Tome L — 1829. 1" LIVHAISON. REVUE ENCYCLOPEDIQ ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DAKS LA LITTiRATfRE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1" Pour les Sciences phyxiijties ti mfitliema(iques et Ics yirts inJusfrlels : MM. Ch. Dlpi> , Girabp/Navier, de I'lnstilut; J. J. Baide, DiBBrxFAiT, Dlssard, Fbrhy-, FBAftcoBfcR, Ad. Go>DiKiiT; D. Lako>bb, de Loiidi-es; A. MiCHSLOT, BB MoMlGKaV, MobEAU i>E iOSXkS, QcUltLET, T. RlCHABD, Wahdbs . etc. 3° I'ourles Sciences naliireiks : MM. Flohrkss, Gkoffbov S*i.-«t-IIila!BE, de riuslUul; Burv de Sai.^t-Vikckst, con cspoudant del'lusliltit; Mathiru BosAFOfs, de Turin; B. Gaillo , 0LPHE"'jBfc[Qci7 Atss. dk la Bobdb , Jomaro, de i'lnslitul; N. AvBNBt, hxatiXv Bocace fils, Bbmamu Coiistaht, GhaBLES GoMTJS, DkpPING, Dcl^, DtWYKB, GciCSIADT, A, Jaibert, J. LADOtDEKiK, Alex. Lameth, Lamjlixais fils, p. Lami, Lesibcb-Merlis, Massias, Albert Mo.itemort, Iusebe Salvebte, J.-B. Say; Simo>de dk SisuOiVDi , de Geneve; WAB>RaBsiG, de Liege, etc.; Dipia aine; Bebville, BoiciiKst-LEFEB, Ch. Rexotabd, 1 AiLLASDiEB, avocats , etc. 5" Pour la Lilleralure franfaise et tttrangire, la Biiiiogi-ophie, VJreheo- logic et leu BcafX'Arts : MM. Awdbieux , Amauby-Dital, I^mkbic David, Lemkpcibb, DESB;;eR, del'Institut; A.-^dkiecx, de Limoges; M°" L.-Stv. BelAc; mm: J. -P. Bbks, Buhsocf fils, Chacvet; P.-A. Cotrpix, Fa. Degeorge, Dumersa:*; Ph. Golbeby, correspondant de I'lnslitiit; Lbon Halevt, Hemrichs, E. Hereau, AiGiSTE Ji'tLiE5 fils, Bebaabd Jlllibk; Kalvos, dcZantc; Adbik>-^afasce , J. V. Lbclbbc, A. HAacL, D. P. MENDisrL; MosRABD, de Lausanne ;G. Pagasel, II, Patis, Po.>cebtille, DE RKiFfjiKBBBG ; DE Hoi joiJ.x ; BE Stassart, de BniiLclles; Fr. Salfi, M.ScHlSAS,ScH51TZLBa,LliO»lBIKSSi,P. F.TlS»OT,VlGtiKH,VlLLESAVB,etC. A PARIS, At BIRF.AC CP.MTIAL T)E LA REVUE EXCTCLOP^DIOfE , Chez StDILLOT, bce d'bsfeb-saixt-suchei. , n" i8 Et chcz ARTIIUS BEIVTRAND , sue uadtefeljlle , k" JA^■VIER 1829. 23. w ll#8@^#€»#' COr^DITlONS DE LA SOUSCUn'TlO^. Depuls le mois de Janvier 1819, il paralt , pa:- annce , douze c .' iers de c« R.rci.eil ; chaqu<; caliicr, publie Ic 3o du mois, sc compose d ..itkoii il ft'uilUis d'impi-essLon , et plus souvent de i5 on 16. On sonsci-it h Paris , chez SEDILLOT, au Bureau central d'aLonnement et d'expcdition iadique sin- le litre , et chez lea libraire» ci-apr{;s : ARTHUS BERTRAND, rue Ilautefeuille , n» aS ; A LA Galbbik dk Bossangb pfere , rue Richelieu , 11° 60 ; J. Pkmouabd, rue de Tournon , n° 6. Prix de la Souscription. f^ Paiis 46 fr. pour un an; 26 fr. pour six mQ| Dans les departemens. 53 Jo A I'etranger. 60 H En Angleterre 75 4^ Le montant de la souscription , cnvoye par la poste , doit 6tre adresso d'avaiice, taAisc de port, ainsi que la currcspondance , au Directeur da la Rcvuc Encyctnpedique, rue d'Enfcr-Saini-Mchcl, n» iS. C'est i la m6mc adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on desirera I'in- BCrtion. On pent aussi souscrire chez les DIrectcurs des posies et chez les pnn- cipaux Libralres, J. Paris, dans les deparlemens ct dans les pays elrangers. Trois cahiers on livraisons forment mi volume. Chaque volume est i er- mine par une Table des maiieres alpliabitlques ct analythjues, qui Aclaiicit el facilite les recherches. Cette Tabk est toujours jointe au 1" cahier ilit volume suivant, a I'exception de la derniere Table do Tannec, qui i-st expedite isolement a lous ccux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement a partir dcdeux epoqucs, du l" Janvier ou du \" juUlol de chaque anoee, pour six mois, ou pour un an. 6)1 trouvc, Kv BUREAU CEMTBAo, Ics collcclioiis dcs annecs 1S19, 1820, 1821, iSs2, 1825, 1824 et 1825, au prix de So francs chacuiie. Chaque annee de la lievue Encyclopediqiic est independantc des annees qui precedent , et forme une sorte d'Annuaire scicntifiquc ct lltlerairc, en 4 forl8 volumes in-S°, pour la periode de terns inscrile sur le litre. REVUE ENCYCLOP^DIQUE, FONDERIE POLYAMATYPE DE MARCELLIN-LEGRAND ET C>., RLE DU PKin-VAlGlRARD , ^ " l5. PARIS. — IMPr.lMERIE DE PLASSAN ET C" Bl'F DE TAUGIRABD, N" l5. (^. /(nrt> , REVUE ENCYCLOPEDIQUE, o r ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS IKDUSTRIELS, LA UTTERATmr FT LES BEAUX-ARTS ; PAR U N E REUNION DE ME MB RES DE L'INSTITUT, ET d'aiTRES nOMMES DE LETTRES. ONZIEME ANNEE. T R O I S I E IM K S E R I E. TOME XLI. PARIS, V^ AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENGYCLOPl^DIQUE, CHEZ S^DILLOT , RCE d'enFER-SAINT-JIICHEL , N° iS. JANVIER -MAKS l82q. • Toulcs Ics sciences sont les ranifaux iriiiic iin'mc tigc" 1!acon. «L'art n'est autre chose que le contiole et le registre des meilleuies pro- duclioiis... A contioler les piudiiclions (et leg actions) d'un cl-.acun , il s'engendrc euvie des bonnes et niepiisdesmauvaises. » MOMAICNE. a Lrs helles-lctlrcs ct les sciences, bien eludiees et bien comprises, sont des instruniens universcls dc lu raison. » R E V U E ENCYCLOPliDIQUE, ou ANALYSES ET ANNONGES RAISOIN^EES DES PRODUCTIOSS LES PLUS REMAP.QUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. V\XV\A\AXVVVV\IVVVVVVV\^JVVVVVVVVVXVVVl\IV\V>rtlV\AiVVVVVVV\IVVVN)''V*' I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. CONSEQUENCES OVE l'oN PEUT DESIRER ou CRAINDRE pour la CIVILISATIOX, DE LA GUERRE DES RLSSES DANS LE LEVANT. Parmi les grands eveneniens qui out signale I'annee qui vient de s'ecouler, celui qui a le plus fixe les regards de I'Eu- rope, celui qui tient le plus tous les esprits en suspens, est sans doute la guerre qui a eclate entre les Russes et les Turcs. Chacun sent que I'influence qu'ellc peut exercer sur les des- tinees de la race huniaine est immense : chacun sent qu'elle est lice aveu les progres t'uturs de tous le? pcupies civilises; (! DES CONSEQUENCES que li" dovdopixnicnl dcs luinicies, ties lois, diibunhour, dc la religion, dans une parlie ccnlrale dnmonde, richement douce par la naUire, et siluee de manicie areagir sur toutes los aulres, en depend. Mais Tissue de cettc premiere cam- pagnea troiupe tons les calculs, adejoue rattentc\niiverselle, aulaul eile a porte d'incertiUido et de conliision dans les es- prit? sur les resultats probables de la guerre, aulant elle a ebraide loules les opinions arretees d'avance, ct fait nailre sur If sort I'ulur de la eivilisation dcs csperances ou des crain- les, qui seiublenl apparlenir aux systcmes les plus opposes. Dans Ics autrcs questions qui naissent de la politique, le parti deniaiiderons quels resultats nous devons atlendre de la iulle actuelle el quels vauix nous devons former. Au moment on la guerre du Levant s'cst engagoe, on a yu, d une part, un empire (jui etait annonee comme mainlenant DE LA GUERRE DANS LE LEVANT. 7 depiiis plusieurs annees, en tems de pais, huit cent mille hommes sous les amies; d'autre part, un empire qui venait de detruire sa milice , qui voyait ses provinces devastees de- puis plusieurs annees par de frequentes rebellions, et qu'on ne croyait pas en etat, au milieu de ses dangers et de sescon- Yulsions, de rassembler deux cent mille hommes. D'uncote, on voyait des arsenaux bien approvisionnes, des ingenieurs , des generaux passablement instruits, des soldats braves, obeissans et bien disciplines, une nation rapidement crois- sante en prosperite,qnelque ordre dans les finances, et un cre- dit encore entier; de I'autre, on Yoyait un pays dont les res- sources militaires sont depuis des siecles consumecs par la tyrannic et I'anarchie ; ou presque tous les arsenaux sont vides ou detruits ; ou I'industrie, qui devait creer le materiel de la guerre, est languissante; oCi la nation deperit; oi'i le despote, en exterminant lui-meme son armee, a ebranle I'cs- prit militaire et provoque contre lui le fanatisme qu'il avait besoin d'invoquer; oi"i le meme despote a ruine, a decime tous les hommes qui secondaient ses ancetres dans I'adminis- tration des finances, les Grecs, les Juits et les Armeniens, en sorte que le desordre est partout, que les ressources sont de- truiles, et que le credit est impossible. D'apres cette disproportion, les politiques de I'Europe se sont attendus au renversement presque instantane de I'empire turc. Les esperances des uns, les craintes des autres, s'ac- corderent sur les memes previsions. L'evenement les a de- menties. La periode par laquelle nous avons passe nous avait accoutumes a voir ce qu'un puissant genie pouvait faire des immenses ressources d'un grand empire; mais, en meme tems , comme le travail de tous les amours-propres de nos contemporains a ete employe a rabaisser la valeur de ce puis- sant genie, a expliquer tous les evenemens paries forces dont il disposait, en oubliant la tcte qui les faisait mouvoir, nous avons calcule les effets des ressources de la Russie , comme si c'etait Bonaparte qui les tenait dans sa main ; nous avons eru que de notnljreux botailluus, de riches approvi- 8 DES CONSEQUENCES biomiemeiis, uno Ijomie discipline, dcs ingc'inieurs savans ct lies giMU'iaiix liahili's, (levaieul laire tons sciils lours alTaircs. La giieric do Ihissie nous appiciulra poiil-rlre unpen niieux ipi'inie ineonuiiensural)le distance sopare Ic grand mailre de I'art d'avec Ic vulgaire dcs dufs. II ne nous appaitient point, i\ nous ctrangcrs a I'art mi- litaire, dc signaler les fautes centre cet art par lesquellcs les Uusses ont perdu leurs avantages. Qnclques traits generaux ont frappe cependant nieme les plus ignorans. Ainsi, tout Ic mondc a remarque que la lenteur, que rindecision des rhcls de cette grande arnice ont laisse ochapper la saisond'a- gir, avant que les Turcs eussent rassemble leurs soldats, qu'ils eussent fanatise leiir po[)ulalion, qu'ils eussent lierisse leurs niontagnes et leurs defdes d'arlillcrie. De nouveau, on a re- marque que ces chefs sc sont montres inliabiles dans la grande guerre, ne sachant jamais laire mouvoir leurs forces aTCC assez de rapidile oii assez d'ensemble, pour reunir sur les points importans dc leur attaque un nomhre de soldats fort superieur a celui de I'ennemi. Un grand general, avec une armee inferieure en nondjre, sait presenter, au point oii it combat, plus de soldats que son adversaire ; mais eux n'ont pas mOme su dcployer dans le champ de balaille la superio- rite qu'ils avaicnt icellement. lis claient qualre contre un, en commencant la guerre ; presqiie toujours, ils n'etaient qn'un contre qualre sur le point oCi il Icur imporlait de combattre. Enfin, les Russes se sont montres plus inliabiles encore dans Tart des sieges. Nous savons bien qiie les Tm-cs, des qu'ils sont converts par le moindre retranchement, montrent une obstination et une bravoure qu'on ne Irouverait peut-etre point chez des soldats plus habiles, et qui connaitraient mieux la faiblessc de leur position. Ce courage des Turcs pouvait ren- dre les assauts plus mcurtriers; mais pourquoi les breches u'ont-clles pas etc plus tot ouverles? L'art des sieges est de- sorniais Icllemenl soumis aux calculs des sciences exactes, que le noiubre de jours, le nomi)re d'heures au bout des- qnelslabri'chedoit lire ouvcrtr. peuventetre fixes avccpreci- DE LA GUERRE DANS LE LEVANT. <) sion;etcenesont pas desheiii"esoudesiours,cesonlcles semai- nes ou des mois, par lesquelsles Paisses ontexcede ci: nombre. Ccpcndant, c'est a des failles morales bien plus qu'a des fautes militaires que les Russes doivent attril)ucr les revers de leur premiere campagne. Ces fautes , il est juste de les si- gnaler, car c'est avec justice qu'ils en ont ele punis. L'huma- nite y gagnera, si cette experience, cht-rement aclietee, leur profile pour I'avenir. La guerre que les Russes allaient porter dans I'empire turc devait commencer dans des provinces qui ne sont point tur- ques, qui ne sont pas meme musulmanes, mais dont les peuples Chretiens, unis aux Russes par la religion, avaient encore droit a leur protection par des traites, avaient droit a la pilie de tons les honimes par une oppression aussi into- lerable qu'injuste. Quand la premiere trompelte guerriere des Russes s'est I'ait entendre, ce ne sont pas les Grecs seuls dont le cceur a tressailli de joie, en croyant voir arriver Icurs protecteurs; mais les Moldaves, les Valaques etles Bulgares; mais les Macedoniens et les Tliessaliens, les Serviens, les Montenegrins; mais meme les Arnautes et les Bosniaques, quoique ces derniers peuples passent pour Musulmans. Ce- pendanl, le gouvernement russe, par une pretendue defe- rence pour le principe de la legitimite, qu'il caloninie en la confondant avec la plus abominable tyrannic, ou plutut par une niaiserie sans exemple dans I'histoire, a commence par diie aux liabitans de ces provinces qu'il envahissait, que, loin de les encourager a se soulever, il ne voulait point de leur assistance, car ce serait une revoke contre leur sultan, Ainsi les Russes ont annonce aux siijets opprimes des Turcs, qu'ils venaient vivre chez eux a leurs depens, vider leurs granges, manger leurs troupeaux, occuper leurs m'aisons, exposer leurs villes et leurs villages a etre brides ; mais qu'ils ne leur promettaient rien, qu'ils ne feraicnt rien pour eux, que I'avenir ne paierait point les lourdes clettes du present. Get absurde mcpris des droits et du bonheur des peuples, compare avec les droits pretendu? du tyiai! dc ,o DES CONSEQUENCES rOriciit, a pu les irsultats qu'on pouvait aisement prevoir. Lcs malhenrciix chez qui I'on a poilc la {guerre, les Biilgares surtout, n'oiit cii plus giaiide hide que do s'eiiluir dans les uiontagnes, fleihire disparaitre leurs troupeauxot Icursmois- sons, de se cacher eux-niemes, avec leurs femmes et leurs enlaiis, pour se derober a la brutalite des soldats, a leur pillage, aux requisitions, auxcorvees qu'ordonnent les offi- ciers. Los Uusses ont cte prives de leurs informations comme de leur assistance. La fermentation tres-aclive dans la Servie et chez les Montonegrins s'cst calmee; la guerre civile, qui avail deja eclate dans la Bosnie , s'cst apaisee an moins pour un tcms ; les Arnautes se sont rcndus aux armees turqucs oii on leur promettait une solde et du butin. Les Grecs de la Macedoine et de la Thessalie , desarmes , glaces de terrcur, sont dcmeures si indifferensa une quereile oii on ne leur laissait rien ii espcrer, que les Turcs etablis au mi- lieu d'eux, sans crainte pour leurs foyers, ont couru en foule vers le Balkan pour le di I'endre , et s'unir aux Turcs de la Thrace, les plus belliqucuxde tous. Les Russes ont voulu ([ue la guerre nourrit la guerre; ils sont arrives presque sans convois dans la riche vallee du Danube : c'est leur (ante, s'ils n'y ont trouve que la famine pour eux-memes et poiu' leurs chevaux. Toute I'immense etendue de pays que parcourent les fleuves russes qui ver- sent leurs eaux dans la mer Noire, n'a presque qu'une in- dustrie, celle de produire du ble pour le marche de I'Eu- rope nieridionale, et n'a presque qu'un produit naturel, les hautes herbes qui dans toutes les steppes ont remplace les forets. C'est au milieu de ccttc abondancc que, dans une premiere et courte campagne, immediatement apres les fe- naisons et les nioissons, les hommes et les chevaux ont peri de faiin, dans un pa3's de plaines, avec de grandes rivieres navigables, des ports de mer et une ligne d'operations si courte que la tetc de i'armee la plus avancee n'a jamais ete i\ plus de vingt licucs ou du Danube ou de la mer, a plus de trente-cinq lieues de Bucharest, qui devait naturellement DE LA GliERRE DAiNS LE LEVANT. i i etre le grand depot des appiovisionnemens. Les mallieureux dans le pays desquels la guerre a ete portee sont mines pour toute une generation; I'elite de I'armee russe s'est fondue; les chevaux de la cavalerie et du train ont peri de misere. Puisse du moins cette grande lecon apprendre aux generaux russes que les droits de I'humanite s'accordcnt avec I'interet de leur gloire, et que I'armee qui compte pourvivre sur le pillage doit renoncer a I'espoir des conquetes ! Les Russes, enfin, non contens de degoCiter leurs allies naturels, de ruiner le pays oi'i ils devaient faire la guerre, ont encore ruine leur propre armee par la dnrete du "sys- teme de discipline qu'ils ont adoptc. II n'y a peut-etre pas de race d'hommes plus durs a la fatigue, plus accoutumes a toutes les intemperies des saisons, plus patiens enfin que le Russe. Mais encore ces soldats nc sont pas de fer ; et leui-s officiers, sansutilite comme sans pitie, les ont traites conime s'ils etaient de fer. Par les chaleurs ardentes d'un soleil qui leur est etranger, ils les laissaient six et huit heures de suite immobiles, et charges de leur pesant bagage, on en faction, ou en ligne; de nieme, ils les ont laisses exposes a des torrens de pluie, ou aux glaces d'un hiver premature. L'of- ficier russe se faisait gloire de montrer que le soldat russe ne craignait ni le chaud , ni le froid , ni la nudite , ni la faim, ni la fatigue; qu'au milieu des privations il nc se de- partait pas de la minutieuse etiquette, de I'obeissance, de la regularite, de I'lmmobilite d'un camp de parade; et, des que la nature succombait, ils s'efforcaient de ramener leurs hommes, par des punilions cruelles, a cette regie arbitraire. Le soldat francais aurait peut-etre supporte toutes les pri- vations, toutes les fatigues, toutes les intemperies auxquelles I'armee russe a ete exposee; mais alors, une certaine sponta- neite qui lui est permise, la liberie des camps qu'il sail allier avec I'obeissance, la gaite enfin, qui appartient aux soldats-hommes et non aux soldats-machines, I'auraient sou- tenu dans ces epreuves. Les Russes, au contraire, pour se consoler de la chaleur, de la faticue et de la faim, n'a - ,.. DES CO^Sl-lQUENCES vaiciil que la ciainle ct rciiiini. Lientot rC'lro moral a etc alialtii, plus encore guere inieux comment dcs rovers ameneraient les Tines a se soumettre ; les peuples ignorans ne eomprennent jamais les echecs loinlains. Les provinces qni n'onl point encore com- hattu, conservent Ic sentiment enticr tie I ein-s forces. Con- stantinople aurait cte pris, que les Turcs d'Asie auraicnt eprouve moins de terreur que de ressenliment ; ct, si le snl- lan voulait alors faire la paix, il ne reiissirait pas a enga- ger les Musulmans a accepter toutes les consequences de leurs defailes. Les negociations n'elaient possibles qu'avant que de graves offenses eussent lance I'un centre I'autre, comme deux taureaux , deux peuples qu'on ne pent plus arreler. L'n interet assez vif a cte excite parmi les ames genereuscs, par la vaillance inattendue que les Turcs ont manifestce pour repousseruneattaque inegale; parcedevouement a I'lionneiu- de leur race, a leur religion, a leurs institutions, qui les a fait accourir des parties les plus eloignees de leur empire , araies et combaltant leplus souvent u leurs frais, et suppor- tant avec magnanimite les privations et les souffrances aussi- Lien que les dangers d'une guerre si cruelle. On s'estdememe montre dispose a admirer dans le sultan ce caractere de fer qui n'a cede a aucune representation , a aucune menace ; cet orgueil invincible qui ne veut revenir d'aucune des decisions qu'il a prises, qui ne veut abandonner rien de ce qu'ont pos- sede ses ancetres; cet empire sur lui-meme enfin, qui lui a fait suspendre ses vengeances ct observer pour un terns, alors mOme qu'il ressenlait la plus violente indignation , les regies du droit des gens cnvcrsles ambassadeurs, envers les prison- nicrs de guerre, envers les marcliands etrangers. Nous ne som- n.es point inscnsiblesa la grandeur de caractere, deqnelquc maniere qu'elle se deploie, et nous applaudirons au patriotisme des Turcs, parlout oii ils dcfendront une patrie. Tvlais cet in- teret ne nous aveugle point sur les souffrances, non plus que sur [cs droits des peuples nombreux que les Turcs tiennent asservis , et dont le joug devient lous les jours plus intolera- ble; sur les interets des Turcs eux-mcmes, qu'ils meconnais- ,/, DES CONSKQDENCKS sent , sui'Cciix ties {jc'-noralions qui \ ienclronl apros eux, dont leiir valour arluolle ot iciir paliiolismc livcnt Ics cliaiiies. Mal"rolos vcrlns furilsdc'ploiciilaiijourd'hiii, noiisne varions point dans nos voeux pour epic Ic dernier rcsultal deceltc luUe soil rentier renvcrscmcnt de I'empire musulman. La fcrmete ou I'obstinalion dii sultan, le courage on Ic la- natisme des Turcs, durant cette campagnc, quelque haule idee (pi'on en coneoivc, n'onl point change ni I'organisation el la nature, ni le caractere dc Icur gouvernement. lis ncdoi- veut point nous taire oublier que c'est un gouvernement qui sc joue de la vie des hoimnes avec une ferocite qu'aucune autre t} rannie n'egale ; qui proscrit en masse tanlot ies nations, tantot Ies professions; qui, pour introdnire une rel'orme dans son armec, fait massacrer ses janissaires, ou Ies lait perir dans Ics flammes; qui, pour arreter I'esprit trop aclif des Grecs, ordonnc rexlerminalion de leur nation; qui, pour changer le systemc des finances, depouille, proscrit et fait perir dans I'exil tons Ies Armeniens; qui, pour assurer le has piix dn pain ou de la viande dans la capitalc, fait clouer par I'oreille Ies ])0ulaiigers a leur table , Ies bouchers a lenrs etaux. Nous desirous voir disparaitreundespotismc qui agit sur lespeuples ([ui lui sont soumis avec tant de stupidite et de barbaric, que la population de I'empire turc diminiie d'un huitieme a cha- que generation, que Ies produits de I'industrie hnmaine, qui pourraicnt repandre le bonheur sur I'un des plus beaux pays de la terre, diminuent plus rapidement encore ; que dans Ies villes, personne n'ose butir ; que dans Ies campagnes, per- sonne n'ose planter; parce que, toutc securite etant delruite, personne ne songe a un avenir eloigne de quelques annees, bien moins encore a un avenir eloigne de quelques genera- tions. Ce despotisme a fait conlraclcr Ies vices Ies plus hon- teux au caractere de tons Ies pcuplcs qui lui sont soumis; il leur a donne la ferocite, la fraude, I'hypocrisie, la lubri- cite ; il a arrete chez eux tous Ies progrcis dc I'esprit humain, en sorte que tous Ies voyageurs en Turquie sontfrappes de rinfcriorile des hommes, quand on Ies compare aiix adoles- DE LA GUERRE DANS LE LEVANT. 15 cens. Dans un jeiine Turc on voit encore biiller de I'intelli- gence , ile la dioitine et de la generosite ; toutes ces qualites dispaiaissent , a mesinc quclcs annees arrivent ; ilapprend le mondo, et s'apercoit qu'ctiidier on reflechir davantage ne le conduiiait qu'a plus souffiir, que sa droiture serait duperie , que sa generosite s'etendrait sur dcs objets qui ne la nieritent pas ; il ne recherche plus que les jouissances des sens, il fume, il mange de I'opium et il s'endort. Ce despotisnie a condamne les premiers rangs de la societe a I'ignorance, a la crainte, aux prejuges absurdes, les der- niers rangs a la souffrance, les femmes a la corruption, et les etrangers a I'esclavage. Ce despotisnie s'etend en Europe sur trente-trois mille lieues carrees; en Afrique, sur trente-six mille; en Asie, sur soixante-sept mille; il accable les pays de I'ancien monde qui out ete le plus tut peuplcs, qui out ete vivifles le plus long-tems par la civilisation la plus avancee; et, sur cet immense espace, ce despotisnie a empechc, depuis plusieurs siecles, qu'entre \ingt-cinq millions d'halutans il naquit un seul homme qui sut faire faire un seul progres a riiumanite, dans aucun art, dans aucune science, dans au- cun perlectionnement moral. On a beaucoup repete dans les journaux anglais qu'entre le despotisnie russe et le despotisnie turc il y avait trop peu de difference pour que les amis de I'humanite fussont appeles a faire des voeux pour I'un plutot que pour I'autre. C'est par de telles exageralions qu'on fausse le jugement, et Ton en profile ensuite pour se dispenser de suivre aucune idee mo- rale. Sans doute le despotisnie russe n'est pas le gouverne- ment que nous souhaiterions, ou a laRussie ou a la Turquie: I'esclavage de la plus grande partie de la population, la pri- vation de tout droit politique pour tout le reste, la venalite de tous les tribunaux, de tons les offices, I'injustice et la ri- gueur des sentences qui recemment out effraye I'Europe, sont des fleaux qui doivent exciter d'autant plus nos regrets, qu'ils ecrasent une plus grande nation. Mais la comparaison entre I'etat des deux empires n'en est pas moins absurde; I'epou- ,r, DES CONSKQUENCKS vant;il)lr oppression a laqiirlle iiii sujol tmc est expose'", n'on est pas moins sans projxirlion avcc cel!(! qui menace ua snjel russe; un seul fait sullit a It; pronver : la population decioit rapiilenient en Turquic, et la richesse matorielle y dccroit plus rapiflemenl encore; la population s'accroit enUnssie pins rapidenientqnc dansaucun autre etatde I'Europe, etia richesse njalerielle s'y accroit plus rapidement encore; en sorte que ciia([uc individu d'uno nation qui augmente en nonibre, y est clia(|nc annee plus abondamnient pourvu des choses neccs- saires a la vie qii'il ne I'ctait I'annee d'anparavant. D'aillcnrs, lailnssic est, sous tousles rapports, dans un etat progressif;quc!qnedc'p!oraljlcqn'y soil i'csclavage des paysans, il est moins oppiessif qu'il ne I'etait pour les generations pre- cedentes; les lois les protegent da vantage, les moeurs se sont adoucies a leur cgard, le gouvernement ne perd point de vue ie projot de leur ailVanchissenient graduel; il n'est point u craindrc desormais (ju'il reduise les pouples conquis en ser- vitude, il ne I'a fait dans aucune de ses nouvelles conquOtes; bien pins, les paysans dc la couronne conimencent a dcve- nir un corps dans I'Etat, les bourgeois a acquerir de I'inde- pcndancc, les nobles a parler dc Icurs droits, la nation enticrc a actjuerir dcs idees, a s'elever au niveau de la civilisation du restc (Jc TEurope. Le gouvernement fait plus en Piussie pour favoriscr I'edncation que dans aucun pays du monde; et en effet, tandis que les hantes classes de la societe abordent tou- tes Its jouissances de I'esprit par rinstruction, la poesie, la pbilos(qiiiie, lepenple apprend a lire, u penser et a connaitre. il serait desormais impossible de le faire redescendre, menic an point oi'i il etait il y a cinquanle aus. De plus, le gouvernement russe est le plus liberal de I'Eu- rope a I'igard des pcuples conquis. II les laisse jouir de la plus absoliic liberte de conscience, d'une parfaite egalite de droits avec les autres sujets de I'empire, et de la conservation de leurs ancienncs lois. 11 s'occupe de leur education, sans vouioir detruire leur nationalite. II a ainsi reconcilie a son joug ies Tariares, les plus independans des peuples musul- DE LA GlERUE DANS LE LEVANT. 17 mans, !es habitaas dii Caucase, les Calmouks, les Cosaques ; en pen de terns il les incorporo a son empire, ct les barharcs apprennent bientot a prcfcier I'obeissanceavec la civilisation, a leur ancienne independance avcc la barbaric. II est difficile et dangereuxde tenter de prevoir un avenir quc taut de chances etrangeres peuvent modifier ; mais, a nc juger que d'apies les circonstances ^ctuelles, Ton pourrait presa^er que, dans unsiecle, les Russes d'Europeserontaussi avances dans k civilisation, etpar consequent dans la liberte, non sans doute que les Anglais ou les Francais,mais bien que les All^mands ou les Scandinaves. Un autie siede amenera les Russes asiatiques au meme niveau. Y a-t-il beaucoup de gouveinemens qui exercent sur leurs sujets nne influence aussi bicnfaisanle? Les Autrichiens onl-ils fait marcher de ce pas les Hongrois et les Esclavons ? Les Espagnols et les Por- tugais ont-ils civilise ainsi leurs immenses regions d'Ameri- quc? Les Anglais ont-ils fait avancer I'lnde, ou seulement rirlande, avec autant de rapidito? L'orgueil de race, et la jalousie entre des honmies qui pretendaient a des droits difle- rens, ont plus fait pour retarder I'espece humaiuc dans ces divers pays, que des lumieres snperieures n'ont pu faire pour I'avancer. Les Russes doivent a un systeme de gouvernemenl, deplorajjle sous taut d'antres rapports, I'avantage de ne point connaitrc les antipathies aristocratiqucs. Mais, si Ton pent prevoir que la destruction dc I'empire turc, s'il doit etre la consequence de la guerre actuelle, fer;i cesser I'etat de misere, d'oppression et de degradation mo- rale, sous lequel gemissent pres de vingt-cinq millions de creatures humaines ; que plus tard, et avec le cours des sieclc;., ces memes pays se reb'vcront au meme degre de popnialioii, d'aisance, que leurs habitans atleindiont le meme degre d'c- minence morale, les mOmes lumieres, la meme civilisation, la meme liberte tout au moins, dont ils ont joiii dans I'ancien monde; ne doit-on pas craindre aussi que I'empire turc ne soit conqnis en entier par I'empire russe, et que ce dernier, en obtenant une si immense accession de pouvoir, ne mellc T. xi.i. .iA\vir,[i 1829. a is DES consi!:quences en danger rimlependancedu restedc I'Europe? Mors, la des- truction dc PcMipire tnrc, en exposant les pays anjourd'hui civilises a la perte de lenr liberie, les ferait reculer vers la barbaric, qnand bien nieme elle donnerait aux provinces de ret empire dcs cbances d'avancer pour en sortir. Ce danger, pour la moralile, les luniicres, la liberie de la parlie la plus perfcclionnee du genre bimiain , est le seul qui puissc elre mis en balance avec I'espoir d'augnienlcr la moralile, les lu- mii'res,la libeitedc vingl-cinq millions de creatures humaines. Cependanl, nousavons vu a quel point les calculsdcs poli- tiques onl cte trompes sur la resistance de I'empire lure. La Turquie d'Europe n'a point etc conquise en une annee; elle nc le sera point en plusieurs. La lutte ne finira point avec sa conq\ietc, si elle s'opere jamais; au contraire, elle deviendra plus diflicile el plus coQleuse, a mesure que lesRussess'avan- ceronl dans lesmontagncs de I'Asie-Mineure.Peut-elre, avant d'acliever satachc gigantesque, I'empire russe, epuise d'boni- mes el d'argent, sera-t-il oblige de faire la paix a plusieurs reprises avec le reste de I'empire turc; mais cetle paix seraii alors bienlot suivie de nouvelles guerres ; ni les Russes no voudraient s'arreler, ni les Turcs se resigner. Les premiers, s'ils sent en efl'et tourmentes par I'ambition des conqueles, seront bien plus tentes de s'etendre dans les plus beaux pays de la lerrc, aux porles desqucls ils 'seront arrives, que dans les froides el tristes regions du nord de I'Europe. Appcles a cboisir enlre I'Asie-Mineure el la Prusse, comment besite- raient-ils;* Desormais ils soul tourncs vers rOrioul; ils pcse- ront tour a tour sur la Turquie, la Perse, le Thibet; I'Europe, pendant un siecle au moins,sera delivree de leur influence; el un siecle, pour cet empire colossal, pour cet empire com- pose de nations si diftereutes de moeurs, de langage, de legis- lation et dc religion, pour cet empire si mal organise, si pen compact ; un siecle contienl bien plus de chances dc parlage qu ' de reunion. D'ailleurs, en sommes-nous encore a calculer la puissanc e des Empires parl'etendue de leur tcrritoire? La Ru-isic; donl DE LA (iUEllRE DANS LE LEVANT. i<> la population se double en cinquante ans, et a de I'espace pour tonlinuer a s'accroitre dans cette proportion pendant des sieclcs ; la Russie, dont la richesse et le commerce font des progies egalemcnt rapides, qniaujjmente chaque jour son matericlde guerre et la discipline de ses armees, est bien plus redoutable pour la liberie de I'Europe, si elle demeure en paix, que si elle dcpense au-dchors ses ressources; sa dispro- portion avcc les Etats qui I'entourent s'augmentera bien plus par le repos que pa^ les conqueles. Les succes prodigieux qu'elle dut a son climat, il y a quinze ans, avaient ajoute a sa puissance reelle une puissance illusoire que la guerre de Turquic a fait disparailre. Cette guerre est venue apprendre a TEuropc que les llusses tres-forts pour se defendre le se- raient peu pour sid)juguer leurs voisins; que les succes qu'ils n'ont point eus en Orient, ils auraicnt nioins de chance en- core de les obtenir en Occident, oii le nombre des armees et des forteresses, le genie militaire des pcuples, et la richesse des gouvernemens leur opposeraient bieutot des barrieres in- franchissables. Les conquetes qu'a faites la Russie dans le siecle dernier surpassent en etendue tout I'empire turc. En ciTct, elle pos- sede 728,000 lieues carrces entre I'Asie et TAmerique, qui, pendant un siecle encore, n'ajouteront absolument rien a sa force. Ces pays, il est vrai, ne contiennent que trois millions et demi d'habitans, tandis qu'on suppose vingt-cinq millions d'habitans a I'empire turc, sur i36,ooo lieues carrces. Mais les piemiers sont soumis, les seconds seraient long-tems hos- lil«s; les forces des Russcs seraient long-tems occupees a les contenir, si jamais ellcs avaient conquis la Turquie. L'Es- pagne a, de 3«r cute, possede une fois 468,000 lieues carrees en Amerique, qui n'ajoutaient rien i\ sa puissance reelle; I'Angleterre n'en est pas plus dangereuse pour I'indepen- danoe de TEurope , quoiqu'elle possede dans I'lnde un pays bien plus etendu que la Turquie, et une population ci- vilisee et cojnpletemcnt soumise, qui surpasse la population reunie de toules les colonies de toutes les autres nations. 20 DliS CONSEQUENCES All restc , la giicrre amenera, nous Ic croyons , si clh; so prolongc, la clnito ile rcmpire tmc; inais il nc nous paiiiil nnllcnient pr()bal)lo cpi'dle se Icrminc par la soiiniission ilo cet empire a la Uussic. Les Russes eux-mCuics scmblont n'eii avoir point io dcsir; ils savent i'ort Ijien de quels dangers Ics menace la disproportion entre I'clendne de lenr empire el sa force reelle. Les seigneurs russes savent fort bien que, si Constantinople devenait leur capitalc, leurs vastes domaines autour du pole pcrdraient lem- population et leur valeur, qu'eux-mCmes deviendraient etrangers a leur cour, et que leur influence diminuerait avec leur fortune. lis ne veulert pas cbanger de patrie, mais enricbir colle qu'ils out; i!s \eulent y inlroduire le commerce et la civilisation; ils vculoi.t s'assurer dcs debouches pour leurs denrees, el une conmiu- nication toujourslibreaveclaMediterranee. Les grands ileuvcs de leurs pays se dirigent vers la mer Noire, et, selon que la mer Noire sera ouverte ou fermee, le revenu de leurs do- maines s'elevera ou tombera presque a rien. La tyrannic qui pese sur la Turquie les ruinc; mais la conquete de la Turquic n'est pas le moyen qui leur sourit pour fairc cesser cette tyrannic. lis verraient avec joie la Turquie se briser en Etats independans, riches et non puissans, qui eussei;! b«soin d'eux, qui leur montrassent de la deference et du res- pect, et qui les enrichissent par leur commerce. C'esl pour se conformer a ces desirs de la noblesse , et en meme terns c'est pour conserver les principes serviles chers a tous les gouvernemens, que la Russie, a dit-on, propose aux autres puissances de former des provinces de la Turquie d'Europc autant de principautes soumises a des hospodars. L'independance de toutes ces provinces serait le resullat de la crise actuelle qui serait en meme tems Ic plus facile a atteindre, et le plus conforme aux interets de la civilisation, el a ceux de la paix de I'Europe. Mais, si le tzar russe peul desirer que ces l^tats nouveaux soient vis-a-vis de lui dans une disposition habituelle de deference el de crainte, tontes I'esautros puissances de I'Europe doivenl desirer, aucontraire, DE LA GLERllE DANS LE LEVANT. ai que Its peuples opprinies, que par un effort couiimin ils rap- pelleraient a I'exislence, soient soiimis a ties gouvernenieus sages, justes et t'ermes, pour qii'ils acquierent une rraie iii- ilependance. II y a long-tems que les puissances d'Europe atiraient dQ se preparer auxevenemens qui commencent mal- gre ellesa se developper; si elles ne s'etaient pas obstinees a Termer les yeuxdepeur devoir I'avenir, elles auraient rendu la crise qui s'approchait bien moins redoutable. C'est dans oet esprit, c'est en faisant un premier pas vers I'arrangement des aflaires de I'Orient, dans I'interet commun de la civilisation, que la France a determine I'Angleterre , bien malgre elle, A s'associer a elle pour secourir la Grece, et pour I'aider a s'affranchir. C'etait en meme tems !e parti le plus prudent, comme le plus genereux; et aujourd'hui, la France est appelce a lutter encore avec son alliee , pour ob-t lenir que la nouvelle Grece soit aussi grande, aussi puissante qu'il sera possible; tout ce qui lui sera donne sera ote aux arnies et a I'intluence russes ; un gardien futur de Tentree septentrionale de la 31editerranee se prepare en elle, pour succeder a I'impuissance turque. La question qui s'agite aujourd'hui, des limites a donner a la Grece, est presque autant une question europeenne qu'une question grecque. II faut que la nation nouvelle soit forte pour etre independante, pour ne pas rechercher une clientelle qui la mette a la merci de I'une ou de I'autre des puissances voisines. II faut que sa population soithomogene, pour qu'elle ne se dechire point par des guerres civiles; il faut qu'elle soit compacte et entouree de bonnes frontieres militaires, pour qu'elle n'ait pas dans son enfance a recourir sans cesse a la garantie de ses protecteurs. Si Ton voulait reunir tons les peuples qui pajlentgrec, la Thessalie, la Macedoine, Chjpre, Rhodes, une partie des cotes de I'Asie-Mineure, devraient entrer dans la Grece; mais cette Grece, disseminee sur trop d'espace , et affaiblie par sa grandeur, ne pourrait jamais se defendre. II vaut bien mieux que la Grece libre ouvre ses i4*iles a la Grece qui doit encore demeurer asservie, et re- aa DBS CONSlIQLENCliS ciutc pardcs eniigians sa i)0})ulalioii anioindiic. Si, au con- traire, on tonibait dans le plan nies([nin qui a et6 annonce de borner la Grice au Peloponese et a quolques iles, on serait appcle i\ veiller sans cesse pour detcndre les lon{:;ues cotes du golfe de Lopaute et de la iMoree, eonlre les maraudeurs arri- rant sur de pelits bateaux, et Ton ne rendrait point la paix a la partie la jdus belliqueuscdela Hellade, oi^i Us inoMtaj:;nards, Annatoles sont toujours en t'oicc. Les Grecs desiieront san* doute d'etendre lems ironlieies jusqu'anx bords du fleuve Sperchius; toutel'ois, la chaine de montajjnes ([ui s'elend du golFed'AitaauxThei'mopylcs compiend, si ronreunit au con- tinent rEid)ee et les autresiles, toutela Grece illnstree, toute la Grece armee , toute la Gr6ce corapacte et facile a deleudre. II n'est sans doute aucun besoin de dire aux llusses que leur existence en Europe, au rang d'une de ses premieres mo- narchies, tieut aux efforts qu'ils feront dans les campagnes prochaines, pour recouvrer leur ancienne reputation. II faut qu'ils montrent s'ils doivent elre places parmi les Puissances- au-dessus ou au-dessous des Turcs; on bien ils tomberont au-dessous de toutes les autres. On est aujourd'hui fort dis- pose a suspecter tons les precedens rapports sur les forces militaires des Russes, et a crolrc que les generaux s'attri- buaient la solde de nombreux soldats qui n'existaient que sur Icurs controles. iMais personne ne songe a nier ni la bravoure desRtisses, ni la grande population de I'empirc, ni I'apti- tude de toute la race slave it se former promptement et a lout apprendre. II est done probable qu'a rouverture de la, rampagneprochaine les Russes sepresenteront avec des forces tres-superieures ii celles qu'ils out deployees cette aunee, et qu'ils eviteront les fautes oOi ils sont tonibes. Les Turcs,, ail coutraire, sontprobabkment epuisespar Ie«rs efforts; et, si Ton ne s'alfendait point a I'energie qu'ils out deployee < elte annee, encore moins peut-ou s'altendre i\ ce que I'ex- piosiou subile de leur fanatisnie se change en une flanmic AJve et continue. De nouvelles chances se prescntcronl done pour raffranciiisscment des populations asservies par le> DE LA GLEllliE DANS LE LEVANT. ao Turcs; il est vrai que leiir confiance dans la protecliou des Russes est coiiime aneantie ; niais la guerre d'autre part nc peut gui'ic manquer do rendre le despotisme dcs Turcs plus farouche. Le dcsespoir poujsera presqueimmanquablemeiit li la rebellion ccs nations qui gcmissent sous le joug. C'est le moment que I'Europe devra saisir pour les empficher de se Jeter dans les bras de la Russie, et pour aflermir leur inde- pendance. Ce que les grandes Puissances pourront et devront t'aire alors est encore cache sous les voiles de I'avenir; mais, plus tot dies adopteronta I'egard despeuples autrefois conquis par les Turcs, un plan general, pour hater leur education, consolider leurs Gouvernemens naissans, et les mettre enetat de se defendre par eux-miemes; plus ce plan sera humain et genereux, plus il assurera de prosperite et d'independance a ceux qu'elles affrancliiront ; et plus il preparera d'obstacles aux conquetes ulterieures de la Russie, de garanties A la ba- lance des nations, de profits A I'industrie et au commerce de toutes : plus il sera desinteresse, et mieux il servira les in- teiets de ceux qui I'auront adopte. Si I'empire lure tombe en dissolution, on peut voir sor- tir de ses debris les eiemens de plusieurs grands peuples. Les Moldaves, les Valaques, les Bulgares, les Serviens, les Bosniaques, les Albanais, les Grecs de la Macedoine et de la Thessalie, et les vrals Turcs de Thrace, pourront on exister soparement, ou se combiner d'aprt;s leurs rapports de race, de religion, de moeurs et de langage, ou, d'apres les de- fenses naturelles que presenteront leurs frontieres, pour former des Etats plus puissans. La Turquie asialique est de meme habitee par des races differentes, et ennemies les unes des autres. Les Armeniens, les Druses, les Turcomans, les Curdes, les Maronites , les Syriens, les Bedouins y sont meles aux Turcs; I'Egypte marche a I'independance, et les n'-gences d'Afrique y sont presque arrivees. Tons souffrent aujourd'hui, tons se pillent et s'egorgent les uns les autres; tons pourraient marcher vers la civilisation, le bonheur et la richesse. si I'Europe, au lieu d'afferniir le joug qui les ecrase, les aidail a s'organiscr. a4 DKS CONSEQUENCES Mais, au lieu de celte sagesse geiiereusc, on ne doit qu« troj) s'atU'iuIre A voir prevaloir des conseil.s tout opposes. Les journaux d'lin certain parti, en Angleterre, affectent de vouloir faire croire que leur ininistorc a dcja adrcsse un langage nienaraut a Tenipcreur russe , ct que, tandis qu'il se laisse narguer par don Miguel, il ordonne a Nicolas de faire reculer ses armees : en nieme terns ils annoncent unc ligue de rAngletcrrc avec I'Autrichc, pour faire la guerre a la llussic. D'anciennes passions, d'ynciens prcjugd's pous- scnt pcut-C'lrc les Anglais dans ce sens; toutel'ois, quand ils lonmienct ront a negocier, leur ardour belli(iucuse se re- froidirj bicn vite : rAutriche Icur doniandcra des sul)sides avanl de I'aire marcher un soldat , et Incntot elle leur lais- sera entrevoir a quoi elle compte Ics employer. On suit comment I'Aulriche a coutume de deiendre ses allies, com- ment elle a traite la Polugue , Venise, et les princes me- diatises de I'empire. Aujoiud'hui, elle s'indigne de ce qu'on manque d'egards pour la Turquie: demain, elle demandera- une part dans ses depouilles; qu'on lui cede la Servie, l.v. liosnic et la Dalmatic, que les Anglais paycnl les IVais de leur occupation , et elle sera prete a s'allier aux lln^ses. Plus on asshstera le Turc, moins il agira par lui-meme,. et dt;s qu'il commcacera a avoir des revers , les projets de jHU'tage seront mis en avant. Ces projets, qui tenteront les liommes d'Etal vulgaires, sont le danger le plus imminent pour la paix future de I'Europe. Ils excileront les jaJousies, les rivalites, les guerres. Chaque puissance co-partiigeaiile s^era vulnerable par la province qn'clle aura pri.-^e pour elle; au lieu de se fortifier, elle s'allaibliia. Les nations eidevces aux Turcs gagneront toujours au change; mais elles n'en regretteront pas moins une meilleure existence; elles ne s'ac- croitront point en population, en richesse, en cnergie, et elles n'acquerrout pas le poids qu'elles auraient pu avoir dans la balance de I'Europe. Les Serviens, les Bosniaques, Ics Albanais, constitues en peuples independans, ct bieii U'juyerncj, jou5 la protection commune des puibsanccs (pii DE LA GlERRK DANS LE LEVANT. iS prendrarcnt la tAche de pacifier I'Europe, trouveraietit dans leur patrintisnie des ressouires pour register aux Russes; livres au contraire A I'Autriche, ils seront toujoiirs prCts a se- revolter contre elle i la premiere guerre, pour s'uiiir a la Russia. II en sera de meine de chacun des autres peuples d'Europe, ou d'Asie, ou d'Afrique, auxquels on tenlera de donner de nouveaux uiaitres, au lieu de leur rendre I'in- depeudance nationale. Je sais qu'une classe d'hommes, a laquelle nous enten- drons bientot tenir un autre langage, se recrie dej;\ sur cet abus du droit du plus fort, disposant de I'existence des I'aiblcs, et qu'elie protestc qu'un Elat ne peut jamais se meler de I'existence interieure d'un autre Etat , ne peut jamais, sans attentat contre le droit public , intervenir pour Taider a se donner un gouvernement , ou cbanger celui qu'il a. Ce principe de von - intervention est un de ceux qu'on a tout recemment proclames au monde , ainsi que ce- lui de la legitimite; et Ton n'a pas mieux respecte I'un que I'autre, ou plutot on ne Ics a jamais si grossierement violes. Seulement il en est resulte imc politique incertaine, nlaise, contradictoire, a laquelle il semble que les derniers cve- nemcns du Portugal auraient du iaire renoncer. Depuis que le droit public se prolesse, les ttats n'ont pas cesse d'attenter a la souverainete les uns des autres, d'agir les uns sur les autres, en raison des motifs Gu des pretextes que leur a fournis leur politique interieure. La Pologne fut par- lagee sous pretexte de ses troubles ; la Hollande fut privoe par la Prusse , pour favoriser la maison d'Urange, de la constitution qu'ellc s'etait Ubrement donnee ; I'Amorique fut affranchie en depit de I'Anglelerre; toutes les coalitions contre la France furcnt dirigces, tantot contre la participa- tion du peuple a la souverainete, tantot centre I'tlevation d'honunes nouveaux a la place des anciennes dynasties ; toutes. les guerres de la Fiance eurent pour objet de mettre les gouvernemens voisins en rapport avcc les principes qui la vc'gissaicnt. Depuis la chute de Napoleon, des congres do 26 DKS CONSEQUENCES rols out r^org.mise radmiiiisliation ialciiciire do tous Ics ^lals. Les rois ont suppiime ;\ force oiivertc los coiisti- tiilions lihorales de Naples, du Piemont, du Portugal ct de I'Espagne; ot lorsqu'apres ces actes jouriialiers ils vieniicnt nous dire qu'ils n'ont pas ie droit de se nieler de radminis- tration inlerieure, qu'ils n'ont pas Ie droit d'obliger Ferdi- nand on don Miguel i\ tenir leurs sermens envers leurs peuples, qu'ils n'ont pas Ic droit d'empecher Mahmoud d'o- gorger tous ceux de ses sujets qui ne partageut pas sa cToyance ; lis seinl)lcnt se borncr au droit de faire du ma! , sans pouvoir jamais faire du bien, Dans ie vrai, depuis que les regies d'hcredite mionx com- prises, et Ie sentiment de la dignite des peuples mieux apprecie, ont rendu fort rares les guerres de succession , que les progres de I'ecouoinie politique ont fait renoncer aux guerres de commerce, que la puissance de I'opinion publique ne permet plus les guerres sans motifs, entre- prises par Ie desir de piller ou de conquerir, les guerres d'intervention sont presque les seules auxquelles on doive s'attendre. Une jalousie, une defiance incural)le, existent et doivent exister cntre les 'nations progressives et les gou- vcrnemens retrogrades. Les derniers n'ont pas cesse de tra- vaillcr i faire reculer les nations voistnes ; car ils savent que, s'ils ne renssissent pas i les reprimer, leur exemple les entrainera. Les nations libres, de leur cote, ont appris ' par leur experience comI)ien sont dangereuses pour elles les tyrannies voisines. Ce sont dcs ennemis qui les epient sans cesse pour les accabler, dt;s qu'ils croiront I'occasion favora- ble. La guerre estallumeeentre ces deux partis; tout au plus, elle est suspendue par des troves qui ne reposent que sur !a seule convenance de ceux qui les ont signees, non sur des principes etcrnels et invariables, tels que seralt celui do la souverainete illimilee de chaque nation sur ellc-meme. Est-ce done a dire que Ie droit public ne doit avoir au- i.'unc regie, ancun principe? non sans doute; nous, amis ijc la liberie, nous avons notrc regie que nous ne crain- DE LA GlEHRE DANS LE LEVANT. 27 (Irons point de pioclamer ; c'est la nieiiie que nous recon- naissons non pas pour principe, mais pour mesure de la morale aussi bien privee que publique; c'est la recherche du plus grand bien du plus grand nombre. Quel que soil le mobile du devoir, par quelque revelation qn'il arrive A la conscience, une loi est juste et sage, lorsqu'elle atteint par son operation le plus grand bien du plus grand nombre: un acte politique, une guerre, un traite, une intervention dans la destinee de nos voisins, sont justifies quand ils se dirigent vers ce grand but. Nos adversaires ne peuvent pas £lre soumis au mfeme principe que nous; ils conviendront, ils sont couvenus quolquefois de certains principes ab- straits, que nous aussi avons eu quelquefois la bonho- mie de recevoir d'eux; mais ils se reservent en meme terns la faculte de les interpreter a leur guise. De mAme , deux sectes rivales se sont quelquefois rencontrees dans un m6mt; symbole, lorsqu'elles ont reussi a faire choix de mots si, inintelligibles que I'une ou I'autre y attache le sens qu'elle veut ; mais, lorsque nos adversaires voudront agir, ils sui- vront toujours le principe oppose au notre, ils rechercheront toujours le plus grand avanlage du petit nombre aux depens du grand. On peul recoimaitre que tel est le fond de leur pensec , au ton meme qu'ils affectent en parlant aujourd'hui et de la pe- ninsule Iberique et de I'Orient; au mepris qu'ils etalent im- pudemnient, et pour la morale, et pour la philantropie, et pource qu'ils appellent une doucereuse politique sentimentale: au triomphe avec lequel ils ont celebreie discours de cloture du roi d'Angleterre a son parlement, comme vraiment an- glais, comme vraiment pur de toute recherche du bien do I'humanite. Ces honimes qui se sont coustitucs avec tant d'ostentation les champions de I'autel et du trune, les defen- seurs de la religion et de la morale privee, afi'ectent tant de uiepris pourceuxqui croient que la morale doit diriger aussi la politique, ils prononcent si hautement que ce sont des fri- pons qui cherchent a faire dcs dupes, qu'on se trouble quelque- a8 DKS CONSEQUENCES lois dc leiir a?sui;incc'. ct qu'on sc ilemaiule ,si Iciir doplorahlc syslcine serait vrai. Quoi! on ne poiinaif pour son l)ien lairo Ic inal prive, niais on pounait faire le nial public? II serait iual fait (Ic voler ou de tuer son cnnenii ; niais il n'j a pas de .souffrances auxqiielles on ne puisse condamner unc na- tion, si I'on y trouvc son avantage? On pent faire en sorte que tons les Oiienlaux restcntdans Tesclavagc, que leur for- tune se dissipc, que leur Industrie s'eteigiie, que leur popu- lation decroisse oliaque annee, pourvu que rAngkteire en profile? II serait nial I'ait d'empoisoruier un honinie, de cor- rompre la morale d'tni enfant; mais on pent eaipoisonner la Turquie, Ic Pcrlugal, I'Espagne; on pent y corrompre la morale des homnies fails, des enfans, des generations qui ne sont pas nees; on pent, pour son avantage, y maintenir un gouvernement, qui ne permettra jamais a oes grandes (•ontrees de produire un seul homme vertueux? Jamais cette subversion de toute morale publique n'a ete professee d'une maniere plus impudente que par les jour- naux torys en Anglelerre. La liberie de la presse ayaut ac- coutume dans ce pays a tout discuter en presence du public, on ose y dire ce qu'aillcurs les bonimes vils font sans I'avouer. Ces journaux declarent que I'Angleterre a iuteret, et par consequent qu'elle a droit i maintenir I'empire turc dans son integrile, dans son etat de barbarie et d'anarchie, pour ne pas ebranler le commerce que quelques Anglais font dans Ic Levant. On sent un si profond mepris pour les ames do l)()ue qui raisonnent ainsi, qui, pesant unc livrc sterlingcontre mille vies pcrdues, trouvent que la premiere Temporte, ([u'on dcdaigne de leur deniontrer qu'ils sont aussi absurdes (pie barl)ares, et que, pour le profit de leur conmierce, le ]>lus grand bien du plus grand nombre dans le Levant est lout ce qu'ils pourraient desirer de mieux. D'autres, s'atla- ( bant a un inleret plus important, appellent la Turquie le boulevard de I'lnde, et annoncent que les possessions de la • ompagnie sont pcrdues, si les Russes pcuvent etendre Icurs r;oulicrc!i juj^qu'aux sicnnes, S'il en est ainsi. en efl'el . quelle DE LA GUERRE DANS LE LEVANT. 29 honte pour rAiiglelerre ! Quoi, olle gouverne, on protege aujourd'hui cent millions tie sujets on d'allies dans I'lnde, et clle craint pour eiix le contact de la Russie! Elle les a si mal gonvernes, qn'elle ne se flallc pas qu'ils puissent resister au desir impetnenx qn'excitera en enx la vue dn sort des sujets rnsses! Si I'Angleterre etait dans I'lnde cc qn'elle doit etre, si elle gonvcrnait ses millions d'honinies comme de- vrait savoir le I'aire la nation la plus eclaiiee et la pins long- tems librc de I'Enrope, ce serait aux Rnsses a trembler i!«; se mettre en contact avec eux. Ce serait a eux a fortifier les passages du Thibet, a rendre impenetrables les deserts de la Bucharie, pour qu'nn seul Russe n'apprit pas de quelle sftrete, de quelle prosperite, de quelle intelligence, de qnci bonhenr jouissent les sujets de I'Angleterre, et que I'empire Russe ne s'ecroulat pasau senlaltonchenientdu talisman de la liberte. Ponr nous, nous nons rcjonirons de ce danger, s'il menace la compagnie;carc'est un avertissement necessaireanx Anglais pour qu'ils rendent a I'lnde un gouvernement legal, progressif et protecteur; c'est un avertissement necessaire pour qu'ils suppriment cette association de marchands sou- verains, qui fait honte en memo terns a leur bon sens el a leur bonne foi, qui les appauvrit pour ruiner leurs Sujets, qui acheve de les corronipre en corrompant les millions d'honimes qui leur obeissent. Ponr nous anssi, nons ne craindrons pas d'afTirmer non- senlement que la morale doit dominer la politique, comme tous les autres interets de la vie, et que, de nieme que c'esi la seule regie qui puisse satisl'aire la conscience, c'est aus.-i laseulequi s'accorde toujonrsen definitive avec les interets des nations. Nous irons plus loin, nous dirons qn'aucun homme en qui le monde a admire un caractere de grandeur n'a me- connu enlierement cette rrgle fondamentalc. Sans doute, les actes de la politique, et surtout la guerre, ont quelque chose de si rude et de si inhnniain, ils bri?ent tant d'existences, iis causent tant de manx privos pour arriver a un bien commun, qn'il ne fant pas attcndre de ccnx qui les ordonncnt beau- 7,n DES CONSliQUENCES l pas eoiiipris comment la morale poiinait encore trouver place an milien de quelque chose de si manvais. Mais les grands politiqiies et les grands gcneraiix sc sont eleves a un point de vue plus juste el plus vaste. Ceux memes qui s'endurcissaient sur les maux de detail qu'ils or- donnaient, et ceux qui, pour causer plus de mal d lours ad- versaires,encausaient beaucoup a Icurs partisans, avaicnt be- «oin de calmer leur esprit, de satisfaire Icur conscience par quelque grandc idee morale; et, s'ils s'aveuglaient, c'etaiteu croyant que la fin justifie les moyens. Napoleon, alors memr qu'il s'atlrihuait tous les pouvoirs de I'Etat, qu'il renversait les garantics du peuple, qu'il multipliait les mallieurs de la guerre, songeait toujours a cctte cgalite devant la loi, a cct elan des esprits, li celte participation, quoique incomjilotc, de tous au Gouvernement, enfin a ce code ralionnel et juste qu'il portait de peuple en peuple; il croyait que la grande masse des hommes, non-seulement en France, mais dans tons les pays qu'il avait gouvernes quelque lems, etait sen- sible aux avantages qu'il leur avait procures, en sorte que nous lui avons enteudu dire, en i8i5, (/u'il pourruit les fairc tourner conime il avail fait tourner la France. Lui aussi croyait pouvoir expliquer sa conduite par ce principe de morale, le plus grand bien du plus grand nond)re, dont il pretendait nes'etre jamais ecarte; etjusqu'a lalindesavie, il en aappelc, non-seulement a I'admiration de la posterile pour ses ta- lens, mais encore a son jugement plus calme sur le bien qu'il lui laissait en heritage. De meme, son grand advcrsaire. quoiquelesjournauxqui pretendent interpreter ses sent iuiens le louent sans cesse d'avoir etc puremcnt Anglais, d'avoir etc toujours pret a sacritier un monde enlier a la gloire du nom Anglais, sent au dedans de lui-meme quelque chose de su- perieur a cet ctroit egoTsme. En depit du Standard el du DE LA GUERRE DANS LE LEVANT. 5i Moniing-Jounial, en depit mC-ine du due de Wellington, si les prejuges de son pays I'ont parfois engage a se calomnier lui-meme, nous croirons que cet heureux general a voulu par ses victoires servir I'liumanite tout entitre; et nous osons lui repondre, quelles qu'aient pu etie les eireurs de son juge- ment, que la posterite ne lui tiendra compte que de ce qu'il aura cru faire pour Ic bien commun de I'liunianile. L-C.-L. DE SiSMONDI. VWWVVWWM COXSIDERATIONS STIR LA BEFORME COMMERCIALE OPEREE EN An- GI.ETERRE SOUS les ttuspices de M. Huskisson, et sur renquitc instituee en France sous le ministere de 3L de Saint-Cricq. Lorsque les evenemens de 1814, renversant la dynastic dc Napoleon, eurent mis un terme aux liostilites qui desolaient I'Europe, les Anglais, principaux acteurs de ce grand drame, se crurent un moment appeles a recueillir la succession de leur illustre ennemi. Le monopole qu'ils avaient exerce dans les deux mondes, a la faveur de leur superioritenavale, sem- l)lait devoir leur etre acquis a titre de prescription : ce tut precisement le moment on ils le perdirent. Tandis qu'ils linissaient jiarmi nous une revolution, il s'en opcrait une autre cliez eux, qui a manque leur devenir fatale, et dont un de leurs ministres n'est parvenu qu'avec peine, et par des mesures a la fois hardies et savantes, a conjurer les graves consequences : nous voulons parler de la reforme commer- ciale concue, proposec, soutenue et executes par M. Hus- kisson. Quelques donnees preliminaires permettront a nos lec- teurs d'en apprecier I'importance. Pendant toute la duree des guerres de la revolution et de I'Empire, surtout apres le double echec de nos floltes a Aboukir et a Trafalgar, les An- glais etaient restes sculs en possession du commerce mari- time dans le Levant, ik la cule d'Afriqne, aux Indes orientales r.i co^sIDl•:KATIO^s ct dans toutc rAnieriquc ; lis y avaient Irouvc unc compen- sation aux rigueurs du systeme continental; et, en habituanl Ics pcuplcs dc CCS contrces a reccvoir lenrs prnduits, ils scnihlaicnt s'otre assure un dcbouche, si j'ose dire, pcrpetuel et a I'abri de toutc concurrence. La paix de iSi.^, en ouvraMl Ics niers a la France et aux antics nations europcenncs , lit ovanouir leurs cspt'-rances. Lcs niarcjics du Nouvcau-Mondc lurcnt bienlot fournis de produits europecns, et I'Europc, I'oirce do se sulliie a elle-nienie pendant la duree du blocns continental, loin d'oflVir beaucoup d' occasions de fortune ;'i rAngletene, devint sa rivale en peu d'annees. Le mouvc- nicnl iaiprime a la fabrication anglaise s'aneta un instant et fit place a un dccouragement general : la Graudc-Brctagnc parut alVaisscesous Ic poids des eft'orts que lui avail cofitcs la victoiie, et plusieiirs obscrvateiu's supciliciels crurent (juc le jour de sa decadence ctait arrive. Pourcoiuble dc nialheur, les lois exdusives auxquelles on faisait honneur de la prospcrite de la vieille Angleterre ue sullisaicnt plus pour assurer la preeminence de 1' Angleterre nouvelle. Chaque peuple usa de represailles envers ce fa- meux acte de navigation que la fiere Albion appelait encore sa charte maritime, r,'/irt7'IE COMMERCIALE. 55 ■colonies anglaises ; elles Ibrcaient les vai.sseaiix anglais, al- Jautaux colonies, dc partir iruii port d'AiigletciTe ot de tou- cher en Angletcne alcur retour; cnfin, cllcs intcrdisaient aux V'lrangers rimportation en Anglcterrc des prodnits dc I'Asie, tie I'AlViqueet del'Ameiique. Cctte cxtlusion liit meme eten- urea.ux. Grace au cicl , on commence a comprcn 're que Ic mono- pole accorde a une classe d'industricls est un lril)ut impose au reste de la nation, qui est ainsi i'orcce de payer au prix ti'une plus grande somme de privations des produits que I'etranger lui fournissait a peu de frais. On s'est enfin apercu que ceux meme quijouissent du benefice d'un mono- pole cprouvent gcneralement plus de pcrte des monopolcs (pi'ils sout obliges de subir, que d'avantage de celui qui leur apparlicnt; ace point, qu'cn 1820 les priucipaux negocians de Londres inyoqucreut la liberie du commerce, pour echap- peraux graves inconvcniens qui rcsultaient pour cux de la le~ gislationsur les grains. Ce malbeureux systcme alteignait sur- tout, en Angleterrc, les proprictaires de troupeaux auxqucls il elait interdit, sous des peines severes , d'exportcr leurs laincs, tandis qu'une autre loi grevait de droits considerables les lai- ncs elrangcres. M. Huskisson a eu I'honneur de faire modi- fier celle absurde b gislation, dont la conservation, au moins en ce qui touclie I'importalion des laincs anglaises, est au- jourd'bui si falale a la France, ainsi que nous le prouverons bicntot. Un simple droit, a la sortie, de deux pcnces ou quatre sous par livre, a succede a la probibilion, et le droit d'eutrce sur les laincs etrangeres a ete reduit des cinq sixiemes. Dans la meme annee fut decretee la libre sortie des ouvriers, et si rien n'est encore decide relativement a I'exportalion des ma- chines, le gouvernement semble avoir prejuge le resullat de cette discussion, en se relachant d'une maniere notable dc sa severitc habituelle en pareille circonstancc. sun LA R^FORME COMMERCIALE. Zj Mais c'cst suitout dans la question des soieries que M. Hus-- kisson eut a vaincre les plus vivos resistances. « Cette fois, dit un liistoiicn anglais, la theorie fut sorieusement aux prises avec la pratique « (il veut dire avec la routine) , et il s'clcva dans toute I'Angleterre un orage de colore et d'indignation centre le ministre hardi quf; voulait con!»ommer la mine des manufactures de soierie de la Grande-Bretagne. » Tout cela se passait en 1824., M. Huskisson, en examinant avec soin la diflorence du prix des soieries en France et en Angleterre, avait etc frappe de renormite de I'impot que la proliihilion faisait poser sur ses concitoyens. Au premier ])ruil d'lin pro- jet de reduction, niille clamours s'oleverent. Un droit de 60 pour cent dcvait suffire a peine pour preserver d'luic mine immediate les etablissemens consacres en Anglelerre a la fabrication des soieries : que serait-ce du droit de 00 pour lOO que le ministre vOulait proposer? que deviendraient les ouvriers employes a cette precieuse fabrication? Par nne sin- guliore contradiction, tandis que les chefs de fabrique par- laient ainsi, de toutes parts ils multipliaient leurs metiers, demandaicnt de nouvoaux ouvriers, semblaliles a ces gone- raux qui veulont frappcr I'ennemi par le simulacre d'un grand deploiement de forces. JM. Baring s'ecriait dans le parlement : « Tons les fabricans sontd'avisunanime que, si Tintroduction des soieries fraucaises est toleree, il n'y a plus d'espoir de "vendre une seule aune de soieries anglaises. » Un autre, IM. Ellice, I'un des plus violens antagonistes de M. Huskis- son , ajoutait : « II est evident que la protection du droit de 5o pour 100 est une verilalile plaisantorie : car je sais que, dans une petite ville de Suisse (il ne la nommait pas), il ya plus de capitaux employes dans I'industrie des soieries que nous n'en avous pour cette branclie dans toute I'Angleterre. » Voih'i par quelles ridicules exagoiations on altaquait dans le parlement d' Angleterre les reformes de M. Huskisson. Ce ministre se bornait a repondre par des faits a toute§ les declamations de I'interet prive. H disait qu'en csliaiant a 45o milliouj de francs la production annuellc des soieries 58 CONSIDJillATIONS en Angleterre, Ic droit dc 3o pour cent cofttcrait aux con- sommalcurs la somme fort laisoniiabic d'envirun i/jo mil- lions; et que, si ce droit no sulTisait pas, il valait mieux que la nation fit unc pension a tons Ics citoycns employes dans la fabrication des soieries , pliitot que d'entrelenir a plus grands frais une aussi malheureuse industrie. 11 ajoula que les contrcbandicrs ne manqucraient pas de profiler de la prime offcrlc par une plus grande elevation de droits, et que los moiiopok'urs, pour avoir voulu clie trop proteges, fini- raient ainsi par ne I'etre pas du tout. En un mot, il deploya dans cette memorable discussion une eloquence et des moyens que I'Anglcterre n'avait encore vu briller que dans les plus grandes circonstances politiqucs. En relisant, au moment oi"i j'ecris, ce discours remarquable, danslequel, pour la premiere fois , les saines doctrines de reconomie politique furent appliquees a I'admiuistration publique, je ne puis me dofendre d'un vif sentiment d'admiration et de respect pour I'homme d'Elat qui les a proclamces avec taut de courage et dc talent sur la scene parlemcntaire. Un jour, qviarid les nations, plus eclairees sur leurs vrais interels,se- ront familiarisees avec ces importantes matiercs , le nom de M. Huskisson se melera dans leur reconnaissance a cclui des saA'ans qui ont devance leur siecle , en lui montrant les veritables sources de la richesse et de la prospcrite. Lesucces, tel du moins qu'on pouvait I'esperer a cette epoque , conronna les efl'orts du ministrc. II fnt decide que les soieiies francaises seraient admisesen Angleterre, moyen- nant un droit de 5o pour ion ad valorem. Sculement,et pour ne pas aflecter tropde precipitation en pareillematicre, peut- eti'c par deference pour les reclamations des manufacturiers, I'execution du nouvcau tarif fut ajournce au mois de juil- let 1826. Deux annees etaient ainsi accordees aux intrigues des monopoleurs, aux obsessions et aux manoeuvres de I'in- teret prive. Des efl'orts inouis furent tentes : peu s'en falliit qu'on ne cliercliat un appui dans rinsurrcclion, et que les ciloyeus eux-memes ne vins?ent au seconrs d'une cause qui SLll LA UEFOllME COMMEIICIALE. Tn) leur imposait leellcmcnt unc < onliibution de deux cent mil-, lions p;ir annoe. M. Hiiskisson a dCi se repiocher dans la suite une complaisance qui n'a pas pcu conlribue i\ la crise commcrciale de 1825 et de 1826. Quo! (pi'il en soil, lorsqu'en 182G il fallut rej^ler, d'apres la loi de 1824, le mode de paiemeut dcs droits sur les soie- ries ct les I'ormalites de rimportation, le parlcmcnt sc relacha quelque-peu de la rigueur des pnncipes poses par 31. Huskisson. Le droit de 3o pour 100 ad valorem fut rem- place par un droit equivalent, determine scion le poids ; I'im- portation fut restreinte au port de Londrcs; des reglemens, nocessaire.i.ent genans, sur Taunage des etoffes, sur la forme des ballots, sur le tonnage des vaisseaux employes au trans- port, ajoutercnt encore a ces oral)arras, evidemment suscites avec I'intention d'attenuer les cflets de I'lmportalion sur le monopole. L'un de ces inconveniens, et ce n'est pas le m,oindre, consiste a soumetlre t\ revaluation du^ioids les etoffes brochees, qui ont une valeur bien plus considerable, a volume e^al , que les etoffes unies. Or, les etoffes brochees sont preclsenient celles que les fabriques francaises confec- tionnent avec le plus de superioiite , et que les consomma- teurs anglais recherchent avec le plus d'empressement. Dans une enlrevue que j'ai cue, il y a plusienrs mois , avec M. de Saint-Cricq, ministre du commerce. Son Excellence me fit I'honncur de me dire que celte restriction sufRsait seule pour rendre a pen pres nuls, relativement a notre commerce, les avantages qu'on avait esperes de I'adoucissement de taxe pro- pose par M. Huskisson. Mais les principes proclames par ce ministre exerceront tot ou tard unc ialliiencc decisive sur hi politique conuiicrciale de la Grande-Brctagne. «I1 y a en un tems , disait-il, on, pour nous engager 11 prohiber un pro- duit elranger, il suflisait qn'il fut mcilleur que les produits du memc genre que pouvait fournir Tinduslrie nalionale ; mais j'espere que desormais, quand de pareilles demandes seront adressees a la Cbambre , elle commencera par rcpondre : Voyons d'abord ce que pent faire la concurrence ; commencez 4o CONSIDERATIONS par iinitcr, et puis, pcut-itro, en viciuhoz-vous a surpasser vos rivaux elrangcrs. Les prohihilioiis iie sont qii'mie piinie pour la mcdiocrito; elles detruiscnl les mobiles les plus puis- sans qui portent a la perfection du travail , a rinvcnlion , au progres; elles condamnenl la societe a souffrir, pour leprix t;omme pour la qualile, tons les inconvenicns du rnonopole , sauf le reniedc deplorable qu'apporte I'odieuse Industrie du eontrcbandier. » Fidelc a ces principcs, 31. Iluskisson proposa, en i825, d'admettre, nioyennant des droits dont le maximum ne de- passerait pas 3o pour loo, tous les produits manufactures et les matieres premieres vcnant de I'etranger. Mais la plus dilTicile de toutes les reformes, celle d'une prohibition en (juelque sorte parliculiere a I'Augleterre, et protegee par I'a- ristocratie tout enliere, restait a operer : la reforme des lois sur les grains. Cetle cjuestion est moins industrielle que poli- tique dans la Grande - Bretagne , et nous vcrrons bientot un simple amendement, propose parleduc de'\\'elliiigton, ebran- ler le ministere de M. Canning et changer, dans ce pays, la face des affaires. Cependant, si jamais il y eut une solution facile a trouver, soit dans I'interet de I'humanite , soil dans celui des principes, assnremeat c'est celle du probleme rela- tif a la liberie du commerce des grains. En cffet, les tarifs sur les produits manulattures n'atteignent pas les classes infe- rieures aussi profondement que les droits sur les subsistances. tin habit de drap dure un an, et si le drap est trop cher, res- tent les toiles et les colons. Un pere de famille habille ses jeunes enfans des debris de ses velemens; mais du pain! du pain ! il en faut lous les jours ; nul ne pcut octroyer sa portion a autrui. Si elle vienl a manquer, chaque moment de retard est un arret de mort. C'est pourtanl de la conservation d'un pareil monopole que I'arislocratie anglaise fait dependre sa gloire et sa conservation ; on dirait que sa preponderance est en raison directe des privations qu'elle impose a ses conci- toyens. Pour assurer k ses fermiers des revenus qui leur per- laettcnt de lui payer de gros fermages, eUe s'interpose entre SUR LA RliFOUME COMMERCIALE. 41 le Createur et I'espece luimaine, ot frappc dc stcrilite les cam- pagncs oi'i la nature a prodigiic ses dons. La Pologne enver- rait ses bles;mais, pour Icur ouvrir les ports del'Angleterre, il ne faudra rien moins que I'approche de la famine; ainsi I'a voulu le bill de i8i5, annee de funeste memoire! Tant que le ble n'aura pas atleint le piix de 55 francs I'hectolitre, c'est- a-dire tant que I'Angleterre n'aura pas sue jusqu'au sang, il sera defendu d'iniporter des grains de Dantzick ou d'Odessa ; passe 55 francs, I'importation sera libre pour trois mois. Telle est la volonte des seigneurs de la Grande -Bretagne reunis en pariement; et le peuple charmo nous cite avec orgueil de tels reprcsentans. M. Huskisson voulait enfin guerir cette grande plaie de I'Angleterre. Les propositions qu'il presenta successivement a ce sujet ayant toujours cchoue, M. Canning soumit au par- iement, en 1827, un bill dont le but etait d'admettre les grains otrangers a la consommation, lorsque le prix de I'hec- tolitre aurait atteint, en Angleterre , la somme de 26 francs environ, au lieu de 55. Dans ce cas, le droit d'impoita- tion serait d'un pen plus de 8 francs par hectolitre , et devait decroitre en proportion de la hausse , ou s'elever en raison de la baisse des bles sur le marche interieur. Ce n'etait pas precisement une concession aux principes , mais plutot ua adoucissementau fleau dubillde i8i5. Adopte parla Chambre des communes, le nouYcau bill fut rejete par la Chambre des Pairs, au moyen d'une chicane de lord "Wellington, qui pro- posa, en haine du ministere, un amendement tendant a ne permettre I'importation que lorsque le grain aurait atteint le prix de 28 francs 5o cent, environ, au lieu de 2G fiancs I'hec- tolitre. La mort de Canning n'a pas moins profite depuis, au noble lord, que la bataille de Waterloo; mais c'est reellement a ce fameux amendement que I'Angleterre doit le bonheurde le voir figurer aujourd'hui si honorablement a la tete des affaires. Je lie m'ctendrai point sur I'absurde injustice des preten- tions deraristocralic an"laisc en maticre de lois cercales. Ce 4a CONSIDEllATIONS n'ost point en France, oCi Tesprit d'egalilo a pousse, depnis la lovolnlioii , de si fortes racines, (ju'on a licsoin do reltvor de seml)Ial)los al)iis. Cepondant, nousenteiulons clKKHiearini'O de nouvflles doU'ances en lavcur dc I'agricidline, non pas presentees, comnic en Anglelerre, avcc I'accent dc la colere ct I'orgueil de la domination, mais londees sur des piele\tes non nioins frivoles, el toujours dans rinteret dc la routine ou de I'oisivete. Quand viendra pour nous le jour de la rc- forme? La creation d'un niinistcrc du commerce nous seniljlc un pas de fait vers cet avenir desire, nialgre le sentiment dc quelques publicistes siw I'inutilitc d'unc pareille innovation. Les questions d'economie puhlique ne sont pas tellemcnt comprises en France, qu'un centre de discussion ne demcure fort long-tems necessaire, el Ton pent dire qu'aujourd'hui, sauf un petit nombrc d'liommes verses dans ces matieres, le gouvernement est plus en position que personne de rcunir les veritables elemens du grand oeuvre de la reforme com- mercialc. Nous venous de voir oi"! ellc en est rcstcc en Angle- terre : voyons le chemin qu'ellc a fait parmi nous. Nous vivons, comme les Anglais out long-tems vecu, sous Ic regime prohibitif. Le monopnlc est dcvenu cliez nous une espcce de dognie , qui comple pour fulMcs tous ceux qui en prolitent, ct pour indiffercns, faute de lumieres, la plu- part de ceux qui en souftVent. Dc vieilles erreurs, respectees comme des axiomes par nos peres , sont demeurees axiomes parmi nous. Smilb, J. B. Say, les economistes les plus cclaires ont en vain dclrone I'or et I'argent, rebabilile le tra- vail, et demontre I'ajjsurdite du systeme de la balance du commerce : pour bicn des gens encore, I'or et I'argent sont les seules ricbcsses, le travail est de condition roturicre, et - la probibilion rapporte de merveilleux benefices. En vain on leur eric (pie la France paie au systeme colonial un impot de plus de vingl-cinq millions; que les sucres de La Havane coOtent moitie moins que ceux dc la Martinique , et ceux-ci (piatre fois plus que ceux de I'lndc orientalc : on prouvc tout lela par A B. On demontre que le simple entrcticn dc I'etal SliR LA REFORME COMMERCIALE. 45 militaire de ces colonies, pour lequel elles fournissent envi- ron cinq millions, et la France six millions, dut-il etre en entier aux frais de la mctropole , elle gagncrait a s'en charger toute seule , pourvu qu'on rafTranchit dc la necessite d'ache- tcr la son sucre plutot (pi'ailleurs : tons ces raisonnejnens Aiennent echouer devanl quelqiies intcrets prives, et la na- tion francaise, coniposce de treute-deux millions d'hommes, so rcsigne a ime consommation de trois on qiiatre livres de Sucre par individu, tandis qu'au prix d'une egale sommc de travail , elle en pourrait consommcr quatre ou cinq I'ois da- vantage. L'Angleterre et la Suede sont des pays riches en fer, l^a France en possede beaucoup moins. Sous pretexte qn'un peuple ne doit jamais etre a la merci des etrangers pour I'ap- provisionnemeut d'un produit aussi necessaire que le fer a son indcpeudance , on se prive des bienfaits d'une paix ac- tucllc , dans la crainte eloignee d'une guerre future; on fait naitre une foide d'usines , veritaldes enfans trouves qu'il fau.t mettre a la charge du public, incapables qu'ils sont de se suffire a eux-memes ; on encourage une arniee de produc- teurs, modestes dans le debut, insolens dans le succes, qui commencent par demander I'aumone et finissent par I'exi- gcr. La France paie 5o francs un metal qu'clle obtiendrait chez ses voisins pour 24- On ne s'inquiete point de ce qu'une telle difference cause de sacrifices a notre agriculture, a la marine marchande, aux arts mecaniques, et par suite ajoute aux frais de production du l)le, des denrees etrangcres, des cotons , des draps ou des toiles ; on ne voit que la prosperite d'une classe : on ferme les yeux sur les souffrances de toutes les autres. Les industries privilcgices qui ont grandi a I'ombre des tarifs (si c'est grandir que de rogner la taille d'autrui) paraissent comme des corps imposans dans I'Etat, et rcssem- blent en realite a ces pyramidcs elevees a grands frais pour produire de I'ombre (i). (i) La question des ftrs, qui a occupc la picmieic la coniinissioii 44 CONSIDEUATIONS Nous avons des prnprictaircs de troiipeaux qui savenC l)ien (M)mmeiit on oI)lic'iit dos laines fines. M. Ternaux, MM. Girod de I'Ain et Pcnaiilt dc Jolenips sont 1;\, qui le leur out appiis; mais il est si doux de s'endormir sur i'oreil- ler des larils et de rever qu'on travaille i\ la prosptrile natio- nalc! Kmpechons done queles laines de Saxe et d'Angletcne ne peui'trent en France ct ne vicnnenl troubler notre secu- lite. Si les labricans de drap se plaigncnt qu'on Ics mine, on leur pcrmcttra de taiie venir des laiues clraugores, moyennant un droit d'entree do 53 pour cent qui sera com- pense par une prime a la sortie, c'est-a-diie que nous porterons aux Suisses des produits li])res d'impot, et nous rescrverons pour nos concitoyens des draps dont la maliere premiere aura cofite le tiers en sus de sa valeur.Voila le resul- lat des prohibitions ; inais enfin le public , eclaire par les Iravaux des economisles et par une dure experience,, com- mence a s'en lasser. M. de Saint-Crlcq a institue une com- mission d'enquete pour aviser aux moyens d'y remedier : d'cnqurtp, instituce ]-ar M. de Saint-Cricq, niiiiisire du couimerce , a doiiiie lieu, dans le Jotirnat du Comnwrec , a une discussion qui n'est pas encore tciniinee, et danslaquelle out ele cntcndus lour i\ tOur, d'un cote, MM. J. M. Sav, Adolphc Blanqli, et dei'aulre, dillerens proprietaires d'usines et de mines. Ces debals sont une nouvelle preuve de I'urgence d'une enquete , niais d'une enquete inipaitiale et jiublique : car eile a pour but d'eclairei- la conscience des jures appeles 4 donner leur verdict dans cette grande affaire ; et ces jures , comme on pourrail le croire , ne siegent pas seulement dans les chambres legislatives , niais ils se Irouvenl reparlis dans toules les classes de la sociele , dans tousles departemens de la France , d'oii parliront des petitions et des brochures , organes des voeux publics. On annonce que les resultats des rechercbes de la coniniission .-eront livres i\ rimprcssiou. Nous esperons qu'on ne negligera aucun nioyeii po>u- leur donner la plus grande publicite possible ; ce qui notis parail d'aulant plus importanl , quinces precieux docuuiens doivent jetei' un grand jour, non-seuloment sur la question du commerce exltnieur et des prohibitions , ujais aussi sur celles du commerce inltrieur , des ocU-ois lail d'<^li'e amiiiAes i\ ce prix. IMais, ipie dis jc l' la sniivcniion cllc-iii<^iiie promt' !<• iiianvniH eiiiploi ilc la snliveiilion ; car, si Ics speclaclcH aiiuisaiciil Ic piililic, die derail innlile (m), Ci' • pendanl , on ii«> iiiaiiipiera pas de raisons spccif-nses piinria dclcndn'. I,e (iniivcriu'iueiil, iliial itn, csl iiilcrcssc i\ eiilit^- leiiir ce ln\e (jiie vnns criliipie/, ; il alliio Ics elranj>ei',s cl con- Irilinc aiiisi Ini -iiit^me i'l i'ccniKJcr rindnslrie el rimpAl. .Ic iie saclic pus ipic jamais v<>vi»nciir ail jnis la pnslc Ion! cNjnc- punr vciiir ,s'a,ssci)ir siir ci's liampii'lles dcdaif;net^s des Pa- I'isiens; itiais c'est niie i|neslion ipie j'aliaiidiniiic aiiv ccnuo- iiiisles pour Kiilicran pins >ilc dans la (pi(>s|ioii lille^ail'«^ .radiiuis ipic, dans I'inli rcl (!»• I'aii, le ;;ini\ crncincnl lasso (1) (li'lte niiiniiii' II I'lr ii'iliiilr |nu In (lliaiiiliic ilrs ili colli iiiiltc I'l iiiii'H poiii raimre iiS'Jii), (•i) Jc lie pi'iiHC |iu» unc I'lin ohjcclc i]nc la sniivcniion jiriiic Hur Ic |iiiuluil ili"< jcu\. C.c no .ic.iill |i.>,s l.i , < »• iiic si nvilil' |ioili III iii;m ili'nii . inili's , il liri/c lies llicAlirs I'sl nil.lo. UII li.ui EN FRANCE. 5 1 f|iiclqiiefoi,s des sacriliccs pour un theatre (lui exige iiii graiul ajiparcil scrniqiie, comme I'Opera , ou dont les artistes doi- veiit ctre disputes a tout lemonde civilise, comme le Theatre ftaiicH, bi(!U qu'il y ail en ceci des homes au-deh'i dcs(iuelles hi geiierosile ii'est (|ue profusion et desordre. Mais, la ou la ponipc des decors el du spectacle a plus d'inconveuiens que d'avaiitages, comme aux Fraucais, a I'Odeon, a Feydeau jncme, a (juoi sert la subvention, si ce n'est a coustaler la desertion du public i" Je me trompe , la subvention sert a autre chose. Deux de nos journaux (ceux ik Paris et des De- bats) ont pidilie des calculs, desquels il resulte que les thea- tres de la capilalc distribuent: tons les ans pres d'un million de places graluilcj. Ces places, surtout les plus commodes el k'S plus cliires, touruent en general au prolit de la parlie ai- see des habitans de Paris, siuiout des hauls Ibnctionnaires et de leurs families. Gouvernement , adaiinistralions thea- trales, auleui's, acleurs, jouriialisles, c'est a qui donnera, ti'est a qui obtieudra plus de billets de faveur. Ces billets sont I'obj^t d'un Irafic ; 11 est tel petit journal dont les re- lym])i(|iic. I.c grainl Opi'iM sviljirait \o. picmiei' It's elTi'ls do ccllc crisc ihealralo, ct j'ai peine ;\ croiro (jn'im fhanjj^emont dans son ri'pcrtoire oxcilat des regrets bien sincercs. Le grand Opera est le resnltat d'nne faiisse appliration dc I'art mnsical. Les scntimcns que cet art exprime aA'oc sucoes sont : i° la gailt'.' ; •j'iespassions melancoliqnes; 5" le sentiment re lig-iciix. Appli- quer la ninsique a I'expression des passicjns i'ortes et Iragi- qiics, e'est meconnaitrc les bornes do eel art. Qnoique lial)i!e que soit le comptisiteur, il arrivera tou'iours dedeux clioses I'liiie : ou il vouilra donner a la musiqne I'eneri^ie des passions mises en scene, et alors, eomme a I'ancien Opera francais, il revoltcra I'oreille par des cris; ou il appropriera I'expres- sion de ces passions aux convenances dc la musiqne, et il eii- dormira doucement son auditoire, comme le fait trop souvtnl I'Opcra seria italien. Les passions i'ortes no saiiraicnt etre relenkenl unique iii principal d'lnie composition nnisicale. La melan(;olie et le sentiment rcligicux eux-memes ne peuveni a eux seuls soutenir long-tems I'inspiration du musi(ien,ni I'at- tention de randiteur. Si Touvrage est de longne haleiiu", il I'aut que les emotions gaies viennent varier Tune et reveiller I'autre. A I'exception d'un petit nonibre d'individus doues d'une organisation particullere , tout spectateur sortant d'un long opera serieux conviendra, s'il est de bonne foi, qu'il s'est solennellement ennuy«;. L'Opera Comique franrais, I'Opera biifjfa et xcmi-scria italien renlerment seuls des elemens de succes populaires. Ces genres, auxquels on pent reimir le ballet, doivent done prevaloir, dussent tous les f//76'motion amuse dans le recit ; elle I'aligue dans le drame. L'un sc plait dans les developpemens ; I'autre dans la rapidite. Les episodes charment le leitenr; ils depaysenl le spectateur; ou vous mettrez tout le roiiian dans voire drame, i'l If pul)lic n'y verra (|u'un moustie ; ou vous I'erez nn ehoix, el, (juelque habile que vous puissiez elie, vous n'exciterez CHIC lies re-lets. Jc I'ai dit, noire iheatre demande nn auteur ori;;inal, un "\Vi:lter Scolt dramatique; je n'en puis lien ra- hallre. La tragedie ne serait pas pour ccia bannie de la scene ; sculcmenl, comme elle attircrait moins de spectateurs, elle serait jouee plus rarem«nt, ce qui rendrait une sorte de nouveautc ct de fraicheur a lant dc chefs-d'oeuvre qui, pour avoir etc prodigucs, out perdu a nos yeux niie panic dc leur t;c3al. Aurais-je, par lcs ohservaliuns qu'on vient de lire, alarme qiielques inlerels, irrite quelques amours-propres ? J'en ai peur; et pourtant, j'ai la conscience d'avoir parlc dans Tin- tcict de I'art et des artistes. Mais la verile, pour etre utile. (i) II n'y a point de li-gle sans exception. Aiiisi, I'iinitalion que M. Lrbbun nous a daanec de la Murie-Sluarl iie Schtller , vivia siir la scene fianc^-aise. Aiiisi , le Cuillaume-TcU , du ineuie Scliiiler, serait pro- Lableineiit deja naturalise painii uDus, si la beaute d'un sujet qui , entre tous ceux de I'hlstoire nioderiie , a le rare avaiitage d'etre de tons les tenis €l detous les lieux , et le tah'nt avec leqiicl feu Pichat I'avait approprie NEF. 182S. Oppra Theiilre Fiani^ais Tliralri' Ilalieii Odcon (feim('' zmois) Opt'ia-Coniiqiic Tlie;ilre dc Madame "Vaudf'villo Nouveaiili'-s "Varicles Porte-Saint-Martin ( feiinc 5 mois ) . i\iWV\XWIV4XVW\VWW\l\.\) \J\iV vXVVXXWVWVVWWWW vwvw H. ANALYSES D'OUVRAGES. SCmiNCES PIIYSIQUliS ET NATl'RELLES. ^ ERIIAXDELISCEN VAN HEX BaTAVIAASCII Gli>OOT#CH AP VAN KuN?- TEN Elv'NVEIEN.SCilAPPF.N (l). MeMOIRES DE LA SoClETE d'aRTS ET DE SCIENCES 1)E BatAVIA. Tl'oistemC cdUioU. VOL. i-xi (2). C'est depiiis 1778 qu'existe la societe litteraire et savante que les Hollaiidais ont fondoe dans le chef-lieu de leiirs pos- sessions de I'Inde ; Ic Recueil de ses IMtinoires ne date que de I'an 179'J ; aussi liouvc-t-on dans les premiers volumes quel- ques Mcmoires qui ont vingt ans dc dale, et qui ont vieilli avaiit d'etre mis au jour. Le pldegme hollandais et la clialeur accabianle du climat paraissent en general avoir exerce leur influence sur la sociele savante de Batavia; onze volumes de Meiiioircs pnldies dans une periodc de 5o ans ne sont pas im ell'ort merveilleux de la part d'une reunion de 200 mem- l)res residans et correspondaus. II est vrai que, sous le climat tie Batavia, si meurtrier pour les Europeens, on s'occupe moins a recueillir des materiaux de science qu'a jouir des momens d'existence que le sort laisse a I'etranger; qui sait si dans quelques jours il n'est pas destine a grossir la I'oule de victimes qui tombent de tous les cotes et expirent devores par les I'eux sauvages des ficvres? Les Memoires dela Societe (i) Nous jjlagons liabituellenieut le compte rendu des Memoires dc Societes savantes ^ la section des Sciences pliysiques , quoiqu'ils puissenl contenir des reclierches el des considerations eliangeres i cetleparlie dei connaissances huniaines. (2) Balavia , !825-iS2(3; iniprirnerie r.atitmalc. Onzff vol. in-8", avpc } lanrlif ?. T. XLI. JANVirR 1829. S CO SCIENCES PHYSIQUES. (U'Batavia scicsscnlentdeccttclaiigucnrqiii rtgnedanslesco- !onic\<]ioIlani]aises, sous I'eqnat cur; ilssonltrainansef out con- serve lesvicillcs rnruicsquclesmailresdpBataviamaintcnaient dans tonics leurs iustitntions. Les savans de cellc colonic loin- tainc tlaient pen informes dc ce qni se passail dans le mondc lilter.'iire : ils no client qne dc vieiixouv rages ; ilsobservciit et decrivent conune des gens qui ne soul jias presses et qni n'ont pas d'emulcs; ils se lendenl lenr tache facile. U a lallu toute la nouveautc du fonds de quelques-nus de leurs Memoires pour lenr procurer les honneurs d'uneseconde, etmenied'une troisicme edition. Chose remarquable ! plusienrs volumes de ces Memoires si pcsamment ecrits, si faiblemcnt penscs, out cle imprimcs deux et trois i'ois, taut on claitcurienx d'ap- prcndrc qnclqnc chose dc ces contrecs qne IcsIIollandais sur- vcillaicnl avec nne inquietude jalonse. Le conrs des evencmcns a pourtant deroute leurs calcnls ct s'est jouc de lenr prudence. Apres la chute des anciennes Provinccs-Unies et la reunion de la Hollande a TEmpirc IVan- cais , les colonics hollandaiscs tomberent an pouvoir des An- glais ; le vieux monopole disparnt, les anciens secrets furent divnlgncs, le jour succeda ;\ robscurite; sir Th. Stamford llaffles fut mis ii la tete de la Societc de Balavia; des natura- listes comme Horsfield travaillerent pour elle. Un autre es- prit anima la Societc : on s'en apercoit bien aux y' ct 8" vo- lumes de ses Memoires, qui out ete publics sous la domination anglaise; les rcchcrchcs des Anglais y dominent : ce sont des Yues pins elevees, unc connaissance approfondie de I'etat de la science en Europe , uncmarche digne d'nne societc savantc : Raffles et Horsfield ont a eux seuls presque fait antant que la moitie de la societc de Batavia avant eux. Leurs travaux ont etc publics dans la suite en Europe; le monde savant leur a Tobligation de grandes connaissances scientifiques sur les con- trees de la mer des Indes. Apres eux, le gouvcrncment royal des Pays-Basparait avoir cherche a maintenir riicnrensc impulsion donnee par les An- glais; an g' volume des Memoires, la langue hollandaise re- SCIENCES PHYSIQUES. 67 paiait seule; les Memoires devitunent mcilleurs ; on Toit des rei'herches interessantes de savans d'Eiirope, qui sniit au courant des sciences qu'ils cultivent; niais ce n'cst pas assez, il I'aiit que la Societe de Bata\ia nietle plus d'at livite et de perseverance dans ses investigations scicntifiqiies; elle se trouve placee au milieu d'un nionde insulaire, a I'ontrre d'une mer inimens(!, oi'i mille objets inconnus s'offrent a ses regards; ponrquoi n'est-ce pas de la Societe de Batavia que I'Europe rcroit la connaissance des peuples, des vegetaux, des animaux des archipels de ces belles regions? ponrquoi faut-il entreprendre des expeditions dispendieuses et faire le tour du monde pour en rapporter des connaissances que les savans de Java pourraieut nous procurer a si pen de I'rai.s? Toutelbis, a la graude distance oil nous sommes de ce pa^s, nous ne pouvons counaitre les obstacles qui s'opposent peul- ftrc aux projets louablcs des savans de cette (olonie. En Europe meme, lessocieteslilleraires ne font pas tout ce qu'elles desireraient faire; a plus forte raison, doivent-elles se voir souvent arretees dans une colonie en Asie. Beaucoup de choses ont vieilli dans le recueil de cette So- ciete; il y a pourtant une partie encore tres-interessante, c'est celle qui traitc des peuples soumis a la domination hoi- landaise. Si I'etat actuel ne s'accorde plus enti^r(•mcut avec ce que les savans hoUaudais ont vu il y a plusieurs lustres, au moins ces connaissances nesont pasadedaigner pourl'histoire du genre humain, II y a de I'interet i counaitre I'etat social des peuples a diverses epocpies; je vais done dasser les Me- moires ethnographiques contenus dans le recueil de Batavia, d'apres I'ordre topographique ; je laisserai seulement de cote quelques Memoires sur I'lnde qui ne nous apprennent ricn qu'on ne lise dans les ouvragesdes Anglais, et des INotices sur le Japon qui ont ete reimprimees ou traduites en Europe. II reste done les iles : la division la plus naturelle sera de consi- derer separement chaque ile importaute, et d'extraire des di- vers Memoires ce qui la concerue. 08 J-.CIEi^'CKS rilYSlQLKS. lt.r. Dr. .Iav.v. Unc remanjiu' qui n'est pas sans importance ponr rhisloire de la civili.salion dc ccUe grande ilo, c'est celle que M. Ilal- flcs (i) I'ait surla constitution physique dc cepajs. Sumatra ct Danca no paraisscut etrc qu'une suite de Timmense oliaine dc montagnes qui traverse unc grande partie de I'Asie, et prcnd (inali'mpnl sa direction du nord-ouest an sud-est. Java, au roulrairc. parail elre eutieremcnt vokani([ue, sans melange do terrains primitils et seeondaires; sa (iirection tranche sur (■pile de Sumatra ( t de la presqu'ile de .Aialacca; Tile se pro- longe de Touost a Test, comme les iles Bali , Lumbok, Suna- sknva, Endi, Timor , ct pliisieurs autrcs iles plus peliles; ioutes paraissent appartenir a inic vaste chaine volcanicpie qui, parallele a I'iquateur, occupe en largeur plusieurs de- grcs de latitude. Aussi, tandis que Sumatra abonde en me- laux, Java paraiten efrepresque depourvue ; mais, d'un autre cote, tandis (pie Sumatra prcsente des districts considcrajjles cnticremcntslcrilcs, Java jouit presque parlontd'un sol fertile qui nourrit quatre millions d'ames, et cette grande rcriiiitc du sol cxplique les progres que la civilisation a pu faire autrefois cans cette ilc, el i.lont il reste une foule de moiuiinens. L'e- poquedesasplendeurparait setreetendue du ii'au iS'si^de to!. ia-S". SCIE.NCES PHYSIQUES. 71 lillcialuio dos Javanais. Deux lanjjues domiticnt dans cette lie : Tune, appelee le sunda, en usage dans I'ouest dc I'de, et le javanais, proprement dit, que Ton paile dans les contrees a Test dc Cheribon. Le sunda n'est gucre qii'un dialecte em- ploye par les Iribus des montagnes; un quart des mots dont il se compose est du javanais, et un autre quart consistc en mots originaux; tout le reste est du malai. Le javanais, on I'idiome repandu dans Test de I'ile, ainsi que dans les basses regions de Bantam et de Cheribon, a aussi beaucoup de mots en commun avec le malai; les principes de la construction se resseml)lent dans ces deux langues ; il parait que beaucoup de mots malais se sontmeles au javanais, a une epoque assezre- cente. Ce que le dernier idiome a de particulier, c'est la dis- tinction que Ton lait entre le langage de la cour et celui du pcuple : ailleurs, la cour a quelquetois un langage plus poll, plus raffine, plus eludie que le rcste de la nation ; a Java, un superieur s'exprime tout autrement qu'un inferieur ; la m^me phrase change considerablemcnt, suivant qu'elle est adressee par un chef i un subordonne, ou par celui-ci a son chef. La Societe de Batavia a donne un petit vocabulaire compare, en quatre pages, de la langue de cour et de la languc com-- mune. M. Raffles cite egalement plusleurs cxemples des deux langues. Pour demander, « voire enfant est-il un garcon ou une fdle?))lechef adresscrait a son infeiieur ces mots : cmak kiro ivadon opo lanang? Si le subordonne se permettait iam^me question envers son chef, il dirait putro liijang'an diko, estri punopo ? Et si la conversation continuait entre les deux indivi- dus, chacun parlerait le langage de sa classe ou de son rang. Je m'etonne qu'ils puissent bien s'entendre ; car, pour cela, il faut necessairement que les gens du people mPme connais- sent deux langues; or, le peuple a tres-souvcnt de la peine a en connaitre une sc«le. Ce qui doit reudre encore plus difficile rintclligcnce des deux langagcs, c'est que pour etre poll ou plutot pour montrer qu'on a de rinstruclion, on y mele des mots du kawi, c'est-a- dire, d'une langue morte (fui est pour Ics Javanais ce que le ra SGIKNCKS PHYSIQUES. lanscrit est pour les Ilindous; le pali, pour les Birmans et les Siamois; le grco et le latiii, pour les Europeens. M. Raflles presume que, lorsque le kawi aura cteniieu\ etudie, on trou- vera probableinent que ce n'est que du Sanscrit, comnie en general le Sanscrit s'est repandu dans tonics les langues per- fectionnees dc rarchipel de la nier des Indes. C'est dans le kawl que sont ecrites les ins(U"iptioas, qu'on trouvc (''parses sur lesancicnsnionuuiens de Java; c'est le meme idiunie que les anciens auteurs javanais ont employe dans la composition de leurs ouvrages. Les caracteres de I'ancienne ecrilure pa- raissent d'aboitl differer beaucoup entre eux, ct Ton a compte jusqu'a sept especcs de cctte ecriture; inais M. Rallies ne les legarde (|ue comme de simples modifications d'un seal et mCme type. La litteraturc javanaise, qui n'orcupe pas encore de place dans nos cours dc litteraturc, nous olTre pourtant des liistoi- res, des comedies, des poesies, des livres de morale, Les Ja- vanais ont deux poemes en kawi , qu'ils cstiment a I'egal de riliade et de I'Odyssc'e dans I'Occident. Le premier de ces poemes, appele Brala Youd/ia, on la guerre sacree, chante le* t'.xploits d'Arjuno, et d'aulres heros qui sont renommes dansj rindc d'apres le poeme hindou de Mababarat ; il n'a que deux cents vers, nwis il parait quele ka^i est tcllemont concis, que, pour rendre ce poeme en langue javanaise, il (ant employer Irois fois plus de vers qu'il n'y en a dans roriginal; je ne sais combien ii cm laudrait pour traduire le Bvata ) oiiclha dans nos laugucsd'Eiu'opc; nous n\'n connaissons encore que des frag- mens. Le deuxieme poeme, appele Roncu on Ranca, celejjre encore des exploits de heros deja connus par un poeme hin- dou, le Ramayana. On a tire de ces deux poemes des sujets de F, Bali. Aupres dc I'ile de Java est uuc p( tile ilc, celle dc Bali, qui occupc a peine une place sur les cart<'s, et (jui ju)nrtanl inerite les legai'ds de IT.uropcen , paj'cc que ccllc ilc est If dcniicr rcj'n^c do riiiui!ui-;mc dans rnrcbiorl dc la Sonde. SClE>iCES PHYSIQUES. 77 ).) Le quinzieme siecle fut pour I'ltalie une grande et triste epoque ; ce fut une de ces crises qui, pour les peuples, comme pour les individus, decident quelquefois d'un long avenir. Cette belle Italic, oii les faveurs de la nature semblent a plu- sieurs reprises avoir appele les faveurs du genie , n'avait (i) Paris iSaj — 1S26. Michaud. 12 vol. iii-S" ; prix, 84 fi'. (2) Lorsqii'en 1S24 on n'avait encore public que les quatre premiers volumes de celte traduction, nous nous empressames de I'annoncer; elie reufermait deji les princi[)aux ouvrages du publiciste florentin, et il nous fut possible de rapprecier en connaissance de cause; les volumes qui ont suivi ont tenu toutes les promesses des premiers; nous ne pourrions done que lepfeter ici ce que nous avons dit dans Tarticle que nous rappelons. ( Voyez Tom. xxn, p. 5SG). C'est toujours la mome fidelite k conserver le sens , et , ce qui est bien plus rare et bien plus difficile, a reproduire la physionomie de I'origiual ; c'est toujours lameme elegance et la meme vigueur de style ; le menie gout , le meme jugement dans I'appreciation des divers ecrits de Macliiavel ; le meme soin a eclaiicir dans des notes tout ce qui peut oflVir quelque obscurite. Celte traduction , beaucoup plus complete qu'aucune autre, renferme tout ce qui nous reste de Ma- cliiavel ; non-seulement grand nombre de morceaux n'avaient jamais ele traduits , mais il y en a un qui meme n'avait pas encore etecompris dans les editions italiennes ; c'est pourquoi M. Peries en a place le teste k cote de sa traduction. Le dernier volume contient despieces justificalives , et une table analytique extremement detaitlee , qui rend les recherches tres- T. XLi. Janvifr 1829. G i^a SCIENCES MORALES jamais ele couvcrte de ccs profondes tenebre? qui (int si long- lems obscurci d'auties contrees de I'Eiirope ; un reste des liimieres antiques y jelait encore une faible clarle lorsqu'on Y vit apparaitrc les luniitrcs niodcines; la liberie ([u'ailleurs il faliail I'aire naitre, la on n'avait qu'a la leveiller; elle trouvait un asile dans ces seigneuries , ces lepubliques, ces villes miinicipales gouvernees par leiirs propres citoyens, et que la ieodalite n'avait point meurtries de ses lourdeschaines. Un ciel pur, une terre feconde, une atmosphere enivrante, Inspiraient le genie vif el ingenieux d'une population creec expres pour ce beau climal; et les croisades, qui eurent pour une grandeparlie de I'Europe de si importantes consequences, enianterenl pour ritalie des resultals bienplus soudainset plus importans encore. Par clles on vit refiner en Italic le com- merce , les tresors et les lumieres de I'Orient. Ce n'esl pas ici le lieu de rappeler tons ces prodiges du travail, de la richesse et des arts, qui semblaient avoir concentre dans une etroile contree loutes les puissances physiques et intellec- tuelles de Thomme, et dont le souvenir elonne encore I'ima- ginalion, lors nieme qu'on ne compare pas cetle miraculeuse civilisation a la barbaric du reste de TOccident. Les merveil- leuses prosperites des cites lombardcs et toscanes, et des republiques de Genes et de Venise , sont la pour allesler les puissans effets de la liberie, et pour montrer, par la compa- raison de I'ttat qui suivit, ce que les peuples perdent en la perdant. Une prompte decadence fut appelee par une matu- faciks. Eiifi.i, comme nous I'avons deja annonce, cctte traduclion est precedee d'lme llisloirede Macliiavel , ouvrage oil brille iin talent icmai- nuablc, et qui , dansun espaced'enviion 5oo pages, offie au lecleur to; t re qui peut riiiteresser toucliant la peisonne et les ecrits du publicisle floientin ; nous trouverons plus d'une f'ois I'occasion de la citer. II faut lire les travaux de M. Peiies sur Machiavel pour bicn connaitre ce grand •ginie ; et cette excellente traduction , qui, dans beaucoup de bibliothe- q»ics , tiendra lieu du tcxtr , dolt I'acconipagner encore dans cellos oil ce telle est deja place. ET POLITIOHES. 83- rite piecocc, et la corruption des moeurs qui prececia mOme le siecle de Leon X en fut Ic premier degre; de sorte que ce fut precisement a I'instant ou les grandes puissances de I'Eu- rope , la France , I'Allemagne , I'Espagne et I'Anglelerre allaient bientot se partager la triple puissance de I'influence politique, des richesses commerciales et des tresors de la litlerature et des arts, que I'ltalie se vit depouillee de sa suprematie. La fin de ce quinzieme siecle donna le signal de ces ter- ribles invasions dans lesquelles elle perdit, avec sa liberie, son independance politique; et ce siecle tout entier , pendant lequel elle n'avait a craindre d'ennemi exterieur que le Turc, elle Temploja a se dechirer elle-meme et a preparer les triomphes prochains de I'etranger par ses guerres d'Etat a Etat et par ses divisions intestines. Les principautes, les republiques, les villes, les seigneurs de fiefs se tenaient les uns envers les autres dans une constante inimitie, et ne son- geaient qu'u se detruire par les amies et les trahisons, malgre cette ligue conclue en i454 pour la defense mutuellc des Etats d'ltalie, et renouvelee a Rome en 1470, au milieu des fetes publiques et des transports de la joie populaire. Venise avait etendu sa domination bien au-dela de ses lagunes; dej;\ puissante dans le Levant, elle menacait I'inde- pendance de la Lombardie, dont elle possedait plusicurs villes importantes. Toutefois, imitant I'antique orgueil du peuple-roi , les Venitiens ne donnaient qu'aux habitans de Venise le titre de citoyens de la republique, et ne conside- raient que comme des villes conquises Verone, Padoue, Bergame , Brescia et d'autres cites , dont les citoyens , de leur cote, conservant leurs franchises municipales, meltaient quelque orgueil a n'etre pas nommes Venitiens. Dans cette derniere moitie du quinzieme siecle , Venise defendait sans honneur ses possessions du Levant, et voyait s'cteindre le feu de sa mourante energie dans les querelles du conseil dej dix et du doge Foscari, vieillard aime du peuplc, et qui, pendant plus de trente annees, avait gouverne, non sans gloire. 8/| SCIENCES MORALES Gt-nes, aii5si-bien que sa puissance, avail vu s'evanouir son paliiotismc; dechirce par les factions de la noblesse et du peuple, cllc etait lombee jusqu'a cottc bumiliation dcpros- liluer tour a tour son independance au due de Milan, an roi de France, au roi de Naples; ses premiers magistrals descen- daient au niveau des plus vils faclieux; et Ton voyait le car- dinal Fregose, arcbeveque et doge, parcourir la ville, ac- conipagne de son batard Fregosino, et entoure d'une troupe de bandits prets a violer toutes les lois pour assouvir les ca- prices de leurs maitres. Enfin les choses en etaient venues au point, en 1488, qu'on put iaire serieusement la proposition (!e partager le territoire de la republique entre les chefs des deux factions, les Adornesetles Fregoscs. Successeur de Francois Sforza , qui, par des guerres, des alliances et des mariages, avait donne au ducbe de Milan une grande preponderance dans le nord de I'ltalie , Galeaz , son fils, avait concu le projet de se taire roi de Lombardie ; ce prince infame , malgre ses cruautes execrables et ses debau- ches effrenees , n'avait pu lasscr la patience des Milanais qui ne prirent aucune part a la conjuration oii perit Galeaz, mais dont Olgiati fut I'herolque victime. Uneminorite, I'ambition de Louis-le-Maure , oncle du jeune due , et le recours aux ar- mes etrangeres , acheverent de perdre la puissance milanaise. Le royaume de Naples exercait sur le midi de I'ltalie la menie influence que Milan sur le nord. La nature monarchique de son gouvernement n'excluait pas tout-a-fait ces formes de liberte qui caracterisaient plus ou moins les diverses consti- tutions italiennes. Mais son parloment, compose de deux cha'mbres ou siegeaient les barons et les deputes des villes, n'etait pas organise a%sez vigoureusement pour offrir au peuple une garantie rcelle. Les prosperites du regne d'Al- fonse avaient eu pour principal resultat I'epuisement du royaume et I'accroissement excessif de la puissance feodale ; b lutte qui suivit entre la maison d'Aragon et celle d'Anjou acheva de miner le pays et de detruire I'esprit public. Le regne plein de perfidies de Ferdinand, fils naturel d'Al- ET POLITIOUKS. 85 fonse, pour qui les traites de paix n'etaient qu'uiic prepara- tion aux trahisons et aux meurtres , ne pouvait ni ranimer le patriotisme italien, ni ressusciter la gloire nationale dc I'ltalie. Ministres pretendus d'lin Dieu depaix, les papes n'etaient occupes qu'a soufTler partout la guerre ; yiolens on hypo- crites, avidcs ou sanguinaires, mais toujours ambilieux, tous les moyens leur semblaient legitimes pour grossir leurs tre- sors , accroitre leur territoire et fonder des principautes a leurs proches et quelquefois aux enfans , fruits de leurs de- bauches. Appeler I'etranger en Italic, mettre Dieu meme au service de leurs plus hideuses passions, armer les uns contre les autres les princes aussi-bien que les republiques, rcndre des souveraineles vacantes par le meurtre ou le poison, voila quelle etait presque toute la politique de ces hommesqui pre- naient le titre de Saintete. Vers le milieu de cc quinzieme siecle Rome vit s'eteindre dans le sang de Stefano Porcari les der- nicres lueurs de liberie qui aient brille pour elle. Une suite d'indignes pontifes souilla letrone du vicaire de Jesus-Chrisl; sous le r^gne d'Innocent VIII, I'un des moins mechans d'entre eux, Rome etait remplie de meurtriers qui versaient le sang avec impunite. « Le pape ou ses ministres (dit This- toire) leur vendaient des bulles de remission par lesquelles leurs offenses et celles d'un nombre determine de leurs com- plices etaient abolies; et lorsqu'on reprochait au vice-came- rier cetle venalite de la justice, il repondait en parodiant les paroles de I'hvangile : Le Seigneur ne veut point la mart du peclieur , mais plutot qu'il paie et qu'ii vive.» Nous trouvons, dans cent endroits des OEuvrcs de Machiavel, la condamnation de ce gouvernement de pretres , dans ses ouvrages serieux comme dans ses compositions badines, dans ses ecrits les plus medites , comme dans sa correspondance familiere. Ses amis partageaient sur ce point son opinion; et I'un d'eux, F. Vettori, ambassadeur de Florence pres de Leon X, ecriyait a Machia-. vel, en i5i5 : « Je crains i)ienquc Dieu nc vcuille nous chu- lier.... et que Ic nouveau souvcrain des Tuirs nc tonibe «iir 86 SCIENCES MORALES nous par t»;ne et par mcr, ne t'assc sortir ces prclals-ci de roi'dure dans laquelle ils se vautient. Plus tot cc moment ar- rivcra, niieiix cela vaudra ; oar vous nc sauriez vous ima- giner couibien j'ai de peine a supporter le degoCit que ces pretres inspirent. Je ne parle point du pape , qui , s'il n'etait pretre , serait un grand prince. » Tous ceux qui etudieront avec impartialite I'histoire d'ltalie mettront la presence des papes et la puissance ecclesiastique au premier rang des causes de la corruption morale, de la decadence politique et de la servitude de cc beau pays. Florence enfni, la plus puissante par ses richesses et par ses lumieres des republiques de cette epoque, avait pris long- temps une part active a tous les evenemens qui survcnaient autour d'elle; sa politique semblait etre Fame de celle des Elats au centre desquels elle etait placee ; mais, a mesure que les Medicis gagnaient de I'influence dans son gouvernement, elle perdait la sienne sur i'ltalie; et les revolutions, les guerres et les traites se faisaient desormais sans elle. La democratic de Florence avait ete fondee sur I'egalite la plus absoUie ; et pour qu'auoune ambition, aucune supcriorile de talent ne vint altcrer ce principe fondamental, c'elait le sort qui distribuait, en aveugle, toutes les magistratures a chacun des citoycns , dont les noms lui etaient ofi'erts tour a tour. Mais plus d'une fois on vit les factions dieter au sort ses choix, et le forcer d'elire a coup sQr. A cote de cette demo- cratic systematique, la constitution de Florence avait place, sous le nom de Balia, une espece de dictature temporaire, et qui devait etre reservee pour ces jours de peril ou les pcuples ont quelquefois chcrche dans la tyrannic le salut de la liberie. Cosme de Medicis, auquel d'immenses ricliesses et son habile generosite avaient menage d'innombrables cliens parmi les citoyens de Florence, eut le credit de se faire continuer pendant plus de vingt annecs cette magistrature exceptionnelle. Mais 11 usa de cette tyrannic avec une dis- cretion telle qu'il resta citoyen dans son pays, tandis qu'aux yeux des souvcrains elrangers il paraissait souverain lui- ET POLITIQIjES. 87 niome. Dans I'heritage de Cosme, Pierre, sou IHs, n'avail pris que ses richesses et son autorite; il avail oublie de re- cueillh' ses grandes qualites et sa moderation. Le pouvoir de Pierre fut une veritable tyrannie; ses inimilies depeupIaieiilFlo- rence de ciloyens pour remplir de baiinis les villes d'ltalie. Dechus des vertus de leurs peres, ils etaient digues en eflel de perdre leur liberte ceux qui ne savaienl plus la delendre. Toulefois les exces des hotnmes qui gouvernaient au nom dePierre lui firentcraindre pour safainillequelqueretour fu- neste, et peu de terns avant sa mort il leur reprocha amere- ment leur conduite : « II ne vous sufTit pas, leur dit-il , d'etic les premiers dans une ville aussi puissante, et de posseder a vous seuls,qui etes le petit nouibre, les grandeurs, les dignites, les avantages dont tantde citoyens avaient coutume de &'honorer; il ne vous soffit pas de vous etre partage les biens de vos ennemis; il ne vous sulfit pas de pouvoir rejeter sur les autres le poids des charges publiques, et, libres de ce fardeau, de jouir encore de toutes les faveurs de I'Etat; 11 faut encore que vous prodiguiez a chacun tous les genres d'outrages : vous depouillez voire voisin de ses biens, vous vcndez la justice, vous vous derobez aux jugemens civils, vous oppriraez les hommes paciQques, vous eles I'appui des factieux. Je ne crois pas qu'on puisse trouver dans toute I'ltalie aulant d'exeniples de violence et d'avarice qu'en pre- senle cetle ville. » AOilu peut-etre la premiere fois que la tyrannic est peinte en traits si fidfeles par le tyran lui-meme. Toulefois I'amour de la liberie paraissait si completement eteint parmi les citoyens de Florence, que la mort de Pierre n'en reveilla aucune etincelle; ses fils, Julien et Laurent, lui succedferent paisiblement ; la conjuration des Pazzi, qui se trama dix aas plus lard, et peu de aiois apres celle qui avail chiitie le lyran de ia Lombardie , ful egaleinent sans rcsultats pour la liberte. Laurent, dans le gouvernement interieur de TElat, meltaitsa volonte arbilraire au-dessus des lois ; et, dans sa polilique exterieure, s'appliquait a isoler Florence des autres republiques, et a exciter entre elles de i'alales rivalite-i. 88 SCIENCES MORALES Son regne acheva de corrompre les moeuis, d'clcindic Ic patriotisme, de renvcrser les institutions nationales, el de detruirc I'liifliience qui long-tems avail place Florence an premier rang des Elats d'ltaiie. Doue de qualitesemiiientes, Laurent aurait laisse une renommee glorieuse s'il pouvail exister une gloire veritable pour le chef d'un Etat qui no sail pas comprendre la liberie. Mori en 149^5 Laurent laissa a Pierre II, sonfils, un heritage que celui-ci ne devail posse- der que deux ans. Charles VIII , descendu en Italie , en 1494 J pour reconquerir le rojaume de Naples, ayant pris sa route par la Toscane , Florence fut dans I'epouvante. Pierre courut audevant du roi de France, el I'ayant rencontre en route , dit Machiavel , il se mil a genoux devant lui , lui offrit ses excuses, et lui fit enfin hommage de sa proprc per- sonne et de la ville de Florence. Apres cetle indignite, il ne reparul a Florence que pour en elre chasse, et la republiquc fut retablie. Pour juger avec equile Laurent el sa famille, il faul consi- derer Florence avant el apres radministration des Medicis; comparer sa grandeur a son abaissement, c'esl porter contrc celte faniille une terrible sentence. Au resle, la pcriode de soixante annees qnis'ecouladepuis la mortde Pierre I"jusqu'a I't'lablissement definitif de la tyrannic, fondce, en i55o, par Alexandre, n'offre qu'une lulte desaslreuse, plusieurs fois in- terrompue el toujours renouvelee, enlre Florence et les Me- dicis. Quelque declm qu'il fut, le peuple florenlincomplait en- core un petit nombre de citoyens gencreux, fideles aux verlus antiques, nouriis des vieilles moeurs, el qui avaient suce le lait de la liberie. La tyrannie ne fut paisil)le qu'apres que ces nobles coeurs eurent cesse de batlre. Cet espace de soixante annees comprend presque jour pour jour I'exislence dn grand publiciste dont nous allons nous occuper. Ne I'annee qui vit mourir Pierre I", il commenca sa vie politique peu de lems apres I'expulsion desMedicis, illaterminalorsqu'ilsrcntrerenl dans Florence; et il etail a peine descendu dans la tombe que la republique fut pour jamais abolie. ET POLTTIQUES. 89 Les tems etaient arrives o(i I'ltalie avait cessede s'apparte- nir; de grandesarmees venaient de I'ranchir les Alpes; Char- les VIII, Louis XII et Francois I", dans des invasions suoces- sives, appelaient sur leurs pas le Suisse, I'Allemand, I'Es- pagnol. L'ltalie est desormais devouee i etre le champ de bataille sur lequel I'arnbition des puissances de I'Europe vien- dra vider ses querellcs , et la terre dont elle se partagera les lambeaux pour les terminer. Iln'est pas difficile d'apercevoir dans cette esquisse histori- quede I'ltalie, pendant la dernieremoitie duquinzieme siecle, quelles devaient etre les moeurs du peuple acteur dans tons CCS evenemens. Trois causes principales ont influe puissam- ment sur le caractere italien de cette epoque, et lui ont donne une physionomie prononcee et originale : les consti- tutions politiques, I'esprit de I'eglise de Rome, la maturitc precoce de la civilisation. Les Societes politiques d'ltaliene semblent avoir eu d'aiilre but que d'assurer la liberie politique, et nullemcnt la lil)ert6 civile; elles s'occupaient soigneusement d'etablir les droits de chacnn a participer au gouvernement, et elles avaient a peu pres oublie de constitucr les libertes partlculieres; cnfin elles faisaient de chaque individu une espece de petit souve- rain ou de candidat a la souverainetc et ne faisaient pas reellementde citoyens. Le caractere fondamental de la liberie de cette epoque etait I'election ; et pourvu que les habilans d'une cite eussent le droit d'elire leurs magistrals, et la faculle de parvenir a leur tour aux magistratures, ils ne s'einbarrassaient guere de tracer des limites contre un pou- voir qu'eux-memes, d'un jour a I'autre, seraient sans doute appeles a posseder a leur tour. Les biens les plus chers a rhommeil'honneur, la liberie individuelle, la vie, laproprietr', elaient fort mal garantis dans les republiques italicnncs, ou le gouvernement pouvait s'arroger le droit de se metlrc a la place de I'aulorite judiciaire; le pouvoir offense se ven- geait quclquefois lui-meme en voiis infligeant la confiscation on I'cxil, en vous jetant dans un cachot, en vous livrant a hi go SCIENCES MOKALES torture, en voiis envoyant i rcihafaud. Des condani'ialions en masse et sans jugement frappaient quclquefois des delits qui n'avaient pas exisle, car Ic gouveniement descendail jusque dans le secret des consciences pour y snrprcndre la pensee et la pnnir. Pourvu que les acles arbitraircs ema- nassent d'un mandataire du peuple, ils perdaient, aux yeux de ce peuple, une parlie de leur caractere odieux, et ils elaienl en quclquc sorle legitimes par la liberte du mandat. Les magistratures etant d'ailleurs temporaires et de pen de durce, I'opprime voyait I'inslant oii il pounait devcnir opprcsseur a son tour; chacun uourrissait dans le secret de son ame I'espoir de la vengeance et les consolations de la haine. Le pouvoir uni aux niinorites triomphait aisemcnt de la inajo- rite en annidant ou faussant les scrutins par fraude ou par violence; et, dans cette continuelle irritation , I'esprit de fac- tion s'echauffait , les inimities s'aigrissaient, les ames se for- maient^ la dissimulation, aux trahisons, aux vengeances. L'esprit de rJEglise de Rome ( et nous n'avons pas besoin d'avertir que nous n'entendons pas par la l'esprit du christia- nisme) contribua singulieremcnt a former le caractere italien de cette epoque. Aussi-bien que la politique, la religion etail complctement separee de la morale; le dogiue avait pris la place des oeuvres , et les pratiques de devotion etaient esti- mees bien au-dessus des pratiques de vertu. L'Eglise avait fait de la morale sa propriete exclusive, et I'autorite des ca- suistes avait usurpe celle de la raison. Au moyen d'une cer- taine doctrine de la penitence, le pretre etait cense tenir les clefs du paradis et de I'enfer ; il dominait en mailre dans la conscience; son absolution blanchissait une vie toule noire de peches; les indulgences qu'il vendait, ct dont le concile de Trente n'avait pas encore aboli le tarif, faisaient evanouir tons les scrupules; Dieumeme, iuvoque comnie garantie de la saintete des sermens, perdait son credit devant I'auto- rite pontificale qui commenfa par se delier elle-meme et de- lia cnsuile les autres. Grace a cette morale de casuiste, un pape , qui n'eQt pas fail maigre le vendredi, se parjurait en ET POLITIQUES. 91 tuule sflrete de conscience; la prostituee ne se reprochail plus rien des qu'elle avait brule un cierge devant la madone placee a la tete de son lit ; et Ton voyait le sicaire jeCiner dc- votement le matin en aiguisant le poignard qui lui devait ser- vir le soir. Lorsque le pretre, cet oracle de la morale du tems, met- tait au premier rang de ses prerogatives le droit de violer ses sermens et d'autoriser cette violation chez les autres, on conceit que les fideles devaient etre peu scrupuleux sur la foi juree. Lorsque de simples formules de devotion, des do- tations a des couvens, des indulgences bien payees otaienl au crime tout caractere de culpabilite , il etait facile d'ctouf- fer le cri du remords, et 11 etait tout simple que le plus ha- bile a duper sa conscience par tous ces subterfuges sacres fut aussi le plus vertueux. Lorsque le gouvernement sacerdotal professait le principequele secret des consciences appartenait i\ I'autorile , lorsque le tribunal de la penitence etait une es- pece de tribunal d'inquisition, lorsqu'on cut fait de la dela- tion un devoir religieux, il ne fut pas difficile d'en faire un devoir politique, et le metier de delatcur s'identifia tout na- turellement aux moeurs de cette nation devote. De toutes les religions, la religion catholique etait certainement, dans ce tems-l;'i, celle qui livrait le plus absolument la conscience du Odele a la merci du pretre; et le pretre etait alors ce qu'il y avait de plus corrompu en Italic ; moilie pontiles et moitic soldats, on voyait des papes allier la ferocile guerriere a la perfidie politique ; on les voyait ptiblier des hrefs pour amuser leurs ennemis, et les faire .tomber entre leurs mains par trahi- son (1) ; on les voyait donner I'exemple de I'empoisonne- ment, de I'inceste et de tous les genres de desordres; on les voyait trafiquer de la morale publique avec leurs sujets, ven- (1) C'fst ce que fit Alexaudre VI a Tegaid de Pandolfo Pelrucci, cliel' de gouvernement de Sieune ; et les mots souligues sont les j)io[)ies pa- roles dii due de Valenliuois, qui avoua telle uiana'uvre a Machiavel. 92 SCIENCES MORALES dre rimpuiiite a qui poiivait la payer (i), et fairc aiusi do rinnoccncc on dii crime une question d'argent ; onlcs Yoyail, avilissant a plaisir la dignite de riiomme, perpctucr la servi- tude pour assouvir leurs vengeances et condamner des popu- lations cntieres a I'esclavage (2) ; on les voyait fletrir le ca- raclere sacerdotal en prodiguant les tresors et les dignites do I'Eglise a des enfens, a des valets, a leurs batards , a leurs complices de debauches ou de meurtre. Aussi, lorsqu'il s'agis- sait de lever les scrupules, le pretrc elait-il alors plus facile a persuader que tout autre liomme. On en vit ua exemplcassez memorable dans la conjuration desPazzi, dont le papeSixtelV etait complice. Dans le partage que les conjures s'elaient fail des victimes, Laurent de Medicis etait echu a Montcsecco, condotliere au service du pontife ; mais lorsquc ce soldat cut appris qu'au lieu d'etre execute au milieu d'un banquet, le meurtre serait commis dans I'eglise et pendant I'elevatiun del'hostie, il se fit scrupule de joindrelc sacrilege a la trahi- son, « et parmi les conjures, dit M. de Sismoudi d'apres un chroniqueur du terns (3) , il ne se trouva plus que des prc- (1) Nous ne pouvons nous dispenser de citcr un Iralt caracleristique et attests par plusieurs annalistes du terns. Deux faussaiies avaient fa- brique de fausses buUes, par lesquelles Innocent VIII aiilorisait , moyennant un tarif , les actions les plus coupables ; le pere d'un des faus- saires s'adiessa h un balard du pape pour marchander la grace de son fils ; et il fit offrir tout ce qu'il possedait , une somnie de cinq niillc ducats. Sa Saintete declara que pour un tel crime elle ne pouvait pas accorder de grace a nioins de six niille ducats ; on eut beau marchander, c'ctail, ace qu'il [larait, le juste prix , car Sa Saintele n'en vpulul ricii rabs*.trc, et le faiissaire fut mis i mort. (2) Les papes s'rtaient fait de ce coupable expedient une arme de guerri'. lis autorisaient ceux qui pouvaient prendre quelque sujet des puissances qui etaient en hostilite contre eux i le vendre publiquement ; et, par exeniple, tons les Floienlins pouvaient elre mis ainsi i I'encan en verlu d'nne autorisation de Sixle IV ; Jules II , ennemi des Venitiens, dunnait encore , en i5og, cet odieux scandale. (ii) Qui faniiliarior, ul pole sacerdos , cl ob id minus sacrorum loco- rum nicluciis. Anton, Galli comment, de rebus Gcnuens. T. xxui, p. 2S2. ET POLITIQIES. (f> tics que I'idee du sacrilege D'effrayat pas;)) et cc furenl en effet un scribe apostolique et un cure qui furent charges de frappcr le coup qui epouvantait le condottici-t.Qurtnd on songc a I'inlluence que devaient avoir les mceurs et les exemples d'un tcl clerge sur des peuplcs habitues d'enfance a avoir plus dc I'oi au pretre qu'i'i la religion, et a reconnaitre en lui, selon la doctrine de I'absolution, I'arbitre du bien et du iiial, on conceit facilement que cette influence unie a celle des conslilutions politiques, telle que nous venons de I'expliquer tout a I'heure, eftt suffi pour donner au caractere italien la plvysionomie qu'il eut a cette epoque ; niais la troisieme cause que nous avons signalee, la maturite precoce de la civilisa- lioir, y contribua encore puissamment. Parveniie de bonne heure a un degrc de splendeur oii n'a- vait atteint aucune contree moderne, I'ltalie voyait deja s'e- vanouir pour elle, dans une vieillesse prematuree, les avan- tages qu'avait senible lui promettre cette maturite precoce. Tons les arts , toutes les ressources de la civilisation la plus avancee reunissaient dans ses villes des populations nom- breuses, opulentes, industrieuses, passionnees pour I'etude, et amollies dans I'aisance et dans le repos. Les comptoirs de ses banqiuers, les manufactures de ses fabricans, les maga- sins de ses comnierrans et de ses armateurs, les ateliers de ses artistes , les ecoles de ses professeurs, occupaient, nourris- saient, enrichissaient un peuple que les jouissances du luxe , ou seulement une existence facile eloignaient des travauxpe- nibles et des fatigues qu'ils pouvaicnt s'epargner en les payant. Les nations qui, par le manque d'industrie, ont un superflu de population , sont les seules qui placent le service militaire au nombre de leurs ressources; chez elles c'est un metier d'etre soldat, chez les autres c'est un devoir. La guerre telle qu'on la faisait alors, sans magasins et avec des amies lourdes et difficiles a manier, imposait le pillage ou de dures privations et exigeait des habitudes de force dont tons les hommes n'etaient pas capables , de longs exercices pour les- quels ils n'avaient pas de loisir. L'ltalien de cette epoque, qui 9.'4 SCIENCES MORALES avait bicn aiiUc cliose a faire que le melier de soklat, avail oublie que ce pouvait ctre un devoir ; ct il remit a des mer- cenaires le soin de defendre la patrie ou de vengcr scs in- jures. Des lors il trouva sur ses marches des soldats pour recruter ses armees, aussi-bien que des marchandises pour alimenter ses I'abriques. Des espoces d'enlrepreneurs de batailles, si je puis m'exprimer ainsi, rassemblaienl a leurs depens, ct de lous les pays ou il y avait quelque excedant de population , des hommes propres au metier des armes ; ils les organisaient et sepresentaientensuite avecleur troupe au plus ofifrant, partout oi'j quelque symptOme de guerre annoncait qu'on pourrait avoir besoin d'eux. On se figure ce que dc- vaieut Gtre des bandcs ainsi composecs, ct combien il etait didi- cile d'en tirer parti, sojt qu'elies fusscnt ennemics sous les memesdrapeaux, ou amies sous des drapeaux differens. Deux ccoles de condotlieri surtout nourrissaient une longue riva- lite, celle de Braccio, et celle de Sforza; le cclcbre historicn des rcpuldiques italiennes du moyen age, M. de Sismondi, rappelle plus d'une Ibis ce fait remarquable, et lorsqu'en j479des soldats de ces deux ecoles se trouvaient engages au service de Florence, « il fut impossible, dil-il, de les faire combattre sous les memes drapeaux. Des qucrelles violentes, des defis, des duels faisaient craindre une bataille generale entre les deux troupes ; on fut oblige deles diviscr. » Le pil- lage desunissaitceuxque les rivalites ne separaient pas. Vers le meme terns, un bulin consideralile ayant ete cnleve dans le pays de Sicnne par I'armce de Florence , « le marquis de Ferrare et celui de Mantoue, dit Machiavel dans son Hisioirc, ne purent s'accorder sur le parlage ; ils en vinrent aux armcs, et s'attaqucrent avec tant d'acbarnement, que les Florentins, jugeant ne pouvoir plus compter sur les services de ces deux generaux, permirent au marquis de Ferrare de rentrer dans ses Ltats avec ses soldats. » Lorsque les condoiticri elaient engages sous des drape lux diflerens, c'etaient leurs liaisons qu'on avait a craindre. Adversaires aujourd'hui, ces soldats avaient peut-etre ete camarades hier, peul-etre devaient-ils ET POLITIQUES. g5 le dcveiiir demain. Soldats sans patriotisme, sans inimilie , presque sans point d'honneur, leur inteiet etait de se meua- ger, et de donner pour la plus grosse paie le moins de sang possible; ils regardaient que leur solde etait acquise par la duree bien plus que par la qualite de leurs services. Aussi Ics sieges et les batailles n'etaient plus a cetle epoque qu'une veritable derision : « On aurait dit que les soldats italiens ne ronnaissaientplus d'autremoyen, pour entrer dans une place, que d'attendre patiemnient le moment oii leurs ennemis en sortiraient. » (Sismondi, torn. XI, p. 233.) Le meme histo- rien parle, sous la meme date, d'un combat engage entre deux corps de cavalerie , « mais avec si peu d'ardeur mili- taire, qu'on assure qu'il n'y eut personne ni de tue, ni de blesse. « L'histoire de ce tems-la raconte a tout mo- ment de longues batailles, qui duraicnt toute une journce sans autre resultat ; on en trouve plus d'un exemple dans Macliiavellui-meme,et, dans son Histoire de Florence (1. viii), a I'occasion de la del'aite des Florentins a Poggibonsi , en i479j i' nous dit, avec cette expression pittoresque qui lui est familiere : « Sans attendre , saas meme voir I'ennemi , au premier aspect de la poussiere qui indiquait sa marche, ils sc disperserent de tons cotes, laissant tomber en ses mains ap- provisionnemens, equipages, artillerie : nouvel exemple des desordres et de la lachete des armees de ce tems, ou unclie- val, en tournant la icle ou la croitpe , suffisait pour donner oura- rir lavictoire^i). » Un peu plus tard, et dans le tems de sa pre- miere mission a Rome (en i5o3) , ftlachiavel ecrivait a son gouvernement : « Par une suite des inimities que ces cnndot- (i) llfaut lire dans la correspondaiicecleMacliia%'el, sousladatede i526, deux Ictties relatives h un 6venement niilitaire , arrive a cette epoque devant Sienne ; nous empruntons les paroles de Machiavel : « Les hommes ( je lie veux pas dire les armees du Pape et de Florence ) ont ete mis en de- route seulement par quatre cents Siennois de requisition, landis que, de leur cote, ils etaient au nombre de cinq mille fantassins soldes, et de Irois cents chevaux de guerre, tant bons que mauvais. »Ces deux lettres ren- I'eraient des particula riles tres-curieuses sur la maniere dont les Italiens se battaient dans ce siecle. 90 SCIENCES MORALES iin-i onl fait ticlater clans toules los villcs dcs ttats romaius, on (loil plnliit Ics considercr comme dcs brigands que commc dcs soldals. Livres enliercmcnt a leurs passions, comment pourraient-ils servir Ics intercts d'un tiers? Etces traites do paix qu'ils font chaquc jour cntre euxne durentque jusqu'ace que I'occasion de se nuire se prcsente de nouveau. » U n'y avait d'ailleurs a altcndre aucnne foi de ces soldats t'trangcrs au pays pour Icqucl ils comljatlaicnt. La paix que les souverains avaicnt signec nc tcrminait pas nccessairement la guerre, et si Ic condolliere auquel \\n traite de paix faisait per- dre son service n'en trouvait pas bicntot un autre, il lui ar- rivait quclquefois, en depit de la paix juree, de continuer, pour sonpropre compte, deshostilitcs qui n'etaient plus qu'un brigandage arme. Lin (itat de choses si ctrange et qui ne pouvait s'offrir que dans un tems ct dans uu pays ol'i vingt petits itats voisins se tenaient dans une constanle rivalllc de puissance, de ri- chesses et d'amljition , dut avoir une grande part d'influcnce sur le caraclcre dcs Ilaliens de ce siecle. M. de Sismondi I'a remarque avcc son ordinaire sagacite : « Nous avons vu, dit-il dans les considerations generales qui termincnt son grand ouvrage sur I'histoire d'ltalie, qu'a I'epoque la plus florissante des republiques italiennes , la valeur, loin d'etre trop prisee par comparaison avec les autres vertus, n'obte- nait pas meme de I'opinion pul)lique I'eslime qui lui ctait due. Les hommes de guerre n'etaient alors que des merce- naircs cmploj^cs a executcr Icsordres d'aiitres hommes, qui, dans ime carriere plus elevee, avaicnt obtenu une plus haute reputation. Le magistral qui brillait dans les conseils par son eloquence , par sa prudence , par sa decision , ne se piquait point d'egalerlabravoure militaircdu soldat qu'ilprenait a ses gages; il donnait dans I'occasion des preuves d'un courage civil, souvent plus rare et plus dilTicile; mais il declarait sans honte qu'il ne se croyait pas propre au combat. « La marque V eritabic d'une grande ame etait la Constance dans les res- sentimens : « Ce n'etait pas une preuve de courage qu'on de- ET POLITIQL'ES. p; mandait a celui qui se vengeait, pour retablir son honneur, dit encore M. de Sismondi, c'etait seulement une preuve de haine implacable; aussil'assassinat lavait-il a leurs yeux I'hon- neur aussi-bien que le duel, le poison aussi-bien que le fer, et la perfidie leur paraissait-elle le triomphe de la vengeance, parce que TofFense s'y etait montre plus completement mai- tre de lui-meme. » De la cette opinion universelle , cette re- i:;le de politique, qui, parmi les qualites utiles a I'homme (I'l^ltat et meme au citoyen, placaitla valeur au second rang, pourmettre au premier, et dans une consideration bien plus haute, cclte profonde dissimulation qui obtient facilement par la ruse ce que la violence ne donnerait qu'avec beaucoup plus de frais, delenteur et de travaux. La valeur n'etait, aux yeux d'un Italien de ce terns , que la force brutale du corps ; la dissimulation, c'etait la force du genie. La veritable gloire etait de penetrer la pensee d'un autre en conservant sa propre pensee impenetrable, de montrerun front impassible lorsque le sang bouillait dans les veines, de porter le coup avant que la menace cut averti. L'ltalien, qui tuait son ennemi par une perfidie bien meditee dans son cabinet, ne se croyait pas plus coupable, et se croyait bien plus habile que le Francais ou I'Espagnol qui tuait le sien par une botte fourree etudiee dans une salle d'armes; I'honneur etait dans le succes obtenu avec le seul secours de I'adresse ; la fraude , qui servait a perdre un rival, a acquerir une grande puissance, n'avait rien qui re- pugnat a I'amour-propre, parce qu'elle n'excluait point les qualites qui le flattent; celui qui la mettait en usage se sentait done en meme terns de ce courage civil qui poursuit un grand dessein avec fermete, qui brave une sedition, qui reste muet au milieu des tortures, qui ne palit point en face dc I'echa- faud. Le veritable heroisme d'un citoyen de Florence, a cette epoque, c'etait celui de Bernard Bandini et dc Francois Pazzi, qui, le jour fixe pour I'execwtion de la fameuse conjuration tramee centre les ftledicis, ne voyant pas arriver Julien dans I'eglise oii ils devaient le frapper, vont le chercher d'un front calme et riant, jouent avec lui et I'embrassent pendant le tra- T. xi.i. Janvier 1829. j. ()« SCIKNGES MORALES jel . pour s"nssurer s'il n'a pas rerolu la cuirasse qn'it pnit.iif d'habitiicle sous ses velemens, et chcrchent, en badinant, si I'acccs est facile vers cc cceur qn'ils vont bicnlot pcrcer avec f'urie. Nous troiivons, a une page cle distance, dans le recit que fait Macliiavel de cette conspiration ( liv. 8 de son Ilistoiredc Florence), deux mots dont le simple rapprochement nous semblc douner une vive et lumincuse explication de la mora- litt- de I'historien et de celle de son tems : « Si jamais action demanda , dit-il, une ame grande, inebranlable, c'est surtout relle decc genre. nEt cette action, qui ne pent etre accomplic i\uc T^ar une qrande dme , Machiavel lui-memelanomme, qucl- ques lignes plus has, un epouvanlabU: dessein, Les habitudes de fraudo et de perfidie se conciliaient d'ailleurs chez I'ltalien d'alors avec la fidelite dans les engage- mcns prives et les vertus domcstiques; la corruption etait dans les principes et non dans le coeur; I'homme d'Etat ita- lien etait perfidecomme le montagnard corse , encore aujour- d'hui, est assassin. Ce meme homme, qui attend son ennemi au coin d'un bois pour lui casser la tete d'un coup de fusil, peut tres-bien etre en meme tems un excellent pere, un ami fidele, un homme compatissant; c'est que, dans son opinion et I'opiniondesespareils, cen'estpasrassassinat,mais le scru- pule d'assassiner qui est un deshonneur; c'est que I'infamie n'est pas pour celui qui venge une injure, mais pour cehii qui I'oublie. Sans doute de tels egaremens dans I'opinion sont deplorables, une si cruelle contiadiction des vrais principes de la morale eternelle ne sera jamais approuvee; mais il faut du moins les reconnaitre comme un fait, il faut les prendre en consideration lorsqu'on juge les siecles , les nations et les hommes, si Ton veut etre equitable, et si Ton tient a ne pas mettre la verite d'aujourd'hui a la place de la verite d'autre- fois, la justice de chez nous a la place de la justice reconnue chez d'autres pcuples. Un vice universellement adopte n'est prcsqne plus un vice; ee n'est guere (|i4'uMe fansie opinion, qui alte«tc rpnouv do ET POLITIQLES. 99 Tesprit plus que la corruption du coeur; et il est bien diffi- cile que la morale individuelle lutte avec avantage, sur un point quelconque, centre la morale publique, excepte peut- ^tre dans quelques ames choisies chez qui I'instinet de la vertu triomphe de toutes les persuasions de I'exemple et de I'habitude. Celles-la il faut les adorer; il ne faut que plaindre lesautres. Mais, en appreciant Machiavel d'apres cette regie , en expliquant comment il pouvait etre un homme de bien ct professer les maximes qu'on lui reproche, il faut livrerces maximes a une eternelle execration ; il faut condamner le sie- cle qui met une opinion particuliere a la place de la morale universelle, qui se fait des principes iniques pour legitimer des mceurs perverseSj et qui parvient ainsi a corrompre ce qu'il y a de plus sacre dans I'organisation humaine, le sens moral qui nous separe du reste de la creation. Dans son indifference pour ce sens moral, que maintenant on ne blesse pas impunement, Machiavel ne supposait pas que sa doctrine eCit, a cet egard, rien de reprehensible; il la professait au grand jour, avec une sorte d'ingenuite et sans le moindre scrupule. Pour ses contemporains, la bonne morale etait celle qui enseignait le succes, et il se croyait irrepro- chable pourvu qu'il fit preuve de sagacite, xle profondeur, de force de raisonnement. C'etait assez alors; mais pcrsonne ne nous persuadera que Machiavel , homme de notre epoque, ecrivantaujourd'hui oii la duplicite est en haine et en mepris, oil la droiture estcherieet honoree comme la premit;re vertu derhommede bien, eCit professe les memes principes et porte les memes jugemens. Ce qui n'etait alors qu'une indifference a la mode serait de nos jours un affreux cynisme; I'habilete de ce tems-la serait aujourd'hui de la perversite. On comprend ainsi combien ont dCi se tromper les detrac- teurs comme les apologistcs de Machiavel, qui, dans une er- reur commune , lui ont applique les regies qui auraient pu servir a apprecier un contemporain. Les uns ont fait de ce grand publiciste TArimane, le mau- vai? genie de la politique; ils I'ont charge de tous les crimes loo SCIENCES MORALES que la rai?on d'litut a fait commetlre, ils ont pris son nom pour rembirme de tout ce qu'il y a de plus odieux dans I'art dc gouverncr, ils ont lance sur ses icrils Ics anathtmes de rtglise, et enfin ils ont davme son iime. Ainsi plusieurs aii- teurs le ppiirsuivent jusqu'a son lit de mort pour le rcpresen- ter commc un reprouve; Spizelius a fait a ce sujel, dans son livre sur Vatltdsme, un conte, rapporte egalement par d'au- tres ecrivains, et entre autrcs par un certain Binet, auteur d'un ouvrage intitule da Salut d'Origene , oi'i nous lisons : « ...Pen de terns avant que de rendre son esprit, il (Machiavel) vit un tas depauvrcsgens, comme coquins, dechires, aflames, contrefaits, fort mal en ordre et en assez petit nombre; on lui dit que c'ctaient ccux du paradis, desquels il etait ecrit : Beati panpercs , quoniam ipsorum est rcgnum avlorum. Ccux-ci etant retires, on fit paraitre un nombre innombrable de per- sonnages pleins dc gravitc et de majeste; on lesvoyait comme un senat oii on traitait d'afliiires d'ttat et fort serieuses ; il en- trevit Platon, Seneque, Plutarque, Tacite et d'autres de cette qualite. II demanda qui etaient ces messieurs-la si Yenera- bles; on lui dit que c'ctaient les damnes, et que c'ctaient des Ames reprouvees du ciel : Sapientia Imjus stcali inimicaestDei. Cela etant passe, on lui demanda desquels il voulait etre ; il repondit qu'il aimait beaucoup mieux etre en enfer avec ces grands esprils, pour deviser avec eux des affaires d'Etat, que d'etre avec celte vermine de ces belitres qu'on lui avait fait voir. Et a tant il mourut. » Le jesuite Possevin , qui poursuivit sa condamnation a Rome , et qui evidenmient ne I'avait pas lu, le nomme scelerntum Satnnce organnm ( I'instrument de- testable de Satan). Lord Lyltelton a mis sur le compte de sa nK'moire le massacre de la Saint-Barthelemy et les sanglantes dissenlionsdecesjoursdecalamite; I'auteur anglais n'a fait en ceci que copier unecrivain francais, qui dit, dans un livre inti- tule Tocsin centre les massacreiirs : « La reine (Catherine de Mediris) a fait instruire ses enfans es-preceptes qui etaient plus propres k un tyran qu'A un roi verlueux, leur faisant faire Ie("on . non pas seulement des sots contes de' Perce-Forest, ET rOLITIQUES. loi mais surtout des traits de cet athee Machiavel... El, de fait, on peut bien appelcr ce livie-la I'evangile de la reine-mere... aussi son principal conseilier, Morvilliers, a toujours ce beau Chretien livre au poing, pour en faire souvent legon a sa mai- tresse... En somme , il est vraisemblable que la reine y a puise ses principaux artifices pour persuader au roi que , nonobstant toutes promesses de paix et d'amitie, voire tout lien de con- sanguinite, il se pouvait venger furieusement de tons ceux qu'il estimait ses ennemis, en prenant quclque leger soupcon (voire s'il faut appeler soupcon une calomnie forgee aplaisir) pour suffisante preuve. »Nous apprenons aussi par Davila que Corbinelli lisait habituellement au ducd'Anjou (Henri III) Tacite et le prince de Machiavel (i). L'eveque portugais, Oso- rius, dans sa iyo/i/esse chrctienne , et I'Espagnol Ribadeneira , dans son Pr'mce chretien (2) , se dechainerent contre lui avec la derniere violence. Je ne sais quel historic n anglais I'a ac- cuse d'avoir inspire le complot connu sous le nom de conspi- ration des poudres; et le roi de Prusse, qui lui reproche d'a- voir approuvi des actions telles que la Saint-Barthelemy et les Vepres siciliennes , ne le designe qu'avec les qualiflcations lesplus odicuses. Enfin, il n'est pas de pays qui n'ait son anti- Machiavel. (i) II faut dire aussi que Cmbiiielli, h.iinine d'une i e)3ulation solide , 6tait ami de de Thou et de L'Huspital , et que c'etait piecisement a uu autre fils de Catherine de Miidicis , le due d'Alencon, qu'Innocent Gen- tillet dediait cette refutation dii publiciste tlorentiu , designee par abre- viation sous le titre d'anii-Machiavel , et dout le litre veritable est : Dis- ♦ cours sur les moycns de bien gouverncr et maintenir en bonne patx un royaume oit autre piincipautd ; divises en irois Hires , d savoir : du conseil , de la religion , et police que doit icnir un prince contre Nicolas Machiavel , Florentin. (2) Ce vengeur de la morale adresse son livre i I'infant heritier de la couronne , et , en lui proposant I'exeniple de ses ancetres , il lui dit : o De graves auteurs ecrivent de I'un d'eulre eux qui fut le saint roi Ferdi- nand, qu'il poussait si luin le zele pour conseiver la foi pure et inlaete, qu'il ne se bornait point 4 ordonner de bruler les heretiques , mais que lui-meme, quand il y en avail quelqucs-vnis a brCile , nicltait, de aa main, le feu au bucher qui devait consonimcr le saciificc. ■• , 103 SCIENCES MORALES Les apologistes tie Machiavel, au contraire, ont cherche a concilier par de subtiles explications les preceptes du livre du Prince et Ics regies de la morale, les principes connus de I'auteur et les opinions professees dans I'oiivrage. On apercoit un tel contraste entre les doctrines republicaines de Machia- vel et les doctrines etablics dans ce manuel des mechans princes et des conquerans, qu'on s'est efforce de trouver quel- que mot bien ingenieux A cette apparente enlgme. Bacon, I'un des premiers , crut I'avoir devinee en considerant le livre du Prince comme une longue et profonde ironie, au moyen de laquelle un repubUcain pouvait, meme au sein de son pays asservi, signaler aux 3'eux des peuples, pour les mcttre sur leurs gardes, toutes les pratiques de la lyrannie, en inspirer la haine sous pretexte de les eriger en preceples, et devoi- ler ainsi les tyrans sous couleur de les conseiller. Plein de cette pensee , I'illustre chancelier ne se contente pas d'excuser Machiavel, il le felicite, // lui raid g)Y(cc5 d'avoir montrc, sans aucun detour, ce que les hommes ont coutume de faire et non ce qu'ils devraient faire (1). Un jurisconsulte celebre, Alberic Gentilis, a fait plus explicitement la nieme supposi- tion : (c Machiavel n'a pas ecrit , dit-il, en i'aveur de la tyran- nic; son but n'est pas de prtmunir les tyrans, mais bien plu- tot de reveler toutes leurs ruses et de les exposer tout nus a la vue des peuples opprimes... Ce fut un dessein profond d'instruire les peuples sous pretexte d'instruire les princes... (1) Est quod gralias agamiis Machiavello et liujusmodi sciiptoribus, qui aperte et indissimulanter profcruiit quid liomines facere soleant , non quid debeant. De Augment, tcienitar. , 1. vii , ch.. Cette pensee a et6 souvent repioduitc depuis , rt on la retrouve prcsque mot pour mot dans la preface de la traduclion du Prince, par Amelot de la Houssaye. A la v6rile, cet aulcur , qui connaissait i fond la politique de I'lfalie i cette t'poque , tres-dispose a donner une gfiande extension k la ratson d'Etat, prend le livre de Machiavel tout a fait au seiieux, il declare que « les maxinics que debile le secretaire florentin sont pour la plupart absoln- ment necessaires aux princes , qui , au dire du grand Cosnie de INIedicis , nc peuvent pas totijours gouverner leurs Etats avec le chapelet en main. » Ce mot de Cosme est consigne par INIachiavel , dans son Hisloire dc Gto- renee, 1. vii : Che gti itati no7i si tcnciano con pater nostri. KT POMIIQIES. i(-r. «l iMachiavel revetit celtc forme dans I'espoir qu'il leiait .sup- porter son livre par oeux qui gouvernent en se donnant ainsi pour leur instiluteur (i). » D'autres ont ecrit que iMachiavcl songcait surtout a I'independance de I'ltalie, qu'il voulait iipprendre i un prince le moyen de s'emparer de toutes ces petites principautes pour reconslruire un grand empire et une patrie italienne , pour interdire desormais i\ i'etrangcr I'abord de cette terre sacree, persuade que, I'independance nationale une I'ois assuree, il serait facile de rcndre a I'ltalie unc liberie politique. D'autres cnfm se sont imagine que le republicain Wachiayei , torture, depouille de ses cmplois, exile de sa ville nalale commc ennemi des Medicis, ne pouvait pas leur don- ner sinc^rement des conseils pour se maintenir dans la sou- verainete de Florence; et que ces lecons specieuses de tyran- nic n'etaient qu'un piege adroit tendu a leur ambition, un artifice destine a pousser un usurpaleur jusqu'aux derniers exces du despotisme , dans I'espoir que son usurpation serait d'nutant plus courte qu'clle serait plus violente et plus odieuse. Lcs diverses considerations que nous venous de resumer ne sont pas nouTelles, ce qui n'empeche pas ceux qui les repe- lent de les donner encore quelquefoispour des vues neuves et profondes; mais les horribles imputations, les fureurs dont Machiavel a ete I'objct, ne sont pas plus fondccs que les inge- nieuses explications apportees pour laver sa memoire ; commc les ecrits de Machiavel ne sont pas I'ouvrage du maliii f sprit, aussi n'y trouvera-t-on ni la ruse, ni I'ironie, ni la profonde prevision imaginees pour I'excuscr; et des observateurs plus habiles ont mieux deviTle cctle longue cnigme du caractere du publiciste florentin, lorsqu'ils ont trou\ e dans les moeurs de I'ltalie, au terns oii vivait Machiavel, I'explicatioji toute naturelle de ses doctrines. Baldellj, qui a mis en tete de I'e- dition de i8o4un eloge estimc du publiciste, estl'un de ceux quiontprcsenteavecle plus de talent cette consideration. Gin- guene, dans sa belle Hisiolre Lilteraire d' Italic; 'SI. Peiies, (i) De kgafioiiibiit , 1. in, cli. ij. io4 SCIENCES MORALES i!ans I'excellente Hisioire de Machiavel, placec en tOte de sa traduction, ont I'un et I'autre fecondc cette idee, le premier avee quelque severitc, le second avec plus d'indulgence ; en- fin d'autres critiques ont dcveloppe avec beaucoiip de science ct de jugement les germes deposes dans lesouvragesque nous venons de nommer. Mais, en prouvant que la morale tant re- prochee a Machiavel est le crime de son siecle plus que son propre crime, on a fini par Texcuser trop complelement ; sous pretexte que la plupart de ses contemporains etaient des hommes sans conscience et sans foi, on a trouve tout simple qu'il leur ressemblat; comme si, a toutes les epoques et au milieu de toutes les civilisations, il n'y avait pas, chez le veritable homme de bien, un sens moral qui ne s'accou- tume jamais i I'immoralite, quelque universellequ'cllepuisse etre ; de meme que, dans I'ordre physique , I'oeil ne se fami- liarise point avec une eternelle obscurite, ni le tact avec Tac- tion de pointes acerees. Quelque douce que soit I'illusion par laquelle nous aimons d nous representer I'union constante d'un grand genie et d'un beau caractere, il faut bien se decider a la laisser s'evanouir si Ton veut rester dans le vrai ; et Machiavel est assurement I'un des exemples les plus propres a nous procurer cette triste instruction. Done d'une profonde penetration, d'une concep- tion vigoureuse, d'un vaste coup d'ceil, Machiavel n'avait pas recu de la nature, au meme degre, la force du caractere, la noblesse des sentimens, la purete des inclinations. Fort au- dessus de la plupart de ses contemporains par le genie, il etait presque a leur niveau par les mceurs; c'etait (il faut le dire nettement) un esprit vigoureux et un coeur faible, un ecri- vain sublime et un homme vulgaire. Cette double verite se revele i chaque page de ses livres, a chaque action de sa vie; lion que Ton ne trouve dans ses ecrits quelques pages me- diocres et quelques beaux traits dans son histoire ; mais, res- serres dans des homes etroites qui nous interdisent les de- tails, nous devons nous arreter au caractere dominant qui nous a frappes cher I'homme de meme que chezl't'Crivain. ET POLITIQUES. io5 II est sans doute un grand nombre de personnes qui ont admis, surMachiavel, une opinion toiitefaite; ilcn estd'aiitres qui, apr^s I'a voir elles-memes etudie , ont egalement rocu, sans beaucoup d'examen, les impressions des critiques dont elles lisaient le jugement. Couuiieil est peu de caracteresqui sachent avoir une volonte, il est peu d'esprits qui osent se faire une opinion; il y a !)ien moins de responsabilite et bien uioins d'cmbarras a vouloir et k penser comme les autres. Nous ne nous dissimulons done pas que la verite que nous venons d'exprimer sera nice par plusieurs lecteurs, en bles- sera un plus grand nombre, en etonnera beaucoup. Nous n'aurons qu'une chose k repondre : nous avons etudie Ma- chiavel nous-memes, nous I'avons etudie jusque dans le moindre opuscule qui nous ait ete conserve, jusque dans la moindre circonstance de sa vie que les biographes nous aient transmise. Si nous nous somniestrompes, c'est en conscience ; penetres d'une ferveur egale pour le genie et la vertu, nous nous sommes tenus sur nos gardes de peur que notre fidelite au culte de I'un nous rendit infideles au culte de I'autre. Au reste, le lecteur sera notre juge, et nous I'invitons a nous suivre dans I'examen que nous faisons de la vie et des ou- vrages du publiciste florcntin. La carriere politique comme la carriere litteraire de Ma- chiavel se partage tout naturellement en deux periodes : I'une nous montre le ciloyen de Florence, le secretaire de la repnblique, son ambassadeur, son comniissaire, rhouime de pratique enfin; dans I'autre, nous voyons le sujet des Me- dicis, le particulier, I'ecrivain, le publiciste, I'homme de iheorie. A la premiere de ces periodes appartiennent sa cor- respondance oflicielle (cequ'on nomme ses Legations), quel- ques opuscules qui s'y rapportent, tels que la Relation de la conduite du due de Valcntlnois, les Instructions sur le carac- tere de I'empereur Maacimilien, les Tableaux de la France et de i' Allemagne, enfin une partie de sa correspondance privee; la seconde comprend tons ses autres ouvrages. Telle estaussi la division de notre travail sur Mathiavel. M. AVESEL. I of) SCIKNCKS MOIIAU-IS OECVKES DuCnAKCEtlEU BE VHo^lHTXt \ pilbliefS par M. DUFICT, de /' Yonne ( i ) . Deuxiemr article. — (For. Rev. Enc.,T. xxv , mars i825, p.8j2.) A la fin d'un premier article que j'ai pvihlie dans cc rccneil, sur la vie ct les ccuvres da chancelier de l' Hospital , je promet- tais d'en donner un second dans lequel je rapporterais« des excmples pour faire connaitre le caractere de I'eloquence vraiment parlementaire de cet admirable chancelier. » — Le terns m'a manque depuis, non ccrtes pour le lire, mais pour extraire certains passages qui m'ont le plus frappe. II I'allait aussi assigner un ordrc a ces citations ; car clles etaient fort decousues , et offraicnt peu de liaison cntre cllcs, puis- qu'elles sont disseminecs dans six volumes in-octavo. — A la fin, j'ai pense A employer une fiction; c'est de reunir tons ces centons dans une seule et meme Harangue, que je suppo- serais avoir ete prononcee dans une de ces Assemblees des litats, tenues du tcms de I'Hospital, ;\ I'occasion d'lm budget du 16' siede. ■ — Ce cadre m'a fourni un moyen naturcl de classer mes extraits, en les rangeant sous differens chapitres dout I'ensemble ofTre une idee de I'etat politique d'alors et de la maniere dont on traitait les affaires publlques. Plusieurs traits de ce tableau n'offrent sans doute aucime ressemblance avec I'epoque oOi nous vivons ; mais, dans le nombrc, il en est qui pcuvent, meme a present, fournir d'u- tiles conseils et renfermer de fortes lecons. — II y a de quoi surtout inspirer de la modestic h ceux des modernes qui se- raient tentes de pretendre qu'ils ont les premiers eleve lavoix en faveur des libertes publiques ! Nos peres les ont defenducs aussi courageusement que nos contemporaius; mais helas ! leurs voix eloquentes n'ont pu surmontcr les cris de I'into- lerance et de la barbarie ! Sachons leur rendrc un legitime hommage en imilant leur patriotisme et leur A'ertu. (i) Paiij, i8:!4-i826; F. Didot. 6 vol. iii-S" ; pii.v, 54 fi. KT POLITIQLES. 107 IlARAiNGUE DU CHANCELIER DE L'HOSPITAL suR UN Budget du xV siecle, dans I' Assemblee des Etats-Gencraux. « Messieurs, il est sans double que le peuple ref oit grand bien des] Estats-Generaux; car il a cest heur d'approcher de la personne de son roy, de luy faire ses plaintes, lay pre- senter ses requestes, et obtenir les i-emedes et provisions necessaires. » Aulcuns ont double s'il 6toit utile ct profitable aux roys de tenir les Eslals, disant que le roy diminue aucune- ment sa puissance , de prendre I'advis et le conseil de ses subjets, el aussi qu'il se rend trop faniilier i eux: ce qui engendre mepris, et abaisse la dignile de la majeste royale (1). » Telle opinion me semble avoir peu de raison. » Premierement, je dis qu'il n'y a acte tant digne d'un roy, et tant propre A luy, que tenir les Estats, que donner audience generale i ses subjets, et faire droit k chascung » Davantage, les roys tenant les Estats oient la voix de la verite , qui leur etoit souvcnt cachce par leurs seniteurs. Pour ceste cause, ung bon et ancicn aulheur les admoneste de lire les histoires et llvres qui enseignenl comuie il faut gouverner les royaumcs : car, par la lecon d'y'HJulx, les roys connoistroient ce que leurs amys ne leur osent ou veulent dire. » Combien de pauvretez, d'injures, d'injustices qui se font aux peuples, sont cacliees aux roys, qu'ils peuvent ouyr et entendre, tenant les Estats! cela retire les roys de trop charger el grevcr leurs peuples, d'imposer de nouve'aux sub- sides, de faire de grandes ct extraordinaires despenses, de vendre offices a maulvais juges, de bailler eveches ct abbayes (i) Opinion du cardinal dc Lnnaine et dc! sicns , lois dc rasscniblcc dc FonlaiiH'bkau. io8 SCIENCES MORALES k gens iiiHignes, et" d'autres infinis uiaulx, que souvenl par crrour ils coinmettent; car la phipart des roys ne voyeiil que par les ycux d'autruy, ct n'oiciit que par les oreilles d'autruy : et au lieu qu'ilz deusscnt inencr les autres, sc laissent mener » Le bon roy Louys douzieme prenait plaisir i ouyr jouer farces et comedies, niesme celles qui etoient jouees en grande liberie, disant que, par li, il apprenoit bcaucoup de choses qui estoicnt faites en son royaume, qu'aultrement il n'eusl sceues » Ceulx qui disent, le roy diminue sa puissance , ne le prennent bien Theopompe fut roy de Sparte; il crea des magistrals qui furent appeles les ephores, el ordonna que les roys ne feroienl aulcuae chose d'importance sans leur conseil. Sa lemme le tanca, lui disant que c'estoit honle a luy de laisser a ses enfants la puissance royale moindre qu'il ne I'avoit recue de ses predecesseurs. A quoy repondit Theopompe re Moindre n'est-elle, mais plus moderee; el ores qu'elle fut moindre, clle sera par ce mo3^en de plus longue duree : car toules choses violentes ne durent gueres. » « Quant a la familiarite , elle n'a jamais nuy aux roys de France. II n'y a rien qui tant plaise et contente les sub- lets, qu'elre cogneu el de pouvoir approcher de son prince. Si le roy pduvoil voir tout son peuple souvenl et sans son incommodite, feroit tres-bien de le voir el cognoistre (i). » II est vraisemblable que ceulx qui tiennent I'opinion cou- traire parlent plus pour eulx que pour le prince. Ce sont genz, peut-elre, qui veulent seuls gouverner et conduire tout a leur vouloir et plaisir, qui craignent leurs faicts eslre cogneus par aultres, assiegent le prince et gardent que nul approclie de luy. » Car de vouloir dire que toules grandes assemblees sont k craindre el devoient eslre suspecles : ouy, aux lyrans ; mais (i) Exemple, pour lus tenis modernes , I'heureux voyage dii Roi , Cii 1^28, dans les depart<^mrns du nnrd de la Franco. ET POLITTQUES. 109 non aux princes legitimes, comme est le nostre;et si nous regardons an terns passe, pour notre instruction a I'adve- nir, nous trouverons que tous les Estats qui ont ete tcneus ont apporte profit et utilite aux princes, et les ont secourus a leur grand besoing. S- 1" Observation des loix en general, et surtout cle la loi fondamen- tale , gage de paix et d' alliance. In Icgibus sahis. « Tous estats et republicques sont entreteneus et conser- vez par V observation des lays; et le mepris et violation d'i- relles leur apporte ruyne. ( Veuillez bien mettre ceci en vos memoires : ) » Le rot ne vect rien contre les loyx (1). » C'est done une frenesie bien ferme d'appeler cfl^«7«/ai/o?i la loy du prince qui conserve la juste libertc a ses subjets, les munit contre I'oppression, ratifie ce que long- terns y a que sarnajeste et son conseil a arrete, octroye, et ordonne, etqa'il faudroit de nouveau ordonner s'il etoit d faire ; et lui conserve le nom et le tiltre de bon prince. Mais c'est bien persecutcr hostilement son prince, d'esloigner sa volonte par malins artifices d'une tant salutaire et salnte reconciliation, avec me- nace de I'abandonner s'il y veut entendre; n'est-ce pas le tyranniser et opprimer? » Ceux qui sont de cest avis, demeurent i couvert loing des coups, desirant que le roy poursuyve sa poincte, et ha- zarde son Estat!.... en quoi ils decouvrent assez qu'il n'y a rien en eux d'humain (et de francais), et qu'ils ont I'esprit trouble et perverty, plein de hayne , vengeance et passion, dont, par le passe, leurs opinions et conseils sanguinaires (2) ont faict suffisante preuve, lorsque pour les avoir suyvis ce pauvre royaulme a ete reduict k deux doigts pres de sa cheute. (1) Volumus quod nostrae leges voliint. Novelle 82 , cap. i5. — Vnliin- latnm regiam in legibus babes. Cassiod. var. lect. vii. 9. {1) Movens extremes. MO SCIENCES iMORALES » Aujourd'hu^'qu'ils les rcmcllcnt sus plus que jamais, on ne les doit tenir pour aultres que pour ennemis conjures de cette rcspubliquc (i), puisque tous ceux qui separeut leur conseil du public, ayant plus de regard a leurs particuliercs hayues qu'au salut du peuj>k', out ete de tout terns juges tels. Et encore qu'ils y mctteut pour lustre I'honncur du Roy pour etre escoutes plus lavorablement, comme bien 2cles d la conser' ration de son auihoritc ; qtii voudra toutefois lever le masque de tels hypocrites , cognoistra qu'ils en abusent perversement, et imposent ;\ sa niajeste avec ces beaulx et specieux noms A'honnear et de capilulcr (2). » S-n- Administration de Injustice. « Messieurs (3), je ne parlerai des preceptes qui enseignenl la maniere de bien juger; car vous en avez les livres pleins; vous admonesteray seulement comme devez vous composer et comporter en vos jugcmens, sans blasme, tenant la droictc voye, sans decliner ;\ dextre ni a senestre. » Vous jurez a vos receptions garder les ordonnances {l\) et entrez en yos charges par serment, jurez et promettez les gar- der et faire garder : Les gardez-vous bien? la plupart d'icelles est mal gardee! et en faictes comme de cire et ainsi qu'il vous plait. » Messieurs, messieurs, faites que I'ordonnance soit par-des- susvous. Vousdilcsestre souverains! L'ordonnanceestle com- jnandemcnt du roy; et vous n'etes pas par-dcssus le roy. II n'y a nuls, soit princes ou aultres, qui ne soient tenus de gar- der les ordonnances du roy »Si vous trouvez en practiquant I'ordonnance qu'elle soit dure, dilTKile, malpropre, et incommode pour le pays oA (1) Chose publique , dans le langage constant de L'llospital. (•>) Faire des concessions. {}>) Harangue an parlcment de Rouen, lors de la declaration de niajo- lilo dc Charles ix, le 17 ao(Jt i563. (4) Observer les lois ; nn disait alors indifTerrmment la Ini pt I'ordonnance. lyr POLITIQL'KS. Ill voiij t>te5 juclgcs, vons la debvcz poiirtant gardcr, jusqM'a cc que Ic prince !a corrigc, n'ayanl voiis memos pouvoir dc hi miier, changer ou corrompre, niais iHa! combien de judges, depuis 25 ou 5o ans, ont voulu couvrir leur inique jugement du zele de religion, du bien pu- blic, et plusieurs aullres pretextes dont jamais on ne manque pour pallier une impiete, une concussion, une violence, ou aultre passion dereglee ! pour opprimer t'innocence non deffen- due! xAIais aussy, quelle palliation et coulcur qu'ils puissent prendre, I'ouvraige monstre toujours quel est I'ouvrier ;) D'ambition, vous en estes garnis (i) L'onditque ceulx de Tlioulouse sont trop graves, ceuxde Bourdeaux trop familiers II y en a aussi d'entre vous, lesquels pendant (i) ITaiangur sii jiailrnioiit etc Kni(lraii\ , Ic iiavril lobi. 113 SCIENCES MORALES ces troubles, sc sont faicts capitaines ; les autres comniissaires de vivres ; ce sont gens qui ne scavent faire leurs etats et se met- ■tent a faire ceux des aultres. » Ainsy encore en Yoit-on qui sc font conseillers es conseils dcs princes, pour y avoir supplement d'epices et vacation (i); re qui du tout est mal scant. Si sachez que Ics princes memo sont soumis a vos arrets, lesquels vous rendez au noin du roi : et partant ne pouvcz, iiieiue sans deroger, vous placer en la dependance de vos justiciables, en acceptant des emplois et offices privez en leurs maisons (2). » Au deniourant, prie cette compaignie (3) vivre ensemble en paix. Elle est composee de grand nomhrc, jusqu'a six vingts ou environ, et de grands personnages, et chascun a sa vertu et est done de tel don qu'il a pleu a Dicu luy distribuer. Ne faict doubtc que , tous ensemble, ne facent une parfaicte compai- gnie; inais desire qu'ils soient uniz et d'ung consentement. » S'il y a discorde , dissention jusqu'a s'altacber pour les opi- nions, cela faict tort aux parties: /«o?;tmcA,>;H??ta5^ libenier disscn- tinius ab iis quos odimus.TvWGS, contradictions viennent jusqu'a ceukquin'enpeuventmais, eten souffrent les pauvres parlies. »N'y a rien qui fosse tant mespriser une compaignie que d'estre en dissention. » §• in. Conseil d'Etat. ((La premiere qualite d'un conseiller d'Estat, c'est d'etre vi- ril et experimente. » Avec ces vieillards froids et lents, il ne sera que tn';s a pro- pos d'y en meler de moyen age. «Le conseiller d'Estat doit aussy dire hoynmedeOicn, ennemj de la fraude, fidtle a I'Estat, et ferme en ses resolutions saiis opiuiatrete toutefois, peste tres-dangereuse en un conseil d'Es- tat car la prudence ne git pas en une obstinee volonte de (i) Jlenioniranccs au parlcmcnt dc Paris, le 12 novenihic i565. (2) V(ty. la Preface dcs Leitrcf stir la profession d'nvocat , \u \\\\. ['">) Le jiarlfiDpnt de Paiis. ET POLiriQLES. iiS fnire dctermiiit'Uient une chose , mais cntre plusioms parti* clioisir le meilleur ct le plus avantagpiix. » Fault aussy que le conseiller d'Eslat soil sans I'aveur cnvers k'S ungs, sans haine enversles autres, cl sans ambition pour soy, ii'ayaiit aultrc but que le bien public. ))La patience est vuie autre qualile I'oit necessaire a ung con" seiller d'Estat, non seulement pom- supporter les advis con- Iraires aux siens, mais aussy ses raisonsestre prisees, blasuices ct contrcdites, et a ouyr plusieurs inepties qui naissent parmy les discours. Fault ouyr, dis-je, avec patience, sans jalousie, ny (lesyrdevouloir etre suity en son opinion, et ne faire comme plu- sieurs qui se plaisent d etre aut/ieurs d'line nouvelle ouverture, ct d'un esprit de contradiction plein d'aigreiir, et s'amuscnt d 7'eprcndre les raisons de cealxda Conscil qui Iciir sont cnncmys, quoiqn'elles soyent bonnes. Ce n'est pas qu'il ne suit permis de niettre en consideration les raisons d'aultru}', et fault que ce soil avec respect ; et celuy la luonstre qu'il ne cherche a di- viser ou suspendre la deliberation : ains lui sulRt de faire cn-^ tendre ses raisons et les inconveniens d'ung contraire advis. ))Et si, par I'anibition de quelques ungs , le Conseil d'Estat qui doit etre compose de petit nombrc, se remplit de trop de gens (ce qui advient ordinairement aux estats malades et cor- rompus), il ne sera mal a propoz de les amuser ailleurs (i), attrlbuant a la plus grande partye de ccs conseillers quelque j uridiction ([ui approche aucunemcnt des affaires d'estat, comme Philippe lu Bel Hoy de France fict du parlement, ct comme Ton faict a present du prive conseil. »Ce moyen n'est pas nouveau, mais a este anciennement practique par quelques empereurs; leur faisant oublier pen a peu la cognoissance des affaires d'estat, pour une juridiciion conlcntieusc qui fust enfin etablie par Adrien an Senat en forme de juridiciion ordinaire. » (i) Ell service eili.nnrdiiiairo. T. XLI. .lANVIKR 1 8 ay. u'l SCIENCES MORALES §• IV. A If aires eccUsiastiques , tlbertc de conscience. ((Qiiaiil a la religion, aussi ost inalaisi;. Lcs ungs sonl nial con- tens de la paix; los aaltres, que I'csiat n'eslgouverne d tear appetit. » Chanin se couvrc de cc manteau , ehascung de sa part a la religion en la bouche » Le Roy ne vent point que vous cntriex en dispute quelle religion est b mcilleure; car il n'est pas ici question dc consti- fueiiddrcligione, aed de constitacndd rrpublicil: et plusicurs pou- \ent elre civcs^ qui non crunt c/trisiiani ; nienie rexconiniunie nc laisse pas d'etre citoj^en. » Voire, me repliquerez-vons, le Uo}^ leur octroye (a ceux qu'on nomme de la religion ret'orniee) des conditions , que , sans les troubles, ils n'eussent point obtenues. >)I1 est vrai: niais voyons ce que le Roy leur donne par les Iraites. Leur donne-t-il I'Estat on des terres? les allege-t-il d'au- cun tribut de subsides? leur quitte-l-il aulcung debvoir ou cbarges ? — Ricn do tout cela. « Que leur donne-t-il donn ? • — II leur donne une liberie de conscience ; ou plutot, il leur laisse leur conscience en liberte. » Qu'est-ce qui sera si imprudent a ceste lieure de dire que c'est capitider ? Que si Ton \eult bonier la liberie des boiumes, de si etroites barres que la religion et I'ame ne soient point com- prises : c'est pervertir malignement le mot et la chose mesme; car la liberie seule n'est point liberie. ))La liberie brutale du corps ct des actions humaiues est yile et indigne de celte excellente marque qui est proprement due a I'esprit el a la plus divine parlye d'iceluy, et a la plus ex- cellente de ses actions, a savoir la piete. 