa narration ; mais cetfe tache nous menerait trop loin, et ce serait une espece de trahison que de resserrer dans un resume aride un recit plein de clialeur ou des considerations qui ont besoin de tons leurs developpe- mens pour elre bien appreciees. Nous aimons mieux renvoyer le lecteur a I'ouvrage nienie, eu recommandant surtout a son attention la seconde moilie du livre, superieure sous tons les rapports a la premiere, parce que I'auteui-, cessant d'accom- pagner pas k pas Montgaillar^i , s'y livre k ses propres inspi- rations : on volt que, loin de se fatiguer, comme tant d'autres, au milieu de la carriere , )1 redouble d'ardeur , persuade de plus eu plus de la bonte de sa cause. A ce volume sont jointes plusieurs pieces dignes d'interct , entre autres un plan politique inedit de Mirabeau, une lettre atfribuee a Louis XVIII, alors comte de Provence, et une lettre de M. Gregoire, ancien eveque de Blois, au grand- chancelier de la Legion-d'Honneur, contenant une abdication volontaire et motivec du litre de commandeur dans cct ordre. Cette derniere lettre assure a son auteur un nouveau droit au respect de tous les hommes de bien. «. C. LITTERATURE. Napoleon en Lgypte , po'eme en dix chants , par MM. Barthelemy et Mery (i). Deuxi^mk et dernier article (Voy. ci-clcssns,^»^. Sgo-SgS.) Ea revelant au public les mysteres de la fraternite intellec- tiielle des auteurs dela Villeliade tl de plusieursautrespoemes connus de toute la P'rance, en ccdant an plaisir d'aunoncer d'abord les belles choaes repandues avec profusion dans la composition ou iU viennent d'appliquer leur talent a iin genre si nouveaupaur eux, je n'ai pas eu la pensee de meconnaitre les droits de la critique. Un eloge sans restriction n'est propre qu'a exciter I'irascibilite des passions rivales, et a offenser la raison et le gout du lecteur. Ainsi I'amitie nieme, d'accord a%'ec le devoir, m'iinposaitla loi de meler la censure a la louange; et ce devoir, je me reservais de le reniplir dans ce second ar- ticle. On a generalement reproche aux deux poetes I'absence d'un plan bien concu , dont toutes les parties se rattachent a un centre cominun : il faut bien convenir de la force de I'objection, mais il faut ajouter aussi qu'elle suppose et demande une con- dition presque impossible a remplir par les auteurs de Napoleon en Egyptc. Comment elablir I'unite de lieu pour des exploits qui ont eu plusieurs theatres differens ? Comment enchainer dans une seule action des travaux qui se rapportaient a un nieme but, mais ne faisaient point partie d'un tout, comme les evenemens du siege d'llion ou de la conquele de Jerusalem ? (i) Paris, 1828 ; Ambr. Dupoiit. i vol. 111-8° de xv et 287 pages i prix , 7 fr, 5o c. LITTERATURE. G/.i Recourir k la fiction pour trouver un cadre an sujet ? Ne sait- on pas combien la fiction s'allie mal avec la verite presente k tons les yeux , et que les coutemporyius n'accordeut aux poetes aucuue de ces liberies avec lesquellcs lis usaient jadis en sou- Ycrains du droit de metamorphoser les hoinmes et les choses ? Je ne demanderai done point a MM. Mcry et Barthelemy ce qui n'etait pas en leur pouvoir, mais je les crois vulnerables sur un autre point. Faute d'avoir assez attentivement etudie le personnage principal, ils ne Uii ont pas donne les proportions colossales de sa nature morale et intellecluelle. Nous ne le voyons pas couronne des palmes de sa premiere gloire d'ltalie , et raeditant deja d'etre le Brutus des rois et le Cesar de la France; mais n'ayant point ose passer le Rubicon. Sur la flotte, il devait nous apparaiire preparant en secret la mine de I'An- glcterrc, comme Alexandre la ruiue de la monarchic des Pcrses, et preludant comme lui a I'empire du monde par la conquele de I'Asie qu'il promet ases armes. A cote du delire sublime ou une esperance illimitee jelte des imaginations pareiiles Ji la sienne, je voudrais qu'on me montrat Napoleon refroidi par la raisou, possede de ce desir immense de connaitrequi lui etaitpropre, cherchant a tout apjirendre, prompt a tout saisir, et done de la plus rare sagacite pourdeviner ce qu'il n'avait jamais su. Ainsi que I'ont pense plusieurs personues, les autcurs n'ont point repandu assez de magie autour de Napoleon , donne assez de hauteur h scs pensees, assez d'importance a son lole , lors du debarquement en figypte et dans I'attaque d'Alexaiidrie. On croirait qu'il reste en par tie voile a dcsseiu, mais noa comme le dieu dii Tasse et de Milton , qui se cache dans des flots de lumiere, ou comme I'Achiile de I'lliade autour duqucl Minerve assemble nn uuage d'oit jaillisscnt les eclairs de la foudrc. En general le chant d! Alexnndrie , quoique ccrit avec beaucoup d'elegance et dans un style brillant d'images, me semble un peu nu. Sauf le debut, marque au cachet d'une si noble inspi- ration, et le portrait de Murat ctincelant de verve, mais qui en faitdosirer d'autres a cote de lui, ou dirait que les auteurs n'elaient point encore en haleine, tant ils sc monticnt sobres de 6a* LITTERATURE. ces details qui font la vie d'lm poemo, dc ces traits qui pei^nont I'hommp tout entier, et snrtout nienagers des riches coulours qu'ils onl prodigueos ailleurs avec un excos de luxe peut-ctre, niais sans cesser jamais d'etre vrais. C'est dans leur second chant que.MM. Mery el Barthelemv l)eiivent apprendre ce qui niatique au premier, et ce que leur muse doit y ajouterpour peu qu'ils venilient l.i solllciter avec ardeur. C'est !;i qu'on trouve cct ange El-Modhy, la seule fic- tion pcut-etre que le poemc put admettre, puree qu'elle re- pose surun faitetsur une croyancc, et qui a fourni aux poetes ces beaux vers : Quel est jon nom?... Son noin , ineffable syllabe Se proiionce tout bas dans la veillt'c arabe; On dit qu'il fut cree par de secrets destins Sons les dunes d'Ammoii, ou chez les Abyssfns. Mais quel que soil le peuple oil le sort le fit naitre, Dans le seiii d'une fenime i! n'a pas rccu I'^tre. Les esprits infcrnaux le protegent ; on dit Que le plomb des cliretiens sursonjlanc ku bondit , Qu'il charme les jakals, et que sa forte baleine Arrdte le boulet qui siffle dans la plaiiie. Etre mysterieux et prophete imposteur, Son nom est El-Modhy , I'ange exterminateur. Les auteurs ont use du privilege de la poesie en pretant Tamour des voluptes an farouche et amhitieux Mourad-Bev ; cet homme de fer, et capable de tout entrcprcndre pour usurper le pouvoir et le conserver, ne s'abandonnait point avec des fcnimes aux molles deliccs d'un harem: d'autrcs be3's, ses rivaux, sacrifiaient a la faiblesse commune pour le sexc qui .commando en priant; niais aucnn ami de I'art ne voudra re- prochcr a MM. Mery et Bartheiemy la peinture d'un serail de I'Orient, empreinte de toutes les coulcurs du sujet , et qui forme une si heureuse opposition avec I'arrivee de I'ange El-Modhy, venant annoncer a Mourad, deja tout brulant d'amour et dc desir, la prise d'Alexandric ct la marche des Francais sur le Caire. Au reste , memo cii le plongoant dans les voluptes , les LITTERATURE. 6/j'i autcurs out eu soiii, romme on va le voir, dc ne point alterer Ic caractere du bey. Heros voluptueiix qu'asslege un mol ennui , Quel ceil en ce moment reconnaiiralt en lui Ce bey des Mamclucks, fils de la Circassie, Qui nourrit de combats sa jeunesse endurcle ? II languit au serail ; mais quand ce bras puissant Se loldit pour venj^er la gloire du croissant , Ce bras dans la bataille, arme par le prophete, Comme un hochel d'eiifant fait volor une tetc. Voi(i niaintenant Ics sc-diutions dont le harbarc Afiicaiii est en to lire : Les femmes cependant , que le bey suit des yeux , Marcbaient sur le tapis d'un pas silencieux, Quand, au signal du maitre, tm esclave d'Asie Touclie d'un doigt Irger rodalisque clioisic. La cajjtive s'arrete, et deux eunuques biaucs Jusqu'aux pieds de Mourad guident ses pas tremblan.i. Pour la premiere fois la tiraide Persane Levait, dans le serail, son voile diapbane; Un vieux marcliand d'Ormus , par Mourad appele , Ce matin I'a vendue aux eunuques d'Helle. Mourad a respire son baleine amoureuse, Plus douce qu'un parfum de rArabicbeureuse. Le reveil de Mourad , le discours de I'ange exterminateur, plein d'unc saiivage energie et d'images cmpruntees a I'Oricnt, sou accent prophetiquo, eontrastent bien avec le tal)leau de la paix voliiptueiise du serail et rechauffent la scene; mais la colere dubey,et les transports de ses Mamelucks dcinan- dent un pinceau plus large, tine teinte plus fiere, et des mouvcmens tiimullueux que les auteurs sauroiit trouver (|uan(l ils le voudront. Siir la fin de ce chant, ou leur muse a pris iHi vol si eleve, le lecteur souhaite non-seulement un tableau derhirant du desastre de la flolle a Aboukir ; luais il attend surloul les premiers orages du cof?ur de Napoleon; surpris par un si grand desastre, separe desormais de la France par une barrierc insurmoulable , se scutant d'abord prisonnier 6/, 4 LITTERATURE. clans sr. cooquete k peine commencee , et cependant imposant silence an tumuUe de ses passions et de ses pensees pour montrer a I'armee un visage serein. II y a la une peinture sublime qui reste a faire ct que sans doute les deux poetes se sent deja proniis de nous donncr dans tout son eclat comme dans toute sa verite. La ciainte de fatiguer le lectour Icur a coute des sacrifices qui sont des pertes pour leur reputation et pour nos plaisirs. Je n'ai presque que des eloges a donner au chant des Pyra- mides , si noblement commence par une description des lieux lout-a-fait neuve, et termine avec tant de bonheur par cettc scene a la fois ideale et vraie: Alors un grenadier vieilli sons lesdrapeaux Saisit un etendard qu'a dechire la batle , Et gravit de Cheops la tombe colossale. Par les gradins detruits et de sable converts., Par les angles brises, il nionte dans les airs; Et d'un sublime effort tout palpitant encore, Place sur le sommet un drapeau tricolore. Soudain du camp francais un long fremissement Salua par trois fois I'anlique monument. Vous eussiez dit qu'alors fous les rois Ptoleraee Sortaient de leurs cercueils pour voir la grande armee ; Que les morts, depouillant un suaire en lambeaux, Quittaieut Necropolis, la ville des tombeaux , Et gravement assis sur des assises noires, Dans la langue d'Isis cclebraient nos victoires. Dans ce mome chant Mourad-Bey est fierement dessine ; sa harangue respire une inspiration passionnce : elle frappe I'esprit de ccs soldats par des images familieres a I'Orient, et donl on trouve le modele dans la Bible , avec une exagera- tion dont les auteurs ont eu raison de ne pas imiter les hyper- boles. La bataille renfcrmc des beautes originales et des traits d'une vigueur extreme ; on y voit bien hitter le courage , ie sang froid et le genie militaire des Europeens, avec I'cnergie iudomplee , ia Constance , le devoument fanatiqiie des Musiil- littSrature. 645 mans. Dars Taction , le bey dcvcloppe luie audace extraordi- naire ; il attaque avec la furie d'un soldat , et commande avec la tete d'un general ; mais Napoleon , immobile , sans doute parce qu'il est sur de la victoirc , parait depenser trop pcu dc genie pour I'obtenir , et Ton chercherait en vain a lui appliquer I'iinage de ce qu'il etait vraiment au milieu d'une armee fran- caise : Spiritus intus alit, totamque infusa per artus Mens agitat molem. Heureusement ce defaut est du nombre de ceux que le talent pent corriger ; les auteurs en regardant Napoleon face a face , en restant long-teras en contemplation devant cet homrae exfraordinaiie, s'eleveront jusqu'a lui : leur faute ne vient pas (rimpuissance. Le chant qui a pour titre Ic Caire donne lieu au meme reproche ; et a cette occasion il faut encore appeler I'attention des auteurs sur un autre oubli, peut-etre volontaire de leur part, et du a la crainte de refroidir le poeme par des details qu'il n'est pas facile derendre interessans, malgre leur impor- tance. Dans Napoleon , le talent de I'administration applique a devastes contrees et a despeuples entiers, la science pratique du gouvernement, I'habilete a manier les esprits des homnies n'etaient pas au-dessous des qualites du grand capitaine. Il fit eclater beaucoup de sagesse dans le gouvernement de I'Egjqite , et lautorite supreme avec laquellc il imposa a nos soldats le plus profond respect pour les coutumes, les mceurs et la reli- gion du peuple conquis, n'atteste pas moins qiie ses victoires I'ascendant de son genie et de son caractere. Que MM. Mery et Rarthelemy nous donnent le grand homme tout enticr, ils le doivent, ils le peuvent, ils le feront avec moins de peines peut-etre qu'ils n'en out prises pour tracer avec taut d'illusion , de magie et de verite la nuit du desert , le bivouac de I'armee, la description vivante des monumcns de "Egypte, et les fetes du Caire , chefs-d'oeuvre d'une poesie descriptive dont Ics ta- bleaux sont animes comma les scenes d'cxposition d'un drarae. 646 LITTKRATITRE. Plus nous avaucons dans le poeme et plus Its deux auteurs grandissenl dans la carriere avec le lieros. Bonaparte est bien le genie tutelairc dc rarince au milieu des souflVanccs du desert: a I'hopital de Jaffa il se montre plus sublime encore ; on aime a voir immortalise couime Ini le medccin Desgcucllcs, que la Grece eiit mis au uombrc do ses dieux, et dont cependant Ics paroles et Ics exemples ne peuvent obtenir I'ascendant re- serve au genie d'un illustrc capitaine, qui j)eut pousser les pro- digcs de son influence jusqu'a raclieter ses soldats de la mort par I'enthousiasme qu'il rallume dans des coeurs abattus par le desespoir. Je ne sais pas si Ton Irouverait dans les plus belles descriptions de la peste par les ancicns ou |)ar les modernes des beautes cgaies a celles du dechirant tableau de la mosquee de Ptolema'is transformee en hopital , et habitee par la douleur sous toutes les formes de ses affreuses metamorphoses. Le style de MM. Mcry ct Barthelemy a obtenu justemenl des eloges uuanimes, cependant on le trouve trop riclie et trop beau; leur poesie cblouit , a-t-on dit , comme ce miroir dc sable qui reflcte dans le desert la luniiere du solcil. II n'ap- partient pas a tout le nionde d'encourir un pareil reproche : il est fonde pourtant; et si le faux eclat, les ornemcus brillantes ue deparent pas leur manierc , on n'y trouve pas la mol- lesse et I'abandon. Euripide, Racine et La Fontaine, qu'ils connaissent pourtant si bien , qu'ils en sont pour ainsi dire pu- netres , auraient du leur apprendre le secret et le merito de ces vers qui sortent du coeiir avec I'accent dc la virite , et qui donnent au discourscecharme des graces d'Esther qui delassaient Assuerus fatigue de la pompe et des grandeurs de sa Cour. Etudier cctte partie de I'art qui consiste h. se rapprocher le plus pres possible de la nature est un des besoins de MM. Mery et Barthelemy ; nul doute qu'ils n'aient deja preveuu ce conseil de I'amitie. Blais le developpemcnt de leur talent, (ju'il faut rendre complet, autant que le permet la faiblcsse huniaine ; niais rinteret de leur reputation, s'ils veulent suivre la carriere dans laquelle ils viennent d'entrer, exigent d'eux avant tout un com- merce intime , un commerce de reflexion , d'habitude et d'amour LITTERATURE. 647 avec les poeles dramatiques de toiUes les nations, et d'abord avec le theatre grec, qui reiiHit les conditions les plus imnor- tantes pour leurs progres futurs : d'un cote, la verite des sentimens, I'accord du langage avec ce qu'il doit exprimer , I'energie des grandes passions, ou la douce sensibilito des ames tendres , unis a I'interet et a la verite des situations les phis dramaliques; de I'autre, toutes les beautes de la poesie depuis les plus hnutes jusqu'aux plus simples, telles que nous les trouvons dans Athalie et dans ses chceurs, dans la bouche du grand- pretre Joad , ou dans celle de Joas et du jeune Eliacin. Quand les deux freres se seront remplis de cette cHviiie et grande nourritnre; quand leur esprit I'aura digeree et transformee en une substance qui leur deviendra propre, qu"iis s'altachent tour-a-tour a Corueille, le plus grand des poefes tragiques quand il est simple, quand il ecrit de genie et non pas avec son esprit ; a SKakespeare qui , apres Moliere , a peut-etre le mieux connu le cceur de riiomme, et qui a niele a ses sublimes portraits tant de creations cbarmantes ; tenioin ses roles de femmes pleins decharme, de tcndresse, de naivete, de jeunesse de coenr, de graces de I'ame et de la personnc. Avec une telle direction doonee a leurs talens, avec la Constance dont je les connais capables, et en considerant qu'ils sont tons deux dans I'age des fortes resolutions et des grands progres , qui deviennent presque des metamorphoses pour lYcrivain qui entre dans une nouvelle carriere, j'espere un brillant avenir pour MM. Mery et Barthelcmy, P. F. Tjssot. HI. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQLE. LIVRES ETRANGERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. 171. — * On the influence of medecine , etc. — De rinfluence de la medecine; Discours pronouce devant la Societe de mede- cine de Philadelphie, le gfcvrier 1828; par/. Bell, D. M., etc. Philadelphie, 1828-, Mifllin et Pniry. In-S" de 3G pages. L'orateur , apres avoir montreles rapports qui existent cntre la medecine et I'etat moral, social et iiitcllectue! de I'homme, passe en revue les differentes branches des sciences ai!X{|uelles I'art de gucrir prete ou demande des secours. II signale les hommes iliustres qui sc sont occiqies fie cliaciine d'elles , et trace un resume rapide de I'histoire de la medecine. Dans I'cn- fance des peuples, cette science se confond avec les mysteres de la religion : les prctres de TEgypte, les premiers piiiloso- phcs de la Grece etaient medecins. Plus tard, dans le moyen age, les moines joignaient la lecture d'Hippocrate et de Galien a celle des livres saints et possedaient presque seuls I'art de guerir. La morale, la pliilosophie, I'agricuUure , la cliimie , I'histoire nalurelle et ses subdivisions, fournissent successive- nient a M. Bell I'occasion de f;iirc des rapprochemens curieux entre les ecrivains celebres qui les ont traitees. Ainsi, Hippo- crate constate, avant RIontesquien, I'influence des olimals ct des situations geographiqnes sur les hommes, leurs moeurs et leurs institutions poliiiques. Ainsi, Rabelais, qui, comme on le sait, avait long-tems etudie a Montpcllier, cstc(in)pare a Guy- Patin ct a ce doctenr Henri Stubbe, qui reunissait a nne belle ame un esprit causticjue et un grand savoir. M. Bell a su prou- (i) TVoiu indiqiions par un asttrisque (*) , place n lote Hii titiedc cliaqiie oiivragc. reiix des livres etrangers ou fraacais qui parai.^scut digues d'uue atten- tion particiiliere , et nous en reiidrous tpielqiicfoi-i rompte dans la serliou des Analyses. AMERIQUE SEPTErsTRIONALE. 649 ver, dans un petit nombie de pages, qn'il poss^de une veri- table erudition et una eloquence vive et facile. A. P. 172. — * A discourse on the life and character rofession , il s'y fit plulot connailre, dit M. Mitchill , comme homme politique que comme avocaf. La revolution qui affrauchit les colonies anglaises de I'Amerique du nord produisit utic sensation profoude en Europe, et par- liculiercment eu Irlande. Une foule d'lrlandais avait pr is part a la lutte , et plusieurs meme avaient ete du nombre des chefs les plus dislingues. Leurs compatriotes en avaient lii I'histoire, et ceux qui retournerent parmi eux leur racontercnt ce qui venait d'arriver. Des voyagetus et des emigrans qui etaient venus en Amerique le virent de leurs propres yeux, et ne reverent plus que liberie. Toute I'Amerique, dirent-ils , est libre depuis ies coniius du Maine jusqu'a ceux de la Georgie , vX I'lrlande est dans les fers. lis fornierent le projet de se- coner le joug a I'instar de leurs freres d'outremer, et d'ob- tenir de force les droits que le gouvernement anglais leur refnsait. Des-lors il s'elablit ime espece de ligue sous le nom d'association des Jrlandais unis , qui etendit ses ramificaiions dans loutes les parties de I'lle. Malheureusement les refor- malears n'avaient ni amies ni discipline pour soutenir avec succes la violente lutte qui allait s'engager. Le gouvernement adopta des mesures de defense i)roporiionuees au danger, et qui devaient amener raueanlissement des insurges. Ceux-ci resis- lerent avec courage, le sang coula sur mille clian)ps de ba- taille; mais le pouvoir civil , aide de toutes les forces de la Grande-Bretagne, finit par triompher. La plupart despatriotes, pris les amies h la main, perirent sur I'eihafaud ; quelques-uns cherelierent leiu- salut sur la lerre d'l^xil , et d'autres se sou- mirent a des conditions plus on nioins avautageuses. Ilexistail une autre classe de patriotes, alaquelle apparlenait Emmet, qu'on ue pouvait eonvaincre d'insurreclion ni de rebellion , mais qui n'en inspirait pas nioins les craintes les plus vives au pouvoir, a cause de ses principes politiques. Le T. Lx. — Dccembre 1828. 4'- fiSo LITKES ETRANGERS. gouverncment vn lit aireter pliisiciirs tt les jefa dans les pri- sons. Emmet fiit de ce nonihip. Traines separemcBt dovant ie conseii prive, les prisonniei s y siibirent des inteirogatoiivs capticux et perfidcs, et ccnx dont on ne put titer des deposi- tions accusal rices furent renvoyes ti leurs cachets. Pendant leur longue et penible detention, plusi«ui's plans furent pro- ji'les pour la delivrance d'Emmet et de scs co!n[)agnons. Apres avoir rejcle tonles les propositions do ce genre, ils acce- derent enfin a nn projet qui lenr permettait de quitter ie pays et de se rendre aux Etats-Unis. Mais Tambassadeur americain pres la Coiir de Saint-James [)rotesla eontre eette racsnre a la- quolle Ie ministere anglais s'empressa de renoncer. « Braves et genercux Irlandais! s'ecrie M. Mitchill. ( Ces eve- nemenssepassaient lorsqu'ilexistaiteheznousiuieloi duconu.res qui exigeait d'un eiranger qoatorze ans de resilience avant qu'il jsutdevenir citoyen. Appcle a la chanibre dos representans, je sai- !sisavec empressement la premiere occasion deproposc>r r.ue mo- dification a la loi snr la naturalisation, pour reduire ce terme a cinq ans. Je voulais que de paisibles emigrans pussent iouir avec nous de la liberie que leur gonvernement letu- refiisait. Mod amendement fut adojite.) Accourez, bommes de bien, vencz partager notrebonheur ; vouspouvez niaintenant, en pou d'an- nees , devenir citoyens de notre heurcuse republi(pie. Du mo- ment que vous avez mis Ie pied snr notre sol hospitalier, vous jouissez de la protection des lois; vous pouvez pretendre aux emplois, et an prix de vos services. Meme avant I'cxpiralion des cinq annees, il vous est facile d'obtenir de la legislature la faculte d'acquerir des biens-fonds. Les franchises eleclives vous sont accordecs : non-seulen'ient vous ctes electeiirs, niais vous pouvez prelendre a la candidature. Venez, nos ecoles el nos colleges reclament I'assistance de vos savans; vos honimes de merite nous seront utiles dans leurs professions respeetives ; nos arts, notre commerce, notre industrie demandent Ie con- cours de vos connaissances ; et vous tous qui desirez mettrc ;\ profit votre intelligence et votie activiie, venez nous aider a construire nos habitations, a cnibellir nos villcs, a dcssecher nos marais, a ereuser nos canaux et a cultiver noscampagnes. Vous avez ici de quoi vousoccuper; Ie travail est siir de trou- ver chez nous sa recompense. » Le gouvernement anglais se decida enfin a releguer une ving- taine de ces prisonnicrs an fort George, en Eeosse , ou ils furent detenus pendant deux annees el dentie. La paix d'Amicns venait alors d'etre conclue; la France nVtait plus a craiiidre, et I'insurrection irlandaise etaii apaisee. On permit a un petit AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 65t nombre de prisonnlersde rentrei dans Iciirs foyers; M. Emnaet el qiielqncs-im8 de ses compagnons dinfoitune, places a bord d'une fregate , furent deportes sur Ics rives de I'Elbe, ou on leur comirmuiqiia nii acle d,u parlcnient qui prooo^icait les peines les plus scverc's centre ceiix d'eiitre eux qui rclourneraient eji Irlaiule. Madame Emiuct , qui ava.it eo vain implore du gou- vernement raiilori^ation de visiter son rnari pendant sa longue capjivite, obliut la permission de !e suivre dans i'exil, a con- duion qu'elle ne remettrait plus les pieds sur le teiritoire bri- tanuique. M. Emmet tourna alors ses regards vers les Etats-Uois ; ct, >< en 1804, dit M. Mitchilt, j'eus le plaisir d'embrasser mon ancien caniarade d'etudes, et do le feliciter deson arrivce sur la terre de la fiberte. wliCS persecutions dont il avail etorobjet, etla renommee de ses lalens etaieiit parvenues en Amerique long- tems avant son emigration, et lui valurent I'accueil le plus liouo- rable el le plus encourageant de tous les membres de la profes- sion judiciaire. Sa qualite d'etranger ne fut point un obstacle a leurs yenx. Recu niembre du barreau de New York, il ne tarda pas a s'elever au premier rang dans sa profession, et, en 1812, il fut nomme avocat general de I'Etat. M. Emmet a ecrit fori pen : quelques trailes , des disser- tations medicales , et un cssai sur rhisloire d'Irlande , sont tout ce qu'il a laisse. Ce dernier a paru dans un recueil public, a New- York , en 1807, par son ami ct compagnon d'exil le doc- teur Mac Neven ; il est intitule : Pieces 0/ Irish history , illus- trative of the condition of the catholics of Ireland, of the origin and progress of the political system of the United Irishmen, and of their transactions ivith (he anglo-Irish government. (Pieces pour sei'vir a Fbistoire (\c Tlrlande , et pour faire connaitre la condition des catholiques d'Irlande , I'origine et les progres de I'association des Irlandais unis , et leurs transactions avec le gouvernement anglo-irlandais). M. Emmet est mort a New-Yoik le i/j novembre 1827, dans sa (54^ annee. B — r. 173. — The humours of £ Utopia ,■ etc. — Caracteres de I'Eu- topie , conte ou Ton depeint I'ancien clat de celte colonic; par un Eufopien. Philadelphie, 1828; Carey. Deux volumes in-12 de 209-228 pages. « L'auteur de ce roman a cesse de vivre ; c'etait un jeunc honmie de gran< Cct avertissement des editenrs a sans doute procure a I'ou- vrage de nombreux lectcurs en Amei ique : en Europe , on fera plus d'attention au merile litteraire, a I'originalite des por- traits, a la nouveaute des situations, h tout ce que Ton recherche dans un roman. Avant de juger VEutopie en France, et de la faire passer dans uotre langue, on fera bien de consulter sur cet ouvrage ie gout de nos voisins d'outre-mer. lis ont con- serve plus que nous la connaissance des niceurs des tiibus indi- genes . 175. — * Observnlions on the cult'wation of poor soils , etc. — De la necessite et de la possibilite de cidtiver les terres incultes , prouveespar des exemples tires des colonies de cultivateursela- blis dans la Nord-Hollande ; par M. Jf^. Jacoh. Londres, 1828. In-8^ Dans le malaise general qu'eprouvent I'Angleterre et I'lr- lande ( abstraction faite de la crise qui tourmente ce dernier royaume) , desesprits inquiets et peu clairvoyans, qui s'aban- donnent aux terreurs de leur imagination, on qui ne vealent pas voir le mal la 011 il est, se sont avises de trouver que les machines produisaient trop, et que, pour arreter I'cssor qu'cUes tendent constamment a prendre, il conviendrait de les frapper d'un im])6t tel , que le nombre n'en put desormais augmenter, et nicme que la plupart des machines existantes fussent aban- donnees. Il est difficile de discuter serieusement une telle opi- nion, et nous lu; la signalerons ici que pour faire voir que les sciences economiqncs n'ont pas encore fait beaucoiip dc pro- gres en Angletcrre, puis(|uo de semblablcs idees viennent de nos jours troubler la tete d'un grand nombre de personnes qui ont a cocur la prosperite de leur pays et le bonheur des classes souffrantesj mais qui, faule de ^losscder de saines notione d'6- 65fi LIVRES ETR ANGERS, conomie politique , veulent appliqucr iin remode violent et im- praticable a line maladie sociale qa'ils ne connaissont point. II n'est plus possible aujoind'hui <1e rcgarder raccroisscment toiijours croissant des machines conime un mal contagieuxqtril faut a tout prix arrcter. Tout prouve, au contiaire, que, loin d'entraver les progrcs de I'industrie, un j^ouvernement eclairc doit les favoriser, en dogageant Ic commerce de tons les ob- stacles qui jieuvent gener sa marclie, et en encourageant par tons les moycns possibles le defricliement de cette inuuensc (piantite de terrains abandonnes qui composent uiie si giande ])artie du territoire dechacun des grands etats de I'Europe. L'ouvrage de M. W. Jacob est destine a confirmer ceite dor- uiere assertion, et a detruire I'opinion assez generalemcnt re- pandue parmi les ccouomistes el les hommes d'etat de I'Angle- terre, que c'est seulement par un systeme vasle et regnlier d'emigration anx possessions anglaises iransatlantiques , que I'Angleterre pourra se debarrasscr de ce grand nombre d'horii- mes inutiles qui la snrchargent, et qii'il faut se hater d'embar- quer et de transporter dans les colonies uuc grandc partie de la jjopulation af'famee et inoecupee de I'lrlande. Ce moyen ex- treme, dont M. Jacob fait senlir les Auiestes consequences, doit, selon lui, etre remplace par le defricliement de ces bogs , on marais, qui sillonnent I'lrlande dans Ions les sens, et de ces bruyeresquieommencentaux portes de Londres et(]uis'etendent dans tous lescomtes. Ce nioven , dit M. Jacob, est ])ent-etre le seul qu'ait I'Angleterre d'evitcr les malheurs qui la menacent. 11 est bien etrange que ce pays , ou I'agrieidture est deve- nue une science , renferme encore une si graude quaw- tite de terres en friche. II resulte d'un rapport adresse par un ingenieur anglais tres- distingue au Comite d'emigration, que la surface territoriale de la C.rande-Bretagne presente les divisions ci-apres : Teiies colli- vees et jar- dins. I'raiiies et patuiages. Terres in- cultes , niais susceplibies de rajiport. Terres tout- a • fait incul- tes, sans es- poir dc pro- duit. Total. Akoleterbe. . . I'lva deGallbs. ECOSSE Iahndk IlBS AHGLAISES. a cres . io,j52,8oo 890,5,0 J,4<|3,95o 5,389,040 i09,63o i5.3:9!20o' 2,22G,.i3o 2,77. ,«5o 6,736, 2.io 274,060 3,454.000 53o,ooo 5,95o,o„o 4.900,000 166,000 32.342,400 8, 523, 930 2416,664 5,69,469 acres. 32,342,4.", 4.752,000 ,9,738,930 19,441,494 1,119,159 Totauien ari«. .n,. 35,990 27,38li.9So I 5,000,000 15,871,463 77,394,433 GRANDE-BRETAGNE. 657 Ainsi , les 3/7 du territoire britannique sont sans culture. On lie pdit expliquer une aussi singuliere insouciance chez une nation aussi entreprenantc , aussi avide de gain, aussi intelligente , qu'en se rappelant que c'est un article de foi parmi les grands proprietaires anglais, et nieme parmi leurs tenniers , que co serait une folie de tenter aucun defrichenient, et que la depense necessaire pour les essais qu'on pourrait faire dans ce genre serait tout-a-fait en pure jierte. C'est en vain qu'a diverses re- prises, des eerivains eclaircs out appele I'attention des agricul- teurs sur la ])ossibilite d'operer des defricheinens prolitablcs ; c'est en vain que plusieurs individus, excites par les sages con- seils de ces eerivains, out eu le courage de lutter contre I'opi- nion generalc, en commencant a dcfricher quelques portions de CCS vastes solitudes , et ont vu leurs edorts couronnes du succes. Rien n'a pu arracher la masse des proprietaires A leur apathie et ebranler les prtguges cxistaus. On a toujours repondu a toutes les invitations, a tons les raisonnemens des gens les j)lus instruits , '< que les terrains incultes devaient etre aban- donnes, parce qu'ils etaient steriles , et que bien certainement les depenses qu'on ferait pour les defriclicr seraicnl en pure perte. « C'est contre cette opinion alisurde que M. Jacob s'eleve avec energie et patriotisme. II prouve par des faits nombreux ct bien constates , « que chaqiie partie du territoire britannique ( rirlande surtout) conticnt de nombreuses portions de terrains , incultes jusqu'a present, qui ne sont pas steriles de leur nature ; et que ces terrains ne paraissent steriles que par comparaison avec les autres terrains, et parce qu'ils n'ont jamais ete mis en culture. » Ontrouve, dans I'ouvrage de M. Jacob, des renseignemens tres-curieux sur I'etat actuel de I'agriculture dans la Flandre, le Hanovre , la Hollande, la Prusse , etc. , pays dont la jjIus grande partie du sol se compose de craie et de sable, et qui ont ete rendus florissans par les efforts patiens et continus de leurs habitans. La Flandre surtout, oii I'agriculture pratique a fait le plus de progres, ne presentait encore, au tems des gucrres civdes quil'ont desolee pendant si long-tenis, qu'une bruyere sablonneuse, sans habitans, sans culture, sans troupeaux. Au- jourd'hui, grace a la perseverance de ses habitans, on ne trouve nulle part des champs plus feconds, des troupeaux plus nom- breux , une population plus robuste et plus active, des habi- tations ])!us propres et plus confortables , et des paysans plus riches et plus heureux. L'auteur a donne en outre des details fort interessaus sur le regime administratifet les produits de ces colonics de pauvres 658 LIVRES l^TRANGERS. cultivateurs- que le gouvernemont ites de bienfaisancedesparoisses, la progression sfredoutee dn nombre des pauvres s'arreta; el il est bicn reinarquable que, dcpuis 1601 jusqu'au commencement de la deniiere guerre, la popu- lation de i'Angleterre et du pays de Galles n'a presque pas augmente. Son grand accroissement, depiiis celte epoque , dans les districts manufacturiers, ne doit ctre atiribue qu'a I'exter- sion prodigieuse qu'ont acquise le commerce et I'industrie de la Grande-Bretagne. Si, comme on ne pent le nier, I'impot des pauvres en lui- meme fut tout a la fois un inal et un vice, il faut avouer que les mesures employees par les administrations des paroisses pour en arreter les effcts dcsastreux out etc; immorales, odieuses et subversives de tout principe social. Une fois la liitte engagee entre ceux qui payaient et ceux qui recevaient, tous les moyens, meme les plus ignobles, out semble bons aux premiers |iour diuiinuer les charges enormcs qui pesaient sur eux. La fraude, la violence, la deception, I'arbitraire, ont ete mis en jeu; et les dispensateurs de ce qu'on appelait les chaiites publiques sont insensiblement deveniis les tyrans des infortunes qui depen- daient de leurs caprices. Voici le portrait que le D'' Brown tracait, vers le milieu du dernier siccle, d'lui overseer, ou commissaire de charite; la ressemb'ance est encore frappante pour (juiconque connait I'Angleterre. "Le devoir d'un overseer, dit le savant economiste, est de vevller avcc la plus grande attention a ce c^ti'aucuue personne etrangere a la paroisse no vienne s'y fixer sans avoir un certlficat (cliaque par.vre qui s'absente de la paroisse a laquclle il appartient legalement a la facuUe d'exiger des overseer's un certificat qui constate qti'il a droit aux secours de cette meme paroisse ) ; dans le cas ou cet intrus n'en aurait pas, I'overseer doit recourir de suite aux magistrats pour le forcer a quitter le territoire de la paroisse. Il est charge, e,i outre, d'avertir les habitans qui auraient bcsoin de prendre a leur service quelques ouvriers etrangers d'avoir soiu de ne les louer qu'au mois, a la semaine, ou meme an jour ; ou , s'ils se trouvaient contraints d'cngager (juelques- uns de ces ouvriers a I'annee, de s'arranger de maniere i» avoir une querelle avec eux vers la fm de leur engagement aQn de pouvoir les melire a la porte avant I'expiration du dernier quartier, et par la d'en debarrasser la paroisse. (Pour com- C6(» LIVRES J^TRANGERS. prendre ceci, il faiit rcmarqiier que toiitcs les fois qu'un oiivrier etranger passe un an an service du nienie maluc, il a droit ensiiitc, pendant toute sa vie, aux secouis de la j)a- roisse a laqiielle son niaitre apparlenait. ] En fin , le devoir d'lui overseer est de n'accorder aux pnuvres que ce qui leur est strictenient iiecessaire pour ne pas niourir de faim , et de passer un marche avec quelque sous-traitant dur et brutal qui se charge de les noiurir en masse, el qui ne soit pas tant charge de subvenir a leurs besoins les phis pressans , que de les tenir toujours in tcrroreni , au cas que ccs mallieureux vinssent a se plaiiidre aux magistrats de I'insuffisance des secuiirs qu'on leur allouc; d'envoyer le plus grand nombre possible de ces mise- rablos mendier dans les paroisses voisiiies; de placer les en- fans des pauvres en ap|)rentissage hors d<.' la paroisse, quels que soient le metier dans leque! on les jette et le niaitre qu'on leur donne;de renmer ciel et terre dans le cas ou un pauvre voudrait s'ctablir dans la paroisse; et de tacher de renverser les regies generales et de n'epargner auciinc depense pour y parvenir; d'abaltre des chauuiieres, d'en cliasser les patwrcs habitaiis , on de n'en souffrir que tres-peii , c'est-a-dirc en/in , de depeuplcr la }>aroisse ofin de d'uninuer la taxc des pauvres , etc. m Nous arreterons ici notre citation , et nous nous contenteroiis d'observer que les economisles du siecle dernier tels que Smith, Brown, MM. Alcoa/;, et Hny , menibres du parle- nient, etc., cioient que la population agricole de I'Angleterre a pliitot diminue qu'augmenie depuis la revolulion de 1688 jusqu'en 1770. Cctle o])inion fnt aussi eelle du celobre Arthur Young, si profondement verse dans I'histoire de I'agriculture de son pays. « La conduite des ocerscers , conduile qui est encore la meme aujourd'hui, equivaut, dit le savant docfeur, a uiie guerre ouverte eontre les chaumieres. » [Farmer's letters to the people of England, pubiices en 1770.) Cependant, comnie I'absencc totale de la population ou- vriere aurait ete funeste aux intercts de la paroisse, attendu que le prix de la main d'oeuvre aurait considerablenient aug- nienle, la grande affaire des ot'er5rer.v elait de rnaintenir ce qu'ils appellent encore un juste equilibre entre le trop et le trop peu de population pauvre. Cependant, malgre les soins de ces commissaires, cet equilibre se trouvc tres-souvent rompu; car on rcmarque frequemment entre paroisses conti- gues unedispioportionenorme dans le prix de la main-d'oeuvre. Dans Tune il est rcduit a presque rien, parce que le nombre des ouvriers y est tres-grand, et par consequent la taxe dea GRANDE-BRETAGNE. 66 1 pauvres y est tres-clevee ; dans d'autres, au contrail c, il atleint iin taux exorbitant ct la taxe des pauvres y est presqiie nulle. Ainsi, les paroisses ont ete tour-i-tour les viclimes des fausses mcsures qn'elles ont prises. En 1 665 , le produit des poor-rates ( taxe des pauvres ) s'eleva ci 65o,ooo liv. sterling. Les aiiteurs coutemporains de la reinc Anne estiment ii environ un million de livres st. la somine qu'on payait pour les pauvres au commencement du regne de cette princesse. De 1700 a 1725, cette somme resta stationnaire; mais elle fut considerablemeiit reduite dans les vingt - cinq annees suivanles; car il resulte des do(.umens ofticiels, que, pendant cette periode, le montant de ces taxes ne s'eleva, annee conimune, cju'a environ 690,000 liv. st. Ou attribue cette dimi- nution importantc a I'etablisscment des work-houses ( maisons de travail) qui furent creees a cette epoque, et dans lesquelles on forcait les pauvres a cntrer. S'ils refusaient, ils devaient alors se suffire a eux-memes, ct la paroisse les abandonnaif. La repugnance qu' inspiraicnt aux pauvres ces maisons de tra- vail, qu'ils regardaient comme des prisons, etait telle, qu'un grand nombre de malheureux, qui jusque la s'etaient fait una habitude de la paresse, prcfererent retoiirner au travail que d'aller les habiter. La creation de ces etablissemens produisit done a cette epoque un tres-grand bien. Mais ce bien ne fut que de courte duree, et le peuple s'accoutuma bientot a ces work-Jioiises qui I'avaient d'abord si fort effraye. La rapide augmentation dc la population dans les villes et dans les villages, a la suite de la paix de Paris, en 1763, provenant de I'estension extraordinaire que les manufactures et le commerce acquirent alors, occasiona un relachement fu- neste dans le systeme precudemment adopte de pourvoir aux besoins des pauvres au moycn des work- houses. Cependant , la classe pauvre , tronvant alors facilement de I'emploi, avait moins souvent recours a la paroisse, et le progres des taxes ne fut pas trcs-rapide. Pendant les annees 1783, 84 et 85, annees qui suivirent immediateracnt ia guerre ontre I'Angle- terre et I'Ameriquc du nord , le commerce et I'industrie eprou- verent une stagnation presque complete; les moissons furent insuffisantes pour alimenter la population; le ble atteignit un prix excessivenient eleve, et la quantite de ble etranger qu'on fut oblige de faire entrer dans les ports anglais fut immense. Cependant, malgre ces circonstances defavorjibles , les tdxes de ces trois annees ne s'elevorent , annee commune , qu'a envi- ron 2,1 60,000 liv. St. (Environ un million de plus, chaque annee, que ce qui avait ule. depense au commencement du siecie. ) B62 LIVRES liTRANGERS. Cclte augincntation paraitra pen impottanfe, si Ton considere , 1° que la population dc rAnj^lcteire et tlu pays de Galles, qui, en 1700, so montait a environ 5,5oo,ooo liabitaiis, s'elevait, en 1780,117,900,000; 1° (jiie la nation, par suite des evenemeus poliliques, se tronvait alorsdaus mie position difficile, piesque sans comniorcc el sans industiie. INul doule que, dans des cir- conslanccs aussi malheureuses, la ta\e des pauvres ne se fut ele- \ee a un taux bcauconp plus consideiable, si los overseers des paroisses, par ren)i)loi des puissans moycns qu'ils possedaicnt et que nous avons deja signales , ne fussent parvenus a letardcr raccroissenicnt de la popidation. II n'existe aucun document officiel qui permette de fixer d'nne maniere certaine le moutaut Avs pooi-jates , depuis 1785 jusqu'en 1793. Mais comme cctte periode fut pour I'Angle- terre uue succession non iuterronipue de prosperitc agri- cole et coninierciale, on pout liardiuient supposer que, pen- dant ce terns , les taxes des pauvres ont du diminuer, et qu'elles n'ont pas du s'elever au dela de 1,400,000 'i i,5oo,ooo liv. st. par an. Depuis, clles se sent gradueliement augmentees dans nne proportion vraiment effrayaiite ; cc que Ton peut expli- quer par les causes suivantes. En 179a, \-i mode d'administiation de la taxe des pauvres ,snbit nne revolutioai complete. Uu acte du parlement permit alors aux juges de paix des paroisses de venir au secours des pauvres qui vivaient hors des ivor/>-/ionses , et meme de secou- rir les personnes qui , poss6dant deja quelque chose par elles- mcnies, n'avaient cependant pas des rcssources siiffisar.tes pour subvenir a tous leurs besoins. Ce sysleme a tonjours ele suivi depuis, ou du moins il est presque universellemcnl suivi dans la partie meridionale de I'Angleterre. Dans quelques comtes, tels que le Berlishirc, par exem.ple , les magistrals ont force les overseers a allouer a I'ouvrier qui ne retirait de son travail qu'nue somnie trop modique une espece d'indemnite propor- lionnec au nombre de ses enfans, et qui lui permit de subvenir aux depenses qu'exigeait I'entretien de sa famille. On peut a peine se former une idee des faehcux resultats et des inconve- niens que produisit la niise en pratique de ce systeme. Il est evident qu'cn angmentant ia sommc allouee a chaque famille pauvre a mesure que le nombre des enfans augniente , on ac- corde, par ce fait scul, une prime aux niariages prematures et inconsidi'res, et que ccs matiagcs, en augmentant le nombre des ouvriers au-dela des besoins de I'industrie et de I'agricul- ture, out dii necessaircmcut produire la diminution du taux des gages; etil estevident, en ouire, qu'en accordant aux ou- GRANDE-BRETAGNE. 