'Tome i I. — 1S29. /■* LIVRATSO?*. encyclopediquet ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITXiRATCRE, LES SC1E>'CES ET lES ARTS. 1° Pour les Sciences phyaiquex et maihematiques et les Arls industrich : MM. Ch. Dlpijt, Girakd, Navieb, de I'lnstilut; J. J. Badde, Dubbusfait, Dpssaed, Fehby, Frakcoecr, Ad. Go^Dl^ET; D. Lardker, deLondres; A. MiCRKLOT, D8 MoMTCEaV, ftlOKSAU DE JojiRKS , QpETEtET, T. BlCRAUD, Warden, etc. 2''P(nnlcs5ciencMjia*(, de Paris, Foudateur-Duecteur de )a lievue Eiicyclopcdiqiic; Adolphe BLA>'Qnt, Ar.Ex. de la Bobde, Jojiard, de rinslitut; M. Avkjel , BasbiiS du Bocacb fi!s, Bekjamin Cokstast, Charles Comte, DK^^I^c , Dcfaij, Dixoykr, GuicsiAirr, A. Jaiebrt, J. Laeocdb^i*, (.Asji'irsAis CJs , P. Lami, Lesieir -MkbliiT , Massias, Albert MofiXKMO.iT, Fi.;si;be .Salverte, J.B. Say; Simokde deSismoadi, dc Geoi'vc ; WA■^^RCB?lI^. , de Liege, etc. ; fit pin aine; Bebvih.k, Boi'cnE.Mi-L,KFEH, Cd. REsgiiARj), Taii.i.a:»(bibr, avfjeats, etc. 5° Pour la LiltiraliifO fmnralsc ct ilrungc'e, la BiLUogrnphic, VArcheo- logie et les Bcaii:SrArts : MM. Akdbieus, Amaury-Di'vai,, Emeric David, Lembhcikr, de SiSgur, de I'lnstitnt; Axdrikcx, de "Limoges ;'M'»" L.-Sw. Becioc; mm. J. -P. Bbls, Burnoit fils , Chaivet; P.-A. Cotrir.-, Fn. Dkgkobge, DcMEHSA.t; Ed. Ga<>ttibr-d'Aiic ; Ph. Goidkkt, can espoudant de I'lnstilut; Lhos U i lsvt, Hsssiciift, E. Hkbkac, .Icccsxb .Iui-ue^ fiJs, Bernard Jc'ti.iE,\ ; Kai.vos, de Zantc; ADRina-liAFASOR , J. V. Leci.erc , A. Mahlt., D. P. Mii.NDiBix.; MojssAn»,de Lausanne; C. Pa ga.nel,H. Patik, PoNGERViLLE, DK REiFFB:.KERc ; Ds RooJOBX ; dkStassart, de Bruxelles ; Fn. Salfi, M.Schikas, ScHSJtzLEH, LzohThibss^, p. F.Tissot, Vigdibr, V ILLESAVE, etc. ( A PARIS, AC BUEBAD <:F.ATRAI, I>B tA REVfE trVr.TCI.OPKBIQIT . Chez SEDILLOT, i-iBnAiKE, hi'e rENrF.n-SAisT-xncnr.L. Etchex ARTHL'SBERTRAND, rvh. aAUTEFKPiiLE , n" A^TIIL 1829. #l##@ii IMPiilM'-UVtB 1 B PISSSAN B% e\r, n< E r»E VAWJIRAKT), N- li C0>-D1T10?, rue do To ;t.i , "° 6- Prix de la Soiiscription. ^ j,.„ig 40 IV. pour uuan; 26 IV. pour i\^ >»■■»%. Uaiis les departemcns. 55 '^o A I'utrangcr. ...... 60 •'4 En Anglcterre 7^ ^^ Le monlant de la souscription , cnroy6 par la postc , doit ft re ad.cs.^ a'avaace,FRA»c deport, ainsi que la en cspoudance, au Prccfcm- ./« I Rcvuc Encyclnpedl>,ue. rue d'Enfcr-Suini-Mlchcl, w .8. C'e.t i la mc-me adressc qu'on devra cnvoyer les ouvrages de tout genre et Ics gravure. qu'ou voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont ou des.rera 1 ..1- serlLon. , 1 1 • On peat aussi souscvire chez les Dircctcurs dcs postes et cUez les pnn- cipaux LiLraires, h Paris, dans le.s deparlemeus et dans les pays Strange, s. Trois cal.icTS ou livraisons forii.e.it un volume. Ghaque volume est ter- mini- par une Table des maiicrcs alphabeilque ct analyliquo, qu. <^c!air<:il el facilite les reclierchcs. Cette Table fest toujours joinle au i" caluor du Tolume suivant , i I'exception de la dcrniere Table de I'annte, qui i.t cxpediec isul6nient i» tous ceux qui peuvent y avoir droit. . On sousciit , seulement a parlir de deux epoques , du ^''jam^te^ ou du i"juiUct de cLaque annee, pour sismois, ou pour un an. On twine, av wntKV central, les coHecOons dcs armies 1819, i8ao , »82i, i8i2, iSaS, iS4 et 1S25, au prix de 5o francs chacune. Ghaque aunee de la Revue EncyelopidUjue est independante des anness qui precedent , et forme une sorie A'Annualre sclmtijiquc ct liUerairo, cii .< forts volumes in-8°, pour la periadc dc leais inscrite sur le tihe. REVUE ENCYCLOPEDIQUE. FONDERIE POLYAMATYPE DE MARGELLIN-LEGRAND ET C'% BUB DU PET1T-VACCIB*B0 , N° l3. PARIS. — IMPRIMERIE DE PLASSAN ET C'", RUB DB VADGIRARU, K" l5. REVUE ENGYCLOPEDIQUE, ov ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS lES SCIENCES, LES ARTS INDUSTRIEtS , I.A I.ITTERATUBE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE RIEUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET n'At'TRES HOMMES DE LETTRBS. TOME XLIL PARIS AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENGYCL0P:6dIQUE, CHEZ siDILLOT, LIBRA.IKJE, RUE d'eNFER SAINT-MICHEL, TS" li AVRIL-.IUIN 1829. « Toiites les sciences sonf les ranicaux d'une mfime tige. » Bacon. « L'art n'est autre chose que le controlc et le registrc des meillenies pro- ductions... A contrOler les productions (et les actions) d'un chacun, il s'engendre en vie des bonnes et meprisdesmauvaises. >> Montaigne. « Les belles-lettres et les sciences, bien ^tudi^es et bien comprises, sonl dcs instruniens universels de la raison.» REVUE eng?clopi5:dique. O n ANALYSES ET ANNONCES RAISOININEES DBS PRODUCTIONS LES PLUS BBMARQUABLES DANS LA LITTISIRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. vvvvvx\A^.\^fvv\^rvvvl\^;v^Alv\^^vvvAl^l^Ivvvvvvv\AA;vvwvvvvvvv\lv\l\lvvv>I I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET Ml^LANGES. DE L'ORGAIVISATION COMMUNALE ET DI^PARTEMENTALE DE LA FRANCE, CONSIDliREE DANS SES RAPPORTS AVEC LA REPRESENTATION NATIUNALE (l). Depuis pres de trente annees , la France presente un spec- tacle unique dans le monde : celui d'une population nom- breuse, industrieuse et eclairee, tcUcment dissoute qu'u I'exception des families, on n'y tiouve pas une seule asso- ciation naturelle. Les hommes qui, par la position de leurs (i) Quoique les deux projets de ioi aient 6te retires, ou plutOt par I'effet ni6me de ce retrait qui nous fait sentir le besoia de reclamer avec plus d'^niergie et d'unanimite une organisation communale et departementale, mise en harmonie avec la Gharte constitutionnelle, I'examen des impor- tantes qiiestions traitees dans cet article parait devoir fixer plus que jamais ratlenlioa des bons esprils et des amis sinceres de la patric. N.D.R. 6 DE L'ORGANISATION COMMUNALE proprietcs, par rindustrio ou la profession qu'ils excrcent, par Ic riilte qu'ils profcssciit, par leiir qiialitc do pcrcs de la- miilo, oiil uiic roiilc dc bcsoins communs, n'oiit pas la li- berto, pour les satisfairc, do inettre en commun Ics moycns qu'ils possodenl. Ayant dcs propriotes contigues, ils auraient bcsoin de s'associer pour I'cnlretien des chemins qui les y conduisent; I'usagc de cetlc faculte lour est interdit. lis au- raient besoin de s'associer, comme chefs de famille, pour rinstruclion commune de leurs enfans : ils n'en out pas la li- berie, lis auraient besoin de s'associer , comme professant un menie culte.pouravoirun lieu de reunion convenable, oupour salarierunministredcleur religion : touteassociationreligieuse leur est interdite. En un mot, quel que soit le besoin qu'ils eprouvcnt en commun , ct quelle que soit la necessite de s'as- socier pour le salisfaire , ils n'en ont pas la faculte. Des agens que I'autorite a places au milieu d'eux, sous les noms de maires, de prefets et de gendarmes, sont charges de les maintenir dans un etat permanent de dissolution. Cc qu'il y a de singulier dans cette position, c'est qu'en mCme terns qu'ils sont frappes d'incapacite, en leurs qualites de proprietaires, de peres de famille, de membres de tel ou tcl culte , on prend soin de proclamer que , sous chacun de ses rapports, ils jouissent d'une entit;re libcrte. Ainsi, par exem- ple, on proclamera d'une maniere solennelle que toutes les proprietcs sont garanties (i), et que chacun pent dispo- ser des siennes de la maniere la plus absolue (2) ; et, si quel- qncs proprietaires mettcnt une part de leurs revenus en commun pour reparer les chemins necessaires au service dc leurs proprietcs, on les accusera d'usurper I'autorite pu- blique. On derlarera que les parens sont tenus de nourrir, d'entretenir, rfWcrcr leurs enfans (3); que les enfans res- tent -sotin I'auturite paicrnelle jusqu'a leur majorite ou leur eiiiancipatiou, ct que le pire seal exerce cette autorite pen- (1) All. <) dr. la Cliarte. (a) Art. 544 du Code civil. (5) Code civil, ail. ao3. ET Dl^PARTEMENTALE DE LA FRANCE. 7 dantle manage (1). Mais, si ties peres de famille s'associent pour faire instruire leurs enfans en commun, on leur prou- vera qu'ils n'en ont pas le droit : on leur fera voir que c'est aux cures ou aux agens du gouvernement qu'apparticnt sur ce point la puissance paternelle. On annoncera publiquement que chacun professe sa religion avec une egale liberte et ob- tient pour son culte la memo protection; puis, si quelques personnes s'associent pour I'exercice de leur religion , on les poursuivra judiciairement, comme ayant forme une associa- tion illicite. Ainsi, les faits se trouveront constamment en opposition avec les declarations : on admettra les principes , mais sous une condition ; c'est qu'ils seront ecartes dans la pratique, et qu'oii n'en tirera point de consequences. Un tel ordre de clioses ne pouvait durer toujours, et I'on parait determine A y porter quelques modifications. Mais les Francais recouvreront-ils enfiu I'exercice du droit d'associa- tion ? Tout fait innocent par sa propre nature poui-ra-t-il etre execute par les efforts reunis de plusieurs personnes, comme il pourrait I'etre par une seule? Se bornera-t-on a reprimer les associations qui auront pour objet des faits punissables? Enfin , toutes les fois que des hommes eprouveront des be- soins qui ne pourront etre satisfaits qu'au moyen d'une asso- ciation, leur sera-t-il permis de s'associer, si d'ailleurs ils n'emploient aucun moyen et ne se proposent aucune fin, contraires i\ la morale ou a I'intcret public? A juger les choses par les apparences, il semble que I'or- ganisation municipale et departementale va rendre I'exercice du droit d'association a la France tout entiere; mais, si nous examinoas les doctrines qui se professent partout oOi Ton a la pretention d'avoir des doctrines; si nous observons le de- dain et nous pourrions nieme dire le mepris avec lequel on parle de tout ce qui est peuplej si nous observons de plus la hauteur dedaigneuse avec laquelle nos hommes d'Etat rejet- (1) Code civil, art. 571 el '>/2. 8 DE L'ORGANISATION COWMUNALE lent Ics tfi^ories Inscjisccs que proclamcront nos premieres as- ,soii>l)l('cs legislatives, et qui sunt pratiquees en Angletene, en Suisse, dans nne parlie de TAUcniagne, aux Etats-Unis, ct partoiit oi\ il cxisle quclque liherte ; cnfin, si nous obser- vons loiitcs les precautions nieticuleuses qui sont prises con- trc la manifestation de I'opinion publique, nous serons peu disposes a concevoir de Iiautes esperances. Dans Ic dernier siecle, tout homme qui avail la pretention dc raisonner sur des institutions politiques, et qui voulait se I'airc ecouler, etait obUge de reconnaitrc qu'il existait des droits pour les nations et pour les fractions diversesdontelles se" cojuposent , comme pour les individus; on etait oblige d'admettrc que ces droits resultaient de leur propre nature, et non des concessions ou de la volonte de tels ou tels princes. On croyait alors qiie les gou vernemens devaient exister pour les nations, et que les liommes avaient seuls des droits : s'il etait question dc representation nationale, on entendait qu'il appar- tenaita la nation d'etre representee; s'il etait question de droits, Oil entendait parler de droits inherens a la nature humaine. Ces idees et ce langage sont maintcnant surannes , et Ton serait presqne ridicule, si Ton se pernieltait de les reproduire. De noire tenis , ce n'est pas le peuple qn'on represente, c'est la proprUtc fonctere, c'est la terre : elle seule a des droits, elle seule obtient des egards. Un homme qui oserait se dire le re- presontant d'une nation, serait considere comme un revolu- lionnaire. S'il se dit le representant de la propriete, on re- connaitra sur-le-cliamp en lui un veritable ami de I'ordre , digne de figurer en bonne compagnie et d'avoir part au bud- get. Ce n'est done plus des homnies ni de leurs droits qu'il pent elrc question dans nos debats politiques; la propriete a pris la place de I'luimanite, et les droits du sol ont ete sub- stitues aux droits de I'liomme. Lorsquelcs idees d'une nation ont pris nne fausse direction, etquc la mode a vicie le langage, ce serait une vaine tentative que de vouloir les reformer. II ne faut rien attendre que du terns, a qui senl il est donne d'liser les erreurs, et de faire ET D^PARTEMENTALE DE LA FRANCE. 9 justice des jargons divers que les factions emploient pour de- signer des pretentions qu'elles n'oseraient hautenient avouer. Nous n'essaicrons done pas de combattre les doctrines re- gnantes : bien loin de la, nous les supposerons fondees , el nous demanderons qu'on veuille bien les appliquer sans ac- ceptions de proprlctes, sinon de personnes. Nous reconnaissons done qu'un homme n'est plus qu'un accessoire , un appen- dice du sol, et qu'il ne peut reclamer de droits que ceux qui appartiennent a la terre a laquelle il est attache. L'importance qu'il a dans la societe n'est qu'en raison de la terre dont il fait partie, et il ne doit plus etre compte pour rien, des qu'on le considere en faisant abstraction du sol auquel il appartient. Un homme, en un mot, tire toute sa valeur de son revenu, DU, pour mieux dire, de la part de ce revenu, qu'il" donne an gouyernement. Cela etant, il est evident qu'un homme qui depense an- nuellement un revenu territorial de 60,000 francs, vaut vingt fois autant et doit avoir vingt fois plus d'influence que celui qui ne peut depenser qu'un revenu de trois mille francs. II est egalement evident qu'une famille qui consomme tous les ans 100,000 francs de rente, ne fut-elle composee d'ail- leurs que d'individus stupides et rachitiques , doit avoir dans I'Etat autant d'influence que vingt families qui n'auraient a depenser chacune qu'un revenu annuel de 5, 000 francs, quand meme elles seraient toutes composees des gens les plus eclaires, les plus probes, les plus vigoureux. En un mot, dans I'Etat, chacun ne vaut et ne doit etre compte qu'en rai- son de ce qu'il mange. Ces principes , que le dernier siecle aurait fletris comme immoraux, sont devenus incontestables depuis que de nouveaux docteurs se sont eleves sur la mine du sensualisme , et ont irrevocablement pi-oscrit la doctrine immorale de I'intirct. Mais, puisqu'un homme ne doit plus etre compte qu'en raison du revenu qu'il consomme, quel sera le terme que nous etablirons comme unite? Sur celte question, Ton se di- vlse. Los gens qu'on nomme Varistoa^alic , vculent ne placer lo DE L'ORGANISATION COi^lMUNALE I'linilc ([ti'aii poinl oi'i uii hommo joiiit d'lin rovenu assez con- t.i(lL'rablc pour payer aii nioins 1,000 I'lancs de contribulions (lircctcs. SuivaiJt eux, on iic pcut compter, sur une popula- tion de tientc-deux millions d'ames, au-dcla de quatorze ou rHiinze millc personncs formant aiitant d'unites politiques : (■'(•St h\ ce qni compose la grande propriete. Les gens qu'on nomine la dhnocratie ne placent pas I'unite si hant; ils trou- \enl qu'un homme qui represente une teire payant trois cents francs dc contribution an moins est un personnage as- sez considerable pour former une unite. Suivant ceux-ci , on pent trouver en France environ qnatre-vingt-hult mille unites politiques, c'esl-a-dire , une sur environ trois cent soixante- trois individus. Si tous les pouvoirs publics se concentrent entrc les mains de quatre-vingt-huit mille individus, a I'exclu- sionperpetuelle d'environ trente-un millions neufcent trente mille, on aura fonde, dit-on, le pouvoir democratiqne. Telles sont les deux doctrines qui, parmi nous, se dispu- tcnt I'empire : la premiere appartient aux liommes qui dc- plorenl la cluite de la monarchie absoluc, et qui ne s'en con- ^oleront que lorsqu'ils auront succede a son pouvoir; la se- condc est celle d'un grand nombre de liberaux ou soi-disant tels. An fond, ces deux doctrines reposent sur la meme base; dans la distribution des pouvoirs politiques , aucune des deux ne tient aucun compte de la capacite, ni des droits des indivi- dus; I'une ct I'aulre admcltent en principe qu'on represente la tcrre, et non les hommes; dans I'une et dans I'autre, la masse de la population n'est comptee pour rien ; dans I'une et dans I'autre , on se dit exclusivement la nation , quand on veut bien admeltre qu'il existe une nation. Quelle que soil celle de ces deux doctrines qui Iriomphe , il est (Evident que I'exercice du droit d'association ne sera point rendu a la masse de la population, et qu'elle continuera d'etre dissoute, comme clle Test depuls environ trente an- nees. Si^ les hommes qui foiment V aristocratic monarcbique font adopter leurs idees, il en resultera que les individus jouis- sant d'nn rovciui asjez ('onsiderablc pour payer au gouverne- ET DfiPARTEMENTALE DE LA FRANCE. ii ment 1,000 francs de contributions directes, pourront s'asso- cier pour la defense de leurs interets conimuns, et au besoin pour I'oppression de toutes les autres classes : tout ce qui se trouvera hors de leur sphere restera en etat de dissolution. Si ce sont , au contraire , les hommes qui coniposent I'aristo- cratie liberale, ou ce qu'on est convenu de nommer, comme par derision, la dcmocratie, le cercle sera uii pe&moins etroit; au lieu de nerenfermerquedix-huit ou vingt mille hommes, il pourra en renfermer un nombre environ trois ou qualre fois plus grand; mais la masse de la population continuera d'etre frappee d'incapacite. Lorsqu'on part du principe qui sert de fondement a ces deux doctrines, on devrait au moins en admettre toutes les conse- quences ; mais il semble que des deux cotes on soit convenu de tomlier dans les memes contradictions. Si nous admettons la doctrine regnante , que ce sont les proprietes, et non les personnes, quidoivent etre representees ; que chacun ne doit etre compte qu'en raison de I'impot direct qu'il paie au gouvernement, et qu'un individu qui paie an- nuellement un impot de 1,000 francs a plus d'importance a lui seul que trois individus qui paient 553 francs 55 centimes chacun, nous ne serous point accuses sans doute de profcs- ser des doctrines insensdes et de nous livrer a des exagerations democratiques. Nous raisonnerons , au contraire, conforme- ment au principe qui a servi de fondement au privilege du double vote , qui a donne aux representans de la grande pro- priete la nomination exclusive de pres de la moilie des deputes, et qui a impose aux electeurs d'arrondissement I'obligation de choisir leurs mandataires parmi les quatorze mille plus imposes. C'est done a la propriote, ct non a la nation, qu'il appar- tient d'avoir des representans; c'est au sol qu'appartient le droit d'election. Mais, s'il en est ainsi, le sol tout entier doit etre represente, et non quelques parties seulement. Une terre quiproduit 24,000 francs de rente a sans doute la meme va- leur que huit fermes dont chacune produirait 5, 000 francs ; mais, si cela est vrai, il est egalement vrai que huit ferme> 13 DE L'ORCANISATION COMMUNALE <|iii tlonncnt ensemble mi revenu annuel dc 24?ooo francs \alent aulant qu'iine lerrc qui ne ilonne qu'un revenu egal. Kn d'aulres termes, mille arpens tie terrc, divises entrc dix personnes, sont unc propriele , lout aussi-bien que mille ar- pens qui apparticnncnt a une seule; et si la premiere a le droit d'etre representee, on ne voit pas pourquoi celle-la ne le serail pas egalcuient. Qu'on prenne pour unite electorale le terme qu'on voudra; qu'on adopte 5oo francs de contributions directcs, ou qu'on en cxigc 1,000, du moment qu'on part du principe que ce sont los proprietes qui doivent etre representees , il faut qu'elles le soient toutes. Si I'individu qui paie 1,200 francs dc con- tributions directes compte pour un dans une election depar- tementale, on ne voit pas pourquoi quatre personnes payant chacunc 5oo francs n'auraient pas aussi une voix; si I'unite, an lieu d'etre fixee a 1,200 francs d'impot, n'est fixec qu'a 3oo, et si, par consequent, tout homme payant cette derniere somme a une voix a donncr dans les elections, on ne voit pas pourquoi deux individus payant i5o francs chacun, ou trois individus, dont chacun ne paierait que 100 francs, n'auraient pas aussi une voix a donner. On trouve injustc qu'un homme qui paie, par exemple , 1,000 francs d'impot, ait deux voix dans les elections, el qu'un homme qui ne paie que 3oo francs n'cn ait qu'une; mais n'est-il pas plus injuste encore qu'un homme qui paie 7)00 francs ait une voix, el que dix homines qui paient cha- cun 299 francs n'en aient pas une ? Quand on admet ct qu'on defend le privilege pour soi-meme, est-on bien fonde a le contester aux autres ? Si Ton admet que le droit de voter re- sulte de la propriele, et si Ton fixe a 3oo francs d'impot I'u- nite qui confere la capacite electorale, il s'ensuit evidem- incnl que loule commune qui paie, par exemple, 24,000 fr. de contributions directes, doit aj)porler quatre -vingts voix dans Ics elections. Lorsqu'on procedera de cette maniere , on pouj-ra dire que lis proprietes on les i)roprietaire.s sont represenles ; mais il ET DEPARTEMEMALE DE LA FRANCE. i5 estbien evident qu'il n'y aura pas reellement de representa- tion, si, apres avoir fixe I'unite, soit a 3oo fr. , soil a 1,000 fr., on ecarte toutes les fractions qui se trouveront au-dessous. En suiyant ce precede, il arrivera que , dans une commune qui paiera 18 ou 20,000 francs de contributions dlrectes, on ne trouvera que cinq ou six personnes qui soient appelees a voter. Les dix-neuf vingtiemes dcs proprietaires et les quatre cin- quiemes de la propriete se trouveront alors sans represen- tans; car chacun ne represente que la sienne. On ne par- viendra jamais, en efTet, a persuader a des hommes qui ne paient que 100 ou i5o francs de contributions, qu'ils sont representes naturellement et sans le secours de I'election, par les hommes qui en paient 1,200 ou 2,000. Les grands proprie- taires, en les considerant en masse, et en admettant quelques exceptions, representent les petits a peu pres comme les sei- gneurs representaient leurs vassaux. En supposant que la France ne paie que 260 millions de contributions directes, et en admettant que chaque fraction de 3oo francs donne droit a une voix, on compterait dans les elections huit cent soixante-six mille six cent soixante-six suffrages, c'est-a-dire, pres de huit fois plus qu'on en compte reellement. Or, les grands proprietaires ayant deja deux voix, et tous ceux qui paient moins de 5oo francs n'en ayant au- cune, 11 s'ensuit que les sept huitiemes de la propriete au moins ne donne nt aucun droit a la representation, et que les dix-neuf vingtiemes au moins des proprietaires ne sont pas representes. II y a ici une circonstance qui merite surtout d'etre remar- quee : c'est que ce sont precisement les proprietes qui nour- rissent le plus grand nombre d'hommes qui ne conferent au- cun droit dans les elections. Une terre qui ne servira qu'a I'existence d'une famille, et qui paiera 2,000 francs d'impots, donnera droit a deux suffrages. Sielle nourrissait dix families, entre lesquelles elle serait divisee, et qui paieraient 200 fr. chacune, non-seulement elle ne donnerait pas droit a deux suffrages, elle ne donnerait droit a aucun. Ce n'cst done pas ,', DK I/OUG\NIS.\TION COAIMUNALE (Ic la proprietr que nait Ic droit electoral, c'est de IMndivision de la propriele : inoin? die est divisec , moins ellc nourrit d'homnies, et plus les privileges qu'elle confere sont eten- dus; trois inille arpens dc terre qui ne serviraient qa'<\rcxis- toncc d'linc famille et a cclle d'line troupe de valets, de chiens et de dievaux, pourraient conferer des privileges plus cten- dus, que s'ils servaieut a faire vivre les hal)itans d'nn riche et riant village. Cc systenie produit I'effet auquel on devait naturellement s'atteudrc : en laissant en dehors du systemc social la masse de la population, et surtout les neuf dixiemes au moins des proprietaires capables de bien voter, il met continuellement aux prises les deux classes qui jouissentdu monopole de tous les pouvoirs publics. La petite aristocratic bourgeoise, qui se compose de cin- (juante ou soixante mille individus, est deux ou trois fois plus nombreusc que la haute aristocratie ; elle est peut-etre aussi plus eclairee ou plus energique. Mais la haute aristocratie a pour elle la masse du clerge, depuis les missionnaires jus- qu'aux archeveques, la chambre des pairs, une bonne partie de la cour, la possession des hauts emplois, une influence im- men.se sur la nomination aux emplois inferieurs, lecommande- ment des armccs, la disposition du budget, etl'influence de tou- teslcs cours de I'Europe. Dans les luttes qui se sont engagees en- trel'une etl'autre, depuis quatorzeans, celle-ciaquelquefoisun pen recule; mais, en definitive, ellc a toujours eu la victoire. L'une et Tautre out cependantquclquelois appele I'opinionpo- pulairc a leur aide; mais comme danschacune des deux on ne voulait que consolidcr ses privileges, la masse de la popula- tion est rcstee indifferente a leurs debats. Elle a toujours paru dire i la petite aristocratic cc qu'autrefois elle avail dit 4 la grande : Sauvez-vous et me laissezpaitre. On convicnt qu'un tel ordre de choses est loin d'etre par- fait ; mais on pretend qu'il tst ime consequence des disposi- tions de laChartc. Or, la Charte etant I'arche sainte u laquelle ET DliPARTEMENTALE DE LA FRANCE. i5 aiicune main profane nc saurait toucher sans danger, il fatit ciefendre tout cc qu'clle etablit. II y aura bientot quinze ans que la Charte est publiee; dc- puis le ministt're de I'abbe de Montesquiou jusqu'a celui de M. de Villele inclusivement , un assez grand nonibre d'hom- mes se sont permis d'y porter la main. Le plus grand mal qii'ait produit poureux nn tel exc^s d'audace aete d'etre en- voye a la chambre des pairs avec un titre de vieomte ou de marquis, ct une pension de 20 ou 3o,ooo francs de rente. Nous pourrions conclure de la qu'il est possible d'y tou- cher sans etre immediatement frappe de mort : mais nous ecar- terons cet argument. On pourrait nous repondre qu'il est bon de toucher a la Charte, quand il s'agit de restreindre I'exercice des droits des citoj^ens, mais non quand il s'agit del'etendre. Si Ton proposait de former une chambre legislative de tons les hommes qui paient 1,000 francs de contributions directcs, et de supprimer en consequence toutes les elections, il est pro- bable que les electeurs qui paient moins de 1,000 francs se- raient peu satisfaits d'une telle proposition; ils diraient, non sans quelque apparence de raison, que, si la Charte exige qu'on paie 1,000 francs de contributions et qu'on soit age de quarante annees pour etre eligible , il ne s'ensuit en aucune manifere que tout homme qui remplit ces conditions soit depute. Ils pour- raient ajouter que la liiculte de choisir parmi les eligibles, ou d'ecarler ceux d'entre eux qui ne leur inspirent aucune con- fiance, est I'unique garantie de Icurs droits ou de leurs interets. Or, le raisonnement que pourraient faire les hommes qui paient 3oo francs de contributions contre ceux qui en paient 1,000, pouvait etre fait contre ceux-ci parlous les hommes qui etaient moins imposes qu'eux. On pouvait dire egalement que, si la Charte avait exige que, pour exercer les droits elec- toraux, un homme payat au moins 5oo francs de contri- butions directes et fOt age de trente ans , il ne s'ensuivait pas que tout individu qui reunissaitces conditions fOt electeur, et que la masse des citoyens dcvait avoir le droit de choisir parmi les hommes payant au - dela de 5oo francs, commc t6 DE L'onGANISATION COMMUNALE »oux-ti out !c droit de choisir parmi les hommes qui paient i,ono francs ou davanlagc. Qu'on ne se mepienne pas, au reste, sur robjet de ces ob- servations. Elles ont pour but, non de condamner le systeme dcs elections dircctes, mais de faire voir qu'il n'a jamais etc ni dans la lettre ni dans I'esprit de la Charte depriver la masse des citoyens de toute influence sur les affaires de leur pays. Or, si Ton n'y trouve pas une seule disposition, pas un seul Tfiol d'oi"! Ton puisse inferer I'intention de frapper a jamais d'incapacite tous les hommes qui paient moins de 3oo francs, et si cepcndant ils sont frappes d'une incapacite reelle, il faut bien qu'il y ait quelque vice dans la legislation. Mais com- ment remedier a ce vice ? c'est li'i que git la difficulte. Nous rcmarquons qu'un individu qui ne paie pas les con- tributions suffisantes pour etrc electeur ou eligible peut ac- querir I'une ou I'autre de ces qualites, s'il plait a sa mere ou a sa belle-mere de lui deleguer une partie deses contributions. II est evident qu'en pareil cas deux individus, dont aucun n'a par lui-meme la jouissance des droits politiques, peuvent avoir une voix dans les elections en se reunissant. lis pourraient mOme en avoir deux, si, par I'effet de la reunion, le fils ou le gcndre devenait membre d'un college de departement. II est possible aussi que trois personnes qui n'ont aucun droit (|uand elles sont separees se reunissent pour avoir une voix. Ceia se pratique toutes les fois qu'un individu n'est electeur qu'au moyen dcs contributions qui lui sont deleguees par sa mere et par sa belle-mere. Maispourquoi les membres d'unecommmie ne pourraient- ils pas faire entre eux ce que peuvent bien faire les membres d'une famille? Si une femme, a laquelle aucun droit politique n'est accorde, peut, en deleguant ses contributions a son fds ou a son gendre, lui donner le titre d'electeur ou d'eligible, pourquoi ne pourrait-elle pas les deleguer a son frere , a son neveu ou m$me a son voisin? Pourquoi cctte faculte de dele- gation ne serait-elle pas donnee a tous les habitans d'une f'ommune les uns a I'egard des autres ? Pourquoi deux hom- ET DiiPARTE WENT ALE DE LA FRANCE. 17 nies qui paient chacun cent cinquanfe francs de contribntions diicctcs n'auraicnt-ils pas une voixdans les elections, quand celui qui en paie trois cents en a une? Ne serait-ce pas le moyen de relever la masse d« la population de I'incapacile dont elle se trouve frappee, et de faire repiesenler toulesles classes des propiietaires? Aussilong-tems que les neufdixie- mes au moins des proprietaires capables scrontexclus de toute participation aux elections, ne sera-t-il pas absurde de pre- tendre que la propricie sc trouve representee ? Ce ne sont point ici des idces uouvelies que nous exposons. II y a deja plus d'un demi-siecle qu'un ministre, qui valait bien ceux Cm notre cpoque, et qui proposait a Louis XVI I'eta- blissement des municipalites, voulait en faire la base de ses projets. Turcot, qui s'imaginait, avec les economistes de son tems,que la terre seuie avait la puissance de produlre des riches- ses, prenait le revenu territorial comme mesure de la capacite politique des bommes. II voulait que chaque paroisseeut au- tant de voix qu'elle comptcrait dc fois six cents livres de re- venu, parce que cetle somme lui paraissait necessaire a I'exis- lence d'une lamille. Dans son syst^-me, deux individus qui n'avaicnt que trois cents livres de rente chacun n'avaient qu'une voix; il ne donnait egalement qu'une voix A six indi- vidus n'ayant chacun que cent francs de revenu ; mais il ne laissait en dehors de I'organisation municipale que les indi- vidus prives de tout revenu. C'est sous la nionarchie absolue, en 1775, que Turgot proposait de constituer ainsi toutes les communes de France, et son projet etait infiniment plus libe- ral que ceux qui ont ete presentes aux chambres dcpuis la pro- mulgation de la Charte (1). Quoi qu'il en soit , il est evident que le systeme qui exclut de toute participation aux droits ou aux pouvoirs politiques les hommes qui sont proprietaires des neuf dixiemes du sol Tie produit pas cc qu'on est convenu de nommer la reprtsen- (1) Voyer les OEuvrcs dc Tubcot, torn. VII, pag. SSy et suivanles. T. XLII. AVRII, 1829. tJ i8 DE L'ORGAMSATION COMMUNALE talion delapropriete. II est «''galemcnt evident que si la masse dc la population cstplacee endehorsdel'oiganisationmnnicipale, d< parlemcnlalc on nationale, le droit d'association ne sera point rendu ;'i la France. Iln'yaura rcellemcnt d'associes que le petit nombrc de proprietaiies auxqnels rexercice des droits politiques sera rendu. Nous avons a rechercher quel doit etre ce nombre suivant les divers systemes qui sont proposes, mais nous devons anparavant examiner quels sont les objets pour lesquels les associations communales et dcpartementales sont formees. L'association la plus naturelle et la pins simple qui se pre- sente a notre observation est celle de la famille. Les rapports qui existent entre les meml)res dont elJe se compose sont de- termines par la natvu'e elie-meme. lis sont constates et pro- clames par les lois civiles ; nous n'avons pas a nous en occu- per ici. Nous nous bornerons a observer que les societcs de cette classe sont les elcmens primitifs dont toutes les autres associations se composent. Apres I'association de famille vient I'association commu- nale ou municipale. Celle-ci se compose des families atta- chces les unes aupres des autres par les proprieles qu'elles possedent, par la maison qu'elles habitent , par I'indnstrie ou la profession qu'elles exercent , ou par d'antres inlerels. Les associations de cette classe existent naturellement ; pour les ompecher d'etre, il faut qu'une force insurmontable tienne les families ainsi groupees dans im etat permanent de disso- Inlion, en plaeant anpres d'elles des agens qui les empecbcnt de s'cntendre surleurs interets communs. C'est roilice qu'ont rempii en France pendant long-tems ces agens dn pouvoir mililaire que Bonaparte decora du nom de maires et d'ad- joints. Nous trouvons, apres les associations communales , les as- sociations provinciates , formees dc toutes les communes qui se trouvent rcnferniees dans une certaine circonscription. Les associations dc cette troisieme classe sont deterniinees par la nature d'une mauiere moins netle que cellcs des deux pre- ET DtPAllTEMENTALE DE LA FRANCE. 19 Jiiieres ; il serait facile cependant de trouver leurs limites natu- relles. La division de la France en deparlemens n'a pas ton- jours respecte ces limites; mais comme toutes nos institutions sc lient a cette division, et comme il ne pent pas Ctre question de la changer, nous la prendrons , sinon comme naturelle, au moins comme ayant passe dans les habitudes- L'association qui vient immediatement apres celle-ci est rassociation nationale, formee de I'agregation de tous les departemens. Au dclu de celle-ci il n'en existe plus d'autres : hors de ses limites se trouve le territoire des nations ctran- geres. Entre Ta^soriation departementale et rassociation natio- nale on observe une distance immense; ce vide aurait be- soin d'etre rempli, et ne pourrait I'etre convenablement que par une grande association provinciale. Celle-ci devrait avoir principalement pour objet, soit de determiner les matieres sur lesquelles il faut asseoir I'impot que la province doit au gouvernement central, soit d'en faire la repartition entre les departemens, comme les departemens le repartissent entre les communes. II serait facile de prouver qu'il n'existera de veritables garanties en France, et que les impots ne seront assis et repartis d'unemaniere equitable, quelorsque I'assiette «n sera laissee aux grandes divisions territoriales. Nous nous abstiendrons de nouslivrer ici a cet examen; il nous ecarte- lait trop du sujet dans lequel nous devons nous renfermer. Les deux projets presentes a la chambre des deputes ont pour objet de regler deux esp^ces d'associations : les associa- tions communales et les associations departementales. L'ordre naturel des idees exigerait, ce semble, qu'on s'occupatde celles- la avant que de s'occuper de celles-ci, et qu'on passut ainsi du simple au compose. La chambre des deputes en ayant decide autrement par des considerations que nous n'tivons pas a exa- miner ici, nous suivrons la marche qu'elle a tracee, afin de ne pas nous trouver trop en arriere dans nos observations. Leprojet de loi sur I'organisation departementale, prrsente par Ic ministere, a ete change par la commission fo:m;'c par ao DE L'OllGAMSATION COWWUNALE Ics burcnux de la chamhrc tks deputes, A tcl point qu'il n'cst prosqiic plus reconnaissable. Cepcndant , I'ordrc d(!S nialicres est lo niCmc dans Tun et dans I'autrc, et cet ordrc nous parait vicicux. La premiere chose dont il i'allait s'occupcr etait I'objet meme pour lequel I'association departemcntale doit etrc fonnee. Toules les fois, en effet, qu'on a pour but dc creer un instrument quelconque, ne laut-il pas avoir deter- mine I'objet auquel on sc propose de I'employer ? II faut bien savoir quel est le resultat qu'on se propose d'obtenir, avant que de determiner les moyens & I'aide desquels on doit le produire. Suivant le projct de la commission, qui est devenu le prin- cipal et qui sera soumis le premier a la discussion , les con- seils genoraux ont i\ remplir dcs attributions de divers genres, lis ont a prononcer dans certains cas enfre plusieurs com- munes. Leurs fonctions tiennent tout a la fois dc la represen- tation nation.ile, de I'administralion et d'une commission consultative. Les dispositions, soil du projet ministeriel, soil du projet de la commission, relativement aux attributions du consetl general dc departement, manquent de clarte sur un grand nnmbre de points , et cette cireonstance en rend Texamen fort difficile. On dit tantot que le conscW st a I tie , tanlot qu'il (lonne xon acis^ tanlot qu'il dcUbdre, tantot qu'il prononce , tan- lut qu'il examine, mais on ne dit presque jamais d'une ma- niere uelte et positive quelle sera la force de ses clHibaations , de ses avis, de ses cranicns , de scs pronona's. II rcpartit les contributions entre les communes des depar- temcns, conformement aux regies etablies. II statue sur les de- mandesen reduction (de contribution) qiii lui sont presentees entre les communes. Sous ce rapport, ses fonctions tiennent de la representation nationale; il remplit a I'egard des com- munes une (les functions que les chamjjres remplissent a i'e- gard des deparlemens. II y a cepcndant une difference : il ne parait point que, dans ce cas, les resolutions du couseil ge- neral aicnt besoin de la sanction du pouvoir execulif. ET D^l'AIlTE^lKNTALE DE LA FRANCE. ai 11 (lonne son avis sur les delimitations du territoiic, les reu- nions ct creations de commune, surl'etablissement ct la sup- pression des I'oires et des marches. II donne son avis snr les actions judiciaires i\ intenter ou a soutenir, dans I'interet du departement. En cas d'urgence , le prefet peut se conlenter de I'avis du conseil de prefecture. 11 donne son avis sur les transactions qui concerneraient les droits du departement. Ici, le conseil general n'est-il reellement qu'un conseil? Lc prefet peut-il ne tenir aucua compte de ses avis, et plaider ou ne pas plaider, transiger ou ne pas transiger, selon que cela lui parait convenablePS'il en est ainsi, I'intervention du con- seil general est assez inutile. Si, d'un autre cote, le prefet est tenu de suivre Vavis du conseil general , il faut que cette ex- pression ait, dans la seconde et dans la troisieme disposition , une force qu'elle n'a pas dans la premiere. II est difliciltj de supposer, en effet, lorsque le conseil general aura donne son avis sur les delimitations du territoire , sur les reunions et creations des communes , que le gouvernement soit toujours tenu de s'y conformer. Le conseil general delibdre sur les acquisitions, les aliena- tions et les echanges des batimens et terrains alTectes aux dif- ferens services publics h la charge du departement; mais ses deliberations nc pcuvent etrc delinilivcment approuvees que par une ordonnance du roi ; il dcUbere sur les difTiculles re- latives aux constructions et aux ouvrages d'utilite publiquc qui interesscntplusieurs communes \ ildclibcre sur I'emploides centimes affectes, par laloi annuelle des finances, au paiement des depenses d'ordrc public a la charge du departement; il delibere sur les depenses a I'aire dans I'interet special du de- partement, et sur les moyens d'y pourvoir; il drlibere sur les operations cadastrales; il dclibire sur le budget des recettes et des depenses departementales, dresse par le prefet; mais ce budget est definitivement regie par le roi. Quelle sera, dans chacun de ces cas, I'autorite des delibe- rations du conseil ? Nous voyons que , dans le premier et dans le dernier, elles ne pen vent etre definitivement approuvees aa DE L'OUGANISATION COM.MUNALE que par unc ordounance du roi, mais, dans Ics aulres, I'ap- probatiou du prefet scra-t-elle neccssaire? Le prefot scra-l- il tenu de s'y conformcr? Poiina-t-il agir en sons contraire des deliberations prises? Anionl-elles seulenient pour effet de paralyser son action , qiiand il ue voudra pas les executor ? Le projet n'cn (lit rien. Le consoil general prononce sur Tutilite des ttavaux et regie la repartition et la depense entrc conununes, dans les cas ot'i il est appele a doliberer sur les diflicultes relatives anx con- structions et aux ouvrages d''iililHc pubLiqiie qui interossent plusieurs communes. (Qu'entend-on ici par des ouvrages d'«- tilitc publique? Sont-ee des ouvrages nationaux qui interesscnt en meme terns des communes ? ) En pareil cas, le prefet ne pout pas modifier la delibera- tion; mais son approbation est necossaire pour qu'elle soil executt'e. Peut-on conclure de la que, dans les autres cas, les deliberations peuvent etre arbitratrement modifiees par le prefet, ou bien qu'olles peuvent etre executees, sans que le prefet les ait appronvees ? Le ooaseil general examine les projets et les plans de tra- vaux publics pour lesquels il vote des fonds, en arrcte le devis. II vote les centimes specialement affectcs aux opera- lions cadastrales ; il vote les centimes additionnels aux contri- butions, daiis les limites detevminees chaque annee par la loi des finances, pour pourvoir aux dopenses qu'il a vetoes dans I'interet special du deparlement. Les allocations votocs sont soumises a I'approbation du roi; mais elles ne peuvent etre ni changees, ni modifiees. II entcnd et dcbat : i° le compte rendu par le profel de I'omploi des credits ouverts sur I'euiploi des centimes additionnels determines par la loi des finances; 3"celni des fonds de non-valeur. 11 entend , debal et arrete le compte rendu par le prefet de I'emploi des credits ouverts, soil sur les centimes facultalifs , votes par le consoil general , soil sur les revenus propi-es au dopartoment, soil enfin les centimes affectes aux depenses cadastrales. Teiles sont les attributions du ( onscil general du doparto- ET DJiPAKTEMEISTALE DE LA FRANCE. «23 ment. La plus imporlante consiste a voter les Ibnds neces- saires aux depenses depart ementales, et i\ examiner comment ces funds ont ete employes. On voit que le conseil remplit, sous ce rapport, una mission analogue a celle des deux chambi-es, et particulierement a celle de la chambre des de- putes, Les depenses mises i la charge des departemens sont fort nombreuses; le projet les enumere d'une maniere plus claire et plus precise que les attributions des conseils generaux. II met dans cette categorie : i° le loyer et les contributions des hotels de prefecture ; I'entretien et le renouvellement du mobilier; 2" les depenses ordinaires des prisons departemen- tales; 3° les maisons de depot, de secours, et les ateliers pour remedier a la mendicite ; 4° le casernement et les lits de la gendarmerie; 5° le loyer, le mobilier, et les menues depenses des cours et des tribunaux ; 6° les travaux des ba- timens de la prefecture, des tribunaux, prisons, depots, ca- sernes et autres edifices departementaux ; 7° les travaux des routes departementales et autres d'interfit departemental , non comprisau budget des ponts etchaussees; 8° les depenses desenfans trouves et des enfans abandonnes, sans prejudice du concours des hospices et des communes ; 9" les depenses des insenses, sourds-muets, aveugles, indigens, sans pre- judice du concours des hospices et des communes ; 10° les indemnites de terrain et les batimens acquis pour les services precedemment indiques; 1 1° les societes d'agriculture, pepi- nieres departementales, encourageinens pouir I'instruction primaire, encouragemens a Tagriculture et i I'industrie; les veterinaires, les eltves des ecoles des arts et metiers, les clo- ves sages-femmes, les cours d'accouchement, et les secours aux ecoles secondaires de medecine ; la propagation de la vac- cine, les secours centre les epidemics; 12° les subventions pour pensions aux anciens employes de prefecture , con- formement au reglement adopte dans le departement; i5° les primes pour la destruction des animaux nuisibles; i4° les frais de route accordes aux indigens; i5" les frais d'impre*- a4 Dl^ I/OllGANiSATION COMJJIJISALE sion el dc inihlication ilo.s lislcs clectorales et du jury; Ics IVab de tcnuc dos colleges electoraux et dcs assemblees de canton ; ies frais d'imprctmettans. Chacun, apres avoir emis unvote favorable au prefet, pourra pretendre qu'il a vote contre lui, Suivant le projet de la Commission , chaque canton aura done la nomination d'un conseiller, toutes les fois que cela sera possible, sans que I'ordre symetrique iG, 20, 24soit de- range. Mais quelles seront les conditions qu'il faudra reunir pour etre au rang des electeurs ou des eligibles ? Les droits politiquesseronl-ils accordes a tout homme pouvant les exer- cer avec intelligence et probitePNon, la capacite, la mo- ralite ne seront comptees pour rien; le nombre des electeurs et des eligibles ne sera ni en raison du nombre de la popu- lation, ni en raison de ses richesses. La Commission suivra le systeme du ministere ; elle de- terniinera les capaciles politiques, comme un arcbitecte me- sure le terrain sur lequel il veut batir, la regie et le compas a la main. Elle donnera a chaque canton 5o electeurs et la eligibles et denii , comme on donne a tel batiment tant de toises de longueur sur tant de largcur. II est vrai que cc systeme pourra etre modifie par deux ET Dl-IPAUTEMENTALE DE LA FRANCE. 27 circonslances ; il poiirra I'etre d'abord en faveur dcs hommes qui sont appeles a elire la chambre des deputes. Si, dans un canton, il se trouve plus de 5o individus jouissant deja de la capacite electoiale, ils seront tous appeles ; mais ils le se- ront exclusivement. On conceit, en efl'et, que les elus ne pouvaient exclure k-s electeurs des assemblees cantonales, afin de ne pas depasser le nombre 5o. II etait impossible de porter a ce point le goQt de la symetrie ct I'aiiiour dcs nombres ronds. On aurait pu cependant appliquer ici la me- thode imaginee pour regler le nombre des conseillers de dc- partement : on aurait pu addltionner les electeurs comme les cantons, pour reduire le nombre des voix. La seconde circonstance en faveur de laquelle on consent i s'ecarter un pen du nombre 5o est celle oi'i la population d'un canton excede 5, 000 ilmes. On reconnait quo, dans uii canton oOi la population ne s'eleve qu'a ce dernier nombre, il doit se trouver 5o electeurs, c'est-a-dire un pour cent. Au- dela de ce nombre, on ajoute un electeur pour 5oo habitans, ce qui ne fait plus qu'un cinquieme pour cent. Ainsi un can- ton qui am'ait 20,000 ilmes, compterait d'abord 5o electeurs pour les premiers 5, 000, et 5o seulement pour les i5,ooo suivans. Le ministcre trouve, dit-on , cela beaucoup trop liberaK II est vraiment bien difficile. II admettait hii-meme un no- table par 1,000 habitans; et , de plus, il donnait a chaque tanlon la faculte de chuisir 3 notables. La Commission adopte les bases fondamentales de son systeme; comme lui , • elle frappe d'incapacite la masse de la population; comme lui, elle trace arbitrairement la ligne qui separe les capables des incapables; comme lui, elle denie que les hommes out des droits par leur nature ; comme lui , elle n'admet aucun prlncipe. Cela ne devait-il pas lui suffire? Les auteurs du projct ministeriel n'appelaient a I'election des conseils generaux que I'aristocratie monarchique, com- posee d'cnviron 3o,ooo individus; ils concentraient I'cligibi- Hie dans la parlic la plus elevee de cette aristocratic : ils ur uS DE L'OilGANISATlON COMMliNALE la doiinaiciit qu'aux i5,ooo phis foils coiUiihiiaI)lcs. Mais, pour consoler la classe int'ericure, c'csl-ii-dirc les elecleurs des colleges d'arronilissemcnt dc la nullite a laqiielle ils etaient condamnes, ils eu laissaient anivcr quelqucs-uns aux elections deparlementales. lis avalent soin seuleuicnt d'en limilcr le nombrc, de telle inaniere que la haute aristocratic flit maitresse de toutcs les elections. Le projct dc la Commission procede, relativcment t\ I'aris- tocralie bourgeoise creee par la loi du 5ft;vrier 1817, comme Ic projet minisleriel proccdait, relativcment i\ la haute aris- tocratic creec par la loi du '29 juin 1820. 11 altribue cxclusi- vement aux iudividus dont elle se compose la nomination desmembres du conseil de departement, dans tous les can- tons oii ils sont au nombrc de 5o, Dans les cantons oii le nombre eu est moins grand, les plus imposes au-dessous de 5oo francs sont appeles poui'^completer ce nombre; mais il est e-v'ident que, dans plusieurs cas, le petit nombre de ces tlecteurs supplementaires se pcrdra parmi les electeurs a Sou I'rancs, comme le petit nombre d'clecteurs a 3oo francs ad- mis par le projet ministericl devait se perdre dans lu haute aristocratic. Suivant le rapport de la Commission , il exisle encore , malgre les degrevemens successifs qui ont eu lieu, environ quatrc-vingt-huit mille hommes appeles i prendre part a I'clection des deputes. D'un autre cote, le nombre des dc- partemens est de quatre-vingt-six. Si done nous prenons le terme moyen, nous trouverons pour chaque departement mille yingt-trois electeurs. Si nous divisons ensiiite ce nom- bre par le terme moyen des cantons de cha([ue departement, nous en trouverons environ cinquante-un pour chacun. De la il resulte que les additions faites en faveur des personnes qui paient moins de Soo francs seront nuUes dans plusieurs cas, pnisqu'elles ne peuvent avoir lieu que lorsque le nombre des electeurs ne s'eleve pas a cinquante. Co n'est done point au hasard que ce dernier nombre a etc choisi : il n'a cte pris , du moins on pourrait le croire, que parce qu'il ccarte tous ET D1^:PAIITE>1ENTALE DE L\ FRANCE 29 Ics ho'.mnes qui paicnt moins dc 3oo iVancs, sans qu'on ait besoiii tie les nomnier. II est vrai que, dans un certain nomhre de cantons, on ne trouvera pas cinquante personnes payant 3oo IVancs de con- tributions direcles, et qu'alors on sera oblige d'en admettre quelqnes-unes qui seront moins iinposees; mais, dans beau- coup d'autres, le nombre des electeurs ;\ 3oo francs excedera cinquante, et alors les hommcs moins imposes seront tous exclus. Le projet ministeriel, apr^s avoir appele, sous le nom de notables, la haute aristocratie prcsque exclusivemcnt a I'elec- tion des membrcs du conseil general de departement, res- treignaitreligibilite dans les plus imposes qui forniaientla pre- miere moitie de la liste. La Commission a imite, nous pour- rions dire a exagi'-re cette disposition. Elle declare, en effet, par I'article 7 de son projet, qu'il sera dresse par le prefet, dans ohaque departement, une liste generale des citoyens composaut les assemblecs cantonales, dans I'ordre decroissant de leurs contributions directes. Elle ajoute, par I'article sui- vant : « Sont seuls eligibles, comme membres du conseil ge- neral, les citoyens compris dans le premier quart de cette liste. » Les partisans de I'aristocratie monarchique ne frappaient d'in- capacite que la moitie de ses membres; les delegues de I'aris- tocratie liberale frappent d'incapacite les trois quarts des siens, dans tous les cantons un peu considerables. Cependant les ministres trouvent que ce n'est pas assez.. Si maintenant nous revenons aux premieres questions que nous avons posecs, la solution en sera peu dillicile. N'est-il pa- eA'ident, en eflet, que mCme avec le systeme que la Com- mission propose, les neuf dixiemes au moins des proprietai- rcs de chaque departement ne seront pas representes dans le conseil general? N'est-il pas evident que les cinq sixiemes de la propriete, si c'cst la propriete qui doit etre representee, resteront sans representation? Enfin, n'est-il pas evident que, dans chaque departement, la masse de la population sera excluc de I'association dtpartemontale , et que leux qui sup- r,o DE L'ORGANLSATION COMMLNALE porteront la plus grande partie ties impots n'aiironl ahsolii- ment aucuiie infliR'iue, iii sur Icnr etablissemcnt , ni siir lour ropartiliou, ui sur Icur cniploi? N'est-il pas clair dcs lors «juc le gouvernement representatif est fausse jusque clans sa Iwise? On nc pent pas ici ccpenilant argumenter lies disposi- lions dc la (Ihartc pour Irapper d'iiicapacile la masse de la po- pulation; car, dans I'organlsation departcnientale , la Cliarte n'a cree aucun privilege en faveur des hommes qui paient 5oo francs ou 1,000 francs de contributions directes. En partant du fait que c'est a la propriete et non aux hom- ines qu'on donne des represeutans, et en fixant a 5oo francs de contributions directes I'unite qui determine la capacite electorale, il etait facile de determiner le nombre d'electeurs qui so trouvoraieut dans chaque canton; il suflisait de diviser par 5oo la masse des contributions directes payees par tons les contribuables : le quotient aurait indique le nombre des clecteurs; un canton payant 3o,ooo francs aurait cu cent voix a donner. Le systeme de la Commission, comme celui duministere, ne reposant que sur une fausse base , et n'admettant nieme pas les consequences du faux principe sur lequel il est c'tabli, noiis u'examinerons pas les dispositions de detail des- tinees a en regler I'execution. Nous nous bornei'ons a faire quelques ol)servati()us sur les points les plus esscntiels. Nous voyons d'abord que le conseil general u'aura qu'unc session par annee, ct que, dans aucun cas, celtc session ne pourra avoir plus de quinze jours de diu'ee. Le terme ne com- mence sans doute a courir qu'a compter de la premiere sean- ce ; mais, si le prefet differe la remise des documens neces- saires a ses deliberations , n'arrivera-t-on pas a la fin de la quinzaine, avant que les travaux soient termines? CoHiment, dans un si coiut espa(;e de terns, un conseil pourra-t-il s'oc- cuper de loutes les malieres qui sont dans ses attributions et que nous avons procedcmnient rapportees? Le prefet a tou- jours le droit d'assister a ses deliberations, et il faudra que ce- lui dont les comptes nc seront pas clairs soil bicn maladroit, ET DEPARTEMENTALE DE LA FRANCE. 3i s'il ne sail pas faire passer la quiiizaine avant qu'on ait cu Ic tems de rien approfondir. Les minlstres, en dctenninant la diiree chaque session, n'auraient-ils ecoute que les sentimens penibles que leur fiiit eproiivcr la presence des chambres, et n'auraient-ils voulu qu'abregcr le supplice des prefets? Ce sentiment serait fort charitable ; mais les departemens pourraient ne pas en etre fort touches. La plus forte et nous pounions p/esque dire I'unique garantie qui existe aujonrd'hui pour les individus, comniepourla na- tion, est la publicite. INous la trouvons dans toutes les bran- ches de I'ordre judiciaire, depuis les tribunauxde police jus- qu'aux cours d'assises et a la cour de cassation; nous la trouvons dans tons les debats legislatifs de la chanibre des deputes. Pourquoi n'est-elle pas aussi otablie pour les deliberations des conseils generaux de departement? EUe est admise par la chambre elective, quand il s'agit du vote des impots et de la repartition qui en est faite entre les departemens. Ne devrait- elle pas I'etre aussi , quand un conscil general repartit les im- pots entre les communes, on quand il vote Ini-niGme des contributions? Si un tribunal est appele a prononcer entre deux individus, les debats et le jugement ont lieu en public; pourquoi, quand un conseil general est appele a prononcer entre deux communes, ne procedcrait-il pas aussi publi- quement? Un des grands avantages des elections est de donner aux citoyens qui sont appeles ii les faire les moyens d'ecarter les fonctionnaires qui sont indignes de leur confiance, on qui n'ont pas la capacite necessaire pour bien remplir leurs fonc- tions. Mais, on ne pent faire de cette faculte un usage raison- nable qu'aulant qu'on ale moyen de connaitre la couduite des elus ; il faut qu'on puisse les surveiller, soit dans leurs paroles, soit dans leurs actions : or cela ne pent avoir lieu qu'autant que les discours et les votes sont publics. Avec le systeme des deliberations secretes, les elccteurs de cantons seront obliges de proceder en aveugles dans les elections; jamais ils n'auront la certitude si I'lionniie qui sc presentc a leur choix pour la 32 DE L'OUGANISATION COMfdUNALK secondc fois Ics a servis ou trahis. Lcs prcfels pcuvent on ClvC bien aises ; mais ce n'est pas pour la cominodUc dos prol't^t.s que doiveiit cxistcr \c^ conscils gonoraux. Toutcs les foi3 qti'il est question de choisir un depute, les elcclcurs ne savcnt dc ([uel cute tonrner leurs regards, parcc qu'il n'cxistc aucune carriere iudependantc dans laqiielle un homnic puisse prouver sacapacile pour les affaires puhliques. Si les deliberations des conseils generaux n'avaient pas ete secretes, c'est dans le scin de ces conseils que les eleeteurs auraient'eherehe des representans. Mais, sans publicitc, ccttc ressource Icur sera interdite : il fandra qu'ils conlinuent de chercher i\cs deputes parini les 6crivains ou parmi les orateurs du barreau. Ce n'est que dans ces deux carrieres qu'on pent se faire un nom , sans le concoiirs de Tautorite publique. 11 n'y aura d'exception que pour quelques grandes notaljilites commerciales. La tendance des espritsa s'occuper des affaires generalcs, au detiiment des affaires locales, est un des maux les plus graves qui pesent sur la France depuis un grand nombre d'an- nees. Chacun s'occupe avec ardeur de la conduite des mini<- tres ou des projets des puissances; chacun concentre son at- tention sur les affaires generales, sur lesquelles il ne pent rien; mais chacun aussi dedaigne les affaires de sa commune ou de son dcpartement sur lesquelles il pounait inlluer. Si les deliberations des assemblces locales 6taient publiques, les esprits prendraient aussitot une autre direction; ils s'occu- peraient d'interets positifs, au lieu de se nourrir dc vaines speculations. Si ces deliberations sont secretes, on continuera de s'occuper des seules affaires soumises a la publicite : ou Fcra dc la politique generate ' on surveillera les chaniJjres et I'on oublicra les prefets et leurs conseillers. Enfm, le secret des deliberations des conseils generaux ne convient qu'a un gouvcrnement despotique, comnic etait ce- lui de Bonaparte ; mais il est en opposition directe avec le gouvernement represenlatif, qui n'a dc vie que par la pu- blicite. ET DEPAUTEMENTALE DE LA FRANCE. 55 Nous avons signalc, dans le piojet de la Commission, iin grand nombre de vices, et nous sommes loin cependant dc Ics avoir indiques tous. Serait-il done a desirer que ce pro- jet I'ut rejete par la chambre ? Ce n'est point notre pensee. Le projet nous parail reinpli d'imperfections : les innombra- bles incapacites qu'il etablit ou qu'il consacre sont, a nos yeux, de graves injustices ; mais, dans les circonstances o\\ la France se trouve , c'est le moins mauvais qu'il soit possible d'obtenir. Si la Commission n'a pas mieux fail, c'est qu'il ne lui etait guere possible de mieux faire ; ne pouvant redresser tous les torts politiques, elle a du moins tente d'en redresser quelques-uns. Sachons-lui done gre du bien qu'elle aspire a obtenir, et ne lui impulons pas des maux qu'il est hors de sa puissance de faire cesser. Gardons-nous , du reste, de nous tourmenter de notre im- puissance et des vices que nous sommes obliges de souffrir. Chaque generation arrive avec la double pretention de fai- re mieux que les generations qui I'ont precedee, et d'en- ehainer celles qui doivent la suivre : mais cette pretention est rarement justifiee par les eveneniens. II n'y a pas encore un demi-siecle que la generation de cette epoque renversa les lois qui existaient et leur en substitua de nouvelles. Viurent ensuite d'autres hommes qui detruisirent celles-ci pour en etablir d'autres qu'ils eurent soin de declarer immortelles. Depuis quinze ans, nous ne sommes occupes qu'a detruire I'ouvrage qu'ils pretendaient transmettre a la posterite la plus reculee. Si, au lieu de fonder la liberte, nous ne savons que ereer des privileges, nos descendans ferout comme nous : ils- n'auront pas plus de respect pour nos anivres que nous n'en avons pour celles de nos predecesscurs. II faut d'autres boin- mes que ceux que nous voyons, pourimprimer a des institu- tions le sceau de I'immortalite. Ch. COMTE. T. XI.I1. AVBIL 1829 :,', ESSAl SLJl LA UEVOLlJTION ESSAI SUR LA Rl^VOLUTION COMMERCIALE QUI SE PREPARE EN FRANCB. La France marche & grands pas vers nne revolution com- mcroiale. Lc besoin d'line reformc, generalement senti, qnoi- que diversement iutcrpreto , annonce la transition inevitable (|ui doit nous conduire a nn nouvel ordre de choses. Tout le luoiule convicnt que le syslcme prohibitif n'est plus en har- mnnie avcc les exigences de I'epoque actuelle , et Ics plus habiles maitrcs de notre industrie sont d'accord aujourd'hui pourle prnscrire, sauf en ce qui touche leurs interets parti- culiers. Un sentiment general de malaise et de decouragement regne dans toutes les classes de producteurs; et, malgre les progres de tout genre que nbs arts doivent a la paix, jamais peut-etre, au plus fort de la guerre , on n'entendit autant de plaintes f|uc de nos jours. L'industrie et le commerce en soul- france clierchent avec anxieto , et meme avec humeur, la cause des maux qui les accablent; chacun, si j'ose dire, ac- cuse vm monopole, et le pays sonfTre de tons. Les choses en sont venues au point que la legislature ne saurait plus long - terns ajourner le remedc necessaire a des maux qui s'aggravent tousles jours. Plusieurs de nos indus- tries paraissent menacees d'une ruine certaine. Tant que notre commerce a fini oi"! s'arretaient nos armes, nous avons pu ve- geter sous I'cmpire des lois prohibitives; a force de privations, la France se sufTisait a cUe-meme : mais, dcpuis I'affranchis- sement des mers en i8i4, tout a change de face. La concur- rence universelle s'estetablie avec ses avantages et ses neces- sites; le travail et le perfectionnement sont devenus la condition de tons les succes. Le fer a etc fabrique en France, en Angle- terre, en Su^dc, en Allemagne, i\ des prix trt;s- divers ; la Belgiquo. la Prussc et la France ont rivalise entre elles pour COMMERCIALE EN FRANCE. 55 la fabrication des chaps. Lc Sucre nous e«t ofFert sur tous les points du monde, a meilleur marche que dans nos propres colonies. Les fabricans de soieries et de colonnades se font concurrence aux deux extreniites du monde, dans I'Inde et en Europe, An milieu de ce mouvemcut imprime i la production gen6- rale, chaque nation essaie de demeurer fidele a des prejuges qui lie sauraient convenir aux circonstances nouvelles. Per- sonne ne veut se persuader qu'aujourd'hui que la plupart des peuplcs sout devenus fabricans, il faut necessairemenl accep- ter leurs produits en echange des notres, sous peine de cesser tout rapport avec eux et de souffrir en meme terns les maux de la disette et ceux de I'abondance. Si la France refuse d'ac- cueillir les fers anglais , I'Angleterre ferme ses ports aux vins de France, attendu que, dans le comte de Stafford, le seul moyen d'acheter du vin, c'est de vendre du fer. Ainsi, les ta- rifs condamnent I'Anglais i regorger de fer et i manquer de vin, et forcent les Franf ais a garder leurs vins et a se passer de fers. Toutcfois, les nations modernc^ ont cru trouver un mojen d'cchapper u cette cruelle alternative de disette et d'encom- brement. Des producteurs indigenes se sont rencontres dans les divers Etats, qui ont promis de fournir a leurs concitoyens les objets dont ils auraient besoin, sans recourir a I'etranger , moyennant une surtaxe ou des prohibitions qui les missent a I'abri de la concurrence. Ils ont prouve aux gouvernemens que les consommateurs gagneraient beaucoup a payer fort cher un produit falirique a I'interieur , plutot que dc I'aclicter dans I'etranger a plus bas prix. Get ctrange S3^steme a preva- lu, soutenu par la cupidite des uns et par I'ignorance des au- tres, et nous avons maiiUcnant, dans les deuxmondes (i), Ic spectacle d'une foule de peoples industrieuxqui s'evcrtuent a produire a grands frais laplupart des objets de leur consouima- (i) Le congres des Etats-Unig, sous la pr6sidence de M. Adorns, est eutre i son tour dans la luneste voie des prohibitions. r>(; ESSAI sin L\ RKVOLUTION tion, qirils poiirraiciit aclicter chcz Iciirs voisins A hoii mar- ohe. Ceux-ci, a leur lour, rcpoiisscnt dcs denrees etrangt res qu'ils se niincnt a voiiloir prodiiin- choz eux par repre?ailles. Ainsi, nous cultivons des beltcraves pour obtenir du siicie a quaranle centimes , et nous rcjetons les sucres de I'lnde qui ii'on rofitentque vingl. Nous payons 5oo fr. aux fabricansde rinterieur une tonne de I'er que les Anglais nous offrent pour 210 IV. On appelle cela proteger I'industrie et encourager le travail. Les ITK-heuses consequences d'un semblable systeme ne pouvaient manqucr tot ou tard de se faire sentir. Ainsi jetee dans dcs voics irrcgulieres, la production depaysee, pour ainsi dire, n'a pas tarde d'eprouvcr de graves et nombreuses per- turbations. Ce sont ccs desordres qui ont amenc la crise ac- tuelle dont on ne sortira, tout Tannonce, que par une revolu- tion. Cettc revolution semble le seul moyen de mettre un terme u la dctresse dont toutes les branches de I'industrie na- tionale s'accusent mutuellement. Nous avons beau la fuir, elle est inevitable ; les hommes les plus etrangers a la science econoniiqne I'entrevoient d'une maniere confuse dansun ave- nir plus ou moins eloigne, et les esprits eclaires I'appellent de lous Icurs voenx. Voyons par quel enchainemeut de circon - stances la France y est poussee, et comment elle y sera con- duite par la nature meme des choses. Assurement, de tons les evenemens singuliers dont nous somuies temoins, nul n'est plus digue de meditations que le sujet qui nous occupe. La paixdure depuis quinze ans; la ri- chesse publique s'est de beaucoup accrue, malgre les desas- tres de deux invasions , les contributions de guerre , les 4oo millions perdus a la guerre d'Espagne et le milliard de rindenmite. Une I'oule de manufactures se sont etablies , des miliicrs de navires ont ete construits; plusieurs villes opu- lentes, Saint-Eticnne, Mulhouse, Tarare, ont surgi de notre sol, comme par enchantement. L'aisance est plus generale dans nos campagnes ; le paysan etl'ouvrier sont un pen moins malloges, nourris et vetus qu'en 1814. Et (dependant, de COMMERCIALE EN FRANCE. 3; toutes parts on n'cnlcud que des plaintcs, dcs duleaiices , et ces doleances, ces plaintes sont fondecs. Bordeaux ne peut vendre ses vins, Mulhouse ses toiles, Lyon ses soicries, Ta- rare ses mousselines, Elbeuf etLouviers leurs draps. Nantes est fort decliu de son antique splendeur; Marseille languit; I'a- griculture est accablee; fdateurs, proprietaires de troupeaux et de vignes, negocians, raffineurs, niarchands de toute es- pece, chacun se plaint, et tout le monde a raison. Le meilleur moyen de reconnaitre la veritable source de tant de maux, c'est d'exaniiner avec impartialite toutes les plaintes. Ecoutez les fabricans de mecaniques : c'est le mono- pole des fers qui les ruine. Les agriculteurs du Haut-Ilhin accusent le monopole des tabacs. Les mousseliniers de Tarare denoncentlemonopole des filateurs, comme la cause premiere de leur detresse. Les proprietaires de vignes signalent avec raison tous les monopoles. Les negocians des ports attaqnenl le tarif des bles qui nuit a leurs operations; les raffineurs se piaigncnt vivement de celui des sucres qui entrave les leurs. De quelque cote qu'on se tourne , partout ou il y a des indus- tries qui souffrent , c'est de la servitude qu'elles se plaignent et de la liberte qu'elles ont besoin. Les monopoles nous pres- sent, nous serrent, nousetouffentde leurs mille bras devorans- Monopole du pain , de la viande, du tabac, de la poudre, du fer, du Sucre, des cotonnades, des livres, des draps, des toiles, tout nous arrele et nous decourage dans la carriere du travail. On nous croit libres de faire tout ce qui ne nuit pas i autrui, et nous ne sommes rcellement libres de ricn. Voila la grande plaie de rindu>lrie francaise, celle qui nous a coOte plus de tresors que la double invasion et le mil- liard dont j'ai deja parle. Sous I'empire de ces tarifs deplo- rables que tant dc gens voudraient aggraver encore, des my- riades d'industries se sont elevees, encouragces par les profits assures du monopole , jusqu'ii ce que leur propre nombre lenr ait fait concurrence a elles-memes. Le marche interieur, seul debouche ouvert a ces privilegies, a fini par etre encombrc dc leurs produits, et les prix sont tombes au-dessous des frais ns ESSAI SUR LA REVOLLTION i\v production. Loin de s'apcrccvoir qu'ils etaienl Ics victimcs des prohibitions qni Icur fennaient le marche elrangcr, ils ont voiilu ronrlu'rir sur les taril's memcs , ct plus d'unc fois, ac- cuciliis par le gouvernemcnt, ils ont ainsi pnioipite la chute qu'ils Youlaient prevenir. J'en citerai bicntot quelques exem- ples niemorables. Chaque legion de monopoleurs se trouvera tot ou tard dans des circonstances analogues, et mourra do I'abus de ses propres privileges. Combien de filatures decoton ont succonvbe en France, depuis dix ans, malgre la prohibi- tion absoluc des fdes etrangers ! Le monopole est done insuffisant pour la conservation des uidustries au profit desquelles il a ete cree. Mais, si on cal- cule la terrible inQuence qu'il exerce sur la production gene- rale et les sommes enornies qu'il coCite aux nations qui le subissent, il est difficile de ne pas etre effraye de ses ravages. M. Huskisson demontrait, il y a pen de terns, dans le parle- ment d'Angleterre, que le monopole des soieries avail coute cliaque annee pins de 200 millions de francs a la nation an- glaisc. Les proprietaires de vignes de la Gironde ont ctablipar des calculs assez raisonnables que le tarif des fers avait impose a la nation francaise une contribution d'environ 400 millions de francs au benefice des maitres de forges, depuis la restau- ration. Je prouverai moi-meme, dans cet article, quellcs pertes nous a causees, depuis la meme epoque, le retablissc- ment du systeme colonial. De tant de fails eclatans il sera la- cile de conclure que la liberie commerciale est le seul gage de securite (ju'on puisse offrir desomiais au developpemeutde I'iudustrie des peuples. L'examen de quelques-unes des principales questions en cc moment soumises au jugemenl de I'opinion publique rendra cette necessile plus evidente encore. Je commencerai par la question des sucres qui a ete I'objet de deux graves cnquetcs et d'unMcmoireextrcmemcntrcmarquuble public par la com- mission des raffineurs et des negocians en denreescoloniales etablis i\ Paris (1). Chacun sail que le systeme colonial, que (1) Gel excellent Menioire , redige sous les yeux de la Commission COMMERCIALE EN FRANCE. 09 quelqucs-uns s'acharncnt encore u dcrendre , est allaquu dans ses fondemens par le jjouverneuieiit liii-iiieme, au mojen des lois prohihitives de la traite, par la concurrence etrangcre, enfin par la fabrication meme du Sucre de betteraves qui a rapidement grandi a I'ombre des tarifs. Ainsi, pour protcger un systeme vicieux, I'exageration des droits difterentiels de- viendra de jour en jour plus impuissante, et nous serons forces tot ou tard de renoncer aux prohibitions. C'esl a elles que la France doit d'etre fort en ai-rifere des autres peoples pour la consonimation du Sucre, et de payer celte denree beaucoup plus cher qu'aucun peuple du monde. En effet, le sucre raf- fine, tons droits acquittes, ne coCite a Anvers que douze ou treize sous la livre ; en Prusse, il ne vaut que dix-huit h dix- neuf sous; a Hambourg, les plus belles raflinades se vendent quatorze a quinze sous la livre. Nous-memes, au moyen de la prime d'exportation de soixante centimes par livre, que nous payons pour pouvoir approvisionner la Suisse, rAlleniagne, ritalie et le Levant, concurremment avec les raffineurs ctran- gers, nous niettons les habitans de ces pays en etat de con- somm-er nos sucres raffines , presque a moitie prix de ce qu'ils coGtent aux consommateurs francais. La cherte relative du sucre en France explique d'une ma- niere tres-naturelle I'exiguite de notre consomniation com- paree a celle des peuples etrangers. Aux Etats-Unis , d'apres M. de Humboldt, la consonimation individuelle peut etre eva- luee a quatre kilogrammes; elle est de sept kilogrammes par personne en Angleterre; de plus de cinq a Hambourg; de plus de trois dans le reste de rAUemagne. La France seule con- somme A peine quatre livres de sucre par individu. Cette miserable depense d'une denree qui plait a tons les gouts, dans un pays qui a taut de moyens de les satisfaire , est la con- sequence necessaire de notre systeme colonial. C'est pour soutenir dans les colonies la production cotiteuse du sucre que par M. H. GuiLtEMOT, son secretaire, se ti'ouve chez lienard, libraire, rue Saiiite-Anne, u" 71. 4o ESSAI SUR LA REVOLUTION iioiis proliiboiis, oil dii moins que nous n'ailmettons qu'ades condilious pour aiiisi ilirc impralical)les, les snores etrau- gors. En vain do toutes parts les nations rivaliscnt entre clles pour nous en appnrter a des prix moderes; on vain , le Bresil Cuba et Porlo-Uieo en prodnisent-ils deux cents millions de kilograuimcs parannee; la Louisiane et les Florides, quinze millions. La France pei-siste a s'interdire ces immcnscs mar- ches, pour payer quarante francs les cinquante kilogrammes a la Martinique et a la Guadeloupe, ce qu'elle auniit a Cuba, pour dix-huit francs, et dans I'lnde pour dix francs. Ainsi, la prime de faveur pour le sucre colonial de nos Antilles est de treutc francs par cent kilogrammes, c'ost-a-dire, de seize millions de francs parannee, terme moyen, notre consom- mation elant evaluee a soisante millions de kilogrammes. ftLilgre les facheux residtats d'un tel etat de choses, nos legislateurs, trop vivement preoccupcs de I'interet des co- lons, n'ont cesse, depuis la restauration, d'elever la surlaxc, qui fut augmentee de cinq francs sur les sucres etrangers par la loi du 17 juin 1820. En 1822, la Chambre des Deputes ne craignit point de la porter a vingt-cinq francs, quoique le gou- vernement n'eCit demande qu'une augmentation de quinze francs. Bientot, a la faveur de cette protection insensee, la cullme coloniale acquit un developpement immense , et le Sucre etranger fut completement exclu de nos marches. Toutefois, malgre tant d'encouragemens , la production co- loniale suffit a peine a la consommatlon francaise, et nous eprouvons un double prejudice de la privation qui nous est imposee par la cheite factice du Sucre, et par le pen d'im- portance du debouche que les colonies offrent a nos produits. Ce n'cst pas tout : le gouvcrnement est en contradiction avec lui-meme , relativement au systeme colonial , p.-w les lois probibitives de la traite. II est evident que, si les coinmandans de nos croisieres font leur devoir, aucun negre ne pourra etre importe desormais dans nos Antilles'; et comme la mortalite moissonne rapidement les esclaves , on pent predire que , dang un terns douue, nos colonies scront completement depour- COMMERCIALE EN FRANCE. /,i vues dc travaillcurs. A quel piix, dans ce cas , foudia-l-il ([iic la France leur achcle dii sucre pour qu'ellos puissonl sc soii- lenir? La consequence prochaine d'un tel elat de choses doil done t'lie le rencherissemcnt progressit" de celte denree, jus- qu'au moment fatal oi'i le monopole suceombera definili vcment. C'est bien la, j'ose le dire, une revolution commerciale imml- nente ; car elle est commencee, elle marche d'un pas rapide; aucun colon ne rignor,e. Les negres qu'ils achetaient naguere quinze cents francs leur en cofitent trois mille ; bientot ils leur couteront le double. Presque toutcs les proprietes coloniales sont grevees d'hypotheques, la plupart jusqu'a concurrence de leur valeur entiere , ct cette position s'aggrave tons les jours. Ne vaudrait-il pas mieux, puisque le denofiment parait inevitable , soulager des aujourd'hui la France du fardeau d'une taxe onereuse pour elle, autant qu'elle est impuissante a sauver les colons? Les avantages de cette reduction universellement sollicitee seraient incalculables : au lieu d'un chetif debouche de trois lies, la France aurait toutes les contrees comprises enlre les deux tropiques; elle consommerait beaucoup plus de sucre et vendrait beaucoup plus de produits ; sa navigation, aujour- d'hui a peu pres bornee aux voyages d'aller et de retour (i) pour ces trois iles, embrasserait le monde entier, et le fisc, percevant plus souvent des droits plus moderes, aurait aussi sa part de la prosperite generale. Cette grande cause sera bientot soumise a I'examen des Chambres; nos deputes au- ront a decider si les niaux dont je viens de tracer une legere esquisse doivent avoir un terme; il y va des plus chers inte- rets de I'Etat. Un honorable negociant de Bordeaux, delegue a la commission d'enquete par la chambre de commeice de cette ville, M. Galoz, u fort bien demonlre combien il im- porte a la navigation francaise qu'une resolution soit prise a cet cgard. « On a vu, dit-jl, notamment en 1827 et a la fia de 1828, un grand nombre de batimens revenir des colonies (1) Voyci los tableaux officiels dc la navigaliun fran(^aise. 4a ESSAI SUR LA Rl^VOLUTION a la inotropolc a mnilir ct aiix Irois quarts vidcs, ct n'avoir ol)l(Min , pour prix dc ccltc chetive portion clc leur tharge- nieut, qu'un inidcrahle fretcle4ii6dcniers, soit 33 a 5o francs par tonneau. On ne pourrait s'expliquer la perseverance d'une pareille navigation, si Ton ne savait qu'un grand nombre d'ar- mateurs s'y trouvent enchaines par la force de I'habitude , par I'espoir trop souvent fVompe de i'aire rentrer des creances qui deperisscnt en vieillissant, et enfin par I'lmpossibilite, nee de rexiguite de nos relations exterieures, de donner une autre dirccliou a leurs navircs. » Dans le systeme de la liberie commerciale , les profits de notre navigation seraient assures; la marine ctrangfjre ne saurait entrer en partage avec nous. Les grandes Antilles, Cuba et Porto-Rico, leBresil, les contrees de I'lnde qui pro- duisent le sucre , n'ont pas de marine qui puisse rivaliser avec la notre, et le moindre droit differentiel suffirait pour ecarter les pavilions europeens qui voudraient y participer. On evalue k aoo navires, jaugeant 5o,ooo tonneaux et monies par 3,ooo marius, I'aocroissement d'activite qui resulterait du transport de 55 a 40,000,000 kilogrammes de sucre et de celui des valeurs nationales qui seraient exportees pour servir a leur acquittemenl, sans parler de I'impulsion nouvelle qu'cprou- verait noire Industrie manufacturiere. Quand on entend les doleances que cette Industrie fait retentir depuis quelques annees, I'esprit se porte involonlairenient vers la contempla- tion des avantages immenses que la moindre amelioration dans notre systeme commercial ne manquerait pas de lui of- frir. On regrctle que des questions aussi simples ne soient pas etudiees avec plus d'altention , el qu'un grand pays comme le notre soit reduil a souffrir si long-tems d'un mal qui n'est pas incurable. La question du monopole des fers n'excite pas moins que celle des sucres la soUicitudc publiquc; ellea donne naissance a une foule d'ecrits plus ou moins animes, mais qui tons in- diquent I'importance du sujel. Je me propose d'en oflVir ici le resume succinct , afin de meltre no? iecteurs en etat d'en COMMERCIALE EN FRANCE. 43 juger avec connaissance de cause. Parlous des fails : la con- sommalion annuelle du fer en France s'eleve ^ 120,000 ton- neaux, de la valeur de 60,000,000 francs. Au dire mSme des parlisans du uionopole (i), les Anglais pement livrer le fer sur nos coles a raison de 210 francs le tonneau, tandis qu'aucun clablissement francais ne peut le fournir a moins de 5oo francs; d'oii il suit que , si la France achetait a I'Angle- terre le fer dont elle a besoin , au lieu de le demander a la production interieure, elle ferait un benefice net de plus de 34jOOo,ooo francs par annee. Si done le commerce etait libra, on ne saurait douter que le consommateur ne s'adres- s3t a I'Angleterre pour cet approvisionnement. Mais la fabri- cation indigene du fer, incapable de soutenir une pareille concurrence, s'est mise de bonne heure sous la protection des tarifs. Sous pretexte de soustraire notre pays a la dcpcn- dance des Anglais sous ce rapport, on nous a impose la plus onereuse de toutes les dependances ; on nous a forces d'acbe- ter i tres-haut prix ce que des voisins plus habiles nous of- fraient i bon marche. « II fallait craindre, a-t-on repondu, de manquer de ce metal precieux avec lequel on laboure pendant la paix et on se defend pendant la guerre ; la France pouvait etre tellement entouree d'enneniis, que ses ressources devinssent insuflisantes et son approvisionnement impossi- ble. Pourquoi ne pas s'imposer un leger sacrifice en favcur de I'independance et de la securite nationales? » C'cst ainsi qu'effrayes par de vaines terreurs, seduils par des motifs plus ou moins specieux, nous avons consenti a subir I'enorme droit qui pesc sur les fers etrangers, et qui coule aujourd'hui tant de millions a la France. Ce droit n'etait, (i) Voyez le Memoire fort remarquable publie par M. J. J. Baude sur la question des fers. Quoique nous ne partagions pas, a beaucoup pris, les opinions de I'auteur sur ce sujet, nous nous faisons un plaisir de rendre justice a son talent et a sa moderalion. [De I'enqiicte sur Ux fers, et des conditions du bon marche permanent des fers en France ; pat J. J. Baude. Paris, 1829; Alexandre Mtsnier. In-S" de 1V-S9 pages). Zi4 ESSAI SUR L.\ RliVOLUTION dis Ic principc, que tic 2 francs 5o centimes par 100 kilo- gianinMJS ; il s'esl successivenicnt elcve jusqu'a 25 Irancs. Sous rcnipire de ce tarif enorme, unc ioule d'usines ont ete construiles, des fortunes immenses ont ete rapidement re- cueillics; prcnve certaine, si nous n'en avions d'autrcs, que Ics contribuables en ont supporte toutes les charges. Le prix du Lois s'est fort accru sans doutc , et meme les maitres de forge ont voulu reporter aiix prop rieta ires des forels tons les avantagcs qu'ils ont partages aA'eceux; 75,000 ouvriers ont trouve de I'Dnvrage ; enfin, heaucoup de terrains ont, par suite, acquis nne grande valeur. Mais, si quelqnes mono- poleurs ont fait de grands profits , la production franfaise n'a-t-elle pas eprouve de nombreuses entrayes? N'est-ce point au prix clove de la fonte et du fer qu'il convient d'attribuer la cherte de nos machines et la difficulte que nos fabriques cprouvent de lutter centre la production etrangere? Un de nos plus habiles mccaniciens (1) a signalc , il y a pen de terns, par des calculs Irresistibles , le dommage cause a son inte- ressante industrie par la taxe qui pese sur les fers etrangers. Le commerce de Bordeaux n'a pas demontre avec moins d'evidence que le haut prix de notre navigation etait du a la cherte des fers francais employes aux constructions na- vales. L'agriculture n'a pas ete la derniere a faire entendre ses plaintes. On ne s'est point encore entcndu sur I'impor- tance du dommage eprouve par elle; mais tout le monde est d'accord que ce dommage est immense et s'accroit tons les jours. Le mal parait bicn plus grave encore lorsque Ton con- sid^Mc a quellcs represailles notre commerce a etc condamne par suite du droit exorbitant impose aux fers etrangers. Ainsi, do quelque maniere qu'on envisage cette question, clle se presente avec un seul avantage, celui dont profitent les privilegies; avec millc inconveniens pour ceux qui n'en pro- fitent pas, c'est-a-dire, pour I'immense majorite de la na- tion. A ne la considerer que sous ce rapport, la solution n'en (1) M. FuiRNlliB. COMMERCIALE EN FRANCE. 45 scrait pas difTicilc : cHe est a la fois iiuliqnee ct par Ics princi- pos fie la science, et par les lois de la justice. Mais line foule d'lisines se sont ctablies sous la protection du privilege ; a res usiues sont attachces de nombreuses existences, et d'ail- k'urs il n'a jamais ete dans la pensce de personne de niveler sans precaution loutes les industries. II ne s'agit done plus que de fixer la limite oOi doivent s'arreter les exigences du monopole et les sacrifices du pays. Au premier abord, il parait que c'est chose fort simple que de concilier ainsi le respect dii a des positions acquises et a la prosperite de I'avenir ; mais les interets prives se montrent difficiles a satisfaire. La moindre modification d'un privilege onereux pour tous leur semble la violation d'un droit legitime, et ils sont toujours disposes a considcrer comme des ennemis particuliers ceux qui se chargent de defendre la cause du public. La question des fers doit done se resoudre tot ou tard , comme celle des sucres, comme toutes celles de ce genre, par une marche constamment progressive Ters la liberie du commerce. Les maitres de forges ont eu le tems de faire des essais aux depens du public ; leur experience a cet egard doit elre consommee. Le tarif n'a ete concede que dans I'espoir d'un perfectionnement ; le moment est arrive d'aifranchir toutes les industries du tribut qu'clles n'ont si long-tems paye qu'i cette condition. Des recherches profondes ont ete faites a ce sujet par la commission d'enquete, qui sans doute en fera part au public appele a juger en dernier ressort. II y a lieu de croire qu'enfin on daignera faire droit aux plaintes de tant d'industries en souffrancc, dont I'unauimite atteste sufli- samment I'importance. C'est le seul moyen de mettre un ter- me ;i cette detresse dont on croit les causes fort eloignces, tandis qu'elles nous pressent"et nous cement de toutes parts. Quelques esprits etroits se sont imagine que les embarras de I'industric etaient le resultat d'un execs de production. lis ne reflechissent pas que la destination de Thomme est de produire, que la paix generale y invite toutes les nations, el que In prodnrtioii, loin d'etre excessive, commence a peiuc ^() ESSAI SUR LA UKVOLUTION 5.1 laniore, pnisquc Ics ncuf iJixionics de toiites les popula- tions eproiivent encore chaque jour des milliers do besoins qu'elles ne peuvenl satisl'aire. « Qu'on nous apprenne , a dit M. Laffitte (i), si quelquepart on jelte le bio dans les rivieres, si on livre au vent les produits de nos manufactures, si qucl- que part, enfin, on foule aux pieds les ouvrages surahondans de nos mains ?Non, sans doute; le ble ne pourrit nulle part; nulle part, les tissus ne sont brCdes surles places publiques; et cependant une parlie considerable de la population no mange ni pain, ni viande, ne se nourrit que de quelques gros- siers legumes, et se couvre i peine de quelques miserables haillons ! » La prohibition absolue des tissus de coton etrangers n'a pas mieux servi que le tarif des sucres et des i'ers, la produc- tion iiationale. Un fabricant distingue (a), qui s'est voue pen- dant vingt-cinq ans aux travaux de I'industrie cotonniere, a public recemment un ecrit destine a retracer la detresse ac- luelle de cettebranche importante de la fabrication francaise. «J'ai traverse, dit-il, toutes les legislations qui I'ont regie; j'ai assiste a sa naissance, je I'ai vue grandir, s'embellir, bril- lor, puis s'affaiblir, languir; puisse-je ne pas assister a ses funerailles! » Aprf;s cet exorde, qui temoigne assez des in- quietudes de I'auteur, je crois devoir reproduire ici les causes qui ont contribue, scion lui, a la decadence qu'il deplore. « La loi du 28 avril 1816, dit-il, a confirmc les prohibitions qui existaient dcpuis 1806; elle a de plus ordonne la reex- portation de tous les tissus etrangers qui se trouvaient en France, des visites domicitiaires , des saisies et des amendes, L'industrie n'osait pas espcrer alors cette puissante protection, ;'i une epoque oii la France etait envahie par les etrangers. On devait supposer que cette loi serait la sauvegarde de l'indus- trie cotonniere; en effet, il est evident que la theorie devait (1) rtc flexions sill- I'l reduction de la rcnic. {■>.) Situation dcCindustric cotonniere en France, en 1828 ; par M. Singer, 4ncien nianufacturicj'. COMMEUCIALE EN FRANCE. 4; conduire a re raisonnement : s'il n'y a pas de marohandisc t'trangerc en Fiance, les manufactures francaiscs alimenteront toute la consommation. Mais cette loi, continue I'auteur (pages lo et ii), n'a pas produit tout le bien qu'on s'en etait promis. Elle a doime une trap grande securite et une trap forte garaniie d l' Industrie cotonnUre ; les nianiifacturiers n'ont pas He dans la necessite de chercher la finesse et le pcrfectionnement. II en est resulte que les benefices de quelques annces ont fait naitre trap de filatures qui ont trop produit. Nos fabricans de inousseline sont restes tributaires des cotons files anglais. » Ces aveux d'un partisan du monopole sont extrememcnt precieux; ils prouvent que le premier resultatdes prohibitions est de procurer aux raonopoleurs d'enormes benefices, aux depens du public; que le privilege les dispense de rechercher le pcrfectionnement , c'est-a-dire, que le public est I'ortmal servi par eux, et aux plus dures conditions; ils demontrcnt cnfin que le monopole est impuissant a se soutenir lui-meme; que I'appat des benefices multiplie les concurrens et les pre- cipite les uns sur les aulres. Ainsi s'expliquent la plupart des crises commerciales dont nous sommes temoins chaque jour. La contrebande, chaliment inevitable du monopole, ajoute bientot ses rigueurs aux embarras de la concurrence , et finit par dt'truire de fond en comble les edifices industriels eleves sur le terrain dangereux des prohibitions. Plus nous avance- rons dans les voies de la production, plus on s'apercevra que ia liberte commerciale est le seul moyen d'assurer aux pro- duits des debouches certains, et de n'encourager que les pro- duits utiles, c'est-a-dire ceuxqui pourront se vendre aux meil- leures conditions. C'estpour avoir meconnu ces principes que la France presente aujourd'hui le singulier spectacle d'un en- combrementuniversel, acute d'une cruelle detresse. L'auteur dont je viens de parler a dit que les prohibitions etaient d I'in- dustrie ce qu'csl une serine cliaude a la rfgetaiion, un moycn dc forcer faction de la nature : il a parfaitement raison. Pourquoi done voudrait - il qu'on forcat plus long -terns Taction de la naliu-e par la conservation d'un systemc dont il faisait tout h 4H KSSAI SUK LA liliVOLUTlON rhemr imc satire si aincre? Que dirait-il d'un pays qui reiuju- oorait a la culture ties vegetaux de son sol , pour elcvcr a grands IVais dos plautcs exotiques ? Tel est pourtant le systeme que suivent la plupart dcs na- tions europeenncs. Nous avons protege par dcs sacrifices cnornies une I'oule d'industries secoiulaires, ruineuses pour le pays; et nous laissons depcrir la plus naturelle de toutes les cultures, celle de la vigne, dont la providence a dote notre pays avec une sorte de predilection. L'ameliorationdes trou- peaux est negligee pour le inonopole du colon ; les fabriqucs dc mousseline de Tarare, qui lutteraient avec celles de I'An- gleterre, si on leur permettait des'approvisionncr a Manches- ter dcs files fins que nos filatiues ne peuvent leur fournir , languissent ecrasees sous le poids des primes qu'elles doivent payer a la contrebande, seul moyen qu'elles aieut de s'appro- visionner. Ccs I'aits connus de lout le monde n'ouvrironl - ils pas queUjue jour les yeux des plus incredules? Puisqne cha- que industriel reconnait I'utilite de la liberie commcrciale , sauf en ce qui louche son inonopole parliculier, n'est - il pas evident que la liberie du commerce est dans I'inlerel general? Plus je reflechis aux crises qui ebranlenl le monde com- mercial, plus je suis convaincu qu'elles sonl dues auxentraves de tout genre qui empechent le developpement indefini de la prosperite publique. Dans noire etat de civilisation, les be- soins vont loujours croissant; la production n'aurail done que des chances de succes, si d'aussi fucheuses mesures n'en arre- taient I'essor. La plupart des Europeens manquenl du neccs- saire; et s'ils s'enprivent, c'esl que lesmoyens leur manquenl de sc le procmer. Taut que je rencontrerai un homme sans chemise, une habitation sans meubles, une terre sans culture, je ue croirai jamais que Ton produise Irop ; je reconnailrai plulul qu'on ne produit pas assez, oif que la production est entravee. Aussi peut-on aflirmer, sans crainte d'etre denienli paries evenemens, que les barrieres prohibitives tomhcroni pen a pcu devanl les progres de la civilisation induslricUe , «omme rinlolerance religieuse et ledespotisnie politique soul COMMERCIALE EN FllANCE. 49 <<>mbes devant la raison huniaine. line fois la libertc civile et i-eligieuse reconnue, il faut accepter la liberie de I'industrie, qui en est la consequence ; car le droit de produire et d'echanger ses produits est aussi sacre que celui d'aller, de venir et de pen- ser librement. Les gouvernemens eux-memes seront necessai- i-ement entraines a prendre part a cette nouvclle revolution , parce qu'ils sont interesses i etre forts, et qu'aujourd'hui c'est la richesse qui constitne la veritable force des nations. Adolplie Blanqui. FORCES PRODUCTIVES ET COMMERCIALES DE LA FRANCE MJ&RIDIONALE. V" ARTICLE (l). ' DEPARTEMENT DU ROMNE. LYON. Dans le long voyage que j'ai fait rautomne dernier, je me siiis cfforce d'etudier les moyens de donner ou de rendrc la prosperite aux principales villes de la France. J'ai dQ particulierement fixer men attention sur I'ctat actuel de I'industrie Ijonnaise. Je vais exposer le resultat de mes ob- servations. Des 1822, j'ai signale le caractcre et les efforts des Anglais, pour hitter contre I'industrie lyonnaise, sinon par lebon goflt et par I'invention , du moins par le bas prix et par I'appro- priation des tissus a la variete des fortunes. Depuis cette epo- qiie, d'autres nations rivales ont fait sentir une redoutable concurrence. La Suisse apparait au premier rang. On es- (ime qu'elle a deja dix mille metiers qui tissent les soieries unies, dans le seul canton de Zurich; on va meme jusqu'a pretendre qu'elle pent livrer ces tissus k 5 ou lo pour cent (1) Voyez Rev. Enc, T. XL, pag. 35. T, XLII. AVRIL 1829. 4 5o FORCES PRODUCTIVES LT COMMERCIALES mcilleiir march6 que la fabriqiic de Lyon. Admeltons que celle assciiion soil cxageree ; admcttons que la Suisse fabriquc sculcnieul au uiGmeprix que Lyon; ceicsullat n'est-il pasl'ait pour exciter au plus haul degre I'altenlion pul)Iique? Une fa- i)rique ctrangere et voisine, creee si vite et dcveloppce avec taut de grandeur, n'a qu'a continuer ce developpemcnt pour nuirc essenliellement a I'industrie lyonnaise. Dans le royaume de Prusse, Creveld presentc, pour la fa- brication des velours et des rubans de velours, une autre concurrence redoutable. J'ai questionne plusieurs fabricans tres-habiles sur I'clat interieur de la labrique de Zurich, et je n'ai pas trouve de re- ponses completement salisfaisantes qui m'apprissent la con- dition respective et le degre d'inslruction des ouvriers . des contre-mailreset des chcl's de fabrication, I'ctat du materiel, I'interet precis des capitaux, dans rapprovisionnement des niaticres premieres et dans la vente des produits. Comment la ville de Lyon ne fait-elle pas voyager quelques hommes d'une grande experience, aQn d'obtenir des documens positifs sur toutesces questions? En quelques semaines, on pourrait avoir une exacte connaissance des fails; il suflirait de choisir' mi bon observaleur. Puisque I'elat acluel des choses, loin d'assurer la supre- nialie de la fal)rique lyonnalse, developpe au contraire des rivalites tres-redoutables, on doit en conclure qu'il n'existe pas dans cette fabrique , telle qu'elle se trouve organisee inainlenant, tous les elemens d'une invincible superiorite. II faul done chcrcher avec patience, dans le materiel et dans Ic personnel de cette Industrie, les causes d'infeiiorite, pour les i'aire disparaitre. Une cause Ires grave de difficultes a vaincre dans le commerce des produits lyonnais a I'etranger consiste sans doute dans la cherte de la main-d'oeuvre. Cette cherte doit provenir en partie de I'elevation des impots preleves par le Iresor public, ou par Tautorite municipale. Je crois qu'a cet egard il est possil)le d'obtenir des ameliorations impor- lante.s, d'une pail, en diniiiuumt avec prudence le taux ab- DE LA FRANCE MEPaDIONALE. 5i solu dcs contribulions, k mesure qu'une s6vere economic f«ra reduire les depenses pubiiques; de I'autre, en s'effor- ont de proporlionner chaqiie espece et chaqiie quote de con- Iributions aiix facultcs des contribiiables. Cliacun eprouve le besoin ct le desir d'lin semblable bient'ait pour toutes les villes de Fiance. Mais ce n'est point ici le lieu d'aborder un sujet aussi delicat. L'industrie lyonnaise ne doit pas desesperer de soutenir la concurrence avec les i'abriques d'un pays oii la main-d'oeuvre est nioins ch6re. Je puis affirmer, au contraire, que dans les branches d'industrie les plus rentarquables , les peuples chez lesquels on trouve la superiorilt; la plus decidee ont obtenu cette supcriorite, quoique la main-d'oeuvre y fiit plus chere <]ue chez les peuples rivaux. Ainsi, pour la fabrication des cotons, les Anglais I'emportent sur tous les peuples de I'Eu- rope, et vendent a meilleur marche, quoique la main-d'oeu- vre soit jdus chere dans la Grande-Bretagne que dans aucun autre pays de notre hemisphere. Ainsi, pour la fabrication fl€S toiles, les Ilollaodais et les Beiges I'emporlent sur les Bretons, et vendent a meilleur marche, quoique le prix de la main d'oeuvre soit plus cher dans la Belgique et la Hol- lande que dans les villages de la Bretagne. Ainsi, pour la fa- brication des beaux lainages , la France I'emporte sur I'Es- pagne et peut vendre a meilleur marche, quoique le prix de la main-d'oeuvre soit plus cher en France qu'en Espagne, Si done il est vrai que Zurich, pour les etofles unies , et queBrde, pour les rubans de sole, sont parvenues en peu d'annees a creer une redoutable concurrence contre la fabri- que de Lyon, j'ose le dire, la difference dans les prix de niain-d'ceuvre ne peut pas etre la cause principale d'un succes aussi remarquable. Vainement on parviendrait, en reduisaul le salaire de I'ouvrier lyonnais, au plus bas degre qui suflise pour empecher rhomme de mourir de faim; ce moyen, U)i!l extreme qu'il est, ne serait pas encore suffisant pour nbicnji- la victoire. Eneffct, si la vie est sensiblement moins cbfre el les locations moins dispendieuses en Suisse qu'a Lyon, les 5a FORCES I'RODUCTIVES ET COMWERCIALES labricans tie I'llclvclic pourront reduirc les salaires do moitie, quand Lyo?i los rediiira de moitie; des deux tiers, qiiand Lyon les rcduira des deux tiers; et tonjours ils conscrveront quclquc avantaj^^e relalif. All! Idiii de moi dc cherehcr, pour leslabricaiis IVanrais, une source de superiorile daus rappauvrissemcnt de la classe ou- vrierc; plulot que de voir une induslrie suhsister uniquement par la niisere des hommes qu'clle reclame, je le dirais cent lois, perisse une telle Industrie. J'ose penser qn'il est possible de trouver , pour la fabrica- tion ct le commerce des tissus unis, des moyens de perfec- tionnement qui, loin d'exigcr qu'on rcduise plus bas encore qu'aujourd'liui les salaires de Partisan, permeltront de les «>Iever jusqu'au taux qui procure le bien-etre d'une honnete existence. Mais, avaul de cbercher ces moyens, portons nos regards sur les operations qui fournisseut la matiere pre- miere a la fabrique de Lyon. La France a sur la Suisse un immense avanlage; le midi, le centre meme de la France, sont eminemmcnt propres a la culture du murier. Depuis quatorze ans nous avons beau- coup fait pour multiplier les plantations de cet arbre ; il en est resulte de notables accroissemens dans la production de la sole; cependant, nous sommes loin de produire encore tonte c«'lte matiere ; et, chaque anuee , notrc commerce dcpense des sommes considerables pour suflire a I'approvisionnement des ak'liers de soieiies. LV'du('alion des vers a sole n'est encore bien entendue et bicn prati(piee que dans un tres-petit uombrc de magnone- ries. II en resulle une foule de non-valcurs; par consequent, augmentation de prix dans les soies ct delnmeut pour les ate- liers. L'educalion des vers a sole exige des soins si constans, si reg^diers ct si delicats qu'elle ne pent elre pratiquee avec perfection dans cellcs de nos campagnes on la population est encore dans un etat tres-recule. II faut prendre de tres-jeii- nes fdles «t Icur donner des habitudes de proprete, dc soin, d'ordre, d'adresso ot dc rapidile dans tons les mouvcmcnsj DE LA FRANCE Rll^RTDIONALE. Hj habitudes dontrenscignement sera pour la classc ouvrierc iiue ccote pratique dc civilisation. Si dc la production dcs cocons nous passons a la formaliun re oonscciilivcs. Quant aux soiU'ilraclhHis dc nialit.'io.'^, jc iw crois pas impossible d'eii rediiirc boaucoiip I'exces. Mais j'e- caite cet objet, qn'il me serait penible ct' presque impossi];lc de bieii traitor ici. J'ai siiivi avec beaucoup d'attention les divcrses manipula- tions qu'exige le tissagc d'une etoffe unie; je les ai recon- niies loutes, sans exception , comnie etant susceptiblos dc perfeclioimemens essentiels qui rendraicnt les travaux plus sius, plus simples et plus economiques. J'ai vu avec surpriso que CCS perfectionnemens sont cherches et trouvcs, noi> point par des fiibricans , mais par de simples ouvriers. J'ai deninnde si le commerce lyonnais accordait des recompenses sudisantes aux efforts ingenieux des habiles artistes qui sim- plifient, qui perfcctionnent la main-d'oeuvre ; je n'ai pas recti de reponse qui m'alt pleinement satisfait. Je sais qu'il exislo un prix annuel pour decerner de pareilles recom- jienses; c'est la donation d'un Lyonnais, archi-tresorier dc I'empire, et la donation permct de recompcnser lous les aiis un artiste avec la somme de 5o IVancs. A Paris, un seul fa- bricant consacre, chaque annee, 5o,ooo francs a faire des ex- periences pour periectionner ses lissus, pour en invenler de nouveaux; s'est-il ruine par cette prodigalite? Non, certes; en suivant cette route, il est devenu I'uudcs premiers et des plus riches manufacturiers de la France. Poiirquoi la ville de Lyon n'a-t-elle pas 5o,ooo francs a depenser, chaque annee, en essais, en experiences, pour perfectionner , comme un simple fabricanl de Paris, ses fils, ses tissus et ses metiers? La fabrique de Lyon, y compris la ville, les faubourgs el la banlieue, a compte jusqu'a pres de trente mille metiers. Exisle-t-il duns Lyon de grands ateliers pour construire, pour reparer a I'envi I'un de I'autre et de mieux en mieux CCS trente mille metiers? J'ai cherche vainement un seul ctablissement dc ce genre. On abandonnc i des artisans sans iheorie I'execution de ces metiers, qui generalement ne son^ pas etablis avec la precision nialheniatiquc, indispensable pour obtenir la rogularite parfaite des tissus. Cependant, DE LA FRANCE MliUIDIONALE. 07 idle est la IccondUe n etat, qii'il Ihal chcnhcr les causes les plus puissanles de la superiorite d'uu iuilus- triel sur un autre industriel, et d'un pays nianufacturier sur un autre pays nianufacturier. Si le fahricant est plus eclairo dans la fabrication, il aura bientot perfcctidune ses ouvriers et su donner i ses produits une valeur qui I'emportera sur celle des produits de ses concurrens. Que Ton examine une meme Industrie exercee par deux fabricans qvii peuvent choi- sir entre tous les metiers, entre tous les ouvriers disponi- bles d'une grande cite telle que Lyon; pourquoi I'un sait-il mieux choisir et pourquoi travaille-t-on mieux pour lui que pour son concurrent? pourquoi sait-il mieux acheter et mieux vendre? C'est parce qu'il sait mieux tout ce qu'il faut saToir pour etre un fabricant accompli. Ln premiere chose, c'est d'Stre un excellent calculateup; et par li je n'entends pas seulement la connaissance vulgaire de telle ou telle rtgle de I'arithmetique, mais la connais- sance approfondie du calcul successifde toutes les operations a faire, de tous les frais a supporter et de toutes les chances a courir. On pent appreadre a faire cts calculs plus vite en- core et plus sQrement i I'ecole qu'au coniptoir; on petit fixer dans sa memoire des rtgles generales, propres a servir de guide; sans doule il restera toujours I'application u cha- que cas parliculier, et cette application demandera la recti- tude de I'esprit et la sCirete du jugement. Aussi , de mSuie qu'on ne sauraitfitre geoinetrc avec un esprit faux; de mOme, avec un tel esprit, on ne saurait fitre un fabricant, un nc- gociant accompli ; on ne peut s'attendre qu'a la ruine di-s la premiere circonstance un pen difficile ; et souvent meme on trouve cette ruine dans renivrement,qui, pour les faibles cer- veaux, est occasione par une trop prompte fortune. Le pre- mier soin d'un bon pere devrait done etre d'etudier avec soin I'esprit et le jugement de son fils, pour I'ecarter du com- merce, s'il reconnait impossible de lui faire acquerir une parfaite rectitude dans les idees et dans les combinaisons. Sans doule, on peut fortifier par des etudes solidc? cette pri— i precieuse par Tinfluence qu'ellc exercerait sur les vertus cl le bonbcur de la population franraise. II est un autre en- soigncmcnt (pi'il faudrait donner a la meme ccole ; c'est lui cours d'hygienc appliquec aux arts, et spccialemenl aux arts j)rofesses dans la ville de Lyon. Apres Paris, je ne connais aucune villc de France dans laquelle uuc telle etude soil plus hautemcnt rcclamee par I'ctat sauitairede la population. On pcul en juger par un document irrecusable. Chaque annee, Tadministration dresse la liste generalc des jcunes gens ayant atteint leur vingtieme annee, et commc tcls susceptii)les d'etre appeles au service militaire de la conscription. Voici les resultats officicls de cette operation, pour le departement du Rhone el la ville dc Lyon. Departement dii Rhone. Lyon. Nombre de jeunes gens ayant eu vingt ans en 1827. 5,394 992 Ileforiues pour infirmites, difrorniilesoudefaulde taille. gSg (\^i Rcmarquons deux fails d'uue extreme gravite. Dans le de- 1)E LA FRA^^CE MLillDIONALl-. G5 )»arlement till Uhone ptis cnmajse, siir 3,3g4 jeiuies gens de 20 ans , il j en a (jSg, c'est-a-(!ire , un pen mnins dii tier; qui, pour infirmites, pour difformites ou pour defaut dc taiile, ne sont pas propres au service militaire. Dans la ville de Lyon, sur 992 jeunes gens de 20 ans, 481 , c'est-a-dire , pros de moitie , ne sont point juges propres au service , a rai- son de leur defaut de taiile, de lours infirmites ou de leurs difformites. Si nous prenons seulemcut la partie du departe- ment du Rhone qui ne comprend point la ville dc Lyon, nous voyons 4/8 retbrmes sur 2,402 conscrits, c'est-a-dire, seule- ment un ciuquieme ; tandis qu'a Lyon les leformcs sont pres- que la moitie des appeles au tiragc. II existe done , dans la ville de Lyon, des causes bien plus puissantes de degenera- tion pour I'espece humaine, que dans le reste du departe- n>ent du Rhone. La repartition du contingent militaire, entrc les departe- mens et les communes, est malheureuscment etahlie sur une base extremement defectueuse; au lieu de Fetablir propor- tionnellement au nombre des jeunes gens propres au service, on I'etablit proportionnellemenl a la population total* des departemens et des communes. En consequence , dans tout le departement du Rhone, 2,i43 jeunes gens non exemples fournissent ^85 militaires; a Lyon, 385 jeunes gens non exemptes fournissent 5i3 militaires; dans le reste du depar- tement, ^58 jeunes gens non exemptes fournissent 472 mili- taires. Ainsi , dans la ville de Lyon , plus des qaatre ciii- quicnus des jeunes gens susceptibles de porter les amies son/, en- leves par la conscription. Dans le resle du departemeut du Rhone, le quart seulement des jeunes gens susceptibles de porter les armes est enleve par la conscription. Dans Lyon , le Service militaire opere done comme une coupe reglee qui fait disparaitre pour huit ans au moins les quatre cinquietnes de la population qui n'a ni infirmites, ni difformites, rti taiile au-dessous de la plus mediocre stature. Cette disproportion de charges, si defavorable a la yille de Lyon , qui ne laisse, de vingt a vingt-huit ans, au sein de la cite, qu'une cspece T. XLU. AVKiL 1829. 5 cr, POKCES I'liODK.inES Kl COM IMEPiC IAI.es aiTaiblie, \iciee , lapcli.'ist'e , opere commc une cause cons- lante tie def;entralion. C'est aux liabilan? de la ville de Lyon qu'il appartient de faire entendre leurs reclamations contre une repartition de tontingens militaires qui produit d'aussi fuuestes resultats. J'ai deja tente, dans le sein de la chambre elective, de faire apprecier les consequences facheuses qui resultent de la dis- proportion que j'ai remarfpiee entre les contingens militaires et le nombre de jeunes g;ens aplesau service, dans nos divers departemcns ct dans nos principales cites. Mes observations n'auront quelque force que par Tappui des departemcns et des communes les plus lescs par cette disproportion, dans I'impot le plus grave et le plus precieux de tous, celui qui pese sur la vie meme et sur le service de I'homme. Le grand nombre des Lyonflais reconnus impropres au ser- vice militaire tient a deux causes, d'abord au climat et a In structure de la ville, ensuite aux occupations de ses habitans. La ville de Lyon , batie au confluent de deux vastes cours d'eau, sur un sol frequenmient inonde, toujourshumide, aver nn ciel pluvieux et souvent couvert d'epais brouillards, pre- sente deja de nombreuses causes d'insalubrite. Les rues ex- tremement etroites et tortueuses , les maisons extremement hautes, surtout dans I'ancienne cite, la cherte, et par suite I'exiguite des logemens, ajoutent beaucoup a I'effet de I'in- salubrite naturelle du solet du ciel. De Ik, les maladies scro- phiUeuses , les alTections scorbutiques, les catarrhes , les rhumatismes, etc. , qu'on remarque en si grande abondance chez la population lyonnaise. Pour guerir les maladies susceptibles de produire des dif- ibrmitcs et des infirmites inherentes au scjour de Lyon, il faudrait evidemment un hnpital qui ue ffit pas au centre de cette cite. II faudrait, sur un endroit eleve, sec, au milieu d'un air pur, envoyer la population qu'on pent guerir de ces affections qui tiennent a la stagnation de I'air, a son humi- dite , a la fange du sol, a I'accumulation du peuple, sur un terrain exigu. etc. Cclte translation pourrait sc faire avec one DE LA FRANCE MlllllIDIONALE. On grancle econoniie, sur un terrain sans valeur, dans iin pays oil les vivres seraient a bon marche, o\\ I'octroi , ni les droits Indirects n'auraient rien a taxer. Je siiis d'autant plus frappp. de cet avantage d'economie, que j'ai trouve tres-eleve le prix moyen des journees d'hopital dans la \ille de Lyon. Cet ho- pilal , d'ailleurs digne d'eloges, pourrait done, avec ses re- venus, suUire u toutes les depenses d'une succursale, hors de la ville, en simplifiant et reduisant a proportion I'etablisse- ment central. TJne cause assez I'requente dc difl'ormites et quelquefois d'infirmites chez les ouvriei'S , c'est le travail du tissage, con- tinue quatorze lieures par jour, dans une position genante qui ne donnc pas luie egale fatigue aux deux pieds du tisse- rand. Si Ion adopte, au nioins pour les metiers d'etoffes unics, qui sont les plus nombreux, un moteur mecanique, quand uienie ilserait fourni par un tourneur de roue, la force des ouvriers employes a ce dernier travail n'aura rien de con- traire au developpement regulier et a la conservation des forces huniaines. La surveillance du tissage ne deviendra plus qu'une occupation tres-peu fatigante pour les membres et sera plutut un travail du sens de la vue; il cxigera seulement de I'attention ttde I'intelligence. En rectifiant la voirie, en elargissant les rues , en exigeant des habitans qu'ils aient quelque proprete devant leurs mai- sons, dans Icurs cours , et meme dans leurs appartemens , en faisant repaver les rues et les quais avec des pentes mieux calculees , en materiaux moins exigus qui ne laissent pas plus de place a laboue qu'a la poussiere, en multipliant les «^gouts plus encore que les fontaines, on assainira par degres la ville de Lyon. Quant a I'interieur des habitations, on y fera pene- trer la proprete, nou point par des visiles domiciliaires et par des mesures inquisitoriales, incompatil^les avec nos lois et avec nos moeurs, mais en developpant avec soinl'instruction populaire , chez le sexe masculin , et surtout chez le sexe fe- minin. II faut qu'on donne aux eleves de nos ecoles pri- raaires des notions, et . ce qui vaut mieux encore, des ha- Ii8 FOiUlKS PRODlCTIVliS Kl COMSlliRCIAIMlS bitudcs do proprelo pour leiirs vGlcmeiis, Iciir visage, Icurs main-s, leurs livres, leius cahiers ; en un mot, pour loiil co qui leur appartient, et pour tout re qu'ils peuvcnt toucher. On in'a fait remarquer cliez de jeunes ouvriers, doji'i for- mes par renseignemenl primairc , des habitudes toutos nou- vclles pour les arlisnus lyonuais; des chanibrcs tenues avec line admirable proprete ; et la modicite de leurs moyens d'existencc, compeusee par I'esprit d'ordre et de conserva- tion doiit cette proprete est Tiiidice le plus certain. J'ajoute- rai que ces jeunes gens sont on memc terns les meilleurs ou- vriers, les plus habiles au travail et les mieux ranges dans leur condnite : ils commencenl la pepiniere qui doit servir a regenerer, a sauver I'industrie lyonnaise. Essayons d'instruire de plus en plus cette jeunesse interes- sante, qui retire deja de si grands avantages d'un premier dc- gre d'instructioti. Ayons pour elle, je le repele, des cours de morale appliquee aux professions industrielles ; donnons-lui des lecons de calcul; apprenons-lui les elemens de la geome- tric et de la mecanique appliquees aux arts. Sansdoute, tous les jeunes artisans ne sont pas propres a de telles etudes ; tous n'ont pas recu de la nature des facultes assez parfaites pour aller loin dans ce travail intellectuel. Eh bien ! chacun s'arretera au terme qu il ne pourra franchir. Tous n'auront pas la force de resolution necessaire pour reussir dans les etudes serieuses; les esprits superficiels se rcbuteront; mais les intelligences fortement constituees triompheront de ces obstacles, et trouveront, dans le succes, une ample compen- sation des fatigues de Telude, Avant de terminer ce Memoire, qu'il me soit permis de citer un fait pour justifier ces esperances en faveur de la classe ouvriere. A Saint-Etienne, un habile ingenieur des mines, ancien eleve de I'Ecole Polytechnique, a professe quelque teuis la geometrie et la mecanique appliquees aux arts. Beaucoup d'ouvricrs sont venus a ses lefons, beaucoup se sont rebutes; maisplusieurs ont profile au-delu de toute esperance. Dans Ic DE LA FKAiS'CE MERTDIONALE. Oo magnifique otablissement des forges a I'anglaise, ^ Tene- noire, entre Saint- Etienne et Saiiit-Chamond, il y avail un mecanicien anglais qu'on payait enormement, et qui fatiguait sans cesse par des pretentions esorbitantcs : il lallut finir par le quitter. Un simple ouvrier de la forge avait suivi le cours de geometric et de mecanique appliquees dans les momens que n'absorbait pas son travail ; dans ces momens encore, il avait etudie, dessine , calcule. II finit par sentir sa force; il s'offrit pour reniplacer le mecanicien anglais. On repoussa d'abord son offre avec derision; il insista ; il demanda qu'on le prit du moins a Tessai. Cet essai ne laissa rien a desirer, et maintenant le mecanicien de Terrenoire est un ancien ouvrier de la forge, qui s'est developpe a I'aide de I'enseignement in- dustriel, et qui trouve son bien-etre, meme en recevant le tiers du salaire exorbitant qu'exigeait le mecanicien anglais. J'ai cite ce resultat k M. le maire de Saint-itienne, qui le fait connaitre maintenant dans chaque atelier de ce grand ar- rondissement manufactmier, pour exciter I'emulation des ou- vriers et pour interesser les chefs d'ateliers et les directeurs de fabriqucs ou d'usines u I'instruction de leurs ou^riers. L'enseignement de la geometrie et de la mecanique appli- quees aux arts ne peut prosperer que dans les villes oi^i l'en- seignement primaire a deja pris quelque developpement et porte des fruits salutaires. A cet egard, il importe de faire des efforts de plus en plus grands pour placer la population lyonnaise au niveau des populations les plus instruites du royaunic. Lors du reccnsement des jeunes" gens ayant eu vingt ans en 1827, on a trouve Dans Lyon, sur . . . 855 jeunes gens examines;. Sachant lire et ecrire, 285 Ne sachant que lire , 329 Ne sachant rien, 221 ;o FORCrS PRODUCTIVES ET COMJIERC, etc. Pour leYeste du departement : Sur >j9'9 jeunes gens examines; Sachant lire et ecrire, 7&7 Ne sachant qne lire, i3g Ne sachant rien, 993 Ces resultats meritent la plus serieuse attention. A Lyon, plus du quart des jeunes gens ne sail ni lire nf Ecrire. A Ljon, moins du tiers des jeunes gens sait ecrire. A Lyon, il y a plus de jeunes gens dont on a interrompu, par If milieu, I'inslruction primairc, que de jeunes gens qu'on laiss<- achever cette etude ; c'est-a-dire qu'u Lyon plus de la moilie des parens qui envoient leurs enfans auxecoles, gratuites on non, les en rctirent aussitot qu'ils savent lire, et sans atten- dre qu'ils sachent ecrire. Le seul moyen de porter rcmede a ce mal, c'est de rendri; I'instruction primaire asscx rapide pour que les enfans ap- prennent a lire et a ecrire dans le meme terns que ces enfans apprennenl simplement a lire quand ils suivent les anc4enne.-> et longues et penibles melhodes. Les efforts lentes par de ge- nereux amis de la dasse ouvriere. pour sauver de la destruc- tion la niethode d'enseignement la plus expeditive, seront done surtout un grand service pour la ville de Lyon. Nous ne saurions accorder trop d'eloges a la persererance de ce? hommes de bien, et nous devons les encourager par tous le.s nioyens pour qu'ils fassent de plus en plus prosperer une me- thode indispensable pour la population lyonuaise. J'ai tuche d'indiquer quelques uioyens de prosperite pour la ville de Lyon : je souhaite vivement qu'ils soient mis en pratique, et qu'ils produisent tout le bien dont ils sont sus- ceptibles, s'ils sont employes avec intelligence et perse- verance. Clu DupiN, membre de I'fnslilut, Depute. n. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCKS PHYSIQUliS ET NATURELLES. MeMOIUE DELLA REALE ACADEMIA DELLE SciENZE VI 1 ORINO. — JJemoires de l'Academie royale DEb Sciences de Ti - RiN. Tom. XXXI (i). line feuille imprimee. attachee a la e'ouverlurc de ce vo- lume, contient un avis, dont la Revue Encjclopcdi(/tie doit faire mention, quoiqu'il soit restreint aux l^tats du Piemont et de la Sardaigne. La Classe des sciences mathematiques et physiques de I'Academie annonce qu'elle decernera un prixau meilleur travail sur I'histoire naturellc de ces liltats , soit que les con- ourrensembrassent le sujet dans toute son etendue, soit qu'ils se bornent a une seule partie. La concurrence ne sera pas me- ine neccssaire ; un excellent Menioirepourrasepresenterseul, et obtenir le prix, s'il peut enrirhirles sciences ou multiplier leurs applications. En donnant cet encouragement special aux etudes d'hisloire naturelle , la classe a eu pour but de repan- dre et de completer la connaissance des ressources que le sol peut offrir a I'agriculture, a I'industrie et au commerce. Iln'y a peut-etre aucun Ltat dont le territoire soit trop borne pour que cette munificence eclairee n'y soit pas une source d'ame- liorations. Suivant I'edit du mois de levrier 1826, les demandes de brevets d'invention, d'importation. de perfectionnement, etc., sont soumises au jugement de 1' Academic des Sciences. On esperait se debarrasser ainsi des soUicitatious de I'ignorance , (1) Turin, iSz;* ; iuipiimerie royale. \x\-\" de 7.53 pag., et ao planch. 7^! SCIENCES PHYSIQUES. lie.? ruses dc la charlataiierie, ct parvenira n'accordcrdc pro- tection qu'aux veritables bienfaiteurs de I'iadustric. En diet, le nombrc dos brevets accordes a ete consideraljlcinonlrediiil; mais, ccquia pani tres-siugiilier, lesdcmaiidcssonldevenues bcauroiip plus iionibrcuses , sans etre mienx fondees. Les prelcndus iiiveiUeurs ont abonde plus que jamais; les iiees tausses ou surannces ont ete produites comme des droits pour obtenir des privileges. Dans le cours de I'annee 182G, les acadeiniciens, quoique fort occupes a examiner les titres des solliciteurs, n'ontpas etededommagespar le plaisir d'approu- ver plus souvcnt qu'ils ne devaient rejeter. Deux machines seulement leur ont paru dignes d'encouragemcns : I'unesub- stitue un mccanisme et la (brce d'un cheval aux bras des ou- vriers employes jusqu'a present a la fabrication du verniicollc, et I'autre eft'ectue aussi, sans Taction immediate desouvriers, la preparation du morlicr pour les grandes constructions, et des terres pour les tuilerics et les briqueteries. L'Acadcmie approuve aussi le four propose par M. Robianl, pour fairc mourir les chrysalides des vers a sole dans les cocons, an moyend'une chaleur graduee convenablement. Lesacademi ciens charges d'examiner les objcts d'art et d'apprecier le merite des inventions d'apres leur utilite ont soin de les com- parer aux objcts analogues que possede I'industrie ctrangcrc , afin de faire sentii' a leiu's compatriotes la necessitc de s'infoi- mer de ce que Ton fail hors de chez eux et de sc tcnir au con- rant des coiuiaissances repandues dans I'univers industricl. Quand meme ime machine serait siiperieure a toutes celles du meme genre que Ton voit en Piemont, elLe n'obtiendrait point les eloges de 1' Academic, si elle estinferieure a celles de la France, de rAllemagnc ou de I'Angleterre. L'hiver de 1826 fut remarquable par des froids rigoureux , distribnt's tres-int'galement. A Turin, le 16 Janvier, le tho- momelre dellcaumnr descendit a i2"G' an-dessous de zcro,.;'i robservatoire de 1' Academic, dans Finlciieur de la villc ; au jardin bolanique de ri'niversite royale , hors des murs , un thermomctrc, A I'air librc el a un metre au-dessus du sol, in- SCIENCES PHYSIQUES. ^f. diquait 17° de IVoid. D'oOi provenait cetle difference de 4° 4' eiitre les temporaluies de deux lieiix si pen distans I'un de I'autre ? M. le professeur Carena, secretaire de la classe des sciences physiques et mathematiqucs , I'attribue aux circon- stances suivantes : la lerrc etait couverte de neige; la nuit t'ut calme et le ciel tres-serein. Or, suivant les observalions de MM. IFellsei JFilson, ces dispositions atmospheriqucs eta- blissent entre la neige et I'air une difference de temperature que M. "NYells a trouvee de 4° et M. "Wilson de plus de 7", dans certains ca-s que Ton aurait besoin de connaitre plus couiple- tement. II doit done arriver assez souvent, en hiver, que les couches inferieures de I'air, en contact avec la neige , soient plus iVoides que les couches plus elevees, en sorte que la plus haute temperature se trouve alors a une certaine hauteur au- dessiis du sol. Les plus grands i'roids que Ton ait observes a Turin n'ont point excede 14° ; il fallait done un concours de circonstances particulieres pour produire aupres de cettc ville, sur le bord du P6 , un nouvel abaissement de 3° au- dessous du maximum du froid, dans cette position. Classe des sciences pliysiqaes et matiiemaliques. Ce volume contient quatorze Memoires appartenant a cette premiere classe : les mathematiqucs en ont fournisix, la phy- sique deux, la ohimie un seul, et I'histoirc naturelle cinq. Commcncons par les mathematiqucs. L'un des professeurs de I'Universite de Pise, M. Gemi- niano Poletti, est auteur de deux Memoires, l'un de mecani- que et I'autre d'analyse. Dans celui-ci , le savant professeur entreprend la resolution generale des equations du second degre a trois inconnues, et continue ainsi le travail de La- gi'ange sur la resolution de ces equations, lorsqu'il n'y a que deux inconnues, et de M. Legendre sur le meme sujet. On regrette que les methodes analytiques, dont I'art des machi- nes profiterait, supposent un degre d'instruction mathumati- que, tres-rare parmi les hommes qui selivrent aux arts, ctqui 74 SCIEiXCKS PHYSIQUES. eu auraieiit hesoin dans quelques recherclies sui' lus engre- iiages. L'autie meinoirc de M. Polelli a pour objet le mouvement d'un corps considere comme un point materiel autour d'un ou de deux centres fta-es, en rertii de faction de deux forces, I'une d' at- traction, I'autre de repulsion, agissant I'une et I'aalre en raison inverse da cam' de la distance^ soil en meme terns, solt alterna- tltemeni. Son tiavail est divise en deiix parties , d'apres I'e- nonce de la (piestion. Dans la premiere , I'auleur examine oo que deviennent les equations du mouvement d'un point librc, iorsqu'il est soumis a une force repulsive, au lieu de I'attrac- tion que ces equations expriment ; la seconde partie est I'ap- plication des Ibrmules transformees pour determiner la vi- tesse du mobile, toutes les circonstances de son mouvement, et, par consequent, satrajectoire, dans lesdiverses hypotheses que Ton pent I'aire sur les forces qui le font mouvoir. Les re- sultats de ces recherches sont tres-remarquables par leur sim- plicite, et quelquefois imprevus. Le mouvement des planetes autour du soleil ne souffrirait aucun changement, si, au lieu d'une seule force d'attraction, I'astre central exenait sur tous les corps du systeme deux ac- tions opposees, inais soumises a la meme loi, I'une attractive et plus energique que la gravitation, I'autre repulsive et egale a la difference entre la gravitation et la force attractive. Pour que cette difference ne varie point, il faut que les deux forces opposees ne varient point non plus, ou qu'elles augmentenl ou decroissent en memo tems, et de la meme quantite. Si la repulsion solaire est la cause de remission de la lumiere, la masse de cet astre diminue necessairement. Les objections contre I'hypothese newtonienne, sur la nature etl'origine du fluide lumineux, se fortifient de plus en plus; mais, jusqu'a present, elles se bornent a faire douter, et n'etablissent pas encore de doctrines qui doivent remplacer un jour tous les systemes, et completer la science de la lumiere. M. le chevalier CisA de Gresy public ses Recherches sur la decomposition des fractions e.rponendetles en fractions partieltes SCIENCKS PHYSIQIES. ^5 d finfini, extension, dit-il, de celles que i'on doit a M. Le- gendre, et que cet illustre geometre a inserees dans ses exer- cices de calcul integral. La nature des questions traitees dans ce Memoire est telle que Ton essaierait vainement d'en don- ner une idee sans le secours des ibrmules algebriques. II en est de menie d'un memoire de W. Pla>a sur V Integration d'une certaine forme (fcquaiion thicaire d deux variables , dans an ca^ particulier, lorsqa'elle depend d'une autre equation algcbrique ay ant des racines e gales. On doit aussi A iM. Plana une JSoie sur un Memoire de M. de Laplace, ayant pour titre : Sur les deux grandes incgalites de Jupiter et de Saturne. L'ceuvre posthume de I'auteur de la Mecanique celeste est imprimee dans le volume de la Connais- sance des terns, pour I'annee 1829. La note de M. Plana est une attaque plutot qu'un eclaircissement : il est bien facheux (}ue deux geometres d'uiie aussi grande rcnommee n'aienl pas eu le tems de s'accorder sur le seul point du syst^me du mondeoCiilsnefussentpasde mPmeavis. Laplace n'etait plus, lorsque cette note fut lue a 1' Academic de Tyrin ; mais elle parait avoir ete redigee , lorsque rien n'annoncait encore la fin prochaine de I'illustre successeur de Newton. Le point en discussion est I'influence que pent exercer, surle resultat du calcul, une fonction d'eleniens variables que Laplace a cru devoir negliger, et dont M. Plana veut, an contraire, que Ton tienne compte, lorsqu'il s'agit des variations periodiques des deux planetes. Au reste, quelle que soil Tissue de ces de- bats, la verite ne pent manquer d'en profiler. Quelques er- reurs de Newton ont ete rectiliues ; s'il y a , de meme dans la Mecanique celeste, quelques fautes de raisonnement ou de calcul, elles seront decouvertes et corrigees, sans que la me- moire de I'auteur en souffre aucnne atteinte. La physique generale continue a s'enrichir par les soins et les travaux de M. le chevalier Avogadro. Ce volume contient un second Memoire ou le savant protesseur etablit, pour tous les corps, une formule generale de relation entre la densite, \a masse de la molecule et raflinite pour le calorique. d'MU :G SCIENCES PHYSIQUES. la fomiiilc qu'il a doiiiRo pour les corps solidcs, dans uii pre- mier Memoiro, n'ost (jii'unc approximation. Les Icctcurs qui voudrout prolilcr aulant qu'il est possible do ce uouvcau travail do M. Avojj^adro feront bien de commencer par uiie lecture atlciitivo de la note additionnclle mise a la suite d\i me- moire, mais qui I'a precede dans I'ordre des tems et le pn';eede reellcment dans I'ordre des idees. Malgre cette precaution, tout en applaudissantu la sagacite de I'auteur. on ne serapeut- Ctre pasconvaincu que sa formule generale represente en effet les relations qu'il veut en deduire, une loi de la nature. On de- mandera si la forme des molecules nemodifie point leurs affi- nites, y compris celledu calorique;silefluide electrique n'entre pour rien dans les phenomenes de la dilatation et de la fusion des corps, si lecalorique est la seule cause deccs effets. La phy- sique generale, telle qu'on I'admet aujourd'hui presque par- tout, manifeste une tendance u devenirplus geometrique que mecanique : cependant, les forces qui agissent sur la matiere ne sent que des causes de mouvement, et leur effet ne pent etre qu'un mouvement actuel, ou un equilibre plus ou moins stable. II semble done que les formules, pour representer ces effets, doivent contenir I'expression de tout ce qui modifie le mouvement, de ce qui contribue a etablir oi'i u conserver I'equilibre. Les phenomenes Ires-complexes introduisent dans le calcul d'inevitables complications; on est tentc de repro- cher a la formule de M. Avogadro d'etre trojj simple pour exprimer completement les faits dont il s'occupc, leurs rela- tions mutuelles et leurs variations. M. le docteur Bellingeri a fait de nombrcuses experiences sur i'electricite du sang, de I'urine et de la bile de plusieurs animaux, solt dans I'etat de sante, soit attaques de diverses maladies. II commence par la description de I'appareil dont il a fait usage, aux depens des grenouillcs qui lui ont fourni I'electroscope le plus sensible qu'il ait pu trouver. II a fallu d'abord etudier cet instrument, y fixer un certain nombre de termes (pii, sans domier une mesure connue, indiquent au moins I'ordre d'accroissemcnt ou de decroissemeut des SCIENCES PHYSIQUES. 77 phenomencs electiiquos. iM. BcUingori passe cnsuite aux ob- servations qui sont le sujct de ce Memoire. II fallait procedci- avec line grande celeiite, car I'etat electrique des huaieurs extraites d'un corps vivant change apres quelques secondes. Le sang veincux de quarante-cinq veaiix bien portans a nia- nifeste une electricitt- qiielqiic pen superieiire, ou tout an moins egale a celle du fer, mais inferieure a celle du cuivrc. Ni I'age ni le sexe , non plus que les saisons, I'heuie de la journee et I'etat de Tatmosphere ne paraissent infliicr sur celte clectricite : mais I'eiTet dcs maladies s'y manifeste; Te- lectricite decroit sensiblement. II parait constant que, dans I'etat de sante , le saug veineux de loutes les especes de qua- drupedes et d'oiseaux est egalement electrique. Le sang arte- riel secomporle a tres-peu de chose pres de lameme maniere; M. Bellingeri n'y a remarque que de rares et Icgeres differen- ces. II n'en est pas de meme de I'luine ; ce liquide ne parail suivre aucune lui, par rapport a I'electricite. Mais il efitpeut- etre fallu faire les experiences autreuicnt, observer les urines fonrnies par. I'ecovdement naturel, plutot que celles qui res- tent dans la vessie des animaux, apres qu'ils ont supporte les angoisses de la mort. Quant a la bile, elle se derobe, dans les animaux vivans, aux recherches des observateurs , et apres la mort , elle a peut-ftre subi des alterations analogues a celles que I'urine eprouve par les memes causes; M. Bellingeri a trouvo son clectricite encore plus variable que celle de I'uri- ne, quelquefois supcrieure a celle-ci, et d'autres fois, beau- coup plus faible. M. le professeur Rossi a ponrsuivi ses courageux essais sur les miasmes. II exprime le regret que le docteur Valli n'ait point execute le projet qu'ils avaient concerte en commun, pour soumettre a I'experience le miasme de la fievre javme d'Amerique; que le docteur Dumadrid, dans son ouvrage sur la nature , les causes et le traitemcnt de ces fievres jaunes , n'ait pas fait usage de I'apparcil docimasifjiie dont il donne la description. Dans ce Memoire, M. Rossi ne s'occupc que du miasme petechial. Les medccins francais ne le liront point, 78 SCIKNCES PHYSIQUES. sans etie ail'erlos doulnureusoiiieni par le souvenir de cniellcs snullVantes que leur art uc poiivait soulaj^er, de pertes ([u'ils lie pouvaient epar^^ner a la palrie. En 1814, lorsque I'armee francaise evacua I'ltalie, les malades furent entasses dans I'ho- pital Saint-Jean, a Turin; IM. llossi etait alors chirurgien en chef de tet asile ouvert a la dyssenterie, aux fievres adynami- ques et petechiales. Pendant plusieurs jours il fut charge seal dn service, avoc le docteur Bellisio ; tons les eleves avaient dispani. Nous n'entrerons point dans le penible detail des ex- periences de M. llossi. Le fait suivant fera sullisamment con- naitre les dangers dont il s'environnait. Unc petite quantite de sangqu'il avait extrait d'un engorgement (dans un cadavre) ayant etc delayee dans beaucoup d'eau , le docteur eut la cu- riosite de toucher tres-legerement cette eau avec le bout de la langue : des vomlssemens suivis de faiblesse furent le re- sultat de cette hasardeuse tentative. Nous croyons devoir transcrlre aussi le resume des ob- servations de M.Kossi :« 1° Le miasme petechial pent se de- velopper dans le corps, sans qu'aucune couiiuunication avec des personnes attaquces de la fievre petcchiale Tail precede; 2° la difference entre les prodiiits du sang tire aux personnes atteintes de cette fievre , a diverses epoques de la maladie, prouverait que, lorsque ce miasme agit sur une persomie, il ne fait que la predisposer a I'engendrer elle-mSme; 3° le fluide de la pileToltaique enleve an sang d'une personne atteinte de la maladie petechiale un principe que I'electricite ordinaire ne pent atteiudre : ce principe est affaibli , ou detruit en par- tie par le moyen du chlore; 4" les desordres observes dans les cadavres, et qui ont ete la suite de cette fievre, sont ana- logues a ceux que i'on observe dans les cadavres des person- nes empoisonnees, surtout par I'acide prussique >> Delassons-nous avec I'histoire naturelle de la fatigante <;ontemplation des objets que M.>Rossi etudie avec un si ge- nereux devoCiment. Tandis que M. Peyron visile en philo- Jogue le Musce egyptien de Turin, M. Borsok le parcourt en snincralogiste. et laissant a part Ic travail de I'homnie, ne con- SCIEMCKS PHYSIQUES. 79 sid^re que la matiere sur laquelle il s'est exerce. II recher- che la cause de la longuc diiree de ces sculptures, et il ne I'attribue pas seiilement 11 la durete des pierres employees par les artistes; il reconnait que le poli des surfaces a dfi af- faiblir aussi Taction de I'air, des tourbillons de sable, des eaux meteoriques, dans Ics parties de I'Egypte oi"i les pluies ne sont pas inconnues. A I'aide de quelques fissures, de quel- qucs commencemens de decompositions, il observe la struc- ture des blocs, afin de reconunitre les roches qui les ont fonr- nis. N'en deplaise au roi Ozimandias, sa statue colossale u'est, aux jeiix de M. Borson , qu'un enorme morceau de gres siliceux, d'un janne rougeatre. Les dicux memes n'ob- tiennent pas plus o'e consideration qu'un fragment de la pierre calcaire qui servait a la construction de leurs temples. M. LosANA a fait, sur rorganlsation de quelques ophidiens, (les observations dont I'anatomie comparee ne manquera point de faire usage. Nous regrettons que les bornes dans lesquelles nous devons nous renfermer ne nous permettent point de nionlrer comment I'auteur a expose de remarqua- bles analogies eutre les reptiles, les poissons, diverses espe- ces d'oiseaux, le lapin , la taupe, le cliat, etc. Les autres Memoircs d'bistoire naturelle conteiius dans ce volume sont consacres a la botanique. Elie etail moins bien partagee dans les publications precedentes dont nous avons entretenu nos lecteurs. M. Aloysio Colla donne la des- cription et le dessin lithographic des plantes rares qui fleu- rirent pour la premiere fois, en 1824 et 1825, dans ses jar- dins de Rivoli. Cette nomenclature sera curieusc pour les amateurs francais, qnipourront comparerleui' Florek celleqiii s'est etablie au pied des Alpes^, sous le beau ciel de I'ltalie. Remarfjuons que M.CoUa ne decide point si la salvia splen- (lens, dont il admirait la magnifique floraison, diflere specl- liquement de la salvia fulgens de nos serres : les botanistes nous epargneraient ces incertitudes, s'ils adoptaient une no- menclature methodique et descriptive, au lieu des noms de I'iinl.iisie qn'ils iniposent aux planter dont ils noieiit faire la 8o SCIENCES PHYSIQUES. decouvcric. La molinrrla plicala viciit tic chcz M. Cds, om elle clail toiimic sous un nom qui no liii convicnl point, suivaiil 31. Colla , qui I'a consacrec a la meiiiuire d'un bota- niste pieniontais. M. le docteur Re, auleur d'une Flore, Picmontaise , a deja public, en 1821, un appendice a cet ouvrage : il en ajoute un second, et ce ne sera peut-etre pas le dernier; la nature est si variee dans ses productions! Parmi les plantes dont le nouvel appendice donnc la description, on compte quatre- vingt-trois champignons (/(tHg/), quarante-sopt lichens, deux mousses et deux lougcres, en tout, deux cent vingt-six plantes. Classe des sciences morales, Idstoricjues et philologie/ucs. Puisqu'il est question d'histoire, on pent disposer suivant Tordre des terns les sujets des cinq IMomoires que cette classe a foarnis a ce volume. La prioritc apparticnt dc droit aux re- cherches de M. le comte Balbo sur la coudee egypticnne, on metre sexagesimal. Dans un quatrieme Memoire sur cette me- sure, le savant academicien fait observer que rinegalite des subdivisions, defaut dont on s'etait apercu depuis long-tems, n'empeche point que la longueur totale ne soit exacte, au- tant que le comportaient les arts pen corrects de I'antique lllgypte ; ot cette longueur est a peu pres celle d'une tierce de I'ancienne division d'un meridien terrestre. En effet, le calcul assigne5i4 millimetres 4o5 a la coudee sexagesimale, et les etalons que Ton a retrouves sont de 533 millimetres 524. La diflercnce (9 millimetres 121) semble beaucoup trop grande pour que I'on puisse I'attribuer a des erreurs commises dans la mesure d'un arc du meridien executee par lesancieus Egyptiens; mais I'inegalite des subdivisions, I'im- perfeotion du travail, la matiere meme de ces instiumens grossiers, tout avertit de n'y chercher rien de precis, et de nc s'en servir que pour se diriger dans la recherche de I'idcc fondamcntale du sysleme mclrique egyplicn , sous les Ph:i- SCIENCES PHYSIQUES. 81 raons. Les ctalons legaux ont pu dispaiaitre parcc qu'ils n'e- taicnt qu'en tres-petit nombre, an lieu que, dans la prodi- gi«use multitude des mesures cntre Ics uiains des ouvrlers, des marchands, etc., il serait etonnant que quelques-uiws n'eussent pas ete conservees jusqu'a nos jours. C'est ainsi que les monnaies sont, a peu pres, les seules medailles qui nous resteut, parce qu'en raison du nombre et de la dissemi- nation des pieces, elles out obtcnu plus de chances pour elre conservees long-tems et pour Gtre retrouvecs, apres avoir etc perdues. Les quatre Memoires de M. le comte Balbo surcette matiere interessante deciJent tout-a-fait la question agitee depuis Newton jusqu'a nos jours, et donnent I'histoire de sa resolution ; la coudee egyptienne est rapportce a son invaria- ble mesure, et n'est plus exposee au danger d'avoir ii subir «n jour de nouvelles discussions, dont la verite ne serait peut-etre pas le resultat. L'infatigable M. Petron a dechiffre les papyrus du musee egyptien de Turin : mais qu'y a-t-il trouve? les pieces d'un proces entre d'obscurs jjarticuliers. Ces debats judiciaires, reproduits au grand jour, aprcs un oubli de taut de siecles , auront aujourd'iuii plus d'eclat qu'au terns et au lieu de leur origine : ils ont occupe long-tcms et peniblement le nouveaii rapporteur; de uouveaux juges ont consacre a cetle cause una suite d'audiences, depuis le i3 Janvier iSaS jusqu'au 27 avril 1826; le tour du public est venu; qu'il assiste aussi a ces discussions , qu'il prenne connaissauce d'actes notaries an terns des Lagides, des plaidoyers, des repliques; qu'il com- pare la chicane d'alors acelle de notre tems. Cette instruction n'est pas anegliger, sans doute; mais il faut avouer qu'elle coute tout au moins ce qu'elle vaut. Le savant iuterprete I'a liien senti : il s'attache a conserver la renommee de ses papy- rus, ales montrer comme des sources des plus utiles verites historiques; on I'ccoute a,Yec plaisir, on lit, et I'interet so soutieut assez long-tems. Les scenes ordinaices de la vie , a cette epoque reculee, ne different presque point de ce que nous voyons encore aujourd'hui : on s'ctounc qu'une aussi T. xLii. AVRir, 1829. t> 82 SCIENCES PHYSIQUES. longiic siiilc do sic'clcs no nous ait appoitc que ties sciences , laissant en arrierc les perfcclionncnicns moraux qui sc pre- sentaient de toutes parts, ct a chaquc moment, ct le bon- hcur qui en eftt etc Ic prix. On lira done, grace a M. Peyron, les factums dc la dupe Hermias ct des audacieux Cholchytes, prctres d'un ordre infericur, mais accredltes , meme i la cour. Nous n'avons que pen de choses a dire d'unc dissertation dc M. le profcsscur Bartjcchi sur une monuaie d'or de Perti- nax , ct sur un clou dc bronze trouve i\ Acqui. Cellc monnaie trcs-rare , ct qui parait manquer aux phis riches collections , n'apprend rien de plus que ce que I'on savait sur cet empe- reur, homme de bicn, dont les Romains de cclte epoque n'etaient pas dignes. Quant au clou de bronze, sa tcte, d'un decimetre de diametre, porte une inscription ou le nom de I'empereur Domilien est en caracteres pleins, ct celui d' Ac- qui (aquae statullae ) en caracteres pointilles. A quoi servit ce clou ? on I'ignore : tout ce que I'auteur de la Notice a pu apprendre en consultant les antiquaires les plus celebres ne lui a pas revele ce mystere. Deux Memoires de M. le comte Napione rft Cocconatouous transportent au moyen age. Le premier est relalif a un mlus profond , ecrases de dettes enornies , devores par d'intolerablcs inipuls , humilies par le pr(!;sent, ellrayes ]>ar I'aveiiir, il nous a I'allu relrograder, pour cliercher dans les tombeaux de nos peres I'cspoir d'linc resurrection mitionalc, etc., etc. » An nombre de reux qui croyaient alors J> oelle rcmrrcclton, et qui I'appelaient de ti la main, des provinces dont ils voulaient former leiu- heritage... » (•?) VoLTArRE, preface de Vllistoirc de Charles XII. h I'T I'OLITIQLES. ii3 Theatre de la guerre ACTRicniErc et russe dans la TtngtiE d'Eukcu'e, tradnit dc I'allcmand dc M. de Ciriacy, par le capitaiiie Herve (i). Observations srn la dernieue campaghe de Tcrqiie, par iin o/ficier d' etat-major rasse (2). Si les officiers de Mahmoiul (Jcrivaieut , on pourrait lire la contre -partie dcs observations de roflicier russe, sans ea etre beauconp plus an fait des vicissitudes de la campa- gnc do 1828. L'objet de I'auteur a ote dc detruire, par le ta- bleau des resultats decette campagne, I'impression des bruits qui ont circid^ sur les pcrtes de scs compatriotes : les details qu'il doune ne sont gucre qu'uue repetition dcs gazettes offi- cielles de son pays ; quoi qu'il en soit, nous ne sommes point, comme on le verra plus has, de ceux qui nient I'importance des avantages obtenus par les Russes. L'ouvrage de M. de Ciriacy n'est pas precisement un ecrit dc circonstance : eu tracaut aux armees des bords de la Save et du Pruth lu route de Constantinople, il deduit, des conside- rations qu'il expose avec clarte sur les lignes d'operation de I'Autriche et de la Russie contre cette capitale, qu'agissant isolement, cesdeux puissances, la seconde surtout, eprouve- raient d'immenses difficultes pour s'en rendre maitresscs. En combinant entre elles les donnees fournies par I'auteur, le lecteur est conduit i la conviction que la Turquie d'Europe aura it peine a repousscr I'invasion simultanee de I'Autriclic et de la Russie ; niais telle n'est pas tout-a-fait la question du moment, et M. de Ciriacy aurait beauconp augmente I'inte- ret de sa discussion, si, sans sortir des considerations de stra- tegic danslcsquelles il voulait sc rcnfermer, il avait apprecie, avec la sagacite qui le distingue, les chances d'une guerre dans laqucUe I'Autriche interviendrait pour s'opposer aux en- (1) Paris, 1828; Anselin. In-8''de 64 pag. ; piix, 1 fV. 5o c. (2) Paris , 1829 ; Anselin. In-8° de 4a pages ; prix i fV. i fr. 5ii c. T. XLII. A\R1L iS' 9. « ii4 SCIENCES MORALES vahisscmens dc la Russie. 11 est pioI)ablc quo, dans cc cas, ce nc scrait point snr Ic? hords de la mor Noire quo so deci- dcrait Ic sort du croissant ; la diplomatio curopconnc so mof- trait on inonvement ; ellc entrainerail sur ses pas Ics arines de la Priisse, dc rAngleterre, peiit-etre mcme dc la France. Mais, si les resulfats de la guerre sent souvent subordonnes anx nogociations dcs cabinets, les balaillos influent a leur tour sur les actes dc la diplomatic, ct lo minislre d'un I'Jtat victoricnx pout tenir un tout autre langago quo celui d'uii l^tat humilie. Aussi, quellos que soient los combinaisons de la politique, des etudes bien iaites sur un theatre dc guerre sont toujours dignes d'une serieuse attention : la maniore dout M. de Ciriacy a traite Ic seul cote de la question qu'il ait en- visage fait regretter qu'il se soit procisenient arrcte au point oil SOS observations allaient acquerir le plus haul degrc d'in- teret ct d'utilite. II y a si peu d'apparencc que la Russic lais- sat rAutrioho manocuvrer tranquillomcnt sur Constantinople pendant plusieurs campagncs, ou que rAutriche cut po.ir sa formiilalde voisine une scniblable condesccndance, qu'il est prcsque oiseux d'otudier, sans rien regarder an-dela, I'une ou I'autrc dc ces hypotheses. On a tout le teins d'examincr cello qui concerne I'Autriche ; un interet plus immcdiat s'attache a la ligne d'opei-ations de la Russie. Accoutumes, comme nous I'avons etc, a voir une seulc campagne decider du sort des Etats, nous avons ete etonnes de la lenteur dcs armes russcs. Apres les grandes guenos de Napoleon, on trouve insignifians des resultats qui n'auraient besoin, pour elre relevos, que d'etre compares a cc qui I'ai- sait, il yacinquanteans, I'admiration du uiondc. Dans la cam- pagne de 1828, los Russcs ont assuiement commis de gran- des lautes; cependant, ils occupent Varna; ct, cpioique la gloire de cettc conqucte n'en cgale probablement pas le profit, ils n'avaient pcut-etre jamais obtenu sur la Porte d'avantage aussi UACuafaut. Legrand obstacle au rcnversemcnt do rompiro ollomati ET POLITIQUES. n5 consiste, couinie I'a tros-bien deniontre M. de Ciriacy, dans la necessite dc se trouver sous les murs de Constautiiiuplo avcc des forces imposantes, et dans la difficulte de Ics con- duire jusque-la, au travers d'un pays herisse de ces moyens de defense naturels dont les Turcs savent tirer si grand parti , depourvu de communications, et dont le plus faible corps d'armee epiiisei-ait en peu de terns toutes les rcssoiiroes en vivres o« en fourrages. II serait extravagant de songer a con- duirc, au travers dcs plaines fangeusesde la Bulgarie, des pre- cipices du Balkan, Tartillerle d'une armoe de 300,000 hommes ct les convois necessaires a sa subsistance : un retard , une combinaison manquee, peuvent , snr un pareil terrain, en- trainer des consequences irremediables : pour marcher sur Constantinople, il laut donccommencer par etre maitre, noa- seulement de la mer Noire, mais aussi des points dc debar- fjuement; 11 faut pouvoir transporter les vivres, rartiilerie, les munitions, de Sebastapole et d'Odessaa Varna, de Varna a Bourgas. II est impossible d'altaquer le Balkan sans Varna, d'en defendre le revers meridional sans Bourgas : cette mar- che est tellcment prescrite par la nature des choses, que, lors- que les Russes commencerent la campagne de 1 828, on annon- oait d'avance qu'ils laissaienl un simple corps d'observation sur leur droite, pour se porter avec toute la masse tie leurs forces sur Varna. II serait arrive de deux choses I'une : ou I'ar- uiced'Husse'in-pacha aurait garde ses positions deRoustchouk et'dcCboumla, on elle aurait suivi le mouvement des Russes. Dans le premier cas, ceux-ci faisaient tranquillement le siege de Varna, laissant I'ennemi se consumer dans des positions d'une importance secondaire; dans le second, on combattait les Turcs en pleine campagne, et Ton sait qu'autant ils sont redoutables derriere des murailles , autant ils sont inferieurs aux Russes dans les batailles oi'i la tactique europeenne con- serve tous ses avantages. Toutes les combinaisons de rarmec agressive devaient lendre a mettre les Turcs dans la neces- site de tenir la campagne ; elle a fait tout le contrairc, elle s'est disseminee dcvant les places qu'ils occupaient ; on dirait iiO SCIENCFS MORALES (jii'dic n.i coiuui lo secret de leiir force ct teliii do leiir t';ii- blesse ([iie pour metlrc la det'eiise dans Ics csrcoustances les plus lavorablos. S'il est vrai qu'on s'instruise par des laiite-f chercment payees, hcaiicoup plus que par des succes, le» Russes out dQ tirer un grand profit de la campagnc derniere, et les fausses manoeuvres qui I'ortt sigualec ne serout point repelees dans celle qui commence. Toutcfois, pour arriver sur le Bosphore avec des moyens d'allaque supcrieins aux moycnsde defense qu'on y verra de- ployes, il faut, outre la capacite d'un general, qui s'elevera peul-etre parmi les Russes, une organisalinn adniiiiistrativc qui parait leur manquer cssentiellemenl. Quand on trouverail un Joussoul'-pacha a Bourgas, quand Ic Balkan serait franchi, on n'aurait fait que se mcttre aux prises avec la gnmde difTi- cultc; elle est sous les remparls de Constantinople : li\ se trouvera Mahmoudenloure de tout ce que I'islaniisme comple de liraves el de fanatiques; les soldats feroces de I'Asie serout pen emus dc rincendie de maisons qui ne leur appartiennenL pas. Dans nos guerres cntre nations civilisees, le vaincu dc- mande la paix, du moment oi"i de certains intirets sont com- promis; il n'cn sera pas de meme entre I'armee nisse et les Turcs; au bout d'une marche de deux cents lieues, peut-etre apres plusieurs victoires, on se verra en face d'une nonvelle Saragosse, garnie de 3oo,ooo defenseurs, et renlliousiasme de la patrie ct de la religion est plus fort que la discipline et la taclique. Si les Russes peuvent passer le Balkan en vain- queurs, le repasseront-ils quand ils scront vaincus? Plus on considere la nature des obslacles a surmonlor, I'organisation de I'armee et de I'administration russc, moins on est porte a penser, qn'aiec les settles forces viatirielks qui leur sont propres , les tzars puissent aujourd'hui renverser la puissance ottomane. D'un autre cote, le cabinet de Peters- bourg ne consentira pas a perdrc, en laissant son entreprise au point oA I'a conduitc la campagnc dc 1828, une parlie dc la consideration dont il jouil en Europe ; il est done probable que rbcrilier dcPicrre-le-Grandclde Callierine line reculera El' rOLITlQUIiS. H7 pas dcvant Ic plus grand , Ic plus sCir ct lo plus honorable dc lous les moyons d'attcindrelebut qu'onlindique scs ancoUcs. La Tunpiie d'Europ* est pcuplcc , d'aprcs les rechcrchcs dc M. dc Ciiiac}^ : tic 2,000,000 Turcs. 3,000,000 Grecs et Albanais. 1,800,000 Serviens. i,5oo,ooo Bulgares. i,5oo,ooo Moldaves et Valaques. 9,800,000 ilmes. ■Ces huit millions de ohretiens, qui gcmissent d^sarmes souslc sabre ottoman , voili\ la veritable force qui s'offre j\ la Russie ; inais, tant que la politique europeenne restera dans ses voies actuf lies, que leur importent les querellcs des rois et les com- bats de I'aigle russc et du croissant? La Russie ne veut, dit- elle, aucunagrandissementdeterritoire; les dedommagemen* qu'elle exige , si elle conserve ses avantages , se paieront done en argent : elle declare par la que la population chretienne, qui se loverait pour elle , a la certitude d'etre abandonuee aux vengeances que lui attirerait de la part de ses maitrcs unc pareille manifestation ; et, si plus tard la Porte doit payer les J'rais de la guerre , sur qtii retombera ce fardeau, si ce n'est sur les chetiens ? Aucun d'eux n'a done de raison de souhaitcr des succes a la Russie; ciicore doniine par tout ce qu'il y avait d'unti-social dans la sainte-alliance, apres que celle-ci est tombce de decrepitude, par quelle pensee gcnereuse, par quelles vues eonformes an bien de I'humanite, le gouverne- ment russe s'attirerail-il aujourd'hui rinteret qu'arrachent, meme aceux qui souhai^ent Texpulsion desTurcs, Icurdevofi- ment intrepide et leur patriotisme sauvage? Les succes du cabinet de Saint-Petersbourg ne feraient, a en juger par le passe, que lui fournir de nouveaux moyens dc menaccr I'in- dependance de I'Europe. Quoiquc cesoit unc condition fort pen seduisanlo que cello ii8 SCIKNCKS MORALES (ic sujet riisse, Ics choscs prentlraicnt promptcmcnl un autre aspect, si la Ilussie di.sait en terincs cncrgiqucs el positifs aux • Chretiens d'Orient : Oui, c'cst d Constantinople qiie nous mar- ihons : c'cst par vous et pour vous que nous vonlons briser le joug qui vous oppvime ; c'est la lil/crtd qui coiiricnt d votrc etat que nouii vous apportons; elle luisse au pouvoir une part asscz belle ; niais du mains rous reprendrez voire qualitd d'lwmmes. Aidez-nous, et uiaintenons ensemble noire outrage. Les quatorze annees qui ont passe siir la chute de Napo- leon discnt malheiireusement a quelle confiance aurait droit la Russic , lors meme qn'elle prendrait le langage dc la li- hcrte. Ccprndant, le sort des chretiens d'Orient est tel que, sans nul doute, ils se leveraient a ces paroles; ils se sont leves pour bien moins. Ce ne serait pas I'influence des ca- binets de Vienne et de Londres qui pourrait arreter cc mouvement. Le premier a commis une deplorable me- prise, en donhant a penser qu'etre contre les chretiens d'Orient etait a ses yeux le seul moyen d'arreter les en- vahissemens de la Russie. Quant a I'Angleterre, on sail comment elle a traite Parga; on sait que la Grece n'aura d'independance et de prosperite que ce que n'a pu lui oter le cabinet dc Saint-James, et, si ses actes dans TOrienl avaient besoin de commentaires, le canon daTerceira en donneraicnt dc sufllsans. On ne saurait trop deplorer que TAngleterre et I'Autrichc aient seinble prendre a tache, dans la question qui s'agite en Orient, de se priver de I'asceqdant que donnerait snr cette contree,une politique conforme aux vccux de tout ce qu'ily a de genereux ct d'eclaire eii Europe : elles ont tout fait pour laisser, sous ce rapport, le champ libre a la Rust^ie ; et, si celle-ci est ambiticuse d'influencc, il est douteux qu'elle re- siste long-lems a la tentatiou de prendre avec les chretiens d"Oricnt un livjigage qui souleverait en sa faveur toutes les provinces qu'elle convoite, et qui retenlirait peut-etre asscz profondement en llongrie, en Italic ct en Trlande, pour par- tager I'altention des cabinets de Vienne ct de Londres entrc ET POLITIQUES. 119 fc soin do leur secuiitc liiterieure et celui de Icur influence en Europe. Tout en formant des voeux ardens pour la regeneration de I'Orient, nous ne nous dissimulons pas combien elle serait cherement aclictee si elle avait lieu par la seule intervention do la Russie : nous ne sommes pas de ceux que rassure la pen- see que Constantinople et Pelersbourg ne sauraient rester long-tems sous le meme sceptre. Sans doute, laconquetc du Bosphore preparerait une separation; elle serait I'ouvrage du conquerant lui-meme, s'il entendait bien les interets de sa puisance ; raais alors les dangers dont cet empire colossal menace {'Europe, n'auraient iait qu'augmenter en se depla- cant. En cfTet, Constantinople, assise au debouche de la mer Noire, commande, bien mieux que Petersbourg, aux bassins du Dnieper, du Don, du Volga, aux provinces du Caucase : les maitresdu Pont-Euxin, de la Propontide et de la Georgie, !c seraientbientot de I'Asie mineure; qui pourrait leur en dis- puter la possession? En laissant les aflluens russes de la Bal- tique et de la mer Blanche constituer au nord un £tat inde- pendant, ce nouvel empire d'Orient ne ferait que concentrer ses forces, et remedier, en acquerant ce qui manque de con- sistance et d'unite a la Russie actuelle, au seul priucipe de desorganisation qui aiTuiblisse celle-ci : lorsqu'i! peserait sur la Meditcrrannce, fort de son elendue de territoire et de po- pulation, de la securite dont jouiraient ses frontieres, des masses qti'il mettrait en mouvement pour Ic commerce on pour la guerre, de I'organisation militaire dont son origine lui ferait long-tems une necessite, quelle nation pourrait se crojre maitresse chez elle ? Qu'un grand capitaine s'eleve dans les rangs russes, que des bonimes de talens ordinaires, mais forts d'un pen dejcu- ucsse et d'elcvation de sentimens, consentent a s'emparcr du levier qui s'offrc a eux, et I'Orient s'ouvre de lui-meme a celtc graiule combinaison. L'Europe n'a qu'un moyen de la prcvenir; c'esl de devau- 120 sclli^(;^•;s woraliis cerles Russos, cl d'assiuTi- sous .sa mciliation riiulependance et Ic dovcloppenu'iit do la civilisation tn Orient. II scrait ex- travagant, iMahmoud lul-il nn Chailciuagne, d'atlcndie rieii de 8cml)Iable des Turcs cux-mcmes; lemoins en France des debats dc I'aiicien regime et de la revohition, en Angleterre de ceux de I'lrlandc, comment croirions-nous que i'union pOt finre la force d'nne contree o\\ le pouvoir politique serait du cote du Koran, lorsqne la force du nombre et cello de la raison y sont dn cole de I'^vangile? Former sur lo Bospbore un empire cbrelien qui serait bientot en etat de s'y maintc- par lui-mGme, ne serait suns doute pas au-dcssus des moyens dont pcuvent disposer les grandes puissances de I'Europe, et leur securite n'exige pas moins : mais on dirait que la revo- lution francaise a epuise tout ce qu'il y avait d'energle en Occident, et que nous avons atteint le tenue de ce qu'une generation pent faire et voir de grandes choses. D'une part, les vues ctroites du gouvernement russe scmblent moderer les craintes que sesavantages naturels pcuvent inspirer; de I'au- tre, des cabinets qu'un miserable don Miguel licnt cu suspens, ct dont le plus grand ceuvre est d'avoir reconslitue I'Espagne telle que nous la vojons, sont-ils appeles*a I'cxeculion dc ces bautes conceptions qui fixent pour long-tcms les desti- nees du monde? Peut-Ctre les combinaisons d'une prudence timide, cberchant la securite dans lo repos plutot que la force dans le mouvement, sont-elles tout ce qu'il est permis d'at- lendrc de la politique actuelle : pcut-Ctre suflisent-elles aux circonstanccs du moment. On assure que qiielques diplomates, bommes de bien, espi- rent trouver une solution aux cmbarras politiquos de I'Orient, en proposant d'eriger la Valachie ct la Moldavie en Etat com- pletemeat indepcndant. Cette mcsure ne laisserait pas d'a- voir des consequences assez etenducs, si elle elait garaulie pat- les puissances signataires du traite du G juillcl 1827, aux- qucllcs rAutriobc, par des raisons qu'il est facile de penctrer, u'hesilcrail sans doute pas a se joiudie. La Porte n'y mellrail ET POLITIQUES. 121 probablement pas grand obstacle : ellc ii'excrcc plus qu'uiic influence contcslee dans les principa,ut6s, et n'en retire pres- que lien : la protection de ses co-religionnaires, qu'exploite lallussie, est, dc la part de celle-ci, le pretexle de dilli- cultes et de pretentions sans cesse renaissantes ; la Porte gagnerait de toute facon a I'interposition d'un Elat neutre enlre elle et ses redoutables voisins , et cette conibinaison serait parfaitement d'accord avec les protestalions solennelles de la Russie , avant et depuis le commencement de la guerre. Elle concilierait aux puissances intervenantes une grande et salutaire influence dans I'Orient, ct donnerait a celle de la Russie le caractere qui convient i ses propres interets, comme A ceux du repos de I'Europe. Les peoples degenerent rarement au milieu d'une lutte achar- nee, et le mouvement imprimi aux esprits en Orient porte en lui- meme d'autres germes de civilisation que la discipline russe. Celle-ci ne demande i la civilisation que des moyens d'organiser des instrumens de conquete et d'envahissement, ct proscrit soigneusement tout devcloppement ulterieur. Les grandes pensees qui anoblissaient I'ambition de Catberine II ne sont point passees dans les masses ; les Russes ne peuvent donner aux chrcliens d'Orient que ce qu'ils ont eux-memes , I'organisation militaire, I'arbitraire de la police, I'avidite de- reglee des gens en place, et quclques ameliorations matc- rielles, compensees par la degradation morale des individus. M enx, ni I'Europe n'ont rien a gagner a I'extension d'un parcil S3'steme, et leur liberte profitcra de tout ce qui sera fait pour I'indepcndance de leurs voisins. Lorsque Salomon eut choisi la sagesse, la richesse et la puissance lui vinrent toulf seulcs : ccs biens sont aujourd'bui promis aux couronues qui embrasseront franchemeiit les grands interets de I'liumanite. Puissc I'Occident montrcr bientot, par un accord vraimcut saint et durable, parce que le principe en scrail glorieux et i'econd, que la cause des trones est aussi celle des peuples. Le mondc a mainlenant ,o.> SCIENCES 310RALES ET POLITIQUES. Irop (I'cxporicncc pour que iles palliatifs puisscnt fiiirc qucl- (liic effct sur hii ; la droiturc ct la vciite pcuvcul sciilcs !e toiuhcr; jamais il n'y cut lant d'avantngc a lairc lo bicn, lant dc danger iV se pretcr au mal. Le moment de cliobir est vemi pour les souverains : les circonstanccs sont grandes, Ics moyens doivoiit I'Ctre aussi. LllTERATURE. Odes et Ballades; par Victor Ilrco. Quatriemc edition, aug- mciilcc dc VOde a laColonne , ct dcdix Pieces nouvelles (i). Les Orientales ; par le vieme auteur (2). Je ne suis, grace au ciel, ni classiquc rii romantique ; je fais parlic lie ce bon public qui estime les ouvrages en raison du plaisir qu'ils lui donnent , sans s'inquieter de la theoric dcs auleurs. Je n'ai pasune foirobuste dans I'infaillibilite despoe- liques; et, pour ce qui est d'Aristote , j'ai pris a son egard un parti dt'cisif : je ne I'ai point lu. Je crois pourtant qu'aussi l)ien que le monde de la maticre, le monde de I'esprit a scs lois. De memequc tcl melange dc substances produit loujours un certain effet physique, de mome, je crois que telle combi- naison d'elemens litteraires doit toujours produire un certain resultat intcllectucl ; je crois encore que des experiences noin- breuses pcuvent nous reveler quclques-unes des lois qui re- gissent ces combinaisons , et quW la longue, il est possible d'indiquer les moycns les plus proprcs a exciter le rire ou Ics larnies, comme ceux dc fabriquer de la poudre a canon. Que si Ton donne a ces indications le nom de regies, j'admettrai alors les regies, non point comme le produit de la Yolonte ar- bilrairc dcs hommes, mais comme le resultat de la nature dcs choses, le fruit de I'observation, I'enonce des rapports qui lient les causes aux efTets. J'espere que ces idees n'effaroucheront personne, et qiiele (1) Paris, 1829; Gosstlin ct Bussangc. 