1) On mc lespliquera soudaiu que ce n'est pas liberie, mais une licence tri-t- per nicieuse.' — Jereponds : Le Conseil duRoy, les Cours souveraines, les aultres Estals lcs plus puissans et saigcs de la (hreliente en ont cogneu et juge tout aultrcment; car ils ont arreste des longtems qu'il elait tr^s necessaire de ET POLITIQUES. ii5 laisser en paix les esprits et consciences des homme? commc ne pouvant ftre ployes par ie fer ny par la flamme, mais seii- Icmcnl par la raison qui doniinc les hommes. » Coninienl est-ce que la religion, si elle est bonne, en- gendrerait Ie mal et I'effect coatraire a sa cause? davantaige si sedition est guerre civile, pire que celbe du dehors, com- ment advient-il qu'elle soit cause* et produite de la religion, meme chretienne et evangelique qui nous commande surlont la paix et amjtic enire les hommes? » Si c'est religion chretienne , ceulx qui la veulent planter avec amies, especs et pistolets, font bien centre Icur profession qui est de soaffrir la force, non la (aire. » L'opinion se mue par oraisons a Dieu, parole et raison persuadee.... Desire que les gens d'Eglise qui crient haro, combien qu'il y ait plus de haro a crier sur eulx, suivissent ce chemin ; ils proulfiteraient plus qu'ils ne font el n'ont fait jusqu'ici. [ Que veulent-ils done?] » Nos rois ont ete plus que iiuls aullres affecti6nnes a la religion; ont eslargy (i) a TEglise, et donne de leurs biens, non seulement de leurs terres et possessions, mais leurs pro- pres maisons et palais ; se sont destogez pour la loger en plu- sieurs lieux , mesme en cette ville capitale , ont bailie i I'Egliseleur palais duTemplc,Notre-Dame-des-Champs,»yamf- Oueii qui est pres Paris, et aultres lieux de leurs domaines. » Je trouve aussi a dire que les ministres de I'Eglise, non- obstant leurs grands revenuz, prennent de I'argent pour I'ad- ministration des sacremens. On ne pent naitre ny mourir, estre mary ni estre pere, faire du bien ny se repentir du mal, sans leur payer Iribut ; ils vendent toutes choses, I'eau et la terre, I'absolution et I'anathesme, leurs prieres et leurs ma- ledictions, et ils cherchent lous les jours des inventions nou- velles pour tirer de I'argent (2). » [i) Fail des largesses. (2) Prologue de la harangue [lonor.cee par ie chanceli.-. an clloqi.e ii6 SClENCr.S MORALES (On pout rappclcf ici , coinmc en son lieu, te cpie disjiil Jacques de Brctaguc, vicrg (c'est-a-dirc mairc) de !a cite, d'Autun, comme oiateiirdu tiers-utat a rasscmblec des etats- generaux rennis a Sainl-Germain-cn-Layc le 27 aoftt i56i : ) (1 L'iiilcret et les maxinies de la religion ne permcttaicnt pas que Ic clerge possedut Ics plus riches doniainesdu I'oyaunie; (ju'il fallait lui assurer sur les rcveuiis publics des Iraitemem conformcs ;i ses hcsoins, et employer le reste au paienient de la dette pui)ii(iue, qui nc s'etail accrue que par les iVais des guerres que le clerge avait provo([uees et alimentees. Re- former les mccurs du clerge , relablir les dleclions j)Our les fonclions puhliques, suivre sur ce point les decisions des ctats d'Orleans ; convoquer un concile national ; n'admetlrc niicun pivtfe dans le conseil du roi , vi dans les fonclions clulcs ; faire "rendre im compte severe a tous les adniiriislraleurs des re- \cnus publics; accorder aux proleslans la lil)crte de con- science ct I'exercice de Uuir culle — >> §• V- I nsirudion publiqiic. « Le pcuple est fort mal instruil , non senlemenl aux \illes, oi'i la malice elait assez accoutuniee, mais aux champs ou la simplicite souloit etre (1). Les vicaires ne leiir parlcnl que de payer dirmes el offrandes , el rien des bonnes mccurs ; au moyen de i[uoy ils font metier de dcsrober sans conscience." §. VI. Dc la guerre. — Troupes etrangercs. (L'llospilalnevtniliil jamais leconnaitred'autres cnnemisAu Lien public quo cenx qui troublaicnl le lepos de I'Elat , el en violaienl Ifs lois el la <()iislilution (2)). ( 11 nous a laisse ua Mcnioire adiesse i Charles ix , pour Ve.rUovlcr a de Poissy, le i'"' scplenibre i56i. Ce sunt tous ces abus qui seivireul dc toxic i la riforme, et qui motiverent la convocation du famcux concile dc Tronte. (1) L'.t.s'C sotcbal. (5) Vio^'-di'Micliaud, article L'llospiial, p. 4 ly, vol. 1. tr i»OLniQiiKS. 117 dunner la paix a ses xubjels , et uii Discours, iiilitulc : Den ruUuiis it par- suasiuns de la paix, en I'aii i568 (i) ). (Dans !e Conseil , il opiiia toiijours pour la paix; car il refrardait la guene, et surtout fa guerre civile,, comme le plus grand des flcaux. ) « Le biitde la guerre, c'cst la paix » ( A ces piemiers mots , Ic connetable de Montniurencj' riiUerroin]iit tl lui dit ; « Qu'iin homnic de robe ne devoit pas se mCler de ce qui re- garde la guene. » — A quoi le chancelier rt nmeree de prcfire. ET POLITIQIJES. 119 vi'rite ;i la douke flattcric. Car c'ctt [liper ou trahir que do celer ou de{j;uiser la verite, quaud il est queslioa de la chose publique. » §• ^n. Int&rieur. Palx pubtU/ue, responsabiUU des communes. Garden bourgeoises. « Centre la force est la force necessaire. N'est loisible por- ter amies que au Roy ou par sa permission en son royaulnie. Y a pourvQ , et commande aux gouverneurs de provinces, baillitz, seneschaux ct aultres ayant telles charges, j re^trfe/-, et se tenir prests, assisles des magistrats, pour prendre ceulx qui feront sedition, assendslees illicites, et violences publicques. ».... Et s'il y a telles seditions, le Roy sera le plus fort. » Aiistote noujine ung certain pays oii les habitants res- pondoient de la seurete des chemins, et payoient aux passants le domniaige qu'ilz avoient ref u des brigands et larrons : tel et seniblable statut est en plusieurz lieux d'ltalie. Cela est cause que les hommes du pays sont plus prompts a tenir en seurete les chemins, a venger I'injure faicte a aultres , comme estant commune et apparlenant a tons. » A cette cause , Messieurs, et que cecy vous toviche, prin- cipalement, advisez s'il vous plaist de prendre ceste charge sur vous et les corps de villes , et de garder que telles seditions n'advicnnent plus, les ammortir et appaiser; le Roy vous mettra a ceste fin les amies <\ la main. Considerez combien vous sera plus aise, que d'avoir ces garnisons en vostre niai- son , pour empecher telz troubles ! » La ville d'Amiens et plusieurs aultres qui sont en fron- liere, eslimeut a grand bienfaict, privilege el honneur , de se garder eux-memes et leurs villes contre I'ennemi, et estre exempts de loger des soldats. ))Le Roy lui a commande dire, pour le particulier de Paris qui a tou jours eu le bruit d'etre la plus fidele a ses Roys : aussi est-elle capitale ; et en est ledit seigneur jaloux; non pour defiance qu'il ait ties 1)ons liabitans, mais etoif (pi'il y a plusietu's i-io SCIENCES MORALES g(!ns aultrcs sans aveu, et craint qu'il m:il vieiuic dc dehors. »I)ii resle irij^iioic pas que, dans ses reiuoiifranccs do i567), le jiarlcmeiil (cist observer audit Seigiiciii-Uoy : « (jne Paris esUtit la eapilale du loyaidnic, ct que la seuiete generalc do I'Estat ue peimeltoit pas que les Parisicns fussentdesarnies. » §. vni. Dette pabliqite. — Dettcs dc la maison du Roy. — Eaxes ct re- irane/iement des dons. « Quand ledit Seigneur-Roy est \enu a la couronne, il a trouve et recueilH la succession du feu roy, emljiouillee el cnipechec de debtes et aullrcs grandcs aflaires et aullres choscs qui I'empeclient pour longtems. xTous les IVais et dcpenses de douze ou treize annees d'luie grande, longuc et continuelle guerre sont lombez sur luy; trois grands mariages a payer, et aultres clioses longucs a reci- ter, le doniaine, les aydcs, les grenicrs et partie des tailles alienes »Peut dire icy (combien qu'il u'est bon qu'il soil seen par- tout) qu'il y a plus do quarantc-trois millions, deuz, dout courent interest...! » Outre les debtes qui mangent, il a en sa maison des pen- sions et gages deuz a aulcuns,.--. aux seigneurs, olRciers, domcstiques et aultres en tres-graud nombre;... sans ce qui est du a la gendannerye. On no sauroit eslimer combien cela pent nionter!... fault avoir de quoy pour y satisfaire. »Les charges ne diminuent, bien le revenu; qui n'est pour en voir tost le tout... Ceux qui ne sont satisfaits de lour don, ou des bienfaits accoutumes, cuydent que la bourse du Roy soit grosse ; et attribucnt la faulte a ceux qui out ete contraints adviser le rctranchement des dons (i). I (i) a La pi'opi.silicin dc ifjclo) les dons iinnicnses ik; fiil ]iiiint oubliee aux Elats d'Oileaiis (dil Mi^zekay), qiiclques biigncs i[ii') jnissciil avoir k'S favoiis des rcgnps passes ; ce qrie les gens de bien cjiii avoicnl soin ife ET POLITIQUES. 121 »Gens qui ne scavoiit que c'csl que do raisoii, s'eu seiiteiit iiijuncz, et ne congnoisscnt oe que dil le proverbe : que c'est granile vcrgognc doutier ct ne pajcr ses dehtc?. ))Pour Ic regard de ses dcbtes (pcrsonuelles) , le Iloy a faict ce qu'il a pu; en partie a rongne les dons... llogiier le tout, ne se pent I'aire, avec beatu-oup de gens acontenter. A com- pose avec ses creanoiers...Tout ne peult etrc taict en un coup. » Sa volonte est tres-saincte de Aouloir acquitter la foy de ses predecesseurs; en cela il ne refuse se rednjre a telle niesure et espargne qu'ung prive seroit content, pourveu que sa nia- jestc royalc n'en soil avilie. »I1 a recours a vous comme a ceulx qui u'ont jamais lailly a secourir leur prince, vous demande conseil, adviz elmoyeii de sortir de ses aflaires : ce qui vous sera plus aise aprcs avoir veu par le menu I'estat (de ses destes), ou I'avoir faict rcolr par aulciins de vos deputez. Et j'espere que I'ordre qui sera donue seia comme rcglemcnt pcrpctuel pour la maison do France, lecjuel lezRoys ct rojnes sont tncn dclibrrez de fairc garder et cntreienir. » §• IX. Voies ct moyens. Veiite dcs biens d'Egitse (1). Garanlie anx accfucrcurs des biens vendus par I'Elat. ' « La NECESSiTE qui, conniie dit ung poiite ancien, plus forte que tons les dieux ensemble , est venue pour vous faire entendre les causes qui ont meu le Roy de I'airc rcdit qu'il I'avcnir avoyenl jriande raison de soiiliaitcr, patce que si une fois on eiH seveiciiicnt condamne ccs liarplcs a rendrc com/itc , la convoilise de ceux qui , depuis ce tenis-Ia , out manic les alFaires cl les dcuices du Roy, ii'cut jias englouti si avidenient toule la substance du Roy, quaud clle ei'il pensij que tot ou taid elle atuoit la IioiUe dc leudie gorge. » ( liist. dc France, loni. II, p. 812. ) (1) Oil ne connaissail pas alois la Tlworiedis ewprtinls ; on n'clait pas encore cntre dans la vote du credit On s'cn prenait aux lealiles qu'im liouvail sous sa main. 123 . SCIENCES MORALES vous a cnvoyu nag^^rc, touchant I'alicnation des biena cle I'Eglise, jiisques a la sonune de cent millc ecus dc rente. — « Les afl'nircssont telles que de deux choscs Tune; ilfaut, ou metti'C Ic royaulme en hasard, ou vendre le bicn de I'Eglise. . , » L'Eglise a ete ung terns sans possession : pourquoy nc fault trouver estrange la vente d'une portion du bien dc r I'lglise quand la nccessiU y est. » II n'est rien de plus sieu et de plus propre i chascung que les bicns qu'il a eus de succession ou d'acquisition, les- ([uels tons les jours sont veudus pour le payenicnt de la laille (i) ou de Temprunt. Ne soyt done point Irouve si mau- vais le roy, elant reduit a ceste extremite. >) Regardez s'il vaut mieusx perdre le royaulme que prendre argent du bien de I'Eglise » Veulx declarer la commodite et moderation qui s'y gar- dera ; c'est que Ton ne touche aux cures. On a delibere des (iveques; on eflt desire n'y toucher; mais y a de gros esve- cbez : raison veut que qui plus en a, plus en rappoile; quand tout seroit calcule, croyt que ce n'est que la 40"° parlie du total revenu. » Le pauvre peuple en paye pluschacun an! c'est rien ou peu eu egard aux grands biens de I'Eglise. » Ne scays comme le pape le prendra, ni quelle sera sa reponse mais (en attendant) il faut iaire et executer, et puis combien qu'il ne tient au roy que Tordre ne soil garde; conimcufons par le fait, la soleninitc suivra (2). (1) A cette 6poque le peuple etait si uialheuieux que, dans un nie- nioire presente au roi par les nobles et genz du tiers estat reuais contre les ccctcsiatiques qui se rei'usaient «i contiibuer aux impOts, on lit : » L'on a » vii en plusieurs endroicts Jecouvrir les uiaisons , veiulre la tuile et les n chevrons poar le payement de la taille. L'on a vu, chose digue de com- » miseratioo , executer k nieme effet, uiie pauvre feuime en son pain , 1) donl elle et ses pctits cnfans dcvoient elrc nourriz. » (?.) L'adhi-sioii du pape pouvait Ctre de convenance ; mais son con sentement, suivant notre droit public fran^ais, n'a jamais 6t6 necessaire in Fiance (lOur arrivcr ii la fin dout 11 s'agil , ot pour laquelle lea 6dits du roi , duinent enregietr6s , out loujoure sufB. ET POLITIQUES. lao » Ces raisons vous doibvent suffire a tons qui cstes ama- teurs du lojet de vostre patrie; car, a monadvis, U n'est plus grancfe, plus forte et plus salute ralson, que celle qui faict pour la conservation de I'estat, du roy, de la patrie (i). >> S- X. Esprit public. Inquietude vague mais reelle. « Es licuxqui sont pres de la mer, aussitot que Ton voit Ic signe de feu ou i'umee, chacun court afm de chasser I'en- nemi etranger. Nous devrions etre plus soigueux a chasser le domcstique et familier... »Les bestes brutes sentent venir I'orage et cherchent les ca- chettes; ne trouvons pas mauvais si les hommes le prevoyant, se uiunissent a I'encontre. Nos menaces out ete tnessageres de nos complois , ainsi que I'eclair du tonnerre : nous leur avons taict voir nos apprcts ; cessons done de nous esbahir s'ils ont ung pied en I'air et I'oeil en la campagne... flLechancelierajouta que lesesprits etoientindisposezcontre leRoi (2} et ses principaux ministres , sans que la cause de cetle alienation generale fut connue, et qu'on put par consequent y (1) L'editpassa-Leclerge voulut en vain protester, on n'yeut egard. Les biens furent vendus. Le cleigt essaya encore de revenii- , en offrant de racheter les biens ; mais les acquereurs furent niaintenus. Leur droit fut fortenient appuye par le niemoire que j'ai deja cit6 , intitule : Remon- tiances des Nobles etgenz du Ticrs-estat du royaume, contre la requete des ecclistasttqites tendanteifaire retiier leurs biens vendus par vcrtude IV'dit du seigneur roi, en date du 17 mai i565. a Parcest edict, disoient au roi ■> les auteurs des remontrances, vous avez promls et jure que les acLepteuri » desdits biens seroient assures perp^tueliement de leurs achaptz , et k " eeste fin ordonne que si les ecclesiastiques vouloient revendiquer leurs » terres alienees par le moyen dudit edict , leur lHjelle seroil laceri des 1) la premiere assignation , avec condamnation d'amende , et les juges » qui recevroient tels libelles privez de leurs estats. p (2) Cela devait etie i une epoque oil Ton n'avait pas mis nettemcnt le roi hors la question, en faisant peser sur les ministres seuls une rcs- ponsabilitddont sapersonnesacr^eet inviolable doit demeurcr affranchic 134 SCIENCES MORALES apporler remcde : la pliipiirt pea satisfaits da present elakirmcs de I'atenlr; (jiiolqucs vins par (Irsinolifs de i'clij;i()ii, ct iiii plii^ grand rouihro par do.s viios d'anibilioii avoiciil siiscile dos tronl)los. »Qu'aiiisi il falloit taschor do coniioilro ri)rif,Miio dii mid pour y apportcr Ic renicdc coiivcnablc. [ Or , do cos cau'-os voici les priucipalos : ] i". CAUSE. Lcs fad Ions. »Lc mal vicnt que vous olos on vous parlys (divisos), et y a des faotions... »0n diet qu'il y a des lactions pour lcs princes et gr/inds segnours(i). Coulxqui sVn aydont s'cn soucieut api-es coiuuio des putaius; qui est uue vilaine cojiiparaison , niais vra3'e. a'"". CAUSE. Egolsmc, ricille ranciinc , el niaiivais votdoir de r/iiel- qnes-uns. )t Ceux qui, sous prclexle de nc rion coder et dc teair lour sourcil refrougne , taschanl dc s'agrandir clvengcr leiirs inancais courages, tenant a peu le iiasard de I'Estat, et la cerlaine ruyne dn roy et de ses subjcts, peuvenl etrc appclioz postes et pro- diteurs de la respublique , do lour palrie et de sa niajcste. » Ceux qui tascbeut dc s'agrandir ct vengcr Icurs injures aux dopcns de I'honncur du roy, duqael ilz sc coavrent, vou- laut elcindrc avec le sang du people le feu qn'ils out cux nies- iiics allunie ct cntretienncnt loujours a la ruyne et desolation dc cost cstat, nc pcuvent etre tencus pour aultrcs que pour traistres ct proditcurs dc la cause du roy et de la patric. » Ce sont toutefois les pilotes de cc grand navire qu'on a cboi- sis , lesquclz condiattent contre I'oragc ct conlre le cicl, an lieu que le bon pilotc ne s'obstine jamais contre la tempeslc » Arriero doncques ces pcstcs qui d'ungcoeur hostile et san- (i ) lits (iiiiscs, ])iinccs dr. la iiiaisun ilc Liiraiiit, lu iiruRC dc (joiidf, il aultir.i dans ct liors la litjuf. ET POLITIQI KS. 125 j^iiinaii'o tasclionl (le ciiiToinpie (ccque Dieii dcluui'iie ) la iKiilvc et naturcllc l)onle de nostrc prince, de la royne sa iniTP, ot de iiiosseigneurs scs frcres, qui les vculcnt dogcne- irr dc raiiticnne tant celebre et plus divine (|ue luiinaine dehoniiaifclc dc leurs'inajeurs roys dc Fiance envers Icin's siib- jels, qni a etc le nerf et le lien qui, si longuenient, a iiiain- lenn ccttc cournnnc , recogneue et servie d'ung coeur franc et loyaute IVancoise , et nou par t3rannie, par effusion de sang et par cruauUe. Telles genz sont de manrais augiire d cesfe con- ronne , et scniblent vouloir advancer le destin d'ycclle, c'est-a- o SCIENCES MORALES I/ticole (Ics ('loves du corps ilo raitillerie avail etc transic- loe dcpuis pen ;'i Chalons, villc oi'i il n'existait pas un seul ctahlisscmeiU militaire. « Quelqucs pieces de canon de siege et de canipagne composaient tout le materiel de riiistrndion; point de cabinet de physiqne , de laljoiatoire de chiniie , de Uibliotheque , de collections d'aucune especc. » L'Ecole du genie militaire , fondec a Mezieres en 174^1 jouissait a juste titre d'une haute reputation. Ce fut la que I'Kcole polytcrhnique puisa, en lui donnant une grande ex- tension, sa methode d'instrnction qui consiste a faire cxecu- ter, autanf que possible, les objets desleconspar des travaux graphiques on manuels, et a meler sans cesse la theorie a la pratique. C'etait dans cclte ecole que Monge avait enseigne la geometric descriptive qu'il venait de creer; car il avait, le premier, reuni en corps de doctrine ses elemens epars, par une theorie simple, elegante, facile, se pretant anx appli- cations les plus ingenieuses et les plus varices. Mais, entiere- ment desorganisee par un decret de la Convention, base sur des motifs aussi absurdes que frivoles, cetle ecole nc recevait presque plus de sujets, et ceux qui venaient s'oflVir ne pou- vaient pas meme satisfaire aux conditions faciles d'un exa- men peu rigoureux; on venait d'ailleurs de la transferer a Metz, en la depouillant de ses ornemens les plus precieux et de quelques cours indispensables. L'Ecole desponts-et-chaussees admettait ses candidats sans examen prealable, la faveur decidant seule de leur choix. On y donnait une instruction assez elendue pour qu'il en sor- tit des ingenieurs instruits ; maisseseleves, parmi lesqnels les plus anciens remplissaient toujours les fonctions de repeti- teurs , venaient d'etre mis en requisition pour le service du genie militaire, et ses cours ctaient interrompus. Les eleves ingenieurs de la marine allaient chercher une partie de leur instruction speciale dans la salle dite de la Ma- rine , an Louvre, et chez des maitres particuliers; ils la com- pletaient ensuite dans les ports militaires ; mais les scellcs avaient ete mis sur cette salle, en meme terns que sur celW ET POLITIQUES. i3t de rAeademie des sciences, coUo societe savante, comnie loules lesaiitres, ayan^ete siippriaiec. L'Ecole des mines n'etait pas en activite; les ingenieuis meme restaient dans une complete inaction. Le corps des ingenieurs gcographes, d'abord supprime en 1791 , puis retabli en 1795, n'avait pas meme d'ecole spe- ciale oi"i ses officiers pussent acquerir les connaissances exi- gecs pour leurs travaux : il etait alorsdans un etatprovisoire, voisin de Tan^'antissement. EjGfraje de I'avenir de I'l^lcole des ponts-et-chaussees, Lam- blardie, son directeur, concut le plan d'une ecole prepara- toire , oil les jcuncs gens qui se dcstinaient a cette profession devaient acquerir les notions elementaires des matliema- tiques et de la physique, et bientot, generalisant sa pensee, il jugea qu'elle pourrait devenir commune aux divers corps d'ingenieurs civils et militaires, auxquels ces connaissances prcliminaires sont egalement necessaires. II commiuiiqua cette idee a Monge, qui s'enthousiasma pour un prujet si bion en harmonie avec ses grandes vues sur I'litilile des sciences exacles et appliquees qu'il cultivait ayec une glo- rieuse predilection. Plein d'ardeurpoursa realisation, ftlonge se chargea de le conmaiiniquf^r a la reunion de savans que .s'etait adjoinle le Comile de salut pu])lic pour accelercr I'arme- ment general de la France : il y fut accueilli avec transport. Carnot et Prieurde la Cote-d'Or, tons deux officiers du genie et anciens eleves de Monge, se chargerent de le presenter au gouvernement d'alors ; et de cejour Prieur, se declarant le protecleurdel'Ecole au sein de la Convention et des assemblees qui lui succederent, montra un zele infatigable pour de- fendre cette institution naissante et pour assurer ses premiers pas, necessairement un peu cliancelans. C'est principalement aces trois hommes, Lamblardie, Monge et Prieur, que la France est redevable de I'icole polytechnique (1). ( 1) A la 111(11 1 fie MoNr.ii , principal fondatoiir, en i8iS, les ofiicins des div( rs services imblics en garnison a Donai proposerent in,e sniiscri|itiot1 .ir>'.. SCilvNCKS MOI'.ALKS I^ Comviission clei Travaux publics , qui venait d'etre criec par la Convention, fut chargee, presque al'insu de cette as- semblrc, aupri-s de laqucllc les Iravaux do ces savans pas- saient inaporcus, des dispositions relatives a retahlissemcnt de la nonvellc ecolc, qui avait eto votee dans un paiagraphe ohsciir d'linc loi qui ne I'avait pas specialement poiu' ol)jet. Scs lucmhres s'ctablircnt au Palais-Bourbon et designrrent pour Ics jt.ltimens de I'EcoIe Ics ecuries, les retnises, la salle de spectacle cl I'orangerie : singuliere destination de ces depen- dances de I'ancicnne habitation du prince de Conde! Veut-on savoir comment on operait dans ce tems-la pour arriver vite au but? « On partagea entre plusieurs commis- saires, tons destines A remplir des fonctions dans I'Ecole, le s<)in de la ponrvoir do diverses collections, scientifiques et outrcs, nccessaircs a I'insti'uclion. La commission lemporaire des arts, ctablie prcs Ic comitc de I'instructionpidjlique, recut ordre de Icnr indiqucr les objets de ce genre qui se Irouve- raient parmi les effets nalionaux (provenant de la couronne , du clcrge, des academies et des ("onfiscations revolution- naires), de rcqucrirla leveedes scellos apposes sur ces objets, et d'en presenter les clats au Comitc dc salut public. « La formation du cabinet de physique coflta peu de terns et de rocberches. Un grand nombre d'instrnmcns rassembles par le savant Charles etaient en depot dans I'hotel d'Aiguillon. Barruel y fit choix, pour I'ecole, de 260 articles, evalues apres de 5o,ooo f. Une partie dc ces instrumens de physique ap- partcnait au garde-meuljle dc la conionne, quchpics-uns a I'Acadcniie des sciences, tons Ics autres etaient des proprietes particulicres. Le cabinet des modeles, !a collection de mine- qiii fut ouverte a Paris ; el un monuin(!;il fat elevi; , dans le cimcliere du pere La Chaise, i Monge au nom des clivcs de i' Ecolc potytcchniqiic. L'as- sociation de ceux qui a[)]iai lenaient aux provinces belgiques priX part i la souscription. Les /;I(,ves alors pr(''sc; s dans la noiivelle ecolc ne pu- renl ))as assisler J> sos obscqiies; niais, au premier jour dc conge, ils -se rendirent en corps au perc La Chaise ; cr , dans le silence ct le re- fueill^nipnt , ils deposeient une rnuinniie sur sa tonihe. I:T POLITIQLJES. ij3 ralogie, le lalioratoire dc chimie et la bibliotheqne fiuent d'abord composes d'objets d'une semblable oiiginci Le senli- ment penible excite par de tels souvenirs est a peine adouci par la pensee qu'en cctte occasion ce fiirent la science , la pa- trie, et non la cupidite qui profita de ces tristes depoiiillcs.... «L'cnseignement dela gcometrie descriptive etdeses appli- cations d'aprcs lesnicthodcsnouvelles, inventces parMonge, exigeaitaussi un grand nonibre de dessins, dont laplusgrande partie devait etre gravee. La commission des travaux publics fut autorisee a employer vingt-cinq dessinateurs, ct un plus grand nombrc, s'il etait neccssaire. » Le celcbre Fourcroy avait ete charge de presenter a la Convention un rapport sur la constitution de la nouvelle ecole. Pour obtenir I'approbation de cette assemblee, il fut oblige de presenter les arts et les sciences « comme d'utiles auxiliaires des soldats republicains. » Son rapport se termi- nait par ces paroles, oi'i se montrent bien evidemment les vues elevees des Condateurs de la nouvelle institution : « Le comite doit vous dire que la grandeur de cctte ecole est digne du peuple auquel elle est consacree ; qu'elle sera sans modele en Europe, qu'elle satist'era doublement et aux besoins de la republiqueet a I'instruction generale que le peuple reclame depuis cinq ans ; qu'elle repandra de proche en proche, et dans toute la Rcpubiique, le gout si avantageux de I'elude des sciences exacte.-^, et que c'est enfin un des plus puissans moyens de faire marcher, d'un pas egal, le perlectionnement des arts utiles et cclui de la raison humaine. n Le Comite de salut public crut devoir se justifier de n'avoir pas piopose pour I'appel des elcves « une repartition uniforme sur tout le territoire de la Republique, comme il fallut le faire pour lever des bataillons. » Telle etait alors I'exaltation des idees d'egalite, que le talent et I'instruction etaient consideres comme im privilege dangereux pour la liberte. L'Ecole eut encore dans la suite bien des luttes a soutenir pour defendre cet innocent ct trop rare privilege. Pour mcttrc ses travaux en pleine activite, prcsquc aussi- i34 SCIEMCKS MORVLES tot apr^s lo dicret (]e sa rormalion, on imagiiia dcs cours conceiitros (dit.s cours'ri'voliitioniiaircs) , de la diiree de trois mois et doniics en mC-mc teins. lleiifermant renseigiifmeiit total dd'Ecole, ilsdevaient former tine instruction complc'te, quoiquc acceleree, qui permit, a la fin de ces conrs, de par- tager les eleves en trois classes, correspondantes aux trois annees d'etudes. Mais laissons parler M. Fourcy. « Cependant le jour de I'ouverture des cours s'approchait, et Ton manqnait encore d'uiie grande partic du materiel ne- cessaiie a quciqnes branches de I'instrnction. II t'aliut recou- rir a I'energique assistance du Comite de saint public. Ce n'etait plus, il est vrai, la formidable oiigarcliic ([ui, avant le 9 therniidor, disposail souverainement des biens et de la vie des Frangais; mais le uouveau comite jouissalt encore de pouvoirs assez etendus, et n'avait pas entierement epuise les ressources extraordinaires amassees par son terrible de- Tancicr. Quelques arrttes , aussitot executes que rend us, ponrvurent largement aux premiers besoins. Voici des exem- ples de la maniere dont ces affaires se conduisaient. » « Carny, charge de rclablissement des laboratoires, ne pouvant ni trouver d'ustcnsiles en cuivre, ni en faire fa- briquer, fante de matiere premiere, le Comite ordonna a la commission de commerce et approvisionnemens dc fournir, sans delai, six mille livres de cuivre et deux mille livres d'e- tain ; trois jours apres, nouvel ordre a la meme commission de livrer, pour le meme service, quatre-vingts voies de char- bon de terre et de bois ; et, pour I'eclairage de I'hcole , vingt mille livres d'huile a prendre dans les magasins du Havre. La semaine suivante, il est enjoint a I'agence des pondres et salpetres de donner deux barils de potasse et cinq cents livres de salpctre, pour etre employes aux experiences de chimie. Enfin, la commission dcs amies est chargee de mettre a la ilisposilion de I'J^lcolc pres de deux cents vaisseaux et iistensiles en cuivre qui etaient en depot dans I'eglise de Saint-Severin, sans parler de plusieurs autres objets asse/ considerables pris en differcns licux. « ET POLlTIQUliS. i35 C'est a I'aidu de moyeiis semblables qu'on parviiit, eii qiiati^ ou cinq mois, malgre I'extreine penurie du tresor, ;'i porter les constructions et les approvisionnemens au point de pouvoir commencer tons les cours. « Le nombrc des eleves adniis, d'apres les premiers exa- mens, fut de trois cent quarante-neuf. Pour atteindre ce uoin- bre, il fallut accorder des dispenses d'age a beaucoup de can- didats : soixante-dix d'entreeux avaient plus de vingt ans; il s'en trouvait vingt-sept qui en avaient moins de seize; un de ces derniers n'avait que douze ans et demi , plusieurs etaieul au service militaire. L'un de ceux-ci, age de pres de vingt- cinq ans, avail perdu un bras dans I'lnde sur I'escadre de Suffren. Onderogea, en faveur de ceux qui appartenaient a des families nobles, a une loi du i6 avril de cette mOme an- nee (27 germinal an 2), qui interdisait I'entree de Paris aux membres de la noblesse. Enfin, le Comite de saint public ayant autorise les eleves des services publics a se presenter au concours, il en vint un du genie militaire, deux du genie maritime, et vingt-deux des ponts-et-chaussees, dont quel- ques-uns sortaient de I'ecole provisoire , etablie a Toulouse pour ce dernier service. » Toutes ces dispositions n'etaient qu'accessoires dans une institution dont I'objet principal etait d'etendre les connais- sances et de fortifier I'intelligence des jeunes gens appeles a jouir de ses bienfaits. L'operation la plus importante consis- tait dans le choix des instituteurs. Heureusement le gouvei- uement jeta les yeux sur les hommes les plus capables, sur ceux meme qui avaient embrasse avec chaleur le plan de cette grande ecole, qui avaient anime de leur zele les eleves- instructeurs formes dans les cours concentres dont nous avons parle (1). Ce furent : r, . ... J ... I MoNGE , deced6. i" treometrie descriptive. { - ( JtiACHEiTE , adjoint. i 1) L'liisloiicdoitfaireunemenlion paiiicuHere de Moivge qui, par pur dcvouinent pom- la science, s'enfermail des joiirnees eii(i>ies avec les AniH'e. iS6 SCIKNCKS MOUAriiS 3* .VnalTse. I AnnuGABT, dicede. \ Kiuiuv (»). Ti" Mecuiiique rali..niirlle : I'aosv. , _, . ( IIAS^B^PBATZ,dtici!d6. • ' ( BiRniKi,, adjoint, d6ct'd6. , . ( FouRCBOY, decide. .(" (^liii)ue. i^'Atmcf. ... j- ■ . ( Vaiql'klin, adjoint, , ,• Bebthoi.let, dec6d6. ■J."" Aiuici'. 1 ., 1- • ^ ( CiBAPTAi,, adjoint. GuYTON DK MoRVKAu, deced^. Pei.letieb, d^c6de. 6" A iciii lecture : ISaltard. , Le 1^°' d'Ab^on , pour les cours \ / Catoibe (2) , ( prcparaloires, decede. J auxquels i decedi, 7" Forfific. J DoBUKHEiM, anc. of^'du g6nie. isuccedcrent < et i Maeti.n de Campredon, l*.-g°' \ bienlOt I. Say (5), de- \ du genie en retraite. ' V cede. ^ ,. . ( Neved, decedi. o" Uessin. s ,. , , , « ^ ■• • . ', MiRiM^E, Lemire, Uosio , atdjoints. 9" Traviuix civils. — Lamblahdie, deced6, en mfime terns D*''"' de I'Ecole. 10° Chaissieb, medecin de Tficole, fut chargfc de faire un cours de salu- brile. Laplace et Bossut fetaient examinateurs pour I'admission des elcves dans les divers services publics (4). M. Foiircy nous montre ensuite les difficultes croissant avec le duvoCiment des instituteurs, du directeur et des eleves ; les lunestes effets de la penurie dans laquelle I'Ecole eleves-instructeurs qull cnflamniait de son ardeur et de son genie. Pour c'ette 6cole preparatoire on choisit I'hAtel situe quai Vollaiie, n° 7, qui elait a la disposition duComite de salut public. (1) ?\otre savant collaborateuf. {■?.) Colonel, commandant le genie k rarm6e de Saint-Domingue, en 1S02, of mort dans cette expedition. (5) Capitaine du genie , tue au siege de Saint-Jean d'Acre. (4) Nous enipruntons cette liste, en la conipletant, a line Notice sur lacreation de I'Ecole polytcchniquo, ])ubliec |)ar M. Hachette. La liste c)iie donne M. FdtRCYn'ist pas conipli.le. ET POLITIQDES. iSy lomba bientot avec tons les autrcs etablissemens d'utilite publique; Ics attaques qu'elle eut a soutenii-; les modifica- tions successives que son organisation premii;re dut eprou- ver; la reorganisation des ecoles speciales des services pu- blics pour les mettre en harmonic avec elle ; les debouches nonveaux qui furent ouverts u ses cleves; la part qu'ils pri- rent aux commotions intestines de la France, et les plaintes rehementes qui furent portees au sein de la Convention et des autres assemblees politiques centre leur incivisme pre- tendu (i). Malgre les difficultes detout genre qui entourerent la jeune institution a son berceau , malgre les desastreux effets des assignats et de la disette qui forcerent le tiers de ses eleves a se retirer au bout de quelques mois, ses cours avaient deja acquis une si grande celebrite, que, quelques services publics ayant sollicite pour leurs cloves I'avantage d'y per- fectionner leur instruction, I'autorisation d'en suivre les exercices fut accordee , vers la fin de la premiereannee, par le gouvernement, a quarante jeunes officiers du genie, a trente-huit eleves de I'Ecole des mines, ;\ deux eleves de I'agence des poudres, et a quatorze eleves de I'Ecole des ponts-et-chaussees. Bien que I'instruction de la phipart des eleves admis dans le courant de cette premiere annee fflt tres-incomplete, etque leurs travaux eussent souvent etc in- terrompus par des circonstances politiques auxquelles ils ne pouvaient pas rester insensibles, ces premiers nes de I'licoie ne 9ont pas ceux de ses enfans qui lui font le moins d'hon- neur (s). (i) Aux journees du 12 germinal et du i"*' prairial an in, la plupart des Aleves avaient couibatlu avec la Convention contie les jacobins. Le i3 vendemiaire an iv , ils prirent les armes avec les citoyens de Paris contra la Convention, et une enquete fut faite dans I'Ecole par ordre du Coniit6 de salut public. (a) Parmi les liomnies qui en faisaiont p.Trtic , on lemarque MM. Biot, Cordicv, Hericart de Thury, Brochant dc VlUitrs , Heron de li He fosse. i38 SCIENCES MORALES Bicntut les eveueniciis poliliques aiueneiciit los proles- seurs et Ics cleves sur cles terres ctrangeres. Mongc el Ber- thollet fiirent appeles au dela dcs Alpcs pour choisir les objets d'art donl la bravoure de nos soldats devait orner la France victorieuse. Toiijours attentii's a la prosperile de I'Ecole, ils enrichirent sa bibliotheque et son cahind de phy- sique d'ouvrages et d'instrumcns tires des musees et des bibliotheques de I'ltalie. Cependant, dcvore du desir d'occuper I'attcntion publi(iuc de sa gloire et d'acbever dc fasciner les jeux de la^alion par le merveilleux d'une guerre orieutale , Bonaparte pre- parait son expedition d'Egypte ; et , pour lui donner plus d'eclat, faisait un appelaux savans, curieux d'explorer I'an- tique et celebre terre des Pharaons et des Ptolemees. « L'Ecole polytechnique ne pouvait rester etrangerc a une entreprise ^Inltis, decede, Poinsni, membres de TAcadeniie des sciences ; Jomard, de Cliezy, I'alchcnai'r, membres de I'Acadeinie des inscriptions el belles- lettres ; Bigot cic Morog ties, coirespondant de I'lnstitut; Dcscolil, Picot- Lapcyrousc, Tremery, Doucharlat, CIcmenl-Dcxormes, dc Vailly, Dincl , Franca-ur, Sedillol, connus dans le monde savant ; les lieutenans-gene- raux Bcrtrnnd, grand-niarechal du palais de Napoleon ; Dode de la Brit- jicrie, Haxo , Berge, Kirgencr, tue a Baulzen; les marechaux-de-camp de Ponlbon, Label, Bernard, directeur du genie militaire aus Etats-Unis ; Uoliaat de Fleury, J^arcngliien; les colonels Castillon, Emy, Henry, tue 4 I'armee; hoard, Delapissc, Pros(, Boussaroque-Dclafont, Capcllc, Goll, Htisson, Lttfalllc, Plagniol, decide; Seliouller, Vainsol ; MM. Dclavil/c Gonlhier, pair de Fiance, ancien prefet ; deSalnle-Aiilaire, Lamande, Jars, Marcliegay de Lusigny, Augustin Perler, de Bcrigny , membres de la (Jiianibre dcs dejiutes; Maillard, Tuplnier, conseillers d'Etat ; Brisson, Cdvctine, Diitcns, Jousselin, dc Saint-Genys, inspecteurs divisionnaircs des ponts-el-chaussees-; Bcaunier, inspecteur divisionnaire des mines ; Colin, conseiller i la Gour royale de Paris; Frelcau dc Peny, avocat ge- neral pres la Cour de cassation ; Bindu aine, procureur general pres la Coiir des comptes ; Chabrol, prefet de la Seine ; Itngnial, prel'et de I'Ain ; Busch, Bernard, Jobard - Dumcsnil, anciens prefets ; Charon, directeur de rinstitution royale de musique religieuse , ct une foule d'autrc.s liommes dislingues <]ui ont succombe vaillamment sur les cliam]is dc bataille, ou (|ui remi)lissent des fonctions honorables dans les divers sei vici s publics et meme dans les professions libres de la s iciele. ET POLlilQUES. i59 interessante pour Ics sciences. Plusieurs de ses membres y i'ureut appeles : Fourier, Berlholict , et, plus tanl. Monge lui-uieiiie, qui et;iit retourne depuis trois niois en Itaiie pour organiser une republique romaine. Le premier fut supplee a I'ecole par Garnier , le second par Chaptal. Trente-neuf eleyes , les uns deja pouiTus d'eniplois dans les services ci- vils et militaires , les autres n'ayant encore d'autres litres que celui d'eleves de I'Ecole polytechnique, allerent , sur leurs pas, prendre part aux dangers et a la gloire de Tarniee d'Orient. Huit d'cntre eux y perirent, viclinies de la guerre ouclu dimat. Dix-sept autres I'urent les cooperateurs de cette commission des s( iences et des arts qui conquerait I'Egypto ancienne sur i'oubli, I'ignorance et le tems , pendant qu'une heroique poignee de guerriers francais arrachait I'Egypte mo- derne i la domination des Mamelucks et des Ottomans. Quel- ques-uns ont place leurs noms avec honneur dans le beau monument, seul et magnifique reste de cette noble conquete, et que la voixpui)lique a coutume de nommer le grand Outrage sur I'Egypie (i). » Cette lamille savante setrouvait done ainsi disseminee. Ses membres, lies entre eux par I'amitie encore plus que par la science, restaient separes, mais ce sacrifice menie etait hono- rable pour I'Ecole. II faut voir, dans le livre de M. Fourcy, I'expression si vraie de ces sentimens affectueux des maitres pour les eleves et des oleves pour les maitres. A peine arrive a Paris avec le general Bonaparte , Monge , impatient de voir son ouvrage, se rend au conseil de I'Ecole. Le proces-verbal meme de la seance a eu soin de nous rappeler cette circon- stance : « Le conseil suspend toute deliberation pour se livrer k (i) FouHiEB, alors professeur d'analysei I'Ecole, aujourd'liui I'lui des deux secrtlaiies perp6tuels del'Academie des sciences, fut chaigt- de re- diger la pieface de ce grand ouvrage, et cette composition remarqiiable lui a ouvert les porles de 1' Academic frangaise. Le dernier ni'inbre ad- mis dans cette conipagnie litlerairc, M. dbBarakte, pair de Fianci-, est un ele»c de la promotion de 1798. i4o SCIENCES MORALES I'effusion de ses senlimens de joie sur Ic rctour dc Monge cl de Berthollet. Monge etait present : il recueille avec sensibi- lite les doiix cpanthemens de ramitic qui lui sont prodigues parses colKgues; puis, par une hcvu-euse diversion, il ramene les souvenirs sur les jeunes eleves de I'licole polytcchnique qui les ont accompagnes. Tous se sont distingues par leur conduite et leurs talens; ils se sont montres hommes fails avant I'age : au combat, ils egalaient les vieiix grenadiers; au travail perilleux des sieges , ils rivalisaient de sagesse et de sang-froid avec les ingenieurs consommes.... » La retraite de Lagrange suivit de pres le retour de Monge. Le grand geometre avait trop presume de ses forces , en se chargeant, « pour concourir aux progres de I'Ecole centrale des travaux publics, » d'un cours d'analyse, en dehors des cours reguliers, et dont I'objet etait ravancemcnt meme de la science. II ccrivit au conseil que la faiblesse de sa poitrine nc lui permettait plus de continuer ses lemons, niais qn'il con- serverait toujours un interet sincere a un etablissement qu'il regardait comme I'un des plus beaux ornemcns de la Re- publique. Ces lecons de Lagrange avaient lieu en presence de la totalite des eleves. «C'ctait la, dit un autre savant, qu'il fallait assister pour se faire une idee de Tenthoiisiasme de cettejeunesse passionneedu desir de s'instruire, afin de mieux servir son pays; pour voir d'habiles professeurs rendre hom- mage h. un si grand esprit, se confondre avec les eltves^afin de s'edairer plutot de sa lumiere et de prendre en quelque sorte, sur le fait, le genie de I'lnvention; et pour juger dn religieux silence dece nombreuj auditoire, quand une inter- ruption inaltendue indiquait che?; TiUustre geouiclre une de ces profondes distractions qu'une idee ini'prevue venait par- fois lui causer. » {Biographic univcrselle de Mic/iaud , arlicle Lagrange^ parM. Mai'rice.) Quelques annees apres, Berthollet, qui faisait aussiun cours de perfcctionncmcnt de chimie, se demit volontaircment de sa place d'instituteur. II ecrivait au gouverneur : « J'ai vu a-vec regret arriver le terme qui me separe d'unc jnjtitution qui ET POLITIQUES. i4i m'inspira, des son originc, le plus vif intorel. Si je n'ai plus le bonheur do coop(';rer avcc mes celi;l)ies confreres acultirer des talens consacres a la patrie, je leiirresteraiuni par I'aniitie et par les voeiix que je fais puur I'etablissement le plus utile a la propagation et aux progres des lumieres. » II recomman- dait un jeiine ami a la bienveillance du chef de I'iicole, et ce jeune ami etait Gay-Lussac (eleve de la promotion de 1797, aujourd'hui mcmbrc de I'Academie des sciences ). L'Ecole subit encore quelques modifications dans son per- sonnel et dans son organisation. Les plus iniportans de ces chaugemens, depuis sa fondation , furent amenes par le de- cretqui rcduisait ses cours de trois a deux annees, en 1798, et par celui qui cut pour objet le casernemenl des eleves, en i8o4j et qui causa sa translation dans les batimens de I'an- cien college de Navarre, ou elle se trouve encore aujourd'hui. Des ce moment , tout y prit un appareil guerrier : le bataillon de I'Ecole pol} technique recut au couronnement un dra- peau, commeles autres corps militaires. La devise de I'EcoIc y etait ccrite en Icltres d'or et en caracteres de cuivre sur les giberues des eleves ; on y lisait : POl'R I-A PATUIK, LF.S SCIESCr-S ET I. A GLOIRi: (1). L'Ecole continuait ses etudes laborieusesetpacifiques. Seu- lement, dans les dernieres annees de I'empire , elles furent Iroublees par des demandes extraordinaires d'ofliciers d'ar- tillerie de bonne volonte, les besoins de cctte armc devenant de plus en plus pressans et ne permeltant pas d'attcndre la fin des cours pour recruter ses cadres. Ces demandes etaient toujoursrecues avec transport dela part des eleves qui se con- (i) M. Abago, iiicmbic dc I'Academie des sciences, Cut le premier poilc- drapeau dsi bataillon. ,4a SCIENCES RlOUiVi.l'lS sacraieiil a I'etat inililairt.', inipaticiis qu'ils (taient d'aniver sur Ics rliamps de bataille. Au touiniencemeut de i8i4, le toiriluire do la Fiance otait envahi : le sol de la patric avail t'te ^iole par des soldals etrangeis. Les cleves demandt-rcnt A rEnipcreiir de marcher les preniicrs aux frontieres. Comme leur langagc etait trop simple , que leur adresse consistait en trois on quatre lignes t'n(Mgi(iues, et qu'il n'y avail rien pour la personne du chef de I'Elal, elle n'eut pas Thonneur d'etre inseree dans le Mo- nileur qui grossissail iiiinutieusement scs colonnes des adres- ses les plus adulatoiies et souvent les moins iiiteressanles. Napoli'on voidait loudre le bataillon de J'Ecole dans I'inian- terie de sa garde. Le gouverneur JM. le cumtc de Cessac osa presenter des objections qui i'urenl ecoutees. «lJn decret imperial ordonna la formation d'un corps d'ar- tillerie de la garde nationale, lequel devait consister en douze compagnies, dout six composees de militaires invalides de I'Hotcl, trois des etudians en droit et en medecine, et les trois autres des eleves de rLcolepolytechni([ue. Les etudians, des la premiire revue qui en fut passee, temoignerent de si mauvaises dispositions pour ce service, que Ton renon- ca aussitot a les y employer (i). Les eleves s'y porterent avec beaucoup d'ardeur. L'entree dans I'Ecole des douze pieces de canon, destineesa cette branche d'instruction nouvelle, fut sa- luee par eux des plus vives acclamations. D'abord on voulut ( ontinuerles etudes, en yderobant seulementcertainesheures pour vaquer aux exercices d'artillerie ; bientot cela devint im- possible. Denombreuxdetachemensfurcntcommandeschaque jour pour le service des batteries qui defendaient les abordsde la capitale,et les eleves qui n'etaienl pas occupesala garde des bar- (i) Les eUitlians en droit niulilereiil la slatuc de ^I'Empereur, les etu- dians en ni6deciiie briseient la voitiire du sena leur charge de les liaran- giier. La pliiparl de ces jeunes gens, qui avaient dejft riiuriii un ou plu- sieurs rempla(;ans pour le service mililaire, quitterent Paris inimcdialc- inent pour fuir les atleintes d'une police ombrageuse ct cruelle. ET POLITIQUES. i43 1 iures s'exer^aient sans rclacho a la manoeuvre dii canon. Ainsi s'ecoulerentlemoisde fevrieret presquetout le mois de mars. « Cependant, les corps d'armee des marechaux Mortier et Marmont, ponsses par des forces tres-superieures, n'etaient plus, le 28 mars, qu'a une ou deux marches de Paris, et il etait facile dc prevoir qu'une action aurait lieu sous ses murs. Afin de seconder les troupes qui auraient a la soutenir , on remit aux compagnies de canonniers formces dans I'Hotel des Invalidcs, ct dont presque tons les hommes etaient ampules d'une jambe ou d'un bras , le service des batteries de position etablies aux barrieres ; et Ton organisa en toute hate une re- serve mobile de trente bouches a feu, qui fut servie par les el6ves, auxquels on joignit trente canonniers de la garde, pour faire roffice de poiuteurs et de chefs de pieces. Cette re- serve fut placee , le 29 mars, a la barriere du Trone. Le 3o, pendant que les deux marechaux, avec une poignee de sol- dats, disputaient aux nombreuses divisions russes et prus- siennes les hauteurs qui dominent Paris du nord au levant, I'artillerie de reserve se porta, vers onze heures, sur le che- min de Vincennes , d'oii elle commenca un feu assez vif con- tre la gauche de I'armee ennemie. Aucune troupe d'infaute- rie ou de cavalerie n'avait etc commandee pour soutenir ce mou vement, a I'exception de quelques gendarmes a che val, qui furent detaches sur la droite pour eclairer le flanc de la batterie. ((Tout a coup ces gendarmes reparaissent, suivis de plu- sieurs escadrons russes, qui,d'apres la situation des lieux, ne furent apercus et reconuus jioiir ennemis que loisqu'ils atteignaient dejales pieces les plus avancees. Celles-ci les ac- cueillent d'une decharge presque a bout portant, et se reti- rent avec precipitation vers la barriere du Trone; mais, res- serrees dans un etroit espace , elles s'embarrassent entre les pieces qui n'avaient pas encore commence le mouvement; les caissons se mettenl en travers, et toutes ces voitures se trouvent pelotonnees de telle sorte, que la cavalerie enne- mie, ne pouvant penetrer dans cettc barricade , est obligee de la tourner. Alors les eleves parviennent a degager deux pitves i44 SCIKNCES MOIULES dont Ic feu , joint a ccliii dc rarlillcrie cii position pies de la barriere, force les lanciers a la retraite. Au mCnie instant, un estadron de cuirassiers fianfais se met ii leur poursuitc, leur icprend deux canons qui , aventures au-dela de la route, avaient etc abandonnes; et les eleves, trainant cux-memes les pieces dcnieurces sans chevaux, recommcncent le fej pour ne plus cesser qu'a la fin de Taction. II y eut deux tam- bours tucs, un oflicier et onze elevcs blesses de coups de sabre on de lance, ct six enmienes prisonniers. Huit autres furent brides par I'explo^iiun dc quelques gargousses ; acci- dent qui doit d'autant uioins surprendre dc la part d'artilleurs aussi inexperimentc's, qu'ils n'avaient pas etc conduits une seule fois a I'exercice du tir, de peur d'alarmer les habitans de la capitale. » Cette relation n'est pas tout-a-faitexacte.Unnombreuxdeta- chenient de gardes nationaux, commattde pour soutenir la bat- terie de reserve, refusa de sortir, et 25oeleves environ, attaches aux pieces mobilisecs, marcherent sculsau combat. La battc- rie ne pouvait pas se retircr a la hate, car il n'y avail plus de chevaux pour trainer les pieces. Pendant qu'on tirait, lessoldats du train, voyant le dangerdeleurposition,avaientcoupe leurs traits ets'etaient enfuismalgreles cris des vieux canonniersqui engageaient leurs jeunes camarades k sabrer ces laches. Au commencement de la confusion generale, les oflicicrs avaient conmiande la retraite, et, voyant qu'il etait impossible de re- sisler, ils etaient dejaloin, que plusieurs eleves, amies de leur ocouvillon ou de leur briquet, luttaient corps a corps avec les hnlans ; on leur avait ute leurs fusils pour les donncr u la garde nationale de Paris. Dans une pareille cchaufTouree, il n'y avait d'aulre parti a prendre que de se rendre en toute liate a la barriere; mais a peine arrives, les eleves, desoles d'avoir perdu nn instant leurs pieces, s'excitent, s'encou- ragent., et le sabre a la main s'elancent avec les cuirassiers pour les repr«ndre. L'eleve Malpasutti, I'un de ceux qui furent decores par le roi, voyant dans la plaine le cheval d'un caAalicr luc, saute dessus, ct court chaigcr a la tete de ET POLITIQUES. i45 I'escadron ; le$ prisonniers furent pris a leurs pieces, an mo- nieiit ou ils vcnaient tie lacher unc tlecliarge a bout portaiit. Quelques jours apres, ils furent rehlclies par Ics soins du sa- vant M. de Humboldt qui, sc rappclant I'accueil aniical qu'il avait recu si souvent dans I'interieur de I'Ecole, fit , a cet effet, une demarche personnelle aupres du roi de Prusse. Pour comble de malheur, les eleves mouraient de faim : la Toiture qui leur portait des vivres avait ete pillee en route par des cuirassiers affames. II y eut en tout trente et quelques blesses ou brules, niais ils ne furent pas tons portes sur les listes de radministration , vu qu'a la suite de I'affaire, plusieurs s'etant retires chez leurs parens ne ren- trerent a I'Ecole que lorsque Ic travail fut terminc. Apres la retraite de Tarmee, le bataillon etant rentrc a I'l^cole, les professeurs temoignerent aux Aleves, de la maniere la plus touchante, quels sentimens penibles les agilaient pendant la bataille du 5o mars. MM. Aiulrleux , pro- fesseur de lilterature, et Durand, professeur d'archilccture , furent emus, en parlant aux eleves, au point de verser des larmes. Pendant les cent jours, les eleves furent encore organises en compagniesd'artillerie, exerces autir au polygene de Vin- cennes, et enfin, attaches a la reserve avec la garde impe- riale, durant les actions qui eurent lieu sous les murs de Pa- ris. Quelques mois apres (le i3 avril i8i6), I'Ecole fut li- cenciee, II I'occasion d'une affaire de discipline interieurc, que le ministre saisit avee emprcssement pour modifier son or- ganisation et changer une partie du personnel. Elle fut reor- ganisee, vers la fin de cette meme annee , sous la protection du due d'Angoidemc, en conservant, a pen de choses pres , les memes cours etles memes professeurs , mais non les me- mes chefs civils et militaires. Le cours d'art militaire fut re- tranche ; on y ajouta un cours d'arilhmetique sociale; au cours de grammaire et de belles-lettres il fut joint un cours d'histoire et de morale. Lc regime interieur deviut oelui d'un college civil. Depuis lors, les cha,ngemons qui s'y sonl opeies T. XM. .TAN\ir.R ^'?^'\C). lO i/,G SCIKNCES MOnVLES sunt insignifians. On a romlu I'habit militaire aiix cltvcs, sans Umu- (lonnor des armcs (i). jSoiis avons passe en revue Ics piincipaux evincmons Iiis- toiiques (pii concernent cot elablissenient ; il no scrait pas moius inteiessant desnivrc M. FoiiiH y dans los noinl)rcnx do- tails qii'il donne sur les modifications que duront snhir ses fours. On y verrait une espoce de proces-verbal dos discus- sions auxquellos ces cliangemens importans, quoique inaper- fus , out donne lieu dans le sein du Conseil de port'cclionno- mcnt , institulion procieusc, destinoe a maintenir I'Ecole a la luuitour oi'i ses fondatours ravaiont placee ; ;'i chordier tou- jonrs de nonvelles ameliorations; a etalilir son systeme d'en- seignomcnt dans des i'aj)pi)rts convonal)les avec; ceux des di- \orsos icolos spocialos qui en I'ormont le complement; et a disposer les lieures de travail de maniere a ce que los etudes , en variant sans cesse, puissent se succeder sans se nuire et sans trop fatiguer les eleves. L'Ecole polyteelinique, comme nous I'avons dit an com- mencement de cet article, avait deux objets aremplirdans I'espril de ses fondateurs : celui de former des ingonieurs, et celui, non moins important, de repandre la connaissance des sciences pbysiques et malbomaticjues an sein de la sociote gcnerale. A-t-elle atteint ce doulile but ? Le seul roproche qu'on puisse pent-otre lui faire, quant an premier, c'est de donner trop d'extension a retiide des mathematiques piuTS, qui prend la plus grande partie du terns des eleves. Qu'on interroge les ingenieurs des divers services publics, tous s'ac- corderont a dire que les notions transcendantes leur sont ra- rement utiles ; mais que le dessin, I'art de tracer les cpures , la gconietrie descriptive, avec ses nombreuses applications, (i) L'arlillciie et le gtnie se plaignent avec laison de ce qu'on n'a pas rendu dis amies aux eleves. Non-seulenient I'exereice niililaiie esl necessaiie pour leur sante, maisil donne I'liabilude d'une lenue cnnve- nable dans ces deux services qui revoi\ent a eux seuls les tiuis quails de ces jeunes gens. Des ofliciers, dcslines a coniniander ties conipagnies de canonnieis on de sapeuis, di.iveni niaiiier i'6pee et le lusil avec la ineuie i'acilile que la [>lunie el le eunipas. ET POLITIOUES. 147 (les coiinaissances ctendues en nitcaniquc nppliqvuo, en phy- sique, en chimie, leur sont neccssaires a tons les instans, se- loii les diverses fonctions qu'ils ont a remplir. On poiiirait done, sans inconrenlent sensible , retrancher du programme qiielques theories du calcul infinitesimal et de la meeanique ratifinnelle, pour donner plus de developpement aux autjres branches de rinstniction, et pour soulagerl es eleves, qui sont ecrases dc travail. Ou, si Ton tient a conserver les cours d'a- nalyse dans toute leur integrite, qu'on garde les eleves trois ans a TEcole , comme dans I'origiue , alors on pourra forti- fier certains cours les plus utiles , et meme en introduire de nouveaux. L'Ecole a-t-elle servi a propager les connaissanees scienti- Cqiies qui restent dans son ressort? Oui, sans doute, sous ce rapport aussielle a rendu d'immenses services; mais elle pour- rait en rcndre de bien plus grands encore, si le plan des hom- mes de genie qui en avaient jete les bases n'avait pas ete suc- cessivenient retreci. Au lieu d'en laire, au proiit unique du gouvernenient , une espece de convent scicntifique, dont les portes sunt murees, comme on le voil aujourd'hui, ses cours seraient puljlics; et , de meme que jadis, les anciens eleves auraient la faculte d'y venir recueillir de nouveau, pendant leur sejour a Paris, des notions indispensables et trop sou- vent oubliees. L'enthousiasme de la science et de la patrie , I'ardeur qui enflammait ses anciens maitres et ses anciens disciples , n'y seraient pas remplaces par la froideur et I'en- nui; on n'y travaillerait pas plus que Ton ne le fait actuelle- ment; car, a cet egard, I'Ecole ne laisse ricn a desirer, quoi- qu'on en ait (lit a la tribune ; maisce travail soutenu ne serait ptis seulement excite par la crainte de ne pas etre place dans les services publics. On y cultiverait les sciences avec plus de goOt; de jeunes et brillantes intelligences, an grand air dela concurrence et delapublicite, prendraient un essor plus eleve. Au lieu derestreindre les admissions au point de nepas meme satisfaire aux demandes des services publics, on y ad- meltrait tons les jeunes gens capaijlcs d'en suivro les exerri- iresse par le besoln d'argent, porte en cachette cliez un joaillier de Geneve , pour lui en Ycndre les diauians, et les renqilacer par des pierres fausses. Quelque teuis aupa- ravanl, madame de la Pouliniere avail deja fait faire secrete- ment cetle operation par le meme joaillier , et les diamans etaient deja du strass. Pour en finir avec ectte pauvre famille, j'anticipe sur les evenemens. Elle se transporte a Paris, oii elle vit sur ses der- nieres ressources. Le p^re n'obtient point djemploi ; on n'en donne guere a un homnie qui vient de loin, et n'apporte au- cun moyen de credit ; nul mariage ne se presente pour le fils, si ce n'est un mariage deshonorant qu'on refuse; Montclair continue ses assidiiites , s'iujpatronise dans la maison et ne pi'endaueun engagement. Enfm, la fille est dupe des protesta- tions du jeune honune ; le frere agit en niilitaire outrage; il exige de Montclair la reparation de sa faute, et , au lieu d'une reparation, il en recoit une balle dans la poitrine. La Pouliniere, accable de tant de chagrins, disparait, et Ton a lieu de croire qu'il a trouve son tombeau dans la riviere. Mademoiselle de la Pouliniere deviant folic, et sa mtre, apres avoir vendu suc- cessivement tous ses meubles, sauf une liarpe, est une de ces feuimes inforluneesquicliantenl le soir, couverles d'un voile, dans nos promenades publi([ues. LTTTERATUflE. i5c) Dan?i le livre , rimagiiiation est soulagce de I'imprcssioii qui rofiiilte de ccs lugul)res tableaux, par la serenile dont joiiit I'lieurcnse famille de Lambert, et par les aventures, a demi ridicules, de M. Mnsard qui, fautc de diligence, echoue dans tous ses projets, et se laisse ensevelir pendant quelques heures sous line auge , dans son ecurie renversee par uti ouragan , parce qu'il n'a pas bicn surveilie la construction de ce bilti- mcnt. Les niaxiincs morales dont la narration est entremelee, sont exccikMitcs. Elles rappcUcnt souvent le bon sens et le trait de Franklin ; mais on sent qu'clles s'adresscnt a une na- tion moiiis jeune, et dont les interets sont plus vastes et plus compliques. Le pere Lambert, par exemple , parlant a ses enfans, insists beaucoup sur I'horreur que doit leur inspirer le mensonge. « L'habitude de parler contre sa conscience , sur les petites choses, leurdit-il, fait qu'on parle bientot coiitrc sa con- science, sur des choses plus iuiportautes. Celui qui i'ait usage du mensonge pour cacher une faiblesse, s'en servira bientut pour couvrir un vice. On vaute la sinccrite comme le moyen le plus sur d'obtenir la Ciinfiance des hommes; mais elle est aussi la garde qui nous empeche de nous engager dans la roiite des mauvaises actions. Soyez done toujours vrais , mes chersenlans, quelle que soit la position dans laquelle vous serez places. La candeur et la franchise sont la sauve garde dc toutes les vertus : la ou elles manquent, la plupart des vices se ret'ugient. II est pen de biens plus precieux que I'estime des honunes eclaires et justes ; et la premiere condition pour I'obtenir, est de meriter toujours la votre. II est possible de troniper , pendant quelque terns du moins , les personnes au milieu desquclles on vit; on pent usurper leur estime, comme on pent s'emparer de leurs biens. Mais les usurpations de co. genre ne sont jamais delongue duree ; et aussitot que I'errour est reconnue, I'avantage qu'on s'en promettait n'existe plus. Pour reprcndre des biens voles, il faut une procedure , des tltres, des temoins, des juges; mais, pour reprendrc I'estime que I'hypocrisie a surprise, il ne faut (ju'uu trait do luinien . i6o LITTKRATURE. In sage dc ranliquito de.sirait que sa niaison fut de vcrre, afiii que cliacun pfit voir ce qui s'y passait. Celui qui met du prix aTestiniO dcs hoiumes, devrail dosircr qu'iis pusscnl voir dans sa conscience, commc cc sage desirait qu'iis pussent voir dans sa niaison. » Jem'arrete icipour faire voir conibien cette morale est su- pcrieure a celle des jesuites. Ceux-ci recommandent quelque- iois le bien, mais quel motif mettent-ils en jeu? les feux de I'cnfer, qui ne paraisseut pas toujours prouves a ceux qu'on en menace, et qui les remplissent de douloureuses terrcurs, quand ils y croicul. Que se proposent-ils avanl lout? De frap- per les imaginations pour les dominer a leur profit. Ici Ic profit est tout entier pour la sociele, et le motif est puise dans des fails que tout le mondc peut verifier; des fails dont on est d'autant plus convaincu, que Ton est plus eclaire et que Ton connait mieux I'liumanite. Dans I'ouvrage dont nous parlous, les preceptes ne sont pas toujours explicitcmeut exprimes ; ils sont quelquefois mar- ques par le silence, comme lorsque Lambert, apres la chute du balimenl de Musard, lui oflVe I'argent nccessaire pour Ic relever. Musard ne savait comment s'y prendre pour en faire la demande : Lambert coupe court a ses rcmercimens, lui promet un mandat sur son banquier, ct parle d'autrc chose. Quand Lambert fut parti, Musard rcsta tout surpris qu'il nc lui eCit pas fait le moindre reproche sur sa negligence. II lui avail si souvent entendu dire que ce vice etait une des principales causes de la gene oul'on sc trouve, qu'il s'atlendait a recevoir de lui une severe lecon. « II ne m'en aurait coute, se disait-il a lui-meme, que la journee de deux marons ct quelqucs materiaux de pen dc valeur pour prevcnir ce desas- tre, el je vais etre force dedepenser une somme enorme pour le reparer! Lambert laisse echappcr une belle occasion de me preclier I'economie; etque ne dirait-il pas, s'il savait que j'ai neglige de faire faire cette reparation, souvent pour ne pas renoncer a une partie de piquet, ou pour prendre un poisson a la ligne? Auruit-il abandonne ses idces sur la valeur du lenis et sur I'economie qu'on pent en faire? UTTlJlUATlJRE. 161 » Ces questions que s'adressait M. Musard, ajoute I'auteur anonyme, pounaient se presenter aussi a I'esprit dc plus d'an Jccleur. Afln dc prevenir les fausses interpretations, jc dois done I'aire connaitre les causes qui avaient determine Lambert a garder le silence. II savait que, sile malheur que venait d'e- prouver M. Musard ue parlait pas assez haul pour se faire ecou- ter, la voix de madaine Musard aurait plus de puissance. Une autre raison encore lui avait i'ait garder le silence : il venait de rendre un service a M. Musard, et il nevoulait pas lui faire penser qu'en I'obligeant, il croyait avoir acbete le droit de lui donner des lecons. La superiorite qui nait de I'exercice des bienfaits ne lui paraissait deja que trop grande : il aurait craint de la rendre offensante, s'il avait cbercbe a la relever par une superiorite de sagesse. » Souvent la lecon sort naturellement des circonstances les plus iudifferentes en elles-mumes. Telle est la mortification qu'eprouve la Poulinitre, au moment on, victlme de ses de- penses et de sa vanite, il vendait toutes ses proprietes. II se trouvait dans une nombreuse societe; pour faire politesse a un conseiller, iladressequelques paroles caressantes a son fds; ilprend cet enfant sur ses genoux, lui parle de son ecole, de ses livres, lui demande s'il salt bien ce qu'on lui a donne a apprendre Oh! oui, repond renfiint; voulez-vous le sa- voir? — Voyous, ajoute la Pouliniere. — Et la-dessus le bambin de reciter a haute voix la fable : Une greuouille vit un boeuf, etc. jusqu'a .... La chetlve pecorc S'enfla si bien qu'elle cieva. ct la Pouliniere, au supplice, de s'imaginer que tous les re- gards sont fixes sur lui, ct que c'elait par malice qu'on avait reuni la societe, suscitc I'enfant, la fable, etc. II est bon de remarquerque nul des principaux personnages de ce drame n'est represente comme uii elre profondeinent .^pervers; I'effet en serait manque; car un monstre ne se cor- T.XIA. JAAVIEH 1829. 11 i6a LITT^RATURE. rige gncrc. La plnpart des liommes ne prcndraicnt pas pour ciix les coiisoiLs qui scraient adresses a des scolerats ; pour qu'ou scnlc les dangers qu'il s'agit d'eviler, il faul qucrliacun puis.-c se dire a soi-menic : J'ai failli d'y iomber. Jc le rcpetc , cet ouvra^^e me parail uii des nioilleurs Irni- tcs de morale pratique et d'edueation qui aient paru depiiis long-tems, et jc ne serais pas surpiis que, petit a petit, il ne passat en usage de le donner aux jeuues gens, commc le plus utile cadeau qu'on puisse leur faire. 11 est precede d'lm Ess(d sur les Concoiir.i acadrmiqucs, qui, aluiscul, merilerait un exlrait, et qu'on ferait peut-etre bien dc detacher d'un livre qui lui est ctranger par son sujet. J.-B. S. Poesies, par A. Bignan (i). Les palmes academiqnes ne sont pas toujours des litres de gloire; cependaut , si un grand nombre de societes litte- raires, eloignees les nnes des aulres, s'accordaient pour cou- ronner un poete, les espritsles plus prevcnus el les plus dif- ficiles seraient forces de convenir que cet accord suppose un merite reel, un talent trop souvent reconnu pour etre conteste : c'est le jugement qu'ils porteraient avant d'ou- yrir le livre de ftl. Bignan ; car, apres I'avoir hi, ils n'au- raient pas besoin de s'enquerir si les suflVages academiques prouvent quelquc chose, et si Paris, Toulouse, Lyon, le dc- partemenl de Vauclnse, Cambray, et la ville oi'i naquit Gre- try, ont eu raison de couronner huil pieces de cet auleur. Son volume nc serecommande pas moins par rinterel des trentc sujets qu'il a Iraites, que par un talent qu'elevcnt tou- jours des sentimens nobles ct purs, cet amour de la patrie (i)raiif, iSitS'; IjOuis Jancl. i vol. ia-i8ilc S/p pages; pijx, 5 fr. 5i)c.1 LITTERATURE. i65 ct tie la liberie legale, qui s'empreintde tout ce qui est grand et genereux, ct sans lequel on pent dire qne desormais La poesie est niorte ou rampe sans viguciir. L'ode sur la cnmpagnc de Russie est un hjmne a la nie- moire de nos guerriers. L'liiver seul les a vaincus : une poe- sie forte et une grande image se trouAent dans le tableau dc I'incendie de Moscou : Guenier qui t'es fait roi , niais qui geul te d6tr6nes , Ta coarse ainbitieusc est fixee au Kreiiiliii N'etends plus tes di ux mains pour saisir ce royaume : Sa conqutte k tes yeux s'enfiiit comme un fantome Avec les cendres et le vent. ' Apres avoir point en traits mrdes et terribles la vicloire de I'bivcr sur une arniee de heros, le poete s'ecrie : Puisse de ces i-evers I'execrable inenioire Perir dans cette nuit , s'engloutir dans ses eaux f Jetons sur ces horreurs le voile de la gloiic Pleurez, Fran^ais, la Grande-Armee Pousse un dernier gemissement. Aux revers inaccoalumee, EUeacede, inais noblement. En ferraanl I'a'il ii la lumiere , Tons baisaient I'algleel la bannierc Que leur sabre encor defendait. ' S'ils succonibaient loin de la France, Leur mort avail sa rticompense.... Napoleon les regardait. II y a dans les vers qui suivcnt un sentiment noble et cou- rage ux : 0 toi, brave guerrier, I'Ajax de notre armee, Ney ? quelle renonimee Ton bras sait conquerir ! Heros toujouis fidele i> I'honneur niilitaire , Que n'as-tu succombe dans les champs de la guerre ? C'etait la qu'il fallait mourir. 1 64 LlTTi^RATlJRE. Ynici la dornicTC strophe de cclte otic, plcinc dc ino\>ve- niont el de beaux vers; I'auteiir s'adressc aux Aelerans qui on( fail la caiiipague de Uussic, el((ui, ecbappes aux frinias du Nord, ont suspcndu leur epec au foyer donieslique : Lrvcz , levez avcc audace C«'S nobles fronts cicatrises Que n'a pas dcsarnies la glace, Que la foudre n'a pas brises. Scul rcsle dc niille naufrages, \ALE. ETATS-LMS. 1. — * Transactions of ilic amcrlcan plulosopliical Society, etc, — Memoires et actes de la Societe philosophique aini'Ti- caine, formee a Philadelphie, pour ravancement des con- nai.ssances usuelles. >'oiivelle serie : 5* volume ; 2° partie. Philadelphie, 1828; impriniciie de Jaiueska}". In- 4° de G8 pan;cs. Le Mdmoire qui forme cctte livraison de I'important re- eueil dont la Soeiete de Philadelpluc enrichit les sciences Iraite du mouvement des corps solides snr des substances donnees, dans les deux hypotheses que ces corps giissent sans fourner, ou qu'ils roulent sans glisser. C'est a M. An- derson, prof'esseur de mathematiques et d'anatomie au col- lege de Colond)ia, a iNew-York, que Ton doit ces reclicrchcs, dans lesquelles il s'est attache principalcment a rcxprcssioa analyliqne des vibrations, des oscillations, des /uroucttes , et en general des mouvemcns qui s'accomplissent dans \\n tres- petit espace. Apres les memoires de Dalemhert, Lagrange, Euler^ etc., sur le meme sujet, et parmi lesgeometres de notre tenis, apres les travaux de Pronr, Lacroi.r, Poisson, etc., JM. Anderson a fait voir que la question n'ctait pas epuisee, (0 ]N"ov.s,indiquci'ons par un asld'iisque (*) , place a cuft' du litre de cha- fTue ouvrage , reux des livies etiangers ou fi an<;ais qui paiaissent digues d'nne attention paiticuliere, et nnus en leudrons quelquelbis comptc dans la section des .inalyscs. J^TATS-UNIS. 169 et ccux qui voiulront marcher siir ses traces trouveront aussi une vaste carriire a parcoiwir. S'iletait vrai que les iriathouia- tiques sont, de tontcs les sciences, le plus pros de leur perlec- tion, en considcrant coniliien dies sont encore loin du ternie qu'elles ne pourront dcpasser, on est convaincu de la neces- site de perl'ectionner toutes les methodes, d'accelcrer la mar- che encore trop lente de I'esprit humain, en liii I'ournissant de iiieilleurs instruniens et dc meilleurs precedes que ceux dont il a fait usage jnsqu'a notre tenis. On Yoit avec plaisir, dans ce menioire, que la geometric analytiqne de Monge exerce son inflTiencc sur les etudes ma- thematiques en Amerique aussi-bien qu'en Europe; en expri- mant la reconnaissance que Ton doit au maifre , on n'otiblie pas I'un de ses disciples, M. Charles DiPiw, auteur du Supple- ment a la Gcomcirte analylique, et de plusieurs autres applica- tions aux travanx publics. F- 3. — The Legendary, eic. — Recueil de pieces originales pour servir a I'edaircissement de I'histoire des Amcricains, delcurs moeurs, etc. ; public par N. P.Willis. Boston, 1828; S.G.Goo- drich. In-12 de 286 pages. Ce petit A olume n'est pas un ouvrage bien s;'rieux, comme on poiu'rait se riniaginer sur le titre, mais une collection de qnaranlc nouvellcs on legcndes, foudees sur des traditions et embellies par la description pilloresque des vallees, des forets immenses, des lacs majestueux dc PAmeriquc duNord. L'his- toire de Tahmiroo, fille d'un chef des Sioux, est touchantc et bien ecrite. En 1765, des voyageurs IVancais yiennent se fixer parmi les Sioux pour se procurer des iourrurcs ; I'un d'eux, Florimond de llance, que I'ennui seul a conduit de Quebec aux chutes de Saint -Anthony, voitla belle Tahmiroo, s'en fait aimer, et, considerant qu'elle est fille de roi, ([ue son pere possede des terres immenses sur les bords du Missouri, profite de Timpression que sa vue a causee a la jeune fille, pour lui inspircr insensijjlement par ses discours adroitemcnt incnagts la passion la plus violente et I'arracher au vieux chef, qui,touche des larmesde son enfant cheri, se determine, dansl'agonie de son amc, al'unir a un blanc. Bientot Tahmiroo reconnait avcc dcsespoir qu'elle n'est pas aimee de S(jn mai'i , et meme qu'il la meprise; elle renferme sa donleur en elle- meme ; aucune plainte ne sort de sa bouche; elle cherche en ■vain a reporter sa tendresse sur sa fille, sur son fils, qui lui rappellent Tiuiage de leur pere. Florimond attend la mort du vieux chef, vend ses terres et declare ([u'il veut rctourner a Quebec, et rmmencr avcc lui sa fille pour la placer dans un J 70 LIVRES ETRANGEilS. descouvens dc cefte ville; la malheureuse mere resiste; elle est menai'ee. « Je suis une pativre fille des Sioux, s'ecrie- t-ellc avcc (It'lire ; oh! pourquoi nravez-vous ipousce? — Pour los terrcs de ton pere, repond rroidenient lo Fi'aiicais. • Tahmiroo revicnt a cllc, niais c'cst avec lo dosir dc la ven- geanrc; ello clierchc a iiispirer u son fds ime haine morlellc (Nintre les hlancs, et caclic a tons Icsyeux son afriiclion pro- fonde; mais cllc voit rcparaitrc Flnrimond apres une absence de Irois ans; cllc sent ([u'on veut lui arracher son dernier en- fant ot I'abandonncr ensnitc pour jamais. Elle osptrc que ses lecons auront prcvenii ce danger; mais Ic petit Louis, scduit par Ics caresses de son pere, dcniaiule lui-meme ;\ parlir pour Quciiec ; ct I'infortune Tahmiroo oluient pour unique grace d'accompagncr jusqu'aux bonis du Mississipi ce fils adore qn'ellc ne doit plus revoir dans la tcrre dcs Sioux. Arrivee prcs du fleuve, par un mouvemcnt inslantanc, cllc le saisit dans ses bras, et, sautant dans un canot, ellele dirigc vers les chutes de Saint-Anthony, sans que Florimond puisse mettre obstacle a sa resolution dcsesperee : « Nous allons rejoindre Ic grand esprit ensemble, s'ecric-t-elle, il ne pourra t'arrachcr dc mon sein. iMon pere m'attend , il me I'ait signe. " L'en- I'ant voit avec terrenr raffreuse expression de ses regards; ses cris de detresse se perdent avec le bruit de la cataracte : ils disparaissent pour jamais. L'cditeur de ce cliarmant vohmie, M. Willis, annonce une suite qui paraitra periodiquenieut ; il engage les jeunes ecri- vains des Etats-Unis a lui envoyer toutes les compositions qui pourront entrer dans son cadre ; les pieces de vers qu'il a donnccs sont assez, bien tournces , mais dies manquent ponr la plupart d'origiualite. Comme cchantill.on du prix qucl'on olTrc aiix auleurs amcricains, nous ajouterons que M. "NVillis pre vieut f|u'il paiera lui dollar (six francs) par page de prose; ou vingt-quatre dtdlars par fcuille d'imprcssion. Lam ST. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 5. — Spic'dcgia zoologica , etc. — Collection zoologique , ou figures originales d'animaux iion figures jusqu'a pn'si-nl, avec de courtes descriptions syst;'inatiques; par Jo/i/i Gray. Londres, 1827. In-Zj" de 16 pages i deux coloiines. M.Grav apris pour modclc {(•.?■ f^pkilrgta du cclcbrcP«/^(.'^. GRANDE-BilETAGNE. 171 ou du moins il a chcrche, en publiant de nouvelles figures, a leiir doniier le genre d'utilite que les Memoires du celebre naturaliste du Nord ont eu pour I'avancement de la science. M. Gray, nous le craignons bien, manquera son but. Les des- criptions qu'il donne sont trop courtes, trop succinctes, pour etre comparees a ccUes de Pallas, qui avaientrimhiensc avan- tage de faire connaitre un animal sous tons ses rapports, et d'etudier ses moeurs, ses habitudes, aussi-bien que ses ca- racteres extei'ieurs et ceux de son organisation intime. Dans le travail de M. Gray, les phrases linneennes iie sont point accompagnees de developpemens sufiisans, et on passerait encore laeilement sur cet inconvenient si les figures etaicat dessinees avec purete et entonrees dc details anatomiques ; malheureusement lenr execution est fort mediocre et laisse beancoup a desirer. On trouve dans le fascicule que nous avons sous les yeux les descriptions de deux especes de singes deja cnnnues, mais non figurees, et cellesde plusicurs especes inedites de dauphins. L'auteur, sans avoir connu noire travail sur les cetaces, s'est rencontre plusicurs fois avec nous dans retablissemenl de sous-genres qui sont tres- naturels, et que celte conformite d'opinion inaintiendra plus surement dans la science. Des reptiles, des niollusqnes, des insectes et des zoophytes figurent successivement dans ce travail, qui, maigre tout, sera fort utile a considter, et qu'il est bien a desirer que l'auteur continue, en donnant plus d'cxtension, et par suite plus d'utiliti'', au cadre etroit dans lequel il s'est renferme jusqu'ici. Less. 4- — Panorama of i/ie Rhine and the adjacent country, etc. — Panorama du Pihin et de ses !)ords, depuis Cologne jus- qu'a Mayence ; dessine d'apres nature parF. \V. Delreskami', et grave par John Clark; avec une addition contenunt les carles des routes de Calais , Ostende et llotterdam jusqu'a Cologne, et de ^Layence jusqu'aux sources du Hhin, et le Compagnon da bateau a rapeiir, ouvrage qui decrit les lieux situes enlre Rotterdam et Mayence. Londres, 1828; Samuel Leigh, iSSrand. Cartes, dessins et brochure in-8" renfermes dans un etui de carton; prix i5 sh. Ce panorama est une elegante reimpression d'un ouvrage alleniand assez mal execute, mais que son exactitude rend indispensable aux noml)reux voyageurs de tons les pays, appeles a faire le trajct dc llotterdam a xMayence, et a visi- ter les bords celebres du Rliin. Nous rcmercions pour cux. le libraire qui a donne tons ses soins a I'edition anglaire. 17* LIVRES KTllANGKRS. 5. — * History of Ihc Commonwcaltfi. — Histoire dc la Repu- blique, par Godwin. Loiulics, i8a8. 4 vol. C. — * Hidory of lite Rebellions in Scolland. — Ilistoirc de* Revokes de I'Ecossc, sous le marquis de iMoutrosc, et auUes, de i658 a iCGo; par Robert Chambi-hs. lidinibourg, 1828; Constable. 2 vol. iu-8". 7- ■ — * Talcs of a grand fallicr.' — Conies d'un grand-pere, ou Fails tires de I'liisloire d'Ecosse ; par Thaller Scott. Se- conde serie. Edinijjourg, 1829; Cadcll et C". 5 vol. in-13. II y a deux nianieres d'envisager I'liisloire : a Iravers les prejugcs de passion ou de parli, ou avec uue complete impar- tialite, se hornanl ;\ raconler les tails et a laisscr le lecleur en tirer ses conclusions. Ces deux routes out egalement leurs ecucils : la premiere tend a lausser la verite ; la seconde a par- fois rinconvenienl de la iVoideur. D'ailleurs, quiconque a le j sentiment de son individualite n'y renonce pas I'acilement. I L'histoire a done ete et sera long-lems encore le veliicule des- ■ passions poliliques; eliacun yarhorera sa hanniere, et dena- turera le passe pour appuyer des opinions toutes failes. ou . des systemes nes d'jiier. II y a cependant des esprils assez I amoureux dn vrai pour le chercher el le reconnailre parlout, 1 assez souples pour rclourner en arriere, et vivre de la vie qu'ils decrivent. C'est ainsi que, dans I'admirahle ouvrage de M. Thiers, on assisle a chaque scene de la revolution avec le hattenienl de coeur que dment cprouver les speclaleurs dc cc grand drame. On change de point de vue a lout moment; on se prend viugt ibis a admirer et a hair le memc honnne; on est emu coninic la multitude, et Ton comprend a merveille son enlhousiasme et ses f'urenrs. C'est que I'historien s'est fait people: il a ele mobile, sensilif comme les masses; il est arrive a rimparlialile a force de sensations. Cette merveil- leusequalite, qui en suppose unc foule d'autrcs, est rare par- toflt; mais les hi.storieus anglais ne semblenl pas meme la soupconner. Godwin s'est mis froidemcnt a la tache; il a com- pare , discule , raisonnc, admis le pour et le conlre ; mais de niontrer les liommes a I'ocuvrc, c'est a (]uoi il n'a pas pense. M. Cliambcrs a fait de naeme pom- I'Ecosse : ilcommenle, il explique ces chaudes levoltcs, enqireinles de purilanisme et de nalionalile; il examine jns(pi'a quel degre peuvent alleiles noirceurs el les attentats poliliques, comment le mar(|iiis de Monlrose pouvait alleguer d'excelleutes excuses a ses cruau- les, etc. Mais voici veuir I'antiquaire, done d'un tact si lln pour reconnailre le pilloresque, d'unc si graudc habilele a le mellre en saillic ; aussi , quel Iresnr d'anccdoles! (picUe cou- GRANDE-BRET AGNE. 173 Icur fianchcment locale dans ces episodes historiqucs, bien aiilrement lumineuxqiiclcs suppositions de sespredecesseurs! Coaimeilsecomplaitauxcliosesdutcms passe, aiix vieux usa- ges, auxvieux c^oWavec quelle adi-esse ilgroiipeses personna- ges! et combien n'est-on pas tente de repondie aux critiques, •que s'il n'est pas litteralenient vrai, il Test poeliquement! et, comme on le disait de je ne sais quel grand poete : « On ne salt lequel imite I'autre, de la nature ou de lui. » Louise Sav. Belloc. 8. ' — A few words on our Relations with Russia. — Quelques Mots sur nos Relations avec la Russie , contenaiit (|iielques reniarques sur nne publication recente du colonel Evans. Londres, 1828; Bad«in et Cradock. In-8° de 60 pages. Cette brocbure, tres-substantielle, est particulicrenicnt in- teressante en ce moment, oii le ministcre Wellington i'ait re- pandre par ses ecrivains des alarmes sur les agrandissemens de la Russie. L'auteur, qui parait connaitre a fond ce pa^'s et ses rap- ports avec rAngk'terre, prouve aisemcnt que la Russie, ITit- elle en possession de Constantinople, n'exposerait en auiune facon le repos de I'Europe; qu'une telle acquisition serait sui- vie d'unc division de pouvoirs; que jamais Petersijourg et Constantinople ne peuvent etre regies par le meme sceptre; que la population et la i'orce roelle de I'Europe occidentale croissent rapidement, et que la j)uissance russe ne pent rien contre elle; et eniin que le ministere de Wellington, par sa faiblesse, ses mauvaises intentions et ses mauvaises actions, ne deshonore pas moins I'Angleterre que le ministere Villele n'a deshonore la France. J. B. S. 9. ■ — Barton's New year's Eve. — Le Soir dn nouvel an, ct autres poesies, par Barton. Londres, 1828; Hatchard. In-S" de 244 pages. 10.- — T/ic JVanderer's Legacy. — LeLegsde I'bomme errant, Recueil de poesies sur divers sujets, par Catherine Grace Godwin. Londres, 1829; Maunder. In-i 2 de 277 pages. 11 senible qu'enpoesie I'Angleterre toucbea raflaiblissement qui suit un grand effort. Satisfaite d'avoir produit Byron, "VN ords-\vortb, Moore, 'Walter Scott, elle se repose et laisse le champ lil)re aux steriles imitateurs de ces grands honinics. 11 y a cependant nne ecole qui se dit indepcndante d'eux, c'est •GERS. ruse; qu'cniploic saint Patrice pour seduirc iiii gros ricux sor- pent, ([uc jiisquc-la des inots ii'avaitMit pii charmer; le diald- >;iie (111 saint et de la hele; la gageiire d'nne pinte de porter; la maniirc dont le serpent est pris, cnlernic dans nn grand coilVe de I'er , et jete dans un lac, dont il fait encore anjour- d'luii rider la snrfacc quand il s'agite dans sa prison: tout cela est d'un ooniiquc tout-a-1'ait priniitil', et d'autant iiieilleiir (jne le conteur est de bonne foi. Des qu'il adniet le miracle , il Iroiive tout siinple que le serpent converse uvec I'honmie, tout simple ({u'il ainie le porter, etc. Un des grands attraits des recits populaires est d'y A'oir se reflechir les impressions humaines. Ecoutez un homme dii peuple raconter un spec- tacle auquel il a assiste , vm evenement dont il vient d'etre temoln, vous aurez rhistori([ue le plus vrai de ses sentimens, de ses gofits. S'il clierclie a produire de reffet, ce n'est ja- mais qn'cn cxagerant sa sensation, non en la f'aussant. Mais il est tems d'arriver a I'ouvrage le plus important ties six que nous annoncons. Nous I'avons reserve pour la Cm dans I'intention d'en pouvoir parler plus longuemeut. L'au- teur du Disou'7icd on Desavoae est connu, dans le monde lit- teraire, commepoeteet commeromancier; quoique fort jeune, " 9, niai i8u8) , en mcttant en legard Ic texlc in- crimine avec celui dc JM. Davidof. Ccla fait, il s'cst empressc d'accorder des elogcs a 31. Lt'hodcf sur le parti qu'il a tire de tons CCS emprunts et siu' rulililc dont son livre sera pour les t'tndians en medccine, qui cprouvcnl le besoin debonsouvragcs ecrits en langue russe. Nous voudrions pouvoir, en les me- nacant dc la nienie publicitc, arretcr les plagiats de nos Ibr- bans litteraircs. i8. — Association, francaise dc bicnfcdsance dSaint-Petcrsboiirg (7'' annee). Saint-Pctersbourg, 1827; impr. de vcuvc Plu- chart. In-8° de 12 pages. Un tableau general des sommes recucs et dcpensees par le, comitc de cctte association depuis I'epoque de sa creation, 25 aoCit 1820 jusqn'au 25 aoiit 1827, que nous trouvons a la fin du compte rendu (pie lui presente ici son secretaire, M. //"g^«c.t Valade, porte Icsprcmicres a la somme de G-3, 191 r. go kop, et les depenses a 6i,5-ii 28, ce qui donne pour lia- lance un exccdant en caisse de 1600 r. 62 k. Les membres de cette association, dont nous avons la liste sous les yeux (p. 9-> i) avec le montant dc leur souscription, et qui porte en tfte le nom de >1. De la Ferro>nays, son pre- sident, pour une somme de 800 roubles, nous paraissent aninics d'un mrme zcle, ct leur bienfaisance est edairce, condition indispensable aiix socictcs de ce genre pour que les meilleiires intentions ne dcvieniient point (juel(|uefois nui- sibles, et n'aient point surtout pour resultat I'uneste^de pro- pager le vice et la parcsse, qu'elles doivent tendre a faire dis- parailre enmcine tcms que la miscre. Aiusi le coniiledcSaint- Pc'tersbourga jiigc utile de declarer formcllenient cette annee a toutes les persohnes dont il faciliterait le rctour en France, qu'elles ne doivent j)lus compter sur lui, si,par ([uelque motif que ce soil, ellcs reparaissent en Russic. Cette mcsure a ete RUSSIE. 179 necessitee par la conduite de quelques individiis qui, apies avoir recu de la Societe des secours doiit la destination avail ete bien indlquee par eux, ont reparu depuis a plusieurs re- prises, pretexlant toiijours les niemes besoins et la nieme resolution, qu'ils n'effeotuaient jamais. D'autres encore, dit le I'apport, s'cxagerant les ressources que pent Ictir presenter la Russie, y arrivent, souvent niOnie a pied ; puis, tronipes dans leurs esperanies, ils se voienl bientot obliges de s'adresser au coniitc. Or, il est de toute justice que celui-ci reserve de preference ses secoursiceux des Francais habitant depuis long- tems la Russie, a qui I'age, les infirmites ou un accident quel- conquc otent completenient la ressource du travail. Quant a ccux qui seraient portes a quitter trop legerenient le sol qui les a vus nailre pour des regions que leur eloignement montre presque toujours sous un point de vue trompeur, nous leur rappellcrons que, si quelquefois on a pu dire, en partant : iiiji bene, ibi patria, plus souvent on a pu s'ecrier, au retour : itlii pairia, ibi bene. ig. • — Homeri Odyssem Rliapsodiw , etc. — Rapsodies de I'O- dysce d'Honiere, contenant le recit des voyages d'Ulysse, u I'usage de la jeunesse, etc., par Joseph Jezowsry. 3Ioscou, 1828. In-8". 20. ■ — Opouite roaskol Antologuii , etc.' — Essai d'une An- thologie russe, ou Choix d'epigrammes, madrigaux, epita- phes, inscriptions, apologues et autres poesies fugitives, rassembles par IM. Michel Jarovlef. Saint - Petersbourg, 1828; Slenin. In-16 de iv-2i5 pages, avec gravurc. ai. — Lcoubofv' iiourme , etc. — L' Amour en prison. Saint- Petersbourg, 1828; imprimerie de Jean Glazounof. In-16 de 94 pages. 22.' — Evguenii Velskoi , etc. — Eugene Velskoi, roman en vers. Moscou, 1828; Selivanofsky. ln-12 de ix-44 pages. 23. — Ouycklud droug, etc. — L' Ami est parti. Hloscou, 1 828. L'auteur du premier des ouvrages inscrits en tete dc cette annonce est un Polonais, avantageusement connu deja dans la litterature classique. A la reconnaissance de ses compatriotes, il joindra desormais celle des Russcs, chez lesquels il est venu s'etablir depuis quelque tems. En effet, bien que la langue grecque ait toujours fait partie dc I'enseignement suivi a FLniversite dc Moscou , et dans toutes celles de la Russie, on y manquait de bons ouvrages elemen- taires, et celui que vient de publier M. Jezovisky doit faire esperer qu'il ne borncra pas la les services quil pent rendre a sa nouvelle patrie. Helleniste distingue, ce professeur i8u LHTlES liTRANGFJlS. parait partngor I'opinion dos ancions, (\ui voiilaient que, pour It'lude du grvc , on rlioisil los OEuvres d Ilouiore. Dans uue pre lace , oi'i sc fait reiiiar(iuer unc laliiiili'? pure cl ele- gante, il donne les niotils (pii I'onI delermiue a prelerer i'Odyssee a I'lliado et a fixer phis parlieulierenienl so;) clioix Pur les chants 5*^ a 12'. ]Ne connaissant le travail que nous signalons it i que par un journal russe, nous ne pourrions que former dcs conjectures plus ou nioins fondees sur les raisons de cettc preference. Kotrc correspondant de l^Ioscou, M. S. P — y, nous avait fait parvenir un exemjdaire de VEsstii d'une Antluilogie russe el nous nous disposions a rexamincr pour en rendi'c compte; cet cxemplaire s'etant egare, nous sommes obliges de nous en rapporter aux jugemens des journaux russes , qui ne lui out pas etc tres-favorahles. L'un d'eux, te Telcgraplie de Moscou, fait remarquer fort a propos, a son occasion, que le titre iVAniliologie donne par M. Jakovlef a son recueil suppo.'-e de la severite ct une grande imnartialite dans le choix des morreaux qui le coniposent, et il pai'ait donner a entendre que ce joli volume ne remplit pas ces deux condi- tions. II rajiportc nieme luie reclamation de M. J.-J . Dini- iriif, I'heureiix traductcur dc La Fontaine, qui desavoue fix I'lieces impriniees sous son noni dans cet Esrai d'Anlho- logie, et rajipelle quehpies regies de condnite auxquclles il scrnit bon d'habituer lis editeurs de recueils poeti((iies ou d'almanacbs dans tons les pays, sinlout dans ceux oii la propiiete litlcraiie n'est pas mieuxrcglee (ui'en France et en liussie. II Youdrait 1° que Ton comnienc;1t par demiiiuier aux ecrivains I'autorisation d'inserer les diverscs pieces, oi'iginales ou traductions, qui passent pour avoir ete faiies par eux; a° dans le cas on Ton a(n'- piques, par L. Gall, secrelaire de la regence a Treves. Treves, 1828; F. A. Gall. Get ouvrage est public par cahiers de deux et deniie a trois fcuilles d'impression, a des epoques inde- terniiuees. Le prix de chaque cabier, pour les personnes qui s'eugagent a en prendre au moins six, est de G gros; acbe- tes scparement, lis coulent buit gros. L'Ailcmagne, presqu'entierement livree a des speculations metapbjsiques, on a des travaux d'crudition pbilologique, n'a produit jusqu'a re jour qu'un ]>clit nombie d'ouvrages concus dans dcs vues d'applicalion. II y exisle aussi fort peu d'associations ayant pour objet de meltre en pratique les prcccptes de la philan'.ropie. Berlin vient d'entrcr dans cette carricre, ou la Fiance et rAnglelerre surtout out fait de grands progres, par la formation d'une Socicte pour I'arne- lioration dcs detenus. M. le docteur Julius, mcmbre de cette igo LIVRES jilTRANGERS. societc qui comple dans son sein des homines aussi recom- mandables par Icurs liimiorcs que par leurs senlimens, a conru en me me terns le plan d'un recneil periodiqne destine a rcndrc compte des pcrl'ectionncmens introduits dans Ic re- gime des prisons, dans rcduration des jeuncs condamnes, dans les moyens penitentiaires employes a I'egard des dete- nns des deux sexes, etc. Cc recueil, (pii doit remplacer pour I'Allemagne les Annalcs pnbliees par Hartleben ot snspen- dues par sa mort , cmbrassera dans sa revue Tensemble des travaux de ce genre executes dans les differentes parlies dn monde civilise. II porte sa recommandalion dans le nom dc son auteur auquel on doit un onvrage important sur les menies matieres. (Voy. Rev. cnc, t. xl, p.418.) Un autre recueil, dont le but a quelqiie analogic avec ce- lui dont nous venons de parler, est public a Treves sous le titrc de Fetiil.lcs p/iilan(ropiqucs, rccueilties dans le domainc des IHtcraturca nllcmande et itrangcrcs. M. Gall parait avoir etc inspire par le tableau aflligeant de la misere oi'i se trouve plongce une portion considerable de la societe ; son objet est de populariser la connaissance des moyens mis en usage, on proposes, soit en Allemague, soit dans les autres pajs, pour ameliorer le sort de la classe pauvre. Le premier cahier de son onvrage contient une traduction du Mcmoirc sur les Colonies de Bienfaisance dc Frtdericks-Oord ct dc JFortet, par le clicv. dc Kircklioff. Ce choix fait bien augurer du discerue- ment de I'editeur. H. C. SUISSE. 53. ■ — * Kalisthcnic, oder Uebangen nur Scliunlictt and Kraft filr Mddclten, etc. — Callisthenie, on Exercices pour favoriser le developpemcnt de la beaute et de la force chez les jeunes filles ; par P. H. Clias; arec une preface de K. Meckel, prol'esseur d'anatomie. Berne, 1829; C. A. Jenni. In-8" de 12-XXII ct 77 pages, avec des planches. C'est par les soins perseverans de IM. Clias, que la Suisse et I'Angleterrc ont vn sMntroduire pen a peu dans leurs ecoles I'enseignement de la gymnastiqiie qui promet a ces deux pays des generations fortes et adroites. C'est en par- tie a ses ouvrages, traduits et publics dans presque toutes les contrees de I'Europe, que I'Allemagne et la France doivent le perfectionnement de I'education physique, qui prend peu a pen sa place dans I'educalion generale de la SUISSE. 191 jcuncsse actuelle. Nous traduisons de la preface de M. Mec- kel line courle notice historique siir les premieres lenta- lives de M. Clias, qui depuis out ele suivies de si lieurcux rosultats. « Dans I'annee 1814? des troubles so manifestcrent dans VObcrland bcniois, et JM. Clias fut envoye par le conseil militaire a Interlacken , comme officier d'artillerie, avec un delachement de milices. Pour occuper les soldats, il leur fit faire des cxcrrices de lutle, de voltige et de nata- tion. Bientot des garnisons voisines prirent part a ces jeux gyninastiqiies; puis les bergers du pays, depuis des siecles renommcs comme d'habiles lutteurs, vinrent en foule se mcsurer avec les elevesde M. Clias, les terrasserent d'abord sans peine, mais apprirent promptenieut a. reconuaitre les progrcs des soldats en force et en adresse. Le gouvcrne- ment, convaincu de la bonte de sa methode, appella 31. Clias comme professeur de gymnaslique, pour Fintroduire dans la ville de Berne, au profit surlout de la jeunesse acade- mique. «Les henreux resultats de ce nouvel enseignement furent apprecics des etrangers qui visitaient cette partie de la Suisse. M. Clias, sollicite de repandre sa methode en rendant publics les resultats de son experience, donna son premier ouvrage, ecrit en allemand et intitule : Elemens de gymnastique. (Berne, 181O.) Plus tard une commission de la facuIlL- de medecine de Paris, presidee par le D' Bally, fit un rapport tres-favorable sur la gymnastique de 31. Clias, insere dans le Dictionnaire des sciences imdicales ( t. 53, p. aS el 29). C'est a Paris que parut plus tard la premiere edition de son grand ouvrage ( Principes de gymnasUqite, 1829). public depiiis en allemand, en anglais et en italien. En 1823, 31. Clias se rendit a Londres oii son habilele, sa perseverance et le patronage des dues de York, de Welling- ton, dc lord 31el ville, de TAcadcmie des beaux-arts et de plusieurs medecins cclebres, firent adopter successivement la gymnastique dans I'licole des cadets de Sandhurst, dans celle des orphelins a Chelsea, dans I'asile des marins (^Ya- ral-asyl(im), et dans- I'ecole des cadets de Woolwich, dans I'institution connue sous le nom de C/iarlcr-Hoiisc, etc. Apres avoir aussi efficacement travaille a I'amelioration des ecoles suisses et anglaises, pendant que d'autres hom- mes habiles operaient, avec plus on moins de succcs, la menie reforme dans d'autres parties de TEurope (nous ci- terons 31. Amoros, a Paris, et 31. Yung, a Milan ); M. Clias a voulu consacrer ses soins et son experience au sexe Ic inn LIVRES STRANGERS, plus f;iil)lp el jiis([ii'iti le plus noglige paries instiliitoiirs et ice pediigogiies. On pent icgiudcr .'«uii Traile de rullistlienie coinme le premier Iraite d'eclucatioii physique a I'lisage des jeniies lilies, car les oiivrages du iiieiiie geiiic, piil)lies jus- qu'a ce jonr a Loiulres, et tradiiits par les editeurs parisiens, lie sont que des empruiits souvent nialadroits, faits soit aux iiianiiscrits, soil aiix leeons de I'hahiie proi'esseur. Nous reconiniandons la eallislhouie de M. Clias a toules les meres de fauiille, a toules les institutrices : elles y Irouve- roiit uiie suile d'exercices, approprics aux forces et aux habitudes de leur sexc, el caltules pour dcvelopper les grrices qui lui soul naturelles €t pour fortifier la saute de nos epouses. a. 54.* — Prinripcs pliilonop/iiques, pol'diqaes et 7norau.r ; par le colonel DE ^Veiss, ancicu hailli de IMoudoii, et ineuihre de plusieui's academies; Did'icme ediliun. Geneve el Paris, i&aS; liallimorc ; Clicrlxiliez. a vol. in-8° d'environ /joo pages. l>e principal del'aul de eel ouvrage est dans un manque ahsolu d'ordre el de nicthode. Toule science repose sur un enchainemenl d'idccs. Des observations detachces sur la phi- lusophie , la politique el la morale penvcnt bien ollVir d'ex- ceilens maleriaux , mais elles ne nierilcnl pas le nom de Prhicipcs. Cost peut-etre a ce dei'aut de melhodc qn'il laut attribuer certaines disparates dans la maniere dont I'anteur envisage nos dlll'erens tievoirs. S'agit-il d'ambition, d'or- g'ueil, on de cupidite, son langage est celni d'un philosophe austere. i^Iaif, s'agit-il de I'aiuour et des feuimes, on voit juissitol percer rhomme du monde, 1 homme deplaisir, voire ineme 1 horame a l)onnes fortunes. L'auleiu', en traitant cclle niatierc, semble avoir subi I'inflnence des opinions relachees du siede dernier. Nos mnenrs, ou, si I'onveut, «os idees sont mainlenaul plus severes ; et personne, par exemple, n'ecrirail, je crois, aujouru'hui le passage sui- vant : « Un prejngt!, ctal)li par les romans et conlredil par la na- liire, est celni de croire qu'on ne peut aimer qn'une femme <'i la fois; le premier delire passe, le sentiment pent se par- lager aussi aisemenl q\ic les desirs; ou peut en adorer liuil ou dix, pcut-elre d.ivantage, avec la meme aidenr, ia menie sincerile; eprouver le soir avec I'une ce qu'on tprouva le matin avec I'autre ; pn-fcrer aujourd'luii cel!e-cl, deijuiin I'autre, et en tout terns celle qui est la plus proche. » A la verile, raiitetu- nous averlil que c'est la son faible do- minant; a !a bonne hcure, mais i! n'aurail pis dj perdrc si SUISSE. ig5 souvcnt detue qu'uu moralisle eerit pour corriger les aulies, c\ non pour s'excuser lui-mcme. — Les opinions de iM. de Weiss sur les sciences physiques et sur les beaux-arts me paraisscnt aussi nianquer de justesse. Get autcur n'atlache aux sciences qu'une importance secondaire. Leurs plus su- blimes decouvertes peuvent bien, suivant \m , a ricrie)' par moment un petit nombre d'obscrvuleurs prolbnds ; niais elles ont jusqu'ici peu contribue a nous rendre meilieurs on plus heureux. »I1 reserve ce privilege a la morale. Je crois , au contraire, que le developpement moral des peuples depend en grande partie des progres des sciences physiques; que c'est surlout a ces progres que nous devons I'affaiblissement graduel des prejuges les plus nuisibles a I'urdre social, tels que la superstition, la sorcellerie, le fauatisme, I'intolerance, et autres erreurs qui nagucre portaient les hommes a s'en- tre-egorger. Sans compter I'influencequ'ont cue sur lesmoeurs tant d'admira])les inventions, la boussole, la poudre a ca- non, la machine a vapeiir, etc., M. de Weiss ne traile pas mieux les arts que les sciences. « Les arts, dit-il, ont usur- pe dans notrc siecle une consideration fort superieure i\ celle qui leur est assignee par leur valeur reelle. Que m'im- porte qu'un pout n'ait que deux arches, si Ton pouvait en mettre trois et le rendre plus solide? wCela importe plus qu'il ne pense. Une architecture lourde et timide ne fait naitre dans ceux qui I'observent que des idees qui lui sont analogues ; une architecture bardie doinie h tout un peuple des lecons de grandeur et de courage. Les arts sont un Ian- gage, et c'est le plus eloquent de tons. L'esprit luimain se- rait reste a jamais sterile, s'ils ne I'avaient pas defriche. Rien de moins efllcace sur Thomme que renseignement direct, et c'est pourquoi la morale a dQ plus de progres au perfectionnement des sciences et des arts qu'a tons les trai- tes des moralistes. Apres ces observations, qui scmblent prouver que .I'esprit de M. de Weiss manque d'elendue et de profondeur, nous nous empressons de reconnaitre que, dans Ics details, il se fait ordinairement remarquer par la justesse jointe a roriginaiite, p;\i' la force unie a la grace. On voit en lui I'lionime qui a beaucoiip vu et beaucoup re- tenu. II n'est presc[uc pas d'objet sur lequel 11 n'ait porte ses observations, et qui ne lui ait suggore quelque idee sail- lanle; son livre, substaatiel par le fond, est amusant par la forme : le style en est a la fois clair et ingenieux, naturel et piquant, et quelque ctrangetc qu'on y remarque lui prete le plus souvent un agremcnl de plus. C'cnesl assez sans doute T. XLI. JANVIER iSiQ. l5 194 LIVilES liXRArsGERS. pour expliquer Ic succos dc cct outrage et ses noml)reusos reimpressions. Ch. r»5. — Di rarie socletd e isiliiizioni di beneficenza in Lomirii. — De diverses socieles et institutions de Ijicntaisance de Londres. Lugano, 1828; G. Ruggia. In-8\ L'aiitenr est un de ces ilhistres cniigres ilaliens qui s'el- forcent de rondre utiles a leur paysles tristesannees de I'exi!, en proposant a leius conipatriotes Texemple des institutions utiles qu'ils trouvenl etahlies chez les ctmngers. II a visite tous les etablisseniens do bienfaisance de Londres. II les di- vise en trois classes : dans la premiere il place ceux qui sent destines 11 I'educalion des pauvres; il range dans la sc- conde ceux qui ont pour but de populariser les verlus reli- gieuses; enfin , dans la troisieme partie de son travail, il traite des societes qui s'occupent d'ameliorer le sort des pauvre« ou de prevenir la uiiscre. — L'auteur fait preuve dc connaissances approfondies en econoniie politique, et sou ouvrage respire partoutcet amour cclaire de I'bumanite, qui seul pent rendre la science utile et fecondc. F. Salfi. ITALIE. 36. — * Spech compai'ative delle orniiologiadi Roma e di Fita- delfia. Tableau comparatifde rornitbologie de Rome et de celle de Pliiladelphio, par C/m/Zes Larfen Bonaparte; Pise, 1828. In-8°. Dans ce petit ouvrage, M. Charles Bonaparte, bien counu des ornithologistes, a paye sa dette a sa patrie adoptive, en comparant avcc un soin scrupuleux les oiseaux qui vi- vent aux environs de Rome, et ccax qui sont propres aux environs de Pliiladelphie. On sait que ce jcune auteur a pu- blie sur les volatiles axiicricains des observations fort bien faites, et que tous les naturalistes ont accueillies avec un vif interet. Dans ce nouveau travail, il nc s'agit point d'especes nouvellcs ou mal etudiees A I'aire connailre. C'cst uniquement un catalogue a deux colunnes, par genres et par especes des oiseaux des deux pays, que I'auteiu' voulait passer en revue, en signalant les genres ou les especes qui se trouvent exclusi- \emeut dans I'un des deux. Ces rcchercbes, si elles etaient I'aites avec perse\erance, et d'apres des collections toujours bien nonunees, auraient I'avautage de fournir les bases d'une bonne distribution geograpbique. Mallieureusement nous n'en possedons encore. que des eleniens cpars trop niutiles pour avancer, d'i;!iqucs. par !\!. DirTKRicii«. professeur de mede- I'AYS-BAS. 201 cine veterinaire i Berlin , etc. ; traduit tic I'allemand 8vir la a""' edition, par MM. Hart ct Klystra, yetcrinaires dc i" classe. Groningue, 1827 ; imprinierie dc Schierbeck . 3 vol. in-8°. Le manuel pratique de M. Dicterichs est depuis long-tems connu et apprccie en Allemagne. MM. Hart et Klystra ont rendu un grand service aux veterinaires hollandais, pour la plupart peu instruits dans les langucs ctrangcres , en tradui- sant en leur idiomc un ouvrage capable de les guidcr dans la pratique, pour laqnelle la Hollande ne possedait encore aucnn traite de ce genre. Cette traduction, tres-bien faite, a etc exc- cutee sous les yeux de 31. le docteur Numan, directeur et pro- fesseur de I'ecole veterinaire d'Utrecht, quil'a enricbie d'une preface et de quclques notes. de K. 49. — Rcclicrclies sur la statisiiqae physique, agricole et medi- cale de la province de Liege; par II. CouRxois. Verviers, 1828; Beausays. 2 vol. in-8''. L'autcur considcrc la statistique commc se composant d'e- Icniens de trois espt^ces : « Les uns, dit-il, se rattaclicut a la nature du climat, du sol ct de scs productions; les autres, fruits de I'activitc et de I'industrie des habitans, varient selon nne infinite de circonstanccs; d'autres, enfin, recoivent de ces deux premieres classes d'importantes modifications. » Cette maniere de voir diff^re, sous plusieurs rapports , de celle de BI. J. B. Say, qui considere comme essentiellement du do- maine de la statistique les elcmens variables qui font connaitre la situation socialc d'une contrce (voy. Rev. Enc. , i. xxxv, p. 529). Fidelc an plan qu'il s'est trace, 31. Courtois donnesuc- cessivement des details iuteressans sur la geographic, la geo- logic, la mineralogie ct la metcorologie de la province qu'il dccrit; dans le second volume, il s'occapeavec un soin parti- culier de la partie botanique ct zoologique de son travail; il prcsente eusuite I'examcn des causes qui infliicnt d'une ma- niere spccialc sur la saiitc ct la maladie des bal)itans, ainsi que des rccbcrcbes sur les hospices, la police mcdicale et la popu- lation de la province. Les documens qui se rapportent a I'his- toire naturelle semblent avoir cte prcsentcs par l'autcur avec une espece de predilection, et occupent a pen pres les trois quarts de I'ouvrage; ainsi nous pensons que le titre de Topo- graplde ou de Gcograplde physique aurait cte preferable an titre qti'a choisi 31. Courluis. Nous n'avons rien trouve, par exem- ple, sur I'etat financier et commercial dc la province; rien sur ce qui couccrno rinduslric, I'etat dc i'inslruction t^t cclui des crimes ct dc.« delils : rien sur 1m consoitmuition ct Ic produit y..'j LIVRES I^TRANGEIIS. (les octrois. Aussi nous aimons niioux voir dans Foiivrago cc (jiTa fait raiileur que ce qu'il a laisso a faire, et, sous le pre- mier rapport, nous ne lui tlevons que des elog-es; nous ajou- lerons nienie que son travail sera cousulle avec fruit par les personnes qui voudront connaitre la province de Liege. A. QlIETELET. 50. — Jaarbivclije dir Lcutcnsche Iloogcscliool, etc. — Alnia- nach dc I'Universile de Lou vain : deuxieme annee. Bruxelles, 1829; Brest, Van Kempen. In-18. Ce petit volume, qui coutient des renseignemens statisti- ques indispensal)les a ceux (pii se proposent de frequenter rUniversite, pent aussi satisfaire la cnriosite de toules les per- sonnes qui s'interessent aux progris de I'instruction publifpie. Eutre autres articles dignes de reniarque, nous indiquerons I'Histoire de riuiversite duranl les annees 1821, 1822 et 1823, et uue notice sur I'ancieune bibliolhcque de eel clablis- sement. Les redacteurs de celalmanach .sont M3L Bertihanli, Serrure et Pergameni. 5 1 . — * Besluiten ran de Staten gcnental dcr Nedcrlanden, etc. — Resolutions des Etats-Generaux des Pays-Bas, mises en or- dre et augmtntees de notes et de pieces justificatives par J. C. DE JoNGE, adjoinl-aichiviste du royaume, mcnd)ie de I'institut royal des Pays-Bas et de rVcadcniie des sciences et belles-lettres, etc. T. 1", annee iSjG, La Haye, 1828; impri- merie de I'Ltat. Iu-4° de xiii et 588 pages. De]>uis la mort de don Louis de Requesens, surnomme le gvand Commandeur, jusqu'a celle de Guillaume I"', prince d'O- range, les Pays-Bas offrent un spectacle plein de mouvemeut et d'interct, niais dont les ressorts sont generalement peu connus. C'est dans cette epoque qu'il fan I placer la palx de Gaud , et cette union de Lrunellcs ((ui a ete deux fois I'objet des recbercbes de M. dc Jonge. Une soldalesque insolente el cflfrenec acbevc de soulever im peuple deja exaspere par la violation de ses droits les plus precieux, etdes bommes d'un caractcre energique, tels qu'on n'en voil surgir que dans les graudes commotions politi([ues, le conduisent la tete baule a la liberie. Aujoin'd'bui cjue I'liistoire se de])arrasse suc- cessivement de loutes ses formes couventionnelles, rend an passe sa pbysionomie reelle ainsi que son existence morale, c'csl dans des recucils analogues a celui que public M. de .Tonge qu'il convienl de puiser pour ecrire les annales d'un peuple ou pour expliquer certaincs anomalies appareutes dc sa situation uctuelle. On a deja pu s'assurer que M. de Jonge. PA\t>-BAS. 2o5 tliarge de la direction d'un dopul precieux, salt lirer avantage df sa position. Le premier volnme de rouvrage dont on vient de lire le litre est acconipagne d'une prolare en hollandais et t-n iVantais, et preseiite les resolutions prises par les Etats- (JtMKiaiix depuis le a5 septeiubre i576jusqu'au 3i decembre de la meme annee. Chacun des autres Yolumes contiendru une des annees snivantes jusqu'a la mort de Guillaunie, prince d'Orange. Afin de donner a ce recueil tout I'interet dont il est susceptible, Tediteur y a joint pour pieces J itstifica- tires des actes, des rapports et des lettres encore inedits. II ii'est pas inutile de reaiarqucr que la langue politique des ifisats-Generaux etait d'ai)ord la langue francaise , dont la do- mination de la maison de Bourgogne avait rcpandu Tusagc. Ce ne fut qu'en i582 que les Etats-Geiieraux decrcterent de ne plus I'employer dans les actes publics. Neaiimoins on s'en servit de terns en terns jusqu'en i584, qu'eUe fut totalement abandonnee; mais les clioscs avaient change d'aspect, et de- puis plusieurs annees les provinces dites J'Fallonnes avaient icnonce a la cause de I'indepcndance. 02. -- * Bydiagen tot de Nuniismotiek , etc. — Recherches sur I'Histoire metallique du royaume des Pays-Bas. par M. G. Van Orden , correspondant de I'lnslitut. Zaardam , 1828; J. Groot et comp. i"cah., de 20 pag. de texte in-8", et vi pi. lithog. in-4°. Nous avons dcja annnnce que I'lnstitut des Pays-Bas avait pris la resolution de donner une suite a I'histoire metallique des Pays-Bas de G. Van Loon, el de preparer ainsi a I'histo- rien proprement dit un genre de secours dont tout le monde n'apprecie pas I'iniporlance. Cependant les niedailles , me- daillons et jetnns conservent les trails de personnages cele- bres, fixcnt, rectifient la chronologic on en remplissent les lacunes, soul un tcmoigiiage de I'adulalion comme de la haine on de I'equilc, clcrniscjiit le souvenir des solennites publiques et parliculieres, rcvelent des coutiunes interessanles, et se- raient mcme un luxe de bon gout quand elles se borneraient a contenter la curiosite. II laut convenir que les niedailles^ anciennes sont d'un style a la ibis plus simple, plus elegant et plus noble que les rnodernes. Mais si leurs allegories sont moins travaillces que les notres, si elles paraissent plus heu- reuses, c'est que, se rattachantaux Idees courantes et j'opu- laires , elles devaient elre d'une composition et d'une inter- pretation plus I'aciles. r>ous, au conlrairc, obliges de relracer le present a I'aide des croyances el des coutumes de I'anli- quitf'" , il nous iaut plu?. d'ciforts pour rendre noire penset 20,', LlMlliS lirUANGEIiS sensible. Do la ces talileaiix cnmpluiucs, ccl enlasseniciii ile porsonnagos ot tl'objcls qui suichargciit la i)lin)ail do iios UR'tlailics. Pliisioiii-s monies oflVent la re]n-esen(alion directe ties clioses. Celle mrthode mc parail la bonne pour Ics nie- tlailles tlestinees a ciiruler parnii la mnltilude, afni de I'en- trelonir d'lin sentiment qneleonquc ct d'exciter sa sympalhie en lavenr do tel on tel parti. C'est ainsi que sur ie jeton IVappo en memoire du supplice dcs comtes d'Egmont et de Homes, ces Iburclios palibnlaires et ces tetes hideusement separees do leurs trones en disaient plus ;\ Tboninie vulgaire que Ics conceptions les plus ingenieuses, les images le j)lus artistement combinees. Pins lard , tandis qu'on sonlenait contie la puissance de Louis XIV une guerre sericuse, on fit la guerre A son orgueil c\ coups de mcdailles. C'elait un feu roulant d'epigrammes sur bronze , or on argent. Tout le monde connait celle qui nous montre Neptune s'elevant sur les flots, et achcyant d'unc maniere mcna^'anle un vers de Yirgile commence en I'bonneur du grand monarqne. f aiiMieris, Van Loon, Blzot, LeClerc, avaient ramasse, fait copier etcnricbi d'lni textebistori(pie unequantile enorme de ces medailles, mais ils n'avaient pu ni voubi tout copier, ni tout decrire; en outre, ils n'avaient pas tout vu; et, en ce genre, il y a aussi des bonnes fortunes que le hasard sevd pro- cure. L'Inslitut, protege par le gouvernement toujours ma- gnifiquc qiiand il s'agit de seconder les sciences et les arts, troiive done encore a moissonner abondamment apr^s ces sa- vans. M. Van Orden , qui a public en 1835 un in-8" de 5g4 pag., contenant vin catalogue de i43o medailles on jetons ran- ges par ordre cbronologique , depuis Fan 1400, vient glaner sur les pas de I'lnslitut. II s'attache, de preference, aux spe- cialitcs numismatiques, tclles que les jetons des diflercns me- tiers, dcs sermens et confreries, et des maisons de cbarite. Son rectieil , redige avec soin et conscience, nc pout manqucr d'obtenir de nombreux souscripteurs, dans un pays on les amateurs de I'bistoire locale sont plus multiplies qu'aillcurs, et on il existe une nudtilude de collections numismatiques precieuses. Nous signalerons aux elrangers celles de M. J. Fan der Sclioor, a Alkmaar; J . Van Dam Div:, a Rotterdam; j4dr. Van Byncken^liocl;, Van Iloogstralcn, a Amsterdam; du comte de Rcnesse , ;\ Sbeeren-Eederen , pros de Tongrcs, et surtout celle de MM. de Gccland , a Anvers. Ces messieurs joignent a des connaissanccs profoiules la plus ain)al)le obli- geancc. Apres leur cabinet . nous aiu'ioiis cite cclui tie M. ie baron C. J. M. Dn Jioin dc VnnUuu/r, dans la mcme viile; PAYS-BAS. 2o5 mais cet estimable citoycn vient dc lormiiicr son honorable rarrii're. Lc catalogue de son meclaillicr, t'ormant iin volume in-S" de ii5 paj,'., contient 5,555 ailicles, dont plusieurs se composent quelquefois de 60 pieces. 53. — * Miscellanea plurnicia, sire Coiivnentariide rebus P/urni~ cum, etc. — Melanges phcniciens, on Memoires sur I'histoire phenieienne , dans lesquels on explique par occasion un grand nombre d'insciiptions lapidaires et numismaticjues, de noms propics d'homnies ct de lieux, de Ibrmcs de langage et de coutunics religieuses des Carthaginois, avec cinq planches lilhogiaphiees ; par H. A. Hamaker, Lejde, 1828; S. et J. Luchtmans. In-4" de x et 5G8 p. M. Hamaker, I'un des continuateurs de la Bibliotheqae cri- tique, fondee par Daniel Wyttenbach, s'estmis en pen d'annees au rang des orientalistes les plus instruits. La socicte asiatique de Paris el le Journal des savans ont souvent entretcnu les lec- teurs francais de ses utiles travaux. Son nouvel ouvragc , au jugcment des personnes instruites et des juges competens, no pent qu'ajouler a sa reputation, line simple annonce ne peat en dunner unc idee; il a droit a un examenapprofondi. 54. — ISJuria ran Braband , etc. — Marie de Brabant, par M. J. F. "NViiLEMS, imprime par les amis de la poesie. An- vers, 1828; J. S. Schoesetters . In-8". Ce sujet afourni recemment a M. Ancelot un poome etune tragedie. Des I'annee 1808, un mowixiiur Mcnegant , qui s'est cache sous le masque de 31. Maugenet , en avail tire un ronian hislorique. Dans le Journaldc I' Academic prorinciale de Lyon, ainsi que dans les Arcbircs philologiqncs , redigees piu' celui qui a ecrit cette note, on a pu lire une ballade destinee a ce- lebrcr la meme catastrophe. C'est aussi sous la forme de bal- lade que le chantc M. Svillems. Son petil poemc respire je ne sais quelparfum des siecles golhiques; on dirait qu'il s'esl inspire des monumens dont on lui a confie la publication, en joignanl a la naivete des vieux menestrels la puiete du gout moderne. Ses vers soul suivis d'extraits de L. f'cm J'clt/tein et -de J. Fan Hecla, anciens chroniqueurs qu'il commentc a la maniere des Huy de Roper el des Clignetl, et qui donnent une idee du travail que I'aulcur lient en reserve pour la com- mission d'hisloire. DE REirrEXBERC. •>.oG LIYRES I^:TRANGERS. — PAYS-BAS. O uvragca periodiij uea . 55. — * Vcc-Arts^enyf^kmuiiir Mai^azyn. — Magasin dc niede- cine veterinaire, par ;U. Numan, dircctcur et prot'csseur a I'ccolc vetorinaiie d'Ulrctlit, etc. I'remiLTe livi'aison. — Gro- ningue, 1827; iniprimorie de Schicrbeck. Iii-8° dc xxiv-iyCi pages. li'institutiou dc I'ecolc veloiinaire d'Utrccht date de 1821. M. Numan en dirigc rcnseignenieiit avec aiitant de zelc que de luniicres : il fait plus, il clicrclie a propager les oonnaissan- ces de nu'decinc vcteiinaire, a instriiire les veterinaires repan- dus dans les provinces : voila le but du reciieil que nous signalons. II 'en paraitra de terns en terns ua cahier. On y consignera les faits intcressans qui seront observes a Tccoie d'Utrecht; des memoires oiiginaux et des o])servatious prati- ques relatifs a la medeciue veterinaire; des extraits d'ou- vrages offraut de Tintcret sous le rapport pratique ; des cas pratiques on patliologiques de medecine humaine propres a servir de romparaisou a la medeciue des bestiaux; des ana- lyses et des annonces d'oiivragcs jiujjlies dans le royaume des Pays-Bas et dans les pays etrangers; enfin, des rapports et des communications de tout cc qui est susceptible d'iuteresser les personnes qui se vouent a la medecine veterinaire. Parmi les articles coutentis dans la livraison que nous avons sons les yeux, nous avons remarquc un Disconrs tres-bien fait de M. Numan sur l;i Medecine vetiriiudre et son enaeigne- ment; des Observations sur imc maladie des betes dcoriies, appe- lee onictus criientiis. par M. Driessen; un llapport sur la mala- rlie qui a regne parmi les bestiaux a Kuik et Sainte-Agathe, depuis le 1'' aout 1826 jusqu'au 8 fevricr 1827; imeObserva- iion de iii((huson d'hvmiplegie, chez un cheval , ayant eu lieu par I'application du feu et I'usage interne de la noix vomique, re- cueillie par iM. Bontekoe; une Observation d'une affection ner- veuse periodlf/iie chez nn chien, acconipagnee d'envie de mor- dre; une Observation de sy^nptomes de morve , produils par une coeuR. 69. — * Almanack du. Commerce dc Paris, des departemens de la France, et des principalcs villes du monde, de J. de la Tynna ; con- tinue etprogressivementameliore; contenant : \° laStathiiqiie clcmentaire, revue chaque annee, des 86 departemens de la France, consideres sous les rapports topographique , agricole , indus- triel, commercial etadministratif; 2° uneRevue statistique com- merciale sommaire des principaux Etats des cinq parties du nionde ; 3° la ISomenclalure d'environ cent mille raisons de com- merce, dont pres de moitie, avec adresses verifiees a domi- cile, des fabricans, manufacturiers, commercans, et princi- paux habitans de la capitale et des principales villes; 4° ""^ Table gcograp/iique des 5,5oo localites comprises dans I'Almanacli; 5° vme Table tres-detaillce des maticres ; par Srb. Bottis. An- nee 1829 : 52° annee de la publication, 1 i^de la continuation par I'editeur actuel. Paris, 1829; au bureau de I'Almanacli de Commerce, rue J. J. Ilousseau, n° 20. Petit in-4° decccxxxvi — 944 pages; prix, broche, 12 fr.; relie, 14 fr. En transcrivant le titre complet de cet Annuaire, on donne facilement une idee de son importance et de son utilite; il suffit d'ajouter que son redacteur actuel. 31. Bottin , ne ne- glige aucun soin pour le completer tous les ans, et pour le mettre au courant des nouvelles recherches statistiques. a. 70. — *Essai de staiistiqtie de I'lle Bourbon, consideree dans sa topographic, sa population, son agriculture, son com- merce, etc. ; ouvrage couronne en 1828 par V Academic royale des sciences ; suivi d'wn projet de colonisation dc I'intc- ricur de cette He; par M. P.-P.-U. Thomas, ancien commis- saire de la marine, ordonnateur a I'ile Bourbon. Paris, 1828; Bachelier et Selligue. 2 vol. in-8° de 294 et 4*^2 pages; prix, i5fr. L'ilc Bourbon, que le porlugais Mascarenhas decouvrit en 1-n LIVRES FUANCAIS. i5o5, ct ilont Ics Fran<;ais s'cmpaieient en 1642, silut-c par 20" 5r /|5" hit. N. ct 53° 10' 00" long. E. , dans la mer dcs Indes, an sud-cst dc I'ile do France et a Test dc Madagascar, a 68 niiiles de long snr 45 de large, une circonterencc dc 20 myrianutres f^, 011 47 Heucs ], une snperlicie d'environ 2i5 lienes carrecs , et nne population d'environ 70,000 lia- bitans, dont 18,000 blancs, 5, 000 mulfllres librcs, et le resle noirsou esclaves. Sa forme est ccUe d'unetortne; I'intericur, plusclevc que le rivagc, est inculle et sans habitans, taudis que ses bords extcrieuis s'etcndent vers la mer par une pente plus ou moins prolongee , ot sont couvcrls des plus ricbcs cultures. C'est le cratcre cleint d'un volcan , car le sol de Bourl)on est de nature volcanique, ct il y existc encore une bouche ignimovc en pleine activite. Placee, dans la region des vents generaux , cnlre le cap de Bonnc-Espcrance , ou les vents soufllent altcrnalivcmcnt de Test a I'ouest a des cpoques pcriodiques, et I'lnde, 011 les moussons se font aussi periodiquement sentir ; abritee du cote de I'ouest par la grande ile de Madagascar, et du cote de Test par i'ile Mau- rice ou de France , I'ile de Bourbon ne connait point cettc succession de vents et de moussons. La temperature y est constammcnt douce et agreable; I'air y est sans cessc ra- fraichi par la brise du large pendant le jour et par celle de tcrre pendant la unit. La longueur des jours ne varie que d'environ 2 h. {, le plus long jour etant de i3 b. iGm. le 16 decembre, et le plus court de 10 h. 44 m- le 12 juin. Quoi- qu'on en ait dit, c'est une des contrees du mondc les plus salubres, grace aux faibles differences de la temperature entre chaque mois , ou clle ne varie guere de plus d'un degre. Trois regions se partagenl la pente exterieure des montagnes de cetle ile, dont les faites en hiver sont couvcrts par les neiges, et voient descendrc vers la mer uue infinite de ri- vieres et de ravines I'lMlilisant le sol. La plus elevee de ces regions, constammcnt exposee a Taction du soleil , a celle (les pluies, a celle des vents , se dcpouiile sans cesse du peu de terre que rcproduit le detritus des vegctaux , et elle est absolument incultivable. La seconde , ou zone du milieu , est gencralcment celle oil le sol est de la meilieure qiialile, mais rocailleux, ce qui ne permet pas de le defiicber en totalite : la portion qui ne Test point est occupce par les forcts. La troisieme , ou zone infcricure , est gene- ralcment formee de plaiiies elcndues el propres a la culture : aussi est-elle couverle d'haliilalions el riche de prodiiils va- SCIENCES PHYSIQUES. 231 rie?, siir lesqiiels repose la prosperite dc la colonic, compre- iiant onze communes, administrees commc en France par un mairc, un 011 plusieurs adjoints, un conseil municipal, et dont la principale est celle de Saint-Denis, chef-lieu de I'ile, residence du gouverneur , siege des principales antorites. Lcs productions consistent en hois de construction , henjoin, hois de nalte a grandes et petitcs feuilles, hois de fer, hois noir dont les feuilles servent d'cngrais et contrihuent a main- tenir la vegetation du cafier; manguiers, rappelant le pom- mier neustrien ; tamariniers. Grangers, grenadiers, man- goustans, rimas, jaquiers; ouattiers, dont les gousses four- nissent un duvet soyeux; hananiers, palmistes, vacoas; han- couliers, dont la noix donnc de riuiile ;\ brider; Cannes a Sucre, arack, cafe, girofle, muscade, cacao, colon, hie, riz, mais, manioc, patates, ignamcs, et autres articles. L'ouvrage de 31. Thomas a pour ohjet de faire connaitrc en detail ces richesses naturelles , agricoles ou induslrielles. Le prix que lui a decerne VJcadanie des sciences en prouve as:-ez le merilc ; il nous suflit d'en donner une analyse suc- cincte. Les six premiers chapitres emhrassent I'ensemble de la geographic physique de I'ile Bourhon, savoir, la position astronomique , la meteorologie, la nature du sol, les eaux , les arhres et les arhustes. Quatre autres chapitres trailent des routes, des ponts, des ports et des canaux. Le 12' chapitre qui est tres-ctendu, est relatif a la population; dans le lo", il s'agit de I'agriculture ; dans le i4% du commerce ; dans le i5% des rcvenus; dansle iG', des impots; et dans le 17% de divers projets de colonisation et de defrichement dans les parties oCi il n'a pas encore ete forme d'etahlissement. La plu- part de ces chapitres sont accompagnes de tableaux qui pre- senlent synoptiquement lcs ohjets dont il y est question. On voit, dans ce qui regarde I'agriculture, par exemple, que la totalite des tcrres cultivccs a Bourhon est de 54, i48 hec- tares, ou en mesure du pays, qui est la gaulelle de i5 pieds, i7,io5,5o5 gaulettes carrees ; on voit dans les tahieaux de la population scs variations depuis 1804 jusqu'A la fin de 1824, avec les rapports des hlancs aux mulatres ou metis libres et de ceux-ci aux noirs ou esdaves , commc aussi les echclles comparatives des sexes et des naissances rapproches des mariages et des deces , par commune et par annee. M. Thomas indique les divers moyens d'insfruction en usage, surtout dcpnis la creation d'un college royal, lcs professions diverses exercees dans lcs villes etleshourgs, les diffcrens genres d'indn.^lrie on de commerce, la situation des trou- 322 LIVllES FRANCAIS. poaux , los impoitalions, exporlations et la consomnialioii locale do chaquo cspt'cc dc produils. En ce quitoucho la popn- lalioii, raulciir dciiioiilic ([iie Ic nombre des blaiics s'accroit tr»',s-iapidomeiU, noil pas lanl par I'arrivc'C dc iiovivoaiix colons, doiit Ic nonihie n'est , amiee coiiiiniine, que d'line cinqiian- taiiie , que par I'exccdant conliiuieldes naissaiices sur les deci's ; naissances parnii lesqiielles figiirent , il est viai , 85 enfans natmels sur 636 naissances annuelles , ou i siir " 1 ; naissances encoi'e ou Ton compte plus de garcons que do fdles , mal^^re I'upinion repandue qu'il nait dans les pays cliauds pliis de filles que de garcons. Le cluiprtre du commerce n'est pas moins plein d'interel que cclui de la population. Nonobstant le desavantage de Tile Bourbon, privee d'un bon port, et n'ayant que des ha- vres , d'oi"i les vaisseaux doivent s'eloigner pour gagner la haule mer lors des ouragans , ce n'est pas moins un lieu de relaclie depuis que la France a etc depossedee de I'ile Mau- rice. Les importations de France dans la colonie out ete, en 1824, de 8,55i,527 fr. , et les exportations de 9,616,449 f''- Les deux tiers des marchandises importocs sont des pro- duits francais, et arrivent presque exdusivement par batimens de la meme nation. Tons les articles ne sont pas destines a la consommation du pays; la moitie des objets Tenant d'Eu- I'ope continue sa route vers I'lude, oi'i se maintient I'habitude de consommer des prodnits de nos manufactures. Les ports expediteurs sont Le Havre, Saint-Maio, Bordeaux et Marseille; le nom])re annuel des batimens depasse6o, jaugeant ensemble pres de 20,000 tonneaux et ai'mes de plus de 1,100 homines d'equipage.En i835, lesiinpoitations out ete deg,()44i<>55fr., dont 4,352.335 I'r. produils dn sol et de I'industrie fVan- raise, et les exportations de 1 1,678, 988 fr., dont 9,5o2, 585 fr, povenaiil dusol colonial, et 2,176,603 fr. de I'enliepot. Ces exportations avaienl les destinations suivanles : Proiluils - SCIENCES MORALES. ar,5 cho dc3 lois, r(^glemens, ortlonnances. arrr-ts et opinions dcs jmisconsuitestfui le compluienf, le iiioditicnl ou rexpliijueut; par Poux-1'"ra>klix, avocat a la Coiir roj'ale, inspcctenr des t'tiides, et profcsseur de legislation comoKM-ciale a TErole spt'-ciale de coninieixe; i'% 2% 3% 4" et 5'' liviaisons. Paris, 1828; Malher. Cinq feuilies in-plano; prix de la Hai'. , Sir. pour Ics souscriptem-s, et 4 f''. pour les non-souscripteurs. La science en tableaux est devenue fort a la mode. C'est line forme qui permet d'embrasser, d'un seui coup d'oeil, des divisions , meme fort detaillees. L'usage de coloricr les ta- bleaux, et d'en separer ainsi le.s di verses parties en masses, faciles a distinguer les uues des autres, a contribue a Ics ren- dre plus commodes, eta abrcgerlcs recherches. L'Allas his- toriqne de M. de Las-Cases est mainlenant dans toutes les bibli«)thcques. Nullc part les recherches sur I'histoire litte- raire ne peuvent s'ofiVir plus proniptes et plus completes a toutes les classes de lecfcurs, que dans I'Atlas oi"! 3L Jarry de Money a applique avec beaucoup de bonheur aux sciences, aux lettics et aux arts les procedes dont son devancier s'ctait servi pour grouper et enregistrer les evenemens historiques. C'est aiissi en grands tableaux colorics que M. Balbi expose ses savantes et consciencieuses etudes de statistique. Voici mainlenant que M. Poax-FranlUin nous donne la legislation commerciale en tableaux. Ces sortes d'ouvrages n'admettent ni les dissertations ni les developpcmcns. Ils'n'ont de place que pour donner des resul- tats. Dans une science comme la legislation, ils sont done; condamnis d'avance a Gtre tres-dogmatiques, en meme tems qu'un pen superficiels. Ce sont la deux inconveniens necessaires, qui sont compenses par I'avantage de presenter les divisions (In droit avec une neltete qui, a I'aide des appa- I'ences exterieures, parle sans nulle peine aux sens des per- sonnes les moins exercees. Ces tableaux nc sont pas \\n moyen de faire de la science, mais ils ollVent une facilito merveillense jiour populariser la science faite. Cette diU'usion de la connaissance des lois est dedaignee par les habiles, et neanmoins ellc merite fort d'etre encou- ragee; car c'est pour tons les cifoyens, meme pour ceuxqui ne se sont pas assis sur les bancs des ecoles,que les lois sont portees. Sans doule il ne sera permis h personue de se regar- der comme jurisconsulte apres avoir etudie les tableaux de M. Poux-Franklin; mais ce n'est pas aux jurisconsultes de profession qu'il paraisseut destines. C'est surtout aux nego- cians qu'il5 ronvienncnt; ils scront aussi d'nn grand secoius ■a34 LIVIIES FRANC AIS. ;iiix ctudian?, auxquels ils prt'senteront un resume net et fort mrllindiquo des malieres dunt se compose la legislation com- meiriale. Lc sniii avco leqiiel ies premieres iivraisons sont redigees doit iaire desirer que M. Poiix-Fraiiklin acheve bientot cellc uliie piil)lieati()n. Cn. IIenouaud, avocat. 82. — * Economic: politi(fiie , ou Principesc/e la Science desri- c/iesscs ; par Joseph Droz, de TAcademie IVaneaise. Paris, 1829; Jides lleiioiiard; ct Bruxelles, lil)rairic paiisicnne. Iu-8" de XVI ct 592 pages; prix, 7 IV. — Cc volume se veud separe- nient ou lorme le tome 5'' des oeuvres dc M. Droz. Prix des trois volumes, aolVancs. 0 L'ecouomie politique, bien concue,sera toujours I'auxi- liaire de la morale. j\c prenons point Ies richosses pour un but, olles sont w\\ moyen: leur importance resulte du pouvoir qu'elles ont d'apaiser des souffrances; et Ies phis preeieuses sont cclles qui scrvent au bien-etre du plus grand nombre d'honnnes. » Ces paroles par lesquelles est tcrmine ce dernier onvrage de iM. Droz indiquent dans quel esprit il a ete concu. Son intention a ete d'ecrire un traite tout-a-fait elementaire. II y a parlaitement reussi. Rien de plus clair, de plus facile pour quiconqne, encore tout-a-lait etrangcri reconomie po- litique, voudra en commencer I'etude. C'est une lumineuse et elegante introduction aux plus savans ccrits sur lamatiere ; c'est en meme terns un livre tel qu'il en faut pour cenx qui veulcnt se l)orner a acquerir Ies notions essentielles et ibnda- menlales d'une science, trop negligee jns([n'ici, mais quidc- sormais sera de plus en plus regardee comme une des parties iiecessaires de lout bon systeme d'edncation. M. Droz aura rendu lc service siguale de meltre reconomie politique a la portce de tontes Ies intelligences. C. R. 83. — * Hisloire financierc de la France, depuis I'origine de- la monarchie jnsqn'a Tannce 1828; pr^^cedee d''vn\G InUodac- lion sur le mode cl'impols en usage arunt la rccoltUlon, et suivie dc Considcralions sur la marclie du credit public, et Ies progres du systeme financier ; T^nr J acqaes Bresson. Paris, 1829; Ba- clielicr. 2 vol. in-8" de xii — 378 et iv • — 5oj pages, avcc des tal)lcanx ; prix , i5 t'r. Nous rcviendrons sur cet onvrage important, qui parait etre lc fruit de rechercbcs sericuses. 84- — * Cours d'Idsloiretnoderne, professe par M. GrizoT, a la Faciillr des leilres de Paris ;^G\y\ par Tautenr. Livraisons 1 — 5. Paris, 1828-1829; Pichon et Didier. (i caliiers in-8" formaul ensemlde 248 pages; prix de la livraison, 70 cent. Mous dcvons rappeler aux lecteurs I'articlc public dans lc SCIENCES MORALES. ^55 oourant de I'annee 1828, et oti nous signalions lareoiiverture de troiscoiirsdejA cclebres (yoy.Rev. Enc, t. xxxvTii,p. 648); iM. Guizot qui, I'annee dernicTe, a prcscnte L'ldsiolre de laci- vUisaiion earopcenne, depuls la elude dc I'empire rornain jusqa'd la revolution francaise , sc propose de trailer specialcment, cette annoe, I'Idstoirc de la cii'ilisaiion francaise. Si la pairie a droit , dans le passe commc dans I'arenir, d nos plus cheres affections , on concoit quel interet puissant doit s'attacher aux nouvelles lecons du savant historien, dont les auditeurs ont dcja pu apprecier la maniere large ct profonde. a. 85. — * Essai hisiorique ct critique sur I'ctat des Jcsuites en France, depuis leur arriveo dans le royaume jusqu'au terns present; par M. Tabaradd. Paris, 1828; Pichard. In-8° de '5o4 pages ; prix, 5 fr. L'ordonnance du iGjuin dernier, preparee par I'arret de la Cour royale de 1826, et par la decision de la Cliambre des pairs, du 19 Janvier 1827, relativement u la petition de M. de Montlosicr , deelare que la compagnie de Jesus, supprimee par des lois antericurcs, n'est point reconnue en France; ct une piece semi-officielle subsiquente proclame le retour de faction publique sur certains ctablissemcns qui existaient con- trairement aux lois du royaume. L'affaire des jesuites parait done tcrminee ; nous n'avons plus a discuter leur existence legale ; Tautorite s'est expliquee. Mais il importe au public de remonter a I'origine de cette institution, de suivre son his- toire, de connaitre sa nature et I'esprit qui I'anime ; c'est ce qu'il convient d'etudier pour mieux apprecier Ics motifs de l'ordonnance et en prejuger la duree. M. Tabaraud en fournit les moyens. Son Essai sur I'ctat des Jcsuites en France est un livre de bonne foi ; il est impossible de contester les faits qui y sont rapportes, et de decouvrir dans le style la nioindre teinte de passion ou d'amertume. J. L. 86. — * Mcmoires du marcchal Suclict , due d'AiBUFERA, sur ses campagnes en Espagne , depuis i8o8 jusqu'en i8i4; ecrits parlui-meme. Paris, 1828; Adolphe Bossange, rue Cassette, n° 22; 2 vol. in-8" de li -5^6 et ix-Sjo pages ; avec un Jlt- las in-l'olio, sur papier velin ; prix, 5o fr. Get onvrage excite a un haut d^gi'c rinterOt du public, soit A cause du nom de I'auteiu', si illustre parmi les chefs de I'ar- mee francaise , soit a cause des fails qu'il retrace avec verite et simplicitc, et qui honnrent egalcnient le general et les sol- dats qui les ont executes. L'atias est fait avec un soin , on pourrait dire avec un luxe particulier: il se compose de seize planches, contcnant des plans et des vucs des sieges et des a5(i LlVllES FRAxNCAIS. batailles dc raiLJice d'Aragou, j^ravt's paries mtillfiirs ar- tistes. Qutlqties joiiriiaux out fait tomiaitre Ics luolils liouo- ral)Ies (|ui out dt'lermiiu' a vciulre eel atlas a im prix bicn au- dessoiis dc sa valour (i). Z. 87. — Niipolikm a Sainte-Helcne : Opinion d'un medccin sur la nialadie du rt'inpcreuriSa]>oleon, ctsurla cause de sa mort, oflerte a son (lis an jour dc sa majorite ; par D. Ulreai;, an- eieh chirurj^ieii ordinaire de Madamc-Mere, et premier elii- rnrgieu de rimperatrice IMarie-Louise. Paris, 1828; Louis, rue du Paun, n. 2. In-8° de 228 pages; prix, 4 fr- Si le sujet dont s'occupe M. Hereau ue traj^ait pas encore tous les esprits par I'immense inleret qui I'enviioune, on se- rait tcute de racciiser dese presenter un ]>eu lard dans la lice, et dc ne pas avoir cherche a dctruire plutot les fausscs opi- nions (pii out rcgne sur la mort d'un honuiie condanme a un supplice lent et douloureux, povn- avoir I'ait trembler les rois en assuiant leurs trones, et Icur avoir long-tems impose des lois. L'auteur a voulu prouver qjie Is-apoleon n'a pas suc- eoinbe a une maladie heredilaire qui menace aujourd'hui les deslinees de son fds, mais que le ministere anglais connaissail loutcs les circonstances destructives et fatalcs qui entouraient son trop redoutable prisonnier, dont les jours etaient a pea pres comptes. Des bourreauxavaient etc appcles pour aider a riniluence du climat, et la conduitc atroce de ce ministere envers nos rei'ugies royalistcs et nos prisonniers ne pouvait etre surpassee que par Thospiialite qu'il accordait a son en- nemi abatlu. La tacbe de M. llercau elait difficile : comment expliqucr le rcl'us d'un Hudson-Lowe, qui s'oppose a des re- clierclies dircctes, experimenlales, sur la nature des sub- stances trouvcesdans rcstomae ? comment concilier les con- tradictions ircquentes des rapports des medecins presens? Ccs questions out etc elairement resolues par I'examen at- teiitit' des symj)l(Jmes d'lmc longue et pcnible agonie. Nous voyons une irritation de Testomac- exasperee par des remedes in( endiaires, se caractrriser de plus en plus et envahir pro- I'ondeinent Torgane. Ln vain la princesse Pauline Borgliese , le com'e llnirand , les docleurs O'Mtara, Anivmarchi an- (i) Le mari'clial SicnKx avait fait fairc a grands frais les planches son livre ; mais il avail au conlraire I'inten- lion A'e.w donncr hcancniii) d'exr.uiplaires, el de laisspr los anlr(\s i^i nn prix assL'z has pour qu'il fiit accessihle aux iiiilitaires. La ducl>i.'ss<; d'AlljiilV la » rcspocti; rcligieusenient les voloiilesde son mari. SCIENCES MORALES. — UTTERATLRE. 257 noncent a lord Liverpool que la mort va s'emparer de sa vic- time , si Ton ne rcmcdie aux liorrcurs d'linc captivite sidjie sous un ciel meiirlrier : leiir dcmaiide leste sans siiccos; et tandis queroii proclame que Napolron est hien porlant, qu'il est gai et qu'il jouit dcs promenades de I'ile. Ton j^ait qu'il est etroitement enferme el que de cruelles souffrauceshii per- mettent a peine de se lever : c'est dans de telles conditions qu'il expiie, et cerles oe n'est pas sa mort qui etoniie, c'est qu'il ait pu resister si long-tenis a tant de causes de destruc- tion accuinulecs sur sa tete; et lorsqu'il s'ecrie : « .Je meurs assassine par I'oligai'C'hie anglaise et son sicaire », il est inu- tile de penser au poison pour expliquer cetle energique con- viction. Aussi, apres avoir etabli que I'influence du climat suffisait pour amener la mort, que des privations de toute espece et le traitenient y ont encore contrijjue, I'auteur con- clut-i! que Napoleon a succonibe a une gastrite chronique avec perlbration, et que I'idee d'une maladie hcreditaire e-^t une opinion fausse et invraiseuiblable. C. S. Litlerature. 88. — * Grammalre francaise meihodlqtie et rabonnee, redi- gee d'apres ini nouveau plan, Ibndee siu- un grand nombre de laits ct sur I'autorite des granunairicns les plus connus; par A. Boniface. Paris, 1839; I'autour, rue de Tournon, n" 55. In-12 de XX ct 5^4 P'? piix* 2 IV. 5o c. 51. Boniface n'avait guere public jusqu'a present que des traites sur certaines parties de la grammaire : il embrasse au- joiu'd'hui, dans son ouvragc, toules les regies de la langue francaise ; c'est un traite complet q\i'il faut iaire connaitre dans ses diverses parlies. II est divise en cinq livres, dont le premier conticnt les connaissances preliminaires, savoir : quclques notions metaphysiqucs, I'exposition des elemens du langage parle ou ecrit, et la defiuiiion de la grammaire. Le second comprend la classification, la definition, et une par- tie des accidens des mots : le troisieme, les caractercs dis- tinctils de ces accidens, avec un court expose de I'analyse logique. Dans le qualrieme livre sc trouve la syntaxe; ct dans le cinquicme les idees les plus necessaires sur la ponc- tuation et les signes orthographiques. II est facile de voir que, sous ces divisions, peuvent facile- ment se ranger tons les fails grammalicaux dont I'ensemble constituc la granunaire francaise : niais quelles quaiites don- ncnt A cet ouvrage vme superiorite marquee sur ceux du menie 27)8 LIVRES FRANCAIS. n-eui't' qii'ont pul)lii's MM. Lctcllicr, C/inpsal, etc.? Nous allons le dire en pen de mots. La gramniaire presente deux sortes de faits : les uns, gene- raux ct vrais pour tonics les langucs, Ics aulrcs partioulicrs a tel ou tel idiume; les premiers consistent snrtout dans des definitions rigovn-enses ct des regies qui decovdent inunedia- tcment des principes de I'ideologie : ils ne peuvent etre eta- blis que par le raisonncmcnt ct la comparaison des langucs ; les seconds sont recnciilis par I'observation des formes d'un seul Ian gage. Ceux-ci, sans les autres, retrecisscnt les idees, ct n'liabituent Tesprit qu'a la routine : ceux-la, isoles de toute application, etendent sans doute les idees, mais n'etablissent jamais que des tbeories abstraites. La reunion de res deux sortes de faits presente tons les avantagcs possibles pour I'etude des langues, et c'est la le caractere que M. Boniface s'est efforce d'imprimer a sa nouvelle grammaire, caractere que nous remarquons d'autant plus volontiers, que ses pre- cedens ouvrages n'annoncaient gucrc que des recherches tout-a-fait parliculicres a notre langue. ■ — Aujourd'bui il s'e- Icve aux considerations gonerales, et met a profit les con- seils de nos meilleurs grannnairiens. Cette amelioration, deji'i tentee du resle par plusieurs auteurs, pourra etre d'autant plus utile i la science, que M. Boniface, etant lui-meme a la tete d'une institution nombreuse, pourra inculqucr scs prin- cipes a ses eleves, et prouvcv, par les succes qu'il obtiendra sans doute, que I'intelligence des enfans nc repugne pas au- tant qu'on le dit aux notions metapbysiques et a leurs ap- plications. B. J. 8g. — * Coiirs de litlcraldre franraise, professe par M. Vit- i.oiAiN, d la Facnlle des Ictivcs de I'aris; revu par I'antcur. Livraisous i-5. Paris, 1818-1829; Pichon et Didier, .5 ca- hiers in-8" formant ensemble 1G8 pages; prix de ia livrais., ^■5 cent. (^oy. Rev. Enc. t. xxxyiii, p. G48, I'examen des le- rons de M. Villemain, pendant I'annee 1828, et ci-dessits p. 255, rannonce des lecons de M. Gulzot. ) f)0. ■ — * Ea'amen criiu/ite du Coars de litU'ratiire franeaisc de M. Villemcdn, lecon par lecon. Premiere lecon. Paris, 1828; J. Correard jeune. In-8'' de 28 pages; prix, jj cent. INous nous conlcnterons aujourd'bui d'extraire de la pre- miere lecon de !M. Villemain des citations qui i'eront con- naitre le sujet qu'il se propose de traiter, et la maniere dont il le considere. Plus tard", lorsque rensemble de son cours aura paru, nous pourrons offrir a nos Iccteuis notre opinion sur cet bai)iie professenr el sur I'epiKpic li\ lee aujourd'bui a -■son iugenieiise cnlTqur. LITTl^RATURE. 25() (> L'annee derniere, dit-il, j'ai retrace rinfluence dcs Ict- tres franraises siir toute I'Europe; maiiilenant , il faut exa- miner ce que cet esprit lilteraire etait en France meme, comment il ngissait sur toute la societe, ce qu'il devint, lors- qu'il n'cut plus de grands hommes pour organes. Des lors, il faut I'avoucr, le genie de la litterature t'rancaise n'egala pas sa puissance. Qiiand vous avez ole ces quatre grands esprits, Voltaire, Montesquieu, BufTon et Rousseau, vous trouvez bien encore une nation, toute impregnee d'esprit, pleine d'ardeur pour la philosophic et les arts; mais vous ne ren- contrez presque plus d'hommes superieurs et de talens origi- naux. Voila ce qui noiis reste a etudicr du 18" siecle. « Les grandes applications que I'eloquence avail recues dans I'age precedent ne se retrouvaient plus, et les nouvelles idees qui les remplacent elaient exprimces sans genie. L'elo- qucnce de la chaire , cette eloquence qui avait eu long-tems luie si grande autorite morale, une domination naturelle et avouee sur les espiits, passe a dcs abbes qui veulent avoir des benefices, a des rheteurs ingenieux, a des hommes de talent, mais qui n'ontpas, ou n'osent avouer cette foi inexo- rable, si puissante pour la parole — Au premier coup d'oeil, on n'apercoit, dans le 18° siecle, separe de ses principaux genies, que la litterature agissant sur elle-meme , la littera- ture devenant elle-meme son objet de contemplation et d'e- tude. Ici se presentent ces rapports que nous avons deja quel- quefois indiques, entre la litterature active, image de la vie, et la litterature artificielle , ingenieux reflet des livres. Une grande partie du 18° siecle, qui fut cependant si novateur, a etc consacree a cette litterature artificielle. La critique , qui est la forme la plus generale de cette litterattn-e, voila ce qui se presente a nous dans la seconde moitie du 18" siecle... Maintenant, analyserons-nous des analyses ? critiquerons- noiis longuemcnt des ouYrages de critique ?Is'est-ce pas une tache ingrate? Mais, ynianquer, serait-ce representcr le 18" siecle? Nous chercherons, d'unemaniere generale. quelle etait la critique lilteraire dans ce siecle; quelles innovations elle approuyait; quelles idees elle se faisait de I'originalite et du gout; comment elle concevait le genie antique et le genie moderne » oc. 91. — * L'Enfcr de Dakte Alighieri, traduit en francais par M. le chevalier A. F. Artaud, ancien charge de France a Flo- rence, a Vienne et a Rome. Deuxieme edition. Paris, 1828; Firmin Didot, 3 vohimes in-24 d'environ 270 pages; prix, 1 0 fr. 2'|(> LIVIIES FRANC \IS. L'n ouviagc nushi iinporlant ne sauiait elrc apprecio en (HK'lqufs ligncs. 11 exige un cxamen dc.laille. Nous nous c(- loicoioiis de icmplir cctle tfiche dans un prochain article d'a- iialy^o. (^H. ()5. • — La ]\Iesslade , poumc en vers ct en prose, imile de I'aileniand, de F. (i. Klopstock , par le l)aron Ernest de lied- iiABER, major, etc. Paris, i8a8; Belin-^laiidar et Devaux, rue du Paon-St.-Audre-des-Arls. 2 vol>iu-i8, de 279 ct 282 pages; prix. 6 t'r. De tons les poetes religieux dc I'Allemagne, Klopstock est peut-rlre le plus mystique. Je n'cssaierai pas de donner une analyse de sa Mcssiade; ce serait une entreprise vainc : je dirai seulenient (jne la poesie est tellenientnielce aux dogmos Chretiens , qu'elle aurait ete asscz geneialcnient adoptee en Allcniagne comme livre de piete , si elle no renfermait qnel- ques propositions pen orthodoxcs qui ont arrOte les pcrson- nes scrnpuleuses. Traduilc litlcralcjoent dans notre langue, cette conception singniicre paraitrail l)ien autrcment bizarre et monstrueuse. II est probable niemc qu-.^ pen de lecteurs anraient assez de patience pom' I'etndier ju:;qn'au bout. Je dis etudicr , car si la lecture de la Messiado yst .sn plaisir, elle est aussi nn travail, et ce n'estpas sans peine qu'on parvicnt a suivre lepoete dansses longs episodes, el dacs Tabstraction de sa pensce souve.it prol'onde , nia's aussi souvent obscure. Je pense done que M. de Liebhabcr a sagemant fait d'imiter plntnt que dc traduire Klopstock. C'elait la senl laoyen de le laire un pen connaitre a ceux qui ne pen", ent le lire dans sa langue. 11 s'est servi de ce nioyea en iiouime de gout et dc talent, et si les vers que son livre renfenne sont quelque- I'ois faililcset prosaiques, sa prose est toujours correcle, ele- gante et souvent poetique. A. P. C)5. ■ — Jeanne d'Avc, pocmc par M°" ***: public an profit d'un etablisscincnt de charite. Paris, 1828 • Dela forest. In-8" de 5oi pages; prix, 6 i'r. On I'erait line liste bien >longue dc tons les pocmes fran- cais dont Jeanne d'Arc est rheroi'nc. Quolqne les deux plus celcbres, celni de Cliapelain ct celui de Voltaire, semblont, pour dcs motil's diftcrcns, devoir a jamais eloigner le talent de cettc entreprise, on concoit qn'une dame, excitee a la lois par I'amonr de la patrie ct par ie juste orgueil que la vicrge de Donnemi inspire a son sexe, ait cede a la tentalion de chanter ses exploits et son maUieur. M""' *** est d'antant plus excusable de n'avoii' pu resist<'r aux seductions de ce sn- jct, qn'issue on allice dcs plus ancienncs families de France, LITTl!:RATLiRE. 241 ello y troiivait I'ocoasion de celebicr unc multitude de iioms doiit riihistratioii doit lui otre chore. Si Ics sentimens les plus respectables ont dunne naissance a son poeme, les notes dont elle I'a accompagne font Toir qii'clle n'a neglige aucun efibrt pour posseder a I'ond tout ce qui est rclalii" a Jeanne d'Arc et i'i son epoque. Ces notes, instructives et curieuses, sous le rapport historique, sont encore remarquables par I'emnresse- iiient que niontre M""*** a rendre justice aux autcurs con- temporains dont les travaux lui ont ete utiles, et par les de- tails interessans qu'elle nous donnc sur les intentions qui lui ont dicte divers passages, intentions toujours nobles et ])ures, et qui revelent un cceur aussi sensible aux cbarmes de i'amitie qu'aux genereux transports du patriotisme. Ces notes sont suivies d'un fragment contenant des reflexions sur le poeme epique, qui prouvenl que I'auteur a fait un examen attentif iles questions lilteraires aujourd'hui si vivement de- batlues. 11 faut maintenant parler du poeme de Jeanne d'Arc. Si j'ai differe jusqu'ici de remplir cette partie de ma tache, cc n'est pas sans quelque motif. II est une verite toujours trop tot connue, une \eiite i'acheuse a dire comme a entendre, et queje voudrais bien pouvoir glisser a I'oreille du lecteur, sans que celle de 31°"'*** en fut aliligee. Comment s'j prendre? Je ne vols pour cela qn'un moyen, un seul, et je vais I'em- ployer, c'est de citer des vers de M"' ***. Voici done le de- 3)ut de son j>oeme : Je n'invoqiierai point, sous de pompeiix decombres, l.t'S Muses el les Dietix, ces cliinieriques oaibres , D'un culle (le}i;rade fiivole souvenir, Que des mots scducleurs portent a relenir; Le Genie en crea la tiompcuse influence; Mes efforts devant lui seraient sans esperanre. C'est au seul Eternel , c'cst au dieu du chretien , Que j'ose demander son celeste soulien ; La \erite le suit, son com la fait entendre, Et rinslrument n'est rien quand il daigne descendre Jiisqu'h la laible voix qu'il lui plait d'animer. Le plus noble sujet vient ici m'enllammer; Arrete, dira-t-on , 6 fcmme temerairc! Mais une I'cmme aussi fut I'ange tulelaire Dont le bras loul-puissant arma les jeunes mains. Peut-fi:re il enlreencor dans ses vasies desseins Que ce sexc , eleve par I'illusfre hero'ine , Soil clioisi pour chanter sa mission diunc ; T. XLI. JANVIER iSaiJ. l6 a',o. LlVPxES franc: AIS. r.ii s.-i I'nvciir il pcut accordcr eel honinur A I'unique laknl il'en sciilir la grandeur, clc. Sur ces viiip;! \cr.s drlaclios tin froiilLspirc ch- I'ouviage, \c locloiir a sails tlduto doja lirr sos cnnchisions, « La vcrilable i^raiulcvir, ilit i\l""' *** dans son fragnicnl sur la pocsic opicpic, ost simple dans ses manieros conimc dans ses expressions. » D'on elle condnl que, pour niicnx fairc gofiter la poi'sie , 11 I'aiidrait la debarrasscr do sa ponipe et de ses ecliasses : sys- lemc seduisanl, mais dangcrevix! 11 n'est donne cpTaux genies du premier ordre d'ecrire en vers avec simplieite. Ch. C)\. — Hinri lV,pocte. Paris, 1827 ; Panekoiiekc. In-i'olio, papier veliu superfin; prix, G Ir. Cetto, ediiion de luxe est iinpiimee avec les memcs carac- Icres et sur Ic nieme papier que la belle edition de Tactic, publiee par M.Panckourkc (voy.f/-rt/)»'(?A' lesannonces de livref; en langues etraugcrcs,^. 267).Ellecontienl lessenlespieces con lines , ou attribnees a Henri IV, et adi-essees a Gabrielle d'Estree ; a Jacqueline du Bciiil, comlesse de Moret; et a Ilen- rietle, marquise de Verneuil. IM. Angids , dans son edition dc5 Pccics francai.s (i), ajoute aces trois pieces un impromptu atlribue a Henri IV, qui soupait chex la duchcssc de Sully'; inais il nc cite aucunc autorite a I'appui de son oj inion sur cet impromptu, qui ne valait guire la peine d'ailleurs d'etre re- cueilli. On n'en sauraitdire aiitant des trois pieces qui passent generalement, avec raison ou a tort, pour former le bagagc litterairc de Henri IV, surtout des stances adressees a la mar- quise de Verneuil, et qui sont cependant moins counues que les faineuses paroles de I'air : Chantunde Gabrielle, et que cette autre chanson qui commence par ces vers: Viens, Aurore, Je t'imj)lorc , Je suis gai qiiand je le roi. Remarquons ici qu'il est lacheux de voir , dans one edition de luxe comme celle que nous annoncons, le mot Aarorc im- prime sans letlre capitale. Si Ton avail suivi pour modele I'e- (1) Les Poctes frnncais rc en in\iiant les nudes de don Miguel a s'unir a la cause de la civilisation cl de la liberie. Cette cpitre, veritable revue politique et Hilt- LllTiiilATURE. *4r> raii'c (Ic l'epo(jue, lie luiinqiie ni dc force iii dv ualurcl ; die est somee de traits heiireux ct de plaisantciies assez line-* ponr nous faire regrelter que toulCA ne le soiont pas egale- ijient. Fariiii phisieursmorceauxqui meriteraient d'etre cites, nifiis choisissoiis Ic passage suivant qui nous a paru reiiiarquahle par la verve de I'expression : Sons qnelqiie souverain qu'il votis nlaise de vivre John bull seia pour vous, niais il taat qu'on I'eiiivre ; Et toujours pret a veudre, il vendra des deux mains Des poignards aiix Brutus et des fers aux Tarquiiis. Pour venger de Strai;gford Tambassade iiiulile , Aux baniiis Lusilains il refuse un asile. Triomphez ; Wellington lenr reiulra son appui , Les caves d'Oporto vous repondenl de lui ; Et Don Miguel , proscrit par sa diplomat e , N'aura que son baibier, sa mere et Laurenlie. M. \ iennel nous conduit naturellemeiit a M. PouIve Kock. Les deux j»oetes out un trait de resseniblance : c'est avec le laCtne boiiheur dans le choix dii sujel, la-mOme inegdlile dans rcxecution. M. Paul de Kock a donne an public, sons le litre de la Biille de saron, un recueil de chansons auxquelles il lie maiHjue quelquernis, pour egaier celles de Desaugiers, qu'un goCit plus chatie ct une i'acilite moins commune'. C'est une suite de petits tableaux gracieux, mais a peine cbauches. Trop sou\eiit roriginalile de I'idee premiere ne va pas jus- qu'a Tcxpression. Loisque le pocte rencontre une idi'-e heu- leiise, il se contiMite de rindiquer. 11 est difiicile a qui lit li Bn/le dc saron de se defendre d'une certaine impatience, a la vue de tant dejolies esquisses qui n'avaient besoiii peut-etre. ponrdevcuir popuiaires, (jue d'etre jetces avec moins de ne- gligence. I'lnsieurs des chansons de M. Paul de Kor.k. echap- peiit cependant an regret que nous venous d'exprimer. Nous ainions a retrouVer, dans la Preface, La Gloire et la Fott'nir, hi Pcurctise , la f^ic d'ldi /mrlictdicr, etc., avec le talent d(jiit rauteur a fait preuve dans d'autres compositions, une preci- sion de style a laqnelle ses romans ne nous avaient pas ac- coulumes. Nous ajouterons pourtant ijue M. de Kock ne nous parait pas ne pour la chanson : c'est un homme de beau- coup d'csprit, (}ui, las de composer des romans, cherche une nou V el! e forme pour son talent j et choisit la chanson pour y Jeter les saillies de sa verve caustiqiic et la (incsse de ses observations. Apres lui, nous rcncontrons M. yi"g- Dt MaldiGiNV, qui se 246 LIVRES FRANCAtS. prescnle au public sous le titre nirnk'stc de Minesfrtl ilts Vosf^rs. Son livrc est iiii recuei! de cluuisfjiis. Le pi-einier tle- faut tie raiitciu- csl dc les avoir fail impi iuior. II n'est per- sonne, qui n'ait fait une chanson dans sa vie, et n'ait ete le pocte (Van saloit. Les inspirations que I'on puise a eette source peuvent avoir de la grace et du- natuiel ; uiais c'est %\n cliarme leger dont le prestige s'evanoirit snr le papier. S'il ne fallait a la chanson pour devenir populaire qn'nn tour vif et quelqitefois ingenicnx, qnelques-uns dcs refrains de M. de Mrtldigny arrivcraient peut-etre a la renouiinee ; mars il a fallu a notre Bcranger loute I'originalitc de son genie pour donner a ses productiorrs cette popularito qn'elles con- serveront long-tcms ^ meme iorsqn'il aura cesse d'en devoir une parlle a la malice des allusions et u rentrainemeut des souvenirs. Les procTuctions de I'ecole romajitiqneqne nous annonrons aujonnl'Iuii sont plus graves : I'esprit y tient moins de place, et llrtspiration en est plus severe, Le nouveau recueil de M"' Delp/tine Gay a rt;alise Ics espcranccs que les deux pre- miers avatent fail; nailre. Nous allons en examiner quelques parties. Dans le dernier Jour de Pompei , le p^ete commence par uiie vive description de I'eruption du Vesuve : son ima- gination se place au milieu de I'incendie et raniine le passe pour le raconter. On sent, en lisant son rccit, que riuspiration de I'auteur a empninte lui caractere pliss poetiqne et plus yrai a I'aspcct des lieux tenioins du desa^lre de Pompci. Apr^s ce tableau sonibre el lerrilile, le poite entre dans le cccurdes victimes dont il peint I'epouvante ^ il penetre dans le temple d'Apollon, ei c'est la prCtressc qu'jl choisif pour rasseuibler sur les traits d'line femnie les tounnens de tout un pcupie. II amcne a scs pieds un jeuue giicrrier qui vient Ini fraycr une route a travcrs lesflamiries : la liiJIe qui s'engage alors entre la pudeur de ki jeune vierge el ie devoumcnt du heros; cet entrctieu passiannc, ce premier avcu que la pre- tresse prononce en raourant ; tout ce tableau enfin, sur leqnel la mort des deux personnagcs jette ane teinte nJclancoli([ue , contraste benreuscment avec rhorrcur de I'incendie qui de- vore la ville et vient reclamer ses victimes dans le temple meme d'ApolIort. Mais ce n'est pas la Iv morceau le plus remarquablc du re- cueil. Nous donnerinns ia preference au I'ragnienl qui a jiour litre: laTenlation de Mugdelaine.Ln penitenles'aclieminesiules traces de .lesns avec Joscpb convert!. Satan prenrl les traits de son i-iiide el t*iile la loicncore •hancelante de .Magdclaine. et i;i LITTEUATUllE. 