66^ iricrs jiaressoiix et sans comUiite Ics meiiies sccours qu'aiix ouviim-.s laborieux et actifs , on encourage la paresse vt le libertinage. Le anal ne sc borue pas la. Sous I'in- fluciicc de ce fuiieste syslcme , un ouvrier inclnslrieux et travailieuf u'ose pas meme s'avenlui'cr a gagner au-dela cl'unecerlaine soninie; car il perdrait son droit aux sccours de la paroisse, oudu nioins\errait bientot rcduire la somine i[ui lui est alloucc chaque semaine pfa- les overseers. x\insi, toute emulation, tout projct d'anielioration ]K)ur Tavenir, se trouvent detruits, et la population ouvriere est redaite presque malgre die a la condition de nicndians, prives des nioyens «l meme du desir de sortir de I'etat d'ilotisme et de degradation dans lequel ils sonl tombes. On peut deduire cetle consequence de tout ce fjue nous ve- iions de dire : Que si, en Angleterre, la taxe des j)auvits n'a- vait jnmais existe, et si, par consequent, les ouvriers n'avaicnt jamais pu compter sur les sccours de leurs paroisscs pour siib- veuir a ieuri besoins, ieur sagacite naturelle et la necessite les auraient lout naturellement conduits a agir avec jvlus de pru- dence et de moderation, et a ne pas contracter de si bonne lieure des niariages le plus souvent inconsideres, et dout le resultat inevitable a etc un nombre prodigicux d'enfans, hors de proportion avec les besoius de i'industrie et de I'agriculture. C'est sans doute parce qn'en France les ouvriers ii'ont jamais (He dans cctte position , et n'onl du compter (pie sur eux- memes pour vivre, que le nombre des manages dans la ciasse ouvriere est, proportionnement, bcaucoup moins grand qu'en Angleterre, et que surtoul le nombre des enfans y est , pro- portion gardee , beaucoup moins considerable. On peut attri- bner a cetle raison I'etat presque stationiiaire de la population en France; etal dont se plaignent les economistes , paroe que loutes les nations qui nous enlouront voient augmenter Ieur po- pulation dans line progression tres-sensiblc; mais qui , nous le croyons, cessera des que Tagricuilure et I'industrie frajicaises auront prisun plus grand developpcmcnt. La France aura alors uue population ouvriere nombreuse, et surtout independante , qui, bien differeiilc de cclle de I'Augleterre, ue con)plera que sur ses propres efforts pour subvenir a ses besoins, et regardera comme un deslionneur d'etre force de recourir a la cliaiite pu- bliqup. La brochure dont nons venons de donner une rapide ana- lyse parait meriler toute rattenlion des economistes et des hommcs d'Etat. 177. — * Tlie History of the pnliry of tlic rhureh of Rome , etc. — Histoire de la politique de I'eglise de Rome, dans ses rela- 664 LIVRES ETRANGERS. tions avec I'lrlande, depnis la reunion de ce royaume k ia coiuonne d'Angleterre jiisqu'a la giatide rebellion; par le D"^ //■"'. Phelan. Dublin, 1827. ln-8°. On a public et I'ou public tons les jours en Angleterre un grand nombre d'ouvrages sur I'lrlande et snr la grande ques- tion de I'emancipation. Ccs ouvrages se miiUiplient d'autaiit plus que la question n'est pas seulenient une question de poli- tique; niais encore une question de religion, et que les Anglais sont,par excellence, le peupledes controverses. En effet, il n'y a pas un niembre de la glorious established church qui ne regarde conime un devoir imperieux do mettre la main a la plume et de foudroyer la nouvelle Babylone : de la , un deluge de brochures plus ou moins volumineuses, plus ou moins ennuyeuses, plus ou moins furibondes, mais qui, toiites niaises qu'elles soient pour la plupart, contribuent cependant a en- tretenir parnni les classes influentes de la nation I'esprit de parti et d'intoierance envers la population catliolique de I'lrlande. Cependant, au milieu de ces innonibrables j)roduc- tions dignes du xvi*^ siecle, on peut citer quelqiies ouvrages qui se distinguent de la foule; nous parlerons enfre autres de cclui du D'' W. Phelan. Le savant docteur est dans toute la force du terme ce que les Anglais appellent un staunch protcs- tant (protestant solide); aussi est-ce avec le zele infatigable de rhomme de parti et la haine inveteree du sectaire, qu'il a recherche les traces des intrigues de la Cour de Rome aupres du clergo Irlandais. Les passions du religionnaire out souvent cgare riiistorien, et VHistoire dc In polili(]ue de la Cour romaine Jie doit ctre consultee qu'avec circonspection. Les fails n'y sent pas toujours corrects et y sont d'ailleurs presentes sous un jour defavorable au saint-siege, tandis qu'au contraire , la conduite du clerge anglican et du gouvernement anglais y est constamment signalee comme un modele de moderation et de longauimite. Les preventions nationales et religieuses obscurcis- sentle jugement dc I'ecrivain a ce point qu'il en vient a aflirmer n que la grande source des maux qui ont accable et qui acca- blent encore I'lrlande n'est pas du au pouvoir exerce par le gouvernement anglais, mais au contraire a I'absence de ce jjouvoir. » II faut avoir une foi bien robuste dans scs propres talens et dans Taveuglement et I'ignorance de ceux auxquels on s'adresse pour avanccr une proposition seniblable. Ceux qui connaissent la longue serie de crimes politiques eommis par les agens du pouvoir anglais en Irlande se chargeront dc qualifier cette proposition. Malgrii ces taches, I'ouvrage du D'' Phelan n'en est pas moins remarquable sous beaucoup de GRANDE-BRETAGNE. 6G5 rapports importans. II contient des renseignemens curieux sur les menees de la Cour papale et siir les resultats qu'elles ont provoqiies. L'ouvrage est ecrit avcc chaleur, avec talent, et peut etre lu avec fruit par tons ceux qui s'occupent d'etudier I'hisfoire de I'lrlande. 178. — * Portraits of illustrious personages of Great- Bri- tain, etc. — Portraits des personnages les plus illustres de la Grande-Bretagne, graves d'apres les originaux les plus authen- tiques qu'on trouvc dans les collections particulieres les plus celebres , et dans les musees nationaux ; accompagnes de notices biographiques et de memoires historiques; par Edmund Lodge, membre de la Societe des arts. Londres, 1821-1828; Sharpe. 3 vol. in-fol. avec 200 gravures. Avaut la publication de cette magnifique collection, I'Angle- terre possedait deja de nombreuses collections Je portraits d'hommes celebres et meme d'hommes qui ne I'etaient pas. La manie des portraits, generale en Angleterre, a ete poussee a un point tel, qu'apres avoir publie les portraits des rois de la Grande-Bretagne, les portraits des generaux parlementaires , les portraits des pontes , etc, , on a fini par avoir les portraits des Diaires de Londres, les portraits des fameux hoxeurs, les portraits des voleurs de grands chemins, et enfin les portraits des chevaux qui avaient remporte Ic prix de la course. Cependant quelques-unes de ces collections meritent la juste reputation qu'elles ont acquise. Celle qui est intitulee : The Heads of illus- triou <■ personages of Great- Britain , with their lives and characters pulli c a Londres en 174?, est vraiment superbe. Les gravures, toutf s executees par le fameux Houbralen , graveur hollandais, son' des modeles; mais malheureusement la plupart des por- traits ne sontpas ressemblans. L'ouvragei que nous annon^ons ici, superieur peut-etre sous ie rapport de la gravure a la col- lection d'Houbraken , Test suriout de beaucoup sous celui de la ressemblance. Les originaux ont ete choisis avec un soin extreme dans toutes les collections publiques et particulieres qui existent dans les trois royaumes; et un grand nombre de portraits qui figurent dans la collection de M. Logde parais- sent aujourd'hui pour la premiere fois et n'ont jamais etc graves. C'est Cooper, Walker, Van-Dik, s\v Joshua Reynolds, sir Thomas Lawrence et autres grands peintres qui ont fourni les plus remarquables, et tons ont ete graves par les artistes les plus distingues. Independamment du goiit que M. Lodge a deploye comme editeur de ce bel ouvragc, il s'est montre, dans les notices bio- graphiques qui accompagnent ces portraits, ecrivain elegant, T. XL. — Deccmhrc 1828. 43 666 LIVRES ETRANGERS. historien impartial et exempt d'csprit de parli, et savant aiiti- quaire. La pliipart de ces notices sont des morceaux d'histoiic vraiment remarqiinbles; et son ouvrage, considcro seulcmcnt soHslc rapport l)istoriqiie, devranecessairemcntprendieun rang distingneparnii Its onvragesdeja si nombreux et si cnriciix qui traitent de I'histoire d'Angleterre. Ce niagnifique monument, eleve a la gloire nationale et a la vanite des families nobles de la Grande-Brelagne , va , malgrc son prix eleve ct quoique a peine termine , cire reiuiprime, et les portraits graves de nouveaii. II y a pen d'exemples d'un pareil siicces pour un ouvrage d'uii tel prix. I7g. — * The poetical ivnrJxS of S. T. Coleridge. — OEuvres poetiques de S. T. Coleridge. Londres , 1828; W.Pickering. 3 vol. petit in-8°. Coleridge, quoique tres-peu counu euFranee, jonit en An- gleterre d'une reputation distinguee. 11 a conlribue avec quel- ques ecrivains a fonder cette ecole de poetes a laquelle on a donne le noni deia^e school. Moins profond que Wordsworth, Coleridge a dans sa poesie plus de force, plus de uerf, pent- etre plus de brillant que son rival. Au commencement de la revokition fraucaise , M. Coleridge , a qui ce grand mouvement donna comme a bien d'autres de si flatteuses esperanoes, vit avecjoieun evenement qui promettait de rendre la liberte h un peuple opprime de])uis tant de siecles. 11 celebra I'ere de la regeneration dans xme ode a la France, ode qui comme les autres ouvrages du meme poete renferme de grandes bcautes et de grands defauls : on y remarque surtout ces quatre vers : When France, in wrath, her giant-limbs uprear'd And with that onth which smote heaven, earth and sea. Stamped her slron§{ foot, and swore she would be free, Witness me , heaven, how I have hoped and fear d ! «Lorsquc la France irrltee snnlcva ses membres de goant, frapjia de son (lied terrible, ct jura qu'elle serait libra avec des sermens doiit furent cbranles les cieux , la terre et les mers ; tu fus lemoin , 6 Dieu, de mes esperances et de nies craintes! » C'est surtout lorsque M. Coleridge jjcint les passions les plus tendres et les sentimeus les plus tranquilles , le bonheur do- meslique ct la tendresse conjugale, que ses vers out du eharmc. Amant de la nature, il I'a jieint aussi en veritable poete, non pas comme Byron, au milieu des Icinpctes, mais douce et paisible, cunime Claude Lorrain aiiuaii a la rcpresenter. La litterature d'aucuti pays n'offre pout-etre rien de plus deli- GRANDE-BRETAGNE. G67 ricux en ce genre que la description d'une belle nuit d'ete , dans !e charmant poeme du Rossignol ( tlie Nightingale. ) M. Coleridge joiiitaiissi d'une tres-granderepntation eomme nu'taphysicien , et c'est peut-etre a ses profondes etndes en n)etaph3'siqiie qu'il faut attribuer le caractere qu'il a su donner .a sa poesie, caractere qui le distingue de tous les autres poetcs anglais. L'edition que nous avons sous les yeux est la seule qui con- fioiinc toutes les oeuvres poetiques de I'auleur. Elle est ini- primee avec beaucoup de gout. 180. — Our village , etc. — ■ Notre Village, on Contes et scenes de campagne , par miss Mitford. Londres , i8a8; G. et B. Whitaker. 3" vol., in- 12; prix , 6 sh. 11 n'est peut-etre pas dans la litterature anglaise d'ouvrage anssi propre a faire connnitre les veritables nioeurs des habi- taiis de la campagne en Angleterre , que celui dont nous an- noncons ici le troisieme volume. Miss Mitford a fait du charmant petit cottage qu'elle habite nnc lanterne magique au moycn de laquelle elle represente aux yeux du public les scenes qui se passent autour d'elle ; et ayant nous-nicine parcoiiru , son livre a la main , les endroils qu'elle decrit avec tant de cliarnie, nous n'hesiterons pas a assurer a nos lecteurs que ses tabl. :nix sont aussi vrais qu'ils sont seduisans. Les deux pre- mier; volumes de eet ouvrage ont en un tres-grand succes en AngU'terre , et celiii-ci , qui ne leur est infericur en rien , n'en aur pas moins. Miss Mitford est I'anteur de Rienzi , tragedie , qui vient d'obtenir un succes coaiplet au thejjtre de Drury-Lane. H. H. t8i. — * Rienzi , etc. — Rienzi, tragedie en cinq actes par miss Mitford. Londres, 1828; Cumberland. Cette tragedie anglaise est remarquable so as trois rapports : le dialogue en est energique, soutenu : il attcint quelquefois |)icsque au sublime; elle offre des situations varices et pleines d'interet; en6n elle est I'ouvrage d'une fcmme. Miss Mitford, auteur de deux autres pieces qui ont reussi (/////c/z et les Foscari) , s'est elevee aujourd'hui bien au-dessus de ses premiers essais, et Rienzi parait digne d'etre range parmi les ouvragcs dra- matiques dont I'Angleterre s'honore. On fait cependant un repioche a I'auleur; enthousiasle des grandes qualites de Rienzi, elle a oublie de peindre ses defauts. Au lieu de I'homme le moins consequent i^vec lui-meme qui fut peut-etre jamais, elle a cree ini etre presque conslaniment grand et irreprochable. Tout ce qui pouvait dcfigurcr ce beau modole a etc rejete sur Angslo Colonna, personnage d'invention. Nous ne crovons pas 43. fiG8 LivRES Strangers. ijtie cette parfialite de miss Mitford ait accru rinteict que son heros ctait susceptible d'inspircr; et le veritable Rieiizi, re- produit tel que le vit la Rome du moyen age, aurait plus emu, avec ses faiblesses et ses errcurs, que i'etre vraiment hcroique auquel on a dorine son nom. Au reste, le nitrite du style et la manicre dont cette piece est conduite font pardonncr aisement les taclies qu'on pent y remarqucr. L. L. O. RUSSIE. 182. — Lettte an Rrilactciir da TeU'graplie de Mosrou sur quelqiios articles bibliographiques et critiques relatifs a la lit- terature russe. Moscou , 1828; impr. d'Auguste Semen. In-8" de 3o p. ]\ous avons declare plusieurs fois noire eloignement pour foute polemique oiseuse, et nous voudrions d'autant plus I'e- carter de nos articles sur la litterature etrangere que, limites bien malgre nous dans ces articles , tout ce qui ne va pas droit au fait, tout ce qui n'apprend rien de nouveau a nos lecteurs, nous semble un vol fait a eux et a nous-memes. Aujoiud'hui, cependant, nous sommes amenes sur ce terrain par ceux qui nous out reproche quelquefois de ne pas consacrer assez de place dans nos feuillcs a la litterature du nord, et surtout a la litterature russe. Nous lachcrons de ne pas nous y arrcter trop long-terns, vonlant satisfaire seulenient a ce que peuvcnt exiger de nous la justice et les convenances. II s'agit d'un reproche adresse a la Direction de la Revue par im de nos correspondans, auquel nous desirous et nous espe- rons prouver ici meme toiite notre estime. M. S. P y, de Mos- cou, nous a fait parvenir, en 1823, un article sur les OEiwrcs du prince ChaUhof , insere dans notre cahier d'octobre de la meme annee {^voy. torn, xx, p. 1 38-1 39 ). M. P-y reclame au- jourd'hui conlre (juehjues expressions de cet article que nous aurions niodifiees de maniere a lui faire avancer tout le con- traire de cequ'il voulait dire , en presentant M. Chalikof comme im des auteiu's qui ont entrctemi le gout et I'esprU classiqucs en Russie, tandis que , selon lui, « on cliercherait en vain de la poesie dans les vers que depuis plusicurs annees M. Chalikof a I'habitude d'inserer dans chaque premier numero de la Gazette de Moscou, au sujet du nouvel an, » Et d'abord, nous repondrons qu'en g«!'neral nous croyons devoir elaguer quelquei'ois des articles de nos correspondans etrangers les longueurs, les dissertations trop speciales, les personnalites, loutes ceschoses enlin qui nt'sontpoint dans notre RUSSIE. GG,j plan ou dans les convenances litteraires, et sur lesquelles nous nous entendrions bien facilement avec les auteurs s'ils etaient aupres de nous. Mais nous usons dece droit avec discretion; et lorsque nos correspondans, avec le tems et I'habilude, sesont mieux penetres de I'esprit de la Revue , il est rare qu'il ne nous evitent pas eux-memes un travail assez ingrat, et aucjuel nous lie nous livrons que dans la conviction d'etre utiles a nos lec- teurs , ce dont M. P-y a deja pu se convaincre p|r lui-meme. Venant h I'application pour le cas dont il s'agit ici, nous dirons que nous ne sommes plus a meme, apres un aussi long espace de tenis, de veriiier la justesse des plaintes de notre corres- pondant, et qu'entierement confians dans ses lumieres, nous ne pouvons que rectifier aujourd'hui, d'apres lui, lejugement porte sur les OEiwres dii prince Chalikof A.a\\% I'articlc rappele ci-dessus. Toutefois,nous declarons ne point prendre sur nous, vis a-vis de nos lecteurs, la responsabilite de ce jugement sur un poete que nous savons seulenient etre editeur du Journal des Dames, public a Moscou, mais dont aucune production ne nous est parvenue jusqu'u ce jour. Dans cettc position, ou nous elions vis-a-vis de lui en i823,nous aurions bien pu adoucir les ex- pressions d'une critique qui nous aurait paru trop vive a son egard; mais nous n'aurions pu substituer I'eloge au blame, et qttelque erreur du manuscrit de M. P y, ou des imprimeurs de la Revue, doit avoir donne lieu a I'espece de contradic- tion avec lui-meme dont le prince Chalikof a cru pouvoir ac- cuser notre correspondant. II parait en elfet que, dans son cahier de mal 1827 , 1'editeur du Journaldes Dames, rapportant I'article de la Revue dont nous venous de parler, I'aurait oppose a ses critiques, et se serait felicite d'avoir au moins une fois obtenu i'a|jprobaiion de M. P-y. C'est ce qui a ete pour ce dernier I'occasion de la lettre que nous annoncous aujourd'hui , et qu'il nous a adressee sepa- rement , apres I'avoir fait inserer dans le Telegraphc de Moscou ( fev. 1828, n° 4)- II est encore question, dans cettc letlre, de VEssai d'/tistoire ahregee de la Uuerature russe , par M. Gretch ( Voy. Rev. Enc., t. xxviii, p. 470j et t. xxxii, p. 38o), auquel M. P-y avait emprunte, dit-il, en partie le jugement qu'il avait porte sur les OEuvres du prince ChalikoJ , ceuvres qu'il a voulu connaitre depuis par lui-meme. Du reste, M. Gretch, selon M. P-y , aurait modifie plus tard le jugement trop favorable qu'il avait d'abord porte sur ce poete, qu'il avait eu pour collabora- teur dans la redaction du Fils de lu patrie. Des traductions aile- niande et francaise de r£".v.v(7/de M. Gretch ayant ete annoncces , M. P-y croit qu'il n'est point hors de propos « de preveuir tons 670 LIVRES ETRANGERS. « ccux qui s'occiipent dc la litttratiirc russe qu'ou doitconsiilter i( cet oiivragc avec beancoiip do |)iecaiition , pour no pointrepro- « duii'c desHOtions inexactessur ccttelillcraturcsi pcuconnue. » Ici nous pouvons exprimer notre propic jiigement , ct nous nous enipressons do fairc romarquor, pour attonuor un pen cc quo celui do notre correspondant nous {)arait avoir do trop sovoro, que si, d'accord avcc lui, nous no placoiis point I'divrage do M. Grotch an mome rang que celui do La Harpe sur la lilto- rature Irancaise, et de Gingueno sur ,1a litterature italienno, du moins nous croyons juste de reconnaitre que le critique russe a ouvert la route et qu'il a rocueilli uno foule de notici's, do fails et de renseigneniens procieux que pourront comparer onlre eux ceux qui viendront apros lui ; qu'cnfin, s'il n'a pas olevo aux Muses de sa patrie un monuniont iittoraire idTopi'ochablc , du moins il a prepare los matoriaux qui serviront un jour a rodificr. Plus loin, notre correspondant accuse les editcurs du Fils (le la patrie, dos Archives du Novel ot de VAbcille du Nord , d'a- voir pris parti dans cette polomique, contre lui, contre los redactoursdu Tclcgrap/ie dc Moscou, ot contre nous surtout, a cause du jugemcnt favorable que nous avons porte sur ce der- nier journal, et que nous nous plaisons a ratifier ici. Nous le remercions de tout ce qu'il veut bion dire dc flattcur pour nous en cette occasion; scs ologes, qu'il ne nous convient pas de rcpro- duire , nous ont trouvos aussi sonsibles que nous pouvions I'otre au tomoignage qu'il se plait a rendrc de notre justice ot dc notre impartialite. Nous nous permetlrons seulement de faire remar- qucr, avcc lui, a ceux dos critiques russes qui ont blame los oditeurs du Tclegraphe d'attacher tant de prix aux jugemous littoraires des otrangers , qu'il faudrait an moins que los ocri- vainsnationauxneselaissassent pas devanccr dans I'approciation des ouvrages qui interessent directement la gloire Iittoraire do lour pays, ct que nous attendons encore, par exemplo, que le Fils de la patrie public une analyse de la traduction dos Fables de Krilof, qu'il roproche au Tclegraphe d'avoir jugoe d'apres nous. (/Jfc Euc. , torn, xxvi, ))ag. 717-736.) La lottre de M. P-y a provoque des romarquos, ocritos oga- iemontcn francais, ctpublioes dans \e Journal des Dat>ies[i\° [)(\c 1828). On prossent bion quo ces remarques, redigoessans doute par un ami, ou dumoins par un coUaborateur du prince Cha- likof (i), otaient tout a I'ayantage dc ce dernier. Partagos enlro (i)On nous a.ssiuo que cet article, eciit tres-elegamniciit , est ili'i .T l;i plume du j)riiicc Dauiake. J nUSSIE. 671 ropinion de sou dert'useur ct ccllu do uotrc corrcspondant, nous dcclarons que nous voudrions de tout uotre cocur que le premier eut raison : la Russie possuderait iin l)on poete dc plus ; niais sans doute nous ne scrons pas admis a donner sur ce point noire propre opinion en connaissance de cause , puisque le redacteur du Journal des Dames se declare d'avance contrc ceux qui vont chercber parmi les etraugers des arbitres de la litteraturerusse. Si lecontraire arrivait, nous essaierionsde lui prouver que les redacteurs de la Rcvuc font rcellement profes- sion de cette impartialite qu'il veutbien , un pen plus loin , leur $upposer. Un autre article , ccrit en langue russe par M. Iakovlef , et qui a pour titre : PouKiuoi irions-noits cherclicr des jiiges parmi les Francais? a paru, sur le ineme sujet, dans le cahier d'avril 1828 du Courrier de t Europe. I/auteur de cot article s'etonne, comme le redacteur du Journal des Dames , que nous ayons pu faire dire a M. P-y tout le contraire du jugcment qu'il avait exprime sur les OEuvres du prince Chalihof; nous avons donne sur ce fait I'explication qui etait en notre pouvoir. II rcproche ensuite au Telegraphe d'avoir mis tant d'empressement a se parer aux yeux des Russes des eloges que nous lui avions don- nes et que lui refusaient ses confreres. En ceci, notre jugement pent fort bien ne pas ctre aussi eclaire que celui des journalistes russes, mais il doit etre certainement plus independaot, par la raison que nous n'avousricn acraindre, pour nos interels, de la rivalite du Telegraphe , et que nous ne pouvons voir qu'avec plaisir celle qu'il doit clever au profit des lettres russes, et les rt'sultats avantageux de cette lutte litteraire. M. Iakovlef ter- niine son article par un noble appel a ses coucitoycns et cite quelques-uns des litres litteraires de la Russie; il nonime I'au- teur de la /?oi'«rtf/e(KHEUASK.OF), Kapniste et Derjavin. Nous partageons son admiration pour ces ecrivains celebres, surtout l>our le dernier, que nous placons au rang des premiers poetes lyriques qui aient existe ; nous regrettonsde ne pas possi'-der ses ceuvres , pour essayer d'en mettre sous les yeux de nos lecteurs une appreciation, pour laquelle nous ne nous fions pas assez a notre premiere impression et a des souvenirs toujours trop fugitifs. Terminons en faisant rcmarquer le noble precede de notre corrcspondant, auquel nous devons toutes les pieces de ce proces. Il n'a pas voulu etre soul entendu ; il a voulu nous mettre en etat de juger nous-meines, et nous laisser llbres de distribuer i\ chacuu Teloge ou le blame dans cette affaire. Nous avons dit frauchemcnt ce que nous pensons; et si les 67a LIVRES ETRANGERS. parties ne sont pas entierement contcntes de nous, du moins somines-nous certains de n'avoir afflige personne dans le recit de cette petite polemiquc, a laquelle nous croyons que nos lecteurs auront pu prendre I'interet qui doit s'attacher a tout ce qui vient de loin , et surtout i\ ce qui tend k rapprocher les peuples par des liens litteraires , objet constant des efforts de la Ret'Uf Encyclopediquc. E. Hereau. ALLEMAGNE. 1 83. — * Zur Vermitteliing der Extreme in den Mcinungen. — Essai d'uu tcrniemoyen dans les opinions; par Fred. Ancillon. Premiere partie, histoire qX politique. Berlin, 1828; Duncker et Humblot. In-S** de 427 pagfes. Ce serait sans doute une fonction respectable de rechercher et de signaler aux contemporains la verite entre deux opinions discordantes qui divisent le monde, d'etre une sorte de nie- diateur entre deux partis, en leur faisant mutuellement des reprimandes, en niontiant I'exageration de tous les deux, en leur faisant voir que des concessions mutuelles pour- raient les rapprocher et les unir, En politique surtout, ou les opinions se prononcent souvent avec taut de virulence, aux epoques ou tout est dispose a de grandes reformes, ce role de mediateur, quoique repudie d'abord par les deux partis ex- tremes, rend rait de grands services a la chose publique ; mais ilfaudrait une grande autorite, une position independante, et un talent eminent pour s'en charger. Or, nous demandons si, de bonne foi, un conseiller d'etat prussien, c'est-a-dire uu fonctionnaire public, dans une mouarchie absolue ct militaire qui maintient la censure et le regime arbitraire , peutse croire appele a nous eclairer sur ce que nous devons penser de la liberie de la presse , du regime constitutionncl , de I'espritdu siecle, etc. Quand M. Ancillon nous assure gravenicnt que les gouverneiiieiis rcpresentatifs n'ont pas besoin de la liberie illiiuitce de la presse , et que ce gouvernenient siiffit pour en tenir lieu , s'imagine-l-il que nous regardcrons cette sentence comme une mediation? A qui persuadera-t-il qu'il nc parle pas ici corwme I'agent du regime absolu qui a besoin de la servitude de la presse pour se maintenii? N'est-il pas un pen siugulier de voir un publieiste dont les ecrils ne peuvent etre publics que sous le bon plaisir des censeurs, s'occuper de la liberie, des consti- tutions, de la revolution , etc. Quaud M. Ancillon ue sera plus eonseilier d'etat piussieu, quand il ecriia dans un pays librc , ALEMAGNE. 673 et loin des censeurs, ses propositions de mediation [pourrout trouver accesaiipros du public; jusque li il prend une peine tout-ii-fait inutile. Nous lui conseillons de laisser la le champ politique, puisqu'il est oblige d'exprimcr les opinions de son gouverneiuent, etriende plus. Qu'il se reduise an role innocent de mediateur dans d'autres branches du savoir humain, dans riiistoire, dans les sciences: la peut-etre la censure lui per- niettra d'exprimer des opinions independantes. L'autenr de- clare, dans sa preface, qu'il s'attend a etre altaque par les deu.x partis dont il rejette les opinions extremes , et il pense que cette double attaque prouvera la justesse de ses avis media- teurs. Cependant, nous croyons pouvoir rassurer M. Ancillon contre ces doubles attaques. Tons ceux qui connaitront sa po- sition ne perdront pas leur terns a le combattre. On I'attaque- rait, si la Prusse avait une constitution, et la liberte de la presse. An reste, BI. Ancillon prouve qu'au moins le gouverne- menl prussien a fait un pas en avant ; il veut jouer le i oie de mediateur entre les ultra et les radicaux ; le gouvernement au- trichien n'est pas encore aussi avauce : il fait precher par ses publicistes I'obeissance passive et I'esclavage de la pensce. 11 se pourra qu'a la longue la Prusse se mette au niveau du siecle ; quant a rAutriche, on ne voit pas comment , etant si arrieree, elle pourra jamais atteindre les autres peuples , h moins que des cvenemens inattendus ne viennent a son secours. D — c. 184. — * Muthelltingeri aus des vollendeteri Supcrintcndcnten D' H.-G. Tzschirner, etc. — Communications sur les dernieres annees d'activite et de souffrances du Di' H.-G. Tzschirner, surintendant ecclesiastitiue, augmentecs des Discours pronorices a sa mort , par le D'' Jean-David Goluhorn. Leipzig, 1828. In-8° de 5/, p. 11 a ete souvent question, dans ce recneil, de Tzschirner, celcbre defenseur de la liberte religieuse. Onconnait son der- nier ouvrage sur le catlwlicisine en France, dans lequel, os- pcrant se rendre utile a notie patrie au moment de la crise reli- gieuse ou elle semble placee,il adresse de profondes et judicieuses reflexions a MM. de Chateaubriand, deMontlosier, deBonald et deLaMennais,sur le sysleme que chacun d'eus s'efforce de faire prevaloir en matiere religieuse. Sans doute , Tzschirner combat au nom de I'eglise evangelique cpii le comptait parnii ses premiers predicateurs et apologistes ; mais ses croyances ne I'aveuglent point. II est trop penetre de I'avantage d'un libre examcn, menie en theologie, pom- ne pas respecter la convic- tion de chacun, et la discuter avec im|)aitialite. Get ouvrage, public par M. Rrlg, est malheuteuseajcnt incumplet ; I'auttur 674 LIVRES l^TRANGERS. ii'a pu y meltie la deriiierc main. Cependant , il ne meriteia pas moins les suffrages, meme des catlioliques, qu'iin autre ou- vrage de lui dont nous avous fait luenlion, et qui a pour litre : Trnite sur le catholicismc ct Ic protcstaiitisnic considerps sous le point dc vue politique (Traduction franraise, Stras- bourg, 1823. VIII et 117 p. in-S"). La brochure que nous annoii9uus retrace les dernieres an- iiees dela vie de Tzschiruer, ct recueille sos dernieres paroles. Ce savant thcologien, ue, le 14 novembre 1778, aux environs dc Chemnitz, en Saxe, avait fait scs etudes a I'Universite de Leipzig. Deux fois il avait ete appele a une chairc de theologie a Vittcuberg, quand il accepta, en 1809, celle qu'on lui offrit a Leipzig, oiiil leuuit a rcnseigncment un ministere evangelique qui le placa bientot au premier rang des predicateurs alle- niands. Sa carriere fut des plus laborieuses et des plus utiles. Sa mort, arrivee le i5 fevricr 1828, fit une profonde sensation dans rAllemagne , et nous avons ete Icmoins nous-memes , a Leipzig, des regrets qui honoierent sa memoire. La Revue Encyclopedique se felicite de lui avoir offert une consolation dans ses dciniers luomens, et d'avoir eu (juelque part dans ses affections. Voici ce que M. Goldhorn rapporte a ce sujet, ct ce que nous croyons devoir communiqucr h nos lecteurs : « Ce n'est que lundi soir que j'appris que Tzschiruer avait suspendu son cours : je me hatai d'aller le voir. L'ayant trouve dans son cabinet , entoure de papiers officiels et de documens de toutc espece qu'il s'occupait a mettre en ordre, il m'assura qu'il se sentait hors d'etat d'entrcprendre un travail soutenu et qu'il etait reduit a recourir a des lectures detachces et sans liaison necessaire. A cet effet, il s'etait entoure d'un grand uombre de cahiers de la Revue Encyclopedique, qu'il consul tait popr ses lettres adressees a des savans francais , et que I'obli- geancc de M. Ebert, conservateur de la Bibliothequc royalc deDresde, hu avail procures. Il me rcndit attentif a la masse admirable d'idees lumineuses qu'on trouvait deposces dans ce Recueil, et en tira un boii augure pour I'ecrit dont il s'occu- pait, esperant qu'il ne mauipierait pas d'attircr I'aitention , dc lueriter meiue lapprobatioii des hommes les plus influcns en France. II se flattait ainsi qu'il contribuerait pour sa part a arreter les progres de I'ceuvre tenebreuse qu'on y pri'parait, et qu'il pourrait concourir a preserver ce bel et puissant empire du malheur dune barbaric uouvelle. » On uous i)ardoiinera celte citation, jusiilice par la salisfaclion que nous eprouvons d'avoir iioui li dans Tame dun liouime ALLEMAGNE. G75 de biea et sur son lit de moit I'cspoii' d'un nieilleuv avenif. J. H. SCHNITZLER. i85. — Phantasiegcmalde. — Tableaux de fantaisie, par le D"^ George Doering, pour I'annee 1829. Francfort-sur-Meln , 1828 ; Sanerlander. In-8° de 272 pages. Sous le litre de Tableaux de fantaisie , M. Doering public ilepuis plusienrs annees, vers le jour de I'an, une espece de ga- lorie d'evenemens ou d'aveutures romanesques. Nous n'avons pas eu occasion de voir la galcrie que I'auteur a ouverte au public les annees precedentes; mais pour celledel'annce i8'2(j, que nous avons sous les yeux, nous pouvons assurer qu'elle presente beaucoup d'interet. L'ouvrage est divise en quatre ta- bleaux , dont le sujet est serieux, et meme tragique. Ces quati'C tableaux portent les titres suivans : la Jcune Fille inuettc , I'lii- dien , Lata, la Morgue. Le roman, car e'en est un veritable, malgre la division en tableaux, le roman commence au Pnnt- saiis-pareil sur la route de Calais a Saint-Omer , ou se brise la voiture de la veuve d'uuofficierde la marine francaise, qui voyage avec son fds, jeune homme qui a perdu dans I'lnde une amante a laquelle il etait sur le point de s'unir. Pendant que les deux voyageurs attendent sur le |)ont les secours que le postilion est alle chercher dans le village voisin, ils entendent des goniis- semens qui partent des bords d'un des deux canaux qui s'unis- sent sous le ])ont. lis volent au secours de I'elre infortune qui parait reclamer leur charite. lis apercoivent au clair de la Inue une jeune fille velue de blanc cjui allait perir dans Teau. lis la sauvent et en jirenneut soin. C'est le sujet du premier tableau; dans !es deux suivans I'auteur nous conduit da!)S I'lnde |)our presenter a nos regaids une liistoire patlietique des amours du jeune SainvlUe , fils de la veuve du premier tableau , et de la jeune Indienne Laia. Au quatrieme tableau la scene est ramenee en France. II se trouve que !e meme scelerat, qui a traverse les amours du jeune Sainville diuis I'lnde, a cause aussi le mal- heur de la belle inconnue, sauvee aupres du Pont-sans-pareil. Le jeune Sainville rencontre eel homme a Paris, et vent se batlre aveclui; mais celui-ci cherclie sa fin dans la Seine, et son corps est expose a la Morgue. Sainville s'unit ensuite i Ro- salie qui lui devait la vie. M. Doering peint ces aventurcs avec beaucoup de talent, et son style est pur et bien soutenu. 1 86 — PctcrScldemihls ivundcrsame Gcscliichte. — Hisloire mer- veilleuse dePierre Schlemihl, commuuiquee par /tdelb::it de Cha- Misso. Dcnxienu: edition, augmente.' de chansons et romances de I'auteur. Nuremberg, i827;Schrag. lu-S" de 2 1 3 p.avec figures. Le petit roman de Pierre Schlemihl est deja counu par des 676 LIVRES ETRANGERS. traductions francaise et aiiglaise : c'est un coiite dans le genie de Faust et de Robin des Kois ; seulement Schlemihl , an lieu de vendre son ame , vend a riionime noir, long, maigre et«cc, c'est-a-dire an diable, qui Ic teute par une bourse d'or inepuisable, ronibre que jette son corps au soleil ; en sorte que depuis lors il est un corps sans ombre quelconque. Tons ceux qui s'apercoivent de ce qui kii manciue le fuient avcchorreur; il a beau prodiguer ses richcsses , jouer le grand seigneur; des que Ton decouvre qu'il est sans ombre , tout le monde 1 evite : un beau manage qu'il est sur le point de faire est rompu a cause de cette decouverle , quoique Schlemihl soil nime de celle qui lui a promis sa main. Maigre son or, il est rhommc le plus malheurcux de la terre : il court apres I'homme noir, sec et maigre pour cchanger son or contre son ombre, mais eu vain ; le diable le nargue , le toiumente , et ne lui rend pas son ombre. Aussi , Pierre Schlemihl prend le parti de fuir la societe, de se loger dans les catacombes d'Egypte, et d'errer a I'aventure dans le monde ; i! trouvc meme le secret de fran- chir en pen d'instans de grands espaces ; bientot il se sent a I'etroit sur I'ancien continent, et il est encore malheureux par les desirs qu'il nepeut satisfaire. Le roman finitla; il est sans denouement, et I'auteur laisse croire que Pierre Schlemihl coiu't encore ; on I'a meme represente, au frontispice, dans son costume de voyageur , et I'auteur assure que Schlemihl est de sa counaissance intime, et que c'est le heros meme qui lui a remis le manuscrit de ses aventures. II parait que quelque per- sonnage original ou d'un exterieur bizarre , sur lequel on riait a Berlin , et qui s'appelait Pierre Schlemihl , a inspire a I'auteur, connu par son voyage autour du monde avec le lieutenant de marine russe Kotzehuc , I'idee de diverlir ses amis par un eonte des aventures de cet individu. La composition annonce du ta- lent, et la narration presente souvent un haul intiirct, maigre sa bizarrerie ; mais si I'auteur a vouhi atteindre un but moral , il n'a reussi qu'a moitie, car on n'apercoit pas clairement ce but. Aurait-il voulu prouver cette verite uiviale que les ri- chesses nc font pas le bonheur, et que la privation de quelque chose qui nous manque, d'un ombre que nous poursuivons, nous rtnd malheureux en depit de I'or que nous possedons? Cependant si cette ombre nous est n^cessaire pour avoir I'es- time des hommes, et puur ne pas leur faire peur, il n'est pas si deraisonnable de la poursuivre pour I'attraper. II semble done que le conte de M. de Chamisso est plus bizarre encore qu'interessant,et que si I'auteur a voulu prouver une moralile, il n'a pas eomplelcment reussi : dans I'un et I'aulre cas c'est ALLEMAGNE.— SUISSE. 677 uiie composition defecKieuse, qui neanmoins justifie la vogne dont elle jouit, en Allemagne siirtout, par le talent dii poete. — On a joint a cette edition des chansons et des romances on ballades du meme auteur. Ce sont des pieces fugitives tres- courtes, agreablement versifiees, et qni annoncent chez I'au- teur une grande facilite dans ce genie de poesie. D.— G. SUISSE. 1 87.' — * Verhandbugen der vereinigten arlzlichen Geselhchqf- ten der Schweitz. — Transactions des societes medicales reunies (le la Suisse. Annee 1828. Premiere partie. Zurich, 1828; Ul- rich. Caliier in-8" de i 40 pages. II existe a Zurich une Societe medicale assez active qui a fait paraitre des memoires poiu- Ics annees 1826 et 1827. En s'occiipant a recueillir des memoires pour le volume de cette annee, elle apense qu'il pourrait etre agreable aux petites so- cietes cautonnales de la Suisse de se reunir a elle pour la pu- blication de leurs travaux : en consequence elle a invite ces so- cietes a cooperer a ses transactions. Cette proposition a ete accueillie avcc empressement, et a dater de I'annce 1828, les memoires paraitront a Zurich sons le nom de transactions des Societes medicales reunies de la Suisse. Cependant le \" ca- liier qui nous a ete envoye n'atteste encore que la diligence de deux Societes, celles de Zurich et de Berne: les autrcs parais- scnt etre en retard. La Societe de Zurich a fourni un rapport du D'' Meyer ?,wv les maladies chirurgicales, traitees par lui a I'hopital de la viile en 1827; des observations du D"" Fehr sur quelques medicamens tcls que le stramonium , le sccale cornii- tiim, etc.; description d'un hyrlrocephale chez un veau , par D. Michel , med.-veter. a Zurich; remarques sur la pustule ma- ligne , par I\I. Rahn ; emploi du sue de pavot chez les enfans, par M. Locher-Dalber; ei\i\n, des observations d'art veterinairc, jiar M. Prevost de Geneve. La Societe de Berne a envoye le pro- ces-vcrbal de ses seances, ainsi qn'un memoire du D'' Brunner sur la theorie et la pratique du systeme homeopatique. L'auteur nest point partisan du fameux sysleme d'Hahnemann; il craint qu'entre les mains des charlatans, ce systeme ne donne lieu au plus deplorable empirisme; seulement M. Brunner est d'avis que les recherches d'Hahnemann et de ses disciples sur la diffa- sibilite des medicamens dans les organes du corps, et sur la receptii'ite de ccs organes a I'egard des substances qu'on y in- troduit progressivement, pourront servir a simpiifierla ihera- peulique, et a bannir les medicamens trop violens, ou donues 0:8 LIVRES liTRANGERS. ;~i doses trop fortes. Le caliier est (ermine par des observations medioales sur los eaux mineralcs de Pfaefors et snr I'etat dcs bains de cet endroit, par le U'' Kaiser, a qui on do.it une des- cription de CCS eaux minerales. 