2 vol. iii-S" dc xl-3iS cl 4/' liag.; prix, 18 ir. (21 Paiis, i82(); uiciiies libiahcs. in 8" du xi-424 pages; prix, 9 IV. ia4 LITTER ATI) KE. lectcur, rouKuilitjut; on classUjue, nc jellera pas, dt'sce d(.I)iit, Ic livre avcc coltrc. Jo poursiiis done. J'ai dit que Ics inrmos comhiiiaisons d'elemcns lltteraires tlcvaient produire coiistamment les memos cffols; mais , parmi cos elomoiis , il en est qiu' nc sent point au choix Qu poete, et auxquels il doit accommoder tons les aulres; ces clomens, c'est rospiit du poiiple auquel il s'adresso; c'est le le langagc que parlc ce pouple et nil se rofloehissent vivonient toulos les qualites do son esprit. L'importanco dc cette re- marque est plus senijible en France que dans tout autre pays. La langue franfaise a un genie tout-A-fait i\ part; les ele- mens dont cllc se compose ne ressemblent, dans leur forme matirielle, A ceux d'aucune autre langne; les mots, dans tous les idiomes connus, sont, ou composes dc longncs et de breves approciables, ou caracterises par un accent prosodique trfes-marque et Ires-diverscmcnt place. Le francais a desbrc>ves et des longues, mais la plupart si incertaines qu'elles ne peu- vent etre soumises A aucune mcsure. II a sans doute anssi un accent prosodique, mais si peu sensible qu'il ecbappe i roreille du people qui le parle; les etrangers souls, par analogic avec leur prononciation , s'aperfoivent qu'il existe. Nos mots res- seml)lent ainsi a ces medailles frustes , dont on ne retrouve rempreinte qu'en les comparant a d'autres medailles mieux consorvoes. lis se distingucnt encore de ceux dos autres idio- mes parle role qu'y joue I'emuet. Get e figure bion dans plu- sicurs langues, dans I'anglaisj par cxcmplc ; mais la il est vc- rllal)lcnieut muct, c'est-a-diro, nul; qu'il s'olide ou non , il ne fait point syllabe, et le vers restc pleiu. En francais, au contrairo, A moins d'elision, I'c muct est compie dans le rliythmo ; d'oi"i il resulte que beaucoup do nos mots n'ont pas roollcmcut le nombre do syllabes que nous leur attribuons, et que la plupart dc nos vers, maigres et dofectueux pour ro- reille , nc nous semblcnt rcmplir la mcsure que par I'eflot d'une liabitndc dc Tc-iprit. Colic habitude, dira-t-on, supplco a cc fa (mine, scnppia, rimbomba, Tauditeur eprou- vc aussitot ce que j'appellerai la commotion poetique ; les mots fotidre , cclate , retentit, n'ont pas a beancoup pres la meme puissance; leur eflct depend de I'emploi plus ou moins heureux que I'ecrivain en a fait dans sa phrase. Ainsi , le dic- tionnairc de beaucoup d'autres langues est poetique; le notre lie Test pas. Les mots, dans notre poesie, ont besoin de faire corps; et les petits vers, les enjambemens, les fausses cesures, fi-equcmment employes , la font resscmbler a de la mauvaise prose. L'harmonie du vers et la grace du tour sont encore plus neoessaircs, s'il s'agit de iaire passer un mot plat ou ignol)!c. Car, non-senlemcnt nos mots ne sont point matt - riellement poetiques, mais encore nous ne pouvons pas, comme dans beaucoup d'autres langues, les ennoblir en les alterant; privilege immense pourle poete, qui, outre la com- modite de reconcilicr avec son vers tel mot qui menacait d'en rompre la mesure, y trouve la faculte d'elever jusqu'a lui, sans periplirase et sans obscurite, une foulc d'expressions, dont il mesure a ses besoins Ic degrc d'elcgance et de noblesse. Prenons pour exemple, en italien, le preterit du \eihe faire. Si jc dhfece, jc parle le langage du raisonnement ; mais fd joint la vivacitc a relegarice; ei feo , forme plus rare, donne an discours un ton inspire et solcnnel : Italia, Italia, o tu cui fco la sorte Duno iiifLlice di bcUezza , etc. Danscc debut du beau sonnet de Filicaja, rexaltalion doulon- reuse du poete se fait sentir lout d'abord ii I'alteration de cc petit mot, feo. C'est pourtant toujours le meme mot que fe et fece. Si la langue francaise diflere a tel point des autres langues i?() LITTER ATLIRE. par la naluic dc ses clcmcns, ellc n'cn difforo pas iiioiiis par la manieio dc Ics comhinci'. En Iranoais, point dc roniiions dc mots, point d'hialus permis a la pocsic; ct ([uant anx ellip- ses, aux inversions et aux autres figures, la prose des anlres nations est plus hardie que nos vers. Notre langue est, parnii les autres, comme une austere matrone, qui parle dans un concert el qui marohe au milieu d'un bal. C'cjt un veritable plicnomcnc intellectucl, dont rcxplication ne pcut etre que dans la nature dcs licux on ellc s'est IbrnRC. Les langues, rcflechissant toujoiu's les impressions habitucUos de ccnx qui les parlcnt, portent nccessaircmcnt rempreinte des objcts qui les environncnt. On retrouve dans les dialeclcs brillans des Hellenes Ces niontagnes couronnees d'un ciel transparent, ces fleuves limpides, ces vallces pittoresques, cctte mer par- semee d'lles riantes et d'ecueils escarpes, et tons ces accidens de la nature qui prctent un cliarme si varic a leur beau pays. Les idiomes du Nord rcspireut I'aprete sauvage et la sombre Iristesse du climat qui les a vus nailre. Pour nous, dont la lan- gue cut pour berceau le centre ct le nord de la France, c'cst sous un ciel tempcro, mais tcrne et monotone , loin du spec- tacle des mers, dcs montagnes, des grands fleuves, des tor- rens, dcs volcans, des tempetes, que notre capitale I'a deve- loppce. Notre idiome est calme, comme notre sol et comme I'air que nous respirons. La nature ne fait autour de nous que de la prose ; I'instraction seule nous revele qu'il est une poesie; aussi le sentiment poctiquc, qui resulte ailleurs de I'organisation , chez nous est le fruit de I'education. On le voit par une lectme attentive de nos grands poctes : ce n'est point immcdiatcmcnt dans la nature qu'ils ont puise leurs plus belles images, c'cst dans les poetes dc I'antiquitc; leurs inspirations les plus poctiqnes leur viennent du college; ce sont des reminiscences, des traductions. Voila pourquoi la grande poesie fut si tardive en France; pourquoi, tant que nos poetes furent livres ;\ eux-memes , ils ne produisirent que iVclcgans badinages. Quand llonsard voulut s'elcver plus haul, 'pii lui prf'la dos ailes? La nature? non ; Fimitalion dcs Grecs. LITTliRATURE. 127 Mais, flans celle entrcprise, il se fit illusion sur les rcssourccs de riiistrument qu'il mauiait, et , malgrc son talent, 11 ne put ricn crucr de durable. Enfin Malhcrbe vint, iMalhcrhe, doul Ic genie consiste a avoir su dcviner celui de sa langue et dc sa nation. II comprit que les mots franfais n'ont point par eux- memes d'effet poetique, et voilii pourquoi sa muse o D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir. » II sentit qu'ils avaicnt besoin d'etre fortement cmpreints du moule de la cesure et de la rime ; et dc la, « . . . Le vers sur le vers n'osa phis enjamber. » ' On voit a quoi se reduit ce reproche de timidite. dont Mal- hcrbe a ete I'objet. Ne pouvant hitter avec les poctes dcs au- tres nations par les formes matericlles du langage, il entrc- prit dc les surpasser par la juslcsse de I'idee et la clarte de I'expression, Ces qualites conviennent surtout a la prose; j'en suis d'accord; mais que pouvait-il faire de mieux? Pour que la France pQt avoir une poesie, il fallait bien rapprocher la pocsie de la prose. C'est ce que Malhcrbe fit a bou cscient ; ne sail-on pas que I'epreuve a laquelle il soumettait scs vers etait de les ccrire de suite et sans s'arreter aux rimes, pour voir si, comme prose, lis etaient bons? Malhcrbe ne put sans doute rendrc notre langue proprc a Tepopce serieuse, ni a la haute poesie lyrique, genres qui s'adressent presque toujours h I'imagination; mais il en fit un tres-bon instrument pour tous ceux oii dominent la raison el la scnsibilite, tels que la pocsie dramatique, la fable, la sa- tire , I'epitre , le poeme didactique ou badin , la pocsie legcrc, I'odc philosophiquc et I'elegic passionnoc. Pour la poesie, il y a presque compensation , et pour la prose I'avantage est de notre cote. Car en prose on parle et on ecrit, surtout pour etre entendu ; or, la clarte est un avantage qu'aucune lilte- ralure ne dispute i la notre ; c'est aussi une condition de ri- gueurpournous plaire : dans les autres langues, on exigeseu- Icmcnt que I'ecrivain puisse et re compris ; en franrais, il faul i?.8 LITTER ATI] RK. . (|iril lie piiisso pas nc pas r-tre conipris. Et cliafinc jour Ic traiioais t'tcnd ses coiiqiietes, parcc que cliaqiie jour s'agian- (lil le (loniaiiic dc la raison, qui est aussiccliii de la pro.sc. All moment oii lesnations sc civilisent, la poesic est iinc puissance; leur premiere affaire est alors de sc former un langage , service qu'elle seule pent leur rendre. Mais, plus la civilisation avance, plus la pocsie perd dc terrain; bientot clle n'est plus qu'un noble amusement, et I'honnne fiuissant par mettre dans tout da raisonnement et du calcul, un tems vient of\ la prose seule pent rendre completement ses sensa- tions et ses pensees. Cette dccroissance de I'element poetique est un fait qui frap- pe egalement nos regards dans les individus et dans Ics socie- les. Heureux, pour Ics pontes, le tems oi\ ce qui est vrai, natu- rel, raisonnable, conserve encore le prestige de la nouveaute ! Alors la poesie moissonne i\ plcines mains, et le talent obtient des succes universels et imperissablcs. Mais ce bon tems ne peut pas durer; pen a pen la raison devient vulgaire; clle n'a plus assez de channes pour emouvoir un public blase. II faut bien que les pocles cherchcnt ailleurs des inspirations : qu'apres avoir epuise le bon terrain, ils se metlent ;\ del'ri- cher le mauvais; qu'apres avoir epuise les ressorts de leur art, ils en franchissent les liniites , avides du neuf an de- triment du beau. II n'y a a cela ni merite, ni faute; c'cst Teffet de la nccessitc. Elle a produit partout des resultats seniblalilcs; partout la pocsie et Ics arts offrcnt trois ages bien marques : celui oil le genie, non encore guide par Texpcrience , s'elance hardiment vers le beau , mais ne le rc- produit qu'avec desordre, rudesse ct negligence; celui ou , seconde par le gout, il donne ;\ la ,beaute des formes plus pures, mais quebpiefois moins vigoureuses; celui enfin, oii, no pouvant plus avancer dans la carriere du beau , il retourne surses pas, elargit le cercle de ses imitations, s'efforce d'e- tonner par la variete et la singularite de ses oeuvres, et trop sfHivent ne s'arrCle qu'apres que le bizarre est devcnu commun. LITTERATURE. 129 La periodc que j'iiulique fut parcouruc rapidemcnt et line seiilc fois par la litterature latine ; les Romains, pciiple saua gout pour les arts, s'etant lasses promptement et sans retour de Virgile et d'Horace, leromantisme commenca parmi eux dts Ovide, et il alia toujours croissant, Mais cette ptriode pent se renouveler plusieurs fois et sous plusieurs formes chez la meme nation. Chez les Grecs, par exemple, qui par I'uni- versalite, non moins que par la snperiorite de Icur genie, font exception dans I'especc humaine, pendant long-tems la de- cadence d'un genre ne fit qu'en developpcr un autre. La na- ture semblait leur avoir donne un sens particulier pour dis- cerner et reproduire la beaute sous tons ses aspects. L'ltalie moderne nous ofTre plusieurs vicissitudes analogues. En France, aux graces naives de Marot succeda la pedantesque affectation de Ronsard; apres Malherbe, I'liutel de Rambouil- let mit a la mode le bel esprit des Voiture et des Colin; au siecle de Louis XIV et k Voltaire, une generation corrompue substilua la doucereuse affeterie de Dorat et de Demons- tiers. Aujourd'hui, le concours d'un grand nonibre de causes a produit dans la litterature une crise generale. Au moment de la restauration, vingt-huit annees de con- vulsions et de bouleversemens avaient habitue les ames aux emotions violentes. Pendant ces vingt-huit annees, les per - pies n'avaient presque pas communique entre eux; les Fran- caissurtout, voyageant en corps d'armee dans toute I'Eu- rope, s'etaient tenus avec soin campes dans leur langue et dans leur litterature. Les evenemens de 1814? en renversant I'edifice imperial , detruisirent les barrieres qui separaient les nations; notre litteiature vit aussi cntamer sesfrontieres; elle dut entrer avec les autres dans la grande fusion europeenne. D'un autre cote, I'esprit religieux, long-tems comprime par la philosophie, par la revolution , par le genie de la guerre, se releva avec effort ; il opera dans un certain monde une viva reaction. Enfin, les combinaisons politiques occupant pres- que tous les esprits, la pocsie, indifferente au public lors- ^u'elle lui parlait un langage deju connu, dut, pour attircr T. XLII. AVRIL 1829. 9 i3o UTTl!:il MH»RE. son atlciitioii, rccoiirir aux expodiciis liasardoux, aiix tour^ de force ct aux singnlarites. Telles sont Ics causes exlraordinaircs ct puissantes qui out mis au jource qu'on appeilc Ic romnntisme. Que maintenant nos classiqucs sc dcsolent; leurs protestations sont nn ob- stacle trop t"ail)lt; ponr en arrCtcr rinflncncc, Le public, qui sait d'avancc tout ce qii'ils ont a lui dire, senible lour appli- qucr covers du Dante : IN'on raglouiain di lor, ma guaida e passa. Le public veut du nouveau i\ tout prix; faut-il s'etonner qu'il se tourne du cute de ceux qui lui en promettent? Mais les romantiqiies sont-ils veritablement novatcurs? lis le sont auxycux du public qui, surtout en France, ne connait guere que les chel's-d'ceuvre de la litterature nationale. !\lais, qu'en- tre gens instruits cette pretention donne lien,d'une part, a tant de vanite, et, de I'autre, a tant de fureur, ccla est plus difficile ;'« comprendre. II n'est pas un des attributs du roman- lisme, que ne puisse revendiquer la poesic grecqne. S'agit-il de I'affrancbissement des unites tbeatrales? Elle ne les a point rigoureusemcnt observees, pas meme I'unite d'action. De I'i- mitation exacte de la vie reelle ? Quoi de plus naivemcnt vrai que rOdyssee et les drames grecs ? La vie des grecs etait poe- tique, la notre ne Test pas, voila tout. Veut-on parler du me- lange des conditions? Les dieuxet les rois figurent dans leurs poemes avec les soldats, les marchand?, les bergers, les paysans , les pecheurs, les esclaves. De la confusion des genres? On Irouve, dans leurs trngedics, des odes, des recits epiques, et souvent des scenes de comedie. Theocrile, dans les Syracusaities , a fait une idyl!e, en reunissant une come- die et un bynine. Le romantisme consiste-t-il dans la mclan- colie?Quoi de plus melancolique qu'Eschyle, Euripide, I'in- dare, et nous n'avonspresque plusrien de Sapho, deCallima- que, ni de ce Simonide dont les poesies avaient merite le nom de larmex. Consi.~tcrait-il dans le grotesque ? Nous le trou- vons. des l.'Iliadc, dans Vulcain et dans Tbersite ; il a inspire LITT1^.RATURE. i3i toute la Batraciiomyomachie ; i! rrgn.iit jiresqiie sans nnrtnj^o (laiis Ics drames satiriques, dont il nous reste un echantilion : IcCrr/fljPf d'Eiiripide. Et Aristophane?el Liicien? Lcgrofe«<]iic n'etait-il pas, d'ailleurs, un genre de predilection pour ics peintros et Ics gravcurs grers? Ce qu'ils- nous out laisse do monunicns de cetle espece met au defi I'imagination c6t6 du lilic de chaquc ouvragc, ceux des livrcs dlrangers ou IVan^ais qui paiaisseiit dignes d'inie attention paiticulii're, Pt nous eu rcndrons qiisie ; lis rendcnt la satire plus acercc el I'exprossion du pa- triotisme plus chalcureuse. On pent Icur reprocher de ne pas toujours respecter roreille : L'autre, plein d'6nergie, et fiei- comme un saint George, Roidis.?a?i< ses jarrets, en niaj chant sc rengorge , Sails trop s'l'nquieter si sa troupe le suit. Sans trop se .WKvenir nienie qu'il la conduit : Tout entier a reffet qu'il brille de produire, S'il ecccicc au .wleil, dans son ombre il «'«(/ii)ire. On peut Ctre ins/r«etcur et n'e^rc pas puriste. Dans les vers qui suivent celui-li, I'auleur me semblc n'a- voir pas exaclement exprinie sa pensoe : Et plus d'un general, connu par des succes, Maltraita I'ennenii non moins que le fianrais. Le sens edt exigc Maltraita le frangais non moins que rennemi. On approclicrait de cettc idee en mettant : Maltraita I'ennemi bien moins que le IVanoais. Voilu des exemples des merites ct des dol'auts de la Milt- c'uule : les- uns assurent a I'auteur une reputation counue poete; lesautres disparaitront dans une seconde edition. ** ITALIE. 2 1 . — *DellaScien:adc'lCupre, etc. — De la Science du Cociir, par io/-c?i;o Martiki. Milan, 1829; Antonio Fonlana. In-12. Prix, 2 t'r. 5o c. M. Martini, profcsscur de physiologic a la Faculte de Me- ITALIE. 167 (lecine de Turin, consacre los loisirs que lui kiisscnt ses noni- breux travaux stientifiques a de profondes iuA'estigations sur le coeur humain , sur ses passions et ses penchans. Deja , lorsque la Pliysiologie des fxissions de M. AUbert parut, M. Martini avait prepare un travail sur le uieine sujet. II en suspeudil la puI)licalion et se borna a faire paraitre des considerations sur la doctrine de son illustre colleguc, avcc lequel il differait d'opinion sur quelques points. Tout en ren- dant homniage au talent et a I'clegante diction du professeur parisien, il rcgretta que la matiere de ses plus cheres medi- tations lut traitee avec trop de legerete, et il se proposa de mettrc au jour ses recherchcs sur rorigine, les causes, les circonstances modificatrices de nos passions, d'etablir leurs rapports avec nos facultos morales , et d'en tirer des lecous utiles pour les bien diriger. Les fleurs avaient ele cueillies; il n'avait pour lui que les rcssources moins attrayantes sans doute, luais plus teeondes en resullats, de I'analyse severe et raisonnee : sa plume savante et facile nous la presente dans un tableau rapide et aniuie. L'instinct est anx passions ce que rintelligence est aux ia- cultes de ITaiie ; elles en derivent toutes, a I'cxception peut- C'tre de celles qui se lient a I'ordre social, couime I'amour de la gloire , de la patrie, etc. M. Martini appelle les premieres instinctives, et celles-ci raisonnecs. Mille causes physiques et morales influent sur leur developpement : le climat , le temperament, la constitution, I'age , le sexe, Timagination, I'education, la sante , etc., etc. 11 ne partage pas I'opinion des physiologistes qui, conmie Licbat, les rappiirtent toutes a la vie organique, ou comme Cabanis, les placcnt dans I'etat de divers visceres, ou qui, comme Gall et Spvuzb.eim, en fixent le siege dans des organes cerebraux. II les croit de- pendans de Torganisation entiere, et il n'accorde a des or- ganes particuliers qu'une action plus ou moins directc sur leurs develo]ipemens et leur modification. Quoiqu'il ne puissc lien determiner d'une maniere precise sur le siege des pas- sions , il est convaincu que nous portons en nous le germe dc lous les sentimens moraux que les differentes circonstances font grandir ou arretent dans leur essor. L'amour de stti , in- stinct primordial, auquel tons les autres se rattacbent, est le mobile et le but de toutes nos passions. II entre ensuite dans le detail des tendances particuberes de I'bomuic, et il ana- lyse chacune de ses passions; enfin, dans \\\\ truisieme livre, Pralica del Cuorc, il tacbe d'imprimer a chacune d'ellcs un* direction qui nous conduise au bonbeur. i68 LIVRKS ETRANGCRS. Te! est rapoifu liop rapklu dc cct iiitL-rcssant ouvrage; nous regiettDiis vivemeiit de iie {loiivuir dt'uncr i\ iiiic ana- lyse fuU'lo tout I'espace qui nous serait neccssairc ; mais nous y rcviendrous aver, plaisir lorsque I'auteur aura public ses Discorsi soprd la Sciciiza d'Omero , (pii doivent nous presenter tout ce que ce grand poete nous a iaisse conime monument de ses profondes connaissances du coeur humaiu. L. C. D. M. 23. — Nuovo Speccliio geografico, etc. — Nouveau Miroir gcographique, liistorique et politique de toutcs les nations dn globe, suivi d'un Dictionuaiie gcographique univcrsel, par P/V<;-o Castellano. Rome, 1827 — 1828. LivraisonsI — XIX, formant trois divisions du tome premier et un total de i5i2 pages in-8° maguo; I'onvrage aura 4 volumes. Le prix de chaquc livraison de 10 demi-leuilles ou 80 pages est de 'i pauls ou 1 I'r. 10 c. L'ouvrage est acconipague de 8 cartes. Le titre de ?io(n'fa«, que M. Caslellanodonne a son ouvrage, est exact et mcrite : en eCfet il etait remarqual)le que I'ltalie, qui dans presque tons les genres posscdc des ccrits plus otu nioins iuiportans, n'eQt pas encore une bonne geographic. II appartenait il I'un des hommes les plus dislingues des Etats romains de combler cette lacune, et il suflit de jeler un coup d'oeil sur les dix-neuf cahiers deja publics pour se convaincre que M. Castellano a pariaitement rempli la tache qu'il s'etalt imposce. Ses elTorts out etc recompenses, et il a eu la satisi'ac- lion de voir la premiere edition cpuisee, avaut d'etre arrive a la moitic dc la publication : toulei'ois il n'a pas voulu coiu- mencerrimpressiond'uneseconde edition avautd'avoiracheve l'ouvrage? qu'alors il pourra revoir dans toute son eteudue : ceci nous decide a ne faire aucune critique de detail et a ne pas signaler quelipics erreurs qui ne pouvaieut manquer de se gli.>ser dans un si long travail, persuades que M. Caslcllano les a deja reconnues lui-meme. 25. — * A nnali d' Italia, etc.- — Annalcsd*Italie depuis ijSo, par A. Corn. t. I et II. Rome 1829; librairie moderne ita- lienne, francaise et laliue, Corso n" 548. 2 ivol. iu-8" parvo de 544 ^^ -^24 pag. Prix de chaque vol., 5 pavds ou 2 fr. ^5. c. On pourrait s'eioniier (pie M. Coppi ait commence son ic- cueil a I'annee 1750, qui no presente ai)Solumcnt aucun fait interessant, soit d;uis Thistoire gcnerale, soit dans celle dc rilalie, et (pi'il ii'ait pas relardi I'ouverti'.re de ses annales jusqu'cn 17(5*), unnce de I'clection de Ganganelli, ou mouie jusqu'a la paix de Versailles (1785) : mais il Taut songer que le but dc M. Coppi elaif de co;i:!uire jusqu'a nos jours I'utUc ITALIE. iGr> recueildeMuratorijt'tqu'ildevait, en consequence, prendresoii travail lAniemeoii son savant picdecesseurra vaitlaisse, c'est-u- dire en 1750, annce de sa niort. Le premier volume lonlerme lesevenemens remarquablesdel'Italie, depuis I'epoqueci-des- siisenonct'cjusqu'en 1795; le second condiiiirhisloiiejiiS(|u'en 1798. Les I'aits sont langes parannees, ainsi que I'indique le tilre : I'auleur les presenle generalement avec imparlialite ; ilcitc des fragmens parfois etcndus dcslirefs, des ordonnances et des traites ; il donne des delails imporlans sur la legislation, les finances et radminislralion. Si cet ouviage etait public en France ou en Anglelerre , nous aurions a lui repiocher la secheresse du style, la froideur de la narration, I'abscnce de toute peinture \ive et expressive; mais il faut songev (ju'en Italic, il est assez difficile d'eciire I'hisloiie autrenient : les Ilaliens qui, comme M. Bolta, ont piotendu donner a leurs ouvrages une allure de talent et de liberie, ont vu toujours leiu-s ecrils, et souvent Icurs personnes, persecutes et bannis des Etats dont ils laisaient la gloire. 24. — '* Memorie storico-critUlie , q\c. — Memoires histori- ques et critiques sur la vie et les ouvrages dc J . Pierre-Louis DE Palestrina, compositeur de la cbapelle pontificale, etc. ; par JosephR\iJii, directeur de la nienie chapellc. Home , I'au- teur, via delta Sapienza, n° 5o. 2 vol. gr. in-4" Tom. I de Xet 57G pag. , torn. II, de 4^4 ^t ^^iv pag. , avcc le portrait de Pierre-Louis. Cet ouvrage , impaliemment attendu du petit nombre de ceux qui s'occupent d'erudition nuisicale, vient enfin de pa- raihe. Fruit de plus de trente annees de recherches, il affer- niira la reputation de I'autcur, deja counuc par des composi- tions dans le style du grand maitre dont il ecrit aujourd'hui la vie. Cet ouvrage, retrayant une des epoques les plus inte- ressantes de I'histoire de I'art , nous lui cousacrerons un arti- cle dans notre section des analyses , nous bornaut, pour le moment, a presenter unsommaire desmatieres qui s'y trou- vent traitees, Les deux volumes de M. I'abbe Baiui sont divijes en trois sections. Apres avoir expose, dans sa preface, les motifs qui I'ont porte a comj)oser ce livre , I'auteur , dans les cliapi- tres I-IV, clieiche a determiner quelles furent la patric et la condition de Pierre-Louis; eu (jueile annee il uaquii ; quand cl poin-quoi il vinl ,1 Home ; quel fut son maitre. Les chapiires ^ - XII traiteut de i'clection de Palestrina a la place de maitre des cnfans dc chceur de la cappella Giulia; du premier ou- wagequ'il pnblia; de soamariage ct des filsquien naipiirenl; lyo LIVIIKS ETU ANGERS. de sa reception u la cliapelle pontifuale ; tie son exclusion ; de son entree a S. Giovainii-Lalcrano, et dcs ouvrages qn'ii coniposa poiw Ic service de cette metropole ; enfin , dc son arrivee a Saintc-Marie-Majeurc. Les cliapitres I-VITI de la deiixiemc section contiennent I'histoirc dcs elforts que fircnt, vers le milieu du xvi° siecle, ses superieiu's ecclesiasli(iiies pour bannir sa musiqne des eglises; on j examine quels i"u- rent les motifs de cette deterniiualion , ct connnent Pierre- Louis parvint a rcmpccher d'etre executee. Les cliapilres L\-XII parlent dc Pie IV, crcantpour Palestrina la place de compositeur de la chapelleaposfoliqac ; dc la niessc dupape Mar- cel, composee jiar Pierre-Louis, quibienlot est nommc mai- tre de musiqne du cardiual Hippoljled'Est, et mnitrc de cha- pclle du Vatican. Dans les cliapitres I-III dc la troisieme sec- tion, nous voyons Palestrina uonune maitre de I'oratoire de Saint-Philippe de iSeri, puis formant des eleves parliculiers et dirigeant une ecole pnblifjue ; on examine ses tiaA aux pour la correction de roflice de I'lilglise. Cliapitres IV-VIII, mort de Lncrece, femme de Pierre-Louis; onvragcs publics par ce compositenr ; sa derniere maladie, sa mort, ses i'unerailies. Chapitres IX et X, projct de Clement VIII de publicr une edition complete des ou vrages i\\\ prince dc la musiqne ; ceuvres inedites de Pierre-Louis. Cliapitres Xlet XII, anecdotes par- ticulieres relatives a Palestrina; excellence de ses composi- tions. Telles sont les matieres traitees par M. Baini, avec nn soin extreme et nne attention presque minutieuse. 11 est iiuilile de dircqne, chemin I'aisantjl'autenr eclaircit une i'oulc d'obs- curites qui embarrassaient I'liistoire inusicale de I'epoque. Qnant a ce qui rcgarde Palestrina , le travail de son sncccs- scur ii la cliapelle jiontificale ne laisse absolument rien a dc- sirer, aiusi que nous espcrons le demontrer plus tard. Enfni , les deux volumes de I'ouvr^e sont imprimes avec une ele- gance qu'il est bien rare de rencontrer cliez les typograplies actuels de la ville eternclle. J. Adrien Lafasge. ESPAGNE. 23. — * Hormi^aeray hierro, clc. — Du cbarbon de terre et du ler consideres comme nn excellent nioycn, le senl peut- etre qui leste a I'Espagne, de reparer les pertes imincnses qn'elle a eprouvees depin's 200 ans; Mcmoire snr la I'or- mation de compagnies de conimcn-c qui exploiferaient les mines de charbon de ttrrc, ctabliraicnt dcs ibndeiics a I'un- ESPAGNE. i;i glaisc, labriqnciaient dcs machines a vapeur, dcs chemins de i'or, des pouts, des machines de tout genre; tburniraient I'ar- tillerie de la marine espagnulc, lennineraient les cananx de Castillo et d'Aragon, conservcraient les forcts; donneiaiont enfin a ragTicnltnre, au coinnierce, a I'induslrie une impul- sion puissante et fecondc; ouvrage dedie a M. i\e Salazar , uiinistre de la marine, par M. Gr. Gonzalez Azaola, commis- saire de S. M. C. dans les faljriqnes royales de la Cavada. Madrid, 1829; In-8° de 102 pages. L'ardeur pour les entreprises industrielles et commerciales, qu'on pent regarder coimne le trait le plus cai-actcristiique de I'age oil nous vivons, se fait aussi remarquer en Espagne, pays que la nature s'est plu ;\ comhlcr de ses dons , mais qu'un concoiu's I'uneste de causes politiques et morales a plonge de- puis plusieurs siecles dans un deplorable etat de misere et d'abaissement. L'aurore de jours plus piosperes commencait a luire sous le regne de Charles III. Les ministres Rocla, Campomaiies et Florlda-B Ia7ica i^ay orlsiiientde toutleurpouvoir les progres des arts utiles, reformaient les abus qui pouvaicnt entraver leur marche, encourageaient Tagricullure et le com- merce, et preparaient a I'Espagne de longues annees de ri- chesse et de force, quand la revolution francaise vint a eclater. La guerre contre la republiq:ie naissante , marquee par des revers, et suivie de traites do paix et d'alliance qui mirent k la disposition du vainqueur les armoes, les escadres, les tresors de la Peninsule, fit toml)er ces brillantes espcrances etamena, de concert avec d'autres causes, les convulsions qui out bou- levcrse I'Espagne pendant les vingt dernieres annees. Cepen- dant, quelque funestes qu'aient ete sous bien des rapports ces tristes ovenemens , ils ont en des resuUats utiles qu'on ne peut meconnaitre : le grand nonibre d'etrangers que les guer- res ont amene sur le sol de I'Espagne, Teniigration monien- tanee de beaucoup d'Espagnols dans les diverses conlrees de I'Europe, ont fait cesser I'isoiement dans lequel ce pays etait restc jusqu'alors, et qui le rendait etranger aux idecs, aux mocurs, aux progres de toute espcce des autres nations. Les Espagnols comprennent aujourd'iiui les ameliorations sncia- les, ils les desirent, el savent coml)ien ils trouveront d'auxi- liaires dans les ayantages physiques de leur belle patrie. Cette conviction devenue gonerale chez eux est une verita- ble et heureuse revolution dont il faut les feliciter. Les classes elevces de la societe secondent ce mouvement salutaire. Le haul clerge conipte dans ses rangs plusieurs honimcs cclairos qui travaillcnt a rcpandre les connaissanccs utiles. La noblesse. 17a LlVltES liTUANGEKS. que Ton accusait nagiiorc, avec quclque raisoii, do sc noui*- rir avec trop de conqdaisance des prcjiiges arislocratiqiies, et dededaignerles o\)iiVi\lioiis rot uriircs, a toiit-i^-l'ait sccuuu fctlc ti'iste apathic ; cllc encourage !c travail et Tactivite dans Ics <'lasses inlV'iieure.s, ct ne craint pas de prendre part a des en- trepriscs indiistrielles. Quant a la classe moyennc, qui devient tous les juurs plus riehe et plus nondireuse , elle uionlrc beau- coup d'anlcur et de dispositions pour le conuuerce ct I'indus- trie. On volt une tbule d'espaguols visiter les nations ctran- geres en observateurs cclaires, penetrer dans les ateliers, etudier les meilleurs proccdes mecaniques, se pres?cr autour deschaires des professeurs, rassembler enfin tousles elrmens qui pourront scrvir a la prosperite de Icur pays. Quel role joue le gouvernement, demandera-t-on, au milieu de eette tendance universelle vers les ameliorations? II I'encourage. Atteutif a la nouvelle direction desidees, n'yvoyantricnd'lioslile enverslui, convaincu au contraire que I'esprit d'industrie est non-seule- ment favorable a I'accroissement dubonlieiu'des peuplcs, mais cssentiellement ami de I'ordre et de la paix publifpie , le gou- vernement seconde de tout son pouvoir I'elan general, qui aura pour dernier resultatd'augmentersa force materielle. En 1827, on a Yu, pour la premiere fois a Madrfd, une exposition publi- que des produits de I'industrie nationale, essai dont (ui a eu lieu d'etre satisfait et qui a fait naitre des esperances pour I'avenir. Un Espagnol, eleve des Thenard et des Gay-Lussac, professe avec succes a Madrid la chimie appliquee aux arts, ot de nombreux auditeurs environuent tous les jours sa cliaire. De savans professeurs d'histoire natnrelle et de physique eu- seignent publiquemeut ces deux sciences, et leurs cours sout snivis avec ardeur par une jeunesse studieuse. ■ — II suffit qu'uiie pensee ait un but reel d'utilite publique pour qu'ellc soit favorablement accueillie par le gouvernement, qui va memo au devant des voeux patriotiqucs et s'efforce de les realiser. L'ecrit de M. Azaola est une preuve evidenle de ce fait. Ce savant engage, au nom de radministratiou, les capitalistes nationaux et etrangers a former des coiupagnies pour I'ex- ploitation des mines de fcr et de charbon de terre, leur olfre toutes les garantics desirables, leur fait sentir les avanlages qui doivent resnlfer de I'emploi de leurs capitaux, leur laisse «ntrevoir en per.-^pcalive les richesses et la puissance qui seront la suite uecessaire des travaux industricls cntrepris sur le sol vierge et fortune de la Peuin:5ule. L'Espague, il est vrai, ne possedc plus les mines d'or et d'aigcnt ilu Mexique et du Perou ; laai? que lui imporle la FSPAGNE. 17J pcrtc (111 Potosc et de l;i Vaifuoiana , si die la rupare par une cullure hifii eiitciKliie , par nno Industrie active et prodiic- Irice, vichessus doiit la possession est plus assiiroe et I'in- fliience sur les moeurs plus saine et plus grandc? On I'a dit ])lusieurs Ibis, et c'est une chose qui n'a pas besoin d'etre de nouveau demontree : TAinerique a cause la ruine de I'Espa- gne. Apres le premier mouvement occasione par la decoii- verte de cette source de richesses qui devait dcvorer tant d'honnnes, et taire negli}>er, pour des tresors eloignes, Ics biens de la terre niaternelle, la monarchie espagnole ne fit plus que decliner; et il ne lui restc aujourd'liui de cette immense comiuete que la gloire de I'avoir faite, et d'avoir enrichi la civilisation d'un domaine on ses racines sent deja si profondes. Les opinions qui domiiiaient cliez les Espaguols a Tcpoque de la decouverte de rAmerique , les notions inexactes qu'on avail sur recouomie politique, empecherent de juger cc grand evenement dans tons ses rapports, et d'en prevoir meme les consequences, iinmediales. Pendant la vie d'lsa- belle, on fit beaucoup de bien a I'Anierique en y introdui- saut toutes les plantes nourricieres de I'Espagne. En iSoQ (neuf ans apres la decouverte) , on y cultivait deja le ble et leriz; tons les oiseaux domesli([ues y avaient ete trauspor- tes, ainsi que la brebis, le pore et ia chevre ; I'ane, le clieval et le banifaidaicntrhommedans scstravaux; lacanne asucre y croissait; la vigne et I'olivier payaient la dime, comme la sole, le lin et le chanvre (1). Mais dans cet empressement de peupler et de civiliser rAmerique, il n'entrait aucune vue prolbndc, aucun plan d'econoniie {)olitiquc. C'etait siuiple- laent par des niolil's de religion et d'humanite que la rcine s'occupait du bonheur des Indiens : il s'agissait uniquement pour elle de gaguer par des bienl'aits le cceur et la volonte do ces peuplades, et de les engager a dcmander le bapteme ; c'etait la seule pensce qui remplissait son esprit. Les piiuces qui mouterent sur le trone apres la mort d'Isabelle ne don- nerent pas une meilleurc direction a leur politique; ils no surenl point metire a profit les avantages que leur offrait la possession du nouveau monde , favoriser la production et inuUiplier les rapports entre les deux pays. Cette ignorance de la science econouiique n'etait point , je le sais, le parlagc exclu.-il'de I'Espagne dans le tems dont nous parlons; car tous les gouvernemens de I'Europe , sans en excepter meme celui de laGrande-Bretagne, se sont conduits tres-long-temsd'aprcs (1) Ehgio do Isabel la calhcliai, par .V. Clcnuucin. 1^4 LIVRES ih'R ANGERS. dcs principcs fort errones dans leiir administration colonialc. 11 est terns pour TEspagni; dc rcveiiir a dcs idecs plus saines, et do teuter des enlreprises plus prorital)les. Elle a perdu ses ricliesscs lointaines; 11 I'aut qii'cllo chcrclie dans son scin incme les sources dc sa prosperite future. Les An- glais out calcule, et repetent avec complaisance, que leiu's mines de cliarbon de terre de Stafl'oi'dshife et de Newcastle out prodiiit plus d'or que I'Espagne n'en a jamais tire de ses mines d'Amerique. Mais I'Anglcterrc n'est pas la seule qui possede des ticsors de ce genre ; lEspagne en renfcrme peul- etre de plus grands encore. Les premiers essais fails danscetle branche d'iniiustrie ont ete fort salisfaisans; il ne faut plus que savoir marcher dans la route qui vient d'etre ouyerte. La compngnie da Guadalquivir ayant clierche a s'assurer que les mines de charhon de terre des Asturies pourraient lui fournir 4oo,ooo quintaux par an, dont elle compte avoir be- soin pour ses ex[)loitations, Fintendaut de la principaute lui a re[)ondu que non-seulement on lui fournirait la quantite qu'clle demande a raison de 3 rcaux et demi (85 centimes) par quintal, rendu a bord des batimens , mais que I'aljondance de ce combustible et la facilite de I'extraire sonl si grandcs, que les Asturies pourraient fournir a la consommation de I'Eu- rope entiere pendant un norabre illimite d'annees. Le sol , ajoute I'iulendant, n'est, pour ainsi dire, qu'une masse de terrain bouiller. Jusqu'ici les gen.s pauvres se sont contentes de gratter a la surface du sol : quel sera done le produit de ces mines quand des compagnies, qui puui'ront disposer de capi- taux considerables, les exploiteront par des procedes sayans? Le gouvernement a fait communiquer a tons les intendans de province le rappoit de celui des Asturies, dans le but d'encou- rager I'induslrie , sftre de ne point manquer u I'avenir d'un de ses plus precieux auxiliaires. On concoit quelles esperances I'exploitation prochaine de ces mines a dii faire naitre chcz les Espagnols edaires et pas- sionnes pour le l)onheur de leur pays. L'ecrit de M. Azaola est consacre a montrer a ses compatriotes les immcnses avan- tages qu'ils pcuvent en lirer. Done d'une imagination vivc ct animee, d'un patiiolisme ardent, I'auteur serejouit de I'espoir qu'un jour le sol fertile des deux Castilles sera traverse par des cbemins en fer, qui porleront jusqu'aux jiorts de I'Ocean et de la Mediterranee les riclies productions de ces contrees favo- risces du ciel. 11 se plait a prevoir qu'a une epoquc moins eloignee peni-r-lre qu'on ne pcnsc , les colonnes de fumee de I'ardent foyer des machines a vapeur annonccront aux habi- ESPAGNE.— PAYS-BAS. i^f) tans surpris dc la Manche une ere nouvelle de prosperite; il niontic comhion son cspoir est fondc, et le jiistifie en I'ap- pujant siir de nombreiises prcuves puisees dans les llieories scienlifiqucs ct dans I'histoire de rindustrie des nations mo- dernes, I'AngleteiTe, la France et la Hollande, histoire dans laqnelle il est tres verse. Les bornes de cet article ne nous per- nieltent pas d'entrer dans les details dont cet ecrit abonde ; ce que nous poiivons i'aire de mieiix, c'est dc renvoyer le lecteur a rouvrage lui-nieme. Nous nous associons de bien grand coenr aux vceux et aux esperances de M. Azaola. Puisse I'Es- pagne reparer, sous un gouvernement sage ct edaire, les niaux que lui ont apporle unc odieuse intolerance religiense, tuie administration ombrageuse et arbitraire , et des idees lout-a-i'ait fausses en economic politique! A. 31ieiel. PAYS-BAS. 2G. • — * Recfierc/ies statistiqacs sur le royaiime des Pays-Bos , par A. QuETELET. Bruxelles, 1829; M. Hayez, imprimeur de I'Acadeniie royale. In-4" dc 65 pages et 9 tableaux. M. Quetelet a lu ce memoire, le 6 dccembre 1828, a I'A- cademie de Bruxelles dont il est meml>re, et S. M. le roi des Pays-Bas a pcrmis qu'il I'ut public. L'auteur avait pensc que cette permission lui etait neccssaire, parce qu'il a pris dans les depots publics les principaux documens, les donnees de ses calculs. « Je crois, dit-il, devoir faire mention de cette circonstance, qui n'est pas etrangere a la confiancc que pent meriter mon travail. » Une courte Introduction fait connaitre I'originc, le but, les ressources et I'emploi de la statistique, le dcgre de probabi- lite qu'elle pent atteindre, les incertitudes dont elie ne sera jamais delivree compietemcnt , les objections que lui oppo- .^cnt I'ignorance et le faux savoir. Voici comment l'auteur termine cette rapide exposition. « D'apres la haute idee que j'ai chercbe k faire concevoir dc la statistique comparee, 11 paraitrait sans doute temerairc de me presenter dans une car- riere epiiieuse 011 quclqnes hommes distingnes ont sculs osu se montrer jusqu'a present; aussi n'ai-je point cette preten- tion. Citnmic Beige, j'ai par inclination porte, de preference, mon allcntion sur la Belgiquc; je me suis borne a reunir ([uel((ues nouveaux documens sur ce pays, dont j'ai cberche il comparer I'elat a cclui des peuples voisins qui se sont eieves si haut par lem' Industrie et par leurs lumitres. Je crois de- voir garantir, du restc, que je n'ai en en vue que la verite, seul but dc mes etudes ct dc nic? travaux. Jc n'ccris sous i^n UVRES l'.TnA>'GERS. rinflnenrc fraiicun syslonip, (riiiicnn pjirti; jc no puis ccpon-' (!nnt, on cbercliant a mc iiK'tlrc a I'aljii des orrciirs ct dos pn''jiig('S. garantir dV.oir renssi a m'y soustiaircciitiereniont, siutoiit dans iin siijet aussi diiricile. » IM. Qiutelct compare Ic royaume des ?ays-Bas anx princi- paiix I'llals de I'Eiirope, parliculieremcilt a la France ct aPAn- glelcrre; quelqncfois il etend ses comparaisons Jiors dc I'Eu- lope, dans lout I'univers. Quehines-uns des rcsnitats aux- quels il parvient sont d'aiitant plus remar(|ual)les que c'cst peut-ctie la premiere I'ois qu'ils so presentent aiix n)edita- tions des amis des sciences et de I'humanite, avec un impo- sant appareil de preuves. et la gravite des consequences qu'ils laissent enfrevoir. Citons qnelques exemples; car avec M. Quetclet on n'a rien de mieux a faire que de citer. Apres une table oi'i les naissances, les deces et les mariages sont compares a la population dans les Pays-Bas, la France ct I'Angleterre, I'auteur ajoute : « On voit que les mariages sont plus nomhreux dans notre pays que chez nos voisins, et ils sont en mcmc terns plus productifs : mais les deces , qui sont a pen pres en mcmc nomhre qu'en France, surpasseut de beauconp ceux de la Grandc-Bretagne;.... ainsi-, la Gran- de-Brelagne produit moinsque notre pays, mais les fruits y sont plus durables : elle donne le jour a moins dc citoyens, mais elie les conserve mieux. C'est par la que ce pa3's prend de si grands accroisseniens de popidation , et ces accroisse- mens sont entit rement a son ayantagc; car, si la fecondile y est moindre, les hommes utiles y sont nombreux, et les ge- nerations ne s'y renouyelleni pas aussi souvent, au delriment de la nation. L'honniie, pendant ses premieres aunecs, vit aux depens de la socicte : ilcontracte ime dette qu'ii doit ac- quilter un jour; et , s'il succoinbe avant d'avoir renssi a Ic faire, son existence a ete pour ses concitoycns plutot une charge qu'un bien. Veut-on savoir ce qu'il en coutc, prenons le prix le plus bas : jc trnuve que, depuis la naissancc jus- qu'a I'age de douze a seize ans, tons les frais d'entretien il'un enfant, dans les hospices dii royaume, s'clevaient. en 1821, a une valeur moyenne de 5'-rit pliilosophique. La preface tlont il est precede est pleiiie iers mots; scion lui la science est arrivee a son elat positif, les explications iheologiques et metaphy- ques se sont cvanouies; I'observation des faits doit seule Jious occuper. C'est a elle qu'il faut demander la revelation des lois qui s'etendent et commandent a toute la nature; la determination des points de contact qui lient la matiere biute a la matiere vivante ; I'explication des phcnomenes qui nous frappent par lenr extreme dissemblance, ct qui ne sont pourtant que des modes d'action, que des manifestations divcrses, dependantes des nombrenscs proprietes des corp*. liludions tonics leurs v;uictes ile forme?, de rappnris, ilt i8«> LIVRES FRAiNCAlS. nntiirc, ct nous arriveroiis a la coniiaissance dc Iciirs ados, a ce que M. do Blaiaville appellc lour clal dyiiamiquc, par opposilion a Tclat statique. Daus nil cours prt'ccdont * Ic profcsscur s'etait orrupc dc oe dt'inicr tial, duul il avail diviso I'ctude en deux brandies : 1° la zootaj'ie o\\ zooclassie, qui,envisageant la forme generalc des animaux ou des assemblages d'orgaucs qui h;* eonsti- tuenl> s'occupe de les reconnaitie d'apres cc qu'on nomme les earacfire.-i, de les nommcr et surtoul de les clusser ; 2" la zootoniie, ou disserlion des animaux, compienaul ranatoniic speoiale et rauatoniie compnrec. L'etat dynaniique est I'objet des qnalie aulres branches dc la science des animaux, qui (loivent occuper eclle aunec le proressein-. Ce soat : 5" la zoo- biologieon zoobie, qui embrasse I'llude desdiverses actions in- terieures des organismes, par suite do rinduencc cxercee sur eux par lemonde extcrieur, tant les actes de cliaque organe, considercs isolement, ([ue la liaison des actes de tons les or- ganes, et leur reaction nuituelle, ce qui constitue la vie des animaux; 4° l^o- zooctliic/iie, qui etudie les actes exterieurs on cvidens que ces animaux, ces assemblages d'organes reagis- sant les nns sur les autres, et qui sont pour nous en etat de monvement vital, exercent sur le reste de runivers : I'liis- toire de ces actes nous I'ait connaitre les moeurs, les habitu- des, les usages i]ei^ etres aninies : c'est I'histoire natin-elle pro- prement dite ; 5° la zooiatrotogie ou niieux zooinlrie, ou la medecine dans son acception la plus genera le ; (i° enfin , la zoonomique , qui a pour objet I'art de gouverner, de diriger les animaux, selon leur nature el selon les circonstances par- (icidieres ou ils sont appcles a vivre, qui s'occupe de leur edu- cation, el cberche a les perfectioimer sous tons les rapports. Nous pourrions prolonger ces exlraits et I'aire apprecier I'imporlance de renseignement eutrepris par M. de Blaiuville, en resuniantles trois lecons qui sont deja publiees, mais nous prelerons atlendre la fin de cetle publication : alors, nous cs- saierons de la I'aire connaitre dans son ensemble. C. S. 32. • — * Ironograpliie du regnc animal, ou representation d'apres nature de I'une des especes les plus remar([uables de chaqne genre d'animaux; par M. Giierin. i" livraison. Paris, i8'2(); I'auleur, rue des Fosses-Sainl-Yictor, a" i4. L'ouvrage aura 25 livraisons, composees cliacunc de lo planches gra- vees; prix de la livraison, 6 I'r. Dans toTites les sciences d'observalion , suitoiit dans celles qui sont ibndees sur la conuaissance exacle el precise des loriiics, il est une I'oule dc details (pie le pincean exprinie SCIENCi:S PIIVSIQUES. 18 1 avec la plus grandc ncttete, parcc qu'il parle aux yeux, et f|ue la plume la pJus exercee est souvent impuissante a rcn- (ire, paice qu'elle ne pailc qu'a I'esprit. Celte veiite a ete recouiiue ile tout terns, et de tout terns aussi !es ails du des- sin onl ete appcles a pieler leur utile secours aux sciences naturelies. II n'est presque aueun ouvrage important de zoo- logic, de l)otaiiique 011 d'anatomie qui n'ait ete accompagne d'un noinbre plus ou nioins grand de planches , et deja nieme plusieurs alias , coiilenant les figures des principaux genres de diverses classes du regne animal, ont ete publics a\ec succes. L'ouvrage que nous annoncons,et qui est desline a servir de complement a tons les traites de zoologie, et speeialenient au Ri'i^ne animal de 31. Cuvier, diflere a plusieurs egards de ccux qui I'ont precede. L'auteur, a la fois naturaliste et dessinateur Labile, a senti que, pour cxprimer tons les caracteres d'un animal, il ne suffit pas toujours d'un dessin qui ne donne que ses formes exterieures; et il a joint a la figure principale, toutes les fois qu'il I'a cru necessaire, la representation parliculiere des details les plus importans, exprimes avec la plus grande nellete, et souvent considerableuient grossis. Les planches qui contiennent les animaux infericurs sent surlout remarquables .sous ce rapport : on y voit un grand nonibre de details que l'auteur a etudies et dessines sous la loupe , et dont plusieurs soni enticrement nouvcaux pour la science. L'atlas zdologique de M. Guerin elant specialement destine a accompagner le Rcgne an'mutl de M. Cuvier, l'auteur a con- stamment suivi I'ordre adopte dans la seconde edition de cet ouvrage. Tons les genres et les principales subdivisions sont figures en entier; mais toutes les fois qu'un sous-genre dif- fere seulement d'un autre par une diiference legere dans le nombre des doigts , des dents, des tenlacules, des articles des tarses ou des antennes , ou par quelque modification de forme ou de longueur, l'auteur ne figure en entier que I'un d'eux, et il se borne pour I'autre a representer les or- ganes dans lesquels existent les differences caractcristiques. C'est de cette maniere qu'il lui sera possible de representer lous les genres, et de consacrcr souvent plusieurs figures an meme animal, sans donner a sen ouvrage une trop grande extension. La picuiiere livraison , qui a ?eu!e paru , comprend les pre- miers genres de chacune des grandes divisions du Regne nni- nuil; elle rcnl'erme deux planches de singes comprenani presque lous les genres de I'ancien monde, une planche d'oiseaux de proie, une de reptiles et une de mollusqucs, coiuprenant Tune iSa LiviiEs franc; Ars. toiites Ie» tortues, I'autre tous les cephalopodcs, enfin ciii<| planches d'ai'ticules : plusieiirs cle ccs deniicris, quelques cv- phalopodes et I'une des tortues soiit des especes iiouvcUes. Ces plaiu'hes sont en general bien dessiiiees et gravecs. Deux figures de la premiere planche des singes nous paraissent cependant laisser quelque chose i desirer, non pas sous Ic rapport de I'exactitude, mais par un peu de raidcur : on s'apcrroit que I'auteur n'a eu a sa disposition, pour servir do niodeles, que des indivldus empailles. Les planches des ani- maux articules, siirtout celles des arachnides et des crustaces, »unt, a)i contraire, d'nne execution parfaite. Le talent distingue de I'auteur, comme naturalisteetcomm^ dessinateur, n'est pas la seule garantie qui soit offei-te au pu- blic. Aucune des planches n'est publice qu'aprcs avoir etc approuvee par M. Cuxier, ou par i>l. Latrcille, auleur de la partie entoinologique du Ri-^ne uniinal. Cel ouvrage doit done etre distingue honorablement de toutcs les entreprises ana- logues : lei qu'il est concn, et tel qu'il est execute, nous le considerons comme devant etre d'une grande utilitc pour loutes les personnes qui etudient I'liistoire naliirelle des ani- maux, ou qui cultivent cctte science, principalcmeut pour celles qui se trouvent placees loin des grandes collections, et pour les prol'esseurs qui doivent faire connaitre a leurs elcves des genres qu'ils ne possedent pas. Etudier I'histoire naturelle dans les livres, sans la vue des objets, ou sans le secours de bonnes planches qui puissent en partie les remplacer, c'csl se livrer i une etude inutile et aride ; c'esl cherchcr a connaitre les mots, et se resoudre a ignorer les faits. I. Geoffroy-St.-Hilaike. 33. — Risume d'icht/iyologie, ou d'histoire naturelle des poissons, etc. etc; par Ajasson de Grandsagne. Paris, i82(); au bureau deVEncyclopcdie portalire , rue du Jardinet, n" S. In-i(i de 3o4 pag«s, accompagiie d'une iconographie de 4S planches in- 16; prix, 7 fr. Ce petit volume, elegammcnt imprimo ct accompagne dc lithographies executecs avec soin , rent'erme un abrege histo- rique de la science, puis des considerations gcnerales analo- miques et physiologiques sur la classe dont il trace I'histoire ; enlin un grand tableau des ordrcs, des tribus , des families et des genres de poissons compose le corps de I'ouvrage. L'au- teur a suivi la melhode de M.Cuvier, otcite ses genres, qu'il de- crit avec soin et qu'il fait suivre du noln et des figures des pi iu- cipales especcrf connues. A la page 25;), ila joint vuiappciwiice 9ur Ic8 poissons fossilej. Le volume est termiiu' par uiic I)io- SCIE.NCES PHYSIQUES. i85 graphic des ichlhyologistes les plus celcbres, et cnfin par itiic bibliographic raisonnee des ouvrages principaiix qui Uai- tcnl des poissoiis. Les planches copiees dans les ouvrages Ics plus recens sont dessinees par M. Raymond. Less.. 34. — * Awdomic de I'homme ou Description et figures litho- graphiees de toutes les parties du corps hiimain, par Jules Cloquet; publiee par C de Lasteyrie, editeur. 41"? 42"? 43° livraisons. Paris, 1828; I'editenr, rue de Grenelle-Saint-Ger- main, n" Sg. 5 cahiers in-folio ; prix de la livraison, 9 fr. (Voy. Rev. Enc, t. xl, p. 44'*^') Ce bel ouvrage approche de son terme : les livraisons nouvelles qiie nous annonrons aujourd'hui sont executees avcc le meme soin que les precedenles; et les souscrip- teurs peuvent etre assures d'avoir une collection anatomique achevee dans toutes ses parties et presentant un ensemble complet. Z. 35. — * De I'Anatomie pathologi{/(ie considcrce dans ses vrais rapports arec la science des maladies; par F. Ribes, D"' M. T. I. Paris, 1828 ; Bailliere. In-8° de XLII et 4^2 pages ; prix,gfr. M. F. Ribes, un des agreges de la Faculte de medecine de Montpellier, inibu des theories mttaphysiqucs qui ont toujours tenu tant de place dans I'enseignenient de cette ecole cclebre, les oppose, dans cet ouvrage, a ce qu'il nouime le materia- lisme de la doctrine physiologique, qu'il accuse de confuadre, comme synonymes, la vie et I'organisation, les fonctions et les organes. II feprochc, par suite, a la nouvelle ecole d'accordcr it I'anatomie pathologique , ou a I'ctude des alterations mate- riellcs de nos parties , une importance exageree, de voir toute la malauic dans ccs lesion", tandis qu'elles n'en sont le plus souvent qi*.*; le prtKlu't, et f[u'elles sont loin de reudre t-aison, soit du trouble qui a agite I'economie, suit de la moit qui en a ete le termc. A Montpellier, oOi le vitalisme est en honneur, I'attention se portc sm-tout sur les forces, les principes d'actions, les causes actives qui, dominant la matiere, superieuresa I'organisation, .produisent et entrclicunenl la vie, et aussi derangeut son equi- librc et alterent la sanle ; ces etres on ces abstractions (car on ne sait ni comment les delinir, ni ou les ranger dans le sys- teme des connaissanccs positives) y occupent beaucuup les pathologistes , tandis que I'tcole de Paris les neglige par im- puissance de les saisir. Pareillement si, sur les bords de la »Seine, on regarde la localisation des maladies comme un prin- cipe fondamental, on insiste a Montpellier sur I'idee d'cusem- ble, de totalilc, sur la niodifuation vitale qui suppose ruail« 1 84 • LIVRES FRANC AIS. physiolog-ic(iic; et a la maladie, definie I'alteration d'lin orgnn(> particiilier, on oppo'^c Va/fectio7i, etat general ((ui niotliHe I'iii- tliviilii tout cnticrct la precede presque ton] ours. 11 nous serai t facile dc poursuivrc re parallelc, nous dirons sculement (pic la divcrf!,encc do ecs opinions se retrouYC jusque dans lours cousequenees les plus eloignees et dans lours applications les plus ordinaires. Dans ec premier volume, rautcur, sc conslituant Ic cham- pion du vitalisme, s'est attache a montrcr I'insuflisancc dc CO qu'il appcllo la doctrine de I'organisaiion, i.\ f'aire voir com- bien la pathologie qui ne repose que sur ellc est incomplete et presente de lactmcs , combien sont de peu de valcur nombro d'cxplications dont elle se conlente. Nous reconnaissons qu'il s'est acquitte jusqu'iciavec habilcte de la tache qu'il s'est don- nee; mais, comme il se borne a attaquer, a argunienter sur des questions abstru.-es , et laissecs de cote par Ijoaucoup de bons csprits qui esliment que c'est terns perdu que les debattre ; comme il est toujours plus facile d'indiquer les points faibles d'une theorie quclconque que d'cn presenter soi-mCme luie qui soil a I'abri de pareils reproches, on fera bien, avant de porter un jugement sur cette production, d'attendre que !e second volume ait paru : I'auteur doit y trailer de la nature des maladies, nous verrons si, sur cc sujet, obscur s'il en fut jamais, M. llibes est plus heureux quo ceux qui avant lui s'en sont occupes. Rigollot fds. 56. — F adf-mccnm da jeune mMecin , contenant un abrrge de yyirdccine pratique, dans lequcl les malaiiies se trouveut rau- gecs par ordre alphabeliquc ; un precis de pliarmacologie, indi- quaut les medicamens simples et composes, les formules oiU- <:inales et magistrales les plus usitees, et une liste alphabetique des proprietcs mrdicinales des medicamens', par M. BorRCF.oisE, i>. M. p. Troisiemc edition. Paris, i82(); Meqnignon-.Marvis. Ia-i8 de 6oG pages; prix, G fr. 57. — Nonveau manu.el complct de chimie gencrale appUqaee a la 7nidecine, par J. \\. F. Ajasson de Grandsagne, et J. M. L. ForcHE. Paris, 1829; Compere jcune. In-18 de jSo pages, avoc 2 planches; prix, G Ir. 58. — Noiireait manacl complet de physique et dc nu'teorolo- gie, par J. B. F. Aiasson de Grandsagne, et J. M. L. Focciie. Paris, 1829; Compere jeune. In-18 de 5Go pages, avecG pi. ropresenlant j>Uis de 5oo figures ; prix, G fr. Nous reiinissous I'annonce de ces trois manuels, parco qu'ils soul empreiiUs, comme tons les oiivages de cc genre, do la meme physionomie, ct qu'ils sc recommandcut a la SCIENCES PHYSIQUES- iS,") mfme classc d'achcteurs. IJlilcs A cclui qui vent cnvisagcr d'mi coup d'-oeil rapide tuus les poiuls Ics jdus saillans do la science qu'il possedc, ou rcinplacer des traites plus etcndiis, que dcs circonstances locales lui refusent , ils sont toiit-a- fait insullisans a ccux qui commencent a se livrer a I'etude lougue et dilTicile de sciences aussi importantes et qui croi- raient devoir se borner a un apcrcu aussi leger. On trouve dans ces uianucls beaucoup d'ordre, beaucoup de clarte, et le Vade-mecum nous a paru se recommander parliculiere- ment i I'attention sous ce rapport. 7){). ■ — JSouveaii traitcment des liemorrhagies atcrines qui sui- vent raccoLu/icment , par la compression de raoite ventrale ; Mcmoire lu a V Academie des Sciences, par P. T. Trehan. Paris, 1829; Compere jeune. In-S" de 3o pages; prix, 1 i'r. 25. c. L'auteur etablit que les moyens employes par I'art pour arreter les melrorrhagies'causees par I'inerlie de I'uterus a la suite de raccoiichement , ou par la dechirure du placenta, sont Ions insullisans, quelques-uns meme plus redoutab'es que I'accident contre lequel on les cmploie, et enfin tres- souvent incapables de suspendre I'lieniurrhagie et de sauver la malade. II propose un trailemcnt .-impie et lacile consislant a exercer sur I'aorte, au-dessous de I'ombilic, une compres- sion assez forte pour suspendre le cours du sang pendant sept ou huit minutes. Pendant cet intervallt, I'uterus revient de lui-memc, se contracte, et I'hemorrhagie est arretee. L'au- teur dece Memoire cite, a I'appui de son opinion, trois obser- valions qui lui sont propres et deux qui lui ont eie commu- niquces par M'"" Vion. iio. ■ — De I' accouchement , lorsqiie le bras de I' enfant se prcsente el sort le premier : Dissertation oi'i Ton discute les rai- sons pour ou contre la mutilation de ce meiidjre, et ou Ton prouve qu'elie n'est jamais necessaire, mais toujours con- trail e aux print'ipesde I'art ; par J. Capubon, professeur d'ac- couclicnieiis, agiege a la Facidlc de medecine de Paris, etc., etc. Paris, 1821); Ferra jeune. In-8" de 90 pages; prix, 2 tr. Quelques I'aits recens de mutilation, jugee necessaire dans des cas ou I'eniant se presentait par le bras, ont i'ourni a M. Capuron I'occasion de rappeler les principes de i'art qu'il pro.i'es-e et met en pratique, avec un egal succes, depuis un grand nond)rc d annees, et de repousser conime temeraires et barbares d'ancicms procedes rccommandes par Ambroisc Pare, Heisier, ManriceaUy qu'il s'elonne de voir reparailre de DOS jouis, malgre Ic juste onbli qui semblait les avoir tVappes. M. Capuron etablit que les tractions sur !c bras, sonrel'oule- iSG LlVr.ES KUANgAlS. lueiit, rainpiitaliou, la torsion et la scariflcation dc cc iiiom- bre lie sonl jamais necessaires, et que I'ignorance de loiitcs les regies a pu seule faire recourir a dc tcis moyens. Pour appii yer ses opinions, I'auteur a successivement examine les causes, les signes, le diagnoslif, le pronostic, la prophylaxie et la pra- ti([ue, tels que la science les piesentait autrefois, tels qn'elle les presente de nos jours; et il a otahli que raccouchenient i-tait toujours possible sans la mutilation de Tenlant, et avec irioins de danger pour la mere. C. S. 4i. — Pitannacopec vclerinaire, ouNouvelle Pharmacie hip- piatrique contenant uiie classification des medicamens, les nioyeus de les preparer, et I'indication dc leur emploi ; pre- redce AUine Esqaissc nosologiqae et d'un Traite dcs substances propres d la nourriliiredu clieoal , et decelles qui lui sont nui- sil)lcs;par IM. Bracy-Clvrcs. Paris, 1829; Raynal. In-iade 100 pages, avec 2 planches; prix, 3 tr. La brievete du volume et I'etondue des snjets rappcies dans ce titre discnt assez que W. yracy-Clarck n'a entendu oft'rir an public qu'un resume assez sw^cinct; son ti'avail se recom- niande par un grand eloignement do toute espece de char- latanisme. II pense, avec raison, ((^le ia medecine des animaux doit etre simple parce que i'unirorri!.edc leur existence nc pre- sente guere de maladies compliquees : il indique les reme- des par leur composition et par l-ru-s eflels sur I'economie animale. Cetle Phaniiacopee est i.n uuvrage utile parce que plusieurs prejuges funestes y ?ont combaltus, et que les in- dications qu'elle contient sullisent aux cas qui sc presentent le plus freqnemment dans les maladies des chevaux. J. J. B. 42. — De rEmplol du cldoriire de cltaurr pour purifier Tair des ateliers de rers a sole; par M. Matkieu Bonafous, direc- teur du jardin royal d'agriculture de Turin, etc. : JMemoire public par la Socirte royule et ccntrale d''agricalture. Paris, 1829; M"'" Iluzard. In-8" de 11 pages; prix, ^S c. Les travauxde M. Bonafous sur I'education des vers a sole, leur nourritine, leurs maladies, etc., formcnt aujourd'hui uu traite que Ton pourrait mettre sous la forme ordinaire, mais qu'ilvaiit peut-etre encore mieuxlaisser lei qn'il est, diviseen Jlemoircs detaches, offrantla solution d'une suite de questions particulieres. et retracant I'histoire des progres les plus recens de cette partie de reconomie rurale. Les experiences de iVI. Bonafous out prouve que le doga- gcment lent, mais continuel, du chlorc provenant du chlo- rine de cliaiix, doit elre prefcrc, duns les alelicis, a racliou SCIENCKS PUVSIQURS. 187 plus rapide ct parlbis trop eneigiquo de rapparcil desiiifec- teurde Guytou-Alorveau. 11 indique ia maniere d'einploycr cc nouvel agent ; et certes, son introduction dans tons les lieux oil Ton s'adonne a redncation des vers a soie n'enlrainera pas de fortes depenses : il i'aut une once de chlorure pour le nomhre de vers provenant d'une once de graines. IM. Fara- day avait deja fait a Londres, plus en grand, et pour un ob- jet d'une autre nature, I'epreuve des eilets du chlorure et de la desinfection continue qu'il pent opcrer; c'etait dans la maison de detention de Millbank que le physicien anglais re- cueillait ce precieux resnllat , dont M. Honafous ne manque point de profiler pour donner plus d'autorite a ses conseil&, et pour inspirer plus de confiance dans le procede qu'il re- commande. II termine ainsi son interessant Menioire : « Kn recomniandant ce nouveau mode de desinfection, je ne sau- rais trop invitcr aussi les cultivateurs a ne pas negliger de faire penetrer dans les aSeliers un courant d'air qui chasse ce- lui qu'ils conliennent, et de faire frequemraent des i'eux, do flamme, de maniere a !ui piocurer une expansion qui le de - termine k cedcr sa place a I'air exterieur: tant il est vrai qu'une ventilation bien dirigee me semble encore preferable aux moyens que la chimie, dms I'etat actuel de nos connais- sances, peut offrir aux educateurs de vers a soie. » F. 45. — * Essai siir unsysieme general de navigation intcrieure- en France, par B. Buisson, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussees, suivi d'un Essai sur I'art de projeter les canaiix a. point de part age, par Dipcis de Torcy et B. Biusson, ingenieurs des ponts et chaussees, anciens eleves de I'Ecole polytechni- que. Paris, 1829; Carillian-Goeury, quai des Augustins, n' f\\. ln-4° de XXVIII et 170 pages, avcc une carte de France coloriee ; prix, i4 fr. Nous avons donne ( Voy. Rev. Enc, t. XL, page 808) line notice necrologique sur IM. Brisson, enleve par une mort preniaturee a I'art {|u'il cuUivait avec tant de succes ; nous annonconsici le dernier onvragedece savant ingenieur public, sous les auspices de Rl. le directeur-general des ponts cl chaussees, par les soins de M. Dvlf.av , ingenieur, etprofcs- seur a I'licole des ponts et chaussees. M. Brisson commence par faire sentir la necessite de crecr en France des communications navigables pour suppleer a I'in- suffisance de nos routes, qui sont de plusenplus fatiguees par le roulage, et dont lesfrais d'cntrelien augnientent sans cesso parsuitc del'epuisemcnt progrcssif des carriercs situees dans leur volsinage ; il fait observer eusuitc que la premiere couccp- 1 88 LIVAEiJ FRANCES. lion d'lin systtinc do caiuiux, tlostiiics i'l lucililcr ics Irnnsporls dans rintoriciir d'uii pays, rentrc enlicn;ineiit dans k-s allri- Ijiilioiis d'lin iiigc'riievir, atlcndii que le trace et la dispo-^ilion d'un canal di pendent avant tout des formes ct de la uatine dii lenain sur leqml il doitelre clabli. Apics s'etie, pour ainsi dire, justifie dans ce pre.ambule d'ohorder iiiie (jneslioii aussi vasic que cclle de la canalisation {jcneralc de la France, et qui scmblc au premier aspect etrc du ressort de radminislrateur, M. BrJsson annonce que son ouvrage n'est qu'une application des principes developpes dans le Mnnolre sur I' art de projclcr Ics atnanx a point dc par- lance qu'il redigea en 1802 avec son ami Dupuis de Torcv, et tiont on a eu I'licureuse idee de publier vine .^^econde edition, a la suite de Touvrage qui fait le sujet de eel article. L'autcur divise les canaux donl il indique les traces, et dont il evaluc les frais de construction en trois classes; ■ — II range dans la premiere ceux qui se dirigent de Paris sur les points de commerce les plus imporlans de uos fronticres, et ccux qui , traversant la France dans une grande etendue, interessent un nombre considerable de dcpartemens. — Dans la deuxieme classe, il place les canaux destines specialement au debouche des productions d'une province ou d'unc coistree , et a lier cusenil)le un petit nond)re de dcpartemens; enfin la troisit'me classe se compose des canaux de plus petite dimension, devaiit satisfaire seulement aux besoins d'une loralite pen etendiie ou d'une enireprise parliculiere. Dans les p;ijs de montagnes, oil il est diflicile d'cfablir des canaux, et dans le Midi de la France, oii I'cau est d'un tres-grand j)ri\ acausedesarrosemens qui la redament . I'auteur propose de remplacer les canaux par des cbemins dc fer, tcl que cebii qui est execute en partie entn; la Loire ct le r.lione par Saint-litienne. La loiigueurdes canaux projctcs par AI. l»risson est dc 2600 lieucs; la dcpense, pour les executer, evaliu'^e d'apres les frais reellcmeiit fails pour les canaux de Midi , du Cbarolais et de Saint-Qucnlin , monlerail a 1284 millions de francs, ce qui ])orte, lerme moyen, la licue de canal a 5no,o(H) francs en- \iron. L'autcur pense que la plupart dc ces lignes navigables lie pourraienl devenir Tobjct de speculations particulieres qu'au moyen d'une contribution payee par le gouvernemenl; il determine le meilleur mode a suivre pour le paicment de ccttc conlribntion et donnequelques apercus sur sonetendue. L'Angleterre posscde 10,000 lieucs de routes, une grande (pianlile dc rivieres navigables, 12 a 1500 lieucs de canaux intcrieurs, et pins de joo lieucs dc cbemins dc fer ; la France, i SCIENCRS PIIYSIQUKS. i8;> snr une ('U'luiiic (!<• leiiiioiir deux luis ct ilcmic aiissi conjiith''- ral)l('. III' conipK! (\y\c i;'>,oo() liein^s ilc loiiles, Soo lieiars dc raiiiiiix, tloiit plus (lenioilii; noa encore tcnniii(''cs,et 5S liencs dc clieiiiins de I'er, dont la licues soiilcnient adievees ol 2(5 en cxenilion. Si I'nn ajoutc a cela la laeiiilu pour les trans- ports que procvne a la Graiide-Brcla{;ne la mcr qui liaigne ses cotes, on sentira coniliien nous avons encore a faire en France pour clalslir entre nos departeuicns, si lirlies en pro- (luils dc toute cspece , dcs nioyeus de couununications suf- fisans. M. Brisson Fait connaitr(! I'clendue dcs travaux qui nous reslent a cntreprcndre ; 11 apparlenait a sa !oni!;ue ex- perience ct a sa ])arl"aite connaissaucc de lous Ics ouvraj^cs tie constriutioiis cxeciiU'-s jus([u'a cc jour de trailer luie ques- tion de cclle iuiportaiice, et dc poser les bases d'lnic operation que peu d'honimcs pouvaient apprccicr cominc lui, ct qui no s'exccutera proi)al)lcment , si jamais ellc s'aclieve, ([ue dans I'espace de plusieurs sieclcs. «Cct ouvrage, a dit I\l. Charles Dupin dans son rapport a rinstilut sur Ic travail de M. Brisson, est an vaste rcpcrtoii- que les adniinistratcurs, les inj^cnicurs ct les capilalislcs jioiu- ront consulter avcc fruit, vt devroiit cousullcr souvcnt : c'csl un travail qui mcrile tuule rallcntion du gouvcrncmcnt. » ^d. J. 44- — * Dictioniiairc dc l'ann<^e dc icirc, on Rccltcrcltes his- toriqiics sur les usai^cs ct I'nrt viililaire dcs anciens et dcs mo- dcrncs ;ip^v le general Bardix. (Ouvrage encore iwdit, niais dont nn exlrait assc/. etendu est iuicrc dans le Journal dcs scicticas 7nilit aires) ( i ) . C'e.st une sorte d'aualyse de Pouvragc, ct nou quelqtics fragmcns qui en out etc dcUichcs; il est done possible d'y prendre aii moins une notion assez juste du but ct du plan de Tautcur et d(;s rcclicr< hes auvquclles il s'cst livrc poiu- cC)or- donncr les sujcls divcis qu'il avail a tiaiter, ct ne lien onicl- trc de ce qui incrite d'etre conuu, tout en sc boruanl an sa- voir d'uue utililc rcclle. Puisque le p(dj|ic est iiiforuic de la procliaiuc pul)!i(atiou dc cc diclioiuiaire, on pent exainiiici', lies aujonrd'iiui , si lauteur a satisl'ail aux condilions d un bon travail, en adiuctlant (pi'ils'est confornic scrupulcuscnicut a tout ce qu'il annouce dans sou Discours prcliniinairc. II pn>niet un tableau general de la chose militaire, niu; rcvuc dcs vuliccs dc I'Europe ct un resume de Iciir Idstoire : il vent rclra- (i) !\2' liviniM)!! {mars i8;ic)). On s'ahoiuic a cc jdiiinnl clic^ J. Cui- r*aiO jeuno, ruu de Uirhelicii, n" 2). njo LIVULS FllANCAIS. xvr cc qm; la science des armes a ete , indiqiier co ,oo() comuiuncs-niaiiies, el plus dc 5,5()o lianicaiix. (Itl accroisso- nicnt n()(al)le, (|ni se reniarquc dans los deiixicnic ct (roi- siemc tdilions, n'est pas la seidc amelioration quo ie Diction- naire dos conmiMnes doive aux soins do M. Bullin. II I'a de plus cnriclii d'unc qnatricnic oolonne de la plus giande litilite, cello dans laqncllo on voit d'lin coup d'«ll les lieux qui out un bureau do posle aux letlros. unroiais do postc aux clie- vaux , et, jiour les communes qui ne possedcut pas do boile aux jetties, I'indication des bureaux qui les desservent. Sous ces deiniei's rapports surtout, le Dictionnairc des communes convicnt aux admiuistrateurs, aux notairos, aux avouos, aux liuissiers, etc., et aux personnes qui sont dans Ie commerce ou dans les alTaires, comme a celles qui cherclient les livies de i;eograpbie les moins inexacts. Z. 46. — Essaisiir tasiaihtiqne de I'arrondissement de Manicis, departement de la Sarlbo; par7V<. Cauvin, ancien proicsscur, membro de la Societe royale d'agri'julture, sciences et arts du Mans, etc. Le Mans, 1829; Monnoyer. In-i3 de 5'23 pages. 47- — Anniiaire dii (L'parlement de la Sarilie , pour 1839. Le Mans, 1839; Monnoyer. In- 18 de 552 pages. Nous avons deja doune des eloges aux travaux de M. Cad- YiN sur la slatisti(|ue; nous lui en devons do nouveaux pour les deux ouvrages dont nous venons do transcrirc les titrcs. L'annuaire est lait sur un fort bon ])lan et renroinie toutes les iiidicalions qui penvent elre utiles aux bal)ilans du deparle- iiicnl de la Saitlie. Nousauiious desire cependant do trouver, a la suite de la description du sol de cbaque commune et do la culture qui y est en usage, des observations sur la cul- ture elio-meme, les ameliorations dont elle (?st susceptible ct les assolemens qui seraient parliculierement conve- nables a la nature du terrain. Celte ol)servalion s'ap- pli(|ue aussi a VEssai sur la niatistique de I'arrondhsc- ment de Mamcrs, que nous regardons d'ailleurs comme un ouvrage parfait dans son geiu'e. Nous regreltons, pour nos lecteurs ct pour M. Cauviu lui-meme, que le plan de son livrc nc nous permelle pas d'en rien extraire. I! esl presque impos- sible de se figurer, sans I'a voir In, quelle immense erudition il suppose dans son auteur, quelles fatigues, quelle Cons- tance il a dfi lui demander. Ces divers meriles ressurtent en- core davantage par I'ordre et la clarlo qui regncnt dans la redaction ct dans b classification des matieres. — On jugcra sans doute, par ce ([ue nous venons de dire sur cet exteilcnt ouvrage, que nous attathons a cello soilc de stalislique plus SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 190 d'imporlaiice qu'on y en attache generalement : on aura rai- son et nous apphuidissons d'autant plus yolonliers aux hom- mos qui s'adonnent a ccs utiles travaux que Icnr utilite memo ne nous seml)le pas dignenient apprecieo. A. P. 48. — Planronlicr de la villc dc Paris, divise en douze ar- rondissemens. Paris, 1828; Terry, boulevard Bonne -Nou- yellc, n" 57. 1 feuille grand aigle; prix, 3 fr. Sur ce plan, oi^ sont indiques les monumens et etablisse- mcns publics de la capitale, se trouve la nomenclature, par ordre aiphabetique, des quartiers, rues, etc., dont on trouve la situation an nioyen de carres qui y sont traces et de ren- vois par lettres et par cliiffres. Z. Sciences rcligieuscs, morales, iwlitiqaes et liistorlques. 49. — Parallelc du cliristiavisme et dii rallonalisme sous le rapport dogmaliqac;Y>av J....h Ti^soT. Paris, 1829; A. Leclerc, quai des Augustins, u" 55. In-S" de 58o pages; prix, G. fr. Danscette nouvelle apologiedu christianisme, on condamne hautemcnt la partialite , I'csprit d'exclusion et I'intolerance. La raison a souvent dirige les recherches de I'auteur, bien qn'il s'atlache trop particulierenient aux systemes desGrecs; et neanuioins, son livre, I'orl estimable a d'autres egards, est moins un parallele entre les opinions philosophiques et les dogmes chretiens, qu'un plaidoyer en faveur de cette der- niere loi. Examiner s'il existe au-dessus des lumiferes naturelles une doctrine plus forte et assez recemment promulguee, c'est, a cause de notre faiblcsse meme, un objet tres-digne d'exercer I'esprit. Mais, comment se i'ait-il que les nom])reux apologistes de cct enseigncnient plus solcnnel soient rcduits a recommen- cer sans cesse leur travail, toujours inutile pour ceux dont la persuasion est robuste, et jusqn'aujourd'bui insulFisant pour ceux dont la foi parait cbancelante, ou n'existe qu'en espe- rance? Pourquoi la quesliiin n'est-elle pas encore resolue aux yeux de ccs dernicrs i* Ne scrait-ce point parcc que le soin de la poser avec juslesse est le dernier auquel on songe? II lau- drait enfjn la rendre plus simple. S'il existe une revelation ex- presse, necessairement les douteuses clartes de notre esprit disparaissent devant ellc. De deux lois difterentes, mais d'ori- gine celeste, nul doute que la plus fornielle, la plus positive, que la loi immedialemcnt rcvelee ne fiit et plus sainte et plus feconde. Cette supcriorite n'aurait plus besoin d'aucune de- monstration. II importc, des lors, et il importe uniquemenl, T. XLM. AVRIL 1829. I !5 u)4 LIVRES FRANC.VIS. irelal)lir avcc unc eviJenoc irresistible hi verite de ccltc I'evc- lalioi) accordcc apr^s dc longs siedes. Dans I'cxaineii rapidc de ce livic, nous avons doncsurtout a rappcler dc eombicn eaiicoup de mains, et bien pen sc trouveut eulre celk'S des descendans des engagistcs originaires. Cependant, radininistralion des domaines, s'appuyant sur une loi da i4 venlosc an vii, vcut oldigcr les deteuteurs actuels dc ces biens a hii payer le quart de leur valour, pour obtenir la con- firmation de Icur propriete, souvcnt contestee par ce priucipe, qu'avant la loi du i" decembi'e 1790 le dmnaine de la cou- ronne etait inalienable, et que, par consequent, toutes les alienations failes avant cotte epoque etaient nuUes. L'adnii- nistration s'est d'autant plus prcssee dans ses poursuitcs, qu'u- iie loi du la mars 1820, rcudue dans rintcntioa bieuveillante de consolider le sort des engagisles, a borne ses reeherches a I'epoque fatale du mois de mars dernier : au-deU de ce terme, elle ne pourra plus attaquer, sous aucun pretexte, les deteuteurs qu'elle n'aurait pas mis en demeure. En conse- quence, pour eviter Teffet de cette decheance , I'admiuistra- tion des Domaines a, dans le mois de mars dernier, lance plus de quarante mille sommations, a antant de proprietaires de domaines engages, d'avoir a se cont'ormer aux dispositions de la loi du 14 ventose an vii. Chacun de ces proprietaires a rc- cours en garantic contre ses vendeurs ou leurs heritiers; de L'l, des proces a I'inQni dans toute la France. C'est pour mcttre tons ces interesses a meme dc connaitre ct de I'aire valoir leurs droits que M. Sergcnt a compose sou Manuel des engaglstcs et des fckangistes. Get ouvrage, lait avec le plus grand soin, se recommande surtout par beaucoup dc clarte et de methode. II prescnte d'ajjord une histoire suc- cincte des domaines engages et de la legislation qui les a re- gis depuis roriginc dc la monanhie jusqu'a I'aiuiee 1790; en- suile, les lois sur la matiere depuis cette epoque jusqu'a la loi du i4 ventose an vii, avec I'annotation de celles de leurs dispositions qui ont ete al)rogees ou seulcmeut modifiees par les lois actueliement en vigueur; enlin, et c'est !a panic du travail la plus utile, la legislation actuelle sur les engagemens des domaines, aunotee et commcntee par toutes les autorites qui lormcnt la jurisprudence sur cette parlie. Toutes les dilR- cultes qui peuvent se rencontrer dans {'execution de la loi du 14 ventose an vii y trouvcnt leur solution; tous les casd'ex- ception, qui peuvent offrir aux deteuteurs altaques un moyeii de repousser avec succes les poursuitcs dirigecs contre eux, sout detailtes avec le plus grand soin. SCIENCES MORALES. 199 L'ouvrage est termino pnr iin tableau presentant la dale du jour oil la prescription a etc acquise aux detenteurs dans cha([uc departement, faute par la regie de les avoir mis en demeiire. line table des niatiercs, d'un genre tout-a-fait ueuf, presente d'un coup d'a-il tout cc qui peul interesser celui qui la consuUe, et forme a elle seulc un manuel abrege. L'auteur de cet ouvrage aura rendu un grand service k tons les engagistes ; car, en leur presentant les questions qui les interessent sous leur veritable jour et sans aucune parlia- lile , il les met a ineme de juger leur yeritable position pour faire valoir leurs droits contre I'administration , s'ils rentrent dans quelqu'un des cas d'exception , ou pour satisfaire a la loi, sans s'exposer a des frais ruineux, s'ils ne peuvent faire autrement. Z. 56. — * Statistiqae des liberies de I' Europe en 1899, par M. DE Pradt, ancicn archeveque de Malines. Paris, 1829; Denain. In-8° de SsS pages; prix, 6 fr. M. de Pradt est en possession de raconter I'aAenir a ses contemporains : nul ne decouvre avec tant de penetration, dans les faits presens, le germe des evenemens futurs ; nul ne revet des aperfus si nets d'un style plus piltoresque et plus anime. Adniirateurs de son talent, nous ne souhaiterons pas cette fois, comme nous I'avons si souvent fait, de voir ses pre- visions realisces , et nous sommes en cela d'accai'd avec lui- meme : le plus cher de ses voeiix est de s'etre aujourd'hui trompe sur les dangers dont il voit I'Europe menacee. Son ouvrage est divise en deux parties : dans la premiere, il s'occupe de la balance de I'Europe, qu'il voit serieusement troul)!ce par la preponderance de la ilussie ; dans la seconde, il compare la marche de la civilisation avec celle des institu- tions qui devraient en etre la consequence, il s'aftlige de voir combien cette condition de ses progres est onbliee, et se sur- prend presque a dcsesperer de I'avenir de I'bumanile. La premiere partie est une revue rapide, etincelante de verve el reniarquable par la precision, des actes de la politique euro- pecnne depuis 181 5 : lauleur nous niontre les congres qui se sent succede, portant encore phis d'incapacite que d'hypocri- sie dans le reglemcnt des grandcs questions qu'ils decidaient; faisant, aux craintes ou a la mauvaise bumeur du moment, le sacrifice d'un avehir qu'ils apercevaient a peine; petrissant I'Europe au gre de petites passions, la constituant a contre sens de ses interets naturels, assignant A cliacun la place qui lie lui convient point, chen bant dans I'abscnce de reqtiiii- brc ies conditions de la stabilite, laissant enfin la Faii^sie or- aoo LITRES FRANCAIS. gaiiiser chcx elle le systime ilc ragicbsion la plus energiquc ct la plus coiislaiitc, taiidJsquc les aulros iMals semblt'iit prendre risoleiueiil pour riiulepciulance, el ratoiiie politi([iic pour la garantic du repos. La Russie ! Aoila Ic f;ratul ohjet dcs inquie- tudes de M. de Pradt, et I'enneiui naUirel de Findependancc do I'Occideut, conlrc les eiitreprises duquel il voudraiL multi- plier les garanties : en presence dc ce danger serieux, il re- vient sur les faules nomhreuses qui out ele commises, pour y puiser dcs lecons, et non pas pour recriminer ; s'il insiste sur les effets de la politique imprevoyante et mesquine dc 1 81 5, c'cst pour u:iontrer combien il serait dangcreux, pour ccux niCunes que la fortune en rcndit les victinies, de se laisser dominer par les souvenirs rancnneux de cette epoque. La guerre d'Orient occupe une grande place dans les considera- tions que devcloppe M. de Pradt ; il s'attache ;\ montrer comment I'occident de I'Europe pent, en adoptant a I'egard de cette contree une politique ;\ la lois lerme et genereuse, y fonder les plus solides garanties de son independance et de sa securite ; il mesure a la puissance et a I'orgauisation armee de la Russie la grandeur du contre-poids qu'il faut lui donner sur le Bosphore : les huit millions de chretiens repandus dans la Turquie d'Europe ne lui paraissent pas de trop pour en former le noyau; ses vues sont, en un mot, parfaitement conformes ..» celles sur lesquelles la Revue Encyclopediqae se fait un devoir de revenir en loutc occasion. Que I'Orient re- poive une constitution assez forte, pour se faire bientot res- pecter lui-meuie, et il deviendra, de ce cote, le gardien natu- rel et gratuit du repos de I'Europe. Tout en convenant de I'exactitudc de la plupart des faits que considcre M. de Pradt, dans sa sccoude partie, nous n'en tirous pas des consequences aussi afTligeantes que lui. Sans doute, il y a en Europe bien plus dc lumiercs que de liberte, sans doute les institutions ne sont nuUe part, mais surtout k Test du Rhin, et au midi des Alpes et des Pyrenees, en rapport avec le degre de civilisation auquel sont parvenus les peu- ples; nous avouerons encore qu'en France meme, au centre de I'impulsiou qui se fait sentir en Europe depuis quarante ans , la socicte n'est pas toujours blcssec par la mollesse des actes dc la politicpie; que le repos seml)le etre Ic besoin domi- nant du monde, qu'on fait a ce besoin des concessions sou- vent deraisonnables. Cependant, quand on jette les yeux sur le passe, on y trouve et I'explication de cot etat de choses, et des motifs de ne descsperer de rien. Une generation voit raremcnt deux revolutions; il suffitd'une seule pour user tout SCIENCES MORALES 201 ce qu'il y a d'energie dans une existence d'homme; c'est la generation qui arrive qui s'instrnit, qui s'impregne avecavi- dite d'idees nouvelles, qui les portera dans le posilit' de la vie : mais, les influences, les afiaires puhliques sont encore I'npa- nage de la generation qui a a'ccu an milieu des agitations de la revolution francaise etdes guerres de I'empire ; celle-la ne demande, ne pcutvouloir que le repos. Mais, pendant ce repos apparent, la marche de la lil)erte est-elle suspendue? Non, sans doute ; son action ressemblc a celle dc ces eaux qui s'ac- cumulent lentement dans un reservoir pour produire leur ef- fet a de certains intervalles; de ce que la roue de I'usine est arretee, il ne iaul pas conclure qu'elle ne tournera plus. Les progres de la civilisation sont continus, et sou vent, par cela menie, inapercus; les ameliorations politiques ne s'eftectuent que par bonds, et, sous ce rapport, le calme le plus complet ne porte jamais en lui-meme la garantie de sa continuite. Des evenemens imprevus revelent, a des hommes qui s'ignoraient eux-memes, leur energie et leur destination : qui eCit pense que la societe si paisible, et en apparence si frivole de 1786, etait garnie des membres de nos premieres assemblees delibe- rantes ? Qui eut devine les generaux des guerres de la liberie, dans les soldats on les artisans de I'ancicn regime ? On ne sail meme jusqu'u quel point illautse plaindre de ces tems d'arret que subit la marche des nations : aucune grande retbrme po- litique ne serait durable, ni peut-etre meme possible, si sa place ne s'etait lentement faite dans les idees : lorsqu'une cer- taine disposition regne dans les esprits, elle imprime lot ou tai'd son caractere aux evenemens, et en suspendant les eflets d'une force qui s'accumule on ne fait qu'en augmenter I'in- tensite. M. de Metternich nc I'ignore pas : s'il a dit en reve- nant de Verone : L'abbc de Pradt a dit que le genre liumain est en marche, et que rien ne le [era ritro grader ; eh bieii I nous tra- vaillons du moins d I'arrctcr : cela prouve sculement que M. de Metternich ne se soucie pas d'etre temoin d'evenemens qu'il ne dirigerait pas, et qu'il ne s'inquiete guere des embarras qu'il leguera a ses successeurs : il n'est pas un de ses actes qui ne depose du pen de confiance qu'il a dans la duree dc son ouvrage, et ce sont peut-etre ceux qui le recompensent, qui auront a deplorer avec le plus d'amertume, que des facultes si eminentes aicnt ete employees a retarder les reformes socia- les, au lieu dc I'etre a les diriger. J.-J. B. 57. — Humble requite a iM. le president et MM. les mem- bres de la cliambre des deputes des departemens , tendante d ce que le Roi soil respeclueusement supplie d'user de son inilUi- 203 LIVRES FRANC AIS. tire pour fnire proposer de fixer di'.formais I'dge d'l'ligUuliU- a 5<) ans an lieu de /|0, sans (]u'il soil ricn change aiix foiiditions d'jigc aiijonvd'luii impostes anx (ilectciirs ; par M. le niaiquis lioger T)E GiKEsrovs. Monfpcllicr , 1828; Isidore Tournd. I'aris, Pkliai'd el (iabon. In-Zf" do 60 pages. Ce n'est point la premiere broiluirc, ni niemc la prciniiTC petition o\\ cctle grave question d'unc modification dans I'agc de I'eligibilite ait cte al)ordee par tin eerivain, elonno de la singnfierc exclusion dont los lois out frappe tons Ics ciloycns Hges de moins de 40 ans. L'ne scml/lahle exclusion ne l)lesse pas seulcmcnt les interets particuliers dc ceux qn'elle atteint, mais elle circonscrit le clioix des elecfeurs dans des limites 011 lie se renconlrent pas tonjours les talens, I'encrgie et le de- voCiinent, si desirables cliez le representant de leurs vceux et de leurs droits. Toutefois, M. de Gineslous ne s'accorde pas, sur tons les points, avec plusicnrs defcnseurs de la meuie cause dont nous avonsannoncedejii les ecrils ( voy. Rev. Enc, t. XLI, p. 229); et, quoique sa respectueuse snpplique ne lasse point mention de quelqucs autres changeniens, non moins juslifialjles, a introduire dans la loi, on ne pent cspercr qn'elle obtienne un meiileur accueil. Cependant, de pareilles innova- tions, qui utiliseraient, au profit de la patrie, le z^-Ie et les lu- niieres d'une dasse nombreusc de rilo^'cns, n'entraineraient aucun danger, quoi qu'en puissentdire ccrtaines gens'injuste- ment prevenues contre les hommes de 5o ans. Admettons, pour un instant, conime juslifiecs, leurs craintcs hypocrites de !a I'ongue irreflerhie, de Tinexperience imprudenle dont ils sembleut accuser tous ceux chei qui ITigc n'a pas encore re- froidi Tardcur des passions genereuses : est-il a presumer qu'en appelant a sieger dans la cliaml)re des deputes, par le clioix des electeurs, les represenlans de la jeuncsse, ceux-ci ])usscnt former dans son scin une majorile doininante, qui ecraserait toule opposition de la part des homines d'un age mur? N'est-il pas plus vraisemblabl-e que I'age de 5o a 4<> ans u'obliendrait dans la cham])ie qii'une importance propor- tionnelle a son rapport avec les autres ages, dans le corps en- tier des electeurs? Nous repondrons avec des faits, qui par- lent plus haut que toutes les suppositions de I'esprit de sys- lemc. Dans un tableau recemment public, il est etabli que r^ge de /}0 a 5o ans entre pour un jieii plus du quart dans Ic iKunlire total des deputes actuels ( 120 surZjaS). Cela ne prouve-t-il pas evideir.ment que les voles electoraux n'ont pas une tendance bien decisive en faveiir de la jeuncsse, et qu'il y auiait peu dc dai.igcrs a otendre, dans ce sens, lesbor- SCIENCES MORALES. 2o5- ncs (Iclcurs druit*, en niemc terns qu'il y aurait un avaiitagc reel a appeler iiii plus grand iiomhre d'eligibles a parliciper a la discussion des interels nationaux. «. 58. — * Diciionnaire liistorujtie , on Blographle nnirerse/le elassique; ouvrage entierement neuf, par M. le general BEAr- VAis, auteur des Fictoires ct Conquctes , et par line Societe d'liommes dc leltres ; revu et augmente pour la partic hiljlio- graphiqiie (jusques et y cunipris la lo'' livraison), par M>1. A .-J . ct Louis Babbier; complete (a pnrtir de la leltre C) ct continue par M. P. de CnAMUoiiERx, I'un des redacteurs des EpIunuTutes tiniverselles. Paris, 1838; Cli. Gosselin. 1 vol. in-8" de 3,5oo pages, en 3 parties; prix, 72 fr. ; pap. velin. 96 fr. S'il est vrai, comme I'a dit I'auteur du premier dictionuairc liistorique publie en notre languc (1), que iouies les sciences doirent entrcr en escot pour rendre parfaict \in semblahle ou- vrage, on peut aiscment s'expliquer pourquoi, de tant d'ency- clopedies biographico-historiques, ensevelies sous la pous- siere des bibliotheques, aucune n'a alteint ce degre de merite qui tient lieu de la peri'eclion dans les choses luvmaines. Ce I'ut dans le but de donnev d la noblesse francaise un avant-goust de ceile faciliic qui paroist en I'apprcntissage des sciences (2) qu'on enlreprit d'ccrire d'abord ces resumes du savoir uni- yersel. Mais, uue taclie aussi louable n'a pas assure au modeste avocat au parlement de Paris qui se I'etait iniposee autant de celebrite que s'en est acquis le docte Moveri , venii vingt ans plus tard, en s'appliquant surtout a flatter I'orgueil de relte meme noblesse. Pour ressenibler le plus souvent a quelque nobiliaire de province, le grand dictionnaire n'en a eu, comme on salt , qu'une vogue plus durable. Mais le regne de la sotlise glorieiise est passe desormais. Un grand monument vient d'etre erige cliez nous a la science par les auteurs de la Biograplne univcrselle. (Paris, 181 1-1822; L.-G. Micbaud, 52 vol. in-8", sans les supplemens qu'on promel de publier.) Mais outre que I'esprit de parli qui S'est introduit dans ce bel ouvrage I'a quelquei'ors depare, on regretle encore que nulle vue d'cconomie n'ait preside a sa redaction. Du reste, on excusera sans peine, dans un si vaste recueil, quclques doubles emplois plus on moins faciles a reparcr. Si a ces sortcs d'iniperl'eclions on ajoute des omi-^- sions (celle du nom de la princessc de Lamballe par exemple), (1) D. dc Jui^HC-Biossinicir, dans I'avant-piopns dc sun Dicliannaire theulugiqiip, I ist liijue, pooliquc ct coMiKpgiaptiiquL' (Pa: is, iG4'(, in 4"}- [y] Iikm, ibil. ao4 LIVRES FRANC ATS. ct enfln les lacunes qui rcsultent dcs dec6s survenus pendant Ics seiie annt-es de sa puhlicalion, on vena qn'une tiichc en- core assez didlcile reslait A remplir pour quiconrpie suivrait dans la iiiemc carriere les aulenrs de la Biograp/iie unkcrselle. Ce devait Glre sans doute unavantage inniicnsc quo de trou- ver une nomenclaliire touts etablie par d'aiissi habiles devan- ciers ; mais, tel est le sort des ouvrages de celle nature , Ic dernier venii sera dc iiiGme expioile a son tour sans aueun scrupule. Nous avons nomme le Diclionnaire liistorique, on Biop'apliie aniverscUe classique ; ajoulons que cet onvrage pourra rendre en partie a la Biogrnpltie unkerselle ce dont il lui est redevable. Le nonibre des notices dont la nomencla- ture tout au moins pent servir a dresser celle des volumes supplementaires promis par 31. Micliaud ne s'eleve pas ii moins de quinze cents. A ces details doit se bonier le paralUle qu'il est possible d'etablir entre les deux ouvrages , dont le plan ne diilere pas moins que le cadre. II etait primitivemeut dans les vues de I'editeur du Dictionnaire liistorique de se bornor a I'aire pa- raitre une imitation du dictionnaire anglais de IVatldns et de Lempriere ; mais I'insuffisance de ce plan a bientot frappe les redacteurs , et c'est en laissant loin dorriere eux les deux lexiques anglais qu'ils out pu a bon droit donner a leur tra- vail la qualification d'ouvrage enliercmcnt netif. La dimension des notices, generalement suflisante pour conlenir la sub- stance des faits qu'on expose en i'orme d'analyse, tient un JNste milieu entre la pretenticuse diffusion ou I'aridite deses- pcrante qu'on pent reprocher aux anciens recueils biogra- phiques, tantfraiicais qu'etrangcrs. Entre les uns et les autres, celui avec Icquel le cadre de la Biograpliie itnlvcrsclle portative offre peut-etre le plus d'analogie est le dictionnaire liistorique italien imprime a Bassano, en 179G; mais ce dictionnaire est ccrit dans le sens des doctrines exchisives et alisolues de I'ul- tramontanisme. Quant a la Biograpliie uiiiverselle portative, sa coulcur, si Ton pent en assigner une a cet ouvrage, doit etre qualifiee moins philosopliique que liberalc , a prendre ce mot dans son acception reelle, et non pas dans le sensqu'y attachent les antagonisles de la regeneration politique. L'etendue des notices est i\ pen pres le seul point de comparaison qu'il soit possible d'admeltre entre les deux biographies ; ct, pour pre- ciser toute leur difference, il I'audrait signaler a I'avantage du Dictionnaire liistorique classique, sur la biographic italienne, une foule de suppressions dans la nomenclature des noms des persouncs; I'addition dans cette mOme nomenclature d'un SCIENCES MORALES. 2o5 nonibrc considerable de notices consacrees, soil h d'ancicns noms qni, oniis ailleiirs, meiitaicnt de prendre rang parmi ceiix dont le souvenir nous interesse, soil aux notabilites donl la depouille a, de nos terns, enrichile domaine de la science biograpliiqne ; enfin, I'interpolalion d'une serie d'ar- tidcs presentant I'aperfu des faits collcctifs qui domincnt certaines periodcs liistoriques , tellcs sont les croisarfcs , la lutle sanglante et prolongee des Gaelfes ct des Gibelina , la Ligue, la Fronde, etc. ; I'csqnisse des grands evenemens nii- litaires, comme Bouvmcs, Lepante, Hocltstett, Fleams, Tra- falgar, etc. ; des precis sur I'origine et I'existence des as- sociations ou ordres religieux ct militaires, comnie les articles moines , ordres religieux , ordre teidoniqiie , templiers, chevaliers dejSaint-J ean-de-J erasalem, dits deMalte, etc. Ces rapproche- mens entre la Diographie universelle classiqiie et les autres recueils du meme genre sufTiront sans doute pour foire ap- precier son utilitc, sans que nous cntrions dans un examen plus detaille de son contenu, et sans que nous nous arretions a relcYcr ici les erreurs cchappees a ses redacteurs ; double tache, qui ne conviendrait ni a I'esprit ni au cadre de la Revue Encydopedique. Z. 59. ' — llistoire philosophique et politique de Rassie, depuis les terns les plus recules jusqu'A nos jours; par J. Es>'eaux, 2^ ct 5" livraisons. Paris, 1828-1829; J. Correard, jcunc. In- 8° de 554 pages (p. i6i-494)'» pi'ix de la livr. , 2 fr. 5o c. Nous reparlerons de cet ouvrage dont nous avons annonce precedemnientla premiere livraison ( Voy. Rev. Enc, t. Xt, p. 47^ ), et que I'iniportance du sujet et I'intcret des affaires politiques ou la Russie joue aujourd'hui un si grand role rc- commandent particuliereuient a notrc attention. Go.' — * Histoire de Russie ct de Pierre -le- Grand, par M. le general comte de Segur, auteur de VHistoire de Napo- leon et de la grande armce, pendant I'annee 1812. Paris, 1829; Baudouin. ln-8° de 58o pages ; prix, 8 fr. Cet ouvrage est du nombre de ceux dont nous devons ren- dre a nos lecleurs un compte assez etcndu pour que la me- thode et les vues de I'auteur soient bien appreciees; aussi nous proposons-nous de lui consacrcr un article dans notre section des analyses. Y. 61. — Histoire du Dauphinc , par M. le haron de Chapcys- MoKTLAViLLE, mcmbre de I'Academie provinciale. r% 2" et 5' livraisons. Lyon, Louis Babeuf. Paris, 1827 ct 1828; Denain; A-P. Crevot. In-8" de \V — 478 et 346 p. ; prix de la livraison, 5 tr. !icC LivHES fiian<;ais. Nous avons plusicurs Ibis oxpiime notrc opinion snr I'lilililc lies liisloiros particiiliores (Je chacuno «l(;,s ancioiincs provinces tie la Franco. Cos travawx partiels, ([ui reveillont ct soiilion- !ionllcpatrioti,-nio local, pon\ont dovonir aiissi d'oxccllcnsnia- terianx pour les liistoiics gencr.iles. lis cpargnent auxautcurs dc CCS derniorcs le soin de faire cnx-momos dc longnos re- ilicrchos, d'aillenrs nioins completes ct moins exactcs lors- tliL(iues publirjuesetparticidiercs des provinces, qni rocelcntune masse enornje de chartos et de chronifjnes, on Ton decouvre cliaqnc jour des Tails iinportans, jusqu'alors ignores. Cepondant, il ne faut pas qne les In'sloriens des provinces s'enlbncent avcc Irop de complaisance dans I'anliqnite; celtc mardteprodnirait uecessairemont des repetiliuns inuliles. Lenr tache conimeiKC an moment on Ic ponple s'individnalise, «e si'parc de ses voisins, soit par lesiirconsciiplionspoliti(|ne:^, soil par scs lois, soit par ses moenrs. Tout le reste est de I'liis- toirc gcncrale; ils n'y doivent toucher qn'a\itant que lour sujot los y Ibrce. M. dc Cliupnys-51(jjitla\ille ne s'est pas assez renlernic dans (os limitcs ; il se jette a tout piopos dans I'liis- toire genende; il ('nuDicre beancoup de iaits sans importance qui ne se raltachcnt que de bicn loin an Darqihine ; lints qui, d'aillenrs, sont souvent Ibrt dontenx, et qu'il adopte sur la Ibi de qncbpie cluoniipio, ct, le plus sonvent , sur cclle de Chorier qui n'cst pas nn guide Infaillible, ct qu'il suit pourlant avec line confiance enliorc. Trois livraisons assez voluminenses ont dcja parn, ct Ibistoire dn Dauphine n'est encore parvenuc qu'au Dauphin Cnigucs VIII. .ra)nais desire que Taulonr fOt arrive plus promptenient a la parlie la plus importante dc sa tachc, riiisloirc du Dauphine depuis Lesdignicres. Mais ici, je Tavnue , une crainle m'a preoccupo. Jc me snis demande si M. de Cliapuys-Monlla> ille possodait bicn cctte conscienclense impartialite que reclame toujours Thistoire , mais surtout I'hisloire d'une epoquc et d'unpays oi'i s'agilerent d'abord los lermeus d'une revolution (jui a bonlevcrse le nionde, change les lois, les mceurs, les croyances, loutc I'existence cnfin d'une grande nation , et dont les dernicres consequences sont encore cachees dans un lointain avenir; s'il etait bien debarrasse de ccs prejugos d'education, do classe, dc position que colte revolution eul particnlieronicnt a combattre? — La SCIENCES MORALES. 207 lecture tic so» livrc a dd me fairc appreliendcr qu'il n'cn fut jia.s ainsi. Si quclqiie cliose m'a paru manqiicr c.-isciiticllemcnt a son talent, c'cst cctte scvc-rc philusophie qui peso ct jugc les ciTCurs de toutes les opinions, les t-iinica de tous les par- tis. Sous Ic stvle, toujourssi correct, si brillant, quelqiieiois si pitloresque du riouvel historicn du Daupliine, on cherche vaincnient la pcnsee nelte, exactc, murie par la reflexion, liee a des theories long; -terns mcditecs. Ainsi, parlant de la conversion de Constantin et du miracle du Labarum, il eleve vine discussion qui tonche de pres au ridicule ; ainsi Ton est l"()rce de I'accuscr on d'injuslice ou d'ignorance dans le peu de lignes qu'il accorde a I'ui) des plus sages empcrcurs ro- niains, Julien, que toules les calumnies des moines nc sunt pas parvenucs a iletrir aux yeux de la posterite eclairee; ainsi son livre commence par de belles phrases que, certcs, il n'a pas Ic merite d'avoir inventees, sur Ic bonheur des peuples gouvernes monarcliiquement, comnie si cc bonheur etait si grand qu'on n'en put trouver lequivalont sous une autre forme tie gouvernement. Mais, que cctte craintc soit fondce ou non, die n'a pour ohjet que M. de Chapuys-Montlavillc , car le pays et les hom- mcs dont il traccra I'hisloire sont mainteuant hors des atteintes de I'injustice et de la mauvaise foi. Le Daupliine est unanimo dans son admiration, dans son respect, dans son amour pour ces citoyens illustres dont il s'honore d'etre la patrie; — pour ce Servan , dont un eloquent profcsseur ne nous semble pas avoir digncment apprecie le talent ; — pour ce vertueux Sa- vok-RolUn , pour ce Mounter, caracterc antique, pur de toute I'aiite; — pour ce jeune et iuforlune Baninre, qui serait moins grand peut-etie si sa mort cut etc moins tragique. Le Dau- pliine sait quelle part il peut et doit revendiquer dans la gioirc de cette revolution dont il adopta les geuereux principes en en repudiant les erreurs et les exces (i). A. P. (1) Un honime, qui a dtijkbieii d'autrcs litres .'i I'estime tie scs con ci- toyens, a icrit une liistoire du Daupliine, dont il nous a etii permis dc lire une paitie, celle qui embrasse les terns ecoules dcpuis Les-liguicies. Nous y avons trouve, ontie un rare talent de style et de coloris, ces sen- tiniens geuereux et palriotiques qui n'excluent pas rinipartialite. Les amis de I'liunorable depute le sullicitent depuis long Icms do publier cet ouvragc; nous nous joindrions a eux de grand occur si noire instante piiere devait tibtenir quelque succus. ao8 LIVRES FRAN^AIS. Llttcrature^ 62. — Appcl atix Fnmcais : lie forme ortliograpliiqac . Paris, 1829; Correaril. In-o-i cJe i44 P^'g*^*? 'ivcc deux lablcaiix; prix, 60 cent. Lcs aiileurs poscnt pour piincipc, qu'il faul toujours ccriro rigourcuscmcnt coninic on parle : Autant dc signcs dans I'al- phabct que de sons et d'arlicalatlons dans la langac, et applica- tion constante da mane signe au mcme son : voila loute lour doctrine. En consequence, ils supprinient loutes les lellrcs ctymologiques , et ccllc* qui caraclerisent les pluriels ou lcs personnes des verbes, etc. etc. Je n'ai pas besoin de dire qu'une paicille orlhogiaphe, qui ne serait pas une simple re- fornie, iie pourrait elre admisc, sans nous mcner a un jargon detestable, au lien de I'aduiirable langne que nous parlous : ct, si, dans quelques-uns de mes articles, j'ai annonce quel- que confiancc aux travaux de la Societe pour la rel'orme dc rortbographe, jc desire qu'on veuillc bien les regarder comme non avenus; jc suis persuade maintenant qu'aucun bonime sense ne pourra suivre cetle nouvoUe ecriture. h'' A ppel aux Franrais cite les lellrcs de quelques lionunes distingues qui adnicttcnt, avec tout le mondc, qii'il serait bon de reformer iiotre ortliographe : mais, en pid)liant ces letlres dans leur ortbograpbe prctenduc rel'oraue , les editeurs de VAppci aux Francais font croire que tons les signataires adoptent leur doctrine avec tonics ses consequences, ce qui assurement est inexact. B. JULLIEN. 63. ■ — OEuvres dc BERcnorx. Nouvclle edition, rcvuc , corri- gecctaugmeulec. Paris, 1829; L. G. Micluiiul. 4 vol. in-18, avec gravurcs et vignelles; prix, 12 fr. L'aimable el joycuxauleurdela Gastronomic, et delaZ)a/K'!e, ou la Guerre des Dicux de I' Opera, etait asscz gcneialemeut et assezavantageusemenl connu pour elre disj)ense d'une preface en presenlant au public unc nouvclle edition de ces deux poemes; il en a jugc aulremcut, et celle que nous lisons en tele de ses auivrcs est ainsi concue: « Voici un recueil du plus grand nombre de mes ccnvres. Je n'ose pu])lier celles qui me restent encore en portefeuillc; car il faul rc^peclcr le public, qui fait souvent justice des Irop gros bagagcs en lilterature. On m'a fait espcrcr qu'a la favcur d'une assez grande variele de sujets, je pourrai de nouvcau tronver (pielques lecleurs parmi ccuxqni ne dcdaigneni pas un peu de gaile et qui osent LITTEUATURE. 209 estimer qaelques opinions opposces a ('esprit dusiecle. Je sais que Ics detracteur.'! et les eniiemis ne manqiieront pas i\ nion me- diocre talent parmi les eiithousiastes constans de tout ce qu'on a fait et ecrit en France pendant une assez longue revolution. On appelle cela des progres, de I'avancement, des lpmie- RES... (i) ; je suisforce d'avouer que je n'aiguerc avance pen- dant tout ce terns et que je n'ai pu siiivre que de fort loin les geans qui out fait de si grands pas dans la cai'rieie. Je prie done les lecteurs de ni'excuser si je suis reste fidele au ton et aux principes qui dicterent mes premieres publications, et de trouver bon que j'essaie de faire rire en France, comma on y liait il y a vingt ans. » On ferait un volume d'o])servations sur cette courte preface; mais clle parle assez par elle-memc, et apres I'avoir lue on coniprendtout de suite la position de I'auteur. Certes, ce n'est pas nous qui le bhlmerons d'essayer de faire rire en France comme on riait il y a vingt ans (et cela, necessairement, sous le regne d'un despote qu'il n'a guere epargne depuis sa chute); mais ce n'est pas la gaite qui brillc dans cette preface, ni dans les deux autres poemes qui completent les oeuvres de M. Ber- choux, et qui out pour litre: les Encetades modrrnes et I' Art politique (2). On y remarque bien plutot un esprit chagrin et mecontent de lui et des autres. Nous sommes loin de croire qu'on ne puisse rien trouver a redire a tout ce qui se passe sous nos j'Cux; mais, decrier ainsi en masseHes progres, I'avance- ment, les lumieres dvi siecle et la philosophic, c'est se montrer non pas im critique eclaire ou un satirique de bon gout, mais un detracteur injuste, un censcur atrabilaire . Le dernier mot que nous venons de tracer est le mot de I'enigme ; il explique I'indisposition de M. Bcrchoux contre son siecle. Mais qui le forcait d'accepter des fonctions aussi penibles, aussi ingrates, pour ne pas dire enneiuies? Voulait-il se venger contre lui de ne pouvoir le suivre dans sa marche? En verite , s'il y a quelque chose de plaisant dans tout cela, ce ne sout pas les deux derniers poemes de IM. Berchoux, mais sa pretention a nous amuser; rien de moins amusant et de moius aimable , en general, qu'un ceiisenr , et nous ne pouvons oublier que M. Berchoux a ete le notre. E. H. 6'i. ' — Poc'sies erotiqites ci autres, etc....; par P. M. N. Ar- (1) L'ault'ur a fait impiimer luiiuciiie ces truis inols en pclites ca- pitales. (2I Ghacim des quatre poemes que nous avons noinraes forme un vo- lume, accompagne de notes ct suivi de poisics fitgilhcs. T. XLII. AVRir, 1829. l4 210 LTVRES FRAN^AIS. DANT Dti PiCQ. Secondc edition. V;\vh, 1828; Tclol Tn'TCS, riic dc Valois, n" 2> In- 18, orno dc deux porlrails; prix, 5 i'v. La saintclc dii lien conjugal donnc nit'ine anx exageralions de la passion qnclqnc rhose dc rcligicux; el quel nc; sera pas le cliarnic de ces touchanles elegies, si Ic sonvenir d'line nioit prematuree sc mele a eel hymne de I'amour? Jcvoudrais que CCS remarqncs preliniinaiics pnssent s'appliqncr au reciieil que nous annoneons. Mais il nous a ele impossible dc liouver dans Ics vers de M. Ardant du Picq autre cliosc que I'cx- pression fort commune d'nn sentiment plus moral que tou- chant. Cc n'cst pas qu'on nc rencontre fa el la dans ce recucil (luelques vers donl la faclure ne manque pas d'unc ccrtaine fiicilile; mais la vcrile du sentiment y ressemhle trop souvent a cellC' naivete vulgaire qui n'est pas celle dc I'inspiralion. Personne ne respecte plus que nous les douloureux regrets de M. Ardant du Pioq; mais qu'anraient-ils perdu a dcmeurer cnsevclis dans le coeur qui les a cprouves? A ses Poesies ero- tiques, Vauteur a joint quelques stances sur divers sujets ; mais ces nouvelles productions n'ont pas meme le merite dc celle naive bonhomie, de cctte bonne t'oi involontaire du sen- timent que nous avons signales dans les premieres. A. D. L. 05. — Les NouveaiLT Martyrs, satire, par P. M. L. Baoi;r- LoRMiAN, dc rAcadcmic francaise. Paris, 1829; Dclangle tVeres. In-8" de 21 pages; prix. 1 fr. Des pensces justcs, mais qui out perdu I'attrait de la nou- vcaute ; dcs vers faciles et meme liarmonieux, mais prives de vie et de coidcuv : voila ce que coulient la nouveile epi- tre de M. liaour-Lormian. On y retrouve bien le versifi- cateur habile, qui connait depuis long-tems4es ressources de notre langue ; mais ce n'est plus le poete brillant qui a repro- duit avec succes les beanies sublimes du Barde ecossais. I. 66. — Fables nouTcUes, par M. II. Agniel. Paris, 1829; Firmin Didot. In-18, grand raisin, de 424 pages; prix, i4 ir. Ce recucil est compose d'un prologue et de if\Z fables, di- visees en 6 livres, et dont la plus anciennc, a notre connais- sance, ia Statue renversee (la xx'' du liv. n), a paru dans y Almanack des Muses de i8o3. On voit que M. Agniel n'a pas suivi I'usage constammcnt adopte aujourd'hui par nos jeunes auteurs, qui prcnuent a peine le soin de rclire leurs compo- sitions, et qui sc prcssent de les offrir a I'admiration contcm- poraine, persuades sans doute dc celle verite ([ue Ln Teius n'epavgno pas cc qui s'est fail sans liii. LITTKRATURE. a.i Son assistance nc sullit pas non plus pour imprimer uii cachet do diiree aux ouYra^jes pour lesqnels on n'a pas at- tendu I'inspiration ; oilc seule est la condition indispensable dc tout succcs, ct la critique a sonvent I'occasion de verifier La justesse de ce mot de noire premier auteur comique: Le terns ne fait rien a raflaire. Le prolo^me de M. Agnicl et les notes qui raccompagncnt nous appretnicnt qu'il a compose un recueil d'idylles, doiit plusicuis ont ete iniprimees dans les Feillces cles Muses, jour- nal redige autrefois par MM. Vtg^e, Laya, Legoave, etc; ct nous crojons ({ue son caraclere et la nature de son esprit Tappelaient a obtenir plus de succes dans ce genre que dans celui de la i'ahle, pour lequel il I'aut peut-etre, sous un air de bonhomie et de sinijdicite, un bon fond de malice et de causticite. Ce prologue, du reste , est consacre presque en- tierement par I'auteur a peindre des malheurs personnels , a la confidence desquels le lecteur s'interesse bien rarement, k moins qu'on n'ait I'art de lui en deguiser la secheresse et I'en- nui parl'attrait des details et de la nouveaute. Nous y appre- pons que M. Aguiel a perdu ses economies et le fruit de vingt aanees de travaux par un proces injuste ; que sou frere , rece- veur-gcneral du Tarn, bon, bienfaisant, equitable, a laissc une fortiuie considei'able, au partage de laquelle il n'a pas ete appele, quoiqu'il efit refu, du vivant de ce frere, les te- moiguages les plus touchans de son amitie; qu'il n'a embrasse la profession des lettrcs que pour se consoler, et non par une vocation bien decidee; qu'il ne leur a jamais consacre que 5es loisirs, et que des circonstances imperieuses out seules retarde la publication de son recueil, qui aurait dft paraitre depuis long-tems.... Mais nous nous apercevons, & notre tour, que nous n'avons encore parle que de I'auteur, et point de son ouvrage. Citons une de ses fables pour donner une idee de sa raani6re. Jupiter ct la Folic. Un jour, piis de neclar, Jupiter, nous dit-oii, Ciiuisit h I'homme une couipagne, Une divinitu : la Folic est son num. Gouvernantses desirs, niaitiisant sa laison , A tout age, en tons lleux, la dame I'acconipagne. Cast depuis ce tenis-la, mortcls, que nous i'aisons, Enl'ans, des chateaux de cartons, Et, dans I'jlge avanc6, des chateaux en Espagne. Liv. I, fable iS"^. L'auteur a peut-etre fonde sur la publication de son recueil aia LIVRES FRANC ATS. I'cspoir d'lin gain honorable on d'line reputation durable; nous souhaitons qu'i! n'ait pas fait des chdteaux en Espagne. E. H. 67. — Lclhrs (Ik marquis de Roselle, par M"" Elie de BEArMO^T. Paris, 1829; Daiithcreau, rue de Richelieu, a vol. in-52 ; prix, 2 fr. Ces Letlres, qui virent Ic jour en 1764, o])linrcnt iin suc- ces prodigieux , confirme dcpuis par de Irecpientes reimpies- pions el par plusieurs contre-facons ; elles tienncnt un rang distingue parmi les bons romaus destines anx dames. Cette production d'une belle plume condnite par line belle ame est, selon La Harpe, « du petit nombre des ouvrages qu'on pent iiiettre sans crainle entre les mains des jeunes demoiselles : rhonnetete y est toujours ainiable, et le vice n'j est jamais contagieux. » line hein-euse alliance de morale, de douceur, de simplicite, de chaleur, d'eniolions fortes et naturelles, le rend propre a faire comprendre les egaremens d'une jeunesse trop passionnee et a la rappeler a la sagesse et a la raison. Le style , pur et elegant, est empreint de ce charme qui ravit et subjugne le lecleur. 68. — * Adolphc, anecdote, par i>L Benjamin Constant. Pai'is, 1829; Dauthereau, rue Richelieu, n° 17. In-32; prix, 2 francs. II est pen d'hommes siipcrieurs qui ne soient quelqnefois descendus des hautcs conceptions aiixqiielles les appelait I'e- tendue de leur esprit a des conceptions d'lm ordre moiiis ele- ■ve. Mais, dans les productions meme qui en out ete le rcsultat, ils n'ont pu s'ecarter des voies ou les eulrainaient de fortes etudes et des haliitudes meditativcs, et Ton relroiive toujours quelque chose de serieux et d'utile dans ces fruits de leiu'S loisirs. C'est ainsi que, Aaws \es Leilrcs persnnes, Montesquieu trahit souvent I'autcur de I'Eaprit des Lois, Malgre I'estime profonde que nous inspirent le caractere et les talcns de M. Benjamin Constant , nous sommes loin de le comparer a un homme sur I'illustralion duquel la postcrite a prononce,' et dont la France place les ouvrages parmi ses plus beaux ti- tres de gloire; mais, comme Montesquieu, il s'est nourri de I'etude des lois : il s'est convaincu que , si I'homme en societe I'aitle sacrifice d'une part de ses droits, il en est d'inalienables auxquels il ne pent renoncer; et nous I'avons vu totu' a tour, savant publiciste, discuter les principes sur lesquels doivent elre assises de sages libertes, et, oratcur courageux, defendre a la tribune ces memes liberies qu'uii ministcre deplorable me- nacait d'aneantir. LITTliKATUaE. 21 5 De memc aiissi que rhistoiien do la Decadence des Romains, M. Benjamin Constant, dont la plume a trace lant de beaux discours, en a laisse echapper, sous le litre bien modeste d'a- necdote, un roman plein dcjcharnies et qui , paraissant unique- ment consacre a Tamusement des leeteurs , n'en met pas moins sous les yenx une des plus utiles lecons que puisse re- cevoir un jeune homme, puisqu'il montre le mal que pent produire un travers fort commun dans le monde. On sait que i'auteur, en composant cet ouvrage, n'eut d'abord d'autre in- tention que de convaincre quelques amis, avec lesquels il se trouvait a la campagne, qu'il elait possible de donner de I'at- trait a un roman qui n'aiu'ait que deux personnages. Mais, developpant avec le talent qui lui est propre la donnee tres- simple qui en forme le fond , il a voulu lui donner un but utile, et il a decrit les souffrances que font eprouver meme aux coeurs arides les peines qu'ils caiisent ; il faut avouer qu'il etait impossible avec des ressorts plus naturels et moins noui- breux d'obtenir un resultat plus complet. Ainsi, en excitant dans le c«?ur des femmes les tendres emotions que ne manque jamais d'y produire I'liistoire mallieureuse de I'amour trompe , il ne s'est pas senlement propose de les interesser; guide par un sentiment gcnereux, il a voulu epargner des peines a ce sexe qui fait notrc Incn , comme dit le bon bomme , et qui se- rait beaucoup meilleur, si nous n'employions pas continuel- lernent tons nos moyens de seduction pour le corrompre. Si les dames doivent a IM. Benjamin Constant quelque re- connaissance pour I'interet qu'il montre pour leur bonheur, elles en doivent un pen aussi an libraire qui a mis tons ses soins a leur offrir un joli volume capable de soutenir la com- paraison avec les livres les plus elegans de leur bibliotheque. ** 69.— * 15^2 : Clironiqae da terns dr. Charles IX, par I'auteur du Tlicdtre de Clara Gazul. Paris, 1829; Alex. Mesnier. In-8° de 383 pages; prix, 7 fr. Ce livre se reconunande d'abord par un merite fort rare dans ce tems d'imitation servile ou d'innovation systemati- que, la franchise de la composition et du style. De I'ecole a laquelle il appartient visiblement par son age et ses gouts, I'auteur n'a pris qu'une seule chose , I'esprit general qui I'a fait naitre et qui I'anime, c'est-a-dire, I'aversion du tradition- nel et du convenu, la recherche curieuse du reel et du vrai, tels que pent les donner I'etude de I'histoire et de la nature humaine.ll s'est, du reste, garde desrecettes nouvelles d'ori- ginalite dont le servum pecus du romantisme a compose une 2i4 LIVRES FRAiNCMS. soitc de ricuvellc theoiie dassiqiio. II a meme poiissi- Fixiflc- poiulancc au point de se conlcnfer, pour dcs idces soiivenS fort nouTcllcs, de la langiie que Ton parle, que Ton entciiJ ct qui s'lHrivait autrefois. On ne tfouvera done chez liii iii Ic perjonnage inipaiiial, ni le personnago grotesque, ni le per- sonnageniy.«tcrieux, trio desormaia fondamcntal detente pro- duction roniancsque; pas davantage le secret oblige qut doit en aninier I'intrigue, les descriptions inf5nies, les longucscon- Tersafions, par lesquelles elle atteint aux qiiatre volanies d'u- sage; enfin, ce langage exchisivement detounie, metapho- rique, qu'y parlcnt toiijours les homDies d'un atitre pajs, d\ui autre terns, d'une ccrtaine classe, d'une profession speciale. A la plate de tout ccla, cc sont simplement des uiceurs em- prunlees, avcc intelligence et imparfialite , aux recits origf- naux; quelques scenes, quelques acteurs d'invenlion , qui les developpent fort naturellement. L'histoire est ici le point de depart dc la fiction; et ce que celle-ci y ajoute ne h de- nature point, conune dans plus d'un ouvrage , ceR'bre d'ail- leurs et digne de I'elre. M. Meriih^e fils, car on pent sans in- discretion soulever le voile d'un anonyme qui n'cst aujourd'hui un secret pour personne, a place au fond de son tableau I'iuiage de la Saint-Barthelcmy et pliisieurs des heros de ce terrible drame, entreautres Charles IX et Coligny; sur des plans se- condaiies, quelques figures decourtisans, de gens de guerre, d'homiues d'eglise , de bourgeois ; enfin , A ravanl-scenc , trois personnages qui doivent plus particuliorement attircr uotre attention, notre sympathie, et donner u celte chroni- qnc I'intcret et le mouvement du drame. L'union de deux freres que la guerre civile a jetes dans deux camps diffurt-ns, ct qu'elle conduit , ou peu s'en faut, au fratricide, y estpeinte d'une maniere touchante. Mais ce que cette chroni(|uc offro de plusattacbaut, ce sont les amours d'un jeunc gentilhomme protestantet d'une grande dame cathuliqiie. L'auteurdu theatre (!e Clam Gazul a exprime avcc la vi\ acite cnergique, donl nous avons deja eu occasion de le louer, tout en lui en repiocliant Tabus ( Voy. hevue Ene., t. xxxix, p. 5^6 ), le melange dc superstition grossiere et de sensualile voluptucuse qui, a cette ipoque dcmi-barbare, pouvait s'allier a la passion. La scene du rtiulez-vous des dcuxamans, au moment meme oi'i comnienicnt les massacres, est d'^une invention originate, d'un effet frajipant, ct fcrait seule le succ^s d'un livre, ou il y a Iicaucoup d'aulres choses a louer. H. Pati>'. <^Q. — La Bataille de la Boyne, ou Jacques II en Irlande, roman Listoriquc irlauibiis. parM.BAMM; traduit dc VdUr- LITT^RATURE. 3,5 gkiis, par M. A.-J.-B. Defacconpret. Paris, i8ag; CWles Gossclin. 5 voJ. in-12 foruuuit enseaible 1070 pages; prix, i5 If. Voici encore un romantaillo sur le palron de ceuxdc Walter Scott : De jeunes amaris assez insignifiaiis y sont la dupe et long- tems la viclinic des mysterieuses machinations d'uiie vieille folle, qui appartient a la famille bion connue des Meg-M 2iG LIVRES FRAN(;AIS. en 1807, ont foiirni aux pontes ot aux artistes des siijets dc pieces de thefitre, de tableaux, de graviires, ct meme de bronzes; rauteur, dont ils ont coutril)iic a fonder la reputa- tion, pourrait done dire, avec Horace : Exegi inonunicntutn Cepcndant, si qnelqucs-uns de cos contes se font remar- qucr par une douce pliilosophie et par unc gaite franche, il regne dans quelcpies autrcs un air de liberie a peine justiGe par I'epithetede milHaircs que ftl. Lombard de Langres leur a donne, et qui effaroucherait les Graces, devenues pcut-etre un pen trop prudes de nos jours. Nous croyons done que I'autcur s'est acquis un tilre plus durable, etsurtout plus ge- neral, a I'estime de ses compatrioles et a la gloire litteraire par son Dccavicron francais, dont le titre conviendrait niieux du reste au recueil de contes dont nous annoncons la reim- pression qu'aux deux volumes de nouvclles charmantes dont nous avons precedemment entretenu nos lecteurs. (Voy. Rev. Enc, t. xxxviii, p. 226-228). E. H. 72. — L'Autocrate de village, ou I'Art de devenir minis- tre; par J. G. Mvller; traduit de I'allemand par Mademoi- selle S. U. DiiDREZENE. Scconde edition. Paris, 1828; A. Boul- land. 4 "vol in-12 i'ormant ensemble 1064 pages, avec 4 gra- Yures en taille-douce ; prix, 12 fr. Mademoiselle U. Dudrezene est deji connue par d'heu- reuses traductions de quelques bons romans etrangers, et par des compositions originales que le public n'a pas accueillies sans favcur. Notis^iteions, parmi les premieres, /a Petite Har- piste, qui a inspire a Ma(lame Vicloire Bahnis des vers tou- chans insert's dans ce roman ; Rodolphe ct Marie, episode de I'histoire des revolutions de la Suisse; Agnes et Bertha, ro- man chevaleresque ; la Comtcsse de Kylwurg ; les Conseils d'une mere d ses fi I les, ouvrage anglais de lady Pennington, que nous avons annonce avec eloges (voy. Rev. Enc., t. xli, p. 760), mais en oubliant de mentionner la tradnctrice, qui a rempli sa tacbe avec son talent ordinaire, etc. Parmi les secondes, on a sm-tout remarque Henri 011 T Homme silencieux, I'Oiseleur et laForet de Voronetz, et six nouvelles liisloriques recneillies par le Lycce armoricain , I'un des journaux de nos departe- mcns rediges avec le plus de talent et de patriotisme. Le titre du nouveau roman que I'auteur importe dans no- tre litlcralure est assez singulier, mais laisse facilcment de- viner qu'il s'agit d'un de ces pelitssouvcrains dc rAllemagne, qui, au milieu des revolutions survenues autour d'cux et dans presque tons les pays de I'Europc, ont conserve si LITTER ATUllE. 217 long -terns les coutumes feotlules. Le contraste des preten- tions orgueilleuses de I'Autocrate de village, avec le peu d'etendue du territoire et le nombie assez miniiue de su- jets sonmis a ses lois, est prcsente avec esprit ct gaite. Les portraits des ministres qui le secondent dans ses grandes en- treprises ne sont nullement denucs d'originalite. Ce sont un ludi-magisler, ancien maitre d'ecole, barde de soixante- douze sentences latines, bouffi d'anibition, plein d'astuce ct de ruse; un );rand-jaslicier,iMia.\\i de pctits vers et de grosses iniquites ; M. Fix, homnie a projets, voulant etablir les fi- nances de I'etat sur les produils dc I'iniprimerie appiiquee a des contre-facons d'ouvrages et a des journaux ; promettant de faire arriver la mer j usque sous les murs du chateau, et d'y faire pecher la sardine par les fcnetres, etc. M"' Dudrezene s'est peruiis des retianchemens, et meme des additions, qui, bien loin de dcparer la conception pre- miere de ce ronian, lui pretcnt un nouvel interet. C'est a elle, je crois, qu'est du le denoument qui presente le seigneur de Lindenberg abaissant son orgueil devant une jeune fenime, pleine de simplicite et de grace. 73. — La famille Paul, par le chevalier Regnatjlt. Paris, 1829; Delaunay. In- 12 de ix — 246 pages; prix, 3 fr. «J'avais ete chercher a Bade, au milieu du tourbillon du grand monde, une distraction a la peine la plus vive ; mais j'ai toujours eprouve que le nieilleur remede I'l mes chagrins elait le travail. Pour combattre des idees douloureuses, je retracai cette aventure. Cette occupation m'a procure quel- ques instans agreables dans nia solitude ;» et I'auteur offre au public son livre, qu'un style facile, des descriptions fideles de Bade et de ses environs, et les details d'nne anecdote inte- ressante recommandent suflisamment aux lecteurs. Z. 74- — Essai philologiqae xnr les commencemcns de la iypo- gi'ap/iie a Metz et sur les unprimeurs de cette ville; puise dans les materiaux d'une Histoire littcraire, blograpldque et bihlio- graphique de Metz et de sa province. Metz, 1828; Ch. Dosquet. Paris, Tillard Ireres. In-8", de 292 pages; prix, M. Tessier, coniine nous croyons pouvoir le nomnicr sans indiscretion, le savant auteur de V Histoire de Tluonville, le re- dacteur des questions archeologi(|ues adoptees par VAcademie des inscriptions, yicnt d'ajouter ini titre de plusii tousceuxqu'il avait a I'estime des savans. L'histoire de Metz par les bene- dictins est tres-erudite , tres-consciencieusenient ecrite; ce- pendant on y a neglige plusieurs points essentiels; et nolani- iTient les commenceniens de la typographie.|La premiere ques- tion que se propose I'auteur est de savoir si la typographic- ai8 LIVRES FRAJ^CAIS. clajt en usage i\ Mctz avant I'annee i5(»o. II s'etonne que La Strna de Sanlarutcr ii'ait pas coQiprls Mctz, dans son dictiou- nairel>i!>Iiui;;rapliiqiic, au nombre dcs villes ot\ Ton iniprimail dans Ic xV sicclc, quoiqii'il conipte, dans son tableau sy- noptique, 204 villes, boiirgs ct moiiaslcres : ccUe errour a deja ele relevce par M. Charles Bonnet. Jean Colini ol Gc-iard de Viileneuvc I'aisaient paraitre on 14&25 et avec ccUo dale, le premier volume de I'imilalion de J.-C. M. Tessier nous en donne une description tres-detaiUee et capable de Siitisl'aire tcs plus minuUeux bibliographcs.il decritaTcc lomeme soin le Speculum Animm Peccalricis. Metz est done place parnii les dix premitires villes de Fnioce oi'i Tart typographique a ete pratique. Vient ensuite une notice asscz curieuse sur Adam Rot, messin qui parait s'etre ruin6 en exercant A Rome la" profession d'imprimeur : plutjietirs imprimeurs appeles Ru- bens, Roth, Lerouge pourraient, a raison de la confor- mite des noms, ne faire qu'un seul et mcme individu. L'au- leur ccpendant ne donne pas a oclte conjecture plus de poids qu'ellc n'cn merite. Jean Blagdalene est cite a tort cuuime Ic prcmitu' irnprimeur de Mctz, quoique son etablissement remonte t\ 1498: M. Tessier ne le rcgarde que connnc un libraire; en eflet le Hvre d'heui-es qui portc son nom a ete acheve pour Jchan Magdalene, ainsi que le dit la souscription. Le xvi" siede fut beaucoup plus lecond en publications : nous citerons comme digues d'inleret une chroniquc de Treves, et le Clicxalier aux dames, pocuie. Nous trouvons dans le xvii" siccle un tilre encore plus curieux : Le Cadet d'Apotlon, ne, nourri et elcve sur les rcmparts dc la famense citadelle de Metz, pendant la contagion de I'annee passiie iG-iS, endoclrini des mcil- leurs precept es des plus excel lens malecins pour s' op poser d la furie de la plus cruelle nialadie du genre humain, qui est la peste, etc., etc. On comprend aisement que plus les publica- tions s'accroissent, plusl'ouvrage que nous anuoncons quittc les fomies de la discussion pour s'a])procher de celles du ca- talogue; mais ce catalogue est raisoune, et e'est toujours le travail d'un savant. Le volume est termiuc par une excursion iypograpiiiiiue dans les villes voisines; un bon index de nonis et de lieux se trouvc a la suite dc celte excursion. P. DE GOLBERY. Beaux-Arts. 75. — * liinc'rairc piltorcsque da flcuve Hudson et des parlies latirales de I'Amrriijue du Nord, d'apres des dcssins originaux pris sur les lieux; j)ar J. SIilbert. Paris, i828-i82<). 2 vol. in-4" de textc, et atlas in-folio dc planches lilhographiccs par BEALX-ATiTS. 219 JiM. j^d«m, Dichebois, Deroy, Dupressoir, Jacottet, Joly, Sa- Ixtiier, Tirpcnne et Villencute. L'iliiieraire piltorcsqiie de M. Milbert est iin nouveau tii- biit que ce laborieux et actif V03"agciir paje a sa palrie. Dans I'iige des illusions de la vie, il s'enibarqua aYCC Baudin, et, force de s'airetcr u Pile de France, il mil son sejour A profit, et pu- blia scs obseivalious siir ce prtjs en deux volumes in-8"; plus tard, il dirigcaVatlas qui a parii a la suite duToyage aux terres australes publie par le gouveinement franfais; et, depuis la paix, il a parcourn one region neuve et interessante du Nou- veau-Monde, avec le titre de Aoyageur du Museum. Ce n'est point ici le lieu de signaler les nombreuses acquisitions que lui doit cetutile ctablissement : il nous suffira de dire que, tout en recueillant avec discernement des collections nombreuses, tout en prenant des peines infinies pour doter la France d'un grand nombre d'animaux vivans propres a etre naturalises chcz nous, il emichissait son portelcuille de vues pittoresques, de sites vierges que son Itineraire decrit tandis que son crayon les fait pa>ser sous les yeux du lecteur. Simple sans trivialite, elegant par une sorte de naivete de style, a laquelle les voya- gcurs modcrnes ne nous ont pas habitues , la relation de M. Milbert plait d'aulant plus qu'elle ne vise point A reflet. L'aualj'se du premier volume prouvera tout I'interet qu'offre sa lecture. Une longue preface retrace le but des travaux de I'auteur, et un rapport presenta au ministere par les profes- seurs du Jardin-du-Roi en forme la partie justificative. i\J. Mil- bert partit de France le i"septembre 181 5, et debarqua bien- tot a ^'eAV-York. Son Itineraire commence par la description de cette capitale, des fleuves qui en parcourent le tcrriloire et des t'otes qui le bordent. Cetle ville a quclque chose d'o- riental; pour s'en faire une idee, il faudiait pouvoir se re- presenter la bcaute de sa position au fond d'une bale inunense, oi^i des flottes peuvent sejourner a I'ancre, et de plus le mou- vement commercial el industriel, dont elle est le centre, sa po- pulation active et laborieuse, cnfin Tallluence des co-mmercans et des marins de toutes les nations cpu se pressent dans son port. Lcfleuve Hudson, sillonne sans cesse par des baleaux a vapeur (car nul peuple u'a tire parti de cette invention mcrveillcuso comme les anglo-americains), est lui-meme Timage de la vie civiliscc. M. Milbert presentc ensuite un tableau fort interes- sant des phases diverses de I'histoire de New-Tork, autrefois nommee NcAv-Amslerdam, et celui de ses agrandisscmens successifs ; puis il donne des renseignemeus fort curieux a consulter sur les hopifaux, les etablissemcns d'education el '.rutilite publiqiic . le; bib!i''thcqui'S et les ecolcs scientiti- 220 LIVRES FRANCAIS. ques, sur la vie ctlos habitudes intericurcs dcs habitans, etc. M. Milbort parc'oiinit ensuite les environs dc la ville, en s'achcniinant par le ])()nt du IVoi sur le continent, et visila I't'cole niilitaire do "NVcsl-Point, dont Ics reglcnicns out (|;k'1- que analogic avcc eeux dc notre Jtlcolc polytcihni([ue. Sur la cute de Jersey doniinent dc hautes murailles balsatiques, dont la coulcur noire tranche sur les rianlcs campagnes, «|ui de loute part se montrent a Tocil dc Tobservalcur. INon loin de Phillip's-Burg est I'endroit on giscnt les dcpouilles du jeune major Andre, dont I'execulion est un des episodes les plus tristes de la guerre de I'indcpendance. De Poughkeepsie 31. Milbert arrive a Hudson, capitale du comte de Colouibic, oil sc rendent une I'onle de Aaletudinaires, allircs par la re- nonmicc dcs bains de Saratoga. De la ville Hudson nous soui- mes conduits a Albany, ville peuplee par un grand nombre de tremblcurs ou Quakers, dont la denieure principalc est situee au village de ISiskayuna : ce qu'en dit M. Milbert, qui leur rendit visite, est vraiment curieux, et servira de complement au vaste chapitre des absurdites liamaines. En partantd'Albany, M. Milbert sc dirigea vcrsTroie, ville naissante, fort proprc et trcs-jolic, ravagce des sa i'ondation par un incendie, comme si le nom qu'elle porte avait du lui causer malhcur. Non loin de Troie s'eleve le mont Olympe , prcs duquel est Lanshingbourg, nom I'ort pen poctique a cote du precedent. Prcs dc "NVaterford le pout de la Mohawk merite de fixer les regards; on s'arrele aussi au fort Hardy, pres duquel le general Biu'goyne se rendit a Gates en 1777, et a la maison qu'occupait le general Moreau et qu'il cut bien fait, pour sa gloire, de ne jamais quitter. Pres de ce lieu, la louchante et simple inscription : jane mac-crea, 1777, gravee sur I'ccorce d'un pin jaune, rappelle a I'esprit de notre voya- geur unc scene dechirantc : cette jeune Amcricaine, au moment d'epouser un ofllcier dc I'armec anglaise du ge- neral Burgoyne vit partir son amant, force de conduire les troupes qu'il commandait dans leur retraite devant I'armee amcricaine. lletenu parson service, ce jeune militaire en- Yoya chercher sa fiancee par une escorte d'iudiens qui sui-- vaient les Anglais , comme auxiliaires. Rayon nante de joie et d'esperance, miss Mac-Crea les suivit sans defiance, fut massacree par eux; et, lorsque son amant accourut an de- vant d'elle , un Indien lui remit sa chevelure, teinte de sang et fraichement scalpce. Arrive a Saratoga, M. Milbert fut camper dans une hotcl- Icrie. Qu'on se figure unc salle, rcmplic par cent cinquantc convives, on persoiuie ne repondrait, meme par monosyllabes, BEAUX-ARTS. —OUVRAGES Pl^RIODIQUES. aai a un voyageiir qui n'aurait pas I'avantage de connaitre iin membre dc cette nombreiise compagiiie; puis, ties apparte- mens qui ne sont jamais occupes par moins de trois on quatre personncs. Cettc ville est, couime on salt, le Bagiieres des Etats-Unis. C'est par le Tillage Sandy-Hill que passent les families dcs colons emigrans pour penetrer dans Tinterieur du pays, dans le hut d'y defricher quelque coin de terre encore vierge. Pen d'endroits sont aussi pittoresques que les environs de ce village, peuple par des anabaptistes qui y out etablileur eglise. Non loin de Sandy-Hill sont les chutes de Bakers, donl les alentours ont inspire la verve de Cooper, qui a place en ce lieu le theatre des romans des Pionniers et du Dernier (lest Moliicans. M. Milbert fournit quelques details sur I'histoire na- turcUe de ce canton. Un endroit aussi pittoresque devaitnatu- rcllement inspirer ses pinceaux ; aussi trouve-t-on dans I'Atlas des vues nomhreuses de ces sites et de ceux du lac Georges. Ces lieux sont pleins du souvenir des Francais, et ont, a ce titre, un nonvel interet pour nous. En abandounant le village de Caldwcld, M. Milbert tenta une excursion dans les niontagnes d'ou jaillissent les sources du fleuve Hud- son, dans le conite d'Essex. Apres avoir visite les bains de Ballston, les bords de la iMohawk, les chutes du Canada-Crick, il decrit les costumes et les moeurs d'une tribu de sauvages qu'il rencontra a Manlius; c'etaient des Oneidas et des Mohe- gans. Enlin, ce volume est termine par I'histoire des peuples qui ont primitivement habite I'etat de New-York et par la des- cription des chutes si fameuses du Niagara, et celle du grand canal qui sert de communication entre les grands lacs et le fleuve Hudson et par suite I'Ocean, et dont le cours est de 565 milles de longueur. Comme on vient de le voir, cet itine- raire est rempli d'observations recueillies avec conscience pendant un assez long scjour en Auierique. II est enrichi de lithographies magnifiques, qui en elevent malheureusement le prix trop haut pour que cet ouvrage se repande bcaucoup. Lesson. Ouvrages pcriocliqiies. 76. — * Annales des Sciences cl' observation , contenant I'as- tronomie, la chimie , la mineralogie , la geologic, la physio- logic et ranatomie des deux rcgnes , la botanique , la zoologic ; les theories el les principales applications de toutes ces scien- ces a la metcorologie , a I'agriculturc , aux arts et a la mede- cine ; par MM. Saigey et Raspail, tom. I" : N° I. Paris, jan- 332 LIVRES FRANCAIS. vior 1829. Baudoiiin. In-8" *lc lOo pag^cs, avcc dcs plan- ches. Cos Annales paraisscnt Ic i" tie chariiic mois, par nu- meros de div Ibiiillos dc 58 lij;ncs a la page, ot accnnipagnes chacuii de 4 plaurhes gravoos. Ti'ois luiincros font nn voliirao, tormine par unc tabic alphaheliqnc. Prix do rabonnement, k Paris, 5o fr. par an, i5 (V. ponr six mois; dans Ics departc- niens, 30 fr. — 18 fr. ; pour Tctranger, 42 fr. — 31 fr. Lcs rodactenrs de ce nouvcaii rocucil periodique ont fait vm choix tres-conforme aux bcsoins dcs etudes paisibles ; ils se bornont aux connaissances dont la matierc est I'objet, et re- nonccnt tolaloment aiix perilleuscs investigations on rinlclli- gence pent s'cgarer dos les premiers pas , ct nc pins rctrouAcr la bonne voic; oii lcs passions de riiomme, des errciirs consa- crees par Ic terns et protegees p.fr des interets qui ne sont point ceux dc I'liumanite, opposent aux ciTurts de la raison plus d'obstaclcs qn'ellc n'a pn en surmonter jusqu'a present. Tontefois, qiie MM. Saigey et Raspail ne s'abandonnent point a nne iniprevoyanfe securite ; ils auroat sonvent a parler dc geologic, de pbysiologie , de ces sciences qui dirigent la pen- sec vers I'origine des choscs, vers les operations de I'cntcn- dement ; ils approclieront des limitcs de lenr territoire, 01^ ils rcncontreront infailliblement les troupes Icgcres d'nn cn- nemi qu'ils nc pourront se dispenser dc conibattrc. Qn'ils marchent toujours escortes de faits nombreux, incontcstablcs, et nc comptent jamais snr le dangereux secours dcs systemes. Le premier numero d'un nouvcau journal est ordinairement le prodiiit d'un ti-avail i^ait avcc bcnucoup de soin : celui-ci ne dement point cotte observation gcncrale. Apres un discours preliminaire , diclc par I'esprit philosophiquc, habitude dc raisonnement tout-a-fait etrangere i la philosopliie que Ton professc aujourd'hui , on lit plusieurs memoires dont chacun merilcrait que nous en fissions une mention spccialc et une analyse dc quelque etendne ; mais il faut nous resscrrer dans un espaoe si etroit, que, pour cettc fois, nous nous en ticn- drons an discours preliminaire , oi"i les redactcurs ont expose le but et le plan dc leurs Annales. Quoique Ton ait a rcprochcr a ce disroiu's quelqucs obscu rites et des incorrcctions que Ics re- dactcurs poiivaicnt cviter, on le lira cepemlant avcc interot et profit, el il fera bien augurcrdcs publications suivantes. Nous aurions pu en cxtraire quelqucs pcnsces pour les discuter; nous aimons mieux citercequi sera generalcmcnt approuvc. uNotre but, en [tuhViind CCS Jnnalcs , discnt lcs auteurs, est moins d'augmcnter le nombre des rccueils periodiques consacrcs aux sciences d'observation, que d'imprimer aux etudes soicntifi- OUVRAGES P^RIODIQUES. aaS ques une marchc nouvellc. Occupes pendant plusieurs annoes ii la rotlaction d'un jouinal dont Ic principal meritc est dans rimniense variete des objets f[u'il cnil)rasse , nous avons pii apprcndrc a connallre toutes Ics sources aiixquellcs nous de- vrons pniscr. En parcourant ccttc foule d'ecrits pcriodiqnes, ct suppulant la part que chacun d'eux apporte an develop- peinent dcs connaissanccs hiunaines, nous sonimes arrives A ce resultat, que Ics obsorvateurs ne manquent point de jonr- naux qui puissent enregistrcr leurs decouverlcs, mais que ce sont les observatcurs instruits etjudicieux qui manquent a la plupart des journaux. Nos Annales ne seront done pas simplc- ment un repertoire de fails, mais esscntiollement un journal de doctrine. En reccvant Ics memoircs originaux que Ton voudra l)ien nous communiqucr, en transcrivant on analysaut ceux qui seront publics ailleurs, nous aureus soin d'en veri- fier les resullats principaux. Le fait que nous aurons rceonnu comme constant ct vrai, nous le prodamc^'ons ouvcrtcment, fut-il conlraire a toutes les opinions refucs; mais fut-il ap- puyc de toute I'autorite des corps savans, nous le rejelerons, s'il ne pent soutenir ua cxamen attentif ct raisonnc. Dans le choix de nos materiaux, nous placerons rintcrct du public avant celui des auteurs, et I'interet de la vciitc fort au-dessus des avantagcs personnels. Voues par gout a I'etude des scien- ces positives, nous cherchcrons, par uous-memes, a en accc- lerer les progrcs. Necessaircment bornes dans nos connais- sanccs , nous reclamcrons, au besoin , les lumicrcs dcs au- teurs competens. Quant aux erreurs que nous pourrons comniettre, clles ne devront etre imputees qu'a notrc igno- rance : I'aveii n'en saurait etre penible a ceux qui, n'admettant point une infaillibilite dont jamais savant n'a donne Texem- ple, pensent sans doute, avec quelque raison , que la bonne foi est encore plus utile a la science que les talcns, le doutc que la credulitc , I'independance que les complaisances reci- proques ct la llatlcric. » Les planches de ces Annales sont faites avcc soin, et colo- riees lorsque la connaissance des coulcurs doit etre associcc a celle des formes. En general, tout scmble dispose pour la prosperitc de ce nouvcau journal, car nous ne doutous point que les redacteurs ne s'attachent scrupuleusement , dans cha- cune de leurs publications, a tenir tout ce que promet Icur premier nuuiero. F. 77. — Les Soirees de Famille, on Lectures A mes Enfans, redigees par M"" Jlida de Savignac. Parfs, 1829; Gide fils, rue Saint-Marc-Feydeau, n° 20, Iu-32. 2!i4 LIVRES FRANC AIS. Ce recueil parait tons les diinanches, par livraison ou Soi- ree, d'line feuille in-i8, acconipagnec d'nne gravure rcpie- sentant un site, un sujet d'histoire naliirelle, un costume, etc. Ce recueil parait destine a se fairc rcniarquer pariiii les ou- vragesexchisivementcousacres ;'i r<(lucation du premier age. Madame de Savignac, auteur de VHistoire d'anc Piece cle cinq fi^ancs, sujet use qu'elle a su rajeunir, et de rpielques autres coutcs agreables, s'est associee phisieurs homines instruits qui ne croient point faire deroger la science en la mettant a la portee de I'eni'ance. Les Soirees de Famille offreut une agreal)le variete de lectures et d'etudes. Bres. ^•8. — * La Psyche, Choix de pieces en vers et en prose. Deuxieme annee : tom. I et II. Paris, Janvier et fevrier 1829; J. Correard jeune, rue de Richelieu , n° ai. 3 vol. in- 18 de 144 ♦^'t ij8 pages; prix de rabonnement d'une annee, 58 fr. pour Paris, 41 fr- pour les departemens, 44 fr- pour I'elran- ger. Dans le dernier siede, te Mcrcnre et V Almanack dcs Muses etaieut le refuge des poesies fugitives trop pen etendues pour se presenter isolemeut en public; leurs pages s'ouvraient egalenient an jeune honiuie sans nom qui voulait modes- lement essaj^er le gout des lecteurs, et au rimeur vieilli dans les habitudes du metier qui imposait regulierement aux bene- voles abonnes les elucidirations annuelles ou mensuelles de sa muse. Rien n'est change aujourd'hui, si ce n'est le nom- bre des mandataires complaisans de ces nombreux versifica- tcurs. YI'Almanaeh dcs Muses a phisieurs concuirens, ipii, sous les litres iVJlmaiiachs , de CUansonniers , d'Hommages aux Dames ou aux Demoiselles, recueillent chaque annee leurs contributionsvolontaires. Le Mf?T«/'e n'est plus le jour- nal litteraire par privilege; et plus d'un rival lui dispute I'hon- neur de publier les preniices de la verve des Casimir Dela- vigne, des Lamartine, des Beranger et des A'ictor Hugo. Enfin,un recueil, consacre exclusivement a servir de depot aux vers de nos poetes, jcunes ou vieux, illustres ou incon- nus, classiques ou romantiques, parait deja depuis plus d'une annee, et promet de fournir une carrieie plus longiie et plus heureuse que phisieurs ouvrages du meme genre qui n'ont eu qu'unc existence ephemere. Au milieu de la petite guerre, peut-eire plus ridiinile qu'a- musante, qui divise notre litteraturc, les ediieurs de la Psy- che se soiit bien gardes d'arborer une baiiniere quelconque : leur recueil est un teiritoire neutre ou les champions des deux partis vienneiit tour a lour faire parade de leurs talens OUVRAGES PERIODIQUES. 225 ct lie Icurs forces. V ictor Hu^o y figure a crite de Casimir Dc- larlgne; les vers de Lamartine sont imprimes pres de ceux de ViWXtyw ^^ Agamemnon et de Pinto; enfin, on y trniive pCle iiiele les productions de MM. Alexandre Dumas^ Charles No- dier, Jules de Ressegider, Adolplie Nicolas, L. Belmontet , Denne-Baron, etc. Du reste, c'est une lecture curieuse pour I'obscrviiteur que celle de la Psyche; il y retrouve eii petit^ la physionomie poetique de notre epoque. Les elegies ont remplace les epitres classiques; raffectation du sentiment a pris la place des pretentions a I'esprit; et, si les bouquets a Chloris, les fadours de I'ancieune ecole eveillaient trop rare- ment des sourires de bon aloi, les elegies manierecs ct les froides sensibleries de la nouvelle n'arrachent pas plus sou- vent des larmes veritables. Nos peres ne devaient point lire sans baillcr V A Imannch des Muses (](\ 1770 oucelui de 1780; et, pour nia part, j'avuue que ce n'est pas sans fatigue que je suis parvenu au terme de ma lecture conscieucieuse des vo- lumes de la Psyche. Cependant ma perseverance a ete quel- quefuis recompensee : une meditation nouvelle de M. de La- martine, La Perte de CAnio, offre, comme les autres pro- ductions de cet aiitenr, qui a pris son rang parmi les pre- miers poetes de notre epoque . de grandes images et des vers iKtrmonieux. L'llalie, les vicissitudes de sa grande et triste fortune Font noblement inspire; ah ! s'ecrie-t-il en terminant : All ! garde-nous long-tems, veuve des nations 1 Garde an pieux respect des generations Ces litres muliles de la grandeur de I'lionime, Qu'on retrouve a tes pieds dans la cendre de Rome! Respecte tout de toi, jusque^ a te^ lanibeaux! Ne porte point envie i des destins pins beaux 1 Mais, seniblable i Cesar, qui, quand\'\ie^aic fut prete, De son manteau de pourpre enveloppa sa tete, Quel que soit le destin qui couvre I'avenir, Terre ! enveloppe-toi de ton grand souvenir! Que t'iniporte oil s'en vont I'empire et la victoire ! II n'est point d'avenir egal h ta ni^nioire. y ictor HvGO a prete deux de ses Orientates a la Psyche : des stances sur Napoleon et le Klephte. Vient ensuite M. Jules Ressegcier, auqiiel les tableaux fantastiques d'Ho- race Yernct et de Bouianger ont inspire de beaux vers sur la celebre infortune de Mazeppa. Le Dto]oniUS A lexandre d'OtPZH ; quclques p'u'ccsdc iM""" Celeste Vjen, etc. Nous aimcrions pouvoir ajoiiter ii cctto lisle les proihic- lions dc iM. Alexandre Di3Mas, doiit la Revue Enr^clopcdique a fait connaUic, il y a un an , I'uri des picmiers essais (voy. Rev. Enc, t. XXX1\, p. lo, une Ode sur La Peronse),vt de quclques aulrcs jeunes poeles; mais ces messieurs, qui se vantent, au nom de rindepcndance litteiaire, dc creer une nouvelle ecole, et qui oublient, comme I'a iort hien observe un de no? collahoraleurs (voy. ci-dessus, p. i23,ranalyse des poesies de M. f^icior Hugo), que le premier besoin du poete est d'etre soi, perdcut leur tems i'l suivre les traces de quel- q\ies esprits originaux, dans des voics oi'i ne les appelle point leur vocation. lis recueillent assez d'eloges au sein des petiles coteries oCi ilsvivent; le plus beau present que la cri- tique imparliale puisse leur I'aire, ce sont des avis, et des avis severes. Nous voudrions surlout pouvoir etre entendns et compris de celui d'entre eux que nous avons d'abord uom- me, et qu'im succes eclutant, mais non pas generalement conOrrae, a naguere fait connaitre. M. Dumas a beaucoiip de talent, maisqn'il se defie de sa facilite; s'il produisait moins, et s'il mettait k profit le tems consacre a I'esqnisse de nou- vclles ebauches, pour polir tt terminer ses premieres pro- ductions, je ne doute pas que cellcs-ci ne devinsscnt j)lus dignes de la reputation de leur aulcur. Qu'il ne s'avenluic pas surtout a I'aire des vers, avant d'avoir bien fixe le choix d'un sujet. Cest \\n defaut comnum parmi les poeles du jour: pourvuqu'ilsaient aligiie des rimes, ctentasseconfusementles details pitlorcsqucs i la mode, ils croient pouvoir interesser les lecteurs, lors meine qu'aucun lien ne rattacherait les ones aux autres leurs incohcrentes reveries. On remarque, dans la plupart des pieces inseroes dans la Psyclie, une profusion d'i- mages poetiqnes qui n'est pas toujours de la richesse; sou- vent aussi, clles ne sont pas choibics avec discernemenf, et il en est qui so\it completement fausses, comaie celle qui est fontenue dans ces vers : C'Olait au stin des mers, .sur ce lointaiii livage, Oil des paifums plus doux courent dans le bocage. Nous ne ferons pas d'autres citations, laissant aux jeunes poetes, dout I'avenii' nous interesse, conmie tuns les ?^^lS de la litlerature, le soin d'appliquer nos critiques au-\ passages oCj leur amour-propre d'auteur leur permellra de reconnaitrc les defauts que nous avons signales. Le fe'T>Hi-iIs recliemenl? OUVR. PER. — LIV. EN LANG. I^TR. 227 s'lipci'era-l-il dans leurs esprits uiie conversion salutaire? c'ost ce qu'i! n'cst guere perniis d'esperer. Mais, nous ne H- rons pas sans interPt Ics puLlioations successives dc la Psyche, ou IcuiS ocuvres tcmoigncron!; des prognVs I'litiirs de leur talent. a. Livrcs en languea Hrangcres , imprimcs en France. 79. — *Collectio selccta S. S. EcclesUe patnim, etc. — Col- lection rhoisie des peres de I'Eglise, coaiprenant leurs meil- lours ouvrages dogniatiqiies, inoraux, apologetiques et oratui- res; par M. Caillav, prCtrc des missions de Fiance, pin- sieurs autres prelres f'rancais et M. M. N. S. Gtillon, aiiteur de la BiI)liotheque choisie des peres grecs et latins. Tom. Ill et IV; Paris, 1829; Mcquignon-Havard, et Poilleux. 2 vol. in-8" de 489 ct 4/0 pages. II parait chaque mois une livraison de 2 vol., dont le prix est de i4 francs. Ces deux volumes, qui sont consacres aux prres du troi- sit'me siecle, renferment : i" le livre V du traite de Saint-Jrc- nre, de Lyon, confre I'/u'rcsie, dans lequel le saint eveque cherche a proiiver la certitude de la resurrection I'uture des corps et coirdiat plusieurs erreurs avancces contre ce dogme par les heretiques de son terns. Les ediieurs en ont retranche quelques chapitres qui traitaieut du rcgne miUenaire , croyance que I'Egiise n'avait pas encore improuvee et qu'elle a con- damnee depuis. Nous aurions souhaite qu'ils eassent ele conserves, car il itous semble qu'un simple avis, rappelant I'acte du concile qui a condamne cette opinion, aurait suffi pour prevenir tout danger. — 2". U'Octavius de M. Minuiins Felix, monument remarquable , non -seulement par les ren- seignemens qu'il donne sur les moeurs des paions et des Chre- tiens de son siecle, mais encore par Telegance , la puretc, I'eclat d'un style rapide et anime. — 5" Les oeuvres de Cle- ment irAlarandrie , publiees sur Tedilion d'Oxford, 1716; savoir : VErlioriation aa.v nations , le Piedagogas, le Discoiirs sur le saint da riclic, les Stromnies. Qu'on nous pcrmette de faire ici une observation : II y a dans les livressaints des( hosesqui, traduiteslittcralement dans leslangucs modernes, blesseraient non-seulementnosidees de decence , mais encore la pudeur et la morale telles que nous les entendons; I'impiete meme s'est servie de ce moyen pour Jeter sur la Bible une tcinte d'immoralile ridicidc. En d'aiiires termes, les langucs ancienncs etaicnt bien moins pudiques que les notres. II n'en faudrait pas trop promptc- nicnt coucliliv? , commc I'ont fait quelques ecrivains, que les aiiS MVRES EN LANCIES KTRANfiERES. inocurstlcs anciensctaiont pircs que ksnntrcs; oiijcommc d'an- tres, quclcsnntres, an conliairo, sonl plus corrompiics ct (]iu; nous les couvronsseulcnient d'lin voile plus cpais (rbvpocrisic. Qiioi qu'ilen soit do celte question, du icste tort inutile, puis- qu'il est impossible de la resoudre jamais , il est certain «[ue beaucoup d'expressions , dc loeutions , de pensees niemc que les ancicus rcgardaient comme biei» seantes et fort innocentes onl perdu pour nous leur purete oiij;inelle ; elles nc piesentent phis a notre esprit que des images obscenes, capables de cau- serdu desordre dans de jeunes imaj;inations, pour lesquelles les idees de yertu et de continence sont presque inseparables des principes de decence que leur a inculques nOtrc education moderne. L'ouvrage que nous annoncons tombera, sans nul doute, entre les mains de beauconp de jeunes pretres, car c'cst specialement a eux qu'il est destine. Or, nous ne pon- Tons nous empecher de blamer les editeurs d'avoir laisse sub- sister, dans le Pidagogas de Clement d'Alexaudrie, une foubi de passages qui rappcllent les ouvra^cs trop fameux du jcsuite Sanchez. Nous nous abstenons de signaler les grave* incon- venicnsqui pcuventen resulter, parce que chacun les sentira ; nous nous etonnons que les editeurs n'y aient seulement pas songe. Lenr plan leiu" permettait bien des retrancbemens de cette nature, puisqu'ils en ont fait d'autres avec raison, pour des motifs difterens. 4°. Enfin, le discours de sainl Hippolytc, eveque ct martyr, sur Jesus-Christ et I'Antecbrist, ct divers morceaux du nieme pcre. Quant a I'exccution typographique de ccs deux volumes, nous la louerous sans restriction; a peine avons-nous renton- Ire queUpics fautes d'imprcssion pen importantes, et Ton sail c<)ml)ien il est dillicile de (aire unc edition corrccle des ouvra- gcs en langues niortes : une telle cntrcprise exige presque un personnel d'imprinierie compose de savans. Celle-ci ne pent manqucr d'obtenir un succes complet, et bien merite. 80. — Maximes et reflexions muralcs du due de La Roche- foiicautd, traduites en grec moderne, fAvJVladimlr Brunet; revues et corrigees par G. TaEocHAROPOiaos, de Patras, pro- fesseur de langue grecque ancienne et moderne ; avec une traduction anglaise en regard. Paris, 1828; Firmin Didot. In-8" de xxi et ooi pages ; prix, 6 fr. 5o c. L'o^uvre de sang, il faut I'espercr, est maintenant terminee pour la Grecc ; elle s'est moutree digne de la liberte : c'esi desormais a la pensee a faire le restc el a compb';ter sa rige- neralion. Plusicurs ouvrages de nos auteurs dassiraes out etc traduils en grcc moderne, et ne coulribucnt p.is pen a re- LIVRES EN LANGUES fiXRANGERES. 229 "reiller chez ce peuple de lieros le goQt des lettres et des lu- niijjres, saiis lesquclles la liberie mCnie n'est qii'un bien d'un jour. C'est done aA ec iin vif plaisir que nous aunoncons le ti-avail de M. JVladimir Brinxet , tres-jeune helleniste, qui donne par la le droit d'attcndre a I'avenir beaucoup de lui. Satache n'etait pas sans difficultes : outre celles que rencontre tout honinie qui veut fuire passer un ouvrage dans une autre langu« entiereuient differente de genie et de formes , il en a du trouver encore dans la concision de La llochefoucauld et dans une multitude d'autres circonstances qui tiennent ;\ la disparile de mocurs, de coutunies, de civilisation en un mot. M. Brunet a su les vaincre et nous Ten felicitous. A. P. 81. — * Poczye Aclama Mickiewicza. — Poesies diAdam MicRiEAvicz. Paris, 1828-1829; Barbezat et Comp., rue des Beaux- Arts, n° 6; Geneve, meme maison. 3 vol. in- 18 de 200 a 240 pages chacun; prix, i5 fr. Voici le premier ouvrage polonais qui ait jamais ete im- pnme a Paris, au moins idle est I'opinion de I'editeur des poesies de Mickiev\icz, M. Leonard Chodzro. II est vrai,, conmie il le dit dans sa preface, que quelques brochui-es y avaient ete publiees en langue polouaise, niais elles sont ini- primees avec I'alphabet romain, auquel il manque plusieurs caracteres pour cxprimer tous les sons de cette langue. Les poesies de M. Slickievvicz out paru en Pologne, tantot dans des brocbures ou de petits volumes isoles, tantot dans les journauxlltteraives. Elles furent accueilliesavec enthousiasme dans sapatfie ; et plusieurs de ses ecrits ont ete traduits en alle- mand, en russe, etinemeenpersan.Plustard, nousreviendrons peut-etre sur ce siijet, et nous nous eflForcerons de porter sur ce poete et sur ses ouvrages un jugement motive par un exa- men approfondi; nous nous bornerons aujourd'liui a donner, en quelquc sorte , la table des maticres contenues dans les trois volumes de I'edition de Paris. Le premier volume renferme des ballades, des romances, des poesies diverses; et nn pocme lithuanien, intitule : Gra~ zjna, dont le sujet est emprunte au moycn-age. Nous trou- vons dans le second : 1° un poeme intitule, les Aieux, o(\ sont encore mis a contribution les usages et les chants populaires de la Lithuanie, babitee par les descend-ans des anciens He- rules; 2° 4o sonnets, divises en deux livres ; les 18 derniers ont pour titre : Sonnets dc Crhme, parce qu'ils furent compo- se* par M. Mickiewicz, pendant son exil dans ce pays ; 5° une Epitre^dressec ;\ M. Joachim Lclewcl, lllustre professeur d'his- toirc gentrale a runivcrsite de "NVilna, destitue pour ses opi- '27,o LIVRES EN LANGUES I^TIlANCfeRES. nions liberalts ot scs scnlimcns pLitriotii|iics; 4° enfin, mi Fragment do la Iracliidioii dc Childe-Harold, et qiicl(|iic.s pit'-- oes I'ligitiNCS. Lo lioisirnic volume renl'erme iiii poemc, Kon- rad Tf^allturod, dont !e snjet sc rnpporle a uiie epuciiie ct a im pays tpie rauleur affcclioiinc paiiiculieiemeiit : Ics giienes snuleiuies par Ics Litluianiens, coiitrc les nioines amies de la Prusse , Ics chevaliers tenlonitjiies; cl iin grand nombic do poesies fiigilives, parmi lesqiieiles on distingue VOdcnlajeu- nesse, qu'on rcgarde comme un desclic{s-d'ceiivre de I'aiileur. M. MickieA\i!Z etail autrefois prolesscnr a I'ccole de Ko'R'no; il avait fait anparavant ses eliiiles a I'linivcrsite de Wilna, siege d'line societe litteraire et philantropiqne, conniie sous le nom de Soriele dc la Jeiincsse rayonnante , on dcx sept rayons da soldi, qni comptait, an nomhre de ses meinbres, pliisieurs milliers d'anciens etudians. Elle u'avait aiicune rcsseinblance avee les associations universitaires de I'Alle- magne; cilc elait memo antorisee par le conseil de I'uni- versite. M. Mickiewicz etait un de ses grands dignitaires. Mais remperenr Alexandre, plein de ferveur alors ponr les principes de la Sainte - Alliance, s'entendit avcc son allie i'emperenr d'Antrirb.e, afai de bannir de leurs l^tats tout ce qui pouvait entretenir des pensees genereuses, et se hala de mettle, pour son conipte, la main a I'oeuvre, en dissohant la Socii'te dcs sept rayons du soldi. Quelques centaines de ses menibres fuient emprisonncs. Thomas'Lxy, son chef supreme, est encore renferme dans une forleressc de Siberie; neuf au- tres chefs furent exiles dans diverses contrees du vaste empire moscovite. M. Mickiewicz fut envo3^e en Tartaric, on il cher- cha, dans ses inspirations poetiques, des rcmcdes contre les ennuis de I'exil. II est aujourd'hui a Saint-Pctersbourg, sous la surveillance de la police. Nous devons rapporler ici uiie action pleine de delicatesse et de gcnerosite, que nous nous serious peut-etre abslenu de citer, dans la crainfe,de blesser la modestie de son auteur, si les journaux pobmais u'avaient dej;\ leve le voile qui couvrait son nom. Pendant son sejour a Paris , M°" la comtesse Ostrowslui, nee priucesse Sar,- gusiko, fit recueillir loutes les poesies de M. Mickiewicz, on fit faire une edition de luxe, avec de foi t belles vignettes et le portrait de I'auteur, auquel elle a fail present de tons les exemplaires. C(;t hommage etait d'autant plus flalteur pour le poetc, qu'il ne s'adressait qu'a son talent : I'edileur nous as- sure que ]M°" la comtesse Oilrowska no connait point pciv.'.i- uellcmeut M. Mickiewicz. M. P. