7 LiVRAISOiX, Tome III.— 1829. REYUE ENCYCLOPEDIQ or ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS I.A LITXiRATCRE, LES SCIENCES F.T LES AKTS. 1" Pour les Scierjces physiques et mathcmatiqiies et les Arts industriels: MM, Casaseca, de Madrid; Ch. Duput, Gibabd, Aavieb, de rjnstiUit; J. J. Bacde, Dsbruhfact, H. Dussaiid, FERRy, Frakccecb, Ad. Gon- diket; D. Labdwek, de Londres; A. Michelot, de MoNXGiSity, Mobeju DKJoKNis, Ql'ETELET, TI RlCHARI), W ARDEM , CtC. 2" VoutX^s Scicnccsnaturdlcs : MM. Floiireks, GBOFFROvSAiPd-IIiLAiRE, de rinstitut; Boby de Saikt-Yimcekt, correspondantde I'lnstitut; Mathieu BoNAFOts, de Turin; B. Gaillon, de Dieppe; Isidore Geoffbov Saikt- Hn.AiRE, elc. 3" Pour les Sciences medicates : MM. Damirou , G.-T. Dois, Amkdee DupAU, FossATi, Gasc ; Geeson , de llambourg, de Kirckhoff, d'Anvere; RifiOLLOT fils , d'Amiens , etc. 4° Pour les Sciences philosophiques et morales, poliliqucs, gcograpliiqties et hlstoriques : MM. M. A. Jollies , de Paris , Fondateur-Directeur de la Revue Encyclopcdiquc; Adolphe Blanqvi, Alex, de la Bobdb, Jomabd, de rinstitut; M. AvEnEL, BarbjiS du Bocace fils, Bemjamin Cowstakt, Charles Gomie , Deppikg , Dcfau, DDNofrA, Goigniadt, A. Jalbert, J. LabOODERIE, LaNJUINAIS fils, P. LaMI, LESCEtlR-MEBLIN , MasSIAS , Albert-Moktemont, Ecslee Salvebte, J.-B. Say; Simosde de Sismondi, de Geneve; Wabjikobkh;, de Li6ge , etc; Dupin aine; Berville, BorcHENE-LKFER, Cn. Rrnouard, Taillanbieb, avocafs, etc. 5° Puur la Litlcralure francaise el etrangere, la Bibliographic, VArcheo- logic et les Beaux-Arts : MM. Aisdriecx , AmapryDdval, Emkhic David, Lemercieh, de S^Gcn, de I'lnstitut ; Andeielx, de Limoges ; M""^ L.-Sw. Belijoc; mm. J. -P. Bres, Bubmocf fils, Chacvet; P. -A. Cocpin, Fb. DjiOEoRGB, Ddmkbsak; Ed. Gauttusr-d'Abc ; Ph. Golbeby, correspondant de I'lustitHt; Lbom Halevy, Hejvrigrs, E. HiSreau, Aigu.«te Jcllibk fils, Bernard Jolliek; Kalvos, deZante; Adbien-Laf asck, J.V. Leclerc, A. Mahi'l, D. p. Mendibil; MoR?iARD,de Lausanne; C. Pacanel,H. Patin, Po-iGEHViLLE, DE Reiffenberg ; DE RoDjODX ; deStassabt, de Bruxclles ; Fr. SaLFI, M.SCHIJVAS, ScHNITZLEH, LeON ThiESSS , P. F.TlSSOT, VjCljlEB, VlLLENAVE, etc. A PARIS, AU BOr.EAC CENTRAL BE LA HEVCE ENCTClOpfelQUE , Chez SfeDILLOT, lidraibe, uue d'bnfer-saint-michei, , a" i8; ARTHUS BERTRAND, hcb hadtefeuule , n" 20. JUILLET 1829. IMPKIMERIE DE PLiSSiN ET Clc, ECE TiE VAUUirviKD, CONDITIONS DE LA SOU^CRIPTIGN. Depuis le mois de Janvier 1819, il parait, par annee, douze cahlers de ce Rtcueil; chaque caluer, public le 5o du mois, se compose d'environ i4 feuillcs d'impression , et plus souvetit de i5 ou 16. On souscrit i Paris , chez iSlEDILLOT, au Bureau central d'abonncment tl d'expedition indiq[u6 sur le litre, et chez leslibraires cjrapjts: ARTHUS BERTRAND, rue Hautefeuille , n" aS ; A tA Galbkik dk Bossange pfcre , rue Richelieu , n" 60 ; J. Rbnocaro , rue de Tournon, n" 6; DuBECiL, place de la Bourse. Prix de la Souscription. A Paris 4^ fr. ppur un an ; a6 fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 3o A I'etranger 60 34 En Anglcterre 76 4^ Le montant de la souscription , enroye par la poste , doit fitre adresse d'avance, fbai^c ob port, ainsi que la corrcspondance , au Dlrecteur de la lieuue Fncyclcrpedique, rue d'Enfer-Saint-Micbel , n, 18. C'est i la mSnae adfessc qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravures qu'on vuudra faire annoncer, ainsi que les articles dont on d6sirer3 I'in- sertiun. On peut aussi souscrire chez les Directcurs des postes et chez les prin- cipaus Libraires, & Paris, dans Jes depai'leniens et dans les pays Strangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est ter- rain6 par une Table des maticres alpbabilique et anatytique, qui eclaircit et facilite les recherches. Cette Table est toujours jointe au i^' cahier du volume suivant, 4 I'cxception de la deniiere Table de I'annee, qui est CXp^di^e isolement k tous ecus qui peuvent y avoir droit. On souscrit , seulemcnt it partir de deux 6poques , du i" Janvier ou du i" juillet de chaque annee , pour six mois , ou pour tm an. On trouve, AU BOREAD CBi^TBAL, fes eollectioTis dfis annees 1819, iSao, j8»I, 1822, iSaj, iSa4 et i8a5, au prix de 5o francs chacune. Chaque ann^e dc la Revue Encyctopedique est ind^pendante de» anneos qui precedent, et forme une sorte d' Ann uaire scientiftque et titiiraire, en 4 volumes io-S", pour la piJiiode de tems inscrite sur le titre. REVUE ENCTCLOPEDIQUE. FONDERIE t'OLYAMATYPK DE MAUCELLlX-LEGRAIfD ET C fil K LLI PFT1T-VA( GIRARD , ^° 1 ii. PARIS. — IMPRIMERIE DE PLASSAN ET C Hit DE VAtr.lRABD, i>" l5. / .,lllnlliii1irTI li'lll ■! REVUE ENCYGLOPEDIQUE, ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LES SCIENCES, LES ARTS INDITSTRIELS , LA LITTERATURE ET LES BEAUX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET d'aI'TRE? HOMMES DE LETTRES. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYGLOPEDIQUE, CHEZ SeDILLOT, LIBRAIRE, RUE d'eNFER SAINT-MICHEL, N" i8. JUILLET-SEriEMBRE 1829. • Toiitcs les sciences sont les ramcnux d'line niSnie lige.» Bacon. 0 L'ai't n'est autre chose que le contr6le et le registre des meilleures pro- ductions... A contr6ler les productions (et les actions) d'un cbacun, ft s'engcndre envie des bonues et meprisdesmauvaises.» Montaigne. « Les belles-lettres ct les sciences, bien iludiees et bien comprises, son^ des instrumens universels de raison, de verlu, de bonhcur. » REVUE ENCYCLOPEDIQUE, o u Ai>iALYSES ET ANNOINCES RAISONNEES DES PRODICTIO>S LES PLUS REMARQOABI-ES DANS LA LITT^RATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOmES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DE L'INDfiPENDANCE DES NOUVEAUX fiTATS DE L'AMERIQUE. (premier article.) Lorsque la justice se presente seule ct saos I'appareil do la force, elle trouve un petit nombre de sectateurs qui la sou- tiennent sans bruit; mais la plupart des hommes ne croient pas ii son existence, ou la denient. Si elle se met en etat de guerre avec I'iniquite , elle acquiert des partisans eu raisou dcs forces qu'ellc inanifeste, ou des chances de succes qui sont en sa faveur. Si elle triomphe, tout le monde se declare pour elle , et lui offre les secours dont elle n'a plus besoin. Pour assurer le succes d'unc cause, et pour rallicr a elle To- 6 DE L'lND^PENDANCE pinion de lous les hommes, il ne sulTit done pas de prouver qu'elle est juste, ou que son triomphe doit etre avantageux an genre luimain, il faut prouver de plus qu'elle est forte, et qu'il n'est an inoude aueunc puissance qui ait le moyen dc rempecher de vaincrc. Quand elle a fait une telle preuve, elle pe\it ne pas parler de sa legltiniite. II n'est anjourd'hni, en Europe , aucun peuple ni aucun gouverneuient qui ne reconnaisse la legitime existence des litats Anglo-Americains. Tout le monde rend liomniage au genie de Franklin, a la gloire de Washington: les noms des hommes qui combattirent avec eux pour la cause de I'inde- pendauce, sont reveres chez toutes les nations; etparmi ceux qui s'y opposerent , a peine connaissons-nous le nom d'un seul. Les oHiciers et les soldats qui toaiberent en combaltant pour le roi Georges, perireut sans honneur : dans nos esprils, leurs noms ne peuvcnt s'associer qu'au nom des peuplades barbares auxquelles ils s'associerent. La gloire des premiers et la honte des seconds semblent s'accroitre dans la meme proportion que la puissance des Etats-TJnis. Cette puissance etant invincible, tons les efforts qui ont concouru a I'etablir sont legitimes. Ce n'est pas encore ainsi que I'Europe juge les hommes qui ont combattu pour ou centre I'independance de I'Amerique cspagnole. Pour secouer le joug de la metropole , ils n'ont eu bcsoin ni de moins de courage ni de moins de perseverance qu'il n'en fallut jadis aux Anglo-Americains. II ne leur a fallu ni moins de sagesse ni moins de moderation pour s'organi- secapres la victoire. Cependant, nous ignorons encore les noms de presque tons les hommes qui out pris part a cette grande lutte. Les gouvernemens du continent europoen ne recoivent leurs envoyes que d'une maniere mysterieuse et en quelque sorte clandestine. S'ils placent aupres d'eux des agens pour la protection de leur commerce, ils les y placeiit sous des denominations inusitees et indefinies. Ils cachent les relations qu'ils ('lablisscnt, avec plus de soin qu'ils ne cacheraient de niauvaises actions. Les peuples eux-m§mes semblent partager DES NOUVEAUX JiTATS DE L'AMERIQUE. 7 les mefiances et la fausse lionte de leurs gouvernemeiis; et ceux chez lesquels il existe uiie certaine liberie, et qui jouis- sent d'un gouvernement representatif, n'osent solliciter une reconnaissance fianche et positive des Ltats nouvellement ela- blis. Ce n'est pas que leur independance nous paraisse moins juste que celle des Etats Anglo-Americains ; mais elle nous pa- lait appuyee par une moins grande force, et des lors nous hesilons. S'il etait vrai cependant qu'elle ffit elablie d'une maniere inebranlable, il serait bon de constater cette verite ; car chacun prendrait la position qui lui convient, et tout Ic monde s'en trouverait niieux. Lorsque les colonies anglo-americaines levtrent I'etendard de I'insurrection, elles etaient loin d'etre aussi opprimees que les colonies des autres nations. Elles avaient des as- semblees representatives, dont elles cboisissaient les mem- bres. A I'exception des gouverneurs, qui leur etaient en- voyes par la metropole , tons les I'onctionnaires publics etaient pris dans leur sein et nonimes par elles. La justice s'administrait chez elles aussi reguliereinent qu'elle s'admi- nistre aujourd'hui. Elles jouissaient pleinenient de la liberte des cultes et de la faculte de publier leurs opinions ; les pro- prietes etaient assurees , et chacun pouvait exploiter les sien- nes comme il le jugeait convenable. Les principales charges qui pesaient sur les colonies consistaient dans la necessile de recevoir de la mere-patrie leurs marchandises manul'actu- rees, et de payer quelques inipots, qui etaient absorbes par les depenses qu'exigeait leur suretc. La liberte dont ce» colonies jouissaient etait si grande, qu'apres avoir conquisleur independance, quelques-unes trouverent qu'il n'y avait rien ii changer a leur constitution. Cependant, lorst^u'elles vou- lurent secouer completenient le joug de I'Angleterre , I'opi- nion de la plupart des peuples d'Europe se prononca pour elles, et le gouvernement i'rancais leur envoya unearmee pour les seconder. Aujourd'hui, leur independance parait si juste, quetoutc pretention de I'Angltttencales gouverner scmblcrait Mne cspece de lolie. 8 DE L'INDEPENDANCE Lcs coloiiie? espagnolcs , lorsqu'elles se sont insurgees, t-taient loin d'etre (inns unc situation anssi lieureuse. Divisees en nenf vice-royaule.* on capitaineries, chacune recevait d'Es- pagne un gouvernenr investi d'nn pouvoirabsolu. L'antoiitc de ces gonverneiirs s'l'tcndait qiiclqncfois u iin ra^'on de onze cents lienes. Lcs ronclionnaires dc tons les ordres etaient en- voyes par I'Espagne, de sorte que les colons, sans influence sur leur propre dcstinee, etaient traites en peuples conquis. Lesgouverneurs ou vice-rois etaient quelquefois des hommes probes; mais quelquefois aussi ils se livraient aux extorsions les plus scandalcuses : avec des appointemens de 4ojOoo ou 60,000 piastres, quelques-uns parvcnaicnt, en peu d'an- nccs, a amasser des capitaux de 8 a 10 millions de francs. Un vice-roi, quoique denonce par lcs hahitans du pays, pouvait protester meme conlre les ordres rciteres de la cour d'Espa- gne. II pouvait accumuler des memoires et des informations ; et, s'il elait riche, adroit, ct soutenu a Madrid par des amis puissans, il pouvait gouverner arbitrairement, sans avoir a craindre d'etre oblige de rendrc compte dc sa conduite. L'ob- jet de son administration etant la fortune de sa famille, il negligcait les inlcrets du pays a tel point, que, dans plu- sieurs provinces, on ne pouvait se livrer au commerce faute dc commiuiications , les routes n'ctant que tracoes. La justice etait plus vicieuse encore que I'administralion. Dansplusieurs provinces, la police, le pouvoir militaire et I'autorite judiciaire etaient dans les mains du mOme iudi- vidu. Get individu etant le chef des troupes, n'avait aucune connaissance des lois, et il ctait oblige de prendre des hom- mes de loi pour assesseurs. Si les assesseurs dont il s'etait environne etaient d'nn avis contraire au sien , il pouvait les ecarter, et en essayer d'autrcs, jusqu'a ce qu'il en eQt trouve qui partageasscnt son opinion. La facidle dc renvoyer cenx qu'il avait d'abord choisis suflisait pour qu'il ne rencon- trill jamais d'opposilion. La justice etait done administrcc d'une maniere plus arbitraire qu'elle ne Test eu Turquie. En general, ces juges militaires n'ctaienl pas des hommes qui- DES NODVEAUX 1<:TATS DE L'AMl^RIQUE. g aiinassent a verser le sang; inais, sur le luoindre soupcon, sur la plainte la plus legere, ils faisaient -jeter une pcrsoniie dans les cachots. Les >ioe-rois on gouverneius avaicnt tant de niepris pour la siirete individuelle , qut; , dans aucun pays, les hommes n'ont cte arretes aussi logerement. Lorsqu'im homme avail etc mis en prison, il y dcmeurait quelquefbis sept ou hnit ans aYant qu'on jugeut si Ton avait cu raison de I'arreter. La justice ciTile n'elait pas moins lente que la jus- tice criminelle : les personnes condamnees en Amerique en pouvaient appeler en Espagne ; les proccs n'avaient done au- cune fin, et, la phipart du icms, il etait impossible de les suivre jusqn'au bout. Des pretres venus d'Espagne remplissaient toutes les digni- tes ecdesiastiques ; leur mission otait de ne laisser aucune liberte , ni aux esprits ni aux consciences. L'inquisition pro- hibait presque tons les ouvrages produits en pays etranger, et paiticulierement en France et en Angleterre. On ne pou- vait etre medecin sans avoir soutenu une these sur I'imma- culee conception et sur la somme de saint Thomas. Pour etre en surete , il fallait servirDieu , non selon sa conscience, niais selon les regies prescrites par les inquisitcurs. Les.couvens, repandus sur loute la surface du lerritoire , en meme terns qu'iis corrompaient les moeurs et viciaient les intelligences, absorbaient les honncurs et les richesses. Depouiller les fa- milies par les terreiirs qu'iis inspiraient aux mourans, etait le principal emploi des moines. Les biens ravis par des mal- faiteurs ne retournaient jamais aux proprietaires legitimes : par la vcnte des indulgences , I'eglise et le gouvernement entraient en partage avec les voleurs. Les Hispauo-Americains n'elaient pas phis maitres de leurs proprietes que do leurs pensces ou de I'eurs personnes; avec un sol susceptible de produire les denrtes qui croissent sous tous les climats, ils ne pouvaient culliver que celles qui con- venaient a I'Espagne. Les habitans du 31exique ayant planle des vignes, le commerce do Cadix s'en plaignit, et les vignes furent anacheespar ordre du gouvernement. lis n'auraient 10 DE L'INDEPENDAISCE jtas ete plus libres de cultiver des mQiieis on des oHviers; il I'ullait qu'ils tiiassent i\ grands frais d'Espagne, des produits que Icur sol leur aiiiait donnes presque gialiiileinent. Le ta- bac uiemc nc pouvait elre cultivc que dans quclqiies pro- vinces, el il no I'elait qu'au profit du gouverncment espagnol. Tandis que TEspagno arretait ainsi Ic dcveloppement de I'agriculture en Amerique, elle s'attribuait le monopole de la vente de tons les produits manufactures. C'etait done la nation la plus paresseuse, la moins industrieuse el la plus pauvre de I'Europe, qui se cbargeait exclusivement do four- nir des marcbandises manufactnrees au peuple le plus nom- breux de rAmeiique. L'Espagiie, qui est obb'gce d'achetei' h la France ou a I'Angleterre luie grande parlie des objets de ses consommations, se cbargeait de I'ournir aux besoins d'une nation inliniaient plus nombreuse qu'elle. II rcsuUail de ce monopole et des droits de douanes etablls par Ic gouverne- ment espagnol a son profit, que toule marcbandise manufac- luree ctait vendue a un prix enorme dans 1' Amerique espa- gnole. Par la contrebande, ce pays echappait a unepartic de I'oppression que cbercbait a ctablir la melropole; cepen- dant, il n'etait pas rare de voir des bommes couverts de hailions, et ayanl les pieds nus, monies sur des cbevaux avec des etricrs d'argent. Ne jouissant d'aucune securite inlerieure , les Hispano- Americains ne pouvaient pas meme etre proteges a I'exle- rieur par la mere-patrie ; toute puissance aurait pu impune- ment les attaquer et les piller, a moins qu'ils ne se fussent defendus eux-memes ; I'Espagne n'avait aucun moyen de re- sister en Amerique , ni a I'Angleterre , ni a la France , ui aux litats-IJnis. - Les Hispano-Americains, nc rccevant de la incrc-patrie au- cun service, lui payaient ccpendant de lourds inipots. Sui- vant iM. de Humboldt , Ic 3Iexique scul rapportail plus a 1 Espagne que les Grandes-Indes ne rapporlent a I'Angle- terrc. II faut ajouter aux revenus que le roi d'Espagne en re- tiiaii directement , les appointemens qui ctaicnt payes aux DES NOUVEAUX ifiXATS DE L'AMlilRIQLE. ii fonctionnaires, et les dimes qui etaient payees au clerge; c'etait la evidemment un tiibut leve par I'Espagne, puisque toirs les fonctionnaires venaient de ce pays. L'Espagne ne remplissait done, a I'egard de ses sujets d'A- merique , aucun des devoirs d'un gouvernement : elle etait incapable de les proteger contre une agression etrangere; elle etait incapable, par la distance a laquelle elle se trouvait et par la nature de son gouvernement, de leur rendre justice, de proteger leurs personnes ou leurs proprietes, ou de rem- plir aucune fonction publiqne avec aucun avantage pour eux. Or, quelle que soit I'opinion que Ton adopte sur le principe des gouvcrnemens ou sur les droits des nations, il est une verite qui semble au-dessus de toute contestation, c'est qu'un peuple a le droit de se gouverner lui-menie, quand ses gou- vernans, non-seulement ont cesse de remplir leurs devoirs, mais sont meme devenus incapables de les remplir. Si I'au- torite de I'Espagne en Amerique etait fondee sur une reci- procite de devoirs et d'obligations, cette autorite s'est eva- nouie quand les devoirs ont cesse d'etre remplis de la part du gouvernenient espagnol. Si elle n'avait pour base que la force, elle s'est evanouie avec la cause qui I'avait fondee. Remarquons cependant que les colonies espagnoles n'ont pas secoue le joug de I'Espagne uniquement, pour se sous- traire au paiement de quelqnes impots , comme les Anglo- Americains, ou pour ecbapper a la tyrannic des inquisiteui-s ou des vice-rois. EUes n'ont pris en main I'administration de leurs propres affaires que lorsque I'incapacite du gouverne- ment de la metropole a ete bien constatee , lorsqu'il a ete prouve , par les faits , que I'Espagne elle-mcme echappait a Taction de son gouvernement. Quelle etait la conduite que pouvaient tenir les Hispano- Americains, lorsque I'Espagne eut ete envahie par les armees de Napoleon, etque la marine angiaise cut coupe toute com- munication entre eux et la mere-patrie? Devaient-ils voir le gouvernement dans Charles IV, envoye a Rome? Devaient- il? le voir dans Ferdinand, detenu a Valencav? Devaient-iU I a DE L'INDliPENDANCE le voir dans Ic roi .loscph Bonaparte, dans les Cortes refu- pioes a Cadix, on dans les {jneritlas relugiees duns les mon- tag;nc.-'.* II lenr etait inipossihle de le voir dans ancnn de ces individus on de ces corps, puisqne, dans auoun, ils ne pon- vaient trouver aucune antorilc protectrice. B'aillenrs, I'auto- rite de Charles IV n'otait pas reconnue par son fils , et I'au- torite des Cortes, la seulc qui jouit de quelque independance, n'elait adniise ni par I'nn , ni par rautre. Lorsqne Ferdinand, apres avoir ete place snr le trune, eut relal)li le ponvoir al)Soln et cnvoye aiix bagncs les nieinbres des Cortes qui avaient defcndu sa conronnc, son aulorite n'e- lait pas encore bien claire ; car son perc etait vivant , et I'exis- tence du ponvoir absolu n'etait pas hors de doute. Lorsqne, bientot apres, le gouvernement representatif eut eleretabli, en qui residait le pouvoir legitime, suivant les partisans du ponvoir absolu? Ce n'etait pas dans les Cortes; la potencc de Rit'go en est la preuve. C'etait sans doute dans Ferdinand; mais Ferdinand etait rediiit a I'impuissance, du moins il I'as- surc aujourd'hui. Si nous I'encroyons, non-seulement il n'a pas I'ait un acte librc pendant la dureedes Cortes, mais il n'a pas dit publiqucment un seul mot dc verite. Or, il etait dif- ficile que les colonies espagnoles reconnussent un gouverne- ment dans un homme qui ne pouvait ni agir, ni parler, on qui du moins ne parlait que pour dire le contraire de sa pensee. II est vrai que Ferdinand et ses conseillers disent aajour- dluii qu'il a repris son pouvoir absolu, et qu'il est parlaite- mont libre; mais cela n'est pas evident pour le monde. S'il a pu etre esclave an milieu de ses sujets, et s'il a pu elre con- traint par la peur a dire pendant plusieurs annees ce qui n'etait pas la verile , conmicnt pent-on done avoir la certitude qu'il est librc an milieu des pretres et des moines qui I'environ- nent? Qui pourrait garanlir qu'il ne dementira pa« un jour sa conduile et ses paroles actuelles, comme il a dementi sa con- duilc et ses paroles passees? N'a-t il pas deja pris soin de nous annoncer qu'il pourrait venir un terns oii il agirait ct DES NOUVEAUX ^TATS DE L'AiAII^lRlQUi;. i3 pailerait conlie sa pensee? Qui pounait assurer que ce tcms n'est pas arrive? En proclamant leur independance, ct en instituant des gouvernemens, les Hispano-Americains n'ont done obei qu'a la necessite. Ce ne sont pas eux qui ont de- Iruit I'autorite du gouvernement espagnol : ce gouverncment avait cesse d'existerpar sespropresfautes, et sans leur partici- pation. Mais le gouvernement d'Espagne n'est -11 pas I'onde du moins ;'i vouloir remettrc sous le joug ses anciennes colo- nies ? Pour se convaincre combien pen sont fondees les preten- tions que I'Espagne conserve sur la plus grande partie dc I'A- merique , il sufTit de se faire un petit nombre de questions. L'Espagne peut-elle, par son Industrie , fournir a tous les be- soins qu'ont les Hispano-Americains de produits manufactu- res? Peut-elle absorber Texcedant de leurs produits agricoles et leur fournir des valeurs en ecbange ? A-t-elle les mojens d'ctablir tliez eux un gouvernement protecteur et regulier? Peut-elle assurer leur protection exttrieurc? II n'est pas une de ces questions qui ne doive etre resolue d'une maniere ne- gative. De la nous pouvons tirer la consequence que, pour I'Espagne au moins, le systemc colonial est ruine sans retour. Nous avons vu que I'independance des nouveaux Etats americains a ete fondee sur des raisons plus nombreuses et plus justes que I'indepcudance des anciens Etats d'Amerique. II nous reste a faire voir que I'existence des premiers est aussi inebranlable que celle des seconds, et que, par consequent, on n'est pas mieux fonde a contcster la legitimite des uns qu'on ne le serait a contester la legitimite des autres. Toute la par- lie de I'Amerique, qui fut jadis soumise a I'Espagne, est au- jourd'hui complctement independante; c'est un fait que quel- ques hommes peuvent deplorer, mais que personne ne pent plus nier. Ce fait etant devenu incontestable, est-il possible de le iaire cesser, on d'en arreter les consequences? Cette question est pour nous d'une grande importance; car, si ellc doit clre resolue negativement , tout delai a trailer avcc les nonvellc? republiques, put un mal qu'on se fait en pure pertc. ,4 DE L'lNDl^PENDANCE L'E.'pagnc ellc-menie esl inleiessce a se faire des idces bicn nellfs de sa position ; s'il est decide que son autorite sur I'Ame- riqueest a jamais perdue, plus elle tardera a reconnaitre I'exis- tence des nou voiles repnl)liqucs, plus sa position deviendra desavantageuse. Ellc pounait profiler encore, pour son com- merce, des habitudes necs de son ancienne domination ; mais, si elle attend que de nouvelles habitudes se soient formees ; si ' elle ne traite que lorsqu'elle y sera reduiteparla necessite, elle aura la honte de la deiaite, sans recueillir les avantages d'une alliance. L'Espagnc pent former contre ses anciennes colonies deux especes de prujets : I'un, de les conquerir et de les soimiettre de nouveau au jougqu'elles ont secoue; I'autre de changer la nature de lenrs gouvcrnemens , et de leur donncr un prince et une cour. Quelles sont les forces dont elle dispose pour executcr, ou seulement pour tenter I'un ou I'autre de ces projets? Quels sont les obstacles qu'elle aurait a vaincre pour reussir? Le gouvernement espagnol se ftut peut-etre assez illusion pour couipler sur des forces autres que les siennes; il pent croirc" que les gouvernemens qui ont avec lui des principes communs, et qui partagent ses prejiiges et ses an-tipathies, nc demanderont pas mieux que de le seconder. L'ctablisse- ment d'une multitude de nouvelles republiques ayant en par- tie les memes lois, et parlantla meme langue que ses sujets, est pour lui une cause d'effroi, et il n'est pas impossible qu'il communique ses terreurs i d'autres. Admettons, ce qu'il est presque absurde de supposer, que I'Espagne parvienne a former une petite Sainte-Alliance de gouvernemens absolus contre les nouvelles republiques, et voyons quelles sont les forces contre lesquelles elle aura a hitter. Le niinislerc anglais a reconnu I'independance des nou- veaux Etats americains; il a declare positivement et publi- quement que , si une puissance quelconque pretait son appui a I'Espagne, I'Angleterre n'hesiterait pas a prefer le sien a r Amerique. Cette declaration, provoquee par le parti de Top- DES NOllVEAUX ilTATS DE L'AM^RIQUE. i5 posilion, a reou rassentiinent de tous Ics partis, cl on pent la considerer comme Texpression d'lin voeu national. Les Etats Anglo-Americains ont aiissi reconnu I'existence des nonvelles republiques ; iis n'ont peut-etre jias a les soiite- iiir le meme genre d'interet que I'Angleterre; uiais ils en ont d'aulres d'une nature beaucoup plus puissante. Les Etats- IJnis du Mexique sont institues sur les memes principes que les Etats Anglo-Americains. Une guerre de principes, qui se- rait cntreprise par quelques gouvernemens d'Europe , et qui aurait son siege en Amerique, serait aussi menacante pour les seconds que pour les premiers. Les Etats Anglo-Ameri- cains ne sont pas assez etrangers a la politique de la plupart des cours europeennes, pour voir avec indifference les prin- cipes de ces cours transportes sur le continent d'Amerique, et soutenus par la force des amies. lis connaissent trop bien la nature inquiete, envahissante des gouvernemens monarchi- ques, pour permettre qu'on vienne, par la force, en etablir un a cote d'eux. Si les monarchies absolues de I'Europe par- venaient a en elablir une an i^Iexique, les republiques qui existent sur ce continent seraient blentot placees dans I'alter- native de la detruire, ou d't^tre detruites par elle. Ainsi, une coalition qui se formerait en Europe pour se- conder I'Espagne dans la conquete de ses anciennes colonies, ou pour les soumettre a im gonvernement absolu, aurait d'a- bord a combattre deux des premieres puissances maritimes du monde : I'Angleterre et les Etats Anglo-Americains. La guerre s'etablirait ainsi entre une fraction de I'Europe contre I'Amerique tout entiere, et contre la puissance europeenne qui possedc la marine la plus puissante. La guerre de quelques Etats de I'Europe contre I'Ameri- qiie tout entiere, soutenue par I'Angieterre, serait d'abord une guerre purement maritime. Les agresseurs auraient a transporter dans leNouveau-Monde, non-seulementleurssol- dats, mais leur artillerie, leur cavalerie, leurs vivres, leur» fourrages. Quand meme toute la marine du continent euro- pten serait a leur service , elle serait insufTiRinte pour effec- ,r, DE L'INDEPEN DANCE tiior le transport du materiel. 11 leur faudrait couviir les mers dc leiirs vaisscanx; et en cas de tompCle ou dc (Irfaile, ilj n'anraicnt pas un port sur la teire dans leqiiel ils pnssenl chcrcher un abri. L'Anglelerrc est en possession de piesquc toutes Ics positions niililaires qui seraient necessaires pour faire une guerre semblablc, et en agissant de concert avec les ttats-Unis, en pen dc jours elle les possederait toutes. Ccpcndant, qnelles sont les puissances qui consentiraient i\ s'engager dans une telle guerre avec I'Espagne? Si nous faisons exception de I'Autrichc, il n'en est aucune qu'onpuisse nomnier sans lui faire une injure. L'Autriche elle-meine pourra se montrer fort genereuse , tant que la depense se re- (hiira a des intrigues ct a des notes diplomatiques. Mais, des qu'il sera question d'argcnt, elle se bornera a mainlenir le dcspotisnie cliez elle et chez ses voisins, et laissera Ferdinand arranger ses aflaires comme il I'entendra. La France ne don- nera point de secours an gouvernement espagnol, et la Rus- sie estassez occupee chez elle pour ne pas se melerdes aflaires des aulres. L'Espagne restera done abandonnee a sa faiblesse: elle ne pourrait avoir pour allies que des peiiples plus niise- rables qu'elle. La question se rcduit done a savoir si le gouvernement es- pagnol possede des ressources suflisantes pour faire quelque tentative coutre ses anciennes colonies. Lorsque I'Angleterre !>e proposa de soumettre par la force ses colonies insurgees, elle avait un gouvernement regulier et fort, des armees dis- ciplinees, une marine nombreuse et puissante, et des riclies- ses suflisantes pour couvrir les depcnses que necessitait la guerre. Sa population ctait trois ou quatre fois plus conside- rable que celle de ses colonics, puisqu'en 1784 la population lil)re des Etats-Unis ne s'elevait qu'a deux millions six cent ciuquanle niille individus. Les Anglo- Americains etaient, de plus, endiarrasses d'une population de six cent inille esclaves, <|ue les Anglais tendaienl sans cesse a insurger. Cependant, loules les forces de I'Angleterre vinrent se briser contre celles des nouvelles repiibliqnes; et, lorsque leur indepondance eut DES NOUVEAUX ETATS DE L'AMlfeRIQUE. 17 etc etablie, elle devint inattaquable. La guerre qui a eulieu, en i8i5, entre I'Anglcterre et les Etals-Unis, a prouve quece? illats n'avaient desonnais a craindre aucune puissance. L'Espagne, si on la compare ;'i cc qu'elait I'Angletcrre a I'epoque de la guerre de I'independance, est dans un etat d'impuissance complete. Elle est sans armees, sans marine, sans Industrie, sans tresors, sans credit, et nous pourrions presque dire, sans gouvernement. Elle pent faire sur son propre sol une guerre de moines et de mendians, mais ce n'est pas avec des soldats de cette espece qu'on traverse les niers et qu'on va faire des conqiietes. Si le parti du pouvoir absolu qui domine chez elle dans ce moment, conserve la pre- ponderajice , il aura hesoin de toute sa force pour comprimer le parti contraire. Si les constitutionnels revenaient au pou- voir, ils auraient hesoin d'employer tons leurs moyens pour s'y niaintenir. Quels que soientles evenemens, I'Espagne est done condamnee a I'impuissaiice. Ne pouvant sc gouverner elle-meme , il y aurait de la folie de sa part a pretendre gou- verner les autres. En meme terns qu'elle est , par I'ignorance , la barbarie et la misere de la partie la plus nombreuse de sa population, au-dessous de ce qu'etait I'Angletcrre a I'epoque de la guerre de I'independance, elle aurait des obstacles infi- niment plus grands a vaincre. II faudrait subjuguer, non une population de deux millions et demi d'individus, mais une population de seize millions d'ames. La seule dijDference des nombres suffirait pour nous faire voir que toute tentative de I'Espagne contre I'Amerique serait sans resultat. Mais, si nous apprecions exactement les obstacles qui seraient a vaincre, nous serons convaincus que la pensee d'une telle entreprige serait digne tout au pins dii heros de Cervantes. On se formerait une idee tres-fausse de la guerre que I'Es- pagne a faite, ou qu'elle pourrait faire encore A ses anciennes colonies, si on la jngeait par les guerres qui ont lieu entre les citoyens d'un meme !Etat, ou entre des armees de deux l^tats voisins. Lorsqu'un pays qui possede de nombreux elemens de civilisation, est divise par la guerre civile, il ne s'agit ordi- T. xLin. jriLLET I Sag. a ,8 on L'INDI<;PENDA1SCE nairomont que do savoir quel est le sj'strmc politique qui triomphcra, et quels sont Ics hommcs qui octuperonl les principaiix emplois. La parifieatioii etablie, tout le monde reste sonmis aux memcs lois ; chaciin exerce son indiistrie, conime il I'entend, ct dispose de ses proprietes, selon que ses interc'ts I'exigent. Lcs vaiiicus et leiirs dcsccndans, s'ils ^ntrent fianchemont dans le systeme dos vainqucurs, ef s'ils adoptv'-iit leins opinions, pcnvcnt jouir des menies ayanlages politi((uos. Dans les giicrres qui onl lieu entrc deux Jtlals voi- sins, il ne s'agit ordinairomont que de quclque acquisition do terriloiie, on de quelquc indemnile a payer. La paix conclue, tout renlre dans Tordre accoutume. Les gnerres cnlre une metropole et ses colonics se pre- «entcnt sous un aspect different; elles ont pour les colons as- sujeltis des consequences plus redoutables. Cos guerres ont la pluparl des caractercs des guerres d'invasion ; mais, si cites povivaient reussir, elles auraient des consequences plus fu- nestes encore. Dans les invasions, lcs conqucrans fniissent par se conl'ondre plus on moins avcc lcs vaincus; ils adoptent les memes lois, ils jouissent en partie des memes avantages. Dans Li domination d'une metropole sur lcs colonies, il ne pent jamais y avoir de fusion cntre les vainqueurs et les vaincus; la conquete est toujours vivante. Ce n'est pas une population qui est soumise a une caste, ou a quelques fantiilles particu- lieres; c'est un pays qui est soumis a un autre pays : ce soul les interets d'un peuple qui sont constammcnt sacrifies aux intcrcts d'un peuple etranger. L'Espagne, pour niaintcuir sa domination en Amerique, ne dounait jamais un emploi public a uu homme ue et eleve sur le sol americain. II n'existait, a cet egard, d'exceptions pour aucune personne , ni pour aucune place , sauf les em- plois gratuits donnes dans la milice. Sous ce rapport, les co- lons espagnols etaient plus degrades par le gouvernement de la melropolc que les Grecs sous les Turcs, puisqu'il n'etait pas rare de voir des Grecs parvenir a des emplois tres-eleves. Lorsquc les Ilispano-Americains ont conquis Icur indcpen- DES NOUVEAUX liTATS DE L'AMEllIQUE. 19 dance, ils ont rempli toiitcs les fonctions publiques, et ont acquis line capacitc dout ils avaient etc prives jusqu'alors. Uue guerre qui aurait pour olijct de les assujettif de nouveau a I'Espagne, aurait done aussi pour objet non-seulement de dcpouiller de leurs emplois les fonctionnaires actuels, niais de les frapper tous d'une incapacite absolue; et non-seule- ment eux, mais leurs descendans jusqu'a la posterite la plus reculee. Ln prince qu'une partie de la population a expulse du trone, pent se taire de nombreux partisans, en promettant a ses amis les emplois du gouverncment; mais I'Espagne n'a rien a prometlre aux Americains. Elle ne peut pas gagner les officicrs, en promeltant de les faire generaux, ou seduire les soldats, en leur promettant de les nonmier officiers. Avee I'indepcndance natiouale, cbacun, s'il a du merite, peut as- pirer a tout; sans independance, on ne peut aspirer a rien. Le clerge meme est interesse a repousser la domination es- pagnole ; puisque, dans I'etat actuel, chacun de ses membres peut parvenir aux dignites les plus clevees, tandis que, sous le regime colonial, toutes les places elevees etaient rcservees i\ des Espagnois. Les hommes qui remplissent des fonctions publi([ues, dans queique rang qu'ils soient places, sont done interesses au maintien de I'indcpendance. Ceux qui n'en rem- plissent aucune y sont egalement interesses, soil pour con- server la capacile qu'ils ont acquise, soit pour la transmetlre a leurs enfans. L'independance est pour tous la premiere con- dition du titre de citoyen. En leur qualile de proprietaires de terres , les citoyensdes nouveaux Etals ont un interet non moins grand a repousser la domination espagnole. S'ils etaient subjugues, ils seraient subordunnes aux propriclaires de I'Espagne, comme ils I'e- taient a ses employes. II leur serait interdit de faire produire a leur sol toute denree que I'Espagne croirait avoir le moyen de leur fournir; et avec une terre assez riche pour approvi- sionner une grande parlie du monde , ils seraient obliges de s'approvisionuer cherement eux-mSmes chez un des Etats les ao l)K I.'IN DEPEND ANCK plusmiseriiblcs (le I'Enrope. II est impossible que les cultlva- Inirs americains aient oublie, soit I'ordrc qui les forfa d'arra- rher Icsvigncs qu'ilsavaientinlroduites chez cux, soit les mo- nopolesexcerccs au profit de TEspagne. L'interetdesconsom- matciirs est ici parfaitcment d'accord avec cclui desproduc- teurs; car, si les derniers sent inturesses a tirer de lour sol tout ce qu'il peut prodiiire, les seconds ne le sont pas moins u donner la preference anx produits agricoles de I'Amerique sur les produits de Tagricnlture espagnole. Les proprietaires de rAmerique sont vivement excites, sous un autre rapport, a vouloir conserver leur indepen- dance. Les terres qu'ils possfedent sont immcnses, coinpara- tivetnent a la population du pays. Ccs terres ne peuvent augmenter de valeur qu'a mesure qu'elles seront cultivees, et qu'il y aura un plus grand nombre d'babitans pour en con- sonimer les produits. Les emigrations d'Europe sont done une des conditions de la prosperite de I'Amerique. Or, sous le gouvernement espagnol, non-seulement tons les etrangers etaient repousses de ses colonies, mais les individus originai- res d'Espagnc n'y etaient admis qu'avec la plus grande diffi- culte, lorsqn'ils n'y etaient pas envoyes par le gouvernement lui-meme. L'Amerique du nord doit sans doule une grande partie de ses progres a la sagesse de ses institutions; mais elle en doit une partie qui n'est pas moins grande, d'unc part, a Tinimense etendue de terres dont elle etait en pos- session, ef, d'un autre cote, a la facilite qu'elle a donnee a tous les etrangers laborieux de venir les cultivcr. Wais, de tous les interets, il n'en est peut-etre pas de plus immediat et de plus universellement senli, que celui d'ache- ter directement les produits manufactures de I'Europe des peuples qui produisent a moins de frais. Le systeme colonial est , par sa propre nature , un systeme d'oppression , de vexa- tion et de fraude; les progres de I'economie politique en ont deja fait voir I'injustice et I'absurdite. Pour lui donner quelqueapparencc de raison, ilfaut, au moins, qu'il existe des moyens d'echange enlre la metropole et les colonies; que, DES PnOUYEAUX liTATS DE L'AMERIQUE. ai si les dernieres envoient a la premiere des productions agri- coles, celle-ci puisse envoyer a celles-Ia ses produits manu- factures en retour. C'est sur ce pied que sont fondces les colonies de France, d'Angleterre et de HoUande. L'Espagnc fait, a cet egard, exception a la regie geuerale : etantia na- tion la moins industrieuse de I'Europe, et etant obligee de se pourvoir chez les autres de produits manufactures, elle entendait approvisionner une population de quinze ou seize millions d'habitans. Une telle pretention, qui etait deja in- soutenable avant que les nouveaux Etats eussent goute les avantages de la liberte du commerce, suffirait, a elle seule, pour soulever toutes les classes de la population contre le gouvernement espagnol. Le commerce intellectuel que I'independance a etabli entre les nouvelles republiques et toutes les parties du monde civi- lise , est un nouvel obstacle au retablissement de la domi- nation espagnole. Une population qu'on a toujoius tenue dans les tenebres, peut sans trop d'impatieuce supporter I'obscu- rite; mais vouloir la replonger tout a coup dans la nuit de I'ignorance, quand elle a pris I'habitude de la lumiere, c'est la plus folle et la plus vaine des tentatives. II n'est pas plus au pouvoir du gouvernement espagnol d'interrompre toutc communication intellectuelle entre ses anciennes colonies et lespeuples civilises, qu'il n'est en son pouvoir de supprimer la liberte de publier ses pensees dans les pays oii elle est eta- blie ; et, taut que de telles communications auront lieu, ses pretentions de domination dans le Nouveau- Monde ne se- ront considerees que comme une triste folic. Enfin, il n'est aucun citoyen qui ne soit interesse, comme sujet aux lois, i repousser les pretentions de I'Espagne. On a vu precedemment que, sous le regime espagnol, il n'y avait pas, a proprement parler, de justice; que les gouverneurs ou vice-rois pouvaient impunement se permettre d'enormes con- cussions; que, sur le moindre soupcon, les habitans du paj's etaient jetesdans les cachots; qu'on les y iaissait languir sept «u huitannees, avant que de les juger, et que. pour obtenii* aa DK L'lNDl^PElNDANCE le rcdresscmoiit d'un tort, il fallait aller le iloniaiHUsr si Ma- drid. Tousces ahns out di,«parii par la conqiiGto de I'indepen- dancc; ct I'Kspagnc nc pourrait rcprendrc son empire, sans qu'ils roparnssciit a I'inslant , avcc des abiis plus revoltaus encore. 11 n'cn ("ant pas d'autre preuve qnc ce qni so passe dans la peninsiilc. II n'cxiste done , dans Ics nouvcllcs rrpnhliqiics, ancun in- tcret proprc a y favoriser le retablissement de la domination espagnolc ; tons les inlerCts, ancontraire, se reunissent pour la reponsser. II n'a jamais oxiste de sj-^mpathie entre les ha- bitans de la metropole et les colons; le gonvcrnement d'Es- J)agne , pour commander aux uns et aux autres d'une maniere plusabsolue. avait soin do fonienlor la discordc entre eux. Cettc politique lui avait si bien reussi , qu'il n'otait pas rare de voir des parens en guerre avcc lours enfans, par la seule raison que les premiers etaient nes en Espagno, et que les seconds etaient nes sur le sol americain. Ces antipathies se sent Ibrtifioes par quinze ou seize annees de guerre, par les souvenirs qu'ont laisses la tyrannie de I'Espagne et les crnau- tes de ses genoraux, et par la honte qui s'attache a la defaite, quand on a coaoJiattu pour une mauvaise cause. II est possible sans doutc que le gouvernement espagnol trouve en Amorique qnelques miserables qui conscntiront a trahir leur patrie, pourvu qu'on leur assure le salaire de leiu' trahison. Avec de tels moyens, on pent troubler quelque terns un Etat, ou meme renverser un gouvernement qui s'est rendu odieux an peuple ; mais ce n'est pas ainsi qn'onfait la conquete de plusieurs nations et qu'on renverse des gou- Terhemens soutenus par I'assentiment public. Si i'Espa- ^e veut reconquerir I'Amerique , il faut done qu'elle se dispose a faire une guerre qui sera toute nationale contre cllo; il faut qu'elle se prepare a faire une invasion aussi com- plete ct aussi sanglante quo le Cut celle des premiers con- qu«^rans. Pour admettre que I'Espagne tentc de retablir sa domina- tion en Amorique, il faut supposer qu'elle a une armce , une DES NOUVEAUX ETATS DE L'AMERIQl E. 2"* Uiaiiue, des finances, an gouvernement ; euliii, lout ce qui lui manque. II Taut supposer aussi que Ics factions sont eteiii- les, que les moines se sont fait liberaux, ou que les consli- tutionnels se sont convertis au pouvoir absolu. Ces supposi- tions ue sont pas tres-sensees ; mais, qu'on nous les pcrmetle , puistjue beaucoup de gens agissent comme si eiles etaient dc> realites. Si Ton ne supposait pas que le gouvernement espa- gnol peut icconquerir I'Aaicrique , on ne serait pas encore u deliberer s'il faut ou nonadniettie les nouveauxEtats au rang des nations. Supposons done la tentative d'une conquete, et voyons couuneut on va s'y prendre pour I'exccutcr. Le gouvernement espagnol, quoique blesse dans son or- gueil par ses nombreuses defaites , ne sera point vindicatif ; il appellera ses eufans egares dans le giron de la mere-patrie ; il ouvrira ses bras pour recevoir ses ills repeutans; il pardon- uera au petit nombre de coupables ; en un mot , il fera, selou I'usage, la proclamation la plus pathetique, la plus touchante, ia plus perfide enfin. Je ne doute pas que cette piece, adressee aux mcmbrcs de toutes les assemblees representatives, et aux fonctionuaires de toutes les classes elus par les citoyens ou par les gouvernemens de chaque etat, ne produise sur eux un merveilleux ell'et; surtout si Ton a soin de I'accompagner de I'histoire des Cortes et de quelques fragmens de la potence dc Riego. Cependant, comme on ue fait pas de conquetes avec des proclamations el des amnisties, il faudra faire usage des armes, et c'est ici que commenceront les embarras. Nos monarchies europeennes, etant nees de la conquete, sont mervcilleusement giganisees pour I'agression. Lesguer- ^ res peuvent se preparer dans le secret, comme des conspira- tions. Aucune discussion preparatoire n'etant admise en ces matieres, on ne craint ni les revelations indiscretes, ni les oppositions intempestives. On peut tromper le peuple et I'ar- mee aussi bien que I'ennemi. On peut prodiguer les hommes et les richesses, sans que personne ose murmurer. Les recom- penses aceordees aux chefs tieunent lieu de I'activile qui man- que u la population. Eafni , tout obeil a uue volonle unique;. 24 DE L'lND^PElNDANCE et une nation se ineut, conime une machine, par le moyen d'un seul ressort. Mais, si les monarchies sont bien organisees pour faire des gucrrcs d'invasion, elles le sont fort mal pour faire des guer- res defensives. La resistance est toute dans I'armee; el , qiiand I'armee est battue, le royaume est conquis. Une armee, d'ail- leurs, ne pent elre partont en nienie tems. Ajoutons que, pour se rendre maiire du pays tout eutier, il sufTit de se ren- dre maiire du prince ou dc sa cour. Quand on les tienl, on les fait parler comme on veut, et tout le monde obeit. Les republiques federatives ne Talent rien, au contraire, pour des gucrres d'invasion ; les envahissemens sont contre Icur nature. D'abord, elles ne peuvent rien preparer en se- cret ; avaut que la guerre soil resolue , Tcnnemi connait aussi- bien qu'elles leurs projets et leurs moycns. Line mesure, en cffet, ne pent etre adoptee qu'apres une discussion et un exa- men serieux, et il est impossible de se livrer a cette discus- sion sans que tout le monde en soit instruit. Les citoyens n'ont rien a gagner a de semblables guerres, et le gouvernement est aussi incapable de les corrompre que de les tromper. En- fin , chaque membre de la federation a une volonte qui lui est propre ; cette volonte est plus ou moins subordonnee a celle de la population, et il est impossible qu'il y ait unani- mite dans une entreprise dont les maux sont evidens, et dont les biens sont toujours douteux. Les memes causes qui rendent les republiques federatives impuissantes pour une guerre d'invasion, les rendent terri- bles dans une guerre defensive. Pour les asservir, ce n'est rien que de s'emparer d'une capitale, ou du lieu dans lequel reside le chef de la federation; il faut conquerir chaque capi- tale, chaque ville , et , en quelque sorte , chaque village: partout oCi il y a une reunion d'individus, il y a un centre d'activite ; il y a des officiers publics , des moyens de defense. Si un chef a le malheur de tomber dans les mains de I'enne- mi , on en nomme un second, et le mal est repare ; il ne peut pas esperer de se racheter, ou de recouvrer son pouvoir, par DES NOUVEAUX filATS DE L'AiM^RIQUE. aS des cessions de population ou de territoire. La population n'appartient qu'a elle-meme, et elle ne delegue a personne le droit de la ceder a un pouvoir etranger; elle se defend, aussi long-tems que ses forces le lui permettent. Si elle est reduite a ceder, elle ne cede que dans la mesure de ses propres interets : c'est la ce qui , dans tons les tems , a fait la force des republiques federatives contre les agressions de» gouvernemens absolus. Les nouvelles republiques americaines , par la nature de leurs constitutions, et par I'union qu'etablissent entre elles une origine et des interets communs, jouissent de tous les avantages des gouvernemens federatifs. Les Etats-Unis du Mexique sont constilues de la meme maniere que les Etats Anglo-Americains ; le nombre des Etats dont la federation se compose n'est guere moins considerable, et chacun d'euxa ua pouvoir executif et un corps legislatif particirfier ; chacun a ses milices, ses ofliciers, ses administrations municipales, ses moyens de defense. La population totale s'elevait, en 1804, a environ 7 millions ; et quelque faibles qu'aient ete ses pro- gres, elle doit etre aujourd'hui de 8 a 9 millions. Parmi les habitans de ces Etats, il en est un grand nombre qui pos- sedent des fortunes si colossales, queM. de Humboldt a pense qu'on ne pouvait en trouver de pareilles qu'en Angleterre. Pour reduire les peuples du Mexique a I'etat de colons ou de sujets , I'Espagne aurait done i renverser dix-huit gouverne- mens, et a subjuguer dix-huit republiques. Elle aurait, de plus, il conquerir quatre territoires fort etendus, qui n'ont pas encore ete eleves au rang d'Etats. Mais, comme, apres avoir renverse un de ces Etats, elle serait obligee de le faire garder et administrer par une partie de I'armee d'in- vasion, elle serait reduite a I'impuissance, par la dispersion de ses forces , des les premiers pas qu'elle ferait dans la con- quete. Si elle n'a pu garder ce pays, dans un tems oii il etait prive d'organisation politique , et oii des habitudes contrac- tees sous le despotisme soumettaient les provinces aux or- dres venus de la capitale, qu'on juge si elle en ferait la con- uG DE L'INDEPEM)Ai>Cli «|iit'tc, nijiiiitcnaiit (|u'il es^l partagt; en uiie niulliUide dt; rO- publique.s iiiiics par iiii lien toniniiin, niais ajaiit cliacuiie uii jjouvorneincnl qui liii est jnopie ! La Suisse, avec iinc po- piilaliou qui cxceclait a peine iin inilliou d'liabilans, a seeouc le joiif,^ tic I'Aiilriclic, placec , pour aiiisi dire, a ses portes. CoinmeMt TEspaiiue pourrait-clie avoir la pi-etcution de sou- metlre des iTpubiitjues di.v fois plus nwmhreuses ct plus rielies, ct separ('(;s d'ellc par riuimeiisite de I'Ocean ? Les obstacles que presentent la nature du sol el la position de la population, ne sont guere nioins grands que ceux qui rcsidtent dc la nature des institutions et de la distance que le's aruiees auraiciit a parcourir pour arrivcr sur le thtatie de la guerre. Si I'armee d'iuvasion voulait se presenter du cote de I'esl , la tlotte qui la portcrait trouverait une cote presque denuce de ports, et I'insalubrite du climat aurait moissonnc la nioitie des soldats, avant qu'ils fussent entres en canipa- gne : si rarmee arrivait du cote de I'ouest , elle aurait a par- courir plus dc la moitie de la circoni'ercnce du globe, avant d'arriver au lieu du debarquement; et lorsqu'elle y serait par- venue , elle aurait a traverser des deserts imnienses, avant de rencontrer des villcs un pen considerables. Si Ton veut se faire une idee de I'extravagance d'une telle cntrcprise , que Ton examine ce que coCite parmi nous la guerre la moins eloigiiee et la moins opiniatro ; que Ton cal- cule ce que coQtcnt I'entretien annuel d'un soidat et d'un ca- valier, les I'rais d'une artillerie ; qu'on y ajoute les frais de transport d'une armee , de son materiel, des vivres et des Iburrages pendant la traversee et pendant le tems qui s'ecou- lerait, avant que les soldats eussent Irouve le moyen de vivre dans le pays; ct Ton sera convaincu que la valeur du terri- toire espagnol ne suflirait pas pour solder les frais de la guerre. La dornierc guerre d'Espagne nous a coute , dit-on, plus de 4oo millions; cependant, I'arniee d'iuvasion n'avait qu'a !*Ortir des Irontieres dc France ; elle agissait de concert avec Ic chef du gouvcrncnicnt enncuii ; elle elait sccondee DES NOUVEAUX lilTATS DE L'AMEIIIQUE. 27 par les moines, par la populace et par raristocratie dii pays envahi, et elle n'a presque pas en de comliats a livrer. Qii'oa juge , d'apres ccla , de ce que coQterait a une puissance euro- peenne une guerre dont le centre de I'Amerique serait le theatre, et qui aurait pour objet de subjuguer une popula- tion plus nombreuse et infiniment plus riche que celle d'Es- pagnePLa guerre qui a eu lieu, en 181 5, entre le gouverne- ment anglais et les l^ltafs Anglo- Americains , etait une guerre puremcnt maritime ; I'Angleterre , alors toute puissante, n'a- vait nul dcssein d'cnvahir le terriloire des Etats-Lnis ; et ce- pendant, elle a ete contrainte d'accepter la paix. Dans un tems on rAnglelorre etait en guene avec I'Espagne ct oi'i elle dominait sur les mers, nous n'avons pas vu qu'elle ait essaye d'envahir le Mexique. Or, y il aurait de la folic a sup- poser *que I'Espagne, tombee au dernier degre de misere et d'avilissement, executera ce que n'osa jamais tenter I'Angle- terre dans toute sa puissance. Je n'ai parle que de i'impossibilite ou se tronve I'Espagne de rien executer contre la federation mexicaine ; muis les Etats-Unis du Mexique ne comprennent que la moitie de la popidation des ancicnnes colonies espagnoles. Apres avoir subjugue les dix-neuf rcpubliques dont cette federation se compose, il faudrait conquerir aussi la population de la Co- lombie, du Perou, du Buenos-Ajres, de Guatimala; il fau- drait envabir et tenir sous le joug une population qui est pres du double de celle d'Espagne, et qui possede un territoire aussi A'aste que celui de la Russie. Parmi les difficultes qui rendent impossible le succes de toute tentative de I'Espagne sur I'Amerique, je n'ai compte que celles qui tiennent a la distance, a la nature des lieux, a la difference des climats, aux institutions americaines, a la misere et a la disorganisation de TEspxignc; mais il en est une autre qui n'est pas moins puissante, etqu'il faut ne pas perdre de vue; c'est la difference de capacLte entre les hom- mes qui sont a la tete du gouvernement cspagnol, et ccux qui sont a la tete des gouvernemcns d'Amerique. a8 DE L'INDlllPEiNDAjNCE Les revolutions successives que I'Espagne a eprouTces dani un espace de vingt annt-es, en out fait disparailie les hommes les plus iustruits et les plus enlreprenans : ceux qui croyaient que la parlie eclairec de la population n'etait ni assez nom- breuse ni assez forte pour operer par elle-meme des reformes raisonnablcs, et qui s'etaicnt rallies, en consequence, an gou- vernemcnt etabli par Bonaparte, ont ete proscrits, sous le nom de Joscpliinos ; ceux qui pensaient, au contraire, que les hommes eclaires etaient assez forts et assez nombreux pour etablir un gouvernement representatif, ont ete proscrits ensuite aleur tour, commc tiberaux. Presque tout ce que I'Espagne avait de savans, d'administrateurs habiles, de militaires dis- tingues, a ete frappe sous une denomination on sous une autre. II n'est done reste , en general, pour diriger les af- faires, que des fanatiques aveugles, des hommes fidbles , qui cherchent, dans la soumission , la securite qu'ils ne peuvent trouver dans leur courage, et d'adroits hypocrites, qui s'ar- rangent pour tirer parti de toutes les positions. Les guerres qui ont amene I'independance ont sans doute fait perir, en Amerique, beaucoup d'hommes de merite ; mais aussi, elles ont forme et developpe des hommes d'un grand caractere. Queiques-uns, il est vrai, attircnt exclusivement les regards de I'Europe ; mais ce serait une grande eneur de s'imaginer qu'un hommc peut devenir eminrent, dans quelque genre que ce soit, au milieu d'une multitude d'hommes inca- pables. Partout oti Ton voit paraitre un grand general, on peut etre assure qu'on ne manque ni d'officiers habiles , ni de soldats courageux; partout oCi se montre un bon administra- teur, on peut avoir la certitude qu'il y a des hommes capables de le seconder. II est digne de remarque , qu'on Irouve au- jourd'hui a la tete de toutes les nouvelles republiques, des hommes qui, par leurs lumieres et par leur caractere, seraient remarquables dans tons les pays. On peut ne pas partager toutes leurs opinions, ou ne pas approuver tons leurs actes ; mais on ne saurait du moins revoquer en doute leur con- stance ni leur courage. Si partout on trouvc des hommes DES NOLTEAUX ilTATS DE LAM^IRIQUE. ag exlrordinajres, ce n'est pas au hasard qu'il faut I'attribuer, c'est a la nature des institutions; or, ce qu'elles ont fait pour les emplois supcrieurs, elles I'ont fait aussi pour les einplois secondaires. Mais, lorsque deux pays se trouvent en etat de guerre, et que I'un exclut de tons les emplois publics les hommes qui ont quelques talens, tandis que I'autre appelle a la direction de ses affaires les hommes les plus distingues, n'est-il pas evi- dent qu'il ne pent y avoir egalite dans la lutte, et que le dernier doit toujours rester vainqueur? II faut conclure de cc qui precede que I'independance des nouveiles republiques est irrevocablement acquise , et qu'elle ne saurait etre ebranlee par aucune puissance : ce fait n'avait aucun besoin de preuve, aux yeux des hommes qui ont quelque notion de I'etat de I'Amerique et de celui de I'Eu- rope ; mais il ne parait pas que le nombre de ces hommes soit tres-grand dans les conseils qui dirigent notre politique. Charles Comte. ( Cet article sera continue. ) NOTICE HISTORIQUE suR M. Henri ON de Pansey, Premier president de la Cottr de cassation, etc. Nous allons esquisser la vie, et rappeler les ouvrages d'un respectable magistrat, dont I'existence entiere presente un modele qui ne saurait trop etre medite. Heureux, si nous pouvons le faire apprecier de ceux qui n'ont pas eu le bon- heur de le connaitre, et tracer un portrait fidele pour ceux qui s'honoraient du titre de ses amis! M. Pierre-Paul Henrion naquit a Treveray, pres Ligny, .-So KOTICE HISTORIQUE on Lorraine, le 28 mars (i) 1742; son pt;re occiipait une charge dc magislrature clans sa province. Apres avoir termine ses etniles au college de Ligny, le jeune Henrion fit son droit a Ponl-a-Moiisson , et vint ensuite a Paris, 011 il arriva au mois dc novcmbre 17C2; recu avocat, le 10 mars 176J, il flit inscrit siir le tableau, en 1767, ayant accompli le stage dc qiialrc annees, qui elait alors exige par les rcglcmens de Tordrc dans leqiiel il ciitrait. Personne n'ignoie les difficultcs qui environnent les pre- mieres annees passecs au barreau. Quel courage ne faiit-il pas pour luttercontre I'obscuiitea laquelle le jeune avocat est ne- cessaircment condamne? II brCile de s'elancer dans I'arene ; son imagination se plait a se creer des triomphes ; il croit en- tendre les nnirmures flatteurs du public couvrir savoix; il lui semble voir Ics magistrats I'ecouter avec inleret; et plein de la chaleur qui I'anime, il songe au malheureux qui lui doit la liberie, a une famille entlere dont il sauve la fortune. Mais, ces reves enchanleurs s'evaiiouissenl , et il se retrouve soli- taire dans son cabinet, niaudissant sa jeunesse, et devorant les annees qui le separent encore du jour oii une dientelle nombreuse lui fournira les moyens dc prendre place parmi les orateurs illustres qui brillent au barreau. Jl. Henrion eprouva, comme tons les jeunes avocats, les desagremens d'un noviciat dur et ffislidieux; plus d'une fois niemc il cut la pensee d'al^andonner cetle penible carrierc : lieurcusement il put surmonter ce decouragement, et alors il lira iin grand parli du lems que lui laissait le maiique d'af- faires. Possede du dcsir de s'instruire, et de se faire un noni par d'honoiables travaux, il s'adonna de preference a reliide dc la legislation' feodale. Les difficultes sans nombre qui ac- compagnaienl cclle parlie du droit francais en avaient eloi- gne presque tons les jurisconsultes ; M. Henrion , loin de se rebulcr, aborda cclle etude avec loule la perseverance el Ic (1) I'«;s i0T1CE IIISTORIQIIE sai^r I'csprit « Vous posscdez, 3Ionsieur, Ics deux avanta- gcs que Ton estimc Ic plus aujouril'luii j la iiaissance et la for- tune. Ccpcndant, Ic sage ne vous comptera pour quelque chose, que lorsque vous aurez une grandeur qui vous sera personnelle. Cello de vos aieux n'est point a vous; I'heritier d'uiie gloirc fondee sur la vertu , ne peutrecevoir ce precieux heritage que des mains de la vertu meme. » Apres ces nobles pensees, M. Henrion rappelait a M. Mole de Champlatreux les exemples de ses ancelres, de ces courageux magistrats qui, dans d'importantes circonslances, ont rendu de si emi- neus services a la nation et aux rois. Aussi, le ministere vit- il avec le plus grand deplaisir, cet honimage public rendu a line ancieiine famille parlementaire. Le censeur refusa d'ap- prouver la dedicace; le lieutenant de police manda aupres de lui M. Henrion, et fit de vains efforts pour obtenir la sup- pression des passages qui deplaisaientau chancelier. M. Hen- rion ne voulul pas y consentir, et repondit avec dignite : « A I'cgard du style, chacun a le sien ; a I'egard des faits, ceux que je rapporte sont consignes dans I'histoire, et je ne tran- sige pas avec la verite (i). » l\ est peu depersonnes qui ne sachent que Tancien barreau presentait deux routes differentes aux avocats. Les uns s'a- donnaient exclusivement a la plaidoirie ; les autres, voues a des etudes plus serieuses sur la legislation, se consacraient aux consultations que les parties venaient leur demander, avec un empressement qui dependait du degre de leur cele- brite. Le goCit et les habitudes de M. Henrion leporterent de preference verscette seconde classed'avocats, et nous croyons qu'il ne plaida qu'une seule fois. II est vrai que le succes qu'il obtint, et que I'avidite que le public mit a se procurer son plaidoyer, lorsqu'il fut imprime, auraient pu I'engager a changer sa determination. (i) La bibliotheque de la Gour de cassation possede uii exemplaire du Traitedcs fiefs, qui avait appartenu autrefois i la Bibliotheque des avo- cats, et qui contient une espece dc proces-verbal des circonstances qui s8 rapporlent A I'epttrc dedicatoire. SLR M. HEMIION DE PANSEY. 33 Le sujet, par lui-meme, pretait beaucoup aux developpe- raeiis oratoires : il s'agissait d'uii pauvre negre enclave, que son niaitre avail aniene eii France, en negligeantd'accomplir les t'ormalites commandeesalors par les lois, pour le niaintien de I'esclavage en terre franehe. Le negre profita de celte cir- constaiicc pour demander sa liberte ; et iM. Henrion fut char- ge de soutenir sa reclamation devant la table de marbre de I'amiraute. On pent voir, en lisantce plaidoyer, que les grands principes contre la traite des noirs ne sont pas nouveaux, et qu'un vertueux avocat sut en faire retentir les vofites du Palais, il J a pres de soixante ans (en 1770). M. Henrion eut la consolation de laire rendre la liberie au negre qui la sollicitait par son organe, et de plus, de flelrir un infame trafic qui se falsa i I alors sous la protection des lois. line autre affaire, d'une nature bien differente, vaiiit en- core a M. Henrion des suffrages plus brillans que ceux que Ton obtient ordinairement dans les discussions judiciaires. Mercier, auteur du Tableau de Paris, et de quelques drames connus, avail fail recevoir une piece a la comedie francaisc, le 8 aout 1775. II existait alors un usage, fonde sur les re- glemens, qui consistail a donncr a I'auteur d'un ouvraoe recu , le droit d'exiger la lecture d'une seconde piece. Se fondant sur celte regie, Mercier se presenta, le 32 decembre suivant, a I'assemblee des comediens, else fit insorire sur les registres pour la lecture d'une piece nouvelle ; mais une an- nee s'ecoula sans qu'il pCit oblenir celte lecture, et II finit par recevoir une leltre qui lui annoncait qu'elant regarde dans le monde comme I'auteur d'un ecrit anonyme dirige contre la comedie, elle ne pouvait se charger d'aucun de ses ouvrages, ni les recevoir, ni meme les entendre. Mercier , juslement surpris de ce procede, en paria a M. Henrion, avec lequel il etait lie. Le jeune avocat vit dans le refus du senat comique un veritable deni de justice; il pensait que, si les comediens avaient le droit de rejeter un ouvrage dramatique, ils ne pouvaient pas, du moins, refuser d'en entendre la lecture. Par ses conseils, Mercier donna or- T. XLII. JUIM.RT l82(J. 3 5', NOTICE HISTORIQUE (Iro a iin buisisicr dc fairo soinmation aux coinedicns dc I'ad- mcllre. dans la huilainc,a lour lire sa piece. Cellc liuitainos'e- coula sans reponse. Alois, assignation pour forcer les come- diens a joiicr la piece recne, et a s'en rapporter, quant a colic dont on reclamait la lecture, au jugcment de I'Acadeniie fran- raisc, ou de telle autre compagnio d'hommes de Icttrcs, I'au- teur nc pouvant, d'apres cc qui se passait, compter sur I'lni- partialite dcs coniediens, Dans rettc circonstancc , M. Heiirion publia un Memoirc rcmpli dc details piquans, qui obtint le plus grand succes dans le public, et valut a son auteur Ics suflVages de Labarpe, dans son Cours de Litteratare. Ce celebre critique s'exprinie en ces termes : « On trouvc dans ce morceau unc erudition bien ap- pllquce et bien entendue ; une diction pure, une discussion nette, une bonne logique, un ton de sagesse et de modera- tion; tout A'a au fait sans ecart et sans verbiage; les vcritesy ont de la force sans emphasc (i). » L'affiiire qui elablit la reputation dc M. Henrion, comme avocat consultant, fut cellc du comtc dc Pont de Rennepont, contre les communes dc Rocbc, Cullru ct Betaincourt. Dans cette cause dillicile, M. Henrion publia un Memoire qui re- pandit les plus vivos lumieres sur une partie obscure du droit feodal. « Avocat distingue de notre ancien barreau, dlt un ju- rlsconsulte moderne, il trouva, des son del)ut dans la car- rii're, le cantonnement etabli; mais on Tadmeltait, comme un fait dont personne ne pouvait expliquer ni la cause, ni la nature; cbacun raisonnait ou deraisonuait sur ce tcxte, a sa maniere ; les uus confondaicnt le cantonnement avec le triage, d'aulres avec les reserves ou reglemens. » M. llciu'ion do Pansey n'etait pas homme ii souffrir taut d'inccrlitudos, avec d'aulant plus de raison, que, cbarge dc soutenir les pretentions de M. le comte de Rennepont, sur les bois et les paturages des communes que nous avons nom- (i) Lc Plaidoycr pour Ic nigrc, k Mcmoirc pour Mcrcler, et U's Elo/;c.<: de Bumoutin el dc Malliicu Mole, onl t-ti; ichnprinies dans Irs Annates du barreau (t. vi, 2'' jiartic). SUR M. HENRION DE PANSEY. 35 mees, il avail rcmarqiie qu'on essayait de se prcvaloir centre son client, de cctte confusion que les auteurs ct la jurispru- dence avaient jetcs sur la nialicre. On manquait de regies fixes 250ur distinguer les difTerens modes de demembrcment des usages comuiunaux; M. Hcnrion de Pansey sut en trou- ver. On manquait de pretextes (i) pour justifier I'institution du cantonnemcnt; M. Henrion sut en creer. Le Momoire qu'il redigea obtint un succes prodigieux. Un style toujours clair, toujours brillant, des idees neuves presentees dans un admirable encliainement, en rcndaient la lecture a la fois fa- cile, agreable et instructive. 1) M. de Barentin qui, si je ne me Irompe, dirigcait alors le departement des eaux et forets, adopta avec une sorte d'entbousiasme les savantes theories de M. Ilcnrion de Pan- sey; il fit reiinprinier, aux frais de I'Etat, le Mcmoire qui les developpait, et ordonna qu'il serait distribue dans les bureaux pour I'instruction de ses employes (2). » La grande celebrite que M. Henrion s'etait acquise, comme feudiste, le fit charger de la redaction, pour le Repertoire de Jurisprudence , de presque tous les articles relatifs aux fiefs, et il publia, sous le titre de Dissertations fiiodales, les deux pre- miers volumes d'un ouvrage de la plus haute importance sur ce sujet. Les evenemens de 1789 empecherent la continuation de cet ouvrage, qui, par une coincidence singuliere, futan- nonce dans les journaux la veille du jour oii la feodalite fut abolie par I'Assemblee constituante. Mais, en remontant a une epoque anterieure do la vie de M. Henrion, nous trouverons encore une circonstance dans laquelle il eut occasion de developper le germe du talent ora- toire que la nature lui avait donne. Les Iccteurs de cette Notice ne peuvent ignorer les details (1) Nous nc pensons pas, avcc M. Lalriiffe do Montmeylian , qur les raisons donnees par M. Henrion puisscnt etre appclces de simples /srci- texles. (a) Latbiffe de IMontmeylian. Dcs droits ticx commiiucs sur les bicns communaux ( t. i^, p. 4oo). '.6 NO IKE MISIOKIQUE qui liciitieiil a I'liistoiic dii [Kirieinent Maupcou ; il nous ?iiirit done de leiir rappeler que, pendant I'existence do ce pre- lendu parleinent, la barre fiit deserte , et que les avotals, faisant cause commune avec les magistrals que leur courage avait fait exiler, se reCuserent presque unanimement a parailre dans le sanctuairc de la justice. Mais aussi, loisqu'a la liu dc 1^74' *' l'i>iirore du regne de Louis XM, Ic parlcmeut tut reintegrc dans ses louctions, les avocats reprirent avec em- prcsscmeiil leurs nobles tiavaux, et desccndircut dc nouveau dans I'arenc, en presence des magistrals vcnirablcs dont ils avaient si encrgiquemctit embrasse le parti. M. Hcinion tut charge de prononcer le discours de rentrce de la conference publi([ue des avocats; et, pour cetle fois, il crut qu'il etait a propos de faire le panegyrique d'un grand magistrat; son choix se fixa sur Mathieu Mole, sur cet homme celebre qui donna dc si grandcs prcuves de courage civil , plus rare et plus pn'cieux encore que celui que Ton pent deployer sur un champ dc balallle. En lisaiit cc discours, on reconnait le sentiment qui animait I'oraleur. On le voit, plcin dcnthou- siasme pour les services rendus a la palrie, dominc par la gloire qui rejaillit de rinebranlablc fcrmete, de la grandeur d'ame, du calme inalterable, deploye au milieu des tempe- les civiles. La chaleur qui regne dans le coeur de I'oraleur, i)asse dans ses paroles, et juslifie jusqu'a un certain point la pompe des expressions et I'eclat de la diction. Pendant I'cxil du parlement, dont l\J. Heurion ceicbra le tcrmc par I'eloge du president Mole, il se rel'ugia dans les Icttrcs, et y trouva les consolations qu'elles accordcnt tou- jours a ceux qui les cultivenl. II fit, pour un ouvrage qui pa- raissait alors sous le titre de Galerie franfahe , les eloges de I'abbe Plucfie, et du marechal de LowendalU; le premier seul fut imprime. Au fort de I'oiagc revolutionnaire , M. Henrion se retira au domaine de Pansey, qui avait appartenu a son pere, et dont il avait pris le nom pour pouvoir etre distingue de son frere puine, M. Henrion de Saint- A maud , qui exerca pendant long- tems . Pt aver distinction, les fonction<; d'avocat au roii- SUR iM. HENKION DE PANSEY. 3; sell (i). II habila ensuite Joinvilie et Chaumont. Nomme , en I'an 4 ('796), administrateuf du dcpartenient de la Haute- Marne, il se fit remarqiicr dans cettc plane par son impartia- lite et sa moderation. An mois de germinal an 8 (1800), le senat I'elut niembre de la conr de cassation, et il en devint I'nn des presidens en fevrier 1809. Place a la tete du premier corps judiciaire de France, M. Henrion ne dedaigna pas de jeter les yeux sur le dernier echelon de la magistrature; et il traca les regies que les jn- ges de paix doivent suivre dans le cercle etroit de leur com- petence. Ce livre, destine a des magistrals populaires, est I'nn des meillenrs traites que nous possedions sur notre droit ; les plus graves questions s'y trouvent traitees, avec cette pro- fondeuret cette clarte qui caracterisent tousles ouvrages decet illustre jurisconsulte. Traduit en allemand et en italien, le livre De la {'orupitence des ju^^es de paix , qui est aujourd'hui a sa 9° edition , etendit encore la reputation de M. Henrion de Pansey. II nous suffira de rappeler ici les litres des principaux ou- vrages de >1. Henrion, pour faire voir quels eminens servi- ces il a rendus a I'histoire et a la legislation. Ses traites de Y A utorite judiciaire , du Poiicoir municipal el des biens coiumu- naux, sa dissertation sur les Pairs de France, son Hisloiredes ussemhlees nationa.lcs , sont antant de monumens (jui porteront sa memoire aux siecles a venir. Ecrits dans un style pur, ele- gant et clair, qui doit servir de modele , ils attestent aussi la plus vaste erudition historique, et les doctrines les plus so- lides en droit. La seconde edition du plus important de ces ouvrages, du Traite de r au tor it e judiciaire , parut en 1827, epoque a la- quelle une censure absurde pesait sur la presse periodique. Je (1) M. Heiuion de Saint-Auiand se retira, au nioinentde la revolution, a Pansey, avec son fiere ; nials il ne levint plus a Paris. Nomnii'; juge de paix, il occnpa long-tems eel honorable ministere. II mourut quelqucJ jours avant son frere, et comnie lui dans un :tge fort avance. Us fiirent toujours li6s de la plus elroite anilfie, et leur fortune paternelle resta • uniitaninieni dans lindivisinn. 58 NOTICE HISTORIQIE fus chargi' d'annoncer dnns la Bn'iic Encyclopcdique Ic livre de M. Hemion, et je no cnis pouvoir mieux i'airc que de tiansnire dans nion article Ics litres dcs cliapitrcs nouveaux insert's dans cetle seconde edition. Parmi enx, il y en avait un qui est intitule : Da Parlemcnt, et de sa participation d I'cxercice de la puissance legislative. Du droit de faire dcs re- ntontrances sur les lois qui lui dtaient adressees, et des lits de justice. Ce titre ne put trouvcr grace devant les censeurs, qui en reTuserent I'insertion. liicn persuade que M. Ilenrion, qui ttait a Plonibiercs, on depuis long-tems il allait prendre les caux pendant les vacances, s'amuserait beaucoup du scru- pule de la censiu'e. je m'cmpressai de lui en i'aire part. En effet, le venerable magistral, dans sa reponse, qualifiait de re- ritable danence le rejet du titre de son chapitre. Lorsque la prcmit;re presidence de la cour de cassation \int il vaquer par le deces de M. de Seze, il n'y eut qu'une voix pour y appeler M. Henrion de Pansey; le gouvernement s'empressa de cedcr an voeu de ropinion publiqiie, et d'una- iiimesacclamalions accucillircnl rordonnance du i^niui iSuS. Pour quiconque n'a pas counu M. Henrion de Pauscy dans son inlimile, il serait impossible de se former unc juste idee de la grace et de la fraicheur de son esprit; de rameuite de son caractere, de sa conversation vive et enjouee. Ses saillies pleines de sel, sa touchante bonte, cet air patriarcal qui ins- pirait le respect, rendaient sa societe on nc peut plus at- Irayante. Cliaque soir, dans son salon, des honmies d'etat, des magistrals, des gens de lettres, desavocats entouraient le l)on vieillard, et venaient recueillir, avee empressenient et bonheur, rinstruction et le charme qu'on trouvait toujours dans son entrctien. En eflet, ce digne magistral ne ful pas senlement I'un dcs bommcs les plus savans do son epoque , il en elait encore I'un des plus spirituels. II se rappelailsouvent avec une douce satisfaction le terns oi^ il apparlenait au barrcau. II aimait a citer cette phrase de son elogu de Dumou- lin , dans laqucUe se trouve un si beau portrait de I'avocal : « Libre des enlraves qui captivent les autres hommes, trop lier pour avoir des protectcurs, Irop obscur pour avoir des SIR M. HENRION DE PANSEY. 59 proteges, sans csclavc et suns maitre , ce serait riiomnic dans sa diguito originclle , si un tcl hommc cxislait encore sur la teiTC. » Nous Tavons plusieurs fois entcndii dire qn'il no re- grettait qu'une seule chose dans sa longuc carrierc, c'elait de n'avoir pas etc batonnier de I'ordre des avocats. M. Henrion ne fut point appele a jouur un role politique; ccpcndant, en 18145 le gouverncment provisoire lui confia Ic ministerc de la justice. Le pen de jours que les sceaux de la France furcnt deposes dans ses mains servirent a ellacer des injustices el a t'aire du bien. Les prisons ct les bagnes ctaient alors encombres dc yictimes de I'opprcssion, qui lui durent line pronipte liberte ; il redigca lui-meme le decrct qui sup- prima les cours prevotales, et celui qui rappela dans le sein de la cour royale de Paris , en qualitc de conseillers honoraircs,. MM. Le Courbe et Clavier, auxqucls leur conduitc courageuse dans Taflairc de Jloreau avail fait relircr leurs I'onctions. Lorsquc les employes de son ministere lui furent presentes, il leur dit avec un ton palernel : « Messieurs, il est probable que je ne resterai pas avcc vous assez long-tenis pour vous lairc du bicn ; mais, au moins, soycz assures que je ne vous ierai pas de mal. » Commc conseiller d'Etat et comme magistrat,. 31. Henrion de Pansey donna de nombreuses preuves de I'in- dependance de son caractere ct de la fermcte dc ses opinions constitutiohnelles. Parini les exemples que nous en pourrions citer, nous n'en rappcllerons qu'un seul, que nous tirons d'unc consultation de M. Dupin aine, dans la celebre aflairc Dcsgravicrs. « Sous un gouverncment qui souffrait pen les resistances, une jurispru- dence s'etablissail qui contrariait I'aviditc du fisc. Lechet'de ce gouvernement chargea un de ses plus devoues serviteurs de ne- gocier avec I'un des presidensde la cour de cassation (M. Hen- rion) pour faire reformer les decisions qui deplaisaient a la regie. Le vertueux et savant magistrat pese, examine et ne pense pas qu'il y ait lieu a cassation. — Sa Majeste I'exige, dit le negociateur. — Dites a Sa Majcste, repondle president integre, qu'il vaut mieux que son lisc pcrdc un million, f[iio 4") NOTICE HISTOniQUE dc voir la consideration dont joiiit la coiir de cassation dinii- niH'c par line injustice. » Nous ignorons si cette reponse couraf!;euse fut rapporlca I'l I'empereur; mais, cc qu'il y a de certain, c'esl qu'il ainiait bcaucoup la conversation du president Hcruion. II se plaisait a niettre a repreuvc la vivacite de son esprit, et il lui ailres- sait (luelqnel'ois dc ces questions inattendues propres a ehran- ler rassurance des homines les plus accoutumes au langage des cours. Vn jour, par exemple, il lui deinanda, dans unc audience publi(]ue, pourquoi il ne s'etail pas mirie. « Sire , rcpondit M. Henrion, je n'en ai pas eu Ic terns. » A sa rentree en France, i>l. Ic duo d'Orlcaus se souvint que !V1. Henrion de Pansey etail attache au conseil de son pcre, et il le nonuna president de celui (ju'il venait de reconiposer. M. Heru'ion, si bien au fait des usages de I'ancienne uiagis- trature , u'hesita pas a accepter cette place, se rappelant (ju'autrei'ois des magistrats I'aisaient loujours partie du con- seil des princes du sang. A I'occasion des fonctions que i^l. Henrion eut a remplir. comme chef du conseil du due d'Orleans, nous citerons une anecdote peu connue, et qui nous parait piopre a faire ap- prccier la simplicite et la bontc de ce vertueux magistrat. Lorsque le due etaitenexil, et pai'courait, pauvre et san* suite, diiferentcs contrees de I'Europe , il s'arreta pendant (piebpie terns dans une petite ville de la Suisse, et ne trou\a, pour y subsisler, d'autre ressource que celle d'enseigner la geographic dans un pensionnat. De retour en France, el au faite de la prosperitc, M. le due d'Orleans voiilut faire retra- cer par la peinlure cet inleressant episode de ses malheurs. II fut represeutc, en effet, au milieu de jeunes enfans, leur expli(inaut les diverses parties de la sphere. Mais le vieux inaitre de pension dc\ait aussi figiu-er dans cette scene de fa- mille. Le prince crut se rappeler qu'il avait un air de ressem- blancc avec le president de son conseil; ilfit, en conse- quence, prier i>l. Henrion de consentir a servir de modelc, pour repre.senler, dans un coin du tableau , le niaitre de I'ius- SUR M. HEMIIOIN DE PANSEY. /ji [itution dans laqnelle il avail professe la geographie, et lebou ft savant magistral sc preta avec eiiipressement a ce desir du due d'Orleans. Personne ne fnt plus religieux que lui dans I'accomplis- sement des devoirs de sa charge. Nous I'avons tous vu, mal- gre son grand age, presque aveuglc, et marchant avec peine, venir presider la section des requetes el prononcer, avec une admirable facilite, des arrets toujours remplis de vues elevees ct de lumineuses solutions. Tel iletait encore, au mois de Janvier dernier, lorsqn'nne douloureuse maladie vinl miner ses forces et le condnire au lombeau. La vie de eel homme de bien, de ce grand magis- tral, s'est lerminee le 23 avril 1829, a I'age de qualre-vingl- scpl ans acconiplis. II est mort, comme il avail vec'u , au milieu du calnie le plus parfait : lieurcux des soins qui lui elaient prodigues par une niece qn'il cherissail tendrement (.AI"' la vicomtesse de Pernely) el dictanl encore quelqnes pages de son Hhtoire des A sscmblces nationairs en France, dont il preparait une nouvelle edition, enrichie d'uue introduction dans laqnelle il expose, a grands traits, ce que furenl les assemblees du meme genre qui eurenl lieu en Europe au moyen age. Pen d'existences ont etc aussi dignement remplies que la sienne. Son noin trouvera place a cole de ceux des Lfidpi- tnl, des Mole, des d' Agarsseau, dece petit nombre d'illustres magistrals qui furenl ses modeles, et dont il retracail a nos jeux le souvenir hislorique. Ilien n'a manque a la gloire de M. le president Hcnrion de Pansey ; il a manque a celle de deux des principaux corps del'Etal, la Chambre des Pairs, et rinstilut (1). A. Taillandiek, Avocal a la Gourde Cassation. (i) En I'an vin, M. Ilenrion avail ele designe par la Classc des sciences morales el polilitjues de I'InslituI, pour tHie nomine a une [)lace d'associe non residant, vacante dans son sein. Mais, comme ce fnt a cette epoque qu'il fut appele a la Cour de cassation, ce qui entrainait la cessation de son rionucilc dans les def.artenit;es. — Comme les chimisles n'iuler- runipenl point lenrs travaux, chaqneannee est marqiu'epar de SCIENCES PHYSIQUES. - 55 nouveaux progies do la cliiniie ct ties aits qui en deriveiil. M. Serullas, auquel on est icdevable de la decouvcitc dii compose d'oxygene ct de oyaiiogenc qui nierile le inieux le nom A'acide cyaniqae , a. continue scs rccherches sur les com- hinaisons du cyanogene, et son laboratoirc a vu paraitre un clilorure de cyanogene, et ensulte un pcrclilorure de la mennc substance , compose solide , bkinc , cristallisable , fusible a la temperature de i4o degres de I'echeHe centigrade (112° de Ueaumur) , vaporise a 190° c. ( i52° R.). Le savant cbi- misle determine les caracteres de cette substance remar- (|uable, d'apres raclion qu'ellc exerce ou qu'elle eprouve lorsqu'on essaie de la combiner avec les acides , les bases sa- lifia])les, etc. Les recherches de M. Raymond sur Temploi du bleu de Prusse dans la teinture avaient ete IVuctueuses pour la sole, le fd et le colon , mais la laine etait encore rebelle : enfin , par un proccde assez complique, mais beaucoup moins dispen- dieux que I'emploi de I'indigo , M. Raymond obtient one belie teinte, plus eclatante que celles qu'on peut tirer de I'indigo, qui resiste a I'eau froide, au frottement, a I'air et au soleil : mais les liqueurs alcaliues et I'eau de savon bouillante decom- posent le l>leu de Prusse, au lieu qu'elles n'oat point d'action sur I'indigo. Par compensation, le chlore et I'acide nitriquc detruisent I'indigo, et n'alterent pas sensiblemeiit la nouvelle teinture. On peut done regarder celle-ci comme aussi bonne, ou meilleure pour les consommateurs d'etoffes de laine, el comme plus avantageuse pour le fabricant. M. Chevreul s'est aussi occupe de la laine, mais dans des vues diflerenles; il a examine la matiere grasse, d'une es- pece pailiculiere , contenue dans la toison du moulon , et qui varie , sans doute , dans les diverses especes d'animaux con- verts de poll. II a constate un fait auquel ou ne s'attendait point ; la laine depouillee de sa grais^e par I'alcool ct I'ether n'est pas propre a recevoir la teinture; il est indispensable de la passer au sous-carbonate de soude. «MM. Chevalier et Lenglume oi>t apporlc deux perfertioii- 54 SClKNCllS PinSIQlES. ni-meiis imporlaiis ii I'ait dc ia lillH>giaj)liio, cii ciimposaiit lino liqiicnr propre a acidiiler rriineiiiaiiiiie plus avaiUagcusc la picrre di'ja couvcrte «lc dcssiiis, et iiiio autre qui ei)Ie\c lacilemcnt les dessiiis uses, ou ceuxque Ton veut corriger..., on evile ainsi lanecessite d'liser la pierre avec du gres, moyen qui, outre sa longueur, a aussi ses dangers, lorsqn'il ne s'agit (|ue d'un cnacage pailicl. » iit(\ns qui auront soin dc ne pas les perdre de vue. SCIKiNCES PHYSIQUES. 6") M. Delille a decrit les lleurs et le fruit du t/wligonuni cjno- crambe, plante annuelle de la lauiille des chenopodes, a feuilles nn pen rharnues, et dont la tige se ramifie et s'etale dans les crevasses des rochers, a I'abri des gclees. M. Cuvier invite les • lamistes a I'aiie I'analysc de la poiissiere blanche qui re- rouvre les fruits de cette plante, lorsqu'ils sont depouilles de ieur epidemic et de leur piilpe, apres avoir ete quelque tenis en contact a^ec la terre humidc. Cette poussieie est un anias de cristaux dont la furnie n'esl visible qu'a I'aide d'unc forte loupe, et dont quelques faces sont tout-a-fait microscopiques. On peut en recueillir aiscment une quantite suflisante pour une analyse chimique : c'est anx envinjns de Montpellier que M. Delille a observe cette plante. « Les grands travaux de botanique descriptive continnent lOHJoins avec la meme perseverance. M. deCandolle a publiu niie monograpliie des crassulacees ; M. Auguste Saint-Hilaire en a donne une das, poLygalics; M. Kunth annonce un ouvragc general sur les graminees, qui sera rempli d'observations de la plus haute Importance. Le meme botaniste a presente une histoire speciale de la balsamine des jardiiis. M. Cambessedes a presente sur les lernstromiacees et sur les guttiferees un j\Ie- moire detaille, oi'i il propose plusieurs genres nouveaiix, et detache de ces families quelques genres qui n'y appartienneni point. Les agames et les cryptogames recueillies pendant le voyage de la Co(/;/t7/e autour du monde, sont decrites en de- tail, dans la partie botanique de ce voyage, par M. Bory di; Saint-Vincent. ]\L GriLLEMiN a donne mi recueil des plantes rares de FAustralasie. M. Descourtils, tout en continuant sa Flore medicale des Antilles, a public \\\\ traite populaire sur les champignons comestibles el veueneux. M. le chevalier Smith a conduit jusqu'au 4"" volume sa Flore d'Angleterre..." Anatomie et physiologie animale. — Le Memoirc dans le quel .M. Magekdie a reuni ses observations sur le cerveau et surle liquide qui I'arrose, ainsi fpie sur lamoelleepiniere, etles recherches de M. Flourens sur les eflVts de I'ablalion de quel- ques parlies de la moelle allongee et tie la moelle epiuicre, nr 04 SCIENCES PHYSiQUES. siij)pmloraionl point iiiic iiolice aiissi hrevc ct par consequent aiissi iniparfailc que cello que nous poiiriions placer ici. Nous iTscrverons doiicces ecrils pour un autre arliclc auquel nous piuuTons (louncr uiic suffisante etendue. Nous y joindrons les travaux analogues de M. GiRorx de Buzaraingue sur le mcnie sujet, ainsi que le IVlcmoirc sur le ccrveau presente a rAcadeuiie par 31. le docteur Foville, medecin de I'hospice des nlienes de Roucn. iM. Giroux de Buzaraiugue a continue ses experiences sur les causes qui dcterminent le sexe dans, la reproduction des animaux; mais les resultats qu'il a obtenus ne sont pas en- core assez concluans pour qu'on les mette au nombre des coanaissances acquises. MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Martin ont pre- sente des recherches iuleressanles sur des canaux qui com- muniquent de I'interieur de I'abdomen dans les corps caver- neux des tortues et des crocodiles, et meme, a ce qu'il parait, arexterieur. « M. Cuvier avail deja fait connaitre, dans son Anatomic comparce, deux canaux qui, venant de I'abdomen, penctrent dans le penis, et suivent toute la longueur des corps caverneux j usque dans le gland. Ce sont ces deux canaux que MM. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Martin ont retrouves dans le clitoris ; et, de plus, lis ont reconnu qu'ils ne se bor- nent point a y penetrer, mais que, par une infinite de pores, lis communiquent avec les corps caverneux; et meme, en pressant le gland, apres I'avoir injecte, ils ont vu sortir de son extremite deux gouttelettes de I'injection, ce qui leur fait pcnser qu'il y a, en cet endroit, une communication libre de ces canaux avec le dehors. De I'examen de cette structure, les jeunes anatomistcs continent que ces canaux peritoneaux conduisent au dehors (|uclque partie du liquide on de la sero- site du peritoine. « Ce Memoire procure a M. Cuvier I'occasion dc remarquer qu'il s'en faut de beaucoup que les membranes sereuses for- ment toujoiirs des sacs sans issues, comme Bichat I'avait cru. ZooLOGiE. — L'histoire de la taupe etait trop incomplete; SCIENCES PHYSIQUES. 65 M. Geoffroy-Saint-Hilaire I'a beaucoup avanc(^'e par une excellenle dissertation sur cet animal, extraite de son Cours SU7' tes mammifcres. II faut done restituer a la taupe la faculte de voir, quoiqu'il reste encore des recherches a faire sur la structure de ses yeux. Le savant prof'esseur explique I'ap- parente contradiction entre la petitesse du bassin de la fe- nielleet la grandeur deses foetus. Lesosselets qui forlitlentles reins de cet animal, la membrane d'hymen qui ferme exac- tement, jusqu'a six mois, le vagin des jeunes femelles, etc., tons ces details anatomiques seront recherches par les savans, comme appartenant a Thistoire. Quant aux particularites sur les habitudes de la taupe, le professeur a dQ recueillir les de- positions de qnelqiies temoins suspects, et faire meme quel- ques concessions a une vulgaire curiosite. Certes, peu de lec- teurs croiront, sur la foi du celebre taupier Lecourt-, que dans les galeries etroites et sinueuscs qu'elle s'est creusee sous terre, laiaiipeva plus rile iju'un cheval an galop : mais tous ajouteront foi aux recits de M. Geoffroy-Saint-Hilaire sur la voracite de la taupe, sur la prodigieuse faculte dissolvante de son sucgas- trique, la promptitude de ses digestions, telle que cet animal meurt de faini apres une abstinence de douze heures. De ce besoin continuel de manger, et de ce que I'estomac de la taupe ne s'accommode que d'une nourriture animale, resultent des habitudes cruelles dont on trouve les details dans I'interessant memoire de M. Geoffroy-Saint-Hilaire. M. /5/t/oreGEOFFROY a presente un Memoire sur les chau- ve-souris qui se nourrissentde fruits, et dont on n'avait forme qu'un seul genre sous le nom de roussettes ou pteropus, et parmi lesquelles on distingue actuellement les ccphalotes de Peron , le§ liypodermes et les pacliysomcs de M. Geoffroy pere, et les macroglossesde M. Frederic Cuvier. 31. Isidore Geoffroy propose I'addilion d'une nouvelle espece au genre des rousset- tes proprement dites, et d'une autre au genre des pachysomes. 31. le docteur IIoujlin a observe les modifications que les aniraaux domestiques ont eprouvees, en re passant de la domes- licite a I'etat sauvage. Cast dans I'Amerique meridionale que T. xLiii. jrii.LPT 1829. 5 m SCIENCES PHYSIQUES. • es clian^omons so soiit jiccoiiiplis, ftpciivent Otie le mienx conniis. L'uiiirormilc du prl;ij;ecst rovcnue : lous les chevaiix y soul bai-biiins; les iiiies, gris Ibiicc; Ics coclions, iioirs. Los oreilles tin pore so redrossont, .son crfino s'elargit ; le courage de Tiine reparail. Ccpeiulanl , toutcs les traces de la doniosticito ne sent pas eilacces : les chioiis conserveiit quolques-iins des moyens d'attaque auxqiicls on les avail exerces, et les che- vaiix provenaiit de bidets faconnes a I'amble ont encore cetle alliiro. Les notes fournies par M. Georges Cuyier, an Pline do la grande collection desclassiqnes latins de M. Leniaire, doublc- ront le prix do cetto nouvellc edition des ceiivres du natura- liste romain. II nc fallait rien moins quo le plus profond sa- voir pour reconnaitre, dans le platanista de Pline, le dauphin du Gange de Roxburgh; pour demeler que le clicnalopex est I'oie arniee d'Egypte, et non pas le tadorne, etc.; le meme auteur a fait paraitre les trois premiers volumes de la grande histoirc des poissons, qu'il public avec M. Valenciennes. Le premier volume contient I'histoirc de I'ichtyologie, et I'ex- pose general et dolailie de I'organisation des poissons; les deux autres sont consacres a I'histoirc de la lamille des per- ches, divisee en cinquaute-doux genres et quatre cent vingt- sept espoces. « Parmi les ouvrages magnifiqucs qui ont ete consacres, dans les divers pays, a representor les productions de la na- ture, il n'en est point qui surpasse, pour le flni de la gravure ct ducoloris, celui que M. Audubon public sur les oiseaux de rAmerique septentrionale, et il n'en est aucnn qui I'egalc pour la grandeur des planches. Les aiglcs, les tetras s'y voient de grandeur naturollo, et quandl'oiseau n'est pas assez grand pour reniplir re,«lanq)e, il y est roprosenle dans los attitudes qui lui sont le plus ordinaires. L'Academie en a pris con- naissance avec iuleret, et c'est un grand plaisir pour elle, coninie pour tons les amis des sciences, de voir aiijourd'hui les naturalistes du Noaveau-Monde rendro avec usure a I'Eu- jopc rociuiynlent do rinstniction qu'ils on onl rocuo. » — SCIENCES PHYSIQUES. G7 IM. AiuUibori est no Franoais : la France pent le retlamer avcc justice, el Ic filacer au nombre des promoteurs des sciences qti'elle a prodnits dans tons les terns, et qui lui ont acquis des droits ;'i la reconnaissance de tout le monde savant. M. DrcEz, professenr de la Faculte de Montpellier, a fait des recherches sur la disposition des nerfs du cerveau dans les lezards, et sur la prolongation du ncrt' spinal danstoute la moelle epiniere. II a etudie le mecanisme de la respiration dc ces animaux, les phenomenes de la reproduction de lenr queue, et decrit six especes indigenes, dont il a pu observer l€S habitudes dans les difl'erens degres de lenr croissance. Les obserA'ations qu'il a faites a loisir, et dans des circonstances favorables, hiiont fait decouvrir les erreurs assez frequentes, anxquolles s'cxposent les naturalistes, Irop presses de classer; des individus de mOme espece, niais plus on nioins avances en ligc, sont consideres conime appartenant a des especes differcntes. Le mcme naturaliste a presente a I'Acadtjmie un Memoire sur les annelides sans branchies, et principalement sur la res- piration de ces animaux. Ce travail est beaucoup trop eten- du pour'qu'il nous soit possible d'en donner une idee en pen dc mots. M. IMilne-Ed-vvards s'etait aussi occupe d'uneclassiiication des lezards, iVindeesurdes caracteres plus precis et phiscons- tans que ceux que Ton avait adoptes jusqu'alors. Ce jeune savant et M. Audouin se sont associes pour rediger en com- mun des Wenioires sur la respiration et le sj'steme nerveux des crustaces. Etablis sur les ilots de Chaussey, lis ont fait une collection d« plus de six cents especes, dont quatre eents an moins leur ont paru nouvelles. Mais cet accroissement de la nomenclature, fruit du terns et de la perseverance, sera moins recherche dans les 3Icmoires de MiM. Audouin et Mil- ne-Edwards, que les faits qui eniichissent la physiologic, el nos jeunes naturalistes en ont fait aussi ime ample col- lection : nous regrettons de ne pouvoir cu mettre au moins qnelques-uns sous les yeux de nos lecleurs; mais il faudrail 'G8 SCIKNCLS PHYSIQUES. Iciir oonsacrcr plusicurs pnges, to qui nous est intertlil. M. DE B)LAi>vii.i.E a ])ul)li('', dans lo cours de 1828, deux ouvrages exlrails en partio des ailicles qu'il a fournis au dic- lionnairc dcs sciences naUnelles. Lc premier esl une Monogra- piiie den Ilinidinrrs, ou faniilic des sangsues, ct Tautre, un Manuel d' Ilelminlhologie , acconipagne de belles planches ; (•'est rarlide vers du Dictlonnaire des sciences naiureltcs. On doit aussi au nieme savant, des observations sm- la pliysole, singuliere production marine, composec d'une vessie ovale, surmontee d'une ( rete, et d'oii pendent, en nombre prodi- gieux, des filaniens, dont la structure et la longueur varient beaucoiip. On a considere cet animal commc un zoopliite, et M. Cuvierena fait le type del'ordredes acalcphes libres. iM. de Blainville pcnsc (|u'il I'aut le placer plus haul dans reclielle animale, que c'est un mollusque ou, suivant sa terminologie, un m(daco:o(dre ; M. Cuvier persiste dans son opinion jus- qu'a ce que I'anatomie complete de ces animaux y ait fait de- couvrir un sjsteme nerveux, un coeur, un sysleme vascu- laire, un foie, des organes mfdes et femelles de la generation, et leui's accessoires. ftl. GuERiNadecril, sous le nom d'£Hry/;o(/c, un cruslace de grande taillc, apparlenant a la famille dcs crabes , voisin des inachus, ou araignees de mer. Son principal caraclere est la dilatation et la compression de Tavant-dernier article de ses paltesambulatoires. On doit aussi au meme naturaliste la des- cription d'un cruslace de la famille des chevrettes, dont les yeux, d'une grandeur demesuree, occupent presque toule la surface de la tete : M. Guerin I'a nomme tkemisio. M. Milne -Edwars a decrlt aussi quatre cruslaces, dont I'exislence n'etait peut-etre pas meme soupconnec, car ils sont presque microscopiqucs. Le premier, que I'auteura nomme rlioe, de la famille des chevrettes, est voisin des apaeitdcs, mais il en difl'ere par ses deux antennes superieures, qui sont simples, et non pas bifides, comme celle des apseudes. Le second est nonune cnma, et le troisieme, pontic : ils apparfien- ruTit Tun et Taulre ;'i la iauiiile des monocle.'!; le (|n,ihieuie SCIENCES PHYSIQLES. 6r) est line espooe nouvelle tl'un genre connu , les nebalees. MiiDECi>'E ET CHiiiuRGiE. — Nous clevoHs Hous boincr a une simple mention de deux IMcmoircsdc Jl. le baron Portal, dont I'lin est intitule : Considerations siir les ficxres patrides dcvenues nialigries; et I'autre, Observations et Piimarqaessar la nature et le traitement des hydropisies avec des palpitations da cceur, et principalement sur le ramoUissemcnt de cet organe. Le second Memoire est plein de faits cxtrt-mement curieiix. L'auteur prouve, par de nombreux exemples, que les palpitations do coeur precedent souvent I'bydropisie, etque, par consequent, les deux maladies dependent d'une nieme cause, du moins dans plusieurs cas. Le traitement qui lait cesser les palpita- tions est qnelquefois plus nuisible que salutaire ; le mal cesse souvent parce que le coeur s'est ramolli, et que sa substance s'est convertie en une espece (Vndipocire, bicn re- connue par les autopsies. Dans ce cas, le mal est incurable. La notice des epidemics qui sc sont manifcstees aux An- tilles, dans lecours de I'annee 1828, communiquee a 1' Acade- mic par M. Mor.EAu de Jokises, n'est pas favorable a I'opinion des medecins qui ne croicnt point a la propagation de la fic- vre jaunc par contagion. Les fails sont nombreux, eflVajans; les gouvcrnemens du IMexique et de la Colombie ontadopte un systeme de precautions contre la peste du Nouxeaa-Monde. Les documens ofTiciels anglais et espagnols, communiques aussi par M. de Jonnes, n'affaiblissent point les inductions tirees des observations faites en Amerique. Et comme si la fievre- jaune ne suffisait point, une autre maladie vient de faire ir- ruption dans les Antilles. Elle n'ute point la vie, mais elle tourmente cruellement ses victimes, et arrache des cris aux plus courageux. Elle n'epargne aucun age, aucun tempera- ment. A laHavane, on pense gencralement que cette etrange maladie est un present que I'escadre espagnole de ramiral Laborde a fait a I'ile de Cuba, apres I'avoir recn elle-meme du continent americain. Aux iles Francaises, les medecins ne sont nullement d'accord an sujet de cette maladie, excepte sur un seul point , c'cstqu'elle ctait absolument inconnue dans ;ro SCIKNCES PHYSIQUES. Ics licux qii'cllo a Ic plus alTligos. Dans Ics villcs marili'mcs df la Martinique, son invasion a time plus do six uiois; a la llavanc, les habitans out etc frappes piesque simultancmcnt ; il a fallu improviserdcs hopitauxdans plusicurs quarticrs de la ville. Le grave espagnol a donne a cet hole incommode le nom qu'il porlc au lieu dont on le croit originairc, en y joi- guant la dcsignalion de ce lieu; c'est ainsi que s'csl fonnec I'exprcssion bangiie del coloraclo. Le Franrais , toujours dispo- se a plaisanler, mOnie au milieu dos soufiVances, dcsigne la maladie nouvoUc pailc nom iVwn animal qui a preside quel- que terns ;\ nos modes, la girafc. Des observations de M. Floi'rens sur Tapoplexie du cer- Tolet etablissent deux degres de celte maladie; I'un est, sui- vant I'auteur, une apoplcxie profonde qui penetre jusqu'au centre de I'organe, et I'autre , une apoplexle super ficielle. Les symptomesde la premiere sontun trouble et un desordre'com- plet des mouvemens, ct I'autre est revelee par une simple ins- tablUte, on dcfaut d'encrgie musculaire ct do situation fixe. Dans Ic premier cas, repanclicment occupe une cavite creu- see dans rintericur de I'organe; dans le second, la superficie scule de I'organe est alteree, etpresente une couleur rosee ou d'un rouge lendre, apparcnce produitc par des points et des .stries rouges, dont elle est parsemee dans toute son etendue. M. RoBiQUET avait decouvert, dans les cantharides, un prin- cipe vesicant, sans action surlavessie. M. Bretorneai;, mede- cin a Tours a continue le travail du savant pharmacien de Paris, en appliquant a d'autres insectes le procede par lequel on obtient la caniharidc. II est parvenu a I'extraire d'un myla- hrc, Yoisin de celui de la cbicoiee, qui parait avoir cte la can- tharidc des anciens. Cette substance, etendue dans I'huile, exerce lapropriete vesirante, avec une telle precision, qu'elle dessine exaclement sur I'epiderme, le contour, ct jusqu'aux angles les plus aigus du papier sur lequel on Tapplique, en sorte qu'elle convicnt parfaitement aux vesicatoires qui; i'ou vcut circonscrire. >ous n'enti'cron? iioiiil ilans les details penible> d'uue ciuc SCIENCES PHYSIQUES. 7r merveilleui'e opcree par I'un de nos cliirurgiensles plus liabi- les, M. Delpech , professeur ii Moiilpellier. La chirurgie est uiaintenant en possession de procedes et d'instiumens qui donnent a I'art Ics moyens de se montrer superieur a la na- ture, lorsqu'ils sont appliques par Ic savoir, riutoUigeuce et radrossc. « 31. Isidore Bourdon, qui a dcja recu des encouragemeus de I'Acadeuuc, pour scs Manoires sur hi respiration, luia pre- sente cette annee une physiologic mcdicale, oi'i il a pour but d'appliquer a I'arl de la nicdecine les priucipes les plus averes de la phjsiologie positive. Son ouvrage contient sur les nerfs^ sur les sensations morbides, sur le pools, sur les bruits ins- piratoiresct sur la chaleui', des faits et des deductions qui ne sont ni sans nouveaute, ni sans importance. » Agricultibe et art yeterinaire. — Sous quel point de vuc une Academie des sciences doit-elle considerer ragricultiu'e, dans la oapitale d'uu grand royaunie , dans une viiie qui possede eninenie terns une Societe royale et centrale d'agricul- liire, qui est une academie des sciences et des arts agronomiques? Sans chercher une reponse precise i cette question, on entre- voitla possibilite de la trouver, et surtout, on apercoit clai- rement, qu'un corps savant, instiluc pour cnibrasser I'en- scmble des sciences, ne doit point se livrer a trop de details sur leurs applications. On ne pent se dissiniuler que les iMe- moires compris dans cette derniere section apparteuaient, de droit, a la Societe centrale d'agricuUure, ct que FAcademic des sciences ne pent en I'aire aucun usage profitable. Que Ton ccrive sur I'agriculture, toninie Davy, ou comme Chaptal, a la bonne heure : les ouvrages ou I'art est envisage sous un point de vue aussi general peuvent etre compris dans le do- maine de I'Academie; les autres lui sont etrangers. II semble aussi qu'il lui conviendrait, a tons egards, de considerer I'a- gricidture par rapport a la slatistiquc; car, rien dece qui pent contribucr aux'progres do I'ccouomie politique uc pent lui etre clrangcr. II ne s'agit point ici dc ia rliguile des fonctious 73 SCIENCES PHYSIQUES. dont elle est chargee, ni de leurs limiles, mais de leur nature, et de la direction qui la conduira le plus promptcmcnt et le plus sOremcnt vers son noble but. Au reste, nous jugcronsen- core niieux, j)ar le recueil des Meinoires, de ce qui apparticnt reelleaient a I'xVcademie : la seconde partie de I'histoiie de ses travaux, en 1828, redigce par M. Cuvier, comprend , dans un resume commun , les oeuvres des academiciens, les cor- respondances, les rapports, et 11 fallait en presenter une fidele image : dans le cadre etroit oii nous devious nous renfermer nous n'avons pu tracer que quelques lineamens du niagnifl- que tableau execute par M. Cuvier. FfiKRY. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Religions de la Grece, ou Uecherches sor l'origine, les attributs et le cdlte des principales divinites helleniqces*, par p. N. RoLLE, conservateur de la bibliotheque de la ville de Paris, etc. Tome I (i). Get ouYrage n'est pas le premier essai de M. Rolle dans le- vaste champ de la mythologie ancienne ; I'auteur a deja donne au public des Reckerches sii.r le culle de Bacchus, symbole do la force reproductive de la nature, qui ont recu rapprobation de I'Academie des Inscriptions et Belles -Lettres (Voy. Revue Enc, t. XXV, p. 4o5). Ces Recherches, qui remplissent 3 vo- lumes in-8% avaient conduit I'auteur a etablir en principe que les religions de I'antiquite appartiennent toutes a deux systemes : d'abord, celui des emanations, qui admet que de Dieu, etre superieur, sont emanccs ou sorties des divinites inferieures , qui, a leur tour, ont donne lieu a des emanations d'esprits d'un ordre moins eleve ; et puis , le systeme de la triade egyptienne, qui suppose I'union du principe actif et du prin- cipe passif, et un produit de cette union, le cosmos ou le monde. Les religions de la Grece lui paraissent appartenir au dernier de ces deux systemes; il a cherche a prouver, dans son premier ouvrage, que le culte de Bacchus, de Geres et de lacchus en Grece, repondait a celui d'Osiris, Isis et Ho- rns en Egypte, ou que les trois divinites grecques etaient les memes que les trois divinites egyptiennes. Le nouvel ouvrage (i) Chdtillon-sur-Seine, 1S28; Cornillac. Paiis ; Lecoinle , Pichon cl Didier. 1 vol. in-S" de 58c) pages; prix, 7 fr. -:, SCIENCES MORALES do W. Rollc est destine i'l developper cctlc opinion, et a fairc voir ([no Ic ciilte de tcnites los grandes divinites do la (Ireoc elait I'onde sur cc tril/uisme inlroduit dans ce pays par les colonics d'Egyplc et de la Basse-Asic. Lc premier volume s'occupe uniquement dii cultc de Ju- piter; dans les volumes suivans, I'auteur examincra proba- l)lcment les autres grandcs divinites de I'Oljmpe. Nous au- riuns desire qn'nn mythoyraphe cut rendu compte de ce iiouveau et important travail dc I'auteur des Reckerches sur lc cuite dc Bacchus , en soumettant les opinions ct les asser- tions de M. Kolle a un examen severe, en comparant les re- sultats auxquols il est parvenu tout seul, ct sans avoir con- snlte les ouvrages d'autres savans modernes, a ceux qu'ont obtenus les eriidits d'Allemagne a force de recherches pro- fondes sur la meme matiere, rcsultats qn'ils ont deposes dans une foule d'ouvrages pen connus en France. Pour nous, n'ayant point fait one etude speciale de la mythologie, nous ne poiivons nous livrer, ni a I'cxamen critique, ni a la com- paraison dont nous venons de parlcr; nous nous bornerons a presenter ime analyse proprc a donner aux lecteurs une idee sommaire du volume qui traite du culte de Jupiter. L'auteur a divisc ce volume en deux sections : dans la pre- miere , il expose I'origine du culte de Jupiter ct sa propaga- tion dans la Grece, ainsi que les principaux attributs du pre- mier des dieiix , selon la croyance des Grccs; la seconde section parait etre un developpement dc la (In de la premiere, et traite des diverscs denominations sous Icsqueiles Jupiter recevait un culte chez le mcme peuple. C'est en Egyple que M. Uolle trouve I'origine du culte du premier dieu ; le Nil, en repandant sur des terres dessecbees par Ic soleil ses ondes et son limon fecondans , oilVait au peuple une image du principe actif, du principe producteur; tandis que la terre, en recevant I'influcnce salutaire de cette cause active, etait le symbole du principe passif, de la divi- nite femelle : le premier etait Amnion, Osiris, le Jupiter des (irecj ct des Romains ; le second, Isis, leur Jmiou on Icur ET POLITigUES. 75 Ceres. (re. 8o SCIENCES MORALES Ics yciix; tout dans I'linivers paile dcs deiix causes dont I'luic aj!;it sur Tautre; les seus nous les indiqucnt d'abord, et Ic raisonnement nous les fait apercevoir jusque dans les pre- mieres operations dc la nature. C'est done un fait de pure ol)servalion que cclui du principe de vie et d'intelligence re- pandu dans toutes les parlies du nionde : les anciens n'ont vu que ce fait, et ils n'ont jamais adore le premier principe, Ic principe producteur, que reuni avec la partic passive de la nature, la mere commune de tons les etres. » Quoique le principe soit enonce ici dans un sens absolu, il est probable que I'auteur n'a voulu I'etendre que sur les peuples et sur les epoques qui out eu un systeme niythologi- que ct cosmologique enticrement developpe, une religion de syraboles, enfui une religion metaphysique ; car, pour les terns et les peuples bari)ares, ils n'ont pcut-etre pas porte jusque-lc\ les combinaisons de leurs croyances religieuses. M. Rolle fait voir la reunion des deux idees, d'abord cbez les Egyptiens, qui, selon lui, ont donne lieu a ce principe mytho- logique, puis chez les Grecs. Ceux-ci faisaient comme d'au- tres peuples, de leur divinite suprc-me, tautot un etre pro- ducteur, tantot un etre produit : ainsi leur Jupiter, generale- ment considere comme le principe createur, passait pourtant aussi pour un dieu cree, et la legende de Jupiter enfant, oc- cupe assez de place dans la mythologie de ce people ami des fables ; iJes medailles cretoises le rcpresentent dans cet age assis sur une chevre. D'autres fois le dieu producteur etait regarde comme synonyme de I'astre qui favorise, qui hate la production; de lii le culte dc Jupitcr-Solcil, et I'idee fon- dameutalc du sabeismc. M. Rolle termine ici ses recherchcs en les etayant d'une foule de notes raisonnees que nous ne pouvons qu'indiquer. Nous desirous que bientut un autre volume nous mette a meme de parcourir avec I'auteur le vaste champ de la my- tliologie aucienne ; car il est rare que cette etude n'inspire pas des idees et des systemes ingenieux aux auteurs qui la cul- livent a I'aide des livres et dcs mnnumens anciens. D-g. ET POLITIQUES. 8i LeTTRES KR LES MCEURS ET LES INSTITl'TIONS DES EtATS-L'NIS DE l'Ameriui'e SEPTENTRIONALE , par M. J umcs Feiiimorc Cooper, traduites dc I'anglais par IM"° H. Preble (i). Un ecrivain qui s'est livre long-terns, et avec succes, a la composition d'ouvrages d'imagination ne devrait peut-etre point s'exposer a de nouveaux essais de son talent et de ses forces, a de nouveaux jugemens du public : mais , de toutes les tentations anxquelles il pourrait succomber, la plus dangereuse est celle de devenir bistorien. "Walter Scott re- grette, sans doute, d'avoir fait autre cbose que dcs ronians. L'esprit a ses babitudes, non moins tenaces que cellcs dn corps ; les formes du style finissent par cntrainor la pensee, au lieu de la suivre avec docilite, et d'oljeir a ses commande- mens. M. Cooper en a fait aussi I'experience : il vonlait certainement peindre avec une scrupuleuse exactitude le ta- bleau de son pays : le dessin pent etre correct, mais le colons manque de tems en terns de cette verite dont un portrait ne pent se passer. Le lecteur s'abandonne souvent a rillusion. il la prolonge mCme, autant qu'il le pent, afin d'eu jouirplus long-tcms; mais enfin, des couleurs trop \ives, des associa- tions d'iniages que Ton ne rencontre que tres-rarement dans la nature, I'avertissent de la fiction, aux depens de reH'cl qu'auraient produit les objets representes fideiement, et mis a leur place. Le livre y perd quelque cbose et les Icctein-s encore plus; car ils eprouvent frequemmcnt le besoin de croire tout ce que M. Cooper leur dit, et en meme tems la crainte de realiser des fantomes qu'on leur montre de loin, sous des formes tres-seduisantes. EfTorrons-nous d'ecbapper nous-memes a ccs prestiges, ct de faire voir, par queiques cxtraits, que cet ouvrage pent etre une source d'instruction, lorsqu'on salt le lire de sang-froid ct le depouiller des oriie- mens dont I'auteur lui-meme ne I'aurail proba])lement poinl (0 Paris, 1828; Kilian. 4 vol. iiiiz; piix, 1 ?. (V. T. xLiii. jriiLET iSag. C Ri SCIENCES iMOIVALES cliari!,<', s'il n'avnit pas conlracle I'liabiliule d'un style oi'i cetl« ponipc est assorlie aiix ()l)jels crecs par i'imagination. On ne suit a quelle nation appailient le voyagenr dont- i\I. Cooper est I'interprete. II part de Russie, et sa premiere lettre est datee de Liverpool, juillet 1824; la seconde, adressee a un autre correspondant, plus longue et plus chargee de re- flexions, est le frnit des loisirs de la traversee d'Angleterre en Amerique. En coniparanl le commerce el les entreprises maritimes des Anglo-Americains A ce que font aussi, surmer, la Crandc-Bretagne et la France, I'auteur ne nous flatte point : ecoutons scs reproches et ses aveitissemens. « La France est baignee de deux (;utes par la nier, ct jouit, dcpuis trt's-long-toms , d'une haute civilisation et de grands avantages scientifiques et intellectuels ; cependant, la France, comparativement a sa civilisation et a ses ressources, n'est ipi'une puissance secondaire, sous le rapport du commerce et de la navigation. Si elle a des flotles, ellcs n'ont pas ete le fruit spontanc d'ini commerce libre et aclif ; inais elles furent crcees par les efforts toujours plus faibles et plus epheineres d'une ambitiense politique. Pense-t-on que si les Alpes et les Pyrenees pouvaient faire place a I'Ocean, la France y dut ga- gner sous le point de vue commercial? non : dans ce pays, la science, les talcns, I'industrie ont toujours ete exploites au profit du gonvernement ; s'ils y parviennent a un certain degre de perfection , ils scrvent seulement a consolider le pouvoir de I'Etat; on les concentre, au lieu de favoriser leur libre devcloppement , de maniere a produire ce bien-elre indivi- duel qui, seul, conslitue la veritable richcsse des nations. La meme ol)servation ne peut s'appliquer a I'Angleterre ; mais elle a abuse dc ses ressources d'une autre maniere : d'une part, on a cree le dcspotisme , et, de I'autre , une puissantc V\IWWVV\ Stikhotvorekia V. Joukovsrago. — Poesies de B. Joc- ko vsry (1). Enlisant quelques fragmens de poemes lieroiques, echap- pes a la guerre et a I'ignorance barbare des vainqueurs, il est i'acile de se convaincre qu'une couleur romantique dominait deja dans les premiers essais de la lilteralure russe. Ce n'etait point, il est vrai, le romantisme de Byron ou de Lamarline, epure pai- une longue education litterairc; maison y retronve cette reverie inquiete et vague qu'ont inspirce aux peuples du nord leur mytliologic bizarre et les scenes d'une nature sauvage et agreste. II existe sans doute un rapport frapant entre les chants ossianiques et ce qui nous reste de Bayan, surnomme le rossignoi des anciens jours. On fait remonter cetle production au xii' siecle, et les re- lations qui existaient alors entre la Russie et I'empire grec rendent assez plausible I'liypothcsc d'une certaine civilisation, dont la litterature aurait suivi les phases. Mais, depuis, les invasions dcvastatrices d'un grand nonibre de peuplades quelquefois reunies, plus souvent divisees; des guerres d'ex- terminiUion , on la mine, I'incendie et I'esclavage marquaient le passage du vainquenr, ne laisserent a la Russie que le loi- sir d'attaquer ou le tems de se defendre. Les moeurs de ce peuple, sans cesse remaniees par ces in- vasions, furent long-tenis avant de prendre une physionomie nationale ; et les arts, qui nc gcrment et ne se devcloppent que (t) Saint-Pefersboui'g, 1S24. 5 vol. iii-S". T. XLIII. JIILLET 1829. 7 / ,)H LirTI^-llATUKE. dans la st-ciiritc ol an st'in dcs iiislitiitionsstablos, chireiil ros- ter slatioiinaires romnic los moeins ellcs-meiiics. Enfin , ce vasto empire, reimissant en I'aisccanx loutesses provinces, et inailrisanl lant dc penplades d'origine diilerente. par Ics liens d'tm gouvcrnenieiil dcsputiqiie, respira apres una si longue lutte. Habile a profiler des dissensions enropeennes, il echappu loue-lems a la guerre par i'eloignement , et a rcnvie par robsciirile , lorsqnc lout a coup il prit rang sur la scene poli- tique, revelant a I'Europe etonnee unejjuissanee de premier ordre. Des lors,ses rapports avec I'Occident devinrent plusl're- quens, el de re contact naquit une civilisation improvisee, qui, en s'etendant snr les classes elevees, ne lit que glisser sur les masses. On etudia les langiies elrangeres, et Ton ne put mieux iaire que detiaduire. Dela, cetlc absence d'origi- nalite (jui se fait sentir dans la litteratiire nationale. II n'entre point dans notre plande suivre le developpemcnt de cclle litterature ; il nous suffira de dire qu'a I'opoque oil M. Joukovsky sentit son talent poetique, elle scmblait avoir pris une marche coastante. La langue etait deja polie ; mais, a Texception du poete lyrique Derjavin, et du fal)nliste Kri- lof, on clierchait en vain, dans des ecrivains, d'ailleurs esti- mables , ce cachet d'originalite qui fait la vie des ouvrages. En se bornant ainsi a exploiter les ricliesses des langnes etrangcres, on ne tarda pas a s'apcrcevoir que tout n'etait pas profit; que, si d'up cote les sciences exactes y avaient gagne, de I'autre, les ouvrages d'iuiaginalion semblaient tons jetes dans un meme moiile ; qu'en imitant exdusivement la poe- sie francaise, I'idiome russe perdaitiine parlie de sesressour- ces naturellcs; enfin, ([ue, sans parvenir a Telegance et a la puretc de nos chefs-d'oeuvre, il se depouillait de cette har- diesse de tours que lui permet la variete de ses desinences, et qui le rapproche des langues anciennes pour le mouve- mcnt, le rhythme et Teffet. A toutes ces causes, il faut en ajou- terune plus generale et plus immediate, c'est Tinfluence exer- cee par des formes despotiques sur I'elan et le developpe- mcnt do la pensce. — An milieu de ce talonnement conti- 4 LITTJ^RATURE. 99 nuel, et de ces efforts plus ou nioins infracliieux, la lilleiature nisse oftVait deja des symptomes de decadence, sans avoir eii de CCS epoques de matuiite od I'csprit luimain semble at- teindrelc plus haut point de perfection possible, et oii il est c'ondaniHe a s'arreter s'il ne veut descendre. M. Joukovsky, noiirri de la lecture des poetes allemands, etait appele a doter la litterature nationale d'un nouveau genre de richesses, et personne peut-etre n'etait plus capable de ramener I'idiome russe a sa vocation premiere. Avec une ameaimante, une imagination vive et un goCit pur, il devait reussir, parce qu'il obeissait a I'impulsion de son talent ; et il renconlra parfois Torigiiialite , par cela meme qu'il n'avait point le plan arrete de se montrer original. Tourmente par le besoin de produire, il a ouvert une carriere oi"i de noin- breux cmules le suivent avec plus ou moins de succes, et oCi, jusqn'a present, il n'a ete donne qu'au seul Pouchkin de I'atteindre. A noire avis, ce qui a contribue a donner a M. Joukovsky cette flexibilite de talent, qui sait se plier a tons les sujets, ccst la camere active et variec ou s'est ecou- lee sa jcunesse. En effet , tout serl d'aliment a la poesie ; le recueillcment de la retraite est sans doute favorable a la meditation , mais c'est surtout lorsqii'on a beaucoup vu, com- pare et mem« souffert ; c'est en observant les hommes , et surtout en s'associant a leurs interets, que Ton parvient a s'i- tiilicr a la connaissance des passions, dont on apprend ainsi Jes motifs secrets, les ressorts les plus delies et, pour ainsi dire, les limites. Ne en 1780, M. Joukovsky continua ses etudes a I'universile deMoscou; il entradepuisau service civil, qu'il quitta, en 181 2, pour s'enroler dans les miliccs de Moscou : le danger passe, il deposa le glaive et reprit ses pinceaux, encore plein de ces grands evenemens qui devorerent nos armees et mirent I'em- pire russe a deux doigts de sa mine. Bientot apres, il publia leBarde au camp des Riisses^ piece remplie de cbaleur et de patriotisme, ou le poete evoque tons les souvenirs histori- ques ct les fails recens de ses compagnons d'armcs dont il if>o LHTi;i\ATllRE. riinoblil les rcvcrs cl exalte Ins vicloii-os. L'aiilciir reciit do ronipoicnr iiiic pension tie qnalrc millc roubles; el en 1817, il lilt noinnie piolessoui" de liUeratnrc de la grande duchessc Alexandra, actuellennenl impeiatrice. I\I. Jonkovsky avail re- dige le Comrirr de l'Ei(ropf, dcconcerl avco M. Katchenov- SKY , redaclenr de hx Goodie de Moscoa. Deja ses premieres poesies avaient iail presager sa gloire fulnre, el I'avaient si- gnale, avec distinction , et conime chef d'ecole, parmi les lit- Icratenrs de Tcpoque. Parmi les productions qui onl le phis conlribne aux snc- ces litteraires dece poete, il fanl metlre en premiere ligne ses ballades^ el, avant les ballades peut-etre, les chants palrioti- ques inlilnles : Le Bnrdc au tomheau des vninqiieiirs Slates; Le Bnrde ait camp des Riisses; et enfin, Le Bardeau I'ircmUn. Ccs pieces dithyrambiques, ([ui repondaienl aux passions du mo- ment, et qui rclevaient les csperances 011 la gloire de la na- tion, lurcnt reeues avec nne i'aveur extreme. II est des epo- qucs singulieremcnt favorables au genie du poete ou de This- lorien ; c'cst lorsque, dans les grands ebranlemens poliliques, les espritssont montes a nn certain ton, et qu'il ne reste phis a I'ecrivain qii'a s'emparer de la pensec dominante des mas- ses : c'est ce qui explique le succes des premieres Messenien- nes, et la Iroidcur qui a accueilii les siiivanles. La voix du poete est alors comme I'organe d'un peuple ou d'un parti, et sa reputation s'eleve en raison de la vehemence des passions : mais, cette effervescence passee ou attiedie, I'ecrivain, reduit aux seules ressources de son talent , ne pent desormais s^m- palliiseravec des idees dont la direction n'est plus la meme, ct souvent ilnerencontrc plusqu'indiffcrence, la oii I'enthou- siasiiie lui tressait des couronnes. L'edilion (jne nons avons sous les yeux est la troisieme des oeuvres completes de M. Jonkovsky; elie a parn en 1824: nous la devons a la bienveillance de notre correspondant de Moscou. Le premier tome renferme Jeanne-d'Arc, tragedie traduile de Schiller. La langue russe, maniee par un maitre aussi ha- J LITTEI\ATURE. lui bile, y developpc loutes ses rcssourccs, et Ic lr;uluctciir s'y cleve quelqiielois a la hauteur de son modele. Les chants pa- l riotii/ lies et iiulves poesies lyriqaes lermiuentcc volume. Le se- cond renl'crnie des epitres, dcs elegies et des melanges, on Ton reniarque rre(|iicmnient des Iradnelionscntieiesou tionqnees, des imitations et des remiiiisecnces. II serait a soubailcr, pourlc dire en passant, que le poete cut indiqne les sources oi'i il a puise : c'est une dette de conscience qu'ii a pres(jue toujours negligee; et cet oubli ou cette omission, trop i'ami- liere aux ecrivains russes, met le critique dans une position delicate, ct laisse I'esprit du lecteuren mefiauce sur les bean- ies origiiiales. Le troisiemc volume conlieut des ballades, dont quelques-unes sont traduitcs ou imitecs ; la Table de Ceyx et Alcyone, traduile d'Ovide ; une traduction du second livre de VEncide. Parmi les liallades imitees, on reniurquecelle (pii est inlitulee : L(o(«//«(7rt, empruntee a Burger; dans le petit nonibre de cellcs qui appartiennent a I'auteur, SvetUma est regardee comme la nieilleure. Cette piece, ecrite avec grace, oHre une peinture fidele de quelques superstitions russes ; elle est empreinte d'un cachet local qu'on relrouve raremcut dans la traduction qu'enadonnee Vaulcur deV A nUiologie russc; ce (pi'il I'ant moins attribuer a I'impuissance du versificateur qu'a son ignorance de la langue do Joukovsky. La traduction de VJnge et la Peri, episode du pocme de Lalla Rook de Moore, a mis aux prises deux poeles dont la reputation est peut-etre egale parmi Icurscompalriotes. Moore a plus de ponipe et d'aboadauce ; sa poesie descriptive est nourrie d'imagcs dont la succession rapide charme d'abord, et produit a la longue une sortc d'eblouissement ; il possede aussi a un haut degre le talent de Iraduire et de rcndre slcn ce qu'il touche. Dans le poete russc, c'est la nieme purete d'ex- pression avec moins de luxe dans les ta])leaux et de bouheur dans les details; on pent, ce me semble, lui reprocherl'abusde certaincs images lavoritcs, ct une repetition trop IVequente de quelques tours romauliciues qu'on appellcra bienlot les lieux couunuiis du genre. Mais, s'ilcede ravanlage a Moore coumie 102 LITTliR^TURE. poetcclesciiptif,ilk'ieprendsoiis le rapport dcshaiitesconcep- tions morales. Qiiaiid il s'elcvc, c'est moins par iinc pensee que par un sentiment; et c'est ce qui donne a sa poesie une puissance d'entraincmcnt a laquelle on s'abandonnc sans re- serve, et i'on rctrouve ce caractere jusqnedans ces pioduc- lions legeres, filles du caprice ou d'uno inspiration fugilive. Ce qui precede est sansdoulc bicn insullisant pourdonner une idee, nicnic approximative, du meritc de M. Jonkovsky. Nous voudrions pouvoir salisl'aire d'une manierc plus com- plete la curiosite de nos lecteurs, enleur prosentant qnehiucs traductions choisies dans les genres oi'i Ton retrouve les traits les plus saillans de la physionomie poetique de cet auteur. Mais I'espacc qui nous est accorde nous force a ne leur offrir que la traduction d'un petit morccau plein de grace et de- poesiedans I'original. Le Jciinc Enfant. Le cifl gnjndall, et d'un pfile nuajjo S'elait voile le niidi ladieiix Un jeune enfant, assailli par I'orage, Voguait au gie des vents imp^tueux. Autour de liii la tempOle bonillonne; Baltu des flots, son osquif geuiissait.... Calnie et distrait, au ilciive il s'abandonne, Et siir les eanx sa rame se joualt. Le Ileuve s'enfle, et Tonde niugissante Baigne scs pieds et court en ecunianl.... Mais il souiit.... et, sur la vague erianle, II jette un lis qui tournoie en fuyant. D^jii I'psquif entr'ouveit par I'orage Au fond des eaux roule pr6cipit6.... Sur le gazon qui veidit au livage Le jeune enfant est niollement port6. II est tout nu; nir.is la plaine est si belie \ Pas un regret pour accuser le sort.... Puis, oublianl I'orage el sa nacelle. En souriant, sur les fleurs il s'endort. J. Chopiw, WVWNpVWVWVWMVV'WX WVWMW\ VWVWVWWMVWWMVWVWWVVW III. BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE. LIVRKS ETRA^GEllS (i). AMEUIQUE SEPTE.NTRIONALE. liTATS-L'MS. 1. — * Transactions of the Albany institute. — Meiiioires ot actes de I'instiliit (rAl])any, n° 2 (jiiiii 1829). Allianv, 1829; impiiiueric de "NVehsters et Skinners. ln-S° de 96 pages; prix;, nn denii-dollar. L'institiil iiaissant d'AlbanyJnous donnera la mesure de cc que pen vent faire pniir Ics sciences et les leltres des cites isolees, et que leur population nc place pas au premier rang, dans ie pays oi'i elles se trouvent. Puisse son exeniple excite,, remnlation des ?:ocietes savantes de nos deparleaiens, encore plus a portee qn'on ne pent Tetre sur le bord de THndson de cultiver avec succes soit toutes les divisions des connaissances liumaines, soit quelques-unes sculement, suivant les bcsoius on les avantages locaux! Nous n'avons encore que la sixieme partie du premier vo- lume de ces iMemoires, et deja Tiustitut d'Albany attire I'at- tention du monde savant. On voit, dans ce numero, qu'il s'at- tache a couserver en Ameriqiie lapurete de la lanpiie anglaise devenne la languc nalionale des Ktats-rnis, et qn'il signale les mots et les locutions ([ui teudent a I'alterer : il serait a desirer que nos societes departementales s'imposassent la menie ol)!i- gation, et que, dans^toule la France, on pi'it la ferme Ji'solu- tion de l)anuir les expressions et les tournures provinciales. (Par rapport a la laugue, I'aris-est une province, et Tunc de. celles ou les locutions \icieiises abondent le plus.) (1) Nous iiiiliquoiis par un aslciisque (*), plact a eule du litre dc ihaqiic ouviage, ceux des livies ctianger.s ou fianrais qui paraisscut digncs d'uiic atlenlioii parliculii'ic,- et nous en lendrons quelqucfuis roiiiple dans la sccliou des /inalyscs. io4 LIVUES li'TR ANGERS. Dans un autre article, on annonco, mais avcc quelquc hesi- tation, un renit'tle edicacc conlre la inorsui'C iles serpens a sonnetles; e'esl la plantc deerilc par Miclianx dans sa Flore lies Etats-Unis, sons Ic noni iV uvula perfalinta major, Apres avoir evpose les cireonstanees tie cette deconvcrle, et Ics adniiral)les eflefs de rapplication du ren>ede dans denx cas on la moit semhiait instanle, les redaclcurs ajoutent avcc raisonqnc laniorsiMC dn serpent a sonnetles n'est pas tonjours niortelle , et qu'ii ihndrail un l)icn pins grand noinbre d'e- prenves pour accrediler I'eniploi du nonveau speciliqne, ct I'aire ncgligcr les precautious et les moyens curatifs qui sont aetncllement en usage. La temperature est-cllc plus elevee, sur le meme paraliele, dans la vallee du Mississipi que sur les cotes de I'Ocean Atlan- tique ? A detaut d'observations thcrmometriqnes, on essaic de resoudre cette question par la scule inspection des vege- taux qui convrent la terre, dans les regioi^ que I'on veut comparer. Cette methode ne reussit pas tout-a-iait dans le cas dont il s'agit ; Texamcn derient complique, cmbarrassant, et n'aniene pas assez clairement une conclusion. D'ailleurs, les observations dont on fait usage out etc faites, a des cpoques differcntes, par des voyageurs veridiques, sans doute, mais qui manquaient peul-etre, an moins en partie, de ce qu'il Cant pour bien voir ; on est done force de revenir aux inslruniens de mesiue, etde resoudre par le thermomelre tontesles ques- tions de temperature. Les etudes geologiques font de grands progres en Ameri- qne ; elles y sont provoquees par denx puissans mobiles : les traits fortement prononces d'une nature qui semble n'avoir pas depasse son age viril , et le besoin de connaitre cet immense territoire, afin d'y preparer des moyens de bonheur pour les generations fntiues. L'institut d' Albany s'empresse, comme les autres societes savantes d'Amerique, de propager Ics connaissances geologiques : on >oit qu'il ne neglige rien de ce qui pent coutril)ucr an bien de la patrie. F. 2. — Report of llie hoard of directors of internal ijuprove- mcnis of tlicslatc ofMaxsarhuseils. — Rapport tbi conseil des di- recleurs, nommesponrveiilerauxperfectionnemens interienis de I'Etal de Blassacbusetts, sur la possibilite et Turgencc d'e- lablir un cliemin dc; I'er de I5oston a la riviere Hudson, et de Boston a la Providence, sounds a rassendjlee geueralc , le 1 6 Janvier 1 82;), auquel snnt joints lesrapporls des ingenieurs donnaut Ics resullals de leiu' examen , I'estimation approxi- mative des depenses de construction, ct, cnfin, le plan de ETATS-l!MS. io5 ces routes. Boston, 1829; Frederick et Gray. Broch. iii-8". 11 exisle deja en Aincriquc plusieurs clieinins cle ler qui licnt des canaux aux rivieres, et faciiitent ainsi le transport rapide des inarcliandises, et I'exploitation de diverscs mines; mais ici la distance a parcourir est de cent quatre-vingt-dix- huit niilles. Toutc la partie centrale et occidentale do Massa- chusetts, ainsi qu'une grande portion des Etats voisins , nc possedent point de cour d'eau ; il s'agit done d'etablir, cntrt; plusieurs villes, des communications rapides et directes qui puissent suppleer aux canaux , sans presenter les memes in- convcniens dans les tcms de gelee, on dans les cruestrop ra- pides. Les avantages , les obstacles , les depenses sont discu- tes et balances avec une grande impartialite et une grande precision, dans le rapport soumis a I'assemblee gencrale des Etats. Ilserait asouhailer qn'onprocedat de meme en France, et qu'on donnat lonte la publicite possible aux projets de tra- ■vaux entrepris dans I'interet general; en ouvrant un champ libre aux deliberations, en appelant le bon sens de tons a prendre part a une decision importante pour tons, le. minis- tere mettrait non-seulement sa responsabilite a couvert , mais creerait parnii les citoyens un esprit de nationalite qui n'exis- tera jamais tant qu'on n'adniettra le peuple dans la chose pu- blique que comme contribuable. 3. — Popular letters on the steam engine, etc. — Letlres popu- laires snr la machine a vapeur, precedees d'une esquisse his- lori(|ue sur son invention, et ses perfectionnemens pro- gressil's; par le reverend docleur Lardner, avec des Notes, par le professeur llEinviCK, de ]Nevv-Vork. Boston, 1829; Frederic et Gray. ln-8". On sait que les Aniericains reclament la priorite pour I'in- vention de la machine a vapeur. Ces sortes de pretentions de peuple a peuple nous out toujours paru de fort mediocre im- portance. II n'existc point de decouverte qui n'ait pu etre I'aite, il y a deux millc ans, et qui, malgrecela, n'appartienne de bon droit an savant qui la retrouve de nos jours. L'es})ril humain, suivant la memo marche, et procedant de meme; par I'observation, a du necessairement arriver plusieurs I'ois aux memes resullats ; et rien n'empeche cju'an point ou en sont les connaissances humaines, une idee semblable ne se devch)ppe a la fois dans la tele do deux honmies ; qu'importe que I'un soit en Ameriqne , etl'autre en France ou en Angle- lerre : tons deux out droit a la meftie gloirc, aux memes re- compenses. Laissant done de cote ces querelles oiseuses tpii tendraient a faire du genie un monopole national, nous di- io6 LIVRES I-ITR ANGERS. ions que les Ainericains out certaincment applique les pie- niicrs la machine a \a])our a la navigation , et qn'on leur doil sur cc point dc j^rands perrectionnonion.s. Les hatcniix a ya- ]>eur d'Aint'iique reniporlent de l)caucoup sur ceux d'Eu- ropc , par la ieiii'rele do Icnr charpentc et la vitesse de leur marclio. Am lien de se dispuler les Iionnenrs dii premier pas, les nations doivent hitler enlre elies a ([ui surpassera I'antrt! en progri-s et en ])crrcclionnemens; la, le chemin est vaste el presqno sans bornes. L. Syv.-B. i\. — * Comrucnlariea on American Law. — Commcniaire* sur les lois americaines, fiw James Rknt. New-York, 182(1- 1828; O. Halsted, LaAV-Duildin{,^, Nassau-Street. 5 vol. in-8. Ces Commentaires stir la loi amcricaine nc sont pas, conime le litre le fait assez entendre , un om rage de llieoi'ie ; e'esl un livrc de pratique specialement destine aux personnes qui veu- lent se livrer a TeUide et a la pratique des lois. L'anteiu', apres avoir rempli pendant vingt-six ans des fonclions jndi- ciaires, a ete eliarge , en iSaS, de proi'esser le droit dans le college de Colombia; il avail deja ete appeic a rcmplir des Ibnclions semblables Irenle annees auparavant, en 1795. Les Commentaires qu'il public ne sont que les lecons qu'il a faites en sa qnalite de professenr ; la pnI)lication n'cn est pas encore Icrminee : rauteur nous fait esperer un quatrieme volume. Si nous annoncions un ouvrage de jurisprudence, destine a former des praticicns autrichiens, russes on espagnols, nous excilerions prolKdilement fort pen la curiosile de nos lecteurs; pent-etre meme s'en Irouverait-il un grand noiribrc qui meltiaient assez pen d'iuteret a un commentaire de noire procedure civile on criminelle ; mais il s'agit d'lm commen- lairc des lois des Etals-Unis, et nous ne doutons pas que ce senl litre n'excite vivement la curiosile de tons les bommes qui etudient la science des lois, et qui aspirent a lui fairc faire des progres. Cerles, tout n'est pas parfait aux Elats- Lnis : on pent decouvrir, dans leur ordre social , des laches que tons les amis de la liberie desirent de voir disparailre ; mais il est plusieurs parties dans leur legislation, surtout en ce qui concerne leur organisation politique, qui sont telle- mcnt avancees , que les esprils les plus hardis se permet- traient difficilenient d'allcr au-dela : nos theories les plus bril- lantes sont, sous le rapport des instilutions, de beauconp en ai'riere des pratiques americaines; les legislateurs de I'Ame- riqne out execute, sans violence et presque sans elTorls, ce que les philosophes anciens on modernes n'auraienl pas ose conccviiir. 1 tXATS-UMS. 107 Nous n'entreprendrons pas de doniier aujoiird'hui iiiie ana- lyse critique el laisunnee des commentaires de M. Kent; ce n'est pas sur une lecture rapide qu'il est permis de jugcr un tel ouvrage. II laut, d'ailleurs, pour en porter un jugemcnt sfir, en connaitre toutes les parties, et Ic dernier volume n'a pas encore paru. En attendant que ce volume soit public, nous nous horncrons done a I'airc connaitre le contenu de ceux qui nous sont parvenus, et a indiquer ce que nous au- rions voulu y trouver. Les trois volumes sont divises en six parties, qui renfer- ment cinquante-deux lecons. La premiere partie est relative au droit inter-national ; dans cette partie, comme dans toutes les autres, I'auteur s'est exclusivenient attache a la pratique. Ecartant toutes les questions oiseuses, il a expose quels sont les usages des nations civilisees dans les rapports qu'elles ont entre ellcs: il a fonde tons les principes qu'il a enonces sur des actes olTiciels , et parliculierement sur des decisions Judiciaires. Quoique, dans cette partie, il se trouve im grand nombre de decisions rendues par des auloritcs americaines, les principes qu'elles consacrent ne sont point particulicrs a rAmerique ; ils ne sont, en quelque sorte, qu'un resume Ijien fait des ouvrages qui ont etc publics sur cette matiere. L'auteur traite, dans la seconde partie, da gourenicment et de la jurisprudence constilidionnelLe des Elats-Lnis. Cette par- tie est pour nous la plus interessante de I'ouvrage; elle nous donne des connaissances que nous chercherions vaineinent dans les ecrits qui se publient en Europe. Apres avoir trace rapidement I'histoire de I'union amcricaine , l'auteur traite succcssivement du congrcs , des diverses parties qui le consti- tuent, de la maniere dont les membrcs en sont elus , des pouvoirs on des prerogatives qu'il possede, et de la maniere dont il foit les lois ; il expose ensuite les cas dans lesquels les pouvoirs du congres ont ete mis en question dcvant I'autorite judiciaire, et il fait connaitre -les decisions qui sont interve- nues ; il fait connaitre aussi , dans le mcme chapitre , les dif- ficultes qui se sont elevees entre le congres et les gouverne- mens des Etats sur I'etenduc de leurs pouvoirs respectifs. Dans la Iccon consacree aux functions de la presidcuce, l'au- teur traite de I'unite des functions du president, des condi- tions requises pour etrc eligible ;\ cet eniploi , du mode de sa nomination , de la duree de ses functions , des avantages qui luisont assures, enfin, de la nature el de I'etcndue de ses pou- voirs. Qualre chapitrcs , ou. pour micnx dire, qualre lecons soul cunsacrecs i\ exposcr les principes relatift. au pouvoir ju- io8 LIVRES ETRANGERS. iliciairc. I'nc question fort delicalc a (-te soiivcul agitce ; c'usC cello de savoir jusqn'a (iiiel point la juridiclioii dii gouveriie- mcnt dcs Etats coiicoiirl, .suit en niatierc legislative, soil en niatiere jnditiaire , avec la jnridiclion dn gouverncnient fede- ral. Un eliapitie est eonsacre a la solution de cettc question. Enfin, le deniicr chapilre dc ccttc gceonde pailic est des- tine i faire connaitre les restrictions constitutionnelles mises aux ponvoirs des difierens Elals. M. James Kent traile, dans la troisieme parlie dc son ou- vragc, des differentcs sources de la loi mnnicipalc dans les di- vers Etats dc I'L'nion. L'auteur cntend par loi niunicipale line regie de conduite civile, prescrite par le pouvoir supi euie de I'Etat. II la divise en loi ecritc et non ccritc, on en loi sta- tulaire et en loi comuiunc. Ici nous trouvons la division, et en grande partie les principcs de la legislation anglaise. Les autorites citces,a I'exccption d'un certain noinbrc de deci- sions judiciaircs, sont les menies qu'on cite dcvant les cours de justice de la Grande-Brctagne. Si Ton doutait de I'iden- tite qui existecntre les coutumesou le droit communde I'An- glcterrc, et les coulumes amcricaines, il sullirait, pour n'a- voir plusde doutcs, de parcourir la Iccon dans laquelle iM. Ja- mes Kent s'occupc des principaux ecrils publics sur la loi commune. Le droit romain, que les Anglais et les Anglo- Amcricains designcnt sous le nom de loi civile {civil law), tieut unc assez grande place dans la jurisprudence des Elals- TJnis. Les Amcricains y out puise prcsque tous les principcs (jui sont relalifs aux contrats civils. La qualricmc parlie des commcntaires est consacree a I'ex- position des droits et des devoirs iudividuels, et particulicre- ment de ccux qui naisscnl dc nos rapports sociaux. L'auteur fait connaitre d'abord I'bistoirc et les caractcres des bills des droits, c'est-a-dire des declarations (|ui se trouveut en tete de la plupartdes constitutions amcricaines. On salt que les Amc- ricains considcrent les droits comme etant iuherens a la na- ture humainc et imprescriptibles, et non comme les rcsultats d'une concession royale. On voit, dans cclte parlie des com- mcntaires, que les Etats d'Amcrique out conserve les garan- ties donnces a la liberie individuelle par les lois anglaises : Vliaheas corpus exisle aux litals-Unis comme en Angletcrrc. Ayant traile des droits en general, l'auteur s'occupc des clran- gcrs et des uatifs amcricains; il traile ensuite du mariagc, du divorce, des droits el des devoirs rcspcclifs des cpoux, des droits el des devoirs des parens ct des eufans, des lulcurs et des miueurs. des maitres ct des domcsliqucs. culiu iles cor- uoration^. liTATS-UNIS. 109 Lcscinquieme ct sixiome parties sont cousacrees a exposer les principcs rclatil's an droit dc proprictc : le premier traite (Ic la propriete mobilicre ; le second, de la propriete immobi- licre. Cchii-ci n'est point encore termine; Tauleur promet d'en donner la fin dans le quatrieme volume, avec unc table generale des matieres. II est deux manieres de proceder dans I'etude du droit : on pent partir de I'individu, et s'elever graducllement jusqu'i'i considercr le genre huinain dans son ensemble, en traitant des rapports que les nations ont entre elles. On pent aussi commencer par trailer du droit inter-national, et descendre, par degres, jusqu'aux droits individuels. 