1 88. — Mineralquellc unci Bad zii Jenatz im Prattigau , Kan- ton Graubimdten. — Source minerale ct bains de Jenatz dans ic Prettigau , canton des Grisons, avec une vue lithographiee de la niaisou des bains; par le D"' Paul Eblin. Coire, 1828; Otto. In- 12 de 98 pages. II n'y a pas un siecle que les eaux minerales de Jenalz sout decouvertes, et elles sont encore aujourd'hui peu connues. Une premiere description de cette source a paru en 1 768 ; celle t|ue vient de publier le D'' Eblin est plus etendue, et rend complc de plus d'experiences sur les vcrtus des eaux de Je- natz: les analyses cliimiqnes se font d'ailleurs maintenant avec plus d'exaclifude et de surete qu'au milieu du derniei' siecle. L'eau de la source de Jenatz est froide et a un gout legerement alcalin ; lorsqu'on la chauffe, elle depose sur tons les objets qui en sont mouilles, une matiere onctueuse; apres la cuisson il reste meme au fond du vase une pellicule assez epaisse. D'a- pres I'analyse faite en 1 827 , 8 livres d'eau contiennent 16 pon- ces cubiques de gaz acide carbonique, 8 grains de carbonate dcchaux, i demagnesie, i d'oxidule defer, 11 de muriate de chaux, de sulfate de magnesie, et d'une substance grasse par- ticuliere. L'odoir do cette substance onctueuse ressemble beau- coup a celle du suif; on distingue seulement un petit melange d'huile de petrole. C'est a la meme substance grasse, melee a des parties ferrugineuses, qu'on pent attribuer I'efficacite de la source. Prise intericurement l'eau de Jenatz agit d'une maniere bienfaisante sur I'estomac et les inteslins, fait cesser les coli- ques, les obstructions, les cranipes d'estomac, les vomisse- mens , etc. On la vante meme comme antidote contre les poi- sons, ou contre les desordres provcnant d'un usage immodere des substances metalliques, entre autres des prepaiations mer- curielles, contre les accidens de la vessie, etc. Prise en bain , l'eau de Jenatz est tres- bonne contre les eruptions cutanees , contre les maux liysteriques, etc. L'auteur ajoute encore beau- coup d'autres maladies, telles que la jaunisse, les i^hinnatismes, les scropliules , les paralysies, les ulceres, etc. Eu sorte que si tout cela etail bien avere, on aurait dans le village de Jenatz xme veritable panacee, et Esculape meriterait un temple aupres de la source minerale du Prettigau. Le docteur ne promet pas au reste de guerir tons les malades; 11 croit seulement qu'ils seront soulages , si leur guerison n'est pas complete , cc qui est SUISSE. G79 toujours beauconp. II faudrait d'ailleurs etre bieti nialade pour resisler aux effcts reiinis de Teau mineiale, de I'air des mon- lagnes et diilait des Alpes. Jenatz est sitiie a environ 3, 000 picds au-dessus du niveau de la mei'; a cette hauteur I'air est deja si pur qu'il suffirait presque pour faire disparaitre les maux letters, surtout en observant un rci^'ime nioderc et en se jiro- nieuant beauconp. D — g. 189. — * Memorial des seances du Conseil rcprescntatif du canton de Geneve, public, autant que possible, d'une seance a I'autre , et , au plus tard , quatrc jours apres celle dont il rendra coiiipte. Geneve, 1 828. On souscrit chez A. CherbuHez, libraire; ct a Paris, chez Th. Ballimoie, rue de Seine, n'' 48, faubourg Saint-Germain. Prix de I'abonnement ( du 1"' niai au 3o avril dc I'annee suivante) : 25 florins pour le canton, et i5 fr. pour I'etranger. Ce Memorial , dont la publication a commence le i^' mai dc cette annee, annonce que les citoyens de Geneve voient enfin chez eux I'aurore de la publicite, en attendant qn'ils puisscnt jouir de toute sa lumiere. Une deliberation du Conseil, du 28 mars, sur le rapport d'une commission speciale dont M. le pro- fesseur Rossi etait I'organe , autorise cette publication , et Ven- ro«7Y?oe par I'ailocation d'une somme annuelle accordee a I'edi- teur jesponsable donl les offres sent acceptees par k' Conseil. En France et en Angleterre un tcl journal passerait pour officiel; ie Conseil a eu I'intention de lui oter ce caractcre qui provoque la mefiance, lors meme qn'elle est injuste. Mais les gouverne- niensrepresentatifsde la Suisse ne pen vent etre compares a ceux lies grandes puissances on le pouvoir legislatif est partage entre le monarque et les delegues de la nation : nos maNimes et nos usages parlementaires ne peiivent leur convenir entierement. D'ailleurs, la singuliere existence d'une petite republique au milieu de puissantes monarchies exige de grandes precautions, bcaucotqi de sagesse et de reserve dans les relations exterieures , et quelquefois du secret; tout ne peut pas etre confie k la presse jieriodique; ^t par consequent cette presse ne peut pas etre tout- a-fait libre, ni dire tout ce qui est vrai : il est plus sur pour les cito-ycns d'ignorer ce dont quelques-uns d'cntre eux pourraient faire des applications dangereuses pour tons. II parait que ce Memorial , tel qu'il est, convient a la situation nctucUe du can- ton de Geneve; niais nous ne perdrons point I'esperance qu'une publicite pluscomplette et nnenx caracterisee s'etablira quelque jour dans cette ville, si heurcusement disposce pour la cul- ture de la raison, si dignc de jouir de tons les bienfnits de la liberte. 68o LIVRES ETRANGERS. Le redactcur du Memorial est M. Gide , avocat. II jiistifie le litre du reciieil; c'cst effcctivement un memarial , une analyse etendue de chaque seance, ou les opinions sontrapportees avec clarte, et sans doute aussi avec une scrupuleuse exactitude. F. ITALIE. 190. — * Stirpium Sadaariim clenchus. — Tableau des plantes de la Sardaigne, par M. le docteur Moris, de I'Universite de Cagliari, etc. 1''® et 2" livraison. Cagliari, 1827; imprimeric royale. In-4°. La Sardaigne, relativement a son etendue, renferme iiu grand nombre de vegetaux interessans; les plantes du nord de I'Afrique et oelles de I'Europe temperee s'y trouvent reunies. LVxislencc de quelques especes semble meme donner du poids a I'hypothese des geologues, qui pensent que la Sardaigne et la Corse ont ete, a une epoque reccnte, separees I'une de I'autre. Aussi le gouvernemcnt sarde, persuade de I'utilile que les sciences doivent retirer de la connaissance des vegetaux qui croisseut spontanement dans cette ile, a charge M. Moris, un des eleves les plus distinguos du professeur Balbis, de re- cueillir tons les materiaux necessaires a la formation d'une flore sarde. Deja ce jeune savant a public les deux fascicules que nous aunoncons, et qui ne sont qu'un prodrome d'une flore generate de Tile, au sujet de laquelle on ne possedait que le catalogue tres-incomplet de Piazza, insere en 1767, par Allioni, dans la Flora Pedcmnntana. Ces deux livraisons pre- scntent bcaucoup do plantes nouvelies, et attcstent les connais- sances botaniques du professeur Moris. Son ouvrage sera la premiere flore publiee en Italic d'apres la methode naturelle, que I'auleur a preferee, avec raison, au systeme de Linnee. I <) I . — DcW iiso il pill projicuo degli alheri torti , dijformi c di grnndioso diamctro. — Memoire sur I'utilite des arbres courbes, defectueux et d'un grand diametre, par le marquis de Lascakis. Turin, 1827; imprimerie de Chirio et Mina. In-4°. L'accroissement de la marine sarde, qui compte aujourd'hui plus de deux mille balimcns a plusieiirs mats et vingt rnilie liommes de mer, a fait nailrc chez I'auteur de cet ecrit I'espoir d'ouvrir a I'agricuUure une nouvelle source de prosperite en repandant chez les cultivateurs des notions methodiques et ap- propriecs a leur intelligence, sur les moyens d'appliqucr aux constructions navales les arbres courbes, difformes et d'nn grand diametre, au lieu de les employer uniqnement comme bois de chauffaiie ou de les reduiri; en charbons. La richesse ITALIE. 68, forestiere de Tile da Sardaigne et des possessions continentales de S. M. sarde, suffiraient lout i la fois pour affianchir la ma- rine de rimportation des bois de la Calabre, de la Toscane et de I'Adriatique, et pour rcndre les nations maritimes tribu- taires, en quelque sorte, de I'industrie agricole des sujets de S. M. — !\I. deLascaris, le dernier rejeton d'un princedom le courage et la prudence retarderent la chute del'empired'Orient, n'ignore point qu'une nation eclairee doit puiser ses forces dans le sol sur lequel elle existe; et cet ecrit, comme ceux qu'il a publics precedemnient, tend i\ agrandir les ressources agri- coles de son pays. II atteindra ce but lorsqu'on placera Ta-'ri- culture au rang qu'elle doit occuper dans I'echelle des connais- sances humaines. Cet ouvrage, digne d'etre traduit dans notre langue, est accompagne de plusieurs figures dessinees et li- thographiees par le comte Ponte, sur un calcaire a grains jau- nijtres, nouveilement decouvert dans la province du Mont- f^''''«t- BONAFOUS. 192. — Delle fascintare chirtirgiche e de loro congrai apparec- cln, etc. — Traite tht-orico- pratique des bandages chirurgi- caux et de leurs apparcils, etc. Modene, 1828. i gros vol. petit in-4°, un avec atlas de 45 planches lithographiees. Cet ouvrage contient I'exposition de la methode la plus propre a traiter les maladies exterieures du corps par des nioyens locaux determines. L'utilite d'nne bonne methode d« pansement, en chirurgie, est bien plus grande qu'on ne le pense; tres-soavent , le resultat d'un traitement depend de I'application des appareils cliirurgicaux. Les dilTormites cor- porelles a la suite d'une fracture, d'une luxation on d'une blessureont frOqiiemment pour cause la negligence 011 I'inexpc-- riencedu chirurgieu. Done, si Ton pent trouver renni dans un seul traite lout ce qui a ete ecrit jusqu'ici sur cette ma- tiere, on aura un livre d'une utilite reeile et pratique. Tel est le traite que nous annoncons : I'auteur a fait un choix judicieux des nombreux materiaux qu'il s'est procures, et il a expose son siijet avec ordre et avec clarte. Fossati, i>. m. ^9^- —* Lettere inedite di principi , etc. — Lettre^ inedites de plusieurs princes et hommes celebres, recueillies et publiees par Louis Cibrario. Turin, 1828; Joseph Pic. In-8". Les amis des etudes historiques liront avec interet, dans ce recueil , une lettre de Louis XIV, et une serie de depeches que la duchesse Jeanne-Baptiste de Nemours envoyait au mar- quis de Ferraro, son ambassadeur a Paris, a une epoque ou cette princesse, regente des Etats de son fds Victor Amedee II, etait li vree aux intrigues de sa propre cour et a I'influence toute' T. XL. — Decembrr 1828. /./. 682 LIVRES ETRANGERS. puissante dii gr«rt(^/ roi ct de ses ministres. Ce recueil coniprcnd egalement d'autrcs leltres, jusqu'ici inconniies , dc Redi, d(; Peii'esc, de Paoli , de Metastase, d'Airieii, etc. On Irouve, a la fin d'luie de celles d'Alfieri, qiiclqiies lij^nes dc la comlcsse d'Albany, qui fut, comnie ou sail, la constanfc aniie dii tra- giqiie italieii: c'est d'apres une partie de ses lignes qne I'on a trace Xa fac-simile insere dans le volume. Mais les leltres Ics plus interessantes dc la collection sent sans conlredil celles de Peiresc; elles sont ecrites en italien et adressces particuliere- ment au cardinal Barbarini et a Galilee; elles jettent nn nou- veau jour sur les persecutions qui s'altaclierent a la personne et aux ouvrages du philosophe florentin ; elles suffiraicnt pour faire admirer dans Peiresc un des plus beaux caracteres dont les sciences puisscnt s'honorer dans les tems modcrnes. L'edi- teuv nous apprend qu'elles ont ele copiees a la bibliotheque de Carpentras, et lui ont etc communiquees par M. le comte de Balbe ; nous promettons a M. Cibrario im succes assure, s'il parvient a procurer a ses lectcurs d'autres communications du nieme genre, et surtout s'il est aide dans ses reclierches par im guide aussi sur que le savant distingue que nous venons dc nommer. 194. — De' vizj de' letteratti , etc. — Des defauts des gens de lettres, par M. Joseph Manno. Turin, 1828; Alliana. In 8° de 4'jo p. II parait journellement en Italic une foule depoemes, de dissertations academiques et d'autres ouvrages , « Froids et piiles enfans de pftres sans genie, » dont les auteurs reproduisent de vieux adages et se font im- primer ;^ leurs frais : dans les pays ou la presse est libre d'cu- traves, des productions fugitives du mcme genre peuvent quelquefois, par les sujets qu'elles traitent, interesser les masses et trouver des acheteurs. A ces differences prcs , la manic d'ecrire, que nous envisageons ici comme I'abns d'une profession lionorable, est a peu pres universellement repandiie. M. Manno s'cst attache, dans son livre, a decrire les defauts des gens de lettres: il parle succcssivenient des pedans, des critiques injustes, des ecrivains temeraires, de ceux qui sont trop vieux ou trop jeuncs, des orgueilleux , etc., et cliacun de ces travers lui fournit un chapilre. Son sujct ainsi generalise ne pouvait guere lui offrir que des donnees values et incer- taincs, qui privent son ouvrage d'une partie de I'interet dont 11 etait susceptible. M. Manno critique les pretentions un peu usees des classiques et des romantiques; il se plaint aussi de ITALIE. — ESPAGNE. 683 la vogue qu'ont obtenue de nos jours certaines branches des sciences naturelles , tandisque des objets dignes d'une attention plus serieuse, la legislation penale, par exemple, atlendent encore une reforme. II cite a cet egard les coutumes d'Anglc- terre ; mais les lois criminelles valent-elles niieux dans beau- coup d'autres Etats de I'Europe? et les savans jiirisconsultis ont-ils neglige les recherches et les reclamations? Nous desi- rons que I'auteur complete son travail par un nouvel ouvrage presentant le tableau des vertus et des qualiles quisont insepa- I'ables d'une carriere dans laquelle il a paru lui-nieme avec avantage. II ne lui sera pas difficile de prouver que les honimes les plus eclaires sont aussi en general les plus estimables, quels que soient d'ailleurs les degouls et les chagrins auxquels les exposent la recherche et la defense de la verite. C. R.**. 195. — Priiicipi inorall del tcatro^ etc. — Priucipes moraux du theatre appliques a toutes les sortes de representations dra- matiqnes, par P. Sciiedoni. Modene, 1828. In- 8° de 22G p. Si des ouvrages tels que celui-ci obtenaient quelque succes , les compositions dramatiques deviendraient tres-ennuyeuses, et les theatres seraient bieutot deserts. Allans entendre le pere La Cliaussee , disait Piron en allant au theatre ou Ton jouait une piece de eel auteur. Si M. Schedoni compose des comedies, il imitera I'auteur du Prejuge a la mode , plutot que celui de la Metronianie. II provoque une severe inspection des theatres, et la surveillance des inspecteurs : on lui sail gre de s'etre arrete a ce degre de juridiction morale; car il pouvait aller plus loin, et rendrp tnute nouvcUn representation a pen pres impossible. Ne valait-il pas mieiix aller droit au fait, prouver que les theatres sont une ecole de mauvaises moeurs, un scandale per- manent, et provoquer leur suppression? On s'etonne que ce livre ait ete ecrit en Italic ; il semble qu'on n'aurait du le voir paraitre que dans un pays ou les moeurs seraient encore aus- teres, et ou Ton craindrait de les voir degerterer en s'adoucis- sant. y. ESPAGNE. 196. — Convcnicncia de las associaciones producloras para las ohras de utilidad piiblica , etc. — Avantages des associations productrices pour les entreprises d'utilite publique. IMadrid, 1828. In-S''. L'auteur de ce menioire, don Antonio Prat, examine une question d'economie politique qui pourrait devcnir de la plus haute importance pour I'Espagne, si le gouvernement de ce pays etait dispo.se a en permettre, sinon a en proteger I'appli- 44. r>84 LIVRES ETRANGERS. caiion. II (lemontro la necessitt; d't'tablir dans la Peninsule Ic systeme dt-s societes iiidustiicllt's de rAngleteire pour ouvrir des routes, pour batir des ponls, creuser des canaux, et exc- cuter tous les travaux d'utilite publique. II traite le sojet, sous ses differcns points de vue, avec beaucoiip d'ordre et de clarte. II y developpe des principes tres-dignes d'attention , et il est facile de recontiaitre an style de I'autenr qu'il clierche a. faire passer dans I'esprit de ses conipatriotes la conviction dont il est anime. Apres avoir decrit I'etat deplorable ou se trouvait rAniiicterre, il y a ciiKjiiaiite aiis, a cause de la guerre avec ses colonies, M. A. Prat s'exprime ainsi : « Que fit I'adminis- tratioii britannique pourexeculer en si peu de tems uu si grand iiombre d'eutreprises utiles an commerce ? Rien autre chose que de laisser faire aux iiidividus; die a permis aux grandes et aux pelites fortunes de s'entendre au sujet de leurs besoins respectifs, en leur pretant seulement une protection eclairee et commune a tous les entrepreneurs. » Ces lignes suffisent |ionr indiquer I'esprit du Memoireque nous avons sous les yeux. L'au - teur rappelle aussi les heureux resultats que la France a sn tirer de I'exemple que lui avail doune I'Angleterre; et il passe en revue les entreprises des canaux du Loing , A' Orleans , de Picardic, du Languedoc, etc. « Si Ton lie vcut jamais trailer, dit-il dans un autre endroit de son ouvrage, qu'avec des ac- tiouiiaires opulens, on ne formera en Espagne qu'uu tres-petit nonibre d'associations, le nombre des grands capilalistes y etant tres-borne. Mais si Ton met ces associations a la portee des fortunes les plus iiicdiocres, on en vcrra bienlot un grand Iiombre qui ne manqueront pas d'apporter h I'Espagne les succes qui resulteat toujours de la concurrence et de I'eniu- lation. >> L'auleur presente ensuite les bases sur lesquelles ces associations sont fondees en Anglelerre, et il exhorte eloquem- ment ses conipatriotes a les adopter, eu developpant la supe- riorite des moyens naturels que piesente la Peninsule par sa situation, son climat et son sol. II finit par demontrer que, ])our regenerer ce beau pays, il suffirait d'lmprimer un mouve- inent iudustriel a sa population oisive, en ouvrantde nouveaux debouches aux ptoduits de son travail , au (noyen de commu- nications intericurea dans toutes les directions. P. M. PAYS-BAS. 197. — * Meniotre sur les chan^erncns operes dans i instruc- tion jtublique , drpuis le rcgnc dc V imjiernlrice Marie- T/icrese jusifiia cejour, par M. Raingo, prolesseuraa college de ]VIou}>. PAYS-BAS. 685 Bruxellos , 1827; Hayer , impriiiu'ur cle lAe^adoniie royale. In-4° fie 106 paf^'es. L'Academie de Brnxelles avait mis an concours un inemoire siir la question siiivaiite : < Qticls out ete les changemcns in- trodiiits dans rinstrnction publiqne depiiis le commencement dii regne de Marie - Therese jiisqu'a ce joiir ; quelle a ete I'in- fliience de ces changcmens sifr la propagation des lumieieseii general, et snr la culture des sciences et des lettres en parti- culier?" M. Raingo a remporte le prix; ses Iccteurs croiront volonliers qu'il I'a merite : I'ordre desfaits, la justcssc des ob- servations et la clarte de Texposition ne laissent rien a desirer. Nous ne pouvons neanmoins entrer dans le detail des fails qui, pour etre instructifs, doivent se prescnier dans leur ensemble, laisser decouvrir leur connexion, I'influence du passe sur le present et I'avenir, en depit de toutes les conceptions du ge- nie et de la puissance des gouvcrnemens. Dans un intervalle de trois quarts de siecle, la nation beige a chang/; qiiatre fois d'etat politique, et ses ctablissemens d'instruction publique ont c'prouve encore plus de revolutions. Nous recominandoiis aux partisans des jesuites la lecture du Menioire de j>I. Raingo , pourvu qu'ils soient sinceres ; car , s'ils ne voient dans cet or- dre religieux qu'un instrument de leur faction, il n'est point question do leur donner des avertissemens. Dans les Pays-Bas aussi bien qu'en France, les jesuites ont retardc les progres de i'enseignement, contrarie les projets bienfaisans do rautorite publique, resiste a ses ordonnances aussi long-tems qu'ils Tout pii; et lorsque Tobeissancc est devenue necessaire, !a aiibti- lite des interpretations est venue a leur seconrs. En franchis- sant I'intervalle de terns dont M. Raingo a f;\it I'liistoire, pas- sons a I'etat actucl de I'instruction publique dans le loyaume des Pays-Bus. On n'y a point etabli, comme en Franco, sous Ic nom d'universit(i , uno ferme generale de rinstruction publique, avec sescommisexploitans; le mot iViinivcrsite est rendu a son acception primitive; il designe un ttablissemcnt ou Tod enseignc runiversalile des connaissances humaiiies. Les Pays-Bas pro- prement dits en ont trois; et la Hollande, trois autres. En comparantia population de ce pays a celle de la France, nous aurions seize universites. « L'eiiseignemeut des universitt^s se divise eti qua I re facul- tes : celle de jnris/nudcnri;, celle de nu'dt'ci/ie , rclle des sciences mathematiqurs et pfnxiques , et celle Ac plillosophie specitlath'c etdes lettres. Une faculte de theohgie doit y etre ajoutee, aus- sitot que les circonstances le perraettront, pour les catlioliques romains qui sedestincnt it I'etat ecclesiastique. » 686 LIVRES ETRANGERS. Ijufaculte de theologie , c'est-a-dirc des connaissances rela- tives k la Divinite, peiit-ellc clre classee avec la jurisprudence, la medecine, etc., et nieme avec la philosophic speculative? La theologie n'cst-ello pas essenticllcmcnt commune a toutes les sectcs chreticnnos, et la mcme pour toutis? Et si Ton reunit aux notions generaies et veritabloment flu'ologirjucs une instruc- tion S])eciaie pour line croyance particulicre , est-cc dans iin royaiime protcstant qii'il convii-nt de crecr xm enseij^nement pour les catholiqiics souls, taiidis qu'on ne fait ricn j)our les proteslans? Ces questions sont iniportantes, et il serait bien f.icheux que Ton eut oublie d'y repondre. S'il est vrai , comme le dit Newton , que !e prix des sciences est en raison des ser- vices qu'elles rendent a la morale, on ne pent etre indifferent sur les progres de la theologie digne do ce nom, science qui dcvrait etre repandne partout, au lieu d'etre reservee pour les niinistres d'un culte quin'est pas meme celui de la loajorite des citoyens. Si des questions de conlroverse sont associees aux sublimes notions sur lesquelles se fonde la religion , et par son moyen la morale, ii est clair que I'enseignement n'cst plus du ressort des nniversites, et qu'i! doit etre confine dans les semi- naires. Les cours universitaires doiventetre otiverts a tous les disciples qui sont en etat d'en profiler ; \a f acid te de theologie, telle qu'on veut I'introduire dans I'organisation des universiles des Pays-Bas, ne peut etre considerce comme une division des connaissances humaines; elle serait liors de place, et par cetic seule cause elle nuirail des a present, et plus encore dans I'avenir. Elle opposerait son immobilite aux perfectionucmens les plus desirables ; tandis qu'autour d'elle tout tendrait a croitre et a se coordonner, elle seule persisterait dans son etat et son isolcment. Esperons que les nniversites des Pays - Bas seront prcservees de ce dangcreuxaccroissement. Nos voisins n'ont pas eu peur de I'enseignement du droit iialurel. La langue laline est seule autorisee dans les lecons de leurs nniversites, « exceple pour les cours de litteratures hol- landaise et francaise, de \i\ pratique da droit , des sciences eco- nomiques, et de quelques autres parties a I'egard desquelles il est accorde des dispenses. » On attribuera peut- etre la con- servation de cet ancien usage a I'influence de Texemple des nniversites d'Ailemagne, si dignes ^ d'autres egards de servir dc modele. Chaque faculte n'admet que deux grades, la candidature et Ic doctorat : le vieux mot de bnchelicr , et I'inintelligible mot de licencie ont disparu : cette reforme a plus d'importancc (ju'on ne Ic supposerait ^u premier coup d'oeil; lorsquc les e.xpres- PAYS-BAS. 687 sions deviennent justes, on pent etre assure que les idees se sont reclifioes. On voit que , dans les Pays-Bas, la haute instruction est en etat de prospcrer de plus en plus : examinons raaintenanl ce que Ton a fait pour rinstructiou priinaire. Voyons si Ton a pris assez de precautions pour consolider la base de I'edifice dont nous avons loue les parties les plus remarquables. Dans les provinces meridionales du royaume, I'instruction populaire n'etait pas aussi avancee que dans les provinces du nord : il fallait retablir I'eqnilibre, et consacrer des soins parti- culiers aux lieux qui eprouvaient les plus grands besoins. «Loin derepousser, sous pretexte de religion, les methodes expedi- tives d'enscignement, on les a propagees , etles encouragemens ne leur ont point manque. Une corporation soumise k une regie invariable n'eut point le monopole de I'instruction primaire ; on se tint constamment pret a mettre en usnge les meilleures me- thodes, a niesure queleurs avantages seraient constates; dans les concours entre les instituteurs, les peres de famille sonl preferes, a nierite egal , et dans I'appreciation du merite- les inoeurs sont examinees avec autant de soin que le savoir. » L'e- tablissement et la propagation d'un systeme d'enseignemcnt perfcctionne a tire I'instruction primaire de I'etat deplorable oil I'avaient laissee les gouvcrnemens precedens; I'acquisition des premieres connaissaaces, rendue facile par le moyen de methodes ingenieuses, a permis d'en agrandir le cercle, etd'y introduire les elemens de diverses sciences utiles a tons les su- jets d'un gouvernement constitutionnel. Ces ameliorations , il est vrai , ne se sont introdnites que la ou I'organisation et I'inspection des ecoles ont ete confiees a des personnes capa- bles et bien penetrees des vues du gouvernement ; mais, si quelques choix moins heureux ont empeche certains rameaux de porter leurs fruits, I'arbre n'en a pas moins acquis la plus grande vigueur ; I'emulation generale fait esperer que la seve abondanle en circulera bienlot uniformement, et fertilisera les branches qui jusqu'a present sont restees steriles. » II faut nous arr^ter; I'examen de ce memoire intcressant ct les reflexions qu'il provoque nous conduiraicnt beaucoup trop loin. Heureux habitans des Pays-Bas ! on n'a point refuse a leurs enfaiis le lait salutaire de I'instruction : aujourd'hui, nous y voyons une jeunesse vigoureuse d'inlelligence ; dans son age nnir elle aura sous les yeux une jeuueisc plus forte encore, etplus capable d'enrichir le depot des connaissanceshumaines: il nous faudra de bien grands efforts pour I'atleindre, et mar- cher avec die sur la memo Vv'ne. N. 688 LIVRES ETRANGERS. rgS. — *Pliitarqti.c des Pays-Baa , mi Vies des hnnimes illustrrs de cc royaume , avec cette epigtaphi- : Aux granils boiiinios la patrie reeonnaissante. 2' vol. avec portraits. Bruxelles, 1828; Laurent freres, impr. Mbr., place de Louvain , n" 547- H y auia 4 vol. Prix, 12 flor. Le second volume de cette galerie historique contient , comine le precedent, treize personnages : Egnwiit, fan Dych , Trntnp, Tenters, Guillauine III, Duqucsiwy , Juste-Lipse , Cohorn , Jansenlus , Fan Helmont , Barneveld, Gerai-d Dow iiX Contines. L'article Barncveld est sans contrcdit le niicux fait, le mienx ecrit et le plus interessant ; je le crois meme Ji I'abri de toiite critique fondte. Les av^xcKq'S, Juste- Lipse , Cohorn, Comines et Gerard Doiv meritent h pen pres les memes eloges; mais il n'cn est pas tout-^-fait aiusi de la Notice sur le comte d'Egmont; elle est ecrite d'un style inegal, tanlot beaucoup trop brillante, tantot depoiirvu d'eleganceet d'harnionie, temoin cette phrase; «Elle (Marguerite de Parnie ) ecrivit seulement au roi pour le supplier de vouloir, /30«;- menager sa sante , la decharger du gouvernement penible d'un pays ou d'ailleurs sa dignite nc lui permettait pas dc rester avec un pouvoir si borne , vii celui dont le due paraissait deja invcsti. « — Plusienrs images, qui ne manquent pas de pretention, manqucnt de justesse, cellc-ci parexempie: « Mais le dcspotisnie tient d'une main son sceptre de fer et de I'autre la balance de la justice. » Le despotisme appesaulit son sceptre de fer sur la balance de Themis, a la bonne heure; mais il ne faut pas la lui mettre dans les mains ; elle ne doit jamais lui servir d'attribul. Le clioix des epithetcs n'est pas toujours bon 3 I'epithete d'impetueux ( p. 6 ) ne con- vient pas trop an connetable Anne de Montmorency, que son systeme de temporisation avaitfaitsnrnommer le Fabiusfrancais. D'ailleurs, c'est pour avoir, en quelque sorte , manque d'au- dace , c'est pour n'avoir pas saisi le moment favorable , qu'il echoua dans sa tentative de secourir S.iint-Quenlin. — Le comte d'Egmont etait d'une bravoure incontestable ; mais le proclamer le plus vaillant capitaine d'un siecie qui compte le chevalier Bayard au nombre de sesheros, c'est trop ressom- bler a ce predicattur qui dans chacun de ses panegyriques ne nianquait jamais de considerer le saint du jour conime le plus grand saint dc la legendc. Tout ce que I'auteur avancc sur Granvelle (eveque d'Arras et non d'Ath) est puise dans des sources suspectes ; le cardinal dc Granvelle est une de ces victimes historiques vouees a la haine aveugle de quelques contempoiains, et qu'une plume impartiale se fcra sans doutc PAYS-BAS. 689 un devoir de rehabiliter. Fils d'lin pere distingue par ses em- plois et par ses services , mais d'unc naissance obscure , il eiit contre lui tous les grands seigneurs. Pour le Taciturne, il craignait , il delestait dans Grauvelle riiomme d'Etat habile, toujours en inesure de dejouer ses projets ; Granvelle avait , en outre, le malheur d'etre le consciller dune princesse faible et irresolue; il dut succomber sousl'intrigiie ct la malveillance qui le signalaieut aux protestans comme nn persecutcnr impi- toyable , tandis qu'elles le representaient a Madrid comme un homme dont la faiblesse encourageait les progres de I'heresie. La bibliotheque de Besancon fourmille de pieces officielles , de pieces authentiques qui le justifient pleinenient des repro- ches qu'on ne cesse de lui faire , d'apres les declamations de ses ennemis, avec une legerete inconcevable. Au surplus, le comte de Neny, dans ses Memoires , le traite avec plus de justice. On ne doit pas oublier qu'en faisant admettre le con- cile de Trcnte aux Pays-Bas, Granvelle eut soin de prescrire toutes les reserves qu'exigeaient I'independance du trone. Nous transcrirons sans commcntaire la page suivanle, afin d'indiquer les principes qui dirigent le Plutarque beige : « Oui, sans doute, I'insurrectiou n'elait pas un droit aux yeux de d'Egmont. La tete puissante du Taciturne avait seule bien compris les liens qui unissent les rois aux peuples, et comment on acquerait le droit de les rompre. D'Egmont ne s'otait pas eleve au-dessus de I'education politique qu'il avait du recevoir de son epoquo. On n'approfondissait pas encore les mystercs, les prejuges qui cnvironncnt la royaute ; les esprits se livraient enlierement a I'attaque de ceux de la religion. L'ambition ou la vcngpancc aiguisaient quelquefois un fer regicide, mais pas encore Hans les mains du peuple. Des rois seuls immolaient des rois. Avanl Charles P'', les rois d'Angleterre ne perissaient pas au nom de la nation. D'Egmont naquit dans un terns d'obiiissance aveugle aux monarques, et Philippe II n'eut jamais peut-etre un sujet plus sincere et plus devoue. Par son attachenient k la monarchic, d'Egmont est le miroir de son epoque. » La notice sur Fan Bych fait cnncevoir une idee assez exactc du talent de ce digne emule de Rubens; mais, parmi les anec- dotes qui s'y trouvent rapportees, on est surpris de ne point voir le trait de Van Dyck reparant le dummagc cause par ses camarades i un des chefs-d'oeuvre du maitre. Quant a I'as- sertion que Van Dyck partit precipitamment de Rome , apres avoir jete dans le Tibre les reliquos qu'un cardinal lui avait envoyees en paiement d'uu tableau, son biograph.G 690 LIVRES ETR ANGERS, devrait nous dire sur quelle autorite il I'appuie, d'aulant plus que do son propre avcu pcrsonne jusqu'ici n'nvait parle de cetle circonstance. II est necessaire de relever dans la vie de Tronip quelques inexactitudes; on no pent se montrer trop mintuieusement severe, lorsqu'il s'agit d'ouviages de la naUue de celui-ci. La cliaine d'or que recut Tionip apies sa victoire sur les -Espagnols devant Dunkerque, eu 1^)38, ne lui fut pas envoyce parle cardinal do Richelii»u , mais paries Etats-generaux; c'est du nioins ce qu'assure d'une maniere positive M. Marron dans sa Notice sur I'illustre marin hollandais: Richelieu avail seulcmcnt accompague d'une lettre flatteuse le cordon de Saiut-Michel. Le celebre amiral sous les ordres duqucl scrvit Tromp en qualite de capitaine de fregate ne s'appelait pas Dclwin , mais Hein , vulgairemeut Pit-Hci/i. Je n'aime pas I'expression : en un instant la mer fut couverte de morts et de debris ; le style de I'histoire exige moius d'emphase et plus d'exaclitude. Le coeur des niatc/ots, dc ccux qiiil appela ses eitfans , sera pour lui un monument plus durable que les marhrcs de Delft at une de ces phrases ambitieuse qui ne supportent guere I'analyse. Tromp , si Ton en croit sou biograplie, fut I'limiral le plus brave et le plus Iieureux qu'aicnt jamais eu les Priwinces-Unics : Tun des plus braves sans contrcdit , mais il ne fut pas le plus heureux, putsqu'il eprouva d'asscz frequens echecs. Point d'exageralion dans les eloges, c'est le jnoycn de les r«ndrc flatteurs. On s'apercoit, a plus d'une phrase, que I'aufeur de la notice sur Tcniers n'a pas neglige la Biographie unii'crscllc , et qu'il I'a consultee avcc fruii ; ce n'est pas neanmoius dans cet ou- vrage qu'il a trouve la justification du pen d'eslime que faisait des scenes flamandes Louis XIV habitue aux productions males et sevcres des Coypel, des Lehrun et des Mignard. Los Mignard ( Nicolas et Pierre) ne passent pas, que je sachc, pour avoir une louche severe, mais bien nne louche suave et gracieuse. Pour Coypel (Noel), il manqnait, de meme que son fils Antoine , de correction et de vcrile; jamais les connaisseurs ne les out mis au nonibre des grands maitres de I'ecole francaise. II est douteux que David Tenicrs, le jeune, ait eu pour maitre Adrien Brauwcr; il ne frcquenta, paiait-il, d'autre atelier que celui do son pere. La Notice sur Guillaume III nous arretera quelques instaus ; die offrc dc nombrcuses traces d'une extreme precipitation de travail qui s'annonce , lantot par des expressions impropres ou iieologiques , conime dans ces phrases: La monarcltie proscritc PAYS-BAS. 691 par le protecteur etait rentree de I'cxll ; fcngoitemcnt de la cnur de France, aiij lieu de fe/igotie/iieritPOnR la Coar de France; celte manoeuvre prepara la liberation [deWwiwiCG) des Pro- vinces- Unics ; tantot par dcs erreiirs que de faciles recherchcs aiiraient fait eviter. C'cst ainsi qu'on doniie le nom d'OLiviER Cromwell :\ii fils dii fameux protecteur d'Ani^leterie, tandis que c'etail le protecteur lui-meme qui s'appelait Olivier; son ephcmeresuccesseur etait Richard Cromwell. — Henriette d'An- gleterre , clioisie par la France pour negocier avec Charles II, est designee comme la belle-mere de Louis XIV ; c'etait sa belle-soeur. — II n'y avait point dempereur d'Autriche au xvii^ siecle , nials bien un empereur electif d'AUemagne. Le comte de Monterey ( don Juan Domingo de Zuniga-j-Fon~ seca ) n'etait pas un simple gouverncur de province (p. 121); c'etait le gouverueur general des Pays-Bas catholicjues. — Com- ment peut-il eire vrai de dire ( pag. 128) que Guillaume III ( mort en 1702 , avant les revers de la France ) ait mis au tout- beau, la grandeur gigantcsque de Louis XI F? — Par une reti- cence singuliere, on ne parle point des solns donnes par le grand pensionnaire de "W itt a Teducation du jeunc Guillaume ; on passe egalement sous silence Ic combat livrc par le prince d'Orange au due de Luxembourg, dans le village do Saint-De- nis , au moment ou la paix vonait de se conclure a Nimegae , en 1678, et quoiqu'il en cut connaissance... L'impartialite n'est-elle done plus le premier devoir de I'historien, et doit-il ne presenter ses heros que de profil? On ne dit rien non plus des ennuis que Guillaume eprouva sur le trone d'Angle- terre , et de son projet d'abdiquer, projet constate par la mi- nute autographe du discoursqn'il devait prononcer devant les deux chambres reunies , et qu'on voit encore au musee britan- nique. Nous aurions voulu rctrouver ici un trait charmant et quine fait pas moins d'honneur a I'equite qu'a I'esprit de Guil- laume III : un jeune seigneur anglais, revenu de Versailles, dit que ce qui lui avait semble le plus enrieux a la Cour de Louis XIV, c'etait d'y voir une maitrcsse de soixante ans ( ma- dame de Maintenon) , et un ministre de vingt-deux (Barbe- zieux ). «Cela devait vous api)rendre , jeune homme, repondit Guillaume, que le roi de France pent se passer de I'un et de I'autre. » Le plus grand defaut de cette Notice est de ne pas faire conuaitre asscz le caractcre du personnage auquel elle est consacree , et dont la vie, comme celle de presque tons les am- bitieus, ol'frc a I'ecrivain philosophe , au moraliste, un livre pour ainsi dire en partie double , un livre qui , bien concu , pent fournir matierc a d'utiles medi'ations. Cgi LIVRES ETRANGERS. L'article Duqiicsnoyne donnpr.i lieu qu'^ unc sfliile remarqiio, c'est que le Mannchen piss ( i ) fut decore par Louis X V ( et c'est imeplaisanterie pen dignc d'un grand roi) du cordon d(! Saint- Michel, mais non de la croix de Saint-Louis. Nous ne suivrons pas nos autenrs dans la vie de Junscnius (niorceau remarquable sons le rapport du talent, mais qui manque trop souvent dc cet esprit d'impartialite tonjoiirs si rare, quoique preconise sans cesse ), ni dans la notice sur Van Hilmont , ou les importantes decouvcrtes et Jes erreurs de cet habile chimiste sont discutees avec sagacite ; cela nous jelterait dans des digressions trop longues. Nous en avons dit assez pour mettre nos lecteurs a meme d'apprecier les deux premiers volumes d'une production nationale qui, malgre ses imperfec- tions, n'est pas indigne du public. On regrette seulement que les hommes tie lettresauxquels on la doit ne se soient pas tous egalement identifies avec la maniere de Philippe de Comines. '< Cet historien, dit son biographe , n'affccte point d'etre phi- losophe, moraliste et ecrivaiu politique, mais il est tous les trois a la fois ; il ne donne rien a I'imagination et aux conjec- tures, et dans quelque moment qu'on le prenne , on le trouve froid ( c'est-a-dire de sang-froid ) , grave et impartial, repre- sentant, comme dit Montaigne, un honiine de bon lieu et cleve aux grandes affaires. » Stassart. I yg. — Miscellanea, etc. — Melanges^ par le chevalici' J.-B.- G. Camberian d'Amougies. Gand , 1828 ; Gocsin - Verhaeghe. In-8° de 253 pages. En annoncant , il y a quelquos annees, I'eloge deVan-Eyck, I'inventeur de la peinture a I'luiile , eloge que Taulcnf repro- (luit aujourd'hui (p. gi), nous nous etounions qu'un lionime de sens qui n'est pas condamne a faircdcs vers latins parsouctat ou par le nom qu'il porte ( puisqu'il y a aujourd'hui desjour- uaux assez complaisans pour assurer que le talent de versifier en latin est hereditaire dans ccrtaines families ), poetisat ainsi dans une languc morte, et s'assujetit pour lui seul a exprimer des idues moderiies dans un idiome qui n'etait pas fait pour elles. M. d'Amougies n'a pas tenu compte de nos observations, et le voila qui lance dans le public deux cent quaraute pages lantes que ce raanuel indique, pour servir d'exemples aux generalites qui T. XL. — Deccmbre 1828. 4^ 698 LITRES FRANCAIS. s'ytroiiventexpost-es. Ces figures, dejapubliees dans une antto circonstance, dessinecs parZ^c.vepe et gravees par Taniieti, he Tellier , Racine, et autres artistes, representent divers details relatifs aux plantes qu'on a vonlu faire connaitre aux lecteurs. Francoeuh. 206. — * Traite prntirjuc de chimie , applique aux arts et aux manufactures, a Thyf^iene et a I'economie domestique, par S.-F. Gray; traduit de I'anglais, Gonsideraljlement aug- nienle, et mis en harmonic avec nos besoins, nos usages et yes matieres que nous pouvons employer, par T. Richari>. Paris, 1828; Auselin. 3 vol. in-8° avec cent planches, repre- sentant 379 fig. gravees en taille-douce. L'ouvrage sera com- pose de i3 livraisons de 112 pages et 8 planches chacunej elles paraissent tons Ics 20 jours; prix de chaque livraison, 2 fr. 5o c. L'auteur a consacre une partie de sa vie a visiter les nna- nufactures et les iisines, en Angieterre ct dans d'autres pays; il s'est fait partout simple ouvrier, pour etre plus en etat d'apprecier et d'ap|)lanir les dilficuUes qu'on ret)contre dans I'application des sciences. Ce qui distingue son livre de tons eeux qu'on a publics sur la meme maliore, ce sont les con- naissances pratiques qu'il renferme. II n'a pas eu la pretention d'enseigner les theories scientifiques avec de grands develop- pemens ; ces theories font d'ailleurs I'objet d'un grand nonibre d'excellens ouvrages. C'est la pratiqiie des arts chimi(jues qu'il decrit d'une manlere precise, et dans un langage qui est ft la portee de tons. II a cependant !e soin de placer en tefe de chaque partie de son traite un resume des principes qui en font la base. II fournit ainsi au manufacturier le moyen d'etudier les theories chimiques nccessaires a sou iiidustrie, quoiqu'il n'ait pas approfondi I'etude de la chimie getierale. Si les arts chimiques ne sont pas, en Angieterre , aussi theo- riquement avanoes qii'en France, si les nianufacturiers man- quent sonvent des connaissances elemeulaires les plus impor- tantes, on ne peut nier qu'on ne trouve dans les ateliers d^ ce pays dela metliode dans les operations, beaucoup de precisian et d'economie, et une multitude de procedes simplifies, qui ri-ndent a I'ouvrier son travail plus facile et plus agreable, et a I'entrepreneur son succes plus certain. C'est sous ce point d» vtie (|ue Touvrago de M. Gray doit etre surtout utile aux industriels auxqiieis il s'adresse specialement, puisqu'il les aide ft modifier leurs procedes d'apres ceux que 1 autcur considerc coinmc les meilleurs ; ils y verront sans doute , dans la descrip- tion des gigantesques ateliers des Anglais, ce que peut la SCIE?yrES PHYSIQUES. C,g^ hardiesse jointe a la perseverance et i I'esprit d'ordre pour la I'eussite d'une entrcprise. Cinq livraisons do cct ouvrage sont en vente. — Les deux premieres traitent de la chaleur. M. Gray , apres avoir pose les principes que rexperience a di-mohtre devoir diriger I'em- ploi de cet important agent, en deduit toiites les constructions pyrotechniques employees dans la chimie des manufactures , dans la chimie de laboratoire et dans I'economie donies- tique. On y trouve des donnees precises sur les valeurs rela- tives des divers combustibles, et sur les melanges calorifiques qu'il applique ensiiite aux principes generaux de la construc- tion des fourneaux, dont il donne des descriptions assex detaiilecs pour diriger I'homme le plus etranger aux sciences physiques et chimiques. L'emploi de la vapeur, les calculs de la surface des tuyaux, les sechoirs, les etuves, les thermometres, les lentilles de Par- ker, de Brewster, etc., sont decrits dans la troisieme livraison. La quatrieme contient d'abord un traite de la chaleur specifique ; puis, viennent la comparaison des lampes et des chandelles sous le rapport de la lumiere qu'elles donnent; rek'Ctricite, les paratonnerres, les piles, etc. Le chapitre des balances est traite avec beaucoup de soin. II est vrai que les maiieres traitees dans les livraisons deja publiees offrent peu de choses nouvelles pour les hommes qui se sont occupes de la chimie et de ses applications. Si Ton en excepte .les appareils ingenieux de Hare , de Brewster ct de quelques autres, le reste est bien connu et d'un usage general. Mais le deuxieme volume, qui commeiicera avec la septieme livraison, comprendra, entre autres sujets impor- tans, et apres rexposition de la theorie chimique tres-abrcgee , la ventilation et I'assainissement des maisons particnlieres, des hopitaux, des theatres, des vaisseaux, etc.; I'ingenieux systeme de Ryan pour I'airage des houillieres; les procedes de fabrication des acides, du verre, etc. Ce volume offrira sans doute un grand interet aux industriels par la compa- raison qu'ils pourront faire des precedes anglais et fran- ^ais. Le troisieme volume commencera par le travail des mines, Textraction et l'emploi des metaux ; I'auteur y traite des usages de chaque metal en parlicuiicr , de la fonte des canons, des cloches, des fers, des aciers, etc., et revient, au sujet de chaque art qu'il decrit, sur les fourneaux, les machines, les appareils qui lui sont propres. Les sucres, les savons , les esprits, la poudre, le beurre, les fromages, etc. etc., trouve- 45. 