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTfiRAIRES. AMERIQUE SEPTENTillONALE. ETATS-UNIS. Journal, t/es Indiens Clierokets. — Voici une veritable tu- riositt; litlerairc, un de ces monumens qui datent dans I'liis- toire des peuples, parce qu'ils sont on uno importante con- cession dii pouvoir, ou i'expiession du sentiment des masses. Lors nieme (jue les jouinaux sont les organes dc la force, ils sont encore utiles par leur publicite, ct conime preparant les voies a la discussion, lly a loin sans doute du premier jour- nal public en i588, par les ministres d'Jillisabeth, pour parlcr de I'Armada, et ranimer I'esprit public, aiix innombrables feuillcs qui soutiennent aujourd'hui en Angleterre la cause de remancipalion et de la justice, et cependant les unes ne sont qu'une consequence de I'autre. Une t'ois la tribimeelcvce, il y a chance d'y Yoirmonter les amis du pays, et il ne Taut que savoir attendre. A en juger par le debut des Cherokees, ils n'auront pas a siibir un penible noviciat. Grace a I'exemple et an voisinage des Etats-l'nis, ilsentrent de plein pied sur le terrain de la liberie. Y demeureront-iis? Ces institutions greflees porteront-elles de bien vigouieux fruits? Celte edu- cation pncoce, que I'experience n'a pas faite, tiendra-t-elle contre les passions sans frein et les habitudes desordonnees de la vje sauvage ? C'est ce qtie le terns docidera : mais ce que nous avons entrevu des Annales de ce nouveau peuple, qui reclame sa place dans la civilisation, annonce un esprit d'imitatioii plutot qu'un esprit createur. II n'y a point de seve ; rien qui scmble se raltachcr au passe, qui emanedes souvenirs, des affections de la nation. Partout des intentions pnres ct bonnes, mais apprises. Peut-etre le caraclerc parti- cuhcr a une race d'homnus sauvages, qui sort de ses lorets poiii- fonJ'^r une constitution, se uianifestera-t-ll plus tard : 'j3a AMli'HIQUE SEPTENTRIONALE. ft alors cc sera iine belle etude et tin ciiriciix spectacle. Jus- qiie-la nous n'avons qu'une pale coutret'acon des institutions europecwnes. Le Phrnix Cliirokee^ journal dc la nation indienne du mOnie nom, s'inipn'nie a la iYoHre/Ze-^c/w/a ( New-Echota), en an- f^lais et en clierokee. Les souscripteursen etat de le lire dans, cellc derniere langjue I'auront a plus bas prix. On le reeoit aISeAV-York,a Utique, etc. Le nunicro54, da 22 octobre 1828, contient un rapport du Conseil general de la nation des Cherokees qui s'ouvre par nn discoiu's des prineipaux chef's. En voiciquelqucs passages : « Quoique nous ayions en a soufiVir mainte epreuve et mainte tribulation, et que les tristes effets de I'intemperancc se soient I'aits sentir parnii nos, concitoyens, nous esperons que, sous des lois sages et salu- laires, I'iiifluence croissante de la civilisation, de la moralite,, de la religion, nous assurera, ainsi qu'a nos enf'ans, line part de bicn-etre et de prosperite. Elus par le libre suffrage du peuple, siegeant ici en vertu des privileges garantis par la constitution, appeles i decider de plusieurs questions fon- dameutales, vos deliberations seront necessairement d'une haute importance. L'organisation du gouvernenient nouveau, la revision et I'timendement des anciennes lois qui doivent elre niises a riniisson des institutions nouvelles, reclament toute votre attention ; et il ne saurait echapper a votre sagesse que, pour etreexecutees, les lois doivent etre eourtes, simples,, appropiieesa la situation de la nation. Le systeme judiciaire cxige surlout luie deliberation sericuse : I'appel devant les Cours de justice 'doit etre exempt de toutes formalites com- pliquees, et tout obstacle aplani, de maniere ;"i ce que les parties sachent clairement ce qui est allegue pour on centre elles, et puissent etre jiigees avec toute justice et loyaute. » Dans le nieme discours, on propose de faire un fonds pour I'etablissement d'uu College nativnal a la Nouvelle-Echota, eii affermant quinze niilles carres de terres, et en affectant le vcvenu de cette location i I'entrelien de I'Ecole. Des recla- mations laites par la Georgie, et ayant pour objet des por- tions de terrain appartcnant aux Clierokees, sont repoussces avec indignation, et donnent lieu a des recriminations contre une parlie du peuple, qui a consenti a emigrer, et a s'eta- blir a I'ouest du Mississipi, en qualite de colons des Etats- Unis, seduits par le present fait a chaque Indien d'un fusil: dc cliassc, d'uiie coiuerltirc, d'une irappe on p'u'ge en acir'\ d'une boidlloire dc cuirrc, et de cinq Uvrcs de lahar. ■ ■ Le Conseil general ou Congres se compose dc u } 4einhves^ I^TATS-IINIS. — AFIUQUE. a35 troispourchaque ttfstrict. Cos districts, au nombredeluiit, sont CInckatnanga, Chattouga, Consewatie, Haute-Tour, Hickory, Log, Ta/niuohie, Jquo/iie, el A-mo-liie. Le Coiiseil, organise Ic 1.1 oclolire, a tenu seance le i5. he Serpent actifovx allant (Going Snake), a ote nomine president. Entre autres actes curieux du parleuient cherokee, nous cilerons ceux-ci : « John Ross et Georges Lowrey ont ete elus principaux chefs de la nation chcrokoise pour quatre ans On a lu cnsuite une petition de Georges Candy, demandant an Conseil national la joiiissance d'uu assorliment d'outils de forgeron, en vcrtii d'lnie provision faite paries chefs, le aG octohre 1820:00 qui lui a etc accorde ; plus une somme de Sj dollars ponr les premiers IVais. — La Chambi'e basse a propose de soimiettre a une taxe de 8 dollars toute personne qui introduirait des spectacles ou curiosites a New-Ec/iota, pendant la session du Conseil general : cette mesurc a ete adoptee. — On a dememe arrete que la paie des juges de la Cour supreme serait de 4 dollars par jour, et que Texercice de leurs I'onclions serait li- piite a trois semaines par an. » Outre I'organisation et la seance du Conseil, le journal contient une leltre d'un capitaine Rodgers, une proclamation de Washington aux Cherokees, en date de juin 1794? des extraits des journaux anglais et des gazettes des Etats-Unis, sur la politique etrangcre, sur la guerre de la Grece avec la Turquie, etc., des citations d'ouvrages, de revues. II y a une division rcservee a la poesie, oi'i n'ont figure jusqu'a present que des vers anglais. Le papier a environ ig pouces de long- sur 12 de large. L'impression, divisee en cinq colonnes,est assez nette. Les caracleres cherokees occupent une colonne et demie, et sont un curieux specimen tjpographique. L. Sw.-B. AFRIQUE. Cirilisalionde f A frique.- — Colonies danoises. — L'un des chefs de la ville d'lJssu, pres de la forteresse danoise de Christian- Ijourg, sin- la cote dcGuinee, envoya, en 1826, en Danemark, son fils, Noi-Dacunnaj age de seize ans pour y recc voir une edu- cation europeennc. Le roi chargea d'une maniere speciale M. iVA l>raliatnson, son aide-de-camp, de prendi'e soin de ce jeune homme, auquel on a prodiguedesleconsde tout genre. Apris avoir accepte avec plaisir les instructions religieuses qu'an lui avail olferles, i! a consent!, avec de vives demonstrations de icconnaissancc, ;'i rccevoir Ic bapleme. Le roi lui-iuemcabicn a34 AFia()lJE. — ElTxOPE. voulu liii scrvir do paiiain, en nouiinant M. d'Abrahamsnu pour Ic rmiplaccr dans la ctJicmonie. FrVay- Faruis.Les missionnaires, qui etaient Ions nialadcs, sont hors de dangler. On doil aussi balir a Millsburg un nonibre sulli- sanl d'babilalloiis pour recevoir de i5o u 200 aulres enii- grans , destines a renforcer la colonie. W. GRANDE-BRET AGiNR LoKDRES. — Politique. — Destitution du procureur-gaural sir C.lVetkerell. — Invectives du parti orangislc contrc le minislire. — Craintcs fondces de t'aristocratie. — Duel politique. — Lec- ture du bill a la CItambre des Pairs. — Attitude de I'lrlunde. — Manifestation de I' opinion en Ecosse. — La cause de la justice semble gagnee en depit des vociferations de ceux qui vou- draient la proscrire ; ['opposition, lenlee par une Ires-fiiible iniuoiile a la chanibrc des comniinics, a etc nulle, connne talens et coninie principes. Dn des incidens reniarquables des debats est la fouguense sortie du procureur-general sir C. JP'etlurell : il a proleste, de la voix et du gesle, conlre le bill atroce. « II u'avait rieu ,'di.-ail-il, qui lui pesfil sur la conscience , point de discours dont il eQt a rougir , point d'apostasie a expliquer; il «Hait procureur-general dn roi , et il lesterait procureur-general. » Cetle prediction lui a porte nialbeur; le roi a trouve le zele de son loyal sujet par trdp intempeslif, el I'a suspendu dc ses fonctions. Voila un beau tcxle aux alarmes et aux cris du parti orangisle; aussi ce parti ne sait-il plus oi'i s'arreter. Apres en avoir appele au roi , ses journaux s'adressent au people , et deniandent la dissolution du parlement, ct le renvoi du ministere le plus in fame et le plus meprisahle qui ait jamais regente FAngleterre. Ce sont les expressions mesurees des organes du clerge •:;i- glican. Suit un portrait de cliacun des mcmb.rcs du . abinet, uu rinsnltc n'est pa.> epargnce. La conduil'' .- et dignc gr\ni)e-bi;etagne. 335 de M. J^cscy FUzgrrald , pcnilnnt I'rlcclion do Clare, est cou- Aeriie eu line parasle dc seusibilite : on Tacciise d'avoir « pleuro, on fait semblant do plcurcr, an lieu de foider aiix picds la canaille qui rngissait autour de lui. » Mais cc serait Iroj) s'arreter a des iuvectives qui ne meriteraient qu'une di'daij^neuse indili'erencc, si ellcs ne cachaieut encore plus de craiiites qu'cUcs n'en exprinient. C'est un instinct de sa propre surete, de sa propre conservation, qui pousse I'aris- tocratie anglaise a cet execs de fureur. La vieillc conslilution, son palladium de toute ctcrnite , uiie fois si gravement en- tauiee, liendra-t-e!le bien long-tems? La rernrnie d'un abns n'eutrainera-t-elle pas d'autres reformes? et alirs que de- viendraient ccs antiques privileges si religieuscment n)ainte- luis, cette morgue aristocralit;uc d'un si grand poids daus les Glioses de la vie? En voyant les masses s'agilcr si violem- ment, on pent augurer qu'il n'est pas question de piincipes seulement, mais d'interets positit's. La portion intoleranle de I'aristocralie s'est isolee, dans cette grave question, du gou- vernement et du peuple , et ccia, non de sa volonte propre, inais pane qu'elle a ete abandounee. II ne lui reste d'appui que daus le clerge; et si , cnmme il y a tout lieu de le croire, I'emancipation est prononcce, ellc perdra meme cet auxi- liaire, qui sera force d'en venir enfiu a im comproniis aveo les opinions nouveiles. Qu'elle y prenne garde; il n'y a pour elle de chances de saint que daus la conversion, on toutau moins dans quelques concessions laites de bonne grace. Le duel ridicule de lord JVinchelsea avec le due dc JVelllng- ton, A propos de la fondalion du college du Roi, a ete un intermede bouffon de ce grand drame. Le nol^le lord est un ■enfant gate, qui crie bien haut, frappc du pied, s'emporte, et croit avoir raisonne. II a ecrit d^n^ les jonrnaux beau- coup de sottises sur "Wellington, qui lui a rcpondu par un argument peremptoire, un cartel. Les deux adversaircs se sont rendus sur le terrain; et, aprcs un coup de pistolet du ministre qui n'a pas portc, lord Winchelsea a tire en I'air; deplus, il est couvenu qu'il avait mis peut-etre un pen trop de legerele dans son jugemeut, et les t hoses se sont arrangces i I'amiable. Cette manicre d'eclaircir un debal parlemeutaire n'en est pas moins fort curieuse : quehjues gens ont bl/ime Ip ininistre , le plus giaud uombre I'a approuvc ; les circon- stances, qui en ont fait un heros a Waterloo, en font aujour- d'hui un grand homme d'Etat ; et la religion du succes est tellenient uiuyersclie, que de toutes parts lesyeux se dessil- lent , et les plus incredules se convertisscnt. C'est un des 256 EUROPE. traits raracteristiqucs du siecle que celtc apolhcosc do la mo- diocritc qui ne I'ait qu'accomplir la peijsee dc luus; il y a aussi a fairc la part d'une syinpathic presque p;ciici'ale pour la motion qii'il a etc donne a lord "NVcUiugtou dc proposer et d'euiporter. A la Cliandjie dcs Pairs, lorsquc le minislre so disposait a douner une seconde lecture du bill, tons les spec- taleurs , et meme les fenimes, se sont leves et i'ont ecoute debout. La niajorile a etc de cent cinq voix cii faveur de I'emancipatioii ; c'ctait l)eaueoup plus qu'on n'osait espcrer de la Cbanibrc bautc. Mais que I'ait I'lrlaudo pendant ce procesde vie ou de mort? Elle est cahne, digne, plcine dc confiance dans I'avenir : non- sculcuicnt I'elevation du oens a etc acceptee , niais, par suite, O'Connell a, de lui-niemc, renonce aux droits de son election si peniblenient et si glorieusemcnt acquis. II sera rcclu d'a- pres la nouvelle loi, ou il attendra son tour, qui ne pent man- quer d'arriver. Ce peuple si ardent, si passionne, il y a quel- (|ucs niois, est d'une moderation admirable : A I'approche de la libcrte, il se recueille comme les Israelites devant I'arcbe sainte. C'est Ic fruit de tant de sacrifices, raccomplissement de tant de voeus, qu'il se mele ii sa joie je ne sais quelle auste- rite qui en temperc les elans. L'tcosse aussi a mis son poids dans la balance : sir James Mackinlosh a presente une petition en favour de la liberte ci- vile et religieuse, revetue de 8,000 signatures, en tete des- quelles figure le nom de Walter Scott. L'honorable membre se rejouit de trouver les deux plus grandes illustrations de la Grandc-Bretagne , dans les lettres et les sciences, du cote de I'emancipation. Sir Humphrey Davy, malade i Rome, a ecrit de son lit de souflVance une leltrc pleine de chaleur et d'ener- gie pour declarer son opinion sur le bill , et I'appuyer de toute son influence. Une assemblee, ou se trouvait reuni tout ce que I'Ecosse possede de talens au barreau, dans I'Eglise, dans renseignement,a eu lieu a fidimbourg. Beaucoup de discours out etc prononces, tons en faveur de I'emancipation; le plus remarquable est celui du docteur Clniliners , professeur de llieologie a I'uuiversite d'Edimbourg. 11 a dit en termes pre- cis, « que, dans I'emancipation des catholiques, il voj^ait pour les prolestans une emancipation encore plus grande et plus glorieuse. » — Chirurgie : Dissection.' — Bill de MAY XRT>VRTOfi; Discours (I'un Franrais en faveur de la mcsare proposce. — Ciirieux testament. — Un des prejuges les plus enracines en Angle- terrc est celui qui s'opposc aux etudes (j, comme nrneineiit, dans le jardin, la four on le peristyle de runiversite, ou garde par un de me» cxecnteurs, auqiiel je doiinc pleiii pouvoir de disposer de cette parlie de u\^^ personne movie selon qu'il le jugera plus utile. » Fort de cette bizarre preuve de devouuient, I'autenr pro- pose, n 1" que tout chirurgien, medecin , membie de la le- gislation on du gouverneuient , tout individu , honiine ou femtne, qui sent la necessite de la raesure proposee par M. "NVarburton, appuie le bill par tons les moyens en sa puissance , et commence par leguer son corps a nne ecole de dissection, afin de montrer sa sincerito, et sa sympatti'te pour les classes pauvres , qui profiteront les premieres des pro- gres de la medecine. i" Qu'afin de combattre les pr'cjuges, et les ecrits en faveur de folles et superstitieuses craintes, oliaque homme fasse envisager, en se mariant, a sa ieranie, les terribles suites de I'ignorance et de I'obscurite en mede- cine ; qu'il en obtienne une promesse solennelie de soumettre pes enians, son mari, a une autopsie , dans le cas ou I'un d'eux viendrait a mnurir prematurement. 3" Que quelquc habile chirurgien etablisse, aussilot que possiJ)le, a Loudres une salle de dissection pour les lemuies, dans le but de pre- venir les accidens causes par le pen d'instraction des sages- femmes, qui, lort employees en Angleterre, n'ont pas meme la plus legere notion d'anatomie. 4° Que tontc personne in- depeiulante, et qui veut du bien a ses semblables, repande et afliche chez elle I'avis que voici : « Des centainrs de personnes mcurent chaque jour, faute de savoir expliquer anx medecins et anx chirurgiens le siege de leur mal et sa nature ; elles sont traitecs pour des affec- tions de foie , de poitrine, et snccomhent anx remedes plus qu'e'i la maladie. Des milliers d'individus sont sacrifies au maintien d'lm prejugo nuisible , qui ne pent jamais t'aire de bien ;'i personne. line f'emme, qui avait perdu netif cnhns avec les symptomes les plus extraordinaires , decouvrit trop tard que , si le corps du premier avait ete examine , elle aurait pu sauver les htiit antres. Et combien de fois ces cas d'une obscu- rite totale ne se reproduisent-ils pas dans I'application de la medecine ! etc., etc. Enfin, dans son desir d'ecarter tout ce qui pourrait noiu'rir I'a version du peuple pour cette nouveaute, I'autcur vondrait «que le comite central d'anatomie prit pour motto le perfec- tlonnement de la science de la vie, et, au lieu d'hommes noirs etde cortege funebre, envoyut gaiment, i\ ses frais, un bean chariot, ornc de plumes ct de banderolles de coulcur, et at- a./jo EUROPE. tele do tlicvaux blancs, chcrehcr les corps dos pan vies cl des riches qui auraicnt legue leurs restes au comile anato- miqiie. » AhstracUnn iaitc d'unc foulc dc hizarrcries et d'cxtravagan-^ ces, il y a dans cctte brochure d'cxcelienles choses. L. Sw. B. RUSSIE. Saim-Petersbotirg. — Manuscrits en lanqaes orUritalcs, ap' portcs dc Syrie par'Sl. Berggren, voyageur et orionlalisle Sue- dois. — Pulilication d'ltn dictionnalre francais-arabe. — M. Berg- gren, qui a parcouru, pendant les annees 1820, 1821 et 1820, la Tnrquie , la Syrie, la Mesopotaniie, la Palestine et TEgyptc, a rapporle de Syrie des manuscrits tres-curicux, parmi les- quels se tronve la loi secrete des Druses, que le voyageur, aide dn prufes-ooo ecoles publiques, et on evaluait a 55o francs le prix d'un mo- bilier complet. I^ gymnastique n'etait done enscignce que dans les ecoles militaires ct regimentaires, dans 10 ou 12 institu- tions particulieres et dans (io ecoles publiques environ. Ce- pendant, le roi desirait vivcment de voir I'etude de cet art devenir generale.. II nomma, pour examiner si les obstacles allegues etaient insurmonlables, une Commission composee duniinistre des culles et de I'instruction publique, et de MM. Lassen, conseiller d'Etat, le (^\\e\i\\\ev cC Abruliumson, aide-de- camp du roi, ISaclitegall , directeur de la gymnastique. Mons- ter et Scliack, prevots. — La Commission considera (|iie s'il etait on effet impossible, sous plusieurs rapports, d'inli oduire dans cliaque ecole un cours complet de gymnastique. il etait fecile d'y faire enseigner les parties de cet art qui inijiortcnt au plus grand nombre et qui exigent le moins de dtpense dc terns et d'argent. Elle prcsenta bientot son rapport , d'a- pres lequel fut rendue une ordonnance, en date du '.i5juiii T. XLII. AVRIL 1829. 16 24a EUROPE 1827, qui rogla renseignement dc la gymnnstiquo. Los ccoles publiqucs y sont (livi-t'os en trois classes : ecllcsdela premiere devront avoir uii professeiir sorli de rinslitul normal mili- laire pour la gymnasliquc, et un mobiiier dc la valeur dc 3oo francs; Ics ecoles de la seconde auront anssi un profcsseur special, eleve i\ celte lin dans les seiiiinaires pultiics, ct un mobiiier du prix de 90 I'rancs; celles de la troisieine classe eiifin, oi'i un maitre d'ecole ordinaire tiendra lieu de profcs- seiu', seront fournies d'un mobiiier dont la valeur sera de 8 francs environ. D'apres I'expresse recommandalion du roi, on emploiera dans Ics trois series I'enseignement mutuel toutes les fuis que cela sera possible ; quand on ne le pourra pasj.renseignement simultane devra etre prefere a I'ensei- gncment individuel, a mqins que le danger des cxercices ne rendc celui-ci indispensable. Les cxercices de chaque serie sont divises en un certain nombre de classes, suivant les talens du professeur, Ic terns qu'on pent consacrer a ses lecons, ct le mobiiier qui est a la disposition de I'ecole. Les ecoles de la premiere sorie ont sept classes comprenant 100 cxercices; celles de la seconde ont le mC'me nombre de classes et g4 cxercices ; celles de la troi- sieme ont quatre classes et 27 exercices, qui ont etc intro- duits, immediatcment apres la promulgation de la loi, dans toutes les ecoles ruralcsdu royaume. Ces exercices seront per- feclionnes et rendus plus nombrcux aussitot qu'on aura les moyens de le fairc. Les exercices de la seconde serie ont etc introduits immediatement dans toutes les ecoles publiques des villes, et ceux de la premiere dans toutes les ecoles nor- males. Le roi a fait savoir qu'il ^errait avcc satisfaction que les ecoles de villes adoptassent les exercices de la pre- miere serie ; les ecoles rurales, ceux de la seconde et meme de la premiere serie. Mais cette amelioration depend entie- rcment dc I'instruction du professeur, de I'ctat dc la caisse de recole, on dc la bienfaisance des particuliers. On sail qn'une loi ordonne que tons les cnfans, depuis ITigc de sept ans jusqu'a la confiruiation, c'cst-a-dire jusqu'a I'age de 14 on i5 ans, soient envoycs aux ecoles; cette loi est rigourcusement executee, a moins que Ics parens ne justiflcnt qu'ils font donner chez eux aleurs cnfans les lemons qu'ils re- cevraient des professeurs de I'Etat ; ainsi on aura la certitude que tous les cnfans du royaume s'excrceront a la gymnas- tique trois fois par scmaine. Une ccole normalc a etc etablie a Copenhague ; die est ou- verte tons les jours au public. Un professeur instruit a cte en- voyc dan J les provinces, pour organiser dans chaque prevotc DANEMARK. — ALLEMAGNE. 243 line (icole moilele, afin d'eviter aux professeurs Ics frais d'ua voyage dans la capitale. Le roi a fait imprimer un manuel pour renscigaement do la gymnastlqiie (Copenhagne, 1828. Gr. in-8" de lao pages, avec 4 idanchcs) ; il en a lait envoyer un exeniplaire a cliacune des cedes du royaume. On voit par tous les details que nous venous dc donner, combien le gou- vernenient dauois attache d'iuipoi'tance a un art qu'en ei'iet , tous eeux qui ont ecrit sur reducation, Platon , Montaigne, J. J. Uousseau, se sunt plus a recouniiander comnie indispen- sable. Z**. ALLEMAGNE. Dresde. — Hummages rendus a la mimoire de Lesslng, — Le 22 Janvier, on a celebre dans cette ville le centieme anniversaire de la naissance de Lessing, ne a Cauienz, petite ville de la Lusaee. Un medecin, M. Boclinisch, y a fonde, il y a sixans, a I'aide de souscriptions , un liopital, qui a reeu le nom cV H dpUal' Lesshig. On vient d'inaugurer, dans cet etal)lissement, son buste, execute a Berlin, en fer coule. Le meme jour, la societe Alblna, a Dresde, s'est reu- nie extraordinairenient, et apres un banquet, on a recite des vers en I'honneur du hcros de la fele. M. Tied; a fait connai- tre plusieurs lettres inedites de Lessing. Le soir, on a repre- sentc au theatre sa tragedie iVEinilia Galotti, qui passe pour son chef-d'oeuvre. Ces hommages deccrnes a la menioire d'un des ecrivains qui, dans le siccle dernier, out conibattu avec le plus de force et de talent les doctrines exclusives de I'intole- rance religieuse, ont donne lieu, d'un cote, aux attaques viru- lentes des fanatiques, de I'autre, a des apologies aussi justes que spirituelles du caractere et des opinions du philosophe allemand. Bautzen. — Jubilc du docteiir Siebelis. — On ne voit qu'en Allemagne ces fetes de fainille si touchantes et si nobles, la plus douce recompense des doctes travaux des professeurs la- borieux dont s'honorent ses gymnases et ses nombreuses uni- versites. Nous avons souvent i'ait connaitre les details de ces solennites oi'i levieillard, dont la lougue carriere est sur le point de finir, recoit, sur le bord de la tombe, I'hom- mage cordial de la reconnaissance d'une foule de disciples, qui, pour la plupart, occupent deja un rang distingue dans la hierarchic des fonctions civiles ou scolastiques. Un corres- pondant"des Feuilles pour la conversation [Blditer fiir litera- risclie Unter/udiung) envoie de Bautzen le rccit du jubile du profcsseur Siebejlis, depuis vingt-cinq ans recteur du gym- a4i ELUOPK. nase dc celte villc , ct auqiiel cet otablissoment doit son pcr- fecUoniicment et sa prospt'rite. Stir rinvilalion d'nn coiiifilt'' fbiTrte dans cctte villc. ecrit Ic corrrspoiulant dii journal aile- mand , nn grand nonihre d'ancicns tdcves du venerable pro- fessenr etaient rennis a Bautzen avant Ic jour de la fete ; paruir enx, on rcmarquait beaucoup d'ecclesiasliqnes apparlenani h \n Lnsacc saxonne ct pnisieune, des roiictionnaiics publics remplJssant en Prusse des charges iniportantes, et une ("oule de jeunes hommes a peine entres dans la caniere civile. Lc 3o Janvier etait le vingt-(inquiemc anniversaire dc rinslalla- tion de Siebclis dans ses fonctions de rccteur. La matinee lut sij;nalee par des aubadcs et une reunion des elcvcs actucls dii gymnase, dans laquelle furent lus des vers latins et an dis- cours; plus tard, les deputations du corps des magistrats, de !a garnison, du chapitre ecclesiastique et des eleves de Sie- belis residant a Ba\itzen meme, puis des amis isoles, vinrent tour a tour offrir au vcneraWe recteur rhommage de leur res- pect et de leuratta^chemeiit. A une heure, cent vingt personnel »e reunircnt a un banquet, oil rcgna la plus douce gaite, ex- citee par la musique, par des toasts an hcros de la fete, par des vers ct des disconrs composes en son honncur. A la fin du repas, le D' Stocrardt oiYrit a son ancicn protesscur un al- hum (^Stammbiicli), oil la pfuparl de ses eleves avaient depos»> une manpie dc souvenir. Un depute de ceux qui (rcmcurcnl actuellcment a Leipzig lui prcseirta , de leur part, une mc- daille d'or, oi'i se trouvent graves, (run cote, le buste de Sicljeli.s;dc I'autre, luic guirlande dc lauriers, avcc ccs mots : Prceccptori Lipsicnscs. Lcs eleves dc Drcsdc avaient cnvoyc, de niemc par renlremise de run d'cntie cux, un vase d'argeni ; et le protesscur Otto, de Leipzig, avail adrcssc, de son cole, ;'i son ami, la dcdicacc d'un nonvcl ouvragc dont il j)r(''par(r la pui)lication. Le soir, dc nouveauK bonneins furent rcndus au rccteur, et ses eleves se reruiirent dans diflcrens endroils ])oiir celcbrer a la fois la fete de leur ancien preceplcur et les souvenirs de leur studicuse jeunesse. «. SUISSE. Latjsasne. — Ecoles pour les petils cnfans. — L'cdiicaliou des dernicres classes de la socictc, cet clement de la moralile d'un peuple, et, par consequent, de la prosperitc d'un pays, pcche assez geneialcment par la base. Lorsquc lcs enfans ar- rivent dans les ecoles pi-imaires, ils y apportcnt necessaire- nient les mauvaises habitudes contractcesdans I'oisivete, dans les lues , ct sous I'influence des exemples funestes dont leurs SUISSE. a45 pi-euueres annees out ete entouroes ; ils y apporteut mcme los gennes de vices dont beaucoup de families pauvres I'orment ecole d'enseigncment mutuel. Personne n'ignore quelles pofoVides racines le bien et le mal pousseiit dans ces jeuncs ames. Prevenir ou neulraliser Taction du mal Mir Ics esprits encore lendres dii premier age; seconder, au conlraire, ['action du l)ien, est done I'une des entreprises les plus utiles que piiisse fomier la philantropie chretienne. Tel est le butqu'on s'est propose dans relablissement d''ecoles iie petits enfans. L'Angleterreen a ofl'ert les premiers modeles; elle a aussi etc la premiere a en recueillir les heurcux fruits, Des imilatious de ces ctablissemens ont ete faites sur le con- tinent avec un grand succes. La Suisse n'est pas restee en ar- rierc des autrcs pays : Geneve possede I'une de ces ecoles en- fantines les mieux organisces; les resultats deja obtenus sent a la fois surprenans et attendrissans. Dans notre canton, Nyon «t Vevey, deux villes distinguees par leur devoQment actif au hion general, se felicilcnt cgalement d'avoir cree des ecoles de pelits enfans. A Lausnnne, il vient de se former un double <:omite d'liommes et de dames, dans le but de fonder une cTole semblable pour les enfans de trois a six ans. Les per- sonnes qui s'inleressent a la moralite du peu])le ne peuvent qu'applaudir a un si loua])le projet : mais, elles ne se borne- rout pas sans doute a une approbation en paroles. Les families, objet immediat de cette nouvelle sollicilude, forment princi- palement la classe paiivre ou peu aisee ; elles ne peuvent pas -subvenir, par de fort niodiques retributions, a tons les frais d'etablisseiuenl, de location, de salaire, etc. : la charite de^'» classes plus aisees doit faiie le reste. Neufchatel. — Extinction de la mendicite. — L'administra- lion des pauvres partage, dans ce moment, avec I'education publique, I'atlention et la sollicitude des philantropcs suisses qui s'occupent du bien general. Nous engageons ceux d'en- tre eux qui ont entrepris des recherches sur le premier dc ces objets a se procurer des renseignemens delailles sur ce qui se faisail autrefois , et ce qui se fait actuellement dans le canton de Neufchatel, ainsi que sur les resultats obtenus. Une taxe des pauvres avait ete etablie dans ce pa3's par une ordonnance du 8 feviier 177J; elle a ete abolie, et I'ordojinance rempla- tee par les dispositions du 30 fevrier 1819, qui tendent sur- tout a prevenir la misere et la debauche , en retablissant ran-- cien usage d'interdlre juridiquement les prodigues. Aujour- d'hui, I'ou ne connait dans ce canton aucune assistance objigaloire , soil publique , soit conimunale ; la charite et Taumone soul facultativcs. Si les communes ne sonl pas ab-' a46 EUROPE. solumcnt docliargecs du soin d'entretcnir leiirs panvrcs, dn moiiis ce n'est pour eux qu'une obligation morale; ccpeii- daiit, nous ne iroj^ons pas que nullc part aillcurs Ics pauvres soient assistos mieux, et surtoiit plus fonvenab'ienient , grace aux mocurs , aux habitudes et a une disposition nalurelle a la bieulaisance. Los pauvres Ics plus a piaiudre, la conunc dans le restc de la Suisse, appartieiinent a la classc, malhein-eusc- mcnt trop nouibreuse des lieimathlose, on ctrangers , qui fornieut une partie assez considerable de la population, sur- tout dans les montagiies , oi'i lis sout attires par Tindustrie et le commerce. (Extrait du ISouvelUste Faudois. ) IT A LIE. Rome. — Collection d'antiqtdtca ctrusqacs de M. DoROW, con- seiller de S. M. le roi do Prus'^e. — Dans les seances des 19 et 20 decembre dernier, M. Raoul-Uochette a presenteaux Acade- mies des Lelles-Lettrcs et des Beaux-Arts, a Paris, un rapport fort interessant surles decouvertes faites par M. DoRowdaus la partie meridionale de TEtrurie. Comme cc rapport a ete in- sere dans plusieurs journaux t'rancais et etrangers, nous nous sommes crus dispenses de le reproduire : nous reviendrons, d'ailleurs, sur ce sujet, quand le proprietaire de cette collec- tion, uniijue dans son genre, en aira public la description. En attendant, nous aimons a faire mention d'un tcrit de M. Albert Thorwaldsek, dans lequel ce grand artiste expose son opinion sur les decouvertes et les travaux de M. Dorow, et fait sentir quelles Iiunicrcs ils doivent repandre sur les arts, leur histoire , la mythologie et le langage des anciens jfelrusques. Un ecrit de ce genre appartient a I'histoire gene- rale des arts ; etl'avis de M. Tliorwaldsen a d'autant plus de poids, que son auleur, qui reunit aux talcns d'un trcs-habilc sculptcur une connaissance profondc de I'anliquite, posscde line collection prccieuse de vases peints, de bronzes et d'au- tres objets antiques, qu'il a reciieiilis dans les trentc ans de son sejour a Rome. Le 5o mars 1 828, M .Tborwaldsen avail dcja exprime son avis, dans les tcrmes les plus flatteurs. « Mon opinion, disait-il, sur Timportaute collection de M. Dorow, est tellement pronon- cee que je n"bcsite pas a la metlre par ecrit et a la signer. Ce qui m'eugage siutout a cctie demarche, c'esl que j'ai vu ar- river a Home tons les transports de ces objets, venant del'en- droit meme 011 les fnuilles out eu lieu, et oi'i ils ont ete dccou- vcrts. Aiiisi je suis a portee d'en attcster I'authenlicite de la maniero la j)!u' formellc : ccllc certitude u'cxislo pas tnu- ITALIE. 247 jours, relativemejit aux objets d'art que I'on acquiert par la voie du commerce. Ccttc collection magnifique se compose de vases peints, donl Ics foimes sent extrOmement varices, de bronzes, de pierres gravees, etc.; son etendue et la qua- lite dcs ninnumens lui donnent ime extreme importance ; cependant, son iriterOt ne resiilte pas seiilcment de la beaute ct de la rarcte des objets qui en lont parlie (et dont quelques- uns nc peuvent se retrouver ailleurs); mais particuliercment de la certitude que la collection entiere provient de ibuilles taites dans les tombeaux de I'ancienne ville de Tarquinia, appelee aujourd'hui Corncto. Aussi merite-t-elle seule d'etre oonsidcrte comme une collection veritablement etrusque. Au surplus, i'atteste, en ma qualite de temoin oculaire, que tons ces objets sont bien conserves, et qu'ils sont arrives a Rome directcment de I'endroit ou ils ont ete decouverts; on pent done les appeler anliquitfs, dans le vrai sens du mot; tandis que la plupart des collections qui se vcndent a Rome sont composees , pom' la moitie, ct meme pour les trois quarts, d'objets de I'abricalion nouveile, et contrefaits avec tant de soin et d'exactitude qu'il est difficile de reconnaitre la super- therie. » Nous transcrivons ici la suite de I'ecrit signe par M. Thor- waldsen, en date du 29 septembre 1828. — « Aujourd'hui, je confirme cette declaration dans tons ses points : j'y dois meme ajouler quelques muls, parce que la collection s'est accrue depuis de plus de moilie, et qu'unc partie des objets dont elle a ete augmenlee ont une importance encore plus grande que les premiers. J'ai vu de meme arriver a Rome les produits des dernieres fouilles : les observations faites ci-des- sus s'y appliquent egalemeut. Parmi les objets nouvellemcnt decouverts, se trouvent notamment deux vase^ grecs, avec des figures jauncs sur un fond noir : leur grandeur, la beaute dudcssin, la richesse des inscriptions partaitement conser- veos, m'autorisent a dire que ces objets peuvent, non-seule- mcnt rivaiiser avec les vases les plus magnifiques qui existent dans d'autres pays, mais que probablcmcnt ils remporte- raient le prix sur ces derniers. La grande collection de M. Do- row ne sauiait, au surplus, etre cnmparee avec aucundes musces cxistans : elie se compose d'un genre de mouumens tout-a-fait neuf, dont nous devons la decouverte a M. Dorow, et dont on ne connait pas d'autres exemplaires, saut", peut- etre, quelques vases isoles qui peuvent se trouver dans des collections particulicres. Les vases decouverts par M. Dorow sont les premiers que Ton pent, a juste litre, ap- peler Hra (jues ; ils ue le cedent a ceuxde INola, ni en finesse, 1^8 ELI ROPE. pour lit teric (iiii a scrvi i\ lour fabrication, iii en fini dans let*, jicinlureii (iont ils sont ernes, ni par la heanle des formes; et leiir valeiir est encoic auj^uientee par riiiteret el par la ueltele des insrriplions. Ce n'est J)as I'ancienue Tarquinia qui a seulc foiirni a M. Dorow ses noiiveaux tresors : les fouilles faites. a Ponlc-BiKfia, pres de Carneto, ont procure les objels prin- cipaiix; et pour rendre sa collection entieremenl complete,. M. Dorow s'est procure plus de trente vases de terre noire avec bas-reliefs, provenant de I'aucien Clusium : sous cc rapport, il rivalise mainlenant avec la galerie de Florence. Celte derniere espece d'anticpiites est infiniment rare ; elle n'est pas encore entree dans le commerce : on ne b connait qu'a Florence. Sans entrer dans nn plus long detail, je me bornerai a faire observer que, parmi les objets de bronze, il y en a qui nc se trouvent nulle part : tel est un bouclier travaille en bosse, et des morceaux de tole d'or, ayant fait partie d'nn hurnais, egalement on bosselage. Je ne parle de la collection qu'en la consUlerant comiue un seul tout : je remarquerai, acetegard, qu'elle doit etre canservee comme telle, et que le proprielaire, en conscnlaut a en aliener des parties, se rendrait coupable envers ranti(piile, envers les, sciences et les arts. Telle qu'elle existe aujourd'hui, elle forme un recueil des objets d'art les plus rernarquables de rEtrurie, tel que ne le possede aucun pays, ni aucun gouvernement , tanl en Italie qu'au dehors; car on ne sau^ rait douter que cette collection renferme toutes les espe- ces de vases qui ont ele trouvees dans ce pays. Prise dans son ensemble, elle forme I'histoire des arts, des my-- thes, et peut-etre meme du langage des anciens Etrusques. L'etablissement scientifique qui aura pu acquerir la propricte de cette collection entiere possedera certainement le re- cueil le plus complel des productions d'art des anciens ha^ J)ilans de I'Etrurie, ct sans lequel il serait impossible de faire des recherches et des progres, relativenient a la connais^ sancc de I'ancien etat de ce pays. » Nous terminerons cet article en exprimant le dcsir quo M. Dorow veuille presenter bientot au public un catalogue detaille et accompagne de dessins fideles, eclaircis par ua texte contenant I'liistoire de ses decouverles, la description . — M. Caucuy presenle un i>lemoire sur I'application du iheorcme dc Tavlur a la resolution nuiueri([ue des equa- PA.RIS. 35 1 lions. — .Vi. GEOFFROT-SAiNT-IIiLAiRE prcseiitc iin Mcmoire , oii il se pioi)osc de rethercher quels rapports de struc- ture orgaiiique et de pareiite out eutre eux les atiiinanx des ages historiquc^, et vivant actuellemcnt, et les especes aiile- diiuvieniies el pcrdues. — ftlM. Huzard et Sylrestrc font ua rapport sur uii Mciiioire de M. Bohafoxjs, conceruant la com- paraison de I'emploi des i'euillcs de mCirier sauvage , et de celles dc niurier grefte, pour la nourrilure des vers a soie. « Le resultat des experiences de M. Bonal'ous est : i" que la cousommation des feuilles de murier sauvage est d'un sixieme environ moindre que celle du murier grefle ; 2° que les pre- mi(?res donnent lieu a une liliere moins abondante; 5" que les jnaladcs out etc inoins nonibreux parmi les vers a soie, nour- ris avcc la ieuille du sauvageon ; 4° fl^e leur produit en soie est moins considerable, mais qu'il acquiert y\n pen plus de fi- nesse que I'autre ; 5° que les vers a soie ne tiinoigncnt aucune preference pour les vnies ou pour les aulres. Ces considerations sent en favenr du murier sauvage; neannioius, nous ne de- vons pas negliger de taive remar(|uer avec I'auteur, que si ce mftrier est moins delicat et vit plus long-teuis que le murier greffe, celui-ii vegete avec plus de force, et fournit une quan- tile de feuilles plus abondante, dans la proportion d'un tiers, toutes clioses egales d'ailleurs. Scs feuilles plus lisses rcsislent mieux a la pluie et a la rost e, et conscrvent plus long-tcms leur fraicheur. La cueillette se pratique avec plus de faciiite, ce qui rend la recolte moins couteuse; I'arbre se taille plus aisement; d'ailleurs, et suivant I'observalion dc M. Bonafous, le murier «'itant quelquefois dioicjue, on pent, en grefl'ant I'ar- bre male, eviter I'embarras et le dechct que causent souvcnt les fruits a I'epoque de la recolte. On pent aussi, par le jndi- cicux eniploi de la greli'e, parvenir a propagor des varictes tardives, et s'assurer qu'on oG'rira toujours aux vers a soie une nourrilure plus homogene. Le sol, ie climat, et les varie- tes dont on pent disposer, doivent toujouis avoir une grande influence sur la determination a prendre relativcmenl a I'cm- ploi des muricrs sauvages ou grelles, pour la nourrilure des vers k sole. Les experiences de M. Bonafous sonl bien dc- taillees ; ses procedes sonl decrits avec soin, etpeuvent scrvlr a faire une sorle de pelit Traite pratique de I'education des vers a soie. \os commissaircs proposent a I'Academie dc rc- niercier M. Bonafous de I'inleressante communication qu'il lui a donne, ct de I'invilcr a continuer Ic travail qu'il a com- mence. » — MM. Curirr, Desfontatncs, Labillartliirc, Gtof- fr(r)--Siunt IlUairv, Dmncril, dc liltdini/li', el //. dc Cassini, a5a FRANCE. Joiit nil rapport siir les collections et les dcssiris d'hi^toirc ii;i- turelle, fails en tgypte par M. Ilil'and. « W. IIifaid, nalii" (I'Aix, en Provence, a passe vingt-deux ans loin de sa patrie, visitant les diverses parlios du Levant, et surtout I'jfegypte, oil il s'esl fixe, el o\\ il a fait un sejonr de treize ans, dans le but d'etndier et de reclicrcher des anliqnites. Mais, cette occupa- tion n'cst pas la senle a lafnicllo il se suit livrc : il a crn devoir employer sesloisirs a recueilliret a represent cr les productions mont nouveau de Tordre (Its apodcs qui, prccisfment ;'i I'in- vcrsedes gynuioles, iiKiiique de iiageoire aiiale, mais a le dos gariu, tout du long', d'ane nageoire h rayons moiis, exlrCme- meHtnombreux. Le total despoissons est de 78, etles figures que M. Rifaud ena execiitees, si elles ne sont pas toujours suflisani- mentexactespoiirle trait, out du moiiisle merited'en oflVir les couleurs natiirellos a I'ttat frais, partie dc Iciirs caracteres que jusqu'a present la peinlure est seule en etat dc conserver. L'aiiteur a de pins note avec soin les nonis que chaque es- pere porte dans la Haute-Egypte , les epotjucs de leur appa- rition, de leur IVai, le gout de rliaenne aux differentes epo- ques de ranneo, les usages que Ton en fait, les procedes que Ton emploie ponr leur peclic, et le revenn qu'ils produisent an pays. Les coqnilles dn Nil, an nondirede a5, pcnvcnt aussi offrir quelques nouveautes ; mais comme on n'a encore sur ce sujet que les dessins de M. Savigny, et que I'etat de sante de notre inalheureux confrere ne nous permet pas d'espcrer qu'il en publie bientot le texte, nous n'avons pas en les me- mes moyens de comparaison que pour les poissons. Quant anx productions terrestres, on comprend qu'cUes ne doivent pas offrir le meme caract^re d'originalite que celles de I'eau douce. Quelque separee du reste du monde que soit la terre d'tgyple, par des deserts inhabitables, elle ne Test pas autant que le Nil, ce flcuve unique dans son genre, qui parcourt un espace de 55o lieues, sans recevoir aucun afiluent. II se pour- rait, neannioins, que M. Rifaud eut aussi des especes nou- Telles, surtont dans les inscctes, qn'il a dessines au nombre de phis de 800. Malhenreusement, les moyens de rectification, qui, dans cette partie, auraient etc plus necessaires a cause des details si petits et si mnlliplies snr lesquels renosent les divi- sions entomologiques, ne se trouvent pas dans ses collections au menu; dcgre de conservation que pour les animaux vcrte- bns. La plupart de ses inscctes sont mutiles on reduils en fragmens. En mi mot, pour les animaux terrestres, c'est svn"- tont dans les notes de M. Rifaud, que la zoologie trouvera a s'enrichir. Notre confrere, M. de Cassaii, est a pen pr'es de la meme opinion, siu' la partie vegetale des recoltes de W. Ri- faud. Son lieri)ier, bcauconp mieux conserve que ses ani- maux, olfre mi grand nombre de phuites connues, et toute- fois, dans un examen rapide, notre confrere en a trouvc quilui ont parii tout-a-fait nouvelles, et il ne doute pas qn'en etu- diaut a loisir cet herbier, un botauiste exerce ne puisse y decouvrirla matiere d'observition? interessantes. Les figures de plantcs, au nombre de pies de 5oo, dessinees et coloriees aS/, FRANC F. sur ic vivant, sans etre au tiivoaii dc I'ctat actuel dc la science pour I'analyse dcs parties delicates dc la fleiir et dn fruit, sont loin d'etre deponrvues d'iiiteret, et doiuienl iiiic I'cpresenla- lion salisl'aisante du port dc Ja plantc, de ses [jartics exterieu- res ct de Icurs conleurs nalurelles. Conime poiii' les aniniaux, M. Ril'and a pris note des noms arahes de ces planles, de I'em- ploi que les habitans du pays en font, soit en niedecine, soit dans Teconomie domestique, on dans les arts industriels, et des croyances superstilieuses qui se rattachent a beaucoup d'cspcces. Celte partic de son travail est nianifestemcnt celle dont on doit espcror le plus d'accroissement pour la science, parce que trop souvent negligee par les voyageurs ordinaire* dans leurs courses rapides, elle ne pouvait etie cxeculee av-ec succes r[uc dans la position rare et dillicile oi'i I'auteur a eu le courage de se placer, et de persister pendant une longue suite d'annccs. On voit par la cc que pourraient faire taut d'liom- mes etablis dans les colonics ou dans les pays etrangers, et a qui leurs occupations lucratives laissent des momeus de loi- sirs, s'ils se dellaient moins do leur pen d'instruction. II n'est pas necessaire d'etre naturalisle pour etre tris-utiie a I'liis- toirc naturelle : M. Rifaud est alle en Egypte, sans aucune preparation scientifique ; mais du zele, un sens droit, une position heureuse , Tout mis a meme de rendre a I'bistoire naturelle des services qu'on ne pourrait peut-elre attcndre d'aucun naturaliste de profession. » — Du-23 mars. — M. ^/•flg'oconimuniqiiequelques fragments d'une Icttrc de M. A. de Hiimboldt, rclatifs a rinclinaison ds I'aiguille aimantee, aux variations di!urnes de I'aiguille hori- zontale,et aux cffets que la resistance de I'ctlier parait avoir eu sur les positions de la comete licourte periode, danssaderniere apparition. Les observationsmagnetiqucsfailesa Berlin, aFrey- berg, a Dresde et ii Saint -Petersbourg, out presente des dif- ferences remarquables dans les var'ialions horaires, et dans le calme ou I'agitation des aiguilles. A Berlin, parexemple, I'ai- guille d'inclinaison etait dans un mouvement bien marque, landis qu'elle etait calme a Paris, a la meme heure, ce qui, selon M. A. de Humboldt, parait tenir a des circonstances locales. Les observations failes sur la comfetc a courte pe- riode appartiennent a M. Enke, correspondant de I'Acade- mie. — MM. Syivestre et Yvart font un rapport sur une dissertation de M. Saintocreivs, relative aux landes et aux marais de I'ancien district de Tartas et de I'arrondissemeut dc Dax, qui out dcja ele I'objet de recherches du meme genre, ot oi'i Ton a entrepris, mais sins succes jusqu'a present, la plupart des ameliorations proposccs par I'auteur. II evaluc PARIS. 2 55 a /i5o,ooo hectares cette portion dc landes cl marais, dont 55o inillc sont rogardes coniine proprietes coinnmnales, et ne sent d'auciin rapport aux caisscs muiiicipales. Les tnarais qui en fornient nnc graiide partie sont insahdires pour les bourgs ct les hameauxqui les avoisinent. 31. Saiutourens fait obser- ver que toutesces terres seraient susccptibles de culture et de plantations, si elles etaient cunvenablenient preparecs ; niais la possession comniunale est un obstacle jusqu'a present in- vincible a leur mise en valenr. II pense qu'ellcs prodniraient partout des cereales, des prairies artifirielles, des bois. II in- dique des tourbieres, des honillieres et des mines de fer, qui seraient dans le eas d'etre exploitees, et croit qn'on pourrait etablir par suite, avec succes , quelques communes urbaines sur ce vaste territoire. » — L'Academie procede, par voie de scrulin, a I'election pour la place d'associe etranger, vacante par le deces de M. Wollaston. Sur 54 suiYrages, M. Others en obtient 5g, M. Dalton, 14. M. Olbers est done elu associc etranger. Ce celebre astronome, a qui i'on doit la decouverte des planetes Pallas et Vesta, a remporte, en i8o5 et en 1808, le prix d'astionomie, fonde par c/e Lalande ; il etait corres- poadant de I'Academie depuis 1810. — M. Girarcl , an nom de M. fVardcn, lit des renseignemens sur le pays de la cole N.-O. de I'Amerique, qui i'ait actuellenient partie des Etats- Unis. Ces docuniens out ete I'ournis par M. Uiddoch a un comite dn congres; ils concernent retajjlissement d'un poste militaire a I'embouchure du fleuve Colombia, et a la recon- naissance de la cote du N.-O., qui est baignee par le Grand- Ocean. — M. Geoffkoy-Saint-Hilaire lit la premiere partie du Memoire oii il se propose de rechercher quels rapports de structure organique et de parente ont entre eux les animaux des ages historiques, et vivant actuellement, et les especes antediluvienues et perdues. ■ — D«3o mars. — M. de BlainviUe communique unelettre de M. le docteur Lallemasd, de Siontpellier, qui annonce etre par- venu a pratiquer avec succes la suture de la vessie au fond du Vagin, apres qu'un accident eut occasione une large dechirure dans cet organe. — M. de Freyc'uiet anwonce a I'Academie le retour de la corvette 1' Astrolabe, arrivee a Toulon le 26 mars. M. Gaymard, que le mauvais etat de sa sante avait retenu a I'ile Bourbon, vient lui-memc d'arriver a Marseille sur la corvette la B«jo/i/iat5t'. Ila visite, dans sa route, Madagascar, le cap de Bonne-Esperance, Sainte-Helene et I'Asceusion, et a recueilli dans ces diverses relaches, environ 5oo animaux. — Du (J avril. — M. Geoffroy-S nint-H Uaire annonce que MM.Quoy ft Gajmard ont amene vivans trois aniinaux trcs-reinarqua- rt'jG FRANCF. !)I('S, cles bablroussn.t, qu'on ii'avait point cnroro possrilrs ni France. — M. Julia-Fojitcnclle eciit a rAradciiiic , poiii' liii donner coiiiiaissance d'un liavail fail en Italic ])ar Ic dorlonr Tbevisen, qui a rocucilii des observations sur la mortalilo des cnl'ans nouvcati-nes. Tons Ics faits de co genre condr-- nicnt pleinement los resultals presenles a rAcadeniie par MM. Milne- Edwards et VilUrmc. ( Foy. Rev. Eric, t.- xli, p. 8a5.) A. l^licoELOT. — Jcadnriie franraise ; Nomination de IM.M. Arnault et Etienke. L'Academie franraise avait deja, il y a quclqnes mois, rappele dans son sein, en reniplaeenient de IM. Picard, M. Arnault, I'un de ses niembres qui avait ele elimino par ordonnonce ; le 2 de ce mois elle a repare un antrc ahns de la force, en nommant M. Eliennc pour remplir la place Vi.cante par la niort de M. Auger. La premiere nomination a ete faile a runaniite des membres presens; la seconde a la majoritc de 25 voix sur 26. — L' Academic ray ale des beaux-arls y lent dt nommer, dans sa section de musique, en remplacement de M.Gossec, dccede le 18 mars dernier, M. Aubeu, auteur iVEmma, de la Neige, de la Miieite de Portici, etc., qui a obtenu igvuix sur55. Ses concurrens etaient M. Champein, qui a reuni i5 yoix, et M. Reiclia, qui en a eu 6 an pieniier tour de scrulin. Ecole centrale des arts et manufactures , destince a former des ingenieiu's civils, des directeurs d'usines, des cliefs de ma- nufactures, etc., fondoe avec I'aulorisalion de I\I. de Vatis- MENiL, minislre de I'instruction publi([ue, par MM. Lavallee, directcur, Benoit, Dumas, Olivier, et Peclet professeurs. (Le prospectus se distribue an bureau des Annalesde I'indus- trie, et cliez Bechet jeune, Malbcr, Mesnier, libraires. ) — Cette ecole ouvrira ses cours, le 5 novembre dc celte annee, al'bolel de Juigne, rue deTliorigny, au Marais. Le prospectus lit Ics roiHliuns dclicates et perilleuscs d'admi- iiislraloiir des su])sislaii(Os ; alor« il troiiva les occasions (ri'xorccr sa douco philaiilropic, en apaisant les i-meutes po- l)ii!aircs, on saiivant des elrangers de Tayeiigle riireur d'line niiillilnde airanieo. Poiirsuivi sans relache apres le loaofit, ill vertn de niandats d'arrel dans lesqnels on finit par I'in- ci'iininer, a defaut de sujot plus grave, sous rinconcevable qualilication de modiri aiitrr, il ne dul son salut qu'a la fuite. jMais, an f)lhermidor il elail sous les arnics pour renverser la tyrannie de Robespierre. Bicntot apres I'ut etabli I'lnstitnt national des Sciences, des Letlres el des y\rl:s; Lefebvre-Gi- iieau lut lui des premiers iiieinbres de ce corps, qui devait ropandre lanl d'eclat siu" la France litteraire et savanle. Coimne niembre de I'lnstitut, dans la classe des sciences physiques et uialheniatiques, Lcfebvre-Gineau prit part a des iravaux que notre-patrie met au rang- des inonumens de sa {^loire. 11 I'ul memitre de la commission instiluee pour I'eta- J)lissement dti nouveau systeme de poids et mesures. II eut en parlage la delermination speciale de I'uuiLe dc pesanteur. li enlrepiil alors une serie d'experiences oi'i la precision fut police jusiju'an point que pent atteindre une science tres- avancee, loisqu'ellc est secourue par la plus haliile Industrie. (J'est ainsi (pril partagea les diincultes d'un travail auquel coopei'aient Laplace, Delavibre, Blcchnin, Bofda, c'esl-.'i-dire, les geometres, les astronomes et les physiciens les plus il- liislres que la France possedal a celte epoque. lis concou- raieiil a celle entieprise avec les savans envoyes par I'Espa- gne, ritalic, la Suisse, le Daneniaik et la Ilollande. \ji\ reunion loujours si rare des lidens administralil's et des connaissances scientidqiies rendait M. Lei'ebvrc-Gineau digne de prendre pari aux Iravaux enlrepris pour organiser en France iin grand systeme d'inslruction iialionale. II devint membie du Jury d'inslruction pubiiiiue; il lut un des savans «;ha!ges de I'organisation des lycces; plus lard il recut le iilre d'inspecleur-gencral des eludes etdcconseiller honoraire de rUiii\ ersile. D»''S ranrice 1807, dcsigiie par le departe- ment des Ardennes, le senal I'admil au corps legislatif ; en i8i3, il lut elu pour la seconde I'ois ; en 1814, il dei'endit la liberie de la piesse, atlaquce, lorlurec alors par les arbilres dii pouvoir, el mainlenanlreconnue, par la sagesse dn Irone, conmie un des I'ondemens de la paix et de la prosperile na • tionales. II lut vcnomme successivcmcnt depute des Ardeu- ISECUOLOGIK. 363 lies en 18 j5, cu iSao. Qualre fois levClu de la coiiliaucc de ses corn.it03'eiis, la IVaiidc et la Icrreur out seules pu faire ofwrter, ca 1824? l'aii>i paisiblc des lois i-t do la monarchic : t'ckii qu'on persccutail en i7g5, a tilre de niodeie outre, et qu'on pcrsccuta trente ans pins tanl an meaie tilre. ilenlie dans la vie privee, apres le? elections fallacieuses de 1S24, il avail repris son eiiseij^nenient an college royal de France; a ce college royal qui, depuis trois sicdes, jouis- sait de la pins noijle prerogative, dont la seule idee meri- lerait a Francois I'" le litre de Pere des lettres. Tous les pro- lesseurs du college royal, sous le litre de lectenrs du roi , recevaient leurs places a vie; le consulal et I'empire avaienl respecte celte prerogative : c'est i ce litre que le poele De- liile, le chantre fidelc et devoue des Bourbons et de leurs nialhenrs, etait renUe dans le college de France, pour s'as- seoir aiipres de ses anciens amis, les Delambre et les Lefeb- vre-Gineau (1). An mepris de la I'oi fondamentale, an me- pris des droits acquis, Lel'ebvre-Ginean dut cesser d'etre prot'esseur a vie ; sa chaire inamovible lui fnt eidevee. Tran- quillc et toujours maitre de lui-nieme, il renferma sa dou- leur en son anie. II chcrcha dans Tetude des consolations a la perle du professorat; il relrouva dans I'Afademic des Sciences celte fralernite d'eslinie et d'affection <|ni Tail le caraclcre des travaux et des ussemblees de cette illnslre so- ciele. I'hi 1827, lorS(pie la France alarmee se rcveilla pour re- coti(|uerir son bonlieur el sa dignile, les Aidennes se rappe- Icienl (pie Lefebvrc-Gineau comjilail parmi les victinies sa- criliees a la perle de nos liberies; el pour la cinqiiieme lois, des suflVages iiidc[)endans lamenerent le sage Lel'ebvre-Gi- nean dans la Chanibre des deputes de la France. line annee aprcs, il lot enleve a la science et a la palrie. JM. Cluirlcs DiifiN," dont les premiers travaux, comme il le (lit Ini-memc, out iccu les encouragemcns du venerable vieil- lard, afut charge de payer un dernier tribut d'honnnages an savoir et anx vertns de son collegue u 1' Academic des Sciences et a la Chambre des deputes; c'est an discoms qu'il a prononce dans celte circonslance, que nous avons eniprun- te la notice que nous consacrons aujourdMiui a Lefebvie-Gi- iicaii. (0 Delillf, sexa£!;(jnaiic, vdiiint si- ualtio au lanj; des clivcs dii ci- lt':brc iiroli'ssfiir de pliysiquc I'l.ur couijioser sun jxiciiie des Tniif lU;;ncs. flu la Nature, 1:04 NKCUOLOCIK. BoDiM (^Jean-Fratuvis) , corrcspondant de I'Acadt'-iuio do* Inscriptions et Bellcs-Lelttos, ne ;\ Angers, en i776,>ienldc inourir a sa terrc dc Launay, dans le dcpartcment do Maino- et-Loire. Bodin, qui fut charge de bonne hcnre de Tadminis- tralion du dislritt de Saint-Florent ( Maine-et-Loire), qui remplit plus tard Ics fonclions de recevcnr particulier a Sau- inur , porta dans la carriere administrative des vues sages et ])eaucoup de iermeto. Son caraclere fut dignemcnt approtic par ses compatriotes, qui , on 1820, le choisirent pour les re- presenter dans la Chambre des deputes, ou il siegea parmi les defenseurs des Irbertes nationalcs. II avail voue au pays ([ui I'avait vu naitre, a la ville ([ui etait devenue sa patrie adoptive, un amour, ou plutot une sorte de culte enthou- siaste : amateur oclaire des beaux-arts, il s'etait, dans sa jeu- iiesse, occupe avcc succos d'architecture; il en avail presque ahandonne I'etude pour se livrer a ses recherches sur I'Anjon, sur ses antiquiles, sur ses vieux monumens. Ce fut a ce gout que Ton dul les Rcc/terchcs sur Samnur ct le Haul - Anjoa , (Paris, 1821-1822. 2 vol. in-8°), cl, plus lard, lesRec/ierclies fiistoriqaes sur Angers et le Bas-Anjou, ( 2 vol. iu-8") ; ces productions, remarquables par la variete de connaissanoes, la philosophic et la richesse de style que I'autcur y a de- ployees, lui valurent I'houneur d'etre nommo correspondant ch; rinstitut. Outre ces deux ouvrages , il a publio : Leitres dc M. Bodin d ses commeitans , sur les sessions, depids 1820 jusqii'd 1823. Bodin laisse un fils (M. FrVw; Bodin), qui s'esl fait con- uaitre dc bonne heurc par diversos compositions litlerairos fort eslimajjles, parmi lesquelles nous ne citerous que les iXesamcs dc I'hislcrire de France et de I'hisioire d'Angleterre. a. Gail (Jean-Daptisie) , professcur de litterature grecque au college do Franco, couservateur des manuscritsgrccs el latins a la Bibliothequc royale, membre de I'lnstilut ^ decore de la Legion-d'Honneur, ot del'ordre dc Sainl-'NVladimir de Russie, no le 5o join i^SS, mort a Paris le 5 fevrier 1829, dans sa soixanlc-<(uatorzicme annee. M. Gail s'est voiic do bonne beure a I'instruclion ; no de parens sans forliuie, il est parvenu, par d'utiles el de longs Iravaux, a lous les honneurs que sa carriere pouvait lui promettre. II fut d'abord rcpoliteur au college d'Harcourt, oil, selon I'usage du Icins, il purlail le petit collet, re qui le faisait appeler I'altbo Gail, quoicju'd u'ail jamais etc engage dans les ordres. II ctait deja counu par luxercicc du profcssural ct par la publiualiuu dc divers opus.- NKCilOLOGIli. 265 cules qui annoncaicnt du savoir et de la sagacitc, lorsque la proscription dc Vauviilicrs rcndit vacante la chaire du college de France. Cette chaire fut donnce a M. Gail, qui, en I'ac- ceptant , declara qu'il ne la recevait que comme un depot dont il serait toujourspret a faire la restitution au savant exile : rare et honorable scrupulc qui annoncait chez3I. Gail quel- que chose de plusprecieux encore que les tresorsde la science. Cette chaire fut remplie avec distinction par le nouveau pro- fesseur. Done d'tuie penetration vive, d'un esprit ingenieux, il savait repandre du charme sur la gravite de ses laborieuses investigations. Plein d'ardeur et de zele pour la propagation des etudes grecques, M. Gail vivait a une epoque ou cette qualite deve- nait plus utile et plus precieuse que jamais. Les orages de la' revolution avaient detruit tons les etablissemens d'instruction publique ; on les relevait, lorscpie la tourmente commenca a s'apaiser ; mais on s'occupait fort peu de la langue d'Ho- mere : M. Gail devintle ministre fervent de ce culte abandonne. Apres avoir rempli les devoirs de sa place , il prenait sur ses loisirs et ses savantes etudes un terns qu'il consacrait a ffiire des cours gratuits de grec elementaire. La, nousavons vu nous- memes accourir une jeunesse stiulieusc, au milieu de laquelle M. Gail semblait plutut un pere qu'un professeur; cherchant les dispositions, encourageant le zele, il aimait a aider de ses conseils particuliers , et meme uu don de ses livres elemen- taires , des eleves sans fortune qui lui semblaient dignes de ces encouragemens. Ce rare devoCinient a la science et a la jeunesse a dure plus de vingt ans ; il a merite a M. Gail beau- coup de reconnaissance, et cette gloire des bonnes actions qui n'est ni la plus vulgairc, ni la moins douce. Dans le meme terns, M. Gail s'occupait d'immenses tra- vaux, bien connus des savans, et que nous ne pouvons indi- quer ici que d'une maniere trop succinctc. II fut charge parle gouvernement de publier une edition deXenophon. Ce grand ouvrage, sorti des presses de I'imprimerie royale, se compose de 10 vol. in-4°. M. Gail publia, a ses propres frais, sonThu- cydide, en 6 vol. in-4% collationne sur treize manuscrits, dont les variantes enrichissent cette edition. Ses traductions d'Ana- creon et de Theocrite, ses textes de Theocrite et d'Herodote , ainsi que ses travaux sur la geographic de cet historlen , ses publications de Musee , de Lucien, des Fabulistes , ses excel- lens ouvrages elementaires; son Philologue, dont il a public »uccessivement ^ingt volumes, forment une masse dc travaux h laquelle on ne croirait pas que I'existcuce d'un hommc eui ■Mi NKCllOLOGlli. pu sulTnc, si Ton no sav;iit cc que ])cut un esprit inralij;abie cl inenaf;er dii lenis, dans I'dnploi d'niie vie simple, stiidieuse, ct aussi bicii leglee (jtic IcU cello de M. Gail. Sa repulalion et ses t'oneiions alliraient pres de lui Ics sa- vans etranj;ei'S, qui icniportaicnt dans leiir pays un souvenir reconnaissant de son arcneil facile et de ses manieres ohligean- tes. II conipta pain)i les savans de tons les pays d'illuslres amis; il en cut heaucnup aussi enlre ses compatriotes, et s'il renconliaparmieux quelqnes advcrsaiies, qui lui reprneliaienl un pen de suscepiibilile , il n'enesl pas un qui n'ait I'endu jus- tice auxqualiles de son caun-; ct nous, ([ui Ic connaissions, qni I'aimions dcpuis si lonf!,-tems , qui le possedions quebpielnis dans nos reunions en( 3 clopcdiques, nous avons ete plus que personne a memc d'apprecier toute la iinesse de son esprit , toute la candour de son anic palriarcale. M. Gail a fini une carriore toute rcmplie de hons ouvrages et de bonnes actions , ])leure de sa iamille, de ses amis, do ses cloves, dont la plupart otaient aussi ses amis. Ses dernie- res pensees out etc des vceux pour son fds, jeune savant qui s'esl deja signalc par j)lus d'un succcs dans la carriere do son pere, dont il elail Ic supplcant an college de France. Les coii- ronnes de I'lnstitut, el les suffrai;esqui ont acconipagnela pu- blication de plusieurs ouvrages de pliilologie justenient esti- nu'rs, placcnt deja M. Gail fils an rang do nos Jiellcnislcs dislinguos ; il a devant ses yeux un belet respectable exemple, il a dans son ca'ur tout ce qu'il laut pour le suivre. M. AvENEt. Plcrrc-Paiil-Nirolas Henrion de Pansey ( baron , con- scillcr d'Elat , premier presiremiers livres imprimes h la fin du i5'' siecle. COLLECTION DE PORTRAITS DES FRANC.AIS CHL^RRES , graves sur acier par les meilleurs artistes , d'apres des monuments authentiques. Cetle collection se divise en cinq series: 1° les Lilleialenrs; 2" les Rois et les grands Capitaines ; 'i° les Magistrals et les Jurisconsulles; 4" les Sa- vants ; 5° les Artistes. Cbaque scrie, contenant au plus 5o portraits et divisee en douze livraisuns , pent s'acquerir separement. Le prix de cbaque livraisonest Avec la leltre , sur papier vclin 3 fr. 5o c. Idem sur papier deCbine 4 fr. 5o c. Avant la lettre 6 » .\vant tnulelettre(il neresteque3ex.) 10 » Les 10 premieres livraisons de la premiere serie soul en venle. VUES DTTALIE ET DE SICILE , par Michjlok, 1 vol. in-f* de 20 planches imprimees sur papier de CUine 4^ fr. I.p nieine, demi-reliure de Tbouvenin Go » MONUMENTS ET OUVRAGES D'ART ANTIQUES. reslitues d'aj)res les descriptions des ecrivains screes et latins , el accoinpagncs de dissertations arclieologiques, par M. QiiATBgMiviiE dk Ql)I^cv. 2 vol. in-4*'. Grand papier.;Figures coloriees 5ofr. POUQUEVILLE. Histoire de la regeneration de la Grece, comprcnant le precis des evenemenis ar- rivA dansla Grece, depuisl'annee 174" jasqu'en 1S7A. 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IIISTOIRE DE LA DISTENTION DES PIIILOSO I'HUS ET DES GENS DE LETTRES fi la Bas- tille ei ."t Vincennes, ]>recedee de celle de l-'oucquet, de Pelisson ct de Lauzun ,avec tous les documents authentiques ct inedits. Par J. Delort. 3 vol.in-8" avec irravnres. Prix 20 fr. niOGRAPHIE (nouvelle) classii|iie , contenant , jus- qu'a Taniiee 1823, la lisle des principaux person- nages de (ous les pays, ainsi t{ue Icurs actions et leurs ouvrages les plus remarquables. 2 vol in-iB; prix , brocbes 7 fr. Relie en i vol. (i fr. ROLLIN (OEiivrescomplelcsdej. Nouvelle edition , aceompagnee d'observalions ct d'eclal< :issement\ . par M. Lethonnb. 3o vol. in-B**, avec atlas. Prix 19. f... Papier vclin 384 f,-. Cbaque ouviage sc vend separemenl , sayoir : L'histoire ancienne. 12 vol. 72 fr. I/hisloiie lomaine. li vol. 78 Le traile des etudes. 4 vol. >4 Les ceuvres diverges, i vol. 6 L'atlas sepai'e. 12 LEBKAU. Histoire du Bas-Euipire ; nouvelle edition revue entii'rement , corrigec et augmcntee d'apres les bisloriensorientaux, par M. deSA^MT-MAIVTl^. Conditions de la souscrJplion : I'ouvrage sera com- pnse de 20 volumes in-8°, imprimes sur beau papier saline. Prix du volume. 0 fr. U sera (ire quelques excmplaires sur Ir^s-bean papier velin, dont le prix sera^^ouble. li'atlas formera la derniere livraison. \a'S neuf premiers volumes sont en vente. CREVIER. Histoire des Emperuurs, faisant suite aux OEuvresde Rollin. 9 vol. in-S^'et atlas; prix. 54 fv. Papier velin 108 (V. FAURIEL. Cbants populaires de la Gr^cc moderne. avec une traduction fran^aise en regard. 2 volu- mes in-S**; prix. 1 4 fr. I.'antiquelang^ue des Grecs e.st presque une langiie vivante, tan( elle s'est peu alteree dans la bouthe de leurs descendants. I/esprit poeJiquedes Hellent-s vit encore dans les croyances , les superstitions , les chants nalionaux de la Grece moderne. HKEREN. Manuel de I'histoire ancienne , traduit dr Tallemand parM. Alex. TnnsoT. i vul. in-8 de 5oi'ec»fi1«.' Naplat , Horel ; -tr- Maiot^a et Waospandyck. Ntw-York (litals-Unis), Thoisnier- Desplaces; — Reraid et Mondon. Neiwilie - Orleans , 4»urda»;; — A. L. Boisniare. Pnlcrme (Sicile), Pedonne et Mu- latoii ; — Boeui' (t'-li.). , PeUrsbourg, F. B<;llizai«l et C'"^; — - .Cia <;«■;— Pluchait. lionie, dc Rouiaiiis. Sinltgarift' Tubihgue, Cotta. Todi, B. Sralabiini. Turin f Bocca. Varsovie, Glucksb«!rg. VLenne ( Antiiclio) , G6ro!d ; — ScUaujiibouig ; — ' Schalbacher. M Amsterdam, DclaclukUi:^. Anvcrs, Ancellp. Aran (Suisse), SauerLander. JSerlin , Sclilesinger. Berne, Gtias; — Bourgdorfer. lireslan, Keyg«l. BruxeUcs , Uujardia - Saill y ; -r- Ueniat ; — Bicst van Ken'pen ; llorgnies lU'uiti. ,,.•"■ Florence, Pialli. — VifiiMsflOBxT Francfort - sur - Mein, Jugel; — Schai^ffer ; — Brscnuer. Gand, Vandenkcrckoveo fib. Geneve, Gberbulica; -rr, Bai:b<;asat et Dttlacue. La Ilaye, Ics fitires Lan&;eDbu]^8<;i). Lausanne, Fischer. Leipzig, Grie.shammcT; — G.Zirges. I^lege, Desoer.-r-Golai'dio. TJsbonno, Paul Martin. Londfts, V. Hobundi, —. Duhvi et Ci«; ~ THHjtld tit Wuitz; — Bosg3nge,JJaftkei,LQY\t?ilciG'''. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-a-Pitre), Piolet ain6. I Ic-de-Franee (Port-Louis) , E. Burdet. MariifuquCt Tbouneus, Gaujoux. ON SOUSGftlT A PARIS, Au BuKEAt! DB B)U)ACTION, RUB o'ERFBH-SAlST-lSllCHBt , n" jS, Oil doivpnt ctre euvoyes, francs dc port, les liv.r«;s , dcsb la Bobdp, Jouard, de rinstitut ; M. Avekel, Barbi:^. dv Bucagb fils, Bex^amim Gokstakt, Ghablks Cositk, Dbppisa, Duf.aij, Dproteb, Gi'icniACT, A. Jaibebt, J. Laboi'dbris, Lanjcinais fils , p. Lami, Lesuecb Mew.iw, Massias, AtBEHT MoNTiiMOKT, Et'SKBB Salvbbtb, J.B. Sav; Simo:'de deSismomdi, dc Geneve; Wabukoenic , de Liege, efc. ; Dipik aine; BiaritLB, Boccheiv^-Lbfeb, Cb. Rk.nouabd, Taiu.ardiek, avocaU, etc. 5" Pour la Liiierature francatse el eirangcre, la Bibliographie, VArcheo- logie et les Beaux-Arls : MM. Ardriecx , Amacby-Dcval, Emkbic David, Lkmkbcikr, db Skc'h, de rinslitiit ; AwiRiRfx, de Lhnogcs ; M"'"^ L,-Sw. Bblloc; mm. J. -P. Bbes, Bt-RNOCF fits, Cbacvet; P.-A. Cotpir* , Fh. Dkgkobgb, DraiBB8A.1t; Ed. Galttieb-d'Abc ; Ph. Gocb^by, con-espundant de I'Institiit; LSon Halkvv, He.ibichs, E. Hebbac, Ai^ob'STB JuLLiEn fils, Bebsard JcixiBrf ; Kalvos, deZante; Adbikn-Lafascb, J. V. Leci,kbc, A. MAHri., D. P. MEKDiBiL;TVIo»HARD,de Lausanne; C. Pagasec, H. Pa.tii![, PosGBBViLtE, de Reiffenbbrg ; DB Roiijotx ; DE Stassabt , de BruxelleK ; Fr. Salfi , M^-ScniNAS, SchkjtzlbBj Lion Tbwss^, P. F.Tissor, VitiiEB, ViLlBKAVE, etc. A PARIS, At' BUnRAD CESTBAL DE LA RETCE EWCTCLOPiniQUE , Chez StDILLOT, UBBAiBB, ebb d'enfer-saixt-michel , k' 18; ARTIIUS BERTRAND, bcb HAuTEFjtcitLE , n» 25. MAI 1829. lMPfllME*IEMtL45SAN KT Ci., RLE 1>£ V4U01RARC, N» li. CONDITIONS DE LA SOUSCMPTIOTf. Depuis le mois dc Janvier 1819, il |)arait,.pac annce, douzo cahiers de r« Reciieil ; , chaque cahier, public le 5o du mois, se compose d'enTiruw J4 feuilles d'inipression , ct plus souvcnt de i5 ou 16. On souscritil Paris, chez Sl^DILLOT, au Bureau central d'abonmmtnt- et d'expcdition indique sur le titre, et chez les libraires ci-apres : ARTHUS BERTRAND,rueIIautereuille, n'aS; A i.A Galebie db Bossakgb pfere , rue Richelieu , n" 60 ; J. Renobabd, rue de Tournon , n" 6. Prix de la Souscription, A Paris 46 fr. pour un an ; 26 fr. pour ax. moia* Dans les dcpartemens. 53 So A l'6tranger 60 2.4 En Anglcterre rS 4' Lc montant de la sonscHption , cnvoy6 par la paste , doit 6tre adressd d'avauce, franc db pobt, ainsi que la correspoadance , au Directgur d* la Reuae Encyctopedique, rue d'Enfer-Saint-M'ichel , n" 18. C'est i la mfiine adresse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'oa voudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on dcsirera J'in- scrtion . On peut aussi sooscrire chez les Directcurs des postes et chez les piin- eipaux Libraires, & Paris, dans les departemens et dans les pays etrangei s. Trois cahiers ou liTraisons formeot un volume. Chaque volume est ter- ming par une Table des maiieres alphabilique et analytiijue, qui ficlaircit et facilite les.recherches. Cette Table est toujours jointe au 1" caliier liii volume suivant, i I'exception de la derniere Table de rannee, qui est exp6di<;e jsolement ii tons eeux qui peuvent y avoir droit. On souscrit , seulement k partir de deux epoques , du 1" Janvier ou du i"juUl6t de chaque aanee, pour six mois, ou pour un an. On trouve, AD bcrba'u cektbal, les collections des annees i8ig, 1S2B , »8ai, 1822, 1830, 1834 et 1825, au prix de 5o francs chacune. Chaque annee de la Revue Encyclopedique est independante des annees qui pr6c6dent, et forme une sorte d'Annuaire scienlifique et litleraire, t*. 4 forts volumes in-S", pout la piriode de terns inscrite »ut lc titie. REVUE ENGYCLOPfiDIQUE. o u ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES BBS PRODUCTIONS LKS PLl'S REM AnQHADLKS DANS LA LITT^RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. »l\^^(S(\)\lvv^Afv\^fVvvv\^^lVvvv\^l^A^v^^;v\^A■^A^lVv^vvvvvvv^;v^A(vvvv>^ I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. NOTICE Sur. Jean-Jac(jacs Rousseau. (Voyez Rev. Enc. , t. xli, p. 609, une ISotice sur Voltaire.) En I'annec iSag, lorsque Ics qucrelles de religion com- menraient d'agitcr le monde politique, un librairc de Paris, Didier Rousseau, f'uyant les persecutions, quilta la France avec sa famille et vint s'etablir a Geneve, oi'i, quelques annees plus tard, le droit de nourgcoisie lui fut accorde. L'un dc scs descendans, Isaac Rousseau, epousa la fille du ministre Ber- nard. Deux enfans naquirent de cette union : l'un, eleve avec negligence, se derangea dc bonne henre et disparut sans ■r. xt.11. MAI 1829. l^^ •>- -i iNOTlCl: ntoiir lie la iiiaison palcnielle; I'auUe , (jiii rcful Ic nom de Jean-Jacques, eofila en naissant la vie a samere, vinl an inonde prcsqiie mourant, ct fut conserve par la tendresse d'une sceur do son perc, qui prit soin dc sa premiere cu- iance. Pres de quarante ans s'etouicrent avant que le nom de Jean-Jacques Rousseau sorlit de I'obscurite : long-tems I'au- tcur futur d'Emile et de Julie vegcta ignore, jouet de sa fortune errante et dc sa propre inquietude. Reste orphelin, \ la suite d'une affaire d'honneur qui forjia son pere de s'ex- j>atrier, il entre en apprentissage chez un graveur, homme dur et borne, qui le maltraite et I'abrutit; il fuit, et se trouve, a seize ans, sans famille , sans patrie et sans asile. Un hasard favorable appellc sur lui I'interet d'une aimable patrone, la jeune baronne de Wareus. Conduit a I'hospice des catechu- menes, a Turin, il y abjure le protestontisme. Soiti de I'hos- pice, il lutte contre la misere ; il est tour a tour laquais chez la conitessc de Vercellis, domestique chez le comte de Gou- von; del;\, il revient aupres de sa protectrice, qui, touchee de son sort et de sa jeunesse , consent a I'accueillir chez elle. II essaie tour a tour diverses carrieres, etudie au seniinaire, iravaille au cadastre, ensei^nc la musique qu'il ne sait pas encore; il promene sa deslinee inronslante d'Annecy a Fri- bourg, de Fribourg a Lausanne, de Lausanne a Neufchatel, de Nenfchatel a Berne et a Soleure, de Soleure a Paris, de Paris a Chambery ; et, toujours rappele par son coeur pres de M"" de Warens, ne s'eloigne d'elle que pour bientot s'en rap- procher. Ainsi s'ecoule sans gloire, et non sans erreurs, sa jeunesse ou plutot sa longue enfance; ainsi preludait a ses destinces ce genie qui devait etonner le monde! A vingl-quatre ans, Rousseau est atlcint d'une maladie long-lems jugce mortclle. Dans la laugueur de sa longue con- valescence , retire avec M"" de "Warens dans la paislble soli- tude des C liarmcties , il s'applique a I'etude avec plus de stiile qu'il uc I'avait fait jusqu'alors; ilacquiert des connaissances ; il apprend a reflechir sur ses devoirs. Plusieurs annees se SURJ.-J. UOUSSEAL'. 270 passent dunscctte douce relraitc. Jeaii-Jaajucs li'aspirait qu'a y passer sa vie enliere, pres de M"" dcW'areiis, devenue pom hii plus qu'unc amie. Malheureusemeiit , une absence de quelques mois la retioidit a son egard : 11 ne put se resoudre a parlager avec vin autre un cceur qu'il avait possede sans pai'tage . et, renoncant a ses esperances de bonheur, 11 ac- cepta une place de preoepteur a Lyon, chez M. de Mably. II ne tarda pas a sentir que son caraclere etait peu propre a cet emploi : apres un an d'essai, une derniere fois encore il revint aux Charinelies cbcrcher un bonheur qu'il ne trouva plus. Alors, desenchante sans retour, il songea enfin a se faire une existence independante. II avait des connaissances en musique ; il s'etait meme occupe, dans ses etudes, d'un nouveau systeme de notation ; il sc hate d'y meltr* la der- niere main; puis, muni de quelques recommandations, il part pour Paris et va presenter son travail a rAcademie des Sciences. Quelques eloges steriles furent le seul fruit decette demar- che. Decu de ce cote , Rousseau consentit a suivre en qualite de secretaire le comle de Montaigu, nomme ambassadeur a Venise : mais bientot le caractere bizarre et les mauvais precedes de I'ambassadeur le ramenerent en France; la, il chercha de nouveau a tirer parti de sestalens. Introduit dans la societe de M"^ Dupin, qui reunissait chez ellc I'elite des gens de lettres , il y lia connaissance avec plusieurs d'cntre eux. Le succes, toutefois, ne repondit pas a ses premiers cl- forts : I'opera des Muses galantes, dont il avait compose les paroles et la musique, ne put etre represente ; le divertissement des Fetes de Ramire, ouvrage de Voltaire et de Rameau , qu'il fut charge d'arranger pour le mariage du Dauphin, n'obtini qu'un succes infructueux; les articles qu'il redigea pour VEn- cyclopcdle ne lui valurent aucune recompense. Cependant, le tems s'ecoulait : deja Rousseau entrait dans sa trente-hui- lieme annee; deja, decourage par tant de vains essais , il s'etait resigne a occuper chez M"" Dupin I'humble emjdoi de secretaire, avec 8 on 900 livrcs d'appoinlemeni , lors- ■i:Ci ^OTICE «[u'cn i^So I AcaiU'inic de Dijon mil an concour.«i clIIo qiios- tioa singulirrc : Le n'tal/lisseinenl des sciences et des arts a-i-il contvibtiii a corrompre oil a cpurcr les mirurs? Cc I'ut en allant visiter au donjon dc Vincennes Diderot, son ami, cmpiisonne pour quclques hardiesses littoraires, que Rousseau , feuilletant un numero du Mercure , tomha sur Ic programme de TAcademie de Dijon. Rien n'egale I'im- pression que produisit sur lui cette lecture. « Tout a coup , 11 se sent I'esprit cbloui dc mille lumieres; des Ibulcs d'idecs vives s'y prescnlent a la Ibis avec mic force et une confusion qui le jetteut dans un troul)le iuexprimahle ; il se sent la tote prise par un ctourdisscmcut semblable a I'ivresse; une vio- lente palpitation I'oppresse, soulevc sa poitrine. Ne pouvant respircr en marchant , il se laisse tomber sous un des arbres de I'avenue, et il y passe une demi-heure dans une telle agi- tation, qu'en se relevant il apercoit tout le devant de sa veste mouille de ses larmes, sans avoir senti ([uMl en repandait (i).» Diderot, auquel il confie la cause de son trouble, rencou- rage a concourir pom- le prix, et, prcssentant d'avance I'opi- nion de son ami sur la question proposee, laisse echapper ces paroles remarquables : « Le parti que vous prendrez est celui que personne ne prendra. » II disait vrai : deja Rousseau prononcait, dans sa pensee , la condamnation des arts et des sciences. Cedant a sa vivo inspiration, il compose, il rem- porte le prix-. C'est ici que la vie. de Rousseau commence pour la pos- terite. A peine connut-on le jugement de rAcademie et I'ouvrage couronne, qu'un grand scandale s'emut dans le monde litte- raire : ce fut a qui preudrait la defense des letlres attaquees. Encore bouillant de son premier triomplie, Rousseau fit face a tons ses adversaires. Dans cette polcmiquc, son talent prit de la maturite. Le discours couronne n'etait, a tout prendre. (i) Lpltrc a M. dr' Miiloshnbrs. SUR J. -J. ROUSSEAU. 277 qu'iine hiillanlc amplifioalion de rlicteur, dont le style, deja licho de niouvcmeat et d'imaj;cs, inais souvent vague ct de- clamatoire , decelait encore reciivain sans cxperienc"fe : en se defendant contie ses nombreux critiques , I'autenr apprlt I'art d'ecrire d'un style plus ferme. Sa reponse ii M. Gautier, aca- deniicieu de INanc}'^, parut un modele de persiflage. Bient6t I'honncur qu'il cut de compter un roi parmi ses adversaires I'obligea de prendre un ton plus grave : Stanislas refuta son discours, et fut refute lui-meme avec une dignite respec- tueuse qui honorait le monarquc sans abaisser le citoyen. Les amis dc Rousseau tremblaient dc sahardiesse : Ini, rendit as- sez d'honneur 11 son noble adversaire pour ne rien craindre, et la luyaute du prince justllia la confiance de I'ecrivain. Rousseau n'avait vu d'abord, dans I'usage de ses talens, qu'un moyen d'existence. En acquerant la conscience de son genie , 11 vit sa mission s'agrandir : il se sentit appele a dire la verite aux hommes ; fort de sa sincerite et de son courage , des lors il adopta cettc devise devenue celtbre : vitam iynpen- dere vero. De ce jour, il devint un autre hommc : son ame s'eleva; ses principes s'affermirent. Pour n'appartcnir qu'a la verite, il fallait se mettrc au-dessus de I'opinion ct de la for- tune ; Rousseau resolut de faire divorce avec la fortune et I'opinion : celte resolution, qui affranchissait sa conscience, flatlait anssi sa paresse et sa limidile naturelles. Jete dans le grand monde par circonstance, non par gout, Rousseau n'y vivait qu'avec repugnance ; il en ignorait la langue et les usages ; il en detestait I'appret et la contrainte. Ses succes rculiardirent enfin a briser Ic joug des prejuges, des bien- seauces sociales , dont son inquiete susceptibiiite s'exagerait encore la tyrannic; et , libre d'ambition, content de sa pau- vrete volontaire , il espera ne plus vi\rc que pour le repos ct pour ses nouveaux devoirs. Tout entier a ce desscin, Rous- seau prend tout a coup sou parti : il reforme sa toilette, re- signe un emploi lucratif cliez un financier, proclame la ferme volonte dc n'accepter aucuns dons, hors ceux de I'inlinie amitie ; et, uc voulaut pa? mOme dcpendre de son talent. 278 NOTICE Je peur que son Uilciil lie vint ;\ dependic ainsi de la rortunc ot des hommes, il se luit copistc dc musique pour gaj^ncr sa vie. Les premiers auxtjuels il dit sa resolution le crurent dc- venu fou ; bientut on ne le trouva plus que siiigulier; on finit par Tadmircr. II n'etait bruit dans le mondc que d' im pkilo- iophe qui , pour vtvre irul (' pendant , avail qaittd les bureaux d'lin fermier-general , et demeurail d an cinquienie cHagc, copiant de la musique d six sous le rdle (1). Le Devin du Fillage acheva de lui concilier la t'avcur pu- blique. Cette pastorale, faible de style, mais naive et gra- cieuse, charma les oreilles francaises, que rassasiaitla lourde psalmodie du vieil opera. La premiere representation du De- vin du Village eut lieu sur le theatre de la cour. Jean-Jacques, alors dans loute la ferveur de scs nouveaux principes, y pa- rut en habit neglige , en barbe longue , en perruque mal peignee. Cette bizarrerie ne choqua point; peut-etre meuie trouva-t-on quelque chose de piquant dans ce contraste d'une imagination fraiche et tendre, cachee sous un exterieur in- culte et sauvage. II ne tint qu'a Rousseau d'etre prcsente au roi , d'obtenir une pension ; mais , fidele ;\ scs maximes , il eluda I'une et I'autre faveur. Vers le meme terns, Rousseau fit jouer au Theatre-Fran- fais la comedie de Narcisse, ouvragc de sa jeunesse. Moins heureux que le Dcvin, Narcisse n'eut aiicun succes. Rousseau, qui, pendant les repetitions , avait garde I'anonyme, au sortir de la representation se declara publiqucment I'auteur de la piece tombee. Cet aven , qui pouvait n'etrc que Ic calcul d'un amour-propre bien entendu , fut vante comme un acte de courage. Narcisse parut imprime, avec une prelace ou com- mencaient a se developper les opinions philosophiques de I'auteur. Une occasion se presenta bientut de les developper davan- tage : 1' Academic de Dijon ouvrit un nouveau concours, dont le sujet etait forigine et les fondemcns de I'incgalite panni les (1) VoU' les Meraoires du marquis d'Argenson. SUR J. -J. ROUSSEAU. 979 homrnes. Jamais plus haute queslion n'avait ete proposee a la meditalion dcs philosophcs. Rousseau , dout elle renflamnia la verve, composa encore pourle prix. Cette fois, il portait dans la lice un talent eprouve ; cependant, le discours sur Vinegalite , quoique bien superieur de pensee et de style au discours sur les sciences, n'eut point la menie fortune. L'Aca- demie, dont le premier jugement avail trouve tant de cen- seurs, craignit de se compromettre en couronnant un nou- veau paradoxe : le discours de Rousseau fut ecarte; I'abbe Talbert eut le prix. On ne connait pas son ouvrage. Chaque jour augmentait la celebrite de Rousseau; mais cette celebrite nieme devenait un obstacle a raccomplisse- ment de ses desseins. Les distractions, les importunitcs uf- fluaient autour de lui; en vain les repoussait-il avec humeur : plus il gagnait en renommee, plus il perdait en independance et en tranquillite. Ces contrarietes , qui se renouvelaicnt sans cesse, lui firent prendre en haine le sejour de Paris. Des af- fections, des souvenirs d'enfance le rappelaient A Geneve; il saisit avec empressement I'occasion qui lui fut offerte d'y faire un voyage. Jean-Jacques fut accueilli dans sa patrie comnie devait I'otre un citoyen qui I'avait honoree. Durant son sejour, en- toure d'estime et de bicnveillancc, heureux de respirer sur un sol republicain, errant sur les bords du beau lac qui I'ar- rose, son amo s'enivra de patrintisme et de liberie. Un instant il voulut se fixer dans son pays. II reprit le culte de ses pcres; il fut retabli dans ses droits de cite; et, lorsqu'a son retour en France il fit imprimer le discours sur Vinegalite, il se pro- clama citoyen de Geneve. Son vfEU etatt alors d'y revenir ache- ver sa vie au sein de la paix et de I'amitie; mais le sort en decida autrtment. Parmi les amis que Rousseau complait en France, brillail, par les graces de son esprit, par ramenile de son caractere, M"^ d'Epinay, femme d'un fermier-general. Non loin du cha- teau que celui-ci possedait aux environs de Montmorency « ttait un lieu champStrc et retire, que sa position avail fait a8o NOTICE nonnuer I'Ennitage. Coiichiit un jour par son aniic dans cetle solitude, Rousseau en parut chainie; en y letournaut avec ellc a quelquc Icms de la, il fut suipiis et louche d'y trouver une habitation nouvelle , qu'ellc avail fait clever pour lui. « Voila, lui dit-elle, votre asile; c'est vous qui I'avci »choisi ; c'est I'amitie qui vous I'offre. » Vaincu par tant d'at- tachemcnt et de delicatesse, Rousseau renonca, pour M°" d'i.- pinay, au sejour de sa patrie ; il ne songea plus qu';\ s'etablir a fErmltagc. On railla dans le monde son projct de retraite: il lie fut point cbranle, et, sans attendre le retour du prin- tems, i! courut s'inslaller dans son nouvel asile. II croyait y trouver le bonheur; I'infortune ne savait pas quelle fatale influence il y trainait avec lui. A son retour de Venise, Rousseau avail connu , dans I'ho- tel qu'il habitait , une jcune ouvriere en linge. Son cceur et ses sens avaient besoin d'une compagne; il se prit pour cettc fdle d'un attachemenl qu'il crul paye de retour. Ses faeiles faveurs lui parurenl le gage d'une affection sincere : dans la simplicite d'un esprit sans culture, il crut voir la naivete d'un eoeur sans art. Devenue la gouvernante et I'amie de Rous- seau, Thertse Levasseur acquit insensiblement sur lui cet ascendant que les etres homes exercent presque loujours, dans la vie domestique, sur les esprits superieurs. Les amis de Rousseau geniirent de cette liaison indigne de lui : pre- voyant trop quel empire die allait prendre dans la solitude, ils tenterent de la ronipre. Therese , qui penetra Icur dessein, s'appliqua elle-mCme a les brouiller avec son maitre. Ses rap- ports, ses insinuations artificieuses n'obtinreut que trop de credit sur cetle ame impressible; ils y firent germer ccs me- fiances qui troublerenl si cruellement la fin de sa carrierc. Cependanl , les premiers momens du sejour a I'Ermitagc s'ecoulerent pour Jean-Jacques dans un calme ravissant. Au milieu des hois, seul avec la nature, il sc plongeait a loisir dans ses douces extases; il jouissait avec delices de cette vie intericurc el contemplative, charme des imaginations sensi- bles. Daus ses longues promenades , il evoquait, sous un SIR J.-J. ROUSSEAU. 281 beau ciel, dans le silence des forets, les divines images de Claire et de Julie ; il levait les pages enchanlees de L'Hcloisc. La plus aimable inlimile regnalt cntre lui et IM""^ d'Epinay : c'etaient, d'une part, les solns empresses, les prevenances ingenieuses de I'amitie delicate et attentive; c'etait, de I'an- tre , la vive effusion de I'amitie sensible et reconnaissanle. Ces rapports si doux furent trop tot troubles. Grimm , que Rousseau cro} ait son ami , devint I'amant heureux de IM°" d'£pinay. Dominee par un bonime qu'im- portunait la celebrite de Jean-Jacques , son attacbement s'en ressentit peut-Otre. Rousseau, que son age, ses infirmites, ses principes severes auraicnt du preserver d'une folle passion, tomba eperdument amoureux dc la belle-soeur de IM°" d'E- pinay, M^^d'Houdetot, qu'il savait eprise de Saint-Lambert: cette faiblesse, qu'il eut I'imprudence de laisser connaitre, qui I'exposa quelque tems an blame des gens austeres , aux railleries des gens du monde , attiedit son affection pour son auiie ; il eut memc le tort de lui imputer, sur la foi trop dou- teuse de Therese, des trahisons probablement imaginaires. On s'aigrit ; on se raccommoda. Tout a coup M"" d'Epinay, voulant derober a son mari les marques trop visiblcs de ses bontes pour Grinun , imagine d'aller a Geneve consulter Troncbin et d'inviter Rousseau a I'y accompagner : I'invi- tation etait derisoire sous plus d'un rapport; Rousseau s'y refuse : on insiste ; il prend de I'bumeur; il ecrit i\ Grimm une lettre bizarre. Grimm saisit ce pretcxte, feint de s'iudi- gner, crle a I'ingratitude, rompt avec eclat, entraine 31 "' d'E- pinay dans la rupture. Rousseau, qui d'un mot pouvait se justifier, aima mieux supporter la calomnie en silence que de reveler les secrets de son ancienne amie : il quitta I'Eniii- tuge, qu'il avait babile pres de deux annces, et, laissant ses eniiemis se repandre contre lui en outrages, il se retira, sans leur repondre , a 31ont-Louis pres de lAlontmorency. Cetle rupture imprevue, a laquellc Rousseau fut profon- demcut sensible, accrut encore son pciicbant a la mcfiance; il le fit voir dans sa condiiite avec Diderol, donl il abdiqua 28a NOTICE sans rctoiu' I'aniilio, inilc d'unc indiscretion qii'il prit pour unc pcrfidio. Ce flit dans sa retraitc de Mont-Louis que Jean-Jacques ecrivit sa Icttrc a d'Alcmbert sur les spectacles, tormina I'ex- trait de la Paix perpituelle (i) , la nouvelle Heloise , VEmile et Ic Contrat social. La lettrc i d'Alembert eut un brillant suc- c6s; r^uflira dc citer ce court echantillon : Mesicu, j'c la aveq bOqou. d'int^re la sirqiilcre que roii m'avez adresee; le snfraje sur U- qel vou vou: aptnic, done dejd un gran poiz 0 changeman qe vou propone, etc. (i). Ce qui vent dire : Messieurs, j'ai luavec beau- coup d'interet la circulaire que vous Tn'aoez adressee ; les suffrages sur lesquels vous vous appuyez donnent dejd un grand poids aux changemens que vous proposez, etc. (3). Tout cela, du reste, est precede d'une preface qu'on pent transcrirc tout entiere, et que voici : Ne jugez qu'aprcs avoir lu ; si vous etes de notre avis, ecrivez-nous : Si vous ii'en etes pas, ecrivez-fious encore, et nous leverons vos scrupules. C'est promettre beaucoup : le premier usage qu'on puisse faire de cette invitation, c'est de deinander aux reforniateurs comment , ajant soulevc une question si importante, ils se sont renfermes dans un silence absolu sur tons les points embarrassans, et sur tout ce qui pouvait eclairer leurs jiiges. Au lieu de perdre leur terns et ieur papier i transcrire les at^ (1) P. iS. On trouve cette note dans les Rlemoires de M™" duBarbi : t Ce flit le maR-chal (de saxe) qui refusa modestemcnt le fauteuil par ce billet bien counu, dont I'ortlio^raphe ne serait pas cependaut un litre d'exclusion aux yeux de certains acad6miciens d'aujouid'hui : « // reule me fcrc dc la cadimie svla inirot como une bagc a un elms. » (Paris, 1829; Manie et Delaunay-Vallee. In-S^^ t. i, p. 4.) (2) Ges niuts sont extraits d'une lettre ticrite par le Dircctcur de. la Revue aux uiembres de la sociefe de la relbrme ; elle est prece'i'e et sui- vie de plusieuis autres lettres d'hommes distingues, qui tous paraissent , penser d'introduire dans notre orthographe des changemens avanta- gtux : nous ne supposons pas que les editeurs dc VAppcl aux Franfais aient public ces letlrcs sans en avoir oblenu I'aulorisalion de ceux qui les avaient ecriles; niais comment se fait-il que ces Icttres soieiit toules ecrites dans I'oithographe relorniee ? comment qualifier cet artifice, qui f'erait croiie que tous les signataires de ces lettrcs ont approuve la re- t'ormc, tandis qu'il n'y en a pas un peut-6tre qui en ait eu connaissance. Piusieuisd'entrc eux out ete en butte aux critiques de quelques jourcaux a propos de cette ovtiiograplie, dont k coup silr ils sont fort innocenSv Est-ce sur de pareilles siij'crclieries que la sociele de refjrnic doit ftuder jes succes ? FRANgAISE. 297 taqiies insignifiantes de quelques journaux, et !es leponses qu'ils y ont faites dans le terns, n'y avait-il pas plus d'utilite pour les lecteurs, plus de loyaute surtout de la part des au- teurs, a mettre sous les yeux du public Ics pieces du proces, et a lui dire : « Voila les diflicultes de notre entreprise, voili ce qui jusqu'a ce jour s'est oppose aux nombreuses tenta- tives faites par des hommes d'un merite distingue, voila ce que nous voulons faire aujourd'hui; jugezsi nous avons ete plus heureux. » Loin de la. Retranches dcrriore ce principe ordinairement vrai : que Vecriture doit peindre la parole, et sans se donner la peine d'examiner les cas oii il n'est pas ap- plicable, nos autcurss'adressent a une classe presque toujours ignorante de ces matieres, dogmatisent avec une assurance incroyable, promettentrf'c'c/a(Ver le peuple en masse et en quel- ques jours seulement (1), et dans un dialogue entre le bon sens et la routine (2), attribuent a celle-ci tout ce qui pent s'opposer au bouleversement qu'ils proposent. Je le repete ; la composition de ce livre indique dans les auteurs ou une mauvaise foi calculee, ou une ignorance qu'il n'est pas per- mis de supposer chez eux, ou au moins une precipitation inexcusable. Replacons done la question sur son veritable terrain, et montrons comment elle a pu se compliquer au point de pre- senter maintenant des difRcultes presque insurmontables. L'e- criture, dit-on,f/o(f representer exactcment la parole. Ce prin- cipe est evident, lorsqu'une langue n'a jamais ete ecrite, et qu'on invente ou qu'on choisit un alphabet pour elle (5); il est vrai encore, lorsque le peuple articule distinctement tous les sons, qui dans sa langue reprtsentent les modifications de la penste (4); il ne Test plus du tout, lorsque les memes (.) P. 49- -(2) P. n5. (5) C'est le cas oii se sont trouves nagus'.ie M. Dard ct M. Roger, aulcurs d'eciits sur la langue ouolofe. (4) Tel etait, a ce que Ton pense ordinaiicineut, le cas des Grecs e^ des Roniains ; tel ctait celui des Itallens ct des Espagnols, chez qiu la •2\)S Dli LORTHOGRAPUK mots cliangciil di: pioiionciatioii , siiivaiit lour place, ct siii- vant lo ton du (li.scoiiis: il est plus iaux encore, s'il est pos- sible, lorsque recriture a eii autant d'influence sur le lan- gagc que le langagc sur I't'criturc. Ces deux derniercs hypotheses convicnnent justenient a la laugue Iraneaisc. Cela n'est pas douleux pour ceux de nos lecteursqui se sont occupes dc giamraaire ; les autrcs peu- vent en demander les preuves : qu'il uie soit permis de les donner. Les lettrcs, dans notre ecritupc, sont plwniqnes quand elles rcpresenlent les sous; diynwlogiques, si ellcs rappellcnl la la- cine d'un mot; caractcrlstUfucs , quand eiles marquent une modification du mot (i); nulles, enfin, quand elles ne ser- vent ;i rien de tout cela (2). De cette derniere espece sont les lettres doubles qui nc se prononcent pas (5), quelques con- sonnes qui se compliquerit inulilemeiit dans les formes se- condaires des mots (4), quelques vojelles Inutiles, souveut meme contraires ;\ la prononcialion et a retymologie, etc. (5). Sur ces lettres point de contestation ; nous les abandonnons aux reformateurs, et plus ils les retranchcront, mieux ils au- rout m-jrite dc la France cnliere. Point de discussion non plus sur les lettres phoniques, puisque leur representation rcfonne n'a pas till souH'iir dc graiides difBcuItes , parce qu'ellc n'ctait pas trcs-consideiable. (1) Goinine !'.< niaique If. pluriel, et IV ninet le fiininin. (s) On a de la peine i concevoii' conimcnl des lettres nulles ontpu s'lntiodniic dans notre oitliiigraplie. Qu'il me sulTise d'en cilcr un exeni- ple : nos subslanlifa sont en grande partie tires de I'ablatil" des Latins; dans I'ahlatif Iwminc, \\n copiste ignorant aura pris \'i et I'n pour une seule letlre et il en au.-a fait Iwmmc ; le mot fcmnic, forme de nienie de fcmina, donne assez de vraiscmblauce a eelte idee que jc crois appar- tenir a Beauzee. (o) Flammc, po\ir fame ; acqucrir, pour aqticrir. (4) Enfant, pluriel enfans ct non cnfants. h's etant diji une dentale, le t, autre dtnlale, est evidemment superdu. Par analogie on pourrait, dans les pluriels, supprimer le c, le p dans les flancs, les camps, etc. (5) Paon, fnen, Laon, etc. ; solcnnel, your solunel. FRANCAISE. 299 est toujours le principal objet dc I'ecriture, et que tout le monde est d'accord pour les conservcr. La question concerne done seulement les lettres etymolo- f-iques, et les lettres caracteristiqaes. Quant aux premieres, ils faut dislinguer : si !a lettre n'indiquc que des mots etrangers, retranchez-la (1); car notre langue est une : elle doit avoir son existence individuelle, et independante de toute langue morte ou contemporaine. Mais, si la iettre etymologique ap- partient a la langue elle-menie, si cette Iettre suffit pour reu- nir des families enti^res de mots, est-ce rendre un service a la langue que de kis disperser tous, pour ainsi dire, par la suppression du lien conmiun? Si vous s>crivez bato pour ba- teau, a quoi tiePJieit les derives bate let , batelicr , bateliore? Si voHS retranchez le p du mot drap, comment se formeront les mots '.draper, drapler, draperie , drapeau? N'est-il pas a craindre qu'en accelerant I'ecriture, vous ne ralentissiez I'e- tude des mots, bien autrement iuiportanle et difRcile que celie de I'ortbographe? Les dilacultes deviennent, au reste, bien plus grandes, quand on passe aux lettres caracteristiques. C'est surlout en considerant cette partie de la queslion qu'on pent apprecier la valeur de la reforme qui iitablirait, pour regie unique, d'e- crire comme on parle. Et si Ton parle mal (2) ? car il n'en est pas de notre langue comme des langues grecque, latiue, (1) Ces idees sont eii grandc parlie celles que Beauzee a consignees dans VEncydop&dic jiictliodique. (Grammuire ct UtUrature, art. ]\cogra- pliismc. ) J'engage les parlisaiis de la relbime k lire cet article : on verra avec quelle sagcsse ct quelle circonspcction ce savant homme proposait une reforme, qui mallieureusenient n'a pas ete adoptee. (2) J'aid'autant plus de raison d'exaiiiiner ce cas, que les auleurs dc la reforme ne paraissent pas tres Ibrts sur la prononciation. lis ecrivent slnqanlc ivcr on pase sur sa liic. Oil ont-ils pris que Vs d'hivers ne devait pas sonner sur la voyellc suivante? Si cette negligence se supporte dans la conversation, on ne doit pas du nioins la rclrouver dans des vers du genre de ceux qu'ils citent ici. lis niettent a la menie page (47) : ct 'c son de. la vol, tin signc de les yciix, etc. Sonl-ils done d'avis que, dans nos vers, I'hcniistiche autorise I'hiatus? 3oo DE L'ORTHOGRAPHE italienne, espagnole, oii les modifications des mots, nettcment tianchees, ne laissent aucune incertitude a roreillc. Qui con- fondra jamais ccjBpcoTroi , avcc avBpwToj ? vir ct viri? Chez nous, an contraire, Vhomme et les hommes se prononcent de menie : seulcment devant une voyelle, la difference est sen- sible ; d'oi\ vient-elle ? dc Vs prononce s, signe de notre plu- liel. Mais, si cet s n'est pas necessaire dans I'LCiiture, pour- quoi I'y placerons-nous devant une voyelle, et alors pour- quoi le prononcer (i)? Est-ce ici la prononciation qui determine recriture, ou I'ecriture qui determine la pronon- ciation ? Et ce que nous disons ici du pluriel, se rcprodui- lait egalement pour tons les accidens des mots, presque tou- jours muefs devant une consonne, et sensihies suv la voyelle suivante. Enfjn, que dirons-nous, si le principe fondamental dc cette ecriture p/ionique ne pent absolumcnt pas s'appliqner a notre langue ? s'il y a quelque chose d'utile, de necessaire a ceux qui lisent, c'est sans doute que le meme mot modi^ fie de la meme maniere s'ecrive toujours de meme (a). Nous renvoyons a I'etude du Sanskrit ceux qui pourraient douter de ce principe. Cette langue offre le type des ecritu- res oi'i tout est sacrifie a la prononciation, jusque-la que les mots ne sont pas plus separes dans les livres qu'ils ne le sont dans le langage ; aussi , de combien de regies la gram-: maire sanskrite n'est-elle pas herissee pour rendre comptc des irregularites de prononciation? et surtout, quelles iui- menses difficultes n'offre-t-elle pas a ceux qui I'etudient? (i) Jusqii'ici je me suis appuye sur les opinions de grammaiiiens con- nus ; quant h ce que je vais dire, je ne crois I'avoir rencontre nulle part ; jc suis done plus sujet k erreur, et it est juste qu'on discute plus scvere- nient mes opinions. (2) Nos reformalcurs ne seinblent pas ctre dc cet avis, p. i3o; ils t'crivent meme (p. 44) '■ A rcgarde d'an u (d'm haut) le pcuple qui I'ini- |)Iore. Et (p. 4G) : u plii hi) (au plus haul) de ton cours , etc. Nous dou- tons qu'avec de pareilles innovations on abrtge de beaiicoup I'elude des iangues. FRANCAISE. 3oi Eh bien ! chez nous, ce sera la mt-mc chose, si ce n'est pis encore. En effet, nous avons en francais deux langages (i), I'un, plus pur, plus severe, plus harmonieux; c'est celui des vers et de la haute eloquence : I'autre, plus doux , plus coulant, plus rapide; c'est celui de la prose legere et de la conversation. Dans le premier, toutes lessyllabes sont enten- dues; dans le second, tous les e muets disparaissent. Celui- ci contracte toutes les diphthongues ; celui-Ia en separe les elemens, selon les regies etablies par I'usage. Le premier seul doit exister dans I'ecriture; le second n'y serait (Ju'un jargon : mais le premier justement n'est conforme a la pro- nonciation que dans le plus petit nombre de cas; faudra-t-il pour cela changer encore notre ecriture , et marquer par des apostrophes, comme on le fait dans les comedies grivoises, o» meme retrancher, sans les remplacer par aucun signe, les syllabes mangees dans le style de la conversation ? Ainsi nous voyons a chaque instant surgirde nouvelles dif- ficultes, de nouveauxembarras d'un projet qui parait simple an premier coup d'oeil ; c'est qu'il n'a que la simplicite de I'ignorance que rien n'effraie, parce qu'elle n'apercoit rien. Les honmies sages ou qui ont approfondi cette matiere, re- connaissent sans peine les imperfections de notre orthogra- phe ; ils appellent de to\is leurs vceux une reforme ; mais en meme terns ils desirent qu'cUe soit prudente et progressive, et surtout qu'elle ne sacrifie pas aux pretendus interets de I'ecriture les interets bien plus sacres du lang:ige. C'est ici le lieu peut-etre d'examiner les changemens qu'il (i) Nos auteurs ne semblent pas s'etre apercjus de cette difierence, non plus que de la difl'6rence de I'e muet a la fin des monosyllabes, oua la fiii dcsautres niots. l^e premier est une veritable voyellc, tout-^-fait siMisibli; et assignable; le second n'est qu'un suuOle sans aucun son, et dont tout I'effet, encore dans le style eleve, est d'allonger la syllabe precedenle : I'un et I'autre, au reste, disparaissent absolument devant les voycllos ; mais, en depit de la contradiction avec leurs principes, nos auteurs I'e- crivent partout avec une perseverance et uu courage dont on a droit tie s'ctonner. 5o2 DE L'ORTIIOGRAPHE ost lU'gcnl d'introdiiire dans notre cciiturc, afin d'apprccicr exactement rimportancc du service que pent nous rendre un uouvcau systinne (i). On rcproche a notre alphabet : i" dc ne pas representor tons les sons dc notre langue ; 3° d'avoir des caracteres inutiles; 3° dc reunir plusicurs caracteres ponr representer un seul son; 4" dene pas conserver toujours au meme signe la meme pronnnciation. Ces reproches sent fondes ; mais il faut observer que , comme un signe n'expriuie que ce qu'on veut lui faire signi- fier, s'il est une fois convenu que le c se prononcera s devont IV et I't, il ne pent plus presenter de diflicultes; si Ton salt que ai ferae), awferao, qui nous empeche de regarder ces doubles signes comme une voyelle composec de trois jamba- ges au lieu de deux , on comme une reunion de deux carac- teres, tels que Vi et son point, ou / et son tilde (/) que nos auteurs vculent introduire : il n'y aura pas plus d'embarras pour ces lettres que pour les voyelles ou et eu qu'ils nous conservent , puisque ces combinaisons ne peuvent produire chcz nous aucun autre son. De meme , si nous avons le c/i , (l) L'Appel aitx Francois dit (p. 55) que l'orlhn;,'rnpl>c est a la gram- maire ce qn'cst a I'lwmmc la rognuro de scs orgies. Si I'auteiir en eCil etti persuade, aurail-il public son llvre? Mais, inalgrc la f'aussetc rvidente dc cetle bypfi'bolc, nous dcvons avoucr que rorihographe n'a qu'un inle- rct sccpndairc, si on la compaif; au langage ; en sortc que I'oi thograplie la plus parfaite ne sera pas celle qui rcpresentera le plus exaclcinenl les sons d'une langue, niais celle qui en facilitera le plus I'titude. Sous ce dernier rapport seulenicnt, elle peut t!tre une science : prise dans le sens oil le veut la refornie, i quoi se reduil-elle? k bien entendie les mots qui sont prononces ; aiusi, quand les reformat curs nousproniettent que nous saurons bien 6crire en deux iieures, ils nous assurent, en d'autres leinics, que notre oreille saisira distinctement tons les sons : ils novis promettent done ce que nous avons depuis long-tems sans eux, ou ce que nienic avec eux nous n'aurons jamais : en somine,ils ne nousdonncnt, ni nenous apprennent rieu. Toun.cz cetic nianivelle, nous dit un facteur de seri- nettes, et vous laites de la niusique : oui, sans doute ; mais quelle mu- siquc? la sienne : et de meme les relormateurs vcident nous enseigner I'orthggraphe en deux jouis : mais quelle ortbograpbe ? la leur. Esf-cc ia FlUNCAISE. 5o5 oil Ic en, pourvu que nous leur doiinions partont la meme prononciation, leur emploi sera tout aussi facile que celui de lettres simples. C'est done aux regies i\ en determiner I'usage : ees regies sont peu nombreuses et s'apprenneut rite; mais on nous oppose nos innonibrables excoptious (i); c'est done sur elles qu'il laudraic d'a!)()rd faire tomber la reforme. Ainsi , nous devons , je ne dis pas ret?-ancher, mais tendre a retrancher : i°les lettres nuUes; 2° celles qui font entendre unson autre que celui qu'elles iudiquent ; 3°les lettres doublees inulilement; 4" les Amuettes; 5" faire usage du trait-d'union dans les composes; 6° nuancer, par des accens, les sons de la meme Yoyelle; 7° remplacer par le t et Vf, le th et k ph qui ne signifient rien etyniologiquement ; 8° indiquer par vm signe les consonnes sourdes ou sonores i la fin des mots. Mais il faut conserver religieusemcnt les etymologies essentielles tirees de notre idiome, et surtout les lettres caracterisliques, sans lesquelles notre langue, si ad- mirable par la douceur et par la dilicatesse de ses articula- tions, deviendrait bientot un miserable jargon (2), indigne de notre etude. RJais, en traeant icila mar'-he a suivre pour etablir a mon sens le meilleur systeme d'orlhographe, j'oublie et mon obs- curite et les difficultes immenses qui entravent I'cxecution d'un parcil projet. Non, ce n'est pas a un particulier , ni a (ij Encore une fois, ne nous exagerons pas les dlfficultis de ndtre or- tliograplie : un leger cliangement dans quelques mots la rendrait n'gu- liere et facile i apprendre. Quelle qu'elle suit, d'ail.letns, elle est du moins soumise a des regies ceilaines, et neinerite aucunement le reprochequ'on adresse avcc raison i» I'oithogiapLe anglaise, d'avoir des exceptions bien plus nombreuses dans leurs applications que les regies elles-niemes. (2) Quelques journaux se sjut egayes sur Yorthographe des euis'inicrcs. ("V'ov. VAppct au.v Framais, p. iget suiv.) C(;la nesignifie rien; si I'ortho- graphe des cuisinicres elait bonne, il f'audrail la suivre , et nous desirons que les cuisinieres sachent, s'il est possible, mettre I'ortliographe comme les grammairiens. L'orlhographe nouvelle, d'apres la reCorme que Ton propose, est blaniable, non parce qu'elle est celle du peuplc, mais parce qu'elle meiieaujaigin et aubaibarisme. 5o4 DE L'ORTHOGRAPHE FRANCAISE. uiie societc oomposee de particulicrs , qu'il convicnt de rcn- Ycrscr aiiisi rouviage tie plusieiir.s siocles, meme quand on Jui peut reprocher de nombieux dclauts. C'cst iei plus que parloiit ailleursqueraatoWic rfesnoms est une iiecessil*';. C'esl done a VAcadcmie francaise qu'il apparlient de discuter ces changemens; seule, ct dans ses attributions, elle peut avoir assez de credit pour que le public plic devant ses decisions; seule elle peut niettre d'accord I'usage et la raison ; et, en cela, elle rendrait peut-etre un eminent service ii la langue: car, si le malheur voulait qu'on admit une refurme scmbla- ble a celle qui est proposee, e'en serait fait en pcu de terns et de la plus parlaite des litteratures modernes, et de cette poe- sie divine (i) qui I'ait I'envie des etrangers et la gloire de la Franqe. B. Jut LIEN. N. B. II n'cst peut-etre pas inutile de faire observer que I'auteur de cet article n'a examine la question qu'en elle- meme ; s'il avait voulii y introduire des considerations etran- geres, il aurait remarque que Torthograplic proposee, detrui- sant de fond en comble toute I'orlhographe ancienne, les livres imprimes jusqu'ici seraient tout-a-fuit illisibles pour les adeptes du nouveau systeme : piais ceci a ete dit cent fois. N. D. R. (i) h'Appcl aux Frannils dit (p. 9) qu<; cetle orlliograiilit- ne touclii^ pas a la poesie. Exaininons : nous avons fait ohserver que les c muets ne se prononraient pas tlaiis la conversation ; ainsi, s'ils ne sent pas ecrits, et ils ne !e seiont pas d'apres le prjncipe, comment les comptera- t-on dans les vers? Mais ensuite, ne fera-t-on pas r'lmex: jc vhcris ei il peril (cheri , peri) ? un salon, et des ballons, etc? Est-ce la ne pas porter atteinte a la poesie? Et de la part des auteiirs, est-ce oubli, 011 mau- vaise fo! ? IT. ANALYSES D'OUVRAGES. S€IE^CES PHYSIQUES ET NATURELLES. Statistiqce des routes royales de Frasce, publiee par r administration gcnerak dcs Fonts et Chaassces (i). Rapport fait par M, le baron Pasqi'ier , au nom de la Com- mission char gee de I'examen des questions relatives d /a classifi- cation, a l'entbetiex, a la reparation, a la confection, et A l'administration des routes [2). Observations sur les routes, suivies de Propositions sur Ifur ametioration et sur tear entretien, par A. R. Polonceau, ingenieur en chef, directcur (3). Des crandes routes et des chemins vicinaux; par A. Ber- THAULT-DucREi'x, ingcnicur des ponts et chaussces (4)- De l'etat des routes en France et de la possibility de te rcmlre jlorissant , an moyen de faibtes depenses, par Hippolyle Hageau (5). Depuis plusieuri annees, la mode est elablie en France dc s'elever contre la centralisation , surtout en matiere de tra- vaux publics ; et quoique peu de personnes se soient serieu- i^ement occiipees de mettre en balance les avantages et les inconveniens respectifs de ce systenie et du systeme contraire, ses partisans, la pluparl payes pour I'etre, sont obliges de convenir que les fails n'ont point manque a I'appui des opi- (1) Paris, 1824 ; imprimeric royale. In-4° de^sS pages. (2) Paris, 1828; imprinierie royale. In-4° de 60 pages. (5) Paris, 1829 ; Cariliaii-Goeury. In-4° de 72 pag. , avec pi. ; prix , 3 fr. (4) Paris, 1829; Garilian-GcEin y. In-8" de i48 pages; prix, 2 Ir. 5o c. (.■>J Paris, 1829; Carilian-G(tiiiy. InS" ; prix, i IV. aSc, T. XLII. MAI l83<). 20 5o() SCIKNCES PHYSIQUES. nioiij (lirigoos coiUie Ic regime acttiel. Pour disfingiicr Ips cas oil il produit de bons effcts, et (.eiix oi'i il en prodiiit dc nviiivais, peut-Clrc (hudrait-il commeiictr par s'entcndre sur Ics idccsdc goiiverncment ct d'admiiiistralioii que Ton confond trop.soiivcnl.OngoiiYcrncdeshommesct onadininistredest'-la- hlissemens, desniatiorcs. Legouvcrncment, dans son acception la plus etcndue, consistc u etal>lir et a suivrc les rapports so- ciaux, soit dc nation a nation, soil dcs gouvernans aiix gouvernes, soit des citoyensaux citoyens : mais, dans touted tiociete, il existe des besoins conimuns, plusou moins grands, plus on moins diversifies. Toules les operations de gouverne- ment exigent des mojens d'execution mati'riels, ne fut-re que le traiteuient des agens employes : un peuplc, nne pro- Aince, une ville, out besoin de communications, de moyens de defense, de marches, de prisons. Pourvoir a ces besoins de la communaute, c'est en general administrer; et commc les liommes ne sont jamais sans leurs besoins, I'administra- lion se montre partout. Le but special de Taction du gouvernement,ce sont les pcrson- nes;celuide radministration,ce sont lesmatieres. On doimcra done une idee assez exacte de I'administration pubtique, si on la definit la geslion de la fortune pul)lique , de meme que Tadminiitration particulicre est la gcslion de la fortune particuliere. L'administralion publique se modifie en raison dc la nature et de I'etendue des besoins auxquels elle est deslinee a pour- voir : ainsi radministralion des finances fournit a chacun des services publics la marcbandise qu'il saura echanger contrc les moyens d'excctUion appropries a ?a destination; I'admi- nistration jnilitaire nounit, babille, armc le soldat; dans les departemens, dont rol)jet est I'instruclion publique, I'applica- tion des lois civiles ou criminelles, I'enlretien des relations avec I'etranger, I'administration proprement diie se reduit a la compta])ilite des traitemens. Eufiu , I'administration inte- rieure est cclle qui s'occupe des besoins de la sociele elle- mtme; et, suivant que cos besoins sont plus ou moins eteu- SCIENCES PHYSIQIES. .^ ■clus, suivaiit I'avantage qu'il pent y avoir ;\ les cons^idcier eu masse ou scparemcnt, radministration interieure est gcnerale, provinciale, municipale, ou seulement administration d'eta- Ulissement. Quel que soit le caracti-re de ceux qui exeicent ratitoiite, ii est toiijoui'S facile d'elablir dans leurs actes une distinction arwUytique entre ce qui est de I'essonce du gouverneraent et ce qui est de I'essence de I'administratiou ; niais, si Ton veut separer les attributions dans la pratique, les difilcultes nais- sent de toutes parts. Etd'abord, piiisque la societe a des be- soins qui ne peuvent se saiisfaire que collectivemcnt , le soin d'y pourvoir, qui est le but de Tadministration , confererale plus grand de tousles moyens d'iniluence, et par consequent de gouvernement. Ce moyen d'iniluence serasurtoutefficace lorsqu'il s'attachera au plus important de tous les besoins du corps social, a celui dont depend la liaison de scs parties, en un mot, a I'etablissemeMt et aumaintien des communications. Ce n'est done point , connne I'ont pretendu plusieurs bons esprits, une question etrangere a la politique, que celle des travaux publics. Les Remains le savaient bien. Ccschaussees, qui sillonnaient les provinces conquises, cesponts, ces tem- ples, ces cirques, ces aqueducs, auxquels ils donnaient le ca- raclere de soliditc qu'ils voulaient imprimer a leur domina- tion, n'etaient pas des moyens desatisfaire un vaingofit pour I'arcbitecture ; ces grandes ameliorations etaient de bien plus sOres garanties du repos des peuples, que la surveillance des proconsuls et les armes des legions. Cette pensee etait la moitie de la science du pouvoir de Napoleon (i). A peine con- (i) Volci la copie d'line Letire de Napoleon, ou nos lecteurs verront avec int^rct combien les travaux publics avaienti ses yeux d'importancc. Quelques inconectionsde langage n'etonneront pas ceux quTsavent que ses notes etaient toujouis des imprnvisations dictees avec la rapidile du discours, et n'etaient revues que par le secretaire charge de les niettre au net. » FoKTAiKEELEAii, le i4 novetnbrc 1807. !■ Monficur Crktkt, vousauiez recu le decret par leqiiel j'al autorise 7n,S SCIENCES PHYSIQUES. sill, il ^^R•<•lIpe i'l itlal)Iir la viahiiitc- (Jrlniifo dc no* routes; liientot il lail etiulier tontos les ameliorations que retlamait 1.1 caisse d'amortissenient a prfiter 8,000,000 fr. k la ville de Paris. Je suppose que vous vous occupeide prendre des luesurcs pour que les Ira- vaux soieat rapidenient ternijnes et augmenteiit los revenus de la vllle. Dans ces travaux, il y en a qui ne rendront pas giand'chose, el qui no snnt que d'embellissement ; il y en a d'autres, lels que les g'aleries a I'lablir sur les marclies, les tueries, etc., qui seront d'un g^'and produit : Dials, pour cela, il faut agir, Les niagasins pour lesquels je vous avais ac- rorde des fonds ne sont pas encore cuninicnces. Je suppose que vous iivez retrouve les fonds qui etaient destines pour des fontaines, et que vous les avez employes provisoirement ponr la niacliine de IMarly. Poiis- sez tout cela vivenient. Ce syslenie d'avancrr de i'argent 6 la ville de Paris pour augmentcr ses branches de reverTi a aussi le but de concourii a son embellissement : mon intention est de I'tlendre k d'autres depar- teinens . « J'ai bcaucoup de tanaux a fairc : celui de Dijon i Paris, celui dij Khin a la SaOne, et celui dn Rhin h I'Escaut. Ces trois ranaiix peuvent etre pousses aussi vivenient que Ton voudra : mon intention est, inde- pendamnient des fonds qui sout accordes sur les revenus de I'Etat, de cliercber des fonds extraordinaires pour ces trois canaux. Pour ccJa, je voudiais vendiele canal de Saint-Quentin, dunt le produit serait verse pour acrelercr les travaux dn canal de I'Esraut. Je voudrais vendre le canal d'Orleans, dont le produit sei virait .'1 accelerer les travaux dn camA de Bourgogne. Enfin, je vendrais meme le canal dii Langucdoc, jiotrr le produit en fctre afl'ecte a la construction du canal du liliin ii la Saune. Je suppose que le canal de Sainl-Quentin pourrait rtie vendu liuil millions, celui du Loing autant, et le canal du Languedoc davanlage. Ce serait done une trentalne de millions que je me procurerais sur-le-champ , et que j'emploierais i acc6ler«M' les trois grands canaux avec tonte la rapt- dit(5 possible. L'argent, je I'ai, I'J^itat n'y perdra lien : il y gagnera, an contraire , immensemeiit, puisque, s'il perd ses revenus des canaux du Loin" de Saint-Qiieiitin et du Midi, il gagnera le produit des canaux d^^ I'Escaut, de Napoleon ( acluellenienl Monsieur), el de Bourgogne ; et, quand ces travaux serunt linis, si les ciiconstances le peimettent, je les vendrai encore pour en faire d'autres. Ainsi, mon but est de faiie les choses en sens inverse de I'Angleterre, on de ce que Ton propose de faire. En Angleterre, on anrait accorde un octroi pour le canal dc SaintQuen- tln, et le gouvernemenl I'aurait alloue ii des capitalistes. J'ai, an con- traire, cnmuKMice par construire le canal de Saint Quenlin ; il a cofile, je rrois, 8,000,000 fr. ; il rendra 5no,oon fr.; je ne perdrai done lien en le veuilaut a une coiiipagnie ce qu'il ni'a o.iftte, et puisque avec cet argent SCIENCES PHYSIQUES. mk) ia nuvigalion iiiteiieure : les ports dii Havre, de Dieppe, t!e Cherbourg, d' An vers, sont retahlis et peri'ectionnes ; les \e fcrai d'aulres canaux. Faites-moi, je vous prie, uii rapport li-dessus ; car sans cela nous moiirrons sans avoir vu naviguer ces trois grands canaux. Eu effet, voila six ans que le canal de Saint-Quentin est coni- uience, et il n'cst pas encore fini : or, ces cananx-la sont d'une bien autre importance. On lvalue la depense de c<;lui de Bourgcigne 4 3o millions. Certainement ce qu'on pent depenser par an sur les fonds gener?uxde I'Elat ne va pas a plus d'un million ; les departemens ne rendent p: s plus de 5oo,ooofr. II f'audrait done vingt ans pour finir ce canal. Quo ne se pass€ra-t-il pas pendant ce terns ! des guerres et des homines ineptes ar- riveront, et les canaux resteront sans etre achevis. Le canal du Rhin a I'Escaut est aussi d'une grande depense : les fonds geneiaux de I'Etat nc suffisent pas pour les conduire aussi vite qu'on le voudrait : le canal Na- poleon est dans le meme cas. Faites-moi connailre conibieu il serait pos- sible de depenser par an ii chacun de ces canaux. Je suppose que, sans nuire aux autres travaux, on pourrait depenser, pour chacun, 3 on 4 mil- lions par an, et qu'ainsi, dans cinq ou six ans, nous pourrions les voir naviguer tous les tiois. Vous me ferez connaitie combien les imp6ts eta- blis me fournisscnt dc ressourccs pour ces trois canaux ; combien j'ai accorde pour iSoS, et les fonds supplementairesque j'ai accordes en iSoG pour pousser ces travaux avec la plus grande aclivile. Vcius mepropose- rez de vendre les trois canaux d6ji faits, et a quel prix il faudi-ait les vendre : je me charge de trouver des acquereurs ; alors I'argent sera en abondance. II faut me dire, dans votre rapport, combien sont evaiues les trois canaux que je veux promptement achever, et comparer cela avcc les sommes qu'ont coute les trois anciens canaux que je veux vendre. « ^'ous comprenez ce que je veux dire. Sur votre rapport, mon inten- tion est de passer outre, Peut-etre cela condnira-t-il a ouvrir une raissc des travaux pidjlics, ou les fonds speciaux des routes, de la navigation, seraient verses dircctement. On pourrait aussi accorder i cette adminis- 'lialion les fonds provenant de la vente des trois anciens canaux et d'au- trcs encore, s'il en existe qu'on puisse vendre. Les funds en seraient verses, selon les conditions de vente, dans la caisse des travaux publics ; et avec cett« institution nous changerions la face du teriitoire. Pour des affaires de cette nature, aucune circonstance n'est plus favorable que lelle-ci. Puisque j'ai des fonds destines i recompenser les oEGciers et les generauK de la grande armee, ces fonds peuvcnt tout aussi bien leur ctre donnes en actions sur les canaux qu'en rentes sur I'Etat, ou en argent. Je serais oblige de leur donner de I'argent, si quelquc chose coninie cela n'etiiit pas prouiptcnicnl etubli. Mai- il faiidjait que la chose ffil telle- 5 10 SCIENCES PIIYSIQIES. abattoirs , les uiarches, qu'il appeluit le Louvre du peuplo, des rues spacieuscs, dcs pouts clegans, des quaismajestueux, __^ .^ a iiieut bonne q\ie dcs paiticHliois s'y a^jsoci assent, et que la caisse d'amor- tisseniciit [iCit pieiidie ces actions an pair, s'il y en avail plus que je n'en voux dtiuiiec aux officieis. J'attendrai votre rapport avec interet. Je suis fichq que le canal de Cliai lernout ne soit pas d^jA fait. Si vous ttablissc* la coinpajjnic, je vous ferai prendre autant d'actions que vous voudrez. Tout est possible en fiance, dans ce moraent oil Ton a plutCit besoin dc cherclier des placeniens d'argent que de I'argent. • J'ai fait consister la gloire de mon regno it changer la face du terri^ tciie de mon empire. L'exticution de ces grands travaiix est aussi neces- ^aiie a I'interfet de mes peuples qu'a ma propre sali.sfactiou. J 'attache egalenient une grande importance et une giande idee de gloiie i detruire la iiiciidicite. Les funds ne manqucnt pas; mais il me semble que tout cela marche leutemcnt, el cependant les annees se passent. 11 ne fant point passer sur celte terra sans y laisser des traces qui reconiniandenl noire niemoire ii la posltiile. Je vais faiie une absence d'un niois; failes en sorle qu'au i5 decenibre vous soyezpret sur toutes ces questions, que Tous les ayez examinees en detail, que je puisse, par un decret gencial, porter Ic dernier coup k la mendicite. llfautqu'avant le i5 decenibre vous ayez trouve sur le quart dc reserve, et sur les fonds des communes les fouds necessaires i I'entretien de suixante ou cent maisons pour rexlh- pation de la mendicite. Que les licux oil clles seronl placees soient de- »ignes el le reglement mOii. N'allez pas me demander encore des trois ou qnalre mois pour avoir des renseigneuiens. Vous avez de jeunes audi- teurs, des prefefs intelligens, des iugenieurs des ponts et chaussees ins- ti'uits. Faites courir tout cela , ct ne vous endormezpas dans le travail ordinaire des bureaux. II faut egalenscnt qu'ii la meme epoque tout ce qui est relalif a radniinislialion des Iravaux publics soit pievu et muri , afin que i'on puisse preparer tout de maniere qu'au commencement de la belle saison, la Fiance presente le spectacle d'un pays sans niendians, et oil toule la population est en mnuvement pour embellir et rendie pro- diictif noire immense terriloire. « 11 fautaussi que vous me prepariez lout ce qui est necessaire sur les mesures a prendre pour tirer.du dessechement des marais du Golenlin el de Rochel'ort des sonimes poiir alimenter la caisse des Iravaux publics, et pour achever ces dessecliemens ou en operer d'auti es. a Les soirees d'hiver sunt longues : remjilissez vos porlefeuilles, aliii que iious puissions, pendant les soirees de ces Iruis mois, discutir les luoycns d'arriver a de grands resuUals. « S«r ce, je prie Dieii qu'il vous ait en sa sainle {prde. » Napoluvin. M. (JRKiET, mon Mifiistre de riiileiieui, SCIENCES PHYSIQUES. 5ii tlo grands inonumens sont Ics sujets d'entretieii qu'il donne a la capitalc ; rangee sous ses lois, I'ltalie voit les cinies du Mont-Cenis et du Simplon abaissees , la navigation du I'o rendue facile, le desscchenient des marais Pontins entrcpris ; Turin refoit un pont ; Rome antique sort de ses ruines : tous ces travaux etaient, coFQine il le disait lui-meme, des tra- vaux politiques ; et si vous interrogez les souvenirs des Beiges et des Italiens , vous verrez combjen 6tait juste cette quolifl- cation. Si, enricliissant le pays en m^me terns qu'ils I'embellis- aent, les travaux des ponts et chaussees sont le plus grand et ic plus legitime de tous les moyens d'influence, aucun parti- san eclaire du pouvoir ne iui conseillera d'en abandonner la direction. Cependant, vouloir consolider cette centralisation centre laquellese sont elevees des plaintes si generales, n'est pas sans danger. Si la haute administration se reserve seule le droit de faire et le soin de diriger, on s'en prendra justemcnt a elle de ce qui ne se fera pas, et de ce qui se fera mal ; ces pretendus moyens d'influence ne seront plus que des causes d'irritalion; elle trouvera des repulsions, la oii elle voudrait chercher des appuis : aujourd'hui, assailliede touscotts, par lous les partis, elle semblc n'avoir entrepris de grands tra- vaux que pour que sa confusion fCit plus eclatante; elle ne trouve d'autre moyen d'adoucir sa chute que d'Otrc la pre- miere a la predire et a proclamer son impuissance. C'cst ce qu'on pent voir dans un article infiniment curieux, insere dans le Messager des cliambres du i5 avril dernier. Get article ne specific qu'une operation, celle des canaux; mais I'argu- mentalion s'en applique « fortiori i tous les autres travanx publics. Si le corps des ponts et chaussees est un mauvais ins- trument peur oiivrir des canaux qui exigent de la science , de I'ensemble dans I'execution, il faut se hater de Iui enlever aussi la construction des routes et surtoutjes travaux d'en- tretien : cc sont evidemmcnt ceux ou la sollicitude de I'inU'ret particulier peut produire les meilleurs resultats. Tout le moudc convient aujourd'hui , a coniaRucer par les "hj sciences PHYSIQl KS. ingeiiit'iiis ks plus inibus de I'esprit dc corps, fftic- , depni* plubieur^ annees, notre administration des ponts et chaussecs Hiarche rapidcment a sa dissolution. Personnc ue va si loin dans cettc conviction que I'organe ofliciel du gouverneiTvcn't que nous citions tout a I'heiire, Mais, qnclque positJIs quo jK)icnt les fails snr Icsquels on pourrait, dans ce moment, ap- puyer la proposition de supprioicr Iccorpsdes ponts ctchaus- sees , il u'j auralt pas plus de raison a le faire , qu'on n'en aurait en a pretendrc qucl'armccd'Italie n'etait bonne arien,. parce qn'elle avait fait, sous le general Sclierer, la phis ridi- cule de toutes les campagnes. Notre organisation des ponts et chaussecs veut etrc consi- deree dans ses rapports avec la liberie du pay* et dans ses re- sullats economiques. Etd'abar-d, les attaques centre la centralisation ont-elles toutes ete dictees par im amour sincere de la liberte, pkitol que pai' le desir de se faire a ses dipens une portion d'auto- rite ? On serait tente de croire le contraire, en les vojant sans ce.ssereproduites par les eternels ennemis des institutions qui sont aujourd'hui la plus forte garantie du repos de la France. Quand I'autorite sera confiee a des hommes vraiment pene- tres des intertts nationaux, la centralisation portera rarement atteinte aux liberies du pays : malgre ses inconvcniens tres- roels , ce n'est pas un mediocre avantage que les obstacles qu'elle met a faction des petites passions et des pelites rivali- les locales. II faut avoir vu de pres les democralies munici- pales de la Suisse, de I'Angleterre, de la UoUande, pom- sa- voir coniLien un citoyen paisilJe pent etre froisse, a propos d'un chemin on d'un alignemenl, lorsqu'il a pour voisin un homme jaloux de faire sentir son autorite, et comhien dans ces contrees on priserait liaut reloignemenl de la main (jui exerce le pouvoir. L'impuissance de faire ne saurait etre rt^prochee a nos in- genieurs, en presence des immenses Iravaux entrepris et con- duits a liieu sous les regnes dc Louis XV, de Louis XVI, sous Ic cousulal, sous Tempirc, el menudepuis 1814. Rosje a exa- SCIENCES PHYSIQUES. 5i5 miner si ces travaux ont etc executes plus dispendiciisemcat qii'ils ne renssent ete dans d'autres pays ; et c'est ce qui est au moins contestable. II est assez d'usage , en matiere de travaux publics, de chorcher des termes de comparaison en Anglelerrc ; on con- vient generalement que les routes y sont meilleures que cliez nous; et Ton voit avec raison la principale cause de cette superioritc, dans la multitude de canaux et de cheniins de fer qui sillonnent cette contrce, dans le voisinagu des cotes, enfin, dans I'absence prcsqui' complete du gros roulage dont ractivite est si grande en France. A ccia il i'aut ajouter que les routes anglaises sont I'ort etroites, ce qui est eniinemment favorable a Feconomie des I'rais d'entretien. Malgre ces avan- tQges, qui suffiscnt certainement pourcompenser la diflerence du prix de la main d'oeuvredans les deux pays, une lieiic de bonne route coute d'entretien, en Angleterre,5,ai5rr. (i), eteu France, 2,o52 fr. Cette difference ne saurait trouver d'explica- lipn que dans les abus qui fourmillent necessairemcnt autour de deux ou truis mille administrations de paroisses, indt'pen- dantes de tout controlc, souveraiucs chez elles, ou tout membre influent pent iinposer au public ses agens de predi- lection. A cela, il faut ajouter que les engagemens contractes a I'occasion des travaux des routes creusent a chaque paroisse, comme pour supplement a la taxe des pauvres, une dette qui s'accroit tons les jours, tandis que du moins nous savons ou nous en sommes, et nous pouvons toujours mesurer la chai'ge que rcpresentent, pour I'Etat, I'entreticn et ramclioration de nos communications par tcrre. L'administration des ponts et chaussees a voulu, en 1824, nous montrer I'etendue de nos besoins, sans doute pour ap- peler les moyens d'y pourvoir : malheureusement, ce docu- ment parait bien pen digne de confiance dans sa partie la plus essentielle, revaluation des depenses ; c'est ce que (1) On porte a 9,870 lieucs I'elciifluc (its routes a peages do I'Anglc- Icirc, et a 3i .-■?5,ooo fr. les prddiiits anuiicls des peafjcs. 5i4 SCIENCES PHYSIQUES. M. H. H AGE All s'cst charge de demontrcr, en y relevant Ics inooncevables contradictions que presentcnt Ics donnccs re- latives a trois dcpartemcns qu'il parait bien connaitrc : I'ad- niinistration actuelle a, d'aillcurs, perdu tont droit d'etre criic, depuis que, pour jeter le pays dans la desastrcusc ope- ration des canaux, clle s'est prevalue devant les chambrcs, avec une si singuHere assurance, de projets qui n'existaient pas, ctqui sont ;\ peine rediges aujourd'hui, quoiqu'elle n'ait cesse pendant plusieurs annees de sc I'eiiciter de la jnstesse de ses previsions. Quoi qu'il en soit, aucun systeme arrete ne parait avoir pre- side aux evaluations portecs dans la statistiquedes routes. On ne demandait aux ingenieurs que des approximations; si I'tni en a prescnte de trop I'ailjb^s, un autre a pu en pieseuter d'exa- gerces, sachant qu'il taut beaucoup demander pour obteuir pen , et il est possible que tontes ccs erreurs se compensant entre elles, le residtat general differe pen de la verite : a de- faut de renseignemens plus dignes de confiance, il faut, comme la commission des travaux publics , se contenter de celui-ci (i). La France avait, en i8a4? et celte situation a pen change depuis, 8,019 licues de routes royales ouvertes; suv cetlo etendue, nous avons a I'entrcticn, c'est-a-dirc, n'ayant d'au- trc besoin que d'etre maintenues dans h-nretat actuel, 5,575 lieues. Nous avons a rcparcr, avant de les porter a I'ctat d'entrc- tien 5,587 Et ces reparations sont eva- luecs a G6,8o8,52a fr. 7,160 (1) Le rapport de M. Pasqiiier fait mention de qiielques changcniens siirvcnns df'iiiiis qiiatrc ans; niais, comme la forme n'cn Concorde pas parfailcnient avec cclli! dc la statistiquc, nmis nous en tenons i cc pie- inier duciinioiit, qiiij d'aillcuis, a si'ivi dc Icxtc aux ral.sonncmoa.s du (loble [•air. SCIENCES PUYSIQLES. 5i5 Ci-contre. . . 7,i6olicu(;,s.G6,8o8,322 fr. Nous avons a lerminer. . . . 85g 44, 276,530 A ces depeiises, il faiit aj ou- ter, pour I'cmcttrc en etat les oiivrages d'artexistans, et dont les degradations augmentent de jour en jour 8,6!o,0(ji Pour achevcr les ponts en- Irepris 7, 430,-248 Ktpourouvragesd'art, ncufs. 4'^5o6,3o3 Enlin, les parties non ouv.er- tes des routes royales, ont tine longueur de 305 ct coftteraient aG,'23o,(>50 En sorle que, pour porter a I'etat d'entrelien nos 8,384 li^^i'cs, il faudrait une depensc de. . . ig3,(j5:'., i5o I'r. Nos routes se dlvisent en routes pavees et routes en ein- pierrement; les routes en pave ont les longueiu's et reclament les capitaux suivans : A I'entretien. . . G92 lieues. A reparer .... 268 a l\%,if)\ I'r. par lieue A terminer. ... 49 ^ 121,738 A ouvrir a ncui". . 4i75 t't 128,554 1,0 i3,7j iieues. Dans les roidcf> en cmpicrreiitcnt nous avons : A I'entretien. . . 2,882 lieues. A reparer .... 3,3 ig a 16,229 fr. par lieue. A terminer. ... 810 a 47)^9'^ A ouvrir a neuf. . 36o a 60,842 7,371 lieues. Quinil ^i.ii.v (IrpcHfcs (i'lulrciliu uou>^ voyou.^ fpie. dans les r^iG SCIENCES PHYSIQUES. parties aujourdiuii portees a cct clal, la dcpensc annucllc «;st, par liciie do pavu, de 3,444 ''"• Par licue d'enipierrcment . . . . 2,201 Quo, pour maiutenir la viabilile et empechcr Ic doperissc- luent des parties de routes a reparer ou nou termine^es, il eu coCite par lieue, d'apres la proportion etablie entre les paves et les empierremens 5,453 ot 3,i49 Ir. et que, si tout etait acheve, ces depcnscs sc reduiraient ii 3, 088 et 1,776 t"r. La difference enlre ccs derniers nomhres et I'enlretien des parties actuellenient achevees sera sulfisammcnl expliquee, si Ton considere que celles-ci sent en general situees dans le voisinage des villes et surles lignes les plus frequentees. Si niaintenant nous considerons en masse les donnees rela- tives aux parties de routes ouvertes, nous voyons que le maiii- tien de nos routes, dans leur etat actuel d'imperfection, exi- gerait unc depense annuelle de . . . 23,875,55<) fr. tandis que si , fuisant al)Straclion des ponts et pontceaux a terminer ou a construirc, on consacrait , a reparer 5587 lieues de route, 66,8o8,532 fr. a en terminer 85g . . 44j376,53o fr. a remettre en etat les ouvrages d'arts exis- tans 8,610,691 fr. Total. . . 1 If), 695,543 fr. les depenses d'entrelien se redui- raient a i6,452,5<>9rr. ce qui produirait une ecouoniie de 6,42i,o5ofr, Si Ton ne savait, par I'operalion descanaux, combien I'ad- niinihtration est pen jalousc de s'assurer de I'exaclilude des bases sur lesquelles elle ne se fait pas scrupule d'imposer au pays les cngagcmcns les plus etendus, les consequences les plus iniporiantes ressortiraicnt des flouuecs qui [uecedeul. SCIENCES PHYSIQUES. 5i7 Lf<; i 20 millions que reclame I'achevement cic nos routes, i.peiaiU, !>, la verite est que Machiavel en fut d'a- bord tout etourdi, et ne parvint jamais a s'y accoutumer. Dans ce naufrage des libertes publiques, il ne songe qu'a s'ac- crocher a quelque emploi et a chercher I'abri de quelque pro- tection. Pres(|ue aussitol apres le retour des Medicis, il ecrit a une dame dont le nom n'estpas connu, mais que le neveu (1) Paiis, 1823-1826; Michaud. 12 vol. in-S" ; prix, 84 fr. (2) On n'a jamais ^lev6 aucun doute sur la probil6 de Mactiiavel ; charge sdiiveiit d'actitler la bieiivelllance desniinisties Strangers, et par- ticuliereinenl de ceiix de Louis XII , prince ^conome, dont la cour etait a vendre, il ne parait pas que Machiavel ait fait aucun profit sur ces marches de consciences niinisl6rielles. Mais, si Ton n'accuse pas son desinleressenient , il faut avouer que la parcimonie de sa republique etail extreme ; ou bien, comme il I'a declare luimeme, qu'il avail des habitudes dispendieuses. On le voit occupe, dans toules ses legations, a dcmandi'i de Targptil ot a deplorer la misere oil nn le laissp. SCIENCES MORALES ET POLITIQLi:S. oaf. de Machiavel, qui a conserve copie de la letlre, suppose eire madame Alfonsine, mere du second Laurent de Medicis : « Puisque votrc seigneurie desire coiinaitre Ics changemens qui ont eu lieu ces jours derniers dans notre Toscane, je me ferai un plaisir d'autant plus grand de vous en rendre compte , qu'en satisfaisant a vos desirs, je vous montrerai le triomphe de vos amis et oelui de mes protecteurs. » Et apres avoir racontc comment les Medicis furent replaces dans tons les honneurs qu'avaient possedes leurs ancetres, il ajoute : « C'esl ainsi que le calme le plus parl'ait fut retabli dans la ville. Elle es- pere ne pas vivre moins honorablement sous leur protection, que dans les terns passes , lorsque le magnifique Laurent , de glorieuse memoire, la gouvernait... Si j'ai satisfait aux desirs de votre illustrissime seigneurie , je suis assez recom- pense; dans le cas contraire, je reclame mon pardon de votre indulgence. » On voit que le republicanisme de Machiavel etait pen farouche. Mais il ne lui servit guere de s'etre ainsi humanise, car ce fut quelques semaines apres que 5e5 /)ro/gc- teursie. destilu^rent etle firent torturer, comme nous I'avons deja dit. A peine sorti de prison, encore tout brisc de la main dubourreau, il s'empresse d'ecrire a F, Yettori, son ami, &lors ambassadeur de Florence a Rome, et qui etait dans les bonnes graces des MetHcis, pour obtenir d'eux quelque emploi. « Je ne vous rappellerai pas, dit-il, la longue histoire de mes mal- heurs; il i?uffit de vous dire que la fortune semble s'etre fait un plaisir de m'accabler,. . mals je serai desormais plus avise. . , Rappelez-moi, je vous prie, an souvenir de notre Saint-Pere , et tachez qu'il m'emploie, s'il est possible, lui ou les siens (les Medicis), dans quelques affaires; je suis con- vaincu que je vous ferais honneur, et cela me serait fort utile.)) Huit jours apres, 3Lachiavel ecrivait encore a Vetto- d : « Vous vonlez que j'oppose un coeur ferme aux coups de la fortune; apprenez done avec quelque satisfaction que, dans mon malheur, je les ai supportes avec tant de fermete, queje m'en veux du bien a moi-meme, et qu'il me semble que je vaux mieux que je ne I'aurais cru. Si no? nouveaux maitre* 52G SCIENCES MORALES nc veuient point me laisser de cote, j'en ressentirai la plus vive satisfaction, et je crois que je me conduirai de maniere a leur donner roccasion de s'en applaudir. S'ils croient devoir me refuser cette faveur, je vivrai comme lorsque je vins au monde. Je snis ne pauvre, et j'ai appris i\ souffrir bien pins qii'a jouir. « Machiavel avail montre en eflet beaucoup de fer- mete contre la prison et la torture , mais il lui en restait peu contre la mauvaise fortune, et il se fait ici plus fort qu'il n'est en effet, pique sans doute par les soupcons de Vettori, qui, tout en louant son courage, semble craindre qu'il ne se laisse abattre. Vettori n'avait que trop bien devine; pendant plus de qnatre annees la correspondance de Macbiavel est pleine des marques de son decoin-agement : « Je resterai done dans nia misere, ecrivait-il a ce meme Vettori, sans trouver une ame qui se souvicnne de mon devoOment, ou qui s'imagine que je puisse etre bon a quelque cbose. Mais il est impossible que je demeure long-tems dans cet etat : je vois toutes mes ressources se consumer, et, a moins que Dieu ne vienne a mon secours, je~ serai force d'abandonner ma maison, ou de me faire substitut ou greflier de quelque podesta, si je ne puis trouver un autre moyen de vivrc , ou bien de me fourrer dans quelque endroit desert pour apprendre a lire aux enfans, lais- sant ici nia famille , qui me regardera comme un homme mort. Elle se passera d'autant micux de moi , que je lui suis conlinuellement a charge , ayant contracte I' habitude de la dcpense et ne pouvant m'astreindre d I'cconomie. »Une autre fois il ecrivait encore : « 3Iais , ce qui m'irrite et m'aHlige da- vantage, c'est de voir qu'au milieu de toutes les felicites qui sont le partage de la magnifique famille de Medicis et de notre cite, je reste seul parmi les ruines de Pergame. » En meme tems qu'il se repand en plaintes, en regrets et en sollicita- lions, il remarque qu'il ne devrait plus s'occuper des cvene- iiiens, puisqu'il n'est plus au courant des secrets et des af- faires; il declare qu'il a fait voeu de ne plus songer a I'Etat, et meme de n'en plus parler. Mais ici c'est le depit qui perce ; la faiblesse de Machiavel se trahit de mille manieres. Un pen ET FOLITIQUES. Say plus lard, cciivaist a G. Vernacria, jeuiie homme qu'il avait eleve et qu'il aimait teiulrement, il lui clit en s'excusant de son silence : « Ne t'en prends qu'aux terns , qui ont ete et qui sont tels encore, qu'ils m'ont, pour ainsi dire, fait perdre jus- qu'au souvenir de moi-meme. » Et, en juin iSiy, il lui ecri- vait encore : « Contraint par les malheurs que j'ai eproti- ves et que j'eprouve, de me retirer a la campagne, je suis quelquefois des mois entiers sans me rctrouver moi-mOme. » Nous pourrions multiplier les citations; nousn'en t'eronsplus qu'une , mais qui est fort importante , parce qu'clle montre comment, dans sa vie privee , Machiavel tachait de s'etour- dir, quelles sortes de consolations ilcherchaitases infortunes, et surtout dans quelles dispositions d'esprit il etait lorsqu'il composa celui de ses ouvrages qui a decide de sa renommee. La lettre dont nous tirons cette citation, et qui etait encore ignoree il y a vingt ans, fut ecrite a F. Vettori, le lo decem- bre i5i5, c'est-a-dire un peu plus d'un an apres la destitution de Machiavel. L'ancien secretaire y fait a son ami la descrip- tion de son genre de vie. Sa journee est consacree , depuis I'heure oi'i le soleil se leve , a la chasse awx gluaux; a I'exploi- tation d'un petit bois , dont la vente est I'occasion de quc- relles assez mesquines entre Machiavel et ses amis; a la lec- ture des Elegiaques latins, du Dante et de Petrarque. Ecou- |ons maintenant Machiavel lui-mCme : « Je vais ensuite al'ho- tellerie, qui est situee sur le grand chemin ; je cause avec les passans, je leur deniande des nouvelles de leur pays, j'an- prends un grand nombre de choses, et j'observe la diversitc qui existe entre les goCits etles imaginations de la plupart des hommes. Sur ces entrefaites, arrive I'heure du diner : je mange en famiile le peu de mets que me fournissent ma pau- vre petite villa et mon chetif patrimoine. Le repas fini, je re- tourne a I'hotellerie ; j'y trouve ordinairement I'hote , un bou- cher, un mednier et deux chaufourniers : je m'encanaille avec eux tout le reste de la journee, jouant a cricca, a tric-trac ; il s'eleve mille disputes; aux emportemens sc joigncnt les in- ju?es; et le plus souvent c'est pour un liard que nous nous 328 SCIENCES MORALES echaiiffons, et que le bruit de nos querelles s>e fait enteridn? jusqu'i'i San-Casciano (bourg voisin de la demeure de iMachia- vel ). C'est ainsi que, plonge dans cette ignoble existence, je lache d'eu:ipecher mon ceiveau de se moisir; je donne ainsi carriere a la malignite de la fortune qui me poursuit; je suis satisfait qu'elle ait piis ce moyen de me fouler aux pieds , ct je veux voir si elle n'aura pas honte de me trailer toujoiu'S de la sorte. Le soir venu, je rctourne chez moi et j'entre dans mon cabinet : je me deponille sur la porte de ces habits de paysan , converts de poussiere et de boue; je me revets d'habits de cour ou de mon costume , et, habille decemment, je penetre dans le sanctuaire antique des grands hommes de I'antiquite : reru par eux avcc bonte et bienveillance, je me repaisde cette nourriture , qui seule est faite pour moi, et pour laquelle je suis ne... J'ai note dans lours conversations lout ce qui ni'a paru de quelque importance ; j'en ai compose un opuscule de principatibus , dans lequel j'aborde , autant que je puis, toules les profondeurs de mon sujet , recherchant quelle est I'essence des principautes, de combien de sortes il en existe, comment on les acquiert, comment on les maintient, et pourquoi on les perd; et si mes reveries vous ont plu quelquefois, celle- ci ne doit pas vous etre desagreable ; elle doit surtout conve- nir il un prince, et surtout a un prince nouveau, voila pour- quoi je dedie mon ouvrage a la magnificence de Giuliano C'est le besoin auquel je suis en butle qui me force d le pu- blicr ; car je me consume, et je ne puis rester long-tems en- core dans la meme position sans que la pauvrote me reiide I'objet de tons les mepris. Ensuite, je voudniis bien que ces seigneurs Medicis commencassent a m' employer, dussent-ils d'abord ne me faire que retourner des pierres : si je parvenais une fois a me concilier leur bienveillance, je ne pourrais me plaindre que de moi ; quant a mon ouvrage , s'ils prenaient la peine de le lire, ils verraient que je n'ai employe ni a dormir, ni a jouer les quinze annees que j'ai consacrees a I'etude des affaires de I'liltat. Chacun devrait tenira se servir d'un homme qui a depnis long-tems acquis de ['experience. » Machiavel ET PDLITIQUES. Sag se peint admirablenient dans ces epanchemcns de I'amitie : son penchant pour les lettres, sa passion pour la politique; ce besoin continuel d'activite dont son esprit est tourmente, son horreur de la solitude , son goCit pour des diverlissemens sans choix, mais qui donnent dumouvement a son existence , son effroi de la mediocrile , cette incurable aviditc d'emplois qui fait souhaiter passionnement a ce rcpublicain de porter la livree des seigneurs Mcdicis (i), rien n'est oublie dans ce portrait, qu'on accuserait a coup sfir d'infidelite si I'original ne I'eflt trace lui-meme. Mais, ce qu'il nous importe surtout de remarquer pour I'objet qui nous occupe , c'est le but dans lequel fut compose le livre du Prince. II est evident que , dans la pensee de I'au- teur, cet ouvrage n'etait pas destine au public; Machiavel, en effet, ne I'a point livre i I'impression, la publication dont il parle ne signifie ici que la communication qu'il en Teut faire aux Medicis (2) ; il I'avait compose surtout dans le dessein de leur plaire , de leur donner une haute idee de son experience , et d'acheter leur protection en leur apprenant les moyens de fonder leur pouvoir sur les ruines de la republique de Florence; aussi veut-il le dedier a Julien , frere de Leon X , parce qu'il convient specialement d an prince nouveau; et Julien, ayant quitte le pouvoir pour vivre tranquille a Rome, il le dedie a son successeur Laurent, fds de ce Pierre, banni en i494- L'epitre dedicatoire a tout-;i-fait la tournure d'une petition, et Machiavel ne dissi- mule pas que c'est une place qu'il demande en echange de son livre. Apres les protestations de son devounient, Machiavel finit ainsi : « Que votre magnificence accepte donccemodique (i) Machiavel, en effet, se fiit tiouve heurcux d'etre i leur service personnel, il I'a dit lui-meme dans une autre lettre : "Si le sort avait voulu que les M6dicis m'eussent employe , soil a Florence, soit au dehors, soit dans leurs affaires particulieres, soit danscelles de la Republique, cela m'aurait sufB.a (a) II ne fut imprinie que quelques annees apres la morl de I'autetir. 55o SCIE^CKS MORALES pies^cnt dans le mOme esprit que je le liii ailresse. Si elle IVxainine tt le lit avec quehpie attention, elle y vena etlater piirtont I'e.rlrCme dcsir (juej'nide la voir panrnir dcetle grandeur (|iie In! promettent ia fortune et ses autres qualites; et si votre inagnifuence, du t'aite de son elevation, ahaisse quelquefois ses regards stir ce qui est si na-dessntis d'elle, elle verra com- lijen pen j'ai merite d'etre la vietime continuelle d'line I'or- tniie injuste et rigonreuse. » Laurent ne I'lit pas plus touche de riuiniilite de I'epitre que du genie qui brille dans le livre ; peut-etre nieme ne le lut-il pas. A peine Sge de vingt-un ans. ce jenne homme n'avait rapporte de I'exil, oii il avail passe sa vie, que la soil'de la vengeance et I'ambition du pouvoir; il nourrissait une profonde nicfiance de tout ce qui avail servi le gouverncment republicain, et il promctlait un tyran a Flo- rence, lorsqn'une niort prematuree I'enleva en i5ig. Nous ne porterons point ici un nouveau jngenient sur le Livre da Prince , juge taut de fois; il nous sulTit d'avoir nion- tre le but reel dans lequel Machiavel I'a compose : c'est lui- uieme qui nous I'explique dans sa correspondance intime, et nous n'avons eu besoin que d'en rapprocher les divers i'rag- niens ponr en faire sortir la verite. Pout-etre trouvera-t-on telle verite bien nioins ingcnieuse que les diverses supposi- tious de pliisienrs critiques tort habiles, nous n'en doulons pas; mais c'est un nialhe«r ordinaire au sens comniun, tou- juurs moins piquant que I'esprit. Nous avons deja explique pourcjuoi, si Ton veut etre juste, il i'aut juger le livre de Machiavel avec les idees de son terns et non avec celles du notre ; nous ne reviendrons pas sur c{\ j)oint, et, au lieu de redire encore ce qu'il y a d'odieux dans (jiielques maximes, ce qui deja, du terns de Machiavel, etait laux dans quelques-uns deses principes, et ce qui Test devenii jilus encore a niesure que I'experience nous a revele ces ve- rites que le terns seme sur son passi'.ge ; nous preferons rap- peler quelques doctrines eparses dans eel ouvrage, et qui of- tVent I'anlidote du poison qu'on Ini a tant rcproche. Ainsi. lout eu (lonnant des preccptes de citiaule. Machiavel declare ET POLITIQUES. 35 1 f|ue la cruaute est un mat ; que ceu\ qui suiveiit ce^ preceptes n'acquierent point de gloire et ne peuvent etre comptes au nombre lies grands hommes ; clans I'un de ses chapitres qui ont excite le plus d'indignation, celui oti il justifie les cruautes de Bor- gia , il fait aux princes un devoir de suivre les conseils de lapru- dence temperes par ceux de I'lmmanite. II reconnait qu'<7 est louable d'etre fide le d sa parole, qu'i7 est ban pour un prince d' Stre rcellement fidcle , humain, clement, religieux , sincere. Mais une chose singulierement remarquable dans la politique de Ma- chiavel, c'est qu'elle est, en general, toute populaire ; il re- pete sans cesse, et particulierement dans cet ouvrage : « II est absolument necessaire que le peuple soit content du prince... II est d'une absolue necessite que le prince possede I'affection de son peuple... La meilleure forteresse est I'affection des peuples. » II pourrait done resulter des maximes du livre du Prince une tyrannie douce sur un peuple parfaitement sou- mis; mais la liberie des citoyens et toute espece de garantie politique y sont completement oubliees. Une erreur de I'e- poque, et que Machiavel a portee dans tons ses ouvrages, car en cela il ne s'est point montre en avant de son siecle , (•'est de ne jamais examiner la societe sous le point de vue des libertes individuelles, et de ne tenir aucun compte des institu- tions capables d'assurer le bien-etre du citoyen ; il considere I'association politique par rapport a la masse et non par rap- port u I'individu; rindependance nationale, avec quelques droits de cite , voih'i ce qui constituait alors la plus grande prosperite d'un peuple. Le dernier chapitre du livre du Prince est un eloquent ap- pel a la delivrance de I'ltalie : « Ne laissons done point echap- per I'occasion presente, dit Machiavel; que I'ltalie, apres nne si longue attente, voie enfin paraitre son liberaleur! .Te ne puis trouver de termes pour exprimer avec quel amour, avec quelle soif de vengeance , avec quelle fidelite inebran- lable, avec quelle veneration el quellcs larmes de joie il serait rccu dans toutes les provinces qui ont tant souffert de ce? inondations d'elrangers. Quelles portes pounaient rcsler Icr- 33a SCIENCES MORALES races devaiit lui? quels peuples refuseraient de lui obeir? quelle jalousie s'opposerait ii ses succes? quel Ilalien ne I'en- tourciail de ses respects? Y a-t-ilqiielqu'undont la domination des baibares ne I'asse bondir le occur? » Tout ce chapitre est penetre de cette chaleur de Tame qui cnfonte les grandes pen- sees et les mouvemens sublimes. Le lecteur s'associe de bou cceurau palriotisme de Machiavel; malheureusement il chei- che en vain dans le livre les moyens d'aniver au grand resul- tat que provoque le publiciste. Nous ne pouvons nous dispenser de dire un mot de VAnii- Machiavel que M. Peries a bien fail d'iuiprinier a la suite do I'ouvrage du secretaire florenlin. Ce livre, qui aobtenu beau- coup de celebrite, n'est le plus souvent qu'une pure declama- tion. L'auteur affecte constaminenl le dedain et meme la co- lere; Machiavel lui fait toujours /(fl/ve;«r ou /;t7tV. II I'appelle monstre, charlatan du crime, doctcur du crime, docteur de la scele- ratesse ; un seul argument vaudraitmieuxque ce torrent d'in- jures. L'auteur de V Anii-M acldavel semble preoccupe d'une singuliere idee ; il se croit oblige de tout contester a l'auteur du livre du Prince •„ il dispute, il ergote sur tout "jC'estun parti pris d'avance, etlacbose estpoussee au point que si Machiavel pres- ent une vertu au prince (le respect pour la pudeur des femmes de ses sujets), V Anti-Macluavel decide que cette vertu est inu- tile. Frederic fait au publiciste florentin des reproches qui soiit manifestement faux; queiquefois il raisonne avec pen de loyaute en sortant du terrain de 3Iachiavel, et en passant a cole de ses argumens pour ks refuter plus commodement ; queiquefois encore, et meme (ce qui est bien remarquable) dans les choses de la guerre, le secretaire florentin a raisou tontre le conquerant Frederic; nous citerons, entre autres, la discussion sui' I'utilite des places fortes, discussion oti I'experience de nos jours montre la grande sagacite de Machiavel. Une chose qui vous frappe d'un egal etonnement a la lecture de ces deuj ouvrages, c'est le cynisme de I'un et I'hypocrisie de I'autre ; c'est ce contraste des preceptcs d'une F.T POLITIQIIES. 533 atroce tyrannic donnes ouvertement par le lepublicain de Florence, et de la paternelle douceur affectee par le despote prussien (i); c'est cet autre contraste, plus singulier peut- etre de I'un et I'autre livre , d'une part, avec les maximes de probite et de douceur repandueg dans les divers ouviages de I'auteur du Prince ; de I'autre, avec la conduite politique de I'auteur de Y Anti-Machiavel. <' Le plus grand hommage qu'un prince ait jamais rendu a la doctrine de Machiavel, c'est de I'avoir refutee afin de la suivre plus impunement, » a dit avec beancoup de justesse M. DE BotJiLLE, auleur d'un livre publie en 1827, sous ce litre : Commentaires politiques et hhtoriques sur le Traitr da Prince de Machiavel et sur I' Anti-Machiavel de Frederic II (2). Cet ouyrage, oi\ nous avons rencontre quelques erreurs que ce n'est pas ici le lieu de refuter, peut cependant etre considere , en general, comme une juste appreciation des deux traites qn'il compare ; c'est le livre d'un homme d'honneur et de jngement, et il merite surtout d'etre remarque par le soin qu'a pris I'auteur de rapprocher des maximes du publiciste florentln, pour les confirmer ou les combaftre, quelqucs- uns des grands evenemens de nos jours. L'experience de trois siecles, et l'experience nou raoins feconde peut-etre, de ces quarante dernieres annees, doit donner a I'ecrivain d'aujourd'hui beaucoup d'avantages sur Macbiavel, homme d'une merveilleuse sagacite sans doute, mais qui cependant n'a pu prevoir toutes les modifications que pouvaient faire subir aux regies de la politique, et a un systeme quelconque de gou- vernement , les changemens qui devaient survenir dans les moeurs, dans les lois, enfin dans les rapports des peuplesavec les gouvernemens, et des gouvernemens entr'eux. «Voila, on (1) Rappelons seulement une phrase : oLesuiaitresabsolusdes peuples qui sont sous leur domination , dit Frederic , reconnaissent n'en etre que les premiers domestiques. » •(2) Paris, 1827; Ambroise Dupont, rue Vivienne , n" 16, et PHlirier, plane du Palais-Royal. Un vol. in-S" He xii et SaS pa{»es. 334 SCIENCES MOIIALES n« saurait Irop le rept'ter, dit M. de Bouille, Ic grand defaiit du Prince de Machiavel, c'est que les regies deconduite qu'il donne paraisseiit calculees pour un usurpateur ou pour !(■ tyran d'liue petite principaute, inais point pour un gouver- ment etendu et regie. II est encore nioins applicable aux formes plus ou moins temperees qui prevalent aujourd'hui.» Sans doute Machiavel n'avait I'idee ni du bill des droits, ni de la constitution de 1791, ni de la charte du dix-neuviemc siecle; c'est pourquoi il ne faut point partir de ces grandes donnees pour le juger. Peut-on d'ailleursappeler dt'faut dint^ unlivre, un fait qui est, si je puis ainsidire, la conditionmeme de ce li vre ? iMachiavel I'a declare, c'est surtout pour un prince nouveau qu'i! ecrivait, et un prince nouveau signifie evi- demment ici celui qui vient de s'emparer d'une souverainete par la force. Machiavel raisonne presque toujours en vue el avec I'experience de I'ltalie, et de I'ltalie de son terns; c'esi nieme une des preuves du genie profond de ce publicistcquo ses principes, fondes sur des considerations particulieres a son siecle et a son pays , aient trouve si souvent des appli- cationg generales, et que le spectacle si borne de ces petits iltats lui ait inspire des vues d'une si vaste portee. « II esl impossible de penser, dit encore M. de Bouille, que Ma-" chiavel fQt de bonne I'oi dans le panegyrique de Cesar Bor- gia ; et il vaut mieux croire qu'il agit comme ces auteurs de romans qui prennent pour leur heros un personnage vicieux. dans le but de ramener a la vcrtu par le degoCit qu'il inspire." !\ien n'est moins fonde qu'une telle supposition, elle n'est pas neuve , et M. de Bouille I'a adoptee de confiance, mais on ne comprend pas qu'un homme qui a lu les OEuvres de Ma- chiavel puisse la repeter. Dans cent endroits Machiavel parle dans les memestermes de Cesar Borgia ; et nous lisons encore dans une lettre intime, ecrite k F. Vcttori : « Le due de Valentinois, dont je citerai toujours t'exemple lorsqu'il s'agira d'un prince nouveau, etc. » L'admiration de Machiavel poui- les talens de ce mechant homme etait sincere ; elle etait d'ailleurs partagee par les contemporains. Une seule reflexion ET POLITI(,)UES. 335 aiiiail clii. cenoiis senible, eclairer stir cc point, comme siir heaiifoiij) d'autres, et les detracteurs de Machiavel, et ceux qui, pour I'exouser on I'expliquer, se sontlivres a des sup- positions plus ou inoins deraisonnables ; cette reflexion noua I'avons deja faite dans notrc premier article , et nous y revenons parce qu'elle est essentielle ici ; les preceptes abominables exposes, dans le livre du Prince et quelque part ailleurs, le sont sans aucun deguisement, du^ton dont on parle de cboses , pour ainsi dire, convenues. Si Machiavel eCit pense qu'il y eut dans ses doctrines ce qu'on y volt aujourd'hui, il avait I'esprit trop fin, trop delie pour n'avoir pas enveloppe sa morale de maniere a ne point choquer ouvertement ; il a pai le franchement parce qu'il parlait comme tout le monde ; il ne donne point le mal pour le bien , mais il le donne pour I'utile, et entre le bien et Futile il con- seilletoujoursle cboix de celui-ci; il vous enseignele succes, sans s'embarrasser des moyens; c'est a vous de voir si vous le voulez a ce prix; de son terns ce n'etait pas une question. Un autre fait qui aurait dii eclairer ceux qui ont cherche - pour le livre du Prince des explications si forcees, c'est que les principes tant reprochcs a Machiavel se retrouvent dans tout ce qu'il a ecrit; seulcment dans le Prince ils sont plus apparens parce qu'ils sont reunis en theorie, et parce que I'objet avoue du livre est d'enseigner a un prince nouvt-an a fonder une esptce de tyrannic. Dans les Discours snr Tile- Live , qui furent commences avant le Prince, et ne furent acheves qu'apres, ce sont les memes doctrines, seulemeul ellesnesepresententpastout-a-fait sous cette meme forme de preceptes; elles s'appliquent d'ailleurs au doveloppemcnl dc la puissance dun people, toujours moins odieuse que celle d'un seul ; de la sans doute I'inadvertanco des critiques qui ont detournc toute leur colere sur le Prince. II faut ajouter cepcndantque \i:s, Discours, composes dans la meme situation d'esprit que ce dernier ouvrage, ne le furent pas dans le meme dessein; Machiavel n'ecrit pas pour se rcndre favo- lables les "Medicis, mais pour instruire les jeunes amis qui o56 SCIENCES MOIWLES se reunissaieiit dans les magnifiqiies jardins de Come Ruc- cellai , auquel il dedia les Discours (i). Dans loute la vigueur de I'age mftr et du genie, mais vieux par la reflexion et I'experience des emplois, Machiavel etait ecoute comme un oracle par celle jeunesse, I'espoir de Florence; et ce I'ut dans ces savanset patriotiques entretiens que prirent nais- sance les Discours siir la premiere decade de Tiie-Live. Ce litre ne donne qn'une idee bien iniparfaite de Touvrage ; Tite-Live, historien plus eloquent qu'exact, merite peu de confiance, surtout pour les fails racontes dans la premiere decade ; et il est remarquable que ces vieilles fables romaines aient servi de texte a I'un des livres les plus positifs de la politique moderne; mais c'est que les textes de Tite-Live sont plnlot I'orcasion que le sujet des Discours. Machiavel embrasse sous ce litre loutes les parties du gouvernemenl ; les terns presens sont toujours devant ses yeux; et, en com- menlant rhistorien de Rome antique, c'est I'independance de ritalie moderne, c'est la liberie de sa chere Florence qui oc- cupent uniquement sa pensee. 11 est inutile de montrer par des citations que la politique immorale professee dans le livre du Prince est encore celle des Discours ; mais nous voulons confirmer ce que nous avons deja dit, que c'est une veritable faiblesse chez Machiavel d'a- voir immole la morale aux prejuges et aux vices de son terns, car il connaissait tout le parti qu'on pent tirer de la verlu, et il savait que la justice est encore la plus forte de loutes les puissances dont on peut se servir pour gouverner les hom- mes. II iaut transcrire ses propres paroles : « Ce que doit (i) Machiavel se felicite, dans cctte dedicace, » d'avoir abandonne le sentier vulgairement battii par ceux qui font niftier d'icrire, et dont la coutume est de dedier Icirs ouvrages i quelque prince, auquel , dans I'aveuglenient de leur ambition ou de leur avarice , et dans reffusion de leurs louanges bannales , ils prodiguent toutesles vertus au lieu dele faire roiigir de ses vices. » II est triste de penser que ce reprocbe puisse s'ap- pliqucr i Machiavel lui-mf me; mais, du moins , cette dedicace le lave :'i mnitl«'> d'avoir ecrit celle du Prince. ET POLITIQUES. 