3^7 ac reuouvcUe oelle liitte a laquellc M. Alfred de Vigny a piele dans FJoa tout Ic prestige de son talent. Satan, pour s^duire la ponitcnte, se moutre A scs regards sous la forme eclatanle «>,<:, par A. Mauge. Paris, 1828; Ponthieu. In- 18 ; prix, 5 I'r. Beaucoup d'auteurs onttraite enFran(;e le genre elegiaque; pen d'entre eux out obtenu un succes dura'ole. Ce genre, en apparence si simple, si tacile , exigc la reunion d'un sentiment profond ot d'un gout exquis. Pdur y l)riller, ce n'est point assez d'etre poete, il faut eprouver ce qu'on veut peindre. Notre adniirable Dut'renoy me repetail souvent : « En com- posant mcs elegies, je ne me Tnrais pas au travail de I'art ; je ni'entretenais avec mon coeur. » Ce mot revele a (juelles con- ditions le poete elegiaque pent reussir. Lejeune ecrivaiu dont nous examinons I'ouvrage se monlre digue d'entrer dans la carriere difficile qu'il a choisie; il a le scntimeut de la poesie, ses compositions out de la grace et dc Tinterf't; nne sensibi- lite vraie, une melancolie sans aft'ectatioii , out iniprime a la plupart de ses pieces le sceau du talent. Ce qu'il a fait prouve ce qu'il pent acquerir encore; il ne tiendra qu'a lui d'ajouter par le travail aux qualites dont il est doue. Les elegies qui nous paraissent les plus remarquables, dans le recueil de M. Mauge, sont la Nuit ^ le Snunnir , la J^cille des Moris, piece dont le sujet rappelle uu petit ouvrage de feu M. de Fotitancs , qui obtint, au terns ou il parut, un succes ines- pere, et qui, comnie tons les succes de circonstance , ^n'a laisse que le souvenir des avanlages de I'a-propos, et de I'in- fluence personnelle sur la reputation de I'ecrivain. L'elegie intitulee le Pocie offre d'heureuses pensees cxprimees avec elegance : ('liez les inoilels aussi , qiielques ilines brtiUuites , Ecliap])enl au dcstiii puiir la t'oiile tract'." Leurs loutes sont toujouis [lenibles et brillanles ; Leui' souvenir siirvit quaiid cl!es out passe. A ces (-'ties choisis , eiii'ans de I'harmonic , Lc eiel a revele des nivsteies secrets : aSo LITRES FRANCAIS. La Ijre des combats seconde Icur gnt l(nir passage ; Mais a I'ccil dti profane ils deiobent leuis pas. Le ninnde leur piodigiic el I'eloge et I'outrage ; lis poursuivoiit leurs chants... el ne repoiident pas. La critique, apres avoir doiine de jiistes t'loges a M. IMauge^ doit aussi reiigager a se deficr de sa facilitc , qui trop .sou; cut ressomble a la lu'-gligencc, et la negligence rend iuiHlelll- gible la pensee la plus simple , coinine dans ccs vers : Sui- le cliaunic noiici d'lin erniitage antique. . . . Oui , c'est l.^i le secret de cet a'il triste et sombre Que voiient des remords pliitol que des ennuis. Ces phrases o])scures et penil)!es deparent quelqtief'ois des pieces oi"i I'auteur a fait preuve d'un goQt pur ct d'une imagi- nation viaimcnt poetique. Nous invilous IM. Mauge, qui est a la fois homnie dc lefties et magislrat, a faire souveut des excursions dans le domaine des Muses; leur commerce adoucit I'esprit sans alterer sa droiture; la raison plus ornee devicnt plus puissaute. L'auteur a dej.'i prouve qu'il avail ressenti cetle heureuse influence; uu esprit de moderation et de philosopliie signale ses actions et ses ecrits. En veillant, pres des trihiniaux, a rapplicalion des lots, 11 n'imite point ceux qui se montrcnt avides de trouver un coupable dans I'accuse, et se font uu barhare plaisir de rc- tarder par des moyens insidieux le triompbe dc riiuiocence. Que M. Mauge continue a suivrc la double carriere pour laqtielle il scnible veritablement appele : on pent lui predire qu'il honorcia la litteratnre et le barrcau. De P***. io5. — * Fables par..^^. Naidet. Paris, 1829; Bossangcpere. In-i8de a44 pages, ii«prime par F. Didot sur papier vcliu, erne d'une gravure siu- acier par T. Jolmnnol, el lie 4 vi- gnettes sur bois par Poirct , d'apres les dessins de MM. Adam, Arscnne, Dcviria el Lccamns ; prix, 5 IV. II y a sans doute plusieurs manieres d'ecrire la fable ; niais la mcilleure, scion nous, la settle meme (jui soil boiuie peut- etre, est celle de La Fontaine. En effet, ce genre de liltera- lure, qui repose esscnliellement sur la fiction, a besoin, pour etrc goute des lecteurs , que ceux-ci soient biei? prepares d'avance a croire a toutes ses inventions , a vivre pour un instant de ses illusions et a ne voir la verite qu'a Iravers un voile auquel Ic fabuliste ne laisse tout juste que la trans- parence necessaire pour qu'elle frappe Icursyeux de son flam- bicau sans les blesser. Or, pour bleu persuader, il faut parat- tre persuade soi-meme ; et c'est en ccla qu'extelle le Bon~ LITTl^llATURE. aSi ftomme; on le croit dupe lui-mcme tie ses inventions; on s'en amuse, on en rit ayec lui, cl la leron poile d'autant niieux qu'on est moins dispose a leconnaiUe un niaitie dans ccluj qui la donne en se jouant. Mais la pieniiere condilion pour I'aire des fables comnie La Fontaine scrait d'avoir non-seu- lement son g'enie, mais encore son caractere, si toutefois ces dens choses ne sont pas liees intimement; et, eomnie nous I'avons deju dit plusieurs fois , cc caraclere de bon- homie et de nalvele s'elTace neeessairenient, dans nos mocurs^ modcrnes, cbez reux qui en sont doues, par le contact trop frequent des homnies et des inlerots de la societc. On a re- marque qu'en general tons ceux qui out ecrit des fables de- puis La Fontaine pechent tons par trop d'esprit; c'est pres- que le seul reprocbe qu'on ail i faire a Florian , et ce re- proche , M. Naudet nous parait devoir le partager uvec lui, en menie teme qu'il a droit a tons les eloges qui peiivent compenser un defaut que bien des gens envieraieut peut- t'tre. M. Naudet, avant de publier ses Fables , s'est exerce pen- dant loug-tems dans ce genre diflicile de composition, et plu- siein-s editeurs d'ouvrages periodiques se sont empresses d'ac- cueillir ses beureux essais, auxquels nous avons eu souvent I'occasion d'apjdaudir. II s'est fait connaitre aussi jar une foule de jolies romances et par deux petites comedies : La Fontaine chez M°"'ile LaSabliere (voy. Rev. Enc, Tom. xn, p. 47^)? •■'t le Menage de Moliire, en societe avec M. Justin Gcnsoul [ibid., Tom. xiii, p. 254), representees toules deux avec sucees sur notre premiere scene francaise; mais il nous parait appele specialeracnt a cultiver la falde, dont les rap- ports avec la comedie sont d'aillcui's si intimes qu'il nous sembleraittouf natui-elde le voir partager son hommage entre deux divinites egalement aimables, si rinlrigue qu'il faut em- ployer aujourd'luii pour penetrer dans le saucluaircdeThalie ne devait pas rester entierement etrangcre aux moeurs du fa- bulistc. Son recueil , divise en quatre lirrcs ogaux. se com- pose de quatrc-vingls fables; c'est un pen moins que la taclie ordinaire prescrite a tout fabuliste; mais c'est assez pour la reputation d'un poete qui conseutirait a consacrer a la revi- sion de ces qviatre livres tout Ic terns que d'autres pei'dent aujourd'hui a enlasser volumes sur volumes. Felicitous M. ISaudet si, comma on nous I'assure, son recueil se mon- tait ii cent fables, et s'il a mienx aime le donner moins com- plet et travailler a rendre ce qu'il a reserve en portefeuille plus digne encore de rattenlion des lectcurs. Phis de la moilie a5a I.lVilliS F:l\NC,AIS. tie ces I'ahlcs sunt origiiialts ; c'est iin merite suns doule , mais nil merile lioiil on e?t pen dispose a tenir Coui])te ;'i un liibiiliste , surtoul quand on rcdiHliit que La Fonlaino a eniprunle le sujet de presque tonics les sicnnes. Une trcn- tainesont iinild-cs d'aiitenrs elrangeis, tels que Varfan, Sadv, Iriarte, Pal)lo de Jerica , Sam iiticgo. Pij^notti, Gcrardo de Kossi, et le lahuliste rnsse Krilol'; piesque daiis loutes il nous parait superiour a ces «';crivains, dont il s'est fail Teniule plu- tot qu'il n'a cheirho ohez enx des modrlcs, conune il nous semble avoir lutte avantageuseinciit avec les antenrs Iran- rais qui se sont rencontres sur la nieine route que lui. Ccia lie Ycut pas dire cependant qu'il ait atleint lout le degre de perfection desiralile ; mais il a sii liabilcnicnt eviter la plupavt des defants dans lesquels ses dcvanciers etaient tom- hes. II e.-t plus lidcle a la vraisciublance et a la verite de mceurs que le fabuliste anglais, chez qui la prolondeur ue pent reni])lacer la gaJete qui lui manque ; aii.ssi nalurel et moins diiVus que PignoUi , qui a Irop souveut eu le tort de confondre deux genres bien distincts , la fable et le conle ; plus naif que Gerardo de Rossi, quia fail prenve de plus de talent que de veritable inspiration; sous sa plume, les fables litteralres d'Iri.irte ont -pris une coulcnr plus generale et par consequent plus interessaute ; cnfin , le fabnliste russe a Irouve en lui un de ses plus digues inlerpretes ( voy. Rev. Enc. , Tom. 22, p. 22, Taaalyse des fables dc Kriloftva(iu\t.es en francais et en ilalien). Quant aux auleurs francais avec lesquels M. jSaudet s'est rencontre une ou deux fois, tels que Boisard, M. Gosse et M. Arnault, ils nous semblent etre, le premiei' moins clair , le second moins correct et le dernier moins naif que lui; mais nous neconciiirons pas encore d'nnc comparaison dont les elemens auraient besoin d'etre plus noni- breux , que noire aiileur ail une preeminence marquee sur les rivaiix que nous venous de nojnmer, principalemcnt sur le dernier, dont la reputalion justemeul acqnise est plus dii- licile a balancer. M. Naudct, d'aillcurs, a des avis a prendre de la critique, et elle ne saurait se montrer trop exigeaute envers Ini, car i! est homme a tenir plus encore (pi'il ne promet. Aussi, aprcs avoir parle de ses qualites et signal*; specialement a I'allen- tion de nos lecteurs une douzaine de s(!S fables , tcl'os epic les cinq premiires do son rccucil el ciiu] 011 six autres : te Rtjfoiipwl captif, le F leave et Je Jiuiss.eati, la Fortune et Ir Memlianl, la Coiirtc Eclwlle, le Jardlnier^ r Enfant et le Sa:/- rageon . etc. , nous hasarderon,"! quelqnc? remarqucs , cu les LITTERATl riE. 253 poiimellanl a noire jiige coinmun. II a doniie, par excmple, a piiisicins (le scs Tables irr.e intention gatiri(int; , on une lonninre epigranimitiqne, qui nous ^eniblent egalemcnt op- posees a la natnre et an bnt fie cc genre de tonipo.-^ition , et (jui I'ont nieme quelqnefois entrainc hors de la justice et de la verite. Ainsi, loi';?qn'il dit du pavot : Ta lulirirgiqtie (lenr n'csl bonne Qu'a ccintirc un jour (i'lint.* c ouioone Uii IVonl ocaddmicien , il nonssemblerivaliser pliilut avecPiron qn'avec LaFonlaine ; quand il dit, dans sa fable du Huron a Paris : Sans le savcir II ciail sage , Sans le voulolr il ctail bon, En un mot , c'clait un sauvage , il (jle anx actions hnniaines et aux vertns lenr meritc le pins reel, celui de la conscience et dn Ubre arl/ilre. C'elait bien assez d'avoir, avec Pignotti, decoche, en passant, un trait satiri- qne anx gens de robe, dans sa fable intitnlee : la Brcbis et le Buisson, sans revenir encore a la cbarge, et parler de Vantre tie Tlumis dans la fable i5° du nienic livre. Ce vers de la page 117, D'uD salon dc clucbcsst il cut cliasse I'ennui , ne merite pent-etre point non pins de passer en proverbe an- jouru'hui , on du nioins d'etre presente comme tel. Quel- ques expressions nous ont anssi parn pecher par le defaut de justeyse on de correction; telle est I'epithete de petit forrat donnee par I'aulenr a un serin ( p. 61 ); tels sont le sceptre et la coiironne d'un arroaani ballon (p. 72), Vinnocenie peau d'ane dun tand)0ur (p. 92), et plusieurs mots seniblables detom-nes de lenr acception recne, el pour ainsi diie sortis du monde iiitellectuel pour etre appliques a des choses toutes matc- ricUes; ce qui pronve tout le danger qu'il y a, du reste , a Touloir introdnire dans la fable des Gtres melaphysiques ou inaninies, a Texclusion des ctres aninies, les seuls qui, scion nous, devraient y figurer, sous peine de voir, comme dans la fable iG' du livre II de M. Naudet, un clocher, devenu vu'disant, oiitragcr son prcc/iain et sc monlrcr ignorant comme iin saa'istain. INous ne croyons pas nonplus qu'on puisse dire, avec Tauteur, a leurs yeax de joie cba/iis ( p. 109 ); cnfin, la rime n'etait pas une excuse sulfisante poiu-lui faire eniplo3'er (p. 2i3) le mot (baucli , joyeux, rejoui, an lieu de ebaiibi , etonno, surpris, que le sens exigeait. Cespetiles critiques de detail, qui prouvent avec quelle altmtion nous avons In le 30^ LIVRES FRANCAIS. recueil do M. ^"aiulet, Ic mcltront siir la voic dc qiielqiic> le-. gtres cniTCClions, auxqiiclles il avait deja pensi; pcut-etrc. Cc recueil iciiioi'iiiiablc est tcrmiiit' par deux (li'-gies dont nous uc parlerous que pom- dire qu'a notic avis elles sont de l)eauc'0\ip inCcrieurcs a ses fables ; la preiuiere a conserve le tondece dcrniergenre de conqinsition, oi'i I'auteur noiis sem- J)le appeli; surtout a ohtenir dcs succes; et c'est, selon nous, tin del'aut tres-s<'nsil)le, car les coulcurs do la i'ahle uc con- vicnnenl pas a rclegie; elle est terniinee par ce vers : Les inalhiMireux ii'ont point d'anils, qui rcnfermc unc reuiarquc bicn triste, trop souvent juslifiec par rcxperience, et a laquelle nous nous euipressons d'oppo- ser cette niaximc plus aiuiable , ou se pcint la douce philoso- phic de I'auteur : Conteiitons-nrlus dc pea : la Fortune ici bas Fait nioins d'heurcux que respeiance. (p. i3i.) Edme Heueati. io.'|. — * Esqiilascs dc la soii/france inorale , par Edouoj-d Alletz. Paris, 1838 ; Adricn Lcdere ctC', quai des Augustins, n. 35. Iu-8° de 55r) pages; prix, 6 IV. Voici I'eloge que rAcadcniie francaise a fait de cet ouvragc : « L'Acadeniie y a reniarqiie de la scnslbilite, dc I'encrgie, de I'originalite, des senliniens fiuemcnt analyses, des observa- tions prises asse/. avant dans ic coeur humain et d'heureux effets de style. » Elle ajoutait quebpies critiques sur des ex- pressions trop forcees et quol(|uefois bizarrcs; mais, finite de terns, M. Alletz n'avait sounds a I'Acadeniie qu'un premier jel|; depuis il a revu cetouvrage avec la severite d'un homme de goCit ([ui corrige lentement et qui salt douter. Bon prosa- tcur, bon poete, on sait que son excellente piece de vers sur la pcstc de Barcclounc a obtenu, a rAcadeiuie francaise, un grand prix extraordinaire qui avait ete fonde par le Roi ; c'etait un succes national. La premiere edition de son Essai sar I' homme, ou Jccard dc la plnlosopliic el de la religion, est deja entierement epuisee. Esperons que rien n'arrctcra M. Alletz dans sa carrierc, et invilons-le en meme terns a achever d'e- purer son goQt par la lecture des grands classiques de la Grece, de Rome et dc la France, car la France a aussi ses classiques, qui out , si j'ose m'exprimer ainsi , envahi par leur juste cc- lebrite les quatre parties du monde. Maissuivons I'auteur dans les vivcs peinturcs qu'il trace dcs diverses situations dc la vie et des oragcs auxqucls LITTEUATLIRE. 255 rilmc dcl'liomme est cxposee. IM. Alletz, doue d'unc imagina- tion vivCjCst loin (le oraindre tout cc qui pent kii donncr unc conscience trop approi'ondic de rexistence. « A I'ame qui reve rimmortalite, dit I'auteur, faut-il autre chose que d'etre ca- pable d'aiuier? » Les talileaux qu'il nous luesente sont au nom])rc de six et portent les nonis suivans : VUnion tnal assor- tic ; In Separation i la Doidciir maicrnelle ; la Riiine ; le Remords. Les iecteurs seront sans doute bien aises dc voir avec quelle energ'ie il point les diverses scenes de ce drame qu'on appelle la vie. lis en jugeronl par quelques citations. Voici un I'rag- ufient de la Sfparnlion ; t II y avait dans notre pare favori troispins verdoyanssouslesquelsnousavions coutume denous asseoir. A leur ombre etaient assignes nos rendez-vous du matin. Lorsque devance par elle , je I'y apercevais de loin, je me glissais doucement dei ricre les arbres, et, m'approchant sans bruit, je jouissais quelques instans du plaisir de I'obser- ver : puis, tout a coup, je vcnais i son oreille niurmurer son nom avec I'accent de I'amour. Depuis son depart, je relour- nais le matin vers la meme place, et me persuadais, a men entree dans le jardin , qu'elle m'y attendait. La verdure etait aussi fraiche, le chant de la fauvette aussi doux, I'air et le ciel aussi purs : tout se ressemblait. J'amortissais encore le bruit de mes pas sur le gazon , eonune pour la surprendre; ou bien je m'assey:iis, et lui pi-eparant un siege, je me ber- cais de I'idee qu'elle ne tarderait pas u venir. O pueriles in- ventions d'un coeur malade! J'allais jusqu'a me pencher sur cette chaise remplie de son oml)re, et jusqu'a repetcr avec I'intonalion de voix qui m'etait habituelle les noms les plus doux et les plus i'amiliers a ma tendresse, comme si, en les lui adressant, je me persuadasse mieux qu'elle etait lii pour les entendre. » Une mere vient dc perdre son fils unique : « Je nc de- mande pas a Dieu, dit-eUe, de m'oter ma doiileur, je crain- drais qu'il ne m'utat I'imagc de mon fils. Si je me laissais un moment preoccuper, j'en aurais presque un remords Qui me transportera au milieu d'unebruyere sauvage, aride, maudite, sans fleurs, sans fruits, sans soleil, oOl le vent ge- misse, ou la foudre gronde ? Ce serait un concert doux a mes oreilles que I'accord des plaintes et des sanglots que poussent en ce moment tons ceux qui souffrent dans le monde en- tier. » Un banquior mine repond a un ami qui cherche a Ic con- soler : « Le poignard est entre trop avant. Que vou!ez-vous q»e je fasse sur la lerre? Nourri dans I'opulcncc, il est trop aoG LIVIIES FRAINCALS. tiird ponr que je nie plic atix liabitiules etroiles irniic conili- tioii iiilt'iieiiie : la furtuiie est jiotir mni im besoiii. Lc captif piive dc la liimiore, Texile bamii tin lieu iialal, nc saiiiaieiil nieine s'iniagiuer, en consultant lours peines, ce goufiVe do (lonlcurs oi's toules nies lial)itudes chaiigoes nic piocipitont. L'oisivele soide uic consumerail Icrttcnient. 11 y avail dans le tourhillon dcs aflaires, dans lo mouvcment d'un va*-te credit, dans le nianienienl des capilanx, dans les clianecs de ce jeu su])lime soutonu contre la lortune, mi bonheur trop assorti a la ttenipe de nion iune, poui' ue pas y laisser desoi- mais un vide prolbnd comme lo tonibcau. L'ennni ni'olonffe, et le souvenir de I'ingralitnde des honimes aclieve de in'ac- cabler. « L'auleur, qui sait toujours donner a son style la teinlc con- venable au snjet, rendirunit ses pinceaux pour peindic los aflVenx offets du reniurds. La scene est u \ enisc. Le lieros de ce ponible drame, ne avec un caractcrc sombre, une disposi- tion a la meditation, fait connaissance avec un liomme d'au- tant plus dangercux que sa cori'uption elait reflecliie, et qui !e conv^it au vice comme on ramene a la vertu , par le rai- sonnenient. « Entraine de faute en faule, i! s'aliandonne aux exces de tous les genres. Le dirai-je ? le malheureux abicge par le poison les jours de son pore. Ramene a la verlu par I'horreur memo dc sou affreux attentat, 11 distribue en au- niones la majeure panic de sa fortune, quilte Yenisc et voyage dans les conlices les plus eloignees. Mais il ne pent fuir sa conscience. De retour en Europe, il se fixe a iNaples, et son detestable parricide elant toujours ignore, il y occupe des places impoitautcs, epouse une femme vertueuse dout ii a plusieurs en fans qui involoulaiiement dechirent son cocur ioutcs les I'ois qu'ils lui donnent le doux nom de pcre. Eufm, consume par la douleiir et pros de descendrc dans la tombc, il leur laisse ce manuscrit alin de leur inspirer une juste horrcur pour le crime. Je n'ose ni ne dois m'otendre ('avantage sur les Esf/aisscs de M. Alletz, et, pour mieux dire, suiceUe suite de tableaux fonchans et pliilosopbitiues; mais tout lecteur sense conclura (ju'il n'est point d'homme qui ne doive desirer d'etre son ;inii. Charles Pocgens, do I'lnslitut. i()5. ' — Contcs et Nonvclles fie Margitcriie de f'aloia, rriiie de Narnvre. Paris. 1828; Dauthcreau, rue do Richelieu. 0 vol. ii.-ja; prix , G francs. 106. — //g Doyen de Killcrine, par I'aJjbo Prevost. Paris, 1828; le memc. 6 vol. in-52; prix, 7 fr. 5o cent. LITTJiJlATlRE. 2^7 lo;-. — La Nature el I' j4rt,itav nns> Inchcai.d. Paris, i8a8; li! uitine. 2 vol. in-oa; prix, 2 iV. 108. ■ — Hisioire de Gerard dc Ncrers et dc^la belle E 4^*^*^' in-12, Inrmant ensemble xij et S^'i p^g- j prix, 12 i'r. Oil doit i jM. Dumersan phisicnrs jolies comedies; car on pent accorder ce titre a des vaudevilles oi\ les mocnrs de cer- laines classes dn peiiple sent peintes avec nne veritc de de- tails, avec line IVancbise de gaite ct de natnrel, (|ui I'eraient hoiineur a plus d'un auteur dont les anivres soiit comprises dans le repertoire du Tlieatre Fiancais. Son noiiveau roman se dislingue-t-il par le mC'ine genre de merile? Laissons a I'auleur lui-meme le soin de repondrc a celte fjuestion. « J'ai jete raes personnages, dit-il, au milieu de grandes catastro- phes, parce que les tempetes de la nature ne sont point ste- riles pour I'ame, etque les nobles pensees naissent des grands spectacles; et, je le repete, les lieux, les distances et les terns ne doivent point nous aneter, quand nous cherchons des situations fortes > Ainsi 31. DumersaTi a prete a ces lu'ros des avcntures exlraordinaires; il les a transj)(>rtes de la Barbade dans les foiets de I'Ameriqne septentrionale , en France, en Italic... ; et sur la route il ne laisse pas que dc rencontrer des episodes interessans. Rlais son plus beau titre a une reputation litteraire, solide et durable sera toujours sa piquante galerie de tableaux populaires. a. 110. — Contes dma S(rnr, par A. P. Chaalons d'Arge. Troi- sieme edition. Paris, 1828; Thicrrot, rue Pavee-St.-xVndre- des-Arls, n° i3. 2 vol. in-12, ornes de 8 gravures; prix, 6fr. On a beauc'oup ecrit sur I'education, on a public une im- mense quantite d'ouvrages pour les enfans, pour les jeunes gens des deux sexes, niais combien pen de ces ecrits ont snr- vccu a la circonstance qui les avail fait naitre ! La Biblio- theqiie de I'enfance et dc la jcLmesse est encore loin d'etre complete ; elle s'augniente de jour en jour, et I'ouvrage dont nous parlous ici ne sera pas un des moius recherches. Les Contes d via .••«'«>' parurent pour la premiere Ibis en 182a; depuis cette epoque, deux editions en furent faites ; mais leur auteur a reserve tons ses soius pour la troisit me qui est actuellcmcnt eu vente. Les contes qui la com])OJ.eut ont el6 revus avec le plus grand soin, auginentL'S de details interes- sans; eniiii M. Chaalons d'Arge, qui parait s'occuper avec au- LITTER ATI RE. 269 tant de zele que d'aptiliule de I'uducalion des deux sexes, a voidu que son premier litre a la succession de Bcrquin fftt exempt de tout reproelie. Le titrc meinc de sou ouvj'age, qui n'cst pas uuc fiction, garantit la purete non-seulenient de sa morale, mais de ses expressions. On ne saurait trop applaudir a la ibraie comnie au fond des Coiites d ma sceur. On nc saurait trop feliciler I'autenr des changemens heureux qu'il a faits a cette reimpression. Celui qui se jagc liii-nienie avec severite doitinspirer une gxande confiance a ses lecteurs, surtout lorsqu'il pouvait sans crainte appeler sur ses contes , des ieur premiere edition, toutes les rigueiirs de la criti([ue, toute la soUicitude des paresis eclaires. Cli. DuRozoin. 111. — Robert Fitzooili, surnommc Rubin Ilond, ou (e Chef des Proscrits ; par M. Defauconpret. Paris, 1828 ; Gosselin. 5 vol. in-12, forniant ensemble pres de 900 pages; prix, g fr. Walter Scott a trouve beaucoup d'imitaleurs, mais pas encore de rivaux; plusieurs ecrivains se sont engages dans la route nouvellc tracee par son genie, et M. Defauconpret , dont la plume si feconde nous a fait connaitre rillusfre ro- mancier eco.-sais, devait, a plus d'un litre, reussir dans un genre de composition qu'il a etudie sur un si bon modele ; il nous a deja donne quelques remans agreables, et s'iis n'ont point une profonde empreinte de celle origiualite qui dis- tingue les productions de I'auteur iVIcimlwe, ils s'en rappro- chent neanmoins quelquefois par des situations interessantes, des scenes dramatiques, des caracteres bien dessines. Dans son nouvel ouvrage, 31. Defauconpret peint rapidc- ment I'aspectde rAngleterreau commencement du i3' siecle, dans ces tems de trouble ou Jean-Sans-Terre, apres avoir refuse de sanctionner la grande charte, devaslait ses propres etats pour remplir ses tresors, et faisait assieger ses fiers ba- rons dans leurs chateaux. A cette epoque, un cbefde bandc, llobin Hood, renomme par sa force et son adresse prodi- gieuses, regnait sur la foret de Sherwood; a la lele de cent cinquante hommes audacieux et braves , il s'etait rendu assez redoulable pour que I'arret dc proscription lance contre lui restat sans eflet : scconde par son lieutenant Ztii/e John et par le frere Tuck, qui, sous son capuchon, se jouc de certains abbes du voisinage, llobin Hood poursuit ses courses aven- tureuses, ranconnant les riches, prolegeant les faibles, aidant toujours les pauvres gens. Les secours qu'il porle a ini baron assiege par les troupes royales, sans que celui-ci puisse de^ viucr quel motif engage Robin Hood a vcnir Ic dcfcndre. 26o MMUvS FUANgAIS. (lomiPiil Hpii i'l tie? Ial)k'aii3t i'ort aniincs, a ties scriics mjsiv- lieuses ou riiitorf-t se soulicui; coiislaimueiil. Aj>ris la moil (111 roi Jean, lloliin Hood sc fail rocoimaitrc pour Roberl Filzoolli, comic criliiMliiij^luii , oiiblie dcpiiis \iiif;l aiis; il ohlicut sa f;!;^^, cl voit s'ouvrir dovanl lui iiiic canicrc do lichcsses cl d'honucurs a la roiir dc Henry III. Les ballades aiij;laisesdont M. Loinc Feyviors nous a doniu; la Iradiiclion il y a deux ans, uiic nourcllc piibliec reoem- meiil par M"'' Daring, oi\ Ton troiive dc roil jobs vers, et Mirloul rivanbue de "Walter Scolt, avaiciit deja fail coniiailre en France le nom dc Robin Hood. Le roman de M. Defan- conpret le rendra plus populaire ; le slyle en est simple et na- ture!, Ics Irausilions y sonl bien amcnecs, cl Ic plaisir que cause sa lecture doit faire oublier les tachcs legcres que la critique pourrait y relcver. Lamst. 1 12. — Lf ///.s' i//(jl/f »«(>>•; dcuxicme partic : IcSiigcdeParh, < bronique dii Icnis de la liguc; par iM. MllUlo^VAL. Paris. 1828; Amb. Duponl. 5 vol. in-12, formaut ensemble 120S ra"es; prix, i5 I'r. (Voy. Rcr. Enc, t. XL, p. 49^? I'annonce de la 1" parlie, ou le Siege dc Rouen. ) Pourquoi les imitateurs d'lvanboe el des Purilains ou- blienl-ils si souvenl rpie la lacbe des romanciers n'esl pas d'ecrireriiisloire, en la denalurant; que AV alter Scolt, dans scs meilleurs ouvrages, s'est bien bien garde de donncr la (■(■pcliliou des rccits de Hume ou de llobcrlson, dc l.ingard (in de M. Guizol ; (jue son genie lui a trace une route noii- \ die , en lui apprenant conmienllc roman pouvait servir de romplcmenl ;i I'bistoire, et relracer le tableau pittoresque et anime dc la\ ie et liesmoeurs des sieclespasses? Enfin, pounpioi M. Morlonval, eulrc aulrcs , ne s'est-il pas bien ( onvaincu de celle \crite, tpi'au milieu des grandes ricissilndes des pcuples et des cnqdres dispaiait tout Tinleret des modesles avenlurcs d'un jcune capilaine et de sa fiancee? Nous le re- -Tcltons pour sa reputation conmie pour nos plai.>irs; mais, il faut Tavoucr, le rccit des diverses pbases du siege de Paris n'est pas lie avcc assez d'arl aux avenlures du fils du !Mcunier, et nous fait bien souvent oublier Jean llieul et sa Marion Cbarpcntier; puis, lorsqiic rauteurveul nous ramcner vers ces deux anians, dout il avail si bien escjuisse le carac- li re dans son premier ouvrage, nous ne les relrouvons plus aussi inleressans, lant notre esprit a cle preoccupe par des evenemens d'un ordre supericur. D'ailleurs, les beros de M. iMortonval ne soul pas assez empreints de la couleur et de I'cspiit du terns. Dans son livre, point dc ces grandes fi- LITTER AT U HE. a6i giii'cs, point dcces caratlt'-i-es ciiergi(|iies, point do cci Iiuiniiies de parti forts et passionnes qu'on s'allend arcncoiitrerdans uii tai)lcaii du XVl'' siecle. Si qiielqiiefois ils y vienncnt ofcuper line petite place, I'auteur sciiil)le la leiir accordcr a regret et les en eloigne l)ien promptement. Enfin, qiioique nous n'ayains dcs bibliotbecaires, un aide-memoire dontla forme et la distribution pent et doit varier pour etre mienx apj)ro- prie anx besoins, aux lialjitudes, au caractere mcme de cenx qui en feront usage. S'il y a dans chacunc des graiules ca- j)itales de I'Europe un Depot general de la e;uerre, et une bi- bliotheque attachee a ehacim de ces etablissemeiis . ([uand meme ces collections d'onvrages ne differeraienl nnllement les lines des autres, le bibliotbecaire alleniand, anglais, etc., les disposera antrementque le Franrais, et tons feront bien. (]e n'est done qn'une solution parliculiei'e, locale, indivi- duelle que Al. de Querellcs a pu donner , puis<[ue le pro- bleme a resondre n'en admctlait pas d'aulre : pent- etre ne serait-il pas possible de drpayser sa methodc, de I'appliquer hors dc France sans de considerables modifications ; niais, chez nous, elle conviendrait sans doute a une ])il)liotheque medicate, indnstrielle, d'histoire natnrcllc, etc. II nous serait impossible d'exposerenpeu deniots les procedcs parlesquels BI. de Qnerelles est parvenu a conqioser ses travaux syuop- tiqnes; nos explications devicndraient parfailement inutilcs, si o'.les n'avaient relendue de sa notice. Quant aux tableaux,, rien ne pent dispenser de les avoir sons les ^enx, si Ton vent s'en former une idfk' juste, et apprecicr les avantagcs qu'ils peiivent oifrir aux bibliolhccaires el a cl'ux qui fre- •picnlcnt les lubliotlirqncs. afia LIVRES FRANC AIS. Lc meillcur onhe a iiiottrc cntic dcs livres a-t-il asscz i]e rapporls avcc ron're dcs idtos pour que Ton puisse I'di dechiirc, cl dcinander que Ics mc'thodcs pliil()st)phiqiics dcs sciences suicnt appiiqiiccs aux catalogues des bihlio- thcqucs? II Fenihle que ccUe question n'a pas etc resoluc; rt si Ton s'en lapportait an premier coup d'oeil, on dirait qn'il fant trailer les livres sous deux aspects diffi'rcns, en bibliotho- cairc et en hihliographe. L'un donne le signalcment des ou- vrages, ct s'attachc a rendrc breve, corrccte , expressive la langue descriptive dc cctte classe d'objets ; I'aulre ouvre Ics volumes, lit au moins la table des maticres, et i'erait bien de lire tons ics ouvrages dout 11 veut parler. Le premier pent composer des tableaux synoptiques; I'autre redige des vo- lumes dont le nombrc augmcuterait en raison de la inulli- plication dcs livres, si I'ou n'avait soin d'cn climinerde lems en terns Ics nombrcuses superfluitcs, et de n'indiquer que cc c[ui pent etre nlile. Unc LihUographie est un ouvrage de trcs-liaut savoir, lorsqu'elle ne se borne point a I'erudilion. Malbeurcusemcnt", les bommes capables de faire aux amis de I'etude un don aussi precieux doivent etre parvenus a la maturite de Tiige, et cousacrent leur tems a d'autrcs travaux non moius dignes de les occuper : il est bien probable que nos bibliographies ne seront jamais autre chose que des ou- Yrages d'eruditiou. F. Beaux-Arts. 114. — *Icenograpliie itistriicitve, ou Collection de portraits des personnages les plus celebres de I'histoire moderne, ac- compagnes etenlouvesd'une Notice lHOgrap/iiqae,c/iroiiologifjiie et bibliograpldqite ; portraits graves d'apres les dessins de M. DevAria, par mm. AlUds , Brrtojinier, Fontaine, TP'edg- wocd , et antres artistes distingues, I'ranrais et etrangcrs ; notices par M. A. Jaruy de Mancy. Dcuxieme serie : cin- quieme et sixieme livraisons. Paris, 1828; Jules Kenouard. Deux cahiers contenant cbacun qualre portraits; pris dc la livraison , 2 fr. Nous avons dcja fait connailre cctie collection. {J'oy. Rev. Eiic, t. xxxviii,p. 590). Les deuxlivraisons nouvellessurpas- sent peut-clre les precedentes, par la bcautc de rexeculion des gravures, confi«';es aux talens de MM. Blassard, Allitis, Fontaine ., ct dc mademoiselle Coignct. Nous y avons reniar- qu(>surlout Ics portraits de MoUcre ct iVy/lficri. Ccux d'^- Ic.randrc Yp.iil/inti, dc Cromirrl, de Klopslock , de rempereur A^'c'/r/.', de Cohinb ct dc Mahinoud II cuinplivleut res deux livraisons. k. BKAUX-ARTS. -253 1 1 5. — *I$ogi'apliiedes fiommcs celebres, ou CoUeclion de facsi- mile de leitres aitloffraphcs el de signatures , dont les orij^inaux se trouvcnt a la Bihliolheqtie du Roi, aux Arcliives dii rojanmc^ II celles des differcns ministeres du deparfenienl de la Seine, et dans les collections paiiiculieres de MM. Birard, Berthe- rin , de C/iaieaiigiron , Duclusne aine , Lucas de Monti gny, Marron , Monmeiujue , Tvemisot, ViLlenave, etc., ig"' et 20* livr. Paris, 1828; Treuttel et Wi'irlz. i. cahiers in-4"; prix de la livraison contenant 24 fcc-simile , en papier ordinaire, 6 fr. ; en papier velin, 10 IV. (Voy. Rev. Enc, t. xl. , p. 219.) Nous avonsannonce plnsienrs fois les livraisons de I'lso- graphie, donl la vingtiemc et derniere vient de paraitro. Lc sncces de cette prcniiere parlie a engage les edileurs ;\ liii donner une suite. En effct la premiere serie est loin d'avuir offert an public des leitres de tous les personnages qui sont dignes de piquer sa curiosite on de meriter son interet. Les correspondanccs que les editeiirs sont parvenus li etablir, el la bienveillance menie de plusieurs de leurs souscripteurs , out etendu le cercle des I'ichesses dont il leur est permis de disposer, ils possedent en ce moment beancoup de documens precieux qu'il serail I'ucheux de laisser sans emploi. Ces con- siderations out determine les edileurs a continuer la publi- cation de risographie. Mais cette seconde seric ne depassera pas dix livraisons, et ces livraisons nouvelles nc paraitront que de deux en deux mois. Pour donner une idee de rinteret qu'aura cette continua- tion, ils publient, avec le prospectus, une lisle des noms des personnages les plus remarquables dont on y trouvera des leitres. Parmi ces noms nous cilerons ceux de Bonis , Bran- tome, lord Byron, Lacltalotais , Cliampfort , Cliristoplie Co- lamb, Cromirell, Dclille, Gessncr, Iliigiics Capet, Ninon, Sai}ii- Louis , Marot, Napoleon, Mad' de Scrigne, J^e Tasse , Lut/icr, Heiviiias, Hamilton. Ces noms celebres, pris au basard parmi une ceutaine d'aulres, annoncent assez riiilerct donl la suite de I'lsogra- phie est susceptible. On ne peut qu'encouragcr les edileurs il continuer cette entreprisc. D. M. 116. — Memoire sur la culture de la musiqne d Caen et dans I'ancienne Basse-Normaiulic; par J. Spekcer SMixn. Caen, 1828; Chalopin. Paris; Lance, rueCroix des Petils-Cbamps, n° 5o. In-8" de 4i> pag*^*- Caen, I'Oxford IVancais, comme rappellent les Anglais, possede tous les moyens d'instruction , tous cxcepte I'en- "cigncnicnt de la iiMi5i(jue. Kn i8a6, des amateurs y arrc- :2(J4 LIVUKS i(,;ais. terenl los bases tl'iine Inslilntion lif/rraire affeclec A la cul- ture ilr la sciiiur niusicale ct ilc la pntsie lyriqiic. Mais Caen est commc deponrvii de tlieatre, taut sa salle est iiu'squiMe ; il n'y apasineme une ralhcflfale : Ic climat clii (^alvados, sui- vant I'opinion enonee d'aiiistes distiiigiios de la capitale, est contraire a la iniisiqiic vocale ; et lors nieme qu'il aiirait pii etre utile pour la science dc traiter academiqnemeul de la tlieorie ct dc la bibliograpliie musicale , il I'allait fl'aboitl satist'aire le gofit Ires-prononce du public pour la paitie pra- tique. D'aulres amateurs des deux sexes, des artistes et des litterateurs fornu'-reut une souscriplion , organise rent des concerts deja rem3rqual)les par lemeiitc de Texccution, tbn- derent eufin la Socirtc phillianndntqtie ilii Calrado.i, dont les traA'aux et les succes sont aussi des ceuvres de pltilanthropie. M. le colonel Spencer Smith, litterateur anglais, et I'un des promoteiU'S de cette institution, a recueilli dans son opus- cule les temoignages de Tantiquite et du mnyen .Ige sur rutilite de la musique : erudition qui I'eloigne parl'ois de son sujet. II y revient en citant les statuts de I'universite d'Oxl'ord concernant la gradation academiqite de la facnlte du musique. On croit que le degre de docteur lot confere dans cette universitc, poiu- la premiere fois, en 1207; il est plus certain que, depuis ilfio. les honncurs academi(|iics en mu- sique n'ont jamais cesse d'etre accord^s en Anglcterre. Le ptre Andre et son Essai sur le hcau sont a pen pres tombes dans I'oubli; un passage exhume dc son Discours du beau ?nusicali ^rouyc seidement que, vers la moitie du 18" sit'cle, la musique elail cultivee a Caen : « Institution qui oflVait, sui- vant cejesuile. le beau optique, dans le spectacle brillant des personnes que le concert assemble ; le beau moral, dans les bienseances qu'on y observe; le beau spirituel, dans le choix des pieces qu'on y joue; et le beau harmonique, dans ia JMStcsse de I'executiou. » Si M. Spencer Smith ertl constdte de plus anciens recueils et gazettes, il cfit prouve que des le terns de Lidii , Cam cut des concerts brillans, commc ccux que Ton composait alors avec des violons, hautbois, bas- sons, et coruemuses; aussi la dansc , c'est-a-dire le me- n»et, s'y execulail en perfection sous la regence. Et des que la cessation de nos troubles revolutiunnaires I'a permis, des amateurs out organise des soirees nmsicalcs, dans lesquelles la plupart des artistes que Caen possede out developpe leiu'S talens. II est bien d'exprimer le voeu general que les basiliques de la Normandie puissent recomposer leurs chocurs; on ne BEAUX- ARTS. — OUVR. Plhl. aO:"? les siipportorait pas dans (le .""iinples villages de la Flaiidrc : il seiait mieux encore de cherclier les nioyens de reformer la musique si monotone, si assonrdissante de nos eglises; le sentiment religieux parvient peniblement an ca>ur qnand I'oreille est ainsi tonrmcnlee. Mais, la routine qni preside an ritnel , comme le manvais gout au plain-cliant, mais I'immutahilite II ne manque pas de grands-eleics qui croient I'ortliodoxie dependante des psalmodies, eumme des ornemens et des vetemens gothiqnes. Quoi qn'il en soil, c'esl a Caen qu'est ne ce savant instituteur dont I'ecolc a revele a la capitale etonnee la richesse et la melodie de la nnisi(jue sacree : M. Choron estattendu dans sa patrie pour y organiser une semblable t'cole, qni, sontonne par le zele des sonscriptenrs, et par les talens des memhres de la so- ciete philliarmoniqne, ponrra devenir, nous I'esporons avee M. Spencer Smith, un conservatoire pour tout I'ouest de la France. Isidore Le Brin. Ouvrages prriodiqncs. 117. — Le Propagiiteur des progres des arts et metiers. Jour- nal de I'alelier, par M. N. Paulin Desormeaux, auteiu" de VArt (lit tournenr et de VArt dii mcnnisier. Paris, 1829 ; on s'a- bonne chez I'auteur, rue" St-H^^icinthe-St. -Michel, n'" 21, et au bureau central de la Revue Encyclopedique. II paraitra tons les mois nn cahier d'une fenille ; prix annuel de I'abonne- ment , 12 francs. i< 11 n'arrive que trop commnnement qu'une invention utile, qui pomrait etre im germe fecond de prosperite, de- menrc iuconnue et impnsdnctive. parce que son efl'et ne se manifi'ste pas au dehors des murs de la l)outi([uc, de I'ate- lier. ou dn Jaboratoirc o\\ elle a ele tronvee. L'observation de ces faits n'a pas rchappe aux esprits dairvoyans, et Ton est gencraleinent d'accord dans le monde industricl sur cc point, que le manque de voies de commimication entrc nos ouvriers, et I'ignorance qui en est la suite, sont les causes princijiales, sinon uniques, qui retardcnt en France le mou- Tement de progression ([ui se fait remanpier dans les ate- liers de I'Augleterre. nCcs mots, que nous emprnnlons au prospectus pu!)lie par M. Desormeaux, nous ])araissent plciiis de justesse et de verite, et donnent ime idee du plan quM s'est trace. Nous pensons que son entreprise vient repondrc; a nn besoin reel et qu'eile doit obtenir du succes. Les ele- Hiens de cc succcs sont, commc il Ic dit lui-memc, dans rcxecution rigoureuse de plusieurs conditions : E-ityfine tiw- a66 LIVRES FilANCAIS. dicitii dans le priv d'abonnemmt y spcdalite, clcirle dans la rti— daclion ; autlicniicUe des fails avanccs, De ces conditions la premiere est deja icmplie par le prix auqnel M. Desoimeaiix a fixe son journal, et quant aux autres, elles sont sulTisani- ment garanlics par Ics connaissanccs varices, approl'ondies, ct le talent de redaction dont il a Ihit preuvc dans son Art du ioiiriieiir et dans son Art da menaisier , ouvrages aux- qucls le pul)lic a fait un accueil Irus-favorable. A. P. 1 18. — *Lc Catholir/iie, ouvrage pt'riodi(|ue pnblie sous la direction de >1. le baron d' Eckstein. Tome xii, n" 54. Paris, 1828; Alex. Mesnier. In-8°; prix de I'abonnement, pour un an, 40 fr- '- pour six mois, 22 francs. Nous voudrions pouvoir attirer plus souvent I'atlention de nos Iccleurs sur I'important recueil que public M. d'Eck- stein;mais les liautes questions d'histoire et de philoso- phic que cc savant alTectionne le plus particulierement sup- posent une erudition trop vaste pour que nous nous permet- tions de nous en constituer les juges. Lorsque M. d'Eckstcin fait des excursions dans la politique contemporaine, il est plus abordable poiu- nous, vtdgairc des lecteurs. Ce n'est pas que sa poUtique ait rien de populaire ; il s'inquiete peu de I'avis du grand nond)re, et ue se pique de courtiser ni les individus ni les masses; aucuns trouvcront quelque peu de brutalite dans la franchise et le dedain qui s'annon- cent a chaque ligne d'un morceau fort remarquable inti- tule : Da Present et de l\dvenir. II faut le voir renvoyant Ires-durenient aux Invalides les deux partis de I'ancien re- gime et de la revolution, et tracant avec une verve originale nombre de portraits peu fiattes. A .'es ycux, les deux partis onl fait leur tems; ils ont en- core pour eux le nombre; mais la force les a abandonnes. Les partis qui vont occuper la scene sont celui de I'cxamen ayant pour chef 31. Royer-CoHnrd, que M. d'Eckstein voit deja depasse par son ecole ; et celui de L'autorite , qui mar- che plus discipline, mais moins aguerri , sous le drapeau que souleve Ic bras puissant de JI. Lamcnnals. A Tcxtreme gauche, M. d'Eckstein place le parti induslriel qui reconiiait Siunl-Shnon pour son })rophcte. Ce morceau mcrite d'etre lu tout entier ; c'est I'ocuvre d'un esprit vigoureux et inde- pciulant. J'ai toutefois peine i\. m'expliquer comment la spirituelle imj)atience de I'aulcur a rtijeter le joug dc toutes les opinions s'accommode de celte soumission rle raison que lui-meme signale comma necessairc a I'unite. fX il Tautorile du calholicisme , dont le nom qu'il preiid LIY. EN LANGUES ETRANGERES, ETC. 3G7 pour hamiicTe c^t pour ses lectcurs le symbolc assez obscur dcstino ;'i resumer ses idces. C. R — d. Lixres en langucs ctrangeres , publics en France. I ic). — C. C. Taciti Germania , sive de situ , movibus et po- piilis Germanlm Ubelias. Paris, 1827; Panckoucke. In-f" de 5o pages, papier veliii superlin, avec nu beau fleuron grave ; prix, 20 francs. « Si quelquc chose pent laire voir combien, avant Tinven- lion de riinprimerie, toutes les precautions possibles etaient peu sures pour garantir des injures du terns les plus jjeaux ouvrages de I'esprit humain, e'est ce qui est arrive a ceux de Tacite. Plusieurs sicclcsaprcs lui, un honinie de son nom fut eleve au trone des Cesars; ct, se glorifiant de lui appartcnir, quoiqu'on en doutat, il fit transcrirc avee le plus grand soin tout ce qui etait sorti de la plume de cet inimitable historien, et le fit deposer dans les bibliothcques publiques. II ordonna de plus que, tons les dix ans , on en renovrvelat les copies. Touscessoins, ajoute La Harpc, anquelnous empruntons cetle citation, n'ont pu nous conservcrses ecrits, dontlaplusgraude partie est encore I'objet de nos regrets. » II etait digne de la typograpliie I'rancaise, il appartenait sur- tout a cehii qui nous a deja donne une traduction de la Gev- munie de Tacite, avec un nouveau commentaire (1), d'elever a la memoire de cet liistorien celebre le monument le plus noble que les Icttres modernes.puissent consacrer aux lettres latines, en publiant une edition du texte de cet ouvrage, a la Ibis belle et simple, une edition correcte surtout, imprimee sur le plus beau papier que nos fabricjucs aient encore pu produire, et avec les plus beaux caractercs qui soient sortis de nos lon- deries(2). E. Hereav. (1) La Gcrmanie, IraJuite de Tnclts, par C. L. G. Paxckoucke ; avec un nouvcan commeiilaire, extrait de Montesquieu et des principaux pul)licii.t< s. Paris, 1824: un foil vol. in-S"; prix , 7 fr. ; avec un atlas )n-4"de 12 planches, iS fr. (Vo)-. liev. Enc, Tom. xxin, p. '->!^--'t^!^). M. Panckoucke va bicniol livrcr a I'lmprcssion une traduction cosnpletc des CKuvres'de Tacite. (2) Cet ouvrage est imprime avec les radmes caractercs ( Icttres de 22 points fondues par Didot) et sur le uieine papier, velin supeifin, que la graiide edition , epuisee, du Tncilc , en 4 vol. in-f", lirce a qiialrevingls exempl.iircs seulemeni, et publiee par le meme libiaire, pour falre siiitc aux uiafjuifique? editions de A irgiie, Horace, Phedre, Salluste, Bacinc, tJoileau, etc., de IVIM. Didot. IV. NOUVELLES SGIENTIFJQUES ET LITTI^JIAIRES. AMERIQUE SEPTENTIUONALE. Etats-Unis. — Washington. — Progrcs des fal/rit/ues i/ans les Etats da Sud. — Avantqu'iine geni'iationsesuit ccoulce, noire; propre induslrie pourvuiraseulea tousnosbesoins, et menie, losielalioiks comniercialeseiitrelesElats de TUnioiise trouvc- lont rcduites a I'echange d'un tres-pelit uombic de inatieros premieres, et encore moins d'objets fabriqnes. Lcs planleurs se niettent a i'aire du drap et des etoffes pom- leur consom- niation, et contremandent les fonrnitures qn'ils liraient au- paravant des villes commercanles dans les Etats de Test : des mannfactures considerables s'etablissent dans les niontagiies, an milieu des bois ; quelqnes metiers ont servi de modeles ; on est venn a bout de les construirc et de les multiplier a vo- lonte, sans iaire venir des ouvriers, par le seul cmploi des momens de loisir des planteurs. L'abondance et le lacile eni- ploi du colon multiplie de plus en plus I'usage des etoffes de cette maliere; elle iera peut-elre negliger toutes les autres. Dans qnebpies annees, cette partic de rAmeritine parailra le- iiouvelee, et ce que les vojageurs en ont dil ne sera point reconnu par ceux qui visiteront les niemes lienx. Mais ces progres si rapides ne semblent pas diriges actuellement par une prevoyunce qui ait bien connu, mesure les chances contraires : nc serait-il pas plus sage de ne pas compter uui- qneuient sur une production qui pent manquer totalemenl pendant nn tems assez long pour que le besoin s'en lasse sentir donloureusement ? Ne \audrait-il pas mieux, ne tiil- ce (pie poiu' la variele, avoir a la iois di verses cultures, el des rat)ri(|ues oiY lenrs produitsfusscnt en)ployes? Ces obser- valions n'ccbapperont point, sansdoute, aux planteurs de colounicis, et de? rpi'ils les anronl laiics. ils s'y coiiformc- ;oul. F. l^TATS-UNIS. 26() — LonsiAKE. — Opinion cle M. Livingston aiir I'oinrnge de M. Lucas. — Progr'i's de la legislation criininelle duns cet Etat. W — Nous rroyons que nos lecteurs apprt'iidroiit iivcc iiiliTCt I'opinion du celebie jurisconsulle amcricain, iM. Livinj^'ston , snr l'ouvra{;^e inlitiile : Da systirne pinni ct dti systhne ju'pressif en gcnivol, ct dc la peine de mart en particKlier, par M. Charles Lucas; ouvraj^e qui a cte couroniie a GencAe et a Paris , et (lont nons avons rendu compte au comnienremeiit de I'annee dcruiere. (Voy. Rei\ Enc, t. xxxvii, p. 582 et suiv.) Cetle opiuion est liree d'uue lettre adressee par M. Livinj^ston a luilrc eollaborateur i\l. TAiLLANniER. « J'ai ]u avec la plus vive satisfaction roiivrage dc M. Lu- cas, et j'ai trouve heaiicoup d'instruction dans les I'aits que I'auteur a lassemiiles et dans les conclusions qu'il en tire : cependant jc nc vovulrais pas que cette opinion l'(jt prise dans un s( ns trop ahsolu. Par exca?J)le, il foude le droit d'infliger la peine de mortsurle seul droit de notre propre defense. Je pense comme lui; inais nous differons en ce que je considere la peine comnie nn moyen de defense, en tant qu'elle de- tournc le conpable ou tout autre de commettre de nouvcaii le nieme crime, flj. Lucas, au contraire, si je le coniprends l)ien, ecartc cette qualile de la peine et considere la contrainte a laqnclle il condamnerait un conpable, purement comine un moyen de repression. En cela il s'accorde })Iut6t avec M. llos- coe qu'avec moi. Je rej;rette de n'avoir pa lire son ouvrage avant d'ecrire I'inlroduction au Code penal cjue je vous en- voie aujnurd'bui; j'aurais plus fortement appuye sur cette difference dans noire doctrine que je ne I'ai fait. J'ai voulu seiilcuient exprimer cette ideeque lasociete etant I'etat natu- rel de rhonune, le Createur, qui I'a formee pour cet etat, doit avoir donne a tout le corps, a toi^e la masse qui la compose, le menie droit de conservation (ju'il a donne aux individus; et que si des punitions sont necessaires ponr atteindre le but, ce corps a le droit de les infliger apr»;s que I'offense a ete commise: et que ce droit s'elend nieme jusqu'a I'infliction dc la peine dc mort, s'il pent etrc prouve qu'elle soit neces- saire ])Our la conservation de la societe. Mais comme je nie que, dans la constitution actuelle des societcs, cetle necessite puisse jamais exisler, nous anivons a la merne conclusion , que le droit de punir de mort n'existe pas. Je ne puis m'em- pecber de croire qu'il pousse trop loin son raisonnement, iors- (|ue, combalUmt le principe de la puuilion exemplaire , ildit que la piuiilion d'un innocent aurait le nieme efl'el que celle du C()upal)le ; du moins telle esl riiupnssion qu'a lais'iee dans 270 AMEIUQUE SEPTEiMRIONALE. mon esprit la preuiiore lecture de I'ouvragc, (pie je ne suis pas maintenant ;\ portee de consnller , et dunt pour celle raisoii je peux ne pas lappelcr les idees avec exactiUire'i dePodsoinetclinaia-gora, et qui formaient im bassin naturel. La distance d? sept verstes, qui separe la Sestra de T. XLI. JANVIER iBsQ. l8 a74 Kl uopj;. I'Istra, t!St ileja coupee par le canal dv jorulioii , (|(ii Iraversc [a graiiilc route dc I'clcrsboiirg'. Los jiarlios supeiieurcs dc hi Scs Ira vt do VIstrn seioiil loiiducs iiavij^ahlcs , laiil par des enrages que par des caiiaux do derivation, el I'eau en sera niainteniie par 7>y eeliiscs, a la luuilcurnecessaire pour la navigation ascendanle et desccndaiitc, sur uue elcndiio de 214 versles (54 lieues environ), qui separent la Mo.skra dii Volga. Lc caUul des depcnses exigces pour ces constructions forme un total dc 5 millions 54<>,ooo roui)les. Le canal sera naviga- ble pour des bateaux dc la dimension de ceux du canal de Tikhrine, afm que les envois de Pelersbourg a Moscon puis- sent se faire sans qu'on soit oblige de decharger les marchan- dises ; et, a I'endroil ou la graiide route de Petersbourg tra- verse lc canal, il sera coiistruil un /xnit a ane arclie, sous la- quelle les barques ponrront passer avec leurs mats. M.Somol" a terminc son discours par des considerations sur lesavanta- ges que le commerce et rindustrie, en general, ont retires de retal)lissement de nombreux canaux en Angleterre, en France et en AUemagiie. «Les canaux ct les rivieres, dit le redactcur du Telegrap/ie de Moscou (1827, n° 20, pag. 252), auqnel nous emprunlons cet article, sont des veines , par lesquelles la richesse nationale se repand dans tout I'empire; et nulle part on ne sent la neccssite de ces veines autanl qu'en lUissie. » La direction des travaux pour la jonctiondu Volga avec la Moskva est confiee a M. Bougaisry, major du Corps des voies de communication. S. P-\. — Projel de jonction entrc le Volga el la Dvinaoccidenlale.- ljf. n"() (Janvier 182b) dii Journal des voies de cominunica- tion, public en franrais et en russe a Saint-Pelersbourg de- puis le commencement de I'annee i82(), contient (p.i — 20), sur un projet analogue a celui que nous venous de t'aire con- naitre aux lecleurs de la Revue Enryctnpcdique , un uiemoire fort bien faitet tres-interessant du a M. le capilaine Yolkoff, charge, en 1824, par le due Alexandre de A\ urtemberg, diri- geant en chef le Corps des ingenieurs des voies de commu- nication, de faire des recherches preliniiuaires pourconstater hi possil)ilile d'unir les sources du Volga avec celles de la Dvina occidentale. Le Volga et la Dvina occidcntale prenuent leur sourci^ sur un meme plateau, faisant partie de la crete qui separe les deux bassins deseaux de lameri?rt//(V//(f elde lamer Caspienne. Les eaux, dit M. Volkoff, dout les recherches fu- rent achevces dans la meme annee oi'i ellcs avaieul etc ordon- nees , «les eaux sout aboudantes dans ces lieux, comme le prouve I'existenee d> - luraDvhiels, Orlino et Sohlago, et d'un RUSSIE. — ITALIE. 2^5 grand nombre do marais; le Volij^a et la Dvina occidcntate s'j lappiochent an poiiil que la distance qui les separe est an plus de ISO vcrstes (environ 4 lieues); Ionics ees circonstanees I'ont croirc a la possibilite d'etablir dans cet endroit imc nouvellc ligne de'liavigation, dont le but principal serait de faire com- muniquer les provinces occidentales de la Russie avec les gou- verncmens de rinterieur, el de faire ainsi arriver directement dans le port de Riga les marohandises venant de Siberie ou des monts Ourals, telles que le t'er et le sel. Cc grand canal de jonction traverserait en outre des endroits abondans en bois, qu'on fait Hotter aujourd'hui depuis le lac Ohlnatc-J acUnie , mais avec de grandes difTicultcs. » pjitre autres avantages qui resnlteraient encore de cette nouveUe voie de communication, et qui sont enumeres dans le memoire de M. Volkoff, se trouve la facilite d'approvisionnerplnspromptement les troupes can- tonnees sur les frontieres occidentales de I'empire ; mais il landrail, pourcela, executerprovisoirement!ayonfi/oH projctcc enirc la Dvina cl le Nihneii, au moyen des rivieres Disna, Jaii- mana et JVilin. La ville d'Ostach/ioff j trouverait aussi la fa- cilite de faire parvenir ses cuirs, ses ferrures et autres objets de sa faljrication dans les gouvernemens de SmolensI; , Pskof el JJ^itebsli, ainsi que dans les ports de la mer Baltiquc , sans avoir recours au transport par terrc, ce qui serait un immense avantage pour les marchands de cette vilie. Nous n'entrerons pas ici dans le calcnl de Tauteur ni dans les moyens d'execu- tion qu'il propose et qui sont d'un interet tout local. TiFLis. — Noiireaa Journal. — Le mois de juin de I'annce derniere a vu naitre dans la capitale de la Georgie un nouveau journal, sons le litre de Gaiciic dc Tiflis (Tilliskiya Vedo- mosti). Cette fenilleparait tons les mercredis en languerusse. avec une traduction en armenien. Elle est principalemeni destinee anx !)esoins des conti'ees situees au dela du Caucase, et a ceux des nouvelles provinces armeniennes que la llussic a nouvellcment acquises. Le prix de cc journal est de 3o rou- bles (environ 5o francs) pour I'annee. E. H. ITALIE. Florence. — Direction des aerostats. — Dansunelcttre adres- see a M. le pi'ofesseur Gazzeui , un annonce lo resultat d'une experience sur un appareil destine a faire monvoii' un aero- stat, et par consequent a dirigerson mouvemeut. Le moyen imagine par rinventenr dc cct appareil est analogue a cclui que IMeunier avail propose et soumis au calcnl. Le memoire 3;6 EUROPE. oil le savaiil aiadcmicieii a depose ses idc'ies siir les aeroslals n'est pas encore publie , et ne le sera peut-etre jamais : en at- tendant, on refait, ct moins hien, ce qu'il avait le mienx concn : I'heureuse idee d'une double enveloppe, dont il ti- rait un si bon parti, est tout-a-fait perdue : on execute, a grands frais, en Amerique, des travaux pour des experiences qui' n'aboutiront probablemcnt a rien : loin que 1 art Casse des progrt'S,_il retrograde. On sent le besoin d'un traitc spe- cial onl'on trouverait reunies toutoslesconnaissances acquises sur cet art, si reconimandable par son origine , par les ser- vices qu'il a deja rendus, et par ceuxque les sciences peuvent encore en attendre. — Nice ( le 4 j> line (lizaine doiit on ait conserve le souvenir. II est done assez remarciuable (|ue ron en ait deja eprouve trois dcpuis le conimenccnient de cette anm'e. Le premier, qui a aussi el«' le plus tort, s'est iiianileste le u3 t'evrier, vers huit heures et un quart du matin , et s'est fait particulierement ressentir le Inw^ des bonis de la Weuse et du Ilhin. II parait avoir eu le plus d'energie entre Liege, Tongres, Tirlemont, Jovoigne et Huy, et les secousses, qui n'ont dure que quel- ques secondes, out ete ressenties jusqu'a Flessingue, Middel- bourg, Dunkerque; vers le nord jusqu'a Dusseldort' , Dor- drecht; et vers la France jusqu'i Longuion, Avesne, Coni- mercy. Ln bruit sourd , semblable an roulenicnt d'un cha- riot Ibrtenient charge, accompagnait ce phenomene, c(ui n'a fait du reste qu'ebranler et renverser {|uel([ucs uuirs, sans qu'il en suit resulte d'accident pour les individus. La veille, le barometre avait ete Ires -has, il indiquait a Bruxelles 0°", 7577; et au moment du phenomene il n'etait gucre plus (leve. Le 21 mars dernier, vers trois heures de I'apres-midi^, le barometre etait plus bas encore (0°, 7328) ; ['atmosphere etait vivement agitee et traversee par de soml)res nuages; le lendeniain, vers neuf heures et demie du matin, quelques secousses t'urent ressenlies dans les environs de Wavre. Le troisieme tremblement deterre a eu lieu le 3 decembre, vers six heures du soir, et s'est particulierement nianifeste dans la province de Liege el les environs d'Aix-la-Chapellc. Plusieurs habitations ont ete endommagees ; il parait qu'on a ressenti deux secousses successives, qui n'ont dure que quelques secondes, et donl la derniere a etc accompagnee d'une espece de detonation souterraine. Mais une circon- stance tres-remarquable, c'est que cette fois, le barometre a ete extremementeleve; a Bruxelles du moins, il etait, vers neuf heures du matin, a o", 7741 : cette grande difterence dans la pression de I'atmosphere sur le mercure sera sans doute remarquce par les physiciens. A. Quetelet. — Academic' rojale des sciences et belles-lettres. — Seance du 10 Janvier. — M. Vauder-Maelen, auteur de Y Atlas universel, et dont I'admission avait etc appuyee a la ses- sion precedente, a ete nomme membre ordinaire, a I'una- nimite, et I'Academie a sollicite immedialement I'agremcnt du roi. — !M. Qi'eteiet a aiuionce des rcchcrches slalisliques sur les condamnations prononcees {>ar les tribunaux. — IVI. l)r.wE7, n lu unmcnioirw sur le droil i>ul)!ir du BrabanI an 38() EL'ROPE. — FllVNCK. moyeu age. — M. de Reiffenberg a presciilti iliffc'roMtcs no- tices sur des ouvrages ineilits ct a cte nomme, avcc M. Vau- Iluilhcm, pour redigor un ouvrage qui sera pu!)lie aux t'rais fie la conipagnie, sous ec tilre : Notices ei c^rlraits cics maim- scriis de In bibliotlidqae dite de liourj^ognc, rclalifs d I'liistoire des Pays-Bas, publics par I' A endemic , et faisant suite a ses Memoires. Le plan suivi par rAcademic des inscriptions de Paris pour un travail analogue a ete adopte, et lorsque la bil)liotlu'((ue de Bourgogne sera epuisce, on passera a unc autre, soit pu- blique, soit particuliere. M. de ileilTenljerg a prie la redaction de la Revue Encyclopcdique d'inviter les proprietaires de curio- sites bibliographiques,qui entrent dans son plan, li les lui com- muniquer. II s'engage a les restituer au bout de quelques jours, sans nul dommagc, et a indiquer chaque fois dans son ouvrage les personnes dont il aura obtenu des secours litte- raires. De Reiffenberg. FRANCE. DEPARTEMENS. Societes savantes ct Etablissemens d'ulilite pub/it/ue. Amiexs [Somme), — Enseignement mutuel dans ledepartc- mentde laSomme. — Sous ce tilre, la Socictc pour I' encourage- ment de I' instruction elanentaire d' Amiens a publie le rapport de I'un de ses secretaires, M. "SVarme fils. (Amiens, 1828; J. Boudon Caron. In-ia de 22 pages.) Nous en extrairons deux passages, qui donnerout une idee de la pernicieuse in- fluence exercee sur toutes les institutions d'ulilite publique par le niinistere dont la France n'est dtlivree que depuis un an, et qui permcttront d'apprecicr le bien immense que les amis de I'instruction pourraient operer a pen de I'rais^ s'ils voulaient s'entendre et diriger Iciu'S ellorls vers un but com- xuunet si bien determine. « En 1821 , notre departernent, dit M. "Warme, possedait 25 ecoles d'euseignement mutuel : 10 dans les villes , i3 dans les communes rurales. Des premieres il n'eu reste que 6, et les i5 antres sont reduites a 2 ! A Mou- chy-Laga(die, ou la bienfaisanceeclaireede M. de Beaufort en, avail fonde 2 a perpeluite, I'une pour Icsgaroons, I'autre poui' les jcunes lilies; sans respect poui' la volonte expresse du f'on- dateur, il falhit qu'une methode dont la rapidite et I'economie ne sont pas les seuls merites fit place aux vieilles routines d'un enseignement lent, coQteux et mal approprie aux goQts el aux caract^res de I'enfance. » Plus loin M. "Warme observe PARIS. 3S1 « que la socicle comple 200 uiembres: c'est 4jOOO fr. dc le- venu. Avec cette somme elle instiuit 400 enl'ans ouadultes; ainsi chaque eleve ne coQte que 10 tV. parannee, et dans ces 10 fi". est comprise la depense descrayons, ardoises , plumes, papiers, livrcs, etc.!" Aujourd'hui que les obstacles suscites t\ renseignementmu- tuel conime ti bien d'autres choses utiles out disparii , un mouvenient remarqiiable d'activite se manit'este dans rcspiit public des departemens, et les ecoles vont probablement re- naitre plus nombreuses encore qu'avant la persecution qui les detruisit. a.. PARIS. Institut. — Academle dcs sciences. — Seance da 8 decern- bre 1828. — M. Maisonable annonce avoir reussi a guerir un enfant dont les pieds etaient deiormes, et demande la per- mission de le presenter a 1' Academic. — MM. Geoffroy Sciint- Hilaire et Sevres font un rapport sur un 31emoire de M. Rou- LiN, relatif aux changemens oprouves par le retour a I'etat sauvage des animaux domestiques transportes en Amerique par les Europeens. « L'idee seule de ce travail prouve que M. Roulin a bien saisi une des lacunes de la science, en ce qui concerne I'etat priniilif de uos especes domestiques. On voit manifestement, dans ce qu'elles sont aujourd'hui, que, parnii leurs caracteres, les uns sont acquis, les autres sont naturels. Distinguer les premiers des seconds , et remonter ainsi aux caracteres priuiitifs de ces especes , tel est le but que s'est propose I'auteur. Depuis long-teins ceLte experience etait toute preparee en Amerique : en s'emparant de ce vaste continent , les Europeens Iransporterent avec eux les ani- maux qui sont devenus les auxiliaires de notre etat de civili- sation. Ce sont le clieval, le brouf, le mouton, le pore, la chevre, I'ane, le chien , etc. Au boutd'un certain tems, la iecondite de ces especes donna des produits superieurs aux besoins qu'on avait d'elles; cette surahondance rompit leur servitude, et une partie des individus fut rendue a la vie sauvage. Ce sont ces individus revenus a leur etat primitif que M. Roulin compare et oppose aux individus qui n'ont pas quilte la tutelle de I'homme. Les resullats fournis par ce pa- rallele sont des plus precieux pour la zoologie. On y voit, en premier lieu , que les varietes nombreuses du pelage du che- val, de iTnie et du pore, sout ramenees par la vie sauvage a une uniformite presque constaote. Pour le clieval, c'est la couleur baie-chatain ; pour I'ane, le gris-fonce; et le noir pour le pore: d'oi'i I'on peut conclurc que les nuances de co- 28a FRANCE. loralion qui b'c'loigiionl do ccs couloiirs natives, sont dcs pvo- (liiits nianilestcs do la e Beaujeh , reiatifa la fa- brication du Sucre de bellerave. « M. dc Keaujeu a reuni ;\ la tone qu'il exploite, dans le departemenldc rOrne, nnefal)ri- que de Sucre de bellerave. II decril ainsi ce procede, au- quel il s'est ai-rele apres de longues recherches cl de nom- breuscs experiences : apres avoir arrache les belteraves, il les nettoic , et ne les emmagasine que nelles de lerre , de PARIS. 285 feuilles, de collets et de petites raclncs, c'est-^-dire pretos a etre rapees. Pour cette operation, il est inutile de les lavcr. EUes doivent etre l)ieu rupees, et le jus doit en etre cxtrait imniediatcment, parce que I'air en alterc promptcment la qualile. 11 Iraite ensuite sans retard le jus par la cliaux seule, en n'y ajoutaiit qn'uii petit exces de cette substance, apres quoi il evapore le jus, et le mele avec dn charbon animal. C'est par I'evaporalion rapide, I'ebullition a giand feu, qu'il fait cristalliser les sirops. Suivant lui, en opei-ant bien, on re- tire tout autant de sucre que par revaporation lente , ordi- nairenient employee, on fjagne beaucoup de tenis, et Ton evite une grande quantile de cristallisoires dispendieux et difficiles a manier. Le precede de M. de Beaujou se rap- proche singulicrement de celui qui est adopte dans les co- lonies. Les produits sont tels qu'il regarde cette Industrie coninie tout-a-fait acquise a la France. On ne pent que louer M. de Beaujeu pour le zele et le dcsinteressement qu'il a mis a publier ses procedes. Tout ce qu'il dit etait connu a la ve- rite, mais ce n'est pas un memoire theorique qu'il s'est pro- pose de faire, c'est un memoire d'application ; et c'est un merite reel que de repeter et de constater les essais en grand, surtout quand le memoire porte sur.un art nouveau, qui doit avoir la plus grande et la plus heureuse influence sur noire Industrie et sur notre agriculture. iNous pensons done que le memoire de M. de Beaujeu merite I'approbation de I'Acade- mie. )> (Adopte.) — Da i^deceinbre.- — Au nom d'une commission composee de MM. Gaj-Ltissac, Ampere et Molard, M. Ampere presente un rapport sur les lampes hydrostatiques a double courant d'air, de IMM. Thilorier et Barrachin, et de MM. Masson- MoiNAT, Milan jeune et Osmond. En voici les conclusions : « Les modifications apportees aux lampes hydrostatiques sou- mises a notre examen ont pour objet d'empecher les emana- tions desagreables, send>lables a celles qui provienncnt des lampes des freres Girard. MM. Thilorier et Barrachin, en se servant du bee retreci k son sommet, dont Teffet est d'aug- menter la capillarite de la meche, obtiennent une luniiere qui peut etre comparee a celle des lampes a niveau constant. MM. Masson-Moinat, Milan jeune et Osmond, independani- ment de I'emploi des bees capillaires, ont organise leurs lam- pes de manii re a les rendre a niveau constant, condition essentielle pour mie lampe a double courant d'air. La dispo- sition de leur enlonnoir allonge rend le service de cet appareil lacile , sans perte d'liuile, ce qui n'esl pas sans interet poui' 284 FR.VNCK. los personnes qui en font usage. L'experiencc a prouve que , (liins I'line et I'antre de ces lampes, la meche, quoique elevec (le fepl millimetres au-dessus du bee, ne se carbonise que de deux millimetres pendant ladurce de la combustion de I'huile. €ette elevation de la meche au-dessus du bee a de plus I'avan- tage qu'il ne pent etre deteriore, ni meme noirci , d'ou il re- sulte que ces lampes n'auront que bicn rarement bcsoin d'etre nettoyees. Nous proposnns a 1' Academic d'approuver ces ap- pareils et de tcmoigner aux auteurs I'interet qu'elle prend aux peri'ectionnemens des lampes hydi'ostatiques a double cou- raut d'air. « (Adopte.) — 'M. H. de Cassini fait un rapport verbal sur uu memoire de M. Turpin, intitule : Sur la possibi- litc d'obtenir la reproduction d'lin vegetal pliancrogame de I'un des grains vcsiculaircs de la glohuline contcnue dans Ics vcsiculcs- mcres dont se composent, par simple agglorneration, Ics masses de tons les tissus cellulaires des vcgctau.v. L'Academie entend a ce sujet des observations de M. da Petit-Tlioaars. — M. Moreati DE JoNNEs lit la premiere partie d'un Memoire de M. le baron Portal, intitule : Qiielqnes observations et remarqaes sur la na- ture et le traitement des palpitations du cceur. — IM. Piussakt lit nn memoire sur la mesure el le calcul des azimuths propres a la determination des longitudes terrestres, contenant une methode pour ramener a une meme hypothese d'aplatissc- ment des resultats geodesiques qui auraient ete obtenus dans differentes hypotheses. — MM. Cuvier et Dumeril font un rapport verbal sur un ouvrage imprime en'partie sous le titre de Tableaux syrioptiqaes d' anatomic physiologique ; avec qua- tre livraisons de memoires explicatifs de ces memes tableaux, dresses d'apres une nomenclature nouvelle; par M. Laurent, professeur d'anatomie a I'Ecole speciale d'instruction pour la marine, an port de Toulon. Du 22 df'cembre. — M. Bouvard lit un second memoire de meteor ologie sin- les variations diurnes du barometreet prcsen- tant de nombreux tableaux qui lui servent de base. -L'Academie vaau scrutin pourTelection d'uncorrespondant de la section de botanique. Sur 49 votans M. Link reunit 35 suffrages.il est proclame correspondant. Un nouveau scrutin pour la deiixieme place vacante dans la meme section donne a M. Gaudichaud 40 voix sur 5o. II est egalement proclame correspondant. — MM. Gay-Lussac , Dulo^g et Clievreul font un rapport sin- un memoire de M. Serullas, ayant pour titre : Nouveau compose de cldore et decyanogene ouperchlorure decyanogene, acidc cyanique. Le rapporteur s'occiq)e successivement du perchlorure de cya- iiogene.^ (\eVaridc ryaniqur . et d'»me matiere appelee par I'au- PARIS. a85 teur Uquidejaune ; il laitconnaitreTetat de la science pour cha- ciin de ces ol))cts au moment oi'i ils ont fixe I'atlention de M. Serullas. Le perchlorure dc cyanogene est blanc, cristal- lisable, se fond u i4o°, se vaporise a igoo; sa densite est de 1,32; sa vapeur piquantc provoqiie les larmes, et son odeur est celle de la souris. Pen soluble dans I'eau i'roide , il Test davantage dans I'eau bouillante, mais apres qu'il y est dis- sous, il s'opere vine decomposition reciproque. Le perchlo- rure de cyanogcne est tres-solublc dans I'alcool et dansl'ether. II est tres-deletere , car un grain dissous dans I'alcool et in- troduit dans I'desophage d'un lapin I'a tue sur-le-champ. Prcsse avec ce corps le potassium s'y unit en degageant dn feu, et donne du chlorure et dii cyanure de potassium. L'acide cya- niquc est sans couleur; il cristallise en rhombes; il n'a qu'une faible saveur, et se volatilise a une temperature un pen plus elevce que le mercure. II rougit fortcment le tournesol. Les combinaisons qu'il forme avec les bases salifiables sont cristal- lisables; aucune'ne dclonne. Le potassium le convertit eu po- tasse et en cyanure de potassium. Lc liquide jaune est com- pose de chlorure d'azote, de perchlorure de carbone, d'un chlorure de cyanogene , liquide qui serait forme de 5 atomes de chlore et de 2 atomes de cyanogene. « Les faits decou- verts par M. Serullas sont d'une haute importance. Le talent qu'il a fallu pour les exposer, avec le degre dc precision ([u'on remarque dans le Memoire que nous venons d'examiner, ne peut qu'augmenter la reputation que les travaux anterieurs de I'autem* lui ont justement acquise. D'un autre cote, tous ceux qui repeteront ses experiences se convaincront qu'il n'y a qu'im bien grand zele pour les progres de la science qui soit capable de faire sui'monter les dangers qui accompagnent de pareils travaux. D'apres ces motifs nous croyons que le Me- moire de M. Serullas est bien dignc de I'approbation de 1' Aca- demic, et d'etre insere dans le llecueil des Memoires des sa- vans etrangers. » Approuve. — M. Catjchy presente un me- moire sur le mouvement des lames, des surtaces et des verges elastiques , lorsque I'elasticite n'est pas la meme dans tous les sens. — Du 29 decembre. — M. de Frevcinet communique di- vers details sur I'exploration recente que les Anglais viennent de faire de la riviere des Cygnes, sur la cote occidentale de la Nouvelle-Hollande , et sur I'etablissement colonial qu'ils vont y former. — L'Academie procede par voie de scrutin i I'election d'un corrcspondant dans la section de physique ge- nerale. M. Barlow, de Wnhvich, obtient 36 suffrages sur 49> 280 HIANCE. ot il esl proclamc concspondant. — M. Dumd'H, an noni (!«■ (l(Mix toiiiinissions, fait iin rapport sur ilcux iiioiiioires tU; 7.(i<)l(ii;i(\ iloiit I'olijcl ost lo niriiic ; I'lin, ilc M. Dvces, a pimr (ihjol les cspi'ccs iiuligi'iu's ilu genre lezard; Taiilre, de M. Milne Kdavards, est intitule : Recliercha zoologiqacs pour scrvir d I'/iistoire des lizards. En voici les conclnsions : « Nous nc ponvons qu'applaudir au zelc ct an talent d'observation dent MM. Duges et Milne Edwards ont donne dc nouvelles preu- ves dans oes niemoires. Nous proposoiis a rAcademie de les entcnn-ager a faire des travaux monographicpies de re genre, et ii puliiici' prothainenicnt ceux-ci, qui pomront etre tres- uliles a i ette branche de la zoologie. — MM. Cuvier, Fourier, dc Mirbd et Bendard font un rapport sur un menioirc de M. Jdolphc Brongniart, intitule : Considerations g&tu'rales siir la nature de la vegetation qui couvrait la surface de la tcrre aii.r divtnes epoques de la formation de son ecorce. «Depnis qn'il est bien constate que la population aniniale des diffe- reules regions de la surface du globe a sulji des yariations qui correspondent anx differentes coucbes dont son enve- loppe sc compose ; depnis cpie Ton sait (pi'a cerlaines epo- ques c'etaient des reptiles qui y dominaient, a d'antres des manuuileres pacbydermes, ct que la proportion relative des genres ct des especcs n'y est arrivee que par dcgres a un ctat seniblable a celui oC\ nous le voyons, il ctait nature! de se deniander si le regne vegetal n'avait pas subi des nuitations analogues , et si les crocodiles et les ichtyosaurus gigan- tesqnes, qvu peuplaient nos climats a I'cpoque de la forma- tion des terrains jurassiques, y vivaicnt au milieu de nos joncs et y etaient ombrages par nos cliencs; on bien si, conime tout le restc de la creation organique d'alors, la na- ture vcgetale I'tait dilTcrente dc celle que nous avons sous les ycux, et s'il en a cle de meme quand sont arrives les lopbio1. dc Chabrol, de Villei^cure, Diipin, Bnibi, T/io- Vids , Warden, etc., sont donnes en prenve de la verite de cetlc observation. La pertc de M. Clwris et de M. le lieute- nant-general Andrcossy n'etait pas de nature a etrc passee sous silence. Interprete des regrets de la Societe, A laquelle ils appartenaient , M. le secretaire a paye a la memoire de ces deux hommcs distingues dans des carrieres si differenles un PARIS. .if)i juslolribut d'eloges. Un coup d'oeil «ur Ics resultats gi-ogra- j)liiquos ilu vi>yago tic IM. Caillc a termine cc resniiiu con- slaminent ecoute avec inlerel. M. JoMARD, organe de la commission chai'gce de rendre comple des rcsultats dii voyage de IM. Caillc , a etc ecouto avec rattention la plus vivo et hi plus soutenue. Apres avoir expose en detail tons les motifs qui ont determine la convic- tion de la commission, et notamment Taccord qui existe en- tre les recits dii voyageur et ceux de ses dovanciers les plus exacts et les plus digues de foi; apres avoir annonce que son journal renfermait un itineraire suivi sans interruplion , de- puis le Rio-Nunez jusqu'a Tangcr, le rapporteur a donne un apercu des resultats du voyage , suffisant pour faire naitrc la curiosite de I'auditoire, mais non pour la satisfaire : il s'est attache a faire I'enumeration des principauxlieux qu'a visites notre compalriote pendant 17 mois, sur une etendue de 4ooo milles environ. Ce rapport a ete vivement applaudi, et con- Ibrmement aux conclusions de la commission M. Caille est venu recevoir des mains de M. le president la recompense ot- ierte a son genereux devoCiment, c'est-a-dire le produitd'une souscription ouverte par la Societc en faveur de celui qui an- rait rcassi d pcnelrer d Tomhoctoa par la role de la Scnigamhie , et a fournir une description de cette ville. Apres W. Jomard, est venu M. Paclio qui a lu I'extrait d'un ouvrage inedit sur les peuplcs nomadesanciens et modernes. Cet extrait est ecrit avec originalite et grace comme tout ce qui est parti de la plume de cet elegant ecrivain, dont nous avonsa deplorer la perte prematuree. Son objet est de refuter les idees que A'olncy a emisessurle contraste que presentent les moeurs des peuplades sauvages de I'Amerique avec celles des Arabes Scenites. La lecture du compte des recettes et depenses a suivi ini- mediatement cette communication interessantc. On a ensuile precede au depouillcment du scrutin. ouvert au commence mentde la seance, pour le remplacement de Ri. le comte An- dreossy dans la commission centrale. M. le baron Roger a ob- tenulamajorite des suffrages, dont quelques-uns oiitcteportes surRLM. Gaiitier d'Jrc et Cesar Moreau. Al. B. B. Coiirs dc Cepltalalogle. — M. le docteur Fossati, Tauii, et !<• suppleant de Gall pour les cours que le savant docteur faisail a Paris, sur la pbysiologie du cerveau, ouvrira procliainemeni, avec Tautorisation de I'L niversile,des lecons qui serontla con- linuationderenseignemcnlde rilluslreprofesseur. - Ces lecons aiiront lieu le lundi el le vendredi de chaque semaiiie, a ujjc 20.2 Fi-.A^XK. henre, rue St.-Marc, n° lo, — On s'iiisciit chcz !\F. FossATf, rue d' Arlois, n" 7, et chez M. ficc/irt jeunc , lihraire. Le prix fixe pour les Ireutc loron.s dnnt se composcra ce conrs est de 5o fr. Tni.ATRE>. — Theatre Fran^ais. — Preniirrc rcprcsentalion do Vhabcllc de Ihiriirc, tragedie en ciiiq aoles, par iM. de I.AMoTTE Langon. (Sauiodi 10 Janvier.) — Celle eporpie do nos annales, ovi deux factions se dispntaient le poiivf)ir qui fi'erliappait des mains debiles du mailieureux Cliaries VI ; oi"! la folio d'nn roi, la perversite d'une reine, le fanalisnie des preircs, ranihition des grands vassaux, rigiioranee dii peuple, les fureurs enfin et lescalamiles de tT)us, fire'it, pen- dant si long-tems, du royaiuue, et particulierenient de I'aris, un theatre de violences, d'assassinals et de denil, colle rpo- (jiie, disons-nous, porte avec elle qnelque chose d'originai et de caracterisli(pie ; elle apparait a nos souvenirs enveloppee de coulenrs sanglantes et sinistres qui, sans donte, Ki ren- dent propres a la tragedie. Toutelbis ces sujets, oi'i I'horreur abonde, produisent I'ai'enient des chefs-d'oeuvre ; ils tentent !a niediocrite, et il n'ajipartient (ju'a des mains habiles de les trailer avec ce discernement qu'ils exigent pent-etre pins que d'autres. Depuis un petit nombre d'annees Isahellc de Baviere est la quatrieme ti-agedie tiree des qncrelles des Ar- magnacs et des Bonrgnignous ; nous avons parli' , dans le terns, de Jran-sans-Peu)-, de RI. Liadieres, joue a TOdcon ; de Charles f^I, de AI. Delaville, I'cpresente an Theatre Fran- eais; et de la Demcnce de C/iarle.'! FI, de M. Lemercier, que la censiu-e n'a laisse jouer nulle part. II nous reste done pen (le clioses a dire de ce sujet. Le pocte a peint Isabclle in(i(h''le a son epoux, et non moins coupable envers la France, qu'elle veut livrer a I'etranger; passant tour a tour, an gre de ses passions et de son ambition, du dn(; d'Orleans an due de Bourgogne ; offrant alternaliveinenl le pouvoir a chacun d'eux, a condition qu'il tuera I'autre, et dedaignee enfin du Bourgnignon lorsque , par le menrtre dn due d'Orleans, il se voit maitre de la France. II n'y a rien pour Tinteret dans ces odieuses intrigues. Charles VI, que rauteur ne nous montre qiie dans ses momens lucides, est bien moins ton- chant que lorscpi'on le voit en proie a son i'uncste mal, (claire, par intervalles, des lueurs d'une raison qui augmente son infortuue, en lui en devoilaut lonte la profondeur. M. de Lamotte-Langon a cherche a concentrer Tintoiet siir Valen- tine, epouse deiaissee du due d'Orleans, I'objet de la jalousie PA [US. 2^7) et dos fiiieurs d'lsabclie. Pour nippcler a olle iin epoux qu'elle adore, celtc Iriste piiiicesse va consulter un sorcier iiomnie Asper, qui lui dounc un philtre pour le duo d'Or- leans et line rohc pour Isai)elle ; au moyen de ces objcis niagique;*, Valentine ronipra une cliaine funeste, et relrou- vera I'amour du due d'Oi leans, ftlais Asper, qui est raiiie dauMice d'Isahelle, snisit cetlc oecasion de perdre la du- chesse d'Orleans, et il vient dans son propre palais, en pre- sence de son epoux, de la reine et du due de Bourgogno, racouser de lui avoir deniande du poison pour se del'aire de son epoux et de la reine. Cetle scene, Tune de celles sans doute sur lescjuelles I'antenr comptait, n'a produit auciui effet, parce que I'execulion en est tres-deiectueuse. Valen- tine, etonrdie du coup qu'on lui porte, se trouble, et ne dit pas in\ mot pour sa defense. Le due d'Oileans, indecis entre I'innocence de sa t'enuiie et la calomnie de la reine, ne salt pins que dire ; le due de Eourgogne, seul, accuse le sorcifi- d'imposture, et maigie Isabelle, qui veut liiire jnger Va'ei.- line par ia conr des pnirs, il invoque le jugcnient de Lieu, se declare, on ne salt pourquoi, le champion de Valentine, et jelte son ^,ant pour gage d'uncomijat, ((ui n'a pas lieu; car on apprend bier)lot que le sorcier, enipoisonne par Isabelle, a lout revele avant demourir. L'autemn'a point mesure ses I'orces en voulaut donner a son drame ce caractere de nou- veaulc, ce ton de naivete locale, cette originalite de couleiu' qui sont le privilege du genie, aide de I'expcrience. 11 y a clans la piece beaucoup de pompe et de mouvcment, niais tout ce fracas est employe sans ait. II inlroduit le peuple di- ^ise en lactions ; mais ces deux bandes, qui pailent enseinljle et ((u'on entend a peine, ne disent que de^ choses sans ed'et. Lne veuve et des enfans en deuil, qui, tout converts du sa!)g d'un epoux et d'un pere, viennent den.iander vengeance, ne sont pas nicme pathetiques. Enfin le cordelier Petit, per- sonnage historique, qui conseille le meurtre d'un prince que le pape a declare heretiquc, et qui benit I'assassinat comini' un acte nicritoire, au lieu d'inspii er la profonde horrenr dont il devait penetrer I'asseuiblee, n'est parvenu qu'a la faire rire. C'est que ce moine n'est qu'un hypocrite goguenard, iiu lieu d'etre un I'anatique passionne, eomme le vuulaient et la verite des ma'urs et TiiUeret dramatique. Ce person- nage pouvait etreoriginal ; le poele a failli dans I'execution, mais il faut du nioiiis lui savoir gre de la conception, (|ui ctait hardie. Nous n'en dirons pas autant de cette IMarcelle, pelerine arrivant de Jerusalem, avec une especc de I'ureur 2()4 FRANCE. l>iophcliqiic, <]ui lui lait deviner toiiles les catastrophes. Si icltc inspiialioii, (pii l)le;:.se le sen? coniinmi, clail dii moiiis rachetec par qnclqiie ellet, on ne Ic reprocherait pas a raii- leur; mais clle ne sert ici qu';\ detruire tout intcrPt de cu- riosito, en prcvenant le spectatoiir de tout ce qni va'arriver. L'admiraljle creation do la Cassandre d'Eschylc, si heureii- sement iiitrodnite dans V A gamevmoit de 31. Lemercier, est un modele qu'il ne fant pas imiter legerement. Plus est frap- pante ritnpression que Ton pent produire avec un moyen aussi extraordinaire que I'inspiration celeste, plus il font d'habilete pour oser en essayer I'emploi. II y a des beautes ipii ne sont qu'a I'usage dn genie. On a pn voir recemment encore le pen d'elTet d'un rule tonl-a-fait semblable, la Be- giiine de Nivelle, dans Marie de Brabant. Le style poetique de M. de Lamotte-Langon n'a rien de reiuarqiiable, et il est pen propre a dissinnder les del'auts d'une si faible composi- tion. Get auteur, connu par des ouvrages spirituels, a mon- tre qu'il possede le talent de t'aire ressortir les ridicules du JOTir dans vni roman de moeurs; peut-etre fera-t-il bien de s'eii tenir a ce genre, oi\ il a ol>tenu dn succes, plutot que de tenter la difficile et perillense entreprise de ressusciter- dans nn poeme dramatique, les faits de nos vieille? eliro^ iiiques. — Theatre de l'Odeon. — Premiere representation de ki Bossiie , oil le jour de la viajorite , comedie en un acte et en vers, par MM. Ader et Fontan. ( Jendi 8 Janvier).— /oe, jeune et jolie bossne, use largement dn privilege at- U'ibue a labosse; vive et maligne, clle Intine toutce qni I'en- foure , et Claire, sa jenntj sceur, dont elle a surpris I'amonr; et Alfred, qui aiuie Claire sans oser se declarer ; et M. Delepine, »on oncle, grand ortbopediste, dont la science a ecboue contre sa bosse; et la I'ennne de cbambre de la maison; et enfm M. de Bcaub {joiulail de Ires-lxjmie t'oi ; de sorte quo bans qii'AltVod s'eii duiitat ses affaires (Haient dejii fort avanccos. Quclqucs scenes l)ien faites et de jolies vers ont assure le succes de ce petit ro- inan, plus spiritiiel que vraisemblable. La piece est bicn jouee; c'est M""" Anais qui a ose revetir le costume du role, mais elle a trouve I'art de marier a cette bosse de circonstance su grace de tous les jours. M. A. Beaux-Arts. — Diorama. — Les auteursdecet etablissement out fait, a I'epoque de la fete du roi, une exposition extraor- dinaire, dans laquelle ils ont mis sous les yeux du public Cinteriear de la catkedrale de Reims , le mont Saint-Gotliard et Veiiise. C'est, pour I'habitant de Paris qui ne veut pas quitter ses penates, un moyen facile de faire vni voj-^age d'ltalie, en passant par la metropole de la Gaule belgiqueet par la Suisse ; au fait, ces trois vues offrent une variete de lieux et d'interet, propre a piquer la curiosite publique : aussi rallluence des voyageurs a-t-elle ete considerable. La catlu'drale de Reims , comme la plupart des monumens de ce genre, a eprouve de grandes vicissitudes; batie, en i^ioi, sur les mines d'un temple paien, elle fut reconstruite, en 829, sur un plan beaucoup plus vaste; detruite, vers le commen- cement du 10° siecle, par un incendie qui reduisit en cendres une partie de la ville, elle avait ete reedifiee sur le plan qui subsistc encore, grace aux pieux efforts d'Alberic de Hum- bert, alors archeveque de ce siege ; mais, vers la fin du i5' sie- cle, elle fut de nouveau la proie des flanunes, et elle resta dans un ctat complet de degradation jusqu'au sacre de Char- les VIII. Ce fut ce jeune prince qui delegua, sur le revenu des greniers a sel, une somme considerable pour la reparer. Cette eglise , I'une des plus belles et des plus anciennes de France, merite un examen serieux de la part de ceux que I'histoire des arts interesse, et je me propose d'en parler avec les details convenables, lorsque je rendrai conipte de la li- vraison du recueil de 31. Cbapuy (1), eonsacree a cette me- tropole. Ce n'est que par I'inspection des plans et des vues qui font I'objet de ce recueil, que Ton pent juger la disposition generale et le caractere propre a ce monument. Quant a M. BocTON, il n'en a donne qu'une vue interieure et meme partielle; on ne peut done avoir qu'une idee fort incomplete, nieme de I'interieur de ce monument, par le tableau expose (1) Catbcdi'tilcs fran^aises , tnesurees et dessinees par M. Chapuis ,avec un texte explicatif de M. de Jolimokt. ■Mp FIIANCE. ail Dioranui. Pour bien jiigcr eel intorioiir, il faiidrait que Ir y])C(latoiir, jilace an contie de I'l'dillcc, pftt, do li\, proniciKT scs rPf^ards auldur de lui; c'est te que Ton fait au ISroratna. II n'eu csl pas de n.cme des \ue.s jiittorescpie.s, lorsque ie lieii est hien choisi. La, (e que IVtn voit est complet en sui , et ne lai>se pas le re{j;ict de ne connaitre (pie la partie d'uii tout. Ainsi, devantle tal)leau qui repiosentc le Saint-Got hard , uCi au pinceati de M. Dagterre, on regaidc avcc un plaisir qui n'est pas exempt d'une certaine emotion, ces deux haulcs iniu'ailles de rochers dont le sommet se pen! dans les nues, et ^•.lr le penchant de I'une de^quelles la niain de riiomme a tailie \in chcmin, Sepaiees I'tme de I'autre par un torrent qui coule au fond d'un precipice, et que I'ceil craint de mesurer, it scmhie que tout acces de I'un a I'autre cote soit impossible ; mais le genie dc I'bouuue se montre encore ici dans toute son audace, et un pout auquel on a donue le nom ^NECllOLOGIE. NliCROLOGIE. — Le coinmandeurDENiEUPORT. — Charles-Francoix le Pru- d' livmme li Wkiiji^y ^ vicomte deTSieiport, issu d'niie aiicienne ramille de Flandie, naqiiit u Paris, ou sa ramille avail ete aaienee par suite d'cvt-nemens poiiti(|nes, le i5 Janvier 17/46. L'etiide qui eut le plus d'attrait pour lui i'ut cclle dcs matlie- inaticpies. Ce penclianl le porta a dioisir I'arnie du genie ; il Tabandonna pour aller taire ses caravanes a Malte, et obtiul plus tard, dans I'ordre de Saint-Jean de Jerusalem, la eom- nianderie de Vaillanipont, pres de iSivelles. La revolutioit, en le depouillanl de sa fortune, lui rendit ses livres plus ('hers. Uevenu avec plus d'ardeur que jamais anx mathema- liques , il joiguit an litre de meinhre de rancienue Academic, londee a Bruxelles par Marie-Therese, celui decorrespondant de I'Inslilul de France. Le roi des Pays-Bas lui donna la croix du Lion de Belgique avec la clet'de chamhellan, et ses con- citoyens le deputerent aux Etats-Generaux. M. de Nieuport, que ses malheurs personnels a vaient un peu brouillo avec des idees politiques qui, pour etre sorties de nos commotions sociales, n'en sont pas moinsdestinees a en empecherle relour, etail cepeudanl plein de franchise dans ia defense de ce qu'il croyail la verite. Cetteverite, cepen(lant,il la cherchait par- tout, meme avec brusquerie, el s'il eut quelqucs torts scien- litiques, c'est d'avoir cru qu'elle n'existait elfectivement que dans les chift'res. Malgresa partialite pour ses occupations fa- vorites, il cultivait les letlres tout en les meprisant. C'est au meme age que Galon qu'il se mil a etndier le grec. Sa vieil- lesse etait niTde et belle, el il s'eteignit le 20 aout 1828, sans douleur et sans craiule. La lisle de ses ouvrages se trouve dans le IV vol. des Nouv. Mini, de I' Academie de Braxcllci. de Reiffunberg. — Bo^-INGTON. — Richard Pnr/;cs , ue le 25 oclol)re i8oi, au village d'Arnold, pri'sde INotlingliam, jeune artiste qui donnait les plus grandes esperanccs, monira, des son enfant e, un pen- chant decide pour les beaux-arts. On dit qu'a I'age de Irois ans, il esquissait deja lous les objets qui ven.iienl dapper son imagination; ;i sept ans ses dessins surprenaicnl par I'exac- lilude de I'imilation el la delicatesse de rexecution. Son pere, assez habile paysagiste, sui'veillait avec sollicilnde ses pre- miers essais. II I'emmena a Paris des qu'il enl alteiut sa quinzieme annee , et le jeune Boninglon, admis an Louvre, etudia avec ardeur les^oles ilalienne et flamandc, et fit de NECIIOLOGIK. 290 rapides progrcs; il s'attachait siirtout a itliacer ties sujets ilc Diarine, des scenes de matelots. Devenu I'el^ve dc M. Gros , il lit quelques dessins , dout I'lin representait im maiche de poissons, avec plusieurs groupes de figures, qui attirerent I'attention et furent aussitot aclietes. Ce fut a I'exposition dc 1826, dans la Galerie britannique, qu'il se fit connaitre pour la premiere fois en Angleterre; ses deux vues, prises sur les cotes de la mer, iurent remarquees ot mises au-dessus de tons les tableaux du nieme genre. Elles decelaient une connaissance de t'art de grouper, du coloris de Ja perspective et surtout des effets de la lumiere du soleil , ([ui aurait fait honneur a des maitres plus exerces. M. Bo- nington fit un voyage en Italic et en rapporta plusieurs ta- bleaux remarquables; I'un representait le palais ducal de Venise; I'autre, le grand canal avec I'eglise de la Vlerge du solut : ils furent exposes au Louvre il y a un an , puis a I'Aca- (Icmie royale de Londres, avec un portrait de Henri III de France, et une scene de rivage, dignes de grands eloges l)ien que d'un style different. Les productions du jeune artiste se trouvent aujourd'hui repandues dans les galeries particulieres du due de Bedford, du marquis de Lansdowne^ de M. Venwn^ etc. Son dernier tableau fut execute au niois de mai dernier : ce sont deux figures de femmes au milieu d'un paysage delicieux; la gra- vure de ce charmant ouvrage a paru dans V Anniversary, I'un des jolis almanachs anglais pour 1829. La reputation naissante de Bonington le fit charger de commandes nombreuses; I'exces du travail attaqua ses nerfs, et en moins de quatre mois une consomption rapide le con- duisit au tombcau. II fit le voyage de Paris a Londres, pour consulter M. St. -John Long qui prctendait avoir decouvert un nouveau mode de traitcment pour les affections de poi- trine et qui ne put le guerir. Le malheureux jeune hommc expira le 25 septembre, a la fleur de I'age et du talent. Les ar- tistes les plus distingues de la Grande-Bretagne , sir Thomas Lawrence, M. Howard, M. Rohson, et de nombreux amis ont accompagnc sa depouille mortelle a la cbapelle St. -Ja- mes, a Pentonville , on elle a ete dcposee. Lamst. — Frederic Schlegel , qui n'elait alle a Dresde que pour faire un cours de philosophic-pratique , qu'ilavait en effet com- mence avec un grand succes, vient de mourir danscette ville , d'uncoupd'apoplexie. le 12 Janvier, a I'age de 56 ans. II appar- lenaita unefaniille remarquablc par ses talens lilteraires; son pere, un des chefs durlerged'Hanovre, s'est fail une repntatiG« 5oo NECr.OLOGIF. par sps sermons ct par ses poesies ; .son oncle , mort on Daiic- marck, esl le jM-cini(;r poele Irag'ujiie qtiela lideraluie a'lle- iiiamlc ail vu nailre; eiifiii s'oii IVei'e , Ai!gii.-ilc-(iiiillaiiiue Sfhlogel, est asscz coniiu en FraiK c par son cours ilc liUei'a- tiire draniatiquc : Ics Alleniands Testiment sons beancoiip d'anlres rajiports. Ce qu'i! y a de reniarquable , c'esl qnc Ics deux licies, que Ton regarde en France comme dcs iliam- pionsontres du roniaiilisine, avaieut I'ait d'cxeelienles etudes ciassicjiies, et out depioye dans leurs ouvrages nne erudition ct un eiithousiasuie pour I'anliquile (pii lie s'aceoident guerc avec le gout exelusiP du roniantique qu'on leur altribue sur la foi de quelqnes feuilletons. Frederic Scldegel avait ele destine par ses parens an com- merce ; mais il sesentil si pen de penchant pour eel etat, qu'il abandonna le comptoir pour aller etudier a Ga'llingue. Apres s'ctre essaye dans quehpies recueils perioditpies , ct suitout dans le Lyccedcs beaux-arts, public a Berlin en 1 797, on ii donna plusieurs morccauxsur divei's auleursaneiens et niodei'iies, il debuta par nn ouvrage reniarquable intitule: Les Grecs diet Romaiiu, qui fut suivi d'un aulie, sur la Poesiedeces deux pea pies dcl'anticjuite: les productionsde lenriniagination ysontparl'ai- Icment caraclerisees ; on voit que rauleuravail i'ait une etude proi'ondedu genie poctique des terns anciens. Quiconque jugc ainsi rantiquitenierite le titrede classique ; mais il est vrai(|ue, dans cet ouvrage, on trouve nne discussion, pent-etre la pre- miere de ce genre , sur la difl'ei'cnce entie le genie c!assi(|ue des anciens et le genie romantique du moyen age. C'est de- puis Schlegel que cetle difference a ele I'rccpiemment le snjet des dei)ats lilleraires. Quant a cet auteur, il u'etait pas exclu- siC; il admirait le genie sous (juelque I'orme (ju'il se presentat dans la poesie des peuples. Mallieureusemenl Scliiegel n'a- vait pas la perseverance necessaire pourepuiser une matiere, ni poiu' acliever \in grand travail; presque lous ses ouvrages ?ont resles inconiplets: c'est ainsi s , qui flit joiiec a Berlin et a ^Veimar , mais qui n« put eontenter la foule du public. Ayant epouse la iiilc dii ce- lebre Mendelsohn, Israelite pliilosophe, il fit profession avec el!e, a Cologne, de la foi calholique, et vint ensuite a Paris, oil rauteur de cet artielc le eonnut en i8()4- Schlegel y fit a iin petit ccrcle un cours de philosopliie, s'adonna a I'etude des langnes orientales, surtout du sanscrit, pour leqiiel on avait alors pen de secours, fit des extraits et des imitations des aneiens poemes francais sur la chevalerie , et comnienea un ouvrage periodique sous le litre iVEurope, dont il ne pu- l)!ia pourtant que qiiatre cahiers. De retour en Alleuiagne, il fit paraitre un Alnianack poetiijue, ou Ton remarr^ue un nior- eeau sur I'archUccturc goihir/ue , et un poeme A^t Roland, di- vise en romances, a la maniere des poesies chevaleresques du moyen age. Son ouvrage sur la tongue et la sagesse des Indiens (1808) laissa heauconp a desirer sous le rapport plii- lologique ; mais il servit a attirer davantage I'attoution des savans sur le Sanscrit. Vonlant consulter i\ Vienne des materiaiix inedits sur Charles-Quint, heros d'un drame qu'il projetait , il fut gagne, a ce cpi'ii parait, dans ceite capitale, par des mi- ni.-tres qui jugerent qu'un ccrivain aussi distingue , et estime par les AUemands, pourrait etre un bon auxiliaire pom- sediiire ropiuion publiqne en lavenr de I'Autriche. On donna an poete le titre jtompcux de secretaire aidique impe- rial, on I'envoj^a au (jnartier-gencral de rariuee, et on hii fit conijioser des proclamations : singuliere occupation pour un homnie qui jusqu'alors avait vecu dans le monde cias- sique et romantique! Apresla gnerre, il fit a Vienne descours d'bistoire et de litterature; mais nn esprit lihre comme le sien devait se Irouver a I'etroit enlre la censure imperiale et le cierge. Quaiid la guerre recomnienca, le prince de Metter- nich tira de uouveau le panvre poete de son cabinet d'etudes, et lui imposa I'obligation de composer des pamphlets poH- tiques en fuveur de I'Autriche. Schlegel fit ce qu'il put : par reconnaissance la cour d'Antiicbe Taaoblit : c'est la coutume de celte cour de tii'er de la classe bourgeoise tons ceux cjui martpient par de grands talens, et de les placer dans la classe des nol)Ies, comuic si la bourgeoisie ne pouvait douner an- cune illustration. Devenu fonclionnaire autrichien et publi- ciste de la cour, Schlegel fut a pen pros perdu pour les lel- tres. Quand la cour de Vienne eiit alteint le but qn'eile s'etait propose par la guerre de 18 IJ et do J 81 4 5 t-'l'^^ n'eut plus rien 5o2 NtCUOLOr.IF. a dire a la nation; la mission de Schlcgcl se Irouva finie, el 11 dul rcntrer dans une sorlo d'ol)scurite, II s'esl encore livre aux Iravaux lilleraires depuisce lenis; mais sa plus belle epoquc clait passee , el il a pcu maiqiie de- puis lors sur Ic iheatie litteraire de rAUemagnc. Le cours de philosophic qu'il faisail a Dresde elait tcUenienl cmpreint de myslicisme , qu'il en devenait presque inintelligiblc; c'elail le langage d'unconverli exalle et illmnine. On altribue avec raison aux deux freres Schlegel une grande influence sur lours conlemporains ; tous deux out ramenc le gout public a Tctude du beau chez les anciens et les moderncs. Les oeuvres de Frederic Schlegel sont reslees a pen pres inconnues en France ; on pent les recommandcr aux poeles , surlout comme d'excellens sujets d'etude. D-c. TABLE DES ARTICLES CONTENDS . DANS LE CAHIER DE JANVIER 1829. I. MEMOJRES, NOTICES ET Ml^.LANGES. 1. Des consequences de la guerre dans le Levant. Pages J.-C.-L. de Sismoudi. 5 9,. Considerations sur la rc^forme commerciale en Angleterre et en France AdoLphe Blanqui. oi 5. De la situation de I'art dramatique en France © 45 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4- Memoires de la Societe des arts et des sciences de Batavia. Depplng. 05 5. CEuvres deMachiavel, traduitespar J.-V. Peries. M. Aveiiel. 8i (i. OEuvres du Chaucelier de LHospital ( second article ). Diipin atni. lofi 7. Histoire de I'Ecole polytechniquc , par A. Fourcy. Adolphe Gondinet. 128 8. Histoire de Michel Lambert J.-B.-S. i54 9. Poesies par A. Bignan Villenave. 162 III. BULLETllN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncesde 1 ig ouvrages franpais etetrangers. AmERIQUE SEPTENTRIONALE. EtatS-Ullis, 2 1 68 Ei;bope. — Grande-Bretagne , i4 170 — Riissie , 7 177 — y^Z/cmagne, 9 , dont 5 ouvragesp^riodiques 181 — Suisse ,3 , 1 90 — Italic, 1 1 . dout 1 ouvrage periodique 194 — Grece , 1 ouvrage periodique 200 — Pays-Bas , 8 . dont 1 ouvrage periodique il>id FiiANCE, (54, savoir : Sciences pliysiqucs et naturellcs , 16. . . . 207 — Sciences religicitses , morales, poUticjues et historifjucs , iG. . . 224 — Litti'raturc ,26 287 — Beaux-avis , 5 2()2 — Oui'fages pcriodiques , 2 265 — Livrcs rn langues ctrangercs. imprtmt'.i en France ,1 .... 267 5o4 TABLE DES AUTICLES. IV.NOUVELLESSCIENTIFIQUESETLITTERAIRES. Ameriqie. — Amcri(iuc scptcntrioiiiile. Etais-Unis. JVashinglon: Progri'S des fahriques dans Ics Ktats du Sud. — Louisiane : Opinion de M. Livingston sur rouvrairc de AI. Lucas; Progrts de la K'-gislalion criniincllu dans cot El at ^68 AsiE. — Inilt's-Orientnlcs : Slatistique ries nouvcUos provinces britanuiques dans I'inde au dola du Gange 271 EUROPE. Grande-Bretagne. — Kouvolle invention pour faciliter la navi- gatiou des bateaux a vapeur sur Ics cauaux. — Publications ]^i'oclialn(>« 273 Ri'ssiE. — ]Savia;ation iuterieure ; Jonction du Volga avec la Moskwa : Projet de jonction ontre le Volga et la Dvina occi- deutale. — Tiflis : iNouveau journal 270 Italic. — Florence: Direction des aerostats. — A (ce .■ Extrait dune leltre de Tun de nos collaborateurs. — Naples: No- minations acadeuiiqucs 275 EsPAG>'E. — jl/(/(ic(V/ ; Academie royale d'histoire 277 Pays-Bas. • — Bruxelles : Trcmblemens de terre ; Academie royale des sciences et belles-lettres 278 France. • — Amiens (Somnie) : Euseignonient uiuluel dans le d^partenient de la Sonime 980 Paris. — Institiit : Academie des sciences : Seances du 8 au 29 d^cembre 1828. — Sociele de geograpliie : Stance annuelle. — Cours de cepli.ilalogie. — Tht'atres. Theatre Franfais : i" repre- Sfutatiou (i'lsabclle de Buiicrc , tragedie. Theatre de I'Odeon: 1." I'epresentation de la Bossue , coniedie. — Beaux-Arts : Diorama : Medaille en riioiincur du docteur Gall 281 Aecrolocie. • — Lecommaudeur de Nieuport (Pays-Bas); Bo- iiington ( Angjetcrre ); Frederic ScLlcgel ( Alleuiagne). . . 298 AtIS AU XAMATEl'RS I)E LA LITTEBATt'fiE ETRA^GtRE. On peut s'adresser jk Paris, par I'entremise du Bubbao central db li Rbvcb EnctclopSdiquk , k M. SSdillot, pour se procurer les diver* ou- viages etrangers, anglais, aUetnands, italiens, russes , polonais , hollan- dais, etc., ainsi que les autres productions de la litterature 6trangcrc. ACX ACADEMIES KT AUX SOCIETKS SAVANTKS de tOUS IcS pays. Les Academies et les SociitSs savantes et d'utiutA pcblique , fran^aise* ct etrangeres , soat invitees k faire parvenir exact ement , francs de port, au Directeur de la Revue Eneyelopedique , les comptes rendus de leur» havaus et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la lievue puisse les faire connaitre le plus promptement possible ^ ses lecteurs. AdX KDITECRS d'oUYRAGES ET AtX tlBHAlEES. MM. les ^diteuis d'ouvrages periodiques , fran9ais et Strangers, qui desireraient echanger leurs recueiU avec le ndtre , peuvent compter sur le bon accueil que nous ferons i leurs propositions d'^change, et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et des autres ouvrages , nouvellement publics , qu'ils nous auront adresees. AtX EDITEUaS DES BECCEILS PERIODIQBES EN ANGtETEBRB. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics «n Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros k M, Rolandi , a Londres , n" 20 > Beraers-street , Oxford -street , qui leur transmettra , chaque mois, en tcharige, les cahiers de la Revue Eneyelopedique , pour laquelle on peut sussi souscrire chez lui , soit pour I'annee courante , soit pour se procursr Its collections des annees anterieures , de 1819 k 1828 inclusivement. AcX LIB&AIRES ET AUX EDITETJBS D'oTJVRAGES EN AttEHAGITE ET EN ITALIE. M. ZiBGKS, librairc a Leipzig, ct M. G. Piatti, libraire h Florence, soat charges de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages publies en Allemagne ct en Italic , que MM. les libraires , les editeurs ct les auleurs disircront faire annoncer dans la Revue Eneyelopedique, s LiBRAiBES cfiez lesguels on souscrit dans leg pats iTBAKCEi^. ^1 ft.'S m vfrv Ainsterdam , Delaehaux. Anvers, Ancellc. Arau (Suisse), Sauerlandor. Berlin , ScUiysinp;er. Berne, Clias ; — iJourgtlorfer. Drcslau , Ke\'gcl. Briixcllci , Oujardih - Sailly ; — Deuial ; — Brest van Keuipen ; Horgnies-Kenie. Floienee, Piatti.. — VieusMui. Franc fort ~sur - Mein, Jugcl'; — Scbaefl'er ; — Hraiincr. Cund, VanrfenkerckoTen fllii. Geneve, CherbulHJt; — Barbezirt et Uularue. La Ilayc, l«s frcres Langenliii^sen, Lausanne, Fischor. Leipzig, Gi'KshamwcTi—G.Zirgcs. Licfie, Dcsocr. — Colaidiij, Lisbonne, Paul Martin. Londres, P. Holaiuli. — DulaH et Qk j _ Trel)« ) , Ceroid ; — SchaumboiU-y i — $chalbaclMir< COLONIES. Guadeloupe (Pointe-h-Pitre), Piolef aine. I le-de-Franee (Port-Louis) , E. Buixlet, Martinique, Thonoens, Gaujouz. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BUREAO OB SliDAOTlOX, HUB D'ExFEtt-SAIHT-MlCBBt , H" l8, OU doivCnt 6tre envoyes, francs de port, les livres , dessins ct gravures, dont on desire rannonce, et les Lettres , Memoires, Notiees ou Extraits des- tines k etre insures dans ce Recueil. A LA Galksip. de Bossajgb peic, lue Richelieu, n" Go; Chbz Theittbl et WcHTa, rue dc Bourbon , n» 1 7 ; Rby «t GaiviER, quai dcs Augastin*, a" ^i\ Charles Beciiet, libraire-caimxn", quai des Augustins, n'Sj; J, Rrnoia«d, rue de Tmirnon , n» 6; RoRRT, rue HautefeuiJle, n" ji; A. Babdouin, rue de Vaugirard, n° 17; Delackay, PKLictEa, PuMTHiEt;, fcA Tbate ,'Cabij(HT Littbraibe, au Palais-Royal. A LOJJDRES. — F0BEIC5 Libbvbt, ao Berncrs-strcct, Oxford-street; TaKi-rr«t, bi Wubtz; Bo9»A^cg; Dulad et C". Nota. Les ouTrages annonca's dans la Revue sc trouvent ausji clicz Scdillot, rtic d'Eufur, n» 18. Tome I. — 1829. S" LIVRAISON. . REVUE l| ENCYCLOPEDIQtJK; OtJ ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIOiNS LES PLUS REMARQUABLES DAKS L\ LITTiRATURE, LES SCIENCES ET iES AfiTS. i» Pour les .Scienee.i plt^^-^iqiies ei mathemaliqiies et les Arts induslricis : MM. Cu. Dti'ia, OiRAiiu,"NAViBiH|Roe,'«iG, de Liege, etc.; Dipin aine; Bebvii.le, BoucHKMi-LiFEB, Ch. Rknoiiabd , Taillahdieh , avocats , etc, 5" Po.ur la LilUraluTC francaise el ilrangire, la Bibliographic, VJrcheo- logiee.t les r>cCH1NA.S, ScB."(iT?.LER, LbOX ThiESSIS , P. F.TlSSOT, VlGUlEB, V'lLLE.VAVt., flC. A PARIS, AV IURE.W CENTR.'iL HE LA REVLF, EKCYCLOPEDIQrE , Chu2 SliDILLOT, unniiRE. bie ue>fer-saim-mich'el, k" iR ; Etchez ARTHUSBERTRAND, rve hautefeuillb , n» 23. FI?;VRTER 1S29. ifm. M&i is3 lUFUMKBIii SK PliiSSiVN ex Ci«, ItCE DS ViUGmAKO, K' iS. Depuis le mois de janvler 1819, it parait, par ann6e, duuze caliicrs dc «-e Recueil ; chaque cahiei-, pub lie le 3o du mois , se compose d'cnviryn i4 feuilles d'impression , et plus souvent dc i5 ou 16. On souscrit i Paris , chez SIilDILLOT, an Bureau central d'abotmement et d'cxpedition indique sur le litre , et clit!Z les librairws ci-apres : ARTHUS BERTRAND, rue Ilautefeuille , n" 23 ; A L* Galbbie db Bossangb pere , rue Richelieu , n« 60 ; 3. Rbnodabd, rue de Tournon , n° 6. Prix de la Souscriptton. ^ Pads 4'' I"'- potu' uii an; 2G iV. pour six woii*. Dans les d^partemens. 53 00 A I'etranger 60 3.4 lin Angleterre 75 4* Le montant de la souscriplioii , envoye par la poste, doit etre adicssr d'avance, FRANC de pobt, ainsi que la correspondance , au DirectQur d» la Revue Encyctopediq lie, rue d'Enfer-Sa'mt-Michel , n" i8. Cest i la mem© adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures •ju'cn voudra fairc aunoncer, ainsi que les articles dont on deslrera l'in« jeilion. On peut aussi souscrire cliez les Diiecleurs des postes et chez les prin- cipaux Libraires, i> Paris, dans les deparlemens et dans les pays elrangers, Trois cahicrs ou livraisons forment ijn volume. Chaque volume est ter- »i;inc par une Table des maiiercs alphabctique et analytique , qui eclaircit el facilite les rccherches. Cette Table est tonjours jointe au i«' cahicr du volume suivant, i I'eiception de la dcrniere Table de I'ann^e, qui est expedite isolement a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seuleraent k parlir de deux 6poques, du 1" Janvier ou dit y"' juillet de chaque ann6e, pour six mois, ou pour un an. On trouve , au boheau centbal, les collections des annecs 1819, 182a , iSjii, 1822, 1823, 1824 et iSzD , au prix de 5o francs chacune. Chaque ann6e de la Revue Encyclopedique est ind6pendante des annees ^ui precedent, et forme une sorte d'Annuaire scientiftqueet titlerairc, 4 forls volumes in-8*, pour k p6riodc de teins inscdtc siir le Ktre, REVUE ENCYGLOPEDIQUE. OB ANALYSES ET ANINONCES RAISONINEES »KS mODCCTlOKS LES PLUS EEMABQrABLES DANS LA LITT^RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. vvv^^^v\x■v\^rviv^lVv^l\J\lVv^^r^AA»\lvvv\x•v\^l^^*vv»lVVV^lVwvv^lVv^l\l^ I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DES ARTS QCl S OCCrPENT DE L EDUCATION DE NOS FACOLTES INTELLECTCELLES (l). Quelle est la force secrete qui nous rend capables de sen- Ur, de percevoir, de comparer, de juger, de raisonner, de nous souvenir? Comment ces fonctions immaterielles peu- vent-elles s'accomplir par I'intermediaire d'organes materiels? Cesorganes agisseut-ils par cux-memes, ou cedent-ils a I'im- pulsion d'une force particuliere et distincte d'eux? Faut-jl dire avec certains physiologistes que le cerveau peiise, comme (i) Le morceau qu'on va Hre est extrait d'un ouvrage in^dlt de M. Dc- NOYEB, dont nous avons donn^ deji des fiagmens i nos lecteurs. (Voy. Rev. Enc,, juin 1828, p. 58oet suiv. , le Memoire intitule : Des arts qui ont four objet la culture et le perfectionnement de notre nature physique.) N. dii R. T. XII. FEVRIER l8ag. 30 3oG DE L'liDU CATION ils disent que Tesloniac digere, parcc que telle est laloi de son organisation, parce que tela est dans sa nature; on bien, avec les psycologistcs, faut-il admettre que, par enx-niemcs, les organes e ncephaliques sont destitues de toutc force, ot qu'il cxistc, sous le nom d^esprit, tTdmc, un ctre d'uiie nature particuliere dont ils ne sont que les iiistrumens? Voila un problenic que tons nos moj^eus naturels d'investigation ne nous oirrent aucnn nioycn de rt-soudre , niais dont , hcureu- sement, nous n'avons ici aucun besoin de douncr la solu- tion. Quoi qu'il en suit , en effct , de I'hypolhese des materia- listes, on de celle des spirilualistcs ; que le systeme nerveux execute ses fonctions en vertu d'une force qui lui est proprc, ou bien qu'il soit I'instrument passif d'un agent imniateriel dont il recoit I'impulsion; toujours est-il qu'il nous est abso- lument impossible de sentir sans le sccours des nerfs; que notre intelligence ne fait aucune operation que par rinternie- diaire de rcncephale ; qu'clle parait se proportionner, dans tons les individus, an plus ou moins de perfection de cet ap- pareil; qu'elle se doveloppe avec lui; qu'elle se derange quand il s'alt^re ; qu'elle s'alfaiblit quand il se degrade ; que tout ce qui influesur lecerveauagit sur I'intelligence; que tout ce qui le trouble la trouble; qu'elle somineille quand il dort; qu'elle deraisonne quand il est ivre; qu'elle cesse subitemenl d'ai^ir lorsqu'en le comprimant on neutralise son action; qu'elle se ranime et renait situt que la compression cesse; cufin, qu'elle depend de lui poiu- toutes ses manifestations , pour lous ses actes, et qu'elle le suit invariablcnient dans toutes ses variations. Le seul moyen que nous ayons de perfeclionner I'inlelli- gence, c'estdonc d'agir sur les inslrumens par I'intermediaire dcsquels riulelligence s'exerce; et c'est proprement a cela que sc consacrent les hautes industries dont I'intelligence est I'objet; c'est en cek que leur nature consiste. EUes different ine connaissance que I'un des instnimens au moyen (Icsqucls toulcs k'S connaissances s'acquieieut , et il est clair qu'on n'atquierl pas les connaissances, taut qu'on ne fail que se nietlrc en possession de rinstrument. Conihien done n'esl pas deraisonnal)Ie un systeme d'in- struction qui consacre les dix-huit ou\ingt picuiieics annccs de la courle durce de la vie humainc, beaucoup plus de terns (pie le coniniun des liommes n'cn pent accorder a I'educa- lion de son esprit, beaucoup plus meuie qu'il n'en iaudrait, dans un meilleur systeme , pour se preparer aux professions les plus elevees, uniquement a apprendre deux langues, et precisemeut a apprendre celles qu'il importe le moins de sa- voir, celles que les erudits de profession ont seuls interet a connaitre; deux langues qu'on ne parle plus, dans lesquelles il ya moins a lire que dans plusicurs de celles qu'on parle, et dont tous les bons ouvrages ont ete traduits dans les lan- gues que nousparlons; deux langues qu'on apprend d'ailleurs assez mal, que presque tout le monde oublie apres les avoir apprises, et dont I'etude rebutante et interminable n'a sou- vent d'autre resullat que de faire prendre en aversion toute espece de travail intelleotuel ! Quelle extravagance n'est-ce point de donner a I'ctude de cos langues une importance aussi follemcnt exagrree; d'en faiie, sinon I'objet unique, du moins I'objet Ic plus i'oudaniental et le plus considerable de I'educa- lion ; de vouloir non-seuleincnt qu'on entende le lalin, inais qu'on soil en elat cle le parler, de I'ecrire, de I'eciire en vers aussi-bien qu'en prose! Quoi de plus inconsequent que de prepa- rer les hommcs aux professions les phis diverses par un seul genre de travail, et par un travail qui n'a de rapportavec au- cune de .ces professiuns ! !Sous avons dans I'lndr. observe un DE NOS FACULTIES INTELLECTIELLES. 3i5 ccrivain anglais, cent millc rle nos conipatiiotc? qui s'claient pri'paics a ce v(\yage en Caisant des vers barl)ar(s sin- Apol- Inn, Mars, Mcicure , ct qui du leste n'avaienl appris ancune des langues que parlcnt les cent millions d'indi\ idus sur les- quels s'cxerce leur domination (j). Nous pourrions dire de meme que nous arons dans nos champs, dans nos ateliers, dans nos comptoirs, dans nos etudes, dans nos laboratoires, desmilliers d'indiviJus qui sc sont prepares a la pratique dc I'agTiculture , de la fabrication, du commerce et d'une mul- titude d'autres prol'essions, en employant leur jeunesse a laire des versions et des themes, ou a enfiier dans un certain ordre des dactyles et des spondees. Des excrcices litteraires en grec et en latin ne sont une preparation convenal)le a aucune sorte d'industrie, peul-r'tre pas meme aux industries litteraires. Je n'examine point si la connaissance des lilteratures de I'antiquite a ete favorable ou eontraire aux lilteratures modernes. C'est une question sur laquclle il pent y avoir beaucoup a dire et a contester. Mais ce qui parait incontestable, c'est que nous n'apprenons pas a ecrire uotre langue en faisant des vers latins ou des themes grecs. Ce qui est egalcment incontestable, c'est que les longues annees que nous passons a nous occuper de grammaire, de syntaxc,de discours, de vers, de formes de style et de figures de rhctoiique , sont des annees perdues pour I'etude pratique des arts, conime pour I'acquisition des connaissances de toute espece que leur exercice reclame, et qu'en sortant a vingt ans du college nous ne sommcs encore bons a rien , si ce n'est peut-etre a faire de la litterature pure, c'est-a-dire, de la litte- rature sans idees. II arrive ainsi qu'il n'y a pas le moindre rapport entre ce que nous apprenons etant enfans et ce qu'il nous faudra faire etant hommes, entre les eludes de I'adolescence et les pro- fessions de I'agc Airil. Nous sommes destines aux professions (i) Adxrzdai's \i\j' li\ialsciii dcla/'fifa Z)n7i.'?»i(Vyi(c, I'ai Ikkdt-ja cilf. 3iG DE L'EDUCATIOIS les plus iliverses., et I'oducalion coiiimuno ne tend ;\ I'aiie de noiis que des lettrts; et encore des lettr^s dans des litlcra- turesmortes depuis qiiinze on vingt siecles, et qui out ahso- lunient cesse d'etre I'expression de la societe ; de sortc que cette education toutc litteraire n'est pas menie propre k for- mer des litterateurs , je veux dire des hommes habiles a rendre par la parole ecritc les idees et les impressions de leur terns. Ainsi les facultes dont nous aurions le plus grand besoin, nous les laissons incultes; nous en doAcloppons d'autrcs dont nous ne pourrons tirer aucuu parti; nous I'aisons si Lien que notrc education intellectuelle, au lieu de nous preparer a la pratique de la profession que nous exercerous un jour, ne tend qu'a nous en distraire, qu'a nous rendre moins capablcs dc I'exercer, et que nous nous affaiblissonsprecisement par Ic moyen qui devrait le plus contribuer a I'accroissement de notre force. Mais il fautse garder de jugerpar ce que fait I'education des esprits de ce qu'elle pourrait faire. Si le systenie d'iustructioii en vigueur est loin d'etre le plus propre a former les intel- ligences, il n'est pas douteux qu'un systcmc mieux enlendu ne pdt mieux developper leurs forces en general, et les dc- \e!cpper en particulier dans unc direction plus conforme aux bcsoins de la societe actuelle. II ne faut sQrement pas tout blanier dans le sjsteme recu. Je convicns que, dans le nombre des choses qu'on fait appren- dre aux enfans, aux adolescens, il en est dontrutilile n'est pas douteuse. Je regarde nommenient comnie indispensable tout cequi a pourobjetde les familiariseravec la connaissance pra- tique du langage,avec I'art usuel de la parole, avecl'habitude de parler , d'ecrire , et meme de rendre par ecrit leur pensee. Les langues ne sontpasseulementdesmoyens de communica- tion, mais encore des moyens d'acquerir des idees; elles sont des instrumens indispensables pour la formation de Tintelli- gence. II n'est pas plus possible de penser sans le secours des mots, que de calculer sans le secours des chilTres. Tant que noi^ idees ne sent paj revctuej des formes du langage , elles DE NOS FACULTES INTELLECTUELLES Si; sont confuses et fugitives. Nous avons bcsoin de les rediger pour nous en saisir, pour nous en rendre maitres. Plus nous somnies rompus a ce travail , plus nous avons I'habitude de forniuler, de rendre par ccrit nos idecs acquises , et plus il nous est aiso d'acquerir de nouvelles idees. II n'est done pas doufeuxqu'un des besoins les plus fon- damentaux de I'education de I'esprit ne soil de nous former a I'usage ecrit et parle de la parole. Mais, par cela meme que nous avons besoin du langage pour penser, il est clair d'abord que la langue qu'il faudrait surtout nous apprendre, c'est celle dans laquelle nous pen- sons, celle dont nous faisons babituellement usage, et non deslanguesdont nous n'aurons jamais occasion de nous servir. Par cela meme que le langage ne nous sert a acquerir de nouvelles idees qu'cn exprimant les idees acquises, il est clair que r^tude de la langue ne devrait pas devancer I'acquisition des idees, mais la suivre, ou mieux encore I'acconipagner. La bonne marche serait de s'instruire, et, a mesure qu'on acquerrait des idees, de s'exercer empiriquement a les expri- mer, de les rendre plus sures, plus precises, plus disponibles en les formulant, et par la de se donner le moyen d'etendre encore ses connaissances. On concoit a peine la possibilite dc separer I'etude des choses de celle des signes destines a les exprimer. II est particulierement absurde de vouloir com- mencer par I'etude des signes. L'essentiel est d'etudier les choses, toujours les choses, et de ne se servir du langage que pour faciliter ce travail, de s'exercer a I'emploi des mots en apprenant les idees. Ce n'est qu'en nous familiarisant avec les choses, en les observant attentivement en elles- memes et dans leur action , en regardant bien ce qu'elles sont et les lois qu'elles suivent, que nous pouvons nous preparer d'une maniere convenable aux arts que nous sommes desti- nes a pratiquer. Tout art n'est que I'application a un certain travail d'un certain ensemble de connaissances. Pour etre en elat de I'exer- cer , la premiere chose dont nous avons besoin , c'est de nous 5i8 DE L'EDIJCATION former a cc travail ; la sccoiulo, iracqiiorir ces connaissances. Do (iiiell(3 puissance d'action iic scrait pas cloiio un pciiplc clicz (pii les homines, au lieu d'ciuplojcr sans fruit tout lour jeune age a des etudes sans utilite , se mettraicnl de bonne heure a voir fairc ct a faire eux-memes la those pour la- quelle ils sc sentiraient le plus d'attrait; ou a ces cxercices pratiques se joindraient bientot des etudes dc theorie, pro- pres ales eclairer et a les rendre plus I'aciles; oi'i on leur en- seigncrait les elemens des sciences ([ui se rattachcraient Ic plus directcmeut li la pratiqvie de leur art; oi'i on les exerce- rait surtout a I'aire a leur travail d'uliles apjdications de ces connaissances; oCi Ton aurait soin de les former en menic terns aiix habitudes morales que reclamerait Fexercice de leur profession; oi"i , finalement et aprcs les avoir instruits de tout ce qui pourrait en rendre la pratique plus facile et plus fruc- tueuse, on leur montrerait la place qu'elle occupe dans la societe,les autres travaux auxquels elle se lie, la maniere dont tons les travaux s'cnchainent, et les conditions generales de leur commune prosperite ! Malheurcusement, il s'en fautqueleschoses soicntarrangees dans la societe pour preparer ainsi les hommcs aux allaires dc la vie , pour developper leur intelligence dans Ic sens des fonctions qu'ils auront a remplir ou des travaux qu'ils auronl a faire. La societe n'ayant pas encore un caractere nettement determine, et n'elant point organisee dans I'interet des pro- fessions utiles, il est diiricile que I'education soit bien appro- priee a ces professions. Mais, plus I'avenir de la societe se de- couvrira a elle, plus elle conqirendra sa vraie vocation, plus cllc verra que sa destinee est de prosperer par unc pratique forte et savantc de tons les arts paisibles, et plus elle sentira le besoin de donner a ccux qui out pour objet special la cul- ture de I'entendement une direction mieux accommodee aux besoins de tons les autres, plus elle sentira qu'une education .«i hoinmcs. En mfme terns qu'ellc polil Icurs mocurs, ollc Ics adoucil. lis vivaicnt d'abord sous I'empire de I'imaginalion et des pas- sions ardonles : I'etiide a graducllement tcnipcTc cello cha- leur de sang; clle a dissipc Ics illusions, rel'ioidi I'enthou- siasme, eteint Ic fanatismc, et mis fin, par ccla seul , a une multitude de dcsordres hidcnx ct de crimes plus atroces le» uns ([uc Ics autrcs. Quand la culture paliente de I'cntendc- ment n'aurait fait autre chose qu'amortir cette chaleur acic de I'iniagination ct dcs passions (jui Ics rcndit pendant long- tcms si destructives, on pourrait dire qu'elle a puissannucnl contribue a la civilisation et an salut dn genre humain. On voit done qne les industries qui s'occupent de I'cduca- tion de rintelligencc, deja ires importantos, en ce sens qu'ellcs developpent nn ordre de moyens indispensable a rexercice de tons les arts , le sont encore sous ce rapport que Ics moyens qu'ellcs crccnt sont par eux-memes dcs produils infinimcnt prccieux, des produits destines a satisiaire I'nn dcs besoins les plus impericnx de notre natnre, et qui sont ponr nous une sonrce incpuisable d'avanlages ct de plaisirs. Mais, comment ces nobles industries deviennent-elles pnis- santes, et quelle application y a-t-il i faire ici des principes gencranx qne nous n'avons cesse de presenter, dans le cours de cet ouvrage , comme la source de toute force et de toutc liberte? Quel role peuvent joner, dans les arts qui s'occupent de I'educafion de I'esprit, Ic genie den affaires, la connaissance pratique da viriicr , tcs nolions ihcoriqucs , Ics talens d'applica- iion ct d'exccuiion, le capital, Ics machines, la separation dcs occupations , Ics bonnes luibitiides personnellcs et sociales? C'esl ce qu'il me reste c\ chercher (i) — (i) Dans rimjmissance de rapportci' loulc la portion de ro iliapitip, oil I'aiiteiirlraitp de Tcmploi qu'il \ a it faire ici dc ces divers moyens d'ac- tion , nous nous bornons Ji en exliaire te qii'il dit du genie dcs (ipiiiie.f el dcs mnthiMes. N. du R. DE NOS FACULTl^.S INTELLECTL'ELLES. ^J'^S Je prie qu'on ne s'etoo»e point si je considtre id le t.ileut ties affaires , c'est-a-dire le talent de jiigcr ce qu'il convient il'cntreprcndre et de coiidiiire scs ciitreprises avec haljjlete , couinie le prcmiei- elenieiit de puissance. II ne sufTit point de se proposer un Ijut louahle , de songer a propager de bonnes idees; il faut encore pouvoir se promettre que ces idees trou- yeront des esprits disposes ;\ les recevoir, qu'il y aura des consomniateurs du produit intellectuel qu'on se propose d« repandre. Avant de fonder une ecole , avant d'entreprendre un journal, avant de pul)lier un ouvrage quelconque, il y a toujours a se demander si I'aclion qu'on veut excrcer sur lo» intelligences repond a un besoin senti, et lorscju'on a la preuve que ce besoin existe , s'il n'est pas deja satisl'ait, on si I'on a les moyens de le mieuxsatisfaire. Alors meme qu'on ne compterait son intcret pour rien, qu'on n'aurait d'autre but que d'etre utile, il faut reussir; il faut faire une ecols oi'i Ton vienne, un journal qui ait des abonnes, un ouvrage que le public veuille lire, et pour cela il faut entrer dans le» gouts du public. Je ne dis sQrement pas qu'il faut prendre conseil de se» erreurs et speculer sur les travers de son intelligence : quand on ne serait pas porte par bouaeur a ne repandre qu'une in- struction saine, on devrait I'etre encore dans riuteret bien enteudu de son art; inais je dis que, pour trouvcr le debit d'une telle instruction, il faut I'assortir avec soin au goQt du public a qui on en fait rofire ; je dis que, pour conduire ce public a des idees meilleures, il faut partir des bonnes idees qu'il a, et que rinstitutcur qui sait s'accommoder ;\ I'etat de son intelligence, et cviter egalement de la heurter et de la trop depasser, est ;\ la fois celui qui la sert le mieux et celui qui fait les meilleures affaires. Je concois fort bien qu'uu homme qui est tres en avant des idees conuuunes n'ait pas toujours la patience d'attendre, pour publier ses decouvertcs , que le grand nombre soit en etat d'en profiler; mais, par cela menie qu'il nn travaille pa» 3^4 DE L'EDICATION polar Ic grand iioiiibrc, il nc pcut laisouiuiljlenicut cspcrcr ([uc le grand nombrc rccliorclie scs ecrils, et il doit neccs- sah'cmcnt sc conlcnter dcs suffrages des csprils cullivcs ct dcs intelligences d'elitc a qui s'adresscnl plus parliculiercmcut ses productions. Aussi, tout en rcconnaissant qu'un inslitu- tcur, un ecrivain, un journaliste, meme a nc considerer que I'inleret de leur industrie, doiveut travaillcr de toutcs Icurs forces a peri'ectionner la ralson du public j a etendre, a agran- dir son intelligence, il faut se bien penetrcr de cetle idee, que celui qui vcut repandre unc certaine instruction , conimc cclui qui sc propose de nietlrc dans la circulation un autre produit quelconquc, doit avant tout avoir egard aux besoins eprouves, el prendre en consideration I'etat de la demande, II n'est pas moins essenliel qu'il connaisse I'etat de I'offre , c'est-a-dirc, la nature etl'etendue des moyens employes a sa- tisfaire le besoin d'instruction existant. Quel est le nombre des elablissemens deja consacres a la propagation des idces qu'il s'agit de repandre? Quels sont leurs precedes ? Quelle est leiu- dcpcnse? Le service qu'ils font peut-il Gtre mieux fait on ainoins de frais?yoila dcs questions qu'il faut d'aliord resoudre. Cost un comple prcliminairc a dresser. II serait insense de rien entrcprendrc avant d'avoir reuni les elemens de ce compte, de les avoir attentivement examines, et do s'etre assure, autant que possible, qu'il y a, en effet, quelquo chose d'utile a tenter, et qu'on nc va pas gaspiller son tems, ses capitaux, son intelligence, sans fruit pour le public et avcc grand donmiage pour les gens ;\ qui on va faire concurrence, et surtout pour soi. Enfiu, a cette capacitc de juger ainsi , par anticipation, de la bonte de I'entreprise qu'on se propose de faire, il est igalement indispensal)le de joindre le talent de la bienadnii- nistrer. Un journal, une librairie, unc ecolc, sont des entre- prises industrielles qui ont un besoin tout aussi grand d'etre bien conduitcs que tout autre genre d'etablisscment indus— liicl. • DE NOS FACULTIES ITsTELLECTLELLBS. 325 11 fiiut done ici, avant lout, Ics divers talens qui constituent rhomme d'affaires, c'cst-il-dire, Ics talens de spcculcr, de compter, d'administrer , ct plus nn ecrivain, nn libraire, un instituteur, ont la passion d'etre utiles, plus il importe, pour celameme, qu'ils sachentcc qui pent renssir, quel genre d'en- seigncment pent etre rcou , quel ordre d'idees raisonnablcs on peut essaycr de rcpandre , et par quels moyens le succes d'une telle entreprise sera le mieux assure. II n'y a, en aucun genre, de bien a atfendre d'un etablissemcnt mal conru et mal conduit, et Ton sert toujours mal les interOts du public , lorsqu'on mine ses propres allfAires. Ainsi le talent des affaires a sa place marquee a la lute dcs industries qui agissent sur rintelligcnce comme a la tetc des aulres industries. II est, dans ces arts comme dans tous, la condition du succes la plus fondamentale. . . . Les arts qui s'occupent de I'educatjon de I'csprit sont, conmie tous, merveilleusement sccondcs par riatcrvention des machines. Sans le secours des machines, il est une multitude de phe- nomenes qui se deroberaicnt a toute espece d'investigation , et qui resteraient eterncllernent liors de la sphere de I'intelli- gcnce, parce qu'ils sont places hors de la portee des sens. Les uns nous echappent par leur extreme petitesse , d'autres par leur cxcessif eloignemcnt, d'autres par I'obscurite qui les en- vironne, d'autres par la diiriculte de les degagcr des objct? qui frappent notre vuc. Comment raisonner sur la pcsanteur et la tenqierature de ratmosphere, sans le secours du baro- meti-e et du thermomfetre ? Comment traiter de I'electricite , sans le secours de la machine electrique ? Quels progwes le microscope n'a-t-il pas fait faire a I'histoire naturelle, et le telescope i I'astronomie ! Combien de decouvertes ne doit-on pas k la machine pneumalique, a la pile de Volta, et a cent autres especes d'instrumens qu'emploient les sciences phj'^si- ques! A I'aide de ces instrumcns , un monde nouveau s'est revele a nous; des milliers de veritcs cachees sont devenuas 5.it) BE L'JfiDLiCATION ostensibles; et les arts charges de rcclucatiua de riulelligeuce ont pu lui dormer des fajons nombrenses ct iiuportaiitcs qvi'elle n'eTit jamais reyucs sans ce sccours. Non-seulement I'esprit humaiu abesoin de machines pour sc former, pour acquerir des idees; mais il en a besoin pour Iransmottre ses connaissanccs, ot Icsarlsdont jem'occupe sont d'autant plus puissans et plus libres qu'ils sont munis pour cela d'instrumcns plus perl'cctionncs. Les premiers de ces inslrumens, ce sont les langucs. Plus les langues ont fait de progres , et plus il est facile aux esprits cultivcs de commu- niquer leur savoir a d'autres. Le langage articule est un meilleur instrument que le Ian- gage par signes : on est done plus Ii])re d'expiimer sa pcnsec et de I'imprimer dans I'intelligence d'autrui par la parole que par des gestes. La parole ecrite est un instrun:;;nt plus puis- sant que la parole articulee : on est done plus lil)re d'agir sur I'esprit de scs semblables, lorsqu'on salt figurer la parole aux yeux, que lorsqu'on sait I'articuler seulement. La presse est un instrument deux ou trois cents fois plus puissant que la plume : on est done deux ou trois cents fois plus libre d'entrer en relation d'idees avec les autres hommes , lorsqu'on pent i*epandre ses idees par I'impression , que lorsqu'on ne pent les publier que par Tecriture. llya ensuitedes degres infinisdansla puissance de la presse ct de ses modes de publication. Les ecrils periodiques sont un instrument de publication plus puissant que les livres isoles. Les publications quotidiennes sont un instrument plus puissant que les ecrits periodiques. Les journaux eux-memes sont un instrument plus ou moins puissant, selon qu'ils sont formes sur im systeme plus ou moins bien concu, selon qu'ils sont de de nature a meltre en rapport un nombre de professions plus ou moins considerable, selon qu'ils sont plus ou moins rapi- dement inqirimes, selon qu'ils sont plus ou moins prompte- ment repandus. On tie pent nier, par cxemple, que ces divers moyens ne soient euiploycs en Angletcrre de maniere a en tircr plus de DE >'0S FACULTi'S i:STAKCES ACTl'ELLES POUR EN PURGER LA MeDITERRANEE. Les amis des Grecs ne sont point sans de 'vives alarmes sur la destinee de ce peuple dout tout le monde chretien admire le courage et deplore les trop longues calamites. On dit que les traites en sa i'aveur ne comprendront qu'unc partie de la Grece ; que les troupes francaises evacueront la Moree avant que Ton ait eu le terns d'y organiser une force nationale et de donner au gouvernement de ce pays assez dc consistance et de vigueur. Ainsi des provinces et des iles qui out supporte tant dc miseres et verse taut de sang, dans I'es- poir de se soustraire a la servitude, seraient renducs a leurs mailres, c'est-a-dire, livrees a leurs bourreaux. Celles memes qui auraient oblenu leur iudepcndance ne jouiraieul point avec securite d'un bien si cherement acquis. Ne desesperons pourtant pas encore : il est impossible que les princes Chre- tiens pcrdenl de vuc les promcsses solennelles qu'ils out faite? a Tcltc malhcureuse population ; proniesscs que I'his- SUR LES PIRATEillES DES BARBARESQUES. 529 loiie s'est empressce d'enrcgistrer: ils scntiront ce qu'ils doi- vent k leur piopre dignite , u la reconnaissance de I'Europe envers cette Grece dont elle a recu Ics premiers bienfaits de la civilisation. 11 ne pent pins Ctrc question anjonrd'hui que des limites assignees par la politique anx parties de I'an- cienne Gri;ce dont raflVanchisscment sera garanti , et de la forme du gouvernement qu'on voudra leur iniposer. J'ai dejii fait sur cet important sujct quelques observations que la Revue Encyclopalique a publiees ( voy. Tom. xxxix, 1828, pag. 5io ) : Ics dernicrs evencmens ajoutent un nouveau poids a ces reflexions et plus d'interet a leur objet. Nous avons done la certitude que la voix imperieuse de la politique n'etouffera pas tout-a-fait les timides reclama- tions de I'humanite. Mais lorsquc les souverains de I'Europe auront accompli ce premier devoir, qu'ils jettent les yeux sur la rive africaine de laMediterranee oCi la piraterie a fonde des itats , constitue des puissances reconnues ; d'oii elle dicte des lois , impose des tributs u tons les peuples Chre- tiens , et perpetue , au milieu de la civilisation modernc, les usages cruels des terns et des peuples les plus barbares. On s'etonne que tant de violence et d'audace , tant d'atten- tats contre les droits des nations aient pu durer jusqu'i'i pre- sent ; on s'etonnerait encore plus si les grandes puissances, uuies anjonrd'hui pour la plus belle cause , se separaient avant d'avoir satisfait a une autre obligation que leur impo- scnt ;\ la fois les interets de leurs sujets et I'honneur de leur couronne. L'Europe tout entiere leur demande qu'il soit enfln permis de naviguer en sQrcte dans la Mediterranee ; que les repaircs du brigandage soient detruits , ou occupes par des peuples amis de la paix, de I'industrie et du commerce : elle expose les immenscs avantagcs, la gioire sans tache, les be- nedictions des peuples qui deviendraient le prixde cette nol)le cntrcprise. II u'y a pas pins de soixante-dix ans qu'un ecrivain a ja- mais cidebre s'indignait que les princes chretiens ne fiisscnt 53o SUR LES PIP.ATERIES occupos qu'a sc nuire Ics uns aux autres , qu'ils se fisscnt, sous Ic plus Icgcr prctexte , dcs guerres sanglaiitcs ct pro- longccs , au lieu d'envoycr Icins vaisscaux et lours armoes contre ces pirates, Icdrs eniiemis cominuiis. Quo ilirait done lo philosoi)lie do Forney s'il rcparaissait aujourd'hui parnii nous? Dcpuis le toms oil il ecrivit son Essai sur les mceurs et I'esprit dcs nations, los petits Ltats do ^'Europe ont-ils cossc do payer aux Barliarosqucs Ic plus avilissant tribut ? ct los plus grandcs puissances navales des tems passes et prosens ont-ellcs pu obtonir que ces forbans n'insultent point leur pavillou? Pour bicn connaitre la nature dos gouvorneniens otablis surla cote d'Alriquo, cnlre Alexandrie et Tanger, il faut ro- montcr jusqu'a lour Oiigiue , ct parcourir au nioins quolques pages do leur lustoire. Si Ton sc reporto jusqu'au tems des croisados , on Yona que I'un dos rcsuUats dc ces piouses en- Ireprises fut la foiidation dw colonics sur la cote d'Afrique. Lcs Musulmans , forces d'abandonner aux croises les cotes orientales de la Moditorranee , cherchorcnt des licux ort ils pussent former de nouveaux elablissemens et continuer la guerre contre les chrotiens. L'esprit qui les animait s'est trausmis a leurs descendans , et los hostilitos n'ont point cesse; ou , si quelques troves lcs ont suspendues, ce n'a ete qu'a la suite dc quclquos sevores clultimcns, par la crainte qu'ils ont iuspiroe , ou par dc lionlcuscs transactions entre des souverains et des brigands. La politique n'a presque rien fait en favour des malheureux chrotiens roduits a resdavage par les ennemis de leur foi; la religion meiuc, en sollicitant la bionfaisance, n'a fait rachetcr qu'un petit nombre de cap- tifs. Ccpendant leurs souffrauces ctaicntconnucs parde fideles recits ; rnais elies u'excitaient qu'une inipuissanle colore con- tre los bourreaux, et pour les victimos une pitie sterile (i). (i) Quelques [>ersnnncs iniagineat quo lcs l?aibaresqiies onl cnfin rc- nonce a reduire a rpsriavage les clirclicus qui lombent en lenr pouvdir : j'ai acquiii la tcilitude qu'il ii'en est rien, et qu'un grand nonibic decani- DES BARBAUKSQL'ES. 53i Mais , dira-t-on , puisque Ics r^^gences africaines reoon- naissciit I'autorite supreme dc la Portc-Ottomane, n'etait-ce pas II Constantinople qu'il fallait demandcr le redresseraent des torts et la vengeance des outrages faits aux Chretiens par des sujets de la Porte dans I'etendue de son empire ? Non, car les regcnces etaient emancipees de fait, et les flrmans du grand-seigneur n'y avaient aucune autorite. A cet egard, les choses n'ont point cliange en faveur de la puissance suzerainc; I'Egypte va lui ecliappcr, comme Tripoli, Tunis et Alger; les liuiites de sa domination se resserreront de plus en plus; il faut chercher ailleurs une force capable de faire cesser la piraterie. D'un autre cote , I'experience a suffisamment prouvc que Ton ne peut faire aY6C les Barbaresques aucun traite solide ct de bonne foi. lis ne se croient point engages par les pro- messes les plus solcnnellcs, et les violent des qu'ils out I'es- poir de le faire avec profit et impunite. Les consuls des na- tions commercr'.ntes ne sont pas meme en surete au milieu de ces hoinmes de rapine. Sans doute, n la Porte, avait encore une autorite reelle sur les Barbaresques, son intervention viendrait tres-a-propos pour faire cesser k piraterie. Au moment oii les grandes puis- sances europeennes vont regler par un traite solennel les relations entre I'Europe et la Turquie, I'interdiction absolue de la course peut etre stipulee comme condition rigoureu- sement imposce. Mais ce traite , quel qu'il soit , pourrait-il rendre a la Porte un ascendant qu'cllc a perdu? ses ordres seront-ils mieux suivis en Afriquc? ne voit-on pas, au con- traire , que les liens entre le centre de I'empire et les pro- vinces eloignees vont se relacher de plus en plus? Les Elats Chretiens ne peuvent done compter que sur leurs propres tifs geniit encore dans les ffis des Af'ricains; que des prisonnieis grecs out ete repailis entro les rej^ences baibaresques , et que les coisaiies leur ont fait eprouvei- ics Iraileinciis les plus ciiiels; j'aurai i'occasion de icvenir sur ces documens que j'ai re9U8 dci autorites les plus respec- tables. 332 Sm LES PIRATEIUES forces , s'ils out a coeitr d'aflVanchir Icur commerce ilc rodicuse dominalion usurpec par qiielques Afticains sur toiito line mer, sur loute TEuropc. Cellc delivrance trop long- lems diiloree scmble rcscrvce a notrc epoque. Tous les amis de I'humanite doivent apporter , pour ectte grandc entre- prise , le tribut de leurs observations et dc leur experierice ; c'est une obligation sacree dont je vais m'acquitter. Durant la derniere guerre , j'ai passe quelqucs annees sur les cotes de Barbaric; j'ai cu d'assez frcqucntcs relations ct des communications directes avec deux regences et leurs ministres, si toutcfois on pent se permcltre de nommcr ainsi des chefs de brigands. II y a vingt ans que je meditc sur les moyens d'affranchir la Mediterranee ; je puis done mcttrc sous les yeux du public des i'aits ct des pensees qui ne seront peut-etre pas indignes de son attention. J'ai consulte un ecrit, public, en 1812, sous la forme epistolaire, et qui contient une Notice sur Tunis et Tripoli , leur etat civil et politique , la maniere dont on y traite les esclaves chrctiens. Les inforlunes de M. Panakti , poete florentin , dont la renommee s'est etendue plus loin que I'llalie, pris par des corsaires ct menc captif a Alger, nous ont procure sur cctte rcgence im autre Guvrage oi'i I'auteur fait d'imporlantes observations sur la nc- cessite de mcltre un tci'me aux maux atroces dont ces bar- bares accablent leurs malheureux esclaves. Les amis de cct ingenieux ecrivain , dont le zele pour la cause de I'humanite est a I'epreuve du terns, verront avec plaisir les emprunts que je lui ai faits. On a rcniarque avec surprise que le congres de Vienne ne s'est nullemcnt occupe des Barbaresques, ni de la police de la Mcdilerrance. II parait que son attention et son tcms fu- rent absorl)es par les divers intercts de I'Europe qu'il fallait concilicr aprcs une lutte si longuc ct des cvenemcns si com- pliques. Quoique les efforts de sir Sidney Smitu pour la des- truction de la piraterie n'aient pas cte couronnes par le succes, non plus que ceux de la societc formee a la memc epoque pour alteiudrc Ic mcine but , ils n'cn meritcnt pa? moins la DES BARBARESQUES. 535 reconnaissance de tons les amis de I'hiimanite , et ces actes de philanlhropie suffiiaient seuls pour rccommander la me- moire de ce genereux citoyen. (Voy. un Mcmoire snr la civi- lisation'de I'Jfriqac, Rev. Enc. , T. xxxvii, p. Sai. ) II ne pouvait etre tout-a-fait inutile de recueillir les faits relatifs a la piratcrie ct au sort des captifs clireticns sur les cotes de I'Afiique, et de leur donner une grande publicite : la societe formcc par sir Sidney Smith se chargea de ce travail. C'est peut-elre i\ I'apparition de ces Momoires , et a I'indignation qu'ils exciterent dans toute I'Europe contre les Barbaresques, que Ton pent attribuer non le chutlmcnt d' Alger en 181O, raais la prompte determination du gouvernement anglais dans cette circonstance. Malheureusemcnt cet exemple ne fut pas plus utile que ceux qui I'avaient precede. L'audace des corsaires ne diminua point, et les torts fails aux autres na- tions ne furent point repares. Le pavilion britannique tut seul vcngfc. Enefl'et, comme on I'a dit alors, et avec raison, con- venait-il aux Anglais de se faire les champions de toute I'Eu- rope, et de sacrificr seuls leurs vaisseaux et leurs soldats pour une cause qui est celle de tous , et a laquelle ils ne sent pas, a beaucoup pres, les plus interesses? Parmi les nations que leur faiblesse actuelle expose le plus aux insultes des corsaires airicains, on compte deux ancicnnes puissances navales dont la grandeur s'est evanouic, I'Espagne et le Portugal. Ce fut a un consul d'Espagne que le dey d'Alger osa dire, en le congediant brusquenient : « Si votre roi ne veut point la puix , soyons en guerre ; je ne dcmande pas micux. » II s'agissait d'unc sommc d'argent que le dey exigeait, et que le consul ne voulait pas accordcr. Cet Afri- cain peu civil parla plus durement encore ;\ I'envoye d'une puissance du Nord ; mais il faut avouer que son raisonne- ment ne manquait pas de justesse : « Qu'ai-je besoin dc votre roi ? il in'cnYoic des presens , et ne recoit rien de moi ; il achete mon amitie, et je ne donnerais pas un fclu pour ac- qucrir la sienne. » Le joug d'Alger nc pese que legcrcment sur le Portugal ; oTx'l SLR LES PIRATEUIKS niai.s Ic despote de Maroc s'esl lait conccder le droit de faire armor cl liparcr ses corsaires dans I'arseiial de Lisbunne. J'elais loin de m'altcndic a rexces d'andacc et dc scaiidalc donl j'ai (He tenioin pendaiU iin voyage que je faisais dans ;elte capilale ; j'en croj'ais a peine nies proprcs yenx. Ln Itvick de I'orte dimension , armc de dix-lnnt canons, apres avoir croise quclque terns a la haulcur du cap Saint-Vincent et fait plnsieurs prises siir divers pavilions , entra dans le Tage , cl jeta I'ancre devant le chateau de Belcni. II devait an nioins etre soumis aui reglemens de la quarantaine, d'au- lant plus que Ton devait supposer qu'il sortait d'un port de I'empire de Maroc (i), et qu'il avail conmumique, pendant sa croisiere, avec des balimens suspects. Quelle I'ut ma sur- prise , lorsque je le vis passer a travers tous les vaisseaux, et se mettre en station a i5o loises de I'arsenal de la jiia- rine ! Quelques lieures plus tard, je renconlrai une partie de re(|uipage parcourant ks rues de Lisbonne, avec rattagbcn et les pislolets ; les habitans de Lisbonne , tout avilis qu'ils sont, eprouvaient, a la vue de ces hnnnnes, une aversion, une horreur naturellc que leur pliysionomie manifestail avec cnergic. Le lendemain, je vis les chaloupes du corsaire mul- tiplier leurs voyages a I'arsenal el revenir chargees de tout ce «|ui manquail an vaisseau : quelques jours apres, les pirates furent en etat d'aller rcprendic leur croisiere. Avant que je parlisse moi-memc pour Marseille, lieu de ma destination, j'appris que le brick ai'ricain atait deja capture plusicurs na- vires sur la cote (a). (i) C't'Sl line rt'gle sans exception, queles vaisseaux qui vont a Lisbonne s'arreteutel jctlent I'ancre devant le clialeaii de Lelein.Ceux qui doivent (tie soumis a la quarantaine ne peuvent obtenir, sous aucun pretexle , la permission d'aller plus loin , jusqu'a I'expiralion du tenis qui leur est prescrit. L'execution de ces ngirmens donne lieu h une multitude de vexations et de tyrannies suballernes dont les navigatcms de toutes les nations ont a se plaindre. Les tracasserics de Belem sont devenues pro- vcrbiales, pariiii les ma. ins. (a) Pendant que les pirates baibarcsques elaicnt si bien accueillis par DES BARBARESQUES. 555 Apres I'Espagnc el le Poilugol , les Barbarcsques comp- lent parmi lenis Iributaires lous les Etats de I'ltalie, les villcs anseatiques , la Suede et le Danemark. Quoique les nations scandinaves aient conclu avec les regenccs africaines des traitcs assoz avantageux en apparcnce , en se soumettanl a nne contribution annuelle deguiscc sous Ic nom de present, elles n'ont point reussi a preserver de toute insulle leurs pa- vilions et leurs marins. L'Autriche menie est dans la neces- site de supporter quelques avanies; 3Iaroc a fort peu d'egards pour les vaisseaux de cette puissance, quel que soit I'ascen- dant qu'elle a obtenu sur I'Europe. II est inutile de rappeler les humiliations que le bey de Tripoli a fait subir au gou- vernement napolitain : ces evenemens sout trop recens pour qu'on les ait pcrdus de vue. Ce que je viens de dire suifit pour faire voir que les pi- rates africains conscrvent toute leur audacc, et que leur pro- fession est encore une source de profits , puisqu'elle n'est pas abandonnee , et que peut-etre nieme ses aruieniens sont aussi multiplies , ses equipages aussi nombreux qu'ils le furent a aucune epoque. Voyons maintenant s'il est pos- sible d'en'^debarrasser le commierce europeen. C'est ici que je vais mcttre a contribution les meditations de mon ami M. Pananti sur ce grave sujet ; comme je citerai de me- moire , il ne me sera pas possible d'etre constamment exact ; le gciuvernement de Portugal , les piisons de ce royaume 6taienl cncoin- brees par les cunstitutionnels que I'on y ciitassait avec une cniaute dont on se flit abstenu , inenie envcis les plus grands scelerats. Je saisis cette occasion pour payer un juste tribut d'eloges ^ la condnile des ofllciers commandant I'uscadre franraise dans le Tage, et au ininistre dont ils execufaicnt les ordres. Leur protection vint au sccours, non-seuIen)ent des conslitntionnels portugais, niais de tous ceux que la persecution I>ouvail alteindie , de quelque nation qu'ils I'ussent. De tels services sont trop honoiables et tro]i dignes de reconnaissance, pour qn'on nc les lap- pelle pdiul toutc'S les fois cpi'il est question des evenemens dt'ploiables dont le Portugal est depuis fi long-lenis le tli^Alre, et dont on n'entre- f oil pas encor* 1« tei me. 53G SUR LES PIRATERIES niais rauloiir yoiidra bien me remoltrc sur la voie, s'il s'apcr- foit que )c m'cii sois trop ecarte. Attachons-nous d'abord a l)icn connaitrc Ics hommes aiix- qiiels nous aurons a faire. « Les Barbaresqucs , dit M. Pa- nanli, n'ont d'inclination que pour la guerre ct Ic pillage; I'industrie et le commerce leur paraisscnt ignobles , iudignes d'eux. Les chalimens passagers qu'on leur a infligcs quel- quefois nc sont a lours yeuxque des accidens ordiiiaires, in- separables de la profession des amies ; la longuc impunile dont ils ont joui ne leur laisse aucune crainle pour I'avenir. lis ont pour Ic melicr de corsairc un penchant si imperieux que le dey d' Alger a ete souvcnt I'orcc de consentir i\ des gucrres qu'il desapprouvait : le people souleve menacait, en cas de refus , de le dcposer , et memo de I'etrangler. On ne doit done point s'elonner que ce peiiple ne tienne aucun compte des traites, ni de ses promcsses; il n'a recours a ces moyens de suspendrc la guerre que lorsqu'il ne peut la faire avec avanlage , toujours pret a rccomiiiencer les hostilites des que les chances lui paraitront favorables. On a trop em- ploye contre eux les armes diplomatiques ; ils ont appris ;'i s'cn moquer, et font tros-peu de cas des souvcrains de I'Eu- rope , assez credules pour attacher quelquc importance a de pareilles niaiscries et pour en attcndrc quelquc rcsultat. » En effet, rien de plus deplorable que la conduite des puis- sances europcennes envers les forbans africains. Pour les combatlfo et dctruire les villes qui leur servent de repaires, il n'eut fallu qu'iine partie des trcsors qu'on leur porlait pour achetcr unc paix fallacieuse : on I'a dit et rcpele dcpuis long-tcms; et qnoiquc cette verite dcvienne de jour en jour plus cvidcnle, elle n'en est pas moins sterile. Par une incon- cevable fatalite, la voie la plus sCire, qui est en meme tems celle de I'honncur et de I'cconomie , est precisement celle dans laquelle on refuse d'cntrer. Aucune entreprise ne serait plus utile, plus populaire , plus applaudic, que celle qui anrait pour but d'elablir des colonies industrieuses ct floris- santos dans des pays sans habitans ou pcuplos de voleurs. DES BARBAUKSQIES. On cberclicrait en vain snr toiite la snrface de la tcnc inic ]>0)5itioH plus couvcnable que les cotes de Barbaric. L'occu- pation d"un petit nomljre de points sur ces coles assurerait les communications avec I'lnterieur, et I'ouverture dcs ca- nanx par lesquels la civilisation de I'Europe se repandrait dans ciB vaste continent. Pour se faire une idee juste de ce •editi();inai;o de Morec, delouniPiont Icgouvernenicnl IVanrais dc toulc idrc d'line allaquo par terre contre Alger; qiiipace. 34a SUR LES PIRATKRIFS comment on ponrrait ilirigcr inie expedition coulro cos puis- sances anti-socialcs (i), PcndatU k:s Irois annecs que j'ai passees en croisierc snrles culcs de Barbaric, nies recherches Ics pins atlentives ont ct«^ dirigces vers les objcts snivans : la papulation et les ressources dcs troispviissanoes harbaresques ; Icurs moyens de resistance en cas d'altaque; la nature et le total de leurs forces de lerre et de mer; et j'aflirme d'avance , sans craindre que les evenemens viennent me dementir, que toutes ces forces ne sont rlen nioins qu'iinposantes, et n'ar- rcteraient nullement une armee europecnne. J'ai etudie avec le meme soin les points d'altaque, les lieux les plus favorables pour le debarquenient des troupes, etc. Ces details seronl publics plus tard, ou reserves pour etre comuiuniqncs aux chefs de I'entreprise , en cas que Ton s'occnpe serieusement de cette affaire : je me bornerai, quant a present, a quelques observations sur la maniere de preparer les voles et d'im- primer le premier mouvement, ce qui sera peut-etre plus difficile que tout le reste de I'execution complete du projet. Avant tout, il faudrait rouvrir les sources de I'enthou- siasme qui fut excite par cette question lorsqu'on la discuta pour la premiere fois. Amoins que I'une dt-s grandes puissances europeennes nc prenne I'initiative , il sera difficile d'amener les princes et les Etats de la chreliente u la conformite d'in- tentions et de vues qn'exige une grande entreprise a laquelle tous devront contribuer, soit par des subsides, soit par des troupes, des vaisseaux,des munitions, etc. (2). Si la bienfai- (i) Paniii lesofficicrs fran(;aisqui se sont occupes d'lm plan d'altaque centre Alger, je dois faiie une mention speciale de M. Prealx, coni- niandaiit dc TEcole d'artillerie deTodlon. Je ne donle point que ses vnes n'aieut ete communiquees au gouveruenient fianoais , et justeuient ap- preciees. Ou doit k M. Pieaux un instrument qui donne aux vaisseaux de guerre le moyen de lancer des bombcs avec la plus grande precision. (2) Que delresors sansemploi , dans les diverses contrees de I'Euroiip, viendraient foi t ii propos pour cette oeiivre si utile a I'liumanite ! Telle* s ml les propriiiles de Tonlre de Make; ellcs seraieat ainsii endues a leur dijslinalion. Le clergc diietien , de toutes les con)muuiuns, anibition- i.ei ait sans dniile aussi riiomieur dc pi ciidi c jiart a cellc entreprise vraimenl liictise , «l ne sc bornerait pas ii ruOVandc dc ses va-ux et dc ses priercs.. DES BAllCAilESQLES. Ty]' fiance, I'honncur ct la religion parvicnnent cnfin a fairc en- tendre Icura voeux , si la pins lonajjle confederation pent Olre lorniee ponr dcHvrer a la i'ois I'Enrope et I'Africjnc , on aura peut-Cire a redoiiter quelqucs ennemis secrets, a snrmonler dcs obstacles (jii'inie politique ariilicieuse sail toujours oppo- ser a cc qui lui senible contralre a ses vues. Des manoeuvres tinebrcuses, des jalousies personnelles ou nationales, et la resistance des inleiets mal conipris , seraient beaucoup plus dangoreuses que les attaques des Barbaresques. M. Pananli publia son livre pen de tems apres le bombar- dement d'Alger par les Anglais. L'autcur pensait que le gou- vernenieiit britannique n'avait pas oublic les outrages qu'il venail de punir, que son resscntimeuLdurait encore, ct qu'il se placcrait volontiers a la lete d'une confederation euro- pcenne pour I'expulsion des brigands de la Mediterrance. Pui^que le premier rang se tronvail occupe , le second appar- tenait de droit a la France. Cette nation n'a pas Thabitude de se laisscr devancer dans la carriere de I'lieroTsnie : ce fut Cliarles-i>l artel, a la tete des Francais , qui prescrva I'Europe dc I'invasion des Sarrasins d'Al'rique ; les croisades furent prechees par des Francais, et les premiers croi^es furent des cbevaliers de cette nation. Les premieres bombcs qui tom- berent sur Alger furent lancces par une escadre frar\';aisc , et c'est a la tribune de la chambre des Pairs que I'auteur du Genie du Cliristianisme a fait entendre d'eloqucntes sollicita- tions en faveur des chretiens delivres des fers des Barbares- ques. Enfin la bienfaisanle societe des Chevaliers libcraicars s'est formee a Paris , et le premier noni inscrit sur I'honorable listedes souscripteursde cette societe est celuide Louis Will. Les armees francaises,deja cliargccs de lant de lauriers, aspi- reraient encore a I'lionneur de venger leurs conipatriotes mas- sacres sous les murs de Gigeri, et tons les martyrs de la sainte cause duchristianisme, dont le sang repandu par le fanatisme musuhnan sur les rivages de I'Afi-ique accuse depuis si long- tonis riiuliilerence des princes chretiens. Dix ans sc !«ont ecoulcs depuis rapparilioii de I'nuvra^c de 544 SVK Li:S PIRATERIKS DES BAUBAUMSQl ES. M. Pananti , et rien n'a change dans la Mcditerranec ; la France ct rAiiglcterre sont encore dans la nccessite de re- pousser par la force le» altaqiics d'Alger et de Maroc. On est tente de savoir gre aux Barbaresques de Taudace insensee qui ne Ics abandonue point, tandis que les orages se rasscmbleut sur leurs letes, et que la niarche dcs affaires politiques sem- ble preparer lour prochaine destruction. lis justifientcet adage que le paganisnie nous a transmis : Qitem Jupiter vtitt perdcrc, prliis dcmentat. Dans la situation presente de I'Europe et de la Turquie , nous ne tarderons pas a savoir si Ton se resoudra dcfinitive- mcnt a cliasser les pirates de la Mediterrance, on si I'execu- tion de ce projet sera remise a un avenir dont aucun homme vivant ne serale temoin. Si la generation actuelle etaitappelee i'l rendre a toutes celles qui lui succcderont cet immense service, il restcrait a examiner jusqu'u quel point et comment les preparatils de I'execution devraient et pouiraient demeu- rer secrets, et a resoudre beaucoup d'autres questions dont I'examen serait, en cc moment, tout au moins inutile. S'il arrivait que I'une des grandes puissances, pleinedu sentiment de ses forces et d'une noble coniiance dans le courage , le dc- voClment et la perseverance de la nation , se chargeat seule de ce fardeau qui devrait etre supporte en comnmn, il serait equitable (ju'elle recueillit la plus grauile part des avantages qu'elle aurait conquis pour I'Europe, pour le monde Chre- tien. Dans tons les cas, une gluire inunortclle et bien meritee illustrerait le prince et la nation qui auraient acheve celte nobl« entreprise. E. B. .\ \VVVVV**VVVVV^VVVVt\VVVVV»*X\*VVVVW<**%WVW\WV WW II. ANALYSES D'OUVRAGES. VW\IV\.-VVMVW SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES, MeMOIUES DE l'AcADEMIE IMPERIALE ET ROYALE DES SCIENCES DE SAiNT-PETERSBoimG, mec I'Histolre de t'Academie pour les annces 1819-1822. Tomes ix et x (i). Ces deux volumes, dont nous allons donner i nos lecteurs une analyse beaucoup plus resserree qu'il ne le faudrait, sent contemporains de la Rerne Encyclopidique. Par rapport a un ouvrage periodique, dorU la duree depend d'une multitude do causes et de circonstances , Ics publications d'une academie jouissent d'une sorte d'immortalite ; elles voient derriere elles un long passe , et comptent sur un avenir illimite. Les dix annees de notre existence actuelle peuvent etre embrassees d'un coup d'oeil par les savans qui ont observe la marche de Tesprit humain et de ses connaissances; et cet espace, ou tout peut etre apercu a la fois , oii tous les rapports peuvent etre saisis avec une rapidite qui nous derobe les operations suc- cessives qui les ont determines, cet intervalle, quelle que soil son etenduereelle, est lepmfeni. Les objetsyparaissent dans leur grandeur et Icur forme ; le lointain n'alti're point leur apparence, ne raccourcit et n'efface rien. Au dela de ce terme, riiistoire commence et se prolonge jusqu'a I'origine des cho- ses , ou se perd dans la nuit des tems : plus elle s'eloigne du present, plus ses tableaux sont decolores, mecounaissables> (•) Saint-Poteisboiuf;, iSa/f — 182G; Innnimeiie de rAcaJeniic iiiipe- liiilc dc5 tL-iences. 2 vol. iii-l." avcc figiiie?. # 5/4G SCIENCES PHYSIQUES. Irop soiiveiit inipostcurs. Dans I'liistoirc dcs sciences ct Jc rosprit hnniain , coiiime dans cclle des nations, le passe esb d'aulant moins inslriulirqii'il est moinsiiienconnn; etcommc c'est dii present ([ue I'on tire le pins de liiniieres , de verites (;pplieal)lcs , c'est aussi I'epoqne que nons devons nons atta- cher a lepresenlcr fidelenicnt : ainsi nos analyses auront pour objct les produetions qu'il est encore perniis de regarder comme recentes , ct nous laisserons pour I'liistoirc celles qui appartiennent i un terns plus eloigae. Pour l^Academie dc Petersbourg , les deux Yolunics que nous avons sous les yeux ne sortent point des liuiiles que nous nons prescrivons; cependant, quelques-uns des31enioires'iu'ils conliennent sont reclames a bon droit par le siede oi\ lis t'urent eerits; c'est une restitution qu'il Taut i'aiie , et que la verilc histoiifjuc exigc iniperieusement. Onsaitqnerillustre Ei'LER, enleve aux sciences en 1785, a laisse le uiagnifiquc heritage d'ane centaine dc Memoires inedits acette epoque, et que I'Academie fait inserer successivement dans les volumes qsi'dle public. Ilsenibleque, pour I'intc ret du monde savant , il cut etc plus utile encore de niettreau jour, le plus tot possible, tons eespr€cieuxcorits,iMianoutleux auplus apresla perte douloureusequ'on a vaitlallcAlursl'liorizon poli- tique elait encore sansnuages; aucun signe precurscur de la tem- pete n'annoncait les fleaux qui, dix ans plus tard, vinrent londre sur une partie de I'Europe, et nienacerent de I'en- vahir d'un bout a I'autre : il elait facile, a cctte epoque, de terminer paisiblemcnt I'impression de trois volumes de ma- tbematiques. L'Academie de Petersbourg a vu, dans le tresor dont elle etait depositaire, le moj^en de rendre un hommage prolonge a I'un des hommes qui firent sa gloire, de i'assucter encore long-tems a scs travaux ; cclte pensce est douce ct consolante, on n'estpas surprisqu'ellc ail eiUraine tons lescol- Icgues d'Euler : il en resulte cependant que nous aurons at- tendu pres d'un dcmi-siccle avant d'etre en possession dc tons les Memoires da grand geomclre. On I'a dit plus d'une I'ois dajis fc Rccucil , uou commc une vcritc nouvcllc, niais SCIENCES PHYSIQUES. 547 comme I'expression d'uii vomi qui n'est pas encore saltslait , que nos efTorts tcndeiit contiiiiiellemeat a donner plus de ce- lerite a la propagation des bons ouvrages , a faire que les communications soicnt faciles ct promptes dans la rcpubliquc deslettres : ces solus no seront pas infructueux, surtoiit pour les sciences oi^l rellicacite des secours mutuels est encore mieuxreconnue, quelorsqu'il s'agitde compositions lilteraires dont I'imagination doit faire presque tousles frais, sans ecou- ter d'autres conseils que ceux du goQt et de la raison. II faut done renoncer a parler des neuf Memoires d'Euler , contenus dans les deux volumes qui nous occupent. Malgre ce vide immense , les sciences matliematiques pures et ap- pliquees y tiennent une place tres-importante , graces A MM. Fuss, Schubert, Scliultcn, Bazaine, De^en, Paucker, Lilroiv, TVisnievski et Sniadccki. Mais , avant de jeter un coup d'oeil rapide sur les vingt-neuf Memoires que Ton doit a ces savans geometres et astronomcs , prenons pour guide le se- cretaire de I'Academie , et suivons le3 travaux de cette il- lustre societe, depuis la fin de 1818 jusqu'au commencement de 1823. Nous aureus I'occasion d'exposer ailleurs les modifications que les principals compagnies savantes ont eprouvees en Europe , soit par I'effet des actions et reactions politiqucs , soit par I'influence toujours salulaire des observations dont elies ont etc I'objct. Nous prendrons done I'Academie de Saint-I'etorsbourg , telle qu'elle est actueilement , d'autant plus qu'elle se prescnte sous un aspect tres-satisfaisant , et que son organisation et ses aclcs sont une refutation perma- nente de plusieurs reproches adresses au gouvernement russe. A Saint-Petersbourg , I'economie politique et I'histoire sont mises au rang des sciences dont I'autorite supreme favorisc les progres; c'est par tette voie que les verites morales pe- netrent peu a peu dans les csprits , qn'ellcs parviennent a perfectionner les lois , les institutions , les peuples. II man- que sans doute encore a cette illustre compagnie savante les uiiiyeiis de cultiver uvcc plus dc «ucces queiqlicj science* 548 SCIENCIiS PHYSIQLES. (lont 90S Memuires ne parlcnt que rarcincnl; lel!&s soul, p;w exemple , la cliiinie et ses inipoitantcs applications ; Iflks sont aussi les connaissances varices que le luederiii doil reii- nir. A mesure que les stiences feronl dcs progres et que lours relations muluelles scront apercues plus clairenient , il est probable qu'on fera cesser leur isolenicnt, qut; les academies des sciences compreudront dans leurs attributions tout ce qui n'est pas le domaiue de la littorature et des beaux-arts. Ces institutions ne pourront plus etre aussi multipliees; ellos serontpeut-etreconfinoes dans les capitales : mais , pourvues de tout ce qui redouble leurs forces et leur activile , clles donneront alors la veritable nicsure des services qu'clles sont en etat de rendrc. Entre 1818 et 182J, I'histoire de TAcadomie dcs sciences de Saint-Petcrsbourg n'offre point d'ovononiens remurqua- bles, ni de tails nouveaux , si ce n'est le pbenomene dont nous allons transcrire la description : « Dans le district dc Gori, au pied des monts Ossetins , a 2 verstes ( denu-lieue ) de la petite ville de Dzkbinval, il y a une colline sur la sur- f;\ce pierreuse de laquclle rhumidite qui suinte du roc, en ete , quand il fait un tems serein, se convertit en glace d'au- tant plus epaisse que la cbaleur do soleil est plus grande ; cette glace disparait dans la nuit , ou pendant un juur nebu- leux, de sorte que le roc est a peine liumecte. L'eau tirce dc cette glace fondue ne conticnt , d'apres des experiences cbi- miques, qu'unc tres-petite quantite de cbaux, sans autres parlies etrangeres. » Cette notice ne suffit point, et il est a craiudre que le fait n'ait etc mal observe ; avant de cher- cher a I'expliquer , il serait indispensable de le soumettre a un severe examen. Au reste , cette nierveille n'a ete vue par aucun acadomicien, et Thistoire de TAcademie n'en fait men- tion que d'apres une notice communiqaee. LaTauride est, pour les antiquairos de laRussie, une terrc promise. L'Academie y a fait faire, a ses frais, d'interessantes rccherches par I'un de ses mcmbres, M. Koehler. Ce savant clait accouipagne d'un architecle ; il dcvait rcconnailrc I'otat SCIEryCES PHYSIQUES. 