700 LIVRES FRANCA.IS. rout leiir place dans ce volume. Des details lilstoii(|ti('S sur rhaque ait, sur I'etat de eel art clicz les anciens, ct sur Ics (lerouvertes qui lui out donne naissance, rendent I'onvrage plus interessant encore. Nous avons rcmarque quo I'auteui' decrit tons les sysfemes, tous les precedes fort en detail , lots nienie qu'il les condamne, el que co n'est qu'apres avoir mis le lectenr en elat de les app'.iquer lui-meme, qu'il entreprcnd d'y subsliluer d'autres procedes qu'il ]uge meilleurs. Nous ap])rouvons fort cette nianiere d'etablir iin parallele entre ks «!ivers procedes de I'industrie, et nous esperons que le Ii'aducteur , tout en remplissant sa promesse de mettre I'ouvrage en liarnionie avec iios besoins, nc fiegligera pas I'exeniple que lui donne son auteur, ct qu'il ne relranchera aucune parlie de I'ouvi-age de M. Gray, quelque defeciueuse ou futile qu'elle lui paraisse. 207. — Tableaux synaptiqiics , on Abrege des caracleres chiniiques des bases salifiabies ; par MM. Ed. Laugier et A. iie Kbamkr. Palis, 1828; Dondey - Dupre. In-8" de 20 pages et luiit tableaux; prix, 2 fr. 5o c. Au moycn de huit reactifs qu'on pent se procurer facile- inent et a peu de frais, les auteurs apprennent a reconnaitre les caracleres de qnarantc- cinq bases salifiabies. La seule con- tlition necessaire, c'est d'obtenir ces bases en dissolution; on les traite alorspar les reactifs. Les changemens, les preeipites for- mes soiit indiques dans les huit tableaux , dont chacun preseiite Taction de Fun des reactifs. On doit savoir gre aitx jeimes au- teurs d'avoir ainsi classe les resullats cpi'ils out oblenus. Dans tine science qui euibrasse autant de fails que la chimie, les ta- bleaux sunt dun grand sccours pour les etudians. H. DUSSARD. 208. — Nosographip organiqiie, par F. - G. Boisseau, p.m. p., etc. T. 1". Paris, 1828; Bailliere. In-8° de 684 pages; prix, 5 fiancs. 11 y a I'.ne douzaine d'aimees , on admetlail qu'outie les maladies particulieres a chacun de nos organcs, il en existait de generales oix Teconomie tout entiere etait inleressei? ; lors- qu'elles avaient eu ime terminaison funcste, si Ton trouvait des alterations dans la texture, dans la consistance de certaines parlies, on ne regard.iit ces lesions que coinme lui simple effet, un restdtatde la maladie elle - nicme, quoiqn'e'les pussent de- veiiira leur tour cause d'aecidens secondaires. Dej)uis cette ejjoque, un changemenl nfitable se (it dans la medecine , lors- que M. Broussais eut appi is a donner une juste importance a ces affections locales, cut montre qu'ellcs elaient la source dc SCIENCKS PHYSIQUES. 701 la plupart des sympfomcs qui alors ab^orbaiont toute Tatifn- tiori, cl fait voif (ju'ellcs ex'nj;f;aif;(it qu'ori Icur applirpidt un traitcmeiit spf'cial. .'Mais pliiiicur-> trio d'irnagiuation , M. Boissfau est cependant force d'avouer [ pa'^e 217 J que, pour Tesiomac. parexemple, f[ui est le plus important des or^anes dont il ait traite, il y a impossibilite de classer les differentcs nuances rie la phlej^masie autrement que d'apres les symplomes rpii les ca- racterisent, et rju'on ne pent le faire d'apres les traces quelle laisse siir le cadavre. On voit que I'etude des symptornes est loin, fjuoi qu'on eii disc, d'avoir perdu de sa valcir, etrjue les alterations matericlles, quelque bien etudiees qu'elles soient maintenant, ne peuvent encore servir de base a la distinction de cette reunion de phenomenes auxquels il faut bien conli- nuer de donner le nom de maladies. Cet ouvrage est ecrit d'un ton do^'matique ct senlcncieux ; et I'auteur, r]ue de njcilleiires productio 'js avaient fait con,- 70J LITRES FRANCAIS. naiue d'une nianieie avaiilageiise , n'y epargiie pas les iiupn- tations contre Ics rredecins qui se dirigent dans leur praticjtie d'apres d'autres principes que les siens. 'RiGOl/LOT ^ /i/s , D. M. 209. — * Rapport general stir Ics travaux dii Conseilde salii- brite , pendant I'annre 1827. Paris, 1828 ; au bureau du Re- cueil industriil , manufacturier ct des beaur-arts , rueTailbout, n° 6. In-4'' de 40 pa^es. L'indication rapide des objets traites dans ce rapport suffira pour faire apprecier leur utilite; ct sans dniite i'institution du conseil de Sidubrite , que loutes nos yrandes villes devraieut s'approprier, agrandira encore la noble tache qui lui est con- fiec, maintenant que Ic nouveau magistral place a la tete de la police de Paris, veut fortement rendre a la police, qui etait devenue Tignoble instrument des passions et des paiti'; poli- tiques, sa veritable et honorable destination, la surveillance de tout ce qui interesse la surete , la propriete , la saute et la nioralite publiqucs. i" L'etat des vacheries a Paris et dans les environs a fixe I'attention des membres du conseil. Celles (]ui sont etablies dans I'interieur de la ville se sout sensiblenient ameliorees ; celles de la banlieue sont loin d'etre aussi satis- faisantes. Pour obvier a I'inconvenient que presente I'alteralion du lait , de jour en jour plus general, et qui provient , soil du mauvais etat des vacheries, soitdu melange de I'eau ou d'autres matieres avec le lait , le Conseil propose d'encourager I'eta- blissement de vacheries plus nombreuses et plus considerables dans la capitale , et de soumettre h la surveillance de I'admi- nistration celles des environs. — 1" L'assainissement des bou- levards cxterieurs est aussi d'une grande importance pour la population parisienne. Les fosses qui les bordeut, remplis par les eaux venues des communes environnanles , deviennent des cloaques d'infection fort nuisibles a la sante publique. Ces fosses, versant souvcnt leur trop-plein jusque dans I'interieur de Paris, remplissent le grand egout, et causent des inon- dations dans les caves des rues voisines. Le Conseil , tant pour l'assainissement des boulevards, que pour I'tcoulement des eaux pluviales dans les communes , propose de ceindre hs boulevards exterieurs d'un vaste fosse pave dans son fond , et affectant des direclions varices suivant des pentes naturelles , prises des divers points culminans, et se dirigeant ensuile jus- qu'a la Seine, a travers la plaine Saint-Denis d'un cote , et do I'aulre jusqu'au ru de Montfort, d'oii les eaux arriveraient nussi a ce fleuve. — 3° Le Conseil donne des moyens de surete simples et faciles pour prevenir les incendies, auxquels pour- SCIENCES PHYSIQUES. 70^ j-ait exposer I'emploi du ^az pour reclairajj;e. — {\° Mortalite dans la capitate. II resiille dcs tableaux lus sublime enseignement! >> Voyons maintenant quelle a ele la sage reserve (In depute. « Quehpies personncs dont j'estimo les intentions ont paru desirer que jc presente des considerations relatives a I'etat po- litique de la France; il m'est impossible d'acceder a ce veeu. SCIENCES PHYSIQUES. 7o5 Chaqiie fois que je paraitrai devant la jeunesse sUidieuse, meme accoinpaguce de citoyens de tout age, je ne serai que piofesseur. Si rues concitoyens m'estimeut assea pour me con- lier la defense de quelqnes-ims de lenrs droits publics on prives , j accepterai feur niissiou, en m'cn'orearit de la remplir selon nies faibles moyens ; niais anjourd'luii , mais eu votre presence, je ue puis exprinier d'autre idee politique que mes vceux pour la gloire et nion espoir ji(nu- le bonheur et la sta- bilite denotre monarchie constitution nelle : je uc puis exprimer que mon respect sans bornes pour la majeste du roi qui nous gouverne , et pour la bienveillance eclairee de Ms'' ie Dauphin , qui n'a pas dedaigne de m'expriuier de vive voix avec quel plaisir il apprenait que renseignement de la classe ouvrierc prepare un peuple chaque jour phis instruit, et par ia plus sage et plus illustre. » A Castres, des considerations politiqnes et morales etaient a leur place, en raison de quelques circonstances locales; M. Dupin I'a bien senti. « Si IVIs'' i'archeveque d'Alby n'avait pas (111 retourner a sa ville nietropolitaiue, il cut eu pour les ouvriers de Castres la meiuebonleque pour les ouvriers d'Alby; il ent assistii a rouverlure de votre cours avec autant de biea- veillance qu'au cours professe poiu' les Albigcois. La ])resence de ce venerable prelat cut ete pour vous le plus noble encou- ragement. Vous serez du moins heureux d'apjirendre les vceux ipi'il forme pour votre instruclion. Les benediciions de cet autre Cheverus ne vous seroiit pas moins prosperes que ne I'ont ete pour vos emules celles de I'illustre pontile de Mon- tauban et de Bordeaux , qui sait etre , comme I'archeveque d'Alby, le pasteur des calholiques et le peie des protestans. » Des applaudissemens unanimes et prolonges ont prouve que I'orateur avail exprime la veritable opinion publique, et que, dans le midi de la France, comme aux Etats-Unis d'Amerique , la diversite des croyances religieuses ne Iroublerait pas I'union des citoyens, si des honuiies qui exp' >itent a leiu- profit les discordes civiles ne prenaient soin d'alimenter et de pcrpetuer les haiiies entre les calholiques et les protestans. Ces hommes ont suscite a M. Dupin quelques ennemis dans le departement du Tarn , tandis que les juurnaux de la faction le ealunuiiaient. Qu'il se resigne : quo! qu'il fasse , certaines gens interpreteront a mal toiites ses actions. Il en fut ainsi de J. J. Rousseau , que ses enncmis accusaient egalement pour des faits o|>poses : ^'iljait inumofte : ah le cafardl S'il la refuse : eh bien , vuila cet huinine qui preche la blenfaisance. Telle est la tacticiue ordinaire de I'esprit de parti et de I'esprit de sccle, egalement injustes, intolerans et prodigues de diffamations et de caloinnios. 7o6 LIVRES FRANCALS. 112. — * Encyclopedic pnpidn'.rc , public'e par M. Audot. [Foyez, sur cette collection, le tome xxxvi , p. 717, et le tome XXXVIII , p. 729). — M. Audot a joint los traites siiivans a ccux dont nous avons public la notice. — Geometrie des vuvriers, ou application de la regie de I't-qneire et du compas a la solu- tion dcs problcmosde geometric; par E. Martin, professeur de sciences physiques. Un volume de 108 pages, et 2 planches. 2 1 3. — * Nations clenwntaircs de perspective Uneaire , et tlieorie des ombres; par M. G.-T. Richard. 76 pag. , et 2 planches. 21 4- -— -^rt de I'ornenianiste , du stucatcur , du carreteur en paves de mosa'ique , et du decorateur en divers genres ; par M*'*. 1 12 pages, et une planche. 2 1 5. — ^rt du vitrier. 102 pages et une planche. a 1 6. — Art de la peinturc en bdtimens et des decors , y com- pris le badigeon et la tentiire des papiers; par M. Doublette- Desbois, peiiilre-vitrier, et redige par M. ***. 2 vol. 208 pag., ct 2 planches. 217. — * Art du clinuffage domes tique et de la cuisson t'cono- miquc des alintens ; par M. Pelouze. Deuxieine edition, avec 3 planches gravees. ( Voy. pour \a. premiere edition , le t.xxxviii, pag. 729.) Paris, 1828. Audot; prix , i fr. chaque volume. Les deux premiers ouvrages, quoique tres-abreges, sont tres-clairs ; les lecteurs auxquels ils sont destines les compren- dront facilement, et pourront faire I'apjjlicalion dc ce qu'ils auront appris. — Les autres traites ne sont pas nioins soignes , ct n'etaient peut-etre pas moins dilficiles a bien faire : c'est dans la description des procedes des arts que la necessite d'etre court est plus incommode , que Ton eprouve le plus imperieu- sement le besoin de multiplier les details : le redacteur ano- nyme de ces quatre petits volumes y a mis beaucoup de ehoses ; il a su se mettrc a la portee de ses lecteurs; et cettes ses ecrits nc sont pas trop longs. F. a 18. — Geometric du compas ^ par L. Mascheroni ; traduite de I'italien, par A.-M. Curette. Deuxieme edition. Paris, 1828; Bachelier. In-8° de 872 pages, avcc i4 planches; prix , 6 fr. Il est pen de personnes, parmi celles qui n'ont point fait une «itude speciale des mathcmatiques, qui puissent se former une idee juste de I'objet de ce livre; il est done nccessaire de defi- nir la geometrie du compas. C'est celle qui a pour objet de de- terminer, a I'aide du compas sculement ,ii[. sans le secours de la regie, la position des points qu'on desire connaitre. Ces re- cherches, dont les resultats pourraient au premier abord ne paraitre que de vcritables toins de force scientifiques , out ce- t)endunt une ulililc fort reelle. En elfet, quand, dans la pra- SCIENCES PHYSIQUES. 707 tiqtie, il serait necessaire de decrire des lignesavec une grande precision, il est presque impossible de parveiiir h les tracer riL,'oiireusement droites dans toute leur longueur; on ne pent done point compter stir Texactitude de leurs intersections , ni par consequent sur celle des points dont ces intersections de- terminent le lieu. Or, comme on s'appuie sur ces points pour en determiner de noiiveaux, on concoit que Ics erreurs vont sans cesse s'accumulant, et qii'on arrive a des resultats graphi- ques souventfort eioignes de la verite. L'utiage du compas seul remedie souvent a ces inconveniens graves et trop bien connus par les ingenieurs de toutes les classes. C'est done plus parti- culierementa eux que celivre convient. lis y trouveront la so- lution graphique de 277 problemes qu'ils pourront souvent appliquer a leurs travaux. Sans doute il en est un certain nom- bre qui sont deja bien connus ; mais il en est d'autrcs assez cyrieux pour interesser nieme ceux qui par gout on par profes- sion ontpu se livrer a ce genre de recherches. T. Richard. iig. — Essdi pratique sur I' art du briqiuller an. charbon de tcrre ; d'apres les procedes en usage dans le dtpartement du Nord et dans la Belgique, jiar M. J.-F. Clere, ingenieur en chef an corps royal des mines. Paris, 1828; Carilian-Goeury. In-8° de 188 p.; prix, 4 f'"- 5o c. L'usage des briques est destine a devenir plus general qu'il ue Test actuellement en France, et le livre de M. Clerc rendra d'autanl plus de services, que, I'exploitation de la houiUe prenant tous les jours plus d'extension, on pourra ctablir des briqueleries dans des lieux ou , jusqu'a present, il n'avait pas ete possible de le faire a cause de la cherte du combustible. L'auteur divi^e son livre en cinq chapitres : 1° choix et prepa- ration de la lerre; 2" de la fabrication ou du moulage; 3*^ de la dessiccation ; 4° de la cnisson; 5" observations sur le com- bustible. Chacun de ces chapitres est traite avec clarte el exactitude. L'ouvrage est termine par un Appendice presenlant un apercu des depenses qu'occasione une briqueterie, et les beneQces presumes qu'elle pent rendre a son proprietaire dans le departement du Nord. Ceux qui veulent etablir en grand cette fabrication, liront avec inleret le livre de M. Clere; lis y trouveront des renseignemens piecieux. A. Ferry. 220. — Manuel complet du marchand papetier et du regleur ; par MM. Julia de Fontenelle et P. PoissoN. Paris, 1828; Koret. In-i8 de x et 404 pages, avec planches; prix, 3 fr. Cet ouvrage, dont I'acquisition est indispensable pour les manufacturiers et les marchands de papier, peut encore etre jitileala classedesconsommateurs.Les auteurs out su faire entrer 7o8 LIVRES FRANCAIS. tlans leiir cadre une infinite de ronseij^nemens cuiieiix el dc de- tails instnictifs qu'oii rencontre seulenient dans iin traite coni- plet snr cette bianche d'industiie et qu'on est bleu aise de connaitie, quelque eiranger qu'on soil d'jiilleurs a cette partie. II nous sufRia d'exposer en pen de mots lo somniaire des ma- tieres contenues dans ce volume, pour donner une idee de tout ce qui sc rattaclic a la profession du fabricant de papier. La premiere partie dc I'ouvrage traite du papier, de scs dilferentes qualites, et du parchemiii; il de Tentliousiasme qu'excite aujourd'hiii la decouverte de quelque machine qui reduit mille bras a I'oisivele, mille estomacs a la faim , j'avoue que je suis pres de jiarlager juscfu'a un cer- tain point I'avis et les craintes de M. Bidaut, et qu'il me parait plus utile d'appliquer a I'agriculture, a la production des ma- tieresalimentaircs, cette ardeurd'inventton qniseporte presque exclusivemcnt sur la transformation des matieres premieres. Pilais je me hate d'ajouter que toute mesuie qui tenclrait a en- traver la liberie que chacun a de dirigcr son Industrie con}me il lui plait, serait injuste et tyrannique, et tout-a-fait inutile. Cherchons done ailleurs les moycns d'etelndrc la mendicite qu'uu lei etat de choses coutribue a accroilre, M. Bidaut pro- pose les mesurcs suivanles : « La colonisation et le defriche- enenl de nos tcrrcs incultes par des pauvres valides auxquols SCIENCES MORALES. 7^3 on ferait des avauces necessaiics (i); la division des grands fermages;.... I'oiiverture d'asiles siiffisaus pour Ics individus atteints de nianx irrcmediables; retablissemcnt d'atelicrs per- - mancns pour les pauvres valides; la multiplication des socieles philantropiquc's de secours niiitueis; la surveillance rigourense des cabarets, des guingueties et des autre", lieux ou le petiple se corrompt, se ruine et s'enerve; la repression severe des ban- queroutes; la suppression de la loterie; enfin la defense ex- presse des quotes abusives du elcrge nomade, sous qnelque forme qu'ellesse presentent, quetes qui eulevenl aux pastcurs des paroisses les moyens de secourir les pauvres, dont eux seuls connaissent les besoins. » — Notre auteiir distingue trois sortes de mendians : ceiix qui ne peuvent pas travailler; ceux qui le pourraient, mais ne le veulent pas; ceux enfin (|ui,le pouvant et le desirant, ne trouvent pas d'occupations. II pro- pose, pour les premiers, i'etablissement d'asiles ou Holels- Dieu. II se plaint du luxe avec lequel sont bafis et aduiinistres ceux qui existent, et surtout ceux des grandes villes. On ne peut, il est vrai, imposer telle ou telle condition a la bienfai- sance des fondateurs, et une pensee de vanite se niele sou- vent a une pensee genereuse; mais, lorsque le gouverncment ou les administrations departemenlales ou mnnicipales font les frals de ces fondations, on peut el on doit desirer qu'ils atta- chent moins d'importance a I'elegance de rarcliilecture ; qu'ils eherclicnt a rendre la distribution interieure phis salubre et plus commode, et les sallessusceptibles de reeevoirun plus grand nombre de malades et d'inlirmes, etc. Ces elablissemeus de- viendraient alors plus utiles et nioins couteux. — M. Bidaut de- mande, poiu- la seconde classe de mendians , la creation d'ate- liers de prevoyance etablis dans cliaque departemcnt, et qui seraient, suivant les dispositions morales des iurlividus , des hospices ou des maisons de reclusion. Il serait facile fl'obliger les mendians a travailler, en employaut les moyens usiles dans les prisons des Etats-Unis. L'utilite de ces maisons de travail ne parait point douteuse, et sans elles, il serait peut-etre im- possible de parvenir a eteindre entierement la mendicite. — (i) M. d'H.vussEZ, prefet de la Gironde,a qui la ville de Bordeaux doit des mesures aussi sages que bienfaisanlcs pour I'extinction de la mendicite, (voy. Hif. Enc. , t.xxxvir , p. 772) avait teiite ce inoycD' pour le defriciiement des landes, pendant ia conrte administration dans ce dejjartement. On regrette que les plans de cet habile admi- nistrateur aient ete abandonnes par ses succesbcurs, et que cctlc utile pensee soil reside a jicu pres sans rcsultat. 7^4 LIVRES FRANCAIS. Enfin, pour la troisieine classe de mendians, I'aiitciir proposri do les employer a des travaux d'litilite publiqiie, tels que la reparation des routes, le dcssecheinenl des niarais, le defri- chement des landes. II croit aussi qu'il serait utile, dans le mo- ment actuel , de former dans les grandes villes des comriiunanles libres, espeee de couvens industriels, ou une administration commune diininuerait les frais de subsistanee de cliacun. Cette brochure, inspiree par un amour vif et eclaire du bien public, merite d'etre iue et consultee par tous ecux qui s'occupent de I'injportante question qu'elle traite. A. P. 236. — * Dc r instruction de I'armee , ct des moyens de Vy re- j)nndri:. Paris , 1828 ; Ansclin. In-S" de Sa pag.; prix , i fr. 5o c. L'aufeur de cette brochure nous revele un fait bien affli- }j;eant. L'obscurantisme est une maladie tellement contagiense, qu'elle s'est repandue meme dans nos armees , et que des of- liciers osent soutenir qu'il ne faut point instruire le soldat , et que le sous-officier ne doit savoir que ce qui est rigoureuse- ment necessaire pour le service dont il est charge. II ne nian- querait pins a cette education prise en sens conlraire , que de travailler a fausser I'intelligence, ii midtiplier les prejuges, a frapper d'intcrdit tout bon usage de la raison. L'auteur n'est point de cet avis : il affirme que le soldat inslruit ne sera ni moins docile, ni moins brave que I'ignorant, et qu'il s'acquit- tcra mieux de ses devoirs quels qu'ils soient. II demande des ecoles regimentaires qui couteraient peu , el rendraient plus de services qu'une ecole speoialc pour les sous-officiers : il suit le soldat jusqu'au bout de sa carriere niilitaire s'il ne la quitte point, et dans la vie civile lorsqu'il veut y rentrer, et fait voir que, dans ces positions diverses , le savoir est toujonrs utile a rhomme qui le possede. Il demande que Ton encourage les ecoles d'euseignement mutuel que certains corps ont con- .servees en di'pit de I'ancienne administration de la guerre , et que celles que I'obscurantisme a fait supprimer soient re- lablies. Portant ses regards un peu plus haut, l'auteur les arrele sur I'ecole militaire de Saint-Cyr. Ici I'obseurite commence, et des hommes egalement jaloux de la gloire de nosarn)es, ega- lement attaches a leur patrie et i ses institutions, peuventetre d'avis tres-opposes. La question est beaucoup plus co.mpliquee qu'on ne limagine , et ne pent guere etre resolue isolement , comme on a I'habitude de la poser. Le malaise que I'armee epiouve, et qui semble en alterer I'esprit , lient a des causes plus graves et fondamentales; son organisation, ses lois , ses n^axinies ne sent point en harmonie avec le teste du corps SCIENCES MORALES. 72^ social. Si cetle observation est vraie, ce sera vainement que I'on nuiltipliera les ordonnances et les lois sur quelques details ; le vice radical subsistera toujours, et produira ses funestes effets. II ne s'agit done point d'examiner si I'auteur a bien re- sohi la question qu'il s'est proposee, inais de savoir s'il est terns de s'en occuper. Lorsqu'iine statue de bronze duit etre refondue et recevoir une forme toute nouvelie, les dissertations sur quelqne partie de sa forme actuelle sont tout-a-fait super- flues. — L'auteur de celte brochure est a la fois un bon francais et un militaire judicieux; ses intentions sont pures , ses vues constamment dirigees vers le bonheur et la gioire de iapatric; il expose ses idees avec ciarte , dans un style dont la noble simplicite convient parfaitement au sujet qu'il traite : il a raison si I'armee francaise doit conserver son organisation actuelle : dans le cas contraire , on ne peut savoir s'il aui-ait tort. N. 237. — * La Russie , ou coup d'oeil sur la situation actuelle de cet empire; par M. Niellon Gilbert. Paris, 1828; Mesnier. In-S" de 200 pages; prix , 4 fr. Tous les regards sont aujourd'hni fixes sur la Russie; on se demande quels sont ses projets, quels sont ses moyens de les execute r. La reponse a la premiere question est facile: le partage de la Pologne, I'envahissement progressif des bords de la mer Noire, I'existence d'une immense armee, disent assez sur quelle route marche le cabinet de Petersbourg. On peut voir dans d'autres nations de grandes families dont I'organisation tend au developpemeut de toutes les ameliora- tions sociales , et dont les progres intercssent I'humanite tout entiere. Le penple russe ne s'est jusqu'ici ])resentc' que comme un grand instrument qu'on ne perfeclionne que pour en rendre Taction redou table ci I'exterieur. \A est le secret de la puis- sance des Russes; mais la est aussi celui de leur faiblesse; une seule guerre maliieureuse pourrait detruire pour un demi-siecle leur puissance maritime, et si leurs armees venaient se faire battre a une exiremite de I'Europe, avant que I'empire se fut releve, la Pologne aurait le tems de se reconstituer, et I'Europe d'accunnder les garanties beaucoup trop oubliees de sa securite. L'ouvrage de M. Niellon Gilbert contient une foule de docu- mens positifs sur la situation actuelle el sur I'organisation in- terieure de I'empire russe, et les paroles qui precedent en sont a peu pres le resume. Un long sejour dans le pays, de fre- quens voyages sur ses principaux points, ont mis l'auteur a nicme d'apprecier combien I'intervenfion de la Russie dans les r%G LIVRES FRANCAIS. affaires tie rEunipe pent otre h craindre. Cc que rapporte I'aii- tciir de I'etat des finances, de rinconcevahle activito do police qsie necessite Tesprit doiit la noblesse est animee, la disposition aiix revolutious de palaisqiii trouble Ics alenlours du Irone des czars, prouve combien est pen desirable pour les gouverne- inens conime pour les particuiicrs Teli'- nation qui sc fonde sur rab.iissenient des autres. II est juste de dire qu'aux louables efforts que fait souvent le gouveniement pour relevcr les points les plus interessans de son territoire, on voit qu'il est penetre de cetle vei ite. Un grand probleme est aujourd'hui pose : il s'agit de mesurer les forces agressives de la Russie, de les comparer aux moyens de defense de la Turquie, et de calculer quand et comment doit finir la lutte engagce entre elles. L'ouvrage que nous annoncons a pour objet d'eclaircir une partie de cette question. La solution commence a se degager avec assez de clarte, pour que I'Europe reflechisse aux moyens de prevtnir le retour d'une lutte dont \\n des resultats possibles serait de mettre pour long-tems son I'cpos a la discretion de la puissance la moins civilisee de la Chretien te. J. J. B. 238. — * L'art de verifier les dates , depuis Cannee I'j'jojiis- fjit'ci nos jnurs y foVmaul la continuation ou troisieme partie de l'ouvrage public sous ce nom par les reJigieux betiedictins de la congregation de Saint-Maur. Tome xi et vii. Paris, i8a8; Ambroise Dnpont. 2. vol. in-8° de SaS et /17G pages. Prix du vol., 7 francs. Nous avons annonce les huit volumes deja publics de cot important ouvrage. (Vo|'. Rec. Enc. , torn, xxxii, j). 174; t. xxxiii, p. 23/|, et t. xxxvii, p. 201.) Les deux volumes qui viennent de paraitre contiennent la continualion de la clironologie historirjiie du Chili, la chronologie de l' et lenr capitaine Ivan , « centaure sin- gulierement redoutable aux dame - jcannes d'Israel , dont il fait un portrait fort original. Les observations du prisonnier voyageurse portent ensuite sur la Volhynie , la Podolie et les gouvernemens de Tzernikow, de Kiew , de Koursk, de Voro- netz et de Poltava. Pour donner une idee de sa maniere d'e- crire, nous citerons les principaux fragmens du chapitre ou il est question des juifs de la Pologne. Ce morceau, ainsi que plusieurs aiitres , nous a paru digne d'alteution. Mais on ne doit point perdrede vue que ces observations trop geueralisees, et peut-etre aussi empreintes d'animosite, se rapportent aux juifs de Pologne, traites avec rigueur par la loi du pays, moins avances en civilisation que leurs co-religionaires de I'occident de I'Europe , et dont nos soldats eurent beaucoup a se plaindre pendant la desastreilse retraite de 1812. « Des Juifs. Debris flottans que I'orage ballotte et ne peut submerger ;... cosmopolites insinuans, sanguinaires, enerves , les Juifs fleurissent surtout aux lieux ou la guerre, I'esclavage et le despotisme concourent a di'gradcr les hommes. Quand I'Europe etait barbare , ils etaient ce qu'ils sont aujourd'hui : a present qu'elle est civilisee, ils sont encore ce rpi'ils etaient autrefois. Stationnaires et garrottes a jamais par de folles su- perstitions, ils resistent awx idees nouvelles , appuyes sur ce qu'il y a de plus fort parmi les hommes , je veux dire sur une religion legislative. — Les Juifs ne sont citoyens nulle part ( I'auteur se trompe ici ; les Juifs jouissent en France de tons les droits civils et politiques ) ; ils ne sympathisent avec aucune nation de la terrc; les plus grandes calaniitcs, quand elles ne les touchent point, ne sont a lours yeiix qu'un spectacle; et comme ils ne tiennent ni au sol , ni aux moeurs, ni aux lois , mais seulement a I'argent, ils fuient devant I'orage, lepa- raissent avec le vainqucur, et procedent froidement a I'agran- dissenient de leur fortune au milieu des cadavres et des ruines. — Ceux que la Pologne uourrit portent en ete une soutane etroite d'une etoffe rase et luisante ; en hiver, un bonnet de velours assez semblable a un epais turban, el une robe foiuree que serre autour d'eux une ceinture de laine rouge , com- 47- 73a LIVRES FRINCAIS. poscnt tout lour habillcmcnt. lis laisscnt croilro et flottcr lour barbc t;t Icurs choveux. Une grando niaigrcur, lusienrs fois I'occasion de signaler a leur attention ; enfin le dernier, Beige de nation, nous promet des vers aussi harmo- nieux que son nom parait peu poetique. N'oublions pas Be- ranger, a cote duquel I'editeur, comme pour offrir unconlraste frappant entre les productions franches et naturelles de I'an- cienne ecole, et les essais informes d'une Muse batarde qui pretend la detroner , a place le nom d'un jeune poete que cette meme Muse s'empresse dc'ja de rt'inidier aujourd'hui, comme elle le fait dc tous ceux dont elle preconise trop legeremJmt a I'avancc le merite , et quelle abandonee prudemment apres le combat. M. Louis, editeur du Chansonnicr des Graces, profitant de la defection des autres recueils , lels que le Noiti'cau Caveati , les Saiipers de Monius, etc., a reuni aux jeunes adeptes qui enri- chissaient annueilcment son volume de leurs aimables produc- tions, les anciens souteneurs de la gaiete franfaisc, qui etaient dej"; venus quelquefois fraterniser avec cux. Le verrc ou la lyre a la main , courounes de pampre ou de roses, chacun, dans ce uouveau concours, a voulu payer son tribut i\ la divinite de sonclioix: Bacchus ctrAmour, Comus et les Graces, ont re^u LITTiLRATUPtE. 737 tlfs hommages multiplies, et Moinus, agitant au milieu d'eux ses grelots, a rcpete sncc(3ssiveraent avecles aiiteurs des refrains malins ou gracieux. Tout pres tie MM. Beranger, Arnault^ Joseph Pain, Brazier, Siinorinin , Otirry, Dussaulchoix , el sous un iniime drapoau portaiit pour devise les mots independancc et gaite , sont venus se grouper MM. Panicle Koch, Cainille , Terrasson , Edouard Nevcii, Leon Diisillct , Blanc Sugerel , Ad. dc La Villctle , Jacinthc Laclere , Hippolrte - Louis Gtierin , Dubois-Davtsne , Crcuze de Lessert, etc. ; et ils ont iuscrit leurs iioms au bas d'ime vingtaiue de pieces que Ton pourrait citer comme des modeles dans ies differens genres de poesie lyrique cultives aujourd'hui. Une seule piece peut-etre, celle de la pat;e85, paraitra deplacee dans un recueil specialement con- sacre aux Graces , nous serions portes k croire qu'elle s'y est giissee par surprise, si nous ne savious pas quel soin tout par- liculier I'editeur apporte a sa ledacliou. D'un autre cote, il a donne Irop de preuves de bon gout pour que nous n'ajoutions pas I'exprcssiou du doute a I'observation que nous lui soumet- tons ici. Nous avons insiste plus haul sur la perfection des gravures des Annalcs romantiques de celte annee ; nous croyons nous rappeler les avoir deja vues dans un joli recueil anglais , inti- tule : Forget me not. M. Louis Janet , en les transportant dans le sien, les a fait accompagner de pieces en prose ou en vers destinees a en expliquer le sujet , et pariui lesquelles nous avons distingue VEcolicr en retard , espeee de ballade due a M. Denne- Baron et pleine de verve et d'originalite. Nous avons aussi lemarque la Fete-Dieu, par M. Brault (voy. Rei>. Enc. , t. xxxii, p. 188 et t. xxxiv, p. 507) , la Moisson de roses a Santos , par M. Adolphe de Puibusque, ( ibid , t. xxxy , p. 7 44 ) , le Cygne , par M. P. Lebrun, plusieurs fables de MM. Andrieux , Ar- nault, Daru , ParcevaldeGrand.maison, Viennet, extraites en partie du recueil d'imitations du fabuliste russe iiC/v/q/'r voy. Rev. Enc., t. xxvi, p. 717-736). Tons ces noms n'appartien- nent point sans doute a I'ecole romantique, niais nous avons deja fait observer, I'annee derniere, qu'il ne fallait pas prendre a la Icttre le titre Smarra, fragmens par M. Victor Pavie , un sonnet de M. Etnile Deschamps , le Pre- sage, par M^ Desbordes - Valmore , un fragment A' Olivier- Cromwell, par M. Victor - Hugo , enlin la Gloire , piece d'unc 738 LIVRES FRANQAIS. jenne Muse, M"" ^iisrt Mercoeur, qui vient de publier une se- conde edition de son Rcciieil de poesies. (Voy. ci aprcs , p. 740) Des fi agmens en prose de MM. Nestor de la Marque, Bouilly, Vii.LEMAiN, Ph. Chasles ct Lesson, siir Napolenn, Ics Femmcs, Richardson, Rabelais et Schongi , chef d'luie tribn de la Nouvelle- Zelande, et un inorceaii inedit de Madame Cottin achevent de completer ce recueil , aiupiel couvient mieux son second iW-vedc iMorceaux choisis de litteratiirc contemporaine, cpioiqu'on put s'etonner d'y rencontrer le nom de Charles d'Orleans ( mort en 14S7) , et qii'on doive regretter de ne pas y tronver ceiix de MM. Casimir Delavigne, Ber anger, ue Lamartine, Pongerville, et quelques antresqiie le redacteiir, M. Charles Malo, aurait bicn fait, selon nous, de substituer a plusieurs de ceux que nous venons de ciler. 25o. — * Odes et ballades, par Victor Hugo. Quatrieme edition, augnientee de VOdc a la Colonne et de dix pieces nouvclles. Paris, 1828; Hector Bossange; Ch. Gossclin. 2 vol. in-8", de xl-3i8 et 468 pages, avec gravnrcs; prix , i5 fr. Les premiers, a une epoque ou M. Victor Hugo n'avait encore que des partisans exageres ou des detracteurs injustes, et point de juges, nous avons essayo de caracteriser son talent etsa pt'rsonne (voy. Rei>. Enc, juillet 1822, t. xv,p. 1G9-171, I'annonce de la premiere edition de ses Odes ct Poesies). ]\ons disons, son talent et sa personne, parcc que la publication de son livre etant faite a celte epoque, comme il Tecrivait lui- nieme, avec une double intention, V intention poliiupie et \ in- tention litteraire , nous diimes I'examiner sous ce double rap- port, etjuger le poete et le citovon. La tache elait difficile; etsi nous eumesii temperer par quelques observations criiiques ies eloges que nous parut mchiler le premier, le second n'eut guere a essuyer de nous que des reproches, puises dans le sentiment de nos devoirs el dictescntierement par la conscience. 11 parut accueillir notre opinion litteraire avec quelque defe- rence, mais il s'irrita du bhlme que nous avions cru pouvoir deverser sur sa conduite politique, et nous accusa d'avoir meconnu et meme d'avoir calomnie ses intentions. Nous I'adjurions alors de revcnir a des inspirations plus nobles, a des pensccs plus genereuses et jilus conformos aux vcrtus et aiix habitudes de son age. Lui-meme a pris soin bientot de nous justilier et de nous laver du rcproche de prevention et de partialite. Apres la pidjlication d'un second volume, ou nous pumes ar les enfans, par les jeunes gens et par les jeunes demoiselles, lors de la fete de leurs parens; il a cru que ce livre presenterait un nouveau degre d'utilite, s'il indiquait les gravures ou les lithographies propres a exercer avec le plus d'avantage le crayon des jeunes dessinateurs : tel est le but du petit volimic qu'il vient de publier, et auquel il ne pouvait manquer de donner un double interet, en sa double qualite de poete et d'artiste. Quelques vers de circonstance, appropries aux dif- fcrens degres d'age, de sexc et de parenle, le raiigent dans la classe des livres cousaeres aux fetes de famille; mais un plus grand nombre de pieces bien choisies, cmpruntees a nos meil- leurs auteurs, anciens et modernes, et auxquelles M. Bres eu 754 LIVRES FRANCAIS. a joint quclques-iines de lui qui nc deparcnt pas le volume, Ic font sortir dc ligne et doivent lui meriter le nom de Pelits orncmens dc la incinoire. E. Hereau. Beaux- Arts. a65. — Manuel de calligraphic. — Methode complete dc Carstairs, ditc anwricaine , cm I'art d'ecrire en pen de Iccons par dcs moyens prompts etfaciles, etc. , traduit de I'anglais siir la derniere edi- tion, par M. Tremery, professeur d'ecriture, etc. Paris, 1819 (1828); Roret, rue Hautefeuille. In-18 de 120 pag., accom- pagne d'un Jtlos renfermant un grand nombre de niodeles mis en francpis; prix, 3 it. Nous pensons, avcc M. Tremery, grand partisan pourtant de M. Carstairs, qu'on a beaucoup exagere les a vantages de la me- thode de ce calligraphe. B'apres I'expericnce d'un grand nonibrc de pcrsonnes de nofe connaissancequi ontsuivicette methode, nous nms croyons fonr'es i dire qu'olle est fort bonne pour amcliorer i.ne ecriture tout a fait illisible, mais qu'elle ne doit etre employee que dans ce ras. Elle donne, il est vrai, a i'ecri- ture nne apparcnce de regularite qui plait a I'oeil, mais qui n'est en effet qu'une confusion de cai'acteres semblables ranges en ligue droite. Ce defaut lui est commun avec tons les genres d'e- critures appeh'es anglaiscs. M. Tremery ttouvera sans doute que nous parlous en profanes de la calligraphic, qu'il proclame le premier des arts; elle n'cst, selon nous, que I'art d'ecrire vite et lisiblcment. Quant a lui, il en parle avec un enthousiasme qui nelaisse pas d'etre assezcomique: nHonncur, s'ecrie-t il,honneur aux ecrivains celebrcsdont se glorifie I'AnglelerrelHonncuraux talens de lous les pays! » Wous pensions d'abord qu'il s'agissait de Milton, de Hume, de Robertson. Non ! c'est de MJ\I. Buitcr- vorth, Carstairs, etc. — Nous nous plaisons, du reste, a rendre justice a la beaute des exemples de I'atlas, et sans comprendre grand chose aux traits multiplies qui les decorcnt, et qui sont sans doute le merite du graveur, nous avons admire la nettete des caracteres, I'elegance et la purete de leurs formes. Ceux qui ne parlagent pas nofre opinion sur les ecritures anglaises ou americaines trouvcront difficilement de plus beaux modeles et des instructions plus detaillees pour parvenira lesimiter. A. P. 266. — ' Notice des monumcns exposes dans le cabinet des mc- daillcs , antiques et pierres gravecs de la Bibliothecjue du Roi; suivic d'une Description des ohjets les plus curicux que rcnfermc cet etablissemcnt , de Notes historiques sur sa fondation, ses ac- croissemens, etc. etc.; par M. Dumersan. Nouvclle edition, con- BEAUX- ARTS.— MfiMOIRES ET RAPPORTS. 755 sidcrablement augmentce. Paris, 1828; I'auteiir, rue Neuve- des-Pctits-Chanips, n° 12. In- 8° dc 62 pages; prix, 2 fr. Cette nouvelle edition se distingue surtout par I'ordre me- tliodiqiie dans leqiiel sont classees les pierres gravecs. La Notice pent servir de catalogue pour cette belle colleclion, par le soin qu'on a'pris den numeroter les divei ses parties. Le cabinet du roi possede plus de mille pierres gravees, dont six cents in- tailles et quatre cents camees. Les plus importantes de ces pierres sont decrites et expliquees avec des details historiques ciirieux, et toutes les traditions connues sur leur origine, leurs divers possesseurs, les auteurs qui en avaient dc'ja parle, et les ouvragcs ou elles sont figurees. Cette Notice est augmentec de la description de plusieurs raonumens qui ont enrichi dcpuis peu le cabinet des medailles. Z. Memoires et Rapports de Societes savantes. 