53^ surtout recherclier un prince dans ses snjets et ses soltlats, c'est I'obeissance et I'amour. II obtient I'obeissance parce qu'il observe lui-mr-me les lois , et que Ton croit a ses ver- tus. 11 doit leur amour a I'affabilite, a I'humanite, a la dou- ceur. » (Disc. 1. Ill, oh. 22.) « Que les princes soient done convaincus que leur empire commence a leur echapper a I'instant meme oCi ils commencent a fouler aux pieds les lois.... si, lorsqu'ils ont perdu leur couronne , ils pouvaient devenir assez sages pour connaitre combien il est facile de conduire un empire quand on n'ecoute que de bonnes reso- lutions, les regrets de leur perte en seraient plus vifs — car il est bien plus aise d'etre cheri des bons que des mechans , et d'obeir aux lois que de lenr commander. » (Chap. Ill, 5. ) « Aucun prince ne s'est jamais bien trouve de s'elre fait hair. » (Chap. Ill, 19. ) « Quoique ce soit une action detestable dVm- ployer la fraude dans la conduite de la vie , neanmoins dans la conduite de la guerre elle devient une chose louableet glo- rieuse je ferai observer seulement que je ne regarde pas comme une ruse glorieuse celle qui nous porte a rompre la foi donnec et les traites condus; car, bien qu'elle ait fait quelquefois acquei'ir des Etats et une couronne, elle n'a ja- mais procure lagloire. » (Ch. Ill, 40.) Enflnil poussel'estime dc la bonne foi jusqu'a vanter comme sublime la fidelite a te- nir des sermens arraclies par la force. (Liv. 1, ch. 11.) Est- ce a Fenelon que nous empruntons ces passages ? Et com- bien ils nous font regretter que le publiciste florentin n'ait pas vecu dans un tems ou , moins subjuguepar I'influence de moeurs abominables, il eCit employe a donner des lepons de mansuetude, de justice, de franchise, cette raison saine et vigoureuse qui n'a trop souvent enseigne que la cruaute, I'i- niquite, la perfidie! Notre tache n'est point de faire I'analyse de ce livre ; nous n'avons voulu qu'en indiquer I'esprit; nous pourrions y de- sirer plus de nerf et de concision, il nous serait facile d'y montrer quelques erreurs, d'y relcver plus d'une contradic- tion; mais ce qui ne serait pas aise, c'est de faire sentir tout T. XLii. M\i 1829. ^^ ,",R SCIKNCES MORALES ce (jiril oilVc de vrai, de profond, d'admirablc. JNounie de lectiuvs ft de nieditations, la stieiicc de .Marhiavel ii'a rien de eoinmuii avec la science de la plupart des piihlicistcs; cenx- (•'} soiit reniplis d'abstractions ; Machiavcl est tout positif, ft ses doctrines exhalent, si je puis dire, cc parl'iim devieille expeiienceqiii Icur donne credit et les rend a jamais utiles au\ honiniesqui ontle jugenient assez ferme ponrseparerlebondu manvais, et recueillir la raisou en ecartant le sophisme (i). Machiavel employa encore une partie do ce loisir force au- qncl il etait condamne, a developper ses idces sur Vart de la guerre. Nous avons vu que dans sa carriere d'homme d'Etat il avail songe a donner a I'ltalie des arniees nationales ; c'etail le premier pas a i'aire pour secouer la domination insuppor- table des etrangers. Ici il expose ses theories , et s'appuyanl des exemples lonrnispar lespenples auciens, aussi bien que des f'aits conleniporains, il propose des changemcns nota- bles dans la tactique en usage de son terns; deja dans les der- niires guerres I'infanterie qui auparaA^ant etait fort meprisee avait acquis une certaine preponderance ; Machiavel combine les divers avantages propres aux fantassins suisses, et aux fan- tassins espagnols, pour en former une infanterie superieure encore, et en traitant siucessivement les diverses jrarties dc Part de la guerre, il s' attache surtout a montrer tons les ayantagcs des milices nationales et des soldats citoyens; c'est la le point capital de I'ouvrage, c'est par la surtout qu'il est neuf , qu'il annonce une grande pensee et des vues pro- fondes, qu'il mcrite enfin d'etre etudie par tons les amis de la liberie. Sous le rapport puremenl militaire ce n'est pas a (i) Nous ne pouvons nous dispenser de citer, etitre inille , un eiemple I'rappanl de rextreme sagacit<^ de Machiavel. Dans le 12" chapitrc dii i'' livTe,consacreiprouver que c'est I'Egliscroniaiue quia perdu I'ltalie, nons tronvons ces piopres paroles ; « Si Ton exatuinait I'esprit primilif dc ses institutions ( de la religion chretienne ) , et que Ton observAt coni- bien la pratique s'en eloigue, on jugerait sans peine que nous touchon.i ail momejii dcta mine ou du chutlment. » Cela etait 6crit de i5i4a i'>i7; en i.SiS Luther verifiait h« prediction. ET POLITIQUES. r,3t, nous qu'il appartient tie juger et memo d'analyser un tel oii- vrage ; seiilement nous remarqueroiis que Machiavel rai- sonne constamment dans la \ue des petits Etats, des petites arniees, et des petites guerres, nous voulons dire des guerres qui n'embrassent que des territoires assez etroits, et qui ne s'executent qu'avec une mediocre rapidite. Ses principes de recrutement, ses precautions sanitaires, ses moyens d'appro- visionnement surtout (i), moyens auxquels il n'accorde an reste presqne aucune attention, prouvent qu'il n'a jamais en I'idee de tracer des regies pour cet art qui, de nos jours, a fait mouvoir des masses enormes sur d'immenses espaces. Si Ton se figure d'ailleurs ce qn'etait I'artiHerie alors recemment employee, attelee de bceufs ou portee sur des chariots, et qui par consequent ne donnait aucune idee de ce que pent aujourd'hui I'artiHerie legere, au lieu d'etre etonne que Ma- chiavel n'ait pas devine les grands changemens qu'elle devait apporter dans I'art de la guerre, on verra encore la preuve de son extreme sagacite dansquelques-unes de ses idees sur cetle arme terrible. Quant a I'esprit de ce livre, il ressemble assez a celui de? autres ouvrages de I'auleur. C'est toujours la moralite ita- Henne du xv' siecle avec des principes qui font voir cepen- dant que Machiavel comprenait une autre morale. Ainsi il vous dit tranquillement etsansla plus petite marque de desap- probation , en recapitulant les diverses manieres de nuire a rennemi : « Quelques generaux ont empoisonne les vins , et les autres vivres , afin de vaincre plus facilement les enne- mis.... Beaucoup de generaux ont empoisonne les eaux.... mais ces moyens n'ont pas toujours reussi. » La comme par- tout Machiavel ne songe qu'au succes; et encore, malgre le pen d'efficacite de ces atroces moyens, il ne dit pas un mot ([ui puisse en detourner. Lorsqu'il condanme les perfidies de Braccio et des imitateurs de Sforza , on voit que c'est surtout (i) P;ir exprnplp , Machiavel vpiit qiir chaqiip soldaf fassc lui-m^rnc )n pain. :,',(. SCIENCES MORALES It'ur mine clout il est louche : « Tons les antrcs capitaines d'ltalie qui ont fait de la guerre leur unique metier, dit-il, ont rcssemble a St'orza ; et si, par leur perfidie, ils ne sont pas Ions devenus dues de iMilan, ils n'en m/ritent que plus de reproches, puisque, si Ton examine leur vie, Us n' ont pas su lirer d'aiissi grands avantages d'une conduite cgalement crimi- ncLlc... Braccio euiploya les memes pcrlidies pour se rendre mailre du royanme de Naples; et, s'il n'eftt trouve la defaite et la mort sous les murs d'Aquila, il eflt reussi dans ses pro- jets. » Et on meme terns, chose singuliere, Machiavel vante un heroisme que lui-meme n'aurait pas conseille. On sc souvient avec coml)iende vivaciteilpressale gouvcrnement dc Florence de donner des marques d'amitie, ile fa ire des avances et des souniissions a rinl'ame Borgia (voy. Rev. Enc, t. xn, p. 584); et ici il celcbre'da magnanime mo/M> C'ctait done de la honte qu'il avait conseillee jadis i sa repu- blique. Voyez encore ce qu'il dit ici des quaI'Ms pour la pra- tique desquelles il a ailleuisdonne des preceptes. « On ne re- gardera jauiais comme un homme de bien celui qui emlirasse une profession dont on ne pent tirer quelque avantage qu'en sc montrant avide, sans foi, violent, et done de toutes les (/ualitcs qui I'empechcnt necessairemeut d'etre bon. » Voyez enfin ce tableau des vertus antiques qu'il voudrait ressusciter : « Honorer et recompenser la vertu, ne pas mepriser la pau- vrete, entourer d'estime les regies de la discipline militaire, contraindre les citoyens a se cherir mutuellement, a vivre sans divisions, aattacher moins de prix a I'interet particulier qu'au bien public; et une fonle d'autres principes qu'il serait aise dc rcmeilre en vigueiir, mtHne de noire terns. Ces principes pcuvent sans peine se persuader lorsqu'on les medite long- lems, et qu'ou les introduit par des moyens legitimes; car la I ET POLITIQUES. 54 1 veiite leur est tellement inheiente, et brille en eux d'un tel jour, que I'espritle plus boin-j peat lui-meme lescomprendre. Cehii qui etablit de telles institutions plante pour la posterite lies arbres sous I'ombrage desquels on repose avec plus de delices et de bonheur qu'a I'ombre de ceux-ci. » Ces derniers mots demandent une explication que nous donnerons tout a I'heure; niais auparavant nous ne pouTons nous empecher de faire reniarquer le charme de ce discours, ainsi que I'air de conviction qu'il respire d'un bout a I'autre. et surtout de regretter que Thomme qui croyait si facile de propager de son terns de tels principes ait consacre sa vie el un talent sublime a en enseiguer de si differens. Les sept livres de I'art de la guerre sont ecrits sous la forme du dialogue , et Machiavel en a place la scene dans l«s beaux jardins de Cosme Ruccellai. II introduit, parmi les jeunes llo- rentins qui s'y reunissaient, un homme de guerre t'ameux a cette epoque,le romain Fabrizio Colonna, et c'est dans la bouche de ce ciAehve. Condottiere qu'il met ses principes, deve- loppes ici dans des entretiens dont la variete rompt la niono- tonie des formes didactiques. Lorsque Machiavel recueille ces dialogues dont il est cense avoir ete naguere temoin , Cosme Ruccellai n'existait deja plus; et lepreambule de I'ou- vrage est un souvenir plein d'affection et de sensibilite donne par Machiavel au jeune ami doue de si excellentes qualites, dont il avait recu les bienfaits et dont il deplore la perte pre- maturee. Ce fut vers ce mfime terns que Machiavel composa et dedia a deux jeunes florentins , Zanobi Buondelmouti cl Lnigi Alamanni (i), ses amis les plus chers , qui frequentaient avec lui les jardins de Cosme Ruccellai, la vie de Castruccio Cnstracani de Lucques , opuscule que, malgre son titre , et (i) C'est le frere de celui qui fut mis a nioit quelques annees apres , pour une conspiration cuntre les Medicis , conspiration dans laquclle II lilt iui-in^me impliquc ; niais il cut le terns de se sauver, et il se retiia a la cour de Francois I", aiiquel il dcdia son beau ])oenic de la Coltiiazlone. .V,j SCIENCES MOllALEii inalgre le jiigenient de Ginguene, qui I'appelle " I'un de se* iiieilleurs morceaux d'histoire « , nous ne classerous poini pariiii les ouvrages historiques de notro auteur. La vie de (^astniccio est plus d'a moitie un ou\rage d'imagination . ainsi que (iinguene le reconnait lui-meiiie ailleurs ; c'est uin; espece de roiTian historiquc, dans lequel Machiavel a peint un heros selon ses principes, un horame qu'il appeile « rari' pour sou tenis, » qu'il nous donne comme « I'egal de Scipion- rAfiicain, » et qui n'est en effet qu'un petit tyran ambiticux. ruse et sanguinaire ; que son activite, son audace, et quelquei^ lalens, aides des discordes excitees parmi les Guelfes et les Gihelins, porterent a la souveiaincte de Lucques ct de Pise. Cettc biographie est d'autant plus iniportante a observer pour I'appreciation du taractere de Machiavel, que c'est un personnage peint a plaisir par notre publiciste surquelque- lineamens historiques, et que son portrait est oaraclcristiquc des opinions de Machiavel. Apres quelques details sur sa personne, Machiavel ajoute : « II etait tout devoue pour ses amis et implacable pour ses ennemis, juste avec ses sujets . sans foi envers les gens sans foi, et il ne chercha jamais a vaincre par la force lorsqu'il put reussir par la ruse, disani que c'etait la rictoii'e et non la manierc de vaincre qui jivoilninail la gloire. Jamais homme ne se precipita avec plus d'audacc dans les dangers, personne n'eu sortit jamais avec plus de prudence ; et il avait coutume de dire : « que les hommes doivent tout tenter ct ne s'effrayer de rien, parce que Die>i protege ceux qui ont du courage, ce que Ton voit en effet. puisqu'il se sert toujours du fort pour chatier le faiblc. » Col homme tout devoue pour ses amis, avait pourtant fait perir du dernier supplice un vieillard auquel il devait sa fortune, et qui avait apaise un soulevement excite contre Castruccio; mais ce vieillard etait parent des conjures, et lorsque quel- qu'un representa au tyran do Lucques qu'il avait mal agi do faire mourir un de ses vieux amis : « Vous \ous Irompez, repoudit Castruccio, c'est un eqnemi nouveau que j'ai fail mourir. » Ace mot d'inio ;1mc porvorso il I'aul joiiidro celui- KT POLlTlQliliS. 343 ci (I'uii genie ambitieux : quelqu'un ayanl deaiaiule a Cas- Iruccio comment etait mort Cesar : « Pint a Dieu , dit-il, que je pusse monrir comme Ini! » « Onpounait (dit Machiavel, apies avoir cite ces mots el une vingtaine d'autres attribues a Castruccio), rapporter en- core une foule de ses reparties , dans lesquelles on verrait le niemc set et la meme sagesse (1); mais je crois que celles que j'ai citees suffisent pour rendre temoignage de ses gra.ndes qualites. » Tel fut I'homme qui, selon Machiavel, « a laisse le plus honorable souvenir, » dont il ecrit la vie, parce qu'il a cru « y decouvrir une foule d'exemples de courage et de bonheur di- gnes d'etre offerts a V admiration. » Et il dedie son ouvrage aux deux jeunes amis que nous avons nommes, parce qu'il ne connait personne qui, phis qu'eiix , « se plaise au recit des actions grandes et vertueuses. » La vie de Castruccio dont onparlepeu, est, contre Machiavel, un chef d'accusation non moins decisif que le prince , ou la relation da due de Valentinois , qu'on lui a tant reproches. Mais ces occupations de cabinet, ces travaux solitaires ou Machiavel developpait son genie et qui devaient donuer a son nom rimmortalite, ne le consolaient pas de la nullite po- litique oi\ le tenaient la mefiance ou le dedaln des Medicis. Nous avons vu qu'il avail vainement employe les dedicaces, les offres de service, les protestations de devofiment, les (i) Parnii ce? ion»niols, dont pliisieiirs sont giossiers ou iiisipides, cu voici un qui ne prouve gut;re I'extreme affabiiite que Machiavel vanlu dans son heros : «\\ avail 6t6 invite a souper par Taddeo Bernardi, ha- bitant de Lucques , renomnie par son opulence et son Taste. Lorsqu'il fut arrive i la demeure de son b6te, Taddeo lui fit voir une chainbre toute tendue de riches draperies, et dont le pave, incrusle de pierres lines dc diverses couleins, representait desfleurs, des feuillages , des fruits, et autres orneniens de ce genre. Castruccio, ayant amasse une assez grande quantite de salive dans sa bonche, cracha au visage de Taddeo. Celuici ayant manifest)^ son niecontentenient, Gastniccio lui dil : je n'ai vu que eel endroii oil je pusse crnchcr sans le faiie lorl. 344 SCIENCES MORALES soumissions de toutes sortes pour flechir leur ligueur. Noiij' avons vu qu'il s'adressait surlout a F. Vetlori , son ami, ([uoique partisan dcs Medicis, alors ambassadeur de Flo- rence a Rome, pour obtenir la protection de Leon X, le chef ('<; la maison des Medicis. II n'obtint rien; el, dansl'oubli on on le iaissail, en meme terns qu'il protestait , avec un depit visible, de son indifference pour les affaires, on le voit sans cesse, presse de I'aiguillon de la politique, saisir avidement loutes les occasions de s'en occiiper; ;\ peine Vettori le met Mir la voie qu'il s'y jette soudain avec la fougue d'un ecolier rendu aux jeux dont I'a prive une longue retenue. v Pensez combien votre lettre a dft me paraitre agreable , lui dit-il ; pendant que je la lisais j'ai oublie bicn des fois les malheurs <|ui m'accablent, et j'ai cru avoir a trailer encore ces affaires (|ni ui'ont donne taut de peines et fait perdre tant de tems. » Ces travaux de predilection dont Machiavcl parle avec le sentiment profond du regret etaient en effet pour lui comma une seconde nature; il y revient sans cesse conduit par une .^01 te d'instinct : « La fortune ayant voulu , dit-il , que je ne pnisse raisonner ni surl'art de la soie, ni sur I'art de la laine, ne sachant parler ni de gains, ni de pertes, je suis force do in'occuper des affaires de I'Etat; et il faut me decider a me laire ou a parler politique. » Leon X qui ne voulait rien faire pour Machiavel, mais qui avait trop de penetration pour ne pas comprendre combien d'utilite il pouvait retirer de I'expc- rionce el de la haute raison de cet homme d'Etat , le consul- tait par I'intermediaire de Vettori; et cehii-ci ne laissait pas ignorer a Machiavel, que ses discussions seraient soumises il Leon X. « Je desirerais que vous traitassiez cela de maniere (jue je pusse mettre votre lettre sous les yeux du pape , lui dit-il; n'allez pas vous imaginer que je veuille m'en faire lionneur ; je vous promets de la lui montrer comme etant de vous. » Excite sans doute par cette idee, Machiavel reveille loutes les forces de son genie; nuUc part il n'a montre des idees plus saines et plus »';tendues, un raisonnenient plus lu- cide et plus serre. une connaissance plus experimcntalo ilos ET PGLITIQliES. 545 affaires , que clans oette coiiespondance avec Francesco Vet- tori, et plusieurs des iettres qu'il lui adresse sent dcs disserta- tions approfondies sur les interets des puissances qui se dis- putaient la preponderance dans les affaires de I'Europe, et surtout en Italic; Machiavel explique leurs vu^s secretes, il balance les avantages de telles on telles alliances ^ il recherche les consequences de la guerre, de lapaix, des neutralites; il trace la conduite que le pape devrait tenir au milieu de tons ces grands discords, il escjnisse les conditions des traites qu'il serait a propos de conclure; et, comme il le dit lui-meme, se mettant a la place du pape , il indique I'nsage de cette vaste puissance que donnait encore a ce souverain I'union de^s ar- mestemporellesauxfoudresspiritnelles. Cette correspondince porte le caractere habituel de la politique dc Machiavel ; c'esl le succes dont il s'occupe avant tout ; I'honnete ne vient que bien loin apres. « Je ne puis concevoir, dit-il, dans une dc ses Iettres, comment, se trouvant superieur en forces, ce prince (Louis XII), i\ moins de se conduire toujours comme un enfant, consentirait a observer les traites. » >ious !ie devons pas negliger non plus , pour la connais- sance du caractiire que nous examinons, de remarquer le soin que prend Machiavel, en toute occasion, de flatter Leon X, soit par des eloges personnels, soil par reloge des siens. Ainsi, dans une lettre que Ton suppose adressee aussi a Vettori, etoii il parle de ce jeune Laurent de Medicis, le pere de la fameuse Catherine, prince qui mourut jeune, mais qui, nous le repetons, promettait deja un tyran a Florence; Ma- chiavel dit : « Sa onduite fait naitre les plus henreuses espe- rances dans toute la cite; et tout semble rappeler en lui le souvenir des grandes qualites de son aieul. » (Lettre i5°. ) Ailleurs ecrivant au meme Vettori : « Nous sommes aujour- d'hni gouvernes par des princes t[ui, naturellement ou acci- dentcllement, ont les qualites suivantes : nous avons un pape sage, grave etrespecte; un empereur leger etchangeant; un roi de France irritable et craintif; un roi d'Espagne bronillon et avare; un roi d'Aneleteire riche . audacienx et avido dt: 546 SCIIiiNCES MORALES gloirc; nous avoiis des Suisses brutaiix, victoricux ct iiiso- leiis , ct quant a nous aiitrcs Italiens, nous sommcs pauvics . ambiticux et avilis. » On voit que dans ce congres dc piinccs Li'on \ occupe une assez hello place; niais nous avons cite ce passage moins pour faire remarquer cctte circonstance que pour donnor une idee de la touchc vive ct precise de IMachia- vel dans "es peintures historiques. Sept ans s'ctaient ecoules depuis ic rctour des Medicis, iorsque Laurent mourut en iSiQ. Cette mort fut un grand evenement pour Florence qui tourna tout de suite ses re- gards vers la liberie. Leon X, n'ayant pas de successeurs a donner a son nevcu et voulant cependant conserver dans Florence I'autoiite de sa famillc, dcnianda a Machiavel de lui cxposer ses vues sur les institutions qu'il convenait d'eta- hlir pour la prosperite de I'Etat. Cost un monument tres-cu- rieux que le uieiuoirc ecrit a celle occasion par Machiavel, et qui est recueilli dans ses oeuvres sous le titre de Discours au pape Leon X. L'embarras de Machiavel, qui veut une re- publique, couseillant un prince qui veut une monarchic, se trahit dans vingt endroits; et la morale du terns se mani- leste sans aucune pudeur dans les conseils de fraudc que le publiciste donne au pape. Machiavel declare d'abord que la republique seule est possible dans Florence, puis il se hate d'ajouler : « Votre Saintete verra comment, dans mon projet de republique, non-seulement je conserve son autorite tout entiere, mais jeraugmente meme. » Et unpen plus has : « Si fexamine ces diverses institutions tandis que V. S. et mon- seigneur le cardinal (le frere de Leon X) existent encore, j'v vois une monarchie veritable i car vous commandez aux ar- niees, vous presidez aux jugemens crinlinels , vous avez I'i- niliative des lois, et je ne sais ce qu'un chef pent desirer de plus dans un Etat. » En outre Machiavel attribuc excliisive- ment aux deux Medicis la noaiiination a la magislraliire iles soixante-cinq, a celle des deux cents, et a celle do Balia. VA quanl aux magistraluies inferienres dont il reserve la iiu- inination an peuple, I'eprescirtc par le cdiixcll ilcs inilli;, M:i- ET POLITIQLES. ^ 047 chiavel dit fonmllemcnt a Leon X qu'ii poiina rgalemeiit faire choisir ceux qu'il jugera a propos : « Et pour que vos partisans fussent certains d'etre mis dans les bourses (1) lors- qu'il serait question d'aller aux suffrages dans le conseil , V. S. pourrait designer huit scrutateurs qui, depouUlant Irs rotes en secret, pourraient faire iomber le choix sar ceux qu' Us voudraient. » II est impossible de s'exprimer en termes plus clairs. Mais, comment le peuple florentin, que Machiavel re- presente jaloux de sa liberie , se serait-il accommode d'une telle supercherie? et comment Machiavel pouvait-il la con- seiller, je ne dis pas loyalement, ce qui ne I'inquietait gue- re , mais logiquement, apres avoir demontre, quelques pages auparavant, que I'un des vices qui avaient contribue a la chute de I'ancien gouvernement de Florence, c'etait « que le peuple n'avait point dans le gouvernement la part qui lui apparte- nait — et que les scrutins se faisaient de maniere qu'il etail facile d'y introduire la fraude. » Qui Machiavel veut-H tromper ici? Get opuscule est-il uu leurre pour Leon X, ou pour le peuple de Florence ? Xous Macliiavel re- vieiil pliisicnr.s fois a la charge sur ce point ; on voit qu'il etail mailre dans I'ait de demander. Dans celtc meme lelire qu'il signc : Mric':iavcl , historicn comiquc ct tragiqiic, il annonce a Guicciardini qu'on a parte jusqu'd cent ducats scs honoraires, pour ecrire I'liistoire, cl il ajoutc aussitot : je commence d me remettre en train d'ccrirc. Cctte cpithcle do comique ne so rapporle pas, commc on pourrait se I'imaginer, a cette si- nudtaneite dn rcdoubloment de zele de rhistorien et do raccroissement des honoraires; elle fait allusion sans doule a la representation do la Mandragore dont s'occupait Guic- ciardini, et a laquelle I'auteur attacliait, coniine on ponse, bcaucoup d'intoret. LaMandragore est uno admirable comedie dont nous paile- ronstout a rbeure, en disant quelquosmots desouvragespoe- liques dont Machiavol chercha a consoler le terns de sa dis- grace. Mais ni ces jeux de I'imagination, ni les graves travaux de I'esprit, ni les distractions d'une vie dissohie, ne pou- vaient remplir cette ame ou la nature avait fait tant de place; I'exercice des emplois etait pour Machiavel une seconde na- ture ; il avait besoin et de I'activile qu'ils exigent , et de I'ai- sance qu'ils procurent, et de I'iniportance qu'ils pretent. Etro quelque chose dans I'Etat otait pour lui conime une condition d'existence ; aussi dos qu'apres la mort de Laurent, il trouva les Medicis un pen plus favorableniont disposes pour lui, il saisit avidement I'occasion de rentrer dans les emplois. Apres neuf ans de repos , son debut ne fut pas magnifique ; les huit de pratique (i ) I'envoyerent en mission aupres des freres mi- neurs assembles en chapitre general i Carpi , en 1 52 1. II s'a- gissait, selon les lettres de creance, de procurer une nouvelle splendour a I'ordre, et pour cela , d'obtenir de ces moines (i) Les hiiit de pratique ( olio di Pralica ) , qu'on appelait aiissi ta Sri- gneurie , formaient une ccniniission de gouverncnienl , cliargec de i'ad- ministration suptrieure del'Etal , sous la direction des Medicis. lis iTiii- pja^aient a peu prcs les dix He Balio dii teins de la icpuldique. ET POLITIQUES. ,35; qii'ils lissoiil dii ilomaiiie ile Florence unc proviiuc a part et scparee tin resJe de la Toscane. II est asscz curieux de voir Machiavel recevoir les instructions diplomatiques d'un frere Hilarion, qui lui trace la conduite qu'il doit tenir daus celle grave negociation. Et , comme pourajouter au burlesque de la mission pu])lique, les consuls de I'art de la laine Ic chargi- rent, en merne terns, de la mission particuliere de leur pro- curer un IVcre preclieur pour le careme. Rien n'est plus di- vertissant que de voir le serieux avec lequel Machiavel rend compte de sa mission au cardinal Jules de Medicis , laudis qu'il en fait I'ubjet de mille bouffonneries dans sa correspon- dancc intime avec Guicciardini. Celui-ci, qui etait gouver- neur de Modene, pour le pape , lui envoyait, pour rire, des conrriers qui arrivaient coup sur coup et a bride abattue ; "surtout, ecrivait Macbiavel a Guicciardini, qu'il ne cessc de courir et qu'il arrive ici essouflle et tout en cau , afin que tout Ic monJe en soit stupefait : agir ainsi , c'est me t'aire hon- neur.... Vous augmenterez I'estime que Ton a pour moi dans la maison , en voyant les messagers se multiplier. Vous saurez qu'a I'arrivee de votre courrier, et en le voyant me saluer jus- qu'a terre , et me dire qu'il avail ete envoye expres en toute hate, chacun se leva soudain , avec un air si respectueux el un si grand fracas, que toute la maison manqua d'aller sens dessus dessous. On s'empressa de me demander s'il y avail quelque chose de nouveau. » El Machiavel de leur faiic mille conies sur rempereur, les Suisses et le roi de France : « de sorte que chacun restait bouche beanie el le bonnet en main. Tandis que j'ecris, ils formenl un cercle autour de moi ; ils sont emerveilles de me voir griffonner aussi long-tems , et me regardenl comme un possede; et moi, pour ajouler a leur elonnemenl, j'arrete ma plume, je me rengorge; et alors ils ouvrenl une grande bouche, qu'ils ouvriraient plus grande encore s'ils pouvaient deviner ce que je vous ecris. » Ce petit tableau est trace de main de maitre, el la louche du poctc comique s'y fail vivemenl senlir; mais il est triste de voir Machiavel le heros d'une telle pasquinade. Voila jusr 358 , SCIENCES MORALES ([u'oOi etait dcchn rhomme qui avait jadis negocie les iiite- rets de I'Europe a la cour de France, a celle de I'empereur, et aupros dcs papes. Ambassadeur burlesque, il jouait a la diplomatic. La mission chez les fraiiciscains de Carpi ne remit point Machiavel dans la carricre des places. On le voit, aprts comme avant, continner avec toute la perseverance d'un sol- liciteur ses demarches aupres des serviteurs du pape, pour obtenir des emplois qu'on lui refuse avec la meme perseve- rance. Sadoleto, le secretaire, de Clement VII, lui ecrivait, en i525, de la part de sa saintete , qu'il prit patience , qu'/7 fallait attendre encore un peu. « Attendez done, ajoute le se- cretaire, et s'il arrive quelque chose qui merite que vous nous en informiez, ecrivez-le moi, afin que je le fasse voir a S. S., pour la decider a prendre une meiileure resolution. » En at- tendant, Machiavel se resigna k faire encore une fois de la diplomatic pour les consuls de I'art de la laine , qui Tenvoye- rent a Venise, avec une lettre de creance et des instructions signees d'eux, a I'effet de reclamer la reparation d'un vol fait au preiudicc de trois negocians de Florence. C'etaient ces pa- trons dc Machiavel qui trouvaient, comme nous I'avons vu tout a I'heure , que leur envoye s'amusait un peu trop aux de- pens de leur bourse. Cependant de grands evenemens se prcparaient; Charles- Quint etait devenu la terrcur de I'ltalie , et la France s'etait unie aux Venitiensetaupapecontre leslmperiaux. Peurassure par cetle alliance, Clement VII craignait a la fois pour Rome et pour Florence. Dans la premiere de cesvilles, il etait en querelle avec la puissante famillc des Colonna; quant a Flo- rence, elle etait fatiguee de I'insolcnte et rapace tyrannic des trois cardinaux qui gouvernaicnt au nom du jeune Hippolyte, fds de Julien de Medicis, enfant de duuzc ans, que le pape avait place a la tete de la republique. Dans ces pressantes ne- cessitt's, on cut enfin recours a la vieillc experience de Ma- chiavel. On songea a reparer les fortifications de Florence, et I'auteur du Iraite de I'Jrtde la Guerre fut charge de surveiilcr cette operation; on a rccueilli, dans ses oeuvres, la relation EX POLITIQUES. 35c) de la visile qu'il fil sur le terrain avec les ingenieurs. II fut ensuite eiivoye trois fois en mission par le gouvernement do Florence aupres de Guicciardini , alors lieutenant du pape a I'armee confederce. Machiavel , qui approchait alors de soixante ans, retrouvait au milieu de ces travaux tout le feu de la jeunesse el du patriotisme ; il s'indignait a la fois et de la lachete de ses compatriotes, et de la barbaric des etrangers; il parlait de tracer un plan de fortification si fort qu'il donnat du courage 7)ieme a un peuple let que le notre , disait-il. II re- pete sans cesse, dans cette partie de sa correspondance avec Guicciardini, les expressions de sa haine centre leslmperiaux. "On voit de tons cotes, lui ecrivait-il un jour, combien il serait facile de chasser tous ces brigands de ce pays. Au nom de Dieu, ne laissons pas perdre une semblable occasion Liberate diuturnd curd Itatiam; extirpate has immanes belluas, quie hominis, prceter faciem et vocem, nihil habent. » Ces oris du patriotisme ne furent pas entendus; Rome fut saccagee par les soldals du connetable de Bourbon. Cette catastrophe fut pour Florence le signal d'une revolution nouvelle ; la haine contre les Medicis eclata sans obstacle; on detruisit le gouvernement etabli par Clement VII , et les statues de ce pape tomberent devant celle de la liberie, que trois ans plus lard les Medicis devaient revenir i leur tour briser pour ja- mais. Dans cette courte agonie de la republique, I'encrgie du peuple florentin reverdil un instant; les bandes de I'ordon- nance, cette celebre conscription creee jadis par Machiavel, detruite presque aussitot par les Medicis, se leverent avec en- thousiasme ; il n'etait plus tems. La lutte dura deux ans a peine; I'heroisme dut flechir enfin sous la force; mais du moins la liberie toscane tomba dans le sang et les armes a la main. Machiavel , qui , au moment de la prise de Rome et de la seconde expulsion des Medicis, elail employe a I'armee des confcderes, revint a Florence. II y fut accueilli comme un partisan du gouvernement dechu. On oublia ses ancicns ser- vices pour ne se souvenir que de sou empressement aupres 5«o SCIENCES MORALES des Meclicis; un iio lui tint meme pas coinptc des longs relus qu'il avait subis. La liberie est jalouse; clle ne pardonnait pas a Machiavel la cour qu'il avait faite aiix oppresscnrs. On I'avait vu pousser aux dernii'res limites de la prudence ses precautions pour nc point blesser les Modicis, jusquc-la qu'une des raisons qui I'avaient empGchu d'ailer a Rome pour solliciter lui-meme le pape , c'otait la crainte d'etre oblige de visiter la lamille de I'ancien gonf'alonnier de Florence , avec laquelle il avait etc lie (i). On I'avait vu rechercher I'aniitie et le patronage des hommes les plus devoues anx Medicis et particulierement de F. Vettori et de F. Giucciardini, qui bientot devaient prendre une part active et sanglante a I'eta- blissement definitif de la tyrannic (3). Machiavel faisait alors si pen d'ombrage aux Medicis, que, bien qu'il fQt un des membres les plus assidus et les plus distingues de la so- ciett'i qui se reunissait dans les jardins Ruccellai , a I'epoque oi"i une nouvelle conspiration contre les Medicis se trama parmi ces jeunes Florentins, dont plusieurs eurent la tfite tranchee, Machiavel ne fut pas meme soupconne. On concoit qu'un homnie pour qui les tyrans avaient si pen de mefiance ne devait pas inspirer beaucoup de confiance aux amis de la republique. De plus, quoique le livre du Prince ne fQt pas im- prime, des copies en avaient ele i-epandues; et, malgre toute la peine que se donna Machiavel pour les supprimer (si nous (i) K'Ce qui me tien I aussi en suspends , c'est que les Soderini sont ii Rome, et que, sije venais, je serais furc6 de les visiter etdc leur pai- ler. » Lett, xxvi, (2)oCe fureiit eux, dit M. de Sismondi, qui vers^rent le sang et qui confisquferent les biens des plus vertueux citoyens, qui leduisirent iun exil perpetucl ceux qu'ils fcignirent d'epaignor, qui ruiiierent par des taxes arbitraires ceux qui avaient niontrti de i'attachement i la liberie..., (■t qui, pour niaintenir leur autorite par la lerreur, prirent k leur solde deux mille des Landskuechts qui avai^ent assiege Florence." Tels ulaient les homnics avec qui Machiavel eiitretint une correspondance assidue, el d'inlimes liaisons durant I'inlerregne de la liberie, el pendant qu'ii sollicilait la faveiu- des Medicis restaure.-i. ET POLITIQUES. 56 1 en croyons le temoignage de Varchi) , ce livro s'eleva contre lui comme un terrible anatlicme ; car Machiavel ne songea pas lui-memc a ces subtils argumens qu'on a imagines tlepuis pour le delendre. Le dudaigneux oubli de ses concitoyens rendus a la liberie fut pour Machiavel un cruel chatiment; il en concut une douleur d'autaul plus profonde, que peut-etre il devina que cet arret de ses conteniporains serait celui de la posterite. L'indifference des Medicis I'avait desespere, Tindil- ference de ses concitoyens le tua ; quelqucs semaines apres le retablissement de larepublique il etait descendu dans la touibe. Tout occupes du dessein que nous avions forme , en com- mencant notre travail sur Machiavel , d'apprecier I'homme plutot que I'ecrivain; de le juger, non sur des conjectures, non sur ses livres, mais d'apres les fails et ses propres lenioi- gnages; de rechercher surlout ses doclrines morales el poli- tiques, nous n'avons pu rien dire des ouvrages poctiques el purement lilteraires de Machiavel; nous ne devons pas ce- pendant les passer entierement sous silence. Un Dialogue sur la langue dans laquelle out ccrit le Dante, Boccace et Petrarque , espece de dissertation oii Dante est juge , sous le rapport moral , avec une excessive severite ; une autre dissertation sur la colere, aussi en forme de dia- logue; un Riglemcnt pour une so.cietc de plaislr , facctie peu digne de son auteur ; une Description de la pesle de Florence , qui offre un recil tout d'imagination et sans vraisemblance , dans lequel I'auteur fail Thisloire d'une passion romanesque, et oi\ I'on trouve, a cote de passages empreints de grace et d'originalile , des morceaux gates par le mauvais gout et I'af- fectalion, sont les priucipaux opuscules en prose laisses par Machiavel et ne font que peu d'honneur a la plume illuslre dont ils sont sortis. II n'en est pas ainsi de ce conte que tous nos lecteurs connaissent par la piquante imilation de La Fon- taine , et qui est intitule ici : Nouvellc tres-plaisante de I'arc/ii- diable Belplicgor. C'esl un recil fort iiigenieux, seme de trails satiriques el plaisans, qui, pour Tiuvention comme pour le style, merilerait une place pnrmi les meilleures nouvelles de 56« SCIENCES MORALES Boccaco. C'est sans foiulenient qii'on a ilit ct qu'oii icpeU; encore anjourd'hui, que Machiavel avail peint sa remme sous Ic noin de madame Honesta. Parini les ouvrages poeliqucs de notie aulcur, nous cite- rons SOS Decennales , dent la seconde n'est pas achevee. Ma- cliiavel y cliante ce qu'on appclle, dans une dedicace latinc, laliores italicos , les malJu'urs dc I'ltalic pendant dix annees, (de 1494 a i5o4)- C'est une cspece de chronique nioins t'laiie que ne serait une histoire en prose, et qui, niulgre quelques expressions, quelques images et quelques tonnes poetiques , oilVe un ensemble assez prosa'ique. L'Ancd'or, autre poeme qui ne semble pas non plus acheve, ne laisse pas apercevoir, dans les huit chants qui existent , le plan ni ridce principale du poete. II y regne une allegoric qu'on ne saisit pas toujours. C'est un ouvrage ecrit le plus souvent du ton de la satire ; le poete y ramene sans cesse les rappro- chemens entre I'homme et la bete , coniparaisons souvent repctecs depuis paries poetes satiriques, et dans lesquelles I'homme a toujours le desavantage. Mous devons citer encore I'Occasion, ingeuieuse allegoric; la Fortune, I'Ingratitude, I' Ambition, terze rime dans lesquelles le poete exhale ses cha- grins, et oii, parmi de belles pensees, on en trouve souvent qui sontdevenues communes; une Serenade, ^oii\\(\nc imitation de la fable de Vertumne, d'O vide ; enfin des Chants de carriaval, oCi, sous la figure de diables, d'ermites, de charlatans, 11 introduit des personnagesdont les paroles sont a la fois satiriques et licen- cicuses. II y a dans les vers de Machiavel plus de raison que d'imagination, plus de pensee que de poesie, plus d'energie que de verve. II semble , en general, rechercher limitation du Dante, ce qui suflirait pour prouver qu'il n'etait pas ne poete, car le veritable genie poetique sent surtout le besoin d'originalite, et un poete aurait compris que Dante est une de ces merveilles qu'on ne copie point, precisenient parce qu'on I'admire. Mais, c'est a la muse de la comedic que Machiavel doit I'une de ses plu? brillantes couroiuies. Nous nc parlerons pas ET POLITIQUES. 363 de sa traduction de V A ndrienne de Terence, qui no pouvait figurer dans une traduction de Machiavel; ni d'une comedie sans titre et que le traducteur intitule VEntremetteuse mala- dvoite , pi^ce dont la scene se passe a Rome, avant I'ere chre- tienne, et dont les moeurs sont celles de la Rome du iS' sie- cle ; ni de la Clizia, imitation de la Casina de Plaute, mais dont le sujet est aussi accommode aux mceurs du tems du poete; ni meme de Frire Alberigo, comedie qui n'a pas non plus de titre dans I'original, mais dont I'intrigue, excessive- ment libre, est conduite par le moine qui donne son nom a la pi^ce , dans la traduction. L'espace nous manque pour pre- senter quelques details sur ces comedies dontle dialogue, non moins licencieux que les incidens, montre a nu la corruption morale de cette epoque ; et dont la verve satirique , ainsi que les vives peintures de moeurs revelent, malgre de grands defauts, le talent de Machiavel comme poete comique. Mais c'est dans la Mandragola (la Mandragore) que ce talent brille de tout son eclat. Ce chef-d'oeuvre , quebeaucoup de nos lec- teurs connaissent, puisqu'il a ete fidelement traduit, il y a bient6t un siecle et demi, par J. B. Rousseau, et imite dans un conte de La Fontaine, paiut dans un tems oi"! la comedie moderne n'existait pas encore. L'Arioste, ce genie precoce et fecond, avait, le premier, et lorsqu'il etudiait encore, vers la fin du i5° siecle, compose deux de ses comedies : la Cas- saria et i Supposlti; mais ces pieces, a peu prcs inconnues pendant plusieurs annees, ne t'urent jouees que lorsqu'il les eut retouchees, vers i5i5. Cinq ou sixansavant, en i5o7 ou i5o8 , avait ete representee la Calandria du cardinal Bib- biena , secretaire de Leon X; ouvrage qui est encore regarde aujourd'hui comme un modele acheve de la veritable langue toscane. Ce fut i.\ cette menie epoqae, sans qu'on puisseleur assigner une date precise, que furent composees les comedies de Machiavel; et son chef-d'oeuvre , la Mandragola ^ auquel ou donne ordinairement la date de i5i4 ou i5i5, pourrait bien avoir ete compose dix ans plus tot. Quoi qu'il en soil, il restera i Machiavel la gloire d'avoir porte la comedie ita- 564 SCIENCES MORALES licnnc cl6s s;i iiaissaiicc a la pci lection, de I'avoii', pour aiiisi dire, crecc ct dotce eii meine tenis d'uii ouvrago (|iu scrail peut-elrc Ic chef-d'oeuvre dii theatre coiniquc, si notre divin Molierc n'cxistait pas. L'inlriguede la Maiidragola est legerc- ment tissue, mats die attache viveraent par sa singularite ; Ic dialogue est plein de i'ranchise et de verve ; Ics caracteres sont d'uii naturel exquis; le docleur Nicia Caliiicci et le frere Ti- mothee surlout sont aduiirahles de \ iirhi^ cl dc vis comica ; ilestpeude poeles coniiquesqni aienl i'ouilleaussi avanldans le coeur humain, et qui aient trouvc dans leur genie, an nieine degre, cette force creatrice qui vivifie deselresd'imagination, et qui recompose la socicte dans un drame. Celte detestable societe , ces honimes si corrouipus du terns de Machiavel , il les peint avec ce trait pronoiicc , ces touches vigoureuses qui conviennent a I'optique du theatre, sans jamais tomber dans I'exageration d'une caricature forcee. II y a, si je puis ainsi dire, dans le pinceau de Machiavel, autant de candeur que d'energie. Les poetes ses contemporains disperscnt leurs traits satiriques; iui, les reunit , les concentre; le premier il individualise une profession; il fait des moines, conime Mo- liere a fait des medecins ; et, sans modele chez les modernes, il resta long-tems sans rival (i). Place entre les autres ou- vrages de Machiavel, ce chef-d'oeuvre alteste la prodigieuse variete comme la force incomparable de son genie. Ce genie occupe depuis long-tems, et pour toujours, la place qu'il merite dans I'admiration de la posterite, tandis que le caractere de I'homme semble etrc reste incoinui, memea la plupart de ceu\ qui I'ont le micux etudie. On se represente ordinairement Machiavel comme un ardent repu- blicain, vieux debris des terns antiques, irrcconciliable enncmi des tyrans de sa ville, donl le patriotisme arait etc au moincnl (i) G't'st iin fail Lien itinarquablc pour I'hisloiio de I'ail cl pciiii- (■(■lli des ma'iirs, que les pieres de celle ipoqiie (a foninienccr par la ('tiliin- dria, ouvrage d'un caidinal), doiil riiuleceiice revollerait aujourd'hiii les speclatcuis les iiuiins scrupuleux, elaienl alors represcnlees publiqiir niciit, aux appIuiidisitCinciKs dii p:i]n> rt dr loul ic sa;.j SCIENCES MORALES proiluits. qu'ils paivioniiciit a I'otat dc 'pt'iTectinnncincnt dont jouisscnt aiijomd'hiii les soriotos etirop/'tMines; car, parson moyeii, I'hoinine mot a profit les forces pi'odiutives de ses seinblables, sans exiger dVu.v ni sairifice, ni don gratuit. Chaque partie cherohe dans I'echange un avanlage, iino recompense de son travail : c'est cette recompense, cet avan- tage au-dela de ce qui revient au travailleur pour I'indem- niser de I'emploi de son terns, des moyens de subsistance qu'il a consommes, el des avances qu'il a I'ailcs, qui le met a menie de pourvoir plus aboiulammenl ;'i scs besoins, auquel on a donne le noni de revenu. L'auteur, apres avoir traite de I'ccbaiigr, consacre un livre special a traiter du revenu, a explorer les sources dont il dc- coule, a recherclier les causes de son accroissement, de sa diminution, de son extinction, quelles que soient les formes sons lesqucUes il se preseute, comme salaire, profit, rente fonciere et fermage. On lira avec interet toute cette partie de Touvrage oti l'auteur a repandu beaucoup d'idees nouvelles. Enfm, apres avoir parcouru la serie des faits qui concon- rent a la formation des richesses, ilreste a determiner quelle est la^.destination de ces richesses, comment eiles satisfont les besoins et donnenl des jonissances, comment elles doivent etre euiployees pour I'utilite et le bien-etre de leurs posses- seurs, en un mot, comment elles se consommetit. Ainsi , production, echange, reoenus , consommation , telles sont les quatre grandes subdivisions adoptees par M. Skar- beck , dans la premiere partie de son ouvrage. Comme nous I'avons dit, Tobjet de la seconde partie est de developper les principes du bien-etre et de la richesse des peoples. Ici la tache de l'auteur elait moins difficile, en ce qu'il n'a eu gnere qu'a appliquer aux societes politiques, ou aux nations, les principes qu'il avait developpes, reiativement aux individus considercs dans la societe : I'ordre dans lequel il a precede est le mfime que celui qu'il a suivi en traitant des richesses individnelles. II cherche a determiner en premier lieu comment un peuple parvient a posseder mie certaine ET POLITIQliES. 070 UKi^se de valeurs, dout la plus on moins graiide qiiantito con- stitue le premier piincipe de la lichesse. II moutre , en un mot, comment s'opere la production nationale. II examine ensuite quel est le piincipe de Taction produc- tive des valeurs, resultant de la production nationale , quelle est la force qui accroit et feconde cette production; les re- cherches sur cette force, qui n'est autre que la circulation, cor- respondent aux sections de la premiere partie qui traitent de I'ichange et du revenu. L'ouvrage est termine par I'cxpose de ce que Ton doit en- lendie par la consommation d'un peuple. L'auteur nous nion- tre comment cetle consommation influe sur la production et ensuite sur les richesses, et quelle difference existe entre les I'esullats de la consommation de I'individu et de cello d'une nation. Ainsi, production, circulation et consommation des richesses nationales, tels sont les objets importans successivement trai- tes dans la seconde partie. Nous aimerions a donner une analyse plus detaillee du li- vre de M. Skarbeck, et a faire partager a.u public tout I'inte- ret que nous avons pris a sa lecture; nous croyons en avoir assez dit pour appeler I'attention des personnes qui desirent Tavancement de la science des richesses sociales , el qui y concourent par leurs travaux. Nous ne pouvons que feliciter I'universite de Varsovie de posseder un savant aussi distingue queM. Skarbeck; c'estunbien grand sujetde satisfaction que de voir ainsi les saines doctrines se faire jour en tout lieu, et reunir par la confralernite de la science les honimes et les peuples, que les funestes prejuges de I'ignorance ou les mise- rables intcrets des gouvernemens avaient si long-tems di- vises. Nous ne tcrminerons pas cet article, sans reconmiander la Bibliographie de i'econoniie politique , placee a la fin de la theo- rie des richesses sociales, c'est la plus complete (pie nous connaissions en France. J. D. S;.', SCIENCES MOIl AhliS JIisToiRE Dii LA Ri;> oi.iiTioN I'RANcAisE, j)ar JVl . A. Thiehs. Sh- conde idilion (i). La fill till XV 111" sit'cle sera uiie gi'aiule epoque pour les aj;«\s fiiturs. Elle a vKv signah'M! par iiiie revolution dont ils ■.ul)iront Us <.<)ns('(|ueii(;e# ou rocueilleront les fruits, et qui ne sera peul-etic bieu appreciee que par eux. Aprcs taut de va- riations et d'alleruatives, ee g^rand evenement, dont on a dit sans ('esse qu'il elait consomme, I'est-il en eflet sans retour ? \-t-tl pris tous les developpcmens, parcouru toutes les phu- .-■es, revele tous les resultats dont il est susceptible ? Quand, avec la persuasion d'un profond desir, nous prononcons rafTn- uialive, nous Tentendons mettre en prohlemc par des obser- \atenrs qui nous opposent un passe de qnarante annees , pendant iesqnelles on a vu si sou vent s'evanouir les esperances ies plus plausiljles, cl la prevoyan(;e la inieux raisonnee se perdre dans I'incertitnde et dans Terreur. Pour se flatter que, tlesormais, nul orage ne nous rejeltera loin du port, ils atten- dent, disent-ils, que les principes constitulionnels aientpene- tre dans les sentimens et les habitudes de la population en- tiei'e, 6t surtout de la classe el«vee, plus dangereuse desor- niais par ses pretentions et ses souvenirs, que la classe 'mlimc par son ignorance et ses besoins. II y a loin, je I'avoue, de ce doule timide an .systeme liardi que queU|ues ecrivains s'efforcent d'accrediter. A les en ci'oire, le cours irresistible des fails entraine les contempo- rains, au lieu d'etre inodifie par Icru's vices, leurs defauts, leurs qualites et leurs vertns ; I'histoire n'est qu'un drame lissu par Taveugl* necessite, et dont les acleurs, quels que fussent leurs opinions et l«urs sentimens, n'ont pu jouer d'aulre role que celui qu'ils out rempli. Nous felicitous M. Thiers de n'avoir poinl adople, avec Hu aveugle abajidon, cette theorie, remarquable en apparencc (i) Paris, 182S et 1S29; Lecoinle, libraiie-editeui- ; Alex. Mesnier. 10 vol. in-8", dont S ont deja elc publies ; piix , 70 i'r. ET FOLITIQUES. 7)75 pill- relt'vatiuu ties idees, et eu lealile, demiee de bases so- lides. II a fait de I'lustoire ce qu'elle est; il y a vu un en- semble de tableaux, lies entre eux par renchainement des eveneinens ; ensemble qui trouve sa limite nalurelle, quand les consequences dii passe donnent ;'i I'avenir une direction nouvelle, et preparcnt ainsi un point dc repos a notre atten- tion ct a nos souvenirs. De 1789 a 1800, la revolution parut arrivee a son ternu; , apies avoir suivi dans son cours toutes les vicissitudes qu'y devaient apporter les passions et les interets des homines : un nouvel ordre de choses commenca en France avec le xix" siccle ; I'histoire ne fut plus, et pour long-tems, que celle d'un homnx^, et non d'une nation. M. Thiers a done pn legitime- xuent se bonier a peindre les deux premiers lustres, si feconds eu gloire et en malheurs. La division de son ouvrage, mo- dele« sur I'apparition des laits priucipaiix, les partage en cinq periodes bien marquees. La premiere epoque s'etend de I'aurore de la revolution an 10 aout 1792 ; la seconde commence avec la lutte qui s'e- leva au sein de la Convention nationale, des I'ouverture de sa session, ct que la catastroplie du 31 Janvier ne rendil que plus violente; elle comprend les consequences de cette lutte, et la chute des deputes, connus sous le nom de Girondins. Les dangers cioissans de la France, et les exces auxquels t^^e porleient, au nom de la liberie qu'ils deshonoraienl, des in- senses souvent stimules par- des traitres, pourraient sullire a la troisieme periode , si la dictature, que ces exces iorcerent alors la Convention de s'arroger, n'avait conserve la meme couleur et plus sanglante encore jusqu'au 9 thermidor. Cette journee, consequence de la Jiec^sslLe oii s'etail trouve le gouvernement de changer sa marche sans changer ses dor- trines, ouvre la qualrieme peinode. Aussitot, I'influence ine- Aitable du passe, iniprime a la revolution un mouvement contraire a ses principes, a ses interets et a ses ailections. La revolution avait f'ranclii et peidu de vue ses limites : le besoiu d'y rcnlrer devail lui laire parconrir eu sens inverse, un che- 5;t! SCIENCES MORALES mill iuissi j)cnil)le, an miiiL'u ties agilalioiis ct des nianx qui rt'iaplirt'iit la derniere anncc do la session conveiilioiinelle. La lepublique iiaissaiitc. piosperaiit d'aboid , mais loreeo, par la i'ail)lesse et riiiiperilie de ses chefs, a subir Ic 18 i'nie- tidof, el a j)Oiter ainsi, a sa eoiisliliitiou, uu coup irreme- diable; les consequences de ce coup d'Elat, la dissolution du {•onvernement republicain qui, pour tomber, n'attendait plus que les attaques d'une main puissante et accreditee, tel est le precis (le la cinqui^me periode. ISous u'essaierons point de presenter une analyse de I'ou- vrage de i\!. Thiers : ce serait, on le sent, repcter ce q>ii est grave dans les souvenirs de tons Ics Francais. Nous ne rap- pellerons point le jugement que nous avons porte sur son nieritc (1) ; les sulFrages du pM])lic , qui lui ont assigne un rang si distingue parmi les productions contemporaines , n'ont pas besoin d'etre conlirmes par notre faible opinion. Si nous rappelons le reproche d'une trop grande concision, qu'on a fait et qu'on fera peut-etre encore aux deux premiers volumes, ce ne sera que pour observer qu'il n'esl pas donne a tous les ecrivains de meriter un semblable reproche. Moins encore chercherons-nous a relever qnelques mots, quelques expressions fautives, taches imperceptibles dans une compo- sition de cette importance. Nouscroyons etre plus agreables all lectenr, et pent etre plus utiles, en lui soumettant les apercus que nous fournissent , sur les principales scenes que I'auteura retracees, nos meditations et nos souvenirs. Nous ne pouvons oublier, malgre un intervalle de qua- rante a«s, la surprise qn'excita, en France et en Europe, la revolution naissante, ni la maniere fautive dont elle fut d'abord jugee. Le jugement errone et I'etonnement etaient pourtant naturels : la revolution presentait des resullats si pen en proportion avec ses causes apparentes ! L'observateur le plus judicieux aurait difficilement prevu la force de son explosion et la precipitation de son cours. Cenx meme qui, (i) Vfiy. Hemic Enryclopcriiquc. I. XL, p. 47'>- ET POLITIQIJES. 377 alois, dans reffervescence de la jeunesse, en revaient Ics bien- faits pliittjt qn'ils ne les devinaient, ceux-la semblaient des insenses aux hommes d'un age miir, qui ne prcvoyaient pourtant qu'une paitie encore des maux qu'elle devait enl'an- ter, et qui ne supposaient pas que, sur un volcan en eruption, on put un jour fonder quelque chose de stable. Instrument turbulent, mais aveugle, de I'ambition des no- bles et des pretres sous les derniers Valois; instrument aveu- gle encore des passions factieuses et des Interets des princes, des nobles, et des parlemens, pendant la miuorite de Louis XIV, la masse de la nation contracta, sous le long regne de ce monarque, une habitude d'obeissance resignee, qu'aucune souffrance ne put lasser. Sous le regne moins inalheureux de Louis XV, on afficha une legerete, un dedain, je dirais pres- que un mepris de soi-meme, tel que, dans la littcrature con- tcmporaine, ce miroir lidele des opinions et des usages, la nation parut toujours divisee en deux classes : la moins eclai- ree, que Ton ne peignait qu'avec des habitudes grossieres ; la classe superieure, reunion d'enfans aimables, pleins de graces et d'esprit, mais dont la raison ne pouvait pas s'elever au-dessus de leurs amusemens. En vain la composition co- lossale de I'Encyclopedie, en vain les chefs-d'oeuvre qu'en- fanterent les hommes de genie du xviii' siecle, dementaient- i!s ce tableau trompeur : I'opinion de la frivolite francaise avail prcvalu chez I'eti'anger et dans notre patric : et deja la revolution avait jete des racines profondes, qu'on la regar- dait encore comme une mutinerie ephemere, a laquelle !e plus grand nombre devait bientot cesser de prendre interet, par insouciance, par degout, on parl'attrait de quelque autre nouveaute. Compare aux ressources inepuisables de la Fiance, le de- sordre des finances semblait insignifiant : comparaison aussi trouq)euse que celle que Ton faisait sous les gouvernemens qui se sont succedes depuis, quand on concluait leur chute prochaine de ce qu'ils ctaieut beaucoup plus oberes qu'en 1 78S; les circonstances essentielles u'etaient pas les memes. :^yB, SCIENCES MORALKS I". On jugcaiiret.il lies cliO!>es, cii i7tS8, irapirsl'appaifiic*- exit rifure : d«'S causes puissaiiles, aj^issaul a I'inh rieiir el (lepuis loiif'-leiii*, avaienl alois niodilie resjnil et U: caraclero (le la ualion, et brise d'avaiue, dans Ics mains du gonver- neuient, les ressorts qu'il aurait pn s'tUoiccr dc niellre en fon. Les manx enlanles par la revocation de I'edit de Nantes, cl la pesanteur des charges iinposees par les profusions de Louis XIV a la fin du dix-septieme siecle, et aggravecs par les desastresde la guerre dela succession, avaient depouille le pouvoir absolu de ce prestige qui, au delaut de I'aniour, Ini concilie le respect des peuples : on ne I'adorail plus; on le liaissait. La corruption effrenee de laregence, (juoique par- lagee par la masse de la nation, ajoula, a cessenliniens, unt; nuance de niepris ; el la deception, qui caclia une hantpieronle et la ruine d'un grand noinbre de families, sous I'attrait nien- songer du systeme de Law, ne fit qu'accroilre les dispositioJi> defavorables. Le tems, neanmoins, en aurait peut-«tre eflace I'impression , si le scaudaledes dernieres annees de Louis W ne I'efit renouvelee, et d'autant plus profondenient que dejii les ma>.urs avaient pris, dans la socic'lc, plus de rcgularite el de decen('e,et que Von seulait mieux le prix des liens de fa- mille et des vertus qui en consacrent et en conservent les hcu- leux elfets. 2°. L'esprit de discussion s'etait propage presque univer sellement , grace au persecutions religieuses dont quiconquo savait lire pouvait juger les prelextes et les causes ; et grric*- aux contestations elevees entre le trone et les cours souve- raines. En soumcttant a I'arbitrage dn parlcnient de Paris ses droits a une regence que lui disputaient les balards du roi . le due d'Orleans avail redornie, a tons les parleuiens dn royannie, plus de pouvoir reel qn'ils n'en avaient perdu sons Jlichclicn et sous Lonis XIV. Lcur liittc, freqnemmenl rcnon velee, contrc le pouvoir royal, exercait les esprits, autani qu'cUe reiunait les passions. On lisait, on examinait, on com- parait le passe au present, et lesidees rorues aux inspirations ET POLITIQIjES. 379 ilu bun sens : eii uu iiiot, ropiuion publiqiie uvuit commence a prendre une direction raisonnee. L'opinionn'est pas, comme on le repete souvent, une puissance nouvelle, creee par le ])rogres de I'instruction. EUe existe partout, aveugle ouedai- ree, et partout elle snpplee a la force physique, que I'auto- iite ne peut que rarcment posseder contre les sujets. Dans un pays voisin du notre, I'opinion fanatique veut un roi ab- solu, a condition qu'il sera I'esclave des pretres, et que ses partisans auront le droit de vexer impunement ceux qu'il leur plait de designer comme ses adversaires. Chez un peu- ple religieux, I'opinion fait du monarque le vicaire de Dieu : mais , malgre ce titre venere , le khalife tombe sous le fer d'un assassin ou d'un vainqueur ; et son successeur se forti- fie, a son tour, de la meme opinion, au milieu de sujets re- signes a la volonte divine, et ([ui la voient s'accomplir, ne- • essaire et inexorable, dans tous les evenemcns publics ou particuliers. Dans un pays constitutionnel, I'opinion est, A la fois, le plus sfir guide et le plus ferme appui du gouvcrne- ment qui sait la consulter : elle identifle a la conservation de I'autorite le salut de la patrie, salut auquel elle enseigne a tout immoler. Telle n'etait point encore son influence, au sein de notre pays : mais on eprouvait le besoin des reformes, on les desirait pour le bien des sujets et la surete de la cou- ronne; on apercevait les fautes oOi tombait inevitablement le gouvernement, lorsque ses premiers agens superieurs etaient detournes du soin des interets publics, par la necessite per- inanente de defendre leur existence contre des intrigues de LOur; on entrevoyait le mieux comme possible; mais oiv sentait, en meme tems, combi^n on avait pen de motifs pour esperer qu'il se realisat prochainement. 5°. Les impots avaient atteint leur taux le plus eleve. Celte assertion peut sembler absurde, si Ton songe aux charges que supporte aujourd'hui la France. Mais, d'une part,ces char- ges nc pourraient plus se prolongcr long-tems, sans que leur exces alterat gravement la prosperite, et compromit peu(- Strc la surete publique ; d'une autre pari, la production etait 38o SC1E^CES MORALES heaucoiip inoindrc, lorsquc I'iiidustric languissait, eiilra\ee par !e regime ahsiirdc des roglcmcns, dcs maitrises ct des jurandcii, et ragriciilltire, deprimee par la I'eodalite, la dime, Gt rabsenoe presque totale do petitos pruprietes. Lc clerge, d'ailleiirs, et la noblesse iie payaient aucun impol direct, tpielque vasles que iussent leur possession. La difliculte de les y soumettre fut prouvee, pour la noblesse, par le rei'us que faisalent encore ses membres d'y consentir, alors que la revolution eclatait de toutes parts autour d'eux. Quant au clerge, le ministre Machault tenia, sous Louis XV, de le faire contribuer aux charges de I'Etat; il se vit immediatemcnt force d'abandonnor son entreprise; el lorsque Louis XVI, a son a\'eiiement au Irone, dans la vertiieuse inquietude que Ini inspirait le sentiment dc son inexperience , voulnt s'ap- puyer des (;onseils de Machault, les rnemes intrigues de- tournerent son choix de ce^ministre habile, et le fixerent sur le t'rivole et insouciant Maurepas. Le faix entier des impots directs retombait done sur la dasse plebeienne qui , payant encore la dime au pretre, les droits feodaux au seigneur, et les corvees a I'Etat, etait dans I'impuissance de se courber sous de nouvellcs charges. 4°. La suppression des parlemens, operce en 1771, etait , en nn sens, faA'orable aux sniots,puisqu'cllc rapprochait la justice dcs justiciable? : ces corps, dont la resistance aux execs dc I'tui- torite royale n'avait jamais pour principe que leur interct par- ticulier, et cedait bientot aux concessions qu'ils arrachaient en faveur de leurs chefs, ces corps auraient done pu ne point iaisser de grands regrets i la nation : leur chute serait en menie tems devenue profitable a la couronne, sous un mo- narquc sage, econome, dont le caracterc et la conduite pas- see auraient inspire le respect et la craintc : mais elle ne ser- vit qu'a faciliter ime banqueroute scandaleuse et des profu- sions plus scandaleuses encore. Ellc inspira une horreur ge- nerale : le premier pas d'un roi bien iutentionne, comme ce- lui d'un ministre avide dc popnlarite, dut etre de revcnir sur ccttc uiesure politique, si impolitiquement executee. Subju^ ET POLTTIQUES. r>8i giier les resistances ,ellesproduisiientlenrefretnalurel:rh()mme, que la peur nc constcrne pas, est porle a pieyenir, en fiap- pant le premier, Ics coups diriges conlre lui. Cettc disposition existait da.is les esprits, a la fin de 1791. A rintericur. la conslitution civile du derge etait devenue la source d'un schisme. Lespretres qui refusaient de lui obeir, ralliaient a leur inter^t, tous les interets froisses par la revo- lution. Dejameme, grace a leurs instigations, des troubles violens avaient eclate dans cetle partie de la France qui , un an plus tard, devait devenir, et pour long-tems, le theatre d'une afFreuse guerre civile. L'inquictude publique reclamait des mesnres repressives ; TAssemblee nationale voulait en faire I'objet d'une loi : mais ses efforts echouaient contre les scrupules du monarque, pieiisement inebranlable dans ses refus de sanction. Des artisans de troubles, la defiance popu- laire s'etendit jusqu'au roi; elle I'accusait de les seconder dans leurs desseins seditieux, lorsqu'il ne voulait que les soustrau'e a la persecution. Cependant, les princes de TEurope, d'abord spectateurs indifferens d'un mouvement dont iis n'appreciaient point I'im- portance, avaient ensuile deeouvert, dans notre revolution, une occasion favorable de piller et de (Jemembrer la Fiance, sous le pretexle specieux d'j retablir I'ordre et de fernierl'en- tree de leurs propres pays aux principes revolutionnaires. Des negociations multipliees avaient eu lieu; des armemens for- liodique, diiigee contre la cause nationale, et qui I'aurait renclue ridi- cule, si le ridicule pouvait atteindre la cause de tout un peuple. J'y ai vu une giavuie oii etait parodiee la table des GrenouUles qui dcmandcnl un roi : Xt'SoUvcau se terminait par une figure tres-ressemblante de Louis XVI ; et une insolence si coupable ne passait que pour une gen- lillesse dans Jes salons de raristocratie. ET POLITIQUES. .'91 midables se preparaient; le but des uues et des autres n'etail (;ache qu'a I'homme qui feruiait volontaireuient les yeux; et le nom du roi de France, la necessite de lui rendre le pou- voir absolu dont avaient joui ses ancetres, etaieiit mis publi- quement en avant par les princes qui se preparaient a envahir la France, et Louis XVI ne semblail pas s'occuper assez se- rieusement de les detourner de celte enlreprise. L'eniigratiou mit le comble a la uiefiance et a I'irritation generales. Des les premiers tems de la revolution, quelques personnes avaient cherche , au dehors , un asile contre les dangers dont elles se croyaient menacees, et leur eloignement n'avait excite aucune reclamation. Mais, en 1791, I'emigra- tion prit le caractere d'une mesure concertee, et dont on avouait hautement le but. On allait se reunir aux armees etrangeres, pour envahir la France, punir tous les hommes qui avaient travaille a la rendre libre , et faire peser sur le peuple un joug dix i'ois plus dur que ceiui dont il tentait de s'affranchir. Les etnigrans laissaient, pour adieux, a leurs compatriotes, des menaces terribles et dont I'execution devait etre immediate : nous avons deja dit quel effet produit la me- nace, quand elle n'a pas le pouvoir d'abattre la force en gla- cant le courage. Mais a ce resultat moral, se joignirenl des consequences politiques encore plus defavorables a la cause de Louis XVL L'cmigration livra I'armee a la revolution, en eloignant les officiers noi)les qui y conservaient de I'ascen- dant ; elle transporta au soldat le droit de choisir ses chefs et de les prendre dans ses rangs , moyen sCir de creer en France des armees invincibles : c'est ce que ne soupConnerent pas les nobles, convaincus que I'art militaire etait le patrimoine ex- clusif de leur caste, et ne voyant, dans le soldat, qu'un ins- trument aussi passif que I'arnie qu'il manie. Mais comment n'avaient-ils point senti que ^'eloigner du roi, c'etait le lais- ser seul et desarme, au milieu de lant de dangers et de haines; c'etait donner de la vraisemblance et de la consistance a I'ac- cusation deja elevec contre eux, de ne s'occuper que de l«urs interets, au moment meme ou ils professaient un zcle »i 392 SCIENCES MORALES anient pour la defense dn moiiarque ? La derniere roiise- quoiice de I'eililgration, etla plus desastrense, Tut de fournir un argument plausible aux plus vrolens revoUuionnaircs : chercliait-6u i defendre la rio du Vol; demantlaft-on la repres- sion des Iroidilcs, la punitiou des exces? Vous tenez, repon- daieat ces homnies avec empoitcmcnt, vou'; tenez le menic laugage que les nobles <[ui sont alles se joindre a I'etranger pour reporter le fer et la flanime an sein de la patrie ; vous etes done leurs complices ! Et cettc conclusion effrayanle pre- nait plus d'apparence, a mesiire que les dangers communs devenaient plus menacans : dans Ifes troubles civiJs, tout ce que I'ennemi semble protegw finit naturellement par etre proscrit. La turreur de ijqS et 1794 fut la consequence ine- \ilable de reinigration : I'une n'eut point existe sans I'autre. En voila assez pour expliquer le progrcs des evenemens dans les six premiers mois de 1792; niais, il faut observer encore que Louis X.Y\, qui, jusqu'a I'epoque 011 la guerre eclata, ayait toujours fait trop au gre du parti aristocratique, et trop pen au gre de I'autre parti, essaya alors, et successi- veraent, de se rapproclier des divcrses fractions qui deja se prononcaient dans les rangs des patriotes. Politique malheu- reuselNe se fixant a aucune de ces fractions, chacune crut avoir recu de lui des promesses et etre en droit de se plain- dre qu'il n'y elait pas fldele. TusulTisans pour lui procurer de nouveaux appuis, ses demarches et ses sacrifices n'aboulirent qu'a aigrir les hainc^et ;i envcnimcr les reproches eleves con- tre lui. Le souleveiiient du 20 juin 1795 pent etre regarde comme la declaration de guerre d'un parti qui ne croyait plus a la possibilite que legouvernementconslitutionnel subsistat avec le chef qui etail cense en tenir les rOnes. De part et d'autre ; il devenait desormais impossible de retrograder. Telle ne fut point ccpendant I'opinion d'un homme donl Tautorite devaitj^a bon droit ,' Trapper tons les hommes cons- cieiicieux et eclair' s. d'un homme qui, accuse, dcpuis le com- jnencement de la revolution, de Vouloir, en France, etablir ET POLITIQUES. SgS une lepublique, avail, saus relache , souteiui le tioiie cons- titutionnel et defendu la coiir conlre les furems populaires et centre les conse(|iiences dcs faules qu'elle ne cessait de com- mettre. Le general Lafayette^ pour rendre aux lois la force, et a I'aiitorile le respect qui s'en efaiciit eloignes, adressa a I'Asseniblee nationale une lettre, deveuue duslors un monu- ment historique. Et bientot, quittant monientanement son armee, il parut iui-meuie au sein de la legislature. La cour ne lui sut aucun gre de cet acte de devoQuient; les patriotes exaltes liii en firent un crime; r!;istoire impartiale le signa- lera, jecrois, comme vme erreur grave. Elie prit sans doute sa source dans un [latriotismepuret un attachement religieux a ses sermens; mais ce I'ut une erreur. Non-seulcment sa let- tre et sonarrivee a Paris etaient a la lois trop marquantes et trop peu susceptiblcs de devenir efficaces ; il n'est permis de sortiry comme il le fltalors, de I'ordre etabli , qu'autant qu'une chance presque cerlaine de sncces absout I'irregula- rite, et cette chance n'existait pas; mais, de plus, quel pou- vait etre ce succcs ? Retablir la paix publique, en reduisant a I'impuissance des hommes , pour la plupart , moins factieux qu'enthousiastes, voila ce que se proposait le general La- fayette : et qaand il y serait parvenu, comment aurait-il em- peche que la cour ne s'emparat de son ouvrage et ne s'en servit contre le pays et contre lui-meme ? Lui, qui avait vu cette cour de si pres depuis trois annces, devait-il se proniet- tre quelque chose dc la moderation qu'il lui conseiilait , de la confiance uu'il voulait lui inspirer? L'hommc d'Etatpou- vait-il ignorer que, dans la lutte des partis, il ne se remporte guere de victoire que la force des choses ne fasse bientot pousser a Fextreme ; etqu'ainsi, avec les nieilleures inten- tions, (jm risque de servir, dans Icurs passions furii-uses, les hommes qu'on ne voulait que defendre et sauver ? Le grand citoyen ne voyait-il pas enfin qu'en es>ayant. dans une con- ioiiclure si douteuse, son ascendant sur la population de la capi4;de, ii mellait au hasard son influence future sm- les eve- nemtus. dans une occasion que Teclal de sa gloirc, le poids 594 SCIENCES MORALES ET POLITIQLES. de ses services, le pouvoir cle sa position a la tete d'une ar- mce pounaient reiidre decisive? jNe cherchons point, dans un courant rapide, la fleur du lys-d'"eaii eclataiite de blan- cheur; nidans le torrent d'une revolution, rhomine qui n'a jamais commis aiicune faute L'iiuitilile des efforts tentes par le i'ondateur de la garde natiotiale parisienne rcdotdda I'audace des adversaires du trone, et consteriia les defenseurs sinceres de la constitution. Je ne dirai point qu'elle liata la journee du lo aout. Cette. ca- tastrophe , qui frappa les uns de terreur et enivra les autres d'esperance, ne I'ut qu'uue consequence rigoureuse de tout ce qui s'etait fait jusque-lil. Le succes des armes pouvait varier, et s'il eCit ete \lifferent, amener une differente serie d'evenemens ; mais , dans tons les cas, le regne constitution- nel de Louis XVI etait devenu impossible ; la constitution de i^gi n'ayant re(;u, de la pratique, ancune force, aucun per- feclionnenient, devait cesser d'exister ; elle n'avait presque existe que de noni. [La suite d un procliain ca/iier), Eusi'be Salverte. LITTERATURE. L'Enfer de Dante Alighieri, traduit en francais , par M. le chev. A.-F. Artaiid, ancien charge d'aflaires de France a Florence, a Vienne et a Rome. Deuxieme edition (i). Les grands poetes qui ont signale la naissance des diverses litleratures, bien que tres-differens par le genre de leurs pro- ductions, oflVent, dans leur maniere de concevoir et d'ecrire, des resseml)lanccs remarquables. Si Ton compare entre eux Lucrece , Dante, Shakespeare, Corneille , on est I'rappe de leurs nomljreux rapports. Lne composition hardie, mais ir- reguliere , une touche vive et heurtee , une habitude de trans- porter dans la poesie les formes du raisonnement , un style souvent energique et sublime , mais quelquefois subtil et obscur, quelquefois meme diffus ou trivial, je ne sais quo! dans le vers de musculeux et de decharne, tels sont les ca- racteres generaux de leurs ouviages. A tout moment, une heureuse inspiration saisit le poete. Son premier elan est plein de vigueur et de grace; mais bientot la fatigue le gagne, et il achcve souvent, dans le langage de la prose, ce dont la plus haute poesie avait marque le debut. On voit qu'il ignore cet artifice, enseigne par Boileau a Racine, de commencer la periode poetique par la fin, et de menager, dans les effets, une gradation continue. Mais quelle heureuse compensation dans cette naivete du genie qui , domine par I'inspiration , se revele sans I'intermediaire de I'art ! Plus tard, k mesure que I'art fait des progres, le public, devenu diflicile sur les defauts. (i) Paris, 1828; Firniin Didol. o vol. in :<4> tl'environ 260 pages; prix^ 9 ii . 596 LITTlillATDllE. jiige quelquetois avec rigueur ces eciivaiiis piimitifs. Lunrece, Dante , Shakespeare, ont vu des generations enlieres negli- ger lenrs chels-d'oeuvre, et passer silencieuses devanl leun* tombeaux. Si iiolre Corneille n'cprouva jamais cet ain-onl, c'est que la grande epreiive du theatre I'a toujoiirs venge des exigences du lecteur. Shakespeare^ plus poelique que Cor- neille, mais bien iiioins dramatique, quoi qu'on veuille dire, n'a pas toujours triomplie de cette epreuve. Enfin, uii terns arrive ou la purete des formes I'aligiie im public blase. Le beau senible desormais trop vieux poiii' pou- voir plaire sans melange; il a, pour ainsi dire, bcsoin de cor- rectit's et d'assaisonuemens. Alors, de tons cotes, on reprend, on admire, on rehabilile ces antiques modele^ Irop long- tems dedaignes. On est surpris Eh! quoi? le tra- ducteur ignore-t-il que, dans lesnonis qui ont en latin le no- LITTERATURE. 399 minatif en 0 et I'ablatif en one, le poete italien a presque tou- jours le choix entre les deux desinences ? Ainsi , Giuno et Giunone, Dido et Didone, Scipio et Scipiane, etc. , se disent egalement. Est-ce encore de Plutus que le Tasse a voulu par- ier dans ccs vers : Clie di lante alnie il solito tiibuto Ne manchi, e in voto regno albeighi Pluto? Nous renvoyons le traducteur a ce vers du meme passage ( Jerus. del. , ch. IV ) : Siede Pluton nel mezzo, etc. An neuvieme chant, ce vers que le Dante met dans la bouche des furies : Mai non vengianirao in Teseo I'assalto , est rendu ainsi par M. Artaud : « Nous n'avons pas tire iine vengeance assez terrible de Tliesee , qui a eu I'audace de violer I'entree de I'abime. » II signifie au contraire : « Nous avons assez bien puni Thesee d'avoir ose nous attaquer. » C'est une allusion a la morl tragique d'Hippolyte. Au douzieme chant, le poete compare le minotaure en fu- reur a ....Quel toro che si slaccia in qnella Ch' ha ricevuto gia' 1 colpo nioilale , Che gir non sa , nia , qua e le sallella. c'est-a-dire, au taureau qui se detache au moment oi\ il a deja recu le coup mortel, et quibondit ca et la , sans pouvoir mar- cher. M. Artaud traduit : « Le minotaure s'agita, sembiable au taureau dont le corps jlechit du cote ou il a recu le coup mor- tel, et qui chanccUe sur scs pieds defaillans. » Jamais slac- ciarsi n'a signifie flec/iir. Au qnatorzieme chant, ie Dante, deja avance dans son voyage infernal, s'etonne de voir, pour la premiere fois, un fleuve qui descend de la terre. Virgile lui donne cette expli- cation que je transcris, mot a mot, d'apres le texte : « Tu sais que ce lieu est rond ; et , been qu'en descendant vers le fond 406 LITTElWTliRK. iu (lies pris beaucoup d gauche , lu n'as pas encore fail tout le tour du cenle. » Rieii de plus clair et de plus bimple. Void mainlcnaiit la version de M. Artaud : «Tu sais que ce royaume est d'unc rorinc arrondie ; qiioique in aies pcneire bien arant, iu as toiijours marclie vers la gaiic'ie, pour eviter de tomber dans le plus pro fond de I'a.himc, et tu n'es pas encore arrive au point place sous celui ot'i tu as commence a descendre. » Au quinzieme chant. Brunette Latini dit au Dante : E s' io noa I'ossi si per tempo morto , Veggentlo il cielo a le cosi benigno , Dalo r avrei all' opera coiiforlo. « Et si je n'etais mort si tot, voyant le ciel si propice pour toi, je I'aurais cncouraj^^e dans les cutrcprises. » M. Artaud traduit ces mots : si per tempo moj'/o, par ceux-ci : mort pour I'eternitc ; ce qui-va sans dire. Per tempo signiSe ici, comme a I'ordinaire : dc bonne lieure, avant le terns. Au dix-seplieme chant, le Dante dit, en parlant de Virgile : Vergogaa mi fer le sue minacce Che irmaiizi a buoii sijjnor la servo forle. « Ses menaces me causerent cetle honte qui rend le serviteur courageux en presence d'un bon maitre. >/ Ce sens remark quable disparait dans la version que voici : « Les menaces que je craignais d'enlendre de la bouche de Virgile penetrerent mon ame de cette confusion que les rcproches d'un bon maitre font cprouver a un serviteur fidele. » Voici (chant vingl-sixieme) une comparaison charmante : Quanle il villan ch' al poggio siriposa, Nel tempo che colui clie' I mondo scliiara La faccia sua a noi lien meno ascosa, Come la mosca cede alia zanzara, Vede lucciole giii per la vallea, Forse cola dove vendtmmia ed ara ; Di lanle liainme tulta risplendea L' ottava bolgia, elc. M. Artaud traduit ainsi ce morceau : « De meme que, dans le foiM's (](' la sai.-^on brulotttc oi'i i'asire qui eclaire le moiidc LITTER ATU RE. 4oi developpe plus long-tems sa robe cclatante et pourpree , le villa- geois qui sc ilelasse sur la colliuc, ;'i I'heure oil les insecics dcvorans reniplacent ia mouclie que le repos invite an silence, voit, autour de ses moissons et de ses vignes, Ics vers luisana rampcr dans le vallon , de mcnie, etc. » Toutes les expressions que j'ai soulignees sonl ajontees au texte, aux depeus, si je lie me trompe, de la graee et de la naivete de ce tableau champetre. Sans doute, 11 est facheux de n'avoir rien de mieux pour traduire ce mot si joli et si imitatif : zanzara , que notre mot cousin; j'aime pourtant encore mieux les cousins que les insectes dcvorans, periphrase eniginatique. IMais les lucciole ne sont pas du tout les vers luisans ; ccs derniers se- raient saiis effetdans uu paysage nocturne. La lucclo la, con\u\G ic traducteur ne peut I'ignorer, puisqu'il a demeure long- tems en Italic , est une sorte de niouclie luisante qui, chaque Ibis qu'elle dcploie ses ailes , produit un petit eclair. Get in- secte, extremoment multiplie dans laToscane et dans le midi de la peninsule, doune aux campagnes, pendant les soirees d'ete , I'aspect le plus singulier et le plus fantastique ; on croi- rait voir un ciel tout parseme d'etoiles volantes. C'est la le tableau qu'il iailait reproduire. Dans le menie chant, lllysse, racontaut ses voyages, rap- porte ainsi le discours qu'il a adresse a ses conipagnons : O frati , diss! , che per ceiilo niilia Peiigli biele giunii all' occidentc , A questa tanto picciula vigilia De' vostri sensi, ch'e del rimanente, Non vogliate negar 1' espcrienza, Diretio al sol, del niondo scnza geiite. Voici la version de M. Arlaud : « O mes compagnons, dis-jo alors , qui etes arrives dans les mers d'Occideni , aprcs avoir brave tant de dangers, et (jui n'avez coimue moi que pen de, temps a survivre, ne vous refusez pas, en marcHant centre le cours du soldi, la noble satisl'action de voir riiemisphcre privu d'habitans. " Ce passage remarquable prouve que, dus I'cpoque du Dante, on croyait a I'exislPure du INonveau-Monde, mais T. xi.ii. MAI I B'.iy. 2G 4oa LITTERATURE. ♦ju'on le supposail inhabite. Le lecteur s'est deja apercu qur «es mots : c en uiarchant tontre le cours dii soleil" sonl coii- Irairesaii sens dii texic. Direfro al sol, dit le poete; c'esl-a- dire, derricrc le soldi , ensukant le soleil. S'il pouvait y avoir quelque doute la-dessus, il serait dissipe par ce vers : E volta nostra poppa nel luatlino. Ayant tourne notie poape vers le matin. A la fin du trente-quatrieme chant, le Dante a traverse I'en- IVr. Virgile lui fait connaitre le point du globe oii il se Ironve : Til hai li piedi in su ]>icniola spera Che r altra I'accia fa della giui^ecca. Qui e da man quando di la e sera. C'est-a-dire : « Tn as Ics pieds .-iiir un petit cercle qni, stir rhemisphere oppose, conespond a la Judte. Ici c'est le malin, lorsqiie la c'est le soir. » J'ignore conmient le tradiicteur a pii tronver dans ce passage si clair la version suivante : «Tu as les pieds sur le cercle qui est oppose an cercle de Judas. Ici le soleil nouseclaire, parce qu'il est cache sous nos pieds. » En voiliassez, je pense, pour prouver que M. Artaudn'a pas toujours bien coinpris son autcur. L'inexactitude du tra- ducteiir consistc sonvent, ainsi qu'on I'a deja vu , dans les pe- riphrases qu'il substitue aux mots propres employes par Dante. Ainsi, la rita serena devientchcz lui «la vie ou Tondevraitcon- ler des jours si fortunes; » la vita bella est « la vie oii Ton ne connait pas les tourniens qui nedoivent plus finir;" ammcn est rendu par « le vceu touchant qui teruiine la priere ; « tamburo par«cet instrument bruyant qui excite nos guerriers. » Ce vers si simple et si pittoresque : Quiviera men che notte e men clie giorno, auquel Lafontaiue pensait sans doute lorsqu'il fit cclui-ci : Lorsque n'etant plus nuit il n'est pas encor jour, est traduit par ces deux phrases : « La le jour n'avait pas tout-a-fait disparu ; la nuit n'avaitpas deploye ses voiles.)) Mais voici un passage qui fait bien ressortir cette infidelite habi- tuelle dn traducteur. LII I'EUATIT.E. 4o5 («ia eiavani dalla selva ihnossi I'anto ch' io non avici visto dov' era Pi'ich' io indieti'o rivolto mi fossi , Qiiando incontianinio d' anime una schipra, Che venia liingo I'argine, e ciascnna Ci rigiiaidava, come suol da seia Guardar I'un I'allro sutto nuova lnna, E si ver noi agiizzavan li; ciglia Gome veccliio saitor fa nella cruna. Je donnerai d'abord la traduction litlerale de ce passage : «Nous etions deja si loin de la foret que je n'aurais pu voir oii elle etait, lors meme que je me serais retourne en arriere, quand nous rencontramos iinc troupe d'ames qui venait le Ion" dela digue. Chacunc d'elles nous regardait, conime on a cou- tume de se regarder les uns les aulres, Ic soirsous la lune nou- velle , et elles aiguisaient leurs yeux vers nous , coninie un vieux tailleur vers Ic trou de son aiguille. » Yoici maintcuant la version de M. Artaud : « Nous etions eloignes de la foret que je n'aurais pu revoir du point quej'occapais alors, d moins que je n'eassere garde en arriere, et nous rencontrames une foule d'ames qui marchaient a nous, en cotoyant le fleuve ; elles nous regar- daient, ainsi qu'on regarde, !e soir, les objets pea eclaircs, baissant lenrspaupieres, qui secontractaient commecellesde CouvrierajTaibti par I' age , sous les doigts duqucl le fil tremblant , qui ra coudre unvetement , refuse de s'unir d I' aiguille. » Je n'ai pas besoin de faire remarquer cette idee un pen simple, pretee au poele : d moins que je n'easse regarde en arriere. A coup sur , lorscju'on vient de passer un objet, il ne faut pas etre bien loin pour qu'on ne puisse le voir sans se retourner. Mais, que devient cette peinlure des habitans des villes se regardant attentive- ment I'un I'autre , lorsqu'ils se rencontrent le soir sous la lune nouvelle, trait de nioeurs qui nous rappelle si bien qu'au moyen age les rues n'etaient pas eclairees? Et que dire del'in- terminable periphrase qui remplace cette compuraison un peu triviale peut-etre, mais vive et pittoresque : Come Terchio sartnr fa nella ciuna ? 404 LTTTERATUUl': Uien n'csl plus oppose au genie dii DaiUe; et c'esl siirloiil ce genie que le lootcur franeais vent retroiiver dans la tra- iliirlion. L'inexnctitndc, chcz M. Arlaud, consistc encore a effarer ( ertainos images. Au lieu de : Farfarcllo die stralunava gii ocelli pcrfcrire, il dira : "Failarello, qui paraissait se dLy)ofrr A frapper sa victime. » L/i crentitra cli' ebl)e il bcl scmbiante devicnt « la creature autrefois la phis parfaitc de toutes. « // vcrmo reo che'l inondo fora , est rendu par « le serpent qui occiipe la cavite placee au milieu du monde. » // punto al qual si traggon d'ogni parte i pesi, par «le point qui est le centre He grarite. » II me serait facile de multiplier ces remarques; mais il est terns dc poser des homes a cet article, que le leeteur trouve sans doute deja Irop long. Je dois, d'ailleurs, pouretre com- pletcmeiil juste envers le Iraducteur, citcr quelqiies nior- ccaux plus etendus, qui permettent d'apprecicr dans leiir eii- sevuhlc son style ct sa maniere.Tout le monde connait I'episodf de Francoise de Rimini; en voici le debut : « O poete , di.— je a mon maitre , je parlerais avec plaisir a ces deux ombres qui volont ensemble ct qui s'abandonnenl au vent dans leur course legere. ■ — Attends, reprit-il, qu'ellcs soient arrivees plus prcs de toi el pric-les, au nom de I'amour <[ui les tient encore unies, de s'aneter un moment. Elles vicndront a nous. Lorsque le vent les dirigca de notre cote, j'elevai la voix et je parlai ainsi : O uiues infortunees, ve- pez vous entrctcnir avec nous, si aucun olistacle ne s'3^ op- pose. Tellcs que des colombes appelces a leur uid, objet de leurtendrc affection, sillonnent Fair d'un vol lapide, les deux ames, pour repondre a moli invitation touchante, quittent la foule oii se trouvait Didon et accourent a nous a travels la tempete. » Ce passage et tout le reste du morceau reproduisent assei beurcnseiTient la grace melancoliquc du texte ; mais, pour- q«oi, dans la comparaison avec les colombes, avoir neglige ■res trails charmans : Dal disio cldamate , appelces par le dc- LITTER ATURE. 4o:> ^il•,t•on I'ali aperteefenne, avec des ailesouvertesetimmobiles, dal voter portate, portees par la volonto?... Voici encore line comparaison celebre : «De uieme que, pendant la saison des frimas, dans I'arsenal des Yenitiens, on voit boiiillir la poix tenace, destinec a radouber les batimens endommages qui ne pcuvent etre confios u la mer; ici Ton repare a neuf un navire; la on introduit I'etoupe goudron- nee dans les flancs entr'ouverts dii vaisseau qui a sillonnc long-lems les pLiines de I'Ocean ; I'un faconne les rames . I'aiitre arrondit en cables le chanvre obeissant; ceux-ci dres- sent la misaine; ceux-ia elevent I'artinion; de la poupe a la proue , les coups de la hache et les oris de la scie retentissent : de meme bouiflait, non par I'efl'et de la flamme, uiais par I'ordre de la divine justice, un bitume epais qui foruiait, dans toute I'etendue de la vallee, un fleuve d'une liqueur vis- queuse. » La vigiieur et le moiivement du tableau original ont ele heureusemenl saisis par le traducteur; on pent menie le louer ici d'un certain courage a employer le mot propre. Toutelbis, sous ce dernier rapport , il n'est pas encore irreprochable. D'abord, on ne trouve dans le texte ni les coups de la hache, ni les cris de la scie ; et, en effet, ce ne sont point la les bruits qui domincnt dans un arsenal, aupres d'un vaisseau qu'on radoube; c'estcelui du maiUet,(\m sort acalfater lesbordages; bruit que le Dante exprime pari'aitement par ce vers : Chi ribalie da proda e clii da poppa. C'est encore une expression sans verite que la saison de>i frimas, lorsqu'il s'agit de Venise; I'inverno, dit plus siniple- ment et mieuxle poete. Enfin, pourquoi le vaisseau qui a sil- lonnelovg-iems ics plaines de l' Ocean est-il substitue an vaisseau qui a fail de nombreax voyages, die pi u viaggi fece? L'Ocean est iciassez nialheureusenient place. Quand I'Occan fut frequente. Venise vit bienlot son arsenal reduit au silence. Ces observations, peut-etre ininutieuses, ne sont pourtant l)a5 sans importance. L'exactitude . la propriete et la precision 4o6 LITTERATURE. sont les qualites habituelles du style de tous les grands poetes. Le vague, les u pen pres, les exagerations , les periphrases, caracteriscnt dans tous les terns la mediocrite. L'li traducteur s'expose beaucoup , lorsqu'eu reproduisant ra?iivred'unhommede genie, ils'ecarte sansnecessite destours employes par son modelc. Le premier merite d'une traduction en prose est d'etre exacte, et, autant que possible, litlerale. Je ne vois a cette regie que deux motifs d'exception : la necessite d'etre toujours clair et le respect pour la decence. Hors de la, le traducteur doit mouler sa phrase sur celle du texte, rendant par des mots simples ce que I'auleur original a ex- prime simplement, ne sc permettant les ornemens, les figu- res, les periphrases que d'apres son exemple, et n'ayaot garde d'eviter comme im dcfout certain air d'etrangete qui nous rappelle le siede et la patrie du poete. Je ne doute pas que M. Artaud ne se soit livre a de doctes et penibles etudes pour trouver des equivalens de toutes sorles aux expressions sans nombre qui dans le Dante lui out paru ou trop simples, ou trop crues, ou trop figurees. Eh! bien, qu'il lasse un effort de plus; que, revoyant sa traduction d'un ceil severe, il mette a contribution toutes les ressources actuelles de notrc langue pour se rapprocher du sens, du tour et des mots du texte, dans les nombreux passages oik il s'en est eloigne; et, quel- «|ue estimable que soit deja son ouvrage, quelques eloges qu'il ait obtenus, qu'il se persuade bien que ce deniier effort est necessaire pour que Dante ne reclame pas parmi nous uu nou- vel interprete. CnAVVET. VX^VVXMiVVWWWWWX'MVX WXIVWVWV WXIVWVWWXlWVWMWVWVWWW III. BULLETIN BlBLlOGRAPIIlQUb:. LITRES ETRANGERS (i). AMtRIQL'E SEPTEJ\'Tmo:^ALE. liTATS-LNIS. 82. — M. Burke's speech to itie electors of Bristol. — Dis- coiirs de M. Burke aux elerteiirs de Bristol , loisque les she- riffs le derlarercnt elu par ccttc ville en qiialite d'un de se» rcpresentans au pailement anglais, le 3 novembre 1774 j faisant partie des OEiivres dc Burke. Reimprinie en Amc- riqiie. Boston, 1828. Un depute peut-il, doit-il recevoir les instructions de ses conimettans et subordonner son opinion a la Icur? telle est la question qui a donne lieu a la reimpression du Discours de Burke, en Amerique, 011 elle se discute avec d'autant plus de vivacite en ce moment que sur plusieurs points les interets des divers Elats semlilent se contrarier. La nature du sol, les differences de dimat, de situation, creent une t'oule de locali- les qu'il faut connaitre et apprecier avant de les soumettre a une loi generale. Burke, pour qui la question se compliquait uioins, la resout negativement : « le bonheur ct la gloire d'un representant doivent etre, dit-il, de vivre dans la plus t'troite union , dans les relations les plus franches et les plus jntimes avec ses commettans. Leurs desirs doivent avoir un grand poids pres de lui. Leurs opinions out droit a tout son respect ; leurs affaires , a son zele inl'afigable. 11 est de son devoir de leur sacrifier son repos, ses plaisirs, sa satisfac- tion, et par-dessus tout, et dans tous les cas, de preferei' leur interet au sien propre. 31ais il ne doit pas sacrifier son (1) Nous indiquons par un asteiisque {'), plac6 ii cOte du litre de chaque ouvrage, ceux des livres ctraiigers ou franrais qui paiaissent dignes d'line attention particulit-re, ct nous en lendrons quclquctbis • onijjte dans la section ai'« Analyses. 4()f< LlVilKS ihRANGERS. opinion intime, la matinite de son jiigenienl, les Inmieres cle sa coiisricnce, a »'ux , ou a qui que oe soil au monde; car il nc los lient pas cle leiu- bon plaisir, non ; ni de la loi et de la constiUitiou ; il les lient de la providence , et il n'en est conip- lablc qu'a elle senle. Voire represonlant vous doit non-seu- lenient son zele, scs efforts, mais son jugement; et il vous traliit au lieu de vous servir, s'il le sacrifie a voire opinion. p L)n gouvernement representalif n'est pas un assemblage de volontes, mais de raisonnemens el de jugcmens divers, ou cliaque discussion s'edaire du sens el des lumitres de tous. Ln parlement n'est pas im congres d'ambassadeurs animes par des inlerels hosliles el differens, que chacun est oblige de (It fendre, comnie agent et avocal, conlre d'autres agens ct d'autres avocats. C'est I'assembtee dtiibcrante d'line nation^ animee d'un uieme interet, oOi les localiles, les prejuges par- ticuliers, doivent ceder au bien general. Vous cboisissez un membre, il est vrai , mais des que vous I'avez nomme, il n'est pas membre de telle ou telle ville, mais membi'c du Parle- ment. » En effel , que deviendrait la representation nationale si cha- cun y arrivail arme de preventions, en garde conlre la verile, et lie encore par une sorte d'obligation d'obeir et de voter conunc le veulent ses commellans, qui, u'assislant pas aux deliberations, ne peuvent avoir les memes moyens de s'eclai- rer et d'elargir leurs vuesl' II est evident qu'alors I'assemblee nationale ne serait plus qu'une arene de disputes. Le discours de Burive , Tail a I'occasion de sa nomination pour Bristol, est un uiodele de liardiesse et de dvoilurc, et a puissamment contribue a etablir le veritable caractere du gouvernement rcprLScntatif. L. Sw.-B. Ouvragcs piriodlqucs. 85. — * The Soailiern Rcmcw ; ■ — llevue Meridionalc , ou des i!;tals du Sud; u" v, fevrier 1829; Charleston, Miller. In-S" de 2C0 pages. 8/}. . — * TIte American quarterly Review. — La llevue trimestrielle d'Amerique; n" ix, mars iSacj. Philadelphie, Carey. Londrcs, John Miller. Paris, Galiguani. In-8" de 258 pages. Ces Revues Iraitcnt de tout, hors de TAmerique et des ou- vragcs americains; dumoins ces derniers sonl-ils en bien ))elit noud)rc, et comnicperdus au milieu de la I'oule de livres anglais, allcmands, (raiuais, dont s'occupc la critique. D'ou vient cc ^TATS-UxMS. 4oi> dedain ? Serait-ce que les hommes, plus vieux que le sol fecoud sur lequel le liasaid les a I'ait naitre, ne sont pas en harmonic avec cette nature richc et grandiose, o\\ nous autres Euro- peens nous aligns retremper nos ames amollies? Serait-ce qu'en dcpit de Icurs meilleures institutions, les Aniericains tournent parfois un ceil d'envie et d'amour, vers ce vieux continent d'ou leurs peres s'exilerent? on dirait une nation transplantee qui a laisse ailleurs ses dieux et ses souvenirs. Les Etats-Unis n'ont point de passe, et contens du present, a peine se permettent-ils des reves d'avenir. Ccla peut etre une condition de bonheur; mais de cc bonheur si monotone, que I'imaginalion s'en effraie. II i'aut avoir counu I'agitation pour jouir durepos : et la, les passions seml)lent amorties. Le bon sens, la logique domincnt partout, mais sans I't'tincelle de vie , sans la chaleur qui eveille des sensations. Le mouve- ment de rintelligence et de I'observation, si prononce chez les Anglais, et qui de jour en jour devient un des traits les plus caracteristiqucs de notrc epoque , n'est pas , a beaucoup pres, aussi scnsilole chez les Americains. La critique n'yestpas non plus a la hauteur de celle d'Angleterre , ni progressive et en marche comme parmi nous : savante et consciencieuse , elle s'appesantit trop sur les details , et manque de cet attrait qui fait lire un livre on un article jusqir'au bout. La Revue meridionale de tevricr contient deux articles de legislation; Fun, a propos d'unebrochureanglaisesurl'etat ac- tuel des lois de la Grande-Bretagne, relativement aux droits de propriete; I'autre , sur le rapport fait a Sa JMajeste par les comniissaires noninies pour examiner les us et coutumes de la cour de chancellerie : une Notice siir la vie d'Erasme , pleinc de recherches curieuses, mais penil)lement elaborees. un E.vameii critique des Romans du baron de La Mottc-Foiiquc; un article sur I'originc de la rime^ comme annonce du Dic- tionnaire des rimes de Riclulet ; im Compterendu, dcmi-appro- baleur, demi-moqucur , des Voragrs du due dc Soxe-JV cimar dansl'Amerique septentrionalc ; une Dissertation sur les Druides celtes. C'est a pen pres tout ce qui nous a pai-u digue de remarque. La Quarterly , ou Pveviic trimesfriclle d'Amorique, plus complete que I'autre, et d'une rcilacliou generalement phis savante, peche aussi par les memos defauls. II y a absence de verve et d'enthousiasme. Cepcndaat, on y lira avec interet les articles: JrcUitecture egyptiennc ; Hisloire de la Colombie , inir Restrcppo , imprimee ;\ Paris ; hi Revolution grccifue, con- sidcrec d'un autre point de vue que le notrc, ctjugee avecim- /iio LIVUKS liTRAMGEaS. partialilc; I'Exanien critique d'une Rctue histofique, f-iogra- r/iiijiiect .itatistu/iie (les Etals-U nis, piwDarby, curieuse a com- parer avcc riniporUuit travail de M. Jf^a7-(/eii , smv \v mtmn sujct ; I'annoncc dctaillc'c du dernier ouvrage d' Irving , suv ki conqiirte dc Grenade; enfin, I'analjse des Matwires du docteur Parr, qui fill , apros le docleur Jolinson , le savaul le plus colebre d'Angletcrre , tant pour son savoir que poui la foule d'anecdotes qui se rattadient a son noni, pour la societe oii il a vecu , et pour I'origiiialite de son caraclerc. L. Sw.-B. EUROPE. GRANDE-BIIETAGNE. 85. ■ — * Transactions of the royal Irish Academy.— Tvawsac- lions de racadciuie royale d'Irlandc. Vol. XV. Dublin, 1829; Londrcs ; pidjlie parEbors etcomp. Ce Yohuiie a paru au phis fort des dcbats politiques sur remancipalion. C'ctait nn gage d'avenir et de regeneration donne au pays par un corps savant ; et ces calnies et profondes recherehes , failes en presence du contlit des passions, pour eciaircr rirlande , valaient bien les eftorts de ses plus zeles defenseurs. Celte palrie, enfin reconquise par ses enfans, a plus que jamais besoin de Icur devounient. Ce n'est plus sur la breche qu'il faut la servir; il y a des institutions a re- generer, des ressources a creer. Courage! que ceux qui ont njis si pieusement la main a roeuvre ne la retirent pas, alors qu'elle est si necessaire! qu'ils soient investigaleurs eclaires et patiens, qu'ils portent partout les luniieres de la raison , de la justice; qu'ils n'abandonnent pasl'objet de tant d'amour, de tant de sacrifices; qu'ils ne preparent pas un trioniplie aux ideesilliberales! Quelesadversairesdel'lrlande nepuissent pas dirt dans vingtans : « Eh bien, oi'i sont done les fruits de celte grande reforme? quels abus, quelles miseres ont disparu ? on sont ces ameliorations si vantees.'' » Que dans \ingt ans. uienie dans dix, on reconnaisse paitout I'influence de cetle liberie sainte! que ce peuple, si admirable dans son elan vers I'independance, grandisse avec des lems meilleurs; qu'il se retrempe au bien en devenant plus heureux ! II y a une part pour tons dans cette noble tache, mais c'cst du corps ensei- gnant, de la partie la plus eclairec de la nation, que I'impul- sion doit venir. II lui esl donne d'etre le guide et le pliare !on indcpeniiance, datent dc 1811 a 1820. En 1821 , Tacte crindcpendance fiit proclume ; inais I'npiiiion se divisa : iin ^arti voidait vine libertc enliore et absolne ; I'aiilre , I'otahlis- semcnt d'une monarchic, a\ec un lioui'hon pour roi. Enfin, les dissensions cesserenl, et les etats indepeiidans se reuni- rent sous le litre de Proxinces-uuies du centre dc rjmcrique inei idionale. Le -1^ juillet i^'24, I'independance de Guatemala lilt reeonnue par la Coloniljie, et Iiieiilot apres, paries Etats- Vn\s de rAnitriquc du INonl, et par le Mexiquc. A en juger d'apies k's renseignemens fonrnis par M. Thompson, le pays t'st fertile, ciitreeoupc de lacs, etde rivii res, dont quelques- unes sont navigables en toute saison. II est meme question d'ttablir sur ]'[//?;« des bateaux i Tapeur. qui seraient du plus grand secours pour etendre et faciliter les relations commer- eiales. Les ports sont aussi fort nombrcux ; celui de Calcbra, dans Ic Nicaragua, peut recevoir et abriter deux cents vais- seaux. A einqna«te verges du rivage, il y a de dix a douze brasses d'cau, avec fond de sable. II est entoure de bois, de sources et de ruisseaux d'eau douce. L'entree, d'une lieue «'t demie de large, est semee d'iles, qui la divisent en trois canaux. On ne connait pas bicn au juste retcnduede la popu- lation. 11 n'a pas ele fait de reccnsement depuis vingt-deux ans; mais, d'apres des informations particulieres, on estime (pi'elle peut s'elevcr, pour les Provinces-unies, a deux mil- lions d'arncs. Le prix des denrees y est exorbitant, et beau- coup plus haul que dans la plupart des contrees europeennes, ce ([ui doit tenir au mauvais etat de I'agriculture , au manque de boDS paturages, et encore plus, ce me semble, au voisi- nage des mines. Depuis la declaration d'independance , le commerce de Guatemala a plus que double. L'organisalion de Earmee est encore I'ort incomplete ; elle se compose d'un corps de troupes permanentes de 1,800 bommes; d'une milice re- gidicre, avec I'artiJlerie, de 10,700 hommes ; et de 10,000 liommesde milice civique : en tout, 22,5oo. L'infanterie et la cavalerie sont mal cfpiipecs et mal montces, et les officiers , a qiiclques exceptions prcs, ne se doutent pas,des devoirs mi- litaires. >1. Thompson emit, neanmoins, qu'avec quelquesan- nees de paix et une diiectionsage dans sesafl'airesdomestiques et conimerciales , la repiiblique seia en mesure de faire face a tons les eveneniens qui pourraient menacer son repos. 88.- — Leii^Ws newpockct road-book of Scotland, etc. — Nou- veau livre de routes de I'Ecosse, contenant un etat de loutes les grandes routes et les chemins de traverse, avec la descrip- T. XLU. MAI 1829. 27 4i8 uviiFs i':TRy\N(;i<:iiS. lion ties ciitlroils tpiiiarquiiblcs, de lems S" voics pour se lopandrc dans toutcs les classes, il recevra ce- pendant un bon accueil, en s'attathant aux societes scientifi- ques et litteraircs, en publiant leurs actes, leurs memoiresy les rcsnltats de leurs travaux. Telle est, en effel, la principalc destination de cc Manuel. Les redacteurs y joignent des noti- ces snr des outrages, des faits interessans pour les sciences, des dissertations surdes questions de niccanique, de physique rtu d'arts. S'Jl nous etait permit d'enoncer iine opinion, d'a- pies les deux premiers numcros qui nous sont connus, nous duions que les articles sont bien choisis, rediges avec soin, et que cette nouvelle entreprise est tres-digne d'encourage- ment et de succes. Le premier numero (21 mars 1829) contient un article qui donne lieu a quelques observations sur la langue des sciences dans I'idiorae anglais, et Ton ne pent s'abstenir de les elendre au dictionnaire des sciences, dans tons les idiomes des nations europeennes. L'article est intitule : Sur L'etude de la philoso- ^'fiie mecanique, L'auteur etablit deux divisions dans la science de la nature ; Vliistolre naturelle est la premiere , et la seconde est la pliilosophie naturelle, « qui comprend la chiuiie et la plii- losophle mecanique , les subdivisions de cellc-ci, la mecaniqne et I'hydrostatique , riiydraulicpie , la pneuinatique, I'acousli- que , Toptique, I'electricite, le galvanisuie ou oleclricite vol- taique, le magnetisme, I'elcctro-magnetisme. >> Quel est done, dans la languc anglaise , le sens precis du WlOX. philosophy ? II parait que ce mot est destine a i'aire trebii- cher I'intelligence humaine, dans tousles idiomes 011 il est admis. Dans aucun des emplois dont on le charge , il n'ap- porte a I'esprit des notions jusfes; il dit toujours ou trop , ou tout autrement qu'il ne faudrait. II n'y a qu'un moyen d'eviter la confusion qu'il inlroduit parfoiit, c'est de le ramener au sens etymologique , et de I'y fixer invariajjleinent. Puisqui;- nous ne pouvons nous dcfaire de rhal)ilude de tirer du grec Ujs expressions scientifiques, sachons au nioins respecter celte origine, et ne pas la dcsavouer, lorsqu'elie se fait reconnaitic en produisant ses tilrcs. Que le mot philosophic soit rcstilue aux sciences morales, et qu'apres lui avoir assigiie I'emploi qui lui convient, il n'en sortc plus. La langue des sciences est mal faitc, si clle n'est point ety- mologique ; mais elle pourrait etie fort eloignee de la perlec- lion dont elle est susceptible, si Ton se bornait a conserver, u chacun de ses mots, le sens etymologi((ue. Son principal me- rilc congisterail a Otrc rcxprcssiuii d'uiie analyse exacte, et a GRANDE-BULTAGNE. — RLSSIE- 4'i3 la rappeler dans la composition de chacnndeses termes. Mais, avant de dinger les esprits vers ce pertectionnement du Ian- gage scientitiqiie, que d'obstacles a sunnonlcr, d'habitudes a changer! Les noms d'homnies envahissent tout, menie les mathematiques : le hiiwme de Newlon , te cos irrcducttblc dc Cardan, etc. , les noms des inventeurs d«ivent etre conserves soigneusenient dans I'liisloire des sciences; mais les termes scientifiques ont nne autre destination. On demande qu'ils soient formes, suivant uiie loi connue, deduite de I'analyse des idees qu'ils doivent exprimer. La langue des sciences ne sera bien faite que lorsque toutes ces conditions auront ete remplies ; nous sommes encore bien loin de cette epoque. F.. RUSSIE. ^\. — * Notice sur le 1' amdntaga , idole rare du Museum d'histoire naturelle et d'antiquites de I'universite imperiale de Moscou; par Gott/ielf Yiiii:nF.R , de \Valdheim. Moscou, 1826. In-4° de 2-2 pages, avec o gravures. Cette idole mongole fait partie du riche cabinet d'antiquites donne a TunlTersite de flloscou par feu Demidof , et qui a ete presque entierement la proie de I'incendie a I'epoque de i8i2. EUeest d'autant plusprecieuse quelesvoyageurs quijus- qu'ici avaient vu des pagodes mongolesy avaient souvent trouve des images du Yamdniaga, mais jamais sa statue elle-mcme, qui n'existe dans aucun des cabinets d'antiquites asiatiques connus. Celle dont nous entretenons aujourd'hui nos lectenrs a eteachetee par les ancetresde M. Demidof a des Boukhares, qui I'avaientenlevee dans unedeleursguerresavec les Mongols. Cette statue, si curieuse et si digne d'attirer I'atlention de tons ceux qui etudicnt lesantiquites, a eveille celle de M. Fis- cher, professeur d'histoire naturelle, honorablement connii par de nombreux travaux, et qui s'est adjoint poin- la decrire M. Schmidt, tres-verse dans laconnaissance des langues asia- tiques. Les dessins qui accompagnent leur description repre- sentent ridole,vue de faceetvue deprolil.Cemonument donne bien une idee de la bizarre imagination des peuples de I'Asie. C'est un homme a tele de boeuf, laquelle est entouree de six autres teles d'homnie jtlus grotesques les unes que les autres, avec seize pieds et Irenle-quatre mains. Au dessus de ces sept tetes s'en eleve line huitieme, egalement difforme, et sur- uionlce a son tour d'une autre tele qui est fort belle. Toules ceS teles sont environnees dc flammes et de colliers formes dc cranes humuins. Cctlc :^latue. qui cmbrajse une I'cmuie.. 4ii4 LIVKLS ETilAN(ii;RS. tient daiKj ses nmiiis le» syniboles de la icf^encralion (.-t dc \n ilestriK.lioii, et ses jiieds posent siir cle pareils syiiiholcs. S<"\ hauteur lolalc est de cinq pouces cnviioii, et die est fort ar- lisleniciU travaiMee. II «';lail I'arile de reconnaitro quo cette idolc est la represen- tation do Yaindntnga , qui passait chez Ics Mongols de la re-- ligion de Lama ou de Uouddha, poiu' lo dieu de la destruc- tion (i). ^'eanuloins, MAI. Fischer et Schmidt ont cle obliges de se livrera des investigations tres-lahoricuses pour donner one e^'plication satislaisanle de ces symholes, dont les secta- teurs de Bouddha, dans le Thibet, la Mougolie et la Chine,, (ii)t ouhlie la cle. L'opinion la plus generale, qui estaussi celle de M.Fischer, est que le culte de Bouddha vient de I'lnde. On salt, enefi'et, que les ancienslndiensne reconnaissaientqu'un seuidieu(Tn- iniirgi, Trltuam'), qu'ils rcgardaieiitcomrncla cause de tout co quiexiste, etcomme reufermant tout en lui.Voulantle represent ter, ils le divisercnt en deux principes, le producteur et le (h:s- tructcur (I'Oi/V/,? et le Tiphnn des Lgyptiens, I'Oromase et VArimane des Perses); ils nomnierent le premier Vlchnoa et le second Siva, les reunissant en unseul, sous le nom de lirama, dieu unique et supreme. Les noms de Vichnou et de Siva n'etaient done, dans rorigine, rien autre chose que le symbole des idees religieuses des anciens Indiens. Par la suite, res symboles lurent personnifies, et bientot, outre le petit nombre deceux qui resterent fidelesarancien cultede Brama, on eut a compter un grand nombre desectes particuliures qui .•ulorerent Brama, Vichnou et Siva, comme aulant de divi- iiitessepan'es, tandis ([ue d'autrcsse bornerent au choix d'une seule d'eutre elles. Les adorateurs de Vichnou etdc Siva tbr- inaient une secte a part, qui attribua plus tard au premier, huit metamorphoses (2), representees par diverses (Jgures ; ils attendent encore la neuvieme nuetamorphose de Brama. Les Bouddhistes sont des heretiques du culte do Brama, (jui pensent que Vichnou s'est metamorphose pour la neuvieme ibis, etqu'il a paru sous les traits d'un sage nomme Bottddhn. lis I'adorcnt comme tel sous diflorens noms, selon les diiTerens pays qu'habitent ses sectateurs; ce soutccux dc Clialda-mouni (i) Voyez, sur la religion des Lamas, le f^aynge de M. Ti.mkofsky f/i(».s- tn Monguliii, t. 111, p. 55()-4.o8, et sur le Yumunta^a en parliciilier, ilml., J). 5 jiislc, ;|Vtt' M. J11 Ainoiii, liiiil iiiriiriniln^n-'!. RLSSIE. /i2J en Mongolic , dc Fo, en Chine, dc Sifda el Siazoana, an Ja- pon, ct lie Semonokodom, a Siani. Nuns n'entrerons point dans le detail des sectcs intermediaires, qui derivent decelles dont nons venons de parler et qni sont les ptincipales ct les Seides importantes. M. Schmidt assnie que le nom de Y amdntnga est compose de deux mots sanscrits yama (enfer, gonflVe, precipice) (i) et de antaka (destruction). II est persuade que cette idole vient de I'lndc, et n'est autre chose que le Siva des Indiens; piais il nc pcnse pas que la religion des Bouddhistcs soit un sihisme du culte de Brama , et il croit nicme qn'eile a pris nais- saiice separcnient et anterienrement a celni-ci. Selon lui , le Bouddhisme actuel dift'ere del'ancien, et aurait ete modifie par d'aulres croyances, tellcs que le culte des Parses. M. Schmidt emettra sans doute son liypothese dans quel- qne ouvrage scientifiquc etraisnnne, en dem.ontrant laveriU; de ses assertions par d'anciens livres des Bouddhistcs qni sont en sa possession, et qui etaient resles inconnus jusqu'ici du monde savant. II faut s'attcndre sans doute a cc que cet ou- vrage donnera naissance a des del)ats tels que ceuxqu'onteie- ves son opinion sur les Ouigours (2). Jusque-!a, il permettia sans doute que Ton n'adopte pas encore son opinion, qui nous parait avoir besoin de preuves plus convaincantes. Tons les doutes qui existaient jadis surTorigine, non-seu- lement du Bouddhisme, mais encore des mythologies egyp- tienne, grecque ct scandinave , sont eclaircis aujourd'hui. On sait, par excmple, que les langnes et la mythologie d'une grande partie de I'Asie et de I'Europe sont venus de ces penples (3). M. Schmidt assure que la connais- sance de Viclnion et de Siva, reunis dans la personnc de Brama, est elrangerc an Bouddhisme ; mais il faut se rappe- ler que ce sohismc lui est bicn posterieur, et qu'il ne s'est eta!)li que depnis I'invention des huit metamorphoses de Vichnon par les Indiens. Les Bouddhistcs out imagine la neuvieme, et Ton fait remonter ce schisme an sixieme siecle (1) Le niol yawa cxislc cga'einent dans la lanj^uc lusse, pd il ala mtnie significaii )ii, et ^'eniploie pour designer une fosse, un trou. E. H. (s) Le 7cfcr;rai>lic dc Moacoii, aiiqnel nous einpiunlons cef article (voy. n° i3 de 1826), renvoie, an sujet des Ouigouis, a un article qu'il a prece- demnient pujjlie (t. vi, p. TiyTy). (.S) L'autpur de I'arlicle cile ici , avcc einges, I'ouvrage de Cukitzkb: Symhulih mid M\lliolog:c ikr titlen fiillxer, et la t induction fran^aise qu'en a doiinee M. (Jtiu.MAtT (Paris, I'^a")), 3ou> le titie 6c Uc/lgwus dc i'nnli'.'iiilc. avant J. C. (i). La sccto des Djatnca a jtarii depuis dans I'Iride* oCi cllc ost divisce aiijourd'luii cii iiiK! iiiliiiitc de soctos, aiusi que cellos dos IJramincs ct des Buiiddliistes ; et, Liieii que les deux premieres sesoicnl reimies, la troisu'nie n'u pas eesse pour cela de legner de son cote et ue voir (leurir scs traditions et ses temples (a). Qiioiqite preteiide M. Sclimidt, Ics fonde- mens du Bonddliisnic soiit les uienies que ceux do culte de Brama, ce (ju'il est i'acile dc prouver par les syinboles des di- vinites (pii ont conserve jusqu'ici leurs noms indiens priniitiis- et bcaucoup des attributs dc la religion de Brama; tandis que rien ne vient appuyer I'opinioii contrairc. II reste done en- core a M. Schmidt a prouver en quoi consistc I'ancien Bond- dbisme, ce qui le distingue du moderne , cnfin de quelle ma- niere et a quelle epoquc il a eto modirie : toutes questions assez dilTiciles a resoudrc. Nous verrons d'aiileurs avec piaisir que son hypothese soit justifiee par les raisoiniemens que I'on est en droit d'attendre d'un savant aussi distingue et aussL oclaire que lui. P. S. Ajoutons a ces renseignemens curieux snr le 1 anuht- toga et sur la religion de Bouddha ce (pie dil le savant Rla- prolli dans le Journal asiatiijue { loc. cit. ). « Aucune autre religion, exccptecelle de J. C., n'a autant contribue ;\ rendre les hommes meilleurs que celle de Bouddba. Originaire de I'Hiudoustan, elle s'est repandue dans la plus grandc partio de I'Asie. Sa domination s'etend depuis les sources de I'ln- dus jusqu'a I'Occan Tacitique, et memo jusqu'au Japon. Les I'arouches nomades de I'Asie cenlrale ont etc changes par elle en homnie doux et vertueux, et son influence bienlaisante s'est fait ressenlir j usque dans la Sibcrie mcridionale. Comuie toutes les croyauccs qui tirent leurorigine de I'lnde, le Boud- dliismc est fonde sur ce grand priuc'ipe , « que I'univers n'est anime que d'un meme esprit, sous d innombrables i'ormes, par la matiere, qui n'exislc que dans I'illusion. )>Le reibrma- teur Bouddha doit done elre rcgarde, a juste titre, comme un sage et conmie uu bienlaiteur de I'humanite, n'eCit-il Tail , comme le dit M. Klaprolh , que rejeter les sacrifices saiiglans et la distinction des castes, que d'autrespciiples, soi-disant ci- vilises, ont voulu depuis retablir. Edme Hereau. (i) II y a divprsitc d'opiuion sur cclte epoque. M. klaprolli i>Iace la rdfoinic (In Bouddhisme, d'apres les Cliiimis ct les Japonais, da.is l<: XI' sii-cle avant J.-C. ( Yoy. le caliicr de Janvier 1824 da Journal tuia- tii/uc. ) (2) Vov. Erskiiip, I. HI dc« Tmnsuctiona dc la Soiicic tlllcndrc dc Bdiii- i(iy (Loiidrcs, 1820;. POLOGNE. 437 POLOGM;;, g5. — * Atlas krolestiva polskiego, etc. — Atlas gc'ographi- que et statislique du loyauuie dc Polognc, par M. J ales CoLBERG, professeur a ruiiiyersite rojale de Yarsovic. Var- sovie, 1828; lithograpliie de rUiiivcrsitt:. 8 feuillcs iii-lblio, gravees siir pieire et coloiiecs. En i564, Sigismond-Auguste, dernier roi de la dynastie des Jagellons, ordnnnait deja d'arpenter la Pologne et d'eta- blir son cadastre; « alin que nous puissions connaitre, disait- 5! dans son instruction, combien d'hommcs peiivent vivre dans notre pays, et quel est son etat actiicl. »Si ce grand projetavaitete execute, nous aurions de I'histoire de Pologne une connaissance plus exacte et plus sCire. Dans le siecle dernier on s'occupa serieusement de la statistique et de la geugraphie de la Pologne ; on publia meme plusieurs cartes, niais leur inexactitude est si grande, qu'en les comparant les unes avec les autres , on trouve souvent des differences dc plusieurscentainesde lieues. Les calculs approximatifs de feu Czacid montrent que, si le tiers de la Pologne, telle qu'elle existait avant son premier partage, etait cultive, eile pourrait nourrir une population de 56 millions d'hal>itans, et de 58 millions si la moilie du terriloire etait soumise a une culture bien entendue. Le terns nous apprendra jusqu'a (piel point les calculs dc Czacki sont d'accord avec les vcrital)les ressources du pays. Nous pouvons esperer que la cnriosite sera bientot satisfaitc sur ce point; car, on pousse avec avidite des tra- vaux slatistiqucs et topograpliiques dans la fraction de la Po- logne qui porte aujourd bui le noni de royaume. D'un cote, le bureau special du niinisterc de I'interieur recucille des iiia- tcriaux importans sur la slalisticpie ancienne et actuelle ; de I'autre, le nouvcau cadastre du terriloire, entrcpris par les ordres et sous la direction de ce nieuie ministere, approche rapidement de sa fin. L'auteur de I'Atlas que nous annoncons a profite de ces travaux, pour la fornui!i^rapliitiiic de la Pologne entiere, telle qu'elle etait avant son premier par- tage. Get ouvrage sera compose de deux gros volumes in-S", ct doit renfermer tous les details ^'^talistiques et historiques que I'etat actuel des connaissances de ce genre aura pii i'our- iiir a rauleiu'. 1! faut done attcndre le fruit de tous ces travaux, pour so former une juste idee de I'elat de la I'ologne ; les voeux de Sigismoud- Auguste ne seront ainsi realises qu'apres trois sieclesde calamiles politiques; mais nous aurons des ouvrage.i plus complets que ceux qu'aurait pu nous laisser le seizicmc siede. Nous saisirons cctte circonstance pour fairc observer que toutes les cartes cpii se publient depuis quelquc tems eii France el enAllcmagne portent tres-iuexactement lesnomsdc lieux quaud il s'agit de la Pologne, ct surtout de la partie de ce pays (|ui apparlient maintcnant a son ancien vassal, le roi dc Prusse. INous pourrions ciler un grand nombre dc villes dont les noms onlete eniicremenl travcstis. Ces changemens sont fails probablement par la pUipart des autenrs, dans I'in- tention de facilller la lecture de ces mots aux etrangst prcsqiie inipo.ssihle de les prononccr. Nous disons que ce motU'est celui de la plupart des auteiirs de carles; niais le goiivernement de Piiisse, en cniployant les norns nlleinaiids, Jioiir desij,nior les A-illes polonaises, nous sembic avoir une anlre intenlion : cello d'appiiyer les savantcs dissertations de Fredi'ric II, qui chercliait a piouver que la Grande -Pologne et !a PoHieranie polonaise t'ormaient autrefois le domaine des marquis de liiandcbourg-. L'Allas de M. Colberg, et surlout le Dietionnaire de .M. Rainko seroiit fort utiles, sous ce rapport, aux etrangers qui publieront desormais de nouvelles cartes, ou des dictionnaircs geographiqucs. 96. — * Dziela Moliera, etc. ■ — OEuvres completes de Mo- liere, traduites en vers polonais (uicine les ouvrages ecrits en prose par rauteur),accompagnLes d'line notice sur Moliere, iViin pardllHe de cet auteur avec d'autres ecrivains , de nmar- //aes sur chaque piece en particulier, et d'une dhserlation sur la comcdie ciiez les anclens et dans les siecles modernes ; par M. Francois Kowalski. Kr/.eniieniec (en Volhynie) 1829; imprinierie du Lycee ; 8 volumes grand in-8°, chacun de i5 a 20 feuilles d'impression : prix, 5y florins polonais (aSfr. i5 c. ) et 45 flor. 10 gros (28 fr. i3 c. ) pour les pays etran- gers. Nous avons lu , ii y a pen de tems le prospectus de cet ou- vrage, dans la Gazette de Pologne. Une partie des livraisons est deja publiee ; les autresne se feront pas attendre long-tems. Nous annoncons nous-meines avec plaisir celtc entreprise litteraire, qui est un nouvel honunage rendu a notre grand comique, et qui prouve que la purete du gout est populaire en Pologne. L'etude de la langue fiancaise est si generalc dans ce pays, que bienlot les traductions y deviendront inntiles (i). L'a- mour de notre litterature y est poiisse a tel point que, depuis quelques annees , il sembje faiie n;'-gliger la cidture de la lit- terature et de la langue nationale. Lcsl)onscsprits out reclame avec raison contre cet engoument excessif. Les librairies re- (1) L'etude du franrais est mrnie indispensalile en Poldgne pour tout ce qui coiicerne la justice et I'adniinistiatjon jiu!)lic]ue; cai- le Code civil franij-ais el le Codt^ de proceduie y sunt ad .jites depuis 1807. Tonics les lois reodues par les dieles , tous les actes de la chancellerie de I'einpe- reur, cuuime roi de Pologne, soiit ec.iis en IVaurais et inseies dans le Biillelin des lois avec la tiaductii.n polonaise en regard. Eufin loiile !a rorrespondanre du gouvernenient russt; avec celui du royaiinie de Po- Icgue est eciiii: dans eclic luiiguc. 45o LIVIIES l^TRANGKRS. {^urgent de traductions, faitos sans auciui soin , par dc maii- \ais ecrivains qui, incapables de niaiiier et d'assoiiplir leiir propre langtic, idudent la difnculle en romplissant leiirs ou- trages de nionstrucux gallicis7>icx, pen cont'ormcs au genie de la langue polonaise. Aussi, la pliipart des nouvcUes traduc- tions nc sont - elles regardees que coitime des operations inercantiles, et n'obtiennent que le mepris des gens de goQt. M. Kovaski n'a pas a craindre un tel acciu-il. Dcpuis long- leiTis il a fait ses prcuves. Dix pieces de Moliere, traduitespar lui , ont ete representees h Varsovie et ont obtenu le succes le plus complet. Depuis lors, il a acheve la traduction des au- tres pieces du mtme auteur; il a revu avcc soin son premier travail; nous ne craignons pas d'affirmer que cette perseve- rance ne sera pas perdue pour sa reputation, et que sa traduc- tion sera rcgardee comme la meilleure de toutes celles qui existent deja. C'est beaucoup dire, car il avait ete precede, dans la carriere, par des hommcs d'un veritable talent. Dans le sieclc dernier, Bielawxld, Boliomokc, Jean Boudoin, JP icli- linskl, Albert, Boguslawski et Zabiocki avaient traduit cha- cun plusieurs pieces de Moliere; Zal)locki, surtout, I'avait fait avec assez de succes. Denos jours, MM. Dmuszcwski, Dmocliowski , Liblecki avaient marche sur leurs traces et for- maient, pour M. Rowalski, une redoutable concurrence. II a su s'en tirer avcc honneur, et nous Ten felicitous. Les tour- nureslesplus delicates, les plus franraiscS, les traits les plus spirituels ont ete rendus par lui avec un rare bonheur; Mo- liere, sous sa plume , est devcnu polonais, et cet effort pa-^ rnitra plus etonnant encore a ceux qui savent quelles difficul- tes la diflerence du genie des deuxlangues opposait a M. Ko- •H alski , et combicn la gravite mille du polonais est eloignee de cette finesse piaisante et saliriquc qui caracterise parti- culierement le style de Moliere. M. P. ALLEMAGNE. 97. — * Mycologia eiiropcca, etc. — Mj'cologic europeenne, on enumeration complete de tous les champignons croissant dans les diflerentes contrces de I'Europc, disposce d'apres 1« melhode nalurelle, et accompagnee d'une description suc- cincte, d'une synonymic choisie et d'obscrvat ions; par M.C. H. Persoon. Troisieme partie : section premiere. Erlangen, it<28. Vn volume avec buit planches coloriees. Depuis la publication du Syjwpsis fimgoram, en 1801, M. Persoon n'a pas cesse de s'occuper fXo Tetudc des cli.ini- ALLEMAGNE. 43 1 pip;nons, et c'est Ic n';siil(at de ses nombrenses obseivalions qn'il Fait connailie dans sa Myrologia eiiropaea, dont le premier Yoliime a paru en 1822. L'liliUte et I'importance de cet ou- vrage sont trop bien reconnues par les cryptogamistes de toutes Ics nations ponr qne nous cherchions ici a ajouter aux eloges qu'ils lui ont dccornes; nous ne voulons en parler que pour annoncer rapparition de la premiere partie de sa troi- sieme section. Quoique cette parlie ne renferme que la moitie du genre Agaric^ nous y trouvons dccrites 49^ especes : ce nombre considerable nous I'ait penser que M. Persoon a fait tous ses efforts pour rendre ce vaste genre le plus complet possible. Dispersees par la nature dans toutes les parties du globe, ses especes sont, sans contredit , celies dont I'etude a loujours presente le plus de difficultes ; aussi, malgre les travaux par- ticuliers dont elles ont ete I'objet, elles reclamaient encore tres-imperieusement de nouvelles observations et une revi- sion aussi complete que scrupuleuse, afin de modifier ou de changer totalenient les caracleres assezTagues que Ton avait employesautrefois pour lesdislinguer les unes des autres, ou pour les reunir en sous-genres et en sections, qui devaient rendre plus commode kur recherche dans les livres. M. Per- soon vient d'entreprendre celte tache difficile, avec cette su- periorite de talent qui caracterise tons ses ouvrages. Les bor- nes dans lesquelles nous devons noiis resserrer dans cette an- nonce ne nous permettcnt pas d'entrer ici dans les details de la classification methodiquc qu'il a creee pour otablir ses groupes, nous nous contenterons de dire que, sans avoir une precision impossible a obtenir dans les genres nombreux et naturels, ils sont cependant assez tranches pour rendre plus facile la determination des especes et, par cela menie, pour ('■pargner beaucoup de terns anx mycologues. C'est principa- lement dans les diverses modifications des organes extericurs et visibles al'oeil lui que, dans le genre Agaric, et dans un grand nombre degenresde sa Mycoiogic, M. Persoon a cherche des caracteres. Cette maniere de proceder facilite singulierement I'etude des champignons,elIe est sans doute plus commode dans I'usage habituel; mais pour les petiles especes, pour celies dont les principaux organes ne peuvent elre apercus qn'a Paide desverres amplifians, elle n'eslpeut-etre pas aussi sQre, parce qu'elle ne donne ordinairement pour resultat que des caracteres assez variables. Toutefois, nous devons dire qne I'elat actuel de la science ne pcrmet pas au savant, qui em- brassc dans ?cs ouvrages la gencralitc des plantrs cryploga- /i^a LIVllES ETRANfiEIlS. mes, ou meinc tonics les espoces d'une graiule fainille, eld reeoJiiii'cpn.'Uamment aux invcstigalioiis inicroscopiqucs. Ori potina ('lal)!!!' plus tard uii grand noiiibre de sections, dc gciiiTs ct iLrmc d'cspcccs, en penetrant dans rorganisation inlcricure; inais pour alteindrc Ic degrc de certitude desira- l)le dans les recherchcsde ce genre, il I'ant heauconp de terns, bcancoup de patience, il I'ant posseder de bons instrnniens, et Ton concoit que ces details sont dii doniainc du profond scrnlateur qui vent concenlrer snr quelques objets tons ses niojens d'observalion , afin de decouvrir ce qui a echappe au coup d'ocil eleve mais rapide dcs auteurs qui coiirposent des ouvrages generaux. Deja, en France, nous possc'^ dons qnel(|ncs niicrographes eclaires, dont les memoires reii- nis pourront un jour presenter un enreinble precieux sur la taxonomie des elres curieux qui i'ont I'objet de leurs etudes. Les descriptions de la troisiemc section de la Mycologie d'Europe, commc toutes celles des autres parties de I'ou- vrage, sont claireset comparatives : on n'y trouve rien de su- perflu et d'enibarrassant. Souvent I'autenr nous fait connai- tre des especes, qui n'ont pas encore ete publices, et, dans ce cas, les i'nngns nouveaux sont accompagncs de notes utiles qui decedent toujours le naturalisle qui a beancoup observe. C'est surtont en ajoutant une bonne et cxacte synonymic au nom specifiepie adopte, que M. Persoon facilite singuliere- ment la recherche dans les livres de ses predecesseurs. II cite qnel([nel'ois les i'asciculcs decryptogamcs naturelles, que trois em qnatrc botanistes publient en France et a I'elranger ; mais, nialheurciisement, ces ouvrages eminemment utiles nepeuvent elre assez repandus, et plusienrs Auteurs recnlent encore ele- vant les nonibreuses dilTuultes de tons genres que ces collec- tions prcsentent a ceux (jui e>nt assez de zclc pour les entre- prendre. Ayant rcconnu la necessite de parler qnelqnefois aus yeux en mcme terns qu'ils s'adresse an jngement, M. Per- soon a brne son truisieme volume de hnit tables contenant un grand nondjre de figures coloriees qui represenlent des Agarics et des Pezizes. Nous y avons remarquu VAgancas bu- Ae(/m»s, recueilli dans le midl de la France par M. Cauvin, V Agaricus chnicctritis, ol)servedans les environs dn Poitou par M. Dclasirc,V Agaricus f:pat/iulat(i.i anatinus et VAgaricus os^ ircatus gyriim.i, tronves aConipicgne pariM. Lerc; Les jolies Peziza catulnrca et miiscigcna, les Agaricus Pseudo-cyanrus et laitlfluus latcralipcs, que M. Dcsmazicrcs a i)ublies dans son Catalogue clcs planus omiscs clans la Botanogrupiue belgiquc. ALLEMAGINK. ',3^1 ;iinsi qnc V,4garicus radians, esp^ce fori siiigiiliorc, que le ineme ciyptogamiste a fait connaitre il y a pen de tenis dan* les Annalt-: des sciences naturelles, cii signalant I'erreiir dans laqiielle est lonibe Soivcrby lorsqu'il de( rivit son jeune ;1ge sous le noni de Licopcrdon radiatinn. Piiisieurs autres plan- ches renferment encore des cspeces ciirieuses decouvertes par M. Persoon lui-meme dans ses frequenles herborisations. En general , ces figures sont executees avec soin , ct I'interet qu'elles prcsenlent fera regretterqu'ilne soit pas entre dans le plan de I'anteur de recourir plus souvent a la gravure el a la peinture : la cryptogamie se passe difTicilement du secours de ces arts precieux; aussi, penelre de cette veritc, que les diflicnites de la science font aujonrd'hui apprecier davantage, M. Persoon s'est-il allache a citer les ouvrages de Miche/i, OEder, Mailer, Butscli , Vahl , Balliard, So'vcrby, Scluvffer, Alberlini, Sclnveinii^, Hornemann, Bolton, Poltet, Nees ct Gre- ville, dont les planches tres-precieuses font I'ornementde nos bibliotheqiies. La t-roisieme section de la Mycologie d'Europe est un nou- veau monument de la perseverance et des coiniaissances profondes de M. Persoon : elle est si etendue, et traitee avec tant de soin, qu'on pent la considerer comme une verital)le monographic du genre Agaric. En resume, nous dirons que ce volume nous a paru digne des prccedens; comme eux il sera recu avec un vif interet , et , nous ne craignons pas de I'avancer, il procurera a son auteur la juste reconnaissance des naturalistes qui trouveront encore, dans cette nonvelle production, le travail du botaniste profond qui a porte une si vive lumiere dans toutes les families de la cryptogamie. g8. — Geschickte des an f don Reiclistage gegebencn Glaubcns- bekentnisses der Protestanien , etc. — Histoire de la profession de foi deposee a Augsbourg, en i53o, par les Proleslans, par H. W. RoTTERMUisD , premier pastein- u Breme. Hanovre, 1829. In-8°. L'auteur est comm deja par plusieurs (laites fori estimes sur I'histoire de I'Eglise : lannee i83o sera celle de la troi- sieme fete seculaire de la confession d'Augsbourg; il est bon que tons ceux qui lui appartiennent puissent s'instruire des causes de ce grand evenement : lei est le but de ce livre, qui contient en outre des notices biographiques sur tous les per- -sonnages qui y out pris part. La premiere partie est loute his- torique ; elle commence par I'expose de la facheuse situation oii se trouverent, en 1629, les sectairesde la religion evangcli- T. xLii. MAI 1829. 2$ /,:).', MVtiKS EinA:N(;i';RS. qu«', (|iiariil ils eii ;ij)pt'l<'irnt a rempcreiir , puis il cilt; le.s ar tides (if Torgaii, lia^c (!; il laut an contraire Ini >a- voir gre d'avoir consacre, a une epoque ecoulee depnis long- tems, toiite I'attention qn'ordinaireiiient I'on n'accorde qn'aux cvcnemenscontemporains; il Taut lercmercierd'avoirecbappc rt «-.ette disparate, qin' grossit toujours aux depens dn passe les epoques recentes, et ne traite en quelqne soric ies ancien- nes annales que comme une inlroductioii , un achcniineniciii veis des t'aits dont Taction se fait encore seniir. Au moinoHl Oil ce volume commence I'bistoire de I'ordre teutonifjue, des ditficidtes en appareiice iusurmonlablcs eulravent ses desseins : lapaixn'etait qn'apparente, le pagani.^me n'ctail pas deracinc, i'esprit survivait a la forme, el le peuple scnddait braver les chcvalercsques entreprises des rbretieus. D'un autre c<~)te. I'or- drt- n'a\ait pas dans le clerge un euuemi mollis dangcreux. L'ambiliMii. icnvie pousscreni les cboscs au dernier point: ii \LLE.\I AGNE. 433 !;illut c-omparaitre au trihiinal du souveiaiii poutife. II esl en- siiite (juestion de la cioisade eutropiise par le gi'and niaitie Poppo d'Osterna, ct des exploits du celehre roi Otlocair*'. qui conqiiit, en 12.54, '^^ P'*}"' appele Samland : alois com- menca I'existence de cette ville (|ii'en commeinoratioii df I'expediton de ce roi on appeia Koenigsberg. Les revenue de I'ordre s'accriirent ; il s'afferniit de la protection du pape con- tre le clerge. Mais de nouvcaux malheurs, de nouvelles defec- tions se preparaient; il lallut tout reconquerir apres des defailes, il lallut vaincre encore, reprendre encore le Sam- land , et triomplier enfin de ces Prus^iens, d'autant plus dif- ficiles a souniettre qu'ils conqirenaient que cette occasion de ressaisir la liberte etail la derniere. Les plus horribles devas- tations, les exces les plus sanglans accompagneient cette lutte; des contrees entieres furent dcpeuplces. — Le tableau des institutions locales est expose par M. ^ oigt avec une pro- fonde erudition et une grande clartc ; il en est de meme du systenie des \illes, de I'etat des camnagnards, et de quel- ques autres specialites qui donnent a cette partie de rouvrage une physionomie particuliere. Quelques ])ieces oHlcielies d'nn interct majeur teniiinent le volume, avec (juelques cxcKrsus sur des chroniqnes et documens histnriques qui s'y rappor- tent. Ph. DE CoLBiiRY. 100. — Johann Genrg Forster's Briefwech'^el , nebut cinigcn Naclirichten rem seinem Leben. — Correspondance de Jenn- (j(O)-ge FoRSTER, avec quelques details sur sa vie; pul)liee pa:- Th. H**. Tom. I. Leipzig, i8u() ; Brockhaus. In - 8° de 8^5 pages. Reiiiliold Forster et son fils Jean-George furent les c(jm- paguons de voyage du celebre Cook, dans son expedition de decouvertes autour du monde. Le pere devait rediger la rela- tion de ce voyage , el partager avec Cook les benefices resul- tant de la publication, dont les frais furent faits par I'amiraute anglaise. Forster se mit a I'ouvrage , et presenta les premieres feuilles a ramiraute ; elles nc plurent point. II les relit sur le plan qui lui fut indique; elles n'en furent pas inieux agreees. \oyaiit alors on s'iniaginant qu'on voulait 1 exclure de la par- ticipalion a la redaction et aux profits de I'edition du voyage de Cook, il laissa publier, par son fds, une relation parti. u- liere, quoiqiie I'amiraute cut exige d'avance qu'aucun den savans employes a I'expedition ne piibliat ricn avant que les resnltats scientifiqucs de ce voyage eussent ete mis oliicielle- mcnt sous les yeux du public. Forster pielendit (iue son lils. simple volfintairc dans ce vovase, ne s'ctait cngagi'; A rien ; ',7,(5 I.nKKS KTRATSGEUS. ccprndant riimiraiitc ahandonna Ic pcrc, fjiii toiTil)a des lur.« dans line grande di'trcsso. On lit dans les Ijiographics que c«? fut 1p I'oi dc Prnssc qui le lira do pciiif par I'cnvoi d'lm pre- 5cnt c;onsid(!'ial)lc; niais FredLii(' II n'otait pas si geneictix en- vcrs ses ooinpalriolcs : ce I'nt le due de Brunswick, en sa qua- liti' df chci'd'nne l(ij;c dc francs-niacons, qui vint an secours (In niallienreux pire de lamille, deja incarocre a Londres pour pes dettes. Ponr ne jdns revcnir an pere , j'ajonterai qne Rein- hold Forslei', apres avoir eprouve tonte sorte de privations en Anglelerro , se rendil avec sa (amille en Allcniagne, el y obtint nne chaire a I'nniversite de Halle. C'etail un homnie d'nn ca- rarlere atrahilaire, et se laissant aller a I'indolence toutes les Ibis qti'nn interel pnissant ne venail pas le stimuler. Son tils, bon natnraliste comnie Ini, et esprit aussi eelaire, alia chercher forlnne sur le continent. II vint voir Buffon a Paris , accepla nne place de professeur d'histoire naturelle a Cassel ; n;ais, ne tronvant dans cctle ville ni cabinet d'his- toire natnrelle ni bii)liotlieqne, et ne ponvant par consequent travailler comme il le desirait, il echangea dans la suite le sejour de Cassel contre celui de "NVilna , on le gouvernement polonais promit de creor un grand etablissement pour I'in- st ruction des Polonais dans les sciences naturelles. Ay ant epouse la ilUe de rerndit Ileyne a Goeltingne, Forster alia s'elablir avec elle dans un paysoi'i la servitude avail laisse de profondes traces de barbaric, et on il I'ut difficile de trouver une societe dans laqnelle pfit se plaire ini homnie instruit. Malgre les ma- Tnifiqnes promesses qu'on lui avail prodiguecs, on fit tres-peu pour les sciences. Forster, ayant I'esprit naturellement chan- ceant. s'ennuya dansMilna, comnie il avail I'ait a Cassel, d'antant pins qu'il ctait enlierement separe dn monde savant, o\ il saisit avec cmpressenKUit I'olTre qui lui fnt iaite, an nom du gouvernement russe, de conduire une expedition antour dn monde; il sc hata de donner sa demission et de (aire ses prc- paralifs de voyage. Cependant, Calherine Ironva plus urgent encore dc battre les Tnrcs qne d'envoyer ses vaisseaux anx drconvertes. Le pauvre Forster eut qnelqne peine a se faire dcdommager de ses tVais , et , sans nne place de bibliothecaire fin'il Ironva a 31ayencc, il aurait ete fort embarrasse ponr sa snbsislance. Ce I'nl dans cette place que le trouva la re- volution IVancaise. \>n esprit tcl que le sicn avail de])nis long- tpiiis etc pcnelre dc la nccessite de reformer les vices de I'or- "anisalion sociale en Fniope : novatenr par caracteic, il em- brassa d'aillejjr? chaudenient les principes de la revolution. Dani^ nn wge moin^ avance, il avail ete rose-croix, et avail ALLKMAGNE. 5.'7 therclie le set rel de raloh'unie. A Mayeiicc , il ful iin lics lui'iii- bres clirij|,eaiis da club; et lorsque les FrJiiicnis entiereiit dans celle ville, il.s n'eurcDt pas de plus ztde partisan que Forsler. 11 flit envoye en deputation a Paris, et y mouriit. Sa veuve, dont il s'etait sepaie, avail epouse un de ienrs amis coni- muns. Maintenant veuve pour la secondc fois, c'est elle ijui publie la notice sur son premier mari et sa correspondaure ; nous n'en avons recu encore que le premier volume. Ce volume est d'une enorme grossenr. inconvenient qu'; ALLE:\UGNE. 459 ForstPi- se plaint aillwurs de ri'avoir parnii ;;«» collegues h "VYilria persorme qui Ic comprenne. (|ui veuillo agraiidir la sphere de ses idees, I'aiie quelqiie d(';couverte , ou chercher a etendre sa r.'ipiitatioii au-dehi des niurs de la ville. II eciit a un autre ami, en tVancais : « Figurez-vons que ce qu'on ap- pelle I'universite de TS ilna u'est proprement qu'une ecole je- SLiitique encore entierement sur ramien pied : les etudian. sont de veritables ecoiiers ; encore n'y en anrait-il pas dn tout, si I'on n'attirait pas ici la noblesse pauvrc, en I'liahillant , en lui donnant a manger, et en relevant gratis aus depens de la nation. » Daus une autre lettre , Forster annonce qu'il a tra- duit en allemand la Relation officielle da Voyage de Cook ; mai^ qu'il a beaucoup abrige les notes de I'editeur anglais Dougla^.. qui fait trop le reverend. Puis il ajoute : « I! est incroyable < ombien les Anglais sont arrieres en theologie ; des choses (|ue nos theologues auraient honte de mentioaner, et qui se- laient sifllees chez nous , passent en Angleterre pour do* ehoses sacrees; les Reviews surtout, qui exercent un despo- tisme incroyable stn- le jugement des Anglais dans les objets de science, trahissent une ignorance et un degrc de bigoteri*; qui me degoute toujours. » Dans les lettres de Forster ecrites dans les annees ijSy et 1790, on voit le vif interet qu'inspiraient a eet esprit mo- bile les evenemens de France. Ces letties terminent le pre- mier volume; le deuxieme contiendra sans donte beaucoup d'eclaircissemens sur la part active qu'il prit a la revolution sur les bords du Rhin. D — g. 101. — Pelharii , oder Begegnisse ei/iei IVeltnumnes. - • Pelliam, trad, deranglaisenalleiiiand, parM. C/irtr/e5i\iCHASi>, ancien major an service d' Angleterre. chevalier de I'ordre dv. Saint-Wiadiinir, etc. Aix-la-Chapellc, 1828; Mayer. 5vol.io-8. Nous avons deja fait connaitre a nos lecteurs (voy Rev. Enc. t. XXXIX, p. 624)? Touvrage original dont nous annon- cons la traduction alleuiande. Sans revenir sur le mcrite du roman anglais, fidelement reproduit danscette nouvelle ver- sion, nous saisirons a\ec plaisir I'occasion de rappeler ici quelqucs autres ouvragesde M- le major Hichard. — En i8ao, il entreprit un voj'age en Amerique , et commenca sa repu- tation lilteraire par ses Briefe aus Colombien (Letlres ecrites de la Colombie) , qui parurent a Leipzig en 1822. Ces lettres ont ete traduites en hoUandais. — Kn i825, il revint en Eu- rope , et il redige, depuiscette epoque , la gazette allemande d'Aix-la-Chapellc. — 11 a public aussi diffrrentes tradurtion- •k I'espagnol , savoir : Rmiunilisrhr. f)ii /itiniqeii ion Lope lU 44o I.IMUOS KTRAMGiaiS. Fcga Carpio (Poesies loiiiantiques de Lope de Vega), eii 9 volumes. Lc T' \olume, qui contient la traduction du fa- uieux Paegrino en su patria, parut cii iSa/j- H ful rocu, par lesamis de la litteraluic, avec un empresseincnt qui engaf;ea le traducteur a conlinuer son travail. — Kii i8a6, parurenl 1 autros volumes, conteuaut six nouvciles de Lope, qui t'u- rent sulvis, en iS'jj, de I' Arcadia , en 5 volumes, avec utie dedicace uu traducteur a lord Holland, qui a tres-bien juge cette belle pastorale dans sa Notice sur la vie et les ecrits do Lope de Vega Carpio [Account of i/ic life and writings, etc.), ouvrage estime. ■ — Les 5 derniers volumes de la collection contiennent la traduction de la Dorothea, roman dramatique que le traducteur a dedie au poete Ludivig , et qu'il a enrichi de notes philologiques fort curieuses. Ce recueii a, eu t)ulro, un merite qu'on rencontre raremeut dans les edi- tions allemandes ; c'est la beaule du papier et de la typogra- phic. L'edileur est M. J. -A. Mayer, libraire elabli a Aix-la- Chapelle. • — Le major lUchard a aussi public une traduction de Herbert Milton, roman anglais qui parut a Londres sous le titrc (V A I mack revisited, et qui y jouit d'une grandc ce- Icbritc dans la bonne societe. L'auteur de ce dei'nier ouvrage reside aussi, depuis ([lud- ques annees, a Aix-la-Chapelle, ct il va faire paraitre un nouveau roman sous ce titre : yiilventiires of a King's Page. — Le niajorRicliard vient de terminer la traduction du Disowned, autre roman anglais, de rauteiu- de Pelham. Z. 102. — ISational Tracliten. — Costumes nalionaux : figu- res coloiiees. Fribotu-g, 1829; lithographic de Herder. In- foiio I'ormal oblong. Le titre promet moins que I'ouvrage ne tient : non-seule- ment les coslinncs originaux et les plus agreablement bizarres sont letraces avec elegance et fidclile, mais on y trouve la re- presentation des costumes et des travanx particuliers aux peuples de la Souabe el du voisinage de la Suisse. II en est certes de fort singuliers et qui meritent toute notre attention; je citerai d'abord la danse du coq dans le pays de Baar; ce pays, autrefois appele Brtrrt, etaitune possession des dues d'Al- lemanie : de nos join's encore il y a pres de Yillingen une montagne du nom de Baraberg, avec les restes du vieux cha- teau de Barbourg, on residaient les comtesdn canton ou pugus. Nous ne dirons pas que Charlemagne prit dans ses lieux Hil- degarde, son cpouse ; nous ne nous occuperons pas de la pre- miere investiture du comte en faveur des Furstenberg, en 1285 : seulcment, nous fcrons rcmar([Mcr av<'c (picllc hai)ilete iLLEMAGNE. - SUISSE. H i I'aiileiir du lexte a mele les souvenirs historiques a I'expli- oation d'line coiitume dont il est facile d'etablir I'antiquite. La danse du coq a lieu dans une grange apres la moisson; I'oi- seau est place au haiit d'une perche d'oCi s'avance un bras dc bois qui soutient un triangle, et dans ce triangle, suspendu par une coi'de , a I'extreniite de cette piece de bois , est un verre. On walse aulour de la perche , et chaque couple, en arrivant sous le triangle, fait la menic evolution; c'est-a-dire que la danseuse met un genou en terre, enleve son danseurd'un bras vigoureux : si celui-ci atteint le triangle et le frappe de la tele, tandis que son pied pose sur les mains de la jeune iille, le prix est gagne , et le coq adjuge. La danse du mouton n'est pas nioins originale ; mais il ne s'agit la ni de force ni d'haljilete, et le gain depend du hasard ; c'est principalement a Hornberg qu'elle a lieu : nn mouton, orne de couronnes et dc bandelet- tes, amene par de jeunes garcons , est suspendu a une corde enflammee, et decerne par sa chute le prix au couple qui Avalse dans le moment oii il tombe : et comme ce couple vainqueur regale ordinairement tons les autres, on s'ar- range toujours de maniere a I'avoriser les riches. — Les noces de la vallee de Kirchzant, pres de Fribourg, offrent une de ces singularites dont Tacadeinie celtique accueillait avec taut d'empressement la description dans ses memoi- res : quand le cortege se rend a I'cglise, une chaine tendue d'une maison a I'autre lui barre le passage : a la tete des jeu- nes garcons du village il s'en presente un qui tient a la main im sabre nu comme pour interdire le passage. Alors celuiqui conduit la mariee s'informe du sujet do I'opposition. A-t-on manque aux convenances? Les parens n'ont-ils pas ete con- suites? Mais les jeunes garcons repondent qu'on ne laisse pas partir sans indemnlte une fille aussi aimable : on demande done un chariot charge de vin du Rhin , du pain, du roti , puis un boeuf gras, et soixante et dix sept veaux ou moutons, ou si le marie I'aime mieux une somme ronde de cent ecus ; enfin on entre en pourparler, et Ton transige au prix d'une invita- tion a la noce. — II y a beaucoup de sujels qui se rapportent a la fabrication du verre, des montres, etc. II y a aussi des details curieux sur I'or du Rhin, et sur la maniere dele re- cueillir. De i^gS k 1802 on en obtint pour la somme de 9,i65 ilorins /p kreuzers; les frais s'eleverent ^ 0,559 florins, mais la proportion s'est amelioree. Ph. db Golbert. SUISSE. io3. — Abnge clanentaire dv la liiogrnphic •ilaliique lie lit /,43 LlVilliS KTUANGERS. Ati/y.sr, traJiiil du rallenuind de Marc Iahz. avuc les rliaiigp- uicns snrveiiiis depiiis la piiljlication de I'um rage original, par G. «E Vavdoncourt Tils. Geneve, 1829; Ab. Clierljiiliez. Paris, 1B29; Tlieopliilc Ualliinore, rue dc Seine, n"4B. Iii-ia de x-55o pages. Get ouvrage, destine surtout aiix ecoles et a la jeunesse .Miisses, nous semble devoir alteindic eompletemcnt son but, (|iie la preface caraiterise en ces termes : <■ .J'ai done essaye de composer un abrege elementaire pour la geographie de la Suisse. Gel abrege devait oflVir les connaissances les plus in- dispensables a la jeunesse du pays; redige d'apres les docu- mensles plus precis qu'on ait lecueillis jusqu'a nos jours, 11 devait a la fois rendre plus faciles et I'easeignement et I'etude (ie la geographic nationale. 11 lallait aussi rnettre oet ouvrage a la portee des fortunes les plus niodiquc'^, aliii qu'il pOt pe- uetrer meme dans les ecoles de village. » Le traductcur, aniaie des memes intentions que I'aiiteur alleuuaid, a donnc ii son travail tons les soins «[ui Ie rendent digne d'obteuir !<• meme accueil que I'original a deja olilenii. a. io4. — * Storia dcW econoinia pubblica in liidia, etc. — Hia- toire de I'econoniie publique en Italic, ou resume critique des economistes italiens, precedee d'une instruction. [i<\i Joseph I'ECcnio. Lugano, 1829; lUiggia et C. In-S". L'auteur a senti I'utilite de ces abrcgts encyclopedique^ qui resserrent en pen de piigcs la matiere de gros volumes, et facilitent !)eaucoup I'acquisitipn de la science. M Citstodi avait public a Milan, vers le commencement de ce siecle, une collection d'ouvrages classiques d'econornie publique, i'l'rits par des Italiens. Parvenue jusqu'a plus de 5o volumes, ellc en pourrait compter maintcnant jusqu'-'i 60. M. Pecchio, aprtjs I'avoir analysee pour son usage, a cherche a la rendre aussi profitable a la plnpart des Italiens et des etrangers, en rcsumant ce qu'elle contient de plus substantiel. II se flatte Mieme, qu'au ninyen de son travail, I'etranger ne pourra plus s'excuser d'ignorcr I'liisloire de Fecunomie publique en Italic. Vliilroductioit de son ouvrage montre quel etait autrefoi- Tetat de celte peninsule, comparee avec le reste de I'Europe, relalivement a I'adminisliation publique, a I'industrie et an commerce. L'auteur la termine par celle conclusion, que \c^ nations privees do liberte et d'instruction ne peuvent pros- pcrer tout au plus que pendant quclqiies intervalles, par le caprice passager de princes ou de minislres bien intentionnc-. A cette introduction, :Micecde V lllstohr de t'rcoiwmie poll fif/iiern Itnlir, dcpnis 1 .'iHo juMju'a nns jours, et c'est Gnsponl s Li IS St:. 443 Garu/fi, da lleggio de Modcne, qui paiail le premier dans cette revue. II semble que I'ecole des economistes italiens tut d'abord fondee a Naples, par Ajitolne Serra, qui osa traceries limites du doniaine de cetle science; apris lui, elle tut re- panduc en Ttalie par Droggia, Galinfu, Genovesi, Filangiej'i, Briganti, Palmieri, etc. Les Lombards, tels que Beccaria, Verri, /hcngolti, Gioja et tant d'autres, donncrent a la science plus de nielhode et de precision. L'auleur, apres nous avoir i'ait connaitre tons ces ecrivains et leurs theories, cherche a determiner leur caractere, en les comparant entre eux et avec les Anglais; et finit par observer comment ils ont con- tribue aux diverses reiormes i'aites pendant le dix-huitieme siccie , particulicrement dans la Lombardie , la Toscane et le loyaume de Naples. Nous ferons quelqnes remarqiies sur I'article biographique consacre a Antoine Serra. L'auteiu' assure que ce fondateur de I'economie politique est reste dans les prisons de Naples pendant dix ans. Mais de quel document a-t-il pu tirer ce tiiit, si tout ce qii'on sait, d'apres les recherches les plus minutieuses sur le compte de cet ecrivain, se borne a ce qu'on trouve a peine indiquc dans son Trnitc (1)? Serra a date son livre de sa prison; ct Ton ignore s'il en sortit ou s'il y mourut. Com- ment sait-on encore qu'il tut sept fois applique a la torture, comme le dit M. Pecchio, et qu'il fut successiveinent enferme dans cinquante prisons difterentes? Rien de tout cela n'est rapporle dans son ouvrage. II a semble probable que Serra, etant calabrois comme Campanella, ct arrete en meme terns que lui, fiit enveloppe dans la meme conspiration que trama ce dominifain, pour dciivrcr son pays du joug des Espa- gnols; mais M. Pecchio avance comme nn I'ait historique , sans designer les sources on il a puise, ce qui n'est qu'une simple conjecture, et ce que d'autres avaient en vain cherciu'! avant lui (2). L'abbe Galiani publia le premier le peu de de- tails contenus dans le Irontispice du Traite de Serra, qu'on avait entierement oublie; tout le icste consiste (;n conjectures; ct iM. Ciistodi n'a fait que confirmer la meme 0[)inion. II n'est pas vrai que !c P. Campanella, lorsqu'il inedilait sa conjuration, fut renferme dans un convent de Stilo, en (]a- labre. a cause de ses opinions pbilusophiques. II etaiten pleine libeite, et ne fut jamais si generalement respecte qu'a cette epoque par ses concitoyens et par ses confreres. II n'est pas (i) Des causes de la rirhcsse ilc.s tuilifm';. Naples, iGio. (2) Voy. Ehgin {li Scmi. clc. Mil.Tn. iSoj. /444 MVRKS ETR ANGERS. viiii iioii plus qu'il ail leruse les secours du pacha Cigala ; au contrairc, il n'aUendait que I'anivee de la flotte, lorsqu'il iut surpris et airetc par Ics Espagnols. Nous sigualons ces petites taches, qui n'otont ricn a I'importance du sujet principal traitij par M. Pecchio, tt qu'on peut faire facilemciit disparaitre dans line autre edition de son ouvrage. L'auteur reniarque que, si le livre de Serra nc nierite plus d'etre consulte qu(; par ceux qui veulent counaitre I'origine de la science, il n'en est pas moins digne de nos egards et de notre reconuaissance. Nous ajoutcrons qu'il ne i'aut pas nou plus oublier un autre ou- vrage de Serra, qui prouve aussi la superiorite de son carac- tere et de son esprit; cet ouvrage avait pour titre : De la Force de I'lgnorance. F. Salfi. io5. • — V crschworung gegcn die Legitinutiit , etc. — Conspi- ration contre la legitimile des trones et les libertes tics peu- ples ; traduit du I'rancais , avec des reniarqucs du traducteur. Trogen , 1829; Mayer et Zuberbiihler. In-8° de 56 pages. La brochure dont ccUe-ci est la traduction a paru I'an- nee derniere a Liege (iniprinierie de veuve J. Desoer; in-8" de 48 p.). EUc est dirigee contre les envahissemens du jesui- tisme et la donun£ition des Jesuites. La Suisse avait droit a y occuper une place , et l'auteur n'a pas manque de la iui ac- corder. Les questions generales qui se rattacheut a la resur- rection de I'ordre de Loyola sont epuisees ; mais il reste en- core quelque chose a dire sui' les rapports des Jesaites avec la. Suisse , et c'est la seule partie de la brochure i laquelle je m'arreterai, tout en reconnaissant qu'elle est en entier ecrite avec talent, avec verve, et avec devoument a la cause de la raison et de la liberte. Comnie je ne partage pas toutes les idees de l'auteur, qui sont celles du grand noinbre , on me permettra d'exposer completement ma pensee pour qu'elle ne subisse pas de fausses interpretations. Quoique certains pays otrangers soient pour beaucoup dans le retablissement des Jesuites au sein de la Confederation Ivel- vetique, on ne peut pas dire que le jesuitisme suit pour la Suisse, comme la religion pour Rome, suivant un economisle de nos jours, un objet de commerce, d'exportation, et non pas de consonuiialion intcrieure. La conipagnie de Jesus ne considere pas uniquement la Suisse couune un camp retran- che, mais comnie un pays en partie conquis , en partie a con- querir ; temoin leurs etablissemens et leuis tent.ilives. J^es Jesuites sont etablis dans !e Valais; ils ont un pensioiuiat a Brigg, ou ils dirigent, depuis plusieurs annees, I'education de jeunes gen? de divers pays, cntre autres de jeimes Fran- SUISSE. 445 cais. Sons des denominalioiis diversos, il.s out couverl le can- ton de Fribourg; il,« I'ont enlace tout enticr d'un reseau qui, ponretre fort, n'a plus besoin d'etre invisible. Un novicial de Jesuites est etabli a Estavayer. Dans le grand pensionnat de Fribourg, cleve en partic aux Irais de PEurope jesuite, en parlie aux depens du gouvernenKnit IVibourgeois, le nombre des eleves a ete portc, dans I'espace de quelques semaines, d'nne vingtaine a quatre cents ; les directeurs du pensionnat assurent qu'un plus grand nombre encore est loge dans des maisons particuliercs. Les gens inslruils des affaires de la Suisse savent si les fds de Loyola ont eu qnelque influence dans la formation du nouvel eveche de Bale. Deux Jesuites se sont glisses a Schwytz; ils ont reussi a s'y faire aimer par leurs manieres insinuantes, et par I'argent qu'ils ont repandu a profusion; preavis adroit sur la proposition de leur intro- duction legale, qui sera presentee tot ou tard a I'assemblec generale du canton. On etablit au sein de la Confederation, revetus d'lm caractere pul)lic, des personnages affilies ou de- Aoues a la compagnie de Jesus. Sans avoir la pretention de ciler ou meme de connaitre tons les faits a I'appui , nous en Savons assez pour dire avec I'anteur de la brochure : « Depuis long-tems on voit sieger des Jesuites dans les communes, des Jesuites dans les salles du conseil, des Jesuites dans les ecoles , et encore des Jesuites dans les chapitres ! » Mais de ces faits nous ne tirous pas la meme consequence que lui, lorsqu'il s'ecrie : « Suisses confederes, levez-vous en masse du moment que ces assassins de la tolerance , de la liberte et des luniieres se permettent des attaques contrc I'independance politique et des critiques contre la paix religieuse ! » Et, d'abord, les levees en masse sont un triste moyen d'a- meliorer le sort d'un pays; ensuite, nous savons trop bien qu'une boiuie majorite des Suisses ne prendrait aucune part a cette levee en masse , parce qu'elle est indiflerenle a la cause contre laquelle le jesuitisme dirige ses attaques , ou parce qu'elle ne la comprend pas; enfiu, une levee en masse n'a d'efficacite que contre nne puissance mnterielle, contre une op- pression armee. Un soulevement populaire, puissance mate- rielle , pent renverser, il est vrai, les etahlissemens materiels de I'ordre des Jesuites ; mais il ne saurait en detruire I'esprit, ni arreter Taction de la pensee , ni empecher le devoument secret aux principes du jesuitisme : or, ces principes regnent dans quelques-uns de nos conseils depiiis long-tems , comme I'auteur de la brochure en convient ; ils sont I'origine et non le resultal des etahlissemens que les Jesuiles ont formes en Suisse. /44f) LlVllKS irniANGEIlS. L'auleur Uii-nieme iiuliquc Ic vrai moyeii de combattie Ic- jesuitismc : « Los piiiuipaitx obstacles qui s'opposcnt mix progres do I'cspril josiiili([uo soiit : la Suisso ropublioainc avor son hisloire, sa piiljlioile, sa liberie des cidles ct sosoomilos palrioliques, etc. « La liberie do rinstniction , la pid)licil<'. les assooialions palrioli(|uos, voila le cordon sanitairc dont il coiivient d'entonrer les cantons inlectes de jesuitismc ; et poni' rela il ne taut pas s'adresser aux gouverneuiens souls, niais encore aux citoyons. Kieu, on etlot. u'ost plus mortel aux doctrines du dcspolisnie sacerdotal ou politique, et a I'esprit d'asservissenient que rinslrnction, qui liuit loujours par con- s duire a la liberie ; ([ue la publicite, qui est deja la liberte ; que les associations indopendantes, application prati(iuc des principes de la liberte. La maniere nienie dont les fils de saint Ignace se sont eta- blis en Suisso atlesto quo le jesuitisme y a rencontre I'oppo- sition de ces lumiorcs I'ranches et publiques. Sur Ic sol do rHelvelie, Boranger aurait pu lour doiuandcr : Honimes noirs, d'oii soi U'z-vous ? Et ils auraient pu repondre : Nous SOI Ions f!e dcssoiis tene, Moilie renaids, nxiilie loiips. La nioitie qui s'est presentee la premiere elait en offet cello des renards. Se glissaut dans Tombre, d'abord isoles, sous des denominations pen redoutoes, so t'aisant des amis avec mystere, ils firent voir, par lour circonspection , qu'il ny avail point pour eux d'alliance plus sure qu'avec les tonobres, tPauxiliaire plus utile que le seciot. Quels cantons ont-iN choisis pour lours pied-a-torre , en attendant qu'ils pusseut en laire leur tbeatro ? Ceux ou I'ignoranco est la plus gon«';- valc . le peuple le plus avenglenient souiuis a qnolques cliel's. la publicite inconnue. Cet aveu en action de rincompatibililo de la dominatiosi des Jesuites avec les lumicres, dont ils n'oxorcent pas le mo- nopole, entre le jesuitismc et la bberle de rinstruction , dos dissociations et de la presse, est procisoment ce qui nous ras- siire. ]Nolre cordpanl pliiF SUISSK. 'l4- ( onvrnabU-rncnl les Ihfultes inlellectuelles et morales; la nais- naiKC d'line opinion piihlique iiationale ; la consolidaliou dc la liljeite ile la pressc , donl Thaljitude a deja fait, en quelipie i'aron , nne institution pnbliqiie ; la propagation et I'lndepen- dance progressive des join-naux, voil;'i qnelfiues-iins des piin- eipanx tails caracteristiqnes de notre cpoqiie; voila nos mo- tits de seciirite. Nous en avons un autre encore; ce sont les progres religieux de la Suisse. Independaniment des pheno- menes que presente I'esprit de secte, I'Evangile est de phis en plus respecte, et la Bible chaque jour plus repandue ; le rhristianismc penetre plus avant dans les institutions et plus prolbndemeut dans les coeurs; or, le christianisme , c'est la liberte et la civilisation, I'antidole le plus actif centre le poi- son jesuiticpie. Les fails attestent la solidite de ces motifs do notre trauquillite d'esprit. Les Jesuites envahissent la partie de la Suisse on il fait encore nuit ; elle leur appartient de droit ; K'l ils regnent : dans les contrees oii N'elant deja plus nuit il n'est pas encore jour. ils luttent; oi'i il fait grand jour ils succombent. Mais, ne pas les craindre, ce n'est encore leur rendre jiH- tice qu'a demi. Selon nous, ils meriteut de plus notre recon- naissance a deux titres. Pour etendre sa domination , I'ordre des Jesuites a besoiu de nombreux aflilies ; pour avoir ces afiilies , il les eleve; pour avoir des eleves, il aspire a la confiance des peres de iamille; pour obtenir cette confiance, il rivalise avec I'iu- struclion publiquc, qiiand il ne pent pas s'en emparer. Dans les ecoles de Brigg et de Fribourg, on se tient a laliauteur on sont parveniies les sciences physiques et mathematiques . I'histoire naturelle et I'infelligence materielle des auteurs an- riens. Quant aux sciences morales, telles que la philosophic, I'histoire, I'ecoiiomie politique, c'est la I'eimemi qu'on s'ef- force de contbatlre on de coriompie. — 3Iais, n'impoite, lorsque quehpios rajnns de lumiere tombent sur I'une de?: faces de I'aine humaine , cellc-ci demande bientot a etre eclai- ree tout eiiticre; son activile excitee, elle Texerce spontane- ment sur tons les objets ; elle presseat, puis decouvi'e la ve- lite, dont on lui avait fait un mystere : c'est la le moment dc son emancipation. Cette marche est I'histoire des jeunes gons et des j)euples. Les lumieres iiulividuelles et gencrales ont leur enfam^e, leur jeunessc el leur age viril : elles comuicii- ccnl par etre asservies a une autorite ; mais bientot elles s'ini- paticntcnt de icnr asservisscment . puis elles s'cu aflVanrhis- ^'jS LIVRES l^TRANGEllS. sent. Lr^ liiinicres que les Jesiiites cominnniqueiil it lein> t-levcs nc soul d'abord qu'un instriiinenl doiit ils coniplfiil se servir; mais cc qui est tait pour comniauder ue saurail lonj'-tcuis se coutentci- du rule do robeissauce. Bon nombre de ceux a qui ces bimiere^ auronl etc comuiuniquecs, indi- gnes dc Ics niettre au service d'une volonlo etiangere, lo.s •■niauciperont , el nc prendroiU plus conseil que d'elles-mO- mes. Nous counaissous des elcves des Jesuiles qui Tout ser- vir a la cause de la lil)erte les counaissances acquises daus les ecolesdc rabsolutisme sacerdotal. Sur luie ecbelle plus graude. le canton de Fribourg, par exemplc, auquel M. Dupin reser- verait une de ses nuances les phis sonibres , s'il I'aisait uue carte statistique dc la Suisse, le canton de Fribourg recevra, par le moyen des eleves qu'il envoie aux Jesuiles, une cer- taine masse de lumieres qui lui manquent ; a rasservissemeni ignorant succedera un asservissement plus eclaire, c'est-a-dirc unasservissenient d'babilude, mele au desirdel'emancipation; car parlout ou il y a luniicre il y a aussi dcsir de liberie : or. du desir de la liberie a la lil)eitc clle-mcme il n'y a pas si loin fju'on le croit communeiueul. En rcsuna'; done, les forces intellectuelles que les Jesuiles sont obliges de communiquer a leurs elcves, pom- se maintenir dans leur position, liiii- ronl par toiu'uer conire eux-memes (i). La Suisse en parlirulier aura , nous I'esperons, un second motif de reconnaissance envers I'ordre de Jesus, la necessite de rivaliser avec ses inslitulions. Les surpasser daus les (i) 1^1 jiiiiiiial suis!-i' viciit dc piiblicr, en date du 12 mars, le tableau que voiri du personnel des seininaiies et des ecoles des jt-siiites dans le eanton dc Fribourg. — College de Saint-Michel, i Fribourg : 1 provincial, I recteur, 11 peres, 5 professeurs laiques, 7 magisters, 24 scolasliques, 8 fii'ies coadjuteurs ; lota! 67. — Settiiiiaire, a Estavayer : 1 recteur, 1 mi- nistie, 10 pcrcs, s professeurs, 24 novices, 9 I'reres ; total 47- — Pen- sloniiat, k Fribourg: 1 recleur, i4 professeurs, 53o pensionnaires de di- verses nations, 10 domesliques; total 7t5i. —Gyninase et Aihencc, 'a Fribourg : ecoliirs de diverses classes, 660. — Ces nombres leunis fer- ment done un total de 1,119 t'-tes; 5o nouveaux eleves sont annonces. Si Ton y joint 16 ligoricns el 5oo jesuitcs k robe courte, le total definitif sera de i ,465 personnes. — Les io4 individus reunis dans les deux semi- naircs dc jesuiles, celuid'Estavayeret le college Saint-Michel de Fribourg, se reparlisscnt conime suit cnlie divers pays de I'Europe : Bavieie, 1 ; Belgique, 4i ; France, 1-; Russie, 1; Suisse, 2.5; Prusse, 6; Savoie, i ; Pologne, 1; Tyrol, 1; Bade, 1; M'uitemberg, 3; Lippe-Dcmold, 1; Irlande, 1 ; Pieinont, i ; Bolieine, 1 ; Saxe, ^^. I'n autre journal dit que la population jesnite du canton du I'alois est de 182 individus; Sion compte 10 peres el 2 freres ; Brigg, 5o percs el l4o eleves. SUISSE. — ITiVLlE. 449 sciences qu'ils enseignent, organiser d«s etudes Ibtlcs dans les stien(;es qn'ils n'enseignent pas, parce qu'ils les redoii- lent, telle est desormais la double lache imposee par les Je- suitos auY colleges et aijx academies de la Suisse piotestiinte ft de la Suisse catholique. Nous nous empressons d'ajouter que, d'accord avec les circonstances, le mouvement assez general des esprits tend a satisf'aire ce besoin de I'epoque. L'instiuclion populaiie s'anielioie dans les cantons de (xeneve, de Vaud, de Zuricli, d'Appenzell piotestant, desGrisons, de Luzerne et nieme de Schw_ytz, grace , dans oe dernier canton, aux soins de citoyens zeles et de quelques ecclesiastiques. Des etudes plus fortes et plus varices qu'autrefois se font o« -se preparent dans les colleges de Neufcliatel, de Coire et de Scliaffhouse , dans le gymnase et le lycee de Lucerne, dans les colleges et les academies de Geneve et de Lausanne , enfm dans I'universile de Bfde ; depuis long-tems les institutions snperieures de Zurich ont fait leurs preuves par les homnies qu'elles ont produits. Voilu les avant-postes et le premier rang tie notre cordon sanitaire- C. Monsard. ITALIE. Jo(». — Saggio di Icttere sulla Svizzera : II cantone de Gri- gioni. — Essai de lettres sur la Suisse : Canton des Gri- sons. Milan, 1829; Stella et Ills. In-18. L'auteur de ces leltres est M. Tullius Dxnoolo, connu par tlivers recucils du menie genre precedemment publics. II a voyage dans pres(jue toutes les contrees de I'Europe, etil s'empresse de communiquer a ses conipatriotes les observa- tions et les souvenirs que lui fournissent ses divers voyages. Les lettres ([ue nous annoncons se borncnt au canton des (Prisons ; elles seront probablemeiit suivies de celles qui re- gardent le reste de la Suisse. L'auteur s'est propose de don- «er cu itidien la descripliun de ce pays, non moins singulier par son aspect ph} sicpie que par ses mceurs et sa legislation. Cesujctetailneuf, dn moins pour les I taliens, qui u'ont aucun livre de ce genre, si ce n'est la Slalislique de 31. Fuanscini {I'oy. Rev. Ekc, t. \L,p. 429)- M. Dandolo assuie n'avoircon- sulle quo les voyages de Coxe, de Siinond etdeKasUiofcr ; les letlrcs de M. Baoiil-Rocluile , les csquisses de MM. Vepping, Sliipfcr et IVyss, el surtout le manuel iVEbcl. Mais ce qui lui a servi davanl-age daus son travail, cc soiit ses propres souve- nirs et les scntimens que I'aspect dcslieux avaient excites en lui. En general , il porle son aUcnliou sinles objels qui con- J. XLII. MAI l82i). 