31. James Renta pre- tere la scconde melhode ; ce n'est pas celle que nous aurions cboisie, mais nous ne pouvons developper ici les raisons de notre preference. Nous avons regrette que I'auteur, apres nous avoir expose les principes du gouvernement federal, soit immediatenient arrive au droit civil , et ne nous ait pas fait connaitre, au moins d'une maniere generale, les prin- cipes relalifs a I'organisation et aux pouvoirs des gouverne- niens des Ltats particuliers. II ne pouvait, sans doute, se li- vrer, relativement au gouvernement de cliaque Etat , aux me- mes developpemens qu'il a donnus pour le gouvernement ge- neral ; mais il nous semble qu'il aurait pu, sans donner a son ouvrage une etendue demesurec, exposer les principes qui sent communs aux divers Etats, et faire voir en quoi les uns different des autres. Nous avons egaiement regrette que I'auteur n'ait pas con- sacre une ou deux lecons a exposer les principes relatifs a I'institution du jury en Amerique. Tout ce qu'il dit relative- ment au pouvoir judiciaire est fort instructif ct fort interes- sant ; mais il nous semble que I'institution du jury, dans un pays surtout ou cette institution est appliquee au jugement de toutes les contestations, est la partie la plus essentielle du pouvoir judiciaire : c'estla garantie la plus sure de tons les droits. M. James Kent ne s'est propose de traiter ui des lois pena- les, ni de la procedure :c'est encore im regret qu'il nous laisse. Sous plusieurs rapports, son ouvrage sera moins complet que celui de Blackstone ; sous beaucoup d'autres, il ne perdra rien au parallele. Le jurisconsulte americain n'a pas moins de con- naissances que le jurisconsulte anglais, et il n'expose ses idees ni avec moins de clarte, ni avec moins de concision. Nous di- rons meme que, si nous avons regrette qu'il n'ail pas traite quelques sujels qui nous seml)lenl d'une haute importance, no LIVRES ETR ANGERS. cVst quo, personne ne nous paiaissait plus capable que lui de Irs trailer coiiveuablement. Nous rcviendroas, au reste, sur ret important ouvragc. Cliarles Comte. AMERIQUE DU SUD. CHILI. 5. ■ — Priiposlcioiies que soslicncn en sii exavien general del riereclio de jcnlex , ete. — These de droit des gens, souteniie les 27, 28 et 29 octobre 1828. a I'examen general des eleves de riustilut national du Chili. Santiago, 1828; inipriuierie de UauKin Kengifo. L'tpigraphe de cette these nous inontre que la definition des lois par Montesquieu est eonforine a la pensee de Cice- ron sur le mOme sujet. L'uutcur de VEsprit des Lois I'enonce ainsi : les lois sent les rapports necessaircs qui dcrivent de la nature des choses; et rillustre roni^iin avail dil : « Nihil est tarn aplum ad jus conditionenique naturie, quani lex sine qua ilec domus uUa, nee civitas, nee gens, nee hominmn miivcrsum genus stare, nee rerum nalura omnis, nee ipse uiundus po- test. )i II y a done des lois des ^ens, et, par consequent, des droits en derivent. II seniljle que tons les peuples devraieiit, •sur ce point, prol'esser la memc doctrine, etre regis par le meme code; il n'cn est pas ainsi, et cette these en est la preuve. On n'adniettra point, par exeniple, si ce n'est apres line discussion approl'ondic, qu'une nation doive toujours donner asile aux individus expulses de leur pays, a nioins ■que de fortes raisons ne s'y opposent. On doutera aussi de la verite de cette proposition : les sujets des puissances belligc- ranies sont ennemis, en qnelques llcux qu'ils se Irouvent, etc. ; amais, t\ un tres-pelit nombre pres, les 2o5 propositions de <'ette these coniposent une doctrine complete, conlonne a la morale, et par consequent a la raison. Celles qui doinieront jieu a quelques discussions se Irouvent apparemment aux li- mites de la science; la lumiere des principes y est airail)lie, ■et I'obscurite va conimencer. Felicitous une rcpul)lique nais- sante, on I'enseignenient a pu s'elever aussi haut en si peu -de tenis. F. Outrages pcriodiques. 6. — * E/ Mcrcurio Ctiileno. — Le Mercure chilien. Saa- -; son vo_yai!;e a travcrs des contrees encore pen connues, depuis ic Tort de Ballenar, pres dc la Conception, jusqn'a Bucnos-Ayres. Lc voyageur pnblicra son journal tcl qa'lL I'a ccrit ; les Icctenrs fiennent pen compte de cette originalite, €t no desapprouvent jamais qn'un auleur se corrige Ini-meme, soit qu'il no clierclie f[u'a piairo, soil qu'il ait pour but d'ac- croitre nos connaissanccs. II parait, d'apres nn premier ex- trait insere dans le caliicr d'oclobre 1828, que don Luis de la Cruz est un pen systeniatique en geologie : nons atlendrons done, pour dunner a nos Icctenrs un somuiaire de ses obser- vations «!t dc scs idces, que leur ensemble nous soit connu, alin qu'il nous soit possible de Ics disculcr. Les journaux cliilicns, et Ics ccrits divers qui sortent des presses dc Santiago, tcmoigncnt unanimonent epic la litte- ralurc francaise est goiitce dans la nouvellc rcpnbliquc, ct que Von s'y licnt au courant des discussions parlcnicntaircs en France, du progres des sciences dans notrc pays, et des ouvragcs publics par nos savans. On prcnd done qnelqiie in- terct a la France el a la nation francaise, au-dcia des ondcs ! Si les errcurs diplomatiqnes ne s'ctaicut point opposces a nos liaisons avec les nonvellcs rcpubliques amcricaincs, tout ctait dispose pour les rendre mutncllemcnt profitables.... : on ne i'a pas vonlu. Nous aurons plus d'une occasion de remcttre sous les yeux de nos lecteurs ce que nous aurons appris par la voie du Mercure cbilien : c'est une corrcspondance nouvelle que nous nons felicitous d'avoir acquise. Nous prions ceux qui nous la procurent de nous continucr exactemcnt les envois du meme recucil ; il nons fonruira les moyens de faire connaitre 1' Amti- ri(|ue du sud a I'Europe. F. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. 7. — An Eiicyclopediaof plants, etc. — Encyclopedic desplan- tes; conipicnant la description, lecaractcre special, lacuilure, I'liist'iire , ['application dans les arts ou Ics sciences de loutcs ics plantes indigenes, cullivces ou introdnilcsdans la Grandc- JJrclagne; rcnnissant les avantages du Species Plantarum dc GRANDE-BRETAGNE. ii5 Linnc- et de Jussieu ; contenant iiiie granimaire de botaniqiie, un dictionnaire de holaiiiqiie et dc culture vogetale ; le tout en anglais , avec les synonynies des plantes les pins com- UHines dans les dilVerentes langues enropeennes; les noms scientifif|ues accenlnes, Icurs etymologies , etc.; les classes, ordres el lernies botaniques, expliques par les gravnres, de plus dc dix inille especes; par J.-C. Loudon. "Les caractercs specianx des plantes snnt deciits par un savant botaniste ; les dessins sont de i3'o(wrA)', et les gravures de ^r«Hs/oH. Londres, 1829; Longman. In -8° de nSg pages. Prix : 4 bvrcs 14 sclicllings G pences. Malgre sa longueur, ce litre ne dorine qu'une idee fort in- complete de tout ce que renfernic I'ouvrage, qui est a bii seul une bibliolheque de bolanique, aussi inslructive en pratique qu'en tlieoiie. La jiarlie purement savaute y est trailee avec une grande supe.'iorile ; el les observations qui s'y raltacbent , les particulariles de IMiistoirc des plantes , Icurs rapports avec les bommes et les animaux , sont de nntiue a satisl'aire ])lei- nement la ciiriosite la plus exigeanlc. II y a part pour tous dans ce monde ile merveilles, et tandis (|ue le savant s'ar- rele a compter les petales d'une fleur, a analyser le pistil et le pollen, nous aimons a aller au-dela , et a cbercher, sous sa I'ornie delicate el IVagile, I'instinct divin qui I'animc, et qui est aussi son ame; a la voir s'epanauir sur le penchant d'un coteau , ou plier sa tele mobile dans la prairie qui ondule au souffle du vent: eufin , livrer ses graines a la terre , ou a la brise qui les resseme au loin. Cette existence muelte qui s'exbale en pari'ums, en couleurs briilanles; ces plantes qui nous pi'odiguent Icurs bientaits sans bruit, et sans exiger de reconnaissance, qui reparaissent parlout oii il y a place a vivre , (|ui fleurissent dans les cimetieres> sur les iriurs i-ui- nes, qui recouvrent tous les debris, et seniblent une riante promes.se d'immorlalite, sont a elles seules tni tresor d'etudes ct de jonissances. La, rien n'est insigniliaiit : la plus petite inousse de nos jardins recele un myslcrc de vie et de repro- duction qui echappe a notre esprit comme a nos sens. D'ou vient qu'une pierre cnt'ouie , a plus de cent pieds sous la sur- face du sol, se recouvre , apres elre restee exposee un niois a I'air et aux influences du soleil el de la pluie , d'une Icgere coucbe verlc qui n'est autre chose qu'un pelil lit de mousse, dont on distingue au microscope les tiges et les bourgeons i* Cetle vegetation se desseche et meurt au premier terns sec, mais les debris qu'elle laisse forment les premieres particnics d'uneterre vegetale, et do nonvel!e.« mousses plus vigoiuxMises X. xLiii. u'ltLET 1829. 8 , ,/, Livni:s I';i'Iia.n(;k{{S. 5ucc«''(lciit a la premiere ; cnsiiite vieunciil les licliens , «|iii, a lell^ lour, naissent ct inciireiil. doposaiit toiijniirs Iciir tribnt sur la picric , jiisqii'i'i ce (in'ils soicnt rcniplaccs j)ar Icshcrbcs, les violicr.s rpii croi^scnt siir Ics niurailies, lors(iue ricn n'in- lernmipt I'opcration icnic niais sure dc la naliire. Qui a de- pose dans la picrrc Ics gernics d'une premiere vegetation? y ctaicnt-ils cnl'oiiis pour f;criucr phis tiird an grand air? y oiit- Ms etc appoiles en poussiere invisil)le? cnmnieiil s'y sont-ils attaches ? oi'i ont-ils piiise la sevc necessaire a lenr coiirte vie? On sail quelle puissance de reproduction est donuce anx vege- taiix. Du tVonicnl trouve dans le linceul d'unc momie d'E- Hyplc a etc seme, ct a pousse coninie s'il ent etc de la niois- soii dernicre. L'n champ qui n'a jamais etc lahoure se couvre , des que la hechc et la charrue I'ont remue , dc mouron , de trefle, et d'une I'oule d'autres plantes a recoltcs annuelles, qui souvent ne se trouvent qu'a unc grandc distance de la ; mais , si on laisse I'herhe reprendre possession du terrain , ces plantes disparaissent. lln fait bien connu des lermiers, c'est qu'en re- pandant de la chaux vive snr un champ cpii ne prodnil (pi'une herbe pauvre et pen abondante, on obtient nn gazon de qua- lite i'ort superieure, et qui n'avait pas encore paru surle sol. La botanique n'cst etrangcre a aucune science : elh^ touche a tontes par quelques points. 11 n'y a pas jusqn'a I'liistoire des peuples et des antiquites qui ne lui doive des rensei- gnemens. M. Haworth, botaniste distingue, dit dans son der- nier ouvrage sur les Saxifrages , que les plantes exotiques rcstees long-lems aprcs la desolation des lieux on elles crois- sent peuvent aider a I'aire recoiniaitre la situation des villes et des villages antiques; il suppose meme qu'on pourrait sni- vre de loin en loin les migralinns des pcuples, paries plantes qu'ils ont laissces sin-leur passage; et, quclque hasardce que semblc d'abord cclte conjecture , elle n'est pas denuce dc ton- dement, ainsi que I'a prouve une observation loule recente du doctenr i>c//rt Cclla. II voyagcait en Barbaric, et, dans une station qu'il (it cntrc I'l^lgypte el Tripoli, unc maladie cpide- niiqne attaqua ses cliamcaux et en fit perir plusienrs. 11 de- couvrit que cc mal venait d'une plante vencneuse dont ils avaient mange, et qu'il reconnut ctre le cclcbre sylphuim des anciens. Ce poison se vendait au poids pour une egale quan- tite d'argcnt, (!t on y altachait a Home une si haute impor- tance, (pi'on le gardait dans le tresor public, et qu'on ne le vendait qirc pour le service de I'Etat, et par ordre de I'empe- retir. 11 ctait si diincile a.cultiver, que Pline dll qu'il n'elail pas pos-ible de Ic trausjilauler, ct qu'il nc croissait que dans \\n distiicl de la Cyrcnau[ue. Du tems de Fempcreur Neron, 11 GRANDE-BRET AGNE. ii5 clait si recherche, ct les incursions dos barbares en avaient tellemcnt detruit I'espt'ce , qn'il clait dilficiic de s'cn pro- curer, meme comme specimen. Le doctenr Delia Cella le Irouva enabondance, ct coustata son identito, en le comparant aunedc ces planles gravee sur une mcdaille cyrcnai([ne. Le jardinier et ie savant trouveront eg;alemcnt a s'instruire dans le livre que nous annoncons. Une tonic dc fails, les ob- servations et le savoir de phisieurs sieclcs y sont si habile- ment resserres, que, quoiipie son prix soil fort elevc pour la France, on ne saurait avoir, a uieilleur marche , une aussi riche collection. L. Sw. -Belloc. 8. — j4n account of M. Bessel's pendulum experiments. — Resume des experiences du pendule, par M. Bessel, redige par le cap. Sabine. Londres, 1829. In-8° de 27 pages. f). — ■ On the reduction to a vacuum of the vibrations of an in- variable pendulum. — Snrla rednclion an vide des oscillations d'un pendule invariable ; par le cap. Sabike. Lundies, 1829. In-4° avec planches. 10.' — On t/ie difference in the vibrations of a pendulum at Greenwic/i and London. — Sur la difference d'oscillation d'nn pendule a Greenwich et a Londres; par le cap. Sabine. Lon- dres, 1829. In-4°. Dans le premier des trois ecrits que nous venons d'annoncer, M. le capilaine Sabine a presente une analyse raisonnee des nouvelles experiences que M. Bessel vient de faire sur les os- cillations du pendule. Cettc analyse a ete faile d'aprcs le ma- nuscrit menie du celebre astronome de Koenigsberg, pendant le sejour que iM . Sabine a fait a I'observatoire d'Altona, ou il a vu 11 n appareil semblable a celui qui a servi aux experiences. Get appareil, d'une nouvclle invention, consiste en une barre de fer veiticalc, de dix picds de longueur sur quatre ponces de largeur, et quatre lignes d'epaisseur, laquelle se tronve fermement altacbee a un encadrement en bois de ma- honi, qui lui-incme est fixe contre un mur, sans avoir de communication avec le sol. Perpendiculairement a celte barre s'eleve un petit appui en fer, sur lequel repose I'extremile d'une toise etalon faite a Paris, par I'arlisle Fortin , ct com- paree avec soin a la toise du Pcrou par iM. Arago et le cap. Z,ahrtnian , de la marine royale du Danemark. Des rcssorts mainliennent la toise dans une position verlicale. et I'appa- reil est en partie soulcnu par des conlrepoids attaches vers son milieu. Quant au pendule, il se compose simplemenl d'une ballc de cuivre et d'un fd d'acier ; la suspension se fn'l successivement a I'extremite snperieure de la toise etalon el ii6 LIVllKS liTHANGEHS. au pclil appiii Mir loquel repose rcxiieiuite inreriPiirc ; de ma nitTC (|iie, dans Ics doiix cas, la balle se trouyaiU siispendue a la niome hatilciir, la dillVTeiioe dc loiigiieiir dii ill est cgalc a coUe de la toise. Nous rcj;rcttoiis de iie pouvoir fain; loii- naitre ici lo? precautions ([ui ont ete employees poui- ecar- ler oil atlenuer lontes Ics sources d'erreuis. Voici niaiu- lenant les prin( ipales consequences que M. Bessel a dedniles de ses experiences. Depuis Newton , on suppose que, quand un corps lombc a travcrsl'almospliere, la force acceleratrice, qui agit surle corps en mouvement , est egaie a I'exces de la masse du corps qui lonibe sur la masse de I'air dcplace, divise par la masse du nieme i-orps; et les reductions du peudule ont tonjours ete faites d'apres cette liypothese. On n'a pas tenu compte du nunnemenl qui se communique aux parlicnles d'air qui se de])laceut enmeme leins que lecorj)S ; oi, ii se trouveipie Tos- cillation du peudule estretardec par le milieu dans lecjuel elle s'efl'ectue, et la reduction an vide est plus grande (ju'on no la i'ait communeiiient. En clierchant a evaluer cette perte de force, 31. Bessel a Irouve que, quand les oscillations ont lieu dans d«s milieux d'une faiblc densite, comme les fluides elastiqucs, I'efl'et ne- glige jusqu'a present, qui tend a diminuer Toscillation, equi- vaut ;'i I'efiet produit par une simple addition a I'inertie du pendule. Cette addition est une constante que, dans tons les cas, I'experience doit determiner. On pent y par- venir soit en faisant osciller le pendule dans le vide , soit en faisant osciller dans I'air deux pendules de meme figure, mais de densites Ires-diffcrentes. M. Bessel a prefere la der- nicrc metbode, et il a foit osciller successivement une l)alle de cuivrc et une balle d'ivoire de meinc dimension. Le resul- lat de ses experiences a ete que la reduction au vide, pour le pendule qu'il employait, est environ le double de la correc- tion (|u'ou avait admise precedemment. M. Bessel a fait osciller encore des pendules dans differeus milieux, et ses experiences sont d'accord avec cc qu'il avance sur rerrcur dans laquelle on est tombe jusqu'a present. Ce celebre observateura examine aussi une question extreme- ment delicate, cellc dc I'inlluence que peuvent avoir et la fi- gure cvlindriquc de I'arete du coulcau qui porte le pendule, et relaslicile des plans qui servent de supports. Dans le second .Memoire (jue nous anuoncous, M. le cap. Sabine a eu pour ol)jel de determiner la reduction directe au \idc, pour les oscillations d'lui pendule itnariable, correc- CRANDE-BRETAGNi:. ii; lion que M. Bessel a etudiee en siiivant iino autre inarchc. L'appareil dont M. Sabine s'est servi , a ete construit par M. Newman; il consiste en six pieces, sans y comprendrc Tencadrement en fer sur lequel porte le pendule, ct qui est fixe au nuir. Le pied est en ler fondu, de I'epaisseur de deux pouces ; sa foruie estcylindrique, et la hauteur estde iin pied sur un pied de diametre interieur. II est oiivert a sa partie superieure et ferme int'erieurement par unc lame de trois pieds de long sur seize pouces de large, qui s'appuie sur qua- tre vis pour etablir lo niveau : un tuyau de metal forme lu t'ommunicalion entre I'interieur et la machine pneumatique. Deux pendulesont etc mis en experience : I'un, qui avait servi a M. Sabine, dans ses premieres observations, et I'autre, qui est destine a I'observatoire de Bruxelles. Le resultat de ces experiences, conibrmement aux remarques de 3L Bessel, est que la reduction, qui, comme on la calculait d'abord, aurait ete dans I'air libre de 6,26 oscillations par jour, a la tempera- ture de 45" de Fahrenheit et sous la pression de 5o pouces an- glais, se trouve trop faible de ^,1 oscillations. M. Sabine a fait osciller aussi le pendule dans le gaz hydrogenc. Le troisieme Memoire, enfin, a pour objct de determiner le nombre d'oscillations faites par un pendule invaria])le, a I'ob- servatoire de Greenwich, et dans la maison de .^1. Brown, Portland-place, a Londres, oOi le capilaine Kater a fait ses ex- periences. Le resultat de ses observations est que le pendule, qui fait a Londres 85969,54 oscillations par jour, en fait 85969,78 a Greenwich, do 11 r^sulte une difference de o,44 oscillations en exces pour Greenvich , tandis que sa position comporterait un retard de 0,27. Cette difference, qui est le resultat d'un grand nombre d'observations, indiquerait done ime inegalite dans la conformation du terrain. A. Quetelet. 11. — Memoirs of ilie life , writings , anil opinions of the reverend Samuel Parr, etc. — Memoires sur la vie, les ecrits et les opinions du reverend Samuel Paru, avcc les notices biographiques de plusieurs de ses amis, eleves et contempo- rains, par le reverend ff^illiam Field. Londres, 1828. 2 vol. in-8°. 12. — The IVorks of Samuel Parr, etc. — OEuvres de Samuel Parr, chanoine de Saint-Paul, cure de Hatton , etc. ; precedees de memoires sur sa vie ct ses ecrits, et d'un choix de sa correspondance inedile . par JoAn Johnstone, membre de la Societe royale et de I'Ecole de medecine de Londres. Londres, 1839; Murray. 8 vol. iu-8". Apres les hojnmcs de genie qui invenlent . et chcz lesquels (iS LIVUES liTRAlSGEUS. Ics seiisalLons soiit si rapides, que la maiche dc la pciisct; scmblc uuc continuello revelation, viennent les homines stu- diciix, epiis dii savoir, passionnes deretude, appeles a re- cueillir et a raviver les liiniieres du passe. \Vaibuiton, Johnson el Parr fiirenl les represcnlansles plus celehresd'uuc classe d'erudits particuliere a I'Auglelerre. Chacun faisait , a lui seal, vine aiitorite qui prononeait en dernier ressort dans toiites les questions de erilicpie, de litteralnre, nienie de po- litique. C'etait autanl de grands pretres dc la science, gar- diens jaloux du sanclnaire, et qui voulaient bien Iransmeltre a la fonlc les oracles du saint lieu. lis apportaient dans le mondc I'esprit du professorat. C'etait de I'erudition vivante, des encjclopedies anibulantes qu'on j)ouvait consulter pres- que sur tontes choses, et en toutc occasion; et qui ne se re- i'usaient jamais a repondre, pourvn, cependant, qu'on lit la part de leur immense vanite, lis n'etaicnt pas non plus exempts d'un petit charlatanisme, qui contribuait peut-etrc a grossir leur meiite aux yeux du vulgaire. lis afficbaient un souverain mepris pour les plus simples formes de politesse, et sfirs d'etre recherches pour eux-memes, ils semblaient mettre a leur societe la condition qu'on les supporterait, avec leurs humeurs et tons leurs caprices. C'etait I'aristocralie du savoir, et ils se croyaient obliges a f'aire parade d'insolence. Les reparties bourrues, et souvent grossieres, du docteur Johnson, out fait long-tems les delices des Anglais; et Ton cite de lui tel bon mot que memo sa haute reputation lui eflt fait difficilement pardonner en France. Parr, qui avait peut- etre plus de veritable originalite dans I'esprit, en mettait moins dans ses manieres. Cependant, ses habitudes seden- taires lui avaient fait contracter des nianies auxquejles il nc renonca jamais. II prenait un plaisir singuliei- a funicr, et quclque part (|u'il se Irouvut, il reclamait le privilege d'allu- mer sa pipe apres diner. « Point de pipe, point de Parr, » di- sait-il souvent. C'etait un esprit plcin d'activitc, de mouveinent et d'ar- deur, qui se prenait a tout, et ne traitait jamais un sujet sans I'agrandiret I'eclairer. Ses forces se concentraient rapidement sur iMi point, niais n'y pouvaient demeurer. II avait I'imagi- nation mobile et capricieuse : toute son energie se depensait en eclairs, en boutades, en sarcasmes. Pen lui imporlait que ses pensees vinssent en lieu convenable; des qu'iine chose eveillait en lui one preoccupation quelconquc, il s'y livrait sans songer a I'ordre de son discours, on a son auditoire. De liri le plus etrange desordre et une continuelle invasion d'i- (;RANDE-Bi\ETAGNE. 119 tiees en apparencc etrangeres les unes aux aulies. Ainsi. dans sa cure ilc ilatlon , il expliqiic longuenient I'l scs huuibles j)a- loissicns la signilicaliun critique d'nn mot hebreu. II ser- monnc Ic lord-mairc de Londres , sur la nietaphysique dc la i)ienveillanfe ; 31. Coke, de Norfolk, sur la regeneration et le danger du lanatisnie. Ainsi, il appliquait constanimeiU a I'aux une grande puissance de facultes, et u'accomplissait pas une ceuvre ; il soulevait, avec une force de geant , les plus luuites questions, et, au moment de les resoudre , les laissait retomher, non par faiblesse , mais par degout. Eniineniment propre a une foule de travaux, surtout philologiques et biographiques, il en ebauoha plusieurs, et n'en completa pas un. Le plus celebre de ses ecrits , sa pre- face aux oeuvres de Belleiu/ernts , est surcharge de notes, dans lesquelles il exhale toute son indignation contre la de- claration de guerre que I'Angletcrre venait de faire a I'Ame- ri(iue ; et cette riche et magnifique composition latine n'est , au fond, qu'un virulent pamphlet politique. II se consacrait alors tout entier a la defense des nouveaux interets qui, de touies parts, reclamaienl leur place dans I'ordre social. "Whig zele, ami et admirateur de Fox, il persevera dans ses prin- cipes, avec une fermete qui prouve IMndependance et ia loyaute de son caractere. II fnt long-tems pauvre, et ce qui etait plus cruel pour lui, absorbe par les penibles et fati- gans details de la direction d'une ecole qu'il avail fondee a Hatton; mais, a aucune epoque de sa vie , il ne fit ceder sa conscience a ses interets. Lors du proces intcnte a la leine Caroline , on le vit reparailre : veteran des idees liberales , il se jeta corps et ame dan-s cette malheureuse cause, et y ap- porta le poids de son nom et de ses dignites. Deja, il avail proteste hautement, a la mort de Georges 111, contre la ra- diation du nom de la reine dans la lithurgie anglicane. En vain voulut-on le dissuader de s'engager dans une justification trop difficile, et dans des debats scandaleux pour sa profes- sion : les avis directs et delournes quil reeut ne firent que fortifier sa resolution. II se rendit de suite a Londres, fut ac- cueilli par la reine avec beaucoup de distinction, place a la tele de la lisle de ses chapelains, et se declara son champion, en depit des« invectives des partis, des injures des courtisans, et de la haine des nobles et des princes, » Les reponses fermes et dignes que la reine fit aux differen- tcs adresses qui lui furenl presentees ont passe long-lems pour etre de Parr, quoiqu'on ait affirme depuis qu'elle* avaient ctu ecrites par le reTirend Robert Felloates, ^ecri- ISO LIVRKS KTRAXGKRS. taircde Caroline, etproinn a tetto dignilc d'apres lareconiman- dationdiidoctour Parr. Tout let cms que dura leproct'sce dernier cnsuivit la niarclio avec une extreme anxiele, el neeessade Ibnr- nir anx conseillers de la rcinc des ai-guniens en sa faveur. Tl ne voidiit jamais avoiier qu'elle fut coiipai)lc ; senlement , il con- vcnait«qn'elle s'etait parfois ecartee dc la sage austerite et du strict decorum qui convenaient ;\ son age et a son rang. » Lcs ceuvres de Pair se composcnt de sermons, de recher- ches ei»;i(liles, d'esquisses hiographiqnes et politiques, ou sont eparses les abondantes ricliesses de son esprit, elraiige- ment melees aux liizarreries et aux contradictions de son ca- ■ ractere. Son jugement n'etait pas de I'orce a mainleuir I'equi- librc enlrc ses i'acultcs, et a etai)iir I'ordre dans ce chaos dc materiaux precienx. Du reste, il elait hon , franc, genereux, incapahle d'un calcul intercsse ou d'ime hassesse, eredulc an bien , et ayant pour lcs opinions qu'il avait embrassees, un saint respect et un entier devouement. 1 5. — *MeiJioir.s of lady Fanshaae. — Memoires de lady Fans- hawe, ecrits par clle-meme ; avec des extraits de la corres- pondancc de sir Richard Fanshawe. Londres, 1829; Colburn. In-8°. Comme cliaque l)ien amene son mal , nous sidjissons au- jonrd'hui les inconveniensque devaicnt entrainer, tot ou tard, Ic liesoin des etudes historiques et le desir de remouter aux sources. On a fait de I'histoire pour tons, et a la portee du chiffonuier comme de I'homme de leltres. Les li!)raires n'ont Yu, dans la lonable curiosite du public, qu'une occasion de speculer; tons se sont mis A I'atuvre, et grace a quclques ecri- vains mercenaires, heureux de Ironver qui les paie, ils ont etabli nne vaste fabrique. Le scandaie a ete mis a I'enchere, ct, dans ce conflit de mensonges, de bassesses, decalomnies, la verite a completement disparu. Le litre de Memoires et le mot antlicniique sont deveuus des garanlies de faussete; anssi n'avons-uous pu nous defeudre d'abord d'elendre nos preju- ges a rAugleterre, et de nous mefier par a\ ance de I'ouvrage que nous auMoncons. INotre plaisir n'en a etc que pkis vif lorsque nous nous sommes trouves en compagnie avec I'hon- nete et devoue servileur de Charles 1'% et avec son aimable et douce moilie, dont le recit attachant respire une sim- plicile toule naive et toute gracieuse. Lady Fanshawc n'est point une femme a grands talens, a haute renommt'e, preoc- cnpee de Tellel ([u'eile produit, (-hercliant a tirer parti de ce qu'elle a vu, dit, on entendn. Elle conte, en i()76, pour le seul fds qui lui r^stHt, el qui n'etait alorsqu'iui tnfani, les pvi- i GRANDE-BRETAGNE. 121 vations, les danger?, Ics responsabilites de sa vie, liyree aux inceitiuules et aux agitations des cours. Son heros est son mari, et rien n'est plus touchanl qnc la facon dont eile en parle, et les souvenirs de tendresse et dc bonte auxquels elle se coniplait. II arriva qu'un jour une intrigante lui niit en tele de tirer dc sir Ilichard les secrets de I'Etat. « Lorsquc nion niaii i-evint du conseil, il m'emlirassa comme il etait ac- cotitunie dele faire, et passa dans son cabinet, la main pleine de papiers. J e I'y suivis : il se tourna et iiie dit a la hate, « Que veux-tu de moi, ma vie? « Je dis que j'avais appris que Ic prince avait recu un paquet de la reine, que je devinais que c'etait ce qu'il tcnait a ki main, et que j'avais grande envie d'enconnaiire Je contenu. II rcpliquaensotn'iant: « 31 on amour, j'irai bientot le trouver. Ne reste pas ici, je te prie, car je .suis tres-occupe.» Quaud il sorlit de son cabinet , je renouve- lai ma demande : il m'embrassa, et parla d'autres choses. A souper, je ne vovdus rien manger; lui, comme de coutnme, s'assit aupres de moi, et l)ut a ma sante, ainsi qu'!! faisait souvent : il fut disert et aimable pour les convies. A I'lieure du coucher, je le questionnai encore; et lui dis, que je ne pou- yais croire qu'il m'aimat, puisqu'il refusait de me dire tout ce qu'il savait ; mais il ne repondit rien , et me ferma la bou- cbe en m'embrassant. Nous nous couchames done; mais je pleuiai, et il s'endormit. Le lendemain, selon sa coutume, il appela pour se lever, et commeura a discourir avec moi, sans que je lui fisse aucune leplique. Il se leva, passa de I'autre cote du lit, m'embrassa, lerma doucement les rideaux, et se rendit a la cour. Quand ilrevint au logis , pour diner, il s'avanca vers moi , comme de coutume, et quand je le tins par la main, je lui dis : « Tu n'as souci , ni peine de me vmr du cliagrin. » Alors il me prit dans ses bras, et me dit : « Ma tres-chere aine, rien sur la terre ne pent m'aflliger plus. Mais quand tu m'as queslionne sur les affaires de I'Etat, il etait tout-a-faithors de mon pouvoir de te repondre, car ma vie et ma fortune sont a toi , ct chaque pensee de mon cneur t'apparlient , mais mon honneiu' n'est a personnel qu'a Dieu, et je le perdrais si je te repetais les affaires du prince : je t'en prie, contenle-toi dc cetle leponse. » Sa raison et sa l)onle me fireut paraitre ma folic si grande ct si vile, que, jusqu'aii jour de sa morl, je ne Ini parlai jamais d'aftaires la premiere. flLorsque sir Richard fut noninie amliassadeur en Espagne, le vaisscau ([u'il mon- tait fut atlaque par une galere turque. Lady Fansliawe se fit ouvrir la chambre on on I'avait enfermee,et, priant avec lar- me? un petit mousse de lui preler son bonnet et son pantalou J 22 LIVUF.S liXRANGERS. gouihouiie, elle s'en revetil; puis so glissa sur le poiil, ou clle assista au combat i\ cote dc son iiiari,(i aussi alVranchic (]o oraintc ct dc malaise ([uo de toulc discictioii ; jo I'avoue. Mais c'clait rdVet d'liiie passion que jc n'ai jamais pu maitri- ser. ))Ii I'aut la suivre a travers toutes ses privations, toutes sessouflVauccs, endurces saus miuuiures, ct avcc une resigna- tion complete. II y a dans ce caractcrc, si simple et si vrai, si tcndre el si dignc, quehjues points de ressemblance avcc la Desde- moua de Shakespeare. La petite scene de coquettcrie con- jugale rappelle les pricres faites a Othello en laveur de Cas- sio, et on a plaisir a retruuver le poeto si prcs d'une nature qu'ilavait si hahilement ohscrvee ou pressentic. Ces Memoires out tout le charme d'linc lettre ccrite a des amis. C'est une confidence intime, niais pleine de chastete et de bons sentimens. i4- — Fugitive pieces and reminiscences of lord Byron. — Poesies fugitives, et souvenirs de lord Byron, contenant une nouvelle edition des Melodies /u'brniques, a laquelle plusieurs autres melodies ont ete ajoutees; par Nathan. Loudres, 1829; ^Vhiltaker. In-8°. De nos jours on a fait un tel abus des noms propres, qu'on ne saurait trop se hater de mettre Ic public en gurdc contrc ces honteuses speculations, qui commencent a envahir aussi I'Anglelerre. C'est done moius pour annoncer ce livre, que pour averlir du pcu qu'il vaut, que nous en parlous ici. M. INallian, auteur d'un Essai mediocre sur I'histoire de la niusique, demanda a lord Byron de lui donner quelfpics me- lodies en vers qu'il coniptait publieravec des aii\s liebi'aiques. Cette circonstiiflcc lui fouinit I'occasion de voir deux on trois fois le poete qui, d'apres ses propres recits, le traitait, a ce qu'il semble , assez cavalierement. Cela n'enipeche pas M. Nathan dc conter comme quoi il a vu manger le grand homme, qui prcfcrait la crouie d la mic, comme quoi il I'a vu rire aux larmes d'une parade bouffonne de Kean, (]ui dcssinait sur sa main un danseur d'opera, et faisait mouvoir ses doigts en guise de jambes avec une mcrveilleuse agilite. Ensuite vient riiistoire d'une perruche a laquelle bud Byron etait tendremciit attache, ct qu'il appelait Jenny. Eufiu, et ce qu'il y a de pis, c'est que les cendres a peine refroidies de la pau- vre Caroline Laml), sont exhumees pour servir d'appat a la grossiere curiosite de la tourbe des lecleurs; des vers, qui n'onl jamais pu etre d'une fcmme d'esprit, et encore moins d'une femme'qui, au milieu des ecarts de son imagniatiou. GRAI^DE-BRETAGNE. — RUSSIE. iz7, avail conserve quelque dignite, sont doniies pour aulhciiti- ques, et comme adresses par lady Caroline Lamb a lienrietle Wilson. On ne saiirait ponsser plus loin I'ouhli de loule pu- deur et de toute delicatesse. L'onvrage est trop insignifiant pour qu'on y voie de la mechancete; niais c'est au iiioins le resullat d'nn cakul sordide, el qui, nous I'esperons, sera de- joue par rinditlerence du puijlic. II n'y a rien , rien absolu- ment dans ce livre qui en jnslifie le litre. Les pretendus sou- venirs de Byron sont de veritablcs niaiseries, et les poesies inediles ne valaient pas la peine d'etre tirees de I'oubli auquel le pcete les avail sans doule condaninees. L. Sw.-Belloc. RUSSIE. i5. — * Rossiitko-rouminskaya Grammaiika, etc. — Gram- maire russe-roumaine (moldave), siiivie d'un Vocabnlaire et de Dialogues, coniposee par le conseiller de college Etienne Makcella , et publiee par le Departement de riuslruction pu- blique. Saint -Pelersbourg, 1827; imprimerie du Departe- ment. 5 vol. iu-8". En nous chargeantdu soin d'annoncer celle nouvelle gram- niaire , nous avons du reconnailre I'insuffisance de nos lu- mieres pour juger de son merile. Nous esperions Irouver tous les renseigneniens dont nous pouvions avoir besoin dans quelques journaux russes , qui ont parle de cet ouvrage lors de sa publication; mais ceux que nous avons ete a nieme de consuller (1) se sont bornes a en donner le litre, sans enlrer dans aucun exanien critique du snjet on de sou execution. Trompes dans un espoir que nous devions regarder comme fonde, nous avons pense a consuller le savant elcurieux ouvra- ge de M. Balbi, intitule : Atlas eihnograpliiquc du globe (voy. Rev. Enc, t. xxxii, p. 765) , et nous avons trouve, en effet, un assez grand nonibre d'indicalions relatives a I'objet de nos reeherches dans son 12" tableau, ou 2' taljleau consacre u la famille des langues thraco-pelasgiques ou greco-lalines ; mais, en etudianl et en comparant ces materiaux, nous avons ete frappt'S de leur insuflisance, ct meme des contradictions assez nombreuses qu'ils renferment, et nous desesperions de pou- voir en former un ensemble que nous pussions meltre avec qiielque assurance sons les j^eux de nos lecteurs , lorsqiie nous (1) Tels sont le Fits de (a patrie, VAbeiUc du nord, le Tclcgraphe dc SJoscoii, etc. \ ju'i LIVRES ETRANGEIIS. ' avons eu I'idee de recourir a M. Marcella lui-memc. Si, cii matiere de goQt, ot dans un siijet oii rainoiir-propre est mis trop diiectcmenl en jeu, on ne pent s'on rapporlcr a I'opi- nion d'un autenr s)ir son proprc ouvrag^e , il n'cn est plus de memc, lorstiii'il s'af"it de recherclics d'erudilion ; ici , le le- moignage cl la i)onne I'oi de I'autenr peiivciit etre invoqiies, et e'est aveo confiance que nous allons presenter a nos ler- teurs Ic resultat d'nnc etude que nous avouons elic tonle iionvelle pour nous. La granniiaire de M. Marcella , composee en grande partie d'apres celle de I'Acadeniie russe , conlient la traduction rou- maine (moldavej en regard du texte russe; elle a pour double ])ut de i'aciliter a pres de 5 millions de Ronmains , habitans de la Moldavie, de la Valaehie , de la Transjlvanie , de la Bessa- rabie, etc., I'etude de la langiie que parlent les Russes , et de donner a ceux-ci les premieres notions du dialecte roimiain , ou latin-slave, qui est plus particulierement usite dans les provinces que nous venous de nonimer. Get idiome a conserve , a tres-peu de chose pres, I'alphabet adopte par les Slaves, les Serbes, les IJulgares , etc. , a I'e- poquc oi'i ils recnrenl des Grecs les lumieres du chrislianisme, avec les lettres appeles cyriliennes; et cet alphabet est le meme que celui qui sc trouve aussi conserve dans les livres ecdesias- tiques de la Russie. On sait, en effet, que I'importante re- forme, introduile par Pierre I, dans I'impression des livres destines aux usages eivils de son empire, rel'orme qui eut un plein succes, (pioiqu'clle ne I'fit peut-etre pas complctement raisonnce dans tons scs details, ne I'tit point ailoptee pour I'im- pression des livres d'eglise , qui n'a subi jusfin'ici aucune modification, et qui a garde toute la rndesse primitive et tons les defauts que Ton reniarque dans les premiers essais de I'art typ()graphi(|ne. L'anteur de cette grammaire , f|ui avait scnti depnis long- tems les graves inconveniens qui resnltent dans I'enscigne- ment de la surabondance et du desordre des signes elemen- taires du langage, a rediiit les quarante-trois lettres de I'ancien alphabet roumain a vingt-quatre. Outre ces signes, indispen- sablcs poiw exprimer tons les sons de la langue roumaine , il en admet neuf aulres, qui expriment des sons comjioses, niais qui ne sont, d'ailleurs, que des alireviations, et , par conse- quent, des modiliralions des sons primilil's. Nous avons dit que la langiie I'oumainc se paric dans pln- pienrs provinces ; les differences qui existent de I'une a I'autrc ne 5onl guere que dc deux sortes : i" dans tai'»-oi\oncialieii, {\\\\ ULSSIK. 125 (T|)en(l;uit iie varie jamais assez (I'liii lien a iin auire pour cm- peclier Ics liabitans do s'entendre mutuellenient avec facilite. La prunoncialioii luoldavc est en usage dans la Bessarable, la IMoldavie et la Boukovine, et la pronoucialion valaque est plus generalement celle des autres contrees ; i° dans les mots: les dialectes moldave et valaque, egalement nes du melange do la langne Jatine el de I'aneienne langue slavonne, ne pos- sedent qu'un tres-petit nombred'expressions qui ne soicnt pas communes a chaciin d'eux. Les llouniains de Transylvanie admeltent un certain nomhre de mots allemands et hongrois ; enHongrie, ces eniprunts d'expressions etrangeres sont plus considerables, de meme qn'cn Pologne, dans la Nouvelle- Russie , etc. ; mais cela n'a jamais lieu au point d'empecher les Iloumains de toutes les contrees de s'entendre toujours parlaitement eutre eux; il n'y a d'exccption, a cet egard , que pourla tribu des Koutzo-Valaqnes, descendans des Iloumains transporles au-dela du Danuljc par les empereurs grecs, et (|ui sont repandus, en grand nombrc, en Macedoine , en IMo- ree, el generalement dans la Grece el dans les contrees adja- reules. Leur langage est devenn nn jargon, qui n'est guere inlclligible que pour eux seuls, tant il est cliarge d'expressions coirompues prises dans les iliveis lieux qu'ils habitent. Les Iloumains, en general, pourraienl se contenter de la rei'orme proposee par rauteur, parce que son alpliabet , nom- nie alpliabet de Maralta en llussie , et qui a deja ete adopte dans les imprimeries du gouveiiiement a Sainl-Petersbomg, conlient tons les sons simples de la langue roumaine, qui a tons ceux de la langue slavonne et latino, et , de plus, une vojelle {|ui Ini est propre el le double son dge on d:e, que ni I'une ni i'autre n'ont. Le gonvernement autrichien , par des motiis qui ne sont pas tout-a-t"ait les memos, tente d'inlroduire les leltres lalines dans les provinces qui lui sont soumises, et il est deja ]>arvenu a les I'aire adopter par qnelques savans du pays; mais ( el alpliabet est contraire a I'essence de la langue roumaine, puisqu'il ne presente que les sons latins , et ne peut reproduire les sons slaves, dont elle se compose egalement; il ne peut done servir qu'a alterer la langue, et a diviser les Iloumains, en les empechant de lire dans une province les livres compo- ses dans une autre, et meme, avec le terns, de s'entendre en parlant ; en un mot, cet alphaiiet mettra des obstacles a I'in- slruction des Roumains, et les rendra etrangers les uns aux autres; ce que celui de 3L Marcella , plus coulorme d'ailleurs au genie de Icur langue, lend surloul a eviler. Ed me Hereac. ijfi LIVRES ETRANGEUS. POLOGNE. iG. — Pamientniki Janczara, etc. — Mcmoires (I'un janis- saire gentilhomnie polonais sur la prise tie (lonstantinoplo par les Tiircs on i/\..; puhlies d'apros iiii \ieiix inaiiiisciit , dans la Colli clioii (Ics (inciens ccrirains Polonais. \arsovie, 1828; GalenzoAvski. ln-8°. Un Jaiiissaire TiM'c, genlilhommc Polonais! Cos deux ti- tres sont trop heti'iogenes ponr ne pas frapper I'atlention du leclcnr. \'oi( il'explicalionde cctte siiigidiere alliance de mots. En i444» Vladislas III, iclcve par le nonce du Pape dii ser- ment qn'il avail prete de niaintenir la paix aveo les Turcs , perit avec la fleiir de la jennesse polonaise a la bataille qn'il leurlivra pres de Varna, charge de la malediction dn people et laissant dans I'histoirc one tache ineffacahle. Parnii les prisonniers fasts par les Miisnlnians , sc tronvait nn gentil- homnie polonais qui embrassa la religion du prophete et devint .Tanissaiic. L'ouvrage dont nousannonconsla piddication estle journal de cet oilicier qui assista a la prise de Constantinople par les Turcs. On y trouve des details assez curieux et pre- cieux, puisqn'ils sont uniques dans leur genre ; et quand nieme i!s ne jetteraient pas un grand jonr sur I'histoire de cetlcepo- qne importante, ces memoires n'en seraient pas moins recom- mandahlcscommc monument dela lingua vernaculadiiW" $ie- cle, cpoque oii Ton n'ecrivait en Pologne qu'cn latin. — L'au- teur nedemenra pas loug-temsen Tnrquie; aprescette guerre memorable, il trouva le nioyen de revoir sa patrie. L'ouvrage qn'il avail compose dons sacaptivite etaitreste jusqu'a present manuscrit. L'edileiu" a conserve fidelenient I'orlhographe et le langage de I'original, el pour en i'acilitcr la lecture, il a mis en regard le texte ecrit avet^ I'orthographe moderne, el snivi de I'explicatiou des mots anciens. Cet ouvrage etaitdonc digne d'occuper une place dans la belle collection des anciens ecrivains polonais, et Ton doit savoirgre a Tediteur des solns qu'il a donnes a sa pulilication. 17. — Poczontki arcliilcktitry, etc. — Elemens d'architec- fiire, par M. Charles Podczaszynski. profcsseur a la Faculte des sciences physitpies ct mathcmatiques a ITniversite de Wilna. T. I. ^Vilna, 1838; A. MarcinoAvski. In-H" de 188 pages, avec G gravnres ; l'ouvrage entier foi'mera 4 volumes. L'auteur de cet ouvrage est le premier, dans sa patrie, qui ait pris pour base de rarchitcclure les sciences mathcmati- ques; mais cet ouvrage n'est pas le premier service qn'il ail POLOGNE. — ALLEMAGNE. 1 27 rendu aiix arts : il occiipe depuis long-teius lacliaire d'arclii- teilure ;i I'l'niversite dcAYilna. L'n grand nombrc de ses elcves poiirraicnt deja so placer parnii Ics niaitros, et la Lilhiianie se couvre de beaux monumens qui alteslent a la fois son zcle et ses talcns. Le premier volnmc que nous annoncous a ete acevieilli par les suffrages les plus flatteurs. JNous nous hor- nons, pour le moment, a constater ce succes morite. Lorsque les Yolumcs subs('(|uens auront ete puljlies, nous reviendrons peut-elre sur cet important ouvrage. Nous devons cependant, des aujouid'hui, altirer d'une maniere speeiale I'attention de nos lecteurs sur VIntrodaclioii, qui, a vrai dire, est un tiaite oomplet sur luie matiere souvent discutee, le beau dans les arts ct parlicidiereincnt dans Carcluieclure. Elle renferme le deve- loppemcnt d'une Ihcoiie deja exposee par I'auleur dans inie dissertation puiiliee en 1821. On doit aussi feliciter M. Fod- zaszynski des innovations licurenses qu'il a introduites dans la langue technique de I'art qu'il cullive : elles rendeut cetle langue inteUigil)le a cliacun, puisqu'il I'a tireesoit de la langue natiouale, soit, lorsqu'elie ne lui ol!'rait pas de termes exacts, des langues de la Moravie et de la lioheme, qui sont, de tons les diaiectes slaves, ceux qui ont le plus de rapports avec le polo- nais. II n'a fait en cela, il est vrai, que suivrc les conscils des plus celebres ecrivains du xvi" siccle, et notamnient de Gor- nicki; mais son merite n'en est pas moins grand. II y a bien long-tems qu'en France, les gens d'esprit supplient les savans de devenir intelligibles, sans que ceux-ci aient jamais voulu faire aucune concession et conscntir a changer quelques-unes de leurs denominations barbares, quoiqn'elles viennent du grec etdu latin, centre des expressions comprises de tout le monde, et qui auraient du moins le merite de ne pas doubler le travail de quiconque veut apprendre quelque chose, et de ne pas nous forcer a consacrer la moitie de notie vie a la science des mots, an lieu de la donner a la science des choses. M. P. ALLEMAGNE. 18. — *Elruricn and dcr Orient, etc.' — L'liltruricet I'Orient, par M. le docleur Dorow. Heidelberg, 1839. In-8°- IM. Dorow se dispose a faire une publication tres-importante; il doimeiabientot uu P'oyage archcotogiqite dans I'ancienne Etni- ?•('(', que M. Ejiii'sa Iraduit d'apreslemainiscrit allemand.L'au- teui', qui possede Soo a 600 vases ctrus(jues, a pu faire de pro- fondes rechcrciics sur lo caractcre des arts et sur lour origine. II repousse toute espece d'influencc de la part des Grecs : c'est 128 LIVRES l!:TR ANGERS. en Oiicnt qu'il faiit, tlil-il , clu'ichcrlesinodtles qui ont forme los l^tnisquos, c'cst de rOrieiU quo sont venues leur langue el leur eeriture : Tuscos Asia sihi vendicat. 31. Dorow accorde priucipaleuient sou allenlion aux vases en tone ui)ire que Ton lie Irouve que dans la \ieille Jitiurlc, et spetialemciit a Chi'.isi (Clusiuni). Ccs vases ne paraissent pas avoir ete euils aul'eu,mais souiiiis seidenient a ractiou de I'air et du soleil ; les ligures (|u'ils portent sont en relief, el semblent etre une eeriture (ii;iiroe, analogue a eelle de Per.^epolis et plus eneore a eelle de I'Egypte. Le cycle mythologique auquel les sujets se rapporlenl a tons les caracteres des religions et iles croyan- ces dc I'Asie, ainsi que M. Dorow cherche a retahlir par plu- sicursexeniples. II se plaint (pie Ton ait confondu les Tyrrhe- nicns el les Pelasges,deux races qu'il pretend elre entierement distinetes, et qui ne sonl, ni les uns ni les autres, les liabi- taiis piiniitifs de rEtrurie. «11 arriva, dit-il , ce qui arrive toujours dans les conquetcs, le vainqueur finit par se perdre dans la nation vaincue ; il en prcnd les moeurs, la langue et le caraclere. line faudiait done altribuer aux Pclasges rien de tout ee qn'on voit en Etrnrie. » L'invasion des Pelasges, en refoulantla nation sur clle-nienie, lui fit faire des conquetcs aii nord, et c'cst ainsi qu'elle s'enipaia du pays qui environne Bolognc.Padouc,etpeiit-elreaussi Milan. Ici Jl. Dorow releve une crreiir elironologique asscz grossiere, quant a Tinvasioa des Gaulois dans le nord de I'ltalie, et en general il reproche a Jlicali de iionihreuses I'autes de ce genre. Lorsque les hom- ines se repandireiit d'uhe part sur la cote d'Asie , de I'autre sur le continent de I'Europe, TEtrnrie aura rccu une peuplade semiiique, et le nom de ce pays pourrait etre decompose selon les langues semitiques, de maniere a significr Cempivc de la lumicre, da soleil, d'Jpullon. 11 serait possible d'analyser de memo les noms propres, el ceux des villes, (jnoique les Ro- mains les aient defigures. L'adoration des astres est une preuve de plus aux yeux de M. Dorow. Nous ne pouvons le suivre dans ses observations sur les aspirations et les gul- turales : seulemcnl nous dirons que ce specimen, qui est en quelque sorle le simple cnonce des propositions qu'on vent soutcnir, promel un ouvrage bien important sur un sujet fort conleste. II devra done exciter a un li.uit degre I'atlen- 1 lion du public. Cctte brochure est terminee par un jugement de M. Albert Thorwaldsen sur la collection d'antiipiiles etrus- qucs que posscde iM. Dorow, et qui a ete recueillie dans les! hypogees dc Tarquinies et de Cornclo. ( Voy. Rev. Eiic, t. XLII, p. 246). P. DE GoLBEKY. H). — Die Riincn uiid Hire Dcnkmdicr. — Les Runes ct I ALLEMAGME. 129 leuis monumeus, avec ties notifes pour servir I'l la connais- sance du scaUlisine ; par le D'. G. Tliormod Legis. Leipzig, 1829; Barth. In-S° de 21G pages, avec cinq planches litho- graphiee.s. Par la prel'acc, nous apprenons que I'auteur se propose de pulilier, en plusicurs Aolumes, des eclaircissemens surles an- tiqiiiles du Nord ; aussi, donne-t-ilaavokune qui vicnt de pa- raitre, uu second titrc : Mines de L'ancien Nord , conime on a donne, il y aplusieurs annees, a nn recueil de traduction et de dissertations sur la litterature orientale le litre de Mines de t'Orient. Mais ce dernier recueil etait luie espece d'ouvrage periodique, un magasin on plusieurs savans deposaient les fruits de leurs travaux, independans lesuns des autrcs. M. Le- gis, au contraire, parait vouloir nous donner un ouvrage ho- niogene : dans le premier volume, il parle des Runes, c'est-a- dire de I'ecriture des anciens Scandinaves , et il entre dans quelques details sur d'anciens ouvrages islandais; pour los deux autres volumes, il promet une traduction de I'Edda. II nous semble que ce plan n'est pas trop bien concu ; mieux aurait valu donner I'Edda seule, ou composer un precis sur i'ancienne pocsic islandaise; dans ce cas, on aurait au moins quekjue chose d'entier; tandis que le morceau surles llunes, et les notices sur quelques poesies islandaiscs n'arrivent la que comme des fragniens. Toutet'ois, I'ouvrage allemand de M. Thormod Legis pourra etre de quelque utilite auxperson- nes qui ne connaissent pas le danois et le suedois, ou qui n'ont pas occasion de lire les ouvrages qui, chez ces deux peuples, ont ete publics sur leur litterature ancienne. Dans son introduction, Tauteur donne un apercu tres sommaire sur les anciennes Sagas, sur Tetat des lettres et des arts chez les anciens Scandinaves ; il emploie ensuite la premiere sec- tion a faire connaitre les Pvunes et les monumens sur lesquels on employaitce genre d'ecriture. L'anteur discute I'etjmolo- gie du mot runes, et son origine; il ne doute pas que ce ne soient les Pheniciens qui aient apporte I'alphabet runique dans la Scandinavie; il croit que les Runes datent du tems de Cadmus, ce qui leur donnerait une antiquite tres-venera- ble, et ce qui s'eloigne considerablement de Tavis de ccux qui les croient posteiieures a I'introduction du christianisme dans le ISord. M. Legis ne fournit guere d'autre preuve de I'originc phenicienne des Runes, que leur ressemlilance avec I'ecriture cellibeiiennequ'on trouve sur les medailles de I'Es- pagne meridiunale.On sait aujourd'hui que les Runes se sonl propagees beauconp plus qu'on ne I'a cru d'abord. On les a re- T. XLUI. JUlI.l.F-T iS^y. 9 150 MVRF.S I^.TRANGEIIS. (rouvc'eson Anf;lctciro etcii ,\llemau;no. !M. Lcgis a (loiim'', siir imc plaiiclu; lill\(){;ra|ilii(''o, nil taiilcaii comparalil' dcs alpha- bets runi(|uc, cellil)i'ri(Mi, clriisqiio ct plieiiicicn ; la rcsseni- l)lance ciilre Ic phciiiclonct Ic nmi(|ii(' n'esi pas tics-rvidente ; il est vrai que nuns n'avons pas assez de inoniiineiis plieiii- fieiis pour pouvoir les comparer avoc Ic grand nond)re d'ins- criplions nuiiqucs qn'on trouvc dans le INord, surlout en Sui'dc. Puis(pie M. Th. I.egis avail aiuionce un niivrage sur les Runes el Iciirs monamens^ il anrail falludonucr plus d«! reii- seignemens sur ces inscriptions, et niome I'aiie connaitrc les principalcs; A cet egard, rauteiir est hcaucoup trop con- cis. II aurait ete bon aussi dc lairc mienx connailre I'eniploi des Runes pour les ealcndriers, sur Icsquels M. Th. Lcgis nc dit que qnelques mots. L'aiilcur a ajoule une polite disserta- tion sur une inscription prclcnduc runique, qii'on a Irouvec dans les mines d'un viciix chateau I'ort , en Bohcme, altribuc aiix iMarconians; IM. Legis a fail lilhographier ['inscription dans une des planches de son ouvrage. La deuxicmc section, tout-a-l'ait indopcndanto dc la pre- miere, traite ilc la poesie des Scaldcs, sur la(|nelle heaucoup d'auleurs out ecrit avant hii. 11 I'ait connailre bricvemcnirart poetique des anciens Islandais , lenrs metres, Ic mecanismc de lenrs vers : il donue ensuile une traduction complete du chant heroi'que de Regnar Lodbrok, dont nous devons une nouvcUe edition avec un commentaire, a M. Rafn, secretaire de la societe dcs antiquaircs du Nord. J'cn ai donne I'analyse dans ce rccueil (voy. Rev. Enc, t. xxxvi, p. 690) ; M. Legis ajoule une petite dissertation sur rauthenticite et I'age de ce chant singuliei-. II traduit aussi deux morceanx poetiques de VEgilo-Saga, on la tradition sur les aventures du Scalde Egil, et termine par ime liste des Scaldes et de lenrs principalcs compositions. !M. Legis ne manque pas d'erudilion ; il cite une foulc d'ouvrages, et on voit qu'il a heaucoup lu : ce qui lui manque, c'est de savoir digerer son erudition, et de rediger un ensemble an lieu de rcunir des fragmens. D. — c. 20. — Eutropti Dreriarium. — Abrege d'Eutrope. Noii- velle edition; revue sur les meilleurs manuscrits; par Charles Zell, proi'esseur a I'universite de Fribourg. Stuttgart, i82(). Petit in-8". Co joli petit volume fait partie d'une collection de classi- ques latins ({ue public M. Zell, deja connu si avantagense- ment dans le monde savant par ses travanx sur Aristote ct par SOS dissertations archeologiques. On sail pen de chose d'Eu- trope. Quehpics antcurs out soulcuu (pi'il avail vu Ic jour en ALLEMAGNt. i3i Aquilainc, mais il y a lien de couclurc de quelqiics paroles tie Suidas qu'il elait d'llalie. Liii-ijieme prciid suin de nous apprendre qu'il a fait la guerre sons Julien ; eidin, deux auteurs le quaiifieut d'epistolographc de Coustanlin. Par la preface et par la fin de son abrege on voit qu'il vivait encore sous Va- lens. Ktait-il cluelien ? etait-il de I'ancienne religion? C'est c-e qu'on nepourrait decider d'apres sesecrits. NicephoreGre- goras ccpendant le traile de noarrisson d'un culte Stranger, et lui reproche de n'avoir vante les vertus de Constantin qu'a contre-cccur, atleudu la difl'erence de religion et son atlache- uient pour Julien. Ilresle sur cetauteurheaucoupde questions que Ton n'eclaircira jamais; par exemple, celle de savoir ^ ce fut noire Eutrope, ou un autre, qui I'lit proconsul d'Asie; quant au prenom de Flavins, que lul attriljuent beaucoup d'e- ditions, il n'y a pas plus de certitude ; car il ne vient que des conjectures de Sigonius qui I'a pris a deux consuls du noni d'Eutrope, pour en revelir aussi celui-ci. Eutrope a-t-il acheve jamais le grand ouvragc qu'il promet a la fin de son abrege ? C'est encore une question iudecise. M. Zell fait avec justice la critique de sa maniere d'ecrire riiistoire, de son penchant a decrire des batailles, et il lui reproche Tabsence de tout renseignement sur le gouverne- mcnt, les lois, etc. On pent cependant lirer parti de ce livre pour Tctude de I'histoire romaine, surtout en ce qui concerne les derniers tems. Deux fois I'abrege d'Eutrope a ete tra- duit en grec ; d'a])ord par Paranius , son conteuiporaln; en second lieu, par Capiton Lycius, ecrivain du vi' siecle. Pour retablir letexte, M. Zell a tire de grands secoursd'une//ws (Jtaiciil passt's a Tc-lat de souvenir. Les dernih'cs Ictlres Ue Jacopo OriLs I'uient iuipiiiu(!'es pour la premiere fois eu i7l soignee, accompagnee d'une notice sur Foscolo et de recliorcJies ijibliogiaphiques sur son on- vrage. Ellc forme le iG""' volume d'unc BU)Hotkc> Voilu un singulicr niaitre! Quant auZ)(a/(ig'«ede Speroni, qniseraitmieuxnomnie Monologue, c'est un discours purement, mais pesamment ecrit, on (pielqiies lions preceptcs et quelques phrases ele- gantes ne dedommagent point assez le lecteur d'un style dif- I'us et plein d'afl'cctation pcdantesque. L'auleur de la Blblioteca amcna anrait dii se borner, a mon avis, a reiuiprimer le Ga- laieo de monsignor dclla Casa, en le faisant preceder d'une notice biographique snr I'aiileur. Ch. O tivragcs period ir/ f , es . 38. — * Annali univcrsali ilislatisticn, etc. — Annales uni- verselles de statisliqne, d'economie publique, d histoire, des voyages et du commerce. Milan, 1839; les editeurs des An- nalcs universelles des sciences et de I'induslrie. In-8". ag. *■ — Annali univcrsali di agricuitura , etc. — Annales universelles d'agricidture, d'ecnnomie rurale ct domestique, et des arts et metiers. Milan, 1829; les menies. ln-8". 5o. ■ — * Giornale di farmacia rhimica, etc. — Journal de pharmacie chimique et des sciences accessoires, ou Annales universelles des decouvertes, reproductions de proccdes ou de connaissances perdues, perfectionnemens introduits dans la pharmacie et dans la medecine, redigces par le doctenr Anloine Cattaneo, pharmacien-chimiste, etc. Milan, 1829; les menics. In-8°. Parmi les ouvrages periodiqucs dont nous devons observer la marche parce qu'ils suivent la meme direction que nous, quoique sur uue aiitre ligne, les Annales universelles, redigces a Milan, sont particuliercment recoiumandables par le soin qu'elles prcnnent de se tenir au courant de tout ce qui est public, dans le monde savant, sur les matieres dont dies s'occupent. C'est un repertoire trcs-utilc a consultcr, pour ITALIE. 143 apprcmlre ce que Ton a fait, et meme cc que Ton prepare, en statistique, en agricultuie, dans les arts et metiers, etc; mais, outre les indications on les analyses des ouvrages d'autrui, on y trouve aussi d'excelleiites dissertations, dont la Revue Encyclopcdiqiie profitc de tenis en tems, pour I'avantage de ses lecteurs. Les savans redacteurs milanais rendent justice aux ecrivains de toufes les nations, et se niontrent plus empresses de louer que de critiquer ; mais les interets de la verite I'em- portcnt sur toute autre consideration. C'est ainsi que, dans leur cahicr de i^Iars, an sujet d'un article de notre Revue, on I'un de nos collaboraleurs a fait une analyse rapide d'unc brochure anglaise relative au paupcrisme et a la taxe des pau- vres dans la Grande -Bretagne, M. Uomagnosi discutc avec etendue et clirte les questions si souvent debattues sur les nieilleurs moyens de soulager I'indigence, et de diminner, autant qu'il est possible, le nombre des indigcns. Ses opi- nions ne sont pas toujours d'accord avec celles de notre col- laborateur, ni avec les doctrines de M. Maltlius; mais clles elles sont plus consolantes pour I'humanite. Puissent-elles etre confornies a la nature des choses, et par consequent etrc justifit'cs par I'expericnce ! Nous n'avons rien trouve dans les Annales univcrselles d'a- gricultiire dont nos climats du nord puissent profiler, ce qui prouve peut-etre que les progres de cet art suivent actuelle- ment une impulsion du nord au sud, quoique les sciences dont il recoit les lumieres soientcultivees en Italie avec beau- coup de soin et de succes. iNous serions tentes de reprocher au Journal de pharmacie- clmniqac un article tres-court, il est vrai, rejete a la dernierc page du cahier de mars, et auquel M. Cattaneo parait ne pas attacher beauconp d'importance : il s'agit d'une nouvelle fal- sification du cafe, ou plus exactement de la chicoree, plante que I'ignorance gastroiiomique sul)stitue trop souvent a la feve d'Araljie. Ainsi, \i\ hoisson intcllccluelle, \iYes(^[nc bannic d'Allemagne par la boisson de chicoree qui, certes, n'a point d'aclion sur rintelligence, serait menacee d'une nouvelle concurrence encore plus ignoble, et devenant de jour en jour plus rare , et par consequent plus chere, fmirait par n'etre plus a la portee des gens do lettres, gens tendres de pccunc, dit le pere Ducerceau ! Ne vaudrait-il pas mieux s'occuper des moyens de multiplier le cafier et son fruit, dont les pro- prietes alimentaires ne sont pas encore assez connues, de le rapprochcr de I'Europe, de choisir les varictes les plus pro- ductives, pour les consommateurs qui emploieraient le fruit 1 44 LIVRES ETUAINGEU^. roiiiinc aliment, el Ics Icvos plus parruiiit'es poiic les j^oiir- lUL'ls, otf. Ce serait ainsi (|iio la ciilUire torait do veiitajjli.-i prngies, cl crccrail dc noiive'les rcssourccs , en nieme leins qirdlc aiigmcnterait uos joiiissances. An resle, on pcnsc Iticn que celte nole sur le pretenclii cafe de poninie da terre n'aurait pas mCnie etc apcrcuc dans I'interessaiit Recueil de 31. (lallaueo, si noire devoir iie nous obligeait pas a tout lire. Les pliarniaciens ilaliens, auxquels ce journal est plus speeia- lement desliiie, les chimisles, les medeeins le eonsnllt'i'ont avec fruit, el suivront ainsi avec facilite les progres des sciences pliarniaceutiqncs dans tous les lieux oii elles sent ciiltivees avec le plus de succes. F. ESPAOE 5i. — * Elcmcnios de cconomia politica con aplicacion parli- calar a Ksptnia. — Traite clemenlaire d'econoniie politique, appliques a I'Espagne ; par le marquis de Vallesasstoko : dedie a S. ^J. C. Madrid, 1829. In-4". Cen'est point un traite purement didaclique, une simple exposition des principcs generaiix de I'economie publifpie que I'antenr de let ouvrage a \oulu I'aire. Convaincu qu'il y 11 lonjours dans les traites elementaires sur les sciences quelque chose d'abstrait, qui rebute les gens du monde, il pense (pi'il faut temperer, par tousles mnyens possibles, I'aridite insepa- rable de ces sortes d'ouvrages. Persuade d'ailleurs que pour niieux faire comprendre lej principes, ou les doctrines qu'ils rcnferment, il importe avant tout de les appuyer sur des I'aits generalement conniis eta la j)ortee de loutes les intelligences, il a poise dans I'liistoire economique de son pays les donnees et les considerations propres a eclaircir son sujet. Un autre motif aura sans donte beancoup conlribue a le determiner. L'Espagne a manque jusqu'ici d'ouvrages didac- tiques sur cette matiere : il ne faut point s'en elonner, car la science economique est nee d'liier, et les rapides progres qu'elle a i'aits dans les autres parties de T'Europe sonl d'line date Ires-recente. Avant le celebre Adam Smith, qui a, pour ainsi dire, cree la science, les connaissanccs surcette matiere important e, et qui touchc de si prcs au bien-etre des societes politiipies, claient partout fort bornces. Pour ce qui est de I'Espagne, en parliculier, il sudit de consulter les annales poUti(iues pour s'assurer de I'etat d'im- perfection oi\ elles se tronvaient. Les actes des ancicns cortes de (lastille, dans iesquels on attachait parfois un si vif interet KSPAGNE. 1^5 a I'examen Yarlez, chirurgien-major attache i/,« ^ l.lVlirS lirUANGERS. a rh('ipilul inililaiK', el a la irsiilonce royalc do Bruxellcs. Bruxclles, 1829; I'oitiii ; Paris, iM"" Dclaiinay. In-8" dc soo pages. II cxistc. dcpiiis 1824, (laiisle?; Pays-Bas, unc fspeccfroph- thalniie piiriileiitc, si rapide dans sa marchc, qu'ellc pent, en qiiel(iiies lieines, anicner une desorg;anisatioii complete dii glol)edel'a'il, ot quo les simples alterations de la vuc doivent etre , pour ainsi dire, considerces eomme des terminaisons lieuicuses de eelte maladie. Elle s'est successivenient etendue, et elle sevit avec tant de violence, dcpuis quelques annees, centre les soldats , qn'elle pent etre a juste titre coiisideree comme le flean de I'aniiec. L'n grand ncnnbre d'ofliciers de sante , descspercs de ne pouvoir lui opposer que de vains el' forts, s'occiiperenl d'en reehercher les causes, alin dedelruire le mal dans sa source, et ils ernrent les avoir rcncontrees dans le col, le diademe, le schakot, la nianvaisc alimentation , I'insalubiite des casernes, el one fonle d'autres conditions qu'il serait trop long de citer. Le ministre de la guerre prit en con- sideration la plnpart des moyens prophylactiques que I'ou proposait. ils Curent cxaclement executes, et cependant les ra- vages de rophthalmie continuent. C'est dans ces circonstan- ces, que MM. Fallot et Warlez se sont occupes de cette im- portante question, et qu'ils viennent de puhlier le resultat de leurs reclierches, aussi remarquables par I'espiit d'impartiale verite qui les a guides, que par le talent dont elles sont la preuve. Ce travail est partage en deux sections. La premiere est consacree a la discussion des causes qui out ele admises , et a I'examen des effets de la contagion et de I'encombrement. La seconde , qui en est le but et la consequence, traite de la prophjdaxie. MM. Fallot et Warlez ne sont pas sortis des fails, seul ni03cn d'entrainer la conviction, et ils prouvent jusqu'a I'evidence qi:e I'on s'est mepris sur I'assignation des causes. C'est ainsi que de nombrcuses reclamations ayant eu lieu conlre le col que portait I'infanterie beige, on le lemplaca par uuebandede drap noir, renl'ermant une piece de cnir beau- coup plus mince : plus tard, cette bande de cuir i'ut tont-a-fait snpprimee pour les miliciens de 182G. Le general Waulier fit exerccr ses soldats sans cols, et I'ophthalmie les atteignit cgalement ; le regiment de Hollande n° 6, n'eu fut pas pre- seive pendant qu'il portait la cravate de sole; et tel regiment qui n'ent pas un senl homme atleint de phlegmasie oculaire dans une garnison, en fut crnellement frappe dans une autre, quoique le col ne I'ftt pas change. L'illustre Percy, en enumc- I PAiS-IJAS. 149 rant les accideiis que tlelermine la Irop forte pression du cou, ne parle de I'ophthalmie que transitoirement, et comme d'unc maladie qui pent reparaitre chez ceux qui en out ete atteints. Et Ton ne peut ciler de preuve plus convaincante dn pen de valeur de cette cause, que la localisation de I'ophthalmie dans quelques garnisons , quoique la tenuemilitaire ait ete la meme pour tons les corps. Les reproches que Ton a faits au schakot, audiadcme, a la nourriture, tonibent egalement. II fallaitdonc rechcrcher d'autres causes, et ces habiles praticiens les ont rencontrees dans la contagion et reucombrement. Cette idee de contagion a deja ete soutenue parle pvoksseiw Ki-uiskens, et parplusieursmedeciiis francais et allemands, qui ontavance (jue les maladies pouvaient se transmettre sans contact imuie- diat. MM. Fallot et "NVarlez ont mis cette question hors de doute, par les nonibreux exemples qu'ils rapportent. Quant a I'insalubrite des casernes par encombrement , ils la rcgar- dent comme la cause la plus puissante de I'activite de la con- tagion. L'un d'eux s'est assure, par experience, que, pendant I'ete de iSaS, la temperature dcs chambres de caserne s'ele- vait, lanuit, a 28°, tandis qu'elle restait a i4° et 16° en dehors. L'ophlhalmie est moins violente en hiver, elle suit les varia- tions de temperature et les proportions de I'encombremcnt. Elle sevit surtout dans certaines casernes oii les chambres sont basses, nial ;^'jrees, et qui ont di'ja contenu des ophthalmis- tes. Enlin, elle n'aftecte pas les militaires qui logent seuls. C'esl d'apres ces considerations, que les autcurs de ce Me- nioire etablisseut leurs moyens prophylacliques. Le premier, et le plus important, est de I'aire campei- les regimens allec- tes d'ophlalmie jusqu'a ce que toute trace de maladie ait dis- paru. lis indiquent ensiute toutes les precautions hygieniques necessaires pour assurer I'efficacite de cette mesure. L'ou ne peut donner trop d'attention a de pareils travaux : tout ce qui lient a riiygiene est d'une haute importance, parce qu'ici les conseils ne s'adrossent pas a I'individu , mais a la societe elle- ineme. MM. Fallot et SVarlez ont compris tout I'interet que presente cette question ; I'etendue de leurs recherches etieur talent ont repondu ;'i .son importance. C. S. 53. — Korte Schetsvan den f^ort<^aug der Bcekdrukkunst, etc. — Expose succinct des progres de la typographic aux Pays- Bas pendant les xyi" et xvii" siecles ; par M. le baron de \N es- TREENEN DE TiELLANDT. La Hayc ct Amsterdam, 1829; impri- mevie dcs freres Van Clcef. In-8° de ^7 pages. Fersonne dans les Pays-Bas ne s'est oicupe avec aufant de *iic(cs de riii-^loire de I'arl lypographiquc, dont Ics HoUandais i5o LIVllES firUANGERS. rcvcn(Ii(iiieiit la ilctoiivertc, que M. Ic baron de AVESTREENEWy I'lin dcs plus ^avails arclicologucs dc cc pays, el «|ui deja, depuis plusicurs aiiuees, s'esl fait avanlagCMScment couiiaitre par des eciil.s pleins d'iuteiCt. Sa nouvelle production, dans laqucllc on reniarquc unc erudition de bon gofit, ne manqnera pas d'ajoulor a la lepulalion litteraire, si juslenienl a(;quise, de M. de A\eslreciien. de K. Ouvrages piriodiqites. 34. — * liihUothcque lies Institnteitrs, journal de rinstruclion nioyenne et piiniaire dans les provinces wallones. lAIons, 1829; imprinicrie de Hoyois, rue des Fripiers, n" 24. Publi- cation mensuelle. In-8"; eahiers de Irois Ituiillesd'impression. Prix de I'abonnemenl, a Mons, 2 florins 5o cents, et avec Ic port, dans les provinces, 5o cents de plus. Quoique les ouvrages pcriodiques tels que celui-ci ne doi- vent elre soumis a I'analyse que dans leur ensemble, nous ne pouvons cependant nous abstenir d'en parlcr de terns en lems a nos lecteurs. niemc a I'occasion d'un senl numero, qui a provoque specialement notre attention; celui du mois de fe- vrier dernier nous montrc I'estinie qu'obtient chez nos voi- sinsTexcellent recueil public par M. de Lasteykie, sous le titre (\e. Journal (T instruction et d' education. Les editeurs de \a.Bi- bliotliequc des instituteurs out pcnse que le mcmoire sur les^ ccoles dc la premiere e?ifa7ice dc^ ait etre rcpandu avec profusion, recommandeaux instituteurs etaux parens, place dans leurbi- bliotheque,^afinqu'iis ne le perdissent point de vue. Nousavons Irequeinment besoin d'etre avertis par des etrangers de la va- leur de nos productions indigenes, et ces elrangers, qui nous apprennent a user de nos richesses, out aussi des droits ii notre reconnaissance. A la page 87 du menie cahier, au sujet des exercices gyni- nastiques des montagnards d'tcosse, on i-apporte, sur la foi i cspeces du genre macaque snr le globe presentc nn fait asse/, reuiarqnahle : le lionnet ehinois , le toqnc, le rhesus, t'onanderon , le macaque a face rouge et le maca(|ue de I'lnde sont propres an continent de rinde; la macaque, le macaque a lace noire et le maimon a Tile de Sumatra et aiix iles voi.^ines; tandis que le magot ne se trouve que dans I'Afriqne septentrionale, et a I'extremite la plus meridionale de rEnrope. Les premiers sont rennis aux J semnopitheques et anx giljj)ons, egalement naturels aux re- ' gions meridionales de I'Asie; et le dernier habite a\ec les guenons et lesliaboins, qui paraissent elre plus particidiere- ment propres a TAfrique. Le macaque a fare rouge (ni. speciosus) est dn aux recher- chcs de JMM. Duvancel et Diard ; on n'a aucun renseignement sur ses mceurs. Le magot (m. sylvanus) est Tobjet d'unc 7. - — Maia'ulngic liul((slricllc ou exfiositicui ii/.t!ci!UTliciitsiu'ocsi*ivemcnt Ic lectciir do la cliaiix, des marbles, des sels miiieraux les plus employes dans les arts, des ai{;;ilos, des ardoises, dii mcrcure. du plomi), dii cuivre, du I'er, de I'elaiu, du euhall, do Fanlimoiue, du chrome et eidiii du snufre, de la liouille ct des biluines. On voit a celle eiuuiieialion qu'il u'a pas pu pretendre i'airc iin livre, dans lequcl ehacune iles professions qui s'exercent sur les malieres que nous venous d'euunierer vint clier- cher des lerons ; on eroirail qu'il a plutol voulu offrir au mai- tre de forges les docnmens qui peuvent rinteresscr sur I'ex- Iractiou des roelies on le Irailemeul du cuivre; au proprictaire de liouillieres, uiie connaissancc superlicielle dcs travaux du for et ainsi de suite. Que tcl ait ete Ic but de M. Pelouzo, ou qu'il ait siniplement voulu satisfaire la louablc curiosite de ceux qui, sans pratiquer ks arts, veulent en comprendre les precedes, la mineralogie industrielle aurail beaucoup gagne a ce que I'auteur se montral un pcu moins sobrc do resultals economiqucs. Dans ce siecle calcnlateur, les meritcs de I'in- duslrie se resolvent en utilite; en etudiant une production, on aime a se rendre couipte du role qu'y joucnt les capitaux, la main-d'ceuvre, le combustible, les transports : le lecleur no saurait etre conipletcmcnt au fait des applications de la chimie, de la niecanique, de la mineralogie^ quand Tautcur laissc les resnltats en dehors do la discussion, et si IM. Pelouze revient sur des sujets qui paraisscnt lui etre familiers, nous I'engageons a ne point negliger de les considerer sous ce point de vuc. 58. — * Recherclies slatistiques sur les fon'ts dc la France , par Faiseau-Lavanne. Paris, 1829; Rilian et Ch. Picquct. In-4" de 1 10 pages, avcc des cartes et des tableaux; prix, 8 fr. L'cnquelc sur les fers a ete I'occasion de la publication de CCS recherches. M. Faiseau-Lavanne a voulu signaler I'in- lluence 6SS,ooo hect. Etendue en forets.] i,4oi,o68 198,549 Population totale 2,916,000 amcs.— 5,i65,ioo ames. Po]iulation urbaine 696,500 — 621,600 Revenu foncier sur lequel les con- tributions sont assises 142,245,000 fr. i52,652,ooo fr. Le terrain rend plus en culture qn'en bois; cependant, nous voyons, malgre ce desavantage , dans les departemens dont le tiers est en lorCts, riiectare rapporter 02 fr. 90 cent., ct seulement 28 fr. 29 cent, dans les departemens deboises; si Ton ne comparait que les terrains cultives, la difference serait beaucoup plus considerable. D'un autre cote, sur une etendue de 1,000 hectares, on trouve, dans les uns, 674 '""^s, et dans les autres,675, ce qui ne diflere pas sensiblement ; mais, si Ton considere I'etendue habitable, distraction faite des bois, on trouve, dans les departemens boises , 997 habi- lans, sur I'etendue qui, dans les autres. n'en compiend que 7o5. La population urbaine est, dans les^premiers, de iGi in- lU) LIVRES FUANCAlIS. ilividiis pour 1,000 hectares, et cle i32 clans les seconds; ee (|in semhlcrait prouver que, dans les pays boises , rindustrie est plus active, la population micux reparlie et iiiieux pour- vue, meme en produits agricoles, puisque le revenu foncicr est, dans les uus, de 48 tV. 78 cent, par tete, et, dans les autres, de 4' fi"- 91 cent. Des rapports si constans a I'avantage des pays boises ne sauraient etre un eft'ct du hasard ; et si Ton en recherchail I'explication, peut-etre serait-on conduit i\ la conviction que les bois, maigre I'inferiorite de leur produit, exercent une in- fluence favorable a la iecondite des terrains voisins; c'est I'inverse de cel-c que M. de Dombasle attribue ;\ la vigne. Si ce fait etait bien constate , la specialite de la legislation fores- tiere serait mieux justifiee qu'ellc ne i'a jamais etc ; et comma I'activite des forges est le principal moyen de maintenir et d'etendre notre sol forestier aux depens des landes incultes , la protection accordee a cette Industrie ne pourrait plus etre attaquee, an nom des interels de I'agricultnre , par les gens qui ne savent jamais voir qu'un ciite d'une question. L'influence motcorologiqne des bois n'a pas encore ete bien apprccice ; et dans un ctat essentiellcment agricole , qui entre- tient a grands frais des corps savans, cette haute question de physique aurait droit de devenir ro!))et d'observations suivies. Quiconque a parcouru les Alpes et les Pyrenees a pu observer que toute vallee dont le cadre est boise est arrosec d'un ruis- seau loujours rempli, taiulis que les vallees depouillees sont soumises aux intermittences. de la secheresse et des ravages des torrens. Les bois ne font pas de vapeurs ; i!s les recueil- lenl ; sur les sommets des montagnes garnies, une goutte d'eau est suspendue le matin a chaque feuillc ; la terre s'en penetre doucement , et rend de ineme Thumidite qu'elle a recne dc I'atmosphcre. On u'observe rien de semblal)le sur les sommets depouilies; I'orage en cmporte les terres, et la vallee est ravagee en qiielques heures par les eaiix qui au- raient dft la rafraichir pendant plnsieurs semaines. Ces effets. pour etre moins frappans dans les pays de plaines et dc co- teaux, n'en sont pas moins reels; la secheresse de la Cham- pagnc-Pouilleuse n'a peut-etre pas d'autre cause que la de- vastation de ses bois. Ce serait nn travail d'lm haut interet que I'examen du regime des eaux, dans des bassins analogues, an boisement pres , et il en sortirait des observations dont les sciences et ('agriculture profilcraieiit egalemcnt. Les tableaux ou M. Faiseau Lavanne a mis en regard I'eten- due des dcparlemens, Icur jiopulaliou urbaine et rurale, leur,- SCIENCES PHYSIQUES. if); riclie-ises Ibresticrc, agiicole el iiidustriello, sonl dresses avec uiitaiit de soin que irinloUigence , el rendent son oiivrage necessaire a quiconqiie voiidra porter siir les foi-els de la France une attention un pen eclairee : une seiile chose s'y fait desirer, ce sont les etats des ventes de bois de I'Elat par departement , avec I'examen des circonstances qui exen enl Ic plus d'iufluence sur les prix. 39. — M cinueL da C ullivateiir francais , ou I'Arl de bien cul- tiver les terres, de soignerles bestiaux, el de letirer des unes et des aiitres le plus de benefices possibles ; par M. Thiebaiilt DE Berneaid. Paris, 1829; liorct. 2 vol. in-18, de 288 pages chacun ; prix, 5 ir. Si le Manuel du Cullivateur enseignait tout co que promet son litre, il faudrail faire des livres d'agricuilure (|ui I'ont precede ce que le caliie Omar fit de la bibliotheque d'Alexan- drie , et ce serait un grand debarras. Quoiqu'il n'en soil mal- heureusement pas ainsi, le resume de M. Thiebault de Ber- neaud ne laisse pas d'etre d'une ulilite positive. L'auleur parail avoir beaucoup vu ; et , en parlant successivement des moyens d'amender le sol, des instrumens (ip la culture, des diverses recoltes de cereales, de fourrages, de plantes sarclees, de I'entretien et de I'amelioration des races de betail, du parti qu'on pent tirer de la basse-cour, des ruches et des vers a soie, des plantations et de la conservation des recoltes ; en I'aisant, disons-nons , passer sous les yeux la multipli( ite des res- sources que presente I'agriculture , il ne pent manquer de donner a chacun de nouvelles idees sur les ameliorations ap- plicables a sa localite. Le Manuel a le merite de ciler assez souvent des resultats obtenus ; c'est surtout en agricultiu-e que les exeniples sont preferables aux preccptes. J. J. B. 40. — Classification ct description des vins de Bordeaidv et des crpages particalicrs an departement de la Gironde ; 31ode de culture, preparation poiu' les vins selon les marches auxcjuels ils sont destines; par M. Pagiierre, courtier de vins. Paris, 1829; Audol. In-12, 210 pages; prix, 5 I'r. Ce livre est la traduction d'lm ouvrage public en Angleterre pour I'instruction de ceux qui se livrent an commerce des vins de Bordeaux. 11 est divise en trois parties : la premiere traite tres-superficiellement des principaux cepages qui sont culti- ves dans les vignobles de la Gironde, et de leurs proprietes ; des differens modes de culture de la vigne ; des proccdes de vinification les plus usites, ct des di verses pieparations qu'on fait subir aux -vins, tant pour assurer leur conservation, que pour les approprier au gout des etrangcrs. — Dans laseconde i58 LIVRES FIL\NCAIS. partic, M. Pagui(!iTc fait cniinaitrc les proprietc'S particuliercs aux vins dc chaquo coinnivirio du Bordelais : il indique les principaux crCls qui les prodiiisont ct range ces crfis dans I'line des einqtlasses qui compicimenl les mciileures qualites dcs vins de la Gironde. Celtc classification est etendnc aux vins de la Dordogne, tin Lot, dc Lot ot Garonne, du Tain et dc la Dn'ime, qui sont lransi>ortcs a Bordeaux, d'oi'i ils ne soitent jamais eri nature, mais melanges el toujours sous la denomination dc vins de Bordeaux. La tmisieme partic conticnt quelqucs doenmens assczcurieux siu' les (juantitcs et les prix moycns des vins pro- duils par lesvignobles du Bordelais ; snr les exportations, et sur Ic prix des vins de diilerentes classes, a trois cpoques : iC)47> 1722 et 1745. - L. 4i. — U amateur dcs fritits , on I'ai't de les choisir, de les conserver et de les employer, principalement pour i'aire des compotes, gelces, marmelades, confitures, pates, raisincs, conserves, glaces, sorbets, sirops, liqueurs de tout genre, etc., par M. Louis Dubois. Paris, 1829; Kaynal. In-8" dc 216 p.; prix, 2 fr. 5o c. Lc president Henrion de Pansey, de venerable memoirc, disait un jour a Laplace et a Bertbollet , que les sciences ne seraient ni convenablement , ni completcment representees, tant qu'on ne vcrrait pas un cuisinier sieger entre eux a I'ln- stitut. Dans un tenis on les ministres travaillent avec leurs niaitres-d'hotel an moins autant qu'avec leurs chets de division, on ne doit pas desesperer de voir I'Acadeniie des sciences reconquerir, en s'enricliissant d'une section des arts culinaires, Timportance politique qu'elle a perdue. Quand cettc grande amelioration se realisera , les compotes et les marmelades ne seront sans doute pas oubliees, et I'au- teur de V Amateur des fruits pourra se mettre sur les rangs; mais, comme la cliiniie pourrait contester la l)onte de quel- ques-uns de ses precedes, il devra se presenter aux suflVages, son livre d'une main ct ses confitures de I'autre, on, mieux encore, attendre les critiques au dessert. J. J. B. 42. — Le Jardinicr des fciictres, dcs appartcniens et dcs petils jardins. Deuxieme edition, revue et augmenlec par M. Poi- TEAU. Paris, 1829; Audot, rue des Macons-Sorl)onne. In- 18 de 222 pages; prix, 2 fr. Le goCit des lleurs est si naturel, si general; il se fait sentir si vivement, surtout dans une grande ville, ov^ il trouve pen d'occasions de se satisfaire, que ce petit livre, qui est tres- bien fait, ne pourrait manquer d'olitenir dti siu;ces, f[uand mC-me il ne serait pas recommandc par le nom du savant horticulteur qui s'csl tbarge de lc revoir. I SCIENCES PHYSIQUES. iSg 43. — Les Pcrroqucts^ leur education physique ct morale, ouvragre dans IcciucI on etablit dcs mojens ponr tes giierir de leuis maladies; ])af Michel, bachelicr es-lettres, antien oise- leiir du roi de Weslpliaiie. Paris, 1829; Audot, rne des 31a- rons-Sorbonne. In-18 de 14O pages ; prix, 1 fr. Un pcrroquet criard est un mechant voisin pour rhomme de cabinet laboricux; je no doute pas que phisieurs de nos lectenrs n'cnaient faitl'experiencej et jeconnais quelqn'im qui, pour son coniptc, en a I'ait passer de vie a trcpas une bonne demi-donzaine pour so delivrer dcs di>tractions pen agrea- bles qii'ils lui procnraient, executions qui, solt dit en passant, lui atlirerent la haine d'une demi-douzaine do douairieres, dont le cceur etait partage entre Dieu et leur perroquet; on voit que le prochaiun'y tenait pas une grande place. II parait done, etl'histoire tragique de Vert-Fert est la pour en t'aire fui, que cc sot animal a pour que!([ues personnes un charme secret, qu'il ne nous est pas donne d'eprouver. Or, voici un petit livre qui leur sera d'un grand secoars dans les soins qu'elies prodiguent a I'objet de leur affection. Nous ajoute- rons que tons ccuxqui aiment les lectures amusantes, qu'ils soient iVdiWeurs jakophitcs ou non, trouveront, dans rouvrage de M. Michel, nonseulcment du savoir en histoire naturelle, et une veritable erudition lilteraire, mais encore une plaisan- terie fine ct legcrc, et de I'esprit de bon aloi. Nous avons plu- sieurs fois perdu notre gravite de critique en parcourant hi biographic dece jako breton dont on placera I'histoire lamen- table a cote de celle du celebre perroquet de Nevcrs. [\l\. — LaCidsinievede la campagne et de la ville, ou nou- velle cuisine economique; precedce d'instrnctions sur la dis- section dcs viandcs a table, et suivie de recettes precieuses pour I'economie domestique, et d'un traite sur les soins a donner aux caves et aux vins ; dcdiee aux bonnes menageies ; par M. L.-E. A , ct revue par M. Sulpice Barce, chef de cui- sine : avec neuf planches gravees, dont une colorice. Hiti- tieme edition. Paris, 1829; Audot, rue des Macons-Sorbonne. In-i 2 de 558 pages ; prix, 5 fr. Nous n'oscrions prononcer sur le merite du livre dont nous venous de transcrire le titre; mais il est parvenu a sa hui- tieme edition, et c'est une preuve de la laveur avec laquellc il a ete recueilli par les juges auxquels il est dedie et dont per- sonne ue coutestcra la competence. Nous devons done signa- ler sa nouvelle apparition pour I'usage dcs persojines qui se- raient disposees a le consuller. A. P. 45. — Dictionnaire de sanie, ou vocabulaire de mt'dccine i(3o LlVm:S FRANC MS. praliquc, conlouaiU , |Kir ortlrc alpITahLlique, im traile c/es midicamem, Ics priiuipaiix clnnens d'hygieue , la description dcs maladies, leiirs causes ct le traileiiienl qii'il convient 'de leur appliqiH'r d'aprcs Ics piincipes dcs doctrines mcdicales modernos; par J. Coster, mcml>rc dc plnsieurs soci^tes sa- vjintes; Paiis, i8vg. (Jabon. 2 vol. iii-8'' de 5oo pages en- viron chacun; prix, 12 fr. L'autcur dc re diclionnaire est dcja connu avantageuse- menl par un Manuel d'operalions cliirurgicales, que Ton trouve cntre Ics mains dc tons les etudiaiis, ct par un Manuel de me- decine pratique. 11 nous lait connailre hii-memc I'csprit qui a dicte son nouvel ouvragc. « Que I'ant-i! pcnser , dit-il, de ces ccrits qui ont pour ol)jct de niettre la mcdecinc a la portce dcs gens du uiondc, ct qui puUulent tons les jours? Cullen les a fletris, en disant qu'ils sont au-dcssous de la critique, ct son opinion est devenue celle de tons les mcdecins et dc tons les gens senses. Cepcndant, il n'cst que trop vrai que pln- sieurs livrcs de mcdecine populaire sont enlro Ics mains dcs gens du nionde, dcpiiis VAvis au peuplc de Tissot, jusqu'a la Mcdecine dumcstiquc dc Buchan, sans parler d'aulrcs ecrits plus recens , et dout il se trouve un hien petit nombre qui ait merite rindulgence des gens de I'art : malgrc la dclaveur qui , plane sur ces sortes d\)nvrages, il nous sembic qu'il est t\o- venu necessairc d'en fairc de bons, par cela mcmc qu'il en existe tant dc mauvais et dc pernicieux .» M. Coster , I'rappc des avantagcs de la doctrine physiologique , a fortcmcnt in- siste sur les progres innucnscs que la medecinc a laits de nos jours, cdairce par Tillustre professcur du Val-dc-Grace. Tant d'erreurs ont ete combattues et dctruites , que la plti- part des ouvra^^es qui ne datcnt pasde notre cpoquc, sont au- jourd'hui vieillis, et ne peuvent plus oftVir aucunc utilitc. II i'allait offrir au public un livre degagc dcs mctbodes vicieu- ses, et oi"i Ics nouveaux preceptes recussent leur application. C'est la tache que s'cst imposce M. Coster. 11 a divise son ouvragc en deux parties : dans la premiere, il donne un pe- tit traite de maticre incdicale, ou dcs substances mcdicanien- teuses, dont il rccommande I'usage ; dans la seconde, il fait une liistoire abrcgce de toutes les maladies, dans leur ordre alpliabetique , avec Icurs principalcs indications curatives. M. Coster n'admet pas de licvres, et il s'cleve avec ibrce con- tre les degoiUantes rapsodies dcs rieux systemes des kumoristes. II ne neglige aucune occasion de donner de sages conseils , aussi proprcs a prcvi'uir Ics maladies, qu'a les arrcter dans leur marchc. des qu'cllcs sont declarces. II serait difficile de reimir plus dc cboses dans un ouvrage aussi court. C. S. SCIENCES PHYSIQUES. it)t ^6. — Gymnasiiquc dcs jeunes gens, ou traiU' elemeiilairc «i('s diflerens exercices propres u lorlifier le corps, a ciitiote- iiir la saiite et a preparer uii hon temperament. Deuxionc rili- iion. Paris, 18-29; A"dot, rue des Ma('ons-Sorl>oime. Iu-i8 de 1 14 pi'p*-'*! avec 33 plaiiclies gravees; prix, 2 I'r. 5o c. Si des accusaUons graves se sdiit elevens coiUre la gym- nasiiquc, ii I'auteii clierdier la cause, uondans I'art lui-meme, dont les auciens avaieiit senti si vivemeut I'utiiite, mais dans Tahus qu'en ont I'ait certains professeurs, qui n'y voyaient qu'un nioyen de faire de leurs eleves do dignos rivaux des ba- teleurs de carrefours, et qui ne comprenaient pas quelle in- fluence la gymnastique, bien comprise et bien dirigee (telle que cellequi est enseignee ct pratiquee dans le gymnase nor- mal de M. Amoros) peutet doit exercer sur la saute, sur les penchans et meme sur les I'acultes morales et intellecluelles des jeunes g'ens. Le petit livre que nous annoncons est tres- propre a detruire des erreurs de ce genre, et a preveuir les accidens qui pourraient survenir dans les exercices, souvent perilleux, de la gymnastique. 47. — Eisai de statiqne ilectriqiie , d'apres un nouveau point de Tue sur I'tleclricite, oli Ton ne considere qu'une seide electiicite, et dc laqueile on deduit ralTiuite chimiquc et la cohesion ; par Esprit Tocchi, metailurgisle de la mounaie de Marseille. Marseille, 1828; imprimerie d'Achard, In-S" de 114 pages. M. Tocchi debute par une hisloire tres-succincte des con- naissances et des theories de I'electricite. II expose ensuile les bases de la iheorie qu'il veut fonder, les principes de la sta- tique du fluide electrique. Ces principes sent communs a toutes les theories ou Ton admet un fluide elastique assez subtil pour penetrer dans I'interieur des corps les plus denses, s'y mouvoir avec rapidite, s'y condenser suivaut une loi qui determine la capaclte de chacun de ces corps pour le fluide, elr„ Lo caloricjue est un de ces fluidcs, et toutes les consequeiu-es as toujours assez claire. Quelquefois aussi, inie insidiense rnetapbysique repand son obsciu'ite sur des matieres deja tres-al)straites, et pent egarer ceux qui la suivent avec trop de confiance. Ainsi, par exemple, on est arrete, des le debut, par cette assertion, que « C'est pecher coutre tons les principes de Vliomogeneitc, que de dire, comme quelques-uns de nos grands geometres, qu'H7i choc est une somme de presfions. « Soulenir cette opinion, n'est-ce pas sap- per les fondemens du cakul infinitesimal? JN'est-ce pas adir- iner que le sommet d'un cone est liHcrogene a ce soiide ? et I'expression de la diflerentielle d'un logarithme sera frappec d'absuriHlc, etc. La resistance due an frottement ne peut etre assimilee a celle que les liquides opposent au mouvement. On concoit Ires-cl.'u'rement que celle-ci doit etre proportiounelle au carre de la Vitesse; mais I'analyse la plus exacte des eflets du frot- tement n'y fait aperce^oir rien autre cbose qu'une pression et une vitesse, une quantile de mouvement. La rnetapbysique est encore venue s'immiscer ici dans lcs raisonnemens, pour eteindre le flambeau de I'evidence matbemalique. Nous no craignons point de le dire, meme avant le jugement acade- mique, dont la publication viendrait bien a propos : on s'ea iG4 UVUES FRANgAIS. licnilra, qiianlno rrotlfuii'iit, a la tlieoiiede Coulomb, oi'i rien n'est omis, oi'i cliaciinc dcs causes qui concourciit a la pro- tluc'lion do refTct est snutnisc a la loi qui derive de sa nature. II scuiblc que la lln'orio dos roues hydrauli(|ucs plongees dans un fluide iudelini u'cst pas coni|)lt'le , ni dans ce Me- moire, ni daus auruii des ouvragcsqui I'ont exposee. On vou- drait que Ton tint comptc des mouveniens iatoraux du lluide ; ear le ehoc direct, tel qu'on Ic considerc pour I'introduirc dans Ic calcul, nc pent jamais avoir lieu. Nous ne pousscrons pas plus loin rexanien de ce iMenioire, sur lequel ii est indispensable que I'Academie des sciences prononce son jugemcnt. Le travail de M. Coste ne merite point qu'on le laisse dans I'oubli ; il est fait avec beaucoup de soin, atteste I'etendue des connaissances mathematiques de Tauteur. et contient de tres-utiles exemples du calcul des machines : niais, s'il reufermc des erreurs sur la tlieorie des frottemens, il Taut une refutation qui dissipe tons les doutes; et cette refutation servira mieux la cause des sciences et des arts, si I'Academie la fortific de son autorite. 49. — Geomitrie perspective, ou Principesde projection po- laire appliques a la description des corps, par B. E. Cousi- KERV, ingenieur des ponts et chaussees, ancien eleve de I'Ecole polyteclinique. Paris 1828; Carilian-Goeury. In-4° de 93 pages, avec 7 planches lithographiees; prix, 7 fr. Get ouvrage oflre d'utiles excrcicesde geometrie descriptive a tons ceux qui out a coeur de ne negligcr aucune des ressour- ces que cette science pent procurer aux arts. Le mot de gi'o- ■mrtrie descriptire doit etre conserve pour designer en general les methodes geometriques iiu moyen desquclles on determine les formes et les situations, leurs combinaisons et Icurs rap- ports : I'expression est exacte, et cesserait de I'etre si on la reslreignait a I'emploi d'un seul mode de projection. M. Cou- .•iinery fait voir que Ton pent resoudre par I'emploi des pro- , jeitions polaires les problemes sur les lignes et les surfaces que I'on resout ordinairoment a I'aide des projcctifins ortho- gonales. Apres des excrcicts sur des questions simples et pu- rement geometriqties, il passe aux applications a la perspec- tive , a la determination des ombres et des points les plus eclaircs a la surface des corps, et il tcrniine son traite par des ronsiderations de projection polaire , d I' usage des dessinaieiirs. II serait bicn a desirer que les peintres sentissent I'importance ^des verites reunies dans ce chapitre ; ils ne soupconncnt point combien les fautes noiid)reuses qu'ils commeltent contre la perspective et la vcrite des ombres nuit a I'eflel de leurs la- SCIENCES PHYSIQUES. iCu hlcaiix. Lcsavantagescju'ils relireraicnt d'line instruction facilij n'ont pas etc apprecics par Ic plus grand nomhre de nos artistes ; qu'ils ne dcdaignent point de marcher sur les traces de Leonard de Vinci, et qu'a i'exemple de ce grand niaitre, ils placent I'instruction mathemali<|ue appliquee a leur art au nouibre des connaissances dent ils ne pcuvent se passer. Ferry. 5o. — * Archives des decouxertcs et des inre/itions iiouveUes , faites dans les sciences, les arts et les manufactures, taut en France que dans les pays etrangers, pendant I'annee 1828. Paris, i^>2g; Treuttel et Wurtz, rue de Bourljon, n" 17. In-S" de 600 pages; prix, 7 fr., et 9 fr. franc de port pour les de- partemens; prix des 20 volumes, formant la collection depuis 1809, '4o f''- Les rcchcrches ct les travaux qui se font chaque jour ne pro- duisent pas tons d'uliles resultats ; mais, parmi les inventions plus ou moins interessantes qui se puldient, il en est qui sont dignes d'attirer I'attention generale. L'interet particulier s'em- pare de cette mine feconde pour I'exploiter a son profit, et les arts, les sciences, I'industrie en recoivent sans cesse de nou- Aeaux perfectionnemens. Dans cette multitude d'etYorts, il en est un grand nombre (juiscfont distinguer par les succes qu'ils obtiennent ; et c'est un plaisir, et meme un devoir de se tenir au courant de toutes les decouvertes qui se font journellement. Comme ilseraittres-inutile d'attacher a. toutes cesrecherchesle meme degre d'importance , que d'ailleurs I'esprit humain nc pent embrasser avec avantage une aussi grande variete de su- jets, c'est une idee heureuse que de classer et de reunir en un spul volume les decouvertes faites chaque annee, et d'en pre- senter I'ensemble par exlraits. L'ouvrage que nous annoncons remplit tres-bien cette destination, et nous devons le recom- manderauxamis des sciences et des arts. Cependant nous nous hasardcrons a blamer I'auteur d'avoir trop resserre les matieres, qui, faute de developpemens, se trouventquelquefois presentees avec obscurite ; comme aussi d'avoir arrete I'attention des lec- teurs sur des sujets trop peu dignes de I'occuper. En elaguant sagement cette forct, on pent y repandre la lumiere ; la place que remplissent certaines plantes inutiles serait beaucoup mieux occupee en permettant a celles qui sont fecondes de prendre plus d'etendue et de liberie. L'ouvrage gagnerait aussi considerablenient , si Ton y joignait quelques figures propres a I'intelligence du texte. Kous devons nous empresser d'ajou- ter que I'auteur dc ce livrc nous semblc digne de la mission qu'il a arceptce. et que. telle <(u'cllc est, son oeuvre doit rendrc de grands services ;i Tinduslrie. Franc^fr. i60 LIVIIES FRANCAIS. 5i. - — Manuel conipkt da maitre de forf^es , on Trailc iheo- ricjuc ct praliciiie.de I'art de travaillcr Ic i'er; par iM. L. Lan- DuiN. Paris, 1829; llorcl, 2 vol. in- 18 de 2()8 ct 584 P'>gt's; prix , 6 fr. Cei^lamiclest divise en cpialrc parlies : la premiere est cnn- sacree a I'cxamen des proprieles physiques el cliiniif|iies dii I'cr et des substanees pour lesqiu'll(!S il a le pins d'alfinile ; la scconde Iraile des caraclercs, de rcxtraction et dc la prej)a- ration des niincrais , des rondans, et des diveises espc'ces de conihnslijdes employes dans les ror{:,cs; la troisieme contient la description des procedes par iesfpiels Ic fer malleable s'ex- Irait des niinerais; Tantenr le eonsidi're sncccssivemenl dans les hauts ronrneaux, dans les lenx d'adinerie an hois, dans les fours a la houillc, et dans les I'orges calalanes, oii il s'oh- tient directement, sans passer par I'etat de fonte; enfln, la fonle prend , sous la .main dn I'ondeur, les formes les plus va- riees ; le fer, au sorlir des forges , s'etire en tole, en fer-hlanc, se convertit en acicr. Ces industries sont le sujet de la qua- trieme partie. On trouve, dansnn vocahulaire des termes usi- tes dans les forges, Texplication de ceux qui sout empruntes au patois on aux langues etrangeres, et I'ouvrage se termine par vin appendice, dans letpiel I'auteur, apres avoir donne des conseils fort sages sur la gestion des usines, jelte nn coup d'ceil rapide sur les richesses de la France , en houllles et en minerals de fer, et sur le commerce dont ce metal est I'objet parmi nons. L'industrie du fer est fort etendue, et toutcs les branches entre lesquelles elle se divise ne sont jamais reunies dans la menie main ; chacune d'entre elles povu'rait fournir la matiore d'nn traite elendu. L'exploilant de mines, le maitre de forges, le fondeur, I'aciereur, ne devront pas chercher, dans le Ma- nuel de M. Landrin, la solution des difficultes de detail (|uc presente leur Industrie ou leur localite ; mais chacun d'entre «'ux liouvei'a sur I'ensemble des operations, dont une specia- lite Toccupe, les notions generales ([ui etendent la portee des observations de details. J. .1. 15. 52. — Considerations sur les trois sysii'mcs de commanicaiiuns iritcrieures au moyen des routes, des chemins dc fer ct des ca- naux , par B. 11. Nadailt, ingenieur des ponts et chaussees. Paris, i8ug; Rorct. Iu-4" de 80 pages; prix, 5 fr. IM. Nadault a rassemble une Ires-grande quanlile d'excel- lens materiaux, voila le fond : mais il n'en a pas cunsfrnit nn rdifice dont I'a'il apercoive promptement rordonnauce, dont la desliualion el la dislribuliou scuibleni parfailemenl d'ac- SCIENCF:S PHVSIQIES. jG; fin'cl. Qiioique son i\Ieinoire soil divise cu cluipitrcL-, siibdivisrs en parngraplies, on n'y sent pas assei.les eftcts de I'ordrc qn'il a (''ta!)li, on en voudrait nn auUe. M. Nadault a I'ait lui Iravail tres-digne d'estime , niais qui nc sera pas utile, parce ([ii'il n'a pas presente Ics objets sous 1 aspect que la pcnsee dii lecteur entrevoit et recherche : entrons dans quekjues details. Le premier chapitre c. t iulituic : Compavahon ties trois .\ys- ti'iiies dc trfinsport sous le rapport do tears atantages ct de leurs inconveniens. Si le litre de ce chapitre etait rcinpli, le sujel se- I'ait a pen pres epuise : mais I'anteur s'est contente de rellleu- rer. On regretle qu'il n'ait pas designe, dans sa conrte intro- duction, la classe de lecteurs pour laquelle il ecrivait. Si son Memoirc est adresse aux homnies de I'art, le premier chapitre pouvait etre considerablement reduit, on mome snppriino : s'il nc s'agit que de rinslruclion des hommes qui ne veidenlni devenir savans ni roster ignorans, il y aurait encore des suppres- sions a faire dans ce nieme chapilrc. Des la seconde page, on Irouvc une note sur le frottement, que I'auteur ne devalt pas hasarder. Le I'ait qu'il cite (le transport du bloc dc granite ([ui sertdepiedcstal a la statue dePierre-le-G rand, a Petersbourg) est tres-complexe, et le frottement n'y est pas la cause princi- pale de la resistance a la traction. II faut en separer ce ([ui appartient a la tlexibilite des supports, a la depression du sol, a la desorganisation des surfaces ecrasces sous I'enormc poids du bloc a transporter, etc. : en voila plus qu'il n'en faut pour convaincre M. iN'adault que sa note est hors do place. Autre suppression a faire ; la machine on I'appareil de M. Vallance recoil dans cc chapitre des louanges que personnc ne repe- tera. L'auteur a toutes les connaissances necessaires pour ap- precicr cette invention a sa juste valour, pour se convaincre qu'elle ne possede aucune superiorite sur toute manierc con- nuo d'appliquer une force motricc : on s'etonne qu'il ait etc seduit aussi long-tems par un prestige qu'il efait si facile de dissipcr. Le second chapitre est intitule : Comparatsondes trois sys- temes , et principalemenl des chcmins de fcr et des canaux , sous le rapport mecaniqne et sons le rapport cconomique. Ce litre pro- met encore plus qu'il no tient ; si Ton poussait assezloin la com- paraison enlre les trois syslemes de transport sous le rapport economujue, la question serait conqileteuient resolue, et le Menioire serait fmi; mai* ce chapitre, lei qu'il est, parailra beaucoup trop incomplel a toutes les classes de lecteurs. ISous ne pousserons pas plus loin I'examen dc cet ccril on l'auteur a depose des coiniaissances prcciuuics ct varices, les iGS LIVIIES FIIANCAIS. friiil!. d'linc etude qui nc neglige licri de ce quia qucl(jues rrrp- ports avcc le sujet dnnl elle s'occupe. Mallunii-cuseiiient , rette liclie coIlcclioH a bcsoin d'uucautre disposition, pour devcnir Tilile aux amis des arts ct de rinstnuliou , el repandre les con- naissances doul elle est si l)ien pourvue. F. 55. — * De Itt cavie aiissi positive qu'nii le croit coimniincinent : il rccoiuiait Lien que i'hcclare rapporic pins en vigue qu'en (oule autre culture , mais il trouve qui; ce produit s'ohtieut aux depeus de c.elui des terres voisiues, auxquelles il enleve le funiicr, la main d'oeuvre et les capilaux. ct ne conipeuse pas lo tort qu'il leur lait : de telle sorte que renscmble des terres, dont la vigne orcupe une pailie, est moiiis productif que celui dont olle est exclue. Ces calculs sf)nt jusles, surtout en cc qui con- cerne les engrais; il n'est que trop vrai que la vigne n'en re- coil qu'au detriment des cliam])S, et les absorbe sans les re- produirc; elle pent etre niise, sous ce rapport, an premier rang des cultures epnisautes; mais la suppression du fiuiiier anieliore bcaucoup la qnalite da vin , et si le malaise des proprietaires de vigues lieut surtout a I'encombrement du marclie, elle concilierait leur avaulage avcc celui de la cul- ture en general. Diversos circonstauces ontconcouru a la rui- neuse abondance qui dcsole les pays de \ iguobles; on ne s'y est pas assez souvenu que le dcvelopjicment de la produc- tion n'est avantageux (praulant qu'il sc regie sur celui des moyens d'eclianges des consotnmateurs : raboadauce et la qnalite des ju'oduits de la vigucscmblcnt placees dans les deux plateaux d'une balance, dont I'un ne pent s'abaisser sans que I'autre s'eleve; on souirre pour s'etrc trop exclusivement at- tache a la premiere. La nature du mal en indique le remede, et iM. de Donibasle voudrait, dans I'impossibilite de loriner, enlretous les vigneronsde I'rant'C, un concordat qui previul le retonr des souflVances actuelles, que I'impot sur le vin lut com- bine de nianiere a s'appesantir sur la mauvaise culture et i\ s'alleger pour la bonne. Uue irritation prol'onde semble avoir dicte tout ce qui s'est ecrit depuis nn an sur la question des ■yignes; ellc serait beaucoup plus avancee, si Ton avail coni- mcnce par examiner les fails avec la i'rancbise et la Incidite de M. de JJombasle. Si son excmple est snivi, des ameliorations reelles nailront de I'atteutiou ((ue provoque i'etal penibic d'une des princ ipales branches des revenus de notre pays. Ce serait suivre la ligne Iracee par M. de Dombasle que de rechercher, pour contredire qucl([ucs-unes de ses opinions, comment la rinicuUure cncoiuagc Vagriciillure propremeut dite, en ouvrant, par le graiul nombre de bras qn'elle oc- cupe, unde!)ouche a ses produits; d'un autre cote, les terrains SCIENCES MORALES. 1-9 pierVeiix, 011 Ics ccreales nc paieraient pas ics IVais qu' tiles caii.-eraicnt, sont Ics meilleurs pour la vignc, et occnpes par ollc. ils rendent dispniiiblcs pour la nourriture do riioninie, line etendiie an mniiis double do bonnes tcrres arables, que reclamerait sans ccla la labrication de la biere; il s'jmblerait done que la culture de la vigne ne nnit a ccUe des champs, ct nc se fait tort a ellc-meme par renconibrement , que lors- qu'elle s'etend snr des terrains on la nature appelait d'autrcs productions. Ce ne sont pas Ics gens qui font l)len , mais ceux qui se ruincnt a faire mal et beaucoup, qui amencnt les crises de rindustrie; il serait etonnant que les vignobles Inssent exempts de cette regie generate. Les partisans de la liberie illimitee du commerce regrette- ront de voir le judicieux M. de Dombasiese prononcer en fa- veur des droits d'entree sur les bestiaux, sur les sucres, siir les grains, et declarer, hii consonmiateur, que c'est unique- ment des effetsde la concurrence interieure que nous dcvons attendre I'abaissement du prix des fers : ce qu'il y a de plus iucheux, c'est que, s'emparant des fails les mieux constates, dc ceux dont les consequences sojit les plus vastes, il nc lai.sse a SOS adversaires que des arguniens pen susceptil)les d'appli- cation, el finil par raisonner sur les douanes, coninic M. Fer- rier, le grand antagoniste de TEcole ecossaise. Cehiiqui ecrit ceci,dans un recneil 011 les doctrines contraires sont qneiqnefois professees avec tant de talent, doit peut-eire s'excuser de sa sympalliie pour les opinions des deux homnies distingues qu'il vient de ciler : il pensc comrne eux, ([u'nn regiirie dc donancs combine avec la connaissance approfondie des bc- -soins et des ressonrces constitutivcs du pays, est eniinenunent favorable a rinunobilisation de capilaux, qui est la verita- h!c base dc sa richesse; il pense que la protection du travail interienr est an premier rang des interets du pays et des de- voirs du gouvernement ; toute la question est de ne pas se nieprendre dans les mesures prises a cclefl'et, et, pour eviter cet ecneil , il ne faut que bien observer les fails, soin auquel les disciples de Sjiiith n'ont peut-etre pastoujours donne as- sez de terns. Cette maniere de voir n'a rieu de contraire aiix interets generaux de rhumauite : plus la France concentrera en elle dc force et de puissance, plus leur triomphc sera cer- tain ; en travaillant an bicn de noire pays, nous travaillons ;\ celui du moude. J. J. B. 62. — Sar la icgislntion et le commerce des grains, et sur les moyens de procurer an producteur le prix dc production, f\ an cxmsonimateur une fixite dans le prix, accompagnes d'un iSo LIVHRS FIIANCAIS. jinijcl (It loi pidir y parvenir; par Louis, Ijaioii dc Haynat', ancifn ministre ot tlireclciir goneral cle la police de S. A. R. le grand due de Bado. I'aris, iS'jg; M"" Huzard. In-S" de 127 pages ; prix, 2 I'r. 5o c. Nous avonseu un directciu'dessuhsistanres rpii gourmaudait I'agriculture parcc que, scion lui, cllc produisait tiop : I'ex- ministre dc Bade n'cn veut point a ragriculturc ; il declare, que ses produits ne sont pas augmentcs; c'cst la paix qu'il ac- cuse de la Ijaisse du prix des grains dont elle a fait diminuei- la demande; pendant la guerre dc 25 ans dont I'Allcniagne a »''lc le theatre, la dcniande des grains ctait heauconp plus I'orte, leur prix etait beaiicoup plus eleve ct toutcs les classes etaienl dans un ctat prospcre. Ainsi, suivant M. de Haynau, la paix a ete sons ce rapport, funcste a rAllemagne , et , si le prix des grains a, conime illedit, baissc deplus de moitic, sans que les produits de la culture aient angmentc , il I'aut l)ien adniet- tre que la population a diminne on qu'elle a piis I'haljitude de manger moins. !>!. de Hainan voit avec peine la baisse du prix des grains : il prend un vif intcrct aiix producleins , que cctte baisse en- tretient dans un proi'ond etat de niisire ; il clicrche les moyens de venir a lenr secours. II examine d'al)ord si on ne pourrait pas soulagcr I'agriculture, en abylissant toutes les charges (|ui pe?ent sur elle; mais il est bicntot arreic, lorsqu'il Cfuisidere <[ue les charges 7ie peiivent lire diminaifes sans delruirc les finances de I'Etat et la civilisation. II indique enfin \\n moyen tout-a-fait neut' pour sortir d'embarras ; ce moyen consiste a (ixer par une loi le minimum du prix des grains, et a forcer I'achcteur rfe/^a/f?', aupercepteur des contributions dirccles de la commune oil le blc a He produit, le complhnent de la somme pour laquelle il a cle achcte au-des- sous du minimum, en compensation sur les cotitributions foncie- res, Ccile compensation serait distribure tous les trois mois parmi les proprictaires de bicns fanciers, au prorata de leur contribu- tion. M. de Haynau prcdit ensuite les maux qui \ icudront fondre sur I'Etat, si on ne se hate d'adopter le ininimum : la lisle en est longue , nous sommes forces dc I'abreger. «Lc ticrs-etat et lesj fonctionnaires publics cesseront d'exisler, par I'impossibilite 1 dc payer les interets de la detle pul)lique et les appoinlemens. l-e nunicraiie passera dans Ics autres parties du monde ; lej paysan ira de nnuvcau laboiu'cr Ics terres de sou seigneur, sij t elui-ci est en etat de rcntreteuir ; I'Amerique el toutes les au- tres parlies du monde (oii il n'existepascej)cn(!ant de m/»i/m«7M) • SCIENCES MOKALES. iSi psrviendruiil an plus liaut degic de raisance gcucialo ; I'Eial sera de nouveau compose, d'apres le sy!>teme du moyeii Ci^v , (I'uri prirue, dc la noblesse et de quel(|ues villes privees de loute induslrie; un greflier exercera la justice dans les \ille.-5; un chancelier aura la surveillance sur les fonctionnaires. La cour des princes se composera dc quelques courlisans, doul le seul salaire sera la bouche en cour; mais le poete et le boul- fon de la cour reparaitront pour raniuser; le clerge partagery le sort de toutes les classes de la societe ; les couvens se mul- tiplieront ; le prix du pain diminuera en proportion de tons ces revers; enlin, si I'ttat se prive de tons les avantages du minimum, la civilisation reculera et une caluniite imprevue achevera sa mine. Apres cctte peinture sinistre des suites de la non-adop- tion du minimum, M. de Haynau exalte les nombreux avan- tages qui doivent resulter d'lin haut prix habiiuel des grains. Parnii ces avantages j'en citerai un seul qu'on n'a jamais su apprecier en France, o C'est un principe assez connu que le prix du diamant hausse avec celui du grain. Le baut prix de* grains pendant les bonnes recoltes augmente le luxe de la no- blesse. » Aussi M. le baron insiste-t-il sans cesse dans son ou- vrage sur les heureux resultats d'un haut ^r'lxdans les bonnes recoltes. Le haut prix qui a lieu apres une recoUe mediocre ne compense jamais, scion lui, le deficit du produit : on avail pense jusqu'a present, qu'en pared cas la compensation etait toujours plus que complete : M. le baron croit que c'est une er- reur, et voici comment il le prouve : « Celui qui moissonne an- nuellement loo hectolitres de froment pendant les bonnes re- coltes, an prix de 20 fr. I'hectolitre , perd considerablement meme a un prix de 3G francs , si la production annuelle n'est que de 5o hectolitres. » Cette demonstration, qui est repetee trois iois sous des chiflVes differens, mais proportionnels enlre eux, est de toute evidence. Nous nous permettrons seulement de deniander a M. I'ex-directeur de police s'il est bien sCir que le prix de I'hectolitre ne s'eleve que de 20 fr. a 36, lorsque le deficit de la recolte est de moitie. Quant au moyen d'assurer au consonmiateur une fixite dans le prix, M. de Haynau se repose sur rimportation, qui devien- dra permise aussitotque le minimum aura ete depasse dans une certaine proportion. Par ce mo^en, Icprix ne pourra jamais liausser au-delii de 27 ou 5o fr. I'lieciolilre , puree que, suivanl M. de Haynau. on troure toujours des pays dans le monde oil les lilcs croissent en abondancc. i8i LlVllES FllA>'t;AIS. M. dc Hay nan he vent pas cnlbuir clans ie giami duche de 15ade son ini])oilante decouveito du Diiniiiunn : il en lait suu- cessivenient I'application a rAni-lctcrre, a rAiilriclie , a la Prusse, anx Pays-Bas, etc. Mais ('est snilont la Frame (jui est appelcc a on recueillir Ics a\antagrs; clleadeja, snivant M. dc Havnan, lesmcilleures lois cerealcs (\e I'Kiirope ; ces lois seront pailaitos lorsqn'on y aiu-a introdnit Ic minimujn; on pent Ciaindre sonlemcnt qne le pnissant nioyen de sontenir la ci- vilisation n'anivo un pen tard ; aprts dix annees d'abondance , Toii'i dcnx lecoltes niediocres qui sc snceedent ; s'il en snr- \icnt unc troisieuie, on sera bien tente d'y \oir le commence- ment d'une periodc dc slerilite , et il sera de la prudence des gouvernemcns d'employer tons lours moyens pom- empecher le prix des cereales de s'ele^er an taux oil la majeure partie de la population ne pent plus en aclieter. Le prix du diamant en sera sans doute moins eleve; le luxe de la noblesse en sera molns grand; mais avant tout, il Taut que tout le monde vive. A. B. L. 63. — Dc I'usure consiiUrce dans se.s rapports avec I' economic politique, lamorale piiblitjue et la legislation, on de la necessite d'abroger la loi du 3 septembre i8oj' et de modifier I'art. 1907 dn Code civil , par 31. Charles Ltjcas, avocat a la conr royale de Paris. Paris, 1829; Balliniorc, rue de Seine, ln-8'; prix, I fr. 25 c. M. Lucas, dansunecourle preface, nous expliquc lui-meme les motii's et le but de cette publication. «Au milieu des tra- vaux de ma profession, dil-il, qui ne me laissent que trop peir de momens de loisir a consacrer a mes etudes spociales de le- gislation criminelle, je n'aurais, certes, jamais songe a cette ex- cursion dans le domaine dc I'tconomie politique , sans une de ces circonstances a I'empire tlesqiielles je sais mal resister. Jamais je n'ai pu , en effet, me resigner de bonne grSce an spectacle d'une injustice on d'nn abus. Or, depuis plus d'une annec j'ai ete appole, comme conseil, a voir et apprecier tant dc condamnations pour usure , qui rovollent a la lois la science, I'bumanite et la raison, que c'cst un bosoin pour moi de protestor contre une loi qui est une tache dans noire Code et un anachronisme dans noire siecle : faut-il dune tant de travail et dc tems pour preparer et rediger ce projet de loi : La loi du 3 scplcrnhre 1 807 est abolic. » M. Lu( as nous apprend qne depuis 1825 le nombre des condamnations prouonceos, d'apics les comptes i-cndus, a etc de 793 en Irois annees, ce qui, assurement. reprosenle plus d'un million on amende?. M. Malet-Bctim sicnt de faire , SCIENCES MOIIALES. i83 Jans le conseil repieseiitalit' dii canton de Geneve, la propo- sition d'abolir la loi relative a I'usure : c'est a nous a suivre cet cxcmple. M. Lucas a su rattacher a ses Iravaux de legislation crinii- iielle cette exclusion dans le domaine de I'economie politique, ct nous lerniinerons ce petit article par la citation dcs premieres j)hrases qui coniniencent sa ])rochnre. «Quand on examine les legislations de la plupart des peuples, uees du sein des be- soins et des interetsconiprKjiies de notre civilisation niodernc, on dirait, en verite , que I'hunianite, par la faiblesse de sa na- ture et Tabus de sa liberte, n'a pas paru au legislateur Ibiirnir assez ample maticre a Taction de la repression et a la varielc des peines , el qu'il a juge a propos de giossir le catalogue do ses offenses par Tadjont tion d'une tonic de dclits imaginaircs. Aussi le premier soin de celui qui s'o('ciipe des moyens de prevenir les delits et les crimes doil-iletrc d'cxamiuer et de controler serieusemeut le catalogue dcs Codes pcnaux, car le tiers au moins de sa tache est d'operer simplement par voie de reduction. >> Z,. 64. — De la prerogative; royale et du niinlstere de la gitrrre en mutiere de recruteinenl ; par Paguzy de Bourdeliac, capi- taine d'etai-major , etc. iMontpeUicr, 1829; imprimerie de M"" veuve Picot. In-8° de i4o piges. Cet ecrit de JI. de Bourdeliac est unc reponse a ime bro- chure de M. Roche, mcmbre du conseil de jjrefectnre et du conseil de revision du departement de Tllerault, qui signalait,. a ce qu'il parait, des abus en matiere de recrutemeut. iNous n'avons pas cette brochui-e, et, suivant les regies ordiuaires de Tequite, nous devons nous recuser, couime juges, dans unc contestation 011 Tune des parties seulement pourrait etre en- tendue. Jl. de Bourdeliac s'appuie sur la cliarte, sur les lois, les ordonuances, les circulaires ministcrielles, etc. Si toutes ces directions etaient reellcment Insnlli.-anles pour empeclier (|ue les admiuistrateurs ue conmiettent des i'autes graves dans leurs fonctions relatives an recrutement , ce serail parce qu'il y aurait dans les lois organiques un vice radical, et cet ecrit meme fait soupconner que cette imperfection se fait sentir dans toutes les parties du service miiilaire. Si Ic degoul s'em- pare des soldats, et gagne meme des ofiiciers, ce n'est certai- nement pas la faute ni des uns, ni des autres ; ce n'esl pas tonjoursnon plus celle de leurs chefs : la premiere source du mal doit etre dans la legislation. Dcs legislateurs qui com- preniient pen les matieres sur lesquellcs ils prononcent. et <(ui, tres-soTivcnt , ne sauraient exprimcr que tris- incorrcc- i8/| LlVIiES FIIANCAIS. temeiil leiirs pensees, oiivrent la voie aiix interpretations fe* plus oppo.secs, ;'i Tarhitrairc, au dt'sordro. Dire {|tie le contin- gent, iinr fois fonni', le.s Iwmines qui Ic component apparticn- ticiit an roi , et soiilenir, par de pretendiis raisonnemens. line doctrine aiissi ontragcanle pour la nation IVanraise, soiait iin acte rc'prt'licn'iiile, si ce n'CES MOllALES. i85 ler verifier ?ur ies lieux la verito fleijes assertions et la justesse de ses viies, tres-conroinies d'ailleurs aux preceptes gene- raux (!e I'art militaire. Si I'hiimanite tout onticrc ii'otait pas interesscc a la cause des Grecs, on serait tente d'abandonner ce peuple a ses de*tinees quelles qu'clles puissent etre, et quelles que soient Ies causes qui I'ont aincne a I'etat oii il est. La genorosite qu'il a eprouvce de la part des peuples Chre- tiens, etque tropsouvent il a payee d'ingratitnde, sera poussee jusqu'au bout de la part dc la France. L'auleurde cetouvrage est un sinccie pliilliellene et un oflicier tres-instruit. II sera hi avec inleret par tout lecteur, ct avec profit par tons Ies niililaires. Ce qu'il rapporte des Grecs, de leur caractere et de leurs facuitcs porte I'empreinte d'un vii" regret de n'avoir pu leur etre utile, et conlribuer, niemc de loin, a leur suc- ces et a leur affranchisseinent. 6t). — Obf^ervaiions sar la campagne des Riisscs, en 1828, en Moldavie, Valaquie et Bulgarie. Nantes, 1829; Iniprimerie de Mellinet-Malassis. In-8° de iG pages. 67. — Rfponse d M. le comte de Tolstoy, clianibellan de S. M. I'emperenr de Kussie, etc. ; par Fictor Magnier, otri- cier d'etat-major i'rancais, etc. Paris, 1829; imprinierie d'E- verat. In-8° de [\^^ pages. Les deux brochures dont nous allons parler sont a la Ibis militaiies et politiques. La premi(!;re est deja connue des lec- teurs du Lycee Annoricain, excellent journal de province, que la capitale ne desavouerait paS. On reconnait sur-le-champ, que I'anteur appaitient a ces arniees francaises, dont la gloire est immortelle, en depit des evenomens qui rendirent inuti- les tant de prodiges de valeur, de comliats de geans, de vic- toires non moins etonnantes que les eiVorts dont elles elaient le prix. Notre guerrier n'a point etc satisfait des resnltats de la derniere campagne contre les Turcs", et ccrtes, presque tout le monde est de son avis; les Russes eux-memes n'ont pas lieu d'etre contens. Aux faules que le gonvernement russe a faites dans cettc campagne, il serait injuste d'ajouter cello d'une justification telle que Ies ObseriHiiions sur la derniere campagne de Turquie, par un oflicier d'etat-major russe, qui ont provoque la premiere brochure de M. 3Iagnier (voy. Rev. Enc. , t. XLi, p. 773), et celle dont nous parlons actuclle- menl. Ge second champion est cntre dans la lice avec plus de sang- froid que son predecesseur, et il n'en est que plus redou- tabic. II prouve tres-clairement que rarmee russe, a I'ouver- ture de la campagne, n'etait pas aussi f'aibic (jue le pretend 1 80 LIVKi:S FRA.NCAIS. son apologislc; (iiic la marclie sur Schovimla ful iitie faule, el que la prise de > aiiia nc pent elre consideiee conuiic iiii siic- ces (ligiie ilcs cUnitsqii'oiia lails, etqni (ledoniiuagcdespertes qu'oti a rpronvees. L'olllcicr lusse leproclic a nos eciivaiuh (Ic pailcr (Ic pays el d'evcnemeiis qu'ils ivc coniiaisseiit poiql. Quanl aiix eveiieinciis, Ics Uusses nc peuvent locuser le te- nioignage^le Icurs i)ullctins ; et, quant an theatre dc la guerre, nos oificiers I'ont etndie avco plus de soin que les generaux russes ne paraissent I'avoir fait, avant d'entreren tainpague. II senible que I'experience des gnerres precedcntes avail ete perdue pour la llussie, quMl n'en restait plus rien dans les Memoircs eii'its, ni dans les traditions. Avant dc justilier oeux qui ont dirigc cette campagne de 1828, il faut en expliquer les faits. non pas a la inanieie de I'officier d'elat-niajor russe, niais avec sincerite, et unc enliere connaissance des causes : est-on bien sftr que I'apologie ne se changerait pas en accusa- tion ? Quelque tournure que prennentlesdebats, I'arniee russe est hors de cause, f^on hunneur ne pent en souilrir aucune atteinte; Topinion de I'Europe n'est pas aussi favorable aux chefs et aux administrateurs. Aprcs avoir expose ce que Ton a mal fait, notre olTicier /M passe a ce que Ton anrait du faire. II arrele au Balkan le plan U de campagne qu'il atlrii)ue a I'un qaelconque de nos tieux gre- nadiers. II entre dans le doniaine de la politicpie, et reproduit ce qu'il nonime des rcves pliilantropu/ues , sur I'erection des royaumes de Dacie, d'Albanic ou de Macedoiiie, de Thra- ce, etc., et sur Constantinople, devcnue ville libre, indepen- danle, ouverte atonies les nations. La diplomatic, (pii n'a ja- mais reve le bonbenr des peujiles, bravera I'opinion vulgaire, et ne lira point de brochures. Ilien de grancl , de noble, de genereux ne sera fait en faveur des Chretiens opprinies par les Tiu'cs ; les fers de ces malheureux seront rives |)ar les piin- ces Chretiens : ainsi le vent I'esprit des cours. L'auteur de cette brochure ne dcscspcrc pas encore; il iudique en pen de mots ceqne laKussiepourrait faire, de concertavcc la France, pour chasser d'Enro[)e les eternels enneniis du nomchrctien, et maintenir la paix du monde. Dans cette douce esperance, nous regrellons dene pas voir deja 80,000 llnsses rassembles sous Silistrie, et 120,000 ou loo.ooo sous Varna, Pravadi et Kcnga ; deux ponts etablis sur le Danujje, prcs de Silistrie: car, il nc s'agit plus des operations de la campagne derniere ; les Kusses, pins avances, nc partent plus du meme point, et les Turcs , approvisionncs et sur lenrs gardes, nc sont plus dan5 le menie ctat , ni si facile? a battre. 11 faut Ic* bCItliNCES MOUALLS. 187 iiienacer dans leiirs parties sensibles, et leiir donner de se- rieuses inquietudes pour leur capitale. Ce ne soiit plus des deliarquemeiisqu'ii faut siniulerveis Jiuurgas ; il I'aut les ell'ec- tuer et les soutenir, en occupant Ics croupes du Balkan, sur la mer Noire, par les routes et les sentiers qui y sont prati- ques : et , aussitot que ces inquietudes sericuscs auront fait faire aux Turcs de Schoumla quelques mouvemens, les suivre, les atleindre et les cxterniiner, san^ leur laisser un instant de repit ; gagner ensuite de yitesse ; voila le plan d'un grenadier de notre vieille armee ; il laisse au general Ic soin de I'executiun. La nouvelle brochure de M. Magnier est une reponse a M. le comte de Tolstoy, pour justifier cellequc I'auteur avail faite a I'oiricier d'etat-major russe. Le second ecrit, quoiquc plus moderi'i que le premier, n'est pas exempt d'un pen de ru- desse, c|u'il eCit ete facile d'adoucir sans aflaiblir les pensees; mais enfin, les progres en mieux sont Ires-grands ; et comme la discussion parait encore loin de son terme, on peut affirmer que la troisieme production de notre officier observera scru- puleusement les convenances poussees jusquVi la delicalesse. Cette seconde brochure est tres-rcmarquable, riche en laits, instructive, et ne pouvait demeurer sans replique. On n'adop- tera pas toutcs les opinions de I'auteur; on repoussera meme celles qu'il enonce relativement aux militaires qui offrent leurs services a I'etranger. IJn officier n'est pas un artiste ; sa profession n'est honorable que lorsqu'elle est consacree a la patrie, on a la cause de I'humanitc. M. Magnier aurait mieux fait de jcter un voile sur ces Francais qui vendent leurs ta- lens et leurs services aux Turcs, pour les employer indiffe- remment conlre les Uusses, les Grecs, les Francais meme, puisque nous pouvons etre dans le cas de combattre les sol- dats qu'ils auront formes. Les notes annexeesa cette brochure nesont pas moins inte- ressantes que ce qui precede; I'autenr parait bien informe de ce qui se passe en Turquie. Tout ce qu'il dit du sultan Mah- moud, dans la Reponse el dans les notes, merite la plus grande attention ; la Turquie aurait-elle son Pierre-le-Grand, comme la Ilussie cut le sien a la fm du dix-septieme siecle ? La bro- chure de M. Magnier doit etre lue et meditee; les lecteurs mettront facileinent a part ce qui ressemble trop au langage des passions, et recueilleront Ics fails dont la connaissancc peut les metlre en etat de mieux apprecier les cvcnemens de la campagne de 1839. F. 68. — DcKjcicme irfCtqae a M. Mtignicr, par J. Toljtot. i88 LIVRKS fh\>(;ais. Paris, iSu*); Ledoyeu, au Palius-Iloyal. In-S" du 44P''>oC*- Nous nous soniuies deja oxpliques sur le I'ond de oelte po- lemique. Tout en rcndanl justice a la bravouie i)ieu prouvee des troupes russcs, aux lalens d'un grand nonibre delenrs olli- ciers, nous avons dn rcconnaitrc que des i'autes de strategic, des crrenrs graves dans la science des sieges et des caiiipe- mens avaient ete conimises dans le cours de la derniere cam- pagne par ceuxqui en avaient ordonne les niouveniens. ISous avons nieme ete forces de Ijiamer ([uelques actes diploniati- qucs qui ont precede le conunenccnient des hostilites, et qui nous ont paru a-la-t'ois iidunnains et maladroits. D'un autre cole, sans ahandonner la cause de la civilisation qui setnhle aujourd'hui se rallacher aux drapeaux russes. nous avons te- moigne noire estime, noire admiration mOme pour le patrio- tisme desTurcs, pour la brillante valeur qu'ils ont deployee, surtout pour I'homme extraordinaire qui a su donner a leur caraclere apathique une iaipulsi(insi I'orle et sinouvelle. Nous n'avons aucun niolil' de revenir sur ce que nous avons dit a ce sujet, puisque la discussion qui s'est elevee enti'e MM. Ma- gnier et Tolstoy ne nous a rien appris d'iniportaut et dc nou- veau sur les Tails. Quant a ce qu'il pent y avoir de })ersonnel ou de national dans cette discussion, nous recuserons positi- vement notre propre competence, et nous nous abstiendrons meme d'en entretcnir nos lecteurs. Nous devons cependanl louer M. Tolstoy d'avoir su conserver dans sa brochure des formes de politesse et de convenance dont on ne devrait ja- mais s'eloigner. II a d'autant plus de merile en cette circons- tance, que son adversaire avait fait preuve tout au moins de beaucoup de vivacite. A. P. O9. — * Cours iflmloire religieiise et universelle, par M""" Louise Daubiat. Premiere Urraison. Paris, 1828; I'editeur, rue Neuve- Saint-Kustache, n" 18. In-8°. L'ouvrage aura 4 volumes, pu- blics par livraisons de six feuilles chacune; prix de la livrai- son , 2 fr. Les livres serieux, de quelque talent qu'ils soieiit einpreinls, et quelque nom dejd celebre (pii les recoinmande,sont comme la vertu , dont un ancien disait: laudatar et (ilget ; ou comme oes pieces de theatre, qui obliennent le succes le plus flat- teur, mais le plus desolant, uu succes d'estime, et des loges vides. Le grand et noble ouvrage de M. Benjamin Conslant, sur le sentiment religieux, a-t-il eula vogue du roinan le plus mediocre de Victor Ducangc et de Paul de Kock ? Sans doule, le terns viendra ou ce tpii sera bon dans tons les genres sera recherche avcc le mfme eniprcssemeni ; mais ce lems n'est 1 SCIRXCKS MORALKS iSj) pa!> f-ncore arrivi- ; I'ere dc la regeneration en France ne fait giiere que fie commencer, et noire edneation eonstitiilion- iielle, qui sera troiivec rapide dans I'histoire, pent paraitre lenle pour les contemporains. Vn trait caracteristicpie de notrc epoqne , c'est la direction donnee par les lemmes merne a lenrs etudes et a leiirs tra- vaiix. II siiffirait, pour indiquer cetle direction toute nou- velle, de les montrer actives parmi les redacteurs de cette vaste collection de maniieb enryclopcdiqnes, destines a popula- riser les sciences, a laciliter la conuaissance des arts les plus utiles a la societe, et a porter, en m-i8, dans les comptoirs, dans les ateliers, et jusque dans les chaumieres , tons les ele- mens de la civilisation et de la richesse des empires, que les philosophes du dernier siede n'avaient su presenter qu'en in-qaarto ou en in-folio, a des prix que pouvaient seuls attein- dre les riches, c'est-a-dire, cenx pour qui la connaissance des arts n'etait qAi'un ohjet de ciniosite. La teiulance des Icnimes vers ce f(ui est utile dans les let- Ires, et qui des lors leur parait grand , s'est assez fait remar- quer dans les ecrits de M""" Stacl, Condorcet, Rcmusat, Guizot, Jielloc et d'autres encore. Menie, en cultivant la poesie, les lemmes traitcnt des sujets graves et seiieux. Qui n'a remarque les Epitres pliilosophiques de la princesse de Salm ; les Poe- sies religieuses, ou , si poetiquement inspiree, jM""" Cere Bar be ne voit dc vertu que dans la toleraiu-e et dans I'humanite; et les Chronufites , ou .M""" Tastu sail donner , aux Francais memes, de nouvelles emotions poiu- la gloire et pour la pa- trie? Le mouvement du siecle est decide; mais il n'est pas aussi vif, aussi rapide que notre impatience pourrait le de- sirer. L'annonce du Cours d'histo'tre rdigieiise et universcUe de 'Si'^'Dauriai doit exciter moins d'etonnement que de curiosite. On voudra voir comment uue-femme a traite un sujet qui de- mandait un esprit pliilosophiqne applique a de vastes etudes; et ce talent d'ecrire dont les sujets les plus austeres, les sciences menie ne peuvent plus se passer, et qui, depuis Fontenelle , Button et Baiily, leur est devenu plus necessaire qu'il ne Test aux genres gracieux et legers. iM"' Dauriat a su metlre en oeuvre les tresors de ses lectures, coordonner de nombreux materiaux , choisis aux meillcures sources , ex- trails avec art, prcsentes avec impaitialite, revftus des for- mes d'un style qui ne manque ni de coi lection ni d'elegance. et qui sou vent est fort ou elevc dans sa simplicite. Suivre I'esprit h\miain et ses egaremens, le? passions et les iQo LnUES FRAiNCAIS. prejiij^n'S , le fanalismc ct sos crimes, I'liistoiro cl les nmllieurs till moiulo dans relahlissc'ineiit et dans la diiree dcs cultes divers qui oiU al)rmi mi civilise les nations, c'elait iine haute entreprise, dignc du talent le plus Ibrt, et capal)le de I'ef- frayer; c'est nn ouvrage (|ui niantpic encore a toiites les littc- ratures, quoiqu'on ait l)eauconp ecrit sur ce sujel. Dupuh s'est perdu dans ses Origincs de tons les cidles ; c'est le livre le plus savant ct le plus confns, un systeme oljscur dont tout se tlelache, parce que Tauteur a voulu tout y rattaclier. Vno l)onne liistoiic dcs religions reste done encore a faire. M"" Dauriat senihle nous la proniettre ; mais il scrait teme- raire de prononcer hativcnienl , d'apres nne livraison de quel- (jnes icuillcs, qu'nne grandc lacune dans I'histoire va etre <;nGn lemplie. Les egards dus au sexe de I'autenr ne jnstifie- raient point I'exageration d'un tel elogc , et I'estime que me- rite son talent commande ici plus de reserve ; mais , dans un recueil ou la justice et la veritc sont, en litterature , aiusi que dans les opinions politiques, le premier devoir pour les re- dacteurs, nous nous bornerons a dire, et, dans sa juste me- sure, I'eloge en sera plus flatteur, que la premiere livraison du Cours d'hisiolre rellgicuse et unirerselle annonce des senti- mens aussi eleves que les pensees, une tele forte, nne eru- dition philosopliique, nn style souvent remanpiable ; qu'on y trouve cet attrait , rare dans les livres serieux, qui fait pour- suivre avec ardeur la lecture commencee , et que I'auteur inspire partont le desir de le voir poin-suivre et acliever sa difficile entreprise. Villknave. ^0. — Histoirc plulosnpliiqtic et politique de l\ussie , depuis les teins les plus rccules jusqu'a uos jours; par J. Esneaux. ■2' et 5'" livraisons du toni. i" et tom. ii. Paris , 182H et 1829; J. Corrcard jeune, rue de Richelieu. In-S°; I'ouvrage entier i'ormera 4 vol. d'environ 5oo pages chacnn; prix, iiol'r. INous avons rendu compte de la premiere livraison de cet •ouvrage (voy. Rev. Enc, t. xl, p. 4/5) : celles que nousan- noncons aujourd'hui embrasscnt depuis le regne d'laroslaf jusqu'a celui d'lvan II Ivanovitch. Puisque JM. Esneaux s'explique avec tant de libcrte sur Nestor, le pere de I'histoire russe , sur Levesque , dont la iiiarcbe est si simple et le coup-d'ocil si judicieux, enfin sur Karamzin, le prince des prosateurs russes, nous sommc* persuades qii'il trouvera tout naturel que nous parlions de son ouviage avec une liherte egalement consciencieuse. IS'ous rappellerons done a M. Esneaux que le vrai historique n'esl pas toujours vraisernblable ; que, dans cc cas , le doute SCIENCES MORALES. ipt est toujours permis ; niais qii'nne intcrpretalion des fails, f'Qt-elle ingenieiise d'aiilciii's, nc sauiait elre admise de con- fiance, qiiand les dncumens ne I'elahlissent point : et, pour nous debarrasser bion vite de I'oljligalion severe que le role de critique nous impose, nous nous haterons de dire que les consequences qu'il tire des faits decoulent, quelquelois de considerations trop deliees, que I'ignorance de I'idiome russe le met de terns u autre dans unc position difficile, et dans l'impossii)ilite de discuter les sources oi'i Levesque et Raram- sin out puise ; et, enfin , que son style manque en plusieurs endroils de dignite, d'elcgance, et meme de correction. Ce- pendant, nous croyons que I'ouvrage de i^l. Esneaux est bon a mediter, et nous avons phis d'une fois admire la finesse et la dialectiquepressauteaveclesquellesil a discute plusieurs poinis obscurs , et combattii des idees generalement recues. X. 71. ~— Borne el ses Papes, histoire succincte du grand ponti- ficat; par M. F. G. Paris, 1829; Briere et Brcaute. In-S" de 4i4 pages; prix, 7 francs. 31algre de nombrcuses publications sur la cour de Home, on pent dire qu'il n'existe pas encore une histoire approfondie et impartiale de ce vaste systeme theocratique qui, pendant si long-tems. gouverna presquelemonde entiei'. II etait impos- sible cju'une institution (jui a produit tant dc bien et de mal, flit jugee avec le calme que demande I'histoire. II n'y a rien a dire ties ecrivains qui soutiennent encore les droits qu'a la cour de Rome an pouvoir illimite qu'elle s'etait donne : n'est-ce pas le comble de raveuglement que d'exiger de la raison qu'elle rcspecte ce qu'elle a detruit, et qu'elle flechisse devant les mines qui sont son ouvrageP Mais, d'lin autre cote, c'est une grave erreur que de vouloir, enjugeant la theo- cratic romaine, qu'elle ait toujours ete comme aujourd'hui en arriere du besoin de la societe. II faut prendre le coniraire do cet(e proposition : long-tems a la tete de la civilisation, I'Eglise romaine s'est appuyee sur les interets moraux et materiels des peiiples, elle fut un contre-poids puissant et heureux contre la feodalile, ce materialisme en action ; car pour ie pretre meme quand il commande, il y a toujours un Dieu, un avenir, un appel quelconque; mais pour le proprielaire d'hommes, il n'eu est point. C est aussi a riutluence papale qu'est due la generalite du langage latin; ce fut elle qui saiiva les productions antiques d'un oubli complet, et conserva ainsi la connaissance d'uiie langue qui plus tard civilisa I'Europe. II faut done de toute necessite contempler avec sang-froid la theocratic papale dans les siecles barl)aresqui sculspeuvent rexcuser,pour en parler avec just ice. M)i I.IVIIES FllANCAlS. Chose rcmar([ii;il)lc, c«' soiit 1(!S corivaiiis protcstans en Ku- lOpe qui out los pn'micis jiij;!.' saiis prrveiUion !<■, pontificat (111 Valiian. Lt; dofleiir Moshciiio, on Alloniaj;n(', dans iin livrc long-lcius classicpic, a pail6 dc. lldnio avoc iiiio haiiteiir dc vue iiifonniic a sou toms : lliiinc, Gibbon, en Angirlrrrc, ft snrtout Ic Tarito dc la Suisse, Jean Mullcr, out monlre une j^randc inipailiaiite el nne sainc critique dans leuis juf!;emens sur Rome, jirudcuee qui a Ironve des imilatenrs eliez Tszehir- iier el dans I'ouvrage i'ondanienlal du docleur Carove; niais nous n'avons point encore d'hisloire c:oiuplete snr la papanle. Pour execute!- nn Icl ouvrage, il I'aut beauconp dc pbiloso- pbie, d'immenses lechercbes et uu espi'il calnie ([ui n'airecle aiicun dedain pour hi crojauce en clie-meme. L'auteur du livrc ([uc nous aiinoncons nous parait reunirla pluparl de ccs conditions. Yoici comment il s'exprime dans uu passage de son livre. "Lorsque j'ai dit que le grand ressort dc la puissance [)ontirKale repose sur ravennlement de I'especc hninaine, je le rejiete, ce n'est point Ic clu'istianismcconsidcre comme croyance que j'ai envisagt'', mais bien Ic clnistianisnie desceudu a I'Etat de gouvernemcnt politique, etc. » Et dans un autre endroit, en parlant des pontiles roniains : «Qu'ils so rednisent spuntancment an noble role de pasteins des fideles; que leur action puisant sa force dans les canons apostoliques des trois premiers siedes soil tranche, palernelle, cousolantc et charitable ; alors la chretiente ivre de joie les enlourera de respect etbenira leur nom comme elle benit deja sa croyance. » Ce livre renlerme beaucoup de fails, de considerations el de dales. II contient des vues et des reflexions neuves; on y trouve une saine el fermc critique, une grande entente de I'hisloire et des evenemens, et siwlout nne connaissance pre- cieuse des sources. C'est un excellent mannel a mettrc entre les mains des personnes qui vculent connaitre ces pontifcs-rois, qui dirigerent si long-lenis la civilisation du monde occidental. Les epoques historiques y apparaissent avec leurs couleurs locales et vraies, ct le stvie est presque toujourssimpleelclair. J. L. •^•i. — * IJistoirc de Philippe-Aiigusie ; par M. Capeficue : ouvrage couronne par I'lnslitut. Tom. i et ii. Paris, 1839; Dufey. u vol. in-S" de /"po pages chacun; prix, i5 iV. L'ouvrage que nous anuoncons an pui)iic, et dont nous nous reseivons de I'aire plus tard un examen detaille , est de- die a M. de Barante, et ])lace , pour ainsi dire, sous son in- Tocalion. C'esl I'aire entendre qu'il est conf u dans les memes principps que riiisloire des dues dc Bourgogne , et qu'il pre- SCIENCES MORALES. 