267. — * Memoires de la Suciete ccntrale d' agriculture , scien- ces et arts du departement du Nord , scant a Doiiai ( 1827 — 1828 ). Douai , 1828; imprinierie de Wagrez aine. Iu-8° dc 262 pages. Nous regreltons que la necessite de nous restreindre a un petit nombre dc lignes ne nous permette point de parler en detail ^ de raboniienient : |)our I'aunee , 36 iV. a Paris ; /jO fr. par la poste, dans les departc- mens et jiisqii'aux frontieres des pays etrangers. On trouve cliez le meme libraire des collections ties cahiers publics depuis 1 816. De tons les ouvrages periodiqnes consacres aux sciences, aux Icttres et aux arts, le Journal des Savans est le plus ancien. Denis de Sallo, conseillcr au parlcment de Paris, en publia les premieres fcuilles en i6G5 ; Colbert encourageait cette entre- prisc. Suspendue des i665, elle fut reprise en 1666, et conti- nuee, sauf quclques interruptions, par I'abbe Gallois, jusqii'en 1G75; par I'abbe de Roque, jusqu'en 1G86; et durantles quinze annees suivautes, par le president Cousin, que le chaneelicr Boucherat avait charge de ce travail. A la fin de 1701, le chan- celier Pontcbarlrain crut a propos de partager entre plusienrs liommes de lettres la redaction du Journal des savans. Les premiers membres dc cette societe se reunissaient chez I'abbe Bignon; mais depuis 1713 jusqu'en 1792, les conferencps des auteurs de ce journal se sonl tenues a la chancellerie, et Ton en redigeail des proces- vcrbaux. Ce bureau adoptait (pielquefois des articles presentes par des hommes de lettres qui n'etaient pas d\i nombre de ses membres. De Roze , St3nac, Mairan, Foncemagne, etc. , en ont ainsi fourni pkisieurs ; mais il y avait toujours desredacieurs ordinaires,parmilesquelson remarque, dans le cours du dix-huiiieme siecle, Fertot, Fontcncllc, Burette, d'Hericourt, Dubos , Joseph Saurin , Bouguer , da Resnel , Clai- raut, etc. En 1791, le bureau du Journal des Savans etait compose comme il suit : president, Ic viiinstre de la justice ; assistans, Barthclemy ^ de Brecjuigny , Daubcnton , Bailly , du Thcil; auteurs, de Guignes, GaUlard , Dupuj , Lalande , de Fozelles, Ameilhon , Keralio , et M. Tessier , I'un des redac- teurs actuels. Quelques membre* de I'institut essayerent, en 1797 , de reproduire le Journal des Savans ; ils en pubiierent douze cahiers; mais les terns n'etaient pas redevenus assez fa- vorablesa une telle entreprise. — Ce journal reparut le 1*^ sep- tenibre 181G, et, depuis cette e|)oque, il en a ete public un cahier chaque niois. — Les articles dout il se compose peuvent se diviser en trois classes : 1" Analyses critiques d'ouviages, francais et etrangers; a° Dissertations ou Memoires sur des questions litteraires ou des decouverles dans ks sciences; 3° Nouvclles litteraires, c'cst-a-dire , seances et programmes des OlJVRAGES PERIODK^UES. 761 academies; notices necmlogiques, annotices des livres reccin- inejit imprimes ou encore sous presse. Mais ce sont toiijours Ics articles ciii premier genre qui occiipent le plus d'espace : ceux du second sont rares, et ceux du troisieme fort courts. Voiei la iiste des inembres actuels du bureau : President M. le garde des sceaux; assistans, MM. Dacier, Sih'estre de Sacy, GosscliiJ, et Cuvicr , secretaire perpetuel de I'academie dess.iences; auteurs, MM. Daitnnu, secretaire du bureau et cdite-Jr du journal, Tcssler, Quatrcmere de Qtiincj, Biot, Rajnmard, Raoid- Rochctte , Clwzj , Cousin, Lctrormc , Abel Remasat, Chei'icul , Saint-Martin, Delambrc , Claudius Rich; MM. Mongcz , ^FalcJienacr, Jomard, Base, Deluc , Brianchon, Btotfils, Burnouffils, Dipping, y ont iusere des articles. Z.' 270. — '* Sixiemc section du Bulletin universel, public sous les auspices de Mcr le Dauphin, etc. Bulletin des sciences geographi- ques , economic publique et voyages, tome IV. Premier volume supplementaire ( ouvrages periodiques de 1828 ). Paris, 1828- rue de I'Abbaye, n° 3; Arthus Bertraud. In-8° de 388 na-cs ' prix , 1 & > Au i" Janvier proch^in, la publication du Bulletin universel sera reglee conformement a la nouvelle existence de cette vaste entreprise scientiflque ; les proportions relatives des sections et dc leurs bulletins particuliers recevrontquelques modifications- et les sciences geographiques, etc. nc seront plus resserrees dans un cadre trop etroit, en raison des progres immenses qu'elles iont dcpuis quelqucs aunees. Les limites qui leur furent assi- gnees a I'epoque de la fondation du Bulletin avaient ete fixees d'apres les besoms de cctle e|)oque, et depuis, il n'a pas ete possible de ies changer. Cependant, les materiaux ont afflue de toutes parts, sans qu'il fVit possible de le^ employer tons : dans le nombre des articles ajoiiriics, plusieursetaient recommandes par un interet de circonslance; un sejour prolongc dans les cartons leur eat fait perdre beaucoup de leur prix, si memeils n'etaient devenus ton>-a-fait inntiles, et hors de service. La direction a pris un parti qui recevra certainemcnt I'approbatiou de tons les aboniies : choisissant, parmi les Memoires et les No- tices que le Bulletin n'anrait pu inserer cette annee , tout ce qu'il |)eut etre utile de faire connaitre en cc moment, elle en a forme deux volumes supplemcntaircs , dont le premier est sous nos yeux : le second suivra de pros. Plusieurs memoires cotitcnus dans ce volume viendront fort a propos. On s'empressera d'y chercher de nouvelies donnees statistiqncs, des iiilormations plus precises sur les deux puis- sances belligerantes; les recherclies relatives a la Turqnie en XL. — Dcccmhrc 1828. / •''9 762 LIVRES FRANCAIS. — LIV. EN LANG ETR. appelleront d'autros qui puissent los uclaircir et les complclcr ; Tattention dii lectcur se (ixcra sur la Meditcrranee, sur la po- pulation ciiiopt-eiine qui occnpe ses cotes; on voudra savoir avec plus dc certitude cc que Ton peut attendre de ces peuples divers, de lour situation politique, morale, iudustricllc. En le- portant leurs regards sur leur patrie, les lecteurs francais vou- dront savoir si noire situation prescnte n'est pas au dessous des connaissancos acquiscs, des resullats obtenus, chez nos voisins, par des institutions analogues aux notrcs. Les pouvoirs legisla- lifs voiit rcprcudre leurs travaux; I'instruction publiquesera peut -etre I'un des objets dont ils auront a s'occuper : dans ce cas,il sera utile de rassembler les meilleurs documens pour eclairer leurs deliberations et former I'opinion pubiique, puis- sance morale que les legislateurs memes doivent reconnaitre et respecter. Les circonstances exigeront peut -etre que Ton sou- mette a un nouvel examen les delicates et difficiles questions re- latives a la legislation sur les grains ; dans ce cas, on demandera encore aux etrangers, et surtout a la Grande -Bretagne, des faits etdes instructions dont notre propre experience n'est pas assez bicn pourvue : ainsi, divers motifs multiplieront les lec- teurs de ce volume, au profit des connaissances statisJiques et d'economie pubiique. Les lecteurs seront satisfaits du savoir dont la plupart des ar- ticles de ce recueil sont remplis; ils applaudiront aux vuesdes auteurs, mais ils s'ecarteront quelquefois de leurs avis. II est tres probable, par exemple, queM. Ue la Roquette ralliera peu d'adherens a son opinion sur I'etat industricl de I'Espagne , et sur les effets de I'exposition des produits des fabriques espa- gnolcs a Madrid, On convieudra sans peine que, si le gou- vcrnementde ce pays faisait ce qu'il ne fera point, que, si la nation cessait d'etre ce qu'elle est, pour revenir a ce qu'elle fut , I'Espagne se preSenterait a I'EuroiJe sous un aspect plus satisfaisant : mais on ne saiu'ait pcrdre de vue ce que vcut le gouvernemeut de ce pays, et ce que la nation ne vent ])oint, et qu'uu auto-da-fc a plus d'influence qu'une exposition des pro- duits de I'industrie. D'ailleurs, si cette exposition a reellement donne la mesure de ce que I'Espagne sait faire actucllcment , elle ton.be au dernier rang par rapport a I'iuduslrie, comme par rapport a I'instruction. F. Let'irs en larigucs ctrnngt'rcs , imprimes en France. 271. — NoiH'caux Cnurs de the'nic.t , par M. Pi.anche, avec un supplement et leurs corriges, par M. L.-J.-M. Caepentier. - IMPRIMfiS EN FRANCE. 763 Paris, 1828 ; Roret. 10 vol. in-12. Savoir : themes dc sixieme, 198 p. ; corriges, 180 p. ; — themes de cinquieme, 287 p. ;cor- riges, igo p. ; — themes de quatrieme , 210 p. ; coniges, 192 p.; — themes de Iroisieme, 2()3 p. ; corriges , 187 p.; — themes de seconde , 216 p. ; corriges, 198 p. — Prix , On a beaucoup declame coiitre I'usage des themes; genera- lemeiit ils exerccnt pen a I'analyse; et sous ce rapport, on a bien fait de leur oter nne partie de I'importance qu'ils avaient obteniie dans les anciennes etudes. Mais ils aident a retenir les mots ; ils gravent sou vent mieux les tournures dans la tete, en offrant aux eleves laborienx j'occasion d'iniiler les locutions des bons aiiteurs : ces avaniages ont fait oublier les reprochcs qu'on avait adresses aux themes, el Ton a continue d'en fairc dans I'universite. — C'est done rendre un service aux profes- seurs que de leur donner une collection de themes pour toutes leurs classes; et nous nous applaudissons d'avoir a annoncer celle qui porte Ic nom de M. Planche, puisqu'il est difficile de caracteriser un recueil de ce genre autrement que par le nom de sou auleur. 272. — Ettito/lci] tijs hpui la-Topiag. — Abrege do I'Histoire sa- cree , depuis la creation du mondejusqu'a I'entiere dispersion des Juifs sous Adrien ; par L.-A. Chabouille Maisonneuve. Texte grec. Paris, 1 827 ;Chabouille, rue Saint-Martin , n" 226. In-12 de XVI et 228 pages. Get ouvrage pourra servir, comme tons ceux qu'on a fait dans le mcme but; mais il nc faut pas lui attribuer plus d'uti- Jite (ju'il a'en aura reeilement : tout autre livre, compose dans un style facile a entendre ( I'autcur lui-meme en cite plusieurs de ce genre), doit rendre absoiument le meme service que celui que nous annoncons. II ne differe done des autres qu«i par le choix du siijet, qui, je I'avouc , ne me parait pas heu- reux. L'Histoire sainte , soit qu'on en retranche , soit qu'on y laisse le merveilleux , soit qu'on en abandonne ou f|u'on en conserve le sens mystique, devrait toujours etre mise la der- niere dans les mains des jeuncs gens : et partant, j'anrais mieux aime que I'auteur prit son sujct hors du penple juif. Ensuite , si Ton remarque combien les enl'ans se fafiguent promptement d'un sujet qui ne leur offrc aucnne variete, on se convaincra facilement que le livre elementaire le nieiileur pour eux , serait un recueil d'anecdotcs courtes et piaisantes, comme M. Barbier Vemars en avait leuni un grand nombre dans son Mercurc latin ; on u'aurait pas besoiu de les extraini. des auteurs briginaux : des anecdotes francaises interesseront davantage; et , [)our peu qu'elles preseutcnt des rcparties vives 764 LIVRES ETRANGERS IMPRIMES EN FRANCE, ou piquantes , 011 quelquc siiigularite dans Taction , on verra bientot le plaisir succedcr dans la traduction d'un parcil livrc ii Tennui qui gaj^ne tons nos elevcs, quand le professeur les tiont avant I'age sur rintcrminable suite des actions du peuplc de Dieu ou du peuple-roi. Je iivre ccs observations a M. Mai- sonncuve ; je souhaite sincerenient que lui-meme ou quelque autre s'empare de cette idee et la developpe ; je croirai alors devoir le remercier au noni de Tenfance. B. J. 273. — * Quifiti Horatil Flacci opera omnia. — OEuvres completes d'Horace ; edition revue par M. Filon, professeur au college royal de Louis-le-Grand. Paris, 1828; imprimerie de Didotjeune ; Sautelet , libraire. In-48 de viij et 23.9 pages; prix , 6 fr. Voici une des merveilles de I'art typographique. Les odes , les satires, les cpitres , I'art poetique, en un mot les OEuvres completes d'Horace resserrees dans 2^0 pages d'lm format de bonbonniere ! et cependant, aucun des soins qu'on accorde ordinairement a une edition de luxe n'a ete neglige : les pages ne sont pas trop pleincs, le caractere est net et bien des- sine , le texle est corrige avec un soin minutieux. On devait deja a M. Henri Didot , fils de I'inventeur des caractercs polya- matypes, une jolie edition , dans le meiue fornjat, des Maxinics de la Rochefoacault. II promet encore aux amateurs de curio - sites bibliographiques et de volumes portatifs plusicurs clas- siques francais et latins, comprimes , poiu- ainsi dire , dans le plus mince volume possible. Le succes de cette bibliolheque en miniature est assure , non-seulement en France, mais surtout chez nos voisins d'outrc-mcr , ou I'art du graveur et du fondeur de caracteres n'a jusqu'a present rien produit de comparable aux infiniment petits de M. H. Didot. a. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES, AMl^RIQUE SEPTENTRIONALE. £tats-Ui*is. — Medecine. — Projctde Pfiarmacopee amcricaine. — All mois de Janvier 1 820, il se tintaWashington une assembloe de meclecinsayaul pour bat deredigeruae pharmacopee anieri- caiiie. Elleiuvita son president, le docteiir Samuel h. Mitchill, a adresser, le i''"' Janvier 1828, des cirtulaires aux differentes aocietes medicdes de runion pour les engager a envoyer trois delegues a la convention generale, dont la reunion est fixee au 1"' Janvier i83o. Pour se conformer a ce desir, M. Mitchill a public, le i"' Janvier dernier, un appel a cct eftet a toutes les socictes medicales, et colleges de medecine ct de chirurgie des Etats-Unis. W. — NouvELLE Orleans. — Noavelleville de Galena. — L'ori- gine de cetfe ville, dont le nom est assez significatif , vient de I'e.xploitation de la mine de plomb surfure qui se trouve dans son voisinage. On I'a placee a la derniere station des bateaux a vapeur , sur la riviere de la Fievre [fever river) ^ I'un des affluens dii Mississipi, ^ 5oo milles de navigation au-dessus de Saint-Louis. II semble que le terrible nom donne a la riviere qui arrose cette ville nouvelle soit connue le dragon du jardin des Hespcrides, charge de defendre les Iresors du p:!ys contre la cupidite humaine; cette defense, fiit-eUe plus reeile que les animaux gardiens de la toison d'or, ne sera pas phis efficace, et Galena surpassera quelque jour les villes d'Europe qui doivent aussi leur existence a des exploitations de mines. L'abondance des mines de ce pays semble illimitee , el cepen- dant ses produits seront, long- tems encore , au-dessous des demandes. La prosperite de cct etablissemcnt suivra les j)rogres de la population dans le bassin du Mississipi, apres ravoir devancee. Plus on acquiert de connaissances sur les ressources de ce pays, plus on est persuade tfue la Nouvelle-Orleans de- viendra la plus grande ville du monde, et la plus opuleute par I'immensite de son commerce. ]\|exiqije. — Cvmniercc dc hi iricr du Sud. — Population dc la 766 AMtRIQUE SEPTENTRIONALE.— EUROPE. Californie. — Dans un excellent journal de cette capitale, el Espiritu Publico, dii ii aout 1828, an sujet de rex|)editioa ordonnce par les Etats-Unis pour imo reconnaissance com- Hietciale de ia nier dii Siid, les redacteurs ap|)elient Tattcntion de leiirs compatiiotes sur la part que le Mexiqne doit prendre iin jour a ce commerce; il doil s'y preparer d'avance par des dispositions qui donnent queique activiie aiix ports niexicains SIR- la mer dii Sud, et fassent croitre ia trop faible population de celte partie de la republique. «Les delicieuses Californies, disent-iis, reclament surtout la sollicitude du gouvernemcnt et des le^islateurs; et, en raison de la position geographique et de la fertilite du sol, il est a desirer que Ton s'occupe plus specialement de la nouvelle Californie. Cetie province immense ue compte pas plus de 26,000 habitans;.... ne pourrait-on pas considerer cette parlie reculee du territoire mexicain comme un pays a coloniser, et le peupler des memes eleuiens qui ont fourui a la Grande-Bretagne la population de la nouvelle Galles du Sud?...i) Ce conseil n'est pas sans danger; et de plus, il est contraire a I'equite. De quel droit enverrait-on aux paisibles Californiens les redoutables voisins dont on" les menace? Si on leur faisait ce funcste present, ne seraicnt-ils pas aiitorises a faire transporter, par rcpresailles, leurs malfaiteurs a Mexico? C'est une lie deserie qu'il faut choisir pour y d«'porter les cri- ininels, et c'est ce qu'onl fait les Anglais; car la population de Ta nouvelle Galles du .Sud ne pouvait empecher, au juge- ment de la morale la plus severe, I'etablissenient de I'liomme civilise dans cette vaste contree. La republique du Mexique ne manque point de lieux oil elle pourrait deporter ses con- damnes, sans inquieter personne. F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. LoNDRES. — Societc medicn-botani(fue. — Cette Societe a tenu,. le 28 novembre dernier, la premiere seance de sa neuvieme session, sous la presidence de sir Jamex M'GnicoR. Apres la lecture du proces-verbal de la derniereass'cmblec, le secretaire annonce differens dons faits a la Societe, parmi lesquels nous mentioncrons les suivaiis : i" une collection de 600 plantes des Alpes de Baviere et du nord de I'ltalie, soigueusement classee par le doctenr Martius et envoyee par le roi de Baviere ; 1° une collection considerable de plantes medicinales des Indcs orien- tales , par la compagnie des Indes ; 3° une autre coUectiou , GRANDE-BRETAGNE. 767 faite h Jersey, par sir M'Grij^'or; /,° une nombreuse ';ollection de mousses et d'autres plantes cryptogames , avec plusieurs plantes phanerogames fort rares, par M. Frost; 5° une col- leclion de plantes indigenes d'Angleterre, par M. /. Woodford; 6° un beau specimen de I'epine du Christ (^Christ's thorn , gledit- chia triacanthos ), par M. Abraham Faveue; 7° un specimen de la plante de chocotat { gcum canadcnse) , par le colonel J. Ready ; une espece de typha et ime autre plante , appelee van- giii/la, qui possede des proprietes medicinales tres - actives, offertes par la Societe philosophique de la Guiane anglaise. Parmi les ouvrages adrosses a la Societe, on trouve la collection compleie des plantes medicinales de M. Nees ab Essenbech , formant 384 fcnilles de planches lithographiees et coloriees ; et des ouvrages de MM. Hornemann , de Copenhague, Cheva- lier, lie Paris, Joseph Houlton, Boucher, d'Abbeville, etc. — M. AiTON a mis sous les ycux de la Societe ime nombreuse collection de plantes medicinales du jardin royal de Kew. Un grand nombre de noiiveaux membres sont admis. La lecture de la correspondance a occupe ensuite I'assem- blee : S. M. l'Empereur du Bresil temoigne a la Societe le vif interet qu'il prend a ses travaux; — le comte Mandelsloh annonce que la collection de plantes que S. M. le Roi de Vurtemberg a ordonne de rassemblcr pour la Societe, se trouvcra bientot prete. — S. A. I. le Grand-Dug deToscane fait prevenir la So- ciete qu'il a ordonne au professeur de botanique de I'hopital principal de Florence, de rassembler, pour elle , les plantes medicinales indigenes de la Toscane. M.Frost, directeur,a termine la seance par un discours dans lequel il a expose les progres et les travaux de la Societe qui a vote a I'unanimite I'impression de ce discours. A. P. Liverpool. — Souscription pour clci'er une statue a Canning. — En meme terns que Ton souscrivait a Paris pour faire frap- per une medaille en I'honnenr de Canning, et a Londres,pour eriger un monument en bronze ik la memoire de ce grancTmi- nistre, lesciioyens les plus respectables de laville de Liverpool ouvrirent une souscription pour payer un dernier tribut de gratitude et d'admiration a I'homme qu'ils avaient eu la gloire de nommer leur representaul a lachambre des communes. Le comite forme a cet effet, apres plusieurs seances oii les voix etaient partagees entre le m;irbre et le bronze, eut une reunion definitive, le 8 septembrc dernier, dans laquclle, sous la pre- sidencedu maire dela ville, il fut arrete que le monument serait en bronze, ct qu'on releverait sur une place pidjlique. — Le total de la souscription , montant a prcs de 90,000 francs, re- 768 EUROPE. presente line somme ej,'ale a la moitiu do cclie qu'a proclnito In souscription de Londrcs pour un but seniblablc. Alb. RUSSIE. Saint - Petersrourg. — Industrie. — Mecaitiquc. — Erio- rnetre ou Mesureur de lainc. — M. Skiadan , piopriotaire dans le goiiverncment deVoronc'-je, vient d'inventer un instnimcnt qui doit ctre considcTc commc une dc'oouvcite bien prt'ciciisc, puisqu'il fouruit un nioycn mecanique pourimesurcr dcs corps dont la divisibilitc' cchappait pi'csque ;^ nos sens : il musurc jusqu'A rrsrr de pouce. Son auteur I'a • *" milles approxi- CifiiatO , Skopelo, JJronn , canes de maiif des Pelagncsi, dont celle de eoaudeg. hobUans. Sknpelo seuie est habitee 24 2,400 Shiro 48 1,800 Ipsara ou Psyrn 20 2,400 Total du departement 72 6,600 a" Sporades orientales, qui comprend les ties Samns ( Susam ) i 32 5o,ooo Ikaria ( Akhikria ) 44 1,000 Patlimn.i ( Balmos) 24 i,5oo Kutymiia ( Kalmina ) 18 3oo Zero ( Zerus ) 29 2,000 Total du departement 2^5 54,ooo So. 78o EUROPE. 3" Sporades occidentales, qui comprend les lies de Hydra 29 Spezzia 24 Poro 14 Egina ( Aina ) 35 Salami's (Koluri ) 24 Total du departement 4°Cyclades septentrionales, qui comprend les iles de Andros ( Andra ) 69 Tine (Istendil ) 66 Mykone 34 Syra 35 Tliermia 36 Zffa(Morted) 53 Serfo 16 Total du departement 5** Cyclades centrales , qui compreud les lies de Naxos ( Nakscha ) 82 Paros (Bara) 77 /o5(Hio) i5 Sihina 1 3 Polikandro 1 5 Milo 48 Kimoli ig Siphnos (Siphanta) 26 Total du departement 6° Cyclades meridionales , qui comprend les lies de Amorgo 32 Stampalie ( Stempalia ) . . . . 38 Anaphi ( Namphio ) 19 6'art^(?77« (Degirmenlik). . . 56 Karpatos (Scarpanto) 60 Kasa 5 Total du departement , 20,000 8,000 3,000 4,000 5,000 126 40,000 12,000 1 5,800 6,000 1,000 6,000 5,000 600 3o8 4^5/100 10,000 2,000 3,700 3 00 200 3,800 200 5,000 37G 25,200 2,600 i,5oo 800 12,000 2,800 200 Resume. 1° Les six dep. insulaires . 2° Les sept continentaux. Total de la Grece independante. 212 19,900 1,339 1^^,000 6,439 3oo,ooo 7,778 496,000 DApARTEMENS. 781 FRANCE. DEPARTEMENS. Soctetes savantes et Etablissemens d'utilite publique. Caen ( Calvados ). — Societe des antiquaires dejformandie. — Dans sa seance du 5 decembre , cette Societe a entendii la lecture d'lin rapport de M. de Caumont, sur les travaux de M. DE Gerville , I'lin de ses membres. M. de Gerville vient de reconnaitre , dans le Cotenlin , deux camps romains , dont I'un se trouve sur I'ancienne voie qui conduisaitde Cosedia ( Cou- tances) u Corialkmi. Dans la foret de Barnavast, a deux lieues et demie de Valognes , cet antiquaire distingue a remarque les vestiges d'une ville ancienne qui n'a ^te mentionnee par aucun geographe , et dont I'etendue est presque egale a celle des viiles de Coutances et de Bayeux. — On ne pcut qu'ap- p'audir k raclivite qu'apporte 4 poursuivre ses travaux la So- ciete des antiquaires de Normandie. EUe peut eclaircir beau- coup de points obscurs de notre histoire pendant le moyen age , dans un pays couvert de monnmens curieux ou de ruines qui datent de cctte epoque; et les objets ne manqueront pas a ses investigations. Cambrai [Nord). — Societe d'emidatiori. — Prix mis ati con- coars pour etre decernes le 16 aout 1829. — Eloquence. ^- Discours sur cette question : Qiielles auraient ete les destinees probables de la France , si le due de Bourgogne , eleve de Fe- nelon , etait monte sur le trone? — Sciences historiques. — Precis historique sur les Etats du Cambresis , avec un apercu sur les anciennes administrations provinciales , connucs sous le nom d'Etats. (Sujet propose par le conseil municipal.) Le prIx pour chacun de ces deux concours est vine medaille dor de deux cents francs. La Societe decernera, en outre, dans sa seance pubKque de 1829, des medailles d'argent aux meilleurs Memoircs iuedits qui lui seront adresses, sur des sujets quelconques d'histoire locale ou d'archeologie, relatifs au departement da Nord (1). — Sciences physiques. — Memoire sur la geologic de Varron- dissement de Cambrai. — Le prix est une medaille d' or de deux cents francs. — Poesie. — La Societe decernera la Lyre d'ar- gent a la meilleure piece de vers qui lui sera envoyee. On (i) La Societe publiera , a cet effet, pour le departement du Nord , une serie de (juestions , comme elle I'a fait ea i8ao pour rarrondi^- sement de Cambrai seulement. 78a FRANCE. n'admettra que des ouvrages ineclits, et qui ii'aiiront pas con- couru a d'autres academies. Les Discours, Memoires et pieces de poesies devront par- vcnir, sansjiais, avant le i^ juillet 1829, a M. /-". Delcroix, S( crotaire perpeluel de la Societe. — Exposition des produits dcs beaux-arts ct de I'industrie. — Celte exposition est la seconde qui a eu lieu a Canibrai. Ne pouvant signaler tous les artistes el les nianufactuiiers qui ont obtcnu d'honorables distinctions, nous nunlionne- rons seulement, parmi les premiers, M. Ducis, qui a expose deux tableaux dont I'histoire de Bianca Capello lui a fourni les sujets; M. Van Spaendoenk., pour un beau tableau de fleurs et de fruits; M. Ricois, quia expose un p.iysa^'e de la vallee de Meyriugen , dans le canlon de Berne; M. Au- VRAY, Felix, auteur d'un tableau dont le sujet est pris dans riiistoire de saint Louis; MM. Ssrrur, Froste et Leroy, pour des tableaux de ^^cnre: parmi les manufacturiers, MM. J. PiOT, JouRDAN .//rw ct O^ , qui ont expose les produits de leur manufacture d'etoffesde gout, situeeaTroisviile5;MM. Pa- turle-Lupin et 0>, pour les produits de leur manufacture de Cateau; M. Tellier-Baert, pour des satins et draps de colon blanc et de couleur et des circassiennes et satins en laine et coton de sa fabrication, etc. — Cambrai renferme un grand iiombi e de manufacturiers et d'artisans distingues , et pourtant le jury charge de la distribution des niedailles a remarque avec regret qu'un petit nombre d'entre eux a repoudu a I'appel qui leur etait fait a tous , et a cherche a hitter avec les etrangers dont les produits remplissaicnt presque sculs les salles d'cxpo- sition. A. P. Dieppe. — Societe archeologique. — Cette societe continue ses explorations avec succes. La reunion annuelle de 1827 a eu lieu le 27 decembre; M. P. J. Feret, directeur des fouilles et des travaux, a presentc le rapport de ce qui avail ete execute dans le cours de I'annee, Les decouvertes faites jusqu'ici n'ontguere qu'une importance locale; mais le rapporteur croit pouvoir es- perer de plus grands resultats pour I'avenir. Les recherches ont ete continuees dans la cite de Limes, et d'autres travaux, entrepris sous les auspices de S. A. R. Madame, out constate I'existence d'une bourgade Gallo-Romainc enlre les villages de Braquemont eide Granicours. L'assemblee , en volant de nou- vcaux fonds pour 1828, a prorogedans sesfonctions la commis- sion pn'cedemment nommee, et dont M. le baron deViEL-CASTEL, sOoS prefet, estpresident. Elle a aussi decide que le plan de la cilc rffZ/we.fseraitreduitet grave aux frais de la Societe. P. A. D.., DEPARTEMENS. 783 La Rochelle. — Coins industriels elementaires. — Ces coiirs, si utiles par Ics connaissnnces qu'ils repandent, et plus cncoro par les ameliorations morales qu'ils preparciit, prennent de pins en plus, daus celte ville, les formes ct la consistancc d'une iustitiition permanenle, qui no variera plus qu'en raison dos proj^res que ies sciences auront f.tits, et surtoiit des methodes d'euseiguement , science nou\'elle (pie Ton commence a culiiver avec succes. Le conseil d'admiuistration de ces cours a reconuu ie besuin qu'ils eprouvent dune bibliolheque oil les eieves puissent etudler, liors du teius des lecous, reuouer la chaine des idees l()rs([u'elle s'est rompue, fixer dans leur esprit I'instruction que des lecnus otales ne peuvent pas loujours enraciner assez prot'ondement. Mais la formation d'une biblio- tliequc indaslriclle cxi;j;e le (;oricouts d'un a^sez grand nombrc de citoyens; le conseil d'administralioii fait uti appel aux amis des sciences et de leiir propagation; il rappelle ces expressions du pre-iident actnel de la ciiambre elective ( M. Royer- CoLLARD ) : « Du moment que la Charle fut dotmee, I'instruc- tion lutiverselle fut promise, car elle devint necessaire. >- Les dons que Ion voudra faire a la bibliotl)e(]ue naissanle de I'en- seignement indnstrie! seront recus avec reconuaissance; les donateurs sont pries de les adiesscr ( livres ou argent ) .\ la Rochelle, a M. Larvet, bibliolhecaire du conseil, qui eu donuera le recepisse. F. Nantes. — Soriete academujut; de la Loire- Infc'iicure. — Encourogi;nicns pour ptrfictioiiner les races des (iniinaiijc qui scrvcnt a I' agriculture. — Noniinations. — Cclte Societe ne s'oc- cupe pas seulement de matieres litteraires et scientifiques, mais auisi de tout ce rpii intcresse le bicn public. Le 26 mai dernier, un jury choisi (iens son sein a distribue des primes d'encouragemesit au.x. cultivatein-s qui avaient amene a la foire de Nantes les auimaux les plus beau.x et les plus propres k I'agriculture. La Societe academiqiic a fait les fonls de ces primes, auxipielles il est a desirer que I'autorite locale ajoute quelque chose, pour augmenter I'emulation qu'elles contri- buent a exciter. — Le ministre de I'interieiu" avait adresse a la Societe, par rintermediaire du prefet, des questions sur les diverses qualites de laines, et sur I'etat de cette branche de production dans ce departement. La section d'agricidturc y a I'epondu par un rapport tres-remarquable et rempli de details interessans. — La Societe academiqtte a nomme membres cor- respondans, dans sa seance du 7 aoiit dernier, M'"^ la pria- cesse Constance de Salm, et dans celle du a8 aout, M. M.-.4. JuLLiEN, de Paris. A. P. 784 FRANCE. PARIS. Institut. — Acculcniie des scicrircs. — Seance t/tt 17 /lo- vcmbrc 1828. — Uni! leltre dii miiii.stre (Ic riiiteiieur annonce que , sur la pioposition de I'Acadt'mie, il a destine iine somme de Gio fr. a I'acliat ct an transport de la masse de fer metco- rique, deposee dans Ic village de la Caille, departement dii Var. CeUe acquisition est faito au profit du museum d'histoire naturelle. — M. Raspail annonce qu'uue etude suivie, de pres de 25o belemnites recueillies dans toutes les Alpes de Pro- vence, lui a fait eoiinaitre des resultats uouveau.\ pour lesqucls il desire prendre date. Il conclut de cet exanien que les be- lemnites ue sont pas des tests d'aiiimau.x, eomme Ic pensent les niodeines , mais qu'ils sont, comme on I'avait dit primitive- raent , des appendices cutanes appartenanta des animaux ma- rins, voisins des echinoderuies, et dont les analoi,'ucs vivans no se trouvent plus. — L' Academic acccple le depot d'nn paquet cachete de M. Martin pe Saint-Ange, contenant le resume de ses observations analomiques sur le cerveau. — M. Arago com munique une note de M. Becquerel, concernant les tempera- tures inegales des differens points d'un til conducteur en com- munication avecles deux poles d'une pile. Ce pliysicien annonce qu'il a constate que la temperature du HI va en augmentant, a partir de chacuue de ses extremites, et r|ue le ma.ximum de temperature s'observc coustammcnt dons le milieu du HI. — M. GiROu DE BuzAREiNGiTEs lit UH Mcmoire sur les questions suivantes : Corn'icnt-il de bii.ser nvec snin loittrs les niotles dans les champs enscmcnces en bid d'/iwer ? Est-cl toiijoitrs avantageiix do semer clair on de seiner dm ? — » MM. Tessier ct Sitvestre font le rapport suivant sur un traite des haras en France , par M. Hlzard (ils. « Cet ouvrage ne pouvait uianquer de meriter beaucoup d'altention et d'interet. L'auteur, eclaire siu-ce sujet par les sages instructions de son pere, et par les connaissances ipi'il a puisees dans ses etudes veterinaires , a visile en France tons DOS etablissemens de haras , et examine avec soin nos races ct Qos usages relativement a I'eleve des ehevaux; il a vu avec la meme attention I'Angleterre , la Prussc et toutes les posses sions autrichienncs. Deja il a public plusieurs ecrits qui prou- vent qu'il avait tres - bien observe les differens proeedes em- ployes dans ces divers pays pour conserver et propager , a I'aide des moyens les phis eeonomiques et les plus certains , les races les meilleures et les plus utiles a tous les genres de ser- vice. — Dans le nianuscrit qu'il soumet i I'Academie, il a sur- tout pour objet de prouver que I'etude des ehevaux peut et PARIS. 785 tloit etre liec , comme celle dc tons Ics aiiti es animaux domcs- tiques, avcc I'exploilation rurale, et il cherclie a demontrer , contre I'opinioii d'uii assez grand nombre dc piaticiens, f(ue I'eleve de ces animaux , bicn dirigee, pent apporter aussi, dans la plus grande partie de la France, un benefice considerable ati cuitivatenr. » Voici les conclusions du rapport : « Cet ouvrage annonce un observateur eclaire qui a bicn vu et beaucoup vu. Nous proposons a I'Academie d'ecriie a I'anteur, et nous desi- rons que ce temoignagc de satisfaction I'engage a publier son travail, qui fournira de tres-utiles doeunienssur iine des branches Ics plus iniportantes de noire econoinie rurale. « ( Approuve ). — M. Cauchy donne lecture d'une note sur les vibrations des lames courbes. — Du 2/| novenibre. — MM. Ciwicr et DurmJnil font nn rap- port sur le memoire de M. Flourens , rclatif aux effets de la section des canaux semi - circulaires dans les jcunes lapins. M. Flourens desirait savoir si la section des canaux semi -cir- culaires produirait dans les mammiferes le meme effet que dans les oiseaux ; mais ce n'etait pas une question facile, a re- soudre. Chacun sait que le labyrintlie des mammiferes adultes est enferme dans un I'ocher , dont le nom meme indique la du- rete et la solidite ; et d'un autre cote on pouvait craindre que , si I'on prenait des individus trop jeunes , leurs niouvemens n'eusscut pas un caracterc assez prononce. M. Flourens a trouve dans le jeinie lapin les circonstances les plus favorables a ses recherches. Comme tons les rongeurs, il marche de tres- bonne heure et son roclier durcit assez tard. L'operation nean- inoins, etant toujours plus longue et plus cruelle que sur les oiseaux ou les canaux osseux sont presqn'a decouvert; on de- vait s'attendre que ses resultats ne seraient pas aussi distincts ; et en effet, ils etaient plus o\\ nioins troubles par les autres signes d'agitalion et port ver- bal siir rouvraL^e de M. GiRou de Buzareingues, rclatif a la j,'eiu'ration. — M. Poisson lit I'aiialyse d'un nu^moire siir I'e- quilibre dps fliiides, et line addition a son Mt^moirc snr Teqiii- libre et le OTOuvcment des corps eiastifjties. — 31. Tlwnard rend conipte de rexampii qti'il a fait des produits dcs essais de M. Cacnard-Latoir siir la cristalUsation du carbone. Ceiix de ces cristanx qui sunt sans coideur rayent le cristal de roche, mais ils sent raves par le diamant; ils nebn'd* nt |>oint, et une analyse exacte a |)rouve que c'etait non pas du carbone, mais (111 silicate. Da I*"" dccemhre. — On lit une lettrc du garde-des-sceaux relativement au nioyen de prevenir la falsillcation des ecritures. Le ministre annoncc qn'un particulier jiretend. avoir decouvert un precede de ce genre. II invite I'Acadeniie a s'occuper tres'^ promptement de cetteimportante question. La lettre dii ministre sera reniiseala commission precedenmientnommee c|iii est priee d'accelerer son travail. — M. Baudouln oflre a I'Academie la pre- miere livraison d'un Dictionnaire geograpliiqtie de Unites les com- munes de France. II desire que cet ouvrage soit admis pour concourir au prix dc statistique. M. Fourier en fera un rapport verbal. — On lit une lettre de M. Hachette qui exprime sessen- timens de reconnaissance poiu'la propositon que la section d'e- conomie rnrale a bien vouiu faire de lui dans la derniere seance. Voulant temoigiier toute sadeferencepourropinion de plusieurs des membres de I'Academie , il desire n'eire point compris dans les candidats pour la place acluellement vacaute, et plein de confiance dans les dispositions bicnveillantes dont I'Academie I'a deja houoi'e, il annonce I'inten'iion de se presenter de nou- veau pour la place qui iW^vieiulrait vacaute dans la section de mccauiqiie. L' Academic procede |»ar voie descrutin a I'election dun uieiubre pour la place vacaute dans la section d'economie rurale , par le deces de M. Bosc. Le nombre des votans est 57. Au premier lour, M. Flourens obtient 22 voix , M. Dutrochet 14, M. Girou de Buznreingues 7 , M. Hazard lils 5 ; M. Emma- nuel cC Harcourt !^ , M. ^ug. Saint-Hilairc 1; MM. Snyct Busche, chacnn une voix. Au deuxieme tour , sur 58 voix , M. Flourens en obtient 3o, M. Datrocliet 18 , M. Girou de Buznreingues 4, M. Hazard fils 4- M. Flourens est proclame. M. ^n/^'o annonce 639 9,428 2,717 2,553 210 2,640 2,592 19,067 5,270 401 5,232 TOTAC 29,970 j de", garcons, .... 15,187 ■ ■ ■ I des filles 14,683 Total. BRFAIfS KATtTRELS reconnns, compris dans les naissances ci-dessus. . . . abandonnes j masc, ( fern. . I masc fern. '9>970 1,262 I 1,556 ) • 4,095 I • 3,y89 i 2,418 8,084 MARIAGES. Enfans morts-nes. a domicile aux hopitaax civils militaires deposes a la Morgue Total. . . Total , garcons et filles garcons et veuves. . . . veufs et filles veufs et veuves ( mascolins. . . . I feminins ( masculins, . io,5oa 7,754 1,547 feminins.. masculins, feminins. , masculins. feminins. . masculins. feminins. . 6,456 368 708 202 810 1 737 1 . 7,392 I -., . 8,255 i '^'^^7 . 4,463 . 4,438 4n I .. ) *" 278 54 8,901 332 25,341 5x. 796 FRA.NCE. Consommation de I'annee 1826, par la ville de Paris. BOISSQKS, CoMESnBLES. Vins hectolllres. . . Eani-de-vie id. Cidre et poire .... id. Yinaigre id. Biere id Raisins '- kilogrammes. Boeufs tetes Vaches Veaux Moutons Pores et saugliers Viande a la main. Chaicuterie. . . . Abats et issues. . Fromages sees . Maree 3i,66i I i,53r 2i,4oS i67,6r5 i,577,()o8 8i,43a i3,23S 74,43o 4o3,583 9o,83o 2,aio,o59 707,297 id id id. id kilogrammes. id id 805,079 id 1,4 1 5, 1 56 montant de la vente sur 1 1 u' c 4i454,748 les raarcbes, en francs. ) ' " Huitres francs 923,026 Poissons d'eau donee. id. 615,169 Volaille et gibier . . id 9,179,603 Beurre id. 9,563,129 OEufs id 4,776,118 Foin bottes 9,367,442 Paille id i5,3i6,2i6 Avoine hectolitres. . . 1,1 5 1,47 3 Les grains et les farines vendus a la lialle ne figurent point dans ce tableau, attebdu que ces ventes ne doiincraient pas la consommation rcelle de la ville, evalnee a i5oo sacs du poids de iSg kilogrammes par jour, en terns ordinaire. Lorsque le prix du pain est plus eleve hors de Paris que dans son enceinte, les dehors n'y apportant pas et en tirant, au contraire, la consommation jourualiere n'a plus de regie; elle est de 1700 sacs et aii-delii. (Extrait de I'Annuaire du bureau dcs longitudes.) FonRRAGES ET GRAINS. . . A M. le directeur de la Revue Encyclopedique. — Paris, 27 novembre 1828. — Monsieur, vous avez insere dans voire cahier du mois de septembre dernier une lettre de M. Etnard, remplie d'idees et de desirs tres-justes relatifs a I'educalion dcsjcunes Grecs. Je desire qu'il sache , pnr le moycn de votrc Revue , que depuis plusieurs annees le Gjmnase normal , mili- lairc et civil, que j'ai I'honneur de diriger a Paris, a rccu gratui- tement tous les jeunes Grecs qui se sont presentes pour suivre notrecours. Nosproccdessont lellementd'accord avec les voeux PARIS. 797 deM. Eynard, que nous formons precisement les dmes fortes , les corps rohastes et les homines vertaeux qu'il demaiide, et vous avez cerlifie plusieurs fois , par voire respectable suffrage, la verite de ces fails. Quand ces jcunes gens rentroront dans leur palrie, elle trouvera des Grecs capables de lui rendre les plus grands services. IpsiUmti-Struti et plusieurs autres ont reniporte chez moi des prix qui supposent un grand developpeaient de toiites leurs facultes; et les autorites de la Grece feront tres-bien de confier a ces excellens eleves de mon etablissemeut les commissions les j)lus difficiles et les plus perilleuses; car je suis sur qu'ils s'en acquitleront digncment. A present nieme , j'ai la satisfaction de recevoir au Gymnase plusieurs Grecs qui prennent part a nos exercices et qui se distiugueiit comme leurs predecesseurs. M. Eynard pent litre certain que je ne cesserai point de donner les menies soins a tous ceux qui pourront ni'etre confies par la suite. — J'ai I'honneur d'etre avec una consideration distin- guee , etc. he Colonel- Directeur des gymnascs normaux du Gouvcrnement , Amoros. P. S. Une partie des infirmiers du Val-de-Grace, qui parlent pour la Grece, ont suivi mes exercices d'apres I'excellcnte idee de M. BouRDiN , directeur de cet hopital. Ces honimes sont en etat de rendre de grands services a riiumanite, dans lescas dif- ficiles qui peuvent se presenter dans une guerre, pour sauver les malades, eteindre un incendie, etc. Theatres. — Theatre-Fran9ais. — Premiere representation de \ Esjnon , dranie en cinq actes et en prose de MM. Ancelot et Mazeres. ( Samedi i3 ducenibre ). — Parmi les romans de Cooper XEspion est un des plus estinies; c'est une concep- tion originale dans laquelle, en peignant quelques-unes des scenes de la guerre d'independance , I'auteur a su developper un caractere neuf et assez dramatique. Un simple co]|jorJeur, anime d'un ardent amour de la patrie, veut, dans son humble situation , coutribuer aussi au iriomphe de la liberie; et, lors- que taut d autres iie font a cette cause sacree que le sacrifice de leur vie , Harvey Birch irouve le moven de lui en (aiie im plus grand, celui de son honiieur. A I'aide de son metier, il penetre dans les camps ct parmi les soldats anglais; il y recueille des renseignemens utiles a Washington, et, d'accord avec le fon(la- teur de la liberte amorlcaine, complice de ce noble espion- nage, il y donne de faux avis non moins utiles a son pays. Ses inteUigcnces avec Tenuemi sont avcrces; il se cache devant ses -798 FRANCE. concitoyens qu'il no vent pas dctromper pour mieux tromper rennemi; il se laisse condamner a !a mort des traitres, et il se resigne a etre matulil par ceux auxquels il immole le bien le plus prccieux de rhonnete homnic, par ceux qui lui devraient des conronnes civiques. On volt tout de suite que la peinture d'un tel caractere convient mieux au reman qu'au drame ; elle a besoin de ces developpemensqui peuveutdevenir des beautes dans la narration, niais qui sont des longueurs au theatre; ici d'ailleurs la grande action, la lutte dc la libcrte, disparail com- pletenient, et le heros du romancier est presque reduit par le pocte dramatique a ne figurer que dans I'aventure de M, Whar- ton. C'est en effet cet episode du ronian de Cooper dont les auteurs out fait le veritable sujetde leur piece. Henri Wharton, jeune americain, officier dans I'armee anglaise, n'a point quitte .ses drapeaux au moment de la revolution. II vient sous un de- guisemeut voir sa famille ; reconnu et soupconne d'espionnage, il est condamue a mort par un conseil de guerre. Les inquie- tudes de son vieux pere , de ses deux soeurs, de Dunwoodie, son ami, qui doit epouser Frances, Tune de ses soeurs, et qui, en sa qualite de major des dragons de la Virginie , est oblige de le fairejuger et de tacher de le reprcndre , lorsque , grace a I'industrie de I'espion , il est parvenu a s'echapper : voila les scenes et le pathetique du drame. Les deux premiers actes se passent dans la famille de M. AVharton , ou Washington, sur- pris par un orage , a re^u I'hospitalite, mais sans (itre connu , et designe sous le nom de Harper. I! voit arriver Henri Wharton , le reconnait inalgre son deguisement et promet de lui etre utile s'il lui arrivait quelque accident. Le troisieme acte est rempli en partie par le jugement; Henri, qui avait prevu sa condamnalion, avait fait appeler un ministre de la religion; c'est Birch qui se presenle vetu en ecclcsiastiquc, et qui em- rnene le condamne, auquel il fait prendre les habits dun do- mestique. Au quatrieme aote nous sommes dans la retraile de Birch , situee au milieu de rochers inaccessibles. Washington y attend I'espion, lorsque Frances, a laipielie Birch a promis de sauver son frcre, et qui ne salt pas le stralageme du faux ministre, vient pour presser le colporteur d'accomplir sa promesse. On concoit son etonnement de trouver la M. Harper ; Henri y arrive bientot avec son libcrateur; mais le jeune hommen'est pas en- core sauve, il faut le tirer de cet asyle pour lui faire repasser les ii;jnes americaines, entreprise perilleuse , car aussitot que I'e- vasion sera connue, les dragons de la Virginie vont se niettre a sa poursuite. Frances seule pent retenir quelque terns leur chef; Birch demande seulement deux heures pour mettre Henri PARIS. 