2g 45o LIVRKS KTRANGERS. ccinciit la mnra'.c ct la politique. Les nianirs Ics plus simples ou les plus dighcs d'etre imitees, les evenemens les plus me- morables et les plus instructifs lui fi)urnissent ties lef ons uti- les pour seslccteurs. Sous ce rapport , I'ouvraf^e de M. Dan- dolo peut foiu-nir une lecture uon moins agreablc qu'utilc ;i sescompatriotes. iCf^. — Memorie dcgli scriltori e leilerati parmigiani, etc. — Memoires des ecrivaius et des savans Parmesans, conti- nues par M. Jnge Pezzana , T. VI. Parme , 1827; typogra- phic (lucale. In- 1°. M. Pezzana continue avec un zele infaligable les Mdmoires du celebre P. Ircnce Affo. Le volume qiie nous annoncons est d'autant plus utile qu'il contient les nombreuses correc- tions que I'auteur a faites dans leslrois premiers tomes de son predecesseur. II y a insere aussi des additions plus ou moins imporlantes, soit pour eclaircir quelques passages, soit pour I'aire disparaitre quelques omissions. Souvent meme I'auteur se fait un devoir de signaler les erreurs dans lesquelles sent tombes des etrangers qui out traite de ce qui appartient a riiistoire litteraire de Panne. II rejette, par exemple, ce que YErmite en ItuUe implI^e aux Parmesans qui , a I'entendre, pretendeiit encore qu'Aurelius Macrobius est ne dans leur ville, au 4° siccle. M. Pezzana assure que, depuis les obser- vations du P. Affo, aucun Italien n'a soutenu une opinion si ridicule. II releve en meme terns plusieursmcprises du meme auteur. Celui-ci avail dil que le torrent, nomme Parme , di- "visc la ville du meme nom en trois parties, reunies parautant de ponts ; qu'ellc est fort ricbe en tableaux de Paul Veronese et de Guerchin; qu'ellc contient 4o«ooo habitans; que le grand llictitre Farnesc avait ete dessine par Vignoles, il y a trois siecles, c'est-a-dire , avant qn'ii ful ne ; que I'ltalie n'a d'au- tres theatres mndernes, ornes d'architecture, que ce thcStre de Parmc ct rOIympitpie de Vicence, etc. : ce qui suffit potn- mettre en garde contre ces voya gears charlatans qui abn- sent de I'indulgence du pidjlic, en donnant les contes de leur ignorance pour des relations fideles. Les recherches de iM. Pezzana sont parfois un pen minu- (ieuscs, mais elles sont indispensables a ceux qui se livrent iui meme genre d'etudes ; et il en tempere I'aridite par la cor- rection et'l'cli'-gance de son style. 108. — Lellcre tli Sustcne a Sofia, etc. — Lettresde Sosthene a Sophie, pul)Hces par M. Charles Poitens, ct traduiles vn italien par M"' CVnVc De Li'>a-Foll!i:ru. Naples, 1828; Borel IT A UK. 45 1 I og. — E nil male, e an bene secondogli uornini ed i costiimi; et la visione d'Ercotano , etc. — De ce qui est bon ou mauvais siii- vaiit les homines et les moeiirs; et l.i vision d'Herciilanum, par le mane aaieur. Naples, 1828; Borel et C*. In- 18. Les lettresde Sostliene a Sophie, piiiilices par M. Pougens, sont trop generalement roniiues pour qii'il soit neccssaire d'cii rendre compte ici. iM"" De L\ina-FoIliero, une des muses du Parnasse iiapolitain, a voiilu les faire apprecier a ses compa- triotes, et donner en inenie tems an respectable anteur nne marque de son estime et de sa reconnaissance : sa traduction est claire, fidele et tr^s-soignee. L'autrc opuscule apparticnt tout entier a M""" Folliero. Sui- vant les traces de I'ecrivain qu'elle vient de traduire, elle a pris a tache de relever les veritables qualites de I'amour dont le vulgaire abuse Ic plus souvent, en lui donnant des noms et des attributions qui exprinient plulot ses vices ou sa nul- litc que sa nature et st>n importance. Les connaissances que I'auteur de.ploie dans ce petit dtscours prouvent que ses etudes out embrasse des sujets plus graves que la poesie. La riaioii est uno piece de vers sciolti, dont le sujet est la mine d'Herculauimi. M™" FoUiero avail recite ces vers dans \me seance pulilique de PAcademie pontanienne. Nous savons qu'elle continue a charmer ses concitoyens par la lecture de ses vers, et, comme nous croyons qu'elle ne les consacre pas a des personuages et A des sujets fufiles, nous esperons qu'elle en fera bientot part au public. F. S. O tar ages ptriodiqaes. 110. — * Giornale Agrario Toscano, etc. — Journal d'agri- culture de la Toscane, rcdige par MM. Rafaele Lambrus- CHiNi, Lapo de' llicci, Coslmo Ridolfi, et d'autres proprie- taires amis de la vie champetre, des connaissances d'economie rurale et domeslique. Florence, 1S28-1829; cabinet scien- tifique et litteraire de G. P. Vieusseux, editeur. In-S". Nous connaissons deja buit numeros de ce recueil , et par consequent les deux premiers volumes (1827 et 1828). C'est plus qu'il ne taut pour apprecier im ouvrage tel que celui-ci, et lui prcdire iin heureux avenir. II n'en est pas ainsi des pu- blications litteraires; combien n'en voit-on pas s'evanouir aprts quclques momensd'edat? L'imagination creatricen'agit (|ue par acces; elle sommcillc , en attendant les inspirations qui i'evcillcnt en sursiiut : I'esprit d'observation, qui crec les 452 LiVRis l•:^lVA^(;^:RS. scioru'cs ct Ics arts, met tout Ic terns a pnilil; sa iiiaidie est regulierc, soiitenue, et Ic clicni'ui tleja I'ait doniie unc mcsnie cxactc erile, et d'avoir consa- ne aux paragieles des pages dont ils pnuvaicnt certainement lairc un nieilleur cm])loi. Les sciences ph_ysif[nes ont bien d'auties servic es a rendre a ragriculture , sans leur deuiander ce qui n'est pas en leur ponvoir. Florence ne vent poii:t demeurer en arriere de I'instruc- tion industrielle qui se repand en France; des cours de geo- metrie et de niocanique appliquees anx arts y sdnt elablis, et le perlectionnenient des machines et des instrunjens agricole;^ n'y est pas onldie. De lonables efforts sont fails en Toscane pour introduire I'esprit d'association dans les exploitations nn-ales, et ce joiu-nal les seconde. Plusieurs articles relalil's a I'econoniie rurale, inseres dans ce recueil, altireront I'atten- tion des lectenrs, et ne seront pas niedites inntileuient. On profitera anssi des observations tres-justes qne Ton y I'ait snr rinfluence des taxes. Les redacteurs ont dcj;\ traite beanconp de sujets divers; niais I'art est immense, il marche a grands pas; les matieres abondent; le zele des redacteurs se son- liendra jnsqu'a la fin de leur entreprise, si tontelbis elle doit finir. F- 111, — // nuoro Ricoglitore , ossia Arcliiri d'ogni leitera- iara antlca e moderna , etc. — Le nonveau CoUectenr, on Archives de litterature ancienne et moderne, etc. Cahiers XLTX, L, LI et LIL Milan, 1829; Stella et lils. Ce journal a snccede an Speclatciir italien et au CoUectenr. Ses redacteurs font tons lenrs elforls pour repandre les principes de I'ecole romanlitjue lombarde, connnc I'nniqne moyen de fain; avanrer I'instrnction et la civilisation sta- tionnaircs en Italic. 11 semble cependant qn'ils ue sont pas dn nombre de ceux qui voudraicnt subslitiier a la scrvilite des classiqnes une autre imitation encore plus eirange et plus ri- dicule. Cette sorle de sagesse et de moderation, qui rcjctte les extremes, pourrait seule rapprocher les deux partis, et tirer de Tun et de I'autre ce qn'ils ont de plus reel et de mcillcur en ihcorie et en pratique. Dans les quatre prcuiierfi caliiers de (Cite ani'.ee, dans sa patrie, il seconda de tons ses etforts et de son in- ttueuce les projets des societes de bienfaisauce, aplanit les diflicultes, determina le succes. La confiance du inonarque I'a charge du gouvcrnenieut de Batavia et des colonies hollan^- daises, aux lodes orientales. Un frere de cet excellent ci- toyen est charge de I'inspection t\ts, colonies agricoles des pro- vinces meridionales. M. Mary a joint au recit de sa tournee dans les ctablisse- mens de bienfaisauce le recueil des actes du gouvernenient qui les conccrnent. Sa brochure contient done les documens les plus recens et les plus conq>lets sur ccs moyens de se- cours, de perfectionnement moral , de veritables progres so- ciaux. Puisque I'auteur a ecrit en francais, esperons que son ecrit sera particulieremcnt utile a la France. F. 1 15. — * Memoires couronnes, en 1828, par I'Academie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles. Tom. VIL Bruxelles, 1829; M. Hayei. In-4'', 88, 160, 2a et 411 pages, sans les prelimin aires , avec figures. 456 LTVilES KTRA.NGlinS. (jc voliiiiie conlifiil iral)oril driix iMr-uuiirc? , par M.M. J. Steimngkk , i!o Tri-'ves-T el A. KisoELSPACH-l.AniviERE, qui oiU })onr olijct la cU-scription gt'OgnosruiiM' dii pi\n(\ duclic dc Liixeinl>om-p:, province qji'iine socittc rcccniinent foiinee par lo luinistre de I intc'rieiir explore sons Ic point dc vue scienti- fiqiio el stutout indiistriel. Ces Jlenioires , an jiigeinent des conimissnires cliarges specialemcnt de les examiner, rcunis- sent rensemble des connaissances qnc I'un ponvait se pro- meltre de I'untenr d'une solution complt'te. Le premier est remarquaWe sous le rapport geogiiosli([ne , Ic second ne sa- tisfait qu'a la partie mineralogiqne dc la question. Cette con- sideration a determine I'Academie a deccrner la nicdaille ;'i M. i. Steininger. — UnMenioire historiquc,dua iM.C'/i.STEun, lermine le volume, et prescnte nn tableau aussi etendu qu'in- teressant de I'etat politique, admiriistratilet judiciaire, civil, i'«ligienx et militaire des Pays-Bas anlricliiens sous le regne de Charles VI, depuis le traite d'Llrecht jusqn'a I'epoque de Pinauguratron de Marie-Therese. Les recherches ([ui onts<'rvi de base a cet ecrit sont innomhrables, et I'auleur y a porte un esprit de critique et de philosophic qui lui fait infiniment d'honneur. — Le concours de 1828 justLfie les eloge* que I'Academie des sciences de France a adresscs dans le der- Kier volume de son recueil a celle des l*ays-Bas, en rendant hommage aux hautes pensees qui dlctentla plupiu-t des ques- tions qu'elle propose. 1 14- — Bydragen tot Imt onde Slrnfregt in Bctgie, etc. — Re- cherches sur I'ancien droit criminel de laBelgiqne. Deuxieme tdition. Bruxclles, 1829; Brest- Van-Remp(';. Les pieces a I'appui et les documens originaiix remplissent presque Jes deux tiers du volume. Plusieiu-s des deruiers etaient inedits; quant aceux qui etaient deja connus, il efil etc facile de les multiplier; et, par exemple, a propos des poursuites exercees^ sous pretexte de magie, on eftt pu tirer des memoires de J. du Clercq, les details curienx qu'il uons a conserves sur les \audois d' Arras , details que M. de Barante a mis a profit avec PAYS-BAS. 457 roii^inalile habituelle tie son tahnit. — L'autoiir semble avoir eu pour but principal de confirnier cclte pcnsue tic Millol : « Les ignoraiis calonmient leiir siecle parco qu'ils ne se dou- tcnt piis des anciens desordres. » La rouiarqiie est vraie sous plus d'lin rapport , mais il serait absurde d'eniiiferer que des lois qui, quoique moius grossieres que celles de nos a'leux , nc i-epondent point aux lumiercs de I'epoque , nierilent noire admiration et notre reconnaissance , et (|ue les critiques legi- times dont elles seraient I'oljjet devraieni etie c1)nsidcrees eomme un outrage, non-seuleuienf pour Ic legislateur inba- bile , niais pom- son siecle tout enticr. En legislation crinii- nelle, il n'est encore aucun pciiple qui ii'aita elVacer la rouille de la barbaric; or, citer des abus anciens on qui existent au- tour de nous, ce n'est pas excuser ceux dont nous sommes nous-memes scicmment et volontairement la cause ou le sou- lien. — Au total, le livre annonce est d'une lecture anssi in- structive qu'attachanle. Le magistral respecta])le aucpiel ou I'attribue a fait de ses courts loisiis un cnq)loi digne d'eloges. De FiEIFFE.NBERG. ii5. — De Belastingen, etc. — Les impnts, surtoul ceux du commerce, consideres sous le rapport de rinterel general des pcuplcs; par M. E/lnk Steek. Dellt el Amsterdam, 1828; Bruins et Groelie. In-8° de xxii et 249 pages. Le but de Tauteur, en publiant cet ouvragc, est de demon- trer rinfluencc iacbeuse que les doctrines du systcme mer- cantile exercent sur la legislation et sur I'opinion des parti- culiers; il s'efl'orce d'indiquer luie route qu'il I'i'oit sure pour amener vm ordre de cboses favoral)lc aux interetsdes gouver- nemens et des gouvernes. L'autcur, attacbc au departement des recettes, a etc a meme de recueillir des observations sur la matierc qu'il traite, el sou livre nc pent manquer d'etre i-ecberche. *** 1 iG. — Election dc M.' O'Connel , el Fragment sur I'ensei- gnement tire du noiirel oavrage dc M. I'abbe F. de la Mennais. (Bibliofbeque calbojique de la Belgique , ^' ouvrage pour 1829.) Louvain, 1839; Van Lintbout. lu-8". Cette publication est un document precieux pour I'liistoire des opinions dans le royaume des Pays-Bas. Cc qui la rend extremeuieut remarquable ce n'est pas le recit anime et pit- toresque de I'electiou dc Clare, recit lire d'une feuille anglaisc ct qu'on attribue a M. Sheil (i) ; ce n'est pas non plus I'ex- (1) Les lefties dont sr compose rutte lelalion onl ele publites dans le Globe, t. vn, n"' 5, 7 el 9. 458 LiviiES Strangers. trait clc Touvragc imiverscllementconmi do I'ahhe de laMer*- iiais, mais la prc'raco de sept pages signee L. F. De lloniAiNO DE IJoHSDECK, ct dont quelqiies ligne.s, dont on attend suns doutc beaucoup d'cUet, sont reproduites sur la couverlin-o , afin do IVappcr pins siircmont I'atlention. Celte prelaee est- clle done nn morcean d'elofinencc on de raisonnenient? INi I'nn ni I'antre, ct nons qni ne ilattons ni la pnissanee ni les partis, nons le deelaions iVanehenient, noiisn'y avons tmnvc qu'une exageration depU)rable. Notre sentiment sni' I'inde- pendance actueltcment ueeessaire a I'enseignement a t-te ex- pose ailienrs (Essai de reponse atix questions officielles sur I'cn- seigncmcnt supcrieur (i) ). An lieu de la liberte large niais li- uiitee que nous demandions, M. deRobiauQ en exige des an- jourd'luii une picine et cnlierc, et s'eleve eontre la loi organi- qne sur rinstrnetion qui doit etre proposee aux Etats-gene- raux, tandis qneeette loi, quoique encore inconnne, prouve que le gouvernenient s'empresse de laide droit aux reclama- tions des snjets , et ne s'opiniatre point dans un systcmc eon- venu. M. de Uobiano aflirme ensnite dn ton de la certitude qu'on yeui dccallw User \a Belgique. Nons prenons la nation a temoin de I'injustice de cette inculpation. Jamais le clergti calholique n'a ete mieux traite par le ponvoir; jamais on fi'a plus fait pour le relever aux yeux de sa communion. Et que gagnerait d'ailleurs nn gouvernemcnt a substituer au catholi- cisme les croyanccs protestantes? il detruirait cette unite de foi et de pensee si favorable k I'obeissance, et renoncerait a I'un de ses pins pnissans auxiliaires. De Rciffexberg. 117. — * Le Plutarque des Pays-Bas, on Vies des Homnies illustres de ce royanme, avec cette epigraphe : Au.v graiuls liomnifs la patrie rcconnaissante. Troisieme el dernier volume. Bruxelles, 1839 ; Laurent freres. In-8" de 480 pages, avec portraits. (\'oy. Reo, Enc, t. XL, p. G88, I'annonce des deux premiers volumes.) Les premieres pages de ce volume sont consacrees au he- ros de la Jerusalem deUvree. Chatcanl)riand , le Tassc, et I'liis- lorien desCroisades ont rendu tort difliciie la tache de retracer la vie de Godefroi de Bonilloii : plnsienrs phrases du Plutar- que des Pays-Bas elaient connues, tres-connnes. ... Celles-ci neanmoins : et il joignait a tons ces avantages des graces et ce scmillanl que les cointisans pref»'Ment sonvent a des qualites plus essenlielles. — 11 avait ete /;((*■ d'une fieire. ■ — Mais esl-ce de I'histoire'.' et beaucoup d'autres du meme merite sont in- (1) I'ublir en socititi'; avi.c M. Wakinkuemg. PAYS-BAS. 459 conteslablement origiiiales; an surplus, cettc notice manque de charme, ce qui doit toujours arriver lorsf|u'au lieu de s'i- dentifier avec Ic siecle qu'il s'agil dc poindrc, on veut en revfi- tir le tableau dc couleurs trop niodeines. A Godcfroide Bouillon <^\\ccii(\ei\tRemb7'andt, Avlevetde, Civitls, Paul Poller, Spinosa, de Horn, Van Swleten, Arniiniiis, Van-Eycl;, Vesale, Voack, les Elzevirs, Ruyscli, Maurice de Nassau. Rembrandt et Paul Poller, tout grands peintres qii'ils elaicnt, ne dcvaient pas, nous semble -t-il, ligurer an nombre des quarante-deux homnies los plus illustrcs du royamne des Pays-Bas. Quant a VanEyck, son importante decouvcrte de la peinturc a I'huile pent lui meriter cette distinction. Du reste ces trois articles biograpliiques, avec ceux de Ruyscli, daVesale ct AaVan Sivieten, sont pent etrc les meilleurs du troisieme volume. Les vies d'Arminius ct dc Spinosa, pour n'etre pas a i'abri de quelques reproclies de partialitc, n'en annoncent pas moins nne plume exercee. II est juste de parler avec eloge aussi dc la vie du conite deHorn; il est lacheux seulemeut qu'ellc I'asse, en quclque sorte, double emploi avec cclle du ver- tueux conite d' E gmonl,'^evs,oniyA^G d'une toute autre impor- tance historique, et dont les traits ont etc si mal saisis par son biographe. — La vie dc Maurice nom parait, sous tons les rapports, infiniment mieux traitce que celles de Guillaume \" ct de Guillaume III. Les articles Jrlevelde et Vouch auraient eu besoin de la portee de vues d'un homme d'l^tat. Les Elzevirs , tres-lionoral)lement places dans I'histoire du bcl art typograpliiquc, forment une cspccc dc hors-d'oeuvre ici. Comme Cirilis nous rappelle nos plus anciens souvenirs de gloire, ne devait-il pas ouvrir la marclie avec Ambiorix, cc vaillant chef des Eburons, qui fut le Cirilis des provinces mcridionales? L'ordre chronologique eiit etc desirable, mais les litterateurs, charges dc presider a Tentrcprise, n'avaient proliablement pas arrete leur plan d'avance : il en rcsidte que plusieurs hommes d'un merite secondaire y tiennent la place des Charlemagne (ne a Jupille, au moins d'apres les versions les plus accreditees), des Baudouin de Flandre , des Jacques Delalain, des Lannoy, des Tilly, des ChCitcauforl, des Clair- /rtjfetde tant d'autreseelebritesdu premier ordre. Onregrette sui-tout dene pasy voir notrebrillant marechal prince ulilitafion , on livrant a I'impres^^ion un ouvrage snr Ics mollnsqiies terrcstres et fluvialiles dc Rlaine-ct-Loirc. Dcpuis il a reciifilli ks clocnmens necessaires pour comple- ter, dans Ics limites de son departenient , cette partic de I'his- toirc des animaux dont la seulc nomenclature est immense p(>ur le territoire le plus ressene, et par la(|uelie il semble que rintelli{;;ence binnaine parviendra le plus facilement a la connaissance des mysteres de la vie. D'apri's les soins que M. Millet a pris pour que son travail soit complct , on pent etre certain que les animaux vertebres dont il lait mention sout les seuls que Ton trouve aujourd'hui dans le dcpartement dc Maine-et-Loire. II est bicn a desirer que d'antres departemens de la France soient decrits dans les niemcs vues et avec la meme diligence. En comparant entre clles ces stalistiqiies de 20ologic , on parviendrait sans doute a se rendic compte dc certains faits qui semblent encore Jnexplicables. Poui-quoi, par exemple , la variete de moi- neaux noirs , assez commune dans le nord, en Anglcterre, et qui a pu s'etablir dans les jardins publics de Paris, est-elle inconnue dans le departenient de Maine-et-Loire ? Comment les sittclles, oiseaux solitaires, habitans des Ibrets , sont- ils devenus citadins, babilans du jardin des Tuileries, dans la capitale, on ils ne se montrcnt, il est vrai, (ju'aux prome- ncurs matincux, etc.? Les moeurs des animaux sont plus difli- ciles a observer qu'on ne I'imagine , et cette partic des etudes loi de ce qui reSlerait, une conside- ration bien frappantedoit encourager leurs investigations. Kn 1812, epoque a laquelle M. Frochot a quillo la prefecture, la ville avait 22,000,000 de revenus, et n'etait arrivee que progrcssivement a cette somme : 20 millions avaientete de- pensesau canal de I'Ourcq; les Abattoirs, la Halle aux vins, les Greniers d'abondance, les marches, le pout d'lena , les quais avaient ete construits; la place de la Bastille, la rue de Rivoli, la rue de la Paix, et beaucoup d'autres avaient ete ouvertes; rcglise de Notre-Dame, le Pantheon, la Halle aux grains, les Lycees de Paris avaient ete rcpares; la Bourse et d'autres edifices etaient commences : depuis 1812, le reyenu de Pa- ris s'est eleve a 45, 000,000 ; on a construit quelques eglises de village, on a commence des trottoirs, on a paye 22,000,000 pour le canal de Saint - 31artiu , on a achete Conflans. Quelles que soient les causes de cette dillerence dans le rap- port des ressources et des resultats obtenus, elle merite une serieuse attention. L'importance des questions auxquelles se rattache le Memoire que nous aunoncons, et qui parait seu- Icment depuis pen de jours, nous engagera peut-el're a yreve- nir. J.-J. B. 154. — Carte gnicrale de Paris, pour i'usage des voitures publiques. Paris, 1829; Carillian (iocury, quai des Augustins, 11° 4i ; Lemarquiore, passage Yivienne, n" 5; et Gihaut, bou- levart des Italiens, n" 4- Feuille coloriec; prix, 5o cent.; cartounee, 80 cent. Les omaihns ne sont pas une des innovations les moins heureuses (|ue nous ait procurees I'esprit de speculation et d'industrie, pendant ccs dernieres annees ; car elles facilitent et accelerent singulierement les coimmmications, ce premier besoin des peuples civilises et commerciaux. Le nouveau plan de Paris n'a d'autre objet que d'indiquer les lignes nombreu- ses que parcourent ces utiles voitures : C'est un guide indis- pensable pour les ctrangers, comme pour les Parisiens eux- memes. Sciences rclifficusea, morales, poliiiqiics et historiqucs. i55. *• — Coiirsde I'histoiredc la philosop/iie, par M. Fictor Cousin , proi'esseur de philosophic a la faculte des leltrcs de Paris, comprenanl : i" \ Introduction dl' hisioirede laphilosopltie SCIENCES MORALES. 4;9 (cours de 1838); 2" Vhistoire dc La philosophic du i8' siecle (cours de 1829.) Paris, 1828-1829; Pichon et Didier. Le cours de 1828 ibrme iin fort vol. in-8", en i/f livi'aisons ; prix, 1 1 fr. Le cours de 1829 formera 2 vol. in-8", en 24 l'~ vraisons ; prix de chaque vol. , 9 fr. Le systeme de I'eloquent professeur a etc I'objet de vives ct nombreuses critiques. Le reproche d'obscurite est celui qui lui a ete le plus generalenient adresse ; peut-etre le merite- t-il a certains egards. Toutefois, ceux qui out assiste aux le- cons par lesquelles >L Cousin a ouvert sou cours cette annee out rendu justice a Fadiuirable clarte avec laquelle ila resume en peu de mots les principaux systemes qui ont domine le 18" siecle et Ics theories des siecles precedens qui les avaient enfantes. Nous attcndrons que ce cours soil achevepourrexa- miner dans lous ses details. i36.*' — Examcn Critique du cours de philosophic dc M. Cou- sin (lecon par lecon) ; par M. A. Marrast et uiie societe d'hom- mes de kttres. Paris, 1828-1829 ; Correard jeune, rue Riche- lieu, n° 21. Les livraisons seront , en tout, au nomine de 38; le prix de chacnne est de ^5 c. pour Paris; de 90 c. par la poste ; le prix d'abonneinent au cours coinplet est, pour Pa- ris, de 24 fr. ; pour Ics departcmens, de 28 fr. Nous exaniinerons en nicme teiiis , dans nue analyse de-, taillee , le cours de M. Cousin et Vexamen critique de M. Mar- rast. Ce sera le moycn de peser oxactement la valeur des ar- guniens de celui-ci, d'apprecicr le caractere general de sa critique et d'en I'aire ressortir la liaison , en exposant le sys- teme qu'il oppose a celui du celebrei professeur de laFaculttf des lettres. A. P 157. ■ — E.ramen des frngmens de M. Roy er-Co Hard, et des primipcs de, philosophic de I'ecole ccossaise, pai' M. le baron Massias. Paris, 1829; Firniin Didot. In-8°de 72 pages ;pr., 1 fr. 1 58. ■ — Principe de la psycho-philosophic , sur lequcl repose la science de I'homme, par le meme. Paris, 1829; Didot. Tn-8" de 58 pages ; prix, 1 IV. Le nom de philosophie ne s'applique plus guere aujoiU'- d'hui qu'a I'ctude des phcnomenes intellectuels. Cependant , comn>e ce vieux tcrme, reprenant un sens plus general . si- gnifie encore quelquefois une methode, un art d'enchainer les fails par principes et conse(|uences, et comme sous ce rap- port chaquc science a sa philosophie, plusieurs ecrivains em- ploient avec raison le mot psychologic pour designer la re- cherche des lois de I'esprit humain. Mais la psychologic, encore au berceau, est attaquee par des adversaircs de plus i8() LIVKliS FRANCAIS. d'lin genre. Les iins nieiit qii'elle soil possible. C'est aiiisi que les paysans ne croicnt pas a la possibilito de mesiircr la (iislance des pianetes. Les aiitres, phis redoulables encore^ veiileni (aire la psychologic avee leurs yeux et leurs mains, el lout ce qu'ils ne touchent ni nc voient sur le cadavie leur pa- rait non avenu. Les brochures dc I\I. Massias vonl nous don- ner I'occasion de repondre a ccs derniers. Qu'on voie si la solution des questions suivantes peut etre relranchee d'une science de I'esprit humain , et si ces questions doivent etre resolues par I'examen du cerveau ou par le retour de la pen- see sur elle-meme. Voici quelques-uns des problemes agites dans la premiere de ces brochures : 1°. Acquerons-nous a la fois la notion de noire existence et celle de notre pensee, ou commencons-nous par posseder I'une de ces idees sans I'autre, et dans cc cas laquelle des deux vient la premiere? a" Qu'entendons-nous par matiere? qu'entendons-nons par objet exterieur a I'intelligence? Si nous n'avions jamais percn que le son et I'odeur, auiions- nous I'itlee de matiere, telle que nous la possedons aujoin- d'hui ? La materialite du son et de I'odeur nous est-elle con- nue par le i'ait meme de la perception, ou par le raisonne- raenl? 5° Si nous n'avions que la vue, sans le tact el sans le mouvemcnl, connaitrions-nous la prolondeur? 4" Pour un homme instruit, mais qui n'a pas In les philosophes , quelle difference existe-t-il entre une sensation et une perception? 5° Peut-on regarder les idees comme de purs actes de I'es- prit , qui ne sont nulle part , quand la force n'agit pas ? 6° Les notions de cause et de substance nous sont-ellesdonnees par la vue des actes de notre esprit, ou par la vue des phenome- nes du monde exterieur? 7° L'esprit connait-il a la fois et son existence et celle du monde exterieur, ou acquierl-il I'une de ces deux notions avant Fautre ? 8° Lorsqu'a propos d'une experience cjuelconque, nous concevons que tout ce qui commence d'existcr doit avoir une cause, I'experience peut-elle etre consideree comme la preuve du principe univer- sel, ou seulement comme I'occasion qui nous fait concevoir le principe? 9° Concevons-nous I'existence de I'espace sans corps, en d'autres tcrmes I'existence du vide ; ou ces mots ne signifient-ils rien pour nous? Concevons-nous des limites a I'espace? 10° Faisons-nous une distinction entre le terns et la (iuree? Faut-il qn'il y ait une chose qui dure pour que le 'i.cms exisle? Concevons-nous des limites an terns? Dans toutes ces questions, il s'agit, comme onvoit, de SCIENCES MOllALES. /JSi DOS pensees, d'un compte rendu de notre intelligence; ct si qiielqii'un de nos lecleurs, en parcoiuant ces pioblcmes. .i <:herclie un instant a les resoiidre, il a eu recours a la rc- llexion, et non a la cranioscopie. M. Massias ne resoud pas ces difiicultes dans le nieme sens que M. Rojcr-Cnllard ; mais, ces deux philosophes sont d'accord sur I'lnstrument d'invei^tigation ; ils ne different que par la tap on dont ils I'einploient. Ce n'est pas au profit des physiologistes que le premier attaque le second , et nous pouvons dire ce que di- sait Charles V tilers aux materialistes de son tenis : « Ce n'est pas dans votre interet que Jacobi poursuit Kant; leurs difft- rens s'agitent dans une sphere fort elevce au-dessus de la votre. Si vous voulez savoirde quoi ils'agit, rnontez. » Mais ici d'autres eunemis nous attendent. A quoi bon la solution de tons ces problemes? a quoi cela sert-il? Cela sert a savoir. line foule de theories mathematiques, physiques et <'himiques n'ont eu loiig-lcnis, on n'ont encore aujourd'hui que ce genre d'utiiite. Le besoin de savoir est aussi reel que tout autre, ct Ton trouvera, dans tons les terns, des espritscu- rieux de s'examiner eux-memes, comme des esprits curienx d'examiner la matiere. II faut done que les astronomes, les physiciens, les chimistes et les physiologistes en prennent leur parti. Usne seront pas de sitot delivres de la psychologic, ou de la metaphysiquc, comme ils I'appelient. D'ailleurs, on ne voit pas comment il scrait nioins utile de connaitre la mar- ohe de I'esprit huniain que celle de la nature physique. Cha- que jour les institulcuis appliquent a I'education de la jcu- nesse une sorte de psychologic obscure qu'ils se sont faite, et Pestalozzi n'a du sa superiorite sur le vulgaire des mai- tres qu'a la connaissance plus exacte qu'il avait de I'esprit humain. Laissez grandir la psychologic; et, comiue toutes les sciences, elle i'ournira quehjue jour des applications qu'on ne peut meme prevoir aujourd'hui. Pour revenir a M. 3Iassias , je ne puis dire ce que je pense des solutions qu'il prescnte, puisque I'espace me manquerait poiu' motiver mon avis. Dans la seconde de ses brochures, il annonce qu'il a dc- couvert un principe fondaniental sans lequel la psyclu>- logie etait jusqu'ici inipossiljle, et ce principe c'est que I'in- telligence communique avec la nature exlerieure par I'extrt- mite du systeme nerveux. J'ai peine a croire que personnc voie en cela une decouverte. Adolplie Garnieb. * 159. — Mus^c moral, ou preccptes, conseils et exemples rc- ru< illisohez les anciens moralistes et divers aulres pcrsonna- T. XIII. MAI l8'>Q. 01 482 UVllES FRAKCAIS. 5<;('9 col6bres de i'antiqiiit6, par M. Ch. S... de I. , aroc celte i'pigraphe : Cupioln te transfundere ista qii(B cfficacia e.v~ pertus sum. (Seneque.) Scconde ot derniere liviaison, com- prenant le? six premiers sieelcs depiiis Jesus-Christ. Paris. 1829; Carillian-Goeiiry, qiiai des Aiigiistins, et Gerard. Iu-8" de XI et 220 pages; prix, 5 I'r. 11 y a dans cette seconde livraison comme (ians la premiere, d'excellentes choses, parmi lesqiielles nous avoiis remarque d'assez longs extraits de Seneque, d'Epictete, de Pline-le-jeu- ne, de Marc-Aurele , de Boeee, etc. Cette liaison des matie- res nous a paru preferable aux petites sentences detachees qui composaient presque tout le premier volume, parce qu'ellc aide beaucoup plus la memoire. Ces exlraits, choisis avec un grand discernement et qui sont tres-proprcs a orner I'esprit des jeunes gens, prouvenl que I'auteur a bien etudie les ecri- vains de I'anliquite et surtout les nioralistcs. A. P. i/jO. — *Traitti des principcs gauraii.v da Droit et de In Le- gislation, ^av Joseph Wv-y. Paris, 1828; Alex. Gobelet. In-S" de 400 pages; prix, 7 I'r. M. Rey est nn publiciste aussi zele que consciencieux. Personne n'aborde plus iVanchemeut que lui les plus hautes dilTicultes de la science. L'objet de son Traite est de rattacher I'etude du droit et de la legislation a celle des iacultes de I'homme. M. Rey ne neglige aucnne des questions que pre- sente ce vaste sujct. II se declare le disciple de M. Destutt de Tracy; et, avec uneurbanite que I'on ne devrait oublier ja- mais entre adversaires qui s'estiment , mais de laquelle on s'est beaucoup trop ecarte dans ces derniers tenis, il prend parti contre la nouvelle ecole francaise , qu'il appelle celle des philosophes rationnels , par opposition u I'ecole ideolo- gique. Nous ne le suivrons pas dans ses luttes contre MM. Laro- miguiere , Cousin et autrcs; un pareil debat nous menerait trop loin. II est , d'aillcurs , pour quiconque a etudie ces graves matieres, une observation incontestable; c'est que, dans im livre ecrit de bonne foi par un homme de talent, on pent toujours trouver d'utiles pensees u recueillir, alors meme qu'on differe le plus les uns des autres sur les principes fon- damentaux. Personne ne peut se refuser a rendre au Traite de M. Rey la justice de dire que les vcrites de detail y abou- dent; c'est a les fiiire ressortir que nous aimerions a nous ar- reter, si le terns et la place ne nous nianquaient. La premiere partie de I'ouvrage de M. Rey est consacree a exposer les principes de I'ideologic, de la morale el de SCIENCES MORALES. 485 I'economic, eta cherchcr leiirs rapports a\ec les principcs dii droit. Ce que nous prelcrons a tout le resle, dans cclte par- tie de son onvraa^e , est ce qui concerne Teconomie. La direc- tion a donner a la distribution des produits du travail vers le plus grand bonhciir possible du plus grand nonibre possible d'individus , la mission pour la societe de dotruire I'inegalite naturelle entre les hommes, et de travailler ales rendre egaux, et quelques autres principes fondamentaux, tcconds en appli- cations genereuses, sont parl'aitement developpes par M. Key. II est malheureuscment dilficile d'oser aller jusqu'a croire, avec lui, a la possibilite pour la societe de pourvoir au bon- heur de tous ses membies; mais ce qui, du nioins, devrait sans ccsse etre pi'esent a la pensee du legislateur, c'est le de- voir de ne jamais rien faire qui eloigne de ce but invariable. IJn axiume aussi salutaire no saurait etre trop souvent repete, ni reproduit sous trop de formes. La seconde partie se rattache plus immediatement a la le- gislation. M. Iley distingue quatre pouvoirs, qu'il place dans I'ordre suivant : legislalif conslituant , electoral, legislatiF se- condaire, executif. Le bonheur de tous les membres de la societe, en consultant leurs facultes inlellcctuelles et leurs besoins moraux et physiques, lui parait etre le but vers Icquel doiveiit constamment tendre ces pouvoirs, chacun dans leur sphere. 11 leur reconmiande viveuient a tous de ne jamais ou- blier que la faiblesse a tous les droits, et la force tous les de- voirs. Dans cette seconde partie, pleine d'excellens conseils sur le but des lois, leur redaction, leur promulgation, 3L Key prend Benthani pour guide. Get auteur est, apres M. de Tracy, celui sur Icquel il aime le mieux a s'appu^er. Cli. ilENOUAP.D, avocat. \^\. — * Dc la Jurhprudencc anglaiae sur les crimes poli- tiques; par "SI. de Monverak , auteur de I'histoire critique et raisonnee de la situation de l'Angleterre,etc. T. I et II. Paris, 1829; Charles Gosselin. In-8° de \III — 458 et 5^2 pages; prix, 21 fr. les trois volumes dont I'ouvrage entier sera compose. M. de Montveran s'est deja fait connaitre par des recherches fort interessantes sur i'Angleterre ; le sujet qu'il traite , dans son nouvel ouvrage, nous pei'mettra d'aborder, dans notre section des analyses, la q\iestion importante de la jurispru- dence en matiere de crimes politiques. 142. — *De I'extinciion de la ftiendicite. Rapport lu en la seance du 27 mars 1829, tenue par le Conseil provisolre charge des traraKS pre parai aires de la fnndntion d'linr maison de refuge 4JS4 LIVRES FlUNgAIS. *■/ tit tiuinil. dexlime a procurer Cextini-tion de la mendicHi , dans Ports, par M. Cochin, maire dii Jouzieme arrondisse- incnt. menibie et nippoiteur de teConseil. Paris 1829; Alex. Mesnier. In-8" de .58 pages; prix, 1 fr. r>o cent. An prolil des sepi ecoles fondtJes par M. Cochin. L'extinction dc la mendicite est un projet lonable, mais d'une execution difTicile , et dont la meditation souleve les questions les plusardiies de la s( ience et de I'econbmie so- rialc. L'extirpation d'lin mal exige qu'on en decouvre rori- gine et qu'on creuse jusqu'a sa racine. On poiinait ecrire des volumes, ainsi que I'observe judicieiisement I'auteur de ce Rapport, sur un sujet que dans sa brochure il effleure du reste fort habilement. Sa tache, d'ailleurs, se troiivait par elle-meme infiniment restreinte; car il s'agit ici de di'-place- ment et, pour aiusi dire, de la dispersion de la mendicite, pintotquede son extinction. Auj-si, lapremi(;re impressionqiie j'on eprouve, tout en applaudissant au xeic et a la soUicitudo eclairee du magistral a qui nous devons rimpulsion commu- iiiquee a la classe aisee de la capitale, c'est de regietter que des efforts si generensement tentes ne soient que des etTorts particls. Une entieprise de cette nature scrail digne d'occnper la pensee des bommes d'Etat places dans une sphere superieure, si nos hommes d'Elat savaicnt songer a autre chose qu'aux niesquines combinaisons qui out pour objet la conservation de leurs portefeuilles, ou la substitution d'lme representation factice et illusoire a I'expression franche et vraie des vceux , des besoins, et des interets, soil generaux, soit locaux. Quoi qu'ilensoit, sccondant autant qu'il est en lui les intentions sages et bieni'aisantes de radministrateur qui preside a la sOrete et a la tranquillite de la capitale, M. Cochin , adminis- trateur lui-meme, expose avec methode et precision, les vues qu'il croit capables de procurer, dans un espace de ter- rain donne , le resullat qu'on se propose d'obtenir, savoir : la disparition du spectacle affligeant de !a mendicite. — L'es- timablc rapporteur commence par rappeiei' les dispositions dc la legislation existante, et par demandcr en vertu de lois, dont les prescriptions tenaient a un sjsteme d'idees, qu'on n'applique qu'en ])artic le renvoi desmendians, des pauvres ct des infirmes a leur domicile de secours, c'est-;\-dire, an lieu de leur naissance ; mesure commode, et effectivement i.idispensablc lorsqu'on vent proceder avec quelque chance do sncces a des amelioiations locales. Le terrain inic fois ainsl debla^'c, et Ictendue duinal ainsi circoncrite, il s'agit de SCIENCES MORALES. 485 passer en revue la population soutfrante et niicessileuse qu'a vu naitre et que doit necessairement nourrir ou secourir le departement dont Paris est le chef-lieu. Cetle partie de la population se divise en plusieurs cate- gories. La premiere se compose des malades indigens, des vieillardset des infirmes, des enfansabandonnes ou orphelins. Ces infortunes se trouvent tons recueillis dans des hopitaux ou des hospices, existans, dit-on, en nombre suffisant. La se- conde comprend les ouvriers momentanement depourvus d'ouvrage, et les families surchargees d'enfuns. Les individus de cette classe sont aides et soulages par une administration de secours I'l domicile, par des bureaux de charite et par un grand nombre de societes philantropiques, qui pourvoient a leurs besoins, a leur bien-etre, ainsi qu'a I'educationjOu plu- t6t a I'instruction de leurs enfans. Reste done une troisi^me section, celle des mendians, qui sont I'objet du rapport que nous analjsons. Ces derniers forment une sorte de caste toutc particuliere. Voici le portrait qu'en trace M. Cochin : « Depuii cinq ans, dit-il, que j'administre le qiiartier le plus pauvre de cette capitate, je n'ai jamais vu un mendiant de profession venirme deniander une assistance quelconque. Les mendians composent une classe a part, ils dedaignent le faible secours de la charite municipale ; ils preferent exploiter, dans les rues, la commiseration des passans; ils ne voudraient pas se soumettre a la surveillance des visiteurs du pauvre. lis pre- fi;rent une vie vagabonde et la profusion qui leur est permise par I'abondance des aumones; ils se prevalent de leur inde- pendance de tout devoir, dispenses qu'ils sont de soumettre leurs desordrts a aucun exaraen. lis s'enfoncent chaque jour dans les plus scandaleuses habitudes, et ne sont jamais obli- ges de rendre compte de I'usage qu'ils font de I'argent par cui recu , piusqu'ils sont assistes par des hommes qu'ils ne connaisscnt point, et dont ils ne sont point connus. » Cette peinture peut et doit etre vraie, appliquee a quelques mendians de la capitale et des grandesvilles. Elle cesserait, je trois, de I'etre, si on pretendait !a generaliser trop. On ne se resigne en general k demander et a gueuser, que lorsqu'on n'a I'avantage ni la chance de posseder rien. II serait done diffi- cile de juslifier pleinement les dispositions des lois penale^ contre un fait ou, si Ton veut, contre une habitude qui peut bieu ttre un desordre, mais qui, apres tout, corisideragne a et«* biea clirigee, si le gouveriiement a fait preuve cle prudence. U I'aiit en coiivenir, rii dans les preparatifs, ni dans la conduitc do cede campagne, on ne trouve rien a louer. De- piiis ie teiiis de' iMnnleruculli , Ic syslenie militaire des Tuies n'a pas tellemeiit change que les preceptes de ce general ne Aoient plus applicables : on les a totalement negliges. II s'a- gissait evidennnent d'une guene d'invasion et de conquele ; i\ Faulcur parie du prince ftlenchikoff, sous les ordres imme- ilials duquel il a servi pendant plusieurs annees, en ternies • galemenl honorables pour le general et poiu' I'aide-de- *amp. SCIEINCES MOIlALliS. 489 « 11 estaniL're petit-lil.s du lelebre prince Meiichikofl', qui se muntra aussi grand dans Tadversite qu'il fut distingue dans la prosperite ; qui tut le premier ami et le disciple le plus constant de Pierre-le-Grand ; et, sans doute, Pierre-le- (iraud se connaissait en hommes. L'empereur Nicolas, qui inarche dignement sur les traces de son ai'eul , vient de don- ncr une preuve de son discernement , en accordant sa con- fiance a un homnie aussi distingue, et que Ton ne croie pas {|uc je trace cet eloge dans quelque but personnel : force par le concours des circonstances et surtout par le delabrement de ma sante de renoncer au service et d'habiter un pays me- ridional , je ne brigue aucune place et ne flatte personne ; inais, i'ai du saisir I'occasion d'offrir un bommage libre au >rai merite. » ¥. i44' ■ — * Cours d'histoire moderne , par M. Guizot , pro- fesseur d'histoire a la faculte des lettres de Paris , comprenant 1° Vliisloire generate de la civilisation en Europe, depuis la chute de I'empire romain jusqu'a la revolution francaise (cou-rs de 1828) ; 2° V/ustoire de la digitisation en France, depuis la chute- de I'empire romain jusqu'en 1789 (cours de 1829.) Paris, 1828-1829; Pichon et Didier. Le cours de 1828 forme un volume in-8", en i5 livraisons, avec portrait ; prix, 11 fr. Le cours de 1829 forme 5 vol. in-S", en 5(5 livraisons, dont 20 ont paru ; prix de chaque volume, 9 fr. Nous n'altendons que I'achevement du cours de M. Guizot, pour analyser , avec Ics details convenables, ses savantes le- cons, dont nous ne pourrions autrement saisir I'ensemble et la liaison. Noslecteurs comprendront facilement qu'il ne nous est pas possible de satisfaire plustotal'impatiencc qu'ils eprou- vcnt sans doute, et de morceler, dans des examens incom- plets, ce tableau de I'histoire moderne, qui n'est lui-meme qu'un resume plein de vie et de couleur, dont tons les traits liennent a une nouvelle et vaste theorie des etudes histo- riques. A. P. 145, — * Dictionnaire hisioriqae, ou histoire abregee des hommes qui se sont fait un nom par leur genie, leurs talens, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, depuis le com- mencement du monde jusqu'a nos jours, par I'abbe F. \. db Feller. Septieme edition, enrichie d'un grand nombro d'ar- licles nouveaux, intercales par ordre alpliabetique ; corrigee sur les observations de nos meilleurs biographes, et ornee du portrait de I'auteur. T. \V, XVI, XVIL Paris, 1829; Me- qiiignon-Havard ; 5 vol. in-8°; prix du volume, 7 fr. Ccs Irois volume? commencent a I'artide Rodoerio et com- 490 LIVRKS FIWKCAIS. pletonl le diclioiuiaire. ciont Ics dix-sept volumes oiil aiii*i v.U: teniiines dans liois ans. 11 etait difFicile de satisfaiie plus pionipleincut les souscripteurs ; aussi , les erreurs dc Feller no sont t'onif^ees quclrpicfois que dans des notes, conime on Ic voit a I'arlicle Rondel, edilenr dc la Bible conniie sous ie noin de Vence. On anrait dii lenvoyer, pour cette Bible, a rartide Vence, oii la derniere edition est indiquee. II ; a de plus des omissions blama])les. Le noni de Jean-Jacques Rous- seau lie peut j,nieie clre sipaie de celnl de son zele defenseur, M. Musscl-Pftthay, qui n'est pas meme cite comme ayant pu- blie les ceuvres de cephilosophe. A I'article Simplicius, iletait indispensable d'indiquer I'edition de Schwcigltacuscr, qui a renipli, vers le milieu de I'ouvrage de cet ecrivain grec, unc laciinc considerable qui n'avait point ete apercue avant lui. Bl. Daunou on a parle assez an long dans rarticle Simplicius de la Biograpliie universelle qui a paru des iSsS. Mais le pere Feller n'oublie pas de repeter, a Tarticle iVU.relles, quo ce iiiarechal disait qu'il ne s'etait pas marie parce qu'il n'avait pas trouve dc icmme dont il voulut etre Teponx, ni d'homme dont il voidftt etre le pere : le marquis d'Uxelles n'avait sans doute pas connu sa mere. Du reste , j'observerai, a I'occasion de cet article, que la patrie du marechal, qui est la ville dc Cbrdons, y est dunnee pour le nom de sa famille, meprise assez extraordinaire, A I'article Voltaire, rauteuraffirmecju'il existe trois cent mille exemplaires des ceuvres de cet homme celebre, sans y comprendre les exemplaires des ceuvres sepa- rees, par exemple, ceux descontes et desromans, qu'il portc a 400,000. Malgre ce prodigieux succes, Feller lui attribue tres-peu de merite, et a I'article (['Young, il pretend que ce poete anglais adressa deux vers anglais au poete I'rancais a qui il disait : « Tu es si spirituel, si maigre et si laid, ([n'on trouve reunis en toi Ic (liable, la niort et le pechc » , mis en action dansle paradis perdu de Milton. Celte mauieredecom- batlrc un auleur par une plaisanteric sur ses qualites person- nellcs, n'est malheureusement employee que trop souveiit. On pourrait faire encore beaucoup d'observalions sur le dic- tionnaire dc Feller. Je me contenterai d'avertir les editeurs, qu'a I'article Trismcgiste, T/erwi^ACstconfondu tres-mal a pro- pos avec Molse. Le passage de Lactance, cite pour demontrer cette iausse assertion, prouve precisement le contraire ; il I'ait evidemment allusion aux ouvrages que nous avous sous le nom d'Hennes, et non a ceux de Moisc, qui lui est l>ieu pos- terieur. F.-a. 146. — * Histuire dc Huinaut par Jacques dc Guvse, tra- SCIENCES MORALES /191 duile en IVancais, avcc le textc latin en regard, et accompa- gnee dc Notes. T. VI. Paris, 1H29; Sautelet; Bruxelles, Ar- nold Lacrosse. In-S" de xvin et 492 pages; prix, 9 fr. (Voyei jRev. Ent:., T. xxxviii, p. 182.) Le moinc historien conduit sa chroniqiie , dans ce volume , jusqu'al'an 65i de notre ere. II commence la seconde partie de son oiivrage par exposer I'intention oi'i il est de relever les erreurs des historiens qui I'ont precede , et de suivre habituel- lement la chronique de Sigcbert de Gembtoars , « Toutes les fois, dit-il, que ce qu'il rapporte ne me parait pas repugner il la raison. Ubi non video rationem sibi reptignantem. » Ce qui ne rempOche point de raconter une foulc d'anecdotes fort pea croyables, mais qui n'en sont pas moins tres-curieuses; lelles sont le martyre des onze mille yierges de Cologne, I'a- ventnre du roi Artur, qui tue un geant sur le mont Saint-Mi- chel ; tels sont encore une multitude de miracles rapportes dans tons leurs details, avec une gravite singulierement co- mique. Mais ce qu'on remarquera surtout dans ce volume , c'est la courte preface de M. le marquis de Fortia, dans laquelle il de- ploie I'erudition qu'on lui connait, pour appuyer plusieurs idees nouvelles sur Merovee et sur I'origine de la race mcro- vingienne. Une inscription latine qu'il rapporte, et qui se trouve gravee sur une statue decouverte a Rome en i8i3, jette un nouveau jour suf ce sujet, et contirme entierement les conjectures qu'il avail tirccs des recits des historiens, et entreautres d'Idace, eveque espagnol, continuatcurde la chro- nique d'Eusebe , de Gregoire de Tours et de Sidoine Appol- linaire. Nous invitons ceux de nos lecteurs qui s'occupent de cette partie de notre histoire a lire cette preface avec atten- tion. — L'editeur merite toujours les eloges que nous lui avons donnes en rendant compte des volumes precedcns , pour les soins qu'il accorde a la publication de ce bel ou- vrage. A. P. 147. — * Histoire de la Pologne, avant et sous le roi Jcaa Sobieski, par N.-A. de Salvakdy ; avec cette epigraphe : Ferreajiira Insanumqiie foriini Paris, 1829; A. Sautelet et Comp. 5 vol. in-8° de xv — 4'-i<)» 477 ct 5i3 pages; prix, 21 I'r. Nous nous empressons de faire connaitrc la publication dc cc nouvel ouvrage, nous reservant le soin de I'apprecicr plus tard dans un articles.proportionne a son importance. 49-2 LIVRES FRANCAIS. i/jS. — Mnnoire sur U:s cent y'owr.v, en t'oiiur tlr IclliT*. avec dcs notes et documens inedits, par M. Benjamin Cons- tant. NouxcUe edition^ aiigmentee d'une inli'oduction. Parii, 1829; Pirhon et Didier, qiiai des Aiigustins, n" 47. In-8° de. xxx-a94 pages; prix, 7 fr. Le nom delM. Benjamin Constant est un des plus chersaujt amis des libertes publiques. li rappelle une longue et labo- rieuse caniere, a pen de chose pies, eutieiement consacree a la defense et a I'affermissement du gouvernenient represen- tatil" dans notre patiie. Les services que M. Benjamin Cons- tant a rendus a cette cause sacree sont immenses. Ses ecrits el ses discours peuvent elre consideres comiiie une sorte dc repertoire complet oii sont successivement traitees , avec mie force et une fecondite bien remarquables , toutes les questions que pent presenter I'exislence politique des na- tions civilisees, qui ont I'etrange pretention de vouloir compter pour quelque chose et voir clair dans leurs propres* affaires. Ce qui elonne surtout dans ses divers ouvrages, notamment dans les discours du publiciste oelebre dont nous nous occupons, c'est I'interet toujours nouveau qu'il sail at- tacher aux points qu'il a deja plusieurs fois traites procedero- ment : on s'attendrait peut-etre a le trouver la plus faible et moins brillant que de coutume; au conlraire, son argumen- tation y est plus vive, plus pressante, plus semee d'expres- sions heureuses et de traits spirituels : comme les artistes que le bis encourage a de nouveaux efforts, M. Benjamin Constant refait presque toujours mieux ce qu'il vient de faire. Sauv contredit, c'est la partie la phis frappante, parce qu'elle est la moins commune, de son talent oratoire, et c'est aussi ce qui I'avait place a la tete de celte minorite des annees prece - denies, dont I'histoireconsacrera le noble et courageux devoli- inent. Nous connaissions deja les Lettres sur les cent jours ; mais. c'est la un de ces ecrits pleins de fails imporlans etd'aperpus ingenieux sur lesquels on revient toujours avec fruit et plai- sii'. Dans une introduction assez etendue, I'auteur s'attache a representer les motifs de cette publication nouvelle d'un ou- Tragc dont la premiere partie remonte a dixannees. Chacunr des deux parties est accompagnee de notes et de pieces justi- licativcs fort curieuses. En tout, ce volume est certainement un des documens les plus importans que nous possedions sur relte memorable periode que limiteut Cannes et Waterloo, On ne pent done que louer les editeurs d'avoir livre de nou- Tcau au public cet interessant ecril^^etlcs reniercier en par- SCrENCKS MORALES 4t)r. Jiciilier de noiiji avoir par la offort I'occasion df payer a un plus fermes defcnseurs dc nos droits un jnsle tribut d'eioges. P. A. D. \l^Q. — E.ssai historiqiie sur la vide de Bayeax et son arrun- dissement , par Frederic Pluquet. Caen, 1829; Chalopin. Paris, Lance, rue Croix-des-petits-Champs , n° 5o. Iu-8" de 436 pag. ; prix, 6 fr. Bayeux [ckitas Bajocasniiim) , fondee par les Celtes, de- yint une ville considerable sous les Remains : les Saxons s'en emparerent dans le V siecle ; et a la fin du ix" elle fut brulee par les Normands. On compte deja trente ouvrages imprimes con- cernant le Bessin ou la ville de Bayeux : et cette contree, belle par ses sites, si importante par sa fertilite et par ses produits indnstriels, manque encore d'un historien, quoique Ton cite 71 ecrivains et hommes celebrcs qui y sont nes, parmi les- quels le savant Patera, issu au iv'" siecle d'une famille de Drui- des, A tain Cliartier , Caliier de Gerville, ministre de I'inte- rieur en J791. Nous n'avons, a vrai dire, pour la plupart de nos villes que des livres prolixes, sans critique, charges d'une erudi- tion fastidieuse; compilations de legendes , d'evenemens ec- clesiastiques et de genealogies feod.iles, parce que leurs auteurs consideraient dans un pays les abbaycs et les chateaux, non les termes et les manufactures. D'ailleurs, la geologic est re- cente, ['agriculture, le plus ancien des arts, est une science nouvelle, et notre epoque a vu naitre I'economie politique. On peut etre etonne que parmi le grand nombredesavans (pii habitent nos departemens, quelques-uns seulement se livrent a la composition d'histoires locales. Ecrits dans I'interet pu- blic, pen volumineux, ces ouvrages contiendraient la topo- graphic, un precis des evenemens principaux, la comparaison des anciennes coutumes avec les mceurs actuelles, les vi- cissitudes de I'industrie ; et nous parviendrions ainsi a acque- rir une histoire civile, morale et industrielle de la France; histoire bien plus digne des bibliolheques particulieres que res collections de memoires qui redisent si longuement les regnes de rabsohilisme, les intrigues du clerge et la depra- vation des cours. M. F)vWer/(: Pluquet, president du tribunal de commerce, eruditplus judicieux qu'ecrivain elegant, n'estpasseulemenl. ainsi qu'il a la modestie dele declarer, le continuateur de I'histoire ecclesiastique du diocese de Bayeux (In-4° ijoj) et d'une autre histoire sommaire. Son Essai merite d'etre hi < t consultepar ceux surtoutqui etudient I'histoire de la Norman- 494 LIVIIES FR.YiNg.US. die: Brvcux, parson administration, son commercfi, parses usages aux xi" el xn" siecles ct dans les siecles snivans, ollVe as- sezexacteincntle tableau de la phipart desantres villesdeeette grande province : le vienx langap;e du Bessin s'csl conserve dans la plupart des coniniunes du Calvados el de la Manclie : il en est encore de meiiie pom- qnelques prejuges et usages. Robert "^"ace (i) , donl le celcbre rouian de Hon \ient enlin d'etre public par M. Fred. Pluquet , peint ainsi la condition des paysans ou villains de son epoqne : ((Tons les jonrs ils sonl cites a I'andience, audience des I'orets, des monnaies, des clotures, des cliemins, des eanx, des nionlins, des avenx, desimpots, des guet-apens, descorvees, des batteries , des aides. Tant il y a de prevots, de bedeaux el de baillis vieux et nouveaux; ils ne trouvcnt aucune sfireteavec les seigneurs, ni avec les sergens. » La noblesse et le clerge developperent ainsi dans les INormands, ton jours prets ;\ resister a I'opprcs- sion , cet esprit de chicane qu'on leur a tant reproche , et qui ne les a pas encore quittes, an moins dans I'aiTondissemeut de Bayeux. La consommation du papier liiidne s'y eltve par an a plus de 60,000 jr., et les divers tribunaux jugent pres de 5,000 proces; mais la population, qui est de 8i,o52 habi- tans, comprend 27,9(37 proprietaires, dont 5o5 seulement sont electeurs. Pour etre un des sieges episcopaux les plus anciens des Gaules, Bayeux n'enestpas uioins une ville pen Icttrce; point de bibliotheque publique ; la presse n'y avail ricn produit avant i6jo ; et Ton s'esl elonne que I'auteur de cet article ait pu, en i8i5, y faireiniprimer en grec un ouvrage classique. Nous ponrrions relever qnelques inexactitudes, indiquer quelques omissions dans VEssailiislorique. dontl'ordredes ma- tieres n'est pas non plus irreprochable. Mais nous prolerons citer celte charte octroyee par Pbilippe-Augnste a plusieurs villes de Normandie : <(Lorsqu'il I'audra nommer un uiaire, les pairs ctus par la commune choisiront irois des pins honneles ciloyens, et les indiqueront au seigneur roi , qui designera pour maire un des trois a son gre. » Et cc droit d'eleclion, ce choix de candidals, bien anterieur au xiu" siecle, nous Francaisdu xix', nous ne ponvonsles recouvrer integralement sous le regime conslitutionnel ! Isidore Lebrits (1) Voy. Rev. Enc, t. XXX^'II , p. 420, I'analj'se consacree par notre collaboratciii, IM. J)^;ppl^^. , a ce ronian, dont M. Fieix-j libiain; de Roiien, a public, il \ a deux ans, une (!'dilion fort esliniec. (Rouen, \^->~; a vol. in -8°]. SCIKNCES MORALES 495 i5o. — Rapport sur les moniimens remarq unities de I'arrondis- sement de Vienne, par i>l. Mermet aiiic. Viomie, 1828 ; Timoii. Iii-8^ L'auteur de ce rapporl s'est propose de repoiidre une a line aux questions proposees par VAcadhnie des Insa'ipiionset Belles- Lctlres relativenient aux antiqiiites du departement qu'il lia- l)ite. II signale plusieurs Tumulus dans le f^enre des barrows dont il est question dans rouvrage dc M. Malie, sur les unti- quiles du Morbikan. M. Mermet donne des renseigneniens utiles; peut-etre aurait-il dfi s'etendre davantage sur plu- sieurs sujets qui ne sent pas assez developpes dans son tiavail. i5i.' — Manoires sur les antiqulles du Donon, par M. Jolt.ois, ingenieur en chel' des ponls et chausees, etc. Epinal, 1828; Gerard. In-8°. Sur les conlins de la Lorraine et de I'Alsace s'eleve une des montagnes les plus hautes des Vosges. Son sommet est couvert de mines dont plusieurs ont fixe I'attenlion de M. Jol- lois. Avanl cet ingenieur, qui a fait partie de Vlnstitut d'E- gypie, SchccpfUng et Dom CfA'mef s'elaient deja occupes du ineme sujet. II y avail par consequent pen de chose a dire apres ces deux illuslres antiquaires. Nous devons savoir gre toutet'ois a l'auteur de ce memoire , de nous avoir transiuis par la lithographic lesdessins de plusieurs bris de statues re- prescntant en general le dieu Mercure. i52. — Second memoire sur I' ancieniie ville des Gaules quia poric le nom de Samarobriva, suivi d' eclaircissement sur Permand, capitale des Veromandui, par M. J. Higollot fils, membre des Societes academiques d'Aniiens et de Saint-Quentin. Amiens, 1828; Boudon-Caron. ^1-8°. W. Rigollot partage en tout les opinions de M. d'Allon- ville dont I'ouvrage a ete couronnepar I' Academic royale des Inscriptions et Belles- Lettres, ainsi que j'ai eu I'occasion de I'annoncer dans la Revue du mois dc juillet dernier. Cette cir- constance me dispense de faire I'eloge d'un ouvrage qui sc trouve d'avance juge par I'arrct de la docte compagnie. C^s deux savans s'elevent fortement contre ceux qui voudraient dcsheriter la capitale de la Picardie du beau nom dc Samaro- briva que M. de Lalande revendique a tort pour Saint-Quen- lin, I'une des principales villes du departement de I'Aisne. Alexandre Le Noble. i55. — Histoirc biographique de la CImmbre des Pairs, dc- puis la reslauraiion jusqu'a I'epoque actuelle, par A. Lardier ; precedee d'un Essai sur I'insiitution et I'influcncc dc la pnirir 49fi LlVUtlS FRANC^AIS. enFrance, par C. O. Barbaroi'x. Paris, 1829; Briss()l-Thi\ai>. ln-8° de xciv el 32a pages ; prix , 7 IV. Les biographies des contomporaiiis soot tonihees , dcpuis quelque terns, dans tin juste discredit. Iiispirees le plus sou- Tent par I'esprit dc parli ou I'ardeur de la dillamation, ([uel- quefois meme par !a plus vile de toutes les passions, la soil' du gain que procurent le scandale et la calouuiie, on a fini par leur appliqucr un i;enre de blame tuut-a-fait decisif, ou a cesse de les lire. Mais il ne taut pas I'aire du mot de biographic untitre de proscription, et il serait injustc dc confondrc, avec ces ecrits honteux , dcs ouvrages faits ea conscience , et oii Ton n'a chcrchc que la verite. II I'aut surlout faire une hono- rable exception en faveur de livres tels que celui que nous annoncons , composes dans le but louable de faire corinaitre a la nation les hommes qui component le premier corps dc I'Etat. Les grands fonclionnaires d'un empire, meme avant leur mort, sont presque du doniaine de I'histoire ; leur vie publique appartient au peuple dont ils reglent la destinoe, et chacun a le droit de I'oxposer au grand jour, en respectaut toutefois les limites qui doivent toujours proteger la vie pri- vee. 11 est bon , il est utile que des jugemens publics soienl prononces sur les hommes eminens dans I'ordre social ; c'est une recompense anticipee pour le devorimcnt et la vertu ; c'est pour la faiblesse un avei'tissement ([ui, plus lardii', de- viendrait inutile; ce pent etre enfin pour quelques-uus un chatiment juste et d'un salutaire exemple. Celle hisloire biographique de la Chambre des Pairs nous a semble faite dans dc bons principes ; s'il y a quelques er- reurs, ce qui est inevitable dans un pareil travail, elles sont involontaires, et il ne Taut pas les impuler a la bonne foi de I'auteur. Ce livre ollVe d'ailleius tout I'interet qui s'altache a des noms historiques, a des hommes dont la plupart out passe a travers les grandes vici^silndes de (piaraute annees de revolutions; c'est un repertoire (|ue la curiosite est souveut tentee de consulter, des qu'un evenement public , unvote de quelque importance, mettent en evidence uu de ces uoms connus ou inconnus ; car, il faut bieu le dire, ce n'est pas un faible sujet d'etonnementde voir combieu, parmi ces grandes notabilites de rarislocralie nationale, il y a de personnages obscurs, et dont la biographic de qualre llgnes offrc encore des longueurs. UEs-ini sur la pairic en France est un resume I'ort bicn fail de I'histoire d'une institution qui a passe par des clats fort di- \prs, Pt qui a exerce . a certaines epoques, ime grando in- SCIENCES MORALES. 497 flueuce sur les affaires du pays. L'auteur nous inoufie d'aljor,-! la paiiie, dans son origine loodale, sons la secondo rac«' dr^ rois de Fianco. Parnii les i^irconstances cnracterisliques du premier age de eelte inslitufioii , 11 remarqiie que les feiinnes.. (itniaii''es de jiairie par heredite, avaient le droil de prendre seance dans la haute conr , et de participer anx jugenien.* qu'elle reiidait. Dans le second age de la pairie, ([ui date dr I'an 1297, otqui fnt niarqne par I'elevationdcs princes dn sans; a la dignite de pairs, sous IMiilippe-le-ljel, cut lien la reunion de la Cour des Pairs a la (lour dn I'arlenient ; reunion qui .s'opera, non par nne loi, mais par I'lisage ct la force der, choses. Le troisienie age de la pairie, qui coinprend I'espace de i5o5 a i55o, nons nioiUie des princes elrangers revetus de cette dignite. Enlin , pendant le dernier age, de i55o a 1789, de simples gentilshommcs devieiinent pairs , et le pre- mier i'ut Anne de Montmorency, connetaljle et grand-maitro de France. Notre aiiteur cile les principaJes dispositions de I'edit de 1711, qui devint, sous Louis XIV, le code de cette institution. jNous remarquons qu'on y l\\e a 1 5,ooo livres de rente le majorat attache an chef- lieu du duche -pairie, doni la substitution a perpetuite etait autorisee par cet edit. Celte pairie fnt engloutie, dans la revolution, avec la monarchie. La restauration ne pouvait ressusciter I'ancienne pairie ; ellc en crea une nonvelie, et Ic senat conservateur de I'empire semlde etre , entre elles, comine ime espece de lien. M. Bar- haroux rapporte les actes legislates et les ordonnances qui out constitue la pairie actncUe ; il disculc son essence, ses attri- butions ; il la compare a\ ec la pairie auglaise ; et , en exposant les ameliorations dont elle pourrait etre susceptible, il indique sesmoyensd'inlluence et la part qu'elle peut avoir dans !a pros- perite publi(pie. iNous n'avous pas besoin de dire dans quels principes est ecrit ce resume; il y a des families chez qui les senliniens sertation une note sur les deux maisons 011 Pierre Corneiile et son i'rere sont nes; cette note est acconipagnee d'une plan- rhe qui represente ces deux niaisons. Tout ce qui se rattache a un grand hoinnic est iuleressant, et les details, pen inipor- tans en a])parence, sont an nioins un hommage a sa memoire. C'est sous ce point de vue seuiement que Ton doit considerer la petite brochure de 31. Pierre-Alexis Corneiile, qui s'inte- resse avec raison au noni qu'il al'honneur de porter. II s'oe- cupe en ce moment de recherches qu'il conipte publier sur les divers portraits de son illuslre ai'eul. D. M. i55. — Discoiirs prononcr par Fenelon, le jourde la bene- diction de 31. Dambrines, abbe du Saint-Sepulcre, a Cam- bray. Paris, 1838; Sediliot , rue d'Euler Saint-31ichel, n" 18. In-8°; prix, a fr. 5o cent. Ce discours, que Ton oflVe aujourd'hui au public, a etc pro- nonce en 1700 par Fenelon ; le manuscrit qui a servi a I'im- pression appartient a la bil)liotheque deCambray, ou il a ele recemment decouAert par 31. Leglay : et si cet opuscule, 01^ Ton trouve au rcste d'excellens conseils de morale, n'a pas luie grande importance litteraire , il sera du moins re- cherche comme curiosite bibliographique. Litteraturf. 1 56. — * Hechcrches sur les sources antiques de la liiterature francaise ; Y>:ir Jules Berger de Xivrey. Paris, 1829; Crape- let. In-8°de"u88 p.; prix, 7 fr. L'academie de Toulouse avait mis au concours cette ques- tion : d laquelle des deux Uttcralures grecque ou latine la liitera- ture francaise est-clle le plus redevable? 31. Berger presenta sur ce sujetun memoire qui ol)lint unc mention honorable; il le donne aujourd'hui au pu])lic, sous un litre plus convenable que celui qu'avait indique racademie. Ce memoire est divise en deux parties; dans la premiere, I'auteur cxauiine ce que nous dcYons aux Latins; dans la seconde, ce que nous avons imite des Grecs, et i! resume en ces mots son jugement sur ces deux langues : « On dit quelquet'ois d'un enfant dout I'es- prit et le coeur ont ete cullives par d'autres que scs parens, qu'il doit a coux-ci la vie du corps, mais a ceux-la la vie de IMme: Ton nonrra dire de monie que h litlerature francaisR LTTTllilATLUK. 49;) doit a la langiie latinc el sa iiaissance et une continualion (sic) de services c'ont elle dciit cunserver toiijours de la reconnais- sance; niais, f|u'elle doit a la langiiugrecque unelan si rapide, si beau el si sublime , qu'elle a lait dans cette seconde partie de la cairicre lui chcmin yingt ibis plus grand que dans la premiere. » (P. 288.) I.aissons de cote celte question de supcriorite aussi denuee d'interet et d'litilite, que pen susceptible d'uiie rcponse pe- remptoire ; cli! que nous importe en eft'et si La Fontaine doit plus a Esope qu'a Phedrc , si Moliere et tons nos comiques n'ont pas plus piofilc de Plaute et de Terence que d'Aiisto- pliane? Et qui, d'ailleurs, pourra mesurer avec certitude ce que chacnn de nosauteurs doit a chacnn des anciens? Mais, ce qui nous interesse, c'cst de savoir absoluiiient, el noii d'une manicre comparative, quelle a ete Finfluencc des deux litteratures anciennes sur la noire : c'est la ce que nous ap- prend le livre de M. Berger, qui oublie, des Ics premieies pages, la question academique, pour raconlerd'un style ener- gique et concis les longs et penibles travaux de tons les sa- vans du moyen age, et rappeler les ouvrages plus beaux et plus agreables des auteurs - ployant il'imc inaniere ingonituise a piodiiire une eclipse do hnie. Ainsi, an vingt-unieme chant , I'Amonr, mis par Vcnns a la disposition dc ftJinenc, ponr snhjngut'r la valeur d'A- Icxandre, nous oflVe nn lal)lean aussi nonveau que giacieux. iWais, le grand nioritc de I'Alexandreide est dans ic style; cc style , tout nourri des inspirations de I'antiquite etudicc a sa source, rappelle en vers liarmonieux la belle prose de Fene- lon. Le leclenr en pourra jnger par cette description d'une fete tjricnne : Dii temple d'Aslarlii les porlcs d'aigent s'onvient. Les regards ciniciix s'y plongeni, et decouvtent, A I'eclat adoiici d'uii i'aib'e deinljour, L'image dc Cypris, dont le sotiple eoiilouv Et la pose elt^gante, et la grace ingenue, Enchantent la peiisee et caplivent la vue. Cent vlergcs, allumaiitles parfiiiiis les plus doux, Aiix deux reines de Tvr lesoirrent a genoux. Les unes, prtludant a la cereuioiiie, De Iciuliaipe sonorc eprouveut I'liarmonie ; Les autres, mariant les plusfiaiolies couleuis, Tressent pour leurs beaux fronts des courouiies dc fleiuk. Les reines ont donne le signal des nivsleres. Leur tiistesse y repand des leinles ])lus austcres ; Et, des qiK' Tlieano de sa louclianle voix Entonne I'Uymnc saint pour le salut des rois, Des clioEuis nielodieux les acrens se eonfondeni; Le temple, les bosquets, le portique y repondenl ; lit, d'eclios en echos, ce bruit liarmonieux, Jusqu'aux extr6mites du boismysterieux, llonle en s'alFaiblissant, murinure encoie, et ccsse. La piete s'anime, et I'auguste pretressc De la danse sacree a sur sa harpe d'or Jndiquc la cadence etpioclame I'essor. « Enl'ans, dit-elle, et vous, jeunes pbcuicicnnes, Figurcz I'aic d'Iris : que cbacune a la IViis Aux mains de ces enfans abandoiinant les siennes, Suive les mouvemens des barpes et des voix. » Dc cbants plus animes les bosquets retcniissent ; Soudain I'enimes, enfans, par la main se saisissent ; Et ce brillant Meandie, epuisant dans son courb Du dtdale lleuri les toi lueux detours, Eorme snr Ic gazon qui lui scrt de theatre De cent bras anondis, cent arcades d'albAti c. On retrouve ici ces graces naturelles, ce rhythnic a la fois savant et inapercu, cet art do plaire sans efforts, dont les an- ciens ont presquc scnis possede le secret. L'invocation suivantc a la Divinitc n'est pas moins reniar- LITTERATIRE. 5c>r> quiible par la poesie tin style que par la Imule philosopliie ties pciisees : « De la nature nu'iiu- inalterable essence, A'olonte tonjours juste, anioiii-, bonte, puissance, Piinci])e et fin, Theos, toi qui du baut ties cieux Ernbiasscs tous les tenis, apeirois tons les lieux, C'est ausoniinel des nionts, qiiand le soleil les dure, Elernel cieateur, que Ic Perse t'adure. Zoioastre jadis rap])rit h ces niortcls : Ton temple est I'univcrs, les nionts sont tes auleli*. J3u Ctpbise a I'lndus, de I'Atlas au Caucase, On te nomuie Osiiis, Jupiter, Oioinaze. Qu'importe siius quel noni t'inipbirent les liumalns T (I'est toujours vers les cieux qu'ils elevent leurs mains, lis sont tous tes enl'ans, et ta bonte supreme, Pardonnant a I'errenrdu plus grossiei' emblenie, lleroit egalenienl leurs eneeiis et leurs vucux, Nos aieux t'invoquaient ; et nos deruiers iieveux, Tant que la sombre nuit I'uira devant I'aurore, Grand Dieu, sous d'autres noms, t'invoqiieront encore. II y a une belle el noble melaiicolie dans ce clel)Ut du dix- iieuvicnie chant, que le poete va consacrer au recit de* com- bats : O Nuit silencieuse ! 0 Beite paisible! Aux malbeurs des mortels ne sols ])as insensible ; Retarde tes coursiers ; prulonge le sommeil De tant d'inlortunes qui n'ont plus qu'un reveil. Que de guerriers, lemplis d'espoir el de jeunesse, "Nereverront jamais Ion ombre encbanteresse ! Que d'epouses en pleurs, sous tes voiles epais, ]\e relrouveront plus ni I'amour nila paix 1 .Tc me disposals i citer encore beaucoup d'autres details egalement remarquables : la peijitnre touthante du vieillard retire aLemnos, dont un torrent de lave • .... vient avec lenteur, lei que la destinee , • devorer la chaumiere el le veiiger; celle du giicrrier qui, dansTyr assiegee, s'apprete en gemissant a ininioler son che- val a sa I'aiui ; les louchanles exclamaliuns qn'arraclie au poelc la vne des soldats phrygiens, neven.r d' Hector , guides aux combats par uu descendant d'Achille, etc., etc.; mais lous CCS morceaux exigeraient (juelqucs developpemens. Ceux que j'ai dcja cites sullisent d'ailleins ])our faire apprecier un style dont le uierite est beaiK'oup moias dans I'eclat de quelqucs tirades, que dans la continiiite du naturel , de la purete, de relcgauce , et (Van^ je ne sais qnelle IVancliise d'cxpicssimi .■5,.^ LlVlliiS rUAiNCUS. (|-iii met Ifs ul)i(Ms sons k's yeux, et leur pi'ele des couif ui> iiuii\elles. On s'aporcuit que iM. David Morv.s liutniniim tiiiiltoi iitii liilit cl iirbc^, ci (jii'il a tout observe avee des _yeiix de poole. iGo. — Charles JSlartet , poeine epiqiie eii douze chants; par E.-F.-M. Di pke-Deloire. Paris, 1829; Barba , 2 vol. iii-S" d'enviroii 400 pages; prix, 12 fr. M. Dnprt'-Deloire s'aflaehe , dans ?a preliice , a I'airc res- soitir Ics avanlages de son siijet. « Quel plus grand spec- tacle, dit-il, riiistoire penl-elle oUVir a Fadmiralion des sit— eles ([ue cette lulte . non pas de denx nations voisines et livales combatlaiit ponr des inlerels qn'iin traile ponrrait re- glci' avant enninie a[-i!''s la guerre, mais ^d'une partie du nionde contrc I'autre, de ['oppression contre la liberie, dn Koran contre I'Lvangile, etc.! » '/observati(jn est juste, et nous ajouierons nienie que les evenenaens actuels donnent ii (-ette lutte un intei'el de circonstance. Mais, si le sujel de (Iliai'les Martel est heureux par Ini-meme, d'un autre ('ole, la versification francaise est bien pen propre a Tepopee. el la I'ornie epique est bien usee, ties obstacles sont lels qu'il est (loutcux que le talent ait le pouvoir d'en Iriomphcr. li'unc des premieres conditions qn'il aurait :V remplir serait de se urccr un style constamnient pittoresqnc, dianiatique , origi- nal el atla(d(anl. Celni de M. Dupre-beluire est correct, assez liarnio\iieux , qnelquel'dis elegant ; niais 11 ne s'el^vc jamais aii-dessns de i es qualiles, bien insuflisantes poiu' faire snp- jjorter anjourd'liui douze mille vers alexandrins.Nous croyons iiiulile de ))Ousser plus loin Texainen dn poeme de Charles Martel; uiais nous n'aurions pas rendu justice a raulcur, s-i nous n'ajoulions ici ([ue, dans des notes nombreuses, il I'ait prcuve d'lui gofit pui' et d'nne vaste el consciencicuse eru- dition. 161. ■ — * Clifoniqiics de France, par M"" Amciblc Tastu. Paris, 1839; Dclangle IVercs. In-8" de 097 pages; piix, 9 ir. 1/apparition d'un nouvel ouvrage de M""' Tastu est un evenemcnl si heureux pour les amis de la poesie , que nous craindrions d'enconrir les reproches de nos Iccleurs, si nous diflerions de leur annonrer la publication des Chroiiiques (Ic France. Dans un prochain caliier, nous consacrerons un ar- ticle di; la section des analyses a leiw rendre conipte de ce recneil. Ch. 1G2. -^ Lcf^cndes , Ballades at Fabliaux; par M. Baour- LoiiMiAN, de rAcadeniie francaise. Paris. 1829; Dclangle Ire- LITTl!;i\\rtilE. 505 res, rue duBiittoir-Saint-Andre-des-Arls, a" 19. a vol. iii-8% avcc vignettes gravees sur bois; piix, i3 IV. Au milieu do la lutte aniniee des ecoles litteraires, les ballades de M. Baoni-Lormian ne doivent pas passer inaper- eues. Independamment du nom de I'antcur, a qui des epi- grainmcs ne sauraient oter lo droit d'etre juge serieusement, ['apparition de ces poesies a un caractere parliculier qui me- rite de lixer I'attention. M. Baour-Lorniian vienl a peine de frap- per ses adversaires d'une double satire, et voila que sa muse se montre tout a coup avec un volume de ballades a la main, et entouree du cortege des magiques di^inites dn moyen age, enclianteurs, lees et sylpbides. Au premier abord, on est tente de prendre au serieus le prologue du livre, et de croire que I'auteura vouluattaquerpar le ridicule les inspirations chevale- resques de nospoetes modernes. Mais, j'ai pcii>e a croire que les ballades de M. liaour-Lormian ne soient que des parodies. C'est au livre hii-meme et non a sa preface qu'il taut deman- der le secret de I'ecrivain. Or, en lisant ce livre, je ne pins me deiendre d'une idee; c'est c|ue le satirique s'est laisse seduire acettepoesie qu'il venait fletrir. II a commence par I'ironie, et lout a coup son recit est devenu sincere el vrai. II a fait comme ce heros d'Olga, qui s'en va chercher a Florence I'orpbe- line moscovife dont Helene lui demande la lete et qui se laisse prendre aux cbarmes de sa victime. Apres tout, les coleres de riionorable academicien sont-elles bien siuceres? Ses ouvra- ges anlerieurs ne lui inarquent-ils pas sa verital)le place dans les rangs de ceux rpi'il vient combattre? En parcourant les oeuvresdeM. Baour-Lormian, j'y vois une brillanteimitatinn d'Ossian, et, il faut bien en convenir, le barde Gai'dic n'a d'Hoinere que la cecite. Aupres d'Ossian, se Irouvent quel- ques IVagmens d'Youn-g, ce metapliysicien de i'elcgie. La Je- rusalem eile-meme, que M. Baour a traduite deux t'ois avec tantde predilection, c?t-elle bien une ceuvre antique ? Cbose etrange! ce sunt les satires de M. Baoiu- (|ui font exception dans ses ceuvres. Cela etabli, nous nous demanderons si le poete a bien saisi le veritable caractere de la ballade. Ballades, legendes, fabliaux, tons mots presque synouymes, cbants j)opulaires qui doivent porter rempreintc de la nation qui les voit nailre. Cette verite de coulear locale impose au poete la conviction de ce qu'il raoonle, mais ne lui interdil pas la gaile. L'Ariostc a foi dans ses beros : pourquoi 1\1. Baour- l.oruiian a-t-il subslitue la gaite de Vollaire a celle du poete italien? EUe ne va pas aux clievaliers du moyen age. Get inachronismo de la pensee passe dans le style. A dieu nt 'yoG LIVIIE:? FRAjNCAIS. plaise ([lie nous \ oulions vuir iiilioduire clans la laiij,nie An iil suites di'biis de rcnipire loniain. LITTi'ilATLUE. So^ A rinstant oil des mills le cliar roule plus sniiibic, Souvent j'ai ciii la voir m'appaiailie dans rumbrc ; Ses lor.gs cluveux d'tbtiie aiix veiils abaiidonnt-s, Dans I'or d. — Uite anneeii la ccanpagne, par 'SV^' A ntunia M., avec cellc epii;i-aphc : Qui fail aiiuer les champs fail aimer la vcrtu. (Delille.) Pari?, 1829; Delaiinay, Sedillot. ln-8"dL' jG pages; prix, 1 fr. 5o cent. Cet essai pootique d'unc muse novice, «ji'e sa uiodestie empeclie de so nonimer, est dedie a son inslitulrice ; c'est a la Ibis un Iriixit de reconnaissance et iin nioyen delicat em- j)loye par I'autenr pour aider eelle qui a dirige ses premieres annees. I ne jeune personnc , retiree a la campagne avec ses parens, qui ne connait d'autres plaisirs que ceux d'une vie domeslique, consacree a des all'ections douces, a des actes de bienfaisance, a des travanx utiles, peint avec simplicite, et touvent avec grace, les occupations et les delassemens de eette vie tranquille et heurense : Expiiii-.cr son bonheiir est un boniieur nouvcau. Ses vers ne devaient point d'abord francliir le cerde de sa lauiiUe : Pour un ault'ur clieri I'on u'csl jamais severe; Je ne veux d'aulre prix qu'un baiser de nia meie. Le desir et I'espoir d'etre utile a son institutrice ont pu seuls decider I'aimable et bonne Anlonia a publier son petit poeme qui comprend, dans quatre parties separees, les quatre saisons et les divers emplois du tenis que chacnne ramcne. All ! quels bienfails sur nous repand la providence 1... Les beaux jours du Printenis sont des jouisvd'espeiancc... IJ Elc vient euiichi de dons plus precieux ; ]1 Aicnt, les pieniiers fruils niuiissent en tous licux... Pins lard, nous parcourons, en un beau \onv jl' A 11 tomnc, Les vergers enrichis par les dons de Pomono... L'Hhermi-me a ses fleuis... qiu n'ont pas moins de prix Que cellcs du piintenis donl nous soninies epris.... 508 lAVRES FUANCAIS. Dans Ics devoirs sacrt's et tie so-ui i-l df. fille , ii: trouvc uies |)laisi'S an sein de nia Caiiiilie ; K<; bonlieui" avec cllc liabite la inaisun, II lie Cduniil jamais d';i£je, "' dc saisoii Li'S ails font I'orncnieiil de iioUe suliliide ; On ne pent s'eiiiiiiyer, qiiandon cherit I'eludc, Et la diversity qui regiie en nos travaux Vient leiir prefer encor luillc agicmens nouveaux. INoiis recoumiandoiis a nos Icclours, el .siMi6ut a nos ai- iiiables lectrices , los descriplions. soiivent pieiues de sen- linient et de verite, dans les(|uclles I'lieurcuse lialjitante dc la vallee dc Montmorency (car c'esl la que demenic notrc; nuise anonyme) retrace les fetes et i(!s plaisirs chanipetres, les soins domestiques, les etudes et les travaux dont sa vie sc compose. II y a un certain charme dans cette lecture qtii poitc a Fame des impressions deuces ct bienlaisantes de vertu it dc bonhenr. M. A. J. i6/|. — Huascar, ou Les Frires enneinis, drame en ciufi a(;tes,par Charles d'Octrepont. Paris, 1829; Firmin Didot. I11-8" de xix — 160 pages; prix, 2 W. 5o c. Le sujet de ce nouveau dramc de IM. d'Outrepoul peiil eiro I'cgardc comme la Tkebaide dcs Incas; ce soiit les querelles de deux t'reres, Huascar ct Ataliuallpa , que I'imprudence de ieur p( re, Huayna (>apac, avait associes a I'empire, contrai- remcnt aux lois du Perou, et qui se disputent la libre posses- sion du tn'me. L'anleiu' donne, en tete de sa preface, plusieurs Iragmens du Coinnicnlaire royal, ou HLstdire des Incas, rois du Perou, par 1 Inca Garcilasso de la Vega, ouvrage ecrit en pernvien, traduit en I'rancais sur la version espagnole, par liAUDoiN (Paris, lO^j), et dans lequel il a j)uise les I'aits prin- cipanx dc cette guerre civile, (pii eclata au Perou pen de tems avant la conquete de cct empire par les Espagnols. Huascar, ^| Taine des I'reres, auquel devait appartenir sans partage le ban- Wj dean royal, est attaque par Ataliuallpa, qui avail recu di; son pi're la province de Quito, dont il reluse dc faire hom- mage au legitime souveraiii de Tempirc de Cusco; il est de- I'aitet misa niort . avec la reine, par I'oi'dre de Tusurpateur, auqnc! I'ondire de I'inca Viracocha apparait , au milieu (I'nii sacrifice, en lui predisant I'arrivee des Espagnols et la chute de son empire. E'auteur n'a done employe d'autrcs fictions pour son poemr que les traits de detail (|ui efaient necessaires pour lier I'ac- tion cpie iious\enons d'exposer, ct ces trails il les a eniprunlc'^ -lux mnenrs des Peruviens, repioduites fidclement dans san drame. (icpcudanl, quoique Ic fond de cct ouvrage soil cs- LTTTJ<;UATl]RE. 5n5> seiiliellemcnt vrai, il n'a pas voulu rintitiilor historiqae : u On IIP Irniiveia , dit-ii, dans les annales d'aucuii pciiple iiiie tia- gedie toiite faile; Ic sujet le phis dramatifpu' on liii-meine a touiours hesoin d'etre arrange pom- prodtiire Toffet que Ton a droit d'attendie d'uiie piece de theatre. » Aiissi n'a-t-il point destine son drame a la representation : « compose, ajoute-t-il. avec toute la liberte dont Shakespeare a donne i'exemple , ct qnc je me garderais Lien do siiivre si j'ecrivais ponr les coniediens, il est rempli de scenes qu'on ne pourrait pas re- presenter, mais qui pent-etre n'en sont pas moins natuiel- les. I) Cette distinction est essentielle, et si oiie etait suivie pins fideioinent, nous n'anrions point cetto foule de dra- mes pretendus liistori(iues, dont les propoi'tions gigantescines ne sont ludlement en rapport avec les ressources et les ilin- sions de la sct'iie, et on les passions, sonice principale de tout intoret dramatiqne. sont sacrifices an desir de tracer des esquisses et des portraits (pii sonvent ne sont rien moins qu'liistoriques. Nous n'imiterons point M. Charles d'Outre- pont, et nous ne t'erons ici aucune application direcle do ce reproche que Irop de nos jeiines auleurs nous somblent avoir encouru ; nous combattons en favour des principes, et non contrc les personnes. Edme IIereac. iG5. — *Collecllon des mclUeurs romana de sir IF alter Scott. Deiixiemc edition in-ja. Paris, 1839; Danthereau , rue lii- chelien , n" 17. 82 aoI. in-52 , imprimes en caractores neiil's de Firmin Didot , sur grand papier velin satine. Le prix de chaque volume , pour les sonscripteurs a la collection entiere, est de 1 fr., et de i IV. aS cent, pour les personnes ([ui pron- draient des ouv rages separes. Les romans de sir AN alter Scott ont acquis nne si grandc reputation a leur antenr, ils sont tellemont itpandns, si bicn apprecies, que tout ologe dcvient superlhi anjonrd'hui. Xlnv simple observation snffit pour t'aire scntir avec quelle snpe- riorite de talent il a cree ce genre nouvean : c'est qu'il a tionvo partout des imitateurs, sans avoir eto jamais egale, Le sncces qu'a o])tenu la premiere editionin-52 des chefs-d'oeuvre du colo- bre romancieranglais, tiaduitspar M. Del'anconpret, et qnis'est promplement epuisee, a engage I'oditenr, M. Daulhereau . a en donner imo seconde, qui se pnl)liepar livraisons de deux volumes, le jeudi de chaque semaine, a partir du r mai. E Vignv. Qttntrieme edition, augmenlee d'une prefaee ct de notes. Paris. 1829; Charles Gosselin. 4 \ ol. in- 12 formant eu'^cniltle xxvii et 9•^•.^ p. ; prix, 12 fr. oio LlVllliS rUANCAlS. 51. All'n'd do Vigiiy s'eyt place an premier rai)g-, pariiii les nnmhrciix imitateurs que "SValler Scott a Iroiive.s en France. Son onvrage a en nn fort grand .succes; a noire avis, il on nie- litait \ni plus grand encore. Ce n'est pas qne lout soil hjen fidole dans ees lableanx liistoricpies , dont il a rasscmble los traits avec tant de peine, el (pi'il n'y ail qneUpiclbis wn pen d'atlectation dans son style liahilncllenient correct, eloirant et snrlont pittores(pie. ftJais, tx-s taclies sont legeres , si on les conipaio anx divers merites qui brillont dans cetto belle coin- position. J/un dcs phis grands, ce me semble, o'est que I'an- teur ne se soil point Iraino sor\ilenient snr les traces dii ro- mancier ecossais, qn'il n'ait pas inUodnit tlaiis son inlrigne nn de COS personnagos parasites, rej)elant sans cesseqiielque die- ton I'avori , dont parlait dornierement nn de nos collabora- te iirs , de n'avoir point nnilliplie les scenes de tavernes et les dialogues de carrefours; enfni , d'etre r«sle hii-meme, tout en marcbant dans une route ouvertc par un autre, et par un grand maitre. Nous ne nous etendrons pas davautage en eloges snr Cinq- Mars ; la phipart de noslecteurslc connaissentdojasans doule, et Pont apprecie. IMais, nons dirons un mot de la prcl'ace quo M. de ^igny a placee en tele de celte nouvelle edition, et dans laquello il preseatc quelqncs rcflavlons sur la vcrite dans I'art. Les vucs (pi'il y expose nous out paru fausses, du moins en principe ; car I'auteur rencontre juste (juelquetbis dans les developpemons qu'il donnc a son opinion. On voit qu'il sent vivement la beaute poetique de I'art; mais , il s'est probablement laisse seduire par la nouveaute d'une tbeorie dont il s'est eru rinventenr. II nous serait facile do demon- trer qu'il n'a pas memo I'avantage de I'avoir decouverte, et qn'elle se trouve dans des traitos, doja anciens, sur les beaux- arts. II n'a fait que retendre, I'appiiqucr a la litterature, et la revelir d'un style facile, elegant, iijais tres-pretentienx. L'afl'ectation est le pecbo babilucl do M. de Vigny ; (pi'il y ' prenue garde, elle gale les plus beaux talons ; i! serait mal- benreux pour ncais et poiu' lui (proUc corrouipit le sien. Nous relrouvons encore ce dofaiit dans une note sur les epi- grap/ws, placee a la fin de I'ouvrago. et destinoe a loner les oeuvros passees et futures de plusieurs de ses amis, et nolam- ment de ]>1. Anioni Descftanips , qui s'ocenpe d'une Iraduc- lion du Dante. A. P. 1G7. — licrlliokl von der Nid(f(t, on la horde de la Foret- Noire ; tableau de la derniore moilie de la guerre de trente. aiTs. traduit do I'nl'omnnd do HirnriiRANUT ; par Jf.w Couk\. I.ITTLIIATURE. fu i Paris, 1829; Maine ot Delaunay-Vallee. l\ vol. iii-ia, tbrmant enseml)le 800 pages; )>rix, 12 IV. Le traclnctciir sembie avoii' Ic desscin de publier succes- sivement tous les {nivragos de Hildchrandt ; on no pent qu'ap- plaudii- a cette idee, puisrin'eii repaiidarit en Fiance de noiiveaux exemples de ccs romans lii.st(n'i([ncs qu'on lit par- tout avec lant de plaisir, il doit coiiconiii' a propager, chez les gens dii monde, la connaissance des mneiirs et des actions du terns passe : toiileCois , nous inviterons le tradiicleur a imi- ter, au lieu de traduire, pour abreger, s'il est possible, les longueurs de I'ecrivain aUemand, dont les inveiitious ne sont pas assez varices pour nous. Dans I'onvrage que nous annoncons, les trois personuages anx 170. — Melanges tirc.s d' line petite bildiotfur/ae, on Vai'ietes litteraires et philosophiqnes ; par Charles jNodier , chevalier de la Legion-d'Honneur. bibiiolbecaiie du iloi a I'Arsenal. Paris, 1829; Crapclet. In-8" de viii-ZpS pages ; prix, 7 Ir. « Apres le plaisir de posscder des livi'es, il n'y en a guen; de plus doux cpie celui d'en parler, et de conjmnniquer an pu- blic cos ihnocentcs richcssos de la pensee qn'on acquiert dans la culture des leltres. Le plaisir devicnt nn bcsoin plus vif, et pour ainsi dire irresistible, quand nne mauvaiso position de fortune, on des evonemens qvi'll n"a pas pu prevenir, forcent unaniatcui'passionnea se soparorde sa bibliothoque.n Le volume qu'il public aujourd'hni est done, ainsi que pa-, rait I'iudiquer ce passage de sa preface , nne csi)ece tFadieu. que M. Charles Nodier adresse a sa bijiliothcijue; il semble d'aillenrs empresse d'enumcror et de I'airo connaitro los tro- sors qu'ello contiont, avaut qn'ils ne sortent de ses mains et ne s'eulbnisscnt dans le cabinet irim amateur cgoiste, et penl- etre pen dosireux dc les commnnif[uer an public. Toulefoi,-- . (ju'on ne se moprenne point snr la natuio de la pkqiari (K ces richesscs : pour boaucoup, dies n'ont ancune espocc de valour, mais olios en acqnicrent nne d'autant plus grando au- pres de ce.s bibliophiles qui n'esliment les objets qn'on j)r(i- portion de lour rareto, souventmeme de lour obscurite. Sans doute, 31. Modier fera bien des jaloux parnii ses rivaux en fail de biblirunanie , avcc ses dissertations sur lo Mnranzald- niana , le plus rare des jina, comme il dit lui-monic; snr VUippiadc , ou Codefroi ot ses chevaliers, pocme de Ce.sar Nostradamu* ; snr Ic soiiper de IJapline . pamphlet ordurior du LITTEilATlJRE. — BEAUX- ARTS. 5i5 regne de Louis XV, dont il a le premier trouvc la cle ; siir le zombi du grand Peruii , etc. , etc. I\lais siir les cinqiiante-ilcux morceaux dont se compose son reciieil, il y en a d'autresd'im interet beaiicoiip moins special, et qiiiplairont a nne classc de lectcursljieii plus nombroiise. Noiiscitcronssuiloiitane?-f/)o??.se anx prdlendits inrentetirs d'une reforme orthographu/ue, fort spi- rituelle, pleiiie d'apeicus ingcnieux siir cette importanle ques- tion de grammaire , et qu'nn de nos collahoiateiirs a deja eu I'occasion de citer. (Voy. ci-desaus, p. 295.) II ya dcs fails noii- yeanx dniWS, nne tlim)le compute dcs editions ehcriricnncs, qui a, du reste, dcjii ete I'objet de qnelques crilifjucs. On lira les notes sur I'exemplaire du poeme des Saisons de Saint- Lam- bert 3 annote par Roiic/ier, sur le systenie de travail de Millc- voye , sur les -veritables Pretieuscs , comedie du sieur de So- maize , qui juge Moliere dans le passage suivant : « II est certain que Moliere est singe en tout ce qu'il fait, et que non-seulemeut il a copie les Pretieuscs de W. I'abbe de Pure, ioiiecs par les Italiens; mais encore qu'il a imite par une sin- gerie dont il est seul capable le medecin volant et plnsieurs autres pieces des mesmes Italiens, qu'il n'imite pas seule- ment en ce qu'ils ont ioiie sur lenr tbeatre, mais encore en leurs postures, coulrefaisant sans cesse sur le sien et Triuelin et Scaramouche. Mais qu'attendre d'un homme qui tire toute sa gloire des memoires de Gillot-Gorgeu , qu'il a acheptez de sa veufue, et dont il s'adople tons les ouurages? » — H y a une lettre de Bcrnardin de Saint-Pierre a sa femme, et une autre de Saint-Lambert a sa maitresse, dont le style est cu- rieux, surtout si Ton se rappelle qu'elle est du rival a auquel Rousseau disputat vainement un coeur, » et qui avait aussi precedemmeut supplante Voltaire aupres de M"'° Duchatelet. — M. Nodier possede un exemplaire des Fragmeus sur les institutions republicaines qu'a laisses Saint-Just, a frenetique , selon lui , qui ne manquait pas d'esprit , ni meme de ge- nie. » — Comme on le voit, M. Nodier a reuni, en livres et en autographes, des cboses tres-precieuscs ; et. Ton en sera persuade, apres avoir lu son livre, il a tout I'esprit et toute rinstruclion necessaires pour faire valoir ces curiosi- tes ; et nul mieux que lui n'ainait su rcpandre aulant d'agre- mentsur d'anssi minces et arides sujels , toules les fois que cela s'est trouve possible. ec. BcaUiV-Jrts. >7i. — * Choix d'edifices publics, construits ou projefes on T. XLll. MAI 1829. 55 :n4 LIVRES FlUNCAIS. Fratu.e, exlrnits dcs Archives du coiii-eil dcs billiinens ( ivils ; public avec r;uiU>risatioii du miiiistro do rinlciieur, par MM. Gourlicr, liiit^ Grillon vt TmxLleti, arihitectes, rappor- teiu5 pies Ic c()n;*cil, et grave sous la direcliou de M. Ch- vicnce, architecte, aiicien pensionnairc du roi a Rome, g' , 10% 11% 12% i5° livraisous. Paris, 1828; Louis Colas, rue Daupliiue, n" 52. 5 cahiers in-l'olio ; prix de cha(|Me livraisou, 5 fr. sur papier ordinaire, 7 fr. surbeau papier colic. La publication de cct ouvrage, que nous avons deja an- nonce plusieurs fois (voy. Rer. Enc, t. xxxiii, p. 592, et t. xxxviii, p. 219), se poursuit avec exactitude; les cinq nou- velles livraisons cpii ont paru n'oiVrcnt pas nioius d'interct que les preccdentes; elles contiennent dix-luiit projets, qui ont tons etc uiis a execution. Parmi ces proiets nous citerons, coninie nous paraissant les plus reniarquablcs : dans la 9" li- vraison , un hrilcl-dc-villc, construit a Saint-Ltionric (Loire) par M. Dnlgobio; ilans la 10". im clablissement thermal, exe- cute an Monl-d'Or (Puy-de-Dome) par M. Lcdni, et une halle aux blcsconslruite a Saint-Etiennc (Loire) par M. Dal- gabio. On verra avec plaisir, dans la 1 1'' livraison , la Bourse ct le Tribunal de conmierce, executes en unseul edifice a Pa- ris (Seine). Ce monument , remarquablc snrtont par la ri- chesse et la beaute de son execution, n'a pu etre eutierenient acheve que dix-huit ansapres le commencement des tra^aux, dans I'aunee 1826. Ce fut iM. Brongniarl qui en donna les pre- miers dessins A sa mort. M. Z,a/'an'c,actucllementmembre do. rinstitnt, I'ut charge de raclievemenl decet important edifice. Nous signalcrons, dans la meme livraison, un corps-de-garde de Sapeurs-Ponipiers, construit a Paris (Seine) par M. dc Gi- sors, neveu. Nous citerons encore, dans la 12'' livraison, un hospice execute a Frejus (^ar) parM. Lantoin, et, en un seul edifice, un palais de justice et des maisons d'arret, de jus- tice el de correction, reunics, execulees a Draguignan (Var), le palais de justice par M. Peiic/taad, et les prisons par MM. Billiard ill Lantoin. Nous signalerons enfin, dans la i5' livraison, un lazaret construit sur Tile de Ratoneau, dans la rade de Marseille (Bouches-du-Rhone) par M. Peuchaud. D. N. I j;a. — * La Cliinc : vuvurs, cosiume!^, arts et metiers , peincK ciriles ct mititaircs, ceremonies rcligicuses, monnmcns ct paysa- gps : lithographies colorices d'apresles dessins de MM. Aubry- Ic-Comtc, Dcvrria, Grcrcdon, Regnicr, Schaal, Sclimit, Thenot, Vidal, etc. ; nyecunc Introduction et des Notices, par M. D. B. DEMALPiiiRE; i5% 16% 17% 18' et 19' livraisons. Paris, 1828- 1829; I'editeur. rue Saint-Thomas du Louvre, n° 52. Firmin BEAUX-ARTS. — UM. ET RAPPORTS. 5i S Didol, Arthus Bertrand, etc. Cinq cahiers grand in-4°; prix de chaqiie iivraison , i5 Ir. ; pour les souscripteurs, J a tV. (Yny. Rev. Enc, t. xxxvi, p. 787.) Les livraisons de ce bcl ouvrage conliniient a paraitre re- guliercment; ccllfs que nous avons sous les yeux ne sont infiirieures anx precedenles ni par {'execution des planches, ni par I'inteiet des sujets qu'elles representeiit. On doit des eloges a M. de Malpiere, pour le soin qu'il apporte a cette importantc entreprise. Memoires et Rapports de socictcs savantes et pliilantro piques. 175. ■ — Rapport sar I'etat des etablissemens d' instruction et d' education de I'cgHae reformee du drpartement de la Seine, an 5i decembre 1828. Paris, 1829; H. Servier. In-8° de 38 pa- ges , avec tableaux. Ces etablissemens sent au nombre de six. Nous allons les passer successivcment en revue : 1° Ecole d' ensei tenement mu- tuel. Elle est divisee en deux classes; I'une pour les garrons, I'autre pour les filles; la premiere coniptait, au 5i decembre dernier, 68 eleves; la seconde, 70. Cette ecole est soutenue par le comite des ocoles de I'eglise reibrmee , au moyen des dons de scs coreligionuaires. On enseigne aux garrons la lec- ture, I'ecriture, I'aritlunetique , la grammairo, la niusique vocale, le dessin liueaire ; aux fdles , les meuies clioses, a Texception du dessin; elles apprennent de plus tons les ou- vrages a I'aiguille , et plusieurs des eleves y ont acqtiis unc habilete qui a ete reniarquee dans les objets preseutes a la distribution des prix. Ces prix, dont les fonds sont dus a la generosite du prefet de la Seine, sont distribues chaque an- nee a ceux des eleves qui se sont le plus distingues par leur application, leur docilite, leur sagesse, leurs prngres. Un co- mite, compose de dames de la religion reformee, est specia- lenient charge de I'administration de la classe des jeunes fd- les. • — ■ 1° Pensionnat destine a recevoir im certain nombre de jeunes fdles qui ne peuvent elre elevees dans leurs families, a les entretenir pendant quelques aunees, jusqu'a ce qu'elles soient a meme d'embrasser un etat. Elles se rendent tous les jours, les dimanches et les jeudis exceples, a I'ecole des fd- les, pour y recevoir renseiguement elemeutaire, et sont exer- cees a tour de role, dans le peusionnat, aux divers soins du menage. Les pensions de quelques-unes de ces jcimes fille? sont a la charge de leurs families; mais, la plupart sont payees par des dames du comite ou par des personnes rharitables; r)iG LIVRES FRANCAIS. plusicurseiirans soiit .idmis gratiiilcnifiit. Lc iiombre ilcs eleve.s olait,;ui i"')anvici', dc27;lespensioiiS(lo 21 d'onlre cUesolaieiit payees, en tout ou on pailic, par leurs familk's 011 leurs piolec- teurs. Les elevcs de ces deux etablisscuiens soiU conduits ton- ics les scmaines a recole du dimauclic , dirigecpar M. Frederic MoKOD, avec un zele el une Constance dignes de l)eauconp d'eloges. 5" Ecole ilc M. Fontaine. Elle compte Go elcves, (loot 24 sont entrelenues aiix frais des deux consisloires ; 4" Ecolc des garcons, tenne par IM. Biichic; 5i eleves, dont i5 sont aux IVais dcs consisloires ; 5" Ecolc do jctines filies dc M""' Lang ; 20 eleves, dont 12 sont aux t'rais du consisloire ; 6° Ecole de M. Castclvcrd. Oct etalilisscuienl est pen ancien el lie compte encore qu'environ 20 eleves. O at rages periodiq u cs . I ^4- — * L'Edio, Journal du departementde laSarllie. Ce Jovu'nal parait trois fois par semaine , les lundi , niercredi , et sainedi. Le Mans, Floriot, rue Royale, n° 2G. Prix de I'a- bonncment pris au Mans, 24 fr. pour I'annee; ijfr. pour six mois ; 7 fr. pour trois mois ; 24 fr. , 1 4 l'"- 5 ct 7 fr- 5o cent. , franc de port, par la poste. En attendant la suite de nos observations sur lesjournaux des departemens, nous croyons devoir dire un mot de I'Ec/io de la Sarilie, qui parait avec un succes soutenu , depuis plus de ome ans. Ilmerite d'etre remarque parnii les journaux qui se publient dans les provinces. Dans son cahier du 2 mai der- nier, en parlant de la Heme Encyclopklique avec une bien- veillante estimc, il consacre un article special, redigc avec esprit et talent, a nos observations du cahier de fevrier, sur les journaux des departemens, article dans lequel, ce nous semble, notre pensee a ele un pen denaturee. Loin d'avoir pretendu que la politique exterieurc dut etre entieremcnt bannie de ces feuilles pcriodiques, dont nous avons cherclie a encourager I'essor, pour favoriser la li- berte des opinions, qui serait detruite par une deference ha- bituellc et servile aux journaux de Paris , nous avons ap- plaudi, au contrairc, a quelques articles rcmaiquables surl'e- tat desautres nations, et provoque, de la part des ecrivains politiques qui liabitent nos villes maritimes ou fronlieres, des renseigneniens precis sur ces memes pays. Nous avons dit, en substance, que I'objet de la prcsse periodique dans les de- partemens devaitetre, avant tout, de traiter, avec connais- sance de cause et bonne foi, dcs intcrets de localite ge- OUVRAGES pMIODIQUES. 617 lU'i'alement dcniics de coiitiole ; dc traiter encore, niais avec (III pea moins de details, des iuterets gciieraux , toujours do- leiulus par des milliers d'organes, ct enfin, des affaires des peuples etrangers, mais seuleinent dans leurs rapports directs et immediats avec les notres. Ce n'est pas a dire que nous pretendions exclure dc leurs colonnes des consideralions ge- nerales sur ces dernieres matieres. Telle n'est pas notre pen- see. Un bon esprit ne separe jamais les fails des inductions (jui en derivent, ni les principcs des applications qui les rendent sensibles. Mais, tant qu'il se trouvera des observa- tions utiles et d'un interet actuel a recueillir sur ce qui nous toucbe de plus pres, nous persistons a croire qu'on doit les cmettre de preference. Le tems n'est pas encore ari'ive oil le sujet soit epuise. Notre avis est, en outre, qu'il faut se gar- der de propager davantage le goftt des vagues generalites, qui n'est que trop repandu en France. Dans I'inleret de la chose publique, de notre education politique, ct nieme de la logi- que, quand les faits abondent, et nous assiegent de toutes parts , il faut les saisir, les rapprocher, les soumettre aux lois de I'anal^'se, s'empresser enlin d'cn tirer des inductions utiles an bien general du pays, avant de s'aventurcr Icme- rairenient dans des dissertations oiseuses sur des peuples loinlains. Cette deiniere reniarque ne pent s'appliquer a I'Er/io de la Sartlie, qui nous parail etre , nous le repetons, un des jour- naux de departenient qui ont le niieux couipris leur but, et qui remplit sa tache avec un talent distingue. j4d. GONDINET. 175. • — * La Psyche, Choix de pieces en vers et en prose. Deuxienie annee : T. Ill et IV. Paris, mars et avril 1829; .1. Correard jeune. 2 vol. in-18 de i4'-i-i44 pages; prix de rabonnemeut d'une annee, 58 fr. pour Paris, l\\ fr. pour les departeniens, 44 fi'- pour I'etranger. (Voy. ci-dcssus, p. 224.) Pour faire compreudre toutl'agrenient de ce recueil , il suf- fit de citcr les priiicipaux morceaux dont il se compose et les auteurs qui les ont fournis. On y trouve i'Jme da Purgatoirc, nouvelle ballade de M. Cashnir Delnvignc , publiee d'abord par la Rertie de Paris ; des Stances ecrites d Cahhaye de Valom- breuse, en Toscane, par 31. de Lainartine , extrailes dn nieme journal; trois odes et une ballade de M. Ficior Hugo; fUi- sieurs pieces de MM. E?nile Dcscliamps , Joseph. Delonue , Alexandre Dumas, P. L, Jacob, ([ui passcnt pour appartenir a I'ecole roniantique ; a cote de cela, des fragmens des traduc- tions d'Ovidecl d'flomere, par MM. de Pongerrillc ct A. Bi- 5i8 OrVR. PliR. — LTV. EN LANG. liTR. gnan; I'Arabe, inorceau plein de couleiu' et tie po«?ie , cle M. Chaurct; cles emprtmts (aits aiix porlefeiiilles do Mi\I. B'is, Gustave Dronincatt, Lesgiiilton, tLdouard d' yinf^lcmont, Dcniie- Baron, A. Fmilaney, Albert Monlniiont, E. Hcreau, etc., et de 31°"' la piiiicesse Constance de Saim, Desbordes-V almore , Celeste Fien et JFatdor. Litres en langues ctrangires , imprimcs en France. 176. — * Histoire nntiirclle de Pline, traduction nouvelle; par M. Ajasson de Grandsagne ; annotee par MM. Deudaiit , Brongnlart, Curler, Damioti , Fourier, Letronne, etc.T. I. Pa- ris, 1829; Panckoucke. In-8° de LXxxvii-424 pages; prix, 7 fr. Cette traduction nouvelle de Pline I'ancien i'ait parlie de la bibliolhef|nc latine francaise piibliee sous les auspices de jM. Ic Danphin. De tons les ouvrages qui composeront cette belle entreprise,de I'enseniblc delaquelle \ix Hevue Encyclope- t/Zf/Hcadcjadonne une idee tres-satist'aisante (Voy.t. XXXVI, p. 92, nne analyse par M. Champollion Figeac), celni dc Pline devait etre Ic plus desire parce qn'il elait le plus diffi- cile a I'aire, et aussi celni qui doit convenir a mi pkis grand nonibre de lectenrs. L'llistoire natiirelle de ce savant remain n'cst en elTet autre chose que I'encyclopedie ties connaissances huniaines ;\ I'epoque oi"i il a ecrit : aussi, selon nons, avu'ait- on dn profiler du vaste travail dont cet ouvrage est aujonr- d'hui I'objet, pour rectifier I'idee assez fausse qu'on s'cn fait trop gent'ralement d'apres son litre; car, Pline est tres-souvent qnalifie de imluralisle , tandis qn'il eut ete plus exact de dire Vencyclopi'diste , pnisqu'il parle en efl'et de tout ce qui entre dans le cercle des sciences huniaines. Le litre A'Histoire de la ■nature nous semblerait done assez convenir; si meme , en s't'jcartant un pen dn mot lalin , sans blesser son acception, on n'eCit pas du prelerer eel autre litre , Histoire de l' uiuTcrs , comprenant la nalui'c de I'liomme et toutes les applications de son intelligence. Pour jnstilier noire opinion, il suffirait de Jeter les yeux snr la lisle des liommes honorables qui doi- vent fournir des notes et des eclaircissemens sur le texie de Pline, et si cet ecri.'jin n'avait redige qu'iine Histoire natu- rclle, comme Builbn, on se demanderait quels commenlaires pen vent doinier de son texte les philologues, les historiens, les artistes, les astronomes, les archeologues, les geograplies et les biographes qui vont concourir a la nouvelle edi- tion , objet de cette annonce. Mais comme le litre ne fait rien a Taffaire, no? observations serviront du moin? ^ faire lMPRIMl5;S EN FRANCE. 5 19 connaitre a nos lecteiirs que I'editeur de ce grand ouvrage a fomprjs tout ce qu'il avait a faire pour faire bien , et n'a rien neglige pour rcpondre pleinement a I'attentc du public. Le texte latin de son auteurest revu sur les meillcures editions: la traduction francaise, fruit de longues etudes, est telle, sous le rapport du style , qu'on doit la desirer dans ce siecle; les eclaircissemens et les notes en petit noinbre, etseulenient en ce qui est utile a la plus grande partic des lecteurs, se- ront tres-souvent des points de comparaison enlre les sciences des anciens et celles des modernes. L'execution typogra- phique ne laisse rien a desirer. Get ouvrage merite done a tous egards la confiance gencrale, et les encouragemens de tous les hommes instruits : il y a de I'instruction et de I'a- grement pour toutos les classes. Nous ne doutons done pas du succi'S qu'obtiendra une cntreprise aussi utile; j'ajouterai, et aussi honorable pour les lettres franfaises. C. F. 177.' — *A History of England, etc.- — liistoire d'Angleterre, depuis la premiere invasion des Roinains ; par John Lingard, docteur en theologie. Quatrieme edition : t, XT et XII. Paris, 1829; L. Baudry. In-8" de v — 5 16 et vi — 384 P^g^sj pi'-'f > 92 I'v. les 12 volumes. Ces deux volumes d'inie liistoire nouvelle d'Angleterre , qui a etc fort bien accueillie dans la Grande-Bretagne, et dont la rcimpression en France merite le succes qu'elle obtienl , eontient i'histoire de la republique anglaise depuis I'abolition de la monarchic , en 16/(9, jusqu'au protectorat, et jusqu'a la la mort de Gromwell, le 5 septembre i658; puis, I'histoire du regne de Gharies II. En annoncant les volumes precedens, nous avons manifeste I'intention de consacrer A cet important ouvrage une analyse de quelque etendue, qui sera d'autant plus complete qu'elle pourracomprendremaintenantl'examen et Papprcciation de la partie peut-etre la plus interessante du vaste tableau qu'il presente. 178. — *DcrErldser ; Ein episclielegisclies Gedidit , etc. — Le Sauveur, poeme epico-elegiaqiie, suivi de cantiques, de prie- res et de quelquesairs nouveaux, a I'usage de la devotion pu- blique et privee ; par M. t1 can-Jacques Goepp, Pun des pasteurs et presidens de Peglise evangelique de la confession d'Augs- bourg : au profit de Petablisseuient fonde pres de Strasbourg- pour I'education d'enfans pauvres. Strasbourg, Paris etLeip- sig, i'^27; Treuttel et Wurtz. ^1-8' de vin et tiSi pages; prix, 6 )!v. iSous croyons rendi'c service a uos lecleurs, amis d'une piete douce et eclairee, en appelant leur attention sur un ou- vrage qui, public en langue etrangere par \\\\ de nos conci- 5ao LIYRES EN LAINGUES j'ri'RANGERES. toyens, a dcja trouve au-dela dii llliiii de jiistes appreciateiirs (,'t mi'iilc d'Clrc coiinii pai'iui nous. Cost uii reciieil de poesies roligieiiscs rocommandables par unc graiidc simplicite de Ian- gage , par des scnlimens eleves , par dcs idces propres a edai- rer I'espril ct a edifier le coeiir, enCni, par iine tolerance toule chreliennc. On n'y rencontre point des vues neuves et liardies; niais , on trouve a cluique page des verites morales ct pratiques, des sentiniens religienx exprimes avec chaleur ct dans un style convenable. 31. Ga-pp a dedie son ouvrage, dout il parle, an reste , dans sa prelate , avec une louahle modcstie, a ses amis des deux bords du Uhin, et cclte dedi- cace n'est pas ce qui nous a le moins altacbe dans son recueil. Le Sanrear, pocine epico-elegiaque, qui en forme la princi- pale pailie, rappelle, par son titre, ce Mcssie de Klopstock, si sublime, si digne des suffrages que toute rAllemagne lui a unanimement accordes, et pourtant si latigant a la lecture, par la jiauleur meme du vol ou le cbantre sacre s'eleve. Ce- pendant, M. Gcepp sc hate de nous avcrtir qu'il n'a point la pretention de rivaliser aveccelui qu'il nomme,avec Luther ct M. TiEDGE, les maitres de I'art que la harpe de David u cree ; il se borne i'l reproduire I'histoire de la passion du Christ en hexametres corrects et faciles , sans permettre a son imagi- nation cet cssor auquel nous devons le discours de Caiphe et tant d'autres creations d'un immortel genie. C'est a toute la cou)munaule des fidcles que I'estimable pasteur s'adresse, et les elus seals pen vent suivre Rlopstock dans ses sublimes medi- tations. II conserve prcsque toujours les termes bibliques, dans celle simplicite touclianle qui I'ait le cbarme de I'Evangile, ct que Luther, im des createurs de la langue allemande, a si bien su rendre dans son energique el admirable traduction. II ex- pliquc en amplifiant, ct supplee quelquefois avec art an si- lence du livre sacre. Presentee de la sorte, I'histoire evange- lique ne peut manquer d'agir sur les esprits et sur les cceurs. Les six chants ou divisions de ce poeme lorment a pen pres le quart du volume, dont le reste est consacre a des can- tique.s et a des prieres , parmi lesquels nous avons remarquc la Beiu'diction des cloches, ISuel, la Moisson, L' Indigent, le Culle public, ct plusieurs autres pieces. INous prouverons a I'auteur, par une legcre critique, I'attention avec laquelle nous avons lu son recueil. Son elegic sur la mort de la derniere duchesse de Courlande, I'une dcs protcctriccs les plus zclees du tem- ple de la rue des Billettcs, nous semlile moins bien versiliee que ses aulres hexametres, et le pentamctre suivanl, par exomplc, nous parait cxtrememcnt dur : Tiiiancn i.'iltichtcrii das llciz, tind wcr cerdienle sic mclir! D1PRIM1?:S E?< FRANCE. 52i Inilrpomlamcnt dii fruit que Ton peut retircr de cette lec- ture, la pviblicalion des productions de la muse dc M. le pas- teur Goe])p est encore une bonne oeuvre, puisque le produit en est destine a I'etaljlissement fonde an INeuhol', pres de Strasbourjf, pour rentrelien et I'education de cent enfans pauvres. Get etablissemcnt tres-recent encore est dirige, avec un zele honorable, par M. Kraft, qui lui donne chaque annee iin nouveau devcloppenient. La pliipart des enfans y sont ad- mis gratnitement; d'autres y trouvcnt,pour la niodicjue somnie de i5o francs, nourriture, soins, instruction et tous les moyens capables d'en faire des citoycns utiles et de bons Chretiens. Deja la coninmnaute de la confession d'Augsbourg de Paris y a envoye deux jeunes orphelins , et sa bienfaisance concourt eflicacement a I'entrctien de celte utile maison. J. H. S. IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET UTTtRAIRES. AMliRIQUE SEPTENTRIOXALL'. - ^TATS-UNIS. Philadeli'Bie ( 26 mars 1829. ) — Etat de la Utterature tunericaine. ■ — Civilisation des Etats de I'Oucst. — Extinc- lion des prejages nationaux. — ( Extrait d'line lettrc adres- soe au directeur dc la Revue Encyclopidique. ) — Je vois avec peine que nos libraircs ne se doniieiit pas le soin d'eii- Yoyer au moins quelques cxeiuplaires des ouvrages qu'ils publieiU dans les graiides capilales de I'Europc. Je siiis per- suade que quel(|ues exemplaires , par exemple de la Staiisii- qae de M. Pitkin , de la Diplomatie des Elats-Unis , qui vient de parailre en deux volumes, et de quelques autres ouvrages semblables, se veudraient a Loudres, a Paris, et meme a Ber- lin. Notre litterature avance pen a pen, mais nos progres sont plus remarquahles dans les sciences utiles que dans Ics arts il'agrement. II manque a nos ecrivains de voir I'Europe; nous en sommes malheurcusement heaucoup trop loin. M. IVasldngton Irvi>g s'est Tail heaucoup d'honneur parson Hisloire de Cliristophe Colomb. Ainsi vous voyez que nous avons TetoH'e, la methode viendra pcu a pen. Je m'apercois ([ue nous commcncons a reagir sur I'Angleterre qui a agi si long -terns sur nous. Le caractere national sc developpe. L'Ouest surtoiit i'ait des progres auxquels on sc serait dilfici- lement attemlu. Vous apprendrez avec etonncment (|u'a Van- dalia, capitale de I'Etat d'llliuois, qui,il y a dix ans, ne comp- lait pas plus de trois maisons, il vient de s'clever une societo d'histoire et de litlei'aturc pn'sidee par le juge Hall, homme d'esprit et de (alent, qui a pui)lie receuimcnt des Icttres sur les Etats de I'Ouest ou il i'ait nn tableau intcressaut de cette par- tie de noire pays. Vous savez que cct Elat laisait partie de rancienne L(juisiane, et qu'ii I'epoque de notre revolution il ne contenait que le village de Kaskaskia, peuplc do Fran- :tTATS-UNIS. — AUSTRALASIE. 5^3 cais Canadiens dont les descendans I'habitent encore; vous seriez touche de voir la maniere tendre et affectueiise dont M. Hull parie de nos anciens compatriotes el des Francais en general, dans un discours adressc a cette societe. Je ne peux en extraire qu'iine faible partic; mais vous pourrez par la juger du reste. « Les etablissemens francais formes dans cet elat presentent un autre sujet inlcressant a nosrecherches. Les Francais furent nos premiers allies et sont nos plus an- ciens amis ; et de tons les emigrans, que notre pays attire des autres contrees, ce sont eux qui se soumettent a nos lois avec le plus d'empressement. et qui adopfent avec le plus de ])onne volonte nos moeurs el notre langag^ : ils ont pris de fortes racines dans nos affections. II y a plus d'un siecle qu'une co- lonie de cette nation s'etablit a Kaskaskia , iV des centaines de milles de I'Ocean , a des centaines de milles de loute com- munaule d'liommes civilises. La, elle fleurit pendant bien des annees, s'accroissant en richesses et en population, entrete- nant les relations les plus aniicales avec les tribus indiennes, et jouissant d'une part plus qu'ordinaire de santo, de paix et prospeiite. \ivant dans un tcl isolement, faisant fort pen de commerce avec le monde civilise, ces hommes prirent de cer- taines coutumes et un caractere particulier, auxquels leurs descendans reslent attaches avec une singidiere tenacite. lis conserverent la gaite, le contentemenl et I'hospitalite qui di-s- tinguent lein- nation; mais leurs maisons, leur langage, leur agriculture, leur commerce, leurs amusemens, lout ce qui tienta leurs nioeurs en un mot est empreint de la meme sin- gularite que leur etrange position et en fait un peuple a part. Comme ce n'etait point une race lettree , elle u'a pas laisse beaucoup de monumens apres elle. Mais de pic'cieiises tradi- tions , bien dignes de notre curiosite, existent parmi ses des- cendans, et meritent d'etre conservees. » Tel est, Monsieur, I'esprit qui domine a Vandalia. En ge- neral, les Francais sont aimes et consideres dans tousles Etats-Unis. L'ancien prejuge des Anglais du siecle dernier n'existe plus. II parait cju'il a aussi beaucoup diminue dans la Grandc-Bretagne. C'est ainsi que les peuples agissent tou- jours a I'egard les vms des autres, lorsque leurs gouverne- mens, dans des vues d'une detestable politique, n'excitent point entre eux de haines nationales. P. S. D. AUSTRALASIE. Tehre de Van Diemkn. — Prosris de la Civilisation. — 11 r 5a4 AUSTRALASIE. — AFRIQUE. a exactement (juaraiitc aiis ( 17S8) (|iie les premiers Aiigluis tleporles aniveiTnt a I5otaiij-Bay. Dans I'espace de quiiize ans quel(iucs-uns tic ccs coluiis dcviiireiit assez ritlics ))Otir ([iTil i'rtt iieccssairc dc prntoger Ics droits de la proprietu , en eta- blissant une coluiiic inlt'rieiue, deslinue a recevoir les nou- veaux arrivans dont les fantes ct les moeurs dissoliies mena- raient de troid)ler rordre qui cominencait a regaer. En con- sofpience, au niois dc t'cviier i8o4, la terre dc Van Diemen lilt parta;;tc a 5G7 prisonniers males, et a 12 femmes libres. Anjourd'hui , sa popidation est de 20,000 ames , y conqiris les deportes. Ulalgre les plaintes gencrales sur la g;randc rarete des t'enimes, et sur le manvais systerae de gonvernement, en 1826, les imj)ortations de ehoses de luxe et d'aj,n-ement sc montaient a 99,747 livres sterling, s'etant accrues en un an de trente pour cent. Hobarts-Town , capitale dc A'an Diemen, renl'erme environ niille maisons, et sept millc habitans. A en juger par les nouveaux hatimens qu'on y elcvc, par le nombre des ent'ans, et par la quantite d'emigrans et de oondamnes ([ui y arrivent chaque jour, la ville et la population seront an moins doublecs d'ici a ([uclque terns. Prcs(iue tons les edifices neul's sont de briques ou de pierres. L'cglise de S;iint-David a un clocher, inie horluge, ime orgue, et pent contcnir mille per- soinies. Cette ville naissante, creation devingt-cinq ans, a des rues bien pavees, des ponts, une poste aux lettrcs, des ecoles de charitc, des maisons de banquc , des pensions , et presque tons les etablissemens d'utilite publiquc et particulicre (jn'on trouve dans nos vieilles cites d'Europe, sans oublier les as- semblees, les concerts, les bals, etc. L. S. B. AFRIQUE. COLOKIE FRANCAISE DH SeNEGAL ." SaINT-LoIIS. EscluVftge dans cet ctabtisscnient. — Cruaatcde quelques viuUrcscnvers Icurs esclaves. — Si I'on doutait encore que I'esclavage soit main- tenu dans cette colonic, on le prouverait par des afliches dc vente , dont quebpies exemplaires originaux, arraches dans les rues de Saint-Louis, out ete envoyes au directeur de la Revue encyclopedique. Voici I'unc de ces pieces authenliqucs : Venic puliliqae par autorite de jnsiicc. Lundi prochain , 25 du courant , a 1 1 lieures du uiatin , au domicile de I'huissier de la colonic, il sera veudu une ilappa- riellc (1) decaze, un marin caplif, un cliarpeulicr caplil', vi- (i) Pclile ncgrt'ssf raplivr. AFIUQUE. — EUROPE. 5a5 naigre, liabilleinens divers ct autres objets. La venle sera payable a (iiverses epoqiics. Sas. (i) Saint-Louis, le 19 fevrier 1829. Le sort de ces malheureux captifs ne scrait point envie par les Africains transportes aux Antilles; I'nn se traine , avec les fers aiix pieds, jusqu'au bord dn llcnve et s'y precipite, pour se souslraire a la barbaric de son maitre. On rapporte de cet honime atroce line (bule de Iraits digncsde tronver place dans les annales dn crime. Ni I'enl'ance, ni la vieillesse n'obtien- nent de Uii un seul mouvement de ]»ilie. II parait cependant qn'il jonit d'une assez grande consideration dans la colonic, et que sa condnite envers ses servitenrs n'y parait nullement extraordinaire. M. Moraye, medecin employe a Saint-Louis, it y a quelqucs annees, etant dans le cas de iaire un voyage en France, confia a ce mcme homme une jeune negresse nommee Jyssata, qu'il possedait alors; et malhenreusement pourcette infortunee, I'absence de son maitre se prolongea ; surchargee de travail, accablee de mauvais traitemens, elle etait sur le point de succomber , lorsque M. Moraye resolut de ne pins retourner au Senegal, ct fit mettre Ayssata en li- berte. Dans une maladie grave qu'elle venait d'eprouver, son maitre par interim n'avait point permis qu'on lui otat une cbaine dont il I'avait chargee , ni le poids qu'elle trainait par- tout avec elle, a I'extremite de cette chaine passee autour de son corps. Ces faits parlent assez haut poureveiller I'attention de I'au- torite. Le Comite pour I'aholiiion de la traite dcs Noirs , etabli dans le sein de la Societe de la morale chretienne , et dont le jenne Jagunle de Stael etait I'lin des membresles plus aclifs, doit redou])ler de surveillance et d'energie pour recherchcr, constater, produire au grand jour et combatlre les crimes, contre une partie malhcureuse et opprimee de la race hn- maine, que la soifde I'or fait commeltie encore au mcpris des lois et de I'luimanite, et qu'une scandaleuse impunite semble encourager. Y. GRAiSDE-BRETAGNE. LoNDRES.' — Collcgeroyalde Londres. — Reclamation. — Dans notre Cabier de septembre 1828 (t. xxxix, p. 549), il est dit que « le parti tory t'ondea Londres, a cotedel'universite, une autre ecolc, oul'on n'enscigncra que les vieilles doctrines, (1) Signature de I'liuissicr. 5a6 EUROPE. en siiivaiit les ricilles methodes ; » et , dans une note , I'auteur de rarlicle ajoule : « on pourrait nommer cettc ecolc retro- fpecike institution. » C'cst an iiouveaii colK'ge royal [Kind's College) que cettc denomination pen flalteiise est appii(iiiee. L'un de nos abonnes a Londres ])read la defense de I'elaljlisse- nient, tiaite si seveienient par notre eollaborateur ; il non* assure que I'enseignement y sera le meme que dans I'univer- site, et que ces deux institutions ne dillereront I'une de I'autre que parce cpie, dans la setonde, I'education sera i'ondee sui la religion de I'Etat , le protestantisme anglican. II a joint ii ses observations deux iniprimes, donl l'un ne contient que I'exposition du but que veulent atteindre les fondateurs du college royal, et il n'y est point fait mention des methodes d'enseignemcnt. On y dit que les instituteurs s'imposerout le devoir de donner aux eleves une solide instruction sur les preuves de la religion chrelieune ; que les etudians contracte- ront rhabitude des pratiques et des doctrines de la religion nationale, des moeurs ct des usages de leur pays; qu'on s'eiTor- cera de les attacher de plus en plus auxanciennes institutions. Jusque-la, 11 semble que notre collaltorateur n'a pas tort, si ce n'est en ce qui concerne les vieilles methodes. Le second ini- prime est du 5o decembre 1828, en sorte que notre eollabo- rateur n'a pu le connaitre. On y voit que radniiuistration et la surveillance du nouveau college sont confiees a un principal, qui doit etre un ecclesiastique , gradue dans I'une des an- ciennes universites d'Anglelerre , 011 dans celle de Dul)lin ; que tons les professeurs , tons les employes doivent appar- tenir a la religion anglicane, a I'exception des professeurs de litterature orieutale et de langues niodernes. Dans son ensem- ble, le regime interieur de ce college se rapproche trop de celui d'un convent, et n'est pas celui que suivrait une famillo chretienne bien reglee , conduite par la sagesse d'un chef edaire, mais aifectueux et d'une prudente indulgence. Aux exercices publics, les etudians auront a soutenir des contro- verses religieuses, a parler du dogme , a disserter en theoln- giens. En France, un college dirige de cetle inaniere serait un5f/n//(rt/V(?, destine a former la jennesse qui se devoue aux fonctions ecdesiastiques. Si le King's College suit exactement et avec perseverance le reglement qu'on lui a prepare, il sera necessairement au- dessous des institutions plus libres; les sciences veulent plus d'independance. IMais pourquoi fonder un elablissement qui ne pourra se pcu-fectionner qu'cn changeant de nature? Les fondateurs n'ont certainement pas le projet de (aire retrogra- GUANDE-IJRETAGNE. Sa; ikr It'tir nation ; mais ils chercherit a fixer Ic present, a le rendre immiiable, ce qui est enc ore plus difficile que de reve- nir a ce que Ton fut autrefois. Line force immense agit sur lej societes et les pousse en avcmt; pour contrcljalancer cette action, il ne faut rien moins qu'une force egale dirigee en ar~ riere : tel est sans doute le sens que notre collaborateur attache a I'expression retrospective institution. Dans ce cas, son opinion serait fondee sur les lois dc la statique, aussi rigoureuse- ment observees en politique et en morale que dans la meca- nique. Que notre abonne veuille i)ien remarquer, de plus, que le present n'aurait par lui-meme aucune consislance , si on ne I'attachait point, et fortenient, a la masse du passe ; que plus on fait d'elTorts pour retenir tout cc present, plus on a be- soin de le consolider par une nouvelle addition de passe , ce qui ressemble beaucoup a une tendance retrograde. Soyons de notre tems; ne repoussons point I'instruction qu'il nous ap- porte ; elle nous convient mieux que celle d'aucun des siecles precedens. Nous ne doutons nullement que cette opinion ne soit aussi celle de notre abonne de Londres , rcclamant en faveur du college royal. F. — Le Colosse. — Nous laissons s'aneantir en France une decouverte dont nous etions les premiers inventeurs; je veux parlcr du Panorama, que ne remplaccnt point les bril- lantes illusions du Z'to/-fl??irt. En cfl'et , ce n'etait point uu site seulement Tu par une large ouverture, mais tout I'en- semble d'un pays, d'lme \iile. Qui a pu oublier, apres I'avoir contemple , I'admirable Panorama de Jerusalem, et ceux d'A- thenes, de Constantinople , qn'on a laisses ponrrir et toml)er en lambeaux ? II eiit ele digne du gouvernement de proteger cette enlreprise, et d'en assurer la durce; bien pen de frais cussent sufli; aujourd'hui il est trop tard ; la grande rotonde a etc demolie ; les tableaux sont en poussiere , et c'est en An- gleterre que va se naturaliser I'idee francaise, sur le |)lan le plusvaste et le plus somptueux. L'n edifice construit expres, de dimensions immenses, ou le spectalcur se IrouvcLa place au centre meme de Londres, et dans la tour de Saint-Paul, transportce au milieu du tableau , presenfera line surface peinte de plus de 4o,ooo pieds carres. Dans la tour, une suite d'appartemens, situes a divers etages, permettront d'arrivcr aux galeries exterieures, d'ou Ton aura la vue la plus com- plete du Panorama. Quelques-unes de ces salies sont desli- nees a une exposition d'ol)jets d'arts ; d'autres oflriront Ac?, serres rempiies d'une variete de fleurs rares. Une bibliothequc choisie et nombi'cuse sera ouvcrte au public. Enfin , ce palais 528 EUROPE. mngiqiic doit siirpasser tout ce qii'on a vii. M. Honnoi, qni enacoiitii le premier projct, a I'ait liii-memele dessiii dc la ville de Loiidres du liaut de la croix de Saint-Paid. P»^nilant trois inois , il s'y reiidait tons les jours, ct y travaiilait dcpois qnalre licmes do matin jiis(|u'a six, avant quo se lot i'ornu'; le dome de noires vapenrs et de Iniuee qui enveloppent Londres dnrant le jour. 11 a ensuite trace le plan du batiment, de con- cert ave(; iM. liaiton, arcliitecte ; conujienceeen 1834? loute la maconncrie fut termiuee en 1826, et, depuis, M. Ilornor ne s'est occupe qu'a perfeelionner I'interieur. Al'instar de la nia- nivelle tournanle du Diorama, on a invente un escalier ascen- dant qui, parlant de la base, elevcra jusqu'aux premiere, socoude et Iroisieme galeries les spectateurs frop iudolens pour mooter. Quoique le tableau ne soit pas encore completc- nicnt acheve, M. Horuor a juge a propos de laisser enlrcr le public. On croit qu'il a pris celte mesure pour se procurer quelques fonds, necessaires a raccomplisscmeiV. de sa grande entreprise. L. S. B. Publication prochaine. — Planicc asiaticce rariores , etc. Plan- tes rares de I'Asie, ou descriptions et figures d'un choix r/e p tall- ies incditesde I'Inde orientate ; par N. "NVallich , M. et Ph. D. , Guvrage sous presse, a Londres, chez Treuttel et "NVihtz, Treutlel-Junior et Puchter. • — M. "Wallich, dont la reputa- tion, comme botaniste, inspire one juste confiauce, est surintendant du jardin botaniquc de la compagnie des In- des , a Calcutta , membrc de plusieurs societes savantes dans la Grande - Bretagne el stir le continent europeen. II a fait un sejour de \ingt ans dans I'Inde, et de freqiiens voyages dans toutes les parlies de cette vaste contree, pour en rasseinbler les productions vegetales, les plus in- teressantes. Ainsi , ses descriptions ne peuvent etre que par- faitement exactes et tonformes a I'etat actuel de la science ; il avail sous lesjeuv, et dans le plus bel efal de vegetation , toules les plantes qu'il dccrivait ; 11 entrelenail des correspon- dances regulieres avec les plus celebres botanistes de I'Eu- rope , et protitait de leurs lunneres. Quant aux dessins origi- naux, ils out etc i'aits d'apres nature, sous les yeux de I'aii- teur, par les peintres de la compagnie des Indes oiientales, hindous dont I'babilele est admirable, lorsqu'il ne s'agit que de copier, avec uiie scrupulcuse exactitude, une nature im- mobile. L'ouvragc sera compose de 5 volumes in-folio, avec 5on planches coloriees. Les descriptions seront en latin, langue univcrscUe des boiaidsles. Chaque volume sera dislribue en GRANDE-BHETAGNE. — SUEDE. Sag 4 livraisons , de af) planches chacune, avec les descriptions coiTcspondantes. La premiere livraison paraitra en jiiillet 1829, et les aiitres successivement, de 3 en 5 mois. On sous- crit , des ;'i present, sans rien payer d'avance , a Londres, a Paris et a Strasbourg' cliez MM. Treuttel et Wurtz; et chez les principanx liijiaires de la France et des pays etrangers. Prix de chaque livraison , prise a Paris, 64 I'r. La liste des souscripteins sera imprimee. — On voit que les editeurs ont vonhi contribuer a I'orection d'un grand et beau monument lypographique, dedie aux sciences natu- relles. F. StJEDE. Industrie metallargique. — Les fers de Suede, si souvent cites dans le commerce, le sont plutot pour leur qualite que pourl'etenduede I'emploi qu'onen fait : voiciquellesonteteen tonneaux de 1000 kilogrammes les exportationsmetallurgiques de la Suede, pendant I'annee 1828. Etats-lJnis 9?4o9 tonneaux. Allemagne 6,(^76 Grande-Bretagne. . . 5,755 France 5, 096 Portugal 5,200 Danemark I5771 Pays-Bas i,456 Grandes-Indes. . . . 895 Russie 55o Bresil 289 Malte i43 Espagne 64 Antilles. . 58 Italic 40 Norvege 35 Total. — 55,212 tonneaux, dont la valeur dans les ports de Suede est de dix a onze millions de francs. Cette quantite de fer est a peu pres le double de ce que pourraient aujourd'hui fournir les trois forges a la houille eta- blies dans I'arrondisscment de Saint-Etienne , et le cinquieme de la production totale de la France : on sait que les forges de Suede ne brfdent que du bois ; la fabrication y est limitee i ce que comporte la production annuelle de ce combustible, T. XLii. MAI 1829. 34 ar.o Kl ROPK. et ne pent pas nu^nieiitcr, coiniue dans les forges a la houilie , aveo les bcsoiiis de la consonimation. Aiiisi, si la ilciiiande des fcrs de Siiode s'elevait beaucoiip aii-dessiis de re qu'elle est aujourd'luii , il esl probable qu'on verrait les prix augmcnter pliilot que la production s'etendre. Nous avoiis pen de ren- seigneniens satisfaisans siir les procedeset les ressources iiie- tallurgiqiies des Suedois, et il parail que, soit sous le rapport de I'art', soit sous celui de I'ecunomie, nous anrions beauooup d'observations utiles a faire chezeux : tes connaissances vien- draient a propos dans un moment oii nos forges reclament d'importantos ameliorations et oii les capitaux n'aftendent pour s'y porter que de la secmite. J. -J. B. SUISSE. LAUSANNE. — Persecutions religieiises. — Un eveuement qui vient de se passer dans le canton de Yaud excitera, no\is n'en doutons pas , quelque surprise chez nos lec- leurs. On se demandera comment il se fait qu'un pays, dans lequel est professee une religion qui autorise le libre examen, et que chacun croit etre regi par des institutions liberales, donne cependant des exemples d'intolerance et d'arbitraire, vcritables anomalies dans I'etat actuel de laso- ciete. Pourlant , Ton se tromperait si Ton pensait que lagrande masse de la population se rend, par son assenti- ment, complice d'actes odieux; elle les blame avec energie, et se prepare par des mojens sages et legaux a en prevenir le retour. Voici les faits qui nous out suggere ces reflexions rapides. M. VisET, ecclesiastique vaudois, professeur et pasteur u Brde, a recemment public deux brocbures a propos de quel- ques observations imprimees dans la Gazette de Lausanne, re- latives aux sectaires connus sous le nnm Ac mornicrs. M. Vinet s'elevait, avec raison, selon nous, contre des mesures legisla- tives et judiciaires prises contre les sectaires, et (jui portent evidemment atteinte au droit, qui leur appartient, d'adorer et de scrvir Dieu a leur maniere. II proteste avec fermete, mais avec convenance et moderation, contre des actes qui out deja vain au gouvernement vaudois vuie assez triste celebrite. Ces brochures renfcrment d'ailleurs tme theorie tres-elevee et tres-pbilosophique de la liberte religieuse et des rapports de la religion avec i'Etat; theorie exposee avec le talent et I'in- dependance que Ton devait attendre de I'auteur du Memoire sur la liberte des ciiltes, couronne il y a trois ans par la Societe SlISSE. — TTALIE. 53 1 lie la morale chretienne. En France, en Angleterre, dans tons les pays oil la civilisation n'est point entravee par le desp> tismc politique ou religieux, les brochures de M. Vinet , quoique en opposition a des actes dn gouvernement, eussent peut-etre appele, de la part de celui-ci, une refutation, mais non des chatimens. Le gouvernement du canton de Vaud n'a paspense ninsi. La premiere de ces brochures, qui ne porte pas de nom d'auteur, avait etc envoyee en mannscrit par M. Vinel a M. Monnard, son ami. avec priere de la faire imprimer. Pour ce fait materiel de la remise d'un manuscrit a un impri- meur, M. Monnard s'est vu traduit devant les tribunaux, sur la prevention de s'etre rendu I'editeur d'un ouvrage renfer- manl des provocations d la rcvolte. Bien plus, le conseild'Etat, prejugeant en quelque sorte la decision des tribunaux, a, par voie administrative, suspendu M. Monnard de ses fonctions de professcur, sereservantde prendre, apres que les tiibunaux auront prouonce, telle autre mesure administrative qui leur paraitra convenable. On assure que Ton voulait aller plus loin, et qu'on se proposait de s'opposer a I'admission an grand conseil de M. Monnard. nomme I'annee derniere depute de Lausanne, etqui n'avait point encore siege : ce projet n'a pas eu de suite. 11 est a remarquer que \1. Vinet, qui, en appre- nant les poursuites dont son ami etait I'objet, s'etait hate de se declarer I'auteur de la brochure incrimince, n'a point ete mis en jugement. Comme on s'y attendait , les juges n'ont pas voulu voir un appel a la revoke dans un ecrit oil Ton in- voquait les principes de la liberte en faveur des citoyens vau- dois, et M. Monnard est sorti triomphant de cette petite per- secution. Mais la consideration du gouvernement en a souffert; le public a cru voir dans cette impatience de punir, qui semblait I'animer, I'enivrement que donne le pouvoir, menie a de« magistrals republicains. II s'en est inquiete ; il a senti plus vi- vement que jamais la nccessite de modifier une constitution qui laisse les membres du pouvoir executif en charge pen- dant douze ans, etqui permet aux depositaires du pou- voir de se recruter comme its I'entendent. De la une foule de petitions qui de divers cotes sont adressees journellement au grand conseil , dans lequel reside la puissance legislative. ITALIE. Plaisance. — Cabinets lltUraires. — Nous avons parle de qiielques cabinets de lecture qui , a I'exemple des grandes vil- 552 F.l'ROPK. Ics (les nations los pins eclairees, ont ete introdiiits en Italic , ct parmi lesquels se distingue snrtont cehii dc Florence, fonde par M. NiEBSSEUx, directeur dc VJniologie. \}\\ nonvcl eta- hlissenient de ce genre a ete ou\ert aPlaisance, d'apres les conseils de IM. Giordam, lionune de leltres geneialenient es- time par la variete de scs coniiaissances et par la pnrete de son gortt classiqne. Ce cabinet, qui s'est toiijours anicliore depuis sa rondalion, a ete i'ornie par nne societe lilteraire; elle s'est donne un reglenient approuve par rautoiite snpe- rieure, et qui determine le l)iit de la societe, s(in administration, confiee i 16 uienijjres electil's et amiuels, Icnrs allrihiitions, les reunions generales et particnlieies, etc. Son but n'est pas seulement de t'ournir des alimens an gout de la lecture; elle s'occupespecialcjnentdesantresobjctsqui merilent I'attention de riiommedelettres, des ouvrages les plus recens, des notices biographiques, des nouvelles litteraires, en un mot de tout ce qui contribue aux progres de la civilisation des peuples. Animes d'un esprit qui n'est pas circonscrit a la petite sphere de leur ville ou de leur province, les membres dc cette asso- ciation patriotique se font un devoir d'accueillir dans leur sein tons ceux qui appartiennent a des societes de la meme espece , etablies en d'autres villes d'ltalie , ou qui ont acquis de la celebrite dans les sciences et les lettres , soit Italiens , soit etrangers. On assure que d'autres villes d'ltalie se dispo- sent a imiter I'exemple de Plaisance. Parme. — Cabinet littcraire. ■ — Un etablissement, sem- blable a celui que nous venons de signaler a Plaisance , tend a se perl'ectionner a Parme. II apparlient a M. Frai^cois Pas- tori, qui reunit les journaux italiens et etrangers, consacres aux sciences, aux lettres et aux arts, et tout ce qui ticnt a I'ins- truction , a I'induslrie et a la civilisation. II puljlie aussi une Bibliograplde ilalienne , oi'i les amatem-s Irouvent I'annonce des livres qu'on iniprime dans toutes les villes de I'llalie , et oil quelquefois meme sont signales ceux qui meritent d'etre distingues dans la loule. M. Pastori montre un zele infini pour servir les interets des lettres italiennes et de ceux qui les cul- tivent ; et le gouvernement de Parme ne cesse de favoriser son etablissement. F. S. ESPAGNE lloYAi'ME DE MiRciE. — Trembletnetit de terre. — UiilUe (tune reconnaismnce scienlifiquc duns ceite contrte, afin d'y KSPA(iM<:. k""* yciuetUir Ics fails nialifs d la calastruplie qiielle a eprouvee (i). • — L'observation des grands phenomenes de la nature est uno des plus precieuses attributions des societes savantes. Le pins sonvcnt, I'etude dc oes phenomenes est conipliquee, didicilc. et presente un si grand nombre de fails qu'un seul observa- teur ne suffirait point pour tout voir; et de plus, son temoi- gnage serait uni([ue. Des explorateurs charges officiellement de constalcrces i'aits, arrivant sous la protection speciale de I'autorite publique, out sans peine tous Ics nioyens de reniplir leur mission, et de iaire des rapports dignes de confiance. Les observateurs isoles, quelles que soient leurs connaissanees el leur veracite , n'obtiennent pas aiitant de credit, meme en Ic meritant : on doute encore de ce qu'ils ont ecrlt, et Ton at- tend de nouveaux temoignages , ou de plus amples informa- tions. Lors de I'ecroulement d'une masse prodigieuse de rochers dans la vallee de Servoz, en Savoie, des membres de I'Aca- demie de Turin furent envoyes sur les lieux. Des que Ton apprit, a Paris , que des bolides etaient tombes aux environs de I'Aigle, I'Academie chargea I'un de ses membres d'aller recueillir tous les fails relalifs ;'i ce meteore. On ignore jiis- qu'a present si 1' Academic de Madrid a pu prendre les memes soins, lorsque la catastrophe dc Murcic lui fut annoncee : mais, quand meme elle aurait fait tout ce que Ton attend d'une compagnie savantc, en de telles conjonctures, un noii- veau rapport sur cet evcnement viendrait encore Ires a pro- pos; tout doit elre examine scrupuleusementetplus d'unefois, lorsqu'il s'agit d'un fait qui, hcureusement pour I'huiuanite, n'est que rarement sous les yeux des observateurs. Les ebran- lemens qu'eprouvc le sol de la peninsule iberique , depuis 1757, semblent annoncer des revolutions qui changeront I'as- pect de cette contree. Les premieres secousses, faibleset lentes comme les preludes d'une tempele , n'ont ete ressenties que par les plaines , n'ont renverse que des edifices : mais des (1) J'ai propose i la Sociele de geographic, dans la seance de la com- tiiission ccntralo du vendiedi i5 mai, d'ofTiii' pour siijet de prix un voyage d'observation i faire iinmediatenient dans les parties de I'Espagne qui ont ete dernierement le thefttre de trenibleniens de terre, k I'effet de recueillir soigneusement les circonstancesetles faits dignes d'attentionqui ont precede, accompagne, suivi cette terrible catastrophe. J'avais in- vite, peu de jours auparavant, quelques membres de I'Academie des sciences, qui avaient reconnu I'utilite de ma proposition, a siiggereraii niinistre de I'interieur I'idee d'envoyer un on jdusienrs geologues el nii- n^ralogistcs dans le niyaume de Murcie pour y reni]>iir la mission fcien- lifique doni on indiqiu; I'objet dans eel article. M. V •! , 53/i EUROPE volcans iic se feroiit-ils pas jour ;'i travers ce solqu'ilscominoii- cent i'l soulever? N'y verscront-ils pas leurs lorrens de lave? Leiirs trati'i'es s't-levaiil pen a pen n'y formeront-ils pas. a I'aifle (111 tt'ins . ties monlagnes, comme au siitl de IMtalie, tandis qucrittiia, le \ ('siive ot los vnlrans des iles Eoliennes, donf la cadiicite est deja sensible, al■he^e^()lll de s'eteindre, et laisseroiil les coiilrees aetiiellenieiit suiiniises a leurs eriiplions dans iin etat comparable a celiii des departemens de la France aiiciennenient volcanises ? On ne reciieiilera rertainenient point assez de donnees pour eire en etat de repondre a ces questions : mais enfin, on preparera des niateriaiix pour I'histoire physi- que de notre plaiiete. et des teinies de comparaison pour re- ( onnaitre, a I'avenir, les changeniens opcres par des causes analogues. IJne expedition scienlifique dans le royaume de Muicie ne peul done elre inl'riictue'isc, et les motifs (|ui por- tent a la solliciler ne seront, point desavoues par la raison. On demandera, non sans quelqne fondement, si c'est a des Franrais que Ton pent confier avec le plus de succes le soin d'aller faiie ces investigations en Kspagnc. On repondra que le terns presse , et ne permet gueic de consulter une pru- dence meticuleuse. On n'exaniinera done point si ces circon- slances politiques sont })lus fevorables aux Anglais, aux AUe - niands, aux Italiens, etc. , pour i'aire au-dela des Pyrenees des recherches de geologic et de geographic physique. L'occasion doit etrc saisie avec empressement , de peur qu'elle ne nous echaj)pe ; car elle est des plus rares, et ne se reproduiia peut- etre jamais aussi instructive qu'elle pent I'etre aujourd'hui. Si nous n'en profitions point, nous serious exposes a perdre quel- quesanneaux de la chaine des faits, a n'avoirpour les theories les plus exacles que despreuves insuilisanles, on i\ n'edifierque des theories erronees , en nous eil'orcant de les rendre confoi'- mes a des faits incomplets ou mal observes. Les doctrines amenees a cette decevante perfection nuisenf beaucoup plus (jue des erreurs isolees, et quel'on pent attaqiiersous presque tons les aspects; elles opposent a I'experiencc et a la raison une masse compacte qu'onne pent diviser et dissoudre (ju'avec beaucoup de tems et d'eiYorts. L'cxpcdition dans le royaume de Murcieneserait ni longue. ni dillicile. Ses operations ne pourraient effarouchei- les popu- lations les plus ombrageuses ; on n'aurait point a faire usage d'inslriinieus, a executer des travaux oii I'ignorance snpersti- lieiise sonpconne volonticrs rintcrvenlion de I'enfer. On se bornerait a quelques levers a vue. s'il etait necessaire de sup- plier ii rinsiiflisance de.« carles: a des mesuies de hauteurs par ESPAGNE.— FRAiSCli. 555 le baiom^lre, a des echantillons de mineralogie , ct surtout, on s'attacherait a reciieillir les inlbruiations les plus precises et les plus detaillees siir les effets du tremblement de tetre, les changeniens dont il est la cause, et a decrire avec exacti- tude I'etat actuel des lieux oQ le bouleversement a ete le plus sensible. Si des savans ne sont pas envoyes sur les lieux, nous n'eu sauions peut-etre jamais rien au-dela de ce que les journaux ont public. On ne voyage guere en Espagne; d'ailleurs, quand meme un observateui' habile aurait la cuiiosite de visiter le pays qui a le plus souffeit; quand meme la catastro])he de Aturcie serait aussi bien racontee que le fat autrefois celle de la Calabre par I'ambassadeur anglais a Naples, ce ne serait pas assez pour les sciences. Dans I'interessante narration d'llamil- ton , on ne trouve guere que deux ou trois faits dont la geo- logie et la geographic physique puissent protiter. Cependant, a cette epoque et dans ces lieux, quelle abondante recolte etait promise aux sciences! On commenca par la part des gens du monde , et celle des savans fut negligee. Puisque I'occasion s'est offerte de donner une sorte de reparation aux sciences et a ceux qui les cultivent, ne desesperons pas encore : on retrou- vera peut-etre en Espagne ce que I'observation eQt fait de- couvrir en Italic. F. FRANCE. PARIS. Institut. — Acailemie des sciences. — Seance du i3 avril iSi(). — M. Serdllas conmaunique des experiences, d'ou il resulte que le chlorure d'azote des chimistes est un chlorure d'hydrogene azote ; il annonce un memoire sin- ce sujet. — MM. Dumcrit et Cuvier font un rapport .■^ur un memoire de M. le docteur Roulik, ayant pour objet I'histoire naturelle du tapir, et particuliereinent celle d'une nouvelle espece de ce genre que M. Roulin a decouverte dans les hautes regions de la cordillicre des Andes. « Deux especes .seulement elaientcon- nuesdes naluralistes ; I'une appartenantau nouveau continent, I'autre decouverte a Sumatra et a Malacca. M. Roulin vient en ajotiter tuie troisicnie parfaitement distincte des deux au- tres, et qui est meme tres-interessante , en ce qu'elle se rap- proche un pen , du moins par la tete, des formes du imlu'othc- riiim. Les observations de M. Roulin eclaircissent un fait qui a rapport a riiistoire des animaux antcdiluviens. et qui avail 55f) ^'K^^(;K. inenie fait avaiicer par qiit'l(|iics aiiteitrs qu'iiii genre de ces aniniaiix, celiii des maslodoiilcs, cxiste probablemeiil encore dans les liaules vallees des Cordillieres. 11 regne cii elVel par- mi qiiclqiies-unes des peiiplades de riVineriqiie I'opiiiiou que les t'liretsde ces coiitrecs nourrisssent un grand animal, connii sons le nom Ac pine Iraq ue ^ (jn'ils redonlent heaiicoup, et que les uns egalent an chcval , mais dont la lailie est indiquee par d'antres comme beauconp snperieure. On avait prelendu en trouver des vestiges presde IJogota; mais M. Roulin, d'apres I'examen le pins suivi, montrc que, dans tout cela, il n'est rien qui ne puisse se rapporter soit a sa nouvelle especc de tapir, soit ii Tours des Cordillieres. C'est ainsi, dit-il , qu'un grand nombrede faits, tousvraisen eux-memes,venantse grou- per autourd'un premier fait, grossi par la frayeur, ont dfi con- firmer les Indiens dans leurcroyance a unetre tel quele/j/wc/m- que. Ilsauraient meme pu doner cet animal d'une force prodi- gieuse , ou en raconter des choses assez extraordinaires , sans s'ecarter en riende la verite. Le tapir des plaines est lui-meme si vigoureux,!. Becquerel reunit ag suffrages; M. Pouillet 28; M. Becqi'erel est proclanie. — M. Desfmtaines et c/e La Billardicre font un rapport an sujet d'un iMemoire snr la I'amille des sapindacees , par M. Cam- BEssEDEs. En voici les conclusions : « Ce i^Iemoire contient beaucoup d'observations interessantes sur les sapindacees et sur les genres de cette famille. L'auteur en decrit deux uou- veaux et ^u^ granlic aiilrement que par la representation; si, plus tard , le tboatre lui est ouvert, il trouve la curiosite emoussee ; et Ton ne saui'ait disconvenir que, pour les personnes (jui frequentent le tbeatre, la curiosite ne soit I'un des plus puissans attraits d'une premiei'O repre- sentation. Do phis M"* Mars ne jonait pas dans le Complot de famille , et cet autre attrait, plus vif encore quo le premier, manquait aussi a la piece. Cela exp!i([ue tres-bien comment, dans un tems on le gout du public pour le theatre est devenu si froitl , les representations de cette comedie n'ont pas attire la foule, malgro le succos qu'elle a obtenn. Cetait assuremeni une entreprise bardie et qui ne ponvait elre tentee que par unhommeprofondemont habile dans I'art du theatre, de nous representor des moeurs tellesqu'anx yeux d'nne certaine dasso d'individus, I'homme le plus sage put passer pourfou, et courir le danger de se voir interdire, prccisement a cause de cette sagesse pratique dont il est un modele acheve. te poete disait a scs confreres dc I'lnsliint , le jour on il leur lot sa comedie : « Le but mora! de eel ouvrage esc de montrer, d'un cote, un homme assez odaire pour n'eslinier que ce qui est vrai on utile; assez courageux pour n'agir quo d'apres sa raison et soncoeur , ct qui, par des ti'av an x d'une haute philanlropie , par un savant et noliie emploi de sa fortune, rcpand le bonheur et I'aisance autour de lui ; de I'autre cote, par opposition , j'ai voulu representor des jiersonnages livres a tons les travers de leur siecle , et faire voir combion les pre- jnges cndurcissent I'amo, comment riiabitude du luxe el des 55o F1\A^CE. plaisirs fiivoles alteinl pen a pen tout ce qu'il y a de bou dans le coeur do rhumnie, ct Ic livic tout eiitier a I'orgueil, a I'am- bitioii, a la ciipidile, au plus IVivolt; egoismc. » Pour cxtcuter ce plan, raiiloiir a peintle litjros de sa cnmrdio sous des traits dont les Malcslieibes, les Larocht'loiicaulil-Liancourt out pii Ini founiir Ic modt-le. llotiio dans sa ler:e an milieu d'une piipulalion (|iio I'oiil prosp^rer scs verlus et ses tiavaux. le cointe d(; (irandval consacrc nne grande paitic de son lems a reducalion d'nn jeuiie ciil'ant de douze ans, dont la mere habile anssi le ehalean ; vcnvo du fds aine dn couile de Grand- \al, qu'elle avait epouse secretcnient ,,ellc est anpres de son beau-pere sons le noni suppose de iM""'Dornion, et elle attend une oceasion favorable de reveler ceniyslere, dont le vicillard est inlbrme sans cpi'elle s'en doule; il a pardonne le manage secret , et il eleve avec amour sun petit-fils; cet enlant lui est d'autant plus precieux que le reste de sa lamille Ta eoaiplete- ment oublie. Une autre belle-fdle , la marquise de Grandval, un neven, Ic due deGrandval ; sa proprc lille. marieea un baron de Fierville, viveiil a Paris au milieu du Taste et des plaisirs ; non-,«eulement ils n'out pas vu le conile depnis un grand nom- bre d'annees, mais ils onl nieme cesse de lui ecrire. Cepen- danl, infurmes du sejour de M"'" Dornion au chateau, ils ob- tiennent eonlre elle et contre son Ills vuic lettre de cachet, et songent meme a I'aire interdire le romle; projet dont le sueces n'estpas tout-a-lait invraisemblable, attendu les liaisons de parente du due de Grandval avec le ministre. Voila don(; loute la lamille qui arrive impromptu, avec le double dessein de i'aire executer la leltre de cac bet ct de recneillir les rensei- gneniens qu'a demandes le ministre pour i'aire declarer le lomteen elat dc demence. Mais, celui-ci surprend le secret du complol et maitrisant son indignation, mystilie ses indignes parens jusqn'au denoument, on il reconnait solennellement M"" Dormon pour sa fdle , et Jules pour I'ainr ile sa maison. Nous avons pense qu'il elait inutile de I'aire en detail Tanalyse d'une piece que noslecteursconnaissaient sansdoute long-tems avantla representation; nous indiquerons seulcment, parmiles scenes les plus remarquables , celle oi'i , pour coamiencer sa Acngeance, le comle, seniettant sur la sellelte devaut ses pa- rens, les oblige a lire eiix-memes le projel dc requete oii sont exposet's ce qu'ils appellenl ses folies ; et la scene dndenoumttnt dontrcfl'eletail sflr. iNouspailerons anssi de la variele des carac- teres traces ])ar I'auteur : ccUe marquise avide, dure, alliere; ce baron s"! , grossier, gourmand ; ce due, moins mauvais au lend que les autres, mais liberlin, indiscret, perdu de dettes, et d'nne etonrderie qui ne recnle devant aucune extravagance. PARIS. 55i M"* Dormon et son jeiine fils sont des figures tracees avec beaucoup de griice et qui lomient opposition dans ce tableau. Mainlenunt , s'il faiit faire la part de la critique , il nous semble que I'interet eOt ete plus pressant si I'auteur n'eQtpris, des le commencement, le soin de nousapprendre que le comte, de Grandval connaissait sa belle-fille, el etait tout dispose a lui rendre le rang qui lui est du dans sa maison. On ne s'ex- plique pas trop non plus comment tous ces parens ignorent que leur fime a laisse, en mourant , une veuve et un fds. Peut-etre aussi n'a-t-on pas trouve assez d'art dans la maniere dont ie comte de Grandval apprend le mysterieux complot trame contre lui. On salt que le due oublie sur une table la lettre de cacbet; et quant a Tinterdiclion , il en avoue tout naivement le projet. M. Duval qui, dans un si grand nombrc de pieces justement applaudies, a montre vme grande t'econ- dite dans I'invention des ressorls dramatiques, aurait trouve facilement sans doutequelque cliose de plus ingenieux. Nous pourrions bien encore cliicaner i'auteur sur quelqiies nuances de moeurs, sur quelqnes traits de caractere , mais ces fautes legeres ne I'ont pas disparaitre aux jeux des connaisseurs le meritc d'une grande et vigoureuse conception, qui, malgre ce que Texecution pent laisser a desirer , n'cn reste pas moins une idee profondemcnt pbilosophique et tres-leconde en peintures de moeius et en details comiqucs. — i" representation : utie Joiirnce dC election , comedie en trois actes et en vers par M. Delaville (vcndredi 22 mai). Composee depuis six a septaus, celte comedie semble deja vieille, tant nos mceurs constitutionnelles font de progres ! Je ne sais si jamais journee d'election a ressemble a celle qu'ou mel ici au theatre, mais ce qui est i)ien certain c'esl qu'ou ne rencontrerait nuUe part aujourd'bui un directeur d'election aussi pretentieusement sot que M. Plantin, el des electeurs aussi niais que le charron Thomas, et le iermier Pieire , qui ne trouvent rien a repondre a ce ^l. Plantin, lursqu'ii leur dit qu'avec une election liberale te bU sera c/ter et le pain bon mar- clie. Plantin heberge ses elecleurs, il les nourrit, il les haran- gue, il les passe en revue, et les fait marcher en fde, lui a la tele; c'est une caricature un pen grossiere. J.e sous-prei'et du lieu travaille dans un sens oppose, il protege un candidal de I'exlreme droile , parce que c'esl, a ce qu'il croit, le moyen de mieux faire son chemin. Ce sous-prefel est un homme sans conscience et sans pudeur , (jui cunnnande aux fonitionuaires subalteines, sous peine de destitution, dementir a leui' opinion, elqui iuvuque le nomduroi pour legitimerlesiuramies qu'il or - donne. Moins adroit q\ie Plantin, qui , plus Icstc en intrigue , 55a FRAiN'CE. lui eiilere el les nioyens de transport et les logemens, le sous- prefet est destitue a la fm de la piece; incident denue de tuulc verile a I'epoqne on l'ouviap,e fiit coiuposc, carious ic de- plorable niinislere de iVl. de Corbiere, ce miserable iMorinville, bien loin de perdre sa place, efit sans doiile obtcnu une pre-- fecture. Les deux directeurs d'election , cpii vonlaient iuiposer aiix electcurs chacnn un candidal presque complelement in- connu d'eux, sent mystifies an moment oi"i ils croicnt triom- pher, car c'est le maire de la ville, M. Frimont, riche manu- facturier, quireunit les suffraj^^es. Ce maire est un bommc dii juste milieu, qui ne fera pas de bruit i la chambre, qui votera scrupuleusement le budget, sans en rien retrancber, et sera ministeriel quand-meme; c'est le type des bons deputes, s'il taut en croire la morale de cette comedie. \oila une pauvre invention, etl'auteur, enlaissant ses candidats dans la coulisse, s'est prive d'un moyen fecond en situations comiques et en peintures de mceurs. Le sous-prefet, qui a aflicbe une liaison scandaleuse avec une veuve Godard, directrice de la poste . a juge qu'il convenait a ses interets d'epouser la fille de Frimont ; iloffreau perede lefaire nommerdej)ute, s'il vent lui donuersa fdle ; celui-ci reponsse avec indignation un pareil niarclie ; et quoiqu'il sacbe fort bien que sa fille n'aime point le sous-pre- fet , il leur menage un tete a tete chez M'°'' Godard ; scene fort inconvenante, o\\ la jeune personne repond constammeut aux declarations de Morinville : Monsieur, j'aime mon cousin. Ce cousin devient au denoument son mari, et de plus sous-pre- fet, en remplacement de Morinville. Maigre quelques traits bien saisis, des mots spirituels et des vers piquans, cette partie de la piece ent o])tenu sans doute fort pen de sncces; mais une soiree de 31°" Godard, au second acfe, aete juslement applaudie. C'est un tableau fort joli et fort gai d'tme reu- nion provinciate, oi'i le bavardage, les ceremonies affectees, et d'autres ridicules sont peiuts d'une teintc legere, et avec cette francbise de details qui rappelle le bon terns de Picard, et particulierement la Petite Ville. Ces moeurs-la sont vraiets et comiques, les origiuaux de la socicte de tM°" Godard sont des figures fort amusantes, el le parterre leur a fait bon accueil toutes les fois qn'il les a vus en scene; de sorte que c'est precisem.ent ce qui est en dehors du sujet qui a fait le sncces de la piece; le sujet Ini-menie n'a que mediocrenient reussi. C'est i\ une imagination plus inventive, a un pincean plus large qu'est rescrvee la pcinture comique d'nne lutte electo- rale; Tanteur du FoUiculaire et du Roman lourne tres-biei* un vor> de comedie, il file une scene avec beaucoup d'art . I'AMIS. 553 il tiouve des situations inger.icuses, uiais nous n'avous encore remarque dans aucun dc ses ouvrages cette prorondeiir de genie qui serait necessaire pour fairs vivre au theatre nos moeurs nouvelles et notre soeiete politique. — i'*" representation de Pcrtinax ou les Pretoricns, tragedie en einq actes de M. ARNAtLxpere (nierciedi, 27 mai). Le su- jet de cette piece est la mort de Conunodc. Apres avoir fati- gue Rome de ses atroces folies, I'indigne fi!s du divin .Marc- Aiirele songe a quitter sa concubine iMarcia pour epouser Helvidie, lille de Perlinax. Cependant une conspiration, dont I'un des chefs est Lanus, prefel du pretoire, et amant d'Helvidie, vaeclatercontrerempcreur; Hehidiequia desver- tus toutes romaines , est au nomi)re des conjures, et refuse avec mepris la coaronne que lui offre le tyran. Pertinax, qui arrive de I'armee, apprend qu'une conspiration se tranie, mais il ignore le nom des conspiraleurs; ce vieux soldat, te- moin depuis douze ans des crimes de Commode, deteste sa tyrannic, toutefois il a la bonhomie de croire que ce mons- tre pent redevenir un homme et qu'a force de conseils il par- viendra a le corriger; d'ailleiu's, Pertinax a taut aime et ad- mire Marc-Aurele qu'il se fait un devoir de proteger le fils de cet empereur, et il lui revele le complot dont il a decou- vert la trace; le credule Peitinax se fie a la parole de Com- mode, qui lui promet le pardon pour les conjures, et il le con- duit dans le souterrain oi'i il sait q\i'ils soiit reunis. Quel est I'effroi de Pertinax en y trouvant sa fille, quel est son desespoir en voyant la fureur du tyran, (jui pour la seconde fois vient d'offrir I'empire et d'etre refuse ! Sa douleur eclate en imprecations, et I'cmpereur le fait jeter dans un cachot avec Helvidie et Lcetus. Heureusement Marcia, qui a appris que son nom se trouvait en tete d'une liste de proscription empoisonne le monstie couronne ; et les soldats viennent chercher Pertinax dans son cachot pour le decorer de la pour- pre. 11 n'etait pas necessaire assurement d'avoir une longue habitude de la scene pour deviner qa'aujourd'hui un tel ou- vrage nepouvait interesser personne. Outre qu'un caractere tel que celui de Pertinax est toujours sans effet au theatre , et ne doit jamais , par consequent, etre jdacc sur le premier plan , cespeintures du peuple-roi avili sous le joug capricieuxet san- glant des empereurs sont l)ien vieillies, ces conspirations pour restaurer la liberte romaine sont bien usees ; quels caracteres, quels iucidens peut-on imaginer pour rendre a ces combi- naisons tant de fois reprodnites. quehpie apparence de nou- 554 FRANCE. \eaut6? M. Arnault ii'y a pas rtiissi ; et malgre reflet, encore un pen vnl^aire, de la scene cin sonlerrain, nialj,Me qnelques eneij;i(Hics pensees, et qnehjues monveniens tlraraati(|ues, la tragcilic n'a puinl oblenn tie siicces. Ellc n'avait d'ailleurs excite nulle cnriosile ; jamais premiere representation n'avait attire si pen de nionde ; et, dans celte salle deserte , on pou- vait encore compter nn assez grand nond)re de spectateurs venns seulcment dans respt)ir de voir tondter la i)ieee. L'au- tenr etait tiesigne comme I'nn des signalaires d'une petition adressee an roi , il y a quelqnes mois, petition dont on ignore ies termes, mais que Ton snppose diiigee contre one preten- due partialitc du thc-ltre iVancais a I'egard d'une nouvellc ecole dranuili(|ne. Cette nonvelle ecole a saisi avec enipres- sement I'occasion de montrerqnc I'ancienne ne produisait jtas tonjonrs des chefs-d'oeuvre. La piece de M. Arnault a done etc ecoutee avei; Fort pen de hienveillance ; et ceux qui etaient venus la pour faire I'oirice de rieurs out en le double tort de manil'ester uii esprit de coterie ([u'on devrait bannir surtontdu sancfnaire des lettres; et de donner uii air d'injustice a nne sentence qui an I'ond n'etait que juste. M. A. Beaux-auts. — Peinturc. — Le Tableau du Sacre, depuis long-tems atlendu, vient enlin d'etre expose aux regards du public. Lenomdu peintre, le caractere de la ceremonie qu'il avait a rcprcsenter, out atlire un gr.uui nombre de curieux, tons cbarmes , mais non surpris , de rbabilele avec laqnelle 31. GiiRARD asn ecarter Ies difticult(is de son sujel; dilTieultes plus grandes qu'on ne I'imagine, menie a I'aspect du tableau; car la contrainte ne s'y laisse apercevoir nulle part. Le sacre d'un roi est une suite de ceremonies oi"i lout est regie par I'etiqnette; oi'l, consequemment, tons Ies person- nages sont, ponr ainsi dire, immobiles. Alais quelle est celle de ces cercii.ouies que le peintre devra repescnter !> G'est i,ci (jue M. Gerard a I'ait preuve, sous le rapport des convenances et derinteiCt pittoresqne, d'uu tact et d'un gout que Ton ne saurait Imp loner. Le moment clioisi est celui oi^ , apres I'inlronisalion, le roi est monle sur son trone et a donne I'ac- colade a M. le Dauphin, ainsi qu'aux princes de sa tamille ; a des scenes d'iuimobilitc religiense, succede ime scene de mouveuient et d'enlhonsiasnie. Ge n'est pas le roi, a genoux, recevant la couronne de I'rance des mains d'un archeveqne, qtie le peintre a represente ; c'est le roi, sur son trone, oi'i il est appele par ?a naissance et par noslois, embrassant son fds PARIS. 