193 sentc line noiivclle application de la metliode descriptive, et dn t'amciix axiume : Scribitur ad narrandum , non ad prohan- dum. Nous anions done a considerer Ic livre de RI. Capefigue sons deux points de vue , comme systeme litteraire, ct eomme etude historiqne. Dans cet examen , nous nous trouveions qnelqnefois pen d'accord avec I'ecrivain lanreat ; iiiais , qnellc que puisse etre la difference de nos opinions, nous nous empressons des a present de rendre complete justice ;'i la conscience ct a I'esprit de recherche qui ont preside a son travail. Nous souhailcrions que tons les homnies qui s'occu- pent de la science historique y apportassent autant de zele et d'impartialite que M. Capefigue, quand meme ils devraient se tromper qiiclquel'ois comme lui. A. D. ^5. — * Histoli^ des comies d'Eu, par L. Estancelin, mem- bre de rAcademie de Rouen et de la Societe des antiquaires de Normandie. Dieppe, 1828; Marais fils. Paris, Delaunay. In-8° de 45o pages; prix, 7 IV. Je me propose de rendre compte de I'ouvrage de M. Es- tancelin lorsque je m'occuperai des antiquites de la Norman- die. Je ne ferai , pour le moment, que I'annoncer pour le re- commander aux amateurs d'erudition comme un livre fait avec conscience, et dans leque! on trouve d' utiles renseigne- mens historiques sur cette province. La murche chronologi- que y est suivle sans secheresse, sans aridile ; le recitdes eve- nemens secondaires est groupe habilement autour des faits principaux et comme pour leur prCtcr le charme du pittores- (pie. M. Estancelin, en publiant son Histoiredes comtes d'En, a fait honneur a la Societe dont il est membre, et qui possede dans son sein plusieurs hommes d'un rare merite. Uu jour, si nous parvenons a detruire cette facheuse centralisation qui fait tout rapporter a Paris pour les hommes aussi-bien que pour les choses, nous verrons sortir de ces provinces si me- prisees, si inconiuies aujourd'hui, et qui ineritent si peu de I'etre, nous verrons, dis-je, sortir avec eclat des noms tels que ceux de MM. Estancelin, Delarue, Floquet, etc. Alexandre le Noble. ^4- — Tableau elcm^ntaire des relations politiqaes et diplo- matujiies du Portugal avec les difftrentes puissances du monde, depuis le commencement de la monarchie portugaise jusqu'a nos jours; mis en ordre et compose en portngais par le vicomte de Santarem, conseiller d'.ttat de S. M. T. F., son ministre des affaires etrangeres, etc., el traduit en francais T, XLIH. JUH.LET I 839. J 3 i,>'l LTVUKS FKArSCAlS. [(ar F. L. Ahares d'Anphada, altache a la legation ile S. M. T. F., a Paris. Orleans, 1829; imprimerie d'Alex. Jacob. ln-8° dc 5G pages. Cettc brncliurc est le prospectus d'un grand onvrage inedit do 31. dc Santarem, qni a consacre heaucoup d'an- nees a rassembler et a etudier tons les trailcs diplomatiqnes oonclus par le Portugal avec les autres nations du monde. Nous n'avons, pour aujourd'hui , rien a dire sur ce tra- vail que le savoir de I'auteur recommande d'avance a I'at- tcntion publiqne. Lorsqu'il aura parii , nous pourrons en entrelcnir nos lecteurs. Nous ajouterons seulemenl, que le - long programme dont nous avons transcril; le litre est plein d'une erudition recueillie dans presque toutes les bibliothe- ques de I'Enrope, ct paralt ecrit sous I'iuspiration d'un patrio- tisme enlhousiaste et passionne. Nous reprocherons meme au traducteur d'avoir rendu trop fidelement certaines expres- sions hypcrbolit[ues sur le courage deploye dans tous les terns par les Lusitaniens ; chaque peupic pent riter dans ses annales de glorieux actes de courage, etle sentiment, d'ailieurs h;>- norable, de I'orgucil national, ne sullit pas pom- justifier des eloges evidemnient exageres. Cette observation critique ne diminue cu rien I'inleret que parait devoir offrir un onvrage (lui nous fcra connaitre quelle a ete jusqu'ici I'influence de la diplomatic europeenne ct dc I'intervention etrangere sur le sort dc la nation portugaise. r;5. — * Manuscrit de I' an trots ( 1794 — ijgS), contenant les premieres transactions des puissances de I'Etirope avec la re- pabliqae francaise , et le tableau des etenemens du regime con- ventionnel, pour servir a I'histoire du cabinet de cette epoque ; par Ic baron Fain, alors secretaire au comite militairc de la Convention nationalc. Paris, 1828; imprimcrie de Fain. In-8" de 438 pages; prix, G tr. Nous sommes bien en retard pour annonccr eel ouvrage de I'auteur des Manuscrits de 1812, de i8i5 et de i8i4- H n'est cependant pas hkmus important que ses dcvanciers, et il pre- senle meme plus d'ijiteret, sous Ic rapport de la nouveaute. On savait que Napoleon etait presque anssi Cm diplomate qu'habile capitaine; unc partie des negoeiations de 1812, i8i3 et 181 4 lit'iit connuc par des revelations antcrieures; maisla diplomatic de la Convention est chose nouvcllc et cu- ricuse;apeinescdoutail-onqu'ily cut la des diplomates. Citons a ce propos quelques lignes de la belle preface de M. Fain. «Y avait-il uu cabinet en I'an IroisPLe livre repondra. Au surplus, il est tout simple ([ue jii'^([u'.'i present on en ail SCIENCES MORALES. ig5 doute. Tandis que les affaires politiqiies se trailaient dans le silence de la nuit an Ibnd dcs appartcmeiis demeubles dcs Tiii- leries, les revolutions des partis roulaient les unes snr les au- tres avec autant de rapidite que de bruit. Elles absnrbuient toute I'attention dc la place publique, et I'histoire coiitempo- raine se remplissait avec un telle abonilance des evenemens du jour, que les travaux de la nuit n'y pouvaient guei-e trou- ver de place. Cctte preoccupation des esprits s'est continuec lojig-tems, et," de distractions en distractions, personne n'a plus pensc a la lacune qui etait restee en airiere. II I'aut le dire aussi : I'habitude de confondre les operations du gouver- nement republicaiu avec les exces de la revolution n'a pas peu contribue a prolonger la meprise ; et si Ton se rappelle avec quelle adresse ces preventions ont ete cultivees, peut-on s'e- tonncr de leur puissance et de leur duree? Quel emprcsse- ment n'a-l-on pas mis a rapetisser, par le ridicule, les hom- ines et les travaux que les evenemens s'cfforcaient de graudir! Que de soins pour deguiser, par des expressions delournees, le veritable but dcs partis et pour denaturer u leur naissance les moindres relations qui tendaient a s'etablir dans la societc nouvelle ? On a tant dit, tant ecrit, tant repeto qu'il n'y avait sur les bancs de la Convention que des sots, des fripons on des bourreaux, qu'il n'est pas etonnant que le jugemcnt de plusieurs generations en soit reste fascine. A travers tous ces mepris, et par de la tant de fautes et tant de crimes, com- ment aurait-on devine de verilables talens, de grands carac- teres et tout ce qui pent rccommandei" un cabinet?" On remarcjuera surtout dans cet ouvrage la relation des ne- gociations avec la Prusse, avec la Hollande, avec I'Espagne. On sera etonne de trouver dans les diplomates de la republi- que tout autant d'adresse et d'habilcte que dans ceux des vieilles monarchies, quoiqu'ils marchassent sur un terrain l)ien moins assure, ayant derriere eux un cabinet oii il devait necessairement y avoir peu d'ensemble et qui etait domine par la Clonvention, dominee elle-mPme assez souvenl par les passions et les I'ureurs populaircs. On y trouvera aussi un re( it plein de vie et de chaleur dc la journee du i3 vendemiaire, sur laquelle un seul historien, M. Thibaudeau, avait jele jus- qu'ici une demi-lumiere. M. Fain expose tres-bien comment Bonaparte t'ut appele a y joucr un role important , et com- ment le jeune general saisit I'occasion pour s'elancer dans une carriere, qu'il ne devait plus quitter que pour se prccipiter lui et la France dans un abime. Un plan des Tuileries et des environs du palais, lels qu'ils etaient alors, e-t joint au vo- HjG UVU KS FKANCAIS. Iiimo vl sert a I'airc mieiix coniprciidre la liaison de$ (h>po- silioD? mililaiios prisps par les geiicraiix dc la (lonvcniiou coulro Tamiee des sedions. — Le volume est teiniiiic par des pidces jiistificatixcs, prescpie toutes fort curieuses. I'arnii ellos, .so troiivc le proces-verbal dresse a la Tour du Temple pour coustater le decee de Louis \MI. 7G. — *Histoire (le France depnis la ri'stauradon; par C/iarles Lacretelle , meiiibrc de I'Acadeniie IVauraise , proiesseur d'liistoirc a la Faculte des lelties, etc. Tom. 1" et 11. Paris, 1829 ; Delauuay. 2 vol. iu-8", de 444 *"' 4''^7 I^ges. L'ouvrage euliei' I'oruiera 4 vol. , dont le prix est de 28 iV. Nous uous euipressons dc .signaler la puljlication des deux premiers volumes de cet ouvrage, qui luerite dc (ixcr I'at- teutiou . soit par I'importanee du sujet qu'iltraite, .soil par Ic uom de sou auteur. Lorsqti'il sera complct , uous eu t'erou.s I'objet d'un examen detaille. 77. — IJistoire de la detention des philosopkes et des gens de tettres d la Bastille et d Fincennes, precedee de celle de Fouc- ■qiiet, de Fellisson et de Lauziin , avec tons les docuuieus au- ihcntiqucs et iuedits; par J. Delort ; avec celte epigraplie : Jdversavirtutem ornant. Paris, 1829; Firmin Didot, perc el Ills. 5 vol. iu-8°, formant eusembic 1026 pag. ; prix, 20 fr. Nous ne sommes pas eucore assez eloignes du terns oi"i re- guait rarl)itraire , pour qii'il soit iuulile d'en I'appeler les et- i'ets. II est bon dc raconler (|uek[uefois a ces gens qui n'out de maledictions que pour les ("ureurs populaires et pour les de- sordres de ranarcliie les douceurs de ce despotisme c[ui ral- culait paisiblemeut les plus odieux attentats, qui ai)audou- nait a la laelie eolere d'uue lemuie un lionnete homme , coupabic d'avoir manil'cstc son mepris pour une royaie pros- lituee , et qui punissait comme uu forfoit une resistance a rinjuslice, qui etait non-seulement un droit, mais encore un ilevoir rigoiu'eux. Certes, I'histoire uous ofi're beaucotip de crimes comuiis par le peuple ; mais je cherche vainement dans ses vengeances, presque toujours legitimes, un seul actc de cruaute , conimis de sang-froid et long-teuis continue. Que les amis du potivnir absoln lisent dans Tonvrage de M. De- lort (t. 1", p. i56) la lettre ecrite par Louvois a Saint-Mars, gouverneuu' de Pignerollcs, an sujet d'un prisonnier qu'il lui envoyait, uonune Eustache d' Anger ; qu'on examine les pre- cautions vraiment infernales qu'il lui oi'donnait de prendre, pour que cet bomme uc put s'eutretenir avec personne , et {'aire connaitre les molifs dc sa detention ; puis , qn'ou cberclie dans toutes les rcvolles un cxcmple d'une barbaric plus in- SCIENCES MORALES. ic,; genicuse ct plus noire envers uu innocent, car d'Anger retuit tres-certaiiienient ; qu'on en cite un scul, et je suis prct ii convenir (|ue le calnie du despotisnic vaut inieux quo les orages de la liberie. Mais j'ai hunte d'cntrer dans une discussion sur la- quello tout le nionde serait d'accord , si le pouvoir n'uvait pas l)esoin d'un certain nombre de valets, desireux de partager Ics fruits de ses crimes, dussent-ils endurer quelquefois sa Ijrutalite et S€s aft'ronls. — J'arrive a I'exauien de I'ouvragc lie M. Delort, dont le litre peut semblcr un pen trop ambi- lieux, et jc regrette d'etre oblige de dire qu'il ne nic parail pas avoir alteiut le but qu'il s'etait piopose. Ma cu- liosile a ole en partie trompee ; ce n'esl pas qu'oii ne Irouve quelquefois des fails intcrcssans ct pen connus , comnie cclui dont je yiens de parler; mais ils sont rares. Le plus souvent, les Icltrcs et les documens autbentiques sont sans aucnne importance, et n'apprenncnt rien ni sur les de- tenus , ni surceux qui les avaient jetcs en prison. Ces trois gros volumes ponrraicnl, sans inconvenient, se reduire a un seul; peut-etrememe rouvrage gagnerait-il a cettc reduction. J'auiais bleu envie aussi de querellor M. Delort sur son epi- graphe : Adrcrsa virtuleni or/innt. Quellcs sonl les vertus de Fouquet , de Lau7Am , de M"" de Tenciu , de Dnlaurens, de Desforgcs, auxtpielies I'adversite pretait un nouveau lustre? II serait cei'taiuement fort embarrasse de le dire. L'hisloire de la detention de Foucquet, de Pellisson et de Lauzun occnpe lout le premier volume ; les prison- niers dont I'bistoire remplit les deux autres, sont : Frc- rcl , roltaire, Langlet da Fresnoy , M""' de Tencin , Bacii~ lard d'Arnaiid , Freron, Sigorgne , Diderot, La Benumrlle , Des forges, JSIdrmonlel , MorcUct , Dnlaurens ct Groulwii/hall , Pricur, de Bu:oir ; et, dans uu Supplement, B ussy -Rah at in, LeMaislre deSncy, Mirabeau ( le }iere), Roy, Laporte , La- lade , et de Lally. Le troisieme volume est termine par un rcgislre des prisoiiniers delenas an donjon de Finccnnes , depuis i6S3jas(iu'cn ly^Ct , et par un dialogue de Dlirat/eau le pere , dans lequel ce pbilanlrope expose, sous une autre forme, les priiicipes ou pluhU les divagations qu'il a didayces dans les gros in-4" que tout le monde connait. A. P. 78. — * Melanges de litterature et de politique par M. Benja- min Constant. Paris, 1829; Pichon ct Didier, quai des Au- gustlns n" 47. In-8" de xiv ct 485 pages; prix, 7 fr. 5n c. Co volume je compose dc divers cvsjai.- publics a d'autie^ i08 LIVIIES FrxANCAIS. rpoqurj (lan>; iles icciieils pi riodiqiies; « en paroouraiit le* niorcejiiix di- polilifjiic ol dr lilUraliiro que jc vouhiisainsi ras- ?pml)ler, dit rautciir, j'ai lioiive quo plusiours tenaicnt Irop •'■troitemcnt aux circonstanrcs qui iiie Ics aA aient dictrs. Jc n'ai conserve que ceux qui ni'ont seml)le pouvoir inspirer un inte- Tvt durable; j'ai rcmplace les autrcs par des essais enrorc ine- dils. All reste, je pourrais douner cette qualification a la col- Icclion prcsquc enlii re. 11 n'est aucune do sos parlies quo je n'aie rolondue en la relisant. « Beaucnup d'auleurs pourraicnt prosentcrcdmmciiouveaux des opuscules doja publics ailleurs; r'est un ayantage que n'a point Rl. 15eujaniin Constant; ses ecrits, reclierchcsparlout ou ils paraissent , lus a\idcnient aus- silot qu'imprimcs, no jouissent point du triste privilege de resler toujours neul's; mais Ic talent du celebre ecrivain lour en garanlit un autre, celui de se faire relire toujours avec un nouvel empressement , et d'offrir un attrait plus puissant que celui d'une simple curiosite, la certitude du plaisir que Ton cprouvera grace an souvenir du plaisir que Ton adeja eprouve. Mais CO succes, glorieux pour Tautcur, n'est rienmoins qu'une bonne fortune pour le critique. La memoire fidelc des lecleurs le reduit an silence ; il ne pourrait redire que ce qu'ils ont deja pense avant lui. Le mieux est done de nous borner a annoncer simplement cette publication, et de provenir les lecteurs qu'ils trouveront ici reuni ce qu'il faudrait chercher dans des recneils qu'on n'a pas toujours sous la main. Cette reunion de mor- ceaux, jusqu'ici separes, oftVe d'ailleurs tout I'attrait d'une piquante variete. Ainsi, a cute d'apercus sur la marche et les revolutions de la pbilosopbie aUomc, on trouve un morceau sur la guerre de trente ans et sur la tragedic de "NYailenstein de Scbil- ler; une comparaison entre le parlement sous Cromwell et le tril)nuat sous Bonaparte est voisine d'un essai sur les causes humaines qui ont concouru aretablissement du christianisme; line lettre siiv Julie, oTi Ic portrait de la fcmme designee sous ce nom est point avec beaucoup de finesse, sera suivie d'un fragment sur la France, du i4 juillet 1789 an 3i mars i8i4; unparallcle entre IMtt et Fox accompagnera des considerations sur M""' de Stael et ses ouvrages ; et partout, en littoralure, comme on politique, comme en pliilosopliie, vous reconnais- sez recrivain habile, le penscur profond, I'ami de la liberte. 79. — Leilrcs d'une belle-mere d s(!?i gendre sur quclqiies siijeta d'/iisioireet de politique. Paris, 1829; Sautelet; Mesnier. In-8" de viii et 586 pages; prix, 6 fr. Yoici un livre de politique qui n'esl point ecrit de ce style SCIENCES MORALES. M).) liirlhodique cl raisonneur cloat on se sert le plus sou vent pour exposer ccs graves matieies ; ce n'est point un Iraite dogniatiquc, cc ne sonl point des dissertations oi'i I'on pose des principes pour en tircr des consequences; ce sont do,'* conversations, reciieillies dans des leltrcs qui joignent ainsi u I'aisance et aux graces du style epistolairc I'allure lihre et un pen decousue des controverses de salon. L'epoquc dont ces lettrcs nous retracent le tableau est une des plus curieuses et des plus fecondes en evcnemcns et en querelles politiques, dans on siecle qui en a ete rempli, les premiers niois de i8i/| ; et la scene se passe dans un de ccs chateaux ou les represen- tans de I'ancien regime, reunis en petits congr^'S burlesques, decidaient que la revolution devait etre considerec comme non avenue, et la vieille monarchic restauree avec ses lois, ses ahus, seS moeurs et jusqu'a ses costumes. On voit tout de suite combien de sujets varies venaient se placer naturel- lement dans ce cadre. Ce ne sont pas seulement les questions du jonr dont s'occupent les\interlocuteurs : les causes qui ont detruit I'ordre de choses d'autrefois et en rendent le retablisscment desormais impossible font encore le sujet de leurs entretiens, aussi-bien que I'avenir probable reserve a la patrie. « On y trouvera retracee d'avance, ct comme par forme de prophetic, la lutto d'opinions et de systemes que nous avons vue et que malheureuscment nous voyons encore. Cette maniere est piquante, mais elle a son inconvenient. Elle force de substituer aux personnages I'idee abstraite de leurs passions ou de leurs doctrines, et ce n'est pas toujours sans quelque obscurite que s'opcre cette metamorphose — L'abstraction, il faut que le lecteur s'y attende, regne dans ce livrc, et, sur le theatre assez vastc et assez anime qu'il ouvre a la pensee, les idees seules jouent un role.)) Get aveu, consi- gne dans un avcrtissement de fediiear qui apprecie le livre avec autant d'impartialite que de goflt, deux qualites pen commu- nes chez un editeur, nous donne une pleine confiance en son jugcment, et nous le croyons, lorsqu'il ajoute : « L'auteur de ses letlres a quelques droits au succes litteraire par une aisance de mouvenient, ime finesse d'apercus, une delica- tesse d'expressions, qui, malgre la gravite du sujet, revelent assez la louche d'une femme, Des exemples glorieux ont re- cemment montre tout ce que nos mceurs publiques ont mele de serieux chez les femmes aux graces de I'esprit. Puisse cet ouviage en oftVir une preuve nouvelle ! )) Ce desir sera ac- compli, et nous pouvons, a notre lour, assurer le lecteur qu'une raison I'erme et de noble* sentimens recoiveut ici \xn aoo LIVRES FRANCAIS. attrait nouveau de la forme ingeiiieuse et dcs Iraits spirilut-U sous Icsqucls ils sont prest'ntes. ftl. A. Littcralure. 80. — * J^e sotird-muet entendant par les yeaor, ou tiiple moycnde comiminicationavec res infortiint'spardesprocudos aljreviatils de recrilure , suivi d'»n Projet d'imp-'nnerie sylla- biqnc; par le /ure d'unsourd-maet. Paris, 1829; Roret. In-4° de VIII et 100 pages, avec luiit planches; prix , 7 fr. De loiites les causes qui eievent riioinme aii-dessus des autres animaux, il n'eii est pas de plus puissaiile que la crea- tion et I'usage des signes conventionnels qui lui perinettent d'exprimer toutes ses pensees et de preciser, non-seulement ses jugeniens et ses volontes, inais meme les lieux et les terns : j'ai nomme la parole. Or, la parole ne s'adresse qu'i I'ouie ; ceiix qui manqueront de cet organe seront-ils aussi prives de tons les bient'aits du langage ? Non, sans doule; le genie de I'homme a rendu la parole visil)ie, et cree en quel- que sorte un langage oculaire en invcntant I'ecriture : c'est done a recriture qii'il taudra confier toiite I'lnstruction des sourds-muets; niais quelle ecriture clioisira-t-on? c'est la question que se propose raiiteur du livre que nous analysons. Rappeions, povu' bien faire comprendre sa pensee , quelques idees qui appartiennent a la grammaire generale, et qui, par' consequent, doivent etrc generalement ignorees; car il n'y a pas de science uioins enseignee que celle-la, peut-etre parce qu'elle est la plus utile et la premiere de toutes. L'ecriture est 77iimir/uc ou symboliqiie^ quand, comme le des- sin , elle imitc les ohjels; hu'roglypliicjiie , lorsqu'elle repre- sente le sens des mots par une figure de convention, mais qui n'a aucun rapport avec robjet; enfui alphabetiqiie , lorsqu'elle decompose les mots en syllabes ou en lettres dont elle repre- sente les sons. — Si nous appliquons ces definitions aux divers mouvemens du corps qui sont, pour les sourds-muets, une sorte d'ecriture vivante et mobile, nous verrons que la pre- miere, donnee par la nature et iion par I'art, consiste a imiter la forme, la position et le caractere de I'objct qu'ils veulent peindre; bornee comme I'eciitiu'e mimique dont nous avons parle lout a I'heure, elle ne doit, selon notre auteur, eutrer dans I'education d'un sourd-muet que comme moyen d'en- seignement, et pour faire comprendre les aiilres. La seconde ecriture se composera de signes invenles j)our I'usage de» sourds-muets, et qui peindront le sens du mat. LITTI^IUTUIIE. aoi jans acceplion dii son, en sortc que le meme signe represen- tera Iwmme , uomo, hombre^ man, etc., selon qn'ou Ic fera en France J en Italic, en Espagne ou en Angletei re ; d'oii il resulte que si tous les sourds-niuets etaiciit instruits d'upres les principes d'unc meme ecolc, iis auraient cntre eux une langue ecrite universelle, a pen pres comme les Chinois, les Tonkinois et les Japonais out entre eux une eciiture com- mune , quoique leurs langues ne se ressemblent pas; ou entin comme nos chiffrcs signilient la meme chose dans toute I'Europe , quoiqii'ils aient des noms bien differens dans les divers idiomes. S'il n'y 'avait sur la terre que des soinds- muets , il n'est pas douteux qii'une telle ecrilure ne i'Cit la meilleure possible. Mais les sourds-muets ne sont qu'unc frac- tion imperceplijjle de Tespecc humaine; I'education ne doit done pas tendre a les isoler des autres honmies pour les rap- procher entre eux, niais bien a les rapprocber du restc de leurs semblables, pour qu'ils jouissent, autant qu'ils le pour- ront, des bienfiiits de la civilisation et des douceurs de la so- ciete. Et pnis(iu'ils doivent vivre dans iin pay? on il y a une langue faite et qu'on ue pent changei-, ou ceux qui la parlent ne connaissent pas d'aulre ecritiu'C que I'ecriture alpbabeli- que, oil tous les livres utiles ou amusans sont ecrits dans ce systeme , c'est done a I'ecriture alphabelique (ju'il faut s'atta- cher; toute autre etude est une perte de tems, un travail sec et rebutant, et tl'iuie dilliculte prodigieuse, dont le dernier resultat serait de detruire tous les liens d'amitic entre un homme et ses voisins, ses parens ou ses amis, pour elablir lout au plus une communication eventuelle avec des gens qu'il n'est pas appele a voir, Notre auteur demande done hautement que Ton rejetle ces signes appeles methodiques, employes a tort pour I'instruc- tion des enians par I'abbe de VEpce et I'abbe iSicard, et qu'on ne liisse plus usage que de recrilme alphabetique. C'est veCs ce but que tendent tous ses ell'iirts, c'est la I'objet de son tra- vail. Disons en pen de mots quels moyens il a pris pour ob- tenir les resultats les plus prompts et les plus certains. D'abord, il recommande d'occuper toujours et presque sans cesse le sourd-muet de cetteecriturc , qui doit etre pour lui la source de toutes les connaissances ; mais il n'y a pas a lui I'aire honneur de ce principe : tout le monde sait bien que pour apprcndre plus vite il faut travailler davautage ; ensuite, quant aux moyens speciaux, I'auteur propose la stenographie, qui doit toujours represenlcr les sons de la voix humain^ 1103 LlVRl-S FRANCAIS. d'uiie inaiiiere abregoc (i); son sjsteino so dislingiic dcs antics par uiie nouvello classificalion des leltrcs, (!l surloul des voyelles ; mais il vent «[iie celte slenogrnpliie soil uppris<- de trois maniores, savoir : i" par retrilnrc siir le papier; 2° par les signes mainiels ; J° par le mouveinent des organes vocaiix . des li'vres, de la langue , des dents, de la gorge, etc. Les dcnx premieres methodes sont I'aciles a concevoir; la se- condc pent meme se praliqucr pendant la nnil, en tenant la main de son intcrlocnteur sur cclle dont on se sort povu' laire les signes : ponr la dernicre, qni anrail Tavantagc de niellre le sourd-mnet en commnnicalion direcle avec celni qni Ini parle, elle parail presenter pins de difllrultes; mais les ohser- vations de I'antenr ont ete si prolongees , elles paraissent si exactes, siminnlieuses, pourainsidir(%qn'on doit avoir qnclque conliance dans son travail, eltendre a multiplierainsi les points de contact entre les sonrds-muets et les antres hommcs. Nous ne pouvons enlrer dans aucun detail, ni sur les ob- servations de rautenr, ni sur les objets qu'il vcut qu'on en- seigne an sourd-muel : nous renvoyons poiu" cela a son ou- vrage, on les lecteurs se plairont conimo nons a reconnaitre les pensees d'un homme reeilement ami de I'Liumanile , el dont les travanx doivent avoir pour resuitat certain I'amelio- ration sensible d'nne classe d'elrcs que la nature sendiiaitavoir condamnes an plus trisle isolcment. \i. J. 8i. — Dictiannaire rtymologiqiie dc (a laiiguc francaise , oui les mots sont classes par families; contenant les mots du dic- tionnaire de 1' Academic francaise, avec les principaux termes d'arts, de sciences et de metiers; par B. de Roquefort; pre- cede d\iue Dissertation sur l'rfrmotogie,])Cii-3. J. Champollion^ FiGEAC. Paris, 1 829; Goeury. 2 forts vol. in-8"de xL-462 et 764 pages; prix, 22 fr. Nous ne sommes point de cenx qui prelendent que lul science des et^'mologies est une science vaine et inutile, mais nous pensons que de toutes les connaissances luuDaines c'cst (i) L.I stenngiapliie, ne rcpre^senlant que les sons dela voix et point dul tout les accidens ni Ics rapports des inols, ne pent aiicunement 6tre substiJ^ lu6e i l'6criture ordinaiie. (Voyez/?ti'. Eiic, t. xi.ii, p. 2941 nofrc article sin- la refornie de I'orthograplie.) II nc semblc done jias qnpour Iciiis tiavaux philo- logiques, et il n'y a que les moins hahilcs qui soient moins li- serves. » Dans uu tel etat de choscs, ct aprcs cet aveu de M. Cham- polli(ni lui-meme, il semhie que rcntreprise de M. de Roque- fort, toule digne qu'cUe soit d'encouragement el d'd'loges, ne pouvait pas atleindre un but d'utilite Lien r(l'elle et bicn prou- vc'c , surtoul (1('S (|uc I'atiteur annoncait la pretention d'etre cumplet (i), et de donner IVUymologie de tons les hkjIs de la langue i'rancaise. 11 nc suflisail pas pour ccla de connaitre Ions les autenis I'rancais qui ont (^'crit sur I'd'tymologie, inn- cliaque deiivti au volume, a la page et a la eolonne oil il se tiouve. L'au- teur a voulii donner meuie dans son dictionnaiie plus que relymologie des mots ii'an(;ais, car nous y tiouvons celle des mots cosdr/iie, Dunhcr- Cetle declaration fait honneur a la fois a M. de Roquefort et a M. Gceury ; elle doit protester pour eux centre (1) Nous connaissons, entr'auties ouvrages de M. de Roquefort : 1" le Glossaire dc la langiic romanc, publie, pour la pieniiere fois, en iSoS, cliez Chasseiiau; le tome in, ou s-U|ipI6iiient, a pain en 1S20 (voy. Rev. Enc.-i t. vi, p. j.jz); 2" Poesies de Marie de France; Paris, 1820; Cliasse- riau (voy. Rev. Enc., t. ix, p. 5ig-322); S" Dtcliotmaire liLstoriijuc des tnonutncns de Paris, 1826 (voy. Rev. Enc., t. xxxi, p. "58). (2) Cette fanle, assez commune dans les ecrivains modernes, est iin- pardonnable chez M. de Roquefort qui, pins que personne, doit avoir etii- die le mecanisme dc la langne. 2o6 LIVRES FRANCAIS. I'opinion ties ciitiquos qui seraieul tenles de nc ponsiderer ieur «'iilrej)riso ({iic conuiu; une spei^ulation tie lil)raiiic (i). Cost Ic cadre d'un travail immense, qui doit ctic I'objet des soins constans de son aiileiir, an noble appel duciuel nos savans et nos pliiloK)gnos s'enipressei'onl sans doulc dc repondre ; c'est dc la rennion dc tonics Icurs Inmieres qne eel onvi'age doit Jillendie le degre de peii'eclion on plutol Telat le moins im- parlait oii I'auteur puisse se flatter d'arriver. Ed me IIlreau. 8'2. — * Lucrece, de la nature dcs choxes, poeme tradnil en prose ; par de Pongerville, avec nne nolice littcraire et bi- bliograplii(ine, par Ajasson de Grandsagne; faisant partic de la Bibliutlieqae laiine fiancaise , publiee sons les auspices de S. A. R. Mgr Ic Dauphin. T. i". Paris, 1829; Panckoucke. In-8" de cvij et 2O9 pages; prix, 7 I'r. Nous dcvons leliciter reditcur dc la bibliotheqne latine- francaisc d'avoir pu conlicr celte traduction an poele qui a rehabililc parmi nous i'antiquc gloire de Lucrece. Un pared travail, dillicile pour tout autre, n'a du ctre qu'nn jen poiu" M. dc Pongerville. Familiarise des long-tcms avec Ic st}'le et avec les theories philosophiques du chantre d'Epicure, il pos- scde, pour ainsi dire, le secret dc tonles ses pensees. Qnand le second volume aura paru , nous nous emprcsserons d'exa- mincr cet ouvi'age, ([ue le nom de sou autcur recommande deja si puissaniment a rattention dn niondc lilterairc. 83. — La Clovisiade, pocme epique en vingt-qiiatre chants, par Darodes, de Lillebonne, membre dc plnsicurs societes savantes. '^° livraison, contenant les 11° et 12° chants. Paris, 1829; iuiprimerie ecclcsiastiqne de Bethune. Brochure iu-8'' de 74 pages ; prix, 2 fr. Nous avons deja annonce les six premieres livraisons dc la Clovisiade (voy. Rev. EncycL, t. xxxv, p. 738 et t. xxxix, p. 731). Nous n'avons aucun motif de rctracter ce que nous avons dit de ce poeme. Ch. 84. — Le voyage da Roi dans les departemens de I'Esl, poeme couronne par V Academic fruucaise en 1829, par M. Bi- GiVAN. Paris, 1829; P'irmin Didot. In-4". 85. — Oswal on la vengeance^ par M. Vigarosy. Caslel- naudary, 1829; imprimcric ile Labadie. In-8°. (1) Voy. rihiivcrsetdn 20 juin, qui s'exprimcsur cet ouvmge en lerir.es fort dins et d'mtc manieie qui s'eluifjne peut-fitre autant ile la veritable crilique que ces eluges exageres dont quelques auteurs seinblenl avoir le monopiile dans lous nos jimrnaux. LITTKRATIRF. 207 8G. — E.fsaix poeiif/iics , par Polydore Bohnin. Marseille, 1S29: Cliaix ct Camoin, libraires; Paris, Desaiiges, rue Ja- cob, n° 5. In-18; prix, 4 f''- 87. — Le coup de pistolet cJiarge d poiidre, ilialonjue entre un vieux classiqvie et un jeune romantique, par VEnnite en Iliissie, Piiiis, i829;Denain, rue Vivienne, n° 16. In-8° ; prix , i fr. Aiicunc analogic ne rapproche Ics difforentes productions que nous annoncons ici : a tout age vraiment poetiquo , tou- tes les oeuvres du genie portent I'cmpreinte d'unc inspiration commune, qui, sans alterer I'originalite du poete, laisse en- trevoir le lien secret qui lerattache a ses conteniporains. Mais dans ces ages niemes, si on descend dans la Ibule, ce carac- tere general disparait, et les traits defamille s'effiicent. Cette reniarque s'appliqne natureliement a trois des productions que nous allons analyser, compositions qui n'appartiennent guere que par leur date au dix-neuvieme siccle. HI. BiGNAN a remporte le prix offcrt, par le ministre de I'in- terieur, au poete qui celebrerait le plus dignement le voyage du roi dans les departemens de I'flst. La marche du poome est cclle du heros : I'auteur entre , a la suite du monarque, dans les differcntes cites , pour y recueillir, pour ainsi dire, ces vivantes emotions qui meritaient de rencontrer dans leur interprete, sinon plus de devoilment, du moins une expres- sion plus animee. Le c(vur seid est poete, a dit Andre Chenier : c'cst-i'i-dire, sans le coeur on n'est pas poete : je crains bien ([u'avec le coeur seul, on ne le soit pas da vantage : rien de puissant, rien d'inspiie dans les vers de M. Bignan. II sem- ble toutefois que le spectacle des fetes publiques aurait du re- veiller son imagination assoupie sous un ciel trop sombre, ct lui enscigner quelque chose de mieux que cette triviale ele- gance que I'Academie s'est vue forcee de couronner, a defaut de poesie : ce qui m'etonne, ce n'est pas qu'un pareil sujct ail Irouve ciuquantc-sept rivaux , mais que cinquante-six d'entre eux soient demeures au-dessous du vainqueur pro- darae. OswnL oil la retigeancc est le titre d'une sorle d'elegie, dans laquelle sont retracees les dernieres emotions d'un condamne. T/cditeur, M. de Laboidsse-Rocliefort , reclame en t'aveur de M. ViGAROsY la priorite d'un sujel devenu celebre depuis ; mais, a la tacon dont est concu le livre dc M. Hugo, on a peine a croire qu'il ait recu Tinspiralion d'un autre. II est plus (lidicile enC(U'e de le croire, lorsqu'on a lu les vers de M. Vi- garo5y , dont la pocsic est sanscouleur, et I'expr^ssion sans ao8 LIVRES FRANCAIS. t'ilegancc. La preoccvipalion qii'ont laissec dans Ics ;1mcs Ics qiH'Slions sotilevet's cUpnis pen , a I'ocrasion dc la peine dc inoii . expliqiierail an besoiii celte renconlrc. Mais, puisque I\I. do Labotiisse se niontie si jalonx des conceptions de son ami, nous pernietti-ait-il de liii demander si rien n'a inspire -k M. Vigaiosy ee cliant dc {'innocence el du honiicur , que Ic condainne cnlend dans le lointain, et qui renouvellc ses don- Icnrs en itMciiiant ses rcmoids ; s'il n'a pas In , dans un des Toliimcs de M"" Delphine Gay . ce chant delicienx d'une jeune fdle, doiit chaqne parole enlre avec tant d'amertume dans le cccnr de Madeleine coupable ? IM. A igarosy a fait preuve de gofll en nous eparjjnant tons les details du sujet. Si M. Hugo I'ent traite en poele , il se tut horne, sans doule, a une courte elegie ; mais 11 ne nous appartient pas de decider si, le pre- nant en philosophe, il n'a pas du suivre une autre niarclie. Quoi qu'il en soit, nous prel'ereiions de beaucoup a ce nior- ceau de M. Vigarosy le leger tableau qui le suit : lajcanc ma- tineiise ne manque ni ile grace, ni de naturel. M. de Labouisse reclame, en terminant sa preface, contre ce pi'ejuge qui tend adesheriter nos provinces de la gloirepoe- tique. Le rectieil de M. Pulydore Boiinin, de Marseille, re- clame plus vivement encore. C'est le debut d'un jeune hom- me , ce sont les premieres emotions d'une ame qui s'eveille a la vie, c'est le premier regard d'un ceil qui s'ouvre sous le lieau ciel de la Provence , et se repose delicieusement sur ces sites encliantes qui, pour iiispirer un poete, n'avaientpas be- soin de ce doux nom de patrie. II y a de la poesie dans les vers de M. Bounin : il y a du charme dans sa simplicite, de la ve- rite dans son accei>t. Toutefois, si sa versification est flexible «l harmonieuse; si, dans ses vers, le sentiment se traduit ai- sement en image, il faut aussi convenir que la pensee est sans liardiesse et sans mouvenient. Ce n'est pas la une ame forte de poete. II semble que le beau ciel qui I'inspire I'enivrc de .sa douceur et enleve toute force a son esprit. Lisez I'ode que le jeune poete a consacree a la gloire de sa ville natale ; il s'e- leve un moment, mais bientot sa muse retombe et s'endort sous le poids de son sujet. Cette ode, a tout prendre, meri- lerait d'etre cilce ; mais nous aimons mieux faire connaitre a Jiios lecteurs les deux strophes suivantes : Jadis s'oiivrait mon Ame a la douce esperance : Ce n'i'st qii'un songe, lielas ! de cetlc belle eiifance Qii'on ne dvit plus revoir.... M(jn matin rut l'(^clat de ces sanglans images illeu]ain, a laisse la pensee leconde et loug-lems agitee de grands souvenirs, la poesie n'avait pas du s'eiever a la hauteur des lecons de Thistoire, Rieuse , il y a goixante ans, la muse francaise est aiijouid'hui triste et severe : aux deux epoqucs, elle a ete ce qu'elle dcvaitetre, en harmonic avec les ames auxquelies elle s'adressait. Que 31. de Saint-Maure reproche au vulgaire de nos poetes leur meiancolie I'aclice et leurs douleurs imaginaires, nous fletrirons avec lui ce spleen d'une imagination (jui se tourmente pour aiiivcr a I'origina- lite ; mais si Lamartine ct lord Cyron ontlait passer dans leurs vers le doute qui etait dans leurs ames , faut-il les accuser de n'avoir vu dans le scepticisme qu'un nouveau tresor poetique, une nonvelle mine a exploiter au profit du scandale et de la nouveaute ? Nous croyons maintenant avoir le droit de rirc avec iM. de Saint-Maure, de I'aflcctation et des exces de ses adversaires : nous ferons mienx, et, en le citant, nous appelle- rons les lecteurs au partage du plaisir que nous eprouvons a lire ses vers. iNoycz votre sujct dans dus flols d'barmonie ; Dans chacun de vos vers placez un element, \'(il»-/. a tout |)ropos un astie au firmament ; A la mer ses lureurs, au luisstau son niurmure ; Osez vous eniparcr de toule la nature. Que toujonrs le leclenr, en face du solcil, Assisle a son coucher, assisle a son reveil ; T. XLIII. JltLLET 1839. 14 uu) LIVl'.KS FllANCAlS, 1,c soir, iiioiul('7.-l(' (Its layons tli' la liinc ! I)f bcauccMip (I'ecriviiins die a f;iil la ruitinii- ! Muis iin pni'lc adi'iiil, <[ui sail la laieiinir, Peut infinc en plein nii'Ii la (aire iiilervcnir. Mais , nous le rojx'toiis, ces vers iic doivoiU s'adrcsser qii'i'i rexccs : si lo jxxio los dirigcail conlic k"r()iuliiu'''inedcs idecs, il nous forcoriiil dc prendre Ic tilre do sa satire dans nn sens iH-ancoiip pins elendn qn'il n;> I'a vouin lni-nn"'me. A. De L. 8S. — Mmiii.scril tomhccfc la tunc, on liistoii'e ra]>idc et legere dn pcnplc ornilliicn. I'aiis, iSay; Piclion ct Didier, quai des Angnstins. i vol. in-ia; piix, 6 I'r. (^elte csqnisse allegoiifine de notre revolnlion est due a la plnme d'nn savanl niagisliat, (|ni i\il a la fois I'nn dc nos nieillcnrs cito^ens et I'nn de nos pins profonds criniinalistes, et que la mort a receninienl enlcve a la France et a ses amis. (Test le t'rnil de ses lieures de loisir, le delassennent d'un es- prit ingenienx et solide : aussi , dans cet onvrage, il y a grande abondancc de pensecs genereuses, d'apereus leconds et pi- rpiiins snr la revolntion IVaneaise, et de cliand patriolisnic. iMais la rornie sous latpielle toutes ces idees sent reproduitcs, est-elle hcnrense et bien choisie? ISons ne le croyons pas. L'histoire de nos troubles eivils est si dramatiqne, si pleiiie d'interet puissant et de lerons pour Tavenir, qn'on sonffre a la voir ainsi rapelissee et niise, pour ainsi dire, en canea- ture. Qui reeonnaitrait, sous le nom de rautours, de butar.'s, de pouUlnts et autres oiscaux de basse espece, celte conven- tion nationale que Ton n'osc jnger, tant il ya dans saeonduitc de grandeur et de niisere, de vucs sublimes et dc barbares petilesses. j\obespierre, c'est le grand tyran-icorclieiir , oi- seau de Cayenne, nn pen plus grand qr.e la pie-grieehe d'Eu- rope, ajontc one note; Sieyes, e'est lenoir-.^oiici; les Anglais. les mariins-peclwars ; Napoleon, Voiscau dii Nil, puis le grand (tigic : il n'cst pas jnsqu'a M. Decazes, deguise en hotivreiiU , et IM. de Villele, sous la denomination de rlcmi-fin, qni ne trouvent place dans cettc vaste menagerie politique. En verite, il faut bien dn travail et de la patience, pour sc retronver au milieu de ce cbaos cree a plaisir. D'ailleurs, I'allegorie a peidn tout son cliariiie pour nous ; elle est relegnee avec I'idylle el la pastorale, au I'ond dc nos bibliotheques. L'allegorie n'occnpe dans la littlerature une place iniportante que sous les gouveriicmens absoliis et lors- (pi'elle serl de masque aux libres penseurs pour [aire la sa- tire dn ponvoir; mais anjourd'hui (]ne la presse est libre, ou a pen pres, ct que loules les (jncslions poliliqnes el morales LITTliRATURK. 2,, sont a Tortile tin jour, a quoi lion degiiiscr des taifs conrius cic tons, et .III reste, iiioiiensifs, sous tine envelappc qui les rend mcconnaissahles? C'est une erreur ct tin anachroiiisme, <|ue de bonnes intentions et des pa^e^ vives et spirituelies ue peuvent laire tont-a-fait exciiser. A. D. 89. — L'Inconnit, fragniens, avec cettc cpigraphe : Dubius, von improbiis, vixi ; Jncertiis morlor Ens cnliiiin, mlscrcr.c inci. (Buckijicuam's, epilapliia Westminstei-Abbev.) Paris, 1829. Saiitelet, rue de Richelieu. 2 vol. in- 12 de 2i5 et 192 pages; prix, G fr. Les socitjtes yieillissent, couinie les individus; aprcs des jours de vigueur naive, briitale et tnHniiente, puis de force calme et de grandeur, vicnnent des terns de di^crepitude et dc niarasine, oi'i rogo'isme reste la senle passion energique, on les goCils biases ne tronvenl plus rien d'assez violent , d'as- sez monstrueux pour les reveiller. Tel doit <:'tie I'etat de no- trecivilisation, s'il est vrai, comnie on I'a son vent repete, que la litterature soit I'expression de la sociijte. — Les auteurs ont-ils tort de ne plus nous prt^-senter que des sujets d'timo- lions horribles ; de prendre tout ce qu'il y a de plus d'pouvan- table et souvent de plus degoOtant dans la i ealite de la vie pour en orner lenrs fictions? iNon, piiisqu'ils rtl-ussissent ; non, puisqne des ouvrages plus parlaits, sous le rapport de Part, maisqui n'ont pas rallrait du hideux, passent sans autre sur- ces que les siilfrages pen bruyans de quelques hommes de goCtt. II vculent et doivent einonvoir; il laut bion qu'ilspren- nent la seule voie qu'ils aient pour y parvenir; car, je ne pense pas. quoi qu'on en dise, qu'il appartienne aux ectivains, meme supcrieurs, comme Voltaire ou romine Rousseau, de mDdifier sensiblement la societc; son etat agit sureux. sans qu'ils aient jvresque un seul moyen de reaction. Acceptons done celle litterature nionstrueuse, puisqiie nous I'avons de- mandee ainsi, et ne nous plaignons pas de niets trop (I'pict:-.--, quand toutes les Molluques ne pourront bientot plus aiguiser notre appelit. Cct indice n'estpas le seul : rcgoTsme est aujourd'hui orga- nise en sysleme; et quelques hommes ont iiiOme parle d'en faire la base de toute morale et de toute religion (1). Les hai- (1) Voy. le Catichismc dc Ui hi naturcllc, pai- Toi.Miv, el les eciilsilc pliisinurs rlistipirs de .S*I^T-SIMO^. aia LIVHKS I'll A N(; A IS. nc* v.i \v% iilVeclidiis iiatioiialt's h'i'leiii;noal ; les iiiouYemtiis dr masses paraisseiit (l(Jsorinais impossiljics; et si, coniiueon doit resperor, les liiinirres (Icsci'iidcnt l)ientut jiisf|iu' dans les flasses iiifi'iiemos, la rt'volutioii Iraiicaise ct la lude des llel- iciies auroiit vlv prohahloincnl les demit res <()inniotions po- piilairesipii doivi-nl eiisanfi;laiitcri'liisl()iie de I'Eiirope. Oiianl aiix cToyancesreligieiiscs. el luemcaiix fonvictinus inoiales, il n'en faiil cioirc ni les orgaius habiUiels des idees libeiales, ni lenr? adversaires : un pretre rlocpicnt el lanaliqiiea niieiix de- «)it re qui se passe. 11 a mis le doiji^lsur la plaie : noire nkerc. eVsl rindiffeiencc ; rindilleience des ehoses morales et reli- i;ienscs, parce que les elioses malerielles et presenles tiennenl troj) de place. I'ne I'ois deja, eel elal de I'aiblesse ct tic decrepiliidc dans les arts, dans les mociirs, dans les croyaiicos, s'etail preseate, presneuse , LITTERATlillK. ii3 disposition devouuc pies(|uc gcuerale jiuiuii la jctinesse (la jeunesse lettree), et que Ic ridicule ne oiierira pas. Le seul parti quo j'aie a prendre, c'est de conseillcr la lecture de ce livre, qui vaut phis que ue promel son tilre. On y tronvera, non do raniusciuent, niais des snjetsdesirieuses meditations, des questions importautes traitees souvent avec une grande superiorite, quelquet'ois avec une grande faiblesse de logique et de raison, niais toujours attachantes par leur gravite. On nequittera pas I'ouvrage, sans aimer I'auteur, sans le plaiii- dre de ce desenchantement universel qu'il n'est pas seul a eprou\er. J'ai des raisons de le croire tort jeune; son style en est une preuve presque evidente; je n'en dirai qu'un mot : il y a dans VInconnu quelques pages que ne desavouerait point M. de Chateaubriant , et quelques autres qui ne sembleni; pas meme digues d"un ecolier de sixieme ; je regrette que lespace qui m'est accorde ue me perniette pas de justifier cette assertion par des citations de Tim et de I'autre genre. A. P. 90. — L' AngLu-Irlandais du xix° siecte; roman historique irlandais, par M. Bamm ; traduit de I'auglais par M. A.-J.-U. Defaucoinpret, li'aducteur des ronians historiques de Sir Wal- ter Scott. Paris, 1829; Gosselin. 4 ^'jl- in- 12 I'ormant en- semble 980 pages; prix, 12 fr. (Voy. Rev. Etic. , t. xl, p. 747» et t. xLii, p. 2 1 5, I'annonce des deux premiers romans du meme auteur. ) Nous avons dejii lait remarquer le penchant de M. Banim pour les dissertations politiques; il y a cede, dans ce nonvel ouvrage , plus souvent encore que dans les precedens ; et il en resulte des longueurs et des hors-d'oeuvre d'autant plus fati- gans que I'ecrivain a su preler plus d'inlcret a Tintngue et aux personnages de son roman. Le travers qu'il s'est attache a peindre dans la personne de V Anglo-Irlandais est celui d'un grand nombre de ses compatriotes que la vanitc exile loin de leur pays , au milieu d'une societe doat ils s'etforcent en vain d'imiter les manieres et d'acquerir les suilVages, et qui cher- chent inutilenient a cacher, ce qu'ils regardent comme une honte, leur origine etrangere el leurs relations avec un peu- ple pour lequel ils afleclent de partager le dedain national des Anglais. Gerald Blount est le Ills d'un seigneur irlandais, lord Clangore. qui a participe puissamment au I'ameux acte d'u- iiion, et qui, par suite de cet acte. a passe en Anglcterre el s'est allache au sort du miuistre, auteui' principal de cette grande mesure. Les prejuges de son pere out cloigne soigneu- semenl Gerald de tout contact a\ec I'Irlando on ses habitans; ii4 LIVRES FUANCAIS. Min I'lliiralioM a eti- tout aiif^laiso ; il liii doit toiitcs Ics pre- ventions ilu l)eaii nionile ile Londies contre le jienple, Ic lan- {jage, les mccurs, Ics nsagcs et le {;enie national de sa patrie veritable; mais sa destinie est de rectifier par I'exptrient'e ces fansses notions arcredittes par rignorante ct la man- vaise foi. Le liasard le rondnit , sans qn'il s'en doute, snr celtc terre oii il a I'ait sernient de ne jamais nietlre k"; pieds, et le rapprotlie de la popnlation energiqne et spirituelle qne Ics lieux tonimnns de la conversation anglaise I'avaient liabitne a con- siderer tont an pins comnie nne reunion do brntcs sans intelli- gence el sans verlns; le liasard Ini lait anssi connaitre et adorer lescharnies et I'csprit d'une (illc de I'lrlande ; et Gerald Blount fait amende honorable an beau pays qu'il a si long-tems me- connn, et qu'il a enlin appiis a niieux apprecier, sans cepen— dant fcrnier les yenx sur la situation deplorable oi'i I'ontplongo la tyrannic et Tinjustice d'linc nation rivale. jNous avons retrouve avec plaisir, dans cc roruan, qui nous semblc appaitenir philot an genre dn roman de moeurs qu'au genre hislorique, tontc la verve et tonte roriginalite de I'an- tenr de Crolioore Na BiltogUe. II y a deux on trois caracteres cussion cntre Taulenr ct un profe.'iseiu' ct'U'l)re, M. Cousin , qui s'est plaint d'y elre mis en scene sans raison et sans verite, elle contrihuera pour sa part a exciter la curiosite dn public. II. P. licaux-Aits. g'2. ■ — * Collection dc coslitines, aniifs ct i»eablcs, pour scr^ \ir a riiistoire de France, depnis Ic conimenccmentde la mo- narcbie jusqu'a nos joui's; par le conite Horace de Viel-Cas- TEL. Paris, 1829; Jules Renoiard, rue de Toinnon; Bos- sange, rue de liicbelieu. Cet ouvrage est public par livrai- sons in-4°, composees cbacune de 5 litbograpbies coloriees et de 4 pages de texte. Dix-sept sont en vente; prix de clia- que livraison, 12 iV. Nous avons annouce avec eloges la publication des deux premieres livraisons de ce bel ouvrage (Voy. Rev. Kiic, t.' xxxiii, p. 82G). Cellesqui ont paru dopuis ne leur sont point inl'erieures; c'est toujours le niemc luxe dans les plancbes et dans I'impression du texte, qui est fort remarquable sous Ic rapport bistori(jne, mais dans leqnel on pent regretler de ne pas trouvcr assez de details snr I'oiijet special de la collection, les costumes, les armes et lus meubles. II nous semble aussi que I'editeur aurait pu niulliplier moins les dessins de statues royalos; quiconque a visite avec quelque attention les vieilles callu'drales a yu beaucoup de send)lables monuniens, aux- (|uels on nc pent demander de la ressemblance avec les per- souuages representes, et qui sont. pour la plupart, d'un tra- \ail bintet grossier. Maisces objets ne laissent pas d'avoiren-. core de I'interet pour I'bisloire de I'art; nous en avons re- marque d'autres (jui sont Ires-propres a exciter la curiosite; tels sont, par exemple, la statue de Clotikk, tirce du por- fail de N. D. de Corbeil, le Gucrriei- franc, arme pom- le ('oni!)at, figure tirce d'un manuscrit dn vn'' s'ecle , Vcpee da Charlemagne, dont I'editeur aurait dCi etaljlir de quelque ma- niere rauthenticite, etc. — ^ JSous pensons que cette coHec- litni sera I'ort utile a tons ceux qui s'occupent d'eludicr les premiers terns de noire liistuire, et qu'elle plaira beaucoup, memc a ceux (jui nc cliercbent qn'asatijl'airc une curiosite plus fiivole. U. iiG LIVllES FRAiNCAlS. c)5. — * Isof^ra-phie des homines celi-hres, ou Collecli(Jii dp fac- simile de leltrcs aiitograplios, rt de .signatures dont Ics origi- iiaux se Iroiivenl a la liiljlidllirqiio dii roi, aiix archives dii royauiiic, et dans des coliecliun.s partienlieres. Livraisons xxi, XXII et xxiii. Paris, 1829; Bernard el Delarue , rue IN'otre- Dame-dcs-> icloires, n" iG. 3 cahiers in-4°- Prix de chaquc livraison, papier ordinaire, G I'r.; papier velin, 10 fr. Le.s y'nvj^t livraisons (|ui dcvaient lormer cetouvrajie ont ete loin de suflue a la curiosite des amateurs d'autoj;raplies : les editeiirs de I'lsograpliie , assez riches pour pouvoir..repondre i\ leurs desirs, ont continue la publication dc rette collection dont nous avous rendu conipte plusieurs I'ois. lis s'ai'reteront cependant a la trentieme livraison : non qu'alurs ils puissent regarder leur ouvrage coninie complet, niais du moius com- mc renfermant les noms les plus fails pour inleresser loutes les classes d'amalenrs. Le choix des lettres est tri's-varie, et les celehriles conteniporaines sent melees d'une maniere pi- quante aux illustrations anciennes. Nous,avons eu lieu, dans nos precedens articles, de nous arreter a quelques rappi-oche- mens singulicrs, et de faire quelques observations sur le soin qu'ont apporte les editeurs de ce recueil a le rendre digne du puldic ; nous ne pourrions que nousrepeler, en annomant les irois livraisons qui vienncnt de paraitre. Nous ajouterons que, coidorinement au desir de plusieurs souscripteurs , les edi- teurs publieront a la fin de I'ouvrage la copie des lettres les plus dilTiciles a lire. C. 94. — Cahicr moclele Ullwgrapliic, par Mantoux, sous la direction de M. Micbelot, cheld'institution, etde M. (iEORGE, professeur. Paris, 1829; Colas; Baudouin. Cahier in-lblio de 20 pages; prix d'un cahier, 2;) c. ; de cent cahiers, 20 fr. Onze des vingt pages dont se compose chaque cahier-mo- dele portent en tete un exemple d'ecriture cursive, execu- tee avec beaucoup de soin, et sont reglees en encre pale. Chaque p.ige en regard est blanche, afin que I'eleve s'habitue a y reprodiiire, sans reglure et d'apres les corrections du mai- tre, la page qu'il vient d'ecrirc sous I'exemple. Ces cahiers, qui sont tout prets a elre donnes aux elevcs, epargnenl aux instituteurs beaucoup de terns et de peine; de plus, ils offrent I'avantage de mettre sous les yeux des ecoliers des modeles d'une grande purete et toujours executes de la nieme ma- niere. Sur la page de litre, on a laisse la place necessaire pour mettre le nom de rinslituteur ou de I'etablissement, celui de releye, et le iiumero de la classe a laquelle il ap- partient. Z. MfijlOIRES ET RAPPOllTS. 217 Mi moires et J\apports de Socictes sacanies. r)5. — * Memoires et dissertations sur les anliqidtcs nationa- les et dtrangeres , publics par la Socicte royaledes antiqti aires de France, t. viii. Paris, 1829; Seiligiie, rue des JeQneurs, n° j4- In-8° cle 492 )>ag;cs, oriio dc 17 plans et de figures li- thographiecs ; prix , 8 I'r. La Societc royale des antiquaircs de France poiirsuit le cours de ses utiles travaux. On lira avec un vil' inleret le nou- veau volume qu'elle public, et 011 Ton Irouve des Memoires rediges avec bcaucoup de soins, sur I'anliquite et le moycn age, au nord , au midi, a Test et a I'ouest de la France. Le compte rendu general des traraiix de la societe est presente par M. Drojat; il prouve sur quelle variete d'objets se sent etendues les recherches de la societe. ftl. Rolle a Iburni une analyse de son ouvrage sur le culte de Bacchus; et M. de Fremikville', un Memoire sur les monumens druidiques du ftlorbihan. Ine notice sur la ville et le comte de Scarpone (Meurthc) est d'autant plus interessanle qu'elleest I'ouvrage d'un cure qui a vecu long-tems sur les lieux, d'oOi beaucoup d'objets curieux out disparu ; le baron de la Doucette, qui a visile ccs anliquites, ya ajoule des notes, dont les dernieres parties entreront dans le t. Ix^ On lui doit encore des obser- vations sur Mons-Selcucus, ville romaine, du pays des Vo- conces, dont il a mis au jour les ruines, lorsqu'il etait prefet des Hautes-Alpes ; d'aulres , sur les langues provencale et ca- talane , et particulierement sur le troubadour Guillaume de Cabestaing, dont il a public I'histoire; enfin, des rcmarqucs sur une ancienne piece de musique des Hautes- Pyrenees. On doit a M. Desmichels une notice sur la dansc des olivet- tes; a M. Cavx, la romance de Clotilde et une dissertation bur les tombeaux; a SI. PiATAro jeune , la description d'ob- jets d'antiquites, trouves dans la foret de F'ontaineblean; i M. Di'Gi'E, celle des monumens de I'ancien Maine; a M. Du- maige, des inscriptions hebraiques, decouvertes a Narbonne, et une inscription dc Toulouse, avec des remarques de M. Berriat-Saint-Prix; a ce dernier savant , un rapport sur les antiquites et les bains d'Uriage (Isere) , et des recherches sur les proces relatil's aux animaux. M. Delacroix a decrit un poignard antique, trouvedansun rocherdel'Ardeche; M. Ver- GNAUD-RoMAGJiESi , uu bas-rclief en bois , decouvert a Sully ; M. GuERRT, les usages et les traditions du Poitou ; M. Billau- DEL, un aqueduc antique de b Gironde; M. Lappret, des monumens antique?; M. Bodlays, un oimetiere romain, pres du village de Bergere (Marne). M. Ignon a fait connaitre Tancienne existence d'une colonic juive dans le Gevaudan; ai8 LIVRES FllANCMS. ]>r. DE lA PiLAiE, raiicien clKlteau de Saiiile-Siizamic el dcs dolmens, dans son voisiiiag^e ; M. Dvvivier, des ol)jas en Al- lema};ne. On voit que Ic volume, public- par la Soeiele dcs anli<|naires, n'cst pas infiMicura ceux qui I'ont precede, et •pic les amateurs des antiquites iiationales y trouveronl unc ample moisson a recueillir. L*. yO. — Analyse dcs travoux de la S'icii'le royale d'cnutla- lion d'AhbenUle , pendant I'annec 1828. Abbeville, i8r?g; H. Deverite. ln-8° de 4^^ pages. La Soeiele royale d'eimdalion d'Abbeville, ercee en 1797, avail, pendant Ics cinf[ premieres anneesde son etablissement, cberche a repandre dans celte ville le gout des sciences et iles Ictlrcs; mais la voix et les actes dcs membres zcles qui la com- posaient n'avaient pu prevaloir sur les jouissances habiluelles des parlies de jeu, de cbasse , dcs repas el des discussions oiseuses de preeminences de rangs et de classes. Force avail ele a celte Soeiele de renoncer . en qvielquc sorle , a concourir par ses publications a la civilisation el an bien general de ce pays. Animee d'un nouvean zele, el ravivec par ])lusieurs hommes laborieux qui ne reculent point devant la tache difli- cilequ'avait enlreprise leursdevanciers, la Soeiele d'cmulalion d'Abbeville, apres un silence de plus de quinze annees, vienl de publier I'analyse de ses travaux de i8i8. • — La pocsie et la litteraturc paraisseul avoir cle presquc exclusivemenl, pendant le cours de celte annee, Tobjet de predilection d'luu; grauiU; parlie de ses membres; tragedies, comedies, vaudevilles, ele- gies, chansons, nouvellcs et romans y prcsentent iavorable- inent les noms de MM. Depertlies, Maii^c, Depoilly , Devis- mes, Tronnet et de la liivierre ; la paitie bislorique et arclieo- logiquc parail aussi avoir ele sludieusemcnl trailee ilans divers Memoires et Notices de MM. Louandie, de Cnwpenelle, Gail- Ion et Clurest. Le secretaire, dans un rapport remar(piable ])ar reli'gance et la precision, fait espeiei- ([u'il ollVira. dans i'analyse des ttavaux de 1829, des Memoires sur les sciences ualurelles el de nouvelles recoltes dans les champs de I'archeo- logie ; il termine en faisant des va^ux poiu' que la Soeiele pviisse ouvrir des concouis propres a developper et entrclcnir dans cc pays une louable emulation. ***. Outrages pniodi(fitcs. 07. — Lc Pirate, revue hcbdomadaire de la litteraturc ct OUYR. Pl!:U. — Liy. E^ LANG. tn\. aig des juurnaux. On s'aboniic a Paiis, chez Sedillot, lihrairc, a/i bureau d"e la Revue Encyclopht'ujue; prix, pour5niuis, 12 fr.; pour G mois, 20 IV. ; puiir I'aniu'c 5G (r. Nous nous enipressoiisdesignaliM'i'i noslcrtcurs la publication de ce journal, dont le but est d'extraire des feuilles periodiques quiparaissent en France eta Totranger tousles articles piquans et instructifs qui se rattacheront a la litterature et aux nouvelles du jour, d'eviter ainsi alcurs abonncs la peine de pan-courirdes jouriiaux dont le nonil)re augmente chaque jonr; de leur pre- senter en un mot le resume de lapresse periodique. Les redac- tcurs du Pirate se sont deja fait connaitre par des productions que le public a paru accueilliravec favcur, etc'est unegarantie de plus pour cc nouveau journal, qui sera surtout utile dans les departemens et dans les pays etrangers, on il est difficile do se piocurer I'immense quanlite de journaux, de recueils, dc feuilles dc tout genre ou le Pirate puisera ses maleriaux. Litres en langucs etrangdres , imprimis en France. 98. — * Longi Pastoratia. — Pastorales de Longus, publices integralement pour la premiere fois en grec, d'apres deux ma- nuscrits decouvertsen Italic, par Courier; nouvelle edition, revue et corrigee parG. R. Louis de Sinner. Paris, 1829; Firmin Didot. In-S". Celte belle et excellcnte edition est due a un jeune philo- logue aussi habile que modeste, M. de Sin>er, dont les savans travaux doivent etre chers aux amis de I'erudition francaise, puisqu'il s'est engage a consacrer uiie partie de ses veilles I'l la reproduction d'un des plus grands monumens dont elle s'ho- nore, le ti-esor de la langue grecquc de Henri liitienne. Son edition de Longus, conforme a celle de Courier deventic de bonne heure si rare, se recommande par les ameliorations et les additions suivanles : 1" une correction du texte plus grande, surtout en ce qui regarde les acccns ; 2° I'indication exacte des passages cites par P. L. Cornier dans ses notes : Courier qui n'avait pas de livres lorsipi'il preparait I'edition de Longus, qu'il publia a Rome, rapportait li'S passages de memoire ; 3° de nombreux et importans cxtraits des notes francaises de /?. P. Brunch sur I'edition de Longus par Villoison, iioles que Ton conserve i\ la bibliotheque du roi. I'nc preface , redigee avec talent, faitconnailre les secours que ?.J. de Sinner a recus pour la publication de son travail. Elle eontient, en outre, \\n catalogue dctaille des editions taut completes qu'incompletes qui out precede la sienne , celui des traductions francaises, al- lemandcs et ifalienncs de Longus. avec le releve des auteurs qui ont parlc de cet ingcnicux romancicr. Ccs details indi?- 230 LIVRES Ei\ LAXiLES ETllANGERES. pciisal)les pour une Ijoiiik; odilioti de Loiigiis sout siiivis dime lisle curieuse et loiit-a-lail ueuve dos rniniiiis grecs d'niie date reccnte. Nous y apjuenons que M. de Si>m;r esperc pouvoir donnerquclqne joui' une edilion critique de la traduction jjrec- que des Fables tic Pilpai, (^ouiposee vers 1080, par ordre de rempeicur J lexis Comnciic. Le lexle est precede de I'extrail de VIdstory of /icliun de J. Dunlop relatil' aux romans nom- uies Pastorales. On nc pent que louer M. de Sinner d'avoir orne son edition de ce morceau inleressant , qui, indepen- damnicnt de son meiite reel, a encore I'avantage de faire connaitrc un livre tres-peu repandu sur le continent. Vient eniin le texte soigne avec une correction parl'aite, et iinprime avec tout le luxe des presses de F. Didot. L'ouvrage est ter- mine par quarante pages de notes, oCi divers points de phi- lologie sont Iraites avec un savoir et avec une soiniote rare.-) dans les ouvrages d'erudition. E. 15. C)C). — * Commedie Scelle , etc. — Comedies choisies A'' Al- berto NoTA. Paris, 1829; Baudry; FayoUe; Bobee etHingray. In- 12 de XXIV et 476 pages; prix, 4 !''• La. Revue Encyclopedie/ue a deja reiuhn'omplc, dans la section des analyses (voy. t. xxxvi, p. G64), des comedies de M. Nota. Celles qui composent le volume que nous annoncons sont an uonibre de cinq; savoir: II Proggeltista (rHoninie a projets), illSuoio Ricco (le Nouvean Uiche), ilFilosofo Celibe (le Philoso- plie Cclibalaire), /'^I. Clianipollion dans sa lettre du 1^ du meme mois, nous ahordames pros de Sais. Nos fusils sur I'epaule, nous gagnames le village de Ssa-cl-Hngar qui est a une demi-lieure du lleuve. ISous nous dirigdnies sur luie grandc enceinte que nous aperccvions dans la plaine depuis le matin. L'inondation, qui couvrait une partie des tenains, nous forra de fairc quelques detours, et nous passames sur une premiere iiecropole egyptienne, batie en briques crucs. Sa sur- face est couverte tie debris de poferie, et j'y ramassai quel- ques fragmens de figurines funeraires : la grande enceinte n'e- tait abordable que par une porte tout-a-fait moderne. Jc n'essaierai point de rendre I'impression que j'eprouvai apres avoir depasse cette porte, en trouvant sous mes yeux des masses enormes de i^o pieds de hauteur, scmblables a des ro- chers dechires par la foudie on paries tremblemens de terre. Je courus vers le milieu de cette immense circonvallation, et je reconnus encore des constructions egyptiennes on briques crues, de i5 poucos de long, 7 de large el 5 d'cpaisseur. C'etait aussi \U\c nccropole , et cola nous expliqiia une chose jusqii'ici asse/, embarrassante , savoir, ce que faisaient ile lours momios les villes situoesdansla Basse-Egyptc ot loiii des luon- tagnes. Cette seconde nccropole dc Sais, daus les debris de la- quelleonreconnait encore plusieurselagesdepelites cham!)ies funeraires (el ildevait yen avoir un noml)reinrini),n'a pasmoins de i4oo pieds de longueur et pros de 5oi) delargeur. Surlcspa- roisde quelqucs-unes des chanibros on trnuve encore un grand vase de lerre cuite qui servait a renfermer les intcstins desmorts, et faisait roUice des va-es di!s Canopos... ■Nous avons reconnu du bilume an fond de I'un d'entre eux. .. Les dimensions de la grande enceinte qui renfeiTnait ces edifices, sunt vraiment eton- nanles. Le parallelogranime qu'elle forme n'a pas nioins de 1440 pieds sur les jietits cotes, et de 2160 sur les grands : elle a ainsi 7,000 pieds de tour. Sa hauteur pent etre eslimco a 80 pieds, el son cpaisseur mesiiiee est de 5 /j pieds : on pour- 2.i4 AFUIQUE. rait lUiiic y ronipu r les giaiides briques par millions. Celle circoiivallation dc grant iiie paiait avoir rciiCcrinc Ics priiici- paiix tjtlitices sacrcs do Sais. Tons ceiix ilont il restc des de- bris (i[i\\ciU dts lu'cro/Mles ; ct, d'apres Ics indications fonrnics par Hc'-rodotc. I'eiiccinle qne j'ai visitcc reni'ernierait les lom- l)eaux (.VyJ pricit ct ties rois Suites scs ancctres. De I'anlre cote de oenx-( i , scrait le nionnnieiit fnneraire dc I'usurpatenr y^??(«.s(,<. La partic de renceinle, vers le Nil, a pii aiscmcnt con- tenir le grand temple de Meitb , la grande deessc de Sai's, et nous avons donne la ihasse a foiips de i'nsil a des cboncttes, oisean sacre de Minei've on IVeitli, qne Ics medailles de Saiis et celles d'Athenes, sa fille, portent pom- amies pariantes. A (juel([nes centainesdetoises de Tangle voisin de la I'ansse porte existent des collines c[ni convrent nne troisieme nccropole; c'etait celle des gens de qnalite ; on y a dcja Ibnille et j'y ai vu un enorine sarcophage en basalle vert, celui d'nn gardien des temples sons Psamnuiiclius II. M. Uosetli , son posses- seur, m'avait pcrmis dc Tcmporter, mais la dcj)cnse serait trop considerable, et le moniiment n'est pas assez important pour la risqnt'r. A men retonr en Basse-Egypte je lerai laire des fondles snr cc point-la et sur qnclques autres si I'etat des fends me le permet. Cette dernicre remarqne est importante; avec pen d'argent on pent faire beauconp, et je serais adlige de quitter ce pays sans avoir pu assurer, a pen de frais, I'acquisition de monumens de choix, les plus propres a en- richir nos collections royales, et a cclairer leatravaux histori- ques de nos savans. J'ai I'espoir qu'on voudra bicn m'aider ponr raccomplissement de ccs aucs d'nne ntilite incontes- table. )) IVons arrivions an Caire an bon moment ; ce jour-lii et le lendemainctaient ceuxde la fete que les rnusulmans celcbrent pour la naissance du propliete. La grande et importante place d'Eibfktek , dont Tinondation occupe le milieu, etait cou- verte de monde cntouiant les baladins, les danseuses, les cbantciises ct dc Ires-bellcs tcntes sous lesquelles on prati- quait des actcs de devotion. Ici, des musulmans assis lisaient en cadence des chapitres de Coran ; la, 5oo devots , ranges en ligncsparallcles, assis, mouvant incessamment le hant de lenr corps en avant et en arriere conime des poupccs a charniere, chantaient en clianu' , La-Jllali-EW Allah (il n'y a point d'aulre Dicu ([ue Dien ) ; plus loin, 5oo energunienes, debout, ranges circulaircment, sautaient en cadence el ponssaient, du fond dc leur poitrine epuisee, le nom (Vylllah, mille fois repete , mais d'un ton si sourd, si caverneux, que je n'ai en- AFRIQUE. 325 tendu de m;i vie un choeiir plus inlernal : cet effroyable boiir- donncment semblait sortir des profondeurs duTartare. A cote de CCS i-eligieuscs demonstrations, circulaient les miisiciens et les fdles de joie; des jeux, des escarpolettes de tout genre etaient en pleine aclivite : ce melange de jeux profanes et dc pratiques pieuses, joint a IV'trangctc des figures et a rextrcme variete des costumes, formait un spectacle infiniment curieux, et que je n'ouhlierai jamais On a dit beaucoup de nial du Caire : poiu' moi , je m'y trouve fort bien, et ces rues de 8 a 10 pieds de largeur, si decriees, mc paraissent parfaitement bien calcnlees pour eviter les trop grandes chaleurs; sans etre pavees, elles sont d'une proprete remarqua!)Ie. Le Caire est une ville toutenionumentaie ; la plus grandepartic des maisons est en pierre, et a chaque instant on y voit des portes sculp- tees dans le gout arabe; une multitude de mosquces, plus elegantes les unes que les autres, couvertes d'arabcsques du meilleur goiit et ornees de minarets admirables de richesse et de grace, donnent a cctte ca])itale un aspect imposant et trcs- varie. Je I'ai parcourne dans tons les sens, et je decouvre chaque jour de nouveaux edifices que je n'avais pas encore soupconnes. Grace a la dynastic des Thouloumides , aux cali- (cs Fat/ mites , aux sultans Ayoublles, et aux mamelouks lia- hariies , Ic Caire est encore une des viiles des Mille et une nuits, quoique la ])arl)arie ait detruit ou laissc detruire en tres- graude parlie les delicieuxproduits des arts et de la civilisation arabes. J'ai fait nies premieres devotions dans la mosquee de Thoulouni, edifice duix'sieclc, uiodele d'elegance et de gran- deur, que je nepuis assez admirer, quoiqn'il soit amoitieruine. Pendant que j'cn considerais la porte , un vieux scheik me fit proposer d'entrer dans la mosquee : j'acceplai avec empres- sement, et je francliis lestement la premiere porte ; on m'ar- reta tout court a la seconde : il fallait entrer dans lelieu saint sans cliaussure ; j'avais des boltes, mais j'etais sans bas ; la difficulte elait pressante. Je quitte mesbottes, j'emprunte un mouchoir a mon janissaire pour euvelopper mon pied droit, un autre a mon domesticiue niibien Mohammed, pour mon pied gauche, ct me voila sur le parquet en marbre dc I'en- ceinte sacree; c'est sans conticdit le plus beau mouument arabe qui reste en Egypte. La delicatesse dessculpturcsest in- ci'oyal)le , et celtc suite de portiques en arcades est d'un effct charmant. Je ne parlerai ni des autres mosquees, ni des tom- beaux des califes ct des sultans mamelouks, qui forment au- tour du Caire une seconde ville plus mngnifique encore ([ue T. XLIII. JUILLET I 829. l5 a'26 AFRIQUE. I;i pieniiore ; cola nic niLMCiail trop loin , cl c'(>n est asscz de la vieillc Kgyptc, sans lu'occnpcr dc la nnuvellc. » Apres avoir visite la (•itadcllc dii C-aiie m'l se trnnve Ic Ih- nieux piiit.i (Ic Jusrp/i ( le piiils do S ala/t-Eddin-J oassouf, Sa- tiidin), cl on 11 rcniarqua, enire anlies clioses cnrienses, nn grand nonibri; dc blocs de gi'os portant la legende royale, le nom (hi prince sons Ic rognc (hif|iiel ils out etc cxtraits dc la carricre, avec un litre qui I'ait connaitre la destination du bloc ponr Memphis , IM. Champollion s'enibarqna de nonvean sur le Nil avec ses compagnons de voyage, ponr aller visiter d'al)Ord les grandes carrieies qni se tronventan-delu dn flenvc en face de Memphis, et ensnite la plaine ou ])rillait jadis cetle ville celcbre. 11 y fit encore dc nomhren.ses observations qne nous regrcttons de ne ponvoir rapporter avec detail. 11 qnilta , le I 1 octobre, les pyramides dc Gizeli , dn pied dcsqnelles sa cin(|niemc lettre e>t datce, ct, aprcs avoir slationnc en plu- sieiirs lieux, arriva, Ic aJ octobre, a Benl-Hassan. Nous lui laisserons laire a lui-memc riiistoriqnc de ses dccoiiverles. « A I'aiibe du jonr, qnelques-nns de nos jennes gens etant alles, en eclairenrs, visiter les groltcs voisines, rapportcrent qu'il y avail pen a faire, vu qne les peinlures elaicnt a pen pres effacees. .Ic montai neanmoins, au lever dn soleil, visiter ces hypogces, et je lYis agrcablemcnt snrpris dc trouver une cton- nante serie de peinlures part'aitement visiblcs jusqne dans leurs moindres details, lorsqu'clles elaicnt mouillees avec uiic eponge ct qn'on avail enlevc la croCite de poussiere line qui les lecouvrait, ct qni avail donne le change a nos compagnons. Des oe moment on se mil a Ton vrage, el, par la vertu de nos ecliel- lesct del'admirable eponge. la plus belle coufpiC-te que I'indus- Iric humainc ail pu faire, nous vimcs se deroidcr la plusaii- cieiine serie de peinlures qn'on puisse imaginer, toules rela- lives a la vie civile, anx arts el metiers, et, ce qui etait neuf, a la raste militaire. .Tai fait dans les deux premiers hypogces , une moisson immense, et cependanl une moisson plus riche encore nous attendait dans les deux tom])es les plus reculces vers Ic nord : ces deux hypogces, donl I'archileclure et quel- qiics details inlcricnrs ont etc mal reproduits, offrent cela de parliculier (ainsi que plusieurs petits tomheanx voisins), que la porle de chacini d'eux est preccdee d'un portiqne taillc a jour dans Ic roc, ct forme dc colonncs qui resseml)lent, a s'y meprcndre a la premiere vuc, an dorique giec dc Sicile ct (I'llalie. Elles sont cannelces, a base arrondic, ct presque toules d'lmc belle proportion. L'interieur des deux dernicrs hypogees clait on est encore sonlenu par des colonncs s<'mblables : nous y avons tons vu !c veritable type du vicux. AFRIQUE.— ELROPI.— GPiANDE-BRETAGNE. 227 dorique grec, et jc ralTlnuc sans craindre d^utabUr mon opi- nion siir des momimcns dii terns remain, car ces deux liy- pogecs, les plus beaux de tons, portent leur date ct ap- particnnent au rcgne d'Osortaseii , 2'' roi de la 25° dynastie {Tanile) , et, par consequent, rcmontent au ix" siecle avant .]-C. J'ajoutcrai que le plus l>eau des deux portiques, encore intact, celui de I'hypogee d'un cliefadniinistrateur des terres orientales de rHeptanomide , nomme Ncliuliiph, est composee de oolonnes doriques sans base, comme a Pcestinn etdans tous les beaux temples grecs-doriques. ■ « Les peinlurcs du tombeau de Nchdihph sont de veritabies gouaches, d'une lincsse et d'luie beaute de dessin fort remar- quables : c'est ce que j'al vu de plus beau jusqu'ici en Egypte; les animaux, quadrupedes, oiseaux et poissons, y sont peints avec tant de delicatesse et de vorite, que les copies que j'en ai fait prendre ressemblent aux gravures coloriees de nos plus beaux ouvrages d'histoire natin-elle : nous aurons besoin de I'aflirmation des i4 temoius ([ui les ont vues, pour qu'on croie en Europe a la fidelile de nos dessins, qui sont pourtant d'une exactitude parl'aite. » C'est dans ce meme bypogecque j'aitrouve un tableau du plus hantinteret : il represente i5 prisonniers, hommes, fem- mes ou enfans, pris par un des Ills de Nclivtiipli, et presentes a cc chef par un scribe royal, qui lui offre en meme terns »me feuille de papyrus sur laquellc est relatee la date de la prise, et le nom])re des captil's, qui etait de 07. » M. Cbampollion donne eusuile une description detaillee de ce tableau, et de plusieurs aulres qui ont pour sujet Tagricul- ture, les arts et metiers, la caste militaire. le chant, la musi- que et la danse , diverses scenes de la vie domestique, des monumens historiques et religieux, la navigation et la zoo- logie. • — Sa septieuie Icllre est datee de Thebes, oix ses re- cherchcs avaieiil cu deja d'amplcs et riches resultats. EUROPE, GRANDE-BRETAGAE. Nouvelle Icunpe de surcle. — L'ingenieuse lampe invcntee par le savant Davy, et malheureusement uelectueuse sous beau- coup de rapports, a cause dc nombreux accidens , par suite de la confiaucc aveugle qu'elle a d'abord inspire. Elle eclairc i'ort pen, etdans ime atmosphere cpaissc, sa lumiere diminue au point de la reudre nuUe , ou a pen pii's inutile : il estbien dilficile que, dans ce dernier cas, le miueur ne cede pas a la aaS tlUOI'E. teiilntion cl'6lei' I'enTcloppc luet.illiquf , inline au lisqne ile sa \ ie. Pour obvier a cos iiuonvt'iiicns, on a tout dernii'ie- iiienl invonlo un nouveau mode (reclairasf pour les mines. II consistc on un vase dans lequel Ic gnz oxigone so condense : ;i cc vase est allaohee une lanlerne, parfailoment impenetra- ble a I'air, et garnic d'une epaisse lentille de verre. La ianterne pout circ lermee, de faoon ;\ empocher les ouvriers de I'ou- vrir, ct Tadmission du gaz est regutarisee par une sonpape a vis. On pent se procurer du gaz oxigene a pen de frais, et d'ail- leurs le but vaiif l)icn qn'on fasse quelques sacrifices. On ne saurail trop recomniandcr I'nsage general de cette lampe. Elle est de ia pbis urgeute necessite dans les houillieres et dans les mines de toute espece. Nos cliei's de manufactures et d'ateliers out dcpuis trop long-tems a se re])rocher une coupal)le negli- gence, lis sout responsables de la vie des hommes qu'ils tli- rigent, el les accidens qui se midtiplienl accusent luuilemenl leur insouciance et !eur Jcgerete. L. Svv.-B. Southampton. — Coinitc provisoire pour I'amt'lioration da <:ort des Boliimlenf. — I'n memlire de la Sociele des amis. M. C... elait a '^^ inclicsler pendant les assises du printoms de raanee 1827. Ses affaires le Ibrcerent un jour d'entrcr dan,< la salle d'audience : on pronon';ait I'airet de mort d'un bolicmien, nonuiie "NViliiam Proudly, conralnru d' avoir vole itii chcval. En sortant, ii vit dans la conr exterieure la femme de ce mallieureux, a peine iigec do vingt-deux ans, qui tenait un enfant dans ses bras, ct attondait, trcmblante et baignee de larmes, la sentence des juges. A son i-etom* a Soutbamp- ton, o\\ il demeure dcpuis quclques annees, M. C..., encore emu parle souvenir d'un spet'tacle qui lui rappelait que plus de dix millc individus de cette race nomade (1) , errant comme des sauvages antoiu" des lieux babilcs, sans aucunc idee reli- gieuse ou sociale, s'exposaieut chaque jour a la rigueur des lois qu'ils ignoraient, asseml)la tons ses honorables amis, et leur oxposa un projct d'association qu'il avail concu. Le 12 novembre iS'-'-j, il etait parvenu a organiser un comite pro- visoire pour ramclioiation du sort des Bobemiens. L'existence de la veuve de William Proudly ct celle de son enl'ant. Job Stanly, etaient deja assurecs. Tons deux avaient ele places dans une maison dc Soutbamplon, le 39 aoQt de la meme an- nee. Pen dc lemsapr^s la tante de cette femme. Rose Proudly, et une autre femme accompagnee de ses Irois enfans, vinrent I'l) A liixlnriciil xinwry i/fllic ciislovis^ luiliils. imd present sitilc oflhv GRAiNDE-BllETAGNE. — R€SSIE. 129 implorer la hienfaisanoe du comile. On leur prociiia dn tra- vail et I'on envoya les enfans a I'ecole. Lne coininissioii spe- ciale , formee dans le scin du comite, lut ensuitc chargec d'etudier les mceurs et le caractere des Bohemiens et de pro- poser les nioyens les plus faciles de les civiliser. Cette me- sure donna lieu a deux rapports, en date du 5 niai ot du 12 novembre 1828, qui renferment des details interessans sur le genre de vie de ce peuple singulier, et enseignent de quelle maniere on pourrait I'amener peu a pen a se fixer. On parvint en eftet, non sans beaucoup de peine, a enga- ger quelques-unes des families qui avaient forme lour camp et dresse leurs fentes aupres de Soutbanipton, a quitter la vie vagabonde. Les enfans, qui sont en general tres-intelligens, et paraissent avoir des dispositions remarquables pour tons les metiers oA I'adresse est necessaire, apres avoir passe plu- sieurs mois dans les ecoles, sont mis en apprentissage. La plupart des femmes ont une conduite irreprochable depuis qu'ellea recoivent I'instruction religieuse. On cite plus parti- culitiemcnt I'une d'enlre elles, Charlotte Stanley, connue dans le pays sous le nom de la belle Bohemiennc [l/te handsome gipsey^ Son mari ayant ete emprisonne, elle parcourait Soutliampton avec quatre enfans, allant de maison en maisou et disant la bonne aventure. Maintenant elle estelablie, paries soins du comite, dans une maison de commerce. Plus de douze cents exemplairesd'une feuille imprimee, prosentant la serie des questions que doivent chercher a resoudre les per- sonnes qui penetrent au milieu des Bohemiens, ont ete dis- tribues; et I'on espere que d'autres societes se formuront bientot pour le menie objet dans les villes voisincs. Ed. CH...N. RUSSIE. Lnstrvction publk^IjE. — La Gazette de Leipzig, d'avril der- nier (p. 6gi) , donne , d'apres les journaux russes, quclques details sur une nouvelle organisation de I'instruction publique en Russie, et sur des mesures rcicentes que Tempercur Nico- las aurait prises pour la rcpandre plus rapidement encore que par le passe dans les diverses parties de son vaste empire. Un comite, preside par le ministre de I'instruction, avait d'a- bord ele charge d'arreter les bases d'un reglement, qui vient de recevoir la sanction de S. M. Entre autres disposi- tions de ce reglement, uous avons vu avec plaisir la crea- tion de plu^ieurs etablisscmen?; tcl» font : i* Tb nonveau a3o EUROPE. gymnasc a Saint-Pctcrsljourg ot dciix a Moscou, ce qui cii j)orU'ra Ic iioiiibrc a Irois dans fhacnne ile ces deux lilies; 2" (k'ux iiouvfllcs ecoles de ccitIo a khaikol', qui en posse- dait deja une ; o" un nouvean j^yniuasc a Ka/.an, icquel, avec recoie populaire de eeltc yiile que Ton transl'ornie ef;;aienieiit en gymnase, et celni qu'eile avail deja, porte le noniliie de CCS etahlisscnicns a trois dans cetlc univcisite ; /i" eii(in, nu {;ymnasc dans cliacun des quatre gouvernemeus de la Sibcrie. ALLEMAGNE. llTiiversite.i. — Conrs d'cte. ■ — Le? uiiiversites de I'Alle- juagne tiennent peut-etie le j)i'emier rang panni les institu- tions dc ec genre dont s'lionore TEurope tivilisee; on sail avec quelle sollicitude la pluparl des gouverneniens de cb pays s'occupent d'ameliorer ces etahlissenieus scientifiques, soit en y attirant, par I'atlrait de recompenses dignes de lenrs talens, les professeiirs les plus iustruits et les plus habiles , soit en agrandissant an gre des besoins nonveaux la sphere de renseigueuient qui y est ofl'ert aux etudians. Nous essaicrons de demontrer cctte assertion ))ar des faits, en donnant ici le resume des progranmies pidjiics a I'ouverture des coin's d'etc da s quelques-uucs des principales iniiversites de cc pays, et eimprouvant que Ics sciences et les lettres sont en honueur nicMne dans les plus petits Etats, oTi I'exemple des contrees voisines reveille une lonalde emulation.- — La Prusse possede plusieurs nniversites cclebies, parmi lesqnelles celle de Ber- lin occupe aujouid'hui le ]>remier lang. Scs cours sont divi- scs en 10 iacultes ; celle de l/u'ologie comprend 24 L-oure confies a 12 prolesseurs , paimi lesqiiels nous nommerons MM. Ncanc/er^ Sriilcicrinaclier, dc Gcrlacli , JVilken , etc. La facnlte de droit com\i{e 53 cours, precedes de lectures sur la IMethodologie, on les I'reliminaires de la science du droit; MM. dc Savigny , Homeyer, Pidier, Srhma/z, et d'autrcs hommes distingues, soiit charges de cetle partie de I'ensej- gnement. A la {'aculle de inatecine se ratlaclient ^5 cours, parmi lesquels plusieurs, il est vrai , lout doirble emploi, landis que d'autrcs se lapporlent a des specialites tres-res- li'eintes , connne les cours iclatil's a la medecine genei'ale des dents, a la medecine et a la chirm-gie des yenx, aux maladies syphilitiques, etc. Lc celebre Hiifeland ligure a la tctc des prolesseurs de cette lacultc. Celle des sciences p/iilosnp/nques conqtle iG cours, dout le premier est une introduction gcue- ralc a la philosopliie : MM. Hegel, Heysf, [Jennings cl 7 aulic- ALLEMAGiNE. mi jnol'essevrrs president a eel cnseignement. Les sciences mallte- maliques onl i6 cours et 8 piofesseurs,. au nonibre desqucis se trouve le celebre ducleiu .En/.e, charge da coiirs d'astro- noniie- pratique. Les sciences naliirelles ont 54 cours ct iG prcjlcsseiirs , entre aiitres MM. Mitscherllch et Rose, qui se partageiit rensuigtienicut de iachimic. A la faculte des sciences ndministraliies nous comptons 12 conrs et Gprofessenrs. Pour Vhisioire et la geographie , il y a 1 1 cours; le celebrc Charles /{( outre , rUniversite a des lectenrs pour I'enseignement des langucs francaisc , ilalienne, espagnoleetanglaise ; un niaitre de musique , charge de la direction des chreurs academiques , el des prolesseurs d'escrime , de gymnastique ct d'cquilation. La bibliotheque royale , robservatoire, le jardin l)olanique , im niusce d'liistoire naturelle, un cabinet de niincralogie, ime collection d'instrumens et de bandages proprcs a I'exer- cice de la chirurgie; une galcrie d'objels d'art et dc modeUs en platre sont oiiverts aux etudians, et mis a profit pour leur instruction. ■ — Apres Berlin, nous citerons, en Prusse , les universites de Breslau , de Halle et de Greifs-nald. Celle de Brex/fta conipte 11 fa(Mdtes, ainsi composees : Thcologie pro- testante, ig conrs; tlu'ologie callioUque , 18; droit, i';;mco; beaux-arts, (>. Les etudians ont a leur disposition la bibliotheque de I'Universite, des collec- tions d'histoire naturelle, d'instrumens de physique et d'as- Ironomie, dc modeles pour Tagriculture, les archives, un musee d'antiques et nnegalerie de tableaux. — Le programme de I'Lniversite de Halle est divise en 1 1 sections; la premiere ne comprend qu'un cours , intitule : Encyclopniie generate des sciences et des arts, et conlie an docteur Griiher. Les lo sec- lions suivantes sont composees comme il suit : Tlieologie , 24 o,ooo. ALLEJIAGNE.— SUISSE. o^rj versite de Munich, a laquelle le jeiine roi de Baviere a corii- iiuinique une impulsion feconde en utiles resiiltats; surcelles de Jena, qui a dfi sa longue prosperite aux soins tjclaii-es d'uu souverain ami des lettres, et de Heidelberg, qui fait honneur aux lumieres du gouveriiement badois ; et enfin sur celle de Vienne, o\\ nous auiions peut-etre pn signaler quelques traces de la tendance relrogiade qui a place I'Autriche bien en ar- riere de la plupart des autres parlies de la confederation ger- manique. IMais les renseigneinens que nous avons reunis suf- firont sans doute pour faire apprecier I'etat actuel de la haute instruction academique en AUemagne. SUISSE. Reclamation. — LArsANSE, 24 i"«" 1820. ■ — A M. M. A. JiJLLiEN, fonf/atettr -direcieiir de /« Revue Encyclopedique. — Depuis quelque terns, on parle beaucoup de nous; ily a, veuillez en croire un homme que vous honorez de votre es- time, une grande exageration dans les torts que Ton nous donne. Ce qui s'est fait dans le canton de Vaud depuis 5o ans; la creation et le developpement progressif des diverses parlies de I'administration pujjlique, civile, jndiciaire, financiere, militaire, de ses etablissemens de detention, de secours, d'instruction elementaire et superieurc; I'empressement el, j'ose dire , le succes avec lesquels il a cherche a suivre , autant qu'ont pu les permettre les moyens d'un pays dont la popu- lation egale a peine celle de I'une de vos villes du second ordre , le noble elan que prennent aujourd'hui les grandes na- tions : ces preuves multipliees de notre tendance vers les ame- liorations auraient dfl vous cmpecherd'accueillirtropprompte- ment les accusations dirigees contre nous, et qu'un exanien uttentif vous fera sans doute apprecier a leur juste yaleur. La Revue Encyclopedique , qui nous a souvent rendu justice, n'aurait pas du, seion moi, adnicttre, sons corrections, I'ar- ticle severe que je viens de lire dans son cahier du mois de mai , sous ce titre : Lausanne; Persecution retigieuse. Elle ne se serait pas demande : « comment 11 se fait qu'un pays dans Icqnel est professee une religion qui autorise le iibre examen, et que chacun croit regi par des institutions liberales, donne cependant des exemples d'intolerance et d'arbitraire, veritables anomalies, dans I'etat actuel de la societe. >) Le canton de Vaud, il est vrai, a I'inestimable bonheur de professer une religion qui autorise le Iibre examen ; mais , par les constitutions que des circon5tancej iniperieuses lui don- u54 EUllOPE. nt-rcnt cu j8o3 et cii i8i5, ses institutions religieuses soiit doineiirees teilonu'iit iices a ses institutions civiles et font lel- Icnicnt vov])s avcc _ii. Mon- a3G EUROPE. nard devaiil les Iriljuuaiix , il a, pour coiiipleler I'enquele preliininaiie, transniis au gouvernement dc B3lc Ics questions adressecs par le juge do paix du ccrcle de Laiisaiino a I'aii- teur designo, !\I. Vinet. A la suite de rintenogatoire qii'il a subi, M. Vinet est venu a Lausanne, pouise uiettrc a la place de son ami, et il a ete mis en jugement avec M. Monnard. ^ous en trouverez la prenve dans ranit suivant, rendu par Ic tril)unal d'appel le 21 mai. « Lecture I'aile du proci's-verhal d'enquete dresse par le juge de paix du cercle de L-iusanne eoiitrc les sieurs Vinet et Monnard, professetu's, prevenus, le premier, d'etre Tautcur d'une brochure intitulee : Obsenations sur I' article sur les sec- taires, inscre dans la gazette dc Lausanne du i3 mars 1829, lo second, d'etre I'editeiu' de cetle brorjiure. 1) Lecture I'aite aussi des pieces et de la decision du tribu- nal du district de Lausanne, en date du S mai 1829, portant : 1° Qu'il n'y a pas lieu a metlre en accusation les sieiu's Yinet et Monnard, comme prevenus du delit reprimc par I'arlicle 12 de la loi du \[\ mai 1822 ; 2° qu'une commission du triljunal de premiere instance informera specialement centre lesdits sieurs Vinet et Monnard , pour constater s'il a ete conimis une contravention par Ic fait de la publication de la brochure sus- menlionuee, sans que cet impriine ait etc soumis a la cen- sure. » De laquelle decision, I'accusateur public en premiere instance a appele. »Entendu raccusateur public en chef; considerant sur le premier point : que les passages de la brochiue dont il s'agit, sur lesquels la mise en accusation a ete demandee, qui se trouvent aux pages 6, 7 et 8 de ladite brochure, renferment renon(;iation irrellechie d'une theorie dangereuse sur la fa- culle de rhonmie de resister a la loi, d'apres le dictanicn dc sa conscience, mais ne provoquent pas directemeni qaelqii'iin, 3UX termes de I'article 12 de la loi du \[\ mai 1822, a com- mettre un crime ou delit; » Considerant , sur le second point : ([ue la question, si le fait de la publication de la brochure est une contravention a I'article 1" dc la susdite loi, doit etre resolue par juge- ment : »Le tribunal d'appel, en confirmation de la sentence du tribunal de premiere instance, aurete : 1° il n'y a pas lieu a^ metlre en accusalion les sieurs Vinet et Monnard, commc prevenus du delit mentionne a Karticlc 12 de la loi du i4 mai j8i4- a" Le tribunal dc premiere instance procedera SlISSE. — ITALIE. i37 fc-niilrc lesdits aeciises, sous le rapport de la oonlrnvenlioM a Particle i"tlo ladile loi. Li's IVaissuivront lo sort do la caiiso. » .I'ajoiilerai que lo tiilnmal tie proiiiiorc instaiioo, prix cdant. on suite do cet ariol, conlio losaceusos, a lil)oro i\I. Moiiiiard , ol coiidauiiio iM. >iiiol, s("id, a iino ainoiide do 80 (V. (qiiairo oiii(]iiioines du inaxinuu'ii fixe i'l 100 pai' la loi), ol aiix IVai*. Voila, monsieur, I'expose (iili'le dos I'ails. Kn traduisanl RliM. > iuet et iMonnard devant ios trihunaux, le eonseil d'!]- tal a (>X(''(Milo CO (|u'ord(iune notre loi sur la police de la prosse, I'lu srispendaot !M. Monnard de sos fonrtions , il a use d"un droit ipie I'ordre i\v cliosos. sous lequel nous vivons, lui altri- liue. A-t-il bion I'ait, do\ait-iI so prononcer d'luie uianiero aussi positive a vant «|uo les triliunaux oussoni prononce ':' I'est 1,1 une qiiesli(Ui sur Lupieiio Ios opinions out ol»'' parta};ees. Mais elles se soul roiuiies f;eneraloniont dans lo (irand-Con- soil pdur demandor : que le jxiuvoir arl)itraire, oonserve an eonsoil d'Klat, sur Ios prol'essours de rAeatloniio, soil rein- |ihue par uiu- disposition legislative (|ui lour assure cos f;arau- ties, sans los(|uelles dos houinios rul'i'ss(iii.s drpuis limfi-lriiis jiour olir, la ri'iiiii'lr i-l rindi'prn- ilaiice dr scs piincipfs, In libL^raiili'! Iinljitiicllr de ses opinions doniiciil, il uiw yeux, un grand poids 6 ce qii'elle nons ecril. ITALIE. l*iEMONT. — AcluTcment dc fleii.v routes enire la France el I'llalie. — Les beaux liavaux dc; coniniiinication coniDionces par Na])oloon dans le Fiouionl cl en Savoie, out cu la plus iieiireuse inlliience sur li- sysloino des pouts et chaussees dans les Eiats du roi de Sardaignc. Nous avons en France ])eii d'aiissi belles routes que cellos des environs de Chaiubery, uj8 EUROPE. qui soul constniilcs et cnlrcteiiiies non-seulement avec soin, mais encore avec tine espt'cc do luxe ile solidite, quoiqu'ellcs soicnt en p^eneral moins larj;es que les nutrcs. La route du Mont du CItal a etc tout entierc lu'ojelee et coustruilc par le gouvenicnient sardc; elle sera l)ie)ilnt aclievee et raciourcira de ouze posies le trajel de Paris a Chambery. Elle quitlera la route de Paris aLyon, a Tomuus en lio\irf;oj:;iie, traversera la Saunesur ce point, passera jiar Uourj;;-, Poiil-d'Ain, IJelley, Yenne, le ]\Iont du Choi el le Boui'get pour arriver ;'i Chaui- hery. Vn ponl sur le Rhone a Yenne est presque indispensa- ble pour completer ce plan, car le passage de ce fleuve sur un bac, comnie il sc pratique anjourd'hui , est loin d'etre sans inconvenicns et menie sans dangers. La seconde des routes donl il s'agit ici est celle qui avail etc cominencee par jNapo- leon enlre Anlibes, Nice, Menlhon et GC'nes. Le roi de Sar- daigne a ordonne qu'elle lot aclievee et conduile de Savone a Menthon par Albenga , Oneille, Saint-Remo el Vinlimille. Celle route, qui est deja assez, avancee, sera I'ort belle, et parcourra une contree admirable par sa ferlilite el la magni- ficence de ses paysages. G. D. SiciLE. ■ — Palerme. — Enfant douc d'une capacite extraordi- naire pour le calcul. — Dn enfant de sept ans, nomme Vincent ZuccARO, excite depuis quelques mois relonnement public a Palerme. Get enfant, ne de parens pauvres el sans instruc- tion, possede ime facilite exliaordinaire pour le calcul. II comprend et opere avec promptitude, et comme par instinct, toutes les combinaisons de nombres qui dependent de I'aiilh- melique. Ce qn'on en raconlait paraissait si peu croyable, qu'on crut necessaire de faire inie experience pnblique pour constaler la verite des tails avances. Getle experience, qui a eu lieu le 5o Janvier dernier, dans le palais de VAcademie del Biton gusto, a Palerme, a ete I'ailc en presence de plus de 4oo personnes, des plus inslruites el des plus notables de la \ille. Deux prolesseurs de uialhematiques I'nrent charges de se tenir aupres de I'entaut jioiir empecher toule I'raiule et prendre note des questions (jni lui seraient adressees et de ses reponses. Un grand nombre de problemes lurent proposes; Vincent Zuccaro les resolul tons avec une i'acilite qui excila I'admiralion generale. Nous en ponrrions (iter plusienrs. donl la solution prouve une grande clarte de conception dans uu enfant. Nous nous bornerons a en rapporter deux des plus simples : les autres exigeraient trop de developpemens. 1". «Un navireesl parti de iS'aples pour P.ilerme, a midi, el fail dix milles par licurc. Un autre batiment, qui fail sepl ITALIE. — GRECE. 2-,<, millcs par henre, est parti an nu-nic moment de Palermo pour Naples. A quelle heiire se rcncoiilreroiit les deux baliinens, et combien de iiiillcs aura I'ait cbacuii d'eux, en supposant qne la distance eiitre les deux villes est de 180 milles ? » — Vincent Zuccaro repondit aussitot :« Le premier navire aura fait io5 milles 7y; le second, 74-^.)) On lui dit alors qn'il n'avait resolu qu'une partie du probleme, et qu'il restait a savoira quelle heure auraitlieu la rencontre. » Cela s'entend, dit-il, elle aura lieu 10 heures et -J-^ apres le depart. » Cette reponse, en effet, etait en quelque sorte comprise dans la premiere, et I'enCant, qui avait apercu leur liaison ^ pensait que les assistans I'avaient comprise comme lui, et qu'il etait inutile de I'enoncer. 2°. Dans trois altaques successives ont peri le quart, puis le cinquieme , puis le sixieme des assaillans, qui se trouvenl alors reduits au nombre de i58. Combien etaient-ils d'abord?» — Reponse, 56o. D. Comment avez-vous trouve ce nombre? ■ — R. S'ils avaient ete 60, il en scrait reste 25 apres les atta- qiies ; mais 20 sont le sixieme de i58; done, les assaillans etaient d'abord 6 fois 60, c'est-a-dire, 56o. — D. Mais pour- quoi avez-vous suppose Go plulot que 5o on 70?' — 11. Parco que ni 5o ni jo ne sont divisibles par ^, ni par 6. » II ne se sert, comme on voit, d'ancun de ces procedes, pour ainsi dire, mecaniques qa'emploient tons les mathematiciens. — Le marcjuis Scniso qui, le piemier, a reconnu les singulierea lacultes de cet enfant, s'est joint a plusieurs personnes nota- bles de Palerme pour solliciter de I'administration les fonds uecessaires a son education, pour laquelle on prendia I'avis de professeurs et de savans ; car tout fiiit penser qu'un tel phenomene ne doit pas etre soumis a la methode ordinaire. GRECE. I'^GiNE. • — Etal/lissement d'ecoles rcj^imcnlaircs. — M. Du- TRONE, dont le zele pour la cause liellenique est bien connn, vient d'adi'esser a la Societe pour Pinstriiciion cUimentaire uno eopie : 1° d'un memoirc sur la necessite d'organiser des eco- les regimentaires dans I'armee grecqne, qu'il a presente a S. E. le president Capo-fflstria; 2° du decret suivant : Gourcrneincnt grec, — Le president de la Grece, desirant faire participer les troupes reguliercs grecques aux bienfaits dd'enseignement elementaire. nous decretons : Art. 1". L'en- seignement mutuel sera organise dans les differentes amies du corps rt'gulier. Art. 2. M. le capitainc de rEtat-major, Du- .240 KHROPE. — PAYS-BAS. — FRANCE. Iruno, (|iii nous a i)rt'!seiitc tin Meiuoire a cet cirol, est iioniiiio «lircrleiir cle cet ciiseij;iiemeiit. Art. 3. M. le coloiwl II aydeck, clirccteur-goix'ial dii corps regulier preiulra coniiaissaiico clu- dit Menioire ct portcra a notre sanction le projel de regk-ment que M. le capilaine Dutionc est charge de rediger apres 5'etre consulte avec lui. FRANCE. DiPARTEMENS. Epinal (^Saone ct Loire). — Mines de liouilie el c/irmin de fer entre le canal da centre et celui de Boiirgogne.' — Sil'indus- ti'ie franraise ne prcnd pas une extension qui puisse sullire , non-seulcinent aux consonimations de I'interieur , mais a un vaste coninierce au-dehors, ce sera paice qu'une administra- tion sans hienveiilance et sans lumieres aura mis des obstacles a a son developpenient. La nature ne I'a point traitee avec de- fl taveur, et I'activite nallonale est toujours prete u lui fournir ■ des matieres ct des secours pour ses travaux. Le cliarbon de lerre n'arrivait que dillicilement , et a tres-liaut prix, dans plusieurs departenicns de Test de la France : I'exploitation des mines d'Kpinai va pourvoir largement a ce besoin, et don- ner une nouvelle activite aux noinbreuses usines metallurgi- ques de la Franchc-Comte, de la Bourgogne et de la Champa- gne. Mais le canal de Bourgogne n'est pas encore termine : on attendra peut-etre long-teuis I'achevement du canal de jonction du Doubs an Rhin ; par consequent, le bien que pent operer la nouvelle exploitation de houille sera diflere, malgre la diligence des entrepreneurs et les sollicitations des maitres de forges et des manufa('turiers. On voit ici coaibien il serait avantageux de confier a Tindustrie le soin de construire les voies dont elle fait usage. Lne Societe execute en quelques annees ce qui en exigerait an inoius une trentaine par les jTioyens ordinaires. .(Qu'on fasse Tcnumeratiou des routes et des canaux commences depuis un terns encore plus long. ) Quand nieme le travail des Socieles seraient un peu moins ■ bon, et d'lme moindre duree, il conviendrait peut-etre en- core de lui donner la preference, afm d'etre mis plus pronip- tement en possession de son resuljjit. Rouen (^Scine-Infcrieure). — Monument a la mhnoire de Pierre CorneiUe. ■ — « Les Grecs crigerent un monument a la gloire de Sophocle, d'apres I'ordre, dirent-ils, qu'ils eu avaient recu des dieux; Shakspeare repose au milieu des se- pultures royales, et Ton y rontemple son image a cote de di':parte>iens. — paris. 241 t"ollos dcs inonaiqiu's ; el cii Franco, dans la patiie dos k'tlres, des sciences ot des beaiix-arts, on chercherait en vain nn mo-' niuijent pidjlic eleve a la jjloiie dn grand Corneille. La So- cletc HIh'c d'cmtilation delXoiien a pense qu'(,'ll(? reniplirait ua noble devoir, et que sa voix scrait entendnc, si elle proposait de decerncr a cc poete inimortcl des honnenrs trop long-tenis difleres; elle a, en consequence, ouvcjt une sonscription pour elever a Pierre Corneille, sur nne des places publiques de llonen, nne statne digne de lui, (Jigne de la France. » — Ces lignes sont cxlraites d'nne letlre adressee aiix niembres cor- responduns de la Societc libre d' emulation de Rouen ; nons ne ponvons qn'applaudir aux intentions patriotiques qn'elles manifeslent, et nons nous y associons avec plaisir, en annon- cant que la soascription est ouverte d Paris, chcz M. Froger- Desciiesnes, notaire, rue de Richelieu, n" 47; ct a Rouen , cliez M. Destignt, president de la Sociele Ubrc d' emulation. L'execution de la statue sera coafiee a M. David, menibre do rinstitut. PARIS. Institut. — Academie des Sciences. — Seance du 1 5 juln i Saq. — On proclame les prix decernes pour I'annee 1829. vGrand prix de sciences mat/iematiques. Le prix relalif an calcid des pertnrl)ations du mouvenient elli[iliqne des conietes n'a3ant point ete decerne en 1827, 1' Academie a propose le nienie snjet dans les tennes suivans, pour I'annee 1829 : « On appellc I'atiention des gcoinatres sur cetle thcorie , a/in de dormer lieu a an nouvel e.vaineii des mclliodes, et dleur perfectionnement. IJ Aca- demic denuinde en outre qu'on fasse. I' application de ces mclliodes it la comete de 1709, et d I' une des deiu^ autrcs comctes dont la relour perlodiqae est dcjd constate. » L' Academie a recu une piece qui porte pour epigraphe : Vitam impendere vero, et qui a cte jugee digue du prix. L'auteur est M. Gusiacc de PoNTECoiLANT, aiicicii elcvc de I'Ecole poljtcchni([ue, capi- tainc au corps ro} al d'etat-major. — 2° Grand prix de scien- ces nalurcllcs. L' Academie avait propose Ipsujet suivant, pom* le prix de jdijsique : « Presenter I'liistoire geni'rale et comparee de la circulation du sang dans les quatre classes d'animaux verte- hres, avantet apris la ncdssance, et a differens ages. »Unseui Me- jnoireaeteenvoyeau concours. L'Academie accorde a rantein* de eel ouvrage, M. Savatier, d. m. p., \mc somvwe (\ii dcuc mille francs, a litre d'encouragement. ■ — 5" Prix de mecanique fon- de par M. de Montvon. L'Academie accorde un prix de T. XIIII. JUILLET 1829. iG tfuinze cents francs an mciuoire tie M. iHiLouirai. aiileiir d'niu' iioiivell(! ponipe a compression, daus laqiiclle le gaz irariive an losi'is oir qiraprcs avoir snbi {'action dc pliisicnrs pistons. Une mention honorable est accordcc au mcmoire dc M. CoLLADON , sur les runes a aubes, destinces an.v bateaux a vapeur. — 4" P>'^-^ fonde par M. de Moittjon, en fareur dc celui qui aura decouvert les moycns de rendre un art on an metier moins insalubrc. L'Acadeniie a recu six pieces pour leconcours dc ce prix, donl Irois onl le nienie objel , savoir, de rendre Tart du lisserand moins insalubrc, en donnant a I'ouvrier qui le praticpie le moyen de travailler, non plus dans des caves (jue rbumidite d'une atmosphere stagnante, et le del'ant de lumiere, renueni: si niaisaincs, mais dans les lieux sees que le soleil eclaire, et on I'air se renonvelle. Le travail le plus ancien snr eel objct est celui de M. Diibuc, phai'macien a Ilonen. II I'nt public en iSuo, et, en 1837, I'anteur I'adressa arAcadeuiie. La (loumiission, en le mcntionnanl bonorable- nicnt , no pcnsa point que la question ITit assez ('clairee pour quece travail p(U ctre couronne ; die proposa de differer jus- qu'a Tannee suivanle, aiin de sc procurer tons les rcnseigne- mens necessalres sur la composition des meilleurs paremens employes dans nos manui'actures. Le paremcnt de ftJ. Dubic est Ires-simple et pen coiiteux a preparer; il est tres-blanc, ce qui permet de remployer pour tisser toutes sortcs dctoiles. En outre, ses avantages sont constates par des certificats d'un assez grand nombre dc tisserands, par M. Hoiitton de la Dil- lardierc, qui a profcsse, a Rouen, la chimie appliquee aux arts ; ])ar M- Greau, mannfacturier a Troycs, qui I'a employe avec sMCces dans son etablissemenl; eniin, par une circulaire du prelet de la Seinc-Inlerieure, qui en recommande I'lisage a ses adminislres. En consequence, I'Academie a decerne a M. Di'BUC un prixde irois iiiille francs, pour avoir repandu, le premier, I'usage d'un parement economi(jue, et qui con- Iribue bcaucoup a rendre I'art du tisserand plus salubre. 5" Pri.r fond is par M. de Monty on, en fareur de ceux qui auront ptrfectiunne. tart de gucrir. L' Academic a recu trente- un ouvrages iinprimes on Memoires manuscrits destines a concourir a ces prix; la Conuuission chargee de I'examen du concours a declare que : 1" parmi les ouvrages envoycs celtc annee, elle n'en a trouve aucun qui Ini ait paru susceptible d'etre couronne cette annee menie; 2" les recompenses qu'elle propose a I'Acadeuue de decerner aux autenrs dont les noms suivcnt ne doivent etrc regardces que couime dc simples en- Gouragcinens soil pour des resullals, soil pour des essais qui PAKIS. a45 pruuiellc'nl des resiillals uliles; 3" coiiloi'inomenl a ces vues, ot siir la proposition do la Coniniission, rAcadeniie accorde, a litre d'encourai^omons, line sonime dc deux mille francs a chacun des anteurs ci-apres nommes : i" A M. Piorky, auteur il'une modification dans I'emploi de la percussion mediate, modification qui parait devoir rendre , du moins dans certains cas, cet emploi plus precis ct plus commode. 2" A ftl. Jobert, poiu' im procede ingenieiix de reunion immediate des plaies des intestins par I'application directe de la memlirane screuse. 3° A M. BfiAcnET, docteur-medecin a Lyon, pour une methode rationnelle de Tcmploi therapeutique de I'opium dans Ics phlegmasies des membranes , methode propre a eciaircr sur ses avantages et ses inconveniens. 4" A Ri. Loins, pour de nombreuses observations recueillies avec soin et decrites avec exactitude sur I'inllammation ulcerative de la membrane mu- queuse des intestins, on ce que I'auteur appelle affection thy- phoide. Trois autres ouvragcs out plus particulierement fixe i'attention de la Commission ; I'un, de JM. DELPEcn, sur I'or- tbomorpbie , est concu sur un plan trop vaste, et les procedes que I'auteur propose sont pour la plupart trop neul's et trop compliques pour que, dans le peu dc; terns qui hii etait ac- corde, et sur une matiere aussi delicate que I'orthomorphie , la Commission aitpus'en former une opinion arretee. L'autre, de M. IjALlemakd , sur un procede operatoire nouveau pour la guerison des fistules vesico-vaginales, deja presenle au concours , et qui n'etait alors appuye que sur un seul fait ; un autre a ete envoye depuis par I'auteur; mais ii est parvenu trop tard a la Commission. En consequence, la Commission a propose de renvoyer le jugement de ces deux ouvrages a une autre annee. Le troisieme ouvrage, qui a doublement fixe I'attention de la Commission par I'importance des ma- lieres qui s'y trouvent traitees, et par le nom de son auteur (M. Bkotjssais) , ii'est, comme son titre I'indique, qu'un com- mentaire , appuye , il est vrai , en parlie sur le traite des phleg- masies clironiques , ouvrage devenu si rapidement celebre par le talent d'observation qui y brille, et par I'inipulsiun qu'il a imprimee a la science; mais par sa nature la Commission a du I'ecarter, en regrettant que ce ne fut pas sur le traite meme i\c.?< phlegmasies clironiques qw'iiWc auX. a prononcer. Enfin, la Commission a propose de renvoyer a luie autre annee les ou- vrages dent les tilres suivent, et qui contiennent des proce- des therapeuliques medicaux on chirurgicaux, siu' lesquels I'experience ne lui parait pas avoir snlllsanmient prononce ; ^avoir : Memoire surle Irailcmeul do la cal;iracle, par l>J. Goa- 2.'|4 FHANCE dret; Traitc dos ivtoiilions d'niiiio el dos malailirs qii'cllc- produisciil , par M. SiicALAs; Siir Ir Irailrnu-nl dc la s(iali(]nc el dc qiu'lqiics ncvrals'los par I'liiiilc do lcM(''l)cntIiinJ. le docleur Velpeau ; 4° Ana- tomic comparce du systhne dentaire , chez Cliomme ct les princi- pau.v animait.v,, par M. le (\(}{:\.cy\r Emmanuel Rovsseau , an Jardin du Iloi ; 5" Reclierches experiment(des sur les cjfcts de I' abstinence complete d'atimcns solides et liquidcs , sur la compo- sition ct la quantiic du sang ct de la lymphe , par !V1. le docteur CoLLARD DE Martigni. — [\" Lcs expccicnccs sur la generation, par M. Girod de Uhzareingues, correspoiulant de rAcadeniic (ouvrage d'uncgrande imporlance) , elant trop recentes pour etre appreciees a le\ir jusle valour, sont reservees pour \\\\ dofi PARIS. 245 roncoiir? suivans. L'Acailc'inic renict egalomcnt au concours lie raniioo prochaiiie, le Mcnioirc de i\l. Iv doctciir Denis, ,v/(r le sang luunain, la Coiiunission ajant cxpriinc le desir qii'iiii chimisle liii suit adjoint pour jiigcr Ics experiences qui roruicnt la base de ce travail. 5" lilnfin, I'Acadejnie a distin- j;;iie d'uiie inai-iii're parliculic're iin ouvrag,e nianuscrit de Tea Legallois, .siir plusieurs circonstances de I'litstoive pltysiobgique — Q" Prix d'astronomie, fondc par Jl. de Lai,ande. Un prix de dauze cent soixante-dix francs sera decerne en juin i85o a la personnc qui, en France ou ailleurs, aura fait i'observation la plus interessante ou Ic raeilleur JMemoireastronomique. — 7" Prix de phjsiologie experimental c , fonde par M. de IMontyon, pour 1800. L' Academic annonce qu'elle adjugera une me- daille d'or de hail cent qaaire-vingt-quinze francs, a I'ouvrage imprime, ou manuscril, qui lui paraitra avoir le plus con- tribue aux progres de la physiologic experinientale. — 8" Prix de vieconique fonde par M. de Moktyon. Line mc- daille de mille francs sera deccrnee a celui qui s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionoant des instru- mens utiles aux progres dc I'agriculture, des arts mecani- ques et des sciences. Les ouvrages ou Memoires adresses par les auteurs, ou s'il y a lieu, les modcles des machines ou des appareils, devront etrc envoyes a I'lnstitut avant le 1" Janvier i85o. — g" Prix divers du legs Monty on. La somme annuelle resultant des legs du baron de Montyon, pour recompenser les perfeclionncmens de la medecine ct de la chirurgic, sera employee, en un ou plusieius prix a decerncr par 1' Academic royale des siiences , a rauleiw ou aux auteurs des ouvrages ou dccouvertes qui serout )ug>-s les plus utiles a I'art de gucrir. La somme annuelle proveuant du legs fait par le mfme tcstateur, en faveur de ceux qui aiu'ont trouve les moyens de rendre un art ou un metier moins insa- lubre , sera egalement employee en un ou plusiein-s prix a decerner par rAcadeuiie aux ouvrages ou decouvertes qui auront paru les plus utiles et les plus propres a coucourir an hut que s'est propose le leslaleur. Les pieces admises au concours n'auront droit aux prix qu'autaut qu'elles conticn- draient unedecouverteparfaitemenldetermince. Les ouvrages adresses par les auteurs devront etre envoyes a I'lnstitut avant le i" Janvier i85o. — 10° Prix de statisliquc fonde par M. DE Mo?'ous devons i'airc observer ici , dit en terminant M. Ic rapporteui', que di- verses circoustances ayant retai'de la presentation de ee rap- jtort , 31. Ai)el a pris le parti de faire impiimer une portion de son 3Iemoire dans le Journal de mathhnatiqucs dc M . Cralle. Cette particularite aurait pu changer notre rapport en rapport verbal; mais nous avons appris recemment que ce jeune geo- milre, qui donnait de si belles esperances, et qui avait deja rendu de grands services aux sciences, vient de succomher an luouient on it prcjaraitde nouveaux 31enioires. Cette i'acheuse nouvelle pouvait nous I'aire craindre c[ue les geometrcs ne Ins- scnt prives de la publication de I'ouvrage que nous avons en- tre les mains. C'est pourquoi nous avons cru convenable dc proposer arAcadeinie dc conserver un des titres de gloirc de I'autcur, en Inserant son ouvrage dans le recueil des savaas eirangers. » ( Approuve. ) • — Des G cl 10 Juillet. — MM. Lacroix et Cauchy font un rapport sur un .Memoire de M. Ostrogradsky, relatif a la pro- pogation des ondes dans uu bassin cylindrique. «L'auteur sup- pose que le liquide renferme dans cc bassin est sollicite au mouvemcnt par la force acccleratrice de la pesanleur, qu'il repose siu" un plan horizontal, que la surface libre du liquide est souniise a la pression atmosplierique , que la vitesse ini- tiale de chaque molecule se reduit a zero, enlin qu'a Torigine du mouvement, les diflcrens points dc la surface libre s'e- cartent du plan horizontal avec lequel cette surface coincide- rait, si le liquide etait en equilibre. Ces suppositions etant admises, il est facile d'obtenir les diverses ecjuations aux dif- ferences partielles qui doivenl tire verifiees, 1" pour tons les points dela masse liquide ; 2° pour les points sit ues sur la surface libre; 5° pour les molecules qui toucheut le loud on la parol laleralc du bassin cylindrique. La principale difliculte du pro- u5o 1'11A>XE. blcme consislc a iiilrgrcr ces equations , cii icgardaiil coimnc (•oiinuc la forme tie la surlace libre a I'origiiic dii mouvomcul. On sail qne oetle demii'io question a (.'to resolue par deux inembres de 1' Academic, dans le eas on la surface libro a une •^tendue indellnie, cl par I'un des deux, lorsque le liquidc est reni'crnie dans un hassiu rectangulaire. Mais persoiuu- avant M, Ostrogradsky ne s'clait occupe du cas ou le bassiu dcvicnt cylindriquc. La nicthode que ce jeunc geometro em- ploie pour calculor dans ce dernier cas les val<;urs des diverses inconnnes, et particulierement rordonnec dc la surface du liquide an bout d'nn terns quolconque , est analogue a cclle dont on fail usage pour determiner le inouvement de la cha- leur dans mi cjlindre et dans une sphere. Cette methodc consiste a remplacer Ics coordonnces rectangulaires par des coordonnees polaircs, et a fairc depcndre rintegralion des equations aux differences partielles qne Ton cousidere, de I'integration d'equalions differentielles qui renfcrraent avec les variables proposi'cs la racined'une ccrtaine equation Irans- ccndante. En operant de cette maniere, M. Ostrogradsk}^ par- vient a representer les \aleurs iles inconnnes par des integi'a- les niixtes aux differences linies et aux differences infiniment petites. Son Wemoire, ccrit avec beanconp de darte et d\>le- gance suppose une connaissance approfondie des theories les plus delicates du calcul infinitesimal, et, en particulicr, de la theorie des integrales defmies. Parmi les consequences qu'il deduit de ses formules, on doit remarquer celles qui sont re- latives au cas on la surface libre du fluide deviental'originedu mouvement une surface de revolution. Dans ce cas, la figure des ondes, an bout d'nn tems quelcouque, est la meme que si la paroi laterale du bassin cylindrique avait etc trans- portee a une distance inflnie, et la surface libre initialc pro- longee , de maniere a oflVir pour generati'ice dans chaqiie plan vertical passant par I'axe du bassin cylindrif[ue , non plus la courbe primitivement donnee , mais le systeme de plusieurs courbes de mCme forme symetricpiemont ilisposees par rap- port a des vcrticales dont les distances sont equivalentes au rayon du cylindre. En resume, le Menioirc de IM. Ostro- gradsky, en raison de rinlerct (pie doit offrir aux geometres la question qui en est robjet, et la maniere dont elie est trai- tec, nous parait tres-digue d'etre approuve par rAcademie et insere dans le recueil des savans etraugers. » ( Approuve). A. MlCHELOT. La Sociftc des metfwdcs d'cnseigiieincnt vieut d'etre aiitoii- I'AllIS. a5i sec, par S. Ex. le niiiiislrc tic riiistruLtion puhU(|uc, a fonder un external, d'un jjenre parliculier, dont ['organisation est en ce moment I'objet principal de ses soins actifs. Dans cctlccir- constance, comme dans tons ses travanx, la Societe desire s'^ntourer de la phis grande reunion de lumieres : elle invite les parens, les instituteurset lesprofcsseurs, quinesuivent pas une aveugle routine, a luicommuniquer les plans etles nietho- des dont, par experience, ils anraient reconnu les avantages; elle invite aussi loutes les personnes amies du perfectionne- ment de I'education et de I'instruction a lui indiquer les ou- vrages, francais ou etrangers, relatifs a cette matiere de haute importance, dont elles auraient cu occasion d'apprecier le merite. On est prie d'adresser les envois, francs de port, a M. le president de la Societe des metlwdea d'enseignement, rue Taranne, n° 12. On pent se procurer, chez M. Cassix, agent de la Societe, tons les renscignemens necessaires sur les prix proposes par elle, sur les conditions proposees aux personnes qui voudraient contribuer a I'etablissement de son ecole , et un premier prospectus de I'etablissement. Georama. — Cours do grographie par M. Raboteau. — Peu de villes sont en'etat dc se procurer, pour I'enseigne- ment de la geographic, un etablissement aussi magnifique, aussi curieux et instructif que le Georama (boulevart des Ca- pucines, u" 7, an coin de la rue delaPaix). D'ailleurs, quand on parviendrait a se procurer, hors des grandes capitales, cet excellent moyen d'instruclion, il resterait encore a trouver des professeurs aussi savans et aussi habiles a bien presenter la science que M. Raboteau. Ses cours, qui out lieu trois fois par semaine, et dont la duree n'excede pas quatre mois, sont tellement pleins de choses exposees avec une methode qui rend I'etude facile, et vient au secours de la memoire, que I'auditeur s'etonne d'avoir autant appris en si peu de terns. Le professeur s'attache a faire voir qu'entre la science qu'il enseigne et plusieurs autres divisions des connaissances hu- maines de la plus haute importance, il y a un echange de lumieres, dans lequel la geographic donne plus qu'elle ne re- foit. Ce cours justifierait I'observatiou d'Horace, segnids irri- tant animos demiasaper aiires, etc., si cette verite pouvait etre contestce. 3Ialgre toute I'habilete de M. Raboteau, et quelquc- savoir qu'il possede, il perdrait une parlie de ses avantages s'il jnofessait ailleurs qu'au Georama; mais, avec le secours de cette vasle representation du globe, son cours devient un •i'o-i. FRANC K. (Ics spfclados les pins iip't-ahles, cl la mcillciire iiislnulioii {;<''i)i;riiplii(|iic, cii iHriiR' U-nis qu'olle est la plus altiajaiilc. Plusieiirs pt'-ros do lainillo y out CdiKluit avec; siicces Icriirs eii- I'ans, ct en out profilr ])oiir (Mix-inr-incs ; les (lid's cl'iiislilii- lioii (le Paris nc saiiraiciil iiiicux t'aire (|iie d'y onvoypr iciirs t'lrvos : car riMiscij;iK'ineiU dc la i;(''oj;ra])liio, hop l()iii;-lcnis ii(''5;lii:;<'! cii France, cl qui sc raltache a presqiic (oiilcs lesaii- Iros l)ran(lu's tin savoir liiiinaiii , est lo coaij)lem(;nt ncces- saire d'tiiie bonne ('dncation, et convienl egalenient aux liouiiiies d'Elat et aux lioinmes du nionde , aux industriels, aux counnercans, anx niilitaires, aux niarins, aux adniinis- tralcurs ot a tons ceux enfln qui scntent le besoin do bicn connaitre le moude qn'ils habitent, ct ses diHercntes parties, pour y iiiienx remplir leur destination. RiiCLAMATiONs. — Uu article du Ballelin Bibtiograpliiqite , page 4/9 f'e ce voIuiik;, se terniiiie ainsi : «M. Massias an- iionce (|u'il a decouvert nn principe iundamcntal sans lequel la psycologie etait jusqu'ici impossible, el ce principe, c'est (|ue rintelligence coiuniuni(pie avec la nature exterieni'e par L'cntrcinise (on avail inijirime par crvauv I'cxlrrmilc) du sys- tcjue iierveux. » SI. Massias pretend que le criticpie n'a pas conipris sa pensee, et il oppose cette phrase de sofi ouvrage : "Le rapport n'est pas entre I'espiit et la iiialiere, mais entre deux forces intelligcntcs de menie essence rapprochees par un teruie inoyen qui les inodific I'une et I'autre. » — Nous recevoiis de M. B. P. Sanguinetti de Modeiie, luic lettre par laqucllc il reclame centre ime erreur coua- niise dans noire cahier de mars dernier (toni. xli, p. 841), et que nous nous emprcssons dc recounailre el i Ce prix lui a done ete decerne, et notre erreur a eel egard etait tout-a-lait involontaire. TnE\TRES. — Theatre anglais. — Pkarro, Iragedie de Sheridan (jeudi, 25 jnillet). Othello, tragedie de Skakspcare ( saniedi , 25 jnillet). Coriolanits , tragedie de S/iakspeare (jendi, 5o jnillet). ■ — Les comediens anglais font luie nou- velle apparition parmi nous, et c'est M. Abbott, I'un des actenrs distingnes de Tancienne tronpe, qui nous les ra- mene. IMalbeureusenient ni Kcmble, ni Keaii, ni Macreaclj, ni M"'' Smitlison ne sont re\enus avec lui. Ce sont deu\ ac- tenrs encore inconnus a Paris, M. JVallack et M"" JVef^t qui, cette annec, sont charges des principaux roles, 31. AVal- lack, qui a deja jouc les roles de Holla, d'Otliello, et de Co- rinlan, est done d'une taille assez elevce et de trails qui ne sont pas sans noblesse; il a dn feu, de FinteHigence, et des intentions dramatiques; mais il nous scmhie uianquer de cette profondeur, de cet instinct de I'art qui produit de grands ef- I'ets sans laisser paraitre aucun eflbrt ; c'est un acteur de me- tier pliitnt que de genie; il y a frequemment qnelque chose d'outre dans son geste, dans son debit, dans I'expression de sa physionomie. M""" West, qui a debute, il y a seize on dix- huit ans, etdont lapersonne aussi-bien que le talent semblent destines anx roles tendi'es, commence a n'avoir plus le charme de jeunesse necessaire a cet emploi; sa physionomie est douce mais pen expressive; son jen ne man(|ue pas de verite, mais il man([ue de passion ; et des speclatciu's etrangers qui ne penvcnt giiere tenir compte de la perfection du deijit, ni du talent des details, nereconnaisseiit le plus sonvent I'liabilcte de I'actenr que dans les grandes situations et dans les effets j)as- sionnes; orc'est laprecisement que M"" West nous a paru faiblc, ct nous ne sommes pas surpris qu'clle ait etc moins goutee a Paris qu'a Londres. An reste, ceux qui out assiste assidunieut anx represcniations anglaises ont pu remarquer qu'il y avaif, de la part de deux on trois spectatenrs, un parti pris de ne i54 FHANCF. pns (■nivikT M'°' W Csl. ll> sifllaieni :i toil et a Inivers. el dans leji monioiis oi^i son jcii nicritail des applanclissenii'nj. aiissi bipii que lorsqii'il lie m<''rilail (pu; \v. silence. II soluble qu'une aclrice. qui no sc uionlrc sur un llieaUe etranger ((ue pour quelques repiesenlations . dovrait oblenir un autre accueil. Ceox a qui ellc ne plait pas peuvent s'ahstciiir de veuir la voir; et il y a (|uelque cliose de peu genereux dans racharnement que I'ou met a la poursuivre de marques de desapprobation qu'elle ne rccoit pas dans son piopre pays. 1M°" \\ est a bicii du s'apercevoir qu'elle ue doit pas en accuser Ic veritable public. Le drame dans Icquel la troupe anglaise a debute n'a pas contribue a l)ien disposer le public; Pkarro est un ouvragc de Kotzebue, iaiite par Sheridan, a I'epoque on la flotillc de Napoleon nicnarait rAngleterre, et I'on crut trouver dans la peinlure de rinvasion d'Ameii(|ue par les Espagnols des allu- sions propres a exciter I'esprit national chez les Anglais ; cette piece obtiul alois un succes d'entbousiasnie, et continue a etre accueillie avec faveur ; on y trouve des sentimens genereux, des scenes eloquentes,et des situations dramatiques, maisdans son ensemble eile olTre un des romans les plus extravagans que nousayonsvusaulheatre. Des scenes et des personnagesqui ne se lient point A Taction, des evenemens qui se precipitent sans aucune vraisemblauce, des effets entasses sans aucune prepa- ration, amenes par des moyens ridicules et achetes aux de- pens du sens comuiun : voila le loud sur lequel Sheridan a travaille, et oii Ton reconnait quelquelbis son talent a des inorccaux de dialogue pleins de vigueur et de patheti(|ue. Mais a ce theatre, les spectaleurs jugcnt plutot renseinble que les details; peu d'entre eux ont pu recouuaitre les bean- ies du style de Sheridan, taiidisque tons ont ete I'rappes des de- lauts de la composition de Kotzebue. La representation etait d'ailleurs depouillee de la pompe d'opera qu'elle exige, et il n'est pasetonnaut que cc spectacle mesquin n'ait obtenu qu'un tres-laible succes, malgre le talent de "NYaliack , charge du role de Holla, chef des Peruviens, role a eflet, qui est rem- pli a Londies par Macready. — 'VVallack a joue ensuile le personnage d'Othello d'une maniere tres-satisiaisante ; et M""" W est nous a seinble mieux placee dans le role melanco- lique de Uesdemoua , fjue dans le pei'sonnage de Cora, agite de passions plus violentes et lout rempli de? liansports et des terreurs de I'amour maternel. — Les comediens anglais ont joue, pour leur troisicme piece, un ouvrage de Shakspeare qui travail pas encore ele represente a Paris. Le Coriolan n'olYre PAIIIS. 255 ni I'exallation passioniite du Maure on de Romeo, m Tinia- fiination fantastique deployee par le poete dans Hamlet, dans Macbeth , dans le loi Lear ; c'est nn drame qui renl'erme qua- trc annees de I'histoire de Rome, et ou lesdemeles du peuple ct des nobles pendant cette periode, sent peints avec beau- coup de naturel et de vivacite ; c'est jjien la fierte domina- trire des patriciens, la malice envieuse destribuns, I'humeur seditieuse et I'orgueil des plebeiens. Peut-etre trouvcrait-on dans la peinture de ces Romains quelques traits qui s'accordent peuavec la pbysionomiehisturique de ce peuple, mais le poete n'est jamais infidele a la natin-e, et tons ses personnages sont pris dans rhumanite et n'ont rien de ces figures de convention qui I'ourmiilent chcz les poetcs vulgaires. Le role de Coriolan est siH'tout admirable par le contraste de ce caractere si dur, si inipericux, vis-;i-\is du penple; si respectueux et si teudre devant ^a mere; inflexible pour tons-, et immolant sa ven- geance et sa vie aux larmos de celle qu'il est accoulume a cousiderer comme une espece de divinite. Le poete a trouve dans cette conception une source feconde du plus noble pa- theliquc. La piece de Sliakspeare est tres-longue et pleine dc details qui ont du charme a la lecture , mais qui embarrasse- raicnt la representation; on y fait a Londres des suppressions considerables et quelquelbis assez pen judicieuses; et ici les acteurs retranclieut encore une partie de ce que conserve I'im- prime qui sert pour les theatres anglais , de sorte cpi'il re- sulle de loutes ces mutilations un spectacle assez decousu; et loutefois, grace a son extreme nouveaute, il ne manque pas d'interet. Wallack a rendu assez bicn les deux principales nuances du rule de Coriolan, la fierte et la sensibilite. Celui de Volnnmie a ete rempli par une francaise, M"" Saint-Leon, que nous avons vise a I'Odcon , et a laquelle il est juste de tenir compte de la difficulte de jouer la comedie dans une lan- gueetrangere ; elle ne manque ni d'iulelligence, ni de dignite. C'etait AbJjott qui rempiissait le rule du general des Yolsques, et il yarecu des applaudissemcns ; cet acteur, qui a la loua- ble niodestie de se borner aux seconds roles, s'en acquitte loujours avec distinction ; nous I'avons revu avec un nouveau plaisir dans celui de Cassio, (.VOihe/to , et nous sommes bien aises de trouver I'occasion dc repeter qu'il le joue d'unc ma- niere superieuie. M. \. Opera -coMiQi'E. — L'Illuiiio7i . drame lyrique en un acte, paroles de MM. Saiist- Georges et Memssier, musique de M. Herold. (Samedi 18 juillet. ) — L'intrigue de cette piece est pen compliquee ; courte en sera I'analyse. a5G rJlANCF:. Ponrol)rir aux volontrs dc scs parens, Laiironcc a rpniiisi'. conlre son gir, Ic \icux baron do ^^'ali^o^n cl ahandonnr (Jiis- tavc qui a jadis rcrn ,scs scrnicns. lnconsolal)lo dc; icttc pcrle, fd»ii-(i osl allr s(! nu'lcr anx paysans dn Tyrol , ct domcurc cliez I'un d'lMix qui lui a sanve la vie. Philippe (c'cst le noni de ce montagnaid) a une soenr nommce ansi^i Laurence, elle est jcune et hello ; pen ;i pen cllc leniplace dans le ceeur de, Gnstave I'olijel qn'il a ainie, et qn'il ainie cncoie ; il la fail revf'lir d'hahits semhlahles acenx de son infidele haronne, el Villusion est au moinonl d'etre complete. Cepcndanl, dcs bruits laeheux ont courn dans le pays, et les voisins n'ont pas manque d(! ra(iueler en voyant Gustavo et Laurence lia- l)iler sous le meiue toil. Pour metlre fin a ccs propos, Phi- lippe est resolu dc prior son jeune bote dc s'eloigncr du pays : celni-ci ollre d'epouscr Laurence; Philippe, au eomhle de la joio, fait tons les preparatifs de la nocc lorsque Ton annoncc I'arrivec de la haronne do Walhorn, sa soeur do lait. Celle-ci surprend presque aussit(U Gnstave et Laurence an moment on ils s'entrelieuncnt amonrensement du honheur dont ils vont jouir; elle s'evanouit. Laurence s'empresse d'aller chercher du secours; mais, pendant cc terns, Gustavo a reconn\i I'ob- jcl veritable de ses affections : une explication a eu lieu; la haronne est veuve depuis un an et lihre dodisposcrde sa main : Laurence Ironve a son tour les deux amans se declarant lour flanime. !\Ialgre celle rencontre inopinee, Gustavo a donne sa parole; il cpousera Laurence. Celle-ci est au desespoir, el a deja pris la resolution de so sacrifier gcnereuscment; tout est pret pour la noco, et Ton apporte le chaperon dc la niariec. La haronne, entree dans la caiiane de Philippe avcc Lain-ence, i-ecoit le chaperon de scs mains et se rend a reglise pour're- ccvoir la hcncdiclion nupliale. Laurence restee soulc s'ahan- donne nn instant a la douleur, prie le ciel d'accorder d'heii- renx jours a celui qu'clle a taut aime et prend Ic chemin dcs montagnes. Cependant loute rassendjlee rovient. Ton recon- uait la haronne : Philippe chcrcho et appelle sa soeur, que Ton jipercoit l)icntot gra\issant les rochers; on vole a son secours, cl au moment oi'i Ton va I'atteindrc, die jctte has les debiis d'unvieux ponl , et ainsi separec de son frere ct dc ses amis, so precipite dans rahime. Onvoit(pie ce sujet, qui aiirait pu aisemenl eirc ctenducn Irois acles, ne nian([i;c pas d'intcret : cependant, le dialogue €Sl gencralemeni d'une giande faii)lcsse ; cc ne sont que pe- tites scenes sentimentales, langinssammenl filces, (pii scraionl insoutcnablos a la lecture el que Ic debit no rechauffe guerr'. PARIS. 25^ El, i'l r«''j5aril de l;i musiqiie, la disposition des sct'iics est loin d'etre bonne , et , quand elle I'aniait etc , que ponvait faire lo compositcin' avec denx dessus, dont I'un presque nul; car les graces et le naturel de madamc Pradher ne penvent snppleer a la I'aihiesse dc sa voix et au pen de connaissance qu'elle a de I'art du chant; et , d'autre part, deux tenors, dont I'un, Moreau-Sainti , est ehanteur passable, mais a peu de moyens ; et I'autre , Fereol , bon musicien , dont par malheur I'organe nazillard ne saurait etre employe que pour exciter le rire de I'auditoire. Peut-ctre aurons-nous un jour I'occasion d'exposer ce que nous trouvons de vicieux dansrorganisalion niusicalederOpera-Coniique. Quoiqu'ilen soit, la partition de M. Herold offrc, a notre avis, peu dc morceaux saillans. L'ouverture se dessineassez bien, mais ne presente rien de neuf ; I'air de Slozart, Vol die sapcte, qui sert de debut , est heureusement place. Le premier choeur de cou- lisses qui , comme tons ceux de cetle piece , n'est qu'une par- tie avec accompagnement ripieno, ou de remplissage, a qnel- que originalite. Le second clioeur, le jour vicnt de naitre , n'a rien de remarquable. Les motifs de I'air de tenor ne se deta- chent pas assez. Le grand air de mademoiselle Prevostest trop surcharge de roulades; c'est, a mon sens, une grande erreur de couvrir de doubles croches I'air d'une habile cantatrice , lorsqu'elle n'en doit chanter qu'un seul; que, dans un opera en trois actes, on introduise un air dc bravoure, a la bonne heure; mais , dans une piece de peu d'etendue , une lecon de vocalisation est, ce me semble, bien deplacee. Larondechan- tee par madame Pradher n'est pas trcs-neuve, et le motif de la romance du Rocker des deux amans manque tout-a-fait de couleur, et se trouve coupe par un recitatif dialogue , plus in- signifiant encore. Le meilleur morceau de I'ouvrage est le duo agitato de Gustave et de la baronne , au moment de leur re- connaissance ; il a le defaut d'etre trop court : c'est un re- proche que tons les compositeurs aiment a encourir. L'or- chestre est parfaitement traite ; M. Herold recoit ce compli- ment tk chacune de ses nouvelles productions. Enfin, la mise en scene est soignee et fait honneur a raclivitc de M. Ducis, qui parait appele a ramener les beaux jours de rOpcra-Co- mique. .1. Adrien-Lafasge. T. XLIII. Jtll.I.ET l8af). u58 MiCROLOr.lli. >it:cROLOGii';. RrssiE. — Hoffmann, Severgiune, ^'ARE.I^I. — A la lisle des pcrsonuagos icniarquables dont nous avons aiiiiontc la morl a nos lectcurs dans node deinicr cahicr (voy. Bev. Enc. , t. xtii, p. 825), il I'aiil joiiidre les noms du botanisle Hofj'- viamijde racadeniicion Sivergmne, ct du litterateur Nan' Jul. Le premier, apres avoir oecupe pendant ving;t aiis la chaire de botanique a I'universite de Moscou, est mort dans cette Aille le 5 mars 182G, a IMgo de 60 ans. On remarque parmi les ouvrages qu'il a publics : i" Deiit.schlands ftura ; Horins gottingensis , 1795; 3° Historia salictan ; Leipzig, 1783; 3" Genera (tnihelliferarian; iMoscou, 181G. Le second, qui I'aisait partie de I'Academic des sciences de Saint-Pctersbourg depuis 1795, est mort dans cette ville le 17 novembre 1826, a I'age de G2 ans. 11 s'etait spocialement oecupe de mincralogie, de cliimie et de technologic, et a laisse les ouvrages suivans : 1° Natclmlniya osnovaiiiya bota- nild : Principcs clementaires de botanique, 5 \ol.; Saint-Pc- tersbourg. 1791; 1° Pevvlya osnoraniya miniralogtiii : Pre- miers principes de mincralogie, 2 vol. ; Saiut-Petersl)Ourg, 1798 ; 5° Spossol) ispoceetancya mineralnikh vode : Moycn d'e- prouver les eaux mincrales ; Saint - Pclcrsbourg , 1800 ; t\° Klumilclieskiya osnovaniya reiiiessle I zavodof; Principes chi- miques des metiers et des labriqucs, 2 vol. ; Saint-Peters- bourg, i8o5; 5" Kiatkoye iintc/iertaniye mineralogtiii ; Esquisse abregee de mincralogie; Saint-Petcrsbourg, iSo/j; 6" Po~ drobni mineralogaitclieski slotar : Dictionuaire detaillc de mi- ncralogie; Saint-Pctersbourg, 1807; r" IS or ay a systemamine- ralof; Nouveau systeme de classement des mineraux; Saint- Petcrsbourg, 1816. II a public, en outre, en 5 volumes, les rcsultats de ses voyages dans les parties occidentalesdc la Rus- sic ( 1 8o3- 1 8o5), et en uu volume , ceux de sou voyage en Fin- lande (1804). Le troisieme est mort, dans la force de I'age, au mois dc juillct 1825. II est auteur d'une tragcdie en prose : Drneiri Samozranetse, ou le Faux Dmetri ; mais les ouvrages qui Tout surtout fait connaitre sont des romans de moeurs dont voici la liste : 1° Aristlon, 2 vol. in-ia; Saint-Pelersbourg, 1822; 2" Boursak , 4 vol. ; Moscou, 1824 ; 3" Les deux Ivan , 5 vol. ; Moscou, 1825 ; 4° l^s Soirees slavonnes , 2 vol. ; Saiut-Peters- bourg, 1826. Nous avons recu ces quatre ouvrages par les soiiis de notre correspondanl de Moscou, M. Serge Poltaratsky, N'KCROI.Or.lE. 259 ctrunde nus collaboraleiirs : iM. Choi'in, a etc charge d'en faire I'ohjet d'un article d'enscmble que nous alteiidons. Le Tclegvajilie de Moscou, aiujuel nous empnintons ces details et ceiix qui concernent Hofl'maiui et Sevcrguine, annoncecomnie devant paraitre incessamnient un oiivrage posthunie qui a pour litre : le G'dblas riisse , et que Ton dit superieur a ceux dont nous venons dc donner les litres. E. H. Portugal. — Borja Gar^ao Stockler (^Francois de), baron de L«r(7 /a (/ePrfl/a, lieutenant-general, etc., ne a Lisbonne en 1759, morl le 6mars 18U9, dans Ic royaume de I'Algarve. Get homme distingue, I'ul un dcs premiers eleves de rAcademic royale de la niarine, t'ondee en 1779; il passa de cclle ecole a 1' Aca- demic de Goinibre, el devint ensuite profcsseur de mathema- tiques a I'Academie de la marine, emploi qu'il remplit avee un succes qui lui ouvrit bientut I'Academie royale des scien- ces de Lisbonue, dont il i'ut long-tems secretaire. Entre ensuite dans radministration, il y occupa des places elevees, mais qui n'inlerrompirent point ses Iravaux lilteraires et scienlifi- ques. II publia successivement un grand nomJ)re d'ouvrages sur (ics sujets fort divers, el cepcndimt tons recommandables i\ differens litres : nous en citerons quelques-uns : Trailc eic- nicntairc dc la meilwde dcs limites; Mnnoires sur le calcul des fluaions et sur le produit d'un nombrc inftni de facteurs; Eloges liistorujucs. Poesies lyriqncs (1 vol. imprime a Londres); Essai historiquesur I'origiire ci Ics progres des mallicmatiqaes en Por- tugal (imprime a Paris en 1*^19); Traite sitr la metliode inverse des limites, on Thcorie generate da dheloppement des fonctions lo gar illimiq lies (Lisbonne, i8'24); I'llemens du droit des societes politiqucs (Lisbonne, i8a7). M. de Stockier pril une part active aux travaux de la junte chargec de la redaction d'un nouveau code militaire. II elait mcmbre de plusieurs societes savanles et notammenl de la societe royale de Londres, et de la societe philosophique de Pbiladelpbie. France.- — Valentin [Louis) naquit, le i4octobre 1758, a Souianges, arrondissement de \ itry-le-Francais, departe- ment de la Marne, de parens pen rortvnies, livres aux peni- blcs Iravaux de I'agriculture. A peine age de seize ans (en '774) il cntra comnie eleve a I'ecolc de chirurgie du regi- ment du roi, infantcrie , dont son oncle elait chirurgirn aide- major (1) ; pen d'annees apres il obtint le litre de professeur (i) Celte ecole, imique dans I'ainicc, elait due h la favenr de M. Ic duo Du Chdiclcl, colonel de co corps, auialnir T.d'li: el grand jnolecleiu de Tail medical. (Note du duilcui V alenlin.) 26o NlicnOLOGIt. a rclle ccole ot la plate (|uc son oncle laissa »Ii,sponil)Ie. Dc- ijS'i a 1787, il pril a la lactiltc de iiiedcciiie do Nancy scs Hois doi;r(''s. En 1790. \v liconcit'inciit do rcgimenl du roi dj i\t:(;i\OL()Gii':. ({ AmeRIQUE MERIDIONALE. CltiU, 2 IIO Europe. ^ — Grancle-Brctagne , 8 112 — Riissie , 1 120 — Pulogne, 2 126 — Allcmagne, 6 127 — Suisse, 2 loG — Italie,G log — Espagne, 1 i44 — Pays-Bas ,4 i47 France, 64, sa\oir : Sciences physirpies et 7iatureltes, 19 i5i — Sciences religicuses, vwrales , poLitiqucs et historiques, 25. . . 172 — Littirature , 12 200 — Beaux-arts , 3 2i5 — Mimoires et rapports des socicles savantes , 2 217 — Ouvrages piriodiques , 1 218 — Litres en tongues itrangeres , imprimis en France, 2 .... 219 \(i.'l TABM. 1>ES MITICI.ES. IV. NOU VELLES SCIENTIFIQUES ET LITl ERAIUES. Amkbique sEPTENTWONAi.E. — Etati-UtiU; Kentucky : Fortifica- tions allribii(5cs mix Indicns. ■ — Boston : Fondation d'un hospice pour It's aveugles. . . • 22 i" AFniQUE. — Egypte : Expediliou sciculilicjue dirigec par M. ChampolUon 222 EUROPE. GnANDE-BRETAGNE. — Nouvclle latupc de surelt". — Suiitliampton : Comilc provisoire pour ramt'lioratioii du sort dcs Bohe- miciis. ., 227 RiissiE. — Instruction publique '. . . 29() Allemagne. — Univcrsites : Cours d'^t^ 23o Suisse. — Reclamation ; Lettre au Directeur de la Revue En- cyclopddlque 900 Italie. — Ptimont : Ach^vement de deux routes entre la France et ritalic. — Sicite; Palerme : Enfant done dune capacitii extraordinaire pour le calcul 207 Grece. — Es;lne : Elablissement dYcoIes regimentaircs .... got) Frakce. — Epinal (Saone-et-Loire) : Mines de houiUe et che- mins de fer enlre le canal du centre et cclui deBourgogne. — Rouen (Seine-Inferieure) ; Monument a la memoire de Pien-e Comeille 240 Paris. — Institut : Academic des sciences : prix decemes pour I'auuee 1829 et prix proposes pour les ann^es suiy antes. Seances du i5 juin au 10 juillet 1829. — Society des mtV thodes.— Gi'orania. —Reclamation. — ThMtres. — ■ Theatre anglais : Pizarro, Othello, Coriolan. — Thidtrede I'Opdra- Comique : 1" representation de I' Illusion 255 Neceologie. — Riissie : Hoffmann; Severguiue, Nart^jni. - — Po?*- f«g-rt/ ; Borja Garcao Stockier. — FrnHce : Valentin . . . . 258 RECHERCHES Sim LES ENFANTS-TROUVES ET LES ENFANTS ILLEGITIMES EN RUSSIE, DANS LE RESTE DE LEUROPE, EN ASIE ET EN AMERIQUE: OUVRAGE OU l'oN DEMONTRE PAR DES FAITS NOMBREUX ET AU- THENTIQDES TOIIS LES MAUX QUE PRODUISENT LES IVIAISONS d'eN FANTS-TROUVES ; ET OU l'oN REND COMPTE DBS MOYENS EM- PLOYES DANS DIVERS PAYS POUR PREVENIR l'iNFANTICIDE ET I.'eXTOSITION, ET POUR SF.COURIR LES NOUVEAU-NES QUI SONT ABANDONNES. DEDIE (aVEC permission) A S. M. L'EMPERELfR DE TOUTES LES RUSSIES , NICOLAS 1". PAR M. DE GOVROFF, CONSEILLER d'eT.IT ACTDEL, HECTEUR DE l'uNIVERSITB DB ST.* VETERSBOUBG , PRO- FBSSEUR d'hISTOIRB ET DE LITTERATURE, HEMSBE DU COMITE SCIENTIFIQUE PRES LE HINTST&RB DBS FINANCES ; CHEVALIER DB l'oRDRB DE STE.-AKWE 2*^ CLASSE , ATEC LES INStGNES EN DIAMANTS , ET DE l'oRDRe' BOTAL DE LA LEGIOK d'hOK* PARIS. AU BUREAU DES CONNAISSANCES USUELLES, RUE HE GRKNEI.LE SAINT-GERMAIN , N° 6g. 1829. i»ROSPK<;TlTS K04KM Nitnquam aliud naliira aliud sapleitlia dicil. JuVENAr.. lAiiTEUR de cet ouvrage, apros avoir publir un Memoire sur VHopital des pauvrcs malades fonde a St.