5/,f) acluol dcs ancieiis eilifices cle la presqu'ile, indiqiicr au gou- vcnicnient ceux qui sont assez bieii conserves pour recevoir une destination sans y ajoutcr des constructions nouvelles qui altereraient leur caractcre monumental, et ceux dont les mines veneraltles et instructives pcuvent etre preservees , sans grandes depenses , de la destruction tolaie dont elies sont menacees. Ce voyage sera mis a profit par les arts, aussi- ])ien que par les sciences historiques ; la Tauride sera quel- que joTir I'une des contrces les mieux connues de toute I'Europe. L'ohservatoire de Dorpat possede un micrometre repeti- teur , execute a Munich par M. Fraie^nhofer , et que M. le prol'esseur Stri've rogarde coinmc « ce qui a etc produit jus- qu'ici de plus parfait en fait de micrometre. « Get instru- ment peut mesurer des dixiemes de secondes, meme sans repetition. M. Struve en a lait usage pour determiner la distance de plusieurs etoiles doubles. 11 semble qu'un paratonnerre place sur un magasin a poudre, a Okhta, pres de la cajjitale, effraie beaucoup plus qu'il nc rassure : chaque annee, I'Academie charge I'un de ses membres de visiter toutes les parties de cet appareil, et d'en i'aire un rapport ecrit. Dans un pays on Catlierine-la- Graiule donna, du haut de son trone, I'exemple d'uiie coura- gcuse confiance en se faisantinoculer la petite verolc, quoique rellicacite de I'inoculation fut alors encore douteuse pour \m grand nombre de medecins, il serait terns de rendre plus de justice aux paratonnerres, et de croire ii leur faculte preserva- Irice, dontaucun fait connu ue peut afiliiblir la certitude. Tout le reste de I'histoire de I'Academie de Saint-Peters - bourgne presente plus que des evenemens ordinaires, com- muns a tons les corps savans, et dont rhistoire des sciences ne conservera pas le souvenir. Passons maintenant aux Me- moires , en oommcncant par ceux de la premie;re section de I'Acadcinie de Saint-Petersbourg , celle des Sciences ma- THEMATiQi'ES : Ics dcux volumcs que nous parcourons en coii- tiennent vingt-ncuf, dont seize sont de mallicmatiques pures. 55rt SCIENCES rilYSIQUKS. M. Frss marchc siir les traces d'Eulcr, ct conserve les tra- ditions de I'epoquc oi'i les sciences mathematiquos avancaient ;\ pas de giant. II sc plait a luller conire les dilliculles de I'a - nalyse , et les occasions d'exercer ses forces nc liii manquent point. Parnii les Memoires qn'il a fournis aux deux volumes ♦jue nous parcourons, quel([ues-uns ont tin autre merite que celui de la difficulle vaincuc : telle est, par exeniple , la som- nialion d'unc serie qui avait enibarrasse IM. Rrafft, et sur la- •pielle il consulta son collegne. En generalisant la question, M. Fu^s parvient asomnicr plusieurs aulres series analogues, et donnc plus que la solution du problemc qui lui avait etc propose. Nous devons citer aussi le Memoire intitule : So- lution de quelqaes problemcs relaiifs d laMetliode inverse des tan- gnilcs, ou le lecteur trouve un exercice de geometrie ana- lylique, sans aucune fatigue. Des recherches arithmetiques auxquelles M. Fuss s'est aussi livre ne sont pas aussi acces- sibles; elles exigent plus de travail, ainsi que d'autres Me- moires sur des questions de geometrie. Cette partie du Recueil academiqiie est interdite a ceu:-: qui n'ont pas poussu assez loin leurs eludes malhemaliques. Une excellenle dissertation de M. Schubert sur les principes gen'iraux de la mccanique les met a la portee d'un plus grand nombre de Iccteurs. Les opinions que ce savant a cru devoir combattre atteslent le pouvoir obscurcissant de la metaphy- siquc : pattoul ovi elle parvient a se glisser, d'epaisses tene- bres enveioppent bienlnt les notions les plus daires. 31. Schu- bert dissipe par le raisonnement et par le calcul toutes ces fnmees sans lumiere : !e calcul, cette langue plus exacte que la parole, plus infaillilile (|ue le raisonnement, est I'arme qui decide de la victoire dans ces sorles de combats; M. Schubert s'en est servi avec adresse pour faire triompher la raison. M. Degen a fait sur les suites recurrejites deux Memoires, dont nous regrettons de ne pouvoir placer ici quelques obser- vations sur I'analyse malhcmatiquc, ses procedes et lessignes qu'elie emploie : nous ne pourrions nous dispenser de recou- rir nous-mem:)G SCIENCES riivsiQiKS. tlonl la proiligieusc imiltiplicntion a loinu' octle (■(■i)iliiic de m-ifsqui cnvironnent I'ilc de Noiikaliira, I'linc dcs Marquises. M. le comte de iManneriieim ajoute qiiatre especes noii- velles a celles des insectes de rAmeiique mcridionale, et par- liculiiTement dii Bresil , dont les eiit()mologistes out I'orme le };eiire Mcgalopus. \jn Mc-moire de M. EicmAMLD rend comptc des ol)serva- lions que cet acadeiiiicien a failes siir la structure d'un jeune daupliiii pris dans la mcr Ballique, conserve pendant un an dans I'espril de rin, ct qui n'avait pas encore altcint le tiers do la longueur in laqueUe son espece parvicnt ordinairenieul. On peut soupconncr que les parlies molles elaient nn pen al- tv'rees et meme deformees; mais les savans n'ont pas lou- jours le choix des moyens qui peuvent les conduire a des connaissances nouvelles. M. Eichwald ent a vaincre des dil- ficultes encore plus grandes, dans ses recherches sur I'orga- nisalion des physalies qui sont le sujet d'un autre Menioire; il s'agissait de demeler les organes de la nulrilion, du niou- rement, de la generationj etc., dans ces masses gelatineuses oil rien n'annonce, au premier coup d'o^il, un elre vivant et ponrvu des moyens de se conserver. C'est encore sur des in- dtvidus conserves dans I'esprit de vin que le savant natura- lisle a fait le plus grand nombre dc ses observations : apres avoir lu son Memoire, on n'est pas encore assez convaincu de la verite de ses assertions, principalement en ce qui con- cerne les organes et le mode de geiieralion des animaux donl il parle. On sent que Saint-Potersbourg n'est pas le lieu ou CCS sortes d'investigalions peuvent tire luiles avec le plus de succes. M. Zagobski a fait connaitre une disposilion exlraonlinaire de I'aorle et de la trachee, observee dans le cadavre d'lui homme et conservee parmi les preparations anatomiques dc I'Academie de mcdecine et de chirurgie. L'aorte partagee en deux livrait un passage a la trachee, en sorte que les voies de In respiration et de la circulation se croisaient et devaient se j^ener rccipro.picmenl. L'individu ainsi confornic, dil Tub- SClii.NCl'lS PHYSIQM'IS. '5:^•; servaicur, avait besoin de calnie ; il fallait qui; sa vie tut unifoinie, ses occupalioiis taciles ; il lui Fallait de raisancc : mais quels soul les liouimcs dont le oadavre est porlo au thea- tre analomiquc? La niedetiiie legale ne ticnt pas couipte de ces ecarls de la nature; ellc londe ses dtuisions sur la struc- ture oi-dinaire du corps humain , et dans les cas extraordinai- res, tels que celui-ci, elle s'exposc a commettre de graves injustices. La botaniqne n'a fourni aux deux volumes dont nous nous occiipuns que deux Memoires, inseres I'un et I'autre dans le tome X. M. Eschholtz y decrit douze especes de plantes de la Nouvelle-Calirornie dont les auteurs des Florcs amcvi- caincs n'ont point parle, et reclilie quelques errcurs qu'il a reconcuies dans ces ouvrages. M. Tnisirs a decrit dix especes de panics paspalaccs (pa- nica paspalacea), toutes des regions chaudes de I'ancien Con- tinent et de rOceanie, dont une seule, le panicum nu7nidia-r nam, d'environ deux pieds de haut, semble promettre quel- ques ressources a I'agriculture, comme planle fourragere. L'analyse de deux mineraux de Fiidandc, par M. BoNS- DORFF, et les observations meteorologiques enregistrees et resumees par M. Petroff tcrminent reuumeratiou des Me- moires de physique ct d'histoire naturelle contenus dans ces deux volumes. L'un des mineraux analyses par 'SI. Bonsdorff est bien caracterise par la propriete de paraitre gris ou sans couleur, lorsqu'on le regarde suivant une direction, et d'un bleu tres-intense, sous un autre aspect, propriete qu'exprime a peu pr^s le nom de dichroite. On lui avait deja impose les noms de pcliome , ([polite, de lazuUte d'Espagiie , de sapliir d'eaii , de hordierite : le savant academicien propose encore une denomination nouvelle , celle de stein/ieilite , en I'hon- neur de 31. le comte de Steinheil, gouvcrncur general de la Finlande, auquel on doit la deconverte ct de bonnes des- criptions de plusieurs substances minerales de cette province. L'interet de la science ne devrait-il pas engager les minera- logistes a renoncer a ces sortes de dedicaccs, ct a rendre la 358 SCIENCES PHYSIQUES. nomenclature methodiquc et significative? II est probable que la substance dont il s'agit conservcra le nom dc dichroile. Nous sommcs arrives a la troisiIjme section dc I'academie de Saint-Petersbourg, celle des sciences poutiques : Ics Memoiies qu'eUe a fournis a ces deux volumes sont dus a MM. Herrmann et SxoRcn : le premier rocucille les don- nees statistiques relatives aux comitcs de surteiUance gene- rate inslitues par Catherine II, en 1773, etqni comprennent dans leurs attributions les ecoles normales, I'etablissemcnt et I'administration des maisons pour les orphelins des deux sexes, les hopitaux, les maisons de retraitc pour les vieil- lards et les infirmes, les maisons de travail, de force et de correction. Les ordonnances imperiales (^oukazes) relatives a ces divers etablissemcns sont, comme on le pensait d'avanccy conformes a ce que I'experience des aulres gouvcrncmcns europeens avait fait connaitre par les resultats les plus salis- foisans; on voit que le gouvernement russe a suivi les con- seils des amis de I'humanite. Les comitcs de surveillance ge- nerale out subi, comme toutes les institutions nouvelles, des epreuves qui out retarde leur marche et le bien qu'ils sont en etat de produire; il semble meme que leur organisation est encore mal affcrmie. Cependant. on ne peut leur refuser une assez grande part aux ameliorations importantes qui out en lieu dans tout ce qu'ils sont charges de surveiller- M. Herrmann a divise son travail en trois parlies : la pre- miere expose I'organisation actuelle des comites dc surveil- lance generale, leurs attributions, leurs revenus; dans la seconde, il considere rinlluence dc cctle institution sur les hopitaux, et presente, sous la forme de tableaux, les resul- tats obtenus en 18 ii et 1812; dans la troisieme, les maisons de relraite sont soumises a des observations analogues , pour les memes annees. La premiere partie n'est guere proprc a soutenir, hors de la Russie, Texamen auquel on soumettrait les institutions d'un Etat moins different des autres Etats dc I'Europe; les seconde et troisieme parties contiennent des resultats de calcul que Ton pcut comparer aux fait? de meme SCIENCES PHYSIQUES. jSq nature constates par les memes moyens, dans tout autre pays; nous nous bornerons done a ces coniparaisons. M. Herrmann est intimement convaincu de la grandc uti- lite des comites de surveillance. « II sera interessanl, dit-il, d'apprendrc dans quel etat cette salutaire institution se trouve apres trente-huit ans ; de connaitre le nonibre de ma- lades, d'orphelins, d'incurables,- de vieillards abandonues que ses etablissemens peuvent recevoir, etcombienils en ont reellement repu, en 1811 et 1812; quel a ete le degre de mortalite dans les dilTerens eta!)lissemens; enfin, I'etatac- tuel des capitaux primitifs et etrangers. Quand on verra que le jeune plant mis dans uue terre fertile est devenu un arbre a I'ombre duquel des milliers de malbeureux \iennent secher" leurslarmcs, on benira la memoire d'une souyeroine, mere de ses peupies, on benira ses successeurs qui ont perfec- tionne ce beau monument de son regne, et on fera les voeux les plus ardens pour son amelioration ulterieure. » On distingue en llussie Irois classes d'hopitaux, savoir : ceux qui peuvent recevoir plus de centmaladcs, ceux qui en admettent plus de trentc, et ceux qui ne depassent pas ce dernier nombre : on ne I'ait point mention des etablisse- mens qui ne rccevraient pas plus de dix malades. De 1811 u 1812, on comptait luiil bupitaux de premiere classc, trente- deux de seconde , et dix-sept de troisieme. M. Herrmann admet que, dans un hupilal bien adminis- tre , ou il n'y a point de maladie contagieuse, le dixieme des malades meurt en regie : c'est son expression. En 1811 et 1812, les hopitaux de premiere classe, en Siberie, furent tout-a-fait hors de cette mesure ordinaire ; car le nombre des morts n'y excedait pas le 18""', et meme le 21°"' des malades recus: mais, par compensation, la mortalite etait accrue dans la Russie d'Europe, en sorte que la regie etait encore assez exactement observee. On remarquc dans les hopitaux de la seconde classc ime plusgrande mortalite que dans ceux de la premiere; il sem- ble que co rcsullat inattondu no drpond point (.U>s circonstan- niiu SClKiNCKS PHYSIQUES. cos i'\li\noi(linaiies de 1812. Cette aiinec mOme, ;uix deux extremiti'S dc la Russicd'Euiopc, en Tatnidt- ct a Archangil, le cinquionic des malados admis dans Ics hopilaiix y perissait, tie chez nous; que les recherches, plus difficilcs a faire, ne peuvent offrir la meme certitude, quant aux resultats, que celles qui ont lieu sur des registrcs tenus (1) Slcckliolni , 1828 ;iinpiinicrie de Maiquaid. Ui; vol. i;i-.\" dv 60 p. r>(;R sciHiNCEs PinsioiiES. jKir (les anloritt'S civilcs et coiitrules par phisioiirs nioycii,« ; luais on assure que los pastcurs out Icurs devoirs ligourcu- seincnt presents ct ne peuveut y nianqucr. Qiioi ([u'il on soit, nous allons prendre les talileaux do la rommission suedoise, tels qu'ils sont, et tels que le gouver- nement Ics a fait imprinier, ot en tirer les donuces qui pour- rout offrir quelque interet taut par ellcs-nieuies que par la coniparaison avec dcs resultats recucillis dans d'autres pays. Je fais encore observer que les reclierclies de la commission se sont portees sur les anuees 1821 , 2!i, 25, 24 et 25; ellc a indiquc les monvemcns de la population pour chacune de CCS aimees , puis pour la tolalite; enfin, elle a tire de cctle somme nn terme moyen pour une seule annee ; quelquefois meme elle a compare le dernier lustre au precedent : on sent combien la statistique gagnera ;\ obtenir pour une serie de lustres dcs observations de cette nature. Yoici d'abord les KAissANCES, cu Sucdc , pcudaut cbacune des cinq annees : An 1831, naiss. 92,072, dont 45,958 g. leg. et 4 i,8G8iill.lcg. 1822 ei-^'OO 44?<>47 4'^.7^7 1825 98, '^59 4^?659 44'44<> i824. 9^,577 44»4r7 42,G(i() 1825 ioo,5i5 47>75i 4>'5^'^^5 Total. 478,552 227,452 217,514 Le tcrme moyen des naissanccs d'une de ccs anncos est done de 95,7o(> Celui des naissanccs d'une annce du lustre prece- dent avait etc de 85,255 Ainsi, dansle dernier lustre, cliaque annee a donne io,455 naissanccs de plus que dans le lustre precedent. Sur le tableau des naissanccs par province, on voit que c'est dans le Wicr- meland, puis dans Malmoe et Elt'sborg quele nombre des nais- sanccs a le plus auguieute. A I'egard des naissanccs illcgi- times, il resulte du tal)lcau dresse par la commission, qu'elles Djit /'te dans les rapports suivans a la soninie des naissanccs : SCIENCES PHYSIQUES. 369 A Stoekliolm. Daaslesautres villes. Dans les cainpagoes. le 1 : 6, 5 conime 1 : 18,8 nmIkS. A Stoe klioliii. Da 18.11 comme 1 : 2, 6 c 1822 1 : 2, 5 1823 1 : 2,6 1824 1 : 3, 0 1825 1 : 5,0 1 : 6,0 1 : 6,0 I : 6,0 1 : 6,2 1 1 1 17.7 17,4 18,8 I • 19' 4 V' les5 annees. 1:2^ 1:67^ 1:185 et dans tout le royaume, il y a une naissance illegitime sur siir i5 "Tj naissances. En comparant ces resultats a ceux du lustre precedent, la commission a trouve que le nomhre des €nfans naturels a diminue un pcu dans la capitale, mais qu'il a augmcute dans les autres villes et dans les campagnes, quoique dans une proportion pen considerable. Pendant le lustre precedent, le rapport des enfans naturels aux nouveau- nes, dans tout le royaume, avail ete comine 1 a i4^ On est etonne de trouver tant d'enfans naturels a Stockholm: on voit que leur nombre y est pen inferieur a lanioitie des enfans legitimes. D'oi'i pent provenir un tel desordre? C'est au gou- v«rnement a chercher la cause et a yremedier, s'i! le pent. A Paris, on n'a compte, I'annee derniere, suivant VAntmaire da bureau des Longitudes , que 2 naissances illegitimes sur sept naissances. Ainsi les premieres y sont, en total, dans la proportion de 1 : S-j. Dans le departement du Rhone, la pro- portion a ete de 1 : 6 i; dans cclni de la Seine-InlViieure, de 1 : 9-^; dans celui du Nord, de 1 a 10; dans d'autres de- partemens, de 1 a 28, et meme a 32; dans toute la France, enfin, de 1 : i3 -'-; c'est a tres-peu de chose pres la meme proportion qn'en Suede. On voit par-la combien les declama- tions sur la pretendue dcmoralis;ition de la France depiiis la revolution sont mal tbndees, puisqn'un royaume qui touclie a la Mer glaciale, et qui n'a jamais eu de Directoire ni de Convention nationale, produit en proportion le mfmc nom- bre d'enfans illegitimes par an ([ue la France. Les chiffres sont la pour attester que les Suedoi? sont a pen pres au meme degre de moralite que les Franrais, si Intitefois c'est par ic T. xu. FcvBirR 1819. :if\ 5;o SCIENCES PIITSTQIES. nombrc d'enfans illegitimes qne Ton pent constater I't'tatdes moeurs d'un pcuplc. En cfltt, en comparant le nombre des detenus pour dclits au total de la population, on voit qu'il r^- gnc chez les Sncdois bcaucoup moins de depravation de moeurs que dans d'autres ttats. En comptant Ics naissances par mois, la commission a trouvo que le plus grand nombre tombe dans le mois de septembre, et le moindre dans le mois de jiiin. Voici maintenant les releves des deces : Annee 1821, deces 66,416, savoir: 33,466 mal. et32,95ofem. 1822 5(),3c)o 5o,5oo 28,890 1823 56,067 28,803 27,265 1824 56,256 29,071 27,185 1825 56,465 29,180 27,285 Leterme moyen des deces, dans ce lustre, est de 58,919; il avait ete, dans les 5 annees precedentes, de 62,329 : done il y a eu dans ce terme moyen une reduction de 3,4 >o. La di- minution de la mortalite a eu lieu surtout dans les provinces de Stockholm, "\V;crmeland et Joenkoeping. 11 resulte des re- leves mensucls que la plus grande mortalite a eu lieu en mars, et la moindre en septembre. A I'egard de I'age, du sexe et de la condition des decedes , les tableaux suivans donneront les renseignemens necessaires : { legitimes 7082 mul. 6o65 fem. Enfiuis au-dessous de 1 an |ii,-g.itiu,es gjj ^2^ ■ — au-dessous de i5 ans 5529 5o28 Non maries au-dessus de i5 ans. . . . 5638 5247 Individus maries 9606 6708 Veufs 55i6 » Veuves » G844 Dans ce lustre, compare au precedent , la mortalite a ete plus forte dans le nombre des enfans legitimes au-dessous d'un an, et elle a ete moindre dans toutes les autres classes. La plus forte mortalite parmi les enfans legitimes au-dessous d'un an a regnc surtout dans les campagnes. Voici mainte- nant les deces classes scion tons les 5ges de la vie : SCIENCES PHYSIQUES. 371 I Individus au-dessous de 1 an, 83i6 mSles 6887 fem. entre 1 ct 5 ans, 2,799 255o 3 — 5 • 1,001 975 5 — 10 981 g54 10 — i5 548 549 1 5 — 20 567 578 ao — 25 83o 693 25— 3o 909 779 3o — 35 953 83 1 35— 40 934 876 4o — 45 1,1 53 965 45 — 5o 1,180 897 5o — 55 1,253 i,o33 55 — 60 1j46i •j3i4 60 — 65 — ■ 1,668 ■ 1j745 65— 70 1,686 1,886 70 — 75 >j69^ 3,001 75 — 80 1,208 ij573 80 — 85 707 i,ooi 85— 90 ■ 268 — 443 90— 95 77 l52 95 — 100 11 — • — 5i au-dessus de 100 ans — 2 3 Ces resultats confirment une observation deja faite prece- dcminent en Suede; c'est que jusqu'a la 10' annee, la inor- talite est plus considerable cliez les garcons que chez les filles ; de la jusqu'a la 20'annec, elle est i peu pres egale pour les deux sexes; au-dessus de cet age jusqu'a 60 ans, elle est plus forte chez les hommes que chez les femmes; passe la 60% elle devient au contraire plus nombreuse chez les fem- mes. A. regard des adultes, on pourra encore remarquer que la mortalite chez eux est la plus forte, dans les deux sexes, entre 65 et 75 ans. Dans les 5 ans, 26 individus en Suede ont passe 100 ans, savoir : 6 hommes et 11 femmes ont ap- proche de 101 ans, a hommes de loa, 2 femmes do io3, Zyi SCTKNCES PIIYf^TQl ES. I fcmntie do io4, i lionime ot a lomiucs de io5 an.>*; enliii , line foinmo a presque attc'mt TAge de 107 ans. Parini 247O cas de niorts violentes, lerme moyen des cinq dcmieres anuees, on remarque 1126 noyes, i5i suicides et 388 etoiiffemcns d'enfans. Dans lescinq ans, 1941 enfans ont ele etoiifft's imprudemment dans le lit dc lenrs meres on de leurs nounices. Ce malheiir arrive hicn moins IVcquemment dans certains districts de Suede qne dans qiiel(|nes autres. C'est ainsique, pendant le dernier lustre, a Stockholm, un seul enfant a etc etouire, tandis que, dans le "NVa'rmeland , on en a compte 245; dans le district de Calmar, 228 , et dans cclui dc Rronoberg, 194, qui ont peri de cettemanicie. Dans onze districts de la Suede, il y a cu 6 Ibis plus de malheurs de ce genre que dans les treize autres districts. La commission croit que cela tient ice que, dans les premiers districts, les femmes sont soumises a des travaux plus rudes, et ont le somineil plus profond qu'ailleurs. Peut-etre aussi l'usaj;e de berceaux (lu lits d'enfans est-il plus repandu dans qnelques districts qne dans certains autres. Nous passons aux mariages. Le tableau suivant en fera ronnaitre le nombre dans chacunc des 5 dcrnicres annces. Mariases enire : Veufs Garrons Vciifs AnxiSes. Celiba- et et ct Tot AT.. taires. Filles. Veuves. Veuves. 1821 17,708 2,767 1,601 8.4 22,890 182a 19,026 2,878 1,677 85o 'i^^[\Jl 1823 i9'Oi7 2,569 1,655 772 23,993 1824 »8,97' 2,583 i,6i5 708 23,907 1825 H)?097 2,54.) 1,53 1 6G7 5,841 23,640 TOTAUX.. 90,819 10,142 8,059 118,861 Urni. moy. l -18,764 2,628 i,6u 768 20,772 II y a eu, dans le dernier lustre, 2182 mariages de plus que dans le lustre precedent. La commission a calcule le nombre des mariages par districts, ainsi que d'aprcs les ages An 1821 9,382 1822 9^22 1823 9^393 1824 9?097 1825 9,286 Tolal 40,880 Terniamoy. i anc .. Q,"^:*^ 267 i6,5o(i ao8 1 6,635 227 16,171 24^ 15,473 207 1 5,658 I i5a 80,4 'i I 23o 16,08- SCTEP^CES PHYSIQUES- 5;3 des iudividus ; nous ajouteions seulement iui que, sur ki 1 18,861 manages, ilyaeu 101,941 premieres unions, 16,093 secondes, 774 troisirmes , /^8 quatriemes, 5 cinquiomes et una seule sixicnie. Voiti le nombre des uiariages dissous pjir la mort dans le meme tspaie dc tems : Par la moil du mail, celle <'e la feninic, celle des deux. Tolal. 6,857 6,705 6,55 1 6,1 53 _6,i45 52,389 6,478 Dans le lustre piecedent, le total avait ete de 17,044 i aiiisi la morlalite dans Ics mariages a cgalement diminue. Sur ua autre tableau de la commission , les femuies en coucl" 'S out etc distingueespar ages, Dans les couches des cinq annees, 7148 ont produit deux jumeaux;ioo, Irois jumeaux; et 3, quatre jumeaux. Le iioai- bre des morts-nes a ete de 12,625 : ce nombre n'a pas elu compris dans celui des naissances Iranscrlt plushaut. La commission offre ensuite un grand tableau de la POPULATION des provinces suedoises en 1825 , coinparee a celle de I'an 1820. Le tableau porte un total de 2,771,253 umes , ce qui, compare a la population de 1820, donne une augmentation de 7 -j^ pour cent. D'autres tableaux, que nous ne pouvons transcrire ici, indiquent la repartition des ha- bitans dans les villes et les campagnes, suivant leur age ^ leur sexe et leur condition civile. On a trouve que, dims le dernier lustre compare au precedent, il y a eu 5oo nobles de plus, 906 ecclesiastiques de moins, 3,201 bourgeois, et 2o5,io3 paysans de plus, et 26,555 etrangers, juifs, etc. de moins. Suivent de longues listes indiquant le nombre d'individus selon les classes, conditions et professions, lautdans les villes que dans le» campajjnes. Ainsi, le clerge 574 SCIENCES PHYSIQUES. conipte 5476 mcmbrcs; rinstruction publique, 968 maitrcs paytsparlc goiiverncmcnt ; I'ctat unlitaire, 57,736 homines, et la marine, 10,011; IVtat de fabrioant, el los mines, u8,356. La liste dcs arts ct metiers presente qiielqucs fails notables. II n'y a dans loule la Suede qu'un seul dessinaleur pour fabriqucs, un seul chocolalier, un seul emailleur , un seul fabricanl de couleurs, un seul blanchisseur de cire. Le nombrc des indigens se monte a 31^216, celui des prison- niers a i,833, encore a-l-on comprix les vagabonds dans gc nombre. On compte 1,921 Lapons, donl gSi out des Irou- peauxdc rcnnes; 376 mtnenl une vie nomade. La repartition des menag.es est indiquec dans le tableau sui- Yant : Menagesdea personnes, (1e5h5,do Ci io,dc 1 1 A i5,aii-d(:ssus dc i5, total. i Stockholm 4)<'62 7,181 2,')oi 48) 206 i4'436 dans les autre* vilks. 9,219 19,208 io,o65 i,363 3n 40,194 dans lescanipagnes. . 6'|,o53 218,232 168,794 i4i23o 3,126 4fi7,425 Dans tout leroyaumc. 77,33 j 3445^41 181, 3Gi 16,076 3,643 623, o55 Toutes ces classes de menagcs , a rexception dcs menagcs ayant onze a quinze membres, ont augmcnte en nombre. La commission a calcnle la population par menagcs pour toutes les provinces; elle a mcme distingue les menages selon leur fortune en trois classes, riches, moycnnes et pauvres ; elle a ajoute la population par mille carre pour chacune des pro- vinces : cette population varie dcpuis 67 individus (pro- vince de Norbottcn ou Bolhnie septentrionale ) jusqu'a 5,682 (province de Christianstad). On a pris ensuitc les deux dernicrs lustres, et Ton a compare pour chaque pro- vince les naissances etlesdeces, afin de faire voir les varia- tions des unes et des aulres aux trois cpoques dc i8i5, 1820 et 1825. 11a fallu omettrcdans cette analyse beaucoup de details qui auraicnt de rinteretpour ceux qui s'occupent d'economie pu- blique, de stalisti([ue, d'administration generale. On sent coni- bicn line sciic dc Iravaux dc ce genre, continuec dccinqencinq SCIENCES PHYSIQUES. 573 ans pendant qiielques siecles, serait instructive. Puisquc le gou- vernemcnt suedois a I'honncur d'avoir donne I'exemplc du commencement d'unc pareille entreprise, il faut lui soiihaiter assez de perseverance pour la continuer. Ces reclierches il- lustrent autant et meme plus qu'un grand monument; etant d'unc etendue moyenne, le royaume de Suede se prete mieux a des observations de statislique que de grands ttats, oOi il est difficile d'arriver a des resultats tres-exacts, i cause du grand nombre d'agens qu'il Taut employer pour les obtcnir, et dont on ne peut etre toujours sur. II serait maintcnant facile au gouvernement suedois dc faire porter les calculs de sa commission sur quelques autres objets qui interessent la statistique morale, tels que le nombre des proces, des delits, des condamnations, des incendies, le rapport entre I'instruc- tion et la mondite de chaque province, etc. La commission suedoise parait prendre I'cngagement de preparer pour le lustre actuel un travail semblable et meme supirieur a celui qu'elle vient de fournir ; lorsqu'il paraitra , la Revue encyclopklique s'empressera de constater les progr^s de la prosperite publique en Suede; mais, quandaura-t-elle des travaux semblables a annoncer de la part de I'Espagnc , du Portugal et d'une partie de I'ltalie? Tous les Etats de I'Europe devraient pourtant s'habituer a rendre public leur budget moral comme leur budget financier. Deppikc. '>.'W>.'V^v\»» SCIENCES MORALES E TPOLITIQUES. QiuvuKii (;(i>ii>i.KTEs DE Machiavel , Iraduitcs pah J. Y. Peries (i). DETJXIEME ARTICLE. (Voy. ci-({e^siis , p. 8i-io5.) Macuiavel , lioir.mc pitbUc. La ripiihliqiie de Florence vonait de lecouvrcr ?a libertc, lorsqu'en iij94, 31acliiavel,;a peine uge de vingl-cinq ans, entra dans les afl'aiies publiques, sous I'egide djj savant Mai- cello Viigilio, que sa qualile de profcsseur de lillerature grecqnc ct laline n'empetliait pas d'etre un des homines d'£tat les plushabiles de cetle epocnu:. Qnatre ans apres, Ma- chiavel fnt nonime secrelairc du co!i»ell des lUx, supreme magislrature dc la republiquc; et de cc moment, jusqu'au re- tour des JMedicis, dans un espace de qualorze ans, il prit une part active au gonvernement interieur, ainsi qu'aux relations diplomatiques de Florence. Plusieurs missions dans les do- maines de la repuhlique et vingt-trois legations aupres de divers souvcrains elrangers, atleslenl la confiance que le gonvernement avait dans le secretaire du conseil des dix. Ses jiremieres missions n'otrrent rien d'i-nportant a re- cueiliir pour Tobjet que nous nous proposons, Wachiavel u'ayanl eu I'occasion d'y deveiopperancun principe de sa politi- que ; ncjusreniarqneronsseulementc-e passage des instructions qui lui furent donnees pour sa legation a la cour de France, en i5oo, instructions on lesmagistrats supremes lui disaient : "Amplifiez ou attcnuez les circonstances, selon qu'elles nous sont plus on moins favorables »; et ce conseil donne a I'en- (i) Talis, jSao — 15?6; Miiliaud. 12 vol. in-S" ; j>iix, 84 fi. SCIENCES MORALES ET POLITTQUES. ."77 voye de s'entendre avoc le miuislre-arclievcqne de Roue:!, Georges d'Amboise, pour Ironiper le. roi Loui^ XII : « luus ne diiez a S. M. que cc quo S. Em. voudra qu'on lui disc, et de la inauiere qn'il liii paraitra convenablo.... Vous n'au- rez, dans toute cetle affaire, qu'a marcher, pour aiiisi dire, aveo les pieds du cardinal....; et, quanta ce qu'il convieti- drait de I'aire savoir a S. M., demandez-lui de vous prescrirc ce que vous aurez a dire et la maniere dont vous devez vous y prendre. » On voit que c'etait reellement aupres du mi- nistre qu'on .envoyait un ambassadeur, et que le bon roi Louis XII etait traite comme une dupe. Mais, sans nous arre- ter a ce petit complot diplomatique, dont les exemples ne sont pas rares, nous arrivons tout de suite a cel!e des mis- sions de Machiavel qui a le plus influe sur ses priacipes de gouvernement ainsi que sur les doctrines qu'il a profcssees dcpuis et consignees dans la pliipart de ses ecrits. Un homme parut, au commencement du seizieme siecle, qui fixa ^attention de toute I'Europe meridionale. liatard d'un pape, Cesar Borgia, de pretre devenu soldat, affectait I'em- pire de I'ltalie. Seconde par I'ambition d'Alexandre VI, son pere ; seconde surtout par la triple puissance du talent, de la fortune et de la perlidie, Borgia s'etait fait de nombreuses principautes et de grandes alliances. Louis XII, qui fut quel- que temps son protecteur et son ami, lui donna de riches pensions et le duche de Valeutinois. Des maniires franches et ouvertes, le langage le plus seduisant, les dehors mCme les plus affectueux, s'unissaient, chezcet homme extraordinaire, a I'esprit le plus fertile en fraudes, au cceur le plus cor- rompu, a I'ame la plus impitoyable; il avail cette qualite, I'unedes plus a craindre chez les despoles, parce qu'elle leur donne un semblant de justice, de ne point s'attacher aux instrumens de son despotisme, de les briser quand il s'en etait servi; subterfuge au moyen duquel il est facile, phis qu'on ne croit, de tromper les pcuplcs, et dc joindre les pro-, fits de la tyrannic a la gloire dc la punir. Effrene dans les plaisirs, cffreac dan? rumbilloii, I'liHCbtc ci !c fialri< id*- 378 SCIENCES MORALES etaicnt pour Borgia des nioyens qui semblaiont si naturcrs, que tout sou siccic Ics lui a imputes sans prcuves couuiie sans contradiction; viciili pour Ics voluples, mais jcunc en- core pour Ics jouissanccs du pouvoir, son coeur nc I'aisait que changer de passions, et des dcsirs gigantesques remplissaicnt cette brillante existence, qui bientot, donuec et miserable, devait se terminer obscurement sous les murs d'une bico- que d'Espagne. Doue d'un genie actif, audacieux, penetrant non moins qu'imponetrable , Borgia mettait sa gloire a triomphcr par Ic parjureetia trahison, gloire pour lui d'au- tant plus diflicile a obtcnir qu'il I'avait plus souvent obtenue. C'etait au moment ou il allait toucher au plus haul point de sa puissance, el lorsqu'il meditail la plus celebre do ses per- fidies, le massacre de Sinigaglia, que Machiavcl fut envoye en mission pres delui. Borgia, voulant perdre quelqucs con- (lottieri qui avaient abandonne son service, et quelques sei- gneurs dont il ambitionnnit les domaines, se lia avec cux d'une amitie nouvelle, et, apres leur avoir inspire une pro- fonde securite, et s'etre servi d'eux pour s'emparer de Sini- gaglia, il les fit saisir dans la ville memc qu'ils venaicnt de lui acqucrir et oi"i ils le rccevaient avec honneur, et il Ics fit etranglcr, tandis que son pere , le pape Alexandre YI , de moitic dans ce complot, faisait perir i\ Rome Ics parens des victimesde Sinigaglia. Le secretaire florentin avait alors trente-trois ans; depuis quatre ans seulement il etait dans les emplois, mais il avait deja I'experience du genie; et Ton voit, par toutes les lettres qui composeiit cette legation aussi-bien que par la relation qu'il a faite de la conduite du duo de Yalentinois dans cette circoustance, qu'il otait capable de lulter avec lui de pene- tration, de finesse et de profondeur. On pent croire que, domine deja par I'esprit de son si^cle, entraine par un pen- chant naturel vers la politique astucieuse qui reussissait alors, Machiavel a ete entierement subjugue par la renommee dc Borgia, par la terreur melee d'admiration qu'inspiraient scs crimes et sa I'orluue. par les succc« nicr\<"illen\ qui couriin- ET POLITIQUES. 579 naient loutes ses entreprises, et, plus que tout le reslepeut- etrc, parcelte etonnanle prorondeurdeperfidiequi faisaitde ce . prince une espece do type du caratlere italien dc cctte epoque. Ce qui n'est pas douteux, c'est que Machiavel fit du genie de Borgia I'objet d'une etude serieuse; il I'a donne en excmple a ceux qui voulaient fonder des souverainetes; il a cherche dans sa conduite des autoriles pour les doctrines que depuis il entreprit de propager dans tous ses ouvrages; il en fit, en un mot, le inodele de ce prince ideal dont il a trace la pein- ture pour la direction des princes. La legation aupres du due de Valentinois, dont la relation du guet-apens de Sinigaglia doit faire partie , merite une graude attention. C'est I'un des premiers ccrits sortis de la plume de Machiavel; c'est le premier ou I'ontrouve des traces de cette doctrine que Ton a depuis appelee machiavelisme; cnfin, ce n'est pas un ouvrage de theorie, ce ne sont point des principesque notre publiciste a pretendu y etablir; c'est le recit d'un fait, recit diplomatique et officiel, dont I'esprit est d'autant plus curieux a observer qu'il n'est point inspire par un systeme arrete, et qu'il indique seulement la maniere dontce tragique evenement affectait un liomme d'J^ltat italien de ce tems-la. Pour bien juger et meme pour bien comprendre un au- teur, il faut lire ses ouvrages dans I'ordre oi"i nous examinons ceux de Machiavel, I'ordre chronologique ; cette methode est surtout indispensable lorsqu'il s'agit d'un homme d'Elat, d'un publiciste, dont la vie a ete melee aux afl'aires, et dont les oeuvres sont nees au milieu des revolutions. II pent quelque- I'ois, de cette precaution seule, eclater des lumieres qu'on n'a- percevrait pas en lisant ses ouvrages dans la confusion ou la plupart des editeurs les placent (i). (1) Nous coiiseillons au savant traducteur de Machiavel, d'adopter celte classificafion dans I'edilion nouvellc que son excellcnle traduction nc peul manqiier d'avuir bientut. II ^'paignerait ainsi i ses lecteurs un travail auquel lous ne pcnsent pas , et qu-il faitl I'airc ccpendant pour lire avec fruit les auvrcs du publiciste de Florence. 38o SCIENCES MORALIiS Paruii Ics rcjiroclit-s dont Machiavcl a etc robjet pour son retil de reveneinent de Siiiigaglia, I'lin dcs plus graves est ccliii que lui adresse Ginguouc, dans son Ilisluire Uttcraire d'lialie: « iN'on coiilciit, dil-il, d'en loliciter dans sa corres- pondance les niagisirats de son pays, il en transmct tons les details a la posteiile dans un moiceau d'lustoire ccrit avec le plus grand soin. » Or,^ ce ynorceau d'liistoire est tout simple- ment uiie lettie adressee au gouvernement de Florence par Machiavel en sa qualile d'envoye pies le due de Valcnlinois ; elle n'est pas enile avec plus de soin que plusieurs autres depeches de Madiiavel, dont le genie brille dans sa corres- pondanre diplomalique, tonles les I'ois que le sujct prescnle quelqiie inipoilance ; enfin I'auteur de la lettre ne songcail pas, en I'ecrivant, qu'elle dCil passer a la postcritc; il n'avait encore compose aucun ouvrage, il etait un simple agent de la republique, et il ne se doutait pas qu'un jour sa rcnomuiee diit faire attacher plus d'importance a ces sortes d'ecrils qu'u toutes les autres correspondances diploniatiques qui restent ensevelies dans la poussiere des arcliives. L'erreur de Gin- guene vient de ce qu'il a plu a un editeur de faire un opus- cule d'une simple letlre en lui donnant un titre, et en la plaoant pai'miles ouvrages historiques de I'auteur, au lieu de la clas- ser dans sa correspondancc diplomatique, ou sa veritable place est marquee par une lacune. M. Peries, qui a imite en cela ses devanciers, a cependant avei ti que cette relation se trouve dans une lettre de Maeliiavel, dont il donne les pre- mieres ligues : « Puisque vos scigneuries, dit I'envoye au gouvernement, n'ont pas recu toutes nies lettres, qui les au- raient instruites en parlie des circonstances de I'evenement de Sinigaglia, je crois devoir vous en donner, par la prescnle. un detail exact.... ; je suis convaincu qu'il vous sera agrvLabIc de connaitre exactement un evenement aussi rare que me- morable. » En efl'et, on volt, par la correspondance de Ma- eliiavel, que,le jourmenie du massacre de Sinigaglia (3i de- cembre i5o2), il ecrivit deux lettres a la scigneurie dc Florence, Tunc en qnelques lignes, on revcnemcut etait sim- i:t POLITIQUES. 38 i plenient annonct', raiitrc oi'i il eu doniiait tons les details. La promiei'e a ele conservee, la secoiide manque, ct il parait qn'elle ne parvintpas a son adrcj-se. Ce fut pour la remplacer que Machiavel ecrivit, pen de jonis apres, la relation dont il s'agit, et qu'on aurait du, ce nous sentible, classer a son rang dans la legation aiiprcs du due de Valenllnois. Gingnene reproclie encore a Macliiavcl de ne s'clre pas enful Spouvantc a la vue d'lin pared trait de sceierate^^se, et de n'avoir pas joint a son recit le plus U'ger signe de rrpugnance et dcbldine. 31ais, d'abord, ce qui, a bon droit, inspire de I'hor- reur a Ginguene, ne produisait pas la mCme imj)ression sur unFlorentin duquinzictnesiecle, qui, dans toutel'Itaiieet dans sa propre ville, avait pu se famiiiariser avec de semblabies perfidies. Ensuite, un ambassadeur ne s'enfuitpas; et, quoi qu'il arrive, son devoir est toujours d'obeir nioins a ses im- pressions personnelles qu'aux instructions de son cabinet. II est vrai , et c'est une chose bien rcmarquable, que, dans toute cette legation, qui reriferme plus de deux cents pages, 31acbiavel ne laisse pas ochapper un scul mot dont on puisse induire la moindre desapprobation du caractcre faux et de la conduite atroce de Borgia; il est vrai qu'il raconte, avec la plus froide impassibiiite , une odiense et sanglunte cata- strophe. Maisil fautdire, et je pense qu'on ne I'a pas remar- que, que, le jour meme du massacre de Sinigaglia, dans une conversation entre le due et Machiavel, lorsque le premier engageait I'envoye de Florence a faire comprendre a sa re- publiijue qn'elle devait se rcjouir d'un succes qui la delivrait de ses ennemis les plus acharnes, lorsqu'il en iaisait parade, et, pour achever son triomphe, recommandait a Machiavel d'ecrire a son gouvernement que si le due d'Urbin, Guido, se refugiait sur le territoire florentin, on le fit arreter ; Ma- chiavel lui repondit : « Qu'il etait contre I'lionrieur et la di- gnite de la repidiiique de livrer ce seigneur prisonnier, et que la seigneurie n'y consentirait jamais. » L'on conviendra qu'il y avail quel;|ue noblesse a faire une pareillc rcponse a un tel homme et dans un tcl moment. 58a SCIENCES MORALES Les defenseuri de Machiavel, ct particulitTcmcnl M. Pe- ries, qui examine ici et disciile d'une maniere fort judi- cieuse I'opinion de Ginguene ct de tous ceux qui se sont obslines a voir uiic theorie dans une dcpcche et a juger le re- cit oflicicl d'un ambassadeiir comme une opinion de mora- liste, out argue des fonctions de Machiavel qui lui pres- crivaient de raconter ct non de juger; ils ont dit que les victimes de la trahison de Sinigagiia etaient des miserables qui avaicnt eux-niCmes train et Borgia et Florence; que leur pcrte etait a la fois une satisl'aclion donnee a la vertu et un motif de sccurile pour la republique ; ils ont ajoute que Machiavel se defiait trop bien de la mauvaise foi du prince pour exposer sa veritable pensee au hasard d'une do- peche que Borgia pouvait avoir interet ii intercepter; et c'est un fait que plusicurs Icltres de Machiavel, et particulicrement celle qui conlcnait les details du guet apens de Sinigagiia, ne parvinrcnt point a la seigneurie de Florence. On voit bien que toutes ces raisons ne sont pas egalcment-convain- cantcs; et Ton peut surtout rcpondre i cclle qui porte sur la crainte de voir violerle secret de ses lettres, que Machia- vel pouvait ecrire en chiffres, comme il le faisait quelque- fois, et que d'ailleurs plus d'une de ses depeches renfcrment des revelations qu'il avait le plus grand interet de tenir ca- chees, ainsi que certains passages qui auraient certainement deplu au due de Valentinois. Un autre reproche dont I'injustice est plus manifestc, c'est celui d'avoircte confident de I'horrible desscin de Borgia, et presquc I'instigateur de sa perfidie. Sans doute 3Iachiavel a suivi avec zcle les instructions qui lui ordonnaient « de faire toutes les demonstrations proprcs a persuader le due de Valentinois de la confiance et de I'espoir que la republi- que mettait en lui; »il s'est efforce de lui inspirer de la de- fiance pour des ennemis perfides qui etaient aussi ceux de la republique; mais il n'en est pas moins parfaitement clair, pour tous ceux qui ont lu cette legation, que, si le carac- lere connu de Borgia ct quclques demi-coiifidecccs ont don- ET POLITIQUBS. 383 ne a Machiavel de justes souprons, neanmoins il est reste dans line ignorance complete do la catastrophe, jusqu'apres son execution. « Quel est son veritable but? repete-t-il dans plusieurs lettres; je me garderai d'en juger. » Un jour, le prince lui dit :« C'est ainsi qu'ils se jouent de moi a leur maniere; mais, de mon cote, je gagne du tems, je prete I'oreille a tout, et j'attends mon moment. »Un autre jour on lui rapporte une conversation de Borgia quiu prouvait que ce prince avail bien plus envie de se venger de ceux qui avaient mis ses Etats en peril que de faire la paix. » Tantot « il s'est exprime sur le compte de Yitelozzo et de Gianpa- golo Orsini de la maniere la plus sinistre. » Tantot, au con- traire, «on croit qu'il nemanqueraitpas i sa parole s'il I'avait une fois donnee. » A diverscs reprises enfin, Messer Agapito (le premier secretaire du due) fait d'etranges aveux a Ma- chiavel. « En parlantce matin de I'arrangement qu'on nt'go- cie, il s'est mis a rire, et m'a dit que cet arrangement n'e- tait qu'unleurre — ; il n'est pas jusqu'aux eni'ans qui ne doi- vent se moquer d'un pareil traile. sAussi, au milieu de ces indices, de ces contradictions, de ces aveux, Machiavel I'aisait souvent d'habiles conjectures, mais restait dans un doutc prudent , grace a la grande intelligence qu'il avail du carac- tere de cet homme artificieux : « Personne, ecrivait Machiavel cinq jours seulement avant la catastrophe, personne ne garde mieux un secret que ce prince; et je ne crois pas que quelqu'autre que lui sache ce qu'il veut faire. » II suffit done d'avoir lu cettc legation pour justifier plei- nement Machiavel dc la calomnie qui I'accuse d'avoir trem- pe dans le complot de Sinigaglia ; mais en meme tems pour apprecier a leur juste valeur les raisonsque Ton apporte com- me excuses de I'indifference avec laquelle il en fut spectateur et historien. La moralite italienne de cette epoque est tout cntiere dans cette premiere partie des travaux diplomatiques de Machiavel; quelques passages ne suffiraient pas pour dou- rer une idee de rimpression que fait eprouver ce contraste 7)84 SCIKNCES MOJULES enire ruiipassil)ilile ile recrivain et I'horreur de son rucil(i); i[ faut voir comine il trouve tout naturol I'air de salixfnction de Borg:ia au moment oij il se bai!;nc dans le sang des enne- mis qii'il a pris au piege; comme il vanle les teruies plcins dc sagcsse dans lesqiiels le tyran s'exprime ; comme il presse k' gouverncment de la repuhlique de se rrjouir de ces meur- tres dont elle aussi doit profiler, d'envoyer an des principaux cU(y)-ensde Florence, en qualite d'ambassadeur, a C occasion d<. cevouvel rvenement ; enfindefaire auducquelques propositions honoraldes et avantogenses, et de lui lemoigner ensuite toute famitid possible, en laissant de cote les lenteurs et totites les considerations. Et six jours aprts, ne voyant rien arriver, Ma- chiavel revient encore a la charge, et ecrit a la seigneiiiie de Florence : « On commence ici a s'efonner de c-e que vous n'ayez pas ecrit, on que du moins vous n'ayez pas I'ait rom- pfiinenter, de quelijue nfianiere, ce prince sur ce qu'il a fait derniorement a votre avantage ; car il est persuade que la lepublique lui doit une veritable reconnaissance de sa con- duite, disant qu'il en anrait cofile plus de deux cent inille ducats avos ^eigneurics pour faire mourir Vitelozxo, et pour detruire lesOrsini; et qu'encore vous n'auriez pas reussi aussi pariaitement que lui. » Pen de mois apres avoir rempli cette mission aupres de Borgia triomphant, Machiavel, cnvoye a la cour de Rome, y retrouvera ce prince, dechu de scs etats et captif d'un de ses plus redoutables ennemis. Cette puissance echaiauilce sur tant de crimes s'etait ecroulee tout a coup. Alexandre M (l) li faut cepcnrfant citer iin seiil liait. Voici ccimnient IMacliiavcl an- ronce le supplice iFn|)ioinptii d'uii prtMuier ministie du due : " Messer Itimino a ele trouve coujjii en deux ce malin sur la place;; il vest eiicurc, et tout le peiiple a pu se reoailre dc cespeclacle. Ou ignore les veiirables nidtits de sa morl : on dit que «•/« a plii ainsi au prince , qui a voulu nioiUrer,par cet exeniplc, qu'il suit fairc ct ilcfuirc les luimincs n sa cimve- nance, sv.lon qu'ils ont bien ou nial uierite de lui. » Ce sout la les sculei lellixions de t'civoye sui cette sanglaiite responsabilift luiiiislciielle. ET POLiTIQlKS. 585 s'etait empoijoniic avtic un breiivage ayalo par incgarde et qu'il avail prepare pour fairs perir un cardinal. Pie HI, son snccesseur, etait mort aprcs un pontificat rle vingt-six jours ; I'election d'un nouveau pape interessait vivement Florence; iMachiavel charge, pour la I'orme, d'une mission de pen d'im- portance, etait reellenient envoyo pour menager les interCts de la republique dans cette grande circonstance. On trouve, dans le rapprochement de cette mission et de celle dont nous venous de reudre compte, une comparaison piquanle, et qui jetle beaucoup de lumiere sur le caractere de Machiavel et de sa politique; c'est sous ce point de vue seulement que nous aliens rexaininer. Mais auparavant nous avons deux mots a dire de quel- ques memoires composes vers cette epoque sur les affaires de la republique, et oi'i Ton demele quelqnes lineamens de la politique de notre auteur. Dans un opuscule sur la con- duite a suivre envcrs les habitans revoltes de la Valdichiana, Machiavel se montre ennenii declare des demi-mesures; et, invoquant I'exemple des Romains, dans une circonstance pa- reille, il etablit que, « lorsqu'une ibis les peuples ont brise le joug de I'obeissance, il I'aut ou les ramener par la clemence, ou les detruire entierement , et que toute autre mesure offre les plus grands dangers. »Puis appliquant ce principe a la conduite de son gouvernement : « Je ne vols pas, ajoute- i-il , que vous ayez rien i'ait de tout cela a I'egard des Are- tins; car ils ne peuvent regarder conune un bicnfait de pou- voir etre maudes jouinellement a Florence, de voir la vente de leurs biens et la perte de ieurs honneurs, d'entendre mal parler d'eux publiquernent, et d'etre oijliges d'entretenir les garnisons que vous avez mises chez eux. D'un autre cote, peut-on appeler s'assurer d'une ville, que d'en laisser les murailles sur pied, de souffrir que les cinq sixiemes de ses habitans puissent y demeurer, de n'y point envoyer de nou- veaux citoyens en assez grand nombre pour pouvoir tenir les anciens sous le joug? » Ce ne sont pas la de pures theories; nous voyons encore T. xi.i. FFVRiFR 'Sag. 95 386 SCIENCES MOUALES cclte politique en aclion (bris quelques dopeches ecrites par Machiavcl au commandant des troupes cliargces de reduire la ville de Pise qui avait secoue le joug de la republique. II lui renouvelle plusicurs fois la recommandalion « de rava- ger tout le territoire ennemi sans rien cpargner ; » et ail- leurs : « Quant a la satisfaction que nous attendons de la part des troupes, elle consiste a ne rien ipargner sur le territoire ennemi. nOr, ce pays ennemi etait une portion des etats de Florence ; on comprend d'aillcurs ce que pouvaient etre les ravages d'une armee qui recevait de pareils ordres du gou- vernemeot qu'elle servait. Dans un discours sur ces memes affaires de Pise, Machia- vcl examine les divers moyens qui pourraient conlrihuer a faire rentrer cette ville sous la domination de la republique ; 11 pose le cas oti les Pisans se remettraient aux mains d'une autre puissance , et 11 se demande si celle-ci les livrerait a Florence : « Est-il quelqu'nn assez perfide, dit-il, pour tra- hirleur confiance, et qui, sous pretexte de les defendre, fut capable de les tromper, et vous les livrnt comme prison- niers? » Ainsi voil4 ce futur precepteur de perfidie qui doute qu'on puisse etre assez perfide pour trahir la confiance d'un peuple. Ailleurs, dans un discours qui fut compose sans doute pour I'un des membres de la seigueurie (car le secre- taire Macliiavel n'avait point voix deliberative) et dont le but etait de determiner le gouvernement a prendre quelques mesures necessairesa sa sfirete, Machiavel montre lui-meme combien peu sert la duplicite; eten effet, dans un siecle oi^l la perfidie est une arme que tout lemondeemploie, elle doit etre utile a peu de gens :« Quant au pape et au due son fils, dit-il, qui ne connait leur caractere, leur ambition et leur conduite, et quel fondement on pent faire sur leur parole? » Ce discours, encore inedit, et qui ue se trouve dans aucune edition de Machiavel, est ecrit de ce style nerveux et plein de choses qui caracterise notre auteur; M. Peries en a don- ne le texte avec la traduction : ce n'est pas un des moin- dres ornemens de I'onvrage ([ue nous lui devons. ET POLITIQUES. 58- Maintenant nous revenons a la legation de Machiavel pres de lacour de Rome, apres la mort du pere dii due de Valentinois. La puissance d'Alexandre VI, bien plus que le genie et les crimes de Cesar Borgia, avail servi i fonder la puissance de celui-ci; aussitot que le pape eut disparu, la plupart des villes conquises par le due de Valenlinois se revolterent et redemanderent leurs anciens maitres. Machiavel I'avait hien prevu dans le terns meme que son heros etait au faite de la puissance. « Je crois, ecrivait-il a son gouyernement pendant sa mission aupres de Borgia, que tant que le pape vivra, el qu'il conscrvera I'amitie du roi de France, la for- tune du due ne I'abandonnera pas. » On peut s'etonner qu'avec un coup d'oeil si juste el un jugement si perspicace Machiavel ait accorde tant d'admiration a une puissance precaire, manquant debases qui lui fussent propres, que son fondateur ne pouvail soutenir par lui-meme, et qui, si je puis ainsi dire, ne s'etablissait qu'a fonds perdu sur la tele d'un autre. Tandis que les souverainetes de Borgia s'efforcaienl de se- couer le joug, et que de puissans ennemis s'appretaient i s'onrichir de ses depouilles, il etait a Rome iuttant contre la maladie el la mauvaise fortune. II avail partage le breu- vage empoisonne qui avail tue son pere ; plus jeune el plus vigoureux il avail echappe a la mort, mais le poison dont, toule savie, il devait sentir les atteintes, faisail alors en lui de cruels ravages ; I'ambition decue, cet autre poison, plus mortel que I'autre, devorail son ame avide. En proie aux souilVances de loutes sortes, il conservait encore i'ener- gie de son caractere feroce et la souplesse de son genie frau- duleux. II negocia des reconciliations avec plusieurs de ses puissans ennemis, et recommenca les reves de son ambition : « Le due se trouvc maintenant dans le chateau, ecrivait Ma- chiavel, oii il medile plus que jamais de vastes projets, dans I'espoir que Ton obtiendra un pape tel que peuvent le vou- loir ses amis. » Comme il disposait encore des cardinaux ejpagnols, son influence etait assez grande sur le eonclave; 588 SCIENCES MORALES ft les preteiulans au trone pontifical s'pmpressnirnt :'i hii (hire Icnrcour. Toiitefois il s'apciriit i)icnt(jtf|iie la cliaiicc pa- raissail tounier pour Giuliano dclla Unvcra, I'un de ses en- neniis ; et, convaincu qu'il nv. pourrait cmpC-cher son election, il St; hiila de contribuer a liii fairc oblenir la tiare. Jules II, cneffet, fut nomme. « On dit, ecrivait Machiavel, qu'il a promis au due de Valentinois, qui, dans cette circonstance, lui a ete plus utile que personne, de le reintegrer dans la totalite de ses etals de Romagne. n Borgia cs^porait en outre etre noinme gonfalonier de I'eglise. MachiaA'ol plus clair- voyant, sans doute parce qu'il n'etait pas inloresse dans la question, apercut le piege que Borgia ne vit pas :« Le pape, ayant eu besoin de son appui pour roussir ;\ etre elri, dit-ii, lui aura donne de belles csperances, dans lesquelles il tache de I'endormir — Personne n'ignore la haine naturelle que lui a toujours portee sa saintete, qui ne saurait avoir sitfit oiiblie I'exil dans lequel il I'a tenue pendant dix ans. De son cote le due se laisse guider par une aveugle confiance ; il s'imagine que la parole des autres est phis sincere que ne le fut la sienne. ))0n ne pent attribner cette etrange duperie de Borgia qu'au besoin qu'il avait de se troniper hii-nieme; il se voyait perdu sans ressources si le pape ne Ic soutenait, ct, par une disposition naturelle al'esprit hnniain, il conser- vait un reste d'espoir dans le pape ; niais des que cet espoir fut evanoui , dfes qu'il vit sa veritable position , Borgia cessa d'etre lui-meme, et Ton apprend, par la correspondarice de Machiavel, les continuelles alternatives de confiance et d'a- battenient au milieu desquelles llottait cette ame sans fermete dans le malheur, et tombee si bas dts qu^ la fortune n'etait plus la pour I'elever. Un jour, s'il faut en croire Macbiavel, le cardinal Florentiii Soderiui, eveque de Volterra, lui repre- sente« qu'il est inutile de desesperer, parce que le plus souvent le desespoir retombe sur la tete de celui qui s'y abandonne. »llne autre fois, ce meme cardinal « a trouve le duo incertain, rerapli de souppons et changeant a chaque instant de res ^ution ; soit qu'on doive I'attrihuer a son ca- ET POLITIQUES. SSg lactere, soil que les coups dont la fortune I'a I'lappe aieiil etonne son unie , et que, peu accoutume a les epiouver, il se tiebatle sous leiir rigueur. »Un autre prelat, le cardinal d'Herina, disait« que le due avait perdu la tete ; qu'il igno- rait lui-meme ce qu'il voulait faire ; qu'il changeait a chaque instant de resolution , et qu'il ne savait comment se tirer de rembarras dans lequel il s'etait mis. « Voila quel tut dans la mauvaise fortune le heros de Machiavel. Au reste Borgia otait veritablement I'liomme de son siecle; la conformite de ses moeurs avec celles de son pays et de son terns fit !a moitie de ses succes et de sa rcnommee ; I'illusion fut gene- rale, et si Machiavel fut dupe, il le fut aveo toui.e I'ltalie et plusieurs grandes puissances. Jules II, en effet, n'avait eu d'autre dessein que de proii- ter du reste d'influence de Borgia, et de le perdre ensuile pour payer ses services. Un autre fiit eleve a la dignite de gonfalonier de I'Eglise, et le pape se mit en devoir d'acconi- plir la resolution secrete qu'il avait prise de ne lui laisser recouvrer aucun de res etats. Les politiques du terns, qui iiaguere etaient a genoux devanl sa puissance, epiaient maintenant, avec une curiosite maligne, les progres de ses desastrcs , et sa marche rapide vers I'abime qui I'attendait. « Nous ne le perdrons pasde vue, ecrivait Machiavel au gou- vernement florentin, et je vous donnerai connaissance de toutcs ses demarches. » Apres quelques emportemens contre la conduite de Florence a son egard, le due revient a Ma- chiavel , il sent qu'il a besoin de la republique. « II m'a dit une foule de choses, ecrit I'envoye , dont la conclusion est que c'est d'aujourd'hui qu'il faut partir; qu'il est necessaire d'oublier le pdsse pour ne s'occuper que de I'avantage com- mun, et empecher les Venitiens de se rendre maitres de la Romagne Je L'ai assure qu'il pouvait avoir en rous ioute con/iajice. » Deux jours apres, lepape, d'Amboise, le due, le cardinal de Volterra, sous la direction duqiiel etait Machia- vel, les cardinaux espagnols et le cardinal de Ferrare se sont reunis pour decider le depart du duo, uiais. en m?mc terns, 3qo sciences morales Machiavcl ecrit qn'on ne s'occupe qu'i tromper Borgia, et a lui presenter dc fausses esperances ; liii-mCme detournc la republi- que de hiidonnerun sauf-condiiit : «Si vosseignciiries trou- vaient Icur avantage i entrer dans ccs idees, dit-il, elles peu- vent le fairs sans scritpule. » En annoncant que le due envois un homme de confiance aupres du gouvernement florentin , et qu'il dirige par Florence un corps de troupes, pour lequel ii demande passage , Machiavd ecrit : « Si I'envoye du due arrive, vos seigneuries pourront nepass'en inquieter. .. EUes pourront s'infonner de i'etat dans lequel sent ces troupes; et si vous jugiez k propos de les laire devaliser en chemin , on pourra lefaire... » Le surlendcmain, Machiavslajoute : «Tou- tes les belles protestations que lui out faitss Is pape, d'Ana- boiss St Iss autrss, n'ont eu pour but qus ds I'eloigner i la msrci ds Disu, le plus promptement et Is uiieux possible. En consequence, vous avez le champ libre pour adopter , sans aucune consideration particuliere , toutes les mesures que vous croiriez avantageuscs; et je vousrcpcte de nouveau que s'il arrivait quelque incident qui vous delerminat a favo- riser le due, vous n'avez qu'a le faire $an.toire neglige; il nous les montre, non pas eeulement sur la scene politique, mais dans I'interieur deleur aiaison, avec ces bizarreries, ces faibh'sses, ces petites pas- sions que I'intimite revele. Leurs ministres sont aussi de- jiouilies de cet appareil qui les cache souvcnt au vulgaire ; ct quelqueibis tous ces grands personnages se peignent eux- memes dans des conversations heureusement rapportees par 3Iachiavel, et oii le trait caracleristique n'est jamais oublie. Cette epoque , si interessante pour I'ltalie, dont les petits etats sc dcbattaient sons les grandes puissances de I'Europe, et n'etaient occupes qu'a se souslraire a des inimities qui leur coCllaient cher , ou a marchander des protections pres- que aussi onereuses , donne a ces legations tout le piquant des memoires les mieux fails ; et ceux qui ont pu juger par experience I'insipidite du bavardage diplomatique de la plu- part des ambassadeurs ne se figurent que dilficilement tout ce qu'il y a d'instructif et d'amusant dans cette lecture. Qucl- quefois Machiavel se trouve en sous-ordre aupr^j d'lui am- 5c)4 SCIENCKS MORALES bassadeiir dc sa republique, deju accreditc a la cour ou on renvoie, dans une circonstance diflicile ; mais son genie le met toujours i la premiere place; quelquefois un autre signe les depeches, mais c'est toujours lui qui les a dictees. La pensce dominante de la plupart de ces legations , celle qui occupait constamment Machiavel , c'est I'union des di- verges provinces d'ltalie et I'independance de la puissance italienne. On a vu par la peinture que nous avons faite dans notre premier article del'etat politique de I'ltalie, combien dc desordres et de dissensions intestines la dechiraient pendant la dernieremoitie du quinzieme siecle ; mais cemalheur, qui ne lui venait que d'elle-meme, elait encore pour elle une sorte de bonheur; le patriote italien appelait cela du repos; les grandes invasions etrangeres ne desolaient pas encore son pays. « Les autres Etats de I'Europe, dit M. de Sismondi, exercaient peu d'influence sur la politique italienne ; aussi le repos qu'on gontait a la fin du quinzieme siecle, ce repos si favorable aui lettres et aux arts, et que tons les Italiens ont celebre, pour I'opposer aux guerres longu^s et sanglantes qui allaient bien- tot commencer , n'etait-il point le fruit de la politique d'un homme , mais le resultat d'un ensemble de circonslancesqui ne pouvaient pas durer long-tems. » Elles ne durirent pas, en effet , et I'ltalie fut inondee d'etrangers que les Italiens appelaient a bon droit des barbares. Tuutes les legations sont remplies des regrets amers de Machiavel, et Ton voitavec quelle profonde douleur 11 deplore la necessite oCi etait I'lta- lie d'invoquer contre les etrangers le secours des etrangers. Une seule fois pourtant il senible desirer leur presence, el c'est I'ambition et la violence de Jules II qui lui inspirent ce souhait : «Si I'empereur et le roi d'Angleterre veulent y con- courir , ecrivait-il en i5io (i), on elira un nouveau pon- tife, et, au printems, le roi (Louis XII) descendra en Ita- lic avec une armee si nombreuse , que ce ne sera pas une guerre, mais une simple promenade jusqu'a Rome. En verite, (i) Tioi-^iciiie Icgalioii a la C'>ur dc Fiance. ET POLITIQL'ES. SgS si Florence etait situee ailleurs, cela serait a desii'cr, afin que nos pretres eux-memes goQtassent aiissi un peu de I'amer- tiime de ce monde. » Jules II semblait cependant vouloir lui-meme creer une puissance italienne, mais il voulait que cette puissance flit celle du pape, et cette criminelle am- bition a appele sur I'ltalie , avec les invasions etrangires , une longue suite de desastres. Le portrait de ce pape, celui de I'einpereur Maximilien , ceux de Louis XII et de ses minislres ne sont pas le moindre ornement de ces lega- tions. II est a remarquer qu'on rencontre pi et la, dans ces lega- tions, des principes de droiture opposes aux principes accou- tumes de la politique du terns et a ceux que professe le plus soutent Machiavel. Ainsi lorsqu'il vient reclamer aupres de Gianpagolo Baglioni, tyran de Perouse, I'execution de I'en- gagement contracte par ce condottierc envers la republique , il s'efforce de lui faire scntir « tons les avantages de la bonne foi, et conibien il importe de tcnir sa parole. » II lui repre- sente que « le public I'accusera d'ingratitude et de mauvaise foi , le regardant comme un cheval qui bronche et qui no trouve personne qui veuille le monter pour ne point s'ex- poser a se casser le cou; que quiconque endosse la cui- rasse et veut en tirer de I'honneur ne pent rien perdre qui soit d'un prix aussi precieux que la reputation de bonne foi. » Machiavel se conformait en ceci aux ternies precis de ses instructions qui lui enjoignaient de tucher d'aiguil- lonner Baglioni par I'idoe du blame qui punirait son ingra- titude et son manque de foi , tandis ([ue les vertus con- traires « sont les deux points capitaux sur lesquels les hom- mes doivent le plus compter. » Nous lisons encore dans la quatrieme commission d I'annee qui assiegeait Pise , dont les lettres signees par im commissaire general sont presque toutes ecrites de la main de Machiavel : « Tarlatino, de son cote, dans toutes les lettres ecrites de sa main, et qu'il m'a- dresse directement, me repute sans cesse qu'il n'a qu'une parole, et qu'il aimerait mioiix nionrir quo d'y manquer. IS 396 SCIFNCfiS MOIIALKS est ccrUiiii que plus les homuics do cettc espcce soul cloves eu houneur, plus ils tieuneut a leur parole. » Ainsi daus <;<; sieclc de pcrlidics, la bonne foi n'etait pas ioul-;i-lail deciit'e, et on restlniait encore, au moins quand on en ava v besoiu. La mission de Macliiavel n'eut point de succes , il ne puL obtenir de Laglioni que ce cundoUicre tint ses engagemeus. Peu de niois apres, el dans sa mission a rarniee qui assiegeait Pise , pour fairc reulrer cette ville sous I'obeis- sance de la repul)!i(juc, MaL-hiavel vit Tentreprise echouer par la lachcle des soldats qui rcfusereut neltenient de nionter a I'assaut quand la breche fut ouverte. Lc genie do Machiavel avail compris tout le mal que i'aisaient a I'ltalie les troupes mercenaires et le systeme des condotiieri. On voit dans ses legations, comine dans ses ouvrages, que ce I'ut I'idee de toute sa vie de creer une arinee nalionale. La defection de Baglioni, riniaiuie des bandes qui assi.geaient Pise, avaient produit une impression salutaire sur les cbel's du gouverne- ment de Florence ; l>Lichiavel crut Tinstant propice pour faire I'essai d'une grande conception; il proposa la conscrip- tion. Lui-meme fut charge d'une mission dans diverses par- ties du domaine de I'Elat pour I'inscription des hommes. (I Deux causes , dit-il, dans ses depe( lies , out contribue a rendre cette operation extremement dilFicile : la premiere est I'insubordination ancienne et obstinee de la population ; la seconde , rinimitie qui cxiste entre les habitans de diverses communes. » Et cependant Machiavel avail tout pouvoir de lever les obstacles, car ses instructions poitaient « d'inscrire et armer, selon son bon plaisir , tons les hommes qu'il ju- gera propres au service militaire.») Cette espece d'apprentis- sage servit sans doute a Machiavel pour la redaction d'inie loi de conscription, rendue cette meme annee i5o6, et placee dans le 4" vol. des OEuvres , sous le litre de Prorisioii pour I'infanierie. La disposition fondamentale de cette or- donnance est I'inscription , dans chaque commune , des hommes de I'age de i5 ans a 5o ; ces hommes doivent for- mer ime infanterie de 10,000 hommes au moins, el oIub KT POLTTlQliKS. 597 s'il c?l possible , on n'inscrivant toutcfois que des indigenes ct des hommes domicili('S dans la commune oi'i etait placee fhaque banniere (1). Nous ne pouvons entrer ici dans les details de cette ordonnance dont presque toutes les dispo- sitions prouvent la prol'onde sagacite de Machiavel et mon- trcnt qu'il avait pour I'administration iino aptitude egale a rc'lle dontil I'ait preuve dans ses fonctions diplomatiques (2). Nous remarqueronstoutefois cesprincipes generaux que notre mission speciale est de signaler partout 011 nous les rencon- trons dans les Cffluvres du secretaire florentin. II etablit d'ahord que toutes les republiques qui se sont agrandies ont toujours pour base deux I'ondemens principaux, la justice et les armes ; ensuite que les armes etrangeres et mercenaires sont la ruine et la pcrte des Etals qui les cmploient; tandis q\ie des ciloyens qui sont toujours prets a prendre les armes , meme au scin de leurs I'oyers, mcttent le lerritoire de la pa- trie a I'abri de toute attaquc soudaine et imprevue (5). (1) Nous citerons un article qui doiine une idte de la niariieie dont etaient arm6es les troupes de ce tems-la, epoquc oil Ton ne savait pas en- core tirer parti des at-mes «i feu : « lis aurunt tous , pour armes defen- sives , une cuirasse de fer au moins , et pour amies offensives il y aura , par chaque compagnie de cent hommes, soixante-dix lances au moins et dix mousquets; ie reste pourra s'armer d'arbaletes , d'epirnx , de faux, de boucliers et d'epees, comme ils le jugeront plus commode. •> (2)11 est dans cette ordonnance tellesmcsures que noussoUicitons nous- mf nies encore aujourd'hui sans pouvuir lesobtenir : aiiisi les delils commis par les hommes enroles n'etaient durefsoitde la justice militaire que lors- qu'ils etaJent occtipcs a quelque operallon de guerre. Ainsi, soiisaucun pre- texte , on ne pouvait accorder aux troupes le privilege de porter des ar- mes dans Teiiceinte des murailles de la vi!le. (0) Cinq ans phis tard , en i5 1 1 , Machiavel fut charge de rediger une provision pour la levee d'une milice i cheval. Elle devait se composer d'un corps permanent de 5oo chevau-legcrs au moins; « considcrant, dit le preambule du decret, quelle source de securite et de reputation a ete et est encore pour la rtpublique I'ordonnance relative a I'infanterie.i) On pent croire, conime ie remarque judicieusement IVI. Peries, que cette institution d'armees nationalcs, dans les republiques italicnnes, auraiteu pour cc pays de grands rcsultals , si elle eiit eu le tems d'y jeter de pro- fondes racines ; mais elle etait trop patiiotique pour rtre adoptee par Irs Medicis , et slip perit k leur ritabli'senienl. 598 SCIENCES MORALES Nous avons vu que Machiavel avail ete envoye a Rome par sa republiquc a I'epoque de I'exallalion de Jules II. II y fut envoye de nouveau, Irois ans aprcs , en i5o6, lorsque ce pape conimencait a executcr les piojets ambilicux qu'il avail concus. Ses premiers desseins se portaienl sur Perouse ct Bologne, qu'il voulait soumetlre au joug de I'Eglise. II eta it assez evident que si le pape triomphait , ces villes ne feraienl que changer de lyran ; mais les hommes qui revaient I'unite de I'ltalie , ou que trompail leur interet personnel, semblaient s'imagincr qu'il y avail quelque chose de pa- triolique dans les entreprises de ce pretre turbulent et arti- ficieux. « Chacun ici est persuade que si I'entreprise de Bo- logne reussit , le pape ne tardera point a se jeter dans de plus vastes tenlalives ; et Ton espere que cette fois-ci ou jamais I'ltalie sera pour toujours delivree de tous ccux qui ont resolu de la devorer. » C'est ce qu'ecrivait Machiavel qui suivait alors la marche de Jules II sur Bologne ; mais on ne comprend pas comment un lei homme s'aveuglait ainsi sur les desseins d'un aussi mechant pape , qui, dans le cas meme oOi il n'eut eu en vue que des projets legitimes , ne pouvait les executer qu'avec le sccours de I'etranger , qu'il pressait encore de descendre en Italie. Lorsqu'en i5io, ce pape etait brouille avec Louis All , et que IViachiavel rem- plissait en France une troisiememission,notrepublicisteavait bien change d'opinion , car il semblait partager la croyance generale qui imputait au pape « le desir de troubler la chre- tiente el d'achever de devorer I'ltalie. » Aussi suggerait-il au roi Louis XII , qui songeait a se lier avec I'empereur conlre Jules II , des moyens plus eflicaces de detruire la puissance de ce pape. « Les Italiens, qui n'ont qu'a pcrdre dans loutes ces aflaires , ecrivait-il a son gouvernement , pensent qu'il faudrait tout tenter d'abord pour voir si le pape ne pourrait pas s'accorder avec le roi, ct, si la chose etait impossible , faire sentir au roi que pour mettre le frcin il un pape , il ne faut ni tant d'empcreurs, ni tant de bruit ; e\ que si, par le passe, ceux qui ont fait la guerre au pape ET POLITIQUES. 599 ont pu le tromper, comme Philippc-le-Bel , 011 Ic faire rcn- fermer dans le chateau Saint- Ange par se3 propres barons, ceux-ci ne sont pas si bien eteints qu'on ne puisse trouver le moyen de les rallumer. Aussi dans la course que je fis hier matin avec Robertct (I'un des ministres de Louis XII) , je ne parlai point d'autre chose ; je lui rappelai tous les exemples que I'histoire presentait pour le detourner de faire au pape une guerre ouverte. » II faut ajouter que ces conseils , qui ne sont pas exempts de quelque soupcon de perfidie , etaient inspires a Machia- vel par le desir toujours renaissant de I'independance de I'lta- lie. Mais pour revenir a la legation de Machiavel aupres de Jules II, en i5o6, nous remarquerons qu'il s'acquittait avec effusion de la mission qu'il avait recue de feliciter le pape sur « cette entreprise sainte et digne en tout des vertus et de la bonte de sa beatitude. » Or nous trouvons des details curieux dans les lettres de Machiavel sur la bonne foi et I'humanite avec lesquelles le saint pere mettait a execution cette sainte entreprise. Voici, entre autres choses, ce que S. S. repondait aux envoyes de la ville de Bologne qui offrait de se soumettre a certaines conditions : « Que quant a leurs capitulations, elle ne se souciait nuUement ni de ce qu'avaient fait les autres papes , ni de ce qu'elle-meme malt pu faire , at- tendu qu'elle et les autres papes avaient ete dans I'impossi- bilite d'agir d'une autre maniere , et que c'etait la necessite et non leur propre volonte qui les avait contraints a les con- firmer. » Quelques jours apres une bulle est fulminee. « On y declare messer Giovanni ( Bentivoglio , souverain de Bo- logne ) et ses adherens rebelles a la sainte Eglise ; tous leurs hiens et ce qu'ils possedent sont abandonnes a quiconque Toudra s'en emparer ; on les livre en servitude k ceux qui les feront prisonniers ; indulgence pleniere est accordee a tous ceux qui s'armeront contre eux et qui les massacreront. » Ainsi voili'i le parjure et I'assassinat bien et dfimenl auto- rises par le souverain pontife. Machiavel raconte ces faits sans etonnement , sans la moindre reflexion . si ce n'est que /''.' envoy cf de Bologne farent stupe fuHs. 4oo SCIKNCES MOUALKS Dans ?a mission aupros de I'emjiereiir Maximilien, en i5o7, Macliiavel n'etail guerc ocoiipo qu'a del'endre les ducats de la repul)liquo conlrc ce prince besoigncnx, di pochi danari, commo I'appelaient les Italiens; nous n'y tiouvons Hen a rc- cueillir qui ressenible a des principes dc politique; mats ce qu'on J voit de fort remarquable c'est la complete ignorance ov\ etaient les Italiens de I'ordre le plus distingue, tels que noire publiciste, de I'etat des autres peuples; et aussi le soin que prend Macbiavcl dc mettre a profit sa presence en Suisse et parmi les Ailemands pour s'enquerir de I'organisation des cantons ct de I'etat de rAllemagne. II fit a son relom- un rap- port detaille stu- les desseins de rempereur conlre I'ltalie, et sur les craintes que I'llalie pouvait en concevoir; ce rapport, place mal a propos parmi les ceuvres hisloriques de Machiavel , s'y trouveapeu pres reprodait une secondefois, sous le titre de : Tableau de la situation de I'Allemagne. C'est une piece di- plomatique fort curieuse, non quant aux doctrines, dont I'au- teur ne s'occupe pas, mais a cause des traits de mocurs et des circonstances relatives a I'organisation du corps germanique, tel qu'il t'tait alors conslitue. Oh y remarque en plnsieurs points le coup d'oeilproplietiquede Machiavel; toutcfoisil s'exa- gere trop les Circonstances qui selon lui attcnuent lade la puissance allcmaude, et il ne parait pas avoir, sur le principe de la richesse des nations, des idces plus avancees que cclles de son terns. Une ligue, dite dc Cambrai, parce que les articles en furent publics dans la cathedrale de la villc dece nom, s'etait formee entre le roide France, Icpape, I'empereui' et le roi d'Espagne. I/C pape , qui nourrissail une longue inimitie contre les Veni- tiens, avail ete I'ame de cettc ligue, donl I'objct apparent etait une paix univei-selle , mais dont le but vcritaJile ilait la perte de Venise. Cette paix avail etc proclamee a la fin de I'annee i5o8, et, des le prinlems de i5oc). Louis XII etait en Ilalie avec une nombreuse armee; et Jules II fidminait des excommunications contre Venise. Maislabataille de Formose n'eul pas plutt^t abattu la puissance de cette republique , que ET POLTTIQIJKS. 4oi !opoii!ife,prenant ombrage dessuocos tie la France, se detacha (Ic rnlliance dont il avait etc rinstigateiir , poiir former contre Louis XII Ics premiers plans d'une autre alliance, qui, sous le titredeliguede la sainte-union, fut definitivementconchie, on i5i I , entrc le jnipe, les Yeniliens, Ic roi d'Espagnc et Ic roi d'Anglcterre. Dans los premiers momens de la mesintcl- ligenccdu pape et de Louis XII, Florence avait donne h ce prince quehpie sujet de mecontentement , et pour detruire rlans son esprit tout sonpcon qu'elle put faroriser le pape. elle envoya Machiavel a la cour de France : tel fut I'objet de sa Iroisieme legation aupres de Louis XII. Les instructions tlonnees par Pierre Soderini, gonfalonier de la republique , a son envoye, sont fort remarquables : « Tu exposeras an roi de France, y est-il dit, que men unique desir est de voir S. M. mainlenir et accroitre en Italic son credit etsa puis- sance; maisque pour y parvcnir il est necessaire qu'elle con- tinue a tenir les Veniiiens dans/1'abaissement en jestant uiiio avec rcmpcreur; que, s'il etait possible, ce serait une excc!- lenle chose d'engager le roi de Ilongrie a declarer la "-uen-e il celtc republique dans la Dalmatie, parce que, si les Veui- tiens perdaient une fois ces provinces, ce serait le si'mal de leur mine totale, et le roi n'aurait plus a craindre qu'ils s'(;n relevassent jamais. Mais, que ce projct ait lieu ou non tu lui diras de ne point cesser de leur occasionner de fortes de- penses de ce cute, en prolongcant la guerre avec eux comme il I'a fait jusqu'a present, afin de les consumer... Tu feras sentir a S. M. combien je regrctte que le pape puisse se ser- vir des Suisses, et combien il serait a desirer qu'elle fit tout ce qui depend d'elle pour qu'il ne pOt pas profiler de leur se- cours : il lui sera plus facile alors de le tenir dans I'abaisse- ment. » Ainsi I'impatience de la domination etrangt-re dis- paraissait presque devant la jalousie italienne; on se console que la puissance des Francais s'accroisse, pourvu qu'elle soil le signal de la mine folate des Yenitiens, et pourvu que le pape soit tenu dans I'abaisscment. Voila la politique italienne de presque tons les terns; quelque ame genereuse a bien pu T. \u. FF.vniEU Ji>v>). 2G /yyi SCIKNCKS iMOIlAI.FS iiouriir I'ilhisum de voir les contrces ilalii[iics iic fnriuci' qu'iinc senle paliic ct ocs nalioiis divcrses ((u'iiik; sculi; na- tion, mais on n'a pas dfi tardcr a coiupreudrc rinipossiliililc d'arrivcr a iin parcil rcsullal, loisqu'on a vn que co qui d'or- dinaire exallc le sentiment patriotiqne, la domination ct I'op- pression etrangercs, ont constamment ravnge I'ltalie sans profit pour ramelioralion dc I'esprit public des peupUs qui riial)ilent. 31acluavel fut un dc ces hommcs qui mettaicnt rindependance dc I'ltalie an nombre de lenrs \cieux les plus iii'ilcns. II fit tous ses eiVdrls dans le conrs de cette mission, I'line de celles on son talent deploya le pins de ressonrecs, pour retablir la bonne intelligence entre Rome et la France; et pour determiner Florence a dcveuir la mediatrice d'nn ar- rangement. « Que Yos scignenries (ecrivait-il aprcs avoir annonce les grands preparatit's . ,101 924 5 ',5 818 So 59^ 1 ,'i()3 885 ft) *lnn ronipris 6o5 roiiliiii;ar;.'s, tpii devraicnl cnlier ilans ec e; 4'.» SCIENCES MORALES Cotidamnations a movt. ll'cossc, 180G-181 1, annuelleincnt (1). . Anglelcnc ct P-'dcGallcs, i8o5-i8ii, id. Irlandc, i8o5-i8io, id Ecos.>-e, i8iii-i825 AngU'lcnc, 1810-1826 Loiuli(!S, 1751-ij^o I 1810-182O • . . France < 1825 [ 1826. . . , /aricicn'"' provinces. . Prusse, 1818-1827 I provinces vhenanncs \ ensemble Espagnc, 1826 (2) |irononcce.= 575; 85 49 i5652 53 1 2755 17G i5o i4o 70 220 .C7 excciUces 56 48 ?8 i584 5i6 35o 1 1 1 1 10 77 10 87 Ecosse. Angl.l. Londr. France Prusse. 1827-2'- 1768-75 1 176-80 iSaS 18:^6 1S27 1751 — /(O . . . . 17/19—80. . . . 1781-1806 . . . . 1827 1815-19. (annuellementl. . 1825 '. . 1826 ancicnnes ptovinc. Piov. rhenaucs. . enseal bli' li pciso 46 1 12 61 Dclitsconl pi-opri^tei 58;) 726 9 i5 57 :/.6 KlOl 7S7 '7 3o3 1 1 1 1 10 77 10 «r Rapporl 1 la populallo sur 169,251 210,526 182,857 00,000 79.4" 2 90,909 279''-79 281,818 l,24"»96*^ 2,37 1,000 i,55i,i4o (i) En Ecosse, le rapport des condaiiinalioiis a niort, prononcees et <'xeciitees, esl annuellement , pom- les premieres, d'liiie sur 257,837113- bilans ; pour les secondes , une fiur 5i6,6j6; en Anglelerre ct dans Ic pays de Galles , cc in('mc rapport est d'une condaiunation siir 26,917, une execution sur 178,496, et en Irlandc, d'une coiidaiunalion sur 52,940, ct une execution sur 93,750. (2) Uuc sur 59,880 habitaiis. ET POLITKH l';S. 4i5 Kcnssc, 1 )' conipiis les deleiius pour dcllps. . , iiSaS, \ lion compris les detenus pour delles. rv ...• / Aufflelerre Di tliers In I /' 11 .,] Pays de Galles au 20 avril \ -^ ■' y c I j!iCOSSC 1020. I , , 1 vlilande France, 1S21 l>ays-Bas C'SiJ' Provinces nieridionalcs. . .^iSig. Prisons civiles et ruililaires. ( iSzi. -'.8. 1S26. Piusse . . . u r (ai'iiiee periuanente. Arniee prussienne , 1020. J 1 , ', ' ' (landvxhr Prusso, prisons civiles et niilitaires Hanovre, j -83- 1787 Schleswig-Holslein , 1S19 fl82I. , Norvvegei 1826. . ^i8i4-if . 1826. Suede , 1824. - Llals-Unis d'Amerique. S,ri78 5,935 2,864 2l(j 665 h,5o7 1 1,729 1 1,555 10,557 2,179 5,5oo 1,124 7'i 8,100 622 693 833 7,740 1 ,5oo I 2,000 nappoil ■l.impnlalu 262 369 4,"«9 10, 4i 1 10,185 II ,01 1 773 5l2 538 568 3,671 2,596 i,55o 1,736 1 la «v599 1,200 1,371 1,600 987 Dans la scronde parlie do I'introduction, qui traile de la proportion dcs diiits avcc la foi, I' instruction et le bicn-ctre dcs peuples , M. Julius est amcne a soulever la question philoso- phique la plus importaute : sa maniere de I'cnvisager est une preuve que les houimes eclaires, en Allemagne conime parmi nous , sentent proi'ondement le malaise de notie situation morale et la necessite d'en sortir par un nouveau systeme d'idces gencrales qui compicnne a la tois tous les modes de ractivite humaine. Nous ne pouvons nous empecher de citer ce passage en Faliregeant : « L'etat phj'sique et moral de cliaque pcuple , considere comnie un individu, se manilcslc par trois phenomenes prin- cipaux, sa fol, son savoir ou son instruction, el son avoir ou son bien-t'tre. Le developpement de ces trois ordres de plie- noniencs determine, non-seulement I'ensemblede la situation du pays, mais les delits qui s'y commettent avec toutes leurs nuances. Une observation approl'ondie du rapport des delits avcc cette situation pent done scule decouvrir leu is causes 4iO SCIENCES IMOIVALES «'t inspircr quelqiic espoir d'arrGtcr leur rtproiliiclioii Ion- jours croissanle. Qnelqiie didlcilc que pQt Clrc dans tous Ics terns luie pareille obscrvalion , basee sur les fails ct sur I'cx- pcrience , et s'clevant des details les minulieux a ce qu'il y a dc plus important pour I'homme ici-bas , ellc nc !c ful ncannioins jamais plus qu'a iiotre epoque, cbranlec et Irois- blee par les impulsions les plus conlradicloircs. Pcrsonne ne pent sc dcrolicr complelement ;\ leur iullucnce , eommc il le faiuliait pour resoiidre le probleme. » Un examen , menie superficiel , dc la marche progres- sive des societes dans la triple direction que nous venous d'indiquer, suffit pour montrer la foi iendant sans cesse vers le clel , I'avoir ou le bien-etre, attache csscnticllemeut a la terre : le savoir est iini par d'etroits liens a I'un et a I'autre ; mais son rapprochement vers la foi semblc caracteriser les Icms passes , tandis que son alliance avec le bien-elrc ap- partient plutot aux terns modernes. C'est I'agitation pro- duitc par ce deplacement qui se manifeste anjourd'hui dans des opinions et des actes si opposes ; c'est elle que des ecri- vains ingcnieux, que des hommes d'Etat , places i la tete do vastes administrations , ont plus d'une fois reconnuc el signalee. 1) II n'est qu'un seul remedc i ce mal , s'ecrient les uns ; c'est de ranimer dans les coeurs les senlimens religicux qui s'y sont eteinls. — Eclairez les esprits , disent les autres, r/'pandez Tinstruction, ct faites qu'elle arrive jusque dans la cabane du patre; que tous les eni'ans du peupie sacheut lire et ecrire, et confiez-vous aux bienfails des lumieres. — Les vols et les assassinats sont cominuns cliez les Espagnols, pen- pie eminemment religicux, ainsi que chcz les Anglais, nation eminemment eclairee. ( Voy. Denoiston dc Clultcauncuf; de la colonisation des condamnrs. ) n Les deux genres d'etablisscmcns qui ont pour ol)j<'l I'in- struction et le bien-etrc du peuple, les (k-oles et les institu- tions de charite , se sont delaiii( nf llic Boardof managers nf llic prison d'tscii'linc svckla ( liuston). ET POLITIQUES. 419 cisement a etablir la proposition contraire (1). Le nord dc la France envoie aux etoles trois fois plus d'eleves que le midi , et le midi comple moins de dt'lits criminels que le nord. Enseigner au peuple a lire et a ecrire, au uioyen dcs methodes les plus parfaites et les plus expeditives, est sans doute lui rendre un eminent service ; mais ce n'est encore que metlre un instrument entre ses mains : le grand pro- bleme n'est point resolu : a I'aide de cet instrument que doit- 11 apprendre? C'est ici le lieu de revenir sur un point au sujet diiqucl nous avons promis de donner notre opinion. II s'agit d'ex- pliquer un fait qui , induisant en erreur des csprits d'ailleurs fort eclair6s, a pu les amener a douler que le progres des himieres fut toujours un Lien : ce fait , c'est I'absence de relation, que nous avons signalee et qu'il est facile d'observer auj(nird'luii , cnlre I'etat intellectuel ct I'elat mural des peu- ples. Quelques eclaircisscmens sont ici necessaires. Nous I'avons dit, un systemc de croyanccs conuuunes peut seul assurer I'ordre dans la societe ; mais cellc-ci demeurerait sta- tionnaire si ce systeme n'elait point change lursqu'il cesse d'etre en harmonie avec ses besoins. La marclie de la civili- sation consiste done tour a tour dans la creation el la souve- rainete d'une doctrine sociale, puis dans sa destruction et son rcmplacement par une autre. La periode de tems qui vient de s'ccouler a ete exclusivement coiisacree a la distraction : qu'en est-il resulted c'est que dans la societe actuelle coexistent plu- sieurs eloniens heterogencs. La portion la moins eclairee des nations dc I'Europe est encore gouvernce par les anciennes cruyances qui maintiennent I'ordre cliez elle , tandis que la portion la plus avancee a secoue le joug de cette unite et se trouve livree a toute I'anarchie de I'individuaiite. — De cette explication, qui nous semble la plus generale et la plus salis- faisante , il suit que Ton doit considerer le dcsordre passager (1) I)u nombie dcs dt-lits criiDiiiels conijjaies <» I'rtat cle I'instruction piiniaire. — C'li. Duping Foiccs jirociuctives ct coDiniticialcs de la Fiar.cc. 420 SCIENCES MORALES qui acoompagnc aujourd'luii la ililVusion des Imnicres commc line trarusilioii imlisponsahlc calro I'einpire do rautiquc liou social cl un nouvcau lion siiporiour X cchii-ci. Celle parlie dii travail dc M. Jnlins forme une sorlc d'in- trodiKlion tlicorique a TouvraJio cntior; nnc inlrodiictioa pratique lui succede; c'est Ic devoloppemcnt dc la troisi^me question que Tautcur s'elait propose de traitor : da nombre ct dc I'iiat des Prisons. Nous allons faire connaitre Ics principaux rosuUats de cede ?latislif|ue, dans laquelle les pays sont classes siiivant le priu- cipe que nous avons indiqiie plus haut. GRANDE-BRETAGNE. EcossE. — Prisons ordinaires 82 Maisons de travail ou de correction 5 II n'esiste en Ecosse que trois prisons conslruitos sur des plans modernes. ANGi-ETERnE. — L'Auglotcrre ct le pays dc Gallcs rcunis comptcnt 5i8 prisons de toute cspocc. En 1818, ces prisons recurent 107,000 detenus. Le classement parsexc, parage ct par delits n'olait iniroduit que dans 25 d'cntre elles; dans 5g, aucune separation des sexes n'elait etablie; i5G n'avaiont que deux divisions, 68 seulement en avaicnt trois. Des tra- vaux, peu reguliers, n'etaient organises que dans ^3, tandis que les detenus des 445 autrcs vivaient dans une complete oisivele. II existait une telle disproportion entre le nombre des prisonnicrs ct les maisons dcslinces i les recevoir, que cent d'cntre cllcs, qui n'en devaicnt contcnir que 8,545, ctaient habitees par 1 5,0^5 (i). D'aprcs le dernier rapport dc 1 826, ou il n'est question que dc 122 prisons, leur situation otait encore peu satisfaisante, ainsi que Ic temoignent les renscigncmens suivans : 52 sans aucune division par classe; 5i sans travail; 5o oii cbaque pri- sonnier avait sa cellule; 4 ou la meme chambrc en contenait jusqu'a ig; 21 ou la peine du fouet elait inlligee; 5o ou les^ (1) The Inqii'ira- (London, 1822 et 1S23, t. II , p. 102). ET POLITIQllES. 421 fcrs etaicut en usage. — Lcs derniers rappoits de la Socu'ic dcs prisons constatent que Ton a encore trouvedes alienesdans Tiiigl-neiif d'entre clles. ■ — Lcs doiizc prisons dc Londres, a I'exception de la uiaison penitenliaire de Milhank, sont pcut- C'tre les plus nial organisees de tonte TAngleterre, particulie- rement celle de Clerkeiiwe/l, et la division des liommes a Newgate (la division des feuimes jouit des soins de 31"' Fry ct de ses digues assuciees). IftLAKDE. — Le rapport de I'inspecteur general des prisons de ce royaume divise en luiit classes ccUes des comtes ou dcs villesayant droit de possedcr unc maison de detention. Prisons construites d'apri^s un plan radio 3 — d'apres un plan circulaire 4 — d'apris lesplansanciens, mals permettant la division par classes 7 Ancicnnes prisons ameliorees d'aprfes le plan radle. . . 4 — d'aprt's le plan circulaire 4 — d'apres les anciens plans 5 Ayapt besoiu de changcmens^et d'agnuidissement. . . a Comtes depourvus dc prisons 7 II existe en outre deux niai jons de travail de district [cfistrtct bridewells), loGmaisons de travail moins iaiportantes, deux prisons pcnilentiaires hien organisees, i Dublin; i3 autres j)risons (^i^aols) et maisons de correction, sans parler des pri- sons patrimoniales [manor prisons). — Des 160 prisons de rirlande, dix se trouvent dans la capitale et i5o dans les provinces. FRANCE. Lesrenscignemens donnes par I'auteur, ctant cmpruntesau discours du niinistre de I'interieur i la SocicU royale des prisons (^Moniteur du 28 Janvier 1828), n'oflrent rien de neuf A nos lecleurs : nous les passons sous silence. PAYS-BAS. Les dernier* rapports officiels dc 1826 donnenl Tapercu 423 SCIENCES MORALES siiivant de la division et dc la capacite des prisons dc cc royaiime (i). Qualrc maisons dc force et dc correction. „ rGand, pour i5oo detenus. ( Vilvorue ijoo ,T f HerzoKenbusch (Bois-le-Duc) . . 800 HOLLANDE 1^1 ^ ' Q (Lcuwerden 800 4400 Une prison pcnitentiaire (a) a Anvcrs. • . i5oo detenus. Deux prisons militaires. Alost, pour 5oo detenu*. Leyde 700 1200 Prisonniers occupcs /dans les grandes prisons. . . . 5545 a des travaux. . . (dans les petites ggo 6535 Metiers de tisserands en activite dans les prisons, 880. Les prisons militaires forment une pepiniere pour le ser- vice des colonics. Les travaux de cordonniers, tailleurs et passementiers , destines a I'armee , y sont tons executes. — M. QuETELET, dans ses Rcchcrches sur la population, etc., da Royaume des Pays-Bas, indique de la maniere suivante le nombre des prisons de moindre importance, dans les pro- vinces meridionales : Prisons civilcs. Maisons d'arret 54 — de justice 9 — de correction 5 — de force 26 — de depot 4 96 (1) rerslttg ran dc liandclingcn dcr vlcrdc algcmccne vcrgadcriiig , I'lc. (2) Outre rctlc jiiisoii jiiiur les provinces UJcriJionalca , il a olc ri'solu qu'il on ser.iit construit une pour ccllcs du nord , propre i renfcrmer 8ocv a 1000 detenus. ET rOLlTIQlKS. Prisons mililaircs. PievuUiles '7 Maisons d'arret 4 21 SUISSE. Le rapport tie HI. Charles Burckhardt a la Sociele licki'dique d'utilite publique, en 1827 (1), contient dcs details pleins d'interet sur I'etat des prisons dans ce pays. Nous regreltons que Ic defaut d'espace ne nous pcrmette que d'en donner le sommaire, Les cantons diUri et d'^ppcnzell n'ont que des licux dc de- pot pour Ics accuses : depuis 1819, il n'y a pas en dans cc dernier canton d'application de la peine capitale. — L'anciennc prison d'Oetenbach, dans le canton de Zurich, deslinee aux prevenus et aux condamnes, ne pent contenir que 60 per- sonnes; elle va, dit-on, etre reconstruite et agrandie; igo cellules seront occupees par autant de prisonniers. Des ca- chots souterrains y sont encore en usage. — Dans la prison de Coire , canton des Grisons , oi'i sont egalement renfernies des prevenus et des condamnes, les prisonniers sont partages en tleux classes. ■ — Dans le canton de Bale, les detenus pour condamnations criniinelles sont separes de ceux qui n'ont encouru que des peines correctionnclles ; cependant on a le projet de former un nouvcl etablissemcnt. — Le canton de Berne possede une prison pour lesmalfaiteurs, une maison de correction pour des condamnes moins coupables, un lieu de depot pour les jeunes gens et un autre pour les citoyens de la ville detenus par suite de legeres contraventions; enfin une autre maison de detention pour 80 prisonniers, a Bruntrutl. — Le canton dc Lucerne a trois prisons, I'une pour 21 con- damnes criminels, la seconde pour 24 correctionnels, la troisieme pour 00 lionimes et 60 femmes. — Le canton de Solcure a deux prisons, I'une pour des crimes graves, I'autro (1) Bericht an die scliwcizerisclie gftncinniilzl^c Ccscllxcliiifl iiber die Slrafanslatlcn dcr Scliweilz. Zurich, 1827, 4a4 scie:nces morales pour de simples dclib. — Dans le canton dc Schaffouse , il y a line maison do force pour environ 18 ou 20 prisonnicrs. — Le canton dc Saint-Gall possedc trois prisons : I'une renferme des condamues i une detention de un an t\ dix ans, qui ic jour travaillent i rcxtcrieur; la seconde est particulicrcnicnt deslinoc a des fcmmes; la troisieme, a des prevenus et i des condamnospouramendesqu'ilsne peuventpajcr. — Le canton deTliurgovie a.uue uiaison de correction, t'la'olie, dcpuis xSii, dans rancienuc commanderie do Tobcl. — Le canton de Ncuf- chdtel a uno prison qui vient d'etre construite au Lord du lac ; elle est hien situee, mais disposoe d'aprcs les ancicns plans. — L'elablissemcnt le plus pariait de ce genre, en Suisse, cclui dc Geneve , est, dans le livre dc M. Julius, I'o'ljjcl d'une des- cription particuliere, nccoaipagncc d'un plan figuratif. Nous avons fait connaitre cette prison penitentiaire en detail, aux lecteurs de laJierue Encyclopcdique. ( Voy. t. xxxin, p. 3g3.) Le mCme canton possede une maison d'arret pour des dulits inoins graves, pour les prevenus, les dettiers et les fenmies condtininees. — La prison du Pays-Jc-Yaud, a Lausanne, in- ferieurc a celle de Geneve sous le rapport de la distribution et de Tarchitecture, a cependant coQte une somme presque double (environ 5oo,ooo fr. ). Elle ncjouit ni d'un systemc de surveillance panoptique, ni d'une suffisante division par classes. Outre la reclusion solitaire, on y emploie la peine des lattes, ce qui ne saurait etre assez blame. Les detenus, a Tepoque de Icur liberation, refoivent un ccrtiGcat iudiquant lesespcrances ou les craintcs que leur conduite peut in^pircr pour ravei'.ir. Cette prison est, dit-on, fort bien admiuisln'e. La maison ceutrale du meme canton est destinee aux dclils de police correclionnellc. Les prisons de la Suisse tontenaient, au commencement do Tannee 1827, 1002 detenus. PRUSSE. Outre les condamnes militaircs ou bourgeois, employes aux traraux publics et detenus dans les 27 forteresses du ro}aunu', !a I'russe conipte quatrc espcces diCerentes de pri- ET POLITIQUES. 425 sons : i°dc3 inaisons J'anctpour les prcvcnus en jugcment; a" des maisons de delention on les condamnes subissent leur j)ciiie : elles sont au nombre de vingl et peuYent contenir 6, 190 personnes; 3° d6s maisons de correction pour les inen- dians vagabonds : on en compte onze, destinees a renfermer 3,55o detenus; 4° enfin, des maisons de travail force, pour les paresseux volontaires et valiJes, sous la surveillance des ad- ministrations locales. IIAKOVRE. On compte dans ce royaume une prison d'Etat a Ilildes- heim; cinq etablissemens de travaux forces, pouvant occuper 600 detenus ; cinq maisons de correction pour des fcmmes et pour des liommes incapables d'ouvrages p^nibles : ces cinq maisons peuvent contenir 86g personnes ; enfin, trois ateliers de travail pour la punition des delits de police. DANEMARi;. Les duehcs de Laucnbourg, Holstein et Schleswig posse- dent, a Altona et aGluckstadt, deux maisons de correction; dans cette derniere ville se trouve en outre un etablissement de travaux forces. Le Danemark, proprenient dit, et I'Ls- lande, comptent cinq maisons de correction et un etablisse- ment de travaux forces. II y a de plus a Copenhague une pri- son pour les criminels bourgeois on miiitaires, et cinq maisons d'arret pour les prisonniers d'Etat, les deltiers, etc. NORV^GE ET SUEDE. II a ete fait de nombreuses ameliorations dans le regime des prisons de ces deux pays. Des rapports anonels sur leur situation sont rcndus publics par la voie des journaux; une nouvelle prison vient d'etre batie a Stockholm, d'apres les bons modeles ; elle est destinee a recevoir les condamnes qui donnent des esperances d'amendement. Les plus coupables sont places dans une compagnie de pionniers, occupes a la construction de la forleresse de "NVarnaes. Ceux qui se dis- tinguent par leur bonne conduite sont eleves au rangde sous- ofliciers ou meme d'oflicitrs. — On compte en Norvege quatrc maisons dc correction et un etablissement de travaux forces. /iaCi SCIKISCES MORALES RUfiSlE. La Societe des prisons tie Saint- Petersbourg a bcaucoiip aim';- lioro celles de cette oapitale, qui sont au noml)rc de cin(| : 1° la prison dc la ville, partagoe en deux divisions pour \(;s deux sexes; elle conlient environ 4oo detenus, dont lesqualre einquiemes soiit dcs deltiers; 2" la prison du Gouvernenient ; et 5" la niaison dc travail, divisecs dc la nicmc maiiicrc ; 4" l;i maison de correction; 5" la niaison d'arrct pour Ics delits de police. Enfin, il ya de plus quelques lieux d'arrct de nioindrc importance. ■ — La prison de Rronstadt a etc Ibrt amelioree , ainsi que les deux principales maisons de detention de Mos- cou, dont I'une , la prison d'Ostrog, est composec de quatre ailes de batimens pourautant de classes de condanines : dans la seconde sont renfermcs les deltiers, que la loi met en li- berte apres cinq annces de detention. — On peut consulter pour des renseiguemcns sur les prisons de Riga, Mittau, Dor- pat, etc., leQnntricme Rapport da comitc de la SoclHc anglaise pour t' amelioration du regime dcs prisons. l&TATSUXIS DE L'AMl^RIQUE SEPTENTRIOiN ALE. Les derniers rapports s'etendent jusqu'a la fin de I'annec 1827; en voici le resume : _, . , ,',, fameliorces 7) Prisons des Ltats , ,, . .... i^l'O (dans i ancienne situation. . 3) „ . -•..•• /amcliorces 2\ 1 risonsnenitcntiau'es. . . , ,, . . ,. ct "] 1 (dans I ancienne situation. . 5) ' Nombre des prisons. ... 17 M. Julius, dans Ic cours de ses lecons, donnant des details curieux sur les prisons d'Amerique, nous renvoj^ons cet objet a une autre partie de notre analyse. On peut d'ailleurs lire la vmwvvww(vv\^vw>a>vv\«.' v\.vvw LITTERATURE. fiitiDEs FRANCAiSEs ET ETRASGEUE3 ; par M. Emile Des- CHAMPS (l). Dans la litterature et dans les arts , lorsqu'unc gratide cpoque a fait son terns , Ics esprits paresseux et routiniers continuent a suivre peniblement le silion trace; Servian pcrus, oomnie les appelait deja Horace, tpii n'a pas pour cela eie frappe d'anatheme, ils ont, dans tousles siecles, laisse perir la gloire litteraire des grands hommes qn'ils adoraient comme des idolatres, sans les comprendrc. Ce sont eux qui, dans la Grece , s'imaginaient continuer rimmortalite d'Homere, parce qti'ils empruntaient la rorme, la marche et les con- ceptions de ses poemes, sans se douter que son genie est surtout dans son originalitc. II n'est point de nation litte- raire qui n'ait vu de pareils exemples, parce qu'en tout pays les copistcs sont communs ct I'originalite est rare. Si presque aucune nation n'a vu deux grands siecles litteraires, c'est cer- tainement aux copistes qu'il faut s'en prendre; troupe nom- breuse et compacte , si d'aventurc quelque esprit original tache a se faire jour au milieu d'elle, il y est bientot etouffe; aussi ce sont ces serviles imitateurs qui ont vu perir entre Jeurs mains et le siecle de Pericles, ct le siecle d'Auguste, et le siecle des Medicis. II n'a pas tenu a nos Campistron, dont Icsouvragesclaient si exactement caiques surceux de Racine, que le siecle de Louis XIV nc subit la niGnie ignominie; et sile dix-huilieme siecle resle encore, apres le precedent, un siecle glorieux, c'est surtout parce qu'il a su s'empreindre (i) Paris, 1S2S ; Urbain Canel, rue des Fosses-Montmarti-e , n" 5. Un vol. in-S" de i,xi et 017 pages; prix , 7 fr. T. XM. FEVRIER 1829. 28 434 LIlTlillATURE. d'un cnracUre a Ini, ct c'est precisement dans Ics clioscs ou il nc icsscinblo pas ati dix-septicmc qu'il pent marcher son co-al. Que seraiont aiijonrd'liui Aloore et Byron , s'ils n'avaient voulu que conliiuier Adisson el Pope, qui oux-memcs, pour etre quelquc chose, out dCi etre autre chose que Sliakspeare. Si Ton veut considerer sans passion les revolutions litte- raires , on verra toujours que lorsque la gloire d'un siecle s'est evanouie, elle ne ressuscite que par les novateurs; c'est que chcz eux a passe la vie qui s'eleint chez les imitateurs. Ce raisonnement, qui n'est au reste que I'observation d'un fait , n'olc rien a la renommce des grands hommes d'aucun siecle; lout lo monde sail l)ien qu'un poihiie imite dc VEneide serait aujourd'hui pour nous un poi^me sans nul intcret; que des comedies faites sur celles de Terence ne soutiendraient pas la representation; cela enipeche-t-il Virgile d'etie Ic plus palhetique, le plus delicieux des poelcs latins? et Terence en est-il moins un admirablo peintre de caracteres ? et si Ton nous accorde qu'il y a des idees, des moenrs nouvelles a pein- dre , de nouvelles combinaisons a imaginer , pourquoi ne nous accorderait-on pas aussi qu'il est possible d'innover quelque chose dans les formes? Ci^s formes ont eteconsacrees par le genie, mais c'est qn'clles convenaient aux idees, a,ux peinturcs, aux combinaisons auxquellcs ce genie Ics a adap- tees ; qui vonsdit qu'il les auiail fidclement conservees pour d'autres moeurs , pour d'autres taldeaux , pour d'autres in- ventions? Nous avons parmi nous heaucoup de ces hommes qui, tout en convenant qu'on pent innover dans les idees, veulent cependant qu'on les jette dans le moule accoutume. Selon eux, tragedies modernes ct antiques, odes, elegies, epilres, tout doit recevoir le mtme vernis de convention , tout doit passer sous le nieme niveau ; hors de ce cal/iolicisme lUtd- raire , il n'y a plus qu'erreur et heresie ; gens d'ailleurs im- puissans a inventer conimc a sentir, et qui ne seinblent nes que pour prouver combien ce qu'on appelle vulgairement de I'esprit est chose insnflisante, lorsque Ton traite des affaires de I'art et de rimasinalion. LITTERATURE. 455 Ces considerations nous ont el(' suggerees par la lecture d'un excellent morceau de critique place en tete du nouveau recueil poetique dont nous allons nous occuper , et dont la seconde edition deja publice prouve le succes qu'il obtient aupres de ceux qui aiment la vraie poesie. M. Emile Des- rhamj-s se montre un habile adversaire des routiniers dont nous parlions tout a I'heure ; aussi n'a-t-il rien de commun avec eux , et les Eludes Jranfciises ct elrangeres sont un des recucils de vers les plus veritablement neuts que nous ayons lus depuis long-tems. Mais, avant d'analyser les poemes va- ries qu'il renferme , nous citerons quelques fragmens de la preface remarquable dans laquelle I'auteur traite toules les questions a I'ordre du joui', et dans laquelle ces questions , obscures pour tant d'esprits, nous semblent resolues de la maniere la plus claire et la plus judicieuse. L'auteur commence par laire sentir ce qu'il y a d'absurde dans les definitions absolues qu'on a souvent donnees dtl genre classique ct du genre romanlique ; « contentons-nous, ajoute-t-il ensuite , en depouillant ces deux definitions hos- tiles de ce qu'elles ont de niais , d'en faire jaillir deux grandes veriles, savoir, qu'il n'y a reellement pas de romantisme, mais bien une litterature du dix-neuvieme siecle ; et , en second lieu, qu'il n'existe dans ce siecle, comme danstous, que de bons et de mauvais ouvrages , et meme , si vous le vou- lez, infiniment plus de mauvais que de bons. Maintenant que les non-sens des denominations ont disparu , il sera facile de s'entendre. « En quoi consiste reellement la litterature francaise de I'epoque actuelle ? par quel genre de compositions se fait- elle surtout remarquer ? quels sont les ouvrages qui font deja sa gloire ? Pour repondre a ces questions, il ne faut qu'exa- miner en quoi consiste notre gloire litteraire dans les epo- ques precedentes, et quels sont les genres oii nos hommes de genie ont excelle. Or, c'est precisement dans ce qu'ils n'ont pas fait qu'on pent se ftiire un nom. jNos grands maitrcs ont parcouru en triomphe et jusqu'au bout toutes les routes qu'ils 436 LITTERATURE. PC sonl otn crlos. On doit s'lcarU'r do leur cheniin aulant pai' respect que par prudence; el certes, ce n'cst point en cher- cliant ;'i les iiuiter qu'on parviendra jamais a Ics egalcr. Ur» grand sicdc iilleraire n'esl jamais la continuation d'un autre sieclc. » M. Emilc Dcscliamps professe une admiration entiere et profondement sentie pour nosgrandshommcs des siecles pas- ses, dcpuis Montaigne jnsqu'a Rousseau , depuiy Corneille jusqu'a Voltaire ; mais celte admiration est d'autant moins exclusive qu'elle est fori eclairee ; tout en jouissanl des ri- chesses que nous possedons , il ambitionnc les ricliesscs qui nous manquent ; il demande a dc nonvelles gioires, nond'ef- faccr les anciennes, mais d'ajoutcr a leur eclat un eclat nou- Ycau , et nous ne pouvons nous imaginer que tous les hom- mes de sens, tous les hommes A'ivement touches de I'lion- neur des lettres et de I'honneur national ne partagent point son sentiment lorsqn'il dit : « Cependant, philosoplics, poetes,. hisloricns , vraimcnt dignes de ces noms , unissez-vous de coeur et d'action, an lieu de vous diviser par de values theo- ries et de discutcr pour de values preseances; vous teucz les troij sceptres dc la pensee, ne vous en I'aites point des amies les uns centre les autres , mais joiguez-les en faisceau, et vous serez invincibles. Songez que c'est par celte alliance irresistible de tous les talens que tos devanciers out sape les bases de I'ancienne sociele el pose celles du nouvel ordre de choses. Serez-vous moins forts et moins unis pour reedi- fier, consolidcr el embellir? Songez que vous pavlez a cc peuple francais, le premier pcnple du monde, paice qu'il est \e plus chevaleresque el en meme terns le plus philosophe ; a ce people changeant, il est vrai, parcc qu'il est elonnam- ment imprcs>iljle, mais qui sail soullVir et mourir pour une doctrine, qui fail la guerre pour le triomplie d'une idee, et dont les fureurs memes ont ete commiscs au nom d'un principe. Parlez-lui done de gloirc el de sagesse , de disci- pline et de libcrte, d'enthousiasme et de raison, il vous com- prendra et vous obeira. Vous tous qni avez la science, le ju- LITTER ATU HE. 43; gcment ct rimagination , ne formez qu'une ligue en faveiir tie I'ordre et de la civilisation; tournez vers le A/en et vers le beau toutes les faculles que vous avez recues du ciel ; metlcz en commiin tons vos tresors et toutes vos forces pour fairc avanccr Ic grand auvre du dix-neuvieme siccle, et laisses les versificateurs continiier en paix leur innocent metier. » De la hauteur de ces idees generales qui annoncent un jugement sain et degage de tout esprit de parti, de tout sys- leme de coterie , I'auteur descend a des idees de detail. II I'end d'aljord unc pleine justice aux peres de la tragedie francaise. « S'ils n'ont pas cree beaudt)up de personnages ni de fables, dit-il , on ne peut leur refuser une creation im- mense , celle d'lm systems entier dont les formes niajes- tueuses ne se sont pas alterees pendant deux cents ans. » II examine ensuite avec une grande sagacite, selonnous, les besoins du theatre appele a nous retracer les evenemens, les caraclercs et les nioeuis niodernes. Puis il ajoute : « Lors- que la grande cpreuve de Shakspeare aura ete faite, lorsquc le public connaitra la plus belle poesie dramaLique des tems modernes , comme il a appris celle des tems antiques dans les chefs-d'oeuvre de notre scene , alors, toutes les questions etant eclairees, tous les tresors mis i decouvert, tous les systemes compares et apprecies , un homme de genie vien- dra peut-5tre, qui combinera tous ces elemens, leur donnera nne forme nouvelle, et plus hciireux que nos grands maitres des grands siecles en fera jaillir la veritable tragedie fran- faise, un drame national fonde sur notre histoirc et sur nos moeurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakspeare que Racine , pas plus Schiller que Corneille , comme I'a dit M. Victorllugo dans son admirable preface de Cromwell (i)- » (i) Cette preface renfcrme en cfTet de fort belles pages ; elle a etc ap- preciee dars notre Eeritc, t. xxxvii, p. 654, avec bcaucoup d'iiupar- tialite et avec un grand talent par I'un de nos phis habiles collaboraleurs. Nous le rappclons ici pour coniger ce qu'il pent y avoir de trop ami dans I'tpitlicte tjiic nous veaeus de Iransciiie. ',3S MTTLRMLRE. « 11 esl lenis, coaliiuie uolrc aulcur, tic dire iin mot dii style , ccUe qualite sans laqucllc les ouvrages sunt coniuie s'ils n'etaient pas ; on se figure asscz generalement,parmi les gens dii monde, qu'ecriie sa langue avec correction et avoir du style sent une seule et mC-me chose. Non, I'absence des fautes ne constitue pas plus le style, que Tabsence des vices ne fait la vertu. C'est I'ordre des idees, la grace ou la subli- uiile des expressions, roriginalite des tours, le mouvement et la couleur, rindividualile du langage qui composent le style; c'est apri-s une pL'inture eloquente de toutes ces qua- lites, que BulYon a dit: o Le style, c'est rhomme menie.» Ainsi, on n'a point de style pour ecrire correctement des choses communes, et on pent avoir un style et un tres-beau style, tout en donnant prise a la critique par quelques endroits. Une autre erreur a laquelle sont meme sujets certains hommes de lettres, c'est de croire qu'il n'y a qu'une nianiere de bien ecrire, qu'un vrai type de style. Comme Racine et Massillon passent avec raison pour les ecrivains les plus irreprochables, ces messieurs voudraient, par exemple , que Racine eut ecrit les tragedies de Corneille , et Massillon les oraisons funebres deBossuet; si on les laissait dire, ils regretteraient de bonne ibi que les fables de La Fontaine n'aicnt pas etc rerslfices par Colardeau, et les comedies de Mollere par Cresset, parce que de cette maniere la perfection du langage se trouverait, suivant eux, reunie a la superiorite des conceptions et des pensees. Comme si on pouvait separer I'idee de ['expression dans nn ecrivain ; comme si la maniere de concevoir n'etait pas etioitement imie a la maniere de rendie; comme si le langage enfin n'etait qu'une traduction de la pensee faite a froid et apris coup ! ces pretendues combinaisons ne produi- raient que des choses monslrueuses ou insipides. On corrige quelques details dans son style, on ne le change pas. Autant d'hommes de talent, autant de styles. C'est le son devoix, c'est la physionomie , c'est le regard. On peut preferer un style a un autre, mais on ne peut contester qu'il y ait cent facons d'ecriic lies-bien. II n"y a, an contraire, qu'une maniere de LITTEKATURE. 43() trcs-mal eciire, c'est d'ecrire comme tout le iiionde ; car il ne fa Lit pa's coinplcr ceux qui ne savent pas ecrire dii loul. » Toute cetle preface est ecrite avec la justesse de vuc < t la finesse de style qu'on remarque dans les passages que nous venons de citer, ct on nc rcprochera point a I'auteur de n'a- voir pas donne I'exeinple a cote du precepte; car la plupart des pocmcs qui couiposent ce recueil se distingucnt par la fraicheur du coloris ct la nouveaute des formes. La Cloche, la Fiancee de Corinlhe , les romances sur Rodrigue et les Ballades brillentpar d'lieureusescrcationsdansrexpression,Ie rhytlinie et les tours. La Cloche, de Schiller, est la premiere piece du recueil. Tout a ete dit sur ce poeaie; c'est une des composi- tions les plus interessantes, poetiquement parlant; ce qui ne veut pas dire qu'elle ait I'interet d'une Nouvelle. Les transitions surtout sont niagnifiques, les tableaux varies et peints a grands traits. M. E. Deschamps les a traduits avec une vigueur et une grace dont nous avons peu de modeles. Nous re- grettons de ne pouvoir citer- ce beau morceau; mais il est d'une trop grande elendue. Nous aimons mieux entrer dans quelques details sur le poeme de Rodrigue, qui forme le corps de ce recueil. C'est I'histoire de llodrigue, dernier roi des G otlis, et de Florinde, fdle du comte Julien. M. E. Deschamps a trouve le motif de cette composition dans les romances espagnoles; mais presque toutes sont beaucoup moins developpees dans I'original, et de plus Ic pocte francais en a inveute plusieurs, telles que la Leitre de Florinde , les Brigands , la Conclusion, et c'est surtout dans celles-ci que son style est le plus remar- quable. Rodrigue pendant la bataille, qui nous parait un mor- ceau acheve de sentiment et de piUoresque, appartient presque en entiera M. Deschamps. Uodrigue, apres avoir vusonarmee detruite par I'Arabe, s'enfuit tout seul du champ de bataille : Dans une suinbre attitude, Mort de soif , de lassitude , Le roi sans royauine allait , Glierchant des cceurs qui le plaipnoni, Oroyant dans ses mains qui saignent Les jKiaiiis d'or d'lui ha|iel.'l. 44o LITTl^ftATUUE. Le desespoirde cc roi vaincu ct detrouc, la comparaison de sa niis^re prcscnte et de scs splendeurs eteintes, le souvenir dcs joics qui, dans toule rEspagrte, avaient cclebre sa nais- sance, son horreur de la vie, et aussi du suicide que suivrait un terrible anallu-jne, tout cela est peint avee uue veiitc de mceurs et une euergie d'cxprcssion que nous ne saurioustrop louer. L'ensemldc de ccs romances Ibrmc une sortc d'cpo- pee sans modole. On y remarque surtout I'art dc disposer les tableaux de la mauierc la plus dramatique, et nous incline- rions fort i penser que M. Emile Deschainps serait un des jeunes pocles de Tepoque qui composeraient le micux le (frame moderne en vers. Pour donner une idee de sa manicre, nous allons citer le couimencement de ta Fuite de Rodrigue: A rheure ou les oiseaux cessent leurs chants dans I'alr, Oil la terre , le scin voile cuniine les veuves , Semble attentive au bvuit dcs tleuves Qui descendent jusqu'i la mer ; Oil docile am appels de la niagicienne, Chaque 6toile, k son tour, perce le firmament, Brillante comme un diamant Sur le front d'une Egyptienne ; Pr^fdTant I'humble habit des derniers paysans, A la pourpre royale , aux aigrettes guerrieres, Qu'il cnfouit dans les bruyeres, Plus pftlc que ses courtisans; j Cherchant dans les marais nn fctide breuvat^, Bevorant I'licrbe jaune et I'ticorce des glands, Kt quelqucfois, aux loups sanglans Disi)utanl leur cheniin sauvage ; Bien different, sans or, sans insignes royaui , De ce superbe Golh qui, sur un char d'ivoiie, So pr6senta pour la victoiie. Tout (itincelant de joyaui ; Sa barbe et ses cheveux c-llcs d'un sang bleuAtrc, Moitie du sien , niciti6 de celui du vaiiupicur , T^ri Chiist d'eboiip sur son ca'ur. Quit bai.«e crnime iinidolAtre; littj5rature. 44 1 Moiitii sur Oitilio, son beau cheval de guerre, Si las qu'il pousse i peine un sourd gemissemeiit , Et qu'il s'en vient h tout moment Donner du poitrail contre terre ; Ainsi Rodrigue, scul, comme en proie aux demons, Loin des champs de Xeres , grandc et niorne campague , Celte Gelboc de I'Espagne , Fuit par les bois ct pai- les monts ; II courbe 5 chaque pas sa gigantesque taillc; Devant les yeux , il n'a que spectres et vautours , Et dans son Oreille est toujours Le bruil loiutain de la bataille. Voili une peiuture tr6s-poetiquc et des vers dontplusieurs sont trcs-beaux. On aura remarque coiiibieu il y a de talent et de bonheiir, dans cette loiigue periode, ct dans ce conti- nuel enjambetnent du sens d'une strophe dans I'autre; cc sont la des tours ct des effets sur lesquels nous ne sommes pas en- core biases, accoutumes que nous sommes aux vers qui trop souvent sc suivent deux a deux et quatre a quatre.. Nous transcrirons encore les premieres stances de la Con- clusion : Toujours , tant que les yeux et la rougeur des belles Dementiront leur bouche , aux paroles rcbelles ; Tanl que leurs cbants auront la douceur du rauiicr; Que la rose ornera leur tresse noire ou blonde ; Que Tolede verra leur taille svelte et roude Se balancer comme un palmier ; Toujours , tant que le fer, parure des bafailles , Les eperons d'acier et lescottes de mailles, Et le noir gantelet , et le panache noir , Et le casque i visiere , et la lourde culrasse , Legerement portcs ennobliront la grace Du guerrier qui part du mauoir ; Toujours , un vague instinct, nn charme involonlairc, Un celeste besoin sauront , avec mystere, Aux bras de la moios tendre enchainer le plus fier ; Et les maux qii'on endure , et les maui qu'on soupijoune , 4.|-^ LITTKilATUIlE. Et ceiix que j'ai chantes n'eiiip<5cheronl personne D'aiuier, coinuie on ainiait hier. II serait siiperflu d'ajoiiter aticiine remarquc a Je pareils vers; on n'en I'erait point conipicmlrc le cliarme a cciix (pii nc le scnlcnt pas. La fin de cette piece oi"i le pni'te raconte la mort (le Florinde excite unc vive emotion : presqiie tout le poeniedeUodrigiieest ecrit avccautantde grace que de verve; jamais de ces cento its , de ccs licux communs qui degoutent des vers les hommes qui pensent; ce sont de pelits tableaux oil rien n'est vague ni indecis, et dont chacun concourt a I'im- pression generaledu poeme. M. Emile Deschamps a compose chaque romance dans un rhythme different, ce dont les amis de I'art lui sauront gre; car il en resulte des ellets varies et pittoresques. Les Etudes frnnfaiscs et etrangeres contiennent, en outre, beaucoup de pieces qui appartiennent entierement al'auteur, et dans lesquelles ou retrouve le meme merite d'execution. Le Retour duClidtetain est I'une des plus originales. Le vieux Pdtre semble echappe a la muse d'Andre Chenier, lant il res- pire un parfum d'antiquite. Le Tombeau du poete , la plainle de la jeune Emma, quelques strophes de la piece sur le chdlcati d'Ecoacn , et Vipllogiic , sont remplis de grace et de melan- colie. Nous fcrons une derniere citation; c'est un sonnet qui rappelle les plus ingenicux de Petrarque : Quand le terns, grand changeur des hommes el des clioscs, Aura sur ce beau lieu jete I'oubli des aiis , Quaiid chOnes et sapins , biises couime des roses , Ne seroiil plus que ceudre ou cadavres glsans ; Qui sail si, du chaos de ces metamorphoses , Ressuscitant nos bois aux detours seduisans , L'liistoire saura dire a nos vieux (lis nioroses Quels rois y poursuivaient sangliers et faisans ? Mais peut-etre nies vers ci la race loiutaine Diroiil : Elle passa deux niois i» Mortfoutaiue , Et ces deux mois , pour nous , passerenl comme un jjur ; Et c'est pourquoi les lleurs, les biches inquielcs , Et les oiseaux chaaleurs,el les amans poetes, I'Iriiis du siiuveuir d'Elle, nimaiiiril taut ce sejour. LITTERATLRE. 445 II est des poetes tcls qu'Horace, Peliarque, La Fontaine, Andre Chenier et quelques autres , chezqui I'interet poetique vicnt plutot delahardiesse, de la fraicheur et de la finesse du style que de I'importance du sujet. Bien souvent, en effet, dans les arts et dans la haute poesie, le sujet n'est presque lien ; mais I'execution , prise dans son acception la plus ideale, est d'une importance immense. Voila pourquoi le Dante, avec une composition de la plus grande simplicite et Irois personnages principaux seulement, a fait un poeme qui passe, aux yeux de certains connaisseurs, pour la plus belle des epopees modernes; voila pourquoi quelques vierges de Raphael brilleront toujours d'un eclat plus pur que tous ces tableaux a effets tragiques et melodramatiques. De tels hommes, il est vrai, ne sont pas apprecies d'abord par le grand nombre, et ne jouissent pas de cette popularite qui s'attache a des talens d'un ordre inferieur; mais les gens qui sentent les dedommagent de I'indifference de la multitude, qui suffit quchjuefois pour prouver le mcritc. La qualite des suffrages supplee alors ulaquantite. Asa premiere apparition, le chef-d'oeuvre de la musique dramatique, Don Juan, n'a ete apprecie que par un seul homme : il est vrai que cet homme etait Haydn. M. Emile Deschamps semble avoir pris pour modele les grands poetes que nous avons nommes ; comme eux il cherche I'effet de ses compositions dans une execution poetique plus que dans I'importance du sujet. C'est une tache didicile , et qui impose a celui qui I'entreprend I'obligation d'etre excellent jusque dans les moindres details; ce que nous venons de dire prouve qu'elle n'est point au-dessus des forces de notre poete. Toutefois nous estimons trop la per- sonne et le talent de M. Deschamps , nous reconnaissons dans ses vers des beautes trop reelles et trop nombreuses pour lui dire que ce talent n'a plus rien a acquerir, que ces vers sont sans taches. En cherchant des tournures originales, il lui est arrive d'en rencontrer de foroees; en essayaut des coupes neuves, il en a employe de bizarres; le sens est quelquefoiii 4/|4 LITTfiUATURF. appauvri par le dosir d'cnricliir une rime. M. Deschainps af- Icclionno Ics ihytlimes singulicrs; souvcut il en use avcc bcaucoup do bonheur, ct il y trouve des graces charmantes; mais prccisement parce que ces rhythmos prodiiiscnt un effct tres-sensible, ils condamncnt le poete a trouver toujours cot effet; ainsi, lorsque apres un grand vers vient un vers do quafre on de deux syllabes, il est bien evident que ce petit vers doit rn'oilrir quelque those de saillant et d'inattendu; car celle disproportion du metre provoque vivement mon attention et me met en esperance. Tons ceux qui connaissent M. Deschamps et qui savcnt que c'est un de nos hommcs de lettres dont I'esprit est le plus piquant, ont pu s'etonner de trouver ses vers pares de tant de graces naives; c'est a force d'esprit qu'il imite la naivete, carpeut-etre la naivete n'est-elle pas le caractere propre de son talent. II est natu- rellement ingenieux, poetique, passionne ; il elierclie a etre naif, et Ton apercoit quelqucfois qu'il a cherclie; or, la naivete veut surtout de I'abandon. Enfin, nous uterions volontiers de son recueil une ou deux pieces dont I'invenlion ne nous a pas scmble heureuse. Ces restrictions apportees a nos eloges, loin de leur ricn oter, ne font qu'y joindre la consecration de I'impartialite ; et malgre quelques taclies legeres, lelivre que nous annoncons ne nous semble pas moins I'un des recueils de poesies les plus remarqiiables et les plus interessans qu'on ait publics dcpuis long-tems. Nous ne pouvons terminer cet article sans rappcler un autre ouvrage du mCnie poete, que beaucoup d'aniis des lettres connaissent, qiioiqu'il ne soit pas encore pul)lic. M. Emile Deschamps a traduit, avec M. Alfred de Vignj^ dont le talent dramatique s'est signale dans la peinture de la catastrophe de Cinq-IMars , le Romeo et Juliette de Shakspeare. Nous ne concevons pas que le Theatre Francais, qui certes est pen riche en bons ouvrages nouveaux, ne s'empresse pas de donner an public une occasion de renouveler connais- sance avcc hii. II serait bien terns de nous montrer Shaks- peare ct Schiller traduits parde? hommesquilescumpreunciit. LITTERATURE. 445 ct qui lie croieiit pas que c'est embollir los poetes de gcnic que tie les couvrir d'oripeaux de coulisses et de fleurs de rhe- lorique. Nous nous unissons a M- EmileDeschampspour rap- pclor au Theatre Francais que ses cartons renferment une Iragedie de Gaillanme Tell, qui, selon nous, est la meil- leure imitation de Schiller qu'on ait faite dans notre langue. Pichat , qui nous a ete enleve au moment oCi son talent simple et severe prenait son plus grand developpement, avail tra\{(i sonGuillaume Tell avec amour, et comme s'il eut prevu que ce serait son dernier ouvrage. Energie, sensibilite, verite deton, couleur locale, tout s'y trouve.Esperonsque ccs quali- tes ne seront pas toujours un titre de proscription aupres d'un theatre qui, depuis quelque terns, nous a presente de si mal- heureux essais romantiques. M. Emile Deschamps, nous le repetons, nous parait destine a trailer la tragcdie moderne, surtout le drame passionnu. Le poeme de RodriguediiCiile un talent rcmarquable pour fairc parler la passion ^ tout en restant fidele a la verite locale, prise dans sa partie la plus ideale, bien entendu; car il faut une idee dominante dans toute composition , et si une des pensees de Shakspeare, en coiuposant Romeo etj iiUette, a ete de peindre ilcs liuliens, sa pensee principale a ete de peindre des amans. La verite locale prosaujiie, c'est-a-dire, complcle ct absoliie, doit etre renvoyee au drame purement hlstorique , ct ne jamais predoniiner sur cctte autre verite, la verite de pas- sion, dans les ouvrages oOi celle-ci doit tenir la premiere place. Nous ne sommes pasde ceux qui pensent que Macbeth gagnerait beaucoup a avoir une enveloppe plus ecossaise, et la couleur scrupuleusement exacte des personnages de "Walter Scott , et que Shakspeare se fut eleve beaucoup plus haut si, ccrivant dans noire siecle d'analyse, il eiit mis plus de regu- laritc dans ses plans et plus de localitc dans le costume de ses heros. Peut-etre satisferait-il plus d'esprits ; mais qvii sait si, occupe de ces qualites secondaires, il n'aurait pas perdu quel- que chose de I'independance de conception et de la naivete d'execution qui seules feront toujours les grands poetes. „ III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LiYRES Strangers (i). AMl^RIQUE SEPTENTRIONALE. ilTATS-UNIS. 120. — Sketches of a naval liistory of the I niled-Staies. — Esquisses d'uiic histoire navale ties l^ltats-Unis; par Thomeis Clark. Philadelpliie, 1828. 121 . — The United-States naval Chronicle. ■ — Chi'onique na- vale des lillats-Unis; par C. JF. Goldsborough. i" vol. 122. • — Report of (henaval Committee , etc. — ■ Rapport du Comitede marine de la chambre des representans. 1"^ session, ja*" congros. 123. ■ — Dill for the gradual improvement of the navy. — Bill pour I'amelioralion graduclle do la marine. "Washington , 1827. 124. ■ — Annual Report , elc. — Rapport annuel du secre- taire de la marine. "Washington, 18:^8. 1 25. . — Report , etc. — Rapport du secretaire de la marine sur un projet d'etablissenient naval en tems de paix. "Was- hington, 1828. Bien qu'il existe d'abondans materiaux pour unc histoire de la mai'ine americaine, aucun ecrivain n'a encore essaye de trailer ce sujet interessant d'une maniere complete, el avant que le celebre anteur du Pilote et du Corsaire , M. Coo- per, ait ecrit I'histoire navale de son pays , comme il en a manifesle I'intenlion a son depart pour la France, on sera reduit a aller chercher dans ces i-apports et dans quelques ouvrages imparfails, tels que ccux de MM. Clark et Goldsbo- rough, des details isoles. (1) Nonsindiquerons par un asteiisque ('), place a cote du litre de clia- que ouvrage , ceux des livrcs etrangers ou fran(^ais qui paraissent dignes d'une attention particuliere, et nous en rendrous quelquel'ois compte dans la section des Analyses. Ordin. En constr. TOTAt. . 6 5 12 5 6 »7 3 4 >7 3 o 7 LITRES i5:TRANGERS — tXATS-UNIS. 447 Ce n'est qu'en 18 15 que I'altention du gouvernement des ttats-Unis s'est portee seneusemenl vers raiiKJlioration de la navigation interieine et I'accroissement de la marine; le plus grand nonibre de butimens an service du congres, pendant la revolution, ne s'etait eleve qu'a a5, dont 5 fregatcs de 52 ca- nons, 12 vaisseaux de 34 a 28 canons, et 8 de 10 a 16. L'acte du 29 avril 1816 applique un million de dollars par an a raugmentation des forces navales; en 1820, cette somme fut reduite a 5oo,ooo dollars. En 1827, la marine ameri- caine se composait deja de 12 vaisseaux de ligne, 16 fregates, et iG sloops de guerre. Ala fin de 1828, void quelle etait sa situation : Service ext. Vaisseaux de ligne. 1 Fregates 6 Sloops de guerre. 10 Schooners 4 Sans compter trois fregates mues par la vapeur. Le nombre des officiers en activite est de 725 Savoir : 35 capitaines, 54.commandans , 262 lieutenans, et 392 officiers inlerieurs. 5,864 liommes sont employes sur les batimens, et la de- pense annuelle monte a trois millions de dollars. 126. — *Jf'liat is gentility? — Qu'est-ce que les gens comme il faut. "Washington, 1828; Pishey Thompson. In- 12 de 260 pages. M. M'Carthy, homme simple et bon, apres avoir fait for- tune dans le commerce d'epicerie , passe tranquillement sa vie sans soucis, sans desirs, et s'occupant fort pen de ce que font les autres ; mais sa femme, qui voudrait paraitre dans la bonne compagnie , et qui s'en trouve exclue par ses manieres communes et son manque d'education, n'est point satisfaite de son sort. Reportant toute son ambition sur ses enfans, elle vcut les faire elever pour une sphere superieure h la sienne. Charles, le plus jeune de ses fils, est envoye au college de Princeton , tandis que I'aine, Timothee , reste a la maison pour suivre la carricre du commerce, qui est plus de son goCit , et leur sceur Catherine est placee dans une des meilleures pensions de Philadelphie. Charles, d'un caractereplus doux et studieux, travaille avec ardeur ;il acquiert des connaissances positives etun jugemenl 448 LIVRES llTRAlSGEIlS. sain ; Calhcrinc , au conlrairc, est toute superficidle ; son es- prit, iialnrellcincut frivolc, s'cst iinbii de prejiiges ; clle roii- gil de ses parens, accucille I'roideinent leurs caresses , et veiit, par dessns tont, faire la grande dame. Elle so lie avec la fdle d'un odicier distingnc, niais sans rortunc, Maria Lenox, qvii I'inlrodnit dans la hantc societe, oii elle se ti'ouvc negligee , delaissee, ctoii son amour-propre est continuellementrroisse. Son amie n'a qu'un seul desir, c'est d'epouser nn homme ri- che ; sa coquettei'ie ne pent reussir aupres dc Charles, mais elle sednit le pauvre Timolhee , qui demande sa main, rob- tient aussilot , et se voit presente par sa fenmie dans un monde nouveau pour lui, 01"! il i'ait Iriste figure et ou il est tout-a-i'ait deplace. Sa fortune se dissipe rapidemcnt; Maria se livre a tons les plaisirs; mais ses extravagances lui coutent la vie: elle est saisic par une fievre ardente , au surtir' d'un bal, et meurt en donnant naissance a une fllle. Timothee ne trouve le bonheur qu'en s'ailiaut a une famille qui n'est point d'une dasse plus elevee que la sienne. Pendant ce tems, Charles a profile de la bonne education qn'il a recue; sesconnaissances, son aptitude I'ont fait remar- quer dn secretaire d'etat, qui I'a fait nommer consul dans la Meditcrranee. II rcmplit ce postc avec talent, et, de retour en Amerique, oblient une place elevee dans Ic gouvernement. Ses gouts siniplesreluignculdescerclesbrillans ou il se vcrrait recherche , et tandis ([u'il mene nne vie hcureuse et retiree , Catherine, que ses re\es ambilieux agitentsans cesse, ne con- nait que I'ennui et la Iristesse , parce qu'elle ne sail pas s'oc- cupcr, que son amc n'est susceptible d'aucini sentiment af- fectueux : et sa jjonne mire reconuait trop tard la i'ulie dc sa- crifier le ijien-elrc reel an vain desir d'etre une demoiselle. Ce joli roman est renipli d'interet; le dialogue est vif et spirituel , les scenes bien amenees , les episodes lies avec gout au sujet principal. Le but de I'auteur a etc de pronver la necessite d'une bonne education, dans quelque rang dc la societe que Ton soit place, et en montrant qu'elle scule fait les gens conune il faut, d'engager les parens a ne ricn epar- gner pour developper les facultes morales de leurs enfans, plnlot que de leur donner des parures et des equipages qui ne peuvent cacher la nulllte; et a leur apprendre a supporter la pauvrelc avec dignite, la fortune avec moderation (1). Lamst. (i) Ci! chaimanl oiivragc, qii'on lira loiijoiirs avec plaisir, viciit d'eUc n-aduil (Ml f'ran(,ai3 , it paraitra inci'ssaiiinioiit clicz M. Sedillut , librairc, me d'l^nlVr, n" iS. KLROPE.— GUANDE-BIIETAGNE. 449 EUROPE. GRAADE-lJRETAGi\E. 127. — *Zoological iUustrations. — Iliustraticms de zoologie ; dessins et descriptions \)aLV JVilliain Swainson. Londres, 1829; BaldAvin et Ciadock. Iu-8"; prix de la livraison, 4 ^^^' Tout porte a croire que oetle deuxit'nie serie de Touvragc de 31. Swainson sera aussi hien accueillLe que la premiere dont nous possedons trois volumes. II faut avou*;rqu«, dans ce genre, les Anglais savent bien uiienx que nous encou- rager les sciences; et les rccueils d'histoire nalurclle publics chez cux saus inlerruj)tion pron\eiit an moins qu'ils trou- V€nt des lecleuis et dcs souscripteurs qui assiirenl leurs succes. Les Melanges de Skaw, de Leacli, les i\iagasins de Donaian, de Sowerbj, les innombi'ables Annales de botanique it d'horticulture qui paraissent mensuellement ornoes de fi- gures coloriees a\ec soin,n'onl point refroidi le zele de la na- tion, qui sembie se complaire 4 soulenir detelles entreprises. Mais on trouverait a peine a Paris un seul libraire qui YOulQt se charger d'un recueil cle figures d'histoire natn- relle rares ou nouvelles. Pour en revenir aux illustra- tions de M. SAvainson, ce naturalisle eminemment distin- gue ne se borne point a la redaction du tcxte descriptif, il lithographic lui-nieme avec une grande perl'ection les plan- ches de son recueil et les fait cnluniiner sous ses yeux. Aussi cet ouvrage est souvent cite, et nicrite de Telre. M. Swain- son est trcs - verse en ornithologle , tt ses illustrations out dans cette partie un merite incontestable : mais on y trouve egalement des figures d'insectes et de moUusques tes- tacy's peints avec une grande verite et une exactitude rigou- reuse. Les descriptions ecrites en anglais et accompagnees d'une phrase latine ne sont point paginees, afin que chacun puisse classer les animaux , suivant la niclhode qu'il prc- t'i'.re. Seulement, les planches portent un numero qui scrt 'iorsqu'on a besoia de les citer. Chacjue livraison se compose de 5 figures acfompagnees de 5 pages de texte. Lkss. izS.—^* Travels in AssyrLi, Media, and Persia. — Voyages dans la Syiie, la Medie et la Perse, compreiiaiit an voyage de Bagdad au niont Zagros; a rancicnne Ec!)atane , capitale dc Tempire ftU'de ; des recherclies sur Ispahan pendant uu stjour dans cette ville; une viiile aux ruiiies de Persepolis, etc.; par.I.-S. BucKiNcnAM. Londres, 1828; Colbiini. In-4". T. XLi. ri';\ r.iui". iS'.itj. ay 45o LIVUES l^rRANCniS. i2 the co'irt of Madagascar. — Yi.siln i'l la coiir fie Madagascar. Loiuiros, i8a8. Si, sous lo rap])nrt du point dc viie liislorique , la Fiance est en avant dos Anglais, on recompense ceiix-ci I'eniportenl sur nons coninic voyagenrs. lis sonlpartoul, courent lout voir, ot souvent \oient bien. Aussi les voyages sont-ils uue des l)ranclics les plus tecondes et les plus lucrativcs de leur lillerature. Tel qui ne sc croit pas asscz letlre pour ecrirc \n\ article dc gazette ne se rel'vise pas a publier son ilineraire de route. Aiusi, un sergcnt des gardes, envoyc a Madagascar pour le iiiodesto cmploi dc dresser les troupes de sa majeste inadecasse, et de les initier anx savanles luanocuvrcs et au\ ameliorations r/'ceinuieiit iutroduitcs dans le service militaire par sir Henri Torrcns, u'liesilc pas a placer son humble \o- lume a cote du savant et splcndidc in-ipiarto dc iUickingliaai. Pour([uoi pas ? Qiiicniiquo a I><>auc(iiip vu Pent avoir h)caucuiip iel(Miii. , Et si le dignc scrgent n'a pas examine les antiquitcs, niesme les monumens , il a vii de nouvelles figures , des moeurs cu- rieuses. Sa reception \ la cour du roi Radama, I'aspect de ce monarque , ses ca^irices d'eulaut , sa naive admiration pour' tout ce qui vient d'Enrope, sou zcle pour propager la civilisa- tion et empccbei'la traite des noirs, tout cela a bien au moins autant d'intcret que la description des rniiies de I'erscjmlis ; non que jc prclende blamer dc savaiites reclicrclies propres a Jeter du jour sur la marclie des arts et des nations, mais parce que riiisloire particulicre deriiouune est toujours plus auimce et plus altra\anle (jue ci-lle de scs oeiivres. A. Sw-BF,Lr,oc. i5(). • — * Mrmoirs of the a/fairs of Europe, etc. — IMemoires sur les aflaires de I'Enrope depuis la paix d'Utreclit; par lord Jo/iii IlnssEL, t. II. Londres, 1829; Murray. In-4" de Goo pages. Nous avons annonce, il y trois ans [voy. Rev. Eiic, t. xxvi , p. 573) , le premier volume de cet important- ouvrage , oi'i sent exposes avec un talent remarquable le regne de la reiiie Anne , le ministere de iJolingbroke et d'Oxl'ord, la mort de Louis XIV, et les cvcncmcns (pii la suivirent jusqnVi la mort du Kcgcnt. Dans le second tome, qu'on avait attendu impa- tiemmeut , on rctrouve la luriiie clarte de style, la mcme methodc , et cette impartialite, eette juslessc de vues qui distinguent cmineinnieut lord Jolin Ilus.'-el; il examine la politicpie de I'Europe an commencement du 18" siccic, re- ]>icsente rAngletenc, la I'russe et la llussie s'elevant rapi- demcnt; la France all'aiblie el arrOtcft par un g:ouverncmrut GIIANDF-BRETAG^K. 45 1 coin:inpii ; rAuh-iclio, staliotiiiairc; la rcpubliquc de Vcnisc fl la HoUantle, sans I'orce et sans infmeucc ; et la covir de Rome lie dietani plus de lois ct reduite a nicndier. L'auleur retrace cnsuite I'etat de la religion en Angieterre depuis la reformation , et les reflexions jndieienses dunt il accompagne i^on recit, indiquent nn ecrivain a la I'ois sage et prol'ond. Ce volume se termine a la guerre de la succession et a I'ahdicalion de Philippe V; il comprend aussi la relation du voyage d'Anson, et une esqnisse spirituelle siir AVesley et le inrthodisme, qui nous a paru d'un grand interet, et confirme la haute opinion que les premieres pages de lordRusselavaieiit I'ait coucevoir de son talent comnie historien. Lamst. i5i. — ISarrative of the imprUonnement and trial of JF'illiiim YonsG. — Relation de remprisoimement et du proces de JVil- liain loimq, oflieier an service anglais, prisomiier d'etat e;i Porlng^al. Londres, 1S28; Colhiu'ii. In-8° de 55a pages. Get ouvrage est ecrit par une des nombreuses victimes dn tlespotisme de don xMiguel. On y remarque partout mie haine prot'onde contre le gouvenieiuent de cet iisurpateur; et cclte haine, poussec jnsqu'a I'exageration , rend Tauteur injusto contre toute la nation portugaise. II ne separe point la partie jsaiiie du people, celle qui est restee fidele a la constitution de don Pedro, de celle qui s'cst livree auxplusdeplorahlesexces. Le capitaine Young a long-tems habite le Portugal, on il iivail I'ait la guerre avec Ic due de "Wellington. i£ residait dans la {Miti(e viJle de Leireiria, avec sa tamille, lorsque don Miguel rciivei'sa la constitution. Ce fut an retourd'un voyage a Lisbomie qu'il I'ut arretc et traine en prison, conime libe- ral et franc-macon ; i'interrogatoire qu'on lui lit subir est vraiment cniieux : c'est une scene d'inquisition, dans laqiielle on ne veut accepter du prisonnier que les seiiles revelations isbonne, les bras et les jambes ensanglantes par les cliaines, le visage couverl i\e poussiere et d'ecume, il criait encore : Don Pedro et justice! Pauvre insenso I dans sa folio, il so vengeait au moins de ses iyrans;illcs faisait trembler par ees oris accusatcurs, qui ticvraiont toujoiu's retenlir a leurs oroilles. » A IJsbonnc, c'est maintenant la populace qui gouvoruo : io premier bandit que voiis rcncontrez dans la rue pent, si \olre visage lui dcq)!ait, vous arreter et vous ocrouor comnu; coupabled'avoir uno pbjsionomieconstitutionnelle. M. \o(uig a vu des bommes on giu'nilles arrctor, au iiom du roi , an milieu de la place puldique, dc paisiblos cit<>yens, el la po- lice eonfiruicr ces arrcstalions. II cite plusicurs cxeniple?. GRAJ^DE-BRETAGNE. 45r» entre autics celui d'un ollitier dc chasseurs, en activity de service, arretc par uu de ccs iiiiserables, et qui, rccounu in- nocent, n'obliiit ncannioins sa liberte qii'aprcs deux niois de dt'tenlion. Lorsquc M. Young quitta le Portugal, il y ayait dans los prisons de Lisbonnc rtr(V/ Williams. Dolgellau, 1828. L'origine des Bardes, on plntot dn bardisme, considere (oniuie instilution, renionte a la plus haute antiquite, et se raltache au druidisine. Lcs iryades de Cile de Bretagne cele- l>rent Tydain , T;1d Awcn, c'esl-a-dire, Tydain, pere des muses, commc le premier qui reduisit la poesie en systenie, et posa les fondcmens des privileges des Bardes. Ceax-ci, tant que les Druides existerent, ne i'urent que les annalistes, et les ge- iicalogistes du siecle. «L'office du Barde, dit encore la tryade, est de garder memoire des arts et des sciences, ainsi que lie tout cc qui a rapport aux families, aux alliances, aux ar- mes, districts, et droits dc la nation galloise et de son terri- toire. » C'etaient les annales vivantes du pays; et a';n de mieux graver dans leur memoire les fails qui leur etaient confies, ils en faisaient des chants qu'iis recitaient au peuple assemble, (k's chants, d'un caractere didactique, etaient toujours sou^ mis aux grandes assemblees des Bardes (Eisteddvodan) oi'i ils etaientl'objet devives discuss! onset de critiques severes; meme lorsqu'ils etaient approuves des la premiere seance, on se re- servait un second exainen, et ce n'etait souvent qn'a la troi- sieme epreuve qu'iis etaient definitivement agrees. L'ordre des Bardes se divisait en trois rangs: ]ei Prira7'dd , Posxvardd et Arwyddrard. Le Privardd etait celui qui invcntait et ensei- gnait des systemes de philosophic jusqi;e-la inconnus; l^Pos- Avardd se bornait a promulgner et a repandre les am.iennes decouvertes; tandis que I'Arwyddvard, on Barde des insignes, n'etait, a bien dire, qu'un herault d'armes, dont I'emploi consistait a dedarei- la gencalogie des princes et des chefs, a armorier leurs amies, a en tenir registre, et a les classer, se- lon le rang et le meritu du possesseur. A une epoque plus recenle, le roi et les grands se faisaient acconipagner de ce Barde dans toutes les batailles. Les statuls desBardes, rapportes danslys tryades, snnt foil 45-j LtVRLS LTi'.ANCRnS. curieii.x. lis uuirc'lifiU foiijom s trois par li-ois, ct I'oii y (ruifve tousles prt'u'CjUcsdc la chovalcrif (|iii r(''f;it plus lai-d le iiioveii ag;c. D'al)onl, pour ("lie digiie (rflrc Bartle, illallait avoir « iin oril qui ])iil voir la naliirc , uii eoeiir (pii p,,l la .seiitir, el asscx do resolution et de coiiraf^epoiiroserla siiivre. » Puis, veiiaienl les trois grands huts de I'iMSlitnlion : « leformer la morale ct les inoenrs, assurer la paix, celehrer les louanges de tout ce qui est bon et excellent. » Les Bardes dc la Grande-Brelague jouissaient de trois priucipaux piivileges. Tlsdevaieutetre pro- teges et nourris en quelque lieu qu'ils se H'onvassent ; on ne ponvait porter aueune arnie nue en Icur presence, et lour temoignage passail avant tout autre. Trois elioses leur elaient rigoureusement det'endues : rimmoralite , la satire el le port d'arines. Pcrsonne ne pouyait aspirer a devenir Barde, sans avoir le genie poet ique , une conuaissance approfondie des institutions de I'ordie, et des moenrs irieprochal)les. Les regies de la poesie etaient aussi definies ct arretee* d'unc I'aeon immual)Ie. Les tryades donnent de longs frag- mens de ce code du langage , qui avail pour base les trois intentions de la poesie, savoir: raccroissemeut de la boutc , ragrandissenient de I'intelligence, et la propagation de lout ce qui donne des jouissanees. Les trois detauts aeviter etaient le frivole, t'obscene el le superiln. La publielte attacbee aiix aclrons des Bardes ctait lui ga- rant de leur moralile. Les assenil)lees se tenaient en plein air, en un lieu decouvert, et, selou I'expression enipbatiqne des tryades, a la lace dn soleil, sous I'oeil de feu. « On y recilait Fes traditions antiques; on y examinait les chants a venii'. Ceux qui avaient quebiues plaintes a Ibriner contre les niem- bres de I'urdre s'adressaient a ce tribunal, et en obtenaient justice. » INennlus, qui ecrivait dans Ic neuvieme siecle , sous Mer- vyn, est le premier des historiens bretons qui I'asse men- lion des Bardes. II cite entre autres Amurini, Taliesin et Llyworch hen, on levieiuc, poele dn sixicme siecle, dont les ouvrages existent encore anjourd'bui ; ce sont des annales prolixes dn tems. Ihi senl, Taliesin, ne se contente pas de rajiporter les Tails historiques. Verse dans la science niysti([ue des Druides, surtout dans la doctrine dc la melempsycosc (|ui dominait alors. il s'csliivre, dans deux ou trois de ses . poemes, aux reveries d'unc imaginalion puissante el crea- Iricc, et ces ceuvrcs sont moins des chroniipies inipartiales que Ic tableau des notions el des maximes drnidiques. Ses poesies elegiaques et lyriqnes s'elevent parlbis an sul)lime : taiilut il y parlc cunmic poele . lanli'it connne prophcte. GRANDr':-llilETAr..^E. 4fl5 Dii si.\ii;me au dixieiiie sicde, la gloiro dcs Uaidos s'cLlips!;; leurs j)i()ductions se pordoiif ati milieu des dissensions ci- viles. La corruption s'inlrodnit paiini eiix, et plusieurs ino- iiar(|ues font dcs lois pour s'op[ioscra Icur licence. Cepeudanl, on Ics voit rcparaitrc a la cour de Gruffydd ah Cynan, prince «ln pays de (dalles. Le harde Teniuwr, ou barde du palais, y occujiait la liuitioiuc place. II possedait des terres libres, et le prime lui doniiait par an un clieval, one robe de laine, et du linge. Aux banquets royaux, il s'asseyait a la droite du gouverueur du palais, ([ui etailtenu de lui apportersa harpe. Lorscpi'oii demandait un chant, c'etait le Cadalr vordit ou grand Barde, qui chautait une hymne h la f^loire de Dieu, puis, une en rhonneiu' du jiruice. Sa tache finissait la , el il elait rcmplace par le Teniuwr ou barde donieslique, dont le devoir etait d'auiuser I'assemblee avec quelque sujet de son choix, et de chanter aux princesses, aux heures oOi il u'avail pas de t'onctions plus importantcs a reiiiplir. Dansces occasions, il recG\ait, de la main meine du prince, un jcu d'echecs en ivoire, ou une harpe, et de la princcsse un auncau d'or. Sa fille etait dotee par la couronne. Meiiir, barde de Gruffydd ah Cynan, etait guerrier, poete, Gt homme d'Etat; il i'ut cnvoye par ce prince en Anglcterre pour y negocier un traite d'alliauce, et sou fils Gwalchmai ditavec orgueil, dans un de ses poemcs, que son pere deien- dit les hautes terres du pays de Galles contre les Anglais. La conquete des Galles par Edouard I" porta un coup mortel aux Bardes, non qu'il les fit exterminer conime on I'a cru long-tems, mais parce qu'il leur defendit tout exer- cice de leur profession. Leurs privileges fureut abolis ; on nc tolera plus d'assemblees publiques. Les liommes s'isolerenl et rentrercnt dans la masse de la nation. II y cut bien encore un eclair de poesie et de liberie, lorsqu'Owaiu Glyndwr tenia d'arrachcr son pays au joug, mais la funeste issue de cette tentative amena rextinction totale des Bardes clde lenr corps. Aujourd'hui on recucille en Angleterre, comme debris du passe , quelqucs chants, qui se perpetuent et se couiposeut dans les montagnes, ou la laugue primitive se parle encore. IMais celte poesie exhuiuee u'a plus de vie, et n'offre guere que des pensecs modernes sous luie foruie antitpw;. Le genie des anciens ages est passe avec les coulumes et les luoeui's he- roiques. L. Sav-Belloc. i53. — The TP^urks of Canora. — OEuvres de Caiiova, en sculpture et en uiodcle , gravees au trait par Henri Moses. Londres , 1828; S. Pro\>elt. 3 vol. 430 I.IVUES iiTllANGEUS. i54- — Brorkedon'i; Pdnses ofl/ic alps. — Les Alpes, piir Broc- KEDON, piibliecs par TiniUMir. Londres, 1828. Vn Memoire biogiaphiqiie s'.ir CanoY;i, scs peiili<'. Le (roisieme qui vient de parailre eoutienl, i"le monument sepuUral de Nelson; 2" Sapho, modele en terre; 3° la Desrente de eroix , en luarbre, plaeee dans la chapelle particuliere du eomte Antonio "NVidiman, a Venise; 4° une figure allegoriqiie de la \ille de Padoue; 5" Dirce, statue de marl)re ; G° Endj'mion, et trois hustes. Les pensees, pen remarquahles par roriginalite, ont le sen- timent de la grace et de I'amour de I'art. Elles Irahissent ce- pendant line malheuieuse preor( upation du beau ideal, qui eloigna trop souvent Canova de la nature, et niit parfois dans ses oeuvres, la maniere a la place de la naivete. Son esprit a ta mollesse et la suavile de ses compositions. Les sites des Alpes, dessines parM. Brockedon, ont les de- lauts et les qualites de I'ecole anglaise. Le charlatanisme d'el- let, si lieureusement exploite par les peintres du ciel brumeux de I'Angletcrre et de I'Ecosse , devienl \u\ contre-sens dans une atmosphere plus pure. II n'y a pas moyen d'escamoterles objels dans le vague; d'un i)rouillard, ([uand lout est forte- uient accentue, et soumis a une limiiere egale et vive. On court risque alors d'etre nu et tranche. Ce detaul, que iM. Bro- ckedon n'a pas toujours evite , contraste avec sa premiere maniere , el produit des oppositions pen heureuses. L. Sw-B. kjS. — T/te Cede of Tfu rpsic/iore , a practical and historical Treatise , etc.- — Le Code de Terpsichore, on Traile pratique et historique sur les ballets, la danse et la paiilominie, avec une Iheorie complete de I'art de danser, poiirrinstructiondes amateurs ct a I'usage des personnes qui se destinent i\ cette jHofession ; par C. Ri.asis, premier danseur du theatre royal, cl compositeur de iiailels ; traduitsous Icsyeuxderauteur par |{. Bauton. Londrt's, 1828. In-8" de 548 pages avec 18 planches. IM. Blasis est enthousiaste de sou art; la danse est a ses ycux la seule occcupation raisounable do I'liomme ; ses ronrf* ilcjnml/e,, f^vf^ haitemens, si^i^ grands foiiettrs , sont des divini- ty's; aussi., pour Icur laire tui iiom dans I'histoirede la danse. GUANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 457 a-t-il ecrit un livie'ea; professo, que chacun trouvera fort amu- " sant et qui parait au-dessus de toute critique. Cependant M. Blasis se fera des ennemis; scs opiuions, quelquefois ha- sardees , ne seront pas du gofit do tout le monde, et lorsqu'il affirmequela danse est le seul e.vercicegymnastiquequipuissc donner au corps dcla vigueuretde la souplesse, il oublie que M.AI. Clias et Amoros sont la pour le dementir, etque le docteur Macartney de Dublin a toujours observe que chez les danseurs d' opera les jambes prennent un accroissement considerable, tandis que les bras reslent maigres, chetil's et sans force. Au reste, M. Blasis rachete ses erreurs par des sailliescharmantes; il decrit avec gaite les danses de tons les pays, et son ouvrage aura la vogue. Lamst. RUSSIE, 106. — Nostarlenie 0 clielkovodstre, etc. ■ — Instruction sur la maniere d'elever les vers a soie ; par le conseiller d'etat Chre- tien Steven. Saint-Petersbourg, 1827. In-8* de 58 pages. Cette instruction, qui est deji ii sa seconde edition, ne pouvait paraitre dans un moment plus opportun que celui oil la nouvelle branche d'industrie a laquelle die est consa- cree commence a s'etendre en Russie , de maniere a exercer une heureuse influence sur le commerce de ce pays. Elle sera surtout fort utile aux proprietaires des provinces meridio- nales de I'Empire. La position dc son auteur, qui est inspec- teur en chef des fdatures de soie, en Russie, offrait pour les lecteurs une garantie de I'interi't qu'ils trouveraient dans son travail, ct cette garantie parait s'etre tournee en certitude. 157. — Otviti na Voproci , etc. — Reponses aux demandes concernant la Chine, proposees par 31. Virst a M. Krusen- STERN. Saint-Petersbourg, 1827; impr. de Gretch. In-8" de 63 pages. Cette brochure est la reimpression d'un article du reverend Fere Hyacinthe, inscre en 1837 dans les Archives du Nord , journal redige par MM. Boulgarine et Gretch. On sent, en effet, que les reponses de M. Krusenstern, qui ne pouvait connaitre la Chine que par ce qu'il en avait vu a Canton, on par les ouvrages oi'i il est question de ce pays, seraient neces- sairement dcmcun'cs insuflisantes, si I'auteur de Tarticle dont nous annoncons la reimpression n'efit entrepris de les completer. Le Pere Hyacinthe, religieux russe. distingue par une rare erudition, a mis a prolit le tems qu'il a passe dans im pays si mal connn jusqu'a present de I'Europe entiere, et il s'occupe en ce moment de rcdiger des Memoires, qui ne seront pas sans doute d'un moindre inter&t pour toutes le* /,:>« LIVRKS iirilA.NGKUS. iiiilies iiutiuiis que j)i)iir la lUissie ellc-nieme. A oila un dc CCS onvniges clout uoiis iiiim'rious a voir eiilreprt'iidre la traihutioii. i58. — Zami'lchaniya o Sihirl , t'tc. — Roinarfnios snr laSi- herie , par M.lc s('naU'urKA.RNn,oF. Saiiit-Petershour;^-, iH-jH; iiu])iiiueii(' de Kra'i. I11-8" do io4 pages, ave(^ iiiic caito de la Sil;c'iit' occiik'ntale, d'apres la division de 1807. I/auteiir de eelle lirochure, ayaiit ete siiceessivfment '^(n\- verueur d'likoiitsk el dcToljoisk, s'est troiive en position dc Lien voir et de bien observer le pays sur lequel il ecril; et, quoitpi'il nc se soil decide a pni)iier le tVnit de son experience (pie dix ans apres avoir recueilli ses materianx, quoi([ue I'ad- niinislralion de la Siberie ait ej)ronve d'lienreiises anieliora- lions dcpnis 1807, neanmoins tout u'esl pas eucoie dans un lei etat de bien-etre et de pi'osperite dans celle region loin- taine que les vnes exposees dans son opuscule, sur le eoni- nicr( e et sur I'industrie, ne puissenl etre d'une grande ulilite pourceux que le gouveriieinent honorera de quebpie mission relative a ces deux branches iinportanles de la prosperile publitjue. li- li. Prcssc prrloditjiic dc la Finlande. 139. — Aabo Tidiiingar, — Gazette d'Abo. Ce'journal date de I'annec 1771, epoque de sa premiere pu- ])licali()n, sous le litre dc Jourmtl public par one socicU d'A- 1)0 ; depnis, il a subi des interruptions et des modifications, et il acliange souvent de nom. En 1789, il pril le litre de Nou- Ti'lle Ga:clte d'Abo; de 1810 a iSij), celui de Gazette i^enr- rale d'Abo, etc. On y a donne des renseignemens precieux pour I'hisloire et la geograpbie de la Finlande, surtout pen- danl les tr'EMARK. 4,";g qiioslions relatives a rcrorioinie rurale et dorae>ti(iue el a la technologic. i/j5, — Turun JFnI.Lo Sunoituil.. — Journal liehelomaJaire d'Aho. Ce iournal est d'anlant plus rcmarqiiable qii'il est redige en laiiguc finlandai.se, idininc tres-peu connu jusqn'a present. M. le proi'esseur i>e Becker, attache a I'Luiversite d'Aho, en est le principal I'edacteui'. depiiis I'origine, c'est-a-dice , de- puis I'anncc 1820. Pircedeinaient deja, en 1776, on avail tente d'etablir im journal en languc nationaie, sous ce titre : Stiometildc lisct ticto Sanomat ; inais diverses causes niiient hieiitut fin a cetle entreprise. Nous devons iaire ohser\ er, qu'oiitrc ces cinq pul)lications periodiques, plusiems autres feuiiles ou iccueils, rediges eu suedois, ont paru pendant Its dernitres annces , mais n'ont pu se soutenir. Nous citerons seulement les plus reniaiqua- hles, savoir: I' Aura, pul)liec de 1817 a 1819; la Mnrmosyne, qui parut de 1819 a i825; la Fcuille du matin (^Morgcnhlad), puhlice en i8ai, etc. Z.** DANEMAUK. i4/|. — Prncilsk Anviisningi Lnndircotioiiiien, elc. — 3ia- nuel pratique de culture et d'ecouomie ruiale ; par GiF.nsi>G. Copenhague, iSaS. In-8". L'agriculture a I'ait en Danemark, comme dans les autres pays de I'Europe, de tres-grands progres depuis trente aas. Le roi lavorise de tout son pouvoir le pcrfectionnement de cetle Industrie si leconde en richesses ; il a ordonne I'etahlis- senient d'un institnt agricole , sur Ic plan de cenx de JM. de Fcllcniicrg, i\IIofwyl, auquel il a consacre nn de ses doniai- nes , siluc pres de Soro, en Selande. M. Giersing, auteur du iivre que nous annoncons, a etc place a la tele de cet cla- hiissenient. Son ouvragc est surlout r"conimanilal)le j)ar les details f|u'il donne sur I'applicalion des tlit'-oriesa la pratique, et sur la signification des teiiiies techniques, partie essenlielh; d'nn manned, el qui pourtant y est souvent negligee. Le style de M. Giersing est correct et surlout fort dair : ce sont les principales qualites que reclame un onvrage dece genre. 145. — Repertoire /listoricfiie it ritronologiifuc des trai- ns conclus par la couronne dc Daneinork , depuis Canut-le- Grand jusqicea 1800, c/c. ; par M. de Reedtz. (^openiiagne , 182G. in-8". Cet onvrage est ecril en IVamais, languc cousacree pour U 46o LlVIUiS liniANGERS. (Mplotiiati*; , ot rciit'crnie iioii-seiiloiiiciit la lisle dos Uaites t'oiuliis par lo Uaneniark , avoc leiii-.s dales, iiiais encore le.s priiU'ipaux arlicles de res traites et les nonis des iiegociateurs (Hii les out ooneiiis , reiiseij^nemeiis souvent precieux pour riiistoire. — i\l. (jIvistgaard avail publie, en 1792, un re- nicil dii nienie gome, mais ce iivre n'etait qu'une simple euu- nieralion, el elail d'aillenrs beaiicoup moins complet (juc ce- liii de M. Ueedlz qui, ne s'altachanl qu'aux lrail«';s, a neglige de s'occuper des armistices, capitulalions, carlels, etc., ron- cliis pendant le eours des giierres. ■ — On a noiivcllenienl de- eoiivcrt dans les arcliivcs royales deBaviere, a JMuuich, la eorrespondancc originale de Christian TI ; M. Reedtz a ett'; (diarge par le gouvernement danois d'allei' explorer ce Iresor liisioiique, que le roi deBavien; a mis a sa disposition. On ne pouvait conlier celtc taclie a un homme qui fill plus capable de la l)ien remplir. 1 46. — Begyndetses Griinde af den geomeiriske Tegnclore tie, etc. — Elemens de I'art du dessin , destines specialement anx ecoles des arts et metiers; par MIM. Hetsch et Uksin. Co- penliague, 1828. Cinq cahiers de planches in-4". On senlait depuls long-lems, en Danemark, la necessite d'ens;>igner le dessin lineaire dans les ecoles elementaires. Mais ({uclles soul les limiles exacles des elemens du dessin ? On conq)renail cgalement I'inconvenient de se borner a ui» aussi petit nombre de modeles que ceux qui avaient ete adop- tes par la Societe d'enseignement elementaiie de Paris, et ce- lui d'adoplcr unc I'oulede tableaux, conime on I'a Tail en Suisse. 1\1. le chevalier A^ A bnthamson et MM. les professems Hctsc/i ct Ursin se reunirent jxtur composer 34 tableaux conlenant 210 modeles, et un Manin'l qui en expliquait I'usage. Ces ta- bleaux I'urent euvoyes a io5 ecoles d'enseignement niutuel, el ils ont prodnit les plus heureux resultats. Cependant , ce qu'ils avaient fait no concernait que les ole- uiensdel'art, utiles a lout homme, quelle que soil sa pro- lession. In second travail, plus spocial, etait necessaire pour les jeunes gens qui se deslinent aux aits el aux metiers oi"i le dcssiuestd'unecontiimellcajiplicalion ;cetravail, MM. Hetsch et Ursin I'ont enti'opris ; les ciuq cahiers que nous annoncons nous paraissonl tres-bien cfunposes, et seronl cerlainenient I'oi'l utiles. On ne pent que les eneourager a continuer sur le memo plan et avec les memcs soins. Z**. Onrragex pcriodiques. 147. — * Nye danske Magasin. — NonveauMagasin danois; tome V. Copenhaguo, 1827. In-4" de 352 pages. DANEMAUR. — ALLEMAGNE. 461 Cet oiivrage foniie la contiim.Uion de celui que le savant J.arigchfli Y>uh\in de i^^Ga 17H4 (6 vol. in-4°), sous le titre de Dannie Mognsin , ci qui rent'enne d'excellcus travaux sin- I'hisloire et la philulof^ie. — II esl redige par la Soctete royalc de Danemark pour I'hinloire ct la langiie uationaks, qui recoit tons les dotumens hisforiques qu'on vent lui adresser, en fait Tobjet d'un examen attentif, el los-euiploie avec la crilique la plus severe. Quatre volumes avaientprecedecelni que nous annoncons: le i"parut en i8o5 ,le2'', eu 1809: le 3% en iBio ; le 4' enfni. en i8"25. — Le 5* n'est pas inl'erieur a ses aines , en nierile el en inferet. 11 conlient de tres-bons Memoires sur le regne de Waiguerite , sur eeux d'Erick de Pomeranie, de Hans Chris- tian II , de Frederic II, de Christian III, de Christian IV, de Christian V et de Christian VII. Nous devons citer encore I'histoire du roi Erick , monument tres-eurieux de I'histoire du mojen age, et qui est pour la premiere fois publiee en langue danoise. Z**. ALLEMAGNE. 148. — * Die Eiruskcr. — Les Etrnsques; par K. O. Miii.- i-En, ouvrage conronne par VAeademie royalc des Sciences de Berlin. Breslau , 1828. 2 vol. in-8°. La litterature allemande est redevaljle de plusieurs ouvra- ges reniarqualiles aux eoncours ouverts de terns a autre par I'Academie des Scienees de Berlin, et, sans aueun doute, celui de M. Miiller contient les recherches les plus savantes et les plus cnieuses sur I'histoire de rancienne Italic. Depuis I'annee 172G, on parut pour la premiere I'ois I'nu- vragc de Dempster, inldvAk : de Etrurid regali , un nomhre considerable de Memoires sur I'l'ltrurie ct ses antiquites ont ete pidjlie.s. Mais la plupart ne consistent qu'en remarques sur i'art chez les Etrnsques, ou sur sur des iragmens de leur langue. La question proposee par I'Academie de Berlin avail un but plus general : determiner et inontrer par uu examen critique les veritables sources, le caractcre et le degre de cultiu-e atteint par les Etrnsques dans les difierentes branches de productions d'un peuple civilise. Depassant les limites Iracees, le proCesseur Miiller a donne, comme introduction, un apcrcu critique sur I'histoire exte- riein-e des Etrnsques, et plus specialement sur leurs relations avec les peuples voisins de I'ltalie ; et ses remarques judi- cienses sur les rapports du langage des Osci , avec le latin el /,fii I.lYnKS KTUANr.EllS. Ic ^rvt\ ct siir Ics uoiiis ties ramillcs c'trusquos rctroiives ilaiis lus cpinenses, partuut on le snjel exi{^eait di'.s eclaircisse- inens. En (lonnant la table ties malic res nous I'ei'ons luienx eon- iiaitie le plan tie ce beau travail : Inlroddction. Fragmens tie I'liisloirc exleriem-e ties lilrus- qucs, — leurs relations avec les anlres penples tie I'ltalie, — lein- tloniination tlans I'ltalie superienre, — leurs colonies dans la (>ainpanie et les iles , etc. Lirrc premier. Sni-ragricultiire, les muliers et le commerce ties Klrusfjnes, avec une notice snppli'inentaire surlesvilles tu"! les inonnaies etrLi'St]nes out ('tt' IVappees. Li ere second. Dc la vie ptilititpie et privee des Etrusqnes. Livre iroideme. De la religion des J^trusques; de leurs pre- tre.s et de leurs divinilts; ■ — rapports entre leiir doctrine et celle des augures roniains. Lirre qiiidrieine. Des sciences et des arts chei les lOtrusques ; ■ — pieces sacrees; — architecture; — mythologic lieroi- que; — pot'sie et litierature; — alphabet et numerati(ui; — calendrier; — division du tems, etc. Lamst. 