555 et son successeur, et melant les doux epanchemetis du p^re, au premier acle du nionarqiie consacrc; par la religion. A cctte vuo, les cris, rive Ic yoi! rcniplissent la vaste nef dc I't-glise; dans Ic meme momeni, des heraiits d'armos, pliR;t'S derriere le tronc, distribiient des medailles, et rarcheveque de Reims, descendant les marches dii tnnu; pour allcr a I'autel, eteiid les bras vers le cicl dout il implore les benedictions. A ce premiei' merite de la pensee, se joint celui de I'execu- tion. Ihie lumicre large et bien distribuee eclaire toute cette belle scene; Tair circule partout ; les niouvemens sont vrais ; les corps se prcssent sans se confondre, et toutes les figures ont le ressort qui appartient a Icur plan. J'ai remarque aussi le talent avec lequel le peintre a su rendre cette lumiere par- ticulicre qui resulte du melange du jour et de I'eclat des bou- gies ; ('est principalemeiit dans la tribune occupee par les princesses que I'on peut observer cet effet. Dans un pared tai)leau, oii tout doit etre historique, I'artiste n'avait pas le choix du oaractcre des tetes ; ce sont des portrait* l. Geraril est peut-etre siiperieiir acelui de DHviil: C'est apies nn exainen tres-atleiitirquej'exprime cette opinion. P. A. Gravurc. — Deux cutampcs grnrees au bavin; par M. Lk RoDX, d'apres les tableaux de M. Ducis, tires de I'histoire de BIA^'CA Cahello, beaiite celcbie, d'line laiiiille noble de Ve- nise au i()* siecle : le Rcndez-voiis de Bianca Capcllo : La Fulte de Bianca Capcllo. Paris, 1829; Le Roux, rue Sainl- Victor, n" 9; Cliaillou-Polrelle , rue Saint - Honore, n" i4»- Prix de chacunc de ces estampes de i5 pouccs sur 12 ( uienie format que le Vandyck, la Marie-Stuart, etc. , d'apres 5l. Du- cis) : 60 I'r. avant la Ictlre . papier de Cliiiie: 1\q fr. /(/. , pap. vel. ; 20 fr. avec la letlre, pap. ordin. Nous a vons eu deja I'occasion d'annonccr plusieius fois avec eloge des compositions oliarmanles de M. Ducis, (]ui ont ete reproduitesaussitres-heureusemenl parla gravure, etquijouis- sent d'unc faveur meritec. (Voy. Rcc. Enc. , t. XVI, p. 460. Decembre, 1822 : Les Arts sous I'empirc de I' Amour, tableaux ; par M. Ddcis, et t. X\IY,p. 591). Decembre 1824. — Les deux jolies estampes au burin, gravees par M. Le Roux, d'apres les tableaux du meme peiutre , dont nous venous d'indiquer le sujet, retraceut d'luie maniere a la fois dramatique et poe- tique deux des priucipaux episodes de la vie aventureuse d'une jeuue et celebre beaute venitienne , dont le portrait, devenu historique, est place dans la galerie de Florence, parmi cenx des grandes duchesses de Toscane. On pent con- suiter, dans la Biograplde universetle (t. VII, p. 64), I'article consacre a Bianca Capello. Les deux epoques choisies par le peintre presenleut, grace a la magie de son talent, deiiK scenes remplies d'inleret et d'une grande verite. Dans le premier tableau , apres une promenade nocturne avec son amant, la jeuue Bianca revieut a la maison de son perc. Elle avait pris soin de laisser entr'ouverte ime poile derobee, par larpielle elle pCit renlrer sans elreapercue. iMais un voisiu olficieux I'avait fcrmee , et la jeuue fille, saisie de douleur el d'etonnement , ne sachant plus comment cacher sa faute, cede, par une sorle de necessite , ayx instances de son amant , (jui renlraine avec lui. Cette porte fatale fermec a de- cide pour jamais de sa destinee. f^es tetes des deux person- nages sont bien dans le caractere de cette situation; Teifet de nuit est piquant, et cependant vrai et sans aft'ectation de noir. Le second tableau represente les deux amans fugitifs qui se rcndent a Florence. La crainte d'etre pouisuivis le\u' a fait PARIS. — N^CROLOGIE. 557 prendre une route pen iVcqucnlt-e ; ils se sont ogares an lui- Jieu des precipices, sur le soinmet des Apennins. La jeune Bianca , ayant les pieds dechires par les ronoes et les pierres , s'est fait line chaussure a^ec des feuilles d'arbres. Les deux physionomies ont toute I'expression convcnahle, et peignent la laligue, I'inquietude, la craiule. L'eflct vaporeux du iria- liri el du voisinage des abimes est bicn rendu. Dans ces deux tal)lcaux, les travaux de gravure, d'un faire aimable et gracieux , rendent bien les chairs, et Parliste s'est attache a obtenir de beaux tons dans toutes les parties. C'e- lait deja Tun des priiicipaux merites des gravures duSoldat panse , et de la ReUi^ieuse dtfcndue, que M. Le Roux a fait [)araitre, il y a deux ans, et (pii sont fort repandues. Le pu- blic ne peut nianquer d'accueillir tres-favoraMemcnt ces deux rinuYelles compositions. N. NKCROLOGIE. ■ FRANCE. MoLARD. — Les arts utiles viennent de perdre un homme qui contribiia a les repandre par ses travaux et ses lecons. Emmanuel-Francois i^ifiLARD, ancien eleve a I'Jicole polytech- nique , d'ou il passa dans rarlillerie , inerita et oblint le grade de capitaine , et fut successivement directeur de I'ecole de Clullons, proviseur de celles de Beaupreau et d'Angers , puis directeur-adjoint au conservatoire des arts et metiers de Pa- ris. Jeune, il versa son sang pour la patrie ; plus tard, ilia servit encore, en dirigeant, a\ec une rare habilete, de noni- breux ctablissemens, on une foule de jeunes eleves se sont formies et sont devenus iiiaitres a leur tour. Les arts lui doi- vent phisieurs inventions et des perl'ectionnemens, qui lui valurent, a diverses epoques , des prix et des niedailles. En i8ig, il fnt charge d'aller en Angleterre pour recueillir des observations comparatives sur I'industrie de ce pays et I'in- dustrie francaise. Ses talens et son caracterc furent apprecies par les honmies les plus instruits des trois royauiiies : il dut a I'estime qu'il sut leur inspinsr, I'acces facile des manufac- tures qui cachent avec le plus de soin, aux regards des etran- g(!rs , le depot de leurs decouveites et de leurs precedes. Mo- lard avait fnrme de uombreux eleves, qui trouverent toujour* pres de lui justice et protection. Leur reconnaissance s'est manifestee par I'empressemcnt religieux qn'ils ont mis a por- 558 NECJlOLOC;iE. ter les depouilles mortelles de eel homme de bien a son der- nier asile. —ToROMfiEKT^C/iarles-Louis-Honore'), ne le 1 7 decembre 1 787, niort Ir S uiai 1829. Le barreaii dcLyon vient de perdre I'lin de ses uienibres le? pbis distiiigiu's. iMais ce n'est pas seule- nient dans sa ville natale que !M. Toroinbert sera regrette. Tons les amis dcs idees geneieuses, des priiicipes de tole- rance religieiise et dc libt'ite politique, tons cenx qn'interes- senl les theories d'une philosopliie rationnelle, appliqnees 4 ramelioration dn systrnie social , tons ccnx enfin qui ont pu connaitre combien de qualites morales s'unissaient , dans le jenne avocat , a de hautes et puissantos facultes intelleetuel- les, sentiront doulourensement sa perteprematuree. — Nous avons plnsienrs fois entretenu nos lecteurs des ouvrages qui avaient commence sa reputation d'une maniere eclatante. Nous nous contenterons aujourd'hui de citer les titres de quel(|ues-uns d'entre eux : 1° E.rposition des principes et clas- sification des sciences dans I'ordre des etudes on de la synthese y (Paris, 1821 ; in-8°) ; 2° Discours sur la dignite de I'liojnme ; (Paris, 1825; in-8°) ; 3" Principes dn droit politique mis en opposition acec le conirat social de J. -J. Rousseau^ (Paris, i825; in-8°) ; 4° Eloge liistorique de M. Vouty de laToui\ ancien premier president de la coiir royale de Lyon; (Lyon, 1826; in-8°.) Le premier et surtout le troisieme de ces ouvrages prouvaient dans lenr auteur une grande force de pensee , se- condec par un style vigoureux, elegant et dair. lis furent accueillis avec beaucoup de favetir, et leur succes ne se borna pas ;\ une vogue cphemcre : ils sont restes et rcsteront dans 1 estime des esprits graves et penseurs. M. Torombert ne s'etait pas contente de cestravaux, en quelque sorte speculatil's, en fovenr des doctrines rationnel- ies et liberales ; il avait mis plus immediatement la main a I'oeuvre en I'ondant, de concert avec plusievus hommcs ho- norables, et en soutenant de s(jn influence et de son talent, le Precursenr ^ journal qui se public a Lyon, et que nous re- gardons comme Tune des meilleures , sinon conime la meil- leure de nos t'euilles de departement. II coopcrait activement A la redaction de ce journal, qui lui doit un grand nombre d'articles remarquables par le style et la neltete de la pensee. — La mort I'a surpris au moment 011 il travaillait k un Essai 3ur les gouvernemens repr^sentatifs. A. P. TABLE DES ARTfCLES CONTENUS DANS LE CAHIER DE MAI 1829. I. Mt:MOIRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1. Notice siir J.-J. Rousseau Bervilte. 270 2. De rorthographe fran^aise et des r^fonncs qu'il est possible d'y introduire B. Juilien. 294 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 7). 1° Statistique des routes royalcs de France ; 2° Rapport fait par M. le baron Pasquier, an uom de la commission char- g6e de Texamen des questions relatives aus routes ; 5° Ob- servations sur les routes, par A. R. Polonceau ; 4° Des grandes routes et des chemins vicinaux, par A. Rerthault- Ducreux ; 5° De letat des routes en France, par Hippolyte Hageau J.-J . Baude oo5 4- (Kuvres completes de Macliiavel, traduites par J.-V. Peri6s ( troisif'uie et dernier article ) M. A vend. 624 T). Theorie des richesses socialcs, par le comte Frederic Skar- beck J. Z). 0G6 6. Histoire de la revolution fraucaise , par M. A. Thiers. Eiisebe Salvcrie. 074 7. LEnferde Dante Alighieri, traduit en francais par M. A-F. Artaud Chauvct. ogS III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. .4nnoncesde 97 ouvragcs, francais elclrangers. Amerioue SEPTENTRioNALjh — Etats-Uiiis, 5, dont 2 ouvrages p^riodiques 4^7 Europe. — Grande-Bretagiie , 9, dont 1 ouvrage p^riodique . . 4io — Russie .1 420 — Pologiie, 2 427 — Allemagnc, G 4^0 — Suisse, 3 441 — 7fa /('(', 6, dont 2 ouvrages periodiqucs 449 — Pajs-Bas ,6 455 France, 6i , sa\oir : Sciences physiques et natureiles, 17 ^60 — Sciences religicuses, morales, polifiques ei historiques , 9i. . . 4?^ — Littirature , i5 49^ — Beaux-arts , 2 •'>»•> 56o TAI)I,E I)E5 AUTICLEf. Piigrn. — MiSmoircs el rapports dc socldtcs savantes et philautropitjttes, i. Si 5 — Oiivrages pdriodi(jiu's , 2 5 16 — Livres en laiigucs etrangircs , imprhncs en France , 3 . . . . 5 1 8 IV. INOU VELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. Aiii'.RiQiE SF.PTENTBiONALE. — 2J(rtx pn'MiiiDi^i* qui \ Olid mil t coiinailiu dans qurl csinit il csl it (Iif;c, a van I dl tDiili/i,' , iont iini' garaulie de »ou utilile tt du succts qu'il ne piiinia iiiaiiqurr I d'obtcnir. Le proi)pectu.s lies /innalcs st distribue aux rtdroitses^ci - dessus iiidir TABLE DES MATIiSRES eONTENUES DANS IE PREMIER CAniER (AVHTL ifiap.) DES All- nales d'llygiene pubiique et de Medecine legale. Prosppcfun. Introduction , par M. MARC. Hygiene. ^[^inoir« »i»r la m»rtalit6 dans Ics prisons, par M. VILLERME. Kapport stiitistiqne siir la maison royale de Charenton , pendant 1p^ annees iS^G, i.Sa- i;i 1821S ; avcc nn apercu dii nombre rclafif de* homnics ft dm IVmnies alieni'S , en Ivuiope et en Ain^rriqiK" , par M. ESQuntor.. Note sur I'assainissement dp* salles do speclaclr, par M. D'ARGET. j M^moire sur les Vfiilab'rs inllurnces qm- le (abac pent avoir sur la smnld des ouvrieis otnipes aux diirr \tl eonsliliillon du corpj des med«ins, pnr M. TREF.AT. — Trailejde juri^prnd»•nce medicale , ps' W. FOUSVTII. — Sliili.-.liqiic romparee a I'etal de I'ii.slr.i.lion el du nmuhro d,< rriine. da.'« I'! <£vrnayroodiaeintns<3esac»dciaiextd««coui'i rojqles dt I raiiee , par A. BAl.ltl ei M. GUKRKV- Publications r^centes. L'ORTHOMOIi PAR RAPPORT A L'ESPECE HUMAINE : ANATOiMICO - PATHOF.OGIQUES Sur ]i:f causes, les moyens de preveniv, ceiix dc gu6rir les priiicipalc* dilibrmit^s , et sur les verilables fondemeas de I'art appele : ORTHOPEDIQUE. Pau J. DELPECH, ConsemtrrJiirinitien oiilinaite du Hoi; Cliirurgicn ordinaire de S. A. R. Monseigofnr leDaupliin; ChevaliiT lie 1 bidie roval de la Legioii-d'Uoniicur ; Profcsspur de ChiiiirRJe c'.itiiniie en la I'auulie de Mt-decinc de Monlpcllier ; Chirurgien en rhef de rilipitai S.iinl Eloi de In miiiie vHle : Mrmbr» eorrespondani de rAcademiv des Sciences^ de I'lmlilut royal d« TiaDcc; de rAcadi-iuie ro)ale d« Wedeeine de Paris ; etc. a vul. iu-8°. br., avec atlas in-fol, de ^8 pi., cavt. 3o fr. Cet ouvrage manqiiait dans notre lanjjiK! ; il est le prnniier qui nit expose sous un point do vuc medical la totality des donueci acquise^ our la question iiitcn'ssante et neuvo encore des difforniitiis. Le niagnlGque etablissement propre au traitement des maladies dont ;! s'agil , et que I'auteur a fonde k Montpellier, dans le cliiiial le plu.s f;i- »oral)le, est puuriuiuu lieu d'elude clinique, un (il)scrvafoire oil il pi cud consiil de la nature , uii il conteiiiple la marche et li^s plienouieiiis il''< diffonnitos , au.-;si blen que Jes resullats des medications que I'eUt ilfs clioses a paru indiquer. ChIRURGIE clinique de MgNTPELLIER, ouObAtrva tlons et Reflexions tirecs des travaux de cliirursie clinique de cetle licole, par le Prof. DELPECU; touies 1 et II, iii-4''- avec 55 pi. br. .i4i'r. lie lone 11 1 est sons pressa. lit PicMiier Volume coctient les memoires suivans : i". sur la ligature dp* principales arleres : 2 '. sur les pieds-bots ) ."5". Sur quelques I'ractures de- i'liumcrus: 4"- sur les maladies vencrienne.'i, tc Deuxieuie Volume : i*. sur un cas d'intumesccnce enorm.e du scio- lum : 2". sur les tiinieurs forruei'S par des kvnles; o". sur I'operdUoii cs Bibliographiques ^ dans lesqtiellcs on s-i borne a exposer le plan el les principales idees de TAuteur , en s'aUacbaut surlout a signaler c* tjue IVuTrage contient de neuf. Redige par le Docteur H. Gaucanas, Menibre de plusieurs Snci^les Mec'icalcs ; OiiTrag;e Ircs-ulile uux Eleres en Medecinfi et en Chirurgie qui suivcnl la clinique des HopitauT, el aux Mt'decins, Cbirurgiens et Olliciers de Sante qui desireut se ten r au courant des progj^e* -de la Medeciue et de la Cbiruigie pratiques. Troisieme Aonee. — 1828. Prix : S fr. cliaque ann6e , et 9 fr. 5o c. franc de port (j). SOUSGRIPTION. (On ne paye rien d'avance^) Plurieur^ journaux dc Medecine ont fait un ploge merile de eel nuvrage ; il serait Irop long de Irs rapporler ici. Nous dirons seulement que VJnuuaire Medtco-Chirurgical , dont la pictitiere annea (iSaG) a pari* eu decembre dernie*- , obtient le sueces le plus encourageant. Les nombreuses sous* «riplions qu'il a eues, et les deniandes jouinalieres qui nous arriTenl dcsdcpartemens et de letrauger, prouvent d'une m?niere ivid<'nte le besoin qu'oti avail, en medecine, d'un recueil qui oiVrit le tableau fidele et complet des connaissauecs purement pratiques conlenues dans les annates de la science, d'un ouvrage qui represeuiat loules les nuances des dilFereutes opinioos des doctrioef r^gnantes, d'un livie enlin qui menagpal le temps et la bourse du lecleur. Notre Repertoire general He Ctini.jiie a, nous osons le croire . loas ces avantages. En efFet, il se <'i-ii t-xposes les travaux les plus reeens sur ce sujel; fiuivi de tableaux s^noptiques du regne auiinul; par U. UOLLABU, D. M. P. [Sous presse.) IIANCEL DE CLLMQUE MEDICALE, comenant : la maniere d'obserrer en medecine; Ip» diTerses melh'^des dVxploratiiin appliqu^e aux maladies de la tele , de la poilrine , de ralnlonien «■( dcstissus, ainsi qu'a rinrrsligalion cadaTerique et a I'etude du diagnostic; suivi d'un tjxpose dct si<;nes des maladies et de leur analomie patliulogique ; par L. MiaiisET, cbef de clinique de l;t Faculti a I'lliilelDieu de Paris. 5«. edit. ( Sous preisf.] i t. MANUEL DE CLINIQUE CniRUKGICALE , contenanl : la maniere d'obserrer en cblrurgle ; iii< expose des fiigncs diagnostiques et des earacleres anatomiques des iTiaiadics cbirurgicales , el im somniaire des indications curatives; par A. Tavehmer , docteur en inedecine, 6 fr. MANUEL DE THERAPEUTIQUE CIIIUURGICALE, ou Precis de Medecine opiratoire, come- nant le tr.iitement des maladies chirurgicales, la description des procedes operatoires, des baudagn et des apparcils, et Tauatomie de queUiucsMUics des n-gions sur iesquelles se pniliquent les princi- pales operations. Ou'i-aje servant de couipliincul au ilaiuiet de Cliiiire6de , tic; CliliPlN, Midecin-Velerinaire, Meinlirc de la Soeiele de MedeciTie el de la Socieli M<'diri.!e d'EinuIalioQ de Paris ; CnnZEL. MedecinViliriDaire , a Grenade (Haule-Garoniie) : DELAGUETTE, Chevalier dc I'Ordre royal de la Legion-d'Honneur , Medecin-Vcleriuaire del Gardes-du-Corps du Roi , Compagnie de Graniont : GODINE jeiine. Anclen Professeur dc I'Ecole Rojale Veterinaire d'Allort, Membre associe regnicol« de TAcademie Royale de Medecine; Cultivaleur-Proprietaire a Fonlainebleau ; I.EIILANG , Medecin - Viterinaire , i Paris ; RIJUET, Professeur a I'Ecole Rojale Velerinaire de Toulouse , Membre de la Socieit de Medecine el de la Suciele Medicale d'Eniulation de Pa: is, elc. (Quatrieme annee. — '829.) TIntrepris dans rinterel de tous les Velerinaires, ce Journal cunliuuera d'accueillir les fails el lea observations, sans acceplion de sjsteniep ni de personnes. Xoule reclamation et toute discussion piopre a ^clairer les fails sans Iroubler i' esprit d'union el de Concorde qui doit toujoursguidcr ceux (lui cultiveiit la mt'me science , seront admises oomme par le passe. Depuis lSa6 ce Journal parait le 5o de chaque mois, par cabir-rs de Irois a trois reuilles et dcmie iu-S" , el forme , cbaque annee , un volume lermine pur unc table alpbabetique des inaliereit. On n'abonnne que pour uo an ct seuLment a parlir de janvicr. I,e piii. file k la fr. pour Paris el Rruielles, a i5fr. So c. j>our les aulrcs villes des Pars-lias, ct a i5 fr. pour Ictranger , devra ilre «\ivoye franc de yon. DICTIONNAIRE UNIVERSEL MATIERE miSDICALE ET DE THERAPEUTIQUE GENERALE, rONTBNAJiT L'lNDlCATlOJi, LA DESCRIPTION ET l'eMPLOI DE IOCS LES UEDICAMKKS CONJIDS DANS LES DIVEfiSES PARTIES DO GLOBE; PAR F. V. MERAT, Onricur en Mtdecine de la Faculte de Paris, Membre de rAcadeiiiic Royale de Medecine , etc. , etc. , ET A. J. DE LENS , llorteur en Medecine de la Faculte de Fari.s , Inspecteur g«in6ral de l'Universit6, Membre titulaire de I'Academie Royale de Medecine , etc. 6 volumes m-8°. — Prix : 7 fr. le volume. SOUSCRIPTION. {On nc paye rlen d'avance.) Lo \" volume paratlra en juiu 1829; ;< parlif de cello epoquc los aulrcs so succcdcrout dc six mois en .six mois. LIBBAIRIE MKOICALC; GABON , ^ Paris, rue de rEcole-de-M6decine , n°. 10 J A Montpellier, Grand'rue, n". 30-32, A Bruxelles, au Depot general de Librairic medicale francaise. ( Les articles prieodes cFunt * tonl la» plus recemment publics.] tANATOMTE C051PARF.E DU CERVEAD dau3 lo» quat're classes dt-s atiimaux Terlt-Iiris, appliqin'-e a la phjsiolosiedu sjsleme nerteui. I'ar E. H. A. SERRF.S, llembit de niicliliil, niedecm oidinaiie df l'li.'>|iilal de la Pilir, profess^ur agrese de la Fac»l(r do iiiide- ciiiede Paris, chefdes tiaTani analonnques de I'am. philh^alre des liupitaux , prufesseur d'analontie tfr dti |>lj}siulngie du meme eubliacmeiil, mcmljra de I'Aca- deniie royale de ntedeciiie, etc. Ouwraee tjui m rem- porte U grand jirtx a I'lmiitul rcrnl de France. Paris . 1827. Deux foiHTol. in-8. bl. , atec un alias de 16 pi. ^rand iii-4. 1 repr«seiitanl 5oo siijets , dtt^siiit'-s 91 lilbugraptiies par FenTEL, sous 1m jtux de raatcnr, et acconipagnes d'une expiicaliun , cart. a4 ft. ^ ANAXOMiE dcs regions du corps du cbefal coosidere« sous le rapporl de la Cbirurgie. Alias in-folio de six planches, aiM (u texte eipll- calif , dcssjuo el lilboprapbie par F. J. J. RIGOT, Wief des irayaux analomiques de l'£«le rpjale Vfliri- liaire d'Alforl. Ouvnijje pou»ant seriir de coinpleineil a la parlie cbirurgicalt dcs Element d,e PatJ,eh;;ie eilcriiiaire pubUes par le profetstur VATEL. Paris , 1S19. latr. • BIIILIOTIltQUE do Tberaposiiiqut, o< Recucil d» Menioires ori^iiiaux efe d«8 Iravaax anciens «\ mo- denies sur le Irailemeiil des maladies e» IVmpli ! dcs 111. dicamens. lorn. 1". (tode, Eiiuliqim a liauM dose, Ecorce de ratin« de Grenadier, Baiinie dc Co- (labu CI Ac,ipuiiciure.l Par A. L. 1. BAYLE, dorleyr en niedecine, ^ousbibli'.lhecaire el ajiriga de la Fariille de Paris, liiedeciu des di>pensaircs , ineinbr« de ylu- .ieurssocielessananles. Paris, 1828. 7 fr. t'.ci oiivrag? »« cotuposera d« buil a dii Tolumes in-8. il cii parailra trois Toluni«s par au. CLaque >ulume sc ' CIIIRCRGIE CI.INIQUE DE MONTPEI.LIER . on Observations el reflexions lines des travails de clii ruigie cliniquedecrttaecule; par J. DELPECIl . pro- fefseur de cbirur(,'ie eliiiique en la Faculle He lloiil- li'ellicr, chirurgieneucherderiiilpilal Saint Eloi de la ijieiiie TJUe , niembre de plnsieiirs socielef saTantes lialionaies tl elritngere-i. Paris el Monlpellicr, l8a3 el l3a8. Deux toI. in-4., a»ec 56 planches, br. 34 fr. — Le lome \i'' { iSaS ), «^ar«iiienl 17 fr. ^ I.e premier Tolume cojilient ies loeinoires suivans ; 1". sur la ligature ies priiicipales artcres : 3". snr les pieds-bnts; ,i". siir qitelques (Va,cl,iu«s de Ffaumerus ; 4°. I aladit — Le second Toluni ^norn le du scrotu pard skjstes;5°.s 4°. s ur le Irichias dc n illamniation. — Lei )me \l\' tous 1". rlopi cas d intumesccnc* indelarliinupUslique ; qiiclqyes pbonomenes chroniques. He. ; publieespar L. ROUZET, medecm de la Blonnaie ro}alc des medaiUvs, nietnbre adjuivt de rAcademie royale de n.edecine . etc. Paris, i8a4 , iD-8. . br. 7 fi . »K ^.A MEMBRANE MDOCEUSE gnsiroinJestinnl? ilans iVlal sain el dans Fclat inllammaloire , ou Rc- cherches d'anatomie patbologique sur les divers aspects sains el morbides que peuTenl presenter Festomac tit les iutestins. Ouvtage coiimnnc par I'Allicnee de m.-J^- rino de Parit. Par C. BILLAKD ; docleur en niedc- cinc, ex-elcTC interne des bupit^ux de Paris et d'An- gere. Paris. i8a6 , in-8. , br. 7 fr. * DE L'OBEILLE. Essai d'Anatomie el dc Physiologic . precede d'liu Expo.se des loisde Facoll-stiri^ie; pur J.l'.b. TELLE , docl. en med.. Paris, i8aS. iu-8., br. ili. PICTIONNAIRE DE CHIMiE geni^ale et medicale; par P. PELLETAN , profcsseur de pbvsiqiic a la Fa. culli de medecine de Paris, medecin du roi. incmb(H de plusicurs socictes savautes Irancaises el etrani:cn>. Paris, lSaa-l?a4. Dcui ?ol. in 8., iig., hr. li fr. DliillONNAlRE (NouTcau; des termes de medecine . cbiruvgie., pharmacie, pbjsique, chimie,hisloiic nani- relle , art yeterinaire , etc., oil I'on irouTe I'iljmol.jgio de tons les Icrmes usites dans ces sciences et I'ljisluirn concise de chacnne des maticres qui j ont rapporl ; jarM.U. BECLARD,CH0MEL,H. etJ CLOOf'EC et ORFILA, professeurs de la Facult* de medecine dc Paris, inenibres de FAcademie royale de medecim: el de plusieurs socieles savantcs nationales et eirangercs . Deux forts volumes in-S. de 1600 pages, impriineci sur deux epiunn^s eu petit lexle , br. so fr. * DICTIONN AIRE DE SAME, ou Vocabnlaire de mi-J,;. rine-pratique, conlenaiil. par ordre alphabctique .u ■ traits des medicainens, les principaux eleineiu d'hy- giene, la description des maladies, leurs causes, ft le traitcincnl qu'il i;onTieiil di- leur appliquer, d'apicsles priiiciprs des doctrines medicates niodcrnes ; par J. (;OSTEK,docl. eumed.Paris.lSag. ai.iu-8.bl. lair. DOCTRINE GENER ALE dcs maladieschroniques, poue eervir de fond^ment a la connaissancc iLcoriqiie el pratique de ces maladies; par Cii. L. DLM.\S . professeur de clinique de pcrfcclionnetneiil ap. piiquic anx maladies chroniques, etc. Denxieme edi. lion, pnbliee el accoiiipagnee d'un r)i.s<-our8 prelimi- naire el de notes, par L. Borxr.T , medecin de In daitl(;s, membre adjoint tl^ augmeniee d'uii ^;0NSLLTATI0^5 el obserfalions de medecine ; par Cu. L. DtJM AS, leclcur de I'A. ademie de Jlonlpelllc, , doyen et profcssciir d'anatomie el dc phjsi'.lugie a la Facnlte de mcdeciue He la mfeine title piolWseur'dir elitiif^uc de pi ritctionHeinent anplinuoe aux maUdies Monnaie royale dci r FAcademie royale de 1 Supplement sur I'applic.ition de l'analy» ciiie-pialique. par F. BERARD. pr..re^s^-ura la Facull* dc med. de Monlpellier. et de I'Eloge de Dim is pa) leprof. PKLNELLE. Paris. iSa',. 3 v. in-S. br.!4 fr. ELEMENS DE PATIIOLOGIE VETLRI.N'AIRE . ..,; Precis Ihcoriquc et pi atiq 11 Turpii ; do.nesliqu nnlaire pliarin 'c-euliqne veieruiaire . it f 1 mine par uri Vocjbui.iiie paihologicpje . conlenanl,lri n»m5 aurieut el mydtimf pioposcs ou einpfoyts daui 10 iril:„r mr: p.i f. VAIW. ■r .If .liMi.!. r. .It ,^,' ' Knal,-;. Ilic.l.-ruM 1 us «». Jurdui) 1 allies. I',iri», 1S58. Piu. ,,. , "t-c iilaii.li. lii'hogr. (lo.ini-,., |,;,r M'lL "c, «i Kixoi . .■! diilgOi., pjr N. II. .i9..ob , b tLKMENS \W. niAHMACIE Ui.oiinuc ci piaii,,*,.- j Klc, lino Icxposilipn dis vcrtiis el jojcs d<» lui'diiii- .iiriis a hiMiiiP de rUaqiK- arliclp ; par A. lUU.Mfe. ^.nvinii,- „lil rcviif p„r I!OUIH,0\.L.*(ilUNt;i'„ ..ul.li, . n ,„.-,|runo tl dooleur e^s,i,„c«, prof^.Mur '■"• '•*",""-S,l,r. -SI-,. EbSAI Sli; I.'llYnnOCEPHAl.ITE ou livdropisie a.^iH. d.s ,,1,1, ,, iil,..s ,1„ ..pneau; par J. J, Bl! AIMlEf , liM.lf. 1.1 .le I II, il<|. 1)11,1 01 ,Ic la prism, ,|i. |(oi,„„o .:•■ Ljon, ni.nil,,.- dp rAcadiniic rojalc de Med«ci.ip, ••ic. Pans, .s,S,i„.8..br. 3 I't. lIlSTOIlir, I>i;s I'llLEGMASIES, ou hiflammalinp. .■.r.,„i,p„,., r,.ndi'P surde iiuuvpIIps obspnali„nj de r. 5fr. 5oe. LETTUE (posih. el iii.-d.) DE P. }. G. CABAMS a JI. F"*,, .sur Irs causes premieies , avec des noles piir M. V. BEIIARD , professeur a la Fa(:ulle de ihJ-deriue d.-JInnlj,plliev, etc. Paris, i8j4,in-8., br. 3 fr. 5o e. l.KITr.ES pbj.siolos. qt morales siir le MAGNETISM E uiiini;,! , cuntriiaiit I'expose criti.|iie deS experiences Us irliis r.ceulcs , e( unc iiouvelle tbeorie sur ses causes , j.-.s pb.'nouuues el ses applicaiiiins 0 la mi-.Ieciiie : .i.lfessee.s ;. M. le piofesseur Alibert par J. AMEDEE lUiPAU , d^eleuren medecine , incnih»e dessoeielis nu-dieales de Lo.ndrps , dc Nayles , d'lvua ,• de l!uru,e,c. Paris, iSaG.iiiS. , br. ' 6 fr. *.U\\ri;L D'ANATOJIIE DESCRIPTIVE, ou Des- eripliuii .suecinele de tons lesorgaues ftp I'lioinnie ; par A. L. .1. I'.AYLE. dueleur en me.leeine, agreg.' el H.us l.ibliulliecaive dc la FacuUe de Paris, ei-inede.in .'dil aisoi . Pai \ale d« > Cli; . 1SJ7, iinS, br. 6 1V. ♦ iMAMJELlTANATOWlEGENERALE, ou I)e..pripii.,„ sucriiieledeslissuspiimilil'seldessjslvniesquieompo M'l.l les orgaiiisderiiuinme; par'A. I..J. HAYLE, do. leur en nied.ciiie . ct II. IIOLLARD, doeleur eu liuikciiic de la I'a.iille de P.uis, nlenil.re resideiil de la Sociele dp ni.'.ieeiue dp la ijume Villc , de eelle d.s seiences naluicUes du canlon de Vaud, Paris, 1S27, iu-18, br: 6 fr. < MANUEL DE CLINIOUE CIIIRtRGICAI.E , coule- liaut : la raaniere d'.ibser.er eiicbirurgie; i^n e.\pos.'- des ►i.^ies diagliosli.pies el des raiaijlei.:« aiialoniii|ues des tiialadies chirurgieales: el un sanimaiic dcsindicalions cur.iliies; par A. TAVERMER. doeleur eumedeeine dela Facul;e de Paris, ancieii ebirurgien du 3' regi- in. Ill d'arlilleiie de la ciarine ,elc., elc. Paris »8»i; , iuiS.br fr. H.WIiEL DECLINIQUE MEDICALE , cotilen^nl la ■ inauierp d'obserfer en mf deciue : les diverses miHIindes ieu de roiis. piLSidflU dc ;'AO"en.;t. rl> nipnibrt de plnsie edit elps sMawfei, la , br. Tig. aiigiM MvNli;!. DE HKIIKCINK PRATli^fliE dupr.,, leu prb.eipMde la d.,el.ii.« pl,vs;„l,.gi,p„. par J. COSTER, doeleur eu ine.leciue. Paris, i8a8. Ini8, br. 6 I'r. 'ha.MJEL de PHARMACIE Ibewiipw el prati.|up , ruulcnaiillesrurmulesudleiualei el magislralesjes pini. usitees; uu abi'egc sur Pan de funnuler : uii lableaii sj- iiopliquodes substances iueouipalibles; destine a MM. lesi'lcTeseu mcdiTine eleii pliiijin-icie ; parF. FOY , pbarmacien de I'Eeole de Paris, aiiciei) elcTc des li.V pilaus , profess.iir parlirulier dc pbarmacie , etc. Paris, ,8j7. Un Inrl vol. ill i» avcc pi. , br. li (t^ ♦MANUEL DE TIIERAPEUI'IOI'E CIIIRURGICAI.E, ou Precis de M.d.cinc ep.raloire , coulen.int le Irai- lemenl d.s maladies eliirurgicales, la deseriplion de« Iiroo.''d.'snpeiEl<,iies, dps band.igcseldpsappareiis . el {"aiiatoini.- .'e. ipicl.pies-uiics des regions sur les.pielleii feprali.pii-ullespi'lneipale.io|i.;r:ili..ns.0uTi;igC8Cl-Tant lie .■.unpli'u.eni an Mmmel de Ch,ii,iue cUirurgicaUi par A. TAVEIiMER . doeleur eu nudeeiue de la F..PUI14. de V.ui<, aiaien eliirnrgien du i« regiment d'arlillrric de la n.arhie. elc. Paris, iSaS , a »ol. in iS , br S fr. •• MANUEL DE TIIERAPEUTIQUE ei de inaiierc>.'di eale , suivi d'un formulaire pialicjuc: parL MARTI NET , doeleur en ni.deciiie, aneieu ebef de elinique de- la F.nculle a I'ilulelDieu de Paris , president del'Allic- ri;o d« nu'decine , membra de plusieurs socieli'i sa- viiDles. P.-.ris, i8a8, iii-iS . br. fi fr. MANUEL DES LOIS ET REGLEMENS snrles.'ludei el I'vxercicc des diveises parlies dc la MEDECINE : par L IIURERT, ebef des bl^reaux de la Faenlte.' secritaire du Jury medical. Paris , iSsO , in l.'f , br. 4 fr. ♦MANUEL D'liyGIENE publiqne et privec, ou Precis, eli'iiifnlaire des eunnaissaiK'es relatives a la cnn.sprvali, in, de la sanleet au perfcclionneiuei.l pb\si.pieel mnral di ». bomiiuj: par L. DESLAN DES.doJtcurcn medeeilie, niembre de r.Vtb.-nee de medecine et de plusieurs aulres soeieles savautes. elo. Paris, 1S17 , in- 18. broch. Cfr.- §derarletd« In n des MANUEL D'OnSTETRIQUE, science d< priiicipale 1 Pre de IV iladitisdesfeninieset .le jl lui Precis sup bi saign.-e et la vacrliia- ^ion , aveo 44 li(;uies litbographites; par A. DUCfes , profess^ur a la Faculte de medecine de Monlpellier , agrege de cells de Paris , nicjnbre dt I'Academir r.i.valc de medecine, elc. Paris , i8a6 , in-i8 , br. 6 Ir .MF.DECINS (les) FRANCAIS CONTEMPORAIN.S . P.iris, 1827.1828. 1"" pl a' livr. , in-8., br. 5 fr. Cetle Biographic de meditenn rivans formcra i/uatre li-, t'es deux livrnisons conliennent ies noms suivans : MM. BiioiSS»is,ALnirnT.C..CT»N.:i!Hl. Fa. Beaji.!.. Adr- Los, CivisLr. — CiuusiFn, Dv.sctNtTrts , Dinois . PCLLKISN, RecAVKa, I'.iciiiiillID , LlNtini:.BK.iUT I I JailrilnuMinn ri>-|jmrnilirme ntiiqiii.;iil;.ir>.' d.i itiiinc •rfliiie duiil k cnnriT du (>\li.re , rli:.: |j;ir I'. Ch. \. I.OUIS.dnclenr tn nudev'iue dc9 l''aiull.8 dc I'jris f I de Saint l'el5r>boiir|;. iilfinlire de I'A.adiiuit rojali- de n»de<-int ir Paris, nv. Paris, l«:fi, iii-8., Lr. 7 Ir. ^'0UVIiI.I.ESRE(:IIERCIIES8llr la larjngolraclieite. f nnnne soiisle noin de CMOVV ; par P. BLAUT) . doc- Ipur rn mrdecine de la Farnllr de Paris, mvdecin rii «lH-f des hospices de JBeaucaire . etc. Paris, iS?.i in S. , br. 7 IV. nBSERV.\TIONS PATIIOLOGIQDES propresi eolai rerplnsienrs p.inls de phj.siologie : par F. L.VI.LE MAND, profrssrurde cliniquc chirurglrali a la Faculle de niedcriue de Mojilpellier , incmbrc de I'Academie rojaledenirdecine.clc. Deusiemeedilioii. Paris, 1855, , in8.,avec pl.liili., hroch. 3 IV. OBSERVATIONS SUR LES MALABIES dcsorganes genilo-uriBaires ( (tea ficlnViHUiiens de furilhie el de lt„r tralli-menl) ; par F. LALLEMAXD, profewnr de eliniquc rbirurgicale a la Fa. ulli- de mrdccine de Mont- pellier . mcnibre de rAcadiinie io\ ale de nied. , eir. ^ Paris, iSaoa 18I7. Deia parlies in 9. , atec pi. lilli. ORTHOMORPHIE (de T) par rapport a IVspeCe hu- inaine, ou Recherchcs analoitiiropalboloj^iques sur les raufi<-s, les raojens de pretenir^ crux de gm'rit les piiiicipales dilVorniilts. et siir les Terilables fondemeni de Tart appele : ORTIIOPEDIQIIE; par J. DELPECH, tirofesjeur de cbirurgie elinique en la Faiulu- de me. deeine de Montpellier , ebirurpien eh chef de IMiupilal SainlEloi de la meme ville , memb, e de pinsienrs so rieles satanles nalionalea el etrangeresi Pari.', i8j8. a T. tn-8. br. avec un atlas in-fol. caru de 79 pi. grar. el lilbugr. et itn lexte d'elplicalion de cent pag- '•"• . P"m« sur J colonnes. J„ fr. ■ PRECIS d'aiialomie palhologique; par G. ANDRAL, pro/, i la Fac. de niidecine de Paris, menibre de I'Ac. royaie de medecini! , etc. Paris, 1S29. Trots toI. in-3. br. 18 fr. * PRISCJPES DE PHYStOLOGiE MEDtCALE • p^ . IsiD. ROURUO\, de I'Acad. roj. dc med. , n.idecin desdispensaires. Paris, lSa8. Deujt toI. in-S.. br. n fr RECnERC.IIES analom.patbolog.sur la MENWGITE aigue des eiifans , et ses prinCipales complications UrdlvctphaU aiguidts aulrurs.,; par L. SENN. doc- leul- en medcnne et en cbirurgie . ei-inlerne des bo- pilaui de Paris. Paris, iSaS , in 8. , br. 3 fr. RECIIERCIIES analom.-palholog. snr la PIITHISIE- par P. Cir. A. LOUIS, docleuren mederine,des Faeul". . lea dc Pansetde Saint-Pelersbourg, ihembrede lAca- i|emic rovale de medecinc de Paris, etc.; pricedees du rapport (ait li I'AcademU 'vyale. de mideeine par MM. BOtUDOIS , LOYER-COLLAllD et CHO- MEL. Paris, i8j5 , in 8. , br. , fr. 'ftECIIERCIIES PUYSlOLOyiOrES sur la tic et la niort; par M. F. .\ it. LICHAT. Qualileme edilion , angniciilecdc notes par F. MAGENDIE, mcnibre de llnslilut et de rAcadi-mie lOjale de medecine , nie- decin de I'bopilal de la Salpetrieie , etc. Paris 18s 3 '"•^- • •"■• 6 fr. 5o c! •RECilERCHES StR LT.\Fr.AMHATIO\ de laracl,- no.de cerebialeet spinale, ou HiMoire tbeorique et pratique de 1 aracbiiitis; par A. J. B. B. PAREVT hur.llATELET , professe'nr agrege de la FacultT Je n„ , ,cn,e de Pans , melnbre de rAc.demie rovale de medecine, n.i'dc-in des disnensaircs ele el I MA|;TI\ET, doeleur en in^decine, anlivn'cbcf de cliniquc de la Faculli a niotel-Dieu de Paris ur/ ■ .iJenl de I'Atbenee de m«decine , membre de' plu- 8ieui8 socieles sitantes ; preriidce du rapp.irl fail u Vint (rlu(jurrcr„„„rnY, par MM. PORTAL. PELLET A!V HALLE eiDLMEHIL. Paris, 1S3S. Un gros to|,„„; " ' ' 7 fr. ■'>o c. BEFUTVTION DE LA DOCTRINE MEmcvLE de >l le d,.ct.M.r rrn„«,;s, e, Nonrellc anaKse de, pb.,>omen.s de la be.re; parL. CASTEL ,"ancie„ medrein de Itopilal d.- 1 a f.-,rde. „e, Paris. .S.J TRAITE analom. paibol. des Flf'VP.ES inien 11 simples el pernieieuses, fonde 'sur des ob."r', ," ! chnnjnes . sur des falls de phjsiologie et de pall.ol.'gie cotnparees, sur des autopsies cadaverique. et snr C recberebes statisl.ques , reeneillle. en Ilalie, et nri" eipalemeni a I'bopiial du Sainl-Esprit -le uJnie ■., n danllesannee, ,830. 1S3, el iSj,. parE. M. BAIl'i'.y', de l.lora , doctcur en medeeine de la Facnlli dc P in. membre correspondant de la Sociele de m.-dcjine.' pratique de Montpellier, etc., eic. Paris 1S.6 V,, •ort.ol in-S.avcc des tableaux, I'r. ' s fr TRAITE complH D'ACCOUCHEMENT el des n.aladi,-. desfcmraes.dcs lilies el des enfans • nir (■ M rill I'lL.N , dScleur en medecinc, profcsseur dVco.i. 1,.^ mens , de maladtes des femmes el des enfans mem I ,^ honora.re de I AcadetiiiC royaie de midecine. T roisiei, ' ^ Mition. Pans . .8.3. Qualre Tol. in-S., bg.. U HZ TRAITE complei de TART DU DEN'TJSTE tonsi P^llilMfC"..''''':^' """"'' ^" •■""nais.san,.;,: par' F. MALIU, deni.sle de IVcole .ovale Polvteeh.iione >ans , ,S.S. U„ vol. grand in-S. papier supirlinlatl' " ir;i;r'" "' '^ '''"''''' ''""•'"'■ -™- "w'^nmi'.'TP""' DESCRIPTIVE: par V.y. .\A«. blCHA 1. Parts , ,S39 , 6 vol. in-8. , Lr. j5 fr. TRAITli DE L'OPKRAriOX DE LA TMILF 01. Memoires anatoritiques el chirurgicanj snr 'les'dilVel rentes melhodes emplovees pour piatiqncr ceiie one ration; par A\T. SCARPi, profe.Jnr e d eciC de la Faculle de medecinc I.%, R. de Pavie " Trad, dc I iialien par C. P. OLLIVIER 'd'An-^rs' docleuren medeeine de la Facnlti de Pa.is, n.etnbie rlier de niu|iil4l dc In nitiiie lillc. Tt-»diiit de'l'aiipluU jiir la Iroisicnic cl di-riiiere <-dilion, fl aupmenlu de iiolcs. par J. L. E. KSTOU. do.lfur th im-drriiie prormicur parliciiliir d'aiialo- mic f I de HiirurRie , asri^IJi' '" "criice preii la Facullc •Ir MoiilpFllier. elc. Pari , iSsS in 8., avrc i planch. liiLoprapb. . I)r. 7 ff- TUAlTi'DES POISONS lirrsdMrr gn*Sntin*ral,Tip;c- lal tl animal, ou Tolicolo;;ie penii ale , considerfe souj les vappdrls de la plijiioloijie, de la palliologie el de la niedecme l.-falc ; par M. P. 0UFIL4 , inofeiscui a la Faeulle de medetine de Pafit, presidcnl des juryi mt- dicaui.metnbrelilulairc de I'Acadrniiercvale de mi- decine , elc. 5'. edit., tcvae , corricie , el pr(;sque en- litreriietit refondnp. Paris, l8afi. a vol. in-8". br. 16 fr. *TRAITE rlelrienlaire de PltYSIOUE generate tl modi- aale: par P. PELLETAN. frolVseeur de ph.viiqnc a la Faciill* de r»i-de<-uie d- I'aris . medecin du Koi , membre de plusieurs socii-lei aavantcs francaises el ♦Iranceres. Parin, >8«s. a« edit, s toI. irt-8., arec pi. b.. 15fr. TRAITE PRATIQUE DES IIERNIES, ou Memoife. analoniiques el chlnirf!e™« «i'r res maladies; par Ant. SCARPA, profeiseur el direcleur de la FaeillU de medecine imperiale el royale de Pavic , elc. ; had. dt I'ilalien par J. B. CAYOL , professeiir a la FaCnIla de medeciiie de Paris: auquCi on a joinl uhe nole de M. le professenr LAENNEC , snr nnt noiiTelle .-spe.-. de bernie, el un memoire du Iraducleur sur une ter- ininaison parliculierc de la hernie aiec gangrene, •uirii'. :i luilii li sun oiiviage dant la deuiiiie edilinu oiigiuale, be eumpose d'en^uon 1 So pug. de lexu- iu *.. . Acs EDiTEnas des recueils^ periodiqtjes ek angleterre. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publies en Angleterre ««nt pries de faire remettre Ieurs numeros k M. Uolam&i, ci Londres , o" 20, Bamers-street-, Oxford-street , qui leur transmettra, chaque mois, en ichaoge, les cahiers de la Revue Eiicyclopcifique, pour laquelle on peuf aussi -souscrire chez lui, soit pour Taiinee couranta, soit pout se procurfcr le» collections des annees anterieures , de 1819 k 1S28 inclusirement. AuX LIBRAIRES ET ABX EDITETTRS d'oUVRAGES EW ALLEMAGNE ET EN ITAtlE. M. ZiRGBS, libralre k Leipzig, et M. G. Piatti, libraire Si Florence , Mntcliarg^s de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages pnbli^s «rn Allemagne et en Italic, qi:e MM. les libraires, les editeurs «t les aiM«ur* ^MircroBt faire aononcer daus la Rev tie Encyclopediquc^ .fc^» i' ^^mi LiBRAiBES clicz lesquels on souscrit dans les pays etrancebs. Madrid, Denn6e; — Perfes. Manheim , Artaria et Fontaine. Milan, Giegler; Vismara; Bocca. Mons, Le Rous. Moscoii, Gautier; — Riss pere et Cls. Naples, Borel; — Marotla ct Wanspandock. Ncw-Vorh (^tats-Unis), Thoisnicr- • Dcsplaces; — Btrard ct RIpndon. Nouvelle - Orleans , Jourdan -^ — A. L. Boisniare. Paterme (Sicile), Pedonne ct Mu- ratovi ; — Boeuf (Ch.). Detersbourg, F. Bcllizaid et C''-;— Graefl'; — Pluchait. Home, dcBomanis; Merle. Slultgarl at Tubingue, Cotta. Todi, B. Scalabilni. Turin, Bocca. Varsovie, Glucksberg. Fienne (Aiitriche), Ceroid; — Schauniboiirg ; — Schaibaciit:r. Amsterdam , Dclacbaux. Anuers, Ancellc. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesii»g;er. liertie, Clias ; — Bourgdoifer. llreslait, Keygel. JUruxeUcs, Dujardin-Sailly ; — Dcmat; — Brest Taa Kenipen; Horgnie3-Rti>i6. Florence, Piatti. — Vieusseux. Franc fort - siir - Mein, Jugel; — Scbaeffer ; — Brenner. Cand, Vandenkerckoven fils. Geneve-, Cherbulies; — Barbezat et Delarue. La Ilaye, les frAree Langeohuysen. iMiisanne, Fischer. Ldpzig, Brockhans; — G.Zirges. Liege, Desocr. — Golardin. Lisbonne, Paul Martin. Limdres, P. Rotandi. — Dulaii et G'"' ; — Treultel et "Wtirtz ; — Bossange, Bai tbcz, Lowell et G>« . COLONIES. G«i , n» 6; Robi;t, rue Hautefeuillc, n" 13; A- BaujOolis, rue de Vaugirard, n*- 17 ; DEr.AUNAY , Piit,ieiK|l, PoBTBiEu, LA TsxTg, Cabinet lilteraifc, a I Palais-Royal. \ *' A LONDRES — Foheigm Li&harv, 20 Beinos street, Oxford-street; (" TsByrffiL Bt Wdbiz; Bossajvce; Di.i.au ht C'. Ni)lenl aussi diet SeIHLLOT, LiSKAiBE, rac iI'Eufei , u" liS. m0^^^' ■a^HBaMaMUOHBKUMMSVWBUJ f-/»^ ^Pr^l^ ,<>c ?)'^.'* E II. — 18^9, 6"^ LIVRAISON. REVUE, ^^s ENCYCLOPEDIQ"^' * QV ANALYSE RAISONNEE DtS PRODUCTIOrs'S LES PLUS REMARQUABLES DANS L\ LITXiftATURE, MSS SC1E>"CES ET J-liS AHTS. 1" Pour Jes Scienees physiques et inatl\inialn}iies et les jtrts indiislrieU : MM. Cu. DuPIK, OlHAHD, NaVIISR, flc I'loStitDt; J. J. BaI/DK, Bcbriafam, Di'ssARD, Fekrv, Fha-icoeir, Ai). Gojidiket; D. Liaur^iiR , (IcLondn-s; A. MiCBELOT, DK Mo»Tu£«y, MOREIU P¥ ifORSiS., QuiTBlBT, T. RiCHAiiB, Wardem , etc, 2" l'{}ur\csScicncesnaturelles : MM. FLOvnBss, Geoffrov Saikt-Hiiaire, Ac riiislitul; BoRY DB Saist-Vi.ickkt, corr«spot>dant del'institut; MATniKu Ho.vvroiis, deTiiiin ; U. Gaillon, de Dieppe; Isidobk Geoffbov Saiht- IIii.AiRK, etc. 3" Pour les Sciences midicaUt -. MM. DAsnaox, G.-T.-Dom, Ahi^bke DtPAr, Fo.ssATi , Gasc ; Gkrsos , de Hanibouig ; dk KiacKHorr, d'Anvers; liiooLt.oT fils , d'AmJens , t'lc. 4° Fuiir Its Sciences pliihsopt>iqiies et morales, polUicjucs, fjeogrttplrit/uet at histoi-iijues : MM. M. A. itixim, de Paiis, Fondatetir-Directeu*- de la I'icvue EncyclopcJiq lie ; Adolfhb Blarqh, Ai.kx. ck la Bokui, Jouabd, de rinsli«ut; M. AvKaia, liARBiii i>u Rocagk ills, Be5Jami« Co\srAM, Charles Goutx , I)Kppl^c , Difau, Dinovkr, Guicmaut, A. Jaiskrt, .1. LaBOIDERIE, LAJiJPl.-»AIS flln, P. LaMI, I/«SDBCa-MERUN , MaSSIAS, AlEKRI MoNTIiMONT, EtSKBK SaI.VEIITI!, 3.1J. SaTJ SlMOilDB DE SiSMO«I» , de Geneve; Warnkiwmk, de Liege, etc.; DiPfN aiue; Bkkville, BotcBiiMi-LKFER, Gn. P.KNOiARn, Taii,i,a!>i)iv;b , aK(j*ats, etc. 5" Paur la fJtieraiure frar^raisic et eirnnffcrc, ta BihTiagrapliie, I'JrebeOT logic ct les r>cnux-Arls: MM. Akdribii, Amaisy-Dovai, Emkbic David, Llmlrciee, de Sic.iia, de llnstitiit ; A&drikc x , d6 Limoges ; M'""' L.-S\v. BtLcoe; MM. J, -P. BRfes, BtnNoit lib, Gh^lvkt; P.-A. Govpik, Fh. DiioKii&oK, Bi'.iTh-HSATt; Ku. Gaottier-d'Ahc; Ph. Golb^rv, coir«'spoudant d« I'iustUiil; Ltorr Halevv, ilKKniCHS,. K. IIkreau, Afotisis Jti.,i.iyKliLs, BsaSARD Jlli.ihs; Kai.vos, dcZante; AjRBiF,.-s-LAr*sEg , J. V. liicigRC , A. Maihl, D, p. Me>ohiil; MoNSAKcde Lausanne; CPac/rr/,, H. Pati.\, PonciikVillk, db ■Reiffkxbkbg ; uk IIocjoux; de Stajjsast, de Bnixelleii ; 1"r. Salfi, M.Scnisxs, Scu.mtzlbb, LfieNTniESSB, P. F.Tissot, '^ ictisn, ^ a.LE^AVK, etc. A PARIS, AD BCREAD qEWTRAL I't l.A RHVfB WiCXCLOVkDViXit , Chei S^^DILLOT, libhaiiie, kib j/bm'ebjsaint-mcmei. , r" 18 ; ABTIIUS BERT^RAND, rkk HAUTsrsoiiLr, n« 25, JIJIN 4829. niPfiUIUrxIE UE rLlSSAN et Ci^ hue DJJ VAUCIRARO, N- i5 CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTIO.X. Depiiis Ic mois de janviej- 1819, il parait, par annec, douze caliieri d< r»; Reciieil ; cliaque cahier, public- Ic 00 du mois, »c compose d'enviroi-. 14 feuilles d'inipression , cl plus souvenl de i5 ou i6'. On souscrit i Paris , chez SEDILLOT, au Bureau central d'aionntment el d'expcdition indique sur le litre, ct cl>ez Icslibraircii ci-aprci : ARTHUS BERTRAND, rue HautcfenUle , l^" a5 ; A UK Galkbie OB BosKANOB p6re , rue Bickclieu, n* 60; J. Re«ocasd, rne dcTournon, n" 6. DuBBni., place de lu Bourse. Prije de l» Soiiscription, A Paiii 4'' fr. pour un an ; 16 fr. potir sit moli. Daiu les departcmen*. 53 5o A I'ctranger 60 34 En A<«gleterre j5 4» Le moatant de la soiiscription, gnvoye par la postc, doil Clre adicbai. d'arance, raA^■c dk poht, aiosi que la corrcspondance , an Direclcur Jn la Uevuc Encydopediqite, rue d' En far-Saint-Michel , n" j8. C'est a la m6in(r adrcsse qu'on dcvra enroyer les oiivrages de tout genre et les gravurr^ qu.'on Toudra fairc annoncer, aiasi que les articles dent on desirera lln- tei'tion. On peut aussl soiiscrirc chez les Directcurs dcs post<'s et chez les piiii- eipaux Libraircs, i Paris, dans les diiparlemens ct dans les. pays ctranyers. Trois cahicrs ou livraisons I'orment un volu/ne. Cliaque rolume est tei - mine par une Table des inatieres alphabetiifuc ct analyUque, qui liclaiii it ct I'acilite les rccherchcs. Cctte Table est toujours joinle au i" caliier du volume suivant, i I'exception de la derniere Table de I'annte, qui e*! c.vpediee isolement k tous ceux qui peuvent y aroir droit. On souscrit, sculenient i pailir de deux epoqucs, du 1" Janvier ou tin i"juillet de ebaqne annee, pour six mois, ou pour un an. On trouve, au bubkau CEitTRAc, let collections des annies 1819, iSau , J821, 1822, iSs5, i8?4 <>' tSaS, au prix de 5o francs chacune. Cljaque annee de la Revue Encsclopedique est Independantc des aone< qui precedent , ct forme une sorle i'Annuairc scicnlifique et littorairc, 1 4 forts vulnmcs in-S", potir la p&iode de teuis inscrilc sur le tilrc. REVUE ENCYCLOPfiDIQUE. o u AD^ALYSES ET ANNONCES RAlSON^iEES \ DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQl'ABLES DANS LA LITTISrATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. »J^lv^^lXv\^)^A^)\Alv\^^lVVvvv^lV\l\lvvvvvvvv\l\lv^l\lv\vvwvvvvvvv\^lV\l^(VV\I L MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET M^XANGES. OBSERVATIONS SvR I' article de M. le due de Broglie, insere dans le 5' cahier de la Revue Franfaise, et relatif a I'examen de la question de LA PEINE DE MORT ET DU DROIT DE PTJNIR, a I'oCCasion de I'oU- vrage de M. Charles LtcAs, avocat, couronne a Geneve et a Paris. SECOND ET DERNIER ARTICLE. ' (Voy. Rev. Enc, t. xli, mars 1829, pag. 577.-592). Nous ne voyons dans la Justice humaine qu'une simple justice de conservation qui appartient a cette agregation d'in- dividus, appelee societe, au meme titre qu'a un seul : cette justice commence avec le peril, el expire avec lui ; on ne T. XLii. JtJiN 1829. 5<) 5Gj I)E la peine DE MOIIT sinrait laire reiuoiilcr plus hant la dale de son cxenioc , ni on redder Ic tcrme ; non que le peril cree le droit : son ori- ginc est aiilrc. J'ai droit d'etre, parce que je suis, et d'etre «le telle maniere , puisque je me trouve tel , puisque c'est la forme sous laquelle I'existence m'a cte donnee. Mon droit a I'existence remonle ainsi a I'epoquc od je I'ai rccue : le droit de legitime defense presuppose ce droit anterieur, on plutot ce n'est que ce droit meme en action. Le peril n'est point ainsi I'origine du droit, niais la regie dcson action. De la, la justice humaine est une justice eiroite et tout-a-fait secon- daire, bornee a un fait, le peril, et a un moment, Tespace de terns dans lequel il se passe. II est ainsi tres-facile de decrire sa sphere, de determiner sa nature, d'assigner ses limites. Le droit de la justice liu- mainc est dans I'agregation, ce qu'il est dans I'individu, purement repressif du mal qui est arrive, et preventif de la rccidive; mais ensiiite, avec ces grandeset importantes modi- fications, dans son exercice , qui naisscnt de cet intervalle qui scpare la puissance d'association et la richesse de ses garan- ties, de la faiblesse individuelle el du denCiment de ses ressourccs. On pent trouver dans phisieurs pages de I'article du noble pair I'exacte definition de ce caractere purement repressif dc la justice humaine. « La punition, dit-il, page 25, n'est point chargee de regler le coinpte de I'homme avec la loi morale, ni d'egaler les souffrances a la perversitc des actes. Qu'elle previenne les plus imporlans de ces actes pervers , qu'elle les previenne au degre snffisant pour le maintien de la paix, pour I'essor du perfectionnement individuel et social; voila son oeuvre. »Et, page 09 : 0 Le legislateur punit pour preve- nir tout acte pareil a celui qui vient d'etre commis ; c'est la sa mission. I ncidemmcnt et sans r riser, il opere en tout ou en partie I'expiation de la faute. » Page qg : « Le legislateur dispose dans I'intertt de I'ordre exterieur et de la paix pu- blique : ce que I'ordre exterieur el la paix publique n'exigent pas impcrieuscment csl illrgitiuic de sa part. » Page 5o : ET DU DKOIT DE PLlNIU. 5G:) •« Dans Ic reglemcnt de la penalite, Ic legislalcur doit avoir i'gaid, non point au degre de perversite morale de Tacte , inais aux Ijesoins de la repression; en d'autres termes, loiitc peine plus severe que Tinteret de la police civile nc I'exige est illcgitime en cela. » Et le noble pair ne se borne pas a cetle definition du caractere purcnient repressif de la justice humaine, il en fait une application Ires-remarquable. II compare, page 5i, le parricide au mcurtre; le parricide qui, dans I'ordre moral, est a un degre de criminalite plus eleve que le meurtre ordinaire. II presuppose qu'il n'expose pas la societe a un aussi grand danger; et voici sa conclusion; page 52 : « Si le parricide est ellectivement nioins a redouter que le. meurtre, s'il n'y a pas quelqne motif pris clans I'ordre public pour egaler la peine de Tun a celle de I'autre, ce que nous ne pretendons pas decider ici (i), que le legislateur le frappe d'une peine moindre. » Je crois cpie jamais on n'a indique d'une maniire phis tranchee la nature purement repressive de la justice hu- maine, dc cette justice de conservation. Pour ceux qui professent C£S principes, une fois le droit de I'homme a I'existencc bien reconna et bien determine, la question de la legitimite de I'echafaud est fort simple; c'est une question de fait, de jury. Quand [e tue un assassin, ce ii'est pas en exercant undr'oitde tuer, qui n'appartient a au- cun homnie sur sonsemblable, mais c'est en restant dans mon droit a I'existence, dans mon droit de conservation qui , par le peril ou I'assassin met ma vie, ne peut s'exercer qu'aux depens de lasienne. Tuer alors, c'est me conserver, c'est I'acte oblige (i) Je ne puis admeltie qvie \p. parricide suit moinsa redouter que le meurtre pour I'ordre social ; je le crois bcaucotip plus rcdoutable au con- traire, et ce serait cliose i'acile a deniontrer. Mais, au surplus, je renver- rai ici au cliapitre iiidcla troisieme paitie du Systimo penal, oii j'ai ilemontre que la theoric qui fait re-ioser la justice humaine sur Ic piin- clpe de conservation, ne renverse, ni nc licuite Ics degres de recliello Je la perversite intrinseque. 504 !>•' I^A PEINK DE MORI (le ma derensc. n Un honimc m'attaqne , dit iiii illustre rol- legue de M. de Broglie, je ne peux me defendre qu'cn le tuant, je le tue : pour que la societe fasse de meme , il faut qu'elle ne puisse laiie autrement. » La question est ainsi parfaitement posee par M. de Pasto- ret , et la reponse a cette question ne saurait etre equivoque. II est trop evident que le droit que pretend exercer la societe en place de Greve n'cst nullement celui de la legitime de- fense; et, aucontraire, une chose digne de remarque, c'est la reserve avec laquelle elle use de ce-^lroil, quand elle est ap- pelee a I'exercer. Ainsi, soil qu'elle intervienne par ses gen- darmes pour defendre I'existence du cifoyen attaque, soil qu'elle envoie a la pouisuile de I'injuste agresseur, elle met dans Ics formes de son intervention, dans celles de I'arresla- lion meme , toute la mesure commandee par le respect de I'existence ; elle n'en veut alors qu'a la liberie, et ce H'est qii'une fois qu'elle s'en est rendue niaitresse , qu'elle s'occupe de I'accomplissement des conditions necessaires pour arriver a 6ter la vie. 11 serait done absurde de dire que la societe exerce la justice de conservation, qu'elle invoque le droit de legitime defense, lorsque precisement elle attend que ce droit ait cesse pour faire commencer celui qu'elle pretend avoir; car I'assassin a ete arrete, enchaine, interroge, juge, con- danme, quand elle dresse I'ochafauf). Une fois done qu'il est reconnu que la justice sociale est purement et simplement une justice repressive, une justice de conservation, rillegilimite de I'echafaud est evidente , car il n'est aucun homme de bonne foi qui reponde affirmative- ment a cette question : la mort en place de Greve est-elle, dans les mains de la societe, I'arme de la legitime defense; ou, en d'autres tcrmes, la societe tue-t-elle, parce qu'elle ne pent se defendre et se garantir autrement ? L'in^vitable consequence des principes jusqu'ici professes parle noble pair, et de sa definition si precise de la nature exclusivenieiit repressive de la justice huniaine , devail done Plie I'aven de rilb'igilimite d'une mort donnee en dehors des ET DU DROIT DE PCNIR. 561 liuiiles, des besoins et des droits de la conscrvaliou cl dc la defense. Cette consequence, il I'a sentie, etce n'est qu'en sacrifiaut les doctrines qu'il avait d'abord exposees a deux ordres de principes tout-a-fait contraires, qu'd lui a ete possible d'y echapper. Ces deux ordres de principes tiennent au droit d'interven- tion et au droit de punition, auxquels le noble pair sacrifie, comme on va le voir, tout ce qu'il a si bien dit jusqu'ici de la justice sociale , de sa nature et de ses liniites. II n'y a pas dans I'agregation un droit a I'existence su- perieur a celui de I'individu : le droit a I'existence est individuel et non colleclif ; il n'est pas le droit de tous, mais celui de cliacun ; la propriete de la vie ne peut etre, comme celle d'une ferme ou d'un chateau, sacrifice a I'interet gene- ral, moyennant une prealable indemiiite. Soyez mille, dix mille, mon droit seul vaudra le votre, et il faudra que je mette en peril votre vie a tous, ou celle de I'un de vous, poui' vous donner droit sur mon existence, pendant la duree du peril. Ainsi se concoit et s'explique I'egalite humaine ; mais il faut que cette egalite soit rompue pour placer quelque part un droit, non plus d votre existence , mais sur fexisience d'au- trui, ce droit enfin qu'exerce la societe en place de Greve. Car ce n'est pas du droit ii I'existence , du droit de I'homme qu'eHe se prevaut, puisqu'elle ne fait point acte de defense et de conservation ; mais d'un droit superieur a celui de I'homme, du droit sur I'existence, que nul ne veut recon- naitre a I'homme sur son semblable, et que M. de Broglielui- meme lui denie si energiquement. « Un homme, dit-il, atta- que mon existence, je me defends, il est dans son tort, je suis dans mon droit ; je le tuerai, si je ne puis autrement m'en de- faire ; je ferai bien. Mais si je puis le terrasser, le desarmer , et que je le tue , alors je ferai mal, alors je serai coupable a mon tour. Poui-quoi cela, parce que mon droit ne s'etendait qu'a la protection de ma vie. Une fois desarme, il avait, lui. droit a sa vie ; uue fois en surete, j'avais, moi, le devoir dc la lespecter ' . i5GG DE LA PEINE DE iMOIlT Le noble pair a done scnti la necessite de ronipre regaUlc- humaine; Ctir d'homnie a homme il n'y avail place qn'a iin acle dc conservation, de defense, et le droit sur I'existence d'auti'iii lie pouvait s'interposer. II a done rompu I'egalite da droit, et il a aduiis, endeliors de rinilividii altatpie et aii-des- siis de hii, lui droit autre que le sien, un droit siiperienr an sien , qn'il a tire, non pas de la valeur piirement nmnerique de I'agregation , parlageant nos principes a cet egard, rnais d'une autre source que voici. Selou lui, entre I'oilenseur et roffcnse, il I'aut un mediateur plus puissant que I'un et que I'autre, qui tire son droit d'in- tervcnlion d'un certain caractere public, ofTrcicl, dont voici la nature et I'originc. C'est la question de la souverainete. « Lc droit de commander, dit-il p. 5o, est iinpersonnel , il est mission; mais il suppose uvant tout I'association de deux etrcs ou d'un plus grand nombre; il suppose, dans I'etre in- ierieur en raison et en force, le devoir de resigner sa volonte entre les mains dc Telre superieur, afio que celui-ci dirige rintelligence commune et la force commune vers lc but com- mun. Or, ce droit, qu'on y prenne garde, c'est a propre- ment parler lc droit social ; non sans doule que cc soil la so- ciele qui I'inipose et le cree ; c'est lui, au contraire, qui fonde el maintient la sociele. II faul, p. 57, pour que la socicte ci- \ile subsiste, que les volontes se siibordonncnt bierarcbique- ment I'une a I'autre, dans la proportion da mcrite des indivi- dus , dans la proportion de tear capacite a diriger les facultes communes vers le but common, capacite qui constilue un droit, qui est elle-meme la base du droit social. Qui prcndra done le commandemcnt ? Le plus digne. Les institutions po- litiques ont pour but non pas dc creer le droit de commande- mcnt, car il prcexiste dans la superiorite relative; non point de fonder le devoir d'obeir, car ce devoii' precxislc dans I'in- feriorile relative ( p. 58.) — Cet elre le plus capa])Ie, le plus digue, unique ou nudtiple, n'importe, on le nomme /<■- gislateur. Le droit de conunander, il I'a, il cu a la mission : qu'il commandc done ». ^ uila le principe de la souverainete ET DIJ DROIT DE PUNIR. 567 etiibli : voila le mediateur cntre roffenseur et rufl'euse : voih'i la nature et I'origine de ce caractcre public et oiriciel dout it lire son droit d'intervention. Je me hate, jjour mou conipto, de protester centre ces principes, dont les consequences ni'eftVaicnt, je I'avoue, conime ami de la liberie. Cerles, je ne suis pas I'ennemi de la raison, et j'appelle de tous mes voeux son rcgne parmi les liommes ; mais ce que je veux, ce n'est pas sa tyrannic, c'est son legitime empire. Or, sa souverainele, elle se placed s'exerce de I'etre raisonnablc a celui qui ne Vest pas ou qui nc Vdit plus , mais non cntre gens capables, quels que soienl d'ailleurs les dcgres divers de leur capacite. Je la concois dans un pere sur son fils niineur, ou dans le fils majeur memo sur son pere interdil ; mais a I'age de majorite, aussitot que I'homme est en possession de sa raison, ciiaque voloute s'appartient ; ainsi le vent la liberie humaine el la moralili- de son empire. Le pouvoir de la rai!^on est tout spiriluel, et nul moyen coercitit n'apparlient a I'exercice de sa souverai- nele. Si je veux commellre une action mauvaise , mais qui ne porte prejudice qu'a moi-meme, que voire raison supe- rieure m'averlisse, me conseille, m'eclaire pour m'en detour- ner; mais, c'est mavolonle qu il Taut enchainer par la convic- tion, el non mon bras par la force : aulremenl, si ma vo- lonle n'a pas ete libre , si c'est par des resistances physiques que vous m'empechez d'agir, ou me faites agir autrenieiil, vous me Iraitez en automate el non en homme; cetlc action ne m'apparticnl plus, et vous sacriliez a voire souverainele ou plulot a voire tyrannic de la raison, la moralile de mes acles et la responsabilite de ma deslinee. Mais, dira-t-on, si voire acle n'esl pas seulemenl nuisiblc a vous, mais aux au- Ires, la raison ne doit-elle pas appeler I'inlervention de la force ? Frenez-y garde, le rapport est lout different. Dts lors (|ue mon acle nuit a voire existence, par exeniple, ce n'esl pas parce que voire raison superieure a le droit de m'cmpe- cher de mal faire, mais parce qu'clle a celui de m'empecher de vous nuire, qu'alors vous appelez voire force au secours 56S DK L\ PEINE DE MOllT 594 DE L'KMANCIPATION DES CATIIOLIQLES lemcntaircs : copciulant les climes cllos-mOmes claioiU le fond verilable de la question. L'opposition dcs prolestans laiqiies s'appiiyait heaiiconp plus sur des considerations de politiqtic gcnerale. Le rela- l)lisscnient de I'ordre, leslois proleclrices de la proprielc cou- fn-mecs, el surtout des ventes frequentes failes aux catholiques eux-memes, de tenes ancienneuient coufisquees sur eux , avaient diminiie les craintes des proprietaires prolestans dont les droits elaient originairement fondes sur des confiscations. Maisils tenaient toujours acetfe induenceet acetle autoritequi derivait pour eux de la religion d(miinanle. Le gouvernement ne pouvait se passer de Icur cooperation ; il consentil a I'ache- ter, pourleur t'aire adopter un systeuie qui, dans le loud, etait a leur avanlage. Get ordre de clioscs cessa a Tepofjue de Tacle d'unionqui, en ditninuant rinllueuce des grandes I'aniilles, detruisit leur puissance , conime corps aristocratique , el affranchit le ministere de la necessite d'agir par corruption sur un parlement national. Les affaires de I'lrlande furent sous sa direction immediate, ilput voir par Ini-meme, et noii paries yeux de la haute noblesse dont il fut en etat d'arreter les usurpations. Deslors, en Irlande, I'administralion con- sulta les interets de la nation, ct fut >:ioins soumise aux exi- gences de qiielques families privilegiees; son exemplc a etc suivi par des hommes tels qu'il s'en trouve toujours dans les classes superieures, donl I'esprit est juste, I'ame pure et sus- ceptible descntimens gencreux. Ce n'est que depuis la reunion de rirlande a I'Angleterre que plusieurs prolestans parmi les plus riches sont devenus favorables al'emancipatiou, ou du moins, qu'il s'est forme pai mi eux un parti liberal assez fort pour influer sur lamarche desevenemens. Ces conversions ne s'etaient operees qne rarement dans la classe moyenne, ni, a plus forte raisoii, dans les deiniers rangs du prolestanlisme : ainsi, I'immense majorite de ces classes s'opposait a tout changement. Les prolestans avaient seuls le droit de porter les armes, et, de plus, presque tons les emplois qui conferent quelque autorite elaient en- EN A^T,LETERRE. ogf) tie leurs mains; la classc mo3'eniie recrutait pfesqiie seule ia parlie la plus lal)oriouse du dergr, qui, par un usaj;-o propie a ce pays, reiinissait souveiit clans le mcmc intlivitlu les fonctions tres-opposties, tie prelrc, dc juge dc paix et de commandant dc la Yfomanry. Par cettc accumulation de pou- ■voirs, rien n'etait plus facile, en Irlande, que d'exercer sur les paysans une tyrannic dont Ics gouvcrncmens les plus des- potiques de I'Europe n'offrent point d'exemplc. Un abus aussi etrange fut introduit par la nccessitc on Ton fut d'abord de confier la magislraturc des juges de paix ct le commaiidement de la Veomanr}'- aux seuls hommes quipussent s'acquilter dc ces cniplois, parce que ceux auxquels ces fonctions auraienl convenu etaient absens; or, on en trouvait fort peu parmi les protestans laiques, et les calholiques etaient exclus par les lois. Quant aux fonctions municipales, elles etaient exclusive- ment le parlage des protestans laiques, et ils etaient fortemenl attaches a celte prerogative. Get ordre de choses, ou, pour mieux dire, cettc violation manifeste de tons les principcs d'uii gouvernemeut subsista, memc apres I'union, et reunit, par les liens d'un interct commun, tous ceux qui en profitaicnt. Au nord de I'lrlande , les protestans sont a pen pres aussi nom- breuxque lescatboliijues; cettc sorted'cgalite ue faisaitqu'aug- mentcr et irriter la jalousie et, les dcbats, dont les catholiques souflrirent plus que leurs adversaires; ceux-cipousserent sou- vent la violence jusqu'a I'alrocite. Forts de leur nonibrc et de la protection des magistrals, ils ne cherchaient nuHement a fuir les occasions de suscitcr des qucrcllcs, des rixessan- glantcSj'aux foires, aux marches, dans tous les lieiix de ras- semblement. II elait presque impossible aux malhenreux ca- tholiques d'obtenir un simulacre de justice, de fairc infliger des peines legeres aux autcurs des guet-apens les plus in- fames, aux meurtriers les phis atroces. Ces causes etaient presque toujours assoupies par les tribunaux inferieurs, et il fallait des circonstances particulieres pour qu'elles fussent portees aux assises des conites, dont les tribunaux eussent etc plus cquitables, si les jurcs, que les slierifl's choisissaienl :n)G DK l/KMWCIl'AllOiN DKS CVlHOLlQUKS j)rcs{nie cxcliisivcineiil [);iin)i los prolcstiins, avaioiit pio- oonce avec impailialilc Ainsi, la niajoiilc dc la iialioii irlaiKiaise iie cessait poinl ri'etre oppriiDee par la ininorite prolestantc, et sa position ne pouvait plus changer (lue par remancipatioii complete. On volt par (piels motifs les protestans d'Irlande s'attachaient a prolonger un etat do choses dont leiirs inlerets et leurs pas- sions se trouvaiont si i)ipn ; mais on n'apercoit pas aussi rlaiiement ce qui pouvait engager Ics Anglais a se joindre a la minoiite irlandaise , et lennir une si I'orte opposition contrc^ une niesure qui, en dernier resuilat, devait etre utile a lous, sans nuire, dans aucun Guy VauJc, des Titus Oales,\c pape, le diahle, Ic prctendant ; la fievre antipapale semblait inciu-able, et sa lie r)<)8 DE L'MaNCIPATION DES CATHOLIQl ES iit'sie ne diininuait point. On n'aurait pu voir sans honcnr (juc le papisme fut anlorisu on Iriande; le canal u'etait pas asscz large pour sauver de la contagion la cote anglaise qui legarde Ic pays inlcclc ! Et ces extravagances sc propageaicnt en Angleterre, en dc'pit de la liberie de la presse , de la dilVu- sion des connaissances , des progies inlellectucls de la nation snr tout ce qui est a la porlee dc I'esprit liuniain. Ce fait serail incomprehensible, si Ton n'ajoutait point que I'education de la jeunesse etait entre les mains d'un clerge que la na- tion se plaisait a flatter, et qui ne voulait rien perdre des avan- tages de sa position ; aussi, la manie anti-catholique fut plus violente et plus tcnace dans les lieux on rintluencc du clerge u'etait point contrebalaucee par d'aulres actions morales ou politiques. On trouvcra dans cette inlluence I'explication de la conduite de rUniversile d'Oxford envers 31. Peel ; elle montre les obstacles que ne purent surmonter les talens et le caractere d'hommes d'Etat aussi remarquables que Pitt, Fox ct Canning. L'hydre ne pouvait etre abaltue que par un Her- cule : 11 follait tout le poids d'eminens services, nn courage que rien n'etonne, une'indomptable force de volonte, en un mot, toulcc que Ton trouve rcuni dans "Wellington (i). Panui tons les homnies qui ont tenu, dans la Grande-Bretagne , le timon des affaires, aucun autre pcut-etie n'eut pu remettre en discussion ce qui paraissait decide par une longue suite d'cxpi riences ; lui seul a bien connu les dangers que le pou- voir exorbitant du clerge pouvait aecumuler sur I'Etat, et la resistance que cette corporation opposa constamnient aux ameliorations qui lui paraissaient contraires a ses jnterets. Esperons done qu'il ne se defiera pas de ses forces ; que , fidtle aux veritables intcrets de sa palrie , 11 les fera dominer sur tous les autres, et qu'il finira par circonscrire enlre de justes (i) Ou reconnait ici rcxpression de la reconnaissance d'un ami des calholiques eiivuis le ininistie auqucl on attiibiie reniancipation. Cc n'cst pas EN A>T.LKTE11UE. 6o3 el les habiliidcs de leui's voisins : mais la paiivrele d'lin pays est un mal contagieux; le nord de I'lrlande, coinmo le icste du pays, en ressent les attcintes : ceiix des liabilans qui no peuveut supporter la misere commune vont cliercher aux jitats-Unis d'Amerique une existence moins penible. Comme les desordres auxquelsl'Irlandc n'a jamais cesse d'etre livree y ont aneanli Ic commerce et I'industrie, ce pays n'a plus d'aulres ressources que le produit des terres; mais I'agricul- ture n'y a fait que tres-peu de progres, et comme la popula- tion va toujours croissant, le prix du i'ermage s'elevc en meme terns, suivant une progression encore plus rapidc. II y a tel Irlandais qui^offrirait tout ce qu'on pourrait lui deman- der, pour obtenir la permission de s'abriter dans une cabane pendant six mois. La pomme de terre , qui , en Irlande, est le principal aliment des paysans , loin de remedier au mal, I'a porte au comble. Dans les plus belies saisons , les cultiva- teurs ne retirent de leurs Iravaux que leur simple nourriture; et comme ils supportent seuls les variations des recollcs , une raauvaise annee les plonge dans la misere la plus aflreuse que I'homme puisse endurer. Deux causes ont h3te ce rapide et dangereux accroissement de la population ; ce sont , d'une part, les opinions du clerge catholique sur les devoirs du ma- nage, et del'autre, I'imprudcnte multiplication des Cranes te- nanciers i quarante shillings. La division des terres a mis en valeur une plus grande surface, les marches ont etc mieux pourvus, les speculations sc sont etenducs ; et, malgre tons ces indices de prosperite, la misere a fait d'cffrayans progi'cs, parce quelesrichesses sont repartics encore plus inegalemcntqu'elles ne I'elaient, et que la population a depasse la production. Ces maux sont trop grands pour qu'ils puissent disparaitre promptement. Apres I'abolitiofl du code penal, les fruits de cette jurisprudence atroce ne seront point detruits; le peu- ple irlandais ne sortira point subitcment de I'ignorancc et de la pauvrete. L'exces de population ne cessera. point encore de surcharger Ic pays ; les capilaux ancantis on disperses ne rc- parailrout qu'avec le terns. Les cause? d'agilation et de Iruu- 6o'| \)E L'liMA^CIPATIO^ DKS C ATH0L1(^)LKS bles coiiserveront done encore une certaine activite, inenie apres I'emancipation ; on setroinperait beauconp, si Ton iina- i;inait que cet acte apaisera tout, tranchera toutes les difTicul- tes, cl que le pailement n'aura plus a s'oocuper des afl'aircs de riilaiide. Le bien y sera devenu possible, et ne sera pas fait : apres avoir deblaye le sol, il s'agira dc reconstruire la socicte sur un plan ronforme a sa nature. Pour le mooKJut , on ne deinande, on ne pent desirer rien de pins, sinon que, par une declaration autbentique, le gouvernenient renouce a suivre la funesle niaxime : divide at imperes ; qu'il annonce la resolution de ne plus trailer I'lrlande en pays conquis, en colonic dependanle. A cet egard, le discours de M. Peel a la c;trporation de Londres est tont-a-fait rassurant, et alteste la bonne tbi du ministere. llelativ(;ment a la tranquillite du pays, remancipationa deju produit de bons effels; mais il i'aut du terns pour les com- pleter el les rendre durables. L'eligibilile A toules les t'onc- tions est concedee, mais il faut en venir aux elections ; la part que les catboliques ypourront oblenir depend, en tres-grande partie, de ceux qui sont actuellement en possession du pou- voir, presque tous de la faction contraire. L'autorite des cbani- bres ne pent rien sur le coeurdes bommes, et il est a craindre que Ton ne retrouve aux elections les resistances que le bill d'emancipation a rcnconlrecs pendant sa discussion. L'evidente malvciUance des fonctionuaires subalternes, la force d'inerlie qu'ils opposeront a la volonle formelledu gouvernenient seront, pour les catboliques, des motilsd'un mecontentementquel'on nepeutdesapprouver (i). Enfin, letenis fera cesser toutes ces (i) Nous api)reiiuns en ce niomcnl que la corporation dc Dro^htilu a ix'l'iisd- a Jcs catholiqnes les franchise.-^ qu'ils ruclamaient. Le noid ilc. I'lilande manifeste une p<;rseveiance de lebolutiuu bien digne du l<;ni,s du Covenanl, un courage qui serait louable, s'il dcfendait une mcillcuie cause. Cette liaule faculle de I'anic pent devenir dangeieuse, loisqn'elle s'unil a rigiioiance el aux passions; clle inspire le niepris de I'opiiiion l>ubliquc el la desobeissance aux lois. Le bill d'cinaucipalion neicccvra K> A^GLF;rElmE. Go.") resistances; ;'i mesure que la generation actuelle t'eia place a la snivante, Ics passions seront plus calmes , et Ics opinions plus eclairees : mais il faut savoir attemlre, el ne pas se livrer a de trop seduisantes illnsions, ne pas rever nnc revolution ?ou- dainc el complete, dans les hommes et dans les choses. Le principe conservatenr dcs societes est si puissant et si actif; riiomme eprouve si I'ortenient le besoin de jouissanccs paisibles, de I'ordre qui les prepare et les garantit, que les na- tions ne manquent jamais de ressources pour reparer des per- tes immenses et pour sorlir de I'abime le plus prolbnd. Des que Taction des causes nuisibles a leur prosperite commence a s'afTaiblir, les ameliorations ne se font pas attendre ; elles s'aident mnluellement et se multiplient avec plus de celerite qu'on ne I'esperait. Telles seront les destinees de I'lrlande, oOl plusieurs centainesde milliers d'acresde terres n'attendent que le travail du cultivateur pour devenir fertiles", et fournii- a la population des subsistances et de I'occupation; ou les ri- chesses minerales ne sont presque pas exploitees, oil Ton ne manque ni de rivieres navigables, ni de bons ports. Des echan- ges reciproquement utiles vont s'ouvrir entre ce pays et I'An- gleterre; celle-ci fournira ses capitaux, et I'autre son sol, ses bras, son Industrie. Les acquisitions qu'elie fera, les proce- des nouvcaux qui y seront importes, les mines qu'elie ouvri- ra, etc., seront autantde sourcesoi'i les Anglais viendrontpuiser aussi bien que les Irlandais, lorsque les deux nations n'auront plus d'interets distincts, et par Consequent opposes. Tons les efforts du gouvernement, des amis de I'ordre et de la patrie doivent avoir desormais pour but de faire dispa- son execution complete, dans cette conliee, que tres-Jentemcnt, en sur- niontant de grands obstacles. 11 sera peut-ttie indispensable de rccou- rir a d'autres lois pour vaincrc la force d'inerlie que les niecontens oppo- sent lois. Plusieurs anuses s'ecuuleront peut-etre avant la premiere elec- liiiii d'uo latlinlique aux corporations inunicipales. GoG DK L'EM\NC1PATI0N DES CATHOLIQliES railro lollc opposilion cntrc les inlerets des deux peiiplcs. Pour y parvcuir, il I'aut sc rapproclier, s'eulerulrc ; el, poui' &{rc l)icii certain que I'ou s'cst entendu , commencer pai' dis- nitcr. Qu'uue lice soit ouverte a ecs combats des teins paisi- bles, qui teudent a unir les coeurs et lesvolontes, au lieu d'ex- citerdes troubles et de preparer do nouvelles gucrrcs. Ce sera par ces moyens que les idees prendront une direction natio- iiale, que les preventions s'adouciront par degres, que le sen- timent de la patrie dominera loutes les autres aflections, el qtie I'on sera toujours prct a sc devoucr pour elle. Lorsque Ton a vu sc former des reiuiions de prolestans liberaux et de catholiques, pour des projets de bienfaisance et d'econo- niie, comme le cceur des amis de I'lrlaiule a ete dilate d'es- perance ct de joic ! Ces reimions preludaient a Tela I d(; bieu- veillance uniYerselle , d'harmonie civique, dout I'acte d'e- mancipalion nous garantit la duree. Honneur a ces bonimes qui, s'elevant au-dessus des prejuges de leur pays et de leur caste, enlrerent dans la voie des ameliorations par la seule impulsion do leur conscience et d'une profonde conviction ! lis sont , pour leurs compalriotes, desmodeles bicn dignes de trouver des imitateurs. Un des effets du jjill d'omancipation sera de simplifier I'or- ganisation de I'Etat, de la reudre plus analogue a cellc des societes europeennes, toutes composees xl'elemens dc nieme nature, et soumises aux niemes lois. Cette simplification lais- sera penetrer plus de lumieres dans radminislratiun intc- rieure, et revelera, dans la legislature, des vices et des abus ausquels on ne faisail pas allention, au milieu des emjjarras dont on clail environne. Lorsqu'il ctait question de I'lrlande, les calboliques venaient occuper la pensee du gouvcrnemeul, ct I'aisaient perdre de vue ce dont il s'agissait. Si le malaise toujours excessit' de cette population suspecte cxcitait quel- ques mouvemens desordonnes, on avail recours aux mesures severes, remede universel, quelles que fussent les maladies, (luelquefuis, cependant, I'autorilc laissait respircr les mal- EN ANGLETERRE. 607 lioureux Iilnmlais; mais alors memc clle ceilait a la compas- sion, an lieu d'obeir a la justice : or, on sait qu'en politique et en aiiministration, un peu de justice fait beaucoup plus de bien qu'une grande generosite. II senible pourtant inoins facile d'etre juste que de dcpasser la limite de Tequite, et de devenir genercux. Ainsi, par exemple , apres que les nego- cians anglais eurent obtenu Ic monopole du commerce des laines de I'lriande, on crut devoir oflVir nne compensation au pays dont on violait evideuiment les droits; on essaya d'y introduire les I'abriques et le commerce des toiles et des etot- les de soie; etce ne fut pointsans une sorte de siicces, quant aux toileries. L'Irlande en ressentit de bons effets; mais ils coCitaicnt beaucoup, et ne suflisaient pas aux besoins de tra- vail qn'eprouve un pays surcbarge de population. L'entre- prise des fabriques de soie ne fut qu'une fausse speculation, et les ouvriers qu'elle empioya dcvinrcnt un douloureux exemple de misere sans ressources ct sans esperance ; rien ne pouvait les tirer de I'excessive pauvrete a laquclle ils etaient reduits. L'Irlande si souvent agitee et toujours mal gouvernee reu- nissait tout ce qui pent aggraver le malaise d'une nation, et par consequent I'inegalite des fortunes y ofFrait des contrastes encore plus clioquans qu'en Angleterrc el danS les pays oii le peuple n'est pas opprinie. Une multitude de classes devorantes laissaient a peine aux prnducteurs les alimens indispensables pour les mettre en etat de continucr leurs travaux. II faiulra du terns et de I'habilete pour porter remede a taut de'maux. Une legislation reparatrice rencontre dans sa marche une foule d'abus convertis en droits, d'intcrets alarmes, de pre- tentions et de reclamations ; sa tache est des plus penibles ; et, lorsqu'elle est accomplie, aucnn autre service rendu a I'Etat ne merile plus d'eloges. Avanl que ce grand travail ne soil termine en Irlande, portons encore nos regards sur I'etat de ce pays au moment ou sa regeneration est preparce. Parmi les classes devoranle? dont I'lriande etuit la proie , tioS DK L'l5;MAiNClPAT10N DES CATHOLIQUES Ic clei'ge prolestaiit occiipc le premier rang. Ses richesses y surpassaieiit toul ce que I'hisloire pourrait en rapporter, et ce que Ton voyait dans les autres Elats Chretiens. Les cathoii- ques supportent presque souls les charges enormes iinposees parceclerge; et, dc plus, I'enlretien des minislres de lour culle est li leurs fniis; il ii'est done pas elo-iiiant que le fisc ne put rien tirer d'un pays ausei cornpletemeiit ruiiie. L'acte d'oniancipaliou doiinera, sans doule, les moyens d'introduire quclques reformes dans ces al)us ; c'est un dc ses plus grands bienfaits. Unacte recent du parlenient a prelude a ces reformes, euchargeant les proprietaires dcs terres de payer la dime qui, auparavant, elait a la charge du fermier; mais le soulage- ment des cnltivateurs ftit plus apparent que leel , parce que les proprietaires elevercnt le pris des I'ermages en laison de rinipol de la dime (ju'ils devaient acquilter. Toutelbis le plus grand mal que I'opulonce dn clerge ait fuit a I'lrlande vient de la concentration des revenns outre les mains d'un petit nondire, qui en profitent pour satisfaire des ambitions de fa- mille, en sorte que la classe aristocratique ropoit un ac- croissement continuel , nouvelle surcharge pour le peuplo. Au reste, le fleau des dimes afllige rAngleterre protestante, aussi-bienque I'lrlande catholique; mais les niaux qu'il cause sont plus sensibles dans ce dernier pays : II est done vrai- semblable que la loiqui en delivrera lout I'empire Britannique sera une concession que la legislature croira devoir I'aire a I'opinion publique, dans les trois royaumes. Les proprietaires lai(|ucs de I'lrlande y sont trop interesses pour ne point dosirer cette grande reforme; le clerge catholique protostc qu'il no s'y opposera point ; et, si Tascendant de I'opinion publique dans les trois royaumes parvient a determiner le pouvoir legis- latif, c'est en Irlande que la loi renconlrera le moins d'oppo- sition (i). (i) Dans ce inoineril, la reforme dont il s'agit seiait prematuree, et se- lait peut-elrc leutec vaincniont jiai' le minislcre le plus fort et Ic plus EN ANGLETERRE. 609 Je n'omettrai pas de faire mention de I'un des plus grands bienfaits du bill; les Irlandais auront done enfin leur part dans I'education publique ! Jusqu'a present, le gouverneinent sc donnait plus de soins pour les convertir que pour les cle- ver. Rien de ce qui caracterise leur religion ne pouvait etre enseigne, ni pratique dans les ecoles de I'lrlande. L'esprit de proselytisme avait mis en ceuvre les moyens les plus efficaces d'enlever les enfans a la foi de leurs peres : ce tut dans cette intention que Ton etablit, des les premiers tems de la reforme, des ecoles dotees ^charter schools ) et I'hupital pour les enfans abandonnes. Et meme, iln'y a paslong-tems quelesdirecteurs des ecoles nationales [Socielc de Kildare Street), sous pretexte de repandrela connaissance de I'Ecriture-Sainte, declamaient, dans leurs conferences, contre les devoirs que la religion ca- tholique impose a ceux qui lui sont attaches, en sorte que les ministres de cette religion defendirent a leurs ouailles de profiterde cette instruction. Etces etrangespredicationsavaient lieu dans un tems oii la liberte et I'independance des opinions religieuses ctaient coujiderees comme un dognie politique d'une verite incontestal)le ! Ainsi, I'enorme budget vote cha- que annee par le parlenient pour I'instruction publique en Irlande ne profite guere qu'aux protestans; et, si des ca- tholiques envoient leurs enfans aux ecoles publiques, c'est parce qu'ils sont trop pauvrespour leur procurer de I'instruc- tion par une voie qui ne compromette point leur salut pour I'eternite , ou parce que I'etat de dcpendance ou ils sont pcrseverant. Les classes aristocratiques, qui nomment aux benefices et qui le plus souvent en disposent k leur profit , les defendraient avec opi- niatrete ; et les fruits qu'elles en recueillent nieritent en elTet qu'on se donne quelqiie soin pour les conserver. II n'y a que la plus imperieuse necessite qui puisse faire consentir k un aussi grand sacrifice. D'un autre cote , le peuple d'Anglelerre n'est pas encore assez miserable pour as- pirer unaniniement a un autre etat de choses ; on n'aurait point dans les sentimens, les volontes et les demarches I'accord n6cessaire pour les faire reussir. C'est ainsi qu'avant cesdix dernieres annees, lesopinionsn'etaient pas encore mOres pour I'emancipation. T. XLH. JBiN 1829. 3g (M.) I)K L'KMANCIPATION F)ES CATHOLTQUKS los confraint a ce sanilioe sf peniblo pour leurs scnlimeiis reHfiionx. La porscculion si prolongce que Ics catlioliqiHCs ir- landais out siipportoe a dounf! a ccs sentiniens line vignetir c( line exaltation qu'ils n'ont point dans les pays oOi le catholi- c-ismc est dominant on tolerc conmie loiites les sectes chre- ticnncs; Ips Irlandais onl cto plus p.'vpi'stes, plus nltramonlains qu'on ne Test en TEspagne, a Roinc : ils niodereiont enfm cot cxcesdezelc, et dcviendrontiaisonnables; ce qui sera encore nn des bienfaits de remancipatiorr. Commeles protestan-s n'au- ront plus les moyens de continuer la gnerre avec nn avan- tagc decide, ils finiront pat- offrir la pait, de penr d'etre re- diiits a raccepter. Venous maintenant a V ahscntimie , autre (lean de I'lrlande qn'if n'efit pas ete possible de nioderer, sans le bill d'c- inancipation. En oflet, rien n'invitait les grands proprietaires a resider en Irlande : la plnpart d'entre eux etaienl anglais, ct detenteiirs de biens confisques; nne ile jetee a rextremite occidcntale de I'Europe, oi'i rien n'attire les etrangers, ne pouTaii etre un sejour agreable , surlout quand elle setrouve dans le voisinage d'un pays plus lieureux et plus civilise; le gonvernement n'y reside point, et Tambition devait se rap- procher du pouvoir qui distribue les faveurs, les distinctions, les euiplois. Ajoutons a tout ceci la mauvaise administration EN ANGLETERRE. 6ii heiireuses consoqiienccs do la noiivello situation de I'lilande se font deju sculir dans les grandes villes. Les calholiques prennent de la coiifiance, ct se reposent sur le gouvernement, quant aux moyens d'achever sa noble entreprise. Le minis- tere ne demeurera point au-dessous des esperances qu'il a lait concevoir : il ne reservera pas tousles eniplois et tous les cnt'ouragemens pour uue faction qui ne I'aime point ; il sen- tira tout ce qu'il y a de glorieux pour des houimes d'Etat dans les benedictions de plusieurs millions de leurs compa- Irioles. Tliomas-C harks Morgan.- \ www VVVXiW WV VW VW WV V^t' WWV WW v^/v vv\ VW VW \ \ IT. ANALYSES D OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Vekhandelingen van het BataviaaschGenootschap vanKuns- TEN EN Wetenschappen.^ — Memoircs de la Societe d'artsetde sciences de Batavia. Troisi^me edition. Vol. i-xi (i). , SECOND ARTICLE. (Voyez Rev. Enc. , t. xli, p. 65-8o). Je vais rassembler, dans cet article, les principaux len- seignemens que nous louinissent les Memoires de Batavia sur les autres lies de la Sonde et de la mer qui environne cet Archipel. ILE DE BORNEO. Des decouverles attendent les voyageurs qui scront assez henreux pour penetrer dans I'interieur de cette vaste ile , sans eprouver d'obstaclesdela part des tribus ferocesqui I'habitent, et des pirates malais qui infestent les cotes. Peut-etre s'est- on exagere les dangers de ces excursions; les Chinois, qui ne passent pourtant pas en Asie pour la nation la plus brave, visitent Borneo depuis des siecles, et y possedent des eta- blisseniens considerables. L'bistoire de I'ile nous est encore inconnue; quelques decouvertes, faites par les Europeens, prouvent qu'elle offrirait de I'interet. On y a trouve d'an- ciennes villes detruites, des mines de temples, des debris de statues, et, ce qui est encore plus curieux, des inscriptions dans une langue inconnue aux habitans actuels de Borneo. Dans des terns anciens, les Chinois et les Japonais paraissent avoir eu beaucoup de relations avec les insulaires ; et cela seal feraitpresumer qu'il regnait un certain degre de prospe- (i) Batavia, i825-i8?.6; impriin. nation. Onze vol. in-8», avec Planch. SCIENCES PHYSIQUES. 6i3 lito dans cette He, aujourd'hui plongee dans la barbarie ; car d«s peuples aiissi industrieux que les Chinois et les Japonais ont dQ repandie leur goQt et communiquer leur activite auN lies voisines; assurement, ils ont eu des colonies florissantes dans une ile qui leur offrait ses mines d'or a exploiter; ils ont du jouer, dans Borneo, le role que les Phenicicns et les Carthaginois ont joue anciennement en Espagne. Leur se- jour est atleste par de vieux vases en porcelaine , surtout des jarres, que les indigenes, dans I'interieur de I'ile , re- cherchent beaucoup et achetent a de hauts prix, parce qu'ils supposent que ces jarres ont servi a contenir les cendres de leurs aieux. II est de fait qu'on deterre de pareilles jarres dans diverges contrees de I'ile. Les Anglais, pendant qu'ils occupaient les colonies hoUandaises, avaient commence a re- cueillir les vocabulaires des tribus indigenes de Borneo ; il leur a semble que leur idiome avait beaucoup d'analogie avec celui des tribus disseminees dans les pays de Camboje, de Chiampu et de Laos, et peutetre (je transcris ici la conjec- ture de Rafiles) ce langage se trouve-t-il repandu encore dans d'autres iles et contrees du sud-est de I'Asie, s'il n'a pas cede la place au Chinois, ou aux langues qui ont dCl provenir du melange des Chinois avec des peuples insulaires. D'apres tout ce qu'on apprend de la barbarie horrible des Dayacs, ou indigenes de I'interiein- de Borneo, on doitregret- ter que les Chinois n'aienl pas colonise autrefois I'ile entiere, et n'y aicnt pas porte la civilisation au point ou elle est par- venue dans leur propre pays. C'est siu-tout chez les mon- tagnards de I'interieui- que I'epouvantable usage de la rhasse aux hommes, repandue malheureusement aussi dans d'autres iles, s'exeice avec le plus d'activite; et (|uan(l on pense que peut-etre cet usage existe depuis des milliers d'annees , sans que rien en ait jamais arrete les effets sanguinaires , on ne pent que plaindre I'espece huuiaine d'etre exposee a cette ferocite des sausages. Un membre de la Societe de Batavia. Hadermacher (i),donne sur les nioeurs Ae?. Dayacs d'assez (i) Description He Borrteo, dans li' tome II. Gi4 SCIENCES PHYSIQUES. Jimplos J('luils, pour lesfjiiols it a profile «.Iu journal dc voya<;c crun autre Hollandais, nomine Palm, qui penetra, par La- dak, chez les Dayacs, en 1779. D'aprisce voyageur, les Dajffr.sappeles aussi Biadjos, n'onl prcsquc pas de gouvernenient, ni de religion; ilsvivent en fa- milies avee Icurs esrlaves, dans de grandes cahancs de bois ; (juclquelois une ceiilaine d'indivileine d'interet a el<; couimuui;ii'l. o. {9) Dcscriplion de Suniulra, dans le toino U I. SCIENCES PHYSIQUES. Gic) dies vencricnnes ; les enfans monies en sont infectes. Dans les monlagnes, c'est le goitre qui aflligc les habilans. On a, dans le Paltnibang, le gout du commerce ; et comnie ce goQt exige des relations amicales avec les etraugers, ceux-ci ont toujours ete bien accueillis dans le royaume ; de la ce melange d€ nations dont les cotes piesentent le spectacle varie. Le roi He leve point d'iuipots sur ses sujets; raais il en leve sur le commerce avec le dehors. VoUa pourquoi ces souverains , d'ailleurs si absolu* dans leur voloute, si fiers de leur dignite, ont toujours voJontiers traite avec les Europeens. Cependant, les HoHandais avaient d«ja troiive moyen , dans le dernier siecle, d'exclure les autres nations, en etablissant une lege ou factorerie aPalcmbang, et eti forcant le roi a promettre de ne pas laisser commercer d'autres luiropeens dans son royaume. M. Radermachcr peint, soms des couleurs odieuses, les mollalis ou pretres arabes; il dit qu'ils sont le fleau d'un pays qui, pour e«x, est un paradis terrestre. Pa*- leurs jongleries, ils se sont enipare de la confiance des habitans , et les di- rigent a leur gre et selon leur avantage personnel : en faisant le commerce, ils sont exempts de tons les impots. Le roi se montre deux fois par semainc en public; le reste du tems, il demeure enlei-me dans son palais, oii il est servi par des fem- mes ; on ne laisse penetrer dans I'interieur d'autres hommes que ■des portcurs d'eau ; ce soiit des gens des montagnes de Blida, dont la simpiicite et I'esprit borne ne donnent aucun ombrage a la COUP, et qu'on renouveUe d'ailleurs chaque mois; c'est une espece de conscription imposc-e a la province de Blida. Tows les grands fonctionnaires sont occupes a extorquer de I'argent a la nation, et a s'enrichir anx depons de leurs subor- donnes. M. Radermacher paHe aussi d'une charge publique qui, a ce qu'il croit, n'a pas de semblable dans le monde ; c'est celle de chef des volenrs privilegies. Notre autenr bol- landais assure que, dans le Palembang, les voleurs fonneirt tnie espere de caste, appelec les sumbamis (en hollan- dais, sumbanmarcscn) ; ce sont, pour la phipart, de pauvre- esclaves, apparleuant ;i des habitans dc Palembang. Ces hnin- 620 SCIENCES PHYSIQUES. mes barbares et audacieux so laisseiit employer a tout , ineiiic iiux ineiirties ; ils volcntavec uiie eftVoiiteiie iiicroyable, tant le jour que la nuit. Leurs niaitres out une part dn butin; le chef dcs sumbavais a an?si la sienne, et (:elui-(;i partage a son tour avec le grand-fiscal du royaume. Qiiand on les prend sur le I'ait, on les condamne souvent a avoir les pieds ou les mains coupes; le plus souvent, quand les personnes lesees menacent de poursuivre, et quand I'affaire devient grave, le chef des voleurs s'engage i\ faire retrouver I'objetvole, etalors toule poursuite cesse. L'auteur hoUandais cite un autr« usage singulier, qui donne, dit-il, an roi le moyen de confisquer les plus riches proprietes sans avoir I'apparence d'un spoliateur. Quand il a eleve quelque personne riche a la dignite dc son tresorier, toute la propriete de cet individu se reunit an tre- sor : il devient le dispensateur des bienfaits de la couronne ; mais il n'a plus de propriete particuliere ; tout son bien est identifie avec le domainc royal ; k sa mort, il ne pent disposer de rien. On voit que plus le roi peut lui donner de succes- seurs, plus son tresor grossit. A la cour, on parle le haul javanais; I'idiome du peuple est un melange de malai et de javanais coimnun, qu'on ecril en caracteres malais. Aureste, les Palenibangeais ne font pas beaucoup d'ecritures; ils n'ont point d'annales; I'Alcoran est presque le soul livre qu'ils connaissent : autrefois les juge- uiens et les coutuines se conservaient par tradition. Il y a une cour civile et une cour spirituelle ; pour les Chinois, les Ja- vanais et les Malais, on a etabli des juges particuliers , (|ui leur rendent la justice d'apres leur droit national. Quoique les HoUandais eussent, au dernier siecle, beau- coup d'autorite a Palembang, ot que leur factororie ffit bieu vue parle roi, on ne leur permcttait pourtant pas de penelrer dans I'interieur; ils ne ponvaient guere aller an-dela d'lui quart de licue de leur loge, en sorte que le pays hant leur etait a peu pres inconnu; seulement, ils entendaient dire que ce haut pays etait gouverne par les princes de la fainille royale et par les grands dc la cour. qui pourtant se gardaient bien (l'\ sejouruer, et qui envoyaieiit a lein- place SCIENCES PHYSIQUES. G21 ties fonctionnaires subalternes ; on disait que , dans les mon- tagnes, il y avait encore des hameaux occupes par la race indi- gene, depuislong-tems soumise par les Indiens et Malais. Ces indigenes cultivent la terre qu'on leur a laissee ; ils sonl pau- vres et peu consideres. Quelquefois, iin proprietaire issu de cette race primitive vient faire sa coiir au roi de Palembang; mais telle est la deconsideration de la race oppriniee, qu'on ne lui accorde pas seulement la permission d'avoir un para- sol , permission dont usent tous les gens de la race victo- rieuse. II est probable que , pour ne pas s'exposer a cet af- front, les aborigenes aiment mieux vivre obscurement dans leurs hameaux des montagnes , a moins que le besoin ne les force de solliciter a la cour quelque acte de justice ou de fa- veur. Nous allons maintenant nous occuper d'line notice sur Pa- lembang, due a M. Van Sevenhoven (1), en 1822 et 1835, com- missaire hollandais dans ce royaume, qui a subi une grande revolution en 1821. Pen d'annees auparavant, le roi ou sul- tan Mahmoud-Badar-OEdien avait chasse les Hollandais, et s'etait mis en etat de defense. Les Pays-Bas ne furent proba- blement pas fuches de cet accident, qui leur fournit un pre- texte pour s'affermir a Sumatra ; ils firent une expedition centre Palembang. Le sultan se defendit avec beaucoup de courage; son palais ou kraton etait change en forteresse ; les bastions en ctaient herissees de canons ; les grands de la cour dirigeaient les batteries; mais les Hollandais avaient prudem- ment tire parti de la discorde qui regnait dans la famille du sultan , dont un des fils fut d'intelligence avec eux. Malgre les cent dix pieces d'artillerie, le palais fortifie fut pris, le sultan detrone , la domination des Pays-Bas etablie , et le fils cadet du sultan mis a sa place , mais sous le bon plaisir des Euro- peens, et pour etre leur vassal. M. Van Sevenhoven donne une idee deplorable de I'etat moral de la nation du Palembang, il I'epoque oi'i les Hollandais la subjuguerent : la plus grande misere regnait dans ce royaume, si richement dote par la na- (1) Description de la capitate du Palembang, dans le tome IX. G2Z SCUvNCES PHYSIQUES. liur. ; !c poivrc, le sucre, Ic calcjle tabac, I'lntlif^o, les plus beaux iViiits des contrees tropicales y prospeienl moycnnaiil (in pen do oultuic; Ic haul pays donne de la poiidic d'or, de la laqiic, de la lesine , du ])enjoiii, t\u sang-dragoii. Qiiaiul Ics rois possedaient encore I'ile de Banoa , ils avaient I'etain en abondancc. Les jonqiies cbinoiscs et les prabs dcs Malais entrenl sans cesse a rcmljouebure du Moussy pour Irafiquer avecles Palembangeais, et pourtantoa etait miserable dans cc royaume : le tresor etait epuise, et la cour sans rcssource; c'est que le despotisme avail tari les sources oi'i de sages ad- ministrateurs auraient pu puiser long-tems. Le roi donnait des terres en fief aux priays ou nobles ; ceux-ci extorquaient le plus qu'ils pouvaient des mangos ou villages qu'on aban- donnait a leur lapacite. Chaque navire, cbaquc l)ateau qui abordait a Palenibaug elait ol)lige de donner un present an sultan; les grands lonctionnaircs en cxigeaient a leur tour, et le commerce exterieur, qui aurait dii enrichir le tresor, n'etait qu'un motif de vexations : les Hollandais entendenl mieux leur avantage, et M. Van Sevenhoven assure que leur douane fait I'admiration de tout Palembang. Le commissaire des Pays-Bas nous introduit dans la so- ciete des Palembangeais, et nous en fait connailre les diver- ses classes. On distingue dans ce royanme les priays, ou les nobles et le peuple; les nobles eux-memes ont plusieurs rangs. II y a d'abord les pangheratis, dont le litre est ac- corde par le roi, el ne pcut se transmettre. La deuxieme classe est celle des radius ; on donne ce litre aux fils des pan- ghcrans qui onl epouse des filles de leur caste; si, an con- traire, un pangheran se mesallie, en epousant vine fiUe dn peuple, les (lis lombent dans la Iroisieme classe, qui est celle ilesmaas agus. Ordinairement, les priays onl soin d'epowserdes filles d'une caste snperieurea la leur; ces feuimes sontcepen- danl Ires-fieres de lenr origine, et jalouses de leur anlorite; il y en a qui nc daignent adresser la parole a leur n)ari qu'en langage du peuple, c'cst-a-dire en mauvais malais, tandis (|ue le niari leur paric respectuensement en haul javanais, on en langage de cour. (]es fcmmes ne souffrent point dc con- SCIEiN'CES PHYSIQUES. Gua cnbines, et M. Ic commissaiie des Pays-Bas s'eteiid longuL'- tnent sht les tribulation&qiie leiir orgiieil et leirr jalousie cause aux pauvres maris qui ont voulu s'ailier aux hautes caster. II est ATai que tes priays rendent a leiirs intorieurs le traite- nient hautain qu'ils essuicnt de la part de leurs femmes. La justice et les cgards sont choses peu communes a Palembang; I'arbitrairc et la corruption y regnent ouvcrtement, et on ue voitpas que le cbangement de dynastie ait, sous ce rapport, ameliore la situation du peuple. Les Chinois, qui procedent ici avec la ruse prf)pre a leur nation, se servent d'un boa moyen, quoiqiie un peu couteux, pour n'etre pas trop vexes dans leurs aft'aires. Quand un priay a commas quelque exac- tion a leur egard , ils vonttrouTerson superieur avec des pre- sens ; a la vue du cadeau , le priay se montre aussitot dis- pose a donner tort au fonctionnaire suballerne. Si les Chinois s'en rapportaienl a rimptirtialite des juges, on ne leur ren- drait jamais jnslice. La religion des Palembangeais se reduit a quehpies pratiques musulmancs et a un grand fond d'idces superstitieuscs. Le gout des lettres et de I'instruction est a pen pres nul. Lc suitan detrone faisait exception a la regie ; 11 avait une bibliotheque. Apres sa chute, on disposa de ses iivres; les Arabes vinrent en demander quelques-uns; aucun Palembangeais n'imita leur exemple; un seul habitant vint demander im Koran. Depuis que les Hollandais exercenl la suzcrainete a Palembang, quelques indigenes ont commence a ecrire le malais en earactereseuropcens. M. van Sevenhoven pense qu'on pourrait facilcment habituer les fonclionnaires de.. ce royaume, comme ceuxdeCheribon, a ecrire leurs rapports de cette maniere. Onvoit qu'il n'y avait point d'ecriture pour la langue du pay?,avant I'arrivee des Hollandais, puis- qu'il a faliu emprimter celle des Europeens. Chez ce peuple, I'instruction devra done commencer par les premiers elemeus de toutes les eonnaissances. lis montrent beaucoup d'aptitude pour les arts mecaiii- (pies : on remarque dans leur maniere de conslruire le gout (k-. ornemens : ils laconnent Ires-bien le fer, le cuivre, I'elaiu, I'i- ^t)24 SCIENCES PHYSIQUES, voire; ils fondcnl des canons, ils l'ourl)issent des ariaes piesque mieux qu'oii ne le fait a Java ; ils eulendent pai laitemcul I'art de bosseler I'or et I'argent. Leiirs femmes brodent supcrieu- rement en or ou en fds de couleur ; le goOt des travaux meca- niques se maniteste dans toutes les classes : do simples pe- cheurs sculptent aveo un art etonnant , en os de poissons, les manches des cris ou poignards doiit s'arment les ri- ches. Ils aiment aussi le commerce, et plusicurs priays ne A'ivent que du benefice de leurs bateaux de trafic. Cependant le principal commerce de Palembang est entre les mains des etrangers, surtout le commerce maritime. Les Chinois et les Arabes etablis a Palembang procurent aux indigenes les mar- chandises, et ceux-ci les transportent et les debitent dans I'in- terieur du pays, qui parait etre encore, comme du tems de Radermacher, peu accessible aux etrangers; ils rapportent de I'interieur des productions que les Arabes et les Chinois pren- nent a leur tour pour les expedier au dehors. Cependant le commerce de Palembang est loin d'etre au point oi'i il pour- rait parvenir. Ce royaume est parfaitement situe; il corres- pond facilement avec la Chine, le Bengale, avec les Molu- ques, avec Java et Borneo. Son sol est fertile, ses forets don- nent d'excellens bois de construction. Avec le goOt de I'agri- culture et du perfectionnement social, Palembang prendrait un rang distingue parmi les Etats asiatiques. M. le commis- saire des Bays-Bas nous fait esperer que ces changcmcns heu- reux s'effectueront sous I'influence des Europeensqui out ren- verse le trone despotiquede Mahmoud-Bahar-OEdien; cepen- dant, comment cette misere generale, cette apathie, ce dela- brement de la ville pourront-ils etre changes, si le gouver- nement des Pays-Bas ne fait pas des demarches actives et prononcees pour ameliorer la condition du peuple Palemban- geais par lesbienfaits de la civilisation europeenne PLesgou- vernemens qui opcrcnt des revolutions chez les peuples bar- bares se chargent d'une grande responsabilitc; car, tout le mal qui continue de subsisler, tout le bien qui ne se fait pas, se change en acciisation contre eux. Qu'importe au peuple SCIENCES PIIYSIQDES. 625 Palembangcais, que »on veritable souverain soit le sultan Mahmoud ou le roi ties Pays-Bas, s'il ne {^^agne pas en bien-etre ce qu'il perd en independanee ! Siir la cote occidentale de Sumatra, il j a une contree ot'i li's Eui-opeens doniincnt depuis long-tenis, c'est Benkcelen, dont le chef-lieu, connu sous le nom de fort Marlborough, contient 1 2,000 habitans, tant Europeens que Malais, Chinois, Bengalais, Javanais, etc. Tout le paysencompte 8o,ono. Cctte colonic a ete visitee et decrile par M. Naiiuis (1), en 1835 pendant la domination anglaise; depuis ce tems, Benkcelen a ete cede aux Pays-Bas en cchange de ce que les Hollandais avaient possede dans la presque ilede Malacca. Les Anglaisen avaient fait un lieu de deportation pour les criiliinels de I'Inde ; suivant la nature des crimes, les uns etaient condamnes aux travaux forces, tandis que d'autres etaient libres, et pouvaient cultiver la lerre pour leur comple. Plusieurs de ces bannis avaient une occupation qu'on nc s'attendrait pas a voir excr- cer par des deportes, celle d'usuriers : ik pretaient a d'eiior- mes intcrets aux indigenes ; il faut que ceux-ci soient dans luieprofonde misere pour avoir besoin derecourir a des depor- tes. M. Nahuis nous revele de grands attentats commis con- tre les droits de rhumanitc dans cette colonic. D'apres les usages du pays, un creancier a le droit de faire de son debi- teur un serf ou un esdave tant que celui-ci nc pent s'acquit- ter envers lui. Aussi, voit-on des malheureux qui passent une partie de leur vie dans i'esclavage faule d'avoir de quoi sa- tisfaire leurs creanciers. Cct usage barbare sujjsiste generale- nient dansITnde; on le trouve chez d'autres peuplcs non civi- lises; et dans le moyen age , la France menie s'y conformait. A Montpellicr, le deljiteur insolvable etait livre a son crean- cier (2), et, sous Philippe-Augusle, les juifs de Paris tenaient (1) Esqitissc lie ficnhivlcn, dans le tume X. A. sou retour en Europe, M. Naliiiis a donne une nouvelle edition de son Memoiie. (2) Slalut dc la villc clc Monlpctlkr, M. S. dp la Ribliolhcqiie dii P,oi, n" 4656, petit in-fol. T. xi.n. .iriN 1839. 40 t^■A^ SCIENCES physiques. leurs dobiteuis enlVrmes dans leiirs niaisous (i). A Beiika-- len on appelle mungldris ces debiteurs esclaves, cl, comnie la ciipidite raffine les moyens d'elendie le cercle dc ses spocu- lalions, d'avides et cruels plantcurs introduisent du dehors 42 SCIENCKS MOKALKS jircteiulro i'l la doiniiialion, (pi'dlo raiisait poii de UMreiii' par «es moiiacos. Sa dolti; iiiiniense, le drclia dc son commerce, la soiiffranrc de son Industrie, le luxe insultant de ses grands, el la niisere de ses classes laborienses, tout semblait, lui disait-on, annoncer un Etat qui marchait rapidement vers sa decadence. Mais plus que toutes ces circonstances, il en etait une qui frappait les esprits obscrvateurs, comme condamnant I'Angle- lerre a renlrer dans le rang sccondaire dont le hasard Tavait fait sorlir. Dans le grand jeu de la guerre, les aulres Etals peuvent gagner des provinces qui ajoutenl a leur force : les conquetes de I'Anglelerie n'ajoutent qu'a sa iaiblesse. Les Fran- cais, quand ils etendircnt leur empire de Hambourg jusqu'a Rome, admirent tous les peuples conquisaux droits de ci- tojens francais : les Aufrichiens et les Russes , a leur tour, quand la victoire les a favorises, ont uni aux anciens, de nou- veaux Russes, de nouveaux Aulricliiens, dont les droits nc valent pas grand'cliose sans doute, mais qui du moins n'ont pas I'humiliation d'etre tenus dans une constante inferiorite. Les Anglais, au contraire , n'ont jamais su fondre dans leur nation un scul des penples que les armes, les traites, ou les successions leur ont donne. Dans leurs iles meme, les habitans de Jersey et de Guernesey, les Ecossais, les Trlandais, sont restes Normands, I^cossais, Irlandais. Le Hanovre est demeure aussi ctranger a I'Angleterre que le Danemark ; Gibraltar, Make, les iles loniennes, le Continent et les iles de I'Aiiieri- que, le Continent meridional de I'Afrique, I'immense empire des Indes, et I'empire naissant de I'Australasie, empruntent des ciloyens a I'Angleterre, et ne lui en rendent point; elle domine partout, elle ne s'associe jamais. Telle a ete, dans tous les tems, la fausse politique de toutes les aristocraties ; et I'Angleterre tient plus de I'aristocratie que d'aucune autre forme de gouvernement. Au raoyen age, Ve- nise, ville souverainc, gouvernee par une opulenle aristocra- tie, avail etendu ses conquetes s«r un vaste et riche territoire, dont les ressources avaient fait long-tenis sa grandeur, mais qu'elle n'avait jamais su incorporer a son Etat. La Dalmatie Er POLITIQUES. 043 el ses lie?, la Moree et partie de I'Archipel, Candie, et une moiliedela Lombardieobeissaient a larepublique; mais, le se- nat, pour se faire pardonner sa tyrannic, permettait I'inso- lence ;'i ses subordonnes. II avail prive les citoyens de Venise de toute liberie ; toutefois, il les laissait trailer avec hauleur les gentilshommes de terre ferme, ceux-ci oppriuiaienl leurs vassaiix, et tout Italien sujet de Venise se croyait le droit de nialtraiter les Tslriotes, les Dalmales el lesGrecs. Plus lard, la Hollande etendit ses conquStes comine son commerce dans les deux Indes, et elle aurait forme une grande nation si elle avail permis aux peuples conquis de de^enir lioUandais. Mais elle n'avait su transporter que de pelits tyrans a Cura- cao, i'l Surinam, a Batavia, aux Moluques : plus elle acquerait de colonies, plus elle devait depenser d'liommes pour retenir dans la dependance et la crainle on ses esclaves ncgres, on ses sujels indiens. D'autres aristocralies , moins celebres et moins puissantes, avaient commis les memes erreurs ; Genes t'lait toujours jalouse de ses sujets des deux rivieres, Berne de ceux du pays de Vaud. Venise et Genes, Berne el la Hol- lande succomberent au premier choc, parce que le no.mbre de leurs citoyens etait t/jut-a-fait disproportionnc al'etendue de leur ctat : le jour de I'Angleterre pourrait arriver aussi. Toulefois, I'aristocratie anglaise est eclairee par la publi- cite, landis que les aristocraties de Venise, de Berne, de Hol- lande, onl toujours cheri le mystere prolecteur des abus ; la nation anglaise a compris ses dangers : elle a triomphe de ses propres prejuges, elle a enlraine le minis tere et la moilie de Taristocralie elle-meme dans une carriere nouvelle ; le pre- mier pas, le plus difficile est dcja fait, par I'emancipation de rirlande : il ne s'agit plus que de conlinuer avec courage, de nalionaliser toutes les dependances de I'Anglelerre, d'en unir intimement les peuples avec les Anglais, et I'empirc britanni- que non - seulemenl reprendra le rang qu'il occupait il y a vingt ans dans le monde, il s'elevera bien plus haul encore, il sera tout a la fois le plus vaste. le plus florissant. et le plus populcux empire de I'univers. GV, SlilKNCMS MOnVLF-S L'Irlando elait pour los Anglais uiic pro\ ind- Imir a loin sujetle ou enncmie ; de droit, on I'avait unic a Tempire ; en fail, on la traitait en pa^'s de conqnete; on lui avail donne les lois de I'Angleterre, tandis qu'on Topprimait et qu'cn I'hn- miliait. Aussi , quoique avec son riclie terriloire el ses huit niillions d'habilans, elle fournit des vivres, des soldats, des inatclots, elle (tail bien pHis nn ohjet de teneur que d'espe- rance; les Irlandais enroles dans I'armee et la flotte, pon- vaienl tout a coup se lourner contre ieurs oppresseurs : en lossecondant ils les faisaient trembler. Aujourd'huideja, I'An- gletecre commence u sentir tout ce qu'elle a gagne de force reelle par un acte a la fois prudent et genereux. L'emancipation de I'lrlande est accomplie, et deja celle de rinde commence. Cette seconde fusion de deux peuples en un seul est bien pins importante encore; la premiere a donne hnlt millions de ciloyens de plus a I'Angleterre, la seconde lui on donnerailccnt millions; et ces nouveaux ciloyens, ces noii- veaux del'ensenrs de TElal , seraient des hommes civilises, in- dnstrieux, vaillans, etpossedantla plus belle desconlrees dela terre. La question de I'lnde devra se trailer de nos jours dans toute son immensite. La lutfe est engagee entre ceuxquiexer- cent la tyrannic sur I'lnde, et ceuxqnidefendent les droits des Indiens. Peut-etre les premiers maintiendront-iis lesabusdont ils prolilcnt, avec le mcme acharnement, avec les memes outrages contre Ieurs anlagonistes, avec le meme mepris pour rinterel de leur patrie, que nous avons vu deployer celle an- nee par ceux qui combaUaient I'oniancipalion de I'lrlande. Ceux, aucontraire, qui deniandent l'emancipation de I'lnde, a I'expiration de la charle de la Compagnie, en i855, n'an- noncent encore Ieurs pretentions que modestement, sans peut-etre en concevoir eux-memes toute la portee. Cepen- dant, une lumiere toujours plus vive eclaire cetle question; les avocals de I'emancipalion ne songeaient d'abord qu'a la li- berie du commerce, ils s'elevenl aujourd'hui a la liberie de I'homme, an perfeclionnenjent de I'espcce bumaine, et ils font Ions les jours des progres. S'ilsparlenl plus souvcnl aux inle- ET FOLITIQLI':S. 645 retsdouiesliqucselpecuniaires de Icurs coiiipati ioles qu'a leur conscience ou a leur patriotisme, c'est qu'ils ont ainsi d'autanl plus de chances de se faireecouter. Lesieformes sont lentesen tout pays, et surtout en Angleterre, aussi n'osons-nons nous tenir ^our assures que I'absurde et odieux gouvernement de la Compagniesoit aboli en i855, etqu'A cette epoque onassimile les Indiens aux Anglais, niais, du inoins, nous ne doutons pas qu'un grand eilort ne soil fait pour leur rendre une protection efficace et relever en eux la dignitc de I'lioniine. Si les autres nations del'Europe etaient animees par I'elroit et bas egoisme que n'ont cesse de professer la plupart des journalistes anglais en parlant des affaires du Levant, certaine- ment elles auiaient tout autant d'interet et, par consequent, tout autant de droit a empecher ramelioration de I'etat de rinde, que les Anglais pretendcnt en avoir a empecher rame- lioration de I'etat de la Turquie; elles pouriaient dire avec raison, que I'incorporation de I'Inde a I'Angleterre est bien plus dangereuse pour I'independance de I'Europe que ['incor- poration de la Turquie a hi Russie ; car, les forces acquises ainsi par le premier d-j ces deux etats seraient a la fois bien plus considerables , et bien plus disponibles ; ces puissances pourraient declarer qu'elles ne permettront jamais I'abolition de hi souverainete de laCompagnie, pas plus que le peuple anglais, si Ton veut en croire \e Times, nc perniet- tra jamais le demembrcment de I'empire turc. Une accession aussi prodigieuse de population , de richesse, d'iudustrie el de territoire, une accession qui donnerait a I'empire anglais cent vingt millions de citoyens, est de nature a inspirer de la crainte aux plus grands empires d'Europe, qui n'en comptent que de vingt-cinq k trente millions. Pour nous, nous repoussons de tons nos efforts cette poli- tique immorale, jalouse et cruelle qui s'oppose, en quelque lieu du globe que ce soit, aux progres de rhumanile. Parlout oil il ya du bieni faire nous souhaitcrons que ce bien se fasse; partout ov\ une nation^pourra se rendre plus puissante , en accordant a ses sujets plus de luniii-res. plus de verliis. plus 64t) SCIENCES MORALES de protection, plus de liberie, plus de droits, nous appraudi- rons a ses eflbrts, et nous dirohs a celles qui se sentiront lais- sees en arricre, a celles qui conrevront des craintes pour la balance des Etats, de suivre rexcniple des premieres, de donner dubonbeurileurs sujets pour se donneraelles-meuies de la force. Dans ce but, nousavons deja cherche (i), nous chercherons encore i associer le public francais a la grandc question de la liberie del'Inde, qui commence isedebatlre en Angletene. L'ouvrage, dont le litre est en tele de cet article, est un de ceux qui ont ete ecrits recemment avec le plus d'3me et le plus de connaissances pratiques en faveur des naturels de rinde. 11 justifie I'epigraphe que I'auleur a empruntee aux Es- sais de Bacon. « Je prends la bonte dans ce sens, avail dit ce philosopbe, c'esl de chercher le plus grand bien des hommes, c'est ce que les Grecs appelaient pbilantropie; de toutes les verlus, de toutes les dignites de I'anie, c'est la plus grande, c'est le caractere de la Divinite. Sansclje rhouime n'est qu'un etre affaire, dangereux, miserable, un insecte rampant sur la terre (Bacon, Essais,vol. 1 1, p. a8o). » M. Rickards a dedic son livre aux nalurels de I'Inde, « on gage de son souvenir re- connaist^anl, de soneslime et de sa consideration, dans I'espe- rance que la discussion sur I'Inde, qui nelarderapas a avoir lieu en pailement, aura surloul pour but d'assnrer, dans le gouvernement de leurpays, leurs inlerels, leur prosperite et leur bonbeur. » II dit de lui-meme :«J'ai vecu vingt-lrois ans aux Indes dans rinlimite de plusieurs indigenes; j'ai constamment vu, dans leurs actions, dans leur conduite, la pratique des verlus les plus ainiables; j'ai obtenu de plusieurs un attachement plein de reconnaissance : je les crois capables de toutes les qualites qui peuvent orner une ame humaine , et quoi- que je convienne de plusieurs des defauts qa'on leur impute (i) Voy. Revue Encychpedique, t. XXIV, decembre iSa^, ett. XXX, mai 1826. ET P0L1T1QCE5. (>47 ((Hid iiidividii, quel pciiple en est exempt l*),j'allnl)ue Les de- fauts a la liguciir du despotisinc sous Icquel ils ont si long- tcms gcuii, etqui, iiialheureusemeut, n'est encore que bicn peu allege, plutot qu'a une depravation naturelle, ou auxins- tituth6i)s qui teur scat particuliercs. » M. Rickards public son ouvrage par parlies separees, dont trois, I'orniaul un gros volume, ont paru succcssivcmenl. Ce sont, dit-il , autanl de courts traites (ju'il espere avoir plus de chances de laire lire ainsi detaches, que s'illes avail ot- ferls lout a la fois avi public. Dans la premiere partie , il exa- uiine quel efl'cta eu sur Ic peuple indien sa division en castes, pour arreter Ics progres de la civilisation. La couipaguie des Indes, pour faire adniettre la crojance que retablissement de son monopole etait le seulmoyen de gou- verner rinde et d'y conmiercei-, a Iravaille a accredilcr loujours plus une opinion deja fort universellementrepandue, savoir : que les Indous etaient necessairementstalionnaires, parce que tout, dans leur sociele , etait irrevocablemenl fixe par leur religion. La nation, a-l-ondil, etait divisee en quatre castes qui ue pouvaient jamais se meler. Les fils, attaches sans re- tour a la profession de leurs peres, ne pouvaient ni avancer, ni reculer; ils faisaient toujours la menie chose de la monie maniere, sans qu'il leur fiit permis de se conformcr aux be- soins ou au gout du niarche qui leur etait ouvert; leur noui- riture toute vegxlale , leurs habits de colon qui les cou.raient a peine, leur ctaient fournis par leur pays ; leur religion les obligeait a n'y rieii ajouter, a n'y rien changer. Des gens, au dire de la conipagnie, qui ne pouvaient produire que ce qu'ils avaient toujoins produit, qui ne pouvaient acheter que ce qu'ils avaient toujours achete, ne laissaient au cornmercanl aucune esperance d'un trafic croissant, pas plus qu'au mora- liste I'esperancc d'un dcveloppement inlellectuel; le melange des etrangers panni eux leur paraitrait une souillure, I'cta- blissement des Anglais dans leurs campagnes pourrail les pousser a la revolte , et pourrait faire perdrc a I'Anglelerre la domination dc I'lnde, mais il ne les riviliserait jamais. 6i8 SCIENCES MORALES ' II est curieux de voir, par la refutation Je M, Rickar(l:> coinbieii le gouvernement anglais, oomhieii I'Europe cntiere ont etc troinpes par ces di verses allegations, comhien I'lnde est phis rapproclice de la civilisation actnelle de I'Angleterre ou de la France, que I'Espagne , la Pologne ou la Hongrie; comhien ce people, qu'on disait stationnaire, est au contraire pvogressif; comhien sa niisere et son ignorance doivent etre atlrihuees non a lui-meme , niais i ses maitres , a ses con- querans Musulmans, ou au gouvernement oppressif de la compagnie des Indes. Dans le code Gentoo, en effet, on trouvc la division de la race humaine en quatre classes, les Brahmen ou pretres, les Cshatrya ou soldats, les Vaysia ou chefs d'induslrie, qui se partagent entre le commerce , I'agricullurc et la vie pasto- rale ; ces trois premieres classes sont nobles : on les designe par I'epithete de deux fois nes, ou regeneres ; la quatritme classe, les Soudra , est destinee a servir les trois autres; les ppeceptes du legislateur ne s'adressent point a elle. Mais le disconrs prelimiuaire du code Gentoo, et les lois de Menu,' tils de Brahma , publiees au moins huit cent qnatre-vingts ans avant Jesus-Christ, nous apprennent aussi qu'a cette epoque nieme , par un effet de la corruption des moeurs , ces classes s'etaient melees, de mani^re a faire naitre une race nouvelle, barvun-mnlier , composee d'une innouihrahle variete de cas- tes , qui loutes avaient perdu leur purele originelle, qui tou- tes demeuraient clrangcres aux regies de vie imposees seule- ment aux hommes deux fois nes, ou regeneres. Cette race nouvelle jouit d'une pleine liberie et s'applique a tous les me- tiers, a toutes les industries, sous la reserve de trois fonc- tions sacerdotales, reservees aux seuls bramines. En effet, la classe des bramines sc maintient toujours separee ; mais les trois autres classes piimitives ont presque absolument dis- paru (P. I, p. 5-28). En fait, entre les princes de I'lade, aujourd'hui le seul Paishwa est bramine ; tous les autres sont issus de classes " melees, barrnn-siinkcr ; toules les armees de I'lnde sont rem- KT FULITIQUES. 64<) plies de soldats de toiite denomination et de toules les castes melees ; de meme , ces dernieres ont envahi toutes les pro- fessions originairement reservees aux Vaysia et aux Soudra; on les trouve dans toutes les branches du commerce, de I'a- gricultiire, des arts, et dans le service domestique ; aussi toute demande croissante de travail, dans toutes ses branches, dans toutes ses varietcs, a ete immediatement satisfaite, mal-- gre cette terrible division en castes, dont on a fait tant de bruit (ibid., p. Sa). En outre, la population de I'lnde ne se compose pas seulement d'Indous ; les Musulmans, les Chre- tiens natifs, qui se disent Portugais, les Persans, les Arnie- niens et les Juifs forment une population au moins de 1 5 mil- lions d'habitans, qui n'a jamais etc soumise a la division en castes (ibid., p. C\o). Ces hommes libres, au milieu d'unerace asser- vie, auraient bieiitot envahi toute I'industrie et toutes les pro- fessions lucratives du pays, s'il y avait eu quelque verite dans la representation qu'on nous a faite dc I'liide. li est egalement faux que la religion interdise aux Indous toute nourriture animale; et d'abord, toute la grande masse de la population, qui se compose des castes melees, n'est sou- mise a aucune restriction legale, quant a sa nourriture. Ceux qui jouissent de quelque aisance , mangent, en general, de la viande chaque jour; d'autres, il est vrai, aftectent la pu- ret6 des bramines, et se contentent d'unc 'nourriture plus simple. Les Indous ont un marchc particulier a Bombay , qu'on voit abondamment fourni de nioutons, d'agneaux , de chevreaux et de poissons ; beaucoup d'Indous sont chasseurs ou pecheurs; la vache enfm est le seul animal qu'ils se refu- sent constamment a manger (ibid., p. 5 1). II est vrai queleslois de Menu , fils de Brahma , contiennent , dans les 56 premiers verscts du cinquieme chapitre , des regies revelees, quant a la nourriture des trois classes rcgcnerees. Celles-ci ne pou- vaient manger aucune viande qui n'eut pas ete offerte en sa- mfice, mais comnie , d'autre part, des sacrifices journaliers leur etaient presents, on pent dire que I'usage de la viande leur etait enjoint, bien plutot que defendu (ibid., p. 54)- 65o SClEiMCKS MOUALKS II y a done line grossieic cxagcratioii , ou plutot uiie gros- »i6rc imposture dans le tableau qu'on a fait dc la gene cons- tanle a laquelleles Indous sonl .soumis par leur religion. Loin qii'il leur soil impossible de sentir ftucun besoin uouveau , de s'appliquer a aucun nouveau travail , de faire aucun progres ou industriel ou intellectuel , des que la compagnie a permis aux Anglais de faire , sous des restrictions bien oppressives , quelque commerce dans I'lnde, oe commerce s'est accru avec une etonnante rapidite. Cette liberie ne date pour eux que de i8i3; i cette epoque, la compagnie exportait annuellemenl d'Angleterre pour la valeur d'un million sterling de marchan- dises, qu'elle distribuait enlre I'liide et la Cbiiie. L'liide seule a ete oiiverte an commerce des particuliers, ct leurs cxporla- tions se sont elcvecs, de i8i4 ;» 182G, d'undemi-million ster- ling a trois millions et demi (ibid., p. yo). M. liickards invoque enfin le temoignage de Tevcque dc Calcutta, Hcber , donl le journal a etc rocemmenl public, pour etablir que les Indiens sont un peuple progressit' et un peupte civilise. Nous croyons devoir a notre tour en citer quelques passages. « Dire qu'il manque aux Indous ou aux Musulmans ( c'est I'eveque qui parle ) aucun des traits cssen- ticls a un peuple civilise est une assertion qu'on ne saurait attendre de quclqu'un qui a vecu parmi eux. Leurs manie- res sont tout an moins aussi agreables, aussi polies , que ccl- les des gens de memc condition en Augkterre ; leurs mai- sons sont phis grandes, s'accommodant a leurs besoins et a leur climat , elles sont pour le moins aussi commodes que les notres. Leur architecture est au moins aussi elegaijle, leurs laboureurs, leurs marchands, leurs gentilshommes ne gagneraicnt ccrtainement ni en proprele, ui en elegance, ni en cominoditc, s'ils echangcaient leurs habits contrt; ceux des mOmes classes en Ecosse. Dans les arts mecaniquos, il n'est point vrai qu'ils soient inlericiirs iil a generalite des na- tions europecimes; si leurs instrumens d'agiiculture, et (\uv\- ques-uns de leurs nieubles domesliques ne valent pas les notres, ils valent ceux des habitans de Tltalie ou de la ET POLITIQUES. (55 1 France meridionale. Les tiavaux de leurs oiitvres, dc leurs Usserands, sont aussi beaux que ceux des notres ; loin d'etre obstinement attaches a leurs anciens modeles ^ ils montrent beauQoup d'empressement a iniiler Ics notres, et ils y rcus- sissent tres-bien. II est notoire que les vaisseaux batis par des constructeurs indigenes de Bombay sont aussi bonsqu'au- cun de ceux qu'on batit a Londres ou a Liverpool; les car- rosses, les cabriolets etablis a Calcutta, sont aussi elegans, mais non aussi durables que les meilleurs de Londres. Chez un riche joailler de Delhy , j'ai trouve des epingles, des pen- dans d'oreille, des tabatieres des deruiers modeles, ornes de devises francaises, et qui etaient son ouvrage » (Bishop Heber's journal, \ol. ii, p. 582.) «Les prejugcs religieux des Indous, dit-il ailleurs, et leur obstination a garder leurs habitudes, ont ete etrangemenl exageres ; quelques-uns des hommes les plus instruits de cette nation, avec qui j'en ai cause, m'assurent ([u'une moitie des habitudes remarquables de leur vie civile ou domesti- que, est empruntee a leurs conquerans 3Iahometans, et a present ils ont une disposition evidenle ,et qui s'accroit sans cesse, a imiter les Anglais en toute chose. Deja elle a pro- duit des chaiigemens notables, et elle en produira bien- tot sans doute de plus impt»rtans. Les riches indigenes aftec- tent tous a present d'orner leurs maisons de colonnes d'ordre corinthien, de les meubler al'anglaise, de nionter les meil- leurs chevauXj de parcourir les rues dans les phis brillans equipages de Calcutta. Plusieiirs d'entreeux parlent anglais tres-couramment, et sont assez verses dans la litterature an- glaise... Dans les journaux bengalais, dont il y a ici deux ou trois, la politique est fort bleu traitee, mais avec predilec- tion pour les opinions des 'Whigs ; et I'un de leurs hommes marquans donna un grand diner, il n'y a pas long-tems, en I'honneur de la revolution d'Espagne. Dans les classes infe- rieures la meme disposition se manil'este par une negligence croissanle des prejugcs de castes (ibid., vol. 1 1 , p. 5oC)). » « Le caractere commun de ce peuple, dit-il aussi, me (kla S(;iliNCl':S M01\ALi;S plait inlinimeiit; ils sont braves, courlois, intelligens, trcs- avides de coimaissaiices et de peiicclionnemons, et ils ont iiii talt'iit icuiarciuable pour la geonutrie, I'astrononiie et d'aii- tres sciences, aussi-bicn que pour la peiiiture et la sculpture (T. II, p. 4t>9)' J'"' passe quatre jours avec le raja de Taii- jore , prince indou , qui cite Fourcroy, Lavoisier, Linnee, Bull'on, en homme qui les connait bien , qui sait apprecier le merite de notre Shakespeare , et qui fait lui-meme des vers anglais fort superieurs a ceux que fit J. -J. Rousseau pour I'epitaplie de Shenstone. II faut\onvenir que c'est un homme extraordinaire (ibid. , p. 459)- » Ces citations, et nous pourrions les multiplier, nous font vivre an milieu d'un peuple civilise, d'un peuplc qui pent s'unir intimement , s'identifier avec un peuple d'Enrope, au- tant aumoins, mieux peut-etre que deux nations liniitrophes ne pourraient s'unir. La compagnie possede a peine ses plus anciennes provinces depuis trois quarts de siecle; elle u'a pas cesse de travailler de tout son pouvoir a empecher toute assi- milation, toute fusion des Indous avec les Anglais; jus(|u'eii i8i3, elle a exclu de son territoire tout Anglais qui n'elait pas dans sa dependance immediate; encore aujourd'hui, elle ne permet a aucun d'etablissenient stable ; et cependant tel est le progres qui s'est fait, malgre elle, dans un si court espace de terns. Qui pent douter que du moment que des lois egales, une protection egale, des droits egaux a ceux des sujets de I'An- gleterre, au Canada par exciftple, seraient accordes a tous les habitans de I'lnde sans distinction de race , I'lnde ne devint bien plus rapidement encore europeenne et anglaise ? Qui pent douter qn'un peuple si avance pour les arts, pour la lille- rature , pour I'organisation sociale, ne soit mOr pour un commencement de liberie politique, qui lui donnerait une patrie ? La seconde partie de I'ouvrage de M. Rickards, publice quelques mois apres la premiere , donne un precis des guerres et des revolutions de I'lnde dnrant les huit derniers siedes ; c'est un abrege de I'historien persan Fenshtah, qui vivail dans le Dekhau an dix-septii'inc siecle ', nous ne croyoiis pas ET POLITlOtES. 05" avoir jamais vit aillciirs lant d'hoireiirs, lanl (]<: massacres, acciimules dans un si petit nombre de pages. En publiaut ce precis, M. Rickards s'est surlout propose de montrer que le despotisme avail pese sans interruption sur I'lnde ; que les souverains memes, tcis que Bahcr, Akbar ct Aurungzebe, dent on a celebre la sagesse, la grandeur d'ame et I'huma- nite, ont souillc leurs regnes par des perfidies, par des cruau- tes monstrueuses ; qu'enfin, c'est a cette oppression et a cette ferocite non interrompues du gouvernement, qu'il faut attri- buer I'etat stationnaire des Indians, non a leur nature phy- sique ou a leur religion. Ce precis cependant fait naitre encore une autre pensee, que I'auteur n'indique pas meme ; c'est jjue , malgre tons les vices du gouvernement de la compagnie des Indes , les peuples qui lui sont soumis ont encore fait un pas immense en repoussant le joug de leurs despotes in- dons ou musulmans; que rien, dans son administration, ne ressemble a ces terns effroyables , oii des villes , des pro- vinces entieres, etaient condamnees aperir par I'epee; oii le vainqueur etait repute humain, quand il entrainait en escla- vage, dans les deserts de la Tartaric, quarante ou cinquante mille captifs, au lieu de les massacrer. Les derniers actes du desespoir des peuples etaient aloi's tellement communs, qu'ils avaient recu des noms vulgaires. On nommait xciilsa , la de- termination que prenaient tons les habitans d'une province de I'abandonner a I'approche des ennemis , quoique le plus souvent ils perissent tous en se refugiant dans les deserts ou dans les jungles ; on nommait joar, la determination plus ter- rible encore, de tuer leurs femmes et leurs enfans, de Ics bruler dans un commun incendie , ct de se jeter ensuite sur I'ennemi pour perir tous en combattant. Depuis que I'lnde est devenue anglaise, il n'est plus question ni de wulsa, ni de joar, ni de villes dont la population est passee au fil de I'epee, ni de tribus reduites en esclavage , ni de monumens elevcs avcc les tetes des vaincus. Les princes et les grands proprie- taires du pays ont ete, en grande partie, mines et depossedes; mais leurs proprietes etaient . dans tons les terns, si mal assti- 054 SCIENCES MORALES recs, quo lour s]H)Hation pouvait passer pour «n ties evono- mens jonrnalicrs ile I'lnde. Do nouvelles richessos se sonl lormoes dans les villes; une nouvclle classe d'hommes s'est t'loveo ;'i ropulence, et, par ello, a ritistruction ; et si un grand dofaut, un dofaut oapital de I'ordre social, etabli ou maintcnu par la conipagnie des Indes , ne rendait pas, en partie, steriles ces richesses accumulees dans les villes, I'ln- dostan se metlrait, en tres-peu d'annecs, au niveau des con- trees de I'univers les plus civilisees, les plus heureuses, et probablement aussi les plus attachees a leur gouvernement. Ce vice capital est surtout dovcloppe dans la troisiemc partie de I'ouvrage de M. Rickards, qui vient a peine de pa- raitre ; il oonsiste dans le detestable systome herile des con- quorans musulmans, mais aggrave eutore par la Coinpagnie, d'apres lo([uel la tolalite des torres est censee appartenir au souverain. Quoique les villes soiont nonibreuses et floris- santes dans I'lndo , notre auleur estinie cependant que les neut'dixiomes de la population sont attaches a I'agriculture : ces neuf dixiemes toutefois ne sont point esclaves ; ils ne sont non plus ni journaliers, ni fermiers, ni proprietaires ; ils sont metayers (ryots) , et ils partagent, ou doivent partager, avec I'Elat, par egales portions, les produits de leurs recoUes; oar, par opposition avec tons les autres pays oi\ la culture par metayers est pratiquec , ils n'ont au-dessus d'eux point de proprietaires, point d'autrcs superieurs que les agens ou fermiers de I'Etat, les zemindars, avec leurs divers subor- donnes, qui se font rendre coniptc de la portion de TElat. dans les recoltes. M. Rickards a consacrc 38o pages de son ouvrage a nous faire connaitre les bases de ce systeme de revenu territorial, son application successive aux provinces conquises, et les mo- difications qu'on lui a fait subir, afin de le rendre moins op- pressif ct moins ruincux, modifications qui cependant out loutes tourno au desavantage des cultivateurs. Les ryots, on effet, sont reduits a la plus excessive pauvrete; on ne leur laisse jamais rien au-dela du plus «troit necessaire, pour ET POLITIQUES. 655 r|ii'ils puisscnt vivie (i) : on les vexe, on les opprimo, on les nienare sans ccsse ; on pnnit leurs retards dans le paie- ment do leurs redevances de la maniere la plus ciuellc, sou- vont menie par la torture. Dans leur misere, ils ne peuvent faire aucune avance a la terre ; ils n'apportent aucun perfec- lionnemenl u I'agi'ifulture ; et, quoiqu'ils ne gaident rien pour enx-nieines , ils produisent reellement tres-peu pour Ic souverain. Le zemindar n'a aucun interC-t a t'aire des depenses d'amelioration; d'ailleurs, il est le plus souvent mine lui- menie ; la compagnie est trop loin pour y songer ; aucun capital n'est done jamais consacre a fertiliser la terre. CependantjCe systeme si oppressif ne demandcrait que des modifications pen diOTuiles a introduire, pour elre change dans le systeme de culture peut-etre le phis desirable, cetui qui, dans quelques parlies de I'Europe, repand le plus le bon- heur parmi la grande masse des cultivateurs. Mais ce ne sont pas les Indous qui tiennent a leurs anciennes habitudes avec toute I'obstination de I'ignorance , c'est la compagnie des Indes ; c'est elle qui , en maintenant I'inalienabilite de son droit de propriete sur la terre, qui, en refusant de la con- ceder ou de la vendre aux paiticuliers , et surtout aux Anglais, frappe son empire de sterilite, ses paysans de misere , et em- peche I'accroissement de son propre revenn. IM. Ilickards, se fondant sur I'enquete faite dcvant la Cham- bre des Communes, a I'occasion de la loi sur les bles, aflirme que le revenu net d'une terre, ou le prix de son fermage, (i) Dans la province de Dinayep^ra la subsistance d'une famille de ryols,composeed'un homnie,desa femmeetdedeuxenfans, est estiniee h 3 liv. sterling par annee (P. i, p. ^^). Dans une autre (ceded districts), dont le colonel Munro a estinie la population a deux millions de per- sonnes, il compte que le quart de la population, qui jouit deplus d'ai- sance, depense deux livres sterling p^r personne, par annee, que le quart le plus pauvre ne depense pas plus de dix-huit shellings par ann6c ; que la classe nioyenne enfin, qui comprend la muitie de la population, de- pense vingt-sept shellings. [Minutes of evidence, la april i8i5, p. 124. Rickards, P. i , p. 68.) 656 SCIENCES MORALES ne peuvcMt pas mentor a plus du quart de son produil biul ; que les Irois autres quarts sont nccessaires pour remplaccr le capital du IVrmier ct fouruir u rentrelien des laboureurs : c'est fort bieu en Angleterre, ou ragriculture est ties-per- (Votionnec , et on les avauces du capital agiicole sont tres- considerables. Mais il est notoire que , dans uue grande par- tie de la France, le metayer vit fort bien sur la moitie des produits de la terre qu'il travaille; que sa condition est fort superieure a celle du pajsan, meme libre, de Pologne ou do Danemark, qui donne la moitio de son travail, ou a celle du paysan de Hongrie, qui en donne les deux tiers; quand, eu- suite, on arrive aux climats chauds, aux dimats oCi le soleil et les arrosemens combinent Icur puissance , ou les arbres el les plantes vivaces produisent plus et demandent moins de tra- vail que les annuelles; bien plus encore lors(|u'on approcbe des tropiques, la moitie de la recolte sulTit pour faire vivre le cultivateur dans une grande aisance. En general, en Italic , mais plus particulierement en Tos- cane, le metayer fait lous les travaux annucls, et preleve, pom- sa recompense, la moitie franche des rccoltes;*Ie pro- prietaire n'a, pour sa part, que I'autre moitie , sur laquellc il paie les impots fonciers. Dans I'Etat de Lucques, le metayer n'a pour lui que le tiers des recoltes; et si, dans sa metairie, i\ a beaucoup d'oliviers ou beaucoup de chataigniers, ce tiers lui procure encore une compensation tres- ample pour son travail. Le sort du metayer de Toscane est beaucoup plus heureux, beaucoup plus independant que celui du journalier (cottager) qui fait, en Angleterre, tons les travaux de I'agri- culture ; sa nourriture et sa boisson sont beaucoup meilleures; ses habits de fete sont beaucoup plus recherches, quoique le climat et I'usage lui permettent. les jours de travail, d'aller pieds nus et mechamment couvert ; sa maison est plus grande et plus saine ; surtout son sort est plus assure ; son avenir est plus a lui. II ne peut etre renvoye que pour mauvaise con- dnite. Sous ce point de vue, la condition du mietayer indien. *>u vYot , est superieure encore; la loi garantit pour lui, ce ET POLITIQUES. 657 que la coiitiiiiic seule a etabli eii Toscane. « Lcs ryots, dit M. Rickards, ont un droit hcreditaire d'occiipalion aux terres qu'ils cultivent; ils ne peuvent point etre depossedes, aiissi long-tems qu'ils coiitinuent a payer leurs redevances, selon une estimation, locale, nommce ncrick, etablie dans chaqiie canton. Le conlrat de metayage, noxaxnc pottah , ne fait que specifier cette estimation , que le zemindar ne pent accroitre » (P. Ill, p. 575). Quoique la propriete territoriale ne coniprenne pioprement en Toscane que la moitie des rccoltes, elle a suffi pour y creer de tres-grandes richesses agricoles; tons les biens de I'aristocratie italienne sont en fonds de terre : I'agriculture est vivifiee par d'immenses capitaux; elle est exercee avec une intelligence, avec un savoir qui servent de modeles anx autres parties de I'Europe favorisees par le soleil. Le proprie- taire , ?vir sa moitie des recoltes, qu'on nomme la part clomi- nicale, paie I'impot fontier, qui ne passe pas le ciuquieme de son revenu , ou le dixienie des produits bruts du sol; cepen- dant, cet impot est bienplus productif que cekii que perfoit la conipagnie des Indes, encore qu'au lieu du cinquieme, elle prenne la totalite de la part dominicale. Le revenu de la compagnie est , pour plus des quatre cinquiemes, forme de la part dominicale , qu'elle s'est attri- buee , comme proprietaire du sol de tout cet immense empire. La presidence dcBengale, avec ses annexes, savoir : Behar, Orissa, Benares, provinces codecs d'Oude, provinces con- quises , territoire code du Nerbuddah , ont rendu, pour le revenu territorial, en roupies courantes, valant 2 shellings, roup. 92,776,833 .... liv. sterl. 9,277,683 6 s. La presidence de Madras, avec les terres des Circars et des Jaghircs , le Carnatic, Tanjore, provinces cedces du Mysore, du Malabar, du Nizam, subsides du Mysore. 9,277,685 6 s. ). XLU. JUIN 1829. 4'^ 658 SCIENCES MORALES Report. . . . 9,577,083 0 s. He Travancore , de Cochin, 12,862,176 pagodcs, valant 8 shellings 5,141,870 8 La presidenco do Bomliny, aver los pro- vinces cedeos parGuicowar et par lesMah- raltes , 17,052,566 roupics dc Bombay, valant 2 ?h. 5 ponces 3,526,472 la Total du produit dcs terres dc I'empire de rinde 17,949,026 6 Tons les autres revenus reunis de la compagnie monlant a 3,147,940 Liv. slerl. 2 1 ,096,966 6 s. En complant la liv. steil. pour 25 fr., nous aurons pour le levonu territorial . . 448?735,68o fr.; Pour los inipols 78,698,500 Total 527,4345 '80 (i). Ce revenu est sans doute considerable; cependant, ce n'est que la moitie de celui de la France, que le tiers de celui de I'An^-leterre; il estleve sur une terre inflniment plus produc- tive que I'uneet que I'autre, sur urte population quatre fois plus nombreuse et au moins aussi industrieuse que celle dc Franii'C, sur un lorritoirc bien plus de quatre fois plus etendu; 11 est love avcc une telle rigueur, qu'il ne laisse ab- solument rien aux neuf dixiemos de cette population ; il at- tcste done I'imperitic aussi-bien que !a tyrannic dn gouverne- ment des Indes. Avcc un tel pcuplc , un tel climat , un tel sol, une telle Industrie et un tel commerce , ITnde , traitee comme la France, rendrait 160 millions sterlings par an, et devrail rcster au moins aussi prosperante et aussi progressive qu'elle. Nos Iccteurs ue voudraient probablement pas nous suivre dans un cxamen plus dotaille dc I'administration de ITnde, si nous essayions de faire voir comment un syslcme, connu (1) P. Ill, p. 655. ET POLITIQUES. fJSf) en Europe pour avoir ete riieurcuxachemincmcnt par lequel les paysans furent retires de I'esclavage ; un systeme qui au- rait dii repandre I'aisance et le bonheur parmi plus de cent inilliu;is d'Indicns, est devenu pour eux una cause d'oppres- sion et de miseie, qui les a souvent reduits au dernier doses- poir : nous nous contenterons done de quelques traits, pour faire coniprendre comment il a etc perverti. Tandis qu'en Italic des milliers de proprietaires sont re- pandus sur toute la surface du sol, s'allectionnent a lour terre, se plaisent a I'orner et a renrichir, percoivent en na- ture leur part dominicale au moment de la recolte, et se font alors rembourscr dcs avances qu'ils ont faites souvent au me- tayer dans le cours de I'annee , secondent enfin I'expcrience de celui-ci par leurs connaissances scicntifiques ; dans I'lnde, le zemindar demande non point la part dominicale en natme, niais sa valeur en argent, d'aprcs une evaluation souvent arbitraire, toujours oppressive; car le ryot n'est point sur de vendre quand il veut, et de faire de I'argent avcc ses den- rees. Bien plus, le gouvernement exige que le zemindar le paie moisparmois, et, par consequent, que le ryot paie le zemindar mois par mois : le retard d'un mois expose le zemin- dar a la vente de sa perception, qu'une fiction de la loi con- sidere comme une terre; et le ijot, a la saisie de ses inslru- mens, remprisonnemcnt,et souvent la torture (P.iii, p. oGa, 5G4). La consequence inevitable d'une si altsurde rigueur a ete la multiplication infinie des poursuites judiciaircs, la vente journaliere des terres , et la destruction de toute sccnrite, de toute affection pour le sol , de la part du cultivateur. De plus, toute I'administration de I'lnde etantcalculeepresqueunique- mcnt poiirlaperception du revenu, les fonctioiis de finance sont habiluelloment confonducs avec les fonctions judiciaircs, et lout superieur est, en meme lems, jiige et parlie envers les contribuablcs. Si Ton joint a ces causes d'exlorsion et de vexa- tions personneiles les consequences inevitables de la concen- tration do la propriete en une seule main, la destruction ab- soluc de toute afl'eclion pour la terre, In cessation de toute m<) SCIRNCES MORALES avance a I'agriculUire, I'inlerruption de loiile aclion (i'lmt- intelligence edairec siir la pratique , on comprendra aiseincnl I'etat deplorable de ragricultiire et des agricultenrs dans rinde, et Ton ne s'elonnera plus du resultat financier, qiioi- qu'il ne laisse pas d'etre frappant; car la confiscation univer- selle dc la propriete territoriale donne au gouvernement un moindre reveiiu que n'aurait fail la dime sur cctte propriete , si elle etait restce aux mains des particuliers. Nous ne suivrons point notre auteur dans la critique des moyens de reforme qui ont dcja ete tentes ; nou^ n'attendrons point I'indication de ceux qu'il promet dans une quatrieme et une cinquieme partie; mais nous dirons au gouvernement anglais : N'inventez pas; consultez I'experience, et iniitez. 11 n'est pas possible qu'enlre ces flots d'Anglais qui se pres- sent sans cesse dans les salons et les musecs de I'llalie, il n'y en ait pas quelqu'uu qui ait regarde le people et la culture de la terre. Que celui-la dise done a son gouvernement que la Toscane a un million de coniadim, actil's, iutelligens , indus- trieux, tels, enfin, que les 90 millions de ryots que la com- pagnie possede dans I'lnde; que I'influence du sacerdoce sur eux met au moins autant d'obstacles a leur developpement que celle des brahmines sur les Indous; que leur culture intellectuelle n'est pas plus avancee ; que cepeudant sur un sol, en general pauvre, ils vivent heureux et dans I'abon- dance avec la moitie des recoltes; qu'ils font souvent des economies as*ez considerables pour acheter le domaine utile de leur metairie, c'est-a-dire , un droit de propriete complet, charge seulement d'une rente perpetuelle et invariable, soit en argent , soit en nature , en faveur du premier proprietaire ; que I'autre moitie des recoltes repand I'opulence p»rmi une tlasse nombreuse de petits proprielaires ; qu'elle siilTil a une haute noblesse dont I'illustration est antique, a unclerge tres- richement remunere, a une cour telle que I'exigent les ha])i- tudes ou les prejuges des monarchies, des etablissomens pour les letlres et les arts celebres dans toiite I'Europe : enfiu a toute rorganisalion civile et militaire d'un gouvernement : landis KT POLITIQUES'. 661 que les ryots sunt reduits a la nourrilui*; la plus misorablc, avec la moitie des rcooltcs du plus riclie sol et du plus beau climat de la^erre; qu'ils sont presque nus, sans ccsse menaces et tourmentes ; qu'enfin , ils ne voient au-dcssus d'eux que des zemindars aussi lualheureiix qu'eux, et un souverain collectil', qu'ils ne peuvent connaitre, qui, vendantet raclietant la soii- verainete par actions, ne songe point a eux, ne sent rien pour eux, et ne leur fait jamais aucun bien. Que les Anglais y songent bien : ils peuvenl sans doute conserver quelque tems, long-tems peut-etre , I'lnde dans I'etat de niisere et de dependance ou ils la retiennent; mais ils lui ont dejii communique assez de leur propre esprit pour qu'elle voie le mieux et qu'elle le desire. Leurs sujets de I'lnde ont pris rang parmi les nations civilisees ; ils ont droit a tout le developpement moral et intellectuel , a toute la libertc doul ils sont capables de jouir ; ils ferontdenouveauxprogres; ce qu'on ne leur donnera pas, ils le prendront; et, si le mo- ment vicnt oii cette lorce immense de I'lnde, qui pouvait etre pour les Anglais, se tourne contre eux, I'Angieterre tom- bera de bien haut, et elle tombera avec le remords d'avoir, par un etroit egolsme , manque sa grande destinee. J.-C.-L. DE SiSMONDI. Memoires du mareclial Sdohet, due d'ALBiFERA, suk sts c*m- PAGNEs EM EsPACKE , dcputs \^o^ jasiju eii 181ZJ, ecrits par lui-meme (i). C'est, dans I'histoire de I'Enipire, un grand et terrii)le epi- sode que la guerre d'Espagne ; el , dans la guerre d'Espagne , les campagnes de Suchet lorment, a leur tour, un grand et consolant episode. La main qui a plante nos drapeaux sur tant (1) Palis, 182S; Adolplie Bossange, rue GasseUc, n° 22. 1 vul. iii-K" dc Li-376, et 371 I'^RCSi avi'C 1111 Al'uts in-folio ; prix , 3o I'r. 66a SCIENCES MORALES de forteresses , qui a conquis ct gouvcrne uiie vastc portion de la peninsulc, cette ihain prend la plume dans les loisirs dc la paix, etracontant, avec simplicitc, de grandcs choses , nous fait assister aux innombrables travaux, nous rend te- moins des fails glorieux (|ui out rempli cinq annccs. Si nous voulions suivre Ic general dans ccs entreprises niultiplioes , decrirc avec detail ces sieges laborieux et savans , peindrc ces assauts heroiques, raoonler ces combats opiniatres ct ces grandes batailles dont la possession du royaume d'Aragon et du royaume de Valence fut le prix, il nous faudrait consacrer beaucoup de pages a cet article ; il nous faudrait redire ce qu'ont deja dit tant de fois tousceux quiont raconte I'histoire des guerres de la revolution : et le genie des generaux , et I'intrepidile des soldats, et la yictoire si long-tems fidele a nos triples couleurs; de parcils tableaux appartiennent d'ail- levn'S a d'autres pinceaux que les notres, ct nous n'avons pas I'autorite qu'ilfautpourjuger, ni memepour louer ces grands fails d'armes. Noas nous arreterons done a ce qu'il y eut de pacifique dans la mission du general Suchet ; nous parlerons de cet art de constituer la conquete, plus rare que I'art de conquerir; nous nous bornerons a fairc ressortir le caractere parliculier de ces campagnes memorables , et a montrer ce qu'il y a d'original dans un etat de guerre qui, pour le peu- ple vaincu, vaut niieux que son etat de paix. Apres avoir fait un tableau pitloresque de I'Espagne, I'au- teur des Mcmoires ajoute : « On conpoit qu'un tel pays, emi- neniment proprc a la guerre defensive , s'il est habile par des liomnies agiles ct sobres , courageux ct intelligens, pent dif- ficiiement etre conquis. Divers peuples I'ont envahi successi- vcmcnt. L'histoire les niontre s'emparant de I'Espagne par des guerres longues et sanglantes, etablissant sur plusieurs points leur domination, sans pouvoir dompter tout-a-fait les Espagnols, et vaincus on chasses a la fin, autant par la cons- lance des habitans (pie par rinconstance ordinaire de la for- tUMO. » Ccttc conquete, >i diliicilc pour \ les peuples ct dan> ET POLITIQUES. 063 lous les terns , I'ctail bien plus encore pour nous ct duns les circonstances ou nous la tentions. La perfidie qui avail atlire la famille royale dans le piege de Bayonne, les massacres provoques par I'insurreclion de Madrid, le a mai 1808, avaient porle au dernier point d'exa'speration la fureur dn peuple espagnol conlre rempereur et contre le peuple fran- cais ; et, dans ce pays oi'ichaquo canton avail, pour ainsi dire, sa petite armee (^sa guerilla), nousclions accueiilis, noncomme des conquerans ordinaires , niais coninie des especes de bri- gands conlre lesquels tout etait permis. Undecret, imprime par ordre du gouvernemeut d'alors (la regence de Cadixj, re- compensait le manqucment de foi envers les Francais. IJans un catechisnie imprinic et repandu partout, on lisail des questions telles que celles-ci : « Que doit-on au prochain? L'aimer et lui faire du bien. — Qu'est-ce que le prochain ? Tons les hommes, exceple les Francais. — Peut-on tuer les Francais? Non-seulement onle peut, uiais on le doit. » Cette doctrine etailsanctionnee par des predications religleuses, par des actes patens du pouvoir, et par des crimes egalement pu- blics. Un alcade nomme par les Francais, ayant ete assassine , en plein jour, dans un village , par des honuiies qui faisaient vanite de ce meurtre, deux des assassins lurent priset pendus a Pampelune. Sarraza, chef de parti, publia a ce sujet, dans la Navarre, une proclamation ou il disait : « Farce que quel- ques honmics de bien, avec tout droit et toute justice, out tue unlel...)) Ce meme chef de parti, dans une lettre qui fut inter. eptee, ecrivait qu'il guettait au passage la femme du general Suchet, retournant en France ; ajoutant qu'il mettait d'autant plus de prix a reussir, qu'on la disait enceinte ( ce qui etait vrai), en sorts que I'enlant perirail avec la mere. Voiia les hommes que, non-seulement, il fallait dompler, mais qu'on devait encore transformer en sujets devoues et fideles. Suchet comprit tout de suite qu'une reconciliation entre les deux pcuplcs etait le premier pas a faire pour vaincre; que, pour lui, la vicloire etait surtout dans la justice; car 664 SCIENCES MORALES c'etaienl Ics coeurs des citojeiis bieu ])liis que Ics iiiuniilli;^ des villes qu'il s'agissait de conqiierir. Lorsqne Suchet prit le comiiiiindement du tioisiemc corps d'annee , qui venait de faiic le sit'ge deSarragos.se, void" comnie il nous le depciut : « I/iulauteiio etart considerable^^ ment affaiblie ; les regimens de nouvellc formation , surlout, se trouvaicnt dans un etal deplorable par les vices insepara- bles d'une organisation reccnte et precipitee, par la jeunesse des soldats et leur inexperience. Presque tous les soldals du train d'artillerie etaient partis pour TAllcmagne ; ils avaient ete remplaces par des hommes pris dans I'infanterie ; pour la plupart mal chausses , mal vetus. Le recrutement des corps etait en soulTrance ; la solde etait arrieree, les caisses vides ; le receveur de la province etait enl'uitc; a peine la subsis- tance etait-elle assuree ; et il n'y avait ni magasins , iii eta- blissemens, au milieu d'un pays entierement epuise paries ravages de la guerre. Dans un etat voisin du decouragcment, cetle armee etait loin de compenser , par sa force morale , le danger de sa faiblesse numerique. Des babits blancs , bleus , et de formes differentes, resles choquans de divers cliange- mens, recemment tentes dans rhabillement des troupes, oc- casionaient, dans les rangs, une bigarrure qui achevait d'en- lever , a des soldats deja faibles et abattus, toute idee de con- sidei'ation militaire. L'apparence de la miscre les degradait a leurs propres yeux . en nourrissant la fierte et I'audace d'une population ennemie. lis gemissaient de I'abandon on on les avait laisses; ila se plaignaient d'une injustice que n'avait pas meritee leur courage. Apres avoir eu la part principale dans les travaux et les dangers du siege de Sarragosse, ils avaient vu les recompenses ordinaires accordees aux militaires du cinquieme corps, tandi^ que seuls ils en avaient ete privcs, par Tellet d'une l;lcliouse mesinlelligence entre Ics cbefs. » C'etail avecde tels soldals qu'il I'allait etablir la domination francaise au milieu d'luie des contreesd'Espagne qui ofl'raient le plus d'obstacles, et parmi une population observatrice au- (ant qu'audacieusc. qui. lorsqu'elie ne nous coudnUtail l)as , ET POLITIQLES. 065 epiait notre contenance et s'attachait , avec uue perseveratice iuiperti^bable, a nous compter, disent les Memoires, qtii en citent un exemple remarquable. En 1809, epoque de la plus grande exasperation contre les Francais, le commandant d'lm- detachement , envoye dans une petite ville pour faire une re- connaissance, trouva les habitans, suivant leur coutume, ran- ges au soleil, en dehors des murs. La troupe defile devant ces hommes, qui la regardent en silence, et le commandant se presente chez I'alcade, auquel il demande un millicr de ra- tions de vivreset une centaine de rations defourrages. Je sais, liii dit I'alcade, quelles rations sont dues d voire troupe ; je rats rous en faire donner 780 de vivres et 60 de fourrages. C'etait, en effet, le compte juste des hommes et des chevaux. La guerre d'Espagne avait cela de singulier, qu'on ne pou- vait pas la terminer par des batailles gagnees ; car, le plus sonvent, une armee detruite, c'etaienl des guerillas de plus. La, il ne s'agissait pas seulement pour les soldats de com- battre; il fallait travailler de la pioche aussi-bien que du sabre, et Ton comprend que la guerre a un caractere particnlier dans un pays ou , pour aller a son ennemi, il faut commencer par retablir, sous le feu continuel des troupes qui tiennent la campagne, des routes a canons, abandonnees depuis cent ans, dans un espace de' pres de vingt lieues, a travers des montagnes cscarpees, des vallees profondes, et sur le pas- sage des torrens. C'est, d'ailleurs, une position excessive- aient delicate que celle d'un general en chef recevant de Paris des ordres d'un homme tel que Napoleon, et qui, par toutes les circonslances dont il est environne, circonstances inconnues a Paris au moment ou sont expedies les ordres, voit un danger manifeste dans leur execution. La position devient encore plus difficile, si Ton recoit en meme terns des ordres de Paris et de Madrid, s'il faut correspondre avec deux gouvernemens qui ne sont pas toujours d'accord, et dont le j)las puissant vous donne des instructions qu'il vous or- donue de ne pas reveler a I'autre. On pent se faire une idee. 6(iG SCIENCES MOPiALES par cc que nous vcnons dc dire, de tons los ombarras qui compliquaicnt la siUialion du general en chef. All moment oii Suchct prit le commaudemenl du Iroisicme corps , de toutes parts arrivaient des nouvelles do desaslros ; lui-meme echoua dans sa premiere tentative, I'attaque d'Al- caiiiz; et la terreur panique qui dispersa ses soldals, la unit menie qui suivit ce revcrs, acheva de lui prouver combien sa position etait alarniante, et combien il lui fallait d'eflorts pour rcmplir la grande tache qui lui elait imposee. Ses premiers soins i'urent diriges vers le moral de son ar- mee; il s'atlacha d'abord a relever le decouragement de ses soldats abattus, a leur rendre leur propre estimc , a leur ap- prcndre a vaincre en leur donnaut la confiance de la victoire. En meme tenis qu'il railermissait la discipline par de longues et constantes manoeuvres, par nn service vigilant, par des exemples justcs el severes, il crcait pour eux un bien-Otre auquel ils n'etaient plus accoutumes : cette discipline de- vait les rendre plus redoutables aux Espagnols ; cc bien-etre devait les leur rendre plus amis. Suchet savait combien les habitans d'un pays conquis ont interet a ce que le soldat re- coive au moins une partie de cc qu'il pourrait prendre. Tandis qu'il s'occupait de reorganiser son armee , le gene- ral s'efforcait de rcconstituer le pays, el d'en ameliorcr I'cs- prit. Le tableau tres-bien fait qu'il trace de la situation dc I'Aragonavant I'invasion francaise, et pendant les premieres annees de la conquete, montre combien I'entreprise etait difficiie. Foulee, depuis pres de deuxaos, par les requisitions dc plusieurs armees nationales et etrangeres, cette province etait epuisee : I'agriculture etait dans un etal deplorable, I'in- dustrie entierement perdue; les plus riches families avaient emigre, et emporle avec ellcs tout le numeraire qu'elles avaient pu reunir; et landis que, d'un cole, le gouvernemcnt insurrectionncl avail recucilli Ic produit des dons palrioti- ques, et pris toutes les mesures possibles pour relirer I'argent de la circulation; dc I'autrc, on envoyait au gouvernemcnt ET POLITIQUES. GG; (le Joseph Ics somines et rargcnterie provcnant cles couvcns suppriiiics. Ainsi, les caisses etaient vides, la province n'avait que des^deltes, toutes les sources de revenus etaient com- plctement taiies ; et il fallait demander huit millions do francs, seulement pour la solde annucllc de I'armee, a un pays qui, dans le tems meme de sa plus grandc prosperite, ne payait pas plus do qiiatre millions an gouvcrneincnt espagnol ; et cc tribut, qu'il eiit ete fort difficile sans douled'obtenir d'un peu- ple ami et devoue, il fallait I'exigcr d'une population animee de haine et de vengeance. En suivant la mcthode expcditive dont on use ordinaireuientenverslesprovincesconquiseSjle general en chef aurait pu facilement pourvoir aux besoins du moment par la force, et en s'emparant de toutes les rcssources mate- rielles qui restaient encore au pays. Suchet avait la vue plus longue ; il ne voulait pas, au profit du present, devorer son avenir. Administratcur aussi-bien que conquerant de I'Aragon, il comprit que,.bien loin de I'epuiser, il devait songer a fe- conder les secours qu'il aurait a lui demander plus tard ; il etait convaincu que I'administration reguliere d'une armee , et le bon emploi des ressources du pays qu'elle occupe , doi- vcnt etrc considcres comme ses plus puissans auxiliaires. Aspirant surtout a faire naitre la confiance , il appela des Ara-' gonnais au gouvernement de I'Aragon ; il prit conseil du petit nombred'hommeshabiles qui etaient restes dans la province, et 'Sur la loyauledesquelsilpouvait compter; ilmitdanslesemplois ecclesiastiques, d'administralion , de finance, de justice, les sujets que recommandaient Icurs talens , leur probite et la voix publiquc. «Penetres de la position du pays, dit I'auteur des Memoires, ils accepterent I'honorable mission d'interposer la moderation et la justice entre les habitans et les soldats, et ils protegerent les interets de leurs compatriotes avec une perseverance qui ne se dementit jamais. » Le general s'appii- qua surtout a mettre dans I'adminislration financiere I'ordre, et la publicite qui en est le meilleur garant ; il supprima, au- tant qu'il put, le monopole, qui, sous I'ancien gouverne- ment , avait usurpc et obstrue tons les canaux de la coiisom- (J(58 SCIENCES MORALES Illation , ct roiUii! lout acccsa riiidustrie ; et il sc liouva aiii^i en mesure de lever un hnpot extraordinaire, auquel conlri- bnerent toules les classes, et dans lequel ie clerge lixa lui- mcme son contingent de bonne grace. Mais, en chargeant U- penple dc nouveaux tributs, le general cherchait tons les nioyens de rendre ces fardeaux nioins lourds; ecoutons-le lui- meme : « II fallait que Ic numeraire sorti des mains du peuple fCit pret il y relluer , et faire qu'une circulation non interrom- pue prevint toute stagnation etalimentat les caisses de I'armee sans les enoombrer inutilement. Le general en chef ordonna que la solde fut payee tons les cinq jours. Chez le soldat, la depense suit de pres la recette. L'habitant ne tarda pas a se convaincre que I'impot leve n'etait qu'une avance, dans la- quelle il pouvail rentrer promptement, enapprovisionnantnos villes et nos cainps. Dans la meme vue , tout ce qui sc fabri- quait dans le pays, soit pour I'habillement, soit pour I'equipe- ment des troupes, I'ut soigneusement recherche et paye an comptant. A I'echcance de chaque mois , lorsque la solde elait alignee, on payait les retraites et les pensions des veuves de militaires accordeespar I'ancien gonvernement; les appoinle- mens des employes des diverses administrations , presque loutes formees d'Espagnols, etaient acquittes avec la menie regularite et aux niemes epoques. Ces dispositions eurent tout le succes qu'on devait en attendre : I'industrie et le com- merce reprirent courage; la circulation du numeraire dcvint plus rapide, et le recouvrement des inipots n'eprouva plus les meines obstacles. » Le general appelait aupies de lui , lorsque les operations militaires I'eloignaient de la capitale, les principales autorites de rx\ragon, pour regler, de concert avec elles, le budget annuel, aviser aux moyens de rendre la perception plus fa- cile, et accorder au peuple les soulagcmens compatibles avec la situation des affaires. L'aneienne contadoreric etait une sorte de chanibre des comptes, qui jouissait, a juste tilre , ile la confiance des habitans ; elle fut maintenue , ct ses pom oirs furcnt int^me I'tendus ; ou lui donna la mission dc juger cl KT POLITIQIjES. ()6<) tranetcr les couiptes dc lou? Ics complables. Les diiapidatioiis decouvertes par cette administration protectrice furent sc- verement reprimees , et donnerent lieu a des restitutions de fonds ccrtisiderables. Le receveur et le payeur avaicnt ordre de fournir chaque mois, a la contadorerie , I'etat des recettes et des depenses effectuecs , et de le rendre public, afin de laire connaitre que le gouvernement consacrait exdusivement et scrupuleusement le produit des revenus publics an service de Tarmee et a radministration de la province. La sagesse qu'il avait deployee dans son gouvernement de I'Aragon aida beaucoup Suchet dans la conquete du royaume de Valence. Aussitot qu'apres avoir battu I'armee de Blake et pris Sagonte, il i'ut cntre dans Valence , la confiance et la soumission s'etablirent sans peine, la tranquillite publique ne fut pas troublee un seul instant, et les premiers actes du vain- qucur furent la conflrmatiun de certaines autorites du pays necessaires a son administration. Comme il avait gouverne I'Aragon avec des Aragonnais, il voulut gouverner Valence avcc des Valenciens ; et , apres quelques mois de sejour parmi eux, il resolut de les appeler a voter, en quelque sorte, les nouveaux subsides qu'il reclamait. A cet effet, il reunit a A a- krice nne junte composee des principaux fonctionnaires civils et judiciaires de la province, de plusieurs membres de la chambre de commerce , et d'un depute par chacun des qua- torze arrondissemens de recettes. 