-Petersbourg par riniperatrice-mere, fut charge par Sa Majeste de fairc Thistoire des deux maisons d'enfants-trouves qui existent dans les deux capitales de I'empire. Cet ouvrage fut fini et presente a Sa Majeste en 1819. Mais, depuis ce temps, i'autenr n'a cesse de s'occuper du meme snjet considere generalement. II a voyage dans nne grande par- tie de TEiirope en 1824 et iSaS, pour etudier le regime qu'ou suit a I'egard des enfants ille- gitimes et des enfants -trouves, et il n'a pas tarde a reconnaitre qu'ils etaientsous deux sys- temes contradictoires. Dans les pays catholiques, des asiles nom- breux ont ete ouverts a tons les nouveau-nes legitimes ou non qu'il plait an public d'y aban- donner ou d'y jeter. L'Autriche en a plusieurs; I'Espagne en compte 67 ; laToscane, 12 ; laBel- gique , 18; mais la France I'emporte sous ce rapport : elle n'en a pas moins de 369. : c'est autant que d'arrondissements(i). (i)Laloidii 27 frimaircan 5 (17 dec. 1796) portait qiu (3) Ijes pays protestants, au contraire, ne veu- lent point d'hopitaux d'enfants-trouves. Us out meme supprime la plupart de ceiix qui avaient ete fondes specialement pour eux, et les out convertis en maisons d'orphelins : c'est ce qui a eu lieu a Lubeck , a Cassel , a Nuremberg , etc.; c'est ce que fit en partie le parlement d'A.ngleterre en 1760, quatre ans apres avoir ordonne que I'hopital des enfants-trouves de I^ondres recevrait et eleverait tous les enfants exposes et abandonnes qu'on y apporterait , et qu'on formerait des etablissements semblables dans tous les comtes. Rien de tel n'existe au- jourd'hui , et le Foundling Hospital, malgre sa denomination, ne recoit aucun enfant-trouve, pas meme ceux qu'on expose quelquefois a sa porte ; mais tous les gens senses approuvent cette deviation de la fondation primitive (i). Voila certainement deux systemes diametra- lement opposes. Heureusement les promoteurs de I'un et de I'autre n'ont ete inspires que les enfants abandonne's nouveau-nes seraient recus clans tous les hospices civils. Le nombre de ces hospices est d'environ 5oo dans toute la France. Mais le decret du 19 Janvier 181 1 statua qu'il y aurait au plus dans chaque ar- rondissement un hospice pour les enfants-trouves. (1) Letter to sir Samuel Romilly upon the abuse oi charities. Lond. i8i8, ii"^ edition. ( 4 ) par la charite cliretieniK^of nori par rcsprit dr parti. Que le meiiie sentiment Jiotis animo dans rexamen de ces deux systemes, et jugeons-les par la comparaison de lenrs resiiltats. C'estpoury parvenir que I'auteur a recueilli, autant que possible, le nombre des infanticides coinmis, soit chez les catholiques, soit chez les protestants ; qu'il s'est procure les listes des naissances legitimes et illegitimes , des mort- nes, des manages, des deces, et Tetat des mai- sons d'accouchement; qu'il a etudie enfin la le- gislation des Etats protestants relativement aux soins qu'on ne pent certainement pas refuser aux pauvres enfants illegitimes, ni aux enfants- trouves. Le principe general qu'il a vu domi- ner dans ces pays , est qu'une fille qui devient mere n'est pas moins obligee de nourrir son enfant qu'une femme mariee : principe fonde dans la nature, et qui a dicte les mesures bon- nes on mauvaises qu'on a prises dans ces pays pour que sa violation afflige le plus rarement possible la societe. Mais ces mesures different quelquefois essentiellement : la sanction pe- nalc prevaut dans quelques Etats avec plus ou moins de rigueur; I'humanite et la douceur dans o3 sur 100? Peut-etre que les administrateurs N'accusons pas les ad- ministrateurs. L'auteur n'a vu partout que des gens de bien, des hommes estimables sous tons les rapports, a la tete des maisons de charite; et partout ils s'acquittent de leurs de- voirs autant que leurs lumieres le permettent. Mais on ne peut pas entreprendre d'elever les nouveau-nes en masse comme on entreprend une fabrique. Le Conseil general des hospices de Paris revint de cette erreur lorsqu'il arreta , des la premiere annee de son institution, les bases d'un plan pour ameliorer le sort des enfants-trouves ; et certainement la vie de ces infortunes a gagne a I'abandon de la vieille routine. I^e Parlement d'Angleterre commenca bien plus tot : sur la proposition de Jonas Han- way, philantrope connu , il statua en 1767 que les paroisses confieraient tous les enfants dont elles seraient chargees , a des nourrices dans les villages. Veut-on maintenant connaitre I'influence contagieuse de ces maisons sur I'abandon des nouveau-nes? Mayence n'avait point d'eta- blissement de ce genre, et depuis 1 799 jusqu'a 181 1 on y exposa 3o enfants : c'est 2,3 par ( 7 ) ail. INapoleoii , qui s'imaginait qu'en multi- pliant les maisoiis d'enfants-trouves il multi- pliait les soldats et les uiatelots, ordonua d'etablir un tour dans cette ville. Ce tour fut ouvert le 7 de novenibre 181 1, et subsista jusqu'au mois de mars i8i5 , que le grand-due de Hesse-Darmstadt le fit supprimer. Pendant ces trois ans et 4 niois, la maison recut 5 16 enfants-trouves. Una fois quelle fut suppri- mee, comme I'habitude de I'exposition n'etait pas encore enracinee dans le peuple, tout rentra dans Tordre : on ne vit, dans le cours des 9 annees suivantes, que 7 enfants d'exposes. Ce ne sont pas la les seuls maux que les maisons d'enfants trouves versent dans la so- ciete : on en sera convaincu apres avoir lu cet ouvrage, qui en presentera le triste tableau, [ja prudence exige done qu'on examine avec un esprit degage de preventions, les suites de cette institution : elle a ete inspiree, il est vrai, par ramour le plus ardent de I'humanite; mais elle est devenue, par I'abus detestable quon en a fait, tm foyer de corruption, une prime d'eucouragement aux meres pour re- noncer aux devoirs de la maternite, et elle va meme jusqu'a seduire des peres riches, au point de leur faire abandonner des enfants nes dans le mariage (i). Si sairit Vincent de fi) L'auUur a d<;mcuie dims une tres-belle niai^on (8) Paul avait pu pre voir qu'on abuserait ainsi de son principe de charite , il y aurait certaine- ment mis des liniites. Il faut done le r^peter, voyons ce qui se passe dans les pays ou Ton a renonce a ce systeme ultra-liberal. Assurons-nous si I'infan- ticide et I'exposition y sont devenus plus com- muns; si les enfants illegitimes a la charge du public y sont plus ou moins nombreux qu'ail- leurs ; enfin si I'adoption de mesures combi- nees sagement et choisies parmi celles qui existent ailleurs pour prevenir les crimes dont les nouveau-nes sont I'objet et porter des secours necessaires a ceux qui seront exposes (car il y en aura toujours), ne sera pas unc amelioration dans Tetat social. Les pays catholiques n'ont pu apercevoir , a ce qu'il semble, la marche et les progres de I'administration dans les pays protestants, sur le sujet qui nous occupe : on ne remarque en effet dans aucun livre francais a la connais- sance de I'auteur, ni dans aucun des excellents rapports publics depuis I'an ix (1801), par des membres du conseil general des hospices de Paris, non plus que dans ceux qui sont dus dont le proprietaiie actiiel, Alleniancl d'origine, f lit aba n- (lonnti pendant quatre ans an\ Enfants-trouves de Saint- Petersbourg. Son peie cepcndant avait aS on 3o niille roubles de levenu. ( 9 .) mix administrateurs des hopitaux de Lyon, ni dans les circulaires des ministres de I'lnterieur , en France et dans les Provinces-Unies, ni dans lesdiscours prononces, a Toccasion du budget, dans la Chambre des Deputes, aucune allusion aux divers systemes que Ton suit dans d'au- tres pays. On ne parait pas meme se douter qu'il y en ait, ni qu'il puisse y en avoir d'au- tres. Les maux causes par celui qui existe sont bien sentis, mais regardes comme neces- saires : on les deplore, et on s'arrete la, dans I'idee probablement qu'on ne pent restrein- dre I'exposition sans multiplier I'infanticide ; car c'est en cela que reside la difficuite (i). Au reste, le prejuge en faveur des maisons d'enfants-trouves est si general en France , que les editeurs des OEuvres de Voltaire , publiees (i) Le rapport fait au roi le aS novembre 1818, par M. Laine, ministre de I'lnterieur, expose tres-bien les deux ecueils entre lesquels I'administration est placee. Dans la Chambre des Deputes on a lu souvent des petitions ecrites par les Conseils generaux des departements contre la faci- lite de I'admission des enfants-trouves dans les hospices, qu'ils.regardent comme la cause de I'accroissement rapide dunombre de ces enfants. En 1824, il y fut aussi-question des infanticides dont la societe n'a que trop souvent a ge- mir. L'auteur examine les moycns de prevention et de repression qu'on pent employer contre ce crime, et re- grette d'avoir a combattre l\)pinion de phisieuis honora- bles deputes sur ce sujet. ( TO ) a K.elil , expriment clans une note le clesir que les sommes envoyees a Rome tons les ans par la France, soient employees a etablir, par tout le royaume, des maisons d'enfants- trouves; ce qui, suivant eux, sauverait la vie a plusieurs milliers de ces infortwies (i). Mais ii'etait-ce pas dans la realite faire servir un abus a en etablir un autre plus criant encore, puisqu'il blesse tous les interets de I'huraanite? Condorcet etait-il entre dans une maison d'enfants-trouves ? en avait-il examine les regis- tresmortuaires? connaissait-illemauvais carac- tere, en general, du petit nombre d'enfants qui sont sauves, et la tendance perverse de ces maisons ?..... Mais les vceiix de Condorcet sont remplis : la France a 362 maisons d'en- tants-trouves. Qu'est-ce que la France y a ga- gne en moralile, en population, en finances? Mais les lumieres en administration sont bien difficiles a se repandre. Croirait-on qu'a Bellinzone, dans la Suisse italienne, la direc- tion centrale de bienfaisance , composee de deux landammans et d'un conseiller d'etat, a public, en 1826, le prospectus d'une loterie cantonale, dont le produit doit servir a I'eta- blissement d'un hopital pour les enfants- (i) Voltaire, (•dition de Delerville <'ii ,',2 vol. iii-8", lorn. 18, pag. i2. ( ^' ) trouves, et dun autre pour les pauvres? Heu- reuse combinaison d'idees '. L'hopital ne manquera point de pauvres , au moyen de la loterie ; et au moyen des pauvres , la maison des enfants-trouves ne manquera pas d'etre bien penplee. Esperons qu'un homme eclaire aura demontre a M. le conseiller d'etat et a MM. les landammans , combien leur projet est contraire aux bonnes moeurs et a la prospe- rite de leur patrie, L'auteur destinait ces recherches, comrae une suite de son premier ouvrage, a cette excellente imperatrice Marie Feodorowna, qui passa toute sa vie a ne faire que du bien. Elle etait digne d'entendre la verite, et la lui ca- cher aurait ete fort mal lui faire sa cour : aussi, I'histoire des maisons d'enfants-trouves de Pe- tersbourg et de Moscou a ete ecrite conscien- cieusement, et sera imprimee sans alterations. Aucun fait n'a ete cache, ni meme voile. Outre ce qui concerne les enfants-trouves, on y verra quelle est I'organisation des deux banques ou caisses de depot atlachees a ces maisons, et raccroissement enorme de leurs capitaux. Ce sont sans aucun doute, avec la banque d'em- prunt de Petersbourg, qui est a-peu-pres regie de meme , les etablissements de ce genre les plus solides qui existent en Europe. Les tableaux slatistiqucs commencent, pour ( ^^ ) Petersbourg, a la premiere annee tie I'etablis- seinent, en 1771; pour Moscou, en 1800, et sont continues, pour les deux maisons, jus- qu au I janvier 1029. M. Mai thus regrette, dans son Essai sur le principe de population, de n'avoir pu se pro- curer ces documents; mais, quoiqu'ils lui aient manque , les faits qu'il avait recueillis sur d'autres hospices d'enfants-trouves I'ont con- duit a dire que , pour arreter la population, un homme , indifferent d'ailleurs sur les moyens , n'aurait rien de mieux a faire que de multi- plier les maisons d'enfants-trouves, ou les en- fants seraient recus sans distinction ni limites. On sera convaincu que M. Malthus a raison , quand on connaitra les resultats des maisons d'enfants-trouves de Petersbourg et de Moscou, de Varsovie, de Vienne, de Paris, de Dublin, de Milan, de Florence, de Madrid , etc. , etc. , et enfin de Rio-Janeiro, dont les tables com- mencent depuis 1738, et vont jusqu'a la fin de 1823. Cependant, la justice oblige Fauteur de de- clarer que les maisons d'enfants-trouves de Petersboiu'g et de Moscou sont les meilleures de celles qui existent sur un pied aussi liberal. II en appeile a tons les etrangers qui les ont vues : aucunes depenses n'ont ete epargnees ; rien n'y a manque. Les soins de lout genre y ( '3 ) etaient prodigue^par les ordres d'une Impe- ratrice a I'oeil vigilant de laqiielle rien n'echap- pait , et on verra cependant quelles ont ete les tristes consequences de ces maisons organisees, pour la reception des nouveau-nes , aussi li- beralement que celle de Paris. Pourquoi cela ? C'est qu'il n'y a pas de puissance sur la terro qui puisse faire prosperer des etablissements qui sont contre nature, et telles sont malheu- reusement les maisons d'enfants trouves : Nitnqiiam aliud naticra aliiid snpientia dicil. Mais, en proposant leur reforme, I'auteur est loin de conseiller d'agir precipilamment. II faut au contraire de la reflexion, du temps et de la patience, pour preparer et executer peu-a-peu les mesures qui doivent la preceder, et ne pas faire la faute de quelques villes de la Belgique, qui en iSaS, pour ne pas avoir a leur charge les enfants qu'on apportait du dehors, supprimerent les tours. Bientot la vie de plusieurs nouveau-nes compromise, et la clameur publique, firent donner I'ordre par le gouvernement de les retablir (i). II n'y a rien la que de naturel : on devait s'y attendre. Comment ? Un torrent a pris son cours ; on a (i) Rapport fait aux Etats-Generanx en 1824, par le ministre de I'lntcrieiir, M. de Coninck. !, '4 ) tout fait ponr le ^rossir: bie^tot il ravage tout le pays par ses debordements, et on pretend I'arreter par une miserable digue jetee sur un point ! Qu'on sache que les maisons d'enfants- trouves ont corrompu I'opinion publique , et qu'elles ont desappris aux gens du peuple la pratique de leurs devoirs envers leurs enfants. Les nourrir n'est plus aux yeux des meres une obligation qui les regarde, mais celle de I'Etat. 11 faut done avant tout les eclairer, leur rendre les principes de religion et de morale qu'elles ne reconnaissent plus, et alors I'autorite civile achevera, par d'autres moyens d'humanite, et par de sages precautions, ce qui aura ete si bien commence. Finissons par une triste reflexion qui ne doit pas cependant decourager les gens de bien: c'est que la charite est , de toutes les vertus , la plus difficile a exercer, parce que les vices et les passions des hommes sont toujours la pour la tromper , s'en emparer , et la cor- rompre. Le premier volume de cet ouvrage contient VHistoire des maisons d' enfants -Irouves de Petersbourg et de Moscou , d' Arkhangel et de Riga, avec 4o tableaux statistiques. II contient aussi des notices statistiques sur la Courlande, Dorpat et la Finlande : il est precede d'un ( '5 ) Essai sur Vhistoire des enfants-trouves , depuis les temps les plus anciens jusqua no s jours. Les deuxieme et troisieme volumes com- prennent le Danemark, la Suede, la monar- chie pnissienne, les royaumes d'Hanovre, des Provinces-Unies, de Saxe, de Baviere, de Wur- temberg , les grands-duches de Hesse, de Darm- stadt , de Bade , de Weimar et de Gotha , Franc- fort-sur-le-Mein , Breme, Hambourg, Lubeck , les cantons de Geneve , de Vaud , de Berne , de Soleure, de Bale, les Etats autrichiens, le grand-duche de Toscane, Bologne, Plaisance, Naples et Palerme , I'Espagne , le Portugal , Dublin et Londres, Paris et toute la France, independamment de plusieurs pays hors de I'Europe, et de plus de 80 tableaux statisti- ques. Tel est I'ouvrage qu'on soumet aux lumieres des hommes religieux , des amis de I'humanite, des administrateurs et des magistrats, des sa- vants qui s'occupent de I'economie politique, de tous les citoyens en un mot qui prennent part aux affaires publiques, qui gemissent des maux de la societe, et qui voudraient la voir fleurir par les bonnes moeurs. Les faits que ces volumes contiennent sont nombreux, in- croyables quelquefois , mais authentiques. Et , a cette occasion , I'auteur croit devoir temoi- gner toute sa reconnaissance aux hommes bien- ( i6 ) veillants qui les lui out fournis. 11 se fera iin devoir tie les nommor, s'ils Ic lui permettent , pnisquo cot onvrage est, en quelque sorte, le loiii". Le i^"^ vol. de cet ouvrage paraitra au mois d'octobre prochain , et les autres successive- ment. Les 120 tableaux statistiques qui y sont joints , et le petit nombre d'exemplaires qui sera tire, ne permettent pas d'en fixer le prix a moins de 8 fr. 5o c. le vol. On pent s'adres- ser des a present , pour cet ouvrage , au Bu- reau des Connaissances usuelles , rue Crenelle St.-Germain , n° Sg, a Paris, en affranchissant les lettres. N. B. Les persomies qui ont bien voulu promettre a I'autenr des renseignenients supplementaires, sont priees de vouloir bien les lui adresser au meme bureau, ou di- rectement a St.-Petersbourg par des occasions sures, afin d'eviter les frais de poste qui empecheraient de recovoir les envois. IMPRIMERIE DE A. FIRM IN DIDOT, RUE JACOB, N** a/i. Avis XVX AMATEBBS DE la LITTEEATIIJRE ETBASCEBEi On pent s'adresser a Paris, par rentremise du Buread cButttAt de i* Revob Emcyclop^diqce , k M. SSdillot, Libhaibb, pour se procurer ks divers ouvrages etrangers , anglais, allemands, italiens, russes, polonais, hollandais, etc., ainsi que lesautres productions dela litt6rature fetrangerc. AtlX ACADEMIES ET AUX SOCIETBS SAVANTES de tOUS Us pays. Les AcADBsiiBS etles SociiiKS savanies et b'ctiliiS ptBUQUE , fran^aises et etrangferes , sent iayitM^f^' REVUE (1 ENCYCLOPEDIQ OX) ANALYSE RAISONNEE DES PRODUGTIOINS LES PLUS REMARQUABLES DANS L\ LITTiRATtJRE, LES SCIENCES ET LES ARTS. 1" Pour les Sciences physiques et wailicitmliques et los /trts mdiistricls: MM. Casasbca, de Madrid; Ch. Dcpiji, Girabd, Navieb, de rinsri.uu; .1. J. Bauob, DtBEt'aFAtiT, H. DussABO , Fbbky, Fea.ncoelr, Ad. Gorf- niMix; D. Labdkeh, de Loudres; A. Micbelot, dk Moktcehv, Mobeau DS JOSXES , QlEIELKT, T. RlCHABD, WaBDEH , CfC. s" I'outIcs Sciences natureUes : MM. Flocbbss, GEorFHOiSAmx-HTLAJBE, de rinstitut; Bo by de Saint-Vikcbbt, correspondantde I'lnstitut; Mathieu IJoMAFoiis, de Turin; B. Gaiilow, de DiciJpe; Isiuobe GsOFfaoY Saint- lliLAiRE, etc. 5" Pour les Sciences medlcales ; MM. Damibon ,G.-T. Doin, Am^dke Dlpac, Fossati , Gasc ; Gwisow , de Hamboui^, »b Kibckboff, d'Anvei's; Ric.oLLOi Eb , d'Amiiins , etc. 4° Pour les Sciences phi losophiq ties 0t morales, poUtiifucs, ffeographiques et historiqiies : MJI. M. A. Jlllien, cte Paris, Foudateur-Diiecteur de la Heviic Encyclopedujue; Adolphb Biakqci, Alex, de la Bobde, Jomaed, de l'li;stitut; M. Avesel, BarbiS dv Bocaoe flls, Benjamo Cokstaivt, Chables Gomte , Dbppisg , DtFAU, Dl'soyek, GciGMAtx, A. JaibeKt, J. Laboudebie, liA^jrijiAis fib, p. Lami, LESLEta-MERLiTi , Massias, ALBEBT-MONIliMOST, EoSKBE SalVERTB , J.-B. Say; Sij10>DB liE SlSMOKDI , de Geneve; WABSiOEMiG, de Liege, etc.; Dltin ajne ; BEaviLLE, Boi'Chk.n^-Lefer, Ch. Rekodabd, Taillakdieb, avocats, etc. 5" Pour la LiiUrature francaise et ctrangt.re, la Bibliographie, VArclteo- loffic et les Bcaitx-Jrts :MVl. Andkiblx, AMAtKY-DtVAL, Emebic David, Lbmkucier, db SiioiiB, de I'lnstitut ; A>drieix , de Limoges ; M"' L.-Sw. Bklioc; mm. J.-P..Bais, Bubsolf fils , Chadvei; Cbiariki , de Varso- vie; P.-A. Coupirt , Fb. Degbobge, Dcmkhsan; Ed. Gauttieb-d'Abc; Ph. Golbeby, correspondant de I'lnstitut; Leon IIalevy, Hekbichs, E. Hi!- beau, AtctsTE JuLLiEN fils, Bermabd JuLLiEiv ; Kalvos, de Zante; Adbien- LAi^Ases., J. V. LeclEbc, A. Mahll, D. P. Me.vdiiul; MoknarD, de Lau- sanne; C. Paoakel, H. PArMr,PoHr.KBViLtE, DK Beiffe:"TnAl. de la KEYUE EUtTCLOPEDIOlE , Chez SEDILLOT, libbaire, rue d'esfeh-saikt-suchei. , n° i8; ARTHUSBERTRAND, bcr HAciBfEuiLLE, n" 20. AOUT 1829. 9'S: lUrrjJUIRlE I'E PLiSSAN EX Cif. ECE DE ViCGlBAJ'.D, ^• i5 CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION. Dcpuis le uiois fie janvicr 1819, il parait, par annee, douze Caluers dc c» Reciieil ; chaquc cahier, public le 5o du mois, se compose d'environ i\ feuilles d'inipressioQ, et plus souvcnt de i5 ou 16. On sousciU h Paris, chez Sl&DlLLOT, an Bureau central d'abonnamont cl d'cjcpedillon indlque sur le titre , ct cliez les libiaiies ci-apres : ARTHUS BERTRAND, rue Hautcfeullle , n" aS ; A LA Galebie de Bossange p(;re , rue Richelieu , n" 60 ; J. RENOUAno , rue de Toumon , n" 6 ; Di'BBLiL, place de la Bourse. Prix de la Soiiscription. A Paris. . 4G fr. pour un an ; 26 fr. pour six mois. Dans les departemens. 55 5o A I'etranger 60 S-i En Angletcrre jS 4* Le niontant de la souscription , cnvoye par la poste , doit etre adresse d'avance, FBA^c de port, ainsi que la correspondance , au Directeur de la Revue Encyclopiktique, rue d'Enfcr-Saint-M'tchel, n. 18. C'est & lameme adiesse qu'on devra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravui«i qu'on voudra faire annoncer, aiusi que les articles dont oa desirera Tin- Kertion. On petit anssi souscrire chez les Directcurs des postes et chez les prin- cipaux Libraires, i Paris, dans les departemens et dans les pays etrangers. Trois cahiers ou livraisons forment un volume. Chaque volume est ter- mine par une Table dcs matieres alphabilique ei annlylique, qui eclaircit et facilile les reclierches. Cette Table ^t toujeurs jointe au i" caliier du volume suivant, i I'exception de la derni6re Table de Tannee, qui est expedi(';e isolement ^ tous ceux qui peavent y avoir droit. On souscrit , seulement a parlir de deux epoques , du 1" Janvier ou du i" juiltet de chaque anh^e, pour six mois, ou pour un an. On trouve, av bureau central, les collections des annecs 1819, 1S20 , i8ai, 1822, 1825, 1824 ^' 1825, au prix de 5o francs cL precedemment duinontre que les peoples qui fureiil jadi- souniis u la domination espagnole u'ont pas ete moins fond'-sque ne le furent les Anglo-Americains a se cons- tiluer en v'.lats independans. Nous avons cnsuite elabli que Tindependance des nouveaux Etats, legitimenicut acquise, esl T. xLin, AotiT 1829. 18 ■2(i(> 1)E L'lNDKI'KNDANCK devcniie irroDCiible, et (|ue tons les efloils que I'Espaj'iie fe- rait pour la dctriiirc lournoioient a sa lionle. Ces I'aits elant iiicontcslahlcs, nous en (irons la conse- quence, que ies goiiverneniens europeens, et particuliere- ment celui dc la France, doivenl Ies admettre comme tels. Ce sont des necessites sociales que qnelques personnes peu- vent deplorer, mais que nul ne saurait nier sans absurdite. Du moment que des faits de cette nature existent, et qu'il n'est plus possi!)!e de Ies aneantir, il nc reste qu'a Ics re- connaitre IVanL-hcmeut. En Ies deuiant , on sc priverait do tous Ies avantages qn'ils pcuvcnt pioduire ; mais on u'eviterail pas un seul des inconveniens qui pounaicnt en ctre la suite. II serait pen sense de repousser Ies avaulages d'unc position donnce, qiiand on n'a pas Ic nioyen d'ecarter Ies maux qu'on suppose devoir en resulter. Mais ici des objections sc presentent contre la reconnais- sance de I'independance desnouveaux liltats americains. Onl- ils ctabli chez eux un ordretel, qu'on puisse sans danger Ies admettre au rang des nations ? Si leur independance doit etre reconnue, ne convient-il pas dc laisser a I'Espagae I'honneur de prendre I'initiative ? Pour resoudre la premiere de ces deux questions, il I'audrait determiner d'unc maniere generale quel est I'ordre qu'un peuple doit etablir chcz lui pour faire recoimaitre son exislence.il I'audrait, pour resoudre la seconde, examiner si Ton pent raisonnablcment csperer que le gouver- ncment espagnol reconnaitra I'independance de ses colonies tant qu'il n'y sera pas contraint par la force. Or, il nous sem- ble que ces questions n'ont encore fixe I'attention de per- sonnc. Si Ton n'admcttait au rang des nations que Ies peuples cliez Icsquels aucun trouble ne se manifeste, que ceux qui possedent un ordre social regulier, et qui garantissent u cha- que iudividu la sCuete de sa personue, la joiiissancc et la libre disposition de ses bieus, la libcrte de sos opinions, il landrail se resoudre a contester I'existence des neuf dixiemes des na- tions. Combien polirrait-on en compter, en effel, chez les- qucllcsonn'aitpas vu eclater des troubles serieuxdepnisun pe- DES NOUVEAUX ETATS DE L'AMIiRIOUE. 2(5; lil nombre d'annces, et qui joiiissent des garanlics que nous aspirons a posseder? Nous n'avons pas la folic pretention d'exiger qu'un peiiple modcle son gouvernemcnt sur le notre, pour nous determi- ner a reconnaitre son existence ; nous n'exigeons meme pas qu'il garantisse la personne et les biens des individus dont 11 se compose. L'Espagiie et la Turquie, avec leurs gouverne- mens absolus, soutmises au rang des nations, comme la con- federation anglo-americaine et la confederation helvctique. Nous envoj^ous des ambassadeurs aux unes comme aux au- tres, ct nous recevous ceux qu'elles nous envoient. S'il plait a Mahmoud ou a Ferdinand de nc pas observer scrupuleu- sement les formes judiciaires a I'egard de leurs sujets, la di- plomatic ne s'en inquiete guere ; elle ne menace pas ces prin- ces de deserter leurs cours. Nous reconnaissons memc conlme nations les Etals barbaresques des cotes d'Afriquc; nous frai- tons avec eux, nous recevons leurs envoyes et leurs presens. En les reconnaissant, nous n'entendons pas, sans doute, ren- dre un homrnagc a la regularite de leurs gouvernemens, a la douceur de leurs moeurs, a la ptuete de leur religion. Si ladiflerence d'institulions, de moeurs, de religion, n'em- peche point que I'existence d'un peuple soil publiquement re- connue, on ne saurait nonplus alleguer, comme obstacle a cette reconnaissance, les changemens qni s'operent dans ses institutions. Quel est le peuple du continent europeen qui, depuis quarante ans, n'a pas subi diverses revolutions? Quel est le pays qui, dans le cours de quelques annecs, n'a pas etc le theatre de quelques troubles, de quelques conspirations? L'Espagnc elle-nieme n'a-t-elle pas etc soumise alternative- ment, par le seul effet de la force, a un regime constitution- nel et a un regime absolu ? Son existence n'a-t-elle pas ete rcconnue, sous ces deux regimes, par tons les gouvernemens europeens ? II est des peuples americains qui sont en etat de j guerre les uns conlre les autres ; mais, ces guerres sont-elles I comparables a celles que se font des nations dii continent eu- ropeen depuis des siecles ? 208 DE L'INDEPENDANCE Qiielqucs-nns des nouvcaiix I^lats ont eprouve des emhar- ras financiers, et dcs troubles assez graves se sont manifcstcs dans lenrsein; mais I'Espagnect mCme la Francc'n'onl-clles jamais eprouve ricn de pareil? d'ailleurs, si roxistence des nou- veaux liltats eCit ele franchenient reconnue, des qu'il est de- venu certain que la domination de rEspagne avait cesse sans retour, on aurait prevenii cos embarras el ces Irouhles. La necessitc de se mellre a I'abri des teulativesdu goiivcrnement espagnol, et la crainte que devait natiirelicnient Icur inspirer le refus de quclqucs puissances europeennes de reconnaitre leur independance, les ont obliges de teairsur pied des armees permanentes. II a fallu sacriCer a rentrclien de ces armees lesressourcesdont on disposait; et, des lors, il est devcnu im- possible de fairc face a qiielqucs-uns des engagcniens que Ton avait contractes, et de reparer les devastations causces par la guerre de rindepcndancc. Les niemes causes ont excite au Mexique une extreme mefiance centre les Espagnols qui y ctaient restes apres I'expidsion des armees espagnoles. Les honimes les plus jaloux de conserver leur independance ont craint de les voir devenir les agens des puissances etraugeres ; et de la sont nes les troubles qui ont accompagne I'election du nouveau president. Les deux partis etaient contraires a toute domination etrangere; mais celui qui a montre le plus d'energie dans son aversion est celui auquel la masse de la population s'est ralliee (i). (0 Nous n'avuns pas a examiner la iiiesure jiai' laquelle le gouvenin- ment des Elats-Unis du Mexique a banni les Espagnols du territoire niexicain ; mais, si cette iiiesure devait etie blamee, c'est snr le gouver- nemenl d'Espagne que le blame devrait toniber. Pour assurer la duiee de sa domination, ce gouveinement avail toujours eu soin de semer la discorde entrc les diverses classes de la population. II avait si bien reussi que, long-tems avant I'indipendance, la guerre existait jusque dans le sein des families. Cctle poliliqueet I'oppression que la meliopolecxei(;ait sur ses colonics avaient Gni par rendre les Espagnols tellement odieux aux individns nes Aniericains qu'une rupture generate devait tot ou tard crlatcr, o II est elair, iorivait dans le dernier siecle un (jfTicier du gou- DES NOUVEAUX ^TATS DE L'AMERIQUE. 2(io Los Anglo -x\mericaiiis, apres avoir cxpulse de leiir leni- ritoire les arniees anglaises, et avoir conqiiis leiir iiiiU'pen- dance, se trouverent a la fin de la gucrro dans une sitiialioii bien plus heuiciise que celle oi'i se trouvent les nouvoaiix Etats d'Anieiiqiie. Leur existence, comnie nation indtpeu- daulo, leconniie par le gouvernement fran^ais, meme pen- dant les hostilites, fut reconnue, i\ la paix, par PAngletenc eile-menie. En prenantainsi rang parmi les nations, les Etats- Lnis piirent employer tons lenrs moyens a reparer les manx de la giicrre, ct a pcrleclionner lenr ordre social : ils n'eurent point de IVais a I'aiie pour renlrcticn d'unearmee permaneiiti'. Ccpendant, il leur fallut du terns pour se rcmettrc do I'cpui- scment dans leqnel les avail jeles la lutle qu'ils venaient de soutcnir. Ci)mment scrait-il done possible que les Etats his- pano- americains, places dans une position nioins avanta- geuse, et ayant supporte une domination plus despotique, ne se fussent pas ressentis des maux que la tyrannic et la guerre leur avaient t'aits? Nous disons que, pour reconnnitre I'existence d'une nation, les gouvernemens n'ont a s'inlornier (jue d'un fait, savoir si cette existence est reelle et durable. Les diflercnces d'inslitu- tions, de nioeurs, de religion, doivcnt Icur etre etrangeres : ce sout des accidens qui peuvent ct doivent varier, a cause inenie de I'independance des nations. Du moment qu'un peuplc existe et qu'il est independant, on nc peut refuser de Ic rcconnaitre sous pretexte qu'il se conduit comme 11 iui convicnt; car sa conduile est une consequence naturelle et noces.raire de I'independance dont il jouit. Aussi^ voyons- nous que les gouvernemens, meme les plus reguliers, traitent, verncnicnl tsp.ignol, que cc sunt les villus qui cngondicnt et propaj^enl cctte espeee d'eloignenienl, on, pom niieux dire, d'aversion decidee que les Creoles on enlans d'Espagnols iies en Anierique ont pour les Euro- peens et pour le gouvernement espagnol. Cette aversion est telle, que je raisimvent vueregner entre les enlans et le pere, et entiele inari et la f«u)nie, lorsque les uns elaienl Curopeens Ct k'S antres Aniericains. » AzARA. I'oyagc dans I'Ainct^Kiuc tncridionalc, t. ii, eh. xv, p. 2~ DEPEND \iNCE pas foinniuns en Espagne. II y en cxiste sans doutu plu- sieurs ; mais ceux quo leiir obscurite a pu sauver dc la proscription sont et scront long-tenis sans influence. Les moines out defriche la terre dans les tems oOi il ne s'est troii- ve personne qui ait voulu travailler pour eux; mais, dcpuis que (Cite milice celeste a decouvcrt le nioyen de tourner I'activite des hommes a son profit, et devivre dans I'oisivete, elle n'est plus propre qu'a convertir les pays cultives eii de- serts : partout oi"i elle flenrit, rien ne prosptre, exceple I'i- gnorance, les vices et les mendians. L'orgueil n'est pas un moindre obstacle que I'ignorance a la reconnaissance des nouveaux Etats americains. La con- quete de I'Ainerique fut si brillante, I'Espagne a rattache des souvenirs si glorieux a cette epoque de son histoire, et la domination lui a etc si profitable, que son gouvernement no se permettra jamais de renonccr a ses pretentions. Ne pou- vant se conserver la rcalite, il se nourrira d'illusions et de fitres; il y tiendra d'aulant plus que son orgueil sera soiitenu par celui de presque toutes les classes de la population, et surtout par les pretentions du derge. Rome, en tracant un signe dans les airs, a donne la nioitie du INouveau-Monde i I'Espagne ; et jamais les eleves de Rome ne reviennent sur ce qu'elle a fait. La vengeance n'est pas non plus un moindre obstacle que l'orgueil a ce que I'Espagne reconnaisseles nouvelles republi- ques americaines. Elles lui out fail les plus grands affrontsqu'il fut possible delui faire ; elles ont supprime ses revenus; elles ont battu sesarmees; elles I'ont convaincue d'impuissance; en un mot, elles I'ont humiliee. Aucune nation ne pardonne aisement dc telles offenses; mais, lorsqu'un peuple noble, pa- resseux et devot, est oblige de les devorer, elles allument dans son sein des sentimens de haine et de vengeance qui ne peuvent que diiricilcment s'eteindre. L'Espagne est incapable de rien entreprendre contre les nouveaux Elats d'Ameriquc ; mais, par ses pretentions et ses alliances, elle peut les trou- blerou Icur inspirer des craintes. Elle distrait Icur attention DES NOLiVEAlJX ETATS DE L'AMERIQUE. 283 de leurs affaires inteiieures, el les oblige dc porter leurs for- ces et leiir activite aux affaires exterienres. Si elle reconnais- sait letir independance, auciin peiiple ne la eontesterait , et des ce moment ils n'auraient a s'occuper que de leur pros- perite interieure et de leur perfectionnement social. L'indus- trie et le commerce de tous les peuples d'Europe profite- raient de cet accroissement de prosperite ; mais I'Espagne, etant une des nations les moins iodustrieuses, en retirerait les plus petits avantages. Une reconnaissance, de sa part, au- rait done pour effet le bien immediat de ses voisins et celui de I'Amerique : il faudrait, pour s'y resigner, qu'il n'existSt chez elle, rii orgueil, ni vengeance, ni jalousie; chacun peut juger si jamais elle la fera volontairement. Enfin , la peur est un obstacle invincible a ce que I'Espa- gne reconnaisse les nouvelles rcpubliques, aussi long-tems qu'elle n'aura pas change son regime interieur. Le seul mo- tif qui pourrait la determiner a une telle reconnaissance se- rait le desir de retablir des relations commerciales avec les nations qui ont conquis leur independance. Mais, concoit-on que le gouvernement espagnol renoncc a ses pretentions , abaisse son orgueil, et repudie ses sentimens de haine, pour se donner I'avantage d'admettre dans ses ports, de recevoir dans ses villes des hommes qui parlent la meme langue, qui professenl la meme religion que ses sujets, et qui ont secoue le joug de la monarchic? L'Espagne peut sans danger entre- tenir des relations de commerce avec les Anglo-Americains ; ce sont des heretiques qui parlent une langue que peu de personnescomprennent, el qui expierontdans un autre monde le bonheur dont ils jouissent dans celui-ci. Mais qu'on se figure des navires mexicains ou colombiens entrant a pleines voiles dans les ports de I'Espagne, et de- ployant le drapeau de I'independance et de la liberie ! Qu'on se figure lesnegocians, les olTiciers, les matelotsde Colombie, du Mexique, du Perou , se repandant parmi la population es- pagnole, et lui racontant la securite, I'ordre, la prosperite dont ils jouissent sous leurs gouvernemens ! Qu'on se figure •284 I^E L'IND]£PENDANCE Icj paisible* titoycMis truiie innltitiule de republiqiies, qui riciuicnt, par le sciil Tail dc lour presence, rejeter sur le gou- vernement monaichique les accusations de desordre, de tur- bulence et d'anarchic qu'on a pretendu faire peser sur cUcs; et qu'on nous disc si I'etat de I'Espagne pent supporter dc pareilles communications! Et non-seulement le gouvernement espagnol n'admeltra point dans ses ports ou sur son territoire les citoyens des nouvelles republiques ; mais il ne permettra point a ses su- |€ts d'Europe de faire aucun genre de commerce avec eux. Un navlre espagnol qui aurait mouille dans un port du Mexique serait bien autrement suspect qu'un navire qui n'aurait lou- che que dans un port d'l^gypte, ou des cotes de Barbaric. Quelques jours passes dans un lazaret suffisent pour purger un equipage du soupcon d'etre infecte de la peslc; mais quelle quarantaine devrait-il iaire s'il avait communique avec les nouvelles republiques? Ici , il ne suffirait pas d'un lazaret ; il faudrait le feu de I'inquisition. Les interets commerciaux du gouvernement espagnol s'evanouissent done devant les interets de sa securite. Avant de reconnaitre les nouvelles republiques, el avant de trailer avec elles, les ministres anglais avaient cependant invite le gouvernement espagaol a prendre I'initialive, et lui avaient flxe un delai pour faire cette reconnaissance ; mais, nous ne devons pas conclure de la qu'elle etait pralicabKj, et que le gouvernement anglais esperait I'obtenir : la seulc con- clusion qu'il soil permis d'en tirer, c'est que M. Canning etait un homme fort poli , ou que le ministere francais n'ctait pas le seul dont il se moquait. Ne pouvant esporer que I'Espagne s'y resigne , a moins qu'elle n'y soil forcee par une guerre maritime, ou par une attaque sur son propre territoire, une question se presente a resoudre : c'est celle de savoir quels sont les sacrifices que la nation francaise doit aux sentimens d'orgueil, de vengeance et de jalousie du peuple ou du gouvernement espagnol. Deja les ttats-unis, I'Angleterre, les Pays-Bas, la Prusse, la Ba- DES NOUVEAUX ilTATS DE L'AMJ^lUQliE. 285 tiere, le Wurtemberg, les villes anseatiques, en traitant avec les iiouveaux Etats, ont resolu la question pour leur propie compte. Le gouvernement franpais lui-meme a prouve qu'il est un ternie aux sacrifices , puisqu'il a envoye des agens dans quelques-uns, et qu'il admet leurs navires dans les ports francais. Mais il y a encore loin de ces mesures a une reconnaissance tranche et positive : il n'y aura securite com- plete, pour les Hispano-Americains, pour leur commerce et pour le notre, que lorsque les droits respectifs de chacun auront ete reconnus par des conventions positives. Les principes qui reglent les rapports des nations entre elles ne sont pas encore assez clairs, ni assez generalement reconnus, pour qu'on puisse se dispenser de recourir a des traites. Les peuples les plus civilises ont fait des traites avec les nations les plus barbares. Les Etats-Unis, I'Angle- terre, la France ont fait des traites, non pas seulemenl avec la Turquie, mais avec tout les Etats barbaresques des cotes d'Afrique. Les Anglo-Americains, les Anglais, les Fran- cais, ont souvent traite avec des tribus sauvages de I'Ame- rique. Tant que les nouvcaux Etats d'Amerique se verront refuser une prerogative qu'on a toujours accordee aux barba- resques, et meme ii des sauvages, il est impossible qu'il existe aucune confiance mutuelle. Non-sculement les marchandises des peuples qui auront francliement reconnu leur indepen- dance seront assujetties a des droits moins eleves, et recues de preference ; mais leurs navires prefereront toujours les ports des nations avec lesquelles leurs gouvernemens auront fait des traites. Le commerce des nouveaux Etats ne pouvant trouver une securite parfaite que chez les peuples auxquels des conventions les ont lies, c'est une consequence que les peu- ples qui n'ont point traite avec eux ne se presentent dans leurs ports qu'avec mefiance. La securite ou la confiance ne peut pas exister chez les hommes, k moins qu'elle ne soit recipro- que. II n'est jamais sur de se fier aux peuples ou aux indivi- dus auxquels on inspire des craintes. Un gouvernement qui refuse dc trailer avec une nation 286 DE LINDEPENDANCE etangerc declare, par le seul fait de sun refiis, qu'il ne veut prendre a son egard aucun engagement ; il annonce implici- tenient qu'il veut rester maitre d'agir envers elle en ami, on en ennemi, selon que les circonstantes I'exigeront, et sans qu'il soit ni'cessaire de faire preceder res hoslilites d'aucune declaration. Mais, lorsqu'il ne veut lui-meme prendre aucun engagement envers lui, et qu'il se reserve par cela menie la faculte de le traiter en ennemi , ne fait-il pas i\ ses sujets une invitation indirecte de ne pas traiter eux- memes avec les membres de cet Etat? N'est-ce pas leur dire qu'il refuse de prendre sous sa garantie les engagemens qu'ils contractent, ou qui sont contractes envers eux? En refusant de prendre leurs engagemens sous sa garantie, n'est-ce pas leur interdire le commerce, ou les meltre dans la necessite de le faire de la maniere la plus desavantageuse ? Suivant nos lois, un etrangcr jouit en France des memes droits civils que ceux qui sont acoordes aux Francais par les traites de la nation a laquelle cot etranger appartient. Wais, lorsqu'aucun trailc n'existc avec une nation, quels sont les droits civils dont les iudividus appartenant a celte nation jouissent en Fra«nce? Voila une grave question pour nous et pour les membres des nouveaux Etats americains. Nous ne pouvons pas la resoudre par des exemplcs, puisque, hors les terns de guerre, les relations entre les peuples ont ete fixees par des traites. jNos lois semblent supposer qu'un etranger ne jouit en France d'aucun droit quand il n'existe pas de traite entre sa nation et la France. Cependant comment pour- rait-il exister quelques relations commerciales, si les actes de commerce ne produisaient aucun engagement reciproque, ou si les engagemens n'etaient pas les lois de cliaque pays. Suivant la legislation anglaise, tout engagement coutracte par un citoyen de la Grande -Bretagne envers un etranger dont le gouvernement est en guerre avec le gouverneiuent anglais, n'est point obligatoire. (lette jurisprudence n'est point particuliere a la Grande-Bretagne; nous avons vu, parmi nous, que lorsque le gouvernement s'est tronve en guerre DES NOUVEAUX ^TATS DE L'AiVlJ^illQLE. 287 centre le gouvernenient anglais, toutes les propiittes anglai- ses ont ete mises sous le sequestre ; et par consequent, les An- glais ont ete prives ile toute action legale. 11 est vrai que le gouvernement francais n'est pas en ctat de guerre avec les nouvelles republiques; mais I'etat de paix n'est pas asse/, de- termine pour que le commerce de I'un ou de I'autre pays puisse s'aventurer ii des speculations. Nous sommes dans un etat en quelque sorte intermediaire, qui laisse toutes les questions indecises, et qui met ainsi la France dans une po- sition tres-desavantageuse, comparativement avec la plupart des autres nations. II y a deja quelque tenis que les papiers publics ont annon- ce qu'un amiral francais avail place des agens coinmerciaux aupres de quelques-uns des nouveaux Etats; mais qu'est-ce que des agens commerciaax, dans les relations des nations en- tre elles ? Qu'est-ce que des agens commerciaux nommes par un commandant d'escadre ? Chacun sail ce qu'est un ambas- sadeur, ou un consul , parce que I'usage ou les traites ont de- termine le sens de ces termes ; mais personne ne saurait dire ce qti'est un agent commercial envoyo par un officier de ma- rine, qui n'a aucun genre de commerce a I'aire, ni pourlui- meme, ni pour les autres. Des hommes, envoyes sous des de- nominations inusitees, et par un commandant d'escadre, sont plus propres a accroitre la mcfiance qu'a la dissiper. On pour- rait croire qu'on n'a choisi une denomination insolite que pour se reserver la faculte de I'interpreter arbitrairement; el qu'on a fait faire la nomination par un subordonne pour se reserver la faculte de la desavouer. Quand mcme des consuls nommes dans les formes usitees remplaceraient les agens commerciaux, cela ne suflirait pas pour resoudre les difficultes et donner de la securite au com- merce. Des consuls envoyes aupres d'un gouvernement dont on hesite a reconnaitre I'existence legale, et avec lequel on ne veut faire aucun traite, sont toujours dans un etat d'inferio- rite relalivement aux agens des autres gouvernemens. lis no peuvent se plaindre d'aucune preference injuste ; ils ne pcu- a88 DE L'lNDl^PENDANCE vent meltre aucune I'ermete dans Icurs reclamations, puis- qu'ils ne peuvent les appuyer snr rien. N'existant dansle pays que par simple tolerance, ils se voient toujours dans ralterna- tive ou dc se relirer, ou de sacrifier les interrts et la dignile de leur nation ct de leur gouvernement. Des consuls, d'ailleurs, ne peuvent interveniren faveurdu commerce de leur nation, que pour appuyer des reclamations aupres du gouvernement ; mais leur autorite est nuUe dans les differens qui s'elevent entre les citoyens des deux nations. Qu'un citoyen de Colombie, ou des l^tats-Unis du Mexique, ait, en France, des interets a discuter avec un Francais, le proems sera port6 devant les tril)unaux ; et la I'autorite con- sulaire sera completement nuUe. Cependant, comment les juges, qui ne sont lies que par les lois et par les traites fails d'une mani<'re legale, considereront-ils cet etranger ? verront- ils en lui un Fspagnol et le jugeront-ils d'apres les traites qui existent entre la France et I'Espagne ? verront-ils en lui un sujet revolte, ou le citoyen d'un Etat indcpendant? 11 serait assez etrange de voir I'autorite judiciaire agir en sens contraire du gouvernement ; et, comme ce ne serait pas un evenemcnt sans exemple, cette incertitude suffit pour paralyser le com- merce. Si les lois des nouveaux l^tats d'Amerique disposent comme disposait naguere le Code civil a I'egard des etrangers ; si elles ne leur reconnaissent, en general, que les droits qui leur sont accordes par les traiies, comment les Francais pourraient-ils commercer avec eux ? Quelles seraient les garanties des enga- gemens qui seraient pris a leur cgard ? Ayant etabli qu'il n'existe aucune raison de ne pas recon- naitre d'une maniere franche et positive I'independance des nouveaux ttats americains, et que, plus ces Etats croitront en puissance et en richesse, plus I'Espagne sera opiniatre dans ses pretentions, il s'ensuit que nous sacrifions les interets dc notre pays et ceux de I'Amerique i une veritable chiuicre, a une esperance qui ne saurait se realiser. 11 resterait maintenaut a faire voir les avantages dont nous DES NOI'VEAIX fiX ATS DE L'AMlilRIQliE. aSy nous privons, en suborJonnant notre CJiidnite envers les iiouveaux Etats aniericains, a la coiuliiito du gouveniement espagnol ; luais cet exaineii nous minorait maiatonant trop loin : nous pourrons y revcnir une autre ibis. iNous teimiuc- rons cet article par une observation qui ilovrait, ce nous seni- ble, IVapper nos hommes d'Etat. Lorsque les gouverneuiens d'Angleterre et des ttats-Unis ont recounu I'existence et I'lndependance des nouvellcs re- publiqucs, lorsqu'ils ont publiquenient recu leurs anibassa- deurs et qu'ils ont place aupres d'clles des ageas diplomati- ques, ils n'ont point agi en aveugles ; ils ont conuiieuce par se convaincre que rindepeudance qu'on leur proposait d'ad- mettre comme principe du droit des gens existait deja do t'ait, et qu'elle etait indestructible ; ce n'est qu'apres avoir bien constate ce fait qu'ils ont consenti a traiter. Maintenant, le refus ou le delai des autres gouvernemens de reconnailre un I'ait evident et indestructible, ne peut nuire qu'a ceux qui veulent rester en dehors du commerce des nations. L'Angleferre et les ttats-l nis ont assez de capitaiix et d'industrie pour t'ourniraux besoins des nonveaux Etats ; chez eux. I'esprit d'entreprise a assez d'energie pour aller exploiter le champ qui leur est ouvcrt. S'il plait a d'autres nations de les dcbarrasser de toute concurrence, eu relusant de reconnaitre ce qui ne peut pas etre conteste, ils entendent trop bien leurs interets pour s'en plaindre. Timdis qu'ils iront recueillir des richesses, en s'alliaut franchcment avec les nou- velles republiques, ils nous laisseront voloutiers nous miner pour conquorir la sterile et douleuse auiitie desmoinesEspa- gnols. Chdi'les CoMTE. IWMWVWWW ELOGE HISTORIQUE M. le Marquis de LAPLACE, -Par M. le Baion Fourier, secretaire perpMuel de I'AcaiUmie ■ des sciences (i). Le nom de Laplace a retenti dans tons les lieux dii monde oii Ics sciences sont honorees : mais sa memoire ne pouvait recevoir nn plus digne liomniage que le Iribut unanime de I'admiralion et des regrets du corps illustre dont il a partage les Iravaux et la gloire. II a consacre sa vie i\ I'etude des plus grands objets qui puissent occuper I'esprit luimain. Los mer- veilles du ciel, les hautes questions de la philosophic natu- relle, les conibinaisons ingenieuses et prolondes de I'analyse mathematiquc, toutes les lois de I'univers out etc presentes a sa pensee pendant plus de soixante annees, et ses eflorts ont ele couronnes par des decouvertes immortelles. On remarqua, des ses premieres etudes, qu'il etait doue d'une memoire prodigieuse : toutes les occupations de I'es- prit lui etaient Faciles. II acquit rapidement une instruction assez efendue dans les langues ancleunes, et cultiva diverses branches dans la litterature. Tout interesse le genie naissant, tout pent le reveler. Ses premiers succes furent dans les etudes theologiqucs; il traitait avec talent et avec une saga- cite extraoidinaire les points de controverse les plus difliciles. On ignore par quel heureux detour Laplace passa de la scolastique a la haute geometrie. Cette derniere science, qui n'admet guere de partage, attira et fixa son attention. Des lors, il s'abandonna sans reserve a I'impulsion de son genie, et sentit vivcment que le sejour de la capitale lui etait de- venu necessaire. D' Alembert jouissait alors de tout I'eciat de (i) Get Elogc lustorique, que nous regrettons d'avoic etc forces d'.Tbrti- fjer un pen, a 6t6 hi dans la seance i>ubliquc do V Academic des sciences, le i5 juin 1829. ELOGE HISTORIQUE DE LAPLACE. -lqi sa renoinmec. C'est lui qui veiiait d'aveilir la cour de Turin (|ue son academic loyale possedait un geometre du premier ordre, Lagrange, qui, a dcfaut de ce noble suffrage, aurait pu resler long-tems ignore. D'Alembert avail annonce au roi de Prusse qu'un seul homme en Europe pouvait remplacer, a Berlin, i'illustre Euler, qui, rappele par le gouvernement de Russie, consentit a retourner a Saint-Petersbourg. Je trouve, dans les lettres inedites que possede I'lnstitut de France, les details de cette glorieuse negociation qui fixa Lagrange a la residence de Berlin. C'est vers le meme terns que Laplace comniencait cette longue carriere qu'il devait bientot illustrer. 11 se presenta chez d'Alembert, precede de recommandations nombreuses, qu'on aurait pu croire tres-puissantes. Mais ses tentatives fu- rent inutiles : il ne fut pas meme introduit. C'est alors qu'il adressa a celui dont il venait soUiciter le suffrage une lettre fort remarquable sur les principes generaux de la mecanique, et dont Laplace m'a, plusieurs fois, cite divers fragmens. 11 etait impossible qu'un aussi grand geometre que d'Alem- bert ne fut point frappe de la profondeur singuliere de cet ccrit. Le jour meme, il appela I'auteur de la lettre, et lui dit, ce sunt ses propres paroles : « Monsieur, vous vojez que je fais assez peu de cas des recommandations; vous n'en aviez pas besoin. Vous vous etes fait mieux connaitre; cela me suf- fit : mon appui vous est dii. » II obtint, peu de jours apres, que Laplace fCit nomme professeur de mathematiques a I'Ecole militaire de Paris. Des ce moment, livre sans partage a la science qu'il avait choisie, il donna a tons ses travaux une di- rection fixe dont il ne s'est jamais ecarte : car la Constance imperturbable des vues a toujours ete le trait principal de son genie. II touchait deja aux limites connues de I'analjse mathematique, il possedait ce que cette science avait alors de plus ingenieux et de plus puissant, et personne n'etait plus capable que lui d'en agrandir le domaine. II avait resolu une question capitale de I'astronomie theoriquc. II forma le pro- jet de consacrer ses efforts a cette science sublime : il etait aga ELOGE HISTORIQUE destine a la pert'eclionner, et pouvait I'embiasscr dans toute son etenduc. II medita profondement son gloiieux dessein ; il a passe toute sa vie a racconiplir avec une perseverance dont I'histoire dcs sciences n'offrc peut-etre aucun exemple. L'im- mcnsite du sujet flattait le juste orgueil de son genie. II en- treprit de composer Valtnageste de son siccle : c'est le monu- ment ([u'il nous a laisse sous Ic nom de Mccanique celeste; et son ouvrage immortcl I'emporte sur celui de Ptolemee, au- tant que la science analytique des modernes surpasse les ele- mens d'Euclide, Le terns, qui seul dispense avec justice la gloire litteraire, qui livre i I'oubli toutes les mediocrites contemporaines , perpetue le souvenir des grands ouvrages. Eux seuls portent i\ la posterite le caractere de chaque siecle. Ainsi le nom dc Laplace vivra dans tons les ages. Mais, et je me hale de le dire, I'histoire eclairee et fidele ne separera point sa memoire de celle des autres successeurs de Newton. EUe reunira les noms illustres de d'Alembert, de Clairaiit, d'Euler, dc La- grange et de Laplace. Je me borne a citer ici les grands geome- tres que les sciences ont perdus, et dont les recherches ont eu pour but commun la perlection de I'astronomie physique. Pour donner une juste idee de leurs ouvrages, il est neces- saire de les comparer; mais les bornes qui conviennent a ce discours m'obligcnt de reserver une partie de cette discussion pour la collection de nos Memoires Apres Euler, Lagrange a le plus contribue a fonder I'ana- lyse mathematique. Elle est devenue, dans les ecrits de ces deux grands geometres, une science distincte, la seule des theories mathematiques dont on puisse dire qu'elle est com- pletement et rigoureusement demontree. Seule, entre toutes ces theories, elle se sullit a elle-meme, et elle eclaire toutes les autres; elle leur esttellement necessaire, que, privees dc son secours, elles ne pourraient que demeurcr trcs-impar- I'aites. Lagrange etaitne pourinventer etpour agraudir toutes les DE LAPL\CE 295 sciences de calciil. Dans quclque condition que la fortune I'efit place, on patre ou prince, il aurait etc grand geometre; il le serait devenu necessairement, et sans aiicun effort : ce qu'on ne pent pas dire de tons ceux qui ont excelle dans cette science, meme dans les premiers rangs. Si Lagrange cut etc contemporain d'Archimede et de Conon, il aurait partage la gloire des plus uiemorables decouvertes. A Alexandrie, il eul ete rival de Diophantes. Le trait distinctif de son genie consiste dans I'unite et la grandeur des rues. II s'attachait en tout a une pensee simple, juste et tres-elevee. Son principal ouvrage, la Mecanique ana- lytique, pourrait etre nommee la Mecanique philosophique ; car il ramene toutes les lois de I'equilibre et du mouvement a un seul principe ; et, ce qui n'est pas moins admirable, il les soumet a une seule methode de calcul dont il est lui-meme I'inventeur. Toutes ses compositions mathematiques sont re- marquables par une elegance singuliere, par la symetrie des formes et la generalite des methodes, et, si Ton peut parler ainsi, par la perfection du style analytique. Lagrange n'etait pas moins philosophe que grand geometre. II I'a prouve, dans tout le cours de sa vie, par la moderation de ses desirs, son attachement immuable aux interets generaux de I'humanite, par la noble simplicite de ses moeurs et I'elevation du carac- tere, enfin par la justesse et la profondeur de ses travaux scientifiques. Laplace avait recu de la nature toute la force du genie que peut exiger une entreprise immense. Non-sculement il a reuni dans son Almagesie du xviii^ siecle ce que les sciences mathematiques et physiques avaient deja invente, et qui sert de fondement a I'astronomie ; mais il a ajoute a cette science des decouvertes capitales qui lui sont proprcs, et qui avaient echappe a tous ses predecesseurs. II a resolu, soit par ses pro- pres methodes, soit par celles dont Euler et Lagrange avaient indique les principes, les questions les plus importantes, et certainement les plus difficiles de toutes celles que Ton avait I'onsidcrees avant lui. Sa Constance a triomphe de tous les 294 IJ.Or.l IIISTORIQUE obstacles. Lorsque ses premieres tcntatives n'ont point eu do succes, il les a reiiouvclees sons les formes les plus inge- nieuses cl los plus di verses. Ainsi Ton ohservait dans les mouvemcns de la lune unc ncceleration dont on n'avait pu decouvrir la cause. On avail pense que eel efl'et pouvait provenir de la resistance du mi- lieu ethere oii sc meuvent les corps celestes. S'il en etait ain- si, la memc cause, affectant le cours des planetes, tendrait a changer de plus en plus. I'ordre primitif. Ces astres seraient incessamment troubles dans leur cours, et finiraient par se precipiter sur la masse du soleil. II serait necessaire que la puissance creatrice intervint de nouveau pour prevenir ou pour reparer le desordre immense que le laps des tems aurait cause. Cctte question cosmologique est assurement une des plus grandes que I'intelligence humaine puisse se proposer ; ellc est resolue aujourd'hui. Les premieres recherelies de La- place surl'invariabilite des dimensions du system e solaire, el son explication de I'equation seculaire de la lune, ont conduit a cette solution. II avail d'abord examine si Ton pourrait ex- pliqucr I'acceleration du mouvemenl lunaire, en supposanl que Taction de la gravite n'esl pas instantanee, mais assujet- tie a nne transmission successive, comme celle de la lumiere. Par cctte voie, il ne put decouvrir la veritable cause. Enlin une nouvellc recherche servit mieux son genie. II donna, le 19 mars 1787, a I'Academie des sciences, une solution claire et inattendue de cette difficulte capitale. II prouve tres-dislinc- tement que I'acceleration observee est un effet necessaire de la gravitation universelle. Cette grande decouverte eclaira ensuite les points les plus importans du systeme du monde. En effet, la meme theorie lui fit connaitre que, si Taction de la gravitation sur les as- tres n'est pas instantanee, il faut supposer qu'elle se propagfc plus de cinquante millions de fois plus vite que la lumiere, dont la Vitesse bien connue est de soixante-dix mille lieues par seconde. II conclut encore de sa theorie des mouvemens lunaires que le milieu dans lequd les astres se meuvent n'op- DE LAPLACE. 29') po?c au cours des planetes qu'une resistance pour ainsi (lire insensible ; car cette cause affecterait surtout le mouvement de la lune, et elle n'j produit aucun cffet observable. La discussion des mouvemens de cet astre est feconde en consequences remarquables. On en peut conclure, par exem- pie, que le mouvement de rotation de la terre snr son axe est invariable. La duree du jour n'a point change de la cen- tieme partie d'une seconde depuis deux mille annees. II est remarquable qu'nn astronome n'aurait pas besoin de sortir de son observatoire pour mesurer la distance de la terre au so- leil. II lui suffirait d'observer assidfiment les variations du mouvement lunaire ; il en conclurait cette distance avec cer- titude. IJne consequence encore plus frappante est celle qui se rap- porte k la figure de la terre ; car la lorme meme du globe ter- restre est empreinte dans certaines inegalites du cours de la lune. Ces inegalites n'auraient point lieu, si la terre etait parfaitement spherique. On peut determiner la quantite de I'a- platissement terrestre par I'observation des seuls mouvemens lunaires, et les resultatsque Ton en a deduits s'accordent avec les mesures effectives qu'ont procurees les grands voyages geodesiques a I'equateur , dans les regions boreales, dans rinde et diverses autres contrees. C'est il Laplace surtout que Ton doit cette perfection eton- nante des theories modernes. Je ne puis entreprendre d'indiquer ici la suite de ses tra- vaux, et les decouvertes qui en ont ete le fruit. Cette seule enumeration, quelque rapide qu'elle pQt etre, excederait les limites que j'ai dQ me prescrire. Outre ses recherches sur I'e- quation seculaire de la lune, et la decouverte non moins im- portante et non moins difficile de la cause des grandes inega- lites de Jupiter et de Saturne, on aurait a citer ses theoremes admirables sur la libration des satellites de Jupiter. II fau- drait rappeler ses travaiix analytiques sur le flux et reflux de la mer, et montrer I'etendue immense qu'il a donnce a cette question. agO tWCE HISTORTQUE II n'y a aucun point iniporlanl dc rastronomic physique qui ne soit devenu pour lui I'objet d'une etude el d'une dis- cussion approfoiidic ; il a soumis au calcul la plupart dcs con- ditions physiques que ses predecesseurs avaient omiscs. Dans la question deja si couiplexe dc la forme et du mouvenient de rotation de la terre , il a considcre I'efl'et de la presence des eaux distribuees entre les terrcs continentales , la compres- sion des couches interieures, la diminution seculaire des di- mensions du globe. Dans cet ensemble de rccherches, on doit remarquer sur- tout celles qui se rapportent a la stabilite des grands pheno- mfcnes : aucun objet n'est plus digne de la meditation des phi- losophes. Ainsi Ton a reconnu que les causes, ou fortuites, ou constantes, qui troublent I'equilibre des mers, sont assu- jetties a des limites qui ne peuvent etre franchies. La pesan- teur specifique des eaux etant beaucoup moindre que celle de la terre solide , il en resulte que les oscillations de I'Ocean sont toujours comprises entre des limites fort etroites; ce qui n'arriverait point si le liquide repandu sur le globe etait beau- coup plus pesant. En general, la nature tient en reserve des forces conservatrices et toujours presentes, qui agissent aus- sitot que le trouble commence, et d'autantplus que I'aberra- tion est plus grande. EUes ne tardent point a retablir I'ordre accoutume. Ontrouve dans toutes les parties de I'univers cette puissance preservatrice. La forme des grands orbites plane- taires, leurs inclinaisons, varient et s'alterent dans le cours des siecles; mais ces changemens sont limites. Les dimen- sions principales subsistent, et cet immense assemblage des corps celestes oscille autour d'un etat moycn vers lequel il est toujours ramene. Tout est dispose pour I'ordre, la perpe- tuite et I'harmonie. Dans I'etat primitif et liquide du globe terrestre , les ma- tieres les plus pesantes se sont rapprochees du centre ; et cette condition a determine la stabilite des mers. Quelle que puisse etre la cause physique de la formation des planetes, elle a imprime a tous ces corps un mouvement DE LAPLACE. 297 de projection dans un mr-uic sens aiitour d'un globe immense : par la le sysleme solairc est devenu stable. Le meme effet so produil dans Ic syslcme des satellites et des anneaux. L'ordre y est maintenii par la puissance dc la masse centrale. Ce n'est done point, comme ?{e\vton Ini-mcme et Elder Tavaicnt sonp- conne, nne force adventice qui doit un jour reparer ou prevenir le trouble que le terns aurait cause. C'est la loi elle-mt-me de la gravitation qui regie tout, qui suflit a tout, et maintient la variete et l'ordre. Emanee une seule fois de la sagesse supre- me, elle preside depuis I'origine des tems, et rend tout des- ordre impossible. Newton et Euler ne connaissaient point en- core toutes Ics pcrlections de I'univers. En general, toutes Ics fois qu'il s'est eleve quelque doute sur I'exactitude de la loi newtonienne, et que, pour expliquer les irregularites apparentes, on a propose I'accession d'une cause etrangere, il est toujours arrive, apres un examen ap- profondi, que la loi primordiale a ete verifiee. Elle explique aujourd'hui tons les phenomenes connus. Plus les observations sont precises , plus elles sont conformes a la theorie. Laplace est de tous les geometres celui qui a le plus approfondi ces grandes questions; il les a , pour ainsi dire, terminees. On ne peut pas affirmer qu'il lui eCit ete donne de creer une science entierement nouvelle , comme I'ont fait Arcld- midc et Galilee; de donner aux doctrines mathematiques des principcs originaux, et d'une etendue immense, comme Des- cartes, Newton et Leibnitz; ou, comme Newton, de transpor- ter le premier dans les cieux, et d'etendre a tout I'univers la dynamique terrestre de Galilee : mais Laplace etait ne pour tout perfectionner, pour tout approfondir, pour reenter tou- tes les limites, pour resoudre ce que Ton aurait pu croire in- soluble. II aurait aclieve la science du ciel, si cette science pouvait etre achevee. On retrouve ce meme caractere dans ses recherclies sur ('analyse des probabilites , science toule moderne, immense , dont I'objet, souvent meconnu, a doiuie lieu aux interpreta- tions les plus fausses, mais dont les applications embrasscronl T. XLUi. AonT 1S29. 20 298 liLOr.E IIISTORIQLE uii jour tout le champ dcs connaissances liumainos, heureux supplement a rimperfection de ootre nature. Cei ail est ne d'un seul trait du genie clair ct feeonil dc Pascal; il a etc cultivi'. des son origine, pai' Format et Htiy- gens. Dn geonietre philosophe , Jacques Bernoulli, en fut ie principal I'ondateur. Unc deeouverle singulierenient heureuse de Sllrtiiii^, les rei.herLlies (VEuler, et surtoul une application ingenieusc et iniportante due a Lagran<^e , out pert'ectionne cette doctrine; elle a ete eclairee par les objections memes de d' yl lembert et par les vues philosophiques de Condorcei : Laplace en a reuni et fixe les principes. Alors elle est devenue une science nouvelie , soumise a une seule methode analyti- que , et d'une ctendue prodigieuse. Feconde en applications nsuelles, elle cclairera un jour d'lme vive lumiere toutes les branches de la philosophic naturelle. S'il nous est permis d'exprimer ici une opinion personnelle , nous ajouterons que la solution d'une dcs questions principales, celle que I'illus- tre auteur a trailee dans le dixienie chapiire de son ouvrage , ne nous parait point exacte; et, toutcfois, considere dans son ensemble, cet ouvrage est un des monumens les plus pre- cienx de son genie. Aprcs avoir cite des decouvcrtes aussi eclatantes, il serait inutile d'ajouter que Laplace appartenait ;\ toutes les grandes Academies de I'Europe. Je pourrais aussi , je devrais peut- etrc, rappeler les hautes digniles poliliques dont il fut revetu; niais cette enumeration n'apparticndrait qu'indirectement a I'objet dc ce discoiirs. C'est le grand geonietre dont nous ce- lebrons la memoire. Nous avons separe I'iamiortel auteur de la Mecanique celeste de tons les fails accidenlels (jui n'inte- ressent ni sa gloirc, ni son genie. En effet, qu'importe a la posterite, qui aura tant d'autres details a oublier, d'apprendre on non que Laplace fut quelques instans ministre d'un grand Elat. Ce qui importe, ce sont les verites eternelles qu'il a de- couvertes; ce sonl les lois immuables delastabilite du monde, el non le rang qu'il occupa (juehjues annees dans le senat ap- pele conscrvatcur. Ce qui importe, el plus encore peut-etre 1 DE LAPLACE. 299 que ses decouvertcs, co sent les exeinples qii'il laissc a tons ceux a qui les r^ciences sont cheres; c'est le souvcnii-dc celtc perseverance incomparable qui a soiileun, dirige , couroune tant de glorieux elTorls. J'omeltrai done des circoustances accidentellcs , et pour ainsi dire fortuites, des particulariles qui n'ont auoun rap- port avec la perfection de ses ouvrages. Mais je dirai que, dans le premier corps de I'litat, la memoire de Laplace fnt celebree par une voix eloquente ct amie , que d'importans services rendus aux sciences bistoriques, aux lettrcs et a I'Elal, avaieut depnis long-tcms illuslree (1). Je rappellerai surtout cetlc solennite litteraire qui attira Inattention de la capitale. L'Acadeniie francaise, reunissant ses suffrages aux acclama- tions de la patrie, jugea qu'elle acquerrait unegloire nouvelle, en couronnant (a) les triompbes dc I'eloquence el de la vcrtu politique. En mOme terns, elle cboisit, pour repondre au successeur de Laplace , un academicien illustre (5) a plus d'uii litre, qui reunit, dans la litterature, dans I'histoire, dans I'administralion publiquc, tous les genres de superiorite. Laplace a joui d'un avantage que la fortune n'accorde pas toujours aux grands hommes. Des sa premiere jennesse, ii a cte dignement apprecie par dc? amis illustres. Nous avons sons les yeux des lettres encore intdites , qui nous apprennent tout le zele que mit d'Alembeita I'introduire a I'Ecole militairede France, ct a lui preparer, si cela eCil ete necessaire, un meil- leur etablissemenl a Berlin. Lc president Boc/isr^/ (/^ Saron fit imprimer ses premiers ouvrages. Tous les lemoignages d'amitie qui Ini ont etedonnesrappellent de grands travauxel degrandes decouvertes ; mais rien ne pouvait contribuer davantage aux progres de toutes les connaissances pbysiques, que ses rela- tions avec I'illustre Lavoisier, donl le nom, consacre par I'his- toire des sciences, est devenu un eternel ob}«t de respect et de douleur. Ces deux bommes celcbres reunirent leurs efforts. lis (1) M. Pastorut. (2) M. HoVl-.R-ClJM.VRU. (o) M. DAiir. 3oo £lOGE HISTORIQDE enlrepiirent et acheverent dcs rcclioichcs fort etciulnes pour mcsurer I'liii iles elemens les plusimportans de la iheorie phy- sique de la chaleiir. lis firont aussi, vers ce meme terns, une longuc seric d'cxporieuces siir Ics dilatations dcs substances solidcs. Les ouvrages de Newton font assez connaitre tout Ic prix que ce grand gconielre attacliait a Tetude specialc des sciences p]i3'sic[ucs. Laplace est de tons ses successeurs cclui qui a fait le pins d'usage de sa melliode experinientale; il ful presque aussi grand physicien que grand geonietie. Sesrecher- ches sur les refractions, snr les eflets capillaires, les mesures barometriques , les proprietes statiques de I'electricite , la Vi- tesse du son, les actions moleculaires, les proprietes des gaz, attestent que rien , dans rinvestigation de la nature, ne pon- vait lui elre etranger. 11 desirait snrtout la perfection des ins- truniens; il fit constrnire a ses frais, par un celebre artiste, un instrument d'astronomic trcs-precieux, et le donna a I'Obser- vatoire de France. Tons les genres de plienoineues lui efaient parfaitement coniuis. II etait lie par une ancienne amitie avec deux physi- ciens celebres, dont les decouvertes ont eclaire tons les arts et toutes les theories chimiqnes. L'histoire nnira les noms de Bcrikollct et de Chaptal a celui de Laplace. II se plaisait a les reunir, et leurs entretiens ont toujours eu pour but et pour resultat I'accroissement des connaissances les plus impor- tantes et les plus dilTiciles a acqnerir. Les jardins de lierthollet a sa maison d'Arcneil n'etaient point separes de ceux de Laplace. De grands souvenirs, de grands regrets, ont illustre cette enceinte. C'est la que La- place recevait des etrangers celebres, des hommes puissans, dont la science avait recn ou esperait quelques bienfaits, mais surtout ceux qu'un zele sincere attachait au sanctuaire des sciences. Les uns couimencaient lenr carriere, les autres de- vaient bienlol la finir. II lesentretenait tons avec une extreme politessc. 11 la portait meme si loin, qu'il aurait donne lieu de croire a ceux qui ne conuaissaieut point encore tonle I'eten- dne de son genie, qu'il pouvail Ini-meme retircr qnelque fruit de lours entretiens. • I)E LAPLACE. 5oi En cilanl les oiivrngt'S niallu'uiatiqtics de Laplace, nous avons du surtout I'aire remarqiier la profoncleur des leclier- clies ct I'hnportance des decouvertes. Ses ouvrages se dislin- giicnt encore par iin autre caractere que tons les lecteurs out apprecie : je veux parler du nicrite lilteraire de ses composi- lions. Celle qui porte Ic litre de Systime da monde est re- jnarquable par I'elegante simplicite du discours et la purete du langage. Tl n'y avait point encore d'excmple de ce genre de productions; mais on s'cn formerait une idee hien inexacte, si Ton pensait que Ton pent acquerir la connaissance des phenomenes du ciel dans de senihlables ecrits. La suppression des signes proprcs a la langue du calcul ne pent pas contri- buer a la clartc , et rendre la lecture plus facile. L'ouvrage est nne exposition parfaitemcnt regulicre des resultats d'nne elude approfondie : c'est un resiniie ingenieux des decou- vertes principales. La precision du style, Ic choix des me- thodcs, la grandeur du sujct, donnent un interet singulier a ce vaste tableau ; mais son ulilite roelle est de rappeler aux geomelres les llicoremes dont la demonstration leur etait dcja connue. C'esl, a proprement parler, une table de niaticres d'un traite mathematique. Les ouvrages purementhistoriques de Laplace out un autre objet. II y presenle aux geomelres avec un talent admirable !a marcbe de I'esprit humain dans I'invenlion des sciences. Les theories les plus abstraites out, en effet, une beaule d'cxpression qui leur est propre : c'est ce que Ton remarque dans plusieurs traitcs de Descartes, dans queiques pages de Galilee, de Newton et de Lagrange. La nouveaute des vues, relevali')n des pensees, leurs rapports avec les grands objets de la nalure attaclienl et remplissenl I'esprit. II suflit que Ic style soil pur el d'une noble simplicite : c'est ce genre dc lit- teralure que Laplace a choisi ; et il est certain qu'il s'y est place dans les premiers rangs. S'il ecrit I'histoirc des grandes decouvertes astronomiqucs, il devient un modele d'elegance el de precision. Aucun trail principal ne lui echappe; ['ex- pression n'est jamais ni obscure, ni ambitieuse. Tout ce qu'il appelle grand est grand en elVct ; tout ce qu'il omcl ne meri- lait point d'etre cite. 3o2 liLOGE UISTOUIQCE M. Laplace a conserve dans un flge ti"6s-avance celte me- moire extraordinaire qui I'avait fait reniarqucr, dos ses pre- iiiiores aiincts; don prccicux qui n'esl pas le g^enie, mais qui Uii sert pour acquerir et pour conscrvcr. II n'a point cultivc Ics Jteaiix-arts; niaisillesapprociait. Ilaimait lainusiqticde I'llalie et les vers deliacitie, et il sc plaisait souvent a citer de mcmoirc divers passages de ce grand poete. Les compositions de Raphael ornaient ses apparteinens. On les troiivait a cote des portraits de Descartes, de Francois f^iete, de Newton, deGalilceet tVEulcr. Laplace avail toujours eu I'liaijilude d'une uourritare tres- legere : il en diminua de plus en plus et excessiveaaent la quanlite. Sa vue tres-delicate exigeait des precautions conti- nuellcs; il parvint a la conscrvcr sans aucune alteration. Ces soins de lui-menie n'ont jamais cu qu'un scul but, celui de reserver tout son tems et toutes ses forces pour les travaux de I'esprit. II a Yecu pour los sciences : les sciences oat rendu sa memoirc eternelle. II avail contracte I'liabitude d'une excessive contention d'esprit, si nuisible a la sante, si necessaire aux etudes pro- fondes ; et cependant, il n'cprouva quelque affaiblissement sensible que dans les deux dernieres annees. Au commence- ment de la maladie a laquelle il a succomlie, on remarqun avec effroi un instant de delirc. Les sciences I'occupaient en- core. II parlait avec une ardeur inaccoutumee du mouve- ment des astrcs, et ensuite d'une experience de physique qu'il disait etre capitale, annoncant aux personnes qu'il croyait presentes, qu'il irait bientol entretenir I'Academie de ces questions. Ses forces I'abandonnerent de plus en plus. Son medecin (i), qui meritait toute sa confiance par des talens su- pericurs et par des soins que I'amitie seule peut inspirer, veillait aupres de son lit. M. Bouvard, son^ collaborateur et son ami, ne I'a pas quittc un seul instant. Entoure d'une famille cherie, sous les j^eux d'une cpouse dont la tendresse I'avait aide a supporter les peines insepara- bles de la vie, dont I'amenile et les graces lui avaient fait con- (0 RI. MACE^D1E. DE LAPLACE. 5o5 naitre le piix dii bonheur domestique, 11 a refu de M. de La- place, son fds, les tenioignages empresses de la piete la plus touchante. Les personnes qui out assilte a ses derniers inslans lui rap- peiaient les litres de sa gloire, et ses plus eelalantes decou- vertes. II repondit : « Ce que nous connaissons est peu de chose, ce que nous ignorons est immense. » C'est du moins, autant qu'on I'a pu saisir, le sens de ses dernieres paroles a peine artio\ilees. Au reste, nous I'avons entendu souvent ex- primer cette pensce , et presque dans les memes termes. II s'eteignit sans douleur. Son heure supreme etait arrivee : le genie puissant qni I'avait long-tems aniine, se separa de I'en- veloppe mortelle , et retourna vers les cieux. Le nom de Laplace lionore une de nos provinces deja si feconde en grands hommes, I'ancienne Normandie. II est ne le 20 mars 1749; '1 ^ succombe, dans la soixante-dix-hui- tieme annee de son age, le 5 mai 1827, a neufheuresdu matin II est beau sans doute, il est glorieux, il est digne d'une nation puissante de decerner des honneurs eclatans a la me- moire de ses hommes celebres. Dans la patrie de Newton, les chefs de I'lilat ont voulu que les resles mortels de ce grand homme fussent soiennellement deposes parmi les tombes royales. La France et I'Europe ont ofl'ert a la memoire de Laplace une expression de leurs regrets moins fastueusc sans doute, mais peut-etre plus touchante et plus vraie. II a recu un hommage inaccoutume ; il I'a recu des siens dans le sein d'une compagnie savante qui pouvait seule appre- cier tout son genie (1). La voix des sciences eplorees s'est fait (i) Le jour menie de la moil de Laplace, quand la nouvelle fatale fut annoncee i I'Acadeniie des sciences, chaciiii de ses nienibres gardait un morne silence; cLacun ressentait le coup I'nneste dont les sciences ve- naient d'etre frappees. Tons les regards se portaient sur cette place qu'il avail occupee si long-tems. Une seule pens6e etait presente, toule autre meditation etait devenue impossible. L'AcademIc se separa par I'efiet d'une resolution unanime ; el cede seule fois, ses travaux Labituels fuicnl intenompus. 3o4 KLOGE IIISTORIQUE DE LAPLiVCE. cnlonJic dans lous Ics lieux ilu nionde oi'i la pliilosophie a peiiclre. Nous avoiis sous Ics ycux des concspoudaiues luulti- pliccs de toutes les parties de rAllcuiagne, de I'Angleterre, de ritalic, de !a Nouvelle-Hollande, des possessions anglaiscs dans rinde, des deux Anieiiques; et nous y trouvons ces memes sentiniens d'admiiation et de regrets. Certainement cc dcuil universel des sciences, si noblem^nt et si libienient exprime, n'a pas nioins de verite et d'eclat que la pompe sepulcrale de Westiriinster. Qu'il me soil permis , avant de terminer ce discours , de reproduire ici une reflexion qui se presenlait d'elle-nieme, torsque j'ai rappele dans cette enceinte les grandes decou- Tcrtes dJHerschcllf mais qui s'applique plus dircctemenl en- core a celles de Laplace. Les successeurs des membres ac- tuelsde I'Academiedes sciences verront s'accomplirles grands plicnomenes dont il a decouvert les lois. lis observeront dans lesmouvcmens lunaires les changemens qu'il a predits et dont lui seul a pu assignor la cause. L'observalion conliiiuelle des satellites de Jupiter pcrpetuera la memuire de rinvenleur des ibeoremes qui en reglent le cours. Les grandes inegalites de Jupiter et de Saturne, poursuivant leurslongues periodes, et donnant a ces astres des situations nouvelles, rappelleront sans cesse une de ses plus etonnantes decouvertes. Voilii des litres d'une gloire veritable, que rien ne pent aneantir. Le spectacle du ciel sera change ; niais a ces epoques reculees , la gloire de rinventeur subsistera toujours : les traces de son genie por- tent le sccau de I'immortalite. J'ai prcsente quelques traits d'une vie illustre consacree a la gloire des sciences : puissent vos souvenirs suppleer a d'aussi I'aibles acccns ! Que la voix de la patrie , que celle do riuimanite tout entiere, s'eleventpourcelebrerlesbienfaiteurs des nations, seul liommage digne de ceux qui ont pu , comme Laplace, agrandirle domainede la pensee, etattesteril'liomme la dignite de son elre, en devoilant a nos legards toute la ina- icitc des cieux ! II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Elemens de pathologie VETERiNAiRE, Oil Pvccis i/wor'u/ue et praiique de la midecine et de la chirurgie des principaua: ani- maux domestiqiies ; par M. Vatel, medeoin vt-terinaire, professenr a I'Ecole royale veterinaire d'AU'ort , etc. (i). Rapport fiiit a V Acadcniie des sciences, par M. Flourens. II y a, dans I'liistoire de tout art, trois epoques distinctes. Dans la premiere, I'art ne se compose que d'un certain nom- bre de procedes isoles, et, enapparence, independans entre eux. On ne soupconne encore ni les rapports particiiliers qui licnt ccs divers procedes les uns aux autres, ni les rapports gcneraux qui les lient tons a une science. Dans la seconde epoque, on commence d'abord a sentir qu'un art depend toujours d'une science; on voit cnsuite quelle est la science propre de laquelle tel on tel art depend ; et des lors, com- mcncent aussi les efforts pour I'y rattacher. A la troisieme epoque, enfin, I'art, entierement subordonne a la science, n'cst plus, dans scs procedes, qu'une application, une conse- quence des principes de la science ; en un mot, il derive d'elle; et c'est la le dernier point de sa perfection. Ilelativement a Vart velcrinaire, il est evident qu'en sa qua- lite d'avi, il doit dependre d'une science; qu'en sa qualite d'art dout I'objet est le traitcment des maladies des animaux, il (i) Siiivls d'un f'ormulaire pharmaceiillqiic velcrinaire, ct termini's par un rocubulairc patlwlof^iqiie, contcnant les nonis anciens ct niodcrnc.i proposes ou employes dans le lungnge medical letcrinaire , avcc planclics Uthugia- ylii^cs. Tom. 11. Palis, 182S; Gahon ; juix, 20 iv. 3o6 SCIENCES PHYSIQUES, ne peut dependrc que de \& physio logie animate; et a voir h;?; efforts que Ton fait deja pour le rattachcr u cette science, si ce n'est oncorc directemenl, du nioins par rintermediairc de la mcdccinc liamaine, il est evident que Vart vctcrinaire touclie a sa scconde epoqne. Ces reflexions generales nous ont paru neressaires pour mieux faire ressortir le genre de merite (pii caracterise a nos yeux I'onvrage de M. Vatel. Le but que s'y est propose I'auleur n'est rien moins que de porter dans I'enseignemcnt de Vart veterinairc cette lormc rationnelle et scientifique a laquelle I'enseignement de la me- decine humaine a dCi, de nos jours, de si grands progres : en- treprise deja tentee par quelques auteurs, entr'aulrcs par M. HczARD fils, dans son Esqtusse de nosograptiie vclerinairc ; et de menie que M. Huzard avail base ?es essais siir la A'^o^o- graphie chirurgicale de M. le proiessein- Richerand , dc nieme M. Vatel a Ijase les siens sur les Nouveaax elcmens de pat/iolo- gie medico-cliirurgicale de MM. Roche el Sanson. G'esl loujours, coinme on voit, et comme je viens de le dire, la medecine hu- maine qui sert d'appui et de guide aux efforts que fait Vart veterinaire pour passer du premier age au second, ou, en d'autres termes, de la forme empirique a la forme scientifique. La premiere parlie de I'ouvrage de M. Vatel doit Ctre con- sideree comme vm nouvel essai de nosologie vetrrinaire ; la seconde, employee a la description des operations chirurgi- cales, forme un manuel opcratoire : I'auleur a complete le tout par un vocabulaire des termes de medecine vctcrinaire. .I'ai deja dit que, dans la nosologie, c'est-a-dire, dans la classification des maladies, M. Vatel a suivi le cadre adople par MM. Roche et Sanson; 11 est presque inutile d'ajouter que toutes les fois qu'il s'est rencontre, dans les animaux dont il decrivait les maladies, ou des organes parliculiers, ou des organes autrement disposes que dans Thomme, comme par exemple, le pied, le canal digestif, elc, M. Vatel a du modi- fier ce cadre, et I'accommoder a I'objel special auquel ill'ap- p!iquait,et qu'il en a dCielrede la nomenclature comme du cadre. SCIENCES PHYSIQLES. J07 Lc manuel opcratoire, ou la partle chirurgicale de I'ouvrage, pii'sente d'aboid les regies generales de Tart d'operer, et en- suite la desciiptioa de chaqiie operalioii en paiticulier. L'au- leur expose ainsi successivement les preparations aiixquelles doivent etre soumis les animaux a operer ; les nioyens de les fixer; ceux de suspendre le cours du sang, ceux de I'arreter, les soins qu'exigent les pansemens, etc.; puis les diverses operations par piqure, par incision, par excision, extraction, cauterisation, etc., etc. Parmi ces operations, la plupart sont communes a I'homme et aux animanx; quelques-unes sont propres aux animaux, ou phis exactement a telle ou telle espece d'entre eux, comme I'incision du rumen ou de la pause chez les ruminans, cer- taincs operations du pied chez les solipedes, etc. Dans I'etat actuel de Vart relcr'maire, des essais du genre de ceux qn'oflre I'ouvrage de M. Yatel, quelque imparfaits qu'ils soient encore en eux-menies, et par leur seule tendance a rapprocher Part veterinaire de la niedecine humaine, ne peuvent manquer d'avoir enfin pour rcsultat de faciliter tout a la t'ois I'enseignement de cet art pour les professeurs, et son etude pour les eleves. Nous ne terminerons pas ce Rapport, sans renouveler un vceu que nous avons deja eu I'honneur d'enoncer devant r Academic (1), c'est que I'etude des maladies de I'liomme tire enfin tout lc parti, qu'il est presque inconcevable qu'elle n'ait pas songe a tirer encore, de I'etude des maladies des animanx; et peut-etre suffirait-il pour cela de rapprocher et de reunir, dans un plan commun, !eur enseignement qui, separe comme ill'est, sera toujours necessairement incomplet. Ce que nous venons de dire de V imitation de la niedecine (1) Memoiie hi dans la seance publiqiie de I'Academie loyale des sciences, du i5 join 1829. Je n'ai pii qu'indiqucr d'une nianieie geneiale^ soil dans ce Mvmolrc, soit dans ce Rapport, tons les avantages qu'on doit attendre de Vcludc comparcc des mntac/ics de I'lwvxmc ct dc cctlcs des ani- maux. Je nie propose de dfevelopper ces avantages, avec le detail conve- uable, dans uu ouviage express. 3o8 SCIENCES PIIYSTQUES. Immaine, par laqiielle passe, en ce momcril, la mcdeclne vvU- rinaire, uiontre assez tout oe que ccUe-i'i aurail a gagiier ilc son union a I'autie. Par les maladies que I'on pomrait provo- quer chez les animaux, par les essais auxquels on pourrait, chez eux , soumettre ces maladies, la medecinc humaine nc gagnerait pas moins a cette union. On pent en jnger, an resle, p^ir I'exemple dc la physiolo- gie. Ce n'cst pas de la physiologle piiirment liumaine (jue son I venus ses progres : ils nc fussent pas venu.s non plus d'nne physiologie cxdnsivement vrlcrina'ire, c'est par la physiologle generate, c'est-a-dire, par \i\ physiologie animate et par la phy- siologie animale tout entiere, que la science a marcln'. De meme qu'il n'y a qu'une physiologie, il n'y a aussi qu'une pathologic; et, nous le repetons, c'est de cette patho- logic generale et comparative seule que dependent desormais les progres et de la medecinc veterinaire, et surlout do la mc- declue humaine, cot art dont chaque progres est uti hitnfait pour riiunianite. Flourens, de I'Insliliit. Second voyage dans l'interieur de l'Afrique, depals le golfe de Benin Jusqu'd Sackatoii, par le capitaincCiappcrton, pen- dant les annees iSaS, 182G et 1827, snivi dn A'oyage de jRiV/iarrf Lander , dc Kano a ta cole maritime; fraduils de Tanglais par MM. Eyriils et de La RENAiiDiiiRE , memhrcs de la commission centrale de la Soclcte de Geographic ; ou- vrage orne du portrait de Clapperton et enrirhi de deux cartes giograplnqnes gravees par A. Tardteii (i). A\ant do rondre comptc a nos lectcurs des faits nomhreux que cette dernitie ontreprise du brave et malhourenx Clap- perton ajoute a nos connaissances sur 1' AiVicpie, je me vois (1) Paris, 182J); Aillius-Bei'tiand. 2 vol. in-8" Je veux donnerau roi d'Angletcrre un terrain sur la cote poury conslruire une ville. Tout ce que jedemande, c'est qu'on fasse une route jusqu'd Rocka (Raka), dans le cos ou la riviere ne serait pas navigable pour les vaisseaux. Je lui de- mandai, dit Clapperton, si le terrain qu'il promettait lui ap- parlenait. ■ — Sans doute, Dieu m'a donne tout ce qui est aux infuU'les. TJnepareillereponse ne souffrait pasd'observations.» Elle n'a pas non plus , je pense , besoin de commentaircs. Une autre fois, Bello, renouvelant la demande que I'Anglcterrc lui envoie un consul, un mcdecin et des canons, prie Clapperton de les lui faire parvenir par la voie de Tripoli et du Bornou. Mais Clapperton s'y refuse, ajoutant qu'ils ne seront point expedies si le sultan ne consent a les faire venir a ses frais a llaka ; preuve cvidente que Bello ne se croit pas en possession de la cote, ot SCIENCES PHYSIQUES. 5ii que Clapperton nc prend point llaka pour un port de mer. Ailleurs, Bcllo promet de faire tenir sur tons les points de la cote des messagers qui iui feront connaitre sur-le-champ I'ar- rivee du consul ct du uiodecin, afin qu'il envoie une escorte pour les conduire dans le Soudan. Nouvelle preuve qu'il ne sup- pose point que ses Etats soient baignes par la mer. Enfln, jc consulle la carte donnee par Bello a Clapperton, et j'y trouve Raka placee dans Tinterieur des terres, avec cette indication rcmarquable : De cette par tie da pays a la mer salce II y a pla- sieui's grandes contrces lointaines et inconnues ; je consulte encore la carte du premier voyage de'Clapperton, et j'y vois Raka placee a pen pres au mOme point que dans celle du second voyage, c'est-a-dire a environ trois degres, ou y5 lieues de la mer, au nord du golfe de Benin , et tout pres du Rouarra, « qui ne passe, dit Clapperton, qu'a deux petites heures de marche. "Derniere preuve que celui-ci n'a point ete trompc par le sultan sur la position de cette ville. Eh! sieneflet, Clap- perton, induiten erreur par Bello, eut cherche Raka ou Funda sur la cote de Guinee, ne se serait-il pas plaint hautement de cette fausse indication? Eh bien ! dans tout le journal de son dernier voyage, et meme au plus fort de sa colere centre le sultan, il ne I'ait nulle part la moindre allusion a ce desap- pointement. On peut done regarder comme prouve que Clap- perton n'a jamais songe a chercher sur la cute les villes de Raka et de Funda, et que le sultan, qui n'est point aussi ignorant que le suppose I'editeur anglais , connait fort bien la position de ces deux villes, dont la premiere est en son pouvoir, ainsi qu'il I'avait fait entendre. OOi se trouve done I'erreur? Est-ce dans la traduction faite aLondres de la lettre du sultan? Est-ce dans cette lettre meme, ou quelque secretaire arabe a pu I'in- troduire? L'une ct I'autre supposition est admissible. Toute- fois, en cssayant de lever les doutes qui existent encore sur I'embouchure du Kouarra, j'espere pouvoir assigner a Funda luie position qui cxplique et concilie ces renseignemeus con- tradictoires. La suite de introduction fait connaitre que Clapperton, 3ia SCIENCES PHYSIQUES. accompagno dii capitaine de vaisseaii Pearce ct des doctenrs Dickson ot JIorrisoiv, pailitdc Porlsmoulh siir la corvette le Brazen\c 27 aout iSaS, et arriva dans li; j^oH'c de IJcniii le 26 novembre. M. Dickson, s'etant I'ait dcbarquer a Jnidlia, so lendit de la dans le Dahomey et ensuite dans le Youri ; on n'a plus en depuis de ses nouveiles. Les autres voyageurs avaicnt d'abord I'intention de remonter la riviere de Benin; raais iin ncgociant, lour compatriote , les delourna de ce pro- jet, attendii que le roi de Benin a pour les Anglais une haine inveteree , a cause de leurs efforts pour faire cesser le com- merce des esclaves. D'aprcs les indications de ce ncgociant, les voyageurs choisirent pour point de depart le port de Ba- dagry, silne sur la riviere Gazi, qui sc jette dans le Lagos a environ 40 lieues a I'ouest de I'cmljouchurc du Rio-Formose. C'est a partir de ce point que nous essaierons de suivre le jour- nal de Clapperlon, rapporte par Lander, son fidele ct inlelli- gent domestique. A quelques uiilles dc la cote commence le royauine de Yourriba que nos voyageurs cntreprircnt dc traverser. Djan- nah, ville considerable de ce royaumc. atlira leur attention par le mouvcment et le bon ordre qui regnent dans son mar- che, et par le gofit des habilans pour la sculpture. Les portes et tons les meubles sont ornes des productions de cet art. On remarque aussi a Djannah des manul'actures dc toile ct des ate- liers de leinture. On y fabriquc egalement de la faience; mais les habilans prelcrent celle de I'Europe, quoiqu'ils ne I'assent pas toujours un usage convenable des diffcrens objets ; Clap- perton en donne ici pour preuvc un fait sans replique. Les deux passages suivans, que nous citcrons sans ob- servation , caracterisent I'etat soiial du pays , par un de ces contrastes que I'Afiicjue seule pent offrir : • — « Nous voyageons depuis huit jours; nous avons parcouru 60 milles avcc un I)a- gage considerable et pesant; nous avons change dix fois dc porteurs, et nous n'avons pas perdu la valeur d'un shilling)). — "Un brick etaut arrive du Brcsil a Badagry pour acheter ties esclaves, les habitans de Djannah ont fait des preparatifs SCIENCES PHYSIQUES. 3ij pendant deux jours poiuune expedition, afin d'en aller enle- ver i Tabou , lieu situe a Test)) . Pcu apres avoir qiiitte Djannah, MM. Pearce et Morrison, consumes par une fievre lente, succombent aux atteintes meurtriercs du climat africain : le premier, en persistant avec ardeur dans son entreprise; le second, en s'en retournant vers la cute. Viveaient afllige de cette perte ct doja malade lui- meme, Clapperton n'en poursuitpas moins courageuscment sa route vers I'intei-ieur du pays, a travers les montagnes de Kong. Dans un village nomme Daffou, il trouve les habitans oc- cupes de la mouture du grain. « Le sommet dc la montagne etait, dit-il, convert dc i'emuies ; elles font des trous circu- laires a la surface du rocher, et y ecrasent le grain avec unc petite pierre qu'elles tiennent a la main. On pourrait appeler cette montagne un veritable moulin ;'i grain ». Celtc peinture fait bien connaitre dans quel etat d'enfancc sont restes en Afrique les arts qui ont pour objot la subsistance de I'hoinme. Plus loin, Clapperton rencontre une troupe nombrense de cavaliers armes de lances et d'archers a pied , envoyee vers lui par le roi dc Yourriba, pour I'escorter jusqu'a sa capitale. Cette troupe se conduisit fort bien envers le voyageur, mais fort mal envers les habitans, chez lesquels elle vecut a discre- tion. »Ces hommcs, par leur legerete et leur aclivite, mc pa- rurent, dit Clapperton , etre les meiileures troupes de cc pays et du Soudan. Cependant les cavaliers sont mal montes; les chevaux sont pelits el mal dresses, les selies peu assurees, et le cavalier est place si gauchement, que tout Anglais a che- val avec une sellc anglaise renverserait cet homme a la pre- miere charge avec un long baton. » Enfin , apres 47 jours de marche dans un pays tantot con- vert d'epaisses forets, tantot biencultive, populeux et com- mercant, dont les habitans tres-curieux, mais tres-polis, I'avaient accueilli partout avec une cordialitc touchante, Clap- perton arriva dans la villc dc Katunga, capitale du Yourriba. 11 fut bientot conduit h I'au dicnce solennelle du nionarque T. xi.iii. Aori 1829. 21 ji\ SCIENCES PinSIQlES. iilricain, a>i milieu d'line i'oiilc iiinonibi'ai)lc (rhi)mmcs, de foiuiiu'S t't d'ciilaus , d'ou s'clcvait unc poiisi^irre qui I'aillit l\'l«ii(lVr, nialgn'' les efforts de son escorle. Le roi ctait assis sous Ic verandah (sorte de hangar) de sa niaison , nian|uee par deux parasols de toile bleue et rouge, poses sur de grau- des perches que sovitcnaicnt des eschives. Clapperton, ayant cru entendre qu'on lui parlail de se prosterner, s'cmpressa de declarer que le seul ceremonial auquel il se soumeltrait serail d'oter son chapeau, de faire un salut et de prendre la main du roi. Celui-ci ayant acquiesce-a ce ceremonial, Clapperton s'a- varjca avec sa suite; mais Ics officiers du roi eurcnt beaucoup de peine pour lui I'rayer un passage a travcrs la loule. II lallut employer le baton et le fouet, quoique en general avec dou- ceur. «Nous marchames, poursuit-il, vers le verandaji le chapeau sur la tele; arrives a I'ombre, nous Tolames, liujes un salut et primes la main du monarque. II leva les notres trois fois, en repetant : eko, eko? (comment vous portez-vous ?) ; les femmes, qui se tenaient debout derriere lui, noussaluerent en s'ecriant : olil oh! oh! 11 elait impossible de compter le nombre de ces dames, taut leurs rangs etaient serres et mul- tiplies. Le costume du roi n'avait rien de remarquable qu'une couronne en coton bleu sur du carton, qui etait probablement I'ouvrage d'un europeen. )>Ce roi, pendant tout le scjour des Anglais a Kalunga, les traila C()nslammentavecbienv«Mllance ; il leur declara que, si quelqu'unde ses sujets leur avait reiuse son assistance, \\ aurait expedie I'ordre de lui couper la tete; que, lors meme qu'ils ne lui auraient apporte aucun present, ils n'en auraient pas moins ete bien re^us ; que tout ce qu'il desirait obtcnir d'eux, ce serait un moyen de soumettre des esclaves revoltes, qui, avec le secours des Fellatah, ra\a- geaient le pays, cnlcvaient et vendaient les habitans. II enga- gea les Anglais a assisler aux feles des coulttmcs qui devaieul commencer dans deux mois, et Tun d'eux lui ayant deuiande s'il faisait mourir dans ces solennites autanl de monde que le roi de Dahomey, il secoua la tete, en s'ecriant : «>'on, non, un roi de Yourriba ne pent sacrifier des hommes ; et s'il en SCIENCES PHYSIQUES. 3i5 donne I'ordre , Ic roi dc Dahomey sera oblige de renoncer u let usage, parce qu'il Taut qu'il liii obeisse». Nous placerons ioi un trail de mceurs qui peint la paresse Bfricaine. Un des voyageuis ayant prie le roi de lui prefer un cheval pour allcr prendre Pair de bon matin , cclui-ci nc put rien coniprendre a cette deniande. « Comment un bommc a-t-il besoin de sor- tir a pied on a cheval pour rien ? Si tu sors a pied ou a cheval , il faut que tu ailles chez un des cabocirs; tu recevras en pre- sent un mouton, un cochon , ou des ignames ; voilii qui sera bien ! » L'ne autre tois, le roi de Yourriba dit k Clapperton qu'il ignorait le nombre de ses femmes et de ses enl'ans; mais qu'il etait sGr que ses femmes, en se donnant la main , iraient de Katunga a Djaunah (environ 90 fieues); ses filles peuvent choisir qui bon leur i-euible pour mari ou pour amaut ; mais il y a peine de morl pour quicouque touciie une des femmes du roi. Nous retrouvons a Katunga Ic menic gout pour la sculp- ture que nous avons deju observe a Djaunah. Ici les habitans ont dans leurs cours des statues d'honuiies et de femmes. Les figures sculp tees sur les poteaux et sur les portes offrent de la variete ; le plus souvent c'est le serpent boa tenant dans sa gueule un cochon ou un antilopc, ou des homines faisant des prisonniers, ou un cavalier conduisant des esclaves. Ces sculp- tures sont executees avec intelligence et ne manqueutpasd'ex- pression. — La maniere d'enterrer les rnorts est de creuser un trou profond et etroit, dans lequel le corps est place assis, les coudes entre les genoux. Les pauvres sont enterres sans au- cune ceremonie; on tire des coups de fusil et on boit du rhum sur la tondje d'un homme riche. A la mort d'un roi de Your- riba , plusieurs grands personnages sont obliges de boire du poison que leur donnent les honmies du fetiche ( espece de pretres) dans un oeuf de perroquet. S'il ne produit pas d'effel, chacun est pourvu d'une corde, afin de se pendre. Au dcces du dernier roi, personne n'eut la permission de se tuer, ce pi'iiice n'etant pas mort de maladie. — Les habitant du Yourriba , qui oiil paru si mauvais cavaliers au capilaine anglais, sont pour- 3iG SCIENCES rilYSK^HJES, taut lo.s memes que Ics Eycos, fanicux par leurs gucrrcs avec les helliqticux Daliomeys, qui sont restcs Icurs tril)ntaircs. La religiou dcs Ey(!os parail consisUM- dans I'aduialion d'un soul Dieu, auquil on I'ait dcs saciificcs ; il drpciid, dit-on , dc la volonte dc I'hommc du fetiche oa piclre, dc decider si un homme, ou bien une vache ou tout autre animal , sera im- mole. Si c'est un homme, le sort tombc toujours sur uu cri- mincl et sur im seul. Les representalions iheatralcs uc sont point inconnucs a ce penple. Le voyageur nous rend foniplc d'unc panloniime (pii fiit jouec en sa pri'sence dans le pare du roi. Les actours, yelns dc grands sacs qui ieur cou- vraient tout le corps ct coifles de laml)eaux dc danias ct de toile de colon de couleurs eolatantes, s'assirent d'abord sous tni gronped'arbres qui ombrageaient une vasle esplanade. Les domestiques du roi se tenaient la pour maintenir I'ordre et empecher le public d'envahir la scene. Des musiciens avec des tambours, des cors et dcs sldlets, se firent entendre sans relache. Le premier acle consista en danses et en sauts execu- tes dans les sacs avec bcaucoup d'adresse. Le second acte re- presenta la prise du serpent boa. Le troisleme eut pour sujet le diable blanc (ou plutot I'hommc blanc ). Un acleur, dont le sac tomba graduellement, montra une figure humainc en cire blanche, d'une maigreuralTrcuse etmourantde froid. EUe faisait frequemment le geste de prendre du tabac et de frotter ses mains; qnand elle se promenait, c'etait de la maniere la plus gauche, avancant comme le ferait le blanc le plus delicat qui marchcrait pieds nus sur de la terre gelec. « Les specta- teurs en nppelaient souvenl a nous sur I'exactitude parfaite de la representation , et me suppliaient de bien rcgarder. Je pri'tcndais elre aussi salisfait qu'ils pouvaient I'etre dc celte caricature d'un homme blanc, et ccrtainement I'aclcur cliar- geait admirablement dans son rule. Enire les actes, il y eut des choeurs chantes par les femmes du roi et aux(piels la foule joignit sa voix. » Le royaume de Yourriba, silue a I'oucst du Benin, s'etend dansl'interieur jusque vers le lo'degre de latitude nord. Son SCIENCES PHYSIQUES. 3i7 plus grand commerce est celiii des esclaves. Son gouvernfe- inent , hereditaire suivant Clapperton , est electif suivant Lander. C'est, du reste, le despotisme le pluspiir, chaque sujet elant considere comnie resclave du roi : les femmes, achetees par leurs maris, sont ainsi doublement esclaves. Mais, dans la pratique, le pouvoir parait s'exercer avec douceur et huma- manite. La seule distinction de rang qui existe entre les Eycos est celle de cabocir ou gouverneur; encore, ces ofllciers, nommes par leroi, ne I'abordent qu'en se roulant dans la poussiere, et ils en font aulantdevant son eunuque. Les traits des Eyeos s'eloignent des formes caracteristiques du negre ; leurs levres sont moins epaisscs et leur nez se rapproche de la forme aquiline. Les femmes sont moins agreables queleshom- ines, ce qui peut provenir des fatigues de Tagriculture, dont dies seules sont chargees. La ville de Katunga, nommee aussi Eyeo, a quinze milles de tour et dix portes ; elle est entouree de murs en terre de vingt pieds de haut, et conlient sept marches, qui se tiennent tons les soirs. Les habitans ne sont point difficiles sur le choix des mets : fines, singes, chiens, chats, rats , plaisent egalement a leur palais; mais les saute- relles, les fourmis et les chenilles sont reservees pour la table des riches. L'intention de Clapperton etait de se rendre directemenl de Katunga au Niffe, en traversant le Kouarra pres de Raka. Mais le roi, pretextant les guerres qui desolaient le Niffe, s'op- posa toujours a ce qu'il prit celle route. En consequence, apres avoir ete retenu deux mois et demi a Katunga, Clap- perton fut oblige de faire un detour a I'ouest, vers le Borgou. Entre dans la province de Kiama, qui en faitpartie, ilrencontra bientot une escorte que lui envoyait le chef du pays el qui ne se conduisit pas mieux envers les habitans que les cavaliers du Yourriba. Ce chef, nomme Yarro, satisfiiit des prosens de Clapperton, parmi lesqnels brillait un sabre qui le transporla de joie, lui procura les facilites qu'il desirait pour son voyage. II alia memc jusqu'a lui offrir sa fille pourfenime. Notre voya- geur, ayant accepte celle proposition, fit a sa pretcndiie une 3i8 SCIENCES PHYSIQUES. visite pendant laqncllc collc-ci so linl constaninicnt a genoiix dovant lui. llpaiait qiiecc projot dc inaiia':;e n'cul pas d'aulre suite. Clajtpertoii nous I'ait du rcste inie peinture poetitjuc do la Ijonnc mine d'Yarro, de son adresse a manior iin chcval, et surtout des graces de six jeuncs fdles (jui le suivent a pied dans toutes ses cavalcades. «La delicatesse de leurs formes, la viva- cite de leurs yeux, et la legerete avee laquelle elles scmblaient Toler plutot que marcher sur la terrCy les auraienl, dit-il, fait prendre pour des elres au-dessus des morlelles. » La viile de Kiama pent compter, suivant I'anteur, trcnte mille habilans; sitnoc sur le passage des caravanes, elle fait un assez grand commerce, et ofl're en abondance Ics produits des manufactures d'Europc. Les marcliands n'y paient aucun droit fixe ; le chef prend d'eux tout ce qu'il en pent tirer. Les habitans, paiens peu devots, ont des esclaves mahometans, qu'ils ne gOnent point dans rexercice de leur culte. Notre voyageur ne resta que deux ou trois jours a Riama. Le surlendemain de son depart il passa I'Oli, riviere qui sc jette dans le Kouarra au-dessousde Kaka, et sur laquelle est etabli ici un bac ct un peage; mais Clapperton, comme etant au service d'un roi , la traversa sans payer; il trouva, dit-il, naturel d'en fairc autant dans tons les autres peagcs, et n'e- prouva de la part des habitans aucun obstacle. AOuaoua, autre ville du Borgou, Clapperton fut logechez une veuve qui n'avait pas ete vendue a la mort de son mari, parce que, senle entre ses femmes, elle lui avait donne des en- fans. Elle portait, en signe de deuil, trois cordes, I'une au- tour de latete, I'autre autourdu coii, la troisiimc en guise de ceinture. Notre voyageur fit connaissance dans la meme ville avec une autre veuve, fille d'un Arabe, tres-riche, enor- mement grasse, qui avait ite belle, et qui I'etait encore a des yeux africains ; Zuma se disait blanche, et avait la pretention d'epouser im blanc. Elle jetad'a!)ord sondevolu siu- Lander et ensuite sur Clapperton lui-meme. Un sentiment de curiosite ayant porte celui-ci a lui faire visite, I'entreprenantc Zuma, fenime de tele, et espece de chef dc parti, faillit, en Ic mC- SCIENCES PHYSIQL'ES. Sig lant a son iiisu dans unc intrigue politique, lo broviillcr avcc le gouverneur d'Ouaoua et le priver des moyens de conti- luicr sa route. Clapperton roout aussi dans cettc ville la visile d'un iniprovisatciir noir, dont il fait le portrait suivant : « 11 avail le visage pliitut long qr.'ovale, le nez legerenicnt re- courbe, la bouche jolie et de ])elles dents, la voix nelte et nie- lodieuse, le front baut, les yeux grands, brillans et clairs, avec une expression indefinissablc de malice et de gaite ; qtiand il cbanlait il avait qnelquetbis I'air subh'me. » Onaoua a de dix-huit a vingt mille babitans. C'est une ville propre et bien batie, entouree d'un bon mur en terre. Les rues sont larges et aerees. Les maisons consistent dans une cour, au- lour de laquelle sont situees plusieurs coazies ou cabanescir- culaires, dont I'une a deux portes sur la rue. La cbastete est une vertu pen connue a Ouaoua, et le goCit pour les liqueurs enivrantes y est general ; du reste, les babitans ant une grande reputation de probite; ils sont gais, bienveillans, bospitaliers ; lavorablement places pour le commerce, ils ont en abondance Ic necessaire et menie le supcrflu. On ne voit point parmi eux de mendians. Le voyageur fit bienlot son entree a Boussa, cbef-lieu d'nne Iroisieme province du Borgou. On reparait en ce mo- ment les rcmparts de la ville. « Des troupes d'esclaves des deux sexes, acconipagnees de tambours et de flCites, et chan- tant en choeur, allaient chercberde I'eau a la riviere pour de- Iremper la terre. Chaque personnage considerable a sa por- tion de murs a balir, de meme que cela eut lieu cbez les Juifs, lorsque cbacun rcleva les murs de Jerusaleui, vis-a- vis de sa maison. » Le sultan de Boussa est un jeune bomme de belle appa- rcnce ; it a le front baut, les yeux grands, le nez a la ro- maine. Sa ni iddk i , ou fcmme principale, un pen plus iigee que lui, n'a de I'emarquable (|ue sa voix et de petiles majiie- res carcssantes, qui paraissent lui donner im grand empire sur son epoux. L'ue cliaine d'or faux gagna a Clapperton le tci'ur de cette favorite. « Elle la passa d'abord autour de son 32Q ' SCIENCES PHYSIQUES. cou , V6la , puis en para Ic sultan , en le regardant d'un air si gracieux que je n'ai jamais ricn vu dc paroil. ))Cclui-ci ayant dcmandc ■\ Clappcrton combien son roi avail dc lem- mes, sursa rc'ponse qu'il n'en avail qu'une el qu'en Angletene on pend quiconque en a deux, le sultan, scandalise, repliqua que cela n'etait bien que pour les autres hommes et non pas pour le roi; mais la midaki parut approuver fori I'usage que les hcMiimes n'eussenl qu'une femme, et niemequ'une leniuie pfll rcgner. Pendant son sejour a Boussa, Clapperton acquit la cerli- tude que cctte ville, siluee sur une ile du Rouarra, a ete tc- moin du naulrage et de la morl de Mungo-Park. II parait que ce voyageur el Martin, son conipagnon, perireul dans un combat qui fut la suite d'un mal-cntendu, leur couleur blanche les ayant fait prendre pour des Fellatah. Du reste, les gens du pays ne parlenl de eel evenemenl qu'avec repu- gnance, el semblent y attacher des lerreurs superslitieuses. On raconte qu'apres la mort de Mungo-Park une epidemic ravagea la contrec; les uns I'ottribuerent a un poison mole aux viandes trouvees dans son bateau, et que les habitans avaienl mangees; d'autres regarderent ce fluau comme une puuition envoyee par le dieu des blancs; d'oCi est ne, dan» I'interieur de I'Afrique, ce proverbe populaire : « Ne fais pas de mal a un chretien, si tu ne veux mourir comme ceux de Boussa. nToutes les demarches que Clapperton put faire pour se procurer les papiers de Mungo-Park furent infructueuses. Les habitans dc Boussa sonl presque tons paicns. Le sul- tan lui-mome, bien que son nom soil Mohammed', appartient jY cette religion. Le lait est son fetiche ; par consequent il n'en boit pas. Ce sultan ticnt le premier rang parmi les chefs du Borgou, qui, outre les provinces de Boussa, de Riama et d'Ouaoua, comprend encore celle de Niki que Clapperton n'a point visitee. Les gens du Borgou onl en Afrique, comme vo- leurs, une renommee proverbiale ; et pourlanl voici le juge- ment que le capitaine anglais porte sur eux en les quillant : « Les Borgounis, que les nations voisincs peignent sous des SCIENCES PHYSIQUES. 52i couleurs si desavantageuses, sc sont toujonrs comporlos hon- iiCtement avec moi. Jamais jen'ai perdu chez eux la plus pe- tite chose. J'ai voyage et chasse scul avec eux. Mes domesti- ques, moi et moiibagage, nous avons ete a leurmerci; je les ai toujours trouves gais, obligeans , bienveillans et commu- nicatifs. »Le gouvernement du Borgou est despotique et anar- chique en meme tems, puisqu'il n'est pas rare qu'une ville en pille une autre. Ce pays a peu de gros betail; mais il abonde en moutons et en chevres; il est tres-bien cultive, et assez industrieux. On remarque dans ses temples des peintures de figures humaines, de boas et de tortues. Clapperton, entre dans le Niffc, trouva le pays desole par une guerre civile. Deux freres s'y disputaient le pouvoir sou- verain ; I'un , paien, avait pour lui raffection du peuple ; I'autre, musulman, etait soutcnu par Ics Fcllatah, qui en faisaient rinstrument de leur ambition. Le Niffe, qu'on nomme aussi Tappa, est situe au nord du Benin; ses habitans sontmoins hospitallers et plus interesses que ceux du Yourriba et du Borgou. Notre voyageur se vit, chez eux, oblige, pour la premiere fois, d'acheter ses provisions. Koulla, I'une de leurs villes, est le centre d'un commerce tres-etendu; les cara- vanes s'y croisent dans tons les sens; les marchandises de rAf'riquc centrale et meme de I'Europe y affluent de toutes parts. Les moeurs des paiens du Niffe ressemblent a celles des Eyeos, dont ilsparlent a peuprcs lalangue. lis enterrent leurs morts de la meme maniere , et vicnnent de tems en tems de- poser pour eux sur le tombeau des vetemens et autres objets que les pretres ont soin d'enlever pendant la nuit. Les mai- sons et les cours sont tenues avec beaucoup de proprete; les portes sont sculptees et peintes, ainsi que les calebasses, qui servent de plats. Les Niffenis sont courtois, mais menteurs et fripons ; les hommes, meme ceux qui sont musulmans, aiment passionne- ment les liqueurs fortes , ctles femmes sont d'une vertu facile. Mais ces vices doivent etrc en partie attribues a I'anarchie et a la guerre qui depuis long-tems affligent ce pays. Les habitans 522 SCIENCES PHYSIQUES. sont du restc Ires-hienvcillans Ics uns envois Ics aulros. Notic voyageiir a vu ceux de Koulfa se dopotiillcr d'unc partic dc ce qu'ils possodaient, pour venir auscconrs d'unc ville incen- diec. Quoique dosolc par la guerre , Ic Niffe oftVe dcs marches jusquc dans Ics moindres villaj,^es. Chaque petit groupe dc deux on Irois femnics a i\n lionime arnic qui vcillc sur oiles et prend garde a cc qu'on paic cc qu'elles vendcnt. Ce trait en dif asscz sur I'etat du pays. Clappcrton se rcndit du Nifle a Kano , dans U' Haoussa, en traversant I'Youri, le Kotonkora, le Gouari et le Zegzeg, et, bien que ces divers pays fissent partie d'unc confederation enneniie des Fellalah, chez lesquels il allait, 11 trouva partout sfirete et protection pour sa personne , respect pour ses haga- ges, et facilites pour leur transport. II est vrai qu'd avait ete precede sur sa route par le bruit qu'il venait retal)lir la paix entre les differens peuples d'Al'rique, bruit qui sans doute avait pris source dans les efi'orts coniuis des Anglais pour la suppression de la traite; d'oi'i Ton pent conclure que, si les peu- ples de la cote sont partisans declares de cet horril)ie trafic, ceux de I'intericur out senti tout ce que son abolition aurait de bienfaisant pour eux. Clapperton laissa i Kano son domes- tique Richard avec la plus grande partie de ses bagages et le produit d'une lettre de change de 5oo piastres sur Tripoli, qu'il avait cscomplee acinquante pour cent : tel est, dit-il, I'u- sage du pays. Son dcssein etait de so rendre a Sackatoil, mal- gre les pluies et Thorrihlc etat dcs chcniins ; mais sur la route il rencontra le gadado, ou premier ministre de Bello, qui con- duisait a ce sultan les troupes du pays ; notre voyagcur, oblige de marcher a leur suite, nous donne des details curieux sur ces « armees teodales dedemi-sauvages. » Bientot Clapperton rencontre le sultan lui-meme, et assiste a I'attaque de Kouuia, capitale du Gouber revolle. Cette ville, avec un seul lusil el quelques flcches, rcsisla a unc armee que Clapperton porte (avec quchjue exageration, je pcnse ) a Go millc iKUumcs, et qui avait quarante-deux I'usils. Apres avoir ete temoin de la desertion d'ime partie de cette miserable armce . dont le chef SCIENCES PHYSIQUES. Sao lie scnible pas avoir le genie mililaire, le capitaine anglais la quitte, ct arrive a Sackatou Ic 2u octobre 1826. Iltrouve celtecapitale apcu pri'S dansle mCme etatoi'i il i'a- vait laissce en 1824, quoique pendant I'intervalle elle eiit ete inccndiee par les rebcllcs, tanl ces sortes dc ravages so repa- rent aisenicntdans les villesd'Afriqiie (1). Sackatou a ete batie vers le commencement dii siecle par le scheikh Olliman, sur- nomme Danfodio (docte fils de Fodio). Ce scheikh parlait toutes les langues de I'Afrique; il possedait toiite la science des Arabes; et ce qui etait plus important pour lui, il passait pour prophete. II reunit sous scs drapeaux les Fellatah, qui sont le meme peuple que les Fouiahs ou Poules et, dit-on, quclcs'Wahabis(2).Cepeuple cuivre, repandudanstoutle nord de I'Afrique, au-dcladu Sahara, vivait disperse au milieu des forets, uniquemcnt occupe d'elcver des troupeaux dont ses femmes allaient vendre les produits dans les viilcs negres. Danfodio, I'ayant rassemble ct fanatise, conquit, par son aide, tout le vaste pays qui s'etend depuis le Tchad jusqu'aux fron- tieres du Benin. Le Yourriba seul fit resistance. Ses habitans, paiens obstines, niaient hi maxime, que Dieu avail donne aux vrais croyans leur pays, leurs femmes et leurs enfans. Dan- fodio devint fou dans sa vieillesse, et n'cn fut pas moins re- vere des Fellatah, mais non des Aral)es, qui profiterent des tcrreurs qui I'agitaient pour lui vendre cherement le paradis. A sa mort, qui eut lieu vers 181G, Mohammed-Bello, son fds aine, lui succeda sous les litres de sultan des Fellatah et de com- mandeur des croyans ; mais il n'herita pas de tous les Etats de son perc; plusieurs provinces se revolterent, et le Bornou lui fut arrache par le fameux scheikh El-K.anemy. Ces deux potcn- tats sc dispulent maintenant I'cmpire de I'Afrique centrale. Le (1) Les Afi'icains usent d'un moyen sliigulier pour incendier les vi'.les ennemies ; ils attachent un fil de coton enflamme a la queue des oiseaux qui out riiabitude dc se percher siir le toit de cliaumc des niaisons. (2) 11 est diilicile d'admeltrc celte derniere assertion ; lesWaliubis sont line scclc religieuse et uon pas un peuple. 334 SCIENCES PHYSIQUES. schcikh est hommc de guene ct hoinmc d'Ltat; Ic sultan est plutdt hommc d'ttude ; mais le scheikh commandc a iiii poiiple timide ct amolli ; le sultan gouveine une nation jeuno et entreprenante. Dans unc pareille lutte, il y a bicn plus dc chances pour un peuple que pour un homme. Au resle, quel que soit le vainqueur, le resultat general sera toujours la pro- pagation de Tislamisme en Al'rique; resultat fatal auxprogres de nos dccouvertcs, mais nccessaire peut-etre u la civilisation du pays. Les moeurs de Sackatou rcssemblent a celles des aulres villes niusulmanes, si ce n'est que les femmes y jouissent dc plus dc liberie que dans I'Orient. Legouvernemcnt des Fella- tah du Haoussa a beaucoup de rapports avec le despotisme turc (i). Toutes les places y sont venales. Celles de gouver- neurs des provinces sont vendues par le sultan, qui s'cmpare des bicns de ces officiers lorsqu'ils meurcnt ou qu'ils sont des- titues. Les gouverneurs en usent de mCnie a I'cgard des I'onc- lionnaires subalternes. Outre les tributsenormcs que ces gou- verneurs prelevent sur tout ce qui se recueille ou sc vend, il parait qu'ils ont encore la propriete du sol et le droit d'en per- mettre la culture. Malgre ces institutions vicieuscs ct I'etat grossier des instrumens, I'agriculture, grace a la feconditc du territoire et du climat, est pour ces peuples une industrie tres-productive. L'indigo, le colon, la gomme arabique, I'i- Toire et les peaux d'animaux abondcnt dans le pays. Clap- perton dil que les riches Fella tab font apprendre a lire et a ccrire a leurs esclaves desdeux sexes, el il evalue a un dixieme le nombre des habitans qui possedent cclle instruction; mais, comme ils n'ecrivent qu'en arabe , il est difficile de concilier une telle assertion avec cette autre qui se trouve au meme passage : que, toutes leurs prieres etant dans cette langue, sur mille il n'y en a pas un qui, enpriant, comprennecequ'il dit. (i) II est reniarquable que, danslc Fouta-Toro, le uiCine peuple, sous le nom de Foulahs ou Poules, a fonde uu gouverncnienf prcsquc repu- Micuin. SCIENCES PHYSIQUES. 3a5 La guerre, qui, dans rinlervalle cles deux voyages dc Clap- perton, s'etait ralliimee cntre le scheikh ctle sultan, placa Ic voyagcur dans une position difficile. Bello, instruit dc son des- sein de se rendre aiipres du scheikh, fit transporter a Sacka- tou les bagages que Clapperlon avail laisses a Rano; il s'eni- para de la lettre et dcs presens destines an scheikh , et interdit a Clapperton la route dn Bornou. Cette conduite du sultan excita chez le capitaine anglais la plus vive irritation. De- vait-il etre si surpris qa'un diet" africain, frappe de la supc- rioritc des Europeens, et redoutant I'influence de leurs con- seils et dc leurs amies, voulQt intercepter de tels secours a son cnnenii? Les nations policecs, sans avoir de pareils mo- til's, n'ont-ellcs jamais donne rexcniple de confiscations sem- blablcs? Clapperton conunencait a se consoler dc ce contre- tems et il medilait de nouvelles decouvertes, espcrant gagner TAllantique par une route aventureuse que Bello Ini avaitindi- quec, lorsqne, deja epuise par des fatigues et des maladies con- tinuelles, il fut saisi d'une fievre lente A laquellc il succouiba le i5 avril 1827 (1). Rien de plus tonchant et de plus nielan- colique que le recit fait par Lander des derniers momens et des funerailles de son maitrc. Ce bon Jeune homme, malade lui-menie, quitte bientnl Sackatou en compagnie d'une cara- vane de Tonariks et dc Fellatah, et se voit pres dc mourir en route faute d'un pen d'eau que le fanatisme de ses compa- gnons refuse a un chretien (3). Enfin, un jeune Fellatah dn Foula-Toro, reconnaissant d'un fusil qu'il avait autrefois recu des Anglais, brave les reproches de scs camaradcs et apporte h Lander une calebasse d'eau. Ilevenu a Kano, Lander cspe- rait y recevoirle men tant d'un ordre depaiement que Bello lui (i) J'ignore pourquoi la mort de Clappciton est rapportee au 1 1 mars au bas de sun portiait et au 11 avril dans line esquisse de sa vie qui precede son voyage. Le lecit de Lander ne lalsse aucun doule sur la veri- table epoque. (2) Dans le Ymiiriba, paj's idoldtie, une pauvre femnie fut prflea pleu- rcr de nc pouvoir donncr dc I'eau k Clapperton, qui avait soif. 320 SCIENCES PHYSIQUES. aviiit donne en echaiig;c do plusicursarincs ot do niarchandiscs Coiilisqvieos ; mais, rArabc siir l('([m'l otait tiro cc inaiulat, nyant rcluse de racqnittcr. Lander se Yit oblige de renon- cer a la route longiie ct dispendicuse du grand desert, que son maitre lui avail piescrile , et il resoiut hardlment de se rendre «a Funda, sur Ics bords du Niger, cedant, dit-il, au vil'desir de suivre ce fleuve dans un canot jusqii'au golfe de Benin ». En consequence, il se dirige vers le Zegzeg et le Dja- coba, cotoyanl a sa gauche une longue cliaine de montagnes, dont les habitans sont reputes yemyems on antropopha- gcs (i). Parvenu a Dunrora, a doiize journees de marche de Funda, Lander marchait avec joie vers la solution ihi grand probleme de renibouchure du Kouarra, quand tout a coup il se Yit arrete par ordre du roi de Zegzeg, qui, curieux de le voir, avait envoye a sa poursuite quatre cavaliers armes courant a toute bride. Le chef de Dunrora n'osa pas s'oppo- ser i cet ordre, et Lander, desole de se voir arraclier mic decouvertc a laquelle dcpuis si long- terns aspire I'Europe, ful raniene dans le Zegzeg. Les conlrastes les plus singu- liers le IVapperent sur sa route : ici , de nialheureuses peupia- des dans I'etat de nudite ct de uiisere le plus absolu, n'ayant a lui otfrir pour nourriture que du ble bouilli, dn chien et du serpent; li, tous les signcs de I'aisance et de I'indus- trie; des arbres magnifiques couverts d'un feuillage opulent; des champs de ble variant le paysage qu'ils enrichissent ; des sites pittoresques ct gracieux; enfin, des villes dont les habitans, tous bienvetus, par rextrenie proprete qui cclatait dans leurs cases et sur leur personne, lui rappelaicnt vive- nient, dit-il, sa chore etlointaine patrie. Lander, tros-bien recu par le roi de Zegzeg, sc rendit sans obstacle do Zariya, capi- tale de ce pays, a Kadagry, point du depart de I'expedition , en suivant a pen pros la nieme route que Clapperton avait prise pour allcr dans le Haoussa, c'cst-a-dire qu'il travorsa de (i) Bcllo, en pailaiit a Clapiicilun dc ce iieiiple, lui avait domic le num d'Umbiinni. SCIENCES PriYSIQlJES. Say nouvcau le Goiiari, le NiffS«e=- 1 SCIENCES MORALES ET POLITIOUES. CouRS d'histoire moderne, par 31. Guizox, profesjeur d'histoirc k la Faculte ties leltres de Paris. — Histoire gexerale de la CIVILISATION en Europe, dcpuis la chide de I'Empire roinain jusqu'd la revolution franraise (i). — Histoire de la civili- sation francaise (2). Nous sentons que ce n'est point sans un grand desavantage que nous entreprcnons , fort loin dc Paris, de rendre fompte du cours prononce dans la capitale par le celebre prol'esseur d'histoire. Ceux qui I'ont enteruhi demanderont, sans doule. comment nous pourrons nous former une idee de cet enlhou- siasmc qu'excitait la vue seule du philosophe,. rendu, apres sept ans de silence oblige, a la jeunesse studieuse, de ce ton imposant par lequel il semhlait ajouter plus de poids a la ve- rite , et la graver d'une maniere plus ineffarable dans les es- prits, ou de cetle voix harmouieuse et pleine qui domrnait son audiloire et fixail son attention. Cetle puissance de la parole a ete perdue pour nous; mais elle Test egalement pour le pidilic eloigne ou t'utur, auquel le livre qui nous est parvenu s'adresse. Ce n'est pas des discours d'un orateur eloquent que nous avons a rendre comptc ; c'cst de I'ouvrage qui reste, apres que ces discours ont etc prouonces, et de reilet qu'ils peuvent produire sur ceux qui cherclient dans I'hisloire de hautes et graves lecons. (i) Paris, 1S28; Fiction el Didier. i vol. in-S" ; prix , 1 1 fr. (2) Paris, 1829; les memes. a vol. iii-8° de 460 pages cliacun ; prix dii vohune, g fr. : le Uoisieuie doit paiaitre inccssaminent. 55j sciences morales Lt" CUIUS (riiisloire de !M. Ciiizot a cle recucilli pendant son improvisation ('loquenle; il a tie levu ensnile pai' I'auleur. 11 est impossible copenJant que le caraclere primitif d'uu cu- seiguetncnt oral ct non ecrit ne lui demcuie pas. On Ic le- connait peut-eti-e a des preparations uu peu Irop longues, a une ccrtaiue hesitation avant d'entrer en niatiere, comuie pour attendre que lous les esprits soient fixes, que les intelligences plus lentes aienl rejoint les autres; on le recoiuuut au soin que preud le professeur de renforcer uu peu la physionomic de cliaque siecle, pour que les deductions a tirer de sou ca- racttre se presenteat plus clairenient; on le reoonnait, nous le croyons eufin, a une certaine parlialite pour les institu- tions antiques, comnie si le professeur, s'adressant a uu sie- cle frondeur, a une generation disposee a juger severcmeut celles qui Pont precedees , avait epargne les ombres de son tableau , dans la persuasion qu'elles se projetteraient d'elles- memcs sur lui, aux yeux de ceux auxquels il le soumeltait. Le premier cours que donna M. Guizot, en 1828, qui forme I'undes volumes que nous avons a present sous les yeux, doit Ctre considere plututcomme une introduction au cours com- mence en 1829, que comme un ouvrage complet. En effel , dans les quatorze lecons de ce cours , le professeur s'est pro- pose de douner un apercu de la niarche de la civilisation dans toute I'Europe , pendant quatorze siecles. II nous scrait diffi- cile de geueraliser encore des idees deja si genorales; aussi , croyons-nous plus utile a nos lecteurs, plus juste envers le professeur, de passer presque immediatement au second cours, muri par une plus longue preparation, plus riclie de faits, et plus empreint des pensecs originales de I'auleur. Nous nous conteuterons de cherclier dans le premierle but principal, I'idee mere de I'ouvrage. «I1 m'a paru , dit notre auteur, qu'un ta- bleau general de I'histoire moderne de I'Europe, consideree sous le rapport du developpement de la civilisation , uu coup d'oeil general sur I'histoire de la civilisation europeenne, de ses origines, de sa marche, de son but, de son caracttre, se pouvait adapter au terns dont nous disposons ( L. i, p. 3) » . ET POLITIQUES. 333 La civilisation est lo grand progics de la societe luimaine , c'est Ic fruit dc I'expenence des siecles, c'est le s^ul resultat important de I'histoire; carles hommes ont besoin de savoir, non que Icurs ancetres ont combatlu, ont souffert, ont triom- phe; mais de savoir ce qu'ils ont laisse commc progres social aux generations a venir, et de recueillir cet heritage. M. Gui- zot ne definit point ce qn'il entend par civilisation, il cherche seulement a recueillir, a exposer par des exemples I'ensem- ble des idees que ce mot reveille, et il arrive a conclure : «qne deux fails sont compris dans le grand fait de la civilisation ; il subsiste a deux conditions, et se revele par deux symptomes, le developpcment de I'activite sociale et celui de I'activite indi- viduelle, le progres de la sociele et le progres de I'humanite. Partout oii la condition exterieure de I'homme s'etend, se vivifie, s'ameliore, partout oii la nature intime de I'homme se montre avec eclat, avec grandeur; a ces divers signes, et souvent malgre la profonde imperfection de I'etat social, le genre humain applaudit et proclame la civilisation ( L. i , p. 19, 1" Cours) » . En parlantde son premier cours, M. Guizotadit lui-meme (2' Cours, p. 2), « j'ai couru, pour ainsi dire, de sommite en sommite, me bornant presque constamment a des faits generaux et a des assertions, an risque de n'etre pas toujours bien compris, ni peut-etre crn»; puis, lorsque, dans son second cours , il reprend I'histoire de la civilisation en France, c'est avec une etendue et des details qui laissent prevoir qu'il lui faudra de longues annees pour parcourir sa carriere. II annonce qu'elle s'etend depuis la chute de I'empire romain jusqu'en 1789; et a la fin de son volume, il est a peine entre dans I'histoire des Carlovingiens. Des le premier cours, il avait annonce sa predilection pour I'histoire de France, comme exemple de la civilisation uni- verselle. « 11 serait excessif, avait-il dit (L. i , p. 5) , de pre- lendre que la France ait uiarche toujours, dans toutes lc.« directions, a la tete des nations : ellc a cle devancee, a di- verses epoqucs, dans les arts, par I'ltalie ; sous Ic point do vuo 7,5^ SCIENCES MORALES «les in^liliilioiis puliliqiios. par I'AiiglctciTe ; peiit-Otru, sous tl'autres points de viic, a ctiiains moniens, trouvcrait-on d'autres pays dc rEiiropc qui lui out etc supeiicvns. Mais il estimpos^iidc de mecounaitre que, toutes les Ibis que la France s'est vue devancce dans la carriere de la civilisation, elle a repris une nouvclle vigueur, s'est elancee, ct s'est retrouvee Lientut au niveau ou en avant de tons. Non-seulfmciil il lui est arrive ainsi ; mais les idees, les institutions civilisantes, si je puis ainsi parler, qui out pris naissance dans d'autres territoires, qnand cllcs out Youlu se transplanter, devcnir fe- condcs et generales, agir au profit commun dc la civilisation europeenne, on les a vues, en quelque sorte, obligees de subir en France une nouvelle preparation, et c'est de la France, comme d'une secondc patrie, plus feconde, plus riche, qu'elles se sont elancees a la conquete dc I'Europe. II n'est presque aucune grande idee, aucun grand principe de civi- lisation , qui , pour se repandre partout , n'ait passe d'abord par la France. » C'est qu'il y a dans le genie francais quelque chose de so- ciable, de sympathique , quebpie chose qui sc rcpand avec plus de facilite ct d'energie, que dans le genie de tout autre peuple; soit notre langue, soit le tour particulier de notre esprit, de nos moeurs , de nos idees, sont plus populaires, se presentent plus clairement aux masses, y penetrent plus fa- cilenient. En unmot, la clarte,.la sociabilitc, la sympathie, sont le caractcre particulier de la France, de sa civilisation; et ces qualitcs la rendent cmincmnicnt propre a marcher a la tele (ic la civilisation europeenne. » C'est d'apros cette superiorite de la France que M. Guizot I'a choisie po»u' faire I'histoire de sa civilisation particulicre, "afin qu'elle devicnne, en tenant compte des differences. I'image dc la grande destinee europeenne." Mais, de plus, il rappelle que la civilisation se compose de deux elemens, d'une part, le progres du bien-etre materiel chcz le peuple, qui tient a une grande amelioration sociale; d'aulre part, le progresdes csprits. ou Ic dcvcloppeniciit iiilelkutucl. Union- ET POLITIQUES. 5o5 tre quo ces deux piogres sont etroitenient lies I'liii a I'aiilre; que la perfection de la civilisalion reside, non-seuleiiienl daus leur union, mais dans leur siniullaneite , dans I'etendue , la t'acilile, la rapidite avec latpieile ils s'appellent et sc produisent mutuellenienl, et il prouve que c'est en France que celte si- niullaneite s'est trouvee an plus haul degre. L'histoire de la civilisation francaise prend la Gaule au mo- ment oil elle etait encore iaconnce par la civilisation romaine, mais oil I'invasion des barbares la repoussait vers la barbaric, landis que rintnuluction de la religion chretienne y appurtail les elemens d'luie civilisation nouvelle. Pour I'aire cunnailie par quels progres s'est fornieelasociete moderne, il I'aut done, avant tout, niontrerle point de depart, I'etat social de la Gaule au v" siecle. Trois elemens y ont concouru, et notre auteur nous fait etudier, cneffet, relement romain,ou la societe ci- vile romaine, au moment qui precede la chute de I'empire ; I'element chrctien, on la societe religieuse, au moment on elle s'organisc; I'element barbare , ou la societe germanique , au moment oOi elle se prepare a I'invasion. All iv° et au v" siecles, la societe romaine tombait en dis- solution : la culture de I'esprit semblait sc bonier au pelit ct pueril exercicc d'une critique sans vigucur. Les hommes de let- Ires ne connaissaieiit comine science que la grammaire, comine eloquence que des panegyriques, comme poesie que des epi- thalamcs ou des idylles, comme histoire que des abreges. Dans i'ordre politique , il ne restait pour les grands et les riches d'autre carriere que la recherche des plaisirs. Dans les villes, la bourgeoisie etait opprimee, ruinee, condamnee aux magis- liatures de la curie comme a une sorte d'esclavage; dans les campagnes, la masse de la nation elail reduile en servitude. I'ersonne n'a mieux fait comprcndre cette decadence de la so- ciete que M. Guizot (L. u, p. Oo. L. iv , p. i4o). Toutefois, il nous semiile (|u'il a trop laisse dans I'ombre les causes de celte degeneration. Kn mcme tems qu'il a si bien moiitre que le decouragenient etait luiivcrscl, (pie la \ ie manqiiail a cha- qiie ciasse dv. la societe, pcul-elie aiirail-M du munlrcr plu:^ 536 SCIENCES MORALES clairemeiU que ce decouFagenient otait inevitable, puisquc I'aggravation constante de la condilion sociale etail sans re- mede; que la vie inanquait, parce que le dcspotisme des enipereurs seiublait n'avoir d'autrc tuchc que do I'eleindre toiifilamnient partout. Le despolisme romain etait cclui d'uii peuple civilise. Quand des nations bar])ares sont soumisesau despotisnie, son jougest quelque fois si cruel qu'il detruit tout mouvement dc I'esprit : les hommes sur lesqucls il pese sont si malheureux qu'ils u'e- chappcnt a I'intensite de la souffrance, qu'en s'abrutissant toujours plus. Mais, lorsque le dcspotisme est implante chcz un people civilise, cettc civilisation coexislante I'adoucit pres- que toujours de maniere que les classes moius malheureuses dela nation niaintiennentunecertaineactivited'esprit. Leman- qnedelibeito change seulem«nt la direction iles pcnsees; I'es- prit humain se jette alors comme un torrent dans la seule voic ou la politique nc lui fasse point obstacle. II serait naturel que les efforts conimuns des honnnes tendissent a lendrc leur condi- tion commune plus heiireuse ; mais c'est precisement ce a quoi, sous le dcspotisme, il leur est inlerdit de songer. Us s'accoutument done A regarder la douleur comme la condition premiere de leur existence ; ils commencent par s'y resigner ; hientot ils lui rendcnt un culte ; c'est I'ascetisme, caractere dc toute religion nee sous le dcspotisme. Celui-ci, accprix, permet aux enthousiastcs de regler, non pas la terre, oCi ils n'ont rien a voir, mais le ciel , et les theogonies deviennenl I'occupalion favorite des esprits speculatifs. Telle a ete la mar- che de la pensee, sous les despotismes civilises, dans la Syrie, la Perse, I'lnde , la Chine et a Rome; les mages, les brahmes, les bonzes, les eveques, surtout ceux des sectes gnostiques, ont suivi a pen pris le meme chemin. L'histoire ne nous a point fait assister a la naissance de la re- ligion de Brahma, ou de celle de Bouddha ; et nous ne pouvons suivre les revolutions qn'a dft y eprouver le sacerdoce. Nous voyons bien que toutc I'activite d'esprit des nations del'Orient s'etait tournee vers la religion , nous concevons bien que le sa- ET POLITIQUES. 537 rerdoce, qui dirigeait cclte aclivite, devait etre tenle de fairt-. rentrer cette socicte elle-uieme dans la religion, et de re- ronquerir la terre, d'oCi le despotisme avail chasse cette ac- tivite, au nom de ce ciel meme, oii elle avait ete forcee de se refugier. Nous voyons meme les traces des nombreux efforts du sacerdoce, dans les religions de Brahma et de Bouddha, comme dans celles de la Sy rie , de la Perse , de I'Egypte , pour saisir I'empire qu'il n'a pas su conserver. L'etahlissement du sacerdoce qui s'eleva dans la religion chretienne est au con- traire conipris dans les teuis historiques; aussi nous pouvons le suivre tour a tour dans son abnegation et dans sa lutte pour le pouvoir. II commence , scion I'esprit de la religion chre- tienne, par se declarer etranger a la terre ; bientot se sentant niaitre des esprits, il veut ressaisir I'autorite civile, et ses ef- forts pour entrer en parlage de la souverainete, ou pour I'u- surper loute entiere, sont parmi les faits les plus curieux que prcsente I'histoire du moyen age. Ce sont aussi les faits a I'occasion desquels M. Guizot a le mieux montre la superiorite de son erudition , et celle de sa philosophic ; ceux qu'il a presentes de la maniere la plus vi- vante et la plus neuve. Toutefois, on sent qu'il se propose surtout de combattre ce qu'il rcgarde comme des prejuges philosophiques, auxquels la jeunesse qui suit ses lecons serait peut-etre Irop disposee a se livrer. Depuis un demi-siecle, la plupart des ecrivains qui ont fouille dans les antiquites du moyen age en ont extrait de nombreux chefs d'accusation contre le clerge. Tantot ilslui reprochaient de n'avoir encou- rage que des speculations oiseuses qui egaraient I'esprit hu- niain; tantot d'avoir trouble I'Etat par une ambition deme- suree; tantot d'avoir commande des crimes atroces. M. Gui- zot a cru qu'une injuste prevention avait empeche les philo- sophes et les historiens modernes de reconnaitre combien d'efforts, tendans vers la civilisation, s'alliaient a ces egare- niens du clerge. II prend a tache de montrer comment ces niemes speculations oiseuses, qui ont crce une fausse philoso- phic, ont cependant tendu a relever la dignitede I'espece hu- 538 SCTENCKS MORALES maiiu' ; coiiunent raml)itioii diulerge,n)algrc ses execs, asiili- slitiu'; Ic phis souveiit une aiiturite cdairoe ct roguliere a line tyrannie alroce ; comment Ics crimes niemes dont il s'esl souillc ont etc racheles par d'heroiques vertns. Le jugcment d'un si profond penseiir, snr le moyen age, nous inspire dn respect ; mais, nous I'avouons, nousnesommcs pas couvain- cus. L'Europcmodernc, ninis dit M. Guizot, a etc Ic tlicatre dcs syslcnics Ics jilus divers, qnant a la situation ct a I'orgaiiisa- tipn dc la societc rcligicusc. On y rencontre tons Ics princi- pes ; ellc renrerme en qiielque sorte dcs cxemples, des cchan- tillons dc toules Ics formes sous lesfjucUes elle a parii ailleurs. Si Ton considcrc Ics rapports dc I'Eglise avec I'Etat, on a vu I'Etat subordonne a I'Eglise, et I'Eglise subordonnec a I'Etat; I'Eglise et I'Etat independans, et sans action I'un sur I'autre; I'Eglise et I'Etat allies, et se pretant un mutuel secours. Si ronconsidere rorganisation interieure de lasocicte rcligieuse, on a vu le pouvoir de I'Eglise tantot dcleguc aux pretres seuls, tantot demeureauxmains de tons les fidcles. Dans le premier cas, la papaute est une monarcliic pure, les conciles d'e- veques une aristocratic, le prcsljyterianisme une dcmocratie de pretres. Dans le second, Ics independans ont rcnoncc a ce que I'Eglise cut un gouvcrncment general; les quakers, a cc qu'elle eiit des pretres. «Et non-seulement, ajoute-t-il, tons les systcmes out ete realises, mais ils ont tous prctendu a la legitimite historique, aussi-bien qu'a la Icgitimite vationnellc ; ils ont tous rcporte leur origine aux premiers Icms de I'Eglise clircticune, ils ont tous revcndique des fails ancicns , commc fondemcnt el justification Ni les uns ni les atitres n'ont eu completemcnl toil. On Irouve dans les premiers sicclcs de I'Eglise des fails auxqvids ils peuvciit \ous sc rallaclicr. » (L. Ill, p. 90.) ('/est par rorganisalioii du gouvernemenl de I'Eglise ([uc la politique est rentrce dans la religion. La lulte cnlrc les di- vers systemes qui pcuvent regler la societe civile s'est enga- gec, des le commencement dn chrislianismc. pour Ic goiivcr- ET POLITIQUES. ooc, nonient de la societe religieiise. Aussi I'Eglise a-t-elle allire I'l cllc non-seiilement les esprils speculatifs qui avaient besoin d'echapperau monde, mais aussi les esprits positifs qui avaient soif de Ic dominer. Les plus puissantes passions humaines ont etc excitees a I'ombre des passions religieuses, ct le sacerdoce a compte dans ses rangs des honimes d'action, des hommes politiques en aussi grand nomhre an moins que des theolo- giens. « Ainsi, d'uue part la nature menie des travaux, de I'au- tre la situation des esprits, cxpliquentpleinement la superiorite intellectuelle de la societe religieuse sur la societe civile : I'une etait serieuse et libre ; I'autre, servile et frivole. » (L. iv, p. 171.) Pour acbever de nous faire connaitre la societe religieuse aux iv" et V' siecles, M. Guizot nous initie dans les dcbats ou pbilosophiqucs ou llieologiqucs qui I'occupaient. II y en avait deux principaux dans les Gaules, le' pelagianisme, ou I'importance attachee au libre arl)itre, par opposition a la doctrine de la grace et de la predestination, et I'imniaterialitc de I'anie. Cetle dernierc doctrine elait nouvelle : pendant les trois premiers siecles , les Chretiens avaient regarde ITime comme formee d'une matiere subtile. Ce fut Mamert-Clau- dien qui, au iv^ siecle, fit adopter la doctrine contraire , em- pruntee aux philosophes. A cette occasion, M. Guizot met sous nos yeux I'activite prodigieuse qui regnait dans I'Eglise ; I'imporlance attachee auv idees, les pamphlets, les lettres des eveques circulant dans toute la chretiente , les voyages des theologiens parcourant tout le monde romain, pour les etablir ou les refuter. « Ce que I'ancienne philosophic, dit-il, con- servait de force et de vie passait au service des chretiens. C'etait sous la forme religieuse, et au sein meme du christia- nisme que se reproduisaient les idces, les ecoles, toute la science des philosophes; mais ;'i cette condition elles occu- paient encore les esprits, et jouaient, dans I'etat moral de la societe nouvelle, un rule important G'est la le mouvement <|ue vinrcut arreler I'invasion des Barliares el la chule de I'en)- pire romain. Cent ans plus tard on ne Irouve plus aucunc 34o SCIENCES MORALES trace dc cc que je viens de mettre sous vos yeux. Ccs discus- sions, ces voyages, ces correspondanccs, ces pamphlets, toute cette activite intellectuelle dc la Gaule, au \u' siecle, il n'en est plus question. ( Leions v et vi ). » M. Guizot arrive enfin au troisieme element qui a concouru a la formation de la societe nouvelle, ou a la societe barbare, et aux modifications qu'elle eprouva en se fixant dans les Gaules. II repousse d'abord et detruit les illusions qu'ont cher- che a se faire quelques erudits allemands, qui, ne trouvant dans leur patrie, durant toute la periode historique, aucune organisation nationale vraiment digne d'admiration oud'imi- tation, ont place IMge d'or de la Germanie dans les temsdemi- fabuleux oii elle n'avait point encore pese sur les nations elran- geres, et ont pretendu qu'elle presentait alors la reunion de toutes les liberies, de toutes les vertus, de toutes les sources de bonheur. M. Guizot montre clairement que les Germains etaient alors presque en tout semblablcs aux pcuples sauvages qi^e nous pouvons observer aujourd'hui en Afrique ou en Amerique; que leur liberie etail sans garantie, leurs vertus sans regies morales, leurs jouissances domestiques sans Indus- trie et sans securile; qu'enfin la seule qualite qu'ils aient pu transmeltre aux nations dont ils fnrent les peres ful leur pro- tond sentiment d'independance personnelle; qu'on le Irouve inherent en tous lieux a la vie sauvage; mais que c'est a eux que nous devons de I'avoir mieux conserve dans notre vie civilisee, qu'on ne I'avail fait dans aucun des systemes de cvilisation qui ont precede le noire. L'examen des lois des barbares, el, en parliculier, de la loi salique, amene plus tard M. Guizot a expliquer mieux encore cette erreur des admirateurs de la barbaric germanique. lis croient dans eel etat voir de la liberie, parce que les vo- lontes des individus n'y sonl reprimees ni par d'autres honuues, ni par la societe. En effel, avant I'accunuilation des richesses et rillustralion des races, il n'existe enlre les hommes que des inegaliles pen varices el peu puissantcs, el il n'existe pres- que point de puissance publique ; les volontes individiiellei ET POLITIQUES. 