149. — * Das alle Megftris , etc. — La Mt'^garide ancienne ; par le D" Hervinnn HkingajMim , correspondant de la Societe dc geographic de I'aris. Berlin , i8a6. I11-8". i5o. * ■ — Selinus, etc. — Selinonte; maleriaiixpour la con- naissancc de I'antiquite ; par le mane. Leipzig, i8'28 ; Tenb- ner, in-8", avec une carle et des planches. Parmi les honmies qui s'occnpent, en Alleniagne , de la science philologique, mie nouvelle ecole s't;leve, c'est I'ecole bistorique. Etudiant les Tails, ue tlt'daignaut pas les genera- lisations, mnis ne vouiant les etablir tpie snr les I'ails eux- memes , elle repudie a la lois les recberches minulieuses sans but, ct les resullatsgt'uerauxsans ioudement posilit'el certain. La science cultivee le plus en Allemagne, et le nioius en France, c'est sans doute celle de ranli(|iiile. Naguere , nial- gre Hcynevt JVolff , elle n't'tait, dans vme grande partie de leur patrie , qu'une collection de notes, de reniar(|nes , dc crititpies, telle, enlln, qu'elle existait chezles llollaudais. De- puis. maigre Boeckli. pen s'en t'allut qu'elle ne devint une l)ranche dc la philcscyhie de la nature, t|ui , jalouse de suivre la mart be jion iiilcrronq>ue desprogrts de I't'spece bumaine, cbangeail loule I'liistoire tie rauti(|uit('; classiquc en des gt;u(>- lalisalions , et en I'aisait une t'pociue dc transition enlrc Vc::- [iril t'gyplienet cclui du moyen age. ALLEMAGNE. /(O^ T)e tons cciix qui onl liaile I'histoire grocqiie, a I'aide dv la ciitiqiie, le prol'esseiir Mi'dicr , de Goltiiigue, est celiii qui a rinijage son siijet sous Ic point de \iie le plus etendu. (]'est ;'i force de combiner des i'aits qu'il parvient a csquisser Ics plus legeres nuances du caractere desdiilerens petits peuples de la Grece. Personne comme lui n'avait fait conconrir la connaissance deslangiies, des arts , de tontes les bianclies auxiliaires enlin, a la i'ormalion d'un cours d'histoire philo- sopliique. Cest la recherche des caracteres, par lesquels se distingiient les nncs des aulres les trihus grecqucs , qui a sin-toul attire I'attention de M. Miiller, anquel , sans doute , les conseils et les travaux iVAiigiisle Boecldi n'ont pas etc inu- tiles; c'cst, enquelque sortc, rethnographie de laGrecequ'il se propose de tracer. Des vues diilerentes, quoique analogues, guident I'auteur dont j'annonce ici deux ouvragcs. La geo- graphic fait la base de ses recherches ; non cetle geograpliie tpii ne A'eiit que des nomenclatures, ,des tables de matieres de ce qu'on represeiite sur les cartes, mais cette science qui nous donne im tableau anime, vivant dn globe terrestre , et (|ui, deduisant des particularites de la surface, I'histoire des liommes (pii riiajjitcnt, en les regardant comme une des cau- ses des faits hisloriqnes , s'est constituee en science pragma- lir/iie, ))()ur ainsi dire; c'est , en un mot , hi geographic de jM. Hitter, dont les ouvrages, quoif[ue non traduitsdans noire langne, out si fort contribue a la reforme des etudes geogra- phiques en France. On a, dans les derniers tems, attaqne de diverses ma- nieresla geographie systenialiqne de I'Allemagne ; on estallc iiisqu'a nier Pinflnence dn cliniat, des hauteurs, de toutes les nuances de la position gcographiipic, sur I'homme, ses moenrs, ses habitudes, son caractere, et, par suite, sur son histoirc. Ainsi, dans ces iles de I'Archipel et sur cette cote de I'Asie niiueiu^c, on chantaient jadis les Homcrides, on se develop- percnt les premiers germes de la philosophic grecque, les Turcs aujourd'hni ne prt-sentent ui des Ilomere ni des Tha- Ics , ni Ce commerce actif qui ne ciaignait point la rivalitc des Phcniciens. Ainsi TEspagne, dont la marine etait anti'c- IV)is si formidable, est aujourd'hni une miserable puissance maritime. Cette oj)position a la geographie systemaliqnc est sans doute utile, surtout en ce (|n'ellc pent mettre en garde contre les conclusions trop absolucs ; mais I'idee de cctle geographie ne m'en parait jKis moins juste en tres-grande ]>artie. carelle ne deduit pas de telle circonslance topogra- pliique.tel rcsultat necessaire, miussenlemenl possible etpro- 464 LIVRES I^/rRArSGEll5. bablc ; cllc icussit surtouta constater ces probabilites a I'aidc (les Tails passc-s ; elle fait liouver dans la conuaissanoc des it'ssoiirces offertcs aux nations par les localites, la cause do Icur developpenienl , de leur gnindeiir ou dc leur decadence, et, par ceia menie, elle excite a etudier les fails, les points speciaux dans un but emineniment utile et philosophiquc , celui dc monlrcr a chaque pays la voie suiyant laquellc il pent, non par instinct , mais par les eftbrls de sa volonte, faire les progres les phis analogues aux ressources que kii oflVent son sol, son climal et sa silualion par rapport aux autres na- tions. M. Reingannm ne s'est pas dissimule sans doute les obsta- cles qui s'opposaient A rapplication de ce systcme avix con- trees dc la Grcce, car le sol de ces pays celebres est encore tres-peu connu, et pour construire sur la nature de ce sol un systeme complet d'histoire , il faudrait connaiire d'abord sciciitifiquement sa nature et les accidens qu'il presente. Ce- pendant les auteurs ancicns donnent a cet egard des indica- tions assez precises ; des voyageurs inodernes out fait a leur tour des observations, et si celles-ci paraissent incompletes , I'bisloire elle-meme , celle de la vied'un peuple commecelle de la nioindre bataille, fournit a un ceil exerce des verites gencralcs et des details geographiques. Si Ton pense aux dlf- licultes que I'ctat actuel de la gcographie de la Grccc oppo- sait a M. ileinganum, on doit le leliciter d'avoir choisi pour sujet de ses premieres reclicrches, de petits territoires : ce sontccuxde la Mcgaride et dc Selinonte, colonie dciMegare. La Megaride est intercssante sons beaucoup de rapports. Maigre la proximite d'Athenes , poursuivant sa fortune avec independance , die oflVe un exemple curieux de cetle /)a/7('- ctilavisalion de la Grecc anciennc, qui ne se cbangeait en cen- tralisation que dans I'instant d'lni lianger immiiienl. La Me- garide a ete la palrie de beaucoup d'bommes celebres; cllc a fonde im gran;l noml)re de colonies , pariui lesquelles By- zance occupe le j)remier rang. On aurait desire sans doute que I'autcur , aprcs avoir decrit la Megaride, efit cutrepris J'bistoire geograpbiqnc de Byzance, qui, depuis Conslantt;i surtout, a en tant d'iiilluence sur les destinees de I'Europc; jnais en passant de suite de Mcgarea Byzance, il aurait aban- donnc son systeme dcse preparer, par des ouvi'ages d'uii plan simple, a Texecution de plans plus vasles ct plus compliqnes. C'est surtf)ul sons le point de vne dc la ciitique ([ue je re- rommande I'ouvrage de M. Ueinganuni. Tiiiiee , et d'aii- ires ccrivains anciens , s'elaicnt sans doute beaucoup oc- ALLEMAGINE. 465 cupes de Selinonle : leurs ouviagos sont perdus. Diodorc et Tliucydide sont les sources principales qui nous restent. Fa- zcllo , cTOrvilLc, Clavier, Mannert et M. Raoul-Roclicite n'ont pas passe sous silence "Selinonte , cette \ iile si grande , si opulente, si fiere de ses arts, de son commerce et de ses monumens. » (31. de Forbin , Soutcnirs de la Sicile).l}n grand nonibre d'autres Yoyageurs en ont parle , mais nul ecrivain n'avait choisi Selinonle comme sujet principal de ses travaux. Get ouyrage airive fort a propos an moment ou un artiste distingue, M. Hiitor/f, architecte dii roi , public en France les dessins des monumens de la meme conlree. Seiinonte apparait de loin au voyageur comme une ville ornee i!e hautes tours; scsruinessont, iVapvei Swimburnc, les plus extraordinaires de TEurope ; elles nc le cedent pas, se- lon J f^ ilk Ins , a celles d'Agrigente ; et les restesde ses edifices sont encore nommcs, de nos jours, i pilicii dei gi^anti. Ceux qui lirontla description que le voyageur Kfphalides a. I'aite de ses ruines desireront sans doute que de nouvelles explora- • tions soient executees sur un plan plus large. Les colonnes renvcrsees et les tas de pierres sont tons penches vers le me- me cote, ce qui rendtres-probable I'opinion de M. de Forbin, qui pense que Seiinonte a ete detruile par un tremblement de terre, arrive vers le commencement de notre ere. Je ne suivrai pas M. Reinganum dans ses recherches sur la durce de cette ville , dans ses observations sur la carte inedile qui lui a ete commnniqnee par M. Hitter, et qu'il a jointe a son ouvrage ; je dirai seulement que I'bistoire poli- tique et riiistoirc de la civilisation de Seiinonte sont presen- tees par I'auteur avec la meme clarte, et avec plus de viva- cite encore qu'on n'en trouve dans ses esqiiisses si animees de la topographic de ce petit mais illiislre lerritoire. On est agreablement surpris de rencontrer dans un ouvrage d'eru- dition ce style soigne, piquant menie, qui est encore si rare dans les doctes ouvragcs des pliilologues allemauds. Le livre sur Seiinonte n'est uu reste que le precurseur d'une Ilistoirc des ctablissemens itellcniqucs en Sidle , que TaiUeur prepare en ce moment. a. i5i. — * Romische Geschichle. — Histoire romaine de B. (i. NiKBvnR, membre de 1' Academic de Berlin. Troisictne I'dilion; t. L Bonn, 1828. La traduction de ce bel ouvrage est sous pressc , et paraitra bientot thez 31"" Levrault. Les retards (jtreile a eprouves n'ont eu d'autre cause que la publication de cette nouvelle edition de I'original. On salt qu'en 181 1 M. Niebuhr, alors T. M.i. FEVuir.n iouo. r> ) 46(5 LIVUES iriHANGERS. |>iol'cssic epoque remarquable de riiistoire de leur palrie. iM. Doering est un de ces imitateurs qui ont le mieux reussi. 11 a choisi Tepoque du regne d'Ado!- pbe de Nassau, empereur d'Alleniagne, qui fut detrone et tne, en 1298, par son competiteur an trone, Albert d'Autriche. Le heros du roman est le chevalier Friedman de Sonnenberg, attache au parti d'Adolphe de Nassau; il aime une jeune per- sonne d'une naissance mysterieuse, que protege I'enipereur, ct sur laquelle courent des bruits pen I'avorables. Ces bruits font le tourment du chevalier; plusieurs fois Ies apparences paraissent condamner Amalgonde, son aniante; cependant I'air de candeur de cette protegee d'Adolphe, et la veneration que Sonnenberg porte a son prince ne lui permettent pas de la juger. Gerhard, archeveque de Mayence , ne cesse de tendre des pieges a Adolphe dc Nassau ; celui-ci a aupres de lui des traitres qui sont d'accord avec son en- neiiii mortel; le jeune chevalier parvient plusieins fois a sauver I'empereur des dangers dans lesquels le jette la per- fidie de ses cnneniis publics et seci'ets; il en devicnt plus cher a ce prince ; a la fin Ies adversaires d'Adolphe se coa- lisent et triomphent; I'archevequc de Mayence, assiste des autres princes de I'empire, declare Adolphe dechu du trone et proclame empereur Albert d'Autriche. Adolphe livre une bataille a son competilevn-, qui le tue de sa propre main ; Sonnenberg, qui porte la bannicre de I'empire, est grieve- ment blesse a ses cotes ; Adolphe avant le combat lui a confie un ecrit , avec I'ordre de ne I'ouNrir que dans le cas, oi'i lui, renipereur, perirait sur Ic cliamp dc bataille. Par cet ecrit 470 LlVllliS ETRAiNGEllS. SoniionlKTg apprcnd qu'Auuilgonile est fiUu naturclle d'A- f!(il})lie tit- Nassau, et que k'])cie dunne son eonsciitcuient a leur luariage. En oonscqueuce les deux auians s'unissent, et comiue I'arniec d'Alhert d'Autriche ravage le pays dc Nassau ct rase les chateaux I'orts des uiontagnes, ils se cachent dans une retraite solitaire; uiais lorsqu' Albert pcrit a son tour en Suisse, Sounenberg releve le chateau de ses peres aupres de AVisbade. Autour de ces pcrsonnages principiux, I'auteura groupe plusieurs personnages accessoires qui excitent souvent plus d'inlerot que ceux-la. C'estd'abord un Lombard, c'est-a- euple rcpublicain soil chargce de tout le protocole de I'eti- qnetle ct sc prfte merveillcuscmcnt aux distinctions de la ■\ardie. A moins que cela ne s'csplique par rinnuence de roligarchie ct du patriciat, je n'eu vois pas d'antre raison que I'esprit d'oidre qui distingue emincniment celte ualion marcliande, auqiicl il aura Tail une loi de tout dasser, et d'attaclicr inie etiquette aux individus comme aux ballots de marchaudise. — On pretend qu'une jolie Parisieinie dcman- dail un jour a un de nos cdmpatriotes : « Dans votie pays comment parlent done lesenTaiis?» ne croyant pas que Ieurs orgaiics dcli( ats pussent former des sons qn'elle jugcail dms a I'o^il plutot qu'a ronie. Or, la langue hoUandaise semble PAYS-BAS.— LTVr.I'S FIIANCAIS. Z{85 faitc pour la conversasion enfantiiie; elle ahonde en dimiiui- til's, et aucune n'cst plus riclie tie poesies I'aites expies pour le premier ;1ge et qui en ont la naivete et la fraieheur. Tels sont ies principaux caracteres du hollandais, et M. llaoul les a heureusemenl reproduits dans la plupart de ses traductions en vers. iM. llaoul est ne traducteur: on lui doit deja des ver- sions remarquahles de Juvenal, Perse, Horace, lord Bjron : aujourd'hui il vent I'aire counaitre notreParnasse a la France, sa premiere patrie. De pareils travaiix rentrent dans sa vo- cation : la litteraturc, la poe^ie , voila son element, et ceux (|ui s'interessent a sa renonimee doivent i'aire des vneux afin ipi'll n'y renonce point pour la polemi(jue des journaux. DE HeIFFENBERG, LTVRES FRANCAIS. Sciences pfiYsiqiics ct iiaturelles. iG8. — Resume cl'cniomologie on d'liisloirenaturelle des ani- maux arlicides ; par i\I>I. Milne-Edwards et V. Audouiit. Tom. II : Insecles. Paris 1828; an bureau de VEvcyclopc- die pnrtatire, rue du Jardinet , n" 8. In- 16 de 2G0 p., avec un atlas de 48 pi.; prix, 7 fr. Ce resume fait parlie de la collection publiee par 31. Bail- LY de SIerlieux sous le worn A' Encyclopedic portative. Lc pre- mier volume comprendra les crnsSaces, et n'a point encore paru : a ce sujet , nous exprimerons le regret que le titre ne specifie pas plus exactement les matieres de ces deux volu- mes : car, certes, le mot cntomologie ne pent plus aujourd'hui comprendre et les insectes et les crustaces, l)ien que ces der- niers, nommes indifleremment malacostraccs et entoinostraces, n'aient point un nom exclusif pour designer cetle parlie de la science qui traite de leur liistoire; mais, au reste, cette observation est de pen d'importance, et si nous la I'aisons, c'est sans y attacher plus de valeur qu'elle n'en merite. Rien n'est plus difficile que de faire nn livre eiemeniairc; et c'est bien pis encore qnand il taut resunier en 360 pages in-16 les generaliles d'organisatious, les caracteres de fa- milies, de triluis, de genres et de sous-genres d'une bran- che aussi riche que I'entomologie. A cesdillicultes premieres se joignent ensnite les vues directes dans lesqirelles ies au- teurs doivent entrer pour donner tel on tel genre d'utiiile a leur livre. C'est done en tenant comple de toutes ces cir- constanres qu'on pent =eu!ement apprecier la inaniere dont /,S'j LIVRES FilANCAlS. uu aiiteiir a rcmpli Ic but qii'il .s'ctiiit propose. Lc resume quo nous annonrous ue pouvail elie qii'uue esquisse abie- viative et sonmiaire des raractc'ies zoologi((U(;s dos insoclos, uhc table analylifpic el nielliodique ilcs elassillcalions que Ics auleurs leur assigiieut , cii mfine lems qu'uiie lapide os- quisse de la science au nionieiit ou le livie a paiu. Ce serait alors en vain qu'on y cheiclieiail les details de nineuis, ces apercus piquaus qu'on u'auiait pu developper eonvenable- rnent en (pielques ligues : ces details speciaux out dCi etie sacrifies. Peut-etre cependanl ce resume est-il trop substantiel pour ceux auxcpiels il doit principalenient I'aeiliter I'etude des inse( les, en les initiant aux premiers mystires de la science. C'est ain-i, pai' exenq)le, (|iu' la partie anatomique, qui est tres-developpee, renl'erme nnc foule d'oi)servalions neuves , ou recemmeut mises an jour, que les pliysiolo- gistes el les anatomistes rechercherout avec plaisir, mais (jueles simples amateurs sei'ont assez long-tems a coinpreu- dre. All reste, ce reproche, si e'en est imi, u'est pas tres-grand pnisqu'il prouvc le soiu que les auleurs out apporte a enri- chir leur travail des idees les plus nouvelles. Ainsi ce resu- me renl'erme nne premiere partie relative a ranatomie, a la physiologic des insecles el a leurs moeurs considerees en general. Uue denxieme partie , consacree a la classification , a I'histoire nalnrelle et a la description de ces auimaux; enfin, une tioisieme partie tiaile des insecles I'ossiles, de la distribution geographique de ces auimaux, et des moyens de les conserver. Due biographic et nne bibliographic ler- minent ce volume. 169. — Besiimr d'crpctologie ou (Vliislflii-e naidvcUc des rep- tiles, etc.; par IM. le « olonel Bort de Saint- Vincekt. Taiis, i8a8 ; an bureau de VEncyclopidie por/atiie, rue dn Jardinel, n. 8. Iu-16 de 292 pages, avec nn atlas de 5-2 pi. lithogr. ; prix , 7 I'r. Ce resume fail aussi partie de VEncyelopcdlc porialive des sciences , lies lellres el des arts que public M. Bitil/y de Mer- iieux. Cet ouvrage d'un de nos savans les plus counns , non-seulement par retendne et la variele de ses connais- sances , mais aussi par sou style piquant et original, est, sans conU'cdil, I'un desmeilleurs li\ res abregcs pour les gens dii monde(|u'on ait publi«';snr les sciences nalnrelles. Ce n'est point, ainsi que I'indique sonlilre, uw Iraitc scicnlifKiiied'erpe- lologie, nn Iraile qui puisse enlrer en concurrence avec ceux de Merrem, «le Wagler, de Boie, et qui doive prendre place SCIENCES PHYSIQUES. 485 Mir les I'iiyoiis dc? hibliol!W'(|iics dcs savaiis; iiiais co ri'.sunK- prosenle, dans iin oidre luiniiiciix, tout ce qu'il iinporle de coiiiiailre sur rorgaiiisation des reptiles, siir leiirs mreiirs, 5ur leiir distribution geograj)l)ique, sur les amies redoutahles tlonl la nature les a doues. Partout se pi'esentent res details piquans, ccs rapprorhemens ingenieux qui caracterisent la maniere d'ecrire de I'autenr. En nn mot, ce livrc, destine k line classe particuliere de Iccleurs , rendra , sous ce lapport, les plus grands services. II contrilniera apropager le gout de la science, a fixer rattention sur des etres abliorres, liont I'liis- loire est surchargec d'erreiii's et entourcc de failles, et sapera parmi les honinies do lettres plus d'un prejuge dt!})uis long- tems enracine. II n'entrait done point dans le plan de I'au- teur de passer en revue tons les genres publics dans ces der- niers terns par les Anglais et par les Anicricains , et jamais il n'a eii I'idee d'etablir une synonymie rigoureiise, dont I'exaf'titude trop minutiense aurait pu lui I'aire man([uer son principal but, qui etait de plaire et d'attacher. Son Iron- tispice est une critique asscz mordante des superstitions, trop communes sur notre pauvre globe, car il represenle les prO- )r(!s egyptiens encensant le hideux crocodile , auquci ils oni dresse des autels, tandis que le dieii inexorable et vorace eralions dont rensemblo constilue la lliernpeu- ti(|iie ties maladies extenies.L'aiiteiir, t'urce, [)arlc])lnn nieme de son travail, a se renlernier dans de coiirtes descriptions, a su neanmoins leur conserver inic precision et ime chute remarqnahles. II est nne classe d'hommes charges de la sante piihlique , ponr laqnclle les resumes ties sciences medicales doivent former tine bibliotlicquc utile et indispensable : je veux parler des oificiers de sanle, dont rinstruclion est sou- vent tres-bornee, etqui, unefois sortis des ecoles, oA ils Li'ont I'ait qu'un sejour bien pen prolonge , effrayes du noml)re des ouvrages qu'ils devraieiit consulter, se croient par cela meme dispenses de I'etude. L'institution des officiers de sante, creee dans mi l)ul trcs-louable, celui de porter dans les campagnes les premiers secours, dans I'invasion des maladies, se trouve aiijourd'hui bien eloignee de repondrc aux intentions de ses fondatenrs, et dans un moment oi^i I'autoriteporte ses regards sur I'organisation du corps des medecins, nous croyons qn'il est de nutre devoir de lui signaler un des plus grands abus medicaux (|ui nuisent a la societe. Ch, de Rougemont. 174' — Rec/ierclies anatomiqiies, palhologiques, et therapeu- tiques sur la maladie connne sous les noms de gastru-entcrite, fUvre piUride, adynaintqtie, ataxiqtte, typhoide, etc.; compa- rees avec les maladies aigues les plus ordinaires; par P. Ch. A. Louis, D. IM.,etc. Paris, iBap; Bailliere. a vol. iu-8° de X 11-458 et 53 1 pages ; prix, i5 ir. M. le I)' Louis a recucilli pendant six annees, de 1822 k 1827, a riiopital de la Charite, dans le service de M. Cho- MEL , I'observation de tons les sujets atteiuts de maladies aigues, parmi lesquels se trouvaient cent trente-huit cas de fievre typhoiide , dont cinquante relatii's a des individus qui ont succombe. II a analyse les unes et les autres, et afin de reconnaitie, parmi les nombreuses lesions de ceux cpii ont peri, celles qui sont propres a I'afTection lyphoide, il les a comparees aux alterations obscrvees a la suite d'autres uraladics aigues, ehez quatre-vingt-trois sujets dont il a aussi lecueilli I'histoire. II a i'ait le meme travail pour les symp- t(~imes, cliez les malades atteints de fievres typhoi'des on de toute aulie affection aigue , termince par 1«' retoiu' a la sante ou par l.i mort; en soi'le qu'il a analyse les alterations des visceres de cent trente-trois sujets, et les synq>tomes de pres de neui' cents. Le rcsultat de rexanien a*lriilii'. de la comparaison eiaclo cl luiuuticuKe dtt tous ccs fails est , que I'affcction typhoido SCIENCES PHYSIQUES. 489 ohservt'e, par M. Louis, sur des persoiiiics presqiie toiites jeiines, et habitant Paris tlepuis peu do tems, est produite par line lc'.si(jii speciale des intestins greics (l'alti''ialiuii des plaques elliptiques de I'il'rum); que cette lesion, la seule qui se moutre conslaiument sur tous les sujets dont on a fait Touverture, est la cause du trouble general dc reconomie et du niouvemcnt de fievre qui se declare ; que ce niouvement febrile determine a son tour, surces principaux organes, des desordres plus ou moins graves, plus ou nioins propi'es a rendre raison de la mort dc ceux qui out svicconibe. Ainsi , dans line maladie regardee parljeaucoup de inedeciuscoinme une fievre cssenlielle, et ou d'autres ne voient qu'iMie simple gastro-enterite, M. Louis est parvenu a reconnaitre, sinon la cause eloignee, an moins la lesion primitive, et a la dis- tinguer des lesions secondaires qui la conipHquent le plus souvent; il a, de cette maniere, fait leur part aux opinions divergentes quidivisent actuellement les doctrines medicales, et s'est acquis, par rimportance de ses travanx, des droits assures a la reconnaissance de toutes les personnes qui n'ont d'autre but que d'aniver a la decouverte de la verite. La sagacite, I'exactitude et I'analyse rigoureuse qui so font re- niarquer dtwis cet ouvrage autorisent a attendre un resultat non moins utile des recherches auxquelles M. Louis se livre en ce moment, en etudiant, au milieu des dangers, la fievre jauiie qui desule Gibraltar, oii il est le delegue del' Academic royale de medecinc. Nous ne pouvons indiquer dans ce recueil tout ce que contiennent d'interessant les volumes que nous annoncons; il est a regretter seulement que leur auteur, se renfermant dans les limites des observations qui lui sont personnelles, ne les ait pas comparees aux reclierches du meme genre -i. Fourier a ete dc nietlre les eleiuens de cal- cul a la portce des conslrncteurs ordinaires; 11 montre suc- cessiveuient comment les bois resislent a une traction lon- j!;itudinale, a un eflbrt transversal, i I'ecrasement ct a la torsion ; I'appendice sur les resistances des metaux et de quelques pierres contient les donnces sudisantes pour les cas oi'i ces matieres sont employees concurrenmient avec le bois. Faire tout ce qu'il laut pour la solidite sans se livrer ;\ au- cune depcnse inutile , voila ce qu'on apprend dans VEssai de M. Fourier; la clarte avec laquelle ses resultats sont deduits, n'est pas le moindre mcrile de son ouvrage. J. J. B. 176. ■ — Guide de la menagcre : Art de trader Ic laitagc , de faire tc benrre el dc fabriquer les fromagcs; par IM. G. L. R. Dcuxieme edition, revue et corrigee par M ***. Paris, iS'jS; Audot. In-18 de i52 p.; prix, 1 fr. 177. — Art du blanchissagc domestiqiie, d'apres les procrdcs anglais ctfrancais, comprenant le travail de la blancbisseuse en fin, les savonnages simples, la mise an bleu, I'empe- sage, le rcpassage, le pi-essage et le calandrage du linge, le nettoyage et la remise a neuf des denlellcs, blondes, tulles, gaze et bas de soie; par M°" Pelohze. Paris, 1828 ; Audot. Iii-18 dc 114 p.j avec deux planches; prix, 1 fr. Ces petits ouvrages seront probablement suivis de plu- sieurs autres, car la science de la nienagere embrasse lant d'objcts, de procedrs, d'arts plus on moins complitines, elle exige un si frequent usage de la memoire, (pi'il est tres- ntile de venir au secours des jcunes femmes qui veulent sincerement s'acquitter de cette importante partie de leurs occupations. C'est une menagere accomplie, que Salomon , le sage par excellence, nous a depeinte dans le portrait de la fenime forte. S'il y avait eu de son tems de petits livres tcis que ceux que pul)lie M. Audot, les femmes se seraienl niieux acquittees de leurs functions economiques, et le sage n'eut pcut-etre pas piofere cesparoles p(!U galantcs : malie- rcin forlem quis invcnict? On sera satijfait des deux livrai- SCIENCES PHYSIQUES. c]<)\ sons que nous aniioncons, pourvu que la mena^'ere iic soil ]tas une ferniiere, car celle-ci est ;i la tete d'une exploila- lion en grand , et quelquos connaissances de plus, quelques auUes preccptes lui deviennent necessaires pour I'adminis- tration de la lailciie , la fabrication et le commerce des di- verses preparations du lait. Une ferme est une manufacture agricole, et doit ctro gouvernee suivant les regies qui con- cerncnt les grands etablissemens industriels. Quant a I'ecrit de madame Pelouze, I'aiUeur y a fait preuve d'une erudi- tion qui laisse probablcmcnt tres-peu de chose a desirer : nous n'y avons point remarque de lacune. F. ij8. — Rudiment dc la coytiptahUiie commerciale , ou dialo- gues didactiques sur le commerce, sa coniptabiiile, ses regies et ses usages, qui sont aiissi ses lois; par M. G. P. Legret, ancien negociant. Seconde edition. Paris, 1828; Malher et compagnie. In-8" de xxxiv — 392 — clxiv pages; prix, 8 fr. Un bon ouvrage sur la coniptabiiile commerciale est un livre fort important a faireconnaitre et a repandre; celui dc M. Legret se rccommande par le nom de son auteur, et par I'accuejl favorable qu'a obtenu sa premiere edition. i^g. • — * Essais de gcograjiltle miihodique et comparatire, ou Cours de giograpliic generate , natiirelle, pliysicfue , lustoriquc et mi/ilaire , sur un plan enticroment nouveau; dedie a M. le lieutenant-general Giidleminol ; par A. Denaix, ancien eleve de I'Ecole polytechnique, chef de bataillon au corps royal d'etat-major, etc. Paris, 1829; I'auteur, rue d'Assas, n. 5; Riliau, rue de Choiseul , n. 3, I'^Iivraison, de 5 cartes et ta- i)leaux, en 8 feuilles; prix, 55 fr. ^5 c; 2* livraison, de 5 cartes ou tableaux, en 10 feuille?; prix, 5i fr. aS c. — Neuf aulres livraisons paxaitront en 1829; I'ouvrage sera compose en tout de 16 livraisons. Cet ouvrage est ccrtainement I'un des plus remarquables qu'on ait publics depuis long-tems sur la science qui en est I'objet. Quand on a examine les carles et les tableaux qui composenl les deux livraisons que nous annoncons, on est d'abord frappe de I'immensiie des details interessans qu'ils reufcrmcnt, del'art avec Icquel ils sont disposes, et dc la per- fection de la gravure. JMais , quand on pense que ce travail prodigieux est du a un seul homme, on est penetre d'une haule eslime pour celui qui, a des connaissances si profoi'des el si variees enhistoire, en geographic, en histoire naturclle , dans I'art militaire , joint une aussi grande activite et une patience aussi conscicncicuse dans le travail ; et qui, animc 4«)2 LIVJIES FRAINCAIS. tl'mi iiolWc iiaiour pour la science, n'a j)a»> hesitc a engager line parlie de sa rortiiiie dans line enlreprise dont sa niodeklie hii I'aisak rcgaider le succes coniine inceilaiii. Quand le C'otir.s de groi^rdpliic ghu'rale dc M. Denaix sera lerminc , la Franec pouna I'opposer avec avanlagcaux onvrages precieux que rAlleniagne possede depiiislong-lems. Nous rev iendrons plus lard sur celle importante publication, qui a oIjUiiu les plus honoi'al)les encourageniens ; nous nous couleulerons de donner ici I'indicalion des cartes ou tableaux dont se coni- posenl les deux premieres livraisons : i° Une uiappcnionde dressee a rrchelle de -jTrsv^^vs ' *^' preseutant d'une ma- niere toul-a-fait nouvelle les rapports de position et d'e- Icndne dcs difl'urens pays du glolie; 2° Un tableau orogra- phiquc du globe, iiidicpiaut la liaison des principaux syste- nies de nionlagnes des deux eontinens ; 5" Un tableau synop- tique et analytique desprincipales divisions geograplii(|ucs du globe, presentees dans leurs rapports honiologues a I'egard de I'eqnaleur et du nieridien de I'ile de Fer , ou relaliveuieat auxelimats et aux saisons; 4° tin tal)leau synoptique et coni- paratif de la repartition et du denombrement dcs peuples et des religions dans les principaux Etals du globe; 5"L'n taldeau chronologique et synchronistiqne de la formation, de la duree et de raneantisseinent des principaux Etats et Empires du monde. Ces Scartes forment la premiere livraison. — Dans la seconde se trouvent : 1" Une carte physique, politique, statistique ct comparative de I'Europe . dressee a Techelle de TTTiz^rs'i 2° Un tableau orographique de I'Europe; 5" Un tableau chronologique et synchronisticpie de I'existence des principaux^tats de I'Europe ; 4" tin tableau dcs ctablissemens I'aits par les Europeens dans toutes les parties du monde , et dc la formation des Etats modei'ucs , par lesquels la plupart sont remplaces. A. Michelot. 180. ■ — * Atlas clasfiir/ue ct unirerscl de geograp/iie ancicnne et modcnie, compose dc 60 cartes, accompagnees d'un texte pour en faciliter I'etudc. Paris, 1828; Dufour et comp% libraires- editeurs; Ch. Picquct. Grand in-4", papier nom de jesus. Get atlas sera public par souscription et en 13 livraisons, cha- cnne dc 5 cartes colorices et de 5 feuilles de texte. Prix de la livraison pour les souscripteurs, 7 fr. 5o c. A une epoque 011 Ton ne pent contcster les progrcs de la geographic, il n'est pas eloimant dc voir publier dc nou- veaux Atlas, destines a retudedecettc science, (pii se rallache a toutes les branches dc? vonnaissances humainc? — Pariui SCIENCES PHYSIQUES. 4<)r, les publications diverscs doiit oti est inoiide et qui nc sout, la plupart , que dcs reductions ou de» amplifications panlogra- piii([uesinexactes et pompeusenientannoncees, ondoit suiloul disliuguer les alius et les cartes dresses par MM. Lapie, Jiriir, Dcna'uv et Dufotir. Ces verilables geograplies out niedite sur les mt'thodes qu'ils devaicnt adopter dans leurs travaux, pour les I'aire servir a rintelligence de I'histoire, dcs voyages et de la geographic ; ils se sout familiarises avec cet art ingeuieux. an moyen duquel on lepresentc , avec une exactituile rigou- reuse et par le moyen dcs projections, des determinations aslronomiques, geodesiqnes , des itineraires des voyageurs et des travaux uauti([ues, la surface de notre plancte, telle que nous la coniiaissons jusqu'a present. M. Dufour, eleve de M. Lapie, qui, depuis long-terns, avail fail d'inunenses reclierches et concu le projet de rodiger un atlas elemenlairc , specialenicnt consacrc a Tetude de la geo- graphic et de I'histoire, vient de le meltre a execution en puhliant les deux premieres livraisons tic I'ouvrage dont le litre est en tele de cet article. Cc nouvel atlas, couiplet dans loutcs ses parties, sera compose de 60 cartes, format in-4°, qui donneront la geographie ancienne , consideree dans son ensendile, depuis les lems anterieurs a I'an 5oo de Jesus- Chrisl ; la geographie du moyen age, qui trailera des divi- sions politiques des peuples, depuis I'an 5oo de noire ere jusfju'a la decouverle du iNouveau-Monde et Ic passage du cap de Bonne-Esperance ; et la geographie moderne, dont le domaine s'etend de cette memorable epoque jusqu'a nos jours. Ainsi que nous en avons pu juger par les deux premieres livraisons, I'auleur s'est attache specialenicnt a la parlie de la geographic qui se lie le plus intimement a I'histoire, et qui en est la veritable introduction. Aussi les cartes sont-elles degagees de tons les details minutieux qui nuisent aux etudes classiques, et qui ne devraient appartenir (|u'auxcarles plcines ou gencrales, dressees sur de grandes ediclles, siu' lesqnelles le geograplie indique une multitude de positions, afni de re- pondre aux queslit)ns sans nombre que se font les personnes deja inslruiles , qui y cherchent ce qu'elles ignorent ou ce qu'elles ne se rappellent plus. Les importanles decouvertes failes dans notre continent , les ecrits des anciens, et les travaux des geographer modernes out rendu la geographie ancienne plus positive; et, sauflc chaos de la barbafie du moyen age, ou pcut suivre I'origine , les progres, les variations et la decadence des empires, dcs 494 LIVRES FRAN^AIS. royaunios, etc., depuis la gramlc migration dcs j)oiij)l("s jiis- qii'i'i notrc iipoque. Pour lemplir Ic plus completcuiciit possible eel objct, M. Dulbiir aassigne sur ccs carles, a clia- cune lies positions, renipiaeenieiU \erit:il)le qu'ellc avail aux (lifltreulesepo([ues do riiisloire. On sent qne. pour arriver a ee resullat, il a I'alln qii'il eombiiu'lt chaeuiie des positions anciennes d'apres Ic texlc des eerits d'ilipparquc , d'Ki'atos- thene, de Strabon , de Pline, de Ponipuriius Mela, de Pto- lemec, d'Elieiine de Byzance. SI. Dul'oiir s'est appuye egale- nieiit des tables de Peiitinger, des itincraires d'Antoniii, ct des decouvcrtcs reccntes les plus accreditees. Chaennc des carles dc M. Dufoiir est arcompagnec d'unc feiiille de texte explicalii" iniprime sur le iiienie Ibrmat. Ce texle, clair ct coiicis, est a la porlee des cliidi;:ns auxqucls il permct de reconnailre a\ec Cacilile, sur les cartes, les diilc- rentes nations qui out habile ct qui habitent noire globe ; la situation, I'etenduc et les limiles des contrecs qui ont divise et di\isent encore sa surl'ace. Cet Atlas historico-geographiquc , d'un format com- mode pour I'ctude, est pariailenicnt grave. En en con- fiant I'execution aux soins de MM. F la/iaiit cl IF coin ., ar- tistes d'un talent distingue, les cditeurs se sonl assures d'a- vance que les livraisons qui suivront nc seront point inle- rieures a celles qui viennent d'etre pnblices. Piollin, dans son excellent jT/'rtiV^; t/c.s riwr/cs, revient sou- vent sur la nccessite d'etudier la geographic, et sur les diffc- rentes manicres de I'enseigncr. « La plupart, dit-il, sont fort bonnes, pourvu qu'on y soil fidele et qu'cUcs soient toii- joiirs accompagnees de I' inspection de cartes : car c'est ici inic science dcs ycnx. « C'est en se penetrant des maximes du cc- lel)rc recteur de runiversite de Paris, que M. Dufour a adopte la methode dcs cartes spcciales que nous venons d'e'xposer, et dont la serie oilVe une marche chronologicpie , classique et rcguliere qui est proprc a inspirer le gout de I'etude d'une science utile. y Scetr Merlin. 181. — Diciionnaire topographiqne, historic/ tie el stalistique da departement dc la Sartlie , suivi de la biographic et de la bi- bliographic du Maine, par J. P». Pesche, mem!)re correspon- dant de la Socicte royale d'agricnltiirc , etc. , 5" et 0" livraisons. — Le Mans, 1828; Monnoyer. Paris, Bachelier. In-8°. Nous avons aiuioiice la publication des premieres livrai- sons de cet ouvrage (Voy. Rev. Enc, t. xxxix, p. 45i); celles-ci ne nierilcnf pas nioins d'eloges. M. Pcsche nous permctlra p.:nrtanl d'y l)l;'iincr qiielques longueurs dans la SCIENCES PHYSIQUES. 49') parlie topographiqiie. Qn'imporlc, par exeniple, que tel ha- meau soil Uaveise au sud 011 an nord par telle rue lerminee par telle maison ? Nulle iiijtniclion utile ne peut sortir de ces details. — La partie jjiographiipie , qui contient la chrono- logic des eveques d'Angers et du Mans, est I'ort bien traitee. Elle presenle quclque chose de plus qu'un interet puremcnt local : on y trouve des notions curieuse-s siir I'hisloiic du derge. Ainsi, nous lisons (p. l) que, vers lOjS, Guilhuime Turpin, 59' evcque d'Angers, reconnut, par une quittance ronservee jusqu'a ce jour, que c'est par grace speciale du chapitre qu'il en recoit le pain qui lui sera distrilme chaque jour, comme a un chanoine, ct a charge par lui de resider. — En 1098, les habitans du Mans intenterent un proces a leur eveque, Adam Chastelain, et aux cures de son diocese, pour les droits euormes qu'ils peicevaient pour les sepultures. Ces droits etaiciit du tiers des biens meubles, sans cUdiiciion des dcties et legs. Le Parlement reduisit ces droits a la dixieme partie des biens meubles, ou a 5o sous tournois pour les ri- ches et 7 sous 6 deniers pour les ]>auvres. — Vers la fin du quatorzieme siede, Louis de Bourbon, comte de Clermont, touche du i'uneste evenement qui avait cause la demence de Charles YI , vient au Mans, y donne un acte par lequel il se declare liomme-dc-corps de monsieur Saint J alien , ol)lige ses successeurs a renouveler le meme engagement, le tout, ncan- moins, sans entendre que ni lui, ni eux, devinssent /lonuncs de I'ereque ou de ses chanoines. — C'est en rassemblant et en etudiant des I'aits de cette nature qu'on peut parvenir a savoir quels etaient I'etat, le pouvoir temporel et rinfluence morale du clerge dans le moycn age et dans les siecles qui ont suivi. A. P. 182. — * Letiressur les mcctirs et les insiituiions des Etats- Unis de I' Amerique sepienirionale , par M. Cooper; traduites de I'anglais par M"' H. Preble. Paris, 1828; Kilian. 4 toI. in-12. lorniaut ensemble io5G pages; prix, 12 fr. Nous sommes tons plus ou moins comme ce Bergamasque, qui, arrivant a Naples, apprit que le vice-roi etait a I'agonie; il prit aussitot ses precautions pour survivre a la catastrophe qui se preparait. Son altesse trepassa, et, apres quelques jours, le pauvre Bergamasque se preparait a quitter sa ca- chette , lorsqu'on recut inopinement la nouvelle de la mort du pape : pour le coup, notre honmie se crut perdu, et pour s'epargner du moins la peur des bouleversemens inse- parables du double veuvagc du Irone et du saint-siege, il barricada portes et t'cnetres ; au bout de la semaine, la mai- 496 LIVRKS FRANCAIS. son n'c'taiU pus encore hiCileo , il s'ciihardit, cntr'oiiviil iin volet avec precaution, ct vit , a son tri'S- grand (ionue- ment , que les passans alleient et venaient tout conime a rordinairc ; il ecrivit en ville el apprit qn'il n'y avait en ni massacre ni pillage, qn'on n'avait vendn dans la rue ni nne lioucliee de macaroni, ni une gorgeed'cau i la glace de moius que de cotitnnie. Eh quoi ! dit-il , le lAonde va done tout seul ! il mondo va de sc ! et des lors, il pensa que le penple napolitain elait pliitot I'ait pour les papes et les vice-roisqne ceux-ci ne I'etaient pour le penple. C'est ainsi que les royageurs europeens que M. Cooper inlroduit parmi ses compalriotes tombent de lenr haut, lors- qne, demandant a leur arrivee a New-York le chemin dn bu- reau des passeporls, on lenr repond que les passeports sont inctninus aux Etats-Vnis : ils passent et repassent de I'Etat de New- York dans celuidu Connecticut , sans que le moindre gendarme , le moindre commissaire de police vienne, par sa presence consolante , lenr pronver que la societe atten- tive vcilie a lenr surete; mais bientot ils s'accontument a cette liliertc illimitee , et se meltent serieusement a faire connailre an lecteur le mecanisme du gouvernemcnt et I'in- terieur de la societe des Etats-Unis. iJlconomie publique et privee, armee de terre et de mcr, fonctionnaires publics, routes, canaux, congres , conr de justice, commerce, finances, cultes, M. Cooper examine lout dans ses Lettres ; et, apres les avoir lues, la pensee domi- nante est que le gouvernement des Etats-Unis est le plus solide de la terre : nos gouvcrnemcns d'Enrope ont pour eux I'anciennete et les habitudes prises; on a neutralise des abus par des abus , el l)eaiiconp de choses ridicules y sont dcvenues des necessites , parcc que leur suppression laisse- rait prevaloir des inconveniens eqnivalant a ceux qui s'atta- chent a lenr existence. J. J. B. i85. — Tourncfi d latnodc dans les Etals-Unis, ou Voyage de Cluirlrsion a Quebec, et lYAlbauy a Boston, par la route de Philadelphie , New-York, Saratoga, Ballstoii-Spa , Mont- Real, et au-tres villes et lieux remarqnables; traduit de I'an- giais, avec notes et additions; par M. BomcEois, ancien se- cretaire du eonseil de ville de la Nouvellc-Orleans. Paris, 1829; Arthus Bertrand. In-8° de 196 p. ; prix, 4 fr. 5o c. Les Arneiicains ont conserve des nicenrs anglaises I'habi- tude d'avoir des touristes, sorle de voyageurs qui sc croient en droit d'imprimer, pour I'edification du public, le nomdes aubergistes o\i ils ont bien dine, et des reflexions surles pays SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 497 que Iciir chaise de poste a traverses au galop. Cette classe de vo^ageiirs n'amhilioiine point les honneiirs de Tin-folio, ni Ic Inxe dcs planilics scientili([iics; leiu" snccos est complet lorsqu'ils ontainuse qnolqucs(/a«r/(V.s', ou que lenr livre figure sur le gueridon dc quelqne eU'ganle milady. Mais, sous ce litre de tournee a la mode, le lectcur devrait s'atlendrc a un rccit pi([uant dcs habitudes dc V aristocraiie rcpublicaine des Etats de I'Union; a ccs descriptions pittoresques et chaleu- reuses qui jaillissent d'un cerveau enthousiaste dc la nature, ct qui feraicnt connaitre Ics rapides progrcs dcs villcs de TLnion, ccs fleuves imposans, leur chutes pins imposantcs encore, leurs sites vicrges a cote dcs dctVichemens , le mou- vement, la vie de ccs jeunes cites dcjagrandes par la civili- jation : en un mot, une tournee a la mode devait nous pein- dre ce que nous ne trouvons point dans le livre qui porte ce litre. L'oiivrage anglais forme un petit volume iu-18, pre- sentant I'indication de chaque lieu, et des notes sur Ics villes i[ue Ton visite et les faits historiques relatifs aiix gucrres de rindependance, qui out rapport aux endroits que traversent les routes. Ce petit itineraire est done fort commode dans le pays, et par consequent sa traduction est privce chez nous de sou premier merite, ceiui de Tutilitc. Toutefois, on y puisera (ies renseignemcns utiles, tels que certains details statistiques sur la population, raccroissenicnt , le commerce et la ri- chesse de plusieurs villes, et notamment de New- York. On y trouvera un episode fort intcrcssant sur le major Andre, vic- time de son pafriolisme, et digue d'un autre sort. Le tra- ducteur y a joint de nombreuscs notes, parmi lesquelles il en est qui sont relatives a des faits pcu conmis, et nous citerons principalemeutcelles quiconcernent la victoire remportee, en 18 j4, par le general Jackson, aujourd'hni president, sur les troupes anglaisfis, qu'il forfa a se rembarquerhonteusement. Lesson. Sciences rcllgieascs , morales, poliiitjitcs ct historiques. "* 184. — * Cours de I'hisioirc de la pliilosopliic , pi'ofesse par M. Victor Cousin, a la Facidie dcs Icltres dc Paris ; revu par I'autcur. Livraisous 1 — 5. Paris, 1828 — i8u()-, Pichon et Di- dier, quai des Auguslius, n° 47- ^ cahiers iu-8°, formant cn- send)le 200 pages; prix de la livraison, ^5 cent. i85. — * E.ranien critique da cours de pliilosopliic de M. Cousin, Icfon par Iccon. Premiere lecou. Paris, 1828; J. Corrcard j., T. XLi. I'tMur.R 1829. 7)2 4t)8 LIVKES FilANCAIS. riic deRicheliiii, n" 21. Tn-8" dc/jO pages ; prix, 7.") cciiliines. De tons les aclcs dc radniiiiistratioii nouvellc , qui, en rein- plarant le niiiiisterc depluiahle, seinblail avciii' contiac'te robligalion d(; r(''parer los injnstices coniiniscs jiar ses proile- ces.seuis, le rappel de Irois piulessenrsi distingncs, rcndiis a leiirs chaircs long-lcm;; descries el silencieiises, esl celni (pii a peiil-elre en le pins de popwlarite : a tcl point qn'on ]>our- rait preeqiie ieliciter la srieace ct ses ilkistres p'.opagatonrs dcs pcrsecnlions dont ils lurenl l'oI)jet, ct i[ni lenr out pre- pare nn tiiomphe plus cclatant et plus solennel. Deja, en 1828, nousavoussignale lauouveile tendance des eludes aca- demiques, en annoneant la publication siniullauee des trois coiu's de iM?>l. Cousin, Guizol, el Villenialn.{^. aa/jel 208, 1'anuonce des Icroii? pins i'ecenU'S(w\lS. reparer les jcunes gens pour les cmplois et les professions qu'ils sont destines a ex-ercer. Enfjn, I'inslruc- lion commune a tons claut (Inie, il reste encore a Iransmellre les coanaissauces d'nn oidrc superieur qui no peuvent etre a(;quises quo par I'bonune instruit : c'cst la qnatricme pe- riode de I'ensciguemenl. Qu'on suivo attentivement , dans rouvrage de M, (iAsc, la cbaine des idees qu'il presenle avec <'iarle, parce qu'il a ou soin do les degager de toute obscu- tilo que pourrail causer uu melange u'erreur; avec sagcsse , parce qu'd vent ctie utile, meriter et oblcnir les suflVages et I SCIENCES MORALES. anj ?a conprralioii cic tous Ics amis dii bicn : on aiu'a I'jiit uii lr<''s- i)()ii einploi lie son lems. Noiss lovieiulrons encore smt cilte iniportaiilc maliei-c , lorsqiie rauteur aura public ses viies siir I'cducalioii. F. 7 188.- — Dcsclobtlssemens poitr rinstnictionpublu/uc enBaricrc^ datis lelV iirionberg ct dann le pays deBade; par J.-C. Loudob. Paris, 1829; Mcsnier, place do la Bourse. In-S" de 67 pages; prix, 2 tr. A une epoque oOi le gouvcrncmcnt scnijjlc dispose a favo- riser ies ameliorations de tout genre dans le systinie de Ten- seigucnient, et on toutes Ies volontes se reunissent pour aug- nunter le nombre de nos ccoles primaires , nous ne saurions trop rci'onimander I'ecM'it de M. Loudon. On y trouve des ob- servations bien faites , des vues saines et utiles , et vui apereu lies hcui'Ciix resultats obtcnus par nn bon sjst6mc d'oducatioM tiaas Ies Hats que I'auteur a visites. Si nous Ic suivons dans }!es rcfherches sur le Wurtemberg, nous rcmarquons d'abonl deux ecoles normales a Stuttgart : dans I'une , on forme \c^ inaitres d'licole ; la seconde est ronsacree aux femmcs qui se deslinent a devcnir instilulriLCs. Outre I'etude des langues et des au.trcs objcts qu'enil)rasse rinstrur-lion ordinaire , elles y recoivent des lecons de couture et do tout re qui est relatil' au menage. Viennent ensuite Ies ecoles primaires : chKiue village en possede une, aiiisi qu'une maison , un jardin et que!qi:eibis un champ pour le maitre qui la dirige ; cehii-ei rccoit, en outre, un salaire fixe. Tout est regie de nianii-re qu'il puisse vivre dans une lionnete aisance. Un comite de suiveiliance est charge , dans chaque commune , d'admo- iiester Ies parens qui refnseraient d'envoyer leiws enlans a I't'cole; Ies cours d'instruetion clemcnlaire condtiisent ics t'leves jusqn'ii I'age de qiiinze ans, et ils ne doivent quitter I'efole qu'autant qu'ils savent bien lire, ecrire et calruler. Le systeme d'ednration suivi en Bavicre est a pen pres send)lablc a cehii du Wurtemberg ; mais son etablisgcment dans ce paj s ne remonle pas a plus de trente ans. On oijserve neanmoins une grande amelioration qui a ete introduite par Ies soins de i>l. Hazzi : chaque ecolc communale, en Bavierc, possede un petit champ. Les eleves sont tenns de le cultiver, sous la direction de leur maitre, qulleurdonne ainsi des le- cons d'agricnlture prati([ue. tne petite portion du jardin est reservcc pour ies jcunes filles ; cetle partie est disposec et cuitivee commc ceiie des garcons, et placee sons la direction gcnerale de la maitresse d'ecolc. Dans le pays de Bade , Telat de rinstruction cil le memc r)o4 LIVllES FllA^'CAIS. (juc dans le "NViirtcmbcrg, et Ton ol)tiont les mCincs avantagcs. II faul c'onvcnir a regret que nous sommes bien eldigiies, en France, d'nn t';tat Je tlioses aussi salislaisant. ^ous clevons nons en ia)>proelici',en appliqiiant enfin anos anciennes ecoles piiuiaiies, et aiix ei'oles nouvelles qn'il impcirle tie nmlliplier, la nielliode perfectionnee, econonii(jue ile leins ot d'argent, qni , repandiie dans la Grande-lJretagne avec dilVt rentes nui- dilicalions par les soins de Bell et de Lancaster, a ete naln- ralisec et ameliuree chez novis , sons le noni d'enseignement nnitnel. La luauvaise I'oi, ouresprit de parti et I'ignorancc, ont pn seuls e( arter et proscrire ce mode d'instniction, dont une longue experience a demontrc la superiorite. Ce petit t'cril de M. Loudon est I'ouvrage d'un bon obser- Taleur et d'un lioninie de bien, et 11 sera consulte avec fruit par tous les amis dc Tinstruction priniaire. N. i8g. — * Commentalre sur I'onlonnance des eonfliis , par A. H. Taillaxdier, avocat aux conseils du roi , etc ; ouvrago contenant les travaux de la commission, le rapport de M. de CoRMENiN , la legislation etrangere sur les contlits, etc. Paris, 1829; Briire, rue Saint- Andre-des-Arts, n° 08. In-S" de X. et 259 pages; prix, 5 fr. Les conflits sont-ils enlre les mains des conseils dn prince- une arnie necessaire an mainticn d'une sage division des pon- A'oirs et de I'ordre legitime des juridictioiis? Ce doute ne pa- rait pas avoir fortenient emu la niajorite des membres de la comnn'ssion nommeeparSon Excellence le garde-des-sceaux, actuel « pour examiner suivant quelles regies etquelles formes et dans quelles limites le droit de revendiquer les affaires dont la connaissance appartient a I'administration pent et doit etre exerce par les agcns du gouveruement. » Un seul niembre, le respectable M. Lepoitevin, aujour- d'hui president de chandire a la Cour royale de Paris, sem- ble avoir insisle avec energie et conviction sur la negative de la question ci-dessus posee; et cette opinion, je I'avoue, me parait la bonne. Le droit d'elever et de jugcr les eonfliis, pour dtfendre ce qu'on appelle la juridiclion adminisivalire , n'cst, en cffet, selon nons, qu'un al)us entesur un autre alius; c'est un glaive suspendu siu' Tinlbrtune justiciable pour tran- eher, an profit del'adminislration, les conU'slations qui, por- tees devant les jugcs ordinaires, parailraient a celle-ci d'un gucces desespere ou incertain; ou bien, cette mesure est une mise violente en suspicion de I'autorite judiciaire, laquelle est ainsi declaree bonne seulenient pour le comnum des plaldeurs. O'est ce qui ressorl evidcuuncnl de I'expose bi-^- SCIENCES MORALES. 5o5 tnriqiie trace avecautant tie fennete que dc precision parl'ho- nurable rapporteur M. de Connenin; et cependant, il conclut, de I'usage alnisit' de cette mesure dans des terns de trouble et de tyrannic, a la nocessite de sa conservation dans un terns de calme et de liberte constitutionuelle ! Le moment n'est pas eloigne sans doute, oQ la legislature sera appelcc, non-seulement a I'exanien de la question des conflits, niais- encore a la verification de I'origine et de I'utilile, Ibrt pro- blcmatique, d'une juridiction speciale pour les maticres diles administratives. Mais cette discussion ne pourra guere s'en- gager avec fruit que lors de la revision, ou du moins apriis une etude exacte et approfondie de notre legislation pul)li- que. Et nous avons en ce moment sur le tapis une aft'aire plus importante peut-etre el pluspressee, d'autantque I'or- donnance du 2 juin 1828, et surtout la derniere loi cleilo- rale, si dies n'ont pas delruit le mal jusqu'en sa racine, y ont du moins apporte deja un salutaire remede et de pre- cieux tempcramens. — Le livre de M. Taillandier, fait a I'oc- casion de cette derniere ordonnance, est, sur ce sujet, un re- cueil d'cxccUens materiaux; il sera de plus un guide fort utile dans la pratique. On y voitavec interet ce qii'cst deve- nue, ou plutot ce qu'est demeuree la legislation des conflits dans les Pays-Bas et les provinces Rkenanes de la Prusse. B. L., avocat. 190. — * II istoire A' Ecosse ,rAComi'.e jiAV un grand-pere a son petit-fils , dediee par sir ^f^w/fer Scott a Hugh LUllcJo/ni , esq. : seconde scrie , traduile de I'anglais par I'autenr d'Ole: soin d'aunoncer, il y a quelques mois (t. xxxviii, p. 758) la traduction francaise, ne conduisait les annalcs de I'Ecosse qu'a I'avenenient de Jacques VI au trone d'Angle- terre. Le succes de I'ouvrage a engage I'auleur a le pour- suivre, et les nouvcaux volumes qu'il public comprennent depuis I'linion des cotironnes sous le roi que nous venous dc nommer, jiisqa'd I' union des royatnnes sous la rcine Anne. Quelques mots, qui terminent le dernier des volumes que nous annoncons, peuvent faire csperer qu'une troisicnic serie complclera une histoire si heureusemcnt distribuce, en y ajoutant tout ce qui separe I'epoqiie de V union du regno de Georges III. Nous devrons ainsi a I'ecrivain , qui^ dans^ lant de productions, avec une imagination si vive et si puis— sante , a peint les mccurs et le sol dc I'tlcosse et lours di" 5oG LIVRES FRANC AIS. verses revolutions, une hisloire suivic, et la plus niilarc qii'il y ait encore, dcs eveneniens qui ont scrvi do cadre a se.-» hi.urcnses iiclions. La piesente serie rappellera , sons inio autre Ibinie, a cenx (pii les ont hies, et (|iii a pn ne les pas lire, CO qu'cllcs ont vn des rrgncs de .lacr[nes T, dc Ciiar- ks !, dc Croniwcll, de Cliarles II, de Jacqne-j II , dans Nigel, l'0/ficicr de fortune, IFoodstock , les Paritains, Percril du Pic, etc. Ce n'est pas scnlcmcnt par le snjet, mais par la manii're, qne se ressend)lrnl les ronians et la relation de ^Valler-Scott, oelle-ci, coaime dans les antres, sc monlre, sons celte simplieite faniiliere qne Ini prescrivait son cadre, le nicnie talent a pcindre les scenes et les caract^-res histo- ri([ues, la meme inipartialite poor les jngor. Ce livrc, ecrit pour un enfant, ne doit Otre dcdaigne par ancnn age; la jennesse et IMge mur y trfinvcront ('galenionl inti'iot et in- struction. H. P. ifji.^ — * Hiiitoire physique , civile el viorale dcs environs df- Paris; par Dilauue; is*", iS" et i4" livraisons. Paris, i8a8; (Juilluunie. In-8" (2" parlie du torn, vi, i"" et a'' parlies dn toni. Yii et dornicr) ; prix , 7 fr. 5o c. la livraison ( Voy. Rev. Enc. , torn, xxxvi , p. 44'^' ) II y a bicntdt deux ans qne la 1 1" livraison dc net onvragc a paru; nous etions alors sous le regime de la derni^re cen- sure; et , quoiqne nous eussions en la precaution dc n'cntrer dans aucun detail, I'annonie de cctte livraison ne i>nt etre admise dans nos leuillcs par ce Iribunal d'odiense et ridicule niemoirc , qui avaitordre de supprimer jns(]n'an litre dc cer- tains ouvrages dont rallurc vive et i'ranche dc]>!aisait an triuniYirat deplorable qui pesait aiors d'une nianiere si fu- ueste sur la France. Cette annonee ne parnt qu'aprcs Facte solennel qui rendait a la pressc une liberie dont l'al)us ne sanrait jamais egaicr les noniI)renx inconveniens de la cen- sure. I'ne assez longne interruption ayant etc mise,par le libraite-editeur, dans la publication dcs dernieres livraisons. par suite sans donte de tontes les contrarietcs ct de toutes les vexations inqnisitorialcs qui s'atlacbaient au nom dc rantetu', nous n'avions pu exccnter la proniesse que nous avions I'aile de revcnir sur les volumes antcricurs ; iu)us ne pouvons le I'aire encore aujourd'hni, voulant signaler scu- Icment a nos lecteurs raclicvcment de cct ouvrage, qn'iis ont du croire indenniment ajourne. L'auteur, i ce qu'il pa- ruit, a menie trailc avcc un autre edilenr (M. Levavasseur, succcssenr de Pontlueu , an Palais-Iloyal), 'd'une sccvndc cdi- tioti , don! ks livraisons in-8" scront du prix^ dc <1 fr. Si ccllc SCIENCES MORALES. So; 3" edition, commc nous aiiiious a le ci'oire, conlient ilcs luriL'lioi'ations, il y aura done douhic profit pour les acqiiiJ- reiirs; ils ne manquci-oiit satis doiite pas plus a cclle nou- vcHc publication qu'a cclle do M. (iuillainne, qui a ohtcnu Ic plus grand succcs, iiialgrc, ou peut-ctre a cause dcs obsta- cles qu'elle a rencontres de la part d'uneauturite ombrageuse. En attendant que Ics livraisons successives de celte '2' edi- tion nous perniettenl de revenir avec plus de liberie siu' on ouvragc qui le merite a tons egards , niais auquel il faut rc- connaitrc ccjiendant que son auteur aura bien des soins en- core i\ donner pour ic rendre digne d'etre mis en parallele avec son Hlstoire de Paris, contentoiis-nous de signaler les traits principaux des loni. G'' et 7"' ([ue nous avons sous les yeux. Nous citerons surtout Vaasasshiat dudiicde Bonrgognr , fort bien raconte au sup t de I'liisloire Ires-intercssautc du pont de Moiitercau ; Va^sa^^si/iat de MonaldrUa'd , ordonu*'; par Cluistine au cbateau de Foulainebleau , et a l'apj)ui du- quel M. Dulaurc rapporte la lellre e.vlremement curieuse et picine d'aiidace que cette reine ecrivit alors a Mazarin, qui avait one lui adresser des plainles sur cct actc de despolisuic prive. Nous citerons encore, li I'occasion de I'bistoire de cc nieme chateau de Fontainebleau, aux enibellissenuns du- quel Napoleon consacra 6,242,000 fr., de 1804 a i8i5, la re- lation detaillcc des rapports et des negociations de ce grand capitaine avec le pape, qu'il y reliut pi'isonnier pendant quel- que terns et qu'il avait fait conscntir, a ce qu'il paraii, a criiu- porlantes concessions; la memoire du premier est lavec dans ce recit de bcaucoup d'imputations caloninieuses qui n'a- vaient guere (i'autre fondeuient que des bruits populaires, toujours si faciles a faire naitre et a propager. La i4" ct derniere livraison de cet ouvrage est entiereiuent occupee par un Dictioiinaire topographique , i'nit aycc. beau- coup de soin , et qui forme le complement de VHistoirr des environs de Paris, dont il sert en meure tenis a relever quelques errcurs, insejiarables d'un grand Iravail. « On parlo a>ec cmphase , dit M. Dulaure (tom. vi, p. 354), '^•'^s ex- ploits des hommes puissans, et Ton se tait sur les malheurs qu'ils Iraincnt a leur suite; les habitans des campagnes, tou- jours deplorables victimes des guerres, n'ont jamais eu d'liis- toriens. » Nous conclurons, en disant que I'auteiu' aura meiite riionneur d'avoir, un des premiers, conduit les historiens mo- dernes dans celte nouvelle voie. et qu'il leur aura mC-mc laisse un bun modele A suivrc , s'il doune a son ou\rage, dans les lunnbreuses editions qu'il lui est sans dcuile reserve d'ubleuit;. 5o8 LIVRES FRA>CAIS. tons les soiiis ct toute la perfeclion que le sujct est suscep- tible (le rcccvoir sous sa plume. Edme Heueau. 19a. — *Hisloiic(le I' Asscinhlrc rojisiitiianlr, \y.\i- M.Alexandre DE Lameth; I. u. Paris, 1829; Moutartlior. Iu-8''cle499pages ; prix, 7 fr. Ce second volume n'est ni moins riihe de faits, ni moius inlon'ssaut que Ic premier. [Voy. I'analyse que nous en avous donuee , Rev. Enc., t. xxxviii , p. Gjg. ) On no doit pas s'attcndre, il est vrai, a y retrouA^er la peinture de ce moii- \ ement violent , icsidtat necessaire et soudain d'nnc revo- lution , qui, au moment qu'ellc eclate, est dcja consommee ; mais un autre spectacle se prcsente, celui dn coud)at a ou- Irance que livrent au nouvel ordre de clioses tons les de- bris de I'ancien regime, debris qui tendeut desormais a sc rapprocher, et que des interets commons vout reunir. Les parlemens protestent conlre les decrets de rasseml)lee, et lei'usent de les transcrire sur leurs registres. Due parlie de la noblesse quitte le royaumc, va former chez I'ttranger un point de ralliement, attendant I'instant favorable pour agir. L'autrc partic, restee sur le sol national, resiste avec cou- rage dans rinterieur et jusqu'au sein de I'assemblee, ct se montre disposee aexcitcr un soulevement general. Le clerge, toujours avide de snprematie, se place a ia tete de la coali- tion aristocralique; il abuse du nom sacre de la religion et de rinllnence que son caractere Ini donne sur I'esprit des peoples, poiu' reveiller le fanatisme et soufller la discordc; il albune, il fomenle, dans les provinces meridionalcs, un incendie difficile a eteindre; bientot la guerre civile menace d'embraser tout le loyaume Parnii les morccaux remarquables que renfcrme ce vo- lume, je recommanderai particnlicrcment a I'attention des leclcurs, des considerations sur I'ctat de la societe, en 1790, sur FinlliH-nce de plusicnrs femmes de raristocralic, sur les affaires publiqnes, sur les causes qui out prelude a la divi- sion dn parti popniaire. .Te cilerai encore un tableau fidcle de remigration, de scs forces, de son but, du caraclere de ses cbefs; un rapprochement, frappant de conlraste, des premiers terns du chrislianisme avec I'etat de I'cglise catho- li(|ue au dix-hnilicme siecle. En effet , c'est daus I'opposi- tion singuliere qui sc faisait reniar(|uer entre la purele de la primitive eglise , la popidarite de scs institutions, les principcs de li!)eile ct d'cgalitc preches par ses minislres, ct Ic luxe nioudain, la licence des mncurs, I'esprit de d(uni- nalion affichc alors par le haul dcrgc, c'est daus I'inlention SCIENCES MOnALES. 009 mnnii'ostoe de reformer les nomljrciix;il)iisqui s'etaient intro- diiits dans Ic'glise et avaieiit oljSLurci I'eclat de la religion, ([lie le parti jaaseriisle, dirige peiit-Clrc par des vues d'ani- bilion personnelle, troiiva uii pretexle speiieux pour en- Irainer I'assemhlee a adopter, de confiance, un plan de consti- tution civile rtu derive, mesure inipolitique dont le fond, trop pen conuu, ne serait certaineraent pas dillicile a justifier en lui-meme, mais dont les suites ont ete fuuestcs dans les eirconstances oi'i la France se trouvait, et lorsqu'il fallait eteindre le feu et non lui fournir un nouvel aliment. Parmi les discussions constilutionnelles et legislatives, on dislingnera les debats sur les colonies, sur les finances, sur un projet de banque nalionale, de M. Laborde de Mcrcvi/l-e, sur la motion de don Gerles, de declarer la religion catho- licpie religion de I'Etat, sur la nouvelle organisation judi- ciaire, sur la suppression de la noblesse et des titres, et par- liculierement sur cette question celebre du droit de paix et de guerre, ou Barnave, luttant corps a corps avcc Miraiieau, di'ploya toutes les rcssources de la plus pressante et de la plus habile dialectiipie, et son adversaire, tous les traits de sa brillante eloquence. On reprochera peut-etre a M. de Lamcth d'avoir donne trop d'etendue a ses discussions^ et surtout d'avoir trop mulliplie les citations de discours : mais il ne faut pas perdre de vue que c'est I'histoire d'une asseni- blee qu'il s'esl propose d'ecrire; que, par consequent, les discussions, les delil)erations, les decrcts constituent le fond (le I'ouvrage ; que I'examen detaille de chaque question etait indispensalile pour i'aire connaitre a fond une legislation dont rassoml)lce constituante a pose les bases et qui est (lestinee desormais a regir notre pajs. L'ouvrage de M. de Lameth est le meilleur cours de legislation constitulionnelle et politique que les jeunes gens puissent etudier. II devra surtout sc trouver entre les mains de tous les hommcs qui se destinent a la carriere parlementaire ou administrative. Qudique I'Histoire de I'AsseinbUe constitdante nc soil point iin livre de circonstance, il offre en ce moment tout I'inte- ret attache a ce genre de publication. On y trouvera, en ef- fel, les principes de I'organisation municipale etdepartemen- tale, qui va I)ient6t devenir I'objet des debats des chambres, Je terminerai cet article en cilant les considerations sui- vantes sur la liberte du commerce, question qui ne tardera pas non plus a etre mise a I'ordre du jovu'. I! s'agissait, en i7<)0, de supprimcr le privilege de la compagnie des Indes. •< Si Ion avait maiiatenant, dit M. de Lameth, a examiner 5in LIVRKS FRANCAIS. la (iiiestion, soil pour !c coiuniorce de rindo, soil soiis Ic "ajiporl (!e !a lil;crl('' du conmicrco eii giiu'ra! , elle no pour- rail proscnU'r Ic moiiidrc doiitc. L'organisalion socia'.c doil fire fondce siir riiiterrt de tons les meml)res, el sur la jus- tice ([iii en est la garanlie; et, de mCiiic que les charges pnhliques doivenl elre egalcment rcpartics, il doit Clre lil)re a tons les ciloycns de partiripcr a tons les avantages do la sociele. Ces principcs d'eqnilo natnroile se concilient d'ail- leiirs avec la saine politiqnc;. Tont le nionde convient qne la liberie est I'ame du commerce, qii'elle seule pent Ic I'airc prosperer, que la concurrence devcloppe I'industrie en ex- citant remulation, et qu'elle est le ressort le plus puissant poiu' lavoriser ses progres et la porler au pins !'.aut degrc. de perl'ection. Cependant la coiuluite des gouTernemens a presque toujours cte en opposition avec ses principes; aussi n'esl-ce que depuis qu'ils ont ele reconnus , proclanics ct en partie realises, que le commerce et I'industrie ont fait des pas tellement rapides qu'ils ont surpasse de licancoup les esperances qu'on avail pu concevoir : rexperience a depose ainsi en f'aveur du droit commun. « - G. B. if>5. — * Biograpldc iinkcrsclle ct portatirc des conlemporains, ou Dictionnaire historiqne des hommes de toutes les nations, morls et \ivans, qui se soul rendus ceU-bres depuis la fin du 18' siocle; publiee sous la direction de SI. Alpli. liACBE. Vn seul volume in-S" avec un Ailax de 200 portraits; Secoiulc parlie : livr. 22, aS . 24 (poz-rom). Paris, 1829; Anclicr Jvloy, et A', de Boisjolin, editeurs, rue de I'^cole-dc-Mcde- cine, n. 3. 3 cahicrs iii-S"; prixde la livr., 2 iV. (Voy. Rev. Eiic, t. XXXVI, p.4'i3,rannonce des pr«';cedentes livraisons. ) Les biographies d'hommos vivans out etc long-lcms I'ou- vrage des passions })oliti(jues et des haines parlicuiicres. Mais si Ton a pu coulesler autrefois la moralite des cntreprises de ce genre, qui u'avaienl le plus souvent pour but (pre de de- verscr I'injure et la calomnie sur les caracleres les pins hono- rables, on doil avoner qu'une biographic des hommes de noire epoijuc, redigee avec iinparlialiie , avci; moderation, ct d'apres des documens aulhentiipies, devient anjourd'hui un ouvrage a la I'ois estimable et utile, un antidote noces- saire co'ilre les mcprisables compilations que dicta I'esprit de pnrli aux terns de nos dissensions inicslines. — Aussi a-t-ou vu paraitrc plnsieni's biographies des conlemporains, pariui les(iueilcs nous n'ltesilons pas a (hmner la prclcrenct! a celle que nous aiuioncons anjourd'hui. JNous n'avons pu lire ec tant d'effronterie par yn\ des hommes les plus avcnturcux de I'cpoque. Mais les ecrivains d'aujourd'hui, blu- mant avec une amertume souvent injuste la dcpra\ation dc leurs devanciers, affectent une certaine pruderie dans leur langageet dans leurs idccs, qui ne s'accorde pas loujuurs avec les sujets qu'ils traitent. Les Allemands, qu'on n'a jamais accuse d'etre moins cliaslcs que nous, du moins daiis leur iiltL-rature, n'ont cu garde de s'elTarouchcr des scandaleuscs avenlures du seigneur de Scingalt, dont les mcmoires ne sont pas fails pour etre mis dar.s les mains des jeunes fiHes ; el qui, malgre toutes les coupures, n'en rcstent pas moins un iXfii monumens les plus curieux de la corruption gene- rale de TEuiope, il y a soixanle ans. Les deux nouveaux volumes , qui vicnnent d'etre livrcs au public, sont fort amusans. Casanova ^isile lour a tour lloiiie, 'Naples, Florence, Boioguc, Turin , Marseille, Paris, 5i2 LIYRES FRANCAIS. Londres, etc. Lcs pcrsounagcs qui ligiirent avec lui dans cett<; loiij;iic si ric d'aiUM'dotes phiisautes , ont obtenu dc la colo- biilr, nirnit.' de la gloiic dans plus d'linc carriere : ce sont IldphaH ISIengs, JT"nicl>elin(inn, lcs cardiiiaiix Albimi, Pas- siiinci, Tcniiburiiii, Puinsbict (rauteur dii Cevcle)^ Georges III ct la rciiic d'Anglctcnc, le chevalier d'ison, lord Herrey, etc. N'est-il pas lurieux d'approcher de ces homines , et de lcs voir, comme Ton dit , eu deshabille? Ainsi, pour fciix-niOmcs qui dedaigncnt rinlerct romauesque dcs me- moiies de Casanova, pour ccux qui Icur rcluscnt Ic merite d'ollVir unc pcinture animce ct fidclc de la vie interienre d'un sic'clc qui sera long-lcins I'objet dcs etudes du philosophe cl du nioraliste, ccltc publication conserve encore unc grande parlie de I'intcret historique, puisqu'cUe contient une ga- Icrie de poitraits, ou prennent place taut de grands nonis, taut d'iliuslres talens. a. 195. — Notice bingraphiqtie stir le general Jackson, president lies Etats-Unis de I' Amcriquc septentrionalc. Paris, 1829; Bar- rois aiue. In-8° de 27 pages; prix, ] I'r. Cette brochure a cte provoquce par un article du Journal des Debuts, ou le geueralJackson est trailo severemeut. L'au- tciu- de cet article n'a pcut-etre pas pris la peine d'ecouler aUernativement I'accusation et la defense ; uu citoyen des Elats-Unis a crn devoir justifier les suffrages de ses conipa- trioles, et retablir dans I'opiuion de TEurupc rhommc illus- Ircpar des services emincns rendus a sa patrie, et par les te- inoignages les plus eclalans de la recoimaissance publique. Cest a M. "Warden, ancien consul dcs Etats-Unis a Paris, que Ton doit cette Notice ; mais il avait etc devancc par M. Eaton, .'•('•naleur des Etats-Unis, qui a public a Philadelphie , en J 824, un ouviage intitule : The life of Andrew ikCKS,(m, major general in the service of the United States, etc.(i). M. "Warden, (juile cite, s'appnie principalement sur I'importante autorilc lie ce document, aiiquel le collaborateur du Journal desDebats n'a ceilainenu'ut point cu recours. On y trouvc, sur Ic nou- veau president des Elats-Unis, plusicurs details que M. AVar- (\^\\ eut pu nieltre dans sa Notice , sans y ajouter plusde deux ou trois pages : mais il Taut se rappeler qu'il nc s'agissait que d'une reponse a un article de journal. On remarque, d'ail- leurs, (piel([ue diirercncc eiilrc sa narration et celle dc Al. Ea- ton, sur dcs objcts esscnticls et caractcrisliques. M. "Warden n'a point parle des intrigues qui cssaycrent de desorganiser lcs milices americaines, apres la vicloire, lorsqne les Anglais (1) lii-8" dc ^iCtS pages , avec le poi trail du geneial Jackson. SCIENCES MORALES 5ij rcliros siir leurs vaisseaux pouvnieiil encore tenter unc das- ceiite, et chercher ii prendre leur revanche ; et, en effet, un debarquement fut effectiie , mais sans aucun succes, grace a la \igilance et a la I'ermete du general Jackson. On voit avec peine que le consul (Vancais a la jNouvelle-Orleans n'e- tait pas cti'anger a ces coupables manoeuvres : il i'ut renvoye dans rinterieur, ainsi qu'un juge du tribunal, lequol s'elait cache au moment du danger, et avai< favorise de tout son credit le parti qui ne voulait point que la Nouvelle-Orleans se defendit contre les Anglais. Un journaiiste fut arrete; le gouverneur etait peu favorable i\ tout ce qui se passait dans une ville oil il n'etait plus le maitre, et ne prelait aucune as- sistance a I'arniee ameiicaine. Eufin , la iiouvelle odicielle de I'd paix avec I'Angleterre fit tout rentrer dans I'ordre accou- tume. Le juge que Jackson avait bauni du pays iamiediate- nient soumis a ses operations mililaires viut reprendre ses fonctions , et son premier soin fut de se vcnger; Jackson est accuse, un long interrogatoire, auquel il devait repoudre, est redlge avecbeaucoup d'art; le general demande qu'il lui soit permis d'exposer les motifs de sa conduilc, le juge refuse et I'accuse renonce a se defendre, declarant se soumeLtre d'a- vance au jugement, tel qu'il sera prononce. Le juge le con- danme a une amende de mille dollars : une contribution des citoyens met sur-le-champ cette somme a la disposition du general. M. Warden aurait du dire que cette oflre ne fut pas acceptee, et que Jackson pria ses concitoyens de consacrer le produit de leurs contributions au soulagemenl des veuves et des orphelins que la derniere campagne aurait plunges dans la misere. On regrette aiissi que la i^olice ne disc point que ce genereux guerrier fut constamment atlai he au parti republicain; que I'ordre scriipuleusenieut observe dans ses aftaires domestiques est un garant de celui qu'il mainliendra dans celle de sa patrie. L'homme (|ui a pris I'habitude d'ac- complir ses devoirs, de tenir ses engagemens et ses pro- messes, sansdifferer un seul moment, ni rien omeltre,et (|ui, pendant plus de quarante ans de sa vie sociale, se montia tel qu'on le voit aujourd'bui, ne changera point a I'age de soixaute-deux ans. Le lal>leau de cette vie est plein d'inlerel ; les k", teiirs qui ne sont pas a poitee de voir la peiuture (pie M. Eaton en a faite ne regretteront point le terns qu'ils au- ront passe a parcouiir I'esquisse tracee j>ar M. Warden. L'ouvrage de M. Eaton, modiile par quelques additions et par quelques retranchemens, serait un piesent a faire a nos collections historiques. II conviendrail, en le traduisant, de T. xi.i. FEVKitn 1829. 5JJ 5 J 4 LlVliKS FRANC VIS. consulloi Ics liiilh.'lins angliiis <'t Ics aiilrcs iiaira'ioiis >i(; la canipajiiu' dc la Noiivellt'-OiK'ans , {Hililircs en /\int''ii(|iio ; mi ajoiilt'iait (Ics cartes, olc. ; il landrail (\uv Ic liaJuclcur tVit iiii- lilairc, inslniil dans; tonics Ics parlies de Pari do la };;iierre; snrtoiil , il laiidiail cnic ses opinions polili(|iics I'lisscnt jjrandes el gcMcrcnscs, coinine cellos de I'ecrivain donl il seiail Tin- lerprele. l/AnK'ri([ne possede aclnelleinent dcnx lionnnos sur Ics- qncls reposeul les phis grandes osperances , Tails ponr s'en- teiidre el agir de coiicerl ponr le bonlienr dn inonde, Iniidis que cliacun en parlicnlier s'occiipera des intcrels do sa palrio. l/lMiropo no les jngera (jn'a la fin dc Icni- carricre polili(pie. l',l!e porte alleriialiv ( nieid ses regards snr la (loloniliio el snr les Klals-Unis; pnissent ses \ornx eire exances! il siiflil dc jetcr les yeux sursa position actnelle pcnir elrc persuade rpie les aniclioralions fpi'clle icclameni pourronl elre secondces pnissaniiuenl par re.vcinj'.lc de ryViiieriijue. V. Kjt). — Lc livrc iioir dc MM. 1)ei.a\ .vrr/ Fbanchet, nii Ri'/nr- ioire alpliahciiqite de Ui polici poliiuj.iic sous le nilnislirc drplorn- hle ; ouviago inipriaie d'apres les regislres de Tadministra- lioii; precede d'linc introduclion, par M. Annue. Paris, 1829; IMoulardier; f\ vol. in-8"; piix, ?,() tV. Ot oiivrage esl nn de cenx qui serviron! a caraeleriser Tespiil dn iiiinistere tomlie en 18^7. On y voit combien il esl dangerenx de conficr a des mains inlialiiles cl corroinpnes les eniplois anxqnels se rallaclieiil les giands intcrels de la societc, el quel elait le systeme politique do cos honimes qui laisaienl consisicr la I'oii e el la snrelc de I'Klal dans nne ar- mee d'espions. Line introduction, lorl bicn ecriic, (-oiilienl nn precis his- loriqne de riiupiisilion , ou de la police polili(pie jiisqn'a nos jonrs. Apres avoir signalc tons les ravages que ce fleaii cor- rnplcnra exerccs sons les nianvais gonverneinens qui en c^nl fail leinanxiliaire, rauleui' insisto sur < cite verile : que, dans nn I'itat 011 chacnn a le droit de so pniter acciisalcnr devant les tribunaux, les dclalinns, les rapports secrets, les reclier- ches inqnisitoriales sonl sans uliiite. Cest an Directoire cxecnliC que I'til due principalenieiil la reorganisation de la police d'espiiMinage en France. Sons I'Empirc, on comptait prosqiie anlanl de polices dilYerenles (jiie de grandos anlorites civiles on mililaires. Les espions du gouvernemcnt imperial snrvecnrenl a sa clinic; hientol se joigniient a cux les ageiis provocalcnrs. lis fireiil des conspi- riUions, excilereiil a la revolte ; lantol , par des »vis donnes SCIENCES JlOr.ALES. Si 5 (liins I'onibiv. comuic riundon a Bordeaux; taiitof, A ia claite du jour, coinmc ;'i IJefort. On les vil paraitre dans les riics {\c Paris . diirant les saiiglaatrs soiriJes de uovcinbrc. Nous citorons particuliereiuent les rapporls qui dt'-voilciit Ics miserables iutrigut'S doiit I'anihas-ade rspagnolc fiit I'oi)- jet, en 1822, a I'epoque du gouvernenient des Co)tt's. Lechel'de la police centrale, int'orme que les Espaguols residant a Paris s'occupaieul d'embauclier secreteuicnt des ofliciers de I'ancienne arniee IVaneaise, pour grossir Farnice dite consliiuiionnelle , en Espagne, introduisit un de ses in- specteurs chez le due de Berwick, pour lui deniauder les nioyens de faire employer uu ofTicier franeais a Tarmee cons- titutionnelle d'Espagne ; I'iuspecteur s'iusinua danslaeonfiance de ^t\. de Berwick, en se preseutant a lui de la part de la princesse Santu-Calaldo, et il futniis en rapport avec M. Vi- niga, troisieme jsecretaire de I'anibassade espagnole , dont il feignil d'embrasser les opiiuous avec cbaleur pour etre ad- mis dans une partie des secrets de son gouveruement. M. De- lavau croit voir une grande conspiration dans les mesures prises par ia legation espagnole pour assurer des del'en.-eurs a la cause coustilutionnelle, dans la Peninsule ; et cependant, cette cause etait aussi i , formerait, non {)as un livre, mais une bibliotheque. C'est ce qu'ont fort bien senti tons nos lexi- cograpbcs ; car, quoique mademoiselle Fam-e s'etonne (p. 5) «|u'un ouvrage de ce genre ail manque jusqu ici, il n'en est pas moins vrai que tons nos lexiques (exceple les dictionnaires dc poche) oflrent les mots avec leurs diverses acceptions : (1) II i'aiil iiKiiic icniai qiioi qu'il ii'i -.1 [uis c im|illilliiiiigiii;s oi Ki oin ; mais il en uublir (I'aulic.-- en in iia- 0//1 , ouin , ia , Id, ion , etc. .■ji" LIVRES TRAIN CAIS. la seiilc iJitVereiite entre t'ux et le travail du iiiaikiiKiij^ello Faurc, c'cst que cellc-ci cxpliqiie Ics diU'eieiices dcs mots jtar (Ics ojiposilioiis, des doveloppeiiieiis, dos anecdotes et loiit ce qui rend uu ouvrage agfeal)le a lire ; tandis que ceux- la n'emplnient que des signes typogiaphiques eomme || uu =. .Alais re qui peul se taiie pour uue centainc de mots se- rait tout-a-l'ait impratical)le s'il s'agissait d'une laugue com- ine la notre qui peut eu conteuir uiie treutaine de mille. Apri'S ccia, il taut dire que I'ouvrage de mademoiselle Faure est eciit avec beaucoup de grace, et merite de trouver de nombreux lecteiu's , siiion par son utilite, au moius , couune je I'ai dit, par Tagremeut du style. 15. J. 200. — *Tahle(iade la lit I cratiire franccdse au sclzicme sU'cte ; j)ar MM. Saini-Mauc Girardin el Ph. Cuasles. Paris . i8'2() ; Firmin Didot. Iu-8" de 565 pages. L'Academie liaucaise , avait propose, pour sujet du piix d'eloqueuce, a i;ecerner au mois d'aoCit 1828, le tableau de la mar('hc et des progres de la litterature fi'ancaise au sei- y.ieme siecle; k's deux discours qui ont partage la couronne et (pie Ton vient de pubiier decelent dans ieurs auteurs un talent rcniar(jiial)le. L'uu, vjf, Icger , spirituel , est la pcin- tnro lidele et animee de ces tems d'agitalion oi^i les esprits cherchaient a t'rayer des routes nouvelles ; I'autre , ele- gant et pur, et d'un caractere plus grave, retrace, d'une manieie plus large, plus etendue, les revolutions qui se pre- paraienl alors en litterature cumme en polititiue. M. Girar- din briile surlout par la varicte du style, lu finesse des aper- cus, par des pensees hardies, des saillies piquantes; il pre- sente a son lecteur une gaieric de [>ortrails dessines avec, une \ervc singuliere, et nous allons en detacher quelques traits pour 'aire connaitre I'ecrivaiii. «' Kdiicaliou , polititjue , morale, legislation, Rabelais Iraiti; de tout dans son livre , el pai'tout ses idees devau- i cut les opinions de son siecle. Punucrates, dans reducatioti de (iarganlua, prend hardiment le coutre-pied de I'education (les ecoU's ; il laisse la I'aison se developper ])eu a pen; point de conlrainte ni d'autoiite magislrale ; il enseigne a refle- ehir, voiLi le but de ses soins. Faisaut deja ce que nous es- ;-ayons encore de faire, il niele dans I'education de son eleve a I'etudedes lettres I'etude des sciences naturelles. La science /lunnrale , ce sent uos mathematiques et notre geometrie ; la lutte, le saut , la nage , le cri pour forti/irr Ics /Miaiions , i''esl notre gyumaslique ; ces pi'ouu'uades dans les ateliers des artisans et des londeurs , ce sent nos cour? du meca- Lii"i\.RATljUE. :>ij iiiqiic cl lie chiiuii' appliques aiix ail-- ; eiifiu , (iaigaulua va oiiif Ics lecon? jniljlkiiics. Que pmurait-il laiie de uiieux ciicure aujourd'hui? ceiles, c'eiail la uii plan d'etuilus uou- \eau el tenieiaire ; le siecle s'ea alaiiua-t-il ? nou ; ea iit-il son prolit? nun. II pcn.sa qu'un enl'anl qui avail une cheuiise de 900 auncs , el qui porlait ordiuaiienienl une ecritoire pe- sant sept ceiifs ijiiiiitaux, ne devait pas ctre eleve comnie un aulre eculier; que e'elait la une edutalion chimeiique conime le personuage lui-meme , et qu'enfin lorsqn'on n'etait pas geanl el fds de geanl , il I'allait s'en lenir a la vieillc uielhode de I'Aeatleiuie de Paris.... ilabelais a peint son siecle, maisil ne I'a pas caique ; 11 a pris ca et la les traits de ses persun- nages, mais il n'a fail le portrait de personne. Voici vcnir Panurge ; je le reconiiais deloin a son air elironle , niele de valet et de grand seigneur; Panurge est l)avard, grand diseur de bons uiols , jngeanl libreinenl de tout, mais ne soutenant jamais ses opinions que jus([u'au feu e.rclusiveinent , resei've utile dans un terns d'lieresie. C'est une espece de Figaro du seizieme siecle. II parle loutes les langues, connait toutcs les philosophies, arguniente par signes ou pur paroles, et (leconcerle ses adversaires A iorce J'impudence et de gaite ; du reste , intrigailt, goguenard et pret a lout. A la guerre, Panurge ne se bat pas , mais il cgorgcltc les cnnemis qui soul renverses, et, bon catliolique, preche les gens qu'il tue. !mi administration , Panurge est un grand financier ; ii a Gj manieres de trouver de I'argenl , taut il connait bien ia ilieoiie iie Timpot, et •i.\!\ manieres de le depenser ; quand il n'u rien , il fail des dettes, ce qu'il appelle fonder le cre- dit , systeme qui a fait , dit-on , ecole en Angleteire et en France; siutout ne lui demandez pas quand il paiera ; « car qui sail si le monde durera eiu'ore trois ans. «Eh bien! qu'est-ce (pie Panujge? est-ce I'eveque de Valence, le cardinal de Lor- raine, ou jlabelais? Et ntin, c'est Panurge, personuage nou- \eau que Uabelais a mis au monde et qut: je reconnai.^ quand je le renconlie ; pour doter Panurge de taut de vices et de passions divt r.-es, il fallait plus que le caraclere d'lm cardinal, d'un evcijue tt d'un moine apustat ; chacun a la cour don- nait sa quote-pait. Ilabelais allait de I'un a I'autre; monsei- gneiu', un pen de V(ttre rancune , un pen de yotre prodiga- lile pour nion Panurge. — "Monsieur, un pen de voire insou- ciance et de voire geiiie d'intrigui!; — et vous, sire docteur, un pen de voire erudition ; c'est pojr mon Panurge, il s'en servira pour amuser le public (pie vous ennuyez; puis, rentr(!; cIk'z lui , et iiuti, disait Uabelais, ne donuerais-je rien ? Alors 530 LIVRKS FilANCATS. si, (Ml raisaiit son cxaincn do oonscionce, il troiivait qiicl((ii(' vice do bon aloi , lo g;ofit dc la table on IVsprit dc salirc, il fc partagcail do bonne grace avec son heros. » Si M. (lirardin remporle par la vivacite , par nn stylo gra- cienx, s'il retrace inf^onieiisoment les scenes vivanlos qui passont sons ses yeux, M. Cliasles sc distingue par une ri- chcsse d'expression pea commnne; ses pensoessonvent ener- girpies soiit toujours revotnes do coidenrs brillantes. "Bientot iMontlnc, cadet de Gascognc, tour a tour protostant et catlio- lique , d'une jactance soldalesf(ue , d'nne ferocitc sangui- nairc , aproG avoir vendn aux divers partis ses services et sa barl)ario , met a profit lo rcpos de ses vienx jours et raconte ses exploits pour rinstrnction de la jeune noblesse de France. Cost rexehiple le plus etonnant de la terrible onergie dc style a laquolle pouvent attcindre la vigueur du caractere et , si je puis le dire, la franchise dn crime. Montluc ne se repent point de ses meurtres; il en jouit encore; il retrempe sa plume dans le sang qn'il a vei'se; « anx guerres civiles, dit-il sans detour, il faut etre mailre ou valet , vu qu'on de- meure sous le memo toit, alors il faut en vcnir a la cruaule. » II part dc ce principe , et vous le suivez avec terrcur dans ses expeditions perillcuses , meurtricres, mnltiplices ; le fa- rouc'ho capitaiue vous montrc encore los cadavres de ses en- nemis; c'etaient la les enscignes qu'il laissail sur los cliomins pour tracer sa route. Cot homme n'a de gaite dans ses Me- moires que lorsqu'il redit des massacres ; partout ailleurs c'est une fermeto, une impctuosite toute guorriero dans I'ex- pression , une brusqiierie de style dont I'elan pittoresque est encore de roloquence. » Parlant desprogres decette langue francaise([ui futenquel- que sortc donouee parle genie dc Montaigne, il s'exprime ainsi : « Hardi, lil)re,passionuo, vigoureux, mais sonvent confus, le style, a la fin du iG'siecle, se rossentait a la fois de Timitalioa ue I'antiqirile et de la liborte des guerres civiles. IMus tard, lorsque la sociotc francaisc cliangca de forme et devint une monarchic absolne, temperee par la grace des mfieurs, I'em- pire de I'honnenr ct celui des fommcs, lo langage et la litte- rature recurent une emprcinle nouvolle , tout se soumit dans I'art d'ecrire et dans la vie civile a la convenance et au bon gout. Notre langue devint line langue de choix, de simplicite et de raison ; le parlor naif, brof, vigoureux, colore, des Woiitaigno et des Lanoue, ful d^s lors une langue morte, distincte do cello des Hacine et des Pascal par ses de- fauts comme parses qualites; la sociabililo francaisc, I'heu- LTTTERATIJRE. 52 1 reux tour cles conversalions du grand inoiide , le ton logcr et facile de la cour pcMictrerent dans le style; enfin, la lil- teratnre du dix-septienie et dudix-huitieme siccle, I'idiome lu- cide , noble, elegant, que I'Europe adopta dans ses relations, ne rcssemblerent pas plus a la litterature et a la languc de notre pays an seizieme siecle , que la France de Charles IX et de Henri IV n'etait cette brillante patrie de Louis XIV et de Conde. En indiqnant les contrasles, ne negligeous pas les ressemblanccs. L'influence classique se perpetua : le genie caustique de Villon et de iMarot , la penetration satyrique de Rabelais, survecnrent a toutes les revolutions. » Lamst. 201. — Ln France consiitiitionnclle, epitre a A. V., avocat; par M. GtiTno Coreistin. Paris, 1829; les marchands de nou- veautes. In-8°; prix, 1 fr. 202. — Ln Maleide, reponse a I'EpUre ati.v mules de D. Mi- guel, de M. Viennet. Paris, 1829; Delangle iVcres, rue du Batloir Saint-Andre-des-Arts, n° 19. In. 8"; prix, 2 I'r. 2o5. — Epitre anx convenances, on monapologie; par J. P. G. ViENSET. Paris, 1829, Eugene Ilenduel, rue des Grands-Auguslins, n° 22. In-8"; prix, 1 I'r, 204. — Melodies franfaises, el Ctiants sacrcs, par M. A. Le- FLAGUAis. Paris, 1829; Dondey-Dnpre, pere et fils. In- 18 de 252 pages ; prix, 5 i'r. 5o cent. 205. — Le Mcneslrel, poenie en deux chants, par «/«»ies Beattie, L. L. D; avec unEssai siir lavi'e de I'auleur, etc., etc.; traduit de I'anglais, avec le texte en regard, par M. Lohet. Deuxicme edition. Paris, 1829; lloret, rue Hautefeviille. In- 18 de 2i4 pages; prix, 3 fr. 5o cent. Le mois qui vicnt de s'ecouler n'a pas ete moins fecond que le precedent en productions litteraires. C'est la nieme variete dans les compositions, et, si nous retrouvons dans quel(jues-uncs la preoccupation des graves interets soide- ves a Touverlure des chanijjres, d'auties, par leur forme toute poelique, echappent a cette coulcur du moment. Parnii les premiers sera compte lAI. Grvno Corentin, qui a chante, sous la forme d'une epitre, la France constilution- ncllc. Le plan de cette epitre est sage, et le developpement des idees n'ote rien a lem- chute : c'est un hymne a la li- berte, sous une forme historiqne. Le poete suit son heroine dans tons les incidens de sa vie aventureuse ; il la voit .» apres avoir triomphe successivement de la haine ingrate de ses adversaires et de I'aveugle fanatisme de ses adorateurs,. regner sans obstacle dans la France , lui presenter, comma un premier temoignage de son amour, le libre essor de la 5 2 1 MVHES rnA^cvis. prcsso cl riiuli''pfii(l;iiii'o ilcs ciillcs, et pour gai'aiUio dt; l';t- veuir , la jeiiiu'ssc qui croil :\ rombie dc sos sages iuslitii- lious. Kiilin , !\1. (Juyho diMuande au licl qu'il liii soil per- mis de inomir un jour avec son ami pour cello liljerle qu'il a (ihaulee, tl achevc digneinent, par cetle pensee religieuse el loucliaule , relte epitre inspiree par les plus nobles senli- mens. Le poete sail avec le niume honheur preler une forme piquanlc el spirituelle a une plaisantcrie fine , ou a une pensee haute uue expression simple el energique. Ce qui nons parail nuniquer a celle epilre, ce n'est ni la verve , ni I'elevalion, mais la richesse et I'harnionie : une Iransilion brusque Iraliil rarement dans 31. Guyho rinexperience de I'ecrivain. IMais , s'il sail se menager des transilions , il ignore I'art de les presenter avec elegance : des que la pensee oesse de le soulenir, le style perd sa precision et les mots s'encliainent sans grace dans une phrase vulgaire et sans conleur. En resume, I'Epilre de M. Guyho revele un talent vrai, mais un de ccs talens qui donnent , des lenr de- but , la mesure de leur force, et qui , n'ayant ni les qnaliles ni les defanls de la jennesse, ne laisscnt a la critique que le soin de leur marqner leur rang. Le passage suivant donnera line idee de la maniere de I'auleur : L'aiitie nous [uouve enfiu, par im calcul tout clair , Qi!<", |)ar le tenis qui court, les rois coutenl trop clicr 11 |>ouna quelque jour, i>ai' pure econouiie, Des pouviiiis (le I'Ktal rayer la nionarcliie; Mais il veut I'ecorner, du nioiiis , en allcndaut; El dc lui-nirnic (■ullu ne scia pas content Qu'il n'ail vu (l<^ ses yeux , ainsi i|u'un siiopic ineuibre . Le pi<''sidei)l CiiilU'; gagner a pied la cluinibre , Kl qu'ii li'ail cnvoye, par un arret fatal, Les iiiinislies d'Elat uiouiir a I'Lupltal, etc. iM. ViENNEr, poele , u'aborde pas la pidilique avec la meme gravite que iM. Guyho ; personne n'a oublie I'Epitre aux mules de D. Miguel. ( Voy. cl-des.^iLs ^ p. I'^Tt. ) Ge badi- nage en a inspire un autre. Un homme d'espril , qui; pb.i- bieius out crii recoimaitre sous le tilre grotesque doiit il s'est aH'uble, a repondu, sous lo nom dc M. Delacour, iotieur de carrosses, a I'epltre de 51. Vieunel. :M. Delacour, lid< le a sa patenle, reproche, des le debut, a iM. \'iennet, de n'asoir pas choisi ])onr tnontcr an Parnasse nue monlure plus noble qiu' les (|uadrupcdes metis de 1). (Miguel; puis il s'etonne (pie Ic Uiildo depute, deienseui naluiel de toule? le- IDiciv- LITTl^RATtlRE. 530 tos , Irouvc encore ilos inspirations ponr lallcf^itimite d'Aris- tute.';lci M. Dehu'onr fait nn appci a la fonscieiiiH' portiqiu; de M. \iennet , en qui on aimcrait a voir le retbiniatenr de^ denx camps livanx phitot (pie ie niissionnaire de I'nn ; puis, a la faA'cnr de cette obligcantc profession de fcji, il essaic de d6i'ol)er.qnelqnes nonis anx aiito-da-fe classiqnes dn poete satiriqiie. Tel est ie plan de cette legere composition pleine de saillies heurenscs (pii ne respertent pas tonjours la cesure. L'espiit du poete, dedaignant de sacrifier ses traits les plus simples aux exigences de la versificalion , se soucie peu de cctto elegance continue qu'on a si bien nommce le tissu du style. Aussi chercherais-je en vain une tirade a citer; il me serait plus facile de choisir cinquantc vers heureux, pris isolem.ent, mais dont le charme se perd dans des periodes sans elegance et sans gruce. L'esprit de M.Delacour ne s'est pas renferme dans les bornes de 'es vers : son pceme' a la pre- face d'usage et les notes obligees. Mais, en bon mari, 'e poete a laisse a madanie Delacour le soin de cette parlie (!e ses oenvres : ct cette fois, i'esprit n'a rien perdu pour parler en prose : le conniienfaire vaut le texte, et la posterite, s'il en est une pour la Mulcidc, donnera une part a madame Delacour dans rinimoit:ilite de son eponx. L'epigraphe de la ;\luieide nous.apprend que son antcur a vu deux liommes dans iM. Viennet, le depute et le poete, et n'a pas cru que le poete dCit reno'icer a son talent en pre- nant place dans la chambre legislative. Plusienrs critiques se sont montres plus soveres; c'est pour euxqueM. Viennet a eciit "son apologie sous la forme d'une epitre aux conve- nances. Horace, Perse, Juvenal, Uoileau, ont ecrit leur apo- logie; tant d'essais divers rendaient au poete moderne Tori- ginalite diiTicile, disons mieux, le dispensaient de I'origina- lite. Le cadre etait donne ei ne laissait au dernier venu que le soin de substituer aux ridicules d'antrefois des ridicides conteniporains. II ne lui restait d'autre tache que de donncr a la pensec une forme nouvelle et, pour aiiisi dire, une pbj- sionomie personnelle. Apres une vive apostrophe aux con- Aenanccs, le poete passe en revue tous les homuies d'Etat qui, pour litre legislateurs, n'ont pas dit adieu a I'inspiiation, (lepuis Solon jusqu'a ce Canning, qui : Avanl de prendie en main la liberie du inonde , .\vait contre la notre exerce sa faconde. A cette apologie par I'liisloire succede uno juslification logique. La vorile, cpie M. Viennet a jure de defcndrc aura- 524 LIVRES FIIANCAIS. l-ellc inoins dc lone , lors(|(ic lo lalcnt lui aura iloiiiic sa i'ornic ';' La satire a loiijoiirs clri)it a I'c.stinic lorsqu'ellc- n'csl pa.s Ic langage d'liu parli , iniiis riiispir;ition do la conscience. Eiifin, pendant que le Theatre Francaij se console a vco Hen- ri III des analliemcs de M. Vicnnet, le poete s'lmit a ses coIUgues pour appcler les hniiicres de I'Esprit saint dans la tribune legislative et la charile dans le ca'ur de ses critiques : il y a qnehpie grandeur dans cct a-propos. Le style dc cettc epitre est simple et naturel, mais la siniplicite y descend parfois jnsqii'a la negligence et le naturel jusqu'a\i trivial. La pensee s'y developpc avec mesure; mais, si la poesie n'en- ievc rien a la logique, la Ingiqne ne fait pas toujours une part assez large a la poesie. et laisse a peine an vers la rime et la cesure. Que M. Viennet donne a sou style plus de mon- vement et de variete, et , a defaut d'originalite propre, nous aimerons en lui ce eharnie continu du style qui ne cree pas une ecole, mais doniie des lecteurs et justifie I'estime. Hatons-nous de sortir de cette litterature encore tonic palpitante des passions du jour. M. Lefiagcais a reuni, sons le titre de Melodies fr an caises et Chants sacrcs , mi melange d'inspirations pienses et de chants profanes, auxquels il a es- saye dedonnerpar I'exprcssion une leinte religieuse el melan- coliqne. La pensee du poete a rarcment de I'originalite; lorsqu'elle arrive a I'esprit du lecleur dcpouillee du cortege de ses formes plus harmonieuses que precises, on s'etonne de retrouver une idee connue que I'ecrivain s'est efforce de cacher sous la langnc poetiqne du jour. IMais il est hon dc dire ce que nous entendons ici par ces emprunts. II est telle pensee qui nait dans toutes les ames a la presence des grands spectacles et des grands eveuemens, et qui n'a besoin, pour etre sublime, que d'etre revet ued'nne image \iveet inatteudue; ainsi ces grands contrasles de relevation et de I'abaisscment , si vulgaires dans mie bouche vulgairc, deviennent tout a coup pnissans dans la bouche d'un Bossuet. C'est ainsi que le genie doit a I'energie de I'expression le droit dc tliie siennes des pensees qui apparliennent a tons, et qui, une fois deponil- lees du piestige de I'eloqucnce, rentrent dans le cercle d'i- dees vulgaires que toutes les rhetoriques ont fletries du nom de lieux commuus. Ces pensees se rencontrent souvent dans les vers dc M. L-eflaguais; mais dies y sont sans ces vives images qui les mettent en saillic , sans ces nobles mouve- mens qui animent ce qui vient de I'ame et s'adresse a I'ame, sans cettc exprcssiou simple et forte qui les individualise ; et commc d'anitrcs ont trouve ces imago*, ces mouvemcns. LITTl!:RATlIRE. SaS ces expressions, c'est en ce sens que les pensees de M. Lefla- giiais nous paraissent cmpruntces a d'autres, II en est pen, cneflet, auxquellfs ne se ratlachent dans I'esprit du lecteur, quelques beaux vers des Meditations, on quekjucs holies pages du Ghiie da Cliristianismc, qui ne servcnt qu'a faire rcssortir, par leur eneigiquc siniplicite, I'elegance deplacee de I'imita- tion. Ce ne sera done pas dans les sublimes inspirations du christianisnie et de la pliilosophie qne nous cliercherons le talent de M. Leflaguais ; sa muse s'y sontient avec peine, et sa versification y perd son aisanee et son harmonie. iMais s'il est dans ce recueil quelques-unes de ces compositions legeres qui n'exigent que de la grace et de I'elegance , c'est en les citant que nous aimerons a faire oublier la severite de nos critiques. Tel seralemorceau suivant, qui a pour litre : La Fiancee da niatelot. Qui me rendra celui que j'aiuie ? Qui me rendra mon bien suprt-nie ?.... Mon cceur n'est plus depuis loiigtems Le nitnie, Comme un songe out fui mes mumens Charmans. Je crains tant pour lui la tempete ! J'appelle , en pleurant, sur ma tete , L'orage alFreiix qui sur les ruers S'arrete ; Sa nef me rend les flots amers Si clieis ! Mon ami ne voit plus la terre; Au sein du danger il espere , 11 reve encore un aveiiir Prospere ; Je veux , s'il ne doit rcvenir, Muurir. \ Mais, quelques strophes heurcuses suffisent-elles k la re- nommee d'un poete? Nous n'oserions decider; mais en li- sant ces vers pleins de pensees etrangeres, mais en lisant plusieurs norns celebres en tote de quelques morccaux , nous craignons que W. Leflaguais, preoccupc de la gloire des poetes qu'il aime, n'ait pris pour de la vocation son en- thousiasme pour le genie. Reposons-nous enfin de cette revue d'ecrits contemporains dans I'examen plus calme d'un poinie qui n'a plus rien a attendre de la renommee : LcMcnestrel, deBEAxxiE. ((Beattic, ecrivait, au mois de juin i8oi, vui jeune homme qui de- aaC) LlVili'S KilANCAlS. |Mii^ a I'ait Le Genie dii C/irislianismr ; Bontlic, (jiii u'osl ja- mais (l(>st(Mulii lie son desert, simple iniuistic. ot pioi'esseiir (Ic ])hilos))|tl)ie ilans line petile ville a\i nord de I'Eeosse, a tail entendre dcs chansons d'lni oaracleie toul nowvean , et louche une lyre qui rappelle nn pen la harpe du harde. » Beat tie a essaye dc peindre les premieres emotions dn g;c- nie poetiqiie dans I'ame d'nn jeune berger. Je tie sache pas de sujct (]ui se prete plus merycillensenunt a loiiles les re.s- sources dn style et dans lequel Ic poelc pnisse s'ahandon- ner a\<.'c plus ile conliance a renlraineinent de Finspiration. Mais il nie semble que Beatlie ne s'est pas tonjours eleve a la hauteiu' de ce magnifique snjet. Ne au milien des sites piltoresques dc I'iicosse , et encore plein du souvenir dc ses pelerinages aux loches de RJorwen , I'autenr place son heros en presence de la nature, et lui deniande comptc de ses impressions; et c'est la qu'il est vraiment poete. ftiais, des qu'il a cesse de contempler la nature pour aborder le Uionde ideal, veritable region de la poesie, sa pensee de- vient commune, cl rilegance de Texpiession la sauve a peine de la trivialite.« En general, a dit M. de Chateau- briand, les liomiues d'une imagination brillantc et tendre ont pen de prot'ondeur dans la pensee. « iNous oserons ajouter, poiu' completer I'idee du grand ecrivain , que si les ames leudres et reveuses ont pen de nonveaute dans Icurs idees, elles donnent du moins a la forme de ces idees un tour viF, mi mouvement senti qui appelle la pensee et la reflexion dans I'ame dn lecteur. Qnoi de plus trivial que eette idee, tl faut monvir! Et cependant connait-oo heaucoup de vers qui don- nent plus a penser que ce distique de M. de Lamartine? Nous avons rnspirt cet air d'lin auUe iiionde, Elise !.... et cependant on dit qu'il faut uiourir! Reattie a pen d'originaiile dans la pensee, et la verite exigc que nous ajoutions qu'il n'a pas non plus ce patheti(jue de I'expression qui degnise quelquelbis la iaiblesse des idees. Peut-etre sentait-il lui-meme que son talent ne I'appelait pas a peindre le monde moral, puisqn'il a donne i\ la na- ture exterienre une si grande place dans sou poeme. 31ais, s'il a I'ait preuve en cela de ])on gout, il n'cn est pas moins \\n\ qu'il n'a presente qu'un cote de son sujet , et qu'il n'a pas revele toute la pensee du poete. Quel puissant interet n'eul il pas evcille en nous, si, moins preoicnpe par la na- ture exterienre, il cut place la scene dans !';lmc du licros, LITTKilATHRE. 527 iKins eui fait as.si.slor a reiil'aiileincut progrcssil" ilu gonic; pocliquo, t'l nous Tcfil inontri! sons loutcs Its formes sut- fessivcs qn'il empriintc a I'onfance, a la jeiincsse, a I'/igc iiiur, jiisqii'au joiii' 011 ilc iiiille impressions diverses se com- pose son caraileic individnel! La traduction do M. Louet est harmoiiieuse et coiorce; penetrant dans I'esprit de son auteur, il a essaye de repro- dnirc Toriginal avec tonte la variete de ses formes tour a lour fj^racicuses ou energifpies. Enfin, si AJ. Louet vent nous promettre de resserrer dans une troisieme edition son ele- gance Irop diffuse dans ses periphrases, et trop pen respee- tueusc euvers la hardiesse pittoresque des images, il no nous rcstera (|u'a Ic remercier de I'interessante notice et des notes curieuses que nous tronvons en tete de son livre. ^ious n'avons eu a juger, dans notre esquisse rapide, au- cune de ces liautes compositions qui arri\ent a la popularite par I'originalite des conceptions on la seduction du style. iVLus plusicurs prodmtions remarquahles i\ divers litres out dn nous convaincre que noire Fiance a , dans sa iitleraturc comme dans ses armees, ses lieros de second ordre, et que nul de ses jours n'est desherite de la gloire. A. 1). L. 20G. • — Clumsonsci Romances : par Antony CtAtiDius. Paris, 1839; Brissot-Thivars. In-i8 de 120 pages ; prix , 2 fr. L'auteur de ce petit volume, qu'il a dedie a M"" Desbor- des-Valmore , parait jeune encore ; et, s'il ne le disait lui- meme, nous nous en serious apercus en lisant ses produc- tions. C'est a ce titre, mais a ce titre seul que nous ne Ic decouragerons pas. ^ious cilerons meme quelques-imes de ses pieces, telles que la ResscniOlancc ; Ne riez pas, mademoi- selle; Attcndcz-nwi ; Ma sagesse; Demain, peut-ctve, il nc sera plus ieins; Plus qu'ane fois ; Tol , qui c/ianlcs si bien , etc., mm pas que ces pieces soient des modelcs a offrir dans leur genre : liien loin de l;i ; mais parce qu'elles prouvent que leur auteur p«'ut faire niieux , s'il se detie de sa trop grande faci- litc. Ln pen plus de soin , nn pcu plus d'art, par exemple, luiaurait fait tirer un meilleur parti de quelques-unes de ses pieces, telles que ie Secret du village, et Qu'ai-je done fait de ines lunettes , dans lesquelles an moins il y avait une idee. El que M. Claudius ne s'elonne point de nous voir parler de soins el de peines pour des pieces legeres et fugitives; Boileau I'a dit : II faiit, memo en cimn.wn , ihi Inin sens rf de I'ail , et Boileau avait raisou. E. IL 528 LIVRKS FRANCAIS. 20;-. — NoiivctuiiV clialoi^iics di\'^ Moris, par Cn. D'Oi'trepont. Paris. 1838; Firmiii Didut. ln-8" ile 178 pages; prix, 2rr. 5oc. M. Ch. D'Oiitrcpont avail doja public; precedeniment un volume de dialogues qu'un dc iios coUaborateurs a annonce dans cc recueil {voy. t. xxx, p. 523-524) , et dont le succes a dQ rencouragcr. On retrouve la meme variete de sujcts et de personnages dans ceux que nous annonrons aujourd'hiii, et I'auteur y donne de nouvclles prouves de ce bon goiil et de cette philosophie douce et tolerante qui lui ont nierite une place dislinguoe parmi nos moialistes modernes. Une foule de questions iniporlantes sont traileos dans ces dix-lmit dialogues (1), et souvent elles sont presentees sous nn jour neuf et inattendu qui pique vivenient la curiosite. Soil qu'il dispense Teloge, soit qu'il tlcverse Ic bhune sur les hommes ou sur les choses, M. Ch. D'Oulrepont nous parait loujours guide par un sentiment de justice edaire ; I'opinion gene- rale, d'ailleurs, ne lui impose pas plus que les reputations historiques les mieux etablies, et c'est toujours avec sa con- science qu'il juge.lSous ne saurions dire si nous nous som- mes laisse gagner a ses raisonnemens, ou si nous etions d'a- vance de son avis sur la plupart de ces questions; mais c'est avec un sentiment de salisl'aclion inteiieure bien reel que nous nous sommes trouves si souvent d'accord, en le lisant, avec un homme dont il nous paraitrait dilficile d'impronver I'espril, mais dont le caractere honorable ne doit certaiue- ment rencontrcr que des approbateurs. On I'a cepcndant blame, dans quelques journaux, a I'occasion d'un dc ses dia- logues, le douzieme du volume (|uc nous annoncons, oi'i Ton a cm voir une attaqne dirigee contre Beranger. La publica- tion du livre de M. Ch. D'Oulrepont, an moment on ce poite celebre etait condamne par la cour d'assises, ne pouvait passer pour une combinaison malveillante , puisqu'il ctait sensible, du moins a la reflexion, (|ue le dialogue incrimine etait ecril bien avant le proces. Si Ton avait mieux connu le caractere de rautcur, on lui aurait epargne un rcproche au moins deplace, auquel il s'est empresse d'ailleurs de re- pondre par un enlier et loyal desaveu des intentions qu'on lui avait supposees si gratuitement , explication qu'il avait meme donnee par avarice dans une note de son livre. Cette courle digression nenons a pas eloignes de notre su- jet ; mais elle nous oblige a lesserrei' en pen de lignes I'enu- meralion de quelques chapitres qui pouvaient donner lieu (1) Lc premier volume en cinilenail lixnio-si.f. LITTERATUrtE. Saj) ici h plusieurs dcveloppcmens utiles. Nous aurions airn]ic ne ratiliepas toujourslcs jngcmens, a conronne, il y a qiu'lques annees, ses Dcu:v App)-cniis , ouvi'age on Ton reconnait bien de ten;s a auti e I'auteur de la FamUlc GLinct et des Deux Anglais^ inais dont le style n'est pas tonjoui's avoue par Ic ]5on gout, el ou ia dechuisation preiid souvent la place de la saine morale. Ses jSouveiles sont mieux ec rites; elles sont surtout del)arrassecs des longueurs qin ont dii iaipatien- ter plusd'un leclenr, iors de la publication di^s Dciur Jpficnlis. M. Merviile y I'ait quelques excursions dans le doniaine de I'histoire, mais ce n'est pas en eleve de "Walter-Scott. Ses recils n'offrent point de f eintures achevoes des lieux ou des caractcres; I'erndilion n'enlrave pas leur ninrcbe rapide et animee. En un mot, ce ne sonf point des comjjositions d'un ordre aussi eleve iiufvanhoe ou les Piirilains; ce sont de sim- ples nouvelies qui occupent fort agreablement une heure ou deux. Que dire de Ja Cfiiite d'un grand hnmme , dont la vie de Rienzi a failles frais? RenvoycrM. Mardclle a I'liistoired'Italie ct a I'ecole de"NVaitei-Scoti ; lui rappeler que, s'il vent o'ltenir des lecteurs dans le public instruil ct eclaire, il faut, avant d'aborder le roman historlque , se livrer a des etudes lories et conscicncieuses. Kdi'dur, qu'une analyse de 3i. Jomaud a deja fait connaiire 53j UVRES FRANCAIS. dan? I'c rccuoil (Voy. Rev. Enc. , t. xxxvit, p. fij.") , jiisiifie Ics ('•logcs que lui avail donnos noire rollabnrateur, puisqiic I'ac- rueilcnipros?('' dii pid)lic liiipriH'ure iinosccoiidt; ('■dilion. a. iict. — L'Oplnioii ct i'.4mota\ Nouvollc conteinporaiiio, par inadaino de***. Paris, 1829; L. Janet. In- 18 de iG3 pages, avec gravure ct flcuron; prix, 5 fr. 5o cent. 2i4-- — J'f Bill dcs rlcclions, par Madame de***. Paris, 1839; Ic memc. In-18 de 167 pages, avec gravurc ct fleuron ; prix, 5 fr. 5o cent. C'estinio bonne idee, dont I'auleur cslimablc de la Famillc Glinct nous st'inl)Ic avoir donnc le premier rexcmpie, que du s'altachcr u la pcinlur:; de nos discordes civiles pour en laire ressorlir une Iccon morale ; mais pins les originaux do tos portraits seront pros de nous, plus nous serons a porh'jc de jugcr du merite ou du defaut dc ressemblanee, plus il vous sera difficile dc nous faire illusion sur les moycns que vous avez employes pour melcr avec art la fiction a la veritc ; plus vous aurcz de peine surlout a faire passer pour vrais dcst details trop ronianesqucs ou pcu vraisemblables, quoiquc vous les aycz saisis peut-etre d'apri-s naiure. ^'oila cc que nous dirons a rauleur dc ccs deux Nouvelles, en avonant d'aillcurs que nous en avons parcouru plusicurs parlies avec plaisir; ct ces reflexions porlerontavcc eiles quclqucs con- seils indireets, s'il sc destine a poursuivre la s\arricrc litlc- raire; car il est jeunc, il I'avoue lui-mcnie dans sa preface, el nousnous en serions doules, i\ en juger du moinsparqucl- qucs incidcns mal amenes, ou qui ne sont pas sulTisammcrit prepares. Nous uc sommes pas, du reste, aussi certains du sexe de I'aulcur que de son age, malgre ces mots dccisifs du litre : par madame de***. En clfet, nous lisons celle phrase a la page troisieme de la preface de ['Opinion et I'Jmoar : Trop pen avancd que nous sonimes dans la ylc, etc. Or, mic dame aurait ccrit avancce, a moins d'etre de I'opinion dc ma- dame de Scvigne, qui aurait cru , disait-cllc, avoir dc la barbe an menlon , si elle f'ctait conformee a ccrlaine regie grammaticalc conlre laquellc elle pcchait ainsi avec connais- sancc dc cause. 2i5. — Le Petit Magadn de Moder., dcdic aux dames. Paris, 1829, Lefuel. In-Sa de 191 pages, avec 13 gravures colo- riees ; prix, ,") k. (^•Ad dired'un ouvrage aussi futile, ou.l'on assure "qu'une glissade ou unc pirouette a souvent une grande influence sur le rcste de la vie. et qu'on vous juge quelquefois sur un cclwppr? » d'un livre qui a pris cc$ mots pour cpigraplu; : LITTMaTIJRE. — BEAUX- ARTS. 533 « La mode regie tout, souvent memo le nxodc de gouver- iicuiciil? » La modii a ses licences, niais Cc!le-ci passe un pen les boincs que j'y mets. Du icslc , si Ton consent u ne voir dans ce livre qu'un pe- tit volume destine u figurer sur la toilette de quelques ele- gantes du jour, on reconnaitra qu'il rcnferme heaucoup de ehoses a leur usage. C'est line macedoine de gravures, de prose et de vers comme on en lait tant, nous allions dire comme on en voittrop. E- H. Beaux-Arts. 216. — Dlscours prononcc d Aabagne, le 28 septcmbre 1828, par M. le comte de Villeaei've, prefet des Bouches-du- Rhone, « I'Inangin-ation da monument crige dans cettc rille en I'lionneur dc I'abbe Bariltclemy. Marseille, 1828. In-8". 21 J. — TXcstauvation du mausolce dcs comtcs dc Provence, Ilde- p/ionsc II ct Raymond Bcrenger IV, dans rcglise parcissiale de Saint-Jean, a Aix. — Proces-verbal. Marseille, 1828. In-8". Deux I'ois dans le eourani il'une annee, M. le comtc de \il- LENEitvE, prefet du departement des Boucbes-du-Rlione, a rendu solcnnellenient bonunagc ;\ des hommcs cele!)res , nes dans le departement qu'il adminislre. La petite ville de Cassis, on est lie I'ablie Barlbeleniy , de parens domieilies dans la ville d'Au!)agne , a place reccaiment dans son Hotel-de-Ville une inscription gravee sur un niarbre qui rappellc que ce sa- vant et elegant ecrivain y vit !e jour, le 20 Janvier 171C, et celte ville a de plus delibcrc d'elever sur une de ses places publiques une colonne servant a rappeler cet evenement. Lu villed'Aubagne, parunenobleennilation.a arretebientotapris de placer au devant de lamaison quel'abjie Barlbeleniy liabitait avec sa t'amille dans son entance , un cippe sur lequel serait consacre son buste. M.4e senateur Barikilemy a offert pour cet objet un buste en marbre, execute par lloudon. L'inau- giiration de ce monument a eu lieu le 28 sojUembre dernier. C'est dans cette ceremonie que M. de Yilleaeuve a prononce le discours dont nous veiions de donner le litre, et oi'i il rend homniagc avec autant de precision que de gout a I'admiialda ouvrage (FAnacbarsis. « La, dit-il, comme s'il s'agissait d'tin dcs empires de notre Europe civili^ce, on rtudie successive- ment la legislation dc Solon, el le gouvcrnement, lesmocnrs, les usages de ce peuple digiie d'un si grand inteiet, en meme terns qu'on s'introduit jusquc dans les moindres details de sa vie privre. On voit se developper les fails meinorables dont Tbucydide ct Xenophon ont trace rhistoire, ct qnc Barlbeleniy ^:>] I.IVIU-S r;!A!VCAlS. riippello, coinnic si c'clait a leur «''colo qu'il !?e I'M forme dans I'arl lie parlor ct d't'irirc sur la Grocc. « l.c secuiul (llscoiiis de M. dc Villcneuve a tic pronnnco dans ja ccrtiuuiiic dc riiiaiij;iiialion dii m uisol;''c (1( s comtes. de ProvciKO, ILlcphoiisc li cl ilaymond Bcrciigci' IV, Ic 12 novembrc dci'iiicr. Ilaymond Ecrcn^^cr TV, comle dc Provence, clanl mort on 1245, Beatrix dc Provcn.'c, .sa il!!c, roimne dc Cliarlos d'Anjon, lui ill clever iin mngnifique maiusoicc, dans I'cglise dc St. -Jean de la \ille d'Aix. Cc mt)nnmc:it, execute avec mie especc dc gies dont Ic grain est tres-fni, Tut terming en I'iSi , ot les restes dc Raymond I'ercngery I'uicnt dc|)(ses, coninic il ravail ordonnc lni-m6me, i cote de tcux d'Udc- phonse, stnipere. Sur !e sarrophage se voyait conclice la sta- tue d'lidephonse. A la droile et a la ganclie du monnment, construit en I'orine dc ohdpeile et en ogives, s'clcvaicn!, d'lm cute, la statue on pied, grande comnie nalnre, dc Uayinond Berenger, ct dc I'anti-e, ccilc de Beatrix de Savoie, sa m^re. Le depot dn corps dc Berenger ayant en lieu en i25i, tandis qu'Ildeplionse avail cte place dans le nieme caveau en laoQ, il I'lit pioct'ile a la verification dcs ossemens de ce derniiM', lors de la consecration dn monunient, et celte cc'rcmonie de- \inl le sujcl dcs bas-reliefs executes sur trois coles du sarco- phage. Beatrix dc Provence, moito en 1277, fut inluimec dans la nienie cglise, et il lui fut cleve un mausoice en face de celui (|u'clle avait ci'ige a ses parens, et orne d'nn nombie encore plus considciable de bas-reliefs et de Ogures en rondc-bosse. Ces deux nionumc'is, que M. dc 'Viilcneuve appclle jusle- ment dans son discovu's dc va-'itnblea chefs-d'a'arre, claisnt en elfet au nombrc dcs onvrages de sculpture Ics plus rcniar- (piables de leur cpixjue. lis fureni dctruils dinanl le vanda- lisane de i7<)J. In bon prCtre appele, en 1797,11 d^sservir reglise de St. -Jean, savant anssi recominandable parsa vaste erudition que par ses verlus aposloliipies ( jl. CaslcUan, cba- uoinc de la metropole) , recueillil les os;^emens dcs deux rois, ccux de Beatrix ne se relrouvcrent pins. Par une rencontre hcureusc. un lionorablo amalcur dcs antiquitcs de son pays, A. J. A. Fauris ds Scddl-Vinccnl , avait fait exccntcrdcs dessins exacts de ces dcnxmonuinens , lesijucls out scrvi de modclcs a Tiiillin ponr pubiier ses gravures dans son Voyage an Midi (le la France. Lii aulre dcssin phis ancien s'est reironve dan.s la prccieusc coUcclion de M. le marquis dn Lcguis. D'aprcs ics doMiiccs, M. Ic conite de Villcneuve a concu !a pcnsce dc iriiAlX-AUTS. — OIJVRAGES PiillODIQUES. 535 TLlablir dans sou premier olat !o lombeaii crihkplionsc ot tie llajmoiiulJereiiger. M. Tcmkand, archilocte du deparloineiit, a retr(juvc,d'apres les dessins,Ieplnndece lombeau, et tin sta- tiiaire noinme M. /)Vw//«?/<, domicilie a Aix, I'a reprodiiit en son enticr, dans les ancicnnes proportions, avec tontes scs Jigiires et lous ses ornemens. L'iiiangin-ation a en lieu en presence de toutesles notabilites dsi departement, magistrals, adniinistrateui'S, niiiitaires, professenrs de I'Acadeniie, meni- bres dessocietes savantes, fonetionnaires de tonles les classes. Une circonstance singidiere a repandu nn iionvel inleret »nr cette ceremonie, c'cst que le mausolee de Raymond Be- renger a ele releve par les soins d'nn des descendant de Uo- uieo de Villenenve, sage et illustre niinistre de ce prince, et que S. M. ie Roi Charles X, vonlant assister i rhommage que le deparlenient rendait i\ uu de ses aieux, a choisi pour lo representor ce ineine conite de A illencuve; de sorte qu'a- pres six cents ans, le prince et le niinistre out en quelqne »orte reparu , se rendant i'nn i\ I'antre, dans le meme pays, les niemes tenioignagcs de conliancc et de fidelite. M. de //rtH*>ri, archeveqne d'Aix, n'a pas manque de saisir ce rap- piuchement dans le disconrs par lequel il a ouvert la ccre- monie. Get excmple scrvira sans donte a sontenir et acci'oitre le zMe des magistrats et des savans, occnpes en ce nuinieni, tlans toiite I'etendne de la France, a reconnaiire , a de- crirc et a proti'-ger les monumens anciens de tons les ages dont notre belie palrie est encore dccoree. iMalheureusenient, parmi les inttressans ouvrages que le tenis ou le I'anatisnie revuhilionnaire ont abattus , il n'en est qu'un bien petit nondire qu'il soit possible de rctablir. E. D. Qiivrages pniodiques. 218. — * Le Prcciirseiir, journal quotidien conslitntionnel de Lyon et dn Jlidi. Lyon, i8'2g; prix de rabonnement, al,yo!i, (>o ir. 219. — * L'Jntl i'.e la CItorle, journal politique, lilieraire ct d'avis de TS'anles et des dcpartemens de I'Ouest, puidie tous les Ci^wx jours par M. Victor BIakgin. Nantes, iSufj; prix de rabonnenient pour un an, a Nantes, 5o fr. 220.- — * Journal de Nantes, le Breton, politique, sciences, agriculture, Industrie, commerce, litleraturc , beaux-arts , nnnonces jndiciaircs ct avis divers. Nauies, i82(j. Ce journal parait cinq I'ois par sciuainc : prix de ra!)oinicmeiit pour un an , a Nantes . .58 IV. 556" UVRES FRAN^AIS. aai. — * Lallevue dn I'Oaent. journal de la lillcrature iii- duslrielle deAaiitvs. Mantes, 1829. Ce journal parait tous los uicrcredis; prix dc ral)OiMicim'nt [loiu iin an, a Nantes, i5 I'r. 222. — *Lc IWnsirun , journal juilil'Kpie, judiciaire, com- mertial cl lLtU':raire du dcparleuionl dc la Seinc-Iurcrieure. Rouen, 1829. 325.— *JLc Propagatcur, journal du Pas-de-Calais, consacrc auxmatieres poliliqucs et lUteraires, au commerce ct i I'agri- culture, suivi d'une t'euille d'annonces. Arras, 1829. Ce jour- nal parait deux fois par scmainc; prix dc Pabonnement pour unan, dans rarrondissement d'Arras, 24 fr. Nous nous propnsons de consacrer cliaquc mois im article a I'observation des fails qui louchcnt plus immediatement les dcpartomcns, et a tout ce qui caracteriseau sein de nos pro- vinces le mouvemcnt d'une socicte progressive. Nous com- mcncerons aujourd'luii par jetcr un coup d'oeil rapidc sur quelques-uns des journaux qui s'y puhlienl. Ces investiga- tions periodiques nnusfouruiront naturcllcmcut I'occasion dc manjucr, en France, les progres dc I'esprit public qu'il ne faut pas coufondre avec I'esprit de parti. Ce dernier ne sc uiontre que dai»s les terns dc trouble : precuiseur des tcm- petes, produit des revolutions, il cnvcnimc les discussions les plus indiilerenles, provoque I'exagpration, altere la verite, aigi'it les cai'actcres, tausse les meilleurs esprits. L'esprit pu- blic, aucontraire, appelant dans la lice les interets divers, les lapprochc, les balance, leur donnc un librc dcvcloppcment et leur assigne une juste place dans I'organisation gcnerale : il anime les provinces d'une chaleur douce et fccondc. Sou influence salutaire appelle aux affaires les hommes doucs de connaissanccs positives, nourris d'idecs saines, amis du vrai et de la patrie ; c'est par lui que la vie de I'hommc isole s'e- tend , en agrandissant la sphere de son aclivite ; il degage riiabilanl des villes des pctites passions qui renvironnent , il donne de relevation a sa pensee par la contemplation des inlcrcts gcneraux, il salisfait son amour-propre , excrce son inlclligence ; ct, par son action continue, d'une agglomeration d'indi\ idus etraiigers les uns aux autrcs, il forme unc famiUo politi([ue resstrrce par mille liens communs. C'cst cet esprit pul'.lic , si puissant dans la vieille Angle- terre , qui, pendant la plus grande partie de I'annce, lixe dans les conitcs son arislocratit- territoriale , tandis que nos grands proprictaires vont s'eusevelir dans les fulilites de la vie dissij ce des grandes villes; qui la porte a s'occupcr avec energie et perseverance des intcicts de province, des amc- OUVRAGES P^RIODIQUES. 557 liorations locales , de la repartition d'une partle des taxes , del'exicrcife do la puissante niagistrature des justices de paix, et qui, propagtaiit aiusi jusqu'aux exticmilus de la Grande- liretagiie le niouvcment des idees , des moeurs, des affaires publiques , augmente I'existence individuelle de cliacun de toute la vie politique d'une grande nation. La France est appelce par ses nouvelles institutions a jouir des memes avantages. La dernicre loi sur la presse , joinle a la loi proseiitie sur les conseils communaux et departonien- taux, marqucra Ic point de depart de cette nouvelle ere so- ciaie qui aura sa marche et ses lois naturelles , distinctes de la marche et des lois naturelles des tcms anterieurs. Sortaat de cette lethargic politiijuc qui les rendaient esclaves des journaux de Paris et de riniluence d'une centralisation administrative poussee jusqu'aux dernieres limites, nos pro- vinces sauront micux apprecier leur importance. EUes n'at- tendrontpas, comme aujourd'hui, les oracles de la presse pcriodique de la capitale pour savoir si elles doivent craindre ou esperer , se plaindre ou se rejouir. L'omnipotcnce de la capitale , destructive de toute vraie liberte , se reduira a de justes bornes, et bienlot dans nos departemens Ton osera penser par soi-niCme , an hasard de deplaire a I'adaiinistra- tion et meme aux journaux de Paris. Ce servilismc moral et politique, mainlenu par le despotisme des gazettes actuelles et d'une administration toule imperiale dans ses formes, si- non dans son esprit, tombera le jour que les hommes attcn- tifs auront, an sein de nos grandes villes, un organe legitime dansdes journaux rodiges avcc talent, conscience et bonne foi. Dejii, depuis quelques annees, plusicurs journaux politi- ques sent publics dans les departemens. Les uns y voient un danger, les autrcs un point d'appui pour Icurs doctrines : nous y voyons toute au^'e chose. Si ccs journaux conlinuent, comme ils I'ont i'ait jusqu'a present, a rccevoir Icur mot d'ordrc de la capitale , s'ils n'osent pas , dans les choscs qui sont de leur competence, emettre des opinions indepeudantes de cclies qui rcguent a Paris, ils ne comprennent pas leur destination, ils manquent a Iciuiaandat, ilssc suicident volon- tairement. Qu'ils appcUcnt la verite dans leurs colonnes , qu'ils donnent toujours la plus grande place aux i'aits , que leurs discussions soient i'ranches , hontictes et mcsurues, ils rallieront, sans y penser, toutes les opinions justes, tons les esprils droits, toutes les influences legitimes. Qu'ils s'atta- client surlout u trailer des choses qui inlcressent le ])lus les localilcs , (pj'ils uic'tlcnl Ics abus au grand jour, qu'ilj rap- 558 LlVllKS FRAXCAIS. jwchIkm;! !i'S IV.its, (jr.'ils fassent jaillir la ItimiLrc, sansdocla- iiialioiuMnis luoif^in; iii violence;, ioiir aiilurkc s'cteiidra !)i(ii- lot;car il.sserviri>iilde I'oyor coiniiiuiia loiites los ohsorva lions individiiclles , qui , ejiar.-^es dans nos canipagncs on dans nos I'ctites vi!!os, rostcnl I'ntouies an detriment dii hicn {general. Dans I'etat acUiel des chosos, les journalistes do I'aiis, do ineme que les nratenrs A Atlienes, sont les niaj;;islrals snpre- nies de I'enipire; et cos homnies qui tranchent, qni decidcnt sur tout et a jiro])os de tout, qui, jaloux autanl des succes de !cur amour-propre que de ceux de la patrie, ne croicnt qu'en eux et ne pcruiettenl pas de penser aulrement qn'eux, «onnaissent-iis albiid Icshommeset les ehoses? ont-ils sonde les provinces jusqne dans leursentrailles? ont-ils pareouru la France dans tons les sens? I'out-ils envisagee sous tons les rapports? Loin do la , leur instruction est, en general, pure- ment lilteraire. C'est anx journaux des departemens que sont rcservt'es les discussions precises snr les petils interets , plus imnoiians qu'on ne pense , car de leur sominc se compose I'inleret ge- neral. C'est a eux a i'aire sentir le cote bon ou mauvais des theories nonvclles miscs en pratique. C'est a eux de nous (aire voyager dans cette immense partie de la France qui n'est pas connueal'arisetdontonnedaii>nepresquepaspar!er,etdenous la faire connaitre sous ses points do vue physique, agrirole, industriel, commercial, economique, slatistique, politi(|ue, moral et litleraire; c'est a eux enfin ;\ creer une eni[uete tou- jours ouverte, oi'i vienncnt se controler les renseignemens divers, ou Ton voit les i'aits se soutenir ou te lieurter. Qui pourrait , sans leur secours , nous I'airc apprecicr cette France des dcparlcmeus qui est la vraie France, ou les senlimens nalionaux sont si prolbnds, oi'i les lutilites et les petitcs vanites n'eleignent pas les nobles insj)irations du canir, sources des grandcs actions des peuph;s comme des individus ? Seraienl-ce les journaux de Paris? ou- ^ rant ct devant ouvrir leurs pages iir.mcnses aux nonvclles ]"o!itiqucs du mondc entiei-, nux discussions des chambrcs, aux inlcrets gcncraux, aux dcbats litSeraires, ils n'auraient pas le terns d'envisager avec attention nos province's, eussent- ijs mcme a.-sez d'espace a iear consacrer. Et quand ils en au- raient la I'aculte, borneraicnt-i's leurs pretentions a des (d)- servalions dc detail, on I'esprit et I'amour-pioprc n'auraient pas le moycn de se dcployer en liberie ? Disposes a encourager eel essor nouveau de I'esprit juibiic dans uos provinces , aulant par conviction que par goQt, nou> OUVRAGES PERIODIQLES. 57>.) allons (lone cssaycr d'cn observer les p;is <'nC(M-o incertains, et, siuil" vanite de notre part, d'en niiirqiier les progrcs on les i'carts. Les ecrivains qui rcdij!;enl les leiiiUcs uliies el sou- vent agreables i\ lire qui lui scrvent d'oi-ganes iic \crront, r.ous i'esperoDS du moins, tjue le desir de ieur etre en aide dans nos renuu-ques uiensuoHes. Si nous nous tronipons, ee sera de bonne I'oi : c'est a eux a relever nos erreurs a lour tour, quoiqu'elles viennent de Paris. Qu'ils ne craignent pas de nous lilesser. En prenant la plume, nous avons toujours presente ii la pensee cette reflexion de i*lontes([aieu : « la critique pouvant etre consideree conune une ostentation de sa superiorite sur les autres, et son efi'ct ordinaire etant de donner des moniens delicieux pour roi-gueil huniain , ceux qui s'y livrent nieritent bien toujours de I'equite, niais rare- jnent de rindulgence. » (Defense de I'Espiit des !ois. ) La Rente de t'Oiicst, noiivelle feui!le,^!init ainsi son pre- mier artirle : « Peul-etre parviendrons-nous, i force de per- severance, a lasserrinsouciance, imaturaiiser chez nousl'esprit et le genie, a liabituer a se croire enliu quelque cbose sans en avoir deainiide la permission aux Parlsiens. » jSous ne pouvons que reneouragei' dans de si iouables dispositions. L'n autre, intitule tin Aikhicc d Nantes et seme de reflexions justes. nous a paru bien cboisi ctd'un interet vraimcnt local. Le redacteur y fait des Yoeux pour un etablissenient dans le- quel seraieut enseignees !a cbimie, les matbeniatiques , les langues vivantes, I'bistoire, I'economie politique, I'liygiene, les letlres; il est en eifet bien singulier que Paris olVre une abondance ou pliitot une snrabondance de cours pid>lics, on les sciences diverses jusqu'aux doctrines phiiosophiques ri- vales aient leurs cliaires et leurs professeurs payes par le gouvernement ou les souscriptions , tandis que nos grandes villcs ne possedent qiyede mauvais colleges oii Ton n'ensei- gne ([lie deux langues mortes ct un pen de mathematiques. Vn fait scmblable nrou\e niieux que les plus liol'es rttlexions le funeste effet de la centralisation nniverselie. Ses grands ar- ticles sur rAmeii([ae septentriouaie , bien qu'asscii sui)stan- tlels, nous p;uaissont sorlir du cadre d'un journal de pro- vince. Ses iettres sur Paris, ou Ton passe en revue les theatres du boulevard et autres choses (!e ce genre, n'offrent (pi'ua bavardage pretenlieux qui ne saurait interesser les Bretons, encore uioins les instruire. Le Neusli-ien ori're([ueIquefois des comptes rendusdes sean- ces de la Cour d'assises de la Seine-Inferieure. En fait d'ar- tides d'un interet local, nous y avons rciuarque, dans ces 54o LIVRES FRAMCAIS. uiuis tie Janvier ct do rcvrior, unc ilisrussion sur qiielqucs questions olectoialcs, cclle qui est relaliveahnoiiln'rarou dcs dessiiispoiir !e tissagc el uiio coiicspondaiicc iiilcressaiilc siir rcnqiloi dcs Ibiids tH)iniiuiiiaux. Oiiy distirii^iu; , a ['occasion dc la couimii^sion d'eiiqiiclc, uri morccau rcinpli do fails cu- rious sui' la 16j;islatiou dt; la Graudo-ljretaguo, concoriiant radiuissiou, la consomuiation el la rocxportation dos sucros. C'osl d'arlicles do cc genre que devraienl s'onricliir les feuillos qui s'inipriment au soin dc nos grandcs \illes iiuinuiacUi- rieres. Le Propagaieur conlient une suile d'arlicles olcndus sur les ropnbliqucs transallanliques qui ne seront cerlaincineul pas his a Bogola, i\ Buonos-Ayros, a Guatiniala, dans lo I'o- rou, dans le Chili, ni monie a Paris, el qui doivenl loncher fort pen Icspicards. Franchcnxenl, nous lour proi'orons sa po- lite correspundance sur reutreput dcs vinaigres, dussions- nous passer pour avoir des goCits vulgaires. Ses disserlalions sur les variations du regime aiuiucipal en France, et sur I'o- tat des opinions dans le deparlement nous paraissent mieux tiaitocs et surtout d'un choix moillcur. Ce qui est encore prororable, ce sunt des observations utiles et bien presentees,, a propos du resultat dos assises du quaUioiue trinieslre, sur quolques abus dans I'administralion do la justice. Malgre no- tre envie de I'airo la plus polite part a la critique, nousnc pou- vons nous empocher encore de relever le vide d'une suite d'arlicles sur les affaires d'Orient, qui ne soul pas colics du I'as-de-Calais, celto petite composition politique Unit par cos mots : « S'il y avail guerre , le croissant serait, nous n'eii doulons pas, exile en Asie, mais les puissances viclorieuses s'eniendraicnt-elles sur Constantinople? Yoila oi"i s'arrotont nos provisions. » Cost Irop de inodestie de la part du redac- lour. Ses conlrores de Paris ne posent jamais de bornes a leurs previsions, et le doule no saurait entier dans lours specula- lions sublimes. Poiuquoi ne pas trainer coimne eux sos ar- inees et ses ompori;ins jus([u'au loud do rOrient, jusfju'aux sommets des muuts glacos (lo Fllimalaya , points les plus ole- du globe? II ne lui coCilait qu'une ligne dc plus. h'ylmi dc la Cliartc renlcrmc quelquoibis dcf, articles qui ne peuvent offrir ni instruction, ni ulilite, ni agromeut. Qu'oa en juge par le litre suivant : « Maccdoine : Conic du lisc ; ses alios plauant s\u' lo cliemin de Dervaiiores; rFcdectisme ; Fabriques do rnl)aus cnconragces par M. de Martiguac ; Poo- los lionsardins ; ?uaitro Andre; A oltaire ct MM. du (ilobo ; rOnmibus de Jlontaiguc ; Terence; I'AumOiiier de collogi* ; OUVRAGES Pl'^RIODIQUES. 541 le Fosse roniantiquc; Necessite d'nnc aiii^mentation dc rever- l)»'res; nos P'diles classiqucs sans s'en doiiler; Voleurs favo- riscs par Ic fisc. » II pent y avoir prodij;icusement d'csprit dans ce petit travail , mais il est si eblouissant d'etincelles , qn'il est impossible de le lire jusqn'au bout. Nous preferoris dc beaucoiip ses articles sur la commission d'enqnete, sur les titres des candidats a la deputation dc Pont-Rousseau , qui sont pleins de sens et dc convcnance , ct sur la societe formee a Nantes pour I'extinction de la mendicite. Le Breton a aussi, comr.ie les aiitres, unc correspondance sur Paris, toute pleine dc parlage de salon. C'est une corres- pondance sur Nantes qu'il I'audrait a ses lecteurs. Rien ne res- semblc plus aux societes de Paris que Ics societcs de province, aujourd'hui surtout que la sociabilite exerce partout son em- pire, au sein dc ces reunions journalieres. « Les hommes et les iemnies s'epient les uns les autrcs dans les moindrcs details, non pas precisement par mcchanccte, mais pour avoir quel- que chose a dire quand ils n'ont rien a penser. » Qui dit cela? c'cst une femme quiactelong-tems la reine des salons dc Paris, et qui mieux que personne a pu les observer et lespeindrc : c'est madame de Stael. Les seuls ariicles interessans, pour la loca- lilc, que nous yayonsremarques, sontun rapport duConseilde salubiile de Nantes, et une discussion sur le mode a em^ ployer pour detruire le fleau de la mendicite dans cette grande ville. Les ecrivains qui I'liabitcnt ne pourraient-ils pas, au moyen des correspondances multipliees de ses armatcurs avec tons les points maritimes du globe, se procurer des rensei- gnemcns precieux, des descriptions digues d'etre lues hors de son enceinte? Le Precurscur se ijfiit reinarquer par le talent distingue qui preside a sa redaction. Se consacrant avec complaisance a la polemiquc des partis, il neglige trop, a notre avis, les ques- tions qui touchent immediatement la France des deparle- mens pour se jetcr dans des considerations generales. Ce ne sont pas cependant les connaissances positives qui manqnent aux ecrivains qui le redigcnt, si nous en jugeons par ses ar- ticles sur la fabrication des etoffes de soic de la viilo de Lyon, sur la commission d'enqnete, sur la commission chargee par les fabricansd'etofles dc soie de s'enquerir des causes du mal- aise qui pese en ce moment sur leur Industrie, sur le droit d'entrepot I'eclame par les villcs de la France centrale , et particulierement par la ville de Paris, et autres questions. Son grand article sur I'Ecosse ct I'lrlande comparees, rempli de faits bien choisis, rapprochcs avec art, seraitbien remarque u.'ii LIV1U':S FRANCAIS. (l;ms uiK! (Ics pvincipalos fcuUlcs do Pnris; iiiais , malgr6 soi> nii'iile, ii cs! (U'placi; ilaii.s iin journal dc Lyon, ha Pricdrseiir, bieii (iiic scs pit'itMitioiis soit'iit un))eii aiiibilicusos , csl , sans conlirilil, do Ions Ics joniiiaux qne nonsavons Ins, celui (pii s'{'loij;ne K- inoins de la voic tracrc doirnavanl par nos for- mes polilifjuos nonvolles a la prrssc jKriodiqnc dcs drpar- li-nicns, du inoins idle que nous la concevons. JcL G. Lirrcs en langucs clrangircs , imprhncs en France. 2'24. — *CoUcciio selccta SS. cccks'uv patrum romplccicni^cx- f/aisUissana opera, ele. ■ — Collection ehoisie des peres de I'E- glisc, comprenan'% lenrs meillenrs onvragcsdoginaliques, iiio- raux, apologeliqnes et oratoires, par iM. ClAiLi.Ati, prelre des missions dc France, plnsieurs autrcs protrcs I'raneais, et M. R!. N. S. GriLLON , professeur d'eloquenre sacree a la facuhe de Theologio de Paris, etc., aulcnr de la Bi]>liotlie(pie ihoisie des percs grecs et latins. T. i et ii. Paris, 1829; IMe- qnignon-Havard, et PoiJleux. 2 vol. in-fi" dc xii, 5o2 et G52 pages. 11 parailra ehaqnc mois nnc livraison de 2 vol. in-8", dont Ic prix est dc 14 fr- Les anciennes editions des Peres de I'eglise deviciinent de jour en jour plus rares, et pen dc prCties possodent les mo^ens de se les procurer. C'cst pourtant dans leurs on- vrages, si interessaus d'aiilcuis pour I'liistoire litteraire, qu'il faut aller chcrclier Ic veritable esprit da cluistianisuie que les premiers d'entre eux avaient recu des apotres; c'cst la que sont developpees, discutees, approlbndies ses doctri- nes tant de fois altaqiiees. C'cst encore l.'i que se trouveni eli grande partie les pieces d)i proces entre le protestan- tisme et le catholieisnic. — On doit done applaudir i\ unc entreprise qui a ponr hut de rendre ces onvrages plus com-* muns et par consequent pins ianiiliers aux prelres ct anx lai'ques. • — Les pins beaux Iralles scront reproduits inlcgra- lement, tels qu'ilssont sortis de la plume de leurs anleurs ; la collection sera complete en ce qu'elle n'exclura aucun ouvrage, pOJU'vi: qu'il offie qnelqne interet pour la religion on pour les mocurs ; ccnx menie qui parailraient nioins pro- prcs a fixer I'altenlion scront analyses avcc pins ou nH)ins d'etendue. Le recucil des onvrages de chaqne perc sera pre- cede d'une notice dans laquelie on icra connailrc sominaiic- ment sa vie, I'occasion bisloriipic dc ses principaux trailes, la n menclature raisonnee des onvrages, nteme apocryphes qui Ini soul allrihncs, ctqui comprendi'a tonles les indications LIVIIES EiN I>A.>s(ii;KS KiPxANGEIlES. 5.'^5 i)il)liop;raplii<[iics(|ii'()i!anr;i pu so piorurcr. — La rcdaciion dc tes notices est conliee A RI. CaiUau, <\n\ s'aidera des materiaiix rasseaibles par scs collaboraleurs , MAI. Abeillu\ Auvcrgnc, Blanc, Baqiiet, Caclicrgiie, C heraUicr , D oney , Fandey, Ccmilli, Glaire, Gley, Gonsset, tlilaire, J ustamont , l^amotlie, Lottin, Mojilaigne, de Rochemonieiv , Saint-Yves et Taiiry. Les deux premiers volumes que nous annoucons, et qui sont imprimes avec heaucoup de soiii ot memc de luxe, con- ticnnent les oeuvres de saint Baniabas, saint Hermas, saint Denis, areopagite, saint Cieiiient, pape, saint Ignace, eveqne d'Antioclu', saint Polyoarpe ( de Smyrne ) , saint Justin; les actes des martyrs de Lyon; les onvrages de Tatien, Athe- nagore, saint Tbeopliile, Heiinias , et saint Jenec, eveqne de Lyon. — Nous entretiendrons nos lecteurs des livraisons siihseqnentes dc cette belle collev'tion. A. P. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LlTTtRAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. liTATS-UNIS. Discoiirs da pn'sldcnt sur la situation du pays. — Le discours (111 president, prmionco le 3 doccnibre dernier, est long, et plus minuliciix qu'importanl. Les passages qui ine- ritent dc fixer I'allenlion sonl ecux qui out rapport aux rela- tions avec les colonics l)ritanniqucs; a la situation dc I'Ame- rique du Sud ; et a rcffet du dernier taril' sur le commerce des Etats-Unis, ainsi que quelques rcniarques accidentcllcs sur tout ce que presente d'impolitique la loi anglaise sur les ce- reales. L'attitude de I'Europe, et les mesurcs a prendre pour reprimer la piraterie , servcnt de pretextc i\ de vives rcconi- mandations pour lemainlien et I'accroissement de la marine. Vhie grandc parlic du discours est consacree a I'examen de I'etat inlerieur de I'Union. Le rapport sur lerevenu public est favorable ; il sc monte a deux millions de dollars de plus qn'on ne I'avait annonce au commencement de la dernlere session du cougres. Newark. — Ancicnncs constructions amiricaincs, ■ — Un ingc- nieurallemand, FcfV/mc Assall, vient de publier ses recher- ches sur les anciens liabitans de I'Amerique du Nord, et siir lenrs monumcns. 11 decrit ainsi un de leurs ouvrages les plus imporlans pres deNeT\'ark : — «0n voitd'abord luie enceinte circulaire, autour de laqu<;]le rcgne vni rempart en terre de trenle pieds dc haut. Cette especc de cour qui comprend vingt acres de terrain, communique par un cbemin onvert a uue secondo place dc memc grandeur que la premiere, cnlouree d'un rempart liaut de dix pieds sculement. De tres- longs nuirs pairalleles s'etendeut de la jusqu'a un enclos octogone de quaraute acres, ayant quatrc entrees, dont Tunc commu- nique a unc quatricme place en forme dc ccrcle. Deux murs paralleles i)arlcnt de la, et ne se terminenl qu'a trenle miiles ties constructions, lis n'ont pu encore elre examines en detail. LTATS-UNIS. — AUSTRALASIE. 545 Tontes les opinions s'accordent pour voir dans ces ouvrages des fortifications militaires. Ceux qui se trouveut dans le voisinage de Moriettc sont mieux conserves et plus ingenieux que ceux de Newark. Sur une haute pla'ne est situe le grand carre, appele commune- ment la Cite. L'enclos renfernic 4^ acres de terrain, entou- res de murs de dix pieds de haul, et de 3o a 36 pieds de lar- geur a la base. Chaque cute est perce de trois ouvertures, ce qui en donne douze pour le carre. Aupres de la on re- marquc d'autres travaux de nioindres dimensions, mais aussi rcguliers. On y a detcrre une quantite considerable de vases de terre, canneles a I'exterieur et vernisses en dedans. Un petit nombre etaient entiers. — Pres de Cerclevillc, a vingt- sixmillcsau sud-est de Colombus, on apercoit, sur un tertre eieve, les ruines de deux forts ; I'un rond, I'autre carre. Ce qui reste des murs annonce une construction reguliere, et meme geometrique. Cependant, tout semble prouver que ces monu- mens ne peuvent appartenir aux Europecns. Les objets qui y ont ete trouves out un caraclere parliculier, et ne tiennent ni de la civilisation moderne, ni de I'ancienne; le plus cu- rieux est le fourneau d'une pipe, de talc chinois, sur lequel est sculptee avec beaucoup do delicatesse ime jolie tete de femme. L. S\v. B. AUSTRALASIE. Recherche de la Perouse. — Nous avons donne, il y a quelque tems, une courte Notice sur les diverses expeditions qui ont en pour but la recherche de i'infortune La Perouse (voy. Reih Enc, t. xxxix, p. 5). Le dernier rapport de M. Dr- moat-d'Urville, sur les operations de la corvette I'Astrolabe, repand nn nouveau jour sur la triste fin de cet illustre navi- gateur et de ses compagnous. Nous en donnons ici un extrait qui contient, outre les renseignemens relatifs a La Perouse, des details interessans sur I'expedition scicntifique, comman- dee et tciminee avec tant de succes par I'auteur du rapport. La corvette VAstrolalw quitla Hobart-Town, Ic 5 Janvier, pour aller explorer les iles sur lesquelles le capitaine Dillon a retrouve des traces du naufrage de La Perouse. Apres quinze jours d'une navigation penible, die reconnut Tile Norfolk , d'oii sa niarche tut dirigee vers le rocher Mathews^ que la Coqaille n'avait pu voir et qui n'cst autre chose qu'uu ilot d'environ deux milles de circuit, dont les flancs, dechires par un volcan en activite, n'ofl'rent aucune trace de vegetation. Cc fut le 28 Janvier que V Astrolabe passa pres de ce rocher ; T. XLI. FEVRICE 1 820. 55 546 AliSTUALXSTE. ol M. (riirvillo sVn tl()ij;ria iinnii'diaU-mcnl apirs, jxnir sc rapprocher de Tikopia , cii so (liriji;i'anl ccpciidant assez a I'fsl pour roconnaitrc Ics i\vs Mitre cl Chrwy. Lc i(i, il etail (levant likopia, ct il coimnunifjiia avec Ics naliirels. ApW-s (Ic vaines toiitatives pour engager le pnissien liuclierl el le Lascar, dont a parle le capitaine Dillon, a le suivre a l^anlkovo (et non Mallicolo), il parlil pour eetto ile, enunenanl avec Ini deiix Anglais, deserletus d'nn navire baleinier, cpii resi- daient a Tiliopia, el cinq naUnrls de J^Hiiikoro, ou il arriva le i4 an niaiiii. Cette jonrnee liil employee a reconnaitre les rescit's qni entourent I'ile et les passages par oTi Von pent y aborder. Le leiidemain, les vents d'onesl enipeilianl d'enlrer dans la baie, on perirent les denx batiniens coniinandes par La Perouse, M. d'llrville se mil, mais sans succJs, a la re- cherelie de I'ile Taumako ^ celebre par le voyage de Quixos, et dont la position n'a pn etre retronvee. Le 19, il se pre- senta de nouvean dcvant Vanikoro, et apres avoir fait ex- plorer la baie de Test, qn'il nounna baie de Trrai , du noni d'un tillage qni I'avoisine, il se determina a y conduire la corvette, le 31, Le 23 I'evrier, il expedia le grand canot, conimande par M. Greasier, vers les rescifs de Vanoa et de Paiou; eel odicicr revint, le lendemain, apres avoir fait le tonr de File, rappor- tant quelqnes objets pen importans provenns dn naufrage-, mais sans renscigneniens snr le lien on les Francais avaient peri, ce qui determina M. d'Urville a y renvo^er, le 2O, M. Jacquiiwt et qualre personnes de Tclal-major. La vne d'un niorceau de drap ecarlale qn'iis offrirent aux natnrels, engagea ceux-ci u leur designer le lien qn'iis cher- cbaient, et on ils virent, dissemines au fond de I'ean , a 3 on 4 brasses de profondeur, des ancres, des canons, des bonlets, des saimions, et une immense quantite de plaques de plomb. Le canot ne se Ironvant pas assez fort pour operer le sauvetage de quelques-uas de ces objets, IVI. d'Urviile y envoya la chaloupe , le 3 mars, sous les ordres de M. Gressier et de fll. Guilhert, dans le double but de reconnaitre les rescifs Paiou et Vanou, et de relirer de la mer qnelques ob- jets du naufrage. Elle rapporta, en effct, une ancrc de 1,800 livres, \m canon court, en fonte, de 8 livres, un saumon de plomb et denx pierriers en cuivre. Silr, deslors, que c'etail bien la le lieu du naufrage des biitinicns de La Perouse, M. d'lirville songea a executcr le projet qu'il avail forme d'elev(M' sur I'ile Vanikoro nn monn- nienta la memoire de nos malbeuicuxcompatriotcs ; ilchoisit. ALSTttALASIE. 54y sur le rcscif qui s'arance en pointe basse et couvre cii partie le havre tie Mangadey , line toiiffe do mangliers vcrdoyans pour y placer le ccnotaphe, doat la construction tut dirigcc par M. Lottin, ct commencee le 6 mars. Huit jours sulfircut pour terminer ce monument , et le i^, M. Jacquinot, a la t«;t('. d'une parlic dc I'equipage, fut envoye pour proceder a I'i- nauguration. L'n detachement de dix honimes defila par trois fois a I'entour et fit trois decharges de mousqueterie , tandis qu'une salve de 21 coups de canon laisait rctentir les mon- tagnes de Vanikoro. Les habitans, eflrayes, et ne sachant ce que cela signifiait, deputerent deux de leurs chefs a bord de la corvette, ou ils furent recus avec amitie ; et, convaincus par de nombreux cadeaux qu'on n'avait point I'intention de leur nuire, ils s'engagercnt meme a respecter le mausolee, qui, d'ailleurs, construit en pierre et en bois , n'avait ricn qui dut tenter leur cupiditc. La forme du mausolee est cello d'un cube de 6 pieds sur chaque arete , construit en pierre ct surmonte par un ol^clisque quadrangulaire de six pieds d'aretc fabrique en planches de koudi ; une de ses faces porle une plaque de plomb sur lafjuelle est gravee I'inscription sui- vante : A la mcmoiro dc La Pcrouse ct de ses compagiwns, L' Astrolabe , \l\niars 1838. M. d'Urville, retenu pendant ce tems par une fievre vio- lente, fut force d'abandonner le projet qu'il avait eu d'abord de tenter lui-meme une excursion vers les rescifs du naufrage et de descendre au village de Paiou pour y chercher de nou- vcaux renseignemens. 5l. Gaimard, envoye precedemment dans un semblable but, en etait revenusans avoir pu rien tirer de ses communications avec les habitans, et etait tombe ma- lade en arrivant a bord. La fievre exercait ses ravages sur I'equipage de la corvette ," et, des le 14? 25 personnes en etaient dejii frappees. Le tems , d'abord assez beau , s'etait entierement derange. II etait urgent de" quitter ce mouillage, mais les calmes et les vents contraires vinrent s'opposer a la sortie et ce ne fut que le 17 qu'iuie faible brise du sud au sud-est permit de mettre a la voile. Les plus grands dangers etaient a redouter. M. d'Urville n'avait pas la force de,com- mander la manoeuvre; M. Grcssier fut charge de conduire le batiment et il eut le bonheur de reussir a regagner sans ac- cident la pleine mer. Les renseignemens que M. d'Urville a pu se procurer a Vanikoro sur le naufrage de La Perousesont fort incomplets, a cause des difficultcs que les habitans out fait dc rcpondre a ses questions. Voici ccpcndant ce qu'il a pu retirer des de- 548 AUSTRALASIi:. positions dc (luclqnes-iuis d'eiiire eiix. A la suilc d'nne null jres-ohsfinc ot (hiraiil laquclle le vcnl du sud-cst sou/riait avec violence , Ic matin, les insnlaires vircnt tout a coup sur la rote nieridionale, vis-a-\is ie di.6ii manuscrits. Dans son introduction, le savant auteur donne une idee generale de I'etat de la littera- ture dans la Marche de Brandcbourg, pendant le moycn age. II parait que les sciences n'y firent pas beaucoup de progres a cette epoque , car on lit le passage suivant dans une lettre que Tritheimius ecrivit de Berlin, en i5o5 : « On trouve rarc- ment dans la Marche une pcrsonne qui aime les livres; le manque d'education et de civilisation fait qu'on prefere ici les reunions, I'oisivete et les bacchanales. » La premiere bibUo- th^que publique, dans le Brandebourg, fut fondee en i5i6, aupres de I'universite de Francfort-sur-l'Oder; mais on n'eta- blit la premiere librairie qu'en 1639, a Berlin meme.Le grand electeur Frederic-Guillaume, ce regenerateur eclaire de son pays, jugea que, pour repandre les lumieres parmi ses sujets, il fallait leur donner les meyens de s'instruire, et, dans ce but, il augmenta considerablement la petite collection de li- vres recueillis dans le palais de ses prcdecesseurs. Ce bel exemple a ete suivi par tons ses successeurs , a I'exception du roi Frederic-Guillaume I, prince barbare et ignorant, qui ne s'occnpait que de ses grenadiers, et qui employa les fonds de la bibliotheque pour augmenter les appointemens de cehii qui leur faisait faire I'exercice. Mais le grand Frederic contribua principalement a rendre cette precieuse collection plus com- plete : la munificence du roi actuel a surpasse la sienne; de sorte que la bibliotheque de Berlin peut soutenir la compa- raison avec les plus celebres de I'Allemagne et du Nord. (Extrait de I'Universel. ) SUISSE. Exploration des Alpcs. — L'ne societe de naturalistes se propose d'explorer cette annce quelques-unes des crctes les ■i:>8 EUROPE' plus olevecs dcs Alpos. Deja, I'an dernier, M. Ilrci, de So- leiire, a tenle cette enlreprisc [("'nu'raire, en chorchaiU a nion- tcrau soniniet de.s roches piimitives couvcrtes do places, qui sont entro Laulerbiuuncu cl le Saiul-Gothaid, M. Hrci s'clait prepare d'avauce a cc voyage , et il elail porti muni de toii-s les instrumcns de physique necessaires pour faire dcs experiences dans ces regions glacees. Le i"aoCit, il se dirigea sur le Koth-Thal, afin de se rendre de la au Grimsel. II etait accompagne de sept guides, et il erra pendant quatre jours dans la vallee de Noth, au milieu dcs neiges et des tem- petes; ce fut en vain qu'il attendit un terns plus favorable. Contraint de rcnoncer au projet de s'elever plus liaut , il se dirigea vers Lauterlirunnen et arriva au Grindelwakl. Le terns, qui s'etait enfin eclairci , lui permit dc gravir les gla- ciers avec cinq chasseurs intrepides , et il tenia le trajet sur les glaces jusqu'aux Alpes du Valais. Ce voyage offrait les plus grands dangers , et lors([uc le naturalisle voulut des- cendre par le revers meridional du Strahlack, d'enormcs ava- lanches, qui roulaient aupres de lui et se precipitaient dans des abimes dont I'ceil ne pouvait mesurer la profondeur, menacaienl a tout moment de reutrainer avec elles. M. Hrci atleignit enfin le val d'Urbach, d'oi'i il parlit pour I'aire une excursion sur la cime du Finster-Aar. Ce colossc immense etait comme cnveloppe d'une couche cpaisse de neige et de glace, et oependant M. Hugi tenta de le gravir. Un ouragan epouvantable, qui faisait voler en tourbillons d'epaisses masses de neige , s'eleva tout a coup ; le thermomelre marquait 9 degres au-dessous de zero; le pen de force qui restait aux voyageurs leur permettait a peine de se crampoiuier aux glaces pour n'etre pasentraines dans les precipices; ilsavaient deja atteint une elevation de iJ,ooo pieds au-dessus de la mer Meditcrranee , mais ils durcnt renoncer a I'idee dc gra- vir jusqu'a la cime. M. Hugi se rendil dans le Valais et fit encore d'autres excursions sur les niemes montagnes , en ayant soin d'examiner partout les roches primitives, ct en faisant continuellement des experiences sur la temperature de I'eau bouillante et de I'esprit de vin dans ces regions glaciales. Apres avoir visile le val Bedrette, le Saint- Golhard, le Suslen, il reviiit vers le Grimsel, csperant elre plus heureux que la premiere fois ; mais des pluies conlinuelles le forcerent de nouveau a renoncer a son projet. M. Hugi n'en a pas moins fait un voyage profitable pour les sciences. II a rap- porte une suite d'echantillons geognostiques de plusieurs SUISSE. — PAYS-BAS. — FRANCE. aSg iiautes montagncs ilcs Alpes, et a pu etudier la superposition (les roclies dans ces terrains primitifs. M. HcGi est mainte- nant occiipe a classer sa collection ct a meltre en ordre les observations qu'il a eu occasion de faire. Get intrepide natu- ralistc I'ait partie de la societe qui se propose d'explorer, I'ett; procliain, la partie des Alpes qui jusqu'a present a paru inac- cessible. (Extraitde I'Unirersel.) PAYS-BAS. Nambh. — Atlicnce : Re forme operee dans I'ensclgnemcni, — Une ordonnance du ministre de I'interieur, rendue sur la proposition de M. D. Arnohid, vient de modifier I'en- seignement de I'Athenee de cette ville. Nous allons indiquer les principales dispositions de cette ordonnance. — La fre- quentation des six classes de langues mortes, qui etait obli- gatoirepour tons les eleves, cesseradel'etre pour ceux d'entre eux qui , ne se destinant pas a suivre les cours des univer- sites , desireront se livrer a I'etude des langues modernes et des sciences physiques et uiatliematiques. — La langue fran- caise , la seide qui soit usitee dans la province , n'etait en- seignee que dans les classes latines , et n'etait pas cultivee avec assez de soin : une chaire speciale de langue francaise et une autre de litteratur^ francaise viennent d'etre etablies. — Le tems consacre a I'etude des mathematiques n'etait pas assez considerable : le nombre des lecons a etc augniente, et elles seront iaites a des intervalles plus rapproches. — Un cours elementaire de physique et de mecaniquc a ete cree; il embrassera principalement les plus importantes applications de ces deux sciences aux arts et aux metiers. Ainsi, les jeunes gens qui se destinent aux professions industrielles pourront acquerir dorenavant a I'Athenee toutes les connaissanccs qui leur sont necessaires. FRANCE. D^PARTEMENS. Socielcs savantes et Etablissemens d'adlite publique. Ris [Seine-et-Oise). — Institut horticole de Fromont, — L'etablissement que M. Soulange-Bodin se propose de former dans son magnificpie jardin de Fromont nous parait devoir contribuer a repandre les principes et les bonnes pratiques de I'horticulture , cette science qui tient a toutes les sciences naturelles, que chacun est appele a appliquer, et qui a des rapports intimes avec les beaux-arts. — Nous allons rapporter les bases sur lesquelles cet Institut sera etabli. 5Co FRANCE. IMiisioiu'S coiirs y scront I'aitspar dcs profcsseurs tlislingues, I" nil rours dc boianique et de pkysiologle vcgctale applu/iu'cs d I' horticulture ; a" iin coars spdcial de culture appliqure aux arbrcs fruiticrs , forestiers et d'ornement, aux plantes potagircs el aux plantes d'agrement indigenes et exoiiques ; 5" iin cours de la thcorie et de la composition des jardins paysagers ; [\" iin cours de dcssin applique d la composition dcs jardins pillorcsques et d I'cliide dcs flcurs. — L'etablissemcut comprenclia aiissi une bibliotlieqite contenanl les bons livrcs elemeiitaires de l)ota- iiique et d'horticulliue, un cabinet Yi^M'^armani les inslriuiieiis necessaires pour les experiences et pom- les dcmonstcations , ainsi que les modeles des meilleiirs outils de jardinagc; enfin, un herbicr, qui devra etre successiveinent I'onne par les eleves eux-memes. — Aiicunc retril)ulion ne sera exigee des eleves qui dcvront sculenient engager leur travail pour ini tcnis de- termine qui sera ordinairement de trois ans. — L'Institut de Fromont, ouvert desce moment, sera mis en aclivite le i"mai 1829. — Les etudes et les travaux des prol'esseurs et des ele- ves seront consignes dans un recueil mcnsuel que M, Sou- lange-Bodin se propose de publier sons le titre A'' Annates de I'institut horticole dc Fromont, et qui est aussi destine a tenir les jardiniers an courant dc la marihe et des pei fcctionne- mens del'hortieulture, soit en France, soit dans les pays etran- gers. Ce recueil sera dirige par M. Soulange-Bodin, qui s'est adjoint, comme coUaborateurs princi[)aux, M. Guillemin, membre de la Societe d'histoire natnrelle de Paris, et M. ^. Poi- TEAH, redacteur principal dn Bon Jarclinier, botaniste dulloi, etc. , etc. On souscrit, a Paris, chez M"^" Hazard, rue de I'Epe- ron, n° 7, et an jardin de Fromont, a Bis (Seinc-et-Oise). Le prix de I'abonnement, pour Paris et les departemens, est de 9 fr. pour 12 cahiers on une annee. A. P. PARIS. Institct. • — Academic des sciences. — Seance da 12 Janvier 1829. — M. Dawoiseaxi presente a 1' Academic les tables de la lune, formecs par la seule theorie de I'attraction et snivant la division de la circonl'erencc en 56o degres. — II est donne lec- ture d'une lettre dc M. le docleur Paradis, ;\ qui M. Pages, uiedecin a Vraima, en Navarre, annonce avoir observe plu- sieurs cas de fievre jaune sporadique dans les montagnes , a plus de quaranle lieues de rOcean. M. Paradis transmet aussi divers details concernant une epidemic variolique (|ui a atla- .', rapplicalion de cctte pliilcsopliie atix caracleres generaiix des singes amoricains; ct la 5', rctahlissenicnt, dans cetio tiunille, du genre nonvean auqnelM. Is. Sainl-Ililairedonnele nonurfr/Vc/c. L'anfenr pa- rait ciaindic que la timidite de plusieiirs natnralistes dislin- gut'S ne nnise a la science, en les empeiliant de dednire dos fails lonles les conse(iuences qn'ils ponrraient, avec plus do hardiesso, tirer do lenr rapprochement. Noannioins, il monlrc Talnis des systemes et forme des \ oenx pour qne les savans gardent nn juste milieu entre Tohservation des fails et lenr explication. 31. Frederic Cuvier, rapporteur, ne parlage pas les craintes du jeime auteur. « Au roste , dit-il, si nous avions pu craindre que le penchant foit nalnrcl que M. Isidore Geolfroy manifesto dans sa I'^parlie regarat dans le? suivantos, nous serious bien vite revenus de notro crainlo, car la <>.' parlie do son travail a precisement pour objet de mon- trerque plnsieurs des caractores par lesquels on distingue les quadrumanes du Nouveau-lMonde de ceux de i'ancien n'ont pas tonle la gencralite qu'on lour altribue, et qu'on s'cst trop hate de tirer des consofjuences des faits. Ces caractores sont ceux qui ont ete pris de la forme et de la structure des Marines, du nombrc des dents molaires ct de la forme des on- gles La melhodc natiu'elle repose sur la subordination des caractores, et elle fonde ses gi'or.pos les plus gonoraux sur les systemes organiqnes les plus oleves; a mesure (ju'elle descend a dos genres suhordonnes et d'ordros inferieurs, ellc les caracterise par des systemes d'organes de moins en nioins importans, de telle sorte qu'arrivee anx espoces , elle les distingue ordinairoment les unes des autres par ce qu'elles ont de plus suporficiel , les couleurs, Cependant , coninie en zoologie, et surtout chez les mammiferes, les parties im- portantes de I'organisation sont cachees dans rintorieur du corps, et qu'il faudrait, pour les reconnaitre, alterer les ani- maux par la dissection , on a ete conduit, pour eviter celtc alteration, souveut impossible et toujours didicile, il ro4'Ou- rir a nn moyen indiquo par les mothodes artificielles, et qui consiste a choisir empiri(|ucment , sur les gronpes i'ormes d'apri'S Icurs rapports naturols , nn ou plnsieurs caractores oxtorieurs faciles a saisir, et qui, tout arlificiols qu'ils sent , deviennent Icssignes dos caractores- naturols , qut)iqu'iL'f I'AUIS. 565 piilssoiil n'flYoir arcc oeux-ci amuii antic rapport. C'ejt a.iiisi que les poils ties mammiferes ct les plumes des oiseaiix iiifliquent chez ces animaux la nature de la respiration ct de la circulation , quoiqu'on ignore jxisqu'a present quelle est la liaison de ces phcnomtnes fondamentaux de leur vie avec les tef^umens dont ils sont revetus. » Apres avoir fait con- naitre les observations de M. Is. GeofFroy sur la trop grandc gencralite attrihuee a certaines parties organiqiies comme ca- racteres distinctifs des quadrumanes, M. F. Cuvier continue ainsi : « Ces observations importantes conduisent M. Is. Geof- froy a diverscs considerations sur I'analogie des organes sexuels chez les m;lles et les femelles, sur le rapport qui cxiste entre le developpement de certains organes et I'obli- teration de quelques autres ; sur la loi du balancement des organes proposec par notre confrere , M. GeofTroy Sainl- Hilaire ; siu* ce fait remarquable que les modiflcations des membres se manifestent plutot sur les membres anterieurs que sin- les posterieurs , etc. ; enfin, apres avoir traite des rapports naturels des ^riodes , et montre qu'ils se placent cntre les ateles et les lagolriches ; apres avoir dit un mot de leurs habitudes et donne leur histoire et leur synonymic, M. Is. Geoffroy passe a la description des especes qui com- posent aujourd'hui ce genre , et dont nous n'indiquerons que le caracti;re le plus saillaut : i° Viriode arachnolde (atele arachnoide de Geoffroy Saint-HUaire ) , lequel n'a aucunc trace de ponce exterieur; 2° Ycrioile a tubcrculi' ( alele hy- poxeutus de Ncutvicd), 'qui, a la place du pouce, n'a qu'un tubercule sans ongle ; 3" Veriode hniildactile , esj)ece tout-a- fait nouvelle . pourvue d'un pouce tres-court^ mais ongui- cidc. Ges trois especes ne different cpie tres-peu I'une de I'au- tre par les teintes de leur pelage , generalement fauves- grinalres , et toulcs sont origiuaires du Bresil. » D'aprcs les conclusions du rapport, TAcadcmie decide que leMemoirede M. Is. Geollroy Saint-Hilaire sera imprime dans le recueil des savans etrangers. — M. Savart lit un 31emoire sur I'elasticite des corps solides. — M. CAucnv lit un premier Mtmoire sur I'equilibre et le mou\emeut des plaques elastiques et des ver- ges eiasliques dont I'elasticite n'est pas la meme dans tous les sens. — Du 2 frvrier. — MM. Dumeril et CrviER font un rapport sur le troisiemc Memoire zoologique de MM. Quoy ct Gay- MARi>. « Ce Memoire n'est pas accompagne de collections , les auteurs n'ayant pas trouve d'occasions sftres pour les en- voyer en Eiu'ope ; nous n'avous done a vons entretenir que 564 FUANCF. till Mt'innire nu'inr pl dos planrhcs (|i!i riiccoinpiignciit. iSous n'eii (luaiicrons qu'iinc idee siiociiicle , nous lioiiiiiiU a de- clarer que 3151. Qnoy el Gaymard continiient a reaiplir leiir inissiori dc maniere a leur nieriter la gratitude de lous les natiiialislPS , et a laiie le plus grand honneur a leuis eon- tiaissances et a leurs talens , aussi-hieu qu'au ininistci'c qui ies empioie avec tant de niiinilicence pour le progres des sciences. Le Memoire consiste en uii volume petit ju-f" de Gi3 pages, et en ^09 planches reni'erniant 14*^9 objets. Les .»ix premiers cahicrs eontiennenl les inollusques , les anne- lides, les zoophytes el les pelits criistaces , distrihues seloii les pays oil ils out ele rccueillis, savoir: la A'oiivelle-Hollande, la ]Nouvel!e-Z,e!aude, Tongatabou , la Mouvelle-Irlaiule, la \ouvelle-Guinee et les Moiiiqiies. Le scplieme rontieul les auiniaux vertebres des divei's lieux ; tons ces dessins out ele executes par M. Quoy , avec un talent tres-remanpiable et line perseverance vrainient digne d'adn\iialion. llien ne pou- vait etre I'ait dc plus precieux pour I'liistoire naturelle des uiolliisques et des zoophytes <;ui out ele si peu conniis jus- (piVi present, precisement pane qu'ils ne pouvaient etre ol>- serves utilement que de cetle maniere. Toiiles les especes representees siir les planches sont decriles avec soin dans le Menioire , qui e.