11 ouvrit lui-meme la pre- miere seance de I'assemblee, et hii fit connaitre, dans un discours preparatoire , le but de sa convocation. L'intendant et I'ordonnateur en chef dc I'armee furent ensuite charges de presenter la situation des recettes et des depenses de I'annee expiree , et I'etat des lessources et des besoins de I'annee cou- rante Ces rapports furent examines et discutes dans le sein de plusieurs comites particuliers, qui redigerent des obser- vations. Ce travail tei-mine, la junte prit I'initiative sur cha- cun des points indiques, et soumit au general en chef un projet d'impot; elle indiqua en meme tems diverses amelio- rations , et . sur sa demandc, le general n'hesita point a adop- 670 SCIENCES MORALES ter lies reforincs dans plusieurs branches dc I'adminislralion locale. « Mais, discnt les Mcmoires , dc toutes Ics mesurcs qui fu- rcnt prises pour I'administration dc cettc belie province, au- cune n'eut une plus salutairc influence que cclle d'appeler les citoyens a consentir les charges qui devaient pescr sur eux. lis apprecierent ce que , dans les circonslauccs, cette conces- sion du pouvoir avail de bienveillant et de proteclcur; ils se montrereut plus disposes a obeir aux actes emanes de I'aulo- ritu superieure, et la perceplion dc I'impot devint plus rapide et plus sure. » Ce fut en etablissant ainsi, au milieu meme de la conquCte, une espece dc gouvernement rcprescntatif , que Suchct etait parvenu, en Aragon, non-seulement a degreveria masse de la contribution extraordinaire dc guerre dc 5oo,ooo roaux (en- Tiron 125,000 IV.) par mois, mais encore a fairc pour le pays ce qu'aurait pu I'aire le gouvernement le plus patcrnel : les magasins de I'arnice furent ouvcrts aux liabitans des campa- gnes dont les proprictes avaicnt souffcrt des evenemens de la guerre ; des travaux considerables furent entrepris pour soulager la classe indigcnle; on rendit au commerce et a I'a- griculture le canal imperial , qui seul fertilise d'immenscs plaines; on commenca des constructions pour procurer des eaux a Sarragossc, et bientot une fontaine fut construite sur I'une des places; un projet fut adoptc pour deblayer un quar- tier convert de mines depuis le siege, et pour ouvrir, sur ce terrain, une large rue planlee d'arbres; on rcstaura les hos- pices; on crea des manulactures, on fut employee une parlie dc la population, que Ton occupait en meme terns a des tra- vaux utiles a rembeliissement du pays et aux exploitations dont le service de I'armee avait besoin ; les habitans des cam- pagnes reprirent leurs travaux comme en pleine paix, et I'industrie, affranchie de beaucoup d'entraves, etendit consi- derableinent ses speculations. Enfm , I'ordre etait si par- faitcment ctabli, que, dans une pcriodc de seize a dix- Juiii aiois , il ne s'elait pas commis un seul assassinal dans hi ET POLITIQUES. 671 capitale, tandis que, prtccilcmmcnt , d'apres les releves du greffe, on en coniptait au-dcla de trois cents par annee, et en terns de paix. Les memcs bicnfaits commencaient a se realiser pour Ic pays de Valence, lorsque riicure de la rclraite sonna. Partout ot'i Suchet obtenait quelque autorite, il faisait naitre I'ordre, et, avec lui, les ressourccs. Dans la Catalogne , qu'il ne fit, pour ainsi dire, que traverser, on eprouva encore les heu- reux effets d'un pouvoir sage et protecteur. Grace ;i cette administration regulierc , habile et paternelle, la conqucte, a mesure qu'elle s'etendait, diminuait les charges du pays conquis. Apres avoir sufHsamnient pourvu aux be- soins de ses soldats, Suchet venait encore au secours desau- tres armees : on le voit nourrir I'une de ses magasins, don- ner a I'autre des approvisionnemens de guerre, ouvrir son tresor k une troisiemc : on le voit, oubliant tout sentiment de rivalite, et ne songeant qu'au succes de la cause commune, mettre a la disposition d'un autre marechal , en un besoin pressant , une partie de ses troupes , s'eflorcer constamment d'entrelenir des relations de bonne intelligence avec les di- vers commandans en chef, et, enfin, tenter aupres des gene- raux ennemis toutes les communications honoimbles qu'il jugeait propres ii diminuer les malheurs de la guerre. Suchet qui, pour se conciiier la confiance des habitans, montrait plus de prudence que le gouvernement espagnol lui-meme , s'etait surtout impose la loi de ne jamais les blcs- ser dans les objets de leur culte ; precaution bien essentielle chez un peuple qui se laisse gouverner par les momerics su- perstitieuses, beaucoup plus que par les idces morales do la religion (1). « D'apres les ordres reiteres du ministre Cabar- (1) II y a a Valence une image niiraciilcuse de la Vierge, lionoree sous le nom de Niieslra senora dc los dcscmparados (IS'otie-Dame des gens sans defense), et, aGn de rassiirer les habilans, le marquis dc Palacio, lorsqu'il fut nomnie capitaine-geneial de la piovince, la reconnut solennelleoient pour le general supreme des Valcnciens. EUc portait, dans toutes les ga- Gja SCIENCKS MOIIALES Ills, rargciileric de Notre-Dame-du-Pilar devait etre expediec i'l Madrid. Ce temple, vcnere par les Espaj-nols, rirlic des dons de pliisiciirs souveiains, poj^sedait uiic grande quaiititc de vases J de candelalji-es et de statues en or ou en argent massif; le people de Saragosse atlachait on grand prix a leur conservation ; le general en chef prit snr lui de ne pas les laisser enlever. » Ce debut de son administration avait beau- coup contribue a calmer les esprits, et a lui gagner les cceurs. Ce respect constant pour les idccs religieuses du people con- quis, et I'adniirable administration dont nous venous de tra- cer ime faible esquisse, firent plus encore que les victoires pour I'etablissement de la domination franraise. Ce fut par cette conduite que Suchet parvint a triompher de toutes les repugnances, et a etre considere par les Espagnols presque comme un concitoyen. II sut leur inspirer une confiance telle qn'il put employer les Espagnols et les armer sans peril. En Aragon, il composa, en grande partie, le corps des doua- niers d'anciens ofliciers et soldats espagnols qui s'etaient of- ferts volontairement. Pour associer plus intimement les Ara- gonnais au succes de nos operations, et employer des officiers espagnols qui s'etaient attaches au service francais, il fit for- mer quatre compagnies de fusiliers et deux de gendarmes. zetles du pays, dans tons les niandeiiiens religieux, le litre de gcncralis- sima por mar y por licrra, et elle etait revetue des decorations de capi- laine-general, et de I'icliaipe rouge brodee d'or cnmme general en chef. Cette cnrieuse anecdote, consignee dans une relation espagnole sur la campagne du general Blake, en iSii, se trouvc confirmee par I'auteur AesMemo'ires, nos soldat.s, 05 ant vu, apres la prise de Valence, dans la c-hapelle de Notie-Dame, cette A ierge encore decoree des insignes de ge- neralissimo, dont le marquis de Palacio I'avait pompeuscnicnt revetue avant le siege. Cette grotesque promotion de la Vierge an grade de gene- ralissinie s'est, au reste, renouvelee dans plus d'une ville d'Espagne; et si notre memoiie est fidele, le marechal St.-Cyr, dans le Journal qu'il a public, raconte, d'une vierge de Gironne, ce qu'on dit icide la vierge de Valence, et il ajoute qu'on lui donna une garde d'honneur compos«-c do femmes, chnisies parini les plus brlliquenses «jiis moiialks Clinton iiciivil au niarochal Sucliel une Icllic rcjnplic tics iJonlimens dc la plus vive reconnaissance. Quanl aux jnison- niers espaj^nols, on sail qu'ils n'ctaient pas nioins Lien Irai- les; clans uiainles occasions, on a vn nos solclats liansporlcr Ics blesses cnnemis sur lours epaules, pendant des distances assczlongues; el apres Ic combat d'Altai'iilla, le baron d'Eroles di^ait, dans un rapporl : « Je dois avouer que les Francais se. sonl coiaportes envers nos prlsonniers avec une humanite digne d'eloges ; ct que Ic general Laniarque s'esl acquis plus de gloire par la generosite qu'il a montree que par la bra- voure incontestable de ses troupes. » Voilii des lemoignages non suspects; ce sont ceux de nos ennemis. Et cependant les prisonniers francais ctaient traites avec la derniere inhuma- nile a Bura et a Cabrera. lis y etaient sans vetemens, sans abri, obliges dc se creuser des trous en terre, en proie al'in- temperie des hivers, et bjules en ete par le soleil. Quelque- ibis meme ils etaient prives de Yivre,s, aussi la plupart peris- saient de niisere ; et Ton pent dire que nulle part leur condi- tion n'elait si deplorable, excepte sur les pontons anglais. C'cst ainsi que I'equite de Suchot dans son administration, son liumanile dans saconduite produisirent une heureuse ame- lioration dans les dispositions des Espagnols i noire egard ; ils fuiirent par eprouver, pour lemarecbal, des sentimens d'atlachement et dc reconnaissance, dont les temoignages, souvent repetes, furent pour lui une douce recompense. Dans ses marches frequentes a travers I'Aragon, il trouvait presque toujours les habi tans reunis pour lesaluerdeleurs acclamations; ici , vetusde costumes antiques, ilsexecutaientdesdanses d'un caractereparticnlier ; ailleurs , pendant ([ue leclerge et les au- lorites lereccvaient a sonlogement , les niascaradcs, en usage dans les jours de divertissement, parcouraient les rues, au mi- lieu d'une foule a la fois animee et paisijile, qui prolongeait jusque dans la nuit des serenades improvisees(i). ACaspe, oi'i (i) La .Tola est tin air nalional piopre aux Aragonais, el sur lequel ils iriiprovisent souvent en s'accompaguant de lour guilare : « Dans une serie de couplets qui sc succedaicnt avec rapidile, ils.clja[)taienl aiusi, dit THic note des Meinoircs , le ronilr el la conilesse Suchcl, les gene- KT rOLITIQlES. G-r> avail long-lcms sejournc Ic cent-quiiizii'mc rc.^imont , cliiunn dcs haixilani'i connaissait , dans cc regiment , son officicr on sun soldat , le traitait chez liii en ami , I'accompagnait de ses vcenx au depart, I'altendait et Ic recevait au retour, sans billet do Ingement, sans invitation , sans ordre. Enfin, les Aragunais disaient, en parlant du troisiemc corps, (os nuestros , non- seuienient par preference a d'antres trOiipes francaises qui traverserent I'Aragon , mais meme par comparaison avec quelques troupes espagnoles. Dans le pays de Valence , le general et ses soldats etaient egalement recus an son des cloches, sous des arcs de triomphe,'au milieii des fetes et des demonstrations de joie ; et , lorsque les desastres de la France, dans le nord de I'Europe, eurent amene le jour de I'evacnalion de la Peninsule, la bienveillance des ha])itans ne se denientit point ; pas un coup de fusil ne fut tire , pas nn scldat isole ne fut attaque ; les vivres etaient partout prepa- .res en aliondance , les malack's transportes avec soin ; en quel- ques endroits les habitans allerent nieme jusqu'a exprimer hautement au marechal leurs regrets de son depart. Les Me- moires en citent un exemple , que rious ne pouvons nous empecher de rapporter : « Le 6 Juillet i8i5, le marechal, pas- sant, avec son etat-iiiajor, dan's un village pres de CasleHbn- de-la -Plana, trouva les haljitans rassembles sur la place prin- cipale , et des rafraichissemcns prepares pour la troupe ; les autorites se presenterent a lui, aussi empressecs et plus spon- tanement qu'4 I'epoque ou il arrivait vainqueur; le cnie, raux, les cliei's et les officiers que cliacun d'eux connaissait coniiue hole, ou comine anii. Le general Suchet, qui s'etait marie depuis peu, et qui etait fait pour apprecier le bonlieur doniestiquc, avait profile dc sa posi- tion de general en chef, dans un pays voisin des frontiercs dc France, pour faire venir sa fenime ]irts de lui. Avec un courage qu'on pent appe- lerrare, die racconipagnait dans la plupart dc ses courses ; elle ne I'avait point quilte pendant rexpedilion de Tortose. Ce spectacle elait inlercs- sanl aux yeux dcs Aragonais et des Aragonaiscs. Les rapports qui na- turellement s'elahlircut avec les dames du pays furent non-sculement agreables, mais utiles; et sans doufe, cetic circonstance ne Cut pas sots influence sur la disposition bienveillante des csprits, qui amcna peu .i peu I'enticie soumission de I'Aragon au gmivcrneur francais qui v coni- iiiandail. « C76 SCIENCES MORALES liommc respectable, et influent par son caractere, ses lu- mieres et ses vertus, le complinienta i haute voix devant tous ses txjmpatriotcs , qui applaudirent , et couvrirent de leurs acclamations et de leurs vivats ces paroles, remar- quabies dans un tel moment et dans une bouche espaguole : « M. le mareclial, nous savons que des evenemens, qui no dependent pas dc vous, sont la cause de votre retraite du pays de Valence ; nous regrettons votre depart, et nous con- servons I'espoir de voire retour. » C'est ce resultat merveilleux que nous avons eu surtout a ceeur de faire comprendre , parce que c'est ce qui fait de retablissement de Suchet dans une vaste portion de la Penin- sule un phenomene presque unique dans les fastes militaires des peuples; parce que, consideres sous ce point de vue, ses Memoires resteront un monument pour la France, aussi-bien que pour Suchet lui-meme; parce qu'cnGn c'est ce qui les rend prccieux a tous les amis de la gloire nationale , comme ils le sontaux militaires en particulier, par I'instruction qu'ils y peuvent puiser. On n'a rien neglige de ce qui etait capable d'en augmenter I'intcret : parmi de nombreuses pieces justifi- catives, il y en a de curieuses; Ton y a joint un grand et bel atlas, compose de seize planches tres-bien gravees, et offrant des cartes et des vues qui donnent beaucoup de prix a I'ou- vrage. Les Memoires du marechal Suchet sont ecn'ls avec clarte ot simplicite ; quelques morceaux, que nous avons deja cites, et auxquels nous pourrions en ajoutcr d'autrcs , tcls que le recit de la prise de Tarragone , .le nianquent ni de couleur, ni d'energie ; on remanjue surtout et Ton est particulierement louche du soin que pi'cnd le general de faire a chacun s-a part de gloire; sa memoire, fidele aux services, se souvient de tous; le soldat, comme I'oflicier, refoit son tribut d'eloges, et tous les noms que recommande quelque action d'eclat sont cites avec honneur. Parmi ses compagnons d'armes les plus dfetingues, dont nous regrettons que I'espace ne nous per- mette pas de rappeler ici les services, I'un de ceux qui furent le plus constamment associes a ses glorieux travaux, le ge- ET POLITIQUES. 677 iicral St.-Cyr-Nugues, sou chef d'etat-major-gen^ral, est rauteuc il'une notice assez detaillee et trts-bien t'aitc sur la vie du marechal , et sur les Memoires laisses par cet homnie celebre. Le general St.-Cyr-Nugues a fait dans cette notice une noble et vive peinture du soldat francais ; et il a trace du ma- rechal un portrait oi"i la sensibilite de I'ami donne a la touche du peintre quelque chose de plus expressif, sans lui rien oter de sa verite. Nous terminerons cet article en reproduisant ici quelques traits de ce portrait. «Le marechal Suchet avait de la sensibilite, de I'imagina- tion, et, entre aulres qualites, un esprit de justice et d'indul- gence qui I'empcchait de jamais etre ingrat pour un service, ou inexorable pour une faute. Aucun honime , peut-etre , ne sut concilier comme lui les mouvemens d'un coeur affectueux avec Texercice de I'autorite. II avait une haute estime pour le soldat. II faut avoir vu de pres toutes les epreuves d'obeis- sance, deprivations, de fatigues, de dangers, qui saisissent le militaire depuis son entree au service jusqu'au moment oii, il en sort, pour apprecicr un devoilmeut sans cesse capable de ces sacrifices, et pret chaque jour, a chaque instant, au sacrifice qui comprend a lui seul tons les autres, celui de la vie... Le marechal Suchet avait connu a fond les soldats en viyant parmi eux; il avait avec eux une sorte de sympathie; il etait persuasif et avait le don d'entrainer.... Dans I'intiinite il etait bon, facile, conliant ; il appreciait I'attachcment, tenait compte du /ele , et surlout du succes... L'avancement et le bien-etre de sa famille militaire I'interessaient vivement; il aimait a I'elevcr a mesure qu'ellc le meritait , sans se separer d'elle : aussi elle s'est presque toujours composee des memes officiers pendant une longue suite d'annees; et , comme sa propre famille, a sa mort elle a perdu un pere. » Le succes des Memoires dc Suchet ne s'est pas borne h la France; il en a paru une traduction anglaise , une traduction espagnole se public en ce moment, et Ton prepare une traduc- •ion allemande. M. Avenel. LITTERATURE. CiiROiSiQiiE!* i)F. Fbanci;. par M""' Ainablc Tasti' (i). .I'ai line I'oi si vive dans Ic gonie poetique de iM""" Taslu, que j'avais d'aboid fait pen d'altentiou a ce litre do Cliro- ni(/aes qu'elle a doiine a son iiouveau lecueil. Nous voyons taut de livres qui ue remplissent quVi nioilio les promesses de Icur litre ! Une surprise contiairc n'avait lien d'invrai.-ciu- Ijlable de la part d'lin auteur donl la niodeslie egale le talent. Toutet'ois , mcs apprehensions ont commence lorsque j'ai lu, en tete de son ouvrage , un iragujent de Fredegairc, dont je nie bornerai a Iranscrire ces derniers mots : « Que si qnelque lecleiu- donle de moi . qu'il ait recours a Tautenr meme ; il Irouvera que je n'ai rien dil qui ne soitvrai. » Ainsi, IM """Taslu, adoptant un systeme qui prive I'art de ses ressourccs les plus r(''condes, a pris pour guide, dans la peinture des honmies ct des cvenemens, la verite historique, si differcnle de la ve- rite poetique. Ce systeme n'est pas une decouverte ; c'esl cclui (|ui, dans toutes les lilleraturcs, a precede la poesic. Ainsi, ia Grece eut ses cycliques, narrateurs timidcs, qui nc fnenl qiic preparer des materiaux pour Homere el pour les tra- giques. Le moyen age a eu , soil en prose, soil en vers, des cin'oniqueursde toulesorte. Qu'est-ilreste dctant d'ecrivains? L'histoire, on ne pent trop le redire, ne contient ni po.ome ui drame tout Tail : il n'est point de caractere ni d'evtMie- mcut qui, pour plaire et intercsscr, n'ait besoin d'etre, avec adressc, souvcnt meme avec audace et partialite, repetii par la I'.l-i LITTliRATURE. 679 main tlupoclc; ctcebesoin sc i'ait surloui senlir dan.s le moyeii Tige el djMis los terns poslerieuis , periode oi'i I'lionimc dispa- rait, pour ainsi dire, sous le costume bizarre dont une mul- titude dc prejuges et d'usages contraires u sa nature I'ont im- pitoyablement affuble. \oila poiirquoi la poesie y trouve si difllcilemcnt des sujets. La pocsie, comme les autres arts, ne peut rien creer d'attachant ni de durable qu'cn relrarant les earacteres qui appartiennent a lous les teins , les passions qui parlent au cceui' de tons les liommes. Si done les moeurs d'une epo(|ue ont donne aux passions et aux caracleres dcs formes toutes locales et exceplionnelles, la poesie, en reproduisant cette epoque, sera presque toujours reduite a ralternative de sacrifier, on I'interet, ou la verite historiquc. L'Ariosle, le Tasse , Voltaire et tons les grands poetes qui, avaut notrc terns, ont traile des sujets empruntes au moyen age (saus en excepter meme Shakespeare et Schiller, dans ce qu'ils onl de plus beau) , n'ont pas balance a opter pour I'interet. Au- jourd'hui, on incline en faveur de la verite. A ne considerer que les avantages de I'art, je doute qu'il y ait progres. Mais hcltons-nous de mettre un terme a ces reflexions generales, de peur qu'elles n'nsurpent un espace que le lecteur aime mieux me voir employer a lui parler du noiiveau recueil de M"^ Tastu. Ce recueil est compose d'un prologue et de cinq morccaux de genres tres-differens , mais qui tons se rapportcnt au des- sein qu'a cu I'auleur de retracer les diverses periades de'^nolre histoire. Arretons-nous un moment sur le prologue, morceau dont (luehpics negligences et quelques longueurs n'alterent point le charme poetique. Voioi comment M""' Tastu nous peint les sensations que, des son enfance, lui a fait ('prouver la gloire nationale : A res secrets acceii? I'amoni' dii sol nalal , \,c doux iioni de la Franct-, ont sei\i de sijjnal; (I'esl ce noil) qui d'aliord in':i)>pai'ilt dans riii^lniir: Ses heios los i>reniici> onl pciipic ma nieniuiK . 68o LITT^KATUI\E. Que dcl'ois j'ai ronipt6, parmi soixantc rois, Ccux dnnt le regiie illustre, cu doiit les sages lois La rendaient tour ^ tour plus heureuse ou plus belle ! Que de fois au ri^cit de nos anciens exploits J'ai compare I'eclat d'une gloire nouvelle, Qui m'apparait cncor conimo un songe effac^l Car le present d'alois f'aisait croire au pass6, Dans ces jours de prodige 6niue, tmerveillee, De son premier sommeil nion Time reveillee, S'cbhuil k I'eclat des belliqiieux travaux. Si le bronze annon^ait des triomphes nouveaux, Prelant au bruit guenicr une oreille attentive, L'aiguillc entre nies mains demeurait inactive. Trop fiere des succ6s qu'oblenail uion pays, Mon creur palpitait de sa gloire ; J'oubliais ii quel prix s'achete une victoire: Alors je n'avais point de fils. II me faut un certain courage pour me refuser au plaisii de prolonger cette citation. Plus loin, s'adressant aux Muses flu siecle de Louis XIV : Pourquoi, dit le poete, Pourquoi des chants 16gn6s i la post6rit6, Le sol qui vous vit naitre est-il desheritci ? Pourquoi, meconnaissant une juste esperance, Doter la Grece et Rome, aux depens de la FraneCj D'une double immortality f M"" Taslu a voulu dedommager son pays des chants que nos anciens pofjtes onl refuses u ses annales. Telle est la pen- see qu'exprinie, avec une modestie pleine de grace, la fln de ce prologue, digne d'etre compte parmi les meilleures pro- ductions de son auteur. Le premier des cinq poemes qui suivent, a pour titre : Terns retigieux. — Quairihne siecle. — Les deux amans de Clermont. ,Ce sujet, emprunte a la legende, a quelque rapport avec celui d'Atala. L'amour de Thecla, comme celui de la jeune americaine, est combattu par le vceu qu'elle a fait de consacrer a Dieu sa virginite. Mais, au lieu de recourir au poison pour rester fidele a seg sermens, Thecla, la premiere nuit de ses noces, les revele a son jeune epoux. Celui-ci ne ?e rend pas d'abord a ses pieuses instances : LITTER ATDllE. 681 Est-ce i nous de ceder a des va'ux imprudens , D« deux nobles maisons nous les seuls dcscendans? Nos peies verraient done, au d6clin de leur age, Aux mains de l'6tranger passer leur heritage? Mais elle : — Eh ! que sent done, aux regards d'un chritien, Ces grandeurs, ces tresors, eet herilage? Rien ! Rien I'univers entier ! Rien la vie elle-uieme 1 ■ — Dans tes voeux, malgr6 moi, men cceur est de nioiti6, Dit le jeune homme, emu d'une tendre piti6. Puis en signe de f'oi leurs mains se reuiiirent ; Sous I'ceil du Tout-Puissant bientOt ils s'endormirenl, Et les anges bergaient de choeurs m<5lodieux Ce couple voyageur sur la route des cieux; lis eontemplaient ces mains encore entrelacees, Ces fronts oii n'habitaient que de saintes pensees, Ces levres qu'entr'ouvrait un soutlle egal et pur, Et ces chants s'exhalaient de leurs harpes d'azur : 0 Tel le jeune ramier, la blanche touiterelle, » Unissent leur repos sous I'aile maternelle ; » Tel d'un double eneensoir le tourbillon errant o Ne forme dans les airs qu'un nuage odorant ; » Tels deux flambeaux sacr6s dans le temple s'allunieut, » Et sous la flammc sainte ensemble se consument. » De leurs nuits une nuit a retrace le cours. Quoique le siijet repose sur des idees qui ne sont nl natu- relles, nl raisonnables, on ne pent nier que le pinceau gra- cieux et delicat de M"" Tastu n'ait su donner du charnie et meme de I'interet a ce tableau. La piece suivante est intitulee : Terns barbares. — Les eji- fans de Clodomir. II n'est personne qui , en lisant I'hlstoire de notre premiere dynastle , n'ait ete saisi d'horreur au recit de la mort de ces enfans si cruellement massacres par leurs oncles. Maisy a-t-11 dans cette catastrophe legerme d'un interet puis- sant? J'ai peine a le croire. Clotaire et Childebert, I'uii plus feroce, I'autre plus lache, sont (-galement repoussans par une barbarie Iroidement calciilee. Cloliidc. dont I'huineur vindi- 683 LITTEIIATHUK. calivc a di-ji'i cause la porlc do Clodoniir, ct qui, cousultto sur Ic sort de ses pclils-fils, ropond avec orgueil : anier la iVamec, .If iiiL' veiix cntourei- d'uiic nombiciise aiiiiee ; Car j<; serai vaillant coinme I'etait Clovis; Et ines Leudes I't moi, de nos soldals siiivis, Nous pourions entrepreiidre alors guerrcs sur guerres, Gonquerirdu butin, des richesses, des lerres : Car jc ne veux d'etats au raonde que, les miens. — Un moment, dit Gontliaire ! au moins de la couronne ' A Clodoald, a moi, tu fais part? — A personne. Clodoald sera clerc, — Et moi? — Je te turai. (ionlhaire, de sou cote, u'aspirc qu'a voir sa table A toute hcure couverle De vins tels que I'eveque en garde en son tresor, Et de cent mels divers dans de graiids bassins d'or. El (juaut a Clodoald, ou saint Cloud, voici les inslilulion (]u'il destine a son peuple : Si le Seigneur le veut, par sa sainle entremisc, J'eiii])loirai mes tiesors i bAtir uue eglise ; Ilcureux, si je pouvais de quelque saint nouvcau .llonorer en ce lieu le glorieux tombeau! Des cantiques pareils aux cantiques des anges De lous les saints de Dieu rediront les louangcs, Du matin jusqu'au soir el du soir au matin, Gommc on le Tail a Tours pour le grand saint Martin. On voit que, si les sujels do Clolairc it de Cliildcbert de- \aieul avuir"on horrenr de pareils rois, ils n'avaient giiere »n- jrinc<'s. I'oin- j'Urcrnit de mallienr. LITTERATUUE. CSfi la barbaric du loins scmble avoir extrce une muligne iidliicncf sur Ic style du poetc ; on plutot il aura eherche une sorlc t\v couleur locale, dans la rouille dont ses vers sont emprciiits. Cost uu effort qui a dil coOtcr beaucoiip a M^'Tastu. Je re- trouve avec plaisir sa touclie habituelle dans Ic court passage que je vais ciler : Sur un leger brancard les jemies niorls poses, Dans tdute leur beautt'^ denieiirent exposes. limu par la pilie, le peuple les asslcge, ' Puis se joint en silence an higubre cortege; Cai , (le la reine en deuil respectant le niallieur, 11 craignait de troubler son immense douleur. Les yeux etaient sans pleuis el les levres sans plainlc; Nul bruit ne s'entendait durant la niarclie sainte, Hors le niurmure sourd des canliques sacres, Ou le sol fremissanl sous les pas mesures. Les tems clievaleresques sont rcpreseiites par une avenlurc empruntec a Thistoire de Duguesclin. Felton, prisonnier an- glais qu'il a delivrc sur parole , s'est menage des intelligences dans le chateau de Pontorson , habite par Tiphaine , epouse dti lieros breton. Alix, Tunc des Icmmes de Tiphaine, a etc seduite par Felton. EUe est sur le point de lui livrer pendant la nuit I'entree du chateau, lorsque Julienne, jeune religieusc, soeur de Duguesclin, avertie en songe par la sainte A'ierge, saisit, au chevet de sa belle-socur. Tepee de son frere absent, et repousse I'escalade. Sur ces entref;rilcs, Duguesclin arrive; il a rouconlre les Anghiis ; il a repris Felton, at instruil de la trahison d'Alix, qui refuse de denoncer son complice, il la fait precipiter dans les fosses du chateau. Cette aventure , racon- tee en vers elegans et riches de poesie, abonde en heureux de- tails ; mais le denoument sinistre qui la termine , serre le cceiir plus qu'il n'attendrit. Quel froidpersonnage que ce Felton pour lequel Alixse sacrifie , et meme que ce Duguesclin qui, apres avoir fail noycrla pauvre fille , sans auciiue forme de proccs . Seul Iranquillc a rasped dii snpplice . S'ajiplau
    . cliaque, ouviafje, reux des livies eli angers 011 IVanrais qui paraissent lc jusqn'iciresoud re ces questions a llirinativement; tousles elforts des lujinnies n'ont pu sup[)leer an terns. En vaina-t-on cherche a ouvrir aiix sauvages les voies d'une civilisation dont ils comprenaient les bienfaits : en vain les a-t-on transportes an milieu des villas; en vain a-t-on bati des villes an milieu de leurs forets ; ils sc sont I'efuses an bicn qu'on voulait leur faire ; et le petit nombre qui s'est soumis a etre bem-eux a la maniere des Europeens a souftert, langui et peri misera- blement. Unc des mesnres les plus sages du gouvernement des l^tats-Dnis, et dont il etait permis d'attcndre de bons re- suhats , est celle qui a reserve aux Tndiens certains terri- toires dans leiu'S anciens domaines. 2,52G Indicns ]ia!)itaicut, en 1825, onze villages, dans les Elats du Maine, de Massa- chusetts, de I'ile de Uhode, et du Connecticut. Presses de toutes parts, et, pour ainsi dire, cernes par I'industrie de po- pulations actives, ils semblaient devoir etre entraines a pren- dre part au mouvement. TNi rexeuiple, ni nienie la bonne volonle ne leur ont niaufpie : et, ccpendant, ils out echoue dans leurs tentatives. L'ne partie est revenue a son instinct sauvage , I'autre est restce dans I'inaction. OQ sont les cnfans des quatre-vingt mille homnies (pii babitaient le seul territoire de la Nouveile-Angleterre , lorsque, cent hnit ans apres la decouverte de 1' Ameriqne, le navirc le May jlower , debarqua sa troupe d'aventmeux pelerins sur I'aritle rocher de Plyniouth? Ces nouveaux venus furent bien accueillis par les naturels; et aujourd'hui lours dcscendans remplacent les innombrables tribus qu'ils trouverent libres et heureuses. Des guerre? et des dissensions ont contribnoa opererco grand ETATS-UNIS. — GRANDE-BRET AGNE. 69^ ihangpiueiit. inais ne peiivciit seules expliqiier hi prcsque totale extinction des races primitives sur cct immense con- tinent. 11 y a meme eu cliez les Europeens un desir sincere d'ameliorer I'ctat des Indiens : des missionnaires, des pro- fesseurs, animes d'nn pnr esprit de phiiantropie , ont pcne- tre dans leurs retraites les plus cacliees. Des instrumens dc cnltnre Icur ont etc donnes ; des essais de labouraj^e, de de- IVichemcnt ont ole fails devant cux et pour enx. Des enfans indiens, eleves de bonne henrc dans des ecoles, ont ete ensuite rcnvoyes parnii lenrs compatriotes pour lenr porter de nou- velles Inniieres et faire gcrmer de nonvelles idees. Mais au lieu de remplir Icur mission, ils sont retombes dans la barbai ie la plus complete. ISe scmble-t-il pas qu'il y ait la nn obstacle independant de la vblonte des hommcs? Cenx qui ont fait parlie des missions, on qui ont ete a meme d'cn observer la marche, persistent neanmoins a attribuer le manque de suc- ccs a Irois causes principales ; 1° a I'influence du jnauvais exemple donne aux naturels par les blancs qui liabitent dans lenr voisinage ; 2° a lenr altachement pi'ol'ond aux coutumes, anx traditions, aux notions fabulouses de leurs peres; o^enfin, a lenr elat de dispersion, et a lenr vie errante. Mais, aussi, comment esperer d'agir sui' des peoples en exig;eant d'eux le sacrifice de tontes levu-s habitudes? jNe conviendrait-il pas de faire la moitie du chemin ? .raime mieux, je I'a voue, le systenie de concession des jesuites, qui accordaient a la vierge en ve- neration chez les Iroquois le don de faire des miracles, que les doctrines abstraites et absolues despredicaleursprotestans. Le protestantisme, elan t esse ntiellement vuie religion d'exa men J convient d'aiilant moins a des penples enfans qui ont, plus (pie tout autre, besoin dc ce qui paile aux sens. Ilscomprcn- (Iroiit bien mieux, avec une sorle de symjiallu'e , avec un seiilimcnl religieux qui sc manifeste par des signes cxterienrs. Ineallitude de respect et de recneillemenl, unc genuflexion, des mains etdes ycux leves vers le ciel en disent pour eux bien plus rpic des mots. C'est au plus profond des croyances, des mcenrs, des alVectiuns de ces peuplades »ni'il faudrait clicr- cber le secret dc lenr conversion, et les moyens d'y arriver, ct nou en voulaiU lenr app.li(]iier des institutions d'lin autre iige , qui Icur soul elrangcres, et n'ont point grandi avec eux. L. Sw.-Uelloc. EUROPE. GKA-NDE-BRETAGINE. 186. — The lilnwy of enter iaining kn.oivicdirr. — liiblio- 6!)4 LIVKES i5;TU ANGERS, thcqiie lies Connaissaiues amusantes. T. I : partie premiere. Lt\s menageries des quadrupedes decrils et dessines d'apres des . avances que nous sur plusieurs points, et particuliere- ment en histoire naturelle, ne se font pas scrupule de nous empruuter tout ce qui leur convient, et de le revetir ensuite de formes simples et populaires. II faut suivre la meme mar- che, reprendre notre bien, et y joindre ce que les autres ont acquis. G'est surtout en science qu'il ne doit pas y avoir de monopole, et que le progres d'un seul doit tourner au profit de tons. 187. — * Travels in Arabia, comprising those territories in the Hedjaz which the Mahommedans regard as sacred. — Voyages en x\rabie, comprenant une relation de cette partie de I'Hed- jaz que les Mahometans regardent comme sacree ; par feu J. Lewis BtiRCKARDT, publie par V Association formce pour Hendre les decouvertes dans I'intdrieur de I' Afrlque. Londres, 1829; Colburn. In-4°. G'est surtout la Mecque et Medine, les ceremonies reli- gieuses, le pelerinage au mont Arafat, qui ont excite la cii- riosite de Burckardt, et qu'il fait connaitre a ses lecteurs. L'Islamisme s'est enipare de toutes les hal)itudes des Arabes; leurs ma'urs s'en sont impregnees; i! est leur histoire et leur vie : se? ceremonies sont basees sur les antiques supersti- GRAN DE-BRET AGNE. 695 tions de ces hordes nomades, et Mahomet, leur proph^te etleur unique lea;islateur, semble presque le seul phenomene qui ait biilie sur ces plaines uniformes, le seul evenement qui sc ilotache sur les paijes vides de cette histoire vague et ignoree, la seule epoque, le seul homme. Ali-Bey avait fait penetrer ses lecteurs dans I'enceinte inviolable des mos- quees ; il y etait entre (.omuie un descendant du prophete, un sherili'. C'est comme pelerin, comme liadji, que Burc- kardt, apres avoir excite nt'anmoins un moment les soup- fon.s de Mebeniet-Ali, pacha d'Egypte, est parvenu ;\ se glisser dans la maison de dieu', BeituUah. Revetu de Vl/iram, vetenient compose de deux pieces de toile sans couture, et qu'en hiver comme en ete le Koran prescrit aux musulmans pendant la duree du pelerinage, il a fait le Towaf, promenade autourde \a Kaaba , mosquee interieure , sanctuaire oti Ton n'entre que deux fois Tan ; il a baise ia pierre noire qui , suivant la tradition musuhnane , fut placee par I'ange Ga- briel <\ I'un dt's angles de la Raaba ; il a parcouru sept fois la distance qui separe les collines de Sfaxa et Meroua; jadis les tribus s'y reunissaient pour cclebrer la memoire de leurs ancetres ; des defis de gloire entre les poetes , de courage entre les guerriers , s'y portaient annuellement. iMahomet a detruit ces tournois, seulement c'est aux memes lieux que les pclerins se promenent et prient. Burckardt visita ensuite I'Onira , oCi Mahomet faisait sa priere du soir, et enfin fut temoin de la grande ccrcmonie (jui attire au centre de I'Hedjaz les caravanes du monde musulman. II se rendit a pied au mont Arafat, a la suite d'une multitude innom- brable. La description qu'il donne de ce voyage ot de cette assem- blee de peuplcs divers, reunis pour entendre, au lever du so- leil, ce qu'ils croient etre la parole de Dieu, prononcee par im homme inspire d'en-haut, dans un lieu consacre , est animee et vivante. II y a quelque chose de communicatif dans Fentbousiasme , et Ton est emu en Jisant les efifets produits par une croyance que Ton ne partage pas. Un pe- lerin s'ecrie, a la vue de la Raaba entouree de lampes, de nuages de parfums. et de milliers d'hommes prosternes dans la poussiere : « Grand dieu, prenez ma vie, c'est ici le ciel! » D'autres, expirant de fatigue, rampent sur leurs ge- noux et sur leurs mains, jusque pres de la maison sainte, et, baignes de I'eau du Zemrem, rendenl avec joie le der- nier soupir. Du berceau du prophete. le voyageur se rendit a sa tonibe. Cc)6 LlVnliS KITiANGERS. Mi'iline avail uri aspect Iri.sle et desule, a I'epoque oi'i ily arrival on i8i5. Lcs pelerins y ('-laicnt rares; et comnie ils font tout lo eoinmeiTe et toute la lichcssede.s villes de I'Hedjaz ^ la phiparl dcs boutiques etaieiU I'ermees, et les inaisons tomhaiont en mine. Medine, cependant, bicn batieet pavee, rcssenibierait plus aux villes de la Syiie qu'a une cite arabe, mais les proprietaires, ne rclirant depuis long-tems aucun profit de la location des appartemens nonibreux, que, conuiic a la iMecque, ils tiennent a la disposition des voyagenrs, nc reuient plus t'aire la depcnse necessaire pour les cntretenir; de soite que Ton ne voit que niurailles degradees ; et Me- dine , comnie la pUipart des villes de I'Orient , n'oflVc plus qu'une I'ailile image de son anli(|iie splendeur. Les deux volumes des voyages de Buickardt, deja pu- blics, de i8ic>a 1822, et qui contenaient la relation de sou sejour en Nubie et en Syrie , i'aisaient desirer ce troisiemc volume. Les editenrs en prometlent nn quatrieme, contc- nant des details interessans svu' les Arabes du desert, et par- ticulierement sur les Wecbabites; Fbistoire de cette secte, si pen connuc parini nous, et (pii a t'ailli changer la lace d'une moitie du monde, ue pent uKUKjuer d'etre accueillie avec empressement. L. Sw.-Belloc. 188.^ — * Ohscrraciones sobrc la historia de la guerra deEspoTitt, que iscribieron , etc. ■• — Observations sur les liistoires de la guerre d'Espagne, ecrites par MM. Clarke, Soitthcy, London- den-y et ISapier; par Jose Cnnga Argi'ielles. Londres , 1829; M. Calero, 17, Frederick-Place, Goswell-Road. 2 vol. in-8. L'Angieterre , au eommenccmeut de 1808, etait sur le penchant de sa mine ; ce vasle edifice s'ecroulait par sa base. Que des ecrivains pleins de vanite natiouale nienl aujonrd'liui cette verite, elle n'en reste pas moins consignee dans les actes du parlement. Les emprimls negocies depuis 1 793 s'elevaient a la somme enoime (le l^ic),i)oo,^S'^ liv. sterl. M. Tieruey demandait, dans la Chambre des Communes, la formation d'une commission chargee d'examincr le veritable etat du conniierce ct de la navigation, et d'aviser aux moyens de leur rendre nn pen de vie. In des plu^ardens soutiens de ce qu'on appelle au-del;'i du detroit I'lioiineiir briianntque avait ose i'aire entendre , dans le parlement, les mots (Vaccommodemcnt , de negpcialion , sans exciter aucun scandale , ni memc aucun etonnemeut; I'angoisse elail generale, et le moment elait ar- rive on I'orgueil anglais aliait etro Ibr-je de flechir sous la bii de rinterel : mai? niors les premiircs nouvellcs de i'ins(irre<.'- GRANDE-BRETAGNE Gcjy tion cspagnole parA inrcnt a Londres , et raiiimerent toutes les esporaH^ccs. « C'elait, disciit M. ISapicr et Ic marquis de Lon- donderry, c'etait un nouvcau champ de l)ataille, ouvert aux troupes anglaises, oTi tout leur serait auxiliaire; c'etail un point d'appni ou se fixa le levier qui devait remuer le monde. » L'Angleterre ne Ait done dans la, guerre d'Espagne qu'une circonstancc heureuse pour tenter de nouveau les chances des combats. Mieux instruits peut-etre que Napoleon du ca- ractereverital)le desEspagnols, les ministrcs anglais virent tout ce qu'on devait allcndre d'une nation fiere et brave , indigne- ment trompee , l)lessee dans scs croyanccs, dans ses ma3urs, dans ses piejuges les plus chers, et fnent entrer rheroisme castillan dans leurs caUuls politiques. Qu'on juge maintenant si la reconnaissance des Espagnols doit etre vive pour I'Au- gleteri'e, et les secours qu'ils en rorurent! II est, du resic, evident que cette alliance ne pouvait etre que momcnianee ; que I'Anglelerre est cssenticllcment ennemie de toutc puis- sance possedant des colonies; enfin , que I'allie naturel de I'Espagne, c'est la France. Cette verite, que les Espagnols sont aujourd'hui disposes a reconnnitre, ne pouvait guere, sans doute , tombcr dans leur esprit lorsque la France se pre- cipjtait sur leur patrie et I'accablait du poids de ses aniiees; mais les haines nalionales s'eteignent , et la France a bien assez expie ses conquetes et sa gloire pour que les peuples qu'elle a vaincus bannissent des souvenirs irritans. La guerre commenca : I'Europe salt cc que lirent les Espa- gnols ; comment ils effacerent, par des ttots de sang, trois sie- cles d'abaissement ; comment ils surent rappeler, en le sur- passant, tout ce que I'aiitiquite raconte de la yaleur de leurs ancetres : I'eloge de leur bravoure est devenu presque une trivialile. Cependant, si des temoignages elaient necessaires, ce serait a nous, Fiancais, a les porter; a nous, qui avons ac- quis des titres de competence que personne ne contestera ; a nous, qui avons pu juger ce que pese le glaive de chacune des nations de I'Europe , et«(|ui avons vii , pendant une guerre meurliiere, nos rangs tristement eciaircis par les bandes es- pagnoles bien plus que pai' les regimens anglais. Ces temoi- gnages existent dcja dans les onvrages hisloriques ecrits par des hommes dont I'autoi'ite est irrecusable, le general Foy, les marechaux Gouvion St.-Cyr et Sachet. Quand on a In ce qu'ils out ecrit sur ces immortelles campagnes , sur les resis- tances, les pertes qti'ils eprouverent, les actions liero'upu'S dont ils (urent temoins, personne n'a le droit de les conlre- dire. Ecoii(ons le derniei'. parlant d'un assnut on il sc trouxaik 698 LiVRKs Strangers. en personne [Memoires, t. 11, p. 170) : « La breche fut aussi- lot coiiverte d'homnies exaltes par renlhousiasme et par la iureur. lis rcpondaient , par ties coups de fusil, a cliaque coup de canon; replacaient les sacs dc terre rcnvcrses; et, par una obstination inouie, pendant cinq ou six heures sans relache , dcbout sur le rempait, sous le feu non interrompu de quatre pieces dc 24' battant de plein fouet, ils se succedaient a I'envi , remplacaient les moits, reparaicnt avec ardeur les ef- fets du boulet, et, poussant dc grands cris, nousprovoquaient .1 monter jusqu'a eux, pour combattre de plus pres. » (Voy.«- ilessns I'analyse dcs Memoires du marechal Stichet , p. 66 1.) Opendant, des ecrivains anglais ont eu I'incroyable audace d'accumuler centre la nation espagnole des accusations aussi absurdes qu'injurieuses. Un Espagnol , homme d'honneur et de savoir, a pris la peine de leur repondrc. II aurail pu se dispenser de refuter le reproche dc Idrhete fait a ses compa- triotes; cela n'est que ridicule. II les anrait assez embar- rasses, sans donle, s'il leur eQt demande ce que faisaient I'escadrc et I'armec anglaises lors(jne Tarragone et Ciudad- Rodrigo succombaient a leur vue , sans qu'elles cherchassent a les secourir? S'il cut rappele leur pitoyable retraite devant Napoleon, lorsque cclni-ci commandaiten personne la seconde invasion , et mille aiitres traits qui prouveraient que les An- glais etaient bien plus avares de leur sang que de celui de leurs allies. Ces auteurs prodiguent aux Espagnols les epi- thetes de barbares, d''ig>iorans, de brutes, etc. Sans doute , au milieu d'une epouvantable guerre, on s'agitaient toutes les passions d'un peuple exaspere jusqu'a la fureur, ils n'avaient pas conserve cctte civilisation elegante, calme et reguliere qui ne pent fleurir qu'a I'abri de la palx et de la prosperite publi(|ue; sans doute, les jeunes officiers, sortis de I'aristo- iratic anglaise , n'ont pas retrouve , en Espagne, la politesse el les plaisirs des salons de Londres; mais, quelquje rudesse (pie les nuieurs cussent prise au milieu de ces catamites natio- nales,de quclqueshorriblesexcesqueles Espagnolsaient souille leur sainte ca\ise , on ne pent leur reprochcr des actes aussi coupables que ceux dont les Anglais s'accusent cnx-memes. Nous ouvrons le livre du marquis de Londonderry, et nous y Uouvons (chap, xxviii, p. 3^5 dc la traduction francai-se ) le passage snivant, dans lequel il est question de la reprise de Ciudad-Rodrigo : « Chaque quartier de la ville oflVit des scenes horribles de pillage et de confusion;. . . plusieurs incendies eclalerent , soit allumes a dessein , soil lesuUant d'accidens ; on pillait les eglises; le vin coulait dans le? caves; et, pen- GRAiNDE-BUETAGNE. 699 dant plusieurs heures , il n'est suite de ciime qui ne .se com- mit. Gorges de via et rassasies de luxure , lios suldats suc- combta-ent cnfin aii sommcil , etc. » Cela est naif; et si Ton songe que cctte villo et ces eglises pillees et brfdces etaient espagnoles ; que ces femmes violecs etaient des femmes es- pagnoles; que tous ces crimes, enfin, etaient commis, contre des Espagnols, par les Anglais, leurs allies, on sera en droit de demander ii ceux-ci ce qu'ils entendent par le mot barbarie, et s'ils connaissent, dans la conduite des Espagnols, quelque chose d'aussi honteusement atroce. Un autre reproche encore est celui d'ingratitude. Pour juger jusqu'a quel point il est foude, il t'audrait mettre , d'un cote, tous les bienlaits que les Espagnols recuiont de leurs allies; de I'autre, les temoiguages de reconnaissance qu'ils leur ont donnes. II f\iudrait rappeler I'empressement avec le- quel les Anglais prolilerent de I'occasion qui leur etait offerte pour detruire les ligues de Saiat-Iloch, vis-a-vis de Gibraltar, lignes dont I'etablissement avait coule des soiumes immenses ct. des guerres opiniatres; il faudrail rappeler rincendic, non uioins gratuit. de la I'abrique de la China au Biieu-Retiro , de celle de Guadalajara , et d'une Ibule de villages de la Ga- lice , etc, etc. D'une autre part, il t'audrait dire ce que couta aux Espagnols le sejoiirdes troupes anglaises dans leur pays, les affronts qu'ils recevaient, entoutescirconstances, de la sol- datesque anglaise, et qu'ils siipportcrent avec resignation, malgre leur fierte native ; il foudrait rappeler comment ils clicrcherent a recompenser le general "NVellesley de scs im- portans services, en I'elevant a la grandesse, en lui accordant le litre de due de Ciiidad-Rodrigo et le domaine de Soto de Roma; en lui envoyant les insignes de I'ordre de la Toison- d'Or, le grgnd cordon de I'ordre de Saint-Ferdinand, avec la plus forte j)ensiou que les statuts permis^ent d'y joindre, etc. Mais ces discussions historiques nous conduiraient trop loin ; elles seraient inutiles pour les hommes a qui des interets de vanite personnelle ou nationale ont fait prendre d'avance un parti, et superflues pour ceux qui ont vu de pres les evene- mens et les hommes, et qui lesontjuges avec calme et discerne- ment. Nous aimons, d'ailleurs, a indiquer le livre de M. Canga Argiielles comme un tres-bon repertoire de faits, appuyes sur des pieces justificatives : c'est I'ouvrage d'un excellent ci- toyen , d'un homme de sens et d'experience ; il sera fort utile a ceux qui veulent connaitre exactement ce qui s'est passe en Espagne. F. D. T. 189. — Sir Thomas More; or Colloquies on the progress and -00 LIVRES ETRANGEIIS. prospects of sociely. — Sir Thomas More; ou Colloques sur le^ jji-ogres ot la perspettive d'avenir tie la socielo ; par Robert SouTiiEY, })oete laurcat. Loaches, 1829; Murray. 2 vol. ia-8" avec i^iaviires. i<)0. — All for Jjove, or ike Sinner well saved. — Tout pour rAiiiour, ou le Pecheurhien sauve; le Felerin a Compostelle, ou la Logcndc il'un toq ct d'unc poulc ; par Rohcrt Southey, pot'te laurcat. Londres, 1829; Murray, ln-12 de 220 pages. Southey est, par exeelleuce, riioninie iles utopies, el c'est peul-elie celte disposition a revei' autre chose que ce qui est, <:t a mettle Ic prol)able a la place du possible qui a I'eudu ses opinions polili(pies si changeantes. Desesperant d'atteindre a ses illusions, il s'esl attache aux realites. Aujourdiun , c'esl sous la i'orme de dialogues qu'il oilVe an public ses commen- laires et ses idees sur quelques-uns des points les plus impor- tans de la civilisation et desevcncmens acluels. II ressuscite sir Thomas iMore poiu' Ic charger de la partie positive de la discussion; son inteilocuteur, Montesinos ( etranger d'un pays loinlain), avance et defend des theories plus ou moins ingenieuses siU" le perfeclionnement du monde, les pierres druidiques, le servage I'eodal, raccroisscment de la mendi- cite,OAven de Lanark et le systenic manufaclurier, la ri- chesse nalionale , la guerre, I'avenirde I'Europe, les metlio- distes, les Etats - Unis , Temaucipation catholique, I'lr- landc, etc., etc. II est curieux de suivre le mouvcment et les Yues d'un esprit distingue sur taut de points divers. Plusieurs des jugemens de M. Southey sent beaucoup plus liberaux qu'on ne ppuvait s'y attendre de la part d'un ministeriel : il est \rai ([ue le minislcrc lui-niGme a donne le signal des re- formes, et (pie la ^Hrtrhih)sophie , le jjoele laureat fait, par compensalion , de la logiipie en vcis. Sa legeude de TcU pour raniourca faiblc et djlfuse. Leseul passage rcjnar([uai>lc est relui de la conjura- GRANDE-imETAGNE. ;ni lion I'aite siir la tomljc an moment oi'i Elt-emon, eiileve par Satan, eiitendantourde lui vm tournoiement d'ailes invisibles, et fenH I'aiV, poussc par nnc irresistible force. Le fond de I'bistoire est commnn , et ne pent avoir de charme que par les details. Le pclerin de Compostelle a des intentions conii- qncs, mais mal rendues. En general , la poosie de Southey est plutot luie oeuvre de volonte et d'erudition qu'une crea- tion de I'amc. II a parfois des momens energiqiies et brillans; mais sa chalein- passe d'autant pins vite, qu'il n'y a pas de foyer pour la renouveler. Ses ballades, ou il a su mettre de la grace «tde I'interet . pechent presque toujours par I'arrange- mcnt metbodique des rnots et des idees. II voit son sujet a froid , le compose assez babiiement, et en fait un travail de I'esprit, sans croyance et sans iVii. igi. . — T/teS/icphcrd's Calendar. — Lc Calendiicr du Bcr- ger, par James Hogg, auteur de la Vcillee de la Rcine, et de plusieurs autres poemes. Londres, if^sg; Cadell. Edimbourg, BlaikAvood. 2 vol. iri-i2de 34o et 55o pages; prix, i4 schcl- lings. Plus connu sous le nom dn Bergcr d'Ettrlck , James Hogg naquit dans .une des parlies Ics plus romantiques des mon- tagnes de I'Ecosse, et fut de bonne beure employe a la garde des troupeaux. Jl passait ses journees , et soiivent ses nuits, an milieu des ])ruyeres desertes, dans le creux des ravins, sur des rochcrs, oi'i son imagination evoquait la foule d'es- prits familiers qui vivent encore dans les legendes ecossaises. Cette vie contemplative, si propre au developpement des facultes poetiques , ne tarda pas a porter ses fruits. 11 com- posa, fort jeunc, des ballades qui furent imprimees en i8o5. Elles avaient cependant pen d'originalite , et rappelaient mal adroitement les poesies de "Walter Scott. Hogg a senti ce que ses mocurs et ses babitudes de bcrger offraient de pittoresque, et il a \oulu I'exploiter, sans avoir recu mission pour cela. II n'a pas renergienecessaire pour repjoduire des sensations; il ne salt pas surtout tracer un plan. II lui serait impossible de I'aire un onvrage de longue hakine. Sa maniere est essen- tiellement episodique. Sou meilleur poeme, <.<.T lie queen's IVake, 1) la Veillee de la Reine, est une suite de legendes, dont quelques-unes sont fort remarquables par leur pocsie ct leur simplicite. Lc livre qu'il donne aujourd'hui au public est, de memc, ime succession de contes et de traditions, mais en prose, fondees sur les superstitions de TEcosse. II y a ca et la des souvenirs de sa vie pastorale, qui out beaucoup de grace, 7o.i LiviiKS Strangers. et nous initieiit a des mceurs tout-;i-t'ait naives et nouvelles. Dans le chapilre des Tempetes de neige , il coiite commenl une vinglaine dc jcunes bergers avaient contume de s'as- semhler a certains jours du mois, quand Ics travaux de la journec etaient finis, dans la hiitte del'un d'entre eux, siluee dans nn endroit desert, sur le haul d'une roche. pour y lire leius compositions. La, ils discouraient de pliilosopliie , de morale, de poesie , et passaient souvent la nnit en discus- sion. L'n soir que Hogg s'y rendait, il fut surpris par un ou- ragan aftVeux ([ui le forea de revenir a scs moutons. La tour- menle fut terrible, et telle que de memoire d'homme on ne se souvenait pas d'avoir vu rien de pareil. Elle devasta toute la contree , et particulieremcnt le voisinage de la hutte aux conferences. Le lendemain, il n'etait bruit panni les anciens du pays que de I'audace des jeunes bergers qui avait attire le diableparmi eux , et avaient ainsi cause tout le ravage. La chose faillitdevenir serieuse; et I'enquete faite par les parens de Hogg est tres-curieuse. Enfin, on trouvera dans cet ou- vrage des contes de revenans , de fees, de sorcieres ; des pro- pheties des celebres seers ecossais, ou gens doues de seconde vue; des exemples fort singuliers de I'instinct des animaux, et particulierement du chien de berger. II y aurait a ilaguer, et I'on pounait faire un choix interessant dans ces annates des croyances populaires. Ce serait u la fois une introduction et un commentaire aux oeuvres de "Walter Scott. Nous reconi- mandons particulierement aux personnes qui seraient tentees d'entreprendre cette taclie , le conte de Robb Dodcls , et plu- sieurs des contes du second volume. L. Sw.-Belloc. RLSSIE. ic)2. — * Grammaire raisonnee dc la langiie riisse , precedce d'une Introduction sur I'histoire de cet idiome, de son alpha- bet et de sa grammaire, par Nicolas Gretsch; ouvrage tra- duit du russe, par Cli. Ph. Reiff. T. I. Saint -Petersbourg, 1828; imprimerie de I'auteur. Grand iu-8° de xvi-407 pages. Paris, Artbus-Bertraiid, Bossange pere, Bobee et Hingray, Dondey-Dupre, etc. Karamzine a dil quelque part, en parlant de la langue russe, que « maniee par le talent et par le gofit d'un homme de genie, elle pouvait egaler en force, en beaute et en deli- catesse les plus beaux idiomes, tant anciens que rnodernes » ; et cette assertion, que plusieurs poetes russe* avaient pri» RUSSIK. 705 soil! d'ayaiue de justifier, le cel^bre auteur de VHistoire de RussieVa rendue tellement incontestable pour la prose, a la- qiiellevil a donne du nombre, de I'harmonie et une clarte re- marquable, qu'on pent lui attribuer a lui-meme la gloir» d'avoir fait ce qu'il sentait si bien. L'espece de revolution operee par lui, sons ce rapport, dans la langue russe, qn'il aura contribue a fixer plus qu'aucun autre ecrivain peut-etre de sa nation, si Ton en excepte Lonionossof, auquel la premiere gloire d6'it en etre reportee, faisait sentir depuis quelque terns le besoin d'une nouvelle grammaire russe et de nouvelles formes a donner a sa syntaxe. La position de M. Gretsch, ses connaissances etendues, et les travaux spe- ciaux sur la langue et sur la litterature russe dont il est pres- que exclusivement oocupe depuis long-tems, Ini donnaient des droits reels a entreprendre cette tache, et il a trouve un traducteur habile et zele, qui s'est charge d'elendre I'utilite de son travail aux etrangers jaloux d'etudier la langue dans laquelle Lomonossof, le celebrelyriqueDerjavine, le gracieux Bogdanovitch, le tragique Ozerof, I'historien Karamzine et tant d'autres auteurs dislingues ont eciit leurs immortels ou- vr.iges. Les travaux de Saint-Cyrille et de iMethodias, invenleurs de I'alphabet slavon et traducteurs de la Bible, onl ouvert la voie aux grammairiens russes. La plus ancienne grammaire en langue slavonne, dont on ait connaissance, a ete ecrite au lo*" siecle par .lean , exarque de Bulgarie : c'est une tra- duction de la methode grecque de Saint Jean Damascene, adaptee dans quelqiies occasions a I'idionie des Slaves; mais Ton ne possede aujourd'hui qu'un fragment de ce travail inap- preciable que M. Kalaidovilch a vonlu conserver dans un ou- vrage public par lui a Moscou, en 1824 (in-fol.) sons le titre de Recherches de Jean, exarque de Bulgarie, sur I'lustoire de la langue slavonne et de la 'Jttiraiure des neuvieme etdixieme sie- c/e5(Joann, exarque Bolgarskii : Izsledovanie, etc.) La pre- miere grammaire qui ait etc imprimee avec les caracteres sla- vons, est la grammaire grecque, avec la traduction en regard du texte, pnbliee a Lemberg. en iSqi, par les etudians de I'e- cole grecque, d I'l/sage de la cclebre nation russe, sous le titre AAK-A-J/UTni , grariunatilia, etc. (in-8°); et a laquelle on a cru que la nomenclature grammaticale russe avait ete em- pruntec, jusqu'au moment oi^ la publication de I'ouvrage de Jean, dont nous venons de parler, a fait reconnaitre qu'elle dalait de beaucoup plus loin. La premiere grammaire slavonne, proprement dite, est celle 7o4 LIVUES liTllANGERS. tie Laurent Lhania, pretrc do r«'i?lise orlhodoxc de Koielz. oil V'olliynif, puhlioc a Viliia,cii i;')()(), sons Ic litre do gvam- matika slorcnsla , cic. (polil in-8".) L'auleiir dc cot om rage a snivi los metliodos grccqnes; mais, vovdant ocrirc cii sla- von iisite p(Mir Ics livres de I'oglisc, ilrctoinbc sans cesse dans le dialccte polonais, dont il n'a pas sn s'allVancliir enlieir- ment. La seconde gramiiiaire slavonnc a cte redigec par Mdirc Smotrlski, moine dn convent de la dcscentc dn Saint- Ksprit, a iilna, puis cveqnc de r«'glisc-unie de Polot/.k. Ellc a ete imprimee a Eve; pres de Vilna, en lOif). sous Ic litre do Grammaiilii alotcnsklya pravilnoie siiilagma , etc. (in-8".) Eile a i'te reimpriniee, egalemcnt a Vilna, en iGaQ. Une troisieme edition a paru ;\ Moscou, en 1648 (in-Zj"), avcc des su"pprcs- sions et des cliangeniens, ainsi ([ne des additions titees des ccrits de Maa'ime-lc-grec , raison pour laqnellc cc dernier a passe pendant long-tems pour Taulenr dc eet ouvrage. Vne qnalrienie edition, corrigee par Theodore Polycarjwf, prote de rimprimcrie ecelesiastique, a ete pnidiee a Moscou (in-8"). en 1721, d'apres nu edit de Pierre-le-Grand, sans los ad- ditions que contient la preccdcute. La gramniaire de Smo- triski est pins complete et plus detaillee que cdle de Zizania; mais elle est egalement calquoe sur ies metliodes grecques et ocrile dans un langage mfde de slavon, de russe et de polonais. Elle a servi de modele anx deux snivanlcs : 1" GrammatiLa, vtuPismennitsa yazika slovenshago , c/c.,publiee, en i(J58, aRro- nienetz, enVolhynie (in-8") ; 2" Grammatika srolnnskayn, etc. (Saint -Pctersbonrg >72j), redigee par Theodore Maaimof, sous-diaore de la cathedrale de Sainto-Sophie de Novgorod, et imprimee an monaslorc d' Alexandre Ncvsky, d'apres un edit de Pierre-le-Grand. Ces granimaires i'urenl Ies sculcs dont on se srrvil potn- la langxie russe jnsqu'au milieu dn XVIII" siecle. L'introcluction des types de rimprcssion moderne-g'apporla aucun cliange- lueut ni au\ principes, niau ft^de de celte epoqne. Lc langage iisuel, surcharge d'expressions etrangeres, n'avait ni regula- rite, ni fixite, et ralphabet meme oprouvait des variations conlinuclles, inconvenient auqnel Trediakot'sky proposa do remedior en proscrivauf(iuelqnes letlres, dans son dialogtu- cntre un etranger et un Russe sur i'orihographc ancienne et rno- derne (Saint-Potersbourg, 174^)- I"' buigne rnsse atleiidail un genie rol'ormatenr, on plutot crealeur du langage national, el re genie t'nt Lomonossot', qui doit etre rcganlo conniie le pore de la poosic, do reloquencc el de la granimaire russes. .Sans rejeter Ies principes i\n dialecle liturgique, ?ans pHver UIjSSIE. ;o5 la langiio de cettc mine richc et inepuisable dont elle tire ses verilaljk^ boaiiles, il Iraca la demaicatioiides deux idiomesel donna iles preccples qui sont encore en honneiir et ont encore force lie loi aujourd'hui. La grammaire de Michel Lomonossof, dont la premiere edition a parii a Saint-Petersbourg, en 1755, et la derniere dans le tome VT dn retueil de ses ceiivres, a etc tradnitc en allemand par J. N. Starenliagcn (Saint-Peters- boiirg, 17C4) et en grec moderne par y^nasfa^f ( Moscoii, i8o4). La grammaire de Lomonossof a presqiie servi de seule autorite a la langue russe jusqu'au commencement du XIX' siecle ; I'Academie russe, qui a eleve un beau monument en publiant son Dictionnaire par ordre etymologique (6 parties in-4°, Saint-Petersbourg, 1789-1794; voy. Rev. Encyc.l. , t. XVI, p. GaS, et t. XXIV, p. 5i4)) n'a fait paraitre lasienne qu'en iSo-j. Cetle grammaire a eu depuis une a' edition en 1809 et une 5° en 1819, et elle a ete traduite en grec mo- derne par Panagiota Niizogla (Moscou, 1810) (1). L'Acade- (i) Pour completer ces donnees bibiiogjapliiques, nous eniprunterons encore A rintrodiiclion de M. Gjeiscli, la liste des auties giamniaiies lusses publiecs jusqu'ici, soil jiai dcs natiimaux, soit par des etrangers. Em labgle Bussii. 1" Kralhiyii pravila Hossiisko'i grammntihi (Moscou, 1791) : ces priucipcs, reim]iiimes plusicurs Ibis, ont ete lediges pour Ics (ileves de I'universite de Moscou [lar ISarsof, proCesseur de cette uni- vcisite, et disciple de LamonossoC. 2" IVahluihiiya o.inoianiya rossiishoJ granimallhi, par 15. .S'oAo/o/" (St.-Pet., 1''^^ edit., 1788; 5«, I'Sio). Cette grainuiaiie, avec celle de I'Academie, etait la plus estini6e jusqu'ici. ?>" Ciatinnniika, etc., par Sveicf [Moscou, 1790; 2" edit. St.-Pet., 179^). Cette giaminaire lenfernie un traite de versificalion. 4" Osnoi'aniya ros- siishoi slovcsnosti, par ^/gc. AVAoAAy, en 2 part. (St.-Pet., 1807 ; 5" edit., iSaS). La grammaire conlenue dans ces E/emcns dc liltcraiurc n'est pas complete; mals elle est f'ondee sur les principcs de la logique, jointe S une connaissance apprul'undie de la langue russe. 5° Krathoyc rouko- vod.slro, etc. (St. -Pet. , iS;j8). Ge Precis de la liltcruttire ru.ise , public j)ar J. Born, contient une grammaiie abregee, oil I'on trouve plusicurs observations uouvcUos et lumineuses. 11 a Ole traduil en I'r.incais par J. Languen, sous le titie de Manuel de la langue russe, suivi d'un precis liistoiique sur la lilterature russe (Mitlau, 181 1). 6° Rossiishaya gramma- lilia (St.-Pet., i''''edit., 1809; 6', 1827). C'est un abrege de la grammaire de I'Academie russe, public par la diieclion geuejule dcs ecoles. 7° A'o- rciclw nnicltcrtanif.y etc., pai- J. Ornrtfor.s7;y (Kharkof, 1810). lies principcs de la langue russe sout disposes dans cet ouvrage d'apies un oidre nou- VI au. 8° Opcuilnc spossob, etc. (Kliarkof, 1811). Cet Essal phlloxnphlque d'Elie Timkovshy lent'erme suj' la langue russe plusicurs vues nouvellcs et impoilantes sous divers rapports; il est facheux seulement que ses observations soient trop decousues. E;N LANcuus ETRAKciiBEs. 1° La premiere gianimaire lussc pi.ur les •'■(rangers a ete ecrite en latin par H. W. Ludolf, e! publiee a Oxford, en 1696 (petit in-4°)5 sous le titre de Ilcnrici TVilhelmi Ludolfi gratnrnaliiit russlcn, etc. Ce livre n'a ccinseive d'aude meiile que son ancionnele. T. XII!. Jl IN 1S29. 4-^ J'oO LIVllES ETHANGERS. iiiie s'oociipe cii < e moment de redigcr, sur iin noiiveaii pl;iii, les principcs dc la lani^ue nationale , et sans doute Ics travaiix de M. (hflsch seront apprecies et mis a profit par ellc. Lo dt'l'aiit, dit son Iraductonr, que Ton roproclic a la phipart des 2" Anfungsgriindc tier rii.i.si.ichcn S/irarlie, eir. Cos principcs soiit annexes au diclionnaircaileniand-lalin-iusse de TVc'issmann , public pai rAcadcinic dcs sciences de Saintl'eteisbuiirg, en i-oi, a'' edit., i~32 (in-/|"). 3" Mi- chel Givnhtgs graiiiDialica russica, etc. SUi,cklioliii, 1^50 (in-4"). C'est line amplification du pit-cedent ouviage. 4" Eicmcns de la lungiie rtis.te, etc., Y^T Clmrpcnticr, St.-P6f., 176S, i-S-, ijtjS et iSoS. Cette giammaiie, dont les etiangers se sont servis pendant lung-tonis, f'aule d'un nicilleui ouviage, est aujomd'hui regaidiie coninic ties incomplete. 5" Rtissischc Spravhiehrc, par Jacob Roddc, Riga. 1778, 1784 et 1789. C'est iin cxirait de la graniniaire de Ijonionossof, renipli d'crreurs giaves ct palpablis. 6" Russische Sprachlehre fiir Deutsche, par Jean Ih\m, aiiteurdu !\. 671.) 10" Kysh. sproaklii- ra, etc. (St. -Pet., i8i4). Ces Principes , rediges pour les Suedois par Elirslrum et Ollclin, sont un ticsbon livre elemenlaire. ii" Grammaire russe, ]iar G. Humonicrc. (Paris, 1S17.) L'auteur a suivi exactement le sysleme de I'Academie. 12° Lehrgcbiiude der russischcn Spraclie, par Ant. YaroslaF Piichmayer, pretre i Radnitz (en Bubeme). Prague, 1820. iS" Griiinmixire russe li I'usagc des etrangers qui dcsiretU conmiitrc a fond les principcs dc ecttclnngue, par Qli. Vh. Rcilf [Sl.-Pf-A., 1821. — Voy. 'tcr. Enc, t. XX, p. 587). lille a ele Iraduile en polonais par A. B. UlcLowici (Vilna, 182^), et ado])lee dans les C'colcsde la Pologne. i4° A practical grammar of the Russian language, par James Heard, 2 parlies. (St. -Pet., 1837). Excellent livre elemcntaire pour les Anglais, avec des exercic( » pratiques et des dialogues. A cette liste on pent ajouter enc(uc i» une Grammaire russe pliilnso- phique, a I'usage des Alleuiands, publiee, en 176.5, par Aug. Jjouis SchlOtcr, prol'esseur i rAcademie des sciences de SaiiU-Peleisbouig ; 2" I'ouvrage de I'abbe Dobrowsky, ayant |)Our litre : Inslilutioncs lingua^ slavicw dialccti vetcris, etc. (Vienne, 1822). Vn ext^ait de cet ouvra'.'c a ete public en russe par Pcninshy (St. -Pet., iSaS; 2" edit. 1S26); .">" les Recherches sur la langue russe, par Cliichhof. (Voy. Re)', Enc, t. XIJ, p. 4'4)- Enfin plusieuis Perils, niemoires ou dissertations de Karamzinc, Podchivalof, Vostokof, Katchenovsky, Boldircf, Davidtf, Kalaidovilrh, Salarcf, Joakovsay, etc. IllSSlE. — SLEDK. 70; livres elementaires de la langne russe, c'est d'etre ralques sur les iiit'thodes du laliii, langue qui a ete pendant lonp;- tems regardee , sans aucune raison , comme le modclc, 1p. legulatenr de tons Ics idiomes. Le ( araelere propre et diS' tinctif d'une langue ddit ctre cherche dans son propie fonds; I'analogie qu'on y decouvre present la regie, et I'usage dictc les exceptions. L'ne langue \ivante etant composee des usages actuels de la nation, et marchant de pair avccles vicissitudes de la civilisation, avec les progrcs et les deviations des lu- mieres, eprouve sans cesse des accroissemens, des diangc- mens, qui de^iennent par la suite la source de sa perfection ou de sa decadence. II est done necessaire de faire connaitre les modifications que le terns apporte a ces institutions usuel- les, d'indiquer cc que I'usage a sanctionne, de relever et de corriger les erreurs qu'il petit avoir inlroduites, de determi- ner enfin d'une maniere fixe le point auquel cet idiome est parvenu de nos jours. Tel est le travail important dont M. Gretsch n'a pas craint de se charger, et qu'il nous parait avoir execute avec bcaucoup de succes. Nous reviendrons avec plaisir sin* ce travail, lorsque la suite en aura paru et nous aura ete adressee par le traducteur, auquel nous avons cgalement des eloges a donner. Edme Hereaii. SUEDE. 193. — * Expose, de I' administration du royaume, dcpais la dcrniere Diete, donne aa chateau de Stockholm , le i5 novembre 1828 ; 1" partie, Stockholm, 1829; Henry A. Nordstrom. In-4° de 5o pages. Le gouvernement suedois ne redoute point la puhlicite. Les cnmptes rendus , tels que celui-ci , smit les meilleurs argumens en faveur des monarchies constitutionnelles ; ils resserrent I'union entre le prince et les sujets, inspireut et ibrtifient I'amour de la commune patrie. Outre ces eflets moraux, les phis precieux de tous, la publicite procure aux gouvernemens, des hunieres dont ils nianqueraicnt , s'ils ne la cherchaient point par cette voie. En presence de ces grands interets, on ose a peine faire mention de ceux de la statis- tique , et cependant ils ne soiit pas non plus a negliger; car la statistique est le flamheau des hommes d'Etat, et dans plusieurs cas, le guide des speculationsprivees. Jetons done un coup d'oeil rapide sur cet e.rpose de radiiiiui>tralion du royaume de Suede. 7()8 LIVKES ErHANGEKS. Les relations comiiiercialcs de la Suede sonl etablies avpc loutes les nations europeennes , sur le pied d'une equitable iTciproc'ite. Quaul a la Porte - Otlouiane , ellc est hors de li- gne , et les slipuliitious conchies avec ce gouveraeuient no peuvent etre rcciproqiies ; mais une convenlion assure au pa- vilion suedois - iiorvegien, la lilire navigation de la mcr Noire, la faculte du transbordement, et raffrauchissemenl de la preeinpliondout la Porte s'etait depuis long-tems arroge le droit. 11 n'est point question des barbaresques ; c'est dire assez clairement que la Suede se soumet encore a leur payer un avilissant tribut. « Depuis la derniere diele, le droit de detraction a ete re- ciproquement aboli cnlre le royauaie de Suede, d'lin cote, et la Pxussie , la Prusse et les Pays-Bas. II I'ctait deja avec la France. Le soin d'aflermir de plus en plus I'union entre les deux peuples de la presqu'ile scandinave a etc I'un des objets principaux de la sollicilude palernelle et des efforts constans du roi. Lies par une confiance sincere envers le gouverne- mcnt el entre eux-menies, les liabitaui de la Suede et de la Norvcge avanceront fratcrnellement dans la carriere r[ui , seule, pourra leui- assurer \in bonlieur durable, et consolider leur independance. Le roi va maintenant developper avec plus de detail, aux Etats-Generaux, les niesures qui onf «'te adoptees dans les differentes branches de radniinistration de I'interieur. » Efl'ectivement, cet expose est plein de details d'un tres- grand intcret. Les soins de la religion ont ete inis au premier lang; une conunission nonimee par le roi avait ete chargee de travailler au projet d'un nouveau livre d'Evangiles. La commission a tcrinino son tiavail, el le livre est public; mais on attend , pour le subslituer a I'ancien , que les consisloires aieiil eu le tems de s'enlendre , el qu'ils soienl d'accord. Les socicles bibliques et evangeliques poursuivent leur pieuse enlreprise, sous la protection du monarquc. On mulliplie les cures, dont (jueiques-unes elaicnt d'une ctcnduedemesuree. L'administration des biens ecclesiastiqnes esl pcrfcclionnee. Le cathecbisme a etc Iraduit en finnois el en lapon , pour les paroisses oO ces deux langues sonl encore en usage. L'amelioration du code ecdesiastique a etc pre- par«';e. L'instruction publique s'esl etendue et anielioree : I'ensei- giicuient mnliiel a ete piopage avec autant de zele que cer- laincs auloiilcs IVancaises en mcltaienl alors a I'abolir. De nouveaux gynuiascs it seulement, par les ecrits des anciens, que CO. systeme etait fonde sur les mathemaliques, et plus spe- cialenient encore sur des principes d'arilhmelique ; mais ce que Pythagore disait des nombres, faul-il I'entendre dans le sens propre ou d'une maniere synibolique, ainsi que le pre- lendent des Neo-Pythagoriciens? Voila ce que nous ne savons j)as ; il parait que la monadc et la driade jouaient, dans ce sys- teme, un grand role; malheureusement , il est difficile de- savoir comment le maitre entenduit ces deux termes, cle- 7i() LIVRES ETKANGERS. L'artiflc Pytliagure est, en gerienil, uii ties luieiix lails dc cr troisienie volume du dictioiinalre. Nous eiterons encore lesar- li(;les Platon, Sr/wllhig, Spinosa, Principes philosopliiques, sur le hcau [ilos Sc/iihie) ; eelui de la Meienipsycose est trop court ; I'auleur auiait dfi indiquer comment cetle doctrine est entree dans le culte et les systemes religieux des sectes. L'articlc Liberie de la pressc n'est probablcment si laconique , que parce que rauteiir ecrivait sous la ferule des ccnseurs saxons, qui sont, a la verite , moins insenses que les ccnseurs d'Es- pagne, d'ltalie ou d'Autriche, mais qui veulent cependaut gagner leur salaire , et eniplojer les ciseaux qui leur sout coufies. Pour (aire connaitre les idees religieuses de M. Rrug, nous transcrirons unc partie de son article Protestantisme. (' Ce mot, dit I'auleur, se prend ordinairement dans le sens d'une reserve des droits particuliers coiitre des pretentions etrangeres; 11 a pour maxime que c'est, non pas I'autorite humainc , niais la voix de Dieu, telle qu'elle se manilestc par la raison et par I'Ecriture , qu'il faut faire valoir en matiere de morale et de religion; en d'aulres mots, le protestantisme est la ferme defense de la liberie de conscience et dc croyance contre des opinions qu'on voudrait imposer. Or, comme la philosophie doit declarer ilb'-gale et irraisonnable toute con- trainte de la conscience et de la croyance , la maxime du pro- testantisme est evidemment philosophique , d'autant plus qu'il ne saurait y avoir de philosophie sans la faculte accordee a I'esprit humain de s'etendre et se developper en plciiie li- berie dans tons les sens, et , par consequent, aussi sous les rapports moraux et religieux. Voila pourquoi la philosophie n'a pris un nouvel essor dans I'Europe chretienne que depuis la fondation de I'Eglise protestante , par suite de la reforme religieuse au seizieme siecle. Cette maxime est, d'ailleurs, egalement salutaire, el meme necessaire, pour I'Eglise et pour I'Etat ; car TEglise tombe inevitablemcnt dans la bar- barie , dans le regime dcseches formules, ou dans un despo- tisme hierarchique , s'il n'est permis a ses membres , clercs ct laiques, de reflechir sur toules les malieres morales et re- ligieuses ; de recherchcr les motifs a I'aide de la raison ct de I'Ecrilure ; d'examiner, autant que le permettent les facultes intellec tuelles de chacun , ce qu'on vent ([u'il croie : sans oela , il ne pent y avoir de veritable conviction ; et si I'arcord des teles (qui, d'ailleurs, n'a jamais exisle el ne pent exis- ter) en soulVrait, au moins I'accord regnerait dans les caMnvs, pourvu qu'on ik! pcrdit pas de vue les maximcs de la charilc. Quanl a rElal, il ne pent que gagner a ce que ses citoycns. ALLEiMACJNE. — SLISSE. -.r all lieu d'ulx'ir fivciijj;lL'iiieiit a iiue aiitorite ecclcsiaslifjiir rjiii vciit se plater hors de I'Etat, et meme au-dessiis de I'Etat, clicrthciit a alleiiidre une plus gj-ande pezfection morale el leligieuse. » M. Krug s'imagine que I'liistoire vient a I'appui de ses observations; il rappelle les revolutions receutes arri- vces dans des pays calholiqnes, tels que la France, I'Espagne, rilalie, TAmerique meridionalc, tandis que les pays protes- tans sont restes tranquilles. L'auteur se trompe. Sans donte, les affaires de I'eglise sont entrees pour quelque those dans <;es revolutions politiques; mais il y en a eu tie seniblables en Angleterre, dans I'Amerique septeutrionale , en Suede, etc. Les motil's politiques suffisent pour bouleverser ou changer rritat,et il ne faut pas toujours condure du particulier au general. ^ D — g. SUISSE. igH. — De I'origine authentique ct divine da Nouveau-Tcs- tament. Discours accompagne de developpemens, par J. E. Cef.lerier fds, ancien pasleur et professeur d'hebreu, acluel- lement professeur de critique et d'anliquites sacrees a I'Aca- demie de Geneve. Paris, 1829; Theophile Balliniore. In-12 de 4' 5 pages; prix, 4 f'"- 5o cent. Tandis que ties membres du clerge catholique, plonges dans I'ignorance, ne voient la religion que tlans des niaise- ries ou dans des pratiques minutienses, et se livrent sans re- tenue a des intrigues politiques, le clerge protcstant s'enfonce dans des etudes profondes sur la revelation, en examine les litres fondamentaux et en constate la divine origine. Si le docte Eicbhorn, dans son Evangile primitif, fournit a des critiques hardis des argumens nonveaux pourattaquer I'inte- grite de nos Evangiles, Hug, Olshaascn , Hcmsen , Lardncr, Faley, etc., se presentent au combat avec des amies bien trenipees, pour reponsser ses attaques. Les fruits de recher- ches nombreuses, varices, successives, de discussions aniniees et contradictoires, ont ete deposes, tantot avec tons leurs developpemens, tantot sous une forme plus simple, dans des ouvrages repaudus et gencralement estinies. Voici mainte- naut M. Cellerier fils, qui indique leurs preuves, recueille les plus cnrieuses, les plus neuves, et en forme un ouvrage ele- menlaire a la portee de tous les fideles. Le litre de I'ouvrage en i'ait assez bien co::nailre le I)ut. Cest un Discours sur L' authenticity ct la divinite du Nourcau- Teslament , accompagne dc developpemens; c'est pliilnt 7i8 LiviiES I':tualN(;ers. une indication, ou nienie nn resume, si Ton vent, de? principalos prt'uvcs lie I'antfienticlle cl ile la iliviuitti du Nou- , vcaii-Tfstament , qn'iin corps cle demonstrations en faveur Ue nos Evangiles, ct dcs pieces qui les suivcnt. Pour ie plan, je n'en apercois tpie I'apparence. L'auteur a atlopte truis divisions, sur Icsqueiles il roulc sans ccsse. li les appli- que, je ne dirai pas successivcmcnt , niais quand il lui plait, anx Evangiles, aux Actes des apotres, aiix Epitres, a I'Apo- calypse. Toutelois son langagc est celiii d'un homme con- vaincu , penetre de son snjet; il est toujours correct, et sou- vent eloquent. Ce petit livre est bon : il pent etie utile a un grand nom- bre de personnes qui connaissent les dillicultes que Ton op- pose a I'antlienticite ct a I'intcgrite du Nonvcau -Testament, et qui n'ont ni la possibililc, ni le tcAs d'en cbercher la so- lution dans des livres plus ctendus, uniquement destines aux crudits de prolession. 11 est i'aclieux ([ue jM. Celhrier y ait glisse quel(|ues phrases (pii senteut Ic protestantisme, et qui pen vent scandaliser ]escathoii(iues. Pourquoi ne les a-t-il pas retranchees ? il aurait alors travaille pour tout le inonde. Son ouvrage I'ut devenu populaire parnii nous, s'il n'eCit presente aucun danger pour les ames laibles. 31. Celierier est partisan des socictcs bibliques et de la lecture du Nouvean -Testament en langue vulgaire : a la bonne benre ; beaucoup de pretres catboli([vies partagent ce dernier sentiment, niais avec des restiictions ; comment ne voit-il pas qu'il autorise ces restrictions, par les reilcxions qui terminent son ouvrage (pag. 4o5. etc.)? J. L. ITALIE. igg. — *yi. Quctelet. DeW astronomia popolare. — Astronomic populaire, par M. Quetelet, traduit en ilalien parL. GnnvELLi. home, 1829; a la societe typogvaphique. En composant cet opuscide, j'avais en vue d'expliquer dc la maniire la plus elemcntairc les principaux niouvemcns des corps celestes, et d'insister particulicrement, connne je le di- sais dans I'avant-propos, sur les pheuomenes qu'il nous im- porte le plus de connaitre pour nos usages et pour nous pre- munir centre les prejuges de toute espcce. Je ne m'attendais pas a rhonncur d'etre traduit en langue elrang^re ct surtout a Rome. {^L' astronomic populaire vient d'etre tradnile aussi en boUandais. ) Quoique j'aie conslamment evilc avec soin ce tpii pouvaif blcfsrr les opinions icligicuses. jc mc suis aporcu , ITALII":, -xj ji;ii'ck'slignes tie points, que je n'avaispas entiorcmentechappe a la censure romaine. Le chapitje des comelcs a fixe I'atten- tion , et c'elait en effct nne matiere delicate oi'i il elait difficile d'ecrirc au gre dc tout le monde en se conformant h ce qu'exi- geait la vriite. Je dois remercier M. Gliirelii pour les notes historiques dont il a enriclii inon opuscule. A. Q. 200. * ■ — Sallo stato fisico, Int'eltettuale c morale , etc. — Dc Tetat physiique, intellectuel et moral de I'instruclion et des droits civils des sourds-muets , par I'abbe Joseph Bagvtti , directcur del'institut I. et U. des sourds-muets de Milan. Mi- lan , 1828. L'ltalie possede un grand nombre d'etablissemens pour les sourds-muets. II en existe a Turin , a Parme , a Rome, a Na- ples, a Pise, a Genes, a Milan, a Sienne, et la pliipart sont I'ondes sur de tres-bonnes bases, et administres avcc beau-^ coup de sagesse et de soin, par des liommes qui appliquent a cette oeuvre pbilantropique , les lumieres de I'experience et les tbeories de la philosopliie. Mais, la science particuliere necessaire a I'education des soiuds-muets, I'art pedagogiqne , elait encore au-dela des monts un talent individnel, dans I'ac- quisition duquel cbacun n'etait aide que de ses propres etudes et de sa volonte. La France cite avec orgueil les travaux dc I'abbe de VEpee, qui ouvrit la route par son essai intitule : La veritable manicre d'instruire les sourds-muets ; ceux de MM. Sicard , Beliian, Degerando , etc. L'AUemagne et I'An- gleterre avaient fourni aiissi plnsienrs ouvrages recommanda- bles, sur cette matiere. M. Bagutti vient de placer honora- blement son nom parmi ceux dont se glorilicnt les autres na- tions, et d'enricliir son pays d'un bon livrc, qui sans doute en i'era naitre d'autres, et peut-etre de meillenrs encore. La premiere partie de son ouvrage traile de rorganisation physique des sourds-muets, et particuiierement de I'ouie et de la parole. Ce sujet est interessant ; car, si Ton connaissait bien la construction de I'organe de Tonie, les parties qui le composent, celles de ces parlies ({ui agissent d'lme manicre anomale dans le sourd-muet, les rapports internes de I'dreille et de la voix , que resterait-il a cbercher ? Les moyens pro- pres a detruire I'obstacle qui s'oppose al'introduction du son. Ce serait beaucoup encore, sans doute ; mais du moins, on marcherait sur un terrain connu , et les difficultes seraienl , a notre avis, beaucoup simplifiees. Quelques philosophes out avance que les sourds-muets ne sont guere autre chose que de veritables automates, piives d'ame et de raison, fant que I'cducalion n'a pas fail nailre en 73U ' LIVRES l!;TRAiV(iEUS. ciix Ics I'acultes qui constituent I'liomme moral. iM. BagiiMi tieniontrc victoiieiiscment , cc nous spmble, la Caussoti; <](' cetlc assertion iiiii, si elle etaitvraic, ehranlerait tout le s^s lemc de la philosopliie spiritualiste. II prouve clairenicnt que l'»';(lucation pent bicu , pour eux commc pour tons les hom- nios, (leveloppcr dcs facultes dcji'i existantes, mais qu'elle ne pent les iaiie naitre , conime des instruinens opiiques elen- dcnt ct niodifienl la vue, quand I'oeil oxistc, mais sont im- puissans sur un a^l mort ; en un mot, qu'elle eclaire IMine, mais qu'elle ne la cree pas. II fait voir que les sourds-muels sont en communication avec les objets exterieurs, atissi-bien que les autres liommes; que cette communication , quoiipie moins lacile et moins prompte que dans un efre physique- ment complet, est cependant suffisante pour donner aux facultes de I'amc tout leur developpement, et qu'ils arrivent, par I'education , a un etat moral tout-a-fait semblable a celiii de I'homme social. L'auteur donne ensuitc d'cxcellens conseils sur I'educalion des sonrds-niuets. II recommande surlout la douceur, et une extreme moderation dans les chatimens. Rousseau a peint eloquemment les terribles effets d'un premier chatiment iu- jusle sur Tame de I'enfanl, et il n'a rien exagore ; mais, chez Ic jenne sourd-muet, les suites d'une injustice sont plus fi1- cbeuses encore et plus frappantes. II devient alors obstine, intraitable, et sa eolere vajusqu'a la ferocite : wne punition, pen en rapport avec la faute commise , ou, ce qui serait pire, infligee a celui qui serait innocent, pent aliener pour jamais de riiistituteur le cceur de I'elevc, et delruire, en une mi- nute , le fruit de vingt ans de soins et de patience. II faut en- core observer a ce propos que I'enfance dure tr6s-long-tems chez les sourds-muets. Des calculs statistiques ont prouve que le rapport des sourds-muets avec la population, est presque partout comme 1 est a 2,000; il est done fort important de savoir quels sont leurs droits civils, et s'ils pcuvent, devant la loi , etre assi- milcs aux autres liommes. M. Bagutli n'hesite pas a sc pro- noncer pour I'affirmative, dans le seul cas cependant on le sourd-muet a recu une education appropriee a son etat. Cette conclusion est conscquente a son systeme , et nous sommes portes a y acquiescer. Mais, quel parti prendra le juge ap- pele a prononcer sur un crime commis contre les persounes ou contre les propiieles, par un infortune prive de lumieres. fit qui n'a pu counaitre qu'imparfailement les regies , souvent arbitraires, de noire cfat social ?Cp cas s'est presente souvent ITALIE. 731 ct a dQ cmbarrasser les organes de la justice. Combien d'er- reurs peuvent etre commises, en se fiant trop a des aveux faits par raccuse et transmis par im iiiterprete? Et, le suppo- sant nicnie convaincu, a-t-il prevu les suites de son action, cst-il rcellement coupable, et peut-on lui appliquer des iois qui ne sont point faites pour lui ? ■ — On pourrait faire beau- coup de questions de cette nature , et ne pas trouver de re- ponse satisfaisante. Lc seul parti qu'il y ait a prendre , c'est de multiplier les institutions oii ces etres, dont I'ame est en- tiere, niais obscure, acquierent les moyens de communiquer avec leurs semblables, d'eclairer , de rectifier leur pensee , ct oi'i ilssont transformesen hommes digues de servir et d'ho- norer la societc par leurs vertus et leurs talens. — Nous avons souvent entretenu noslecteurs des etablisseraeus de ce genre, qui se sont eleves chez la plupart des peuples civilises. Per- suades qu'une societe est d'autant plus parfaite qu'elle ne ne- glige le bien-etre d'aucuu de ses membres, nous continue- rons a appeler leur attention sur les institutions et les livres qui auront pour objet les sourds-muets, et sur les hommes qui s'occuperont de leur education , soit en publiant des li- vres utiles, soit en accordant genereusement leurs soins u ces inlbrtunes. A ces deux titres reunis, nous nous plaisons a re- commander I'ouvrage de M. Bagutti. A. P. 201. — * Princlpi di civile economia, etc. — Principes d'eco- nomie civile, T[)av Salvatoi'e Scuderi, sicilien. Naples, 1829; imprimerie royale (sans nom delibraire). 3 vol. in-8°ibrmant ensemble 720 pages. L'auteur de cet ouvrage traite des principaux points sur lesquels les economisles d'Angleterre et de France , depuis Adam Smith, out jctc taut de lumieres. II a partagc son traite en trois livres, dont lc premier traite de la Ricliesse na- tionale, le second, de la Population, et le troisiemc, du Main- ticn de I'ordre social. — Le premier seul occupe les deux premiers volumes et se partage en quatre sections dont voici les titres : Principes gciirrau.v sur I'originh de la ricliesse ; De t'emploi du travail produc.tif; Du produit qui resulle du travail ct de sa distribalion ; De la consommation dc ce produit. — Le second livre sur la population, reproduit les observations qui ont ete faites sur ce sujet par les bons economistes. — Le troisiemc, oi'i l'auteur est conduit a traiter des coulributions, etait fort delicat a dcvolopper sous uu gouvcrneineut dcspo- tique. Aussi, quoiqii'ii fasse de bonnes observations sur les divers impots, se garde-t-il biende porter un regard indiscret sur I'emploi qu'en fait le gouvernement pour les depenses T. xLii. jciN 1829. 4® 722 LIVRES ETRANCEIIS. publi([iies. N»;aniiii)ins. on pent dire que t;cl ouviagc con- coiirt ;\ edairer line nation snr ses veritahios inteiGts. 11 ne. kii dit pas lout ; mais il ne lui dil rion de decklement faux; ct c'est hcaucoiip pour les pays on presque toutes les insti- tutions tendent a pervcrlir I'opinion. II convicnt d'ajonter qu'a I'appui des bons principcs, rautenr apporte des exeni- pies puises dans I'llalic et notamment dans la Sicilc, qui est sa patrie ; or, en ces inatieres, les i'aits sont toujours prtcicux, quand ils vienncnt des lieux nieines ou ils out ete produits et qu'ils ont pour garans des observalciu's edaires. J.-B.8. 202. — Alfredo, etc. — Alfred, tragedie de M. J. B. Mar- si'7,i. Rome, 1828. In-S". Cette tragedie n'est pas la premiere que lesRomains doivent a \I. Marsuzi; il a publie deja In Rfinc Jcannfi]c Naples, Alc- mi'on et Caracalla. Le sujet de I'ouvrage que nous annoncons est la victoire que reniporla sur les Danois Alfred-le-Grand , (luiafl'erniiirindependance des Anglais, el je tales premiers fou- (lemens de leur constitution et de leur liberie. II etait couve- nable que ce sujet iut traite a Rome, on ce roi avail ete eleve sous la tulelle du pape Leon IV. C'est la qu'il puisa pour les employer bientut en Angletcrre, seshunieres et la vigueur de son caractere. Malheurciisement, Tauteur n'apas assez fait va- loir dans sa piece ces souvenirs historiques. Voici en pen de mots de quelle maniere il a expose son sujet. Le jeune Alfred, ayant ete defait par le roi des Danois, va se refugier dans la ca- bane solitaire d'vnipatrepres du confluent de la Pauel etde la Tone. La il apprend que sa femme el ses enfans sont prisonnicrs dans le camp de I'ennemi. Encourage ))ar le comte de Devon et par les dispositions de ses sujcts lideles qui se preparaienl a repousser les Danois, il entrepiend d'aller, deguisecnbarde. reconnailre leurs forces el leur position. II arrive a leur camp au moment ori Eloide, sa femme, allait ,etre conlrainle de donner sa main a Amond, fds du chef des Danois. EUc se re- fuse a cette alliance et Ton menace d'immcder ses enfans sj elle n'obcit pas sur-le-cliamp. C'est alors qu'on entend de pre? la voix melodieuse du baide, qui chanle au son de la liarpe. Eloide reconnait la voix de son epoux , ct prend le parti dc demander un jour de delai pour se resoudrc a epouser Amond. Tout lui etant accorde, on introduil le jeune chanleur. La situation est vraimcnt dramalique. Mais quel est le resuitat qu'en tire I'auteur? Eloide saisit le moment favorable pour '■'entretenir avec son mari. Elle voudrail prendre aussitot la Tuile, et le suivre au milieu des dangers. Alfred Texhorte a ITALIE. — PAYS-BAS. 7*5 attendre encore quelques momens, et a lui laisser le soin dc J^a delivrer. Le roi des Danois les surprend dans cet entrelien ; il se contente de chasser I'un de son camp , et de comman- der a I'autre de se preparer a la fatale coremonie. Mais ins- truit bicntot qu'il a ete trompe , il veut se venger sur Eloide. II est sur le point de la tuer lorsque Amond, blesse mortel- lemerU, vient annoncer a son pere que le camp a ete surpris par les Anglais. Le roi des Danois neglige sa vengeance, et se tue. Alfred, victorieux, arrive eii meme tems ; Amond lui rend sa femme, et meurt aussi. L'auteur a prel'ere, ce nous semble, I'eclat des incidens et des situations audcveloppement des pas- sions et des caracteres. Aussi sa piece ressemble-t-elle a ces me- lodrame* oCi les evenemens les plus bruyans et les moins at- tendus se succcdent, on ne sait comment, pour donner lieu a des scenes merveilleuses. Nous voudrions que l'auteur s'oc- cupat pliitot de toucher ses spectateurs que de les surprendre et de les amuser. F. S. PAYS-BAS. 203. — Arithmetiqae elcmentaire,raisonnce et appliqiiee, par J. N. Noel, professeur et principal de I'Athenee de Luxem- bourg. Qaatrieme edition. In- 1 2. Luxembourg, 1829; Lamort. M. NoijI est auteur de plusieurs ouvrages elementaires, qui se recommandent, en general, par leur clarte et leur pre- cision. L'arithmetique que nous annoncons ici a oblenu quatre editions successives, et l'auteur s'est attache chaque fois k lui faire subir des corrections utiles : « Etablir avec clarte et rigueur les principes fondamentaux de l'arithmeti- que, et les appliquer ensuite a un grand nombre de ques- tions , propres ;^en montrer I'ulilite, tel est le but que je me suis propose, »• dit-il ; et nous ne craignons pas de dire qu'il I'a atteint d'une maniere tres-satist'aisante. 204. — * ALmanak ten diensteder Zeeliedcn. — Almanach a I'usage des marins, public aux frais de S. M. le roi des Pays- Bas. La Haye, 1827-28 et 29; imprimerie de I'Etat. In-8°. 2o5. — *Jaarhocl;je. — ^ Annuaire public aux frais de S. I\l. Ic roi des Pays-Bas. La Haye, 1829; imprimerie de I'Etal. In-12. Les deux ouvrages que nous annoncons peuvent elre com- pares a ceux qui paraissent en France sous les litres de Con- naissancc des tetns, et iVAnniiairc du bureau des longitudes. Le premier est redige el public par uno commisionde (loismeni- ijres, chargee des exaniens des oiriciers de mariiie. dc la re- ;a4 LIVUES ETRAINGKRS. vision lies cartes h^ilrographiques , dc la redaction atmuellG de I'Alinanach a I'lisagc des marins, et de lout ce qui concerna la determination des longitudes en mer. La publication du recueil a commence en 1787, epoque i\ laquelle la commis- sion sc composait de 1\1M. f^aii Swindcn, Nicuwland ct f^an Kctilcn. M. Floryn succeda a Nieuwland, et Van Swindcn Cut remplace par 31. Van Bemnelen, quand il sortit de la com- mission, par suite de ses travaux, comme directeur de la re- publiqne Balavc. La commission, qui avait cesse d'exister sous I'empire, ful retablie en i8i5, et composee de MM. F/o ryn , Schnsder tl Van Bcminelen; elle se compose aujoiu'd'hui de MM. Schrader, Mollct Van Hynsbergen. I'Almanach qu'elle publie annuellement comprend , comme la Connaissance des terns et le Naatiail Almanach des Anglais, I'ascension droite et la dedinaison du soleil pour chaque jour de I'annee, le terns moyen an midi Aiai, le demi-diametre apparent du so- leil ; les elemens correspondans pour la lune, les distances du centre du nieme astre au soleil et aux principales etoiles, ainsi que les mouvemens des planetes et des satellites de Jupiler. Les declinaisons de la lune avec leurs differences sont calcu- lees pour quatre epoques equidistantes de la jom-nee. Chaque volume contient en outre des notices scientifiques a I'usage des marins, recueillies par M. Schroeder, president de la commission actuelle et professeur a runiversite d'Utrecht. Ces notices, dontplusienrs sont dues aux travaux et aux obser- vations des officiers de la marine royale des Pays-Bas, pre- senlent en general beauconp d'interet et traitent different points imporlans de la science. EUes seront particulierement consultees avec fruit par ceux qui voudrontapprofondir la con- naissance de nos cotes, ou obtenir de nouveaux documens sur les mers explorees par nos vaisseaux. Les commisaires qui furent charges de la redaction du premier Almanack a I'lisage des marins avaient decide qu'on prendrait , pour premier meridien, le meridien du pic de Te- nerif, ct que les nombres des tables seraient puises dans le Nautical ahnanacli, apres avoir subi la correction necessiteepar la difference entre les longitudes du pic et de Greenwich. Par une decision dn ministere de la marine, la commission, eii publiant son recueil pour 1828, a, comme les Anglais, adopte pour point de depart, le meridien de Greenwich, de sorte que les nombres du Nautical peuvent etre employes sans modification par nos marins. VJnnunirfi dn royaume est d'une creation plus recente; ii ne comptc encore que quatre annces d'existence. II est redige PAYS-BAS. 7.i5 par M. Lobaito, sous rinspection dc la lommissioii donliious avons paile piccedcmment, et son cadre est a peu pres exac- tement le mOme que celui de VAnnuaire du Bureau des lon- gitudes de France. Les notices scientifiques qu'on y trouve sent varices et interessantes. Nous avons deja eu occasion d'en entretenir plusieurs fois les lecteurs de la Revue. Nous allons en extraire quelques details sur les naissances et les du- ces pendant le cours de I'annee, pour dix ans d'observation , et pour tout le royaume : ils confirment les resultats que nous avions obtenus pour Bruxelles et que M. Villerme a con- firmes de son cote par un nombre considerable d'observa- tions recucillies sur difforens points du globe. Naissances. Deces. Janvier '5O91 — '5 '96 Fevrier •ji7i — >5'77 Mars I5IJ7 — i?i7i Avril '5017 — i^ogS Mai 0,934 — 0,978 Juin 0,876 — 0,897 Juillet - . . 0,85 1 — 0,833 AoQt 0,915 — 0,826 Septembre 0,993 — 0,890 Octobre i,oo3 — 0,957 Novembre . 1,011 — 0,952 Decembre 1,021 — i,o43 L'unite est la moyenne des resultats des differens mois, consideres comme etant tons de mcme longueur. II parait done bien etabli que c'est pendant les mois d'hivcr que nous comptons le plus de naissances et de deccs ; et que c'est pendant les mois d'cte, au contraire, que nous en comptons le moins. 206. — Gescliichtlichc DnrstelUmg clcr ISficdcrlandiscken Finanzen, etc. — fitat historique des finances dans les Pays- Bas, depuis i8i3, etc. Amsterdam, 1829; Diederichs freres. In-8° de 126 pages, avec un supplement. Selon I'auteur, I'etat financier du royaume des Pays-Bas , et particulierement les operations du syndical d'amortisse- meiit, sont encore enveloppes de bcaucoup d'incertitudes ; c'est dans le desir de jeter quelques lumieres sur un sujel aussi important, qu'il a entrepris la composition de son ou- vrage , qui parait redige avec imparlialile. Notis regrottons que les bornes de ce recucil iie nous permetlent pas de le suivre dans les developpemens qu'il presenlo. Ce travail ;u6 LIVUES ETllAiNGEllS. avail ete tavoiableiiient accueilli; seuleiueut quelques por- sonnes avaient temoigni; le desir d'y trouver plus de leusei- frnemeus numciiqiies. C'cst pour repondre a ce desir que i'auteur a public un supplement a son travail, dans lequcl il presenle la balance da syndlcat d'aniortisaement , et plusieurs autres developpeniens qui ne peuvcnt qu'ajoutcr du prix a ses premieres recherches. A. Qoetelet. 207. — De In peine de mort , consideree dans ses rapports avec I' equity, la morale et I'liliUlepubUque ; par Adolphe Levae. Bruxelles, 1828. In-8° de Go pages. Un des jeunes publicistes les plus distingues de la Belgi- que, M. Levae, qui s'etait fait counaitre avantageusenicnt par un ouvrage ingenieux, plein de vues saines et de senti- mens genereux ( I'Ermite de la prison des Petits-Carmes ), a lait , de la grande question de la peine de mort , I'objet de ses meditations. Si Ton ne partage pas sur tons les points sa maniere de voir, si Ton peut tirer de plusieurs J'aits des con- clusions apposees a celles qu'il en tire, si ses argumens ne paraissent pas toujours sans replique, on doit convenir nean- moins que son plan est sagement concu , que sa marche me- thodique entraine le lecteur, que ce livre attache par ce charme d''^ne conviction sentie et d'une chaleur vraie qui seduit le coeur, lors meme que I'esprit n'est pas per- suade. En supposant que la suppression de la peine de mort ne soit encore qu'une chimere philantropique , c'est au moins Ic reve d'un homme de bien , et toujours est-il incon- testable qu'un peu d'exageration a cet egard, donne aux le- gislateurs une impulsion salutaire; ils seront moins prodi- gues de sup^)lices, et le code penal en deviendra plus humain et plus digne des progres de la civilisation. Apres avoir examine si la societe a le droll de punir de mort ; si la mort est une peine ; si la peine de mort est en harmonic avec les principes de notre organisation politi- que ; si elle se lie avec les moeurs de notre epoijue ; si elle I'avorise les progres de la morale; si elle est eflicace pour prevenir le crime ; si elle est equitable ; si elle n'entraine pas des inconveniens ; enfin si elle est necessaire a la stabilitc des gouvernemens , I'auteur conclut de la ma- niere suivante : « Un mouvcment general vers le perlec- lionnement a etc imprime au siecle : aucun gouverne- inent ne saurait desormais rester slationnaire , ou s'il res- tait en quelque sorte etranger a la civilisation, sa position deviendrait bientut tout-a-Tait fausse. Vn pared gouverne- meiit ue pourrait avoir aujourd'hui une longue duree ; il se- LIVRES FRANCAIS.— SCIENCES PHYSIQUES. 727 rait entraine ou renveise par la force des circoiistaiices. Que les legislateurs y songent bien , les besQuis de notrc cpoquc no sont plus les besoins des terns qui nous out prece- des. Tout a chanjje autoui' de nous, il faut que les institutions et nos garanties cliangent aussi, qu'elles se niettent de ni- veau avec la civilisation. Ce n'est plus a I'asservissement que les lois doivent nous conduire ; ce n'est plus a la lachete qu'elles doivent s'adresser; elles doivent mener les peuples a une lii>erte sans licence; et parler a la conscience, a I'hon- neur et a la vertu. Justice! humanite! voiia le premier vceu des nations. Les peiues barbares et imniorales doivent dispa- raitre de tons les codes. Dans tous les terns on a regarde la peine de mort comme le frein du crime, pourquoi, quand ['experience en a prouve I'impuissance et rinelficacite , les gouvernemens ne chercheraient-ils pas un remede aux maux du corps social dans une autre peine ? La crainte du supplice n'a pu dompter les soelerats; pourquoi n'essaierait-on pas de les dompter en adoptant le systeme penitentiaire ? Je n'a- jouterai qu'une seule observation : Leopold a aboli les sup- plices sanglans dans ses etats; et I'humanite a signale le nom de Leopold a la recoiuiaissance des siecles. Quel prince pourraitetre insensible a une gloire aussi pure ! » Stassart. 208 • — • * Histoire de la revolution d'Espagne et de Portugal, ainsi que de la guerre qui en n'sulta,par M . de Schepeler, colo- nel et ci-devant charge d'alFaires de Prusse a Madrid; tra- duit sous les yeux de I'auteur. T. I"; Liege, 1829. DesoiJr, editeur, place Saint-Lambert^ ii°774'' P^iis, Ledentu, Delaunay. I vol. in-8°. prix, 8 fr. Cet ouvrage tres-remarquable , on le grand drame de 180H se revele avec toutes scscirconstances politiques et militaires, ineritera un examen particulier et assez etendu dans notre section des analyses. L'auteur, par sa position personnelle, a pu enrichir son recit d'une foule de documens entiereuient neufs. Un tel sujet, dans ces wastes proportions, doit attirer I'attention des honimes d'l^tat, des hommes de guerre et des ptiblicistes. C. P. LIVRES FRANCAIS. Scunccs physiques et naturelles. 2og. — Manuel de I'liistoire naturelle des mollusques et de Icurs coquiUes ; par M. Sander-Rang , oflicier au corps royal de la marine. Paris. 1829; Rorft. In-18 de iv-iiQO pages, avec planches; prix, 3 fr. 5o cent. 7j8 LIVRES FRANCjlAIS. Parmi les manuels de I'utiie collection de M. Roret, celui do M. Sander-Rang doit tcnir un rang distingue; c'est avec une vive satisl'aclion que nous I'avons lu en entier, et nous ne dou- tons pas qu'il ne lende de grands services aux amateurs de conchyologie, et qu'il ne soit pour ceux qui savent deja un utile compendium. L'auteur a reuni avec sagacite toutes les observations les plus recentes sur I'histoire nalurelle des mol- lusques ; les tableaux des genres sent presentes , dans son travail, avec une grande netlete et beaucoup de precision; ils torment, sur cette branche si rithc de I'histoire naturelle, le resume le plus commode que nous connaissions. M. Sander- Rang, dans un discours sommaire sur les mollusques, qui n'a pas moins de 48 pages, passe en revue toutes les parlicularites les plus remarquables de I'organisation de ces etres, de lewrs usages et de leurs diverses proprietes; il presente ensuite, dans une serie de tableaux, les methodes diverses de classi- fication qu'ont proposees les auteurs les plus connus en France , et il s'arrete surtout a celles de MM. Cuvier, Lamarck, Fcriissac, BlainvUle et Latrcille. L'ordre suivi dans la distribution des families, des tribus el des genres est celui de M. Cuvier; seulement, l'auteur y a inlroduit quelques modi- fications de detail, et intercale quelques-unes des decou- vertes les plus recentes. Les genres sont d'abord decrits avec des caracteres precis; I'auleur s'altache ensuite a mentionner les tribus ou les divisions qu'il est necessaire d'introduire dans chacun d'eux, et les parlicularites quepresententles especes- types, et qu'on ne pent, sous certains rapports, omettre de signaler. La synonymic des genres est aussi complete que possible. M. Sander-Rang a cru devoir proposer quelques nou- velles denominations, principalement dans les families dont il a plus particulierement etudie I'organisation dans ses voyages sur mer, telles que les genres ctnicri, caribia, psyche, dans les pteropodes ; melibe, dans les tritoniens; spiricelle, dans les scmi-phyllidiens, etc., etc. Les rechcrches les plus recentes de Soivcrby,Haan, Des/iayes, Dcfrance, Desmoalins, sur des coquilles fossiles ou vivantes, s'y trouvent soigneusemenl In- diquees. Unit planches ont ete ajoutees par l'auteur, afm de faire conn>»itre quelques mollusques rccemment docouverts ou decrits , et pour fournir des exemples des principales divi- sions de classification. Lesson. 210. — * Atlas des oiscauxd'Europe, pour servir de com- plement au Manuel d'ornithologie, de M. de TEMMiNck : par J. C. ■^^'EIl^'ER, peintre du Museum d'histoire nalurelle. la"" livraitnon. Paris, 1829; A. Belin, imprimeur-libraire, rue des SCIENCES PHYSIQUES. 739 Mathurins-Saint-Jacqiies, n" \l\. In-8° de 10 planches colo- riees ; prix, de chaque livraison, sans texte, en noir, 5 i"r. ; en couleur, 6 fr. ; chaque livraison de texte, 2 feuilles in-8°, 5o cent. La livraison que nous annoncons est consacree aux oiseaux inseclivores ; chaque planche, coloriee et retouchee avec le plus grand soin, ne conlient qu'un individu, afin que les na- turalistes puisscnt les classer, suivant le systfeme qu'ils auront adopte ; c'est un avantage qui doit contribuer a faire recher- cher cette belle collection, dont les livraisons se publient avec une exactitude digne d'eloges. Afin de faciliter I'acquisition du texte de M. de Temminck, I'editeur I'envoie aux souscripteurs qui le desirent, a raison de 5o c. pour deux feuilles in-8". C'est un ouvrage qui doit entrer dans la bibliotheque de tons oeux qui cultivent I'his- toire naturelle. A. M — t. ai I. — * Voyage agronomiquc enAuvergne, par M. de Pradt, ancien archeveque de Malines. Paris, 1828, Pichon etDidier; M"" Huzard. In-8° de 260 pages; prix, 5 fr. En lisant ce volume, riche. en vues fecondes sur I'agri- culture de I'Auvergne , on est tente d'accjiser M. de Pradt de juger son pays avec trop de severite; mais vers la fin, on ap- prend qu'on a lu la seconde edition d'un livre public en 1801, et un tableau anime des progres faits en 27 ans, dans la car-' riere dont I'auteiir avait des lors mesure I'elendue, montre quelle difference ils etablissent entre la generation de la re- volution et celle de I'ancien regime. M. de Pradt divise I'Auvergne en trois regions : la piainc, qui comprend la grasse Limagne; lespalurages naturels, qui occupent les sommites, et dont le foods, compose de debris vegetauxetvolcaniques, vaut celui de la premiere ; etl'espace intermediaire , maigre , graveleux, depourvu de bois et de fraicheur. Dans la plaine , les proprietes sont divisecs a I'ex- ces , et I'opiniritrete du travail y conquiert la plupart des re- sultats, qui, dans les deux autres regions, scmblent reserves a I'intelligence et aux capitaux. La plaine a 80 lieues carrces , la region moyenne 5oo , ot la region gazonnee 280. La Limagne, et surtout la region moyenne, ont d'immenses progres a faire dans la science des assolemens : celle-ci manque de fourrages et pourrait , tout en augmentant ses prnduits en grains, nourrir par la culture alterne ie betail dont I'absence la voue a la sterilite. Ce n'est malheureusement pas la seule contree de la France oCi le defaut d'engrais et de prairies arti- ficielles retienne la culture dans un cercle vicieux. Quant aux 73o LIMlliS FUANCAIS. paluruges, M. Ion plan dif- ferant , pour la forme et pour le fond des idees, de celui qui a ete suivi jusqu'a present dans les traites puhlies sur la meme matiere, il y aurait, de ma part, une sorte de presomption a ne pas faire connaitre les motifs qui , malgre toufe I'estime que m'inspirent les excellens travaux de mes devanciers , m'ont determine a m'ecarler aussi notablement d'une me- thode d'enseignement consacree, en quelque sorte, par I'u- sage, et dont les avantages incontestes sont le fruit d'une longue experience. Charge, depuis 1825, de professer, a I'ecole speciale de I'artillerie et du genie , le cours de meca- nique appliquee aux arts, j'ai du approfondir plus particu- lierement les theories qui dominent cette branche importanle de nos connaissances, et qui en rendent I'etude et les appli- cations le plus facilement accessibles. Je me suis ainsi fami- liarise avec une maniere de voir qui diflere, a quelqucs egards, des idees generalement admises dans I'enseignement de la mecanique elementaire, et qui se rapproche davantage de la melhode qu'ont adoptee Je petit nombre de geometres qui onl cultive specialement la science des machines; je veux parler du principe general des forces vires, et des notions qui s'y ral- lachent, principe qu'il ne faut pas confondre avec celui de la conservation des forces vires du a Huyghens, lequel n'a lieu que sous certaines conditions particulieres , tandis que le premier subsiste sans conditions quelconques, quand on ne neglige aucune des actions qui peuvent naitre , soit de la reaction reciproque des corps du systemc , soit de la nature de leurs liaisons ou de leurs mouvemens, soit enfln des forces on eauses etrangeres qui feraient changer a chaqne instant le* conditions de cette liaison. >« 756 LITRES FRANC /VIS. Cettc discordance cntrc les geomctrcs sur roxpressioii dcs principes goneraux de la science serait pen rassurante pom- la science meme, sielle influait siir les methodes de calcul, et changeait les resultats : niais il ne s'agit ici que d'offiir I'l I'es- prit les memes verites sous I'aspect qui les rend le plus com- prehensibles; et, comme ces verites resuitent essentiellement de la combiiiaison d'un assez grand nombre d'idees , elles ont en effet ces aspects divers entre lesquels on pent choisir: L'auteur a divise son ouvrage en deux parties : les prclimi- naires, et les applications , exerclces et devcloppemens divers, Dans la premiere, iipres avoir expose avec darte et precision les principales proprietes des corps, M. Poncelet passe aux notions fundamentales sur le mouvement ^ les forces et leurs effets ; la notion de Vincvtie qu'il adopte , avec tons les meca- niciens, semble superflue ponr I'explication des phenomenes du uiouvement et de ses modifications. Nous concevons tres- clairement que les efi'ets produits par les corps en mouvement doivent etre proportionnels a la quantilede matiere en mouve- ment, c'est-a-dire, a la masse eXk la vitesse dont cette masse est animee ; que, par consequent, la qnantite de mourement ou force motrice a deux dimensions, la masse et la vitesse. De cette seule vcrile de definition derivent les lois de la commu- nication du mouvement, et les formules qui les expriment dans tons les cas. L'idee iViticrtie est tres-difficilement con- ciliable avec celles de gravitation, d'affinite , de repulsion, de toutes les forces dont on suppose que les molecules des corps sont donees. D'ailleurs, toulc force existante a une va- Icurabsolne; I'inertie n'a point d'autre mesure que la masse; nous ne concevons pas meme qu'elle puisse en avoir une autre ; la pesanteur , les forces d'affinite , de repulsion , ne peuvent etre mises en equilibre; le sort de I'inertie est d'etre toujours vaincue, de n'intluer ni sur la direction ni sur au- cune des conditions du mouvement autrement que la masse ne I'eut fait ; et, comme on ne pent se passer de la notion de masse, pourquoi recourir a celle d^ inert ie , qui n'introduit rien de nouveau, ni dans le raisonnement ni dans le calcul, et qui trompe quelquefois ceux qui attachent a ce mot l'idee d'une force reelle. Au n° 66, page 4^ , nous denoncons c\ M. Poncelet une assertion qui I'a seduit lui-meme, mais qui manque d'exactitude. Si Vinertic, consideree comme force, peut etre mcsuree, ce n'est pas en poids , mais en pesanteur. Dans les faits qu'il rapporte, les modifications du mouvement sont evidemment dues a la masse. II ne peut etre sans in- convenient d'introduire dans les sciences une notion qui liii est etrangere, si elle peut e'en passer. SCIENCES PHYSIQUES. 73; Cette observalion est la seiile que nous ayons a I'airc siir cet excellent traite, ou les theories sont exposees coinmc elles doiv.euJt I'etre pour preparer leurs applications, ou I'usage tie la science est reduit aux methodes Ics plus simples, ri- goureuses quand il le faut, et, dans tous les cas, avec une approximation suflisante pour tous les besoinsdes arts. A Metz, ou 31. Poncelet professe, ou il est seconde avec zele par d'au- tres professeurs, ses anciens condisciples de I'JEcole polytech- nique, il n'est pas etonnant que son cours obtienne un succes des plus remarquables; celui que son livre ne peut manquer d'obtenir ailleurs sera la veritable mcsure des services qu'il ya rendre a renseignement iudustriel. Les etrangers s'en em- pareront, nienie dans les pays ou Ton ne doune pas encore assez de soin a I'instruction de la classe ouvriere. Un ouvrage tel que celui-ci merite I'attention des savans , quoiqu'il ne soit nuUe part au-dessus de la portee des ouvriers. 217. — *Histoire de la navigation intcrleure de la France, avec une exposition des canaux a entirprendre pour en completer le sys- teme; precedee de considerations generates sur la position geo- graphique de cc royaume, sur la direction de ses fleuves et ri- vier.es, £t sur son commerce exterieur; suivie d'tin Essai sur les causes qui ont retarde jusqud ce jour Celablissement des ca- naux dans ce pays, sur les moyens qui peuvent en iavoriser I'execution , ainsi que sur les principes de legislation et d'ad-^ ministration auxquels ils doivent etre soumis ; et accouipagnee d'une carte des canaux executes et de ceux a entreprendre ; par Jh. Di;tens. Paris, 1829; A. SauteletetC% rue de Richelieu n° 14 ; Alexandre Mesnier. 2 vol, in-4° de XLVI-Goo et XXXIII-470 pages; prix, 40 f'- Voici un ouvrage destine a rendre de longs services, a pro- pager dans toute la France des notions qui n'y deineureront point steriles. INous nous attacherons a le i'aire connaitre a nos lecteurs de toutes les classes, car la matiere qu'il traite est d'une si graude utdite publiqae, les projets dont il donne le detail opereront un jour une revolution si bienl'aisaute, que chacun voudra connaitre ce t'utur etat de notre territoire, en suivrc les progres, apprecier les a vantages mutuels que nos provinces se procureront par ces travaux. JNous cousacrerons done, le plus tot que nous pourrons, plusieurs de nos pages aiix deux volumes de M. Duteus, et nous ne doutons poiut 222,4oo — i5,ooo,ooo — 1725, A sa niort, y compris les conqufites sur les teisans t 4i4i^?ooo — 20,000,000 — 1762, i I'avenement de Catherine II .... 5,.ii2,(3oo — 26,000,000 — 1796, i sa niort 5, 3o9,3oo— 06,000,000 — 1825, i la mort d'Alexandre 5,879,900 — 58, 000, 000 II evalue, par les chiffres suivans, la situation actuelle do cet empire : Superficie en niilles carres 5,912,000 Population 60,000,000 Revenus en francs ^ 4oo,ooo,ooo Detle en francs i,3oo, 000,000 Arm6e 1,009,000 Ratimcns de guerre de toute grandeur i3t> II classe ainsi les habitans de cet empire ; D'aprcs les langues : Soitclic stave (Riisses, Polonais, Lithuaniens, Serviens,elc.) 5o, 812,000 5o«t7ic /Hr^HC (Tartares, Kirghiz, Baschkires, etc.) 2,620,000 Souchc otiralienne ou /m/ioi4c(Eslhoniens, Lapons, Tchere- niisses, etc 2,190,000 Saiiclies caiica.iicnnes , 1 ,800,000 Souclie germaniquc (AUeniands, Suedois, etc.) 770,000 Souclie femiilqiic (J nil's et Arabes) 690,000 Souclie greco-tatine (Valaqucs, Moldaves , Grecs, Alba- nais, etc.) 45o,ooo Souclie armenicnnc 279,000 Souche mongo/e 210,000 Souchc persanc 170,000 Souclie loungouse 5o,ooo Souchc lies csquimaux 47)000 Souclte .lanshrite ou hindouc (les Boheniiens et quelques Ilin- dons) 20,000 Souchc samoyede 18,000 Souclics slbcriemtes 5o,ooo Souches amcr!cal7ics , 24,oot> D'aprif Us religions : CIllilSTUMSMEj uu il faul dislinguei i SCIENCES PHYSIQUES. -45 tj'hglise grecqiic 455^53, ooo \ L'EgUsc cntholh/iie ;',5oo,ooo L'Eglise luthericnne 2,Goo,ooo L'Eglise anncnicnne 279,000 L'Eglise calvinisle 80,000 Auircs secies 20,000 ) 5 5, G5 2, 000 ISLAMJSME 2,755,000 JVDAISME 5-8,000 /.y^3//5y)/£ (on Bou(lliismc) 210,000 IDOLATRIE et pratiques superstilieuses sans reli- gion positive 845,000 Enfln nous citerons les deux resumes suivans : Nombre de vaisseaux entres dans les ports en 1826. Tonneaus. De I'empire russc 5,594 — 5o3, 5i6 De la France 85, 241 — 3,i65,oo(> De la Grandc-Brctugnc 129,626 — ii,oi4>ooo Partage de la population relativ'. au sejour et aucc occupations^ Ilab. dans Employ, dans Ic com- Employ, dans les villes. nicrce el les manuC. I'agiicuU. Grandc-Brctagne, plus de. . . . o,5o o,45 0,34 France, environ. . ' o,33 — o,36 0,44 TMonarciiio prussienne, plus de . 0,27 0,18 0,66 Empire d'Autrlclic, i>Tesc[ue. . . o,23 — 0,09 0,69 Russie, un peu plus de 0,1a 0,06 0,79 Ce tableau contient 16 rtsumes de ce genre, dont nous h'avons pu que donner une I'uible idee, ajant ete obliges, faute d*espace, de supprimer, dans ceux que nous avons cites, des details plus etendus , par exemple , sur le commerce maritime des principaux ports de la Russie, de la France et de I'Angle- terre. Mais ce que I'on recliercliera surtout, dans le travail de M. Balbi, ce sont les documens relatifs a la Russie , auxquels les circoustaiices actuelles prelent un interet tout particulier, a. 225. — * ISotice statistique sur le dcpartcment de I'Ain en 1828, par 31. A. Puvis. Bourg, 1828; Bottier. In-8° de 256 pages. Peu de departemens sont plus niQrs que celui de I'Ain pour ces institutions municipales dont nous devons I'ajour- nement a Timprevoyante legerete du ministere. Le travail de M. Puvis est une preuve et un resultat de I'excellente direc- tion que le patriotisme local a recu dans celte contree. Line statistique fort cslimce du deparlenient de I'Aiu a etc publiee en 1808. M. Puvis s'est propose de completer des ;4f> LIVRES FllAN^AIS. observations qui etaient alors iinpailaites, el suitoul d'appre- cier Ics changemens et Ics progies qui out eu lieu dans celte periode de vingl ans. Peut-etre cette tSche est-elie, grace aux soins de la Socit'te iCagricuUure, nioins difficile dans I'Ain qu'ailleurs : cette sociele fait peu de discours, encore nioins de vers; mais on y etudie avec zelc et perseverance les res- sources et les besoins du pays ; on y considere les sciences dans les applications locales qui peuvent en etre faites, et les vues utiles trouvent toujours dans son sein des exemples el des eneouragemens. Le depai tement de I'Ain, partage, du iiord au sud par la livicre dout il porte le nom, en deux espaces a peu prcs egaux, est montueux a Test, assez uni a I'ouest : la partic occiden- tale, forniee des arrondissemcns de Bourg et de Trevoux, est essenliellement agricole, et trouve dans rapprovisioune- nient de Lyon un large dcbouche pour ses produits; Tindus- trie manulacturiere s'cst fixee de preference dans les luon- lagncs. L'agriculture de la Bres>e a fait de notables progres ; il lui en reste beaucoup plus a faire, et la niarne , dont I'exis- tcnce en depots continus y est aujourd'hui constatee, ga- rantit la haute prosperite a laquelle est destinee cette coutree. L'extension de I'eniploi de cet engrais mineral sera du en grande partie aux exemples et aux conseils perseverans de M. Puvis ; nous regrettons de ne pouvoir le suivre dans I'instructive appreciation qu'il donne d'une foule de perfec- tionnemcns isoles. Ceux qui ont deja etc realises dans le pays de Dombes, que sa constitution physi([ue et son insalubrite meltent a cote de la Sologne, sent de nature a exercer la plus beureusc influence sur I'assainissement de cette coutree. Elle souffre partout du defaut de bras : riutroduction de la ma- chine a Ijattre lend i les rendre disponibles pour d'autres tiu- vaux. L'amendeuient des terres par la chaux et la marue les feconde, en meme terns qu'il neutralise les vapeurs deletires. Les plantations concourent au menie but; mais il landrail surtout redresser les berges dcs etangs et supprimer ainsi ces espaces presque horizontaux qui, alternativement con- verts et delaisses par les eaux, forment les principaux foyers d'infection du pays. L'ouverture et le perfectionncmenl des communications est la condition de toutes les autres amelio- rations, le premier hesoin de la partie occidentale du depar- tement de I'Ain, et malheureusement le plus difficile a satis- fairc. Dans plusieurs contrees du nord egalemeut depourvucs de pierres, on obticnt, en etai)lissanl les cailloutis sur des lits SCIENCES PHYSIQUES.— SCIEiNCES MORALES. 747 lie fascines, une ctonomie considerable. Les semis do hois sont le meiileur moycn de tirer parti du sol montueux dii Bugey; I'education du ver a sole et les plantations de mfi- riers y font de rapides progres : il parait aussi que I'art dcs irrigations, si bien entendu en Italic et dans quelqnes parties du niidi de la France, pourrait y recevoir de nombreuses applications, particulierement dans la vallee de I'Ain. Les races de betail s'amcliorent, grace a des efforts particuliers, judicieusement secondes par I'administration locale , et le troupeau de Naz, devenu en France le type de I'amelioration des laines, est pour ce pays une preuve glorieuse du pouvoir de la perseverance reunie aux lumieres : ce troupeau, snpe- rieur aux plus renommes delaSaxe, se compose de 3,ooo be- tes superfines et pcut en livrer tous les ans i,5oo au com- merce, en sorte qu'il est perniis de calculer le terme assez rapproche oi'i notre sol pourrait etre dote de toutes les laines recherchees que nos manufactures demandent aujourd'hui a I'etranger. On remarquera d'excellentes vues sur I'emploi des chaux hydrauliques naturelles qui abondent dans le de- partement. L'industrie, beaucoup moins importante dans le departe- ment de I'Ain que I'agriculturc, en suit cependant le mouve- ment progressif. On pent en dire autant de I'instruction pri- maire : I'ecole de sages-femmes fondee a Bourg par le docteur Pacaud est, dans son genre, un veritable modele. Le travail de M. Puvis est celui d'un excellent citoyen et d'un homme edaire, et nous sommes bien Irompes, si cette revue des ameliorations qu'a recues son pays n'eu provoque pas de nouvelles. J. J. B Sciences religieuses, inorales, politu/uea et lut>torLques. a 26.- — Observations sur labrochuredc M. I'abbc F. de LaMen- nais, intitulee : Des progr^s de la revolution et de la guerre con- tre I'Eglise; par M. I'uhbe Flottes, ex-professeur de theologie, professeur de philosophie au college royal de Montpel- lier, etc. Paris, iSaq; Levasseur. In-8° de 57 pages; prix , I fr. M. I'abbc Flottes est en possession, depuis long-tems, de prouver au public que M. de La Mennaisa altere la plupart des passages qu'il cite a I'appui de ses opinions, qu'il les a mal traduits, qu'il en a fait de fausses applications en attri- buant avix auteurs qu'il invoquc des sentimens dircctemeut opposes a ceux qu'ils professent, qu'il est meuie refute par -48 LIVRES I'llAlNCAIS. leiir autorilo. Dans la Inocluirc que nous annoncons, il pour- suit lo cours dc SOS observations sur I'ouvrage : Deti pvogrcs lie la revolution et de la guerre conire I'Eglise, et il en releve les i'ausses citations et les i'aux raisonneniens avco autant de moderation que de savoir et de talent. II s'altache principa- lement a mettre en del'aut rcriidition de son adversaire, par- ce que la certitude qui se tire du raisonnement , elant sujelte a des dillicultes bien terribles, suivant I'autenr de I'Essal sur I'iiidilfcrence en mature de religion , ct le temoignage etant tout pour lui, c'est renverser son systeme de I'ond en comble que de lui enlever les temoins dont il se glorifie. On setromperait grandenicnt, si Ton s'imaginait que M. de La lAIennais a toujours ete aussi cxagere dans ses opinions qu'il Test maintenant; voici que 31. I'abbe Flottes prend la peine de laire ressortir les etonnantes variations del'eloquent ecrivain, sur un point important. M. I'abbe de La Mennais disait, en i8i8 : « Jc declare tcnlr autant que pcrsonne au pre- mier article de la declaration de 1682. M. de La Mennais, en 1826, s'exprimait ainsi : La crainte d'un scandale cnorme en- gagea mallieureusemcnt Bossuet d soutcnir une opinion 7ni~ toyenne entre des erreurs condamnees et la doctrine vrainient ca- tholique. II ne blesfa pas la foi , parce que I'Eglise n' avail ricn dc- fini sur les points en question. M. de La Mennais dit , en 1829. Quelle que fut la penscc interiture de Bossuet en ccrirant cette espice deformule thcologique, comme, en maticre dc religion, onn' adhere point d une pensee inconnue, mais a une doctrine ncttement ex- primee ; pour sacoir si I'on pent adherer en conscience a la de- claration qu'on rient de lire, il faut ca'aniiner le sens qu'elle ex- prime, suivant la signification naturelle et rigoureuse des iermes. Or, nous n'hcsilons pas a soutenir, qu'd moins de [aire violence auxmots, pour en tirer un sens oppose a celui qu'ils 0 ff rent dans le langagehumcdn ordinaire ; a moins de modifier ce sens, comme les gallicans y sont obliges , par des interpretations arbitraires, celui qu'elle prescnte cl'abord n'est pas seulcmenl errone, mais fterelique, quoique rien ne fut plus oppose a I'intention du pieux eveque qui la rcdigea et des prelats qui la souscrivirent. En al- lant de ce train - la on pent aller bien loin. M. de La Men- nais va graduellement , mais vite. J- L. 227. — Manuel de philosopliie expcrimenialc , ou recueil de dissertations sur les questions fondamcntalcs de la melaphy- sique, extraites dc Locke, Condillac, Deslult deTracy , Dege- rando, La Romiguiere, Jouffroy , Reid, Dugald-Stewarl , Kant, Cousin, etc. ; ouvrage coneu sur le plan dc5 Lefons de M. Noel, il I'usage des colleges ct des gens du monde ; par SCIENCES MORALES. 749 J. F. Amice, regent rlc rhetorique dnns I'Academie dc Paris. Paris, 1829; Roret. In-18 de 4/5 pages; prix, 3 fr. 5o c. 228. — Noureati Repertoire de la Jurisprudence et de la science dii notariat , depiiis son organisation JLisqii'a present; rontenant, dans I'ordre alphabetiqiie , I'cxtrait et I'analyse des nieilleurs omrages et de tout ce qu'il y a de plus inte- ressant sur ccttc matiere , avec des noles et des formulcs ; par J.-J.-S. Serieys, notaire a Aurillac. Paris, 1828; Charles Bechet. In-S" de 55o pages; prix, 7 francs. A la vue du grand nonibre d'ecrits (1) qui, sous toutes les formes, ont depuis un quart de siecle eclaire la belle profes- sion du notariat, la science semblerait complete. Mais pour qui sait qu'une erreur pent miner les plus brillantcs fortunes, pour qui juge que nons n'avons point , dans cettc branche de i'encyclopedie du droit, touche au dernier terme, I'ecrivain qui livre au pulilic un resume couiplet et methodique sur des matiercs de cette importance a droit a un accueil favorable et impartial. Chaque jour voit naitre des difficultes nouvelles sur les droits d'enregistremcnt : aussi M. Serieys a-t-il consacre a ces questions plusieurs pages qui annoncent beaucoup de tact et d'erudition. Quoique ce dernier caractere domine dans tout I'ouvrage , I'eruditinn n'y produit jamais de longueurs ; il nous semble meme que, dans plusieurs articles, tels que lega- lisation, succession vacante, enfant natiirel , aval et encore d'au- Ires, 11 y aurait des omissions a reparer dans une prochaine edition (2). Parmi les douze tableaux synoptiques repandus dans le cours du volume , nous avons remarque ceux des cau- tionnemens des notaires, des droits d'enregistremcnt, et enfin des salaires des conservateurs des hypotheques. Quant au for- nmlaire place a la fin de I'ouvrage et renfcrme dans 55 pages , il est fait de main de maitre. Les notaires, souvent en concurrence ou en hostilites , soit avec la regie, soit avec les avoues, les greffiers, les commis- (1) y o'lvle Journal des iiolaires, \e Dictionnnirc dunotariiit, la Jurispru- dence du notaire, le Nouvcau manucl des notaires, Ic Par fail notaire, ie tours dc notarial, la Clef du notariat, \cs yhinatcs du notarial, le liccucit des regies sur les emolumensdes notaires, le Traite elemcntairc du notariat, le Tarif lies notaires, les E lemons dc la science 7iolarialc , le Manucl des eoniravcnliojis relatives au notariat, le ISIaniiel du nolairc , le Manucl des eleres dc notaire, elc. (2) L'iinpiinicur auia h coniger, oulic ses errala, un asse/, ffraiid noii'' failles d'impression : qu'il relise les pages 'iS5, 4'' 226, ^/iO, 78, bre cle Sn, 540, i44) 4i4» 4''''') ^94) 4"'2, 4/'- ;5o LIVRliS FilANCAIS. siiircs-priseuis el los liuissiers, tiouveiU iin avocat zi-Io dans leiir conl'teie (rAiuillac. Nous ne pouvonspas nous en plaiii- •Iie ; c'est presquc loujours une oconomie obteime pour la bourse dos justioiables : nous desirerions seulcnient qu'cn traitaul avet* tant do su\ trite toutc la procedure judiciairc, I'auleur vit d'un ceil moins indulgent ce t'aisceau do forma- lilt's extra-judiciaires qui devorent nne partie des successions. Au reste, toutcs ccs opinions, enoncees apres la discussion (ics syslcnies contradictoires de trente a quarante autenrs, ne ])cuvent etre que le resultat de la conviction chez un i'nnction- naire honorable dont I'ouvrage entier proclauie celte maximc : « II n'est point de route plus sQre pour aller a la fortune que « celle de la probite. » T. de L- — e , avocat. 229. — * Le bon sens d'un homme de rien, ou la vraie poli- tique a rusag(! des simples ; par Joseph Bernard. Paris, 1829 ; Moulardicr. In-8° de 428 pages; prix. .5 fr. L'auteur de cet ouvrage n'est pas seulenient un homme de bon sens, c'est encore un liomnie plein d'iniagination et d'es- prit, qui sait allier la verve satirique de Rabelais et de Swift a la raison du bonhomme Richard. Tout ce qui dans notre ordre social lui parait contraire a la justice et a la liberie subit le.s arrets de son inflexi])lc censure. Religion, gouvernement ci- ^il, justice, finances, arniee, il ne recule devant aucune dif- ficulte ; il est done d'un franc parler que rien n'arrete. Son langage paraitra dur a tons ceux qui , d'une maniere ou d'une autre, sont en possession du pouvoir. A vrai dire, puisque, par ses formes plaisanleset familieres, son ouvrage semble destine a I'instruction du peuple, il aufait dCi peul-etre se tcnir en garde contre cerlaines theories trop absolues, dont I'application rencontrerail anjourd'hui des obstacles insnr- mnntables. et qui d'ailleurs ne peuvent etre bien comprises que ]>ar les intelligences cxercees aux rechercbes de Tecono- mie politique. Ces theories ne sont meme pas toujours d'une verite incontestable ; j'en citerai pour exemple ces deux pro- positions sur le luxe, qui donneront en ineme terns une idee de la maniere de l'auteur. « 1" propositinn qui est de puvrai- ionncment , ou de la mathimatiquc sans chlffres. Le luxe , c'est, avec le necessairc, consommer beaucoup de produits , qui cofitent d'autant plus, c'est-a-dire qui occupent d'autant plus de bras, que ces produits sont moins utiles en eifet. Or, ( es bras , s'il n'y avait pas de luxe, s'occuperaient necessairement a fabriqucr des produits utiles, qui deviendraient des lors plus abondans . meilleurs et moins coftfeux. Ainsi un Klat , SCIENCES MORALES. y5i grand on pclit , dans loqnel il y a du luxe , c'csl un Etal dans lequel il y a an certain iiombre de bras procnrant a quclques- nns du supfTflu, an lien de procurer a tons du necessaire et de I'utile. 2" proposition qui est en c/iiffres purs. Nous sommes mille bonnes gens, ouvriers cntendus et laborieux, dans une lie absolument isolce , inconnue , mais bien pourvue dc ma- tiere premiere. Voila que cette ile est decouverte un beau jour par un grand roi chretien, qui la confisque chretienne- ment , a I'aide du mousquet et du sabre. II y met un gouver- neur, c'est I'usage ; et ce gouvcrneur a beaucoup de luxe, c'est I'usage aussi, sans quoi il ne serait pas gouverneiu". Alors il faut que, sur les mille Ijonnes gens , il y en ait un certain nombre , cinquante, par exemple, qui ne travaillent plus que pour lui seul, an lieu de travailler pour tout le monde. II lui faut, en outre, des valetons , et courlisans et proposes , c'est I'usage encore , et cinquante ne sont pas trop ; voila done cent travailleurs de moins pour I'ile ; et la ques- tion de I'influence du luxe est celle-ci : une population, quelle qu'elle soit, aura-t-elle plus de bien-etre, quand neuf cents ouvriers, au lieu de mille, travailleront pour elle ? » II mc semble qu'independamment de la difTiculte presque insur- montable d'indiquer ime limite entre les produits utiles et ceux qui ne le sont pas , il y a deux erreurs dans cette ma- niere de poser la question du luxe : la premiere, c'est de con- siderer le luxe comme inherent a I'existence des fonction- naires publics; la seconde , c'est de le regarder comme une cause , tandis qu'il est plutot un effet. Le luxe est I'effet ine- vitable de I'inegalite des fortunes, inegalite aussi indestruc- tible que celle des facultes hnmaines. IN'est-il pas evident que cehii qui possede au-dela du necessaire consacrera toujours le surplus a se procurer le superflu ? Et s'il agissait autte- ment , serait-ce un bien? Supposons que tout riche capita- lise d'une maniere quelconque la portion de ses revenns qui excede le necessaire : qu'en rcsulterait-il, si ce n'est une ine- galite toujours croissante dans les fortunes , et pour le pauvre un accroissement progrcssif de misere et de servitude? Allons plus loin , et supposons que I'egalite absolue des richesses , en bannissant le luxe, ait mis tons les citoyens dansun etat d'ai- sance. On sait que la popidation tend toujours a s'accroitre jusqu'a ce qu'elle aitatteint la limite des subsistances; si cette augmentation a lieu proportionnellement dans toules les fa- milies, cliacune n'aura bientnt plus que le strict necessaire. II n'y aura point de luxe, il est vrai ; mais aussi point de beaux- arts, point de sciences, point d'instrnctinn, point do bien- -52 LIVRES FRANCAIS. C'Ire; si an conlrairc, oc qui est pins probable, raugmcnla- tion des lamilles a lieu d'line iiianicie inigale, nous retombons anssitol dans I'etat des clinses actucl. Supposerons-nous encore que , par un miracle , Ics families se soient donne le mot ponr lester a lonl jamais dans lenr primitive situation numerique? Cette supposition semblcrait an premier coup d'oeil realiser le vocu de I'autcur; « Que le nioindre velclie eOt un bean sa- lon, dans cc salon un beau cabaret de vermeil, et que dans cc vermeil il pQt boire chaque jour une demi-tasse de cc bon cale Que I'humaine industiio S'en va ravir aux champs de I'Atabie." Mais non! une nation qui n'aurait point de pauvres s'en verrait bientot fournir en quantitc par les antres nations , parce que chez elle les salaires seraient a trcs-baut prix; ainsi I'on verrait toujours reparaitre le rapprochement du luxe ct de la pauvrete. Cela ne veut pas dire qu'il soil bon ; c que ceux qui travaillent paient de grosses taxes a ceux qui nc i'ont rien. » Cela ne veut pas dire non plus qu'il soit impossible d'an)eliorer le sort du pauvre; mais seulement qu'il y aura toujours ime opulence et une misere relatives , les besoins des uns croissant en proportion des jouissances des autres. Si jc ne partage pas toutes les idees de M. Bernard , je n'aime pas moins a reconnaitre qu'il a su donner une forme piquante a beaucoup de verites utiles; qu'on trouve toujours chez hn, aupies du frondcur spirituel et mordant, I'bonnete homme, le citoyen paisible ct I'ami de I'liumanite. Ch. 25o. • — De la Riclicsse, ou Essais de Ploiitononiie, par IM, Robert Guyard; Paris , 1829; Yerdiere, quai des Augus- tias , n° 25. In-8° de 90 pages ; prix , 3 fr. 5o c. Voici un ecrit puremcnt theoricpie, et oi'i I'auteur parait n'avoir eu en vue aucune application. II cite et attaque les definitions de divers auteurs, et donne les siennes. Nous ne pouvons mieux fairc connaitrelcs residtats auxquels il arrive qu'en citant ses propres paroles : « La nature de la richesse est bicn constatee par ses deux attributs : utilite , propriete. Son origine date du sentiment de I'utilite. Elle commence la ou I'utilite est sentie . et elle achcve de se produire par le fait de I'appropriation. Cette analyse conduit a reconnaitre la cause de la richesse dans le travail, qui la cree par le fail de ['appropriation. L'idee de valeur nait des attributs de la ri- chesse, consideres sous le rapport de I'estime que nous en /"aisons. Les valcurs ne sonl que des idees, et par suite des SCIENCES i\!01lAlKS. -ry3. (hoses inconiincnsiirahles. » Cetle l)iocliure, an ii'slt;, ne pa- rait contenir que des piolcgomunes, iloiil I'asiteur nous pro- int't la suite dans les livres snivans. J.-B. S. 25i. — Du nourel Hdpital, et, par occasion, du Coiistil general de la commu7>e , a propos de la fete donnce, a Bor- deaux, a S. A. n. M""' la ducbe^se de ZJfrrj. Bordeaux, 182;); Teychenay; Paris, les marchands de nouveautes. In-S" de i66 p. M. de Richelieu, comme on le sait, a fait cession, a la ville (le Bordeaux , des fo«ds qui constiUiaient la recompense nationale votee a ce uiinistre par la chanibrc des deputes. Ces foods ont ete consacres a Tercction d'nn hopital niagni- fique, « hopital, dil I'autenr de la brochure que nous avons sous les yeux, qui aura ravantage, assez rarenient obtenu , de niei'iter les suilVages du riche couimc du paiivre : du ri- che, parce qu'il sert d'embellissenient a la \ille; du pauvre, parce qn'il est sur an moins d'obtenir un abri chaiitable, on ses maux serout soulagcs, sans craindre que I'insaluljrite du local vienne se joindrc a sa niisere, pour aggraver ses soul- frances et abreger ses jours. ))L'hupilal construit, il s"agis^ait de le mcubler : cent mille ecus etaiont necessaires ; mais , M""" la duchesse de Berry arriva, et le conseil general de la commune jugea a propos de depenser en grande partie celte somme, pour luiilonner U5ie fete, laissant les pauvres niala- des attendre que la charite publique vint a leur seccurs. Tels sont les fails qui ont inspire des reflexions scveres a uu habitant de Bordeaux; niais riiiipossibilite de trouver, dans cette ville, un editeur resolu a Ijraver la niauvaise humeur des patriciens dn lieu Ta coiitraiiit de se faire iuiprinier a I'aris. Tout cela prouve qu'il a frappc juste. On ne manqucra pas sans doute de rtprocher a I'auteur son indi?Trction ; mais iui non plus ne manquera pas de repondie : Est-ce celui qui fait le mal, ou celui qui le dcvoile, dans I'espoir d'en pie- venir le rctour, que Ton doit accu.'^er du scandale qui en le- sulte ? Au reste , celte Ijrocliure n'est pas d'nn interet tellemcnt local qii'elle ne pnisse offrir qnelqiie insti uclion utile aux con- lrii)uables assez curieux jiour s'inquieter de ce qu'on fait de leur argent , et aux Parisiens qui ne se doutent j)ar. de ce qu'est en province la liberie de la presse. D'ailleurs, lorsqu'il s'agit d'nn mauvais eniploi des deniers piddles, il y a toujoiu'S des conseils generaux de commune, ou meme des assemblees plus importanles, auxquelles on pent dire : Changez les uonis et voilavotre histoire. ** T. xr.it. .iriN iSf.c). J 8 ;:>', IJVHKS MUX CMS. a5'2. ■ — Slulhiujiie Ciin.^iilationneUe dc In ('hiimhtf flax Df/ut- tex, tie 1814 d iSsc); piir .1. B. 3J. Bratin, inajnr de rancioniic (iriiK'c , on rt'triiilr , luemhic ilc la Socictr aiadcmiiiiie dc Slrasl)oiirg , etc. Paris, 1829; Piclioii ol Didior. ln-8" de xi;- 49^) pages; prix, 7 Ir. 5o c. Cellc statisli(iiie est un reciieil de fails qui ne laisscnl pa^ dexciler la curiosite et Tinttret, piiiscm'ils se raltachcnt a la question importante dc la representation iialionnle. L'anteiii' s'esi iivre quelquefois a des recherches piieriles, comme colles qtii ont pour but d'etablir Tordre de la eonstitutionnalite des dcpartenicns, d'api-es un tableau ou se Irouvent reeapitulees loutes les elections laites depuis 181 5 jusqu'au i5 Janvier 1829, et oi'i les deputes sont divises en deux series, le role gauehe et le cote droit. Les ralculs de M. Braun etablisseiit que, sur 2,24oele(lions qui onteu lieu depuis iSi 5, la France n'a envoye que 635 deputes au cote ganclie; puis, en cornpa- rant le nombre pour leqiiel cbafpie deparlenicnt a coulribue a cette derniere serie avec le montant total de ses elections, il donne les ])reniiers rangs aux departemens du Haut-liliin, qui a conipte 32 membres du cote gaucbe,snr 5o deputes, et de la Mease , qui en a eu 16, sur 22, etc.; et il terniine celle enumeration par les deparlemens des Haate'^-Alpes, dc yaucliise, de la Ilautc-Loire et des Bourhcs-du-Ii/idne , dont aucun represenlant n'avait siege au cote gauche, jus(pra I'e- [)0c|ue de la publication de ce vobune (1). Dn tableau de la Clianibre de i8'2 Ton pourrait, sans inconvenient, fain- flecbir un pen la ligucur dc la loi, quant aux conditions de religii)ilite, taut il y a pen de tendance, dans le corps elec- toral, vers I'introduction daus la Chambre des plus jeune-^ et (]os moins riches, gens que paraissent redouler beauconp certnin parti et certaines coteries (2). — L'ne biographic dc- (i) Marseille a cnvnyi' dcrnic'ieiii<;nt a la cliaiiibic, M. Tliomns, av.icat distinguo , qui a piis plar<; painii les dffenseurs des piincijies conslilii- tionnel?. (•>.') On a I'aif le icleve .s,ii\,uy dts depiiles de iSif), rlasses d'aiiii';* SCIENCES MOUALES. ^r^t ministres et des deputes qui ont figure dans la Chambre , de- puis i8i5, est concue dans un sage esprit; on ii'y trouve que des I'aits, I'indicalion des diverses I'onctions ou professions exeiTees par les divers personnages qu'elle comprend et des places qu'ils out occupees au centre, ou Ijien aux deux ex- tremilesde rassemblee. Quant a (uie liste des principaux eli- gibles, je nc sais trop si I'auleur a consulte, pour chaque departcnicnt, des aulorites competentes; mais il me semble. y avoir reniarque remission de plusienrs noms qui sont chers a la patrie ou a la science. a.. 255. — Deuxicme pelUion d la chambre des diputrs , par M. Ic baron dc Barrey. Paris, 1839; Anselin. In-8° de 52 pages; prix, 1 i'r. ao/j. — lieclainaiious aiipres deson Exc Ic ministrede la guerre^ suirie.s de Considcralions ,sur le malaise aciucl dans Ic corps dc I'arlillerie, sur scs causes, etc. , par J. Mabelaine , ancicii eh'ne de I'Ecole polylechnique, ingenieur civil, capitaine re- I'orme; avec celte epigraplie : Un soldat n' est pas an instru- ment que Con puisse rejeter avec dedain parce qu'on ccsse de s'en scrvir. Paiis, 1829; imprimerie de David. In-8" de 54 pages ; prix, 1 I'r. Quoitiu'il ne convienne nullement a la Revue Encyctopedi- <7«e de traitcr des questions d'interct prive. elle doit I'aire mention de ces deux brochures, 011 la legislation militaire trouvera d'utiles edaircissemens, des faits qui ne peuvent etre negliges. ■ — M. de Barrey a ete condamue a descendre d'un grade acquis par quatorze annees de service, pour avoir pu- blic uno petition d la cliamhre des deputes , et quelques verites courageuses sur les besoins de rarniee et sur ccrtaines parties de notre organisation militaire ; 31. Madelaine a ete reforme riulemcnt, considcre comme mauvaisc tele, pai'ce qu'il a des opinions qui ne soul pas toujours cellcs qu'on voudrait qu'il k'ur ago : 55 sont iigZ-s de /(o 6 45 ans ; 85, de 45 ii 5o ; iSG, de 5o h Go ; <)i, de 6o a "o ; 25, de jo i 78 ; puis, classes d'apres le censd'eligibilile, <) pa lent de 3i8 a 8G2 f'r. ; iSo, de 1,000 J i,5oo ; io5, dc i,5ooa 2,000 ; 75, rofessiijns, 70 ini- nislres, conseillers d'etat, prefels ou sous-pieli'ls ; Go inaires de com- iinines; 18 employes siipericurs des finances ; 48 indivLiius ai)pailenant a I'oidie judiciaiic; 54 oflicieis de tons grades; i ambassadeur ; 5 gen- iilsbouinies bonoiaires et 5 aides-decamp du roi ; 48 banqiiiejs, nego- ( ians ct manufacliiiiers; -2 jjioprie (aires, elc, etc. ( /'W. le prospectus a I'impression. Ce sont ces fragniens , dus a une infidelitc, qu'on a toujours reiniprimes ilepuis, et qui ont etc si vive- ment recherches sous le titre de Manolre^ de Saint-Sivwii- Le roi Louis XVIII , reconnaissaut la justice de ces re- clamations renouveiees par iU. le mar{[uis de Saint-Simon, a enfin ordonne que le manuscrit original lui fut restitue. C'est ce manuscrit qu'on publie aujourd'hui , et ce sera la premiere t'ois que le public aura comiaissance des vruis me- moires de Saint-Simon. Quant a retendue , elie est triple au moins des extraits recueillis par I'abbe de Voisenon ; la forme en differe autanl que Tetendue, et elle a tous les avan- tages d'une narration complete et parf'aitement suivie sur quelques scenes ct quelques portraits recueillis au hasard et publics sans ordre. Nous accorderons une attention particuliere a ces Memoi- res, qui pre.^^entenl le tableau curieux et a pen pres complet des rt'gnes de Louis XI\ et du regent; et nous reservons une place a Icur exanien dans noire section des Analyses. Z. 25G. — * Lettres de J iinius, traduites de I'anglais, avec des no- tes lustoriqups et poUtiqaes; par J. T. Pauisot. Nouvelle edition. Paris, 1828; Pichon et Didfer, quai des Augustins, n" 47- 2 vol. in-8° de LVI-288 et 349 P^g^*'; P'"'^? ' 2 t'r. Lorsque la traduction des Lettres de Junius parut, en 1823, nous en avons rendu un compte detaille [\oyei Rev. Enc. t. XXI, p. 001.) Nous avons expose la situation des afiaires politiqties au moment oti ces lettres I'urent coinposees et Pe- venenient qui donna lieu a Icur publication. Nous avons tache de t'aire apprecier le merite dc I'original et celui de I'cxcel- lente traduction de M. Parisot; sans percer le mjstere impe- netrable qui enveloppe le nom de I'auteur de cetouvrage ce- lebre, nous avons cite les divers personnages auxquels on I'a attribue, et nous avons rappele les investigal ions si multipliees et jusqu'alors si vaines, tentces en Angleterre, pour dccou- vrir le secret du pseudonyme. On n'a foit depuis aucune nou- :5.S LIVIiKS i'HANCAIS. \ ello (loooiiN (^rle. Cctio eililion nous semble (raill(;in;s ciitie- lenieiU conlormc u la pioniierc ; nous nous horneroiis doiK^ .1 roconiniandcr tie nouvoau oe livic coniiiu; I'lin des ouvrages los plus orif^iiiaux et les phis curicux quo la poli'-miqiic cou- stitufionncllc ait inspires; oomine un ihei-j8. — * Picc/ioi/tes philosophiijiies siir Ui lan^nc oiwlofe, par iM. le Iku'ou lloGER , ex-conuuandant et adniinistrateur du Senegal. Paris, 1829; Dondey-Dupre. In-8° de 1^5 pages ; piix, 5 I'r. 5o c. Dans la perfection de nos arts , dans Torgucil de notre civi- lisation, dans la ricliesse de notre litterature, nous ne nous doutons guere (pi'un })euple noir, sans lois, sans luiiversi- tes, sans academies, sans sciences, incapable menic de re- presenter les sons qu'il forme , ait pii cepcndant creer une langue qui, par ses belles et savantes combinaisons, pent lemiir I'barmonie des langues anciennes a la precision des inodernes. Preoccupes de I'etude de notre langue , ou d'au- Ires qui remoiitent a une origine commune, nous n'imaginons pas qu'on ait pu melti'e ces qualites dans \\n idiome, sans nombres, ni genres, ni cas dans les noms ; ni tems , ni mo- des dans les verbes. Tel est pourtant le phenomene que nous otTre la langue des Gliiolofs. Quclques affixes (1) leur ont sufli (1) On appelle affixe line lellic, on une syllabr, ajoutee au commence- ment (prtifixe) ou a la fin (siiffixe) d'nn mut pour determiner sa relatiou avec le resle dc la [ihrair. LITTKll.Vnjnii. 75j) pour cxpriuier lotilcs fees modification? des laii4j;iics de {'Eu- rope ot dc I'Asiu, el dans ce systeme ti nouveau, il» ne scjiit lesles inlerieurs a aiicune d'clles. On pent voir avec detail, dans la gramniaire de M. Uoj^^er , tout ce qui caracteiise cette langue ^ profitons du pen de iignes qui nous sunt a('eordee> pour la laire connailre en gros a nos lectenrs. Lcs substantil's ouolols n'ont qu'nn genre; dans le pelil noini)re dc cas oil ie sexe doit etie determine , un mot I'indi- que , conmie quand nous disons une vie mate , iine oie femelU. — lis n'ont pas de nombres : le pluriel s'indique par la voyelle (, qu'on |)lace ordinaiiement devant le substantii', niais qui peut-elre transposee. — Us n'ont pas de cas ; coinme chez nous, les prepositions y suppleent. Quant nux verbes, eette partie du discours ordinairement si conipliquee, si riche en lormes diverses, eile est invaria- i>le chez les Gtnolols ; mais les personnes s'expriment I'acilc;- menl par I'addilion des pronoms personnels; les tenis et les modes, par les allixes, (/ore pour I'iinpartait, on pour leprete- rit, (le pourle lulnr, de kon pour le conditioimel : ces mots ne pourraienl se rendre en francais cjue par des pcripln-ases : les deux mots de , kon paraissent repondre a la particnle greii- que «y qui, comine on ie salt, doune a I'indicatif le sens du conditionnel. D'aulres adverbes, en se joignantauxpronoms et a la t'oruif- derindnilif, donnent des voix, ou des verbes nouveaux, pai lesqucls on indique qu'on ne fait pas, uu qu'on ne fait plus une action ; enfin , par le changement de Icur syllabe finale, les verbes ouolofs forment plusieurs derives , verbes ou substantifs, dont on pent voir Ic detail soit dans la grammain; de IM. Uoger, soit dans le Dictionnaire francals-oiiolof de yi. Dard {v. le tableau annexe a la p. xxiu), publie en iSaS, par la Societe d'education (i). Mais, ce qui distingue la langue des Ghiolofs dc tontes les autres, c'est I'usage constant que font ces peuples des si- gnes de position; lcs trois voyelles t ', ou , e , modifiees par «Jes consonnes que determine I'euphonie, suivant une loi tres- remarquable, indiquent Va presence, h\ proxlmite , ou Veloigne- ment de robjet dont on parle : ces signes s'etendcnt a tout, (i) Voy. Rev. Enc, t. XXV, p. Soj. JVous aiinoncions, sur la foi de la pielace. la piocliaiiii! publication de la gramniaiie de M. Dard, tlont nous n'avons plus t'litrndu paiU-r : nous en somnies d'autant plus laches; aujoTird'liui, qu'il n'auiait pas nle sans interet de comiiarei les idees de M. J)aiar tons les verilables philantropes. Mais sa grammaire n'esl pas sufTisante : car qu'est-ce que la grammaire d'une laugue sans son dicliounaire, et sans un livrequi coutienne lextuellcment au moins une partie de sa litterature!' Or, ces deux dcrniers ouvrages nous manquent : vainemeut citera-t-on le dicliou- naire dc M. Dard, que j'ai annonce avec eloge , en fevrier 1825 (1) : si Ton veut hien faire attention qiu; la langue ouo- (i) ,!(> ropn clirtis alms i M. Daril iditu< r^iit siippriiiifr; iiciilcmciit . 31. Iiiai>i()li a |)(juss(; plus loin qu'eux encore rcxpiicatioii clt.-) (lillicultes. Les inols (•ai>ricc, (ihiin, image, couinie ii Ic dit dans la jHclace de la giarnniairo ilalienne (p. xwii ) , sent totak-nienl itaunis do son livic. II lend conipte dc lout; mais, pour tela, il I'aut I'avouer, il lo- uiontc (|Uplqn('lois si iiaut dans ['analyse iles phrases, qu'on a peine a I'y suivre ; et , a ce sujel, j'ajouterai que cette me- thode est sans doiite excellenle pour I'ideolojiiie fpii vcut sui- ,\re la marclie de I'osprit lunnain et la formation de ses idces; inais, conmie nutliode d'enseignement , est-il l)ien sOr qu'elle soit la plus courte ';' Jl nous semljle qu'on le prouverait diili- lilement, etque Ton aplulot conipris , parrxemplc, le sens general du vocatit' dans ces mots du Dmiie : /.adre , die hai? que dans cette analyse du savant prolesseur : to cidamo te, judre ?nio , che hat lu? C'est cpi'en eilet I'ellipse , ou cette iigure que les i^ramniairiens appcllent zeiigmc, et qui consisle a sous-entendre des mots precedeniment exprimes , est son- >ent aussi favorable a la clarte (ja'a la rapidite du laufjage : il faut done bien prendre garde que le commcntaire no soit ])lus obscvu' que lelexte; et, tout en ap|)reciant I'excel- iente mt'lliode de M. Biagioli et les fruits qu'elle doit prodiiire. je ne ciains ])as de dire que quehjuefois il eut pu attoindre Ic ujeme but par un« voie plus courte , en supprimant ([uelijucs fxjdications et en faisant une part nn pen plus large a I'usage. !Mais cette legere observation ne tombe que sur tpielques de- veloppemens, et non sur la inethode , qui est incontestable- inent la scide propre a donner de lout ca qu'on etudie une connaissance exacle et raisoniiee. Les deux grammaircs sont di\isees en cliapitres, et trail<'Mt successivement des diverscs sorles de mots, (jue M. Diagioli considere moins dans leurs formes intrinseques et absolues que dans leurs lappnrts avec les autres mots des phrases : c'esl surtout la qii'il appfupie avec succes I'analyse a I'expliiMtion Qui peut nier que ce soit a elle seule qu'on soit redevaljle des rodomontades ri- dicules de Saint- Amand et deTheophile, a I'epoquc oii le ma- riage d'une infante nous iniposa la houilissure espagnole, dont le grand Corneille lui-meme ne put s'atfranchir ? La dignite. galante et gourmee de la cour dc Louis XIV ne fut-elle pas la cause des seuls del'auls que Ton puissc reprorher a Jlacirie ? La fatuite musquee du siecle dernier nous valiit les bouquets de Doral et les baisers de Pe/.ai. Plus tard, le systemc des economistes et ralVectalionde Tamoiu' des champs nous ame- nerent les poemes de I'agricullure, des saisons , des jar- dins, etc. Tons ces ouvrages, passagers comme la mode qui les fit naitre, out eu la pretention de satisfaire aussi aux bc;- soins du siecle. Combien pen d'culre enx ont-ils garde le rang que ces gouts ephemeres leur avaieut momeutanemcut ac- quis? .. Les ouvrages les plus imperieusemcnt demandespar un siecle sont precisement ceux qui sonl Ic plus promptement oublies par les siecles suivans ; et les seides poesies (|ui aient resiste a celtc epreuve sont cclles qui. en bra\anl la mode, se sont cordormees nu gout immnal)!e, c'csl-a-dirc a la lieaute, qui est In ineme pour tons les ■tons, o Nos leclours hahilurls ne LITTKIIATUIIK. ;(!- j)(Hiri"onl s'enipcclier tleicmar(|iicr comhien ce* opinions soul (•onroranes aiix micnnes, jc (lis conrormes a IVTiulitioii pros; car M. Yioilct-Lediic joint a des connaissances etcfidues dans Irs litteratiires ancienncs el elrangores nne etude approfondie df, nos vieiix poutes, etude qu'il se plaint avec raison dc voir liop negligee parmi nous. Je nc puis terminer cet article sans indiquer une observa- lion qu'il a faite . ct qui me send)le proju'C a jeter un nonveau jour sur la question dii roniantisme : I'eloignement qu'ont monire les peoples du INord de {'Europe pour le s>steme poetique des Grecs qui place la beaute panni ses preceptes les plus importans, a eii pour cause ])rincipale, suivant M. Viol- let-Lediic, leur conversion immediate de la religion de I'Edda an chiistianisme , sans passer par la mythologie. Cetle re- marque me semble anssi vraie qn'ingenicuse et teconde , et je la crois tout-a-fait rieuve. Ch. 244- — Noiiveaii dictionnaire des rimes, par P. A. Lemare , auleur des Coitrs de lecture , de laiigae fratiQaise, de Lan- giie laline, etc. Ce dictionnaire, dislrijjiie d'aprcs un doubbr ordre alplialietique, facilite les recherclies, rapproche les ana- logies et gradiie les rimes selon leur plus ou moins de sulfi- sance ou de lichesse ; 5ooo vers, presque tons pris dans les auteurs classiques, donnent a la suite de chaque seiie de fina- les les exemples tecliniqvies de toutes les sortes dc rimes et de leurs bomonymes ; 4o(>o mots, qui ne sont point dans le dic- tionnaire de I'Academie, donnent les prenoms, conune Andre, Laure ; les noms liistoriques, comme Cesar, Prrrhiis; ou inytliologiques, connne JpvUon, Tln'see; ou geographiques, CMxim^ Lyon , Anxerre : avec leur prononciation , etc. Paris, 1828; Pichon et Didier. In-8° de 808 pages; prix, 9 ir. Ce long litre sufllt pour faire connaitre le plan et le but de I'ouvrage. Nous ajoulcrons que M. Lemare, voulant prouver d'une uianiere incontestable la supcriorite dc son travail sur celui de ses predecesseurs, a place en tete du volume des rap- procbemens entrc son livrc et ceux de Riclielet , JVaillr , Drevet, et de MM. Philippondc la Madeleine, Doiste et Jmo- c/ie. Ces comparaisons nous paraissent etre toutes a son avan- tage. — Le volume est termine par un pclit traite de la versifi- cation, moins complet que celui de M. Pbilippon de la Made- leine. mais plus substanliel, et renfermant toutes les regies qu'il est indispensable de connailre avant de se condamner au rude supplice de faire des veis baniais. 245. - — * L' liisioirc du clidirUiin de Coney et de la dcuir dr Friyel, piddico d'apres le manuscrit de la bibliotbequc du mi. P-6H IJVRKS FUA\(;A1S. oA mise en tVancais parG. A. Crapelet, imprimeiir , cheva- lier fie la Legion-d'Honneur, uieinbrede la Societe royale do*. aiUiquaires do France. Paris, 1829; iinprinierie de Crapelet, I'ue de Vaugirard, n° 9. Grand in-8" de XX-428 pages; prix, -iS fr. A'oiis avons plusieurs fois cntretcnn nos lecteurs des belles pnhlicalions de iM. Crapelet, et lone la perseverance avcc la- ipielle ce savant imprinieur continnc une entreprise qni a pour but de popularijor, en quelque sorte, les vienx nionn- inens de notre langue et de notre litterature [\oj Rer. Enc. , t. xxxvii, p. 5i2, et t. xxxix, p. 737). La noiivelle rhroni- que qn'il vient de meltre au jonr , a une importance plus grande encore que les precedentes, soil par Finteret reel dn poeme, soit par les iaits historiqnes qni s'y rapportent , soil enfin par les onvrages remarquables qu'a Fait naitre la tragique avcnture qu'elle raconte. rs'ons nous reservons done de I'exa- uiiner prochainement avec plus de details. A. P. 340. ■ — LesGermiiins, Essai epiqne, ]>avCh(nics Maucellis. Paris, 1829; Dureuil, place de la Bonrse. ln-8" de iSa pages; prin, 5 fr. Muses du Nord, 6 vous, donl les vcix lavissantes Se nielent aux accords des liarpes eclatantes, Qui celeliiez vos cliceiiis el vos sacies banquets Dans les bois tenebreux, dans les antres secrets, Chantez, fllles d'Odin, I'antique Gernianie : Ijes (leuples d'Occident aiment voire harmonic. Hetracez a Icurs yeux les elonnans exploits Qui de I'Europc esclave onl reconquis les droits; Montrez-nous nos ai'eux renversant dans la plaine he. colosse imposant de la giandeiir roniaine, Et des trOnes noiiveaux i ces guerrieis souniis S'etevant tout a coup du milieu des debris. Ce n'est point senlement pour t'aire apprecier tont d'abord a nos lecteurs le talent de M. Marcellis qnc nous avons trans- crit le debut de son poeme. Nous avons aiissi voulu montrer qn'il a fait choix d'un sujet vraiment epique. II rcgne, en et- I'et, dans Fhistoire des irruptions des penples du Nord assez d'eclat et d'obscnrite, on y tronve assez de resultats imposans etd'licurenx details, pourque I'imagination du poete puissese tronver a I'aise en traitant nn pared sujet. Les Germains mar- chant tnmnltueuscmeni a la conquete de Romeetde sesvices, trouvant,dans leur insnnciance pour la vieet dans lenr mnlti- tude les moycns de Iriompher de guerriers plus hahiles et plus corrompns qu'eux-memes; d'un cote, Odin, et Phor le dieu du tonnerre, et Locke le dieu dn fen, et Phyr le dieu des combats, el Freya la deesse des volnples; de I'anlre. Jii- LITTEUATIJRF. 769 piter et lout son cortege olympi([ue ; ties dieux nenl's et har- iiarcs coimne Ics honinics qui les adorcnt , aux prises avec des divinitos vieillies : voila, poiii' Iroiihler la terrc ct le cfel, autant on plus d'aeleurs qu'il n'cn I'aut au chaiilre des Ger- niains. Nous ne possedons encore que les qualrc premiers chants dece poemcL'auteur a voulu, parcettepuhilcation liritive,es- sayer le gout du public, et savoir s'il devait poursuivre la car- riere oOi ses eludes ct scs inclinations Font engage. 11 ne nous dit pas quelle etendne aura son ouvrage; niais nous ne .sup- posons pas qu'il Tignore lui-nieme; car un poi-nie ne saurait etre entrcpris , comme certains ronians dont le denoftnient est qnelquelois un secret pour I'auteur, jusqu'a cc qu'il ait at- teint les dernieres pages du quatrieme volume. Loin de nous, dureste, la pensee de vouloirque I'ouvrage de M. Marcellis se compose de douze on de vingt-quatre ciiants; nous croyons que sur ce point toute exigence ne scrait ni classique, ni rai- sonnable. Carus et ses legions, campes sur les bordsdu Ilhin, sont a moitie A'aincus par la moUesse et les piaisirs, quand le bruit se repand que des hordes sauvages s'avancent a travers les forets pourattaqner les Remains. Ceux-ci envoiciit deux nm- bassadeurs a Clodomir, chef des Germains, pour detourner sa marche et ses projets, et le decider an repos, a force de sou- plesse et d'or. L'idee de cette conference diplomatique est heureuse; mais peut-etre M. 3Jarcellis pouvait-il en tirer plus de parti, en differenciant davantage le langage des actcurs : J€ voudrais plus de rudesse et moins d'ordre dans celni des homme« du Nord, plusd'art et d-e finesse dans ceiui deshoni- mes du midi; mais je crois, en tout cas, que Tanteur ent don- ne un utile exemple, en bannissant de son poerae ce titre de seigneur qui devient de plus en plus rai'c dans nos tragedies modernes, et qui, s'il sied mal a des pcrsonnagcs grecs et ro- mains. ne va pas du tout aux demi-sauvages dont JM. Mar- cellis chante les sanglanles et rapides contjuetes. Nous trou- vons cependant, parmi les chefs des Germains, le seigneur Pharamond qui, s'il n'a pins le droit de figurer dans nne his- toire serieuse de France, pent bien, nous le rcconnaissnns, jouer un role dans un poemeepi(|ue. ]M. Marcellis lui accordc une bonne pari dans les triomphes oi)tenus sur les llomains qui, avant de fuir devant l-es Barbares, s'emparcnl de leur camp, et y egorgent les femnies et les vicillards. Dos cris de de- sespoir succedcnt aux chants de victoiie. Kuric accourt vers sa famille : T. XLii. JuiN iSiiy. 49 ;;<. LIVIIES FR.WCAIS. II ircunnait son chiii , il s'ecrie, il i-coute... Aux acc. 25'2. — Les di.v soirees mallieureuses , ou contes d'un en- dormeur, traduilsde I'arabe, par J. -J. Marcel. Paris, 1829; Uenouard. 5 vol. in-iade 792 page? ; prix. 12 fr. 774 LIVRES FRANC AIS. M. Marcel, oriontalbte distingue, charge de i'onctions ini- porlantes pendant I'expedition d'Egypte, nous apprend qu'il e:st parvenu a recucillir plus de deux mille nianuscrits arabes, lures, persans, cophtes, etc. ; nous regrettons qu'au milieu des richesses litteraires qu'ils renfernient , il n'ait pas trouve d'autre ouvrage dont 11 ait pu oft'rir la traduction au public; car il n'a pas eti'; heureux dans son choix ; et le cheykh El- Mohdyne lui a pas I'ait un don bien precieux, en lui confiaut le resuitat de ses travaux. Vn honinu; , aninie d'»?ie so'if inex- tinguible de raconter dcs lustoircs , rasscnible autour de lui des convives, n'cxigeaut d'eux qu'une oreille attentive, et ses re- cits ne manqnent jamais d'endormir ses auditeurs ; quel effet ces memes contes peuvent-ils produire sur des lecteurs fran- fais ? J'avoue que , pour moi , je n'ai pu les terminer ; les de- tails en sent fatigans, et je renverrais volontiers au Caire ce prdsent du rfveiib'ur celibataire , pour I' amusement de celui qui aime I'assoupisscment et le sommell , veritable titre de Tou- vrage. — Nous devons cependant rendre justice aux efforts du traducteiu", son avis preliminaire, et les notes qu'il a pla- cces a la fin de ciiaque volume, contiennent des explications utiles, et des anecdotes piquantes, qui jettent quelque jour sur les moeurs, la litterature, je dirai meme la philosophic de I'Oricnt. M. Marcel a dedie cet ouvrage a M"'" Tastu , et il a su entourer un mauvais livre du prestige de la grace et de I'esprit. 253. — Les Mac-Carty ou qu'esl-ce que les gens comme il faut; roman americain traduit de I'anglais par Lamst. Paris, 1829; Sedillot, rue d'Enl'er, n" 18. 4 vol.in-12; prix, lafr. Ce roman de Mistress Harrison Smith dont nous avons donne I'analjse et annouce la prochaine]iublication en francais, dans un de nos deinicrs numeros (voy. Rev. Enc, t. xli, p. 447)> '<^ obtenu un brillant succes aux Etats-Unis, et sera sans aucun doute accueilli avecla meme faveurparini nous. Les moeurs de Washington y sontretracees sous des couleurs vives et piquan- tes; des scenes animees, descaracteres bien dessiues, de sages lecons semees dans un recit rapidepretent un interet soutenu a cet ouvrage, dont la traduction est simple el fidele, merite trop rare aujourd'hui pour que nous omettions de le signaler: '>n la lit avec plaisir, c'est le meilleur eloge qu'on puisse en I'aire. 2. 254- — * Ernest, ou les trarers du siecle; par Gastave Droui- NEATJ. Paris, 1829; T. Dehay , rue Neuve-des-Beaux-Arts , u° 9. 5 vol. )n-i2; prix, i5 Ir. M. Drouincau, dej;"! connu a^antageusement par sa tragedic LITTKriATrUF.. 