541 semblent done y demeurer intacles; Icur coexistence ne pro- diiit ccpendant que la liiUe des forces, c'est-a-dire la guerre eiitre lesindividus ct les families, et une guerre continuelle, capricieuse, violente, barbare, cninme les hommes qui se la font. Le premier besoin d'une telle societe, ce n'est pas la li- berie, mais I'ordre ; et elle cherche i y arriver , soit par I'ine- galite qui se prononce entre les hommes, soit par la puissance collective qu'elle abandonne au gouvernement. Comme la so- ciete se civilise , le moment vient bientot cependant oOi ces renii;des deviennent a leur tour des maux : I'aristocratie op- prime, la puissance publique opprime, et les individus qui se sont developpes, eclaires, perfectionnes, a I'aide de I'or- dre, et au seiu de la vie sociale, s'apercoivent qu'ils pnur- raient fortbien vivre en paix, sans une si grande somme d'ine- galite, ou de puissance publique. C'est alors seulement qu'ils commencent a reagir centre I'aristocratie ou contre le gou- vernement, en faveur de la liberte, et a revenir en arriere du premier eft'ort qui avait fonde la vie sociale. Ce n'est point cependant qu'ils veuillent revenir a I'elat primitif ; car dans la barbaric le libre essor de toutes les volontes indivi- duelles ne produisait que la guerre; dans I'ordre civil on cherche seulement le plus grand essor qu'on puisse laisser a ces voli)ntes sans troubler la paix. « C'est la, ajoute-t-il, 011 reside la grande erreur des admirateurs de I'etat barbare. Frappes, d'une part, du pen de developpement, soit de la puis- sance publique, soit de I'inegalite; d'autre part, de I'etendue de liberie individuelle qui s'y rencontre, ils en ont concla que la societe, malgre la rudesse de ses formes , etait au fond dans son etat normal, sous I'empire de ses principes legitimes, telle enfin, qu'apres ses plus beaux progres elle tend visible- ment a redevenir. lis n'ont oublic qu'une seule chose, ils ne se sont point inquietes de comparer, a ces deux termes de la vie sociale, les hommes eux-memes. lis ont oublie que, dans le premier, grossiers, ignorans, violens, gouvernes, par la passion, toujours prets a recourir a la force, ils etaient inca- pables de vivre en paix selon la raison et la justice, c'esl-a- 542 SCIENCES MORALES dire de vivre en sociole, sans une puissance exterieiire qui Ics y conliaignit. Le progros de la societe consislc surtout i\ chan- ger rhomine lui-meme , a le rendre capable de liberie, c'est- a-dire capable de se gouverner lui-ineme selon la raison. Si la liberie a peri a rentrce de la carriere sociale , c'est que rhom- ine u'a pas ele capable d'y avancer en la gardant. Qu'il la re- prcnne el I'exerce de plus en plus, c'esl le but, c'esl la per- ieclion de la societe, niais ce n'elait nullenient I'etat primilif, la condition de la vie barbare. » (L. ix, p. 34^- ) M. Guizot nous I'ait distinguer dans chaquepcuple germain la tribu, toujours plus ou inoins atlachee a sa demeure, el la bandeguerriere,touiours prete a chercher de nouYelles aven- turcs ; dans I'lnie , il faut chercher les premiers rudimens de la societe civ ile, dans I'autre, de la discipline militaiie ; mais par vme consequence necessairc de la conquete , la tribu et la bande guerriire se desorganisercnt toutes deux. La premiere, en se trouAant eparse sur un plus vaste terriloire , perdit la laculte d'agir en common, dans des assemblees iVequentes, et abandonna peu a peu I'element democratiqae de sa consti- tution. La seconde, reunie autour du chef qu'elle s'etaitchoisi, vivant avec liii des produits de son domaine, perdit son ca- ractere, par riiifluence croissante de la propriete, et passa, d'un etat d'egalite presque absolue , a un etat de domesticite. Quelques auteurs allemands, mettant en opposition la tribu sedenlaire et la bande errante, enlre lesquelles chaque peu- plade allemande semblait se diviser, en out retruuve I'indi- cation dans les deux noms les plus celcbres de la Gernianie. Le mot de saxo7is, selon eux, a signilie assis , sedentaire (de sat- zen) , le mot de souabcs, flottans ou errans (de scliwebcn). L'etablissement des Germains dans la Gaule , en dissolvanl leurancienne societe, laissa developper les germes d'une so- ciete nouvelle. La royaute barbare iniplanlee sur le sol ro- main, s'efTorfa de s'attribuer les prerogatives de la royaute romaine, les rois francs pretendirent succeder auxcmpereurs. Les chefs de guerre, qui s'etaient mis, par la violence, en pos- session de vastes palrimoines, commencerent a fonder I'aris- 1 r.T POLITIQUES. 34". U)cratie,qui, avecle teins, devait devenir fcodale; leseveques, chefs nalurels dcs villes, entrcrent dans le coiiseil des rois, les fireiit profiler de lour expeiience et de leiir habilete supe- lieure, et en meme tenis acquircnt des tcrres, et piiient deja place dans raristocratle leodale qui tendait a se former. «En sorte, dit M. Guizot, qu'a cette epoque, dans les premiers rudimens de la societe nouvelle, doja TEglise tient a tout, est partout accreditee et puissante; sympluJiie assure qu'elle at- teindra la premiere a la domination; ce fut en efifet oc qui ar- riva. » (L. viii, p. 5 19.) «I1 n'y a aucun systeme', aucune pretention moderne, qui n'ait trouve dans ces origines de notre societe de quoi se le- gitimer. La ro3aute s'y est vue souveraine, unique heritiere de I'empire romain; I'aristocratie feodale a dit que, des lors, elle possedait Ic pays tout entier, hommes et biens; les villes, qu'elles avaient succede a tous les droits des municipalitcs ro- maines; lb clerge , qu'il avait possede tous les pouvoirs. Cette singuliere epoque s'est pretee a tous les besoins de I'esprit de parti, t\ toutes les hypotheses de la science ; elle a fourni des argumens et des arines aux peuples, aux rois, aux grands, aux pretres, a lalibertc comnie a I'aristocratie, a I'aristocratie comnie a la royaute. C'est qu'en effet elle pcrtait dans son sein toute chose, la theocratic, la monarchie, I'oligarchie, la repu- bliqne, les constitutions mixtes, et toute chose dans un etat de confusion qui a permis a chacun d'y voir tout ce qui lui conve- nait. La fermentation obscure et dereglee des debris de I'an- ciennc societe tant germaine que romaine, et le premier travail de leur transformation en elemens de la societe nouvelle, tel est le veritable etat de la Gaule, aux vi" et vn' siecles, le seul caractere qu'on puisse lui assignor. » (L. vni, p. 32i.) Reprenant en detail I'examen de la societe nouvelle apres I'invasion des barbares, M. Guizot consacre d'abord trois le- cons a la legislation soil germanique soit romaine qui fut en vigueur aux vi"" et vii° siecles. Nous les laisserons de cote pour nous occuper plutot de son histoire des institutions religieu- scs, du mouvement religieux des esprils a la meme epoque; 344 SCIENCES MORALES car c'cst la surtout qu'il a su apportcr de la noiiveaiite, et dans les I'aifs qu'il rcciieillo, et dans Ics oonsequcnccs qn'i! en lire. Tandis que la socicte parait tomber dans line enliere barharie, t'tqne, du vi^ au vm' siecic, ellc a prcsqne ccliappe aux antres liistoriens, en s'enfonranl dans une obscurite profonde, il a su la montrer agissante et progressive , du moins dans un certain sens, en I'eclairant du seul jour que cette societe prtt admettre, de celui mt-me qu'elle rccherchait uniquement, celui que pouvait produire Taction de rEglise sur les fideles. Apres avoir etabli, dans les lecons xi et xii , quels etaient les rapports de I'Eglise avec I'Elat, et leurs principales modifica- tions, il s'attache , dans laxm", a faire connaitre I'organi- sation et I'ctat interieur de I'Eglise gallo-franque , pendant Ic regne des Merovingiens. La societe religieuse ne se gouvernait plus par la volonte de tous les fideles; les eveques, admis dans les consciis dcs rois, avaient reussi en meme tems a s'emparer de toute I'au- torite dans I'Eglise. Pendant le trouble et les dangers de I'in- vasion , les chefs et le troupeau, egalement menaces, avaient agi par un accord spontane , qui avait momenta- nement releve Tauloritc deniocratique de I'assemblee des fideles. Cette deference des pastcurs cessa des que les eve- ques eurent trouve un autre appui que celui du peuple. On enseigna aux fideles a regarder icurs pretres comme leurs seuls representans , les seuls depositaires de rautorile de I'K- glise. Toutefois, les laiques conservaient encore quelque in- fluence sur le clerge , soit par le corps nombreux des clercs qui n'etaient pas ecclesiastiques, soit par le droit de patro- nage que les riches s'etaient reserve sur les eglises qu'ils avaient fondees, soit par les pretres domestiqucs attaches aux oraloires des grands, soit enfin par les soldats qui se devouaient a la defense des eglises sous le titre d'avoues. II fallut que les eveques usassentd'adressepourscsoustraire successivementa ces diverses influences, qui, a plus d'une reprise, compromirent leur independance. En meme tems ils lutterenl avec plus dc bonheur encore contre leurs superieurs, et contre leurs infe- ET POLITIQUES. 545 rieurs dans roidre ecclesiastiqiie. La hierarchic des archeve- queset des palriarches, qui s'accordaitavecla division politique de I'empire romain, ne put se maintenir apres sa chute, parce que la circonscription des metropoles ne s'accordait plus avec Celie des royaumes. D'autre part, lespretresde paroisse, qui avaientd'abordpretenduconcouriravecleseveques augouver- nenieutdel'liglise, nepurent maintenir leurindepeiidance dans un siecle tout I'avorahle a I'aristocratie. Lcs eveques commen- cerent bientut a disposer de leurs cures, de leurs bieus, de leurs personnes meme avec une autorite illiniitee. L'histoirc du clerge regulier, ou des nioines, presente a M. Guizot des faits plus nouveaux encore. II conunence par elablir qu'a leur origine les nioines n'appartcnaient nullenient au clerge. C'etaient des laiques, quelquefois d'une piete exal- tee, quelquefois intrigans ou ambitieux, qui se retiraient dans les deserts; ceux d'Orient, pour s'y livrer a la vie contempla- tive et auxausterite^ les plus exagerees; ceuxd'Occident, pour cultiver par leur conversation redification religieuse, et fon- der dans leurs monasteres des ccoles de theologie, des foyers de mouvement intellectuel. Les uns comnie les autres con- servaientdans cette retraite une absolue independance. Comme les moines disputaient au clerge radmiration des peuples, ils etaient pour lui I'objet d'une extreme jalousie. « Au milieu de ces tiraillemens , dit M. Guizot, a travers ces alternatives de folic et de sagesse, les progres de I'institut monaslique conti- nuaient; le nombre des moines allait loujours croissant; ils erraient ou se fixaient, remuaient le peuple par leurs pre- dications, ou I'cdifiaient par le spectacle de leur vie. De jour en jour on les prenait en plus grande admiration et respect; I'idee s'etablissait que c'elait la la perfection de la ronduite chretienne; on les proposait pour modeles au clerge ; dejii on donnait a quelques-uns I'ordination pour les faire pretres ou meme eveques, et pourlant c'etaient encore des laiques, con- servant nne grande liberte, ne faisant point de voeux, ne con- tractant point d'engagemen? religieux. toujours distincts du X XLiu. AocT 1829. ar> 5/,r) SCIENCES MORALES clerg^, souvent meme attentit's a s'en separer. » (Tom. ii , lecon XIV, p. 66. ) La regie que S. Benoit donna, vers I'an 628, an monastere He Mont-Cassin, changea en qiielque sorte I'existence des or- dres monastiques dans I'Occident, car ils ne tarderent guere a I'adopter tons. Nous en trouvons une analyse curieuse dans la xiv* lecon. Les changeniens qu'elle apportait a leur prece- dente vie furent surtout I'obligation a un travail regulier, le plus souvent agricole, et de plusieursheures par jour; les voeux formels et perpetuels, mais precedes par le noviciat, qui rem- placerent I'ancienne liberie moaastique ; enfin I'abnegation complete de la volonte et de I'individualite, pour y substituer I'obeissance passive de tons les moines envers I'abbe. Cette derniere innovation, la plus importante et la plus funeste, est consideree par iVL Guizot comme empruntee aux principes du palaisde Constantinople ; jusqu'alors, tout au moius, la notion de I'obeissance passive etait etrangere i\ la religion chretienne, et mcme au fanatisme rcligieux. La liitte entre le clerge et les ordres monastiques fut lon- gue; ellc a presente a M. Guizot beaucoup de fails curieux, mais I'espace nous inanque pour les rele ver. A une cpoque qu'il est impossible de fixer avec precision, ces ordres furent enfin completement incorpores dans le clerge, et bienlot apres ils tomberent dans une entiore dependance des eveques, qui etendirent sur eux le joug deja impose au clerge des parois- ses. On les vit non-seulement depouilles de leurs richesses, mais meme obliges au travail comme des esclaves, pour enri- chir leurs eveques k la sueur de leurs fronts. Enfin la resis- tance des moines i cette oppression, et leurs efforts pour obtenir de leurs eveques des chartres de liberte , par I'inter- vention ou des rois ou des papes, ne ressemblent point mal a la lutte que les communes soutinrent deux siecles plus tard centre leurs seigneurs pour echapper au joug de la feodalite. La litterature n'a point ete oubliee dans cette histoire de la civilisation, quoique celle de I'epoque des Merovingiens ait ete negligee par tons les autres historiens. On pourrait presque El POLITIQUES. 347 liii reliiser le nom de lilleiature, car, au lieu d'avoir pour but les seules jouissances intellectuelles, elle n'etait pour ceux- memes qui la cultivaient qu'un raoyen d'agir, un moyen de servir la grande passion du siecle , la domination religieuse sur les esprits. Pour faire juger de I'eloquence de la chaire, M. Guizot traduit tour a tour des fragmens des sermons de saint Cesaiie, eveque d'Arles au commencement du sixieme siecle, et de saint Colomban, missionnaire irlandais a la fin du ineme siecle. Tons deux avaient ete cleves dans des ecoles oii dominait encore la civilisation antique, et leur artoratoire, qui parait avec plus d'avantage pour avoir passe par la plume de M. Guizot, etait fort superieur ii celui de leurs successeurs ou Francs ou Gaulois. M. Guizot entreprend ensuite de nous in- teresser a un genre de composition plus decrie et moins connu encore , les Legendes ou Mes des saints , dont il estime que la collection des Bollandistes, en 53 vol. in-fo!., coutient seule vingt-cinq mille, la phipart composees a cette epoque. II ex- pli(|ue leur infiuic multiplication par I'ardeur avec laquelle on reclierchait dans ces livres d'imaginatiun les jouissances du coeur ou de I'esprit, qu'on ne tronvait point dans la vie reelle. Ainsi les vies des saints produisaient le triomphe de la mora- lite dans lenrs recits, tandis qu'on ne voyait alors dan's le monde que depravation et brutalite, et qu'aucun des senti- mens moraux de I'homme n'etait satisfait; elles fournissaient une pature a la sensibilite dans un tems 011 le monde semblait refuser des exemples d'aflection et de sympathie ; elles repon- daient enfin aux besoins de I'imaginalion, au dcsir du mer- veilleux, a peu pres comme les contes des IMille et une iSuits chez les Arabes dans un tems oi'i I'ennui , maladie insuppor- table des siecles de barbaric, tourmentait leshommes. M. Gui- zot a extrait des Legendes, avec beaucoup d'art, quelques re- cits destines a prouver lamoralite, la.sensibilite, ou I'imagina- tion de leurs auleurs (lecon xvii). II lui aurait peut-etre ete difficile d'en trouver davantage. Apres une derniere lecon, consacree a des ouvrages qu'on pent regarder comme la transition enire I'ancienne et la nou- 548 SClKNCtiS AIOIIALKS velle liUeialiire, M. Giiiiol a commence I'exameii dii siecle «I«» Charlemagne. Mais, avant d'entier a sa suite dans cette peiiode nonvelle, qu'il sail egalement presenter sous un jour qui re- veille I'attentiou et pique la curiosite , nous altendrons qu'il ait achevc lui-meme dc la trailer. .).-C.-L. BE SiSMONDl. wvwv wv www HiSTOiRE DE PoLOGNE, ovunt ct SOUS le mi J con Sdliictki, pa«' N. A. DE Salvand\ (l). I'l nee /acta audita forcitt Pclopidariim. Cov\i.BV. «Ce n'est pas siniplement la vie d'uii grand homme niais celle de tout un people que j'ai essaye de reproduire », dit M. de Salvandy dans sa preface, et nous preuons acle de ces paroles, parcequ'elles nous autorisent a le jugerautantcomme annaliste de la Polognc que comnie biographe de Sobieski. Concilier ainsi deux branches dislinctes de I'art historique, Irouver place poiu" un peuple entier dans ub cadre oii I'Dn ne voulait d'abord faire mouvoir qu'un seul homme, c'ctait une ceuvre laborieuse et une tentative bardie. U est difficile, en effet, que dans une biographie quelconque une nation puisse se reflechir avec ses lois, ses moeurs, sa physionomie histori- que : et la difficulte s'accroit encore, lorsqu'il s'agit d'annales aussi generalement ignorees que celles de la Pologne. L'orga- nisation intime de ce pays, ses antiquites, le detail de ses institutions ne nous sont pas tellement familiers, qu'il suffise d'un mot pour les rappeler a I'cspril, et pourtant, dans une biographie, il faut souvent s'adrcsser a la memoire de ses lec- (i) Paris, 1S29; Saulelet , rue de Richelieu, n° \f\, et Al. Mesiiier, place (Ic la Bourse. 5 vol. in-8" de "ina pages cliacuii; prix, ai IV. KT POLITTQUES. 549 l«urs, sans quoi le heros du livre risquerait d'etre oublie paruii des considerations politiques et des recherches etrangeres a sa personne. iSous ajouterons qu'il est dans la nature uieme de cette espece de composition d'etre , jusqu'a un certain point, incomplete et partiale , et M. de Salvandy ne nous semble pas rester toujours a I'abri de ce defaut. Lorsque, dans la vie de tout un peuple, on a pris un seul homme pour sujet d'etu- des et de meditations, on se sent Yite epris d'une tendresse exclusive pourcepersonnage : on le caresse, on ridealisedans sa pensee : ses defauts, on les appelle faiblesses, et s'il est inhabile ou temeraire, c'est I'elan d'un noble coeur , I'entrai- nemenl naturel d'une politique cbevaleresque. On va jusqu'a lui t'aire une large part de gloire, la oii il ne tut qu'au second rang, et son nom est un perpetuel refrain qui revient apres chaque scene comme les chceurs du theatre antique. Ainsi, des les premiers chapitres , M. de Salvandy, suivant Sobieski pas a pas , I'amene de gre ou de force sur le premier plan, et lui defere sans cesse la palme du courage dans les batailles, et de la prudence dans les dietes ; ses adversaires et ses rivaux ne ligurent dans ce brillant panegyrique d'une glorieuse vie que pour la relever, la rehausser par le contraste : et les plus illustres citoyens de la Pologne n'y obtiennent une courte mention qu'autant qu'ils ont ete les amis ou les lieutenans du vainqueur de Yienne , et que leurs lauriers peuvent se con- fondre avec les siens. Nous ne croyons done pas que I'historien ait completement tenu les promesses de sa preface. On rencontre d'assez graves inexactitudes dans son travail , et surtout dans le premier vo- lume , relatif aux evenemens qui ont precede le regne de So- bieski. Cette narration , indispensable a I'intelligence des faits ulterieurs, semble confuse et decousue : le secret de la constitution polonaise, cette funeste impuissance a former un tiers-etat, n'est pas suffisaaunent mis en lumiere : on sent que I'auteur est sans cesse place entre la crainte d'omettre d'im- portans details, et celle de negliger son heros et de detourner ailleurs I'int^ret qui doit s'atlacher exclusivement a ses faits d'armes. 35o SCIENCES MORALES C'ttait cependant une grande et belle entreprise que d'en- seij,'iU'r a I'Europe I'histoiie d'lin peiiple dont eilc ne coniiait que les nialhcurs; donl la riaissajice , la vie et la mort sont aulant dc probleuies jusqu'a present insolubles, malgre mille explications diverses qui ne piecisent rien et sont desavouecs par la Pologne. Qui a dote cette tribu slave d'une constitution si personnelle et si originale ? qui I'a jetee et maintenue an milieu du moyen age avec toute les formes d'une republique grecque, avec son pcuple de nobles, ses asseniblees l)ruyan- tes et sa tolerance religieuse? Qui Fa fait tonibcr dans I'es- clavage , an moment oii nos peres sl-levaient a la liberie '? est- ce I'absence de telle ou telle institution speciaie que cbacun pent determiner a son gre ; ou n'est-ce pas plutut que, nee sous une autre etoile que ['Europe centrale , elle devait nects- sairenient avoir une autre education , un developpement dif- ferent, une autre mort ? questions immenses, a peine eftleurees jusqu'a ce jour, et qui contiennent pourtant toute I'histoire de la Pologne. M. Salvandy a senti parfaitement que pour expliquer cette destinee si exceptionnelle, il ne suffisait pas de dire que I'election des rois, le liber am veto attribue a chaque noble, les cornices armes de I'ordre equestre , etaient de mauvaises in- stitutions; qu'il fallait etudier a fond ces institutions, les sui- vrc dans Icur origine et leurs applications diverses, et se de- mander ensuite si elles n'etaient pas inherentes a 1 'esprit meme et a I'existence de la nation polonaise. Malheureusenient son «xamen parait n'avoir pas ete suffisamment eclaire de la con- naissance des monumens originaux, et il I'a conduit a des re- sultats que nous ne pouvons admettre. D'apres M. Salvandy, 1,1 la Pologne a succombe, c'est qu'elle n'a point subi la loi commune de I'Europe, ledespotisme et la feodalite. C'csi qu'elle a donnc le spectacle d'une nation sans peuple, de cites sans Ooia gcoisie , sans commerce , le spectacle en- fin d'une republique oiX les contrepoids etaient partout , et le pou- xoir nutte part. C'est quelle a traverse les siecles, sans perdre uns seuU des pratiques de sarie sauvage. Sans doute elle sera de- ET POLITIQUES. 35i lueuree dans I'Europe moderne comme un caiup de barbares jete par le hasard entre des villes florissaiites et policees. De la ses orages et sa chute. Ces deux assertions soiit, a vrai dire, tout le fondement de I'ouvrage : savoir, I'absence de la feoda- lite et relernelle continuation de la barbaric primitive. II sera facile de deniontrer, par le seal recit des faits , que la Pologne ne s'est pas conservee jusqu^d nos jours, telle que la fit sa tie sauvage ; et quant a cette autre assertion, qu'elle ne pouvait attendre son salut que du dcspotisme et de la fooda- lite, nous la tenons pour hasardee et pen philosophique. Cette idee seduit, au premier abord , par quelque chose de neuf et d'original qui plait a I'esprit; mais degagee des formes bril- iantes sous lesquelles elle apparait dans le livre de M. de Sal- vandy, elle n'a pas de fondement solide et se reduit a cette proposition un peu triviale : si la Pologne avait ete formee d'autres elemens que les siens, si elle avait ete, par exemple, la France on I'Angleterre, elle serait restee nation. En eflet, le gouvernement feodal, tel que nous I'avons vu dans I'Eu- rope septentrionale , n'est point un type necessaire et inevi- tiible que doive reproduire toute societe au berceau. C'est le resultat du fait de I'invasiongermanique, accomplie sous Tem- pire de certaines circonstances qui se sont rencontrees au centre de I'Europe et pas ailleurs, et out concouru a marquer notre civilisation d'uncaractereparliculier. La feodalite, laisseeaelle- meme, n'eut pas fait jaillir dc terre notre organisation sociale, et serait demeuree probablement impuissante , sans la tradi- tion des libertes municipales, religieusement conservee dans quelques villes, sans le respect national desGermains pour I'in- dependance individuelle de I'homme, sans I'influence parallele del'Eglisc, elemens varies dont I'assemblage putseul enfan- ter k la longue notre glorieuse civilisation. C'est une gi^are erreur que d'attribuer exclusivement la chute de la Pologne i I'absence du despotisme et de la feodalite : c'est supposer que ces deux causes ont produit a elles seules le monde mo- derne, et (jn'applinuees aux tribus slavonnes, elles auraient necessairement donnc le meme resultat. II n'eii est rien, et 553 SCIENCES MORALES nous ne pcnsons pas que la feodalite on le despolisme eiissent jamais improvisi' sur les lioids do la Vistule uiif bourgeoisie independauto , une Eglise distincle dc la noblesse, des insti- tutions municipales, toutcs res choses, en un mot, qui ilrent le salut de notre France. Que si Ton voit le moyen age enlier dans la hierarchie feodale, si I'on comprend sous ce mol toute cette rude et sanglante education des tems modeines, pour- quoi plaindrc ou accuser la Pologne d'avoir ete jetee dans un autre nioulc? Fallait-il done que les Slaves fussent en tout point seniblable aux Germains, et Cracovie batie sur le mo- dele de Paris ou de Londres? II nous senible que chaque na- tion a sa place dans I'ordre du monde, sa marche a suivre et son role a tcnir. Elle brille et s'eclipse d'apres des lois qui lui sont propres : elle a sa vie et sa gloire. Rome est guer- riere, Carthage est c&mmercante ; qui se plaindra que I'une n'ait pas ete la contrefacon de I'autre? Maintenant, est-ilvrai, comme I'assure M. de Salvandy, que la Pologne ait traverse les siocles sans perdre une seule des pratiques de sa vie sauvagc ; que cette civilisation, libre de la protection pesante du dcspotisme et de la feodalite, soit restee sterile, sans grandeur comme sans eclat; que la Pos- polite (i), indocile democratic de nobles, ait maintenu de- puis le XI' si^cle I'anarchie en permanence. Ici les fails vien- nent de toutes parts detruire cette allegation et rehabiliter la Pologne aux yeux de I'Europe. Esclave aujourd'hui et rayee du nombre des nations, la Pologne n'a pas d'autre titre k presenter au monde que ses souvenirs : laissons-lui du moins ses souvenirs, nous qui ne saurions faire davantage pour elle, et si I'avenir ne lui offre que sujets de craintes et de regrets, qu'elle trouve quelques consolations, en se rap- pelant ses jours meilleurs. Le premier livre de M. de Salvandy, qui sera specialement I'objet de nos critiques, parait emprunte pour la plus grande partie a un annaliste du xvi° siecle , Martin Kromer. Dans (i) Pospolite ruszenie, levee en masse des nobles, arriere-ban. ET POLITIQUE^. 555 cet ouvrage, ecrit a une epoque oi^ , comme on le sail, la cri- tique hisloriqiie n'existait pas, on trouve de graves inexacti- tudes dont M. Salvandy ne s'est pas assez niefie; de sorte que, faute d'une etude complete des autres monumens natio- naux, il a ete conduit, non pas a composer son sjsteme d'a- pres I'histoire de Pologne, mais I'liistoire de Pologne d'a- pres son systeme. II I'a fait avec cette verve d'imagination et cet eclatant coloris que nous lui connaissons tons : mais, quoi qu'il en soit, il s'est frequemment trompe, etles erreurs du talent sont de trop haute importance pom- ne pas meriter un severe examen. Notre refutation s'appuiera toujours sur des ecrivains ct des documens originaux, ignores en Fance et dont nous devons la connaissance a un jeune litterateur polonais, M. Michel PoDCzAszYNSKi , qui a bien voulu nous communi- quer les materiaux de I'histoire nationale qu'il se propose de donner incessamment au public. La Pologne n'a point d'existence, comme nation, anterieu- rement a la fin du x' siecle. Une faible tribu slave, dont Gnesne est la capitale, et qui porte le nom de royaume de Lechie, occupait, depuis le terns de Charlemagne , un coin du territoire oii s'etendit plus tard la domination des Jagellons ; de la sortitla Pologne, mais seulement au commencement du xi" sie- cle, qnelques annees apres I'introduction du christianisme , lorsque Boleslas-le-Grand, roi de Lechie, et membre de I'em- pire germanique, fut proclame, par I'empereur Othon III, roi Chretien des Polans ou Polonais (habitans des plaines) , pro- tecteur de tons les Slaves, et recut de ce prince le droit bi- zarre de convertir et de subjuguer tons les paiens. Boleslas chassa les Bohemiens de la Chrobatie , vaste pays qui s'eten- dait jusqu'au Danube, et qui prit le nom de Petlle-Pologne, en meme tems que la Lechie et les cantons circonvoisins pre- naient celui de Grande-Pologne. II transporta de Gnesne a Cracovie, capitale de la Chrobatie, le siege de son nouvel em- pire, et ainsi fut fondee cette monarchie qu'ont vu perir nos peres. Les relations de I'Allemagne avec les tribus slaves avaienl 354 SCIENCES MORALES introduit parmi elles quelques germes de teodalite. Une fem- me voulut subsliluer ce gouvernement aux formes deinocrati- ques de ses nouveaux sujets. C'ctail Rixa , femme du succes- seur de Boleslas, et fillc d'un comte Palatin du Rhin. De la insuireclion populaire en io54, fuilc de Rixa et de son fds Casimir, massacre des pretres et des seigneurs, et rctonr au paganisme que le peuple regardait comme intimemcnl uni a la cause de sa libcrte primitive. Cette anaichie I'ut do couite duree , et le cliiisliaiiisuie rcleve par le roi Casimir. Cette re- ligion portait alors malheur a la I'ologne. L'eveque de Cra- covie , Stanislas , ayant conspire avec le roi de Boheme contre I'independance de son pays, i'ut tue par Boleslas II. Gregoire VII regnait au Vatican : jalonx de venger les fran- chises de riJlglise, et non comme le dit M. de Salvandy, de secourir avec ses foudres la liberie polonaise en peril , ce pou- tife mit le royaume en interdit, et condamna les successeurs de Boleslas a ne porter a I'avenir que le tilre de dues de Polo- gne. C'etait un echec pour rafTerniissement et la dignite de la couronne. La faiblesse de VladislasI etl'erreur de Boleslas III, son successeur, rendirent ce coup decisif. Ce dernier, cnmou- rant (i iSg), partagea ses Etats entre ses quatre fils : ces pe- tits souverains, independans les uns des autres, bien que le due de Cracovie possedat une suprematie nominale, se pi- qu^rent d'imiter leur pere ; et la I'ologne fut subdivisee i\ I'infini , le despolisme aboli pour toujours, et le gouverne- ment aristocratique des seigneurs substitue au gouvernement absolu des rois : c'est la premiere crise politique de la Pologne. Ce petit nombre de faits nous fournit une observation im- portante. Au milieu de telles revolutions , quel role a done joue cette noblesse si violente et si tumultueuse, que M. de Salvandy apercoit deja au xi" siecle, chassant les I'eines et foulant auxpieds les rois, et qui, des cette epoque , s''e/frayant de toute superioritc comme d'un outrage , de tout pouvoir comme d'une usurpation, de tout travail comme d'une declicance, se constituait en hostiUte avec tons les principes sur lesc/uels reposent its societes humaines. Ou est Tinfluence de cette pospolitc vio- ET POLITIQUES. 355 lente et oppressive qui, depuis la fondation de la monarchie, elevee, comme par enchantement, au-dessus du troiie , n'a travaille qu'a le renverser? La reponse est facile. Cette no- blesse qui, par suite de circonstances particulieres dont nous retracerons les progies d'une maniere precise, finit par com- prendre presque toute la nation polonaise, et s'emporta plus tard, sous les Wasa et leurs successeurs, en mille caprices d'independance irreflechie ; cette noblesse, creee par le terns, soutenue et poussee au faite du pouvoir par les accidens de la fortune, n'exislait pas encore, au xi" siecle, comme puis- sance politique. Son influence ne date que de l'ann(';e 1496 : fait grave, qui derange le systeme de M. Salvandy, et dont nous poursuivrons le developpement au milieu des diverses vicissitudes de Thistoire de Pologne. Nous avons laisse ce pays en proie a la domination precaire d'un nombre infini de ducssouverains. Au xiii'' siecle, la scene change. Voilaque ces hordes tartares qui, depuis Gengis-Khan, etaient en possession de bouleverser le monde, fatiguees de la Russie, oii elles n'avaient pas laisse pierre sur pierre, s'a- battent sur la Pologne , brCdant les villas et reduisant les habi- tans en esclavage. Elles ne firent que passer : mais ce passage avait sufli pour disperser tous les elemens d'une civilisation naissante. Telle etait la misere du pays, que les petits princes furent obliges d'appeler des colonies du fond de I'Allemagne, pour repeupler leurs cites desertes. Ces colons ne changerent de patrie qu'a condition de n'etre jamais polonais quede nom, et de conserver, sur les bords de la Vistule , les usages el les institutions de TAUemagne. Nous verrons plus tard cette con- vention porter ces fruits. Quoiqu'il en soil, un de ces hasards qui sauvent les empires vint alors relever la Pologne. Quatre des dues qui regnaient sur les demembremens de la monarchie, moururent a la fois et dans la meme annee ( i2g5 ) : leurs Etats passerent, par droit de succession, au due de Cracovie, Vladislas-Lokietek , qui reprit le litre de roi. C'etait u la fois un grand guerrier et un habile legislateur; il vainquit les Bohemiens et les chevaliers teutoniques , et abolit les privi- 556 SCIENCES MORALES legci doiit quelques families piiissanlcs b'etaieiil doleos elles- mcmes pendant raiiarchie (i). Sonfils, Casimir-le-Grand , oonslltua la Pologne sur des hases qui devaient alois parailie stables. Dans une assemblee gcncialc , tcnue en 1547, " P'*" blia un code de lois applicablcs a toutes les classes de citoyens, et oOi le nom niome tVesclave nc se trouve pas mentionue : la noblesse n'etait done encore qu'une dignite, et point un privi- lege. Malheiireusenient, Casimir n'avait point d'enfans, et le principe de riiercdite de sa couronne allait recevoir une pre- miere atteintc. Ccpendant, il est inexact de dire que I'assem- blee des seigneurs ait, d'elle-mCme, appele au trone le roi de Hongrie, Louis d'\njou. C'est Casimir qui prosenta ce prince aux suftVages de ses sujets, et telle elait encore la force du principe de I'heredite, qu'il fut immedialement con- venu que Jean, due d'Esclavonie, et sa posterite succede- raient an prince hongrois , s'il mourait k son tour sans eiilans. Tout concourut a rendre illusoires les sages precautions du grand Casimir. Louis de Hongrie n'eut que des fdles; Jean d'Esclavonie perit sans laisser de posterite, et les deslinees de la Pologne se trouverent de nouveau remises aux chances d'une election. Louis, a force dc brigues et dc promesses, la determina en faveur de sa lille Edwige. 11 avait ele jusqu'a exempter la nation entiure , sans distinction de rangs , de tout autre impot qu'une legere taxe territoriale. A ces condi- tions, Edwige dut lui succeder : la nation se reserva seule- ment le droit de lui choisir un epoux. Edwige sacrifia son bonheur a celui de la Pologne. EUe aimait son cousin, le jeune due Guillaume d'Autriche : elle I'oublia pour donner sa main au Grand -Due de Russie et de Lithuanie, Jagellon, barbaredisgracie de la nature, idolatre et meurtrier de son oncle Kieystut : union penible sans doute, mais qui doublait les forces de la Pologne, et assuraiten meme tems au christianisme une conquete de plus. (i) Cette 6poque 6tait mal connue jusqu'a nous ; c'est aux ouvrage* de M. le professeur Joachim Lelewel que nous devons la lumi^rs ri- pandue aujourd'hui sui I'liistoire de ces tems recules. ET POLITIQUES. 35; Ethvige, piiiicesse de la race de saint Louis, belle, inlre- pide et bieul'aisante , est iin de ces noms, si rares dans I'his- toire, que Ton repele avec amour, et que les ecrivains na- tionaux se plaisent a entourer de tons les prestiges de la gloire et dc la vertn. Dans quehpies annalistes polonais, c'est une creation poetique et presque d'imagination que cette figure de fenune si douce et si touchante, paree de tous les charnies de son sexe , et douee pourtant d'un courage d'homme. A I'age de vingt ans, elle monte a cheval et court, le casque en tete, comme notre Jeanne d'Arc, reconquerir la Gallicie, envahie par I'armee hongroise. Epouse de Jagellon , elle adoucit ce naturel sauvagc, le convertit i'l la foi chretienne par I'exeniple de ses verlus, et tel est le magique ascendant de sa bonte, que Jagellon, cedant a ce gracieux apotre, abjure a la t'ois sa ferocite native et son idolatrie. Les Lithuaniens, dit M. Salvandy, furent convertis par la crainle et baptises I'epee a la main. Mais lisez Dlugosz et les chroniqueurs du XV' siecle, vous y verrez comme Edwige s'en allait a tra- vers la Lilhnanie, donnant a ces barbares, vetus de peaux, du linge et des vetemens, et comme elle leur faisait cherir sa croyance a force de douceur et de bienliiits. Ainsi se formait le lien qui devait plus tard les enchainer etroitement aux des- tinees de la Pologne, et unir ces deux nations dans une con- I'raternite de gloire et de malheur. L'accession de la Lithuanie a la monarchic des Piasts est en effet le grand evenement de Tiiistoire de Pologne, la source de sa grandeur passagere en meme terns qu'une des causes actives de sa decadence prochaine. La principaute de Jagellon n'etait pas la Lithuanie actuelle : c'etait AVilna, plus, Kiow, Smolensk, Nowogorod, et la moitie du royaumc de Pierre-le- Grand; car alors, la Uussie n'existait plus comme nation in- dependanle. Le grand-duche de Suzdale avait disparu sous les pas des Tartares ( iSaS) : c'etait cette principaute despo- tique qu'Andre Bogolubski avait fondee au xu" siecle sur les bords de la Moskowa ( 1 147 ) ? et qu'il avait peuplee de colons de Nowogorod et de hordes asiatiques. La devait s'elevcrplus 358 SCIENCES MORALES tard le trone Jes Iwans. Quant A la veritable Russic , la Russie slave, celle des Ruriks et de "Wladimir-le-Grand, elle avail passe tout entiere avec Kiow sous les lois des Jagellons. Ainsi , par son union avec la Lithuanie , la Pologne acquerait I'appui d'une grande nation et devenait le plus puissant Etat du nord. Malheureusement cette alliance lui coCitait cher : elle contribuait a introduire dans sa constitution un principe qui la travaillait sourdement depuis un siecle et devait amener de grands maux : nous voulons parler do la preeminence absolue de la noblesse. De I'epoque dc I'union, et seulement de cette epoque, date le pouvoir et, pour ainsi dire, la royaute de I'aris- tocratie en masse ; alors elle posa la couronne sur sa tcte , et, remplacant les autres ordres, fit de ses volontes I'unique loi de I'iltat. L'une des erreurs capitales de M. Salvandy, c'est d'avoir confondu les deux epoques, d'avoir fait la Pospolite contemporaine des Boleslas; c'est enfin d'avoir represente, comme le caractere essentiel et necessaire de la nation polo- naise, un fait facheux sans doute, mais amcne a la longue par un concours de circonstances fortuites que certes aucun des Piasts n'avait pu prcvoir. Nous essaierons d'expliquer le mou- vement progressif qui finit par transporter toutes les branches du pouvoir executif, legislatif et meme judiciaire dans les dietes de I'ordre equestre. Nous repetons que, sous les Boleslas, les privileges de la noblesse n'existaient pas. Le gouvernement etait despotique; chaque citoyen soumis aux memes lois, aux memes vexations, auxmemes tributs. Les plus braves guerriers portaient, il est vrai, le tilre latin de nobiles ; mais cette qualification, qui ne donnait pas de droits politiques, etait le prix d'une action d'e- clat, tellement qu'on voyait alors des escadrons enliers cnno- blis apr^s une bataille. Le roi etait considere comme autocrate ctproprietairedu territoire, de droit liereditaire, parce qu'ayant succede aux republiques ou communautes slaves, chez les- quelles le sol appartenait i I'l^ltat et non aux particuliers, il avail necessairement herite de ce droit. Boleslas I", a I'exem- ple des princes allemands, donnait habituellement des terres ET POLITIQUES. 359 en fiefs a ceux qu'il creait nobles. Mais ces fiefs etaient rever- sibles ilia couronne, apres la mort de leur possesseur. Cepen- dant, pendant I'anarchie des dues souverains, qui preceda I'in- vasion des Tartares, quelqiies nobles obtinrenl de la faiblesse des princes I'heredite de leurs fiefs, et, par une singuliere consequence, rexemplion de tout iinpot et de toute obligation envers i'Etat, cet ordre de choses dut cesser avec le retour des lois. "Wladislas-Lokietek, et son fils Casimir-le-Grand res- pect^rent, il est vrai , la longue possession des seigneurs qui avaient obtenu I'heredite de leurs fiefs ; mais ils les soumirent de nouveau aux charges publiques et retablirent I'egalite des lois. La plus grande partie de la noblesse polonaise resta tou- joursfeudataire dela couronne, et le roi futa pen pres seulpro- prietaire du sol, a titre hereditaire (1). On salt par quelle serie d'evenemens malheureux le tr6n« de Pologne devint electif. Casimir-le-Grand, Louis de Hon- grie, Jean d'Esclavonie, Edwige elle-meme mounirent sans enfans. "Wladislas, que I'election donna pour successeur a son pere Jagellon , etait issu d'une troisieme femme, Elisabeth Granowska; c'etait un Lithuanien, un etranger, heritier in- direct du sceptre des Piasts, couronne par la grace de la na- tion. Un instinct naturel de patriotisme porta ce peuple, qui adoptait une famille nouvelle et presque barbare, a ressaisir pour lui-meme I'autorite absolue dont avaient joui ses anciens rois, a I'exerccr par ses dietes, et a se reconnaitre comme pro- prietaire unique de son tcrritoire, a titre hereditaire. Mais, au XV' sifecle, les dietes, c'etait la noblesse : car, les paysans n'y venaient pas, obscurs et pauvres qn'ils ctaient, et la bourgeoisie, bienque legalernent admise dans les assemblees, n'y possedait pas d'influence. L'ordre equestre, dont les mem- (i) Uu monument de cette t)rganisation s'est conserve jusqu'au xvm* siecle : les slarosties, qui devinrent alors le prix de basses complaisances et des plus viles intrigues, etaient de veritables fiefs k la disposition du roi, et rentraient dans son domaine, a la mort de chaque staroste. Ces fiefs ne pouvaient d'ailleurs y demeurer, et la constitution voulait qii'ils passassent immediatement en d'antres mains. :>Co SCIENCES MOIVALES bres t'laient presqiie tons simples feudataires, profita done seul de cette n'volution , ct dcviiit possesseur hereditairc dc ses domaincs. De l;'i une torril)lo consequence; les paysans t'urenl altathes par leurs nouveaiix proprictaires i la tcrre qu'ils cullivaientjCt pen a pen enchaines a la gl('l)e : le mono- pole de la liberie sc conccntrait ainsi definilivcment dans les mains de la noblesse. f est dans cetelat que la findu xv" siccle saisit la Pologne. On travaillait alors avec ardeur a I'union delinitive de ce royaume avee la Litliiianie, et cetle oeiivre etail longue cl pe- niblea accomplir. La Pologne ledamait Riow, qn'elle voulait placer sous sa dependance immediate, comme anciennc con- (juete de Coleslas. La Lilluianic s'obstinail a garder celtc villc, arrachee aux Tartares par I'epee des Jagcllons. D'ailleurs, I'aristocratie lithvianienne se relusait adesccndre an niveau de la noblesse polonaise, et a confondre ses privileges avec les siens. La Lithuanie, sous son grand due Gedymin, avail em- pruute aux chevaliers porte-glaives de la Livonie, noire feo- dalite du moyen age. La noblesse y etail pen nombreuse, et par consequent riche et puissanle : en Pologne, au contraire, dans cliaque palalinat, on complail les nobles par znilliers : tous, depuis Fopulent senalcur jusqu'au pauvre genlilhommc qui cullivait lui-meme son champ, etaient egaux en droits, admissil)les aux memes honneurs; ils etaient, de plus, sounds a la meme legislation que les paysans. Ces derniers furent immoles a I'union si desiree de la Lithuanie avec la Pologne; places sous I'empire de dispositions exceptionnelles, et for- mellement declares incapables, en 1496, de posseder aucune charge publique. C'est ainsi qu'on jugea necessaire d'isoler la noblesse polonaise du reste de la nation, pour la rapprocher de I'aristocratie lithuanienne et prussieime. Car la Prusse, reunie a la Pologne, au milieu du xv' siecle, avail aussi recu la feodalile des mains de I'ordre teutonique. Si Ton se demande comment cette spoliation s'accomplit sans qu'aucune plainte, aucune protestation pacifique ou armee se soil elevee de la part des paysans, on en trouvera I'explication dans I'absencc ET POLITIQDES. 36i presqiie totale truii tiers-etat , en Pologne, el son eloigne- menl force des dieles. Au x\' siecle, les paysans n'avaient pas un assez vit" sentiment de leurs droits, pour les priser plus liaut que leur tranquillite et leur vie. Leurs del'enseurs na- turels, c'etaient les bourgeois des villes, sans lesquels iis ne pouvaient rien. Maiscetteelasse inlerniediaire elaitpeu consi- tleree en Pologne, ctcela tenait a deux causes. D'abord, tonte ki force de la nation, les honiuies de guerre, quiconque pos- sedait un s;ibre, quebjues arpens de terre et un clieval, pre- fei'ant aux occupations donees et paisibies des cites les fati- ligues de la chasse et les rudes exercices de la campagne, nc venaient gueredans les villes, et n'y residaient point ; ensui- te, les villes elles-meuies etaient, par le fait de leur origine, hors de la loi polonaise : balies et repeuplees, au tenis des dues sonverains, par des colonies d'AUemands, de Juifs, on menie d'AruJcniens, souuiises en general a la legislation des communes allemandes, elles paraissaient, a la noJjlcsse polo- naise , etrangeres aux inlerets comme aux institutions de la mere-patrie, et n'avaient pas de representation fixe dans les dieles. Ainsi , la Pologne etait pour jamais frappoe d'impuis- sance a produire nn tiers-etat : ainsi, les classes inferieures etaient livrees a la merci de la noblesse, et, n'ayant pas d'or- ganes legaux, devaicnt toujours etre condamnees sans etre entendues. D'ailleurs, le besoin de cetle nation inteniiediaire, qui fait la puissance de I'Europe centrale, n'etait guere senli dans la moiiarchie des Jagellons. L'ordre equestre, dont tons les mendires jouissaient entre eux d'une egalite parfaite, l'or- dre equestre, (pji, dansle seulducbede Masovie,comptaitqna- raute-cinq mille families, semblait tenir lieu d'arislocralie et de bourgeoisie lout a la fois ; ou plutot, ilembrassait la veritable nation entiere, la nation politique et guerriere, celle qui con- naissuit les interets du pays et se consacrait a les defendre. Cetle usurpation resta done a peu pres indifferenle aux au- tres haWtans de la Grande et de la Petite -Pologne, dont ellc nc cbangeail pas les babitudes et nc modiilait guere le sort. Quant aux paysans de la Lilbuanie, dc la Prusse, cl des an- T. xLiii. AOiiT 1829. 24 56i SCIENCES MORALES lr»;s provinces reccmiiiciit iiiiies u la Fologne, laconiirs dopiiiii loiig-tenis t\ la seniliidc, el rompus a la honle dii joug, pen lenr imporlail (pii Ic I'il pescr siir Iciir lOlo, roi on grand due, dicic oil hoyards, poiivii qu'il n'(Mi ITit pas plus pesant. Ainsi s'e\'pli(|iio la spolialion coiisoiniiiee sans resistance an profit do la noblesse : nons disons qn'elle s'explique, et non f|n'ellc s'oxcnse. (]ar, la liberie est chose trop preeiense et Irop saeree, poor que nous accordions a personne le droit ZRO , public locemment tlans V Atlas dcs Ultirat ures ancicnncs ct inodcrncs. (k) Pciro Dtiodo, ambassadeur de Venise au xvi'' siecle, comptait a Wilua soixantc-douze cultes dilTeiens. ET POLITIQUES. 365 seiilaicnt pourtant que la t'oi leligieuse est hors du domaiiie de la force publique, et que la conscience dc I'homme est uii sanctuaire impenetrable oii Dieu seal est jugc. Ainsi grandissail la Pologne , a I'abri de rautorite tutelaire de ses princes et de I'active surveillance de ses assemblees nationales. Un seul orage etait venu interrompre le cours de si paisibles destinees. C'etait sous le regne de Sigismond I". La maison d'Autriche, s'essayant a I'art d'agiter les royaumes voisins, avait distribue aux principaux membres de I'ordre equestre des diplomes de princes, de comtes et de ])arons du Saint-Empire. Soutenusparla reine Bona, italienne, de la mai- son des Sforzes, les nobles privilegies tentferent de constituer une aristocratie au milieu meme de I'aristocratie polonaise. L'ordre equestre craignit pour ses droits : il s'emut tout entier, forma une confederation a laquelle accederent plus de 100,000 bommes , et arracha a la diete la defense expresse de faire usage a I'avenir des titres feodaux. Ce soulevement n'eut pas de suites, et la Pologne, etrangere aux querelles religieuses qui changeaient alors I'Europe en un vastc champ de bataille , compta soixante-dix annees de calme et de bonheur. Malheureusement, Sigismond-Auguste fut le dernier de sa race : il liiUut recourir encore a I'election , et cette fois le sort se declara contrela Pologne. Veuve de ses Jagellons, elle allait entrer dans cette carriere de troubles et de combats, oii elle de- vait repandre le plus piir de son sang et epuiser ses forces. La diete preparatoire venait de se rassemi)ler, composee du senat, oii dominait le protestantisme, et des nonces territoriaux, partages entre le catholicisme , la reforme et le rit grec. Due question religieuse y futagitee pour la premiere fois : choisi- rait-on un prince catholique ou protestant? Grave et serieux debat, dans un terns oii I'Europe se rangeail tout entiere, ici, , sous la bannierede Rome, la, sous celle de laliberte, En effet, il ne s'agissait de rien moins que de I'avenir de la Pologne : se placerait-elle a la suite de I'Autriche, soutien de rortho- doxic ebranlee; ou tiendrait-clle son rang, comme puissance independanle , au milieu de la ligue des princes refonues. Lu Zt)6 SCIENCES MOIIALES niajoritc ik la diete, et le grand marochal de la couionnc, Firlcy, inclinaieiit h choisir un roi protestant. Le legal du- Saint-Sioge, Commcndoiii, yit le danger et sut I'ccarler par une fraude pieiise. II fit secrelement rcpandre le brnit, panni les principaux niembrcs de la diete, que, si Firley iusislait avec tant d'aideur pour I'elcction d'un roi protestant, c'est que, dans ses reves d'ambition, il se destinait a lui-nienic la couronne. Cette manceiivre reussit : le grand marechal de- vint I'objot de la defiance univcrselle : jaloux de s'y soustraire, il se reunit an parli catholique, et la cause de la reforme dut compter sur les troncs du nord un adversairc de plus. Les in- trigues du cardinal Coininendoni resterent ignorees de la Po- logne, et le secret n'en fut tralii que long-teras apres par Ic secretaire du legat, Gratiani, qui avoua, dans ses memoires, la perfide habilete de son maitre. La question fondamentale de I'eleclion ainsi decidee en fa- veur d'un prince catholique, le choix de la diete s'arreta sur un candidal francais, Henri de Valois, ce meprisable roi qui de deux couronnes n'en sut pas del'endre et conservcr une seule. Mais, au moment de reniellre le sceptre aux mains d'un etranger, la Pologne voulut garanliral'avanceses liberies poli- tiques etreligieuscs contretoute tentative d'usurpation. Alors, pour la premiere fois, des Pacta conventa furent rediges et sou- mis a I'acceplation du nouveau monarque , comme la condi- tion necessaire de son elevation; en meme terns, on lui iniposait la loi de tolerance de i575, noble profession de liberie reli- gieuse, et qui, au milieu de nos desordres, excitail I'enlhou- siasme et I'admtration de noire illustre de Thou. EUe obligeait le prince el Us nobles a jurer sur Icur foi el leur honneur qa'ils viainiiendraicnt la paix gcmrale , en ce qui regarde la conscience entre tous les ciloyens des diverses religions et des diverses opi- nions. Henri pretare serment el n'eut pas le terns de le violer. On sail coumient il recompensa la Pologne de I'avoir elu. On lui donna pour snccesseur un transylvanien, Elienne Ba- llioiy, vailiant guerrier, roi tolerant, que la morl prevint dans son prcjel de reviser la conslilulion : d'ailleurs, fervent ET POLITIQLIES. 507 calholiquc. Ainsi I'oilhoJoxie Iriompliait en Polognc el ex- oluait les dissitlens tlu troiie. L'Aiitrichc se saisit de ce priii- cipe et sut I'exploiter a son profit. La decadence de la Pologne, et cctle seiie de inalliciirs qui s'est Icrniinee par une si lanienlaliie catastrophe, duie de i'avenement au Irune de la dynastie des >Vasa. Sigisniond, prince suedois, ncvca du grand Sigismond- Angusle, avail dii son election aux liens de faniille qui le raltaidiaient , quoi- que de loin, a la race tant regrettee des Jagellons. Eleve de la societe de Jesus, fanatique sans avoir meine I'exciise do I'austerite ou du courage, souniis a I'influence de TAutrichi!, qui lui donuait successivemcnl en niariage deux archidu- chesses pour prix de sa complaisance, habile orfevrc, grand alchiniiste et niauvais roi, Sigismond precipita la Pologne dans un abiine de maux. II i'ant lire, dans M. Salvandy, comment il prodigiia les ressources de ses snjets en de values hostilitcs contre la Suede, qu'il avail voulu arracher de force au protestanlisme , et qui se vengca en choisissant un autre roi; comment la meme furcur de proselytisme lui fit perdre I'occasion d'unir la Moscovie a la Pologne, en placant son Ills ^Vladislas sur le trone des tzars; comment 11 donna le duche de Prusse al'elecleur de lirandebourg, preparant aiusi un nouvel ennemi a la Polognc. Nous n'lnslsterons que sur (leiix circonslances dc son regno, fertllcs en dcsastreuses con- sequences el qui n'ont pas sufftsamment attiie les regards de M. Salvandy : nous voulons parler de la guerre contre les Turcs et des persecutions religlenses. La Pologne, au xviT' siecle , devient lout a coup, et par uiie sorte d'enlrainement chevaleresque, I'avanl-garde de la chretienle contre les invasions ollomanes : c'etait sans douto un beau devoument, dont I'Europe I'a bien mal payee; c'etait, en meme lems, et pour son malheur, une graiule erreur poli- tique. Placeeentre deux puissances qui crolssaieul cha([ue jour et menacaient ses i'rontitres, la Moscovie, patrlmoine des Romanoffs, t-t I'Empire, ce royaume trouvail un allle nalurcl •lans la Tur(|uic, car rambllion des sultans nc prelendait pas conqucrlr dii cote du nord des forets sauvages ct des steppes 368 SCIENCES MORALES sans fin, mais sc Irayer en Allcmagne nn chcniin vers le micli. L'Autriche avail done seulc viainiont a craindie, I't son coup d'e niaitre f'lit d'associer i\ sa cause la Pologne catholiqnc, dc la conipiomcKrc dans une hiftc qni ne pouvait avoir aucun resullat pour elle, mais qni ecartait de rAUemagnc les ar- mecs du Grand-Seigneur. Elle atteignit cc but en sondoyant quelqucs hordes de cosaques polonais , qui envahirent en plcine paix les frontieresoltomanes; cctteagrcssion ne Tut pas desavouee par Sigisninnd ; Fa guerre eclata terrible ct toujours renaissanle : elle ne devait guere finir qu'avec la Pologne. Tandis qu'une lutle inegale an dehors epuisait lu royaume d'hommes et d'argenl , la persecution et les guerres civiles qni en sont le fruit, le minaient au dedans et avancaient I'heu re de sa ruine. C'etait encore la un bieniait de I'Autriche et des Wasa ; mais, cette fois, ils avaient un nouvel allie, la soctete des Jesnites. Get ordre, dont la mission et le but f'nrent de main- tenir I'unite catholique du moyen age et le regne absohi de f'orthodoxie, s'etait introduit en Pologne sous la protection du roi Etienne. Adversaire habile et ferme de la liberie poli- fique et religieuse, fort du double appui de I'Autriche et du Saint-Siege, il grandit rapidement; et, fidele a sa taclique ordinaire, s'empara des ecoles oi"i venait la jeune noblesse, en mCme terns qu'il gonvernait la conscience du roi. S'il ne parvint pas a jeter un prince catholique sur le trone de Mos- covie et a reconquerir la Suede a Sigismond, il reussit mieux dans son projet d'ecraser toute dissidence religieuse. La Po- logne s'etonna de voir, pour la premiere fois, le nom d'here- tiques prodigue a une partie de ses cnfans, la censure appelee au secours de que!q»ies dogmes en peril, les bfichers s'ele- vant sur ses places publiques. En Prusseet dansla Grande-Po- logneles proteslans furent persecutes, leurs teniples detruits, leiu's livres jetes aux flammes. En Lithuanie, on fit au rit grec une guerre implacable. En i5<)5 , il existait dans toute la Pologne 5, 256 eglises grecques (i) : on n'en comptait plus que (i) Dans ce nonibre ne sont poini comprises les cglises qui avaient an- terieurcnient accede a I'union de Florence, en i4''9- Fr POLITIQUES. 5% io6g, aG ans plus tard. Mais aussi la Lithuanie etait en feu ; les paysans, outrages dans leurs croyances, s'elaient unis aiix cosaques, qu'on voulait aussi convertir, et tous ensemble, avec Bohdan-Chmielnicki pour chef , apprenaient a la Po- logne devastee ce que cofltent les discordes religieuses. Sigismond ne vit pas ces desastres qu'il avail amenes par- ses fautes : il mourut en i652, apres avoir heureusement echappe a line insurrection generale dc la noblesse. 11 avail fraye au tzar de Moscovie et au marquis de Brandebourg Ic chemin a la puissance , en obligeant ses sujets grecs ou refor- mes arecourir a ces princes. Son fds "Wladislas ne fit que pas- ser sur le trone. Jean Casimir y resta plus long-tems, et celui- la lua la Pologne. Lne fois entre dans la carriere des persecutions, on marche vitc, et la Pologne au xvir siecle n'echappa pas ;\ cetle loi com- mune. Sigismond avail abattu les temples des protcstans ; Jean Casimir alia plus loin, il les chassa du royaume, et comme les reformes dominaient dans les villes, le coup qui les frappa detruisil tout ce qui restait encore de bourgeoisie riche et in- dependante, et reduisit a quelques Juifs la population indus- trieuse des cites. La Pologne semblait alors au point de se dissoudre : c'etait le tems oCi los cosaques de I'Ukraine se je- laient dans les bras du tzar; les protestansinvoquaient I'assis- tancede la Suede et de I'electeur de Brandebourg, I'elite de la nation expirait dans les guerres civilcs ou sous le sabre des Turcs ; et I'Empire, spectateur paisiblc de son oeuvre, elargis- sait encore la plaie en semant dans les rangs de I'ordre eques- tre ses litres nobiliaires et ses diplomes de princes el de comtes. Nous laissons a penser quel pouvait etre le sort des lettrcs au milieu de ces tempetes civiles. La vieille Academic de Cracovie , battue en breche par les jcsuites, succombait sous leurs efforts; la langue nationale se coi-rompait, defiguree par le melange du latin; la libre allure de I'eloquence polonaise faisait place a de froids panegyriques; enfin, de ces trois cents imprimeries que nous avons vu s'elevcr sous les JagcUons, il n'en restait plus, a la findu xvn' siecle, que quatre, oi'iron pu^ 3^0 SCIENCES MORALES bliitit (les li\ res de pricres, sialics dcplorablcs d'mic riiiiif (\uv Jean Solneski, nialj!;re I'asscrlioii contrairo do son biogiaplic, lilt impiiissmt a picvenir. Voici done venir ce regne illiislre dc Sol)ieski, t'ecoiid en tiophces, sterile en vrais resiiltats, regno qui no fit (ju'cntoiner d'une aureole de gloire les dcrniers jours de la Pologne. A I'e- poque oCi nous sommes arrives, Jean Sobieski, grand-enseigne de la couronno, lullait vaillamment centre les Turcs, sous les ordrcs de Czarniecki, et prelndait par de beaux fails d'armes a sa haute renonimee gueriiere. Plus tard , quand Fabdicatioii de Jean Casimir out remis le sceptre aux dtbiles mains de Michel Koribulh, Sol)ioski, pourprix de ses exploits, obtint la digiiite de grand-marechal, et son bras fut, a vrai dire, le bouclier de son pays. Mais, si sa gloire militaire est pure et sans nuages, il n'en est pas ainsi de sa vie de citoyen. Nous nc pretendons pas rehabiliter ici la nienioire de ce roi Koributh, contre lequelM. Salvandy cntasse les reproches les plus vifs, les accusations les plus sanglantcs. Mais, quels que fussent ses torts, il n'otait ni juste ni politique:, dans des circonstauces si graves, de lesarticher, pour ainsi dire, aux yeux de I'Europe, et d'entraver par une continuelle opposition tons les actes de son gouvernemont. (^e fut I'erreur du grand-marechal , alors chef d'une des factions qui desolaient la Pologne; cetto fac- tion Ten rocompensa plus tard : elle le fit roi. Les campagnes de Sobieski ont inspire de belles pages a son biographe, et, sous ce rapport, sa tache etait facile; car il n'avait qu'a louer , et certes il y etait bien porte dc coeur. L'administration du monanjue etait chose plus peniblo a ap- precier; car la il y avail de grandes fautes, une tcmerilo coupable et conmie une insouciance profonde de ravenir. M. Salvandy a senti les parties I'aibles de ce regno; mais il ne les a que legcromcnt indi([ueos, jaloux de conservei' piu'o et sans tache la gloire de son hrane prince. C'est seulemeut a la ^m de son oeuvre qu'il laissc echapper quelques regrets sur les vues etroiles du heros, el son asservissenient aux caprices d'ambi- tion do la roine Marie d'Arquien : nous serous plus severcs. ET POLITIQUES. 071 Sobieski, ce nous semble , fut un grand general, non pas un grand roi ; car il ne dota son pays que de drapeaux enlcves a I'ennemi, et de trophecs de guerre ; il ne vit pas ses maux, ou les ayant vus, s'etourdit sur leurs consequences. Hal)ilc;ide- fendre la Pologne du fleau de I'invasion ottomane, il nc sut pas la proteger centre le retour des desordrcs interieurs, et ne le tenta meme point. Brave et hasardeux comme ces nobles qui I'avaient fait roi, comme eux aimable et galant, I'orne- ment d'une cour et I'objet de I'admiration d'une armee, il n'eut qu'une mediocre capacite politique, et son regard court et inatlentif ne plongea pas dans I'avenir. Au moment de son avenement a la couronne , trois prin- cipes de decadence travaillaient activement la Pologne : c'etaient la turbulence de la noblesse, que cinquante ans de troubles avaient formee a la guerre civile, la lutte contre les Turcs, et les intrigues de la maison d'Autriche. Restreindre ce pouvoir illimite de I'ordre equestre etait une tentative trop bardie. 3Iais on pouvait diminuer les dangers de ce pouvoir, en enlevant tout pretexte auxcabales des dietes, en oubliaiit de vieilles querelles avec les Paz de Lithuanie, en relevant le drapeau de la liberie religieuse quiavait ete si long-tems rhon- neur de la Pologne. Les Turcs avaient ete baltus : il devenait done facile de terminer glorieusement cettc guerre, et quant aux brigues de rAutriche, elles n'etaient pas a craindre pour quiaurait su s'en mefier. Sobieski suivit une autre marcbe, ou plutot crut ne pouvoir mieux faire que de continuer la mi- serable politique desWasa. II ne fut pas persecuteur comme eux, sans doute ; mais la matiere manquait pour une persecu- tion, et la force avait eteint ou disperse les sectes dissidentes. D'ailleurs, on le vit tourmenter les dietes de ses interets de ta- mille et quelquefois de ses querelles personnelles ; il engngea la nation plus avant encore dans cette lutte devoranle contre laTurquie, ou s'absorbaient, au profit de rAutriclic, tnutes les ressources du royaumc. Ce furent ses liaisons av ec rempercur et son imprudcnte liaine contre rislamisme (jui le pousse- rent a Jaisscr perir sans secours la Hongric et la Transylva- nie, litats libres conmie le sien , et qui, par desespoir de ne 3^2 SCIENCES MORALES trouver dans Sobicski qii'iiii iiiiplacahlc advcrsaire , allercnt meiidicr le dcsaslroiix appui dii sullaii. Incertain el irresolu dans sa conduite, il hesila toute sa vie entrc I'alliance de la France ct cellc de I'Autrithe, negociant avec la premiere, si Louis promettait le cordon de ses ordres an inarqnis d'Ar- qnien, pere do la reine; pret a tout sacVifier pour la seconde, si ellc assurait a ses fils la principaute de Moldavie, flottant toujours entre Vienna et Paris , au gre de ses affections pri- vees et de la vanite de Marie Casimire. Lui aussi mit done la main a la ruine de la Pologne, et lorsqu'il pouvait la rcndre a I'existence, ne sut que prolonger et ennoblir son agonie. Si cet arret est severe , peut-etre qu'il est juste et sera con- firme par la posterite. Elle dira que, si la Pologne n'est plus, ce n'est pas pour avoir manque de despotisme et de feoda- lite : car ces deux fails se renconlrent a diverses epoquesde ses annales et elaient d'ailleurs incapables de la sauver. Ce n'est pas non plus qu'elle ait traverse les siecles, fidele aux tradi- tions de sa vie sauvage ; car elle etait libre et policoe, quand la presque tolalite de TEurope etait dans I'ignorance et la bar- baric. Et si la turbulence de sa noblesse I'agita long-tems , comme un vaisseau, jouet des orages, si le despolisme dc I'aristocratie a precipite sa perte, c'est qu'a cette cause de ruine d'autres vinrent se joindre. La Pologne a peri pour avoir cede a cette manic d'intolerance religieuse qui laisait Ic tour de I'Europe, pour avoir compromis sa fortune en se devouant a des voisins ingrats : ellc a peri pour n'avoir trouve dans le dernier de ses rois, vraiment digne de ce litre, qu'un grand guerrier, au lieu d'un sage administrateur. II faut rendre a chacun la responsabilite de ses oeuvres, et ne pas faire de tel ou tel noni vme sorte de viclime expialoire, qui resle chargeo du poids des peciies de tous. Disons done que Sobieski a eu sa part dans les malheurs dc la Pologne : mais avouons en meme tems qu'il ne pouvait la perdre plus glorieusemcnt. Quels que soient les torts de sa politique, il lui rcste une rcnommee iuiperissabie : sa valeur, digne des anciens prcux, et sa science de la guerre qui fil I'ad- niiration du monde, au terns de Tuicnnc , du prince de Cond*; ET POLITIQUES. 5r^ ct de Cliarlcs de Lorraine. La canipagne de 167a contrc les T iircs nous a lappele ces jours d'elerncUe memoirc , 01^ Na- poleon, tomljant du trone. illustrait par un combat chaqiic canton dc la Champagne; et certes, lesprodiges de Kaluza, de Budziacz et de Chocini ne sont pas inferieurs a ceux de Brienne, de Montmirail et de Champeaubert. Quant •\ la delivrancc de Vienne, si Ton met de cote I'interet politique de la Pologne , c'est un des exploits Ics plus eblouissans dont I'histoire ait garde le souvenir, c'est un de ces triomphes qui suffiscnt a immorlaliser un prince et une nation. Le lendemain de cetle bataille , Sobicski etait vraiment le heros de la chre- tiente, le Charles Martel du xvn" siecle, et certes il est plus d'un grand liomme de guerre qui cut troque toute sa vie cen- tre cette seule journee. Nous avons peine a concevoir aujour- d'hui la popularity qui s'attachait a cette victoire, et tout Tenthousiasme qu'elle excita. Le vieil esprit des croisades est eteint dans notre Europe, et avec lui cette haine chevale- resque de Tislamisme qui passait des peres aux fils. D'ailleurs, la Turquie reduite a dei'endre pied a pied ses derniers retran- chemens, ne fait plus trembler personne, et I'uniquc senti- ment qu'elle inspire, c'est cetinteret qui s'attache a toute na- tion luttant avec onergie contre la mort : mais, au xvii" siecle, la monarchic de Mahomet II et de Soliman etait encore quelque chose de formidable , et chacun de ses mouvemens ebranlait lemonde. La prise recentede Candie donnait un port A ses flotles au centre meme de la Mediterranee, et I'occupa- tion de la Hongrie ouvrait rAUemagne i ses aruiees. Or, ses armecs h une epoque ou Ton ne hasardait guere plus de 5o,ooo hommes dans une bataille, comptaient plus de 200,000 sol- dats, braves corame des regimens francais ou allemands, ter- ribles ct destructeurs comme les hordes de Gengis. Aussi, quand le ])ruit de la marche du grand visir Kara-Mustapha se re- pandit en Europe, grande fut la terreur, et telle, que depuis I'invasion de Soliman il n'en avait pas existe de semblable. Le danger commun fit taire les querelles particulieres , et Louis XIV altendit sur les hords du Rhin que le sultan lui epar- guilt la peine de frapper a mort la maison d'Autrichc. Toutes les 374 SCIENCES MORALES cluiiros chrolicnnes retcnliienl ik- tris de giicrre : nc pouvant donner des soldats, le pape i-nvoya des subsides, Ics rardinaiix vcndirent Icurs picrreiies : I'emperciir quitla sa capitale en toiite hate, poursuivi par des cavaliers tartares, et il counit pressor la iiiarche des eontingens de rAllemagiie. En France, en Italie, dans les provinces Ulunancs, on se deniandait avec elTroi on le visir irait planter sos tcntes , quand Viennc ne se- rait plus : car cette ville seniblait condamnee a uue destruc- tion ccrtaine. Rome surlout, I'anic de tontes les coalitions europeennes conlre la Turquie, redoutait la vengeance du sultan et invoquait a la fois les puissances du ciel et celles de la lerl*e. Unhomme se rencontra qui rendit vaines ces terreurs etmarqua par sa victoire le terme des progres de la puissance ottomane. Depuis Vienne et Parkan , ses limites ont recule apres chaque guerre, et I'epee du roi de Pologne semble avoir dissipe le prestige qui s'atlachait a ce nom si redoute. La campagne de Yienne offrait a notre auteur ample ma- tierc pour un brillant panegyrique : il a profite de cette occa- sion en ecrivain habile : non-seulenient il a retrace, avec beaucoup d'eclat et d'enthousiasme, les evenemens presque merveilleux de cette guerre : mais il a suivi avec finesse les intrigues deliees du cabinet autrichien, du roi de France etde la cour de Rome. Quant au style de M. Salvandy, nous croyons inutile d'en laire I'eloge. Bicn que parfois incorrect, on sait comme il est vif et rapide, riche d'eclatantes images et d'expressions heureuscs. Qui n'a souvcnt admire toutes les ressources de ce beau langage, quand il se vouait avec lanl de bonheur a la defense de nos libertes publiqucs! Applique a la haute composition litteraire, il n'a rien perdu de son cliarme, ct prele a I'histoire de Sobieski tout I'altrait d'une narration epique, que le bon sens moderne aurait degagee du cortege des dieux de I'Olympe. Ccpendaut, s'il Taut dire ici loule notre pensee, et hasarder une derniire critique, il sembic que IM. Salvandy, en as- sistant aux funerailles de la Pologne, s'est tenu trop en garde contre le sentiment si naturol d'amour et de compassion pour les gloires dechues. Poursuivant, a travers I'histoire de ce i:t POIJTIQUES. 5^5 pays, la continuation (rune prctcndiio barhaiie, dont on perd la trace a cliaque pas, il a tioiive simple et presqne juste, qu'au terns oi'i la civilisation triomphait partout en Europe, la Pologne tombat. Et cependant, s'il est une triste et poi- gnante destinee, c'est ceile de la derniere des republiques slaves. Voila bientot quarante ans qu'il ne compte plus en Europe, cc peuplc brave et genereux, qui fut an moyen age I'asile de la liberte religieuse, et an xvii"' siecle, le remparl vivant de toute la chretiente. S'il a commis des fautes, il les a cruellement expiees, et si sa noblesse fut parfois soup- conneiise et turbulente, elle a paye cber sa tendresse jalonse pour la liberte. Et d'ailleurs, en demembrant la Pologne, sont-ce les droits abusifs de son aristocratic qu'on a voulu de- truire ? Mais ces droits, I'ordre equestre venait de les sacrifier lui-meme au bien commun par la constitution du 5 mai 1791 : aussi n'est-ce pas la Pologne aristocratique qu'on voidait aneantir, mais la Pologne repujjiicaine; et, an fait, ilssesou- ciaient bien de la liberte des peupies, ceux qui I'ont tuee? INous qui ne pouvons lui rendre son independancc, rappe- lons-nous, au moins, qu'clle a donne son sang pour defen- dre la notre; que, partout od la fortune a pousse nos legions, des Polonais ont gross! leurs rangs, qu'ils se sont associes a nos re vers comme a nos triomphes, et qu'ils mglaient en- core a Waterloo les debris de leur armee aux restes epuises de la notre : c'est ce qui foil que leur cause restera toujours celle de la France, que leur misere sera pour nous un eter- nel sujet de douleur, que leur delivrance sera I'uii de nos voeux les plus fervens, Tune de nos plus chores esperances (1). Alp/i. d'Herbelot. (1) Nous nous einpressons d'annoncei ici la publication recente d'une Hisloire des legions polonaises en Italic, sous le comniaiicleinent du general Dombrowsky, par M. Leonard CnoDZKo. (I'aiis, 1829; Ijarbczat, rue des Reaux-Ails, n° 6. 2 vol. in-8°, f'orniant ensemble iioo pages, avec des planches; prix, 17 fr.) Plus laid, une analyse detaillee fera connaitre cat ouviage c> nos lectcuis. LITTErxATURE. MiiLLNEu's DRAMATisciiE Werke. — OEuvres (iraviatiqiu's dc MuLLNER (i). — Mi'llner's Novellen. ■ — Noiivellcs, par IMdLENER (i). A'ERMlSCnTE SCHRIFTEN, Toll MuLLNER. OEuvres inclccs, par Mi'llneu (5). — Kotzebhe's Litera- TURBRIEFE AVS DER UnTERVELT, VOIl MuLLNER. • ConespOH- dance Uttcraire de Kotzebue , ecrite de I' autre monde , par MUELNER (4). MeINE LaMMER tINU IHRE HIRTEN, CtC. Mes moalons et leurs bergers, dramc en 4 actes, par Muel- KER (5). Adolplie MrtLNER, qui vicnt de mourir d'apoplexie a Page de ciiiquante-cinq ans (6) , clail \\n\ dcs aulcurs draniatiques les plus distingues de I'Alleinagne, et en nieme tcnis I'un de ses Arislarqucs les plus habiies et les plus severes. Ne, le i8 octobre 1774? a Langendort', pres de Weissenfels, il conimeiiea son education dans I'ecole decelte derniere \ille. Le chei'-d'ceuvredeAVieland, Oberon, quitombaentre ses mains lorsqu'il etait a peine 3ge de onze ans, devint sa lecture favo- rite, aux depens d'etudes qu'il trouvait arides. On a souvent considere de pareils traits comme le signe certain d'une voca- tion decidee : rien ne senible plus naturel cependant que de voir un ecolier preferer Voltaire a son rudiment; et tol s'est rendu coupablc du lait qui n'est pas devenu pour cela un grand poete. En 1789, le jeune Midlner entra a I'ecole de (i) Brunswick.^ 182S. Vieneg. 7 vol. iii-i8. (2) Leipzig, 1829. Karl Fockc. (5) StuHgart, 1824 et 1S26. Cotta. (4) Brunswick, 1826. Vievveg. (5) Wolfenbutlcl, iSaS. (6) Milliner est niort, le 11 juin 1829, a Weissenfels, oil il avail dcpiiis king Icnis etabli sa residence. LITTERATURE. 577 Vforta, oii lesmalhematiquesl'occiiperentbeaucoup. Schmidt, son prolessciir , foisait en outre iin cours dc poesie allcmaiide, oCiil s'altachait principalcmeula developper les regies subtiles de la prosodie. Midliier s'eprit d'enthousiasme pour le uieca- nisme de la versification, non pour la poesie; le sujet de ses premiers chants en fait foi. Ce fut : La Generation de la courbe cUiptique formee par le tnouvement desplanetes. II etait alors dans sa seizieme annee. Ce goflt pour la partie materielle de I'art , dans laqucllc il atteignil par la suite un haut degre de perfec- tion, ne s'eleignit pas chez lui : devenu journaliste, sa plume, peu indulgente, declara une guerre a outrance aux dactiles et aux spondees qui avaient le malheur de n'elre point inepro- chablcs. Les essaispoetiques du jeunemathematicien n'oblinrenl pas I'approbation de ses maitres, cc qui ne I'empecha point de con- linueras'ylivrer : lejugementd'unhommeverilablemenl com- petent eut plus d'influence sur son esprit. II \oyait quelque- fois, dans la maison paternelle, le celebre \>oi;\eBurger, dont sa mere etait la soeur : celui-ei , ajant un jour, dans une reunion, recite sa ballade dc Lcnore , avec tout le feu qui lui etait pro- pre, remarqua la vive impression qui se manifestait chez son iieveu; il le prit en affection et lui donna des conseils sur ses travaux. Milliner, heureux de roncontrer un semblaltle guide, lui envoya a Goettingue plusieurs opuscules, parmi lesquels se touvait une traduction de I'ode d'Horace, a la fontaine de Blandasie. Burger lui ecrivit a ectte occasion : « Je te I'avouc de bon cccur, a ton age je n'etais pas aussi avance; mais je pense que celiii qui, dans toute la force de la jeunessc, pent consacrer tant de peines et dc soins a la traduction d'un poemc etranger, doil raremenl avoir beaucoup d'inspiratlon natu- relle. » Un arret aussi rigoureux accabla Ic jeune MiHIner, qui cessa tout commerce av€c les muses : ce respect pourl'opi- nion d'un homme superieurest sans doute le temoignage d'un bon esprit; toutefois , si cette opinion avait etc complctc- mcnt injuste, u'eftt-elle pas rencontre, dans les insinuations de I'in/luence secrete, un ferment de revolleplus puissant encore ? Quoi qu'il en soit, la lecture et la representation, sur le theatre X. xuii. AOi'T 1829. 2 5 5-s litti<:rature. tie Leipzig, tics ouvrages de Schiller el de cciix de Shakespeare, Iradiiits pour la scene allemande par Sc/irocdcr , revcillerent phis tard sa verve decouragee. MiiUner se maria en 1802, exeroa avec dislinction la pro- fession d'avocat a Weissenl'cls, oblint le litre de docteiir en (h-oit et publia, en i8o4ct 1812, deux ecrits sur lajurispni- den(;c. Le premier a pour tilro : Soixanle reflexions de Modcs- liniis sur le projct d'line noiioellc organisation jitdiciaire pour la Saxe electorale (Greitz, i8()q ; Ilennig). Le second, inspire par le senlimenl de nncnl de lui une foule d'articles saillans, particulierement LITTEUATURE. 591 dans la sph/;rc de la dramalurglc. Plusieurs compositions de longue haleine sur le memc sujet ont etc publiees separoment par milliers, nous ne citcrons que les suivantes : Dujea sur tes theatres de societe. Da vers et de la rime sur le theatre, un Dictionnaire thedtral, insere dans ses OEuvrcs diverses dont le premier volume parut en 1824, ct le second en 1826. Ce memc recueil contient un traile de la propricte littcraire, des souvenirs interessans dc la guerre de 181 5, et quelques poesies fort remarquables, entr'autres : Lcs patrlotes au Par- nasse, persifflage spirituel des mceursgrossierement militaires affectees a une certaine epoque et que Ton regardait comma le germanisme pur; Luther, piece de vers pleine de vigueur et d'elevation ; I'Eclipse de lutie, recit idjUique non moins distingue par sa gi-ace et sa fraicheur. La Corves pondance Utteraire de Kotzebue, datce de I'autre 7nonde (1826), offre en memc terns les materiaux d'une bonne appreciation de cet ecrivain et sa defense contre des attaques injustes dont il aAait ete I'objet. Un journaliste allemand rc- marque, a I'occasion de cette correspondance, que Kotzebue est devenu infiniment plus liberal depuis qu'il habite I'aiitre mondc ; mais, ajoute-il, on ne doit pas s'en etonner ; il aurait fort bien pu sans facon le redevenir encore une fois dans ce- lui-ci. — Ces Icttres sont des morceaux instructifs de critique litteraire. Mes moutons et leurs bergers, drame historique en quatre actions (i8a8), est encore un des nomlireux opuscules pole- micjues de I'auteur : les moutons sont ses ouvrages, les ber- gers sont ses libraires. Lorsque Milliner est morl, on imprimait une collection de ses Nourcltes, qui attestent chez lui un talent d'un nouveau genre. 11. C. \l^^^^^l^^^)^^^l^^l^n^^fv\^\^lvv«jvv^^\M\nA^fv^lV^^lv^^^JV\^l\^^l\^lv\Al^^ III. BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE. LITRES fiTRANGERS (i). AMl^RIQUE SEPTENTRIONALE. liTATS-XJNIS. 100. — Annual report of the regents of the UniversUy, etc. — Rapport annuel ties regens de I'lJuiversite a la legislature tie I'Etal de INcw-York, fait an senat le ii avril 1839. Albany, 1829; Croswcll et Van Benthuysen. In-8° de 16 pages et a tableaux. 101. — An abstract of the returns of meteorological observa- tions, etc. — Extiail dresse ^^av Rorncyen liECRct Joseph Henry, des observations metcorologiques adresstes aux rcgens do rUniversite par plusieurs Academies tie I'Etat de JSeM-Tork, conformement aux instructions qui leur furent adressees le i"niars iSaS. Albany, 1829; Croswell. In-8". (Tableau fai- sant suite a ceux des annees prccedentes. ) Ces deux brochures, reunies en une seule, quoique Icurs objets n'aient aucune connexion entre eux, peuventetreofferls ainsi aux habitans des Etats-Unis ; niais il serait plus u^ile de les diviser pour les envoycr en Europe. Cbacune conticnt une instruction precieuse pour la classe de lecteurs qui la reclicr- chera ; mais tres-rarement, jamais peut-etre aucun de ces lecteurs ne passera de I'une a I'autre. Les gofits et les habi- tudes de I'esprit qui portent a I'assiduite qu'exigcnt les obser- vations metcorologiques n'ont rien qui s'allie a la sorte d'ana- lyse philosophique qui pent resoudre les questions relatives a I'enseignement et a I'education; ct s'il arrive que ces deux fa- (1) Nous indiquons par un asttiisquc (') , place 'a c6te du litre de cliaqiie ouvrage, cciix des livres i'trangers on fVaiKjais qui paraisscnt digncs d'une attention paiticulierc, ct nous en rcndrons quelquefuis conipte dans la section des Jmi/yns. 1!:t\ts-ums. 393 riiUi'S soicnt reiiiiit's dans iin sciil homnie; dies y seront afl'aiblifs Tune par Tautrc an lieu de se preter un secoiirs mu- tuel. Le mot academic n'a pas, en AniL-rique, le mf-nie sens qu'en Europe : il taut le traduirc parcelui de college. Nous tronvon« aussi dans le rapport des regens de I'liniversite le mot setni- JifliVeappIiquetres aproj>os aux niaisons d'edncation. Lesdeux tableaux qui leniiincnt le lappoit merilent ici la pins grande attention. jNotis y voyons qn'il s'est forme a Alliany un college de jeunes personnes (^female academy), ou 157 eleves re^'oi- vent I'inslruction sur Varl d'ccrire (composition) , la geome- Irie , I'algebre , Tastrononiic , la tkcologie nnturelle , I'histoire naturellc, la liotanique, la logique, la rhetorique, la philoso- phic, la morale, les doctrines cAangeliques, la m6[aphysique {inlellcclual plitloaoplty), le Irancais, la constitution et I'histoire des Etats-Unis , la chronologic, I'histoire. Quoique cette liste paraisse longue, il y a peut-etre des omissions, comme on peul en juger par celle-ci qui est plus courtc, mais on Ton a com- pris quelques objets d'enseignement qui ne sont pas dans la premiere. A V Albany female seminary, on enseigne u 1^3 de- moiselles I'art d'ecrire , I'histoire, la rhetoricpie, la logique, la miisi(|ue, le franrais, ia botaniqne, le des^in, la chronolo- gic, I'histoire des Etats-Unis, les ouvrages d I'cdgiiille. 31ais voudra-t-on croire en Europe qu'a Ontario, dans un pays d'oi'i les indigenes, que nous nommons sauvages, n'ont pas encore disparu, au fond de ces deserts, une autre maison d'education, reunissant 77 demoiselles, entrcprend de les rendre aussi sa- vantes que celles d' Albany, ajoutant meme I'enseignement de la perspeclive a cehii du dessin, et la chimie aux sciences mathemaliques P Ces faits, deja tres-curietix par enx-memes, le deviendront encore plus, lorsqu'on pourra recueillir les re- sidtats de la haute instruction qu'un grand nonibre de femmes recoivent en Amcrique. Sur 3,424 eleves d'academies ou d'e- lablissemens analogues, on compte 491 demoiselles; c'est im pen plus que le septieme du noudire total. II mani|ue encore beaucoup de details aux tableaux d'oi>ser- vations meleorologiques pour que I'on puisse les employer au profit dc la science. Nou? y reviendrons une autre fois , lorsquc nous pourrons trailer ce siijet avec I'etendne qn'il merite , en comparant les travaux meteorologiques tels ([u'on les faif dans les div.erses parties du monde savant. F. 102. ■ — Specimens of American poetry. — Specimens de la poesie americaine, avec des notices critiques et biographi- T. xuii. AouT 1839. a6 ([lies, par Suniu.l Kkvtvaa.. IJostoii, i8'j<); (idotlricli. "> vof, ill- 12. Titujoiirs monic ilri'aut dans ccs sortcs (1(.' rcciH'ils, vl loii- jdiifs mCuic plaitito de nolir pail. L'(''»)() l.lVnrS I^ITUANCKMS. plus (•()ii\t'iial)lt: pour los vcircs ([iii (l')iv('iit \v ciiitnilr, on expose les vcnrs, avec raiint'iiu srir liuiiicl ils .s'iijipiiiciil dc nlanierc a s(* I'criiR'i' bieii hcrmi'liqiiemrnt , a iinc tonipera- tiiro aifiCicielk' tc parmi les Birmanssept tri- )us oil nations distincles, qui portent des noms differens, et .)arlent divers langagcs. II existc , en outre , les S/i'ins, ou La- •itans de Laos, qui so rapprochent des Siauiois; puis de nom- )reuses tribns, qui errenl dans les montagnes; d'antres cul- ivent les plaines, menant a leur suite de grands troupeaux, ■t cJiangcant de demeures et meme de provinces, des que les erres ne leur con viennent plus, lis vi vent au milieu desBirinans / ans jamais s'allier a eux , et seiuhlent eviler I'approclie de ces Icrniers comme une souillure. Ce son', pioltablomenl les aho- 'igencs du pays. Les Birmans different cssentiellement en structure et cu physionomie des Indous et (\erent a de grands dangers. Apres I'affaire de Simbike, I'une d'elles I'ut trouvee parmi les bles- ses. Elle avail de quinze a seize ans , etait babillee en bomme , ct mourut au bout d'une demi-beure : elle avait recu plu- sieurs blessures sur la tele et au con. Les vetemens du people soul de toilc de colon grossiero ^ r>c>8 LIVRES ihR.V^'GEHS. J'abHqticc par Ics reiiiiues ; lt;s soiciies, doiit la malii'ic prc- init'ir vieiit dc Laos rt ile Cliinc, sunt assea couumiiifS, qiioi- qiie (I'lin priv fori elcvo. La grosso poUric non vcriiissee est solidc el a boii marcho; on labriqiii; a Marlabaii et a I'egii unc rai'enre d'une esp^ce snpericiirc, qii'on vcrnit, ot dont nil Tail dns fruchos qui (■onlioniioiit jiisqii'a 182 gallons d'butle. La porcclaini'cstimporloe do Chine ; la eonlelleric fori inqiar- faile. L'ai-t de Iravailler Tor, dc nionler los pierres pre(ienscs est plus avancc que les aulrcs liiTinclies d'iudustrie, sans dnnte pane que ranioui- de lapainrc et dcs picnerics est Ires-repandu. LesBirnians se persuadent que la superiorite des nations enro- peenncs vient de ce (ju'elles ont decouvert le secret dc chan- ger en or les nietanx les plus \ils. lln marchand armcnieii, auquel un conrtisan Birman demandait si les Anglais ne pou- Aaicnt pas conveilir le fer en argent «repondit qu'ils le pou- vaiciit, mais non pas tont-a-1'ait coninie il i'cntcndait : el tirant de sa poche un canif anglais, il le jcla sur la table de- vant lui , et leur dit que cc canif valait plus que son poids en argent, et que c'etait un exeniple de la science des Euro- peeiis a donbler le prix de tonte espece de metaux. » La masse du peuple est generalement instruite, grace aux riombreux talapoins, qui habitenl. les inonastcres, et dont Ic devoir estd'enseigner gratis tout ce qu'ils savent aux enfans, riches on pauvres. II n'y a pas un honime sur dix qui ne pnisse lire courammcnt, et quoiquc I'ecriture soil nioins re- pandue, elle est cependant d'un usage assez general. Le.>* jeunes garcons commencent a s'inslruire de huit a dix ans. Pendant tout le tcnis que dure leur ediicalion, ils habitenl ordi- nairemcnt avec les pretres, dans les kyaongs ou monasteres. Conmie dans I'Indnustan, ils remplissent pres de leurs pre- cepleurs les fonctions de domestiques, ce qui est considere conime un honneur. lis etudient environ six heures par jour, et apprennent la lecture, Tecriture el les qnatre regies de I'a- rithnietique. Ceux qui aspirent a dcvenir savans s'adonnenl a Telude de I'astrologie, el i\v\ pad , langue dans laqnelle sont composes la plupart des livrcs boudhistes; enfiu, la mela- jiliysique fait aussi partie de Teducation desBirinans. b'apres ces renseigneniens, il semble au nioins injuste dc representer ce peuple comme plonge dans un etal extreme de barbaric et de superstition. A tout moment les fails demen- tent qnelques-unes des assertions dc ranteur, qui, enfluencc, peul-elre a son insu par les prcjnges defavoraliles que la compagnie des Indes a trop cherche a repandre et a mainte- nir, atlribue au caractere de lu nation les vices dc son gouver- GRAIN' DE-B1\ET AG N K. 3()f) neinoiit. La lunguecl la litteiatuioiics Birniaiis sotit irop igiio- rees pour nous pour cprellcs nous aident a porter uu jugemcul tie leurs i-otions morales; et Ton lie fait pas assez attention , que la ruse qu'oii leur reproche dans leurs traites avec les An- glais, a ete long-tenis et est encore aujourd'hui leur unique moyen de defense. Le petrole on Inulc de piove est un des articles importans du commerce de I'interieur. On le tire de puits situes a envi- ron trois milles du village de Re-man-Kyang, et au fond des- quels on distingue le liquide qui scinblc bouillir. II est d'un vert sale, pareil a I'ean stagnante, tres-clair, et n'ajant d'a- bord guere plus de consistance quede I'eau, mais il s'epaissil a mesiire qu'on le garde, et se coagule des qu'on I'expose an Iroid. On s'en sert dans tout le pays pour I'eclairage. M. Crawfurd, envoyc du gouverneiir-general des Indes, penetra dans le roj^aumedes Birmans par la riviere Irraouady, qu'il remonta depuis Ranjoun jusqu'a Ava, dans un bateau a vapeur. « Les bords du fleuve, les bateaux amarres au rivage, les verandahs des maisons, et jusqu'aux toils de la villeiie Prome etaient converts de curieux accouriis de tontes parts pour voir naviguer la nierveilleuse machine, n Arrivesalacour d'Ava, les voyageurs furent recus par le roi dans lasalled'au- dience, dont la pompe et I'eclat egalent les plus splendides descriptions des contes arabes. Cette salle n'a point de murs; elle est ouverte de tous cotes, excepte derrierc le tronc. Lne multitude de riches colonnes, sculptees avec goCit, soutiennent le dome, au centre duquel s'eleve une aiguille elancee, cou- ronnee du ti , ou ombrelle de fer, ornement exclusif dn tem- ple et du palais. Toute la salle est batic sur une terrasse de pierre et de chanx, qui a dix a douze pieds de hauteur, etqni est si unie, et d'un si beau poli qu'on croirait voir du mar- bre. A I'exception de douze a quinze pouces de peinture d'un rouge brillant, au has des colonnes, tout rinterieur du palais n'olfre qn'une masse de dorures ; et ccpendant le trone sc distingue par un surcroit de magnificence. Le piedestal sur lequel il repose est une cspece de mosaVque de miroirs, de veiTes colories, d'or, d'argent, disposes dans un style partii-u- lier aux Birmans ; le dais, an-dessus, est richcment sculj)te el dore, ainsi que le murqui fait le fond. La salle d'audience a trois entrees, auxquelles on arrive par de larges cscaliers. L'nne , a cha(|ue aile, et la troisieine au centre, lescrvee pour le roi seul. Le roi parut dix minutes aprts I'introduction des eiivoycs, <[ui, dans cctte circonstancc avaient consent! a oter leurs souliers, en temoignage de respect. L'arrivee du souve- rain fut annoncce par de la musicpie : une porte h coulisse 4oo LivuES Strangers. s'ouvrit dorrii'ie Ic Ironc, avec im briiil viCet aigic ; il nioiita Ics martht's cl'im pas mal assiiro . et comme accal)!*- sons k- poiils de scs vClcmcns. li poitait iine timicjuc danelles, Tenedos, la plaine de Troie , Smyrne, jNapoli de Romanic, Athenes, etc. : par le capitaine Charles Coliille Fraxklaxd. Londres, 1829; Col- burn. 2 vol. in-K" avec planches; prix, 1 1., 11 sh., G p. L'iguorance ou Ton est encore en France et en Angietcrre, de la veritable situation de I'empire ottoman, de ses res- sources financieres, des ressorts qui le Ibntagir, des moeurs privecs de sa population, n'engendre point parmi nous un es- prit d'examen et de recherches, niais bien plutot une certi- tude dogmatique. Sur les apercus de quelques voyageurs ([ui n'ont pu voir que I'extcrieur des homines et des choses, nous avons etabli des conclusions, plus ou moins erronees, mais qui out fini par prendre de la consistance. Ainsi on a dit long- tems que le sultan elait maitre absolu de la vie et des pro- prietcs de ses sujets, que les pachas etaient a\ides et oppres- seurs, les Turcs indolens, les Rayas, miserables et pillcs. Et du haul de ces gcneralites, qui ne prouvent rien . on predi- sait la chute prochainc dc I'islamisme et dc ses discij)les. La Porte devait succomber a la premiere altaque : ccpendant . elle est encore debout. I ne t'ois scs provinces grecqucs per- 4o2 LIVRES KTJIANGJ'IKS. dues, il nc lui rcstait plus (I'lioumies pour equiper scs (lol- les ; et scs llottos ticnnent curoro la lucr. Les lUisscs devaient etrea Constantinople des la piemieie eanipagiio, et il est doii- tcux (pi'ils aicnl encore pu IVaiRhir la hanii re de THemus. Kn- fin, malgre la perte de plusieurs provinces, el l(;sdepcnsesde la guerre, la Turquie est la senle puissance de I'Kuiope ([ui n'ail j)aseu rccoursaux emprnnts : etcertesje credit ne lui inanqtie- rait pas, et si die daignail condescendre a puiser dans lescoilVes des nsni-iers juifs ou cheticns, on les verrait hitter a qui se mel- traitsiu'lesrangs. Fan t-ilconclu rede lout ce la, coimne certains politicjucs, qnecepeujdeniarche rapidemenl a une regeneration prochaine ; que les rcfonnes niililaires lentees par Ic sultan ne sont que le signal de reformes plus generales; qu'enfin, I'heure est venue pour IcsTurcs de reclamer leur place dans la civilisation? Non, sans doutc, car ce scrait tondier d'une conjecture erronee dans une autre ; ce scrait prendre les re- veries de I'imagination pour la verite. Beaucoup des vices des Turcs tiennent a leur position de conquerans. Ce sont des maitres au milieu d'esclaves. L'empire se compose, dit-on, de trente millions d'ames, parnii lesqucls on conipte au plus un Tiu'C sur cinq hommes. Partout ils s'arrogent une superio- rite sans appel ; ils Ibulent aux pieds, scion leur bon plaisir, I'esclave qu'eux ou leiirs ancelres onl conquis par le glaive; ils ont I'arrogance du succes : indolens et cruels, parce qu'ils eprouvent le besoin d'une resistance qu'ils ne trouvent pas; ignorans, parce que la science ne pourrait rien ajouter a leur pouvoir ou a la soumission de leurs esclaves, ils etendenl leurnu'pris sur la chrelicnte entiere, qui s'y soumet, et ac- ceple au nom de scs souverains toutes les humiliations qu'il plait a la Porte de lui infliger dans la persnnne de scs am- liassadeurs. Comment celle-ci n'abuserait-elle pasd'avantages . que nous'hii donnons si gratuilement ! fllais laissant de cote les traits generaux d'un peuple, cn- trons dans les faits, et voyons, avec M. Macl'arlane, ce qii'est Je sultan Mahmoud, el ce que son caractere olVre de garanfies pour I'avcnir. INe en 1785, il I'lit emprisonne en naissnnt dans le harem, selon I'atroce systcme adopte par Soliman-le-Mag- nifique, vers le milieu du xvi' siedc, et remis en vigueur par rinl'ame Mahomet IK , au commencement du xviT. Mahmoud avail vingt-deux ans lorsque son frere Mustapha I'ut cou- ronne par les muftis, les ulemas et les janissaires ([ui ve- naient de deposer Selim; par un etrange caprice de la fortune, ce dernier, Ic seul des cmpercurs turcs digue de concevoir une veritable rtiformeet de rexecuter, devint, dans sa prison. GRANDE-BRETAGNE. 4o5 le preceptcuret rami de son jouiie cousin. 11 trouvait ilii plaisir a lui comniuniqucr Ics liimieres et les idees iioin dies qu'il avail acqiiiscs sur la civilisation d'Europc; il reiifietcnait de ses projcls, de ses leves. reut-etre pensait-il a se preparer en lui un successeur. Selim etait poete et musicien (i),!cl il cul- tiva dans IMahmoud le gout de la poesie et de la litteralurc araiie. Cependant, il ne put vaiiicre le natiu'cl emporte et fou- guenxdu jeune honime; il en tut aime; niais de la memelacon qn'un tigre aime ses petits. Lors de son avenement au tronc, Mahmond lui fit uue sanglante liecatombe : trente-trois tetes furent exposees a la porle du serail ; les ofliciers des yamackf, (division des janissaires qui avaient aide a deposer Selim quatorzcmois auparavant), jusqn'aux icmmes du harem, qui avaient montre de la joie a sa moit, furent etranglesou cou- sus dans des sacs et jetcs dans le Bosphore. II n'epargna que son frere Mustapha, qui cependant perit plus tardpar son ordre. Del)arrasse de ce t'ailile competiteur, Mahmond s'entoui'a des hommes qui avaient eu la confiance de Selim, et travaillasans relache, mais en secret, a la perte des janissaires, Le ruse Haled -Eilendi long -terns and)assadeur en France, et assez verse dans la politique europeenne, fut mis a la tete du com- j)lot, et sous le titre modeste du nizamji, on gardien des sccaux, il dii-igea les mouvemens de son maitre, et ounlit la plus lache trahison. On sait comment cette orgueilleuse troupe, d'al)ord disseminee, aftaiblie, puis pous.see a la revolle par ses chei's vendus an sultan, fut traqnee, enveloppee, et enfin impi- toyablement egorgee dans ses propres casernes. Depuis ce tems, Mahmoud n'est occupe que de ses nouvelles milices. II a lui-meme pris I'hahit franc, et conune garantie de son nou- veau systeme, il n'a pas dedaigne d'cn appeler a I'opinion. II a fait pid)lier un livre intitule : Les bases de la rictoire. Ce n'est, comme jd'ai dit ailleurs, que la repetition plusdeveloppee des principescontenusdansun ouvrageen faveurdesreformes, qui parut sous Selim. Du reste, ce volume, soigneusement impri- me, et de lagrosseur d'un grand in-S", a ete repandu avec profu- sion. A ces mesures, et a bcaucoup d'autres, qui annoncent dans Mahmond dela superiorite, et un dcsir sincere d'anielioration, on peut opposer une extreme cruaute, et uue grande supers- (i) II exlste d(,' lui plusieurs chansons Ires-populaires en Turquie. J 'en enlendis chanter unc dans nn bain public. L'air, comme tons les airs lures que je connais, etait simple, et qnuiqiie monotone, avail une ccitaine melodic naluielle qui plaisait a I'oieille. Le refiain de chaquc couplet etait ; o 11 n'est point de boiiheur ici bas. « (Macjaelaxe.) 4o4 LIVRES KTRANGKUS. litioii. 11 a pii's de hii iiii munedjliii-baMlii ^ on priiuijial astri)- logiio, qvi'il coiisiiltc tros-souveiit, ot aii(|iiel il ailjoiiit , dans les cas cxiraordinaircs, tons los iniserablcs charlatans (|ni spo- culent snr la crt'dulite nmsnlmane. I'cudanI lo stjour dc M. Macfailane a Cuiistantinople, on y racontail , coumie I'ait anthenlique, (pi'nn iuagiiicn,cliai{;e par le sultan do Ini pre- dirc Ic sort dc rouipiie dans sa hitle avcu TEin'opo, avail ap- porte quatre coeis, rcprcscntant 1 1 France, rAnf!;leterre, la lUissie et la Turtpiic. Lo clianipion de ce dernier pays I'tit place an centre d'nn kiosk, et les trois autrcs ladies eontre ini; mais an lieu do I'attaquer, ils se cond)attirent entre enx. ct tirent si Lien, <|uc le coq tnrc , nalurellenienl le j)lus bean et le plus tort, n'eut qu'a chanter victoire. L'elat des taciicos , on nouvclles troupes du sultan , est d'unc si haute importance (](ie nous re'|;rettons de ne pouvoir eth fjui nc parent faiie dc Ini \\n honime injiiste el cruel, mais cjiii parvinrent a le rendre liuiide el siiperslitienx, Jacques se pril de honne henre anx pelils iiilerels de la vie. C'elail un esprit de detail, incapable de sai.sii' rensendjle d'nnc position. II conqircnait la royaiite, connnc la science, par portions ^letacliees. Cetait ponr hii IVxeicice dc certaines ])ierogati- vcs, ct rien de plus. Anssi, lorsque sir ilol)erl Carey, parti de Londres ravant-veille , sc presenta an clievet de son lit, tont convert de poiissiere ct de sang, car son cheval etait toudjc en arrivanl a Holyrood, et lui remit la jjague de sa- phirs de lady Scroope , gage certain de son avenenient an trone d'Anglctcrrc, ii n'en ressenlit pas nne joic bien vive. 11 allait gouverner nne nation inquielc, exigeante, pleine de dedain ponr tout ce qui etail ecossais, et encore emue des souvenirs d'l'llisahetli, dc sa dignite de conimande, de son energique volonte. II savait que sa reputation de nnllite ini valail, |senlc, le litre de sncccsseur d'une grande reinc. II se mil done en route, escorte de sa panvre noblesse, plus joyeuse que Ini d'nnc si belle occasion de lever tribut siu- ses orgucil- lenx voisins du sud. Arrive sur les hauteurs de Houghton- le-Side, le loi s'arreta et s'assit pour couiteniplcr a son aise le richc Torksbire, ses bois, ses paturagcs, ses lennes, si differens des Icrres arides qu'il laissait deriicre lui. La vue de ses nouveanx domaincs inspira peut-elre an souverain plus de confiance en ses ibrces , el plus de desir de complairc a son people ; mais quelqne clTorl qu'il fit, il ue put ton jours caclier la fatigue que lui causaient ces exhibitions publicpies, ces parades soleunelles ou Klisabeth excellait, et s'allendrissait parfois jusqu'aux larmes sur ['erudition et I'aniour des magis- trals de (|nelii\s of the administration of the r!f:/it lionoii- rahlc Henri Helliivn. — Muinoires sur I'adniini.-traliun dii droit ol honorable Henri PELiiiM, tires dc papicrs de faiaille , ct d'aiitrcs dociiniens aiillu'iitif|iies; siiivis d'uiic corresjioiulanco ineditc, par feu le reverend \V. Core, andiidiaere de "NVills. Londres, 1829; Longman. 2 vol. in-4", avec portraits ; prix, 10 livrcs 10 shelling^. C'esl a cet inl'atij^aljlc cumpilatenr de documens Iiistoricjues qii'on doit les Memoircs de sir Robert "NValjxiIe, donl ceiiv-ci lie sont pour aiiisi dire (pie la suite. L'epocpie (pi'lis enibras- sent s'eleiul de 1743 i' 1/54? I't eoniprend la i;uerrt^ deelarec par rAnji;leterre a I'Espagne, aroecasion des ilepredalions que le comnierec anglais eut a souflVir dans les uiers de I'Ame- rique; la rebellion dc 174^ ; la singulierc revolution qui s'o- pera dans le eal)inet lors de cetle crise , et les uegociations qui se terniinerent par lapaix d'Aix-la-Chapelle. Au premier rang des transactions doniesticjuesdu nienic terns, sont les reformes financieres, egalement remarqual)Ies par la hardiesse et la pru- dence avec lesquellcs elles I'urent conduites, plusieurs reglc- niens avantageux au commerce , ramelioration de la police interienre du royaume, etc., etc. II i'aut chercher dans ce livrc plutut des reuscignemens qu'une lecture amusante. 11 3. — Letters of P/iilip, second earl of Cliestcr field. — Lettres de Philippe, second comte de Chesterlleld, a plusieurs individus des cours de Charles II, de Jacques II, de Gnil- laume III, et de la reiue Auue, avec les reponscs de divers personnages. Londres, 1829; Lloyd. In-8" de .'iS^ pages. L'autlienticite de cette pul)lication semble hors de doute : die est prouvee par les del'auts et les qualites de I'ouvrage. Des details oiseux, assaisonnes de scandale ; un melange de superstition et de credulite, une fatuite degoulante, mais qui etait alors ime garaniie de succes ; enlin , un pale rellet des terns que nous connaissons sous des couleurs plus vives. L. Sw -Belloc. RUSSIE. 1 1 4- — A ndromalilia, tragucdia , etc. — Audroniaque, tra- gedic en cinq actes et en vers, par P. Katemne. Saint-Peters- bourg, 1827; imprimcricde^^ Gretsch. In-S" de iv-80 pages; prix, 5 roubles. n5. — Bayazett, etc. — Bajazet, Iragedie en cinq aclcs ct IIUSSIK. 4,1 en vers, de Rftcinc , trarluite du iVantais en riisse par V. N. Oline. Saiiit-Pc'tersbourg', 1827 ; iuiprinierie du Deparfement medical. In-8" de 84 pages; prix, 5 roubles. 1 iG. — Fedra, etc. — Phedre , tragedie en cinq actes , de Racine, traduite par J. Tcheslavsry. Saint-Pctersbourg, 1827 ; A. Sniirdine. In-8° de viii-93 pages; prix, 4 roubles. Nous avons eu plus d'unc fois I'occasion de signaler les heureux emprunts qu'a defaut de productions originales la muse dramalique dcs Russes fait de lems en tems a la scene francaise ; voici deux nouvellcs traductions du theatre de Maciiie, Phhtrc et Bajazct, que nous devons a deux auteurs dont le premier, M. Oline, etait deja connu des lecteurs de la Revue (V03'. t. xxxix, p. 4o6-4o8). Nous avons cru nn instant que la piece de M. Katenine, qui a obtenu les honneurs de la representation sur le theatre do Saint-Petersbourg (le 5 ievrier 1827), elait egalement une traduction de VAndroviaque de llacine ; mais nous avons ete detrompcs a la seule vue des personnages que I'auteur russe a mis en scene et qui sont dillerens de ceux qu'a employes le tragique francais, comme Taction est diilerente dans les deux pieces. Nous sommes etonne de n'avoir trouve aucun ji'ge- ment sur cetle tragedie originale dans les journaux russes qui sont a noire disposition et qui out ele publics depuis sa repre- sentation. Nous ne pouvons dire par consequent quel a ete son succes; mais nous allons brievement en exposer le plan, et nous laisserons a nos lecteurs le soin d'en apprccier le me- rite. Des personnages employes par llacine, M. Katenine n'a garde que les deux principaux, Pyrrhus el Andromacjue ; il n'cst point question dans la nouvclle tragedie d'Oreste, d'Her- mione , de Pylade. et de leurs confidens; mais on nous mon- tre L'iysse, Agamemnon et Astianax. L'aclion commence a une epoque un pen antericure a celle oii Racine I'a prise ; la scene est a Troie, dans le palais d'Andromaqne. Pyrrhus, entrant victorieux dans cetle dcrnicre ville, a demande qu'on lui lais- sat, pour sa part de butin, la veuve d'llector et son Ills Astia- nax : cehii-ci engage sa mere a resister aux projets de Pyrrhus : je grandirai, kii dit-il, pour etrc le vengeur de mon pere et de Troie. Cepciidant Ulysse demande aussi le fds d'Hector, maist;'estpourriinmoler aux manes des Grecs qui sont toni- bes devanl cette vilie, et il parvieut a entrainer Agamemnon dans son projet de vengeance. Andiomaque a I'ait cacher As- tianax dans le tond^eau de son pere; Llysse I'y decouvre et I'emmene ; Andromaque , qui I'uyait Pyrrhus, vient lui rede- mander son Ills, que ce prince a fait enlevcr des mains d'U- 4i2 IJVUES liTRANGEUS. lysse, ct qu'il nc vciit consenlir a rciidrc a sa mere (|u'a la ' oondiliou de voir ses projcls parlagcs par olle el son alliance acceplee. An nionicnl on cllc balance onlrc I'anionr nialcrncl et la fideliU'; qn'olU; a jmcc aiix mrmes d'Hoitor, Aj^amcmnon vienl rodemander a Pyirluis la \ictime qu'il a osc ravir aux (Irec?, et il s'cnsuit une provocalion cnlre ces deux lieros. Les troupes se disposent a prcndie parli pour leurs chcl's its- ])ectil"s, et deja la Discorde alUimc scs fl;inil)eaux el i'ait pre- sagor aux Grccs de nonvcaux lualheurs, dunt Calchas, qui a inlerroge les dicux, devicnt rintcrprele . lors(|uc lout a coup le ciel s'obscurcit, la foudrc gronde, s'en cchappe et va (rapper Aslianax dans la tenle on on le gardail; lUysse est duuge du douloureux message d'apprcndrc celle nouvelle u Andromaque, qui se resigne a sun sort et Tail, en pleurani , scs adicux au sol de la palrie et aux manes d'Hcctor. La mar- che de cette action, comme on le voit, est simple et porle bien la covdeurd'un sujct antique; nous en dirions aulant dn style, si le jugement d'un elrangcr pouvail etre de quclque valcur en paveille matiere. Nousavonsrcmarquc siirtoul dpux scenes qui doi vent produirebeaucoupd'efl'clsurle theatre, celle de la provocation et celle oii I'adresse d'L'lyssc conduit Andro- maque ;\ se trahir elle-meme et a decouvrirla retraile de son fds. En un mol, celle Iragedie, commencee en i8og, achevee en 1818 seulement, et qui a du attendre pendant hnit ans le jour de la representation, nous parait digne de la reputa- tion de son auleur, auqucl la litterature russe devait deja les traductions du Cid et t^" Ariadne, de Corneille (cette derniere representee en 181 \), ([' Esther ct de Bnjazet, dellacine,et des imitations du Mediant, de Cresset, el de la Gageure imprcvue, dc Sedaine. M. Katcnine avail dedie sa piece a unancienami; M. OtiNE dedie sa traduction de Betjaiet au ministre des finances Kan- krine; et, quoique sa dedicace soil ecrile dans ce style obse- quieux employe d'ordiuaire par les humbles panegyrisles du pouvoir, il n'en faut ricn conclure contre le traducteur et conlre son Meccne, sinon que ce deinicr est un partisan eclaire des Icllres; car, en Russie , la profession d'auteur, et surtout d'auteur dramatique, n'esl pas encore devcnue un metier bien lucratif, el Ton n'y peul guere louer les grands pour en oblcnir de I'argent. Nous croyons savoir que M. Olinc est au-dessns d'un pareil soupcon, et par sa position ct par son caractere. Nous lui reprocherions plulot de n'avoir appris (pi'apres avoir acheve sa piece, ou pen s'en faut, que son compatriote Rl. Katenine avait trafte le meme sujct avant lui; RUSSIE. — DANEWARK. 4i5 mai« nous lui savons gre d'aAoir e\i la noble confiance de sc presenter an public, qui sera juge entre lui ct son uompeti- teur; la parlic seulement ne nous semble pas egale, s'il est vrai que la traduction dc M. Katenine soit recue an theatre et doive etrebientot representee, parce que I'epreuve de la scene est bien differente de celle de la lecture. I'ournous, n'ayant point sous les yeux la traduction de M. Katenine, nous ne pouvons dire en faveur de qui nous ferions pencher la balance, (juoique la tragedie d'Andromague nouseCit trouve bien dispo- se; mais nous avons reru une impression assez favorable de la lecture de Bajazet de M. Oline pour croire que sa represen- tation ne pouvait manquer de reussir. Quant ;\ la traduction de Pliedre par M. Tcheslavsky, elle nous a paru en general assez faible , quoique I'auteur ait Tail evidemnient beaucoup d'eftorts pour rester fidele au texte. Lui-menie rapportc dans sa preface quelques passages d'une autre traduction de M. Labanof, avec lequcl il s'est rencontre quelquefois, et que, sur ces citations, nous avions juge plus poete que lui. Le TiUgraplie de Moscou, qui a parle de ces deux essais (niai 182^7, p. 64), donne aussi la preference a ce- lui de M. Labanof, en avouant qu'il n'a pu lire en entier la traduction de M. Tcheslavsky. Ce sont choscs que Ton ne de- vrait pas ecrire, par egard pour les auteurs, et la crilique est condamnt'C a ne se laisser rebuter par rien ; cela, dira-t-on, n'arrive cependant que trop souvent ; nous repondrons avec je ne sais quel auteur : Cela peut bien se voir, mais Ne doit se dire jamais. Edme Hereau. DANEMARK. 117. — * Statist isk Udsigt over den danske Stat. — Apercu statistique sur I'etat du Danemark,au commencement de I'an- nee iSaS, par F. Thaarup. Copenhague, i825 ; Brummer. In-8" de xxiv-75g pages, avec 58 tables. Quoique cet ouvrage ait paru depuis long-tems, nous croyons cependant devoir en entretenif nos lecteurs, car c'est le livre le plus complet qui ait cle public en ce genre sur le Dancmark, et il peut felre fort utile a ccux qui veulent bien connaitre ce pays. M. Thaarup avail dejii mis au jour succes- vement six volumes dc documens statistiques sur le Dane- mark; dans celui que nous annonfons, il a resume et range dans un ordre systematique les nombreux maleriaux qu'il a vait 4i4 UVRES ih'KANGKRS. reiiiiis. L'uuviagc est divise en vin;;t chajiilres : nous devons recimnailie que dans quelques-nns I'auteiu' est enlre dans dcs details trop niinutieux et liors de proportion avec Teteuduc et le plan general de son travail ; que dans quel(|ncs antres il a laisse subsister dcs lacunes laelieuses : mais ee sont dcs taelies lcg«'res qu'il sera facile de faire disparaitrc dans une nonvelle Edition. 118. — * Dramatlslic Di^ic. — Poemesdranialiques, par C Hai'Cii. (lopcnhague, 1828. -2. vol. in-S°. M. flancli s'cst fait tout d'nn cotip une brillante repulalion dans sa patrie : on a trouve ilans ses ouviages dcs qualites que le iiieiue lionuiie rennit rareuicnt : la connaissance approlbndie des litteratures ancienncs, la science pariaitc du cccur luniiain et des passions, el une verve poetiq\ie pleine de force et de cha- leur. — Les deux volumes que nous annoncons contiennent quatre pieces : Bajazet, TibCre, Grtgoire FIl et Don Juan. Dans la premiere, ce sont smtout Ics caracteres de Bajazet et de Timur qui rcssortent et sont developpes avec tonte leur encrgic barliare. Dans Tibere , M. Hauch ue s'cst pas attache seulenient a pcindre un tyran sombre et cruel, c'est aussi le tableau du colosse roniain qui s'ecroule sous la corruption du paganisnie. II a su rendre a Ilild»brand cetle vie puissante, cette vigueur de caractere, cette seduction de reloqucnce, qui donncrcnt a ce fougucux pontife line si grande influence sur les liomnics et les eveneniens de son siecle. Le sujet de Don Juan est celui sur leque! piusieurs poctes cclebres se sont deja exerces; mais ftl. Haucli I'a concu et ecrit plus forte- ment : Don Juan n'cst plus, comme dans Molicre lui-meme, un jeune lil)crtin qui se moque de tout par legerete, qui n'approfondit rien et fait le lual sans en scntir Timportance, avec une insouciance profonde, avec la plus complete indif- ference de I'avenir; c'est un scelerat prol'ond et consomme, qui s'cst familiarise avec le ciime par de longs raisonnemens et des sophismes impies. Quoiquc ces drames n'aicnt pas etc liestines par I'auteur a la representation, I'un d'eux, Tibi've , a ete joue avec succcs sur le theatre de Copenhague. Iv**. ALLEMAGNE. 119. — * Versuclic ilber dax ]ycriC7i.sjste7n, etc. - — Expe- riences sur Ic systeme nerveux, par P. FIoureks. traduil du francais par le D' C. W. Becker. Leipzig, 1827 ; ik-iss. Ju-S" de V111-4H pages. M. I'loiu'cus publia, en 1824. ^ous ic litre de I]eclurrli(.s ALLL.^IAO'E. 4!5 expirhiKiiiales tuv Us /jropriitcs ct lex funclions du systane ncr- vetix dans les animaux rcrtcbres, un reoueil do iMciuoircs (lu'ii avail lus a VAcadhnle royale des sciences, diii'ant les anuros 1822 ct 1825. Cot oiivragc fiit Iradiiit en allcnuiiul, dis la mr-iDC annce. parM. IJeckcr, etiioiis avoijs aiiuonce cette tra- diic'lioii dans \a Rci-ae Encyclupcd'Kiuc (voy. t. xxiv, p. 71 1.) - IM. Fldurcns a piiljli('' depuis (en 1825) iin nouvcau rccucil d'expi'i'icnecs et do rorlicrclics surlc nif-nie siijet; et c'ost di; ce dernier qno SI. Becker donne la traduction dans roiivrag;e que nous annoncous. 11 dit, dans sa prclacc, qu'il a attendii, avaiit d'cnlreprendre ce travail, le jugement des anatouiistes les plus competens sur Ic premier et principal onvrage, el que ce jngeuient. qui ne pouvait ctre que le resuUal d'une repetition des experiences faites p;n' M. Flourens, n'ayajit pii etre prononce imniediatemenl, a retarde la publication dn volume qu'il met au jout'. Du resle, les reclierclies des savans allemands out eu un plein succes et conlirme I'ulilite et I'exac- titude des decouvertes de M. Flourens : nous cilcrous, parmi ceux qui out repete ces experiences avec le plus de soin, les membres des universites dc lierlin et de Breslau. On uepeut voir, sans mi profond intcret, cette noble eum- lation qui regno aujonrd'hui entre les savans des diverscs na- tions, et par laqnelle unc decouvertc faite dans un pays est anssitot repetee dans un autre, et dcvient ainsi commune a loutes. La savaule traduction de M. Becker, fruit, comme nous venons de le dire, de cette emulation, ne pout man(|nor, a son tour, de concourir a la niainlenir ct a la propager. Z. 120. - — *Gcscliicli'e dcr i^^iograplusclien Entdcchuvgsrelscn. — riistoirc des voyages do decouvertes goograpliiquos. par (.'Art/-- Ics FALKn:;sTE!X. Call. 5-5. Dresde, : 828-29; Hilsclier. In-12. Nous avons annonce les deux premiers cahiers do cette his- toirc chronologifiuo de la geographic, qui iait parlie d'lmo pe- tite encyclojicdie on bihliothcque de poche (Tasc/ieiihili/inlhnk) publico a Dresdo. Dopuis ce terns Tauleur a aclieve sou ou- vrage, en continuant la chrcnologie des voyages jns((u'a I'an- nee 1828. Cost actuellemcnt le precis le pluscomplet que Ton ait dans ce genre; I'autenr n'a pu qu'indiquer sommairenient les resultats des principaux voyages ; quelquefois, lorsqu'il s'a- git dc voyageurs celcbrcs, il ajoute des details sur lour vieou sur leurs avonlnros. Pour les voyages de pen d'importance, il so contenfe do noter ranneo de ces voyages, ou la date dc la publication de leui- relation. Le troisieme cahiercommeiico par la decouvertc de la Nou\clle-Ilollandc en iGx6, el Ic dernier Unit par Texpedition scicntifiquo en Bgyptc eu 1828 ; 4i6 LIVRES ETIIANGERS. ainsi, tandis que los voyages, pendant Ics trois dcrniers si6- iles, otcupent tiois cahiers, I'indication dc tons les \oyagcs anterieurs est resserree dans les deux caliieis preeedens : il est vrai que pendant les Irois dernlers siecles on a beaucoup Yoyiige et decouverl; depiiis nn siccle, il ne s'est prcsque pas passe d'annee suusqu'il ii'ait ete publie plusieurs relations de voyage. Dans les cahiers troi.sacinq dc I'ouvrage de M. Fal- kenstein nous avous remarque ties-peu d'omissions. Auiiom- hre des dernieies sent les nonisdc MM. de C luUeaubviand, GcU, Paiianii , Brcunrhlcd ei de quelques autres voyageurs de nos jours. Les voyages des Alleniauds, pen connus^ soiit retablis ici a lenr place. On ignore, par exemple, qn'en iGbS, un £tat allematui , le Brandehourg, a essaye de louder vine colo- nie sur la cote d'Airique, eutrc Axumet le cap des Trois poin- tes, et y a bati un fort appele grand Friedric/isbourg , que la geogvaphie ne conuait plus. Ce ibrt «eput prosperer dans Ic voisinage des colonies hollandaises, et, en 1 720, le roi Frederic- Guillaume ne dcmanda pas mieux que de vendre sa colonic aux Hollandais pour une somme tres-faible. Aujourd'luii la Prnsse ne londc plus de colonies, et elle cherche sagemeut a laire quelque commerce dans les parties dn moude ou les au- tres puissances d'Europc avaient forme des etublissemens. En resume, on pent considerer Touvrage concis de M. Falkcns- tein comme I'art de verifier les dates des decouvertcs geogra- phiqiLCS. Nous aurions desire que I'autear eut toujours ajoute en note le titre exact des relations de voyage : il I'a fait pour les principales, mais il cut ete utile d'etcndre le menie soin a toutes. Une table alphabetique des voyageurs, et une table chronologique des voyages, classes d'apres lesdiverses parties du monde, completent cc petit ouvrage, tres-comniode pour les geograplies. D-c. 121. — * Corpus juris cirilis. — Corps du droit civil, pu- blic avec des annotations critiques, par C. J. Albert et C. Maurice KniEGELirs. Edition stereotype, i"" et sMivraisons. Leipzig, 1828-1829. Grand in-8°. Depuis long-tenis le besoin d'une edition nouvelle du Corpus se faisait vivement sentir. Qnelques-unes des anciennes reimpressions de ce grand ouvrage sont sans doute precieuses ou commodes, et il faut citer parmi elles celle qui a etc don- nee par Denis Godefroy, en i583 ; les editions des Elzevirs, dc iGG4; de GebauiJr, publiees a Gottingue, en 1797 et 1798; et enfincelle ditc Acadcmicum. Cettedernieie elait surtout desli- nee aux eludians, qui pouvaient s'y livrer a de faciles lecbcr- ches. Mais presque entierement epuisec aujourd'hui, elle est ALLEMAGNE. 4' 7 d'un prix assci elevo dans Ic commerce. Les nouveaux edi- teursarrivent done a propos, et il lant d'autant phis leur sa- Yoir gre de leur enlreprise qn'ils ont eelairci certaines parlies du textc au moycn de notes fort succinctes, niais utiles, lis ont aussi fait usage des decouverles dues a I'erudition mo- dcrne et surtout au zeleinepuisablede plusieurs de leurs com- patrioles. Les deux premieres livraisons que nousavons sous les yeuxsont d'une fort belle execution typographiqiie ; ellcs comprennent les Institutes de Justinicn et les onze premiers livres du Digeste : I'edition complete ne formcra pas plusd'un volume d'environ deux cent quarante feuilles ct dont le prix sera de 16 a 18 fr. On souscrit a Paris cliez M. Alexandre Go- belet, libraire, rue Soufflot. Nous ne doutons pas que cette edition n'obtienne ,du succes en France, on I'ctude de la le- gislation romaine n'est pas aussi dedaignee qn'on le proclame quelquefois. Nous annoncerons les aulres livraisons, au fur et a mesure qu'elles nous parviendront. A. T. 122. — Ueber den bilr^er lichen Zitstand Galliens. — Sur I'etat politique de la Gaule au tems de la conquelc des Francs, par /?fn lloTH. Nuremberg, 182H. In-4". L'idee fondamenlale de cette brochure pent sc resumer ainsi : les Francs ont moins change I'etal de la (Jaule, qu'ils n'en ont adopleles mauns, la langue et la civilisation; car, compare a la population du pays, leur nombre etait fori petit. L'auleur jelte un coup d'a-il sur I'elat de la Gaule a I'arrivee des Romains, sur la preponderance des pretres, sur la tyran- nic de la noblesse, sur la nullile des hommes libres , qui n'appartenaient ni a I'une ni a I'aulre de ccs castes. Mais une partie de cette noblesse a dCi perir pendant neuf annees de hitle contre les llomains : le reste a dfi languir sous rinfluencc de la legislation romaine, qui favorisail les hommes libres, et facilitait meme remancipalion des escla\ es. La Gaule, d'a- pres cela , dut eprouver les plus heureux eft'ets; elle dut meme jouir de plus de bonheur qu'au tems de son indepen- dance , car ceux-la memes qui pcrdaient en puissance ga- gnaient en securite. Les senats des villes se composaienl d'indigencs, a qui seuls elail atlribuee toute I'administration inferieure ; les empereursn'avaientpas dedelegues inmiediats pres de ces pouvoirs secondaires. II s'eleve une petite diver- gence entre I'opinion dc SI. Rolh et celle de M. de Savi- gny sur I'exislence des conseils particidiers a la campa- gue , ainsi que sur rexistence d'un passage de Sabrianus. Sans trop accorder i\ ce que le grand nom de M. de Savigny pent avoir d'inqiosanl, je me deciderais en faveur de son ex- plication. Au surplus, ceci importe pen h la marche gcneralc 4i8 LivRKS Strangers. des idees de M. Roth, qui n'cii ost p.ns diMani^t'c. 11 y eiil bieii fliiclqiics insmrcctidiis coutrc ['empire romain : M. Roth cu cite qiiehfiies- uiies. Plus rempiie approcJiait do sa deca- dence el s'aflaihiissait , plus s'elcvait uue nohlesse dont les inend)res s'appelaieut citoyens coniine au nioyen age dans les viiles d'Alleniagne. Cette noblesse accapara ics eniplois pour un certain noml)rc de families; ie cierge en etait issu cu j^rMude pai'lie ; les eveques exei'caient un pouvoir fort etendu. Alors le jxuiple I'clondia dans son ancien elat ; de telle sorle qn'a la fin ('u 5'' siecdc. il se Irouvail aussi gf-ue, aussi opprime qu'a I'epoque de Tentree des Romains. Les Francs viiu'enl,e1 cent ans plus tard Gregoire deTours ecrivait sa Chroniqne. 11 ne parait pas que cc lenis ait apporte de chaugement notable dans IV'tat de la Ganle. Les Francs niemes occiipaient moiiis d'eniplois que ce clerge ct cette noblesse civique. Les des- cendans des Francs subirent le meme joug que les classes nioyennes et inferieures, et comnie il n'y avait pas dc cani- pagnards libres et influens dans les aflaircs, les franchises que des concessions isolees lendirent aux viiles ne purent suflire i\ conslituer un tiers-etat imposant et respectable. Ces idees ne sent qu'indiquces dans cette courte brochure; niais, si qnelques jiassages y donnent prise a la critique, trii moius on doit accorder a son auteur la sagacite des Aues et la rapidile du style. P. DE GOLDERY. 1 23. — *Gcscluclitc dcr Magyarcn. — Histoire des Slagjares, par Joseph, comte de Mailath. T. i et ii. Vieime, 1828; Tendler. Tn-8°. Les Hongrois aiment a rappeler leur ancien nom de Magya- iTs ; aussi a-t-ilet« conserve par le noble Hongrois qui acntro- pris d'ccrire I'liistoiie de sa patrie; c'est a Vienne, c'est-a- dire sous le bon plaisir de la censure auti ichienne, qu'il j)ublie cetle histoire. Si TAutriche a quclqnefois abuse de son pou- voir chez les Hongrois, il est probable qn'on n'en trouvera pas de mention dans I'onvrage de M. Wailalh. Dans les deux premiers volumes il n'est encore question que de I'his- loire aiicicniie et de celle dn moyen Tige. L'auleur s'arrete au milieu du xv' siede : un troisieme volume conduira probable- ment I'hisloire de la Ilongrie jus([u''a sa fin. Depuis tjue la Hongrie n'est plus qn'une annexe de la monarcbie aulri- chienne, son histoire est courte, ct son role en Europe in- signifiant. Pour bien fairc connaitre ce pays, il faudrait qn'un autre autem-, bien informe, mais place hors de la mo- narchic iiutrichiennc, ex^tos'it, d'une manicie vraic; ct iuipar- tiale, I'etal actuel nKual , politique et social de la nation ma- gyare. que les journaux el les ouvrages ne nous foul pas bien ALLEMAGNE. 419 connailrc. Le silence qui regne dans d'autres Etats dc la mo- narchic aiiUichienne s'clend aussi sur la Hongrie, ct les l)nl- Ictins qn'oii puldic sur les seances de la dicte liongroise sont encore plus maigres que ceux de la chaml)re des pairs fran- cals. Un voyageur, qui voudrait examiner les choses de plus pres, dcviendrait bientut suspect a la police, et ne tarderait pas i\ elre econduit. En attendant que nous connaissions I'etat present de la Hongrie, voyons avec M. de Mailalh son etat dans les siecles passes. A vrai dire, la Hongrie n'a presque pas d'histoire ancienne ; die ne commence a figurer an rang des Etats de I'Europe, que lorsqne les Magyares envahissent les bords du Danube. De quel pays de I'Orient venait ce peuple barbare ? Les savans ne s'accordent pas sur la solu- tion de ce probleme. Tout reccniment un chanoine hongrois a cherche a prouver que les Magyares etaient des Parlhes. Nous ne soutiendrons pas une these centre cette assertion. Asscz puissans pour envahir de belles contrees, les Magj^ares ne le furent pas pour lutter contre la civilisation, et pen a pen ils i'urent subjngues par les AUcmands, Icurs voisins, et par les institutions feodales que TAlIemagne cullivait plus qu'aiicun autre peuple : la barbaiie des Hongrois goutait !)eaucoup I'es- prit de la feodalite, et s'en empara avidement. Les parti- sans du systeuie I'eodal peuveat se donner le piaisir de le voir encore en vigueur chez les descendans des 3Lagyares : ils y trouveront la division en comtes, presides par des CQmtes ; les vicomtes tenant des lits 'de justice, avec leurs assesseurs ; et les plaideurs, mecontensde ces jugeniens, s'en allcrplaider de- vant la cour du comte palatin , qui tient ses sessions trois Ibis par an. Les vilains ne sont guere moins miserables en Hongrie qu'ils ne I'etaient en France; les gentillalres vivent mesquine- ment; mais, en revanche, la premiere noblesse nage dans I'o- pulence, et elle n'a d'autre eniule enrichesse que le haut cler- ge : ce sont ces deux classes (jul parlent et qui votent a la diete. II ya a la verite des deputes de villes; mais ils parais- sent y etre pour la I'orme; s'ils osent elever lavoix,il est rare qu'ils soutiennent une opinion contraire a celle des hauts bancs; a quoi leur servirait d'ailleurs I'opposition , puisque Taristocratie'et le clerge ibrmcnt une majorite compacle et inimuajjle ? II faut s'attendre a beaucoup de barbarie dans I'histoire des Magyares; on y vo>t des princes qui s'enivrent pliisieurs jours de suite, pour cclebrer une yictoire, des sol- dats qu'on mene a I'assaut a coups de fonet, des traits de cruaute et de superstition, qui malheureusement ne sont pas sans cxoniple dans d'autre? pays : mais au milieu de cclle bar- 420 IJVRES l^TR ANGERS. baric predominc un esprit encrgiquc et indf'pendiint, qui rc- leve coUe nalioii a demi civilisce, ot qui fait juger co (ju'clle dcvicndrait si uii autre regime la gouveinait, et si sa consti- tution etait incilleurc. M. dc Mailath (ail habilcmfcnt rcssorlir les traits du caractere national. Le recit dcs grands evenemens de riiistoire hongroise presentc de I'interet; c'est un lien- reux elloit de ramencr I'attention dcs AUemands sur une grande nation souniisc aux sceptre autrichien. 124. — Versucli cincr EntwickLung der Sprac/ie , Abslam- viung , Geschichte, etc., der Liwcn,, Lclttcn , Eexten. — Essai sur la langue, Toriginc, rhistoire, la mythologie, ct les rela- tions civiles dcs Livoniens, Letonienset Esthoniens ; par J. L. DE Parrot. Stuttgart, 1828; Hoffmann. 2 vol. in-8°. Voici ce qui a donne lieu Acet ouvrage. L'auteur, en sejour- nant dans la Livonie et I'Esthonic, pen dc terns aprcs avoir quittc la France, futctonnede la rcsseuiblancc que lui parais- saient presenter beaucoupde mots des langues indigenes avec dcs mots des langues de la Souabc romane. C'est ce qui lui inspira ledesir d'ctudier avec plus de soin les langues des Li- voniens et Esthoniens, afin de voir si les analogies qu'il avail remarquees ne le conduiraicnt pas a quebpie dccouverte sur I'origine des peuples qui habitent les l)0i(ls de la Diuia et du golfe de Fiulande. J' ignore si M. de Parrot entend toulcs les langues qu'il a comparces ; mais il est de fait qu'il a dressc dc nombreuscs listes de mots correspondans tires dcs langues oricntales, des idiomes germaniques, de ceux du Caucase, du mongole, du basque, du bas-])reton, etc., mis en parallcle, avec les termes employes par la race indigene dc la Livonie et de I'Esthonie. II a missurtout a contribution le Diclionnalve de la laiigue celliqae, ^ar Bullet ; ouvrage qui a servi aussi en France a plusieurs savans, pour la comparaison des langues. Mais qu'est-ce que la langue celtique ? c'est I'idiome parle par lesanciensCeltes, qui nenous ont laisscaucun ouvrage, aucun monument de leur liUerature, si loutefois iis en ont eu une. Comment done Bulleta-l-il puconnailre une langue qui a etc parlee dans I'anliquile, etque la posterite ignore? On repond ;'i cela, que d'abord les auteurs anciens citenl divers mots ap- partenanl a I'idiome des Ccltes; que, de plus, eel idiomc ne s'est pas eteint , qiais qu'il s'est propagc dans quclques I'on- trees reculces de la France et de rAngleterrc, surlout en liretagne et dans le pays dc Galles; que ce qu'on appelle les patois do CC9 contrces ne sont, dans le fait, que dcs dialectcs du celtique, el que, par consequent, c'est la que nousdevons trouvcr les restcs de la langue des Celtcs, people auquel on ALLEMAGNE. 421 nssigne pour sAjowr une giaiido partie 5. — Napoleon in JEgyplen, etc.- — iNapolcon en Eg-ypte, poeme en buit cliants, par Bartlielemy et Mcrj; tradiiit en vers alleniands par Gustoxc ScinvAs; avec le texte en regard. Stuttgart et Tubingue , 1829; J. G. Cotta. Gr. iu-8° de xiv et 120 pages. Au mois de mai 1827, M. Scbwab rencontra sur le rivage de la nier, pres de Dieppe, im pccbeur, veteran des armecs republieaines, qui avait fait la campague d'Egyple, et qui lui paria avec entliousiasmc des mei'veilles de cette celebre ex- pedition. Lorsqu'un au plus tard les premiers fragmens du poeinc, alors inedit, de MM. Bartbclemy et Mery lui I'urcnt conmiunicpies, les descriptions du pecbeur de Dieppe se re- prescnlcrent a son esprit avec une nouvelle IVaicheur; ils les retrouvait embellics de tout le cbarme de la poesie, et senlit le besoin d'en devenir le narrateur a son tour, ('/est ainsi que le traducteur raconte , dans un preambule, riiistoire de son ALLEMAGNE. 4^5 ouvragc, qui reccvr.i, nous n'eii doiiloiis pas, clicz sos com- palriotes, Ic mCme accueil qu'a troiivc pariui nous I'oiij^i- nal. L'atlniiralion qu'inspire INapoleoa a rAllcinagne est aiissi j^rande que cclle dont il est I'ohjet dans sa patiie; elle est plus pure, car ellc s'adressc a riionimc qui dut long- terns etre (•onsidere comnie un cnnemi. Nonsn'enlreions pas iri dans Tappreeiation de Tepisode hc- roupie d(jnt AIM. Barthelemj et Merj out enrichi la litlera- ture : leurs satires p()lili(|nesetaient cmprcintes d'nn caracterc de localile qui leur laissait pen de chances de succes a I'etran- ger : ue pourrait-on pas dire cepeudant que I'indignalion a prete a leurs voix des aecens plus pneliques encore que I'ad- niiration? Les sensations anssi avaient ete plus vives et plus directes; aujourd'hui que la persecution personnelle vient s'y joindre , nous les attendons avec confiauce sur le terrain on lis ont obtenu de si brillans triomphes. Le traducleur da' Napoleon en Egypte a cru devoir adopter un rjthme plus rapide et plus varie que celui de I'alexan- drin, qui d'aiileurs est generalenicnt i'rappe de reprobation en yVllemagne ; il a choisi le vers ianibi(pie uon rime, deja employe par lui avec succes dans d'autres travaux du genre, particulierement dans son imitation de I'ancicnne Iragedie de Charles Stuart, coniposee , en iG49> P'"' ^ndrc Grypliius. M. Schwab manie I'idiome poetiquc avec tant d'habilcte (jue relegance et I'exactitude de sa version n'ont rien a redonter de I'epreuve difficile a laquelle il I'a soumise en imprimant le texte modele en regard : cette elegance facile ferait volontiers prendre sa traduction pour une composilion originale; cette exactitude rigoureuse permettrait Sou vent de reiuplo^er en guide de mot a mot pour etndier I'une ou I'autre langue. Quel que soit neanmoins le talent de I'auteur comnie inter- prele des productions d'autrni, nous aimons mieux encore le voir se livrer a sa propre imagination dans \cs, poesies [^Gc- dic/tte von Gusiav Schwab, 2 vol. ; chez, Cotla) ou il se montre le dignc emule de son celebre compatriote Uliland. Plusicurs des sujets qu'il a traites sont puiscs dans nos vieillcs tradi- tions, temoin ses ballades sur ies acentares de Robcrt-lc-DiabIc , sur la fondation de Marseille, etc. — La liecue Encyctopcdiquc (octohre 1S28) a anuonce I'annee dcrniere un recueil fort curieux, public par le meme auteur en snciete avec M. Hot- TiNGER de Zurich : c'est nne description des chateaux suisses : Die Sctiweizer in ilircn lliUerburgcn. ill. SchvAab nous tronvera-t-il trop meliculeux si, avant de de terminer cet article sur sa traduction do Napoleon en 4j/i MVftFS i^Tiu>T.i:ns. KjiVpIt"? iMni« liii I'liisDii^ i»iu.ir<|iicr iin conlro-fioiis ilo \\c\\ miaiuc. qui ii<- saiiniil siirpiiMidir \\v la jiart (I'lm rtraii- j;cr, qiielqiK" |iarl'ailrmnil ipril jiossrdo uo[\v laiifjiic, piiis- qiril s'a?;il (I'linr Idciiliini doiit I'lisago rsl Iniit-a-rail local : !«' Hint aalon , nnqiiol il n n^iisrive son ar(>rj»lion ordinaire, fsl drvcim, dans Ic lanpa-^jc jiarisini. r«''(]iiivalnil \\c rniisrr : allorrtH salon on iloiis tin salon cxprimcnl a I'aris dcnx cIjoscs furl (liflcrenlos. II. C. TllRQriE. iftG. — *Frlaivnl Ahrliir-Ilahlm, olc. — Los Frtiralis d' \Bniin- Hahim. Ciinslanlinojilc, lirhinlar/iir i2/|.'>(nov. iiSi>-); ini- prinK- sons rins|itMlion d'lhraliini SsaTU. ?. vol. in-l'olio. li'liistoiio dr riniprinn'rio a ('.nnslantinopli- est asso/. cnrii'iisc ponr Ironvor j>!a( <> ici. La j)rril aclif ol inlol- lij^onl; il visila plu^ionrs luannraclnros, oxaniina dos oi)jols d'arl , niais la prosso oxcila par-dossns linil son admiration. A son rotonr on Tnrnnio. apros uno al)S«'no,o do so]il ans. il sollicila ol olilini dn i;raiid->oi^i\onr la ])oi mission t]r Condor nil olalilissonii'nt do oo ponio . (pi'II placa >>ons la snrvoillanoc (ribraliiin-l'.n'ondi , ronoj^al lioni;rois, qui lo dirijjoa avoo. lioauooiip do 7oIo ol dc siiooos , cl lit laillor dos oaraoloios Mir s«"s propros dossins. II sorlil tic oollo j>r(vsso , mais avoo lon- lonr, dos diolionnairos, dos graniniairos . dos rolations i\c voyagos, ol jnsqn'a dos onvragos lnslori(pios : olio donna luonio nil livro snr I'Anioriqno , qui , on dtpil dos injonolioiis dn Koran ooiitro los syinliolos points, otait orno do <^raviirrs. On sail ipiollo prolootion olondiio ol oclaiioo pour son lonis, Solini aocoriin(i]>anx dif;nitairos dc son onipiro, (".liolibi-Kf- fondi, hoinnio rovoro ponr son Ago ol sa haiilo sagosso, rodi- goa nno doi'onso ol nno cxplioalion dos rot'oriiKS nioditoos par Soliin. insislani snr la lu'-oossilo t\r foinior los troupos Innpios a la disriplino onropoonno. iMalinioud, qui a ooinnionoo par roxloiniination dos jnnissairos, a jiigt'- ooiivcnalilo d'on appo- lor onsiiilo a Topinion , ol do ohonlior a so ooncilior los osjirits on jnstifinnt la naliire ol lo but dc so? nonibrouso? rclornios TLUQl IE. — ITALIE. 425 civiles ct niililaires. En consequence, il a ecrit, ou plutot iait ecriie mi ouvrage intitule : les liases dc la Victoire, qui se compose en grancle parlie des fragnicns dc celui de Chelibi- EiTendi, et qui expose de nieme, que I'empire du Croissant, jadis si glorieus, est aujourdluii depouille dc ses rayons, et reduit a ressentir la terreur, au lieu :le I'inspirer : change- ment du ii la deuioralisation des janissaires, et aux ridicules prejugts des Musulmans qui croient, ;i tort, que la religion et Ic prophete delendenl d'adopter la discipline et les lumieres de ses enneniis. Mais revenons an livrc,qui I'ait le sujet dc cet article, et qui, d'une date bcaucoupnioins recente, est un curieux specimen de la jurisprudence turque. On y trouve una collection de ju- geniens recueillis par le celebre mufti, ou Cheik-Uiisbam « diet' des elus», qui se nommait 3Ientcsh Sade Abdur-Ra- him-Effendi, et qui, apres avoir rempli, a la grande satis- faction de ses compatriotes, la plus baute dignite de magis- trature de I'Orient pendant ile longues annces, mourut en novcmbre 1717. Prononces a dilterentes epoques, et par di- vers mul'lis, ces jugemeus sont , par le fait , une exposition de la legislation orale de la Turquie. La pinpart de ces fetnahs precedaient une edition, iuqjrimee il y a sept ans, du code compose par un autre mufti, Durri Sade Moharamed-Aarif, autrefois directeur de la chauccllerie turque, et qui, dans sa compilation, donnait 2000 jugemeus rendus de ijjo a 1773. La collection, diviscc en 944 sections, s'eleve aujourd'hui a pres de vingt niille fetAvahs. Les formes n'en sont pas compli- qnees. Leiegislateurprocede par demandesetreponses; exem- ple : Livrc dvs parl/ications: 1° i' Si ini livre tombe dans le puits d'un malioiuetan, et s'v corroinpt, est-il necessaire de vider loute rcaii. ct de piuificrle puits?)) — «Oui)). Livrc de prieres : 2''«Quelle mesure est-il legal de prendre contre celui qui omet dc prier cinq Ibis par jour?» — « Le cbatiment et la prison. » Litre des aurnones ; 5" « Est-il permis a luie femme de musul- man dc faire Paumone a de pauvresmoines d'une cglise chre- lienne ? »• — « Oui. » Le cbapitre du mariage , ceux du divorce , des cbaliniens, des vols , des campagnes siutout, abondent en decir-iuus singulieres dont nous ne pouvons donner I'idee. Si la legislation turque cliange et se modifie , comme tout sembic le prcsagcr, ce livre rcstera comme un monument de barbaric. L. S«.-B. ITALIE. ' 127. — * Opere scelte di Agoitino c Giovanni Paradisi. — T. xmi. AOCT 1829. 