-l distril)iie, comnie les planclics , dans Tordre geographicjiie. Get arrangement a I'avantage de fixer, d'une maniere pins positive, des fails imporlans pour I'his- Inire de k reparlition des elres organises a la surface du globe. L'attentiou de MM. Qnoy et Gayniard s'est porlec principalemeut el avec raison snr ces caraeteres exterieurs rt fugilifs ([ui disparaissent snr I'animal conserve dans la li- (pieur. Mais ils n'ont pas neglige de faire des observations analomicjues, el ils onl meme remar(|ue des fails curieux de physiologie. Ils se sont attaches a com])!eter I'hisloire des animanx d'une multitude de coquilles el de lilhophyles de la Zone lorride, et d'une foule d'aulres Itistaces donl on ne pos- sc'dait quo les deponilles pierreuses. Les parlies molles des cyprees, des cones, des mitres, des volutes, des olives, etc. , seront desormais aussi eonnues que celles des coquilles de nos climats. Plusienrs genres sont replaces dans leur ordre veritable. Les poissons, donl il est si difllciic dc couserver les leinles, ont ele peinls par M. Quoy avec un soin tout parlicnlier, cl Ton apprend avec surprise par ses figures que I'eaiiconp d'es|)eces , deja bien connnes des naturalisles , 'I'apres des individus recueiilis dans des cabinets, sont de couleurs lonles diiVeientes de celles qu'onleur snpposait. «Le ilieiitii /le.vatas cU Linnee , par excmple, que , d'apres I'eiilu- miiuirc cic Seba, Tun croyait jaurie cl noir, sc troiive avoir la plus graiidc partic de son corps dii pins beau bleu d'outre- mer. Parnii le grand nombre d'animaux curieux recueillis par MM. Qnoy et Gayniard, nous avons etc I'rappos de la {i,Tandc qnantile d'holotliuries , dc rhizophyscs , de plusieurs doris rentarquables par leur grandeur et par I'eclat de feurs couleurs, de plusieurs charuiantes serpules et terebelles , dc- divers crustaccs tres-singuliers dans leurs formes. » — Dug ft'vrier. — M. Coi'dier hi une leltre de M. Tournai. sur la derouverte d'une grotte dansle departemenl de I'Aude, situee aupres de la petile villede Bise, etcontcna[!t des osse- inens I'ossilcs. On annonce ([u'il s'est troiive des ossemeiss luiinains dans ctllc caverne. — MM. Gev/froj Saint-Hi- lalre et Serves font un rapport sur des observations do M. Ovule Lallemaisd , relatives a un animal qu'il an- nonce avoir ete produit par raetonplemcnt d'un cliien cl d'une brebls dans le tronpeau de M. Bret, proprietaire a Sassenage , pres Greno'ole. Le rap[)orteur ne pout admel- Ire que eet animal soit le produit d'un tel accouplcment ; il le regarde comme un veritable agneau. Mais il y a reelie- ment monstruosite, ear I'animal pre?ente est un double mons- tre : ce sont deux agneaux accouples par devant et ranges sous une meme tele. C(^ genre de monstre a ete nomm.'- synotus , c'est-a-dire, orelllcs riunics , et on en connait dans toutcs les espeees d'animaux domestiqnes et dans I'liomme. Ouoique la commission ne partagc pas I'opinion de IMM. Bret el Ovide Lallemand, elle demande que ['Academic remereie ces deux persounes de lem- bienvciliante communicalion. (Ajipuye.) — M. PoissoM lit un Meaioiie sur le rappurt cntic Ic nond)re des naissances des garcons et cellcs des fdles. A. MiciiELor. TllhATilES. — Theatre Frawcais. — Premiere represen- talion de Henri III et sa Cotir, drame hi^torique en .5 actes et en prose, parlM. A IciiandreMvMk^. (Mardi lo fevrier. ) — L'his- toire du rcgne des derniers Valois, prise dans les Mcmoires du tems, est palpitanle d'inleret; la terreur, la pitie, Fadmira- tion, le mepris, se suceedent rapidement dans I'unie agitet; au spectacle de tons ces evenemens a la fois grotesf[ues et li'agiques ; de cetle societe devote et dissolue, galanle (;l eruelle, on quelques nobles ligures s'eleveut eoniuic pour rendrc les autres plus ludeuses par uu savaut conlrasic, ou 5f)(; FllA.NCK. re»iergi»j iles |)U»Miunii, la Gihriiplioii dt-s inaiurs, riuirorsuie lie quc'lqucs actions d'ciiat, la irichclc des vengeances, vous renipiissent tour a tour d'emolions si prolbndes et si varices. On dirait qu'il n'y a qu'i\ prendre les scenes de cc tenis-lu pour en iaire des dranies intcressans; mais, lorsqu'on met la main a I'oeuYre, ou seulement lorsqu'on examine attcntive- ment ct les diffcrens precedes, et les ressources diverscs des arts de Tesprit, on est bientot convaincu que I'efl'et n'est pas le meme dans I'histoire ou au theatre ; que le dranialitpie de I'une n'est pas toujours le dramatique de I'autre; que cc qui p.st vif et piquant dans le recit pent etre lade et lauguissant dans une action representee; qu'enfln les mcmes eveneniens ([ui nous attachent dans I'histoire nc touchent gui-re un speo tateur qu'on n'a pas le lenis d'initier a ces grands intcrets. II y a long- terns qu'on fait des pieces liisluri(|iies; la moitie des dranies de Shakspeare sont composes avec des lamheaux d'Hollinshed et des autres chroniqueurs du tems; et maigre les caracteres traces de main de maitre , maigre les scenes admirables auxquels ce giand pocte a imprime le sceau de son genie, ses drames historiques, si I'on en excepte Ri- chard III, sont bicn moins lus, bien moins joues, et bicii moins interessans que ses drames passionncs. Cest que la passion est veritablement I'ame du theatre ; long-tems on nous I'a presentee sans tons ces accessoires de moeurs et de couleur locale qui pretent beaucoup de charmes aux peintures poetiques, et on a reussi; on n'obtiendra certainenient pas Ic meme succcs en faisant, comme le voudraicnt quelques es- prits peu judicieux et mal habiles dans la science du theatre, des pieces purement historiques. Les passions, ct celles-la surtout qui conviennent a la scene, doivent toujours laii'c le fond du tableau ; les details d'histoire, les peintures de moeni-s n'en peuvent faire que I'entourage ; maisaussi c'est la un vcri- tableperfectionnementque de nosjoursilfaut ajouteraiidrame; c'est ainsi qu'on sera neufsansStrcfaux,qu'onsera original sans Ctre extravagant ; toutefois,onne sauraitseledissimuler, c'est une tache prodigieusement diflicile que de concilier ensem- ble et le dramatique d'une action passionnee, et la verite de I'histoire, et la naivete des peintures de moeurs; I'inexpe- rience se trompera long-tcms avant que le genie renccuilre juste. Maigre le succcs biillant et meritc qu'il obtient, le drame de M. Dumas est loin d'avoir resolu le probleme; tuute la partie passionnee de sa piece, qui n'est nulienicnt hislo- rique, a produit beaucoup d'eflVt ; les details d'histoire, les trails empruntes aux chroniques , les crO({uis de mceurs* PARIS. 567 n\\i out j)rtnliiU tjiie fort pen , et ii'oiil seiul)le (ju'iiii roin- plissige quelqiierois agicuble , luriis beaucuiip trop long-. Les doiix premiers actes, presque enticrement cunsacres aiix peiii- tures du lem-j et a Taction politique, out failli coaipromeltre le sort dc ia piece, malgre Ics traits spiritiiels du dialogue, et uiie scene de defi entre Saint-3Iegrin et le due de Guise, scene pilloresque, pleine de mouveaient et de verite locale. Ce n'est c|n'au troisienie acte , lorsipie le spectateur a pn coniprendre enfin qu'on allait I'occuper d'une action pas- sionnee , que I'interet s'est eveille a mesure que la piece a seiuble prendre de la vie. Rien n'est assureiiient nioins con- forme a riiistoire que de peindre le due de Guise jaloux jus- qu'a la lerocite, forcant sa femme , en mcurtrissant son hi as avec un gantelet de fer, a attirer dans un piege Plioaime ([u'il croit.-on rival heureux, et I'aisant assassiner cet humnieavcc qui il doit se battre le Icndemain en combat singulier; mais. cela est conlbrme a la passion; le spectateur a oublie et le terns, et le fait historique, et le due de Guise; il a'a vu que des caracteres saisis dans la nature et I'humanite , dcs person- nages places dans une situation terrible ; cc sont des honnnes, et des hommes pathetiques; qu'importe leur nom! il a etc emu, il a applaudi avec transport. Ce n'est pas que nous ne blamions I'auteur d'avoir mis en scene un pcrsonnage si connu pour le defigurer: lorsqu'on se fait peintre de portraits, il faut etre fidele; si vous voulez tracer des peintures d'inia- gination , ne leur donnez pas lui nom liistori([ue. Nous remar- quons seulement ([ue I'image d'une passion bien sentie pent faire pardonner plus d'un defaut. L'effet a ele le meme au 5° acte , lorsque Saint- jlegrin , arri\ ant dans la chambre de la ducliesse de Guise , et se croyant an combte de la felicitc, apprend qu'il n'aplus que quehjues minutes a vivrc, et que des assassins I'altendent. Cette mort inevital)le, dcvenue si douloureuse depuis qu'il sait (]u'on I'aimii, cette agonic mcice de transports si passionncs, cette lueur d'espoir siliU dis^ipee lorsque le nioyen de salut (|ui semble s'oftVir ne fait que Jeter la victime au milieu des bourreaux, enfin ce fatal mou- choir dont le due de Guise n'a rien dit a sa femme, et qui, dans cette catastropbe , apparait d'une maniere si Iragique, toutcela est imagine avec bonlieiu', et devait produire un etTet assure sur des spectateurs disposes a se livrer anx I'-molions qu'on leur veut inspirer. Les criti(pies viendront ensuite re- procher a I'auteur quel([ues invraisenililances, des scenes inu- tiles, des situations penii)lement amcnees ; ils se plaindront de ce ipie Ic caraclerc de (^atlicrine (h; Mt'sdicis. -i dominanl (laiis riiisloire, suit si mil dans la pieco; ile ce (|u'o!i iiomme (inisu nil per.-onnago si dilVereiit dti Guise -veritable; mais Ic public aimcra miciix les emolioiis do la scene (|ue la raisou lies critiques ; il les e(;niiteia cependant lorstjiie i'aiiteur le laissera calnie , ct il convienflia avee eux (fue les scenes Tort inutiles des niis^iions el des ligueurs, chez I'astrologue, au premier acte ; que les conversations des conrtisans , an se- cond ; (pie le qualiieme, presqne enlier, et siirtout la pjiande scene on Henri III se nomnie chel'de la ligue , nous delonr- nent luut-a-lait de Taction principale, et allaiblisseiit l)ean- coup rinterCt. L'anteur, encoHrage par nn debut si i)rillant, apprendra qnernniled'aclion est une regie de bon sens donl, a quelqueprixtpie cesoiljl ne I'aut jamais s'ecarter; que, si deux actions se rencontreiit dans le sujel d'un dranie , il f'aut de tonte necessite (jue I'une soit tellement subordonnee a I'au- tre , on que toutesdeuxse maiient si bien ensenilde, se con- i'ondent si inlimenicnt dans le menie interet, que I'emotion continue et progressive n'eprouve aucune distraction, ne soit inqnietee par aucune emotion etiangtie. Je ne sais s'il y avail moyen , dans le sujel choisi par M. Dumas, de lier !es demeles de la cour et de la ligue avec I'assassiual de Saint-Megrin ct sa passit)n pour la ducliesse de Guise ; mais, ce qui est bien certain, c'est que Fanlenr ne I'a nulle- ment tente, et que I'on voit dans sa piece deux evenemens, deux actions , deux sentiniens qui niarchent el se devcloppent jiarallelement, que I'auteui- qiiitle et reprcnd tour a tour, s'occupant tanlot de la politique de Guise, lantol de sa jalou- sie, sans que I'unc des deux actions entrave ou precipite I'au- Ire. L'anteur semble menie avoir evite avec grand soin les occasions les plus naturelles de lier ces deux parties de son sujel; ainsi le duel, marque pour le bmdemain, aurail dfi au moins i'aire un instant balancer Giuse sur I'execution de I'as- sassinat. Guise n'y pense seulement pas; et cependant, il y avail peul-etre dans le rappiocliement de ces deux evenemens <|ui apparliciment a cliacune des deux actions, le germe d'une peripetie. Ce del'aut capital de Henri HI n'en a point empe- (be le succes, mais il inlluera sans nul doiite sur le jugemenl des connaisseurs, qui, seul, fail les succes durables. Get ou- vrage prouve que M. Dumas sail peindrc la passitm, qu'il sail trouver des ellels de scene, et exciter les emotions qu'on va cberclier au thefilie; il pi'ouve aussi ((u'ila besoin d'etudier eucor<' d'autres parlies essenlielles de son arl, et d'apprendre il eviter des delauts qui porleraieiit mallicui' a des sujets* dont Faction saisirait moins vivementle spectateur. — Henri III a PAiUS. 5(),7 ete generalenient bien joue; on rcgrette que la chaloiir veri- table et passionnee dc Firmin se depense quelqucruis en moii- vemens courts et en continuels sautillemens; Joanny ne s'est pas enibarrasse plus que I'auteur de nous montrer Ic Guise de rhistoire, mais il a saisi celui dc M. Dumas avec un talent remarquable , et ce rule Ini fait Ijcaucoup d'honnenr. II .'•erait difficile de i'aire coniprcndre aceux qui ne Tont pas vue, tou!c» la perfection de M"° Mars dans la ducliesse de Guise; rien de plus vrai, de plus pathetique, deplusdechirant; c'est bien la le de- lire d'une passion au desespoir, cesontbiencescris de douleur qui penctrent jusqu'au fond de votre arne. EUe tire un efl'etad- mirable de cettesouflVancc physique qu'il est si difficile dereu- die convenablement a la scene et d'eniployer conime un moyen tragique. Ce rare talent d'execution a sauve a I'auteiu" le danger d'une situation perilleuse, ct sans doute aussi plus d'une objection de criti(|uc. — L'autorite s'est eflrayee de quelques traits cpii peiguaient les moeursbigotcs du tcnis; une vingtaiue de mots out ele effiices; la piece y perd quelques nuances de verite, mais la religion est sauvce ! M. A. — Theatre italien. — Premiere i-cpresentation dc Clary ^ opera, musique de Si. Halevy. (ii decembre 1828). — Tout le moude a pleure au divin ballet de Clary; tout le monde a present a I'esprit les principaies situations de ce dranse interessant, dans lequel M"'' liigottini avait accru sa reputa- tion, et qui a principalement developpe celle de M"° Noblet. Le iivret ilalien en est une traduction fidele : Clary a quiltc son pere Alberto pom- suivre le duo Meviila, qui la fait pas- ser dans son chateau pour sa cousine. Gennano, espece de factotum de Meviila, vlent de composer une maniere de petit opera qui doit etre chante devant Clary par les gens du due; la representation a lieu, mais, parmalhcur, la fable inventee par Germano se trouve etre la propre histoirc de Clary, qui, troublce par des souvenirs dechirans, iiiterronipt le spectacle en se jetant aux pieds de celui qui remplit le role du pere dans la petite piece. Grande colere du due. Clary se decide a s'echapper par la fenetre ; elle reiourne a pied dans son Tillage, et va se jeler en tremblaut aux genoux de son pere. Celui-ci demeurc inflexible , lorsqu'arrive tri-s-a-propos Ic due lui-meme, qu'Alberto veut d'abord tuer a coups de fusil, mais auquel il pardonne bientot loisqu'on I'assure (|u'il em- pecherait par la sa fille de devenir duchesse; en consequence, les sombres nuages se dissipent, comme dit le Iivret, et lou* les coeurs palpilent de joie. L'ouverture du nouvel opera est fort agreable, bien qu'uji 570 FllANCl!:. pen conriise; les iustrimieiis ile ciiivre y soul sans doule uii |ieu tiop (•m})loy<'s , inais co coiitrastc rosstnien relcvi; d'au- taiit iiiieux la grace de la nirlodit;. Lc premier inolil', suiioiil, (pii I'orme plus tard le siijct d'lin chanir de feiniiio, iioiis a pani joli et tres-ljien Iraite. M. Ilalevy s'enlend a nierveilie a I'ehansscr le moiiuire trait par le (dioiK de riiislrniiieut aii- qiiel il le eoiifie; et cet art, qui nc pent elrc que le resullat de prol'ondes etudes harmoniques, doit surtout etre appreeie dans uu jeune niticstro. L'iiitnidiiction est bonne , et la belle voix dc Zuchelli (Germano) s'y deploie avec nne legercte pleine de gofit. La cavatine du due : 0 d'os;ni min speranza est assez plate, et Donzelli lait de vain.s eflorts pour paraitre excculer avec ai- sante les diffieultes dont elle est surcliargee. La eavatine de Clary, qui vient ensuite, est meillenre, sans etre encore bicu saillante; elle produit beaucoup d'effet, grace a nne jolie ri- tournelle, a im accompagnement de cors bien compose el a ['admirable execution de la cantatrice. Snr ce passage : Clary infclicc, la povcrta ramcnta, les hautbois chantent avec nie- lancolie les souvenirs de la channiiere paternelle, c'est \\i\ trait lieureux et qui a ete applaudi. Dans le duo qui suit, entre le duo et Clary, I'auteur a etc. tont-a-fait I)ien insi)ire. Plusienrs phrases sout vraiment charmantes et d'une purele ilaliemie; mais c'est la scene dc la repetition qui a oI)tenii les plus bruyans applaudissemens et decide le succes. Ger- mano tail executcr, avant la representalinn, la symplionie et les choeurs de son opera. Cetle scene, ])ien jouee par Zu- chelli, est d'un caractere bonfi'e tres-original. Un rire mii- versel a accueilli la symphonic sautillantc qui parodic tros- drulement I'ancienne musiquc francaise, et le chant plcin dt; verve de Germano : Senlo gli aj)plausi a complete reffet du morceau. Vient ensuite un choeur de I'enmies, extremement joli; le motif en a ete place dans Ton verture; puis, la scene de la reprcbentation, qui n'ottVe de saillant que le jeu dc iM"" Malibran. La musiquc, execulce snr h; pclil ihealre, nous a semble IVappee d'un detaut qui, jusquc-li'i, ne nous avail point a])paru; nous y avons reinaripie une nnitbrmile dr coupe et de monveu'cnt, un chant mesnre et regidier (|ui rappellent beaucoup trop les couplets du vaudeville ou dc I'ancien opcra-comitpie : dans toute celte scene, M. ILilcvy n'a pas fail mieux (|ue vingt conq)ositcurs de Feydeau. V.i\ revanche, le final esl excellent; le chant en est bien dislribue, les voix se joignent el se separeni de nianiere a produirc al- ternalivenient de belles masses d'harmonic cl une incloilie PARIS. 571 louchaiite. Cost cepeiuIaiU iti !a science qui parait Tein- poiter encore siir riiiveiilion; los rontrees dii choeur sont bieii menagees; enfin, clans I'allegro : Cerxo frenarmi iniano, le compositeur a place des accens niagnifiques, dont I'ex- picssion est habilenient saisie, suitout par M""" Malibran; le taUi est presque aiissi bruyant que celui du linal dn Crocialo. Dans le second acte, le niTisicien semble avoir vonlu lais- ser plus de place a Tactrice ; le chant y est plus rare, mais le jeu de IM""' Malibran soutient merveilleusenient I'interet. Des les premiers mots , on retrouve chez elle les sons dechirans de Desdemona, et cette voix du ca3ur, dont le sou- venir s'identifie avec celui de M"" Pasta. Le duo la lua fede a me giurasii entre Clary et le due est une fort belle composi- tion , dans laquelle le musicien s'est inspire, mais sans pla- giat, du passage de la S emir amide : quai mesto gemito, etc. La situation est belle (Clary sommant le due de tenir la pro- messe qu'il lui a faite de I'epouscr), et le maestro I'a com- prise. L'efiet general de ce duo est solennel et majestuenx; la fin en est pleine d'energie ; c'est le morceau capital dc I'ouvrage. Nous avons remarque ensuite un petit trio entre le due, Germano et la suivante, qui est gracieux et piquant, puis une priere bien composie maisassezpeu originale. Quant au troisieme acte, nous ne pouvons y noter, en fail de musique, qu'un fort beau trait d'orchestre pour annonccr Tarrivee de Clary chez son pi-re; tout le reste se passe en action scenique sans que le maestro puisse reYendiquer au- cune part des nombreux bravos prodigues chaque soir a cette dernicre portion de la piece; I'honneur en est du tout cntier a Graziani, qui jouc le role du pere avec un rare ta- lent, et a M"' Malibran, extremement touchanie, quoiqu'un pen cxageree dans ce dernier acte. II est a regretter que Zuclielli n'ait pas un role plus impor- tant, et que, dans le dernier acte, M. Halevy n'ait point place quelque duo ou trio, que la situation semblail indiquer; au surplus, telle qu'ellc est, la piece uouvelle nous a revele un bon compositeur de plus, et son coup d'essai fait ptllir bon nombre de celibriles ultramontaines, telles que le Ro- meo de Yaccai, le TebaUlo de Morlacchi, etc. La miseen scene est soignee; les costumes sont riches et elegans; des trois que porte successivcment M"" Malibran, celui du second acte nous a paru le plus pittorcsque; c'est exactement celui de la reine .leanne de Najdes, dans le superbe portrait de Raphael ei Jules Romain, qui est au Musee, dans la salle dite des^ chcfj-d'aHivre. Alex. T. :»7.i FllAINCE. PRIX PROI'OSKS Pur IcsSociilcs suidtilc)! ct litlcraircs dcFrnacc cl dcspays clraiij^rr.-i. —La Socirlc ruyak d'Kdimbourg ollVe un prix hieniial,(l(nii la \aleiir ViuicMu cic 60 a G5 livios sterling (iSoo ;'i i(ioo (r.), a la plus inipurtaiUe decouvorlc dans Ics scieiK'os, I'aile dans uiie paitie (|neKonqiie du monde , mais coninuniit|iiec par I'antcur a la Societe royale, et publiee pour la premiere fois dans scs transactions. — LaSoc'uic des sciences, agriculture et arts du Bas-Pi/tiii , etablie a Strasbourg, met an concours, pour 1829, la ques- tion suivante : :< Comparer les avantages. qui resulteraieiil pour I'Alsace dc I'emploi des instrumens aratoires j)errer- tionnes de Koville.Griguon,ll()henheimct Ho0Svyl,a\ ev ceuv que Ton retire des instrumens dont on sc sert aetuellemeul dans cette province. Le prix consiste en unc medaillc d'or de 5oo i'v. Les Memoircs devront etre rcmis avant Ic i*"' juin 1829. — Des medailles d'argent seront aussi decernees a deux bcrgers.un garconde charrue, ninigncron, deuxgardcs champetres etdeux gardes forestiers , qui auront I'ait prenve, dans I'exercicc de leuremploi, d'iulelligence, d'instruclion el de probite. — Ces recompenses contribueront cerlainemeut u rendre plus hojiorables des professions oi'i I'lionime pent de- ployer ses facultes intellectuelles au profit de ia societe, el a encourager dans une classe d'bommes, jusqu'iri trop negli- gee, I'acquisition des connaissances utiles el la piatiqiu". des vertus qui lionorent I'hommc et le citoyen. ■ — Les Socieles (['instruction Hhuentaire , de la tnoralc clirc- tiennc et des metkodes d'cnseigncment, se soul reunies pom' ])roposer im prixde i5oo francs, destine au meilleur IMemoire. en I'avenr de la libertc de i'enseigncment. Les concurrcns ne devront point se borner a exposer en qnoi cette liberie est bonne; ils s'attaclieront aussi a demoutrer comment elieesl possible; a determiner par quels caracteres se distingue nn regime libre; a rcchercher (|uellcs sunt les garanties (pu; re- clament les droits tie ceux ([ui lecoivent riustiuctiou, couiuk! les droits de ceux qui la dounent. Les Memoires devnuit etre adresses, avant le 1" jainier icSoo, a iM. tWiH, rue Taranue, n. 12. — J/ytcndiiiiie drs sciences, bcllcs-lcltre.s cl is marts stirlout, ('•lablirent sa reputalioa sur des bases solides. II hala les pro- gres de I'instrumentation , distribua les diverses parlies] de rorchestre avec plus d'arlifice ot de discernoment , ot fonda chez nous le style que les neuvres iuniiortellos de Haydn et de Mozart ont perfectioune. Ses operas, qui ontobtenu, a diverses epo([ues , des sncces plus on moins brillans , sont inconnns dos amatein's de notre epoque ; les litres nu-mes ne figuront plus que dans les biographies. Los choeurs d'J//w/ie el le motet a trois voix sans orcliestre : O salularis /lostia , voiU'i tout CO qui est reste des nombreuses compositions do Gossec; on pent ajouler encore les excellons soli'eges qu'il a ecritsponrlosmethodesdu Conservatoire. Etcependant Gossec a beaucoup fait, mais ses compositionsmanqucntd'inspiration et de gOLit , son style memo n'esl point a la hauteur des con- iiaissancos qu'il possedait et qu'il a transmises a ses el6ves. A I'age de 81 ans, Gossec professait la composition au Conservatoire; a 90 ans, il venait encore passer nne partio de la soiree dans le foyer de Feydeau ; sa tote etait tres-affai- blie, ot depuis lors, prive do ses facult('s intolleclnellos, il achevait dr. mourir a Passy , ou il est decode le i() ievrior dernier. Nons avons emprunto cos details au Journal des Dchats , on M. Castil-Blaze, autour des excellons articles sur la Jiinsique publies dans ce journal, a consacro uno longuc notice an iloyon des composileiu's francais. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CAIIIER DE FEVRIER 1899. 1. MI'MOIRES, notices ET Ml'-:LA^GES. Pages. 1. De IV-ducation (Ip nos faciiltes iiiteUectuellcs. . . Diinoyer. 3o5 2. Dcs pirateries des barbarcsqiies. ' E.B. 528 11. ANALYSES D'OUVRAGES. 7>. Menioiros de rAcadeinio dcs sciences de Sl.-Petersbourg. Ferry. .'45 /(. Fiapporl dc la Cominissioii de statislique de Suf-de. Dcpping. 'iCt^ 5. OEuyres de Macliiavel , tradiiites par J.-V. Penes; (second article) M. A vend. o-jG 6. Lcfous sur la coanaissance des prisons, par N.H. Julius. H.-C. 407 7. llisloire de la Louisiane , par M. dc Barbe-Marbois, Comic de Scgiir. !\''>A 8. Etudes fran^aiscs et elrangeres , par M. Eniile Descbanips. *** 4.15 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonccsde io5 ourrages francais el elrangcrs. AMliniQUi; SKPTEWTRIONALE. ■ EtdtS-Uuis , "J 44" EiBoi'E. — Grande- Brcta gnc , i) 44l) — liiissie , 8, dont 5 ouvrages p6riodiques publics en Einlandc. 4''7 - — Danemark , 4 , dont i ouvrage periodique 4''>9 • — Allcmagne, 7 4*'» ■ — Suisse, o,dout I ouvrage periodique ^~o — Italle. 4 474 — Paj's-Bas , (3 , 477 FiiAACE , 57. s»\o\v : Seiences pliysiques ct natureUes, 16 4^'> ■ — Sciences 7-eligieiises, morales, poUtiqites el Itistoriqnes , i4- • • 4i)7 ~ Liner ai lire , 18 ■'iili — Beaux-aris ,2 ^^"y — Ouvrages periodiqucx , public's dans its deparleniens. G. . . ^~y'i — I.irres en Inngiies ^Irargeres , iinprinies en France, 1 . . . . ' 4^ 5^6 TABLr. DES AiniCLES. IV.NOUVELLESSCIENTIFIQUESKTLITTliRAmES. AwKniQt'n sEPTENTRio?fALE. — Etats-Uitis. Silualion ties Elals-riiis. — Ancicnncs constructions americaines 544 At STRAi.\sii!. — ricrlicrelif (Ic la Pc'tousc 54'> EUROPE. GI\A^DE-B^.^.TA^.^E. — Lvndres : Sociotes savantes. — IrlanJe : Situation de cc pays; de rKmancipatiou. — Londres : Thea- tres 549 I^i'ssiE. — Navigation ])ar la vnpeur entre Odessa et Kherson. — Courlandc : Stalislique 554 Da-nemark. — Societos savantes et liHeraires d'Islandc 555 Ai.LEMAGNE. — Bcrliii : Hisloirc bibliograj)luque SSy Slisse. — Exploration des Alpes 558 Pats-Bas. — Namur. Athenee; liefornies dansrenseignemcnt.. 559 I'liAJVcE. — Ris ( Seinc-et-Oise). Instilul hortlcole de I'romont.. ibid. Paris. — I nsl it ut : AcaiU'in'ic des sciences: seances du 12 Jan- vier aii 9 fevrier 1829. — Tlu'dtrcs. Theatre Frnncais : 1" repre- sentation de Henri III ct sa Cuiir, drame hisloriquc. Theatre Ilalicn: \^° representation de C/rtrj', opera 55o Prix PRorosiis par : 1" la Socicte royalc d'Edimboiirg; 2° la Sociitd des sciences, agriculture ct arts du Bus - lihiit; 3" \cs Societes d' instruction eUnientairc , de la morale chreticnnc el des mi- ihodes d'cnseignement; 4° XAcadiimie des sciences, belles-lettres ct arts de Desanron ; 5° la Societti royalc des bonnes-lettrcs. . . . 562 NicaoLOGiE. — Gossec (Frauce) 565 ERRATUM. Unc faute d'impression , d"ou resulte an contre-sens complet, s'est glissee dans un article du Bulletin bibliograpbiquc de notrc dernier ca- hier(Vo\'. Jaivvier, Livres dlrangers, Grande-Brclagne , page 177), «" lieu de « I'auteur peclie par un surplus dc richesses : il veut tout dire ct ne suit pas peuser; lisez : il veut tout dire et ue fait pas penser. » J\ous uiettous d aulant jilus d euipresseuient a relever cette erreur, qu'elle oxpriuie une opinion lout oppos(ie a la notre , et qui , applicjuee a 1 auleur de Pclhani , serait a la I'ois unc absurdite el uue injustice. CORRESPONDANCE LITTERAIRE, PHILOSOPHIQUE ET CRITIQUE DE GRIMM F,T DE DIDEROT, DEPtiis 1753 jusqu'en 1790. NOUVELLE Edition, KEVUE ET MISE DANS UN MEILLEUR ORDRE, AVEC DES NOTES ET DES ECLAIRCISSEMENS, ET OD SE TROUVENT RETABLIES POUR LA PREMIERE FOIS r.ES PHRASES SUPPRIMEES PAR LA CENSURE IMPERIALE. I 5 VOL. IN- 8°. PROSPECTUS. LoRSQUE parut la Corrcspondance Utteraire de La Harpe, on se recria avec raison centre ses jugemens , presque toujours dictes par la prevention ou I'aniour- propre, contre ses vues etroites, le sentiment tout per- sonnel qui dominait chez lui , son soin minutieux de rapporterses pelits vers , et d'enregistrer les grands com- plimcns qu'ils lui valaiont. Ces defauts frapperent tous les yeux, mais le livre n'en fut pas moins j-eclierche avec empressement : c'etaient les premiers meiiioires litte- ( 2 ) ralres, rcdiges avcc quelque soin, siir cctte cpoque ani- mce dont la llttcrature apparlient a I'liistoire, sur cette fin dii dlx-huitieme siecle, ou les ouvrages de I'esprit exercerent line si piiissaiite influence et concoururent a cle si grands evenemens. Onze ans apres, on publia cinq volumes d'une Corres- pondance du baron de Grimm. Des apercus entierement neufs , des vues etendues, des jugemens exprlmes d'une maniere originale, enfin toutes les qualites que laissait desirer I'ouvrage de La Harpe distinguaient celui-ci, et tout dabord lui firent donner une juste preference. La favour du public encouragea les cditeurs : une reimpres- sion des volumes publics devint bientot necessaire, et ils ne tardercnt pas a fitre suivis de cint| aulres, qui menaient jusqu'aux jours de la revolulion naissante ce proces-verbal des progres de I'esprit et de la philosophic. Enfin le commencement de ce recueil fut egalement retrouve, et, a quelques courtes interruptions pres, Ton cut, grace a ces decouvertes successives, un tableau litteraire de i ySS a J 790, c'est-a-dire plus coinplet de douze ans que les Memoires secrets de Bachaumont , de vingt - deux ans (jue la Corresponclance litteraire de La Harpe , de vingt- sept ans que la Carre spondance secrete de Metra. De 1^533 i^Qoonvit finirFontenelle et Montesquieu; Buffon publier ses titres a I'immortalite et descendre au tombcau ; on vit se poursuivre et s'achever le monument encyclopedique ; Rousseau a ses debuts et a la fin d'une carriere volontairement abregee peut-etre; Voltaire pu- bliant plus dun grand ouvrage historique, et mainte fois applaudi a la scene; ses resles obtenanl dans I'ombre \\n peu de terre, malgr^ la defense d'un eveque, puis tout un poiiple se disposant a les porter on triompbe aux ca- i ( -^ ) veaux du Pantheon; tie lySS a 1790 on vit cette guerre de billets de confession, oil combattirent le parlement, la cour, le clerge; puis a ces debats ridicules, a ces champions impuissans, succeder une lutte imposante, et Mirabeau. On comprend tout ce que renfermait d'clemens de suc- ces I'histoire quolidienne d'une epoque si pleine d'eve- nemens , si mouvante , si contrastee ; mais , pour tout faire apprecier, disons comment fut composee cette chronique, et comment elle fut publice. Grimm enlretenait avec plusieurs souverains du Nord une correspondance qui les mit au couranl de ce qui ap- pelait I'attention de Paris. Comme la taclie etait eten- due, il pria souvent Diderot , son ami, de le seconder. Celui-ci se chargea notamment de plusieurs Expositions de peinture; non pas que Grimm n'en fut lui-meme fort bon juge, car Diderot disait que s'il avait, sur cette partie des beaux - arts , quelques notions reflechies , c'etait a lui qu'il les devait ; mais parce que le compte a rendre des Salons etait une surcharge de travail qui cut force Grinmi, si elle eut toujours pese sur lui , a tronquer ou a negliger tout le surplus du sien. Quelquefois encore il fut force par ses affaires personnelles , ou par des ne- gociations qui lui furent confiees , de s'absenter mo- mentanement de Paris. Il avait a cceur que sa Corres- pondance n'en souffrit pas : aussi s'arrangea-t-il presque toujours pour qu'un ami tint la plume en son absence. Diderot lui fut encore plus d'une fois utile en ces circon- stances, etl'on pense generalement que Raynal, d'autres ajoutent Suard , lui prelerent aussi leur secours. Si ce changement de mains rendit necessairement le ton de cette Correspondance moins monotone , et lui ( ^* ) donna plus dc niouvement et de variete, necessairement aussi son ordre et son ensemble en durent souffrir. OEiivre de plusieurs auteurs , elle avail besoin d'un unique editeur pour etre coordonnee. II en fut aulrement. Quatre liommcs de Icttres se trouverent cbarges de sa publication; et, comme pour jeter plus de confusion en- core dans ce cliaos, I'ordre chronologique ne fut pas observe pour la livraison de I'ouvj'age. Le second tiers fut imprime d'abord ( rSia); vint ensuite le troisieme; le premier ne fut retrouve et mis sous presse qu'en der- nier lieu ( I 8i3). De la des transposilions de dates et des erreurs sans nombre. Un bibliograpbe dont la Science a naguere eu a de- plorer la perte, Barbier a dit : « La celerite que Grimm a du metti'e dans la redaction de ses lettres I'a expose souvent a transmettre a ses correspondans de fausses in- dications sur les auteurs de plusieurs ouvrages; et fre- quemment, malgre le zele qu'il a mis a decouvrir la verite, il hesite dans les renseignemens qu'il fournit. De courtes notes devaient relever les fautes qui lui sont echappees, et fixer ses incertitudes; il eut ete a desirer que des notes du meme genre indiquassent les auteurs des ouvrages que Grimm n'avait pu connaitre. Ces eclaircis- semens, joints a ceux dont on lui est redevable, eussent donne plus de prix a sa Correspondance. II ctait difficile aussi que Grimm ne commit pas plusieurs erreurs de fails, par la difficulte de se procurer tous les ouvrages oil il eut trouve a eclaircir ses doutes : ces erreurs de- vaient etre relevees avec tous les nienagemens dus a la position de I'auteur. » Les premiers editeurs ont, pour ainsi dire, porte les menagemens jusqu'a n'en relever aucune; mais ils ont ( 5 ) pousse tiop loin la dclicatesse, s'ils onl era devoir justi- fier la negligence de Grimm par la leur (i); c'est une abnegation, un sacrifice dont personne ne peut leur sa- voir gre , I'onibre de Grimm moins peut-etre encore que ses lecteurs. Barbier publia, en i8[4, un volume de Supplement acelteCorrespondance, qu'il terniina par un releve assez etendu, quoiquebien incomplet, des inexactitudes et des fautes qu'une lecture sans doute fort rapide lui avait per- mis d'entrevoir dans cette publication. M. Beiichot, dans un excellent article , insei-e au Mercure de France de mai i8i4? en signala d'autres encore : mais ces travaux, si precieux pour une edition nouvelle, et que notre tache devait etre de recueillir et de completer d'une maniere qui ne fut pas trop indignc de leurs auteurs, n'ont gnero pu servir jusqu'ici qu'a demontrer I'insuffisance de la pre- miere edition. Nous devious done nous attacber a rectifier, par des notes concises, les faits que Grimm a alteres; a expliquer les allusions a des evenemens contemporains que ses lettres renferment; a indiquer les veritables titres et a (i) Nous croyons en devoir rapporteruu example; si les lecleurs ne Iroiivent pas que, malgie nos efforts, nous ayous mieux fait que nos devanciers, ils s'expliquerout du moins |)ourquoi nous avons fait autrement. On lisait torn. I ' p. 9 de la premiere edition ( p. 8 de celle-ci), au sujet du Traite des legions public sous le nom du marechal de Saxe, ce passage iraprime ainsi : •< Ce Tiailt " doit necessairement augmenter la patience qu'on a de voir les reveries de " cet liomme illustre. » li^tait-il facile a tons les lecteurs de deviner qu'il fallait ; « Ce Traite doit necessairement augmenter I'impatience qu'on a de voir les " Reveries de cet liomrae illustre ? >■ Car les Reveries sent le litre d'un ouvrage du marechal dont Grimm fait I'eloge plus lard, et non pas un terme de dedain eomme Font cm les premiers edileurs. II nous serait facile de citer bon uonibre de phrases travesties de la sorte et de noms propres rendiis mcconnaissables ; niais on nous saura plus de gre dc ne pas tomber dans ces fautes que d'en donnc r le releve. ( 6 ) donner le nom des auteurs des ouvrages dont il rend compte. Quant a ses jugemens , il ii'entrait pas dans notre plan de les examiner : ce ne sont point des dis- cussions litteraires , ce sont des eclaircissemens que nous nous sommes propose de donner. Naigeon a reproche a Grimm d'avoir denature quel- quefois les articles que lui remettait Diderot. De la part de Grimm le parti pouvait etre sage. Il est sorti de la plume du philosophe plus d'une maxime assez malsonnante pour I'oreille d'un souverain, et les correspondans de Grimm eussent bien pu lui retourner ses lettres, s'il cut laisse une trop libre carriere a I'auteur des Pensees philosopliiques. Pour nous qui n'adiessons notre travail qu'au public, noire xlevoir est de collationner les articles de cet auteur sur le texte de ses OEiwres, et de consigner dans des notes les suppressions que le calcul bien entendu de son ami put leur faire subir. Nous devons dire toutefois que I'assertion de Naigeon est apeu pres sans aucun fondement; car ces cbangemens sont fort rares et en general insignifians. Grimm, censeur pretendu de Diderot, fut censure a son tour : par la nous n'entendons pas parler des retranche- mens bien naturels que ses editeurs opererent dans sa Correspondance , d'analyses de pieces de tbeatre qu'on represenle tons les jours ou que nous possedons dans nos bibliotlieques, et de vers ou de morceaux de prose qu'il citait et qui avaient ete reproduils textuellement dans les OEuvres de leurs auteurs (i). L'ombrageuse censure imperiale y trouva autre cbose a reprendre que cette sur- abondance. Elle signala dans le manuscrit bon nombre d'articles et de phrases dont la liberte et la hardiesse lui (i) C'est ainsi qu'ils en ont rctranche avcc raison le romaii tout enlier de la Ri'lif;icusc , Jacques h falaitslc , el ceiix des Snlviis Je Diderot ()ui avaieirt ( 7 ) parurent dangereuses : malgre cette operation prealable, elle crut devoir encore, apres I'impression, exiger quel- ques cartons. Cette edition renfermera les phrases ou fragmens d'articles dont la suppression avait ete ordon- nee ; quant aux articles coniplets condamnes par ces nouveaux inquisiteurs, ils seront publics par les soins d'un autre editeur, dans un volume separe, du meme format et du meme caraclere que les notres. Cette edition, dans laquelle I'ordre chronologique se trouve retabli , renfermera done 1° Des notes et eclaircissemens qui, nous pouvous I'assurer, sont le fruit de recherclies nombreuses, sou- vent penibles; 1° Trois mois de la Coirespondance omis dans la pre- cedente edition, et publics par Barbier dans son Siip- pleinent ; 3° Les remarques de ce bibliogi'aphe comprises dans le meme volume, et qu'on trouvera dans notre travail signees de son initiale ; 4° Enfin des retablissemens nombreux du texte altere par les premiers editeurs, el des articles tronques par la censure. Si ce travail nous vaut quelques suffrages , il nous sera doux d'en voir reporter une part sur le savant editeur ete deja publics. Nous devons faire observer qu'on trouvera encore dans la Cor- respondance de Grimm un grand nombre de niorceaux d'ecrivains celebres , que tous les editeurs de leurs OEuvres ont omis d'y comprendre. Ainsi , par exemple , dans les deux premiers volumes ou trouvera de d'Alembert un Discours pour Le Kaiu , 1. 1 , p. 24 ; des vers sur le roi de Prusse, t. II , p. 265 ; de Diderot un article sur le Salon de i ySg, t. II , p. 352 , et un autre sur le monument de la place de Reims, ibidem , p. 407 ; de Fouteuelle une Lettre piquante sur la Vallee de Josaphat , t. II, p. i Sg. Les volumes suivans reuferment egalenicnt deslettres inedjtes de Voltaire, et d'auties morceaux non moins cnrieux. ( 8 ) de Bafle et tie Voltaire ^ M. Beuchot , clout nous avous sou- vent mis a contribution la complaisance, aussi infaligable que ses lumieres sont etenducs, et sur M. T. Ravenel, dont les recherches bien dirigees nous out plus d'une tbis mis sur la voie d'utiles documens, et qui recevra bientot plus de renom des travaux estimables qu'il pre- pare que de ce faible hommage de notre gratitude et de notre ami tie. J. T. 7.0 Janvier i8?.C). CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Cette edition formera i5 volumes in-S" : les deux premiers sont en vente ; les autres paraitront cxactement de six en six semaines, par livraisons de deux volumes. Lc volume compose des articles com])lels supprimes ])ar la censure formera un seiz,ieme volume, que iios souscripteurs se- ront libres de ne pas prendre, II fera partie de notre seconde livraison. L'edilion cntiere sera imprimee par H. Fournier, sur un pa- pier superfin saline, en caracleres neufs de Firmin Didof. Ce Prospectus pent servir de specimen. Le prix de chaque volume estdeG francs 5o centimes pour les souscripteurs. II a ete tire 26 exemplaires sur papier velin superfin saline , donl le prix est double. Oy SOUSCRIT A PARIS CHEZ : FURNE, LIERA.IRE, QUAI DES AUGIISTIIVS, N° ?>'] ; LADRANGE, LIBRAIRE, MEME QUAI, W" 1 9. mi'RIMERIE DE II. FOURNIER . DE BB 0^cir f^ Wiei'a/u:r SOULANGE BODIN. ^grospcchts. TJn Institut horticole est fonde dans le Jardin de FROMONT. Le but de cet Instltut est de former, par des etudes theoriques et pratiques simultanees , dans les diffe- rentes parties de I'Horticulture , des Cultivateurs habiles ct des hommes veritablement utiles a la societe, a leurs families, a eux-memes. Un Prospectus particulier contient de plus amples details sur I'organisation de ce nouvel Etablissement, dont laspecia- lite est suffisamment delerminee , dont I'utilite est incontes- table, dont le besoin se fait et va se faire de plus en plus sentir, dont les voeux les plus eclaires et les encouragemens les plus recommandables ont provoque la formation , ainsi que sur les conditions de I'admission des eleves. L'Institut horticole de Fremont embrassera I'etude ct la connaissance de tons les vegetaux exploites dans les pepinieres et dans les jardins, leur multiplication, leur culture ct leur application diverse soit a nos besoins, soit a nos plaisirs. A cet effet, il est elabli dans le jardin de Fromont : 1°. Un Coiirs de Botanique et de Phjsiologie 'vegetale ap- pliquees a T Horticulture •, 2". Un Cours special de Culture appliquee aux arhres a fruits, aux plantes potageres , aux arbres et arhrisseaux de forSt, de ligne et d'ornemcnt, aux plantes dagremeni indi- genes oil exoliques. A ces deux Cours , il sera joint un expose sommaire , et mis a la porlee de toutcs les inlelligences , des connaissances Ics plus usuelles de physique et de chimie agricoles, que le progres des sciences et I'etendue des decouveries rendent aujour- d'hui indispensables a tout bon Cullivateur. 3°. Un Cours de la Theorie et de la Composition des jardins pajsagers. A I'appui de ces elemens d'enseigneraent thcorique , il sera joint aussi : Une Bibliothequc contenant les meilleurs livres <51emon- taires de Bolanique et d'Horliculture; Un Cabinet renfermant les inslrumens necessaircs pour les experiences et les demonstrations, ainsi que les modeles des meilleurs outils de jardinage , etc. ; Un Herbier , qui devra etre successivement forme par les Eleves memcs du jardin ; Et, sur le terrain meme, i". des Groupes de plantations methodiques , et des Carres d' experiences pour les etudes pratiques-, a", une Ecole Pomologique, pour 1' observation et la verification des arbres fruitlers; 3°. une Ecole Foresticre, principalement consacree a I'etude comparee des arbres fores- tiers exotiques. II sera fait, ulterieurement , un Cours de Dessin applique a la. composition des Jardins pittoresques et a I'etude des Fleurs. Les differentes parties de I'enseignement horticole admi- nistre sur les bases precedentes dans I'Institiit de Fromokt seront consignees et decrites, ainsi que tous les fails et ob- servations recueillis, tant dans I'Etablissement qu'au dehors, dans un Journal mensuel , qui portera le titre diAnnales de Vlnstitut horticole de Fromont , et qui sera redige suivant le plan ci-apres : § I- BULLETIN SPECIAL DE L'lIVSTITUT HORTICOLE. i Analyse des Iccons ct demonstra- tions , Dissertations , Memoires. ETUDES. . .< ( Applications do principes , PRATIQUES . . ./ Analyse d'cxptrlcnces , f Observations de fails, resultals. (3) §11. BULLETIIV GENERAL DE L'nORTICULTURE. !Corrcspondance , Extraits , (Societes savantes , iltablissemens horticolcs. DE L ETRANGER. . < NOUVELLES [ ( Pins >Correspondance, jj3,p,^^!j^,^^^^ Du ROYAUME . ./Analyscs, I Societes savantes , n&tablisscmens horticolcs. STATISTIQUE, Mercuriale?, Prix courans. /Scientifiqnes, MELANGES ficonomiques, j Biographiqucs , (Litteraires , etc. BIBLIOGRAPIIIE, Annonces. § III. BULLETIIV DU BOTAmSTE-CULTIVATEUR. DESCRIPTION, Culture et Usages des Plantes bares et nouvelles. REYUE DES Groupes anciennement decrits. Les Annalcs de I'Institut horticole sont dirigees par Ic chevalier Soulange BoDiN , Fondateur du Jardin de Fromont. II aura, dcs cc moment, pour Collaborateurs principaux, M. GUILLEMIiV, Membre de la Societe d'Histoire uaturelle de Paris, BT M. A. POITEAU, Kedacteur principal du Bon Jardinier , ancien Jardinier eu chef dcs Pepinicrcs royalcs de Versailles, Botaniste du Roi et Directcur de Culture aiix liabitations royales de la Guiaue; des Societes d' Agriculture de Seiue-ct-Oise , d'Horticulturc et Liuneenne de Paris; auteur de YUistoire naturelle ties Oi angers, du Traite des Arbres Jruitiers , etc. M. GuiLLEMiN a bien voulu sc charger du Cours tie Botanique, et M. A. PoiTEAu du Cours dc Culture. D'autres Savans praticiens con- tribueront, par leurs conseils et par leurs communications, a I'inte- ret des Annalcs , et parmi eux , M. Soulange Bodin s'honore de pou- voir deja compter : MM. Lc chevalier Aubeut Du Petit-Thouars , Membre de I'Academie royale des Sciences, et des Societes royale et centrale d'Agriculture, d'Horticul- ture, etc. Baillv de Merlieux (C), Redactein- cu chef des Annates de la Societe d' Horticulture , Membre correspondant de la Societe royale et centralo d'Agriculture , et Directeur de V Encyclopedic portative. BoNAFots(Matthieu), Membre ilc plusicurs Societes agricolcs , Directcur ilii Jardin royal d'Agriculture de Turin. (4) BnisSEAr db Minnr.i, Membrc Ac. I'Acaile'mic royalc des Sciences, dc I'lnsti- tiit, Professeiir-Auniinistrateur nii Jartlin dii I\oi. Brongmart ( Adolphc) , D. M. , Membre des Socictt's Philomatique, d'flor- ticulturc, ot d'llistoire natiirclle do Paris. pEBuniER, Membre dc la Societc d'Agriculture de Scine-et-Oise et dc la Socie'tt' d' Horticulture, Gorrespondant de la Socie'tc royale et centrale d'Agriculture. JussiEu ( Adrien dk ) , Profcsseur de Bofanique rurale au Jardin du Boi , Membre de la Societe cl^Horticulture , etc. Leclerc (Oscar), Membre dc la Societc royale ct centrale d'Agriculture, de la Societc d'Horticulture , etc. ; Editeur du Cours de Culture et de Natu- ralisation des Vegetaux, par ANDRE THOUIN f^). Loiselecr-Deslongchamps , D. M. , Botaniste, Mcmnre de la Societe royale de Medecine, et de la Socie't^ d'Horticulture. LocDON (J.-C), Auteur et Directeur des Encfclopedies anglaises d'yfgricul- ture et d' Horticulture , du Magasin des Jardiniers , etc. , a Londres. MicHAux ^Andre), Membre de la Societc royale et centrale d'Agriculture et dc la Societe d'Horticulture , Auteur de VHisloire des arbres forestiers de V yinierique septentrionale. Richard ( Ach.) , Professeur de Botanique , Agre'gc' a la Faculte' de Medecine de Paris , Membre de la Socie'tc d'Horticulture , etc. Sageret, Membre de la Socie'tc royale et centrale d'Agriculture, ct de la Societc d'Horticulture, Auteur de plusieurs Traites sur la culture des melons. TuRTiN, Botaniste, Membre des Socie'te's Philomatique, d'Histoire naturellc et d'Horticulture, etc. Les Annates paraitront le i". de chaqiie mois , a compter dii \". Avril 1829 , par cahier dc deux feuilles a deux fcuilles et demie , grand iu— 8". Les caracteres et le papier seront semblables a ceux do ce Prospectus . — EUes seront distribuees gratis a tous les Eleves qui suivront les lecons de rEtablissemcnt. L'esprit dans lequel elles seront redigees doit les rendre egalement utiles aux Jardiniers , Cultivateurs et Commeroans , aux Planteurs dc bois , aux Compositeurs de Jardins , a tous les Proprietaires ruraux. La troisicme Section les rendra particulieremcnt recommandablcs aux Amateurs de belles plantes , qui , possedant le Botaniste— Culti— I'ateur de Dumont de Courset, regrettent depuis trop long- temps la perte de leur guide. (*) Paris, 1827. 3 vol. in-S". .ivec un Atlas in-4°- de 65 Planches gravees. Prix, ."JS fr., et 4 1 fr- francs dc port. Chez M""^. Huzard, libraire, rue de TEperon , n°. 7- Cr |3ri-f ^'2lbonn('mntt AUX ANKAX.es SE X.'INSTITUT HORTXCOX.E BE FROMOMT, Pour Paris et les Dcpartemens , est de y FRANCS pour J2 cahiers (or dkb annee). ( A PARIS , chez M"'^ HUZARD (ne'e Yallat la Chapelle), (Oil S'clbOnnC \ LiDRAiEE,rucderEperon,n°. 7; ( Et au JARDIN DE FROMONT, a Ris (Seine-et-Oise). IVola. Les Lettrcs , Paqucls , Livrcs, etc., seront adrcsses , francs dc port, a M. SoTiLAKGE EoDiN , ruc Saiute-Anuc , n°. 44 > a Paris. IMPRIMERIE DE M"'^ HUZARD (nee VALLAT LA CHAPELLE), Rue de I'Eperon , n". 7. AtjS ABXANATEVRS DE LA LlTTERATUnE KT»AK6EflK. On ptut s'adresser i Paris, par I'eutiemise du Bureau cemtbal bk la Hevue Encyclopedique , a M. Skdillot, Libeaire, poui- se procurer leu divers ouvrages etrangers , anglais, allemands , italiens , russes , polonais, , hoUandais, etc., ainsi que lesautres productions dela litterature etrangere. kvx ACADEMIES ET ACX SOCIETES SAVASTES de tOUS les payS. Les Academies ct les SocietiIs savantes bt d'utilit^ publique , frangaises *el etrangeres , sont invitees 4 faire parveriir exactement , francs de port , au Directeur de la Revue. Encyclopedique, les comptes rendus de leur& travaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Reva* puisse les faiie connaitre le plus promptement possible i ses lecteurs. AUX EDITEURS d'oBVRAGES ET ATJX LIBRAIRES. MM. les editeurs d'ouvrages perlodiques , franqais et etrangers, qui desireraient echanger leurs rccueils avec le n6tre, peuvent compter sur le bon accueil que nous ferous it leurs propositions d'echange, et sur un« prompte annouce dans la Revue, des publications de ce genre et dM autres ouvrages , nouvellement publics , qu'ils nous auront adressfes. AuX EDITEURS DES RECtJEILS PERIODIQUES EN ANGLETERRE. MM. les Editeurs des Recuells p^riodiques publics en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numeros a M. Uolanoi , a Londres , n" ao , Bcrners-street, Oxford-street, qui leur transmettra , cbaque mois, en ^change, les cahiers de la Revue Enc)clopedique, pour laquelle on peut aussi souscrire chez lui , soit pour I'aunee courante , soil pour se procurer les collections des annees anterieures , de iSig a 1S28 inclusivement. AlIX LIBRAIRES ET AUX EDITEURS D'oUVRAGES EN ALLEMAGNE ET EN ITALIE. M. ZiEois, libraire i Leipzig, et M. G. Piaxti, libraire k Florence, sont charges de recevoii- et de nous faire parvenir les ouvrages publics en AHemagne et en Italic , que MM. les Ubraircs, les editeurs et les autcuf* ♦li'sireront faire annoncer daas la Revue Ene-s/clopediqut. II 1^ 15: if LiBBAiREs cAcs lesquels on souscrit dans tes pays etkasgers. ^nstcrdiim , Delachaux. Anvefs, Ancelle. Avttu (Suisse), Saiicrlander, Berlin, Schlesinger. Berne, Clias; — Bourgdorfcr. Breslau , Keygel. Briixellos , Diijai-din - Sailly ; — Dernat ; • — Biest van .Ke'up^" > IIorgnies-Renife. Florence, Piatti. — Viensseux. Francfo'-t -stir - Mein, Jiigcl; — SchaelFer; — Biajuner. Gand, Vandenkerckoven fils. Gcncue, Clieibuliez; — Ba*bezat et Delarue. L(i Ilayc, les fr<;res Laiigenhuysen. Lausanne, Fischer. Z,ei;[ii (^>-,Griesljan)mer; — G.Zirgt'S. LitiffC, Desoer. — Colaidin. Lisbonnc, Paul Martin. '^Londres , P. Rolandi. — Dulaii ct C'«; — Treutte.1 ct Wiiil/. ; — Bossange, Barthez, Lowell el Gie. Madrid, Dennt'e ; —^ Peres. Manhcim , Artaria et Fonlaiue. Milan, Giegjer; Visruara ; Bocca. Mons, Le Rous. Moscou, Gaulier; — Riss pereet fils. Naples, Borcl; — Marolta ct Wanspanduck. Neiv-York (]&tats-Unis), Thoisnicr- Desplaces; — Btrard et Mondon.. Nouvelle - Orleans , Jourdaa; — A. L. Boisniare. Pfl/crnic (Sicile), Pedonne et Mu- ratt)ri; — Brcuf (Ch.)- Petcrsboiirg, F. Bcllizard el C'"'-; — Graell';— Pkicharl. Jiome^Sic Romaiiis. Sluitgart et Tubingue, Cotla. Todi, B. Scalabriiii. Turin, Bocca. Farsovie, Ghieksbcrg. Vienne (Autriche), Ceroid; — Schaumbourg ; — Schalbacher. COLOIVIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet aini-. I le-dc-France (Port-Louis) , E. Burdet. M('rtini(juc, Tbouoens, Gaujoux. OS SOLSGRIT A PARIS, Ap Bureau he R!5b action, roe i>'E.\FBR-SAiNT-Micn!it, n" iS, oitdoivent elro envoyes, francs de port, les livres, dessins et graviires. dont on desire I'annonce, et les Lettres, Memoires, Notices on Extraits des- tines a etre inseres dans ce Recueil. A LA Galerie db BossAiVGE pcrc , rue Richelieu, n" Go; Chbz Tbeuttbi, bt Wurtz, rue de Bourbon, n" 17; Rkybt Gravieb, quai dcs Augusting, n" 55; Ciiarles BiicnET, libraire-comm" , quai des Auguslins, n' 5j; J. Resouard, rue de Toiu'non , a" 6; RoRET, )ue Hautefeuille, n" 12; A. Baudouin, rue de Vaugirard, n° 17; Uelausay , PiLiciBa, PoiNTHiEu, LA Teivtk, Cabinet litterairo, au Palais-Royal. A LONDRES. — Foeeig?c LiBRARy, 20 Berners-strect, Oxford-street; Theoited bt WoRiz; Bossakgb; D^lau et C". Nofa. Les ouvragos annonccs dans la Revue se trouvent aiissi clicr Sedit.i.ot, LlBBAtRE, rued'Enfer, n" 18, :!5f i To.ME I. — 1829. LIVRVISON. REVUE ENCYCLOPEDIQ on ANALYSE R AISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITT^BATtnE, LES SCIENCES ET LES AllTS. 1" Pour les Sciences physiques et nxilhematiqaes et les Arts imUistriela : MM. Ch. Dcpix , GiRAtu), Navibb, de I'lustitul; J. J. Baidk, Dirjat'iirAi'T, DussABD, Fkiirv, FnAKCUKUH, Ad. Go^Dl^ET; D. Lardner, (le Loodies; A. MlCUE(,OT, DsMoHTCiRY, MoBEAV DB JoRKKS , QuiXKI/KT, T. RtCHAHD, Wahdkw . etc. 2° Vo\ii\.e.s Hciencesnatiirelks .'MM. Flopreks, Geoffroy Saint-Hii.aibb, del'Ingfitul; 15ory dkSainx-Vikckivt, conespondant del'Instilut; Mathibc BoNAFOcs, do. TurJu ; B. Gajlloji, de Dieppe; Isibube Gboffboy SAiiiT- UiLAiHE, etc. 5° Pour les Scietices medicates : MM. Damibok, G.-T. Dom, Asiiid^e DopAu, FassATi> G'Asc ; GKBSOi^jde Hanibourg; de Kibckboff, d'Anveis; RicoLLOT fils , d'Aniiens , etc. 4" Pour les Sciences phihsophiqucs et morales, politiqiics, f^eographlqtics et Itistoriqiies :'hlM. M, A. Jcluk.i , de Paris, Fondateur-Diieeteur de la lievue Encyclopediqiie; Adoipde Bi.arqdi , Alex, dk xa BoKuji, Jumabd, de J'Institiit ; M. Avehel , BABiiii no Bocage fils, Be.\jauk> Cojistant, CnABiKS COUTK, DKPflKG , DoFAU, DuNOVER , GulC^^Al■T, -A. JaiBBHT, 5. LaBOUDBEIE, AtEX. LaIISTH, LaSJCIBAIS fils, p. LaIQI, LESlElR-Jit;RI,I.\, Massias, Albkrt Mo^TEJIotiT, EusiiBB Salvebte, J.-B. Say; Simomde be SisMO«Di , de G«iiovc; Warnkqkmg, de Liege, elc.j DiiPiKoine; Bbrville, BoccBEN^-LEfEa, Ch. Uknodard, Taiixahdieh, avocals, etc. 5" Pour la Lideraturc francaise cl clravgerc, la Bibliogruphie, VArchco- hgie ct les Beauoa-Arls : MM. Anduikux, Amaurv-Duval, EmjShic David, liEMKBciER, m: Skgi'r, dc I'lnstitut; Abdhiei'x, de Limoges ; M"'« L.-Sw. Belioc; mm. J. -P. Buiis, Blrnoif fils, Chauvbt; P.-A. Coipim, Fh. Dkoeorck, DoitEBSAn; Ed. Gauttiks-d'Arc ; Pn. GoLBiat, AVB, etc. A PARIS, AU nUr.EAU CKNTRAI. DE LA REVUE EAfllTI.OPRDIOt E , GhfiZ SEDlLljOT, Lir.BAinE. RCE D'E^fF.n-.SAl^■T-SllCIlE^, n" 18 ; Et cluz ART.'IUS BERTRAND, bub hautefedille , n" 23. M\US 1829. XtU'lUiHilUK UBI'Li&SiN £X Ci.', VMS. DE VAUGlRiRD, K« CONDITIONS DE LA SOpSClllPTlOIV. Depuis le niois de Janvier 1819, il parait, par aance, dome calucrs dc r« lU'cucil ; chaque caliicr, piiblie le 5o du mois, se compose d'cnviron i.i feuilles d 'impression, et plus souvent de i5 on 16. On souscrit il Paris, chez SEDILLOT, au Bureau central tCabonncmenl el (T expedition inditjut: siir le litre , et choi les libiaircs ci-apre» : ARTIIUS BERTRAND,rueHautercuille, n»s3; A L* Galukie de BosSAXfiE pere, rue Richelieu, n^So; J. Rb^ooibd, rue de Touinon , n" 6. Prix dc la Souscriplion. A Patis. . . . iCitv. pour un an ; 26 fr. pour sit mois. Dans lea departemcns. 55 00 A I'etranger. ...... 60 ^4 £a Angletcrre ^5 4.2 Le montant de ta sonscription, envoyd par la poste, doit fitre adrcssv d'avance, frakc dk port, ainsi que la correspondance , au Directeur de la Revue Encydopediqne, rue d'Enfor-Saint-Michel , n" 18. C'est a la mC'me adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de lout genre et les gravures qu'on voudra i'aiie aniioncer, ainsi que les articles dont on desircra Hn- sertion. On peut anssi sonscrirc chez les Directcurs dcs posies ct chei les prin- cipauz Libraires, k Paris, dans les departeincns ct dans les pays 6trangeis. Trois cahiers ou livraisons fornient un voluwe. Chaque volume est ter- mine par une Tubte des matiircs alphabitique et analyliquCj, qui ^claircit et facilite les recherches. Cetle Table est toujours jointe au 1" cahicrdn volume suivant, k I'cxception dc la dernit-re Table de l'ann«*e, qui «ft •xp^diee isoliment a tous ceux qui peuvent y avoir droit. On souscrit, seulement ^ parlirdedeux epoques, du 1" Janvier ou du \" juiltet de chaque ann^e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, xv bubkau cektbal, les eolleelions des annees 1819, 1830 , 1821, 183a, iSa3, 1S34 '' 1825, au prix de 5o francs chacane. Chaque annee de la Revue Eneyelopidique est independante des annees qui prtetdcnt, et forme une sarte d'Jnnuaire scientifique tt litiiraire, t» 4 totti volumes in-S", pour la p^riodc de tcms inscrite sur le litre. REVUE encyglop]j:dique. O V ANALYSES ET ANNONCES RAISONINEES DES PKODliCTIONS LES PLUS REMARQl'ABLES DANS LI LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. *IVVVVV V\/\.\IVV\IWWVVW VWVWXIWVW vv\ vwvw vwvwvwwvvwvw I. MfiMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MI^LANGES. OBSERVATIONS Si;r I' article dc M. teducr>E Broglie, insure dans lecinquieme caliicr do la Rcrnc Francaisc , rclatif a I'Exajien de la qijestion DE LA PEINE DE MORT ET DTI DROIT DE PI' NIC, a I'occasion dc I'ouvrage de3I. C/(fl?7M Lucas, conronne a Geneve eta Paris (i). PREMIER ARTICLE'. Dans la cbambre hereditaire, dont M. Ic due deBroglie est un des memljrcs les plus illustrcs et les plus distingiies, il arrive souvent que plusieurs orateurs ne parlent ni pour, ni conlre, mais sur la question. C'cst ainsi que M. le due de Bro- glie a voulu parler, dans la Revue Fran fake , de la peine dc (i) Palis, 1S28; Charles Bechet, qua! des Aiigiistins, n° Sj. Un vol. in -8° ; prix, S fr. T. XLI. MARS 1829. 3y r>;8 OliSEIlVATIOrSS SUR LA QUESTION inort ct till droit do piinir; mais 11 n'a pas prricndii toutcfoi;^ s'iniposer une };c'iiniito ivserve, iii gardor unc froide iiciilra- lil«! cnlre Ics publicistcs, doiiL Ics ims dcmaiKloiit Ic niaiiitioii et les anires I'aholilioii dc l'e(hal;uid. II sc di'clarc liaulcmciit pour les seconds : « Qu'il nous soit pcrinis, dit-il, d'assurcr Ics pliilantropcs generoux qui s'cniploient depuis tanl d'an- ni'cs a obtenir rabolilion de la peine de inorl, que, loin dc tronver en nous un adversairc , autant nous honorons leur caracterc, autanl nous lormons dcs voeux pour lo succes de lours cITorls. Nous los oncouragcons du gosic et dc la voix; au bcsoin, noire faibio assistance no Icur man condamnations de moins en 1827. Enfin, si du nombre des condamnations on passe a celui des conmiutations : sur i5o, le pouvoir n'avait accordc que 28 commutations en 1826; et sur 109, il en a accorde 5o en 1827. Le rapport des executes a celui des accuses de crimes capi- taux se Irouve ainsi : Accused's. Cond. it nioit. Coniimics. Ell 182G, 915 i5o 28 En 1837, 876 109 5o OIJSEIIVATIONS Slifl LA QUESTION Ex6cutcii. 110 75 Voih'i, dans le ( oiirt passage d'une annce a raulre, nne pro- gression assez efl'rayante, je I'espcre, dcs nouvclles chances acquises an coiipablc d'cchapper a la peine capitale inscrite dans la loi. Quand on songe que o'est en 1826 que la ques- tion de rillegilimite et de riiicflicacite de la peine de mort a ote souleyc e a la fois par la publicile des concours et de la presse peiiodique, on ne peut Irop serieusemcnt pesertoutes les consequeiices de ce fait, qui prouve, non-seulement de la part de la sociele, mais de celle m^me du pouvoir, une aversion aussi prononcee pour rapplitation de cette p«ine et une ten- dance aussi marquee vers son abolition. En efl'et, ce n'est pas seulement la society, coniine on le voit, qui est intervenue, soil par son droit de grSce en prelerant absoudre dans la triste alternative d'une condanination ;\ mort ou d'un acquittement, soit par son droit de commutation, en ecartant telle ou telle circonstanoe aggravante pour arracher le coupable i\ I'eclia- faud; c'est le pouvoir lui-meme qui a suivi le mouvement par I'extension remarquable qu'il a donnee i\ I'exercice de son droit de commutation. Aiusi done, accordons avec M. do Brogiie i\ la crainte de la morttoute I'energie qu'il est possible de lui prfiter, et nous n'en aurons pas moinsraisondecontester, avec Bentham, ;V la peine de mort sa prolendue elficacitc sur ce point. En effet, pour (jue I'argumentation du noble pair fQt juste , il fau- drait qu'il arrivat a laire enlrer dans la loi cettc crainte tout entiere , a lui donner ce degre de certitude de la me- nace a I'execution que preeisement la peine de mort ne peut legalement admettre et dont eile s'est eloignee si brusque- ni( nt, dans le senl passage d'une annee a I'autre , sous I'in- lluence de cette aversion croissante des 'moeurs publiques pour son application. Autrement, la crainte de la mort pour le coupable n'est plus dans la loi que ce qu'elle est pour DE LA PEINE 1>E MORT. 585 I'lioinmc dans la vie, un calciil dc proLabilitos. On voit done (jnu Ic noble pair a lout-a-lait deplace la qucslion de I'einca- cile de la peine de inort yons le rai)pori; de la crainle (pi'clle inspire, quand il nous dit d'entrer dans les prisons et de pro- poser la morl aux eondauines a perpetuite, ou de proposer les travaux a perpetuite aux condamnes A mort. Ce n'cst pas devant la mort, mais devaat la loi qu'ii taut inlerrogcr la eraiiile ponr jnger de son empire; car c'est de sa verlu pre- ventive qne le legislaleur en attend la veritable ellicacite. A qnoi servirait-elle , en effct, si I'espoir de I'iuipunite la tcnait eloignee an moment du crime? La ponrrait so borner noire reponso A M. de Broglie ; el certes ce n'cst pas a nous, ]e pease, qu'on songerait i\ adres- ser le reproche de nous inlatuer de nos idees et de mepri- scr les faits les plus evidens. Nous avons asscz montre que nous savions recueillir et respecter leur temoignage. Mais nous snivrons volontiers le noble pair dans son argumenta- tion : laissons-le prendre date dc la condamnation ou de I'c- dialaud ponr demonlrer relUcacite dc la peine dc mort st^us Ic rapport de la crainte ([u'ellc inspire. Et d'abord, one premiere observation a faire, c'est que, plus la crainte exislera alors a la Cour d'assises et k I'echa- iaud, plus il y anra de prcsomption qu'elle n'existait pas au- paravant, et qne le conpable , au moment du crime, avail comple sur les chances d'y echapper. Une seconde observation, c'est que, si la crainte de la condamnation et de reclialaud existe , du moins il est de fail incontestable que le dernier sentiment de honte qui survit dans I'anie dn coupable est de parailre la subir, et son der- nier effort, de la comballre. II rongit de cette crainte plutot que dc son crime. Alors, je le demande, que devient sou eJOTicacile? La peine de mort ote a la crainte, non-seulemcnt sa verlu preventive dans la loi par cette aversion publique (jui paralyse el anindle en grande partie la menace, mais en- core elle la dcpouillc de sa verlu cxcmplaire, par ce singu- lier cffct qu'elle cxcrce sur les conpablcs au moment de 584 OBSERVATIONS SUR LA QUESTION rexocution. Que le noble pair aille a la Cour d'assises ou A la placedcGrcve, ou plutut, qu'il oiivrc la Gazelle tics Iribunaax, oA se troiive fidelementconslateela conduite descoupablcs an moment dc la condamnation ctde rexeculion, et sur dix con- damncs amort ilen rencontrera neuf au moins qui ne donnc- ront auciin sigue cxterieur de crainte, et qui en afTicIicront pouvent memo le mepris , au moment de I'anet qui los ton- damnc et a I'heure dc le subir. Maintcnant , ces dehors sont- ils Irompeius ? y a-t-il dans ct-tle conduite plus de ealcul que de verite? Mais, comment voulez-vous, je vous le demande, exiger de ce peuple qui assiege la place de Grove el les assi- ses, qu'il aille sonder jusque dans les replis de la conscience humaine pour y demeler ce sentiment de crainte que le cou- pable dcrobe a ses regards. Le peuple croit et ne pent croire qu'a cc qui se passe sous scs yeux; et, si au tliealre on le voit si facilement se pretcr a I'illusion, comment pcnser que, dans cetlc sanglante tragedie , il ne croira pas au jeu de I'ac- teur quand il le voit parler et agir en face de cctte terrible realite? Voilu ce qui ute toute A^ertu exemplaire a I'cmpire dc la crainte dans le spectacle de I'echafaud. Elle prele aux der- diers momens du coupable je ne sais quelle solcnnite qui lui peniiet, i Tinstant meme oi'i il est expose aux regarfls du public pour subir les fletrissurcs de I'opinion , d'usurper presque un rule de martyr et un titre d'admiration. II est aussi impossible, en effet, de donner en spectacle aux hommes le courage et le sang-froid a braver la mort sans exciter leur admiration, qu'il est impossible de meltre le meurtrc en re- presentation publiquc sans en diminucr I'avcrsion. C'est ce que vicnt de reconnaitre la legislatiue de TEtatdc New-York qui, dans la section 27 du Code criminel, a sanc- tionne unc disposition qui prescrit d'executer, dans I'inte- reiur de leur prison, les criminels condamncs amort. C'est ramener cetle peine a la seulc qualite qui, sans lui etre ex- clusive, lui appartienne pourtant au plus liaut degre, celle dc prevenir la recidive par la destruction du coupable. Cette disposition nouvclle dans le code d'un des Elats de I'Union DE LA PEINE DE MORT. 585 est, dii roste , le prcliule tie I'aljolition dc la peine de mort; car e'en est fait de cette peine dn jouroOi Ton reconnait qu'on nc pent plus offrir aiix regards des hommes le spectacle de son execution, du jour oi'i elle n'est plus employee que comme nioyen de destruction. Ainsi done, ici encore nous pourrions accordcr au noble pair toute I'energie qu'il prete a la crainte de la mort , et pourlant lui denier sa vcrtu exemplaire au pied de I'eclia- taud, aussi-bicn que sa vertu preventive dans laloi, quoique pourtant il pretende, dans une autre partie de son article, que Veocemplarite de la peine demorteontrebalance plusieurs de ses inconveniens. Si, en effet, le coupable n'eprouve pas le mepris de la crainte, I'echafaud est emineinment propre ale lui in- spirer.Cetappareil qu'on y deploie, cette solennlte qu'on y met exaltent rame la plus rail)le, et il font qu'elle soit bien pusil- laninie, si elle ne ressentpasce courage qui n'est plus que celui de la resignation devant une mort devenue inevitable. II ne s'agit plus de courage a braver la mort, mais a la subir : voila tout ce que reclame I'echalaud. Est-il etonnant^ apres cek, qu'il I'obtienne si souvent? Dans toute son argumentation , le noble pair est done reste completement en dehors de la question de I'eflicacite de la crainte de la peine de mort, soit dans la menace, soit dans I'execution. Maintcnant que nous voila arrives a I'examen de son argumentation, M. de Broglie croit-il ses oljjections sans replique, meme en les isolant de ces rapports essentiels et necessaires qui les ratlachent, comme nous venons de le demontrer, a la veritable question de I'efficacitede la peine de mort ? Croit-il, par exemple, que la crainte de la mort soit la meme pourtous les hommes ? non assurement. Croit-il qu'il n'y ait aucune peine, aucune souffrance, soit physique, soit morale , qui ne paraisse a beaucoup d'hommes pires que la mort? Non assurement encore, car le rapport du conseil de salubrite est la qui constate environ /Joo suicides, chaque annee, dans la scule ville de Paris. Eh bien! oi. le noble pair trouve-t-il done lant de niaiseric a indiqucr, avcc Ben- 586 OBSERVATIONS SUll LA QUESTION tluiui , dans la tlasso dos plus gnuuls criminels , precisomcnl ocUe ospccc d'lioiiimcs les inuiiis ndcossihies ;\ la ciaiiilo dc la mort, et a dire avec lo rappork'ur de la commission legis- lative de rassemblee constitiiante : « Voiis nieiiacez de niort les grands criminels, mais les grands crimes ne sunt pas commis par des elres ordinaires. L'atrocilc en est Ic principe; mais I'alrocile lient i la force dont clle est ral)us. Les grands criminels ont presqne loujours de connuun avec les plus vcrtueux des bommes, les herus meme, Ic mepris de la morl. » Le noble pair croit-ilqn'aTix yeux de ces conpablcs, habi- tues non-seulement aux jouissances de la liberte, mais meme a tons les debordemens de la licence, la privation et la pri- vation elcrnelle de la liberte, la soufiVance poignante du re- mords dans le silence d'une cellule isolec et tenebrense, ne soit pas une peine plre que celle de la mort ? Elrange con- Irasle des opinions humaines! Pendant (pi'il tronvc un pen de niaiserie de noire part a comparer rellroi de celte peine a la crainte de la mort, en Anglelerre et aux Etals-Unis, bon nombre de publicistes se recrient contre rinbumanile de celte peine, q»ii ne leur scmble qu'une aboiilion derisoiredc la peine de mort, parce qu'clle est cent fois pire; et, tout re- cemment encore, ces reproches etaient reproduits ii la Sor- bonne dans une des brillanles improvisations de M. Ville- main. Mais laisson? la les prisons des Etats-Unis, entrons dans les notres :allons a Brest, a Toulon, oi"i nous Irouvcronsdcscon- damnesauxtravauxa perpetuite, ct , tiuoiqu'il n'yait la ni cel- lules lenebreuses, ni solitary conl'incment , ni soufl'rance morale de la solitude el du remords, demandons aux commissaires, aux gardiens^ comment 11 se fait que, dans la distribution du bien-etrc materiel, ces condamnes a perpetuite, qui sont les plus coupables, soient les mieux repartis. Et ils nous apprcn - dront alors quel est le lien qui les rattache i la vie ces eires pour (pii I'avcnir n'a plus d'espcrance ? lis nous apprendront combien cette plus grande somim.' de bien-etre materiel, ce DE LA PEINE DE MORT. 587 clioix des travaux Ics plus productifs, cc taux des saiaircs Ics plus elevos sont necossaircs pour prevcnir en eux le deses- poir et \e degout dt; la vie. Intcrrogoz ceux-Ia qui sont appe- les a requerir contre eux la peine de mort, et ils vous diront qu'ils vont jusqu'a dedaigner devant lenrs juges tout moyen de defease pour y echappcr. Demandez a M. le ministre dc la marine avec queilcs instances les commissaires des bagnes appelleut rintervcntion du droit de commutation et de grace sur ces condamnes a perpetuite, et combien ils placent I'efll- cacite de cette esperance de comauilalion au-dessus de la craiiite de la mort comme moyen de discipline interieure. La Gazette des Trihanaux a repu uue lettre d'un adjudant de chiourme du bagne de Toulon, qui assurement n'est point un temoin interesse i\ deposer en ma faveur , puisque celte lettre est une reclamation contre mes articles sur les bagnes. Eh bien! voici comment s'exprime cet adjudant, qui depuis quinze ans, dit-il, est attache a ce bague. « Nous avons a nous defendrc des complots que les con- damnes peuvent tramer contre notre propre vie, et I'expe- rience du passe nous force aum a scrvi la cause qu'il combattait en provoquant une refutation complete qui etablil aujoiird'hui, d'une maniere incontestable, les bons resultats de I'abolition de la peine de mort en Tos- cane. En effet, M. Cannignagni , professeur a I'Dniversite de Pise, et I'un des plus illustrcs legistes de I'ltalie , a declare : «que, dans a«CHnc edition toscanc des iiistitidcs de Paoletti, ncsc irouvait consignee ('opinion que M. Birnbaum lui attribue rela- livement a la peine dc mort; quil n'avait point I'edition de Milan citec par M. Birnbaum, ct qu'il croyait etre une tra- duction; qu'cn i8o5, epoque de cettc edition, Paoletti elait deja accable sous le poids des ans et des infirmiles; qu'il ne peut croire qu'il ait pu s'exprimcr commc on le dit ?ur le DE LA PEINE I>E MORT. 591 rctablisscment de la peine ile mort. Tonjours il fiit oppose a cc genre de siipplicc; et il manifesle asscz claiienient son opinion conlie celte peine dans le dernier ecrit de sa carriere scicnlifi(pic, sur la police, imprime a Florence en 18-22. x M. Carmignagni cite iin homme hicn superienr a Paoletti, comnic savant et comnie magistrat, Giiido Angela Poggi qui, danssesi?/rHif?!5 dc droit crhnineL, publics a Florence en i8i5, rend un temoignage sincere et eclaire sur les lieurcux effets de I'abolition de la peine de mort, en certiflant que , pen- dant cette abolition , il nc se commit pas un seul delitatroce. M. Carmignagni entre ensuite dans des details historiques plcins d'interet sur les nioyens ctsur les argumens qui furent mis en oeuvre pour le retablissenient de la peine de mort, en aofit 1795; le chevalier Ranucci qui, pendant son professo- rat a I'lJuiversitede rise,avait parlage I'opinion dcLanipredi par rapport a la peine dc mort, appelc au conseil du prince , mit tout en oeuvre pour faire triompher ses doctrines scienti- fiqaes. Tous les magistrals ltd furent contraires , et le conseil- ler FruUani , dont le souvenir est cher a ses concitoyens, ecrivit a cette occasion un mcmoire picin de clarte et de force pour dissuader le souverain. Enfin, M. Carmignagni explique egalement que les juris- consultes qui redigerent le projet dc code penal pour le royaume d'ltalie, en 180G, cederent a la volonte exprcsse de Napoleon, qui ne voulait point entendre parler d'innovation, la oTi il lui semblait qu'une justice expcditive elait necessaire. Ainsi, Nani, le plus celebre des jurisconsultes"-redacteurs de CO code , ctait I'auteur du commentaire le pins repaadu sur la reforme Leopoldine du 5o novcmbrc 178G, et il est evident que, dans la confection de ce code , il ceda a I'as- cendant de Bonaparte. Nous sommes enlrcs i\ dessein dans ces details pour bannir enfin de cette grave discussion ce siugulier droit qu'on s'y arroge d'ecarter, par une simple denegation , les faits histo- riques que nous citons , et dont nous nous faisons un devoir de conscience de verifier et de contru 16 fr. , il y a quaranle ans, roftte aiijourd'hiii de 5o a 55 IV. , siiivant la qnalilc. Comment en serait-il aiilrcmont ? I'liahilant des villos voit croili'C son aisancc ct par suite ?es hesoins reels on lactices. La ou Ton ne comptait qu'un i'eu avant la revolulion, il s'en troiive deux ou trois aujourd'hui. Le paysan cultive une plus grande quantite dc pommes do terre, et par consequent en fait cuire davantaj^e pour engraisscr ses troupeaux qu'il nour- rit en partie de ce precieux tubercule. Ni Tun ni I'aulre ne connail I'emploi des clieminees et des fours economiques. Le dernier meme , indifferent a la prosporitc des bois du pro- prietaire, a litre de colon, depeuple ou degrade les chatai- gneraies , sans rendre aucun compte du combustible qu'il emploie. Tel est rusap;e du pays. D'autre part, les conslrur- tions de toule espcce, les usines, les fours a porcelaiue el autres etablissemens industriels, en se muUipliant , augmen- tent chaque jour la cousommation generalc. 11 faut done abattre sans cesse pour y suflire, et peu de personnes son- gent ci replanter. Cependant, dcpuisquelques annees, le goftt des plantations semble renaitre. Nous cilerons M. Barny ainc, qui merite bien une mention honorable pour ses elforts con- tinus. Get agronome a plante recemmerit plus de cent mille pins sur les hauteurs deGrammont, qui donnent un aspect si sombre et si aride a rcntree du Limousin, en venant de Paris. Get essai a parfaitement reussi. Puisse-t-il trouver de nombreux iiuitateurs! L'elevation du j^rix des bois ct des charbons qui en pro- viennent est une des plus lourdes charges imposees a I'indus- trie francaise ; car le combustible forme la depense princi- pale de la plupart de ses etablissemens. 11 est done urgent d'y remedier. Quels moyens employer pour cela ? Uepandre la connaissance des cheminees, des fours et des procedcs economiques, pcrfectionner ramenagcment des forets et des taillis, favoriser les plantations nouvelles par une legislation prevoyanle et une police severe qui les mettent enfin a Tabri des devastations , percer des routes, rendre les rivieres navi- gables, creuser des canaux dans les pays qui en comportGnt Slil\ LE imP\ DE LA lIAlTL:-VIE?496 Vignes 2,969 Fulaies et taillis 59,580 ChSlaigneraies 53,665 Jardins 4>^uo B&timens, cours et airage 3, 616 Terres incultes et communales , dont une nioitie est mise de loin en loin en culture i42,486 Rivieres et ruisseaux •)897 Etangs 1 ,072 Routes et cheniins 10, 865 Total 558,078 hectares. A ce tableau nous crojons devoir en ajouter un second , extrait du Memoirede M. Gondinet ptre,en faisant observer que I'auteur, membre de la Societe royale d'agricuUure de Paris, et alors sous-prefet de son arrondissement depuis vingt ans, etait niieux que personne en position de se procurer des renseignemens exacts. Quantite d'hectolitres de grains ou autres denrees annuellement iiecessaires a la consoniniation des habitans de I'arrondisseiueut de Saint- Yrieix , a'U noiiibre de 36, 1 14 : Par individu. Pour toiite In population. Froment ou meteil 1 - , C 7,000 hect. c • 1 l o hect. i;2 J 1 „ Seigle t ' ( J 19,^99 Orge I 56,1 i4 Sarrasin 5 18,057 Legumes sees o 2,000 Autres menus grains 1 3,6 1 1 Poinmes de terre 2 72,? 28 (ihalaignes 5 180,570 ()oo NOTICE Dcpuis ronloiinatioe dc lytid, rendnc dans le Init de favo- riscr les defriclicmens , on a rcmarqiic qu'une certaine eteii- (liio de landes ct dc l)ois avail cte tonveiiie en lerres labou- rables ; niais cos defrichcniens , loin d'etre utiles a I'agricul- liire dans la Haiitc-Vienne, lui sent pliitot piejudieiables. Ce n'est j>as en cidlivant plus de terrain, c'est en le ciiltivant inieux (|ue I'agrononie monlre une indusliie bien entendue., (•'est on eu tirant Ic plus grand parti possible avec le uioins de capitaux, de terns et de travail. 11 n'y a que trop de terres consacrees a la production des cereales pour les capitaux , les cngrais et les bras qui y sont employes. Les exploitations rurales consistent en metaiiies a une, a deux ou a Irnis charrncs. Les plus fortes contiennent six bceuls et autant de vaches; ces dernicres sont rares. Lenr etcndue moyenne est de i3, de 17 et de 21 beclares. II s'y Irouve encore un grand nombre de petitcs proprietes coni- posees d'une uialson, d'une etable , de quelqnes morceaux tie terres et de bois, et possedecs par des journaliers qui so ('haulTent toujours aux depens des voisins. En 1819, M. (iondinet pere estimait cpie le prLx d'aclial d'un licctare de premiere qualito clait , dans son anondissc- xuent , de 800 tV. pour les terres labourables; 6S0 pour les bois taillis ; 480 pour les cliAtaigneraies ; 1200 pour les prairies; /|0o pour les pacages ; 120 pour les landes et terres incultes. La valour des lerres ayant progressivcment augmenle en i-imousin conime dans loute la France, clles peuvenl valoir aujourd'liui un sixienie de plus qu'a celle epoquc. Ellcs rap- portent actuellemcnt lui rovenu de 5 ^ a 4 p. 100 du prix de I'acliat. Celte division du territoire en pelites proprietes est un des grands obstacles a ranielioration de ragriculture dans ce pays. On sail ([u'cn general les nouvelles experience)- , Tcni- SIJR LE DliP\ DE LA HAUTE-VIENNE. Goi ploi des machines economiques, la distribution la plus favo- rable du terns et du travail, les assolemens reguliers, les precedes rationnels, sent le privilege des pays de grande cul- ture oil It ferniier , deju possesseur de capilaux considerables, peut en employer de nouveaux a introduire des ameliorations dont il est certain de relirer les fruits avant I'expiration de son bail qui est toujours a long terme. Mais, si la petite culture presentc moins d'cconomie dans la main d'oeuvre et I'emploL du terns, et manque trop souvent de capitaux reproductifs, elle a aussi ses avanlages quand le paysan est proprietaire , mais seulement alors. L'inteliigence du cultivateur est sans cesse eveillee par I'appat du gain; son travail est plus actif , plus opiniatre, plus fruclueux et mieux dirige que celui du; miserable prolctaire. Des momens precieux perdus par cc dernier, toujours indolent et decourage, sont utilises par le proprietaire pere de famille , qui ne partage avec personne Ic iruit de ses capilaux, de son Industrie et de ses labeurs. II vent s'elever a I'aisance et a la consideration que donnent la fortune et que nos institutions poliliques tendent encore a accroilre. Le chemin est ouvcrt devant lui : il n'a qu'a le parcourir d'un pas bardi et d'un esprit soutenu. Tout autre est la position du colon, sans capitaux comme sans avenir. ^ornant son an^ubilion au necessaire phjsique qu'il ne peut toujours satisfaire, plonge dans Hgnorance et Tapalhie , il voit rouler eternellement son travail dans le cercie etroit d'une routine aveugle. D'apros M. LuUin de Cbateauvieux, sur io5 millions d'ar-. pens de tcnes cultivees (non compris les bois) , il s'en trouvc en France trente millions soumis au regime vicieux du colo- nage. Qu'on en suive les resultats, et Ton vcrra que ce sont precisemcnt les campagnes oi"i regne ce mauvais systeuie qui reslent absolument elrangeres aux progres de I'agriculture et de I'instruction primaire. Cette population si nombreuse de metayers, que chaque jour voit henreusemcnt diminuer, forme, au sein de la France, un peuple d'ilotes intel!ectnels,j politiqucs et industriels. Non-seulement le metayer ne connai; 6oa NOTICE pas les nouvelles methodes, mais il se refuse i\ suivre les prc- ceptes d'un proprietaire plus cclairo que lui. Comment espe- rer, dans ce deparlement et dans toute la rogion oil cct usage cxiste, aucun piogrcs sensible dans I'art de cultiver la terre tant que ce systeme y sera en vigueur? C'est done avec rai- son que iM. Say, dans son Traite d'economie politique, a dit que le colonage etait, de tous les regimes, le plus delavo- rable a ramelioration des terres. Le meilleur moyen pour perfectionner les precedes agri- coles dans le departement de la Haute- Vienne, comme dans tous les autres, consisterait sans doule a frappcr les sens du cultivateur par des cxemples places sous ses yeux ; pour y parvenir sQrement, il faudrait etablir de nombreuses fermes experimentales, dirigees par des hommesila fois economes, habiles et actifs. Ce mode , en facilitant les innovations utiles, aurait encore I'avantage d'utiliser les petits capitaux qui dor- ment an fond des campagnes ou an sein des petites villes. Pourquoi ne s'etablirait-il pas, a I'instar des societes de com- merce, des actionnaires nombreux qui, reunissant leurs pe-. tits capitaux, en confieraient la somme a un agronome pra- tique charge de la culture d'une propriete commune ? C'est au gouvernement, aux conseils generaux, aux so- cietes d'agriculture, qu'il faut demander les premiers modeles de ces precieuses institutions, qui ne tardcront pas a se mul- tiplier rapidement, des que les avantages en auront ete gene- ralement sentis. Deja, en 1763, la Societe d'agriculture de la Hautc-Vienne avait fait un essai de ce genre : il ne fut pas heureux : nous en ignorons les causes. La proposition de le renouveler a ete emise plusieurs fois dans son sein; et cette compagnie,qu'animent les meilleures intentions et qui compte, parmi ses membres, des hommes vraiment inslruits, des esprits distingues, ne tardera probablement pas a rendre ce nouveau service au pays. La principale richesse agricole du departement consiste dans ses betes a cornes , bicn que la race en soit trcs-degene- ree, que le paysan reste indifferent a son perfeclionncmcnt , SIR LE \)tV\ DE LA HAHTE-VIENNE. Ik'y et que les vaches, notamment, piesentent I'aspect le plus mi- serable par le defaut de nourriture sullisante et leur trop grande mulliplicite sur des pacages maigres et marecageux. La viande en est d'une excellente qualite et tres-estimee des boiichers de Paris, oii la Haute-Vieiine exporte annuellement environ 9,000 hoeufs gras. Ses autres exportations en betes ;'i comes consistent en 10,000 veaux, 45OOO boeufs de labour, i,5oo vaches et 2,000 genisses. Le departement consacre chaque annee mllle francs aux encouragemens accordes a la race bovine. Telle est I'incurle des cultivateurs qu'il arrive presque toujoursquecctte somme n'est pas toute employee, faute de sujets dignes d'obtenir les primes. A I'exception de quelques cantons montagneux, les betes a lainey sont de la plus chetive espece. Privees d'air dans des etables humides et mal couvertcs, exposees, sans nulle pre- caution, aux inteuiperies d'un ciel nebuleux,aux exhalaisons de paturages marecageux et toujours insuffisans, elles sont sujettes a de nombreuses maladies , et souvent attcintes par des epizootics meurtrieres. Leur produit est pen important. Cependant, depuis quelques annees, des proprietaires aises out commence a introduire dans leurs troupeaux des beliers merinos ou metis. L'engraissement des pores y forme un produit considerable et un debit assure; peut-etre meme le prix de leur vente donne-t-il le meilleur revenu des metairies dans une grande partie du departement. Si Ton sebornait, comme jadis, aux chataignes, au sarrasin et au son de seigle, pour nourrir ces animaux voraccs, le nombre en serait fortdiminue, a cause du vide laisse par les chutaigneraies recemment al)attues pour le service des usines, etrarenientreplantees ; mais I'extension considerable de la culture de la pomme de teri-e fait plus que compenser ce deficit. La quantite des pores exportes augmente d'annee en annee. lis sont diriges sur Bordeaux ou sur les Pyrenees. De toutesnos provinces, le Linwusin est la seule qui par- (io4 NOTICE tiij>e aycc la Nonnaiulie rhoniieur dc foiirnii' les Jcux races nobles des chevaiix de tselle. On connait la vivacite du regard, la g^racc de ralliire, relogance des formes, la vitcsse ct la vigiieur dcs chevaiix limousins, et taiidis que Lucie, apparte- nant a M. de Vanteaux , remportait le prix dauphin aux der- niores courses, Vesta, sortant des ecuries de M. de Labastidc , dispulait le prix royal, et ne le manquait que d'unc denii- longiieur dc chcTal. Dans I'ancienne monarchic, chaque grand seigneur avail son haras , auqucl il donnait dcs soins particu- liers. II metlait son amour-propre <\ le laire prosperer. De nouvellesmocurs ct de nouvelles combinaisonspolitiquesame- nerent les grands barons a la cour ; ils s'y fixerent, et lcur.-< goQts ne tarderent pas a changer. Aliandonnces a lenrs inlen- dans , les races s'abatardirent ; Icur degeneration fut rapide en Limousin. Colbert, toujours altentif aux besoius du present et de I'avenir, porta sur ce point important sa sollicitudc creatrice. II y envoya des etalons de choix, donna des grali- Tications , I'onda des encouragemens pour les proprietaires, el {larvinl a diriger leurs speculations vers celte branche si intc- ressante de I'induslrie agricole. Sous ses puissans auspices , die s'eleva bientol a un haul degre de prosperile ; mais , a sa mort, les choses revinrent a leur ancien elat , iuscju'a ce que le marechal de Turenne , gouverneur du Limousin et posses- seur de lerrcs considerables dans cette province , vouiant re- lever cette race precieuse de I'etat d'inleriorite oii elle etait tombee, y fit distribuer un certain nombre de chevaux bar- bes et arabes. Les amateurs d'equitation n'apprendront pas sans interet que la I'ameusc Pie , que cct illuslre capitaine monta jiisqu'u sa mort, etait de race limousine et provenail de ces croiscmens. La direction dcs haras fut confice dans la suite aux inlen- dans de la province, qui y mirent beaucoup de negligence. M. Gondinet pere parle d'un canton qui nourrissait quatre- vingt-dix jumens poulinieres dans les terns de splendeur, vingt-cinq en 1789, el deiLV en 1801. En 1789, on comptait, dans la partie de la province qui i'orme le deparlement, 85o SUli LK TttP. DE LA IIAUTE-YIENNE. 6o5 jumens de I**, 2" ou 3' classe, comme on les clislinguait alors, servies par 3 1 elalons. Deux regimens de hussards et deux regimens de dragons venaient y faire annucllenient leurs re- monles. Les chevaux de choix etaient reserves pour la cour, les ofliciers superieurs ct les haras. La revolution porta un coup mortel a cclte Industrie. La perte des encouragemens et des privileges accordes aux garde- etalons, le depart des emigres possesseurs des plus beaux in- dividus, les requisitions multipliees operees de la maniere la plus desastreuse, I'ignorance et I'infidelite des agens du gou- vernement, I'arbitraire introduit sous toutes les formes, joints a beaucoup d'autres causes, amenerent un tel etat de degra- dation dans I'espcce et de diminution dans le nombre , que, d'apres la statistique du departement, le tableau de la race entiere se bornait, en 1801, aux elemens suivans: Tt'rmemoy. Lturnombre. de Teva- Valcur lotalc. lualion. Ktalons g 600 f. 5, 400 i". Jumens poulinieres 22^ 240 53,760 Poulins et pouliclies i^S i5o 26,25o Jumens muletieres 2,240 100 224,000 Chev. empl. i divers usages. 4977^ i5o 716,400 Mulcts 1,680 120 201,600 Total... 9,084 (1) i,227,4iofr. Lo defaut de debouches avantageux, la crainte des requi- sitions, le haiit prix de I'entretien des poulins de choix qui , pendant les qualre ou cinq annees de leur croissance, ne sont absolumentd'aucune utilite pour I'agriculture, avaient engage un grand nombre de proprietaires des jumens qui restaient encore a s'adonner a I'eleve des mulcts, leur vente lucrative et toujours assuree, au bout de I'an, faisant rentrerbientot le cultivateur dans ses avances. Ceux qui proviennent du Li- (i) Selon M. Bai.ei, il y aiirait en France 2,55o,ooochevaux ou mulets. OoG NOTICK moiisin sont pctils , mais eslimcs ; on les Jirigc gciicralcmciU siir I'Espagne. L'etat actuel de la race limousine est plus satisl'aisant, bicn qu'clle soil encore loin ilii dcgre dc prosperitc oi'i ellepourrait s'elever, si Tespril de suite regnait dans radniinistration des haras. On cnuipte aujourd'hui dans les trois departemens de la Haute-Yienne, de la Creuse et de la Correze, qui torment I'ancienne province, de 800 a goo jumens poulinieres, servies paries etalons du haras de Pompadour, qui n'est plus qu'un simple depot, grace an peu dc t'aveur dont le Limousin jouit auprcs de cette administration superieure. Chaque etalon de. cet etablissement couvrait 28 jumens en 1826 et 24 en 1827; ce qui donnerait , dans le dtpartement de la Haute-Vienne, on se trouvent annuellcment repartis 18 etalons du gouver- nement, pour 1826, l\86 jumens, et pour 1827, seule- ment 4^2 poulinieres, dont pres de la moitie, de I'espece la plus commune , ne peut lournir des productions distin- guees. Cette diminution tient a des causes que nous ne sau- rionsrigoureusement assigner, mais parmi lesquelles il fant niettre en premiere ligne les frais d'entretien des poulins et la difficulte de s'en defaire. Dcpuis quelqucs annees, I'espece gagne sensiblement en taille, en force et en beaute. On est revenu de la manie de rechercher les chevaux i jambes lines et aux formes sveltes; on vise plus a I'utile, et Ton a raison. Les efforts du gouver- nement tendent a fortifier et a exhausser cette race que I'in- troduction, sons I'empire, d'un grand nombre de chevaux turcs (dits arabes) de petite taille, doues du reste de pre- cieuses qualites, avait sensiblement abaissee. Sur les i8 etalons qui, en 1818, ont ete envoyes en station dans le de- partement, il y en a 10 de race limousine, 5 de race anglaise, 2 arabes et 1 du Mecklembonrg. Pour encourager I'education et la reproduction des chevaux, on distribue des primes. Le departementconsacre a cet objet une somme de 5, 000 fr. , el Ic gouvernemeut une autre de 9,4^0 fr. L'elcve des chevaux de prix cxigeaut plus de soins et de SIR LE Dl':P^ DE LA HAL TE-VIENNE. (mr capilaiix que ne peut y en mettre un cultivateur ordinaire , quclques grands proprietaires s'adonnent prcsque seiils a cetle Industrie , plutot par gout que par speculation. Leur nonibre sera toujours moindre qu'il n'etait avantla revolution, epoque a laquelle la noblesse, SQ livrant presque exclusivement aux armes et a la chasse, se faisait un honncur et un devoir de mettre une partie de son luxe en beaux chevaux. M. LullindeChateauvieux, danssescalculs, porteA looseu- Icment le produit annuel des sujets distingues de toute la race limousine. D'apres lesmeilleurs renseignemens, nons sommes autoriscs a penser qu'on peut I'elever a 200 environ. Lememe auteurestime qu'il se trouve a Paris, pour la selle ou les equi- pages des particiiliers, 1 6,000 chevaux de luxe du prix de 1 5oo t". II evalue a 4»ooo le nombre de ceux qu'exigent les services des grandes villes de province et de I'etat-major de I'armee. Cela ferait une somme de 20,000 chevaux qui, se renouvelant par cinquiemes, donnerait le chiffre de4?ooo pour nosbesoins annuels; et, chose etonnante a croire, si Ton n'en avait les preuves en main, le Limousin tout entier n'y serait compris que pour un vingtieme au plus. D'apres le memo auteur, I'Aliemagne, a elle seule , en fournirait la moitie : telle est la trisle condition ou nous ont places le defaut de suite dans cette administration comme dans toutes les autre*, la negli- gence et I'insouciance du gouvernement et des administra- tions locales, et I'incurie des particuliers. Un fait aussi grave est digue de I'attention des honimes charges de diriger ou de discuter les interets de notre Industrie agricole. Des personnes tres-verseesen ces matieres pensent qu'avec le pen de benefices qn'offre raaintenant I'education des che- vaux dans cette province, le nombre des jumens poulinieres ne peut augmenter sensiblement , et qu'il a attcint a peu pres son maximum aveclo. repartition actuelle des proprietes. Leur avis est qu'on doit se borner a perfectionner sans cesse leurs qualites deja si precieuses. Cette opinion peut etre fondee. II est certain que des encouragemens aussi mesquins que ceux qu'on y distribue annuellement ne peuvent avoir CoS NOTICE aiicun clTct notable; mais, si le goiivemema NOTICE SUil VOLTAIRE. voyant L quels usages on la faisait servir, ct, si la logerclo, si ramoiir dcs plaisirs avaient fait ties incredulcs , la bnllc Unigenitus et les dragonnadcs en avaient fait davaiitage. Tel ctait I'etat des csprits, lorsqu'un brillant succcs dramatique revela Voltaire a la France. Ne dans les dernicres annees du dix-septieme siecle (i), rleve durant sa premiere enlauce par I'anii de Ninon (2), confii' plus tard a I'education un pen mondaine des jesuites, <;onduit chez Ninon au sorlir du college, rcpandu bientdt dans les societes epicuriennes des Chaulieu, des La Fare, Voltaire avait uni de bonne beure a la sagacite rapide, a I'ac- tive imagination, a la vive et mobile sensibilite qii'il tenait de la nature, I'urbanite, I'elegance facile, les graces legeres que donne I'nsage du grand monde, et la bardiesse de pensce qu'il avait puisce dans les impressions de son enfance et de sa jeunesse. D'abord conlrarie par sa fiimille dans son gout pour la poesie, menace d'une lettre dc cacbct, exile en Hol- lande a la suite de I'ambassadeur Chaleauncuf, relegue a Saint-Ange aupres du vieux Caumartin, jele a la Bastille- pour une satire qu'il n'avait pas faite , accueilli enfin a la scene francaise , il debutait dans la carriere des lettres par un triomphe : a vingt-quatre ans , I'auteur d'OEdipe montrait deja, non le genie crcateur qui devait ouvrir de nouvelles routes a la tragedie , mais le plus brillant imitatcur et pres- que I'heritier du style de Racine. (1) Franrois-Marie Arouet, si celebre dcpiiis sous le noni de Voltaire, naquit a Cbalenay, pies Paris , le 20 f6vrier i6g4. Son peie , apres avoir exeic6 avcc lionncur I'etat de notaire, elait devenii tiesoiier de la chaiii- bie des comptes; sa mere, M^T-^KcW/e d'Ai'imard, appartenait a uneramillc noble du Poitou. Le jeiuie Arolet vint au mnnde presquc iinuirant; il ne put lecevoir le bapteinc quclcai novenibre 1694; cet'.e circonstauce a troinpe quelques biograpbes siir I'epoque precise de sa naissance. Le noni dv Voi.tairk lui I'ut donne par sa f'amille, suivant un usage alors assez coininun , pour le dislinguer de son fiere aine. {2) L'abbe de CiiATKAriNnrr. 11 elait lie avec la mere de Voltaire, et jl avait servi de pai raio au fils. NOTICE sun ^OLTAIilE. CiO Un succcs nouveau allait bientot ajouter encore a ce pre- mier succ^s : bientot la Hcnrlade allait enrichir la France, siiiond'une epopee, du moins d'un ouvrage oii la poesie la plus brillante s'allierait aux enseigneniens dela raison la plus pine. Couronno, ;'i viugt-huit ans, d'une double palme litleraire, indepcndant par sa fortune, recherche dans la societe, ac- cucilli par les grands, Voltaire alors semblait voue pour tou- joiirs ;'i la poesie. Un evenement imprevu vitit changer sa deslinec. Cruellement insulte par le vil heritier d'un grand nom, il vciit demander vengeance aux lois; elles sont muet- tes : a ses nobles amis; ce n'est qu'un plebeien outrage par un grand seigneur, ils ne daignent pas s'en aperceyoir : a son courage; la Bastille et I'exil lui repondent. Repousse de toutes pajts, il al)andonne enfin I'agresseur et ses complices au mepris qu'ils meritent; il passe en Angieterre. Pendant trois ans, il y respire I'air de la liberie : il s'y penetre des ecrits de Newton, de Locke et de Shakspeare, et, riche de ronnaissances et d'idees nouvelles, il rapporte dans sa patrie VEssai sar la poesie epic/ue (i), Brutus , la Mart de Cesar et les Lrtlres sur les Anglais. Tci commence la carriore philosopliiij'.ie de Voltaire ; ici son. talent dramaticpie preod aussi une direction nouvelle. Dans OEdipe , dans Artemire, dans Mariamne , on avail ap- plaudi I'elegant imilateur de Racine : dans Brutus, dans Zaire, dans la Mart de Cdsar, I'imitateur disparait pour ne plus montrer que Voltaire. Moins parfait dans son style, moins scrupuleux sur le clioix des ressorts dramatiques, deja il commence a se montrer plus naif, plus passionne , plus tragique, a presenter au spectalcur des tableaux plus impo- sans, a meier aux emotions du theatre des instructions plus profondes. Zaire, qui, par Tepoque et le lieu de la scene , par les ca- ll) Cclouviagc, compose en Anglelfjie, ftit d'abonl ccvit en anglais. 6i4 NOTICE SUR VOLTAIUE. tactcres de Lusignuii et de son fils, semble se lappiocher dii genre historiqiie , appaiticnt aussi, par les caractores de Zaire et d'Orosmane, a ce genre ideal que la tragedie pent, ce me semble, admeltre dans les ouvrages dont I'intcret re- pose sur les mouvemens du ca3ur. Le charme des senlnnens les plus ainiables, les combats de I'amour et de la religion, les tourmens de la jalousie dans une ame aussi confiante que tendre el genereuse, ouvrirent des sources de pathetique in- connues jusqu'alors : les noms francais, prononces pour la premiere fois surnotre scene, parurent une innovation lieu- reuse , que Voltaire ne tarda pas i reproduire dans la tra- gedie imparfaite, mais touchante, A^ Adelaide du GuescUn. La Mori de Cesar ne put elre representee que sur un theatre de college. Cette piece attira meme sur son auteur une demi-persicution. On lui fit un crime des sentimens re- publicains repandus dans sa tragedie : la police ne trouva point Brutus et Cassius assez royalistes. Chaque jour, en effet, I'auteur de la Henriade etait arra- che A scs travaux par quelque persecution. D'obscurs ecri- vains, que souvent il avait aides de sa fortune ou de son cre- dit, le barcelaient de leurs libelles. Des ames charitablcs se faisaient un point de conscience de denoncer incessamment au pouvoir uu auteur encore irrcprochable par ses ouvrages, mais connn pour la liberie de ses opinions. Une administra- tion tracassiere accueillait sans examen ces delations journel- lemenl repelees : c'elaient a chaque instant de nouveaux dan- gers a craindre, de nouveaux orages a conjurer. Persecute pour la Mori de Cc.'^ar, persecute pour I'elegie sur la morl de Lecouvreur, persecute pour le temple da Goat, persecute ^ pour les Lettres pliilosophiqaes, persecute ^our V E pi Ire d Ura- nie, Voltair'fe perd enfin patience ; il quitte la capitale , et re- noncant aux lettres, dont la culture n'est pour lui qu'une source de degoQts et de perils, il va cacher sa vie et la con- sacrer a I'elude des sciences dans le sein de la retraite et de t'amitie. Madams du Clialelet, fille du baron de liretcuil, posscdail NOTICK sun VOLTAIRE. Cu'y unc teire a Cirey , sur les Ironlicies de la Lorraine. Elevee avec soin, douee d'linc force d'esprit rare, surlotit alors, chez son sexe et dans sa condition, cllc avail su allicr i I'a- niour des plaisirs, au gout des frivolites, le gout de I'instruc- tion et des etudes serieuses. Lc rapport des penchans, I'ac- cord des opinions, rapprooherent bientot fimilie et Voltaire : un lien peut-ctre plus tendre que ramitie s'ctablit entre eux. Ce fut pres d'Emilie que Voltaire alia cherclier un asile contre les traits de I'envie et contre les \ exations du pouvoir. Get asile devint bientot un temple consacre aux sciences. Cirey vit se former dans son enceinte une bibliothee vit recherche, comble de dons et d'honneurs, pour avoir su plaire a la mailresse d'un roi. Pendant quelques iustans, Voltaire fut le poete laureat do la cour : il composa pour elle la Princesse de Navarre, le Temple de la Gloire, lepoeme de Fontenol; il redigea quel- ques memoires diplomatiquos. Pour prix dc ces travaux, inu- tiles a sa renommce, on le fit historiogruphe de France et gcntilhomme de la chambre ; il fut meme un moment ques- tion dt ['adiuetlrc anx pctiis sonpers. ISOTICE SIR VOLTAIRE. 617 line autre faveur le flatta davantage. Depuis long-tems Voltaire desirait entrer i I'Academie Franoaij^e, soit que son amour-propre ne fut pas insensible a cet bonneur, soit qu'il esperat y trouver une sauvegarde centre la persecution. Apres le succes de Brutus, il avait songe a solliciter le fau- teuil; De Boze , I'iin des membres ies plus influens du senat litteraire, avait prononce que Voltaire n'avail riend'acadcmique. Apres Ic succes de Merope , il s'etail mis sur Ies rangs une se- conde fois; le ministre Maurepas et le tbeatin Boyer I'avaient encore ecarle, malgre la protection de madame de Chateau - roux. Soutenu par madame de Pompadour, il tut admis enfln a remplacer le president Bouhier. L'envie se dechaina contre lui avec plus de fureur que jamais ; mais du moiris il fut per- mis a I'auteur de la Henriade d'honorer I'Academie en sie- gcant parmi scs membres. Son discours de reception fut re- marquable par une innovation heureuse. Aux iroids compli- mens, aux elernels lieux comuiuns qui, jnsqu'alors, avaient seuls fait Ies frais de ces compositions, Voltaire substitua une elegante dissertation sur le genie des langnes et sur I'art de tradiiire. Cet exempie a passe en usage , et Ies solennites academiques en out acquis un interet qu'elles n'avaient pas eu jnsqu'alors. 3iais cette faveur passagere, qu'un sonflle lui avait appor- tee, un sonfile devait bientot la lui ravir. La haine ne sorn- meillait pas : elle alia chercher, pour I'opposer a Voltaire, le vieux Crebillon, des long-lems retire de la scene : elle sut iiiteresser la vanite de la favorite a proteger la vieillesse d'un bomme de talent, dont on voidul bien faire un homme de genie. Cotilina fut reprcsente a la cour, applaudi , inipiinie au Louvre, avec une allectation d'entbousiasme olfensante pour Voltaire, qu'on semblait rabaisser au-dessous de son ri- val. Ace premier desagrement sejoignirent cjuelques tracasse- ries. Voltaire laissa percer son mecontentement : madame dc Pompadour se rcfroidit a son egard. Le poete, justcment blesse d'uiie preference qn'il avait droit de regardcr comme un affront, quitla la cour, 011 son trioniplic d'un monienl (JivS _ NOTICE SlU VOLTAIRK. avail niultiplic ses cuneniis sans ajouter a »on bonhcur. Mais, en ?c letirant, il voulut prendre une venjii^eance digne du genie outrage par une rivalile trop inegale. Trois fois il s'empara des sujets que Crebillon avail trailcs, el trois fois il jouit du plaisir d'accabler de sa superiorite Ic Irop faible emule qu'on lui avail oppose. L'esprit de parti conlesta un moment celte superiorite qui n'esl plus contestee aujour- d'hui. Sdviiramis , Oreste, Rome saiivee furenl les fruits do cette utile emulation. Retire une seconde fois a Cirey, Voltaire, hcureux pres de son amie, se refusail encore aux instances de Frederic, qui cherchait a Taltirer dans sa cour. La liaison de ces deux hommes celebres avail commence depuis long-tems. Frede- ric, lorsqu'il n'etail encore que prince royal, avail recherche Voltaire ; une correspondance s'etail etablie enlre eux. De- puis ravencment du prince au tronede Prusse, la correspon- dance avail continue; Voltaire avail fait plusieurs voyages airpres de Frederic, qui, pour le retenir, avail prodigue les invitations et les caresses. Voltaire avail loujours refuse de se scparer d'Emilie. Au mois de septembre 17491 madame du Chatelel meurl aLuneville, oOi les deux amis etaienl alles passer quelque Icms a la cour de Stanislas. Sa morl brisc le lien qui enchai- nail Voltaire a la France. II se voil libre ; ses ennemis conti- nuaienl de le faliguer de leurs atlaques ; Frederic redoublail ses instances ; il cede enfin. Apr^s un sejourde peu de niois a Paris, il dil adieu a la France et va porter encore a Pols- dam la clef de chambellan et la dangereuse Hiveur des rois." La cour de France, qui le negligcail quand il etail present, ful offensee de son depart. Voltaire recut de Frederic I'accueil le plus cnivranl. Loge dans le palais du monarque, admis tons les jours a sa table , libre de toule contrainte, traile, non en sujet, mais en egal et en ami, un moment il se crut arrive au Icrme de ses cpreuves. Philosophe sur un trone despolique, artiste el poi'te au milieu d'un camp, ennerai des prejuges cher. un NOTICE sun VOLTAIUi:. (iif) peuple encore sans lumieres, Frederic avait peuple sa coiir de savans et de litterateurs etrangers, dont il avait compose son academie. 11 aimait a faire au milieu d'eux I'homme de lettres, i faire oublier le roi. L'abandon, la gaite, une liberie d'opinion qu'on eOt peut-etre appelee d'un nom different cbez tout autre que chez un prince, regnaient dans ses sou- pers, dont il n'etait pas le convive le moins brillant ni le moins aimable. Voltaire, a ses cotes, exercait loutes les se- ductions de I'esprit et I'empire du genie : seduit lui-meme, il croyait, apr^s une vie orageuse, avoir enfin touche le port: il ne parlait de sa situation qu'avec ravissement, et de Fre- deric qu'avec enthousiasme, Mais I'envie veillait a Potsdam, comme a Paris. La faveur dont jouissait Voltaire, sa superiorite reconnue offusquaient plusieurs de ses nouveaux confreres. On lui sus- cita des degouts : on excita contre lui La Beaimielle , jeune ecrivain qui cberchait a se faire un nom : on le calomnia pres du roi, on calomnia le roi pres de Voltaire. Des rapports of- ficieux firent insensiblenient succeder a la confiance, a I'inti- mite la froideur et les defiances. La querelle de A'oltaire avec Maupertuis (i), dans laquelle Frederic eut le double tort d'intervenir et d'intervenir comme roi, amena une rupture suivie d'une reconciliation qui rassuia mediocrement Vol- taire. Enfin, apres trois annees de sejour en Prusse, il en sorlit presquc furtivement, sous pretexte d'aller prendre les eaux de Plombieres. En partant, il promit de revenir; mais, avant son depart, il avait retire ses fonds etles avait fait passer a I'etranger. A peine a-t-il quitte Potsdam, que les manoeuvres de ses ennemis recommencent. On lui attribue des epigrammes centre le roiion fait craindre a celui-ci que Voltaire , deposi- taire de ses oeuvres, n'abuse de ce depot. Frederic, alarme, songe a retirer le precieux volume; il previent Freytag, son (i) Maupertuis , savant dislingiie , uiais pen sociable , ulail preside.it lie I'Acadcniie de IJeriiii. Cao NOTICE SUR VOLTAIRE. resident a Francfort, oCi Voltaire dcvait passer. Le servUe et insolent suballerne conchit que le poete est en disgriice et s'arrange en consequence. Ai)res avoir visile plusieurs cours dc I'Alleniagne, trouvant partout I'accueil le plus flatteur, Voltaire arrive a Francfort. II y est arrete avec eclat, traite avcc outrage, et rcleiiu , pendant trois semaines, ]>risonnier dans une niauvaise auberge. Sa niece, raadanie Denis, ac- courue pour lui donner des soins, partage sa captivite. Voltaire conserva toute sa vie le ressentiment do cette in- jure. Frederic eut le bun esprit de rougir d'un acle qui ter- nissait sa gloii'e. Peut-etre n'eut-il pas do se burner a desa- vouer, sans le punir, le miserable qui avail abuse de son noni; du nioins chercha-t-il plus tard a reparer, par un le- tour spontane , par des prevenances nouvelles, I'indigne procede dont Voltaire avait a se plaindre. Rendu a la liberte, desabuse un pen lard de la faveur des grands, Voltaire s'arreta quelques jours cliez I'elccteur pala- liii, pour scc/icr ses habits mouillcsdu naiifrage. De la il se rendit a Colmar, ou il prolongea son sejour. Ce I'ut dans cette ville qu'il termina et qu'il fit inipriiuer les Annales de I'Empire^ couimencees chei la duchesse de Saxe-Gotba. Pendant envi- ron deux annees, il hesila sur le choix d'un asile. La nial- Aeiilance du jesuite Croust et de I'eveque de Colmar, qui vouiut, dit-on, rexcommunier, I'obligerent de s'eloigner. La cour de France, pressentie sur son retour a Paris, repon- dil peu favorabiement (i). En attendant qu'il eut trouve une retraite, Voltiire passa quelques mois a I'abbaje de Senones, dans la societe du savant don Calmet, qui criit I'avoir con- xcvti, II visita les eaux de Plombieres; il se reposa quelques jours a Lyon, dont I'archevcque, Tencin, ne vouiut ou n'osa point le recevoir, mais dont les habitans le combierent d'hominages, auxquels son 3me, blessee par les serines de Fraucl'orl , lut prororulemenl sensible. Enfin, etant alle con- (i) II parait que des copies de la Piicelle, repandiips et falsificcs par k'3 cnnemis dc Aoltaiie, avaient indispose le gotiverneincjit. NOTICE SUR VOLTAIRE. Gai suiter a Geneve le celobre Tronchin, il souiit a I'idee de se fixer dans un pays libre. On lui proposa une habitation agrea- ble sur les bords dn lac. D'apres les lois, un catholique ne pouvait s'etablir a Geneve ni dans les cantons protestans de la Suisse. Voltaire « trouva plaisant d'acquerir des do- inaines dans le scul pays de la terra oi"i 11 ne lui fCit pas permis d'en avoir. » En cherchant un abri contre la haine du gouvernement et du clerge francais, Voltaire ne crut pas toutefois devoir se mettre a la discretion de ses nouveaux botes. II voulut avoir un asile k Geneve contre les tracasseries de France, et un asile en France contre les tracasseries de Geneve. Ainsi, apres avoir occupe queique tems le chateau de Tourney, il prit le parti d'habiter alteruativement Ferney, sur les terrcs de France, et lesDeliccs, sur les terres de Geneve. De ce moment date pour Voltaire une existence nouvelle. Cettc indepeudance qu'il a tant souhaitee, qu'il a cru Irouver a la cour d'un monarque ai)SoIu, il I'a conquise enfin et il ne la doit qu'a lui-meme. Possesseur d'une grande fortune (i) , riche d'une gloire europeenne, en correspondance avec plus d'une tete couronnee, il va se trouver invest! de la dictature des lettres et do I'opinion. Sa plume sera une puissance, ses jugemens serontdes oracles. D'innombraljlescliens viendront de toutes les parties de I'Europe solliciter de lui la faveur d'une parole on d'un regard : des princes meme tiendront a (i) \oi,TAinK fenait cle sa famille une honnete aisance qii'avait encore augixientee la niort d'un i'linc aine dont il avait recueilli l'henla;je. Une souscriplion ouvcrle en Angleterre pour la publication de la Henriade, lui avait procuje des benefices considerables. Une speculation beureuse sur un emprunt en forme de loterie ouvert par le controleur-general Desfobt, y avait ajoute des benefices nouveaux. Ses fonds , avantaeeuse- ment places dans diverses entreprises conimerciales, enlr'autres dans la fournilure des vivrcs d'ltalie , confiee a Paris Duvebney, avaient beau- coup fiuctifie. Les liberaliles de FREDtSnic et des autres piinces de I'Alle- magne avaient encore accru sa fortune. A I'epoque de son elablissement aux Dcluos, elle s'eicvait a environ 80,000 livres de rente. 6ai NOTICK SI K AOLTAIIIK. homicur de devenir ses botes. Ce n'cst plus cct ecrivain cii- toiiic d'enncmis, sans cesse menace! dans son existence sur les plus frivoles pretcxtes, en buttc aloutes les susccptibilites du pouvoir aibittaire : c'est un sonvcrain gloricnx et respecte qu'cnviionncnt I'admiration et ramour des peuples. Voltaire alors entrait dans sa soixante et unieme annee. Loin d'etre affaibli par I'age, son genie, ravive par la li- berie, semblait etre devenu plus fecond et peut-etre plus origin^il encore. Pendant les vingl-trois anneesque dura cette siiiguliere existence, il fit paraitre plus d'ouvrages qu'il n'en avait public pendant les quarante annecs de son sejour dans Ic monde. UOrphelin de la Chine, Tancrcde, im poeme ce- lebre que lapudeur condamne, mais que le gout est contraint de louer; un poeme moins brillaut, mais plus moral, sur la lol naturelle; la Philosoplue de I'liistoire, VEssai sur les mamrs et I' esprit des nations , le Dictionnaire philosophique , le Com- mcntaire sur Corneille; des satires remplies de sel, des epitres ou Ton retrouve I'enjofiment et la facilite d'Horace avec une philosopbie plus clevce , vingt contes charmans ou res- pire la grace de La Fontaine enibellie d'une elegance que La Fontaine n'a point connuc, des romans ou Tinstruction se cacbc sous des formes aussi neuves que plquantes, une foule innombrable de legers pampblcts, de lettres, de pieces fugitives : tels furent, a Ferncy, les fruits de sa retraite etles travaux de sa vieillesse. Mais le meilleur ouvragc de Voltaire, il nous I'a dit lui- meme, c'est le bicn qu'il a fait (i). C'est une noble reponse qu'il a preparee , dans Tavenir, aux outrages de ses detrac- teiirs. Qu'on jetle, eneffet, un regard sur ces dcrniercs annees de son existence : quelle vie plus rcniplie d'aclions utiles et genereuses? 11 conserve I'bcritagc a de jeunes orpbelins dont le bien etait engage a des inoines; il sollicite en faveur de Bing, victime innocente du miuistere anglais; il adopte la niece de Corneille, et, joignant la delicalesse a la bienfai- (i) « J';ii (;iit im pen do bien; r'cst mrm niflllciir (uvrage. » NOTICE SIR VOLTAIRE. Gar. sance, il salt lui faire une dot avec les oeuvres de son oncle; il protege les Calas; il denonce a I'Europe les assassinats jii- ridiqiies de Martin et du jeuneLabarre; il fonde a Ferney une colonic dont il devient le protecteur; il affranchit les serfs du Jura; il sauve la famille des Sirven et la veuve de Montbailly ; il venge la memoire de Lally; il delivre le pays de Gex des vexations du fisc. Son ini'atigable activite ne laisse echapper aucune occasion de signaler des abus, d'appeler des rei'orines salutaires; il fletrit les cruautes du fanatisme ; il invoque a grands cris la tolerance religieuse et politique; il s'eleve con- tre le sang verse; il implore, avec Beccaria, la reforme des lois criminelles; il'seconde, il defend la belle entreprise de VEncyclopedie ; il encourage I'administration bienfaisante de Turgot; a I'etranger meme, il recompense de ses louanges les puissances favorables a rhumanite, d'Aranda reprimant I'in- quisition, Christiern prodamant la liberte de la presse , Ca- therine abolissant la torture et reprimant les usurpations du pouvoir sacerdotal. Partout sa voix se fait entendre; partout elle protege le faible et I'opprime, poursuit I'erreur, demas- que le mensonge et flelrit lacruaute. Cette puissance morale, cet empire exerce par le genie sans le concours du pouvoir, est un phenomene unique dans les annalesdu genre humain : il etait reserve au dix-luiitiume siecle d'en etre le temoin. Au milieu des hommages que I'equitable histoire a decer- nes a Voltaire, elle n'a point du dissimuler quelques torts de sa vieillesse. Apres avoir long-tems oppose aux attaques de ses ennemis un noble silence ou une defense moderee , sur la fin de ses jours il se montra tiop sensible a la critique, qu'il ne repoussa pas toujours avecassez de mesure et dedignite. II a merite un reproche plus grave : plusieurs de ses derniers ecrits ont porte atteinte a des objets qu'on doit respecter, et les traits du ridicule, qui n'auraient du jamais atteindre que les prejuges funestes au bonheur des hommes, se sonjt plus d'une fois egares entre ses mains. En convenant de cette erreur, I'hisloire ajoutera pourtant que c'est au declin de sa larrii're, apres soixanto an? de perseculions odieuse? aux- G%\ NOTICE Sin VOLTAIRE, qiicllos la religion avail servi de pretcxte, que Voltaire s'ost cnfin laissc entraiiicr a ces mouvcmeiis iric'llechis d'impa- lience et d'injuslice ". elle n'oiihlieia point 5iiitoi:t que, s'il a porle une main trop lihre sur des cioyances reverees, il a toujours lespecte , il a meme defendu phis d'nne fois le prin- cipe essenliel de toutes les religions, celui sur lequcl se fon- dent lours rapports avec la morale et la societe civile, I'exis- tenre d'un Dieu de justice et de bonte. Nous avons parle de ses ennemis : le tenis, qui diminuait leur nom!)re et lenr puissance, ne les avait poiutant pas en- tierement dosarmes, et , dans cet asile nienie, que la gloirc semblait rendre inviolable, leurs intrigues vinrent souvcnt troubler sa tranquillite. Tandis que les gens de lettres, ct Fre- deric a leur tete , s'associaient pour lui elever une statue , le parlement brulail ses li-vres ; I'eveque d' Annecy, I'archeveque de Paris soUicitaient a la courdes ordres contre lui ; la reine, dont on abusait la piete , demandait son exil a Louis XV. Ce prince faible, mais modere , eiit la sagcsse de rep6ndre : // faid bien que Voltaire soit quclque part ; et, dans une autre oc- casion : Que voulez-rous que je fasse? S'il ctait a. Paris, jc I'exilerais d Ferney. Cependant, un desir secret, que le terns ne faisait qu'irri- ter, rappelait Voltaire sur I'ancien theatre de ses epreuves el de sa gloire : entoure des hommages de I'Europe, il avait encore besoin des hommages de Paris. Au milieu de I'hiver; il quitte a quatre-vingt-quatre ans son chateau de Ferney. arrive dans la capilale sans clre attendu , et va sc jeter dans les bras de son vieil ami d'Argeiital. J'ai, lui dil-il, inter- rompu moil agonic pour venir vous cmbrasser. Paris etail bien change depuis le moment oi'i Voltaire, pour se soustraire aux degoQts dont on I'abreuvait, etail alle de- mander a la Prusse un repos que la Prusse n'avait pu lui donner. Trente ans ecoules avaient imprime aux esprits une direction nouvelle. Une generation avait disparu : une autre generation s'etait elevee, nourrie des ouvrages de AOltaire, imbue de ses principes, idolatre de son genie. De ses ancient NOTICE sun VOLTAIRE. 62$ cnneini!?, le plus grand nombreetait descendu dan? la tombe; d'autres avaientlaisse refroidirleur iniuiilie pendant salonguc absence; le reste se taisait en presence de I'opinion publique. Les encyclopedistes , si long--tems oppriuies , dirigeaient alors I'opinion , et cette secte puissante se prosternait devant la gloire de Voltaire , qui, sans adopter toutes ses doctrines, s'etait declare I'allie et le protectcur de sa cause. Le patriar- clie de Ferney fut repu en triomphe dans la capitale. Tons les honneurs qu'un mortel peut attendre lui furent prodigues, Dans les rues, la multitude se pressait sur ses pas en faisant retentir I'air de bruyantes acclamations ; chez lui , les hom- mages se succedaient sans relache : des grands , des mi- nistres, des prelats meme sollicitaient I'honneur de lui etre presentes. Le Tbeatre Franpais, I'Academie deputerent vers lui. On joua sa tragedie A'' Irene. Voltaire assistait au spec- tacle : a son entree, I'assemblee entiere se leva en poussant des cris d'enthousiasme ; une couronne fut placee sur sa tete octogenaire ; entre les deux pieces , sa statue fut chargee de lauriers par les acteurs, aux applaudissemens d'un public enivre. Dans cette soiree, Voltaire rccut le prix de soixante ans de travaux et de combats livres pour la cause de I'hu- manite. Ce triomphe lui devint funeste. Tant de jouissances, tant d'emotions achevaient d'user les ressorts de sa vie. II ne put supporter son bonheur, et bientut, succombant sous des im- pressions trop vivespour sa vieillesse, il mourut de gloire et de plaisir, peu de mois apr^s son arrivee i\ Paris. A sa mort, I'intolerance s'agita : on fit craindre un grand scandale, et I'homme a qui I'onveuaitde rendre des honneurs presque divins faillit manquer de sepulture. Sa famille le fit inhumer presque furtivement dans I'abbaye de Scellieres, aupres de Troyes. Le gouvernement defendit aux journaux de parler de Voltaire, ni en bien ni en vial. Peu d'annees apres, on decernait une apotheosc a sa memoire et Ton placait ses cendres dans le Pantheon. T. XI.I. MAR» iHif). 4" Ci(» NOTICE SIR VOLTAIllK. Nous n'avons pas la pretention de porter ici un jiigement cnmplct sur la plus grande renommee litteraire des siecles modernes ; nous nous bornerons i quelqucs reflexions sur le genie , sur I'influencc philosophique et sur le caractere per- sonnel de riiommc celebre dont nous venous d'esquisscr la vie. Des qualites qui distinguent I'esprit de Voltaire , Ics plus remarquables , sans doute, sout I'abondance et la ilexibilite. Nul ecrivain n'a produit davantagc: nul n'a plus varie ses productions. Ses contemporains Tout nomme Vliomme universel, et il a semble justifier ce titrepar Timniensite de ses connaissances, par la souplesse de son talent, par le nombre et I'iniportance de ses travaux. II a essaye avec succes prcsque tous les genres de litterature; il a excelledans plusieurs. Seul de nos ecrivains, il s'est place a la fois au premier rang des poetes et au premier rang des prosateurs. « Vous m'etes, ecrivait Frederic a Voltaire, un elrc incomprehensible. Je doute s'il n'y a qu'un Voltaire dans le mondc. J'ai fait un sys- teme pour nier son existence... La fable nous parle d'un geant qui avait cent bras; vous avcz niille genies. » Frederic disait vrai. Le meme ecrivain qui a soutcnu, apres Corneille et Racine, I'honneur de la scene francaise; qui, le premier, a fait parler a Tepopee sericuse un langage digue d'elle ; qui, du moins sousle rapport litteraire, a me- rite le prix de I'epopee badine ; qui , dans ses poesies le- geres , dans ses epitres , dans ses satires , dans ses contcs en vers , a su prendre tour a tour et maricr tous les tons, caclier I'instruction sous les formes les plus piquantes, et meler a la simplieite d'une conversation familiere les traits de la plus haute poesie ; qui , dans ses Dlscours sur I'liomme , a revetu la raison et la morale d'une expression tour a tour enjouee, noble ou gracieuse; qui a compose en se jouant des romaus pleins d'originalitc ; qui, dans ses noml)reux pamphlets, dans plusieurs de ses Dialogues et de ses Facctia, amanie avec un si singulier jjonheiu' I'arme du persiflage; qui s'est place, dans Ic genre epi'^to!aire, cntre Ciceron et Sevigne : cc meme ecri- >OTICE SUR VOLTAirii:. Gu; vain a fait connaitre a la France la philosophie de Locke ct Ics docouvertes de Newton; a repandu dc vives lumicrcs sur les tenebres de la metaphysique et sur celles de I'antiquite; a denonce les abiis de la lej!;islalion civile et crlminelle; a , dans son Diciionnaire pldlosopldqac et dans f^ea Melanges , traite avec antant d'agrenicut que de ciarte les sujels les plus divers etles plus aridcs; a rcuni, dans son Covimeniaire sur Corneille et dans ses articles pour VEncyclopcdie, le talent du critique aux connaissances du grammairien ; a eleve enfin trois grands nio- numens historiques, eti'onde, en cc genre, une ecole oli se sont lormes les premiers hisloriens de I'Angleterre. C'est le theatre qui a conuiience la reputation de Voltaire, ct ses oeuvres dramatiqnes sont restees I'un de ses plus beaux litres de gloirc. Admirateurs zelcs des deux fondaleurs de notre scene tragique, nous oserions peut-etre leur prelerer I'auteur de Mcropc et de Zaire. Inferieur a ces grands maitres pour la prol'ondeur des caracteres, pour la fermete de I'exe- cution, illes surpasse par Tellet theatral. Avec moins de poe- sies dans le style, il a sou vent plus d'abandon et de mouve- nient dans le dialogue. Ses beautes, moins larges et moins severes, sont d'un genre pluspopulaire et saisissent plus vive- ment tous les esprits. Corneille et Racine nous offrent sou- vent, sous le noni de tragedies, de savanles etudes bistoii- ques, morales ou litteraires : ils ccrivent pour les connais- seurs; Voltaire ecrit pour tout le monde. La prose de Voltaire Teuiporte peut-etre en originalite sur sa poesie : elle porte un cachet tout particulier. Ce n'est ni I'expression proi'onde de Pascal , ni I'expression hardie et fi- guree de Bossuet, ni I'expression savanament travaillee de LaBrujere : c'est ce melange d'elegance et de siniplicite, de politesse et de naturel, qu'on est convenu de designer sous le uom d'a^^tcfiwic; c'est une facilite toujours heineuse, un tour toujours clair et precis, une propriete d'expicssion tou- jours i)arfaite. Ces qiialites qui sont celles d'un esprit emi- nemment juste, cullive par I'usage du monde, rendent la lec- ture de ses ouvrages aussi aisee qu'agrcable : il n'tst point GaS iNOTICK SIR VOLTAIRE, d'ccrivaiii qui fatigue moins son Icctcur. De tons nos prosa- (eurs, Vollaire aussi est, si jc uc m'ahusc, celui donl Ic slylc olTie remprcinte la plus fidele ct donne la plus juste idee du genie dc notre laivgue. Ce merile pent tenir en partie t\ I'a- vantage qu'il cut d'eciire dans une langue deja I'ormcc par une generation de grands ccrivains, et de pouvoir choisir, dans les modeles du langage franeais, les formes les plus eniincmment franoaises; petit -elre aussi a I'emploi presquc exehisif du style simple et du ton familier. Lc caractere des langues, comme celui des individus, se revele surlout dans la lamiliaritc, el Vollaire est toujours dans rintimitc de son Iccteur; il cause plulnt qu'il n'ecrit. Comme toutc qualite est voisine d'un defaut, il faut bien avouer que la crainte de I'affectation ne lui permet pas deconserver toujours, dans les sujets serieux, la gravite convcnable. II faut reconnaitre en- core que cette mani^re si pure , si bien assortie an car.icl^rc de I'eloquence temperee, est pen favorable aux mouvemens de la haute eloquence. Aussi ne trouve-t-on dans sa prose, meme lorsque le sujel semblerait appelcr ce genre de bea.-- tes, ni cet interet de style qui anime et qui colore les belles pages de Fcnelon et dc Jean -Jacques Rousseau, ni cette vaste portee des paroles de Tacite ct de Montesquieu. II est meme asscz remarquable que I'homme qui s'est montre si eloquent dans les roles passionnes d'Orosmane, de Vendome et d'Amenaide, qui s'est eleve si haul dans plusieurs passages de la Henriadc et dans VEpltrc sur la. pliilosophie dc Nnvton, se soil constamment inlerdil I'elevation et I'eloquence dans ses ouvrages en prose. On serait tente dc croireque, chezlui, le prosaleur elail entre en parlage avec le poete, et que, sa- lisfait d'instruire et de plaire, le premier laissait au second le soin d'etonner et d'cmouvoir. C'est cc qui semblerait resulter encore d'une reponse de Vollaire a I'un de ses amis, qui, le voyant au travail, n'osait entrer, de peur de I'interrompre. uEntrez, entrez, lui dit Voltaire; je ne fais que de la vile prose. » lln trait distingue Voltaire entre les ecrivains, c'est la ten- NOTICI': SlTx VOLTAIRE. Gup dance philosophiquc commune a tons ses ouvragcs. Cclte tendance se montre dans scs compositions historiques, on elle ajoute a I'instruction, niais quelquefois anx dcpens de I'interet; dans sa Henriadc, oii elle a remplace les fictions epiques auxquelles son siocle se serait difficilement prele; dans ses tragedies , oi\ elle est derenue I'objet de critiques quelquefois tbndees, plus souvent injustes; dans ses romans, qui ne sent gufcre , pour la plupart, que le developpemcnt pittoresque d'une idee morale; enfin, jusque dans ses contes les plus libres on dans ses faceties les plus legeres. Comme philosophe, Voltaire a ete le chef d'une ecole fameuse; il a exerce sur son sifecle et sur I'avenir une haute influence : ii pent n'etre pas indifferent d'en recherchcr le prlncipe. Nous avons delini le dix-huitifeme siecle le siecle de la criti- que : nous pourrions definir Voltaire le critique par excellence. Ce simple rapprochement nous rev^lerait i\ la fois le secret de sa puissance et le caractere de sa philosophic. Ses facultes se trouvercnt naturellement en rapport avec I'esprit de son epoque; ses ecrits durent en etre I'expression la plus fiddle. Plus judicieux que prgfond, plus impatient du fauxqu'avide du vrai, plus malin que grave, plus cnclin a la raillerie qui sape les croyances qu'ii I'enthousiasme qui les fonde, Voltaire elait moins fait pour enseigner les hommes que pour les des- abuser. Son genie independant et souple a la fois, plus pro- pre aux combats de la pcnsee ([u'a la meditation scrieuse et paisible, ennemi de rallirmation et du dogmatisme, habile u saisir et a lancer le ridicule , servait singulierement les dis- positions d'une societe sceptique et frondeuse. Unissant a la varicle des connaissances la variete des talens, remplacaut la patience par une prompte sagacite, la profondeur par I'e- tendue, la vigueur des conceptions par la finesse et la net- tete des apercus, il attaquait a la fois I'ennemi sur tons les points; il passait legerement sur tons les objets, laissant par- tout de vives traces de lumiere : il allait rarement au-dela d'une premiere vue, mais cette premiere vue etait presque loujours juste. Avec ces qualitib et sa superiorile lillerairc, G3o NOTICE SLR VOLTAIRE. Vollairc devail elre le chef dc cclle pliilosopliic viilllante qui s'elcvail au sein ilu clix-luiitirmc sitclc ct qui s'apprClait a riagir contre les abus du vieil ordre social. On a trop accorde a la philosophic du dix-luiititmc siecle; maintenant on Youdrait trop lui refuser. On prociamait, il y a finquante ans, qu'elle avail rcgcncre I'esprit huniaiu; au- jourd'hui on semble I'accuser dc I'avoir egarc. \'oltaire a par- ticipc au reproclie comnie il avail parlicipc a reloge. L'un el Taulre nous paraissent avoir besoin d'cxplicalion. Si, pour juger cette philosophic, nous iaisons abslraction des circonstances qui I'ont vue se former, peul-etrc serons- noiis fondcs a la trouver incomplete cl pen foconde en resul- tats moraux : si nous voulous la juger d'apres ces circons- tances, nous verrons qu'elle a ete ce qu'elle devait etre pour lesbesoins du terns el pour le progri-s dc la raison humaine. La societe n'etail plus alors a cette cpoque dc soumission oil les peuples , csclaves dociles de raulorile , recoivent d'cHe , sans examen, leurs opinions et leurs croyanccs : elle n'avait pas encore alleinl non plus ce terme oti la raison, victorieuse des prejuges , n'a plus qu'a fonder tranquille- menl son empire : ellc arrivail a ce moment de crise ct d'effort oil la luite s'engage entre la vcrite, trop forte desor- mais pour reculer, el I'erreur, trop puissanle encore pour succombcr sans resistance. Alors, I'influence de la phUoso- phie ne pouvait etre que negative : ellc n'etait point appelee a fonder, mais a dclruirc : avant d'iiislruire les nations, elle avail a les detromper. Telle elait sa mission, qu'elle a remplie avec un courage et iiu succes dont la raison et rhumanilo out egalemenl droit de s'applaudir. Pour arracher I'esprit liumain aux fausses directions que taut de sieclcs d'errcur lui avaient imprimees, ellc n'avait qu'unc voie ; se rcfugicr dans le doule, s'appuyer sur I'experience, recueillir le petit nombre de veritcs constatces par I'obscrvalion, se tenir, sur tons les autrcs points, dans une reserve prudente, attendre, a leur cgard, les rosultats du terns et d'observations nouvclles; j«sqne-la , poursuivrc sans rclachc les abus qui troublcnt la NOTICE SUR VOLTAIRE. G5i societe, I'inlolerance qui la declure, les prejuges qui rendent les homines injustes et criiels. L'ardeur du combat , il est vrai, I'a qiielquefois entrainee troploin. On a pu reprocher a quelques-uns de ses disciples Talnis du scopticisme et I'hosti- lite contie des ohjets que la veritable sagesse se plait a reve- rer. Mais, pour etie juste, il aurait fallu lui tenir compte des illusions qu'elle a dissipees, des maux dont elle a precipite le ternie et prevenu le retour. Aujourd'hui, nous sommes en droit de demander davantage a la philosophic ; nous voulons qu'elle offre a la raison des principes sCirs, a la conscience des convictions fortes et profondes, a la sensibilite un aliment, un noble but a la vie humaine. Mais, sans les progr^s du dix- huiticme siecle , oCi serait pour elle le moyen de satisfaire a ces exigences? C'est lui qui a trouve les methodes, surmonte les resistances, aplani les obstacles, redresseles erreurs. S'il n'a pas atteint le terme, il a IVaye la route : s'il n'a point repandu dans la societe ces hautes croyances morales qui servent d'ap- pui a la vertu , il a detruit les prejuges sur lesquels s'ap- puyaient I'injustice et I'inhumanite : il n'a ete qu'une transi- tion, mais cette transition a etc pour la raison humaine un progres immense. Voltaire, le plus puissant de scs organes, a du compter de nombreux ennemis, surtout de ces ennemis qui ne pardon- nent point et dont la haine, pieusement transmise d';1ge en age, se conserve conime un titre de lamille : de lu, tant de juge- mens passionnes sur sa personne et sur son caractere. Sans doute, dans sa longue tarriere, I'auteur de la HcnrJacle a paye plus d'un tribut a la faiblesse humaine. D'autres ont montre plus de tenue dans la conduite, plus d'austerite dans les principes, une digiaite plus soutenue dans Ic langage. Son imagination mobile, son temperament irritable, hii fircnt perdre quelquefois cette attitude no])le et ferme qui sied au genie ainsi qu'a la vertu. Dans plus d'uiic occasion, il s'em- porta jusqu'a I'injure, il descendit jusqu'a la flatterie. La crainte lui arracha souvent des professions de foi, louables si ellcs eussent ete sinceres, peu honorable? si ellcs n'etaient 632 NOTICE SIR A'OLTAIRE. que des acles de faiblesse. Entraine par la licence des mocurs conlemporaines, il blessa quelquelbis la pudetir dans ses ouvrages : en chantant sur une lyre trop frivolc et trop hardic la vierge qui sauva la France, il commit une double profa- nation, la premiere envers la patrie, la seconde envers le malheur. II eut des torts graves envers la noble infortune de Jean-Jacques Rousseau. Mais, si son caractere ne fut pas exempt de defauts, si sa conduite ne fut pas exempte d'er- reurs, il les fit oublier par les qualites les plus aimables, par une foule d'actions bienfaisantes, surtout par les services qu'il rendit A I'humanite. II fit le plus digne usage de sa for- tune et de sa renommee : le merite indigent n'eut point de protecteur plus zele, les opprimes de plus sftr appui, la tole- rance de plus constant defenseur. Ami fidele et devoue, mai- tre indulgent, bienfaiteur empresse de tous les malheureux, jamais il ne refusa un service qui fut en son pouvoir. II eut en horreur la violence et la cruautfe : les doctrines malfai- santes, les institutions sanguinaires trouverent en lui un ad- versaire aussi ardent qu'infatigable : ses reclamations coura- geusesdecid^rent ou preparerent une foule dereformes utiles, I'abolition de la torture et des supplicescruels, I'application, plus rare de la peine de mort, la liberte religieuse, la sup- pression de la servitude personnelle. S'il n'eut point un grand caractere, il eut au plus baut dcgre I'amour de I'humanite. L'histoiro nous montre des hommes d'une vertu plus ferme et plus imposante; peut-etre n'en offre-t-elle pas un qui ait mieux merite du genre humain. Berville. II. ANALYSES D'OUVRAGES. wvwwwwv SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. COURS DE t'nlSTOIRE NATTJBELLE DES MAMMIFERES , par M. Geoffroy Saint-Hilaire, membre de flnstitut (Acadomic royale des sciences), et professeiir de zoologie et d'anatomie au Jardln dii rol et d la Facultd des sciences (i). Ce premier volume du Cours de M. Geoffroy ne contient encore que I'histoire naturelle des singes, des makis, des cliauve-souris et de la taupe : cadre en apparence peu eten- du, mais ou les faits et les vues se pressent en foule, et qui ouvre, avec eclat, une grande entreprise, celle d'une nou- velle hlstoire naturelle des mammiferes. L'histoire naturelle des animaux, commencee par Aris- tote, reprise par Buffon, portee par M. Cuvier au point de precision oil nous lavoyons, reclame dans presque toutes ses branches, et par suite de ses progres meme , une nouvelle revision d'ensemble comme de details. Aussi, M. Cuvier pu- blie-t-il, en ce moment, une nouvelle histoire naturelle des polssons, monument immortel eleve a I'ichtiologie : ce Cours de M. Geoffroy n'est au fond , comme je viens de dire, qu'unc nouvelle histoire naturelle des matmiii feres ; tout porte a croire que les oiseaux et les reptiles n'attendront paslong-tems la leur. La zoologie, ou la science des animaux, a la considerer ici dans toute son extension , cmbrasse quatre principaux ob- jets : leur classification , ou la ?oo/og('e proprement dite; leur organisation, ou lV(?iaiisant a peu prcs les fonctions dc tribun du peuple (^ Rajnouard , chap. i5, p. 56 ct suiv. ). M. Raynouard croit reconuaitre au-dcssusdc lacurie un grand scnat, auqucl il rapporte beaucoup de temoignages qui nous paraissent regarder I'ordre senatorial rcpandu dans tout Tcm- pire [Raynouard, t. I, ch. ly , p. 80 ). II enumere avec complaisance les titres que la vanite romaine avait inventes pour les senaleurs et les decurions; on les appelait clarissi- mcs, splendidissimes, spcclables , illustrcs, honores ( Ray- nouard, p. 88 ), et, lorsqu'ils se rcndaient coupables, on no \ ET POLITIQL'ES. G55 ItMir infligeait poiul Ics memcs pciiics qu'aux autres ciloycns ( riiiynouard, ch. 18, p. io6). On Ic* avail charges d'inserer dans les rcgistres oa actes muiiicipaiix les contrals d'alie- nalion, les lestamens, les adoptions, ct les autres actes aux- quels on voulait donner iin caraclere d'authenticite (/?rtj- nouard, cli. 20, p. ii4)' Divers colleges ou corporations, tellcs que celles des houlangers, des bateliers, des labres ou serruriers, existaient dej;\ dans les villes et dependaient de la curie {Raynouaid , ch. 21, p. 120). Les curies, enfin, en- voyaient des deputes aux asscmblees representatives de la Gaule, dont I'existence est quelquefois signalee, ou par les hisloriens ou par les lois [ Raynouard , ch. 28, p. 189). IM. Raynouard, passant ensuite al'invasion desbarbares, dc- niele avec une adresse singuliere les traces d'institutions ro- maines qui se conscrverent dans les Gaules sous les Francs, le maintien des regislres municipaux, les magistral ures ro- niaines, les litres roaiains, qu'on relrouve dans les chroni- queset los chartes du sixieme jusqu'au'dixienie siecle; ct son admiration s'altaclie alous ces debris qui lui paraissent sauves de la barbaric [ Rayrwuai'd , liv. II, p. 2^\-'55i ). Avec tout autant d'erudilion M. Leber represente un peu plus brieveraenl rorganisation des communes romaines. II les divise en quatre classes, relalivement ;\ leur ctat social et a la i'orme de leur administration, savoir : les villes alliees, les vectigales, les colonies, les municipes; mais il caracterise avec justesse tout ce systeme quand il dil« que les Romains mesur^rent toujours leur empire sur les nations soumises, i rinteret qu'ils avaient h abuser ou i se relacher du droit du plus I'ort. lis imaginerent differens degres d'oppression, qui allaient tous aumemc but , et leur moderation ainsi que leurs vengeances servaient egalement de point d'appui k ce levier prodigieux qui soulevait le monde [Leber, P. I, p. 1 1). « Ar- rivant ensuite i I'invasion des Barbares, M. Leber se montre deja I'homme du pouvoir. Les Francs selon lui modifient les municipalites, mais c'est pour les ameliorer, en les soumet- tant a ce qui est a ses yeux la premiere desnecessitespoliliques. C5G SCIENCES JIORALES « le besoin de rapportcr tout au tronc, soiiirc dc tout pou- voir et ilc toute justice {Leber, P. I, p. i io).» Scion hii , C'lovis el ses ciifans avaicut Ic dioil ile dL^poser a Ic.ir grc dca pcuj)lcs qu'ils avaiiuit souniis, u'apres cclte maximc le- fuo, dit-il, par tous les pcuplcs, ct reconnsie par Ics plus doctes publicistos, « que qniconque I'ait la guerre dans les formes devient maitre absolumcnt et sans reslriction de tout ce qu'il prend [Leber, p, gS).') Certes, c'cst prendre peu de soin pour fardcr les principcs sur Icsqucls il fonde le pou- voir absolu. Mi^l. Raynouard el Leber sont parlis dc3 mOmes faiis; sou- vent on reconnait qu'ils suivent !es miunes guides, et surtout ral)be Dubos. L'un d'eux conclut eepcndant que le droit dcs communes est fondameatal dans la nation et imprcscriplible; raulrent, il se croit oblige de jusliGer I'aiue accordee aux viiles par les monarques, d'apres la necessite ou lis se trouvaient de depouiller les grands. « C'est a cet interet tout-puissant, dit-il,bicn plus qu'ileur detressc,que des fac- tieux durent la protection dutrone... Le monarquc avait tout i gagner et rien a perdre dans ce grand deplacement de pouvoirs. Ce qu'il accordait lui etait cherement paye , et ne lui cofllait rien : c'etait aux depens de son enncmi qu'il dolait ses de- fenseurs. II proClait igalemcnt de ce qu'il relirait a I'un et de ce qu'il donna it a I'autre. Plus il etendait les liberies des 6'<53 SCIENCES MORALES Tillc9 , plus il acquerait de forces pour Ics liniilcr ou les rc- prendre, si jamais on en alnisait centre lui. C'csl ce qui est arrive, et I'cvencmcnt confinncra cctte vtrile dcja mani- fcste, que , sous la picine ctlihrc puissance du Irone, les li- beries municipales out toujoiirs cte subordonnces i son inte- ret ou a ses droits. "(LcZif/-, P. I,ch. 45?- 187-188.) M. Leber a trace avecun talent supcricur I'liistoire decette lulte, dans laquolle le trone, apres s'Ctre aide des communes pour ramener raristocralic a I'obeissance, lourna ensuile contre les communes elles-memes I'autorite qu'illeur devait, pour les subordonncr a ses droits, lesquels, dans le langage de I'auteur, sent identiques avec ses interels. Nous avons dit que, jusqu'i la fin du dix-seplieme siecle, les rois avaient eu lieu de se defierplus encore de I'autorite qu'ils dtleguaient a dcsmilitaires, que de celle qu'ils laissaient prendre i desbour- geois ou a des paysans. Toutefois, apres avoir I'avorise ceux-ci, ils se huterent de lenr reprendre en detail ce qu'ils leur avaient concede. L'affranchissement des campagnes avait commence au treizieme siecle, et saint Louis, Pliilippe-le-Bel et Louis X Tavaient d'abord favorise. M. Leber, apres avoir prouve, quant a ce dernier, que c'elait dans des vues purement fis- cales, fait voir qu'apres lui I'autorite royale se monlra pres- que constamnient defavorable aux campagnes [Leber, ch. 5, p. 328-557). « A peine, dit-il, trouve-t-on quelques actcs de nos rois oil il soil fait mention des usages communaux de- puis saint Louis jusqu'a Charles IX; encore semblc-t-il qu'on ne s'en soit occupe que pour les restreindre, ou faire naitre I'occasion de les aneantir... Les ordonnances. .. prononcent presque toujours la perte du droit contre les delinquans; et comme eiles frappent des corps de main-mortc qui ne peris- sent point, elles deslieritent les generations presentes et a venir pour des fautes pcrsonnclles qui u'auraient du legiti- mement retomber que sur les inembres coupables, et non sur leur posterite. ^^ [Leber, ch. 5, p. 557.) Dans le cbapilre suivant, M. Leber inontre le gouverne- ment, dans le qiiatorzierae ct le quinzieme siecle, occupe « a ET POLITIQDES. 063 eoncentrer toutes ces volontes inJopcndanles, a ramcnertou* ces pouvoirs hostiles ou relits sous I'empire d'unc loi com- mune, a ressaisir le chef de I'etatde la souverainete qu'il avail perdue en la partageant : car la souverainete n'est propremcnt que I'unite des pouvoirs; et, en effet , c'est a I'unite de pou' voirs que la monarchic a toujours tendu dcpuis I'aflVanchis- sement des communes, depuis saint Louis surtout. » (Leber^ chap. VI, p. 558.) La creation des parlemens, celle , en, particulier, du parlement de Paris, ebranla la premiere I'autori tc nuinicipale; elle perdit constammenl au developpement do la haute mngislrature, qui souvent I'aneantit ou la suspcnditpar des arrets. (Leber, p. 572 — 5^0.) u Les anciens pri\ileges ne furent plus confirmes, ou rctablis, ou exerces de fait, que sous des modifications rarement favorables a I'indcpendance des magistrals municipaux. » M. Leber regarde encore la creation des nouveaux etats-gencraux comme ayant affaibli I'autorito municipale. « Ce principe d'opposition et de resis- tance que les chartes avaient porto dans les communes, Philippe IV le fit passer dans la nation representee » (Leber, p. 397); mais, de peur qu'on ne le soupconne de libera- lisme, ilajoute bientut :«Les Etats furent censes avoir epuise toute leur prerogative en consentant I'impot; on se crut meme dispense de les consuller, quand on jugea que I'obliga-' tion dont ils avaient reconnu le principe etait assez solidement etablie pour rendre leur concours superflu dans I'application. L'influence des £tats s'afraii)lit done, ainsi que le privilege des communes, a mesure que Ton s'oloignu du berceau dc ces institutions (Leber, p. 098 — 399); » en preuve de ce systeme , il montrc les Elats du roi Jean, en i355 , qui nom- mcnt eux-memes les commissaires et receveurs des aides, et qui enlevent ainsi ce droit aux villes; mais, des 1 064, Charles V enleve a son tour ce droit aux Etats, et compte les generaux des aides au nombre des olficiers royaux. (Leber, p. 402.) « Sous quclque forme, dit-il plus loin , qu'aient ete percus les deniers destines aux besoins du royaume, depuis Jean jusqu'.'i Charles VII, soit qu'on les ait demandcs a tilre de GG4 SCIKNCES MOUALKS gabcllcs, d'aiilcs , dc tallies, ou sous la doiioaiiiialion gene- ri(|iic de subsides, la suriuleudance ct la rrpailition eu Tureut loujours atlribuces aux deputes des Klals, que Ton appelait «':lus, comiue eeux que les yllles elisaieiil plus ancicnne- uicut pour les uiexues fonctions Les magislrats niunici- paux devinront leurs tres-hund)les seiviteurs (^LeOer, ch. VI, p, 4oG). « Mais Charles VII, eu i445? iustitua les elus en titi-e d'ofilce, et crea les tribunaux d'electious, qui sent arrives jusqu'i nous. D'apres ce nouveau systeme, les luan- dataires dcs Etats, qui avaient ete substitues a eeux desvilles, se trouvtrent eux-iuemcs remplaces par des liommes qui , recevant leur mission du roi, n'agissaient qu'en sou noai, et ne conservaient des auciens elus que le liUe, qui leur est toujours resle. » [Leber, p. 4iiO Daus les seizieme et dix-scplieme siccles, M. Leber pour- suit la demolition successive de I'autorite muuiripale par I'autorite royale [Leber, ch. vii, p. 4i4 — ^^7)- ^ montre, depuis Charles YIII, les prevots et les autres juges inferieurs qui tenaient immediatement Icurs pouvoirs du roi , rcmpla- f ant progrcssivemenl les juges municipaux. L'ordonnance de Moulins, en i566, interdit a la magistrature municipale le jugeineut de toiites les causes civilcs ( Leber, p. 422); celles dc Blois et de Saint-Maur (1579, i58o) rendirent aux lril)unaux ordinaires les derniers debris de la juridiclion miuucipale en matlere crirainelle (Leber, p. 425); leurs fonctions de po- lice furent reduites presqu'a rien; leur comptabilite tut sou- mise a la revision de la chambre des comptes [Leber, p. 4^ •)• Des greffiers et procureurs du roi furent enfin charges de- surveiller sans cesse les corps de main-inorte dans I'adniinis- tration de leur propriete [Leber, p. 4-^7 )• Nous dcvons renvoyer a I'aulcur lui-mCme pour les prcuves comme pour les details de cette lutlc. Nous devons Ic dire toulefuis, sans aimer les piincipes dc Tautour, nous sentons en le lisant que sa vie entiere a etc occupce des choses qu'il traite, et que son. erudition est des loug-tems eu depot dans sa memoirc, au lieu d'etre reproduite encore indigeste aux Icclcurs, au mo- ment mCme 011 I'auleur vieutde I'acquerir. ET P0LITiQi;j:f5. (1(15 11 manque un li'ait i\ ce liiljleaii, mais il nous est t'oiirni par M. Dupiii, dout Touvrage est egalement le fruit d'une lun- gue pratique, et dout I'esprit est demeure neutre , tout au moins, outre le pouvoir et Ic peuple. C'est I'liistoire de la lutle qui se prolongea pendant tout le dernier sioclc entre I'es- pril de fiscalite et les luniicrcs. Les financiers saisissaient toutes les occasions pouK changer les cmplois municipaux en offices qu'ils iaisaient vendrc par le roi, tandis que quelques miuistres probes retablirent, a plusieurs reprises, le peuple dans ses droits. L'edil de mars 1765, qui fut aboli en novem- Lre 1771 , nierite surlout de fixer les regards par sa sagessc et I'extension qu'il doune aux droits des villes [Diipin, p. io4> no). Ce serait abuser de la patience du lecteur que d'analyscr aussi I'histoire des comnmnes depuis le commencement de la revolution; M. Leber s'en occupe dans sa seconde partie (p. 458 a 63o), et M. Dupin dans les 80 dernicres pages de son ouvrage. Quant au livre de M. Dufey, dont plus de la moitie est consacree aux terns moderncs, nous ne pouvons Ic cousiderer que comme un ouvrage de circonstance, et ui I'auteur ni le public ne noussauraient gre de le comparer aux autres (D«/(j, p. jSg-jaG). Peut-etre nous demandera-t-on enfin quel est le rcsullat pratique auquel ces divers ouvragcs nous conduisent. Quand les interets des populations aglomerees ont-ils etele mieuxde- fendus? quand les communes ont-elles ete le mieux admi- uistrces? Qui a le mieux protege les sujets francais, des aris- tocraties locales constituees par les Remains, des petiles de- mocraties qui surgirent au douzieme siecle , on des agens du roi? Qui a montre le plus d'iutelligence, le plus d'economie, le plus d'integrite? Qui a le mieux observe ses devoirs? qui les a le plus souvent traliis? Qui a etc le plus aime, qui a ete le plus craint dans les provinces? Nous I'avouons avec eton- nement, ces questions ne semblent pas meme s'etre presen- tees a I'esprit d'un soul des auteurs dont nous venous d'ana- lyser les ouvrages; et, si IVtude de I'autiquite pent y repon- OCG SCIEiNCES MORALES (Ire; s'il nous est possible dc voir asscz clairemcnt le passe pour en jugcr avec impartialitc , to qui est susceptible do doulcs, une histoire des communes de France vrainient instructive pour le Icgislalcur, une histoire signalant t'ous les dangers ct tons les avantages des divers regimes essayes par la nation est encore un travail a faire. I. C. L. DE SiSMONDI. Precis de L'niSToiRE axciexne, par MM. Poirsgs ct Cayx (i). L'histoire pent etre consideree sous tant de points de vue- dilTcrens, qu'H est presque impossible de poser des regies fixes sur la nmniere de rendre les scenes si grandes et si varices qii'elle ofTre a nos yeux. Ceux qui vondront etablir des sys- tenies seront les premiers a s'egarer, et c'cst surtout enma- tiere historiquc que Ton doit adopter un sage ecclectismc. Si los doctrines du dix-huitieme siecle tendaicnt en quelque sorte a deprt'cier rcnidition , celles de la nouvclle ecole propre- nient dite ne sont pas destinces, j'imagine, a la rnnimer en France; et, tandis que quelques honnnes superieurs nietlcnt a la mode les hautes considerations, les theories ingenieuses, les aperfus sommaires, on voitavec satisfaction que dejeunes ecrivains,appliquantcetespritde recherche, cetterarepenetra- tion qui sait vaincrc les difficultes a des periodes historiques oublices, meconnues, marchent encore dans la bonne route ct ne s'ecartcnt point de la veritable mctliode philosopliique. Le livre que M. Poirson vient de publier repondra victorieu- sement a ceux qui veulcnt a toule force placer rAUeniagne a la tete des autres nations de I'Europc, sous le rapport dii savoir et des fortes etudes, et ne paraitra pas au-dessous des ouvrages de Hcercn, de Bivckli et de Sc/ilosser. Ilollin a cherche .a introduirc dans I'enscignement I'e- lude dc la langue francaise et de l'histoire, qui jusqu'a lui en avait ite soigneusement exclue; aussi a-l-il des droits (t) Paris , 1S28; Louis Culas. In-S<' dc i-xvi tt GS8 pagi.s ; i)iix, 7 fr. ET POLITIQUES. 66j u notrc reconaalssance. Jlais, si nous cliorchons a apprecicr son histoire ancicnne, nous la trouverons pen approt'ondic. 11 fit de cettc histoire un commcntairc par les fails du discouis de Bossuet sur Thistoire universelle, et de plus une espece de morale en action. D'une part, il chercha a mettre en evi- dence la verite et raccomplissement des propheties ; d'une autre, il accueillit avec complaisance les details biographi- ques qu'il regardait comme propres a developpcr quclques vertus dans le cceur des jeunes gens. L'intention ctait sans donte louable; mais, les yeux fixes trop exclusivement vers ce hut, I'eslimahle rccteur a retranche de I'histoire la plupart des matieres qui provoquent le plus puissamment aujourd'hui notre attention et notre curiosite. Ainsi, apres avoir termine la lecture de son ouvrage, tantot on n'a recueilli aucune donnee, tantot on n'a pris que les notions les plus vagues, les plus incompletes, quelquefois les plus fausses sur les religions et les gouvcrnemens, sur la na- vigation, le commerce, la statistique , I'etat des personncs et des terres, les rapports des peuples de I'antiquite entre eux. Si RoUin pouvait revivre, s'il pouvait comparer son travail avec les recherches savantcs et lumineuses do ceux qui lui ont succede dans la menie carriere, avec la syinholique de Creut- zer, les idees de Heerenet de Herder, avec les histoires de Gillies, de Milford, il serait etonne, eflVaye des lacunes qu'on rencontre a chaque pas dans son ouvrage. Ces inexactitudes sont celles que peuvent relevcr les hom- mes qui ont fait quelques progres dans la science historique ; il en est d'autres si frappantes ([ue le puhllc le moins lettrc les a signalees. Par exemple, six peuples sur I'existence des- quels on possede des renseignemens suivis, se trouvent effa- ces par llollin de la carte politique et ethnogr;iphique de I'antiquite , sans qu'on piiisse s'expliquer une somhlahle exclusion de sa part; ces peuples sont les Syriens, les Pheniciens, les Cypriotes, les Cretois, les Thraces et les Juifs qu'il n'a pas compris dans I'histoire profane. Pour la Grece , que trouve-t-ou? Des notions tres-iucompltles sur C()S SCIENCES MORALES le.s coiniiuucciuens d'Athtnes, du Si)aito , do iMossi-iic, iFtf Thtbcs, de la Macedoine; pas un mot sur les Aicadiens, les Elt'ciis, les Corinlhiens, It-s Phocidiens, les Locriens, les OEloliens, les Acaraanieiis, les lipiiotes, les Hcenioniens ou anciens habitaiis dc la Thessalie , peoples que le calidogue d'Homere nous representeconuiie parvenus, lors de la guerre de Troie, ii un ceilain degre de puissance et de civilisation, et qui recommencent a jouer le role le plus important an tenis de la guerre du Peloponese , de la guerre sacree et des successeurs d' Alexandre. Depuis la nioit de Rollin, son travail est devenu une sorte de canevas, auquel les faiseurs de livres a coups dc ciseaux ontdonnc une forme plus a la mode, et qu'ils out oruee des broderies d'uu style plus moderue; niais ils n'ont rcmpli au- cune lacune. Eutre leurs mains, I'histoire de Roliiu a perdu son caractere religieux tout entier et une partie de son carac- tere moral ; elle n'a rien gagne sous le rapport des fails. L'Universite a voulu donner aux eleves des colleges et au public un traite d'histoire ancienne, qui repondit aux besoins de rinstruclion. Elle I'a demande assez clair et assez court pour qu'il put etre lu avec fruit daus un espace de terns res - treint et sans nuire a d'autres etudes et a d'aulres occupa- tions; elle I'a demaude assez complet, assez substautiel pour qu'on y trouvat d'un cote le resume de tons les travaux en- trepris jusqu'a present sur cette partie de I'histoire; de I'au- tre, I'iutroduction, la preparalion u I'etude des nouvelles recherches auxqueiles on sc livrera sans doute encore. Sentant toute la difficulte d'une telle taclie, elle a cru devoir la confier a deux professcurs deja connus par d'iniporlaus tra- vaux. IlsTontachevee avec un rare succes, et nous allons avoir bientot I'occasion de signaler plusieurs morceaux que Ton Irouve dans le precis d'histoire ancienne et que Ton doit re- garder comme des chcfs-d'ouuvre d'eruditiou. 31. Cayx, qu'un noble refus dans une circonstance ri'cente, a signale a I'cslime publiqiie, uiei'ite les plus grands eloges pour hi clarte et la precision (ju'il a su uicllrc daus la parlie ET POLITIQUES. GGo (Ic I'ouvrage dont il s'cst charge, I'histoire sacree, cello fles royaumcs de Syrie, de Troic, dc Lydie, dc Medie, et plus loin dcs Lagides, des Seleucides, etc. II a etudie avec un soin particulier une epoque importante, celle de la puissance de Thebes jusqu'a la mort d'Epaminondas , et avec I'aide des ouvrages de Gillies et de Dodwell, presente sous leur ve- ritable caractere des faits qui , racontes avec confusion et inexactitude, etaicnt devenus des erreurs par ia place quo h'ur avaicnt assignee plusicurs ecrivains moderncs. II a aussi repandu quelque jour sur le oonuiierce et la navigation de la Phenicie, de Carthage et de Rhodes, I'examen des Memoires de VJcademie des Inscriptions, de I'abbe Mignot , de M. de Pastoret, Tayanl; conduit a fournir des details curieux sur ces Etats maritimes. Mais le travail de son digne collabora- teur embrassait un cadre plus vaste. Nous ne parlerons pas de ces chapitres si remarquables , ou il expose tout ce qu'un examen judicieux a pu suggerer pour la critique dcs periodes egyptienne , assyrienne, persique, etc. Les resultats obtenus par les savans de tons les pays y sont classes avec soin, coordonnes, completes; niais le principal merite de M. Poirson consiste dans les recherches appro- fondies auxquelles il s'est livre sur I'histoire de la Grece. II a, pour ainsi dire, recree les evenemens qui ont rempli SOS premiers teuis , et, la suivant jusqu'u sa reduction en pro- vince romaine, il a fait faire un grand pas a la science par des decouvertes du plus haut interet. Ce jeune professeur, dont le nom est deja celebre dans les fastcs universilaires, s'est fait counaitre par une excellente his- toire romaine, la plus complete de ccUes qui existent; tandis que Niebuhr, s'elancant dans les conjectures, reproduisait habilement et en quelque sorte par le seul effort d'une imagi- nation briliante les premiers siecles de Rome , i! presentait , de son cote, avec une critique pleine de gout et sous un as- pect enlierement nouveau , ces guerrcs puniques , objet de tant de fausses interpretations, et retablissait avec le secours des ambassades de Polybe cent annees d'histoire interieure 6^0 SCIKjSCES morales dc lavitle cternclle jiisqu'au Loinnieiu'ciiioiit dcs giiorros civi- les, ct qiuuante annees de relations cxlc'riciires, periodes que ses devaiiciers et Vcrtot lui-momc n'avaieiit jamais abordees. Dans son nouvel ouvrage, M. Poirson, en retrouvant sept siedcs entiers de son histoire , a reussi a jeter un eclat plus vircncore siir cctte Grecc si admirable, oii Ton voit parailrc toutes Ics formes de gouverncment par Icsqiielles nous som- mes passes, tous les elemcns de la civilisation; sur cctte Grece a laquoUe aucune grande conception semble n'ctre ccliappce , soit en politique , soit en morale et en litterature , et pour laqiielle un jour plus brillant et plus pur que jamais doit luire dans I'avenir. Heeren, le seul peut-Ctre qui jusqu'ici ait devine quelque chose de ses premiers tems, represente neanmoins ses habi- tans comme des barbares, a I'cpoque de la guerre de Troie. M. Poirson, apres d'infatigabios rechcrchcs, a ete auienc aux resultats suivans qui sc trouvent exposes dans son intro- duction , module d'analyse vraiment supericur : « De I'etat sauvage , les Grecs primilit's sont passes peu a peu a I'etat stationnaire, agricole et civilise; cctte grande revolu- tion a ete consommueparles colonies venues de I'Orient, dont on ne pent contester I'iufluence; et du seizieme au douzieme siecle, voici sous quels traits la Grece apparait : Aucun etranger, aucun indigene n'y a fonde de domination par les armes, n'a reuni ses nondjreuses tribus sous une meme loi; elle est mor- celee en 5i principautes, dont43 demeurent independantesles unes des autres; son organisation gcneralc est deja telle qu'elle subsistcra jusqu'a ses rapports avec Rome. — Les Etats parli- culiers ont echappc, comme la Grece en general, a la con- quete et a ses consequences ; c'est par les bienfaits et la per- suasion que les colons Orientaux on Hellenes se sont etablis dans la plupart d'entre eux ; incapablcs de soutenir le role de dominatears, ils ont conslamment offert aux vaincns une condition et des droits pareils aux lem-s, dans la craintc d'etre accables bientot apres ; aussi est-il impossible de decouvrirla ET POLITIQLES. 671 moiiulro ligne de demarcation entre la nouvelle et I'ancienne popiiliiiion, lo plus leger vestige d'esclavage en masse, dc scrviUule de la glehe; I'esclavage individuel existe, mais il n'est puiiit le resultat de renvahissement des colons; la mo- narchie absolue , le pouvoir aibitraire n'ont pris pied nulle part. La royaiite, attribuee dans presque tons les pays a des chefs d'originc orientale ou hellenique, ne possede que des prerogatives determinees, restreintes au commandement des arniees, a un souverain sacerdoce, au jngement des proces; le roi ne pent prendre aucune determination qui interesse la communaute, sans le concours des grands et du peupl^; ces grands, nonunes Spartcs a Thebes, Enpatridcs a Athenes, chefs et rois dans d'autres Etats, forment I'aristocratie, qui existe partout oii les hommcs se reunissent en societe. Le peuple a la puissance legislative et exerce la puissance judi- ciaire dans quelques cas rares et solennels. La seule atteinte portee a I'independance des communautes grecques consiste dans I'ascendant pris par les cites principales sur les villes et les bourgades environnantes qu'elles ont privees de la libre disposition de leur force niilitaire. — Le brigandage public et particulier, le pillage par terre et par mcr qui ont desole la Grece dans les anciens tems, sont reprimes, menie avant I'expedilion des Argonautes; I'ordre public s'etablit, a I'aide de quelques mcsures et de quelques institutions fecondes en grands resultats. Ce sont six ampliyctionies ou ligues de tribus «t de villes qui jurent de se defendre mutuellement centre les agressions de quelques voisins puissans et injustes; ce sont les jeux publics, oCi Ton retrouve le meme esprit d'associa- tion, dont la celebration entraine des suspensions generales d'hostiiiles et qui sont la paix et les treves de dieu de I'epo- que. La Grece est entree dans toutes les routes ouvertes de- vant un grand peuple pour arriver a une pleine civilisation; la population , prodigieusement accrue , surcharge la terre au tems de la guerre de Troie. » C'est ici que M. Poirson dcploie toute la richesse des re- sultats nouveaux qu'il a reunis ; decouvrant une mine feconde 0;2 SCIENCES MOIVALES (Inns ties ccrivains celebrcs auxquols les t'-nidils n'avaieiit jamais songe, il va cherchcr dans Homerc ct dans Aristofe dcs documens historiques du plus grand interet et jusqnc-la inemployes. On avait commente Ilouiire comme gcographe; nn avait signale la precision qni distingue sos dcscriplions do licux , de pays; M. Poirson est Ic premier qui ait tire dc cotte mine encore vierge des renscigncmons precieuv qni pcruietlenl d'i'claircir line periode iniporlante; et tette pe- riode lui parait ofl'rir une singuliere analogic avec noire moyen age. Tandis que, dans la sociele grecqne, la nature humaine est en possession de tons ses di'oits et en plein exerrice de toules «cs lacultes, survient, un siecic apres la prise de Troic, ce que Ton nomme le retour des Heraclides; c'est la conquite du Peloponese, de THajmonie, de la Bseotie par les Doricns, lesThcssaliens, les Arneens ; c'est renvahissemcnt de I'Atti- que par les loniens et les OEoliens chasses du Peloponese ; I'aspect de la Grece change enticrement, et le tableau suivant, qui preseule I'etat de la marine a deux epoques bien distiuc- tcs, monti'ca quel point de degradation elle est descendue par suite de cetle invasion des barbares. Elat dc la marine en Grcceau tems Elaldcla maiine en Gii-cc, an cnm- de la guei'ie de Tioie. nienccn)ent delaguene medique. Nombre de vaisseaux. Iltsmonie (Thessalie), 280 Grece centrale, 25o Peloponese, 4-50 Eubee, Egino, Cycl., etc. i44 Nonibie de vaisseaux. Thessalie, o Grece centrale, 100 Peloponese, 89 Eubce,Eginc, Cycl.,elc. 142 1104 53 1 Dc grands evenemons out dQ separer ces deux periodes si ET POLITIQUES. 