775 de Rlinzi , representee avec succtis an ihcalio dc I'Odeuu (voy. Rev. Enc. , t. XXIX, p. 33; ), s'est propose, dans ce roman, un but moral qu'il expose francheuient dans sa pre- face. 11 a ete frappo, coninie tons las bons esprits, dn vice radical de notre education moderne, ou plutot ancienne et routiniere , qui , confiee le plus souvent a des pedans et a des rheteurs, uniforme dans sa marchc , inflexible dans sa disci- pline, etroite et uiesquine dans ses moyens et dans les liuiites qu'elle fixe aux etudes, feit consommer sept on liuit annees, les plus precieuses de la vie, sur les bancs des colleges, sans rien apprendre aux jennes gens de ce qui leur serait reelle- nient utile lorsqu'ils deviendront membres actifs de la societe. Cette education, loin d'embrasser et de former rhomine tout eutier, de I'approvisionner de connaissances usuelles et pra- tiques , de lui donner une direction , de le preparer a ime car- riere, de lui nienager les moyens de se creer une existence honorable et independante , de lui inspirer des desirs qui puis- sent etre facilenienl satisfaits, et qui soient enharnionie avec ses facultes, ne s'occupe qu'a enseigner des langues anciennes qui ne seront d'aucini usage pour les neuf dixiemes de ceux dont on fletrit la premiere jeunesse par des travaux fastidieux, steriles et ingrats ; elle eveille, par un contre-sens deplorable, dans des concours purement litteraires, sous le pretexte d'em- ployer le mobile de I'emulation, tontes les passions qui doi- vent plus tard introduire le trouble dans la societe; elle excite I'ambition , I'orgueil, la vanite, I'envie, les rivalites haineuses, la manie de parler avant de penser, I'habitude de combiner des phrases elegantes et harmonieuses, substituee a I'exercice de la raison et de la reflexion; elle egare enfui I'imagination dans la region des illusions, des ideesvagues, des theories abstraites, des fictions, et ne forme ni le coeur ni le jugement. Montaigne avail bien raison de dire que le soin et la despense de nos peres ne visent qu'd nous meuhler la teste de science ; mais de jugement ei dercrtu, pen de noiivelles. M. Drouineaii a voulu mettre ces vcrites en action; il a voulu peindre notre epoque et I'un des travers les plus fu- nestes au bonheur particulier et an bien-etre general. Ce tra- vers consiste dans une inquietude reveuse, dans un malaise involontaire, dans un degoCil proi'ond de sa condition, dans une avidite imprudcnle. qui fait poursuivrc une ombre vaine et des biens imaginaires , en leur sacrifiant toujours la realite ; et la cause dc cette maladie morale, beaucoup trop commune, existe surtout dans notre education IVivole. superficielle , in- coherente , vicieuse . qui , au lieu d'etre un apprentisjage bien ;70 LrVllES r■RA^CAIS. dirige ties ill oses reelles et iisiiclles dont lu vie secrmiposc* I'nerve Tesprit par des liahil tides molles ct eireuiinecs, et rend uii lionnne iiirapahle dc trouverdes ressoiirces en liii-meme. Les cveivcmens et Ics porsonnagcs qui fij;iirei)t dans ce ro- man sont tovit-a-fait rontcmporains; la cataslroplie qui le ter- mine nc rouionle qn'au mois de juin 1838. C'est a Lallochelie, patrie de I'aiilenr, et dans vine conumine voisine ; puis, a Poi- tiers; enl'ni, a Paris qnenonssoniuiessiiccessivcment conduits. La pieniiere education A' Ernest, fils d'lin honnete epicier dc rancienne capilale de I'Aunis, noninie Pierre Elvin; I'a- inoiu" viaissaut d' Ernest pour I'aiinahlc et douce Marie, com- pag'uc des jeiix de son enl'ance . fiilc d'un ami de son pere, de 31. Boiivart y notaire dc la petite ville d'Aigrcreuilie , j^rand adniirateiir de Montaigne , dunt il I'alt sa lectme hahituelle, et veritable philosophe pratique ; renthousiasnie des bons pa- rens du jeunc liomme pour ses succes de college et pour son talent poetique ; sa liaison avec un jeune avocat de Poitiers, nomme Pllnse, dont la prolbnde hypocrisie et la perversite se deguisent sous des manieres francbes et allectueuses , sous des formes seduvsantes ; son voyage dans la capitale, oi'i il so livre avec abandon el impinidcnce a quelques liaisons dange- reuses ; I'enivrement d'un premier succes litteraire, qui lui I'ait entrevoir la possibilite d'arriver i\ la I'ortnne el a la gloire, et qui le porte a dedaigner, comme etant au-dessous de lui, la position sociale oi'i il est ne, et I'emploi modesle et obscur d'un petit notaire de province, que le pere de Marie lui desti- nait avec la main de sa fille ; les caracteres traces avec sim- plicite, avec verite, du pere et de la mere d'Ernesl, du pere et de la mere de Marie, d'une jeinie amie de celle-ci , nom- mee Susette , devenne la femme d'un bon cultivaleur, Louis Elvin, cousin d'Ernesl, qui dirige lui-meme I'exploitation de son domaine,el qui vit heurcux parce qu'il a su borner ses desirs ; une peinture fuR-le d'un salon et de quelques roues de Paris; plusieurs incidensqui se rattachenl a Taction prin- cipale; le soin de I'auteur de reproduire , dans ses recits el dans les leltres qui s'y tjouvcnt melees, des observations ju- dicieuses el des vues pleines de sagesse sur les vices de noire sysleme d'edncaliou et d'iustruction , sur les deplorables et- fets qui en resultent, sin- les moyens d'y remedier; I'inleret qu'inspire un jeune homme , ne bon el vcrtueux, el done dc qualites brillantes, qui se laisse cnlrainer aux seductions d'un monde corrompu, et qui est victimc moins de ses f'aulcs et de ses passions que de la contagion des mauvais exemples et lie la fausjc direclion (|u'il a lecue ; les affreux malhcurs qui LITT^RATDRE, — BEAUX- A.RTS. 777 detruisent toute sa destinee, et qui le precipitent, jeune en- core, au tombeau ; la lecon severe qui est renlermee dans cette suite d'aventures, et dans le denoQment tragiqne de riiistoire d'Ernest ct de Marie , rendent la lecture de cet ou- vrage aussi attacliante qu'instrnctive. A travers des vicissitudes varices et pleines d'interet, quoi- qu'elles n'aient rien d'extraordinaire ni dc romancsque, et quoiqu'elk'S ressemblcnt a pen pres ;\ ce que nous voyons tous les jours dans le monde, une pensee morale et feconde, la necessite de reformer I'education oceupe sans cesse I'au- teur, domine lout son livre, et lui donne une plus grande importance que le titre et la forme ne semblaient I'annoncer. Pcnt-etre cette forme etait seule propre a faire accueillir et gouter des verites, qui blcsseront beaucoup d'esprits rou- tiniers et de prejuges inveteres. Esperons que le voeu de M. Dronineau, de voir ctablir des icoles intermediaires , 011 Ton enseignerait les elemens des sciences physiques et naturelles , et leurs applications aux dif- ferens arts et metiers, a I'agriculture, a I'industrie, pourra etre realise par un ministre de I'instruction publique (M. Va- tismenil) , qui a deja prouve , par ses premiers actes, qu'il veut sincerement satisfaire aux besoins legitimes de la nation. Au lieii dc faconner les hommes a une instruction reguliere et nniforme qui les jette tous dans un meme moide , il faut plier I'instruction aux besoins varies des diirerentes trempes d'esprits et de caracteres, et des diffcrentes professions so- ciales ; il faut enfin , com me I'a recommande le celebre Pesta- lozzi, donner une education pratique et une instruction posi- tive, qui, en s'attachant a developper loutes les facultes , a initier rhonime a toutes les connaissauces utiles, lui preparent d'avance des provisions solides pour le voyage de la vie , des ressources pour se sulfire par son travail, et pour etre utile a la societe et a lui-meme. M.-A. JvLLiEN, de Paris. Beaux- A its. 255. • — * Precis d'un Traite dc pelniare, contenant les priu- cipes du dessin, du modele et du coloris, et leur application A rimitation des objets, et h la composition; precede d'une Introduction lusioriqae, et suivi d'une Biographic des plus celc- bres peintres, d'une Bibliographic et d'un Vocabulaire analyti- t/Kc des termes techniques; par M. Delecluze, auteur des ar- ticles Bcaux-Jris du Journal des Dchuis, etc. Paris. 1828 ; an bureau dc VEnryclopcdle portative, xwc Ak\ Jardinel. n" 8. In-J3 de 25.( pages; prix. 5 fr. 5o c. 778 LIVRES FUANCATS. Aprc'!? liiic iiilroduclion, oOl raiiteiir jottc mi coup d'oeil ra- pide siir I'lii^toire de la peinluie, depuis la premiere anli- quile jusqu'a iios jours, eL oi'i il caracterise, en Iraits precis, les ecoles meres et les ecoles imitatrices, viennenl Ics priiici- pes, qui sont I'ohjet special du livre. Resserre dans le cadre etroit (|ui lui etait ouvert, M. Delecluse a sagement pense qu'il iiii convenait de recourir anx anciennes traditions, aux veritables sources de I'art, plutut que d'exposer des principes plus modernes, qui I'eussent inevitablemeut entraiue dans des discussions deplacees dans un Precis. C'est done en s'ap- puyant sur I'autorite des productions des peintres italiens, ct particuliercmcnl siu' \e Traitt'de peinturede l^eonardde Vinci, qu'il a dexeloppc les principes qui servenl de i)ase a I'art de la peiulure. Ce Traite est divise en deux parties principales : les moyens materiels d'iniitatiori ; I'applicatiou des moyens pratiques a I'iniitation des objets. Le dessiu , la lumiere et le modele, la<-oideur, (but I'objet des trois chapitres de la pre- miere parlie. L'auteur preseiite siiccessivement les principes qui peuvent guider le plus sflrcment dans la pratique de ces trois parties de I'art; puis 11 s'occupe de determiner le mode d'etude le plus propre A coordonner les premieres connais- sances pratiques, et a lesfaire servir a fixer la reflexion et les observations du jeune peintre sur la nature des formes et des objets que le talent d'imiter met en quelque sorte a sa disposition. Tel est le sujet des deux grandes divisions de la seconde partie : les formes, la composition. Nous n'avons pas besoin de rappeler qu'on ne fait pas I'a- nalyse d'un Precis; cette analyse ne serait, en eft'et, qu'une ta- ble des matieres, aussi seche qu'inutile ; et nous nous bor- nerons a dire, que ce petit Traite est compose avec ce dis- cernement plein de gout, qui elague tout ce qui serait su- perllu, n'omet Hen de ce qu'il est necessaire de dire, et pose des principes dont I'evidence saisit tous ceux qui ne sont pas prives du sentiment des beaux-arts. INous avons remar- que particulicircment ce que dit notre auteur, de la faculte d'idealiser. Selon !ui, « la composition ideate, dans les arts d'i- mitation, resulte iumiediatement de la coiuiaissance des for- mes et (lel'etude approfondie de leurs proportions entre elles. En effet , ('est un moyen de represeuter I'homme, et d'ex- priiner meme ce qu'il eprouve en dedans de lui, d'une ma- niere beaucoup plus sure et plus durable que par les petits ac<-ideus passagers qui alterent sou visage, accidens auxquels on donne exclusivement le nom d' expression. Dussious-nous fhoquerquelqurs prejuges. qui. pouretre vieux, n'en sont pas BEAUX-.iRTS. — OUVil. Pl<:il. 779 plus raisonnables, iioiis repelcions que, pour iin ptiiitre , I'expression des sentimens interieurs n'est pas seulemenl sur les traits du visage, mais, au contraire, qu'on n'en tr(juvera la maiiilestation complete que dans le geste et dans les pi'o- portions du corps de I'homnie et des animaux. » Aussi est-ce avec giande raison, que I'auteur se plaint que la face humaine soit devenue Tobjet d'une attention exclusive pour les ar- tistes modernes, a tel point qu'elle leur a fait negliger I'etude du geste general du corps ; et il explique Ires-bien Tintroduc- tion de cet abus de I'art. connu sous le noni dt' peinlui'e d'ex- preasion. Ces reflexions pleines de sens et de science sont fre- quentes dans ce livre. En resume, ce Traite de peintiire est I'ouvrage d'un homnie dont les connaissances sonl varices et mOries, dont le tact est fin et exene, qui a etudie et pratique en artiste habile, qui a senti, et qui juge en amateur distin- gue. M. A. Ourrages periodiqites, 256. — *Annales des sciences naturelles, journal comple- mentaire de tous les dictionnaires d'histoire naturelle qui out paru jiisqu'a ce jour; par iM. Audouin, Ad. Brongsiart et Dt'MAS. Paris, 1829; Crochar(!,rue deSorbonnc, n° 3. Cahiers mensuels in-8", accompagnes de planches ; prix, pour I'an- nee, 36 fr. a Paris; 38 iV. dans les depariemens. Ce recueil, qui, des son origine en 1824, s'est fait remar- quer par son independance et ses doctrines philosopbiques, a constamment marche dans les memes voies ; I'assentiment general qu'il n'a cesse de recevoir en est la garantie. Le zele des redacteurs, pour repandre la connaissance de I'histoire naturelle, ne s'est jamais raienti, et ils ont cherche, par le choix et la disposition des materiaux, a y inleresser assez le public pour qu'il sente que cette science est digne de capti- ver les esprits et qu'elle mcriterait certainement une nieil- leure place dans I'education generale. Arrivees, ik la sixicme annee de leur publication, les Annales forment anjourd'hui une collection prccieiise par la variete et le nombre de me- moires qu'elles renferment; ce nombre s'cleve dcja a plus de 5oo : pour la mineralogie et la geologic, 143; pour la botanique, 121; la zoologie , I'anatomie et la pbysioiogie des animaux, 247. A dater de cette annee, ce lecueil se trouve augmenle d'une heviie bihliograpluque des sciences na- turelles, destinee a tenir les lecteurs au courant d'une i'oulc de nouvelles soientiflques importantes a connaitre. >.. 78o LIVRES FRAjNCAIS. aS^. — * La Trilntne ilcs Dcpartcmens, juiinial politique, commercial et littcraire. On s'aljoiiuc a Paris, rue des Filles- SaiiU-Thomas, n" i. Prix ile l'a])oimement , 20 Ir. pour trois niois; {\o fr. pour sixmois; 80 fr. pourrannee. Au milieu du deluge dc nouveaux jouriiaux dont nous sommes inondcs depuis quelque terns , el parmi lesquels VUnivcrsel, le nouveaii Journal de Paris, specialement consa- cre aux inteiets de la capitale; le Journal des Comediens , I' Album national, la Gazette des cnlles, a la Ibis religieuse, philosophique etconstitutionnclle, la J eunc France, les Annales de L<'gislatio7i, la Gazette de I'Instruction publique, la Revue de Paris, qui est un magasin, un depot de morceaux inedits, clioisis aveo soin, mcrilent une mention particulicre , nous annoncons avec plaislr la Tribune des Dcpartcmens^ que son esprit et ses principes franchement constitutionnels, son plan et le talent de ses redactcurs auront l)ient6t fait distinguer de ses nombreux concurrens. Plusieurs des Iccteurs de notre Revue ont pu prendre connaissance du prospectus , annexe a I'un de nos derniers cahiers , d'un recueil 77icnsuel, qui de- vait etre public sous le titre de Revue des Deparicmens, et qui devait s'occupcr, d'une manicre spcciale ct a pen prcs ex- clusive, de tons les intcrets locaux, des besoins ct des voeux legitimes des diverscs contrees de la France , et en presenter la situation progressive et comparcc sous tons les rapports qui constituent la prospcrite publique. Malgrc le retard ap- porte a la publication de ce recueil , I'idce n'en a pas etc aban- donnee par ceux qui I'avaient concue, et ils esperent le fon- der, d'ici a pen de mois, sur des bases larges et solides. — La Tribune des Dcparteinens, etablie sur un plan analogue, et dont le mode de pidilication quotidienne pent la rendre plus eminemment utile, se propose, a quelqnes cgards , le meme but. Quelques lignes exti'aites de son prospectus feront bien connaitre ce but, et les moyens qui seront employes pour I'atleindre. * de commune en commun<; inter- rogcr I'experience des liommes que le respect ct la confiance de leui's compatriotes nous designcront comme les represen- tans dc I'opinion ; nous leur donncrons , au sein de Paris , un interprete qui fera connaitre, chaquo, jour, au gouvernenicnt ct a la nation, leurs projctj d'ameiioration locale el Icurs viic OUVRAGES PliRIODIQUES. 781 lie bien public Les diverses parties dii royaume, jusqu'a present isolees, seront niises en rapp,'>rt les unes avec les au- tres ; en apprenant a se mieiix connailre, ellcs seront eton- nees des avantages reciproqnes que leur offriront lours com- munications , devenucs plus actives et plus sOres. Alors sera mis en lumiere , et par-la meme en valeur, d'un cote , ce que chaque departement a fait et peut faire encore pour la gran- deur de la France ; de I'autre , ce que la France doit iaire pour la prosperito de chacun d'eux. ... La patrie n'est pas dans quelques salons ; elle n'est ni renfermee entre les barrieres d'une capitale , ni circonscrite dans telle classe de citoyens plus ou moins imposes : elle est dans trentc-deux millions do Francais qui donnen'o a I'Etat leur fortune , leur Industrie et leur sang; elle est dans les villes , dans les hanieaux, dans les campagnes de quatre-vingt-six departemcus, tons, quoique ii differentes mesures, associijs, par leur gloire comme par leurs sacrifices, a ces prodiges de la guerre, a ces triomphes des arts, aces progres de la raison et de la societe civile, qui, depuis deux siecles , out place et toujours plus eleve la France au premier rang entre les nations.... Conune cette partie de notre tache sera presque une nouveaute, nous avons en re- cours, pour la remplir, a des moyens d'investigation presque entierement nouveaux , et dont les frais, quelque conside- rables qu.'ils soient, ne peuvent nous ai'reter dans une tenta- tive toute patriotique. Un certain nombre dc voyageurs, en qui le public a reconnu] le talent d'observer et la variete de connaissanccs que le veritable esprit d'observation exige et qu'il suppose, seront charges de parcourir, en tout sens, le territoire national; de recueillir tons les faits, tous les do- cumens utiles; de les verifier par eux-mcmes, avec la plus attentive circonspection , et de nous les transmettre avec la plus impartiale veracite. » Voila, certes, d'excellentes idees et un plan bien concu, deja meme bien execute. La Tribune des Departemens , quoiqu'elle ne paraisse que depuis le lundi 8 juin , a deja en partie rempli les engagemens contractes par son prospec- tus, et les remplira d'une mauiere d'autant plus satisfaisante, apres la session des Chambres, qu'elle aura plus de place pour s'occuper des interets locaux et speciaux, en meme tems que nationaux, auxquels elle est surtout consacree, et que ses relations, mieux etaljlies et plus etendues, lui pro- cureront des renseignemens plus exacts sur tous les objets compris dans son vaste plan. Jusqu'ici, on aime a remarquer qi^e les redacteurs de ce nonveau journal s'attachcnt a publier 78-2 OUVR. Fb'lil. — LIV. EN LANG. tlK. des fails, des discussions franches sur les questions d'nn inte- ret general, quoiqiie .ippli(|uees i'l une localite parliculiere ; les clio.JVV%^VVVVVVtf«bVV\VVVVV«%%WV«V\(>A/««%bV%«\IV\)VV\lVlA% lY. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTEUAIRES. AMliRIQUE SEPTENTRIONALE. ^TATS-UNIS. Nem'-York. — Publication cC an journal en laiigae francaise. — Nous avons sous les yeux quelqucs nunieros de celle feuillc, qui est intiliilec : Lc Coiirrier des Ktals-Unis, journal poli- tique et litteraire. II nous ont paru ibit hien rediges , et assez intcressans, quoique.lcs objels dont ils s'occupent, et qui rc- gaidcnt pres([ue exclusivenient la France, fussent deja vieux pour nous. I'ne parlie dc I'espace est consacree aux seances de la Cliaml)re des Deputes; une autre , au compte rendu de quelques ouvrages lilteraires. Nous y trouvons une analyse de?, 3Icmoires d' unapo I li icaire sur la guerre d'Espagne; uu as- sez long extrait du nouvel ouvrage de M. Mcrimce : Chroniqur da lems dc Charles IX; en/in, les Fantomcs de M. Victor Hugo, on quelques traits de mauvais gout n'empechent pas de re- connaitre une belle et puissante imagination. — L'auteur des Lcttres ca'ites de France ne nous senible pas avoir bien etudie I'etat des opinions ; ainsi, il afllrnie que remancipatiou de I'lr- lande n'est point populairc en France, et il doune, a I'appui de ce fait , des raisons au moius aussi singulieres que I'assertiou elle-iiieme. Ainsi, parlant de cette interminable el J'ort en- nuyeuse querelle des roiuantiques et des classiques , il tronque les fails et les dates; il donuc pour fraichcment public un ouvrage de M. de Stendbal , qui a paru depuis jc ne sais com- bien d'aunees ; il pretend (|uc «MM. les romantiques avancent pen de raisons, mais les assaisonnent de beaucoup d'injures, de personnalites et de calomnies. » Nous demanderons a M. le correspondant parisicn, conime il s'appelle , la permission de D'etre point lout-a-fail de sou avis ; les torts de ce genre ont ete, pour le moins, parlages enlre les deux partis. II ren- contre quejquefois plus juste; par exemple, dans ce qu'il dit de la Cbamljre des Deputes, et de sa position a I'egard du pays et du miuislere. Au total , le Courrier des Etats-l.nis sera fort utile aux Francais qui sc trouvent en Amerique, et qui ne sonl pas a porlee de recevoir directemcnt les journaux de tXATS-UMS. 785 f aria. II pnrait tous les samedis ; le prix de rabonnement est tie 8 dollars pour un an. On souscrit i New-York, 7, Broad- Street. A. P. — Siatistique de finstruciion primaire dans I'Etat de New-York (i). I. Tableau da nombre des cteves frequentant les ecoles primaires dans I'Etat de New -York, pendant I'annee 1828: Nombre Nombre Nombre Nom h re des eiifans des e„fci«i des enfans des enfant NOM instruits eiilre NOM iostruils entre dans k-s 5 el i5 aiis, dans les 5 el 15 ans. (lislnclssco- vivaiil dans distriets seo- vivant dans des ialrcs qui les districts des laires qui les distriets out rpinis qui ont re qui ont re- XOMXiS. leurs listes mis leurs COMT^S. leurs lisles a rinspi-c listes a a rinsiiec- listes a teur Jes rinspecleur leur d.s rinspecleur eoolcs. des cctUee. ecnles. deseeoles. Albany Allegany. . . . IJroonie . • • . 8,54 I 7,856 5, 102 8,119 6,-36 Ontario. . , - - 12,882 1 1,671 Orange. . . 10, 3l I 12,667 6,611 4,540 5, 08 5 Orleans. . . 5,540 7,65o t jours de voyage maritime, a 5oo lieues deBataviaetdc Timor, a 1200 de Madras et de Ceylan, a iioode I'lle de France, a 1600 du cap de Bonne-Espcrance, eta5,5uolicues d'Angle- terre, equivalant a une traversee de cent jours. iM. de J. GRANDE-BRETAGNE. Iriande. — Di'BLfN. — Socictc royale. — Dans une des der- nieres seances, il a ete resolu qu'on nommerait un comite charge dc faire un rapport sur la possibillte d'etablir. ;88 KUROI'K. sons Ics auspices dc la societe, uiie exposition arimiello T-PETERSBoiinG. — Talilcuu de la population (1). NoinLrc lies liabitans et classes (tifj'crcntcs. Hommes. Femmes. Iotai,. IVombre des habitans 297, 44^ — 124,721 — 4*2,166 Sur ce nombre il y a : Pcisonnes appaitcnaut k I'elal ccclesias- tique i,oSo — 6Si — 1,761 Peisonnes appartenant h la noblesse. . 24,545 — 16,819 — 4'5'64 (1) Conimuniqu6 par M. ytdricn Balbi, d'apres le lecensenient fait en 1828. Ce geographe le doil lui-iiiOmc a I'obligeance de M. le conseiller Frederic ADELf.'^G. 79<» EUROPK. IIojiMES. Femmes. Total. Soldals el soiis-officieis 46,076— 9,975 — 56,o5i Marchands 6,706— 3,983 — 10,689 bourgeois 20,377- 12,191— 32,568 Ell angers 8,473- 4,5 u— 12,989 Artisans. 4,7/5 — 5,019 — 7,794 Gens de dilTercntes conditionsj serfs ct paysans i85,6i3— 73,542—259,165 Mottvewcnl ilc la po/uilalion. Naissances 4j9o4 — 4,876 — 9,779 Enl'ans abaiidonnes — — lo Mariages — — 1,002 Deces 4,o4(> — 2,278 — 6,324 Vaccinations — — 545 Morts par diflerens accidens — — 4i2 ALLEMAGNE. Beriiis. • — Socicte de geographic. — Depiiis le commence- ment de cette annoe , il existe a Berlin une societe de geogra- pliie, qui n'est cependant pas encore aussi florissante que cells de Paris : elle ne decerne pas encore de prix, ne public point de journal, et se borne a des seances, terminees , d'aprcs la coutume du pays, par nn joyeux banquet. Toutefois, c'est une circonstance heureuse que la fondalion de cette societe, destinee a seconder en Allemagne, oi"i jusqu'a present la geogra- phic n'avait ete cultivee que par des savans isoles, la propo- gation et I'essor de cette science utile. Sans aucun doute le sejour de M. de Huinboldt dans sa patrie a ete I'une des pre- mieres causes de cet etablissemcnt. — En tete de ses fonda- teurs, et eomme directeur, figure M. Charles Ritteu, savant celebre, dont les ouvrages sont connus en France, quoiqu'ils n'y aient pas encore etc traduits.Deja, depuisphisicnrs annees, il prol'esse avec beaucoup de succcs, a runiversite dc Berlin, un cours de gcographie generale comparee (^allgemeine ver~ gleiclicndc Erdkundi) : il y a long-tems que ses carles et son ouvrage sur I'Europc avaient attire surliiil'atlentionpublique, mais ses productions les plus remarqualiles soul les tiaitesqu'il a consacrcs a I'Ai'rique ct a I'Asie. An lieu dc reduiie la geo- graphic coiunie la plupart de ses devanciers, a une simple no- menclature de noms de peuples, de villcs, etc., il en a fait une science complete et pbilosophiquement coordonnee (i). (1) II paraitra incessaiument une traduction franraise des deux prin- ALLEMAGNE. 701 La Societo do Berlin compte d'aiitrcs nicmbrcs trcs-disliii- gues ; on doit les hjuer d'avoir renni leiirs ellbrts ponr 1eration des directeurs acluels." Une pareille mesure exclurait de la categoric des membres honoraires le baron deHund)oldt lui- meme, qui est Tun des tbndatenrs de la societe. Un autre article, le sixieme, est ainsi concu : «La reception des mem- bres nouveaux ne pent avoii- lieu que dans des seances semi- annuelIes.»Ce qui tendarestreindrele nombredesmeml)reset, par suite, le cercle de rinfluencede la societe; d'unautrecote, elle parait ne pas admettre d'associes etrangers, qnicependant peuvent etre tort utiles pour les recherches geographiques. li y a en effet une difference remarqnable enlre les associations scientifiques de la France etcellesderAllemagne. Dans le pre- mier de ces deux pa3s,elles cliercheul a augmenlerle nondjre de leurs contribuabies afin d'accroitre leurs revenus dans I'interet de la chose, et cependant elles laissent a leurs membres acti Is la laculte d'acqnerir de la reputation par leurs travaux per- sonnels; en Allemagne, elles s'enlourent, pour ainsi dire, de barrieres, afin de rendre I'election plus honorable, mais elles nuisent aussi de la sorte a I'agrandissement ej a Ijireussite de leur entreprise. A. cipauxouviages de M. Chai les Rillfi'. On attend jioiir i'yisicla seconde edition alleuiandc;la sccondc dcV-lfiiquc a paiu en 1822. Le profes- seur de Berlin doit luiiinir au liadiicteur des suppleniens pour cette der- niere paitie, et plusieins savaiis, pai mi lesquels nous cilerons jMM. Jbcl- licnuisal , Klaproili el Joiiiard , dtivent, dit -on, eniicliir I'ouvrage de leurs notes, ou le modifier s'll y a lieu. Loisque de tels cuvrages seronl adoptes en France, pour renseigr.emenl univcrsitaiie ou'pailiculier, la science en relirera necessaiien;eiit dc grands avantages. 79a EUROPE. SUISSE. LArsANNE. — Reclamations : Esprit des gouvernemcns suisses ; Liberie (ie la presse ; Maison pcnitcntiaire de Lausanne ; Ins- truction puhlique. (Extrait d'une lettre adressec au directeur de la Rerue Encyclopedique. ) ■ — Monsieur, I'article Suisse du tome 1" de 1829 (3'^ livr., p. 756 et suiv.) de la Rerue En- cyclopedique reni'orme des erreurs graves, qui doivent elre corrigees, pourconserver a cet estimable journal la confiance dont il jouit. Votre correspondant, monsieur, parait d'abord anime de maheillance contre les gouvernans des cantons arislocraliques, ct plus particulierement contre ceux de Berne, ce qui a une I'acheuse influence sur les jugcmens qu'il porte. Les constitutions des vingt-deux cantons suisses oftrent malheureusemcnt une diversite trop grande. Le principe aris- locralique domine encore dans plusieurs des anciens cantons, A Zurich, a Berne, a Lucerne, a Frihourg, ii Soleure, a Bale ct a Sclmflwuse. La democratic a subi pen de modifications dans les anciens cantons democratiques de SclnvHz, t/ry, etc., etc., clle en a, au contraire, subi d'importansa Geneve, Anns le Va- lais et les Grisons. Enfin, les cinq nouveaux cantons, ceux d'Argovie, de Saint-Gall, de T/utrgovie, de Tcsin et de Vaud .sont regis par des constitutions dans Icsquelles il parait, au- jourd'hui , qn'on n'a pas pourvu aux garantics neccssaires au maintien de la liberie (i). II est done impossible de porter un jugement general snr les ceuvres de gouvernemens aussi divers; et, comnie il faudrait sc donncr la peine d'en etudier \ingt-deux, on trouve plus commode de prononcer au hasard, sans tenir compte des laits. L'esprit de Vnnc'icn pair iciat\\t .sans doute encore dans les cantons aristocratiques. On le re- trouve, menie dans les democraties, et, s'il n'a pas encore pris racine , dans les nouveaux cantons, il a du moins essaye de s'y implanter, et donne deja des esperances. Neanmoins, des pcrfectionnemens notables ont cte appor- tesa la legislation et a I'administralion, dans les cantons aris- tocratiques, et le mouvement imprime i cet cgard promet d'henreux rcsuhats. Zurich, Berne, Lucerne et Bale ont fait, (1) La loi persectitrice, port6c, le 20 niai 1824, contie les sectaires, a iniverl la nialsnn des citoyens h tout agent dc rautorile qui vdit s'assuier s'ils n'ont ]ias des couvciiliculcs. Le Nouvcllistc va udoU du aS avril oftre rexcu)[)ie de ce que le pouvcir sans controle peut sc jieiniellre, dans le.t pays ajipeUs Iil)res, iuisqu'on a neglige dt Ic conleuir par des iiislilu- tiuiis. SUISSE. -93 dans celte carriere, ties pas qui en annoncent d'autres. La pu- blicite n'a sans doute pas ele, d'ahord, mieux accueillie en Suisse que partout ailleurs ; mais c'^tait bien moins parce qu'elle revelait des abus, que parce que, dcpuis plusieurs sie- cles, la siirete de I'Etat paraissait inseparable du silence gar- de sur les oeuvres des gonvernans. L'administration des finances, dans les cantons aristocratiques, n'a jamais rien eu a redouter de la publicite. Toutes les gazettes ycirculenl libre- nient : si celles qu'on y public s'expriment avec respect sur l'administration interieure, leur langage estpourtant toujours accompagne de IVancbise. II n'est pas etonnant que Geneve, qui a 5o,ooo habitans, tons industriels, et qui possede de grandes richesses, ait plus de presses et de librairies que les autres villes de la Suisse ; mais, lorsque voire correspondant cite les feuilles genevoises comme les seulesqui fassent connaitre les discussions relatives aux budgets, c'est qu'apparemment il n'a hi ni le Messagcr Suisse, ni le Narralcur de Saint-Gall, ni la Noarelle Gazette tie Zurich, la meilleure feuille publique de la Suisse, ni la Fenille da canton de Vaud , ni la Gazette de Lausanne, nile NouveUiste vaudois, qui est surtout consacre aux questions legislatives, administratives et judiciaires qui s'elevent dans I'interieur de la Suisse. Ce fut la Feuille du canton de Vaiid, qui , en 1820, osa, pour la premiere fois, livrer a la pidilicite le budget du canton de Vaud et le compte que le gouvernement rend annuellement de sa gestion. Son redacteur ne fut nullement inquiete par la censure ; mais la sensation que cette tentative produisit en Suisse tut accompagnee d'abord devives clameurs. Toutefois, le bon sens national prevalut , et quelques cantons suivirent Texcmple donne par le canton de S'aud. Le premier compte public sur les operations financiercs du canton de Geneve date de I'annee 1832. 11 i'aut rendre i chacun ce qui lui appartient. C'est ainsi, par exemple, qu'on avoulu enlcver au canton de Vaud I'hon- neur d'avoir, le premier, fonde en Suisse une maison de de- tention d'apres le sysleme nouveau , dit pcnitentiaire. Les I'ondations en furent posees en mai 1823 ; et comme le bali- ment derail etre calcule pour une population triple de celle de Geneve , il ne put etre Icrmine que poiu" I'annee 1826, un an plus tard ([ue celui de Geneve, qui avail etc fonde pos- terieuremeut , a son imitation. Les rcglemens adoptes provi- soirement n'ont pas encore rccu la sanction legislative, par- te qu'on a cru qu'il ttait sage d'accorder au gouvernement 794 EUROPE. le terns d'cssayer ccux qui lui parailraicnt les plus oonvoiia- blc?, et ce nc sera qu'cii i85o (ju'lls seront iciuliis publics. Lc jiigemeiil pen Javoniblc portc, dans Ic prccciU'iit caliicr de la Revue, siir la maison de detention de Lausanne, prouvc que rauteur n'a pas\isile cet etaL)Iissement , dont I'expeiience justifie mieux, cluupie jour, soit le plan , soil radministralion. Le reproi'lie d'avoir coute plus que cclui de Geneve est in- juste, puisqu'il a ele cree pour un nombre de detenus prcs- que triple de cclui (juc doit reni'ermer la prison de Geneve. Votre correspcuulant ne parait tenir aucun compte des per- feclionnemens apportcs a I'iiistruction publique , dans pUi- sicurs cantons. 11 garde cgalement lc silence sur^l'accroisse- ment qu'ont recu les collections destinces a propager Ics con- naissances en tout genre. II ignore apparemment que, dans plusicurs cantons , on s'occupe tres-serieuscmcnt de legisla- tion, et en particulier, de la rcforme des lois pennies, et que les discussions relatives a la rel'ornie du code civil et de la pro- cedure civile ont eu lieu, en presence du public, a Berne, au foj^er d'une aristocratic qui est I'objct de ses attaques. II parait, enfin, que votre correspondant n'a jamais en- tendu parler des nombreuses socieles, I'ormces par les hom- mes les plus reconiiiiandables des divers cantons, pour s'occu- perdes interelsde la patrie commune, societcs dont les niem- bressc rcnnissent chaqucannce, sur divers points de la Suisse, et dont Ics plus connues sont , la Soclete des sciences naturelleSy la Societe helvetique, la Societe dUdUite publiqae, etc., etc. Le succcs plus ounioins heureuxdesentrcprises de bateaux a vapcnr n'a rien de commun avec I'ctat moral de la Suisse, tel que le presente votre correspondant. II en resullerait seu- lement , que les Suisses ont mis de I'empresscment a profiter des nouvelles dccouvertes, ce qui n'est pas un sujct de re- proche. Deux de ces bateaux sont en aclivite sur le lac de Ge- neve. Des obstacles, qui genent la communication entre les lacs de Neucliatel et de Biemie, ont fait manqner Tentrc- prise du bateau a vapeur sur le premier de ces lacs. Si les Suisses voulaient se prcvaloir, a leur tour, des entreprises quiechouentailleurs, pour prononoer un jugemcnt severe sur lc degrede civilisation des nations etrangeres les occasions ne leur manqueraient pas ; mais ils auraicnt tort , et la Revue En- cyclopcdujue les censurerait avec raison. Un Suisse. ITALIE. Rome. — Poanc eplquc hnprotlse par M. Louis CrccoNi. — II ITALIE. 795 semble qu'un des resultats les plus remarqiiables de la revo- lutioa franoaise, qui pourrait aussi bicn s'appeler revolutioit universelle, a etc cetto hardiessc de tentatives en tous fjenres, cette confiance, par t'ois un peu aveufj^le, dans nos propres Ixjr- ces, qui nous pousse vers tout ce qui offre quelquc apparence d'un grand succes, et nous inspire je ne sals quel besoin d'al- ler phis loin que nos predecesseurs. On doit s'applaudfr d'une telle disposition des esprits, qui est toujours profitable aux arts, que ie but soit attcint ou non. Les improvisateurs se sont niontres en Italic des I'epoque de la renaissance des lettres ; mais, si Ton tut venvi proposer aux plus celebres d'entre eux, k Gianni, par exeniple, qui, au commencement de notre siecle, excitait I'enthousiasme, beauconp plus par le choix de ses su- jets que par sa maniere de les trailer, d'improviser une trage- die, il eut regarde la cliose commc impossible. M. Sgricci s'est charge de lui donner un glorieux dementi. Si Ton eut demantle a Pcj'fetti, qui recnt auCapitole une couronne rare- ment obtenue, et, s'il faut tout dire, rarement meritee, de debiter sur-le-champ un poeme epique, il se serait trouve dans uu embarras d'autant plus grand ,qu'il avait peu d'instruc- lion : M. Cicconi, qui n'en manque pas, a cru pouvoir se hasarder a entreprendre ce qui jusqu'ici n'avait pas encore ete tente. Le nom de ce jeune poete ne doit pas etre inconnu aux lecteurs de la Revue, car nous avons annonce, dans le terns (voy. Rev. Enc.,t. XXXVII, p. 474)? ""^ brocliure rcniarqua- ble, dans laquelle M. le baron Mcdviea donnait a M. Cicconi des conseils et des encourageincns. Les personnes qui ont as- siste a la seance d'improvisation qu'il a donnee a Rome, le 5 mai , ont pu reconnaitre que ces sages et paternels avis ont ete fructueux. Plusieurs argumens ont etc proposes ; le sort a designe la destruction de Carthage. M. Cicconi s'est recueilli un instant, et a commence. Apres avoir expose son sujet, il a dedie le poeme a madame la marquise Gf?i/(7m« Bandini-Ebrighi , I'emme d'esprit et de talent, qui est elle-meme auteur de poe- sies fort agreables ; il a montre les prieres et les preparatifs de guerre iaits a Rome et a Carthage, depcint a traits hardis les caracteres de Scipion, d'Amilcar, d'Asdrubal et dc sa bel- li([ueuse epouse. Le pocte a fait ensuite apparaitre I'ombre-de Didon , qui vient supplier Neptune de soulcver ses flots contre les Romains; ce dieu, qui apparemment a perdu sa vieille af- fection pour les descendans d'Eiiee, obtempere au dcsir de I'ouibre irritee ; mais Venus vient apaiser la tempele, et Sci- pion avec ses cohortes aborde en Afrique. Ici commence un 7o6 EUROPE. t'pisode qui a excite iin vif inlerOt, et qtii est, ;'i notrc avis, cr que le poernc a oft'ert de plus g^racieux et de plus toutliaiit : Selene, jeune Carlliaginoise, abandonne le toit patcrnol pour allercherchcr sonaniant dans les rangs de I'arniee; prise jiar les ennemis, \ emis la change en statue demarbre, qui reprend la -vie lorsque son aniant s'approche d'elle : cette (iction a etc trailee avec un rare bonheur, et a jete quelque chose de riant au milieu de ce que le sujet pouvait oftVir de trop sombre. Viennent ensuite les divers combats oOi se trouvcnt mis en ac- tion les differens persnnnagcs depeints au commencement du poeme : Ton ariive enfin a la prise de Carthage, a la mort he- roique de la i'enime d'Asdrubal , et a I'hymne que chanfenl les vainqueurs et qui terminenl I'Duvrage d'une nianiere bril- lanle, L'improvisalion a dure deux heures. II serait lidicule de chercher dans une composition impro- visee ce que Ton a droit d'exiger d'un auteurqui conceit, me- diteet ecrit a loisir dans le silence et la retraite : d'ailleurs, le charme de l'improvisalion est tout fugitit", tout aerien,s'il est permis de parler ainsi ; ce qui fait que les defauts I'rappent quelquei'ois plus que les beautes. L'analyse si ecourtee, si de- coloree que nous venons de donner de la destruction de Car- tilage ne I'era que trop connaitre, que IMnvcntion et la disposi- tion des evenemens constitutif's de Taction n'offraient rien de bien neuf; le cortege des narrations, des descriptions, des in- vocations, etc., se presentait dans I'ordre accoutiune; pour tout dire, en un mot, leschoses se passaientcomme dans une infinite d'auties poemes; mais, de bonne foi, pouvait-il en etre autrement ? 11 nous restera encore assez i\ louer en disant que le poete a su jeler de I'interet sur tous ces sujets tant de Ibis traites : ses episodes ont ete habilement disposes a la ma- uierc de I'Arioste, qui se joue si heureusement de la dilficulte d'interrompre, reprendre, abandonner Taction principale, pour y revenir ensuite sans effort. La diction de iM. Cicconi est generalement correcte et exempte de la boufTissure et du clinquant assez ordinaires aux improvisateurs qui ont precede Sgricci. Ses idees se developpent avec lacilite el sont expri- mces avec elegance : ses pensees ne manquenl pas d'une cer- taine energie. II a du feu et du sentiment, ce qtii nous de- termine a Tengager a iniproviser de preference des tragedies ou des dramcs, ce qu'il a deja fait avec succes. Dans ces ser- ies d'ouvragcs , Tinteret se maintient mieux , Tattention de Tatuliteur est plus occupec, il y a de necessite moins de pa- roles el plus de moiivement. La inanicre de reciter est de la plus haute importance pour un improvisateur ; on pourrait ITALIE. — PAYS-BAS. 797 ilonc recomm;inder a M. Cicconi , de s'habitucr a des gcsles simples et nobles, de menagcr niieux sa voix, et de s'exercer a 611 bien conduireles inflexions, line bonne declaniation fait passer blendes endroils I'aibles, et menie mauvais. Coml)icn de vers miserablcs n'onl ete reconnus pour tels parmi nons, que lorscpi'ils ne sent plus sortis de la bouche de notre ex- cellent Talma. On ne manque presque jamais de terminer les eloges que Ton adresse a un improvisateur, en lui temoignant le regret de ne pas le voir consacrer son talent a une gloireplussolide et plus durable : nous sommes tont-a-i'ait de cet avis ; mais nous ne croyons pas cependant , que la poesie improvisee doive etre comptee pour rien : c'est un des rameaux de I'arbre litte- rairc, il ne I'aut pas le laisser perir. Engageons les iniprovisa- teurs a eerire; a la bonne heure : JM31. Sgricci et Cicconi ne se feront pas peiit-etre beaucoup prier; car, le pelit nombre de poesies pul)lie par eux a suffi pour nous prouver qu'ils sont loin d'etre de mauvais ecrivains : mais gardons-nous d'anathematiser et de frapper d'inlerdit ces inspirations poe- tiques, ou I'homme se montre comme hors de lui-meme et transporte dans des regions encliantees. Metastase aussi etait improvisateur, et nous n'avons lu niille part, que cela I'ait empeche d'obtenir une des places les plus honorables siir le Parnasse moderne. J. Adrien-Lafasge, PAYS-BAS. Statistique. — PopuUilion. — Les cliiffres suivans sont extraitsdel'aunuaire {Jaarbocclijc) redige par M. Lobatto, par ordre du gouvernement. Le total de la population du royaumes'elcvait, am" Janvier 1828, a 6,166,854 limes, ce qui donne, pour une super/icie de 6, 202,662 bonniers ou hectares, un terme inoyende 99,5 ;1mcs par 100 bonniers ou presqu'une ame par bonnier. — La pro- vince la plus populeuse est la Flandre orienlale : elle contient 708,705 habitans ; la moins peuplec est la Drenthe, qui n'en compte que 59,915. L'accroissement pendant I'annee 1827 s'est eleve, toutes les provinces du royaume comprises, a 49,919 ames ; par consequent au-dela de --77 de la popula- tion Le noinbre total des mariages contractes en 1827 est de 55,652; le maximum se remarqiie dans la Flandre orien- tale, ou ce nombre s'est eleve a l\,[\iQ. — Bctcs a comes ct chevau.v. — II resiillc du raj)port de la coiTunission d'agricullure, qii'en 1827, il y avail dans 798 EUROPE. le royauinc 1,88(3,719 beles a cornes, dont 1,528,696 au- dessus dc IMgo do deux ans, ct 558,625 au-dessous. Le plus grand iiond)re se trouvait en Frise, savoir : i65,252 tetes; le nioiudrc en Zelande, savoir : 4' 5653. La totalite a ete augmentoo, cu egard a 1826, de 55, 000 tetes; augmen- tation qui a en lieu pour la moitic en Frise. 11 y avail aussi , en 1827, 450.982 chevaux, dont 574,829 au-dessus dc trois ans, ct 76, i55 au-dessous. On en trouvait le plus grand noni- bre en Ilainaul, ou 50,129, et la nioindre quantite dans la Drenlhe, ou 7,723. de R. — Marine. — Un arrSte du i5 mai 1828 a nomme une commission presidee par le vice-amiral Bayskes, charg6e de rexamcn dcs points principaux concernant la marine. II re- sulte de cettc cnquete, d'apres le journal officiel du 25 mars, que I'etat actuel de notre marine, au 1" Janvier 1829, etait : Force navalc en nct'ivltc de service. En non aclivilc. Vaisseaiix de lignc i 6 Fregates 7 i3 Corvettes q 8 Bricks 6 5 Avisos 5 I Transports 2 d Bateaux a vapeur a > Schoner > 1 Canonieres i corne dc vergue i4 — k rames > i6 63 Les trente batimens en aclivite portent 720 canons ct 4,3i4honimcs d'equipage. Douze de ces batimens, avec 1,677 homines d'equipage, forment I'escadre de la JMediterranee ; sixbiltimcns, avcc 1,107 liommes, torment I'escadre dcs Indes orientales ; les autrcs sont employes ou aux Indes occidentales, ou pour lacorrespondancc, ou comme batimens statlonnaires. II fan t joindre aux batimens en non activite, le Zo««??ia'i de 80, et le Guil/aume I", dc 74 canons , qui ne sont plus en etat de tenir la mer, et qui sont destines a etre demolis ; ainsi que la frcgate Marie Reigershergeii, dc 52, et la corvette VU- nion, de 20, {|ui ne peuveut plus etrclcmployes que comme vaisseaux stalionnaircs. La force a laquelle le gouvcrnement se propose dc porter la marine, pendant la scconde pcriode dccennale, se compo- PAYS-B AS.— PRANCE. 799 sera dc deux vaisscaiix du 84, de dix de 74? en tout douzc vaisseaux dc ligne; do six fregatcs de 60, vingt-qiiatre de 44' en tout, trciite fregatcs; dc trentc-six corvettes et bricks de 18 a 52; d'un hatiment d'exercice ; de huit avisos; de troi.s paquebots a vapcur; de trois vaisseaux de transport; de cinq schoners; de quatinze canonieres a corne de vergue , et de quatorze canoniercs a ramcs. Outre ces batimens , ii y aura au-dcla du coniplet , trois iVcgatcs de 02, et deux canonieres a ramcs. A. Quetelet. — Moiinaies. — On estime que, jusqu'au 3i deceinbre 1828, on a I'rappc la quantitc suivante dcnouvclle monnaie : enpiecesdc 5florins,de 1 et d'undemi flor., pour une-somme de fl. 9,8i4,i8G; en pieces de aS, 10 et 5 cents (ce/itiemes) , I2,5i3,g54; la qnanlile dc pieces d'or de 10 et 5 florins uionte a 108,673,920. Total : fl. i5o,8oi,o6o. Le florin fait 2 francs 1 1 centimes ^. — Colonies de hienfaisance. — IM. le conite de Skarbek a deja entrctenu Ics lectcurs de la Reciie Encyctopediqiic de ces institutions philantropiques ; I'administration de ccUes qui appartiennent aux provinces meridionalesdu rojaume public, sons le titre du Philnntrope , un recueil destine a les rnieux I'aire connaitre. On apprend , dans im des derniers numeros, que des terrains qui , il y a six anuees, etaient steriles et en- tierement abandonnes donuent maintenant un revenu de 3o,ooo florins par an. La population des colonies libres du Midi est de 572 individns, et celle du depot de 740; en y joignant les etablisseniens du Nord , on a un total de 7 a 8,000 ames. Au 5i decembre 1828, il y avait, dans les colonies me- ridionales , 297 betes a cornes, logS moutons et 9 chevanx; 104 bonniers ont etc semes en ble. de R. FRANCE. PARIS. Institiit. — Academle des Sciences. — Seance da 4 mai 1829. — II est donne communication de I'extrait d'un travail sur la chalcur specifique des gaz, par MM. Aug. de LA RivE et Maucet. — M. Frederic Cuvicr, au nom d'une com- mission antc gencrale de I'influence des sai- sons sur le plieiiomene de la conception, il devait surtout obtenir les dates exactes d'un tres-grand nombre dc nais- sances, et ce nonibrc s'eleve a pres de i4 millions; que des causes secondaires pouvaient modifier I'influence des saisons, et que , si ce n'etait que sur les plus larges bases qu'il pouvait etablir ses calculs, il ne Ic pouvait aussi qu'en procedant con- venablement. M. Villerme, pour se creer un terme de com- paraison , a d'abord rassemble des diverses parlies de la France les naissances de 18 ig a 1825, dont le nombre se montc a 7,651,457; il les a ensuile reiuiies mois par mois; et , apres les avoir ramenees au nombre total de 1 2,000 , pour les mieux comparer, il a conclu , d'une maniere absolue, les naissances proportionnelles de chaque mois, et consecpiem- ment les conceptions. ]>Iais ces naissances n'ayant pas toutes ete obtenues dans le meme lieu, dans le meme tems, dans les memes populations , sous les memes influences enfin , et don- nant , par consequent, des resultats dill'erens, suivant ces in- fluences diverses, leurs nombres s'altercnt mutuellement , et les moyennes obtenues de ce melange heterogenc n'ont pu donner des termes de comparaison exacts. Cette erreur se re- trouve a pen pres dans toutes les questions que traitc M. A'il- lerme, lorsque, pour cela, il est oblige de reunir'les nais- sances de plusieurs populations ; et nous aurions peut-etre etc arretes dans la redaction de ce rapport, des cette premiere observation, si nous n'avions considere que les recherches qui nous occupent^ se ressemblant toutes a cet egard, deve- naient, jusqii'a un certain point, comparables , et que par la les resultats auxquels est arrive iM. Villerme pouvaient etre presentes a TAcadcmie , non comme aussi certains qu'ils I'au- raicnt ete sans cette erreur, du moins comme assez probables. D'ailleurs, nous avons du aussi considerer que ce recueil des dales de i\ millions de naissances formait I'cssence principale du travail de notre auteur, et que ses calculs seraient lou- jours susceptibles de rectifications lorsque les tableaux fort reguiiers qui renferment ces dates seraient publics. Le pre- mier resullat general obtenn par M. > illerme est que les six mois on il y a le plus de naissances se presentent dans I'ordre suivant : fevricr, mars, Janvier, avril, novembre et septem- bre ; ce qui reporte les conceptions aux mois de mai , de juin, d'avril, de juillet, de fevrier, de mars : par consequent, le plus grand nombre de conceptions aurontlieu , mais sans trop PARIS. «o ! de regularitc, durant les six mois consecutifs qui commciiccnt cntre le solstice d'hiver et reqtiinoxc du priiilems, ot qui liuissoot cntre le solstice d'ete et I'equinoxe d'automue , c'est- ;'i-dire, pendant que le soleil se rapproclie de notre h.'inis- jdiere el s'elevc sur notre horizon. Cc fait general vient done conQrmer uue veiite devenue triviale a force d'etre ancienne; (•'est rinflucnce solaire, celle de !a lumiirc et de la clialeur reunies, siw le hesoin de la propagation. Les images sous le.s- qnelles le printems se presente ont cte pour tons les peuples des eniblemes de la puissance (pu raniine la vie et qui la rend lecfuide. De ce premier fait, on pouvait etre conduit a penser que les mois oi'i le soleil s'abaisse le plus sotis noire horizon sont les moius I'avurnljles a la conception; et , cependant, il n'en est point aiusi ; I'epoqne du moiudre nombre de concep- tions est Tequiuoxe d'automue. Faut-il raltri!)ucr au repos qui, pour chaque systeme d'orgaue, semlde etie la conse- (pience immediate d'une grande aclivite? ('/est ce que nous ue decidcrons pas ; nous f'erons seuiemeut remarquer ([uc cette epoque de raffaiblissemcnt de la f'aculte generalrice dans I'espece humaine est precisenient celle oi'i, sons cc rapport, les animaux ruminaus manil'estent le plus de force. Cette ano- malie , presentee par I'cpofpie du moindie noml)re des con- ceptions, a naiurellcmcnl conduit M. Villerme a la recherche des autres exceptions, et c'est I'influence des constitutions nieteorologiques qui a d'abord airele son attention ; car il a vu de suite, par ses dates de naissances, que les annees qui ont suivi celles dont les etes ont ele fioids et pluvieux ne donnent plus I'epoqne (hi minimum des naissances conime les annees ordinaires; mais que pour elles, cette (L-poque est rc- tard(ie, et par cons(i([uent les conceptions. De ces influences meteorologiques , M. Yillermi; passe a celle des climats , qui lui donnent uue pleine confirmation des premieres. Le niiuiiiuim des naissances dans les parties septenti ionales de la France s'cst loujours manii'estii plus tard que le terme moyen que nous avons indiquc' plus haut; et dans les par- ties meridionales , il s'est manilcslt; plus tijt. Les pays (Jtian- gers soiit aussi venus a I'appui de ce fait geiKJial. En Hoi- laude, en Daueuiark , r(^'poque du minimum des naissances est retar(h'e, tandis quelle est avancee dans pliisieurs villes d'llalie et a But,'nos-Ayres. Mais une exception bieu remarqiia- ble, c'est que la Suede se trouve hors de cette regie particu- lierc et rcntie dans la lu'gle gd'udTale; et il est a reuiarquer que si la lemp(!iature des ct(!'s cxerce une inlluence notable sur les conceptions, celle des hivers ne paiviit en exercer au- T. xr.ii. jn\ i8''r(. 5 i rune : c'esl dii iiioiiis ce (pic M. Villernie « pii toiu'liirc dc scs obseivalions siir les liivers cle 1740 '^ 174' » f'e 1775 ;'i 1776, (le 1785 a 1784, fie 1788 i'l 1789. C'est dans I'influence di'letere dc I'air mari'cagcux, quo M. Villcrme trouve la cause priiicipalc de repoipie du miiiinnim dcs conceptions, et de son retard, en allnnt du niidi an nord. En consequence, il re- cherche directemeut les elVets de celte influence dans les tables de naissances qui lui out ete t'ournies par les deparlcinens et lesvilles quiy sonl le pins exposees; et il a trouve qu'en effet toutes les contrecs uiarocageuses ctaient reniarquables par le petit nonibre de conceptions aux epoques 011 les marais ver- sent dans Tatmosphtre leurs dangerenx miasmes, c'esl-a-dire, enautomne. Ainsi, Aigucs-Mortes, siluec an milieu dcs ma- rais ([ui on rendcnt le sejour Ires-maLsain, an lieu de 884 naissances aux epoques de leur plus petit nomhre dans la France , en general , n'cn donne plus (pic 628, termo moyen du minimum des naissances de trente annees dans cette ville. Par consequent, les marais, comme I'observe jndicieusenicnt notreauteur, no diminnent pas la population, uniquement enaugmentanl les dcces, niais encore en attaquant la fccondite ; et c'est en supposant que la prccocile dcs froids dans le nord empechc les exhalaisons marecageuses, que M. Villerme ex- plique I'exception que lui a presentee la Suede, dans le retard du minimum des naissances. — De I'examen des causes na- Inrelles, M. Villcrme pas.-^e a cclui de I'influence de quelques- nnes de nos institutions; des manages, des grands travaux, des tems de fete et d'abondance de vivres, de leur rarete, du «aremc, et c'est toujours dc la mcme maniere qu'il precede, c'cst-a-dire, en consultant les tables des naissances mois par mois. Ses recherches sur les mariages I'ont conduit a ce fait assez remarquable, que tres-peu de femmes concoivenl dans les premieres scmaines de leur union, et la saison parait clre ici sans aucnne influence. Par centre, 1 t-poque des grands tra- vaux, des recoltes, par exemple, ne semble point etre plus del'avorabie a la conception que les aulresepoqucsde I'annee, tandis que c'est le contraire pour les tems de repos et d'abon- dance de vivres, principalcmcnt dans les pays seplentrionaux. Mais la France, dans unecirconslance particulicre, en a donne cUe-meme un exemple tVappant. Le nomhre des naissances a beaucoup augniente, pour diminucr plus tard, a I'epoque de la revolution, 011 plusieurs inipols i'urenl supprimes ot oi\ les biens-nalionaux I'lnent vendus. De cc rcsidtat on pouvait con- dure, et rexenipic Ta cdiinrme , que la rarete dcs vivres, ainsi que les e])0(iucs dc privation ol dc penit»'nce, restreindraient lo nomhre des naissanco«. Fn cflel, l(•^ annees de disolle el le PARIS. So5 lareiiie cxeicent surles coiictptktns la menie infliKriro. L'nne ft I'aiiliesont dcs causes d'affailjlissemcnt pour les populations. Cost par ces consideralion? que fiuit le memoire dont nous venous de rendre roniptc ; niais ce inemoiie ne doit pas etie le tcrme des rechcrclies de M. A illermo. Aussi, en terniinant notre nipport, nousavonsrhouneiu' de proposer a 1' Academic d'en- couragerM. Villerme, comnic elle I'a deja fait dans plusieurs occasions, acontinuerle travail special qu'il a eutrepris sur les parties de la statistiquequi se rapportentplusparticulierement a la nu'dccine.n ( Approuve. ) ■ — M. Cavchy presente nu me- moire manuscrit sur I'cquilibre et le niouvemcnt des fluides. - — IM. Cordler fail u;i rapport sur les objels de geolof;ie re- cueillis pendant I'expedition de \a Chrrretle. uOi\ ne devait pas attendre un grand nombre de rechcrclies geologi((ues d'une expedition dont les relaclies out ete peu varices, et qui n'a aborde que sur des plages en general basses et dcpovirvues de montagncs. Cependant, MM. les officiers de la Clievretle, au milieu des travaux multiplies dont il a deja ete rendu compte a I'Aciiilemie, ont encore trouve le terns de recoltcr plusieurs objets du rcgne mineral qui ne sont pas sansinteret. Ces ob- jets consistent en 27 especes de roches recueillies au cap de Bonne-Esperance, a Ceylan , sur les coles de Pondicherj , au Bengale el sur la cote du Pegu. Le nombre des echantil- lons est d'environ 200. Les uns confirment ce que nous sa- vions deja , tant des terrains primordiaux du cap de Bonne- Esperance et des environs deTrinquemalaja Ceylan, que des gres et des sables quartzeux, argili feres, teriiaires, de la cote de Coromandei. Ces echantillons offrcnt des varietes et des doubles qui seront tres-uliles au Museum d'histoire naturelle. Quelques autres font counaitre la position des vases coquil- lieres qui constituent le fond de I'Occan , a six ou sept lieues des cotes du Pegu , et !a nature des limons ferliles et des sables fins que deux des grands fleuves qui descendent de I'Hima- laya, le Gange et 1 Iraouaddy, dcposcnt vers leurs embouchu- res, a I'epoque des crues annuelles. On remarque parmi ces limons celui dont les Indous des environs de Calcutta font su- perstitieusement usage poiu- fermcr les ouvertnres naturelles du corps aux maladcs qui sont prets a rendre le dernier sou- pir.» M. Cordier enlre ici dans d'assez grands details sur les travaux geologiques de MM. les officiers de la Chevntte. II ter- mine ainsi son rapport. «Les rccoltes geologiques, dont nous venous de rendre compte, sont dues au zele de M. de Blo?- SEVILLE, et principalemenl a celui de M. Retnadd. Elles me- ritaient a coup sur d'etre examinees. Nous pcusons que I'Acadcmie doit )cs cilcr -.twv eloge a la suite des inipor- 8(14 KilANCK. tans rcsiillals de l'fX[;(''n (ioril il s'aj;!!. " (Approiive. ) — Da ! I inai. — iM. (iiuoii de l^r7,AREl^(;l'Cil(l^esse de noii- velli's obscrvalioiis a I'appui (!e sou opiiiidn concernant Ics t auses des sexes dans Ics auiniaux. — L'Academic va an scrulin pour IVici lion d'liii corrcspondaut dc la section d'a- griculturc. M. Ga.'/JrtriH, d'Oranjjc, ohticnl 2G voix; M. John Sinclair, d'Kdinibourf^', 17, ct M. Bunufous, de Turin, 5. M. (Jaspauin est declare corrcspondant. — Da 18 mat. — M. Heurteloup adresse wne cauule de gonnue elasticpie qu'il vient de i'aire conslrnirc et qn'il noinme ureiro-liypogastrique. II destine cet instrument a eni[)e(:bcr les urines de s'iniiltrer apres I'operalion de la laille par le haul appareil — M. Deleau ecrit a I'Academie pour lui donner counaissance des experiences qu'il a faites pour de- montrer lelieu I'e la formation de la parole. — Da 25 mai.- — M. Geo/]'roy-SairU-HilaircYnvseulcAc por- trait de niles qui existent Yivanles a Turin , et qui, doubles depuis la tele jusqu'a la ccinture, n"ont qn'un bassiu et deuK jambcs. — MM. Caricr ct Duiucrit font v.n rapport sur les qnatrieme et ciaquicmc Mcmoires zriologicjucs de MM. QroY ET Ga\makd, naturalisles de I'expediiion du capitaine d'Ur- ville. « 11 sullit presqne, uitM. le rapporteur, pour vous don- ner une idee avantageuse de ces deux nouveaux envois, dc vous dire qu'ils surpassent encore les tijois premiers, tant par le nouibre des especes interessantes que par la neltete dc iciu's descriptions, ct par les observations curieuses auxquelles elles ont donne lieu, ainsi que par la beaufe des figures qui en ontetc laites, soitpar M. Quoy, soit parM. Sainson, dcssina- teur de rexjicdition. Le <|uatricme de ces t;nvois conticut i49p!ancbeset 795 figures, cxecutccs a lateirede Yandicmen, dans les ilcs Tiicopia et Vanicolo. Le cinquiemc, dont les materiaux onl cte rassembles a ITle-de-France, a\i Cap, a I'Ascension, sc compose de 88 plancbes el dc jjo dessins. Toutes les classes du rcgne animal sont comprises dans ces magnifiqucs recueils. Les reptiles, les poissous, les moUus- ques, les zoophytes y sont rendus dans lout I'eclat de leurs couleurs, et avec une exactitude de details dont on cherche- rait vaiucment des exemples aillcurs que dans les travaux de nos derniercs expeditions. Sou vent mOme les autcurs ont tus, et a tres-grande tete ( ~ de tout I'animal). II existe au Jardin du Roi deux baleines IVancbes, et un rorqual, espece particuliere, prise au Cap, toutes trois montees; et de plus, deux antres rorquals de nos mers d'Eu- robe. que le del'aut d'une localite suffisante oblige de conser- ver en pieces detacbees. Si la baleine de la place Louis XVI impose par sa grandeur vraiment colossale, les ])aleines du Jardin du Roi ont du moins un autre merite, cebii d'eti'e cou![iletecs et rendues plus inslructives par la presence dans leur place accoutumec de leurs lanons, c'est-a-dire de ces deux lames cornees dont, sous le nom meme de baleines. on con- sacre quelques brins a I'industrie commerciale. G. S'* H. Reciification. — Nous avons annonce , dans la Revue En- cyclopcdiqite (voy. t. xxxiv, juin 1827, p. 721), le Memoir esur le rcritabte auteur de I' Imitcdion de Jesiis-Cltrist ; par M. G. de Gregory, revu et public paries soins de M. Lax.tuinais. Cette brochure, qui atlira rallention publique, et (pii a donne lieu a plusieurs dissei'tations lavorables on contraires a ropinion de I'auteur, a etc en yain cherchee par les amateurs, chez le libraire c[ue nous avions indique comme I'editeur. On nous prle de laire connailre qu'elle se trouve aujourd'hui chez 31. Seguin, rue de Clery, n' 9. Theatres. — Theatre francais. — Premiere representation Ae Chris line de Suede , dranie liistorique en cinq actes et en vers, par feu Brault. (jeudi 25 juin. ) Faites choix d'un lieros propre k m'interesser. Ce precepte de V Art poclique, que I'onpourrait croire su- perflu, si on ne le voyait pas si souvent oublie, Boileau en a fait une des premieres regies de I'epopee, mais il est aussi la 8i'> FRANCE. premiere du poeme dramaliqiie. Avec uii sujet ingial, arec dcs personnages donl auciin n'eveille la sympatliio du spec- tateur, voiis pounez developper bcaucoiip de talent, d'aulaiil plus uieiiic que vous aurcz eu de plus a lulter contre d'iii- surnioiitables diffi( ullcs , iiiais vous ne produirez poiut ees emotions prolbndes qui font les grands succes au theatre. L'as- sassiiiat du grand eeuyer Monaldesclii, ce personnage eteelui de Christine, peuvent tenler le pinceau d'un poele qui debute dans la carriere (i); mais ils serontdedaignespareelui quiaura fait une plus longue etude de son art. Cettc reine capricieuse et fantasque, plus eprise de ce qui paraissait extraordinaire que dc ce qui etait veritablement grand; chez qui des alhu'es masculines catliaient des fail.desses de femme; qui abdiqua malgre toutes les instances qu'on fit pour la retenir sur le trone et voulut y remonter malgre le dedain qui Ten repous- sait ; qui fit la guerre pendant plusieurs annees pour les inte- rets d'un cultc qu'elle abandonna sans motifs appareas et sans conviction pour le cuUe nouveau qu'elle embrassait, dout la ■vie oflVe, aupres de quelques nobles actions, des traits d'une froide cruaute, Christine ne saarait inspirer aucun interet dramatique. iMonaldeschi est moins inleressant encore. Cour- tisan eleve par la faveur et I'aniour de la reine, il la trahit dans sa politique, il la trahit dans sa tendresse; il s'efforce de se- duire une jeune fdle naive, qu'il ne pent eponser; car si cet amour etait soupconne de Christine, il verrait s'evanouir les esperances d'ambition aux(pielles il est pret a tout sacrifier. Enfin, lorsqu'il suppose (jue ses perfidies sont decouvcrtes, il fait lachemenl des demi-aveux que la peur lui arrache ; il suj)- plie, il pleure, et le premier cri de son desespoir, lorsqu'il se voit condamne, c'est -.j'ai perdti ma favciir ! Quai\t ■.iit i^vi]vA, il n'est pas plus interessant que les personnages; qu'est-ce qui pent attacher dans la peinlure d'un assassinat commis sur un lache par ordic d'une femme vindicative , sans aucnn peril pour celle-ci, sans aucun espoir pour celui-la? Le motif mcme de ce meurtre est tout-a-fait obscur : Monaldeschi a trace quelques ecrils dont la reine est irritee, mais on ne voit pas precisement si ces indiscretions soiit galantes on politiques, si ce favori est un amant leger on un confident perfidc ; on (i) L'auteur de Henri III, M. Dumas, avait aussi rssay(i ses f.irccs dans uu draine dc Clirhlinc, dont Hcmi III a piis le tour a la Coniedie fian- (^aise, et qui y sera joue plus laid. M- Duval, k qui notre scene coiiiique doit tant d'ouviages reinarquables, avail lui-uienie coninieuce sacaiiiere drainatique par une tiagedie de Clirislinc. conipos6c eu societe avec uu ami; mais celtc piece, qui est inipiiniee dans ses cenvies, n'a jamais clr representee. I PARIS. 811 lie deviiie pus ee qui pourrait I'avoir porte a unc tiahison; on deviiie encore nioiiis quels si grands secrets cetle rcine sans trone peut avoir confies; on ne sait pas davantage a qui Monaldeschi a ecrit, et sa securite est si proi'onde jusqii'au mo- ment oil on Taceuse, que le spectateur ne peut le soupconnar tl'aucun crime. Lorsqu'nn incident fait le noeud et amene la catastrophe d'un dramc, il I'aut absolument qu'il soil clair et Lien compris du spectateur; tout ce qu'il y a la de vague et d'oljscur detruit radicalement Tinteret et rumotion. Notre but, en taisant ressortir tous les inconveniens de ce sujet, est surtout de rendre hommage au talent qui n'a point sucLombe en lace de taut de dillicultes; sans parvenir, ce qui clait impossible, a exciter la sensibilite de ses spcctateurs, M. Brault a su eveiller une attention soutenue par des evene- iiiens bien disposes, des caracteres traces avec art, des sce- nes habilement developpees et des traits de nature qui decelent un talent observateur. II n'etait pas au pouvoir du poete, renferme dons les l>:jrnes d'une action theutrale, de peindrc, dans son iudividualite si piquante, et dans toute sa bizarre originalite, le caractere de Christine, tel qu'il se inon- tre dans les evenemens successifs de sa vie aventureuse; mais on voit que du moiifs il s'est efforce d'en conserver quelques traits. II a donne a Monaldeschi, pour celle que ce courtisan nommesonro/, unenthousiasme qu'on ne s'explique peut-etre pas trop bien chezunambitieux, qui, nesongeant qu'alafaveur, doit voir sans illusion un front sans couronne, mais du moins cct eathousiasme dissimule un pen la Llchete du personnage. II y a de la grace dans le role d'un page, jeune enfant devoue a Monaldeschi; et dans celui d'Ebba , dame de la suite de Christine, qui aime eperdfiment le grand ecuyer, sans se dou- ter,chosedifricile;'icompreudre, des liens qui unissent son amant et la reine. II y a de I'onction dans le role du pere Lebel, ce [irieur des Mathurius que Christine fit appelci- pour disposer Monaldeschi a la mort. Parmi plusieurs scenes bien faites nous devons en citer une qui a obtenud'unanimesapplaudissemens. C'cst celle oii Christine, ayant en main la preuve des outrages (pi'ellearecusde Monaldeschi, et prete a recevoir le pere Lebel qu'elle a fait juge de la trahison, tente un dernier effort sur rhommequ'elle aima poiu' le contraindre a I'aveu de sa fante, aveu auqnel semble s'attacher (pielque idee de pardon. Cette scene, dont le motif n'est pas neuf, devientoriginale parlama- niere dont elle est conduite, et ellea produit beaucoup d'effet. Le style de cette piece manque qnelquefois d'elegance et de poesie , mais il se distingue par le naturel et un bon ton de dialogue; ii y a menie quelques morceaux dont le charme a ^,ia FilANCi:. I'l;' \ ivcniciit seiiti j);ir les spetialeiirs. L'aiitt'ur avail public, il y a li'dis aiis, iiri leciicil tie poesies, dcjnt les siijets, le plus sonvfiit p()liti(iues, n'etaieiit pas loujoiirs propres a etre re- M^tiis des coiileurs poeliqiies. mais oi'l Ton a^ait remaitjuc du iierrct de la pensee. Co premier oiivrage dc theatre elait I'ait j)()iir donner des esperances, et nous lie doiUoiis pas que si Ic poete eCit eii le tenis de inuiir son talent , et s'il I'eut appli- que a des sujels biens choisis, il n'efit parconru avec hunnenr la carriei'edu llieatic. Long-tems ils'en etaitdetoiu'nepoursui- vre celle de I'administralion, ct un moment etant \cnu ou il ne lui lilt plus possible d'aecorder les devoirs que lin prescri- \ait un ministre , et ceux que lui dictait sa conscience, il so brouilla avec le ministre pour ne pas se brouillcr avec sa conscience, et il quitta un emploi qu'il ne pouvait plus garder qu'au prix de sa propre estime. Cette fermele sied bien au talent, et pent-ctre est plus rare que lui. Une couronne jetee sur le theatre Ic jour de la premiere representation de Chris- tine elait un hommage rendu aux verUis civiques de I'homme anlanl qu'au succes du poete. — M"" Valmonzey a donne des preuves de talent dans le role de Christine, qui convient tres- l)ien a la nature de ses moycns. • — Theatre DE la Pobte Saint-Martik. -- i" reprcsenlalion de Marino Faliero ; tragedie en cinq acles. de M. Casimir De- i.AViGKE (samedi 5o mai). ■ — La Revue encycLopcdiqiie ne s'oc- ( upe des theatres que sous le I'apport lilteraire ; elle ne se ]>i([ue pas d'eiu'egistrcr cette foule de productions drama- tifpies qui paraissent chaque jour sur les scenes secondaires, deslinees a I'amnsement des oisils d'une grande ville. Plu- sleurs de ces onvrages sont oublies entre le jour de leur nais- sance et celni on la Revue pourrail en entretenir le public ; d'autrcs , malgre un succes ephemere et quehpietbis une sortc de vogue, meritent pen les regards de la critique, el, sans inleret pour I'art , ils n'en ont pas pour nous. Tontelbis, nous n'admettons pas cetle espece d'aristocratie qui classc les theatres en grands et petits , en nobles et ruturiers ; les premiers seront tonjours pour nous ceux on Ton jouera les meillem'es pieces, et nous nous occnperions souvent du thea- tre de la porte Saint-Mail in , s'il representait souvent des jiieces tellos que Faliero. On sail i[ue cette tragedie , pres d'etre jonee au Thealre-Francais, en t'ut retiree par I'auleur, (pii ne put s'entendre avec les acteiu's pour la distribution de ses roles, et qui peut-elre eprouva d'aulres dilTiculles, dont ce n'est pas ici le lien de parler. 11 y a dciuze ans environ que hud Byi'on, etant a Venise , ful IVappe de I'lnstoire dc Faliero, et forma le dcsscin dc com- I'AUis. «!.-; poser, 5111 Tc snjet, iiii poenie (liimiatif[iic dcsliiic sciilcmciit a la lerliue. La piece, jouee a Diiiry-Lane, contre le voeti fie raiiteur, irobtint qii'un mediocre pieces ; il ii'en poiivait etre autremeiit ; outre ([ue le sujet u'oilVe point cet interet qui louche au iheatre , I'arrangenienl dcs incidens n'annoiice. chez le grand poele anglais, ni la connaissance de la scene, ni rinslinct des eflels drainalif|ues. — Illiistre par sa vaknir ct par les services qn'ii a rendus a la repnjjlique , charge d'ans el de gloire, Marino Faliero se voit dcshonore par rinsuUe d'un patiicien , Michel Steiio, jenne dehauche, qui avail ecrit sm- le trone ducal : Marino Faliero, mari cle la plus belle dcs fcmmcs ; un autre en joint , et il ne la garde pas moins. Cet ou- trage est d'ailleurs one lache calomnie ; Angiolina est la plus vertueuse , aussi-bien que la plus belle des femnies. An moment ou la piece commence , le doge apprend que les qua- rante n'ont condamne Steno qu'a im mois de prison ; et ce chatiment deiisoirc alhune, dans le ca-ur du vieux Faliero. une liaine qui ne pent s'eteindre que dans le sang. « Quel chalinient attendiez-vous?» lui demande-l-on. — « La morl . repond le doge. ISe suis-jepas le souverain de I'Ltat ? ne m'a- t-on pas insulle sur inon trone? ne m'a-t-on pas expose an mepris de qui me doit du respect ? Epoux deshoiiore , homme avili, prince outrage, je suis Irappe de tons coles; et ccfle injure de Steno ne porte-t-elle pas tous les caracteres de la haute Irahison? II vit pourtanl ! et si, au lieu de repandre le venin de son inlame calomnie sur le trone du doge , il n'eul souille cjue la maison d'un vassal, son sang en eut rougi h: seuil , car il serait tombe sous le poignard du vassal. » On voit toute Timportance que loid Byron a cherche a donner a I'in- jure faite au doge; il a bien compris que I'inconvenient du sujet etait dans la disproportion entre I'insulte et la vengeance,' ot il a exprime, avec toule Tenergie poetique, cetle colere qui s'appre.te a bouleverser la republique , et a noyer dans le sang la noblesse venitienne , devenue complice de Steno en ne pu- nissant point son outrage. Tandis que le doge roule dans son esprit ses vagues projets de vengeance, Israel Berluccio, au- jourd'hui chef de I'arsenal , et qui jadis a servi . avec hon- neur, comme marin, sur les flolles commandees par Faliero, se presente, la joue ensanglantee ; il a ete I'rappe oiitrageuse- ment par un noble, et il vient demander justice. Leuis rcs- senlinicns out bientot mis d'inlelligence le general et le soldat ; celui-ci confic au doge qu'ime conspiration se trame pour de- trnire ime aristocratie insolenic, el il lui otl'rc d'etre le chef du complot; un rendez-vous est pris a minuil. Le second actc est consacre a dcvcloppcr le caraclere d'Angiolina, et cclui d'un Hl!^ FRANCE. dcs principaux conjures ; niais ce sonl des conversations, sans ancnn progrcs dans I'aclion. Le doge se rend ensnite a I'as- scnd)lt'e ties conjures; la scene est assex I)elle , et Ton devine que Bertram, I'lni d'eux, cedera a quclque monvement d'hii- inanite, et les tralura. On le voit, en effct, venir au milieu dc la nuit chez Lion! , membre du conseil des dix , <|ui a long -terns protege Bertram; ceUii-ci conjure son patron dc ne point sortir de son palais , quoi qu'il puisse arriver. Les prieres et les larmes de Bertram eveillent tons les soiipcons de Lioni , qui le fait retcnir par ses gens; et quelques instans apres, au moment on le doge attend le signal convenu , on vient I'arreter , au nom du conseil des dix. Au commencement du cinqnieme acte, on voit Israi^l Bertuccio et plusieurs des condamnes qui viennent de subir la torture , et qu'on menc a la mort. Bientot le doge parait ; on lui lit sa sentence, et Angiolina vient demander en vain la grace de son epoux. Apres des adieux tonclians , le poete nous conduit dans la cour dn palais, on le lioiureau attend la victime. Faliero s'avance , revetu de tons les insignes de sa dignite ; il prononce une longne imprecation contrc \'enise , et il livre sa tete au bour- rcau. Au moment on celui-ci leve la hache, la toile tombe, et elle se releve aussitot pour nons montrer la place on le people se presse autour des portcs fermees du palais. lei. Taction retrograde de quelques instans, et Ton comprend, par les disconrs du people , qu'il voit les apprets dont le spec- tateur a etc temoin dans la scene prccedente. Cet incident seul, qui ne serait pas supportable au theAtre , prouverait que le poete n'a jamais en I'idee que sa piece dut etre jouee. II y a, dans le Faliero de lord Byron, de grandes pensees , de beaux vers , un style ou brille le coloris du poete, et des caracteres dont la physionomie levele la louche clu peintre ; mais la piece n'offre , dans son ensemble , qn'nne suite de discours exces- sivement longs, ou Ton cherchcrait en vain cette disposili(tn de revenenient, cette suspension d'interet, cette vivacitc de dialogue, cette entente desefl'ets enfin, qui constituent lepoeme drauiatiqne. M. Casimir Delavigne , en empruntant a lord By- ron , qui lui-mSme les devait a I'histoire . ses personnages et I'ensemble de sa composition , I'a fecondee avec assez de bonhcur poor taii'e d'nn ouvrage tres-froid une oeuvre pleinc . Esprit des jiroduclioris li(t(,'- laires de I'Orienl et de I'OocidenI ; discours. Kharkid', 181 1. 8"j4 Nl*.CnOLOGlli. In-4". ^ — (.y Dev Orient ; Rede. L'Orieiil ; discoiirs prononcc le 25 (Icecmbre i8i4 (r. st. ). Kharkof. Tn-'|". Lc prolciiseur Reulli a encore pronoiice, i\ Khaikof, fleu.x autros discours, dont lc premier a pour ohjet la Confeilivniion da Rkin , ct Taiilrc le nroit public des royaumes iniis de laGrande-Bretagne. Quelqiies aiitres rlc scs productions ont cte imprimee.s dans des onvrages periodiqnes. II est a desirer que ies papiers de Reiith soicnt conserves a la bihliolheqne dc I'nniversite de Kliarkof, et particulieremcnt cciix qni ont rapport an TraiU sur Ies Rtii^^cs , qu'il sc proposait dc piihlier. La viva- cite de son imagination hii a fait admettre qiiclfpielois des etymologies qui, peut-etre, ne sont pas tonjoiirs Ibndees; jnais SOS comhinaisons heureuses n'en sont pas moins dignes d'attentioii. Son Essai d'histoire riisse, et VHistoire dc Davila, qu'il a completee, doivcnt etre regardes comme ses princi- paux ouvrages. (Extr. des Fciiillcs bibliograpluqties de Koeppen. In-4". Pclershourg, i825, n° i5, p. 214-21G.) — KozLOF. - — Baaile Kozlof, qu'il ne Taut pas confondre avec Jean Kozlof, poetc aveugle dont la Revne a annonce \\n charmant ouvrage dans son caliier de jain iS-iG (t. XXX, 717-719.) est ne a Moscon, d'lin pere qui a cte I'un des fon- 25, dans sa 55""-' annee. - — Hjevousky. — Le conitc Adam lljevousky naquif, Ic lo aofit 1760, a Nesvige, ville du gouvcru(!ment de iMinsiv, ct eut pour instituteur I'evcquc Narohchuvitch, histoiicn et poelc polonais ceiel)re. En 1782, 178401 1786, leconitc Ujevouskj hit cnvoye aux .dieles polonaises, 011 il se distingua par son eloqtience et ses vues bien intentionnucs. En 1788, il fut nomme andiassadeur extraordinaire et ministre plenipoten- tiaire de la cour de Pologne pros du Daneniark ; en 1790, il sicgea dans le senat de Polngne, et, en 1817, dans cehii du Ilussie. — II s'occupa avec sncces de litleratnre, et ecrivll, dans sa jeunessc, en polonais et en frannais, quelques ou- vrages poiitiques. II a laisse, apres sa morl, arrivee le 24 Jan- vier (12, vieux style) iSaS, pros de la yille de Lipo- YOtz, un grand nombre de manuscrits, parmi Icsqnels on remarque dcs Mnnoires sur le r^gne du roi Stanislas Augiiste, Menioires precieux parce que Tauteur, occupant des I'onc- tions iniportantes dans I'Etat, etait a meme de connaitre en detail plusieurs circonstances derobees a la connaissance des autres. Son manuscrit, intitule : Rectification des erreurs dans I'ouvrage du general Dumouriez , sur la con federation de liar, est du plus haut interet. €es deux manuscrits sont aussi im- portans pour i'bistoire de Russie. — II a laisse, en outre, de5 Remarques sur les lois de Pologne; des Dialogues des jnort.i; des traductions, en vers polonais, de deux tragedies, Polyeucte et la Mort de Cesar ; des Georgiqucs polonaises ; une traduction des Elegies de Tibulle , et un grand non"ibre de poesies diverges. P. U. E. France. — Lameth (^Alexandre), lieulcnant-general, membrc de lachambre des deputes, ne a Paris le 28 octobre 1760, mort dans la memo ville , le ig mars 1829. — La carritne politique de cet honorable citoyen embrasse une periode de pres d'un demi-siecle. Dans cet espace de terns, la France offre Ic spec- tacle de tons les accidens d'une vie sociale soumise a beau- coup de vicissitudes et de formes difterentes, de toules ics combinaisons de la politique, do toutes les sortes de gouver- 'ment. La monarcbie absolue avec ses castes et ses privileges, la revolution , veritable guerre inlerieure prolongee pai' I'ir- ritation et les terreurs qu'inspiraient la guerre exteriein-e et I'Europe enlierc conjurce contre la France, I'anarcbie et ses^ furcurs, la republique a peine essayee au milieu des tempC- tes polilitincs toujours renaissantes, la dictaturc et ses pros- 836 NECllOLOGU-:. triptions, lu (Itvsj)utisine militairc et ses fOii(|iJ(ites : lous (■<■- genres de doiniiialion pesent tour u tour siir la Franci: , jus- qii'a ce qiiie- «iiers triomphes de la revolution francaise, parlant de liberie sous I'empire au milieu des illusions de la gloire, il s'esl ti'ouve naturellement range sous I'etendard constitntionuel , lorsfpie la charle est venue reconnailre et prodamer les principes du gonveruenient representatii'donl les bases avaienl deja etc posees par la premiei'c et la plus celebre de uos As- semblees uationales. Cette coustauce d'opinion, cette livite ileconduile, Alex. Lamelh les a puisees dans un sincere amour du pays; et ce senlinicut piol'ond, ardeul , desinteresse , (|ui n'a cesse de ranimer jusqu'a son tiernier soupii', nous douiK- a la foisle type de son caractcre et I'explicalion de sa vii'. Alex. Lameth etait encore au berceau, lois(|u'il pcrdit son pcre, le comte de Lameth, chei' de I'etat-major de raruiee du Bas-Uhin. Sa uiere , lillc , soeur et petite-lille des trois maro- cliaux de Broglic, resla veuve, a I'age de 37 ans, avec six NECKOLOGIE. 827 fils el une fiUe. Donee d'un esprit etendu et onw, d'une ame forte et f;(';nereuse, elle voiilut presider elle-niemc a I'e- ducation de ses eiifans. Alexandre, destine comnie le plus jeune a I'etat ecclesiastique, put con>acrer anx etudes clas- siques plus de tenis que ne lein- en donnait alors la jeune no- blesse. Mais, cedaiit iDient<')t a I'attrait d'une profession plus brillanle, il renonea volontairenient . et sans aucun regret, aux esperances par lesqiielles on avait essaye de le sednire, et il entra, ainsi que ses IVeres, dans un regiment de cavalei-ie. Son tenis, comme celui de tons les homnies de son rang et de son age, etait partage entre quelqnes devoirs niilitaires et les plaisirs de la conr, quand rinsnrrection aniericaine retentit ( n Europe et vint reveiller dans I'imagination des jeunes mi- lilaires des idees de gloire aventureuse et d'independance nationale. Alex. Lamelh suivit son frere Charles en Ameri- (|ne, ful employe dans i'etat-major sous les ordres du mare- chal Rochamheau, et se fit remarqner par ses talens nii- lilaires et son intrepidite. De retonr en Europe, 11 fit plusieurs voyages, en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Russia, observant avec une attention curieuse et philosophique les elemens et les ressorts de ees organisations politiques, qui devaient etre bientot attaqnees jusque dans leurs bases. G'est par la France que devait commencer la crise . et Alex. Lameth s'engagea chaudement dans les rangs des patriotes qui pro- clamaient rnrgcnte necessite d'une grande reformc sociale. 11 fut I'un des premiers iiiembres de la socicte des amis de la constitution, a laquelle il cessa d'appartenir, lorsqu'elle devint, parses exces, sous le nom Aa club des J ncobins, ennemie d'une sage liberte. II presida avec une grande impartia-Iite I'Assem- blee constituante , et fut anssi president du comile militaire lie cette assemjjlee. On Ini dut la premiere organisation nou- velle de eelte armee nationale qui l)rilla, pen d'anneesapres, snr tant de champs de bataiile; il fut, avec Duport et Bar- nave, I'un des ps-incipaux chefs d'ime leunion de deputes qu'en- toura long-tems la faveur populaii-e , et (jui lit (|uelquefois tlechir le talent et I'inlluence colossale de iMirai)eau. Mais le mouvement dcviul trop violent pour qu'ils pussent on le suivre, ou Turreter. Barnave paya de sa tete les efforts qu'il avait laits pour sanver la monarchic et la personne du roi. Alex. Lameth, anssi compromis que lui, n'echappa qu'avec peine au meme sort. Ponrsuivi jusque dans les rangs de I'ar- mee oi"i il avait un commandement . il dut quitter prccipitam- uient la France avec plusienrs de ses amis. MM. Lafayette, Latoiir-MauOunr^ et Bureaa.r do Pitzy , qui :\llaienl , couuue 828 NliCROLOGlIi. liii, therchcr, sue la lenc utrangt ro, iin asile et la paix. rominc ils nc vuiilaieiil jioint porter des amies parricides eoii- Irc lour pays, ils y Iroiiverent la persociition et les cachols. La caplivile d'AIex. Lamctli, {pii avail cle eiivoyo a Mag;dcl)Ourg-, dura Iruisaiis ct trois iiiois ; rendu a la liherto, eii decemhrc 179"), il alia prosqiu; iinnic'diatcment cii Angielcrrc. l\iais ie i^oiivenicment iiiliosi)ilalicr de cc pays hd iiUiina I'ordre de s't'loigiier , ordre qui lut iuulilemcnt coinl)attu par Ic C('d(';l)r(: Fox. Alors, il se rctira a I]and)Ourg avec son I'rere, et ils y rorinOrent unc jnaison de commerce avec leur ami, le due d'Aiguillon. Rciitre momentanemont en France, sous le dircctoirc exe- cutif, raye definitivement de la lisle fatalc des emigres, en 1800, sous le gouvcrnement consulaire, Alex. Lamelli I'ut nomme, en avril 1802, prel'et du departcment rc des pairs, pendant les cent jours. Dans ces divers departemens, il a laisse le souvenir d'un administraleur liabile, ferme , inlegre et dcsinleresse. 11 a phisd'une fois refuse d'cxecuter, commc prel'et, des mesures qui lui ctaient prescriles par les ministres, mais qui lui parais- saientconlrairesala justice ou aux inler'ets de sos admiuistrcs; ct souvcnt, I'empercur, auquel il en avait refere direclement, lui a su gre de sa resistance et a rcvoque les ordres conlrc lesquels il avait reclame. 11 elail done loin d'approuver le systemc d'obeissance passive des prefets, soulcnu en dernier lieu par un ministre, a la triUune de la chamhre des deputes, ct qui aniait, dans beauconp de circonstances, des conse- quences si funestes. Depuis rorganisation du gonvernemcut conslitulionnel, Alex. Lametli , nomme depute, en i!Si9, par le departcment do la Seine-lnferieure, et ensuile par le deparlemcnl de Seine-et-Oisc , a reparu avec distinction dans la carriere le- gislative : il s'esl montre constammenl lidelc aux principtss qu'il avait professes depuis Ic commencement dc la levo- lutinn. Dans la seance du a5 fcvricri82i, M. de La Bourdonnaye ayanl aposlroplie Ic cote gauche par ces mots : « La France no veut pins dc vous, »Alex. Lamcth lui repondil sur-lc- clianip : « Ft dc (pii done vcut-ellc? Serait-ce d<' I'cmigra- NJ<:CROLOGIE. Hag tion armee? Mais I'cinigration n'a-t-ellc pas etc consideree parTEurope enliere, paries rois ciix-mCmes, conime ime dcs iautes les plus graves qui puisscnl Otre enregistrees dans les annales dc I'liistoire? Serait-ce le iamenx tce victis, qui, an rt'ste, ne pout Ctre invoquc que par I'immoralite, qui serait la pour nous faire courber la letc? CoJjlentz a-t-il vaiucu la Frauce ? sont-ce scs aruiees qui out envahi notre territoire? et de quel droit sc preseuterail-ou ici en triomphateurs ? » Cetle reponse cncrgique produisit une vive et profonde im- pression. Alex. Lameth a prononce, en 1822, quelques opinions rc- inarquables, entre autres sur la legitimite et sur les colonics. II a public plusieurs ccrits en faveur de la liberte, et particu- lierement un examen du projet de loi d'election du 5 fcvrier, qui, selon lui , n'admottait pas un assez grand nomi)rc de ci- toyens a I'exercice des droits politiqnes, et, par conscqtient, n'interessait pas assez la nation au niaintien de ses droits. En- fin, on lui doit differens articles d'cconomie politique et de politique gencrale, on des jugemcns portcs sur des ouvrages d'hisloire et d'administration pul)lique, et inseros dans la Mi- ncrvc frcmcaisc, dans Ic Con.stUuiionncl , dans le Courrlcr fran- fais, et dans la Revue Enrycioprdiqite, dont il etaitdcvenii, des I'origine, I'un des collaboralcurs, parce qu'il y voyait Ic germe d'une institution deslinee a rapprocher les hommes eclaires de tons les pa3'S, et a I'aire avancer la civilisation, par inie sorte d'enseignenient nuitucl des nations. On le retrouvc encore parnii les membres les plus zclcs de cette utile Soclete pour I'aniclloralion de L'insiruclion elementaire, qui a rendu de si grands services a la Franco, aux classes pauvres et a I'hu- manite, et dans cette Socicte philantropique pour les Grec, qui a pris I'initiative dcs tcmoignages d'une bienvoillance ac- tive et reelle que, plus tard, le gouvernement francaiset quel- ques auties puissances ont commence a donner a une valeu- reuse et infortunee nation trop long-tcms sacrifice par une politique inhumaine et anti-cbretionno. Si nn plus longospace nous elait permis, nous aurions en- core a signaler el les vertus du citoyen , qui a consacre a la cause de I'instruction primairc une partie de sa mode^tc for- tune, et les talens de I'orateur, qui s'est niontre le dignc col- logue du general Foy a la tribune, et les travaux de I'oori- vain , qui. a rexcniple de ce general, devenu I'historicn de la guerre d'Espagne, ou il avail sorviavoc gloire, a aussi ecrit I'histoire de cetle premiere assemblee nationale, doul il avail ete I'un des membres les plus distingues. Les deux premiers .S3o ISECROLOGIE. volumes de L'Hisioire de I'/issemblce constituante, par Alex. Lameth, onl paru, du vivanl de I'autcur; la prcsque tolalilu dii troisionie volume etait composee avant sa morl, et Wm- vrage doit otrc coutiuue et termine par iin de ses amis, d'a- pri'S Ics matcriaux et les mauiiscrits (|u'il lui a laisses. A la ceremonic des funeraillcs d'Alex. Lameth, qui a eu lieu lo 2 1 mars 1829, MM. Keratby , Cfl5mH'r Perier et Jay out prononce des disiours sur sa tombe, et ont paye a sa me- moire le tribut de la patrie reconnaissante. L'excellente No- tice qui lui est oonsacree, dans la Biogi'aphie des contemporains^ par MM. Jay, Arnault, Jony etNorvins, m'a fourni quelques- uns des details qu'on vient de lire, et j'en dois aussi une par- tie a I'obligeance de M. Bellon, jeune avocat, que M. Alex. Lameth honorait de son amitie, et qui ne I'a point quitte dans ses derniers momens. M. Ch. Lameth a ete nomme par leselecteursde Pontoisc, pour remplacer son frerea la oham- bre des deputes, et c'cst un double hommage rendu a la me- moire du depute que nous pleurons, et au patriotisme de ce- lui qui continuera de marcher sur ses traces, et qui defendra, comme lui, les veritables interets du trone, en servant ceux de la liberte. M. A. J. TABLE Di:S ARTICLES CONTENUS I DANS LE CAHIER DE JUIN 1829. I. MKiVlOlRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. I. De la peine de mort et du droit de punir. . Charles Lucas. 56 1 •i. De remancipatiou des catholiques en Angleterre Thomas -Charles Morgan. 583 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 7>. M^moires de la Societe d'arts et de sciences de Batavia. Depping. 612 /[. Economie politique, par J. Droz Ch. Renouard. 629 5. L'Inde, ou faits et eclaircisscmens sur le caract^re de scs habilans indigenes, par Fi. Rickards. J.-C.-L. de Sismondi. 64i f). Memoires du marechal Sucliet M. Avenel. fi6i 7. Chroniques de France, par M"" Amabie Tastu. . Chauvet. 678 in. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 81 ouvrages frangais et etrangers. Amerique SEPTENTnioNALE. — Etats-Uiiis, 7 689 EimoPE. — Grande-Bretagne , 6 690 — Russie ,1 7^^ — Suede , 1 707 — Allemagne, 4 7*" — Suisse, 1 7*7 — Italie, 4 7»8 — PaysBas, 6 72^ FiiAKCE, 5i , saMoir -.Sciences physiques et naturelles, 17 727 — Sciences religieuses, morales, politiques et historiques, 12. . . 747 — Littdrature , 17 7^^ — Beaux- arts , 1 777 — Ouvrages piriodiques , 1 779 — Livres en langues dtrangeres , imprimes en France , 2 . . . . 782 IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES £T LITTfiRAIRES. Amehiqi'e sErTENTBio?iAi.E. — Etats-Uiiis: New -York : Piibli- i>02 TAUI.U DCS AiniClES. I'agps. calion dun journal eu langiie franfaisc. — - Stalisliqui! do riiislruclioii priinairc clans I'Elat dc New-York. .... . . . 78,") At'STRALASiF.. — INouvclle colonic dc Swan - Rivcr 78(1 EUROPE. Granpe-Bretagne. — Irlande; Dublin: Socidtd royalc. — Lon- dres ; Appareil contro lincendic ; Voyage dc d(5couvertcs dans les mors Arctiqucs 7S7 RussiE. — 5rt(ii(-P^(crs/>t)Hrn- ; Tableau de la population. . . . 78;) Allemagke. — i>i;r/(« .• Sociote de gt'-ograpl lie 7()0 Suisse. — Lausanne : Ueclamations ; Esprit des gouvcnic- mcns suisses ; Liberty de la presse ; Maison ponitenliaire de Lausanne ; Instruclion publique 792 Italic. — Rome : Poeme epique improvise par M. Louis Cic- coni 7<)4 Pays-Bas. — Statistiquc : Population ; • — Betes a comes et che- yaux; — Marine du royaume ; ■ — llonnaies; — Colonies de bienfaisancc 799 France. — Paius. — Institut : Academic des seiencea : seances du 4 ni'ii ^^ 8 juin 1839. — Academic des inscriptions : Prix d'archeologie decern^ a M. Alex. Lc Noble. — Societe pliiloleclinique. — Projct dun monument enTlionneur du docteur Gall. — Baleine des Pays-Bas. — Bectilication. — Thdatres. — Theatre Fran^ais : i"represontalion de Christine de Suede, drame historique. — Thidtre de la Porte-Saint- Martin : I" representation' de Marino Faliero, tragedie. — Theatre de rOperaComique : i'° representation des Deux- Nuits, opera 799 ^'EcnoLOGIE. — • Grn)i(/(;-J3/(;^7o-»<; .- Wollaston; Humphrey Davy; William Edgewortli. — Uussie : Bernard lleuth ; ko7,lof; Rjevousky. — France : vVlexandre Lamclh 819 TABLE ANALYTIQUE ET ALPH AB J^TIQUE DES MATIERES DU QUARAIN'TE-DEUXIEME VOLUME DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE. AvRii. , Mai, Jiin 1829 (*)• On a reuni aux quatre mots indicalifs des quatrj; gkaades Divrsioxs de ce Recueil : I. MEMOIRES, iVOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; III. RULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE; IV. KOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITT^RAIRES; le detail et le renvoi des articles qui s'y rapportent ; puis on a caractdrise ces articles, a la suite du nom de leurs auteurs, par I'une des quatre abrevialions ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analyses) ; B. (bul- letin bibliographique) ; N. ( nodvelles scientikiqles et litteraires). La designation G. apit-s les nonis propres indique les coUaborateurs de la lievuc, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont fournis. Au lieu de eoniprendie, sous la denomination generale sciences et ahts (comme dans nos quatre tables den malieres de I'annee 1S19), I'indication des dilFerentes sciences dont traite ce volume, on a cru devoir, pour i endre les reclierches plus I'aciles, etpour mieux caracteriser le blt philosopliique de la licvtie Eneyclopedique, ouvrir un coniple particulier et special, ai teltrcs capilales, non-seuleuient a chacune des branches des connaissances humaines : agbicultlre , anatjjiie , etc. ; a chacun des eleniens esscntiels de la civilisation et des mojens principaux de communication cntre les hommes : academies et societes savantes, dictionkaires, enseignement mutuel, I.^STRL■CTI0N puELiQUE , JoiRNALx, THEATRES, etc. ; mais encore a chacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rapprocher et comparer tour a tour, soit I'lilat des sciences et des eleniens de la civilisation dans cliaque pays, soit les nations elles-memes sous les diflerens rapports sous Icsquels on a eu occasion de les considerer. Academies. ?'oy. SociETiSssAVANTEs. 1 sort le premier, par J. Capuron, Accouchement (De 1' ), lorsque le i85. bras de I'enfant se presente et I ADMisiSTRATioy, j53. (*; On souscrit pnur ce Recveil sciENTiFiQijE et i.itteraire , dont ilparaitun cahier de quatorze Jeuilles d'impression tons les mois , au BcREAU central d'abon- NEMENT, rue d'Enfer-Saint-Micliel , n" i8; chez Arthis Bertband, rue Haule- feuille , n» 28 , et chez Renolard , rue de Tournon , a" 6. Prix de la souscrip- tion : a Paris , ^6 fr. pour un an ; dans les de:partemens , 53 fr. ; 6o fr. dans IVlranger. T. xi.ii. 53 iS'),4 TABLE A Atlniiiiislialii)ii (Kxjiosf d<' I') ilti royaunic,clepuisla cloinieieDiilc dc St()cklu)lri) , 70-. Adolplie, anccilolo, pai Benjamin CnnslanI , 9.1 ?,. Adiicn-Larasge (J.), C— B., 170. — K-, 707; Afbique , 255, 524, 742. Ar.i.iMACNE , iSg, 245, 4^0,710, 790' Agnid (H-)- ^ "y- Failles nouvelles. Aghiculturf, , 45 1 , 46?. , 729. T'^oy. nKS.S'l ECONOMIE IK'RAI.E. — (Coil]) d'cril sill 1') ct Ics insti- tutions agricnks dc qiielqucs can- tons do la Suisse, par MatliieuBo- nafous, 75 1 . Alexandieide (Ij'), ou la Giece vengee, pocme, par Pierre Da- vid , 5oi. Aided, tiagedio italiennc, par J. B. Marsuzi ,722. Ai.r.jiBRE, 74. Atmanak ten diensle der Zcclicden, -25. Alphabet de Franklin , 6S9. Amcrlcnn annual Ucgislcr, \f\G. AMiiRIQt'E SEPTF.i\TniO;VAI,E, I 46, 2lS, q5i , 407 , 522 , G89 , 784. Amice (J. T.). Manuel de philoso- phie experimentale, etc., 748- Amoros. Foy. Gymnase normal. Amour (Tout pour 1'), ou le pe- ctieiir bien sauve , par Robert .Soulliey , 700. Anabaptisles (Convenlion generale des) , i New-York , G92. Ana i.vses (II) d'ouvrages allcwandx: Theatre de la guerre autrichicn et russe dans la Turquie d'Europe, par Ciiiacy, Iraduit en fiaa(;:ais par Ileive , 1 15. d'ouvrages anglais : I'lnde , ou faits et eclaircissemens sur le caracterc de ses habilans indige- nes, par 1$. Rickards (/. C. L. dc Sismondt) , 6^1. — d'ouvrages fran^ais : Coursconi- plet d'economie politique prati- que, par J. B. Say (D.D.), Si. NALYTIyiE — Ilisloire des Franeais, par.l. Vj. L. Simonde de Sismondi C), 92. — Observations sm- la der- uierecanipaguedeTTirquie {'"), ii5. — Odes el Ballades, par Victor Hug'); les Orientales, par le meme (Chninct) , i 25. — Sta- tistique des routes royales en France ; — Rapport fait par M. le baron Pasquler , an nom de la commission cliaigee de I'exa- nien des questions relatives aux routes ; — Observations sur les roulcs, par A. R. Polonceaii; — Des gran des rout esct des cheniins vicinaux , par A. Bei thault-Du~ creux ; — De I'etat des routes en France, par H. Hageau {J. J. Paudc) , 5o.5. — Tlieorie des ri- chesses sociaies, par Skarbeck {J.D.), 566. — Histoire de la revolution fiancaise, par A. Thiers {Eiiscbc Salrerlc) , 074. — Economic politique, par J. Droz , {('It. Rcnoanrd) , 629. — IVIemoires du marecbal Suchet {^f. AvencI) , 661. — Chroniques de France, par M""' Amable Tas- tu (Chaiircl) , 678. — d'ouvrages hollandals : Memolres de la societe d'arls et de Sciences de Batavia (Dcpping), 612. — d'luivragcs italicns : JMemoires de I'Academie royale des scien- ces dc Turin. Tom. XXXI {Ferry), 71. — OEuvres com- pletes de Machiavel, traduites en franeais par J. V. Peries ( M. Avniel), 524. — L'Emfer de Dante Alighieri , traduit en fian- (;'ais par A. F. Arlaud {Chauvel), 59.5. Anatomie , 206. — de rhomme , etc. , par Jules' Cloquet, publi^e par C. de Las- teyrie, i85. — patbologique ( De 1') consideree dans ses viais rapports avec la science des maladies, par F. Ri- bes, 1 85. DES MAT Akglkvebke. A'oy. (jbakdeBketa- Annales d'llalic depuis i-So, par A. Coppi , i6S. — des sciences d'obseivalion, etc., pai Saigey ct Kaspail , 221. — des sciences natuielles, par Aii- douin,Brong:niarl et Dumas, 77;). Aiinuaire dii departement de la Sari he , 192. — des Pays-Bas , 723. AKTIQllTliS. I'oy. ArCHEOLOCIK. — etrusques (Collection d' ) de RI. Dorow, aiG. — du Donon. f'oy. Jallois. Appel aux Franrais : Kelornie or- thograpliique , 208. Ababie, 694. Ahciieol'igie, 80, 81 , 246, 4^5, 495 , 806. Abchitectube , 5i3. Ardant du Picq. ^oy. Poesies ero- tiques. Aygiielles {J. C). Ob.iervacloiies so- bre la historia de la guerra de Es- puna , etc., 69G. AitiTHMiTiQUE elenientaire, raison- n6e etappliqaee, par J. N. Noel , 723. Arnault pere. ^oy. Pertinax. Art Mii.iTAiRE, 1S9, 4'^9 ) 47'- V£TEBI.\A1RE , 186. Arlaud (A. F.). Foy. Dante. AbtS IKDUSTBIELS, 256, 4^6, 468. AscETiQUE. Voy. Sciences helicieu- SES. Asphyxie. foy. Leroy d'Etioles. Asseniblee de naturalisteset de nie- decins allemands a Berlin , etc. , 710. AsTRONOMIE , 75 , 254 , 537 , 718. Atlas geograpbique et statistique du royaume de Pologne, parJ nles Colbcrg, 427- — des oiseaux d'Europe , par J . G. Werner, 72S, Attaque des places. Voy. Vauban. Auber. Voy. Nominatioks acadehi- QL'ES. Audouin. Voy. Annales. 87)5 Augoyat. Voy. Vaulian. Alstbalasie, .523, 786. Autocrate (L') de village, on I'Art de devenir ministie, par J. G. Rluller, liaduit delalleniaiid par M"e S. U. Dudrezene, 216. Aulopsie (L'), considerec par le peiiple anglais comnie un sa- cii!ege,lrouveun di.fenseurdans le parlenient , 236. Avenel (M.), G. — A., 524, 661. — N. , 266. Aventures niilitaires ( Dpuze ans d'), etc. , 154. Ataola [Gonzalez). Hornaguera y literro, etc. , 170. B. Bagutti (Josc(ib). Voy. Sourds- niuets. Baini (Joseph). Voy. Memoires historiques. Balbi (Adrien). Foy. Empire russe. Baleine ( Squeletted'une) , expose a Paris, S08. Banim. Voy. Bataille. Banquet mensuel de la Revue En- cyciopedique, 546. Banquier. Voy. Manuel. Baour-Lorinian (P. M. L. ). Les INouveaux Martyrs, satire, 210. Legendes, Ballades et Fa- bliaux, 5o4. Bardin ( General 1. Voy. DiclioD- naire de I'armee de terre. Barras ( F, P. T. ). Voy. Gastral- gies. Barrey ( B. de). Voy. Petition. Bataille (La ) de la Boyne, ou Jac- ques II en Irlande, par Banim , Iraduit en i'rancais par Defaacon- pret , 2i5. Baude (J. J.), G. — A., 3o5. Bayeux (Ville de). Voy. Pluquet. Beaumont (M"' Elie de). Lettres du marquis de Roselle , 212. Beauvais (General). Voy. Dicliiui- naire historiquc. 85G TABI-E AI\ Beaux-Arts, 218, aSS , 44o ? 5i5, 527, 554, 777. Becquerel. Voy. Nominations aca- D^MIQCES. Belf.es-Fvktthes. Toy. Litt^ratche. Belloc ( M"'" Loiiise Swanton ) , C. — B.,i56, 421 , 6f)3, 696 , 702 , et les articles signcs l. sw. b. Berchoux. CSiuvres, 20S. Berger de Xivrey (Jules). Recher- ches siir les sources antiques de la litterature francjaise,^ 498- Bergery (C. L. ). A'oy. Economic industrielle. BerggrenT ^"oy. Maniiscrits. Bernard (Jose])!!). J'oy. Bon sens. Berthault-Ducreiix (A. ). Des gran- des routes et des chemins vici- nanx , A. , 3o5. Bertliuld von der Nidda , ou la Horde de la Foret-Noire, traduit de ralleinand de Hildebrandt, par Jean Cohen , 5io. BerviUe, C. — M. , 273. Bescher. Th(iorie nouvelle et rai- sonnee du participe franc^ais, 763. Betes a comes et chevaux dans le royannie des Pays-Bas , 797. Biagioli (G.). Granimaire italien- ne , etc., 761. — Preparation h I'etnde de la lan- gue laline , etc. , 761. Bible , 7 17. BiBLIOGRAPHIE , l46 , 2I7, 407? 689, 809. Bibliotheque des Connaissances amusantes, 6i)3. BlOCRAFHIE, 1C9, 2o5, 273, 324, 434,458,489,495.497- Biibeck. Voy. Incendie. Biscarrat (F.). Manuel du style cpislolaire , 764. Blain ville ( Ducrotay de). V. Cours de pliysioliigie. Blanqui (Adolphe), C — M., 34. Bodin (Jcan-Fran(;ois). Foy. Ne- CaOLOGIE. Bonafous (Malhieu). Vo-j. Chlorure de chaux. F'o). MOiier sauvage. ALITlyUF. Bonafous ( Malliieu). Voy. Cus- culte. Vo>f. Carrier. — ■ — ■ Vo^j. Agiiculture. Bon sens (Lc) d'un liomine de rien , etc. , par Joseph Bernard , 750. Sorcheli {Giovanni). Le fanlasie , 783. Borneo ( lie de ) , G12. BoTAMQUE, 79, 80, 628. Bouchene Lei'er, C. — B. , 4S7. Boudhisme. Foy. Uphani. Bouilly. Voy. Deux Nulls. Bourgeolse. Voy. Vade niecuui. Boyeldieu. Voy. Deux Niiits. Brachet (J. L. ). Voy. Opium. Bracy-Clarck. Voy. Pharmacop^c veterinaiie. Braulf. Voy. Christine de Suede. Braun ( J. B. M. ). Slatislique coD- stitutionnelle de la Chambre des Deputes, 754. Bris, C — B., 224. Brisson (B.). Voy. Navigation in- terieure. — /-^ly. Canaux. Brog'.ie (Due de). Voy. Observa- tions. Brongniart (A.). Voy. Annales. Bronikowski ( Alexandre ). Foy. Reclamations. Biunet (Wladimir). Foy. La Ro- chefoucauld. Bulletin bibhoghaphique (III) : Allemagne, 169, 4 3o , 710. — Espagne, 170. — Elats-Unis, 146,407,689. — Fiance, 179, 460, 727. — Grande-Bretagne , 147, 4'05 693. — Italie , i(i6, 449, 718. — Pays-Bas, 175,453, 723. — Pologne, 427. — Russie , 157, 423, 702. — Suede, 707. — Suisse , 1 63 , 44 ' , 7 1 7- Burchardi'!! Travels in Arabia, 694. Burhc's speech to llic cfeclors of Bris- tol, 407. Bydragen tot ltd oudc Slrafregi in Belgie, 456. DE? MATIERES. 837 Cabinets litteraires de Plaisaiice, 53i. de Parme , 532. Caillaii ci Guillon. Collcclio sele.cta S. S. Ecclcsice patrum, etc., 227, -8 2. Calendiier (Le) du Berger, par Ja- mes Hogg, JO I. Cambessede'i. Memoire sur la fa- niille des sapindacees, 538. Canaux (Essai sur I'art de projeter les ) a point de paitage , par Du- puis de Torcy et B. Brisson , 187. Capiiron (J.). J'oy. Acconchenient. Carrier ( Amans ) , deuxieme lellre k M. Math. Bonafous, sur I'edu- calion des vers a soie, etc. j 465. Carte topograpliique du cours du Rliin , 159. — generate de Paris, 478- Castellano ( Piciro). Niiovo Spcccliio geografico , etc., 168. Catholic stale wagf;on , iSi. Cauvin (Th.). Stalistique de I'ar- rondissenient de Maniers, 192. Celleiier ( J. E. ). De I'originc au- thentique et divine du Nouveau- Testament, 717. Chambbe des Deputes. Foy. Braun. — des Pairs, /^oy. Lardier. Chapuys-Montlaville. Histoire du Dauphin6 , 2o5. Charbun de terre (Du) et du fer , consideres comnie un moyen qui reste a I'Espagne de reparer ses pertes, etc., par Gr. Gonzalez Azaola, 170. Charles-le-Temeraire , ou Anne de Geierstein, la filie du brouillaid, par Walter Scott, traduit en I'rangais par A. J. Defauconpret, 772. Charles Martel, poenie cpique , par E. F. M. Dupre-Deloire, 5o4. Chauvet , C, — A. , 1 20 , SgS, 678. Chemin de I'er ( iVI6moire sur le) de la Loire, d'Andrezieux a Roanne, par Mellet et Henry , 739. Chevreul (E.). /•'by. Chiuiie. Chihie , 184. — (Cours de) fail a la Faculte de niedi^rine de I'nniversite de Pen- sylvanie, par Robert Hare, 689. — ( Legons de ) appliquee i la tein- ture, par E. Chevreul , 466. CiirNE (La) : moeurs, costumes, arts et metiers , etc. , lithogra- phies coloriees, publiees par D. B. de Malpiere , 5i4. CHiRt'Rr.iE, 464- f^'oy. aiissi Scien- ces MEDICALES. Chlorure de chaux ( De I'emploi du) pour purifier I'air des ate- liers des vers a soie, par Mathieu Biinal'ous, 1S6. Christianisme ( Parallele du) et du rationalisme sous le rapport dog- niatique , J...h Tissot , 193. — yoy. Influence comparee. Christine de Suede, drame histori- qne en vers, par feu Brault, 809. CJironique du lems de Charles IX , par I'auteur du Theatre de Clara Gazul , 2i3. Chroniques de France, par M°"= A- niable Tastu , 5o4 5 A. , 678. Chronometre ( Perfectionoement du), par Joseph Croucher, 258. Cicconi (Louis). Foy. Poeme epi- que. Cinq-Mars, ou une conjuration sous Louis XllI, par Alfred de Vi- gny, 509. Ciriacy (De). Foy. Theatre de la guerre. Civilisation (Progres de la) des Indiens Cherokees , 23i. — des ^tats de I'Ouest, des Etats- Unis, 522. — des habitans de la terre de Van Diemen , 523. Clapperton. Second voyage dans I'interieur de I'Afrique, traduit par Eyries et de la Renaudiere, 742. 838 TABLE A> Ctarh's [liiacy) Description of the new eapansion shoe, i;tc., i48. Classbooh [The general), 689. Cloiiifiulot. Fabrication dii sucre do bctteravcs, clc, !\GS. Cloqui't (Jules). Joy. Analomie de riiuuiiiie. Cocliin. f oy. Mendicite. Code dc la bienfaisance, on moyens de secourir les iiidigens , 196. Cobeii (Jean). Foy. Berlbold von der ISidda. Cotberg{Julcs). Alhis krotcslwa pols- hicgo , etc. , 427. College royal de Londres , 525. Colloques snr les progreselles per- spectives d'avcnir dc la sociele , par Robert Soutbey, 6gg. CoLOKiE americaine de Liberia, 234. — FraiK^aise du Senegal, 524. — ( Nouvelle) de Swan-River, ;» nie Melville, 786. Colonies agricoles des Pays-Bas. f'oY. Maiy. — de bienl'aisance des Pays-Bas, 799- . — danoises sur la cole d'Al'iique , 253. — iiiaritimes (Esquisses hisloriques et descriplives des) des Anglais en Anieriqne, par J. Mac-Gre- gor, 411. Colossc (Le) , edifice erige a Lon- dres, renfcrriiant un Panorama perl'ectionne d'apres le plan de M. Hoi'nor , 527. Commerce , 54 , 49 » 45? > 529 , 740. Complot (Lc) do i'amillo, ou le tenis passe, coniedie en vers, par Alex. Duval , 548. Com te. Scenes clove 11 triloquie, 755. Comte (diaries) , C. — M. , 5. Conspiration contre la legitimite des tr6nes ct les liberies des peo- ples , traduil du I'ran^ais en alle- niand , 44 i- — (La) de mil huit rent vingt et un, ou les jumeaux de Chevreiise, par le due de Levis, 773. VLYilQI'K Constant ( Beiijamiu ). I'oy. Adol- plie. foy, Menioiros sur les cent jours. CoNTKs. foy. Romans. — mililaires , l54. — mililaires, par Lombard de Lan- gres , 2i5. — d'un voyageurdansl'Ocean Arc- tique, 419. Coppi (./.). Annali d' Italia , etc., i68. Curneille ( I'ierre-AIexis). Rapport sur le jour de la naissanco de Pierre Corneille, etc., 497- Correspondance de Jean -George Forstcr,avecquelqucs details sur sa vie, 4->5. Costumes nationatix des liabilans de la Souabe , 44o- Coudee tgyptienne , So. Coi/Rsdel'bisloiredela pbilusoplue, par Victor Cousin, 478. (Examen ciitique du ) , par A. Marrast, 479- — d'bisloire nioderne , par Guizot , 489. — de litterature franejaise , par Vil- lemain , 5oo. — dc pbysiologie generale et com- paree , par Ducrolay de lilain- ville , public par Hollaid, 179. Cousin (Victor), fuiy. Couis do 1 liisloire de la pliilusophie. Crapelet (G. A.). L'llistoiredu cha- telain de Coucy et de la dame de Fayel , 767. Croucher (Joseph), foy. Gbrono- metrc. Cnistaces amplii[)odes. I'oy. Milne- Ed\vards. CuLTE. lay. SciENCKS BE I.IG 1 EllSES. Cuscutte ( Note sur un moyen de preserver les champs de la ) , par Bonaibus, 462. D. DasEMAHR . 7'l I . Dante Aligbicri. L'Enfer , traduil p!i fianrais, par A. F. Arl.iud, A., ?>c,i David (Pierre), ^'oy. Alexandreide. Davj' (Hymphrey). f^oy, Nijcbolo- r.iR. Defauconprct (A. J. B. ). La Ba- taille de la Boync, 21/1. — ''by. Chailes-le-Tt'mtTaire. Delavigne (Casiniir). foy. Marino Fa Hero. Delavillc. Une Joiunee d'election , comedie en vers, 55 1. Delechise. f^oy. Pcintnre. Demo.itlienis Pliilipp'uiD , ciir. J. T. TVaemcl , 162. Depping, C. — A. , 612 , et les ar- ticles sigr.es D-c. Dessins d'histoire naturelle faits en Egypte par AI. Iiil'aud , 252. Deux JN'uils, nptia comique, par Bouilly et Scribe, niusique par Boyeldien , 817. DicTioNNAiRE de raimec de terre, on recherclies historiques surl'art inilitaire des anciens et dos nio- dernes, par le general Bardin, 189. — general des communes de France etdesprincipaux liameanx qui en dependent, 191. — franc^ais-arabe. Publication pro- cliaine a Saint-Petersbourg, 24.0. — hislorique , ou Biograpbic uni- verselle classique, par le general Beauvais, 2o5. — hislorique, etc., par I'abbe F. X. de Feller , 4Sy. — ( Nouvcau) des rimes , par P. A. Lemare , 767. — general des sciences pbilosophi- ques, etc., par W. T. Krug, 714. Discours prononce par Fenelon , le jour de la benediction de I'abbc Danibrines, etc. , 498- — sur I'urgeoce de I'ormer une so- eiete pour la fundalion d'ecoles missionnaiies en Afrique, etc. , par .1. ISI. Wainwright, 692. Dix Soirees (Les) nialheureuses, ou conies d'un endormetn-, tra- DES MATIi:iVES. 839 duits de I'arabe, par J. J. Mar- cel, 773. Dorow. Foy. Antiquites etrusques. DkOIT. Voy, JlKlSPRODEKCE. — (Tiaite des prinripes generanx du ) et de la Legislation , par Jo- seph Rey , 4'S2. — CKiMi.N'EL (Recherches sur I'an- cien ) de la Belgique , 456. — penal, 5(5i , 726- Drouineau (Gustave). Foy. Ernest. Droz (.Joseph). Foy. Economic po- litique. Dubrunfaut , C. — B. , 469. Dudrwcne (M"«S. U.). Foy. Au- locrale. Duel politique de lord Winchelsea avec le due de Wellington , 255. — 1 oy. Livingston. Dumas. / oy. Annales. Dupin (Charles), de I'lnstitut, C — M., 49. Dupre-Deloire. Foy. Charles Mar- tel. Dupuis de Toicy. Fo\. Canaux. Dussard (H.), C— N. , 822. Dutens (J.). Histoire de la naviga- tion interieure de la France, etc., 707. Duval ( Alex.), /^oy. Complot (Le) de f'amille. Ecoi.Ecentrale des arts et manufac- tures i'ondee 6 Paris, 256. EcoLEs etablies a Lausanne pour les petits enfans, 244. — missionnaires. Foy. Discours. — primaires dans I'Elat de Nevv- Yoik. Nombre des eleves qui les frequenlent, 7S5 , 78G. EcoNOMiE CIVILE ( Piincipes d'), par Salvatore Scuderi, 721. — iNDusiRiEi.LE, par C. L. Bergerv, 465. — POLITIQUE, 49) 170, 566, 752. (Cours complet d') pratique, par .1. B. Say, A. , 8'-. on Prii'.cipes de la science des TABLE AiVALTTIQtl! 840 ricliesses , par Jotrpli Dvoi, A. , (J29. I'.CONOMIli riDr.lQOE , i^j. ( Histoiie del') en Italic, etc., par Joseph Pccctiio, 442. RURALE, 186, 249, 25l , 4G3. EcossE , 4 '7' f^o^'- aussi Grasde- l{RETAr..\K. Edgewoith (William). J'oy. Nii- CROLOGIE. T&difices publics (Glioix d'), con- struits ou projeles en France, 5 15. EdICATIOiN , 223. — domestique ( De la necessite de 1') pour seconder Tinstiuction pubiique , etc., par A. Gindroz , i63. EgLISE AKCLICANE , I 5 1 , 234 , 457 j 585. if^lection de M. O'Connel, etc., 45/. l^MANCiPATiON dc I'lrlunde , i5i, 204 , 45-. — (De 1'; des calholiqiies en Angle- terre , etc. , M. , 585. Empire russe (L') compare aiix principauxElats dumonde, etc., par Adiien Balbi, 743. Erioser [Dcr) , chi cpisili-clc/,'isclics Gcdicht , von Johann Jacob Gopp, 5i9- . , Ernest, ou les Iraversdusiecle, par Gustave Drouineau , 774- EscLAVAGE dans lacolonieiVan^aise du Senegal , 524. Esneaux (J.). Histoire de Russie , 205. EspAGKE, 170, 532, G61, 696, 727. Iitats-Ums, i4G, 221, 407, 522, 689,784. Ethnugraphie, 449) 64'. i^tienne. Foy. Nominations acade- MIQUES. :^tudes pliilosophiqnes (De la di- rection actuellenient necessaire aux), par ReiU'enberg, 178. Exportations metallurgiques de la Suede, pendant I'annee 1828, 529. Eyries. Foy. Glapperton. Fables nouvelles , par H. Agniel , 210. Famille (La) , par Regnault, 2Ty. Fantaisies (Les), romance, par Jean Borcheli, 785. Faune dc Maineet-Loire, etc., par P. A. Millet, 461. Feller (F. X. de). Foy. Diction - naire historique. Fenelon f oy. Discoius. Fer a chcval expansif , invente par Bracy Clark, i4S. Ferme experimenlale du Verneuil, pres de Bauge (Maineet-Loire), 249. Feiry , C A. , 71. Fievre jaune (Traite de la) , etc. , par J. A. de Reider, 712. Finances ( Expose historique des) dans les Pays-Bas, 725. Fischer (GottheU'). Foy. YamSn- taga. Fleming [John ). A Ulslory of Bri- iisU inihnnls , i^J. Fleurs arlificielles en cire , par M'""' Louis, 2S8. Flottes. Foy. Observations. Forces productives et commerciales de la France meridionale , M. , 49- For.itcrs (Johann Georg) Briefwcch- scl , etc. , 435. Fragmcns de M. Rover - Collard. Foy. Massias. France, 179, 249, 3o5, 374, 46o» 555, 727, 799. Franklin (The) primer; or lessons in spelling and reading , 689. Freedom to catholics consistent with the safety of the slate , 1 5 1 . G. Gage d'amilie, present de N'oel , par Willis , i4''. DES MATIERES Gail (Jean-Baptisle). Voy. Necbo- LOCIE. Gall (Doclcur). Voy. Monument. Carnier (Adolphe), C. — B.,481. Gasparin. Foy. Nominations acadii- MIQtJES. Gaslialgies (Tiaite des) €t des en- teralgifs, etc., par F. P. T. Bar- ras , 46j- Gaymaid. Voy. Memoires zoologi- ques. Geuest,C. — B., 464. Geoffioy-Saint Hilaiie , C. — B., 182. GiioGRArHiE, 168, 4''i437» 2go. Voy. atissi ^ oyaoes. — slatistique ( Abrege elemcntaire de la) de la Suisse, tiaduit de Tallemand dc Marc Lulz, par G. de Vaudoncourt Gls, 44' • Gkologie , j8. — (Objets de ) reciieillis pendant rexpedition de la Clievrolte, SoJ. Gerard, peiutre. Tableau dii Sacre, 554. Gerniains (Les), essai epique, par Charles Marcellis, 7GS. GescliicliUiclw Darstetlung dcrlS'ieder- liinrlisclien Finanzcn, 72,1. Ghirelli (L.). f'oy. Quelelet. Gindroz (A.), f'oy. ijfiducatiun do- niestique. Ginestous ( R. de) Voy. Requele. Goepp (Jeaa -Jacques). Le Ke- denipleur, poeme epico-clegia- qiie alleniaiid, 5ir). Golbery (Pb.) , C. — J]., 162,218, 455,441. Gondinel (Ad.).C. — B., Siy. GhAMMAIRE, 208, 2C)i , 765. — allemaude, par Tandel, 178. — italienne , par G. Biagiuli, 7G1. — russe. Voy. Gretscb. Gbanue-Bretacne , 147, 2j4)4iOj 525 , 690 , 787. Grandsagne ( Ajasson de ). Voy. IchthyoUigie. — — Voy. Manuel de Chiniie. — — Voy. Manuel de Physique. V. Histoire natuielledePline. 841 Gravure, 5i5, 556. Gretscb (Nicolas). Graminalre rai- sonnee de la langue russe, tra- duite du russe en fran^ais, par Ch. Pb. Reitt', 702. Cualemata [Narvallve of an official visit to) from Mc.mco, by G. A. Thorn ji.<:on , 4 16. Guerin. f'oy. Iconographie du rc- gne animal. Guerin , de Mamcrs. Voy. Toxico- logic. Gcerre dans la Turquie, 1 13, 4S7. — d'Espagne, 661 , 696. GuUlon (M. N. S.). Voy. CaiUau. Guizot. Cours d'histoire nioderne, 4S9. Guyard (Robert), f oy. Ricbesse. Guyse (Jacques) Voy. Histoire de liainaut. Gymnase normal du colonel Amo- ros , a Paris, 257. Gymnastique (Introduction dc la) dans toules Ics ecoles publiqncs du royaume de Danemark, 24', H. Hacke (Charles de). Voy. Montes- quieu. Hageau (Ilippolyte). De I'etat des routes en France, A., 5o5. flare (Robert). Compendium of a coarse of citemical instruction, etc., 689. Ilemorrhagies uterines (Nouveau traitement des) qui suivent I'ac- coucbement, etc., par P. T. Tre- ban, i85. Hennequiu (P.). fey. Poetiqueele- nienlaire. Ilenriou de Pansey (Pierre-Paul- JNicolas). f^oy. Nechulogie. Ileury. Voy. Cbemiu de I'er. Hereau (Edine),C. — B.,i58, 426, 509 , 707 , et les articles signes Ilerve (Capitaine). foy. Theatre de la guerre. 54 842 TABLE AJ HiEnoGLYPnrs, 8i. Hildebrandt. f'oy. Bertbold von der Nidda. HisToiBE, 82, ii3, i46, 160, iGS, i^^, ^S-, G6i,6ij6, j56. — philosophique et politique de Russie, j)ar J. Esneaux, 2o5. — de Hussie et de Pierre-le-Grand , parle general de Segur, 2o5. — de la Fologne, avant et sous le loi Jean Sobieski, par N. A. de Salvandy , 491. — de Priisse, par Jean Yoigt, 4^4- — de la revolution d'Espagne et de Portugal, par Schcpeler, 727. — des Franc^ais, par J. C. L. Si- nionde de Sisniondi , A. , 90. — du Daupliine, par de Chapuys- Montlaville , 'io5. — de Hainan t, par Jacques deGuy- se , traduile en frantais , 490. — de la revolution Cranraise , par A. Thiers, A., 574. — de la pi cl'ession de foi dtiposee a Augsboiu'g, en i55o, paries Protestans, par H. W. Rotter- niund , 4'^3. — de la pliilosophie. f'oy. Cours. — et Doctiines du Boudliisme, par Edouard Upham , i48. — ECCLIiSlASTIQlE , 435. — • LITTERAIRE , 45o. NATtlRELLE, 79 , 25 2 , 4^0 , 4 6o , 558, 8o5. des oiseaux^moucbes , par R. P. Lesson, 4^0. — — de Pline, traduction nou- velle , par Ajasson de Grandsa- gne, 5 18. — des anjmaux de la Grande-Bre- tagne , par John Fleming, 147. — du marquis de Cressy , par M""^ Riccoboui, Si i. — (L') du chalelain de Goucy et de la dame deFayel, publieepar G. A. Grapelet , 767. Hogg {James). The Shepherd's Ca- lendar, 701. IloUard. Foy. Cours de Pliysiolo- gie. ALYTIQI E Ilommagesrendus a la mtmoirede Lessing, 245. II6|)ital (Du nouvel), etc. , i Bor- deaux , 7r)5. Ilornor. foy. Colossc. Huascar, on lis Frerrs ennemis, drame, par Charles d'Outrepont , 5oS. Hugo (Victor). Odes et ballades , A. , 125. Les Orienlales , ibid. Humboldt (A. de). Observations relatives a riiiclinaison de I'ai- guille ainiantee, 204. Hydeauliql'E , 469- I. IcHTnvoLOciE (Resume d') , par Ajasson de Grandsagne, 182. IcoNOGRAPiiiE du rigue auiuial, ctc., par Guerin , 180. ImpOts (Les), surtout ceux du commerce, consideres sous le rapport de I'interet general des peuples, 457. Improvisations, 794- Incendie ( Api)areil contre 1') in- vente par le D"' Birbeck, 788. In DES ORIENT A LES, 6 1 2 , 64 1 . India, or Facts subrnillcd to illustrate the cliaracter and condition of lite native inhabitants, by R. Richards, A.,64i. Industrie, 170,4^5, 529, 787. Influence co'iiiparee des dognies du paganisme et du cbiistianisme sur la morale, par J. T-t, 190. Institut. Foy. SuciETts savantes. Instriction (But del'), ou Que fautil appicndre, par Joseph Weitzel, 160. — (Essais sur la philosophie de 1') , 6go. — ELEMENTAIRE , 545. PRIMAIRE, 244 5 689. dans I'Elatde New -York, 780, — piBLiQUK. Joy, LcoLns, etc. Intolerance ( De I'), consideiee coiiime devoir du chretien ; par un catholique , igS. — (Reponse a I'). Voy. Necessite. Inventioxs, 148,2.58,788. Iklande, i5i, 254,535,787. Voy. aufsi Grande- RnKTjtGKE. Itame, iGG, 246, 4495 53i, 71S, llineraire pittoresque du fleuve Hudson et des parties laterales de rAmerique du Nord , par J. Milbert, a 18. J. Janrboehje , -23. Jobert ( Ch.). Traile des maladies cliirurgicales du canal intestinal , 464. JoUois. Menioires sur les antiquites du Donon , 4y5. JouR.iAiix ET Recueils pkbigdiques: — pub Lies en Ayigtclcrrc : The ma- nucl of science and tileraiure , k Londres, 4oi. — publics chez les Indiens Chero- kee s : Le PLenix Cherokee, en anglais et en cherokee, i New- Echota , 23i. — publics aux Elals-Unis : 1 he Southern Review , a Charleston , 4o8. — Tiic American quarterly Review , a Philadeiphie, 4o8. — Le Cuurrier des Elals-Unis, a . New- York, 784. — publics en France ; Annalesdes sciences d'observalion , i Paris , 221. — Les Soirees de Famillc, a Paris , 225. — La Psyche , a Pa- ris , 2s4, 517. — L'Echo, journal du dfipartcment de la Sarthe , au Mans, 5 16. — Annales des scien- ces naturelles, a Paris, 779. — La Tribune des departemens , a Paris , 780. — publics en Italic : Giornale Agra- rio Ibscano, a Florence, 45i. — // nuovo Ricoglitore , ossia Arcliivi ATIERES. 845 d'ogni lettcraltira antica c Moder- na , a Milan, 452. Jubile du docteur Siebelis , a Baut- zen , 245. Julia de Fontenelle. Notice hislo- rique sur les sciences occulles , 755. Jullien (M. A.) , fondaleur-direc- teur de la Revue J'incyclopedi- que, C — B.,777, — N.,S25 (No- tice necrologique sur Alex. La- n)Cth),cl les articles sign(''SM. A. j. — (B.),C. — M., 294. —B., 208. JlHlSPRUDBNCE , 4^2. f^Oy. UUSsi Droit et Legislation. — (Repertoire de la) f^oy. Serieys. — anglaise ( De la) sur les crimes politiques , par de Montveran , 485. K. KirckhofT, C. — B., 713. Kowalslii ( F.). Dziela Molicra, etc., 429. Kozlof (Dasile). Fov. NiScr looie. Krufj'iTF. T.). AUgcmeinc!, Iland- worlcrbtich der ■philoscpltischen TVissauchaften , u. s. \v. , 714 • L. La Mennais (F. de). Voy. Oberva- tions. Lametli (Alexandre). Voy. Nkcbo- LOr.IE. Lamst. Voy. Mac-Carty. Lander (Richard). ^ oyagede Kano a la cote maiitime, 742. Landes (Dissertation lelalive aux) et aux marais de I'ancicn district de Tarlas et de I'arrondissenient de Dax , par Saintourens, 254- Langue ilalienne ( De I'origine el du nitrite de la), par Rcnzi, 5oi. — laline. Voy. Biagioli. — ouololt'. Voy. Roger. Lardior (A.). Ilistoiie biographi- 844 TABLE AN que de la Chanibre des Pairs, depuis la restaiiration , 495. La RochefonrauUl (Due de).Maxi- mcs et lefkxions morales, tra- duiles en grcc moderne, par Wladiniir Brunet, 2?.8. Lasleyrie. Fvy. Anatomic de I'hom- me. Lebrun (Isidore) , C. — B. , 494- Lecteur (Le) perfeclionne , C8g. Lefebvre-Gincau ( L.). Voy. NiScbo- I.OGIE. Legendes, Ballades ct Fabliaux, par BaourLormian , 5o4. LioisLATiON, 5 1 4. Letf^li's7)civ pochcl road booh of Scot- land, 4'7- Lemare (P. A.). Nouvean Diclion- naire des rimes , ~6j. Le Noble (Alexandre), C — B., 495.^ L'Academie des Inscriptions et Belles-Lettres lui decerne le prix d'arcbeologle , S06. Le Roux , graveur. Deux estampos d'apres les tableaux de Duels ti- res de rhistoire de Bianca-Ca- pello, 550. Leioy d'Etioles. Deuxieme Me- moire sur I'aspbyxie, 558. Lessing. /^oy. Hommages rendus. Lesson , C. — B, i83, 221 , 728. — N, 259. — (B. P.). Histoire naturelle des oiseaux-mouchcs , 4^0. Lcilire [Saggio dl) sutla Svlzzera, etc. , 449. — di Sostcnc a Sofia , etc. , 45o. Letlres du marquis de Roselle, par M'"* Elie de Beaumont, 212. — de Junius, traduites de I'auglais, par J. T. Parisot, 757. Levae (Adolpbe). De la peine de mort, consideiee dans ses rap- ports avec I'equil^, la morale et I'utilile publique , 726. L6vis (Due do), /^oy. (',ons])iration. Liberies de I'Europe. Foy. Pradt. Liber scliolasiiciis , or an account of the fellowships, etc., of the ttni- ALTTIQIT, vcrsities of Oxford and Cambrid- ge, 4 18. Library [The) of entertaining Know- ledqc , 695. LiTHOCIlAPIIlE , 5l4. LiTTEHATtRii allemandc, i58, 216, 434 , 5io, 519. — ancienne elas- sique,^i8. — anglaise, i5{, 214, 419,421,439, 5i 1 , 699, -00, 701, 77 '5,772, 774- — arabe , 773. — des Etals-Unis, i/jS, 4o8,522, 784. — franeaisc, i23, 157, i64, 208, 209, 210, 212, 2 1 3, 215,217, 2 23, 224,429,450, 498, 5 00, 5o I, 5o4, 5o7, 5oS, 5o(), 5 1 2, 5 1 7, 548, 55i, 555, 678,764, 765, 767,768, 770, 775, 774, 809, Si 2, S17. — greeque moderne, 228. — ita- lienne, 82,324, 395, 45o, 45 1, 45 2, 5o 1,53 1, 722, 761, 785,794. — orientale, 24o. — ouolofe, /SS. — polonaise, 229, 429. Livingston. Opinion sur le duel et sur la manitre de le reprimer, 196. Livre de classe general, 6S9. Lombard de Langres. Conies mili- taires, 21 5. Louis (M"«). Joy. Fleursartificiel- les. Lucas (Cbarles). Voy. Observa- tions. C. — M. , 56i. Luna-Folliero(M""=Cecile de). V. Pougens. E un male, c iin bene fecondo gli iiomini cii i cnstumi, 45 1. Lutz (M.). Foy. Geograpbie statis- tiqup. M. Alac-Carty (Les), ou Qu'est-ce que les gens com me il t'aut , traduit de i'angiais par Lanist, 774. Mac-Grcgor's [J.]. Historical and descriptive Shetchcs of the mari- time colonies of British America^ 4i.. Machiavel.CHuvres completes, lia- duites en frau(;'ais par J. V. Pe- lit-s, A., 324' Madelaine (J.)- ^".Y- Reclama- tions. Magnier. T'oy. Tolstoy. Maladies du canal intestinal. Foy. Jobeit. Malpiere (D. B. dej. Voy. Chine. Mani'el du Banquier, del'Agentde change et du Courtier, par Ptu- chet, 74o. — de chiniie (Nouveau) appliquie i la medecine, par J. B. F. Ajas- son de Grandsagne , 1S4. — des engagistes et des echangis- tcs, etc., par F. Sergent, 197. — de I'histoiie naturelle des niol- lusques, par Sander-Rang, 727. — du Negociant et du Manufactu- rier, etc. , par Peuchet , 740. — de philosophie experimentale , etc., par J. F. Amice, 748. — de physique (Nouveau) et de meteorologie, par J. B. F. Ajas- son de Grandsagne, 184. — populaire du royaume des Pays- Bas, etc., par E. M., 177. — des sciences et des lettres , et re- gistre de I'institution m^caniquc de Londres, 421. — des sorciers, etc. , 754' — du style epistolaire , par F. Bis- carrat, 764. Makcschits en langues orientales, apportes de Syrie par M. Berg- gren , voyageur suedois , 240. — chinois apportes de Pekin a Pe- tersbourg par I'arcliimandrile Hyacinthc , 240. ■ — historiques de M. le chanoine S. P. Ernst, de Rolduc, 249. Marcel (J. J.). Voy. Dix Soirees. Marceilis (Charles). Las Germains, 76S. Marine des Pays-Bas, 798. Marino Faliero , tragedie par Casi- niir Delavigne , 812. Marins (Les) et les Saints , ou Ma- noeuvies matiimoniales , 4'9' DES MATIERES. 845 Marrast ( A.). Examen critique du Gours de philosophie de M. Cou- sin, 479- Marscli {J. E.). Opcris de rationi- biis , quibiis mors Berotinl est cen- senda , 710. Marsuzi(J. B.). J'oy. Alfred. Martini [Lorenzo). Delia Scienza delCunre, etc., 166. Mary (Edouard). Voyage aux colo- nies agricoles erigees par les so- cietes de bienfaisance des Pays- Bas , 453. Massias. Examen des fragmens de M. Royer-Collard , etc., 479- — Principe de la psychophiloso- phie , sur laquclle repose la science de Fhonime , 479- Mathematiques , 73, 74. Maugham's (Robert). Treatise on the laws of literary property, iSa. Mecanique, 75, 258. — industrielle. Foy. Poncelet. Medecin praticien. Foy. Pierquin. Medecine F. Sciences medicales. Melanges relatifs aux Pays-Bas, par J. F. Willems, 178. — tires d'une petite bibllothe- que, etc., par Charles Nodier, 5l2. Mellet. Foy. Chemin de fer. Mejioire sur les Cent Jours, etc., par Benjamin-Constant, 492- — adresse par une reunion de pro- prietaires de la ville de Paris i la Commission d'enquete, 476. MEUorRES , Notices et Melanges ( I. ) : De I'organisation comniu- nale et departemeutale , consi- deree dans ses rapports avec la representation nationale {Char- les Comte), 5. — Essai sur la re- volution commerciale qui se pre- pare en France {Jd. litanqui), 34. — Forces productives et cora- merciales de la France meridio- nale : Lyon [Charles Dupin) , 49- — Noticesur J. J. Housseau [Ber- ville) , 273. — De I'orthograplie rran9aiseet des relbrnies qu'il est 840 TABLE AI possible d'y introdiiiie (B. Jul- licn ) , 294. — l)e la peine de mint el dii droit dc punir (^Char- les Liicn.i) , 56i. — De I'emanci- palion des callioUques en Angle- terre [ Thomas-Char (es Morgan) , 584. MtiioiBES'BT Rapports de Socitites savaiiles en fiance, 5i5. — de la Societe d'ails et de scien- ces de Bala via, A. , 612. — couionnes, en 1S28, par I'Aca- deiiiie royale des sciences et bel- les-lettres de Bruxelles, 455. — des ecrivains et des savans par- mesans, continues par Ange Pez- zana, 45(). — liistoriqnes et critiques sur la vie , et les ouvrages de J. P. L. de Palestrina , par Joseph Baini , 169. — complets et authentiques du due de Saint Simon sur le siecle de Louis XIV el la regence, 756. — du mareclial Sucliet, due d'Al- bufera, sur se.s campagncs en Espagne, A. , G61. — ' zoologiques dc MM. Quoy et Gayniard , 804. Memoirs of ihc extraordinary mili- tary career of John Shipp , i5/(. Memorle delta rcalc Acadcmia dellc Scicnze di Torino , A . , 7 1 . Mendicity ( De rextinclion de la) , etc. , par Cocliin , 483. — (Exliuclion de la) dans le can- ton de Neufchatel , 245. Mermet aine. Rapport sur les mo- nuniens remarquables de I'arron- dissenient de A ienne, 495. Metahhvsiqde , 748. AIktiiOrolocie , 184, 720. Michelot, C.—- N., 256, 544, 806. Mickieivicz (/^. ). Poezye, 229. Milbert ( J . ). f^oy. Itineraire pitlo- resque. Miliciade genevoise (La) , poeme , par G. Pelit-Senn, i64. Milne Edv>'ards. Monographie des Crusfaces amphipodes , 8o5. ALTTIQUE , Miroir (Nouveau) geographique, etc. , par Pietro Castellano , 168. — (Le) de la tanle Marguerite, et laChandire lapissee, contes, par Waller Scott, traduits en I'ran- (;ais, 772. Molard (Kmmanuel-Francjois. Voy. Nibcjioi.or.iE. Muliere.Qliiivres completes tradui- tes en vers polonais , par Fran- cois Kowalski, 429. Mollusques. Foy. Sander-Rang. Monnaies (Ancienncs) polonaises decouvertes dans le pays des Co- saques du Don , 241. — IVappeesen 1828 dansleroyaume des Pays-Ras , 799. Monnard, C. — R. , i64, 449. Monney. f'oy, RkclamatiOi>is. MonslruosilesdeFespece humaine, 8o5. Monlemont (Albert). Voyage dans les cinq parties du monde, 74i- Montesquieu. Considerations sur les causes de la grandeur des Ro- mains et de leur decadence , tra- duites en alieniand parGharles de Ilacke ,162. Monti. I'oy. Monument. Monument (Projet d'un ) en I'hon- ueur du docteur Gall, 807. — a la niiimoire de Monti, 249. Monumens de I'arrondissement de Viennc. Aoy. Mermet. Monveran (De). ^^oy. Jurispru- dence anglaise. Morale, 196, 228, 48i' More (Thomas), ^oy; Southey. Morgan (Thomas Charles), G. — M., 585. Mort (La) de Henri III, scenes hisloriques, par L. Vitet , 770. Mortalile ii Berlin, f^oy. Marsch. Mortiers hydrauliques. Voy. Treus- sarl. Moulinie. l^oy. RiSclamations. Muller (J. G.). L'Autocrale de vil- lage, 216. Muriel (A.),C. — B., 175. Milrier sauvage (Gompaiaison de DE5 MATIEUES. I'emploi des fenilles de ) , el dc celles du miiriei gieflu , pour la nouriituie des vers i soie, par Bonafous, 25 1. M usee m oral, oupreceptf^srecueillis chez les anoieiis iiioralisles,elc., parCb. S. de L.,48i. Mycologie europeeune, par C. II. Persoon , 43o. N. National Trachten , 44o. Aeiral Officer ( Tlic) , or scenen and ailrcnlures in the life of Fraiili Mildmay , 4i9- Navigation, 54 i , 723. — l^TERIE^RE (Essaisurunsysteine general de) en France, par B. Brisson , 187. de la France. T'oy. Dutens. PAR LA VAPELB, j88. Necessite ( De la ) de ue tolerer que lessectes toleranles , parun honi- me ; en reponse a I'lntoleian- ce , etc. , ig5. Necrologie : Louis Lefcbvre-Gi- neau , professeur an college rojal de France, 261. — Jean-Baptiste Gail, prolcsseur au meme col- lege, 2G4. — Jean-Francois Bo- din, correspondant del'lnstitut, ii Launay, departenient de Maine et Loire, 264. — Pierre Paul-Ni- colas Henrion dc Panscy, premier president de la courde cassation , a Pai is, 266. — Emmanuel-Fran- cois Mo/nrf/j directeur adjoint au conservatoire des arts et metiers de Paris, SSj. — Cliarles-Louis- Ilonore Toromhcrt, jurisconsulte, ^ Lyon , 558. — Le doctcur TFol- laslon, savant Anglais, ti Londres, 819. — Sir Humphrey Davy, sa- vant Anglais, a Geneve, 820. — William Edf;cwnrth , ingenieur anglais, a Edgcvvortli's Tov\n, en Irlande, 822.— Bernard /?fH8. — Casfiai-ln , d'Orange , correspondant de I'A- cademie des sciences de Paris, 8o4. Notariat (Science du). Foy. Serieys. Notice sur J. J. Boiisseau, M., 27.'^. — Slatistiqiie du departement de I'Ain , par A. Puvis , 745. NouVEAii Testameat. I'oy. Cellerier. Nouveaux Martyrs (Les), satire, par P. M. L. Baour- Lormian , 210. NouVELLES. P'oy. IIOMAK.S. SciESTIFIQlES ET LITTliRAIRES' ( IV.) : AiVique , 255 , 524. — Al- lemagne, 245, 790. — Australa- sie ,525, 786. — Da lie mark, 241. — Es|)agiie , 552. ^Etals-Unis, 25i , 522, 7S4. — France, 249, 555, 799. — Grande-Bretagne, 254, 525, 787. — Italic, 246, 55i , 794- — -Paris, 25o, 555, 799- — Pays-Bas , 249 , 797. — Kiissie, 240 , 7S9. — Suede , 529. — Suisse , 244 ? 55o , 792. NcMISMATIQUK , 82, 24l. o. Observations sur la dcrniere cam- pagnedeTurquie, A., ii5. 84 H TABLE AN Observations sur Ic niCme ouvragc. f o\. Tolstoy. — sui railicle de M. le due tie Bro- glie, insi'ie dans la Kevue IVan- (^aise , et lelalil'a I't-xamen de la question de la peine de nu)it,etc., par Charles Lucas , INl. , 6Gi. — suileshistoires de la guerre d'Es- pagne, etc., par J.G. Arglielles, G96. — sur la brochure de M. I'abbe F. de La Mennais, intitule : Des progres de la revolution et de la guerre conti e I'Eglise, par I'abbe Flolles, ~\~. O'Connel. /^oy. Election. Odes et ballades, par Victor Hugo, A., \i7). OEuvRES de Berchonx^ 208. — COMPLETES de Maehiavel , Iradui- tes par J. V. Peries , A., oil^. Oflicier (L') de niaiine, ou scenes et a ventures de la vie de Frank Mildniay, 419. Gibers. Voy. Nomikations acadiSmi- gi'ES. Opium ( De remploi de 1') dans les phlegniasies des menibianesmu- queuses, etc. , par J. L. Bracbet, 753. Organisation (De 1') coniuiunale et deparlenientale de la Fiance , consideree dansses rapports avec ia representation natiouale,]M.,5. Orientales (Les) , par Victor Hugo, A. , 123. Ornitoologie , 460, 728. Orthographe fran^aise (Reforme del'), 208. ( De 1') et des reformes qu'il est possible d'y introduire , M. , 294. Outrcpont ( Charles d'). Voy. Iluas- car. Palestrina (J. Pierre-Louis de). Voy. Menioires Listoriques. Parent Real , G. — N. , 270. ALYTIQIE Paris, 195, 25o , 4/^, 4785 535, 79f»- Parisot (J. T. ). J'oy. Letlres de Ju- nius. Participe franrais. f oy. Bescher. Palin (1L),C. — B., 214. Pauvhes, 196, 245, 455, 483. Pays-Bas, 17.5, 249, 453, 723, 79"; Pecchio (Giuseppe). Sloria dell' cco- nomia pubblica in Italia, 44'" Peike de mort. I oy. Observations. Fay. Levae. Peinture, 527, 554. — (Precis d'un Traite de) , etc., par Delecluse, 777. Pelbaui, traduit de I'anglais en alle- niand, par Charles Richard, 439. Peresde I'Eglise (Collection clioisie des), etc., parCaillau et M. N. S. Guillon , 227, 782. Peries (J. V.). /'oy. Maehiavel. Persecutions religieuses dans le can- ton de Vaud , 53o. Persoon [C. II.). Mycologia curo- pwa , etc. , 43o. Perlinax , ou les Pretoriens , trage- die, par Ainault pt're, 553. Petit-Senn (G.). Foy. Miliciade ge- nevoise. Petition (Deuxieme) a la chambre des deputes, par le baron de Barrey , 755. Peuchet. Toy. Manuel du Banquier. — Voy. Manuel du Negociant. Pczzana {Angela). Mcmoric deglL sail tori e Hi Icrati parmigiani, 45o. Pharmacie. Voy. Sciences medica- LES. Pharniacopee veterinaire, etc., par Bracy-Glarck, 186, PniSNOuiiKES , 532. Philologie, 162, 5i8, 75s, 761. Philosophie, 162, 178, 478,479? 714. — experinientale. /'by. Amice. Philosophy ofinslruclion (Essays on ihe) , 6yo. Phystoi.ocie , 166, 179. — (Gours de) generale et compa- par lee, par Ducrotaydc Blainvillc, ■79- Physique, 75 , 184. Pierquin. Memorial pharmacciili- que du nicdecin jjraticien, 461. Plan routier de la ville de Paris , 190. Plantes rares de I'Asie , etc IV. Wallich, 5 9.8. Pline. f'oy. Histoire naturellc. Pluquet (Frederic). Essai histoii- qiie sur la ville de Bayeux , etc. , 490. PUitarque (Le) des Pays-Bas, 458. Poeme epique improvise par Louis Cicconi, 794- PoKSiE , 123 , 210 , 224 , 0^5 , 45 1 5 5oi, 504, 507, 517, 519,678, 699, 700, 767, 768, 7S3, 794. DRAMATIQDE, 5oS, 548, 55l,55o, 722, 770, 809, 812, 817. Poesies du D'' Sederholm , i5S. — erotiques et aiilres, par P. M. N. Ardant du Picq, 209. — polonaises d'Adam Mickiewicz , 229. Poetique t'lementaire , par P. Hen- nequin , 157. — J oy. \ iollet-Leduc. PouTiQDE, 5, i5i, 199, 201, 024, 407, 444? jSo, 754, 755 , 766, 757 , 780. Polonceau (A. R. ). Observations sur les routes , A. , 3o5. Notice sur quelques parties des travaux hydrauliques , 469- PoLOGNE , 427, 49'. Poncelet (J. V.). Gours de mecani- que industrielle, etc., 735. Pontecoulant (G. de). Memoire relatif a la partie des in^galites de Jupiter et de la terre , etc. , 537. — L'Academie des sciences de Pa- ris lui decerne le prix de mathe- matiques, 54o. POKTS ET CHADSSEES, 187, 3o5, 759. ( Renseignemens sur le service des) en Prusse et dans les Pays- Bas , 737. DES MATIEBES. 84<) PopiXATiON ( Tableau do la ) dr Saint-Petersbourg, 789. — des Pays-Bas , 797. Portugal , 727. Pougens (Cbailcs). Lettres de Sos- tbene a Siiphie, traduitcs en ila- lien parMii'i^Cecile de Luna-Fol- liero , 45o. Pradt ( De). Statislique des liberies de I'Europe , 199. — ■ — ■ Vojage agronomique en Aii- vergne, 729. Preaux. I'oy. Riiclamations. Prix decern^s, par I'Acadeniie des sciences de Paris, 54o. — Par la Society de la morale chretiennc de Paris, 544. — pa'' l'Acad6niie des inscriptions et belles-lettres de Paris , 806. Proceedings and fourtccnlh annua L report of the ioard of managers of the baptist general eonvention, 692. Progresde la litt6rature americaine, 522. Propriete litteraire (Traite des lois de la) , par Robert Maugham , l52. Prusse, 454. Psyche (La). Choix do pieces en vers et en prose , 224. Psycho-philosophic, fay. Massias. Puvis (A.), ^oy. Notice statisli- que. Quetelet (A.) statistiques. — G.— B.,71 Q Foy. Recherches N.,799- 4w26 — Astronomic populaire, traduite en italien , par L. Ghirelli, 718. Quoy. Voy. Memoires zoologiqucs. R. Rapport fait par ISL Ic baron Pas- quier, au noni de la Gom mission 55 85o TABLE &1 cliargec lie I'examcii clt-s ques- (ions iclalives ;i radminislratidii lies loules, A. , 5o5. Rapporl sill I't'tat deselablisseinens il'instiucliun et d'edncaliuii de r]feglis<; lerormee dii depai le- nient de la Seine, 5i5. — sur les tiavaiix lelalifs aux scien- ces nialheniatiques executes, par les officiers dc la Chcviettc, 54 1. Piaspail. J'oy. Saigey. Render ( The improved) , 689. liecherches slalistiques surle royau- nie des Pays-Bas , par A. Quele- let, 175. RtCLiMATlONS ET RECTIFICATIONS : — ausujet d'un article de la Revue encyclopedique sur I'uu des ro- inans de M. Alexandre Broni- ko\'\ski, iS^' — au sujet d'un au- tre article relatif a la Notice de M. Moulinie sur les livrcs apocry- pbes, 260. — relatives i M.Preaux a Toulon, 26f. — relatives au Cours del'histoire universelle de M. Monney, 261. — au sujet du College royal de Londres, 525. — au sujet d'un article sin' la Suisse, 792. — au sujet de I'editeur d'une brochure sur le veritable auleur de I'Imitation de Jesus-Christ, 809. — aupres de S. E. le ministre de la guerre, etc., par J. Madelaine , 755. Kecceils PERiODKicES. Voy. Jouft- NAOX. RliFORMATION, 4^3- Regnault, La I'araille Paul, 217. Jleidcr [J. A. von). AbhandUmg nbcr das gelbc Fiebcr, 712. Reiff. (Ch. Ph.). Voy. Gretsch. ReifTenberg. Voy. !l&i,udes philoso- phiques. — C — B., 179,457,458. — N., 249- Religion. Voy. Sciences heligieu- SES. Renaudierc ( De la ). Voy. Clapper- ton. AL'VTiQI V. Renoiiard ((Jli.), C. — A. , 629. — B.,483, 771. Renzi. Voy. Langue italienne. Requele (Humble) a la chambre des deputes, etc., par Roger de Cineslous ,201. Reuth (Bernard). Voy. N^crologie. Revolltion d'Espagne et de Portu- gal. Voy. Schepeler. — f'ranijaise, 074. — coniiiierciale ( Essai sur la ) qui se prepare en France, M. , 54' Revue encyclopediqce. J oy. Ban quet niensuel. Rey (Joseph). Voy. Droit. Ribes (F.). Voy. Anatoniie patlio- logique. Riccoboni f AI""'). Histoire du mar- quis de Cressy , 5i 1. Richard (Carl). Pelham, oder Be- gegnissc eines TVcllmanncs , 459. Richesse (De la), 011 Essais de Plou- tonomie , par Robert Guyard , 752. Riches ses sociales (Thtorie des), par le comle Frederic Skarbeck , A. , 566. Rickards ( R. ). T'oy. India. Riellel (Jules ) , C. — N. , 25o. Rifaud. Voy. Dessius d'histoue na- turelle. Rigollot nis, C. — B. , 184, 734. — — Second Memoire sur i'an- cienne ville des Gauies qui a porte le nom de Samarobriva, 495. Rjevousky (C. Adam). Voy. NicHO- LOGIE. Roger (B.). Recherches pbiloso- pbiques sur la langue ouolole, 75s. Romans, i54, 212, 2i3, 2i4, 2i5, 216, 2i7,4'9i 509, 5io, 5i 1, 701, 770 ' 77' ' 772 ? 77'*' — (Collection des nieiUeurs) de Walter Scott, Sog. Ross (Capitaine). Voy. Voyage de decouvertes. Rotlermiind {H. TV.). Geschichic des aiifdem Bcichsiage gcsebencu DES MATIERE Glaubcnsbckcntnisscs der Proles- tanton, ^m. •Ruiilin. Memoire siir Thistuiic na- turelle dii tapir, 555. Rousseau ( J. J. ). I'oy. Notico. Routes (Staiistique des) royales dc Fiance , A. , oo5. — Voy. Rappoit. — Voy. Polonceau. — J'oy. Bertbault-Ducieux. — Voy. Hageau. — de I'Jicosse tant grandes que chcniins de traverse, 417. RcssiE, iSj , 2o5 , 240, 4^3 , 702 , 743 , 789. S5l Saigey et Tlaspail. Annales des sciences d'observation , 221. Sailors nnd Saints, etc. , 4i9- Saintouiens. I^oy. Landes. Saint-Simon (Due de). Voy. Me- moires complets. Salfi (F.), C. — B., 444, 5oi, 783 , et les articles signes f. s. Salvandy (N. A. de). f^uy. Histoire de Pologne. Salverte ( Eusebe ) , C. — A. , 574. — — Des Sciences occultes, ou Essai sur la niagie, les prodiges et les miracles, 75S. Samarobriva , ancienne ville des Gaules. /'oy. Rigollot Cls. Sander-Rang. Manuel de Thistoire naturelle des moUusques et dc leurs coquilles, 727. Sapindacees (Famille des). Voy. Cambessedes. Savignac { Alida de). V'oy, Soirees de famille. Say (J. B.). V. Economie politique. Scbepeler. Ilistoire de la revolution d'Espagne etdu Portugal, etc. , 727. Scliriftcn der Gescllschafl zitr Defor- dcrung der Gcschichtshiinde zu Frcyburg , 160. Science (De la) du creur, par Lo- renzo Martini , iGt>. SciKKCKS MEDICAI.KS, 76 , 77, tC)6 , 1 84, i85,465,464, 538,712, 732, 735, 799. MORALES ET POMTIQUES , 84 , ) QJ , 324, 478, 529, 747. NATCRELI.ES ET PHVSIQDES, 7I, 179, 221, 5o5, 612, 710, 727, 779. RBLIGIEUSES, l48, 193, 195, 22", 457, 55o, 544, 717, 747, 752. — occultes. f'oy. Julia de Fonte- nelle. f' ny. Salverte. Scutt (Walter). Voy. Romans. Foy. Cliarles-le-Tem6raire. {■ oy. Miroir. Scribe (Eugene). Foy. Tbeatre. Foy. Deux Nuits. Scitderi {Salvalore). Princi/ii di ci~ vile cconomia , 721. Sedcrliolms Gcdithte, i58. Stgur (General G. de). Ilistoire de Russie et de Pierre-le-Graud , 2o5. Sergent (F.). Foy. Manuel des en- gagistes. Serieys (J. J. S.). Nouveau Re- pertoire de la jurisprudence et dc la science du notariat, y/if). Sbipp (John). Garriere militaire extraordinaiie , i54. Siebelis. f oy. Jubile. Silos aeriferes , 2^9. Sismondi (J. C. L. Siniondede). Histoire des Fran(;ais , A., 90. — — C. — A.,64i. Skarbeck ( C. Frederic), /'oy. Ri- chesses sociales. SoCIETliSSAVAKTES ET d'oTILITE PUBLI- QOE : — aux hides orientales : Societe d'arts et de sciences de Batavia, G12. — en Anglc/errc : Acad6mie royale d'Irlande, 4io. — Societ6 royale de Dublin , 7S7. — ■ en Allenuigne : Societe etablic a Fribourg pour les progres des sciences liistoriques , 160. — So ciete ik raent etablic ipliie, nouvellc- Beilin, 790. 85i XABLE A SoCI^TlJS .SAVAIVTES ET d'uTILITiJ PU- BLIQUES : — "en Italic : Acadi'^mie royale ties sciences de Turin ,71. — fdans les Puys-Bas : Academic royale des sciences et belles-let- ties de Biuxeiles, 455. — en France (;\ Paris) : Institut : Academic des sciences, 200, 53.5, 799. — Academie fiancaise, 256. — Acatjemie des inscriptions et belles-Ietlres , 806. — Academie royale des beaux-arts, 266. — Saciete de la moi ale cliretienne , 544. — Societe pour I'enseigne- ment elemcntaire , 545. — So- ciele [)hilotechiiique , S06. Soirees de faniille (Les), ou Lec- tures h mesenfans,parM'»'' Alida de Savignac , aaS. Sorciers. Voy. Manuel. Sources antiques de la litterature l'ran(;aise. Voy. IJergerde Xivrey. SoiiRDS-MUETS (De I'etat pliysique, inlellectuel et moral des), etc. , par Joseph Baguiti, 719. Sottthcy [Rohert). Sir Thomas More, or Coloquies on the progress and prospects of society , 699. — All for love, or the Sinner welt saved, 700. 1 Slassart , C. — B. , 459 , 727. Statistiqde, 175, 178, 182,427, 44 1,449> 713,743,745,785,786, 7^9' 7971 799- — de I'arrondissement de Falaise, 474- . — (Essai sur la) de Tarrondissement de Mamers , par Th. Cauvin, 192. Sterh (E.). De Belasiingcn, etc., 457. Sterne. / oy. Tristram Shandy. Style epistolaire. ^oy. liiscarrat. Snchet ( Marechal) , due d'Albu- fera. Memoires, A., 661. Sucre de betteraves. Foy. Clemen - dot. Suede, 529, 707. Sneur-Meriin, C. — B. , i^i , yi?. NALVTIQUE Sl'isse, 1 63, 244', 44 '5 530,717,70a, — ( Essai de lettres sur la) : Canton de Grisons, 449- SuMATBA (lie de) 616. T. Tableau du sacrc. Foy. Gerard. Talcs of military life, \5\. — of a Foyager to the Arctic Ocean, 419. Tandel. F, Grammaire allemande. Tapir (Ilisloire naturelledu). F. Koulin. Tastu (M"" Aniable). Chroniques de France, 5o4 , A., 678. Ti cHNOt.or^iE. F. Arts industbiels. Teniminck. Foy. Werner. Tekre de Vam Diemen , 520. Testament curieux d'un Anglais, 237. TheStre d'Eugene Scribe, 770. — de la guerre autrichien el russe dans la Turquie d'Europe , par Ciriacy, traduit de rallemand par Ilerve , A. , 1 13. ThiUtres de Paris, 548, 809. Tliicis ( A.). Ilistoire de la revolu- tion frangaise. A., 374. Thompson (G. A.). Foy. Guate- mala. Tissot ( J...h). Foy. Christianisme. TopoBHAPHiE, 159, 191, 193,417, 478. Topographischc Carlo des Rheins- troms , 159. Tolstoy (.1.). Replique k la reponse de M. Magnier aux obervations d'un officier russe sur la dernlere campagne de Turquie, 48". Torombert ( Charles -Louis -Hono- re). / oy. NiiCROLor.iE. Toxicologic (Nouvelle), ou Trait6 des poisons et de I'empoisonne- ment , etc., par Guerin , 732. TraductiOivs. — en cdlemand : de I'anglais , 439- — dii I'rancais, 162, 444- — en anglais : du clierokee, 201 . — en fruncais : de Tallemand, ii3. DES MAT 216, 44'» 5io, 727. — de I'an- [ glais , 2:4 » Sog, 5i 1 , -42 , 757, 771 , 772, 7-4. — de I'aiabe, 773. — de I'italien 524? ^gS. — du latin , 4gO) SiS- — en grcc modernc ; du franrais, 228. — en rialien : du franrais , 45o , 718. — en pofonais : du fran(;'ais, 429. Traite des noils, f oy. Esclavace. Transaclions of the royal Irish Aca- demy, 4 10. Travaux hydiauliques. Voy. Polon- ceau. Trehan (P. T. ). Foy. Hemorrha- gies uterines. Tremblement de terre dans le royaume de Murcie, 532. Tieiissart (General). !Menioiie siir les mortiers hydiauliques, 4^9- Tristram Shandy, par Sterne, tra- duil en fran(^ais, 5 11. TuHQuiE , 1 13 , 487. Twclne year's military adventures , .54. Typor.RAPHiE ( Essai philologique sur les coniniencemens de la) a Melz et sur les imprimeurs de celte ville ,217. U. Uneannee a la canipagne, parM"" Anlonia M. , 607. ■ — Journee d'elecfion. Foy. Dela- ville. Univehsites : Oxford et Cambridge, 4i8. Upliani's History and Doctrines of Dudhism, i48. V. Vade-mecum du jcune medecin , par Bourgeoise , 184. Vaiiban. Tiaitede I'attaquedcs pla- ces , par le niareclial de Vauban , publie par Angoyat, 47 •• 1ERB6. 855 Vaudoncourt ( G. de ) flls. V. Geo- graphie statistique. Ventriloquie- Voy. Comle. VcrbandcUngcn van liet Bataviaasch genpolschap van kiinsten en we- tcnschappcn , A., 612. Vebs a soie, 186, 25 1 , /(63. Versammlung [Die] deutsclwr Na- iurforsclicr and Aerzlo in Ber- lin, etc. , 710. Verschivcirung gcgcn die Legitlmi- iiil, etc., 444- Yigny (G. Alfred de). Voy. Cinq Mars. Viilemain.Cours delitteraturefran- (;'aise, 5oo. Villerme. Memoire sur la distribu- tion, parmois, des conceptions et des naissances de rhornnie, etc., 799. Viollet-Leduc. Precis d'un traite de poetique et de versification, 765. Vitet ( L. ). La luort de Henri III , 770. Voigl {Johann). Gcscliichle Preus- scns , 434- Voyages. — de decouvertes du capitaine Ross dans les mers Arctiques, 788. — de Mexico k Guatemala, par G. A. Thompson, 4i6. — (Second) dans I'interieur de I'AIVique, par le capitaine Clap- perlon , 742. — agronomique en Auvergne , par de Pradt , 729. — en Arabic, etc. , par feu Jean- Louis Burckardt, G94. — dans les cinq parties du monde , par Albert Montemonl, 741. — ( Ilistojre generale des). lay. Walkenaer, iji. W. Waemel (J. T.). Voy. Demosthe- nes. TVainivrighl's Discourse on the occa- 854 TABLE AI 4/on of forming the african mis- sion-school society , 692. JVcitzcl [Joseph). TJ'as soil man Icr- ncn, Oder Zwcch dcs Unterrichls, 160. Walkenaer (C. A.). Ilistoire gent- rale (les voyages, 471. TValtich {N.). PlanlaeasiaUcae, etc., 528. Werner (J. C). Atlas des oiseaux d'Euiope, pour serrirde comple- ment au manuel d'ornithologle de Teniminck , 728. TVillems (J.F.). Meni^cUngen van Vadcrlandschen Inhoud, 178. ALITiyUE nillis. Ths Token , i^G. WoUastou. Foy. IVecrolugib. YamAntaga (Notice sur Ic ) , idole rare du Museum d'histoire nalu- relle de Moscou , par G. Fiscber, 423. ZooLOGiE, 147, i8o, 535, 693, So4, 808. FIN DE LA TABLE DU TOME XLll. SUPPLEMENT &.VX ERRATA DU TOME XLI. Cahicr de Fevrieh. Page 5ii , I. 36 , accuse, lisez : accuses. Cablcr de Mabs, Page 725, 1. 11, mais il nous a paru, lisez : mais cet opuscule nous a paru; p. 802, derniere Hgne, apres ces mots, de les desunir el, ajoutez : d'accaser le rol dcs persecutions dont habctlc est victime. ERRATA DU TOME XLII. Cahier ^'Avhil. Page 65 , 1. aS, 758, lisez : 1758. Cahier dc Mai. Page 354, 1. iif vos lellrcs, lisez : nos lelires ; p. 484, 1. i4, de dcplaccment, lisez : du deptacemcnt ; ibid., 1. 35, ct par deinander en verlu dc lois, dont les prescriptions tcnaient a un systeme d'idees, qu'on H applique plus qu'cn partie le renvoi, etc., ponctuez cetle phrase de la ma- niere suivante : ct par dcmander, en vcrtu dc lois dont les prescriptions te- naicnt a un systiinc d'idees qu 'on n applique plus qu'en partie, le renvoi, etc. ; p. 486, 1. 56, cst-cc done (l dire que I'on ne puisse uppliquer pour le tnoment que des principes palliatifs, lisez : cst-ce done a dire que I'on ne puisse ap- pUquer pour le moment des palliatifs, etc.; p. 5o3, I. 36, et le vcngcr, lisez : et le verger. Cahicr de Juin. Page 7o3, 1. 22, Methodius, lisez : Methodius; p. 704, 1. I, Lizania, lisez : Zizania; ibid., 1. 26, svolanshaya, lisez : slovanskaya ; p. 706, derniere ligne de la note, Jouhovsay, lisez : Jouhovsky; \>. 766, \. \\, le laid est I'essence de ce type, lisez : le laid est I'absence dc cc type. 9 rr PLANTES DE LA FRANCE, DECRITES ET PEINTES D'APRES NATURE. Nouvelle Souscription. Par livraisons de liiiit Planches. LA FLORE ET LA POMONE FRANQAISES, HISTOIRK ET FIGURE EN COTJLEUR DES FLEURS ET DES FRUITS DE FRANCE; PAR M. JAUME SAINT-HILAIRE. 1 7^ et 18 Livraisons. Ces deux ouvrages se continuent avec succes ; les livraisons paraissent tous les inois avec exactitude. On souscrit, a Paris, chez I'auteur , rue Furstemberg, n« 3, Abbaye-St.-Germain, a raison de % fr. yS c. par livraison grand in-8° , pap. Jesus ; de 5 fr., sur pap. vel., in-4°; et de 9 fr. sur pap. vel. superfin , in-folio, — De I'lmpri merie de A. Firniin Didot. ( ^ ) Extrait du Bulletin des Sciences agricoles et icono- miques^ if ?i^ pag. 292. — Sur l^ Flore el la Po- mone. Nous avotts deja fait connaitreles conditions de la sou- scrlption a ce bel et utile ouvrage. Le suffrage de TAcade- mie Royale des Sciences et ceux des plus savants agro- nomes n'ont pas manque a I'auteur, et surtout Ton doit lui savoir un gre particulier d'etrp parvenu a produire un ouvrage, dont I'execution typographique ne laisse rien a^desirer, dont les figures sont tout ce qu'elles doivent etre pour une seniblable collec/iion , a un prix qui ne I'e- loigne pas des homines auxquels clle pent etre utile , et de toutes les personnes qui §!adonnent a la culture des fleurs et des fruits. Nul doiite aussi que tons les ama- teurs, tousles proprietaires qui habitent leursterres, ne s'empressent de se le procurer. » Extrait des Annales des Sciences d' observation, n° 4 5 P^g^ 1 1 3. « Differents pays de I'Europe possedent I'icpnographie xlc leur Flore et deleur Faune. L'Angleterre se distingue aujourd'liui par le luxe de ces sortes de publications, et deux ou trois joui'naux mensuels y sont destines a nous faire connaitre, par de belles figures coloriees et par de bonnes descriptions, les plantes exotiques que Ton est parvenu a cultiverdans les jardins ou a faire fleurir dans les serres. L'esprit national protege, chez nos voisins, ces entreprises somptueuses, qui, a leiJftour, propagent le goLit de la botanique dans cette classe de lecteurs que re- bute I'appareil technique de nosSjstema. Nous avons en- tendu dire que depuis la publication du jSotanical Ma- gazine et du Botanical Register, de simples amateurs ( 3 ) ont rapporte en Angleterre, soil du Bertgale, soil dc rAinerique, etc. , plus de plantes reniarquables que les voyag(*urs scientlfiques eux-memes. La France, jusqu'a presetit , s'est montree moins empressee d'encourager nos iconographes.Dcpuis la Flore Jrancaisedehamarck^ nous ne niariquons pas de compilations qui, sous des noms differents, nous reproduisent le catalogue de nos richesses vegetales. Mais les auteurs n'ont d'autre res- source, pour indiquer une figure qu'il soit loisible au lecteur d'aller confronter, que de citer AUioni, Fuchs, Mathiole, Jacquin, Villars, Gouan, et une fouled'au- tres ouvrages ou trop chers ou bien peu faciles a se procurer, et dent les figures surannees laissent souvent autant de doutes que la description qui y renvoie. «M. Jaume Saint-Hilaire s'est propose de reinplir cette hicune en France, etde niettfe la connaissanc-e des vege- taux a la portee de toutes les classes de la societe. L'ou- vragc dont nous amioncons les seize premieres livrai- sons, est destine a completer celui que I'auteur a deja publie sous le nom de Plantes de la France decrites et peintes dapres nature. Ce nouveau travail se pu- blie par livraisons de quatre planches, accompagnees d'Un texte convenable. L'ouvrage aura huit cents plan- ches representant tie douze a quinze cents especes de fleurs ou de fruits. Les figures, que nous avons sous les yeux, rivalisent avec celles des recueils ;jnglais, sous le rapport du dessin et du coloris » II est bon d'obscrver que les livraisons des ouvrages anglais du meme genre sont d'un prix triple de celui des livraisons des plantes de France , ainsi que de celles dela Flore et de la P6mone; etmalgre cette grande dif- ference de prix, les ouvrages anglais ont en Angleterre quatre fois plus dt^ sduscripteurs que la Flore et la Po- (4) moiie en France. 11 faut esperer que beaucoup de per- sonnes riches on aisees s'empresseront de favoriser I'exe- cution d'un ouvrage destine a repandre le gout et la connaissance des plantes utiles ou agreables et de nos fruits les plus estimes. Extrait du Bulletin des Sciences naturelles, n" 4 ■, page 91. « Dans une collection des plantes de la France deja publiee, M. Jaume Saint-Hilaire s'etait occupe des espe- ccs les plus connues; il se propose actuellement de don- ner I'hlstoire et la figure de toutes les plantes qui ne sont pas dans cette precedente collection : sous ce point devue, son ouvrage pourra etre fort utile a la bota- nique francaise, d'autant plus que nous n'avions pas d'ouvrage national sur ces plantes; car doit-on conside- rer comme tels ces ouvrages entrepris sur un plan gi- gantesque et qui n'existent encore qu'en projets prece- des de poinpeuses annonces? L'histoire des campanules est presque terminee. Elle prouve que sous le rapport des productions vegetales, connne sous beaucoup d'autres , la France a ete beau- coup plus favorisee par la nature que les autres etats de i'Europe; car la Flore anglaise ne contient que neuf es- peces de campanules , celle de I'Autriclie quatre, celle du Daucmark douze, et celle du Piemont neuf, inipri- niees en noir, taudis que les deux ouvrages de M. Jaume Saint-Hilaire donnent deja l'histoire et la figure en cou- leur de vingt-huit especes, dont plusieurs n'avaient ja- mais ete figurees ni decrites dans aucun ouvrage. U en reste encore cinq ousix, qui seront peintes ct publiees un peu plus lard. D'ou il resulte qu'en reunissant les figures des plantes de la France a cellcs de la Flore, on (5) aura la collection la plus nombreuse et ia plus complete qu'on ait publiee sur les plantes d'Europe, collection qui sera d'autant plus agreable, qu'on en pourra disposer le texte et les plancbes suivant les families naturelles, ou d'apres le systeme de Linne, ou enfin par ordre alpha- betique, L'auteur de ces deux ouvrages , en donnant des fi- gures et des descriptions faites d'apres nature et com- parees a celles des auteurs les plus estimes , n'a pas cru necessaire ( il I'avait annonce dans son prospectus ) d'y joindre beaucoup de synonymic, de copier les phrases latines des auteurs, de citer des figures souvent insuf- fisantes, attendu que ce travail , recu comme le fruit de I'erudition et de savantes recherches par quelques ama- teurs ou par des botanistes superficiels , ne parait plus que la tache d'uncompilateur, lorsqu'on prendla peine de ve- rifier les citations. II nous sera facile d'en donnerdespreu- ves sans quitter la. Flore /rancaise et le genre descampa- nules: nous trouvonsa la page i-2a du Flora gallica, par M. Loiseleur-Deslonchamps, i" edition , campanula ve- sula. All., fl. ped., t. vii, fig. i, eta la page 124, Cam- panula elatines, Linn., All., fl. ped. t. vii, fig. i. A.insi voila la figure d'Allioni , d'ailleurs assez me- diocre, citee pour deux especes tres-differentcs. Cette erreur n'appartient pas uniquement a M. Loiseleur, elle est aussi dans Willdenow, Species plantarum ^ vol. 1, p. go2 et 916. C'est qu'en copiant dans cet au- teur les phrases botaniques de Linne , M. Loiseleur a co- pie aussi les citations, sans se donner la peine de verifier si elles ctaient exactes. Apres nous avoir renvoye a la nieme figure pour deux especes differentes, M. Loiseleur a cru devoir en conscience nous citer deux figures qui different entiercment , pour une scule el nieme espece. C'est ce qu'il a fait a la page Sao du Flora gallica^ i" edition. On y lit hieracium glaiicum, Allioni, flori pedem. tab. 28, fig. i, et tab. 81, fig. i. I/une de ces figures repr^sente une plante rameuse, tres-^elue, ayant des feuilles ovales, entieres, a la base des pedon- cules; I'autre nous donne la figure d'une plante glabre, a feuilles radicales en touffes; les pedoncules ont k leur base des foliolestres-etroites, entieres ct pointues. Veut- on savoir ce qui a fait commettre une erreur aussi grave h M. Loiseleur? C'est que Timprimeur du Species plan- tarum de Wilidenow a fait une faute d'impression; en citant la planche 28 , il aurait du mettre figure 3, et il a hiis figure i. M. Loiseleur, qui copie ou fait copier fidelement, s'est bien garde de corriger son original. Pour la violette a long eperon , "Viola calcarala. 1. M. Loiseleur cite la figure 692 de Barrelier, Il ne s'est pas donne sans doute la peine d'ouvrir cet ouvrage, car il aurait reconnu que cette figure represente le viola grandiflora de Will., Desfontaines, et de presque tons les auteurs. Elle n'offre aucuti des caracteres que M. Loiseleur signale par la pbrase descriptive qu'il en donne. On pourraitcroireque depuis vingt-cinq ans^ I'auteur a eu le temps de lire son ouvrage et de corriger ces fautes : nullenient. Quiconque voudra se donner la peine d'ouvrir le Flora gallica reimprime en 1828 avec le titre de nouvelle edition, trouvera a la page 1 28 , hiera- cium glaucum , I'erreur que nous avons signalee dans I'edition de 1806. Relatlvement au c. vesula et elatines, M. Persoon a copie Wilidenow comme M. Loiseleur; il est facile de s'en convaincreen ouvrant le Synopsis plantarum ^ t.i, p. 191 et 190. Un releve coniplet de ces sortes d'errcurs formerait un ouvrage assez volumineux. I I ( 7 ) . La Flore fraticaise de M. Loiseleur-Deslongchainps est aussi fautive clans sa nomenclature et la determina- tion des especes que dans la citation des auleurs. Le campanula Bellardi n'est qu'une variete du c. piisilla, voyez Decand., Suppl. a la Flore franc. ^ p. 432. Le c. valdensis ., All., ne differe du c. Rhodii Lolseleur, que parce qu'elle est pubcscente dans sa partie inferieure seulement, dit M. Felix Petit, dans le troisieme numero des Annales des Sciences d' observation. Le crocus tri- phyllus n'est que le crocus versicolor de Gawler. I^e c. multiflorus ne peut etre qij'une forme du c. vernus. J'ai recu, dit-il, ces deux plantes du correspondant de M. Loiseleur. Le calamagrostis donacifor?nis ., Lois., donne pour une espece nouvelle, n'est que Varundo rnauritanica ., Desf. Le cjnosurus fertilis est un double ejnploi du c. elegans, Desf. JJeupatoriuin soleirolii, Lois. , n'est pas meme une variete de Ve. cannabinum. l^ous ne suivrons pas plub long-temps M. Felix Petit dans rexam^ndu travail de M. Loiseleur-Deslonchamps , dans cette longue suite de meprises, de doubles emplois, de negligences, comme il les appelle, qui remplissent les pages 460 a 4^8 de I'ouvrage precite, d'autant plus qu'il promet une suite de pareilles remarques, et qu'il trou- vera facilement les moyens de tenir parole dans les tra- vaux de M. Loiseleur. Nous tenninerons par une obser- vation tres-curieuse : « M. Loiseleur, dit-il, m'accuse « de legerete, pour avoir mal comple, lorsque j'ai dit « que sa Flore francaise contient 4100 especes; je sujs « bien plus coupable qu'il ne pense, car je n'ai point « compte du tout, etc'est d'apres lui-meme que j'ai in- « dique ce nombre. Est-ce que M. Loiseleur n'a point lu « sa preface? S'il prend un jour cette peine, il y verra, « page i'% lignesio et 11, ce nombre indiquepar lui. » i 8 ) M. Loiseleur et sa preface rappellent un archevequc tie Paris qui, ayant signe et public un mandement, de- inanda a Piron s'il I'avait lu. Ce poete lui reponditrEt vous-meme? monseigneur. Adanson , qui avail devance son siecle par la profon- deur de ses vues en histoire naturelle et par ses excel- lents principes en botanique, ne considerait les auteurs de ces collections de citations et de phrases botaniques que comme des nommeurs de plantes, «parce que ces iffiora, hortus, botanicon^ ne sont, dit-il, preface des « Families des Plantes^ vol. t, page cxlj, que des copies « des phrases de M. Linnoeus, et de citations tout aussi « inutiles , et souvent eutassees sans choix -et sans con- 'c naissance..... Ces phrases ne sont que comme une « ecorce gangrenee de la science. » Le mal est bien plus grand , lorsque les citations entassees sans choix sont evidemment faussesou erronees. D'apres toutes ces considerations, la synonymie et la citation des auteurs n'auraient pas contribue a rendre plus utiles et plus completes, la Flore et la Collection des plantes, pijisqiie chaque , description est accompagnee d'une figure. Elles auraient pu induire en erreur, si elles eussent ete faites avec la meme legerete et la meme negligence que Ton remarque dans beaucoup d'ouvrages modernes. IMIRlMP.niE DE A. FIRMIN DIDOT, RTJ« JACOll, K 2.4. Avis aox aiutevrs de tx utitebitcrc et]ra?.gebe. Oa peul s'adresscri Paris, par rentremise du BcnEiu cemral be it Rkvue EscvcLOPEDiQt'K , k M. StDiLLOT, LiuaAiBE , pour sc procurer h* divers ouvi-ages etrangers, anglais, alleuiands, italiens, nisscs, polunais, koWandais, etc., ainsi que lesautrcs productions dela litteraturc ctrangrif. I ■ 4 , , , . , Al'X ACADEMIES ET XVX SOCIUTES SAViXTES ue tOUS US poyi. Le« AcadiSmibs ctles SociAtSs savastbs bt d'utilitb plbliqcb , franraii«ts et etrangt'jrcs , sont invitees i faire parveuir esacteuient , francs deporl , au Directeur de ia Revue Encyclopedique, Its comptes rendus de leuis trj»aui ct lc» programmes des prix jjp'elles pioposent , afin que la Retue Duisse Ics faire conoaitre Ic plus proinptenient possible i se* lecteurs. AOX EDITETJRS D'oCVaAGES ET Al'X tIBRAIRE?. MM. tes t'ditcurs d'ouvragcs periodiques , fran^ais et etraogers, qni detireraient echauger leius recueils avcc Ic nOtre, peuvent compter ski- le bon accueil que nous f<;rons a lears propositions d'cchange , et sur une prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et di:« autrc« ourrages , nouveUctnent- publics, qu'ils nous auront adressei. Acs ioiTEVRS DES BECUEILS PKBIODIQUES ES ASGLETEBRB. MM. les ]iditeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre sant pries de faire remettrc leurs numeros k M. Uolasdi, i Londres , n* ao, Boroers-strcct , Oxford-street, qui leur transmettra , chaque Tnois ,. en ediaoge, les cabiers de la Revue Encyclopedique , pour laqucUe on pt-m austii souscrire cbcz lui , soil pour I'annee couraute , soit pour se prccmer les collections des ann6es anlerieures , de 1819 a i8a8 incluslvemeul. AtJX tlBBAIBES ET kVX EDITEURS D'oCYRAGES EN ALLEMIOE ET ES ITALIE. M. E«»'»if«iuM4j^ LiBRALRES citcz lesqucts onsouscrit dam Ics pays ETaAscEiis. Madrid, Deniiee; — Perts. Mfiiilwlni , Artarja ct Fonlainr. Milan, Gii'f,'icr; I'ibmara ; Docca. Mom, Le Roux. Mascou, Gattlier; — lUss pt;rt;etfils. NapUi , JUniel; — Maiotta ct \Vanspan;gnies-Reiiie. Florence, Piatti. — Vleussciix. Franc fort - suv - Mciii, Jugel ; — Schatffcf ; — Biicnner. Gand, Vandcnkerckovuu Ills. Cenive, ClK^rbuliez; — Barbezal ot Uelaiue. La liayc, Ics tVeres Lai)genluiyscn. Lausanne, Fischer. Leipzig, Bj-ockhaus; — G.Zirgcs. f /.(CA-e, Desoer; — Cola: din. Liiuimnc, Paul Martin. Londres, P. liotandi ; — Diitau et C"-- ; — Treuttel et Wiirtz ; — B;jssaiigi-,Barthez, LonellctG'«. COLOMF.S. Cuffddoupe ( Poiiite-k-Pilre), Piolet atn6. 1 te-de-Fra>icc (Port-Loiiis) , E. Burdct. Martinique , TlhaunGni , Goujoux. ON SOUSCRIT A PARIS, I ' :KAHD« JI^DACUOn, BCB o'EnFER-SAlM-y ICnSt. , D" iS, Oil dolvptlt < ire envoyfts y f Vanes dc pwt , les iirrw , dcs.'iui et graruies , dont on desire J'annoiice , et leg Lcttres , M4motj-cs, ISoticen oa E.\trati» dts- tiie^i a <-tr« inserts dansce Rccii«il. A.i.* Galbrijb DK BossAsOK pfcrc, rue Riehelieti , iv >on , n" 17; R«v BTGaAviKB, quat des Auguslios, n' 53 ; Chwles BUCKET, libraire-comm"' , qn(ii de« Aiigustiini. n" 5-; .1, liE.Moi'ABD, rue deTournon^ n' 6; RoiiKT, rue Hautefeullle, n" la; A. B*i;uuciR, I'tib-de Vaugirard, n" 17: D^LAUKAV , PkLIGIKH, PoXTUVr.f , lA 'l i ^. <;.>. ri IiiKrairc, ai Palais-Ruyal ; Lintr.iii. , plane (J-c la Bo