28 426 LIVKHS i'rrUAiNCEilS. OEuvi'CSchoisics(lV//(g^/r.s/(V( el tk' Jenn i'Aiivoisi. Milan, iHtiS: Silvcslii. Cc rccueil esl on (iiiflqiic sorlc iin livro do rainillc, coniiiie on en voit .souvent parailrc ci Tlalie : il coiilioiil (Jos iiiorc(.'an\ on prose do M. Aii{i?. I'aradisi, el dos vors do son fils. On \i'- troiive dans ceux-ci lo;; nioiiiob qiinlitos ol los monies dol'anls qni dislin{;naient les poosies epic M. Jean Paradisi a doja pn- l)lioes. l)n slylo ologantet facilo, dos piuisoos donees otploines de scnliment ; mais en inoine louis nne conlinnolle imitation de niodeles olrangors, pen do Ibice ot d'aljOiKJanec dans les idees, une profnsion d'ailnsions ot do compai-aisons injtlolo- giqnes, qni prouve sans doiite nno graiKio orndilion , mais (pit ost ii'i d(;pla(.'lais rcM'uons an Ih'tos dii ronian : ((iiclfpics ini- pi udcncos (le Gclliude ct d'E^idins out douiie I'rvcil a la po- liro incpii.sitorinlo ; on dt'convrc «|n<'llc csl It so rclirc dans an eonveni ponr la tei'miner an milien des ansleiiles de la penitence. Le recil langnit et trainc qnelqnefois ; nous ajonlerons en- core une critique : ponrqnoi M. Rosini pretcud-il ([ue c'est a I'ccole de Terenziano, de Jei'i'ime Lanclii, de PieiTe-Marlyr <'t d'autres partisans do Li refornie rcligieuse, qne son heros a puise son libertinage'.' Cetle accusation est sans aucun foude- ment, et raulcm- n'aurait point dn la repetei' si Icgcremeut. Dii leste , il y a de I'interct dans ce roman, et il est en ge- neral lort bien ecrit. F. Sai.fi. 129. — QiutUro No'cclle, etc. — Qnaire Nouvelles, racon- tces par im maltve (Cicole. Turin , 1829 ; Joseph Poniba. In-8°. Ces Nouvelles sont ecrites elegammenl, mais avec nne siniplicite de style qui dcvient assez rare en Italic , oi'i les jeunes gens, seduits par I'aniour tie la nouveante, cherchent souvent dans les langues ct les liltcrulures ctrangeres des for- mes ct des coulenrs pen compatibles avec le genie de lalangne de Petrarque el du Danle. L'amour en est le principal snjct; el, qnoique I'auteur ait donne un but moral a cliacmi de ses recils, nous ne concevons point pourquoi il les a places dans la boucbcd'ini mailre d'ecole. Ce reproche est pen grave : nous Ini en fcrons ini autre, c'est d'avoir trop neglige la vraisem- blance; sa narration a beau avoir du cliarme, il a beau tracer souvent avec finesse, avec sentiment , des esqnisses de carac- teres et de passions, on ne pent gnere s'attacber a nne intrigue on Ton r'cnconlre a cliaque pas des invi-aisemblances clio- quanles et qnekpicfois des impo.isihililcs materielles. i5o. — Libro die Afo, tre volgwizTamcnli del librodi Catone de' costinni , elc. — Livre de Calon, on trois traductions du livre de Caton, des mceurs ; deux d'entre dies pnbliees auj(nir- d'luii ponr la premiere fuis, I'avilre ,.orrig<'C de nonvean. avec ITALIK. — PAVS-BAS. ^|2(> fles notes el dcs rcniar(|u(;s granmialicales sur Ics mots les plus iniportaiis ; lexlc dii l)()ii siecle dc la laiiguc. Milan, 1829; Slella et fils. ln-8" dc 199 pages. On salt ce que soiil Ics tej;ies de langue en Italic : 011 clior- che, par leui- puhlicalion, a rcssusciter I'ugage dccettc langue, (le Pctrarquc cl du Dante, que Ic terns, les invasions etran- geres, les emigrations el I'espiil d'imilation ont si fort altcree. Le Linre de Caton est une espcce de Iraitc de morale, divise en sentences, et ecrit en vei's latins par Denis Calon, sous le regne anl a MM. Laennec et Bayle. Chaquc phcnomcne niorbide etail alors considere comme une maladie a part. La sec(jnde s'etend jusqu'a M. Broussais : pendant eel inlervalle, on lit des ma- ladies de chaquc lesion diflercnle. Dans la troisienie, (pii ne compi'cnd (pic rccolc dc rillustreproresseur du ^al-de-Gl•gce, on rapporta tonics les alterations aux nieuies causes, agissant l. .liilliiiny n'ajouteraient pas bcaiicoup a la coiiliaiice qu'elles inspircnt, ni an bien qu'elles peuvent operer; aiitant vatit Ics adopter tellcs qu'elles sont. F. i56. — Histoiredes sciences, c/cs lellres, des arts, ct de la civi- lisation dans_ te pays Messin. depiiis les Gaidois jusqu'a nos jours; par Emilc-Aiigastr Begin, docteur-medecin , membre de phisienrs academies. Metz, 1829; Verronais ; Paris, Le- cointc. In-8" de xvi et 612 pages, avec line carte du departe- meiit de la Moselle; prix, y IV. Les infatigables et savans beuedictins Francois, Taboidllot et Maugerard, avaient deja trace une loiigue histoire de Metz, en trois volumes ia-4'' et trois autres vohnnes de pieces jus- tificatives. Deja M. Vlville, ancien secretaire-general de la prefecture de la Moselle, a tait un a])rege decette grande his- toire eta su la reduire, S(jiisla foimed'un diclionnairc, endeiix Tohimcs in-8° ; niais Touvrage dcM. iSegin, aiusi qu'ii Ic dit lui-nieme, ne ressemble ni a Tun ni a I'autre de ceux-la. II a divise en luiit epoques I'espace qu'il se propose de par- courir, depnis I'origine de Metz jusqu'en 1789. La premiere pcriode, qu'on pent appeler nebulousc, est consacree an tems qui a precede I'inyasion des Ilomains. Si I'origine de Metz, exposec par I'auteur, n'est pas rigoureusemoiit vraie, on est force de conrenir quelle est an nioins vraisemblable, et on ne peut raisonnablement exiger davantage en I'absencc des mo- numens et d'autres temoignages. Lorsque les Remains eurent pcnetre dans les Gaules, le pays occupe par les Medioma- triciens parait avoir offert des suretes et d'autres avantages a ses' vainquem'S, car ils s'y lixerent et y firent executer un grand nombre de constructions. En etYet, plusieurs temples, unaqueduc, d<;s thermes, une nanmachie, un ampliitheatre, un palais des cmpereurs, donnereat une grande importance a ce point de la premiere Belgique, qui devint la vilie de Metz. Les Gaulois, habitans primitil's de cette contree, perdi- rent la liberte, mais, en echange, comme le fait reniarquer notre anteur, ils furent appeles aux bienfaits d'une civilisa- tion avancce. Pen a pen leins moeurs s'adoucirent, et ce peuple, jusque-la jaloux de son indepcndancc, Unit par adop- ter la lan^ue, la religion et les institutions de ses conquerans. Ces eveneniens, ces vicissitudes et Ic detail des monumens ainsi que des inscriptions, dont les vestiges furent decouverts plus tard, forment le sujet de la secondc cpoqiie historique tracee par \3. llogin, ct qui ijuit a I'annce 2G4 de I'cre clire- tienne. Versla fin du IIl^sit'cle,unbarbarc devaslateur, du m^m d« Chrncus (sur I'existence duquel tons les historiens nc sonL T. XLIII. AOVT 1829. JO 458 LIVIIES FRANCAIS. ])as so LTVHES FUANCAIS. do la r('pul)li(|iio, n'claiciit jins loiis (k- IMclz. C'cM an coin- nioiuonu'iil dii iiiT'ino siecio , cii i/fi-'' H"*^ lureul joiK'S Ics premiers niysteres, bcrceau dc I'ai'l draniatiijiic. La hiblio- ihefjiie de la villc posscde le plus ancien ()iivi'a[;e coiinii, iin- prime, en 1/182, pai' le IVoie Jean Coliiii, en ronniinn avec Cei-ard do \ill('nenve. Co monunient typogra[)lii(ine a fail placer 3Iel7,au ranj;^ dos dix premieres villes do Fiance on brilla la deconverlo de i'iniprinioiie. M. Teissier a pnblie, sur cc sii- jel, en 1828, un ecrit Ires-cnrienx intilnle : Es.sai plulologi- qiie sur les commencemens de- la typograpltie a Met: (voy. Rev. Enr. , t. XLii, ]). 217)- IM. Begin donno des details trcs- cnrieux snr les JCAIS. bien des anecdotes pucriles, l)ien des j;;ene;dogios enibicmil- lecs ; niais ellcs oiil le nierile d'etre e( riles dans le langage et avee les idees dii tenis donl clles relracent le lal)leaii, et par iin liomme qui rciinissait line connaissance appiofondic de ses conlemporains a I'art d'esqiiissei' leurs portraits et dc ra- conter leurs actions avec iinc verve infininient spiritnelle et maligne. Aussi les Memoires de Saint-Simon couipteront-ils desorniais parmi les nionumens les plus curieux de Thistoire nationale, et parmi les recueits du mCme genre dont la lec- ture est le plus propre a picpier la curiosite et a captiver I'nt- tention. Du reste, nous nous reservons d'en parler avec plus de details, apres I'examen approfondi dont a bien voulu sc charger I'un de nos collaborateurs. a. JAttcrature. i58. — * Collection d' Antiqu'des egyptiennes , recueillies par M. le chevalier de Palin, publiee par MM. Dorow et Kla- PROTH, en 33 planches, precedee dC observations critiques siir I'alpkabet Ideroglyphiqae decouvert par M. Champollion Ic jeunc, et sur les progrcs I'aits jusqu'a ce jour dans I' art de dc- cliiffrer les anciennes ccriiures egyptiennes , avec deux planches, par M. J. Klaproth. Paris, 1829; Gide. In-folio; prix , 60 fr. Get ouvrage, dont le litre seul sulTit pour faire appreciep son importance, se compose de deux parties distinctes : 1° la collection de 33 planches in-folio representant les camees , scarabees pates, recueillies par M. le chevalier de Palin an nombre de 1791 ; 2" le Memoire de M. Klaproth contenant des observations critiques sur I'alphabet hieroglyphi(|uc dc M. GhaiMpollion le jeune. Ce savant memoire, fruit de I'exa- men le plus approfondi qu'on ait fait jusqu'a ce jour des ou- vrages relatifs aux hieroglyphes egyptiens, dcpuis le docteur young jusqu'aux lettres les plus rccentes de M. Champollion , est la" scale partie de Ki collection Paliu dont nous puissions entretenir nos Iccleurs, puis(jue , pour se livrer a Fexplicatinn des sujets encore si obscurs dont les scarabees et piorres gra- vees offrent la representation, il faudrait d'immenses recher- chesque bien pen de pcrsonnes encore sont en elat de faire. El d'abord les homnies studieux sauront gre a M. Klaproth d'avoir, lepremicr, fait graver el fondre cette multitude i\c signes varies qui composent ralplial)et phonetique . innovation qui reinl possible la comparaison dc ces signes cnlrc eux, el qui facilite il solution des questions dont loin- forme ou leur valeur petit LITTEUATUUE. Zifxl tlcTtMiir I'objet. M. Klaprotli commence par etablir que la lec- lure de quelques signe;?, que W. Young reconnut pour etre plionetiques , a dCi mettre M. Champollion sur la voie des de- couvertes qui out ameliore et rectifie d'unc maniere nota]>lCAIS. bolique.s, Test, dans ccUc dc M. CailIaiidqirapiil)lit'e]M. (Ihaiu- pollion, par des sigiies |t]i()ii(''li(|iie.s qu'il esl facile do coiu- prcndre a\oc son systeinc. En rc'Siiine, qiioiqu'd soil pcnnis dc pcnser avcc M. Klaprolh (pie Ics dilliculU's qu'il signale rclardcroiit encore long-leiiis re.xplicalion couiplele des in- scriptions ]rK'roj;l}'plii(|iies, nons osons cspercr que le voyage de M. Chanqioliion en Egyplc I'aiu'a mis en possession de nouveaux nialoiiaux , ti I'aide desquels il pourra reclilier et etcndrc ses travaux, dont le resultat a deja excite un si vif intcret. /3. I r>g. ■ — De I'analyse grammaticale, par M. Clovzet aine. Bordeaux, 1828. 5 talileaiix in-plano. i6o. — Papier mode I e pour [aire I' analyse grammaticale, par le mane. Bordeaux, 1838. Lhi tableau in-plano. i6i.' — Tableau synoptiquc des quatre conjugaisons et des differentes espcces de verbes de la langue franiaise, par Le meme. Bordeaux, 1828. Feuille in-plano. J 62. — Mccanisme de la conjugaison francaise, et application de ce 7necanisme d plus de 1,600 verbes considcrcs mat d propos-, par la pliipart des grammairiens , comme difficiles ou irreguliers ; par /e H.t'mf. Bordeaux, 1828. Tableau in-folio, et brochure de 12 pages, in- 22. i65. — Petit traite pratique des participcs, par le mane. Bordeaux, 1 828. In-32 de 16 pages. 1G4. ■ — Division de la grammaire, ou plan d'une grammaire complete de la langue francaise, p;u' le meme. Bordeaux, 1828. Tableau in-lolio. iG5. ■ — Resume des principes de la slenograp/ue, d'ai^rb?! Ic systeme dc M. Jime Paris; par le mane. Bordeaux, 1828. Caluer lithographic, in-12 de 16 pages. iG(3. • — Melanges en prose et en i^ers ccrils en caractlres ste- nographiques, d'apres le systcnie de Berlin ; par le meme. Bor- deaux, 1828. Cahier lithographic, in-12 de 4o pages. N. B. Ces livres et ces tableaux se trouvent a Paris chez linilcr I'rcres, rue Gutnegaud, n" 23. Bornons-nous a donner une connaissance sommaire dc ces ouvragcs, qui n'ont d'ailicurs ricn de ncuf que dans la forme. ]M. Clouzet, qui parait avoir I'habitudc dc renseignemeiit, a reconnu combien I'usage des tableaux elait favorable a la memoire et a rintcUigcnce, et il a en consequence dispose, sous une forme synoplique, les idees trop souvent incxacles que Ton trouve dans la plupartdes granunaircs.Trois tableaux ont pour objet I'aualyse grammaticale, dont il donne d'abord une idee gcncralc,: il fait en>uilc connaitrc Ics dix prelenduc^- LITTliRATURE. 465 parlies clu discours, ct los incidcns des mots, puis les rap- porls des iiiots entre ciix. Apres ces trois taljleaiix, se place iiaturellcinent Ic papier modele pour fare ['analyse grammaii- cale , c'est une feiiille divisee en neut' colonnes oi'i sont ran- gces, par ordre, les questions que Ton pent faire aux enfans, sur les mots on les phrases : ceux-ci n'ont phis a ccrire que la reponsc a la question portee en tete de chaqiie colonne. Le Tableau synoplique des qualre conjitgaisons francalses et les deux ouvrages suivaiis ont pour but de faire apprendre nos verbes, qu'ou a disposes precedemmcnt par taljleaux. Quant an Petit traite des participes, on doit savoir gre a I'au- leur d'avoir reduit a quelques pages in-Sa les gros et lourds volumes publics sur ce sujet; il iaut pourtant avoucr qu'on a quelqueibis ele plus href encore ; et , en effet, qui n'a pas vu colporler ou afficher partout, et souvent en une scule page in-4"? la Clef des participes , les Participes devoilis, les Par- ticipes rcduils a deux regies generates, les Participes soriis dii cliaos, etc., * tc, ou tontelbis on ne trouve jamais que les regies deja donnees dans la vieille gramniaire de Lhomond. M. Clouzet a termine ses ouvrages de gramniaire par un Plan d' une gramniaire co7nplete de la langue francaise : ce terme n'est exact que selon le sens qu'y donne I'auteur; nous pen- sons que la grammairecomprcnd hien d'autres partiesquecelies dont il parle; mais cette diversite d'opinion ne nous empe- che pas de reconnaitre que M. Clouzet a pris, pour montrer ce qu'il enseigne, le chemin le plus court et le plus sur : abre- ger et bien disposer, telle devrait etre la devise de ceuxquitra- vaillent pour les enfans; et lorsque nousvoyons tant de gens s'ecarter de cette regie, nous aimons a signaler ceux qui s'en rapprocheut. Nous n'avons qu'un mot a dire des deux petits ouvrages de M. Clouzet sur la stenographie; on sail que cet art consiste a ecrire aussi vite que p;;rle un orateur; le premier soin doit done etre de supprimer toute les lettrcs nulles et tous les si- gnes dont on pent se passer; le second, de choisir, pour re- presenter les sons ou les inflexions vocales, les caracteres dont le trace est le j)lus rapide : aussi voyons-nous que pres- que tous les stenographes ont suppose I'ecrilure rigoureuse- ment conforme a la prononciation, et qu'ils ont employe, comme signes elcmenlaires, d'abord la ligne droite ct le de- mi-cercle dans leurs quatre positions principales (horizon- tale, verlicale, oblique a droite et a gauche) , ensuite le cer- cle enlier et le point ; en modiliant legerement ces signes ou dans lenr longueur, ou dans leur forme, on a pu exprimcr 466 MVRES FRANCAIS. ti)utcs nos voix et toules nos articiiliilions ; il faiit eusuilc choisir entrc tons cos signes cciix qui iiaissenl le plus facile- iiientsous la plume pour exprimcr lessons Ics jtlus Iial)ilnels ; cnfin , il est hon de (iclerminer par dcs exeuiples les liaison* que Ton duit loujonrs adnioltre on prcferer, Ics retranchc- mens que Ton pent faire, sans nnire a la preiisiou de son t'criturc ; cnfni, les trails particnliers qui peuvenl icpresenler accidcnlelienienl, soit dcs niols entiers, soil dcs syllai)cs. Tou- tes CCS choses se Irouvcnt dans les pclits caliiers de M. Clou- zet et pourronl snilirc a ccux qui, voulant posscdcr ce talent, y consacreront le travail habituel necessaiie dans la pratique de tons les arts. 1G7. — Cours anaiyiiqiie de lecture par enseignemcnt mutitel. ft simidlane ; invente par M. Lecomte, fondatcur de I'ecole pcstalozzienne de Sailat, modifie ct public par Valade Gabel, proiesseur a I'institut royal dcs Sourds-Muets. Paris, 1829; Igonette. In-8° de 5o pages, avec planches lithographiees ; prix, 3 fr. Yoycz, pour apprccier cc nouvel oiivrage, tousles compter rendus des nouvcaux nioycns d'apprcndrc a lire : c'est nioins nne methodc nouvelle qu'nn proccdc nouvean. L'autcur a imagine do placer la figure dcs lettres sur des palettes mobiles qu'il pent cnsnitc assembler de manicre a lormcr toutes les syllabes : ce moycn doit ctre bon , car il I'rappe les yeux de I'enfant ; niais, ce n'estpas rccllcment une nouveautc. B. J. 168. — Cours de myihologle pour server d I' intelligence des auteurs classlques grecs el latins, sous la forme de themes ap- pliques anx regies de la grammaire latine, niise an nombre des livres classiques par Ic conseil loyal de rUniversite, et adoptee pour I'cducation de S. A. R. Ic due de Bordeaux; par E. Lefranc, proiesseur de langue latine de S. A. R. le due de Bordeaux. Paris, 1829; Charles Gosselin. In-12 de iv et 562 pages; piix, 2 fr. 5o c. L'excellcnt ouvrage de Chompre, si souvcnt rcimprime, a perdu un pen de son merite dcpnis que les rechcrchcsdes sa- vans ont jctc de nouvcUcs lumiercs sur la inylhologic dcs Grecs, et fait dccouvrir nne autre mylhologie dans les reli- gions de riude. On doil done savoir grc a M. Lefranc d'avoir consacre ses soins a un nouveau dictionnaire que nous nous plaisons a signaler comme complet cl commc tort l)ien ecrit. On trouYC a la fni du volume une table alphabetique dc viots mytlwloglques, ^\u\ contient plus de (]uatrc mille mots, avan- lagc prccieux non-sculcnicnt pour les jcnnes gens, mais en- core pour tons ccux que Icur gofit ou la nature de Icur? eludes LITTliRATURE. 467 portent A s'enfoncer clans I'antiqiiite classique. M. Lefranc est ileja coniiu par un grand nombre d'ouvragcs : ses Gramiitaires et leurs Abreges, qui coniptent cinq ou six editions, sos Re- cueils de sentences latines et de sentences francaises, ses Lecons d'analyse logiqite et d'analyse grammalicale, enfm son abregc de YHisioire sainte et de VUistoire de France cat obtenu du sncces. R. 1G9. — * Contes tncdits des Milte et une Nuit-!, traduits en francais par M. G. S. Trebctien, membre de la Societe asia- tique. Paris 1828; Dondey-Dcipre. 3 vol. in-8% papier saline ; prix, 21 fr. L'Orient, le pays des grandes inventions, du mysticisme et des fables, ne s'est pas preserve des falsifications litteraires. Des contes des Mille et une Nuits encore inedits ! Depuis Gal- land, qui composa a Caen la premiere traduction des Mille ei une Nuits , ces contes ont ete lus et relus comme les modoles de nos romans de chevalerie : on les a rccherches aussi , parce qu'ils remplacerent heureusement ces aiitres romans qui pci- gnaient une galanterie fade, mi-mauresqne, mi-cbrelicnne, et (jui n'appartenait ainsi ni a I'Asie, ni a la France; eiifin, les Mille et une Nuits ont ete etudiecs comme les recits les plus fideles, les peintures les plus agreables des nioeurs et des usa- ges de rOrient. Nous ne possedions cependant qu'iuie partie de ces contes : les manuscrits connus en avaieut omis prcs de la moitie; encore, en 1825, I'auteur de fune des editions qui ont paru alors se vantait d'eu offrir quelques-uns inedits, d'a- pres la belle edition de Jonathan Scott et des deux volumes imprimes a Calcutta, quoique ces additions ne soienl la phi- part que des contes turcs deja traduits. Mais, des 1799, le mi- nistre autricbien, baron de Tliugut , orientaliste distingue , cbargeait M. de Uamtner d'acbeter a Constantinople un ma- uuscrit complet des 3Iille et une Nuits : ce ne fut que plus de deux ans apres que ce savant parviiit a faire la decouverte et I'acquisition du recueil qui nous procure les trois volumes traduits par M. Trebulien. Pourquoi un ouvrage aussi celebre dans toute I'Asic n'a-t-il ete conserve que par les Arabes ? II semble plus dilTicile d'en connaitre I'origine; on n'est a pen pres fixe que sur Tepoque ou ce recueil Tut traduit du pcrsan en arabe. L'historicn Ma- soudi, qui composait sa Prairie d' Or Tan de I'begire 553, ou de notre ere 9^4? rapporte cette traduction au tems du klalife Mensour, environ treute ans avant le regnc d'Haroun-AI-llas- chid, alors ([ue I'empereur de notre Occideut, Cliarlomagne, savait a peine tracer son seing. Mais le nouveau manuscrit /jG8 LIVRES FRANC AIS. prouve que c'est clans ilcs terns locons (|iic la collodion s'est aulant accrue. DejA on a rcnuircpic {|iu; ccilaiiies contrees , decriles dans les contes, ollVaii'iit la topof^iaphie et les prodiirliuns nalu- relies, soil de I'Airliipcl iiulicn , soil de I'lndoiislan : conime les genies, daiiuuU cliez lis Miisulmans, cliv des Pcrsans, in- cunnus aiixancieiis Chaldccns, son! empriinlesdc la thuogonie brajniianiqiie. Maiscf'i^ dix-liuil contes ou anccdolcs envnvc iiie- dilsdoivcnt lV)iirnirdc noiivcaux indices pouirc'soiidi'e lacpies- tiondiscuteeparles RasscI, \e>>La7igles,c{c., surroriginedeces conies : aussi le savant aiitcur des Mines de I'Oricnt ronnc-t-il une denxieine classe des liistoircs et anecdotes d'invcnlion purenient arabe, et nne tioisiemc des contes on historiettes plus recentes et d'origine egyptienne. Ancun conte, ce nous sem])le, ne prescntc mieux le caractere dc cette dernierc ori- gine que celui de Nouriddin et de I'esclave Miriam (torn, u, p. 549-42^ ) ; il est aussi un des plus interessans. Outre les usages et les croyances propres a cliaque nation de I'Asie, la langue et le style qui sent particuliers a cliucune doivent Iburnir des nioycns de resoudre une question plus ini- portante qu'cUe ne parait I'clrc. Les anciens nionunieas des litteratures persanc et arabe sont perdus, et parloiit ontrouvc des superclieries semblaljlcs a celle qui allril)ue a Adam une elegie en arabe sur la mort d'Abel ; mais le genie et les nircurs des peoples sc reconnaissent avec exactitude anx expressions et a la langue qu'ils emploient ( Verulamins, de var. liiig. pvo- priet. ) ; et, quoi qu'aient dit KirI.er et d'autres erudits tlieolo- giens qui font deriver I'idiome de I'lemen de Thebren, cc lurent les Arabes qui creerent , epurercnt, periectionnerent leur langue, et pour enx la province d'Irac i'ut ce qu'etait I'Attique pour les Circes. Est-il done impossible, a present que les etudes des langues de I'Asie font de grands progres, de decouvrir par le lexte des contes cc qui est emprunt , tra- duction, intercaliation, avec ce qn'il y a de proj)re au persan, a I'iudou , meme au cbinois ; car plusieuis de ces histoires, quant au sujct du moius, se retrouvent dans la litleralure de la Chine ? Des le del)nl de I'ancien recueii, on lit : uLes chro- niques des Sassanides, anciens rois de Pei'se, qtii avaienl etendu leur empire dans les ludes, dans les graudes et petites lies qui en dependent, el ])ien loin du Gauge juscpi'a la Chine, rapporlent qn'il y avail mie fois, etc. » El le nouveau mamis- cril olTre, enlre autres liisloires, ccllc de Hassan de IJassra, dont les lieux el les noms soul pcrsans, cummc dans beaucoup d'autres ; mais le I'ond m'en parait tout indou : les lies do IJTTKilATURE. 409 Gcnies, sitiu-cs aiix confins de la terre, indiquent nioins le Ja- jKiii, niiisi qi!C I'a pense 31. Langlos, que la Chine : enfin, le lirolecteur dc Hassan est un schfcik ; de la ne pent- on in- dnire qn'iin ecrivain arabe , iisant d'lni moycn si fiequem- ment employe par nos legenduires, auia lel'ait ce conte pour anionei- I'intervention toule-puissantc d'un moine. La publication que nous annoncons se recoinmande d'cllc- niemc a ceux surtout qui etudient I'Oi'icnt ailleurs que dans des relations de A'ojageurs plus ou moins eclaiies, assez sou- vent fastidieux, et qui, ecrivant poiu'les Enropeens, n'ont pas abjtu'e les preventions de I'Europe, ct ont juge d'apres ses nioeurs les eontunies et les institutions de I'Asie. Malgre la masse d'autcurs originaux de I'antiquite que nous avons re- I'ueillis, combicn de dissertations et de syslemes pourraient eirecorriges si la Grece et I'llalie avaient cullive le conte et le roman autrement que dans lenrs poemcs? M. de Hammer apporta a Paris, en i8io, luie traduction en irancais de ces contes inedils; mais, clioque du plagiat d'un savant qui allait la pnblier comme son ouvrage propre, il la lui repril. Depuis, nne version allemande parut a Tubiugue, et I'autre traduction IVaucaise devait enfin etre imprimee a Londres en 1820, lors- quc, par un de ces hasards rares, excepte dans les Mille et une Nuits, le manuscrit Tut perdu par le courrier, sans qu'on ait pu le rctrouvei', nialgre toute? les recherches faites a Londies et a Palis par M. dc Hanuner, couseiller d'ambassade. M. Trcbuticn, de Caen, vient d'y suppleer, avec un talent qui ue doit plus laisser de regrets, pnisque lie d'amitie avec M. de Hammer il lui a souniis sa traduction. Qu'il me soit permis de remarquer que c'est sur les bords de I'Orne qu'^ ete composee la traduction complete en irancais de ces liis- loires fpii inslruisent, recreent, edifient les hai)itans des rives de rindus, du Tigrc, du Nil et du Hosphore. Evitant le style inegal et pariois trop familier de Galland, M. Trebutien ecrit coustamment avec uue elegante sim|>liciie : philologue erudil, critique jiidicieux, il a accrupardes notes le merilede sa tra- duction, imprimee avec soin etune sorte de luxe. Sans doule riiistoirede la Rcinecles serpens n'est pas la seule on Ton puissc signaler les execs de Timagination exageree desOrientaux; les liiisesde DclilelicXdesafiUeZeinel, celiesde la Femmedujoail- lier offrent pen d'interet a des lecleiu's habitues anx intrigues et aux travestissemens de notre scene ; mais la plupart de ces his- toircs atlaclient, les moins curieuses amusent ; les anecdotes expliquent des traits de mocurs et des usages; sans cesse des citations de vers qui, outre lesmaximes de la plus saine morale. 470 LIVIIES rHANCAIS. iiidiquent Ic gcure d'csprit firoprc anx poetcs oricnlaux; eiifin noire scene lyriqnc lioiiverait peut-elrc a i'airc son profit de plusieurs des conies ijiedits (i). Isidore Lebrun. 1 70. — L'Enniic en Rustic, on Oliscrvalions snr les niOJurs et les usages rnsses, an commcnccnicnl dn xix° sicclc ; faisant snile a la Colleclion dcs manirs IVancaises, anglaises, italien- nes, cspagnolcs, snisses, etc. ; par E. DrpiiE de Saint-iMaure. Paris, 18-19; Pillct aine. 3 vol. in-12, orncs de gravures et de vignettes; prix, 11 fr. aS c. ( Voy. Reo. Enc. , t. xli, p. :H. ) Ce qni frappc snrlont a la lecture de ces trois volumes, c'est la grace, la delicatesse dcs peintures, c'est ce ton de bonne conipagnie qu'on y remarque en general, et qui i'erait penser souvent qu'on parcourt un de ces chapitres si ingenienx, si vrais, du spiritnel Ennite de la Chaiissce d'Anlin (2). Et ce- pendant, quand on pense que c'est un peuplc nagnei'c encore qualifie de barbare par les anties nations de I'Europe que I'au- teur a voulu peindre avec des couleurs si gracieuses, on est tente de se dcniander si le portrait pent etre ressemblant. Nous qui avons habile long-tems la Rnssie, tout en reconnaissant que M. Dnpre de Saint-Manre se monlre, en general, plutot nninie d'un espril de bienveillance universelle, disons nieme de complaisance pour les Ilusses, que de ce veritable esprit de crili((ue, an flambeau duqnel le philosophe et Toitservateur ensc que la piupart des aniniaux ensevelis dans les cavenu^s y out ete transportes par les mcmcs eaux qui y out dissemine des limous, des roches fragmentaires, etc. 1\1. Tiiiuria avait tire des inductions a pen pres semblables de ses decouvcrtes dans les grottes de Quincey, Fouvent, Ecbenoz, etc. (Haute- Saune ). Des notes sur les caracleres physiques el moraux des dittVrcns habilans du Calvados, font desirer que M. le docteur Trocve devcloppe et complete cet ouvrage. m£M; ET RAPP. — OUVR. PI^R. 483 La Societe linnL-enne de Normandic, poursuit aiusi, avec un succes presque cgal a son zcle, dcs travaux patrloliques, ct par ses relations qui s'clendent de plus en plus dans lesdeux mondes, elle concoiut aux progresdes sciences. Le quatrieme volume de ses Meinoires nierite d'etre recherche pour les ])i- bliolheques parliculieres conime pour les ijibliolheques publi- ques. Isidore Lebrun. 182. — * Recueil de I' Academic des jciix floraux. Toulouse, 1829; Douladoure. In-8° de xii et 254 pages. L'Acadeniie des jeux floraux a celebre , le 5 mai, la fSte des fleurs, avec la solennite accoutumee. Cette cerenionie, a laquellc les Toulousaius prcnnent un vif interet, n'est point une seance acadumique ordinaire ; de touchans souvenirs s'y melent aux charnies de la poesie et de Feloquence. Des le malin, les fleurs d'or et d'argent qui doivent ctre decernees aux vainqueurs sont exposees sur le maitre autel de I'eglise de la Daurade, oi'x Ton voit le lombeau de Clemence Isaure, fondatrice des jeux floraux. La fete commence par I'eloge de cctte bienfaitrice des lettres, et le pu])lic nc se lasse point de I'entendre tons les ans, au lieu qu'a Paris meme on n'ecoute- rait plus le panegyrique du cardinal de Richelieu, prononce par chaque nouveau membre de I'Academie francaise. Au concours de cette annee , six poetes ont ete couronnes ; MM. BiGNAN, de Paris, Theodore Abadie, de Toulouse, Cra- mer , du Gers, Adrien Pivminet et Durakd de Mourange, de Marseille ont recu chacun une fleur, et M. Ainidce Pommier, de Paris, en a obtenu deux. L'eglantine d'or, dont la valeur materielle avail ete doublee, a ete decernee a M. Guilhadd de Lavercne, etudiant en droit, auteur d'un cloge de ^/rt?/(,7(e rfe CastiUe, mire de saint Louis, sujet propose par I'Academie pour le prix de discours , et mis au concours pour la quatrieme ibis : ce beau sujet a trouve enfin un digne interprelc. Le jeune laureat, dont ce premier essai revele un talent deja foniie, a su triompher des diflicultes du panegyrique. Un style clair, harnionieuxet correct, des connaissances historiques etendues, des vues neuves et le sentiment de I'epoque ; telles sont les qualites qui distinguent son brillant travail. Pour i85o, les concurrens au prix de discours auront a traiter cette question : Quels avantages peuvent rctirer nos ecri- vains de la lecture dcs auteurs frangais , anterieurs au xvii" siicle ? Ouvragcs piriodiques. i85. — Le Propagatcur dcs progris dcs arts et metiers, jour- /,«^ LIVRES FR/VNCAIS. iial (le ratelicr; par M. N. Prt((//?i Dksoumeaix. Paris, 1829; on s'aboniic clioz I'autciir, rtie Saiiit-Ilyacinthe-Saiiit-Michel, n° 21, et an l)iircau central dc la Rcviie Encycloprdiquc. II parait tons les mois un caliier d'unc fcuille; prix annuel tie I'abonnement, 1 a fr. On esperait avec raison que cette cntreprise de M. Desor- mcaux repandrait dans les ateliers des connaissances dont on sent encore le besoin; cet espoir commence a se realiser. L'autenr, ecrivant principulement pour les ouvricrs, a soin de se conformer, autant qn'il est possible, aux habitudes de leur intelligence, et de parler la languc technique; il decrit les ou- lils et les precedes nouveaux ou pen conniis et que I'expe- rience a fait conscrver dans les ateliers les mieux montes. Ses figures sont nettes, exacfes, mais un pcu petites : il sera utile d'y joindre unc echelle, lorsque cela sera possil)le, afin que cenx des ouvriers qui savent dcssincr et qui sont en elat de faire ces instrnmens puissent commencer par les dessiner dans leur grandeur, et en connaitre et verifier ainsi toutes les di- mensions. Le journal de M. Desornicaux, I'un des plus modestes de ceux que Ton public anjoind'hui, nierite mieux que d'autres plus fastueux, les encouragemens des nombreux amis de I'in- dustrie. ■ F. i84- — * Ld P.fyclie, choix dc pieces en vers et en prose. Deuxieme annee : 5° vol. Paris, 1839; Correard jeune, rue Richelieu, n° 21; prix pour I'annee, a Paris, 38 fr; pour six niois, 20 fr. ( Voy. Rev. Enc, t. xlii, p. 224.) Ce recueil continue a meriler I'attention des amis dc la poesie; pour justifier cette assertion, il nous suffira de citer les noms des auteiu's qu'il a mis aconlribution pour former le volume que nous anuoncons aujourd'liui. 31. £)V\l\IVVVM'VV IV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET LITTERAIRES. AMlilllQUE SEPTENTRIONALE. tTATS-UNIS. Etahlissemens philantropiqacs de M. Maclare. — Uii de nos correspondans et amis, riioiiorable DI. Maclube, des Etats- llnis, bien connii par son zelc philantropiqiie, vicnt d'ecrire du iMexiqiie, uiie Icttrc inseree dans I'excellent Journal d'vdu- catton public par M. de Lasteyrie (i) (n° 17 du t. iv), et que nous ainions a reproduire , parce que les details, c-ontenus dans cetle lettre, sont de nature a interesservivement les amis de la civilisation et de I'liumanite. Mexico, 28 tnars 1829. — Monsieur, j'ai etabli a New - Har- mony une ecole d'industrie, dans le double but de repandre rinstruction parmi la classe industrieuse, productive, et d'es- sayer de monlrer aux habitans des Etats-LJnis, que les enr fans peuvent s'babilier, se nourrir et s'elever eux-memes par le produit de leur propre travail ; au point ou j'en suis deja, jo puis esperer d'accomplir mon intention. Pour mettre sur pied cet etablissement, j'ai achete la moitie de la ville, consistaut en cinq grands batimens en briques, de soixaute a cent pieds carres, et en vingt a trente maisons plus petiles, avec deux cents arpens d'excellentes terres dans le voisinage. J'ai rempli ces batimcns d'ateiiers pour tons les metiers uti- les, de laboratoires, d'ecoles de dessin , d'un theatre d'ama- teurs, etc., etc. J'y ai aussi etabli une imprimerie, on se pu- blie, deux fois par mois, un cahier de 16 pages, intitule le (i) Journal d'educalion et d'inslrucl'ion, pour les personnes des deux sexes. On s'abiiiine i Paris, rue de Grenelle-Saint-Gcrniain, n° 5o ; prix, pf)U|- une annee, on 12 cahieis, 1 5 fr. , pdiir Paris; i6 fr. 80 c. pour les dtpartemens, ct de 17 fr. Go c. pour I'etranger. 488 tTATS-lINIS. PiWmmrttoir dcsconnaissanccs utiles, avccccttc devise : L'i- gnorance est la cause fcconde dc la mlslre Immaiiie. II va egalc- nicnty etre publii; line scconde edition de la Sjlva americana, do Micliaitx, planclies coloriees; ct deux autresouvrage.s, I'un sur les coquillagcs, par T. Saj, I'autre sur les poissons, par Lesueur; tons deuxavec planches coloriees, toutes executees par les enfans de recole. Convaincu que la situation centrale de ]Sew-Harmon3% dans un cercle de a, Boo milles dc naviga- tion par bateaux a vapeur, Iransporlant toutes nos produc- tionsavecune promptitude jusqu'ici inconnuc, jointea la nio- dieitc du prix avec Icquel on peulpourvoir aux besoins de la vie (car nous pouvons nourrir un homme mo^eniianl quatrc sous par jour), rondrait cet endroit extrcuienicnt coiivenai)le pour toute cspecc de manufactures et d'cxperiences scienti- fiques. Cos avantages m'cngagercnt a un pareil essai, pour une melhode d'education entierement pratique, enscignant toutes les clioscs utiles dont on pcut lirer parti quand on est homme, et omctlant tout ce qui est d'ornement, ou seule- mcnt d'agrement. Nous trouvons qu'au moyen des choses et de leurs representations, nous pouvons enscigner aux en- fiuis, en un mois, cequ'ils n'apprenaient que dans des annees, par Ic vieux systcme des mots; et nous trouvons que cette melhode s'applique a tons les arts utiles, avcc un succes tel, qu'en six mois, nous pouvons former un imprimeur, un cor- donnier, un charpentier, etc., etc. La bonne volonte est le le seul stimulant, tout systeme de contrainte etant aboli, et les enfiuis apprennent aulant en un mois qu'ils apprendraient en un an par la force et la violence. ■ — J'ai passe ici I'hiver dernier, et suis revenucet hivcr pour eviter les froidsde notre pays. J'ai etc enchante du beau climat dont jouissent les Mexi- cains, et nullement effraye de leurs revolutions. Les hommes, dans tons les pays, ont ete si maltraites, qu'ils ne poiuTont pas tombcr dans une situation pirc, sauf par I'cntremise des forces etrangeres, centre lesquelles, nous autres Americains, sommes proteges par I'Atlantique. II ne manque absolument a cc pays-ci, que I'cnergie et i'industiie, qui toutes deux naitront de la necessite, resultat d'une revolution en pleine Tigueur, etc. J'ai I'honneur d'etre, etc. ■yV. Macltire. P. S. J'ai essaye de donncr de I'education a autant d'ln- diens natifs que j'ai pu, J'en ai deja envoye a New-Harmo- ny, et j'ai I'espoir d'en envoyer encore. Les Indiens natifs sont la seule classe pour laquelle je me sente quelque interet, comme etant la meilleure el la plus utile. C'esl une hontc fiXATS-UNIS.— EUROPE.— GRANDE-BRETAGNE. 489 pour la civilisation que I'ou soil oblige de cliercher si loin d'elle de bonnes qualites et dii merite. — He Brcvelle, poi'te des NetcJdtochez, Etat de la Loui- sianc, i5 niai 1829. — Au milieu des bois et de la solitude, je suis cependant tout occupe h former des liommes, et i\ instruire des enfans, qui ne repondcnt pas a mes vues autant que je le dcsirei-ais, parce qu'ils n'ont point de gout pour ap- preudre, et que la chasse, les chevauxet la faiblesse des meres leur font perdrc une partie de leur terns. Mais la methode de I'enseignement mutuel est tellement bonne, que leurs progres sont elonnans. J'ai mis en vogue votre tabic de multiplication paries doigts; elle a un succes complet. ^^tant chez des gens de couleur je ne vols point les blancs; car iri il y a aussi de I'arislocratie : elle est seulcment dans la dilTerence de I'epi- derme. Pauvres humaius! EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. Eocpedition scientifiq ite. — Le capitaine Ross, dont nous avonsannonce le depart pourlesmers arctiques (loj. t, 11, juiit 1826, p. 788), a eprouve deja de facheux accidens qui I'ont oblige a relacher a Loch-UjMn, sur la cote occidentalc de I'E- cosse. Sa machine a vapeur s'est derangee, et I'ingenieur charge d'cn surveiller la marche a eu un bras mutile par les rouages. D'autre part, une rcvolte a eclate k bord du Saint- Jean ; plusieurs matelots ayant mis pied a terre, et etant reve- nus ivres, out refuse de lever I'anci-e. Le capitaine Ross s'est decide alors a les laisser en arriere, et a faitde suite transporter sur la Victoire toutes les provisiouG necessaires au voyage, et que Ic Saint-J ean devait lui fournir. II a remis a la voile, le i5 juin, aprcs avoir fait reparer la machine a vapeur, dont le de- rangement etait venu d'une cause :iccidentelle. LoNDRES. — Voiture a vapeur. — Gette voiture, dont M. Gur- n€y est I'inventeur, et dont tous les journaux anglais parlerenL avec eloge il y a environ un an, a ete rmiise en activite, et est par- tie de Bathpour Londres, contenant 7,1. Gurney avec plusieurs desesamis, et entre autres, deux personnes qui avaient mis des fonds assez considerables dans cette specidation. Le voyage se fit sans accident jusqu'a Melksham, 011 la voiture arriva vers huit heures du soir : elle traversait la vilie, el roulailfortbien, lorsqu'une foule s'amassa dans la rue, et fit pleuvoir sur I'e- quipage une grele de picrres qui briserent les glaces , blesse- I. zLiii. AOUT 1829. 3a ^90 EUROPE. rent plii)»ieursiles Yoyageurs.ct forct'rcntla roiliirc as'arrGler. On {)aiviiit, uoq suns peine, a la remiscr sous nn Iiaiij>;ai'; sana I'intervenlinn dcs magistrals, tout cut ito lirist'. CcHe grande fureiir viont, dit-oii, dc la liaiiicqu'ont ies liabilaus pour loule especc dc macliinc; lis icur atlribuent la luinc du pays, et la misorc de la population autrefois cmplo3'ce dans les manu- facturcs. Le rassoniblcment etait d'autant plus nond)reux (pie c'etait jour dc I'oire. Depuis, nous avons lu dans ini jour- nal (i) quc^ la voiture a vapeur de M. Gurncy avail manoeu- vre dornieremont dans la plaiuc , anpres des casernes de Ilacnslow, devanl le due dc "Wellington, el un grand nombre d'olliciers, de dames, dc savaus, cic. On atlacba d'abord a letle voitnre une caleche, dans laquclle prircnt place le due de "NVcUington, sir AV. Gordon et quelqucs dames. La ma- chine fit I'ouler cette caleche avec la plus grande facilite. Ensuile, on remplaca la caleche par un chariot dans lequcl se tinrent vingt-sept soldats, ainsi que M. Gurney, sans comp- ter deux ou trois honmies qui s'assirent auprcs de I'appareil tie la machine. En calculant la vitesye dc la course de ce cha- riot, on a trouYC qu'il pouvait parcourir neuf a dix niilles par heure; encore la vapeur n'agissait-elleque sur une seiile roue de la machine. Voulant montrer ensuile jusciu'a quel degre de vitesse il pouvait parvcnir, riuventcur fit agir la vapeur sur les deux roues, etl'on vit alor.s la machine faire sept a huit fois le tour de la plaino, i raison de 16 t\ 17 milles par heure. II scmble done qu'il ne rcste plus de doute siu' la realite et swr I'utililc de ranplicalion de la vapeur aux voitures. Main-" tenant, il laut savoir si I'appareil pourra ctre conslruit avec assez d'economie pour rcaiplacer les chevaux aux voitures de transport. » DrRHAM. — Aniiquiics. — On a trouve dernierement dans latombe de saint Gulhbert, a Durham, une partie des vctemens pontificaux d'wo eveque, mcrveillcusementbien conserves. lis (1) L' L'»iversel,Journal ((\uoud\en) (/e la Ulleralurc, eles sciences et des arts, qui paiail depuis les p!eniieis jouif He ccUc aniiee. Quoique nous soyons 6loig;n6s de parfager loiilesles opinions decejuuinal en nialiere de ]ihilo- sipliie et de litteiature, nons nous plaisons.) leconnaitre que Ton Irouve, danslaplupart desarticles qu'il adonncsdeja, uneciiliquesavante el quel- quel'i'is s]>irituellc. Du leste, nous nous proposons de paiier avec plus de details des nombreux journaui et recueils litteraires qui se sont etablis depuis quelque terns, et nous n'oublien)ns pas, .'i cette occasion, d'exanii- ner les doctrines professees par les rcdacteurs de YVniverscl. On s'a- bonne, pour ce journal, au bureau, rue Coquilliei-e, n" 55, et chez MM. Firniln Didot; prix, pour Paris, 18 fr., pom- 5 niois ; 56 f'r. pour 6 niois, et 71 fr. pour I'annee ; i fr. de plus par trimeslre pour les de- partemens, et > fr. pour I'^lranger. GRANDE-RRETAGNE. 491 ont ete de suite transpoitt s a la Tour de Londres, et oonfies aux soins de M. Peter, habile antiquaire, qui suiveille I'execulion d'uae foule de dessins faits, d'apres ces curieuxmonuniens. aux frais de la societe des antiquaires. La dentelle d'or, qui est un tissu de fil d'or tres-fin, et paitiellement aplati, sans aucun me- lange de soic, a conserve la couleur et I'eclat qu'elle avail il y a neuf cents ans; et le fond sur lequel elle est appliquee n'est pas plusterni. Une inscription enbroderie, parfaitement lisible a I'ceil le moins exerce, apprend que ces robes furent don- iiees par ^^Ifled a Frithstan, ce qui fixe la date du cadeau au commencement du lo"" siecle. Dans tout le catalogue des eve- ques anglais, il n'y a qu'un Frithstan qui succeda a Denewnlph dans I'eveche de VV inchester, en 909. Quant a la dame qui fit !e don, les conjectures sont plus vagues, atlendu que trois illustres lemmesdn nomd'.iLIQcd vivaientde 910 a ySo. L'une d'elles, fille du roi Alfred, est celebree dans les chroniques saxonnes comme une des princesses les plus sages et les plus valeureuses qui aient figure dans I'lilstcire du pays. Elle epousa Ethelbert, comte de Mercic, ct lui survecut : plus turd, elle rendit de grands services a son h'tre ildouard, et I'aida par ses conseils, et meme par sa valeur perso.niellc, a soumettre les Danois. La scconde dunoni ctalt belle-fille du roi, et n'a laisse aucune renommee. La troisieme, pclite-filia d'Alfred, se fit religieuse dans I'abbaye de "\7inchtster, et ce fut probable- mcnt elle qui oflVit ces robes A Tcveque. Parmi les figures brodees, on voit Sixte, Gregoire, le diacre saint Laurent, et plusieurs papes ct autres saints, dont les cost«mcs sont d'une grande exactitude. Lo>DRES. — Publicaiions prochaines. ■ — II est fortemenl question d'ouvrir ici une souscriplion pour la publication d'un manuscrit rclatif au proces de sir Richard le Sa-one et de sir Robert Grosvcnor, sous le regne de Richard IL Celle cause, relative aux armurcs et cottes de mailles des parlies ci-dessus nommees, dura quatre ans, et fut jugee par c'.evanl ie lord haut couslabie. Plus do Irois cents personnes , pairs, bannerets, chevaliers ou ccuyers, abbes, prieurs, etc., furent interro- gees; et comuie chacun etait tenu dc dcpcEc? de son age, de la bataille, ou du siege oi'i il avail fait ses preurleres armes, du nombrc d'annces el des occasions dans lesquelles il s'elait signale, ainsi que des circonstances rui se liaient a ses ser- vices, ou a ceux de ses ancelres; et, comme le clerge faisaitde meme allusion aux mariuscrils el aux proprietcs dc rEglise et des abbayes, ce monument esi un des plus riches et des plus precis en fails hisloriques, biograpliiques ct topographiques. II sera imprinie eu un vol. avcc des notes ct une preface de /,c)2 EUROPE. M. Nicolas. Soixaiile amateurs d'anliqiiilcj ont ih'ja depo.se chaeiin 5 guim'cs pour rnctire I'ouvrage en train. Sir JFalter Scott Iravaillo a la Iroi.sienie serie tics Contes li' tin f^rand-pere d son petit- fits. 1\1°" Heber, veuve du cclcbre evequc de Calcutta, s'occupe a rassenibler la correspondance de sou mari , qu'elle compte publier avec des Meuioires sur sa \ie. L. Sw.-B. RUSSIE. SiBiiKiE. — Mines d'or etdc platine. — Nousavonsdeja doune (pulques details sur ces mines dans nos cahiers d'avril et do iiiai de I'annee derniere (torn, xxxviii, p. 255 et 5ao) ; en voiei de nouveaux que nous empruntonsau T^lcgraphede Mos- cou et que le Bulletin du Nord a repetes. La decouverte des sables auriferes de ce pays a dejii augmeute la richessc me- tallique de la Russic, et parait devoir etre encore fort long- tems productive. En 1827, I'or qu'on en a retire a forme ua poidsd'un peu plus de 282 pouds, ce qui fait 5o pouds au-deh'i de ce qu'on en avail retire I'annee precedcnte. En platine on a obtenu pres de 26 pouds , et consequem- ment 12 pouds de plus qu'eu 1826. Cettc grande quantite de platine a donne I'idee de le mettre en circulation sous la tonne d'uue nionnaie. Les nouvelles pieces de platine sont de la dimension d'un quart de rouble (ou d'un franc), et la va- leur intrinseque du metal ((ui s'y trouve employe equivaut ;\ la valeur de trois roubles d'argent (ou 12 francs), valeur cal- culee sur celle que le platine a dans le commerce. Kherson. — Beaux-arts. — Nous lisons dans le Bulletin du Nord (avril 1829) que le statuaire russe Marfo55 s'occupe en ce moment de la fonte d'une statue en bronze que les babi- taus de Kherson ont ete autorises a clover dans leurs murs, a la memoirs du prince Potemkine le Tauriquc. Ce momi- meut, qui sera place sur un piedestal en marbre blanc 011 en granit, consistera en ime statue de la hauteur de 4^ithines et 4 verschoks, hauteur qui est egale a cello de I'Hercule Far- ni'se. Potemkine y sera rcpresente debout, la main gauche appuyee sur son epec, et etendant la droite dans laquelle il ticnt un rouleau. Cette pose, a la fois simple et majcstucuse, fait honneur a I'artiste qui, pour les draperies, a adopte un melange des costumes remain et slavon. Au pied du heros se trouve un casque, et aux quatre coins du piedestal sont quatro figures colossales assises, representant 31ars, Neptune , Apollon et Hercule. On evalue a 170,000 roubles les frais que necessitera I'erection de ce monument. E, II. ALLEMAGNE. 49:^ ALLEMAGNE. HoNGKiE. — Universitcs ; Statistlque. — L'Acadeniie royale de Presbourg compte 433 etudians, savoir : '25G appar- tenant a la faculte de philosophie , et 197 a celle du droit ; do, plus, le lycee archiepiscopal deTurnati possede 78 etudians en philosophic, et le lycee episcopal de "Waitzen, 60. A I'Univer- gite royale de Pest, il y a eu, pendant cette annee 1 839, jusqu'a 1,710 etudians, dont 73 pour la faculte de theologic, 38 1 pour celle du droit, 401 pour la medecine, et 609 pour les sciences philosophiques. Sur ce nombre, on comptait i,243 catb(di- ques romains, 142 grecs , 68 protestans de la confession d'Augsbourg, 140 reformes de la confession Suisse, ct i53 Israelites. — Arretes impiriaux relatifs aiix Unlversites. — Voici la tra- duction du texte latin d'un arrete rendu dernitrement par le gouverncment autrichien, pour elre mis en vigueur dans les deux etablissemens dc haute instruction, dont nous venons de presenter une sorte de statistique : "S. RI., voulant restreindre le nombre surabondant des etudians qui suivent les cours dc droit, a juge conAcnable d'ordonner qu'a I'avenir aucun ne sera admis a ces cours sans un certificat constatant qii'il a com- plete ses etudes dans la classe de philosophie ; que les etu- dians de premiere annee n'obtlendrontla permission de suivre les cours subsequens qu'apres avoir fait preuve d'instruction sur les matieres qui forment le sujet des premieres lecons ; que ceux qui auront etc refuses deux fois seront desormais exclus de la Faculte ; qu'enfin ce reglement sera publie et execute rigoureusement par les professeurs au moment des examens et de la classification des etudians. » Certainement. onnepourrablamer lapartie de cet arrete qui tend a slimuler le zele des etudians en meme tems qu'elle exige des hommcs auxquels I'Universite decerne ses degres une instruction plus solide ct plus averee ; mais on comprendra tout ce qn'il a de rigoureux, si Ton observe que les sciences philosophiques , telles qu'on les definit dans les Unlversites autrichiennes, comprennent non-seulement les sciences qui servent de base necessaire a tout enseignemenl supcrieur dans le droit, mais aussi les mathematiques, qui, sans etre inutiles, ne parais- sent pas precisement indispensables pour faire un bon juris- consulte. — Le journal allemand auquel nous cmpruntous ces renseignemens ( Allgemcine Litcratnr-Zeihaig deHallc, juillct 1829) cite deux autres arretes imperiaux, dont les disposi-. tions nous paraissent encore plus r. L'un porie 494 EUROPE. qu'auciin institiitcur appartenant i toule SPCte dissidcnle nc ])oiirra Ctrc adinis , sans raiitorisatioii specialc de S. M. , a donncr des lecoiis, soil pul)liqiics , soil jiarliculieros , aux jeiines gens do la religion calholiqiie. Tuutefois, Ics mailres de langiies, de musique ou de gyninaslique sont exceptes de cette regie, el penvent elrc rhoisis sans dislinclion de religion. Le second proliibe, dans les institutions imivcrsilaires, lors des anniveisaires des professenrs, des mailres on des direc- tenrs, toute manilcstatiun piil)li(|ue dc la reconnaissance et de Taflection des eleves, soil par des lionnenrs decernes aux per- sonnes qui sont I'objet de la fete, soit par I'cxposition de leurs portraits, soit par des chants et des aubades. On sait que les solennites dc ce genre sont un des usages- les plus touchans et sans doiite anssi les plus louables et les plus inuoccns des Universites allemandes,oi'i les gouvernemens voisiiis de I'Au- triche n'ont jamais songe a les proscrire. a. Berlin, 28 mai 1829. ■ — Recompense tittiraire. — S. M. le roi de Prusse, Frederic Guillaume III, avait deja ecrit, en 181 5, une lettre flatteuse, accompagnee de I'envoi d'nne me- dailled'or, avec son effigieet cette exergue : DenTrcuciiSclmtz unci Liebe (aux fideles, protection et amour), a iM. Marc-Ait- toine JcLLiEN, de Paris, auteur de VEsprilde la mclhuile tf edu- cation de Pestalozzi, ouvrage declare alors, par les personues que le departenicnt de rinstruction publique en Pi'usse avait charge de I'exaniiner, le plus clair et le plus complet de tons ceux que Ton avait publics sur cette melliode celebrc. Le meme mouarque vient d'adresser au mCme auteur une nou- velle lettre, egalement signee de sa main, avec une seconde medaille d'or, poQr le remcrcier de rhommage qu'ii en a recu d'un exemplaire dc la quatrieme edition (Paris, 182;)) de VEssai sur I'emploi da Icms , et des deux livrels pratiques : Agenda general, el Biometre, que M. JuUien avait offerts au roi, par rentrcmise d'un conSeiller de S. M., venu dernierc- ment a Paiis. L'Essai sur I'emploi du terns a etc depuis long- tems admis au nombrc des ouvrages destines a etre donnes en prix aux jeunes gens, comme pouvant leur presenter des re- gies salutaires et des moyens faciles pom* mieux dirigcr I'ad- ministration de leur vie; ce qui est nne veritable science, ou plulot un art dont I'utilile ne saurait etre contestee. SUISSE. Valais. — Reunion, sur le rnont Saint-Bernard, de la So- cictc lielietique des sciences naturelles. — Le pelerinage des mem- bres de la Societe hclvctique des sciences naturelles, dont la SUISSE. 485 reunion etait fixee aux ai, 22 ct 20 juillct, dans I'hospice dii Grand Saint-Bernard a hien rciissi. Lcs societaires y represen- laient ies cantons de Zurich, Berne, Fribourg, Bale, Grisons, Argovie, Vaud, Valais, Neuchatel et Geneve : un accident grave avail retenu en route le rcpresentant de Soleurc. Au nombre des etrangers presens, se trouvaient M. Bouvard, mcmbre de I'lnstitut et du bureau des longitudes de France ; M. Micliaux , connu par son ouvrage sur Ies coniferes de I'A- merique septenlrionale; et M. le baron de Buck, chambellan de S. M. prussieiine, dont Ies travaux sur la geologic jouis- sent d'une reputation europcenne. L'absence des naturalistes de ritalie merite d'etre remarquee. Le beau terns a favorise lespelerins. Lin brouillard froid et penetrant , auquel succeda, durant la nuit du ao au 31, une temperature de deux degres au-dessous de zero, qu'acconipagnait un vent du nord pi- quant, ue ful heureusement pas de durce, et la serenite du cicl (pic n'alterait aucun nuage, permit, pendant trois jours, de visiter lcs stations d'ou Ton pouvait contemplcr a I'aise Ies beautes severes du desert au centre duquel s'eleve I'asile hos- pitalicr du grand Saint-Bernard. Le gouvernemenl du can- ton de Valais avait donne des ordres, pour qu'a leur arrivee a Martignj, Ies membres de la Societe fussent genercusement loges, traitcs et accueillis, et trouvassent lcs moycns de par- courir Ies neuf lieues qui Ies separaient de I'hospice. Le 20 juillet, au soir, presque tons Ies membres de la So- ciete se trouvaient reunis, et rien ne fut epargnc, paries res- pectables chanoines voues au culte de rhospitalite, pour leiu- fairc oublier Ies i'aligues inseparables d'une ascension qui Ies Ies avait conduits a une demi-licue au-dessus de la ligne des ueiges. M. leconseiller d'fitat, ancien grand baillif de Rivnz, presi- dent de la Societe, ayant ete enipeche, par suite d'indisposi- tion , d'assister a la reunion , ce i'ut M. le chanoine Bissets, cure de Vouvry, qui, en qualite device-president, fit, le 21, I'ouverture de la premiere seance, par undiscours dans le- quel il retraca, avec une touchante simplicite, quelques-uns des caracteres qui distinguent la venerable inaison du grand Saint-Bernard, en rappelant le but de sa fondation, ct en mon- trant que I'hospitalile exercce par elle, dans cetle circons- lance, etait une suite toute naturelle de ses institutions. — Les travaux de la Societe commencerentimmediatement apres. La Societe avait perdu dans I'annee deux de ses membres, M. Meckel, professeur d'anatomie a Berne, et .M. le docteur Scliurer, niedccin a Soleurc. Due notice necrologicjue, luepar M. Brunner, de Berne, exprima d'une manierc iuteressanle 49® EUROPE. Ics regrets que leur perte inspirait. — Un prix avail ete pro- pose pour lies rochcrches qui Icraicnt lo mieux connaitre les insecles, si nuisihies d nos arbres fruitiers depuis plusicurs an- nees, ct indiqiu'iaient en nieme lems les moyens do s'en pre- server. La commission , cliargre d'exaniiner cinq memoires presentos an concours, ayaut I'ait \n\ rapport trus-favorahle A I'un d't'iix, la Sociclo a accorde I'accessit a sou autour, M. Hegetsclnveyter , dv Riflcrsclnvyll , canton de Zurich, ct rcmis la question an concours pour i83o. — Un rapport non moius inlcrcssant sur qiiclques anu'Liorations dans I'anriciiltiirc^ fut ensuilc lu par M. Effivguer de IViklek, au noni de la Socit'tc d'agricidture de Berne. — La commission chargee de continuer les obserKutions mctcorologiques, qui doiveut avoir pour rcsultat un nkellement dii sol de la Suisse, exprimauf le Toeu qu'il lut clioisi, pour les observations, un second point paieil a celui du grand Saint-Bernard, la socicte s'emprcssa d'adherer i ce voeu, en Tautorisant a faire Ic necessaire. — M. le baron de Bach, qui avail deja lu , dans la reunion de la societe qui eut lieu a Coire, une notice gcologique Ires-inte- ressante sur les terrains qui entourent les lacs Majeurelde Lu- gano, presenta a la societe une fort belle carie gcologique da terrain entre le lacd'Ortaet celui de Lugano, qu'accompagnaient des explications destinees a en facililer rintelligence, travail digne deson savant auteur. — Quoique la medecine et la chi- rurgie ne soient pas au nombre des sciences dont la Societe s'o'ccupe, elle devaitmeltre, dans un lieu consacre parliculie- renient a soulagcr I'bumanite soufftante, bcaucoup de prix au developpement des proccdes nouveaux et simples que M. le docleur Mayor de Lausanne a employes avec succes pour attenuer les inconveniens graves qu'entrainc la necessite de faire changer de place les malades ctendus sur leurs lits de douleur. — Elle entendil avec un vif intcret M. Bouvnrd ex- poser el demontrer Tutilile des procedes de son invention, qui doivent facililer les rnoycns de faire de bonnes observations mc- ieorologiqaes, ct d'en tenir compte. — L'ltineraire gcologique de Saint-Maurice au grand Saint-Bernard , trace avec autanl de clarte que de savoir par M. de Cliarpcntier, directeur des mines de Bex, auteur de VEssai sur la consiifulion geognostique des Pyrenees, avail le double avanlagc de reposer sur des fails bien observes, et de Ta-propos, puisque , en se rendant du Grand Saint-Bernard a Saint-Maurice, les membrcs de la So- ciete pouvaient profiler des observations qu'ils veiiaient d'en- tendre. — L'ltineraire des contrees dc la Russie meridionale qui bordent la Koura, le Caucase ct la mer Caspienne, par 3L Godci, du canton de Neuchulel, qui a visile recemmcnt ces contrees> SUISSE. — GRECE. 497 ne pouvait offrir un interet egal, mais la societe a ecoute avec un grand plaisir les descriptions animees de I'auteur, qui pa- rait surtout avoirvoulufaireconnailre lesplantes rares qu'offre la botanique de ccs conlroes. Un tel travail meritera sans doute d'etre connu. La lecture de plusieurs aulres Memoires pleins d'interet, ainsi que celle des rapports sur les travaux des societes can- tonales, et du compte rendu par le secretaire de la Societe, absorberent le reste des seances. II en sera rendu un comple detaille dans les actes de laSocicie helvetique des sciences natiirelles pour I'annee iSar), et dans les Memoires de la societe, dont la section premiere dn premier volume vient de paraitre a Zu- rich. Des remercimens bien sinceres ont ete votes par accla- mation au gouvernement du canton du Yalais, qui, ne se bornant pas ;'i donner des ordres, suivis avec empressement partout, pour que la societe fiit bien accueillie, a fait rcmettre a son president un don de 400 fr. La Societe a reehi ensuite celui des menibres du secretariat general qui devait en sortir en vertu du reglement ; ce membre etait M. le conseiller d'Etat Usteri, qui, toujours plein de ^ele et de courage, a consenti a en rempHr de nouveau les conditions. Le lieu de la reunion prochaine sera Saint-Gall, qui n'avait cede, I'an der- nier, qu'a la proposition i'aite alors par nos respectables et chers confederes du Valais. — M. le docteur Zollikofcr a ete nomme president. {^No avellisie Vaadois, du 28 juillet. } GRECE. Expeditii)n scicntifique en MorcC (i), — II etait dignc de la France de profiter du sejour de nos troupes en Grece , pom- explorer, dans I'interet des sciences, )ine contree d'oi'i I'im- mortelle clarte des lettres et des beaux-arts s'est repandue sur notre Europe. Le moment paraissait favorable. L'armee egyp- ticnne venait de quitler le pays; I'anarchie de I'intcrieur avait cesse : les montagnes escarpecs et pen visitces de la Laconic, les vallons fcrtiles du Pamisus et de I'Alphee, 011 jadis une ville pressait I'autre, les lacs de la presqu'ile, ses productions (1) Apres avoir attendu long-tems I'execution des proniesses d'uii de nos collaboraleuis, qui fait partie de la societt; savante eiivoyee en Grece el qui s't-tait engage a nous niettre au couiaut, par une coriesi)ondance active el leguliere, des recherches et des decouvertes faites parlui oh par ses colkgues, nous nous decidons 9' 169 c,5 92 68 1 68 • r85 • 207 MliDEClNK. SCIKNeBS. 6a 10 21 45 29 >4 70 85 89 78 i65 1 1 PHILOSOPHIE. ,67 168 84 373 i54 588 (i) 49S 287 678(2) 5o6 4o4(3) Total 2,961 En 1826 2,774 Augments en 1827 de . . 187 ( Extrait da rapporl da tninistre de I'interieur en 1829 ). LotJVAiN. — Societe beige pour la propagation economique des hons livres. — Cette societe, deslinee i\ repandre les livres les (1) Dans le nonibre des eleves en medecine sont compris 32 jeuncs gens qui suivent en inline terns les cours de cette faculte et les cours pie- paratoires. (2) Dang ce nonibre sont compris 269 Aleves du college philosophique. (3) Dans le nonibre des Aleves en droit ct en m6deeine sont compris ceux qui se prtparent 4 ces etudes. 5oa EUROPE. plus rcmarquablos par la sapesse des principcs, la solidite Jp I'rrnditioiiol la hoaiUodn slylo aoU- inslilut'Ci'i LoiiViiiiLlMdycn- nant la rcliibiilinnanniicUc do lafr. 6j)(\, on dcG flor. ,i'liaqiic soiiscriplciir icroit unc collorlioii d'oiivnigcs qui pris a Paris coOterail dc 70 i 80 fr. Le clioix de ccs ouvragcs est cnnno a un c'omito compose d'honimes cclaires, et rcmplissant tons dos lonclions elevi'cs. DtVs les premiers jours la sociole a comple plus de niille souse ripteurs. Le premier livre qu'elle ait fait imprimer est : Applications dc la morale a la polilique, par M. Dkoz. — Jardin hotaniqne. — Lc catalogue des planlcs qu'on y cultivc a paru en 1829. II coiitietit environ 5ooo especes, dont 600 naissent spontanement dans le terroir de Louvain. Ces especes sent dislribuces sous 11 56 gcni'es. II fautyajou- ter un tres-grand nombre de Yarietes et d'especes qui, laute d'avoir ileuri, ne sont pas encore classees. Tandis que ce ca- talogue i'tait sous preste, la direction du jardin a recu unc collection aussi al)ondante que precieuse de semences prove- nant du cap de Bonne-iispji-ance , de la Perse, de I'Armenie ct de la Rui^sie meiidiona^e, ainsi qu'nn riche assortiment de planlcs sncculentes; de sorte qu'on pent porter a six millc especes le nombre des vegctanx que posst'-de le jardin , quoi- qu'il ne soit cree que depuis luiit aus. Les serres, par lenr belle constriictioiv? et les raretcs qu'elles recclent, font I'ad- niiralinn des connaisseurs. — Etablisscment orihopcdique. — Louvain possede un etablis- sement orlliopedique comparable aux plus celebres qui existent en Europe, et qui Iciir est metne, pent-etre, superieur sous plnsieurs rapports. Aacc les moyens les plus ingenieux dc I'art on a combine les artifices de la gymnastique. Les lits a exten- sion progressive ont recu des perFectionnemens notables et on a reussi non-seulenient a rcdresscr les deviations de la co- lonnc vertebrale, mais encore a traiter avec un egal succes les courburesdes cotes et des elavicules, les difformitesdites pieds bots, et les incurvations ou declinaisons de la tele. On a vu une jeune pcrsonne de i5 ans, en moins de dix mois, grandir de six pouces, grace an regime et aux exercices auxquels elle s'est soumisc, et qui pour elle commc pour toutes ses com- pagnes sont devenus de veritables jouissanccs. Madame Te- MERs dirige cette maison avec unc intelligence pcu commune, tandis que 1\1. Baid, professeur a I'universite, indique le trai- tement, preside aux experiences, et prodigue aux peusion- naires les attentions les plus delicates. Cet estimable medecin, dont les soins sont cntiercmcnt gratuits, a rcyu dernieremcnt PAYS-BAS.— FRANCE. 5o3 line marque de la satisfaction da roi qui I'a decore de I'ordre dn lion belgique. — Le laux de la pension est de i5o fr. par muis, tons IVais compris, ce qui parait une modicite extreme en comparaisnn de ce que Ton paie ailleurs. — Coidume gotliique. — Le Journal de Louraln signale , comma appartenant aux siecles de barbaric et de servitude, la coutume, non encore abolie dans cette ville , d'une exposition k vuie sorte d'encan en place publique de domestiques des deuxsexesqui se proposent eux-memes pour entrer au service dn plus oflVant. Ce marche , nomnie en flamand Veersken- Markt (marche des geuisses) , s'cst tenu le 17 mars. Ce jour- nal fait des voeux pour que I'autorite locale ne souffre plus qu'un pared spectacle soit otTert aux habitans. II est bon ncan- muiiis de remarquer que Ics desordres auxquelsil donnait lieu du tenis de I'ancienne uuiversite ont cesse sous le regime ac- luel. DE Reiffekberg. FRANCE. Dl^lPARTEMENS. Antiqtites de li France. — Antiquities du Morbiftan. — Les encouragemens accordes par le gouvernement a la recherche de nos antiquiles des departemens ont iniprime un nouvel elan a cette branche importante de I'erudition nationale. De toutes parts les fouiiles sent poussees avec activite, et les so- cietes savantes, rcprenant leurs travaux archeologiques , pu- blient a I'envi lesresultats de leurs investigations. La Bretagne, si riclie en souvenirs de I'antiquite, ne devait pas rester indifi'erente a ce mouvement des etudes, et deja nous avons ete informes que les fouiiles executees dans le Morbihan avaient fourni d'uliles renseignemens sur les an- ('iens tumuli. Bien que les antiquaires soient aujourd'luii en- tierement Axes sur la destination de ces monumens, on aime a voir des temoignages authcntiques venir confirmer des pre- somptions long-tems combattues. M. Romieu, commissaire- conservuteur des antiquites du Murluhan, a fait ouvrir tout nouvellement a Ploemeur un Unnulus de dix-huit pieds de hauteur et de trois cents pieds de circonference a sa base. Un caveau en pierres seches, ferme par lui couvercle, a ete trou- ve au centre ; il renfermait les debris putrefies d'une grande boite, au milieu desquels etaienl des cendres el des charbons. Les flancs de la butte cachaicnt une hache celtique en pierre noire, a demi-brisee.M. Romieu a egalement trouve des vcs- 5o4 FRANCE. tiges (Ic funeruillcs sous deux dolmens qu'il avail explores, Ccs premiers succesrcngageront sans doule a ponrsiiivrc ses recherches, et je crois qu'il trouvera, pour les diriger, un guide aussi sOr que fidtle dans I'ouvrage de M. AIahe (i). J'ai ce livre sous les yeux, et je n'ai d'autre reproche a lui faire que cekii de nianquer un peu de celte teinte pittorcsque qui, surtout dans les ouvrages traitaut d'antiquites, seduitet alta- che Ic leeteur. UEssai sur les antiquites du Morbihaa est divise en deux parties principales. La premiere comprend les antiquites cel- tiques, et la seeonde les antiquites nou celtiques de cette contree de la Brelagne. M. Mahe, apres avoir rappele I'o- pinion la plus generalement repandue sur I'origine des Ve- neles, parcourt successivement les lieux celebres par les mo- numens druidlques que Ton y remarque. Cependant, avant d'entreprendre cette toume3 scientiljque, il se livre encore k une dissertation fort curieus2 sur les divers caracteres des monumens qu'il a observes, tels que les roches a fees, les bar- rows (2), les gal gals (3), les dolmens (4), les menhirs (5), les gromlechs (6), les icmencs (7), les Uctiavens (8), les routers (9), etc., etc., et sur la langue bretonne en particulier. M. Mahe rapproche successivement une foule de mots bas-bretons du gaulois, du grec etdu latin, pour prouver cette assertion de Taillandier, que« la langue bretonne, la plus ancienne peut- etre que Ton parle aujourd'hui dans I'univers, nous conduit a la connaissance de nos origines. » Je dois dire toutefois, que M. Mahe n'est pas, a beaucoup pres, aussi exclusif que I'au- tQur du Dlctionnaire de la langti£ bretonne, et qu'il expose plu- tot qu'il ne conclut. Ce parti me parait fort sage, surtout en fait d'origines. Comment decider , par exemple, d'apres les rapports intimcs qui se trouvent entre certains mots bietons (i) Essai sur les anliqiiites du dcparlement du Morbiltan, par M. Mah^, chanoine delacalhedrale de Valines, et niembie correspondant de I'Aca- d^niie des Icttres el arts de Poitiers. Vannes, 1S28; Galleaine. In-S". (2) Monticules de pierres melees de terre recouvrant des tonibeaux. (3) Monceaux de cailloux en forme de c6ne. (4) Pierres longues et larges, placees horizontalement sur d'autres pierres verticales, en forme de tables. (5) Pierres longues, implantees verticalement dans la terre. (6) Cercles druidiques. (7) Enceintes sacrecs. (8) Espece de porte formce par une pierre assise, coninie un lintcau, sur deux pierres verticales, (9) INoiu anglais qui se donne k de grosses pierres placees dans un tel tquilibrc, qu'on les fait tourner avec le doigt. DI>PARTEMENS. 5„5 et certains mols grecs, a laquellc dcs deux langnes apparlicnt la pnonte ? Ce n'cst pas hi le lieiide disculcr cette queslion- je rcmaiqiiorai seulemcnt q.ie le bas-breton, tres-pa.ivre par hii-meme, pcrd chaqi.e jonr de son anti.iue pnreto par 1 introduction des mots nouveanx qne la succession des tern, et les relations sociales Ini imposent insensiblement. II estcepcndant tel village de Basse -Bretagne o.'i un homnie qui ne par.crait que le IVancais couirait risque de ne pas se faire comprendre, menic pour les besoins les plus ordinaires de la vie. J'aiparlc des rapports de lalangue bretonne avec le ganloi* le grecet le latni ; je ne dois pas passer sous silence son inti- mite l)ien plus grande encore avec la langue en usa-e dans le pays de Galles. M. Mabe cite I'exeniple d'une dame de cette provmce qui, se trouvant a Alger, et passant pres d'un bazar, entendit des Maures de I'interieur des terres parler un langage qui „c lui ctait pas inconnu; elle leur adressa la pa- role et fut lort etonnee de s'entendre parlaitemeut avec eiix Ce fait est atteste p^u- r^;r/;^o/o-/e /-n/amuV/^r publiee a Lon- dres, en 1808 Je ne me cbarge pas d'expliquer ce pbeno- mene. Quant a la confraternite des idiomes bretons et Lllois, je la concois beaucoup plus faar^ rows doiil j'ai parlr plus haiit : il est t'onnti sons lo nom dc biiiiede Tinniac. ol il so dcssiiic assox scnsibloinciit siir Thori- y.oii pour poiivoir servir do point do niiro aiix iiavi^alciirs qui longcnt ootlo parlic des colos dc la Brola^nc. Lo bairuiv on tumulux do Tiimiac est en tout soml)lal)lo aux niontunons de ee genre ropandus sur divers points do uolio Iieniispliere. On sait quo Volnoy en Irouva un fort beau a Kan-Cliaikou dans le paclialic d'Alep. Nous en avons une foule d'aulres en Fran- ce, ct les relations des voyageurs conslalont qu'il on oxisle en Angleterrc, en Italic, en Siborie, on Chine, dans I'Ameri- que septentrionalo , ct jusquo clioz les Patagons (i). Celui dont je parle a environ 4oo p//)/«', siir la coinmunication des vaisseaiix lymplialiqiies avec Ics veiiies. — M. Floirens lit de iiouvelles expd'iiciices smlaregeneralion des os, et sur 1 ac- tion do la inoelle cpiniei'c dans la respiration. — M. Dulong communique one leltre de M. Berzelius, annoncant la decou- verle d'une nouvelle lene qu'il nomnic tuuriue et de son metal qn'il nomme iaariuni. — M. Gay-Lvssac lit une note sur la conversiuM ties sulistancesorganiques vegelales en acide o.xalique par raction de la potasse cansliiine. — Du 27 Juiltct. ■ — 31. MiLKE Edavards communique des ohsei-valions sur le developpement des crustaces et sur Ics changemens de I'ornie que presentent ces animaux avant de parvenir a I'age adulte. L'aiileur indique plnsieurs resul- tats de ses observations snr les jeunes cymothoes, et sur les changemens qui snrvieniient dans le nombre des anneaux du thorax et des pattos am'iulaloires. — iM. Damuisccm (ait uii rapport verbal snr I'ouvrage de 31. de ViiXcens qui a ponr ob- jet d'exposer les principes de nonveaux elemens d'astronomie ,pi%si(|ue. — 31. Becqierel communique une note sur la de- 4;omi)osition du carbure de soulre par des actions electriques •i'l tres-pelite tension. On met dans nn tube du carbure de sou- frc au-dessns d'mic dissolution de nilrale de cuivre, qui a une pesanteur spt'cilique nioindre, puis une lame de cuivre qui plongc dans Tun et rautre liquide. Get assemblage determine ,nnc pile. Le carliurc de souire est deoonq)osc ainsi qu'une partie du nitiatc; il y a formation d'une grande quanlite de cristaux de protoxide de cuivre siu' la lame de cuivre, et depot de carbone sur les parol* du tube, en lames tres-min- ces, ayant un aspect melalliqne. — 31. Cavchy presenle un 31emoire sur I'equalion a I'aide de laquelle on delermine les inegaliles seculaires des mouveniens celestes. — Du 5 (lanl. ■ — 31 \1. Gay-Lusstic , Dulong et Bccr/uerel font un rapjjort sin- le Aiunoire de IM. Donne, intitule : Re- clierclies sar les inllucnrea qu'exerccnl les plienornines mrleorolo- giques sur les piles seclies. « Pen de terns apres la deconverte des piles vollaiquos, divers pliysiciens essayerent , mais en vain, d'cn conslruirc, avec des eleinens solides et indecomposables. M3]. Hac/tcttc fA Desormes presenterent a I'Inslitut, en i8o5, nn Memoire dans lequel ils firent connaitre une pile formee PAUIS. 5og avec ck'S couples metalliqiies, sciparc'cs p;ir uuo simple couclie de coile ile lariiie mCleo de sel niarin. L'luiinidite n'pandi.e dans I'air, attiree par cette rolle, siilllt pour etahlir le mou- veinent du fluidc elcctrique dans I'inti ricur. Les proprietes de cetle espefe de pile sent de ne pas aj^ir snr les animaux, de ne produire aucune action cliimi(|ue, de charger un conden- saleur an point de donner des etincelles et de fonctionner pendant plusieurs mois. On donne a cette appareil le nom de pile seche. M. Zamboni imagiiia une pile seclie dont I'eflet est de plus longue duree que la precedente; elle est composee de 5 on (Joo petits disques de papier, ctamcs sur luie de leurs faces, et reconverts sur I'autre d'unc couche de per-oxide de manganese pulverise et legerement humecte de lait ou autre liquide analogue. Ce physicien a niodilie cet appareil de bien des manieres; mais il n'en est resulte jusqu'a present aucun avantage reel pour la si'ience, peut-etre a cause des Aaria- tions continuelles qui surviennent dans sa charge. Le Memoire de M. Donne a pour hut de faire connaitre les causes de ces variations, (|ue I'auteur attrihue a I'influence des phenomenes meteorologiques. II a etudie successivement Taction paiti- culiere de Thumidite, de la pesanteur atmospherique , de la temperature, de I'electricite et de la lumiere .e;inconp plus parfaits que tons ceux qu'on avait empluyes JMS(|u'alors, un grand nonibre de productions vcgetales choisies jiarmi les plus remarqnables et les plus interessantes de celles que la nature prodigue avec tant de nchesse entre les tropicpies. Vingt-quatre annees ont ete employees a ce travail, dont Ic 5i/, I'UANcr;. li'Siilliil est iiiu; collection (rcnviroii cent a iiij;t platitcs, rc- pic.sciitccs en lout on en piirlie, tie ;^i;nuletir riaturelle etavc<; urie peilection telle (|n'ello pent, a re{!;anl de certains objet.s. laire illusion anx yenx d'nn holaniste exercc. Indepenilani- mcnt dii nuritc dc Texactilnde la plus minntiense, les onvra- ges do M. d'Arg;entclle ont I'avanlaf^e d'nnc solidite a toule cpreuve, puisqn'ils ont sid)i, sans aucinie degradation, celled dn transport de I'lIe-de-France a Paris. IM. d'Argentelle est iijort sans laisscr aucune instruction snrses procedes. lis pa- raissent trop longs, trop dispeudienx et trop emharrassans pour etrc appliques ;\ uu grand nonibrc d'especes, et leur utilite pour la science propremcnt dite est extrememer\t hor- iiee. En resume, les plantes artilicielles donl il s'agit sont tres-superieures a tout ce qu'on connait en ce genre, et elles semhlent avoir alteint toute la perreclion donl ces series d'ob- jels sont susccptibles. Nous les croyons bien digues de figurer iionorablemenl dans toute collection ouverle an public, oii elles altireraient infailliblemenl les regards des spectateurs et leur procureiaieut la parfaile et iacile connaissance d'objels interessans. » (Appronve. ) A. Michelot. — Academic Francaise. — Seance ptiblique annuelle dii 25 aoilt, jour de la Saint-Louis. — Distribution des prix Monlliyon et dn prix de pocsie. — L'n auditoire brillant, unpen moins nombreux toulefois que de coutume, assis- tait a celte seance.' On sail que le public se porle toujonrs avec enipressenient a ces rares soleunites, oi'i I'Tnslitut en corps sc devoile anx regards des profanes, et oi'i le modeste observateur, perdu dans la foule, pent conlemplcr tout a I'aise ces elus de la science et des lellres, dont il a si sou- vent entendu les noms, et dont la personiie est generalement beaucoup moins conuue que les ouvragcs. On a fait, de tout terns, des epigramnies plus oil moins bonnes, contre I'acade- mie et sesquarante inmiorlels ; on altaque aujourd'bui, d'luie maniere bienautrcment serieuse, les doctrines lilteraires dont la garde lui est confiee ; tout cela n'empecbe pas le public, et les detracteurs eux-memes, dc courii' a ses seances, a pen pres comme certains piovinciaux qui passent I'ele a dire du mal (le Paris, an loud de leurs cliateaux, et qui ne manqnenl pas d'y revcnir periodiqiienient tousles hivers. Un motif par- liculier prelc d'ailleurs encore plus d'iiiterel a la seance an- nuelle de la Saint-Louis. C'est dans celte seance que sont dis- Iribues, a la fois, les prix d'eloquence el de poesie, et ceux que la liberalite de M. de Monlliyon a legnes, par anlicipa- lion, il la vcrtu modeslc et indigcnle. C'eel line idee heureusc TAIUS. 5i5 et on meme terns un tomoiyiiage honorable do confiancc doiiiie arAcadeniie iianraise, que cle I'avoir chargee ile cetle pieiise function. L'ingenieux bienfaiteur semble av(jir voniii tenioigncr par la qne, dans sa pensee, les homnies les plus eclaiies de la Franee sont aussi les ineilleurs jngcs des bon- nes actions. L'Academie s'est montree constamnient digiie d'un tel minislere, et le siifliage unanimc du puliiic ajoiitera encore, cette iois, un nouvcau prix aux couronnes cpTclle vient de decerner. La seance s'est ouverte par un rapport de M. ANDRiEUxqui, pour la premiere fois, reniplissait devant le public les I'onc- tions de secretaire perpetuel. Tout le monde sail a quel degre ce celebre academicien possede Part de rendre piquans les details les plus arides. Son rapport, debite comnie une im- provisation, clair et elegant comme un discours long-lems medite, a ete entendu arec beaucoup d'inleret. M. le secre- taire a annonce que TAcademie remetlait au concoiws, pour i83o et i85i, les prix deja proposes sur C influence dcs Iois sta- les mceiu's ct dcs mociirs sur les Iois, et sur la ckarilc considiirce dans son principc, ses applications et son influence. Lc sujel dti prix d'eloquence, pour i85o, sera VEtoge de Malesiierbes : M. Andrieux a i'ait sentir tout ce qu'il y am-ait d'hcureux pour les concurrens, d'avoir a celcbrer, dans un meme heros , tant dcvertiis, de lumieres et de malhcurs. 11 a annonce enfin que I'Academie, ne croyant pas devoir decerner de prix, cette Ibis, pourl'ouvrage le plus utile auxmoeurs, avait seulement accorde deuxmedailles, de 2,000 fr. chaque, a 31. Ed. Alletz, auteur des Esquisses de la soiiffrance morale, et a M. Damiron, pour son Essai sur fldstoire de la pidlosophie en France an xis.' sii-cle. M. George Cuvier, qui presidait la seance, a pris ensuite la parole. Dans un discours ecrit avec elegance et sensibilite, plein de traits lieureux et juslement applaudis, ila lone I'ins- titution des prix de vertu, explique ses motifs, et fait voir que, dans I'intenlion du fondateur, I'appareil donne a cette distribution aurait egalement pour biit, de recompenscr de belles actions dejii faitcs, et d'en faire eclore de nouvelles. II a annonce que deux prix de 5, 000 fr., ct (iuinze medailles, de 600 fr. chacunc, avaicnt ete ac'cordes cette fois par {'Aca- demic. Presque toutes ses recompenses se lapportent, comme de coutume, a des personnes indigentes, et apparieuant aux dernieres classes de la societe. Le premier des deuxprix a etc oblcnu par W^' Paiiic Fran- 50N, de Sainl-Etienne, dcparlenieut dc la Loire, qui, avec Si« KHANCE. los sciiles ressoimos dv son tiaviiil it (ie son incpuisablc tharite, est vcniic a hoiit de former clans cette ville iiiie sorle d'ucole, ()i"i lie jeiinos (illos paiivros sonl giatuileinent noiir- rles rt hahillces , rcroivciit I'oducnlion qui loiivient a leur i'tat, et mcme un pelil trousseau a leur sortie. Nous regrel- lous de lie pouvoir consigner ici les details lonclians qu'a donnes, sur ce sujet, i\l. Ie directeur de rAcademie, et qui ont exiite lui attendrissement general. Ce sentiment est devcun pins vif encore lorsque I'orateura raconte i'histoire, si simple et si admirable a la fois, de de M"' Louise Scheippler, qui a recn I'autre prix deSooo Ir. Nee daus uiie vallee des Vosges, an ban de la lloche, sons les jeux dn vertiieux et celibre Oberlin, et saisie d'admiration pour les mer\ eillcs que cet honmie bienfaisant avait deja ope- I'ees dans son pays, Louise s'allacha, des IVige de quinze ans, a son service, sans vouloir accepter jamais Ie moindre salaire. Elle i'tait, dans toutes les saisons. partout, ;'■ tonte heure, sa fidele messagere : tons les bienl'aits d'Oberlin passaient par ses mains, et elle y ajoula bien son vent son modique snper- fln. Elle eut et execnta , la premiere, I'idee de ces mnisons d'asile, ouvertes aux enfans du penple ; henreuse et bienfai- san:.e institution , adoptee pi-omptenient en Angleterre, et qui commence a se naturaliser paraii nous (i). Le pastein-, a son lit demort, digue apprccialiMU' d'une telle vertu, legua Louise a ses enfans par un article de son testament, dont la lecture a vivement emu rasseml)lee : il y aurait la tm beau pendant pour le chef-d'oeuvre du Poussin qu'on appclle le Testament il' End amid as. La famille d'Oberlin se montra digne d'un pared legs; elle oflVit nne part d'cnlant a cellc que cet homme juste avait des long-tems Iraitee conime sa fdle. Louise refnsa, conime on le devine; mais elle reclama la fa- venr de joiudre a son nom c.elni du maitre qu'elle pleure encore; et MM. Oberlin declariTcul qu'ils ci'oyaicnt s'liono- rer eux-memes en accedant a sa deniande. De pareils traits, si doux a entendre et a rappeler, ne dcmentent-ils pas assez le trisle preceple d'Horace, et n'est-il pas permis de penser, qu'a tout prendre cet age de fer oill nous vivons en vaut bien un autre i' (i) M. CocHjK, m:iii (; dti i 2" arroiidisscment, secretaire rl i ap|i(iit('iir du ciiM.'-x'il |)Oiir I'exliiiclion de la niendicile, a f'onde dans le f'aubiin j^ Sain 'Ma recall, me Saiiillllppulyl<', ii" i5, pros de la rue MuiifTelard, mi etaljlis>ein<'iil vers et dcs pensccs egalement rcmarquahles, a, conuue on voit, le del'ant cssentiel de rapprocher ct de mettre, en (piel- que sorte, snr la mcme ligne, deux evenemens qui n'ont aucun rapport, et dont le premier (celui qui aurait du lixcr sen! I'at- tention du poele) est d'unc hien autre importance que le second. La piece conronnee, dont il nous restc a dire quclques mots (i), a paru recomniandabie par une grande pnreic de style, plutot que par la force et la nouveaute des peusces. 11 y regne, dans qiicbpies passages, une melancolic douce et attachante, que I'age de },l. Legouve rend plus icmarquable, ct qui rappelle assez bien le style du Mcrilc des fnnines. On a partictdicrement applaudi le passage ou le poete parle de ce qn'il doit a ses livres chcris, ct des manx qu'ils lui font oublier. Ailleiirs, rappelant la deconvci te du veritable sysleme celeste, il le decrit ainsi : Copernic, replac^ant le soleil delrine, Le fait roi dans les cieux; Cxc an centre du nioiidc L'inimobile fo\er de sa clarle fecondc; Et notre globe lourne, et de I'aslje du jour, Usurpateur decliu, s'en va gi.jssir la cour. Plus loin, parlant de I'opinion pttblique, manifestcc par Torgane de la presse, il nionlre que, dans ces grandes com- motions, dont la plus memorable est encore bien pres de nous, on ne voit plus : Une enieule, et sans but ct sans fruit , Une fiuile avcuglee et qu'un homme conduit; C'est lout iin siccle uoi, defendant sa pensee ; C'est I'a-uvic de vingt ans, en un jour amassec, Le fruit d'un long passe plein d'uu long avenir. L'auteur termine par des observations pins judicieuses quo neuves sur la licence de la presse, qu'il faut toujours distin- (i) Elle a ele ins^ree, en entier, dans le Globe du aG aoilt, el dans le Monitciir du 29 aoul. PARTS. 5i;) gucr (le ja liberie, ct, s'adressant a Tart ineinc de rimpriine- 1 i(>, il fail des vauix pour que : .... Boinant son pouvnlr a sauver Ics Etats, II eclaire ['Europe ot ne I'embrase pas I La Society royale des antiqaaires de France a entendu, daus sa seance du 29 juin 1829, lui rapport relatif a In collec- tion d'antiquiU's mexicfl.ines de M. Baradere. — Sa commission etait coniposee de M. Depping, pi'csidcut, Le Rouge, treso- ricr, ct ff'arden, rappoileur. iM.'NVarden a rappele u la societe, que les premiciX'S recherclies sur les aiiti(|uites mexicaines out etc I'aites par M. Dupai.v, ex -colonel de dragons a Mexi- co, qui avail etc charge par le feu roi d'Espagne, Charles IV, de parcourir le Mexique, et de chercher les plans et les des- sins de tons les anciens monumens qui ponvaient encore y subsisler. Le colonel Dupaix, acompagned'un secretaire, d'nn dessinaleur, et d'un delachement de cavalerie, fit trois expe- ditions successives, quicoCiterent an gouvernemenl cent mille dollars, et qui lirent connaitrc bcaucoup de monumens re- marquables; la ville de Palenqac, ses p3Tamides, ses aque- ducs, ses temples, ses palais, et le palais de Mitla. Les des- sins du colonel Dupaix sont restes a Mexico ; qnelqucs copies seulemcnt sont parveniies en Espagne ; elles Curent, plus tard, gravees a Londres. II existe jsncorc uue aulie collection d'an- tiquites niexiicaines appartenant a M. Laloiir-Allaid, qui a cte achetee par un Anglais. La collection de M. Baradere se compose de cent quarante-cinq planches representant les mo- numens de Palenqnc et ceux de JMUIa, et de plusiein-s monu- mens originaux, lelsque : une scene de sacrifices huniains, dessinee paries Asleqiies, sin- papier d'agarr ; un plan du lac Tezciico et de Me.rico, sur papier tie palmier; un tabh'au de? impots payes a Montezuma, egalcmcnt sur papier de palmier; une gcnealogie des premiers rois mexicains, comprenant une periode de i45 ans, copiee sur I'original, qui pcrit lors de I'incendie des archives; \\n crane en marhi'c, scnlptc ; des idoles en terre cuile, quelques vases, el plusieurs manuscrits, moitie en caracteresespagnols, moitie en caracteres hierogly- phiques. On avail remarqnc, comme une chose curieusc, que des medailles avaicnt etc trouvees dans un sepulcreaux environs de Mitla, et que ces medailles, qui ne sont plus dans les mains de W. Baradere, ctaient a reffigie des empereurs ro- mains. Celte trouvaille ne doit lairc faire aucune conjecture extraordinaire : il est tres-probable que ces medailles onl etc 5t>o FIlANCl:. transportces clans cot nuhoil depiiis la conqiiOto de I'Anie- riqiic. M. I5ar;itli'rc a encore en le lionlienr ile se proonrcr les des- sins originaux exccntes par Al. Casiancda, ponr le colonel Du- paix. 11 est a desirer que sa collection intercssanle ne passe pas a I'etranger, et que la France ne soil pas privee des fruits de la deconverle la plus importante qui ait ete faite en Amerique. M. Baradere est le seni Europeen a qui le gouver- nenient ait donne la permission de recneillir les aniiipiiles dii pays, et d'exeinter des i'onilles, depnis qu'il a ete rendu nne loi pour les defendre aux elrangers. Theatres. — Theatre frakcais. — i" representation du Czar Demetrius, tragedie en cinq actes, de iM. Leon Halev\ (saniedi, i" aont). — Une lenune, dont le costume annonce qu'clle sort dn doitre, est amenee danslepaiais des czars; c'est .Marpha, la veuve d'lvan, la mere inconsolable de deux fils que Boris a I'ait perir, et dont il a iisnrpe le trone. Pourquoi IMar}ilia e^l-elle ramenee dans ce palais, d'oi'i son ennemi I'a bannie depuis si long-tems, et que ses yeux, noyes delarmes, out peine a reconuaitre? Boris a besoin de son temoignage pour detroniper les peoples qui se rangent en Ibule sous les drapeaux d'uu bommc qui a pris le nom de Demetrius, le plus jeune des IHs de Marplia; malgre la ressemblance de riniposteur avec le prince, Marpha ne .sei-a point abiisee, ellc sait Irop bien que son enl'ant a ete egorge sous ses yenx. Aussi lorsqvi'on iui annonce ce qui se passe et les volontes de Boris, aucuue esperance ne vient consoler son coeur de mere ; mais le besoin de vengeance la decitle promptenient a recon- naitre le prefendu Demetrius; c'est le seul moyen qui luireste de ]>uuir le meurtrier qui occupe le [trone de sa i'amille. Au second acle nous sommes sous les murs de la ville, et dansle camp de Demetrius. Enloure de ses olficiers, il lenr raconte ses merveilleuses aventures, et conmient, eleve dans un doi- tre, et quitlant bieutot la vie solilaire, enqiorte par ses incli- nations belliqueuses , il I'ut recoimn pour le fils dTvan , au moment on il allait pcrir sous le glaive du bourreau, pour avoir tne, en se defendant, un noble polonais. A peine il a de- robe sa tete a Techafaud qu'il se prepare a ceindre la cou- ronue ; le palatin de Sandomir Ini promet sa fille, et Iui iournit des secours ; bienlot il est pres d'entrer a Moscou. 11 y est entre au troisieme acte ; Boris s'est donne la mort; tous les obstacles semblentaplanisdevant iui, lorsqu'apparaita ses yeux Thommc PARIS. 521 qui I'a soustrail a I'cchafaud en le faisant reconnoitre pour I'enfant des czars. Ici rauteur a heureusement place une de ces peripeties draniatiqnes que Boileau recouimande : D'un secret tout a coup la verite connue, Change tout, donnc i tout une face imprevue. Jc ne t'ai point rendu inais donne la couronne, dit I'etranger au jeune honime ; tu n'es point le fils des czars; je suis "NVas- sili, et j'ai, de mes propres mains, assassine Demetrius. Mais Boris fut ingrat envers son complice, et je resolus de lui ravir un pouvoir qu'il refusait de partager avec moi. Le liasard offrit ii mes yeux un enl'ant dont les traits rappelaient parfaitentcnt ceux de Demetrius; je I'enlevai de la cabane ou il etait ne; cet enfant, c'est loi. Tn saislercste. Je I'ai donne la couronne, mais je te I'ai donnee pour regner sous ton nom. Quitte tes projets d'lijmen; tu passeras sur le trune sans y laisser de posterite, car ce trone doit m'appartenir. Ce lerriijie aveu^ auquei De- metrius refuse de croire, jette pourtant I'iaquietude et la fureur dans son ame. II veut demander raison a Wassiii, qui lui presente sa poitrine avec un calme dedaigneux. Le jeune liomme ne pent se decider a percer le sein de celui qui I'a sauve; il jure cependant de le faire punir, lorsqu'en le quittant Wassiii lui a declare qu'il trouverait facilenient le moyen de le perdre, s'il ne consentait a satisfaire son ambition. Le rideau qui se leve pour le 4' acte nous decouvre I'apparteinent de Marpha; Demetrius estaupresd'elle,et elle pleure loujoursson fils. II est convaincu maintenant que Wassiii lui a dit la verite; il frissonne a I'idee qu'il n'est qu'un iinposteur; il songe sur- tout a sauver sa renommee. Je ne puis vous rendre le fils que vous avez perdu, dit-il a Marpha; mais je puis vous rendre le respect et I'amour qu'il aurait ens pour vous, je puis etre son vengeur. Cependant Wassiii ne fait pas attendre I'ellet de ses menaces ; les soldats et les boyards insurges marchent, sous sa conduite, contre le palais ; le faux Demetrius vole a leur ren- contre, et bientot revient vainqueur, mais blesse. II sent sa mort prochaine, et conjure Marpha de sauver sa gloire en gar- dant son secret, et en le faisant ensevelir dans les tombes royales. Wassiii, qu'on amene prisonnier, repete les revela- tions qu'il a deja faites. A ces traits, a cette voix, iMarpha jette un cri : rends-moi mon fils, dit-ellc eperdue en reconnaissant I'assassin. Ce mot trahit le secret qu'elle avait promis de tenir a jamais cache ; le faux Demetrius arraclie I'appareil pose sur sa blessurc, el Wassiii est conduit au supplice. — Cette piece est composee et ecrite avec talent ; il y a des scenes tres-bien T XLin. Aorx 1839. 34 023 FRANCE. lailes, eiilie initrescellc ow Wassili rovtic an liuix Demetrius sa dcsliiii'c. Lc raract(''ro de ^VassiW est vigouroiisemcnt tracr, Marplia est palhetique, Donic'trius, noble et interessaiU, et ce- pcndant rciiseni!)le de la piece n'emeut que laihleinent; je mc suis dcmaiule la cause de cette singularite : ue serait-elle pas dans la position respective de Marpha ct du faux Demetrius ? Ces deux personnages ne sont rien I'un a I'autre, le spectateur le salt, il les voit glaces dans leurs enlreticns secrets, e^ de? qu'ils sont en public , il leur faut feindrc la tendresse liliale ct les transports de I'amoiir maternel. II y a dans cette situation quclque chose de froid, d'anti-dramaticjue etqui repousse I'in- teret. C'cst un vice du sujet, dont il n'elait pas an poovoir du poete de triompher. On sait que I'ebauche d'unc piece sur le menie sujet est conservee dans les oeuvres de Schiller, et Ir. poete I'rancais I'a consultee avec fruit. La sc6ne ou Demetrius raconte I'histoire de sa vie nous semblc plus dramaliquc chez le poete allcmand parce qu'elle a beaucoup plus d'iuiportance dans Taction. Ici c'est un recit qui s'adresse plutot aux spec- tateurs qu'aux personnages auxquels parle Demetrius, car il n'est pas naturel qu'il ait attendu, poin* leur raconter son his- toire , le jour ou il arrive victorieux sous les murs de Moscou. Dans la tragcdie allemandc, Demetrius fait son recit devant la diete polonaise, oi\ il conipte des advcrsaires aussi-bien que des amis ; et c'est de I'inipression que produira son discours qu'il attend de la diete I'appui dont il a bcsoin pour accomplir la destinee qui s'ouvre devant lui. Cette scene, qui fait I'ex- position du drame de Schiller, est pleinc de mouvement et d'interet; elle serait excellenle, debarrassee de quelqucs lon- gueurs. Mais le personnage de Wassili apparlient presque tout entier a notre poete, et c'est unc creation qui lui fail beaucoup d'honncur ; c'est uncaracterepoetiquementdessine, et il a dans la physiononiie quelques traits d'une ferocite froide qui decele asscz bien le barbare de la Moscovie de ce tems-la. Malheurcusement nous n'en pouvons dire autant des autres personnages, un pen enlumines d'un vernis moderne. Mais les belles parlies de cct ouvrage suifisent pour reveler un ta- lent veritable et donncr des esperances que le poete ne trom- pera pas. — Theatre akglais. — The Stranger [I'Etranger)^ drame en cinq actes, imite de Kotzcbae, par B. Thompson, et le /j" acte de tlic Merchant of Venice, drame de Shakespeare (mardi, 4 aoQt) — Douglas, tragedie en cinq actes, par J. Home, et le 5" acte de the Stranger (samedi, 8 aoOt). — : Jane Shore, tragedie eu cinq arfps de Rovve (mardi, ii aoOt) — The Sti'angcr est la PARIS. 525 piece que nous connaissons sous le litre de Misanthvopie et liepentir ; comme en France, elle a obtenu a Londrcs un fort grand succes; et les critiques severes qui en out le niieuxie- uiarque Ics delauts, n'ont pu s'empecher de convenir que c'est un ouvrage tout rempli d'un patiietique dont I'dlet est inevi- table. Ondit que I'ien n'a ete pliisparlait que le jcude J. Kcnible et de M""" Siddons dans les roles principaux. Aujourd'hui c'est RI"" West qui joue a Driiry-Laue le personnage de 31 ""^ Haller ; elle le rend avcc intelligence, niais elle niancpie de vrai patbe- tique ; cette douleur, qui se nianileste en hoquets brnyans et en sanglots multiplies, pent plaire a Loudres, niais elle est bicn moins touchante pour des speclateurs francais, que la douleur ninette et pourtant si eloquente que M""' 31ars exprinie dans ce role oil elle est admirable. An reste, 1V1°" West, en butte a quel- ques sifflets acharnes et qu'on a fini par expulser a la represen- tation suivante, s'est constanmicnt trouvee dans un etat de malaise qui doit nous rendre indulgens pour elle ; elle eut certainement paru meilleure sans cette malveillance visible. Quant a Wallack, que des applaudissemens ont IVequeniment encourage, il nous a montre tout son talent ; nous avons tache de I'appreeier dans notre dernier article, et les nouveaux roles on nous I'avons vu n'ont fait que nous confirmcr dans jiotre opinion. C'est un acteur qui ne manque ni d'usage, ni d'liabilete, mais que nous ne croyons pas destine par la na- ture a briiler an premier rang. — Parmi les divers ouvrages dramatiques de I'J^icossais Home, Douglas est le seul qui soil reste an tbeatre ; il epuisa, dans ce premier elan, dit im critique, toute son energie et tout son feu ; mais s'il efjt accompli toutes les esperances qu'avait fait concevoii- son de- but, il fut devenn le rival d'Otway, et se serait place meme aupres de Sbakespeare. Le sujet de Douglas est le meme que celui de Mcrope ; mais ici Taction se passe dans les terns mo- derues, et parmi des personnages d'une condition privee. De la simplicite dans les incidens, de la verite dans les caracteres, du pathetique dans les situations, de la poesie dans le style, voila les qualiles qui dislinguent cette piece, et en font un ilrame fort touchant, malgre quelques defauts que nous n'a- vons pas le tems de relever ici. Toutefois, I'interel nous semble porte, dans Mrropc, a un plus haut dcgre, et il y a beaucoup plus de terreur dans le sujet antique.oi'i Egvsle est expose a un peril contiuuel et bien pluspressant que celui dont Douglas est menace dans la piece moderne. xAl" West, qui rem plissait le rule de lady Randolph, mere de Douglas, I'a rendu avec naturel et intelligence; mnis, nous le repelons, elle n'a point 5:^4 FRANCT'. celto scnsibilito proloiulo qui rciiitio nn aiuliloirc, res larincs S'yini>;»tlii(|ii('s (|iii lout iinilrc Ics lainics dans Ions Ics ycnx. Cc n'esl pas non pins nn pallu'liqno ))ien conininnicalirqnc cclni fleA> allaik,niaiscctactenr adelanoljicssool dn leu; il ticndrait, avei' l)»'auconp dc distinction, son rang' dans nne tronpo on il no joncrail pas le premier rule. Apres Ic depart dc M"'" >Vest et tie ANaiiack, les eoinediens anglais ont lermine lenrs rej)re- s<;ntalions pnr Jane Shore; nous avons deja en occasion dc parier dc cettc piece, oi'i M"'' Suiitlison elait fort touehante. (]'est M'°" Saint-Leon, cettc jcuik; Francaisc que nous avions deja vnc dans Coriolan, qui reniplissait le role dc Jane Shore, et elle y a I'ait prenve d'un talent encore inexperimente , niais qui donne des csperanccs. Elle a rendn avcc beaucoup dc verite les scenes dilliciles du cinquienic acte. Lorsque les co- uicdiens anglais rcvicndront ;\ Paris, nous leur conseillons de clioisir \nic nieillenre troupe; le i'roid accueil que nous venous de leur I'aire n'est point, de notre part, commc on I'a dit nial a propos, une prenve de legercle, c'est unc prenve de gout. M. A. — AcADEMiE ROVALE DE MusiQUE. — GuiUaiimc Tcll, opcra en (piatre actes, paroles dc MM. Jouy et Hippoljte Bis, nui- sique de M. Rossim , ballets de M. Ai;mer , decorations de iM. CiCEivi (Inndi 5 aont 1S119). — On pent jeter qiielqnes doutes sur les a ventures de Tell et sur les tails qui accouipa- gnerent la liberation de la Suisse; mais personne ne contes- tera I'interet eniinemment draniatique de toute cetle hisloire. Aussi ce sujet a-t-il etc Irequeniment traite par les anteurs qui travaillent pour le theatre. On a tout dit sur le poeme nouveau, dont nous n'essaierous pas de donner ici I'analyse repetee deja dans tous les journanx; il i'autbien I'avouer, du reste, on a en raison d'avancer qu'il est presque en general an niveau des lihretli italiens dc noire epoque. Mais, du moins, il offre le menie avanlage que ceux-ci, et senible n'avoir ete compose que snr des patrons fonrnis par le compositeur; les phrases sjmetriquement disposecs et Ibrmees de syllabes so- nores ont laisse nu clianq^ libre a la musiqnc. D'aillenrs, les anteurs, dans la preface de leur ouvrage, ont pris soin d'aver- tir Ic public de leur but, et de reclamer son indulgence. Ce- pendant la critique ne pent perdre tous ses droits : passe pour la versification ; mais la ('Ontexlure menie du poeme a-t-clle done oflert tout cc que I'on ponvait csperer? Fst-il quclqne chose de plus absurde que eel amour d'Arnold et de Ma- ihilde? N'eQt-il pas mieux etc dc donner a la revolte des Suisses nn commencement d'cxecution commc a\ait fait Se- PARIS. 5^5 duine; dans I'opera ile cet atiteui', donl Grctry composa la niusique, etqiii a dernicicinoiit rcparu avecsutxcs a I'Opei'a- Comiqiie, on \oitlebunnet dc Gessler, arrarhc desa coloniie. dechire et I'oule aux pieds. Cetle scene est dn pins ])el effcL; l)ouiquoi les nouveaiix antcurs ne I'ont-ils pas cunseivee? Quelqnc tVivole qne soil la danse et nienie la cliuregiaphie, nous ne devons cependanl pas passei' sons silence rextreme soin apporte par I'administration de I'Opera a cette parlie dn grand ouvrage dont il est question. INotis devons surtout des ♦'■loges a 31. Anmer pour avoir employe assez i'requemnient Ics masses; ce qui n'empeche jamais des sujets tels que Paul, M""" Montcssu et Taglioni de paraitre avec eclat dans les solos. II me sembie qne c'est snrlout dans le pittores-Lafasge. NECROLOGIE. liTATS-UNis. — De Witt Clinton. — De Witt Clinton, des- cendant d'une famille irlandaise qui s'etablit, en 1729, dans r]?;tatde New-York, naquit, en 1769, a Little Britain, dans le comte d'Orange. Apres avoir etudie deuxans a I'Academie de Kingston, ilpassa, en 1784, au college de iNew-York (^King's college, aujourd'hui Columbia) , oi"i il fit de brillantes etudes classiqueset niathematiques. Plus tard, ilse fit recevoir avocat, et pendant peu de terns exerca cette profession; mais il y re- non»;a bientot pour la charge de secretaire parliculier de son oncle George Clinton , alors gouverneur de TEtat de New- York. Apres avoir rempli tour a tour difl'erentes fonctions publiques, entre autres celles de senateur des Etats-Unis, de Witt Clinton, fut investi, par la confiance de ses concitoyens, de la charge de mairc de New-York, qu'il occupa, avcc une interruption seulement de deux ans, jusqu'en 181 5; puis, en 1817, il I'ut elu gouverneur de I'iltat de New-York. Maisl'es- prit de parti qui divisa le pays a cette epoipie , le decida a se demettre de cet honneur apres cinq annees d'utiles et hono- rables services. Plus tard cependant, il ccda aux instances de ses amis, et rentra dans la vie publique ; en 1824? il f"' reelii gouverneur, malgre les efforts de ses adversaires politiques, a une inajorite de pres de 20,000 voix. Ciinlun fit preuve de grands talens, de fermete et d'integrite danslagestiondesafiaircspubliques. «Ne,ditsonbiographe (1), (1) Memoirs ofDe TFitl Ctinion, etc. — Memoires sur De Witt Clinton, avec un Jppenaice conlcnant de nonibreux docuuiens qui out rapport aux priiicipaux eveneinens de sa vie; par Z'du/c/ IIosack , D. M. New- York, i82f). In-4° de 53o pages, avtc un portrait. Ce Memoiie, auqucl 53o NI^CROLOGTE. et ('Icve permi Ics wings de la ruvolulioii , c'elait un ardent el Crane repnblioain. Comme senateur, comme jnge, et connnc goiivornoin- dc I'Elat, il riprima oonstammciit les pretentions (In pouvoir, re.sista elUcacenient anx einpietcmens dcs difte- renlcs parties dn gonverneinenl les nncs snr Ics aulros, et de- I'cndit avec perseverance et non sans danger la soiiverainete de I'Ktatetles droits individuels des eitoyens. En sa qnalitede magistral supreme, on le vit constaninient occupe a ohtenir de la legislature des actes ponr I'etaljlissenient et le sontien d'ecoles et de colleges, ponr le progres des sciences, I'abo- lition de resclavage des noirs, le perl'ectionnementdu systeme de la niilice, de la police et dc la jinisprudence, et pour I'etablissement d'asiles destines aux orphelins. Clinton tut nn des principaux fondateurs de la Socicte littcraire et p/iiloso- pliique de New -York, autorisee en 1814, et qn'il presida jus- qu'a sa niort ; el la Soeiete liistoriqiie de cette ville, donl il fut nn des premiers membres, et qn'il presida egalemenl, lui est redeva1)Ie d'une allocation de 17,000 dollars, que la le- gislature lui acrorda a sa demande. Ce fut anssi a son insti- gation que cette assemblee vota des fonds ( 10,000 dollars dc rente annnelle pendant quaranle ans ) a I'iiospice de la ville de New-York, et que I'Etat prit I'asile des orphelins sous sa protection. II ful aussi im des premiers mend>res et des fondateurs des Socictes des Ecolcs iibres, de la Socicte presbyterienne ponr I'education des ministres de I'Eglise, et le protectenr de Tinstitution ayant pour bnt de sontenir les ecoles destinees aux enfaivs en has age. Ce fut anssi lui qui contribna a ctablir le fonds pour rentietien des ecoles pnbli- qnes, qui rapporte aujourd'liuiaii-dela de 200,000 dollars (i). 3Iembre de la conr des errenrs, oi'i il deploya autant d'ac- tivite que de talent, Clinton, doue d'nn esprit eclairo et libe- ral , ne tarda pas a s'apercevoir des inconveniens resultant dc I'adoption de la jurisprudence anglaise. En i8o5, il travailla nuns empiuntuns la i)luiiail dcs fails rapporlcs (inns la thiiic, a «jle coni- jiose sur I'invilaliun de la Socicte llllcraire ct philosophitjuc dc A'cu)-) ork, apies que I'auleui-, qui avail el6 Tanii et le niedeciii de Clinton, efit etc appelei lui succeder comme president dece corps savant. — Le doctenr liosack nous apprcnd , dans sa preface, que la famille de Clinton a cliarge I'honorable John C. Spencer d'ecriie sa vie, el lui a cumniMiiique a cet cITet tons ses papiers. Le ])ublic [)cut dune s'atlendre a uiie autre biographic digne dc cet liomnie illustre. (1) Le nombio dcs ecoles de I'Elal, en 1827, •■tail de 8,2<)vS, et relui des enfans dc I'i^ge de rtnq a qiiinze ans, qisi y rcQoiveut leur tducalion, dc 4i9)2i<5. Nl^CROLOGIE. 53 1 lie tons SOS efforts a Taboiition des restrictions auxqnelles ce code assujettissiiit les catholiqiies remains, et, en i8i5, il obtint, ;'t cet effot, un bill de !a legislature. II contribua aussi puissaniment a etonffer ces miserables prejugos qui existaient coritre les etrangers naturalises, el dans un terns de fermentation pf)litique, il s'en aA'oua meme le protecteur. Quand dos hoaimes violens proposerent I'expnlsion des na- turelsde Tlrlande ; « He quoi ! s'ecria Clinton, vent-on nous priver des meilleures tetes et des plus nobles coeurs de la re- publique ?» Comme juge de la cour criminelle, il declara que« les lois d'Angleterre, qui exigent la violation du secret du confession- nal , etait inapplicable aux Etats-Unis, dont la cbarte cons- titutionneJle proclamait la liberte des cidtes et des opinions religieuses »; et, en exprimant cette opinion, il defendit Tin- violabilite du sacrement de la penitence, reclamee par un pretre, en vertu de la constitution americaine. La cour se rangea de son avis, que partagerent aussi les membres de tons les autres cultes. Clinton provoqua d'autres reformes legislatives non moins importantes. Les cbangemens et les ameliorations i\ appor- ter a la loi des statuts, qui occupent actnellement les juristes des Etats-Unis, avaient aussi fixe, depuis long-tenis, I'atten- tion de Clinton et fait I'objet de ses meditations. On lui doit aussi la justice de dire que, dans ses communications olTi- cielles avec les legislateurs , pendant plusieurs annees, ante- rieurement a I'acte de iSaS, il avail fortemenl signale diver- ses reformes essenlielles a introduire dans la legislation de TEtaf, et que ce sont ces recommandations qui y disposerent Topinion publique, et provoquercnt I'important travail de la reunion des lois qui s'executent actuellement. Clinton, etant president de la commission des travaux pu- blics en 1808, obtint de la legislature de I'Etat une somme de 100,000 dollars pour les fortifications de New-York ; et, lors de la declaration de guerre des Etats-Unis contre I'Angle- terre, il fit un appel an patriotisme des habilans, qui souscri- virent en pen de terns un million de dollars pour la defense de la ville. II oflVit a la meme epoque ses services comme major- general de la milice de I'Etat. Le grand canal de jSeAV-York, qui eta])lit une communi- cation entre les lacs el I'Ocean, est un noble monument de son genie et de sa perseverance. Sans lui, sa construction eftt ete I'ouvrage d'un sie(;le entier. Telle etait du moins I'opinion du venerable Jefferson', el son succcsseur, M. Ma- 53a Nl^XROLOGIE. disoti, (loclara qii'il laiulrait plus d'argciit que la nation n'ctait en otat d'en ilonner pone torniincr une si vaste cntrcprisc. Clinton non-sculomenl en demontra la possibilile, mais il indiqiia les moyens dc pourvoir a sa depcnse , el eut la gloire de rachcver. (' La philosophic, dit son biographc , I'histoire, la poesie, les bellcs-lellres, la metaphysiqiie, I'histoire natuiellc et la thet)logie, occnpaient tour a tour les instans qu'il derobait aux affaires publiques. >> II etait verse dans les sciences physiques, particulierenient dans la zoologie et la mineralogic. 11 excel- lait aussi dans la botaniqiie , I'ichtiologie et I'ornithologie. II reniplit , durant noniI)rc d'annees, la charge de regent de rUniversite de New-York. II etait aussi luembrc de I'Acade- uiic des arts de New-York, du Lycee d'histoire naturelle, el iiienibre honoraire de la Societe wernerienne d'Kdinibonrg et des societes linneenne et d'horticulture de Londres. On a de lui plusieurs ouvrages, dont il serait trop long de donner ici la liste. « En 1816, dit son biographe , Clinton fut eleve, d'un consentement unanime, aux plus hautes fonctions maconni- ques des Etats-Unis, et les remplit jusqu'a sa mort. Ses longs et continuels rapports avec cette institution, qui coniple parmi ses menibres les nonis illustres de fV asldngton, JVarren, La Fayette, Frunldin, Pinkney, R.-R. Livingston et le venerable chef de la justice Marsliull, etc., sont la preuve la moins equivo((ue qu'on puisse oll'rir de la purete des principcs, de la nioralite et de la tendance religieuse des preceptes qu'en- seigne la rranc-maconnerie. Mais, conniie d'autres institutions de bienl'aisance et de piete, elle coniple dans son sein des homines dont elle est fiere , et d'autres qui la dcshonorent. » Liberal arexces, Clinton, tout entier a sesdevoirs publics, ct ne consultant que les interets de son pays, negligea ceux de sa t'amille au point, ajoute le docteur Ilosack, (luc les orplielins de celui qui avail si puissamnient contribue a la prospcrite de I'Etal, et a I'enrichisscment du tresor, se Irouvcnt, aux 10.000 dollars pres que la legislature leur a voles, sans ressource, je dirai presque sans les moyens de pourvoir a leur education et a leur existence. Clinton, qui avail etc marie deux i'ois, d'abord a miss Franldin, fille d'un riche ncgociant de la societe des amis, puis a la lille du docleur Jones, medccin distingue de iVew-Y'ork, avail en de son premier mariagc sept Ids el trois lilies, dont six lui out survccu. Clinton est mort d'apoplexie le 1 1 iV^vricr 182H. " Son nom. dit M. Ilosack, comme ceux des fV uikinglon . Hamillon. NECROLOGIE. 533 Franklin, Ritteiihoiise , Jefferson, Fenton, etc., sera insepa- rable de I'cxistence de sa patric , et traiismis, chaque jour brillant d'liu nouveau lustre, a la posterite la plus rcculee. » Semper honos, noincni/uc iuum, laudcsqtic manebunt.. Warden. Italie. — Oclavc-J ean-Bapiisie Assarotti, ne a Genes, le 25 octobre 175I, fit profession chez les Piaristes ou peres des ecolos pies, societe respectable par sa regularite et par les sa- vans qui I'ont illustree. De ce nombre etait Assarotti, profes- seur (le iheologie danssa congregation; il remplit cette place avec distinction ainsi que d'autres que lui confia I'estinie de ses confreres. Nous franchissons rapidement ces details inter- niediaires pour fixer I'attentiondes lecteurs sur I'objet le plus important de la vie de cet lioninie de bien. L'etat afiligeant des sourds- niuets opera sur lui les me- rries impressions que siu' I'ablje de TEpue, dont il fnt le digne emule. Attendri sur lenr sort, il forma le projcl de les rounir, obtint, en 1802, I'assentiment de I'antorite publique, et or- ganisa a Genes I'inslitut oi'i il recueillit ces infortunes. Deve- lopper leui' intelligence, les former a l'etat social, a I'exercice des arts et metiers, les diriger dans la voie de la piete et des vertus, tel est le but auquel il voulait atteindrc. Un plein succes couronna ses elYorts; il redigca ^>our eux une gram- maire simplifiec qui, etant a la fois un traite de logique, faci- litait les progres des eleves en donnant de la rectitude a leurs jugemens. 11 a compose et imprime tons les ouvrages neces- saires a son etablissen\ent; tons attestent la sagacite de son es- prit et la droiture de son cceur. II consacra a ses eleves, son tems, sa sante, ses talens, savie et sa fortime ; il les a institues ses beritiers. Assarotti, modele deplete, de douceur, d'huma- nite, de cbarite , est decedc a Genes le 29 Janvier 1829. Le pere Ricci a prononce son oraison fnnobre. Un de ses dignes amis, I'abbe Degola qui, verse dans la connaissance des signes, faisait par ce moj^en des instructions aux eleves, I'avait precede dans la route de I'eternite. M. I'abbe Roselli a rempli la meme tache dans les dernie- res annees du pere Assarotti. Mais ici-bas, il en cofite pour faire le bien; c'est inie mission semee d'ecueils, et deja, a ce qu'on assure, I'intrigue et la jalousie s'agitent pour I'evincer de cette place, et placer I'institut sous la direction jesuitiquc. G. France. — De Wartinel [J oseph-Frangois-Marle), ne en Savoie, en 176.3, ancien colonel dans les armees francaises, 554 NECROLOr.IE. directeiir de la pepinieic dtparlcmcnlale dn Rhone, corrcs- pondant de la Societe royale et centralc d'agiiculUiro, etc.. morl a Lyon, le lo avril 18119. Nous empnintons a IM. Bona- Fous les fails qui rccommandent aux gcus de bicn dc tous les pays la menioire de cc fils adnplifde la France. Ses efforts pour propagcr la cullure du infirier ct pci rectionner Tail d'elcvcr les vers a soie, ne I'urent point inl'ructueux. 11 verilia soi- gneusement les experiences que I'on avail I'ailes jusfpTalors pour reuiplacer, en cas dc l)esoin, les feuilles de eel arbre, et les resultals de ses essais sont consignes dans les actcs de la Societe linncennc de Lyon, dont il I'ul nn des fondaleurs. IMar- chant sur les traces de Parnientier, il niulliplia les experien- ces sur la pomme de terre, alln d'assigner les especes (jui Iburnissenl le plus d'amidon, on I'alcool, apres la fermenta- tion. Posscsseur d'un petit coin de terre dans la presqu'ile de Terrache, il le cultivait lui-nienie, et se iivrait a des essais qui atlestent les bienfaits que I'agricullure lyonnaise pourrait cs- perer d'un etablissement agricole plus etendu. On regrellera que cet agronome, done d'aulant d'intelligence que de zele ait si pen ecrit : mais les services qu'il a rendus equivalent bien a des livres. « Tons les liommes, disait-il, ne peuvent etre grands ; tons peuvent elre bons et utiles : personne, assure- nient, ne joignit niieux Texeniple an prcceple. » Les resultals des experiences de M. de Marliuel sur les pomnies dc terre sont inseresdans les bulletins de la Societe d' encouragement, et dans les Blemoircs de la Societe d'agriculture du deparlenient du Rhone. F. TABLE DES ARTICLES CONTENDS DANS LE CAHIER D'AOUT 1899. I. MfiMOlRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1. De rindependancc dcs nouveaux EtatsderAm^rique (2' ar- ticle) CIt. Comte. 965 2. Eloge liistorique de Laplace Fourier. 290 II. ANALYSES D'OUYRAGES. 5. Siemens de palhologie vetcrinaire Flourens, 3o5 4- Second voyage de Clapperton daus I'interieur de i'Afnqiie (ou\rage anglais) Cliauvet. 5o8 5. Cours d histoire niodei-ne, par M. Guizot J. C. L. deSismondi. 35o 6. Histoire de Pologne, par N. A. de Salvandy JLplu d'llerbclot. 348 7. OEuvres de Milliner (ouvrage allemand) H. C. Syfi III. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Annonces de 88 ouvrages franfais etetrangers. AmEMQUE SEPTEISTRIONALE. EtatS-Vllis , 3 302 ASIE , 2 094 EunoPE. — • Grande-Bretagne ,9 095 — Russle , 5 4io — Dancmark,''^Q. !^\Z — Allemagne, 7 4*4 — Turquie, 1 4^4 — Italic. 5 4^5 — Pajs-Bas , 4, dont 1 ouvrage periodique 429 Fhaince , 52, sivsoir I Sciences physiques et natiirelles , 12 4-3>^ — Sciences religicuses, vwrales , politiques et liistoriques , 10. . . 444 — Littdrature , ig 4'^^ — Beaux-arts ,4 • . 47^ — Mimoires'et rapports de sociiics savantes , 2 4^9 — Ouvrages piriodiques , 9 4^3 — J^ivres en langues Hrangeres , imprimes en France, 5 . . . . 4^4 556 TADLC I)ES ARTICLES. IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTtRAIRES. AniiinioiiE SEPTENTnioNAi.E. — Etats-Unis : Ltablissemcns plii- laiilropiqucs de M. Macliive 4^6 EUROPE. GRANDE-BnETAG^•F,. — Expedition .sci('utifir|ue. — Londrcn : Voi- tiirc a vapeur. — Durham : Anliquilcs. — Lcmdres : Piihli- cations prochaines • . . 489 RussiE. — Sibdrie : Mines dor et de plaline. — Kherson : Beaux- arts 492 Allemagne. — Hongric : Universites ; Statistiquc. — Arretes iinperiaux relatifs aux universil^s. — Berlin : Recompense litteraire , 49^ Suisse. — Valais :T{e-un\on, sur le mont Saint-Beruard, dc la Societe lielvelique dcs sciences nafnrelles 494 Gkece. — Expedition scientifique en Moree ^97 Pays-Bas. — Enseigncment superieur ; Elat du nombre des (l'l6vos qui se trouvaient dans los universites an i"^"^ noveni- Lre 1827. — Loiivain : Society beige pour la propagation ^conomique dcs bons livres. - — Jardin botanique. — Eta- blisseuient ortliopedique. — Coutume gothique 5oi France. — Anliquites de la France ; Antiquites du INlorbilian. 5o3 Paris. — Institut : Academic dcs sciences : Seances du 20 juil- Ict au 10 aout 1829. Academic francaise : seance publiquc de la Saint-Louis. — Society rojale des aniiquaires dc France. ■ — • Theatres. — Theatre fran^ais : i" representa- tion du Czar Demetrius, tragedic. - — Tliidtre anglais : The Stranger, the Merchant of Venice, Douglas, Jane Shore. ■ — Acadimie royalc de Musique : 1" repr(5sentation dc Guillaumc Tell, opera 588 Necrologie. — Etats- Unis : De Witt Clinton. — Italic : Assa- rotti. — France : De Martinel 629 .1. HARBEZAT, EDITEUR, A PARIS, lil'E 1)F.S nEALX-ARTS , N" 6 ; A GENEVK, MKME MAISON. THEORIE DU JUDAISME, ATPLIQUEB A I.A RBFORBIE DE8 ISRAELITES TOUS LES PAYS DE L'EUROPE, ET SERVANT EN MEME TEMPS d'oUVRAGE PREPABATOIRE A LA VERSION DU TALMUD DE BABYLONE; DEDIEE A S. M. NICOLAS I", EMPEREUR DE TOIJTES LES RITSSIES ET ROI DE rOlOGNE ; ■par I'rof^sseur de langues et d'antiquite's orientales a I'llniversite royale de Warsovie, membre du Comite des Israelites et de plusieure Societ^s savantes. Grace aux lumi^res et a la tolerance qui caracteiisent notrc siecle , on pent , an nombre des questions qui inte'ressent I'hnma- iiite', aborder libremcnt cclle de re'mancipation des Juifs. Dohm, Gre'goire, Thie'ry , et d'autres e'crivains remarquables, ont en- visage cettc question sous un point de vue qui fait honnrin- a Icurs nobles sentimens. lis consid^rentcelte e'mancipation comme une dette publique dont les gouvernemens doivent se liberer au plus tot dans leur propre intr'ret. C'est la, disent-ils, le seul inoyen lie roiidre Ics Jiiil's plus heareux cl plus utiles en inc'/ne temps. Mais ces philaiitropcs cclebros , tout en plaidaiit la cause de rintortune, oat omis pkisicurs elenicns qui doiveut entrer dans la solution de ce probleme. Us ont jugc' la nation israilite : 1° Sur los dispositions dun petit nombre d'individus eclaires et bicn intentlonnes, pliitot que sur cellcs de la masse entieic qui est loin d'avoir les mcnies luniit^rcs et les memes intentions ; 2° Sur I'etat des Juifs en France , et dans quelques autres pays de I'Europe, ou ils sont moins nonibreux, moins compacts qu'en Pologne et en Russic , et par consequent plus disposes a secouer ieurs prejuge's les plus grossiers ; 3° Sur le te'moignage de quelques auteurs non-juifs , incapa- bles de porter un jugement motive du Judaisme, et non sur I'au- toritc des Rabbins et autres doctcurs israelites ; 4" Enfm, sur la tendance de la religion de la Bible, et non sur les maximes intole'rantes du Talmud de Babylone , qui est aujourd'hui le Code sacrc' de la Synagogue. Voila comment ces divers auteurs ont erre dans les jugemens ([u'ils ont emis sur cette question; voila comment, d'accord sur le but, ils se sont tousegare's dans I'appre'ciation des moyens. Ils ont cru les Juifs susceptibles d'etre re'forme's sans avoir auparavanl re'forme' le Judaisme ; ils n'ont pas compris que la masse des Israelites se refuserait meme aux bienfaits d'une reforme qui les mettrait en collision avec leur conscience , en les detachant du Mosdisme et du Judaisme en meme temps. L'abbe' L. Chiarini, autcur de I'ouvrage que nous annonoons et qui est actuellement sous presse, a d'avauce prc'vu toutcs ces diHiculte's pour les resoudre victorieusement. Comme les e'cri- vains que nous avons cite's, il veut la reforme des Juifs, il la montrc Icnte, graduelle, pe'nible meme, mais il la montrc inevitable. Tirant ses argumens de I'etat actuel des Juifs, il prouve que ce u'esl (comme on I'a ])rctendu jusqu'ici) ni par des taverns, ni par des vexations, qu'on pourra les r.imener vers une doctrine plus tole'raute , mais par le raisonnenient et lour piopre convic- tion. Abordant ensuile I'esprit des livres qu'ils regardeiit coinme divinement inspires, il voit encore un grand pas vers leur relormc dans une version »-()nq)lele du Talnnid de Babylone; il prouve c[ue I'une doit marclier de concert avec I'autre, et conduire vers uii re'sultat intaillible. En eti'et, le texte pxact d'un livre nial connu jnsqu'a ce jour perincltra enfin aux non-Juifs d'e'tudier a fond le caraclcre religieux dcs Israelites, earact^re entache' de prt-juge's talinudiques jusque dans les details de vie prive'e. Ce sera coninie un tlambcau qui portera la clarte dans cette ombre myste'rieuse dont il clierche a s'cnvelopper. La re'forme des Juifs, aux yeux de I'abbe' L. Chiarini, est renferme'e tout en- tiere dans cette de'finition : Retour spontane du Juda'isme au Mosdisme , c'est-a-dire du Talmud a la Bible; des argumenta- tions rabbiniques a I'esprit de I'Ancien-Testament. Cette re forme sera indirecte, en ce sens que les non-Juifs puise- ront dans la lecture du Talmud les connaissances ne'cessaires pour lui donncr une direction uniforme et telle que la commande I'e'tat ousetrouvcactuellementla nation israe'lite ; elle seTddirectc,en ce sens qu'on corrigera la mauvaise tendance de I'education actuelle des Juifs par luie me'thode d'enseignement que M. Chiarini de've- loppe avec une pre'cision reraarquable , et qu'on attirera I'inter- vention bienveillante du gouvernement sur les premieres etudes des jeunes adeptes de la Synagogue. Un pared projet, si beau, si liberal, ne pouvait manquer d'appelcr sur son auteur I'attention d'un gouvernement eclaire. L'abbe Chiarini a trouve dans S. M. Nicolas P"', empereur de toutes les Russies , un auguste appreciateur de ses intentions phi- lantropiques. Ce prince , voulant marquer son regne par cette amelioration immense, a non seulement agree la double de'di- cace de la f^crsioii du Talmud et de la Tkeorie du Juda'isme que nous annoucons aujourd'hui, mais il a seconde' les vues de 1' au- teur avec une libe'ralite' digne d'un si graud monarque. Voici en quels termes honorables s'exprime le de'cret imperial, inst're' dans Ic Cowmcr de Warsovie, le 2 aout 1829 : « Le ministre secre'taire d'Etat, etc. , a I'honneur de faire savoir <• a l'abbe' L. Chiarini, professeur de I'Uuiversite' royale de " Warsovie, que S. M. I'empereur et roi a daigne' permcttre que " son ouvragc intitule : Theoric du Juda'isme , appliquec a la << Rcforme des Israeliles de tous les pays de I' Europe , lui fiit • dedie', et eUe lui a assigne pour riraprimer, soit en France, " soil en Anglelcrre, la somrae de 6,000 florins de Po'ogne. <• S. M. , reconnaissant en outre I'ulilitc qui rc'sulterait d'une " version compUtc du Talmiid on laii^uc franraisr ( accoinpa- " gnee de commcntaires ) , que M. I'ablx' Chiarini sCst offerl " d'effectucr , moyennant I'assislance de quelqucs collahoratcurs, " ct de publier en six volumes in-folio de looo paj;es environ, •• accorde pour les frais de cette version una sidjventioii a rai- <■ son de 12,000 florins par volume, de mani^re que, chaquc fois " qu'il deposcra enire les mains du gouvernement la douzieme <• partie de chaquc volume , il lui soit acquitle' la somme de Le professeur Chiarini adivisesa Thcoric du Juddismc en trois parties : la premiere contient un exanien critique de tous les au- tenrs marquans qui ont ecrit sur le Judaisme, dans tous les pays et toules les langiies de I'Europe; la deuxieme de'voile le vc'rita- l)le esprit du Judaisme , sa doctrine anti-socialc , sa tendance per- nicieuse ; tous les argumens qu'cUe venfernic de'coulcnt de cita- tions me'thodiquement puise'es dans le Talmud et r.utres livres obligatoires ; la troisieme , enfin , indique les moyens les phis ef- ficaces pour la reforme des Juifs, et rc'sout le grand probleme si souvent de'battu et jamais tranche, celui de les rendre heurcux ct utiles aux pays qui leur accordent un asile. Mais si Ton veut envisager I'ouvrage sous un point de vue plus gene'ral , on pent le diviser en partie speculative et partie pra- tique. Le premier volume embrasserala premiere , le second trai- tera la detixi^me. Ces deux volumes, torts de 4oo i' 5oo pages chacun, format in-S", sortiront des presses de M. Pinard, et rien ne sera ne'glige' pour que la beautc' de I'e'dition , I'cxactitude minu- lieuse de sa correction, re'pondent ti riniportance de I'ouvrage. Paris, le 20 aout i8'^,(). •rvrocBAriiiE df. .1. pinard, iMniiMEUR ur r.oi, rue d'Anjou-DaupIiinc, n" 8. Avis kVX AMATEtJRS »E LA LITTEBATtRE EXaASGERE. On peut s'adresser i Paris, par rentremise du Bcrbao cektrai de la Revce En'cyclop^diqub , k M. Skdillot, Libbaire, pour se procurer le» divers ouvrages etrangers, anglais, allemands, italiens, russes , polonaU, boUandais, etc., ainsi que Icsautres productions dela litt^rature elrangere. AVX ACADEMIES ET kVX SOCIETES SAVANTES de tOUS tes pays. Les Academies et les Soci^t^s savantes et D'oiinxi pubuqub , francjaises Ct fetrangcres , soiit invittics i faire parvenir exacteiuent , francs de port , an Directeur de la Revue Encyclopedia ue, les coniptes rendiis de leuis travaui ct les programmes des prix qu'elles proposent , aCn que la Kevne pui^se les faiie coanaitre le plus promptemeat possible a ses lecteurs. AdX EDITET'RS D'oTJYRAGES ET ATJX tlBRAIRES. MM. les edilcurs d'ouvrages periodiques , fran^ais et etrangers, qwi desiieraient ^changer leurs recueils avec le n6tre, peuvent compter s»r le bon accueil que nous ferons i leurs propositions d'echange, etsur uae prOHipte aunonce dans la Revue, des publications de ce genre et d«s autt'es ouvrSges , nouvellcment publics , qu'ils nous auront adresses. AUX EDITETjRS des KECCEILS PERIODIQX'ES EN ANGLETERBE. MM. les Editenrs des Recueils periodiques publics en Angleterre sOBt pries de faire remettre leurs numerosh M. Uola.mh , i Londres, n">30, Berners-street , Oxford -street , qui leur transmettra, chaque mois, en ecliange, les cahiers de la Revue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi souscrire chez lui , soil pour I'aunee courante , soit pour se proeuier les collections des annees anterieures , de 1819 a 1828 inclusivement. Ao« LJBBAIRES ET kVX EDITECRS d'oIJVRAGES EN AUEMAGNE ET EN ITALIE. M. ZmcKS, libraire i Leipzig, et M. G. Piatti, libraire i Florence, sont charges de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages publics en Allemagne et en Italic , que MM. les libraires, les 6diteur8 et les autcurs dOitreroat fitire aanoacer daus la Revue Encyclopidiquc. LiDRAiRES chez lesquels on souso'it dans les i'AYs etrancfi Madrid, Deiiniie; — Pert;s. Matilieim , All aria tt Foolaiiic. Milan, Gicgler; Visniaia ; Bocca. Marts, Lc Roiix. i\Joscou, Gautier; — Riss perectfils. Naples , Corel ; — MaroUa ft Wrtnspandock. Kciv-Yorh (^laJsUnis), Thoisni«i- Desplaces; — Beiard ct ftlondon. Xniivclle - Orleans , Jourdan ; — A. L. BdisiiiaiT. Palermo (Sicile), iVdunne Ct Mu- ratoii; — Ba'ul'fCli.). Pilersboiirg, F. Beiluaid el C'S— Gracll;— riiidiail. Bome, de Hotxiaois ; Meiie. Siiitigart et Tuhingue, Cutta. Todi, B. Scalabi'iiii. Turin, Bocca. Varsovt^ Glucfcsberg. Vienne ( Auti iclie ) , Ceroid ; — Schaumboxiiff ; — Sclialbaclier. Amsterdam, Dclachaux. Anvcrs, Aacelle. Arau (Suisse), Saiierlander. Berlin, Sclilesiagcr. Berne, Clias; — Bourgdorfer. Brestait, Kcygel. Briixellcs , Dujardio -Sailly ; — Deinat ; — Bicjrt van Kehipen ; Uorgnies-ReDie. Florence, Piatfi. — Vieusseux. Franc fori - sur - Meln , Jugel ; — ScbauUer; — Brsenner. Gand, Vandenkerckoveu (lis. Genfve, Clierbuliez; — Barbezat •t Delanie. La Haye, !es frfcros Langeohuysen. Lausanne, Fischer, Leipzig, Bi-ockhaus; — G.Zirgts. Liege, Dcsoer; — Golardin. Li'iicinjie, Paul Martin. Londrcs, P. Rolandi ; — Dulau et Cie; _ Treudcl et Wiirtz; — Bo3sange,Barthez, Lowell ctC'e. COLONIES. GuGrfefo«/)e (Poiute-i-Pttre), Pioletaine. I te-dc-France (Porl-Louis) , E. Burdet. Marlinlquo , Tbouiiens, Gaujoux. OiV SOUSCRIT A PARIS, Ad BuAfiAo OB b£daction, bce D'E)»rEB-SAiwi-MiCHEi,, n" iS, oil doivent tire envoyes, fraucs de port, les livres, dessins et gravures , dont on desire I'annonce, et les Lcttres, Meaioires, Nolice» ou Extrails des- tines i C'tre inserts dans ce Reeueil. A LA Galsuib i>B BossAKGE pi^ffi , TUB Richelieu , n" 60; Gbez Tbeuitkl et Wurtz, rue de Bourbon, n" 1-; Rev kt Gbavibb, quai des Augustins, n° 5.5 ; Charles B^cbet, lihrairc-comm" , quai des Augiistins, n^Sj; J. Rbnol'abd, rue deTotimon , n" 6; HoBET, rue Ilautefeuillo, ti" 13; A. Bacdoujh, rue dc Vaugirard, n"* 17 ; Dkiac.'^av , FiLiciBR, PoAtuiEu, LA Tb.mb, Cabir.ei liitcrairc, au Palais-Royal ; DuBEiiL, place dela Bourse. A LONDRES. — Forbigm Libbaet, 20 Bernersstreet, Oxford-street; TnEurrEt ei Wdbtz Bossangb ; DctAO ki C"-. Nota. Les ouvrages annoDcus dans la Revue se tronvcnt aussi cliez Sedillot, LlBRAlRE, rued'Enfcr, n" 18. Tome 111. — 1829. 9*^ LIVRAISOX. : — ii y^^^rUb REVUE ENCYCLOPEDIQ OTJ ANALYSE RAISONNEE DES PPvODUCTIOISS LES PLUS REMARQUABLES 1)A.\S IV LITTir.ATVIlE , LF.S SCIENCES ET EES AftTS. ]"> Pour Ics Scioiecs pitysiqiics ct nintlictiialii/iies et Ifs Jrls hxtitstricls: MJI. Casasega, de IMadrid ; Gh. Dcpia , Giaabd, Navieh, de I'liislilut ; J. J. I?Al'DE, Dir.RlKFACT, H. DuSSARD, FEnKY, FHA^COEl'B, A O. GoK- DijiEr; D. Lahdner , de Loiidres; A. Michelot, de Moktgkkv, Mobeau DE JoNNis , QuiirELET, Ti RiCUABD, WaKDEN , etC. 2° Pourles Scknrcxnatiircllcs : MM. Floursks, Geoffbov Saint-Hilaire, del'Iiislitut; IJuhy de Saim-\ iacknt, coirespondaritdc Tins tit ut; Mathibo BoNAFocs, de Turin; B. Gaillon, de Diep^je; Isidobb Gkoffboy Saim- Hii/AiRK, etc. .... S" I'uiir les Sciences medicates : MM. DAuiiiojt ,G.-T. Doia, Am^diIk Ddfac, Fossati, Gasc ; Gkasow , de Ha'rubourg, ps Kibckboff, d'Anvers; RiGOLtoT fils , d'Amieus , etc. 4" Pour les Sciences pMtdsoplwjues et morales, pplitiqucs, gcograpluques el hisloriqucs : MM. M.A. Jilubx , de Paris , Foodateur-Directeur de. la Revue Encyclofcdiquc; Abolphe Blakqdi , Alex, be tA Bobdk , Jomabd, do I'Inslitut; M. Ave.nel, Bahhik du Bocagb Cls, BKivjAJiiiy' GokstXm, CnARLES CoSITE , DePPIjNG , DtFACJ, DcNDYEB , Gl'ICNlAt'T, A. JaCBERT, J. IjABOl'DRSIE, LakJI INAIS CIs , P. LaJII, LKSCEUB-MsRLlMi , MaSSIAS, ALBKBT-MoSTEMOiiT, EtStBE SalVEETE, J.-B. Say; Si.WOKDB DE SiSMONDI , de Gent'-ve; Wabskoesig, de Liege, etc.; Dens aine; Berville, BotCBF.Kii-L»FER, Ch. REivncAUD, Tailwkdiku , avocals, etc. 5° Pour la Littcraiure fran^aise et cirangere, la Bibitograpbic, VArchoo- logic et Its Beaux-Arls : MM. A:«drielx, Amairy-Duval, Kjieric David, Lbmercier, de SiSgub, de I'lnstilut ; Akdriecx, de Limoges ; M°'<= L.-Svv. Bklloc; mm. J. -P. Bais, Buknoup fils, Chalvex; Ckiarim , de Varso- vie; P.- A. Coopm , Fb. Dkcborob, Dbmebsak ; Ed. Gacttier-d'Arc ; Ph. GoLBKRY, coirespondant de I'Jnstltut; Lj4om Halevy, Uejvricrs, E. He- bbad, Acgdstb Jnu-iER fils, Bebsabd Jullibn ; Kaltos, de Zante; Adrib^- LaFASCE , J. V. LkCLEBC, a. MaHIX, D. P. MK^D1BIL; MOXGLAVE ; Mo.t- KABD, dc Lan.sanne; C. PAGAisEr,, II. Patix, Pomgertille, de Reiffenbkrg ; BE Rotjoux; DE Sta.ssabt, dc Bruxelles ; F'k. .Salfi, M.ScuirtAS, Scbhitz- LKR, Ljio.N XniEssi, P. F. Tissur, "Vigijieb, Villenave, etc. V. DF.S EFFIVrS 1)11 L'ACTION i)V FUOT[) d'elTels iiisolites, ft ilc (li(litullc.spres([iic iiisohihles, eel etoii- fiaiil plu'-nomcnc. On pense bien qu'iin parcil phenomenc , un phonomcne (I'lin ordre si eleve, a dCi fixer de bonne heme rattenlion (les naturalistes ct des physiologistes; et qu'etant d'lin meca- nisme si obscur, il a dii singidieiement se preter a leurs inia- };inationset a ieurs reveries. Aiissi lesanciens, qui cxpliquaicul l)eauconp et observaient pen, et, en ces choses-la, rune suit toujours I'autre, les anciens ne nous ont guere laisse sur ce point, commc sur tant d'autres, que des mots, de ces mots qui, comme I'a dit Fontenellc, « n'ont d'autre merite que d'avoir long-tems passe pour des choses. » On a lini, selon I'usage, par oi'i Ton eQt dCi commencer. On s'est mis a observer avec attention, avec suite, le phenomenc ^■i interessant que Ton voulait connaitre, et les deux hommes .1 qui Ton est redevable de ee premier pas sont Pallas, I'lm des plus grands naturalistes du nord, et Spallanzani, I'un des obscrvatcurs les plus ingenieux de I'ltalie. Mais c'est surtout vers le commencement de ce sieclc que I'Academie des Sciences ayant fait de I'etude de ce grand phe- nomenc le sujct d'un double prix, I'emulation des savans, ex- (itee et guidee par ce noble appel, a bientot recueilli et reuni de toutes parts un nombre infini de I'aits precieux, d'obser- valions curieuses, et qu'ainsi ont paru, en AUemagne, les ou- vragcs de MM. Herold et Rain; en Ilalie, celui de M. Man- gili; en France, ceux de MM. Saissy, Prunelle, etc. Les experiences que Ton va lire pourront laire suite a celles de ces habiles observateurs : on vcrra qu'elles confirmcnt, conmme on devait s'y attendre, la plupart des resultats cons- tates par eux; mais on verra aussi qu'il est plusieurs de ces resultats qu'elles modifient; qu'il en est quelques-uns qu'elles eclaircisscnt ou qu'elles completent; et que, ce qui arrive sou- \ent dans I'etude des phenomenes de la nature, en remplis- sant quelques lacunes, elles en ont montre quelqnes autres : par toutes ces raisons peut-etre ne les trouvera-t-on pas lout- a-l'ail indignes de raltenlion des naturalistes. SUR LES ANIMAUX. 5 4 i €cs experiences ont cte faites dans le midi de la France, et sur le lerot, petit animal du genre des loirs, de la taille du rat, a pelage gris sur le dos, blanc sous Ic ventre, les yeux entou- res d'une bande noire, et la queue touffue a son extremite. Le lerot senourrit de fruits ; il est surtout Iriand despeches, des poires, des abricots, etc., qui I'atlirent dans nos jardias et j usque dans nos maisons. L'hiver il se retire dans des trous oii il s'engourdit, et oii Ton en trouve souvent plusieurs rap- proches et couches Tun sur i'autre, comme pour maintenir et prolonger leur chaleur. Dans ce court expose de mes Observations sur la lethargie ( i ) , je n'indiquerai que d'une maniere rapide tout ce qui tient a I'etat de I'animal engourdi et aux conditions exterieures de I'engourdissement, deux points sur lesquels les auteurs que je viens de citer ont laisse peu a faire. Je me haterai d'arriver aux conditions interieures ou organiques, point qui constitue et constituera peut-etre long-tems encore le veritable noeud de la question et de la difficulte. Je commence par I'examen de I'etat de I'animal engourdi et du mode de son reveil. Durant la lethargie, I'animal a une position orbiculaire et regulierement flechie ; le museau applique sous le ventre, les pattes de derriere portees en avant, celles de devant pliees centre la poilrine, les oreilles couchees sur les cotes de la tete, les yeux fortement fermes, tout le corps ramasse en pelotte, et la queue roulee tout autour du corps. Dans cet etat, I'animal est froid ; on pent le toucher legere- ment sans qu'il bouge ; mais si on le pince avec force, il remue ; si I'irritation continue, il s'eveille; et ce qui pent donner une idite de I'etat singulier dont il sort, c'est la diffi- culte meme qu'il eprouve a s'eveiller. II commence par ou- vrir fortement la bouche, et la tenir long-tems beante ; puis (i) Je me propose de reprodulic, et de developper pour les Memoircs de rAcademio, les details de ces Observations ; details qu'excliiait, coiunie je I'ai dejh dit, le but pour IcqucI ce discours a 6t6 6crit, et que ne comporlerait pas non plus, d'aillcuis, la nature de ce recueil. 543 DES EFFETS DE L'ACTION DU FllOID ses llaiics battcnt, le thorax demeurant d'abord immobile ; puis le thorax participe aux mouvemens des flancs, ct la res- piration commence : I'animal crie et a I'air d'etoiiffer ; tout son corps tremble; il ouvre les yeux, mais il n'y volt pas d'abord ; enfin le reveil a lieu, il voit, il entend, et rccou- vre pen a pen sa chaleur et ses mouvemens. II y a deux degres distincts de lethargic : dans I'un, la U- t/iargle imparfaite, on voit la respiration se suspendre et se renouveler tour A tour, toutes les trois, toutes les quatre, toutes les cinq, toutes les six minutes, par exemple. Dan* I'autre, la letkargie parfaite, la respiration est, au contraire, completement abolie, et j'ai vu souvent cette abolition sub- sister pendant des heures entit;res qu'a dure mon observation. J'ai soumis, u I'exeniple de Spallanzani, phisieurs ani- maux engourdis i» Taction de divers gaz mephitiques; et, quoique je n'aie pas tout-a-fait obtenu les memes resultats que lui, de mes experiences jointes aux siennes il suit pour- tant que la suspension totale de la respiration, dans la litliar- gie parfaite, est un phenomene aussi incontestable qu'il est curieux. La circulation est k peu pres dans le meme etat que la res- piration. D'abord, il n'y a nul battement dans les arteres des membres; si Ton ouvre une vcine ou une arlere, ou il n'en sort pas de sang du tout, ou il en sort lentement et a peine quelques gouttes d'un sang noiratre; si Ton touche le coeur, on nc trouve que quelques mouvemens obscurs et rares. On sait que les animaux out la faculte de produire un cer- tain degre de chaleur, lequel constitue leur temperature pro- pre; et Ton salt aussi que cette temperature propre, qui est d'a peu pres 38° oentigrades chez les mammiteres, varie tr un autre ordre d'experiences ; et aux resultats curieux que Ton vient de voir, je me hate d'ajouter quelques resultats plus immediatement utiles. Au mois de mai 1 826, me trouvant A la campagne, on m'ap- porta un petit canard d'une couvee nouvellement eclose qui etait sur le point de suffoquer. Ce petit canard ouvrait un large bee, il ne rcspirait qu'avec une peine extreme, et au bout d'une ou deux heures il mourut. L'examcn de ses organes me montra les poumons d'un rouge fonce et gorges de sang. C'etait d'une violente inflam- mation de poitrine que I'animal etait mort. Je me rendis au lieu oi"i se trouvaient les autres canards : on m'en montra aussitot un second qui venait de tomber dans le meme etat de suffoccation que le precedent; et pendant que jc I'examinais, un troisieme fut subitement saisi, sous mes yeux, d'une oppression de poilrine si vive qu'au moment oTi il fut frappe, I'animal devint immobile, il ouvrit un large bee, il ue respira plus qu'avec une peine extreme, il ne mangca plus, il nc l)Ut plus, et mourut au bout dc deux on trois heiires. Ceiui (|uc i'avais trouve sufl'oquaut, anion anivec. mnuriil SUR LES ANIMAUX. 547 aussi qnelques heures apres I'invasion de sa maladie. Tons les deux presentcrent le mPjne engorgement inflamniatoire des poumons que j'avais observe chez le premier. C'etait a la meme espece de pneumonie aigue qu'ils avaient tons trois succombe ; et il etait evident, en outre, en considerant la tem- perature froide et I'exposition au nord du lieu oi'i ils se trou- vaient, que c'etait le froid, et le froid seul qu'il fallait accuser de ces inflammations pulmonaires. Get effet si violent, et, pour ainsi dire, foudroyant du froid sur ces jeunes oiseaux, me rappela ce que j'avais observe, quelques annees auparavant, sur plusieurs animaux soumis a diverses experiences. Ces animaux, operes durant la belle saison et complete- ment gueris d'ailleurs de leurs plaies, mais affaiblis, etaient presque tons morts d'inflammations pulmonaires chroniques, des les premiers froids qui avaient succede a leur operation. Le rapprocbement de ces effets du froid sur ces differens animaux, son action si determince et si constante sur I'or- garie respiratoire, ces degres divers d'iuflammation cbroni- que ou aiguii qui vcnaient de se produire sous mes yeux ; tout cela me fit sentir que j'avais enfin, entre les mains, un moyen d'invesligalioiis et d'expcriences directes sur I'une des maladies les plus cruelles qui aflligent I'humanite, sur la phthisic pulmonaire. Jeresolus d'en tirertoutle parti possible. Je voulus voir d'abord si, dans de certains cas donnes, le froid seul sufiit pour determiner la phtliisie pulmonaire. Je voulus voir ensuite si, dans ces memes cas, il suflit d'eviter le froid pour eviler cette maladie. Je voulus voir enfin si cette maladie, commencee sous Teffet d'une temperature froide, ne pourrait pas guerir par le seul effet d'une douce temperature. On s'atteud bien que je ne rapporterai point ici toutes les experiences auxquelles je me suis livre sur ces trois objets : cependant, pour donner une idee, et de la maniere dont ce& experiences ont etc suivies, et des resultats auxquels dies m'ont conduit, je crois devoir rappelcr, en pen de mots, le* principales circonstancos de Tune d'elles. 548 DES EFFETS DE L'ACTION DU FROID Je me procurai, dc;s Ics premiers jours d'octobre i82t), une couvee de vingt-trois poulets, Sges d'i pen pros un mois. Dis que les premiers froids parurent, je mis six de ces poulets dans un local approprie que je maintins a une tempe- rature douce ct constante. De ces six poulets, aucun n'a ete attcint de phthisic pulmonaire. De onze poulets que je laissai exposes, dans leur basse-cour, aux variations de la temperature de ratmospherc, tous, a Texception de deux, sont morts de phthisic pulmonaire, aprfeo avoir passe par tous les degres de I'etisie et de la consomp- tion : et les deux meme qui ont survecu sont toujours de- meures petits et faibles. II reste six poulets pour completer le nombre de vingt-trois surlequel avait ete etablie cette experience : ceux-ci devaient me donner le resultat le plus important, commc Ton A^a voir. Je les avals laisses d'abord, avcc les onze preccdens, dans la basse-cour commune, jusqu'a ce qu'ils m'eussent offert des signes evidens de phthisic plus on moins avancee. Alors, je les portal dans le local a temperature douce ct constante, oCi je les reunis aux six qui s'y trouvaient deja. Deux d'entre eux, qui seraient sQrement morts ou le jour meme ou le lendemain, si je les eusse laisses exposes au froid, apres avoir paru reprcndre quelque force, perirent, I'un au bout de cinq jours, et I'autre au bout de neuf : je trouvai leurs poumons dans un etat complet de suppuration et d'in- flammation. Les quatre autres reprirent peu a peu de la vivacite et de la vigueur; ils se retablirent enfin complctement, et, au mois d'avril 1827, epoque oii je leur donnai la liberie a tous, ils se portaient tout aussi bien que ceux qui n'avaient jamais quitte le local a temperature chaude. II n'y avait plus qu'a voir quel pouvait Ctre I'etat actuel des poumons de ces quatre poulets, et quel pouvait etre celui par ou CCS organes avaicnt passe durant les signes evidens de phtliisie que ces animaux m'avaient ofierts. Or, je trouvai, dans les poumons de tous ces animaux, des SLR LES ANTMAUX. 