6y3 tlistinctes; M. Poirson a comble cette immense laciine avec im rare sncces. En rpcherchant quelles etaient Ics coutumes des eiivaliis- seurs avant la conquete, il a trouvc que celles des Doiiens, des Thessaiiens et des Arneens offrent les points dc ressem- Mance les plus frappans avec celles des Germains, telles que Tacite les a dccrites, et que leurs lois nous les font connaitie, et leur etalilissement a main avmee dans les divers pays de la Grece entraine precisement avec lui les memes consequences que I'etablisscment des Germains dans les provinces de TEm- pire romain ; ennemls des villes qu'ils rcgardent comme des prisons, ils en rninent les deux tiers, comme on le volt par i'exemple des Doriens de Sparte qui, da.is I'espace de trois cents ans, reduisent de cent a trente le nombre de celles de Laconic. Le continent de la Grece renferme 19 provinces; dans II , ils dutmisent le commerce et la marine; la diffe- rence du nombre des vaisseaux, comme nous venous de I'ex- poser , du douzieme an cinquieme siecle, est de 1104 '^ 33i. Ltablissant une nouvelle organisation sociale, les barbares forcent les anciens habitans a se reconnaitre sujets; ils otent aux indigenes toute espece de droits politiques; ils chassent du pays une notable partie dc I'ancienne populaiion et la contraignent d'allcr cbercher une nouvelle patrie dans I'Asie niineure ; ils reduisent I'autre a la servitude de la glebe ; en Attique, la plupart des habitans fuient vers les ujontagnes et sont appeles T/ietes ou Montagnards; ils sont prives du droit de cite et de toute participation au gouvernement jus- qu'au tems de Solon. On ne pent meconnaitre deux popula- tions, I'une de conqnerans, I'autre de vaincus, et la situa- tion des Theles et des Penestes offre, comme leur nom, une IVappante analogic avec ceux des hommes des basses terres et des montagnards de I'Ecosse au moyen age, que Walter Scott a peints si heureusement. D'accord entre eux pour ravir aux indigenes leurs proprie- tes, pour s'arroger le monopole du commandement et de la souverainete, les conqnerans se dcchirent, des qu'il sagit de T. X1.1. MARS 1829. [\7> G;.'! SCIENCES MORALES parlagrr les depouilles. Du doiizit'iiie au neuvieme sicclc, on nc pout (lecoMvrir en Grece iin seiil gouvernement legulitT. La royaule vainoiic sans rctour, aprcs des alternatives de siicces et de reveis, fiit detruile paitovitet devait rCtre; car son existence etait inconciliable avec la pauvrete , la petitcsse, Tesprit de liberie des societes oi"i elle se trouvait etablie. La tyrannic aristocratique et oligarchiqiie , qni prend sa place, ne disparait qu'au sixieme siecle. Jusqu'a I'epoque de la do- mination macedonienne, les communautos grecqnes sonttra- vaillees par un conflit intorieur et perpetuel : la liberie mar- che en avant; tons les elemens de la civilisation commencent a se developper; la guerre mediqiie devient une occasion pour plusieurs Etats de recreer on d'angnienlcr prodigieusement leur marine; elle multiplie les rapports des Grecs avec les co- lons asialiques, les Lydiens et les Phr3'giens; elle les frappe de I'une de ces violentescommolionsqui eveillenttous les sen- timens , toules les passions , toutes les facultes dans les umes ebranlees. Alors, tout est pret pour les siecles de Pericles et d' Alexan- dre, pendant lesquels la nature humaine parvint dans tons les genres au plus grand developpement, au plus haul point do grandeur et de perfection. Dans son precis sur Tbistoire des succcsseurs d' Alexandre, M. Poirson , poursuivant le cours de ses recberches et jelant une vive lumiere sur ces terns de troubles et d'instabilite, place les grands evenemens, les peuples avec leurs interets et leurs passions sur le premier plan , les hommes marquans sur le second, et montrant seulement quelle a ete leur influence, il ne cboisil pas pour guides , couime ses devanciers, les biogra- pbies de Plutarque, etil retablit la plus grande partie de cette periode de I'bistoire de la Grece. Les modernes ont repete jusqu'a satiete qu'elle etait librc avant Philippe et Alexandre; bien loin de tyranniser les vaincus, ces princes employerent leur puissance a realiser I'association demandee par I'interCt general; ilslaisserent aux rcpubliques ce que Sparte et Atlu- jics leur avaienl ravi tour ;\ tour, leur gouvernement inte- ET rOLITIQUES. G-5 rienr, leurs magistrals, et leur otcrent seulement la liberie iUimitee d'einployer leurs forces militaires et de revenir a res pages;, prix , 1 5 fi'. (2) L'tidition imprunie a Pans, la mi:inc anix-c, fut tronq;!6e pari*, censure iuipciiaie. ET POLITIQLES. 679 exploites. M. Charles Lacretelle a contribue, pour sa part , ii rhistoire financieredu 18' siecle; j'ai reconnu biea des pages des Memoires de M. le due de Gaiite, a I'article des finances de I'Emplre; quant a celles de la Restauration, leur histoire se compose de I'analj^se des actes authentiqnes inseres dans leur teois au Moniteur. Tout ccla ofifre les caracteres d'une compilation superficielle , mais pourtant exacte. Le sujet etant d'ailleurs par lui-meme singuliercment interessant, I'ouvrage se laisse lire. Le plan en est fortsimple : c'est une galerie biograpliique des controleurs-generauxet des ministres des finances, classes chronologiquement a la suite les uns des autres. Cette clwo- noiogie commence a I'annee i3oi , par Enguerrand de Marl- gny , qui fiuit, comme on sail, au gibet de Wontfaucon. Les six successeurs immediats de ce premier ministrc des finances de la monarchie finirent au meuie lieu, ou furent assassines. Jacques Caeur , qui vint apres eux , ne fut guere plus fortune: il subit aussi un arret de mort, qui fut commue en une de- tention perpetuelle cliez les cordeliers de Beaucaire. Long-tems encore le metier continua d'etre rude : La Balue , qui gera les finances de Louis XI, eut bien de la peine a souslraire sa vie aux bourrcaux de son redoutable inAilie ; SemUnjicay , controleur general de Francois I", peril encore sur I'ccha- faud ; on sail que Fouquet, controleur-gencral de Louis XIV, mourut prisonnier dans la forteresse de Pignerol. C'etait, comme on voit, une terrible responsabiiite que celle des mi- nistres des finances dans ces tems-la ; et , quoique plus vetil- leuse peut-etre, la responsabiiite constitutionnelle est certai- ncment plus douce. Sully, le premier, mit de I'ordrc dans les finances; il les constitua sur la base de I'economie, qui est encore, de toutes, la plus solide. II thesaurisa des millions dans les caves de la Bastille. On n'en savait pas plus de son terns ; les avantages de la circulation de I'argent etaieul pen ajjprecies, a cause dc la rarete et du peu de solidite desplaceuiens. Sous Ric/ictica elMazarin, on se remit a piller a merci et misericorde le Cy.) SCIENCES MORALES trcsor de I'Elat et la nation qui le rcmplit par scs sueur \ L'imagination ties Italiens, que le cardinal Mazarin appela i son secours, inventa cent moyens ingenieux ou perfides d'atlirer I'argent des particuliers ; c'est un de ces Italien* nomnie Tonti , qui eut I'honnenr de donner son nom aux tonlincs, cmprunts en rentes "viag^res, distribuees en plu- sieurs classes, et qui sent payees au dernier vivant de chaque classe. Colbert gouvei-na ies finances de Louis XIV, et s'associa i la grandeur de cette epoque. II niontra la m2me econoniie,, le mOme zele que Sulij, et le surpassa en lumieres et en ca- paciu';. Le premier, il comprit la puissance de I'industrie et hii oiivrit Ies routes oii elle devalt accomplir Ies prodiges que nous voyons de nos jours. Son nevcu Dcsviarels etait, peu s'en Taut, un tVipon avere; mais c'etait un liomme d'une ac- tivitc et d'une habilete peu communes; il gouverna Ies fi- nances, pendant Ies desastres de la fin du ri-gne de Louis XIV, par des moyens peu reguliers, il est vrai, mais avec une har- diesse et une vigueur qui donncrent le terns d'arriver jusqu'a la victoire de Denain, a laquelle, dit avec justice notre au- teur, sans Ics moyens pris pour le soutien de I'armee, n'au- rait pu etre obtenue. » Law vint, apres, marquer d'un eternel souvenir I'epoque de la Regence. M. Bresson analyse un peu snperficiellement Ies operations (\e cct homnie celebre. On peul regretter qu'il n'ait pas cennu , ou du moins qu'il n'ait pas assez mis A con- lrii)ution, I'excellcnt ecrit intitule : Law et de son sysicme de finances, par M. A. Thiers. Cct auteur a puise aux meilleurcs sources et Ics a superieurement exploitees (i). L'etat actiiel de la science a permis de rendre au finaiicier ecossais la jus- tice que lui relus^rent ses contemporains , froisses par sea. erreurs. II y avait du genie dans la pcnsee premiere du Sys- (i) Voir Ies 6ci its composes par Law lui-nioine, ct Vllixloire du systemo (ks finances nous lam inorite de Louia XV , pendant Ies anneis ijigf* 'pi'i par DUVERNEY. ET POLITIQLES. 08 1 teme, puisqu'ello reiifermait tout le secret du credit pul)lic , savoir : I'anticipation surdes valours certaines. Sa chute vint du defaut de realite dans I'application du principe , et elle tut aggravee par les exagerations et les \iolences qui se melerent i I'execution. La chute du Sjstdine laissa I'l^ltat obere; on se tira d'affaire par la banqueroute : methode qui n'etait pas neuve, ineme alors, quia ete pratiquee depuis, et qui, independamment de son immoralite cruelle, a le grand defaut de ne remedier nullomentau mal qu'elle pretend pallier. L'l^tat. comme lea particuliers , ne se libere que par des paiemens effectifs. Point de prosperite reelle et durable autrenient quVi ce prix. Vn pen plus de \ingt ans apres Law, un honnCte homnie, Mac/iauit d' ArnouviUe , fut place a la tete des finances; il fit sans bruit le peu de bien que coniportait son epoque. Quel- ques rcglemens utiles lui sont dus. II introduisit dans la legis- lation financiere des principes et des maximes nes des nou- velles lumitires de la philosophic sociale. Une intrigue de la plus sotte espece renversa Machaidt. Quelques annees apres, 11 etait remplace par Silhouette , homme d'imagination, mais de peu de sens. Celui-ci excita un engoument momentane qui semblait proniettre une nouvelle edition de Law. Heureu- sement , I'experience ne fut pas poussee aussi loin. Au bout de quelques mois, Silhouette etait congedie, et il ne resta de lui qu'un mot nouveau : il sert i designer ces portraits de profil, tallies au ciseau sur une feuille de papier de couleur, qui tranche avec le fond sur lequel elle est appliquee. Ce genre de dessin fut invente pour multiplier, a peu de frais, les traits du Controleur general, a I'cpoque de sa vogue. L'homme et la chose etaient ;'i peu pres de nieme valeur. Dix ans apres, c'etait Tabljc Terray qui tenait le conlrole general. Celui-ci a laisse un nom un peu plus scricux; mais ce sericux est celui de la liaine et du mepris. Alors regnait une prostituee sur les genoux d'un vicillard voluptueux, spi- rituel etleger; alors un indigne chancelicr avilissuit (lu bri- sait la ma^istrature. Ce minislerc dura long-lems, cl il est G82 hClli.NCES WOiVALKS impossible tlo tliio lout ce qu'ou fenuic do ^assesses cl do ini;~ chaiuoles, dans I'histoire de cctte adininislrulion conoinpue ct corriiplricc. II y a des analogies de plus d'lin genre entre cette administration et celle dont les elections de 1827 ont delivre la France. La revolution a lave dans Ic sang les traces de cette ere desastreuse. Quclques-uns des complices ont fini par mourir victimcs, apres avoir vecu tyrans et bourreaux; car on meurt de misere et de dcsespoir aussi-bien que par lo glaive. Louis XVI ctait tiop hormCte liomme pour garder long- lems I'abbe Terray; il le remplaca par Turgot. II n'y avail point alors de responsabilite constitutionnellc des minislres ; mais Turgot, qui avait une conscience ct une probite rares, fit restituer par son predecesseur 45o,ooo livres de pot de vin sur Ic bail des Fermes que ce dernier avait touchees par anticipation, une annee avant le renouvellcmcnt de ce bail. M. Bresson est superficiel, ^ son ordinaire, dans ce qu'il dit de Turgot; mais, du moins, il est juste a Tegard de ce mi- nistre honncte homme. On ne pent pas donner le meme eloge a son article sur JSecker. Ce ministre etait aussi honncte ct aussi pur que Turgot; mais il avait une capacite tres-supe- rieure. Tant que notre auteur se borne a raconter les opera- tions financieres de Neckcr, entraine par I'empire des fails et par la justesse que la pratique des affaires parait avoir oommuniquee a ses idees , il ne trouve guere que des cloges sous sa plume; mais, s'il vient a se lancer dans Tapprcciation morale du niinistie genevois, alors sa sagacite et memo son im- parlialilc rabandounenl; il se livre a des declamations dc- menlies par les fails, et qui ne sauraient aujourd'hui oblenir aucun credit. M. de Crt/onne vint ensuile : I'liistoirc de son ministi-rc se borne a dire qu'il bouleversa, par la prodigalile, le desordrc et la fatuile, I'ordre et I'econoniie peniblement inlroduils [)ar Neckcr dans I'administraliou des finances. Calonne avail une certaine facilite de travail pour les pelitos affaires, qui sedui- sait des hoinnics superficiels. Llle tenail, en partie, de la vi- ET P0LHiQLi<:s. o.'-r*. vatite de son esprit, mais aussi de sa legt'rcle. D'ailleius, est-il si difficile de travailler vite, qiiand on s'inqiiiete si pea de faite le bien on le nial ? Calonne aggrava considerablement I'embaiTas des finances, qui devait, non pas senl provoquer la crise, mais dcvenir la cause occasionelle qui prccipita I'explosion. Le second ministfere de M. Necker, qui offre de rinlcret comme evenement politique, a une importance moins grande dansl'liistoire financiere. C'estMirabeau qui engendra les assignats. II les voulut surtout pour empechcr la banque- route, comme moyende mobiliser el de livrer instantanement a la circulation lesbiensduclerge,sur lesquels la nation mettait la main ; et jamais banqneroute ne fut plus enlitre ni plus desastreuse que celle des.assignats. Mais, a cette cpoque, on, avait le funeste defaut d'agiter les questions par la theorie, sans' prendre garde aux circonstances, qui leslaussent presque loujours dans I'application. M. Necker, qui avait I'esprit bien aulrement sage que Mirabcau, ne se meprit point sur I'aflaire des assignats : il declara qu'il ne connaissait aucun genre de ressource qui ne fut preferable a celle-la , prccisement i cause des seductions qu'ofl'rait sa simplicite. La ques- tion des assignats fut emportce a la majorite de 552 voix contre 425. La premiere creation fut de 800 millions : on ne s'arreta plus qu'aprcs en avoir emis, en cinq ans , pour 45,578,810,040 livres. Les finances, sous I'Asscmblee legislative et sous la Con- vention, ne sont guere plus, au milieu des desordrcs et des embarras inoui's d'une guerre gencrale , que pillage et confiscation. A la fin de i7g5, la Convention se retira, laissant les finances de la France dans I'etat le plus de- plorable oii elles se fussent jamais trouvees. Le numeraire avait enlierement disparu ; le prestige du papier-monnaie ctait tout-a-fait evanoui. L'assignat de 100 livres, des la pre- miere emission (novembie 1791 ) , avait perdu 5 p. 100. A la fin de 1793, le louis d'or codtaii 3, 200 liv. en assignats,. (iH SCIENCKS MORALt:S c't rashignat du loo livrcs iie valail que i5 guns (i). Bona- parte parlit pour aller conqueiir I'ltalie, avec 2,000 louis d'or dans sa voiture, que ses elTorls et ceuxdu Dircctoire parvin- rent a reuuir. A force de depreciation, 11 devint inevitable de demonetiscr les assignats, apres avoir porte une loi pour for- cer a les rccevoir an pair, sous peine de morl. Cette banque- route fut suivie de pres de la reduction dcs rentes et dettes de I'Etat au tiers de leur valcur, letpiel tiers fut inscrit an Grand-Livrc de la dette publique, sous la denomination de tiers consoHile. On sait quo le tiers consolide est devenu notre 5 p. 100, nionte aujourd'hui au-dessus de son pair, et qui, jusqu'au 18 Inuniaire, se vendait au-dessous de 10 fr. Tout cela etait la consequence de fautes anterieurcs, qui avaient prt'cipite I'Etatetlcs parliculiers dans un abime. Le gouvernemcnt consuhiiie a la gloire tout cutiere d'avoir etabli I'ordre dans les finances. Bonaparte les avail confiees ;\ M. Gaadin , depuis due de Gac'te, Ce minislre fit preuve d'un excellent esprit et d'une grandc capacite, en reorganisanl les divers services publics, autant qu'il fut possible , sur les bases dont I'expcrience avait demontre la solidile, niais avec d'iin- portantes ameliorations. Aussi, apris des premiers momens bien dilTiciles, la prospeiite des finances se retablit sans se- cousse; les revenus publics cesserent d'etre devores et gas- pilles d'avance ; le tresor national retrouva son credit ; les rentes, payees en numeraire et avec une pai'faite ponctualite, s'elcvorcnt rapidement a un taux raisonuable; la propriete foncicre obtint divers dcgrevemcns; des impots odieux ou mal assis fuient supprimes ou remplaces. 31a!beureusement, (1) Tableau de la depreciation dcs assignats , a Paris. Pour 24 livies en nuiiieiaire on avait : ijgS — !'■'■ Avrii 208 livies. !'•' Mai 299 r' Jiiin 4''9 !'■' Jiiitlet 80S !'■'■ Aofit 807 J' ' Sept. 1:, 101 1J95 — I'' Oct. i,3o5 livies. !■■■' ^'ov. 2,588 i-'^ Dec. 7\,t}y?^ i7()G — i"^ Janv. 4(658 )«' Fevr. 5,5717 7 Mars. 7,'-!oo KT POLITIQLES. 685 les vicissitudes d'lme giici ro saiis cesse renaissante alterererit plus tanl cettc heureui-e .situation des afl'aires, et siiggercrent diverses mesures fortement empreintes dii sceau de la fisca- lite. Toutefois, elles ne sauraient etie iniputees ;\ I'hoinme d'Etat probe et eclairc qui rogissait les finances de 1 Empire. Tantot la neeessite les comnianda'; tantot un pouvoir rival ou superieur en prit I'initiative et doit en subir la responsa- bilite. M. le duo de GaiUe a rendu compte au public de son adminislration , dans des Mcmoires ecrits avec uiie elegance et une bonne foi rcniarquables. M. Bresson les a mis tbrtc- ment a contribution, pour I'epoque dont ils traitent : 11 ne pouvait puiser a une meilleure source. Les premiers pas de la Restauration dans la cariiere des finances furent marques par quelques hesitations. Mais, voila que preci3em\ent des charges enormes que devait imposer a la France la seconde invasion de I'etranger, nait la resolution noble et courageuse de s'adresser au credit pour les suppor- ter. La premiere condition de cc systeme etait de payer avec une fidelite scrupuleuse tous les cngagemens rcguliers et le- gitimes; cette condition fut remplie , et ])ient6L le credit cut restitue avec usure les sacrifices qu'il avail d'abord exigcs. Divcrses personnes, qui eiircnt plus ou moins de part a I'a- doption de ce systeme de finances , couronne par un si grand succes, s'en disputent aujourd'hui I'honneur. Ce qui parait certain, c'est qu'il naquit au sein de la commission du budget de la Chambre des deputes. Adopte par Ics chambres , bieii compris et babilemcnt mis en oeuvre par M. Corretto, charge 4 cette epoque du portefeuille des finances , ce systeme de loyaute dans les engagemens, d'ordrc, de publicite dans les depenses , appuye sur un vigoureux amorlissement , ele\ a sous peu le credit de la France a une situation telle, que c'estfaujourd'liui uue opinion assez generalemcnt adniisequc nos finances sent les plus solides et les plus prosp-jres de I'Europe. Durant son premier ministere , M. Roy n'eut plus qii'a conserver et a perlcctionner cette belle machine ; il s'ac- f)8f) SCIENCES MORALES (inilta (Ic ccUe tache avec la prudence et la sagarltc qiit Ir; distingiicnt , jiisqu'i ce que, par reflet des vicissitu- des politiques, il dCit rcmcllre le portefeuillc des finances ajix mains de M. de Villelc. Le systeme politique de cc der- nier ministre dut ['engager dans des depenses qui retarderent beaucoup les developpemens de la prosperile nationale. La profusion des traiteniens, des sinecures et des cumnls, em- ployee commc nioyen de procurer a radniinistration des ( Toaturcs et des esclaves ; la deplorable expedition d'Espagne, que M. Bresson apprecie encore aujonrd'hui avec tout I'a- veuglement dc I'esprit de parti , et qui ne blessa pas moins la justice que les interets de la France , furent, a notre avis, les deux plaies financieres dc cette administration. L'indeni- nite des emigres et le plan de reduction de I'interet de la delte publiquc, nioyennant I'elevation du capital,' sont des ques- tions plus complexes et surlesquelles nous eviterons de nous expliquer ici. Aussi-bien, Pauteur de I'ouvrage dont nous rendons compte s'est borne, sur ces sujets, a un recit a pen pres technique des la its , qui nous dispense nous-memes de nous prononcer. Mais, si nous professons un blame decide pour le systcme politique de M. dc Villele, nous nous reiini- rons volonticrs i notre auteur (parce qu'a notr* avis, I'cquite I'exige ) pour donner des elogcs a diverses parties de son ad- ministration financiere : telles que I'impulsion forte et perse- verante imprimee aux developpemens progressifs du credit, le perfectionnement de la comptabilite publique, la simplifi- cation de certaines perceptions, une preoccupation remar- quablc des interets du commerce et de I'industrie , admis an nombre des premiers elemens d€ la politique du gouverne- ment; enfin, dans la marche generale des aflaires financieres, un assez heureux melange de hardiesse, de prudence et de tenacite , (jui dlsposait les capitalistes a la confiancc. L'ouvrage de M. Bresson s'arrete naturellement a I'cpoque oCi M. Roy a repris, des mains de M. de 'Villelc, le portefeiiille des finances. Nous n'avons point parle de I'introduction qui ouvrc le premier volume, non plus que de Tarticlc sur le ET POLITTQLES. 68; budget de la villc de Pari?, qui teiniine le second; car Taiiteur, qui a le merite d'eviter soigneusement les inexactitudes dans les faits, approfondit rarement Ics doctrines qui les jugent ou qui en expriment les consequences. Or, le role de la critique n'est point de refaire ce qui n'a ete qu'esquisse. L'Histoire financicre de M. Bresson est un tableau chronologitjue de I'histoire des finances francaises : ce n'esl done point le grand travail que le titre pcrmettait d'esperer ; mais pourtant c'est un livre sur lequel on pent inscrire les mots da poete latin : Inducli discant ; et anicitt meminisse perilL A. Maiul. LITTERATURE. EssAi si'R l'i'niversalite de la langue FRANrAisE,5M cnihies^ ses c/fets, et les moiifs qui ponrront contribuer d la rendre du- rable ; par C. N. Allotj (i). En 1785, racadcmie de Berlin mit an concours, pour I'aiince suivante, ces trois questions : Qu'est~ce qui a rendu la laiiguc fraiifaise unlverselle? Par ou merlfe-t-elle cctle pr/ro- gniive? Esl-il a prisumcr qu'elle la consene? Le prix fiit p;ii- tage alorsenlre Puvarol , dont tout le monde connait la coui- posilion, et un erudit allcmand, J. C. Schwab, dont le tra- vail plus profond fut beaucoup moins goCite de uos conipa- triotes, et dont le noni est dcmeure prcsque inconnu. M. Allou, venu quarante ans apres les deux concurrcns, riche du travail de ses devanciers et de ses propres recher- ches, a repris et traite de nouveau la meme question, rnais sur un plan plus vaste, et avee dcs developpemens que ne eomportait pas peut-etre une composition academiquc , ct (pii surtout exigeaient plus de tems qu'on n'en avail laisse aux candidats. II divisc son ouvrage en deux parties : la premiere indique les causes de I'universalite de la langue francaise; la seconde recherche les moyens de lui conserver cette suptriorite. Ces causes d'universalite sont, suivant I'auteur, de deux sortes : les unes, qu'il noinme hisloriques , tiennent a la marche des evenemens politiques, aux progres successiis de notre litterature, a ceux des lumieres, du goftt et de la civi- lisation parmi les peuples de I'Europe; les autres, puremcnt pliilosopliiqtics , prennent surtout leur origine dans le genie propre de la langue. ( 1) Pai is , 182S. Firiiiia Didot. Iii-S" de xxiii et 4^4 pages ; prix , 7 fr. LITTERATUUE. (58()f) LITT^RATURK. los premiers romans dc cc genre I'liieiit, scion I'tipinion ile Tressan et d'aiilres auteurs , ecrils d'abord en IVaneais, c'est indiqiier unc des causes Ics plus puissanlcs dc la propa;j;alion dc noire langue. A cettc cause sc joigaircnt les expeditions ct les conquetcs des Franfais dans I'Angletcrre, la Sicile ct I'empire grec; au (piinzieme siecle, rimprimcrie , accucillie el encouragce en France, dut repandre au loin les ccrits publics dans cellc langue, deja la plus polic de I'Europe. Le rcgne dc Francois V, decorc a droit ou i\ tort du litre dc restaurateur des lettrcs, rut du moius I'avantagc de donner a la pocsie ualionale uu essor iuespere; les etrangers viruTUt admirer les cliefs-d'oeu- vrc de nos arts, el Charles-Quint rendil uu eclatant houimage a notre langue en I'employant pour prononcer son aclc d'ab- dication en faveur de son fils. liientot parait Henri IV, et, depuis son regno, cetle suite d'ecrivainsdu premier ordre qui commeucent avec Malherbe et Pascal, et qu'ou s'est habitue a designer coUectivement sous le nom d'auteurs du sit;cle de Louis XIV. Tout le mondc sail a quel point de perl'ection ils elevereut la langue fran- caise, quelle influence leurs ouvrages cxerccrent siu' I'Eu- rope savante, et comment notre litteraturc devinl le modelc de toutes les autres. La revocation de I'edit de Nantes , cet acte a la fois si in- juste et si odieux, contribua cependant encore a repandre la connaissancc de notre langue et le goClt de ses chefs-d'oeuvre. Le siecle suivant fut celui des sciences et de I'erudilion : ellcs se prescnlcreut aux regards du peuple sous une forme plus attrayante que jamais , et firent descendre rinstruclion dans toutes les classes;, des homines , dignes heriliers des auteurs immortels du rcgne de Louis XIV , continuerent mince par un juste hommage rendu i M. CreuzS de Lesser qui, dans son poeme trop peu connu de la ctievaleiie, a reuni toutcequinieritaitd'etre conserve de notre ancienne poesic fran9aisc , et a eleve ainsi un nohle monument k la gloire de sa patrie. » LITT1^.I\ATU[IE. G;)i I'ceuvre commencob par ccux-ci, ct firent lire partout luurj oiivragos. Ce fill doiicsui'toutauxgrandsecrivaiiis de ces deux siecles que notre laugiie diit sa supr/matie sur les lanj^des de I'Eu- rope. Co fait avait ete observe par tout le mo tide , et M. AIloii n'u eu garde de s'y arreterloiig-tems; mais, apres cctte cpo- que. 11 fait remar([iier comhien cette suite presque non inter- rompue de guerres, depuis la dtlivrance de FAmerique jus- qu'a la pais definitive de i8i4? a dO, sinon fairc cherir les Francais partout oi"i ils out porte les amies, au moiiis re- pandre leur idionie dans I'Ainerlque, dans rEgypte, I'ltalie, I'Espagne , TAllemagne , et dans le nord de I'Europc. En resuniant le tableau que je viens de tracer et qui fait le fond de I'ouvrage de M. Allou, on voit done !a France s'elever des I'origine au-dessus des aulres nations. Sa langue est par- lout en honneur, elle s'etend par la guerre comme par la paix; les sciences, les lettres et les beaux-arts s'unissent pour la rccommander aux etrangers ; les alliances des sou- verains la portent avec nos princes et nos coutumes dans toutes les cours de I'Europe ; enchautes de nos chefs- d'a3uvre, les etrangers composent dans notre langue, et elle est encore adoptee par la diplomafie europeenne. M. Allou est plus bref dans le chapitre oi"i il examine les causes philosophiques de I'universalite de notre langue; il met au premier rang son extreme clartc, et I'hcureuse sim- plicile de sa construction grammaticale; I'avantage de voir tous ses mots (sauf un tres-petit nombre d'exceptions) tires de la langue qui dominait sur I'Europe entiere avant I'inva- sion des barbares; ses tournures qui la rendent eminemmcut propre a la conversation; son caractere habiluel de politesse et de galanlcric qui la fait aimer des femmes de tous les pays; la position gcographiquc de la France et le caractere afl'able et hospilalicr de ses habitans, qui atlirent tous les etrangers sur leur tcrritoire; enlin, le manque total de rivalite, puis- que , parmi les langues qui auraient pu s'elever aulant qu'elle , comme Titalicn, I'allemand, Tanglais, I'c-pagno! , Gi)3 LITT^RATMRK. aucune ne reunissait en aussi grand iiombrc les conditions d(t succos. La secondc partie da livre dc M. AUou, Texamen des cC- fets de runiveisalilc de la langue iVanraise et des motifs qui pourront contiibuer k en prolonger la durec, n'olait pas sans doutc, dn moins sous ce dernier point de vue, la plus facile a trailer. Dans toutes les questions oi"! intervient I'humani- le (i), nous sommes si peu maitres de I'avenir, et notre lo- gique est si souvent trompeuse, que Thomme sage osc i\ peine hasarder des conjectures. Aussi, I'auieur, apres avoir signale comme un des plus mauvais effets de I'universalite rinsouciance qui fait negligcr les langues clrangeres , et comme un de ses resultats les plus avanlageux, I'interet qui s'attache dans taute I'Europe aux ecrits publics en France, un€ sorte de fraternite etablie entre les divers peuples el la facilite des communications scientifiques , se borne-t-il i\ quelqucs vues generales sur Tagrandissement et la deca- dence des langues. II ne louche qu'en passant la question deja traitee par Gibbon d'uue nouvelle invasion de barbares qui separtageraient I'Europe, invasion que notre civilisation^ la perfection de nos arts et la stabilite de nos gouvcrne- mens (2) rendeut tout-a-fait invraisemblable. Mais il examine si la langue et la litterature franfaises ne ponrraient pas se voir un jour detronees par une langue plus parfaite , une lit- terature plus riche ou plus altrayante. II ne voit gu^re que (1) Ceilcs , c'ost un subject merveilleuscnienl vain , divers ct ondoyant que I'liomme ; il est mal ayse tl'y fonder jugement constant et unifoiine. ( Essais dc TSIontaigne , Ch. I. ) (2) liidependamn-.eiit de la superiority que la civilisation nous donnera Sur les barbares, nos empires modernes sont bien plus durables que les republiques ^nciennes. Cclles-ci, comme I'ont reniarque plusieurs (icri- vains, et cntrc autres Montesquieu el Rousseau, etaieut presque toujours fondees sur un principc unique , dont la destruction entrainait presque aussilot la mine de la reptiblique. M. Guizot a niontte, dans ses belles leeons d'bistoire , comment tous ces principes s'etaient anialgamcs pour i'ormer les lillals modernes ; les consequences sonl faciles a deduire. LlTTERATUllE. (m^I la hngue anglaisc qui piiisse disputer I'empire i la noire ; cl encore, mille causes favorablcs a la France paraissent devoir eloigner toujours toutc idee de rivalite. Mais n'est-ii pas possible que la langue trouve en elle- meme des ca'ises de decadence? qu'elle sc detcriore? que la litterature tombe et devienne indigne d'elle-meme? Voila la question par laquelle M. AUou termine son livre, et qu'il laisse, pour ainsi dire, indecise. 11 secontcnle de signaler les innovations litteraires comme dangereuses , et de recomman- deri'admiration et I'etude de nos chefs-d'oeuvre (i). Sans pretendrc ajouter a I'ouvrage de M. Allou un cha- pitre qu'il n'a pas cru devoir y mettre, qu'il nous soit permis, non pas d'indiquer les moyens speciaux d'emi>echer cette decadence, mai^ de preciser la question sous 'e rapport gram- matical (2) ; il est plus facile d'appliquer un remede si I'ou connait bien le siege du mal. Une langue ne se distingue d'une autre que par ses ntots, ses phrases et ses figures ; voili les trois parties par lesquelles elle pent se corrompre. (t) A la suite de I'ouTrage de M. Allou viennent plusieurs Notes , toutes trcs-int^ressantes ; j'ai deji donn6 une idee de la Note B , sur Ics remans de chevalerie ; voici les tities des autres. — Note A. Sur Toiigine et la s6j3aration des deux idiomes dont se compose la langue romane. — C. Sur les nianusciits fran^ais et autre* decouverts a Londres , en 1764 , par M. de Brcquigny. — D. Analyse du livre de Heoii Estienne, intitule : Deux dialogues du noureau langage fran^ois ilatiimisd et aufrcmcnt dcs- guise, etc. — E. Sur I'emploi de la langue I'langaise dans la diplomatic europicnne. — F. Sur I'existence d'une langue latine vulgaire, differente de la langue «^crite , et d'ou seraient deriv^es la langue romane, et , par suite , la plupart de celles de I'Europe moderns. — G. Sur les plus anciens ouvrages ecritsen langue fran^aise. — H. Sur la date precise dc certains mots (itablis auji,'t;rd'hui dans notre langue. J'ai do citer les titres de ces Notes : elles prouvent avcc quelle con- science I'auteur a ecrit son livre, et comblen les philclo^;ucs pourront profiter de ses idecs et de ses recherches. (2) Je demande grfice pour la secheresse dc ce qui va suivre ; je I'.iis observer qu'il s'agit de la giammairc , et qu'il n'est pas toujours possible de la rcndre atlrayantc. (>(>4 LITTl^RATLUE. Lcs mots pcuvent otre alter6s dans lour prononckilion (i) , dans leurs foruies on dans lour sens; los plu-ascs, dans loin- construction on Icur synlaxc; lcs figures, de mille nianiores. La prononciation des mots est d'autant plus cxposee aux ohangomens, que rorlhographe , qui devrait Ui representor exactonient, est plus hreguliorc on plus indocise. L'Acado- mie vent suivre a la foisrorlhographcot la prononciation ita- lienne; die decide que Ton (icr'u-n viuloncellc, vermicetle, et que Ton prononcera rcnnichelle, xiolonclielle ; mais, depuis que lcs nuisiciens et les garoons de cafes savont lire, la pro- nonciation conlormc a Teoriture I'emporte, et rAcadoinic sera prohabloniont un jour forcoe do retranchor sa nolo. Voltaire a deniando et en partie oblenu qu'on distingnra Ic «on ui du son ai ; pourquoi done ecrire encore roide quand on prononce ruidc? Pourquoi y a-t-il des gens qui s'obstLnent a terminer en ois nos imparlaits et nos condilionnels? Mais, c'est surlout dans le son dn double // ou / mouille qu'une revolution s'optre avec une rapiditc extreme fa). Du- (i) Je re jiaile pas de I'introduclion de mots nouveaux : elle eprouve trop do difliculles pour Clre jamais dangiaeuse. D'ailleurs, si les muls 8ont utiles et compiis de tout le moiidc , c'est une veritable ricliesse pour la laiigue : les idies nouvelles demaiident des mots nouveaux; cetle verite est commune. Si les mols sont inuliles, ou nc sont iiitroduits que par le caprice, ils tombent d'eux-nienies, commc fasliionabk, confoHable, que I 'on a vuulu nous apporter de raiigiais. Quant aux muls qui exprimeut des objets d'ai t ou de commerce im- porles de I'etiar.ger , ils ne durcnt qu'aulant que I'objet meme les rend utiles, c( mn.e tiliiury , wishy , etc., et pour les termes scienlifiques, ci n.n.e ils u'ont pas d'existeiice horsdcs livres des savans, leur influence sera toujours insensible. Ce n'est done pas dans la creation des mots que la neologle pent filrc 4 craindie ; c'est plulot dans I'alliauce des mots. (2) Au nombre des admiiables qualiles de la langue franc^aise , il faut placer la rettel6, la vaiieteet les conibii aisoi s de ses ailieulafiuns. Je rrgiette que les limiles et le genie de ce Recueil ne me permellent pas d'en placer ici lelabhau cumjilel, tableau qui n'a pas cncoie ele fait, nialgre le beau ti avail de Ecai z«Jc, leproduit jiar M. Destlttdk Tbacyj dans s» giaiDii aiie; on vcrrait qiirlle rtgidarile regne dans ccs modili- UTTERATURE. 6f)5 DiARbAisctBEATJitE appcJiiient (leja I'attention des Parisiens sur la dil't'erence du mouillc fort represente par le double // au mouille faible indique par I'j; mais, aujourd'hui, celtc pro- nonciation grele a fait de telsprogros que le peuple de Paris la transporte au centre et au commencement des mots; on en- tend dire partout meyeur pour meillear , miyea pour mlliea, WW ydvre pour un liivre ; et comment cela ne serait-il pas, quand sur nos theatres oi"! la prononciation devrait etre rcli- gieusement conservee, unc bouche timide fait dire a Racine: Noble et briyant auteur d'unc triste famiye, Toi dont ma m^re osait ge vanter d'fitre fi'ye , Soleye, etc. Au lieu de Noble et brillant auteur d'une triste famille , Toi dont ma mere osait se vanter d'etre £tlc , Soleil qui etait dans la pensee , comme dans I'ecriture du poetc. Assurcment , si le double U avail etc la representatioit cxacte de ce que Dumarsais appclle le mouille fort, cela nc serait pas arrive ; mais le double // ne represente rien , et la langue porte ainsi la peine d'une fautc de son orthographe. La meme chose arrivera, du resle , toutes les ibis qu'uno langue perniettra qu'on s'ecarte de ses regies primordiales; nous formons nos pluriels en ajoutant un 5; que veulcnt done dire ces maxima et ces minima employes par les malhe- maliciens comme pluriels de viaccimum et de minimum (i) ? cations de la voix humaine , et conibien la perte d'une seule pourra les cfepareiltcr, si je puis employer ce mot. C'est done avec regret que j<; vois peu k peu disparaitre de noire langue un son qui n'cst pas un dc ses nioindrcs ornemens , et que doit reniplacer une articulation faible et mesquine , et qui n'avait ete adniise par nos ptres que dans un petit nonibre de mots. (i) Cette parlie rtait ecrite avaiit que je n'eussevu, dans le diclion- naire de M. lN'odier( A'oy. cl-apres, au DuUelin bibliographiqucde la France , section de LiUtiratiire, I'aniioncc dc cet ouvr.ige) , I'article crrala, oil il traite de barbare I'usage de ch.nnger la toiniinaison des pluriels contraire- nient ATanalogie fran^aisc. Je m'esliinc beurcui dc m'ttrc rencontienvec lui sur ce point. G;)G LITTiiUATUllE. Ferons-noiis commc les Anglais qui conservcnt aiix noins grccs el latins qu'ils introdnisent chcz ciix la forme qu'i!^ out clans leiir langue originellc? Prendrons-nous chcz les lla- liens le mol alii pour le pluriel cFrt/Zo, ou rondl pour celui de rondo? Diroiis-nous un I'ahricanl dc plan i , conimc quclques Iraduclcurs d'anglais mettenl un penny et deux peaces, s'iiua- ginant par la donner une haute idee de leur savoir, ct no eoniprenant pas qu'ils prouvent, au conlraire, leur igno- rance, puisqu'ils n'appliquent pas la premiere regie de leur langue. Nos adjcctifs en /"forment leur feminin en ve: actif, active ; iicuf, neuve. Pourquoi done ceux qui ont traite de ryolnf, onl-ils dit la langue yolofc et non yolove? Que des cxemples parcils se inultiplicnt, et nous perdrons bientut ces Icrmi- naisons si suaves et si franraises, breve , pensive , pour dire k la mode allcmande, brefe , pensife. Et que sera-ce , sr, non content d'alterer la prononciation des mots, on en oublie le veritable sens? N'est-ce pas une pitie de voir les expressions les plus polies de la langue fran- faise dcvenir, dans la Louche des ignorans, ou des non- sens ou des impertinences? Laissons de cote les exemplcs, ils nous nieneraient trop loin (i). La phraseologie n'est pas moins que les mots sufette aux alterations; mais ici, il faut I'avouer, les grammairiens out oppose un obstacle aux envahissemens de I'ignorance; ils ont maintenu les tournures ct les regies de la syntaxe ; et, s'ils ont presque toujours meconnu le veritable but de la granunairc, qui serait de faciliter I'ctude des langues en ex- pliquaut I'usage par la logique ; du moins ils ont fiut prcs- (i) j7ilonio Callbcari a public un Tra'tic pniir composer avcc des des i!c la musique stir iouies sortes de paroles. Les tditeurs I'avaiont dudie i I'im- p6iatric<;Jiist''pliine; ils terminaient leur dodicacc par Tassurance dc leur considirntion. Le terme etait flatleur pour une iniperatrice; mais , quel qii'il flit, il valait toujours mieux que \cs civilitcs empressecs ou les scnli- mens dtsdngiics que nous offrons h la fin de nos lettres. LITTER AIT 51 E. <>()7 que toujours eviter les laules de construction ou de regime. Mais , c'est surtout dans ses figures qu'une langue est vul- neraljle- La grainmaire elemcntaire est sans action surellcs, et Ton n'imagine pas avec quelle rapidite le nial so propage. Que la passion du moment inspire a I'homme qui parle en public une expression bardie ou peu commune, aussitul Ic peuple-singe s'en empare, la gate en latoucbantetl'appliquea tout. Ln depute s'ecrie que la France a soifde bonnes instltu- iions; vite les journalistes ecrivcnt que Ton a soif d'ordre legal, de liberie , d' Industrie, de garanties , etc. ; ils ne voient plus en France que des gens alteres. Un metaphysicien , parlant ;\ la tribune le langage de ses cahiers, prend I'abs- trait pour le concret, et designe les elecleurs sous le nom singulier de la Tnatiere electorate. Tout le monde veutbientot abstraire et generaliser commc lui; les journaux, les conver- sations et les livres sent inondes de notabilites iniellrctuelles , de superioritcs sociates , ({'illustrations politiques , et un aca- demicien avoue un jeune auteur pour I'objet de ses predi- lections littcraires. Je n'ai pu qu'indiquersotnmaixement, en lesclassant, ces causes de decadence dans les langues : M. Allou ne me pa- raissait pas les avoir precisces; j'ai tuche de le faire. Quant auremede dont notre auteur n'a point parle, il est tout en- tier dans I'instruction a donner aux eleves de nos ecoles; ia grammaire generale pcut seule opposer une digue puissarilc au mauvais goOt et i\ I'ignorance; et c'est par rctablissemcnt de cette chaire que I'ondevrait commencer la reformc qu'on nous fait espercr dans notre enseignement. Mais, ne nous le dissimulons pas, ce n'est point parmi les grammatisies qui fourmiiient sur tous les points de la France, qu'il i'audra chercher le professeur; cc n'est pas non plus parmi ceux qui ont prdi sur les auteurs anciens, sans s'occuper, pour ainsi dire, de leur propre idiome. L'hommc qui voudra appliqiicr la grammaire generale a la langue francaise d'une manicrc vraiment utile a son siede devra, comme notre auteur, avoirctudiij sa langue depiiis son origine et dans ses phase.- , 0<)8 LITTlilRATUKE. ("n cUc-iTitmc el dansscs rapports avoc Ics langues ancicniics ct niodenics. II dcvra joindrc a I'analysc loujoiirs sure dt; Dii- mar;;nis cl dc BcauzcR une synthcsc qui liii pcrmctlc do poser des principes generaux, et qui siipplec au sileiiee de I' Academic a cct egard. Sia toutescesqualites il joint une elocution facile, une exposition nette et precise de ses idees, si soncours oblieni; I'approbalion generalc et se repand dans la jeunesse instruite, alors sera exauce Ic vceu dc M. Allou et le notre : la langue, soutenue par I'analyse, defendue par les principes, ne sera plus exposcc 4 se corroniprc , et rcjetlcra ou mepiisera ces ouvrages vantcs quelque teins par I'esprit dc parti, eu depit des faulcs de style qui les defigurcnt, pour n'admcttre comnic veritahleineut digncsde notre etude que ceux qui reuuiroutla purete grauinialicale a toutes les autres qualites du style. B. JULLIEN. Romans de H. Zschokke, traduits de I'allemand par A. LoEVE-VEniARS , traducteur de la collection complete des romans de Van der Velde (i). CoNTES scissEs de H. Zschokke, traduits par le ntcme (2). II n'y a pas long-tems que la Rcvuc Encycloprdu/ue ( Voy. T. XXXIX, p. 679) entretenait ses lecteurs dc la belle Histoirc de Suisse ecrite par H. Zschokke , et des deux estimables tra- ductions, oii I'ont reproduite en francais , avec des merite.s divers, MM. C/i. MoNNARDCt Manget. Vers la meme epoquc, M. Loeve-Veimars nous faisait connaitre , par une version facile ct elegante, commc loutcs ccUes du meme genre que nous lui devons , des romans et des conies egnlemcnt sorlis de la plume fccondc de H. Z.scliokke. (\) Palis, iS^S; Cli. Gos?elin. 10 vol. in-i?.; prix , 09 f'r. (?) I'aiis, 1S7.9; Aiidin. 4 vol. iu-i 8 , avcc vignettes; prix, m I'r. LITTERATURE. G^O II y a un moment oii Ics reputations litteralres, qiielque terns lenfermeesdans renceinte tin pays quiles a vucs naitre, f'ranchissent par plus d'une voie ces premieres limites et sc repandent de toiites parts au dehors. Ce moment , qui n'ar- rive guere que pour Ics merites hors de ligne, dignes d'in- teresser des hommes de tout terns et de tout pays ; ce mo- ment, qui consacre et propage le succes plutot qu'ii ne I'eta- blit , est venu pour I'hislorien , le conteur moderne de la Suisse, et le fait seul de tant de traductions, entrcpriscs a la Ibis sans concert , temoigne assez et de la popularito locale , et de I'attrait universel de ses productions. Ces deux choses se tiennent plus qu'on ne le croirait. Quels sont les ouvrages qui font le tour du monde, qui sont vraiment cosmopolites? Ceux-la surtout qui, avec ces traits generaux oOi I'humanite aime a se retrouver, offrent a la cu- rif)site une physionomie etrangere. Tels sont ceux de Walter Scott, qui nous ont enchanlesa la foisetpar I'expression fidcle du modcle eternel des romanciers et des poetes , et par la nouveaute piquante de ce qu'il a d'inconstant et de variable, les mcBurs et le costume. Son exemple a enseigne quelle viepouvaicnt rendre aux combinaisons usees de la fiction ro- manesque , a la peinturc abstrnite et generale des passions et des caracteres depuis long-tems epuisee , I'etude et I'imi- talion de la nature individuelle ct historique, s'il est permis de s'esprimer aiusi. C'etait toujours I'honime qui nous etait montre conime autrefois; mais rhomme d'une certaine villc, d'une certaine annee, ayec son langage , ses coutumes, ses opinions du moment. Ainsi , recemment, le Tartufe , sous ses anciens habits, nous a semble tout nouveau. La route ouvcrlc, on I'a suivie en trop grand nombrc peut- Otre et trop servilement. Quelque varies que fusscnt les ta- bleaux du romancier ecossais. empruntes a une inepiiisablc malicre , il n'etait pas cepcndant impossible d'y decouvrir une pratique habiUiellc de compo.-^ition , un patron coui- mun dont s'cst om];aree avec joie la mediocrite, pour I'appli- qucr il des recherches hi;^(ori([Mes faites a la hate ct sans in- 7<)t> LITTEUATUUE. tellijj^iKc cri'iitjiic. Do niGmc r|u'auparavant Ics avenliircs et la passion avaiont Iciir devcloppemcnt regulicr , consacre^ officicl, auqncl on se conformait comme a un proj^iamme, de memcaussi le singulicr, le bizarre, I'invraisemblablc, le mer- veilleux, curcnl leurs regies, leur rouliiie. On pot desormais s'altendre i.\ trouver , dans toute espccc de fiction, i° un mysterieux personnage, mendiant, fou ou sorcier, deposi- taire du secret de I'intrigne , et agent supreme du deuoQ-' ment ; a° un pcrsonnage i'anlasquc , charge d'en troubler ii tout instant le cours par son indiscrete intervention , d'en egayer la tristesse on I'horretu- par le risible contrasle do ses preoccupations particulieres , le retour periodiqne d'unc pens^c, d'un dicton d'habitude, d'unc espcce de nionomanie.. Entre ces deux acteurs , neccssairemcnt meles a toutes les scenes du roman , quelles qu'elies I'usscnt, dul toujonrs se rencontrer une espcce de spectateur neutre , dc juge im- partial, jete par le hasard de Taction au milieu de passions, d'interets , d'opinions contraircs. En quelque lieu qu'il plCit a I'auteur de nous transporter, il failiit nous resigncr a I'ine- \itablc surprise de leur accidenlcllc reunion. La lacilile d'al- longer, par unc description minnlieuse dcs lieux et des per- sonnes, par de continuclles et interminables conversations, la marche de ia fable la plus courte, la plus simple, quelque- fois la plus nulle , completa cette recette commode pour I'imagination, et qui meme put au besoin la suppleer. Parmi les imitateurs de Walter Scott , je n'en connais guere a qui celte critique nc s'applique, en tout ou enpartie. Cclui qui s'approcheleplus du modelcpar lenombre, le sne- ers, comme par lemeritereel dc scsceuvrcs. Cooper estpeut- elre aussi celui qui a le plus abuse de ccs proccdes facticcs de composition. Mystercs arranges a plaisir pour le tourmcnt d'unc curiosite qui n'est pas tonjours satisfaite , compH^ cation d'incidens arbitraires et invraiscmblablcs, pcrsonnagcs de fanlaisie , terreur ou gaite convenuc, lieux communs de conversation , rcmplissages descriplifs , voila ce qu'on re- grcltc dc trouver trop souvent dans les romans dc Cooper, LITTI'RATLRK. 701 CO qui cxpliquc, jusqn'a un certain point, son excessive lecon- dhd. 3Iais, dans cos plans negliges, communs , monotones, brille d'un vif eclat le talent d'un peintre inspire par deux su- jets des plus heureux ; c'est, d'un cote, la vie du marin, avec ses dangers, ses miseres et ses charmes, qui remplit de ta- bleaux d'une veritable beaute sonPilote et sonCorsaire rouge; c'est, de I'autre, I'image de la jeune Amerique, de sa pro- sperite et de sa grandeur naissantes, qui se produit dans trois compositions sviccessives, le dernier des Mohicans , les Piojiniers , la Prairie, par I'lngeiiieuse conception d'un per- sonnage place, comme une sorte d'intermediaire, entre I'etat sauvage et la civilisation , dont 11 participe cgalement, te- moin et representant tout ensemble de leur ,'.ongue lulte, du progres insensible de leur decadence. ou de leur triomphe. Ce dranie, continue avec moins de bonheur dans plusieurs autres productions oii sont exposees les scenes diverses de I'emancipation americaine, s'acbeve avec eclat dans VEspiort, qui, aux qualites ordinaires de I'auleur, joint un plus grand merite de conduite et d'ensemble. Van der Velde prete moins a la critique que Cooper, mais aussi bien moins a I'cloge. Nous ne lui devons pas, en aussi grand nombre ni au meme degre, de ces emotions nouvelles qu'est venu nous apporter le roman bistorique. Ses produc- tions, fort multipliees, et dont il a beaucoup varie la scene, ont pour la plupart peu d'etendue et d'invention. On regarde comme la meilleure de toutes celle dont il a pris le sujet dans les annales de son propre pays. Ses Patriciens offrent en effet une image Ibrtement tracce des debats de la no- blesse et des communes allemandes au moyen age, et la fa- ble oii elle s'encadre csti'i la fois simple et frappante. Le poete italien Manzoni a , dans ses Fiances , conserve Ires-peu des defauts liabituels de I'ecole de Waller Scott. Le seul qu'on lui puisse reprocher , c'est I'abus de la des- cription ; e'en est un exemple tout-a-fait caraclcristique que cette page , du reste fort elegante , qu'il a remplie tout en- liere du tableau d'lui petit jardin abandonne. 11 y a la une 7oa LITTEHATURK. cnum('Tation de broussailles et do mauvaiscs hcrbcs , d'uno lecondite ccrtaincment fort ctraiige et fort dt'idacec. Car que nous iniporte? Cc memo detail, oette memo loiigncui' descriptive se retrouvcnt soiiveut dans un reeit trop soiivcnt interrompii par le sigualement miniitieiix des pcrsonnagcs, I'etudc I'urieusc de Icur physionomic. II font dire aussi, pour ctre completement juste , que ces morceaux memo qn'on voudrait abreger se distinguent par une analyse tres-delicate et tres-fine des mouvemens secrets de la passion et des signes cxtoricurs qui leur correspondent. A co meritc philo- sophiquc so joint la verilo dranialiquc des caractorcs ct du langaj^c , la purcte ct rclcgance du style, enfin I'heureuse combiiiaison d'une fable oi'i quelques pcrsonnages d'un ordre vulgairc , une intrigue des plus simples meltcnt en jcu Ics scenes les plus grandes , quclquefois Ics plus terriblcs de la vie publicjiie, on se molent ainsi nalurellement , sans s'altc- rer par le melange, la fiction et I'bistoirc. A ces productions etrangeres nous ne pouvons guere op- poser ins<[u'ici que le Cinq-Mars de M. Alfred pE Vigny , composition pleine de mouvement, d'interet, quelquefois de pocsie, mais dans laquelle la verite des caractorcs historiqucs et la purcte du langage ne sont pas loujours assez respectecs. Nous pouvons encore citer pour Texacte connaissance du terns et I'art ingenieux avec lequel cette erudition est miseen ocuvre, deux ouvrage sdont les commencemens de noire bis- toirc ont fourni le sujet, JuUaSercra, ou I'Jn quatrc cent f/iiatre-ringt-clouze, par M. deSismondi, et les Manuscrits de I'ancicnne abbaye dt Saint- J alien a Brioude , etc. , par M. A. TrogiSon. Nous nous contenterons de rappeler le litre de cos productions remarquables , qui ont cte analysecs dans ce re- cueil, ct I'une d'elles par nous-n)enics, avec quelquc etenduc. ( Voy. Ilcc. Enc. , t. xv, p. loa ; ct t. xxv, p. 589. ) Dans cette bibliotbuque, deja assez nombrcuse, formce depuis quelques annees par Telite des romans bistoriqucs, franeais ct etrangcrs, se placera cu uu rang fort bonorable la collection de Zschokke. Le meme sentiment qui a inspire son LlTTlilRATrRE. joS Hisloiredc Suisse iMilme aussi les rumaiis dont sa patrie liii a foiirni la scene et le sujet. C'est arec amour, et par conse- quent d'unc louche vive et vraie , qu'il point sa belle et forte nature, ses moeurs naives et rudes. Ces moeurs, il les repro- duit avec les nuances diverses que leur a donnees le cours du tems; on les voit s'adoucir, se polir de roman en roman, comme d'epoqne en epoque, dans Vrronlque , ou la bcguine (I'Aaran i^dcr Freiliof ron Aaraa), hisloire de i444 5 dans le Mcnctrier, ou nne insurrection en Suisse, hietoire de i653; cnfin dans le Grison, ou la Cole aux fees i^der Fluchlling im Jura), simple episode des troubles de la Suisse en 1799. Je viens de rappeler les divers romans historiqnes de Zschokke dans i'ordre des cpoques qu'ils retracent; je ne sais, et j'aurais fort desire que le Iraducteur me I'eut appris, dans quel ordrc ils ont ete composes et pu])lies. Je croirais volontiers que le Mcnetrier a etc le coup d'essai de I'auleur: c'est celui qui offrc Ic plus de traces de I'imitation de Walter Scott et de son ecole. On y rencontre, plus qu'on ne voudrait, dc ces personnages qui n'ont qu'une idee et qu'unc phrase, et qui la rcpetent avec une patience cerlainement plus longue que celle du lecteur. On y est importune d'un mystere incomprehensible dont le mot ne vaut pas a coup sCir la peine qu'on a prise a le chercher ou a I'attendre; enfin, la composition est mal Wee, mal conduite, et il faut, pour qu'on la suive jusqu'au bout, tout I'interet repandu dans la peinture des licux et des moeurs, dans les scenes animees d'une insurrection populaire, d'une guerre civile. La Beguinc est incomparablcment micux composec; ce livre attache beaucoup par un melange de tableaux forts et gracicux tour a tour, et le developpement d'une passion quelque pen mys- tique, comme celles ou se plait la museallemande. Ce dernier caractere fait le charme principal du Grison, qui rappelle tout-a-fait la naivete touchante d'Auguste Lafontainc. Je n'ai pas compris, dans cette enumeration, la prineesse Christine ( die Prinzessin von JVolfenbuttel). Quoiquc les per- sonnages de ce roman aient exisle, que le sujet soit pris dans ^o4 littP.rature. )inc anccilotc ciirieusc du dix-septicine sicclc, cc n'cst pas III! rouKin historique oi'i I'on se soit propose de mcllre on ro- licl" Ics uia'iirs d'liric epoque, les trails caracterisliqucs d'mi pays; c'est un roman a aveiitures ct a grandes passions, I'crit par letlrcs, toiit-a-fuit dans I'ancicn genre, ct oii les senti- nicns et le langage me paraissent d'un ordre assez coniinnn. Pendant que je suis en train de former des conjectm-es, jc ine perraeltrai de supposer qu'il a ete compose avant les trois autrcs. S'il en etait ainsi, rimitation de Walter Scott aurait sur le talent de I'anteur nne fort heureuse influence. Les contes de Zschokke n'appartienncnt pas non plus au genre historique; ce sont de petites histoires morales, parfai- tement bien contees, avec une rapidite de trait ct une malice enjouee qui rappellent frequemment la maniere de Voltaire. Je ne serais pas surpris qu'on les preierat aux compositions plus etendues, plus travaillees, d'un ordre plus cleve ct d'un interct plus grave du meme auteur. Ce serait en faire ua grand eloge, et, pour men compte, j'y souscrirais. H. Patin. VW WVVWWVWVWVVXA WWWWV WXIVWVWWVWVVWVWWVVWMW III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. LIVRIiS tTRA.^GERS (i). AMERIQUE SEPTENTRIONALE. I^TATS-UNIS. 3 25. — *A Review of the ncgociatlons beiwccn the Unlted- Staics of Atncrica and Great-Britain , respecting; Ike commerce of the ttvo countries ^ etc. ■ — Exameii ties negociations qui out eu lieu entre le3 Elats-Unis et la Grande-Biotagne, concer- naut Ic commerce dcs deux pays, et plus particulieremeut les relations commerciales de I'Anierique du Nord avec les Tndes occidcntalcs, par I'honorable Littleton "W. Tazeavell. Norfolk. (Virgiuie), 1828. In-8". La situation prospere des Etats-Unis depend en grande parlie de leur commerce. Regulierement gouvernes, tran- quilles au dedans, redoutables au dehors , ils peuvent se livrer en paix aux plus vastes speculations , et devenir renlrcput d'une partie des richesses du Nouveau-Monde. Ils trouveiit dans les Indes occidentales un facile dejjii de leurs marchan- dises manufacturees, et reroivent en echange , pour leur po- pulation el pour celle d'Europc, les produils brutsdessucres, des cafes, etc. Les a vantages de ces relations conimerciales sont immenses, anssi les Anglais onl-ils tout fail pour les cnipC'chcr on les restreindre. Les vaisseaux americains out cle soumis a d'enormes impiUs dans tons les ports des colonies anglaiscs. Les Etats-Unis reclamerent a diverses reprises contra cette mesure d'cxclusion , mais sans pouvoir parvenir ;'i la fairc rcvoquer. Les ministres eludaient la demande ou (') Nous indiquons par iinasU'risque (*), placeacute du tlfrcdochaqiie ouvrage , ceiix des livres etrangcis o'l IVanrais qui [laraissenl dignes d'une atlcntion pailiciilii'ie, et nous eu lendrons quclqutfuis compte daus la seclion des .hialyscs. T. \L1. MAR- IvSQ- 4'' 7()6' LIVllKS 1^.TRAN(*KUS. exigcaiont (hi terns pour y rofleclur. Les goiivcrnonicns s<; laisseiit infliiencerpar les passions, comme les imlividus; ce- liii d'Amcrique ciut devoir user de reprcsailles avec la Grandc-Brctagne, ct, tn 1809, liii ferma ses ports ainsi qu'a la France. Ce systenie fut la source de beaucoup de maux, et amena une guerre avec I'Angleterre qui ne dura que 16 mois, depuis juin i8i3 jusqu'en deceinbre i8i4- I-^cs ne- gociations furent encore reprises a la paix, niais conduites tl'une manicre hautaine par I'envoye dcs Etals-Unis, ct par lord Castlereagh, avec la Iroide et cautcleiise politique dont il ne se departait jamais. Nous ne suivrons pas dans tons leurs details ces transactions diplomatiques, qui n'eurent d'autre rcsultat que de gener le commerce des deux pays et d'entre- tonirleur mesintelligence. M. Tazewell donne d'aiilenrs a ce siijet les informations les plus impartiales et les plus satis- faisantcs ; mais le point important est I'examen du nouvcau tarifetabli, en 1828, paries Etats-Uniset la proclamation du president qui, remettant en vigueur les actes d'avril 1818 et de mai 1820, fcrme encore une fois les ports d'Ameriquc a lous les vaisseaux venant par mcr des colonies de la Grande- Bretagne. Le livre de M. Tazevpcll, rcimprinie a Londrcs, a cte le sujet de plusieurs brochures, oi'i les Anglais cherchentA prouver que ce systeme est esscntiellement nuisibic aux in- leretsdes Etats-Unis, et directement contraire a leur constitu- tion , puisqu'il enleve a plusieurs des Etats de I'Union leur libre arbitre dans une si importante question, et les prive de grands avantages. Ceux du Sud, et entre autres la Caroline uieridionale, refuseronl, dit-on, d'olieir a la loi. La contre- bande, impossible a empecher sur une IVontitre de 3 a 4000 milles d'etendue, s'organiscra avec beaucoup d'activito et demoralisera le pays. Les faits prouveront le plus ou moins de fondement de ces diverses conjectures qni ont aussi ete mises en avant par plusieurs ecrivains americains. Ces der- niers soutiennent que, bicn que la Constitution ne puisse avoir tort , le Congrfes pent errer. L. Svv. B. Ourvagex pcriod'tques- 226.' — Le Courrier des Etats-Unis, journal politique ct lit- leraire, paraissant tons les samedis. New-York, 1829. Le prix de la souscription est de 8 dollars par an. Les ancienshabitans du Canada, les refugies dc Saint-Do- mingiio el dc la Janiaique, ont forme aux Etats-Unis un uoyau de population francaise , fort angmcnte depuis par tons liTATS-UNIS. — GRANDE-BRET AGNE. 707 ceux que les troubles de la revolution , et , plus tard , la chute de I'empire, ont chasses de leur patrie : c'est a cux que cc nouveau journal franrais s'adresse. II est destine a recueillir les souvenirs de ces exiles, et a leur menager de douces illu- sions en les transportant au milieu d€s arts et de la litterature du pays qui les a vus naitre. Nous aurons peut-etre par cette voie de curieuses revelations sur quelques tails politiques en- core mal eclaircis; deja un abonne , ;'i propos d'un extrait des journaux francais sur VHistoirede Napoleon, par M. de Nor- vins , signale plusieurs erreurs commises par cet ecrivain , et donne, a I'appui de ce qu'il avance, des lettres inedites de Joseph a I'empcreur et a Murat. Le uieme journal du 3i Jan- vier, que nous avons sous les yeux, contient aussi une rela- tion des cent jours comniuniquee par un temoin oculaire, les nouvelles politiques de I'Europe du niois de decembre, la dixieme lecon du cours de litterature francaise par M. Ville- inain, citee textuellenient, un extrait de la Revue trimcs- trielle sur I'art drarnatique en Angleterre, et eufin diverses annonces. Les autres numeros de Janvier ne sont pas moins interessans. On y remarque un article de M. Ahcl Remcsat sur la gramniaire des Lcnni-Lenape, ou Indicns Delaware, cniprunte au journal des savans; et, dans les melanges, plusieurs anecdotes curieuses sur Diderot, tirees d'un manus- crit de sa fiUe, M""" de Vandeuil. Le Courrier des itats-Unis a huit pages in-folio, de trois-co- lonnes chacune. L'imprcssion est incomparablement plus nette et plus soignee que celle de nos journaux francais, et nous n'y avons pas trouve une seule erreur de typograpliie. L. Sw. B. EUROPE. G RAN DE-BHET AGNE. 227. — *Journa( of a second cxpcdilion inlo tfie interior of Africa, from the bight of Benin to Soccatoo. — Journal d'une seconde expedition dans I'iuterieur de I'Afrique, de la baie de Benin a Soccatou; par feu Clappeuton, coniiiinndant de la marine royale; auquel est joint le joinnal de Richard Lan- der ( domestique de Clapperton), depuis Kauo jusqu'au bord de la mer, par luie route plus a Test, etc. Londres., 1829; Murray. In-8". C'est une chose remarquable que I'enseuible des ef- forts des particuliejrs et du gouvernement en Angleterre. La, point de forces perdues : le corps social y est une espece noS LIVRES I'rrRANGERS. dc machine bicnorganiscc, dont tons Ics mouvcmeiis concou- icnt a amcnor le iiiGmQ icsultat. Lcs voyages, lant coiix qui sout encourages par le Secielairc des Colotiies que ceiix qisi cmancnt des associations particuliercs , ou meme de la cu- Tiosite des individns , lendcnt toujours a preparer des voies an commerce. Les relations, les inl'orinations sont toutes di- vigees vers ce but. II sendile qu'en general nos voisins ne sortent dc chez eux que pour elahlii- des comploirs, et nous que pourallcr chercher des couronncs. L'interet est constam- ment leur vehicule, et la vanite trop souvent le notre. Les voyages en Afri([ue, presque toujours funestes aux voyagcurs, n'ont heaucoup servi ni la vanite des uns. ni l'in- teret des autres, et cette partie du monde est encore hien peu connue : cependant les Anglais ont dejii su se choisir uii comptoir. De la petite ile de Fernand-Po, situec an centn; de la bale de Benin, ils surveillent a la fois I'Ocean et les larges rivieres qui se dechargent dans ce golfe, et qui seront, tot ou tard,les routes naturelles du commerce pour penetrer dans I'interieur du continent. Les derniers renseignemcns donnes par Clappcrtonprouvent que Ics communications avec les peuples du centre de TAfrique ne sont ni impossibles, ni dangereuses, comme on I'avait cru jusqu'a present. De Bada- gry a Soccaton, c'est-a-dire, pendant environ cent quinze journees de marche , ce voyageur a rencontre partout i'ac- cueil le plus bienveillant. Les chefs du pays, les Cabocirs, les rois, rcgardaient i'arrivec d'nn blanc comme un heurenx presage, comme une benediction du ciel. 11 a traverse un nombre considerable dc villes, commodement liaties, rcgu- lierement gouvernees, dont la population s'elevait jusqu'a quarantc millc Ames, et il a pu y remarqucr tons lcs arts a leur commencement. A Jaunah, a ivatunga, il vit avec ad- miration des portes, des poteaux, des tambours, et plusieurs ustensiles de bois, scuiples en bas-relief, avec une grande adressc, et represcntant des figures d'hommcs et d'animaux. II trouva une quantite de metiers a tisser le coton, construils sur le mOme j)rincipe que nos metiers communs, mais ne donnant pas plus de quatr(! pouces de largeur a la chaiiie, des appareils de teintiue, et presque partout un sol fertile et une culture soignee, I'indigo et le colon reussissant a merveille , et cultives en grand. L'education des bestiaux , assez bien entendue, est cntiercmcnt remise aux soins d'nn peuple pas- leur, les Fellahs, ou Fellans^ qui forment une race ;\ part entre les Arabes et les Negres. D'une nuance plus noire (pie les.prenncrs, ils sont plus beaux, et , a ce qu'il semble.plus GilANDE-BRETAGNE. jof) avances eii civilisatiuii que les dcrniors, et tous niuhomctans; (andis qii'iiuc grandc partic des N^gres est demcurec ido- latro. Clappci'ton read presquc partmit temoignage a la probitc des naturels du pays. Lcs hahilans dii Borg^uu seals sont pil- lards et maraudears : seloa le proverbe alVkaiu « qui (lit im aoir du Boigou dit un voleur ; » et cclte distiaction proiive riionaetete des aatres proviaces. Oa s'etoaac de reueoatrer- paniii ces peuples toates les habitudes sociales qui devraieat, lendie a accelerer les progies de la civilisatioa ; des marches rcgalieremeat etablis; meme chez les adoiateurs de fetiches,, lies cereaioaies religieuses faites en comniua, et un culte qui n'a riea de leroce. Leuis amusenieas aussi soat de nature a resserrer les liens de la societe, et a adoacir lcs moears; u. Katanga , Clapperton assistu a des representations theatrales , a des daiises d'homaics eniprisonnes dans des sacs , et faisant,. malgre cet obstacle, preuve d'agilite et d'adresse; a une chassc aa boa, oOi tout etait fictioa ; et eafai a une coaiedie mimiqac oa lcs blancs, la Iroidear de leur cliaiat, leur teint blal'ard , la delicatesse eflcniiuce do Icurs habitudes, etaieat assez plaisamnicnt tourncs en ridicule. Partout se inanifes- taient une iaaocente gaite , une bieaveiilance ailectuease et presque tendre, diflicilc a concevoir chez des gens qui vendent leurs enfans comaic les petits de leurs troupcaux et de Icurs volailles. C'est probablenieat au grand aoml)re de femaics, (plusieurs de leurs rois en oat deux mi lie ct au-dela), et a I'extreme relachemeat des mocurs . qu'il faut attribacr Tab^; sence de toas liens dc f;imille ct de toute aftection dc pare ate. II est digne dc remarqiie que , cliez le sauvnge comme chez I'Earopcea , I'hoaaue a'est jamais aussi mechaat qae ses ac- tions. Qaaad oacxaa.nc dc pres riatclligeace du coapable, son intention , lcs circonstaaces oa il s'est trouve place, il y a presque toujoars de nombreases excuses, surtoat poar les niauvaises actioas des masses. Les Ncgrcs ca Iroa- veraieat de gi'andes dans les exemples d'avidite et dc corrup.- tlon qae Icar donncat lcs Europucns. Toates ces peapladcs noires n'iaspiix'at d'cstime a Clapperton et n'oblicaacat sa confiaacc qa'a proportion qu'elles habitea-l loin des cotes, ct qu'elles sont privces dc loalc coannunicalion avec lcs Ijlancs. Les injustices qae le voyageur cut a souffrir, et doat le res- scnliuicnt a pcat-elre conlribae a accelerer sa fin ; les rasps du sultan dc Soccatoa , ((ai , apres avoir provoque cctte sc- coade expedition, ct promis ane si graade protection a I'dw 7ro LIVRES ^TU ANGERS. voye anglais, inventa des pretextcs pour le depouiller, le re- tenir dans sa capitale , le menatcr, et Ic tourmenter dc mille manieres; renipoisonnement auquel cchappa avec peine son fidele domestique , oontinuateur dc son voyage; la mort dn major Laing, assassine il y a deux ans a trois jouinees de Tomboucton:tout celadoit elre impute moinsauxNoirsqn'aux Europeens. Les inarchands d'esclaves portugais et hollandais etablis dans la bale de Benin, et les consuls dc Tripoli, pre- parerent, a (orce de calomnies, ces malheureux evenemens; et il parait prouve, par cette derni^re relation , que ce sont les Blancs, et non lesNegres, que les Toyageurs doirent redouter dans I'interieur de I'Afrique. Pousses par d'indignes rivalites commerciales, et par la crainte de voir diminuer et s'eteindre leur infame trafic, ces vendeurs de chair humaine, etablis sur les coles, drcssent des embQches a ceux qui se hasardent a penetrer dans le centre, et se servent de I'ignorance des noirs pour les pousser a I'assassinat. La traite, qui se continue en depitdela prohibition qui fait honneur a I'Angleterre, est pour ce malheureux pays une horrible plaie , et I'unc des princi- pales raisons de sa lenteur a se civiliser. C'est le manque de proportion de la population avec les produits du sol qui amcne les ameliorations; et nous fournissons aux Alricains, dont les terres sont fertiles et d'une facile culture, Ic moyen de se debarrasscr sans cesse d'un surplus de bras qui fcrait leur richesse. La traite des noirs pent scule expiiquer la len- teur des progrt's de peuples qui,bien qu'on ait prctcndu en faire une race inferieure, ct une sorte d'echelon entre le singe et I'houime, inontrent une intelligence tout aussi vivc que cellc des blancs. Clappcrton I'ut surpris de la curiosite de plu- sieurs des Cabocirs on chefs, et de la sagacitc des questions qu'ils lui adresserent. II trouva un jour Bcllo, sultan dc Soc- catou, dans un appartement interieur, etudiant un exemplaii-e arabe d'Euclide, que I'Anglais lui avait donne; et cc roi fel- lah deplorait am^rement la pcrte d'un autre exemplaire du meuie ouvrage qu'un de ses parens lui avait apporte de la Mecque, et qui avait et6 brCdc, I'annre d'avant, quaud le feu avait pris a la maison de son pere. 11 rcgardait celui que lui avait apporte I'Anglais comme le don le plus precieux qu'cQt pu lui faire le roi de la Grande-Bretagne. Clappcrton retrouva dans ces regions inconnues les mfmcs divisions d'hommes que sur le continent europcen : il vit des conquerans a Soccaton, a Koultou ; des commercans a Rotti)p (Ciitup); a Ensonkousou, a Tschaou; des pouples pasteius, des fellahs, a mauirs paisililcs et donees ; plus loin^ ORAJilDE-BUKTAGNE. 711 lies chasseurs, i caracteres indopuinlaiis et oigueUJciix. It trace ainsi le portrait du chasseur at'ricain : « Conime j'eulrais dans le village, uii chasseur arriva ; il avait une peau de leo- pard sur I'epaule , une lance legere a la main ; un arc et des fleches pendaientsur son dos; derriireluivenaient troischiens cafe au lait, d'une race qui tient du levrier et du dogue, pa- res de colliers de cuir de diiTerentes couleurs. Le chasseur, suivi de sa meute , et d'un csclave portant I'antelope qu'il ve- nait de tuer, traversa le village d'un air d'insouciante indc- pendance, sans prendre garde a nous, ni meme nous regar- der. Les uaturels du Borgou ont la reputation d'etre les plus habiles chasseurs de I'Afrique , et se nourrissent presque ex- clusivement de gibier ; la culture du pen de terres qu'ils pos- s^dent est abandonnee aux soins des fcmmes. » Clapperton est mort a Soccatou , ct sa perte doit etre al- tribuee , en partie au climat et aux imprudences qu'il a com- mises encouchant en plein air sur le bord de I'eau, en partie au chagrin qu'il eprouva en voyant s'evanouir toutes les es- perances qu'il avait foudees sur les promesses du sultan Bello. Son domestique, Lander, apres lui avoir rendu les derniers devoirs, continue le recit du voyage, et donne des details interessans sur le pays qu'il a parcouru pour regagner la cote. Cette seconde expedition de Clapperton n'a pas augmente nos connaissances en geographic, autant qu'on avait lieu de i'esperer.Cependant, le voyageur a mesure les degres de la- titude depuis la Mediterrante jusqu'a la baie de Benin , et ceux de longitude du lac Tsad jusqu'a Soccatou. II consigne dans son journal plusieurs noms de villes dont I'existence etla situation dans I'interieur etaient encore inconnlies ; il donne la hauteur d'une chaine de montagnes granitiques, dont le point le plus eleve n'est que de 2,5oo pieds au-dessus du nireau de la nier. II semblerait que le centre de I'Afrique septentrionalc s'eleve de plateaux en plateaux, dont les pentes les plus con- siderables sont al'ouest etausud. Lecoursde la riviere Quorra n'est pas encoive determine. II parait certain que c'est le Niger de Mungo Parck et de Laing; mais tourne-t-il a Test pour se decharger sous le nom de Scliary dans le lac Tsad, on vient- il , traversant la chaine de montagnes de granit, se confondre avec la riviere de Benin ou Formosa, et se jeter dans I'Ocean occidental? C'est un point encore douteux, mais qui sera probablement bientot eclairci par quelque nouvelle expedi- tion partie de Fernaud-Po. II est etonnant que nos colonies du Senegal n'eprouvent pas quelque emulation ; elles ne se- ;i2 LIVRES KTR ANGERS. raicnt pas mal jilacees pour accioitrc nos connaissanccs, ct pciil-Ctrc nos relations commerciales avec Ic centre tie I'A- iViijuc. 228. — Principles ofelemcntary teaching. — Principcs d'ensei- gnement elementaire, applicables piincipalcnient aux ecoles paroissialesd'Ecossc; par JamesFiLtAJss, prolessenr d'hmna- nite a I'universile d'Edimboiirg. Ediuibourg , 1828; Con- stable. 229. — Elements of Tuition. — Eiemens d'echication, ou Ex- pose d'nnc experience en edncation faite a Madras, de 1789 a 179G, dans le but d'introdnire la uienie mctbode dans I'en- seigncnient des bantes classes ct des enl'aus d'un ordre plus eleve; par le reverend Jmlrew Bell. Durliani , 1828. 25o. — Some account of the System of Fagging. — Developpc- niens sur le systenie dc Fagging, maintenu dans Tecole de W inchester; suivis dc quelquesremarques etd'une correspon- dance du docteur '\i\ illianis, cbef de cette ecole publique, snr le dernier renvoi fait pour cause de resistance a I'antorite des seniors; par sir .Alexander Malet. — Londres, 1829. La generation qui s'eltive se montre avide de saA'oir, et do tons cotes des cours nouveaux, des ecoles nouvelles s'on- vrent pour satisfalre a cette gcnereuse ardeur. En Angleterrc, on se plaint de manqucr de colleges. Cambridge a presqne double le nombre de ses batimens dans les dix ans qui vien- ncnt dc s'ecouler; Oxford s'cst aussi agrandi; niais les uni- versites cxistantes ne sent plus en rapporl avec I'accroisse- ment do la pnpalation, et surtout dc cette parlic de la popu- lation qui desire s'instruire. Une troisifcme nniversite va etre ouverte, et un projet pour la fonder a Londres a etc presente par M. Campbell, le poete ( Voy. Rev. Enc. , t. xxxix, p. 537). Jusqn'ici on avait craint rinlluence du sejour de la capitale sur de jeuncs etudians; mais de nonibreux avantages I'.alancent cet inconvenient, auquel il est d'aillcnrs facile de lenicdier. La cbose a ete resolue, et les fondalcurs du college de GoAver-Street paraissenl disposes a adopter pour cette ins- titution le plan Ic plus liberal, c\ encourager et a accneillir tonle reforme qui tendrait a extirper les abxis qui se sont in- trodnils dans I'education publique. II est meme question d'appliquer aux langues niortcs la methodc du doctcur Bell , qui n'est autre cbosc que I'enscignemcnt mutuel. M. James nilans, ex-recteur de la liauto ecole (^hig/i school) d'Ediui- botirg, I'a employee avec le plus grand 8ucces : L'archeveque deploya dans le cours du proces beaucoup d'e- vndition et une force d'ilme admirable. Hale, qui fut plus tard 720 LIVRES ETilANGERS. h la lOtc de la juslicc , Ic dcloiKlit ; niais ses cllbrls et son elo- quence nc purent empecher Laud d'etre declare coupahlc de haute tiahison. II eut la tete tianchee, le lo Janvier i64/(, apres avoir prie pour ses enncmis et pour la paix de son pays. A son bistoire sc niele necessairement celle dcs terns on il vecut; on en rctrouve aussi des parties assez curieuses, niais d'une date plus reccnte, dans Ics lettres adressees par divers personna^es a Jo/in Ellis, secretaire pres les coniniis- saires dc Sa Majeste en Irlande, et publiees sous le titre d^Eltis Correspondence. Ce ri'est point la scandaleusc et veridi- que peinture des moeursde la C0TU-d« Charles, telle que I'atracee le comte de Grammont ; ni le journal de faits tenu par Eve- lyn jour par jour, ni le commerage de Pepys, mais unpen dc tout cela , avec d'autres nuances, parce que la corruption du premier, I'exactitude da second et la legerete du troisieme iaisaient partie du caractere de I'epoque. II regno cepen- dant dans la plupart des lettres une sorte de gene qui tienl sans doute aux circonstances dilficiles dans lesquelles chacun se trouvait place. A la vcille d'un changement que beaucoup desiraient, personne n'osait prendre I'initiative, et tons se tenaient sin- levu's gardes, en attendant les eveneniens. La biogiaphie moderne, qui devrait etre encore de I'his- toire, acconiplit rarement sa mission. Place a un point de vue trop rapprochc, I'ecrivain se risque dillicilement a etre impartial et a i'uire abnegation de ses prejuges; il eleve on rabaisse les reputations au gre de ses passions , et souvent de ses caprices; mais la verite , qui ne perd jamais ses droits , se degagc tot on tard des erreurs qui I'ont obscurcie , et sort du choc meme dcs opinions. Souvent aussi I'editcur sc borne a recueillir dans divers journaux des notices ecrites a la hale , plciues d'incxactitudes, et ne donnant qu'un maigre et I'roid resume des principaux evenemens de la vie. Ainsi, dans le livrc que nous annoncons, sur vingt-ncuf notices dc per- sonncs celi'bres, mortes en iS^iS, quatrc seulcment sont ori- ginales. Le plus rcmar(|ual)ie est, sans contredit, celle du cclebre mctaphysicien Dugald StcAvart , qui fut long-tems le chef de I'ecole de philosopliie ecossaise; ensuitc, viennent (ics details intercssans sur rarchidiacre Hook , I'un des plus viiu- Icns advcrsaires des principes de la levolulion IVancaise. Nous avous lu aussi avec plaisir une justification de Caroline Land), ([u'une i'olle passion pour lord Byron exposa a d'auit'res rail- leries, ct qu'on accusa d'avoir voulu produire de rcfl'el, cu alTichant son amoiu- pour le prenuer poete de rAngleterre. Elle cut en efl'ct le tort grave d'oublier loute rctcnuc, ct \ CRANDE-BRKTAG^E. — RUSSIE. 721 f\c publicr dcs OKvruges oi'i elle foisait allusion a ses proprcs nialheurs. C'claJt un coeiir genei-ciix, liviT a uiw imagiiialiua -sans freJn; aiissi e.i!t-«lle bcauconp a soii'ffrir. EHe vivait de- })iiis long-tcms dans la rctraile, Iorsqi>e, se promenant nn jour a cheval, ellc rcncontra s«r la route les rcsl-es de Byron qu'on transportait a Ncwsteiul- Abbey. EJIe perdit coiniaJssanre, et i'iit rapportoe cho-z elle dans un etat d'insensiljilitc com- plet. Elle flit des-lors •aUa([ne-e il« la maladie iand Fredc-iii", qui I'aisait les vers IVancais an moinsaussi iiien que IM. Baiiatinskoi, et qui pechait sou- vent coiilre la mesiire et centre le genie de la langue. Edme Here AC. POLOGNE. 240. — * Geomelrya i Mechanika szttik i rzemiosl, etc. — Ceo- metrie et IMecanique des arts et des metiers, par M. le haron Charles Dupin, ouviagc traduit en polonais par .MM. Ciile- BowsRi et Tyllman. Varso\ie, 1827 et 1828; Imprlmeric royale. 2 vol. ui-S". II serait inutile de citer ici le compte rendu par divers journaux polonais de rouvrag;e de M. Diipin. La Gazette dc P'olog7ic, le nieillcur journal politique et liltcraire de ce pays, que nous avons sous les yeux, senible surpasser tons les eloges qui ont etc donnes jusqu'a present a cet honorable ecrivain. Nul paj'S n'avait un besoin plus pressant de son livre que la Pologne. Apri'S avoir etc en proie pendant plus de deux siecles a tons les fleaux polili(jnes, couriiie aujour- d'hui sous le joug de ses trois implacables cnncniis, elle jouit d'unc espece de tranquillite interieure, et les progrcs eton- nans dc son Industrie attestent une rare activite chez ses ha- bitans. Le travail de iMM. ClileboTVski et Tyllinan a recu de tous les journaux polonais des eloges , que nieritent I'uti- lite de leur enlreprisc et la iidelite parfaite de leur traduc- tion. Les autres ouvragcs dc IM. Dupin sont aussi tra- duits en polonais; et les extraits d'un nianuscrit, que nous avons lus dans la Bibliollu-qne polonaise, journal qui a cessc de paraitre depuis quelque tenis, nous permettent d'esperer que la traduction de I'ouvrage intitule : Forces commerciales POLOGNE. 725 (le I'Angleteire, entrcpiise par M. Emmanuel GLrcKSBERG , I'opondra a I'allcnle du public polonais. 241. — * Swioniynia Sybilli, etc. — Ziaivienle sie Eniilki, elC; — Le Temple de la SylHlle, pueme en 0 chants; Scconde edi- tion, suivie de I'Apparition de la Petite Eniilie, poeme en un chant. (Cracoyie), 1828. In-8"de 259 pages. L'aiiteur de ces deux oiivrages, imprimes a Cracovie, sous le voile de I'anonyme et sans noni d'imprimeur, est M. I'abbe Prt»/"\VoRoMCz, archeveqne de Vaisovie, primat du royaume de Pologne. Le Temple de la Sihylle n'a rien de mytholo- gique, coniuie son titre pourrait le faire croirc : c'est un po<' ine national dont voici I'histoire et le sujet. Aprts le der- nier partage de la Pologne, une dame iilustre, la princesse Isabelle C^artoryska, mire. A'' Adam Czartoryski , palatin du royaume de Pologne, concnt la pensee de reunir dans un meme endroit les monumens de I'ancienne splendeur de sa palrie; elle fit a cet effet bTitir un temple sur le modele de cekii de la Sibylle qui se trouve a Tivoli, pros de Home. Co brainient s'elevc sur les bords de la Vistule , dans la residence de sa familie, a Pulawy, an milieu d'un pare auquel Delille a consacre cpielques vers dans son pot me des Jardins. C'est dans ce temple, entoure d'arbres majestueux, que I'illustre princesse deposa un grand nombre d'objets qui rappellent des souvenirs cliers aux Polonais. On y voit les batons de com- niandenieiit des plus fameux geneiaux, ceux des plus ver- tueux marechaux des dietes polonaises, des amies, des eten- dards conqnis sur les enneniis , des lettres autographes des rois et de plusieurs ciloyens celebrcs; on y trouve les restcs morlels de Jean Koehanuwski , prince des poetes nationaux (mort en i584) ; ceux de Nicolas Kopernik , dont la Pologne l"nt aussi la patrie, etc., etc. De pareils monumens sont par- tout enloures du respect universel ; mais, pour les Polonais, qui ne vivent que dans le passe et dans I'esperance d'un meilleur avenir, le Temple de la Sibylle, regarde comme I'asile des gloires nationales, est en meme tcnis I'objet d'une veneration prol'onde et d'un orgueil tout patriotique. On vient le visiter de toutes les provinces de I'ancienne republi(|ue. A I'epoque ou il fut ouvcrt au public , le venerable abbe "NVoro- nicz, alors evcqne de Cracovie, consacra son talent au recit poelifiue des e^ cnemens les plus mcmorables de I'histoire de la patrie, espcriuit que son ouvrage .-erail regarde comme un depot non moins prccienx que le Temple de la Sibylle, dont le nom devint au-'si le litre du pocme. licril dan? la dernicrc annce du ?iccle passe, ccl ouvrago ^aG LIVRES ETilANCEKS. n'a pu riro imprime an milieu dos circonstances polilifjiics qui I'oiil irispiro ; iiiais il ciicuhiil dans Ic pulilic, an nuivcn d'un grand nombic de c()])ie.s. En 1818, nnpaliit>le ]iolnn:ii.s en donna nnc pieniii'ie edilion, luais sans liKiiijiicr ni Ic lien dei'impression, ni le noni dc rimprimcni'. Anjoni'd'hui, noiis enatnioncons une nonvelle, qui a paru il y a (pudcpics niois. Quoique ces deux edilions aienl ele pnbiiees sans le consen- tement do I'auleur, on Ini envoya nn exeniplaire dc la se- conde, qu'il rccnt le jonr nienic on il fnt promn de i'evCchu de Cracovie a la dignite de chef de I'eglise polonaise. Les ecrits dcs jeunes Polonais sent en general pleins d'nnc verve genereuse ct patrioliqne; niais nulle part on ne tronve knrs nobles scntimens exprimes avec phis de force ct d'en<:rgi(! que dans le poeme dn veneiable anhcveqne. La donlenr el I'indignation reveillent en lui des inspirations sublimes; son style majestueux , grave et plein de force, reprodnil le.. beanies des antenrs classicpies de I'age d'or de la lilleratnre polonaise (le seizieme siecle). Les tableaux: des regnes de Casimir-le-Grand et du sage Sigisniond-Jagellon 1", une apostrophe a la Yislule, et une autre au cabinet anglais, qui avait connrme Tinique partage de la Pologne, le tableau de la palrie mourante, et surtont la malediction qu'il prononce contrc les trailres SUmislas -Fdix Puloclu , Branccid, lize- wuski , les evequcs Skarszcwslil, Massahid, etc., sent d'une grande beaute. Quant au second poeme, contenu dans le memc volume, il fut adresse a M. Jcun Laszczcwsid , uiinislre de rinterieur du giand-duclie de Yarsoxic, apres la morl de sa jenne lllle Emilic. L'anleiu' rcpresente celte enfant sous la forme d'un aiige qui appaiait en songe a la petite Josephine, autre lille du vertueux minisfre, ct qui lui revrle la dcNtinee future de la malhenreuse Pologne. L'abbe Yv'oronicz avait ecrit (c poeme aju'es le congres de Vieuiie, et pour rend)eliir, il cujploya des fulious puisees dans I'asti'ologie : le cyile, la lune, les planetes y jouent lenrrole, et chaque naiion de I'Enrope est representee par un signe du zodia(jue. Si iu)us comjirenons bien le sens de ces allegories, la France, oHrg on Font imitee. Berne est de ce uouibrc, ain:^i que Ic pruuvc la piece iuiprimcc cuiuiue ALLEMAGNE. -2f) appenJice a cellc constitution. La notice descriptive de ce title est fort ciirieiise, et , eii general, on piiisera dans les reniarques de I'auteur d'utiles directions pour la lecture des chartes, de nienie q?j'on apprendra a Ics Ijien connaitre par la belle execution de ?cs fac simile. Les gravures des sceaux sont aussi fort remarqual)les par la i)eaule du travail. INoiis filcrons particulieremeut ceux des comtes de Furstenberg. La derniere des pieces de ce recueil s'arrete a I'annee i^joj la plus ancienne remonte au i3 avril 1218. Ces deux vo- lumes eml)rassent de la sorte un espace de 102 ans, jusquV* I'epoque 011 le due Leopold transfera au margrave de Bade le gouvernemcnt du Brisgau. M. Schreiber a, cumnie on vpit, suivi I'ordrc chronologi(|ue , en joignant aux till es des obser- vations cr4tiqn(>s. II y a ])arnu ces chartes des closes dignes de la plus grande attention et precieuses pour riiistoiie du tems. On sail de quelles persecutions odieuses les Juifs Turent I'objet, vers le milieu du quatorzieme siecle. II est curieux de voir ces horreurs cwistalces par pieces authentif{ues et d'y lire piecisemeiil ces memes inculpations que le peuple repete encore dans son ignojtuice et dans sa stupidite. Vn proct'S-^orbal i]u 5o jan^per iJ)cf constate que lous les juifs out etc brules, le veudredi avant la chandeleur. On raconte comment on a tres-bien fait, et comment I'un d'eux a avoue que leseaux avaient etc empoisonnces par lui. On ne manque pas d'indiquer im comite direcleur do ces belles actions, et d'eu uouimer lesmembres parn)i les Israelites les plus connus d'Alsace el du Brisgau. On ne saurail meme s'imagiucr coni- Lieii d'absurdes revelations sont arnichees par la torture a uii grand nombre de ces infortunes. — Au l>as des anciensstatuts, recliteur a place des explications allemandes qui sont d'une grande chute. Ilyadansces statulsdes dispositions Ires-singu- lieres ; par exemple, la maison du meurtrier en fuite devait etre demolie de fond en comble ; mais, apres une annt'e revolue, ses lierltiers pnuvaient la rebalir. Le recueil de SI. Scbreiber doit se trou ver dans toutes les collections hisloriques et dans toiitcs les bibliotlu'ques publiques. J'h. de Golbeuv. a/jS.- — Luclw. A iig. ton Schltners Offentlicliesuiid pritat Leben. - — ^ ie publique et privee de Louis Aiii^nsie de Schl(v:er, par son fils aiue C/iriiien de Sciiloezer. Leipzig, 1828; Hinricbs. 2 vol. in-8". Sciiloezer etait, vers la fin du dernier siecic , im des profes- seurs les plus celebres de 1 universite de Gootlingue. 11 avait vecu en Suede et en Ilussie, et connaissait parfaitement les langucs ancienne? el niodcriies du iSord. Lu critique hislu- -7)0 LIVRKS iVfR ANGERS, riquc lui duit bcaucoiip. II liit le premier eii Allemagne (iiii osa cnlreprendre un journal rempli dc lettrcs parliciiliercs do •jorrespoiidans aiionjnies. Ccllc hardiessc eiit un succt-s etounant. II y a dans ce journal une corrcspondanrc fran- caise, rciuplie d'anecdotes , dans le genre de oclle dc liachan- niont ct de cello de Grimm. Tanl que Sehlcrzer no louclii point aux aiTaires du pays d'iSanovre, ot'i se puhiiait le jour- nal, on lui laissa asscz de lii)erle; mais, ayantcule malheur de parler dcs al)us commis par un niailre de poste hanovrien, il Alt soumis a la censure : toutei'ois ce journal, donl les reve- lations hardies paraissent insigniliantes aujourd'luii, se sou- tint jusqu'au commencement de la revolution i'rancaise. Quoique Scldoezer ait beaucoup ecrit, ancun de ses ouvrages n'cst V raiment remar(|ual)le. Son style elatt rude, et il ne gar- dait nul mcnagement a I'egard des aulrcs ecrivains; aussi a-t-il eu beaucoup de querclles litleraires. Catherine 11 avait an- nobli ce savant ct I'avait charge de corrcspondre avec la com- mission de legislation en Ilussie. Schloezcr n'avait pas cu I'es prit assez souple pour contenter la cour russe, et quoique appele dans 1' Academic impi'riale, il s'etait cmpresse dc rt- Acnir dans sa patiie. Sou fds chcrche a justifier la conduile dc la Rnssie a I'egard de son j>L're; il pcut avoir scs raisons pour cela : celte affaire est d'ailleurs peu importanle pour !e public. D — c. 24G- — *AUgcmeiner^ H andworlcrbuch.- — Lexique general de Krug, professcur dc philosophic a I'uniyersile de Leipzig. Tom. II. Leipzig, 1827. Gr. in-8". II n'est jam-'.is h'op lard pour reparer unc omission, sur- lout quand cette omission pourrait priver nos lecleurs de la connaissance d'un bon livre. ISous avons annonce deja le premier volume dc ce bel ouvrage (Voy. Rev. Enc, t.xxxvi, p. ^92), Ic second s'cteiul de la lettre F a la Ictlre M. Les articles resserres dans un petit cspace soul ccpcndant forts de choses. L'on y trouve d'abord ce (jue l\)n pourrait atlendie d'un diclioimaire purement grammatical ; puis, dcs notices biographiques, dc I'histoirc, de la philosophic, de la iittera- ture ct de la critique. Le lout est prcsenle agreabiemcnt. Ln ouvrant le livre ca ct la, en s'abandoynanl au ha-ard, le lec- teur sera toujours sftr de s'instruire el meme de s'amuser; en taisant une recherche, il lui arrivera rarcmcnl de ne pas ren- contrer ce qu'il demande a ce Lexii[uc. Comment faire appre- cicr une production que I'ordrc alphabeiitiue a nuircclce? 11 n'y anrail pas d'autre moyen que d'analyscr (piclques arlicles. Mais chacune de nos citations serait uuc injusli^c envcrs le^ ALLEMAGNE. * 701 articles siir lesqucls nous nous Uiirions. Qu'il nous sudisc clone do dire (jirauteuis on g;uerncrs, houimes d'etat ou plii- iosophcs , la biograpliie scnible avoir tout concentre dans cc livre; qu'il s'aj;isse de philosophic ou d'histoire, de sciences exactes ou de lieaux arts, on n'a rien a desirer ct Ton a peine a croire que lout ce qu'on vient ue parcourir soil reulerme dans le nicme volunic. L'editeur en promet encore deux; nous les atlendons avec impatience. Ph. de (Iolbery. 'J47. — Todtcnkrlinze, etc. — Couronnes funeraires, Can- zone, par le i)aron de Zedlitz; ouvrage dedie an roi Louis de Baviere, avec cette epigraphc : En toutes rlioscx ce n'cst qua I'cmotion qui est siibUme. (Lett, et maxim, du Tr. de Ligne.) \ienne, 1828; "SVallishausser. In-8" de vi et ii5 pages. L'autcur de ce pocmc, oflicier (ians les troupes autrichien- nes, s'etait dcja fait remarquer du public allemaud par qucl- ques productions qui out ete qualifiees d'hyperromantiquc.s : celle-ci, exempte de ce dei'aut ct de ce inoyen de succes, n'en a pas moins etc accueillie avec une assez grande I'aveur. Le tilre est emprunle a un usage pieux pratique en diverses contrces, et surtoul en AUeniagne, dans les ceremonies fune- bres ; c'est celui d'accompagner les morts avec des cou- ronnes de ileurs, d'en decorer leurs cercueils portes ;\ bras d'hommes, et de les deposDLEft. Stuttgart,. 1829; Franckh. Spindler est deja connu du public francais par scs deux romans le Bdtard et le Juif, qui out en les hoiineurs de la tra- duction (Y. Rev. Enc.,\.. xxxviii,p. 4^0 61770). 11 a lourniaussi iin grand nondire de eontes et de nonvcllcsaux alnianachs allc- mands, et ilpul)liecetteannec une Gazcltc dcs Damss. Lenoin- bre de ses ecrits vient d'etre augmente d'un ronian dansle genre des deux prccedens.Cetie fois, ce sont les intrigues, le prose- Jytisme ct la domination des jesuites au commencement du dernier sieclc, qui I'orment le i'ond du roman, et donnent lieu a des avcnturcs un pen invraisrmjjlablcs, mais asscz bien ex- posecs, et menie ccriles d'un style plus piu- ct plus cxcrcc que celui des romans preccdcns dc M, Spindler. La premiere donnee du roman est asscz bizarre. Ln negociant, scnatcur d'une ville libre imperialc du nord dc i'Allemagne, attend a hi Ibis son principal creancier pour i'aire i'aillite , ct un I'iche jeunc homme qui doit cpouser sa iille. Au lieu dcs deux, arrive le pcrc du i'utur qui se I'ait annoncer sous le nom du creancier pour mieux observer I'etat dcs choses. Le scnatcur desespcre ouvre ses caisses vides, prcnd un pistolet ct vent sc tuer. L'elrangcr, done de beaucoup d'embonpoint ct fati- gue du voj'age, est tellement cffrayc du gcste , qu'il meurt d'un coup de sang. On decouvre ahirs que ce gros etranger, loin d'etre creancier, a satisfait a toutes les crcances , et n'cst venu que pour unir son Ills avec la (lUe du senateur. Cclui-ci tombc d'un dcscspoir dans I'autre. II se reproche la mort du gencrcux pi-rc de son gendre; c'est dans cct etat qu'il chcr- che des consolatitms auprcs d'un reverend perc qui est en mission dans la \illc protestante, p'our faire dcs conversions. Le malheureux negociant entre pen a pen dans les filets que- lui teudcnt les jcsuitcs. Us en foul en secret un catholiipic. ALLEMAG?ropres. Quelques conseil- lers, qui paraissent avoir une forte tete, s'ysont opposes, par la raison profonde qu'en agrandissant la ville, on causerait la baisse des valeurs des maisons existantes. En consequence, on n'a pas donne suite a la motion. D- — g. ITALIE. 254. — * Classicornm ancloram , etc. — Collection des au- tenrs classiques , pnbliee sur les manuscrits du Vatican, par Angela Ma.to, bibliothecairedu Vatican. Tom. I et II. Rome, 1838; de riuiprimerie du Vatican. 2 vol. in-8". Les fragmens manuscrits des anteurs anciens decouverts par JM. Vlajo ont ete publics dans plusieurs villes de I'Kuropc; il appartenait an savant illustre a qui les lettres doivent ces belles decouvertes de rattacher ces fragmens epars aux 011- vrages auxquels ils apparticnnent,etd'en former tni ensemble qui contint tout ce que nous a laisse I'antiqnite. Le premier des i\e\\\ volumes que nous annoncons ren- fcrme : 1° le Traitc de la Bepi(blifjite,c]e Ciceron,que M. Majo avail public pour la premiere Ibis en 1822. II I'a revu de nou- vea»i avec im grand soin, et a fait plusieurs corrections inipor- tanles d'apres le manuscrit. Les notes de la premiere edition ont ete aussi retouchees, et il y a joint un morceau inedit de Proclus, commentateur de Platon. 2° Un fragment de Gargi- tiiis Martial, auteur d'un Iraite d'agriculture, qui vecul au troisiKin* siecle sous Alexandre Severe, et qui est cite phi- ITALTE. 73() sieurs fois par Cassiodorc et Palladius. Le manusciil, qui nc coiitient que le chapitre xxiii de rouvrayc, existe a Naples, on iM. Majo le decouvrit dans un voyage qii'll y fit en 1826. II ne put prolonger assez son scjoiir pour copier le manu- scrit tout entier, et se borna a en exlraire quelqnes parties, qn'il pnldie aiijomd'hui avec des notes criti(|nes. On iloit de- sii'er que les possesseurs dii uianuscril ne laissent pas incom- plete 1 oeuvre de I't'ditenr, et qn'ils niettent au jour intcgrale- ment ce fragment ecrit dans un latin tres-pur, et qui, outre son importance litteraire, est piecienx pour I'histoire de I'a- griculture. 5" In passage de Salluste qui ne se tronve pas dans la plupart des editions. Ce morceau, que Muratori avait cru inedit, sur I'assertion de Bimnrd, de Dijon, qui le lui avail envoye, se trouvait deja dans plnsieurs editions de Sal- luste , et notamment dans celle de Grutero, mais incorrect et charge d'erreurs de tout genre. II serait assez difficile de iaire meme une simple enume- ration des malieres contenucs dans le second volume qui est intitule : Tumus II complectens Ciceronis anliquaui interprc- teiii , item Ciceronis orationitm fragmenta ntiperis tcmporibtis 7'eperta , item oralionum in C. I^errem partes ex antiqiiissiino palimpsesto Vaticano cum duobns tabulis a'neis. Lesoraisonsdont M. Majo avait deja public des fragmens sont : pi'o Scauro, pro Tiitiio, pro FLacco, in CtodiumetCurionem, decerealieno Mito- nis , de rcge Alexandrine. Celles dont Al. ]\icbiihr UMiil publie quelqnes parties inedites sont : pro Fonteio , et pro Rabirio; celles enlin qui etaient dues a M. Peyron : pro Scauro, pro Tullio, in Clodium et Curionvm et pro Milone. Des commen- taires du plus haul interet sont joints a chaciitie. On pent done classer de la maniere suivante les matieres que contient ce volume : i"les fragmens incdits desOraisons; 2° les com- mentaires inedits de ces Discours; 5" le texte des Verrines , texte qui diffcre en plusieurs points importans des editions publiees jusqu'a ce jour. — La preface de M. Majo, dans la- quelle il recherche a qui Ton pent attrihucr les comnientaircs anonymes qu'il publie, est remplie d'erndition judicieuse : nous n'enlierons pas dans le detail des raisonneniens qui le font arriver a conclure que ces commentaires sont de Caprins ou de Volcatius. '■ 255. — *Saggio prima intorno all. architcltura, etc. Pre- mier Essai sur I'architecture symbolique, civile et militaire, employee en Ilalie pendant les cinquicme, sixieme, septiemc et huitiemesiecles ; surl'origine des Lombards, leur domina- tion en Italic, la division des deux peuples, leurs croyances, ;,/^o LIVUKS la'RANGEUS. leurs usages et leurs coiitnmes; oiiviagc qui a oblcnn nne mention lionoral)lcau concouishionnal de rAllirnt'c de Bres- cia , en i8jS; par D. Sacchi ct J. Saccih. xAIiian, 1828; A. F. Stella. In-8" de 3G8 pages. Nous ignorons quel est I'auteur couronne par rAthenee de Brescia; mais ses mcmhres out sujet dc se lelieiler d'avoir provoque un travail meilleur que I'excellent ouvrage de MM. Sacelii. Le prograuime etail ooncu en ces lermes : « De- terminer I'etat de rarcliitecture en Italie, a I'epoque dc la domination des Lombards ; rcchcreher yi cette architecture cut tme origine particuliere ; etablir quels sont les caractercs qui la dislinguent , specialement en ce qui concerue les eglises, leurs decorations interieures et extericures, les plans de construction et les materiaux employes; enfui, nunituer les principaux edifices de cc genre qui existent aujourd'luii en Italic. » Le sujel elait vaste, obscur; les symboles Chre- tiens employes dans les ornemens d'architecture religieuse otaient d'une interpretation difficile ; ils exigeaient, pour etre conqjris efbien classes, une etude approtbudie des croyances reli"ieuses a I'epoque indiquec , anssi-bien que la connais- sance de I'histoire des beaux-arts. Les deux jeuncs auleurs, qui debutent avec jiclat dans la carriere des leltics, ue se sunt pas renfermes exactenient dans les limilcs tracees par le pro- gramme, et sans doute la question posoe par rAthcnee dc Brescia n'a ete pour eux qu'une occasion de metlrc au jour le fruit dc longues et savantes recherches I'aites anteiieure- ment sur I'etat de I'ltalie au nioyen iige. lis prometteut que ce premier Memoire sera suivi de la publicalion d'autresou- vra"es sur la meme matiere. Peut-etre pourrons-nous alors analyser leurs travaux avec une eteudue et des details qu'il ne nous est pas permis de consacrer aujourd'hui a leur im- portant travail. A. P. 25G. — *Osservazloni sul I'lialia, r'lguardanti principalmentc le Ixlle aril, etc. — Observations sur I'ltalie, el parliculieie- ment sur les beaux-arts; OEuvre posthume de Jean Bell, tra- duite de I'auglais en italien, avec des notes du traducLeur. Sienne, i8'28. In-8° de 5^0 pages; prix, 8 Ir. Le docteur Bell n'a guere vu en Italie, pendant les trois ans qu'il y a passes, de 1817 a 1830, que des statues, des eo-li^cs, quehpies tableaux; rarement il Ini est arrive dc resu- mcr ses observations partielles; rarement il a seme ses pages de reflexions de nature a laire penser le lecleur, et a prou- Tcr que I'auteur lui-meme pensait. A chaque iuslant on reconnait dans son livre la secherc?*c nALI£. ;1i et rimpassibilite anglaise ; mais c'est aussi le ton affiimatif qui accompagne la plupart deses jiigcmens qui en a clQ lairc la fortune en Angletei re : 1' Anglais, en cffet, ne cherche pas, en matiere d'arts, a s'eclairer sur un doute , a discuter sur une question ; il demande une opinion loute faite qn'il puisse eniettre brieveinent et de maniereaen etrebientotquilte (i). On pent lui appliqner les paroles adiessees par Yirgile au Dante en traversant I'enler des tlcdes : A quoi bon discourir de ces gens, donne-leur un regard et passons : Non raggioniam di loro, ma guarda e passa. M. Bell, outre sa qnalite d'anglais, est encore chirurgien, et sa veuve nous apprend, en tete de I'edition anglaise, qu'il a fait plus d'nn traile sur son art, ce qui explique comment ce sont les fautes d'anatomie qn'il releve tout d'abord dans les statues des maitres, comment la correction anatoml- que est ce qui obtient le plus completement son approba- tion. Mais c'est dans I'examen des monumens de I'architec- ture qu'il parait surtont se complaire, et les pages qu'il con- sacre a la ville de Milan sont eu grande partie occupees par la description de la cathedrale, oeuvre extrememcnt remar- quable en effet, et qu'il apprecie en connaisseur. Bell decrit minulieusement aussi la cathedrale de Florence, dont il admire surtont la coupole , ouvrage de Brnneleschi. C'est derriere le principal autel de cette eglise qu'est la des- cente de croix de 31ichel-Ange, sujet que les Italiens out con- sidere comme touchant par excellence, et ont designe du nom de Pieta. « L'on pourrait remarquer, dit notre auleur, que la bcaute de ce groupe est en quelque sorte diminuee par la perfection meme du talent de I'artiste ; la representa- tion est trop fidele. Ce n'est plus, pour ainsi dire, une produc- tion de I'art, qui s'adresse a I'imagination pour la tromper et lui plaire; c'est la realite meme, c'est la mort avec toute son horreur. II semble cependant que le corps de Jesus, en- core bien que la mort s'en soit emparee , devrait conserver quelque chose d'immortel. » Sans doute ce serait a desirer, mais cela est-il possible ? Michel-An£!;e, tout en donnant aux formes de son Christ la (i) L'AlIemand , qui met tout en doctrine, traile la mnsique savam- ment ; I'llalien, voluptueux , y cheiclie des. jouissances vives et passa • geres; leFrancais, pins vain que sensible, parvient a en pailer avec f sprit ; 1' Anglais la paieetne s'en mfile plus. (/?fl(jo;i, /b/(Pj torn, I, p. 200.^ 7'|i LIVRES ^TllAiNGEUS. no!)les5e et I'elegance convoiiablcs \ un Dieu , avnit pour piomierc nocessile de soiisiijetdc representor lamort cniellc, i{;iiominiciis;e de ce Dieu , puis la desolatiou de sa mere. N"csl-re point Ic lieu de recoiinaitie que cette secne, coni- iiie les scenes analogues que la leligion chretieiuie a four- nies aux arts, etait pour le sculpteur d'une diiriculle a peu pres insuimontable, dillirulte qui tient preciseinenl a ( etle alliance du earactere de la Divinite, avec les sonllVances re- servees a la faiblesse humainc? Sous ce rapport, la religion paienue offiait assurement lui domainc l)ieu plus lil)reauxarts. Lesdieux, d'une nature superieure a I'homuie, etaient sou- mis en niemc terns a toutes les passions, a tons les maux (sanf'la niorl) qui affectent I'humanite; I'artiste, en fes pre- sentant, avail done undouble nioyende plaire et de toucher, savoir, L'idcaida beau, et I'expression des passions. Comment reussir an contraire conipletenient dans un sujct tel que la Picta de Mi(hel-x\nge ? Si le Clu'ist respire dans tons ses traits Ic Dieu qui va ressaisir tout a I'heure son immortalite, comment concevoir et s'expliquer I'afTliction de Marie ? com- ment cc Dieu tout -puissant laisse-t-il sa mere dans I'afllic- tion? Maintenant, si le Christ m'offre dans son attitude et dans ses traitstous les symptomes de la mort, si je me rends bien compte alors des larmcs de Marie, je ne vois plus ce myslcre imposaut d'un Dieu qui s'est sacrifie pour les liom- mcs, },e vois nniquement une femme qui se desole pres dti cadavre d'un supplicie, une mere qui pleure sur son fds, Ces reflexions sur luie matierc anssi digue de respect, religieuse- ment parlant , ne peuvenl, comme on le sent, se rapporter qu'au sujet envisage dans ses rapports avec I'art. Quanta ce qui concerne la niusitpie , Bell ne dit pas un mot des operas qui out illustre I'ltalie moderne, et cite seu- lement avec eloge la maniere dont on chante a Home le mi- serere a la cbapeile Sixtine, pendant la semaine sainte, quoi- qu'il paraisse constant que cette solennlte, celel)r{' autrefois par I'admirable execution de ce chant sacre, le soil beaucoup moins aujourd'hui, I'usage ayant cessc d'y employer des ar- tistes de reuom. Les reflexions dc Bell sur la sculpture antique sont , au contraire, completes et tres-justes. « En cxaminant, dit-il, les ouvrages des anciens, nous sonmies uaturellemenl portes a recherchcr pourquoi ils out attiint dans I'art de la sculpture une si cininente pcrleclion. La reponse est dans les moeurs des Grecs, qui encourageaieul spcuialemenl les eflbrts des sculpteurs ct iavorisaienl singu- ITALIE. — PAYS-BAS. 743 IRMement leurs etudes. Chaque ceremonie de cette poetique religion paienne, les riles observes dans les mariages et les fetes publiqnes, les pompes lunebres, les spectacles, les jeux olympiques el aulics du menie genre, etaient autant d'occa- sions oil Tartiste avail sous les yeux les plus beaux modeles a imiter et a reprodiiire; enfin, les progres de cet art, dont la beaule forme la base principale, etaient surtout encourages par la nature nieme de la niylliologie grecque, qui elait ani- niee par une foule d'idees rianics el siildimes a la fois. » L'aiileur elalilit ensuile que les anciens ne pouvaienl pas connaitre I'anatoniie qui a ete au contraire d'un si grand aide pour la sculpture moderne; ils ne le pouvaient pas, puisque le respect du aux corps elait inviolable, el qu'on les reduisait en'cendres, suivant I'usage adople dans les ceremonies fune- bres. Mais la vie publique de ces terns donnait aux sculpleurs niille facilites pour observer a tout instant les formes hu- maines sous tous les aspects, et cette habitude leur avait donne un tact exquis pour saisir et se rapjieler les nuances les plus imperceplildes de la beaule. Ajoutons que, pour s'e- lever a 1 ideal du beau, ils avaient pris le parti d'adoucir tou- tes les saillies, de modifier le mouvement de tous les mus- cles, systeme absolument contraire a celui de Micbel-Ange, qui repicsenlc la force et la lllaje^te, non point par la quie- tude antique, mais par la violence des mouvemens, par unc admirable correction anatomique, et meme par des formes quebiuefois trop tourmenlees. Alex. T. PAYS-BAS. 257. ■ — Nvlice sill- les dispositions ilu droit anglais relaiives aux (Iclits dc la press c , par M. Birivbavm, professeur a I'Uni- versite de Louvain. Bruxelles, 1828; De Mat. In-8°. Cette brochure , toute courte qu'elle est, a fail grand jjiuit. On s'est imagine y voir un factum conlre remission de la pensee, et voici conunent on a raisonne : Une loi siir la liberie de la presse vient d'etre presentee aux Etals-Generaux; cells loi, par sa rigueur et Ic vague de sa redaction, renconlrera sans doute de nonibreux opposans. Or, M. Birnbaum a etc au-devant de leurs allaques, en montrant que Ic pays dont on invoque sans cesse I'exemple , lorsqu'on reclame I'indepcn- dance de la presse , est prccisemenl celui oii elle est entoun e de mille enlraves. On I'accuse d'avoir dit impliLitement qu'a- vant d'arriver au point oi\ est rAngletene, par rapport a la presse, 11 nous fuudrait de nouvelles uiesure» restriLtives. ct que, si lo jMojot iluiit il a vlv |Kirli' piclic par (iiicltiiio t'ndioit, c'est par exti'S (rii\iinli;oiuf. Nims piuivous allirincr (pi\m s'cst Irompr siir los iutoiiliinis do M. llirnhauiu : son but a rtc d'orlairtir un point (U* lait, do rodniro ;\ sos voritahlos tornios uno (piostion Iraitoo avoo phis d'onthonsiasnio quo do oonnais- sanco ilo canso, ot, sans so oonslitiu'r lapolojjislo do porsonno, do fairo voir quo. rolativoniout auK autros nations, nous no sonmu'S pas onooir plon^^os dans la harbario, aiusi (]n'on I'in- sinuo. II aprosonto, d'apros dos autoritos rospoolal)Ios, et surtout d'apros lilachtonc, IMM. Holt ot Coofur, un tableau fidolo do la K'gislalion auylaiso ot do sa aonnion-lair, on oou- tumo. Cotio oontnuu", au prouiior aspoot , soniblo aiundor la liborto do la prosso; inais, ooinnio lo jury, dans los dolilsipii lo oonooinonf . prnuonoo non-sonUniont sui- lo lait . niais s»u" lo droit . il on rosulto ipio la plus lorto j^arantio ost aoquiso a I'ao- ouso. et quo la coutnmo, so pliant a Tosprit du lonis, on suit tous les progiTs, avanta{;o oonsidorablo, (piaiul il s'ai;it iriu- criiuiner ou d'amnistior dos opinions dont i'iiuunonoo ou la culpabilito n'onl rion d'absolu. Co jurv, ^I. Birnbauui s'on montix' lo partisan on nialioiv do prosso. ot oola suHit. solou nous, pour ooarlor do lui lous stuipious do sorvilito. quaud sou oaraotoro no los aurait pas ropoussos d'avarn'O. Ok UKirFKMlKRC. 258. — * Pro(<\i tfr M. i>K rovvrn; dofonsours. M' V\n Mv.v.- NEN ot M' Sylrain va?« dc "Wi-yi'.r. avooats a la ooursuporioure do jnsliio. a Bruxollos. Urnxollos, iSaj): iuipr. tW lAuho- IMoniuions. Iu-8"de 108 pages. w^n^. — Proct\i as, ft df M. (".ocue- iMoMMENS. impriniour du nu'-me journal, aocuses du oriuio prevu par Tarticlo 1" ilo I'arroto ilu ao avril i8i5. sur los seditious. IMaidoirios. juijoniout , consultations. BnixoUos, i8'2t). lu-8"' de xu ot 100 pages. La lU'lgi(|ue, oi'i tous les geiues tlo liltoralino soul ouItiNos avoo liouuour, oA ronsoignonionl priniairo oon\ino los otudos olassi(|nos soniblout proteges par la l"a\our puldiquo ot par los luniioros ilos prolossours. no iu>us envoio plus, au lieu do nou\olles protluotions historiques. plulosophiquos ou pu- reniout liltorairos. quo dos relations ilo prooos qui. s'ils at- tt'sloul lo (onr.igo civitpio dos oorivains beiges el I'oloqneuoc i\c lours dorouseurs, tloi'oueeitonl toutes los esporaueos (]u\ui so plavs.iit 0I107, nous ;\ plarer dans imu> aduiinislration otran- gore. jusqu'alors onuenuo, duuioiusou apparonoo. du jesiii- tisme ct du pouvoirabsoln. Les variations do la politique des PAYS-BAS. ^45 gouveniemensagissenttrop siir la civilisation et siir la liUera- tnre des pciiples, pour que la Jievue Enryclopcdif/iie doivc s'en interdirc I'exanien ; oar ics persecutions qui attei»nent aujour- d'luii MM. de Potter , Ducpetiaux , et d'autres citoyens beiges, ont pour cause premiere les pioteslations genereuses qu'ils fireut entendre centre un acte de elemeuce royale qui frappait d'un bannissement eternel deux jeunes litterateurs francais , condamnes seulement paries liibunaux de IJruxelles a une annec de prison. Get arte inoui , que les Beiges n'ont attribue qii'aux conseillers de la couronne, excita I'indigna- tion judilique, dont le Coiirrier des Pays- Bas serenditalors le principal organe. M. Dncpetiaux reclama dans celte leuille aver- autanl d'energie que de raison centre une mesnre qui violait la loi rondanientalc et deinentait d'une nianiere ecla- tante celte reputation d'liospitalilecpie la nation et le gouver- nement beige s'etaient acqnise a tant de litres. On instrnisit contre M. Ducpetiaux , el, avant de le condamner, on I'em- prisonna. Cetait en vertu d'un fln'^i07 2,262 Omrnersclians 61 5 i,253 Veenhuizen 958 41O79 Wateren 4^ 65 ToTAUx. 2,700 7i^'^S) Le betail que contenaient ces colonies a la meme epoque etait partagc de la maniere suivante : Clievaux. Vaches. Menu bet. Veaux. Mout. Les colonies libres. 5 460 » « 180 Omrnersclians. . 48 1 83 120 52 8o4 Veenhaizeji. . . 52 281 0 i5 i,5i5 Wateren. . . 6 17 9 5 249 TOTAFX. 109 941 l55 73 2,548 TAYS-BAS — LIVRES FRANCAIS. 740 Nous regrcttons que les livraisons dii PIdlantrope , qui ne paraissent pas avec la nn-ine regularilc que ccllcs tie V Ami de la Patrie, ne nous permeltent pas de doiiner des details sem- blahles sur les colonies des provinces nieridionales. Nous avons deja eu occasion de pailer, dans la Revue Encydope- dir/ue, de ces deux recueils interessans , auxqnels nous re- vicndrons encore pour tenir nos lecteurs au courant des re- sultats qu'obtiennent deux societes instiluees dans un but aussi emineiiuiient utile. A. Qtetelet. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et nalurelles. 2Gj. — *Des caracleres pliysiologiques desraces liumaines con- sideres dans Icurs rapports avec I'histoire; lettre a M. Amedce TniERUY, auteur de I'Histoire des Gaulois ; par M. "NV. F. Edwards, D.-M.,membre de la Socicte Royale de Londres, niombre correspondant de I'Academie royale de JMedecine de Paris, etc. Paris, 1829; Compere. In-8° de 129 pages; pi ix , 5 fr. J'avais recu la confidence dii projet et du plan de cet ou- vrage; j'avais pour le talent de son auteur la plus grande es- time; car je ne crois pas qu'on puisse ailier ensemble plus d'elevalion d'esprit et de connaissances pbysiologiques; et cependant, je doulais qu'un succes f'nt possible au point de satislairc le besoin de precision et de iaits positils, qui carac- terise notre epoque : et, en ciTet , combien d'« priori a con- cevoir, que de suppositions a faire et d'incertitndes dans les conclusions! Tels etaient mes pressentimens. Mais I'auteur iiiarcliait appuye sur un guide qui I'a inspire avec bonheur, YHistoire des Gaulois ; et alors, quelle gloiie pour ce meme livre que d'avoir provoque et dirige le celebre auteur de Vlnfluence des agens physiques sur I'organisalion ! L'ouvrage que nous annoncons se compose de deiix parties distinctes : 1° de recherches pliysiologiques, car il lallait dire sur quelle base on allait s'appuyer , et par consequent se donner quel- ques regies; la arrivent les plus bautes considerations de la science , d'oi'i sont deduites les consequences suivantes : Qnand deux etres, qui engendrent ensemlile, offrent des dil- lerences marquees, le produit qui en resulte est un metis; sa forme ne se rapporte exactement ni a celle du pcre, nia celle de la mere ; cette forme est mixlc. Des especes dne et jr5o LIVRES FRANC AIS. r/(«-rt/nail oulo banlcauoii \cmtilcl;i\c cellos dcs hommcsdc l;i race ciai(asi(|iie el de la rare ni-gre provienl aiissi iin proihiit intermt'diairo, Ic inulatre. Mais, que los deux iudividus male et femellc ne prescnleul poiut dc diJlcrences Ires-sensibies , il n'y a plus prise a une i'orme interr.iediaire; c'est le pins souvent tout-a-fait soil le pere, soil la iiieic, qui est repro- duit. Dc celle deruiire prop sition, M. Edwards deduit la flxite des races parnii tous les peuples priiiiitivemcnt repaii- dus sur la tcrre, el la possibilile de suivre I'histoire dans ses investigations sur chacnn d'eux. 2° M. Edwards applique en- iin ces principes anx diftcrens peuples de I'Europe qn'il vient de visiter; et distinguant, parmi les hommes disscmines au- jourd'hui sur ce theatre oi'i il s'est fait de grands change- mens , les trails caracleristiques de chaque nation primitive, il rend en confirmations, a riiislorien , un ample equivalent de I'appui qu'il en avail recu. La nouveaute et la difficultc du sujel imposaienl a I'auteur une grande reserve. II a, de ses principes d'abord poses, tres-habilemcnl marche a leurs consequences, dans les appli- cations qu'il en a I'aites aux peuples qui occupent la plus grande partie de I'Europe , n'ayanl tranche ni dogmatise sur rien : et nous reconnaissons, en outre, que s'il a voulu restcr court , sans que la concision nuisit a la clarle , tout en se por- tant sur une grande variete d'objets, et en leselablissant par les raisons les plus fortes, il a pleinement atteint son but. Geoffroy-Saint-Hilaire. 264. ■ — Annuaire du bon J arc/Inter et dc rAgronome, pour 1829, suivi d'une table alphabetique renvoyant aux piantes decrites dans les Annuaires du jardinier des annees prcce- denles;par un Jardinier agrono7iic. Paris, 1829; Roret. In-18 de ij-4io pages; prix, 5 fr. 5o cent. Les premiers ouvrages qui traiterent en France des soins a donncr aux vegetaux que le commerce reunit des cinq par- ties dumonde, et qui meriterent quelqnes succes, furenl le Botnnistc-Cultiratcur, par Dunionl de Courcet, et le Bo7i Jardinier, par Delaunay. Dcpuis, des jouniaux, des livres as- sez nombreux out paru sur le memo sujet ; parmi eux s'cst fail rcmarquer I'annuaire (|ue nous annoncons, par la modi- cite de son prix, el la quantite de renscignemcns nouveaux qu'il conticnt chaque amiec. II est redige depuis quatre ans par un naturaliste instruit (M. Uoitard). qui ne neglige rien pour completer le tableau des piantes d'agremenl introduites dans I'annee etcultivees dans les grands etablissemens d'hor- ticulture dc Paris; ce tableau est toujours accompague de SCIENCES PHYSIQUES. r5i descriptions sufTisantes pour eclairer I'amateur qui se livie a la culture de? plantes. Less. 265. — Qiieslion chirargico-Ugale sur tin accoucliement labo- r'leua'; par F. M. Leroiix (de Reiuies), D.IM.,aveccette epigra- phe : Le 2elc est virUable qitandU est scion la science, selon la jus- tice et selon la cliarite. Paris, 1826; Jules Didot aine, rue du Pont-de-Lodi , n° 6. In-8° ; prix , 1 fr. Le dcfenseur de Baudelocrpie contra Sacnmbe disait, en parlant du succes obtenn par le medecin dans les cas diffi- ciles : « Quand le succcs couronne ses efforts, la famille, les parens, la societe entierc applaudissent a cette fermete dont ils recueillent les fruits; niais si I'evenement, si la nature trompent sa science, I'injustice et I'ignorance ne manquent pas de I'accabler; la nature n'a jamais tort; il scmble que la vie et la mort soient dans les mains du medecin, et que I'art n'ait point de limites. Ce n'est pas ie moindre des desagre-. mens de cette profession si penilile et si douioureuse, que d'encourir ainsi le reproche de durete et de barbarie , pour avoir ete ferme et pour avoir fait son devoir; et cela sur des propos que Ton articule et que Ton compose a son gre , dont il n'y a de temoins que ceux meme qui les imaginent potir leurpropre interet. » C'est bien avec raison que M. Leroux, de Rennes, a cite ces paroles; elles sont en effet parfaitement appropriees au fait qui lui a inspire sa brochure. Le docteur He est ap- pele , le 27 septembre 1825, pour donner les secours de son art a une femrne en couches. Pour delivrer la malade, il se trouve dans la necessite de muliler I'enfant, que du reste , d'apres les apparcnces , on pent croire mort. II ne I'etait pas, et voila qu'on veut lui intcntcr presque un proces crimitiel, comme si la justice avait titrc pour juger un fait medical. lie- noncant a une action judiciaire, on se contente bientot de proclamer que le docteur He.... est un ignorant, un honime fei'oce , etc. Notre autcur prouve que son confrere n'est pas cruel, puisqu'il agit sous I'inilueiice de la necejssite, qu'il n'est pas ignorant , puisqu'il agit selon les regies de I'art. A. L. , D.-M. 266. ■ — j^rt de constraire les fourneaiix d'usines, de la ma- niere la plus economique et la plus avantageuse pour I'emploi du combustible; par E. Pelouze, auteur du Maitre de for- ges, etc. Paris, 1828; Audot. 2 vol. in- 18 avec figures; prix, 2 fr. 267. — Art de fabriquer la chandclle avec cconomie , et d'ope- rer son par fait blanrhlmenf ; ouvrage dans lequel on donne dej 75a LIVRKS FRANCAIS. piocedcs pour fairc la chaiKlellc-bongie; par Michel, ancieii labricaiil. Paris, 1828; Aiulol. I11-18; prix , 1 I'r. 2G8. — yiil de la conservation den substances aUmcnlaucs ; par K. Martin. Paris, 1829; Aiulot. I11-18; prix, 1 fr. 2G(). — Art de fabriqiier les savons , mis a la poitc'C ilcs me- nagcs;parM. Dussard. Paris, 1829; Aiidol. Tii-18 ; prix, 1 1'. 270. — I^e Toise des bdtinient, ou I'art de se reiulrc conipte, ct do mettre a prix toute cspcce de travaux : ouvragc, uliie aux architectes, constructeurs et proprictaires; 5" parlie : monnisorie. Par L. T. Pernot, arcliilctto expert pros Ics tribiiiiaiix. Paris, 1829; Audot. 3 vol. iii-18 ; prix , 2 I'r. 271. — Traite des alimcns, Iciirs qnalilcs , leiirs eflVts, ot du choix que Ton doit en i'airc selon I'age, le sexe , le teni- perament, la profession, les climats , les habitudes; et des maladies pendant la grossesse, I'allaitcment, etc. Par M. A. Gavitikr, docteur en medccine. Paris, 1828; Audot. In-18; prix , 2 i'r. M. Pelovze n'a pas encore lermine sa tache; il n'ignore certainement point qn'inie iiiuilitude de foarncaii.r d'tisincs , autres que ceux des arts nielal!urgi([ues , attendent encore une description; car il est bon d'en repandre la connaissance et I'emploi. Ses deux pctits volu>\ics en auront au moins un troisieme povir supplement. — M. Michel est plus avance; il parait elre au niveau des connaissances utiles que I'art du iabricant de chandelles possede aujourd'hui. On lui sail gre de n'avoir rien dit de quelqucs charlalaneries dont cet art n'cst pas plus exempt que bcancoup d'aulres. - — A I'avenir, nos meiiageres scront sans excuses, si dies s'acquiltent mal, ct a notre detriment, des soins qui leur sont confies; une foule de bons guides s'empressent de les diriger , do veiller a toutcs les parties de leur travail et do leur petite administra- tion. Yoici que M. Gautier vient presider au choix des ali- mcns, acte d'une haute importance, mais dont nousabile- nons Yolontiers , nous autres mangeurs vulgaires. Saint- ivremond etait bien plus hal)ile; il sentait a merveille quelle est rinfluenie du bon choix des alimens, meme pour la sante morale. Parini les consolations qu'il envoyait a un ami tombu dans la disgrace de Louis XIV, et qui etaicnt presque toules des prt'ceptes d'une sage gastronomie , ou remarque ce con- seil : Mangez des riandes co7n)ni(nes , iuais e.rqaises jutr la cii- riosite de rotre choir. M. Gatitier ne va pas aussi loin tpie le ehel' des cpicuricns du 17*= siede; mais au moins il ne s'ecarle pas de cette direction, et ses soins pcTurla conservation de la 3«Hle ne lui font pas oublier les interets des Apicius de tons SCIENCES PHYSIQUES. 753 les rangs et de toutes les fortunes. Les services que M. Mar- tin veut renclre ;\ nos menages out un double objet; il s'agit a la fois de prolongcr nos jouissances et d'economiser nos revenus. Son petit livre sera bien recu et consulte IVequem- ment. — M. Dvssard trouvera sans doute moyen d'ajou- ter c\ son petit traitc sur la fabrication des savons de mena- ge, en indiquant les substances qui peuvent etre preparees encore plus promptcment, ct lemplacer au besoin le savon dans plusieurs emplois de cette substance. — M. Pernot est a la fin de son entreprise; et, avant qu'il ne I'eCtt terminee , le public avait apprecie son travail : les deux dernieres livrai- sonsnc seront pas moins bien accueillies que les precedentes. UEncyclopedie popalaire grandit a vue d'oeil; mais quelle est la limite de son accroisscment ? Nous ne somnies peut- etre pas encore en etat de la fixer; et, en attendant, que les volumes s'accumulent : I'exces du savoir est sans inconve- nient. L'ignorance est toujours nuisible aux vrais interets de I'ignorant; il est des gens qui voudraient detourner les peu- ples de croire a cette maxime du scmis commun. F. 372. — Art du ra/finenr, ou Traite llicorique et pratique da rafjinage du sucre de canne, contenant les procedcs les plus nouvellement invenles en Angletcrre , par M. Chandelet. Paris, 1828; Malher ct C^ In-12 de 284 pages, avec uuc planclie ; prix , 4 f'"- L'on sait que nos colonies des Indes possedent des long- tems le droit de nous fournir un Sucre plus ou moins jaune et plus ou moins charge de matieres etrangcres; Ton sait en outre que la metropole se reserve le droit exclusif d'epu- rer ces matieres brutes et d'en faire des sucres biancs en pains et de qualitcs differentes ; telle est I'operation conuue sous le noui de raffiiiage, et ({ui est decrite dans I'ouvrage que nous annoncons. L'art du lallineur repose siu' (pielques proprietes simples des matcriaux des sucres bruts : 1" sur la solubilite plus grau- de a cliaud qu'a froid du sucre crislallisable ; 2" sur la solu- bilite du sucre iucristallisai)ie dans I'eau , et de la matiere co- loranle des sucres bruts qui est plus graude que celle du Sucre crislallisable; 5" sur rinsolul)ilite de quelques mate- riaux qui, avec la melasse et le principe colorant, accompa- gnent le sucre cristallisable,qiii est la scule matiere precieuse des moscouades de I'lnde. Le parti <|ue I'ou pent tirer de cc* proprietes pour l'art du raffineur presentedes ressources et des moyens varies, qui toutes en font I'un des arts chimiques Ic? plus curieux et les T. XI.I. MARS 18: 9. 4^ :54 i.ivHEs fkan^:ais. plus difflriles a manipiiler. Au.ssi tons les homines qui ^x- ploilent ccUc indiisdic soiit-ils trcs-jaloux de leiirs prociKles et tii's-avidcs des decouverlcs et des lirres qui sc rattaclient ;\ lours travaux. M. Chandelct, ainsi qu'il est facile de s'en apercevoir par ia lecture de son livre , a etudie I'art dans les ateliers de Pa- ris, et c'est \i\ que, sans contiedit, il pouvait trouverlcs me- thodes les plus pariaites et les plus eclairees par unc bonne pratique et une longue experience. Tout ce que Ton trou- vera dans te livre sur la manoeuvre des travaux nc laisse done que pen de chosesidesirersousle rapport de I'exactitude; mais il Taut conveuir qu'il manque desdeveloppemens ueccs- sairespour devenir vcrilabk'iuonl utile aux industriels; et (pie les theories physiques et chimiques, qui peuvenl diriger les operations raisounees y sout ou omises, ou presentees d'lnic maniere pen salisfaisante. 275. — Manuel complct da rcrrieret da fubricant de glace.i et crislait-j;, pierres precieuses factices, verres colores,ycux arlifiiiels, etc;.; par RI. Julia de FoKTiiNELLE. Paris, 1828; llo- ix't. In-18 de 535 pages et 5 planches ; prix, 5 Ir. Les verres et les cristanx sunt devenus pour la sociele des objets do luxe et de premiere necessite. Les services rju'ils rendent a rooouomie domeslif[ue, a I'industrie, aux sciences, on font I'une des plus belles doconvertes qui honorenl le ge- nie de I'homme. On fait siir I'epoque et le mode de cette docouverte bcaucoup de versions, qui ne conduisent a au- cinie solution positive; tout ce qu'on pent dire de plus vrai- scmblal)le surce sujet c'est que les premiers echantillons de verres furent sans doute fabriques par hasard et a une epoqne tros-reculoe. Si Ton exceple I'applicalion du verre aux fenetres, qui pa- rait remonteraucommencementde noire ere, toutcs les appli- cations importantes de cette substance et les perfectionne- mens de sa fabrication appartiennent an moyen age e( aux tezns modcrnes. Tels sont les vitraux colores, les vilres el losglaces sonfTlees, les glaces coulees, la gobeleterie sourtlee , dont le travail est si admirable, lagobeleteriemoulec, les pro- prietes optiques, etc. L'auteur du travail que nous annoncous a su trailer cette matiere imporlaute avec toute la severite, toute releiiduo qu'elle comportait', et c'est la que Ton pourra voir la multi- tude de formes et d'emplois que Tindustric a su donner aux verres et aux cristanx. Les sources on il a puise pour les de- tails techniques sont estimccs des savans et des industriels. SCIENCES PHYSIQUES. ;5S et , cpioique sou Iravail ne soil puur aiiihi dire qii'une com- pilation, elle a tout le meiite que I'oii doit par dessus tout exiger dans ce g^eiire d'oiivragc, je veux dire le discerne- nient dans le choix des niateriaiix, leur ciassement metho- dique, et la clartc dans les descriptions. 274-' — * Traiie complet dcs propric'es de la prdparntion et tie Vemploi des maiicres iinctoriales et des co'iteurs , par J. Cli. Lecchs; tiadnitde I'allemand et rcvu pour la partiecliiiniqiie, par M. E. Peclet. P^' partie. Paris, 1828; Malher et C. In-8° de IV-600 pages; prix, 9 I'r. Deja j'aiporte on jugenient public et fa voralile surcetouvrage, ily aplusti'unaii, dans unrecueilou j'avaisarendreconipte du travail original, et tout me porte acroire que les eloges que jc lui donnaialors ne contribuerentpas pen a taire naitrela traduc- tion que nous annoncons aujonrd'liui; cela me parait d'au- taut plus vraisemblable, que I'editcur invoque en faveur de sa publication les explications suivantes, que j'ai presentees comme I'un des tilres les plus recouimandables du travail de M. Leuchs : « L'atiteur, pour composer son livre, a compulse cent qninzeouvragesecritsdans toutesles laugues, sans comp- ter les memoires repandus dans les collections scientifiques.s On pent par ce seul trait, et en tenant compte du mcrite du compilateur, caracteriser le travail et apprccier le hant Inte- retque prcsente son sujet pour tons les peuples iudustrieux. II n'y a gnere d'ait, en effet, qui ait etc plus que la teinture I'objet des recherches et des ecrits des peuples civilises. La traduction francaise se recommande non-seulement par tout le merite de I'original allemaud, mais encore paries re- visions et additions d'un savant connn par des travaux utiles et conscieucieux, rediges dans I'interet dts sciences et de I'industrie. Pour donner une idee nettc du cadre de I'ouvrage nous emprunterons les explications suivantes a I'editeur ; « L'ouvrage allemand se compose de deux parties bien distinctes ; la premiere, qui a pour titre : Trcdte do teintatt, et la seule qui ait rapport a I'art de colorer les tissns, n'est pas seulement un expose plus ou moins detaille, plus on moius complet des divers procedes employes dans la tein- ture et I'impression des etoffes ; s'il se lut borne a ce tra- vail, I'auteur n'efit fait que ce qui avait ete execute plus ou moins heurensement par ses devanciers. II a conpu un plan plus vaste, pins neul'; il a voulu non-seulement decrire ce qui existe, mais encore mettre sur la voic des decouvertes qui sent encore A fairc. C'est pour alteindre ce l-.ut que la ;;-)() LIVHMS FHANCJAIS. piemii'ie parlie dc son Trailt; est mi iliclionnairc descriptil' (le lou8 les corps renfennanl uii principe colorant. Que cc principe soil employe dcpnis long-tems dans nos ateliers, ou qu'il ait etc seulement entrevn par les savans, I'anteur n'en cxannine pas moins ses proprietes. Taction des divers agens snr lui , les applications possibles, s'il nc fait pas encore par- tie de notre domaine industriel, ou, dans le cas contrairc, les divers procedes a I'aide desquels on le fait servir a la co- loration des ctoffcs de touto espece. La deuxienie partie, in- litulee : Fabrication des couleurs, traite de la preparation de toutes les coideurs solides ou liquides, etc. »Cette seconde partie sera Tobjet d'un autre volume. Ditbrtinfatjt. 2^5. — Manuel du peintre en bdtimens , da fnbricant de cou- leurs, da vitrier, du doreur et du vernisseur ; contenant, outre toiit ce qui a rapport A ccs dilKrens arts, la fabrication ct la pose des papiers de tenture; les enduits hydrofuges; le ncttoyage ct la restauration des tableaux a I'luiile, etc.; ouvrage utile tant a ceux qui exercent ces arts, qu'aux fabricans dc cou- leiu'S, et a toutes les personnes f[ni vouib'aicnt dccorer elles- memes leurs habitations, leiirs appartemcns, etc.; par M. J. UiFFAnLT. Quairieme edition, entieremcnt refondue ct consi- derablement augmentee par A. D. "Vergnatjd. Paris, 1829; Roret, rue Hautcfeuille, an coin de la rue du Battoir. In-iS de 209 pages; prix, 3 fr. .^o cent. 276. — * Hisioire gen<'role des Voyages, ou Nouvelle Collec- tion des relations des voyages par mer et par tcrre, mise en ordre et completee jusqu'a nos jours; par M. C. A.Walke- NAER, mendjre de rinstitut; t.^VIT-IX. Paris, 1828; Lefebvre. 3 vol. in-8'' de 480 a 55o pages, sur beau papier saline ; prix du volume, 7 fr. (Voy. Rev. Enc, t. XXXIX, p. 446, i'annoncc des volumes precedens.) Apres avoir tcrmine, a la fin du sixieme volume, le re- cit du premier voyage de Mungo-Parti, ct avoir fait connaitre dans tons ses details son itineraire, IM.AValkenacr commence le scptieme en rapportant les observations de ce voyageur sur les pays qu'il a parcourus, lesquellcs ont pour objet le dimat des differentes contrces dc la Senegambie el leurs principaux produits, les divers peoples qui les habitcnl, les moeurs et les habitudes des negrcs. Les idees de ceux-ci sur la geographic sont tres-bornees; ils s'imaginenl que le monde est une plaine indefinimenl elenduc, dont aucun ceil n'a p»i voir les limites, parce que, disent-ils. elles sont enveloppees de nua- gps et d'obscurite. La mer, scion eux, est une grande riviere .-alee, sur le bord de laquelle est situce la tcrre des blancs. SCIENCES IMIYSIQUES. 757 tppelce Tobando-Dou. Aqiielque dislaiicc ils plaoeut tin .t-iitie pays qu'ils pretendent Otre liabito par des cannibales d'uiic taiile gigantesqiie nomnies Roujni , et appellent ce pays la ierre ou L' on vend les enclaves. II9 s'imaginent que, de tous les pays de I'univers, le leur est le meilleur, et ils se croient le pcuple le plus heureux; aussi plaignent-ils le sort des autres nations que la Providence a placees dans des contrees moins fertiles et sous des cliniats moins fortunes. Mungo-Park, qui a converse avcc des hommes de tontes les classes, au sujet de leur foi , n'hesite pas i prononcer quo la croyance d'lm Dieu, ainsi que celle d'un etat i'utur de peincs et de recompenses sont univei'selles chez eux. Le septieme volume conticnt le second voyage de Muugo - Park daus la Scnegambie, en i8o5; celui que fit en 1810 Isaac pour alleru la recherche de ce voyageur ; le voyage du major Gray et dc Dochard, de 1816 a 1821, dans le Foula-Djallon, le Boudou et le pays de Galam; ceux de Jean Maltlwws ;\ Sierra-Leone, de 178.5 a 1787; celui de Philippe Beaver, qui rentcrme I'histoire de lu tentative d'ctablissement d'unc colonic anglaise dans I'ile de Bonlama, en i792et 1793,; les \oyagcsde ff^attetfVinlerboi- ioin a Timbo et a Laby dans le pays des Foulahs , en i794» dc Gordon Laing dans le Timanni , le Kouranko et le Sou- limana , etc. Ce volume donne encore I'histoire des elablis- semens des Anglais a Sierra-Leone, de 1786 a 1826, ainsi qu'un tableau tres-interessant de rhisloire naturelle de la Senegambie , redige d'apres les ol)servations des derniers voyageurs, et qui tz'aile de la couleur des negres, des mani- miferes, des oiscaux , des reptiles, des poissons et des mol- lusques, des insecles, des vegetaux et des mineraux. Les huitieme et neuvieme volumes renferment les pre- mieres relations sur la Quince propremcntdite, qui comprcnd toutes les contrees bordecs par la cote qui s'etend depnis Ic cap de Sierra-Leone jusqu'au cap Lopcz-Gonzalvo. Tous les peoples navigatenrs de I'Europe ayant simuUancment ou suc- cessivement I'orme des etablissemens sur cette cole, etiaitcon- curremment le conuncrce lorsqu'ils etaient en paixentre eux, M. "NValkenaer a cru devoir ranger clironologiquenieut tous les voyages sans etre oblige de reunir, comme il I'a fait pour la Senegambie, ceux qui appartienncnt a une seule et meine nation. Ces resumes des voyages dc Viilaiilt , de Bellcfond , de Layer, d'JtIuns, dc des Marcliais . de TViUiam Smith, rlc BuUinck Lanih, de JP^illiani Suelgrave sont enrichis des lemarques de Barbot et de Uosniard , voyagenrs de la meme cpoque, et donnent une description complete de la Guinec, j.'iS LTVUKS FRANgAIS. d'apres Ics connaissances acquises jusqu'au milieu Ju dix- luiitit'iiie .-iiL'cIc, I'auteiir se rc'servant de Iraitci- apart, dans ja colleclinn, I'liistoiie dos voyages moderiics dcpuis cctle epoque jus.|u'a nos jours. '277. — *Jt(a.i unirrrscl de geographic ancietmc ci moderne, etc. ; par M. Lapie pcre , premier geographe du roi , et par M. Lai'IE tils, lieutenant an corps royal et mililairc des iiige- nieurs-geographes, proicsseur a I'ecolc royale et militaire de Saint-Cyr. 1", 2' et 5' livraisons. Paris, 1828; Eymery. Prix de chaque livraison composce de deux cartes coloriecs et salinees et d'vuie I'euille de textc, 5 fr. sur papier ordinaire, 6 fr. sur papier veliu. €et Alias, qui doit avoir vingt-ciuq livraisons, pourra ser- vir a la I'ois aux etudes de la jeunesse et a toutes les classes de la sociele. Redige par des geographes honores depuis loug-tems des suflVages du monde savant, il sera sans doule f'avorahlcment accueilli du public. « Les nomhrcuses re- cherclies I'ailes sur la geograplu'e ancienue par M. Lapie le mettronl a lueme de trailer cette partie de I'Atlas d'une ma- niere entiercment neuve. Quant a la geographic moderne, M. Lapie, ayant rassejnble , dans le cours de sa carricre geo- grnpliicpie, d'iumicnses materiaux sur toutes Ics divisions du globe, (lonnera a la majeure partie de son travail une phy- sioiiomie nouvelle ; telles scront : TAmerique, sur laquelle il a fail des etudes particulieres ; I'Asie, TAlrique et rOceauic, qui prcseuteront des difl'ercnces notables avec tout ce qui a paru jusqu'a cc jour. » la Turquie etl'Espagnc sont les seules contrees de I'Europe sur lesqueilcs on ne possedait pas de carles levees geometiiquement; les importantes recherclies faites par ]M. Lapie sur ces contrees lui douneront la faculle de les traiter d'luie maniere satisl'aisante. Une feuillede lexte, du meme format que les cartes, sera jointe a chaque livraison. Ce lexte conliendra des notions ge- nerales sur la slructuie de notrc globe, sagran'lcur, sa si- tuation, relalivement aux autres corps qui composent le sys- teme planetaire, sur la geographic physique en gr ncral et sur la gcogr;ipliicpoliii(]i;e de c haijue pays en parliculii r ; il dun- nera egalenicut les descriptions geographiques les jdus impor- tantes, ainsi que rindicaticui des lieux fameux (les Empires celebres, des curiosites de la natuie les plus icmar(|uables. Les trois livraisons de cet Atlas qui sont deja pu])liees donnent les syslemes planetaires ; les |)!aiiis{)heres celestes; les carles de la Plata, du Chili et de la Paiagonie ; de la Co- iwnibie el des Guyanes; de I'Afrique propre, de la NinniUic SCIENCES PHYSIQUES— SCIENCES MORALES. 7.^;) et d'une parlie de la Mauritaiiie, ct tie rAm<';riqiie iiKii- tlionale. Sieur-Merlin. 278. — Panorama g^ograplihjae de la France, par M. Brei). Paris, 1839; Aiiclin, quai dos Aiigiislins, 11° 23; prix, 5 Ir. Chaque jour on cherchedu nouveaux moyens pour siiiipli- fier I'otude des sciences dont la nomenclature et la classifi- cation sont la base. La gcographie descriptive est dc ce nom- l)re ; sa nomenclature ell'raie les esprits que les antres parlies de celte science occupent agreablcment. La division de la France en quatre-vingt-six dcparlemens oftVe a la memoire *le grandes dilKcultes, et souvent on hesite lorsqu'tl faut placer une ville dans le departcmcnt auquel elle appartient. Ccs considerations sembient avoir donne a M. Bres I'idce du Panorama g^ograpliicfue de la France. Cet ouvrage est compo- se de deux rondelles en carton, tournant sur le meme axe, ct presentant les details geographiqnes relatit's a chaque de- partenient : \ei ancicnncs provinces^, les fleuces, les rivieres, les chef-lieu, les c/tefs-lieux d' arrondissetnent ; les eveclies, arckeve- clies, academies, cours royales ; la population de chaque depar- tement,et celle des villes qu'il renl'crme, lea produits speciaux, les graiuls liommes , etc. — Chacune des rondelles tail passer le departemens qu'elle presente sous une ouverture ou I'oupeut les etudier successivement. Le Panorama geograpkique de la France, orne avec gout, pent entier dans le cabinet du nc- gociant comme dans la salle d'etude d'une maison d'educa- lion. Z. Sciences religicuses , morales, politii/itcs ct hisloriques. 279.- — *Sainte Bible de Fence, en latin et en I'rancais, avec des notes litleraires, critiques el hisloriques , des prefaces et ties dissertations tirees des commcntaires de doiu Calmct, aljbc de S e nones , de Pabbc de Vcncc, et des autres aiileurs les plus cclebres, pour I'aciliter rinlelligcnce del'Ecriturc Saintc; enrichie de figures et de carles giogra.phiqucs; Cinquieme edi- tion , soigneusement revue et auginentce d'un grand nombrc denotes; par M. Drach, rabbin converti, et enrichie dv nouvelles dissertations, ouvrage dcdie au roi. Cincpjicme li- vraison, coniposee des tomes ix ct xix. Paris, 1839; )lc- quignon-Havard. 3 vol. in-8"; prix, i4 t'". et i5 fr. Le tome ix contient le livre de Job , un des plus beau:tf monumens de philosopliie et de poesic que nous ail Iransmi.s Tantitpiite, que Topinion ia plus commune fait reniontqi" j.usqu'au terns de Moisc, a qui elle en allribue la cojuposilion. 70o LIVRES FRANCAIS. ou tlu mollis la traduction de I'arabe en Iiebreu. II contient anssi sur cet admirable ouvrage une preface et qiiatre disser- tations, oOi I'erudition est entassee avec une profusion d'au- tant plus ridicule que la plupart des questions demeurent in- decises. On y remarque cependant, dans I'cxplication du Lc- viaihan, tiree des Morales de Saint-Gregoirc-le-Grand, des traits assez piquans contre les prcdicateiu's de ce monstre qu'il serait aise de tourner contre des missionnaiies anibu- lans de nos jours. « Leviathan s'agitera avec une force ca- pable de rcpandre le trouble, s'il etait possible, jusque dans les elus du Seigneur; et il emploiera de si grands signes et de si grands prodiges, qti'il paraitra resplendissant par la puissance des miracles, comme par une Utiniere de feu. Comme la tfite de ce monstre, ninsi ebranlee, s'efforcera de briller par y'cclat des miracles, son eternuemont est Ircs-bien appele un eclat de feu; car voulant entreprendre de pcfsecuter les justes, il commence par faire briller aux yeux des reprouves I'eclat de ses miracles... de sa bouche sortenldes/fl??;/)^^, parce que ses predicateurs enflamment les ames de leurs auditcurs, en les excilantaaimerla perfidie ; et tandis qu'ils semblent briller par la sagesse, ils brulent assurement pur leiW mechancete lis s'arrogent les apparences de la saintete, et cependant ils produisent des oeuvres d'iniquile La terreur de leurs me- naces repand des nuagcs dans I'esprit des Tunes (aibles, et obscurcit ;\ leurs yeux la lumierc de la verite. >> Le volume est termiue par luie douzaine de dissertatiojis sur les psaumes, dans lesquelles on trouve moins d'incoherence et d'inulilite que dans celles qui precedent le livre de Job. Le tome xix se compose de pit'ces relatives au Nouveau~ Testament, telles que prefaces, dissertations, harmonic et concordance des evangiles; elles sont presque toutes de main de maitre. De trts-savans critiques n'ont pas laisse de les retoucher depuis et d'en faire disparaitre queiques erreurs et quelques fautcs qui les deparaient; il faudrait sans doute bien du travail encore pour les condnire a la perfection; mais telles qu'elles sont, on ne les lira pas sans fruit. II y a l>ien des annees que je ne cesse d'exhorter les jeunes ecclesiasliques A se livrer avec ardeur a I'etude des livres saints et a la cultiu'e des sciences qui en facilitent rintelli- gence; ma voix s'est perdue dans le desert. Peut-etre seront- ils plus allentifs aux avisd'un hommequ'ils sont accoutumes a respecter. Qu'ils I'tcoutent done : « II nesuffitpas, dit-il, do perfectionner les premieres etudes cleiicales ; on doit etendre plus loin ses regards, et se proposer un but plus elcve. SCIENCES MORx\LES. 761 Long-teras I'lllglisc tint en sa main le sceptre des sciences, et ce tut line des causes de I'ascendunt qu'elle acquit sur les es- prits. Ce moyen d'actiun scrait nialutenant plus puissant qu'a nulle autre epoque.... d'imuienses travaux ont ete en- trepris depuis trente ans, et sont poursuivis avec ardeur par les savans de tous les pays. 11 est tenis que la science catho- lique vienne recueillir la riche moisson qu'on lui a preparee. L'Inde, le Thibet, la Chine, tout I'Orient devoile ses anti- ques traditions, qui, par leur conformite merveilleuse avec les traditions chretiennes, fournissent de nouveaux appuis a la foi, dont I'universalite, la perpetuite , ces deux grands ca- racteres de tout ce qui est divin, deviennent chaque jour plus nianifestes. Des recherches heureuses sur les hieroglyphes egyptiens, en permettant de fixer la date precise des zodia- ques d'Esne et de Dendera, ont fait disparaitre i jamais les objections qu'on en tirait contre la chronologie de Rloise. Deja I'on entrevoit I'esperancc de penetrer au moins quel- ques-unsdes secrets de la iheologie jusqu'i'i present si obscure de ce people ancicn, et de pouvoir comparer aux recits des ecrivains juifsrhistoire des Pharaons , ecrite sur les bords du Nil. L'etude comparee des langues et celle des origiiies des peuples ramenent de tous cotes aux faits primitifs racontes dans les livres saints. Les sciences physiques, meme par leurs progres, et en particulicr la gcologie et la physiologic, ne cessent de mettre de nouvelles armes entre les mains des delenseurs de la religion , pour combattre les hypotheses anli- mosaiques et le materialisme. » J. L. a8o. — Di la nature des sciences morales, ou de la raison et de la conscience dans leurs rapports avec la loi et le pre- ccpte;par T. 31. Curel; Paris, 1829; Dufart. In-8° de XVI-552 pages; prix, 6 fr. C'est avec raison sans doute qu'on reproche ii beaucoup de Francaisune sorte d'eloignement pour les etudes metaphy- siques. Sans cette base generale, loutes les operations de I'in- telligence seraient mal assurees ou superficielles : on s'atta- ^ cherait exclusivemciit aux plus frivoles relations de la societe, A ce qu'il y a de moins genereux dans I'industrie, de moins noble dans les arts, de moins fecond dans les sciences. II faut avouer toutel'ois que cet inconvenient, que cette preven- tion ordinaire parmi nous contre les livres abstraits , sem- ble fort naturelle, siutout a I'egard des traites froids et diffus 01^ 11 s'agit des mots plus que des choses, et qu'i! est d'usagc d'etendre en quatre ou cinq pesans volumes. Au lien de lu double surabondance des affaires et des livres, comment con- 7G3 LITRES FRANC AIS. sacrer tie sludienx loisirs ii des hypotheses si nonibieusoi , dont soiivciit la diflorence, decisive aux yeux des auttuirs, n'a Hen de Ires-fiappant poiird'aiilres, niais dont la connais- sanre raisoiinee devient faligantc, ct dont bientot la nuinen- clatuie meme sera prcsqne impossible. Cos rellcxions generales ne saniaicnt s'appliquer dans leur liguenranx recherthesde M. Cnrcl snr la nature des sciences morales. Ce livre dilTere beaucoup d'nne aride terniinologie; il apparticnt a la mctaphysique dc tons les tems, a celle qui, en gnidant rceilement rintelligcnce, an lieu de la distraire par de graves fntilites, peut servir a reclifler les notions dc justice, a pcrfectionner les lois, a rapprocher chaque chose de son pi'incipe et de son but. Cest dans la nature meme des perceptions humaincs, si imparl'ailes quand il faut descendre des abstractions inva- riables a I'^lre mobile, que I'auteur cherche les rapports de la loi ef du prccepte avec la conscience. II ne fait point d'elle une facnlte innee, d'autant plus pure qu'on s'eloigne- rait moins de I'ignorance primitive. Au contraire, et ici M. Curel nous parait avoir raison contre Rousseau, la lu- miere de la conscience, on la rectitude des moeurs siiivront le progres des idees,et nous senlirons mieux la justice quand nos I'aisonnemens seront moins bornes, quand notre juge- ment seia moins aveugle. Telle est la base du systeme de I'auteur. Quant aux consi- derations particulicres auxquelles il s'arrete le plus, elles in- teresseronl aussi les lecteurs qui s'attachent aux veiiles utiles, presentees d'nne maniere convaincante. Parnii ces digres- sions, ils jiourront remarquer unc note sur les deux educa- tions pultlique et domestique, des reflexions sur la peine de mort , sur !a medccine, et particulierement sur la sagesse et le boidieur. « La sagesse, non plus que Ics autres vertus , n'est pas, dit M. Curel, le dernier terme de nos desirs; nous ne la pratiquons f[ue parce que nous croyons y renconlrer des elcmens de bonheur. » Mais I'idee qu'il se forme du bonheur meme ne laisse a cette sentence rien d'equivoque. 'I Le cercle de notre lionheui-, aioute-t-il, n'est autre que le cercle de nos facultes. L'intelligence s'agrandit en prcnant pour objet la vertu. Si I'aine sent (ju'elle s'est elevec (on qu'elle s'est efl'urt^'ee de s'eleverl au deiiiier terme des lois morales et religieuscs, ellc jouit de la plenitude de i'exi.s- lencc. » S. a^i. — * Mflani^cs phUospphiqites de sii' James Mackintosh; Iraduils de I'anglais, par Z-c'on Simon. Paris, iS'ii); .luliauneau. SCIE?{CES MORALES. jOn rue du Coq-Sainl-Honure. Iii-S" ile xvot 368 pages; pr., 6 IV. Ces melanges se composcnt de trois articles extiaits de la Revue d'Ediniljourg. Les deux premiers out pour oljjet !'//«- ioire (lea Sciences mHapltymjaes, morales el poUtlqaes, dcpids Li renaissance des lettres en Europe, ouvrage de Dugald-Stewarl, dont JM. Buchon nous a donne une traduction, et le trni- sit'me est une critique du livre de M"" de Stael sur I'AI- lemagne. Mackintosh cherche plus haut que Dugaid-Stewart le ber- ccau de la philosophic moderne. II signale les premiers pas de cette science dans les tentalives faites par la scolastique an XII' et xiii" siecle, pour echapper a I'autorite de I'i'glise. Saint-Tliomas d'Aquin, Scott, Cuillaume d'Occam, Richard Suisset et Roger Bacon, sont les heros qui levent alors le drapeau de I'independance. lis sont suivis plus tard de Pa- trice, Pomponalius, Campanclla , etc., dont les travaux prouvent que la revolte contre Aristote et les ecoles avait en lieu pres d'un siecle avant Bacon, et c/u'ainsi I'on doit mains d ce philosophe I'ardeur de I' insurrection que la sagesse de la re- forme. Aupres de ces metaphysiciens, I'auteur nous prcsente , avec Dugald-Stewart, la grande figure politique de Machia- vel; il examine la question qui s'est clevee sur I'intcntion de cet ecrivain; il pense que le Livre du Prince ne doit etrc at- Iribue ni a un sentiment d'ironie, ni a un cceur deprave, niais tout simplement a une conception scientifique. L'auteur, selon Mackintosh, a eu pour but de faire la theorie psycho- logique du tyran , et de memc (jue pour un traite sur les sub- stances veneneuscs, le chimiste ne serait soupconue ni de vouloir aider les cmpoisonneurs , ni de chercher a en tracer la satire, de meme 3Iachiavel doit etre absous et de toute connivence avec la tyrannic, et de toute pretention a une ironic impuissante et maladroite. Le Livre du Prince cut le malheur de servir de manuel a plus d'un tyran, et cnlre au- tres a Catherine de IMedicis. comme la theorie dcs poisons dirigea plus d'unassassin ( Yoyez ci-dessus, p. 81 eto^G, deux articles sur le caractere et les ouvragcs de Mcwltia>el) ; aussi voyons-nous avec plaisir arriver aprcs Machiavel la suite des auteurs qui fondcrcnt le droit public et le droit inter-nalionai: Grotius et Puffendorf sont les plus celehres de ( etie serie. Les autres portraits que nous rencontrons dans ce vasle musee sont, d'lme part. Bacon et ses descendans legitimes : Holdies, Gasscndi el Locl,e: et de Tautre, Descartes avec ses he- riliers directs; Mallcbranclic, Spinosa, Leibnitz, Norris, Collier -04 LIVUKS FUAISCAIS. cl Berkeley. Lcs sooprK|ut's Montaigne cl BayU suiil joU'S enlr<; les deux lij^nes, exposes aux coups dc chiicuiu; ol liiaiil sin- toutes les ilcux ; et enfin la iluuiic so tcniiino a llcid cl a Bufficr, qui, rejctant I'csprit cxclusif dcs deux ecoles, vx.- cucillcnt avcc soin ce que chacnne d'elles a pioduit d'cxcel- leiit, et coinpLaiit avec scrupule les principes incoulestables de I'esprit luiiiiain , mettent le scepticismc lace a lace avcc le Ixm sens. L'aiticle sur le livre de M"" de Slaiil est une exposition lidcle, ingenieuse et proloiule de ce hel ouvrage. II est de- poiirvu de cet etioil egoisiiie national dont les Anglais onl donne tant de prcuves, et sans abandonner aucun litre dc gloire de rAnglctene, I'auteur regaide sans envie les palnies dcs antics nations. Nous pcnsons done qu'on ne lira pas sans instruction et sans inteiet ces melanges pliilosophiques d'un liomnie qui defendit conlre Burke les principes de notre revolution alors pure de sang, et recut de I'assendjlcc nationale Ic litre de citoyen francais, qui, plustard, plaida pour reuiigre Pel- tier contrc I'orgueil de Bonaparte, et qui pronvc, par un exeniple dc plus, combien les etudes philosophiques donncnt de prol'ondeur et de mclhode a Tcloquence parlementairc. Jdu/phc Garnier. 28a. — IJisioire de I'Univcrsite dcpuls sun origine jusf/u'd nox jours, par M. Eugene Dvearl-e, avocat a la cour ro^ale dc Paris. T. I. Paris, 1829; Bricre. In-8" de xv et 568 pages; prix, 7 iV. 11 y aura deux volumes. L'Universite de Paris tient une place importanle dans I'liis- loire de la civilisation moderne. C'cst done une heufense idee que celie qu'a cue iM. Dubarle d'en reUacer les annales. Deja, il est vrai, DubouUai et Crcrier avaient renipli cetle lache. Mais le nouvel historien pcnse avec raison (pie Ton peut aujourdiiuienvisager ce sujet sous un point dc > Terminons nos extraits d'un discours que chacun voudra lire, a I'exception du petit nombre d'homuies que les preju- ges ou des interets mal-entendus rendent ennemis des lu- mieres, de I'iuduslrie, de tout ce qui pent donner aux peu- ples le sentmient de leur dignite. M. Dupiu ne s'adresse pas a ces honmies , non plus que la Revue Encyclopidir/iie. F. si85.' — *Trcdtedes rentes foiicieres, suivant I'ordre de Polhicr, et d'apres les principes de la legislation nouvelle ; par MiM. FoELix et Henrion, avooats. Paris, 1828; J. J. Blaise aine, rue Ferou-St-Sulpice, n. 24. In-S" devij et 5oo pages; prix, 6 Ir. Les auleurs de ce traite nous apprennent, dans leur intro- duction , quel a etc le motif qui les a portes a rentrepreudre. lis penseut que plusieiu's savans ouvrages de Pothier out perdu de leur utilite pratique par suite des imnienses chan- gomens qui se sont operes dans la legislation I'rancaise depuis que ce grand jurisconsulte ecrivait. lis out en coiisequence concu le projet de les adapter a I'etat actuel de la legislation. << Ce n'est done pas, diient-ils, une reimpression pure et simple; ce n'est pas non plus la reprothiction du tcxle avec I'indication sommaire des changemens qu'ont subis les prin- cipes. Plusieurs traites, cclui des Obtlgatio7is,dG ia J^entc, etc., sont h I'abri d'uue ret'onte generale , parce que la legislation nouvelle n'a point apporle de nombreuses modifications aux ancienncs lois sur la matiere ; mais il en est qui, tels que le coniral dc hail a. rente, ne doivent conserver, pour ainsi dire, que leur i'orme exterieure ct le cadre trace par Pothier, parce (|ue les lois rendues depuis 1789 out entii'rement change les principes. » Certes on ne peut se dissimnlcr qu'il u'y ait une sorte de SCIENCES MORALES. ^Gg lemerite a deux jeunes jurisconsuUes, de reiaiie uii ouvrage de Pothier. Hatons-nous de dire cepcndant que cette lache diflicilu a etc accoiiiplie d'linc manirrc tres-satislaisante par MM. FoELix ct HenkioiS'. Leur Traild des rentes funciaes est un livre utile qyi repand de lives luniieres sur cette partic du droit. Un nitrite parliiulier a ce livie, c'est que, dans des notes savanjies et interessantes tout a la fois, les auteurs rapprochent dos dispositions de la legislation francaise sur la niatitre celles du droit de rAlleniagiie et des anciens depar- leniens de la rive gauehe du llhin qui out rapport au nieme sujet. A. T. 286. — Manuel de la bourse, contenant des 7ioiions exadcs sur les e/fets publics franrais et etrangers , avec I'etat de leur cours respectif depuis Porigine; sur les affaires qui se iraitcnt Ilia bourse de Paris : marches au coniptant et a terme ; mar- ches fermes , lilires ou d prime, reports et differenles ma- nieres de speculer; sur le micanisme du cliange : arbitrages, regie conjointe, etc.; un apercu sur la bourse de Londres, et sur les fonds publics en Angleterre ; des tableaux d'craluaiion en francs des obliii;ations d'Espagne et des ccrtificats Faicon- jut ; de I'intcrt't de Targent place en 5 et en 5 pour cent aux diflerens cours de la rente, et des regies generales pour tons calculs relalils aux effets publics; I'etat des finances de touies les puissances du globe, et la liste de MM. les agens de change pres la bourse de Paris, etc. Seconde edition enticrement re- I'ondue et augnientee de tables d'iuteret, composee pour I'a- mortissenient et pour raccroissenient des capitaux, etc ; par Lamst. Paris, 1829; Sedillot, libraire-editeur. In-i8de 222 pages; prix, 2 fr. 5o c. Toute consideration de finances doit reposer sur des chiffres, et un manuel qui presenle, dans un cadre assez resserre, une toule de documens precieux, de fails positifs, est un livre vrainient utile. Le titre que nous venous de transcrire in- dique assez le but de I'auteur; il a voulu reunir lout ce qui pouvail se raltacher aux affiiires de la Bourse, et si d'un cole les capitalisles , les speculateurs et les rentiers y trouAent tons les renseignemens possibles sur les effets publics fran- cais el etrangers, et par suite sur les meillcurs modes de placement de capitaux; de I'autre, ceux qui s'occu[)enl des hauls interels fuiaueiers verront dans le tableau ties fmancesde toutes les puissances du globe, dans les tables d'inleiet com- pose, pour rauiorlissemeul, dans I'etat progressil' du cours des fonds publics en France el en Angleterre , des sujels de meditation du plus grand inleret. Z. T. xti. MARS 1829. 49 77() UVr.ES FRANCAIS. 287. — Tableau de la Clironologie de I'Histoirc des CuUcs , depuis la creation du mondc jiisqii'a nos jours, mis en legard (Vune Chnmologie de t'Hiftoire profane unirersclle; par M. A. Robert. Paris, 1829; au bureau du Journal de la Langtie francaise, rue de llichelicu , n° 21; ct ehez I'auteur, rue Gail- Ion , n° 6. Deux feuilles colombier velin ; prix , 8 fr. IM. Arnault Robert, dans un grand tableau ingenieusement dispose et colorie avec goflt , a trace la chaine chronologique de I'histoire des croyances religieuses qui , depuis les terns Ics plus recules , ont partage les opinions des hommes. Ce tableau , concu sous un point de vue neuf et piquant, pre- sente d'un coup d'oeil tons les rapports qui licnt entre elles les grandes periodes de I'histoire des cultes et leur correla- tion avec les faits de I'histoire profane. II descend jnsqu'a nos jours en parcourant tons les dcgres de I't'chelle des teins, en rassemblant tons les laits epars de I'histoire des cultes, et placant eu regard la chronologie de I'histoire profane uni- vcrselle. L'auteur trace encore sur le meme plan une esquisse de la chronologic de I'histoire de France. II la commence 700 ans avant J. C. , an tems de I'origine des Francs, issus d'une colonic de Gaulois , en Germanic ; il les suit dans leurs rapports avec les Romains, conlre lesquels ils ont long-tems combattu , et dont ils ont soutenu eusuite la gloire aflaiblie , pendant la decadence de I'empire, jnsqu'a I'epoque de leur invasion dans la Gaule , leur ancienne patrie. Nous remar- quons encore sur ce tableau uu episode curicux, c'est la fdia- lion dos sectes iunombrables qui sent sorties du christia- nisme ; elles sont representees par des ruisseaux qui partent de la source premiere , el decoulent ensuite les uns des au- tres presque i\ I'infini. Le pied du tableau, oi'i se tcrminent les fleuves qui sont I'embleme des fluctuations religieuses, donne , sur une meme lignc , la statistique des cultes d'au- jourd'hui dans toutes les parties du monde. Si, dans ce grave sujet , l'auteur s'est un peu aveuture en recherchant le tems de I'origine de I'idolatrie, il le sait bicn >-ans doute , et nous ne lui en ferons aucun reproche, en fa- veur de son systtme qui nous parait sagement concu. R. P. L. 288. — Introduction d I'Histoire du moyen age; par C. G. Ghesnon. Bayeux, i827;Groult. Paris, Raynal. In-8" de 1 1 1 el 246 pages; prix , 2 fr. 25 c. L'auteur partage son histoire en sixepoques, dont la pre- miere commence a la division de I'empire de Theodosc , et s'elend jusqu'a la d»!struclion de I'empire d'Occidenf , la sc- SCIENCES MORALES. -71 condc va jusqu'a rempire de Charlemagne; la troisienie non< meiic aiix croisades, qui font le siijet de la quatrieme ; la cinquienie coniprend I'liistoire de I'empire des Francais a Constantinople; et la sixieme nous conduit jusqu'a la prise de cette capitale par les Mahometans. II n'y a rien a dire sur • ette composition, sice n'est qu'en placant en regard I'his- toire des deux empires , et sur les cotes on en tete de chaque chapitre, les noms des rois ou des personnages celebrcs pen- dant chaque epoque , M. Chesnon a rendu service a la me- nioire des enlans. Les resumes qu'il a places a la fin de ses chapitres ne doivent pas nou plus leur etre inutiles. II a joint i'l I'liistoire des faits une esquisse rapide des progres du Ian- gage. Cette addition, sans etre tout-a-fait superflue, donne des notions trop peu etendues pour que I'on puisse y attacher line grande importance. B. J. 289. — Notice sur la vie et les travaux du voyageur Burck- harbt; par M. Sieir-IMerun, memhre de la commission centrale de ia Soci^ii de geographic. Paris, 1828; Coniam, rue du Faubourg-Montmartre , n" 4- In-S" de 32 pages. Uien n'excile un plus vif interet que la carriere de ces har- dis et patiens explorateurs du globe, dont les travaux livrent gradueliement sa surface cntiere a notreayidecuriosite. Leurs aventures ont quelquefois tout I'attrait du roman, et combien ne dcviennent-elles pas plus attachantes encore quand on songe que tant de traverses, de fatigues et de perils, loin d'etre fictifs, furent bien reellenient eprouves dans le noble but de servir la science et I'humanite. Parmi ces hommes si recommandables, et dont la renommee devrait etre plus ecla- tante encore, Burckhardt doit occuper un rang distingue. La notice que iM. Sucur-Mcrlin lui a consacree nous fait tres- bien connaitre les vicissitudes diverses de sa trop courte exis- tence , ainsi que les principaux resultats des excursions du voyageur dans plusieurs contrees d'Asie et d'Afrique. II n'y a rien de trop dans ce morccau , et rien d'important n'y est omis. Le style est dair et facile, et la redaction niontre par- tout im liomme au couraiit des dc'couvertes modei'ncs, ou, comme on dit, a la hauteur de la Science. Qnoique fort court, ce travail pourra ajouter a la reputation de iM. Sueur-.AIerlin , I'un des membres les plus distingucs de la societe de geogra- phic. Quant au personnage dont la notice retrace les travaux, je rappellerai siniplcment que P.urckhardt, ne en Suisse en 1784, partit d'Angleterre, en i8og, pour le Levant, et se fixa a Alep, oii il acheva de se perfectionner dans la connais- sance des langucs et des moeurs orientales. Dans le cours dc« 772 LTVRES FRANCATS. annees 1810;^ 1813, ilfit, sous lo nom dc Chcikh-Iln'ahim, *t avec tout I'extencnr il'un Musnlinon , diverses excursions en Syiie. En 1812 , il sc rcndit an Caire , sous Ic cosiunic de bedouin, en passant an travels d'une cnnlreepeuconnue entre la mer Morlc et la mer Rouge. Apres avoir remonle les deux rives du Nil, il attendit a Esne nnc caravane qui sc rendail en Nubie. Dc eette conlree, il passa en Arabic, on il visila la Meccpie et Mrdiue. Revetu alors du litre bonore dans tout rOrient de badgi (pclerin) , il revint au Caire; mais Ic elimat de I'Arabic avail allere sa forte conslilulion, et de relour dans cettc vilie, apres un court voyage au mont Sinai, il y i"ul pris d'une violeute dyssenterie; peu de jours apres, malgrc tons les sccours de I'art, il exi)ira en cliargeant M. Salt, consul brilannique, et scul deposilaire de son secret , d'apprcndre a sa mere ([u'il n'etaitplus, et de lui dire que sa dcrnicre pensi'e avail eie pour elle. C'etait en 1817, et Burckhardt ou Chelkh- Ibrabiin n'ctail par consequent age que d'environ Irente-trois ans. II allait parlir pour Tombouctou avec une caravane, et sa fin premaluree I'empecha probablement d'accomplir une entreprise qu'un Francais, M. Caille, a beureusement inise i fin dix ans plus tard. P. A. D.... 290. — Les Dlx melanges, on Memoires secrets, Histoircs inediles , Portraits du caracterc d'bommes singuliers , con- tcmpoiains ceUbres ; Critique dii premier theatre de Londres et de Paris, etc., etc.; par A. CuAXEiUNECF. Premier cahier. Paris, 1829; Ponlhieu. In-8'' de 64 pages; prix, i t'r. 5o c. M. Cbaleauneura fait reiinprimer une seric'd'articles sur des sujets extreniement varies qui avaient etc d'abord ac- cueillis par un journal des theatres. Quelle liaison y a-t-il entre tons ccs I'raginens ? Aucune. Ce sent des recherches d'erudilion quehjuefuis pen nouvelles et peu profondes sur la cbartc nobiiiaire des vingt mille families de bouchers dc Paris, sur la faussete ou I'alteration des genealogies, sur le cardinal Dubois et le Regent, sur les flatteries des grands ecrivains, sur la comcdic anglaise, et des notices sur deux aclriccs, ]>!"" Raucourt et Mellon, et sur 'William CoI)l)ett. Nous ne pouvons ajoiilcr aucune reflexion a cettc cspece de table des nialiercs, cpii suflira aux amateurs de ce genre d'ecrils pour leur faire rcconnaitre ce (pie celui-ci peut contenir de piquant et d'instruclif. «. 