799 en surete. Ceci prepare une situation dramatique an cinquieme acte : Fiances ariive au moment ou Dunwoodie fait nionter a cheval son regiment pour courir k ia recherche de Birch et do Henri; Frances reniet a Dunwoodie une leltre de Henri qui ie conjure d'accomplir une union qui le rendra son frere. Dunwoodie est partage entre son devoir qui ie presse et son amour qui le retient; Frances lui rappelle les plus doux sou- venirs; elle mole les reproches aux expressions de ramour le plus tendre etle plus seduisant; les yeux alternativement atta- ches sur la penduleetsur son amant,elleeprouve uneangoisse raortelle, et le trouble qui I'agite est a son comble, lorsqu'en- tendant sonncr cinq heures elle s'ecrie : Mon frere est sauvel Bienlot on apprend qu'en effet il a passe les lignes; que Birch, eu donnant aux Anglais un faux avis, les a attires dans un piege; ils sent vaincus, et la lutte americaine est terminee. Mais les Anglais se sont apercus de la trahison; on entend une decharge de mousqueterie; et Birch , frappe a mort, vient toniber sur le theatre, au milieu de ses compatriotes, qui le poursuivent encore de leurs outrages, lorsqu'il tire de son sein un ecrit signe de Washington , et dans lequel ce grand homme revele I'heroique devoument de I'espion , et declare que per- sonne n'a rendu de plus importans services a la cause ameri- caine. Ce temoignage lui a ete donne dans I'acle precedent, lorsque Washington, prevoyant la fin prochaine de la lutte, veut mettre du moius la memoire d'Harvey Birch a I'abri de I'infamie. Les evenemens se precipitent dans ce denoument d'une maniere tout-a-fait invraisemblable; c'etait un des in- conveniens du sujet. Un autre inconvenient, plus grave sans doute, c'est de montrer Washington dans une situation pres- que ridicule, et de lui faire jouer un role absolunient nul et toiit-a-fait indigne de sa grande renommee. Du reste les au- teurs qui n'ont rien imagine , ni situations ni caracteres , et qui meuie ont copie une grande partie de leur dialogue dans Coo- per, ont du moins le merite d'avoir assez bien dispose pour la scene les larges emprunts qu'ils ont faits au romancier, et leur piece n'est pas sans quelque interet. lis ont d'ailleurs ete tres bien secondes par les acteurs qui ont joue avec beaucoup d'en- semble; mais il est impossible de ne pas faire une mention particuliere de M"e Mars, qui , dans la scene de la peu- dule surtout, a mis dans son jeu une expression si passionnee, a rendu son trouble avec une si douloureuse energie, avec une verite si profondument dramatique, que cctte seule scene aurait pu faire le succes de la piece. On sait que ce drame a ete joue pour le benefice de M"'= Leverd ; on dit qu'on avail propose 8oo FRANCE. a Tacliice de choisir pour rette solcnnite ie GuitUiume Tell Ae Pichat, mais que la Coinedie-Fiaiiraise lui a impose X'Espion ; uous lie voulons pas croiio ce bruit pour rhonnenr tie la Co- iiieiiie ; elle entend trop bieii i'interct de I'ail et ses propres intercts pour avoir donne la preference a une cupie prosaique sur la peinture poetique la phis brillaiite. — Odkon. — ^ Premiere representaiioii de VEspion, drame en cinq actes et en prose, par MM. Lean Halevy et Fontan. ( Samedi 6 decembre. ) — 11 arrive qnelqiiofois que I'apparition simuUanee sur deiix theatres de deux pieces , tirees du nieme roman , est I'elTet du hasard ; il parait qu'il n"en a pas ete ainsi pour les deux Espions ; on a raconte que celui dont nous venons de rendre coiiipte avait ete promis a I'Odeon , et etait sur le point d'y etre represente lorsqu'on I'a porte a la Comedie-Francaise , que le directeur tie I'Odeon , qui avait comple sur cet ouvrat^e, pris au depourvu par ce desajDpoin- tement , a prie deux auteiirs de lui faire aussi sou Espion ; que ceux-ci se sont mis a dechiqueter a la hate les quatre volumes de Cooper, et que leur i)iece a ete faite, apprise et repre- sentee en tres-pcu de jours. Nous ne reeiieillons ce bruit de coulisses qu€ pour excuser la precipitation que Ton pent re- marquer dans cette composition, dont le5 deux jeunesauteurs, connus par dcs ouvia;;es spirituels , n'ont pas encore une t^rande experience de la scene. I>e manque d'habitude et de terns ne leur a pas permis de choisir avec assez de disccrne- jnent et de inettre en oeuvre avec assez d'adresse les materiaux ••mpruntes au roman. Les auteurs de la i ue de Richelitu onl economise les persoiinages et les situations ; ils se sont peu oc- cupes del'Espion pour ramasser tout I'inieret sur Henri Whar- thon; les auteurs de I'Odeon out voulu presenter plus de earacteies , mais ils n'ont pas en I'espace necessaire pour les peindre; iis ont vuulu mettre en scenes plus d'effets , mais ils n'ont j)as eu le terns de les preparer. On vetrouve dans leur drame ce chirui|^ien-major qui se plaint sans cesse que les dragons de la Virginic fraj^pent I'enuemi sans precaution, et Jont des blessures ingueiissables ; le pere d'Harvey Birch, vieillard qui se meurt le jour on se passe Taction , et (|u'ils out imagine d'ensevelir sous les debris biulans de sa cabaiie, in- cendiee j)ar les partisans nommes Ecorcltcum. Ce tableau tor- mine le second acle. Us ont aussi em[)runte a Cooper le per- soniiagc de la secoude soeiir de Henri, ijui doit ce jour meme etre ntiie a un colonel anglais, prisonnicr pariui les Americains. Au moment du mai iage, I'Espion decouvre que le colonel est deja marie; Sara frappee coname dun coup de foudre perd Ia^ PARIS. So I raison. Afiu que cette folic iie soil pas un cvencmeut parasite, les auteurs ont heureiisement imagine de la faire scrvir ^ aug- mentcr, dans I'acte suivant , le peril de Henri; Saia, appelee en temoignage devant le conseil de guerre , pourrait faire une revelation qui sauverait infailliblement son frere , mais son egarement la condamne an silence. Lc chirurgien, qui se trouve etre le frere de la femme abandonnte , provoque le colonel ; un duel a lieu dans le salon meme, et le colonel tombe mort d'un coup de pistolet; c'est la fin du troisieme acte. Le juge- meut est place ici an quatrienie ; et, dans le dernier, Harvey Birch est tue , comme dans I'autre piece, au moment oil it vient de sauver Henri ; mais ici le coup part de ses com- patriotes , ce qui nous semble niieux imagine. Enfin on an- nonce au deuoument I'arrivee d'uue flotte fran^aise, etl'inde- pendance de I'Ameriqne. On voit que nous n'avons ici ni les scenes du ministre, ni surtout celle ou Frances arrete Dun- woodie , la plus interessante de I'autre piece. En consacrant une parlie de leur ouvrage a inettre davantage en jeu le role del'Espion, les auteurs I'ontdivise et par consequent ont affaibli I'interet. La piece a cependant reussi malgre une opposition aussi nialadroite que malveillante. II est impossible de mettre dans ime cabale plus d'effronterie et d'indecence. Le veritable public a tcnu compte aux auteurs d'lmc precipitation qui leur elait commandee par une circonstance extraordinaire; et ce n'est point dans ce cas que la critique a le ilroit de rappeler I'axiome si judicieux : Le tcins nefait ricn a V affaire. — Premiere representation du Contrariarit, comedie en un acte et en prose, par M. Merville. (Dimanche 28). — II y a dans le developpement de ce caractere quelque chose de pen thea- tral , parce qu'il est trop facile de prevoir les effets d'un tel tia- vers. II est bien evident qu'on peul faire dire a uu contrariant ce qu'on veut en disant soi-meme le conlraire , et que son dia- logue est dicte par cclui du personnage qu'on lui donne pour interlocuteur. Cependant il offre un cote comiqiie dans ses bi- zarreries, et I'obligation ou on le met de refuter avec vehemence ce que tout h I'heure il soutenait avec obstination, ctl'irresis- tible envie qu'il eprouve de contredire jusqu'aux eloges qu'on donne a lui-meme appellent frequemment le sourire sur les le- vres du spectateur. Avant V Esprit de cvnlradictiun , petite co- medie donnee par Dufresny en 1700, et qu'uneidee ingenieuse et surtout un dialogue piquant ont fait vivre au theatre , dh avail peint des caractcres contrarians , et I'ou en a peint depuis;. mais on n'a reussi qu'en les placant dans un cadre etroit. Le Capricicux de J. - B. Rousseau n'est pas autre chose qu'un coa- So'Jt FRANCE. traiiant; et mal^'ie les traits spirituels et les vers de comedie reparulus dans I'ouvrage, il n'obtint aucua succes ; Ton ne troiiva que de la monotonie dans des caprices d'un effet si uni- forme. On a rappele, a propos dii Cnnlrarlaiit le Tyran domcs- tiquc doiit les cinq actes sont remplis d'interet; mais ce person- nago si habilement peint par M. Duval est une conception profonde d'un ordre bien snperieur a tous Xgs, csprits (\c contra, diction; et le poete a du penetrer bien plus avant dans le coeur humain , que si son but unique eut ete de peindre la contra- riete qui n'est le plus souvent qu'un travers de I'esprit. M. Mer- ville a donne une uouvclle preuve de la connaissance dc son art en renfermant sa peinture dans un seul acte. Son Contra- riant , jeune medecin nonmie Valdamont , vient cpouser la (ille d'un M. Bourval qui ne I'a pas vu depuis le terns ou il etait an college. Des la premiere entrevue il se brouille avec le beau- pere par cette rage de contrariete qui le met en querelle avec tout le monde depuis la portiere jusqu'au maitre du logis ; il choque surtout Bourval par son obstination a nier la puissance du magnetisme dont celui-ci est ongoue. Bourval roraptl'union projotee, et declare qu'il prend pour gendre un certain M. Pla- cide, espece d'imbecile d'un caractere tout oppose au contra- nant. Placide ne confrarie personne, par une bonne raison , c'est qu'il n'a a lui ni une volonte, ni meme une idee. On voit bien que d'apres les usages de la comedie M"^ Bourval ne pent epouser ce niais; il faut done que le gendre et le beau- pere futurs se raccommodent. Le magnetisme qui les a brouilles va les reconcilier. Bourval trouve Valdamont magnetisant son domestique; il n'en faut pas davantage pour charmer le bon- hon)me, d'autant plus que I'operation reussit a merveille, et que Lapierre lui sembie tin sujetAonl il a vainemcnt cherche le pareil depuis que les mysteres du somnambulisme lui sont reveles. Malheurcusement il s'apercoit bientot que Lapierre s'est moque d'eux, et sa colore va renaitre, lorsqu'on lui ap- preiid que si Valdamout a I'esprit mal fait, an moins il a une belle ilme; et un grand service que ce jeune honinie rend a Bourval, auqiiel lui debitiur iniidele enleve une partie de sa fortune, lui rend Taffection du futur b<^au-pcre, et la main de colle qu'il aime. On pnurrait desirer que I'intrigue fiit un pen plus neuve; que le valet et la soubrctte fusseiit un pen moins dans riniimite de leurs maitres: luais le dialogue ne man(|uc pas d'csprit, il offre des mots heureux, quelques ridicules bien saisis, et le caractere i)rincipal est assez adroiti ment developpe. Il y a de la gaite dans la boul'fonneiie de la scene dc sonmam- bulisme. C'est une bluette donnec sans pretention et jugee de PARIS. 8o3 menie ; qui amuse le public de I'Odeou, et ne depare point la collection des comedies de I'auteur. M. A. Antiqailes igyptiennes. — Extrait d'une Lettre dc M. Jo- mar d a M. Abel Remusat siir une noiwelle luesure de coudee, troiu'pe a Memphis par M. le chevalier Drovetti, et sa compa- raison avec les aiitres mesurcs semblahles , connues jusqu'a pre- si;nt[\). — Lesmonumens metriques de I'ancienne Egypte com- mencant a se multiplier, il m'a paru utile de les rapprocher et de les reunir dans un meme ecrit. M'etant occupe autrefois des me- sures t'gypticnncs,etayant reunidepuis les divers monumens de cette nature, au moment de leur decouvertc, je preparais une nouvelle publication sur cesujet, etje ra'efforcais de la rendre complete. Aux monumens deja publies, j'avais joint le dessin A'line seconde coudee envoyee d'Egypte par le chevalier Dro- vetti, et dont I'original me fut communique il y a quelque tems (il est aujourd'hui depose au Musee du Louvre); mais la communication tres - interessante que vient de faire a I'Aca- demie des sciences mon savant confrere et compagnon de voyage, M. Girard, sur la nouvelle coudee de M. Drovetti, m'oblige d'interrompre mon projet , et de publier cette regie metrique, deja gravee depuis long- tems, en I'accompagnant d'un petit nombre d'observations et la comparant aux autres regies du meme genre. La nouvelle coudv-e est en bois dur, lourd et de couleur brune, semblable a celui de la premiere, appelee bois dc Meroc; la forme est la meme; c'est un long prisnie aplati avec un pan coupe : il est seulement un peu plus epais; les divisions, les signes numeriqucs et tous les autres caracteres sont analogues, mais executes avec plus de Bni et de soin. La difference prin- cipale consiste en cc que le dessous de la regie est , ainsi que le dessus et la face laterale, couvert de signes d'ecriture, tandis que , dans la premiere coudee de Memphis que Ton voit aTurin , il n'y a que quatre faces travaillees, et que le dessous est imi. Cette piece est sans contredit unedesplus interessantes, sinon laplusprecieuse entre toutes celles du meme genre, qui sont, actuellemcnt connues, quoiqu'il existe une fente a un bout et (i) Cette lettre, imprimee a part, 10-4° de a8 pages, avec une grande Planche et une Table tommaire des dimensions companies des quatre coudees de Hfemphis , (se trouve a Paris, cliez Dtbiire , rue Serpen te , n° 7, et Merhn, f[n;ii ties Augustins , n° 71. 8o4 FRANCE. qu'il manque une vingtaine de caracteres sur la face laterale , par suite de I'enl^vement d'un eclat du bois. Ainsi , le lecteur qui connait deja la premiere coudee deposee a Turin sait d'avance que celle-ci est divisee en vingt-huit cases ou doigts ; qu'en procedant de droite a gauche, elle est numerotee des sigues hieroglypJiiques 2, 3, 4, 5, 6, et ainsi de suite jusqu'^ i6, de maniere que ce nombre i6 est sur la i5* case, a partir de la droite. Sur la face de devant sont les divisions, parfaite- ment indiquees par un enduit blanc tres-artistement incruste dans le bois; il en est de meme de tous les signcs. C'est un travail tres-remarquable , et qui prouve I'habilete avec laquelle on travaillait et I'on coupait lebois;car la largeurdechaque trait des divisions est d'environ un demi-millimetre , et I'instrument renferme des lignes d'une finesse beaucoup plus grande. Les inegalites des palmes, des doigts et de leurs subdivisions sont moins fortes dans cette seconde coudee que dans la pre- miere; mais ( ce qu'on a peine a expliquer ) les traits qui fer- ment ces subdivisions sont traces obliquement a la longueur de la regie, et non perpendiculaircment. Comnie dans la premiere regie, les subdivisions des doigts sont en nombre egal au chiffre gi-ave sur le pan coupe; ainsi la premiere case a deux divisions; la 2« en a trois; la 3" en •il quatre , et ainsi de suite jusqu'a i6. Les chiffres indiquent done encore des rombres fractconnaircs, ou les denominateurs des fractions correspondantcs, ainsi que jc I'ai explique dans la description de la premiere coudee : seulement, le signe ovale qui les accompagne est place ici a Icur droite , tandis qu'il est au-dessus dans la premiere coudee , ce qui revient au meme. Apres le quinzieme doigt, plus de divisions sur le bord droit de la regie , ni de signes sur le bas du pan coupe : tandis que, dans la premiere regie , le signe qui indique la coudee occupe les treize cases restautes, avec les chiffres III, II et IIII repetes phisieurs fois. Ef;\nt de meme nature, de meme maticre, trouvees dans le meme lieu et de meme dimension, il est manifeste que ces deux regies avaient le meme objet. La longueur totale de la a" roudee est de 523 millimetres , et celle de la i'''^ -st de 523 millimetres et demi passe, d'apres la mesure tres-23recisepubiiee par I'Academie de Turin. Une derniere remarque sur la a« coudee , c'est qu'on y a indique par des traits prolonges dans toute la largeur de la regie, et par de petitcs marques particulieres, les espaces egaux a un doigt, a quatre doigts ou un palme, a deux doigts ou wn condyle, et enQn k trois doigts. Toutes ces circonstances PARIS. 80 5 annoncent une mesure usuelle, effective , et non pas un simple monuiTient dedicatoire ou commemoratif , un simulacre pure- ment votif,et insignifiant conime mesure; tant de details auraient ete inutiles pour un objet semblable. Enfin , il serait contrc les regies de la pi-obabilite que des mesures taillees au hasard eussent une longueur aussi parfaitement egale. Je ne parle ici que de la longueur totale de I'instrument, car les parties sent tres-iuegales entre elles. Je passe a une 3« coudee que M. Nizzoli, chancelicr du consulat d'Autriche en Egypte, a trouvee dans les fouilles qu'il a fait faire a Memphis. On en voit la figure dans I'interessant recueil imprime a Milan, sous ce titre : Bibliotcca italiana, avec une description etendue ct des remarques. Le dessous est orne de caracteres, comme dans la figure a; I'auteur de cette notice n'eleveaucun doute k I'egard de cette mesure, et il la regarde comme une mesure de 24 doigts, longue en tout de 45 centi- metres. Malgre I'appui que cette opinion pourrait donner a mon sentiment sur la longueur de la petite coudee, ou coudee antique, je pense que cette mesure est encore une coudee de 28 doigts. Les details dans lesquelaje vais entrer fcront juger de la solidite de ma conjecture. La piece est, dit-on, en marbre; M. Nizzoli lui-meme ne trouva dans les fouilles que des frag- mens; mais, apres son depart de I'Egypte, les Arabes vinrent ^ bout de decouvrir le reste. M. Drovetti les acheta et eut la generosite de les envoyer a Florence a M. Nizzoli. Depuis, on a rajuste les sept fragmens ainsi retrouves. On ne peut nier que les six premiers se lient bien ensemble; la progression des chiffres ne laisse aucun doute ; mais je ne pense pas ainsi du septieme. L'auteur de la notice dit qu'a partir du 16^ doigt (il aurait fallu dire le i5®), il n'existe pas de signes, comme dans la coudee Drovetti, pour faire admettre I'existence d'un palme de plus. Cette raison de peu de valeur est reduite a rien par I'examen de la 2^ coudee Drovetti, dont les cases sent egalement vides, apres la marque du nombre 16. En second lieu, les formes des cassures des 6« et 7* morceaux ne se cor- respondent, ni en dessus, ni en dessous. Troisiemement, le signe coudee et les trois autres signes places a I'extremite droite des regies, figures i et 2, qui signifient probablement coudee royale , se retrouvent ici au 7* morceau. Or, qui pourrait ad- mettre que ces mots s'appliquassent indistinctcment a des me- sures aussi differentes qu'une coudee de 28 doigts et une coudee de 24 doigts, a une longueur de 523 millimetres et demi et a une longueur de 45o millimetres? D'autres motifs encore qu'il serait trop long d'exposer ici m'autorisent a 8o6 FRANCE. conclure que la coud<;e de M. Nizzoli avail 28 doigts comme les deux autres, trouvces d'aillcuis , ainsi qu'elle-meme, ;i Memphis. D'apres les cinq palmcs complets que Ton possede, quoique inegaux entre eux , on pcut croire que la mesure en- tierc avail environ SaS millimetres et dcrai. Le fragmenl d'une quatriome coudee est depose a la Biblio- theque royale, a Paris. II a ete rapporte d'Egyptc par M. Raf- FAELLi, et publie peu de terns apres. Ces fragmens sont en schiste ou en basalte gris. C'est la portion du milieu de la coudee, comme on en peut juger par les chiffres subsistans, 12, i3, 14, i5, 16. La longueur du fragment equivaut a en- viron huit doigts; et les chiffres, ainsi que les divisions des doigts, occupent moins d'espace que dans les figures prece- dentes. En considerant ce fragment avec attention, on reste con- vaincu qu'il a apparlenu a une mesure de 28 doigts; et, si Ton en juge par les dimensions des six doigts subsistant, la coudee enlierede 28 doigts devait avoir 624 milhmetres; I'epaisseur est de ai millimetres, la memc que celle de la premiere coudee. D'apres Taccord qui existe entre ces quatre monumens , pour la grandeur totale,et meme pour la longueur moyennedes palmes, d'apres la coudee de M. Anastasi, et encore une autre que M. le comte de Balbe a vue decrite dans le catalogue de M. Drovetti, longue d'cnviron 52 centimetres, il n'est plus permis de douter (jue Ton ne fit usage a Memphis dune me- sure longue de 523 millimetres et demi environ , et divisee en a8 parties. Mais, en meme tems, des indices multiplies font voir que cette mesure a du succeder a une autre, plus courle et plus conforme a la grandeur de la coudee naturelle. Entre plusieurs motifs qu'on peut apporter en preuve, je citerai le nombre meme des doigts de la coudee de Memphis. Mon ho- norable et savant collogue, M. Girard, reconnait que cette mesure septcnaire derivait d'une autre mesure de 24 doigts on 6 palmes. Ces rapports de i a 6 el de i a 24 sont en effet coa- formes a la proportion naturelle qui existe entre les doigts, le palme et la coudee; ils s'accordent surtout avec la delini- tion la plus ancienne que Ton connaisse des mesures de I'E- gypte , celle que nous devons a Herodote. Je ne ferai pas de rapprochemcns entre la mesure de la seconde coudee de M. Drovetti et les dimensions des pyra- mides. Je me bornerai a rappeler que la longueur de la coudee de 28 doigts a le plus grand rapport avec la base de la deuxiemo pyramide de Memphis; il serait bien etonnant qu'on n'eut pas PARIS. 807 employe un nombre rond de mesures usuelles pour construire ce giiind monument. Or, on trouve en effet 400 de ces cou- dees dans sa base, et la difference legcTC qu'offre le calcul peut bien etre attribuee autant a la raesure que j'ai prise sur le terrain qu'^ I'inexactitude des constructeurs ou meme a I'incertitude de plus d'un millimetre qui rcgne encore sur la coudee de Memphis; en effet, les mathematiciens de i'Acade- rnie de Turin, MM. Bidone et Plana ont trouve , par les me- sures partielles de la premiere coudee, 522 millimetres 7^, et par la mesure entiere, 5*3 >"iiii«>. 525; la deuxieme coudee a 523 millimetres a fort peu pres (et non 525); la troisieme parait avoir 523 miHim. /^- enfin, la quatrieme, 524 ™'"''". i. II est a remarquer, que, jusqu'ici, on n'a trouve en Egypte aucune mesure gravee sur metal. Les cinq ou six mesures que i'on connait sont en bois ou en pierre. Les Egyptieus n'ont-ils pas voulu par la eviter les effets de la dilatation?... Malgre rinegalite des subdivisions, je suis tres-porte a croire que toutes ces coudees ont reellement servi a I'usage ordinaire, sinon pour les parties de la coudee, du moins pour la mesure totale. Un hasard heureux les a fait decouvrir; un. autre, plus heureux encore, fera trouver un jour quelque etalon veritable, correctement divise dans toutes ses parties. En I'anuoncant al'avance, j'espere rencontrer aussi juste que lors- que j'osais affirmer, il y a vingt ans, qu'on trouverait dans les hypogees et dans les mines de Thebes et de Memphis des ouvrages de I'industrie egyptienne , tout-a-fait comparables aux produits de I'art europeen. Jomard. — Papyrus egyptieus. — Decotivertes faites par M. Champol- i^^os ,jf'unc , dans b:s papyrus de M. Sallier d' Aix ( Boitches tlu-Rhone.) — Au moment meme de son depart pour I'Egvpte, M. Champollion jeune , a fait une decouvcrte qui peut etre tres- utile a la science dont il s'est occupii toute sa vie avec tant de succes. Deux jours avantde s'eiubarquer i! a trouve dans la col- lection egyptienne de M. Saltier, membre de la Societe acade- miipie d'Alix (Bouches-du-Rhone ) trois rouleaux depapyiiis, ecrits en beaux caracteres demoliques. Le premier de cos rou- leaux contient V Histoire des campagnes de Sesostris Rhainses , appele aussi Scthas ou Selhosis , et Sesoosis, et doune les details les plus circonstancies sur ses conqrietes, sur les pays qu'il a traverses, sur les forces et la composition de son armee. Le ma- nuscrit finit par la declaration de Thistorien, qui, apres avoir fait connaitre ses noms et ses titres, certifie avoir ecrit, dans la neuvieme. annee de Sesostris Rliamses , roi des rois , lion dam 8o8 FRANCE. les combats , le bras h qui Dieu a donne la force, et autres pe- riphrases dans le style oi-iental. Sur le meine manuscrit, et apres une marge noii ecritc, commence une autre composition , sous ce litre : Louangcs da grand roi Amemnengon. Quelques feuilles seulement, separees par des intervallcs et marquees de nunieros, fmissent ce rou- leau, et forment le commencement de I'histoire contenue dans le second. Le troisicme rouleau traite d'astronomie ou d'astrologie, et peut-t'tre de ces deux sciences; il n'a pas encore ete deroule. Presse de se rendre a Toulon , M. Champollion n'a pu examiner qu'i\ la hate ces monumensimportans. Aide de son savant com- pagnon de voyage, M. Rossellini, il s'est borne a une inspec- tion rapide et a des notes ou esquisses des dessins antiques. II se propose de les etudier plus a loisir, a son retour. Ces nia- nuscrits et quelques autres papyrus ont ete achetes par M. Sallier, d'lm marin originaire d'Egypte. A. P. Necrologie. — BRissoN(fi«r««Z/c'),Inspecteurdivisionnaire des ponts et chaussees, chevalier de la Legion - d'tTonnenr, ne a Lyon, le 12 octobre 1777, mort a Nevers, le 25 septembre der- nier, a I'age de 5i ans. — M. Brisson, apres avoir fait ses etudes avecsucces au college de Juilly, fuladmis, a I'age de i6 ans, a I'Ecole polyiechnique, au moment de sa creation. II s'y distingna par une grande capacite et par un gout prononce pour les sciences mathematiques, et merita I'estime et I'affection duce- lebre Monge, dont il devint bientot I'eleve de predilection, et plus tard I'ami particulier. Entre, apres sa sortie de TEcole, dans le Corps des pouts et chaussees, il fut employe successivement au canal Monsieur, et au canal de Sainl-Quentin, et deploya , dans les travaux diffi- ciles dont il fut charge, et particulierement dans la construc- tion du souterrain qui fail parlie du bief de partage de ce der- nier canal, loiites les rcssources d'un genie actifet fecond. A la meme opoque , il commenca ;\ fonder sa reputation par la publication d'un Memoire sur la configuration de la surface du globe, et sur la determination des points de partage des ca- naux. Ce Memoire qu'il redigea avec son ami Dupuis de Torcy, et qui fut insere en partie dans le xiv^ voUime du Journal de V Ecole poly technique, renferme des considerations du plus haut interet pour I'ingeuieur, et decele un de ces esprlts profonds qui reconnaissent un ensemble soumis ^ des lois reguliercs , la ou un esprit ordinaire ne voit que des fails isoles sans liaison et sans importance. PARIS. 809 La maniere doiU ri'coiilement dcs i aux doit s'opt-ici snr iine portion determinee du globe peut elre facilemeiit prevue, Ims- que Ton coiinait exactenient les inflexions qn'affecle la surface du sol. M. Biisson , dans le Memoire dont nous vonons do pai - ler, cliercha a resoudre le probleme inverse, qui consiste a sc represcuter les formes generales du terrain d'api es la direction et la disposition des cours d'eau qui le siilonnent; et. en posrmt quelques principes tres - simples , resultats de I'obseivation , il donna le nioyen de se former une idee exacte de h configuia- lion du sol d'un pays a {'inspection de sa carte geographiquc. C'est par I'application de ces principes qu'a la seule vue des cartes, M. Brisson fixa , sur la chaine de montaj.'nes qui s'eleve entre la Sarre et le Rhin , le point le plus propre au passage d'un canal destine a reiniir ces deux grands cours d'eau. L'e- tude des localites fit reconnaitre que ce point etait de 7.1 metres plus bas que celui qu'avaient indique pour le memo objet I'il- lustre Vauban et, apres lui, tons le«. ingenieurs (jiii s'etaieuf ocrupes de la mcme reclierche. II fixa dememele pomt le moins eleve, dans les environs de Saint-Etienne , de la chaine qui se- pare le Rhone de la Loire. Enfin les vues de M. Brisson auraient pu trouver encore une heureuse application dans la determina- tion dupointde partaged'un canal entre i'Ohioet la Chesapeake, dont le projet fut etudie, en 1823, par des ingenieurs des Etats- Unis. Ce ne fut qu'apres beaucoup d'hesitations , et apres avoir nivele laborieusement toutes les vallees des deux versans opposes, et les seuils qui les separent, sur une etendiir de terrain de plus de cent lieues carrees, que Ton parvint a triniver le col le plus bas ipii, d'apres les regies posees par ringenieur francais, se reconnaitii la seule inspection de la carte du con- tinent araericain. Des services im])ortans rendus dans la construclion des ca- naux valurent a M. Brisson, a peine age de '^o ans, Ic grade d'ingenieur en clief. Il fut envoye, en celte qualite, daus le departemeiit de I'Escaut, alors dependant de la France, et il v dirigea , avec autnnt de succes qiu- de talent , des travaux im- raenses , pour proteger le pays centre les uiacees de I'Ocean , qui, sans les digue< puissantes qu'on leur oppose, envahi- raient une siuface considerable de terrain. Ces travaux, desti- nes a i-tre long-tems des niodeles de I'art, out ete decrils par M. Brisson daus une Notice detaillee qui Cit uu traile eomplet de la matiere, et qui a ete insereedaus le Rfrticil litliof;rnfjliifjtie (If I' ncole (li's jiniiis et rlinttssecs. II redigea, r ia uieiiu; eponne, les projets d'un canal es qui a ete iniprime a la suite de la Geoinetrie descriptit'e de Monge , quel- ques Memoires d'Analyse soumis a I'lnstitut de France, enfin des observations sur divers travaux de construction, inserees dans les collections lithographiques de I'Ecole des ponts et chaussees. On doit (aire paraitre incessamment un ouvrage sur la canalisation generale de la France qu'il avait long-tems me- dite, qui etait acheve Jepuis plusieurs annees et qu'il cherchait ;i perfectionucr encore, lorsque la mort est venue le frapper. Sj2 TRANCE. Cut oiivrago il»- I'nti dfs plus lialiili's Ni;j;eniciii s dont s'lionorr la Fiance, tie pent m;uK|iier, pai le noni de sdii anteiir et par I'" siiji't «|iril tiaitf , (I'l-viMller raltcniioii lics ooiiipagnics iinliis- trielltjs ef dc Ions ies lioinmey (jni s'iiiloreS'.ent a la prosperile dc iiotf o patiie. 1/auteur de cette JN'otice a etc I'un dts eleves de M. Brisson ; il a clierclic! a faire connaitie un maitre pour lequel il etait pi'iK-tiu d'esiimo et d'airiilie, et dont il a ete appele, par (les circonstanci's inalheiueuses, a lecevoir ie d( inier soupif. — Piiisse CO laible lioniiiiage rendu a sa nionioirc apporter qiiel- •pie adoucisseinent a la doulenr il'iine faniille desolee. /^c/. JuLHEN, Ingeriicur des jjonts et chaiissrca. — Dessoles, Lieulenaiit-i^cneral, Pair de France, niort a sa campagne, pres Paris, a la (in d'octobie 1828. — II fut ministrc Jionnete huinme, et hoinme d'Etat patriote et Fraiicais. A ce double litre, une place honorable liii appartient dans notre Necrologue , oil nous desirous inscrire les nonis do tons ceux ijui ont servi avcc distinclioii la France et la cause de rhuma- nite..Noiis emprunteroiis , pour payer lui Iribut d'elojjes a la uienioire du general Dessoles, les expressions d'un de ses amis vX de ses conipa^nons d'arrnes, M. Ic iietilenanl-general Max. Lamaroue, noniine di'puis pen inendjre de la chambre des tieputes, el I'uu des defi'ii^eius eclaires el courageux de iios institutions constitution nelles. ...'< II est si dijj;ne des lei^rets del'arniee et des regrets de la patiie, celui qui lionora par sa conduite la carriere civile el la carriere mililaire, celui qui sortit pur du creiisetj'des revo- lutions qui ont souinls les caracteres a tant d'epreuves 1 « Quand la coalilian osa altaqucr notre independance, l( i;eneral Dessoles courut un des premiers a !a defense de iiu> crontieres; la connnetica une auiilie (pie nos fortunes diverse* ii'ont jamais affaibiie. l>uiie d'ini esprit brillant, dune douceur inalterable, d'liue boiiie (acile , Dessoles se faisail adorer do ses subordomies et de ses chefs. Le i^eneial Regnier le choisii jiour son aide-de camp. Un tiait suflit pour signaler rintrepi- -lite du vieux gueiriei- tpii se raltachait : il vouhit sup|jriaier les canons et les fusils , i^r aimer les soldats soles bravait la inort a ses c6(es, sur les bord, de la Bidassoa, (piand le deetel qui eioignait les noljles de I'.iimee le furca a rentrer dans ses loyt'is. Rappele bienlot, il joignit, conime adjudant general , i{o!iaparte en Italic, et se dislingua dans ees iinniortelles cam- pagues. Moinine general de brigade, a|)res la paix de Leoben , Des.sulrs titt bieiitol roicasiou de prouver qu'il avail profile PARIS. 8 1 ^ des iecons du vainqueur de I'ltalie. Sept niille Autrichicns etaient refranclu'-s sur les hauteurs de Glurens; Desso'es n'avait que quatre mille soldats : par une manoeuvre audacieuse, il tourna I'ennenii, deboucha sur ses derrieres , tua douze cents Autrichicns, et fit plus de piisonniers qu'il n'avait de coni- battans. Cette victoire, od le seconderent si vaillamment les generaux Fressinet et Maucune, qui i'ont devance dans la tombe, lui valut le grade de general de division, qui alors se conquerait et n'etait pas le patrimoine de la faveur. « Dessoles s'etait montre general habile ; ii prouva bienlot qu'il etait grand administrateur. Chef d'etat-major de Soberer et de Moreau, il organisa I'armee qui, retiree sur ies hauteurs de Genes, avait perdu I'ltalie, cette Italie conquise par tant dc sang, par tant de vlctoires !!I II suivit Joubert sur le champ de bataille de Novi, et chercha en vain a ses cotes une riiort moins dure que la defaite. « tin sort plus heureux I'attendait sur les bords du Rhiii ; Moreau, qui ne pouvait se separcr de lui, I'obtint encore pour son chef d'etat-major. Jamais armee ne fut mieux organisee, ne fut plus brave, plus disciplinee ; jamais generaux ne furent plus unis, plus devoues a la patrie... t Apres la paix de Luneville, le premier Consul , juste appre- ciateur des taieus de Dessoles, le nomma conseiller-d'etat. Je voudrais pouvoir rappeler toutes les tentatives qu'il fit pour le detacher de Moreau, encore republicain. II lui disait, ccUsi qui voulait fonder une dynastie : « Jamais Je ne descendral au role de Cesar. » Je voudrais rappeler les soirees que nous pas- sions avec Lannes, qui, devinant les projets usurpateurs de Bonaparte , les repoussait avec les apres saillies d'une indigna- tion toute plebeienne. On se convaincrait alors de I'injustice de ceux qui attribuent k I'armee la destruction du gouverncmcnt consulaire ; ce sont les eourtisans de Napoleon , ce sont ses ministres, c'est son conseil d'Etat, qui sacrifierent la liberte. Les soldats pretereut a regret leurs epaules au pavois ... « Dans I'an 2, Dessoles commauda en chef I'armee dc Ha- novre. Etranger a la conspiration oii Moreau fut compromis, il ne voulut pas abandonner son ami ; et, croyant i son inno- cence, il ne cessa de lui donncr des preuves d'interet. Des marques non equivoques de niecontentenient I'avcrtirenl qu'il avait perdu la faveur de Napoleon ; il se retira a Auch , oii ses affections de famille, ses gouts simples, son stoicisme , lui firent trouver le bonheur... « En passant a Auch, en 1808, Bonaparte se rappela Des- soles, lui rendit sa faveur, et I'emmena eu Espagne. Son esprit 52. Hi A FRANCE. it son caractcre ctaicnt trop en liarnionk' avec les qiialites du iiouvcau roi pour que celni-ci ne chorchat pas a se I'attacher; luals. If troiivaut inacccssihie a ^es offrcs les phis brillantes, ct preferant a toul le titte de l''ran9ais, Josep'i lui confia la re- >erve dc rannoe. C'est a sa tctc qu'il assista aux balaillos dc Talaveyra, d'Ocana, et a la maiche tiiomplialc dans les Anda- lousic's, marchc qui, sans iin nialentendii, cut livre Cadix, et assure la conquete de I'Espa^ne. « L'c-space uie manque pour relraccr toul lo bien que fit Ic general Dessoles dans son gouvernement du loyaume de Jaen. Les Espayuols etonnes aimercnt un i,'eneral fran^ais, ct be- nirent un moment Je joug qui pesait sur leur patrie! Je suis presse dc le rencontrer dans la caniere civile, ou il a dcploye un si beau caractere, ou i! a conquis des palmes plus difliciles ■t plus glorieuses que celles qu'il moissonna sur les champs dc bataille. Ne parlons done pas de la canipagne de Russie, dont (I avait prevu le funeste resullat. Voyons-le au moment de la restauratiou , ou , devoue a la fois ;'i la double legitimite du Irone et de la liberie, il fit tanl d'efforts pour detruire les pre^ ventions du pouvoir, et pour calmer les craintcs de ceux (pii :' Le lieutenant-general, Max. Lamarqde. — DoBREE ( Thomas ]. Nantes vicut de perdre un de ses uieilleurs citoyens dans la personne de M. Thomas DoBKi-z , negociani , Consul de Danemark et des villes anseatiques , membre de la Societe academique de la Loire-Inferieure, etc. Ne a Nantes le 6 avril 1781 , il y est niort, le i5 decembre 1828, a un age 011 ses nombreux amis, ses concitoyens , les infortunes dont il etait le pere pouvaienl encore espercr de lungs jours pour lui. Entre de bonne heme dans la carriere du commerce, que son pcrc avait parcourue avec honneur, M. Dobree ne sepira j imais ses interets personnels des interets de sa ville natale. II est le premier arniateur qui, apres la paix , ait renoue les auciennes relations conuuerciales de la France avec la (liiine. C'est a lui, a ses essais long-tems infructueux , mais eouronnes enfin par le succes, qu'on doit Timportation et , pour ainsi dire , la decouverte du mode employe par les An- glais pour doubler les vaisseanx avec du feutre. Le gouverne- ment vient de prouver combien cette decouverte lui parait iuiportanle , en adoptant ce mode pour la marine royale. Done d'lm esprit eclaire , et anime du plus vif amour pour le bieu public, M. Dobiee , qui sentait combien I'instructiou de plus en plus repandue est necessaire au bonheur des individus ct a la prosperiie des Elals, employa loute sou influence pour 8i6 FRANCE. fonder a Nantes iinc ecole d'enseignemcnt elementaire, sni- des bases si bicn combiners ct alfcrmies , que ies efforts des ennemis du progres des lumioies ont etc iinpiiissans pour la renverser. Sa genereusc sollicitiide avait su intijresscr I'heiiticr du trone ii I'existence et a la conservation de cetle ecole qui a dcja forme do nombrenx oieves. C'est surtout a ce titie dc propagateur de linstriiction populaire et d'ami ilu bien public , que M: Dobree meritait uue place dans nos tableltes neerolo- i^iques ; et nous donnons des regrets d'autant plus vifs a sa niemoire , que nous I'avions conuii personnellemcnt dans sa ville natale , et qu'en appreciant ses excellentesqualites sociales et ses vertus privees, nous avions aussi vu de pres quels im- portans services il avait deja rendus et pouvait rendre encore a I'induslrie , au commerce et a la chose publique. M. A. J. Supplement A nos Tablettes Necrologiques pour fantu'e 1828. — Dans le cours de I'annee qui vient de fiiiir, la France n'a pas fait des pertes moins cruelles et moins uombreuses que dans Ies precedentes. — Les sciences, leslettres, Ics beaux arts, I'industrie , ainsi que ['administration publique, la politique, lo barreau , rarmee, ont eu egalcment a regrettor beaucoup d'liommes qui les honoraient. Nous avons deja paye a quelqnes- uns d'entre eux le dernier tribut que nous croyons devoir a la niemoire de ceux qui ont servi ulilement la patric et I'huma- nite. Presses par le terns et par I'cspace, nous nous bornerons a signaler ici, en pen de mots, des noms qui m; doivent pas etre oublies dans celte galerie, dout la mort remplit chaqne annee les rangs. M. Rose, menibre de I'lnstitut, professeur d'agriculture au Museum du Jardin du Roi , connu par plusi(Mus ouvrages esti- mes dans diverses parties de I'histoire naturelle, lionore de Taffeclion particidiere de la celebre madame Roland et dc sun mari , et fidele dans des tenis orageux a I'amitie et au malheur, hommo simple et bon , excellent citoyen, savant distingue, mort k Paris le 10 juillet dernier, a merite et obleuu les regrets de tous les gens de bien. M. Cadet-Devaux, agronome zele etinstruit, mort dans le mois de juin dernier, avait consacre toute sa vie a des re- chercbes et a des travaux utiles a I'economie domcstique. Aux noms justement honoresdes generaux Hooo ( v. iu'c. Enc. , t. xxxviii, p. 558 ) , Miollis ( V. Rev. Enc. , torn, xxxjx, pag. 179;, et Dessoles ( Fay. cidessus, pag. 812), nous devons ajouter ceux des generaux Dambar^ue, pair de France; Puget-Barbantane , mort 5 Paris le 27 mars 1828 , qui a laisse PARIS. 817 des Mcmoires poliliiiiies ties-curicux , ccrits avec une grande franchise; Bourcier, ancien coriseillcr d'Etnt , et admiiiistra- teiiriniegrect habile; Andreossy, niort aMontanbaii ie iose|)- tfinbre 1828, egalenieiit rtgrctte dansl'Academie dt-s scieuccs, dans la chambre des deputes et dans I'armee , ou il s'etait toiir- a-tonr distingue, comme savant, comma defenseur des libertes piibiiques , et conime grand ingeniciir ct militaire instruit; Damas, lieutenant-general, ancien chef d'etat-major et ami du brave Kleber, niort dernierement a Paris. Dans la classe des mcdecins , apres avoir deplore la perte de MM. Gall et Georget [F. Rci'. £nc. , t. x\xik, yt. 525 5'^i), nous mentionnerons ici Ie celebre et venerable Chaussier, mort a Paris, enjuin i828;M. BAUMESjl'un des plus savansprofesseurs de I'ecole de Montpellier, et dont les ouvrages jouissent d'uue juste renommee en France et dans les pays etrangers; el M. Du- poNT, qui avail fonde a Paris un cabinet d'anatomie , on les depouilles des morts semblent adresser des lecons eloquenles aux jeunes gens qu'une surabondance dc vie et d'activite et la foiigue inipetueuse des passions poiirraienl enlrainer dans les memes desordres et dans les memes malheurs , dont les traces hideiises peu vent les arretcr sut hs bords glissans d'un abyme. Parmi les hommes voues a la cause si respectable deTins^ truction primaire et populaire , M. Francois de Neufchatf.au, ex-ministre de Tinterieiu', et qui n'avait pas dedaigne d'ecrire lui-meme des livres elementaires pour I'enfance et pour les classes pauvres ( voy. Rev. Enc. , t. xxxvii , p. 587 ); M. Ie due DE LA Vauguyon, qui avail encourage avec perseverance la jiropagation de I'enseignemenl miitucl; M. Basset, ex-censeur des »';tudes , et I'un des niembres les plus zeles de la societe poui- ramelioration de rinslruction elementaire, veritable pere des eufans aux interels dcsquels il avail cousacre sa \ie entiere, ne doivent pas etre oublies. Parmi les hommes de leltres qui semblent devoir plus spe- cialement nous occuper, outre ceux que nous avons deja ins- crits dans notre Memorial necrologique, nous citerons Ie niodeste et laborieux Lallfmant, auteur d'nne Histoire abre- gec de la Colombie, et de plusieurs autres oMvrages; M. 3Ia- zuRE, auteur d'une Histoire de la revolution anglaise de 1688, qui a obtenu et merite deselogc^, quoiqu'elle ne fut pas eorite avec ime entiere independance ; M. Royou, connu par qiulques tragedies representees sur les deux Theatres Francais, et par un Abrege de I'histoire du bas empire, qu'on prefcre ;< I'eiiorme et faslidieux ouvrage de Lebeau; M. Du- maniant, auteur dramatique, qui, paivenu a un age avance. 