549 traces d'alttralions aiiciennes, plus ou moins profomles, et niaiiitenant gueiies. Je conserve dans la liqueur, et j'ai fait voir a I'Academie un de CCS poumons gueris dont un lobe entier n'ofl'rc plus que des vesicules afTaissees et deprimees, cicatrices d'inflam- mations et de suppurations eteintes, et temoignage non moins authentique que consolant, et de Taction puissante de la cha- leur, et de la guerison complete d'une nialadie qui, par tanl de victimes qu'elle lui arrache, renouvellc chaque jour le deuil de la sotiete. Cette derniere experience montrc clairement quel est le genre d'influence que les climats chauds exercent sur la plithi- sie pulmonaire : c'est en determinant la cicatrisation des pou- mons affectes par les I'roids de nos climats que les douces temperatures du midi amenent les bons effets que les mede- cins out depuis long-tems observes. Par tout ce qui precede on voit jusqu'oCi s'etend Taction de la temperature, ou plus specialement du froid, soit sur Teco- nomie en general, soit sur les organes respiratoires en parti- cuiier. On voit encore tout le parti qu'on pourrait tirer, pour eclairer la pathologic humaine, de Tobservation des maladies des animaux, et combien on aurait tort de la negliger ou de la dedaigner. Oii ne conduiraient point, en efTet, des experiences faites en grand, et continuees avec suite , sur les maladies des ani- maux ? Les experiences que Ton vient d'entendre montrent qu'on peut former des phenomenesmorbides, pour ainsi dire, de toutes pieces et a volonte, et qu'on peut les arreter ii son gre, quand ils sont formes. On pourrait done provoquer et developper, chez les ani- maux, les differentes maladies qu'on observe chez Thcrmme ; et, ce qu'on ne peut pas faire chez lui, on pourrait les etudier, chez eux, dans toutes leurs phases, sous toutes leurs formes, a tons leurs degres, sous Taction comparee des medications les plus hardies et les plus diverses. Buffon a dit que, s'il n'existait pas des animau.r , la nature 55o DES EFFETS DE L'ACTION DU FROID de riiomme serait encore plus incomprehensible. Ccla est vrai surtout de la nature dc ses maladies; et il serait digne sans doiite d'unc nation qui a donne le premier exemple dc tant d'autres institntions utiles , de donner anssi celui d'unc pa- reille etude vraimcnt experimentale des maux qui aiHigent rhumanite. II serait dignc d'elle de rcaliser ainsi le \oeu d'un grand medecin, de Baglivi, qui demandail^ des le xvii' siecle, des ctalilissemens on Ton pfit etudier les maladies des animaux dans la vue d'eclairer et de perfectionner I'etude des maladies des hommes. Baglivi ajoutait que de tels ilablissemens seuls pouvaient assurer desormais ;\ la science des progres rapides et continus. Pour se faire une idee, an reste, de toutee que la medecine pourrait devoir un jour aux experiences sur les animaux, on n'a qu'a voir ce que leur doit deja la pliysiologie. N'est-ce pas des experiences d'Harvej, de Hunter, de Hal- ler, de Reaumur, de Spallanzani , de Bichat, que sent nees toutes ces dccouvertes non moins admirables qu'inattendues : la circulation du sang, le cours de la lymphe , la propriete qu'ont les nerfs de transmettre la sensibilite , la propriete qu'ont les muscles de se contracter. Taction des fluidcs gas- triques dans la digestion, les qualites opposees du sang rouge ct du sang noir , etc. , etc. ? Je ne parle pas de vingt dccou- vertes faites de nos jours ; on sait qu'une dccouverle , pour etre admirce , doit etre deja vieille, el avoir, comme le dit le Pere Mallebranclie, une barbe venerable. Tout doit faire esperer que les idecs que je viens d'emettre, touchant les progres que la medecine humaine pent attendre des experiences faites sur les animaux, ne seront pas dedai- gnees de nos jours; car de nos jours personne n'ignore que lout se tient dans I'economie vivante, les maladies, les fonc- tions, les organes ; qu'on ne peut agir sur les maladies que par les fonctions, sur les fonctions que paries organes, ct qu'ainsi la therapeutique se fonde sur la pathologic, la pathologic sur la ph^'siologie, la physiologic sur ranatomie. Aiusi, dans un autre genre, la navigation se rattache a I'as- tronomie, I'astronomie a la geometrie ; toutes les fabrications, SUR LES ANIMAUX. 5 tmites les productions mecaniques, a la chiraie : luie chaine non interronipiie lie partout les piocedes les plus simples de rinduslrie aux speculations les plus sublimes de la science; et c'est la sans doute cette chaine d'or que le dieu d'ilomere lient suspenduc du ciel a la terre. Flourens, de I'lnstitut. DE L'ENSEIGNEMENT DU DROIT DANS^LES UNIVERSITIES D'ALLEMAGNE. SECOND ARTICLE. (\'oyez Rev. Enc. , t. xxix, p. 281.) Dans notre premier article, nous avons caracterise I'esprit general qui pieside a I'etude de la jurisprudence dans ces ecoles celebres; nous nous sommes plus particulierement attaclies a exposer la methode suivie dans renseignement du droit romain, considere comnie droit civil commun de I'AUe- magne. Nous acquittons aujourd'hui la promesse que nous avons faite de trailer de Vetudc du droit germaniqtie et de la plillosopliie du droit. § I". De I'enseignement du droit germanique. On donne le nom de droit gcrmanique aux principes de droit et aux institutions qui tirent leur origine descoutumes et des nioeurs anciennes de rAIlemagne; nous voulons dire des cou- tumcs et des moeurs qui ont precede I'introduction du droit romain et des lois canoniques. Cette partie de la jurisprudence a depuis long-tems cte divisee en droit prive, deutsclies Pri- vatreclit , et en droit public , deutsclies Staatsreclit. Le dernier embrassait autrefois toutes les institutions po- 5r»a I)E L'ENSEIGNKMENT DU DROIT liliqucs de I'eiupirc gcrnianiqiic. Quoiqiie la base de ces insti- tutions fiJt feodale, ellcs reiil'ermaicnt ccpendant plusieurs garanties pour les liberies publirtues ; apres nnc longuc exis- tence, ne trouvant plus un point d'appui dans I'esprit natio- nal, elles ont insensiblcment perdu de leur force, et il n'en restaif, pour ainsi dire, que I'ombre en 1806, lors de la disso- lution de I'ancienne et bizarre monarchic allemande. Pendant le xviii" siecle, la science du droit public allc- mand fut cultivee avec ztle. Deux jurisconsultcs celebres lui consacrereut une longue carriere scientifique : I'un est Jean- Jacques Moser (mort en 1785); I'autre, Putter, professeur a I'universile de Goettinguc (mort octogenaire en 1807). Avant le xvii' siecle, I'etude du droit germanique prive, en exceptant toutefois le droit feodal , etait tout-a-fait negligee dans les universites. Cela ne doit pas nous snrprendre , si nous nous rappelons le triomphe que le droit remain avail obtenu depuis le xvi" siecle dans presque tons les pays de I'Europe : on doit plutot s'etonner que quelques-unes des an- ciennes coutumes nationales soient restees vivantcs a cote du droit remain, et qu'elles aicnt contribue, avec ce droit, a la composition des codes modcrnes. Au reste, si le droit prive allemand ne s'est pas perdu, la plupart dc ses principes ont ete tellementalteres, qu'il est aujourd'hui difficile d'cn recon- naitre le caractere primitif. II avail pris pen a peu , dans les differentes provinces allemandes, un developpement par- ticulier et local ; et ce defaut d'uniformite n'a pas peu contri- bue a relarder pendant long-tems les progres de I'etude du droit national. Ce n'cst qu'a une epoque tres-recente, lors- que des recherches historiques et critiques eurent ete entre- prises serieusement, que celte etude a pris une direction con- venable et vraiment scientifique. Ce qui manque surtout au droit prive allemand, c'est I'unite et I'ensemble. Aussi etait- ce un travail tres-difficile et tr^s-long que de rechercher, dans une immense quanlite de coutumes locales, les preceptes que I'on pcul considerer comme appartenant a loule la nation allemande, et de saisir le caractere des veritablcs institutions DANS LES UNIVERSITIES D'ALLEMAGNE. 553 germaniqucs, au milieu ties nuances qu'elies ont ompruntees aux localites, aux formes du gouvernemenl, aux systemes religieux si multiplies ct si divers dans cetle eontree prinii- tivement homogcne. C'esl au XVI" siecle que Ton s'occupa de recueillir les debris de I'ancien droit germanique : on publia alors Ics anciennes loisdes Francs, des AUemands, des Saxons, etc. , les capitu- laires, les divers miroirs, Saclisenspiegel, Schwabenspiegel, qui apparliennent en partie aussi a la France, aux Pays-Bas , a ritalie et a d'autres parties de I'Europe. Au xvii° siecle, les praticiens commencerent i\ ecrire avee succes sur diverses matiires du droit prive allemand ; mais le premier qui I'embrassa dans son ensemble, el sous un point de VJie historique, i'ut Hermann Conring (mort en 1G81 ), dans son livre : de Origine juris germanici ( iG45) , ouvrage oiil'on reconnail I'empreinte d'un esprit superieur. Jean SchlUer celebre professeur a Strasbourg (mort en i7o5), cxposa en meme tems les regies du droit allemand el celles du droit ro- main, dans un grand ouvrage intitule : Exercitationes ad Pan- dectas, public pendant les annees 1672 a iG84; sa methode a ete suivie jusque dans res derniers tems, ainsi que nous I'avons remarque dans noire premier article. Ce i'ut en 1707, qu'on enseigna pour la premien; fois le droit germanique dans une universite allemaude. George Bcier en donna des lecons a I'universite de Halle, qui n'existait en- core que depuis pen, et qui exerca bientot une grande in- fluence sur la reforme de I'etude.du droit. Apres la mort de ce professeur, on publia, en 1718, un ouvrage sous ce litre: Delineatto juris germanici , qui fut suivi de bcaucoup d'autres du meme genre, parmi lesquels on doit distinguer les divers manuels iVHeineccius : Histoire da droit germanique ( 1 773 ) , Elemens du droit germanique ( 173G), el Anliqaiiis da droit germanique ( 1773). Cetle brancbe de la science du droit fit bientot de nouveaux progres, grace au zele elauxouvrages de Putter et de Selclww (mort en 1795), et dc Justas-Frcdcric Runde (mort en 1807), lous trois professeurs a I'universile de T. XLIII. SEPTEMBRE l82g. 5G 554 1)E L'ENSEIGNEMEIVT DU DROIT Goetliiiguc. Lc Manuel do RimkIc cil)linl iiii trcs-giarul sucte*: on le suivit pendant long-tenis dans les univcrsilcs; lu G' edi- tion de cet ouvrage a paru en iSao. Le mouveiiient imprime a I'elude du droit roinain par les efforts de I'ecole historique, a exerce une grande influence sur les progres de la science du droit germanicjue. Deuxjuriscon- snlles surtout out beaucoup coiitribue a ces progres : ce sent ]MM. Eicli/iorn, prolesseur a runiversite de Berlin jusqu'en j8i6, et depnis a celle de Goettingue, et Mitiermaier, pro- lesseur a Heidelberg, et precedeniment a Landsliut, puis a Bonn. Dans le principe, le droit germanique n'avait ele cul- tive que dans des \ues pratiques. Les recherches hisloriques n'etaient ni bien profondes ni bien etendues. Les AntiquiUs d'Heineccius, que M. Hugo dit avoir ete publiees trop tard, en fournissent la preuve. Dans la plupart des livres et des dis- sertations parliculiercs, les principesdu droit alleuiand n'etaient guere presentes que commc aiodifiant des regies du droit ro- niain, et se trouvaient ainsi subordonnes a ce dernier. Les auteursdes nianucls destines exclusivement au droit alleuiand ue liraient point, meme des sources qu'ils possedaient dejii, tons les avantages qui etaient a leur portee : on ne s'atlachait qu'a exposer le droit, tel qu'il etait en usage, a cote du droit romain. Le meme esprit presidait aux lefons sur cette partie, elles n'etaient que le complement des cours de droit romain. On y enseignait comment les dispositions de ce droit etaient modiliees par les institutions gernianiques, dans certains points essentiels, tels que la communaute legale entre epoux, lc contrat de rente, etc. Onconpoitfacilemenl, qu'enn'examinantle droit germanique qu'en lant qu'il complctait ou modifiait le droitromain, on ne jiarvenait pas a en acquerir une connaissance biep cxacte. II etait impossible de penctrer ainsi dans la nature des institu- tions, d'en saisir I'esprit et d'en apprecier 1 importance. II est a regretter que cette methode domine encore dans I'ouvrage de Runde, ainsi que dans le grand commentaire, en quatre volumes, que Dnns, jurisconsulte wurtembergeois, a donne DANS LES UNIVERSITl^lS D'ALLEMAGNE. 555 de ce livrc, et qui a acquis une tr^s-grande autorite chez les praliciens. Celtepartie tie la jurispnulencescrait encore bien pen avaii- cee, sans la reforme entreprise, il y a environ douze ans, par MiM. Eichhorn et Milterniaier, rcl'ornie puissauiment secon- tlee par I'esprit dn siecle et continuee avec succes par un grand nombrede jurisconsultes dislingues, appartenant, pour la plupart, a la jeune generation. Voici, en pen de mots, les innovations qu'ils y ont introduites. M. Eichhorn ad'abord publie une histoire du droit germa- nique, lantpublic queprive, en suivantlamethodede \1. Hugo; il a divise toute cette histoire, depuis les terns les plus recules dont parle Taclte jusqu'aujourd'hui , en ((uatre grandes pe- I'iodes. Dans chaque pcriode, Tautciu" donnc d'abord le resu- me des grands eveneuiens politiques qui ont change la ma- niere d'etre des nations de I'AUemagne ; il presente ensuite la description exacte des soufces; et enfin, il fait une revue ra- pide, mais complete, du systeme de droit public, de droit ccclesiastique et de droit civil adopte dans le cours de la pe- riode. Le premier volume dy cet important ouvrage a paru en 1808; et, lorsquc le quatrieme lut publie, en 1820, les trois premiers volumes avaient eu deja trois editions. Grace a son immense erudition, et a une connaissanc* bien raisonnee des institutions germaniques, I'auteur est parvenu a tra- cer un tableau fidelc de I'origine, des developpemens et des revolutions successivcs de la legislation et de la jurisprudence en AUemagne. M. Eichhorn est remonte a la source commune et aux elemens primitiis des institutions germaniques. C'est par ce moyen qu'il a pu rccomiaitre le droit commun de .sa patrie, et analyser les principcs qui servent de base a tant de coutumes locales, a tant de Iravaux executes sur le droit, pen- dant le moyen age, et enfin, dansle? codes moderues. Nous ne pouvons donner une idee plus exacte de ce traitc historique, qu'en le comparant a I'ouvrage tres-connu de M. Meyer, d'Ams- • crdani, siu' les inslilutions judiciaires, et surtout aii premier volume de cet ouviage, auquel letraile de M. Eichhorn a plus 556 DE L'KNSEICNEMENT Dl) DROIT d'lino I'ois scrvi dc source; au rcslc, lo livrc do M. Eic-lihorn ne doit elre considcrc que comnic nn abrcgo de rhisloire du droit germaniqiio; mais il n'en est pas moins excellent pour fairc connaitre I'ensemblc de cette histoirc, et le vrai caracterc de ce droit. II est seulemcnt a regrelter que rauleur ait dirigc son altontion ct ses recherches boaucoup plus sur les pays seplentrionaux de rAllemagnc que sur ceux du niidi. Cette predilection s'explique, lorsqu'on sait que M. Eichhorn habi- lait le nord : les anciennes inslitntionsde cette partie dc I'AUe- magne ont du rinti'resser plus parliculierement. D'aillein-s, I'ancienne legislation saxonne y elait prcsque generalement en vigueur , et cette legislation a etc, dans tons les teins, plus cnltivee que les coutumes si diverscs de rAllemagne mcri- dionale. Non-seulement M. Eicbhorn a eveille le gofit dc I'etude bis- loriqucdu droit germaniquc,niaisilaentrctenule7,elequ'ilavait su inspircr pour celte brancbe de la science, en publiant un as- scz, grand nombrc de dissertations sur le droit gernianique, dansle Jo«r??fl//w;/r lajurifprudcnce historiqtie, dont il etaitl'un des redacteurs. On distingue, parmi ces dissertations, une esquisse bistoriqne sur I'oiigine et les developpeinens des villes et du regime municipal en Allemagne, sujct qui excite aujourd'huiun grand interet. Nous devons encore a cet autcur une Introduction au droit germanique prive, dont la seconde edition a paru a Goettingue en iSaS, deux ans apres la pre- miere. M. Eicbborn, dont les lecons a Tunivcrsitede Goettin- gue sont snivies avcc empressement par des centaines d'ele ves, a forme plusieurs jeunes professeurs qui, par leurs propres ouvrages, ont dejii rendu d'eminens services a la science. M. Mittermaier s'est acfjuis une celebrite meritee par ses, travaux sur trois parties de la science du droit qu'il cultive avec un egal succes : la legislation criminelle, la procedure civile et le droit germanique. Nous ne parlerons pas ici de ses nombreux ouvrages sur le droit criminel; le dernier est une comparaison, pleine d'interel et de vues neuves , des difl'erens systinies dc procedure criminelle adoplcs chez les DANS LES LNIVERSITliS D'ALLEMAGNE. 55; pdncipaux peuples dc rEuropc. Son plus grand uieritc, quant au droit geiinanique, est d'avoir su donner a cette t-tude des proportions plus vasles ct un interet vraiuient curoptcn. 11 part de ce fait historiquo, que tons les royaumes encore exis- lans dans I'Europe occidentale out ete fondes,engrandepartie, par des nations germaniques , et il en tire la consequence qu'on doit retrouvcr dans tous des institutions d'une origine ct d'un caractire communs. II montre ensuite comment, depuis rctablissement de ces peuples dans les provinces qu'ils avaient conquises, Icur liistoire et la marche de leur civilisa- tion ont ete a pcu de chose pres uniformes. Chez tous, on trouve le christianisme, le regime feodal, la constitution hierarchique de I'J^glise, le regime municipal, le principe monarchique et la lutte de ce principe avec celui de la libertc generale. Chez lous, les faits qui constituent la vie privee out ete presque les memes. L'importance atlachee a la propriete fonciere, I'industrie avec ses corporations et ses riches pro- duits, le gout du commerce , voila ce que Ton rencontre par- tout. Faut-il done s'etonner s'il cxiste une si grande ressem- blance enlre les mceurs et les lois des diflerens peuples de I'occideut de I'Europe ? Un meme esprit a dirige le developpe- ment social de toutes ces nations; les diiYerences qu'on trouve dans leurs lois ne sont que des modifications des memes insti- tutions fondamentales. De mCme qu'aujourd'hui on reconnait une meme tendance vers la liberte politique et civile; de meme autrefois une direction uniforme se manifestait dans Tordrc social et religieux, aussibienque dansl'ordre intcllec- tuel et moral. C'est done avec raison que W. Miltermaier a interroge non- seulement I'AUemagne, mais encore les autres nations sur les anciennes inslitutioiis germaniques. II a examine avec soin Ic droit des peuples de I'AUemagne meridionale , et a consultc frequemment I'ancien droit francais, celui de la Belgique, de la Hollande, de I'Angleterre et meme de I'Espagne. 11 s'est surtout aide des auteurs francais, qu'il a recommandes a I'at- lenlion de ses compalriotes, comme des sources riches cii 558 DE L'ENSEIGNEMENT DU DROIT rensoigncmcns siir Ic droit germaniquc. En cffet, la France a possede au xvi' siecle, surtout an xvii% des hommes dont le savoir ttcndu, Tesprit critique, la methode excellentc dans I'exanicn des sources, sont vraimcnt dignes des plus grands eloges. Partout en Allcniagnc on nomme avec respect Ics JJucange , les Thanmassicre, les de Lauriere, ct, plus tard, les Breqiugny, les Houard et tant d'autres commentateurs des contumes IVanoaises. Ce sont ces niCmes hommes dont MM. Dxpin ainc et Berriat-Saitit-Prix se sont attaches a conserver hi momoire chez Icurs compatriotcs. La methode comparative appliquec par M. Mittermaier au droit civil germanique et au droit commercial a jctc une lu- miere noiivelle siir une foule d'i'nslitutions dont le caract^re original s'est efface en Allemagne , tandis qu'il s'cst conserve en d'autres pays. Le fruit des immenses travaux de cet auteur a ete puldie sou? le litre de Principes da droit germanique {^ edi- tion , 1827). On y trouve des rcnseignemens historiqnes et litterairessur cette partie de la jurisprudence, plus nombreux que ceux qui onl jamais ete recueiflis. Cet ouvrage, divise en deux sections et en huitlivres, embrasse I'ensemble dii droit prive. II traite successivement djs personnes, des droits reels, des oblig>atior>s , des droits regaliens et banaux, des droits de famille, des successions, et des testamens. L'auteur s'occupe ensuite des droits particuliers sur les bions nobles ou non nobles, de ceux qui concernent les arts et metiers et du droit commercial. Ce livre pent done etre consultc avec fruit, non-seulement par les personnes qui desircnt acquerir la connaissance du droit de I'Allemagne, mais aussi par toutes celles qui s'occupent de I'histoire , des antiquitcs et de la legis- lation des peuples d'origine germanique, quel que soit le terri- toire que ces peuples habilcnt (1). Les efforts delMM. Eichhornet Mittermaier, pour donnera I'etude du droit germanique une meilleure direction, ont ete (1) M. Mittermaier est encore auteur de plusieurs traites sur des ma- tieres parlicuiieres du droit germanique. DANS LES UNIVERSITES D'ALLEMAGNE. 55g piiissainTnentsecondos par plusieurs autres jurisconsultes, par des historiens et par qiielques-uns de leuis propres eleves; les recherches de M. de Savii^ny, sur le droit romain au moyen Sge, doivent etre nientionnees ici avec d'autant plus de raison qu'elles contiennent des tableaux de I'etat politique et de la legislation dans les royaumes fondes au vi" siecle par les Ger- mains, en France, en Italia, en Espagne et dans les Pays-Bas, et I'histoire de leur droit pendant la premiere periode du moyen age. II y a trois ans que M. HuUmann, professeur a Bonn, I'un des historiens les plus estimes de rAllemagne, a com- mence la publication d'un ouvrage du plus haul interet sur I'etat des villes au moyen Sge [iiber Stddtewesen im Mittelalter). Nous souhaitons -vivement que cet ouvrage soit traduit en francais ; il le merite d'autant mieux, qu'il y est souvent ques- tion des yilles de France dont I'iuiportance, surtout dans le midi, etait trfes-grande pendant cette longue periode de I'en- fance de la civilisation moderne. Nous nommerons aussi, par- mi les jurisconsultes qui ont parcouru avec succ^s la meme carriere, M. Maurer, professeur a I'universite de Munich, connu surtout parun traite, qu'a couronnel'Acadeniie de cette Tille , sur les institutions judiciaires germaniqnes. Comme nous ne pouvons pas parler de tous ceux qui se sont fait con- naitre par des ouvrages sur le droit germanique, nous termi- nerons cette notice en nommant trois jeunes professeurs, eltves de M. Eichhorn, qui ont signale leur entree dans la carriere litteraire par des travaux sur cette matiere : ce sont M. Gaiipp, professeur a Breslau, auteur de plusieurs ouvrages surl'origine des plus anciennescoutumes des villes allemandes; M. Georges Phili/jps, professeur a Berlin, qui a ecrit une histoire du droit anglais public et prive, d'apres le plan de I'ouvrage de M. Eichhorn ; enfin,M./fom«je*', aussi professeur a Berlin, qui s'attache a faire connaitre en AUemagne le droit des peuples scandinaves. r)Go DE L'ENSEIGNEMENT DD DROIT § II. De L'enselgnement du Droit naturel, ou de la Pldlosophie da droit. Parlous maintenant dc celte brancho de I'enseififnement iini- vcrsitairc, qu'on designe ordinairement sous le nom de droit naturel. La recherche des lois qui gouverncnt les actions huiiiainos a ote de tout tems consideroe comme I'un des objets les plus iuiportans de la philosophic. Que la plupart de nos actions soient le resultat d'un jugement par lequel nous reconnaissons qu'elles doivent nous procurer un avantage ou nous eviter unc peine, c'est ce qui ne saurait etre revoque en doule. Mais, sans parler des mouvemens qui s'operent en nous a notre insu ou du moins sans etre precedes d'un acte de noire volonte dont nous ayons conscience, n'y a-t-il pas des actions que Vhon\mcTeat , par d'autres motifs, oupour parlor plus exacte- ment, par d'autres causes, que I'utilite qu'il esptre en relirer? Cetle question a occupe les philosophes anciens comme les modernes; raais je ne sache pas, qu'avant Grotius, on ait con- siderc les actions desinteressees comme se divisant en deux classes, dont les unes, qu'on appelle Justes , sont le resultat de certaines lois dont la connaissance constitue une science particuliere a laqucUe on donne le nom de droit naturel , tan- disque lesautres, qu'on appelle bonnes ouvertueuses, resultent d'une autre classe de lois, objet de la science qu'on appelle la morale. C'est en 1626 que Grotias , alors exile en France, publia son cclebre traite de Jure belli el pacts. La premieie chaire de droit naturel fut erigee a Heidelberg, en 16G1, en faveur de Pu/fendorf. Grotias et Puffendorf peuvent etre consideres comme les peres de cette nouvelle science; et, dansplusieurs pays de I'Europc, leur autorite est encore invoquee aujour- d'hui (1). (1) A(iy. la G(i-c(le des Tribunaux, du 22 nincmhn; 1828, DANS LES UNIVERSITIES D'ALLEMAGNE. 56i Depuis Puffendorf, rAllemagiie est devenue , pour ainsi dire, la terre classiqiic du droit naturel, et le nombre dcs ou- vrages qui ont paru sur cette science est tellement grand qu'ils pourraient former una bibliotheque considerable. Les philo- sophes, les publicistes, les diplomates et les juriscousultes se livrercnt a cetle etude avec d'autant plus d'ardeur que les rap- ports du droit naturel avec les sciences qui les occupaient, sont plus intimes et plus communs. Chacune de ces classes de savans lui a imprime une direction ditYerente ; cependant, I'influence des philosophes fut la plus decisive. Jetons un coup d'ceil sur I'liistoire de cette science en Alle- magnc depuis Puffendorf. Des i^oS, le celebre jurisconsulle Thomasius chercha a etablir le droit naturel sur une nouvelle' base, en le distinguant de la morale plus soigneusement qu'on n'avait fait jusqu'alors. Suivant lui, le droit n'admet que des devoirs negatifs, mais parfaits, tandis que la morab reconnait des droits positifs, niais impari'aits ; ce precepte de la morale chretienne, quod tibi nan vis fieri , alleri ne facias, eslleprincipc ibndamentaldu droit naturel ; et la morale repose sur cct autre principe,7«oc<rofesseur a (Joctlingue (i8i3). DANS LES UNIVERSITIES D'ALLEMAGNE. 565 Hugo proclama lo premier, vers la fin du dernier siecle, les dangers ou riniiliiite des doctrines du droit naturel qui etaient alors plus ou nioins en faveur en Allcmagne. Dans son Lelir- bucli des Naturrechis, dont la 4° edition a paru en 1819 (vingt ans apres la premiere) , il combat avec energie le syst^me de T/tpmasius, L'opinion de M. Hugo est, qu'il n'y a point pour I'lionnne social de regies de conduite absolues. Suivant le degre de ci- vilisation , les besoins particuliers , les opinions religieuses des pcuples, les regies les plus diverses peuvent etre erigees en lois; le droit positil" d'une cpoquc ne doit jamais etre consi- dcre que comme I'expression plus ou moins vraie des besoins de cette epoque; presqiie toutes les institutions que I'histoire nous apprend avoir existe chez les anciens pcuples etaient justifiees par la situation deces peuples. On voit que cet ecri- vain a pris Montesquieu pour modele, en restreignant toute- fois ses considerations au droit prive. Malgre le talent reconnu de M. Hugo, ses doctrines philo- sophiques n'obtinrent pas un grand succes (1) ; le ton d'iro- nie avec lequel il parle des doctrines opposees lui attira de nombreux adversaires. On I'accusa de scepticlsme , parce que toutes les institutions etaient en meme terns I'objet de ses eloges et de ses critiques; on pretendit que I'utilite matcrielle et les plaisirs physiques etaient a ses yeux les seuls mol)iles de la volonte hnmaine (2). La banniere de M. Hugon'a pas meme ete suivie par les jurisconsulles de I'ecole qu'on appelle historique , quoiqu'ils reconnaissent d'ailleurs M. Hugo pour un de leurs plus illustres chefs, et, quoique sa manierc de considerer le droit naturel soit toiit-a-fait dans I'esprit de celte ecole. C'est en suivant la methode de M. Hugo, qu'a I'aide de I'Histoire comparee des legislations anciennes et (1) Les idces de M. Hugo ont et6 cepcndant reproduites, et assez liabi- lenient developpees par un de ses eleves, M. Marezoll, professeur h Gies- sen (1819). (2) On a elcve les niemes objections contre la docliine de Bcnlham, dont les ouviages ont eu jusqu'i» present pen de lecteurs en Allemagnc. 566 DE L'ENSEIGNEMENT DU DROIT niodernes, on decouviira uii jour Ics lois generalcs des so- cioles humaines (i). Quoiqu'il en soil, jusqn'a present, aucun jurisconsulte de I'ccole hislorique ne s'est occupe d'unc maniere approfondie de I'etude philosophique du droit; et c'est ce qui a fait dire, dans un llecueil periudiiiue francais (2) , que Tccole histo- riqne mrprise jusqu'au nom de philosophic, et qu'elle s'at- tache cxdusivenient a la connaissance du droit positif (5). L'ctude du droit nature! n'a pas etc cependant tout-a-fait abandonnce en AUeiuague : les philosophes, ct meme quel- qucs jurisconsultes , ont continue a s'en occuper. Sans adop- ter la doctrine de Hugo, on s'est eloigne peu a pen des sys- temes de Thomasias et de Kant. Quelques-uns n'ont plus considere le droit naturcl que comme un droit modete dont les legislations de chaque pays doivent se rapprocher autant que le perniettent les mceurs et les lumieres de la nation , en d'autrcs termes, comme une espece de droit abstrait, qui est aux differentes legislations positives, ce que la mecanique abstraite est a la mecanique appliquee (/|). Parmi les juris- consultes qui ont essaye dans ces deruiers terns d'asseoir le droit naturel sin- une nouvelle base, nous devons une men- tion particulicre a M. Baumbacli de Jena (mort il y a peu de terns), et a i>l. Falk , professeur a Kiel, auteur d'une excel- lente Encyclopcdie da Droit. Le premier a fort bien demontre le vice du systeme de Kant ; le second , en rejetant aussi ce systeme , pense neanmoins qu'il existe des principes de droit independans de toute sanction politique ; ces principes ne (1) Cette niethode est a peu pres celle que M. Comic a suivie dans sou Traile de logislation. (2) La llcviie Fran^alse, t. i"^', 11° 2. (5) Nous devons protester contra cette imputation que M. de Savigny vient de repousser avec force, dans la secondc edition de sonouvrage : De la vocation de noire siectc pour les travaux de legislation cl de jurisprudence. (4) Voycz Esclicnmaier, professeur a Tubingue , 1S19 et 1820. Voycz aussi une critique tres-judicicuse des diverses theories de droit naturel, par M. Rossi, de Geneve, dans les Annates de tigislalion, recueil que tous les amis de la science regrettent de ne pas voir continue. DANS LES UNIVERSITJiS D'ALLEMAGNE. 567 sont autre chose que I'cxpression des rapports resultant de la vie sociule : suivant M. Falk, du fait de rassociation civile, de I'organisation de la famille, decoulent des consequences qui constituent autant de regies de droit. C'est en 1821 que M. Falk a public sa theorie , et , a la meme epoque, une lutte s'est engagee relativement au droit naturel entre un pliilosophe, dont le nom est sans doute connu • en France, M. Hegel, el les jurisconsultes de I'ecole histo- rique. L'ouvrage dii piemier, sur le droit naturel et la science du Gouvernement , a ete i'objet d'une critique severe de la part de M. Hugo. Suivant son habitude , le professeur de Goet- tingue n'a point epargne a son adversaire les sarcasmes; pre- nant un ton de plaisanlerie qui convient peu a la gravite de la question, il compare M. Hegel a ce Favorien, qui, au troi- sienie siecle, discutait avec le jurisconsulte Sextus, surlaloi des douze tables, et parlait du droit en philosoplie, c'est-a- dire,en honiine qui n'yentendrien. La conclusion de ces observations est facile a tirer : c'est que, malgre tant d'ouvrages et de systemes differens, I'etude philosophique du droit est encore dans I'enfance, non-seule- ment chez les AUemands, mais menie chez les autres peuples. Cet etat durera jusqu'a ce qu'un genie superieur vienne con- tinuer l'ouvrage que Montesquieu a entrepris, mais qu'il n'a pu conduire plus loin que ne le lui permettait I'etat des con- naissanceshistoriques et philosophiques, et meme physiques et naturelles de son siecle, Peut-etre I'epoque n'est-ellc pas eloignee ovi cette science s'etablira sur des bases solides ; les progres des sciences politiques et administratives, la consoli- dation du droit public constitutionnel, et la belle direction qu'ont prise de nos jours les sciences historiques , font presa- ger un avenir plus brillant pour I'etude philosophique du droit. ftJais peut-etre aussi cette nouvelle periode s'ouvrira- t-elle dans un autre pays que celui qui, depuis un siecle, a ete, pour ainsi, dire la patrie de cette science. L. A. Warneoenig. II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. ReCHERCHES stir LES SITBSTANCES NTJTRITIVES QCE RENFEBMENT LES OS, ou M6moire sur les os prorenant de la viande de bouchcrie- $ur Ics moyens de les consei'ver , d'cn extralre la gelatine par la rapcur, etc., par IM. d'Arcet, de 1' Academic des sciences (i). MeMOIRE SUR l'apPLICATION DE CE PROCEDE A LA NOURRITIIRE DES Ot'VRIERS DE LA MOPJNAIE DES MEDAILLES, Ct StV leS applications gendrales qu'il peat recevoir , par M. A. de PiiYMAtRiN, di- recteur de la Monnaie des medailles (2). Dans notre cahier de Janvier 1822 (t. xin, p. ig), nous avons public un Mcmoire sur la gelatine extraile des os, an moyen de Cacide hydrochloriqiie , par le proccdd de 31. d'Arcet. Apres avoir fait connailre I'histoire de cetle utile decou- Tcrte, ainsi que les principaux usages de la gelatine dans I'e- conomiedomeslique et dans les arts, nous avons prouve, par des i'aits incontestables , que les substances puremcnt vegeta- les ne suffisent pas pour nourrir rhoinmc , et qu'il faut ncces- sairement y joindre des substances animalcs, des substances contenant de I'azote. La viande est la substance aniniale le plus generalement employee; mais la cherte en interdit (1) Paris, 1829. Se vend, au profit des ouviiers de la Monnaie des me- dailles, rue Guenar Lagrange^ en 1790, et rajeunies par M. Morcau deJonncs, dans un intcressant Mcmoire qu'il a lu rocemment a I'Acadeinie des Sciences, dcinontrent que la France n'a pas la moitic de la \ iandc donl scs liabitans au- raient hesoin pour etrc nonrris convenabicmenl. C'etait done un des plus grands services qu'on put rendre a notre pays, u tous ceux qui sont dans la mcme position, que de Irouver une substance nutritive qui fut a la foisabondante, facile a obtenir, ctd'un tres-basprix. Cette precieuse substance estla gelatine , et c'est a M. d'Arcet qu'appartient la gloire d'avoir invente les nioyens de la retirer en entier des os , qiji en sontle prin- cipal reservoir, puisqu'ils en contiennent trente potir cent de leur poids. Le premier de cesiuoyens, dont M. d'Arcet s'occu- pait deja en 1810, consisle a dissoudre la partie calcairc des OS dans un acide, ct a mettre ainsi la gelatine a nil , sans I'al- terer; nous renvoyons pour cet objet i notre Memoire precite. Parle second precede, que M. d'Arcet a decouvert en 1817, on dissout dans la vapeur la gelatine que les os renferment, sans attaquer la partie calcaire. Faire connaitre dans tous ses details cct ingenieux procede, et les usages pour la nourritiuc de rhomme de la gelatine qu'il fournit , tel est I'objet prin- cipal des deux Memoires de MM. d'Arcet et Puyniaurin fils, Memoires dont nous allons donner une analyse aussi etendue que le permettent les bornes de notre recueil. Un kilogramme d'os conticnt assez de gelatine pour pre- parer 3o bouillons d'un demi-litre cliacun, tandis qu'un kilogramme de viande ne pent fournir que 4 bouillons. Or, cent kilogrammes de viande de boucherie contiennent environ 120 kilogrjunmes d'os, lesqueis donnent 600 bouillons, qui, ajontes aux 4oo fournis par la viande, donnent en tout inille bouillons; done, en extrayant la gelatine des os , on pent pre- parer cinq bouillons avec la quantite de viande qui n'en donne ordinairement que dciix. Le seul deparlcmcnt de la Seine pent fournir a pen pres lO millions de kilogrammes d'os, dont la gelatine suffirait pour preparer hiiit cent millc bouillons fmr T. XLIII. SEPTEMBRE 1829. 5j 5^0 SCIENCES PHYSIQUES. jour. On Toit par cp calcul combieii il serait important d'or- ganiscravccpromplitutle, dans tontc la France, des procedt-s qui dnnneraient dc si puissans mojens d'anitliorcr le regime alimentaire dcs soldats , des marins, des ouvriers et des pauvrcs. Lcsoscompactcs ct qui conticnncnt peu dc graisse, doivenl ctre vendiis aux tourneurs, etc.; les teles spongieuses desgros OS, e ties extreinites des osplatsconviennentmieux pour obtenir la gelatine. L'expcrience a prouvequ'il est preferable de broyer les OS avant d'en extraire la graisse ct la gelatine. Quclque machine qu'on emploie ponr cette operation, il faut d'abord moniller les os ct ensnite les ccraser d'un seul coup, pour qu'ils ne contractcnt pas une mauvaise odcnr. Lorsque les os sontbroyes, il faut les employer immcdiatenient, ou pren- dre des precautions pour les conserver. Quand il ne s'agit que de ([uelques jours, on tient les os plonges dans une dis- solution concentree de sel marin. Mais ce procede est insuf- fisant pour une longue conservation, et voici celui qu'a trouve M. d'Arcet. On fait chauffer jusqn'a 90 dcgres centigrades une dissolution contenant o,5o de gelatine seche ; on y trenipe a plusieurs reprises les os conca.o8 Id. au riz 8,17 Prix moyen des ragoflts 6,o3 Plus, pour une ration de bouillon 5, « Prix moyen par jour et par tete, pour un or- dinaire de soixante personnes 9%o3 Nous n'avons pas compris, dans ces evaluations, le prix de la uiain-d'oeuvre et I'interet du capital de I'appareil ; en met- lant rinteret a 10 p. cent, la main-d'ceuvre a 1 fr. 5o c. par jour, et le? 30 kilogramme* dc houille employes a 80 c, la 576 SCIENCES PHYSIQUES. depense totale pour iine ration dc soupc et une ration de ra- goftt, thacunc d'un dcmi-litre, serait dc 10c. , 35. II est evi- dent qu'on poiuTait facilement ne depenser que dix centimes (deux sous) en einployant moins souvent les alimens coQ- teiix, tels que les lentilles, Ic riz, le macaroni ; et que, plus le nombre des rations serait considerable, plus serait petite pour chaque ration la depense pro-venant de la main-d'ceuvre, de I'achat du combustible et de I'interet du capital. Afin d'achevcr de porter la conviction dans les esprits, nous ailons donner plusieurs exemples des economies que des ou- vriers dc la Monnaie des mcdailles ont laites par le nouveau mode de nourriture. Premier exeiiiple. l)n ouvrier, dont la famillc est composee de cinq personnes, depensait, pour sa nourriture de quatre Jours, pain non compris, 6 fr. 90 c. ; d'apres le nouvel etat de choses, il no depense que 3 fr. 70 c. (en mangeant une livre et demie do Tiande par jour), ce qui, pour vingt-six jours de travail, lui donne une economie de 17 fr. 80 c. , et, par an, de 2i3 fr. 60 c. 31 cette famille ne mangeait de la viande que le dimancbe, Tecoaomie annuelle serait de 271 fr. 60 c. Deua'ieme ixemple. Un ouviier de dix-sept ans et demi d6- pensait, a I'auberge, 1 fr. 35 c. par jour; dejiuis qu'il est a I'ordinaire, il trouve la nourriture tellement substantielle, qu'il ne mange plus de viande, de sorte qu'il ne depense que 37 c. environ; I'economie par jour est done de-QS c, et par an (de trois cent douze jours de travail), de 5o5 fr. Cat ou- vrier gagne 620 fr. par an, il economise done presque la moi- tie de sonrevenu; en moins dc trois mois, il a place 70 fr. a la caisse d'epargnes. II est A remarquer que I'economie ne porle que sur des alimens accessoires de mauvaisc qualite, qui sont remplaces par des alimens excellons. Afux considerations pecuniaires, se joiguent des considera- tions morales de la plus haute importance. L'ouvrier qui prend sa nourritiu'C a i'auberge se laisse trop souvent entrai- ner a I'usage inimoderc du vin et des liqueurs fortes, qui SCIENCES PHYSIQUES. 677 enervent ses facultes, corrompent scs moeurs, et mettentsa I'a- niille tlaas un etat habitiiel tie niiscre. L'ouvrier qui vit a I'or- diiiaire evite toules ces causes de derangement ; de plus, il est oblige de verser ses economies dans sa lamille, puree qu'elles ne lui sont payees que tons les mois, et qu'elles sont assez considerables pour qu'il ne puisse les depenser en un seul jour. Bien loin que la santo des ouvriers ait souffert de ce nou- veau regime, il parait que celle de plusieurs s'est sensiblement amelioree. Je renvoie a la brochure de M. de Puymaurin pour tons les details relatifs a Tappareil qu'il a etabli a la Monnaie des me- dailles. On y trouvera aussi une foule de fails interessans que le defaut d'espace ne me permet pas de comprendre dans celte analyse. Mon but a ete d'attirer Tattention de tons les amis de I'huma- nite sur la belle decouverte de M. d'Arcet, sur les importan- tes applications qu'il en a faites, et sur I'heureuse experience par laquelle M. de Puymaurin fils en a demontre les precieux avantages. Leur ouvrage, dont ils ont consacre genereusement le pro- duit aux ouvriers de la Moimaie des medailles, devrait etre rcpandu dans le monde entier. II appartenait ii la Revue Ency- clopedique , toujours si empressee de propager les connais- sances utiles aux hommes, de signaler a ses lecteurs les nou- veaux services rendus aux« classes les plus malheureuses de la societe par un savant illustre, qui a consacre ses talens au soulagement et au bien-etre de ses semblables, et dont nous voudrions que le noble exemple trouvat bcaucoup d'imitateurs, A. MiCHELOT, Ancien eleve de I'Ecole Polytechnique. wvwwwwvvw 5^8 SCIENCES PHYSIQUES. HiSTOIRE DE LA NAVIGATION INTERIEIIRE 1>E LA FbANCE, AVEC UNE Exposition des canaux a entrei'REndre pour en com- pleter LE SYSTEME ; prectjdee do Considerations generates sur la position geo^rapltique de cc royauine, sur ta direction de ses fleuves et rivieres, ct sur son coinmerce extcrieur et inte- rieur ; suiyie d'un Essai sur les causes qui out rttardejusqu'd ce jour fHablissement des canaux dans ce pays, sur les inoyens qui peuvent en favoiiser rexeculion, ainsi que sur les prlncipes de legislation et d'admiuistration auxquels ils doivent elre soumis; et accompagnee d'«;/c Carte des canaux executes, et de ccux d entreprendre ; par ques, des traces de bouleversemens partiels, d'allaissemeus, de ruptures; il faut bien que I'idee de continuite soit aban- donnec. Ainsi, par exemple, les Vosges, dont I'existence est Ircs-ccrlainement anterieure a cellc du Jura, qu'une forte depression scparc de ces montagnes plus recenles, et dont les SCIENCES PHYSIQ^JES. 58i roches sont d'uiie tout autre nature, ne pcuvent etre consi- derees comma un prolongement du Jura, si ce n'est en hy- drograpliic, lorsqu'il ne s'agit que de circonscrire Ics bassins, les versa n.«, ct de determiner leur position par rapport aux mers qui recoivent Icurs eaux. Quoique M. Dutens ait eu raison, les geograplies n'en sont pas niieux fondes dans leurs systemes et leurs nomenclatures ; ils ne sont nullemcnt auto- rises a imaginer des chaines de montagnes dout ils multi- plient a leur gre les embranchemens des pentes generalcs, abstractions qui ne dispensent dans ancun cas d'observcr et de mesurer les pentes particulieres, parce qu'elles sont reelles, et donnent tout ce qu'il importe de connaitre, etc. Si, an lieu de representer la figure du terrain par des ha- chures dirigees suivant les lignes de pentes, il etait pratica- ble de tracer sur les cartes les projections des coupes hori- zontales, aucune meprise ne serait a craindre : I'oeil ne verrait dans un pays que de veritables montagnes, s'il y en a ; il mesurerait leur elevation, I'inclinaison de leurs flancs, la forme et I'etenduc des bases et des sommets; il jugerait de I'isole- ment on de la reunion de ces protuberances de la surface de la terre, et la denomination de c/iaine de montagnes ne pourrait etre mal appliquoe. Mais ce qui rendrait encore plus precieu- ses les cartes construites suivant cette melbode des sections horizontales, c'est qu'elles conviendraient a tous les usages. aux arts de la paix comme a ceux de la guerre, qu'elles se- raient beaucoup plus iustructives que celles que nous avnns actuellement, donneraient enfin des nivellemens assez exacts pour une multitude d'usages^ des indications utiles pour la meteorologie, la culture, la botanique, etc. Nonsne pousserons pas plus loin ces observations, qui nous entraineraient au-dela de notre sujet et de I'espace qui nous est accorde : mais il ne fallait pas laisser a de fausses methodes geograpbiques un appui dont elles n'auraicnt point manque de se fortifier, afin de pousser plus loin leurs envahissemens dcja trop etendus. Que les tignes de crcle soient laissees i\ rhydrographie, qui pent en faire un bon usage, en deduire la 58a SCIENCES PHYSIQUES. solution de phisietirs problemes rclalifs a la distribution des caux; hors dc la, ccs ligncs nc reiidront aucuu service i la geograpliic pliysiqiie, aux reconnaissances militaires, a I'etude du terrain, quel que soit soit son objet. Apres ces considerations generales sur I'hydrograpliie de la France, M. Dutens passe au commerce cxlericur dont notre pays jouit autrefois, qu'il acquit par degres, qui eut ses periades de malheurs et de prosperite ; I'historien les suit depuis I'origine de la moiiarchie jusqu'a nos jours. Parvenu ace terme, il faut bien se resoudre a contempler le present, quelque sombre qu'il soit, a recherchcr les causes du malaise general qu'eprouve notre nation, et qui ne pourrail augmen- ter sans exposer I'Etat et les citoyens a des perils qui , sans doute, ne sont pas inevitables. « L'epoque on im peuj)le, par les progres qu'il a fails dans toules les brancbes de son in- dustrie, ne pent retablir I'equilibrc entre la puissance de pro- duire et la faculte de consommer, ni elever les moyens des contribuables au niveau des depenses de son gouvernement, sans recourir aux ressources que pent seule lui procurer une plus grande extension de son commerce etranger; cetle epo- que, qui n'est pour ce pcuple qu'un indice irrecusable d'un plus grand developpemcnt dans ses elemens de ricbesse et de prospeiite, est aujourd'bui arrivee pour la France. S'il en est ainsi, et si I'extension du commerce etranger, au point oi\ I'indusirie est parvenue en France, est devenue I'une des con- ditions sans lesquelles ce grand royaume ne peut que voir s'arreter la prosperite a laquelle il a droit d'aspirer, il n'est done point d'efforts et d'encouragemens que le gouvernement ne doive mettre en usage, tant a I'inlerieur qu'a I'exterieur pour le faire jouir de ce bienfait. Or, un des encouragemens les plus efficaces que puisse recevoir le commerce exlerieur est la reduction du prix des objets a ecbanger avec les nations etrangeres, et par consequent celle du prix des transports des niatiercs premieres dans i'inlcrieiu', et des produils manufac- tures, depuis Ic point de leur I'abrication jusqu'au lieu de leur ombarquemcnt, reduction qui ne peut ctre due qu'a la mnl- SCIENCES PHYSIQUES. 585 tiplication des communications par can, et dont I'effet est d'autant plus admirable qu'il concourt a la fois et au bien- fetre des individus, en mcltant, par I'abaissement des prix, les objets de consommation a la portee d'un pins grand nonibre de classes, et a la prosperite iiationale, en activant egalement par la le commerce exterieur, et le commerce interienr dont nous allons parlcr. » II etait facile de faire voir ce que cc dernier commerce doit a la navigation intcrienre ; Tauteur arrive done promptement a I'histoire de cette navigation , depuis que les Romains s'eta- blirent dans notre pays. Lorsque les Francs chasserent les pre- miers conquerans des Gaules , et se mirent a leur place, la navigation fit de grandes pertes, dont la nation ne fut point dedommagee par une acquisition que ses nouveaux maitres lui firent I'aire, c'est celle des moulins a eau. Des barrages furent etablis dans le lit de plusieurs rivieres, au prejudice des bateaux, qui en furent banuis. L'usurpation de ces voies publiques, formees et entretcnues par la nature, fut soutenue par I'interet des seigneurs proprietaires des moulins banaux. C'est a cette epoque , suivant notre bistorien, qu'il faut pla- cer I'origine de la lutte qui dure encore entre les bateliers et les proprietaires d'usines etablies sur des rivieres navigables, lutte qui finirait a I'avantage de la navigation, et sans pertes pour les nsines, si Ton construisait des ecluses a sas a chacun des barrages que les bateaux ne franchissent aujourd'hui qu'a- vec des fatigues que le progres des arts devrait leur epargner. Mais lout ce que les arts et les travaux de I'bomnie pourront introduire d'ameiioralions dans la navigation naturellc ne met- tra pas ce moycn de transport au niveau des besoins actueis du commerce; il est done indispensable de recourir a la navi- gation artificielie. M. Dutens traite avec quelque etendue I'importanle et dif- ficile question des largem-s qu'il convient d'assigncr aux ca- naux, aux ecluses et aux barques. Guide par I'experience de? Anglais, il propose d'adopter, pourlcscanauxde petite naviga- tion, la moitie de la largcur des grands canaux actuellement 584 SCIENCES PHYSIQUES. construits, en conscrvant parloiit la longueur dcs ecluses de ces canaux et dcs bateaux qu'ellcs admettciit. Aiusi, lorsquc des bateaux charges sur un petit canal arriveront dans iin grand, on pourra Ics accouplcr pour continucr la navigation, ct traverser les grandes ecluses. S'agit-il, an contraire, do passer d'un grand canal dans un petit? on separcra les ba- teaux accouples. Apres cette introduction, I'auteur cmprunte a Strabon les plus anciens details que Ton ait sur la navigation interieure des Gaulcs, sur la culture qui alimentait le commerce, et sur les produits que Ton echangeait alors , comme de nos jours, entre le nord et le sud de cette contree. II fait aussi mention, sur la foi de Tacite, du projct conru par Lucius Fetus pour etablir une navigation continue enire la Saone et la Moselle, et, par consequent, entre Ic ilhunc et le Rhin , et transporter des troupes et des munitions de la Mcditerranee a la mer du Nord par une voie sure et uioins dispendiense. M. Dutens divise en grands et peiils les fleuves de la France, et il les considere comme compris dans deux versans , celui de la Mediterranee et celui dc I'Occan. Par cette distribution, il prepare ce qu'il exposera par !a suite, avec la precision et les details necessaires, le tableau des communications entre les deux mers qu'il est possible d'etablir sur le territoire fran- cais. Chaque fleuve est dccrit avec ses adluens; I'auteur y a joint la mesure de I'etendue sur laquelle chaque courant pent servir au flottage des bois, avant de devenir navigable; la grandeur des bateaux employes sur les fleuves et les rivieres; lesmoyensartiflciels par lesquelsla navigation a ete prolongee. On compte deja plus de 7,800 kilometres de navigation sur ces canaux creuses par la nature et pcrfectionnes par I'indus- trie humaine : on augmentera sans doute encore cette etendue; car plusieurs petites rivieres deviendraient naviga- bles sur une partie de leur cours, si I'art de I'ingenieur y appliquait ses ressources. comme il I'a deja foit en favcurdes rivieres plus considerables. Une note, mise a la suite du tableau general des courans actucllenicnt navigables, nou5 SCIENCES PHYSIQUES. 585 apprond que le Cottage sur les laisseaux occupe une longueur (le 4^492 kiloui. , qui, ajoutee a 3,209 kilom. de flottage sur les fleuves et les rivieres navigablcs, donne un total de 7,701 kiloin. , espace qui n'est guere moins etendu que celui de la navigation , mais qui decroitra de toutcs les acquisitions que pourra faire , par la suite, la voie parcourue par les ba- teaux. En terniinant cette premiere section, I'auteur compare la navigation naturelle de la France a celle de TAngleterre, qui compte seulement 8i5 kilom., et qui, sur une surface egale a celle de la France, n'atteindra it point i,5oo kilom. Ainsi, I'industrie anglaise avait encore plus besoin que celle de la France des puissans secours de la navigation artificiellc. On a peul-etre assez fait en Angletcrre pour que les manu- factures et le commerce puissent y prendre le plus grand de- veloppemenl; le systeme des canaux y parait complet. En France, nous sommes encore bien eloignes de ce terme, comme on le verra dans les deux sections suivantes. xDel'histoire des canaux deja executes, de celle des canaux qui ne le sont qu'en partie, et enfin de la description d'un grand nombre de projets qui out etc presentcs a diverses epo- ques, et qui ont donne lieu a des discussions qui ne doivent point etre perdues pour la science de I'ingenieur, nous ver- rons ressortir sans prevention et sans esprit de systeme, et comme indiquees naturcilement par la direction des fleuves et des rivieres qu'elles sont deslinees a unir, les grandes lignes de navigation qui seules presenteraient deja un ensemble assez salisfaisant de navigation interieure, si , en se trouvant encore cUes-mOmes mises en relation par des lignes sccondaires, elles ne devaient pas un jour oilrir le systeme le plus parfait de communications qui puisse elre presente aux trois branches du travail des hommes, I'agriculture, I'industrie manufactu- riere et le commerce. » L'invention des ecluses a sas est due a des ingenieurs ila- licns, et ce fut Leonard de Vinci qui nous I'apporta, lorsque eel homme , extraordinaire par la reunion de tant de fa- T. XMII. SFI'TEMBRK I 829. 38 580 SCIENCES PHYSIQUES. ciilles emincntcs, vint en France, ot y ful retcTin par Ics hien- fails (1e Francois I". Lc projet de rendrc I'Oincq navi- gable remonte iusqn'au Icnis de ce monarqnc, ct reriit, a ce qu'il parait, ini cornnieiicpment d'excintiDn ; le peiiitre-inge- nieur, qui avail deja constrnit, snr le canal de Milan, nne ecluse que Ton voit encore aiijourd'hni , fit sur I'Ourcq nu essai de cette meine construction : il y a bien long-tems qne nous mcritons le reproche d'etre prompts lorsqu'il s'agit de commencer, lenls dans Tcxccution, et trop inipatiens pour terminer les cntroprises qui exigent nn pen dc perseverance. Los c.'inanx a point de partage sont d'originc IVancaise, et ne font pout-ctrc pas moins d'honnenr a rintolligencc humaine que I'invcntion des ecluses a sas. l)n col tres-elcve, cntre deux montagnes , pent livrer passage a des barques ct mcriter Ic noni de port, si Ton parviont a y former des reservoirs d'eau pour fournir deux iclushs pour chaque bateau montaut et des- cendant. Par Ce moyen, «il n'est point de cours d'eau capable? de fftire lourner un seul mouiin qui ne puisse satisfaire aux besoins de la navigation la plus active d'une Aallee a une autre. » On s'cst i>eaHCoup occupc , depuis queiques anne^s , des nioyens de diminuer la quautite d'eau consomniee par chaque eclusee, etplusiours procedcs a pen pros equivalens ont resoln cetle sorte de projjlcme d'une maniere asscz satis- faisante. Ces details n'enlraicnt point dansle plan d'une His- ioire de la navigation int'crieure de la France; M. Dntens a du les omettre. L'art des canaux senible approcher du terme de sa perfection ; quand meuie on n'ajouterait plus rien aux res- sources dont il est pourvu, on pourrait bien se contenler des prodiges qu'il est en elat de manilesler. « 11 n'est que pen de ces eminences du globe qui scparent les mers ou les rivieres sur lesqiiellcs on ne puisse voir flotter depuis les modestes barques du commerce jusqu'aux vaisscaux amies de la marine Hiililaire. » La seconde section de cet ouvrage contient la descriptron des canaux qui fornient six lignes de jonction des deux mers : la premiere est dirigce du midi au nord-onest, par le centre SCIKXCES PHYSIQUES. 587 SCIENCES PHYSIQUES. notre nation, dirigee par one cour tncorc plus frivole. capri- cieuse dans scs? gofits, inipiovoyante, dissipalricc ; an mepris de la casle privilegioe pour los arts niecaniqucs, rindnslric et Ic comnu'i'cc, ponr lonsceux qui no vivaient point noblcmenly c'est-a-dire sans rirn faire. Notre anleur ne pensc point que CCS causes morales et Ics vices do notre anciennc organisation politique aicnt exerce cette fuueste influence : afin de decou- vrir pourquoi nous n'avancions point, tandis que les Anglais niarcliaient a pas de geans, il consulte i'histoire de I'industrio et du commerce de I'Angleterre, et remonte ainsi aux causes qui out dcveloppe, chez nos voisins d'oulrc-mer, de si puis- sans moyens de richesse publique et privee. Ayant ainsi re- connu ce que les Anglais ont en en abondance, il etait facile de designer ce qui nous a manque pour les suivre dans la meme carriere. Mais, qnelque opinion que Ton ait sur ce qui nons empecha de faire mieux et d'aller plus loin, on sera d'accord avec M. Dutens sur les mo3'ens de hater en France I'execu- tion des voies de communication reclamees par I'agriculture et Ic commerce. Rien n'est plus solidement etabli en econo- mic politique, rien n'est mieux justifie par I'expericnce de tons les terns, que les principes qui dirigenl Tauteur dans ses considerations, dans les consequences qu'il en dednit, dans les applications qu'il en fait. On trouve les memes principes dans Ic Rapport an roi, du l\ aofit 1820. Nous pouvons done nous dispenser de dire comment I'auteur a repondu a cetle question -.par qui doivent etre fails les canaux. En traitant de I'esprit d'association, il en presage I'heureuse influence, les bienfaits qu'il repandra partout, et fonde son espoir sur nos institutions constitutionnelles, leur complement , leur stabi- lite. Apres avoir fortifie de tout le pouvoir du raisonnement ct de I'antorite des fails cette maxime d'administration , qu'il faut confier a I'indnstrie des parliculiers I'execution de tons les travaux qui ne sont point au-dcssus de ses facultes, il exa- mine « quclles sont les lignes de navigation qui, a defaut de concessions particulieres, pourraient etre etablics par le gou- vernement. » II insiste sur les avantages des concessions per- peluelles, dunt I'eflet est de reduire le prixdes transports, au SCIKNCES PHYSIQUES. 6,,y lieu que les concessions leniporaiies le ticnnentnecessairemonl plus eleve, afin que les concessionnaires puissent elre rcni- bourses , en nieme terns qu'ils percoivent le revenu net de Tentreprise concedee. C'est dans I'ouvrage meme, et non dans une notice beaucoup tiop inipail'aite, qu'il fout prendre une idee des doctrines de I'auteur sur le droit de navigation, sur les nioyens de le maintenir dans de jnstes limites, relativenient an prix du transport par terre ; sur I'influence que I'elablisse- ment d'un peage pour I'entretien des grandes routes exercera sur les transports en general, et particulierement sur la navi- gation; sur la surveillance que le gouvernement doit exercer sur les canaux, pendant et apres leur execution, entre des li- niites qu'il importe de fixer avec precision : c'est par ces recherches que I'ouvrage est terniine. Nous n'avons rieji dil des pieces juslilicatives eparses dans les deux volumes, et surtouta la fin de celui-ci : on sait qu'une histoire en est toujours acconjpagnee. La plus volumineuse et la plus instructive est Vacte du parlement d' Angleterre concer-' nant la construction et I'entretien d'un canal navigable partant du canal de Coventry, et allant a la ville d' Oxford. Get acle est de Tannee 1768 : il suflit pour donner une idee assez com- plete de la legislation angluise sur les canaux ; il semble que la prevoyance legislative ne pouvait aller plus loin. On lit, dans une note, que cet ouvrage etait compose, en grande partie, en 1820, et que par consequent il aurait pu pa- raitre beaucoup plus tot, sans une grave maladie qui empecha I'auteur de mettre alors la derniere main a son travail. Peu s'en faut qu'on ne sache quelque gre a cet obstacle, qui semble u'avoir suspendu I'instruclion que cet ouvrage repandra que pour la rendre plus complete et plus profitable. Nous n'avons pu en donner qu'une esquisse trop imparfaite : nous esperons neanmoinsqu'elle suffira pour que nos lecteurs reconnaissent, dans V Histoire de la navigation interieure de la France, tous les caracteres d'un livre bien fait, d'une oeuvre d'un vaste savoir, d'un esprit aussi juste qu'excrce, et d'un excellent citoyen. Ferry. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. tcoNOMiE pouTiQX'E DEs Atheniens ; par A. BoECKH, de TAca- demie dc Berlin, ouvrage traduit dc raUemand par A. La- UGANT (i). Si rhomme, apres de longs detours, dc longs egaremens, est destine i arriver a la verite, il ne pent esperer I'atteindre qu'apres avoirrectifle, parune foule d'experiences, les errenrs de son esprit comme celles de ses sens. Lesanciens philoso- phes, lorsqu'ils avaient appris tout ce qu'on savait dans leur patrie, voyageaient unepartie deleur vie et allaient demander aux pretres de I'Egypte, auxBrachmanes de I'Inde, et peut-etre aussi aux Druides de la Gaule, la science de riiomme, de la societe, et de I'univers : de retour chez eux, ils medilaient, combinaient les divers systemes, et en composaient iin i leur tour. L'iniprimerie nous dispense des voyages : nous avons appele et reuni dans nos bildiothcques les opinions des quatre parties du monde, relativement aux innombrables sujets sur lesquels pent s'exercer notre esprit. Econtons tons les temoi- gnages, mais reservons-nous et notre libre jugement, et les enquetes, les recherches , que nous pouvons I'aire par nous- memes. Etudions les diverses litteratures pour trouver Ic beau et le vrai, mais couimencons par la n6tre. On a dit mille fois que les Francais etaient incapables d'ecrirc I'histoire ; on repete, je crois, encore aujourd'hui cette niaiserie : on cede liberalement le privilege du genre historique aux Ilaliens, aux Anglais, aux Allemands; il est de bon ton de nous denigrer (i) Fails, 1828; Sautelet. 2 vol. in-8° ; prix, i5 fr. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 609 sous ce rapport. Pour nous affranchir de cette fureur de la mode etraiigore, consultons les hautes generalites de Bossuet, de Montesquieu, de Voltaire; les specialites de MM. Sis- mondi, Daru, Thierry, Barante, Guizot, et d'autres encore. Dans ce qui concerne les antiquites grecques et romaines, nous ne jurons que par I'erudition allemande; et pour verifier les hypotheses et les resultats de nos voisins d'outre-Rhin, pour apprecier leur justesse et leur nouveaute , nous ne recourons pas aux originaux; nous n'ouvrons ni les Memoires de r Academic des inscriptions et belles-lettres, et de I'lnsti- tut; ni les doctes ouvrages des Montf'aucon, Samuel Petit, Saumaise, Casaubon, Petau, Freret, Sallier, Beaufort, Lar- cher, Levesque : les travaux plus recens de MM. Petit-Radel, Daunou, Saint-Martin, Letronne, Raoul-Roehette, demeurent egaleuient lettres closes pour nous. Nous avons lu, pour toute instruction, une dissertation, im livre allemand sur tel ou tel point de chronologic, d'histoire, de geographic, d'economie politique des anciens ; et nous nous emerveillons, nous nous extasions : notre dictionnaire manque d'expressions assez nombreuses, assez energiques, pour vanter ce prodige de science. Renoncons a ces admirations du lendemain sur une lecture de la veille, si nous ne voulons passer pour des eco- liers ignorans et pour des enthousiastes aveugles. Mon but principal est de presenter un examen detaille de I'ouvrage de M. Boeckh. Accessoirement je donnerai une idee des essais anterieurs a celui de I'auteur, et relatifs a la matiere qu'il a traitee : je presenterai une sorte de statistique do I'eru- dition sur I'economie politique des Atheniens. Cette compa- raison nous mettra a meme de decider si Ton doit a I'acado- micien de Berlin beaucoup d'idees grandes et nouvelles; ou si son merite se borne a avoir rassemble, mis en ordre, con- trole , rectifie, et quelquefois devcloppe savamment ce qui avait ete decouvert avant lui. Je serais desespere de frustrer M. Boeckh des eloges qui lui sont dus, et d'ajourner pour lui le moment de la justice jusqu'apres celui de sa mort. Mais je repugnc egalement a refuser justice aux morts; et Ton ne me (ho SCIENCES MORALES verra pas, commc quolques critiquos, fairc hon inarche a uii coiUomporain ct a un (Jlranger cles travaux et do la reputation de nos compatriotes, scs dcvanciers. L'ouvrage de M. Boeckh, divise en qiiatre livres, traite de I'economie politique des Atheniens, dcpnis la fin de la guerre niedique ju.squ'au regne d'Alexandre-le-Grand (i). L'auteur pose en principe qu'on ne pent determiner de quellcs sommes I'Etat avait besoin pour remplir scs vues, ce qu'il pouvait faire avec ses recettes, quel etait le montant de ses rcvenus et leur rapport avec les i'acultes du peuplc, si Ton ne connait le prix des denrees, le salaire ct Ic gain ordi- naircs, ainsi f[ue le taux de Tinteret. Avant de eonsiderer les finances de I'Attique, il consacre done le premier livre a la determination des prix, du salaire, et de I'interet (a). II presente d'abord I'historique de ['augmentation progres- sive des metaux precieux. II admct comme incontestable I'as- sertion que cette augmentation fut lente enOrece; qu'elle ne prit un accroissement plus rapide que lorsque les tresors de rOrient s'ouvrirent. An terns de Philippe, pere d' Alexandre, ajoute-t-il, on suivait deja des cxploilations considerables en Greco et dans les contrees voisincs, et I'Oiient avait fourni beaucoup d'or et d'argent. Mais en consacrant ces metaux aux Ijcsoins de I'Etat, ou aux ofl'randes religicuses, on n'en avait employe jusque-la qu'une tres-pelite quantite pour les be- soins particuliers ; le luxe ne s'etait pas encore developpe. Philippe conservait une coupe d'or avec un soln si inquiet, qu'il la placait sous son oreiller pendant son sommeil : avant lui, un vase d'argent etait regarde comme une rarete (3). Ccs idees et ce fait appartiennent a Bartheiemy (4)- Au lieu de les adopter de confiance, M. Boeckh aurait dQ leur donner pour controle les plus anciens luonumens de la litte-' rature grecque. En generalisant, en omettant deconstaterchez les Grecs les fluctuations de la richesse et du luxe qui suivirent (i) Liv. 1, ch. I, p. 6. — (2) Ch. II, p. 7, 8. — (5) Cli. m, p. 10, i3, — (4) f^oyagc (I'.'/nailiarsis, cli. lv, a la liii. KT I'OLITIQUES. On les fluctuations de leur civilisation, I'auteur tombe dans I'er- reiir. Pour justificr cette as^scition, nous avonsbosoin de pre- senter I'expose de plusieurs fails qui se rapportent aux tems heroiques de la Grece. Conime la plupart de ces fails sent empruntes a I'lliade et u rOdyssee , il est necessaire que nous entrions dans une courte explication au sujet dc ces deux poemes, afin de prevenir de vaines objections. Les assertions Ics plus exagerees relative- menl a I'lliade, a TOdysec et a Homere, se trouvent dans la Science Noavelle. \'ico pretend qu'il n'a point existe un poete du nom d'Honiere, que I'lliade et I'Odyssee ne sent point I'ouvrage d'un homme ; qu'il faut y reconnaitre les chants nalionaux des divers peuples de la Grece, travailles par plusieurs mains, continues pendant plusieurs ages, de- puis la guerre de Troie jusqu'au tems de Numa, c'est-i-dire du XII' au viii' siecle environ (i). Ces hypotheses, repro- duites dcpuis Vico, par divers critiques, soil allemands, soil francais, nous scmblent refutees victorieusement dans deux dissertations recentes (2). Toutefuis, adoptons ces hypotheses; prenons ces paradoxes pour d'incontestal)les verites. II n'en restera pas moins que I'lliade et I'Odyssee fournissent les ih- moignages les plus authentiqucs, les plus irrecusables, les plus circonstancies, sur I'elat social des Gretna du xn" au Mui' siecle, avant I'ere vulgaire. En effet, les anciens poetes, se trouvant les seuls historiens , au moins populaires, des tems oOi ils vivaient, avaient revetu un caractere de gravite, d'utilite, que depouillerent leurs successeurs a partir de la guerre medique. Ils faisaient entrer dans leurs compositions une foide de notions religieiises, morales, historiques, geo- graphiques si precises, que plus tard divers peuples s'en re- (1) Fico, p. 263, 279 de la traduction fran^aise ; par M. Micliclct , professeuf d'histoire i ITicule preparatoire. (2) Reponse a la question soulevee par M. Benjamin Constant sur I'l- liade et I'Odyssee ; par M. Vandcl-Hcyl, professeiir au college Saint-Louis, Voyez le LyUe des 5 noveiubre et 5 deceuibre 1S27. 6i2 SCIENCES MORALES feierent a rautorite d'Houierc pour fixer Ics limite.s clc Icurs lerritoires; etqu'Arislolecitepartout le toinoigiiaged'Homcrc comme iin temoignage historiqiie. Or, ouvrons I'lliade etl'Odyssee, quels renseignemens y trouverons-nous sur la quantite des inetaux precieux en cir- culation dans la Grece, sur leur usage et leur emploi, vers le XH* siecle? Les rpis grecs n'ont apporte, necessaireuient, sous les murs de Troie qu'nnc bieii laible parlie do leur;? ri- chesses , dans la crainte qu'ellcs ne tombent an pouvoir dc leurs ennemis victorieux, a la suite de quelquc bataille desas- treuse pour eux; leur luxe doit elre un luxe presque exclu- sivement guerrier. Cependant I'or et I'argent se trouvent a profusion dans leurs amies et sous leurs tentes. « Achille charme ses douleurs aux accords liaruionieux d'une lyre richement dccoree et surmonteed' unc couronne d' argent. Dix talens d'or sont au nombre des presens destines par Aga- memnon a Achille pour apaiser le courroux de ce hcros (i). « Agamemnon chausse de riches brodequins, que fixent des agrafes d'argent. II adapte a sa poitrine une cuirasse revetue de dix lames d'acier bleuatre, de douzc lames d'or et de vingt lames de plomb. II ceint une epee oii brillent des Holies d'or; le fourreau d'argent est suspendu a un baudrieroCi I'or etincelle ; sur la courroie du houcWer brodee d'argent , s'al- longe un noir dragon (2).» Dans la premiere armure d'A- chille, dans celle qui n'est point I'ouvrage de Vulcain, dans celle que rev6t Patrocle , les agrafes des brodequins sont pareillement d'argent, le glaive et la cuirasse sont charges d'argent (3). Quand Vulcain prepare pour Achille de nouvel- les armes xil jette dans le brasier, outre I'impenetrable airain, I'etain , I'argent et I'or precieux. » Entre autres objels dont le bouclicr offre la representation, on remarque « une vigne magnifique dont les rameaux d'or sont soutenus par des liieux d'argent (4)-» L'auteur ou les auteurs de I'lliade nous (i) Iliade, I. IX. — (2) Idem, 1. xi. — (5) Jdcni, 1. xvi. (4) Iltado, 1. xviii. Quelques philologucs ont cru trouvcr dans Ic slylo ET POLITIQUES. Gi3 Ibntdeju pressentir, sous Ics inurs de Troie, les richesses en- tassees clans Ics palais des rois grecs , ricliesses dent I'Odys- see nous olTrira la description dctaillee. Ainsi, lorsque Nestor conduit dans sa tente Machaon bicsse, une esclave place sur la table "cette superbe coupe que le vieux Nestor apporta de PvLOs ; elle est enrichie d'etoiles d'or : tout autour sont qua- Ire anses arrondies, et sur chacune des cobmbes cCor. » A peine les chefs deputes vers Achille sont-ils arrives dans la tente d'Atride que les fils des Grecs leur presentent des coupes d'or (i). Quand le poete nous a ramenes en Grece , quel spectacle offre a nos yeux I'interieur de la denieure des rois? Si Tele- maque recoit un ctranger dans le palais de son pere, «une esclave s'avance, portant une belle aif^uiired'or, et verse I'eau qu'elle conlient dans un hassiti d'argent pour qu'ils lavent leurs mains.... Un autre serviteur apporte des plats charges de toute espece de viandes, et leur presente des coupes d'or (2).)) Tele- maque rassemble-t-il les provisions necessaires pour entre- prendre le voyage de Sparte, pour aller chercher des nou- velles d'Ulysse ? «I1 descend dans les vastes celliers de son pere, oii reposaient de grands mouceaux d'or et d'airain (3).» S'arrete-t-il a Pylos, aupres de Nestor? « on lui remet entre les mains une coupe d'or pour offrir des libations a Neptune (4)- » Arrive-t-il a la demeure de Menelas? il voit briller partout, dans ce palais magnifique , I'airain, I' argent, I' or, I'ambre et I'ivoire. Comme a Ithaque, le luxe de I'hospitalite verse a I'inconnu, d'une aiguiere d'or dans un bassin d'argent , I'eau dont il doit laver ses mains (5). Ulysse trouve une plus grande magnificence encore dans le palais d'Alcinoiis, roi des Pha^a- de la description du bouclier d'Achille ia preuve que ce morceau n'ap- partenait pas a Homere. La maniere dout nous avons pose la question no us exenipte de discuter cette opinion. (1) Itiade, 1. IX, XI. (2) Odyssee, 1. i. Nous prevenons, une fois pour loutes, que nous em- pruntons nos citations i la traduction de M. Dugas-Montbel. (5) Odyssee, I. II. — (4) Idem, 1. iii. — (a) Idem, 1. iv. 6i/i SCIENCES iMOKALES ciens (ile do Coicyre) : « T)cs porti's d'or fcrmaient ccttc tle- iiieure , et Ics morttaiis d'argcnl rcposaicnt sur tin scnil d'ai- rain. Les lintoaiix ctaient aiissi d'argent ; mais raiineaii des portes etait d'or. Aux deux cotes, on voyait des cliiens for- mes des niemes nietaiix. Des slatucs d'or, qui rcpresenlaient de jeuiies honimes debout, tcnaicnt entre leurs mains des flambeaux allumes, pour eclairer les convives pendant la nuit (i). » Le fragment que Ton va lire d'un poete cydiciue, contemporain d'Homere, ou tres-rapproche de son opoque, juslifie et fortifie tout ce qu'Honiere lui-meme nous dit de I'opulence des rois grecs au terns de la guerre de Troie : il reporte menie Ic luxe jusqu'a la guerre de Thebes. « Cepcndant le blond Polynice placa d'abord devant OEdipe la table itar- gent (hi prudent Cadmus : ensuite il remplit une supcrbe coupe (Cor d'un vin delicieux (2) » . A cote de ce brillant etalage de magnificence et d'industric, le poele nous offre la peinture d'institutions et de moeurs qui tendent i\ se perfectionner, mais qui conservent encore des traits nombreux de leur simplicite et meme de leur grossierete primitives. Habitues que nous sommes aux delicatesses, aux rafliuemens de notre civilisation, ce contraste nous choque; mais il depose precisement de la verite, de I'exactitude, de la parfaitc resseniblance du tableau, de la scrupiileuse allcntion qu'a mise le peintre a ne rien reproduire que ce qu'il avait sous les yeux. Ces citations, que le lecteur nous pardonnera sans doute, prouvent, jusqu'a I'evidence, i" qu'au xii% etpeut-etre au xiii" siecle, I'oretl'argent etaient employes pour les usages publics, convertisenune monnaie a laquelle Homere, soitdansl'Iliade, soil dans I'Odyssee (5), donne le nom de talensd'or. Et ici le temoignage d'Homere est confirme par celui de divers au- (1) Oilysscc, 1. VII. (2) Fragment de ta Tlieba'idc, milles g(!ographi(iiics can os. Or, i 20 mille.s geo- {:!^iaj)1iiqiies rcpoiulaiil a 300 lieues dc 25 an dcgre , il suit de 1 '( que I'aiiloiir domic a rAtliqiic cl a scs depciidaiiccs, pros de G7 liciics carrecs (i). Lc Forage d' yhuicliarsis (3) avail porte ccltc ('KMidue plus haul ; ncuis voulons dire a 55,200 sladcs, oil 76 lieues cantes. Apres avoir delorniine la supcrficie el le uoin])re des habi- lans de rAttiqiie, M. Boeckh place 200,000 d'entre eux dans Alhenes, dans les ports el dans Ics mines, qui n'occiipaient pas au-dela de 2 milles geographiqucs carrcs. En reparlissaiit les 3oo,ooo Smcs reslant sur les 38 auUes milles geograplii- ques Carres, il niontre que ce n'etait pas toiil-a-fait 7,900 ha- hitans par iiiille , ou /js^-fo Iiabilans par lieuc carree. Cctte proportion ne lui semble nuUement invraiscnil)lable, vu la I'oule de pelites \illes ou bourgs, de villages et d'habilations qui se trouvaient dans I'Attique. II reclierche ensuite quels etaient les moyens d'existence do cctte masse d'homincs, et il se trouvc conduit naturellement a parler des pioduits de Tagriculture, de I'induslrie ct du commerce de TAtlique. II consacre a ces matieres les cha- pitres IX et x. Avant M. Boeckh, Barlhelemy nous avail appris que I'At- tique produisait de I'orge, du ble , du vin, de riuiiie, des figues, du micl; qu'on y nourrissait des troiipeaux et des oi- seaux domestiques ; qu'i\ cote des champs, des paturagcs , des vergers, on renconlrait des jardins o\\ diverges sortes de fleurs etaient cullivces; que les mines depostcs par la nature dans le mont Laurium etaient cxploitees par I'induslrie na- tionale (3). Dans son chapitre lv, I'auteur du voyage d'Anacharsis avait egalement traitc toules les matieres iinportanles relatives an commerce de rAttiqiic. 11 avait savamment eta])li que le port (1) T. I, p. 52, 53, 200. — {9.) Cliap. vi, t. 11, p. 107, a'' edit, (ii) Parlhelemy, Jnacharsin, chap, viii, i,t, i.ix. ET POLITIQUES. 619 trAlht-ncs elait frequeiite iKir prcsque toutcs les nations, soit g^recqiies, soit barbares, et avail designe nommement Ics denrees apportecs par cliacun de ces peuples (1). II avait fait connaitre les lois relatives aux armateurs , aux mar- chands, aux interets usuraires, aux conventions qui se re- nouvelaient sans cesse, soit au Piree, soil chez les ban- quiers (2). II avait revele I'existence d'uu tribunal de com- merce, qui, par la rapidite de rinstruction de la procedure, et du prononcc des jugemens, devait lever les obstacles ten- dant a troubler les operations commercialos. II avait note les garanties donnees au creancier contre I'empruntcur dans ces bypotheques dont nous devons I'beureuse idee aux Grecs (5). Son attention s'etait portee sur les entraves mises au commerce par le gouvcrnement; sur la defense d'exporter aucune des productions de I'Attique, excepte I'huile, et sur les mesures employees pour assurer les arrivages de ble a Athenes, le tout dans la vue de ne pas laisser la subsislance de la population a la merci des speculateurs et des elcmens (4). Enfin, il n'avait pas laisse ignorer que la republique avait eta- bli des douanes, et qu'en defendant le monopole aux parlicu- liers, elle I'exercait souvent pour son compte (5). Dans les sommites de ce sujct important, il restait peu de chose a faire au savant allemand; il n'a ajoute, et il ne pouvait ajouter que des devcloppemens d'un interet secondaire. Pour les chapilres suivans (x-xx) , oii il traite de la valeur des immeubles, des esclaves, du betail, des grains, du pain, du vin, de I'huile, des bois, des habits et des meul)les , M. Boeckh a encore trouve d'utiles indications dans Bartke- lemy, Gillies, Lcresque (6), mais l)icn moins nombreuses, bien moins precises que dans les chapitres precedens. Son erudition a tire des ecrivains de I'antiquite une foule de details (1) Chap. Lv, t. IV, p. 4o5, 407. — (2) P. 4o5. — (3) T. iv, p. 4n6, 4ii ; t. V, p. 2. — (4) P. 4o6, 4oS. — (5) P. 4u9, 4'o- — (6) ' Lcresijiie, Eludes de I'lllsloirc Ancicnne , t. iv, p. 4i5-4iS; A'oyage d'Aiiac., I. ii, pag. i()5-uo, 374? 565, 35(), 5Go. G20 SCIENCES MORALES qui rebntoraietU iin lecleur IVivole, iiiais dont I'oconomiste ct lo piiblii.istc poiinont dcduire des considoiatioiis du plus haul inleret. Nous indiqucrons ici les priuripalcs : i". Bieu ((ue Ic prix des denrees dc premiere necessite ue fOt pas a Allicnes dix fois moins elevc qu'il le i'lit au xviii' siecle, ainsi que Gil- lies I'a pietendu, cependant ce prix etait ties-faible, si on Ic compare a ceux de uos terns modernes. Le medimne altiquc do froment, qui fouruissait du pain a im homme pour/JS jours, valait 5 draduues (a francs j^O cenlimcs), au teuis d'Aristo- phane , et 5 drachmes (4 francs 6o centimes) , apres I'expedi- tion d'Alexandre contrc Thebes (i). T. La fortune pubiiqiie de I'Atlique s'elevait a 5o ou 4o,ooo talens, sans y compren- dre les proprietes de TEtat, ni les mines. Qu'on nc porle qn'a 20,000 talens la portion susceptible de produit, et qu'on sup- pose les proprietes egalement reparties, chacun, uou pas des liabilans, mais descitoyens, aurait eu I'interet d'un talent, ou, suivant le taux habitucl, 720 drachmes (665 francs) de rcvenu annuel. Comme chaque citoyen pouvait augmenter ce revenu par son industrie , soit en placant une partic de scs fonds dans le commerce , soit en se livrant lui-meme au ne- goce ; comme d'uue autre part les denrees elaienl a \il prix, il en lesnlte que tons les citoycns auraient pu vivre honorablemeut, s'ils n'cussent prefere a I'aisance acquise par le travail , la pa- resse et les autres vices, les discours dc leurs orateurs, ctles ha- bitudes de la demagogic. 5°. 31. Boeckh observe encore que la division des proprietes terriloriales etait extreme dans TAttique. Les qualre derniers chapitres du premier livre sont consa- sacres aux salaires, aux loyers et aux fermages, a la banque et a I'interet de I'argcnt. Ces deux derniers sujels etaient faciles a trailer, apres les travaux de Petit, de Saumalsc, de Casaubcn «.'t de Bartlielcmy. En examinant leurs essais, I'auleur alle- mand rclcvc comme une eneur I'assertion emise par Petit et par Barllielemy, que, dans certains cas, I'interet usuraire s'ele- vait jusqu'a 16 pour cent par mois. II cherche, et il rcussit. ET POLITIQUES. 621 selonnous, a prouver que cet interet, etcelui, bien plus mons- tiueux de 56 pour cent, etaient pour un an, et non pas pour un mois ; mais que le prelcur pouvait exiger chaque mois une parfie de I'interGt. C'est de la confusion de ces deux circon- stances que I'erreur est provenue. Au second livre, M. Boeckh agite d'abord la question de saYoir si les finances ont eu autant d'importance dans les Etats de I'antiquite, que dans les litats modernes, et 11 resout affir- inativement cette question. S'il en fut ainsi, pourquoi les im- pots n'ont-ils jamais amene, comme chez les modernes, des troubles et des revolutions? C'est que les l^tats grecs n'ayant eu dessystemesde flnancesplusoumoinsreguliers, qu'au terns oCi ils avaient incline vers la democralie, I'inipot etait paye par celui-la meme qui I'avait resolu et decrete. Une consequence necessaire de ces priucipes est que, parmi les causes de sedi- tions, celle provenant des impots a ete detruite dans tous les :6tats modernes , oii le peuple vote les impots par ses repre- sentans. M. Boeckh n'ose tirer cette consequence : il ecrit a Berlin. Mais, a Berlin, les emprunts, les dettes publiqucs ne sont pas plus proscrites qu'a Paris : aussi I'auteur se permet-il de les prefereraux enormes contributions dont, au ris(]ue de miner a jamais leurs fortunes, se chargeaient les citoyens des anciens itats, pour couvrir immcdiatement les depenses pu- bliques. Dans les chapitres suivans, se trouve decrit le mode d'ad- ministration des finances. En traitant autrefois cette matiere, Barthelemy etait arrive aux resultats suivans (1) : « Plusieurs compagnies d'ofTiciers elus par le peuple sont chargees de veil- kr a I'administration des finances; et chacune des dix tribus nomme un officieralaplupart de ces compagnies; les unsdon- nent i ferme les droits et les rentes de la republique ; I'adju- dication s'en fait dans un lieu public, en presence des dix ma- gistrals qui president aux encheres. D'autres officiers deli- (1) liarthet., Foy. d'Anach., ch. i.vi, y. /(ig, 428, 429 ct ch. xr, t. 11, p. riiTv Gi2 SCIENCES MORALES vrciit, sous ccrlaiiies redcvanccs, les privileges pour I'exploi- tatioii lies mines, ou president a la vente des bieiis confisques. D'autres inscrivent sur un registre ce dent chaquecitoyen doit contribiier dans Ics besoins pressans. Les diverses espeees do rcveniis sont deposecs tons les ans dans autant de caisses dif- terentes, regies cbacunc en particulier par dix recevcurs ou tresoriers. Le senat en regie avec eux la destination, confor- menicntaux decrets dn penple, et en presence dc deux con- troleursquien tiennent registre, I'un au noni du senat, I'autre au nom dcs administratcurs. Les receveurs charges de la per- ception des deniers publics conserrent les roles des sonimes auxquelles sont taxes les citoyens. lis effacent, en presence du senat, les noms de ceux qui ont salisfait u la dette, et denon- cent a I'un des tribunaux ceux qui ne I'ont pas acquittee. Le tribunal nonime des inquisiteurs charges de poursuivre ces derniers par les voies ordinaires, qui vont, en cas de refus, jusqu'a la confiscation des biens. Un des plus utiles etablisse- mens d'Ath^nes est line chambre des comptes, que Ton re- nouvelle tous les ans dans I'assemblee generale du peuplc , et qui est compo&ee de dix officiers. Tous ceux qui ont eu quelque commission relative a I'administration doivent s'y presenter, pour rendre compte des sommes qu'ils ont repues, et pour justifier de leurs operations. » II n'est pas un seul des rouages de la machine financiere des Atheniens qui ne se trouve decrit dans ce passage. M. Boeckh emploie six chapitres (ii-viii) a commenter les concises et lumineuses enonciations de son de- Tancier. II n'est pas un des noms , pas una des fonctions des nombreux ofTiciers des finances qu'il ne relate. Apres cette scru- puleuse , mais fatigantc enumeration, la curiosite d'un eru- dit de profession est plus satisfaite sans doute ; mais je doute que la masse des lecteurs, et I'erudit lui-meme, aient une vue plus complete et aussi nettc du sujet. A la tetc des offi- ciers des finances, I'academicien de Berlin place un intendant des revenus publics , une espece de ministre des finances, et un hellenotame ou intendant du tresor et des revenus des allies: cette derni^re charge fut remplie par un Athenien pendant ET rOLITIQUES. 623 tout Ic terns qu'Athciics cuoserva le commandemcnl de la Grccc. Maisl'auteur, en nous apprenaut, Ic premier, jc crois, I'existence de ces deux charges, avoue (i) que leurs attribu- tions veritablcs restcnt en probltme, et qu'il a ete reduit a des conjectures. Au chapitre ix, il affirme que les Athcniens ne firent jamais une comparaison j au moins exacte et suivie, un budget severe des receltes et des depenses, et qu'ils etaient sans prt;voyance pour les besoins extraordinaires. Du chapitre x au chapitre xix , il detaille les depenses rc- gulieres de la republique qui se rapportaient principalement aux objets suivans : la construction des ediflces, la police et les gardes scythes, la celebration des fetes, les distributions faites au peuple, les salaircs en tems de paix, lessecours don- nes aux indigens, les recompenses publiques, I'entretien de Tarmee, la confection des armes, les vaisseaux et la cavalerie en tems de paix. liarlhelemy (2) , Gillies (3) , Larcher (4) avaient deja traite ces matitircs, que le nouvcl auteur revise et complete. Ce qui lui appartient, c'est revaluation des de- penses publiques annuelles qui s'elevaient, en tems de paix, a a millions 200 mille fr. environ, et a 5 millions 5oo millefr. en tems de guerre. Ce qui lui appartient encore, c'est le tableau de la puissance mililaire des Atheniens, de I'equipement des flottes, des machines, des sieges et des depenses de guerre, sujets qui remplissent les cinq derniers chapitres du second iivre. Le troisi^me Iivre traite des revenus d'Athenes. On lit au chapitre lvi du Voyage d' Anacharsls : «Les revenus de la Re- publique ont monte,quelquefois, jusqu'ala somme de 2000 ta- lens (5). Ces revenus sont de deux sortes : ceux qu'elle per- (1) Page 278. — (2) Voyage d'Anacli., ch. x, xv, xx, xxiv, i.vr, lix, et Memoircs dc I'Acad. des inscrip., t. xlviii. — (5) Gillies, chap xui. (4) Memoircs dejd cites. (5) M. Bncckli, t. II, p. 9,i/|, pensc que cetlc ('valuation des rerenus '1'AlheiHs que fait Aristdphane, est un pen cxageice, il la rSduit a fSoo talcns. Ga'j SCIENCES MORALES coit dans !c pays uieme, ct ceux qu'cUe tire des peupleii liibiilaires. « Dans la premiere classc, il faut compter : i° le prodidt des biens-fonds qui lui appartiennent, des terres et des bois (ju'clle afl'erme; 2° le vingt-qiiatritme qu'elie se reserve siir le prodtiit des mines d'argent, lorsqu''clle accorde a des par- ticuliei-s la permission de les exploiter; 5"' le tribut annuel qu'elie cxigc des affranchts et des 10 mille ctrangers etablis da-ns r Atlique ; 4* Ics amendes et les confiscations, dont la plus grande partle est dcstinee au tresor de I'Etat ; 5° ic cinquan- tieme sur le ble et les autres marchandises qu'on apporle des pays elrangers, de memc que sur cclles qui sorlent du Piree; 6° quantile d'aulres pctits objets, tels que les droits clablis sur certaincs denrees exposees au marcbe ct I'mipot qu'on exige de ceux qui entretiennent chez eux des courlisanes. «La seconde et la principale branche des reveniis de I'Etat eonsiste dans les tributs que lui paient quantile de villes et d'iles qu'il tient dans sa dcpendance. » Dans la suite de ce chapilre, Barlhelemy etablit la distinction entre les imputs ordinaires, usuels, au nombre de six, comme on vient de le voir; et les impots extraordinaires, qui consis- taient en dons gratuits et en contributions forcees. Ces con- tributions servaient a construire les galeres et a remplir I'o- bligation dans laquelle se trouvait vm certain nombre de citoyens, de donner, i\ certains jours de I'annee, des repas a ceux de leur tribu, de concourir a I'entretten des gymnases, et de fournir des choeurs aux jeux publics. Ces charges pesaient non-seulement sur les citoj^ens qui avaient des terres , mais aussi sur ceux qui possedaient des fabriques ou de I'argent place , soit dans le commerce , soit sur la banque. L'impot etait proportionne autant que possible aux facultes des contribuables ; le poids en tombait toujours sur les plus riches, ct c'etait une suite de ce principe que Von doit asseoir les impositions, non sur les personnes, mais sur les bLens. Au sujet de la repartition des impots atheniens. ET POLITIQUES. Ga5 Monlesquieu avait deja fait la reinarque suivante (i) : «La taxe ue suivait pas exactement la proportion tics hicns ; elle suivait la proportion ties bcsoins. On jugea que chacun avail un necessaire physique egal ; que cc necessaire ne tlevait pas f;tre taxe; que I'utile venait ensuite et qu'il devait etre taxe, mais moins que le superflu. » A moins que Ton ait a expliquer quelque texte difRcile des ecrivains grecs, ou a soutenir une these tl'erudition et de phi- lologie sur les revenus d'Athenes, on peut, apres avoir etudie les deux chapitrcs de Barthelemy et de Montesquieu, se dis- penser de lire les quatorze premiers chapitres du troisieme livre de M.. Boeckh, et les six chapitres du quatrieme livi-e, relatifs a la tricrarcliie et A Vcchange. Dans leiir concision, les deux auteurs franfais ont rassemble tons les details qui pcuvent interesser I'economiste, lui fournir des points curieux de com- paraison avec notre systeme d'impots , et lui suggerer des idees de changement et dVmelioration. Dans les chapitres qui termincnt son troisieme livre, M. Boeckh rend compte des tributs que payaient les allies. Barthelemy en avait fixe la quotite dela maniere suivante (a) : Apres la bataille de Platee 46o talens. All commencement de la guerre du Peloponese. 600 Dans le cours de celtc guerre J '^ An tems de Philippe 4oo Dans le quatrieme livre de M. Boeckh, les chapitres vraiment importans, parce qu'ils donnent des renseignemens sur des matieres inconnues ou traitees d'une maniere incomplete, sont ceux relatifs a la determination de la fortune publique ; aux divers recensemens depuis Solon jusqu'a Nausinique; au cadastre foncier et au cadastre general de la propriete ; aux crises qu'cprouverent les finances atheniennes et aux mesures auxquelles on recourut dans ces circonstances difTi- ciles. (0 Esprit des Lois, 1. xm, ch. 7. — (2) Chap, lvi, p. ^21,^22. 620 SCIENCES MORALES II nc nous reste plus qu'a porter un jugement general sur I'ouvrage dc M. Bocckh. Parnii lous les livres ou Ton a traite de reconomie politique des Atheniens, c'est sans con- tredit le plus complet et le plus exact, ftlais I'auteur a-t-il crec une science qui n'existait pas avant lui? On pent rcpon- dre sans crainle que non. A-t-il justement apprecie les pro- gres qu'il a fait faire u cette science? Nous ne le pensons pas non plus. II anuonce formellcmcnt, dans sou premier chapi- tre (i) , ct il repete aillcurs « que, de tons les objets compris dans I'ecouoniie politrque des Atheniens, un petit nombre seulement avail ete traite dans des ouvrages de quelqu'cten- due. » Nous croyons fermement que les trois quarts au moius des points dont se compose I'economie politique d'Athenes avaient ete etablis par Saumaise, Petit, Casaubon, Barthc- lemy ; et que, sur ce richc fonds, racadcmicien de Berlin a seulement brode, avec de I'erudilion. Barthelemj ne posse- dait que des donnees vagucs et incompletes sur les premiers siecles de la Grece : les phrases sonores et vides de son in- troduction en font foi. Mais, dans laperiode qui s'etend de la guerre medique au regne de Philippe, il avail porte la con- naissance de la vie domeslique et politique des Grecs i un de- gre de precision qU'il est tres-diOTicilc dc surpasser. II pouvait examiner dans tons les sens, porter au dernier point de de- veloppemens et dc details, les diverses questions qui se rap- portent a ces matieres : les notes placees par lui a la fin dc ses volumes le prouvent d'une maniere irrecusable. Mais il previenl, dans sa preface, qu'il sacrifie une prodigieuse quan- tite de ces developpemens et de ces details, pour donner plus de relief aux traits principalis de son tableau, et pour per- mettre de les saisir plus facilement au premier coup d'oeil. C'est le sysleme que Montesquieu avail adopte deja, et pousse bien plus loin encore dans son Esprit des Lois. La chaquc ali- nea aurait fourni un chapilrc lout entier a un esprit erudil, mais vulgairc. Le genie reduisit a trois les cent volumes qu'il (i; Page 4. ET POLITIQUES. 627 aurait pu facilenient publicr. II voulut etic lu, au lieu d'etre consulte. II voulut rendie plus populaires les idees dont il comptait penetrer les esprits. C'est par cette retenuc de details et dc paroles qu'il est parvenu a familiariser son siecle avec tant de sujets abstraits, et qu'il a si puissamment contribue au perfeclionnement intellectuel et politique de la France. Les restrictions que nous mettons aux eloges que pent meri- terl'ouvrage de M. Boeckh ne nous empechent pas de regar- der I'auteur comme I'un des savans qui honorent aujourd'bui rAUeoiagne. Nous serionsbeaucoupmieuxamemedejugerde sa vaste erudition et de sa sagacitc, si M. Laligant, qui merite sous ce rapport nos reproches, n'avait supprime, de sa proprc autorite, les explications relatives a dix -neuf inscriptions placees par M. Boeckb a la fin de son livre. Cette omission est tres-grave, selon nous, et devrait etre rcparec par un sup- plement iinprime a part. A. POIBSON. MeMOIHES C0MPLET9 ET ATJTHENTIQUES BtJ DtIC DE SaINT-SiMON SUR LE SIECLE DE Louis XIV ET LA Regence, pubUes pour la preyniire fois stir te manufcrit original, enticremcnt ecrit de la main de I'auteur ; par M. le marquis de Saint-Simon, pair de France, etc. (1). Entre tous les Memoircs qui ont cte publics sur I'histoire, il n'y en a point eu peut-Ctre qui aient ete accueillis avec plus d'avidite que ceux du due dc Saint-Simon; aussi, ils sont connus et apprecies depuis long-tems, encore que, pour la premiere fois, ils paraissent aujourd'hui en leur entier. Des extraits de ces Memoires avaient ete publics, en 1788, (1) Paris, 1828 et 1829; A. Sautelet. L'ouvrage entier sc composer* dc 16 volumes in-8", dunt 8 ont deja paru ; prix de chaque volume » 7fr. CaS SCIENCES MORALES en trois volumes in-8°; et, dcs lors, on avail pu jngcr qu'aiiciui cerivain du si6clc dc Louis XIV nc lepandiait une plus vive lumiere sur I'epoque oii il avail vecu. Tous les autics ne I'a- vaient cnvisagee qu'avcc dcs yeux cblouis, ct nc Tavaicnt re- presentee que sous de fausses couleurs. Saint-Simon, le pre- mier, a vaitmontre la verite,au lieu decelebrer la gloiredu grand roi ; le premier, il avail jugc les hommes, depouiilesdes habits de theatre qu'on leur faisait porter, et il avail modifie par son autorite toutes les preventions dominantes avanl lui. La vive et legitime curiosite que cette premiere publication avail exci- tee avail fail recueillir lous les morceaux detaches dcs Me- moircs qu'on avail pu recouvrer, landis que le manuscrit ori- ginal lui-mCme clail toujours depose au ministere dcs affaires etrangcres, ct refuse a la famille de I'auteur, qui I'avail d'a- bord confie au gouvernement. Toutefois, en 1789, quatre vo- lumes de supplement furcnt publics ; el, lorsque la revolution eCil fail tomber la censure des livres, Soulavie annonca une edition complete de ces Memoires en Ireize volumes in-8°. Celle cependantqu'ilpubliaa Strasbourg, en 1791, n'ctait,commeles preccdentes, qu'un recueil de fragmens demesurement grossi par des pieces justificatives, souvenl fort insigniflantes. Enfin, une derniere edition plus mcthodique fut publice, en 1818, en six volumes in-8° ; mais, de mcme que toutes les precc- dentes, elle ne se composait que de pieces detachees, incom- pletes, en desordre, choisies tour a tour par la malignite qui voulait nuire, ou par Licensure qui voulail obscurcir. Aujourd'hui, enfln, au lieu de ces elemens informes, nous avons les Memoires eux-memes, lels qu'ils furent acheves par I'auleur, lels qu'il avail voulu qu'ils fussent publics, mais seu- lement apres que lous ceux qu'ils pourraienl blesser seraient morts. Ce ne sontplus des portraits, des reflexions, des anec- dotes, mais une histoire suivie, une hisloirc qui commence en 1692, a la premiere arrivee a I'armce dc Saint-Simon, alors vidame de Chartrcs, et qui, avec une marche reguliere, comprenanl lout cc qui occupait la cour, tout ce qu'on y sa- vait de la politique inlerieure et exterieure, de I'adminlstra- ET POLITIQUES. G29 tion et de I'armee, est conduite, dans les huit volumes qui ont ete publics jusqu'ici, ii rannee 1710. Comme ces volumes ne sent accoiiipagnes d'aucun avertissement, d'aucune pre- face, nous n'en savons autre chose, que ce que nous apprcnd la couverture, que I'ouvrage formera seize volumes de plus de 4oo pages chacun. L'importancedeces ftlemoiresest si grande etsi variee, que, loin de pouvoir en donner une juste idee dans un article de journal, il nous semble qu'on ne pourra les apprecier digne- ment qu'en ecrivant une nouvelle histoire de Louis XIV et du Regent. C'est en les comparant avec les autres Menioires du tems, qu'on pourra faire sentir combien le duo de Saint- Simon etait niieux au fait que les autres des secrets de la po- litique, souvent caches a la tourbe des courtisans; combien il etait en general bon juge des operations mililaires ; avec quelle finesse, avec quelle perspicacite il demela'it les carac- teres, avec quelle force il peignait les abus et devoilait les scandales, avec quelle verite il representait les mceurs du tems. L'autenr se fait lui-meme connaitre sibien, qu'on croi- rait avoir vecu avec lui. On sent reunis en lui, avec tous les prejuges de son siecle, et tous ceux de son rang, toute la force d'esprit d'un homme dont on honore le jugement, et plus en- core le caractore. Avant tout, on sent en lui le parfait homme d'honneur, I'homme d'une probite intacte. Un sentiment re- ligieux tres-profond est empreint dans ses ecrits, en meme tems qu'il demasque les hypocrites, et qu'il fait justice de la pretendue piete de la cour. Ses mceurs sont pures et severes, mais son indignation contre le vice s'exprime quelquefois dans un langage cynique, et quelquefois aussi, peut-etre, lui fait soupconncr et flelrir plus de corruption encore qu'il n'en existait reellement. Son caractere est independant et inflexi- ble ; ilnecraint point de braver les bittards auxquels Louis XIV montrait tant de favour et tant de faiblesse, de mecontenter le roi lui-meme, de s'exiler volontairement de ces voyages de Marly, qui semblaient alors la plus haute distinction de la cour; mais tout ce courage, toute celte independance sont fi3o SCIENCFS MORALES mis en jcii smtoul par la dignil(; de son diiclie-paiiie ; el son procc'S (Ic piTSoancc avec Ic niarochal due de Luxembourg, <|iii roniplit unc assez grando pailic du premier volume, mot en evidence bien aulant la pctitcssc de sa vanite que la fermcto dc son raiactere. C'est ainsi qn'en poignant les autres il se point lui-mome, etajoute encore a la \»'iile de la rcpio- senlation du siecle de Louis XIV, parce qu'il nous fait voir I'alliagc necessaire que devaiont porter les vcrtus dans unc telle cour, le point de vue sous lequel tons les objels se re- prescntaicnt momc aux youx les plus pcrcaiis, et en qnelque sortc la couleur de la lumiere dans laqiiollc tous etaient plongos. L'histoire, quand elle se rapproclie de nous, dcvicnt trop vasto pour etrc emlirassoc d'un soul coup-d'ceil. Arrives an grand developpement de la civilisation moderne, nous avons besoin d'y chcrcher quelle Int an terns de nos peres l'histoire de chacun des interets qui nous dominent aujourd'hni. La guerre, la premiere des manifestations de la force, la pre- miere des actions pour lesquelles les hommes s'associent, ct qui forme presque seule l'histoire des peuples barbares, commc elle remplit encore plus dc In nioilie de celie des peu- ples civilises, commcncait, sous Louis XIV, a dcvonir unc science ; dejii elle morile d'etre traitec a part, et ceux qui vou- dront otudier ses progros ne pourront desormais se dispenser dc connaitre la critique des fautes des plus grands goneraux, telle qu'on la trouve dans los Memoires d'un homme qui avail bien appris et bien pratique sous eux I'art de la guerre. La justice est le second des grands interets des associations hu- maines, et l'histoire de la justice en France est cclairee par les Mcmoires de Saint-Simon, qui fut si souvent et si vivement en dobats avec le parlement. La religion, premiere des pen- sees des individus, ne devrait pas occuper un si haul rang parmi les affaires des corps sociaux, qui ne devraicnt pas s'at- tribucr d'autorite sur les consciences. On n'en jugeail point ainsi sons Louis XIV, ct l'histoire de I'l'lglise gallicanc a besoin d'etre eclairec par les Memoires de Saint-Simon. II en est de ET POLITIQUES. Or>f mCmc de I'histoirc des finances, de I'liistoirc dos mociirs pul)Ii((ues, de I'liisloire des Icttres et dii langage. roiir cha- ciinc de ces etudes parliculieres, les Memoircs originaux qui sont enfin rcndus au inil)lic eclaireront des objets auparavant caches, et ouvriront des vues novivelles. Mais pom- nous, qui ne pouvons dans ce moment nous empecher de concentrer nos regards sui- la lutte inaltendue dans laqueiie la nation francaise se trouve aujourd'hui enga- gee, pour nous, que distrait peut-etre trop fortement la cir- constance presente, nous ranienons, presque sans le vouloir, les interets qui nous dominent au milieu de cetle peinture des terns passes, litonnes de la conjuration insolente de ces petits hommes a grands nonis, qui prelendent relbuler les genera- tions vers le passe et recommencer I'ancienne monarcliie, nous ne pouvons nous empecher d'etre surtout frappcs, dans ces Memoires, du jour lumineux qu'ils rcpandent sur le but vers lequel on ose nous diriger. Que ceux qui ont vecu sous Louis XIV se suient crus dans uu grand siecle, rien n'est plus simple, rien n'est plus juste; ils n'ont pu se comparer qu'aux (ems qui les ont precedes, et apres la ligue, apres Richelieu, ils ont ete temoins de grands et nobles progrfes, sous les rap- ports du moins de la civilisation, des sciences, du gout, de I'esprit, de I'ordre. Mais combien ce pretendu grand siecle parait petit et miserable, quand on le compare aux progres qu'a faits dcpuis I'espece humaine ! combien ceux-li sont me- prisables qui y cherchent un modele de la vie sociale ! com- bien ils sont coupables, quand ils s'efforcent d'y repousscr une nation malgrc elle ! Quels sont les objets que les hommes se sont propose d'at- teindre par leur association politique? quelles sont les garan- ties qu'ils out cherchees? quels sont les perfectionnemens aux- quels ils ont pretendu? Est-ce la sQrete de leurs personnes , est-ce la sftrelede leurs proprietes, est-ce lasurcte de leurhou- neur, et leur developpcment moral? Ont-ils demande a leurs gouvernemens la garantic de I'independance nationale, par la prudence militaire, par I'economie publiquc. par la modera- G3a SCIENCES MOUALES tion, par la l)Onnc Ibi dans los laiipurts avec rdlrangcrP Sous tons CCS rapports, sous I)ion d'autres encore, les Memoires de Saint-Simon nous prcscntcnt le tableau hontcux d'une societc qui unit les vices de la barbaric a ecux de la civilisation, qui a cte corronipue par Tiasolence du dcspnlisine et la bassessc d'aine des courtisans, qui a etc egaree dans dc lausses voies de religion par dcs prelrcs a la fois anibilicux et serviles, qui a mis les prejugcs an lieu de I'honneur, et estime la laveur phis que la vertu. IVous aurions volonliers range sous chacun dc ces chefs les anecdotes,- les tableaux de mocurs, qui nous ontl'rappes a la lecture de ces Memoires. Ainsi, nous aurions demande quelle sQrete pouvaient attendre les personnes privees, quand les personnes royales elles-mCmes n'etaient pas a I'abri des em- poisonnemens, et nous renverrious a I'histoire de Madame, premiere femme de Monsieur, frere de Louis XIV, cmpoison- nee, le 3o juin 1670, par d'Effiat, de concert avec le chevalier de Lorraine, sans que le roi osat punir personnc, de peur de trouver son fr^re coupable (t. iii, p. 177; anc. edit., t. iii, p. 29), Nous aurions demande quelle garanlic pouvait donuer i'ordre judiciaire a I'honneur ou a la fortune des citoyens, quand, a la tete du parlemcnt, on voyait des juges tels que le premier president de Harlay, ou le premier pr/'sident de No- vion, dont Saint-Simon monti-e I'un toujours pret a sacrificr la justice a la faveur de cour , I'autre a qui Targent et des mai- tresses obscures faisaient tout faire (t. i, p. i5H, t. in, p. 5Go; anc. edit., t. xii, p. 60, t. x, p. 53). Nous aurions demande quelle garaulie on pouvait attendre pour I'indepcndance na- tionale, compromise par une ambition sans bornes, des guerres sans justice, des traites sans bonne foi , quand les commande- mens militaires etaient distribues par M"^ de Maintenon , ou parChamillart, quele roiavait accablede deux ministercs, jus- tement en raison desonincapacite. «Lc rare, dit Saint-Simon, est que le grand ressort de latendre affection du roi pour lui etait cette incapacite menic. II I'avouait an roi a chaquc pas , et le roi se complaisait a le diriger el a I'instruirc, en sorfc ET POLITIQUES. 635 qu'il etail jaloiix dc son succt'S conime du sien propre, et qu'il en excusail tout» (t. in, p. 65). Mais nous avons reconnu que ces details, et ceux que nous aurions encore pu citer a I'ap- pui, comma les trahisons de deVaudcmont, gouverneur du Milanais (t. in, p. 198) , ou I'enormite des pensions et des graces de cour, et celles entre autres que fit le roi au duo d'Or- leans, a la mort de son pere (t. in, p. i^S) , nous meneraient trop loin ; soil que nous voulussions justifier les portraits et les jugemens de Saint-Simon par la comparaison avec les autres historiens du tems, ou seulement monfrer la diffe- rence entre les nouveaux Memoircs, et les fragmens publies autrefois. Nous nous contenterons done de deux ou trois portraits qui nous scmblent peindre les mccurs dc cette epoque, et qui ne se trouvent point dans les recueils publies jusqu'ici sous le nom de Saint-Simon. Nous commencerons par les personnes royales ; voici comme le due et pair represente Monsieur ^ le pere du due d'Orleans, son ami. « D'autres peines d'esprit le tourmentaient encore. II avail depuis quclque tems un confesseur, qui, bien que jesuite, le tenait de plus court qu'il pouvait. C'etait un gentilhomme de bon lieu et de Bretagne, qui s'appelait le pere du Trevoux. li lui retrancha uon-seulement d'etranges plaisirs, mais beau- coup de ceux qu'il se croyait permis, pour penitence de sa Tie passee. II lui representait fort souvent qu'il ne se voulait pas damner pour lui, et que, si sa conduite lui paraissait trop dure, il n'aurait nul deplaisir de lui voir prendre un autre con- fesseur. A cela i! ajoutait qu'il prit bien garde a lui, qu'il etait vieux, use de debauche, gras, court de col, et que, selon toute apparence, il mourrait d'apoplexie, et bientot. C'etaient la d'epouvantables paroles pour un prince, le plus voluplueux et le plus attache a la vie qu'on eiit vu depuis long-tenis, qui I'avait toujours passee dans la plus molle oisivete, et qui etait le plus incapable, par nature, d'aucune application, d'aucune lecture serieuse, ni de rentier en lui-meine. II craignait le diable, il se souvenait que son precedent confesseur n'avait T. XLin. SEl'TEMBRK 1 829. ^l ():>4 SCIKNCi'S MORAI.I'S pns voiilii moiirir ihiiis eel ciuploi, vl ([iravanl sa morl il Itii avail Iciui Ics inriiu's discoiirs. L'inipiessioii qu'ils liii fircnt le forctroiit do lentrn- iin pen en Iiii-iuC-nic, ol dc rivrc d'mie inaiiii're qui, dcpiiis (pielrpic tciiis, poiivait passer pour .scrrce a son cgard. Fl laisait a reprises bcaiicoiip de prieres, obeis- s«it a son confessenr, liii rendait coniple dc la conduitc qu'il liii avait prcscritc, sur son jcu, siir ses autrcs depenscs, et sur liien d'autres clioscs ; souffrait avec patience de frequens on- tretiens, ety rcflcchissail beaucoup. 11 en devinl Iriste, abatlii, paria iiioins ([u'a I'ordinaire, c'csl-a-dirc, encore conimc Irois on qualre femmes, en sorte que tont ]i: monde s'apercut liion- tut de cc grand cbangcment. C'en etait bien a la fois qne ces peiuos inlcrieures ct cxterieurcs du cote dn roi, ponr un liomme aussi faible qne Monsieur, et anssi nonveau a sc con- traindre, a etre ITiclie, el a le sontenir (t. in, p. i53). Dn reste. Monsieur, qui, avec beauconp de valeur, avait gagne la bataillc de Cassel, el qni en avait toujours montre nne fort naturelle en tons les sieges oi't il s'elait trouve, n'avait, d'aillenrs, que les mauvaiscs qualilcs des iemmes , avec plus de monde que d'esprit, et nnllc lecture, qnoiqn'avec unc connaLssance elcn- due et juste des maisons, des naissances et des alliances, il n'ctait capal)!e de rien. Personne de si mou de corps et d'es- prit, dc plus faible ct de pins timide, de pUis trompc, dc plus gonverne, ni de plus mcprisc par ses favoris, et trcs-sonvent de plus mal mene par eux. Tracassier et incapable de garder aucnn secret, soupconneux, defiant, semant des noises dans sa cour, pour brouiiler, pour savoir, souvent aussi pour s'amu- scr, et redisant des uns aux autres. Avec tant dc defauts, deslitues de loute vertu, un gofit abominable, qne les dons et les fortunes qu'il fit a ceux qu'il avait pris en fanlaisie avaient rendu public avec le plus grand scandale, et qui n'avait point dc bornes, ni pour le nombre, ni pour les terns. Ceux-la avaient tout de lui, le irailaient souvent avec beauconp d'in- solcnce, et lui donnaient souvent aussi de faclieuses occupa- tions, pour arreter les brouilieries de jalousies horribles. Tons ces gcns-Ia ayant lenrs partisans rendaient cclte petite cour KT rOLITTQUES. 035 trcs-orageiise, sans compter Ics qiicrclles de cette troupe de femmes decidecs de la cour dc Monsieur, la plupart fort mechantes , et presque tontes plus que mechantes , dont Monsieur se divertissait, et entrait dans toutes ces miseres-l;i» (t. Ill, p. 166). . Passons a present aux grands seigneurs ; le prince et la princesse d'Harconrt pourront nous suflire pour toute nne classe. « Le prince d'Harconrt etait un grand liomme bien fait, qui, avec I'air noble et de I'esprit, avait tout-;i-fait celui d'un coniedien de campagne. Grand menteur, grand iibertin d'esprit et de corps, grand dcpensier en tout, grand escroc avec effronterie, et d'une crapule obscure, qui I'aneantit toute sa vie. Apres avoir long-tems voltige apres son retour, et ne pouvant vivre avec sa femme , en quoi il n'avait pas grand tort, ni s'accommoder de la cour ni de Paris, il se fixa a Lyon, avec du vin, des maitresses du coin des rues, une conipagnie a I'avenant, une meute, et un jeu pour soutenir sa depense, et vivre aux dcpen* des dupes, des sots , et des fds de gros niarchands qu'il attirait danssesfdets. Ily tirait toute la consi- deration que lui pouvait donner la le marechal de Villeroy, par rapport a M. le Grand, et il y passa de la sorte grand nombre d'annees, sans iniaginer qu'il y efit dans lo monde une autre viile, ni un autre pays que Lynn. A la fin, il s'cn lassa, et revint a Paris. Le roi, qui le mcprisait, le laissait faire, mais ne voulut pas le voir; et ce ne fut qu'au bout de deux mois d'instances et de pardons pour lui de tous ses larcins, qu'il lui permit enfinen ce tems-ci (1702) de le venir saluer.n « Sa femme, qui etait de tous les voyages, favorite de M"" de iMaintenon, par la forte et sale raison qu'on en a vue ailleurs, echoua pour lui sur Marly, oii tous les maris allaient de droit, et sansetre nommes, des que leurs femmes I'etaient. Elle s'abstint d'y aller, esperant que, pour continuer a I'y avoir, 1V1°" de Maintenon obtiendrait la grace entiere. Elle s'y trompa ; M""" dc Maintenon, qui se faisait un devoir de la pro- teger en lout, no laissait pas d'eu elre sonvent importunee, ot de s'en passer fort bieu. La peur qn'elle nc s'cn passa! tout- G56 SCIENCES MORALES i'l-fait la fil hienli'it rclotiiiior sciile a Marly, rt Ic roi tint boB a n'y jamais adnirtfro le piinhc d'Harconrt. (icia le ralcntU siu- la cour ; inais i! retourna pen en province, et se cantnnna enfin en Lorraine. Cclte princcsse d'Harcourt fnt unc sorte de personnage qu'il est bon de faire connaitrc, pour faire cor>- iiaitre pbis parlirnliererhent une cour qui nc laissait pas d'en lecevoir de pareils. Elle avail ete fort belle et galante; quoi- «|ne elle ne fiit pas viciile, les graces et labeaute s'etaicnt tonr- nees en gratte-cnl. C'ctait alors tuie grande et grasse crea- ture, fort allanle, conlcur de soupe an lait, avec de grosses et vilaines lipes, et des cbcvoux de fdasse, toujours sortant «'t Irainant connnc tout son habillement. Sale, malpropre, toujours intrigant, pretendant, entreprenant, toujours querel- lant, et toujours basse comnie I'berbe, ou sur rare-en-ciel, selon ceuxa qui elle avait affaire. C'etait une fnrie blonde, et de plus unc barpie. Elle en avait I'eflVonterie, la mechancete, la fourbc et la violence ; elle en avait I'avarice et I'avidite ; elle en avait encore la gourmandise et la promptitude as'ensoula- ger n Les details qui suivent et que nous supprimons ne pouvaient s'ecrire ([u'ala courdu grand roiet dans le grand sie- tle.... wEllcfaisiut des afi'aircsalontcsmains, et courait autant pour cent livres que pour cent mille. Lescontroleurs-generaux ne s'en defaisalent pas aisement, et, tant qu'elle pouvait, trom- pant les gens d'affaires pour en tirer davantage. Sa hardiesse ;\ voler an jeu etait inconcevable, et celaouvertenaent. Onl'y sur- prenait, ellecbanlaitpouillc et empocbait. Comme il n'en elait jamais autre cbose, ou la regardait comnie une harengere, avec qui on ne voulait pas se commettre, et cela en plein salon de Marly. Au lansquenet, en presence de monseigncur et de madame la ducbesse de Bourgogne, a d'autres jeux, comme I'ombre, etc., on I'evitait, mais cela ne se pouvait pas tou- }ours. Comme elle y volait aussi tant qu'elle pouvait, elle ne manquait jamais de dire, a la fin des parties, qu'elle donnait ce qui pouvait n'avoir pas ete de beau jeu, el demandait aussi qu'on le lui donnal, et s'en assurait sans qu'on lui repondit. Cost qu'elle ('tail graiule devote de profession, comptait do rr POLITIQUES. 637 Tnetlre ainsi sa conscience en siirele, parce que, ajoutait-elle, dans le jeu il y a toujours quelque meprise. Elle allait a toiites les devotions, comniuniait incessamment, fort ordinaireinent apres avoir joue jusqu'a qiiatrc lieures du matin. » (t. iii, p. 396.) Passons enfin an po^rtrait d'un geBtiihomme de province : ses aventures appartiennent a lui seiil sans doule ; loutefois , elles donnent une idee de la maniere dont on vivait en pro- vince, quand on etait d'une assez bonne inaison, pour que la justice ne songeat pas a vous chicaner. «Lamoit del'aljbedc Vatteville, en 1702, fit moins de bruit... Ces Vatteville sont des gens de qualite de Franche-Comte.Cecadet-ci sefitchar- treux de bonne heure, et apres sa profession fut ordonne prttre. II avait beaucoup d'esprit, niais un esprit libre, im- petueux, qui s'impatienta bientot du joug qu'il avait pris. Incapable de demeurer plus long-tems soumis a de si genan- tes observances, il songea a s'en affrancbir. II trouva moyen d'avoir des habits seculiers, de I'argent, des pistolets et un cheval a peu de distance. Tout cela peut-etre n'avait pn se pratiquer sans donner quelque soupcon. Son prieur en eut , et avec un passe-partout va ouvrir sa cellule, et le trouve en habit seculier, sur une echelle, qui allait sauter les murs. Voila le prieur a crier; I'autre, sans s'emouvoir, le tue d'un coup de pistolet et se sauve. A deux ou trois journees de la, il s'arrete pour diner a un mechant cabaret , seul dans la campagne, parce qu'il evitait tant qu'il pouvait de s'arreter dans des lieux habites, met pied a lerre, demande ce qu'il y a au logis. L'hote lui repond : un gigot et un chapon. — Bon, repond mon defroq\ie, mettez-les a la broche. — L'hote lui veut remontrer que c'est trop des deux pour hii seul, et qu'il n'a que cela pour tout chez lui. Lo moine se fache, et lui dit qu'en payant c'est bicn Ic moins d'avoir ce qu'on veut, el qu'il a assez bon appetit pour tout manger. L'hote n'ose repliquer et embroche. Comme ce ruti s'en allait cuit, arrive un autre homnie a cheval, seul aussi, pour diner dans ce cabaret. II tn demande, il trouve qu'il n'y a quui que ce soil que ce qu'il G58 • SCIENCES MORALES voit prct a clrc tire do la broche. II deuiandc conibicn ils sout la-dossus, et se trouve bicn ctonne que ce soil pour un seal hoinme. II propose, en payant, d'en manger su part, et est encore plus surpris dc la reponse de I'hute, quil'assure qu'il en doute, a I'air de celui qui a couuiiande le diner. La-dessus, le voyageur monle, parle civilcment a Vatleville, et le prie de vouloirtrouverbon, quc,puisqu'il n'yariendansle logisquece qu'il a retenu , il puisse , en payant , diner avec lui. Vatleville n'y veutpas consentir; dispute, cllc s'echauffe ; bref,lemoine en use comme avec son prieur, et tue son homme d'un coup de pistolet. II descend apres Iranquillenient, et, an milieu de I'effroi de I'hote et de I'hutellerie, se fait servir le gigot et le chapon, les mange I'un et Faulre jusqu'aux os, paie, re- monte a cheval, et tire pays. » »Ne sachant que devenir, il s'en va en Turquie, et, pour le I'aire court se I'ait circoncire, prend le turban, et s'engage dans la milice. Son reniement I'avance ; son esprit et sa valeur le distinguent, il devient pacha, et I'homme de confiance en Moree, ou Ie5 Turcs faisaient la guerre aux Yeniticns. II leur prit des places, et se conduisit si bien avec les Turcs qu'il se crut en etat de lirer parli de sa situation dans laquelle il ne pouvait se trouver a son aise. II eut des moyens de faire parler au gouvernement de la republique , et de faire son marche avec lui. II promil verbalement de livrer plusicurs places et force secrets dos Turcs, moyennaut qu'on lui rap- portat en loutes les meilleures formes I'absolution du pape de tous les mefaits de sa vie, de ses meurtres, de son apos- tasie, surete entiere contre les chartreux, et de ne pouvoir etre remis dans aucun autre ordre; restitue plenierement au siecle , avec les droits de ceux qui n'en sont jamais sortis, et pleinernent a I'exercice de son ordre de prelrise, et pouvoir de posseder tous benefices qnelconques. Les Venitiens y trou- verent trop bien leur compte pour s'y epargner, el le papc crut I'interet de I'Eglise assez grand a favoriser les chretiens contre les Turcs; il accorda de bonne grace toutes les de- mandes du pacha. Quand il fut bien assure que toutes les ex- ET POLITIQUES. 63.) petlilions en ttaicnt anivees au gouverncnient, en la mcil- ieure forme , il prit si bien ses mesures qu'il executa parfai- tement tout ce a quoi il s'etait engage envers les Veniliens. Aussitotapres, il se jeta dans leur armee, puis sur un de leurs vaisseaux qui le porta en Italie. II fut a Rome , le pape ie recut bien, ct pleinement assure ils'en revint en Franche- Comte dans sa famille, ct se plaisait a morguer les char- treux. » Des eyenemens si singuliers le (irent connaitre a la pre- miere conquete de la Franche-Comte. On le jugea homnie de main et d'intrigue ; il en lia direclement avec la reine- mere, puis avec les ministres, qui s'en servirent utilement ix la seconde conquete de cette meme province. II rendit de grands services, mais non pour rien. II avait stipide I'ar- cheveche de Besancon, et, en effet, aprcs la seconde conquete, il y fut nonime. Le pape ne put se resoudre a lui donner des buUes; il se recria au nicurtre, a I'apostasie, a la circon- cision. Le roi entra dans les raisons du pape, et il capilula avec I'abbe de Yatteville, qui se contenta de I'abbaye de Beaune, la deuxieme de Franche-Comte, d'une autre bonne en Picardie, et de divers autres avantages. II vecut depuis dans son abbaje de Beaune, partie dans ses terres , quelquefois a Besancon, rarement a Paris et a la cour, ou il elait toujours recu avec distinction. » II avait partout beaucoup d'equipages, grandc chore, une belle meute, grande table et bonne compagnie. II ne se con- traignait point sur les demoiselles, et vivait non-seulemtut en grand seigneur, et fort craint et respecte, mais a I'an- cienne mode, tyrannisant fort ses terres, celles de ses ab- bayes, et quelquefois ses voisins : surtout chez lui tres-ab- solu. Les intendans pliaient les epaules; et par ordre expres de la cour, taut qu'il vecut, le laissaient faire et n'osaienl le, choquer en rien, ni sur les imposilious, qu'il ri'glait a pen pres couinie bon lui semblait dans loules ses dcpendances, ni sur ses eiilreprises , assei souvcnt violenles. Avec ces moeurs el cc mainlien qui le faisail craindrc el respecter, il se G4o SCIENCES MORALES plaisait a allcr qutlqucrois voir les chailreux, pour se gaudir d'avoir quilt6 leur iVoc. II jouait fort biea a i'oinbre, et y gagnait si souvent coditle que Ic nom d'abbc Coditle lui en resta. II vecut dc la soite, et loujours dans la niGme licence et la mOme consideration , jnsqu'a pies de quatrc-viugt-dix ans. » (T. in , p. 2.]o.) Certcs, nous n'avons garde de vouloir donner a entendre que tons les princes resscmblaiunt a Monsieur, tous les grands an prince et i la princesse d'Harcourt , tous-les nobles abbes a I'abbe Codille; mais nous nous sommes perinis d'inserer d'aussi longs fiagmens, parce qu'ils nous semblent peindre la societe toute entiere, non-seulement les lieros de ces trois recits, mais le theatre sur leqiiel ils etaient places, mais les egards pour le vice, lorsqu'il ctait uni a la naissance, egards montres par le pape et le loi, par la cour et les grandes villes de province , par les intendans et par les vassaux. Apres tout, si nous Youlions chercher quel est le caractere de I'ancien re- gime qui fait que ses proneurs le regrettent si vivement, nous reconnaitrions que c'est I'immunite pour les gens bien nes. Quel que fOt le scandalc de la conduite d'unhomme, s'll etait de bonne maison, le deshonncur ne pouvaitpasl'altein- dre , ni les tri!)unaux le punir. Tous les retrogrades n'aspirent point aux vices de I'ancien regime, mais tous aspirent a la distinction d'etre au-dessus de I'opinion et au-dessus des lois. Rien ne les blesse comme I'audace du public qui ose jugerleurs moeurs, leur conduite, la portee de leur esprit et leurs sentimens; rien ne les flatterait plus, rien ne les se- parerait mieux du vulgaire, que cette aureole degloire qui, du terns de Louis XIV, entourait tous les gens de qualite, que le voile brillant jete sur leurs enormites, voile qu'un due etpair n'a ose soulever qu'apres s'fitre impose un siccle de silence. Saint-Simon nous indique, il est vrai, une exception a cette immunity des gens de qualite , c'est lorsqu'ils trahis- saient les devoirs militaires. «Lc samedi 28 avril 1700, dit-il, le prince d'Auvergne fut pendti en efllgie, en Grive a Paris, en Tertu d'un arrret du parleiiient, sur sa desertion aux en- ET POLITIQUES. 641 nemis, et Ic tableau, avec son inscription, y demeura pris tie deux fois -vingt-quatrc heures ». (T. iv, p. G.) Mais, quelque goOt qu'on suppose au nouveau uiinislere , pour nous rendre I'ancien regime , ce n'est point la ie trait qu'on s'attend a lui voir imiter. A tons autres egards, il est bien de savoir a quel but il nous mene, et mieux encore de savoir quelles gens nous y me- nent. On s'est long-terns et avec raison occupe des principes sur lesquels doit reposer un bon gouvernement ; mais il ne faut pas oublier aussi de discerner les personnes par lesquelles seules il pent etre mis en action. II ne I'aut pas oublier que les personnes dont tons les voeux sont retrogrades, dont le beau ideal , en fait de gouvernement , est le siecle de Louis XIV , ne nous feront jamais avancer. II est bien que ces hommes qui regrettent les tems que Saint-Simon a peints se soient mis en evidence. Tons les journaux anglais, il est vrai, reprochent a la nation francaise de juger le ministere avant de I'avoir vu agir. Altendez-les d leurs actions^ nous re- petent-ils cliaque jour. Ce reproche n'est pas nouveau de leur part. Dejii, quand Parga fut livre a Ali-Pacha par leur gou- vernement, et qu'un cri d'indignation retenlit dans toute la France, il nous reprocherent notre furia francese. Atlendez, disaient-ils, ne jugez point re pauvre Ali, avant qu'il agisse; peut-etre sera-t-il tout plein d'humanite et de compassion. Bien en prit aux Parganiotes qui n'attendirent pas, et qui seuls deroberent leurs tetes au cimeterre. Depuis, et jusqu'a ce jour, nous n'avons que trop vud'homuies retrogrades elevesau pou- voir, en Allemagne, en Italie , en France, en Espagne : et malheur a ceuxqui Its ont altendus! Quand enfin le gouverne- ment anglais trouva la belle combinaison de faire nommer don Miguel pour lieutenant de don P^dro; de le cbarger de defendre la charte centre laquelle il avait conjure , le prince qu'il avait attaque en rebelle ; quand il fut conduit a Lisbonne sur des vaisseaux britanniques, et installe dans la regencc en presence des troupes anglaises, les journaux anglais disaient encore: altcndci qu'il agisse pour le juger ; tandis que les journaux G43 SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. fVaiifais faisaieiit entendre un cri d'alanne. Malheur aux sujets fidtsles de Dona Maria , qui se laisserent endormir par Ics me- mes exhortations que le Courier nous adrcsse chaque jour. Pour eux, il s'agissait do sauvcr leurs tetcs par hi fuile; pour nous, il s'agit do sauvcr les lois par le cahiie et la ferniete. Cest un bien que cette conspiration contrc le ^iecle, contre la nation, contre la charte, ct, par consequent, contre la monar- chic, ait reussi A porter un instant ses chefs a la tcte du gou- vernement. lis feront eux-mCmesle triage qu'il elalt important de faire entre les hommes publics. Jusqu'ici, la moderation, la faiblesse, peut-etre, ont pu se confondre avec la sagesse et le patriotisme ; jusqu'ici, des hommes probes ont pu croire que, s'ils servaient un ministere incerlain, ils ne travaillaient point cependant a retablir I'ancien regime , a ramcner les terns de Louis XIV. Aujourd'hui, si I'etendard se leve pourle renversement des lois actuelles, comme les journaux retro- grades nous en menaccnt chaque jour, il sera bon de savoir quel est ceiui qui se range dessous, quel est celui qui s'en ecarte. II sera bon qu'on se disc que tons ceux qui donneront leur demision au ministere anti - national seront en candida- ture pour le ministere national que le roi ne tardera pas a nom- mer ii sa place : quelous ceux, au contraire, qui accepteront des places pour travailler au renversement des lois donneront par avance Icur demission pour le moment prochain ou le regime des lois reviendra. J.-C.-L. DE SiSMONDI. \V\VVVVVVVVVVVVVVVV\V\VVVVV\VVVV\\VV\i^\VVVVVVV\'VVVV*VVVVVVVVVV\VV\VVV\VVVVWVVVVVVVV*V LITTERATURE. OECVRES COMPLETES BE TACITE; Traduction nouvelle , avec le texte en regard, suivie dc Notes et de Varianles; par J.-L. BrRNouF(i). L'histoire fut d'abord confiee a la lyre du poete ; les pre- miers poemesconnwssont deschroniques en vers. Lc rhythme, en effet, aide la niemoire , et I'on a du chercher les moyens de retenir les faits interessans, a I'epoque oii , sans doute, on ne les ecrivait pas. C'est en les chantant que la renommee proclamait les exploits des heros, I'empire du genie et les bienfaits des legislateurs. Mais I'enthousiasme, ou la recon- naissance, ajoutait le merveilleux a la verite du recit. Les pro- gres de la civilisation debarrasserent l'histoire des fictions al- legoriques et religieuses. Get art prit un caiactere distinctif ; cultive avec succes par Herodote, il fut perfectionne par Thu- cydide. On concoit pourquoi la poesie jeta chez les Grecs un si vif eclat , avant l'histoire dont elle tenait lieu. Ghez les Rd- mains, oi\ tous les arts furent introduits presque simultane- mentj et comme un luxe imite des vaincus, la poesie, I'elo- quence, l'histoire brillerent long-tems, sans une preeminence bien marquee. Mais il est singulier que ce fut precisement a i'epoque oil la poesie latine subissait une honteuse decadence, que Tacite s'eleva, comme historien et comme ecrivain, a une hauteur oii il ne pouvait exister pour lui de rivaux, ni dans le passe , ni dans I'avenir. (i) Paris , 1827-1828; L. Hachette, rue Pienc-Sarrazin. 6 vol, in-8", dont 3 ont paru ; prix, 7 fr. le volume. 644 LITTl!;RATUIlE. On s'etonna souvcntquelcscciivainsdu siecle dc Louis XIV, disciples fidelcs des anciens, n'obtinssciit pas, dans le genre historique, les nirmcs succes que dans Ics aulres branches dc la litlerature : il seiail injuste d'en concUire qu'ils avaient peud'aptilude pourcet art si difficile ct si important. Lemoulc de la nature n'est point encore brise; I'espril bumain n'a point subi d'alteration ; mais, sonmis aux circonstances, il en re- foit les impressions qui ie dirigent a son insu. Si Ton recher- che les causes de cette inferiorite passagere des modernes, il sera utile d'observer que, depuis la renaissance des Icttrcs, le pouvoir absolu, en les envahissant par sa protection, n'ou- \ritaux talens qu'une route tracee selon ses vues : il permct- tait quelque chose ;\ la fiction, rien a la verite; sa main de fer enchainait I'essor du genie. La verite I'ut bannie de I'histoire dontelle est I'ame, ou , plutot, fut remplacec par unc volonte orgueilleuse qui faconnait le vulgaire a la credulite politique. II n'etait done possible d'obtenir , sous I'empire du despo- tisme, que des chroniques redigees par des ecrivains depour- vus de talens et de lumieres, et qui, a peu de chose pres, etaient les continuateurs des moines du moyen age. Asservis par la crainte et la cupidite , ils creerent une espece d'histoire de convention, qui fut plutot le resume des principales action s des princes, que I'histoire des peuples. L'etat de la societe, I'influence des moeurs sur le gouvernement, et du gou- vernement sur les mceurs , rien n'etait observe : la nation sem- blait toute personnifiee dans un seul homme. De la cette maxime de I'absolutisme : L'Etat, c^est moi. Chaque chroni- queur, partant du meme principe, adoptait les faits racontes par ses predecesseurs, et y ajoutait I'espece de journal des ac- tions vraies ou supposees du chef qui semblait etre tout, qui malheureusement pouvait tout, et trop souvent voulait tout ce qu'il pouvait. A I'epoque oii la philosophic commencait a elendre son in- fluence salutaire, les hommes les plus cclaires craignaient en- core de proclamer la verite ; die etait redoutec de ccux meme qui savaient la decouvrir. Si j' avals la main pleinc de verites, je LlTTl^RATURE. 645 me gm'deraii bien de I'ouvrir, disait Fontenelle : mot odieux, inspire par rego'isme servile, ct autorise par les prejuges de I'epoque. Voltaire, le premier en France , rendit I'histoire a sa noble destination ; il cita devant I'opinion piiblique les grands et les rois, pcignit I'oppression des peuples, sut remonter a I'ori- gine de ieurs maux, et trouva dans le passe des Icrons pour Tavenir. Ce grand homme , pnissant interprete de la vorite, devoila la marche tenebreuse du despolisme et de la supersti- tion ; forca les princes a rougir, en leur montrant le^bus du pouvoir, et les peuples , en leur montrant Ieurs chaines. L'histoire devint le tribunal ou coniparurent les oppresseurs et les opprimes ; on jugea les pretentions des uns et les droits des autres. On se persuada, enfin, que rhouime peutpenser ce qu'il vcut, et dire ce qu'il pensc. Des ce moment, I'impor- tance de I'bistoire I'ut comprise; uae partie de I'Europe suivit I'impulsion, et de toutes parts, les ecrivains philosophes se li- vrerent aux plus profondes investigations politiques. Voltaire, qui de son coup d'oeil d'aigle embrassait sa nation et son siecle, ne donna a l'histoire que les formes qu'il j ugea c onve- nablesauxhommesdeson tems ; ilouvritune route que bientot d'autres purent parcourir librement. Eneffet, les evcnemens qui se succederent avec rapidite , les grandes rcformes dans les lois, dans les moeurs, enfin, I'etablissement d'un nouvel ordre social, developperent rapidement le gout des etudes histori- ques. Le peuple franf ais , en s'avanpant vers la liberte, sentit le besoin de scriUer les actions des peuples libres. On puisa dans les liistoriens grecs et remains des idees gcnereuses et patriotiques; leur pinceau large et vrai, en mettant sous les yeux d'une generation avide de liberte et de gloire les actions courageuses et le devoQment du patriotismc , contribua a remplir tons les cceurs de cet enthousiasme, necessaire a un peuple oblige de soutenir sa naissante independance contre les efforts du monde entier. Quoique Tacite ecrivit a une epoque ou Rome avail deja subi ['affront d'une tyrannic hereditaire, temoin des actes du 64G lttti<;ratiire. tlesiiotismc , il leiir voua unc encrgiqiic indignation. Place pres (111 tronc imperial par son rang, il resta repuhlicain par son genie. Entrc tons les modeles de I'antiquite, Tacite obtint la palmc ; scs vues profondes , son respect pour la vertii , sa haine pour les tyrans, la grandeur et I'effet de ses compositions, sa cou- leur magique qui prete la vie a tout ce qu'il peint, cette puis- sance de style, qui d'un seul trait penetre dans les replis du coeurhumain, n'ajoute jamais un mot superflu , et ne laisse jamais tMie image imparfaite; cette reunion enfin de qualites qu'il est plus facile de senlirqued'analyser, meriterent de nou- veau a ce grand historien I'admiration qu'il avait inspires a ses contemporains. On reconnutqueson etude etait indispensable, non-seulcment a I'historien, mais au po^te, i I'orateur, an peintre meme , et surtout a I'homme d'Etat. Avant d'etre entierement traduit dans notre langue, Tacite avait deja f'onrni a un grand nombre d'ecrivains ou d'artistes des modeles imites avec succes. Corneille, Racine, Bossuet, Montesquieu, lui avaient fait d'heureux emprunts; ainsi, les expressions hardies, les tours ellipliques de I'ecrivain romain, transmis dans notre langue, en augnienterent les rcssources. A la fin du siecle de Voltaire, plusieurs ecrivains celebrcs pui- serent a cette source feconde. Jean- Jacques, qui semblait affectionner la maniere de Tacite, s'appropria quelques-unes de ses beautes : toutefois, il reussit peu en les traduisant lit- teralement. Soit que son style nc put s'assouplir aux formes antiques, que d'ailleurs une instruction superficielle ne lui avait pas permis d'etudier profondemcnt ; soit qu'il n'efltpas prepare ses forces pour une semblable lutte, il nc donna qu'une copie faible et decoloree de I'un des beaux passages du grand historien. Cette infructueuse tentative duplus admi- rable de nos prosateurs, quoique due peut-etre a une cause independante de son talent, n'en fit pas moins regarder Tacite comine intraduisible. Voltaire , en disant a I'Academie : qui de nous pourrait traduire les Georgiques? accrut le triomphc de lour audacieux traducteur; comme la meprise de Rousseau LITTERATURE. 647 ajoiita dc I'eclat au succes de Dureau de la Malic. Non-seu- lement on lui sut grc de donner beaucoup plus qu'on n'at- tendait de lui; mais on apprecia, quel que soit le degre de son merite, le service qu'il rendait a la litterature, en prouvant que notie belle langue pouvait, dans tous les genres, rivaliser avec les idiomes de I'antiquite. Tacite, admire jusque-la par les seuls saAans, le fut par les gens du monde : il perdait sans doute beaucoup sous sa nouvelle forme ; mais on n'en re- chercha pas moins avidement une copie , oii deja brillaient tant de bcautes, et qui en laissait entrevoir tant d'autres. En- fin, la mine etait ouverte,, on connaissait les ressources de notre prose, les'grands talens pouvaient en profiler. L'opinion publique, qui se trompe souvent, mais qui finit toujours par eire Juste, se fixa sur le travail de Dureau de la Malle. On fit la part des defauts et des qualites : on reconnut que I'intet"- prete n'employait pas asscz la couleur antique, qu'il ne pos- sedait pas le secret, si freqiiemment employe dans I'original, d'animer une periode, de la scinder a propos, de ne montrer qu'un coin du tableau, afin de laisser deviner le reste a I'ima- ginationdulecteurvivement frappee. Onconvint qu'il lui man- quait la vigueur sans effort, I'originalite sans affectation; qu'enfin I'elegant prosaleur franrais ne savait que decrire ce que Tacite savait peindre. Cependant, on accorda une juste estime et un tribut de r'econnaissance au traductcur dont le merite et les erreurs devaient etre profitables al'ecrivain dlgne de marcher sur ses traces, et qui, sur de sa force, aurait le cou- rage de lutter a la fois avec Tacite et son traducteur. Peu d'athletes se disposerent au combat : enfin, un ardent ami de la litterature, appreciateur des diflicultes et des avantages de I'entreprise , ecrivain deja distingue par ses profondes con- naissances dans les langues etla litterature desanciens, M. Bur- nouf, imbu en quelque sorte du genie de I'antiquite, est entre dans la carriere, escorte de I'eslime publique. Son premier volume, public comme I'essai niodesle d'un merite supcrieur, a etc accueilli par d'unanimes applaudissemens. Les arbitres de I'art virent tout ce qu'annoncait un si heureux debut, et G48 litti':r\ture. Ics (Iciix autrcs livraisous qui paiiircnt siiccessivemenl, fnent pln.s que confirnicr la liaiilc opinion qii'ils avaicnl concuc de I'autcur; on y reniarqua niOnie un developpcment pro- gressiF dc force et de talent, preuve incontestable que Tacile avait trouve un inteiprete digne de lui. Lcs crudits Ics plus lamiliers avec les beautcs severes de Tantiquite retrouvcrent, dans le travail de M. Burnouf, la male vigncur, la precision, le coloris brillant et pittoresque du plus profond des historiens et du plus vrai des pcintres. M. Burnouf a joint a son ouvragc des reflexions utiles, des investigations savantes sur un grand nomhre de passages, dont le texte altere, ou quelquefois fausscment interprete, avait exerce inutilement la sagacite des commentateurs. En retablissant le sens de I'original, il fait remarquer les artifices du style el le secret de la composition du grand maitre, qui groupe ses personnages, les place selon leur dcgre d'impor- tance ou d'interet, force le iecteur a reflechir sans lui iniposer de reflexions, et dispose les masses et les details de la maniere la plus facile a saisir et la plus agreable a etudier. Les harangues et les discours ne sont pas les parties les moins admirables de Tacite. II y deploie une vigueur de ta- lent, une elocution entrainante, dont n'approchaicnt pas tou- jours les premiers orateurs; mais je doute fort que ses heros aient ete doucs de I'eloquence que lour suppose leur sublime interprete. Ce luxe de style est, a la rigueur, un defaut i lui reprocher; d'ailleurs, il ne varie point assez le ton, le Ian- gage des interlocuteurs; general, centurion, empereur, pre- fet, tons raisonnent avec la logique puissante et la brillante elegance de Tacite. On est tente de regrctter que des pej'son- nages, doues d'un si grand talent, au lieu d'etre princes ou guerriers , ne fussent pas orateurs de profession ; la tribune et le barreau leur conviendraient mieux que le trone et les camps. Mais il est diflicile de condamner celui qui nous char- me, et Ton pardonne a I'imagination qui, sans alterer la ve- rile, la developpe et I'embellit. Je cilerai I'un des discours de Galba a son successeur adop- LITTEIIATUKE. 