291. — Rcponsc aux of/serrations d^ un officio' d' Hal-ma j or russe, sur la dernicre campagne de Turqaie; par Victor iAIa- GKiEa, oflicier d'etat major francais, chevalier de la Legion d'hoiuieur, etc. Paris, 1829; Evcrat. In-8° de 53 pages; prix, 2 fr. SCIENCES MORALES. r;." L'equite et les egardb que Ton doil aux etraiigers nous por- teraient a blamcr I'acriinonie de cettt; rcpouse, si nous n'a- vions point lu lc*s notes qui la terminent. Ainsi, la fuiioste canipagne do 1812, oulic les niaux iju'ello a repandus a ilots sur le passage des arniecs belligerantcs, est encore aujour- d'hui ineme une source do haines iniplacaldes entre dcs hom- ines fails puur s'estimir! et ces passions que le terns n'affai- blit point, la morale la plus severe ne les condamne tpi'a re- gret; pen s'en faut qu'ellc no ks absolve. 11 faut, sans doute, pardonner dcs exces comniis par une nation qui defend son territoire et son independance, et qui snpporte avec eourage les epouvantables rigucurs d'un hiver du Nord et de la disct- tc : mais une alijectc brutalite, telle (jue celle du general Igna- Idojf, gouverneur de Minsk, n'est excusable nullopart, dans auciine circonstance, et fletrirait la plus noble cause. L'oificier rnsse auquel M. Magnier repond a presente les evencmens de la dernicre campagne sous I'aspect le plus fa- Torable a son pays, le plus honora!)Ic pour ses freres d'armes : il n'a point ramene I'opinion , ses cfforls out etc et reste- ront inutiles. On demeurera convaincu que le gouvornenient rnsse vocdaitobtenir de cette campagne !)eaucoup plus qu'clle n'a produit, que les operations ont ete mal dirigc'cs:on s'e- tonnait que les generaux de cette nation eussent oublie si promptement I'art de la guerre , et mali:re les explications de rollicier rnsse, on ne le concevra pas micux. S'il ne fallait pas etre tres-scrieux dans une matierc aussi grave, on bla- meiait les Piusses d'etre entres en campagne avec le nombre malencontreux, nefaste de 85, 000 hommcs ! ]Se se souvien- nent-ils plus qu'en 1792, 85, 000 Prussicns entrerent en France, prirent Verdun, penetrerent en vainqueurs dans la Champagne, et furent battus; que, dans le cours des guer- resd'Itaiie, pendant la revolution francaise, 85,ooo Nttpoli- tains entrerent triomphans dans Rome, et se firent battre? On I'erait une longue liste des mefaits de ce nombre si pernicieux aux succes et a la gloire d'une armee : la campagne prochaine nous apprendra jusqu'a quel point les Russes ont eprouve son influence. Si la paix etait faite dans les circonstanecs ac- tuelles, (He ne serait pas honorable pour la Russie, car elle n'a pas encore le pouvoir d'en prescrire les conditions, et alors on ne douterait plus que la campagne de 1828 n'ait ete malheureuse ; on se gardcrait bien de parler de la gloire que les armees russes y ont acquise. M. Magnier reduit a sa juste valeur I'une des operations les plus importantes et les plus fructueuses de celle campa- ;7^ LIVKES FllAiNCAIS. gne, la jirisu de Varna par 1«!? Iliibscs. En cffct. Ics lios-inaii- vaises et iniomplctcs tbrlificalions do cetlo place n'aiiraicnl pas tcnn aiissi long-tcuis, si les altaques avaient clc dirigues aveo habiletc; ct c'tst la dcreilion qni I'a livreo! M. IMagnier a sonvent raison quant au fond, et Ton regrette d'autant plus qu'il n'cxpose pas scs raisonnemens avec le calme qui les cflt rendus encdre plus peisuasils. Au snjet de cettc faclieuse polemiquc, nous pounions pla- cer ici dc storiles verites sur les mensonges officiels, la tur- fanterie des bulletins et les histoires mUitaircs qui nietlcnl en oeuvre ces documens infideles. L'histoire de la rampagne d(.' Turijuio sera ecritepar lesllusses dans le style de leurs bulle- tins, elpeut-etre par les Turcs, en style des millcet une uuits : quel profit en tireront I'art de la guerre et l'histoire generale, I'ecole des guerriers et cclle des peuplcs? Quelques interels peuvent chercher a faiisser les doctrines enseignees aux na- tions, niais tons s'accordent sur la necessite de ne fonder les jML'ceptes d'un art que sur des principes vrais et des faits reels. Malgre ces observations, et toutes celles qui pourraicnt veuir a leur appui, les bulletins de la campagne prochaine n'en se- ront pas plus vcridiques. F. Littcratiirt. 292. — * EncycLopcdie vioderne, ou Dictionnaire ahregc des sciences, des lettrcs rt des arts, avec I'indication des ouvra- ges oi'i les divers sujets sont developpes et approfondis; par M. CouRTiN, ancien magistral , et par une Suciitc de gens de Icttres. Tome xv. Paris, 1829; au bureau de I'Encyclopedie moderne, rue Neuve-St.-lloch, n" 24. In-S" de 674 pages; prix du vol., 9 fr. (Voy. Rev. Enc, t. xxxix, p. 47<5) Ce volume, qui contient depuis le commencement de la let- tre L jnsqu'anx lellres MAX, pent etre compte parmi les plus remarquai)lcs de ceux que I'editenr a publics jusqu'a ci^ jour. 11 u'est gucre possible de taire I'analyse d'un diction- naire ; nous nous bornerons done i citer les articles qui nous out le plus I'rappe et le petit nombre de ceux qni nons ont paru laibles et pen complets. Les articles Lcgislatear, Lois , Liberie, Majeste (loisdelese), Marcftrs, parxM. J. -P. Pages, meritent d'etre places au premier rang. Dans un siecle oi'i tout a ete dit, on est souvent oblige de parcunrir dc- lourds volumes pour rencontrer inie pensee ueuve ; il seudjie qu'il n'y ait rien a glaiier, suitout duns le champ parcouru par Gruiias, Piiffcndorf, Montesquieu, J. -J. LITTKRATURE. 775 Rousseau. M. Pages y salt inoissonner encore a pleincs uiairiij. Les vucs lumineuses, les rappiuchemcns judicieux et inat- lenduh, les geueralisatiuns prulundcs abondent dans ces pa- ges si serrees et si pleines de choses. Son style, comnie nous I'avons dit deja dans cerecueil, a qiielijue chose de cctte clarfe nerveuse qui distingue Montesquieu, sans etre depourvu de cette chaleur eloquente qui respire dans les ecrits du citoyen de Geneve. Ces articles doiventetre medites avec attention; apres les avoir lus, on y reviendra encore ii plusicurs reprises, et, certes, ce ne sera pas sans profit ni sans plaisir. L'article Laiigues est asset etendu ; mais on ne rcgretle pas Tespace qu'il occupe ; le nom seul de sonauteur, Al. Kla- PROTH, nous dispense d'en faire I'eloge. On y trouve de cii- rieuses et savantes comparaisons entre toutes les langues, qui sont clairement classees par laniilles d'apres leurs racines. Les articles Lithographie, par M. de Lasteyrie; Libertis Gallicanes, par M. I'abbe A. Gcillon de JIontleok ; Marine, par M. Pauisot; Livres saints. Martyr, Martyruloge , par l\l. I'abbe Flottes, nieritent d'etre distingues et teinoiguent en nieuie tenis de I'art d'ecrire et de la science de leurs au- teurs. L'article Mrt(/ng-«/, parM. A.-V. Arnault, est I'orl spiri- tuel et contieiit des citations bien clioisies. La plupart des articles d'histoire naturelle sont do M. BoRY DE Saist-Vincejst et sont dignes de la reputa- tion que ce savant s'est acqnise par une piquante originalitc de vues et de style, qui n'acconipagne pas toujours la science. Nous devons cependant relever la uianicre leste et un peu nieprisante dont il parle du livre de Job (article Lcvial/tan); ce livre est un beau monument de la poesie primitive, qui Uieriterait notre admiration, quand il n'aurait pas, sous d'au- tres rapports, des titres a notre respect. Nous blamerons l'article Litterature qui commenre, a no- tre avis, par une definition a moltie vague et a moitie I'ausse, et qui est plutot une amplification de college I'ort bien ecrite, qu'un article de dictionnaire. L'article Libre arbitre nous sem- ble incomplet, et fait un contraste fucbeux avec les exccllens articles de philosophie de M. Millon. Nous nous batons de terminer nos critiques; nous avon- cite tout ce qui nous a paru i'aible dans ce volume : cesl luie espece d'injustice, puisque nous u'avons pu signaler qu'unc bien petite partie des excellentes choses qu'il conlient. A. P. ago. — * Atlas IdstoriqKc r.l c/irunulogit/ue des litlrraturcs un- ricnnes et modernes, des siicuccs et des bcau.v-arls , d'a[)res l.i 776 LIVRES FllANCAIS. melhode dc A. Lesagc (comte de Las Canes) , et propre fi er» former le complement ; par A. Jakby de Mancy. Sixieme li- vraison. Paris, 1828; Jules llenouarcl. Un cahier in-folio. Prix de la livralson , 8 fr. ( Voy. Bcv. Enc, t. xxxviii , p. \c)'\). L'hisloire de la litterature cspagnole et celle des sciences malhemati(pies sent contenues dans les deux tableaux dont se compose cetteG" livraison. On y retrouve,avec la melhode dont nous avons dejareconnu I'agrement et I'utilite, la meme exactitude pour les details et la meme intelligence de I'en- semblehistorique. Sans doute,le texte des histoires litteraires doit etre etudie dans les livrcs, ou I'avoir ete prealablement lorsqu'on parcourt ces tableaux, mais on nc pent nier qu'ils n'offrent un attrait puissant pour taire naitre cette curiosite, et de grands avanlages pour I'eclairer et la soutenir. C'est comnic la carte goograpliique relativemcnt a la lecture d'un voyage ou d'une campagne militaire. Cettc Utlercdure cspa- gnolc, par exemple, originale, et isolee en Europe comnie le genie de la nation qui I'a f'aite , se retrouve ici dessince d'une manicre instructive et piquante. Quiconque I'a un peu itudiee , ne fut-ce que dans 1 estimable ouvrage de M. Boa- ierwek , aimera, en parcourant le tableau de M. de Mancy, a recueillir et a coordonner bien des souvenirs interessans, niais d'autaiit plus fugitifs qu'ils sont presque sans liaison avec les traditions et les habitudes litteraires du restc du monde. Mais combien encore de richesscs delaissees , faute d'avoir ete bien scnties ailleurs qu'en Espagne, faute d'avoir ete apprecices par des critiques assez avances dans ces voies ecartees , assez originaux eux-nicmes pour bien faire ressor- tir toute I'originalite cspagnole ! Veut-on s'en faire une juste idee , on n'a qn'a se rappeler cette admirable ecole de pein- ture des Murillo et des llibera, qui a egale peut-Ctre les plus celebres ecoles de I'Europe, mais qui est restee a part , presque sans influence au-dehors, enfin mieux senlie que jugee. II en a ete de mcme en litterature, et pis encore, car il faut plus de peine et de tems pour connailre un livrc qu'un tableau. liC-seul Qiicvcdo, genie fantasque, serieux et bouf- fon , tendre et satirique , different de Cervantes, mais digne de lul etre assiniile, faute d'aulres termes de comparaison ail- leurs, car avant tout c'est un Espagnol; ce sculhonimc, dis-je, n)erilerait un historien : sa vie aventureuse et atta- chante serait une digne contre-parlie de I'expose dc ses ou- vrages ; mais, helas ! a peine ceiisi ([u'on a nomme le Voltaire csjui^noL a-l-il trouve des cdileurs. Le tableau des sciences mai/umalit/ucs nous parail I'un des LITTERATtJP.E. 777 mieux fails de cet atlas. L'auteur a heureusement combine I'interet scienlifiqne, en marquaiitavec precision Ics progres des diverses hraiuhes de son siijcl , avec I'ordre chronolo- gique des noms celel)ies qu'il paicourt, depuis Yao le Glii- nois , Thales et Pythagore , jusqu'a Delambre et Laplace. L'histoire de Bossut lui a foiiini un utile secours, et il I'a continuee en quclque maniere pour tout ce qui lient aux faits et aux peisonnages les plus vecens. Un accessoire de co ta- bleau , propre a donner uiie idee des pas que la science a fails de nos jours, est la scrie des questions proposces et des auteurs couronnes en France, depuis 1796 jusqu'a present.Les details bibliographiques auraienl nui a la nettete de I'effet quo produit cetle grande esquisse , calculee surtout sur la inarche des decouvertes. ftlalgre la richessede ces tables synoptiques, seniblables i des livres qui seraient ouverts a toutes Ics pages en menie tenis, la matiere pent quelquefois deI)ordcr ses cadres. iM. de Mancy supplecra a cette omission dans le nu- mero XX de son Atlas, ou il joindra aux fastes de la Zoolo- gie, de la Botanique et de la Mineralogie, un apercu de Bibliographic generale etspeciale des sciences mathematiques et jjhy-iques. V^ — G — r. 294. — * Examcn critique des Dictionnaires de la langue fran- faise, ou Recherches grammaticales et litteraires sur I'ortho- graphe, I'acception , la definition et I'etyniolugie des mots, par Cluirlcs iNodier. Paris, 1828; Delangle friires. In-8" de 422 pages; prix, 7 fr. Les ouvrages de M. Nodier sont en possession de fixer I'at- tention du public : soit qu'il raconte les espicgkries de Tril- by, soit qu'il depeigne les demons de Sniarra on qu'il retrace les aventures de Jean Sbogar, I'originalite de son esprit, les lournurcs piquantes ct varices de son style lui assurent tou- jours de nombreux lecteurs. II transporte aujourd'hui toutes ces qualites dans un ouvrage plus serieux : il est permis de croire qu'il n'aura pas moins de succcs, et que, grace a lui, les dcfauts qu'il reproche a nos dictionnaires en disparai- tront pen a pen. Ces dcfauts sont de plusieurs sortes : b s bar- barismcs , les neologismes , la mauvaisc orthographe , les faux-sens, les omissions, les faux raisonnemcns , les batto- logies , les ccrdes vicieux dans les definitions : \oila, sauf erreur, ce que M. Nodier trouve a rcprendrc d.iiis Ks dic- tionnaiies de la laniiue francaisc; comnie il n'a pas liii-meinc resume ces dcfauts, et (pi'll a seulcuient clause, pir ordrc al- phabetique, les mols qui lui semblaient avoir cle mal definis ou mal orlhograpliies par les Icxicographes , il est possible 7^8 LIVRES FRANgAIS. qii'il m'e(;happe quelquc those. Au restc le Iccleur pourra se liiire uik; idee nette de cet ouvrage, en apprenant quelle en lut roc'casion. M. INodier, fiiyant dans sa jeunesse un mandat d'arrel, tut recu et heberge par plusieurs cures, auxquels il te- moigne dans sa preface toute sa leconnaissance. Ces cures avaient souvent des discussions litteraires, qu'ils ne pouvaient terminer qu'eu consultant leurs dictionnaires ; comme aucnn d'eux n'avait le uieme ouvrage que son voisin, la plus legere question voyait souvent naitre cinq ou six solutions differentes, dont quelquefois aucune n'etait juste. M. Nodier en conclut avec raison que tous les dictionnaires n'etaient pas sans er- reurs ; des lors,il ent I'idee de les comparer et de mettre mot par mot snr le papier les observations critiques auxquelles ils pouvaient donner lieu, soil en eux-memes, soit par leur coni- paraison avec les autres. Voila le plan de son nouvel ouvrage. Nous n'y chercherons aucune citation ; d'ailleurs que citer d'un dictionnaire ? mais puisque tout son examen consiste en une critique de mots, M. Nodier nous permettra, sans doute, de relever ici une erreur dans laquelle il est touibe lui-meme, c'est au mot apocope. « M. Noi^l, dit-il, definit I'apocope une figure qui consiste a retrancher quelque chose a la fin des mots; et quand c'est au commencement, ajoute-t-il, com- ment appelle-t-on cette figure, si ce n'est apocope (i) ? » On (i) Je fais cette observation seulement paree que la critique deM. No- dier n'«';tait pas juste; car, du resle , il n'y a rien de moius n6cessaire a savoir que les noins de toutes ces figures de mots. Un gramuiairien ecri- vait, en 1806, en parlant des figures de grammaire : « Ce monstre f'e- melle {I'el/ipse) a re^u dans son lit un despote capricieux et grossier , un butor anarchique noinme ['usage, et ce pernicieux accoupleuient a ete celebre par des rejouissances extravagantes. Ces deux tyrans du langage ont eu plusieurs etifans dignes de leurs horribles parens.... Peuple intense des beaux esprits, tu t'es rejoui i la naissance de zeugme, de syttep.te, de tynthcse, de prolepse, etc.; tu t'es rejoui aux mariages de ces nouveaux monstres et k la naissance de leurs odieux eufans, prolozettgmc, dit le simple, protozcugme , dil le compose, mc.sozcu^' me simple, mesozeiigme compose, hypozeiigme simple, hypozeiigmc compose, syllepsc simple, sy/lcpse relative , etc.; tu t'es rejoui aux alliances de ces derniers tyrans et h la rapide multiplication de leurs detestables families dont tu ne peux plus compter les rejetons : eu effct , ils f'oruieiit de grandes nations sous les noiiis d'enallages , d'antiptoses , d'helleuisnics , de regies generates , de regies particuliuies , exceptions, exceptions d'exceplions; de suphis- mes, paralogisnies , falUces; de nielaplasmes ; de tropes simples et com- poses ; de schemes ; de figures de mots, repetitions, similitudes, conllits ; de figures de sentences pour instruire , emouvoir, recreer ; enfin , de dia- lytons, isocolons , synonymies, paradiastoles, polysynlhetons , aposio- peses , emphases , parentheses , e])iieuxes , etc., etc. » ( Lcltrc siir la pn.i' fihittic fie fa'irc ilc la grnmninirc tin *RTsrii;>ci; , etc. , etc. , ecrite a .1 • H. Lr.jinic[i.ii, in^lilulclll■ , cp piaiiial an vi. Paris , iSoO. ) uttj-:rature. 779 I'appelle apherese. M. Nodier fait ailleius une faute semblablc : V grime, se gr'uner, s'est runae dii latin rima, ride, par \n pa- ragoge du G. (p. 196) » : c'est prosthese qu'U fallait dire, la paragoge est une addition de lettre a la fin d'un mot. Je rou- gis de ces critiques, et ne les place ici que pour faire sentir combien il est difiicile de composer un dictionnaire irrepro- chable (i). Une critique plus importante s'adresse a I'ouvrage cntier. M. Nodier demontre clairement que nos lexiques contieuuent un grand nombre de fautes ; il n'est pas moins evident qu'il laudrait les corriger. Mais qui s'en chargera ? Comment exe- cuter cette entreprise? et dans les cas douteux , qui resoudra la question? Si I'autorite d'un homme , bien plus, si cellc de r Academic, celle de I'usage meme ne paraissent*pas suffi- santes a M. Nodier pour donner a un mot, a une tournure le droit de cite, il y a done pour lui une puissance supcrieure a toutes celles-la : c'est celle des principes. Mais quels sent ces principes? C'est ce qu'il t'allait dire, et ce qu'il a oublie de faire. Heureusementquelques phrasessemeescaetladans son dic- tionnaire nous permettent de reconnaitre quelles sont a cet egard les idees de I'auteur. En les reunissant, nous supplee- rons a son silence. Faisons seulement observer qu'il y a truis choses a considerer dans un dictionnaire : le choix des mots , leur orthographe et leur explication. Ce dernier point est lout-a-fait independant de la granimaire ; ainsi les deux pre- miers sont les seuls dont nous ayons a nous occuper, et ils nous serviront pour classer, sous deux titres principaux, les citations de M. Nodier, auxqueiles nous avons soin de join- dre I'indication des pages d'oCi elles sont extraites. § 1. Choix des mots. — 1. Nature d'un dictionnaire. Un bon dictionnaire de la langue doit ctre I'index raisonue des classiques (p. 97). Qu'est-ce que le vocabulaire d'une nation si ce n'est celui de ses classiques (2) (p. 81) ?• — 2. Mots d lul- wettre. II est peut-etrc malbeureux, et on ne saurait trop le repeter, que le dictionnaire de la langue n'ait etc jusqu'a (1) Les dictionnaires d'anecdotes attribueat k d'Alembert un mot qui" ne ))iouveroit pas que ce grand niathematiclen eut une liaule opiniun des, Icxicogiaphes. Un de ceux-ci lui dit un jour qu'un mot n'etait pas fiaii- <^-.ais. D'AIemberl le conigea. L'autre ciiliqua une phrase. «Mi]nsieur, lui ripondit d'Alenibert , je reconnais voire autorite quand il ne s'agit que d'un mot ; elle ccsse , des qu'il y en a deux. » L'ouvrage de M. Nodier est une reponse a celle injuste critique (2) Fort bien ; niais quiseiont les classiques ? -8o LIVRES FRANCAIS. present que le dictionnaire dc Paris (j<. 78). J'insisterais pour que ces expressions si henrenses de septanle, octanle et no- nantc I'ussent cnlin substituees a la Irainanle alliance dc nom- bres qu'on y sushtituo (p. 289). — 5. Mots d rejcicr. Rcjctez les nom; tijorres, cctte classe de mots grossirait (■(tnsidera- blemep.t ies ilictionnaires (p. 62). On ne pent trop ropeter qu'un iieologisine n'est heiireux qu'autant (pi'il offre une sen- sible analogic d'expression avec les ideas analogues. Regie generale : quand on emprunte un mot a une langue, il n'ost pas permis de lui inventer des derives (p. 282). — 4. Diclionnaircs pariiculicrs. Je demande si le dictionnaire aut suite a la collection dcs niann-s IVancaiscs, anglai-^c^, italiennes, espagnoles, etc.: par iL. Dtipi\e de Saint-IMavre. I'aris. 1829; Pillet aine. 5 a ol. in-i2, ornes dc gra\ lu'cs et dc Algnetlcs ; prix, la fr. II serait difluile peut-etrc de tronvcr deux aulres ouvrages qui eusscnt nne analogic aussi parl'aite que ces dcux-ci, ct qui ofl'rissent un point de coinparaison aussi piquant, I'un ctant conipo-'C par un ecrivain contcniporain et conipatriote (i) dc ccux dunt il a voulu peindre les mceurs, I'antre par un ♦'■trangcr qu'un assez long sejour clicz le menie peuple a mis a portcc d'etudier les memes mceurs, et qui a voulu nous donner aussi son jugement dans unc question ou il nous semhle devoir ctre plus desintcresse que Ic premier. Aussi reimissons-nous ici ces deux ouvragcs dans unc premiere an- nonce , en attendant que la publication du troisicme volume dc VErmite en Russie , qui n'a pas encore paru, nous per- uicltc de remplir nos intentions. Lc premier de ces deux ouvragcs, VErmite rasse, aura d'ailleurs une suite, ou du moins nous devons le pcnser, puisqu'il est compose dans I'original de 5 volumes, dont la traduction francaise que nous annoncons n'a encore reprn- duit que les deux premiers. Celte traduction d'un ouvrage sur Icqucl un de nos collaborateurs, en nous prevenant, a dciaappcle I'attentionde noslccteurs (Voy. Rei\ End. XL,p. 416), a ete I'aite , comme on le voit par le titre , en Russie, et sous les ycux mcme de I'auteur; nous nous rappclons en avoii' vu dcs IVagmens dansle Mercurc du div-neiirieme siccle, public a Paris. II est t'acheux qu'on ne I'ait pas fait imprimer a Saint-Pclersl)Ourg (2) , cgalemcnt sous les ycux de Al. Boul- garin, qui I'aurait purgce dcs lautes grossicres qui rcndent pres(pic tons les noms russes meconnaissablcs. (1) M. Boiilgaiin (piononcez noitliiartne ) n'est pas Riisse ; il est ne en P(j!iif^iU" ; iiiais il a , dcpiiis longleiiis, adoiJlo la Hiissic cdinine line sc- coiiile jialiie , et la laiigiic lusse , dans laquelle il ecrit el dans laqiiclle il a oblenii de verilables succes , nous peiniet de le cuiiiptcr au nombie des eciivainsdislingiK's de cette nation. {■>) Cette tiaduclion sort des presses dc Jules Didot aiiie. LITTERATUllE. -85 Malheureiisement, il iaut en dire ;i pen pros aulaiU tic Tim- pression ilc VEnnite en Rassie ; son aiiteur, qui ifhahitc point Paris, n'aura pu sans clonic en revoir liii-nieme les »'preiives. 11 nous senible qne, dans toutes les occasions on Ic memo cas se prescnte , lui imprimeur devrait consnlter no litteraleur qui connfit la langnc etrangerc dans laqnellc est ecrit rouvragc confie a ses presses; on le lait bien ponr les langucs moi'tes, ponrquoi ne le ferait-on pas pour les langues vlvanles? Les relations t'requentes qui se sont etablies depuis quelques annees entre la France et la Russie, out deja re- pandu quelque pen la c^nnaissance de la langue russe, ct il devient inexcusable anjourd'hui d ecrire les nonis nisses. comme on le t'aisait du terns de Voltaire. M. Dupre de Saint- Maure, dont nous avons analyse dans le temps VJnI/io/osie riisse (Voy. Rev. Enc. ^ t. xxxii, p. 57761657), aura eprou- ve pour la scconde fois m\ desagrenicnt bien sensible pour u« auteur, ct qu'il aurait pn prevoir. E. H. 5oo.' — * Pensccs de Jean-Paul , extraites de tons ses onvra- ges ; par le Xnx^wcleuv Am Sacdois d Prague. Paris, 1829; Firmin Didot. In-18 de 198 pages; prix, 2 fr. 5o c. (I Toutes les couleurs se melent sous son pinceau, ct ses taldeaux hardis nous ravissent toujours par l«ur eclal , inal- gre le desordre qui regne souvent dans leur disposition. Le naif, le burlesque, le sublime et le trivial se heurtent dans ses onvrages;que dis-je, dans I'espace de quelqucs lignes, on y apercoit des figures dans le style de Raphael et de Michel- Ange, placees au milieu de groupes a la maniere de Callot. Plus sensible que le sentimental Sterne, moins sceptique que Montaigne, Jean-Paul mele I'originalite de Swift au comiquc d'Erasmc, a la profondeur de Descartes, et , quelquefois me- me, au cynisme de Rabelais. » (Preface du traducteur. ) Cette appieciation rapide du genie de Jean-Paul, qu'il est im- possible d'apprccier, comme le repetent tons ses biograplieset commentateurs, nous parait generalement fort juste, sauf le rapprochement de son nora avec celui de Descartes : il n'y a aucun terme de coniparaison entre un moraliste ingenienx ct Icphilosophe dont les conceptions ont opere une revolution dans le monde intellectuei. Pcu d'ouvrages sont plus propres que ceux de Jean- Paul a fouruir les materiaux d'un recueil tel que cclui que. nous annoncons. Ces onvrages torment luoins un tout coni- plct, reposant siu- une base houiogene , qu'im tiavail de nio- saique, elincelanl de couleurs fraiches ct brillaiites , mais Irop souvent denuees d'harmonie. Nous adoplons done vo- 1. xu. MABs 1829. 5o ^86 LIVRES FRANgAIS. loiUiers I'avis du traducteur, lorsqiiMI (lit qu'il linulrait plus que de la tem^rite pour tenter de reproduire un d'entre cux dans son ensemble, tout on regrettant ncanmoins de voirlcs lecteurs fianrais prives des nombreuses beautcs rcpandues dans des compositions tellcs que Titan, Hesperus, Levana , Y Introduction a I'Estlictique, compositions qui pourraient du moins etic I'objet d'un travail curieux. Bornons-nous, pour le moment, a lire ct a relirc avec unc, jouissancc rcelle la collection de ses pensees detachees : on y trouve, il taut le dire, moins de prol'ondeur que d'origiua- lite ; parfois une obscinite qui, bien etudiee , n'olFre , en re- >-ultat, qu'un concetti; parfois aussi une affectation d'assez mauvais goCit ; mais , en revanche, on est souvent scduit par des apercus pleins de finesse, des mouvemens d'inspiration, un sentiment veritable; on Test toujours par un style prcsque etourdissanl de verve et d'eclat. On ne doit pas s'altendre, 5ans doute, a en retrouver tout le charme dans une traduc- tion; cependant, I'auteur de celle-ci a rencontre tVequcin- ment des tournures de phrases tort heurenses, sans porter at- teinte a la pensee do son modele; il faut d'aillcurs lui tenir compte des recherches necessaires pour choi^ir quelques centaines de maximes dans un recueil de soixantc volumes, et d'une connaisgance approfondie des subtilites de la languc allemande, connaissance sans la((ucllc il est impossible de senlir le merite d'un ecrivain tel que Jcan-Paul. Cc n'est qu'apres avoir essaye d'etre son interprete dans un idiomc etranger que Ton pcutappreoier les dilficulles d'un semblable travail. Un mot a present sur la nature menie et I'utilite des col- lections de sentences, d'aphorismes, etc. La morale doit avoir pour base I'enseignement public qui decoule d'une doctrine sociale homogene dans toutes ses parties ; quand cette doctrine existe, les ceuvres des moralislesforment son complement, son explication; quand elle n'existe pas, comme aujovud'hui, les moralislos, s'ils savetit revetir Icur pensee d'une forme inge- nieuse, bien que souvent il y ait divergence dans leur maniere voir, se font lire avec plaisir; mais ils demeurent a pen prt'S sans action sur la vie pratique des lecteurs. I'ersoune neporle avec soi im Montaigne, un La Bruyere, un La Kochel'oucauld, pour ypuiser des regies de couduite; mais on lit leurs maximes, et les commentaires qu'ils inspirent fournissent un texte a la conversation. Cent f'ois Montaigne, La Bruyere ct La Roche- foucauld ontete lus dans ce but : on y joindra mainlenant la collection des pensees de Jean-Paul. II. C. LITTKHATURE. 787 3oi. — * Pensees, par M"" la princesse Constance de Salm. Aix-la-Chapelle , 1829. Paris, Arthus Bertrand, Delaunay. In- 12 de vni-96 pages; prix, 2 fr. 5o c. Tant de litres de divers geures ont assure la gloire litteraire de M"" la princesse de Salm , que sa nouvelle publica- tion semljlerait ne devoir ricn y ajouter, si ses Pensees ne mettaient dans lout leur jour cet esprit emineniment philoso- phique, ceite justesse d'observation qui distinguent ses autres ecrits et qui sont le veritable caractere de son talent. Cet ou- vrage , par sa nature nieme , echappe a I'analyse ; mais dire qu'on y retrouve partout la force et la profondeur du sens, jointes u la verite de I'expression , ce ne serait pas encore en faire un eloge suffisant. Deux autres recueils du meme genre, tiaitaut de la morale pubiique et des interets litteraires, doivent suivre celui-ci, sorte de code de morale qui deOnit les causes et les effets de uos sensations iadividuelles, ce que cbaque homme a peuse ou pu penser , scnli ou pu scntir dans les diJTerentes situations de la vie oii I'ont place les circonstances ou sa propre volonte. L'auteur n'y menage point notre sexe ; mais on sait asscz quels sont ses droits acquis a une sorte de Iranc-parler pour lequel son talent seul lui merilerait uos cloges, qiiand meme il ne nous contraindrait pas A reconnaitre qu'accuser nos torts , c'est trop souvent en iaire justice. Nous n'en voulons pas d'auire preuve que sou paragraphe sur VEducation dcs femmcs. On aime a voir un esprit aussi eleve que celui de M""" de Salm s'expliquer sur VElnation d'esprit , sur la Grandeur, sur YHcroisme , surVOrgueil ; un esprit aussi droit que le sicn rendre compte de ses impressions suviAmitic, sur VIngratiiude , sur YInsensibiHte;\\n esprit aussi fin s'exprimer d'une raanic;re neuve sur les Sots dont on a deja tant parle. Mais nous devons nous arrCter ici ; car , si nous voulions relever dans ce petit volume tout ce qui iVappe et entraine, nous ferions un article presque aussi long que le livre meme. II est pourtant quelques pensees, qui, selon notre avis, pourraient etre combattues ; par exemple , celle sur la Resi- gnation et celle sur le Pardon de I'iujurc. Mais nous laissons les lecteurs en jugcr eux-niemes , ce que chacuu lera d'apres soa caractere et sa maniere de sentir. D'autres paragi'aphes. tels que ceux qui parlent des Habitudes, de la Destinre , des Pressentimens et de V Amour , sont moins des pensees que de petits tiaites ou Ton trouvera toujours, meme quand on ne sera pas en tout de I'avis de raulciu' , dcs idecs lories, iugju- nioiises el pi(|ii;iiiles. 7^8 LTVRES FRANCAIS. r.n rosume , cct ouvrngc doit fire place dans loiitos Ics hi- Miollieqnes pres de ccux de nos bons lilteialeurs ct de nos -veiitahles philosoplics. 11. 5o2. — Le Rcrcil da Spfciateiir franrnis , par RI. Delacroix, jufc honoraiic. Paris, 1829; Arlhus Bertrand. In-8° de 204 pngcs; prix, 4 fr. Voici line publication dent rantcurne sauraitetrcsoupfon- nt'd'incxpcricnce , lui dont Voltaire lui-meme encoiiragea les premiers cssais. S'il est Trai de dire que le style est riiomme memc, on sent rcspirer dans toutes lespages de cettc production nou\elle une ame candidc, nourrie desidees dejustice et de bicnfaisance. Le vicillard se laisse devincr, toutes les Ibis ([u'il cherche a entrevoir un jour calme et serein pour ses derniers instans. Partout ailieurs, I'ecrivain est de notre age : il n'est aucune idee genereuse, nee de nos jours, ki laquelle il ne louche. En politique comnie en religion, en litlerature comme en morale, il me parait cminemment ecclectique. Cetle marche doit I'exposer a plus d'une contradiction. Ne pourrait-onpas, par exemple, lui reprocher de n'avoir vu que sous ^me fiue les consequences des mariages entre les pro- testans et les catholiques qu'il conseille avec force? Je ne trouve pas plus heureuse sa proposition d'union entre don IMi- gucl et dona Maria. II ne se dissimulc pas que certains de ses vocux sont dc veritables utopies; d'autres, tels que ceux sur la conduile d'un bon roi, reproduisent des preceptes que I'on sait par coeur : je me hate de dire que ces legers dissentimens sont loin de contrebalancer le plaisir que j'ai cprouAe A la lecture du Rcveil du Spectatcur, On sera curieux de voir le portrait d'une i'emme accomplie; de sulvreun magistral dans les modifications qu'il propose a notre systeme penal, et dans bien d'autres chapitre, sapres iesquels on sera force d'a- vouer que I'auteur a le plus souvent justifie son epigraphe : « Le plus beau present qu'on puisse faire a I'homme , c'est la vcrite. » T. D. L. 5o3. — La Fillc du libraire, \>m- Hippolyic BoiNNELiER. Paris, 1828; Delangle frtres. 2 vol. in-ia; prix, 6 fr. Cc petit roman, d'vm ecrivain deja connu par quelques au- tres productions [Memoires sur Francois de iSetifchdteau, Hisloire dc Ui comedlc francaise , Guy-Eder, surnomnid Fonte- 711'lle, Roman histori([ue; ct Satires , suivies de Conies in- dirns), sera hi avec inleret. On y trouve une peiiiture de iiiaMMS assez fidele, des caracleres bien ebauchcs, philut que traces d'une mani^re large et complile. L'aimable heroine du mman et le jcune auteur qu'cUe protege et qu'cUe recom- LITTl^RATURE. 789 pensc par !e don dc son coeur ct de sa main, offrcnt, par la piirele, i'elevation et lagenerositc dc lours sentimens et par la noblesse dc Icurs procedes , un heureux contraste avec d'au- tres personnages dont les basses intrigues, les calomnies odieuses, les delations interessces et les noires perfidies no ressemblent que trop a ce que nous voyons dans le monde. On regrette que I'auteur, tres-jeune encore, soit deja si bien initio ii tons ces mysteres de la corruption qu'il devoile sou- vent avec habilete. Nous laisserons ;\ nos lecleurs le plaisir de laire connaissance, dansTouvrage mome, avec les nonibreux acteurs du petit drame que nous annoncons, et nous sommes sOrs d'avance qu'ils ne pourront se dofendre d'aimer le bon Leopold et sa charmante Cecile. N. 3o4. — Le Chef (les Penitens noirs, oule Proscrit de I'lnqui- sition; par I'auteur de la Bokemienne. Paris, 1828; Mame el Delaunay-Vallee. 5 vol. in-ia; prix, i5 fr. Venise, cette ville de soleil et d'ombre, oii une partie dc rexistence est brillante , animee, I'autre sombre et niyste- rieuse, oii Ton glisse sans bruit sur les eaux au milieu des chefs-d'oeuvre des arts, le long de palais u demi mines, ou les souvenirs et les emotions du passe suflisent au present; Ve- nise, avec son aspect magique, son elTrayant tribunal secret, les ombres de ses doges , et Ic redoutable appareil de mystore et de puissance qu'elle deploya si long-tems, sendile etre la patrie adoptive de tons Ics romanciers qui ont aime a repro- duire d'onergiques contrastes , de vives et piquantes opposi- tions de moeurs et de caracteres. L'auteur de la Boliemlenne, qui avait deja fait preuve de beaucoup d'imagination dans son premier roman, s'est surpasse dans cclui-ci; il etait sur son theatre, et il a l)roye du noir peut etre avec prodigalite. Les mysteres du chateau d'Udolphe, par Anne Radclifl'e, ne sont que dos jeux d'enfans aupres dc ce qui se passe dans la vallee des Saules et dans les mines de Santa-31aria. Raconler tant d'incidens rapides et miraculeux en detmirait I'interet ; nous aimons mieux y renvoyer le lecteur, qui trouvera ample matiere a s'emouvoir, a fremir, a pleurer. L'existence re- veuse d'une jeune fiUe qui se meurt de la poitrinc, et ne doit pas survivre au prinlcms, est surtout decrite avec charme; I'amitie d'Ophelie et d'Amanda est empreinte d'une douce et poetique tristesse, et repose I'ame des sensations trop fortes qu'evcillent les autrcs parties du recit. L. Sw. B. 5o5. — * Phrsiologie (III gout, ou Meditations de gaslronoinie iranscciidantc ; ouvrage llieorique, historique et a I'ordre du jour, dedie aux gastronomes parisiens. \kii- un Pro fcsscar , 790 LIVRES FllANgAIS. membre ile pliisieurs societcs savantes. Tro'isUme edition. Paris, 1839; A. Sautelet. 2 vol. in-8" de 410 et 4^2 pages; prix, 14 Ir. Que dire aujourd'hui sur lospiritncl oiivragedeM.BniLLAT- Savarin, doiU le luerite esl sufli«inimint prouve par trois editions succcssives , et plus cni^orc par le respect avec leqiiel son aulorile est invoquee toutes les i'ois qu'il s'agit de decider une dc res iniportantes questions de gastronomie transcen- dante qu'il a traitees avec taut do profondeur, d'erudition, d'esprit et degoTit? Pcut-etre, a defaut d'un jugcment sur fe livre , qui ne serait d'ailleurs que Teclio des eloges nombreux dont rclenlissent t(uis les lieux oi'i I'arl de la gueule est en- core en honncur, uos lecteurs ne seront-ils pas faches de trouver ici de courts details sur la personne de I'auteur. Nous les eniprunlons a la notice annexee an premier volume de I'edition que nous annoncons aujourd'hui. M. Jnlhelnie Brillat-Savarin, conscillcr en la Cour de cassation, naquit le i^avril i^SS, i\ Belley, capitale du Bu- gey , petit pays compris aujourd'hui dans le departement de I'Ain, et dont I'auteur de la P/iyslologie du gout a eu soin d'enumcrer les tilres incontestables a la reconnaissance des amis de la bonne chi;re. A I'exemple de ses aVeux, voues de- puis plusieurs siecles aux fonctions du barreau ct de la ma- gistrature , il y exercait avec distinction la profession d'a- vocat, lorsqu'en 1789 les suffrages unanimes de ses conci- toyens le dcputircnt i\ I'Assemblee constituante... Au terme de ses fonctions legislatives , il fut porte a la presidence du tribunal civil du departement de I'Ain, puis nomme au tri- bunal de cassation, nouvellement inslilue... Maire de Belley, vers la fin de 1793, il resistait avec courage u I'anarchie, lorsque, vaincu par le mouvemcnt revolutionnaire, il se vit contraint de fuir et de chercher un asile en Suisse... C'est ici que I'heureux caractere de 31. Brillat-Savarin parait dans lout son jour : proscrit, fugilif, denuc de toutes ressources pecuniaires , car il avait eu le tems ;\ peine de derober sa per- sonne au danger,- on le voit constamment gai , consoler ses compagnous d'infortune , leur donncr I'exemple du courage dans I'adversitc, en allcger le poids par le travail et I'exer- cice d'une bonnete iiulustrie.. Ccpcndnnl, les tems devenant plus orageux et sa situation pins pcnil)lc, il chcrcha dans le iNonveau-Monde \in rcpos que bii rcfiisail rEinope. II se fixa a New-York, y passa dciix aniiccs, donnani des lemons de laugue franfaise, occupant une des premieres places a I'or- fheslre du theatre, car il etait nuisicicn distingue, ct, connuc BEADX-AltTS. ;«)► hivuicoiip traulres emigres, ohcrchaiit I'utilc daiia ce cjui ii'avait 6lt' pour lui jiisquc-la qu'unc distraction agreablc... Des jours plus sereins scnibi^rent luire pour la France; il se luita d'y revenir, et deharqua au Havre, vers la fin de I'aiuiee 1 r-i)0). Successivement employe cmnnie secretaire de I'etat niaior-general des armees de la republiquc en Allenwgne, puis,en(|ualite de commissaire du gouver ement pres le tri- l)inial de Versailles, il I'ut plus tard appele , par le choix du Si'iiat, ;\ la Cour de cassation; il a passe les 25 dernieres^ auuees dc sa vie dans ce poste honorable, environne du res- pect de ses i ferieurs, de I'amitie de ses egaux <,t de I'affcc- tion de lous ceux qui avaient le bonheur dc le connaitrc. Alteinl d'une peripneunionie mortcllc, pojr avoir assiste , deja atteint d'un rhunie assez violent, i\ la cercnionic funcbre aunuellenient cclebree le ui Janvier dans reglise de Saint- Denis, il ysuccondxi, le 2 I'evrier 1826... Avant de publierla Pliysiologie du gout , rantcur s'etait exerce dans la composi- tion de plus d'un ouvrage auquel son nom n'clait point atta- che, a I'exception toulefois de deux opuscules, VEssai histo- rit/ue et critique sur le duel d'upres noire legislation et nos mccurs, el des Fragmens sur I' administration Judiciairc, ublics ca iHig. Beaux-Arts. 3oG. — Manuel de perspective du dessinateur- et du pcintre,. contenant les elemensde geometric indispensables au tracedc la perspective, la perspective lineaire et aerienne, et I'elude du dcssinet dela pcinture, specialementappliquceau paysage; par A. D. Vergnaud. Troisieme edition, revue, corrigee, augnientee, et ornee d'un grand nombre de planches. Paris, 1829; Roret, rue Hantefeuille , au coin de la rue du Battoir. In- 18 de ij-a53 pages; prix, 5 I'r. 507. — M ('moire sur la peiniure sur ren'e,par M. Jle.v. Bron- CNiART, de I'Academie royale des Sciences, dirccteur de la manufacture royale de porcelaine de Sevres. Paris, 1829; imprimcrie de Selliguc. Ce nouveau iMemoire, qui donne des notions tres-curieuses bur les diflerens procedes employes par les anciens el les modernes pour la peinlure sur verre, est destine a t'aire con- naitrc les travaux de la manufacture royale de Sevres donl IM. Brongniart a la direction, el lout a la fois a combattre , par des preuves irrecusable*, le prejuge que I'art de peindre sur verre est actuellcmeul perdu, et que les efforts tentes en ;<)3 LIVRES KRANCAIS. FraiKc, en Aiiglctcno et oi> /Vllcmagtic tendont iinlqiiciUfiii a Ic rctroiivor. Les I'aits lapportes par M. Brongniart prom eiit )usqu'a revitlence le pen de londemcnt d'une telle opinH)n. 11 ctahlit eivsiiite I'ctat actuel dc I'art, an moycn d'une clas- sification niolivec par la difference des procedes ct dcs re.snl- tats : i" Pclnturc en rc/Te,c'cst-a-dire , an moycn de verres l€, vers Ic eonuncn- lenient de i825 , miss Wright travailla sans relache a I'accom- plisseiuent de son projet , parcowrant line innnense etcndue de pays, consultant les liomnics les phis inslruits, observant partout le caractere et les nioeurs du penple ; enfin ellc de- vint propriclaire d'un terrain considerable an milieu des forets, cede aux 'ttals-Unis par les Indiens cinq ans aiipara- vant, ct encore incultc. 11 I'aut la laisser rendre compte elle- meine des fatigues qu'elle endura, et de ses impressions; ellc ecrivait a I'une de ses amies, le aS decembre iSaS : ))Me voili'i enfin devenue propriclaire de ce nouveau lerri- toirc habite par les ours, les loups et les pantheres. Miiis ne vous effraycz pas : deux ibis j'ai parcouru ce lerritoire en long et en large , faisant quaranle milles par jour i\ cheval, me re- posant lann'it dans des cabanes ouvertes de tons coles , ou bicn dans les bois memes , avec une pcau d'ours pour lit, et pour oreiller ma selle. Je me porte bien, jc me snis bien porlee, et n'ai jamais joui d'une sante plus robuste. J'ai vu des ours sans en etre attaquee ; car ils ne vous altaquent point , ils vous I'uient. J'ai brave tons les lems, le chaud et le I'roid, et je n'ai eu ni fievre ni rhume. — Pour vous expliquer la situation du pa3's on je jiic suis casec , cherchez sur la carte la grande riviere Mississipi , et remarque/, la place oi'i le 35' degre dc latitude coupe la riviere; vous y vcrrez une petite ville, du une douzaine de cabanes, baptisee du nom sonore de 3Iem~ phis. Jusqu'au moment de I'achat de ce territoire de Cbeeka- saw (le pays entre la riviere Tenessee et le Mississipi), ce Memphis moderne, aussi miserable que pent I'etre aujour- d'hui le Memphis antique, n'cxistait que pour le trafic des Iburrures avec les Indiens. A present, il dcvient le port de rivure, et le magasin on les nouveaux habitans, cpars dans les ibrets, viennent faire leurs emplettes ou exporter leur colon : mais encore cc petit commerce se fait principale- ment avec les Indiens, qui, apres la vente de ce pays, se retirerent au midi du 59"" degro de latitude; ainsi, comme vous voyez, ils sont nos plus procbes voisins. Si la carte est bonne, vous y trouvcrez une petite riviere nommee JVolf, laquellc dcbouche dans le Mississipi a cet endroit : c'est sur les bords de cette riviere, et a quinze milles de Memphis ("VVcst-Tenessce) , que j'ai achete 520 arpens. Je suis en traile ETATS-INIS. 801 pour Saa de plus, et je prends possession de 600 qui entou- rent mes terres, et qui seiont mis en vente par I'Etat dans quelques niois d'ici (rocrupation des terres donne une pr«'-- ferencc et un droit d'acliat au prix de 90 sous I'acre). Mon meilleur coadjuteur est un Anglais, M. Floaver, qui s'etablit dans les forets de I'lUinois avec sa famiile, il y a dix ans, et qui n'a cesse de faire de genereux eflorts pour le triomphe de la justice. II arreta la vente des negres , encore toleree dans quelques parties des Etats reputes iiiires , f.t constater, a ses frais, la liberie de pliisieurs esclaves dans les cours de justice, et souvent, an risque de sa vie , les protegea chez lui et 6ur ses terres. » Miss Wright continue I'eloge de cc digne homme, et ra- conte comment il fut en hutte aux persecutions des proprie- taires et des marchands d'esclaves pour avoir appele, sur ce point, la soUicitude du gouvernement. On lui intenta des proces; on lui vola les noirs qui travaillaient a sa solde. Enfin, desirant mettre surtout ces malheureux en surete, il fit de- mander au president Boyerl'hospitalite et quelques proprietes a Haiti pour vingt-cinq de ses meilleurs ouvriers et f'ermiers qu'il y envoya tout de suite , sur la reponse favorable du chef delaUepubliqueHaitienne. Le projet demiss "Wright elaittrop en harmonic avec ses vues pour qu'il ne la secondat pas de son mieux. II fut convenu qu'elle fournirait des fonds pour I'achat des terres et toutes les premieres depenses, et que lui, plus au fait des prix et des usages du pays , ferait vcnir de riUinois tout le materiel d'une f(!rme, bestiaux, charrues, vi- vres, pores, boeuf sale, farine , etc. A I'epoque ou missWright ecrivait, ellc avait deja achete, a Nashwille, six hommes et quatre femmes, au prix de 4 a 5oo dollars chaque. La ferme, rapidement fondee , ne tarda pas a devenir le point central d'une petite colonic, qui se peupla d'esclaves rachetes avec les sommes fournies par des pliilantropes empresses de con- courir a la bonne et belle ceuvi'e de missWright. Cependant, la sante de cette dcrniere , fort alteree par le climat et le voisinage desdefrichemens, lui fit craindre pour le sort futur de son etablissement, et elle s'empressa de passer un acte le- gal, insere dans un journal americain des premiers mois de 1837, par lequel clle donnait le territoire de Nashoba, avec les negres qui le cultivent (le tout estime a 80,000 francs), a quelques philantropes dignes de lui succeder. En accep- tant, les donataires, ou plutot les fidei-commissaires, s'enga- ■ geaient, pour eux et Icurs successeurs, a administrer les terres au profit de la race noire, et dc la maniere suivante : Les es- T. XLi. MARS 1829. 5i S<)3 AMl^lRIQUE SEPTENTRIONALE. ilaves nUuchcs ;i I'luihilalion (Icvionnont liljrcs ;ui boiil (run certain lenis, en 1837, nous arriverons aux resultats suivans : La population entiere de la Prusse etait , en 1820, en 1827, de 11,272,482, I2,552,2781iab. Cc qui donne un etudiant pour . . 45271, 2,0 1 5 Ln etudiant voue a la carriere de renseigiiement, soit dans les eco- les, soit dans les eglises, pour... 8,43 1, ^A^^ Vn etudiant voue a la carriere admi- nistrative ou judiciaire, pour. . . 12,606, 8,5()2 Un etudiant en medecine, pour. . . 27,060, 25,2o5 8i0 ELIIOPF. Si Ton adoptc Ics pioporlions que nous venous d'etablir, si Ton caloulcensuite laduree des eti/des universitaircsd'apres los bases lejiales, c'est-a-dire 4 ans pour la preparation a la pratique medicale , et trois ans pom- les autres canieres; si Ton admet qu'au sortir dc I'universite un homme pent eonip- ler, ternic moyen, sur 5o ans d'exercice dans sa profession, on trouvera que la Prusse possedc : un ecclesiasliqiie on pro- I'esseur sorti des universiles pour 443 hab. Vn fonctionnaire 856 Vn medecin 55Go SUISSE. Berne. — Enseignement indusiriel. — Sur Ic rapport rir" constant ie d'nne commission nommec dans son soin , el pour repondre a nn bcsoin depuis long-tcms senti , le consoil muni- cipal de la ville de Berne a dccrete a I'unanimite, le 29 de- cembre dernier, I'etablissement d'une ecole industrielle pour les jeunes garcons de douze a seize ans. Cette administration pleine de lumiere a sagement pense qu'une telle institution etait un moyen plus sOr de donner un nouvel elan a I'indus- trie que les entraves opposees a la libre concurrence. Dn reste, cette decision a encore bcsoin de la sanction du grand conscil. La nouvelle institution sera placee sous la surveillance d'une direction speciale, a laquelle le conseil municipal a dcja resolu de donner des pouvoirs fort etendus pour I'organisa- tion de I'ecole , pour le cboix et le salaire des maitres, etc. Cette maniere large de proceder,,cette confiance accordee aux personnes chargees de I'execution , sont des pronoslics de succes. Fribotjrg. — Eiat de la legislation; Stalistiqtie jadiciaire.— Les causes criminelles sont encore jugees dans le canton de Fribourg d'apres le Code de Cbarles V, appele la Caroline; mais une commission legislative s'occupe de la codification generale du canton, et la premii're partie du Code civil, com- prenant le litre des personnes en general, doit meme dcja etre achevee. Pour prouver combien les ancienncs lois sont pen en harmonic avec les mceurs actuelles, il suflit de citer un article du Coutumier de Vaud de i65o, qui est encore en vigueur dans une partie du canton. II y est dit, chap. VIII, an sujet des dommages causes dans le jardin d'autrui : ullem, quiconquc sera apercu derobant les passets et cloisons , fruitages et autres choses d'autrui, cela faisant de jour, il est tenu au seigneur a 10 sols, eta celuiauquel est la possession a 5 sols et au dom- SUISSE. 817 mage fait; et ne voiilant lodit offencant payer tcl bamp , 3cra leiiii de courir niul par toiitr. la ville. » De pareils clultiniens out bien pu jadis egayer Ics loisirs du seigneur de quelqne noble castel ; mais aujourd'hui de telles piinitions ne sont plus dans nos nioeurs, et Ics dclits pour lesqnels on les infligcait sont punis par dcs peines arljitraires, qui pourtant, disons-le a la louange dcs niagistrats, sont en general tres-modorees. TABLEAtJ D^s operations judlciaires dcs tribunaax infcricurs du canton de Fribourg, pendant les annees 1826 et 1827. 1826. 1827. Causes civiles 9i5 io55 Causes conciliecs ou retirees 383 458 Causes jugces 55o 676 1836. Liberations. 1827. Liberal'" Causes de simple police . 3o3 58 l\io la Causes correctionnelles . 58o » 538 3 Causes criininelles . . 35 3 45 2. Les delits en matieres criminellcs sont les suivans :' 1826. 1827. Vols , fourberies , etc 20 4" Delits contre les moeurs ....... 4 » Infanticides 1 » Attentats a la surete individuelle et blessures graves 3 4 Double emploi de cautionnemens .... 1 » Introduction et degats dans an jardin ... 1 « Tentative d'avortement 1 » Tentative d'empoisonneinent » 1 ( Extrait du t^ouvciUste Vaudois. ) 35 45 ITALIE. PiEMONT. — Vaccine.- — Nuiivcau moyen de lapropafcr/mr /c.'.fcv- ges-femmes. — Les succcs incontestablcs de la vaccine auraient du assurer a cette decouverle une confiance iniiverselle; mais les preventions, qui se reproduisent sous des formes si va- rices, et I'apparitionde lapctite verolc, ou de la varicelle. qut fait clever des doutcs sur le plus grand bienfait de la mede- cine moderne. Cependant, sices fails existent, qn'on en fasse la balance avec les millions de personnes preservees , T. XLl. MARS 1820. 53 8)8 EUROPE. et I'on convicndra que la vaccine, ne nt-cllo que dimimior les effets deploiablcs dc la petite veiole, devrait encore elre regardce comme iin des services les plus importans que la science ait rendus a I'humanite. Partout rhomme cclaire a reconnu I'utilite de cette decouverte, el tous les gouverne- mens out adopte i I'envi des mesures diverscs qui lendent a la propager. Ccs mesures sont de trois ordres diflerens. — \"Mesuresd' encouragement : tels sont lesetablissemcnsde vac- ( ination gratuite; des primes aux vaccinateurs zules, aux parens qui font vacciner leursenlans, et ;\ tout individu qui, apres avoir eu la veritable vaccine, est affecte de la variole accidentelle ou inoculee. Ceci comme expedient propre i\ de- truire les faux bruits que Ton repand sur de pareils exemples. — 2° Mesures de rigueur : Ici vienucut se placer le refus de tDutsecours aux parens des enfans non vaccines, a un cer- tain age; le refus de les admettre aux ecoles, aux etablisse- mens de charite , et aux ateliers publics. — 3° Mesures de per- suasion : On a distribiie aux parens sur les fonts du bapleme des avis imprimes; il est sortide la presse une foule de livres, a la portee de tout le monde ; on a fait circuler des tableaux comparatifs des ravages dc la petite verole, et de Tutilite de la vaccine; les feuilles publiques ont retenti de cette decou- verte ; la poesie et les arts ont consacre ses bienfaits , et des ministres de Dieul'ont annoncee comme un don de la bonte divine. Sans doute que I'application de ces divers mojens, sage- ment dirigee, parviendra a rendre la vaccine inutile elle- meme, en tarissant la source d'un fleauauqueU'Europeest en proie depuis pres de quatorze siecles ; mais outre ccs moyens que j'ai rappeles,il en est un autre que Ton me permettra de pro- poser comme un puissant auxiliaire , ce serait de partager en quelque sorle les soins de la vaccination avec cc sexe bon et compatissant par instinct, qui n'est jamais sourd i la plainte de Tenfance ou a la voix du besoin. Elle n'est point a moi cette pensee, elle m'est inspiree par le bien que repand, autour d'elle , I'epouse d'un savant medecin , auquel les Etats du roi de Sardaigne doivent I'introduction de la vaccine (i). Cette genereuse personne, qui s'est vouee depuis plusieurs annees a cette branche facile de la mcdecine operatoire, eclaire sans cesse les meres aveuglees sur Icurs plus chers interets, elle surmonte cette force d'incitie si difficile a vaincre, et (i) Lv doctew Buniva , professeur ^nitrite dr I'Univpisitc de Tmin , aiiiicn piesidciit ducoiis»'il <1e salubrile puhliqiic, ot associe de I'liistiliit de France , ilr. ITALIE, — PAYS-BAS. Spq exerce une influence douce et active , que les hommes de I'art ne sauraient obtenir au meme degie. EUe accourt au sein des families necessiteuses; aucun soin ne rebate son zele, et le sourire des enfans qu'elle arrache a une maladie aussi funeste est la seule recompense de sa touchante sollicitude. Puisse I'exemple d'un si tendre devoflment inspirer a d'au- tres lemmes le desir d'etre les imitatrices et les emulesdecelle dont je revele ici la bienfaisance. — II serait a desirer que les gouvernemens voulussent fonder des ccoles de vaccination, A la portee des sages-femmes; c'est a celles-ci qu'il appartien- drait plus particulit;rement, apres avoir degage les entans des liens de la maternite, de les preserver d'une eruption , qui trop souvent les ravit t\ I'amour de leur mere et a I'espoir de la patrie ! ( i ) B. PAYS-BAS. LotrvAiN. — Unirersite. — Slatlstique. Nombre des doctcurs et candirlats promiis dans chaqne Faculte depiiis le ritablissemeut de I'UniTersit^. FacuUe des Scie - Df oit. c I'llilu ophi. - ma ■miic. Caodidats indidat3 « -^ '^ 1 s 2 -^ ""^ ^ 2 i. OllSERTATIONS. 3 ■c ■K t. •5 '•€ ■"J II 3.2 ^ Q ffl ^ 3 £ 3 t H J % '"I <2 1 H tj Q a.'l "^ "Z H 0 u 0 -2 — 1817—18 ~ ~ „ 37 14 „ , , „ I)e 1817 a 1826 le nom- 1818—19 7 7 22 • 8 8 El bre des caDdidals et des l8lg— so J9 9 ° 32 27 4 3i > docleurs eu medecinc iSzo- jl C 24 66 iS 43 2 45 « n'estpasmarquetcifautc )g2] 33 10 11 8 47 3 5o 2 de reuseignemens. 1822—23 1823—24 12 l5 l3 iC iJ 26 3y 41; I 40 47 ' Depuis 1817,37 eletes de ITnirersile on! ele 1824-26 1S25 — 26 3o lO 17 S2 28 33 41; 47 3 14 49 61 I 28 9 places dansTinstr. publ. 1626—27 26 3 28 33 36 42 C 48 4 2 1 26 £n 1828-29, pendant le 1827—23 2G 6 3l " 29 2fi l3 46 3 17 24 sempsl. d'hiter, 7C eouis dilVerens ont ete donnes par 23 prof, et 4 lect. La Libliolliuque est TOTACX. J60 l3 '79 c 3]3 2G0 3Cg 6C 426 ,^ Gl 68 comp. d'euv- Su,ooovol _ (1) 11 resulte de ines lecherches que, dans les possessions corUinenlales tleS. M. le roi deSardaigue, le nombie des enfans vaccines excedele quart des nouveau-nesj, dontie nombre moyen est annuellenient de 1 17,000. Sa- tisfait des efforts que la medecineafaitsen Pieniont |>ourconserverla vie, par ce moyen, k un si grand nombre d'individus , le roi, Viclor-Emina- niiel, ne voulut pas laisser sans rticonipeuse tons ceax qui, dans leiirs di- vers emplois , avaient secondt; les vuesdu Gouvenvenient, et ordonna, en consequence, une distribution de mtidailles d'or et d'argeiit, avee ccUc inscription : Hex Vlctorius-Emmanud; OL immisnicnan vofeinum late propa^ainm. H20 KUROPE. Inxlriiriion jinhiKjue. — Le Roi, piir arrc'lt'i dii 19 t'evrier, a rrc'c line commission sons la presidcnco du dnc (VUmcl et coniposcc dc MM. Mctelcrcanip ct ».V. T^an Tocrs , conscillcrs d'lilat , le l)aron rcs dc la sccondc chamljrc dcs Etats-Gencranx. M. Diigniolle, refcrendaire au ministcre dc rintericnr, rcnipliia les fonctionsdcsccit'taiie. MM.Ernsi, prolcsseuial'lJnivcrsitc (le Lit'ge, et le president A^/co/rt/, ont etc designes posterietire- incnt ponr sieger dans cetle commission cliargee de revoir les reglemens snrl'instrnction moyenne. L'arrete porte qne S.M., apres avoir recu son travail et celni de la commission ponr renseignement siiperieiir , en nommera nne troisi^me ponr la redaction d'nn projct de loi organique sur I'instruction pnbliqne en genei'al. Acadhme dcs Sciences ct Bellcs-Lcttrcs. — M. le colonel Bory DB Saint-Vincent, qui vient d'etre place alatetederexpedition scientifiqiie de Moree, ct qui, en envoyant plusieurs de ses nnvrages a I'Academie, kiiavaitdemandesi elle avait qnelques recherchcs specialcs a I'aire executer en Grece, a etc nomme membre correspoudant surla proposition de M. dc Reiffcnberg. M.Bory appartcnait deja a la Belgique par un long scjonr et les liaisons les plus honorables. Invention de la Stircotypie, — La Hollande , non contente d'avoir revcndique I'honneur de rinvcntion de Timprimcrie, pretention (pie le monde savant n'a point legitimee, dispute maiutenantaux autres nations la decouverte de la stereotypic, et il i'aut convenir qne cetle Ibis ses titres sont mieux fondes. Le baron f'an JVesirea\en Van Ticllandt s'est livre, sur cet obiet,i\d'actives rccherchesencouragecsparlegouvernemenl, et dernierementilarecu du lil)raire/,«c/rfn?rt7i,'i, de Leyde, une lorme stereotypee d'unc bible in-4% dont il a etc fait pltisienrs tirages depuis 1711. De Icur cote, les libraires Enschede, a Harlem, lui ont f'ourni une autre forme stereotypee d'une bii)le liollandaisc in-folio, qui dale des premieres annces du XVITI" siecle. Ce .sont deux prcuvcs materielles de I'existence dc la sl(''rei)tyi)ie en IloUandc avant qu'il en fQt question en France. On n'ignore pas que dans mie note annexee au n" i5i6 du calalogue de M. Alex. Barbicr, note extraite des papicrs de Prosper Alarchand , il est affirmc que Jean M tiller, ministre de rKglise allcmande a Leyde, imagina vers r^oi une nouvelle maiiiere de se servir de I'iMiprimerie assez semblai)le a la sle- reolypie, lelie qii'on I'a prati(|uee de nos join-s. La metliode dn Jean Miiller cousistait a recnoillir les lellres en la uiaiiiere ordinaire, a corrigcr ccs formes bicn cxactement, a les serrer PAYS-BAS. —FRANCE. 821 soUdemciit dans le chassis de I'er, puis a reuverser les lotlrcs sens dessus dessous et a les reiinir ensemble avec du metal, ou mieiix encore avec du maslic. Le premier essai de cctle mcthode Tut un petit livre de prieres Inlitule : Gcheede-Bockjen Van Joimn Haverman, iinprime, en 1701, par TV .Milllcr, fils de rinventeur. Cette mclhode d'imprimer tut ensuite transpor- lee a Halle. Dans une lettredu 28 juin 1709, Midler recounait avoir impriiue de cette maniere un nouveau testament syriaque avec un lexicon. — Camus ne fait point mention decesiaits dans son histoire de la stereotypic. de Reiffenbehg. FRANCE. Dl&PARTEMENS. Ciermont-Ferrand ( Pu^-de-Ddme). — Application aux arts des domitcs ct autres produits volcaniques. — M. Ledru , architecte a Clermont-Ferrand , a etabli des ateliers pour mettre en oeuvre les roches du Puy-de-D6me que leurs pro- prietes diverses recommandent aux constructevn-s, aux I'ahri- cans de meuhles, aux arts cliimiques, etc. Un imprime (1) contient I'enumeration des matieres qu'il emploie , des I'ormes qu'il leur donne et des usages auxquels elles conviennenl. On lit a la fin de cet ecrit : «M. Ledru se trouvera lieureux si , en temoignage de ce que c'est a la belle decern erte de W. le comte Chabrol de Volvic qu'il a emprunte I'idee d'appliquer les vernis et les emaux sur la domite , il lui permet de placer sous ses auspices I'etablissement des produits emailles an- nonces dans ce prospectus. » F. Saint-Valery ( Somme ). — Reclicrclies arclieologiques. — W. Ravin, D.-M. , vient de decouvrir sur la pente du coteauoii est situe Saint-Valery-sur-Somme, dans lapartic qui fait lace a I'ouest et au sud-est,les retranchemens d'un camp, ou etablisse- ment remain, nonmentionnedansle grand ouvragedeM. d'AL- lONViLtE, 5Hr les camps du dipartement de la Sonmie. Ces retran- chemens s'etendent en lignescourbes, saillantes et rentrantes, depuis la falaise du cap Hornu jusqu'a la ferme de Rossigny ; ils occupent en longueur un espace de 2,000 metres. Les restes de la clavicule , ou retranchement avance <|ui couvrait I'entree du camp, ont aussi etc rctruuves, mais dans lui etat de conservation moins parl'ait que le vallum ou relranc hement (1) Clermont-Fcnand , iSag; Iinprimcne d'Augustc A'eyssi-t. lii-4° de 9 pages. 8sa FRANCE. principal. La couseivation de ce dernier, coniiu dans le pays sous lo noni d'dre rappelle les decouvertes analytiques et les recherches qu'il avait deja aunoncecs dans le cours de Tannee precedente, et dont les auteui-s sont MM. Jacobi et Abel, qui ont ap{)rofondi la theorie des fonctions elliptiqucs. Ccs gcomi'tres ont ajoule de nouveaux resultats a ceux qu'ils avaient decouverts ; et en ce qui concerne particuliercment In theorie des equations , M. Abel est parvenu rccemment a as- PARIS. 825 signer des coiulillons spociales aiixquelles doivcnt satisfaire les equation;? pour qu'cllcs puissent Ctie resolues algobrique- niciit , c'e.st-a-ilirc par des expressions en radicaux analogues u celles du 5" ct dii 4" degre. M. Leg-cndre donue quelqiies devcloppemens i\ cet egard , et IM. Cancliy ajoule une expli- cation sur la nature des iiuHhodes qii'il propose pour la reso- lution nunierique des e(|uations. — Da a mars. — MM. Damh-'dci Fourier \'oxvi un rapport sur le Memoire de MM. Villerme ct IMir.NE Edwards, concer- nant rinlluence de la temperature sur la mortalitedes enfans nonveaux-nes. nOn avail recoimu depuis long-tenrs que chez les tres-jeunes animaux a temperature constante , comme les mammiteres et les oiscaux, I'acte de la respiration ne pouvait seul suffire i\ maintenir on a conservcr la chaleur qui leur est necessaire pour I'exercice de la vie; aussi, par un instinct nature!, les parens et surtout les meres se tiennent-ils con- stamment en contact avec leurs nouveaux-nes, afin de les pre- server des causes de retVoidissement. Dans ces dernieres an- nees meme, M. Edwards aine a demontre, par des experiences positives, qu'en eftet les tres-jeunes animaux ne sont pas encore organises de maniere a conserver une temperature superieiire ix celle de Tatmospliere dans laqucllc ils se trouvent plonges. Ce sont ces I'aits qui ont engage les auteurs a recherclier dans quels rapports se trouvent les temperatures basses et elevees avec le nombre des enfans qui perissentdans les trois premiers mois de leur naissance. C'est dans ce but qu'ils ont fait relever avec le plus grand soin les etats de naissance et de mortalite des enfans, mois par mois, dans tons les departemcns de la France, pour les annees 1818 et 1819. II resulte de ces re- cherches que , dans toute la France , la mortalite des enfans de zero a trois mois d'age est constamment plus prononcee dans le trimestre d'hiver que dans les autres saisons; tandis que depuis I'age d'un an jusqu'a la vieillesse, le nombre des indivi- dus qui meiu-ent dans la saison froide est notablement moins considerable. 3IM. Villerme et Edwards attribuent en grande partie cette mortalite a I'usagc et meme a la necessite etablie par nos lois de faire presenter les enfans , des les premiers jours de leur naissance , dans des lieiix publics 011 la date en est constatee, et oii ces petits etres doivent etre transportes, souvent a de grandes distances, quelle que soit rintemperic de la saison. Ils font remarquer que deja plusieurs savans italiens avaient fait la meme observation, comme Toaldo i\ Padoue, Zeviani a Verone, ct TrevUcn a Castel-Franco. Le travail principal des auteurs est consigne dans une serie do 8a6 rUAJ^OE. tubleaiix ilc tous lee depaitemons dc la FrtMiCH.' , disposes par ordrc alphabetiquc , et indiquant rnois par mois le dt'cos de tous les cnfans nouveaux-nes de ITtgc indique de zero a tiois mois, pendant les annees 1818 ct 1819. Un autre tableau, dressc dans le niemc but, indique les rapports du nombre des deces descnfansde ce nieme age et mois par mois, dans deux series de departemens , les uns situes au nord du 47" den;i-e de latitude , et les autres au nord du 45". H resulte de cette comparaison que cette mortalite diminue sensiblcment au sud tics le mois de mars, et qu'elle scprolonge jusqu'a la fin d'avril dans le nord de la France. Commc I'ont tres-bien fait ■senlir les auteurs, ces resultats sont interessans pour la physioloj^ie et la medecine ; mais ils sont en outre de nature a provoqucr I'attention et les soins du gouvernement et des legislateurs ; car , de menic que, pour constater les deces, I'oflicier civil, on son delegue , se rend au domicile du defunt , independamment dc I'acte qui en est dresse ; ils pensent qu'il ne serait pas im- possible , avec quelques declarations prealables o])ligees , de taire constater I'acte de naissance chez lu mere de Tenfant, pendant la saison rigoureuse. Nous pensons que 1' Academic doit encourager le zele de MIM. Villerme et Edwards , en les engageant A poursuivre leurs recherches de statistique dans la bonne direction qu'ils out prise. » — Du 9 mars. — M. le docteur Cothereau annonce qu'il a fait d'heureuses applications de I'emploi du chlore gazeux dans la phtbisie pulmonaire et les catarrhes pulmonaires, de- couverte que I'art de guerir doit a M. Gannal. M. Cothereau fait usage d'un nouvel appareil qu'il regarde comme propre a prevenir les inconyeniens du premier procede employe par I'in- venteur. — M.HEniCAKTDETHURYlitune dcuxieme notice sur le double puits fore de la gare de Saint-Ouen. II propose d'a- dresser au ministre de I'interieur et au prefet de la Seine les divers documens qui ont ete recueillis A cet egard , et qui out pour objet de procurer une amelioration qui interesse i un haut degre le public et les particuliers. IM. Girard signale un fait tres-remarquable observe dans les puits artesiens d' Abbeville : c'est que I'elevation ^e I'eau coincide avec la hauteur de la maree. M. deThury confirme cette observation qui a ete faite en France et en Angleterre, mais toujours non loin des bords de la mer. 11 assure qu';\ mesure qu'on s'en eloigne, ce phe- nomene devient moins sensible, et pense qu'il sera nul a Paris. W. Legcndre insiste fortenient sur I'utilite des puits fores pour leshabilans de Paris. L'Academie adopte les conclusions de M. de Thury. et ejivcrra ses intercssantc? notices au mi- PARIS. 8«7 nistre d« I'inteiieur et au prefet de la SeWie. — M. D along an- nonce que M. Babinet a determine la force horizontale ma- {jfiietique du globe , par une methode derivee de cclle que . M. Poisson aimaginee en iSaS, mais par des precedes d'ex- perience et de calcul diflerens des siens. II n'a fait usage d'au- cune oscillation d'aiguille ainiantee; les forces magnetiques sont donnees par des torsions de fils metalliques, qui sont elles-memcs evaluees en milligrammes, et par les oscillations parfaitement isochrones d'aiguilles de cuivre d'un poids donne. Pour les actions reciproques,la force de la terre estcompensee presque en totalite par la torsion directrice d'un fil choisi con- venablement et fixe au-dessous du levier qui porte I'aiguille mobile. Enfin, M. ^Babinet est paryenu au theorteie suivant : un pole magnetique qui , a une distance d'un metre , agit sur un pole egal a lui avec une force d'un milligramme , est dirige par la terre avec une force horizontale de Sao milligrammes. — MM. Cuvier, Desfontaines et DumeriL font un rapport sur les collections d'histoire naturelle faites par MM. Fabre , Rey- NABD, Blosseville, Brossard ct Gabert , ofliciers de la ga- barre la Chevrette, dans leur voyage a Pondichery. «C'est un devoir dont nous nous sommes acquittes avec d'autant plus de plaisir, dit le rapporteur, que nous y trouvons I'occasionde te- moigner toute la reconnaissance que les naturalistes doivent a des hommes qui ont rendu a la science les services les plus grands et les plus desinteresses.il n'entrait pas dans la mission de ces messieurs de faire des collections ni meme de s'occuper d'une maniere expresse de I'histoire naturelle ; mais leur zelo eclaire s'est donne cettetache, etilsl'out remplieaussi bien que s'ils s'yfussent destines delongue main... Rien n'a ete neglige : les plus petits moUusques, les zoophytes les plus freles ont ete numerotes, conserves, comme les poissons, les oiseaux et les mammiferes;tous les objets dont les formes ou les couleurs pouvaient s'alterer parla preparation ont ete dessines imme- diatement , et Ton a consigne dans des registres des notes con- venables sur les lieux oii chaque chose s'est trouvee, et surce qu'il a ete possible d'obscrver de leurs proprietes. Cette at- tention soutenue et methodique avait d'autant plus d'interet que les parages que la Chcvrette a parcourus sont , si Ton en excepte Bourbon ct Pondichery, peu frequentes par nos vais- seaux, et qu'il ne s'y etait encore rendu aucune de nos expe- ditions scicntifiques. Nous voulons parler surtout de Ceylan, du pays des Birmansetde I'Iraouaddy, tleuve quil'arrosc. Parti do Toulon le 29 mai 1827, Ip navirc relacha tour ;\ tour a I'ilo Bourbon, k Pondichery, a Madras, a Calcutta, aRaniioun, 8a8 FRANCE. port dc rompirc dcs Binnaiis, sur I'lraouaddy. A|>rcs iiiie douxiemc rcKtche aPondichery, et une autre a Karikal, il sc- journa a Trin(|iieniale , sur les cotes nord-est de Ceylan , re- Tint encore a Pondichery, se rendit a Batavia , travcrsa le detroit de la Sonde, et, apres une quatrienie rehlclic a Pon- dichery, se rendit au cap et al)orda a Fahcbay, d'oii il re- vint en France. D'apres les calalogues'anlhentiques, qui ont etc redifjes au Museum d'hisloire naturelle par MM. Isi- dore Geoff roy, Valenciennes, Latreille et Audoin, les collec- tions rapportces par la Chevrettc comprennent iG especes de mammircres, 206 d'oiseaux, 3^ de reptiles, 258 de pois- sons , 271 de nioUusqucs, 16 d'annclidcs, i32 de crustaccs, Syo d'insectes et d'arachnides, et 161 de zoophytes. La tnlalitc des individns monte a quelques milliers. La partie la plus precieuse pour la science consiste dans les objcts conserves dans la liqueur. Plusieurs d'entre eux, qucl'on possedait deja a I'ctat sec , se presentent aujourd'hui plus conipleteuient a I'observateur , et lui offrent des moyens de constater leur or- ganisation interieure aussi-bien que tons les details de leur exterieur. C'est ce qui est surtout fort avantageux dans les classes des poissons, des mollusques et des zoophjtes. Nous obtenonsainsiune multitude d'especes qui n'aAaient jamais ete dissequees, et que leur excellente conservation permet d'exa- miner sous tons les rapports; mais il y a de plus dans ces col- lections de nond)reuses especes que le cabinet du roi ne pos- sedait pas, et d'autres, assez nombreuses aussi, qui, n'ayant jamais ete publiees, sont nouvelles pour la science elle-mcme. Trois especes sont presumees dans ce cas , parmi les mammi- feres ; 24, parnn' les oiseaux, dont un nouveau genre dans la famille des dentirostres ; 20, parmi les reptiles, dont un nou- veau genre dans la famille des chelones ; plus de 60 parmi les poissons; 55, parmi les mollusques ; 12, parmi les annelides, dont 5 genres ceitainement nouveaux; gS, parmi les crustaces, et au moins 20 genres nouveaux, dans les especes microsco- piques. Tels sont, pour la zoologie, les produits d'une expedi- tion qui n'avait- ])as I'histoire naturelle dans sa destination; des produits en quelque sorteaccidcntels et derivantseulement du zcle et du bon esprit qui animaicnt les officiers, ainsi que des connaissances scientiliques qu'acquierent aujourd'hui les officiers de sante de la marine dans les excellentes ecoles creees par le ministre et dirigees par M. I'inspecteur general Kcruu- drcii. Get esprit est tel que 3L Brossart , de son cote, (pioique detache pour un autre service, n'a point voulu demeiuer en arriere de ses camaradcs, et il a fait aiwsi dcs collections in- PARIS. 820 Irrcssanlcs , parmi losqucUes il a pcrmis anx prol'osscurs tin Miisi'iim do ilidisir cellcs <[ui parailraieiit utiles a IV'lahlisse- mcnt. Les productions terrestres, comme on devait s'y alteudre dansune expedition dc ccltc nature, ontete moins ahondantes que ccUes de la mer, et cctte remarque devait necessaire- nient s'appliquer an regne vegetal. Toutefois , parmi les 900 especes environ dont se compose I'lierbier remi's par iM. Key- naud, il s'en troiive pliisieurs nouvelles; les bords de I'lra- ouaddy surtout, qui n'ont presqiie pas ete visiles par les bota- nistes, en ont offert de curieuses dont les principales appar- ticnnent aux graminees. Nous avons I'honneur de mettre sous les yeux de I'Academie trois volumes dc figures executees par M. Reynaud et par MM. de Blosseville et Gabert. II est facile aux connaisseurs d'apprecier le caractore d'exactitude qu'elles presentent, en memo terns que les naturalistes doivent y voir avec satisfaction les images de tant dc meduses, de biphores et d'autres zoophytes Iransparens et gelatineux, dc tant de petits crustaces inicroscopiqucs qui nepouvaient etre conserves pour la science que par cette attention qu'ont cue nos obscrvateurs de les dessiner vivans et dans I'eau memc on ils avaient etc pris. ISousapprenons chaquc jourainsicombien il reste dans le vaste abime de I'ocean de richesses a explorer, et combien pen nous pouvons nous flatter d'avoir rempli les cadres du grand systeme de la nature... Nous pensons que I'Academie doit exprimer a M. Reynaud et a MM. les ofliciers dc la Clie- vrctte la satisfaction que leurs recherches d'histoire naturelle hii ont fait eprouver. » (Approuve.) A. Michelot. — L' Academic dcs Inscriptions et Belles-Lettres a nommc , le 27 mars, a la place vacante dans son sein, par la mort du celebre helieniste G«//, M. Pardessus , professcur dc droit commercial , a I'Ecole dc droit dc Paris. Theatres. — Tiieatre-Francais. — Premiere representation do Bon Garcon, comedie on trois actos et on prose do Picard et de M. MazIsres. (Mercredi 18 mars.) — Co bon garcon est un homme aimablo, amusant, toujours dispose a vousservir, tou- joursprodigue dc I)ollosparolos f|u'il oul)lic plus vite encore qu'il nc les a donnecs; redisant sans cesso et comme sans y songer Jos petits services qu'il a jadis rendus, ot vivaut ainsi sur sa re- putation d'obligeanco sans jamais obligcr porsonno ; hommc de plaisir et excellent compagnon, divortissant parfailement bien les autres avec leur argent; empruntant cclui de scs H5o FRANCE. amis et leur faisaut payor ses dettes commc il paierait les leurs au besoin ; parlant tres-bien des droits de I'amitie ct les ou- bliant jusqu'i\ consentir a epouser iinc jeune personnc aimoe de son ami, et a accepter la place qu'il a promis de solliciter pour cet ami, qui, dans ce meme moment, court les champs pour payer les dettes du bon garfon. Mais le chevalier de Fauville (c'est le nom du heros de la piece) se conduit en per- fidc sans aucun soupfon de perlidie. On lui refuse la place pour son ami , et on la lui offre pourlui-meme; 11 n'y songeait pas le moins du mondc ; on lui persuade ensuite ([ue Laure nc peut epouser que celui qui aura la place ; il fait quelques objections, on les refute; il cede enfin, il se laisse fairc, comme il dit; il n'y a aucune premeditation dans le mal qu'il fait, il n'y reflechit pas, c'est de I'entrainement , c'est de la legerete; il est tout etonne que I'ami qui en est victime prenne ccla si serieusement; et quand on lui a fait comprendre tout ce qu'il y a de pen delicat dans sa conduite, il met a reparer ses torts beaucoup plus de chaleur et d'empressement qu'il n'en a montrc pour les commettre. Ce caractere est vrai et meme il ne manque pas d'originalite. On a peint plusieurs fois de fausses bouhomies, qui n'etaient qu'un masque pour sedui- re ; des personnages chez qui un semblant de bonte n'etait qu'une ruse d'hypocrite, pour mieux faire ses affaires aux de- pens des autres; le l>on garfon de la comedie nouvelle est plus rare au theatre et plus commun dans le monde ; il n'est per- sonne qui n'ait rencontre de ces bans enfans que Ton aime sans trop savoir pourquoi , et chez qui Ton prone de bonnes qualites qu'on serait fort embarrasse de nommer. Mais ce personnage bien concu, dont le trait est assez spi- rituel et la couleur assez chaude , se trouve ici place dans une action commune et dont les incidens manquent d'interet et d'imagination. Ce defaut est d'autant plus filcheux que les caracteres, qui sont heureusement varies, auraient eu plus dc relief et plus d'effet, places dans des scenes plus neuvcs et plus ingenieuses. C'est un monsieur Beaugrand, personnage deja sur le retour, ardent encore pour les parties de garcon , et qui ne s'apercoit pas que sa jeune femme s'occupe beaucoup plus de FauA'ille que d'un mari qui la delaissc. C'est une dame Beaugrand dont la liaison avec Fauville, I'ami intime de la maison, est indiquee plus dairement peut-etre qu'il ne con- vient a la decencc dcla scene; ces mceurs sont bien (pielquefois celles de notre sociele , mais un les couvre ordinairemenl dans le monde d'un voile moius transparent que celui-ci; nous ne defenduns pas au poete comique de peindre les mceurs telles PARIS. 85 1 qu'elles sont , mais il iM)us semble que I'indulgence qui con- vient dans le monde est deplacee i\ la scene et nieme n'est pas pcrmise au poete comique ; il est peintre de moeurs, niais il est en meme terns juge de morale, et lorsqu'il nous retrace quel- que desordre , il n'a rempli que la moitie de sa tache s'il s'est borne a nous faire rire. C'est une dame Dorbelet, mere de la jeune Laure et amie de M""' Beaugrand , espece de prude qui a fort mauvaise opinion d'un jeune homme tres- estimable, mais qui passe pour avoir des idees liberales, tandis qu'elle est toute disposee a jeter sa fille a la tete de ce mauvais sujet de bon garcon qui est assez farorise pour ctre le nerea cCun eveque; cette figure de femme n'est qu'esquissee , et cette esquisse fait dcsirer une peinture plus finie. C'est un comte d'Hersile, di- recteur-general , qui vient se delasser a la campagne des en- nuyeuses discussions du budget et de la peche fluviale, hom- me dont la suffisance et la morgue administrative sont peintes d'une maniere assez plaisante , sans s'eloigncr du naturel, et sans que la caricature soit trop chargee. Enfin,le jeune Mignot, petit -cousin de M°" Beaugrand, qui fait des vaudevilles et son stage, qui aspire a I'illustration des couplets comme a celle des requisitoires , complete la collection des originaux reunis chez Beaugrand ; car les amoureux de la piece en sont aussi les gens raisonnables, et I\l"' Laure ainsi que M. Dolcy sont de ces personnages dont on n'a rien i dire et qu'on ren- contre dans toutes les comedies. Le dialogue, un pen diffus, et qin' pour les spectateurs d'aujourd'hui , accoutumes au feu roulant des vaudevilles, pent manquer de trait, est toujours naturel et quelquefois comique ; enfin cette piece ne deparera pas la collection de Picard ; on y remarque les lueurs d'un talent qui pSllt, mais qui conserve encore cette couleur de verite qui fut le premier merite de cet ingenieux auteur, et qui assure a son theatre une place distinguee dans la collection de nos auteurs dramatiques , place qu'aucun autre ne pent occuper, parce que plus qu'aucun autre il a peint son siecle. Vivant a une epoque de transition , il a en surtout a retracer des moeurs mobiles, et ses peintures ont dfl necessairement perdre assez promptement quelque chose de leur coloris , mais celles meme qui disparaitront de la scene conserveront encore I'interet qui leur est propre , et resteront comme des monumens de I'histoire des moeurs dans un siecle qiu, phis qu'aucun autre, merite d'etre etudie.Voila maintenant M. Ma- zeres Uvrc a ses propres forces; Picard a guide ses premiers pas dans la carriere perilleuse du theatre; nous verrons s'il a le genie necessaire pour la fournir seiil. La piece a etc asser bien jouee ; elle a trom*^ d'aillcurs uti pu])lic indulgent , et il 87)2 franct:. a accucilli avcc tics applautlisseniens ce dcrnior legs do la muse cuiui(inc d'un dcs hommcs qui, durant leur vie, out etc le plus applaudis. — Theatre DE l'Odeon. — i" represcntalion ilc. Lancaalre , piece hislorique en cinq actes et en vers, par M. d'Kpagny. (Samedi 5i Janvier.) — Shakespeare a fait une trag;e(iie de Richard II , ou , dans une action qui dure deiixans, il repre- sente la grande catastrophe qui a place Henri dc Lancastre , depuis Henri IV, sur le trone de Richard, son cousin germain. Conuuc les anlres pieces historiques de Shakespeare, le Ri- chard II n'dUre point cet interet concentre d'une action sim- ple, prompte, ou toutes les circonstances sont choisies pour exciter la pitie ou I'admiration enfaveur d'unpersonnagc, I'in- dignation ou la haine contre un autre ; le poete ordinairement fidele a la verite historique touche et attache beaucoup plus par les (iclails que par I'ensemble de sa composition ; il lau- drait mutiler, defigurer I'histoire pour I'arranger en drame, selon le sens qu'on donne vulgairement li ce mot ; et tout I'art de Shakespeare se borne a en retracer les faits principaux, a en ressusciter les personnages avcc ces pinceaux merveilleux qui savent rendre le mouvement, la couleur et la vie. Aussi chcz Shakespeare est-ce surtout clans les details que I'interet est porte au plus haut degre , parcc que , malgre des lautes qucl- qucfois assez graves, on y voit briller d'admirables traits de nature, une connaissance profunde des secrets du coeur liu- main et un rare talent pour le pathetique. ftl. d'Epagny a suivi une methode toute clifferente; il n'a pris a rhistoire qu'un I'ait principal et des personnages con- nus;puis il a modifie, selon qu'il I'a cru necessaire pour I'in- teret, et les circonstances du iait et les caracteres des person- nages. Harepresente Richard ccmmcle plus vertueux, le plus humaindes rois. Henri de Lancastre, dont I'ambition convoite depuislong-tems la couronne, profitedes vertus memedu roi pour le pcrdre ; il parvient a le faire mepriser du peuple en le peignant sous des traits odicux; etl'ayant attire par surprise dans la tour de Londres, il I'y rctient prisonnier. Quelques amis, resles fideles a Richard, out tout dispose pour le sau- ver : il sullit, pour lui rendre la liberte et peut-etre le trone , de permctlre a une sentinelle d'cn Trapper une autre; mais Richard ne vent pas qu'une seule goutte dc sang suit versee pour sa cause, et il reticnt liu-mcnie le fer leve pour raftVan- chir. La reine est aimce du peuple; I'un dcs moyens dont s'est scrvi Lancastre pour rendre Richard odicux a ete de semer les sonpcons entre les deux epoux, dc le? dcsunir, et PARIS. 833 Mais Ics amis dc Riiharii inciia^ent iiiie reconciliation, Lien facile ties que les deux epuux se sont expliques ; iis se nion- tient ail peiiple dii haul d'lin balcoii de la tour, ct ce spec tacle raniene tons les cocurs vers Ricliaid : mais I'hahile com- petiteur dunialheureuxiiionar(]uc saiii'a ])ieiiredevenir maitrc du peiiple des qu'il sera maitre dii prince, et il connait le cote faible par oi'i il le doit attaquei'. Dans line scene dont le motif est neuf et I'execution habile, Lancastre s'expriine en parlant a Richard avec ce cynisuie de franchise qui atteste I'empire d'un caractere fort sur un caractere faible ; il rap- pelle ail roi les fautcs, les faiblesses et meme les vertus qui le rcndcnt incapable de regner ; il se montre ensuite lui- meme tel qu'il est, ambitieux, entreprenaut et resolu.a appeler I'audace et meme le crime au secours de son ambition. Enfin il place le roi dans une alternative cruelle, I'abdication ou la guerre civile : « Vous pourrez I'em- portcr, lui dit-il, mais des Acts de sang auront coule; » et Lancastre sait bien qu'a ce prix Richard ne veut ni de la vic- toire, ni de la couronne. L'abdication est done resolue : mais la reine, indignee de tant de faiblesse, rassemble en secret quclques sujets devoues, etsouleve tout le people de Londres en faveur du roi prisonnier. Lancastre voitsaperteprochaine, lorsqu'un de ses partisans, pour se sauver lui-meme plus encore que pour sauver Lancastre, assassine le roi. Lancastre se dispose a profiler du crime en accablant le criminel de son raepris; et tandis que le meurtre du roi est encore ignore de tous , il fiiit assembler le parlement pour recevoir l'abdi- cation faite precedemment en I'aveur de Lancastre; mais, au moment oi"i celui-ci s'avance vers les degres du tione, appa- rait Richard, qui s'y traine tout sanglant. Presqne aussi pale que le mourant, I'lisurpateur attend I'arret que le roi va pro- noncer : bien loin de taire entendre aucune parole de ven- geance, Richard nomme Lancastre pour son successeur. La reine, privee de sa raison, s'enveloppe d'un voile tout rougi du sang qu'elle a vainement etanche des blessures de son epoux, et tombe aux pieds du trone. Les evenemcns ne se sont point ainsi passes; Richard ct Lancastre n'etnient point ainsi fails; mais ces infidelites his- toriqucs sont plus excusables selon nous que les failles contre la raison et relfet dramalique ; or il y en a plus d'une de ce genre dans Lancastre: la premiere, celle qui delruit radicale- mentloul I'inlerel du drame, c'est I'insigne faiblesse de Ri- chard; cetlG faiblesse, dont I'exces rend quelqucfois la vertu T. xu. MARS 1829. 55 85', FRANCE. nirmo pins fiinoste aiix penplos <\\u' lo crime, jctto .rouille a tout moment d;ins le doidile flcvoir de faire sa cour a la jcime personne ct de f'aire enlerrcr le det'unt, ont paru plus forces (pic plaisans ; el malgre «|uelqMes idees conu(|ues et quelques trails d'espril, le public n'a pas tres-bien accueilli \me foUe qui peul-elre aurait niieux reussi si elle eCit tie plus foUe. Cetle piece, dont le litre pouvait paraitre dc sinistre au- gure a des esprits superslilieux, a etc la derniirc jouee snr ce theatre : I'Odeou est niort avcc elle. Nous avions bien pre- dit a I'epoque on il ful rouvert qu'il ne pourrail Irioniplier des obstacles dont on semblait renvirouner a plaisir par les nom- hreuses inlerdiclif)ns qui hii elaieut imposees. Ce quartier, dit-on, a besoin d'lui thci'ilre , et I'experience prouve (pie le quartier refuse de souleuir I'Odeou. 11 scraitd'ailleurs avanla- geux a I'art dramali(pie que la Iragedie ct la comedie ne fiis- 5ent pas le domaine d'un seul theatre, et trouvassent sui- deux scenes dillerenles I'empressement et le z(;le qin naissent dc la rivalite; el I'expd-rience prouve encore que la Iragddic €t lacomd'die ne suffisent pas pour peupler la sallede I'Odeon. Le privilege restrictif, accompagne de la subvention, n'a produil ju^qu'a pr(3sent que la mine de Irois direcleurs. Nc voudra-t-on done jamais essayer de la liberie? Qu'on donne rOdeon a un directcur sans autre subvention ([ue la faculte de jouer tons les genres, d'exploiter tonics les curiositd-s, el Ton trouvera bientot un homme qui devinera le goftt du pu- blic, et qui, en travaillant dans son interet, sera utile aussi aux interets de I'art; car dans les arts de I'imaginaiion, comme dans les arts de I'industrie, la concurrence anirae les esprits et enfante les succes. M. A. Beaux-arts. — ISimmmallqae modcrnc. — Mtdaillca frnp- pees d Paris pendant I'annee 1828. — La Monnaie des me- dailles a frappe, en 1828, trrnic-qiialrc medaillcs, dont treixc sent relatives a la famille royale ou aux actes du gouverne- p>yus. 8^« nient; qivatre out rapport a rlos ohjets particulicrs; ouze sunt consacrecs aux homines cclrhros niorts; quatre h des per- sonnagcs francais vivans, ct deux a des princes ctrangers. — Nous avons pense qu'il serait agreable pour nos lectinirs de connaitre ces monumens historiques qui offrent un double interet sous le rapport du sujet et sous celui de I'art. Nous avons consacre, il y a deux ans (Voy. Rev. Eve, t. rxxiii, p. 333 ) , un article i I'etat de la numismatique moderne , dans lequel nous engagions les graveurs t\ se penetrer des beaux modeles offerts par les medailles antiques ; c'est avec plaisir que nous avons remarque que plusieurs ar- tistes avaient niarche dans la bonne route, et s'etaient rap- procbes de ceux dont la juste reputation est due a kur talent ; mais nous nous abstiendrons de les designer ct de prononcer un jtigemeut, notre premier article ayant souleve qudqucs amours-propres et fait naitre des reclamations , nialgre la bienveillance et la moderation dont nous avions cru laire preuve. Ces medailles sont exposees au cabinet des medailles de la Bibliothtque du Roi, oil le public est admis les mardi et vendredi de chaque semaine, depuis dix heures jusqu'i deux. McUlailles pour les colonies francaises. — Le buste de Charles X, avec la couronne et le manteau royal; au revers, la Jnsti<;e debout, tenant de la main droite I'epee elevee, et de la gauche la balance. Legende : Colonies francaises, Cotir d' assises. Medaille de 20 lignes, gravee par M. Mich.vut. — Charles X debout, revctu des habits royaux, la main droite appuyee sur sou sceptre, ayant prtis dc lui la couronne et la main de justice, tenant de la main gauche la Cliarte roloniale. On lit i Texcrgue , Mlnistire de la Marine el des Colonies, ct au revers, Colonies francaises, Conseil price. Medaille de ao lignes, gravee par M. Michaut. Actes da gouvernemenl. — Kxprdiiion de Morcc. — La France debout, sur un vaisseau, lient de la main gauche des drapeaux fleurdelyses, et de la droite elle eleve unccroix; elle foule aux pieds des fers. Le revers porte les noms sui- vans : Charles X, roi de France; S. A. R. ilJ*'' le Dauphin, grajid-amiral ; S. E. le baron Hyde de Neuville, minislre de la marine; S. E. le vicomte de Caux , minislre de la ij;uerre ; S. S. le marquis Maison, general en chef; le chevalirr de Rigny, vice-amiral, 1828. Medaille gravee par M. Pincret. Voyage da Roi. — Les medailles IVappees pour le voyage (111 Roi sout au nombre do qualrc; ellcs porleut la tele de Charles X. La premiere a pour rever.'' les units : Industrie dc 838 FRANCE. la Moselle. Donnee par le Roi ; une ancre ct une lampe; ao lignes. — La dcuxieine : Le Hoi visile la ville dc Troyes; les armes de la ville, 17 septenibre 1828; 18 lignes. — La troisiemc : Le Roi ct le Dauphin ont visile la ville de IMulhau- sen Ic II scptembrc 1828 : Henri IV vans appelail ses bons amis, alors vous dtiez Suisses. Aujourd'hui vous etes Franfais, ct vous ties aussi mes bo?is amis; les arines de la ville, 11 n ca- ducee, line branche d'olivier, 18 lignes. — La qiiatrieme : Au meilleur des Rois. La ville de Verdun; 2 septenibre 1828 ; 12 lignes. Monumens. — Une medaille de 22 lignes a ete consacree i\ la pose de la premiere pierre de Teglise de Saint-Vincent de Panle ; elle represente la facade de I'edifice. Elle est I'ouvrage de M.Tiolier. — line autre, avec la tttede iM^'ladu- chesse de B err i, n'a pour revcrs qu'une inscription qui men- tionne la pose dc la premiere picne de la chapelledcSaint-Au- bin, oCi est le monument en rhonneurdcs cliel's vendeens Les- cure , La RochejaqueUin et Donissan. — Une trcu'sieme , qui ne porte egalement qu'une inscription, rappclle la pose de la premiere pierre du monimient consanccs en malhcmatiques le 844 NKCROLOGIE. renilaioiil Iris-prop re. II In qtiilla bionlot ct fiit oI)lig6 (fe scrvir coinmc chirurf^ii-n atlaclic ;\ I'armcc, fouclioiis qu'il remplil pcuilanl dix-luiit mois, aprc'slcsqiicls il reiilra dans Ic- corps du genie militaire: puis il deyiiit succcssivcineiit re- dacteiir du Journal dcs Etudes do VEcole poljtec/inir/iie , cm^ ploye au Cadastre, prol'esseiu' de geogiaphie ct de nialliema- liques au Prytaiiee de Paris, prof'csseur de geographic A I'ecole militaire de Fontainebleau, ct bibliolhecairc de I'ecolc des ponts-ct-chaussees. Apres la rcstauration, I'abbe Halina Tut nomme conscrvateur de la bibliolhcque Saintc-Gene- vicve, et, eu 1817, chanoine honorairc de I'eglisc uietropo- litaine de Paris. II a public bcaucoup d'ouvrages dout nous ne citerous que Ics priucipaux : Lecuns (lanentalres dc geogra- phic (179a; in-8"); Composition maflianatitjae dc Claude Ptolemie, ou Astronomie ancienne, traduile pour la premiere t'ois cu francais avec le tcxte grcc ( i8i5 et 1816; 2 vol. in-4"); Tabic ckronologique des regiws prolong^s justju'd la prise de Constantinople par les Turcs; Apparition des fixes de C. Ptolemec, Tlicon, etc., et Introduction de Geminus aux plidnomUnes celestes, traduite pour la premiere fois du grec en IVancais, etc., etc. ; ouvrage traduit de I'allemaud, de M. Ide- Icr (1819; i'i"4") > Examen et explication du zodiai/uc de Dcn- derali, compare au globe celeste antique d'AIexandric , con- serve i Home, etde quelques autres zodlaques cgyptiens, (182'j.; in-8") ; Table pascaie du. moine Isaac Argyre, taisant *uilc a colics dc Plolcmce et dc Tlicon, ouvrage traduit du grec en francais, ( 1825 , in-4"). A. P. - — Pacho. — Jean-Raymond Pacho naquit a Nice, ancien de- partcment des AIpes-Marilimes, le 3 Janvier 1794? d'un nego- ciant riche et estiine.Prive de ses parens des sa premiere cn- fancc, il fut place par son tuteur au collige de Tournon , de- partement de I'Ardeche, oii il etudia sept ans de suite. En 1814? il quitta le college, se rcndit a Nice pour y rccueillir son patrimoinc , visila I'ltalie , scjourna i\ Turin et vint a Paiis en 1816. En continuant ses etudes, il s'altachait dc prcrcrcnc*; a celle du dessin, sans negligcr la bolani([uc, vers laquclle le portait une sorte de predilection. II nc partit dc Paris qu'en 1818 pour se rcndre a Alexandrie d'Egyptc, ou son frere aine etait etabli. II cspcrait y laire rapplication de ses connaissances et trouver I'appui necessairc pour explorer celte contrcc ; mais, au bout d'une anucc, ayant perdu tout cspoir dc reussir, il reviut a Paris, et jusqu'a la (in de i8;4o il s'y occupa lantot dc pcindre le portrait, taulnt d'ccrii'c diflcrens articles pour Ics journaux lilteraires. C'cst alors qu'i! lit uue secoiide tentative pour rclourner en Egyptc et \oya- NKCROLOGIE. 84 r> f;;or ilans rintciicur du p.iys. Apres un an d'inaction, il ob- (int cnfin de M. Jumcl, diiccteur d'linc fal)iique apparU-iiant an vice-roi, Ics sccours neccssaircs pour visitor rjiffyplc in- • lericure. II la j)arcourut pres d'un an , dessinant les monu- mens ct reciieillant les plantes dc quelqne interet. Une nonvelle catastrophe renversa les esperances ct les projets de M. Paclio ; en 1823, M. Jumel vint a moiuir, ct iiolrc voyagenr ful contiaint de snspendre tout-a-fait ses ex- cursions. ]letoiii])e dans I'oisivete, prive de toute occupation rcgulicrc, devore du besoin d'agir, il sc sentait accablt- par Ic tourment de I'ennui. II en I'ut arrachc par 31. CHcstin Guyf- faenet, §nisse d'origine, chefd'une labrique appartenant au vice-roi, qui lui I'ournit le moyen d'ext?cuter un voyage dans les Oasis, et de terminer celui de laBasse-^gyple. Apres uuc annee de courses continuelles, M. Pacho revinlau Caire avcc Ic desir d'explorer la Cyrenaique ; les habitans de I'Oasis do Syonah avaicnt assure avoir vu dans la Cyrenaique et la Marmarique divers beaux inonumens ; la resolution de Pa- cho fut decidee par Tarrivee du programme dc la Society dc grographic. M. IJenri Salt , consul general d'Angleterre, I'a^ vait recu du president de la commission centrale; il le donna au jeune voyageur qui, malgre tons les dangers qu'on lui faisait apercevoir, demeura ferme dans son projet. II partit d'Alcxandrie avec M. MilUer, jeune orientalisle, en novendirc 1824, et il revint au mcis dc juillet suivant an Caire, apres avoir accompli heureusement et eutierement son entreprise. II ne tarda pas i se rendre a Paris pour fairc connaitre les resultats de son voyage. La Societe de geographic fit exami- ner ses mateiiaux, rinslilut en prit connaissance, ct il ob- lint la couronne qu'il avait si bicn meiilce par son courage et sa perseverance. Le rapport de M. Malie-Brun depose dii uieritede ses observations, de Thabiletect de la sagacile qu'il a deployecs ; de meme que la publication de I'ouvrage aujour- d'hui terminc completement prouve son talent dans I'art d'ecrire, fruit d'une application soutenue et d'une etude opi- niatre. 11 ainiait a sc nourrir des grands modeles, son imagi- nation vive et exallee ne lui permettait pas dc retracer froi- dement les cvenemens auxquels il avait pris part : tout s'a- nimait sous sa plume, et sauf quelques ecarts, on ne ])eut nier qu'il ne sfit donner i\ son style du mouvement, de I'e- legance et de I'interet. Ses peintures de mccurs sont fortes ct gracicuses; heureux quand le sentiment n'est pas altcre par un pen d'affeclatiou. Pcut-etrc ses (|ualites et ses dc':fauts fiirent-ils egalemcnt le gcrme d'une afioclion grave qu'il contracta en 1828, ct a laquellc il vionl de succombcr. So 846 N^CROLOGIE. croyant environnc d'eniiemis puissans, sonpponnant \i fido- lile de scs amis, il piit le moride en (h'^gout; il no vivait plus que pour I'etudc, se rei'iisait aux cluinnes de la societe ot passait les units au liavail. Les enooiii-agemcns si bicn diis aux vnyagcurs, ct qu'il avail Ini-uiOme si jnstciiiont meri- tes, auraient pu le tirer de sa nK''larH(tlie; mais, a rexiep- tion du prix de la Societe dc goograpliic (i) et de quel<[ues eloges donl les jouinaux rcttMitirenl, il n'ohliut ni faveur ni justice. Plein de dignite, mais poussaut a rcxces la susccpli- bilite, il n'auiait jamais voulu consenlir a sollicitcr la moin- drc rocompt'use, il preferait vivre presque dans une gr-ne etroiie. Tout le monde ignorait sa vt'iitahle position, et il n'est personne qui n'ait ete surpris antant qu'accable par la nouvelle de la catastrophe qui a mis un lerme a ses jours. Quelle que fQt son exaltation habituellc, on ne peut s'empe- clier de i'aire une reflexion aflligcante, c'est que si la princi- palc cause de sa morl tragiquc est dans un acces de delire, une sorte de desespoir y a contriiuie pour beaucoup, en y prt'parant son esprit depuis une annee. Le (?crnier ouvragc auquel M. Pacho a mis la main est un tableau des tribus nomades anciennes et modernes. Les fragmens qu'il en a fait connaitre donnent a juger de riuterct d'un pared ou- vrage. Le sujct estvaste, heureusement cboisi ; ilconvenaita celui qui erra si long-tems avec les nomades Lybiens. On doit desirer la publication d'un ouvrage dont la pensee est vraiment originale. J**. ^Braitlt. — Get estimable citoyen, connu par un acte de patriotique desinteressenient et par des poesies qui ont ob- tenu quelque succes, est mort a Paris, le 4 mars dernier. On se rappelle qu'aux elections de 1824, Brault, alors sous- prefet a Lachatre , envoya sa demission a M. de Corbiere, qui voulait le forcer, comme les aulres sous-prefets, a in- fluer sur le choix des deputes par la corruption , la menace et la fraude. Revenu a Paris, 11 s'occupa de litlerature, publia un rccueil de poesies poUtiques (V. Rev. Enc, t. xxxii, p. 188), fit recevoirauTheatre-Francaisunetragt'die qui n'a pas encore cte representee, et devint I'un des collaborateurs du Conaii- iutionnei. Outre le recueil que nous avons cite, on a de Brault : Ode sur le dcsastre de la fregate la Meduse ( Paris, 1818. Li-8°). (1) Encore en fut-il prive par tin vol comniis dans son hOlel. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE GAHIER DE MARS 1829. I. MKMOIRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1 . Obst'ivallons suv la peine de mort et le diolt de punir. Charles Lucas. 677 9. Notice surledeparteiiicntdc la Haute-Vienne. ^c/. Gondinet. 59!i 3. Notice sur Voltaire Berville. 609 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Cours de I'histoire naturellc des manimifcres, par M. Geof- froy-Saiiit-lIilaire Flotirens. 635 5. 1° Histoire critique du droit municipal, par SI. P. Leber; 2"Uistoire des communes de France , par P. J. S. Dui'ej, de FYoune; 3" Histoire deladmlnistration locale , par le baron L. F. C. Dupiu; 4" Histoire du droit municipal en France, par M. Kaynouard J.C.L. de Sismomii. 6/|3 fi. Precis derliistoireancicnne, par ]Mi\I. Poirsonet Cayx. . 2. 6G6 7. Histoire iinanciere de la France, par Jacques Bresson. . . J. MahuL 678 8. Essai sur runiversalitc de la langue francaise , par G. N. Al- lou, lugenieur en chef des miucs, a Augers. . B. JiilUcn. 688 9. Romans et Gonles do II. Zschokke, traduits de rallemaud, i par A. LoiHe-Veimars. . . , //. Patin. 698 III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annoncesde 87 outrages frangais etelrangers. Amerique septentkionale. — Etats-Unis, 2, dont un ouvr. p6r. 7o5 Europe. — Grande-Brctagtic , 11 707 — Riissie , 2. — Pologiie, 2 721 — AUemagne, 8, dont 1 ouvrage periodique 727 — Suisse, 4 » dont 1 ouvrage periodique 734 — Italie, 3 758 — Pays-Bas , 6 , dont 2 ouvrages p^riodiques. , 743 Fbance , 49 » sa\'oir : Sciences physiques et natureUes, 16 749 — Sciences religieuses, morales, politic/ues et liistoriques , i3. . . 769 — Littirature, i4 774 — Beaux-arts ,2 791 — Memoires et Rapports de societds savantes, a 792, — Ourrages periodiques , 1 796 — Livrcs en langucs itrangeres , imprimcs en France , 1 . . . . 797 IV-NOUVELLESSCIENTIFIQUESETLITTERAIRES. Ameriql'e sEPTENTRioriALE. — Etats-Unis. Ktablissemcns fondcs par miss ff'r/g/if pour rafl'ranchissemcnt des esclaves; Gours de philosophie et de pcrl'eclionnement moral quelle vient d'ouvriia Neiv-York, 799- 848 TAtlLK I)i;.S AUTlCtE^-. AiT.iyrr. — SciKfgal. I'rogrt's (!<■ l:i ciiltiiro do I intUgodaiiscellc colonic 8o3 EUROPE. Guandr-Rretagne. — Lotidrcs : Politique : Emauci|i;ition dos ca- thorK|ues ; Situation do I'Anglctcrre ; Jouruaux politique*; ; Article du Bill centre la Iraucliise des el<'ctcurs a 4o siiel- liugs. — Littoraturc ; Nouvclle edition dcs OEuvres de Wal- ter Scott; Anne(iuyrstein. rouveauroniaudumOnicauleur. — LIfcrpjol : Publication dun journal fraufais. — Soeictt: nlillanlropique pour I'abolilion des sacrifices humains cliez les Indous. • — Sciences : ConihuslJon du c;az ; Moyen d'aug- nientcr la luniitre et de diminucr le couibuslililc. — Ttiid- ires : — Exposition de tableaux 8o5 RussiE. — Vdna. Littoraturc polonaise; Traduction en vers |ioIo- nais des odes de Pjudare; Poi^sies d'Odyniec. — Kharkof : Sculpture. — TzttrskoU-Cclo :&\.!\in(i coloss-aledu Christ, par Danccker. — Saint - Pclershourg : Lithographic ; Album russe. ■ — • 7'/i('o(/osK' ; Lithographic 8io SiiiUE. — Instruction publique ; Enseigncmcnt mutuel ; Gymnas- tique; Statistique des Universites. — Caisses depargnes. — Societe biblique. — Recherclies sur riiistoirenalionaie. — Productions poetiques de rannee. — Morliilit(5 a Stockholm. 8 1 1 Allemagne. — Prusse ; Statistique des Universitc^s 8i4 Suisse. —Berne : Euscignemenl industriel. — Fribourg : Etat de la legislation ; Stalistifjue judiciaire. . . , 816 Italie. — Piimont : Vaccine; ISouveau moyen de la propagerpar Ics sages- fempies 818 Pats-Bas. — Louvain '■ Statistique de TUniversite. — Acad<;niie dcs sciences ct belles-leltrcs. — Instruction publique. — Invention de la stereotypic 819 France. — Clennont-Fcrrand (Puy-de-Dome) : Application aus arts des douiit.es ct autres produits volcaniques. — Saint-Va- lery { Sonime ) ; llccherchcs archiiologiqucs 82 1 Paris, — Institut : Academic des sciences : Seances du 16 levrier au 9 mars. Academic des inscriptions et belles-lettres. — Tliiatres. Tliddtte /V-ftHfrt/s.* Premiere representation du ZJon Gordon, comcdic- — Tliiatre tic L'Odion : Premieres repre- sentations do Lancaslrc, piece historique, du l''rancais au Cairo, vaudeville, de la Vicille Fille et laJciine Feiivc , co- medie,el duMariage ct lEntericment , folie-vaudcvillo. — Beaux-Arts : Numismatique modorne : Modailles frappeesa Paris pendant I'annee 1828 ; Projet d'uueMedaille enThon- neur dlloward 8ao Pbix puoposes par la SociM vaudolse d'utilite piiblif/iie , ])ar la deuxiL'nie classc de Vlnslitnt des Pajs-Bas, et par la Society pour I' encouragement de C agriculture, h Vesoul 84o Pkjx iiECEHMis par V Academic du Gard, et par laSociii'l^ dV'mula- i\r>u conunerciale de Bordeaux ,...,. 84 i AiicBOi.oGiE. — Italie : Piudomoule. — France: Ilalma ; Pacho ; Brault. . . , ■ Ibid. TABLE ANALYTIQUEET ALPHAB^TIQUE DES MATIERES DU QUARANTE-UJVlilME VOLUME DE LA REVUE ENGYCLOPJ^DIQUE. Janvier, Fevhier, Mars iSag (*). On a r6uni aux quatre mots indicaiifs des quathb gbandes divisions dc ce Reciieil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE; IV. ?iOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTl^RAIRES ; le detail ot le renvoi des articles qui s'y rapportent ; puis on a caract(;ris6 ces articles , k la suite du nom de leurs auteurs , par I'une des quatre abrevialions ci-apres : M. (memoibes et notices) ; A. (analyses); B. (bul- lETFN BIBLIOGRAPHIQUE); N. ( NOUVELLES SCIEMTIFIQUES ET LITT^RAIRES ). La designation C. aj^ies les nonis propres indique les coUaborateura de la Reviio, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils out fournis. Au lieu de comprendre, sous la denomination g6nerale sciences et arts (comnie dans nos quatre tables des matures de I'ann^e 1819) , I'indication des diiFerentes sciences dont Iraite ce volume, on a cm devoir, pour rendre les recherchcs plus I'aciles, etpour mieux caracteriser le but philnsopiiique de la Mevue Encyclopcdique, ouvrir un compte particulier et special, en leltres capitales, non-seulenient a chacune des branches des connaissances humaincs : agriculture , anatomie , etc. ; i cbacun des elemens essenticis de la civilisation el des mojens piincipaux de couiinunicaliou entre les hommes : academies et societes savastes, dictionnaires, enseignement mutuel, instruction publique , joi'RNAux , THEATRES, ctc. ; mais encore .'k cbacun des pays dont il est fait mention dans ce Rocueil : de nianicic qu'on puisse lapprocher et comparer tour 4 tour, soit i'etat des sciences et des elemens dc la civilisation dans chnqiie pays, soit les nations elles-mt^mes, sous les differens rapports sous lesquels on a eu occasion de les considerer. Academies, f^oy. Socii5ti5ss*vantes. Accouchement laborieux (Question chii urgico-legale sur un ) , par F. M. Leroux, 761. Adelon ( N. P. ). Physiologic de I'homme, 485. Ader. Toy. Bossue. (*i On souscrit pour ce Recueii, scikntifiqle et litti raire , dont il parail un cahierde qualorze fcuiUcs d'inipressiou tons les niois , au Blkeac central d'abon- NEMENT , rue d'Enfer-Saint-Micliel , n'^ 18; cliez Arthi s Bertband , rue Haulc- feuille , n" 28, et chez Renouard , rue de Tournon , n" 6. Prix du la souscrifi- tion : a Paris , ^6 h: pour un an ; dans les departeniens , 53 fr. ; tio fr. d.ins re'tranger. XLI. 54 85o TABLE ANALTTIQWF. Admikistration locale. Voy, Dupin. Akrostation, 275. AffianchissfMiKMit desesclaves, 799. Al-BiniR , 707, 8pe Thaddeevitch , ou i'Er- inilc russe, tableau des mocnrs russes, etc., par Boulgarin , tra- duil en fran^.iis, 783. DliS JIATIERES. 85 1 AscHiTECTDBE (Premier Essai sur I') synibolique, civile et mili- taire , etc., par D. Sacchi el J. Sacclii , 759. Aiiiauld./^'yy. Vieille fiUe. Allien. J'oy. Tan der Chys. A BT DBAMATiQi'E cn Aii^lcterre, 553, en France foy. Situation. MILITAIBE, 772. VtlEBINAIRE , 200, ao6. Artaud (A. F.). L'Enfer de Dante AligLieri , traduit en fran^ais, AbtS INDUSTHIELS, 265, 283, sSj , yS\ , 752, 753, 754, 755 , 756, 8ai. — ( des ) qui s'occupent de I'e- ducation de nos faculty intellec- tuelles, M., 3o5. AsC^TlQL'E. /^. SciEKCKS SELIGIEDSES. AsiE, 7.-1. •Assal (Frederic). Reclierches sur ies ancieiis babitans de I'Anieri- que du nord , 544- i^acliriclilcn iiher die friihernEui- woliner von Nordamcriha und Hire Doihmiilcr, 728. Atuenee de Kaoiur : Refornie ope- ree dans I'enseignement , 559. Atlas classique et universel de geo- gi apbie ancience et moderne, pu- blie par Dufour, 490. — comiiierclal , ou exposition me- tliodique du droit commercial, par PouxFranklin , 202. ■ — bistoiique et cbionolijgique des litteratuies ancieunes et moder- nes , des sciences et des beaux- arts, par A. Jarry de Mancy, 776. — universel de geographic ancieune et moderne , par Lapie pere et fils, 708. Aubert de Vilry. Voy. Casanova. Audouin (V.). Foy. Entoniologie. Auguste. f'oy. Mariage. ArSTRALASlE , 545. Auleuisclassiques. Fbv. Collection. Aver.el (M.), C. — A. 81, 576, 433. B. Babinet determine la force borizon- tale niagnetiqne du globe, 827. Bajot. Abitgii des principaux voya- ges dedtcouvertes par nier, etc., 225. Bal (Le) des elections, par M""* de **', 532. Bali (llede), 7G. Ballades, melodies et potsies di- verses , par A. Fontaney, 243. Baour-Lorniian (P. M. L.). f'oy. Canon d'alarme. Barbarie , 528. Barbe-Marbois. Histoire de la Loui- siane , A. 428. Bardisme (du) breton , par David Williams, 455. BasialinskoV (Prince A.). Quelques beures de loisir, etc., 722. Barlow, f'oy. Nomikaiions ACADii- miques. — Voy. Fourier, Bartbelemy (I'abbe). Voy. Inaugu- ration. Barton (R.). Voy. Blasts. Barton's JSew years Eve, 175. Bateaux i vapeur (Essai sur Ies) appliques a la navigation inle- rieure et maritime de I'Europe, par Tourasse et Mellct, 217. Beattie (James). Voy. Menestrel. Beaujeu. Memoire sur la fabrica- tion du Sucre de bctterave, 282. Beadx-Abts , 262 , 295 , ;^55, 456, 533, 735 , 74o, 791 , 810 , 836. Becker. J ournal bebdomadaire d'A- bo , en langue finlandaise, 459- Beil (Andrew ). Elements of Tui- tion , 712. — ( Giov.). Osservazioni suit I'lla- lia , viguardanli principalmentc le belle arli , ~'\o. Bellati {A. ). Poetic scelte, etc. 198. Beli.es-Lettbes. Voy. Liiteratihk. Belloc ( M""^ Louise Svv.) , C— B. 173 , 177 , 45o, 455 , 721. — N, 8 1 o, et Ies articles sigues l. sw. b. S5-i liurnoulli (C.) pom- Ja statistique et I'tconouiie natiunak', -56. Kcrtolotli {£>). Fiaggio di Savoja , elc, 196. I'erville, C. — M. 609. HiBLE de Vence, en latin et en fran- <^ais, avec des notes, par Dracb, 759- BiBLlUCBAPIIlE , 168, 261,4465 557, 705. — italienne, on journal gtin6ral de tout ce qui s'iiupiime en Italic, Bii!LioTHiiQ»E (Ilistoire dela)royale de Berlin, par Wilken , 557. Blgnan. Poesies, A. 162. BUI for the gradual improvement of the United-Stales navy, 446- BioGBA^piiiE , 5ii , 5i2, 609, 7>6, 7'7» 729, 77^ r 77^- — universelle et portative des con- temporains, par Alpb. Rabbe, 5io. Biography ( The annual ) , 717. Birnbaum. Notice sur les disposi- tions du droit anglais relatives uux delits de la presse , 745. Blancbissage doineslique (Art du), d'apres les procedes anglais et fraiK^ais , par M""* Pelouze , 49". Blanqui ( Adolphe) , C. — M. 5i. Blasis (C). Le Code de Terpsi- chore, etc., traduit en anglais par R. Barton, 456. Bon Garden ( Le) , coniar Rey-Dussueil , 53o. Consequences que I'on jHut desirer ou craindre pour la civilisation de la guerre des Russes dans le Levant, M. 5. Conservation des substances ali- mentaires. Foy. Martin. Consideralionssur la Rcformccom- merciale op6ree en Angieter- re, etc. M. 5i. — sur la necessite et les moyens de lel'oinier le regime universi- taire, elc, jiar .1. P. Case, 5oo. Constructions (Ancicnnes) ameri- caines, 544. CoNTKs d'un grand-pere , ou fails tires de I'histoire d'Ecosse , par Walter Scott, 172. TABLE ANALYTIQVK COiMKS liongrciis, par I'auteur dtj la Lettre de cachet , 174' — et confessions de Leilch Ritchie, 174. — et Nouvelles de Marguerite dc Valois, 256. — 5 nia situr , par A. P. Chaalons d'Arge, 258. — et INouvelles, parMerville, 53o. — suisses dc 11. Zscliokke , traduils en franc^ais par Loeve-\ einiars , A. 698. Cooper. Lcltres sur les nincurs el les institulionsdesElats-Unis del'A- meriqueseptentrionale, Iraduilcs en fran(,ais par M"'^^ H. Preble , 495. • CorpushisioricrByzanlmw, cd. Sclm- pen, 182. Corres])ondance meleorologique. /'o}'. Morin. CoiBi.AisDE, 554. Couronnes funeraires , Canzone, par le baron de Zedlilz ,7^1. Couis d'histoire moderiie , par Gui- Zdt , 9,34. — de lilleiatuie fran(^aise, par A il- lemain, 238. — memeouvrage. ?-'oy. Examen ci i- tique. — de I'histoire de la philosophic, par Victor Cousin , 497- — memeouvrage. A'oy. Exam en cri- tique. — de pliilosopbie et de perl'ection- nemenl moral, ouvert a JNevv- York par Miss VViight , 799. Courtin. Foy. Encyclopedic mc - dcrne. Cousin. Firy. Ilistoue de la philo- sophic. Courlois (R.). Recherchis sur la slalistique ]iliysique de la pio- viiice de Liige, 201. Crolicr {T. Croflon). f'oy. Siiyini;s and doings, CrussoUe-Lanii , C. — R. 747- Cl'LTE. foy. SciKiNCES RELIGIEUSES. Culture lurale (Traite de), par Lcocadc Uclpierre, 207. DF.S MATlknES. gai Ciirel (T. INl ). Dc la natu:e dcs sciences morales, elc, 761. D. Dagueiie. Le monl Saiiit-Golharil, tableau dii Diorama de Paris, 295. Dannecker, sculpteiir allemand. Statue colossale du Christ, 8 1 i. Danemark, 459, 555. David. Tableau de ce peintre dans I'eglise d'Eza, village pres de Kice, 276. D^';couvERTES, 56i , 565, 809. Del'auconpret. J'^oy. Robert Fit- zooth. Delacroix. Le Reveil duspectalcur franrais , 7S8. Delavau. f'oy. Livre noir. Delkeskauip (F. W.). Toy. Pano- rama du Rlun. Delpierre (L6ocade), Voy. Culture rurale. Demon (le) de Socrate, 499- Deiiaix (A,). Essais de geograpliie nielbodique et coniparalivc,49i. Dcnzingcr {J.). Prima Etcmenla logiies, 477. Dej)ping, C. — A. 65, 367, et les articles signes d-g. Dernier jour (Le) de Pompei , etc., par Mill; Delpbine Gay, aiS. Descbamps (Einik-^) T'oy. Eludes. Desormeaux(i\. Pauliii) Le Propa- gateur des ;>rogres dcs arts et metiers , 265. Despretz (C). Foy. Chimie. Dessin , 170 , 791. Dessin (Ei6inens de I'art du ) , par Helscb et Ursln , 4oo, Deveria. Foy. Iconographieinstruc tivc. Dialogues (N(mveaux) desMorts, par Gh. D'Outrepoiit , 528. Diclionnaire de medecine et de cliii urgie pratiques, 210. Dictionuaire topogiapliique , histo- rique et stafistique du departe- ment de la Sarthe , par J. It. Pcs- cbe , 4'j4. Dielcrichs. JIandhoch dcT Vcc-Arl- Sc>i\kimflif((s ficclhimdc, 200. Diogcnis Laerii de viiis , dogmaih et apoplilcf;walis cinroriim viru- rtiiii , cd. //. Hiicbncr, i85. Diorama de Paris, 295. DipLOjiATiE, 459. Direction des aeroslals, 275. Disowned ( The) , by the autlior of Pel- ham, 175. Disconrs prononci'? k Anbagne , par le coiiite de ^ illcneuve , 535. — dii President des Elafs-Unis sur la situation du pays , 544- Discours sur ie progres des connais- sances de geometrie et de meca- nique dans !a classe industrieuse, par le baron Cbailes Dupin , 761. Dix melanges, f'^oy. CliateauneuF. Doering (Georges). Foy. Sonnen- berg. Doin (M'^o Sophie). Poesies se- rieuses et chansons , 24.1. Domites ( Application aux arts des) et aulics produits volcaniqiies, 821. D'Outrepont (Ch.). Foy. Dialo- gues. Doyen (le ) de Killerine , par I'abbe Pi evost , 256. Diach. Foy. Hible de Vence. Droit. Foy. Jurisprudence. — A.xcLAis (Dispositions du) relati- ves aux delits de la presse, par Rirnbaum , 743. CANOKIQl'E, 181. — COM JIERCIAI,, 252. — FRANt^'Ais (Coips du),par Gallis- set, 227. — M(i»icirAL(Histoiredu)en France, sous la domination romaine et sous les Irois dynasties , par Ray- nouaid, 227. A. 643. — KATLREL ( Obscrvations sur le) qu'a un pere i la tntelle de ses en fans , 71.J. memes obseivations, par Ja- mes Uam , ibid. — riiiVAL, 268, 577, SoG TADLF, ANAI.YTIyiE Dioz. (Josepli). f'oy. Economik po- I.ITIQDE. Dubaile (Eugene). Histoircdc I'U iiiveisit(i , 764- Dubiunlaui , C— B. 756. Diicpetiaux (Edouarcl). F. Proces. DulVy. f'oy. Ilospilal. — ( I'. J. S. ). Ilistoiie dcs commu- nes (le France, A. 64^. Dufoiir. f'oy. Alias classiqiie. Dulauie. Histoire dcs environs de Paris , 5o6. Dumas (Alexandre). F. Henri III. Duniersan,C-N.,S5c). — T. Nelly. Dupiii (Baron L. F. C. ). Histoire de radniinistration locale , etc. , A. G43. — aiiie, C. — A. 106. — (Cliarles). Geometrie et miicani- que des arts et metiers, ouvrage traduil en polonais par Clebowski et Tyllman , -2^. f oy. Discours. Dupr6 de Saiiit-Mauie (L.). L'Er- mite eu Riissie, 7S4. Dur()zoir(Cli.), C— B. 2.59. Dussard. Art de fabriquer les sa- vons, 762. E. Eckstein (B.d'). Le Catholique, ouvrage periodique, 266. EcoLE industrielle elablie i Berne, 816. — polytechniqne (Histoire de V) , par A. Fourcy,, A. i 28. Ecoi.es primaires (Guide des), on lois, reg;lemens et instructions concernaiit ces 6coles , 764. Economic ( De V) des sciences hu- maines par rapport au sens coni- mun, par G. Donicnico Kouia- gnosi, 475. EcONOMIE DOMESTIQUE , 490) j5%, ( ne finfluence de 1'), ou Histoire dc Michel Lambert, A. i54. POLITIQDE , 7.16. OU Piincipesde la Science dcs richcsscs , par Joseph Droz , a54« EcONOMIK HCRALK, aoj) , 457,490. f^'oy. aiissi Aciiiciii.ti!re. ( Manuel pratique de culture et d') , par Giersing, 459- EcossE, 585. F. aassl Grardk-Brb- TAGIVE. Ediles (Des) roniains , par F. G. Schubert, /[Sj. Eduction, i86, 197. — (Elemens d'), etc., par le reve- rend Andrew Bell, 712. ■ — (De 1') de nos I'aculles intellec- tuelles, AL 5o5. Edwards (W. F. ). Des caracteres p!iysiol(ii,'iques des races huniai- nes ; etc., Icttre ^ M. Amedee Thierry, 749. Elegies, par A. Mauge , 249. ^ligibilile ( De 1' ) et de I'Age des e!i. gibles, i)ar Euim. de Las Cases, de Finisteie, 23o. — (De 1') h trente ans, etc., par A. de Vidaillan , 23o. Ellis (llie) Correspondence, 717. Eloquence , 57^. — DE LA cnAiRE, 542. Emancipation des catholiques de rirlaiule, 55 1, So5. Encyclop^die (Nouvelle) anglaise. Publication prochaine, 272. — moderne, par Courtin , 774- Ensbigkement (Principe d' ) ele- mentaire, etc., par James Pillans, 712. IKDLSTBIEL, 724 , 765 , 816. — iuLiLEL(Progrfes del') en Suede, 812. Entomolocie (Resum6 d'), etc., par Mihie-Edwards et V. Audouin , 483. E|)agny (D'). Foy. Lancastre. Ejiigraphes { Essai sur les) , jrar Jo- seph Silvestri, 199. Epitre aux mules de don Miguel , par" Viennet, 245. — aux convenances, ou mon apo- logic, par le m^'Uie, 521. Erniile(r) eu Russic, ou Obser- vations sur les moeurs et les usa~ UE.S MATIERES. 85' gcs nisses, etc, par L. Diipie de Sainl-Maurc, jSj. ERPKTOLor.iE(Hesiiini;ir) , etc., par le colonel IJoiy de Saiiit-Vincent , 4S4. ESCLAVACE, 799. ESPAGKE, 277. Esquissrs de la scufl'iance morale, par Edouaid AUetz , 254. Estetique (Institutions d') , par le P. Louis Pasquali, 197. Etats-Unis , 168, 268, 446, 495, , 4965 544, 705, 799. Elbique dramalique pour servir a reducation de la jeunesse, par Jules Genoino , 197. Ethnographie , 495 , 496. l^trusques ( Les) , par K. O. Muller, ,46i. Etudes analytiques sur les diveises acceptions desniotsfrangais, par Mi'<'H. Faure,5i7. — francaises et etrangeres, par Eniile Desclianips, A. 455. Eugene \elskoi, roiuau en vers russes , 179. Evangile (Essai historique sur 1'), par L. V'ullieuiin , 4/0. Evans (Colonel), loy. Remarques. Ewald ( G. H, A. ). (Jrammaiih der Hebraisclien Spraclic, iS4- Examen critique duCours de litle- rature fran^aise de M. Villeuiain, 208. du Cours de i'liistoire de la philosophic de Victor Cousin , 497- — critique des dictionnaires de la langue francjaise , etc., par Char- les Nodier, 777. Expedition d' Alexandre. Voy. Van der Chys. Exploration des Alpes par une so- ciete de naturalistes. ExposiTio?! de tableaux i Londres, connue sous le noni d'Institution britannique , 8 10. F. Fables, par A. Nandet, 260. Eabriques (Progi es des) dans les Etals-Unis, 268. Fagging, f'oy. Malcl. Fantaisies et Reveries de jeunesse, par Ernest Munch, 747. Faure (MUe IL). I'oy. Etudes ana- lytiques. Ferry. C— A, 345. Few [A) words on our rctutions wltli Russia, 175. Fielding. I ox. TomJones. Fille (La) du Libraire, par Hippo- lyte Bonnelier, 788. Fils (Le) du Meunier ; deuxieme paitie : le Siege de Paris , par Morton val, 260. FiKANCEs, 254, 67S. Flandin (J. B.). A'ov. Revelations. Florestan. Le Fran^ais au Caire, vaudeville, 855. Flourens , de I'lnstitut , C. — A. 653. Foelix. F'oy. Rentes foncieres. Fontan. f oy. Bossu. Fontaney. (A). Foy. Ballades. Fossati, C— B. 47^- N. 297. f^oy. Cepbalalngie. Fourcy (A). F'oy. ficole polytech- nique. Fourier (A). Essai sur la resistance des bois de construction , etc. ; Resume de I'ouvrage anglais de P. Barlow, 489- Fournaux d'usines. Foy. Pelouze. Fournier. f'oy. ^ ieille Fille. Fran(;ais (Le) au Caire. f'oy. Flo- restan. Fha>ce, 207, 280, 485, 559, 749» 821. — (La) constilutionnelle, Epitre a A. V.,par Guyho Corentin, 52 1. Franchet. f'oy. Livre Noir. Francoeur, C. — B. 214, 219. Fribourg (Villede). Aoy. Cliartu- laire. 55 H5H Galisset. Corps do Droit fiaiK^ais, Gail/ Toy. M.'daillp. — (L). Feuilles philantropiqups , iSg. Garnier (Aflolph<>), C. — B. jfi-i. Gasc (J. P.) T'^oy. Regime univer- silaire. Gaslio-cnterilo. J oy. Louis. Gasti'onoiiuc. ^'oy. Pliysiologie du gofit. Gaiidichaud. Joy. Nominations ACADliSllQUI s. Gautier (A). I'oy. Alimens. Gay (Mil'-' Delpliinc). Le, Dernier jour de Ponipei, et Poesits di- versi'S, 24^. Gayniard. Voy. Qnoy, Gaz (Combustion du). Moyen d'cn atigmenter la luiniere, S09. Genest, C. — B. 2i3. Geno'mo. Eiica drnmatica per I'cdii- cazionc delta giovcntii, 197. Gens comnie il I'aut (Qu'est-cc que les), 44-. Geofl'roy Saint-Hilaire, de I'lnsti- tut, C— I?. 750. Sur le piincipe de I'unili de composition oiganique, 207. Cours de I'liistoire nalurelle des Mammiferes, A. G?>j. — . — (Isidore). Reniaiques sur les caracteres generaux des singes amerirains, etc., 562. GioGRAPniE , 290,492, j^8. — (Essais de) niethodique et com- parative, elc. , par A. Denaix , 49". GiSOI.OGTE, 2S6, 557. Geometrie. f'oy, Matbematiques. — et Mecanique des aits et me- tiers, par Charles Dupin,' tra- duction polonaise, 724- Giersijig.Practisk Anv lisningi Land- aconomien, 459- Girardin (Saint-Marc) etPh.Chas- NAI-YTIQIK lc9. Tableau de la liltd-ralure frangaise au seizieiiie sii^'cle, 5iS. Golbtiy (Ph.) C— B. 184, 226, 469, 7'-9, 73 1. Godwin (/!/" Catharmc Grace). The TJ'anderer's Legacy, 17J. Godwin's Ilislory of tlic Conimon- wrallli, 172. Goldxborougli [C. TT'.) The united Stales naval Chronicle, /)■{&. Gondinet (Adolphe). C. — A. 128. Gossec (Fian^ois Joseph), f. Kii- croi.ogie. Grammairk. 5 1 6, 517, 777. — fiani^aise, redigee sur un nnu- veauplan , etc.,par A. Boniface, 207. — de la langue htbraique , par G. H. A. Ewald, 184. GRANDE-BRETAnrVE, I7O, 272, 449 1 549, 7K7, So5. Gravl'RE, 170, 297, Gray (John). Spicilegia Zoologica , etc., 170. GRtcE, 200. Grotte dt^coiiverte dans Icniidi dc la Franci', 56t. dans le deparlement de I'Au- de, 565. Guerre dans le Levant. Foy. Con- sequences. Guide de la irxinagere, ou Art de traiter le laitage, etc., parG. L. R., 490. des Ecoles prim aires, 764- Guillon (M. N. S.). f'oy. Caill.iu. Guizol. Cours d'hisloire modernc', .34. Guyho Corenlin. Foy. France (la) const itutionnelle. Gymnastiqcie, 190,812. II. Ilabillement du pompier pour le preserver de Taction de la flam- me, par J. Aldini, igS. Ilalevy. I oy. Clary. Halma (L'abbe Nicolas B). /-oy. NitCROI.OCIE. Ilainaker (H. A.). Foy. Miscclla- lua phccnicia. Haiang-ue du chancelier do I'llos- l>ilal sur un budget du xv"= sic- cle , 107. Hc};elschwciler (./.). Die Giftfflan- :cn dcr Scliwcic, -34. Sammdtng von Sclnvcizer- Pflanzcn, 734. Henri III et sa cour, drame liislo- rique en prose, par Alexandre Dumas, 565. Henri IV, poete, edition de luxe, 242. Henrion. Foy. Rentes foncieres. Hereau (Ednie), C. — B. iSi, 254, 267, 5oS, 529, 724, et les articles signes E. H. (D). Voy. Napoleon. Hericart-de-Thury. Foy. Puits ar- tesiens. Hetsch. Foy. Dessin. Heyfildcr. Vcr SclbsUnord in arznci- gcriclttliclicr Bczichung, 727. HisToiRE, iGg, 172, 1S2, 196, 2o5, a34, 235, 236, 45i,46i, 462, 5i4, 71 7, 728, 733. — ancienne (Precis de 1'), parPoir- son et Cayx, A. 666. — romaine de B. G. Niebuhr, 465. — du Moyen age. Foy. Chesnon. — de la Luuislane, par Barbe-Mar- bois, A. 428. • — des revolutions de I'Amerique du sud, par S. A. St-Jobn et Leitch Ritchie; publication pro- cbaine , 272. — de rinde , par S. A. St-John et Leitch Ritchie; publication pro- chaine, 272. — de la Perse, par John Malcolm, 7.6. — d'Ecosse, raconteeparun grand- pere a son pelit-fils, par Walter Scott, 5o5. — des revoltes de I'Ecosse, etc., par Robert Chambers , 172. — de la Republique, par Godwin, 172. UES MATIERES. 850 HiSTOinE (Recherches sur 1') an- cienne de la Su{;de, 81 3. — de rAsscniblee constituantc , par Alexandre de Lameth, 5o8. — physique , civile et morale des environs de Paris , par Dulaure , 5o6. — du Droit municipal en France , par Raynouard, 227, A. 643. — critique du pouvoir nuiiiicipal , etc., par P. Leber, A. 643. — des communes de France , par P. J. S. Dufey, A. 643. — de I'administration locale , etc., par L. F. C. Dupin, A. 643. — financiere de la France, etc., par Jacques Bresson, 234, A. 678. — de I'Ecole polytechnique, par A. Foiucy , A. 12S. — de Michel Lambert , ou de I'lu- fluence de I'economie doniesti- que, A. 154. — de Gerard de Nevers, par Tres- san, 257. — generate des voyages, par G. A. Walkenaer, 756. — «• navale (Esquisses d'une ) des Etats-Unis, par Thomas Clarck, 446. — des Cultes. Foy. Robert. — abregee de la Midecine , par Kicephorc Lebedef, 177. — de la Philosophie , par Victor Cousin, 497. — de rUniversit6, depuis son ori- gine jusqu'i nos jours, par Eu- gene Dubarle, 764. NATURELLE , 2O7, 210, 28 1, 56 1, 734, 827. — (Cours de 1') des Mammiferes , par Geoffroy-St-Hilaire, A., 633. — des oiscauxmouches , par R. P. Lesson, 485. Hohler. Foy. Muhlfeld, Ilomeri Odyssce Rliapsodio}, etc., '79- HoRTICDLTdBE, 2o8, 559, 7^°' Hospital (chancelier del'), OEu- vres, publiees par Dufey, A, io6. Howard, ^'oy. Medaille. 86o TADLE AWALYTIQVE Huebncr (Henri). I'oy. Diogene de Laerte. Hugi. A oyage gtiognostique dans les Alpes, 557. Hugo (Victor). Les Oiientales, 245. Hungarian talcs, ij^. I. Iconographie instructive , ou Col- lection de portraits graves d'a- pres les dcssins de Deveria, 262. Inauguration du monument erige a Aiibagne en I'lionneur de l'abb6 Bartbi'lcmy , 553. Inchbald (miss), /oy. Nature. InDES OBIEINTALES, 65, Syl. Indigo (Progres de la culture de 1') au Senegal, So3. Influence de I'ecriture sur la pen- s6e et sur le langage , par le ba- ron Massias , 224- iHscaiPTiOJiS ( Trois cents ) , par Louis Muzzi, 199. — Lapidaires et numismatiques , etc., des Carthaginois, 2o5. InSTITUT. f oy. SlIClliTES SAVANTES. — borlicole de Fioniont, 559. IhSTRCCTION ^LliMEKTAIBE, l86, 7I2. — publique, 5oo, 559,764,811, S20. foy. aiissi Ecoles , Univek- siTi^s, etc. — (Des Elablissemens pour 1') en Baviere , par.I.C. Loudon, 5o3. Ihvention (Nouvelle) pour facililer la navigation des bateaux k va- peur sur les canaux, 272. — d'lm babilleinent impermeable a la flamnic, 195. Iblande. Joy. Gbande-Bhetaghe. — Situation de ce pays, 55i. — Toy. Ellis. — ^'oy. Emancipation. Isabelle de Uaviere , tragedie , par Lamotte Langon, 292. ISEANDE, 555. Isogiapbie des hommes cclebres , ou Collection dc fac-simUc de letlres autographes et de signa- tures, 260. Italie, 194, 275, 4/41 7^8, 817. — (Les vicissitudes de I') aiicienne etmoderne, par J. li. Marga- roli, 196. — (Obsci vatiiuis sur 1'), et particu- lierement sur les beaux-arts, par J . Bell , traduites de I'anglais en ilalien, 740. Jaarbocchjc dcr Lcuvcnsche Jlooges- clic Hoogeschool, 202. Jackson (general). Aoy. Notice bio- g]ai)liique. Jakoi'lcf (^M.) Opoiiite roitshoi An- iologiiii , 179. JaKDINACE. Voy. HoRTICULTCRE. Jarry de Mancy. Iconograpbie in- structive , 262. / oy. Atlas bistorique. Java (lie de), 68. Jeanne d'Arc , poeme par M""" '", 2'io. Jesuite (le), tableau caracteristi- que du xviii" siecle , par C. Spindler, 752. Jesuites. f'oy. Tabaraud. Jezowsky (josepli). Rapsodies de rOdyssee d'Homere , 179. Jomard. T'oy. Tbeodolite. Junction du" Volga avec la Moskva, 273. — (Projet de ) cntre le Volga et la Dvina occidentale , 274. Jongo {J. C. dc). /iesliiilen van de Slaalen gencraal der Ncdcrtanden, 202. Jouffroy (Tb.). Voy. Reid. JoURNAViX ET ReCUEILS rtSRIODIQCES. — publics en Jllcwagiic : Allge- mc'mc Monalsclirift fur Erzichung and Unlcrrtcht, i Ai\-la-Gliapel- le , 186. — Peslalozzischc IlUilter fiir Mcnschcn-und VotksbUdung, in Aix-la-Cl.apelle, i86.- — TVo- cbcnblall fur Elemenlar-Lclirer , h Aix'-la-Cliapelle, nSC. — Jalir- biiclicr der Slraf- tind llcsseriing.':- Jnstallcn, a Berlin, 189.— il/c?i- sclienfreimdliche Blatter, & Tre- ves, 189. — IScucs Archiv fur Ceschiclitc, Lheralur iind Kunst , a Vienne , joTi. JouHHAix publiesen Angteterrc: Pa- norama , ou Recueil litteiaire , joiiroal fian(;-ais, a Liver)>ool, 808. — publiesen Danemark : Nyedanskc Magasin, it Copenhague, 4oo. — publies aux Etats-Unis : Le Conr- rieides Etats-Unis, a New-York , 706. — publics en France : Le Propaga- teur des progres des arts et me- tiers, a Paris, 265. — Le Gatholi- que , k Paris , 2g6. — Le Precur- seur k Lyon , 535. — L'Ami de laChaite, i» Nantes, 535. — Jour- nal de Nantes, le Breton, 555. — La Revue de I'Ouest, a Nan- tes, 536. — LeNeustrien,a Rouen, 536. — Le Propagateur, journal du Pas-de-Calais, a Arras, 536. — Courrier des electeurs, a Paris, 796- . — publies en Grece : Courrier d'O- rient , a Patras , 200. — publies en Italie : Dibliografta italiana , a Parnie , 199. — publies dans les Puys-Bas : Vee- Arlsenyhundig Magazyn, 206. — De Friend des Fadertands , a Am- sterdam , 748. — Le Philantrope, a Bruxelles , 748. — publies en Hussie : Gazette de Tiflis (Tiflisiiiya Vedomosli) , fjS. Abo Tidningar; — Fiulands all- macnna Tidning; — yibo Uder- raetlcbcr ; — Undorrcitetser fraan Keiserllga fmsha Ilausltaalinings sodtskancl , 458. — Tarun TVitkko Sanomat , 4^9- — publies en Suisse : Glanures , ou pieces, et citations historiques, etc., a Geneve, 4/2. — Schweizeri- sclies Archiv fur Slatistik ttnd Na- iional-Oekonomic , k Bale, ■^36. Julia dc Fontcnelle. Manueldu Ter- rier et du Cabricant dc glaces et cnstaux , 754. ATIERES. 861 Jail US (N. H.). Vorlesungcn itber die Gcfiingniss - Kunde. , A. 407. Annales des elablisseniens de delenlion et de correction, 1S9. JuUien ( AL A.), Fondaleur-direc- teur de la Revue Encyclopedi- que. C. — les articles signes m. A. 3. Jullien(B.),C.— A. 688. JtRISPBUDERCE, 5o4, 714? "45,745, 768. Voyez aussi Lecislaiiok. K. Kalisllienic, oder Vcbungen zur Schonlieit and Kraft fur Menschen, ion P. H. CUas, 190. Karnilof. Zainetclianiva 0 Sibiri, 458. Keledor, histoireafricaine, publiee par le baron Roger, 53o. Kiickhofl', C. — B. 206, 480. Klopstock (F. G. ). Foy. Messiade. Kock (Ch. Paul de). La Bulla de savon , etc., 243. Krugs Allgemeines Handwurterbuch, 730. Kruseustern : Reponsesauxdeman- des concernant la Chine , propo- s6cs par M. Virst , 457. L. Labram. Fay. Plantes. Lagarde. Instruction gene^rale sur les devoirs ou fonclions des Mai- rcs , etc. , 227. Laitage. Foy. Guide de la mena- gere. Lallemand (Ovide). Observations relatives a un animal produit par raccouplement d'un chien et d'une brebis , 565. Lambert (Micliel). f oy. Economib DOMESTIQIE. Lameth ( Alexandre de). Histoire de I'Assembleeconstituanlc, 5o8. Lamotle-Langon. Foy. Isabclle de Baviere. 86a TABLE ANALYTIQIE Lanipes hydrostatiques & double coiirant cl'air, 283. Lanist, C — B. 170, 260, 4/(8, 45i , 4^7, 462, 521. N. 299. — Manuel de la bourse , etc., 769. Lancastro, piece historique en cinq arteset en vers,paid"E]iagny, 852. Lander, f'oy. Voyage dans I'inte- rieur de I'Afrique. Langue I'ranijaise, 207, 5i6, 617, 688 , 777. — bebraique, 1S4. La Perouse. Foy. Recherche. Lapie. Foy. Alias universel. Las Cases (Emm, de). Foy, ]6ligi- bilite. Laud (W.). Foy. Lawson. Laivson (John Parker). The life and times of fViUiam Laud, 717. Lcbcdef [Niccpliore). Kratlxaya isio- riya Mcditsini, 177. Leber (P.). Histoire critique du pouvuir municipal , etc. , A. 643. Lebrnn (Isidore ), C. — B. i65. Lecons de litlerature hollandaise, traduiles en fran^ais par L. V. Raoul, 480. Leflaguais (A.). Foy. Melodies fran(;aises. Legendary [The), etc., 169. LEGISLATION ,227, 76S, 816. — civile (la ) , commerciale et cri- minelle de la France, par le ba- ron Locre , 226. Legret (G. P.). Rudiment de la comptabilit6 commerciale, etc., 49'- Legs (le) de Thomme errant, Re- cueil de poesies par M°"' Cathe- rine Grace Godwin , 173. Leitch-Ritcbie. Foy. Saint-John. Lemercier (N. L.). Foy. Cain. Leroux ( F. M.). Foy. Question chi- rurgicale. Leroy d'Etiole. Broiement des cal- culs vesicaux, 825. Lesson (R. P.). Hisloire naturelic des oiseaux-mouches, 48.i. — C — B, 497. — les articles sjgnes Less. Lettrcs sur leg mcriirs et les institu- tions des Etals-Unis, par Coo- per, 4g5. — (I'criles pendant les aiuiees 1689- 87-88 , et adressees i John Ellis , etc., 717. Leuchs (J. Ch.). Foy. Peclet. Lexique general de Krug, 730. LiBERTK DE LA PRESSE, 745. Liebhaber (Ernest de). Foy. Mes- siade. Link. Foy. Nomihatiohs acadeiMi- QtES. Lioubof v' tiourme, etc., 179. LiTHOOllAPHlE, 8l I. Litholritie. Foy. Civiale. LiTT^HATUBE allcmande , 240 , 73i, 752, 747, 785. — ancienne clas- sique, 179, iS3, 267, 738, 775, Sio. — anglaise, 173, 174, 175, 257 , 453 , 52 1, 53o , 55o , 553 , S07. — des Etals-Unis, 447- — fran^aise , i54, 237, 238, 240, 242, 243, 249, 25o, 254, 256, 257, 258, aSg, 260, 292, 294, 433, 5 16, 5i8, 521, 527, 528, 53o, 532, 536, 554, 565, 572, 573, 688, 774, 780, 781, 785, 784, 787, 788, 789, 808, 829, 852, 835. — hollandaise, 2o5. — indienne , 55o. — italien- ne , 198, 239 , 569, 797. — polo- naise, 725, 810. — russe , 179, 722, 783. — suedoise, 8i3. Livingston. Son opinion sur Tou- vrage de M. Lucas intitult : Du systeme penal, etc., 269. Livre noir (Ic ) de MM. Delavau et Franchet , etc., precede d'une introduclion, par Annee , 5i4. Livres ai)ocryphes (Notice sur les) de I'Ancien Testament, par C. E. F. Moiilinie, 471. Locre (B.) Foy. Legislation civile. Loiive-Veimais (A.). F. Zscbokke. LociQijE (Premiers elemens de), par Ignace Denzinger, 477- Loudon (J.G.). Des etablissemens pour i'instruction publique en Baviere, 5o3. Louet. Foy. Meneslrel. DES MATIERES 86; O Louis (P. Cli. A.). Recherches sur | MargarolLLcviccnde generatid'Ua- la maladieconnue sous le nuni th; gastio-enlerlle, etc., 488- LoiiisiAisE , 428. Lucas (Charles), C. — M. 677. — f'oy. Livingslon. M, Machiavcl. CEiivres completes, tra- duites en fianoais par J. V. Pe- ril's , A. Si , 57G. Mackintosli (James), /^oy. Melan- ges philosojiliiques. Madat.ascar , 45(). Magiiier (Victor). Reponsc aux ob- servations d'un ofllcier d'etat- major russe sur la deruiere cam- pagiie en Turquie , 772. Mahul (A.). C— A. C7S. Maires. J oy. Lagarde. Majo ( Angelo). Collection des au- tcurs classiques , publiee sur les mauuscrits du ^ atican , 758. Malcolm's [John) History of Persia, 7.6. Maldigny (Cli. Aug. de) Foy. Me- nestrel. Malet {Alex.). Some account of the system of Fagging , 712. Manuel de la Bourse, etc., par Lanist , 769. — de geometi'ie , par O. Terqueni , 218. — d'histoire naturelle, par H. R. Scliinz, 734- — des maladies externes des clie- vaux , etc., par Dietcricbs, 200. — du peinti e en batimens , par Rif- fault, 756. — do perspective, par Vergnaud , 79'- — de Tberapeutique chirurgicale , par Tavernier , 4S7. — du verrier, etc., par Julia de Fou- tenelle, 764. Marchetti. liimc 6 prose, etc., 198. Mardelle. La Chute d'un grand hommc , 55o. /('(( (intica c viodcrna , 196. Mariage (le) et I'Knterrement, fo- lie-vaudeville, par Augusta ct Moltet, 855. Marie de Mrabant, ballade hollan- daisc, par J. F. Willenis, 2o5. Mariive des Elals-Unis, 446' Martin ( E. ). Art de la conservation des substances alimentaires, 762. Martinet ( L. ). Du traitement de la srialique et de quelques nevral- gies par I'buile de terebenthinc , 2 12. Massias (B.). Voy. Influencede I'e- criture. Mathematiques, 2i8, 56i , 724, 824. Mauge ( A. ). Elegies , 249. Mausolee des conites de Provence. f'oy. Restaurallon. Mazeres. f'oy. Bon Gareon. MecaniqijE , 724, 823. Medaille frappee i la memoire du docteur Gall , 297. — d'Howai d , 85g. Medailles fiappees' i Paris dans le courant del'annee derniere, 836. Medeciive. f'oy. Sciences medicales. MliDIE , 449- Megaride (la) ancicnne , par Her- mann Reiiiganum , 462. Melanges philosophiques de James Mackintosh , traduils en fiangais par Leon Simon , 762. Mellet (F. N.). Toy. Bateaux a va- peur. Melodies fran^aises , et Chants sa- cres , par A. Leflaguais, 52 1. MiiiioiRES, Notices, Lettres et Mii- i.AKGES (I ) : Consequences de la guerre des Russes dans le Levant (J. C. L. dc Sismondi), 5. — Con- siderations sur la refornie com- inerciale en Ang'cterre et en France [/tdolplic Blanqui) , 3i. — Ue la situation de I'art drama- lique en France (0), 45. — De I'education de nos faciilles intel- lectuelles ( Danoycr ), 3o5. — Des 804 piiatfries ties Barbarcsquos ( E. B.), SaS. — Obstrvalions sur la question 99- N Napoleon h Sainte-Helene : Opi- nion d'un medecin sur sa mala- die, etc., par J. Hereau , 236. Nature (la) et I'Art, par miss Incb- bald , 257. Naudet (A.). Fables, 25o. Navigation par la vapeuh, 217, 272. entrc Odessa et Kherson , 554- DES MATIERES. N6cessil6 (de la) de mettrc fin aux piiati^rics dcsUarbaresques, etc., M. 028. ]VicROLOGiE. diaries -Francois le Prud'homme d'Hailly, vicoinle de Nieuport , 29S. — Richard Parkes Bonington , pointre, a Londres, 298. — Frederic Schte- gel, litteraleur, a Tienne, 299. Francois Joseph Gosxec , celebre compositeur, a Paris, Sjo. — Hippolyfe Pindcmonle, littera- teur, a Verone , S4i. — L'abbe Nicolas B. Halma, clianoine ti tulaire de I'eglise nietropolilaiiie de Pai'is, 845. ■ — Jean-Raymond Pacho , Toyageur en Egypte, 4 Paris, 844- — BrauU, litterateur a Paris , 846. iVegocialions(Examen des) quiont en lieu entie les Etats-Unis et la Grande-Bielagne , conccrnant le commerce des deux pajs, etc.; par Littleton W. Tazeuell , 706. Nelly, ou I'Orpheline am^ricaine, par Dnmersan , 258. Niebulirs RomiseUe Geschiclite , 465. Niedeier (Jean). Feuilles sur Pes- taluzzi pour I'avancement de I'e- ducalion, 1S6. Nieuport (C. F. d'Hailly, vicomte de). l^oy. Nkcrologie. Nodier (Charles). Foy. Examen critique. Nominations academiqcbs : Bona- /oHS, associeetrangerdel'Institut royal de Naples, 277. — Link et GawUchaudf mrnibres corrcs- pondans de I'Academie rovale des sciences de Paris, 2S4. — /j'h''- louj , de Woolv^ich, correspon- dant de la meme Academic , 285. — Le colonel de Dory dc Saint- Vincent , membrecorrespondant de I'Acadcniie des sciences et belles-lettres de Lonvain , 820. — Pardc.i.iu.iy membrc de I'Aca- demic des insciiptions et bellcs- letti-es de Paris , S29. T. XLl. 805 Notice sur le departemcnt de la Haule-Vienne , M. 592. — siir \ ollaire, M. 609. — sur la MetLode synoptique appli- quee an nouveau catalogue du Depot genei'ai de la guerre, par de Querelles , 261. — biograpliique sur le general Jack- son , president des Etats-Unis, 5l2. — sur la vie et les Iravaux du voya- geurBuickhardt, pai- Sueur-Mer- iin ,771. Not VELLES SCIEXTIFIQUES ET UTT^RAI- RES (IV.) : Af'rique, 800. — Alle- magne, 557, 814. — Australasie, 545. — Danemaik, 555. — Espa- gne, 277. — Etats Unis, 268, 544» 799. — France, 280,559, 821. — Grande-Bretagne, 272,549, So5. — Indesorientales, 271. — Italic, 275, S17. — Paris, 281, 56o, S25. — Pays-Bas, 278, 559, 819. — Fvussie , 270, 554, Sio. — Suede, 811. — Suisse, 557, S16. NuMisMATiQiE ( Rcchcrches sur la) des Pays-Bas , par G. Van Oi- den , 2o5. — moderne , 856. Nyniphe (la) de la Grolte, opera du theatre Covent-Garden de Londres, 355. Observation!: upon thi power exerci- sed by tin' court ofcluincory of de- priving a fidhcr of the custody of his children ,714. — oti the nalurcl right of a father to the custody of his children , by Ja- mes Ham ,714. Obseivaticjiis sur I'article de M. le due de Broglic relatif a TExameii dc la question de la peine dc mort , etc. , M. 577. Odyniec. Poesies, 810. 56 SfJfi OliorRE* du cliancelicr de I'HoRpi- tal , publites par Dufcy. Deuxii- me article, A. io6. — de Canova , en sculpture et en modele, graves au trait par Henri Moses, 455. — de Walter Scolt, 807. — cciMPLETES de Marcliiavcl, tra- duites en fran^ais par Paries, A. 81,576. de Thomas Raid, publiues par Th. Jouffroy , 224. Opinion (1') et T Amour, nonvelle contempoiaine , par madame de ***, 552. Opotilte Izledovaniya 0 nwrskoi meoit tralnoi torgovie , 721. Ordonnance desconflits. Foy, Tail- landicr. Orientales (les),par\'ict.Hugo, 245. Orlovsky ( Alexandre). Foy. Album russe. Ohnithologte, 485. — (Tableau comparatif de 1') de Rome et de celle de Philadelphie, par Charles Lucien Bonaparte , .94. OrthopSdie, 8i2. Oiiyehhal clt-oug , etc. 179. P. Pach6 (Jean Raymond). Foy, Ns- CROLOGIE. ^ Panckoucke. Editions de luxerHenrl lV,poete 242. — Tacite, 267. Panorama du Rhin et de ses bords, dcssine par F. W. Delkeskamp et grave par John Clark, 171. — geographique de la France , par Bres, 759. Pardessus. Foy. Nominations aca- diSmiqi'es. Paris, 281 , 5o6, 56o, 825. — (Environs de) , 5o6. Pasqtiall (L.). hiiliizioni di estc- tica , cct., 197. Patin(H.),C.-A.698. Pays-Bas , 200, 278 , 477, 559, 745, 819. TABLE ANALTTIQIE I Peclet (E.), Traitt des proprleles, I de la preparation ct de IVmploi des matieres tinctmiales et des coulcurs , traduit de I'allemand de J. Ch. Leucbs , 755. Peine de Mort. Foy. Observa- tions. Peintre en b.itimens. Foy. Riffault. Pehntuee , 276, 295 , 781 , 810. — sur verre (Memoire sur la) , par Alex. Brongniart, 791. Pelouze (E. ). Art de construiro Irs fourneaux d'usines, 751. — (M'"*^). Foy. Blanchissage do- meslique. Pensees de Jean-Paul Richter, 785. — par M""^ la princesse Constance de Salm , 787. Peries (J. V. ). Foy. Machiavel. Pernot ( L. T. ). Le Toise des bail mens, 762. Perse, 449 » 7'^* Perspective (Manuel de), du dessi- nateur et du peintre, par A. D. Vergnaud ,791. Pescbe (J. R.). Foy. Dictionnaire topograpliique. Petit (le) Magasin de Modes, de- die aux dames, 552. Phahmacie. Foy. Scieivces medica- LBS. PHENOMi':NES, 278. Philologie, 179, i83, 184, 257, 73s, 775. , Philosopuie, 224, 3o5, 497 > 499' 762,799. Physiologie, 749. — de rhomme , par N. P. Adelon , 485. — du goQt , ou Meditations de gas- tronomie transcendante , 789. Physique, 284, 489, 809, 827. Picard. Foy. Bon Carbon. Pichot. Foy. Tom Jones. Pillam (James ). Principles of ele- mentary teacliing , 712. Pin dare traduit en vers polonais par Wiernikuwski, 816. Piiidemonle (Hippolyte), Foy. Ni- CR01.0GIE. Pirateiies (sur les) des Barbaies- ques, M. 328. Pisaroni (M"""), cantatrice dc I'o- peia italien de Londres, S09. Placenta. Voy. Calderani. Plantes veneneuses de la Suisse, de- crites par J. Hegelschweiler, dessin^es parLabrani, 734. — (Collection de) de la Suisse, par les menies, ibid. Po^siE, 173, 179, 198, ao5, 240, 242, 245, 249, 25o, 521, 627, 722 , 725 , 731 , 747 5 781 . DRAMATIQCE, 292, 294, 553, 554 ) 565, 569, 7S0, 783, 797, 809, 829, 832, 835. Poesies, par A. Bignan , A. i6a. — polonaises d'Odyniec , 8io. — et discours du comte Jean Mar- chetti , 198. — choisies de Malhisson , Goelhe, Schiller, Cramer et Burger , tra- puites en vers italiens , par An- toine Bellati , 198. — seiieuses et chansons, par M""' Sophie Doin, 243. Poirson etCayx. Precis de rhistoire ancienne, A. 666. Poiteau(A.). Voy. Bon Jardinier. Poleni (J.). Voy. Vitiuve. Police , 5i4. Politique , 5 , 81 , 106, 175, 376, 5i6, 535, 536, 544 » 55i, 642, 796 , 8o5. PoLOGNK , 724. Population du royaume de Suede , 367. Potter. Voy. Proces. Pougens (Charles), de I'lnstitut, C— B. 256. Pouvoir municipal. Voy. Leber. Poux Franklin, Voy, Atlas commer- cial. Preble (M"'' Henriette). Voy. Coo- per. Presse lithographique ttablie ii Tbeodosie enTauride, 811. Prevost (I'abbe). Lc Doyeu de Killerinc, 2 56. Principes philosopbiqucs r politi- DES MATIERES. 867 tiques et moraux , par le colonel Weiss, 193. Prisons, i8g. — (Lemons sur la connaissancc des), etc., par N. H. Julius, A. 407. Pbix dScerniSs par TAcademie du Card, 841. — Par la Societe d'e- mulation commercialc de Bor- deaux, 84 1. — proposes : par la Societ6 royale d'Edimbourg, 572. — Par la So- ciety des sciences, agriculture ct arts du Bas-Bbin, 572. — Par les Societtis d'instruction elemen- taire, de la morale chi6tienne et des melhodes d'enseignement de Paris, 572.— Parl'Academie des sciences de Besancon , 572. — Par la Socititti des bonnes-Iettres de Paris, 573. — Par la Societii vaudoise d'utilite publique, S4o. — Par rinstilut du royaume des Pays-Bas, 84o. — Par la Societe pour I'encouragement de I'agri- culture, ci Vesoul, 84 1. Proces de William Young , officier anglais, prisonnier d'etat en Por- tugal , 45 1 . — de M. de Potter, 744. — de M. Edouard Ducpetiaux, 744. Protestant {the), by M" Bray, 174. Prusse, 8i4» Puits art6sien ( Memoire sur le per- cement d'un) execute a la gare de Saint -Ouen, pr^s de Paris, par Hericart de Thury, 823, 826. Quelques heures de loisir a Toult- cbine, par le prince A. Baria- linsko'i, 728. Querelles (de). Voy. Notice. Question chinirgico-legale sur un accouchement labuiicux, par F. M. Leroux, -Si. 808 TABLE Al Questions elcctoiales, etc., par Mouieau , dc Vaiicluse, 229. Qucldet (A.), C. — B. 202, 728, 74g. — IS. 9.79. QiKiy e,( (layiiiard. Memoiie zoolo- gicjuc, S6?). Rabbe ( Alph.). Biogiaphie univer- sellc (!es cijnt«ni|)oiains, Sio. RafTineur ( Art du ), etc., par Chan- delet , 753. Raw (P. F. n. de). Synodkon Bcl- gicutn, etc., 477- — ( James ). Voy. Droit naturcl. Raoul (L. A.). Lec^ons de liltera- tiire liollaiidaise , 48o. Ra])poil de la Commission de sta- tistiqiie fait au roi de Suede , sur la population du royaume , A. 067. — duComilede marine de laCliam- bre des rejjrescutans des Etats- Unis , 446- — annuel du secretaire dela marine des Elats-Unis , 446. — du iiieme sur un piujetd'etablis- sement naval en lems de paix , 446. Raton. Traile raisonne sur I'edu- cation du chat doniestique, 210. Ravin. Foyez CaTn\> remain. Raynouard. Voy. Droit municipal. Recherche de la I'erouse , 545. Recueil de pieces originales pour sei vir k I'eclaircissenient de I'his- toire des Americaius, etc., par N. P. Willis, 169. ReCCEILS PERIODIQUES. Voy. JODR- HAUX. Redares. Le Chasseur taupier, 209. Reedl^ ( de ). Repe.itoire des traites concliis par la couronne dc Dane- mark , etc., 459. Reforme conimerciale. Voy. Consi- derations. Regime universitaire (Considera- tions sur la necessite de reformer le), par J. P. Gasc, 5oo. ALYTIQl'E Reid (Thomas). CSJnvres comple- tes puhliees par Th. Jouffroy, avec des fragmcns de Royer-Col- lard, 224. Reiilenherg, C— B. 2o5, 4So, 483, /in 747- — N. 280, 298, 821. licln/^antiin { llerinimu). Dci.s alle ^Je^tirix, 462. Selinus , ibid. Religion. Voycz Scibnces heli- GIECSES. Remarques sur une publication re- cente du colonel Evans, 170. Renouard ( Ch. ) , G. — B. 234. Rentes foncieres (Tiaite des), etc., par Foelix et Uenrion, 768. Re])ei loireduTheiitre de Madame, 7S5. Resistance des bois de construc- tion. Foy. Fourier. Resolutions des 6lats-g^neraux des Pays-Bas , recueillies par J. C. de Joiige , 202. Restauralion du mausolee des com- tes de Provence Ildefonse II et Raymond Berenger IV, 4 Aix, 533. Reveil (le) du Spectateur fian^ais, par Delacroix , 788. Revelations sur la fin du ministere de M. le comte de Aillele, etc., par J. B. Flan din , 5i6. Revolution fraiv^aise , 5o8. Key-Dussueil. T'oy. Confrerie. Richter (Jean Paul). Voy. Pensies. Rilfault (J.). Manuel du peiuire en balinieiis , etc., angmente par A. D. Vergnaud , 766 Rigollol fils, C— B. 212,489. liitcliie'.i Talcsand Confession.i, 1-4. Riva (N. Joseph della), C. — N. 843. Robert (A.). Tableau de la chrono- logie de I'llistoiie des cultes, 770. Robert Fltzootli, surnomme Robin Hood, ou le Chef des Proscrits, ])ar Defauconpret , 269. Roger. Joy, K6ledor. Rotnagiiosi (G.D.). Delia si/prema Econnmia, etc., 475. Romans, i54, 1/4? 'jS, 179, 254, 256, 257, 258, 259, 260, 447> 55o, 552, 7SS, 789, S07. — dc H. Zschukke,tiaduitsen fran- (^ais [lar Loeve-\ einiais, A. 6g8. Rossel (J. P.). Journal mensuel pour r^ducatioa et I'instiuction, 18G. — Journal hebdoniadaire pour les instituteurs primaires, 186. Roltiers. Vo\. Monumeus de Rho- des. Roiigeniont (Cli. de) , C. — B. 207, 488. Rouliii. Memoire sur les change- mens eprouves par le retour h I'etat sauvage des anlmaux domes- tiqiieSj 281. Roycr-GoUard. Voy. Reid. Ruxsel {Lord John). Memoirs of the affairs of Europe, 45o. RtssiE , 1/3, 177, 273, 457, 554, 721 , 810. S. Sacchi ( D. et /.). Sagglo prlmo !n- iorno all architctltira , etc., 759. Saint-Jiiliii S. A.) et Leitcli Rit- chie. Publication prochaine de deux ouvrages historiques, 272. Salfi (F.), C — 15. 194, 199. — Saggto islorico crilico delta Corn- media iialiana , 797. Salni (M^^la princesse Constance de) , Pensees, 787. Savoie, 196. Savons ( Art de fabriquer les ) , par Dussard , 752. Sayings and duings at Killarncy, by T. Crofton Crokcr , ijl{. Schinz [II. R.). Lchrbuchder Natur- gcschiclile, 734. ScliU'gel (Frederic). Voy. Necbolo- r.iE. SchlOzers {L. A.) offcntlichcs and privat Lebcn , 729. Schopon. f^oy. Canlacuzene. Sehrciber [Ileinrich). Urhitndcnbi/ch der Stadi Freybiirg , 728. DES MATiERES. 869 Schubert [F. G.). Dc Romanorum /Edilibus, 467. Sciences m^dicales, 177, 210 , 212, 487, 488, 727,751, 817, 823, 825, 826. MORALES ET POLITIQUES , Si , 224 , 376^497' 643, 759. (de la nature des) , par T. M. Curel ,761. — PHYSIQUES ET NATCHELI.ES, 65, 207, 345 , 483 , 533, 749- IIEI.IGIEI'SES , 266, 542, 759, 770. Seotl (f Fuller). Tales of a grandfa- ther., \-ji. Ilistoire d'Ecosse , etc., tra- duite en fran(^ais , 5o5.- Nouvelle edition de ses oeu- vres, 807. Voy. Anne Guirstein. Sculpture, 455 , 8ii. Segur (Comte de), C — A., 428. Selinontc ; niateriaux pour la con- naissancede I'antiquite, par Her- mann Reinganum, 462. SiiiiSniE ( Remarques sur la ) , par Ic senateur Karniluf , 458. Silvcstri, Saggio epigrafuo , etc. , '99- Simon (Leon). Toy. Melanges phi- iosophiques. Sismondi ^J. C. L. de), C— M. 5. —A. 643. Situation ( de la) de I'art drainali- tique en France, M. 4 5. Socleld ( di varie ) e istituzloni di beiiificenza in Londra, 194. SociETis savantes et d'utilite publi- que. — aux Etats-Unis : Society philoso- phiquc ameiicaine I'ormee a Phi- ladelphie, i6S. — aux Indes oricntales : Societe d'arts et de sciences de Batavia , C5. — en Angleterre : Dlverses Societes de bieufaisance de Londies, 194. — Societe royale de Londres, 549- — Societe royale de lilterature; Societe royale aslatiquc ; Societe des antiquaires de Londres, 55o. 870 — Society royale d'Edimboui'g , 572. — Socictc plnlanUopique de Coventry pour rabolilion dt's sa- criGccs liumains chezleslndous, 808. — en Biissie : Association francaise de bienl'aisance ii Saint-Peters- bourg, 176. — AcadtMiiie iuipe- riale et royale de SaiutPeters- bourg, 345. — en Suede : Soci6t6 biblique de Stockbolm , 8i2. — en Dancmarh : Societes savantes et litteraires de I'lslande au noni- bredehuit, 555, 556. — en Suisse : Societe vaudoise d'utilit6 publique , 84o. — en Espagno : Academic royale d'bistoire de Madrid , 277. — dans les Pays-Bas : Academic royale des sciences et belles-let- tres de Bruxelles, 279. — Acade- mic des sciences et belles-lettres de Louvain, 820. — Inslitut du royaunie des Pays-Ras , 84o. — en France ( dans les diparte- niens) : Societe pour I'encoura- gement de rinstniction elemen- taire d'Amiens, 280. — Societe des sciences, agriculture et arts du Bas-Rliiu, 5-2. — Academic des sciences, belles-lettres et arts de Besan^on, 572. — Academic royale des sciences , inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 792. — Societe des sciences, arts, belles-lettres et agriculture de Saint-Quentin , 795. — Societe pour Tencouragement de I'agri- culture , a Vesoul , 84 1. — Aca- demic du Gard, 84i. — Societe d'emulalion coramerciale de Bor- deaux, S4i. (a Paris) : Institut : Acade- mic des sciences, 281, 56o,823; — Academic des inscriptions et belles-lettres, S29. — Societe de geographic, 290. — Societe d'instruction elementaire ; So- ciete dc la morale chretienne ; TABLE ANAtlTlQVK Soci6t6 des m6tUodesd'enseigne- ment , 572. — Societe royale des bonnes-lettres, 575. Soir(lc) du nouvel an, ct autres poesies par Barton, lyo. Sonncnbcrg , Novclte in drey Thei- Icn, von Georg Doering , i6c). Soulange-Bodin. Institut horticole form6 dans son jardin dc Fro- niont , 559. Spencer Smith (J.). Memoire sur la culture de la musiquc a Caen, etc., 263. Spindlcr (C.). Dir Jesuit, Charak- tergcmiilde, u. s. w. 752. Statistiqde , 367, 592, 733, 7^0, 8i3 , 819. — ( Rccherches sur la ) physique agi'icole et medicale dc la pro- vince de Liege , par R. Courtois, 201. — . des nouvelles provinces britanni- ques dansl'Inde au-deli du Gau- ge, 271. — de Tile Bourbon. Foy. Thomas. — dc la Courlande , 554- — des univcrsites de la Prusse, 8i4. — judiciaire du canton de Fribourg, 816. Stereotypic (Invention de la) , 820. Steven {C.). Naslavtenie 0 chelko- vodstve , 457- Suede ,811. Suchet (Mar6chal), due d'Albu- fera. Memoires sur ses campagnes en Espagne, etc., 235. Sueur-Merlin, G. — B. 494? jSp. Notice sur la vie et les travaux du voyageur Burckhardt, 771. Suicide (du ) , par le docteur Hey- felder , 727. Suisse , 190, 470 , 557, 734, 816. Swainson ( fViiliam). Zoological il- lustrations, 449- Synod es belgiques,ou Acles de tou- tes les eglises belgiques, 477- Syrie , 449- Syslemc veincux. Voy. Brcschel. DES MATIERES. Tabaraud. Essai historique et criti- que siir I'etat des Jesuites en France , elc, ziiS. Tableau de la litterature frangaise au seizieme siecle , par Saint- Marc Girardin et Ph. Chasles , 5i8. Tableaux analytiques des Clemens du langagfe fran^ais, e!c. , par Mialle, 5i6. Taciii Gerrnania , ed. Panckouche, 267. Taillandier (A. H. ). Commenfaire sur I'ordonnance des confllts, 5o4. Taupier. Voy. Redari's. Tavernier ( A. ). IManuel de lh6ra- peutique cbirurgicale, 487" Taylor (W.). Decouvertc sur la combustion du gaz, 809. Tazewell [Littleton TV.). A Review of the negociatinns between the United-States of America and Great-Britain , etc., 706. Techkologie. y. Arts indlstbiels. Teinturier. Voy. Peclet. Temple (le) de la Sibylle, poeme polonais, 725. Terquem (O.). Manuel de geome- tric , ou Exposition elementaire des principesdecette science, etc. 218. Theatres : — de Paris, 292, 565, S29. — de Londres, 553 , 809. Tlieiner ( J. A. and Aug. ) . Die Ein- fuhrung der erzwungenen Eliclo- sigkeit bey den clirisiliclien Gcist- lichen, 181. Theodolite , dit Tact - graphique , presente «i I'Academie des scien- ces de Paris, par M. Jomard , 56i. Therapcutique chirurgicale. Voy. Tavernier. Thierry ( Amedee ). Voy. Edwards. Thomas (P. P. U. ). Essai slatisti- que sur I'ile Bourbon, 219. 871 Thorwaldsen , sculpteur danois. Buste de feu Tempcreur Alexan- dre, 811. Tom Jones, par Fielding, traduit en fran(;'ais et revu par Amedee Pichot , 53o. Toise (le) des b^timens. Voy. Per- not. TopocEAPHiE, 170,494? 592. Tourasse. Voy. Bateaux a vapeur. Tournce k la mode dans les Etats- Unis, ouvrage traduit de I'anglais, par Bourgeois, 49^- Traductions : — en anglais, du franrais, 456. — en franrais, de I'allemand , 240, 5ii, 6y8, 755,785. — de I'an- glais , 257 , 489 , 495 , 496 , 5o5, 521 , 53o, 762. — duhollandais, 480. — de I'italien , 81, 239, 076. — du russe, 783. — en italicn , de I'allcniand , 198. — de I'anglais, 740. — en polonais, du I'ranrais , 724. — du grec . 810. Traites conclus par la couronne de Danemark, depnis Canut-le- Grand jusqu'en 1800, par de Recdtz, 459. Transactions of the amcrican philo- sophical Society, 16S. Tremblemens de terre rcssentis I'annee derniere dans diveises contrees des Pays -Bas , 278. Tressan. Histoire de Gerard de Ne- vers et de la belle^Euriant, 257. TCRQI'IE, 5. Tyllman. Voy. Dupin (Charles). Typogaphie , S20. U. Unite de composition organique. Voy. Geoffroy Saintllilaire, 207. Universalite de la langue fran^aise. Voy. AUou. Univehsites : — de Louvain , 202 , 8ig. — de Pa- lis, 764. — d'Upsal, 8i2. — de la Piusse, 814. 8^2 TABLE AP Uisin. Voy. Dessin. Uivillo (DunionI d'). Extiait de son deinici rappoil sur Ics operations de la corvcUc I'Aslrolabe, 545. Vaccine. Nouvcau moyen de la propager, Stj. Van dcr CItys (P. O.). Commenia- riu.i giOf^rnphiciis in Jrrianunt de expcditionc Jitcxandri , 4S0. Van Ordcn. Bydragcn tot de Nii- 7nismatich, elc. , 2o3, Van Pi act (Jules). De TOiigine des communes I'lamandes, etc. 479- VaugUan's (R.). Life and Opinions ofJolin fVycliffe, 716. Veignaud (A. D.]. Voy. Perspec- tive — Voy. RifTault. Verhandellngen van het Bataviscli Cenooishap inn Kimsten en TVe- terisiiuppcn , A. 65. Verrier. Voy. Julia de Fontenelle. Vers a soie (Instruction sur la ma- nitre dVlever les) , par Chretien Steven , 457. Vldaillan (A. de). Voy. Eligibilite. Vie ft opinions de John WyclifTe, par H. Vaughan, 716. — de William Laud , par John Parker Lav\son, 717. — de Louis Auguste Schloezer, par son (lis , /Zy. Vieille Fille (La) et la jeune Veuve, comedie en vers, par Fouruicr et Arnauld, 835. Viennet. Epitre aux mules de don Miguel , 243. — Voy. Muleide. — Epitre aux convenances , ou mon apologie^ 52 1. Villiniain. Coursdelitteialurefran- <;aise , 258. Villenave , C. — A. 162. — B. 795. Villencuve (C de). Voy. Discours. Villerme et Milne -Edvards. Mc- AI.YTIQIIE moire concernant rinflucnce do la temperature sur la morlalite des enfans nouveau-nes, 825. Vilmoriu, Voy, Bun jardinier. Viist. Voy. Krusenslern. I'i.^il (A), to the court of Mada- gascar , 55o. Vilruiii ( M. ) Polllonis ylrcliilec- ■ tura , etc., cum c.vercitadonibus nolistjue novissimis Joannis Po- Icni ), 476. Vc)|r;a (Le) Fby. Jonction. Voltaire. Voy. ^olice. \oY\r.E de Charleston k Que- bec , etc. , 49^- — dansl'inlerieur de l'Afrique,etc., par feu Clapperton et son do- mcstique Richard Lander, 707. — ii Madagascar, 45o. — scieiilifiqiie de la Gabarre la Charelte, 827. — en Savoie, etc. , par David IJer- tololli , 196. VoYAr.KS ( riisloire generale des) , par C. A. Walkenaer , ySti. — de decouvertes ( Abrege des principaux), par Bajot, 223. — dans la Syrie , la Medie et la Perse, etc., par J. S. liucking- liam , 449- Vulliemin (L.).Essai histoiique sur I'Evangile, 470. W. Walkenaer (C. A.). Voy. Voyages. Weiss (Colonel de ). Voy. Piinci- pes philosophiques, 192. Wellauer (Auguste). Voy. ApoUo- I nius. I TVIiat is gentility? 447- Wiernikowski. Voy. Pindare. Wilken. Histoiie de la Bibliolhe- qu(^ royale de Berlin, 557. rVitlcDis {J. F.). Maria van Bra- bant, 205. Williams (David). Ar Bavddoniaclli C^mracg , 453. rViilis(N. p.). The Legendary, etc., 169. DES MATIERES. 875 Wright (^lMis>). Etablissemcns fori- lies pour rafTraiicliissemont des esclavcs , 799. — f^oy. Coiirs de pliilosophio. TVoronicz. Sctonlyiia Sybitli, etc. 725. Wycliffe. f oy. Vaughan. Vourig (TViUlam). Narrative of his imprisonnement aud trial, 45 1. Z. Zcdlilz ( Baron von). Todlenhriinze , ZooLOGiE, 170, 28G, 56i, 563, 565, 655. — (Illustrations de) ; dcssins et des- criptions parWilliaui Swainson, 449. Zschokke (H.). Romans, traduits en fian(;ais par A. Loeve-Vei- mar.s , A. 6g8. — Contes suisses , traduits par le me me, ibid. FIN DE LA TABLE DU TOME XLI. SUPPIEMENT AUX ERRATA DC TOME Xl. Cahler ^'Octobhe. Page 189, 1. 35 en des communaitles, lisez : eii coin- iiiuniuitc. Cahier de D£cemere. PageGi7, 1. j,colonnes milltalrcs, lisez : colonies miliiaires; p.8oi,l. kj, font divise,\\sez : onl divine ; p. 807, 1. 55,c/'yi/('.r, lisez : d'Aix. ERRATA Dl' TOME XLI. Collier de Janvier. Page gS, ligne 4 de la note, fermez la parenlliese apres les armecs ; p. i44j !• 7, pour ne plus cesser, lisez : pour nc plus le cesser; p. 166, 1. 6, la liberie; I'objet, etc., lisez : la liberie, I'objet; p. 175, I. 00, die dcvino on explique, lisez : ellc devine ou expUque; p. i84, 1. i\t des, lisez : dcr; p. 18S, 1. 33, rehabitaiion, lisez : rehabiliialion; p.; 2o5 , 1. 22, par les amis, lisez : pour les amis; ibid., 1. 35, van Vcltheim, lisez : van Vellhem; ibid., 1. 36, van Ilecla, lisez : van Ileelu; ibid., 1. 57, huy de koper, lisez : Huydehoper; p. 222, 1. 3» , povenant, lisez : provenant ; p. 236, 1. 7, D. Heheau , lisez : J. Hereau; p. 247, 1. 32, quand le del, lisez : lorsque le del; p. 254, !• 3, remorquable, lisez : rcmarquable; p. 280, 1. 5, van Huilhem, lisez : van Hultbem; p. 292, 1. 6, I'lsabdlc, lisez : Isa- belle; p. 294, 1. 3, on ne le reprochcrait pas, lisez : on ne la rcprocheraii pas; p. 297, 1. 0, promeiiait, lisez : pcrmeitail; ibid., 1. ii, Sansorino, lisez: Sansovino; p. 298, 1. 2 1, ce(0(>a. Varsovie, (JIuckxbnrg. yiatut ( Ai.tiiclie), Gfa-oid ; — Scbaunibaurt' ; — Scbalbacbtr. Amsterdam , Delacbaux. Anvers, Ancfille. Anta (Suisse), Sauerlainder. Berlin, Schlesioger. Berne, Clias; — Bourgdorfer. Breslau , Kcygcl. Bruxxlles , Uujanlin-Sailly ; — Demat; — Brt'st van Kcmpen; Horgiiies-Ri-nit;. Florence, Philli. — Vicusscux. Francforl - sar - M^n , Jiigel ; — Schapffor ; — Brxnner. Gand, Vandcnlurofcoveu CU. Gcneiio, Cbeibulifz ; — Barbciat ct Delarue. La Huye, les frnres Langcuhuj«en, Lausanne, FiscliCf. Leipzig,tirif.si\ammcTi — GJZirges, Liige, Dedficr. — Colaidin. . Liibonoe, Paul Martin. Lotidres , P. Rolaiidi. — Diilaii ct C"-; — Trcuttcl et Wriitz; — Bossange, Bai tlicz, LoyrelletCi". GOLOMES. Guadeloupe {Vointe-ii-'PitTc), Piolet ainc. Jle-dc-FratiCt (Pott-Loui«) , U. Rurdet. Martinitjitc, Thouneiw, Gaujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, An BuH^AU OS Bio ACTION, ROE D'ENrKS-SAiwT-MicKEL , n" i8, ou doivcot eire cHToytis, francs de port, Ics iivres , degsiusetgravures, dont on desire Tannoncc, et les Lcltres, Mciuoires, Notices ou Eitrails des- tines ik t'tre iniier^a dans cc Recueil. A Li Galrkib db Bossakck pere, rue Richelieu, n« ,60; Cn«i THBirrTKi ktWoht/. , nie de Bourbon, n» 17; RBV«rGaAViKa, qnai des Augustiiw, n" 55; Charle» B«chkt, libralre-comm™ , quai des AugOAtiaK, n« Sj ; J. Rkmouabo, r«c dcToumon , n» 6; RoRRT, rut HantefeuUle, n' la; A. Raudouis, rue de Vaugirard, n" 17 ; Dklaunay, PitticiBB, PosxniEu, I.A Tbwtk, Cabinet Utterairc, an Palais-Royal. A LONDRES.— FoHBioN Liebahy, ao Bemere street , Oxford-street; Tbkuttrl kt WuBTi; Bousahob; Dulau et C". Wota. Lc« outragCT annoncM dans la Rivne se UoutcuJ ai»i»i <:ln;» SiriLlOT , LiDiiAiiie, rue d'Eafer, n" 18. •v^^^'^i CLlUiAII&CSXai