8i8 !• RANGE.— PARIS. se Iroiivait etie le doyen de nos iitteiateiirs, et qui est moi't dans line honorable, inais arflit,'eante jjauvrete; enfiii-,-iST. Pi- CAUD, cnlevc; a la France et anx lettres, le '.ii deceii)bre 1828, peintie si si)iri'iiel et si vrai des moeiirs contemporaines. Nous lui consacrerons une Notice detaillee dans ce reciieil. Nous aurious a etcndre beaucoup cette triste nomenclature, si nous voulions parcourir toutes ies classes de la societe et toutes Ies nations, meme en nous bornant aux hommes qui ont acquis une ceiebrite honorable dans leurs carrieres res- pectives. Nous nommerons encore , parmi Ies etrangers distin- i;ucs dont I'ltalie picure !a pertc receute, deux grands poetes, f^inccnt Monti et Hyp. Pindemonte , dont un de leurs com- jjatriotes , cpii est associe a nos travaux, pourra mieux que nous faire apprecier le nierite litteraire. Plus notre vie est ephcmere et fragile, plus la mort multi- pi ie autour de nous scs coups prccipites, et choisit ses victimes dans tons Ies rangs, dans toutes Ies conditions, sans epargner i'age, la vcrtu, le talent; plus aiissi nous devons redoubler d'activite , de coustance , d'energie , pour mettre a profit le pen li'instans qu'il uous est donne de passer sur la terre. Faire un peu de bieu, laissei" quelques traces de notre court pelerinage, meriter I'eslime, prolongee au dela de cetle fugitive existence, par des productions et des Iravaux utiles : telle est la tache que chacun de nous est appele a remplir, et ceux qui survivent doivent continuer avec perseverance I'oeuvre de I'amelioration physique, morale et intellectuclle de I'espece humaine , com- mencee par Ies efforts isoles ou reunis des hommes de bicn qui Ies ont precedes. M. A. JuLLiEN , de Paris. TADLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CENT VINGTIEME CAHIER. DECEMBRE 1828. I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. I. Sur la nature et les usages du guano if — n. Pag. 553 a. ConsiderationssurlesColoniesrailitairesdelaRussie. Chopin. 56a 3. Notice sur Moratin A. Muriel. 5-jj II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. i" De rirritation et de la folic, etc., par F. V. Broussais; 1° Observations sur les attaques dirigees centre le spiri- tualisme, etc.; par M. Massias. . . . Ch. de Rougemont. 583 5. Compte general de ('administration de la justice en France, pendant I'aunee 1827 A. TaiUandier. 600 6. Histoire des Gaulois, etc., par Aniedee Thierry. J. I. L. de Sismondi. 612 7. Refutation de I'Histoire de France de I'abbe de Montgail- lard , par Uranelt de Leuze ( M. Laurent.) ... . f/. C. 63o 8. Napoleon en Egypte, pofeme , par Barthclemy et Mery. ( deuxieme et dernier article.) P. F. Tissoc. 6^0 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de lo3 Oiivrage^, francais ti ctrangers. AmERIQUB SEPTENTBIONALE. Etats -Ihtis , 3 648 EuKOPE. — Grande-liretagne, 8 652 — Riissie, 1 668 — Allemagne, 4 ^1"^ — Suisse, 3 677 — Italie, 6 680 — Espagne, I 683 — Pays-lias, 3 684 Frakce, 74 , savoir : Sciences [.hysiques et naturelles , 28. . . . 693 — Sciences religieitses , morales , politiqnes el historiqiies , 17. . . yrS — Litlerature , ao 733 — Btniix-Arts , 2 734 — Mimoires et Rapports de sociitis savantes , 2 755 ■ — Outrages periodi.jue.' , 2 760 — Litres en lam^nes etrangeres , imprimcs en Fiance, 3 jdi Sao tahlf.. IV. NOIIV^ELLF.S SCIENTIFIQUES ET LITTER4IRES. Amerique sbptkmtrionale. — ^tof^-l'm\j : Piojet depharma- copce atnericaine. JSoiivelle-Orleans : Nouvelle ville de Galena. — Mexique: Commerce de la mer du sud. — Population de la Californie nfij EUROPE. GHArfDE-BRETACJiF. — Loudi es : SocKle medico - botanique. — Liverpool: Souscriptiori pour elever une .statue a Canning. . 766 RussiE. — Saint-Petersbourg : Industrie : Eriometre, ou mesureur de laine. — Rectification d'un point hislorique. — Moscon. Aecrologle : Alexandre Pis.saref rifiS Allemagnk. — Prtisse : Herlin. Institution industrielle. — Leipzig: Foire de iibrairie. — iVe'tvo/o^/e; Goeckink yyo Italie. — Savoie : Societe academique. — Bologne : Explosion au fond d'un puits; ficriture trouvee dans les intestijis d'un COchon nnt\ Gkece. — Tableau de la division actuelle de la Grfece 778 France, Soci^tes snvantes et tTutilile publitjiie. — Caen (Calvados): Societe des antiquaires de Normandie. — Cnm^raj ( Nord ) : Societe d'eiiiulation ; Exposition des prodiiits des beaux-arts etde I'industrie. — Dieppe : Societe aiche(ilogique. — La Bo- chelle: Cours industriels elementaires. — Nantes .-Societe aca- demique de la Loire-lnferieure 781 Paris. — Inslicitt : Academie des sciences : Seances du 17 no- vembre au i'^"' decembre 1828. — Societe royale des pri- sons. — Cours de droit nature! et de droit public. — Cours de langues vivantes. — Cherte du pain : Secours aux indigens et aux families mal aisles. — Statistique : Mouvement de la po- pulation de la ville de Paris; Consonimation de I'annee 1826 par la ville de (Paris. — Leltre du colonel Amoros a M. le Directeur de la Revue Encyclopedique. — Theatres. Thedlre- Prancais : premiere repiesentation de YEspion , drame en cinq actes. — Odeon .-premieres representations de VEspion, drame en cinqactes, du Contrariant, coraedie en un acte. — Antiquites egyptiennes. — Papyrus egyptiens. — Necrologie : Brisson (Baruabe); Dessoles; Dobr^e ( Thomas ). — Supplement aux tablettps necrologiques de I'annee t8a8. — Bosc; Cadet- Devaux ; Dambar^re; Piiget •• Barbantane; Boiircier; An- dreossy ; Damas; Chaussier ; Baumes ; Dupont; Francois de Neufchdteau ; LaVauguyon; Basset; Lallemant ; Mazure; ]to>ou; Dumaniant ; Monti ; Pindenioiite et Picard 78.] DE I. IMP KIM t P. IE DE RIGNOIIX, ili'S Fiancs-HoiifuPoisS. -Michel, n° 8. TABLE AIN ALVTIQUE ET ALPII ABl5 f IQ EE DES MATIERES DU QUARAiSTIEME VOLUME DE LA REYUE ENCIGLOPEDIQUE. OCTOBRE, NOVEMBRE, DeCEMBRE 1828 (*). Om a leuiii aux qiiatre mots indicatifs des quathe crasdes divisions dc CR Recueil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CilOISIS; III. BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITT^RAIRES ; lo detail ct le renvoi des articles qui s'y lapportcnt ; puis on a caiactiristV CCS articles, a la suite du noni de lems auleiirs, par I'une des quatie abreviations ci-apres : M. (memoires et notices); A. (analyses) ; B. (bil- LETIN BIBLIORHAPIIIQUe) ; N. (nOUVELLES SCIENTIFIQIES ET LITTER AIRES ) . La desigi'.alion C. apies les noins propres indiqiie les collaboraleurs de la licviic , loisqu'il s'aj;it des ailicles qu'ils ont founiis. Au lieu df compiendie, sous la denomination generale sciences et arts (coinir.e dans nos qualie tables des iiiatiires de l'ani:ee iSirj), I'indicatioii des dilFcrenles sciences dont tiaile ce volume, on a cm devoir, pour lendi e les leelierchcs plus I'aciles, et pour inieux caracteriscr le but philosophique de la I'ertie Encyclopediqiie , oiivrir un coiiiple parficulier et special, en tcUrcs eopilalcs, non-seuleiiient a cliacuiie des brfnclies des connaissances bnniaines : agbicui.ture , anatomie , etc. ; iik^j^icnn des eleilieiis essenliels de la civilisation el des moyens princi|)aiixiiLL' conihiunication entre les lioimncs : acadiSmies et societes savantes, dictionnaires, e.nseignement MUTLEL, I>STRtCTI0N PUBI.lQt'E , JOUKNAIX, THEATRES, CtC. ; mais CnCOrC <» chacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qii'on puisse rapprocher et C(unpaier tour a tour, so'it I' clal des sciences ct des ilcmcns do la civUlsalion dans clinque pays, soit les nations elles-memes, sous les dilTerens rapports sous Icsquels on a eu occasion de les considerer. Abbayede la Tiappe, Joy. Grand- Abeilles (La revoke des), i56. pre. — J oy, Martin. — Voy. Riches. I'j On souscrit ])our ce Reixeil Si ii NTlFiyiE ct litter AIRE , dont il p.nrait un caliicrdc quulorzn Icnillcs d'iniprcssion Ions les niois , au BuREAi: central d'adon* nement , rue d'Enrei-Salnl-.Michel , n* 18; clicz Arthvs Bertiiand , rue Hautc- fcuille , n" 28 . et chcz Henol'ARD , rue de Tournon , n" 6. Prix de la soiisciip- lion : a Paris, ^6 fr. pour un an; dans les departemens , 53 fr. ; 60 fr. dans i'etranger. T. XL. 55 8n-2 TABLE A Absrntisme (De 1'), ot de ce que deviendia I'lrlandc, M., aS3. Absurdite (De 1') cl de la baiba- rie dans la lill(^i-aliiro allemande d'aujourd'hui, jjar Th. Schaclil, 428. Academies. Voy. Siicietfs savantes. Ader <'t Brcussc. Lps Suites d'un conp d'epee, conierlie,, s.Sj. Ad.misistr^tkin ( Conipte general de 1') de la justice ciiminelle en France, A., Goo. Adiien-Lafasge (J.), C— R., iGo. T'oy. RliCLASlATlON. ArniQiE, 226, 5o?. Ar.ntcuLTrRE, /\'^6, 45^. fiSS, 6S0, y~X, 7S5. Tuiycz aiissi Ecokcmie BURAI.E. — (^tat de 1') au Perou, avant la conqiiete, INI., 553. — (Amelioration de 1') en Russie, 509. Allart de Tberase (M"" Ilortense). Toy. Gertrude. Ali.emagae, 145, aoo, 4iS, Si 2, 672, 770. AllonviiJc (D"). L'Academic royale des insriiplions et belles-lettres couroiino son nieEioire sur les antiqultes de la Fiafffe, 55^. AUou (C. N.). Essai sur I'^liriver- saiite dela languefianeaise, etc., 753. Ai.MANAfH des Dames, pour I'an )S2t), 21 1. — dedie aux dames, 4S8. — dedie aux demoiselles, f\SS. — britannique, 507. — des Muses, 706. Au;bassade aux rours de Siaui et de Cochincliin!', par John Craw- ford, 1 35. America, or a general surrey of (he polilhal fhiiulion of the scrcrul powers of lite ivcalerii conllnent , 4(,G. Amehiqir MriniDioNAi.K, 4on. SEPTENTBIONALE , 120, 224, 3()d, 5o2, 648, 7<)5. ALYTigrE Amoros. Loltre au directeiir dc la Revue Eneyclop^dique, 796. Amour (De 1') selon les lois primor- diales, el selon l<'s convenances des societes modernes, par De Senancour, 718. AsArvsKs (II.) d'ouvrages franrtus: Astrononiiesolaire d'llipparqne, par J. B. P. Marcoz (Fraijccciir), 54. — Hisloire des institutions dc Moise et du pen pie bebreu, par J. Salvador (S.), 65. — Vie politique et militaire de IVapo- leon, raconte<' par lui-meme au tribunal dc Cesar, d'Alexandre et de Frederic, 75. — Menioires sur les evenemcns de la Grece, par le capilaine Jourdain {J\I.A ), 85. — De I'cmpire giec et du jeune Napoleon (.]/. A. ./.), 97. — Fables s^nega'aises, recueil- lies de rOuolof, et mises en veis fian(;'ais, ]>ar le baron Roger {EiIdw Hereon), 110. — Voyage autoui' du monde, par L. J. Du- perrey (iV.), 325. — Rapport sur la partie bolaniqne de ce voyage, par Biiiy de Saiot-^ iiicent (.1///'- bet), 335. — llistoire critique du Gnosticisme, par J. Matter (Gol- biry) , 345. — Couis coniplc! d'e- eonomie politique pratique, par J. R. Say (D. />.), 359. — Oliu- vicsde Michel Lcpcilelier [llcr- v!lk),?)6-. — Kajioleon en Egyple, pocme, par Bartb^leniy et ftlery (/->. F. Tlsxnl), 3go. — De I'irrila- tion et de la lolie, etc., par F. V. Bioussais; Observations sur lea altaques dirigees contre le spiri- tualisuie, etc., par Massias ((7i. lie Iioiifi;nnoiil), 583. — Conipte general de raduiinistralion de la justice en France, pendant I'an- nre 1S27 (y/. I'till/aitdier), Coo. — Hisloire disGaulois, jiar Anio- dee Thierry (/. F. L. etc Sixioondi) 612. — Refutation de rilistoire dc France, de I'abbe de Mont- gaillard, par Uranelt de Leuze DES MATIEUES. 825 (//. C), 63o. — Napolciin en ilg:yplt', potuie, par Ea: ihi'lemy «l Mciy (deuxii'me article). (/-*.K 77.V.V0O, G4o. — d'oi.viages grccs niotUrncs : Ke- cufil de notes de tcus geiiics sur Ic grecancien etmodeine (J.li.), ■ — d'ouvrages ItaUcns : Th«Sorie des beaux-arls, par Talia [Cliauvcl), 077. Amatomie compar^e des aniaiaiix aiticul^s. v. Straus-Durckheini, 446. — de riiomnne, par Jules Cloqtiet, pul)liee par C. deLasieyiie, 448. Ancelot. J^oy. Marie de Biabant. — f^oy. Espion. Ancitlon [Fred.). Ztir T'crmliUli'ng cicr Extreme in den Mcinuiigen, 672. Andrcossy, general. Voy. Nii-CROi-o- GIE. AkRI.F.TERRE. T'. GnANDF-BHETAnSE. Aiinales ronianliqiies, 705. Annuaiie agronomique de la So- cicti' royale d'agricuUure de Tu- rin, etc., 436. ■ — d'indications geneiales pour la Grande-Cretagne, 5oS. Annelides abianclus. f'cy. Diigts. AisTiQiiTES, 5g5, 754, 776) 731,782, S07. — egyptiennes, So3. — de la Fiance, 534- Antoine de Saiut-Gei vais. f'ly^JXi. CL41IATI0N. Apparlenient (L'), cii Vingt-Qua- tre lieiires de la vie d'lin liche, comedie en prase, par Meiville, 545. Arbres couibcs (Sur rulilife des}, del'eclueux et d'un grand dianie- tre, par Lascaris, t"So. Arciikoi.ocie. f ay. A>tiqiiti!s. ARCIIlTIiCriEE, 25l. Arithmetiqie conimercialo et ad- ministrative reduite a I'addi- tion, etc., par F. Midy, ) 74. All ( L') de verifier les daies, de- puis I'ann^e 1770 jiisqu'a nos j(uirs, 756. Art DRAJiATiQiE, 454i 577, 683. Jin.lTAIEE, i44l 455, 522, 5C2. VETEBlPiAIHE, 456. AbtS lADlSTRlELS , 144^ ^7^1 ' 77t 178, 706, 707, 70S, 7OC). ASCETIQIE. T_'. SciERCES KELICIEISES. AsiE, 102, 4t)l. AsTRO>aMiE ancienne, disciitee et retablie dans ses principaux points, etc., par J. B. P. Waicoz, A., 54. Apyc/AV.j zai T»)V vsav Ei/vjvt/vjv ttc., A., 100. Atlid-iiee royal de Paris, 533. Alias des oiseaux d'Europe, par J. C. Verner, 690. - de botaniqne, cu dliistoire na- tuielle des vege'.aux, 697. Audoin et Milne Edwards. Recl.er- riies sur les animaux sans vei Ic- bres, 527. Aza de ^ idaillaii. Ouverlure d'un coins public et gialuit de gecnie- tiie appllquee aux arts ir.ccani- ques, 244- B. Balbi (Adiien). T'oy. Monarchic fran(^a;se. Bandages cliirurgicaux (Traitii des) et de leuis appaieils, 68 1. Baniiii. Vox. Crclwrre iin Billiogc. Barante (De). f^oy. Kominatioks ACADllJIIQIES. Ba!bier(J. B. G.) Foy. Nosologic. Baiginet (A.). Foy. Cotte rouge. Barrrow (.lohn). Lcftjc & M. Ji-- nard, an sujet du voyage de M, GaiUe a Toniboucfou, 5o4- llaill'.elercy. Fiy. Napoleon ca iigypte.' Banie (Siilpice). f cy. Cuisinierc. Basset, f oy .NhCRotrcie. 8.>i Uataillo (i>c In) vl Bull (Maicus). ExptiiiencesJaites pour comparer Ics quantiles do clialeiir founiios par dilTerentes sort es (I ('combustibles, etc., 3g6. Rt'ponse a une leplique ci cet ouviagc, ibid, lU'lI.RTl.l EIBLIOGBAPHIQUE (IH. ): Al!einag;ne, i43, 4i8, 672. — Cbili,4oo. — Daneniark, i42. — Espagne, 683. ■ — Etats-Unis, 17.5, 396, 648. — France, iGj, 445, 6t)5. — Grande- Bretagne, i55, 4^4, 652. — Indes-Orien- tales, i32, 4oi. — Italic, i55, 436, 680. — PaysBas, 161, 44i> 684. — Bussie, 159, 4i3,668. — Suisse, i5o, 429, Gjj. — - dessciences peopjraphiques, 761 . Burtel (M"'"'), Guide des dauies ct des demoiselles. Art de la cou- turieie en robes, 70S. — Art de faire les corsets, les gue- tres et les gants, 708. Byron (Lord). Le peleilnage de Childe-IIarold, traduil en frau- Cadel-Devaux. J\r\. NtGnoLoniF. Caille, voyageur en Afrique. Ex- trail de deux leltres adressees a la Sociele de geograpbie de Paris, 22C. — Extrait d'unc autre lettre ^ son sujel, adressee an president de la meme snciete, par le consulat fran^ais dans I'empire de Maroc, 5o2. — Voy. Barro'w. — Voy. Juniaid. f'alcndar'w gcors;icn, etc., 436. G ALi.ir.R \PHiE, 754. (nmhcrlyn d' Ainougics {-J. H. 6'.\ Miscellanea, 693. (^anivel. Fry. Boilaid. tiauoiuj^. t'fly. Souscriplion. C'apitolli {Domcnico). La Scicitza del Dritio, 157. Cardelli (P.), Manuel dii cuisinier et de la cui«iiiiere, i8o. Carrosses (Les) A cinq sols, on les Omnibus du dix-septieme siecle, 732. Carpentier(L. J. M.). F. Planrbe. Gataracte (Traitement de la). Vuy Gondret. Gauses celt'bres itrangeres, 469. Gavernes de Lunel-Vieil. Foy. Mar eel de Serres. Celibat ( Memoire sur rabolili^m du), prescrit aux prclres rallio liques, i45. Geinart ( iM'»<^ Elisabetli). L'arl de fertiliser les tenes, 452. Gendrier (F. A.), arcbilecte. L'A- cadeniie des beaux-arts de I'atis lui decerne la grande inedaiilu d'emulation, 252. Ghaboiiille- Maisonneuve (L. A.). Etzi.to;j.-o 7/ti ivja; i^-opiaj, 763. Chaniis.fo (yhlclbcrt von). Foy.Pdcr Sell Icni ill I. Champollion jeune. Foy. Diicoi- VERTES. Ghansonnier (Le) des Dames, 490. des Graces, 755. Gbansons inediles de P. J. de Be- ranger, 20S. Cbauflage domestique (Art do) el de la cuisson ecdnfmiquedes ali- mens, par Pelonze, 70C. Ghaurournier. Foy. Biiton. GJiaussier. Foy. Meckoloc, ie. CbaMVel,G.— A., 3;-. Gliet'(Le) du M(Mil,'(iii iesGonl/Tu- porains de Bruiieliaut, jiar E:ui- le ■"-, 493. Gbefs-d'a'uvre du tliealie indien, tr.aduils du Sanscrit eu anglais, j)ar n. H. Wilson, et de I'anglais en fraueais par A. Langlois, 485. Gberte du pain a Paris, 793. Gbevalier. Fny. Lilli,igra|>hie. (hichkof [Alexander). Unlersuchiiii- gen II her die nissisclic Sprachc, 4 1 4 ^ Gill LI, 4o"' >m §20 TABLE A Chimie,4''5, 534, 700. — (Traite pratique dc) , etc. par S. F. Gray, Iradiiil de I'anglais par T. Richard, 6yS. — du teinluiicr, parE. Martin, 177. CniRtiBr.iE,.GSi. foy.aussi Sciences miSdicales, (Ihopin, C. — M., 562. Chrestien (J. A.). Leltre k M. Ma- {icndif, snr Ics prtparalions d'or ft los dill'^rcntcs Rianicics de les adniiiiistrer, 455. Chhonouicie, 726. Ciiryscdes. F«y. Say (J. B.) Cibrario (/-.). Lcttcro incclite di principi, etc., 6S1. Glapeyron. J'cy. Lame. Clavey (J. C). L'Academie des btaux-arls de Paris lui decerne le secoud g;; and pijx de gravure en taillo-douee, aSi. Clerc (J. F.). Voy. IJriquelier,. Cluquet (.Iides). Foy. Aiialoinie de riiuiniiie. eios. Voy. Meleorcilogie. CoCIIlNCHlME, l35. Code penal niililaire pour Ics regi- mens suisses eapitulcs ea Frauce, 5.4. Cohen. Voy. Pelliam. Colcriilgc's pocilcal works, CG6, Collard de Marligny. Questions de jurisprudence medico -legale, 174. Colonies (Sur les) de bienfaisance de Fredericksoord et de Worle!, par KirckboH", tiaduit en allc~ mand par lUidcr, 4'S. — inilitaires (Considerations sur les) elablies en Russie, M., 562, Combustibles. Foy. Hull. ConinietiUm' (-•/.) on the Memoirs of Tliiobald fFolfc Tone, hy Ph. lioclie-Fcrmoy , 5oo. Commerce, 2z4i 510,721, — de la mer du Siid, 7G5. Comniuaesde Fiance. Foy. Dufey. Conipaing. L'Art du taillenr , ou Application de la geometjie a la eoujje de riiabilleinent, 457- ALYTIQUE Comte (Ch.], C.-R., 208, 47t. /'oy. Couis de droit naturcL Concert (Le) i la campagne, in- lei nu'de, par Halevy el Saint- Georges, 257. Condits ( lies), ou empietenient de I'aulorile administrative sur le pouvoir judiciaire, par J. N. Ba- voux, 191, Congres de physiciens ct de naRu- , ralistcs, i Berlin, 5 1 2. Connaissances medicales (Trait6 des) necessalres aux gens du monde, par P. Oilion, 170. Conseil representatif de Geneve. Foy. Memorial. Conscils d'une mere h ses filles, etc., par lady Pennington, traduil de I'anglais par M"« S. U. Trenia- deure, 760. COKTES. Foy. RoilAHS. — ii nics petiles amies, on trois mois cu Touraine , par J. N. Bouilly, 750. Gop.tiariant (Le),comedieenprosej pai' Mervllie, Soi. Coo))erallon muluelle. Foy. Rey. Cordcro. Dcllo Mcdagtic dcjunia Do- iiala, etc., 459. Corne (Hyacinlbe). Voy. Courage civil. Corps royal d'etat-major. ^'oy. Cou- turier de Yienne. Cotla?ico {Antonio). Giornalc cCi ftr- nmcia-chiinua, etc., iGo. Cotte rouge (La), ou rinsurieclion de jGzS, bistoire danpbinoise, l)ar A. Barginet, 212. Coudee egyptienne. Foy. Joinard. Coulier. Table des principales po- sitions geographiques du globe. Foy. RectifiC4tio\. Coinage civil (Du) et de Teduca- titiu propre a inspirer lis v(?rtus publiques, jiar H. Corne, 4G7. Courier (P. L.). Memoiies, corrcs- ]>ondances et opuscules iuedils,. 206. Cours speciaux de chlmie, de pliy- sique et d'iiistoire naluicUu, ai>- DES UATIEKES. pliques 4 rindusliie, par Gasc, 554. -de droit nalurel et do droit pu- blic, par Charles Conitc, 792. — de lang-uts vivantcs, ouvcit ci Paris, par Ernest de LiLbLaber, 79''- — ( Kouveaux ) de themes , par Planche, 762. Coiirlois. / oy. Papiers iuedits. Cuutelle. Voy. Moycns de prolon- e;er I'existence. Coiitii] ier de Vienne (A. F,). En- ciire un mot sur le corps royal d'etat-iiiajor, 45S. (louturif're. /'oy. Burtel (^I°"). Craw ford's {Jolin). Journal of an embassy to the courts of Slant and Cochincli'tna , lo5. Crohoorc na liilhoge, ou les TJliile- Loys, roman irlandais, par 15a- nim , traduit en I'ranrais par A. J. B. Dei'auconjiict, 747- Oiissolle-Lauii. C. — I?. ,472, 747. Clriislacees. ^ oy. Robiucau - Des- voidy. — /'oy. Bosc. Cuisiniere. Voy. Cardelli. — (La) de la campagne et de la ville, etc. , par Sulpice Barue, 709- CiLTE. Voy. Sciences religieuses. — de Mithra. Voy. Hammer. Cunyngham ( Antoiue). Ode i I'O- cean, 745. Curette (A. M.). Voy. Geomitrie du compas. Cuvier (Fredeiic). Voy. Geoffroy Saiat-Hiiaire. Damas, peueial. Voy. Neckologie. Dambareie. Voy. ibid. l)ame blar.che. V^oy. Bres. DakeMARK, l42> 202. Danlan (A. L.). L'AcadVniie des beaux-arts de Paris lui decernc le premier grand prix de sculp- ture, 25 1, Daru. Voycz Nomimatioss acad£- MIQIES. Daussy. Memoire relatif i la d6tcr^ mination des longitudes gtiugra- pliiques des iles de Malle , de IMilo et de Corl'ou, 529. David , sculpteiu'. Buste en marbie de J. Bentham , 5o8, Decandolle. Voy. Exposition. DicotVEKTES faites par M. Cham- pollion jfune , dans les papyrus de M. Sallier, d'Aix, 807. Defauconpret ( A. J. B. ). Voyci Crolioore na BUhogc. Defauts (Des) des gens de letlies , par Joseph Manno , 682. Degraisser (Artde). /'oy. Martin. Delannoy (M. A.). L'Academie des beaux-arts de Paris lui decerne le premier grand prix d'archilec- ture , 25 1. Denierson (L.). Les looo Recrea- tions de physique et de cbimie , 455. Dinhschrift fiir die ^uficbung des Ccllhats der Gclslllchcn , i45. Depping,C. — B.,7.4. Description geognostique du basssn du has Boulonnais , par Rozet , 7>4. Desmarest (A. G. ). Voy. Bosc. Dcspreaux ( G. R.). L'Academie des beaux-arts de Paris lui de- cerne le premier grand prix de composition niusicale, 261. Dcssoles, general. Voycz 1\i%cro- I.OGIE. Diable (Le) philosophc, ou Adieux aux jesuiles, par Ch. Massas, 49 '• DicTioNKAiHE liistoriquc des ecii- vainsappartenant i I'tglisegi eco- russe , 109. geographique, de Thomas Boiun , 4"4- classique el universe! de geo- graphic moderne, etc., par Ilya- cinthe Lanplois , 461. — classique d'hislcire nalurelle, etc. 8a8 tabu; a> par Boiy de Sai.'.t-Vii'ceiit , 445. — histoiique, (Uc. , jar I'abbe V. X. de Feller, 472. DiPLOMATIE , 2(11. Discouis piononcc dans la seaiire publiqiie du coins de gednieliie et de niecanique appliquees aux arts, 4 Bordeaux, 700. — prononce paur rouvertiire du cours de geometrie et de m6- caniquc appliquees aux arts, i Caslies, par Charles Dupiii , 703. — sur la leproduclion naiuielle des 6tics oiganises , par Louis del Gallo , 29.2. Dobree (Thomas), roycz NtcRO- LOGIE. Documens relatifs k la giieire de la succession d'Espagne. Publica- tion prochaine , 236. Docrinf,'s Phanlasim-Gcmakk, 6j5. Uonblelle-Desbois. f'oy. I'einluie en batiinciis. Droit, /'oy. .JinispReDEACE. — (La science du) et les arts qui ea derivcnt, par D. Capilelli , 167. MATUHEL, 792. ■ PUBLIC, 792. Drovetli. f^oy. Jdmard. Dubois (L')uis). Pratique simplifiee du jardinage, 453. P'oy. Itiu^raiie descriptif. Dubreuil. Voy. Marcel de Series. Duchcsse (La) et le Page, cuniedie en prose , par Beraud , 537. Dufey(P. J. S.). Ilistoire des com- munes de Fiance et legislation municipale , 4G8. Duges. Memoire siir la circulation, la respiraliim el la reproduction des annelidcs abranches, 246. Dumaniant. f'oy. JNiicrologie. Dumersan , C — B., 44' • — Description de la collection des medailles de leu M. AUier de Haute-Roehe, /jC}6. — Notice des monuiiicns exposes dans le cabinet des medailles de la Bibliotheque du Roi, etc. 7.54. ALITIQIC Dupeirey (L.J.). Voyage autoisr du Monde , A. , jaS. — Fny. Uapport. Dujiin (Charles) , de I'lustitul , C. — M. , 55. — f'oy. Diseours. Diipont. A'oy. rSiiCROLOciK. Duraud (Ch. ). foy. Soirees litte- raii es. Foy. Eloquence. Dussaid (H.), C — B., 700. Eacx mineralks, iSo , 678. Eblin (D' Paul), Mincralqiiclle iiiut Bad :u Jcnalz an Prutligaa , G78. EcoLE de droit de Paiis. liistilut auxiliaiie, 262. — ])olytecbnique de Paris. Fnycz Fouicy. — royale de cavalerie de Saumur, 522. EcONOMlK DOMESTIQUE , l8o, 237, 706, 709. — poi.iTKjiE, 55, 194 1 '95. — ■ — (Corns complet d') pratique, j>ar J. B. Say, A. , 359. des Atbeniens, pai' A. Boeckh, tradnit de rallemand par A. La- ligant, 4*'9. — RiRALE, 168, 4^8, 4-^9? 452. Eciiture troiivee sur les iiitestins d'un cochon , 777. Edgeworth (Miss Maria). Voyci Education familieie. EotcATio^, 467, 7191 750, 751. — (L') doit-clle elre libre? M., i5, 265. — familiere , on Seiie de lectures pour les enfans , etc. , par miss Maria Edgevvoilb , traduit en fiancais par Mnie Louise -Svv. Bell.'.c , 4f>G. Edwards (IMilne). T'oy. Audoin. Eglise de Rome (Politique de I') , dans ses relations avec I'lrlaiide, par W. Phelan , (Ifio. Eloge hisloiiqiie de J. M. ^f. Ki e- teau, par J. 15. E. Priuu, 202. JiLOQUENCE , j8i. DE LA CHAIHE, 7 1 5 . — (Coins d') , etc. par Cb. Diiiand, 2o5. Emmet. Voy. Mitchcl. Empailler (L'Ait d') les animaux. / oy. lioUaid. E.i'j iic grec (De 1') et du jeune IXapoleon , A. , 97. Emploi du tems (Essai sur 1') , par M. A. JiiUien, 5ig, 716. ExcYCLOPEDiE populaiie, 177, 706. EngelliarJl (Moriz von). Die Lugcr- stale dcs GoUlcs unci Plalin ini Uralgcbirgc, 4i5. EnSEIGAEMEMT INDISTBIEL, 2^^, 534, 700, 770 , 783. — MLTUEL (Propagation de I') dans les colonies danoises, 232. Equilibre des corps solidcs liomo- genes, f^oy. Lame. Eqlitatiom, 45G, 522. Erionietre ou Mesureur de laine, iii- veiite en Kussie par M. Skiadan , 768. Ersili ( G, S. ). Literal ur dcr Matlie- mcitili , u. s. w. , i4i. Esneaux. Ilisloire philusojihique et politique de la Russie, 473. EspAGNE, 5iG, G83. Espion (L'), drame en prose, par Aiicelot et Mazeres, 797. — drame en prose, par LejuIIalevy et Fontan , 800. Estlieliquc. f^oy. Talia. Elablissemens d'education et de bienfaisance en Havicre, 253. Etats-Unis, 125, 39C , 5o2, G48, 763. EtHX GRAPHIE , 4'16. EtREMVES LITTliRAinES, 211, 4^8, 488, 490,675, 735. Eutopie (Caractires de 1'), 65 1. Explosion au fond d'un puits, 777. ExiMsiTioN ( lUipport sur 1' ) des prodiiils de rindirsliicgenevoise, etc. , par DccaudoUe, 434- ■ — a Turin des pnidiiils de I'indns- DliS MATIEHES. 839 trie agricole et commerciale du rojLiume de Sardaigne , 5i5. ' a (lambrai des produits dcs beaux-arts et de I'indastrie, 7S3. Fables senegalaises, recueillies de I'Ouolof, et niises en vers fran- ^ais par le baron Roger, A., 110. Fallmcrayer (J. Ph. J. Gcschiclite des Kaiserihums von Trapczuni , 422. Fantaisie dans les caves du senat de Breme , parW. Hauff, 147. Fa.iciulure iliirtirgiclic (Dcllc) c dc loro congrui apparccchi , 681. Faune franc^aise, ou Histoire natu- lelle des animaux qui se trouvent e:i Fiance , 696. Feller (L'abbe F. X. de). Diclioii- naire liislorique , \''>-. Ferry (A.), C — B., 707. Fei tiliser (L'Art de) les terres , par Mme Celnart, 452. Fievre jaune (Eruption de la) a Gi- braltar, 5iG. Filon. Quinii Iloralii Flacci opera omnia, 764. Fils (Le) du meunier, par Mortou- val , 495. Flenrs (Clioix des plus belles). Vox. Redoule. Floie (La) de Java et des lies voi- siocs, par Blunie, 442. Flourens. f^oy. Nominations ACADi- MIQl'ES. — Memoire sur les cfTcIs de la sec- lion dartem. de I'lle- rault ( Charles Diiptn ) , o5. — Ij'educalion doit-elle etre libre? Second article {C. li.) , 265. — De rabscntismc el de ce que de- viendja I'lrlande (/. B. Say.), 283.- — ■ Relation d'un voyage dans le inidi de la France ( Adclphe Blnnqui)., 2gi. — Sur la nature et les usages du guano (/?. — n.) , SjS. — Considerations sur les colonies mililaires de la Russie { Clwp'ni) , 562. — Notice sur ^loratin ( A. Muriel) , 677. — ^ ET RAPPonTS de socleles savant es en France, 2ig, 75.5. — de la societe balavienne des arts et des sciences , i52, 4oi. — (niiuveaux) de la premiere cl.isse del'lnslitut royal des Pays- Bas, — liistoriques et mililaires sur les ev^neuiens de la Grece, etc., par Jouidain , A., iS5. — corrcspondance et opuscules, inedita de Paul-Louis Courier, 20C. — de Tiieobaid Wolfe-Tone, coni- mentes par Pb. Eocbe-Fermoy , 5o<». Memorial des .«eances du conseil representa'.if du canton de Ge- neve, G79. — portalil' de chronologic , d'liis- toirc industrielle, d'6conomic po- litique , etc. , 47'- ME^■D1CITE, 192. — (de la), de ses causes et des moyens de la detruire en France, p:ir J. N. Bidaut , 722. Merca'ur ( Mile Elisa ). Poesies , 7/(0. Merville. f' oy. Appartement. — Toy. Contrariaut. ISIery. Foy. Kapuleon en Egyple. Metaixurcie , 4 iJ- !METEOROt,Or,IE , 507. — (Nouvel aper(;u sur la ), par G. A, Clos , 169. 856 TABLE A^AnrlQlK Mciiron ( Li iiis dc ). Dosciiplinn topograpliiqtic de la Ghalelleiiio du rjaiidciiiii , i5o. INItxiQiE , ylj^. — Sil nation polilique et cdmnier- ciiile de ce pays, 25i4- Mkliclut { A. ) , 'G B., 45o , 6ijG. — i\., 25(), 5So, 7H7. Midy (F.). / 'oy. ;irilhni6liqiie com- iiieiciale. ]Mi.\KBALCir.ii; , 4 '5. INliiies de rOiiial, 4i4. Miibel, C— A., 334. Misere volonliihe (coupd'reil sur la ) , ses causes ct ses abtis, etc.. 192. Milcliel (S.-L.). A. Discourse on Iba life and character ofTliomas Addis Emmet , fc49' Mit ford i Miss ). Our rilltige, 667. — liienzi , a tragedy, 667. Miltliciliingen 011.1 des lollcndeltn Siiiurinlcndcnlcn Tzschirncrs Lcbtn, IMipise. T'oy. Salvador. IMoke, J oy. (jueux des bnis. Molicre f Ebsai lilteiaiie sur), 4S}. • — • f oy. Rectifjcatiox. Monaicliie i'l an^aise { la ) coniparce aim pi Incipauxetalsdugiobe, etc. par AdrJeii IJalbi , 709. Moiigeluz ( ]SI"'= l''amiy ). I'oy. In- llueiice des i'eiiimes. Moniiard (C), {.]. — 15., i53, 43i. Moiiney ( F. L. ). Cours abiege de rhistiiie iiniv<'rsellc , ifia. Moiilemont ( Albert). Voyage duns Us cinq parties dii nuiiide, 709. — (J..].). / (ly. Stiqniotecbnie. Monlgaillaid ( I'abbe de ). I oy. Kelutution. Monti ( Miicent ). Voy. Kkcrolo- r.iK. Muiinniens (Notice des) exposes dans le cabinet des niedailles de la Bibliotbeque du Roi , etc. , par Dninei'san , 754- — musulnians. T oy. Heinaud. — consarr6 & la menioire du doc- ifui Gail , 25?. M. ), C.— 13. , i55, IVIoHALK ,719. Moialin. A'oy. Kolice. Moieau ( Cesar ). Examen statiji' liqiiedu royaumede France, etc. (i:)2. Moreau-Gbiistopbc. 1 oy. Voyage senliniiulal. Rloican dc .lonnes.La Societe libre d'eniulation de Liege couronne son eloge de Gieliy , 242. — C.— iN. . 5.8- Mcriondo. Mcmoria comparalica in- torno (li lanldggi die risullano dull' cdnrazione del baehi , etc. 439. Moris. Stlrpiutn Sadaartim elcncUns, 6S0. Mortiers ( Trai(6 sur I'art de faire de bons ) , elc. , par le colonel Raiiconrl de Giiarleville , 170. Morlonval. Le fils du mcunier , .J95. Mosrali ( F. 404. RIoyens de prolonger I'lxislencc , et aiilres av-inlages des place- iiiens viagers collectil's, pai Cou- tellc, I94. Muhl (S\' Das Pfanzcnreicii nacli jtaliirlichen Fuinilicn , i43. Muriel (A. ). C.-M. , 577. Museeuioial, on preceptts , con- st ils et exenijles recueillis chez les anciens moralisles , etc., par Gh. S... de L .. , 719. MusiQi'E , i;")8, 20 1, 55S. Napier (W. F. P.). Histoiie de la guerre dans la I'eninsule, etc.. Napoleon en Egyiile, poeme on liuit chants, par 15ar theleniy ct Mery, A. , 3go, 64"- Napoleon. A'oy. \ ie polilique. — f'oy. Noivins. — f'oy. Thibaudeau. J DBS JIATIEKES. ?;apoleun (Le jtune}. Foy. Empire grec. Nai-geot (P.J.)- L'Academie dts beaus-arls de Paris lui dt-cerne le deuxieme second grand piix de composiliun musicale , aS i . Nature ( Sur la ) et les usagt-s ouvelle -Orleans, 760. — Paris, 245, 525, 784. — Pays- Bas, 243, 5 18. — Russia, 228, 5og, 7C8. — Suisse, 207,515. NouvELLES. f^oy. Romans. — par Alexandre Bronikovrski, i49- NrMiSMATiQtB, 459,496- 54 srj8 TABLE AKALiTIQlE o Oile 5 I'Ocean, par Antoine Cu- nyngham , 745. Odes ct ballades, par Viclor Hugd, CMiul's. Moyen dolus conservcr fiais pendant iin temps ])iesque in- (ini , z3j. CKiivBKs do Michel Lcpelletier, A., 3C-. — do ThadeeBoidgaiine, 4iG. — coMPi.KTKS d'llorace , edit, revue par Filon , 7G4. — ])(ieliqiies de S. T. Coleridge , Cy66. Ollion (P.). fcycz Cimnaissances medicales. Oniiiiiiiis. Foy. Carrosses. Omodi'i ( ^. ). Annati universali di mcilicina , iCo. Opininn do M. Uroiighani sur I'o- tablissoment d'unc imiversile a Boston , 5o2. Opinions exagerecs (Smlcs), par Fred. Ancillon, G72. Or (Be 1'). f oy. Legiand. — (Preparations d'}. /'oy. Clires- tien. — (Lcs couches d') ct de plalino dans lcs nionts Oni aliens, par INIaiiiice d'Engell'aidt , tyiT). Ornenianislo (Art de 1') , du stn- caleui-, etc. , joG. ORNlTHOI.Or.lE, 6<)5. Orvctograpiiji: , 1G7. Ontre)iont (Ch. d'). I'oy. Prome- nades. Ov\en. Voy. Rey. P.-.ges (M"' Ainiee), Portrait de J. P)enthani, Sog. Papiers inedits trouves chez Ro- bespierre, suppriaies par Cour- tois, etc., 479- Papynis I'gypliens, S07. Paidessus (J. M.). Collcclion iXc lois niaii limes antorieures aw dix-huiiienie sieele, 720. Paris, 182, 245,525, 728, 784, 7f)5. Paiij)erisnie (Snr les progres et To- tat actuelTrnE, 25o, 5oc). — en haliniens (Art do la) et des decors, par Doublette-Desbois, 70G. Pelerinage (Le) de Childe-Harold, tiaduit de lord Bvron, 741. Pelhani , on les Aventures d'nii gcntilhoniine anglais, traduit de Panglais par Jean Cohen, 749. Pelonze. I oy. Chaulfage doniosii- que. Pennington (Lady). Voy, Conseils d'line mere. Pernot. Le loisedtsbiitimens, etc., »77- Perou, 553. Perspective lineaire (Notions ele- mentairesde), parG. T.Jliehard, 706. Pescbier (Ch. G.), C— N., 258, Peter Sclilonihis wundcrsiime Ge- scliiilile, run Adelberl von Clia- inisso, G75. Petit (Le) Moissonneur des thea- tres, 488. Pliai)ta.sienf;cin(Ude von Georg Doe- ring, 6j5. PhaRMACIE, iGo. / oy. flK.Ml'SciEiNCKS MKDICALES. Pliarmaenpee (Projet de) anieri- caine, -65. Pliclnn {U. rr.). TI.e History of the policy of the cltttrcli of Home, etc., 663.' Philarelc. fry. Nominatioms aca- DEMlQtlES. Philolooie , io3, 2oa , 225, 762, Philosophie, 5, i36, i85, 1S7, 543, 71G, 7IS. — (lillemeiis de), par Pascal Ga- luppi, i53. puvsiolocie, 780. Physique, 222,596, 453, 5.\'(. — experimenlale. Foy. Pouilltt. Picard. lay. NiicRot-OGiE. Pindenionte. Foy. ibid. Pissaief. I oy. ibid. Planche. INouveaux cours de th<> nies, avec un supplurupnt, par L. J. M. Caipcnlier, -61. Planles (Tableau des) de la Sai- daigne, par le docteur Moris, GSo, Plularqne des Pays-Bas, GS8. Pneuuiolaryngalgie (Essai sur la), ouasthnieaigu, parL. Suchct, 45G. PoESIE, l40, 20S, 211, 590, 4u8, 487, 488, 490, 491, 640, 666, 692, 735, '738, 745, 744, 745, 78 1, — DRAMATIQLE, 253, 257, 'l^'^' 4^6, 556, 557, 558, 543, 544,546, 577, 667, 797, 800, 801. Poesies chieticnnes. Koy. Hierodic. — par A. Bignan, 488. — de M"'^ Elisa Merca-ur, 740. Poisson (P.) Voy. Julia Fontenelle. Politique, 97, 191, 197, 280, 4o5, 663, 672, 725. PoLOGNE, 730. Pons, derilcraiilt. Delabataille et de la capitulation de Paris, 728. Population de la Bavieie, 253. — de Geneve, 5i4. — dela Califoruie, 765. — de la ville de Paris, 795. Portraits des personnages les plus illustres de la Grande-Brelagne, par E. Lodge, 665. Pouillct (G. S. M. M. R.). l<:lemens de physique cxperiiuenlale, 453. Pouvuir municipal, i'oy. Leber. Foy. Dufcy. Principes de la liiej^ric generale des beaux-arts, par Talia , A., 377. Prion (J, E. E.J. toy. l<:Uige liisto- lique. Prisons, 191, 787. — (Ler-onssur la science des), etc., par ,\. H. Julius, 4 i8. Puis DtcERMSs ; par TAcadcmie des DES MATliiUES. 87/f! beauxails de Paris, 25o. — p;>r la Societecentrale d'agriculiurc, sciences el arts de Douai, 755. — pHOPosiis : par la Societc provin- ciale d'Utreclit, 5ig. — par la Societe royale d'Arias, pour I'en- couragcment des lettres, etc., 520. — pai' la Societe dV'iuula- lion de Gauibiai, -Si. Projets de la llussic. ley. Lacy Evans. Promenades d'lin solitaire, par Cli. d'Outicpoul, 2 1 5. PncssE, 146. Puget-Barhantane. V. NiScrulocif. Puissant. I oy. Nominations acadi'.- MIQUES. Questions conimerclalcs, par D. L. Bodet, 7?, I. Quelelet (A.), C.— B., 167, 44', 444. R Raingo. IMemoire sur Ics changc- niens operes dans I'instruclioii publique, depuis le regno de Ma- rie-Theresc, 6S4. Raniey iils. Voy. Aominations aca- DliMIQUES. Rapport sur la situation des pau- vres dans les vlUes de Baltimore, New-York , Providence , Boston et Salem , 125. — surlapartie botauiquedu Voyage autour du Monde, de Diiperrey et Durviilc, A. , 354. — general sur les travaux du Con- seil de saUibrilede Paiis , 702. Raticourl de (iharleiiile. f'oy, Mor- tiers. Raymond ( Michel ). Le Ma^on , 2 1 5. Riic LAM atiok de TM. Adi ien Lafasgc, an sujet d'une observation de la nibtiolccu ilallatia sur un article loiirni par lui k la Rcviic cncyfch' 840 TAHLE AN pedi(/iie , 2^0. — (le M. Antoine de St-Gervats au sujct du coniple rendu dans la lievtio ettcyrlopc- diqiie de son Ilistoiie dfs Emi- gres fian^ais , 549- Recieations de physique. Foy. De- niersoii. Rectification au sujet de Moliere , 262. — au sujct de I'ouvrage de M. Coulter cur Ics piiucipales ])ositi()n.sg'i;ogiapliiqiies du globe, 55o. — d'uii )>oiiitliisU>iique, 769. Recdeils periodiqles. Voyez Joun- NAUX. Redares. Art d'elever les lapins , etc. , 69G. Redoule (P. J.). Choix des plus belles fleiirs prises dans diffe- 1 entes fauiilles du regne vegetal , 496. Refutation de rHistoii-c de France de I'abb^ de Monlgaillard , par Urancll de Leuse (Laurent), 200, A., 63(1. Regixis yfir Islands SlijVishokasafa , 142. Regne vegetal ( Le) expose d'apres les families naturellcs', par S. Muhl, 143. Reinenbeig,C. — N., 520. Reinaud. Description des monu- niens inusulmar.s du cabinet du due de Blacas, 4y5. Religion. J'oyez Sciekces bei.i- GlEISES. Remard (Charles), yoy. Necro- LOGIE. Renouaid (Charles), C. — B. , 192. Repertoire du tlieatie de Madame , 486. Retzsch. Voycz Galerie de Shakes- jieare. Rever. L'Acad^mie royale des in- scriptions et bellesicttrcs lui de- cerne vine medailh; pour son Meraoire sin- les Anliquiles de la France, 554. Picvoll ( The ' of the bres , i5C. R^VOI.UTIIIN THANCAISE, 476. Rbvces. /'ov. Influence. ALYTIQIE Rev (.Toscph). Lettrcs sur le Sys- tenie de cuoperallon mulMclIe, d'apres le plan de M. Owen, 187. Richard (T.). Foy.Chimie. Vo\. Perspective lineaire. C.-R.,707. Rich('r ( Edouard . Voyage h I'ab- baye de la Trappe de Melleray, 463. Richesse indiviuuelle (Traite el«^- mentaire de la ) , etc. , par Louis Say, de Nanles, 19.5. Rienzl , tragedie anglaise , par miss Rlitl'ord, 667. Rigollot fils, C — B. , 171, 174, 455 , 702. Rio. Essai sur I'histoire de I'esprit bumain dans I'antiquile , 727. Ripamonte. Manuate del Bigalliere, 439. Robespierre. Voyez Pajuers inedits. Robineau-Desvoidy. Recherchcssur Torganisation vertebrate des cms- tacis , etc. , 448. RocheFermoy. Voy. Commenlary. Rodet. Voyez Questions commer- ciales. Roger (B. ). Vvy. Fables senega- laises. Romans. i49, fi2, 2i3, 2i5, 49', 4p3, 65 1, 667, 675, 741, 745, ;46 , 747 , 748 , -49 ■> /So ■, 75 ' ■ Rolilander. Kurzgef'assle Prctisiisrlt- Br(indcnburgischeGescbichtc,i!iCi. Roiigcmont ( Ch. de), C. — A., 585. Roujoux. Ilistoire des rois et des dues de Bourgognc , 476. Royon. Voy. Nechologie. Rozet. Voy. Description geognos- tiquc. Rozoir (Ch. du). Relation liisto- rique , pittoresque et slalistique du voyage de S. M. Charles X dans le departement du Nord , 730. Ruder. Voy. Kirckhof. RrssiE, iSg, 197, 228, 4i5 > 47^ > 509, 562 , 750 , 768. DES MATIERES. 8.' J' — (La ) , oil Coi'p d'fSlil scr la si- tuation actuelle 3. Source mineralc et bainsdc Jenatz, dans ie canton dcsGrisons, par Paul Eblin, G7«. Souscription ouvcrtc k Liverpool pour clever une statue a Canning, 76-. Siassarl, C. — U., G92. SrATlSTlQUK , 3.5, l6l , 233 , Jl4, ALTTIQtlE — de la Suisse, par Elicnne Fran- scini , 420. — du canton de Vaud , 23iH, Slenograpluc fondce sur des prin- cipes niecaniqnes et matliemati- ques , etc. , par E. Ilinton , 137. Sterne. Foy. Voyage sentimental. Sliquiutccbnic, ou I'Aild'enscigner A lire, etc., par J.J. Montc- mont, 481. Straus-Ourckheitn. Gonside'iialions sur raiiatomic coniparcic des ani- raaux arliculcs , etc. , 44''- Suchct ( L. ). foy. Pneuniularyn- galgie. Smnir-Mcrlin , C— B. , -46. SoissE, i5o, 257 , 4^9. 5i3, 677. Suites (les) d'un coup d'epec, co- medie en vers , par Ader et Brousse , 267. Syslcme penitcnliairc (Du) en Eu- rope et aux Etats-Unis, par Cbar- les Lucas , 191. Tableaux synoptiqucs, ou Abreg6 des caractcres cbiuiiques des bases saliQablcs, par Ed. Lau- gier et A. de Kramer, 700. Taillaudier (A.), C. — A., 600, 721. Taillcur. Foy. Compaing. Talia. Principi di Esiclica, A. , 377. Tecukologie. V. Arts ikdustbikls. Teinturc. Foy. Martin. Temniinck. Foy. Vcrncr. Terres incultes ( De la possibillle do cultiverlcs) , etc , par W. Jacob, 655. The (Commerce dc)en Russle, 5 to. Theatjc (Principcs moraiix du), appliques a toules les surtes de representations dramaliques, par P. Schedoni , 683. — Castellan. Foy. Notice. — indien. Foy. Chel's-d'ccuvre. — dc Madame. Foy. Uepertoirc. TiiBATRns de Paiis , 253, 536, 797. — Theatre italien de Paris, 53f). Thibauileau (A. C. ^. Histoire g^- ntirale do Napoleon Bonauarle, 47S. Thiers ( A. ). Hisloire de la R6vo- lulion fianeaise, ^^6. Tissot (P. F.), C— A., 590,610. Toise des b;Uiiiien.s. Foy. PenioU TopoGRAPHiE, 182,712. Tbaductioks : — en allemand, du IVanoais, 4'8' — du iiisse, 4i4- •— en anglais,, du Sanscrit, 485. — enfranrals, de Talleniand, 218, 469, 727. — de I'anglais, 177, 179, 21S, 4G6, 469, 484, 485, 49»» G9S, 716, 74i, 747, 749, 750. — de I'ilalien , 706. — du lalin, 743. — du russe, i4o — du seuegalais, 110. — en grec modeTiie, du fiaiicais, 5i5. ■ — en hollimdah , du fianrais, 619. Trait ( Un) de (Jarlouche , ou le \ ul el le Benefice, bluelte, 546. Trebizonde , 4^2. Trebutien (G. S.). ^oy. Hammer. Tremadeure (MlJe S. tJ,). Foyez Conseils d'uiie mere. Tr^niery. Manuel dc calligrapbie, 754. Tzschirncr ( D- 11. G. )• f^oy. 3IU- lUciluniicn, U.MVERsiTi; de Boston, 5o2. Vaiiguyon (Ducdela). J'oy. Ne- CHOLOniE. Verb and I ling en dcr icrcinigtcn cerzl- liehcn Gesctlxchaften derSchivcllz, ' 677- \p,rner ( .T. C. ). Atlas des oiseaux d'Europr, pourscrvir dc coinple- DES MAT1ERL3. Sujj inent au Manuel d'oilhoiogie de Tenimiiick , '90. Vers i sole ( L'ait de I'aire nailie lea ) , etc. , pai' Gera, l\h?>. — Aper(;'u comparalif sur I'ednca- cation des, d'apres les nourelles melbodes, par Moiiondo, 439. — (Manuel du praprietairc de), par Ripamonte , 439. Versions grecques (Cours de), etc., par C. \ illemcureux , 220. Vegetaux fossiies. Voy. Biongniart. Vibert (J. V.) L'Acadeniie des beaux-arts dc Paris lui decerue le premier grand prix de gravurc en taille-douce , 25i. Vie politique et militaire de Nape - leon,raco!itee parlui meme, elc. A., 75. Mngl-un (Le) Janvier. Voy. IMa- liiias. Vilricr ( Art du ) , 706. Voiart ( M""": Elise ). Voy. Galerie de Shakespeare. Voyage dans les cinq parlies du Monde, par Albert Montemonl, 700. — autoiir du Monde, par L. J. Duperiey, A. , 525. — de M. Caille dans TAfrique cen- trale, 226 , 5o2. — en Pologne et en Russic , par un prisonnier de guerre , 700. — aux Pyrenees fiani^aises et cspa- gnoles, etc. , par J. P. P*", iSo. — ( Relation d'un ) au midi de la France, M. , 291. — de S. M. Charles X dans le de- pai lenient du Nord, par Ch. du Rozuir, 730. — a I'abbaj-e de la Trappe de Mel- lei ay, par Edouard Richer, 465. — tenlinienlal de Sterne , traduc- tion nouvcUe , par Moreau-Chris- lophe , 491. — piltoresqne et romantiquc sur la cheniinee , par Bres , 488. Voyages d'Antcnor en Greee el en Asie, par Lantiei-, 745. 844 TABLE DES JiATItilE?;. w Jf'achlcr (L. ]. Lehrbiich der Lite- ral ii rgcs rliichte, 4^7- \Valst<^in , liagddie par Liadieres , 255. TFitlard's (M" Emma) ancient geo- fjraphy, 8()-. Wilson ( H. If.). Chefs-d'CHiuvie du tli^Alie indicn, 485. Woipaid ( Jtan-Loiiis). A'oj. Jii- CROLOnlB. fI'oO(lbricli;c't System of universal f^eoiirapUy, Sy". ZooLOGiii , 6;)6. UN DB LA TABLE DU TOME XL. ERRATA DU TOME Xt. Caliicr d'OcTOEKE. Page i38, I. i8. Maffasinc, lisez : Magazine; p. i42» 1. 8. SliftsLilisllick^Viscz: Stiftubibliolhok; p. 2i5, 1. 36, flciic, lisez : flour; ibid. , 1. 07, nr, lisez : ne;ibid., 1. 38 , ?io«o , lisez : nof/s ; ibid. , 1. 3(), elTacfz le s a la (Iti de la ligne ; ibid., 1. 4o, croicn , lisez : croienl ; ibid., 1. 4i ? meprist ; lisez : mcpris ; p. 2G1 ,1. 18, cliezonianie, lisez : chczonomie, Cahier de Novembiie. Page 444 5 l-O) Reghgclendheiden TT'clgenimg , lisez : Regtsgetcrdheid en TFetgeving ; p. 552 , 1. 7, 58/, lisez : Soj ; ibid., dernitie iigne, aSo , lisez : 555. Cahier de Decemere. Page 656 , dans le tableau, premifcre ligiie dc la cinqiiieme colonne , lisez: 3,256,4oo ; p. -3i, 1. 12, Tuernihow , lisez: Tclicrnigof; ibid., id., Kiiiv, lisez : Kief; ibid., 1. 12 et i5, Coronetz, lisez : f oronejc; p. jSo, n. 262 du Bulletin bibliogi apblque ; le tilie de I'ou- vrage a ete bonleverse ; les mots 2' edition, qui lecomnieiicent, duivent f'tre tiansportes apres ceuxci : 1"' partic , auxquels ils se lapporlent ; et il fautlire 2" parlie , an lieu de 2'' edition , dans la tioisienie Iigne du titre; p. 761 , 1. 17, supprimez les niols : Ouvragcs piriodiques de 1828; p. 768, 1. 8 ct c) du deuxienie aliiira , Shiadian ; lisez : Skiadan ; ibid. , 1. 12 du m6ine alinea , Do / lond , Ihcz : Dolland; p. -75,1.23, Foolda, lisez: Foulda ; ibid., 1. 3o, TFoss , lisez : T'oss ; p. 785,!. i4, Dunwnil , lisez : Dtimiril. EEVUE PROSPECTUS POUR L ANNEE 1829. 1 uois ans el demi se sont ecoules, depuis hi publication de ia Revue Britawnique , et la faveur avec laquelle ellcavait d'abord ^te accueillie n'a pas cesse de s'accroitre, Nos li- vraisons n'ont pas ete traitees comme des pamphlets ephe- meres, mais recueillies, comme des livres, dans les biblio- theques 5 aujourd'hui meme, nous sommes encore occupes de la reimpression de plusieurs de nos anciens numeros. C'est a la Grande-Bretagne , c'est aux dcrivains qui font sa gloire, que nous devons naturellement attribuer la plus grande part de ce succes. II eut fallu , en effet, avoir la main bicn mallieureuse, pour ne pas retirer des tresors des veines fecondes on nouspuisions. En Angleterre, I'art d'ecrire est considere comme un moyen , et jamais comme un but : aussi le talent des rbeteurs y esl-il dans un com- plet discredit. Ses hommes d'etat ct Telite de ses gens de letlres aiment niieux, en general, alimenter la presse periodique , que de faire des ouvrages etudies et de longue haleine, parce que c'est un moyen plus sur, plus prompt, plus direct, de marcher vers le but auquel ils tendent. Mais ce qui conlribue surtout au succes des recueils pe- riodiques dans la Grande-Bretagne , c'est la situation 011 se trouvent ceux qui les redigent. Dans notre belle et pe- tite France, si resserree par la jalousie de nos anciens en- nemis, nos ecrivains sont, en quelque sorle , al'elroit, et n'ont pas d'horizon devant eux. Le monde britannique, au contr.aire, encore plus olendu que le monde romain , est dans les conditions les plus favorables pour I'observa- teur. Ce vastc empire ne forme pas un tout compact; les parlies qui le composcnt sont scmees dans tons les conti- nens el sur toules les mers. En Asie, il possede cent mil- lions de sujcls, s'clcnd sur les deux rives du Gauge, presse ( 2) Ics fronliorcs ilc la Cluiie , s'cnfonco clans Ics anfractuo- siU's tie rilimalnya ; rt, tandis que les cadets de ses grandcs families, desh('rilc's par d'injusles lois , vont chercher fortune dans ces superbes conlrees , ses malfaiteurs sont tiansporles dans rAuslralic, pour en feconder les rivages. En Afrique, les possessions anglaises prennent , cliaquo jour, plus d'exlension ; elles en occupent mainlenanl loule rcxlremile meridionale. Les colons s'avancent, pas a pas, dans les profondcurs fnconnucs de ce grand conlinent , poussant, devauteux, des animaux feroces et des nations harbares. Deja , par les longues zones de lerre fertile qu'ils ont conquises a Tagriculture, ils se trouvenl moins eloi- (*n«'S du Niger. En occupant Tile de Fornando-Po , dans le golfc de Guinee, les Anglais viennent encore do sen rapprocber davanlage, s'il est vrai que ce flcuve , apres avoir docrit une courbe immense, termine, dans TAtlan- liquc, son couis myslcrieux. Les couleurs de la Grande- Bretagne floltent egalemenl dans les arobipels de la Grece ct dans ccux du NouAcau-Monde. Dans la mer du Sud, les lois de la Polynesie se font sacrer par ses missioiniaires, el longent Ic double rivage de I'autre bemispbere , pour venir soUiciter la grace do lui appartcnir, a tilre de vassaux. Les deux Canadas lui sont soumis , dans I'Amcrique du Nord ; ct , aux Etats-Unis, un grand pcuple, d'origine anglaise, couvrc les coles de TAllanlique, et commence a commu- niquer dun ocean a I'autre, par ses marcbands de four- rures ct ses cbasscurs, qui sont, dans le Noiiveau-Monde, les eclaireurs de la civilisation , comme les buchcrons en sont les pionniers. Enfin , les mille navircs de la Grande- Brelagne, lances sur toutes les mers, peuvent etre consi- deres commo autant d iles flollanlcs qui vont aborder sur les points les plus cloignes du globe. Mais ce qui ajoulc encore a lulilile de ces communications, c'est la siircte el la promptitude qu'elles ont acquises dans ces derniers terns. Lisbonne n'est plus qua cinq ou six jours de Loudrcs; il n'en faut pas davanlage au voyageur anglais qui se trouvc au fond des vallOes de la Suisse;, pour revenir dans sa patrie, s'il se confie an paquebol qui descend le cours duRbin. Les ( •> ) flols tic la BiiUique, souleves par la lempelc, cetleiit ega- leniciil a la loute-puissance do la vapour, el s'ouvrcnl dc- vant les iiavires qu'elle enlraine sur celtc mer orageuse. On verra , dans noire recueil , que le voyageur, parti d(; Londres, peut y elre de retour au bout de six semaincs, apres avoir passe huit jours a Pelersbourg, ct aulant a Mos- cou. Ces navires , conduits a la vapeur ou a la voile, ne trans- portent pas seulenaent les produits industriels ou agricoles desdilTdrenspcuples, dans les ports de la Grande-Brctagne. A bord, se Irouvent aussi des cargaisons non moins pre- cieuses pour elle : cc sont les observations de ses savans, de ses sages-, les leltres, les recits de ses voyageurs, rc- cueillis avidement par la presse periodique anglaise , nics- sagere du monde , qui se cbarge de rendre comptc de loul ce qui s'y passe, d'en fairc connailre les causes el d'en predire les consequences. Ccst ce qui explique la deslineesi difft^rente des recueils j)eriodiques , en France et en Angleterre. Tandis que, parmi nous, ils n'onl presque jamais le uombre necessairc d'abonnes pour indemniser les bomines gt^nereux ([ui lentent ces hasardeuses enlreprises , cbez nos voisins , au conlraire, ils sont I'occasion et le principe de benefices considerables, et souvcnlmeme de grandes fortunes, li faul bicn se garder d'en conclure que la nalure nous ail dis- Iribue ses tresors inlcllccluels d'une main plus parcimo- nieuse; le lalenl est le memc cbez les deux nations, mais il n'y met pas en ceuvre les monies maleriaux. Rien de plus limile que ceax doul disposenl les redacleurs de nos re- cueils periodiqucs, landis que, dans la (jiande-nrclagne, ces maleriaux, prepares par une multitude de mains, ar- rivent de tous les points de I'univers. Tel a ele egalement le priucijie du succes de la Revuk Buitannique qui reproduit en iVancais les meillcurs ar- ticles des Revues ct des Magasins anglais , et qui , par cctte raison , doit avoir sur cbacun d'eux, pris isole- menl, une supcriorilc incontestable. Le commerce, Tiu- duslrie onl sculi , parmi nous, quo, pour nc pas olrc (4) en arriorc do leurs rivaux en Aiiglclerre , il ne fallafi pas rester otrangei's aiix articles qu'y public la presse [)ciiodique pour guider les speculateurs : aussi les chefs do la plupart de nos grandes fabriques el de uos princi- palcs maisoiis de commerce, ont-ils prete a noire recueil I'appui de leur suffrage, et se sont empresses d'y souscvire. jNos hommes d'etat ne I'ont pas accueilli avec moins de faveur 5 et , pendant le cours de la derniere session , on a pu observer des traces nombreuses de son influence dans nos debats parlementaires. Enfin les gens du grand monde, convaincus que la superiorite des iumieres pent seule les maintenir avec securite dans les hautes positions qu'ils occupent , ont montrd un empressement egal pour I'ins- truclion facile, quoique forte et substantielle, que la Revue Britannique emprunte aux cent recueils qui ralimenlent. Pour satisfaire aux vceux de ces differentes classes et servir leurs interets respectifs, I'economie politique, cetlc science nee d'hier, mais deja signalee a la reconnais- sance publique par le nombre et I'utilite de ses appli- cations , occupera, comme anterieurement, une grande place dans notre recueil. Elle continuera a s'y pro- duire selon la melhode anglaise, c'est-a-dire environnde de fails curieux propres a adoucir I'austerile de ses theories, et a en rendre rintelligence plus facile. Ses re- cherches doivent etre accueillies avec un inleret parli- culier, dans un moment oii Tadministralion parait disposee a modifier les lois qui oppriment le commerce sous pri- tcxle de le servir, el ou un magistral honorable cberche a reduire , dans la capitale , la plaie du pauperismc 5 efforts dignes d'etre soulenus par la faveur publique, mais qui produiraient un resultat entierement oppose a celui qu'on se propose, s'ils n'elaient pas diriges par les utiles en- seignemens de I'economie politique. Les pcrsonnes qui ne connaissenl pas encore la Revue Britannique pourront se faire une idee exacte de I'ln- Idret et de la variele qu'elle presente , en lisant la table suivantc des principaux articles qui y ont eli ins(^res, de- puis le premier numcro jusqu'a cc jour. TABLE DES PRINCIPAUX ARTICLES INS^.U^S DANS LA REVUE lUUTANNIQUE ET CLASSES PAR ORDRE DES MATIEilES. PHILOSOPHIE. Do IV'tlucation dcs classes sapericuics. — Des danfjcrs attiibui's _fi recluca- f ion des classes infcTiemes. — Etablissemeiit do New Harmony anx Etats-Unis. — Influence de IV-tiide de la Chimie snr Ic developpemcnt des facultes intel- lectuellcs et morales de riiomme. — De la timidite des savans. — Pestalozz.i et la Societe' de la propassation des counaissanccs usnelles. — Nc'ccssite d'xine education scientifitjue dans les classes inferieuies , etc. SCIENCES NATURELLES. Experiences pour determiner la figure de la terrc. — Du projet d'introduirc le poisson de mer dans Teau douce , de le parquer sur les cotes, et de privcr de nouvelles especes d'animaux. — Variete de Tespece liinnaine. — Experiences sur les proprietes hygrometritjues de diverses substances. — Considerations snr les volcans. — Les abeilles. — Apercn des progr^s de la geologic.; — Crocodiles aniericains. — Le volcan des lies Sandwicb. — Les oiseaux des Etals-Unis. — Les seipens h sonnettes. — Pigeons de I'Ameriquo du Nord. — 'Hisloire des pa- ragreles. — Revolutions de la nature dans la France centrale. — Oi)servations sur la grosseur de la tete. — Nouvelles de'eouvertes de Tastrononiie. — Les diamans de Golconde, etc. SCIENCES MEDICALES. Des modes en medecinc. — De la pctitc-verole et de la vaccine. — Observa- tions sur la nature et I'usage des cosuietiqiies. — Nouvelles observations sur la petite-vc'role et la vaccine. — Utilite des morls pour les vivans. — Magne- tisme animal. — Metbode sure d\imeliorer la santc et de prolongcr la vie, etc. LITTER ATURE. De la poesic en France. — Conp d'oeil sur la litterature de la Russie. — Du gout des AUemands et de Tapprentissage de Wilbclm Meister. — Lettres sur fetat actuel de la litterature italiennc. — Des joiunaux quotidicns en Angle- terrc. — Du tlieatre et des roraans. — Jereniie Bentbam. — Lord Byron et sir Walter Scott. — Litterature periodique en Allcmagne. — Coleridge et Soulbey. — Maltbus. — L'editeur de la Bei'iie d'EiUnhouri^ ct celui de la Rci'iie T'ri- viestrielle. — Brougbani, J. Mackintosb et Francis Biudett. — Williams Cob- bett. — Wordswortb , Crabbe et Campbell. — Godwin. — Bil)liotbefpies pu- bliques de la Grande-Brefagnc. — Robert Burns. — Irving ct le D'Clialmers. ■ — Pourquoi les beros de romans sont insipidcs. — Wieland et ses contenipo- rains. — Litterature et poi-sie de la Bobeme. — Les conleurs de TOrient. — Conquetes ct Litterature des Arabes , etc. POLITIQUE. —DIPLOMATIE. Administration et regime intericur de la Prusse. — Discussions de Bucnos- Ayres avec le Bresilet les Patagons. — Importance dela possession de Monte- Video, pour le Bresil. — Le congres dc Panama. — Coup d'a-ii sur la situation de rAngleterre en iS'iG. — Des projets de la Russie sur I'Hindostan. — Cate'- clilsme antricbicn pour les peuples de TltaHe. — Dcs troubles recens qui out eu lieu parral les paysaus russes. — La Diete dc Hongrle. — La traltc en i 8'j6. — Les mcmbres du nouveau parlement. — Considerations sur IWulrlcbe. — Rapports de la Perse avec la Russie et la Grande-Bretagne. — La presse en France ct en Angleterre. — Sopbi^mcs du pouvoir par Jeremie Bentiiam. — .^I. Canning et ses adversaires. — Etat actuel de radministratlon lur(pie. — ( <> ) LiMiouvtau luiiiisUic. — Tac 114111; Varlciiicut;iiie. — Elat des [laitis Oii Irkmde. — Ckrgc, ('tat iiiilitaivc et noblesse o!cou Ji Fontaiuebleau. — Voyage dc Napoleon >'i Tile d'Elbe. ( 7 ) — Bolivar ct scs lieiitenaiis. — La rc-^encc h Blols. — Soiiveuiis de la Giver. — Conveisations dc Tile tVElbc. — Etitre\iie de Napoleon ct dujcimc Sinclair. — Invasion du Portugal paries Francais , en 1807. — Insurrection pfonerale de TEspaguc oontrc Napoleon, en i8oiS. — Troubles dc la Chine. — Siepc dc Sarragossc. — Cliionicfiio de la cour dc Lisbonne. — Lc Retour dc Tile d'FJbc. — Joseph Bonaparte. — Menioircs .sur la guerre de Tindependance dans rAnie- riipic du Sud. — La revoltc du regiment de Frohberg, etc. BIOGBAPIUE. —ANECDOTES. L'n trait de la vie de lord Byron. — Memoires sur la vie dc Sheridan. — Anecdotes sur rempercur Alexamlre. — Anecdotes sur rentcrrenient de Sheridan. — Souvenirs d'un gent.lhonnnc ilalicn. — Maniere de travailler dc Mozart. — Journa) dc Vilerbi , pendant qiril se laissait niourir de fai;n. •^Vic d\ni soldat. — Mrs Daniers ctlcroi de Tanjore. — Dernier portrait dc lord Byron. — Lc suicide. — Captivite dc qninzc inois dans les prisons de Tin- quisition d'etat hVcnisc. — Caroline GcUinicrt. — Vie d'un savant hongrois, ?i Paris. — Memoires de Wolfe Tone. • — Evasion d'nn francais, prisonnier en Anglcterre. — Ismail Gibraltar en Europe. — Visitc de lady Morgan aux ro- ehcrs dc M""^ dc Sevigue. — Lc Tombcau dc Marie. — M""' Christophe , cx- reiue d'Haiti. — Un episode de la guerre de la Penlnsulc. — Phvsiouoinies par- leuientaires ;\ la chanibre des Lords. — Unc heurc de trop. — M. Canning juge par .Sir J. Mackintosh, etc. VOYAGES. — STATISTIQUE. Esfjuisscs de riudc. — Voyage nu Perou par la Cordilliire dcs Andes. — Apcrcu de la situation de la republirpic d'Haili. — Americpiemeridionalc. — Antilles auglaises. — Voyage dans le Khoiassan. — Voyage dans la racr dcs lodes. — Voyage dans TAfrique occidentale. — Scenes ct impressions en Egyptc. — Voyage de M. Biot aux ilcs Shetland. — Voyage d'uu Francais en Anglcterre , sous legouvcrnementde Cromwell. — Chretiens do laClialdee. — Relation d\inc expedition h la source de la riviere St. -Pierre. — Etablissemcns anglais dans rAu.stralie. — Leltres dc Constantinople. — Vnes prises .\ Ste.-Helene. — Voyage h Siam et h Hue — Excursion en Fiussic. — Lettres sur TOrient. — Republique de Guatiuiala. — Lettre sur rAllemagne. — Voyage de Ncw-Yorck h Real del Monte an Mexiqne. — Decouvertes an nord et au centre dc TAfriquc. — Souvenirs du golfc Persiqae. — lies Sandwich. — Promenades dc Watcrton dans rAmerique du Sud. — Alger. — Nations liindo-Chinoises. — Souvenirs d'un deporte' h la Nouvcllc-Gallcs du Sud. — De la Valachic ct de la Moldavie Voyawcs aux poles. — Course dans les Pampas de TAmeriquc du Sud. — Coun d'a'il sur les voyages de decouvertes execute's dans ces dernieres annecs, ct sur ceux mii se preparent.—;- Voyage et sejour dans lc bassin du Mississipi. — Voyage dans THimalaya. — Etablissemcns anglais dans FAfrique occidentale. — l/Ame'riqne du Sud sous le gouvernement espagnol. — Voyage dans lc Boutan par im au- tenr liindon. — Tableau du territoirc , de la population, dcs finances, etc. , etc. , de toutcs les puissances curopecnnes. — Un liiver en Laponic. — La Crimee. — Lettres sur FKindostan. — • La Mesopotamie. — Etablissemcns anglais dans le nord du Nouveau-Moiide. — Statisliquc des Etats-Unls. — Tableau du territoirc, dc la population, etc. , des dillerenles puissances dc FAsic. — Voyages dn eapitaine Andrews dans FAmeriqui! du Sud. — Tableau du territoirc, dc la population, etc. , des difierentcs nations de FAustralic. — Es- quisses de la Perse. — LcsFlorides. — Forces navalcs dcs puissances du continent de FEuropecomparees avcc celles de FAugletcrre. — Nouvelle-Galles du Sud. — Voyage dans FAme'riquc ccntrale. — Nouvcaux details surle lac Superieur. — Tableau tin territoirc, de la population,, etc. , des dillerenles nations de r.Vfriqiie. — Voyage h Buenos-Ayres. — Les Etats-Uuis en 1 8^7. — Campagnc en Arabic (Fun ollicicr curopecn. — Voyage vers lc pcMe nord en 1827. — Pro- vinces de la Turquic menacees par les Russes. — Ft'tes dc P;\ques h Jerusalem. — I/Autrichc conmic elle est. — Nouvellcs des voyageins qui CNplorcnt Fiu- tirieur de FArri Meme ; sur papier de Hollande , avec fig. ct facsimile , cartonne 2/, fr. — Le Meme ; grand papier velin , avec miniature peinte sur Vehn 27 fr. ( 3) j90us pusae tft la mem^ (Eolkction. Li Roumans dou Chastelain de Couci et dk la Dame de Fayel ( I'Histoife du Chatelain de Coney et de la Dame dc Fayel ) ; public d'apres le Manuscrit de la Bibliotheque du Roi , 7?iis enfrancais , avec des notes historiques sur les diverses families dont il est fait mention dans cet ouvrage. Un fort volume gr. in-8, Jesus velin, cartonne, avec deux fig., chacune a deux sujets, en noir, ou peintes en or et en couleurs , avec facsimile de I'ecriture du Manuscrit. Les Amateurs qui voudraient se procurer cet ouvrage avec les deux miniatures, richement peintes en or et en couleurs, comme celles du Manuscrit, sont pries de le faire connaitre ^ Tavance a I'Editeur. Ce genre de peinture etant d'uue execution longue et dispendieuse, il n'en peut 4tre etabli qu'un tres petit nombre d'exemplaires avant la publication. Ordonnance de Philippe-le-Bf.l sur les Gages de bataille. I volume gr. in-8 , Jesus velin, cartonne, avec onze fig. ini- primees en noir. Ce volume impriipe sur I'un des Manuscrits les plus remarquables et les plus precieux de la Bibliotheque royale , renfermera les onze facsimile de ses miniatures, qui sont d'une richesse et d'uue perfec- tion admirables dans I'original. EUes representent toutes les cere- monies qui accompagnaienl les combats a outrance, depuis le deli jusqu'au combat en champ clos et la niort d'un des champions. La multitude des ornements, la verite des details, la fidclite des costut»es de tons les personuages des divers etats , rendent cet ouvrage aussi interessant pour I'histoire que pour les arts. On avait deja tente de reproduire cette precieuse production du nioyen Age, mais la longueur et les difficultes de I'execution out fait abandonner I'entreprise, dont I'editeur actuel s'occupe deja depuis plus d'un an. Les Amateurs qui voudraient acquerir I'ouvrage avec les miniatures peintes en or et en couleurs, sont pries de se faire inscrire it I'avance chez I'Editeur, qui ne fera executer striclement que le nombre d'exem- plaires demande. Cbaque exemplaire portera le noni imprime de sou acquereur, s'il ne s'y oppose pas. II sera tire qitatre cxemplaires de ce precieux volume, miniatures et texte sur Yelin (Peau de Vcau du plus beau choix). II n'y en a que deux a vendre. (6) — Le Meine; 4 volumes gr. in-8 , Jesus velin, tire i 5o exemplaires. ( II ne reste que quatre exem- (ilaires. ) i oo fr. — Z(? J/(e)we; 4 volumes gr. in-8, Jesus ordinaire. (Beaux exemplaires dont il n'a et6 tire que neuf sur ce papier. ) ."'a.'oW'^'wv, 5o fr. Anjvee 1826. Observations sur un ficRix de M. le Vicorate de Bonald, Pair de France , intitule Sur la Liberte de la Presse , par G. A. Crapelet , Imprimeur. Br. in-8 5o c AwNEE l^l'j. NouvELLES RECHERCHEs sur I'origiue , la nature et le traitement dc la Mole vesiculaire , ou Grossesse hydatique, par madame Veuve Boivin , Doct. Med. , avec une gr. planche. In-8 , br 2fr. 5oc. Is\BELLE , nouvelle historique da temps de Saint- Louis ; par madame la Baronne de M***. 2 volumes in-i 2 , br. 5 fr. De l'Imprimerie consideree sous les Rapports litte- raires et industriels , par G. A. Crapelet, Impri- meur. In-8 , br 1 fr. 5o c. Notice descriptive des Monumens egyptiens du Mnsee Charles X, par M. Champollion le jeune, Conservateur des Antiques du Musee royal du Louvre. In-12 , br i fr. 5o c- Cette Notice n'cst pas une simple nomenclature des objets renferm^s dans le Musee egyptien ; elle donne I'expli- cation de tous les monumens relatifs a la Religion, a I'His- toire des Rois , et aux nsages civils et doniestiques des anciens Egyptiens. L'ESPVGNE sous I.KS RoiS DE I.A MaISON DE BoURBON , OU Memoires relatifs a I'histoire de cette nation depuis I'avenement de Philippe V, en 1 700 , jus- qu'i la mort de Charles III, en 1788, ecrits en anglais sur des documens originauJi; iuedits, par William Coxe, antcur de VHistoirc de la Maison d'Autiichc, trad ui Is en franeais, avec des notes et ( 1 )^ (ies additions, par Don Andres Muriel. 6 gro* volumes in-8 , l\0 h. Relation historique, pittoresque et statistique Du VOYAGE DE S. M. CHARLES X dans le Departe- ment du Nord; ornee de planches lithographiees par MM. Victor Adam , Bonington , Deroy, Sabatieri par M. Ch. Du Rozoir, Professeur d'histoire a Paris , Membre de la Societe d'Emulation de Cambrai. Un volume in-fol. , avee 8 planches , br. ( ouvrage termine ) 24 fr, Ann^e 1828. Questions de Litterature legale : dii Plagiat , de la Supposition d'auteurs , des Supercheries qni ont rapport aux Livres ; par Ch. Nodier , Bibliothe- caire du Roi a 1' Arsenal , etc. Seconde edition, revue , oorrigee et considerablement augraentee. In-8 , br. . 4 fr. 5o c, Bien different de beaucoup de livres dont le litre seiil a seduit le lecteur, celui-ci presenle sous un litre severe, une instruction aussi variee qu'agreable, revalue de ce style piquant et gracieujf qu'on sail ^tre propre a I'auteur. — Le Meine ; gr. in-8 , Jesus velin , br. , lire a 40 exem- plaires 1 6 fr. — Le Meme ; gr. in-8 , papier de Hollande ( tire i 1 2 exemplaires ) , cartonne 2 5 fr. De l'^I^tat actuel de la Langue francaise; br. in-8. . yS c. Concordance des quatre Evangelistes , suivaut I'ordre de Michaelis. In-12, de 7X0 pages, br. . 6 fr. Le Paroissien complet , contenant I'Office des Dimanches et des Fetes, en latin en francais, selon I'usage de Paris et de Rome. In-S2 de 900 pages (gros caracteres), papier velin superfin , relic eu veau . 10 fr. — Le Mime ; dore sur tranche 1 1 fr. Annee 1829. Poesies DE Mademoiselle ElisaMercoeur (de Nantes), seconde edition, augmentee de nouvelles pieces de 1827 et 1828. Gr. in- 18, papier velin superfin, br. 5 fr. (8 ) Rr.r.HERcnES sur i.es Sources antiques de la Litte- RATIIRE FRANCAISE, par M. J. BeRGEK dc XlVREY. In-8 , papier fin d'Angouleme 7 (V. — Le Meme ; gr. in-8, Jesus velin, cartonne i5 fi . — Le Meme; gr. in-8, papier de Hollande ( tire i six exemplaires ) , cartonne 27 fi-. Get ouvrage , qui a valu a son auteur le litre de Memhre de I'Academie de Toulouse, pent ^tre regarde comma une introduction a i'etude approfondie de la langue francaise. C'est sous ce rapport qu'il pent etre annexe a la collec- tion de nos anciens ecrivains, et qu'il en a ete tire un petit nombre d'exemplaires grand format. Las obros de Pierre Goudelin, avec un vocabulaire francais-toulouzaiu. 2 volumes gr. in-18, br 9 tV. — Le Meme ; gr. in-8 , Jesus velin , cartonne i5 fr. — Le Meme ; gr. in-8 , papier dc Hollande ( tire a six exemplaires ) , cartonne 27 fr. II n'a ete tire qu'un tres petit nombre d'exemplaires grand format de cet ouvrage, pour 6tre joint a la Collection de noa Anciens monumens dc I'H'istoire et de la Langue francaise Goudelin est le plus renomme des poetes gascons, et ses compatriotes le citent comme Les Grecs citaient Hom^re. Le Pere Yaniere a traduit en latin son poeme sur la mort dc Henri IV, piece des plus remarquables tant par la noblesse et I'clevation des pensees, que par la verve poetique et la clialeur des sentimens. Melanges tires n'uivK petite Ribliothkqite ouVarietes lifteraireset philosophiques, parM. C/iarles'NovJF.v., Bibliothecairo du Roi a T Arsenal. In-8, br 7 fr. — Lc Meme; gr. in-8 , Jesus velin, cartonne 1 G f 1 . — Le Meme; gr. in-8, papier de Hollande ( tire a six exemplaires ), carlonne ■.<7 Ir. Cet ouvrage etait desire depuis long-temps , et ne troni- pera pas I'attente des lecteurs. II serait difficile de trouvcj parmi les publications modernes, un ouvrage dune lecturr plus instructive , plus varice et plus agreable. Edition parisienne DES FABLES DE LA FONTAINE, DEUX VOLUMES GRAND IN-32 , Ornee de Soixante-quinze Figures en bois Gccwcei Dojc tJK/. C*? Q, PRfis L'ODioM. L'art dela gravure en bois, qui est parvenu en Angleteire a ua si hant point de perfection, etait reste jusqu'ici peu cultive en France; et presque toutes les vignettes en bois dont nos livres modernes sont ornes, ont ete executees par des graveurs anglais. Les epreuves de gravures en bois , presentees a la derniere Exposition des produits do I'lndustrie, par M. Godard fils, lui out valu une medaillc , et le Juiy a reconnu que nous aurions bientot un rival a opposer aux Anglais dans ce genre de gravure. Empresse d'offrir a notre Artiste une occasion de deployer tout son talent tendbal et les Parisiennes — Conclusion. OUVRAGES RECEMMENT PUBUES, oil S0C9 PRESSE POUR PARAITRE INCESSAMMENT. COn trouve la pliipnrt des outrages en pelils formats , relics dans le plus nouveaii gout -J jimours Mythologigues (les) , traduites des Metamorphoses d'Ovide, par de Ponger- ville; noiivelle edition, conside'ralilement augmente'e. TJa joli vol. grand ia-18., ira- prime avec luxe sur papier velin trcs-heau ct tres-fort, et orne' d'une gravure nouvelle de Deveria , et d'un grand nombre de l:eUcs vignettes en hois gravees par M. Tliomp- soa l^{r. 5o ylventures de Robinson Crusoe , par Daniel de Foi; , 4 ^ol. in-32, divise's en huit livrai- sons , et ornes de liuil gravures ; edition l)ien iraprimce , en gros caracteres , sur pa- pier superfia des Vosges , saline, a yS c. la livraison 6 fr. jivis au Petiple sur les premiers secours a donner, dans les cas pressans, et avant I'arrivee du mc'decin ; par Jules Leroy. I vol. in-32 6"n c. Faust, tragedie de Goethe , traduite de lalle- mand par M. Gerard. Fort volume in-i8, erne d'une vignette representanl Faust si- gnantlepacteavec Mephistophelts. 3fr. 5o Gj-mnase Lyrique • Recueil de Chansons et autres Poesies ine'dites. IV" annee Volume in-i8, tres-hien imprime , sur papier su- perfin saline, et orne d'une jolie gravure repre'sentant le Combat de Nui^arin, eld'un litre aussi grave, avec un cul de larape a sujet 3 fr. 5o Histoire de Don Quicholte de la SJunclie , traduction de FiUeau de Saint-Martin ; 8 v. in-32 , ornes du portrait de Michel de Cer- vantes el de (juinze jolies gravures d'aprcs Chassclat el sulres , sur papier saline. 12 fr. Histoire de Gerard, Comte de Nevers, et'dc la belle Prineesse Euriant de Dammartin sa mie; par M. de Tressan. Edition mi- gnonne. i vol. in-32, orne' d'une jolie gra- vure 73 c. Histoire du Petit Jchan de Saintrc et de la dame des Belles-Cousines , par M. dc Tres- san; edition mignonne , ornee d'une gra- vure : I vol. in-32 , papier saline. . 76 c. Ces deux ouvrages se re'unissent en un seul volume , du prix de i fr. 5o. Inde Francaise ( /') , ou Collection de dessius lilhograpliie's repre'sentant les Divlnite's , Temples, Pagodes, Costumes, Physiono- mies, Meublcs , Arraes , TJstensiles , etc. , des peuples Hindous qui habitent les pos- sessions franraises dc I'lnde, et en gene'ral de la cote dc Curomandel et le Malabar. Publie'e par MM. Geringer ct C'" ; avec un lexlc explicalif, par M. Eugene Burnouf. Get ouvrage se composera de vingt-qiiatre livraisons ; chaque livraison in-folio , sur tres - beau papier ve'liu , contiendra six planches colorie'es, savoir : une Divinile' , un Portrait d'apres nature, une Cere'monic rcligieuse, et des scenes de la vie prive'c, faisant connaire les costumes ct les diverses professions. Prix pour les Souscriptcurs , a Paris , l5 fr. — Pour les deparlemens , 28 fr. — Les livraisons I a VIII sont en vente ; les IX ct X sont au moment de pa- raitre. — Le Prospectus se distribue. LesJilille et une Nuits , conies arabes , tra- duits par Galland , avec les nouvcaux conies public's par M. Edouard Gaullier. 12 vol. in-32 , orne's de 24 petites gravures. 18 fr. (4 ) — Le supplement seul di'S MiHe et iine Nfdt.i, 4 vol. iii-32 avec 8 gravurcs 7 fr. Ce supplcmcnl , compris dans les tomes Q, 10, II et 12 , pent aiissi faire suite aux autrcs e'dilioiis , ct particulierement a celle du format in-i8. Les Qitalre Fils d'Jymon, histoire he'roique, edition mignonne. Deuji. vol. in-32, sur beau papier satine' 2 fr. 5o Lettres sur la Revolulion, dans Icsquelles on remonte aux causes qui out ne'cessite la convocation des Etats-ge'ne'raux, etc. ; par I'abbe' Besnard ( Mai 1828 ). Un volume in-8° 3 fr. 5o Lucrece, de la Nature des clioses, traduit en vers fran?ais par M. de Pongerville ; nou- velle edition revue ct corrigee avec le plus grand soin , et conteuant le texte en regard de la traduction. Deux vol. in-S" , inipri- me's en caracteres ncufs sur pap. fin satine, et orne's de deux gravures de Deve'rial l5 fr. Et sur papier vc'lin tres-fort 24 fr. — Le meme ouvrage , imprime' avec luxe en deux vol., sur format grand in-l8, papier ve'lin d'Annonay tres-fort , et orne's de deux gravures dessinees par Deve'ria et execute'es par Couche 9 fr. Mi'moires historigues et secrets de I'impera- trice Josephine , Marie-Rose TascUer de la Pagerie , premiere e'pouse de Napoleon Bo- naparte, mis en ordre par M"* Le Nor- mand, auteur-e'diteurde plusieurs ouvrages. Trois vol. iu-8° , orne's de Unit gravures , portrait , J'ac simile ,* papier fin satine , couverture imprimce. ....... 2^ fr. OEupres complines de Jean Racine , avec le commcntaire de La Harpc , ornees du Por- trait de I'Auteur, d'un Fac Simile de son e'criture , de quatorze gravures repre'sentant les scenes les plus rcmarquables , et d'une vue de I'Abbaye de Port-Royal; edition classif/ue J liuit vol. in-I2, sur papier fin des Vosges satine 18 fr. OEuvres choisies de Gresset, Deux vol. com- prenant, savoir : Ver- t'ert , poenie en quatre cliants , suivi du Careme impromptu et du Lutrin ativanl , in-32 25 c. Trois Epitres : La Chartreuse , les Ombres , V Ahbaye , par Gresset , in-32. . . 25 c. Vo^ ages de Gulliver. Quatre vol. in-32 , qui peuvent se relier en un , broche. . . 2 fr. OUVRAGES PERIODIQUES. Revue Britannique , ou Clioix d'Articles tra- duits des raeilleurs e'crits periodiques de la Grand(!-Bretagne , sur la Litle'rature , les • Beaux-Arts, les Arts Industriels, I'Agricul- ture , le Commerce , I'Economie Politique , les Finances , la Legislation , etc. , etc ; par une Sociotc de Gens de Lettres : publie'e par MM. Saulnier fils , P. Dondey - Duurii fils, etc. Ce rccueil parait tons les mois, a partlr de juillet [825, par nume'ro d'environ 200 pages. Prix de I'abonncment pour Paris, pour six mois 27 fr. Pour I'anne'e 5o f ■ . Pour les de'partemens , 6 fr. de plus par annee , et 3 fr. de plus par semestre ; pour I'etranger, 12 fr. de plus par anue'e, et 6 fr. de plus par semestre. Les exemplaires de la Collection des 3(> premiers Nume'ros s'e'puisent rapideraent ; nous invitons les amateurs a ne pas tardera se les procurer. Revue Germanique , suite de la Bibliothi.rjue Allemande , journal de lilterature, re'dige par une socie'tc' de gens de lettres , et public^ a Strasbourg, par MM. Bartlieleray, G. Sil- bermann, etc., etc. Ce Journal pai'ait le i5 de chaque mois, par caliier de six feuilles d'impression. Prix de I'abonneraent : pour Paris et les departemens (franc de port), 25 fr. pour douze Numeros , et 16 fr. pour six- Numt'- ros. — Pour I'etranger (franc de port), 3o fr. pour douze Nutneros , et 18 fr. pour six Numeros. — 20 Numeros out deja parti. — La premiere anne'e de ce Recueil a pani sous le titre de Bibliotherjue Allemande. 12 caliiers l5 fr. Nous nous sommes inte'resse's a la Revue. Germanique , que nous recommandons a nos correspondans camme un Recueil redige avec soin, et ayant le doulile avantage de bien faire connaitre la litterature allemande aux Fran^ais et aux etrangers , et de pre- senteraux Allemands eux-memes un tableau fidcle de Icur propre litterature. Revue Protestante , redige'e par M. Cb. Co- quercl et une Societe de Pasterns Protestans. 11 parait chaque anne'e 12 caliiers , composc's de trois feuilles d'impression chacun. Prix de Tabonnement pour I'annee , ou 12 caliiers , formant 2 volumes ... 10 fr. II faut ajoutcr pour le port, dans les de'- partemens , 2 fr. ; a I'etranger, 4 ff. Ce journal parait depuis trois aus ; on peut se procurer la collection. Nouveau Journal Asiatique , ou Recueil de Me'moircs , d'Extraits et de Notices , relatifs a riiistoire , a la philosophic , aux sciences , a la litterature et aux langues des peuples orientaux , public par la Socie'tc Asiatique. Cette nouvelle serie du Journal Asiatique contiendra environ 1 5 feuilles de plus par an que la precedente, eny comprcnant it: Rap- pttrl annuel, t\\ii desormaissera livre ;?7Vz//.v. — Prix actuel du Recueil : pour V annee , 25 fr. ; pour six mois ^ i4 fr. — Pour le port, I fr. 7.5 c. par volume. — Pour les departe- mens et pour I'etranoer, 3 fr. 35 c. par vol. La collection du Journal Asiatique , 11 vol. in-8'', fig., se vend loo fr. DIFHIiHP.HIl! nK DIlNnKV -IICPIIB , HUn.sAl.i APOLOGETIQUE DE TERTULLIEN, '^^omdU (^rabttctton , PBEtEDKE DE LEXAMEN DES TKADDCTIONS ANTKRIECBES , o'CNE INTBODl-CTION OV I.'oN TACHE DE BEVEI.OrrEn IE GENIF. BE TEUTIXLIEN , EN EE COMPARANT AI X GHANDS ORATEURS d"aTHENES ET BE ROME ; ACCOMPAGNEE DU TEXTE EN REGARD, REVt SIP LES M£1LL£VR£S EDITIONS ; SVIVIE DES VABIANTES ET d'pM COMMENTAIKE ; Par M. I'Abbe J. -Felix ALLARD, Ancicn Professeur Ac Elic'loriquc. Ov ;(pT| fiovoi; Tor? xaTriyo^o\jat iri^'tutcv , xav a/xv wcivafioj^pEOc, ©toiJoJp. I CTtop. Exjcitxr. Ao'y. a. xttpaX. /.y. 11 ne faut pas croire Beulcment I'accusateur, quelquc digne de loi qu'il puisse etre; iiiais re'serTer toujours une oreilla a I'acciise. PROSPECTUS. JJt'iembi-e i82'; (Jul ne connait Tertullien ! Un grand nombre de sifecles I'a ^loignd dc nous , et pourtant sa renommde , loin de g'etre aflaiblie par le toms , s'esl maintcnue dans tout son ^clat, ct s'est constamment 6lev6c aii-dessus du torrent desages. Cestun de ces dcrivains distingu6s qui, dansFantiquitd, n'employantlesrareslumiercsqu'ils avaient acquises, et Tascendaut d'une t'-loquence irrc^sislible qu"ils avaient oblenue de la nature , qu'a soutenir la meilleure des causes , celle d'une religion toujours altaqu»^e et toujours invincible, out mtiritd le titre dc Peres de I'EgUse; il faul bicn qu'on ait admir6 jadis le talent de Tertullien , et que ses dcrits excitent encore I'en- thousiasuie , puisque , malgr^ ses erreurs , cette belle qualification lui rcste et ne lui est pas contestee. Ilserait difTicilc en cffet detrouver dans Tantiquit^ chretienne un genie plus male et plus vigoureux que le sien. 11 doit sa force a sa concision. Chacun de ses mots est une pens^e ou une image. Ici , point de luxe de style ni d'imaginalion ; les mots ne sont employes que pour rendre les idiies. Tertullien n'use que de ceux qui lui sont indispensables pour ex- primer des sentimcns et pour retracer ses conceptions ; quelquefois m6me il laisse a son Iccteur le soin de suppleer bien dei expressions q^r t ( ^ ) marclie brusque el i[npe GroaoE Canhinc. , pre- figures color.ees on en no>r ,4 fr. ^._,_. „,j„|,j,.,\ip S.M.Drltannique; traduites Atias Gkoorapbkjoe et Geolocique des quatre ^n ,ers franrals ( tcileen regird ) , et price- Parties du Monde , et de la France en parli- j^.p^ j-^nj pjotice sur sa vie , par M. B. La- culier ; precede d'un Essai sur la Geograpliie ruche. Un vol. grand in-i8, papier Cn satinc , naturelle ,ete. ; par M. J. Legrand. 1825. o^,,^ j„ portrait de Tauteur 3 fr. .So I vol. in-folio , cartes coloriees, cartonne , ^ . ^ . i„r Papier Carre i4 fr OEuvbes completes db Clement Marot , nou- Papier grand-raiVin;." .■.■.;.".;.■.;.■.;.■.;.■.;.■.■. 16 fr'. ■"="<= Mition ornie d'un beau portrait , el _ ' . /^ „ . augmentee dtin Essai .sur la vie et les ou- B.BL.oTHEonE cLASsiQDS LATmE , OU Collection ^^^ ^^ Pauteur , de notes bistoriques el Hes auteurs classiqnes latms, par JS E. Te- „;,;■ ^t d'un Glossaire des vienx mots. mmre;43 1ivraison»,formant f). vol. in-So , 3 ^ol. io-80 , papier fin .sating at fr. ornes de figures et carles , eonl acluellemcnt Pauier velin a*} fr, en vente. Prix de lasouscription l36'-fr. ^" j „'.•'' '':a11 ns fr , ,,,■ ,r^ ,', Orana papier velin ■j.^ii. Attendu I importance de cette vaste coliec- * * ^ , tion , nous preudrons dcs arrangcmens , pour OEdvkes caoisiES de Cn. Pekhadlt , de TAcade- le ix et pour les paiemcns, avec les per- mie francaise, avec son cloge par d'Alem- sonnes qui voudraient souscrire. — Cbaque ben, ct'des Kechercbes sur \es Contes des aulenr se vend scpaiement. — Un Pro.'jteclw Fee.i , par M. Collin de Planer- Un beau .special fait connaitre la situation de I'entre- volume in-So, impriroc en caractercs nenfs, prise, el dnunc sa statistique exocte au ler sur pajiier fin salini , orne d'nn joli portrait, juillel 1827. enlourc dc douie vignettes sur les Contes, 7 f. „ . ,,..,,. • ■ Pap. velin, porlrail sur pap.de Chine. 14 fr. Biomktee, oc Memorial horaire, servant a in- r "- diqiier le nombre des heures donnees par jour Panhectes oe Justinipn , mises dans nn nonvel a chacune des divisions de la vie interieure et ordre , avcc les lois dn rode , et les novelles individuellc, eonsiderce, etc.; par M. J. qui confirmenl, expliqiienl ou abrogent celles JulLien. 1" edit. 1824 , un Livrcl petit in-12 . des Pande. tcs , par H.-J. Polhier, el la Ira- pap, vol. Cn dVcriUire 4 f . duction en regard du tcxle,par M. rfeB/c'ard- „ , „ , . iVeni'ii/e. 1824, 24 vol. in-8", b. . . . >8o I'r . Cbefs-d'oeutke BE SiiAKSPEinE , traduits con- jyenuur. lo..^ , ^v , fonncment an tcite original , cn vers blancs. Six Mois eh Russie : LcUies icriles a M. X.-B. en vers rimes et en prose , suivis de poesies Saintines, en 1826, a I'epoqne du couronne- divcrscs,par J. Bnipiiierc , baron de Sor- menl dc S. M. TEmpereur, par N. Ancelot , sum , revus par M. Chenedolle'. 1 v. in-80. ^e edition. In-80. br 7 fr. 5o Pap. (in 12 fr. Tous les jouroaux onl rendu comple de cct Pap. velin 20 fr. intiressant oiivrage , imprime avec soin sur De la Natorkdes Cboses, Poeme de Lncrice, papier. Cn saline. Iraduit en vers fran9ais , par M. de Pongee- Vov.vce a PtxiNo, ii travers la Mongolie, en 1800 i'i7(e , texte et traduction. 1823,3 vol. grand ^^ 1821 , par M. 2'ancx de port , aa Birecteur de la Heme EncrclopSdique , les coniptes rendus de Icurs trayaux et les programmes des prix qu'elles proposent , a&i que la Rei>ue puissc les faire conoaitre le plus promptemeat possible k ses lecteurs. Anx EDiTECRs o'otivbages et acx libbaihes. MM. les editeurs d'ouyrages p6riodiques , fran^ais et Strangers, qui d^sireraient ^changer leurs recueils avec le nAtre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'^change , et sur une prompte annonce dans la Revue, de» publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellemsnt puhlies, qu'ils nous auront adress^Sr Aux inrrBiiBS des bbcubils pbbiooiqdbs bk ahglbtbrbb. MM.les^diteursdes Recueils periodiquespubliescn Angletorre sont priesde faire remetlre leursnu/ncrojaM.DBGEORftE, correi/io«rfan<' • _ Graeff;— Pluchart. Rome, deRomanis. Stuttgard et Tubingne, Cclta. Tcrf/, B. Scalabrini. Turin , Bocca. /■•'ar^oviVjGiucksljerg. Vieiiiie (Aiitriche), G^rold ; — Schauoibourg ; — Schalbacber. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-P?tre), Piolet aine. Ile-dcFrance (Port-Louis), E. Burdct. Martinique, Thounens, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, Ao BunKAU DK redacxiojs, bub u'Emi?er-Saint-3Iichel, n" i8, oil doi^entetic envoyvs, francs d« port, les livrt-s , dflssiri* et gra- vures, dont op desire raunwice, et les Lettres, MenioirBS, Notices ou Extraits destines k *tre inseres dans ce I'ec«e«l. AcMtjsEEEKcyci.orBDiQUE,che7,Bossu\GE pere, rue Richelieu, n«fio; ChezThkuitel et Wiibtz, rue de B')urb.iij , o" 17; Rey lx GuiviEB, quai des Augusiirts, n" 55; Charles Bechet, libraire-corom" , quai des Augustins , 11° 5: ; J. Renottako , rue de Tournon , n" fi ; RoRET. rue Hautefeuille, n*' la; A. BiUDOTJiK , rue de Vaugirard, u° 17 ; Dbi.\t):na.y, Pex.iciek, Pomhieu, l.v Tbrti , t-^ve- RAiKR, au Pfllais-Royal. A LONDRES. -^ Forbigw Library, ao Bcrnei-s-stre^t , Oxford- street; Treuttei. et Wurtz; Bossvnge; Dutiu et C'*". Kota. Les ouvragcs aauonct's dajis la Revue: se troiivcnt aussi cUtz Roret, rue Hautefeuille , u' la. — PARIS.' — DF. MlirRIMEHIE BE RIGMOIJX, rue des Kconcs-Bouigeois-S.-Miih'H, n" 8.