649 tit'; il prouvera a quel point M. Biirnouf a seoti et s'est approprie les difft^rentes beautes du modele : «Tii as un frerc, no avant toi, digne de ce haut rang, si tu ne I'etais davan- tage. Son age a echappe deja aux passions de la jeunessc ; ta vie passee n'a rien a se faire pardonner. Jiisqu'ici, tu n'as soutenu que la mauvaise fortune; la bonne a, pour es- sayer les Ames, de plus fortes epreuves. Carles miseres se supportent; le bonheur nous corrompt. La bonne foi, la franchise, I'amitie, ces premiers biens de I'homme, tu les cultiveras, sansdotite, avec une Constance inalterable; niais d'autres les etoufleront sous de vains respects. A leur place penetreront de toutes parts I'adulation, les feintes caresses, et ce mortel ennemi de tout sentiment yrai, Tinleret personnel. Aujoiu'd'hui meme, nous nous parlons I'una I'autre avecsim- plicite ; tout le.reste s'adresse a notre fortune plus volontiers qu'a nous. II faut le dire aussi ; donner h un prince de lions conseils est une tache penible ; etre le servile approljateiu' de tons les princes, on le peut sans que le cceur s'en mele. »Si ce corps immense de I'Etat pouvait se soutenir et gar- der son equilibre sans un moderateur supreme, j'etais digne de recommencer la republique. Mais tel estdepuis long-tems le cours de la destinee, que ni ma vicillcsse ne peut oflVir an peuple romain de plus beau present qu'un bon successenr, ni ta jeunesse lui donner rien de plus qu'un bon prince. Sous Tibere, sous Cains et sous Claude, Rome fut comme le pa- trimoine d'une seule faniille. L'election qui commence en nous tiendra lieu de liberie. A present que la maison dcs Jules et des Claudius n'est plus, I'adoption ira chcrchor Ic plus digne. Naitre du sang des princes est une chance du ha- sard, devant laquelle tout examen s'arrete. Celui qui adopte est juge de ce qu'il fait; s'il veut choisir, la voix publique I'eclaire. Que Neron soit devant tes yeux : ce superbe hcri- tier de tant de Cesars, ce n'est pas Vindex a la tete d'une province desarmec, ce n'est pas moi avec une seule legioti; c'est sa barbaric , ce sont ses debauches qui I'ont renverse de dessus nos tetes : or, il n^y avait point encore d'exemple d'un T. XLIIl. SIIPTF.MBRE I Say. ^3 65i) LTTTIIRATURE. prince conclamnc-. Nous que la gucirc el ropiiiion out fails ce que nous somnies, les vcrtuslesplus emincntes ne noussau- vcraient pas cle I'envio. Ne t'cffraie pas cepcndant, si deux le- gions sent enrorc eniues d'une sccousse qui a rcniuc ruuiver.*. Ni moi non plus, jc n'ai pas trouve rcmpire sans oragcs; et quandon saura ton adoption, jcccsserai deparaitre vicux, seul rcproche qu'on mo fassc aujourd'hui. Neron sera toujours rc- grette des mcchans; c'est a nous de faire en sortc qu'il ne le soil pas aussi des gens de bicn. De plus longs avis ne sont pas de saison ; et I'oeuvre du conseil est accomplie toute entierc, si j'ai fait un bon choix. Le moyen le plus sfu- ct le plus court de juger ce qui est bien on nial est d'exaniiner ce que tu as voulu ou condamne sous un autre prince. Car il n'en est pas ici comme dans les monarchies, 01"! une famille piivilegiee est maitresse absolue, et tout le reste esclave. Tu commanderas a des honimes qui nc peuvent souflYir ni une entiere servi- tude, ni une entiere lil)erle.» Ce passage resscnible muins a une traduction qn'a une com- position o.u d'abondantes et de profondes pensees apparais- sent , revetues de cette couleur vraie donnee par le sentiment qui les inspire, et que le travail assidu imite et n'egale pas. M. Burnouf merite souvent cet eloge : on oublie parfois, en le lisant, que Tacite ne nous parle qu'avec le secours d'un interprete. Nourri de I'etude constante des anciens, I'habile tfaducteur s'est identifie avcc eux; c'est en les observant, pour ainsi dire, snr leur propre terrain, qu'il a si bien appris a les combattre. Sans doute il ne lutle pas toujours avec un egal avantage; quelquefois meme, fatigue de ses longs efforts, ou gene par cette multitude de choses renfermees dans un court espace, il all'aiblit sa phrase en I'etendant; quelquefois aussi, on peut lui reprocher un peu d'obscurite, et I'impropriete de I'expression, comme dans cette phrase : « et le peuple le forca, malgre sa resistance, d'accepter le nom d'Auguste, aussi vain pour lui, recu que refuse ; tarn frastra quam recusaverat.n Cel\.Q locution est trop latine et n'a point assez d'analogic avec la langue franfaise pour s'allier avec ellc. Quelquefois enfin LITTMATUUE. 65 1 ur la(|uclle on lit : « Benjamin et Deborah Fran- klin, 1790. "Elle est dans un coin obscur d'un obscur cime- tiere, el la seule chose qui la distingue de la I'oule est un sen- tier, evidenunent liaye par les pas des nombreux visitenrs, et oil I'herbe ne pent croitre. En passant pres du marcbe, a Charleston, le voyageur y enira, et vit niettre en vente une voilure, un clieval , et cnfin des csclaves qu'on exposait par groupe d'une I'amiile, sur une longue table placee au milieu de la rue. Deux especes d'huissiers crieurs vantaient la mar- chandise el appelaieut les chalauds. Les premiers nialheureux qui monterent sur ces treteaux etaient une Icmme Agee et iuinnu'. un homme a largcs epaulcs, qui etail probablemeut son fils, la ieinme de ce dernier, ct deux enlans. On dit lout haul leur uoin, Icurs iufii mites, lestachesauxquelles ilsetaioni propres. Aprcs ceux-la vint un ncgre robusle, bien bali el GRANDE-BllETAGNE. 6Cn d'une figure reinar(jual)le. S;i femmc , d'lin noir de jais, elait belle cl tenait siir sa hanche, a la niaiiiere oriciilale, iin enfant de six mois, tandis que deux petils garcons, tout et- frayes, s'atttachaient a ses genoux. La vente dura un quart d'heure. L'homme avait I'air grave et triste ; il promenait des regards inquiets sur la foule des aclieteurs, commc pour ju- ger de son avenir et de celui de ses enfans d'aprcs la physio- nomie dn maitre que le sort liii assignerait; et peut etrc aus- si par rorgueil, commun cliez les esclaves, d'etre vendu le plus cher possible. La lamille entiere fut payee i,45o dollars, environ 8,000 francs. M. Hall a parcouru quelques-nns des Etats nouvellciiient fondes.Voici la description qu'il fait d'nne deleursvillesnaissan- tes. « Wacon etait dans le sud ce que sont Utique ou Syracuse dans le nord, et avait I'aspect singulier de ces etablissemens improvises. Les arbres croissaient encore an milieu des rues, et partout le sol etait jonche des debris du bois abaltu. Les maisons avaienl I'air baties de la veille ; les poteaux el les enseignes elaient fraichement peints ; les meublcset les mar- chandises etaient entasses devant les portes commc au sortir des chariots; et aux fenetres des nombreux cabarets, et des boutiques d'epiceries brillaient les flacons de liqueur et les bouteilles de rhum et de whisky qui devaient servir d'appat aux Indiens et entretenir leurs relations commerciales avec les nouveaux habitans. Pen de gens se connaissaient ; les rues n'avaient pas encore de noms, mais elles elaient regu- li^remenl alignees, et sur quelques places on voyail des allees d'arbres nains. Derriere ce mesquin assemblage de maisons, la foret s'elevait de toules parts, el enserrait cetle fonrmil- liere, comme si elle eut voulu I'etoufl'er dans ses embrasse- mens, el I'ensevelir sous ses ombrages giganlesques. Quoi- que fondee en 1823, cetle ville n'a pas encore pris rang sur les cartes. On avail d'abord cru pouvoir ouvrir, par la navi- gation de la riviere Ocmnlgie, une communication avec les cotes de la Georgie, et faire de Macon renlrepol de la parlie haute du pays. Ces brillanlesesperances n'onl pu se realiser, el cetle colonic, qui, dans I'opinion des fondaleurs, devait etre une des plus riches et des plus florissantes de I'Etat, me- nace de disparailre avec rapidite. II en est de meme de plu- sieurs etablissemens de ce genre fails a la hale, et dans un esprit de hasardeuse speculation. » Parvenus avec M. Hall aux limiles des Elat-Unis, nous le quillerons pour suivre M. Mactaggart dans les possessions anglaises, qui cgalcnt presque en elendue, en population el 662 LIVRES lilTRANGERS. en importance, lout cc que la j;iierre dc rindcncndancc acn- levc a la Craiide-lJroiagiie. Ici nous n'avons plus a fairc a un liommc cuiicux, qui voyage pour s'amuscr, on s'instrnire, mais a un ti-availlcur, a lui iugeniciu- habile qui raconte com- ment il s'emharqua eu iS-iG, charge par le gouvcmement anglais d'aller smveiller, daus le Canada, les Iravanx eutre- pris pourouviir un canal de la riviere Otawa an lac Oulario, par lequcl Montreal er, dans d'iuimenses ri- goles navigables, des marecages, ou la nature du sol rend impossii)le de faire des levees, de percer des rocs, d'enlever des alluvions, de laire disparaitre des lies, de niveler des ca- taractes; cnlhi, d'cntrer en lutle ouverte avec la nature, dans im dimat glace pendant six mois, et sur une terre oii I'homme semble un pygmce a peine visible. La necessite d'ex- plorer le terrain en tout sens, de se frajer mie route, au milieu de I'hiver, dans des bois converts de neige, de sonder les marais, d'exaniiner les prol'ondeurs a creuser, les points a elever, pour maintenir, autant que possible, le niveau de I'eau, a donnc a M. RLictaggart des connaissances precises et fort etendues sur le pays. 11 ne s'occupe pas de faire du style, mais de dire ce qn'il sait, et quelqnefois meme avec des ex- pressions vulgaires, qu'on lui pardonne a cause de leur nai- vete. Souvent la unit le surprenait dans ses dangereuses ex- cursions, et les hommes qui I'accompagnaient lui batissaient alors une hutte, ou lui elevaient une tente, recouverte en peau, surle bord d'un marais. lis choisissaient cette exposi- tion de preference, parce qu'en cassant la glace on y trouvait de i'eau bonnea boire, qu'il y croissait bcaucoup d'arbustes, dont les branches servaient a couvrir le toil, et une abondance de grands cedres, dont I'ecorce seche fait un feu excellent. Les pieds toiunes vers un brasier ardent, ils s'endormaient , et le matin, lorsqu'ils se reveillaient , la glace avaitcolle leurs cheveuxa la terre, et on ne distinguait plusau dehors ni scntier, ni vestiges des travaux faits la veille : tout avail disparu sous une immense nappe blanche. La refraction de la linniere sur ces plaines glacees produisait les plusetranges illusions d'op- tique. « Les iles, ditftl. Mactaggart, semblaieut tournees sens dessu? dessous; on eOt dit que des arbres, dont les racines G RAN DE-BRET AG NE. 665 toiicliaient le ciel, icposaicnt sur ceiix de la foiot, et se joi- gnaient avcc eiix cime a ciuie. Les rives blanches des rivieres s'enflaicnt, s'eloigiiaient, puis apparaissaient dans le lointain comme la lumoe de I'arlilleric d'vin fort. Une Ibis nous nous crunies an milieu d'un immense bassin, oii i'eau se preci- pitait de toutes parts d'une hauleur de vingt pieds : un mo- ment apres, le rivage s'eleva a rhorizon comme un brouil- lard blanchatre, et disparut pour faire place a des montagnes d'cau qui menacaient de nous engloutir. » En ete, d'autres ca- ^ lamitessuccedenta celle-la; lesmoustiquesdeviennent si nom- breux , qu'il est impossible de se preserver de leurs morsures, et leur avidite est telle, qu'en coupant I'insecte par la moi- tie du corps, au moment de la piqCire, on n'obtient pas qu'il se desiste; il continue a sucer pendant des heures, el le sang coule de I'autre cote. La fumee peut seule les tenir a distance, et les bestiaux en ont tellenient I'instinct, qu'ils accourent se mettre sous sa protection du plus loin qu'ils voient du t"eu. Quant aux liabitans du haut Canada, ils sont plus Ameri- cains qu' Anglais; et ceux de la partie basse du pays, ils sont restes Francais, et n'ont que pen on point d'attachement pour les institutions brilanniques. Les nouvoaux colons, venus de la Grande-Bretagne, sont en general hunioristes, Juecontens, et nuisent plus a I'harmonic qu'ils ne rcutretiennent. De ringeiiieur, nous passons au plus aventureux de nos trois voyageurs. Qui ne se souvient des courses faites a che- val par le capitaine Head au milieu des Pampas de I'Amerique meridionale? Qui ne s'est associe a ses sensations pittores- ques ? Qui n'a pris plaisir a ses observations rapides ? Enfin a ce vol de faucon qui permettait d'embrasser d'un coup d'oeil vin immense territoire , et de planer siu' I'ensemble , sans rien perdre des details? II y avait aussi I'attrait si vifde la curiosite qui nous entrainait a la suite du contcur, et nous faisait per- dre haleine avec lui. Ici , ce n'est pas le meme homme, mais il y a une ressemblance de famille. II appartenait au frere du capitaine Head de se i'aire une parlie de plaisir d'un voyage dans les deserts de I'Amerique, pendant le terns le plus I'roid de I'annee. II n'y avait que lui capable de passer quatre mois au milieu des forets, dans une hutte batie a la facon des In- diens , et se donnanl pour tache d'y recommencer la vie de Robinson Crusoe dans son ile desertc. Ne soyez pas tente de le plaindre, car chaque nouveau besoin est pour lui une occa- sion d'exercerson genie et son activite. II invente et fabrique ses meubles avec une adresse merveilleuse. Puis, ses travaux finis dans 1 interieur, il va a la peche, in la chasse, coupe du G64 LIVRKS KTRANdEnS. bois,paline, an giauil oldiiiionioiit cles Indiens, et mciic si joycuse \ie, qu'on scrail lentc aiivres en Angleterre; par C. ScuopE. Londrcs, 1829. Broclnu'c iii-8". ic)5. — T/iircl f.ctUr on titc tncnns of improving ilic condition ofilie labouring claxaes. — Troisirnic Lettre sur Ics moyens d'amcliorer la situation des classes laboricuses; par Sanuicl Banfill. Exeter, 1821). 196. ' — Address to t/ie Society for tlie encouragement of in- dustry. — Adresse a la Soclete pour rcncouragemcnt de I'iu- dustrie ; iiar John Denson, de Walerbeach, Cambridge-Shire, 1829. 197. — Reports on the comforts of the poor. — Rapports sur les besoins des pauvres, et les moyens d'y subvenir. Londres, 1829. 2 vol. in-8°. Tant que domina le systeme I'eodal, depuis I'cpoque de la conquete jusqu'a I'avcnement an tr(')ne deHenii Vll, la popu- lation de I'Angleterre se composa de cultivateurs. Les l)ai'ons et les principaux proprietaires possedaient bien. il est vrai, un certain nombre d'csclaves ou de serfs employes dans I'in- terieur auxtravaux domcstiques, et a la fabrication des amies, des meubles , des habits : de meme que les Negres des colo- nies, ils etaient nourris par leurs maitres dans leur enfauce 011 leur vieillesse; mais a aucune epoque cette classe ne fut tres- considerable. La vraie population, celle qui tenait au sol el qui en tirait sa subsistance, se divisait en deux corps, 1° les paysans qui avaient a bail de petitcs fei-mes, de viugt a trente acres d'etendue, et qui payaient leur loyer, soil en nature, soit en travaiix faits sur le domaiue, et pour le compte du grand proprictaire ; 2° les cottagers, ou laboureurs, qui avaient cha- cun un petit bout de terre dependant de leur cabane , et le privilege de faire paitre une vachc et quelques moutons dans les bois ou les terres en friche du manoir, abandoimcs a la communaute. Ces deux classes subsistaient I'une par I'autre. Les petits fermiers employaient les laboureurs, moyennant un salaire; et ceux-ci, pendant leurs heures deloisir, cullivaient leur petit morceau de terre, et trouvaient moyen d'y (aire une mince recoltc, et d'y nourrir un ou deux cochons, qu'on luail en- suite pour I'hiver. Ces gens etaient pauvres, mais ne comptaienl GRANDE-BRETAGNE 665 point de mendiaii'; parmi eiix. Un chaiigement important cut lion dans cct ctat de clioses au xiv" siecle. Les demandes des Pays-Ba.s et des nianiilactin-es qui commenoaient a sc fonder en Angleterre elcvcrent beaucoup le prix des laines , et creerent unc noiivelie source do gain. Les proprietaires, s'a- percevant que les troupeaux etaient d'un grand rapport, mi- rent la plupart de leurs terres en paturages, et en chasserent les tenanciers. II n'y eut pas jusqu'anx aiibayes qui n'adop- tassent ce nouveau systeme. Le rcsultat fut nne grande mi- sere pour tons ceux qu'on privait ainsi de tout cmploi et de toute propriete. II restait cependant, dans chaque paroisse , une etendue considerable de biens comniunaux, dont person- ne n'avait le droit de disposer on de s'emparer exclusivement, et qui devint Tasiie des pauvres laboureurs. On permit aussi a quelques-nns de se batir des cabanes sur les confins des fer- mes ; d'autres, en nombre assez considerable, trouverent de I'emploi dans les manufactures naissantes, et entrerent dans le mouvement industriel du pays; inaisle reste, n'ayant plus de terres, et no voulant pas se soumettre a la discipline des fa- briques , continua d'errer sur les routes , et fornra un noyau de mendians et de vagabonds, qui ne tarda pas a se grossir d'une maniere inquietante. L'abolition des monasteres sous Henri VIII, au lieu d'apporter du soulagement au peuple, ne fit que Jeter aux mains de quelqucs seigneurs puissans d'im- menses domaines, et qn'affermir la concentration des biens. Sous Elisabeth, la mendicite etait devenue une plaie si devo- rante, que la reine en fut alarmee, et fit Facte celebre qui rendait a ragricuiture une partie des pfilurages. Elle imposa a chaque proprictaire I'obligation d'altacher au moins (juatre acres de terre a toute cabane batie sur sa propriete. Les bons eflels de cette niesure se firent nipidement senlir, et pendant deux siecles la classe des laboureurs reprit une attitude digne, et sc montra satisfaite et attachce a ses devoirs. Mais une autre revolution menacait encore son repos ; les nondjreuses petites fermes qui avaient echappe au systeme de centrali- sation, et qui etaient echues en partage aux fermiers renvoyes de proprietes plus vastes, durent disparaitre a leur tour. Les grandes cultures, I'introduction de nouveaux modes de labou- rage, recommencercut a peser sur le petit peuple. On regarda comme un ai)us de laisscr en friche les champs et les terres conmiunaies des paroisses, et, en 1709, il y eut une demande faite au parlement pour obtenir le droit d'enclore et de divi- ser les biens comminiaux de lloplcy. (le fat lui encoiu'agc- mciit ct un excmplo. Depuis, plus de quatrc milic bills tVeti- X, xLiii. scrrEMDRE I 829. 45 G6G LIVRES I'lTRANCKRS. rlos ont oU' pnssi-s, ct dans iinc Conic de villaf^os la cliosc a cm lieu (I'liii I'omnuin accord, el sans rintorvonlion dos Cliain- brcs. Los lal)onrenis, liors d'i'tat do pi'evoir et de calculer les suites do cette innovation, s'cn consolorent , par rcspoiancc de possedor de suite un polit coin de lorre; niais la ro|)aitilion otait loin de lourotre I'avoraljle; car les lerres divisecs elaienl assignees, non a I'occiipant , niais ini propriclaire dc la clian- inieic, qui olait pres([no toujours le propriotairc dc la f'eiinc on du clialeau \ oisin. D'aillcurs, avaiit la division du bicn coniniun, cliacnn avail le droit d'envoycr sur la commune sa vaclic, son cochoii, el jnsqn'a sos ponies. C'etait un privilt'gc donl le paysan no pouvail trafi([uor, ot que son imprevoyance no pouvail jamais lui ravir. Si le travail venait a manquer, il avail encore la nnc fiiilde ressource. A mesure que les terrcs communalcs ont dispain, la laxe dcspanvres s'estelevee dans la meme proportion. Dans la paroisse d'Abington-Pigots, dans le Cand)iidgosliirc , cliaqne petit laboureur avail une vachc; on n'y avail jamais love dc taxes pour les panvres; el les habitans, voidant cinder la clause de Facte d'Elisabelh qui contraint une paroisse qui n'a point de pauvres a prendre a sa cliarge une parlio de ccux de la comnnnie voisine , enrcnt boaucoup de peine a trouver parmi eux une vieille fenime qui votdnt consentir a recevoir six sous d'aumone par semainc. En 1770, lours proprielos conmiunales furent cticIoscs, et la prosperilc dcclina si vile , quo c'csl aujourd'liui una des pa- roissos les plus surdiargees. De loulcs parts, de pareils exem- ples aniuent; la demoralisation s'ctend , les prisons so rem- plissont, ct il J a lei comtc , oii Ton laitacte do brigandage, pour ctre enlcrmo Thiver. Lo reniede a cello misere toujours croissante n'est pas dans des exporlalions au Canada, ni dans les obstacles qn'on voudrait.j;^meltre a I'accroissement de la population, niais bien dans lui sysleme de proprielos mieux cntcndu. Poinquoi n'essaierait-on pas de rendre a I'ordic el a ime aisance comparative celle masse do miserables, on lour creant des rcssoiuces sur le sol meme? en encouragcant la culture des petits teirains, qui Iburuiraient facilement asscz de legumes pour la nourrilure de la ramillc, et que la lemme, les nilcs el les petils enlans soigneraient en I'absencc du pcre, qui irait en journee? Et qn'on ne croie pas que ce plan soit cbimcrique : plusieurs experiences out deja etc failcs. Deja, de riches pioprictaires out seuli la necossile de morceler lenrs terres, et d'en sous-louer de petils lots. lis s'cn sont bien trouvcs; ct conmiec'cst priucipaloment sur eux que pose cetle taxe des pauvres, qui menace d'engloutir un join' lercvenu tics GPtANDE-BRETAGNE. 667 l)icns, ils sont les premiers interesscs a iiii changeuient que leur iiiteret retlame aussi haut que rhiiiuanite. Qii'ils lisent done el medileut long-tems ces plaiclojers en i'aveiir dii pau- vre, et surtoiit la brochure pleine de sens ct de clialeur d'un praticien , de rhonnole fernner John Denson, qui aborde toutes les questions liees au bonheiir de ses compatriotes, et les resout avec uu rare talent. La Quarterly tievleiv de jnillel a traite ret important sujet, a propos de ces quatre brochures, et n'a rien neglige pour Jeter uue vive lumiere sur le mal, et pour indiquer les me- sures qui peuvent y remedier. 198. — T/ie Broad stone of honour; or ilie true sense and practice of chivalry. — La Pierre fondamentale de I'honneur, ou les vrais sentimens et pratiques de la chevalerie. Orlandus; T^ar Kenetin-Henri Digby, Londres, 1829; Booker. In-i2, de 661 pages. Ce livre est un regret donne aux tems qui ne reviendront plus : c'est un retonr plein d'amour et de charme vers la poe- sie d'un aulre age. Ce reve brillant de la chevalerie, ce me- lange de force, de courage, de devoCiment aux i'aibles, de foi a ses serniens est ravive ici avec luie solennite religieuse. On .se sent transporte dans un autre monde , au milieu d'etres d'une purcto celeste, et pourtant allies a notre nature, et te- nant a la terre par les memes liens que nous. Les cpaisses va- peurs de la vanite , de regoisme se dissipent : on perd de vue les societes modernes, et leurs interets eti'oits ct iuimediats ; on vit d'une autre vie, et cettc illusion plait. II ne iaut pas croire cependant que I'imagination en fasse sevde les frais. C'est dans les annales nieme des peuples que I'auteur a puise ; iTiais son erudition est si heureusement dissimulee , elle se marie si bien a ses conceptions originates, qu'on la sent par- tout sans fatigue. Les innombrables faits et I'ragmens des vieux livres qu'il a lus ne sont point entasses pele-mfle, mais jetes de loin en loin , comme des i'aisceaux de fleurs. C'est un vieux tableau d'un grand maitre, dont les tons sont vifs, francs, et od rien ne rappelie Timitation. M. Digby ne defend pas seulement, dans la chevalerie, la cause de la courtoisic etdela valeur, mais aussi telle de la religion; il ne les separe pas, et professe pour toutes deux un culte presque egal. Sa sensi- bilite est entrainante, ses visions peisuasivcs, et toutes em- preintes de ce caractere de jeunesse et d'enthousiasme qui cree des mondes a sa guise, et remodele I'hunianite. 1 99. — * flan Koong Tseiv, etc. ■ — Han Koong Tsew, ou le5 668 LITRES iVfRANCERS. doiiUMirs do Han, traf;ctli(! ohinoisc, Iraduite de i'ori{;'inaf , avoc des notes , par i\ la peine qu'on prcndra a I'exploiler. Elle a, d'ailleur?, loiirni de lout Icnis d'amples mateiiaux ilapoesie chinoise ; elle donno Ic secret de cette loule d'alliisions, qui reiident si diflkile I'elude de la litleratnre asialiqiie , ct qui preniient leur source dans des traditions popidaires. En Yoici deux exemples : Le coeur qui repond an luth, veut dire qui cede a la seduction, parce (ju'inie jeune fille, ayaut enlendu nne Ibis son aniant chanter sons ses I'eiielres la chan- son du foonglicwliivotii^^ , on I'oiseau foong jl la recherclie de sa conipa.^ne, s'ent'uil \ers Ic matin avec le jeiine homme, nc laissant d'antres traces de son enlevement ((ue le IVoisscment dn gazon humide de rosee. Pour exprimer la reconnais- sance qn'inspirc mi bienfait, on dit trcs-hahitncUement : je serai pour voiis I'esprit qui noue I'herbe. Ln empereur de la dynastic appelee Chow enjoignit a son fds , qui devait lui succeder, d'enterrer vivante avec lui, selon I'ancienne cou- tume scythe, nne de ses maitresses ; le fils, ccpendant,ne remplit pas cette deniiere volonte de son pere, et donna la dame en mariage a nn noble. Pen de terns apres, le nouvcl empereur, ctant en guerre avec un Etat appele Tsin, eut af- faire a un chef redontable; mais, la nuit, il vit en rove le pere de la jeune femme a laquelle il avail sauve la vie qui lui dit que, qnoique mort . il I'aiderait contre son ennemi, en recompense du service qu'il avail rendu a sa fille. Cette vision ful pro- phetique. L'adversaire de I'empereur fiit del'ail; ct un esprit invisii)le, marchant devant lui, enlacait el nouait les longues herbes, de telle sorte qu'il ne put fuir, et fut fait prisonuicr. La mythologieprete aussisesrevesa la poesie chinoise. Cha- que element, avec tons ses phcnomenes, chaque bois, chaque coUine a son esprit. Ilyaleroi dufeu, le dieudii tonnerrc, I'es- prit des vagncs d'automne. Le, yuc'laoit, on vieil homme de la lune, n'a pas la mission la moinsimportante. II eslcharge de lier ensemble, des leui' naissance, par un fil de sole invisible, les jeu- nes hommes el lesjeuncsfdlesprcdestineslesuns auxautres; ct une Ibis ce lien forme, les separations les plus longues, les obsta- cles les plus insurmontables ne peuvenl empecher que I'union ait lieu. C'est ce qu'on nomnie yeivyucn (etre lies parlc sort); et une foule de vers amoureux ont trait a celte superstition. Enfin, il n'y a pas jusqu'aux fees qui ne soient connues des Chi- nois, etqui neprelentdu meiveillcux a leurs recits. Mais, en- core une Ibis, c'est a la poesie populaire qu'il s(! I'aul adres- •mr; c'est dc ce cote qu'il y a bcaucoup a appretuhe et a con- (iHAINDE-UUETAGrSE. G71 qurrir. C'est hi sculomciit qu'oii poiirra jiiger de rulluie il'iiii pciiplc , et non siir la inari he rroklc ct giiinddc dc scs mauda- lins ct de ses Ictfres de conr. 200. — Gabrielle, a tale of the swiss mountains. ■ — Gabiiello, conte des montagncs de la Suisse; siiivi de poesies fugitives; ■par C. Ueddjng. Londres , 1829; John Ebers. Iu-6" de 186 pages. Pour noinbie de gens la pnesic n'est que le passe-port des idees les plus communes : aussi en France lit-on fort pen dc vers. II suffit de celte forme pour degoOter d'avance le ler- leur; et d'oCi vient cetle lepugnancc, si ce n'est del'abusd'uue des plus encrgiqnes et des plus belies manifestations de la pensee ? En Angleterre, le meme vice exisle, mais fait encore illusion, grace a la richesse du langagc, a cette quantile d'ex- pressions, taillees pour aiusi dire a facettes, et dontlesens, va- riant a Tinfini, se prete merveilleusement aux interpretations. Cependant, la poesie anglaise , comme la poesie italieiuie , comme la poesie francaise , menace d'etre debordee par les mots; et les facilitcs qu'il y a a la faire ameneront une deca- dence encore plus rapide. Que les jeiuies poetes y prennent garde, qn'ils sachent resister a I'atlrait d'avoir I'air de penser quelque chose, alors qn'ils ne pensent rien ; qu'ils attcndent la sensation pour parler, et qu'ils ue puisent pas dans ce fond public de lieux commons qui represente la richesse litteraire d'un peuple , a pen pres comme nos assignats representaient la richesse nationale. II y a dans les poesies de M. iledding plus et mieux que de I'imitation ; cependant on y retrouve une grande prodigalite de paroles pour rendre peud'idees; la bro- derie emporte le fond; son episode de Gabrielle est.une situa- tion Irop prolongee. En resserrant le recit, en ne montrant que par intervalle cette folic douce et leveuse , il eut eveille bieii plus de sympalhie. Nous lui soumettons ces critiques , en le priant de n'y voir que de I'interet pour son talent, ct la certi- tude oii nous sommes qu'il ne pourrait que gagner a prendre une allure plus franche et plus ferme. 201. — rPiigin's got/lie ornaments. — Ornemens gothiques, recneillis pai- Pucin, sur plusieurs edifices d'Angletcrre et de France; lithographies par Hardikg. Londres, 1829; Colburn. In-4". L'idee de celte publication est heureuse. On aime a etudier Part dans ses caprices, alors que, docile a I'imagination de I'homme , il se plie a ses gouts, et prend I'accent de ses am- bilieuses esperanccs, ou de scs reveries religie\ises. L'archi- lecture gothique laissait carricrc an genie individuel ; il y avail Cja LIVIIES I'TR ANGERS. line pcnsce principals, niais anlour dc laquollc d'auties pen- sccs vcnaieiit sc j,n-oiiper. Lc .simple ouvrier avail sa part ilans i'reuvrc, coinnie ctlui qui en avait conru le plan, anclr le (Icssiu. L'unite de rcnscmhlc ne bannissait pas la vaiiele des details; chaqne iliapilcau de colonne elait orne selon la fan- t.Tisic de I'artiste , et on ne se lassait pas de voir tons ces es- prils divers iiillcr de verve et d'originalile. Anjourd'hiii on ne demandc a I'arfliitectnre qn'un premier aspect, une seule sensation. Y a-t-on gagne plus de grandeur, et I'tniotion en est-elle plus profonde? Je ne lc croispas. Dans une eglisc gothique, toulconcourait an nieme but, mais avcc des accens divers. Ces vilraux peints, ces figures bi/.arros de diables, de saints on d'anges, ces voutes bleues en ogives, se- niees d'etoiles d'or, ces statues si naives dc pose el d'cxpres- sion, celte bonne ibid'une croyancc, ctroile si Ton veut, mais eiiticre, etail bien autrement touchanle el poetique , que les grandes arcades, les hautes Icnetres et les tableaux demi-plu- losophiques, demi-chrcliens, qui remplissent aujourd hui nos temples grecs ou romains. Les choix de M. Pugin ne sont pas toujours hcureux; ce- pendant, il I'aut lui savoir gre du zele et de ractivite avcc les- qucls il poursuit sa taclie. Maispourquoi souffre-t-il, parexem- ple, que les lithographies anuoncees comme de M. Harding, soient, pour la plupart, de ses el^ves ? II y a la, ce me semble, un manque de loyaute envers le public , qui, sur la foi d'un nom connu, accepte de mcdiocres ouvrages. L. Sw.-Belloc. RUSSIE. 202. — Drernostl scvernago berega Punta, etc. — Antiqui- tes du littoral septentrional du Pont; par P. de Koeppen, meuibre de la Societe d'histoire et d'archeologie russes; ou- vrage Iraduil de I'allemand, par M. Kamaschef. Moscou, 1828. Cet ouvrage de M. de Koeppen, (jui vient d'etre traduit en russe, et donl roriginaialleniand a paru en iSuS, a Vienne, sous le litre de : AUertltumer von clem Nordqestade des Poiitas, n'cst que la eritique de celui que SI. Raoul-Rochelte a public a Paris, en 1 822, el qui a pour litre : Anilqaiies grecques du Bos- phorc cimmcrien. IM. Kamaschei" y a joint la traduction d'un autre opuscule du nienie aulcur, Sniprime egakMucnt a Vien- ne, en iSaj, el intitule : OUnschcs Psephisma za Eliren des Protogenes. 2o3. — Opissnnic t/irvnikli mcdalci Olvii, etc. — Choix des RUSSIE. 673 incilaillcsanliq^ues d'OlbiopoIis 011 Olbia, avec fig. ; par 31. de Blaremberg. Moscou, 1828. ftl. (le Blareniberg ayant fait don a la Socicte d'histoire et d'archcologie russes, dual il est mcmhre, des planclies qui avaieiit servi a la pul)lication de son ouvrage , en Irancais, cette societe a fait traduire son Memoire en russe, et I'a public a ses frais, avec une preface de I'autcur. Outre que cet ou- vrage jette un grand jour sur I'ancienne numismatique de la Russie , il acqiiiert un nouvcan degre d'interet en cc qu'il renferme plusieurs opinions que 31. de Koeppen, dont les travaux sont justement estimes de tons ceux qui les connais- sent, a combaltues dans la notire qu'il a publioe a Vienne, en 1823, et que la meme societe a fait traduire el joindrc a la publication de I'ouvrage que nous venons d'annoncer ci-dcs- sus, et dont elle a egalenient failles frais. 204. — * Siikliotrorcniya Ivana Kozlova, etc. — Poesies de Jean KozhOF. Saint-Petersbourg, 1828; Smirdine. Nos lecteurs ont deja fait connaissance avec ce poete aveu- gle, dont nous avons annonce deux poemes : le Moinc ( voy. Rev. Eiic, Tom. xxx, p. 7i5) et /a princesse Dolgorouki (Tom. XXXVIII, p. 127). Ses autres poesies etaient rcstees jusqu'ici dispersees dans plusieurs recueils, dont elles n'etaient pas un des inoindres ornemens; on les a reunies I'annee der- niere en un volume, qui trouvera d'autant plus d'amateur, qu'an merite de la poesie, elles joignent I'avantage d'exciter vivement la curiosite par la position nialheureuse de lenr auteur. La muse de 31. Kozlof est celle de la douleur, mais de cette douleur calme et resignee dont les accens penetrent doucement le coeur sans le decbirer; elle scnd)le meme avoir recu un nouveau cbarme de rinfirmite du poete, auquel ses souvenirs et son imagination ne representent plus les beautes de la nature qu'a Iravers un voile qui donne a sa perception une delicatesse dont ne serait point susceptible le sens vul- gaire de la vue, sans ce recueillement iniimc que ricn ne vient distraire chez Ini. Ce volume nc se compose pas seulement de poesies origi- nales; I'auteur a qutlquefois suivi les traces de quelques poetes etrangers , tels que Byron , Walter-Scott , Th. 31oore et Chateaubriand , le plus poetique de tons les prosateurs mo- dernes; nous citerons, parini les pieces ou se remarquent plus particulierement les emprunts qu'il a pa faire, un frag- ment de Lara, une piece intitulce : La cimte de Rome et la propagnlion da clirislianismc, et des sta7ues adrcssc'cs a la prin- cesse Znv'idc Volkonfky, dans lesquellcs il a chcrclie a pcindre ()74 I.IVRES ETRANGEIIS. I'inipression qii'a prodiiilc rn liii le cliiiiit do cede Corimie liii No I'd. M. Kozlof, dit Ic journal iUKiiicI nous cmpniiilons lo jiij;c- luent qn'uii viciU de lire siir scs poesies (i), se j)ropost' do jtnblier iiiccssauinicnt line traduction d«;s Stmitits d' Adam Micliicrvicz , dont nos Iccteurs se rappellciit pcnt-elre que; nous lour avons fait counaiire une edition pui)liee a Moscou, en 182O ( \ oy. Rev. Enc.^ lorn, \xxvn , p. 71 1 ). Eilme Hereau. DAN EM ARK. 2o5. — * Ovidcn indbyrdcs Uiu'erriisning.s fuesen og Vcvril. — De I'espril ct des avantagcs de renseignement muluel, par M. le prevot IMonster et M. le chevalier u'Abrahamson. Co- penhague, i8'ii, 1822, 1828. 5 vol. in-S" de lviii et C5o, xxu el 452. XII et 709 pages; avec tableaux lilhograpliies. M. d'Abialianison est le veritable fondateur de reuseigrie- nient mutucl en Daneniark. U s'est devoue tout entier a cetle lache honorable et cousacre, depuisde longues annees, a son acconiplissenient, toutcs ses pensees, tons ses soins, touteson ambition. C'est a lui que sa patrie devra cet inestimable bien- fait, qui lui meritera aussi la reconnaissance des hommes eclaires des nations etrangeres; car la famille humainc est comme un corps immense dont on ne pent gui'-rir quelque membre sans (|ue les auti'es parties n'en eprouvent d'heureux efl'ets. Son entreprise rencontia bien des obstacles; le clerge s'y opposa d'abord avec vigueur, et repoussait nieme les essais qu'il voulail faire.dc la methode. Un homnie instruil et plein de zele pour le bien pid)lic coniprit mienx ses vnes, et, quoique I'un des cliefs du clerge, le seconda de tout son pouvoir : c'etait M. Monster, evequedu bailliage de Soro, en Islande, le menie qui s'est adjoint a M. d'Abraliamson pour la redaction de I'ouvrage que nous annoncons. II (It (aire, dans son diocese, des experiences rcpelees qui eurcnt la pins heureuse influence sur I'esprit public et meme sur I'opinion des inem])res du clerge, presque tous devenus depuis lors propagatcurs ardens de I'innovation. An milieu des debats qui eurent lieu en cette occasion, le gouvernement suivit une marche pleine de sagesse et de raison. M. d'Abrahamson (1) Lc llullelin flu iSonI, f'cvr. 1S29, |). aaS-zaj. Le inOiiic jmiiiial a di)ime, dans son raiiier de mars siiivnnt, la Iradiiclion en jikvsc dii pic- iiiicr pouiuc public- par raulear sous lc litre du Muiiu. DANEMARR. 6;5 avail rondc, en 1819, une ecole-modele d'enseignomciU mu- Inel; le roi l'encoiirag;ea de tout soiipouvoir, la visilapliisieurs t'ois en personne, prit des niesurcs pour ropandre la counais- sance des procedes qui y etaient employes, et pour engager soit les partieuliers, soit los villes et les villages, a en etablir de pareilles. 11 ordonna (3 septembrc 18-22) Fiiitioduction immediate de la melhode dans les seminaires normaux qui dependent du gouvernembnt et sont entretenus par lui; plus tard, il decida que nul pretre ne serait promu a une cure, s'il ne prouvait, d'apres un examen, qu'il connait parfaite- ment les methodes nouvelles. Tons ces soins ne fureut pas perdns, et bientot s'eleverent, sur tous les points du royaume, un grand nombre d'ecoles, qui rerurent a leur tour des en- couragemens pecuniaires. Le roi fit present de tous les ob- jets, tableaux, livres, livrets, cartes, necessaires a I'enseigne- ment, en iSaS et 1824, i 364ecoles; en 1826, a 5oo; en 1826, a gi ecoles. II fonda menie ime rente de 4»ooo ecus (12,000 t'r. ), qui est versee annuellement dans les caisses •'tablies au cbet'-lieu de chaque prevote pour la reparation du mobilier, Tachat des ardoises, crayons, etc. : chaque ecole paie tous les ans pour le meme objet, 6 fr. , au moyen de quoi elle est approvisiounce de tout ce qui lui est neces- saire pendant I'annee. Du restc, le gouvernement ne tenta pas de vaincre directement les resistances : les commissions d'enseignemcni de chaque prevute furent laissees eiitierement libres d'admettre on de rejeter Ics nouvelles motliodes : seu- lement une ordonnance prcscrivit, dans le cas de I'adoption, de se conibrmer en tout aux regies posees dans le rapport redige par une commission que le roi avait nommee a cet effet. Cette liberte, bien loinde nuire aux progrcs de I'enseigne- ment mutuel, n'a fait que les accelerer. On en pourra juger par ce tableau. II etait employe : Au commencement de i8ipdans A la fin de 1819 — — de 1820 — — de 1821 — — de 1822 — — de 1823 — — de 1824 — — de 1825 — — de 1826 — — de 182 J — _ ,!(. ,828 — I ecole, id. I 1 id. i5 id. 35 id. 244 id. 6o5 id. 1,143 id. 1,545 id. 2,oo3 id. 2,302 id. 676 LiVRES i!:trangers. On avail, a cettc dcrnic re t-poquc, commence rorgaiiisalioii (le 3'|4 auties ecolcs, qu'oii a respuir de voii' en uclivile avaiil la fin (le Tannec conranle : le nomine total des ecoles d'en- seignement mutnel sc tronvera alors de 2,646, c'esl-;i-dire, pies des deux tiers dii nombre do toules les ecoles du royaume. Nons tirons en grandc partic ccs renseignemcns de Fon- vragc de iMM. Monster ct d'Abrahamson. II en conlient beanconp d'antres encore que nous vondiions, a cause de leur importance, mcttre sons les yeux de nos lecleurs. L'espace qui nous est accorde ne Ic permettant pas, nous nous eflbrcerons de les resumer de maniere a en donncr une idee a pen pres exacte. Le premier volume rcnferme I'hisloirc de renscignemcnl mutuel dans les cinq parlies du monde, le Danemark exceple, depuis 1789 jus(|u'a 1820. 11 en resulte, qu'a cetle derniere epoque, il exislait : En Europe. . . 5, 600 ecoles d'enseig™*. mutnel, qui avaient forme i,65o,oooelev. En Asie .... 1,000 — — 200,000 id. En Afrique. . . 5o ■ — — 20,000 id. En Amcrique. . 4oo — — 1 25, 000 id. Dans rOceanie. 10 — — 5, 000 id. Total . . 7,o6oecoI.,ayant formeenv. 2,000,000 elev. Le second volinne conlient I'histoire de I'enscignement mutuel en Danemark. C'est la que M. d'Abraliamson expose comment il prcpara I'execulion de son projet, quels obstacles s'y opposerent d'abord ; qu'il rappelle comment il sut , sinon les vaincrc tons, du moins les eludcr en grande partie; quels secours il recut du gouvernement ; qu'il analyse le rapport de la commission nommee par le roi, el composee du minis- Ire du culle et de I'inslruclion publique, du conseiller d'Etat Lassen, du chevalier iX'Abrahamson, et de trois ecclesiasli- ques : les eveqnes Miinicr et Bvisen et le prevot Monster. On trouve dans I'introduction qui precede ce voliune une curieuse notice sur un fait a pen pres ignore jusqn'a c(! jour. En 1748, nn eveque danois, E. Pontoppidan, fit I'essai d'un cnseignement qui a une grande ressemblance avec les nou- velles methodes , principalement en ce qui concerne la soiis an texte. Tons les traites que M. Schreiber a pu- ALLEMAGNE. 085 blics jiisqirace jour, et ils sont iionihreux, joignenllemeriledc la iiouveaiile et de I'origiiialite dans les idees a celui de Turudi- tion. Dans son nouvel ouvrage, nous n'avonspas reniarque de difference essentielleentreses opinions etcellesdeM. Schwcig- hseuser sur I'etat de I'eglise an iv' sicrie, puis sons les Mero- vingiens, qnand Clovis, apres sa vittoire de Tolbiac, cnt fait elever la premiere cathedrale. Les travaux attribues a Pepin et a Charlemagne sont peut-etreannonces d'une manierc Irop posilivc dans I'ouvrage de M. Schreibcr; car on n'a sur ce sujct que des assertions un pen hasardees. On ponrrait meme conclnre du poeme iVEnnoldus Nigellus (qn'il cite cepen- daul), que rien n'avait ete change depuis 755, annee pendant laquelle saint Boniface visita cette eglise a I'instant de sa mort, et par voie d'apparition. Apres plusieurs devastations, I'eglise fnt frappee de la foudre et consumee en 1007 , et il y eut en- core quatrc incendics pendant le xii' siecle. A prendre les ex- pressions des chroniques a la lettre, les flammes auraient tout devore ; d'un autre cote, il y a des gens dont la manic vent, a toute force, que le choeur et les ailes, dans leur etat actucl, remontent a Charlemagne, ct la nef a I'eveque Womer, qui recommenna I'edifice apres revencment desastreux de 1007. M. Schreiber n'esl pas de ce nonibre, et s'en tient a Erwin et a Jean de Steinbach ; il cherche a ressaisir, d'apres les plans qu'il a Yus, quelles etaient les conceptions d'Erwinsurrensemble. De K'l, M. Schreiber passe a I'examen des travaux de Hiitz, qui aurait termine la tour en i^'Sg, ct de Dotzinger,auquel on doit le baptistaire. Vient ensuite la nomenclature des architectes et la serie des evenemens qui rendaient leurs secours neces- saires; mais unc chose digne d'etre retenue, c'est la motion qui fut faite pend;int la revolution par un individu qui vou- lait dcmolir la cathedrale, attendu que son elevation blessait I'tgalite. Nous ne pouvons entrer dans les details architectoni-, ques que suivait cette narration ; mais nous reoommanderons a nos lecteurs un catalogue d'artistes alsaciens qui est du savant M. SiROBEL de Strasbourg. 21 3. — f^uct pittoresques des rlidteaux de I' A llemagne , — Le grand-daclie de Baden; d'apres les dcssins originaux dc Maxi- niilien de Risg ; troisieme cahier. Francfort; Leipzig. In-folio. II a deja paru deux cahicrs de cette belle collection de litho- graphies ; ce!ni-ci ne pent qu'ajouter a I'estime que deja lui accordc le public, MM. Uiclichois et Sahattier I'ont enri- chie de deux planches qui reprisenlent Hausach ct Oslcn- berg : ils nous out donne aussi inie vue de Schillacli, petite f)8() LivRES Strangers. ville qii'ou aperfoit au pied de sou vienx chateau , tandis qu'a I'opposite ct t\ la base do inonlagnes pins elancees se niontie ranli(|iiedonjoiuk' Scheiikenzelle. L'liistoirecslmoin.sriche ici que le crayonderarlisto : aussi le Icxte n'a pu inanqiier de se resscntii- de la niaigjeur des tails. II n'en est pas ainsi de I'ar- licle Geroldseck. Leciiatcau de oe noai, que 1\1. Vnnderbursch a dessine avec beau( oup de talent, rappelle une i'aniille dont la dcstinec se lie surtout anx annales de I'Alsacc, et dont les possessions s'etendaient au loin sur les deux rives du Rliin et jusqu'en Suisse. Si nous ahaudonnons la srrupuleuse sechc- jessc des titi'es pour u'iuteiroger sur son origine que la com- plaisante tradition, nous saurons qu'un Marsilius, due de Souahe, suivit Pepin dans sa guerre contre Astolphe , et que la lille du comte de Baviere lui ayant donne un fds , il I'ap- pcla GeroULseck, en traduisant, on ne sail comment, ni a quelle oc( asion le nom d'une des rues de Rome. Quoi qu'il en soit, il dcvintcher a Charlemagne, et son nom fut celehre par la mort de"NVilikind, qu'il tuadesa main, quatreans apresquece prince se ffil sonmis a I'empire. Apres cette tradition il y en a une autre qui fournirait un assez bon sujet de melodrame. Les Geroldseck etaient suzerains du chateau de Lutzeihart : le chevalier qui I'habitait executa un jour la temeraire entre- prise de t'aire enfermer son seigneur; il le saisit a la chasse ; on lui banda les yeux , on le fit vojager plusieurs jours et plu- sieurs nuits, sans qu'il s'eloignat, el apres I'avoir ainsi trompe, on I'ent'erma dans un cachot du chateau de Lutzeihart, voisin du sien , oii il passa deux ans; enfin il decouvrit la I'raude, se menagca des intelligences, s'evada , et' revint avec sa troupe raser le fort de sou deloyal chevalier. Voila pour les tradi- tions; quant a I'histoire , elie trouvcra dans cette livraison d'intercssans details sur Wallher de Geroldseck, qui fut eve- que de Strasbourg, sur ses ambitieuxdemelesavec lescitoyens de cette ville qu'il avait excommunies en haine de ce qu'iis ne le secondaient point dans une guerre injuste ; surRodoiphe de Habsbourg, qui combattit si long-lems en Alsace avant d'etre empereur. Enfin, la bataille de Hausbergen , a laquelle ce heros n'assista point, mais qui fit tant d'honneur aux bour- geois de Strasbourg, est racontee avec chaleur; les details en sont nombreux , circonstancies , comme s'il s'agissail de quel- que fait moderne. Nous avons dit deja, que le texte original est allemand , et qu'il est du a iM. Jung , bibliothecaire fort sa- vant. Les descriptions prcsentent aussi beaucoup d'attrait. Ph. I>E GotBEHY. SlISSE. 087 SUISSE. 214. • — Catalogue de la bibliothique cnnlonale : troisieme supplement, recline par C. Monnard, prolesseiir de litterature francaise a rAcademic dc Lausanne. Lausanne, 1829. 2 vol. in-8° de lxxv et 822 pages, oulre une table des auleurs, for- ma nt 92 pages. Ce catalogue offre un interet que Ton ne trouve pas ordi- nairementdaus des livres semblables; d'abord, il fait connaitre les developpeznensque lai)iblioth(que cantonale de Lausanne a rccus depuis quelqucs annees; de plus, il a ete redige par M. le professeur Monnard. L'ouvrage comprend quatre par- ties distinctes; nous les indiquerons en suivant un ordre un pen different de ceUii qu'elles occupent dans la publication elle-meme. 1°. Le Troisieme supplement au catalogue de la bi- bliotbeque cantonale. Pour rodiger ce supplement, M. Mon- nard a du rassembler les titres de tons les livres acquis de- puis dix-sept ans, et les collationner avec les catalogues manuscrits, quelquefois pour leur assigner une place nou- velle^ souvent pour les completer. Assurement, c'est un tra- vail de devoument et de patience. - — 2°. Le Catalogue d'une bibliothique vaudoise, c'est-a-dire, d'une collection d'ouvrages composes par les auteurs vaudois, et qu'il a ete possible d'ob- tenir par acbat ou par don. — 5°. Le Catalogue d' une bibliotheque Suisse, composee d'ecrits qui out pour objet la Suisse sous un rapport quelconque, histoire proprement dite, jurisprudence, histoire naturelle, statistique, geograpbie, education, idio- mes, etc. On doit a M. .Monuard la creation de ces deux der- niers etablissemens si eminemment nationaux; le plan et les prirtcipaux soins de I'execution lui en appartiennent. Scs connaissances dans la litterature helvetique, ses relations lit- teraires avec les cantons allemands, lui ont fait decouvrir et conuiie attirer a Lausanne une foule de livres, de brochures ou de documens manuscrits, la plupart precieux ou utiles, aucun pent - etre superflu dans une collection. — Mais c'est asscz parler du bibliotbecaire infatigable; il nous tarde de nous occuper de racadeniicieu litterateur. M. Mounard sc piesenle sous ce point de vuc dans la partie de sa publication dont il nous reste a rendre comptc. C'est une Preface etc ndue on Ton trouve essentiellcment I'histoire de la bibliotheque depuis son origine jusqu'i'i nos jours, ainsi <|ue I'indicaliou des personnes genercuses qui ont enrichi nos collections biblio- graphiques par quclque don reiuarquable. La lisle des dona- 688 LIVRES ^TllANGERS. teiirs renrernie une omission dont on appreciera le merite : I\I. iAIonuard liii-nieiiu' a droit d'y occupcr une place distin- giiec. La prt' face est tcnninec par dos vues siir les ameliora- tions (jne Ton doit dc'sirer encore a notre hiijliollieqiie. Mieux que personne iM. i\lonnard, eclaire par Thistoire de cet cta- blissement et par les services qu'ii lui a rendus, pouvait par- ler d'ameliorations; celles qu'il propose sont loin d'etre inexe- cutaldes. L'histoire de la bibliothique cantonale est un ouvragc en- tieremcnt neuf, et qui nierilerail d'etre public a part. L'idee nous (n parait extrememenl heurcuse et le plan fort inge- nieux; elle est divisee en six rubriques : i° les livres; a" le local; 5' les ressources peouniaires ; 4" Tadministration; 5° I'usage de la bil)liothc(]ue; G' les catalogues. L'historien a puise ses matt'riaux dans les sources oflUielles et dans Ies> manuscrits non muins dignes de confiance, quoique sans ca- ractere public. Les archives acadcmiques en particulier of- tVaient une mine de docuniens precieux qui n'avait pas en- core etc exploitee par une main aussi habile. L'ouvrage de M. I\lonnard pourra peut-Ctre rccevoir des ameliorations, car c'est un premier travail; mais, tel qu'il est, on ne saurait le lire sans un vif interet ; les fails y sont exposes avec la clarte , I'enchainement et les couleurs locales qui rendent l'histoire un tableau vivant de la realite. Due bi])liolho(pie nationale representeassez fidelement, soil par le nond)re et le genre des livres dont elle est coniposee, soit par son administration, I'etat de culture intellectuelle d'un peuple. Consideree sous ce point de vue, qui ne pou- vait echapper a I'esprit philosophiqiie de M. iMonnard, l'his- toire de notre i)ibliot]u'quc offre une suite de vicissitudes assez bien liee aiix diverses phases de notre existence politique et litleraire; elle fait entendre aussi des lecons dont la voix doit penetrei' dans les oreilles les mieux fermees ; et queique petite, quclque faible que puissc paraitre cette voix de l'his- toire d'une biljliothrque a cole des accens m3les et soiiorcs de riiisloire des pcup'es, elle prodame cependant aussi cette verile deja ancienne, mais malheureusement encor<' Irop souvent nonvelle, que c'est scuicmenl sous I'lnflucncc de la vraie IH)crte que toules les institutions humaincs, grandes et petites, recoiveni la force vitaie et les devcloppeiueus dont elles sont suscepliblcs. Nous nous resimions. Les deux volumes qui font I'objet de cet article ofl'rent un monument lilteraire d'un veritable inte- ret pour tons les Vaudois. L'ecrivain auquel nous en sommcs SUISSE. — ITALIE. 689 ledevables mcritc, par Ic travail long, penible, fastidieux et jiisqu'a present tout-a-lait gratuit auquel il s'est livre, la re- connaissance des homines qui, avec quelque elevation dans I'ame, savent respecter les sciences et les savans, et voir dans la culture intellectuelle des pelils peoples un honneur qui en protege la I'aiblesse et qui les defend dans les jours du danger. Andre Gindroz, prot'esseur. ( Extrait du Nouvelliste f^audois.) ITALIE. 21 5. — Saggio di filosofia ieorelica, etc. • — Essai de philoso- phie tlieorique, par Joseph Grones, profcsseur de niathemati- quespuresau lyceel. et U. de Venise. Venise, 1828 ; Alvisopoli. M. Grones vient prendre j)art au grand conil)at qui se livre aujourd'hui dans le vaste champ de I'intelligence, pour et contre tel ou tel systeme de philosophic; combat picin d'at- trait et d'intcret pour lout hommc pensant , mais qui malheu- reusemenl n'amenera letriomphe d'aucun parti, et nc procu- rera que des victoires imaginaires. Cette idee serait bieo ca- pable de decourager dans la recherche des verites metapliy- siques; car, nous enlendons par victoire une certitude et une conviction universeiles, et ce catholicisme philosophique est une chose qu'il n'est guere perinis d'esperer, et aujourd'hui nioins que jamais, quelle que soit la chaieur avec laquelleles chefs de parti soutiennent la qnerelle. Quoi qu'il en soit, M. Grones se presentcdan? I'arene avec des amies hien trem- pees et une vigueur pen commune ; il est destine a y briller beaucoup et long-tems. Son livre meriterait wntt analyse etendue : mais que dire, enquelques lij^nes, d'un livre de doc- trine on tout se tient et s'enchaine? On pourrait bien, il est vrai, trouver ca et la quelques fautes de raisonnement, quel- qiies deductions pen rigoureuses ; mais ce sont des objets qui doivent etre discutes, et, comme I'a dit J.J. Kousseau, pour discuter il faut des mots, de I'espace, et nous en avons peu. En donnant beaucoup d'eloges a I'oavrage de M. Grones, nous nouscontenterons done de faire connaitre la base de son systeme. Familiarise des long-tems avec les sciences exactes, I'auteur a applique leur langage precis et clair a la metaphy- sique. Le principe d'oi'i il est parti I'aide beaucoup aussi u se rendre iiitclligilde : sans nier les rapports du physique et du moral entie eiix, il aduiet les faits de conscience, et s'e- loigne egalement ainsi d'un spiritualisme sans limites et d'un matcrialismc brutal. Ce principe est, du restc, ccUii au- f);)0 L1VIU;S J^TUAiNGEUS quel la j)lii|);ul dcs hoiiimo? (xliiirus el iinpailiaux sc lalta- clicnt aujoiird'liui. Nous iie dovons pas passer sons silence nn endroit de son livre, on il louche a rimportante question qui a etc dernieremeut robjet d'nnc discussion iiicidenle dans le scin de I' Academic dcs sciences : nousengageons les lecteurs a donner unc allenlion parliculiere au chapitre oi\ M. Grones traite des corps impondeiahies et impondcres. 2 1 6. — * Prime lezioni di Maria Edgicw ortii, etc. — Premieres lecons, par Maria Edgeavorth; premiere traduction italicnne par Dlanclie Milesi Moion. Milan, 1829; Fontana. In-12. Nous voyons avec plaisir eel excellent ouvrage se repandrc et se populariser partout, car il pent faire beaucoup de bien, et ne pent pas avoir un succes superieur a son merite. Nous croyons qu'ildevra en grande parlie cc succes aux traduclcurs qu'il a trouvcs hors de la Grande-Bretagne. M°" Moion a par- railemeiU tompris sa tache, el I'a remplie d'une maniere irre- prochablc. Elle est mere elle-menie, elle a pu ctudier et con- naitre les cnCans, et cette circonstance lui a sans doute etc plus utile encore que le talent distingue dont elle avail deja donne des prcuves. En France, miss Edgeworth a Irouve un interpri'te auxquel nous avons paye avec empressement notre tribut d'eloges (voy. Rev. Enc, I. XLin, p. ijS). Nous nc pouvons point assurer que 31°"' Moion se soit placee a cote dc JVI"' Sw.-Belloc; mais quand elle serail restee un pen au-des- sons, ni elle, ni ses lecteurs n'auraient encore ase plaindre, et e'en serait assez pour nous I'aire souhaiter de lui voir entrc- prendrc la traduction des Petits induslricLs que nous devons aussi a M°"" Belloc. Un recueil italien , jiistement estimc, VAn- lologie de Florence, exprime le nienie voeu en cilanl, avec estime, la version de noire conipatriote. 217. — Bio^rafia degli scriitori Periigini. — Biographic des ecrivains de Perouse , et notices sur leius ouvrages, rassem- blees et publices par Gio. Bat'ista Vermiglioli. T. I ; I'^part. A.~ BAL. Perouse, 1828; F. Baduel. In-4''dexu et 1 70 pag. Beaucoup d'ouvrages avaient etc composes deja sur cette maticre ; on distingue parmi eux la Bibliotlieque des Ecrivains de I'Ombrie , par JacvbiiU; les Eloges dcs hovimcs itiusircs de Perouse, \inrJlcjis Cesare ; V Jtlicnce AuV. Oldoido ; VHis- toire des Pcroiisiiis devcnus audileurs de Rote , d Rome ; enlin , V Histoire des iivircrsites iialienries, et spccialemenl de runcversilc de Perouse du P. Bini; sans parler de plusieurs livres on ce sujet elail traite d'nnc maniere iucidente , tels que Vlfisloire de Perouse, de Crispolti , les ouvrages de VincioU , de Bel- fonti et de Mazzuchelli. Mais tous ces livres pechaient par ITALIE. — PAYS-BAS. 691 quelque endroit; los uns ctaieiit iiicomplets , d'uutios conle- naient de nombreuses ti reurs ; d'autres sont phitol des recueils de panegyiiques que des recherches historiques ct critiques. M. Vermiglioli a peiise qn'il poiivait faire iiiieux que ses de- vaiiciers^ tout en se servant de leurs travaux, et nous croyons qu'il ne s'est point trompe. La premiere partieque nousavons sous les yeux rent'eime plus de quatie-vingts notices , rcmar- quables par une giande erudition de faits, de dates et de bi- bliographie. Quant au style de Rl. Vermiglioli (chose peu importante dans une telle uiatiere), nous avons entendu quelques-uns de ses compatriotes, capables d'en bien juger, I'accuser d'affectation et d'incoi-reclion. 218. — Arcadia, etc. — L'Arcadie, far Jacgues Sannazzar. Bologne, 1829; Masi. In- 18. 219. — Lettere e rime, etc. — Lettres et poesies de Vin- cent Martelu. Bologne, 1829; Masi. In- 18. Ces deux pelits volumes sont les premiers d'une nouvelle collection de textes de langue qui en formera douze sembla- bles. Sanazzar n'est guere connu chez nmis que corame poete latin; en Italic, c'est un auteur classique pour la langue nationale. 'L'Arcadie avail etc sonvent reiniprimee au-dela des monts; mais presque toutes les editions modernes etaient si remplies d'erreurs, d'inexaclitudes et debevues de tout genre, qu'une nouvelle etait devenue indispensable. Celle-ci a ete i'aite sur celle de Comino, assez rare aujourd'hui , laquelle avait ete faite sur la premiere edition publiee par Summon- zio, qui avait travaille sur le manuscrit autographe. — Les ceuvres de Martelli presentent un triple iiiteret ; preniiere- ment, sous le rapport physiologique ; ensuite, comme ren- fermant des details qui appartiennent a I'histoire politique et a celle des moeurs ; enfm, parce qu'elles donnent de precieux renseignemens sur la vie de rauteur, qui, dans le cours d'une carriere active, ne fut pas etranger a beaucoiip de faits importans dont s'est empare I'histoire , et qui eut des relations avec plusieurs hommes celebres de son tenis. A. P. PAYS-BAS. 220. — Recherches de geomelrie pure sur les ligncs et les surfaces du second degre, coniprenant les principes des frans- lorniations polaires des coniques et des cones du second de- gre; les proprietes generales des surfaces de revolution du second degre; quelques proprietes generales des cones du se- coud degre, et une construction des directions des lignes do ().)j LIVUES ETK ANGERS. cuurlmic dos suilacos dii secoiul dcgrc ; par M. Cuasles. BruxcUes, 1839; Haycz. Iii-4" de 77 pages. aai. — Demonstration el develop pemcns des principes fonda- mcntau.r de la theorie des caastiqaes secondaires, par A. Qce- TELET. Bnixelles, iSriQ; Haycz, imprimeur de I'Academie royale. Iii-4° de 48 pages. Le premier de ces Meiiioires est lire dii cinquieme volume des ISourcaux Memoircs de CAcadhnie royale de Bruxcllex ; lc second a ete lu a la seance du 4 fevrier 1829. L'inepuisable siijet des lignes et des surlaces du second degre, si fecond en applications aux arts, a Iburni a M. Chasles un nombre pro- digieux de theorenies dcduits sans le seconrs de Tanalyse al- gebrique, et par des cousidZ-rations purement geomolri([nes. L'anleur s'est etendn particulierenient sur les surfaces de re- volution du second degre, dont il expose plusieurs {>roprieles remarquables, et il donne la solution de ce problenic : circons- crire d iin telraidre une sur face de revolution dont un foyer soit donne. Dans cette partie de ses rcchercbes, il a sonvent I'oc- casion de citer les Memoires de M. Poncelet sur la uiemc matiere. M. Quetelet commence par fairc connaitre quel est son but, en revenant sur la theorie des caustiques qu'ii a deja dcve- loppec dans un Memoire dont nous avons fait mention. «i>lon but est de simplifier et de completer, autant que possible, mcs premieres reclicrches. Dans les sciences, on prend rare- nient le plus court cliemin pour arriver a la verite, et sou- vent, apres bien des peines, on s'apercoit qu'on avait, pour ainsi dire, sous la main ce qu'on allait cbercher par de longs detours. Je m'etais contente de donner, dans mon premier travail, les enonces des principes que je prcnais potu' point de depart; j'en presente ici la demonstration qui est, a pen pres, telle que je me I'etais faite alors. Seulement les rccher- cbes des geomi'tres qui ont en cgard a la theorie que j'ai pro- posee m'ont permis de iui donner plus de gencralite. Cette theorie est assez simple, je crois, pour etre comprise par une premiere lecture, et sans I'aide de constructions. J'en ai dcduit avcc la meme faciiite plusieurs thooremes cu- ricux, et j'ai traduit les principes fondamentaux en analyse, afin d'eviter un travail preliminaire a ceux qui vondraient en faire des applications. J'ai crn utile de presenter quebines exemples partif-uiiers afin de faire ressortir les a vantages de cette theorie, et je me suis attache de preference aux causti- ques par reflexion et par refraction dans le cercle, ainsi qu'aux lignes aplanitiques qui jouissent de la propriele d'avoir deux PAYS-BAS. 693 foyers conjugiies tels, que les rayons enianes de I'un de ces foyers sont reflechis on refractcs vers In second » L'auteur ayant fait liii-nieine I'analyse dc son Memoire, lelle qu'elle convient a la lierue Encyclopcdiqne, nous som- mes dispenses d'y ricn ajouter. On voit que les sciences ma- iheniatiques, ou pures, ou appliquees, sont cultivees dans les Pays-Bas avec autant de succes que de soin. Les Memoires de i'AcadeiTiie de Bruxelles sont du nombre de ceux que les geometres s'empresseront de consulter. F. 322. — Le Tombeati, poeme en quatre chants, Iraduil de Feit/i, deuxieme edition, suivie de rEsperancedeserevolr, poemc en deux chants, traduit de Kruyff, et de quelques poesies de Feith; par ^«gi« doclrinc qn'ils out cmbras- see (que co soil colic de rirritalioii, colic dii coiitre-stimulismc on tonto aiilro) serail inipuissante a en rondre raison." Nous reconunandons la lecture de ce recucil a toutes Ics pcisonnes iiUcrcssees a suivrelcs progri's de la therapcutique. lllGOLLOT fils, D. M. 23o. — * Mccaniqiic (Ics solides, renfcrmant uuijrand nombre de (Icreloppemcns 7icufs et d' appUcalions usuellea et pratiques, a I'lisage des personnes les moiiis versee.s dans los mathemati- ques, dcs gens de lotties, des medccins ct de tons ceiix qui ne se sont pas livres d'une maniire speciaie k I'etude des sciences, par Neil Aiinott; traduite do I'anglais sur la Iroi- sionie edition, et augmentce de notes et d'additions matlie- matiques, par T. RicnARD. Paris, JH39; Anselin. In-8"de55o pages d'inipression, et 6 planches gravees; prix, 5 fr. 5o c. Ce livrc i'ait partie d'nn ouvrago portant le titre de Coiirs complet de philosopliie natarcUe, dont on se propose de pu- hlier la traduction entiere. Le volume que nous annoncons ne comprend que la mecanique des corps solides ; il sera suivi do la mecanique des fluides, de la physique et de I'as- ironomie. L'auteur s'applique d'abord a montrer comhien il importe de ne pas rester etranger aux phenomones de la nature, non-seulement parce qu'une noble curiosite nous at- tire vers cette elude, mais aussi afin de mettre a profit ces connaissances pour notre propre utilito. II est moins per- mis que jamais aux gens de lettrcs, aux legistes, aux me- decins, d'ignorcr des fails naturels dont chaque jour nous lirons parii pour satisfaire nos besoins, nos gofits et nos jouis- sances. Mais les sciences sont si vastes qu'il est possible tout au plus de les ofileurer toutes, et I'ouvrage que nous an- noncons est destine a passer en revue les phonomenes physiques, a les expliqucr, et a en indiquer I'usage on les effets, de maniere A se faire comprendre de toutes les clas- ses de lecleurs. Apres avoir parle des principes generaux des sciences naturclles, M. IS'eil Arnott s'occupe de la meca- nique, qui fait le sujet principal du volume dont M. Kichard presente la traduction. L'auteur s'atlache a exprimer les theo- romes sans le secours des mathematiques ni du calcul ; il passe en revue toutes les parties de la statique ct de la dyna- niique, savoir les machines, les forces, I'attraclion, le pen- dule, la gravite, le frotti^ment, les resistances, etc., et mon- tre comment on pent prcvoir les effets d'un systome de corps agissant les uus snr les autres. II tcrmiue par appliquer la iheorie a la mecanique animale. On connait les pretentions SCIENCES PFIYSIQUES. 701 •lo M. Neil Arnott, ct rupposition tic sa doctrine a cello cle. JM. Bell. Le pul)lic tVancais peut mainteirjiit prciulic coii- naissaiice des pieces du proces et en porter nn jugemcnt cclaire. En geiieial, cet ouvrage est clairenient ecrit, bieii Iraduit, et donne une idee juste de I'etat dc la science. Un grand nondjre d'applications utiles a notre industrie, une Ibule d'exemples venant eclairer les propositions, et une grande variete de connaissances donnent a ce traite un inte- ret qui nous fait croire que cet ouvrage aura en France le nienie succes qu'en Angleterre. Le traducteur n'est pas restc au-dessous de son entreprise ; des notes judicieuses et des formules qui rendent facile I'application des thcoremes ajou- tent au mcrite de cette publication. Fbancoeur. 201. - — Notice siir I' usage des cliambres obscures et des cliam- bres claires, contenant la description et I'emploi des meilleurs appareils de ce genre, des niodilications dont ils out etc I'ob- jet, ainsi tpie les jlenioires publics a ce sujet par le docteur W ollaston ct le professeur Aniici : documens utiles d toutes les personncs qui s'occupent da dessin d'aprcs nature, lecueillis et publics par C. Chevalier. Paris, 1829; Vincent etC. Cheva- lier, opticiens, quai de I'Horloge, n'Gg. In-8°de 96 pages, avec 4 planches ; prix, 5 fr. Les dessinaleurs ont plus d'une sortc d'obligation a MM. Chevalier. Non-seulement ceux-ci lem* donnent la des- cription, ct leur enseigneut I'usage des instrumens qu'ils fa- briquent pour eux; mais ces instrumens ont ete pcrfectionnes d'aprcsleursrecherchesetleursobservatiuns. Pour la chambre obscure, un prisnie mcnisque a ete sul)slitue aux lentilles or - dinaires dont on se servait autrefois, et aux lentilles inenis- ques du docteur "Wollaston ; ce qui procure les avantages suivans , dit le rapportevir de la Socictc d' encouragement : « i°L'image des objets est plus vive et plus nette que dans la chambre obscure, oii Ton se sert du systeme de la lentille et du nurt)ir; 2° on evite, par la refraction sur la facedu prisme, i'inconvenicnt de la double reflexion sur les faces paralleles d'un miroir plan qui a une certaine epaisseur; 3" un piisme est preferable, pour la duree, au miroir, dont I'ctamage peut se deteriorcr par I'humidite, ou par d'autres causes acciden- telles assez frequontes; 4° I'artiste ou I'amateur peut Iravail- ler long-tems et commodemenl sous le rideau de la chambre obscure a prisme, parce que Pair y circule facilement; 5° le prisme convexe sansmonlure, qui ne se vend que aS francs, produit rcCfct d'une lentille avec son miroir, qui couterait le 702 LIVRKS FRANCAIS. triple, i\ cause ilc la {;;iaii(lc diiruulto de lairc dc bons miroirs plans, nir-mc d'liuc petite diniensi(iii. » Les }>errecti(MUienK'ri,s apportes a la chambre claire [raiiin-a /«c((/rt), par MM. Chevalier, apr^s Ic docteur fVollaslon et Ic piol'esseur Atnicl, out eii principalenient en vne d'eviler la iniilliplicite des redexions ct des refractions qni affaiblissent la lumierc, et de rediiire I'appareil a la pins simple construc- tion. Nous regretlons de nc pouvoir eadonner une idee sans le seconrs du dessin ; les habiles opticiens out efl'ectivenient reussi A rendre cet instrument aussi commotle que les dessi- nateurs pouvaient le desircr. Espei'ons (pio soti emploi nous procui'Ci'a des dessins de paysage o\\ la perspective soit nioins aiteree, les ombres plus exactes, la nature mieux observee, et, par consequent, mieux imitee. 232. — Art du maron , par M. E. Martin, professcur de sciences physiques. Paris, iH^y; Audot. In- 18 de 1 ^4 P'lgcs, avec une planche ; prix, 1 fr. 253. — Art de preparer la chaiix ^ lepldtre, et de fabi'iquer les hriques et les carreaux^ par M. E. Martin. Paris, 1829; Audot. In-18 de io5 pages; prix, 1 t"r. Ces deux petits ouvrages i'ont partie de VEncyclophlie popu- laire publiee par M. Audot, biblioiheque portative que I'edi- teur a soindetenirau niveau des connaissances actuelles. Mais ([uelques arts font des progres si rapides que Ton nc pent les suivre dans les traites dont la composition exige une cer- taine lenteur, de frequentes revisions, un choix scrupuleux dc preceptes eprouves, le soin de ne rien dire (|ui ne soit parfai- tement exact, dair, utile : tels doivent etre les ouvrages desti- nes a Tinstruction populaire. M. Martin n'a pu faire usage des cxcellens Memoires publics depuis pen sur les mortiers; lors- <|a'il donnera une nuuvellc edition de VArt de preparer la cliaux et dc VArt du macoii, il fera sans doute de nombrcusos additions a ce qu'il a dit des chaux hydrauliques, et il pourra le faire sans grossir le volume, en retrancliant les pages consa- crees i d'insufTisautes notions geomelriqucs. A raveuir, les ouvriers attacheront un sens juste et precis a ce mot saroir ; ils voudront comprendre ce qu'on leur euscigne, et se rendre compte a eux-incmes de la maniere dont ils out conq)ris ; il leur faut done des livres de raisonnement siu' ics maticics qui peuvent etre raisonnees. A I'exception ^e cet infructueux paragraphe oi'i I'auteur essaie vainemetit de donncr aux ma- cons ce (jue Ton nomme vulgairement une tcinture (l(^ geome- tric, tout le resle de ces deux petits livres convient bicn u SCIENCES PHYSIQUES. 700 I'lisagc que Ton en I'eia ; la languc des sciences y est parlee sans aflectation, et M. Martin aura contribue, pour sa part, ;'i rcpandre cctte langue dans les ateliers, a la place des prc- tendus lerrnes techniques, jargon bizarre et tres-propre a con- server beaucoup d'erreurs. 234' — *Art du menuisicr en bdtimcns et en meuhles, snivi de VArt de I'ebmiste : Ouvrage contenant des elemens de geo- metric descriptive appliquee an trait du menuisier, de nom- breiix niodt'les d'escaliers, I'expose de tout ce qui a ete recenimeut invente pour rendre I'outillageparfait; des notions fort etendues sur les bois, sur la maniere de les colorer, de les polir, de les vernir, et snr le TjAacagn.Troisieme edition, en- tierement refondue etconsiderablementauginentee , par M. A. Paalin Desormeaux, auteur de VArtdu toarneuv. Paris, 1829; Audot. In-6 (double format iu-12), avec un volume de 72 plancbcs, menie format; prix, 18 fr. Cet ouvrage de iM. Desormeaux est I'un des plus conside- rables que Ton ait publics depuis long-tems sur un seul art. Nous aurions desire lui consa( rer un bon nombrc de pages, eutrer dans plusietu's details que nos lecteurs auraicnt appris avec iutcret, si I'art du menuisier ne leur est connu que par ses prodiiils : nous aurions louc so\ivcnt I'ouvrage; nous aurions faitaussi des observations critiques ; car il est toujours facile de signaler quelque negligence, quelque imperfection dans un ouvrage de plusieurs centaines de pages ; et ces tachcs legeres que le critique y dccouvre, il ne doit point les voiler, ni les taire. iMais, en essayant une analyse delaillce de ce livre, la prodigieuse multitude des objets s'est mootree sur-le-champ connne un obstacle insurmontable. Chacune des quatre par- ties qui composent ce traite eCit exige de longs developpe- mens; il en eut fallu sur les outils du menuisier et sur la ma- niere de s'en servir, sur les bois dont I'art fait usage ; et on n'aurait pu se dispenser d'exprimer, a cette occasion, le regret que la nomenclature de ces bois soit encore incomplete, et que loutcs ces ressources que I'art pent trouver dans nos forets ne soient pas mieux connues. L'art dc colorer les bois, de les vernir, etc., eut demande plusieurs pages; et tout cela ne compose que la premiere parlie de I'ouvrage. En entrant dans la seconde , I'espace a parcourir se prrsente avec toute son etendue, son immensite : il fautdonner an menuisier des no- lions d'architecture, lui enseigner la geometric descriptive, I'art du trait, etc. ; traiter des moulures, des profils et de leurs traces, etc. lei, des observations graves se presentcraient en- core : on demanderait que le menuisicr apprit dans un traite 7o4 LIVRKS FRANCAIS. special, et noii dans uu soul chapitrc d'liu livre siir sou art, I;i goonu'trie descriptivo ct ses applications. On scrail pcul-f-lie nu pcu plus court siu' la Iroisiemc partic, on raulcur a Iraitc do la uienuiserio ou hatiaiens, de cclle (|ui n'csl pas ni()i)ilo, c'ost- a-dii'o loslainl)ris , parijuets, escalicis, chaircsa prociiti', etc. , ot des noniljioux objots do inenuisorio mobile. Couitne Ics tie- tails techui(|ues aljoudeul , on li(»uvorait peu de place pour los observations gcncralos, el puurtant il y en auiait encore. lUais la qualrienie partie , qui tiaitc des nieubles el de Tebe- nisterio, so troiiverait sui-cliarj^co d'aulant plus ()ue la prece- deute aurail ele allegee, et les pages so seraient nudlipliees bien au-dcl.'i des liniiles (pie nousdevons nous prescrire. Nous nous bornerous done A ([uebpies rouiarciues sur cot ouvragc on particulier, et sur I'arl du uieuuisier en general, sur scs prt)codes, ses ressources, ct enfin sur les ecrits dont ilpeut etre le sujet. lAl. Desormeaux a ecrit pour les ateliers, quoique son livre puisse etre In par des gens du mondc et par de simples ama- teurs; il euipluie ;i propos la langue technique telle qu'ello est, evitant cependaut les bizarreries ot les iuconvenances (pi'ou peut Ini roprocher. Dans tons les tems, en aura besuiu tl'ou- vrages teis (jue celui-ci, et I'industrie les recherchera. Mais, si I'ou considore Tart du uieuuisier en lui-meme, en gcnera- lisaut SOS altril/utions autaiil que Ton pourrait et devrait le iaire, on applaudira au choix que J. -J. Rousseau a fait do coltc profession pour son oleve, et Ton desirera que Ton compose quelque jour un traite de I'art de la menuiserie , tel qu'il Ic faudrait pour uu Einile. On u'y moltrait ricn de ce qu'nn lecteur tel qu'on le supposerait aurail appris dans d'autros livres; la langue des sciences y corrigerait cello des ateliers; la physiijue , la chiniie et la physiologic vegetale eclaircraient et dirigcraient ceilaius procedos, et revcleraieut do nouvellos lossources. Des ouvrages tels que celui-la seront les fruits do riieureuse union que les arts commeucenl a coutracler avec les sciences, ot qui, de jour en jour, dcviondra plus intime et plus fecoudo. Feruy. 235. — Manuel da fleuriste arlificiet, ou VArt (I'iniHev d'a- pres nature loule cspecc de jleur.t, en papier, batiste, mousse- line et autrcs etoffes de colon; en gaze, taffetas, satin, velours; de fairo des flours en or, argent, chenille, plumes, paille, ba- leine, cire, coquillages; les aulres flours de fanlaisie, les fruits arliiiciels, ot contoiiant tout co ([ui est relatifau coimuerco des fleiirs; suivi de V Art da pliiinassier; par M""' CEL^fAR•r. Pa- ris, 1829; Uorol. In- 18 do i!/|1. Charle, quis'attache a mcltrc bcaucovip d'cxac- titiule dans ses travaux, a consulte, pour les cures et succur- salcs et aulres ctablissemens religieux, V A Imanacli da Clergc, el pour la circonscription des cantons et la verification dcs com- munes qui Ics composcnt, le Bidlrtin des Lois. Les bureaux d(' poste aux lettres et les relais de poste aux chevaux y sont designes par des signes particidiers ; les routes et les canaux avec pouts et ecluses y sont traces; Ics chaines de montagnes et les bassins de la France y soul indiques d'luie maniere pre- cise et generate. L'auteur a revu avec la plus scrupuleuse attention rorthographc des noms, afm de la mettre en par- faite concordance avec le dictionnaire des posies. Unelegende, placee a la gauche de chaipic planche, donne tons les rensei- gnemens slatisliques ct adminislralifs que I'on peul desircr. Ids que la population, la distance, la superficic dcs dcpar- Icmens, dioceses, etc. SCIENCES PHYSIQUES.— SCIENCES MORALES. 707 La carte generale de la France, qui sera placec en tetc dc cet atlas et qui en formera le tableau d'asseniblage, indiquera, en outre, Ics circonscriptions des art'he\eches. Vingt dioceses ont paru : ce sent ceux de Reims, Tours, Sens, Toulouse, Versailles, Ljon, Bordeaux, Rouen, Paris, Meaux, Dijon, Aix , Marseille, Strasljourg, Cahors, Avi- {;nou, Angers, Metz, Orleans, Bourges el le Puy; ils for- ment, dans le meiiie ordre, les departeniens de la Marne et des Ardennes, d'Indre et Loire, de I'Vonne, de la Haute- Garonne, de Seine-et-Oise, du Rhone et de la Loire, de la Gironde, de la Seine-inferieure , de la Seine, de Seine-et- Marne, de la Cote d'Or, des Bouches-du-Rhone, du Haul et Bas-Rliin, du Lot, de Vaucluse , de Maine-et-Loire , de la Moselle, du Loiret, du Cher, de I'lndre, de la Haute-Loire. Sueur-Merhn. 238. — Rapports fails par les diverses Academies et Societis savantes de France sar les ourrages et collections rapportes dc I'Egypte et de la Nubie, par M. Rifaiid. Paris, 1829; iinpri- merie de Crapelet. In-8° de 4^ pages. Nous avons deja entretenu nos lecteurs des belles collections et des nondireux dessins que M. Rifaud a rapportes de ses longs voyages (voy. Rev. Enc. , t. xlii , p. aSa). Ces objets ont naturellement fixe I'attention des homines eclaires; et M. Rifaud, qui se propose de publier bientot le resultat de ses travaux, i'ait connaitre aujourd'luii I'opinion des commis- sions nommees par plusieurs academies pour examiner ses collections. Cette brochiu'e rcnferme les rapports presentes aux societes savantes dont nous allons donuer les noms : Aca- demie royale des sciences, belles-lettres et arts de Marseille; Society de gi'ograpbie de Paris; Academie royale des sciences; Societc royale des aniiqaaires de France; Academie des inscrip- tions et belles-lettres. Nous devons ajouter que les commis- sions de ces academies ont toutes I'ait un eloge plus ou moins complet des collections de M. Rifaud. Sciences religieuses, morales, politiques et tdstoriques. 259. — Enseignement universel : Rapport sar les rcsiiltats, I'esprit et I'influence morale et intelleciueUe de la methode de M. Jacotot, etc.; par M. F. M. Baudoin, avocat. Paris, 1829; Mansut. In- 8° de G3 p. ; prix, 1 fr. S'il y a mi sujet snr lecpiel le public deraisonne, c'est, sans <;ontredit, la iheorie de rediication : il n'y a pas de science a laquelle on puisse appliquer plus rigourcusement ce que dil -o8 LIVRES FRAN^AIS. M. Destiilt de Tracy, tie la morale ct de la poliliquc : quo «cc sout des sciences coniinc les autrcs , a la dillerence pres que (;cux qui nc Ics out point etiidiees sont persuades de si bonne Ibi de les savoir, qii'ils se croienl en etat d'cn decider (i)». Aussi, des qu'il parait un nouveau mode d'enseignemcnt, qu'il y ail on non une veritable invention, on prend ])arti ponrou contre, non pas sculemcnt sans savoir en quoi il consiste, maissanssc donter meuiede cc qu'il faudraitcorrigerdansl'an- cienne niethode; et cette fureur d'cxaltation ou de denij^rc- uient dure jusqu'a ce qn'un nouveau S3stemc vienne I'aire oul)lier le precedent. Ainsi , pour ne remonter qu'i'i des epo- qucs tres- voisines de nous', quaud Lliomond detroua Tricot, qui avail triomphe do Dc.ymatrre el de Bistac , on crut que les humanites ne seiaient plus qu'un jcu, parce que le nou- vel auteur se mettait niieux it la portee des enfaiis. Les progres cependant ne repondirent pas a ce qu'on avail allciidu , el Ton substitua aux regies de Lbomoud , les traductions inler- lineaires de Dumarsais et de Ganlt-Saini-Gcnnain, si je ne me Ironipe. La nianie des traductions inlerlineaircs ayaiit pas e , on revinl aux regies de Lhoniond. L'abbe Gattlhier les clian- gea, iinagiua des procedes nouveaux. qui ne rendaieul pas la science plus facile, mais qui en faisaicut disparaitrc; I'en- nui , loisqu'on pouvait les appliqaer an uiiiioii d'un petit ncniibre d'cleves : sous ce i-apport, il a, sans conlrcdit, bien uierite de I'enfance; iiiais on I'a trop vante ; pendant un Icins, on nc jurait que par !ui : en sonniie pourlanl , ses metliodes n'ont pas avauce I'education. Dcpuis , est venu M. Ordinaire, (|ui, en appliquant un procede analogue a celui qu'avaienl invenle messieurs de Porl-Royal , obtint des succcs qui furent juges, par ses partisans, Ires-superieurs a ceux des melbodes anciennes. On sail de (piels eloges les journaux retenlireut i ce sujet : il semblait qu'oii n'efit plus qu'a suivre la route tra- cee ; bienlol cependant les eloges s'apaiserenl ; et, quoique la methode de M. Ordinaire produisit loujours les resultals qu'elleavaitd'abordproduits, comnje ces resultals n'etaientpas aussi grands qu'on se les etail figures, le public la negligea pour courir apres quelqne cliose de plus nouveau. Maintenant c'est la methode de M. Jacotol qui occupe un grand nombre d'esprits. Les resultals qu'elle annonce , les temoignages ho- norablcs qu'elle reyoil, le litre meme assez fastueux (Vensei- gnement iwiversel que son auteur lui donne , tout a du altirer I'allcntion sur elle, et Ton a besoin, pour conserver, an milieu (i) Ideologic, [III lace do I'edilion de jSoi. SCIENCES MORALES. 709 de renthoiisiasme general, la lihcrte tie son jngcment, dc se rappeler que jamais les promesses ni les lonanges n'ont man- que aiix mcthodcs nouvclles. Tontefois, au milieu dc ce concert d'eloges, une critique se fait entendre; et, il faut bien le dire, c'est celle d'un liomme que son etat appellc a juger des pro- gri's de renfance, d'un prolesseur qui n'a pas trouvii cette methode dignc de sa renommee, ni les progres des eleves en raison du bi'uit qu'on en fait; ce temoignage nous autorise a examiner sans indulgence les idees de M. Jacotol : nous lais- serons, du reste, prononcer le lecteur. Le principe dc la methode de M. Jacotot est, que les eleves doivent tout faire par eux -memes, qu'il faut qu'ils cherchent et retournent toutes les donnees d'une question jusqu'a ce qu'ils trouvent une solution qui les satisfasse pleinement. Cette idee a quelque rapport avec I'idee-mere dc la methode de Pestalozzi , dont j'aurais pu tout a I'heure ajouter le nom a la liste de ceux que Ton a trop tot oublies, apres avoir pro- fesse pour eux le plus vif enthousiasme. Ce principe , pousse dans ses dernieres consequences , comme il Test par 31. Jaco- tot, suppose necessairement tegalUc de f intelligence dans tous les indivldus. Car, si , ce que personne ne conteste a un certain point, la decouverte d'une verite et la composition sont les travaux les plus difficiles que I'homme puisse faire, pour peu qu'il y ait d'inegalite dans les intelligences, les uns arriveront ou les autres ne pourront jamais parvenir, puisque le refus d'explication de la part des superieurs ne laisse aux infcrieurs aucun espoir de franchir I'espace qui les separe. Ce principe detruit , la methode tombe, et M. Jacotot I'a si bien senti qu'il n'a pas hesiste a en I'aire ini dogme fondamental. Mais sur qnoi I'appuie-t-il? Ce n'est pas sur I'expt'rience sans doute : clle est trop contraire a ses vues, et deux lieures consacrees a I'enseignement swffiront toujours a un professeur de bonne I'oi pour faire justice de ce brillanl paradoxe : non, c'est sur le principe abstrait de la justice de Dieu. uLe Dieu qui nous a tous crees, dit M. Baudoin (p. 24)? n'est point un elre in- juste ct bizarre: il nous a rej»arti a tous egalement cette ema- nation de sa divine nature, cette intelligence qui nous eleve au-dessus des autres elres (i)». C'est une manie singuliere chez les spiritualistes que de se faire toujours un Dieu a notre image : qu'est-ce que Dieu nous doit done pour I'accuser d'in- justice, s'il nous refuse quelque chose ?Et, quant a la bizar- (1) M. Baudoin ne donne pas ces mots coninie principe , niais comme jeponse a I'objection de I'jnegalite des intelligences. 710 LTVRKS FIIANCAIS. rcric, on scra-t-il coiipablo, parrc que vons n'aiircz pas apercii les raisons de ses ccuvrcs? Si votre raisoiincmenl ('tait vrai, la Divinitt; serait bicMi plus injustc el bien plus bizarre quand cllc met au nioudc un enfant diffornie, malin^re, aiiprfes d'autres bien conformes, ct qui, eleves sans peine, fuurni- ront une longuc carriire prosquc sans maladies. Au lieu do ccs idees metaphysiques et arbilraires, si nous etudions simplement la nature, que voyons-nous? Quelles que soient les lois qui president a la formation de I'lionime moral eoinmc de I'liomme physique, elles sont une suite des lois qui gouvcrnent le monde : que Ton confonde la pen- see avec rencephalc, ou qvi'on I'cn distingue, toujours est-il impossible de meconnaitre leur liaison intime, et de nier I'in- fluencc de la forme et de la composition du cerveau sur I'in- telligence. Or, en cela comme en tout ce qui est un prodiiit des combinaisons, qui ignore que les resultats moyens sont les plus comnums, tandis qu'ils deviennent plus rares a me- sure qu'on approche des limiles. II en est ainsi |le tout dans la nature, et des liommes en particulier, sauf rinfliieucc du climat, des haliitudes et surtout de I'educalion : c'est-a-dire, qu'au-dessus et au-dessous de la ligne moyennc, loutes les intelligences se placent suivant une progression insensible, et montent, d'un cote, jusqu'aux savans et aux honniies de genie, tandis qu'elles desceiident de I'autrc jusqu'aux uiais, aux idiots. Contcster ces faits, c'est nier I'evidcnce et la raison pour le plaisir de creer des systemes ; passe- tems, sans doute bien innocent et que nous ne blamerions pas, si, dans cette circonstance, il ne s'agissait de ce qui importe le plus aux hommes; car I'education ne doit pas seulement develop- per leurs facultes , olle doit encore , et ce sera la son plus grand bienfait, quand elle sera repandue plus generalement, les ega- liser, en faisant acqueriraux derniers lesconnaissances que les premiers auront decouvertes ou perfectionnees. On nous dit : « Quel que soit votre eleve, s'il est vrai qu'il ne puisse pas, faute d'inlelligence, apercevoir par lui-mr'nie certains rapports qui existent entre les choses, comme il est impossible de donner de Tintelligenre, 11 ne pourra les aper- cevoir davanlage quand vous les lui montrerez (p. 27). » Est-ce un honuiie eveille qui a ecrit ces lignes? Que ne dit-on aussi que, s'il est impossible a un etrangor de troover son chemin dans Paris, il ne le trouvera pas davantage quand on le lui monlrera? Tel est, en effet, I'objet des lecons ct des exemples : on fait apercevoir a tons bcaucoupau-deladcce que quclques-uns seulement trouveraient par leur proprc travail; SCIENCES MORALES. ;ii car, alors, on met cu commun Ics principcs Iroiivcs par los premiers inventeurs, et on en profile pour acqueiir les con- naissances ulteiieiiies qui, sans ceia, lesteiaienl toujours au memc point. Voilii pour les lefons isolees. Quant a une niethode qui doit coordonner les lecons entre elles, la meilleure sera celle qui, resumant le plus grand nom- bre de veriles dans le plus petit espace, enseignera le plus en moins de tenis. Or, M. Jacotot a-t-il trouve celle uielhodc? Assuroment non ; conune M. Hamilton, il dit a ses eleves : cherchez, Iravaillez; ne comptez pas sur moi : ce n'esl pas la une methode, ce n'esl pas un moyen d'abreger les etude,'-. Ses eleves, dil-on, out du succes; alors, c'est qu'ils sont dus enlierement a I'liomme ; c'esl que sa nianiere d'enseigner, maniere alui propre el incommunicable, lui fait produire des resnllats que Ton ne pourrait attendre d'un autre. II me sem- ble , en effel, hors de doute, qu'il a pousse tres-loin cet as- cendant sur les enfans, celle puissance sur leur attention qui est et sera toujours la qualite principalc chez les professeurs, (ce qui, pour le dire en passant, montre combicn noire sys- teme d'agregation universitairc est iiisuffisant pour nous don- ner de bons mailres). S'il peut soulenir rattentiou de ses eleves pendant long-tcms et sans les ennuyer , s'il peut ob- tenir d'eux une plus grande masse de travail, a dispositions egales, leurs succes seront plus grands sans doute : mais d'aulrcs pourront-ils faire ceque tail Al. Jacotol ? i\on, certes : alors ils suppleeront avec avantage par des melhodes a celte iniluence personnelle qu'ils n'auront pas recue de la nature. Voih'i des idees que j'enonce avec le sentiment d'une pro- fonde conviction : Texperience de Teuseignemcnt et la recher- che sincere des ameliorations qu'on y pourrait inlroduirc les a fait nailre dcpuis long-lems chez moi, el j'ai la certitude que, s'il s'cleve des voix pour les combattre, ce ne seront pas cclles des professeurs. Quant aux lemoignages donnes de tous cotes en faveur de la methode de :*1. Jacotot, je n'en di- rai qu'un mot : personne n'igiiore comliien il est facile^ d'im- poser, dans quelqne genre que ce soil, aux examinaleurs qui ne sonl pas du metier. Jc veux croire que M. Baudoin, avo- cal, a doune a son examen lout le soin possible : mais sail-il bien examiner les enfans et une methode d'enseignement? II a vu composer sous ses yeux, sans doute, mais quelles com- positions? II les cite dans son livre; elles sont d'une uullitc desesperante. On y voit dans loute son insipidite ce verbiage enfanlin, aussi faligant pour Thomme sense qu'agreable pour les peresou les meres. Jeprefereraisa toute celte phraserie une 712 LIVUES FRANC AIS. pagod'analysogrammalicaleou logique, on la sohuion dotail- It'C (run probh'mc tie niatheniatiques. Qnant aiix explications tlonl parlo I\I. Bandoin , oniorc nne fois, il fanl rtrc Ires- cxerct" pour cchapper a des nicpiises ou a dcs surprises dont les inspcctenis meme dc I'nnivcrsite, j'en ai ete plus d'unc fois temoin, ne savonl pas toujours se gararilir. Et, (piand tout ccla serait rigoiuensement aussi exact epic paraisseiil Ic croire des pliilantropes troinpes eux-memos, il nc laiidrait altribiier ces lesultats qn'a la peisonne dc iM. .lacotot ; et Ton anivera toujours plus vite an hut par la voic direcle el dega- gec d'une bonne niethode , que par la niarche aveuglc et tor- tucuse des recherclu^s vagnes et des tatounemens. B. J. N. B. L'auteur du Rapport qui a fourni le sujet dc cct ar- ticle, nous pardonnera, sans doute , de ne pouvoir adopter son opinion sur Tenseignement universel, pnisqu'en rciidant justice a la purete de ses intentions, nous reconnaissons avec lui et les vices de nos methodes actiielles pour instruire la jeu- ncsse , el la I'econdite dcs vues que Bacon, Descartes, JJon- laigne out deposees dans leurs ouvrages, comnie les germes des pcri'cctionnemens auxqucls nous devons tendre sanscesse, mais qu'il ne notis a pas encore ete donne de realiser. 240. — * Des lacanes et des besoins de la legislation francaise en matiire politique et eninutiere criminelle, ou defaut dc sanc- tion dans les lois d'ordrc public; precede d'Obscrrntions sur le jury, par J. M. Legraverend, maitrc des requefes an Conseil du roi. Nouvelle edition. Paris, 1829; Pichon et Didicr, quai des Augustins, n° 4r- 2 vol in-8°; prix, 12 I'r. Toutes les fois que les conseillers d'Etat du gouverncmcnt iniperialapportaieni ausenat un senatus-consuste, ou tui code an corps legislatif, ils avaient soin de proclanier la perfection et rimmorlalitc de leur oeuvre. Les institutions concues par le genie du graod homme devaient, disaient-ils, etre gravees sur I'airain, afin de parvenir jusqu'a la posterite la plus recu- lee. Les lois qu'il donnaitaux petiples devaient avoir la nieme duree que les empires dont il etait le fondateur : elles nc de- vaient jamais perir. Trente annees ne sont point encore ecou- lees depuisle jourort le heros legislateur se mit a I'oeuvrc pour fonder ses imperissables institutions, et deja il n'en reste plus que des mines. Si Ton exceple de ces codes les parties qui ne sont que de simples compilations, et qui, par consequent, ne doivent etre attribuees, ni a lui, ni aux hommes choisis par lui , il n'y resle presque rien que le l)on sens et la justice puis- scnt avouer. Quant aux institutions poliliques, c'est-ii-dire aux senalus-cousultes, et aux decrcts qui sont plus particulie- SCIENCES MORALES. 7i5 vcnient son ouvrage, on nc trouverait pcut-etre pas deux dis- positions dont rintefLl dc la France ne dcmande ['abrogation. Ces vcrites ne sont gut;re aujourd'hui contestees; il n'est presque personne qni ne soit impatient de voir disparaitre ce qui reste dcs institutions imperiales. Cepcndant, tout en reconnaissant que les mines, qui sont encore debout, sont pour nous un intolerable fardean, on ne pent se defendre d'un peu d'admiration pour le lieros U'gislateur. L'ouvrage ne valait rien, il est vrai, niais I'ouvrier u'en etait pas moins un grand mailre. Les reformateurs peuvcnt aujourd'hui se diviser en deux grandes classes. Les uns, eleves de la vieille ecole, voudraient reslaurer le monument imperial; ilsreconnaissent qu'iltombe en mine, qu'il est incoherent, incomplet, et n'offre au- cune garantie; mais ils voudraient cependant qu'on se bor- nat a le reparer, ne fut-ce que pour I'honneur du fondateur. Les autres, et nous avoueronsque nous sommes de ce nom- bre, n'aspireot qu'a voir disparaitre toutes les institutions qui appartiennent a I'ecole imperiale. Si Ton fait exception de quelques iois civiles que cette ecole adopta , mais ne crea point, ils ne trouvent rien dans les creations de I'enipire qui merite d'etre conserve. M. Legraverend appartenait a la premit-re deces deux clas- ses. II trouve, dans les Iois de I'empire, et particulierement dans la legislation criminelle et politique, une multitude de vices; ilremarque, surtout, que les dispositions qui semblaient avoir pour objet de proteger les droits des citoyens, n'ontau- cune sanction, et que, par consequent, elles peuvent etre im- punenient violees. Wais comme il ne va point a la racine du mal, les remedes qu'il propose auraient peu d'efficacite. Son ouvrage pent convenir a ceux qui voudraient etayer ou re- crepir, a grands i'rais, un monument informe et delabre , mais il ne /?aurait plaire a ceux qui desirent de voir fonder des ins- titutions durables. Nous devons reconnaitre, an resfe, que si cet ecrivain man- quait de profondeur comme publiciste, il etait jurisconsulte habile et consciencieux. Les hommes qui se sont bornes a ap- prendre nos codes dans nos ecoles, sans semettre en peine de distiuguer ce qu'il y a de bon ou de mauvais, gagneront beaucoup a le lire. lis apprendront qu'il ne suffit pas ([u'ua acte de I'autorile publique porte le nom de loi pour en avoir veritablement le caracttre et la force. Long-tenis on a pris des declarations, des promesses, des sermciis pom- des garanlies ; T. XLIH. SCl'TEMBRE 1829. /|G r-i4 LTVRES FRANCAIS. rcxperience a coinmeiRc a ihraiiler cetle ericiir; I'ouvra^c (le M. Lajjiavcreiid tloil conlribiier a la detruiie. La partic qui trailc ilt's lacunes ct des hesoins dc la legislalioii fraufaise en malicrc politique et criminelle est precedce d'ob- serratinnfi fiir le jury, que I'autenr avail prc'ct'demnicnt pii- l)lit'rs. On trouve dprndeiue eriniinelle politique reprend un cours regulier, et elle recoil, du perfeclionnemcnt des insli- Intions et des rnocurs, tout ce que la justice et la raison de- vaient en altendrc. » M. de Monlveran a divise son onvrage en trois parties. Le premier volume, renfermant la partie tlieoriquc, finit a\ ec la dy- nastic des Tudors. Le second renfcrme les quatrc regnes des Slnarts et ceux de Guillaunie ct de Marie, et de la reiue Anne. Lc troisieme volume conticnt douze proces des quatre r(""nes de la maison dc Hanovre, el deux articles ou disserta- tions separees, Tunc sur les cliangemens ((n'ontsubis la cons- titution anglaise el la jurisprudence crimincUe politique, de- puis la revolution, I'aulrO sur les applications qu'on pent faire tic cetle jurisprudence a la noire. Nousreviendrons sur cclouvrage. Cli. C... 3/J2. — * Manuel des droits civils ct commcrciutt.v des Fran- SCIENCES MORALES. 717 (•(lis en Espagna, et dcs ctrangers en gcnoral ; comprciKuit ies lois, les trailes et les reglemcns dc police qni s'y rappoi- tent ; iccueillis et publics par don Jofc Salinas. Paris, 1829; Renouard. In-8° de x et 212 pages; jmIx, 5 Ir. Le tilre de cet ouvrage en fait connailre I'oljjet ctrutilile. Trois parties le composent : la premiere est iine preface dans laqiiclle I'auteur s'applique a dcniontrer que Ton sc forme line trcs-fausse idee de I'Espagnc, lorsque Ton croit qu'eile n'est pas hospitalicre, et que I'etranger y est livre au caprice de I'autorite. Malheureuscment, plus d'une dis2)osition dcs lois cilecs dans ce volume donnent un dementi aux assertions du patriotisme de I'auteur; ce a quoi ceUii-ci repond que ccs lois sont anjoiu'd'hui en parlie abrogccs de droit, et, dans le tout, abolies de fait. La seconde parlie est une analyse dans laquelle M. Salinas a resume les dispositions dc la legislation cu vigueur et les a classees mclhodiqucmcnt en dix chapi- tres. On y trouve ce qui intcresse les etraugcrs non domici- Wi'?,, irameuntes , et les etrangers domicilies, avecindiidos ; Ics rapports commerciaux des deux nations; les immunilcs, pic- rogatives, attrii)utions et devoirs des aiubassadcurs, miiiistrcs etrangers et consuls. La dernierc partie est la plus elenduc ; cllc contient le texte d€s ordonnanccs en espagnol et en frau- j-ais; et le texte dts articles dc traitcs el conventions diplo- matiqnes en languc francaisc. La pid)licalion de ce volume est un service rendu a quiconquc entretient a la Ibis des lela- tions en France et en Espagne. II serait fort a desircr que l)eaucoup d'ouvrages de ce genre exislasscnt pour determi- ner les rapports reciproques des diverses nations les uncs avec les autres. Tout ce qui rend plus lacilcs et plus daircs les communica lions de peuple a people sert les progres de I'hunianite. C. 11— n., avocat. 243. • — * Coiirs complet d'cconomie poliUquc pratique, ou- vrage destine i'l meltre sous les yenx des hommes d'Etat, des proprietaires fonciers et des capilalistes, des savans, dcs agri- culleurs, d€s inaniifacturiers, des negocians, et en general, dc tons les ciloyens, reconomic des societes; par J.-ii. Say, aulcur du Traitici du Calcchi^me d'cconomie poiiiiqac, nicndire de la plupart des academies de I'Europe. T. v. Paris, 182;); Ilapilly, passage des Panoramas, n" ^0. In-8°de viij-5g5pag.; prix, G fr. 5o c. (Voy. Rev. Enc, t. xxxix, p. 4O7 ; ell. xlm, p. 8/1, pour i'annonce des precedens volumes.) L'auleur fait espcrcr que le sixicme ct dernier volume de eel ouvragc, dont la rcpulaliou est dcja faitc, parailia avaut la (in dc rannee. Nous nous rescrvons d'en faire connailre alors ;j8 LIVRES FRAN^^^^AIS. I'eiisemble et le nierite. Ce que nous pouvons ariiioncer dcs a present, c'est que I'on n'avait point eneore presente nn ta- bleau si vasle et si fidele de la pliysiolog^ic de la sociele. Tout Y est a sa place, tout y est I'aeilemenl intelligible, tout s'y trouve appuye sur des faits. Chacun pent maintenant sans peine savoir en quoi consistent les veritables interets des na- tions. Z. 244- — Histoire da Danpldnc , par Rl. le baron de Chapuys- MoMLAViLiE, nienibre de rAcademie provincialc. T. ii, [\' li- \raison. Paris, 1829; Denain, rue Vivienne. In-8° de 261 pages; prix dc I'onvrage entier , la fr. ( Voy. Rev. Enc, t. xtii, p. 2o5 , I'annonce des premieres livraisons). En rendant comple des premieres Irvraisons de cet ouvrage, nous avions exprinie le regret de voir M. de Chapuys-Mont- laville s'appesantir trop sur les premiers siecles de I'histoire du Danphiiie. Aujourd'bui, ce regret se trouve jnstifie : plus des trois quarts de I'ouvrage sont consacres anx terns qui ont precede I'administration de Lesdigniercs. L'auteur efileure a peine tout ce qni s'est passe depuis, soit que I'espace lui ait manque, soit que la lassitude I'ait gagne vers la fin et la partie la plus importante de sa t;1che , suit enfin qu'il ait craint de s'engager dans le recit de faits qui prodament hau- tement des verites dures a son oreille. Cette crainle est, nous le croyons, ce qui aura surtout reteuu sa plume. Non qu'il y ait dans sa narration des evenemens arrives depuis 5o ans des infidelites matirielles, on une partialite trop evidente; mais on sent que l'auteur est gene, qu'il passe legerement, qu'il n'ose donner son avis, qu'il glace lui-meme son style, afin de ne laisser percer aucune sympalliie, aucune passion, comme si ce n'etait pas une triste et condaumable passion que de rester insensible et i'roid devant les efforts beroiques de tout un peuple et les decbiremens de la palrie! M. de Cha- puys ne dit pas un mot surtout ce qui s'est fait en Daupliine depuis les premiers jours de la revolution. Cependaut cela n'etait ni sans interet ni sans importance. II cut ete bon de signaler les ceuvres des divers admiuistiateurs qui se sont suc- cedes dans le pays; ce que quelques-uns firent pour le bien- etre dc la population, ou pour le bon piaisir de I'empereur ; de raconter ces conspirations reelles on prelendiies qui prive- rent cette partie de la France de tanl d'bonorables et excel- lens citoyens; de devoiler les intrigues qui ont donne pen- dant loug-tems au Dauphine des representans si pen en bar- mouie avec les sentimens connus de ses liabitans; de dire enfin «juel mepris general tomba sur les hommes charges de diriger SCIENCES WQilALES. ' 719 CCS intrigues, et dont on eOt aiine d'iiillenrs a honorcr It; zivie et les talens administratils. Nous ravouons done franchc- nient : Touvrage de M. de Chapuys est incomplet, et ce qui hii manque est si capital que nous serions tentes de dire que c'est uu mauvais livre. Mous n'exprimons d'ailleurs cetle opi- nion qu'avec peine et veritaljle chagrin; si I'histoire du Dau - phine est encore a faire, c'est la faute de I'auteur : il avait tout ce qu'il faut pour accomplir cette tache. II y a dans le voluuic qui est sous nos yeux de fort Ijelles pages pleines de cliaieur et de talent : nous citerons queUjues iignes de I'une d'entre ellespour donner uneidee du style de IM. de Chapuys, et aus.-i pour rappeler un I'ait generalement pen connu et dont le Dau- phine pent elre fier : il s'agitdela Saint-Barthelemy. « Frappes sans defense, ubandonnes de leurs plus chers amis, trahis par ceux que les liens du sangdevaient retenir a leurs cotes pour les defendre, les protestans recurent la mort avec courage. Pius heureux que leurs bourreaux, ils moururent sans remords. Plus d'une province refusa d'olieir aux ordres de la cour, plus d'un brave chevalier mit sa vie entre la fureur d'un parti cruel et les malheureux qu'on voidait assassiner. De Gordes (lieute- nant-general du Dauphine ) fut de ce nombre : II se moiitra digne de Testime qu'il avait su inspirer; et, soutenu par le president Truchon, homme a caractere, il se presenta au par- lement, et lui declara qu'il n'avait ni le courage ni la voluule d'obeir a des ordres aussi cruels, et le parlement s'honora en applaudissant a un si noble devoument, et en protestant que de tels sentimens etaient seuls dignes d'un homme d'honneur. Un conseiller, dont les vieilles chrouiques ne nous ont point conserve le nom, s'ecria, dit-on , que dans les chartcs dau- phinoises il n'y avait jamais cu de privilege pour I'assassinat » . A. P. 045. ■ — *Histoire de la conqavte deGrcnade, tiree de la chroni- que manuscrite de Fray /Antonio Agapida, par "Washington Irving; traduite de I'anglais par J. Cohen. Paris, 1829; Ti- mothee Dehay. 2 vol. in-8°; prix, i5 fr. Apres avoir acheve son histoire de la decouverte de I'Ame- rique par Colomb , I'auteur americain, qui parait quitter hi carriere du roman pour ccUe de I'histoire , a entrepris d'ecrire I'histoire de la conquete de Grenade par Ferdinand, sur- nomme le Catholiqne. A I'exemple de qiielques ecrivains frau- ';ais, M. "Washington Irving a etc seduit par la naivete du styU; des auciennes chroniques, et il a vouhi ecrire dans ce style qui lie va pourtant plus a notre siecle. Pour faire plus d'illusion au Itctsur, il suppose qu'il reproduit une viei!l« fhrnnique ecrlle ;3o LIVRES FRANC AIS. par 1111 protenJu I'lt^rc Antoiuc Agapida. Cc moiiic , dcrricrc iequel se cache i'historicn amcricain, raconlc, cii cfTet , tii-.s- bien; il se rejoiiit de cc ([u'on appelait alors I'exaltation de la foi, c'est-a-dire, dii trioniphc des catholiqiies, et il s'exprime souvent comine les liommos dc son terns, c'cst-u-diie, re- gardant comme la phis holle chose dc chasser les Maiires qui cullivaicnt et cmhellissaiciit la Vega dc Grenade, et de mcttre a leur place des couvens et des clxapelles. Quelquefois, pour- lant, le pretendii I'rerc Antoine onhlic son role, et parle comme un habitant edaire de Philadelphie, au xix" siecle. II semble qne Ic masque que M. Irving a cru prendre elait tout-a-fait inutile, ct nuit a rauthenticite des faits qu'il ra- conte. En effet, qui est-ce qui garantit au lecteur que les eve- nemens ne sont pas inventes, comme le moine qui est sense tenir la plume? Souspretexte de nous donner unevieillechro- nique , M. "Washington Irving ne peut-il pas avoir suivi un peu son goCit pour les compositions romanesques? La muse severe de I'histoire est enncmie de toute tlction. II lui laut de la verke, tant pour le fond que pour la forme. Hcureusement I'histoire de la conquete de Grenade est assez connue par les ouvrages des historiens espagnols, pour qu'oa puisse verifier les faits racontes par le nouvel historien. Aiitant que nous avons pu en juger par une lecture rapide, IM. Irving s'est con- forme aux temoignages historiques ct aux traditions admises. Quelquefois meme il cite les historiens ou indique les endroits ou, pour des raisons plausihles, ils s'ecarle de leurs assertions. Nous aurions desire que ces citations fussent plus frequen- tes, et que, pour chaque fait, I'auteurcQt cite son garant : car c'est ainsl que la critique exige aujourd'hui, avec raison, que I'histoire soit ecrite. Nous nous proposons d'examiner I'ou- vrage de M. Washington Irving plus a loisir, et de le comparer pour le fond i\ ceux oQ il a dQ puiser.Nous pourrons verifier aussi alors la fidelite de la traduction, qui nous a paru etre ecrite d'un style coulant, et ne sentant point la gene d'une version. II est vrai que I'auteur americain ecrit naturellement , ce qui facilite beaucoup le travail du traducteur. L'ouvrage est divise en chapitres tres-courts, comme les vieilles chroniques; les faits sont entremeles de courtes descriptions des localites et de details agreables sur les moeurs et les usages des Maures de I'Andalousie. Si M. Washington Irving n'a pas compose cette fois un ouvrage neuf, au moins il a su presenter avec une sorte de charme un sujet tres-connu. 24^). — Histoire daChdteaa-Gailiard , et du siege ijuHlsoa- tini centre Philippe- A uguste, en i2o3 ct iao4; ornee de plan- SCIENCES MORALES. 721 ches litliographiees ou gravecs, et do plusieurs vignettes, par Acliille BEMhLV,, mcmbrc do la SocieU des Antiquaires de Nor- mandie, clc. Rouen, 1829; tdouard Frcre. Paris, Jules Re- nouaid. Grand in-4°; prix, 18 fr. Depuis quelques annees, les liliraires et les imprimeurs de la Norniandic se distinguent par une suite de beaux ouvra- ges sur I'histoire et les antiquites de cetle ancieniic province. M. Frere, libraire a Rouen, a deja mis au jour phisieurs ou- vragcs de ce genre; I'Histoire du Chateau-Gaillard , due au meme auteur qui a compose la Description de I'ancienne abbaye de Saint-Georges dc Boscherville, vient d'en aug- menter le nombre ; I'impression de cette histoire fait hon- iieur a M. Periaux, imprimeur de Rouen; et, sous le rap- port de la description, ontrouve le texte de M. Deville satis- laisant; il a rassemble tous les renseignemens cpars sur le Chateau -Gaillard, et il les a rediges et presentes avec beau- coup d'interet. A force de recherches, il a meme retrouve un document precieux, la charte originale de RichardCoeur-de- Lion, sur I'cchange de la terre d'Andeli, oii il batit ensuite son chateau-fort , contre Dieppe et d'autres possessions. Le roi anglais ne crut pas acheter trop cher un terrain limitrophe, qui presentait une belle position niilitaire, aiseea fortifier. Ce fut sur la montagne, aupres du petit Andeli, et au bord de la Seine, que Richard construisit, en 1198, son chateau gothi- que, un des plus beaux et des mieux fortifies que I'on con- naisse de I'epoque de la feodalite. II est a regretter que Ton n'aitaucundessin qui representece monument curieux lei qu'il etait sorti des mains du fondateur. Toutefois, M. Deville est parvenu a en restaurer le plan et meme les details, dont une portion existe d'ailleurs encore. Du seul cote accessible de la montagne, le Chateau-Gaillard presentait une enceinte tres- forte et terminee en forme de pointe. De cette enceinte, on pouvait se relirer dans une seconde separee de la precedenle par des murailles tres-epaisses et flanquees de tours. Ces murs embrassaient la citadelle sitnee sur un point plus eleve, et la citadelle, a son tour, renfermait le donjon qui dominait le tout et qui, en cas de besoin, pouvait servir de dernier refuge a une garnison forcee dans les premiers rctrancheniens. Cette gar- nison avait son avant-poste au has de la montagne. En un mot, le Chateau-Gaillard, couslruitparRichard-Coeur-de-Lion, paraissait imprcnablc, et capable dc braver tous los elVorls de rhilippe-Auguste, roi dc France. Cepeudant il fut pris par les troupes de ce prince apr«'s un an de siege, et six ans apres sa construction; la soumission dece boulevard de la Norman- y>.i LIVRES FRANCAIS. (lie hrita colic detoute la province. Ainsi rimporlance du Cha- tcau-lJaiiiard lul do coiirto diircc; ccpendant il meritait d'e- tre; conserve comnie un modeic de la foitification des places an nioyen agje, el conimc un monnnient de.s gneircs entre Ri- diard et Philippe. II resta debout, en oflet, pendant plusicurs siecles, ct servit de tenis en tems do sejonr a qnelfines person- iian;es illnslres; il s'y passa nieme des eveneniens tiagiqnes, pniscpi'mic des petites-niccesde I'hilippe-Augus'c y Cut elran- glee a canse de sa mauvaise condnite; ce ne fnt cja'au tems de la lignc qne Ton jngea rexislence dn Clialean-Gaillard dan- gercnse a cause de I'appui qu'il ponvait donncr an parti qui s'y etablirait; on en onlonna alnrs la demolition; et comme on ne s'etait pas prcsse de detruire entiercnient cette place immense, on en abandonna cnsuite Ics mateiiaiix aux moines d'Andcli pour batir leur convent. Ceux-ci mirent plus de di- ligence a ruiner le chateau, et ne s'arreterent que lorsqu'ils ourent assez de pierres pour lenrs cellules. II foul savoir en- core qiielque gre aux capucins d'avoir laisse debout quelques ninrs et tours qui peuvent donner une idee de la I'orleresse su- pei'be de l\ichard-Cceur-de-Lion. M. Deviilea appele le dcssin a son aide pour figurerexacte- iiuMit la position et les mines du chateau. II faut lui souhailer assez de boidienr pour retrouver im dessin I'ait aiilcrieurement a la ligue, comnie il a deja en le bonhcur de retrouver a Rouen la chiirte d'acquisition signec par Richard. II a retrace sur plnsieurs planches les mines, le plan du chateau et tout le jjaysage : les planches lithographiees, dont il a orne son ou- vrage, ne sont pas toutes egalement bonnes; quelques-unes sont meme faii)lcment executees, et pen dignes d'un ouvrage aussi beau. Dans les ouvrages de luxe publics en Angleterre, qne Ton pa rait prendre pour modeles en Normandie, les plan- ches sont generalement bonnes; il est vrai (pie les dessins ou les gravures reprc^'sentent souvent les objets d'une maniere tres-inlidele; en sorte que lout le luxe de la gravure est a pen pres en pure perte : et a tout prendre, il vaut encore mieux avoir des dessins moins soignes sous le rapport de I'ef- let, mais plus fideles. Nous n'engageons pas, an resle, les editeurs de Normandie a pousser plus loin la magnificence de lenrs publications. Ce genre despi;culation pentC-tre bonen Angleterre, oOi, a I'aidedu patronagede I'aristocratie, soliicile hinnljlcnient par les auteius el les ('dilcurs, on Irouve le de- bit (les ouvrages fails pour les bibliolheqnes des riches : en France, od le gofttde la lecture est plus rcpandudans la classe moyennc, et ou les fortunes sont plus partagees, Ics ouvrages SCIENCES MORALES. 723 d'un prix moyen conviennent aussi davantage. Toutefois, les t'diteurs doivent mienx connaitre leur public que nous, et nous souhaitons de tout notre coeur, qu'ils recouvrent, avec benefices, les frais occasionnes par la belle execution de leurs ouvrages. Outre les chartes qui se rapporlent au Chateau-Gaillard ou au petit Andeli, M. Deville a I'ait iinprimer, parmi les pieces justificalives de son histoire, tout Ic septieme livre de la Phi- lippide de,Guillaume-le-Breton, qui conlient une description detaillee du siege et de la prise du Chateau-Gaillard par Phi- lippe-Auguste, ainsi que les docunicns authentiques des tems niodernes, (jui constatent la destruction de ce beau monu- ment. Dans tout le cours de son ouvrage, I'auteur s'appuie sur de bonnes autorites, et cite les textes oi'i il puise ses ren- seignemens. Nous ferons remarquer que I'auteur doutc a tort que Philippe-Auguste ait fait des demarches aupres dc I'em- pereur d'Allemagne pour resserrer les fers de Richard-Coeur-dc- Lion, qui etait tombe enlre ses mains auretour de la croisadc en Palestine ; on conserve encore , dans les archives de I'Au- trichc, la letlre originale du roi de France , qui prie I'empe- reur de tenir Richard bien cnferme jusqu'a ce que lui, Phi- lippe, ait eu occasion de s'entendre avec I'empereur : cette leltre curieuse a ete inseree, il y a peu d'annees, dans les ^r- c/iives (I'/iistoire et de statisiique, recucil periodique qui se pu- blic a Vienne. Nous croyons, du reste, que M. Deville a epuise son sujet, et que sa monographic est aussi complete qu'elle pent I'etre, dii moins vu I'etat des documens qui restent sur ce tems, et auxquels il a pn avoir acces. D-g. 247. — Histoire de France, pendant les annees iSaS, 1826, 1827 et 1828; faisant suite ;i Y Histoire dc France de M. Mont- gaillard. Paris, 1829; I'edileur, rue de I'Odeon, n° 25. 2 vol. in-8° de l\(Jo pages chacun; prix, i5 fr. Au milieu des ouvrages sur la revolution et I'empire qui s'accumulent chnque jonr, I'attention publique a distingue les spirituels Memoires lances dans le monde litteraire sous le nom de i'abbe fie fllontgaillard. Ce n'est pas qu'il y efit dans ce livre un jugement bien assure sur les divers evenemens de nos troubles civils, ni une haute intelligence de leurs causes ; niais, apres I'histoire serieuse et philosophique, sans preven- tion nicolere, telle que MM. Thiers et Mignet nous I'ont faite, on se plaisait a lire ccs pages decousues, inconseqnentes, 011 l:i censure des homnies ct des choses prenaitla couleur d'une vengeance particuli^rc, d'ailleurs piciues de verve et de ma- 724 LIVRES FRANCAIS. lice, impmiialos memo ;'i loico (remportcmcris coiilrc tons los piirlis ;\ lu lois. Ce sdiilas^er iiotir niisrre Et moi, j'ai (lit : jc pars, et, pour ne pas plcuicr, Je ne veux pas levoir ina mere. Cependant, sa pauvie mere le cherchc. Sur le sonimet d'un roc elle niontp, et sa viie, Dts mcis a I'horison parcouranl l'(ilcndiie, Ducouvre (quel objol pour scs yeiix interdils), Lc vaisseau qui s'eloigne en eniportant son fils!.... La dcuxieme elegie est inlitidee : le Naiifrage ; litre qnr en indiqiic assez le sujet. L'enlant s'esl allache an m;1l dn vaisseau. II a attend ii loiite la nuit qu'on vint raiiaiher a la I'ureur dcs vagucs. Enlin, Glissant sous I'aviron, la clialoupe legJre Lui porlalt des secoiirs si long-tems altendus. All bruit des flots se nxt'le iin cri niourant : nia mtrel Et I'cnfant sur le niflt soudain n'apparail plus. Danslatroisieme elegie, intitulee : laChapclIc, rauleiu-nous monlie la mere du mousse proslernee aux pieds de la Vicrgc, prolectrice des matclots. Kccouis des adligis, 6 Ticrge, disait-oUe ! Toi que le peuple hebrcn, dans sa rage cruelle, .ladis priva de ton fds bien-aime, Par tes tourniens soufferts lu sais conibien recrlc Et de crainte et d'amour nne ftme uiaternelle. Avec fervenr elle priait ainsi ; Et son regard voyait, de larnies obscurci, La douce image lui sonrirc ; Quand, prcs de succonibcr <^ son heiirrux delire, Elle entend unc voix s'6crier : me vuici! Ce joli pofcme prouve combien un henreux artifice pent prelcr de mouvenient et d'inteiet aux sujels les plus simples. Ch. aSa. — Conies ei Ffl/'/cs par Saiot-Lajibert. Paris, 1829; Daiitbcrean, ruQ de Riebelicu, n° 17. Tu--5a ; prix, 1 fr. aS c. Lc premier de ces coTiles, VAbennki est cmpreiut d'ime coiilcur locale qui seduit ct attache en montraiil I'bnmme des foreisdu Nouveau-Monde pratiquaut des \erlus irop souveut UTTERATURE. 73l oublioespar dcs homines plus civilises. Lc second, Sara Th..., oblint, des sou apparilioii , uu brillant succes. Jamais ticri- Yain ne mit en action une idee plus bardie et plus indepen- danle avec uu bouheur plus grand et un respect plus adroit pour les prejuges et les convenances. Dans le troisieme , qui a pour ti tre Z(/;u'o, nous sommes tenioins des cruautes dont certains colons accablent encore Ics enl'ans dc I'Afrique ; nous voyons ces malheureux rompre leurs fcrs, courir aux armes, mettre les habitations a feu et a sang, et n'epargncr dans leur vengeance qu'une famiile de blant'S gencreux, sinistre tableau qui nous rappelle les desaslres dc Saint-Domiugue. Le qua- trieme, que Tauteur fit paraitre quclqucs jours apressa recep- tion a TAcademie franf aise,ept le joli roman dcsDeua; Amia. A la suite de ces contes viennent les Cables orientales, imitees en grande partie de Sadi, et cxtrailes de ce qu'il y a de plus in- tercssaut dans la bibliotheqnc de d'Herbclot; il y rcgne une sensibilite expansive et une pliilosophie douce et aimable. *♦* 253. — *L' A postal, on la famiile Noivtan, histoire irlandaise, par M. Bamm; traduit de I'anglais par M. A.-J.-B. Defac- coNPRET, traducteur des romanshisloriquesde sir Walter Scott. Paris, 1829; Charles Gosselin. 4>f>l. in-12; prix, 12 francs. (Voy. Ra\ Enc. , t. xun, p. 21 3, I'annonce dcs premiers ro- nians irlandais. ) Quoiqu'on lisc sur le titrc dc cet ouvragc, histoire irlan- flaise,.ve n'est point pourlaut un roman historique; et en veritc, on est prcsque teute de s'en t'eliciler, quand nous sommes inondes de compositions mediocrcs ou mauvaises qui ne doi- vent une fortune d'un jour qu'ace litre, servilement eniprnnte a des ceuvres immortelles, dont ces caiques iufideles et pTdes servent ;\ faire ressortir I'eclat et I'originale beaute. Soil que les mceurs de I'lrlande aient quclque chose de moius fraachement pittoresquc,soit que I'hisloire de cepayspresente moins d'inleret dramatique, et que les partis s'y soient com- batlus avcc moins de vivacite, soil enfin que le talent de M. Baniml'ait porte sur une autrevoie, toujoursest-ilqu'il n'a pas tcntc une nouvelle liitte avec le romancier dc I'Ecosse, et nous devons I'cn loner, car on nc gagne rien a faire violence a sa nature. L' A postal est a la ibis un roman d'intrigue et un roman de passion, et nous pouvons dire que depuis long- tems nous n'avions rien lu d'aussi paifait dans ce genre de composition. Les caraclcrcs sont ncltement et fortement des- sines, I'inlriguc est bien liee, quoi<]ne parfois un pen compli- quce, les situations neuvc? et palliciifpu'S soni nondjicnscs cl ;7)2 LTVRES FUANCAIS. l)ifn sinitiMiuo?;, oiiriii la viai.'Ciiiblaiice est asscz gfriu-ralemcnt n'speclec. Quo laut-il do plus dans Tin oiivrage dc cctlc na- ture ?Un style qui I'assc valoirtous Ics nu-rites que nous vcnons d'enumeror. AOus ue pouv(Uis juj^ersi IM. Bauimasu reiiiplir oelle condilinn iii(lisi)cnsal)lc a la duii'c d'un nionunieut litte- raire; ses compalricitt's donncnt dcs ologcs a sa nianii'ie d'c- rrire : nous nous plaisons a les en croii'C sur ce point. IMais M. Det'anconprot ne scia pas aussi facilcuient acquille dans un proces ov^ . quani a lui, nous pouvons nous ri'oire conipelens. Sa traduction mcrite de nonibicnxroproches. Pleins do recon- naissance pour le piaisir qu'il nous a procure on nous trans- metlant, avec assex de chalcur ot bcaucoup d'iulelli}|;enco, los prochuiions dc ^Valtor Scott, nous n'avons g^uore songe a otre sovoresenvers lui. Et cepondant, sans etro iugrat, on pout otre juste. Plus les romans qu'il nous envoyait de Loudres obte- iiaicut de sncces en France, plus il aurait dfi nictlro do soin a coi'rigor, au moins a la secunde edition, los iniperreclious d'un travail fait a la liHte, et dans lequol II a dfi se I'airc aider par des mains moins babiles, quelle que soit son iut'atigahle acti- vito. Celte revision aurait peul-etre dosarme la critique, dont I'indult^ence ne pent aller jusqn'a tolerer un style souvcnt loin-d, diffus, Iraiuant, el, qui pis est, si horriblomont incor- rect, qu'on est porto -X pensor que M. Det'auconprct n'a pas mome rehi les epreuves de ses livres. Les notes, dont il vout bicn cTuicbirlc texte de son auteur, ne sont pas non plus ce qui lui acquoira nofre gratitiule. Je coucois que quelqnes-unes [iisseut nocessaires, pnisqu'il s'agissait d'un peuple dont les mneurs, les coiUumcs, lo caractore, et mC-mc I'bisloire inlo- rieure, nous etaient pen connus. Mais il ne i'aut pas ccpendant supposer les lecteurs dcnues de toule instruction et de toute intelligence; ii ne Taut pas rappelcr avec un soin niinnlieux des fails que nous avons tons appris au college, ou chercher a expliquer, par de lourds conunentaires, des allusions, des epigramnies , des saillies ironiques, que chacun comprond siillisamment. Tous cos reproches pouvent s'appliquor avec pins ou moins de force a la traduction de I'Jpostat ; le style n'est guere meilleur ; les notes , qnoiqu'elles soient pen nom- breuses, sont, pour la plupart, inutilos. IM. Defauconprct, par exemple, alin d'exciter retonnement et I'admiralion dc ses lecteurs, ne manque pas d'entrclarder son style d'exclama- tions, de mots, de pbrases enticres enipruntoes au plus pur irlandais. Arocli! et puis note explicative; — Miir(/tcr! cti>u'n nne autre note; — Poilicen, et une note pour nous approudre q\ic poiliccn siguifie de Tcau-de-vio; — Shillelagh, ot encore LlTTERATl'RE. 7:55 unc note cxpliquaiil qii'mi ahillclagh est iin gros balon , uii gourdin ; — « il est plus traiiquille en ce moment, ma graiv haun, » tcrmes qui semblent cabalistiqucs au premier aspect, et qui, ccpendant, comme nous I'appreuil la note oLlifjee, ne veuleat pas dire autre chose que ma cliire aifantjetc. Mais re- venons au roman de M. Banim, dout M. Dclauconpret nous a bien tiloignes, ct disons-en deux mots encore en fniissant. II s'ouvre par une introduction plcine de verve et de fraicheur ; c'esl la description d'une ferme irlandaise : ce n'est ccrtaine- mentpascequ'il yademoins bondansTouvrage. — En rendant compte dcs premiers romans de rautcnr, nous avons du le blilmer de ramener trop souvcnt des discussions poiitiques, asscz etrangeres a son sujet, et qui retVoidissaient IMuleret. Aujourd'hui, s'il n'a pas entierement banni la politique de la conversation de ses personnages, il a mis plus d'a-propos a les faire parler, et cliacun dit si bien ce qu'il doit dire d'apros sa position et son caractere, qu'on les ecoute avcc patieute , quelquefois avec grand plaisir. A. P. 254. — Ipsiboe ; par M. le vicomte d'ARLiNCOURT; Cinquieme edition, revue, corrigee, et ornee de deux jolies gravures. Pa- ris, 1829; Pichon et Didier. 2 vol. in- 12; piix, G francs. Les ouvrages de M. d'Arlincourt ont etc divcrsement ju- ges. Ecrits purement, avec une imagination brillante et forte, mais composes d'apres une poelique que nous avons lieu de croire erronee, ils ont ete rarement ex;uiiines etappreciesavec calme et impartialite; I'esprit de parti lilteraire s'estmClea la question, et, au milieu des clameurs des diverses coteries, il a etc a peu pres impossible de savoir a quoi s'en tcnir sur le meritc reel de ces ouvrages. Mais, quelles que soient les doctrines litteraires que chacun professe, il est un fail (|u'on ne peut mettrc en doute et qui plaide eloquemment pour les romans de M. d'Arlincourt : c'est le succes qn'ils ont obtenu, non-seulement en France, mais encore dans toutes les parlies de rEiu'ope, oi'i ils ont ete traduits, et oii ils ont eu presque tons plusieurs editions. Cettc popularite vaut bien sans doute, aux yeux de I'aiiteur, I'approbalion de quelques critiques pointilleux. Voici, sept ans apres la premiere pulilicatioii, une nouvelle edition iVIpsibue. Ipsiboe est un des ouvrages dans lesquels M. d'Arlincourt s'est eloigne de la mauiere qui lui apparticnt exclusivement; ici ce n'est plus son pathetique violent, quelquefois cxagere, son style trop souvent guinde : I'auteur saisit le fonet de la satire pour la premiere fois; il >ajlle tout ce qui lenloure, lout ce qui passe sous ses yeux; ^54 LIVRKS FRANCAIS. notre ordrc social tout cnlicr est touriie en derision. Mais on sent qne M. d'Arlineouit n'csl pas l.'i sur son lenain : sa plai- santeiie est pesantc, son ironie anK'-ie ; d'aulrcs eerivains, Yoltairc snrtout, nous ont habitues a un sareasmc plus leger, inoins serieux, et tout a la fois moins desolant et peut-etre plus eonvenablc a la nature des clioses. On annunce la prochaine puldieation d'un nouvel ouvragc de M. d'Arlineouit, dout le sujet est emprunte a nos elno- niques natiouales, et dans lequel on assure que I'auteur aban- doinie les theories litleraires et la coulcur de style qui lui ont attire tant de crititpies : nous souhaitons qne cctte conversion soit sincere, et nous entreliendrons nos lecteurs de ce rouian quand il aina paru. 255. — La Femme du moncle et la Decote; par M"" Louise Maicnaud. Paris, 1829; L. Dureuil. 5 vol. in-12 d'environ 200 pages chacnn *, prix, 9 francs. II est a pen pres convenu qu'on ne pcut commencor le compte rendu d'un ouvrage de Icnime sans repeler quehjucs phrases qui n'ont pas malheureusenient le merilc d'etre neu- ves, sur la vocation yraie on fausse du sexc pour les lettres et les arts. Quant a nous, cette querelle nous parait assez inutile, puisqu'elle ne fera pas naitre un bon ouvrage de plus et n'arretera pas davantage la premiere petite demoiselle Ti qui il prendra nne demangeaison d'ecrire les romans qu'elle a reves au jpensionnat. II vaut beaucoup mieux, ce nous senible, arriver tout de suite a la veritable question ; et puis- qu'il s'agit de jugcr de la valeur intrinseque d'un fait present et materiel, laisser de cote les complimens de la galanterie. L'ouvrage est-il bon ? est-il mauvais ? Voila ce qu'il laut sa- voir. Pour mettre sans retard cette regie en pratique, nous di- rons que la Femme da monde et la Devote est un livre ni tres- bon, ni absolument mauvais. Le style en est pen elegant, quoique toujours correct; I'intrigue est commune, pen inte- ressante, les caracteres en general assez fail)lement traces; celui du pere Docin, cependant, est assez' vigoureusement dessin€ : malheureusement il n'est pas neuf. Un autre merite des eloges sans restriction, c'est celui de la jeune Antoinette, qui est plein de fraicheur, de nouveaute, de grilce, et dont on trouverait bien des originanx en France depuis nne quin- zaine d'annees, grace aux predications decesapotres nomades qui parcourent les petites villes et les campagnes de nos de- partemens. ISous pourrions adrcsser de graves reproches h LITTERATtRE. 735 I'autcur snr Ic tableau quVUe I'ait du monde de nos jouri!;, ta- l)leau infidele sous tous les rapports, et qui ferait croire qu'elle n'a vu la socitte qu'cn province. Nous aimons mieux lui conseiller en fmissant de laisser mfirir son talent, d'obser- ver mieux les liommes, d'exercer sa plume en silence, et de prendre, quelque jour, une bonne revanche de ce que cor- taines gens appclleraient un succes, mais de ce qui doit sans doute ne passer que pour un essai malheureux aux yeux d'une femme d'esprit comme M"" Maignaud. S. R. 256. — Voyage dans les Cevennes et la Lozdre , par M. Adolplienz Chesnel. Paris, 1828; Achiile Desauges. In-i-S de 261 pages. L'auteur part de Yilleneuve d'Avignon, se dirige vers le Vivarais, patrie de Florian, theatre du roman d'Estelle ; il arrive ensuite a Menile, choi'-lieu du departement de la Lo- zere, traverse une portion dc celui dcl'Aveyron, entre dans le Tarn, visite Castres, Albi , Soreze, le bassin de Saint- Feriol, vaste tre.-or des caux du canal de Languedoc; il en- tre ensuite dans I'Aude, passe par Castelnaudary , et vient terminer sa course 11 Villefloure, residence de IM. deLa Boinsse, po^te elegiaque, a qui la relation de ce voyage est adressee. Mais comment M. de Chesuel a-t-il le courage de lancer dans le public, a I'epoque ov\ nous sommes, un voyage a la ma- niere de Chapelle, c'est-a-dlre , gntremele de vers, mais ecrit d'un ton burlesque, ou langoureux, ou musque? Dans quel nionde a-t-il vu qu'on rougit aujourd'bui d'aimer naDame pour user de sa facon do parler? et etait-ce bien la un motif sulTi- sant de comparer M. de La Bouisse k un Manimouth? M. de Chesnel cultive la botanique et la geologic; pourquoi de- daigne-t-il de decrire, sous le point de vue scientifique, les Tontrees peu frequentees qu'il a parconrues ? II ecrit avec quelque facUite ; il parait posseder une instruction variec; il aurait pu faire un livrc utile , au lieu d'une tentative malheu- reuse , pour ressnscitcr un genre d'ouvrage pretentieux et justement passe dc mode. *. 257. — Code parisien ; Manuel complet du provincial et de I'eiranger d Paris , contenant les lois , regies, applications et exemples dc I'arl de vivre dans cetle capitale, sans elre dupe, et de s'y anuiser a peu de frais; par Cli. Uoisset. Paris, 1829; Denain. In-18 de 3ii pages; piix, 5 fr. 5o cent. 258. — Seines de Paris ; avec cette epigraphe : brieKete, variele. Paris, 1829; (iuery et C". In-52 de 122 pages; prix, 1 fr. Quelque* mots suflironl pour laire connaitrc ce* deux li- 736 LIYRES FRANCAIS. vres tloni Ics aiUeiirs prctenderit trac<;r uii tableau complel ile Paris et de ses mceurs. Pour lo premier, c'e.st une imitation I'orcee, tVoitle et decoloree de ces codes amusans et souvent spiritucls qui nous ont initicsaux mjsleres dc la gastronomic, de la toilc'lle, etc. Le provincial et I'etrangcr n'y trouveront pas beauc'onp a apprendre, et je Icur recommanderais avec bien plus d'assurance Ic moindrc dc ces guides oi'j se trouvent tout simplemcnt enumeres les rues, les fontaines, les thea- tres, Ics monumens, les restaurateurs, les hotels garnis, etc. : la, du moins, lis rencontreroiit des renseigncmens posilifs, et I'anteur n'exigera d'eux aucun trihut d'admiration pour son esprit et ses cpigrammcs rebattues. Quantaux scenes de Paris, elles apparticnnent au genre qui nous a valu les Soirees de Neuillj et les Proverbes rovtaniiqaes ; mais elles ne feronl ou- blier ni M. Theodore Leclercq , ni MM. Diitmer et Cave, ni M. Romieu; car il est diflicilc d'imaginer rien de plus niais et de plus trivial que les esquisses du Carnaval, du Palah- Royal, des Omnibus, etc. Memoires et Rapports de Soeletes savantes. aSg. — * Stance pubtiqae de la societe de midecine de Caen , tenue le 3o decembre 1828. Caen, 1829; Paris, Lance , rue Croix -des-Petits-Champs, n° 5o. In-S" dc 88 p. ; prix, 2 fr. Des academics qui nc produisent rien , on dont I'existence n'est revelee que par les diplumes qu'elles expedient au loin , par des seances publiques sans interet, et par des prix propo- ses qu'elles n'accordent pas... cela s'est vu ; plus d'un depar- tement, peut-etre, le voit encore. Six societes savantes re- sident a Caen; mais elles concourent toutes, plus on moins, aux progres des sciences et des arts. Medecins et conlrercs, bien plutot qu'academiciens, les membres de la Societe qui vient de publier le precis de ses travaux annuels, se livrent a la pratique et se communiquent leurs observations, avec cet esprit d'examen et d'independance qui est le grand caracterc de notrc siecle. S'ils admettcnt comme principe dc rapportcr, autant que possible, a des alterations organiques, materiellcs, les diverses maladies , ils contestent par des fails la localisation de ces maladies. M. Raisin, principalemcnt, condamne la diete , dont la theorie physiologique de Virritation continue de faire usage. La vaccine est presque generalement rejetee par les journaliers et les indigens. Que Tinstruction reli- gieuse ne s'applique-t-elle plus souvcnt aux besoins de I'hu- (nanite ! EUc contribuerait puissammeiit a vaincrc celte de- Ml^MOIRES ET JIAPPOUTS. 707 plorable obstination. Mais, la chaire, si J'ocomle 611 mamle- mens, en prunes mystiques et en pratiques devote?, reste niuette pour preserver i'cnfance dn ileau qui la deciinc encore. Sur 688 malades qui onl: ete admisa I'Hutel-Dieu, ilest mort 1 militaire sur 50; — 1 habitant sur i5; — 1 feninie sur g.» Un grand nomhre d'ouvrieres en denlelles contractent, des I'enfance , la phthisic pulmonaire; et cette fabrique emploie, dans rarrondissement de Caen, plus de 20,000 femmes. Com- ment ne demande-t-on pas a la mecanique un moyen , facile sansdoute, de procurer a ces inyriades d'ouvrieres courbecs sur leur metier, une attitude qui laisse a la poitrine son ex- pansion dans I'acte respiratoire ? M. Lafosse , secretaire, a analyse avec talent les observa- tions on les Memoires de ses coUegues; de M. Provost, sur la saignee; de M. Trotive, sur I'usage des bains de mer; do M. Saint-Fresne, surle cancer de restomac; de MM. Domi- NEL et Duval, sur le traitement de la fistula lacrymale, etc. Parmi les maladies dont cette societe suit ct corrige I'inten^ site dans chaque canton dn Calvados, elle s'est occupce sur- tout de la miliaire, qui continue le plus ses ravages dans I'ar- rondissement de liayeux. Quoiqu'elle n'ait pu accorder le prix offert sur ce sujct, I'analyse des quatre Memoires pre- sentes est une partie importante de cette brochure. La Societe propose un prix de 200 fr. (avant le 3o mars iSoo), pour la question suivante : « Comparer les opinions des auteurs de la doctrine physiologique sur la gastrite et la gastro-enterite ai- guiiet chronique, avec ce qu'on avait ecrit prccedemment sur ces deux maladies, sous diverses denominations. » Isidore Lebrcis. 260. — * Rapport general sur les travaux duConseil de salii- brite de Nantes, pendant I' annie 1828. Nantes, 1829; Melliiiet- Malassis, imprimeur. In-8° de i56 pages. 261 — * Rapport du Jury de distribution des pritnes, faite ei la foire nantaise, le 25 mars 1829. Nantes, 1829; imprimerie de Mellinet-Malassis. In-8°de5i pages. Quoique ces deux rapports n'aient aucune connexion cntre eux, quant a leur objet , nous les reimissons comme venant de la meme cite, et montrant I'un et I'autre la sagesse de ses administrateurs, bien secondee par les citoyens. — Le Rap- port du Conseil de salubrite, rcdige par le docteur Marion de Proce , embrasse lout Ic departemcnt dc la Loire-Inl'erieure ; niais, le chel-lieu , en raison dc son induslrie, occupe plus Ic Conseil que tout le rcsic du territoirc el de la popnlalion. On cjoit remarquer ime certaine propcnsion a t'avoriscr cette in- ;38 LIVRES FRANgAIS. dustrio, niOme aux depcns des voisins qu'ellc peut inconimo- der : il seinhle (juc le Coiiseil, tout-'eutior a I'oJjjcl dc son inslitutioii , no ti(Mit pas assczcoiupto tic to qui n'ost que dcs- agreable, sans otre insiUubre. line railinoric do su(;rc est, sans contredit, un tacheux voisinagc ; et, si I'on discntc ses pro(;e- des, relalivemcnt a reconomio pul)liquc, on soUicitcra Ics chimistos d'y I'aire quohpies ohangoniens, qui no scndilont pas impossil)los, etquiviondraicnt Ibrtapropos. Le rapporlom- nous apprcnd que Ics ranineries de suore, a Nanles, cmploiont on-, viron qualre niillicj'S de noir animal; ([ue , ponr en labriqucr cclle quantity, on ya chcrcber des os jusqu'cn Espagne : quo dc gelaline perdue, aux depcns de la population qu'cUc aurait alimentee ! Dans leg terns de discUe, on interdit la distillation des eaux - de-Yic de grains : sonimcs-nous done assez bien pourvus de nourriture animale pour en sacrificr, en pure perte, une immense quantito ? ondevrait pourlant ne pas ou- blier, qu'une livre de gelatine est plus alimentaire que buit livres de pain. On trouve, dans ce Rapport, Ic tableau du mouvement de la population dc Nantes, en 1828. 11 y est ue 2oH5 enlans le- gitimes, aSo enlans naturels ; on a rccueilli 221 enfans expo- ses. Lcnombre des naissances n'a que mediocrement surpasse celui des dectjs. Los correspondans dvi Conseil de salubrite de Nantes out fourni d'intercssantcs Notices sur I'etat du sol, des cultures, des habitations; sur les habitans, lour maniere de vivre et leurs habitudes, sur les maladies anxqucUcsils s'exposcut, par un mauvais regime, qui ne pourra etre change que lorsque I'instruction aura penetrc dans ccscontrces. II est, sans doutc, des parties dc la France qui sont en arricre dc quelques au- tres dans I'ordre de la civilisation; mais il n'en est aucune, meine parmi les plus avancees, ou le bien qui restc a faire ne soit immense, oi\ Ton n'ait bcauconp de maux a reparer, d'ba- bitudes a changer, de procodes nouvcaux a introduire : c'est de I'esprit d'association qu'il faut altendre tons ces bienfails. Le Rapport du Jury dc la distribution des primes faite a Id foire naniaise contient moinsde I'aits importans ; mais ony voit avec satisi'action que, dans cetto partie de la Bretagnc, on marche avec perseverance dans la voic des ameliorations, et que les interets et les speculations d'un vaste commerce ne I'onl pas jierdrc dc viie les perlectionnemens agricolcs. Quoi- que rancicinie Arniorique ne soit pas depourvue dc bonnes races d'auimaux domcsliciues, on n'y dit point niaisement : le micua; est I'ennemi da bien ; on cherchc ce mieux , et Ton prend MEM. ET KAPP. — OUVR. P^RIODIQIJES. yoi) Ics moyens de Ic trouver. Lcs primes accordees cettc annce ctaicnt de pen do valcur; niais c'etait une ri^compense, dont la solcnnite de la distribution rehaussait Toclat, et t'aisait Ic principal merite. M. le prefet s'etiiit charge de I'aire la distri- bution, et il se propose de mettrela Societe en etat d'etre moins parcimonieuse a I'avenir. Ce Rapport contient des matt'riaux qui trouveront leur place dans la statistique du departement de la Loire-Inferieure. Plus d'un lecteur y apprendra que les fiomages de Brie sont fabriques dans I'ancienne province de ce nom, aveo du lait fourni par desvaches d'origine bretonne; ce quia I'ait pcnser que ces tromages pourraientetre fails en Bretagne, aussi bien, ou meme niieux que dans la Brie, et I'experience a pleine- ment juslifie ce que Ton avait presume. En general, I'espece bovine, dont les races sont asscz varices dans I'ancienue pro- vince de Bretagne, y est pourvue partout de qualitcs qui la font rechercher au dehors, et qui lui donneraient encore plus de vogue, si on I'avait decrite, telle qu'elle est, et avec le soin qu'eile merite. Le departement de la Loire-Inferieure possede aussi quel- ques bonnes races de chevaux. Nous regrettons de ne pouvoir transcrire ici lesexcellentes observations inserees dans ce Rap- port, sur les moyens de soustraire la France au tribut qu'elle - paie a I'etranger pour remonter sa cavalerie, sur I'adminis- tration des haras, lesqualitesqui doiventetre recherchees dans un etalon, etc. Le rapporteur a voulu etre bref, et il y a reussi, sans ricn retrancher de ce qu'il avait a dire; les ecrits rediges avec cette concision ne doivent point etre morceles, il faut les lire d'un bout a I'autre. N. Ouvragcs piriod'ujues. 363. — Album des provinces, oa Revue littcrairc , scicnti/i- que et mdustrielle des dcpartemens. Paris, 1829; on souscrit au bureau de VALhum, rue de Vendome, n° 6 bis, et chez tous les libraii-es des departemens ; prix de^ I'abonnement, 10 francs pour trois mois, 18 pour six mois, et 56 iVancs pour I'anuee ; pour I'etranger, 20 fr. pour six mois, et 40 fr. pour I'annee. II paraitra chaque mois deux livraisons, et si les s'ouscriptions sulfisent pour couvrir les frais', les redac- teurs s'engagent a doubler gratis le nombre des livraisons, mais seulement pour les abonnes qui auront souscrit dtunnl les trois premiers mois. Nous neconnaissons encore que Ic premier cahicr dc co noii- 7^o LIVRES FRANgAIS. vcau recucil, et le prospcclus en occiipc uiie parlio; nous no pouvons done jngor que tlu choix dcs uuiticics, et non dc leuF ahondancc, deux Icuilles d'impiession seuleuicnt leur elant consaciecs dans celte livraison. Lc l)ut des redacteurs est d'unc grande utilite, leur plan est vaste; si le projet est aussi hieu execute qu'il a ete coneu, V Album des provinces peul compter sur un succes biillant et dural)!e. Nous offrous, diseiit les redacteurs, aux ecrivains qui liabilcnt la province d'accucil- lir leurs ouvragcs manuscrits on iiuprimes, et de les iaire con- iiaitre par des analyses on par des citations^ et nienie de les insorer dans notre rccueil, soil en tolalite. soil par Iragmen.'i, selon leur importance et leur etendue; aux artistes, d'inserer dans notre Allium les articles que Ton nous adressera sur leurs ouvrages, nous engageaut a rendre un compte detaille des salons des grandes villes, a Tcpoque de leur ouvcrture; a cette classe si interessante de iabricans et de proprietaires, dout lc travail accroit sans cesse la prosperite de I'Jitat, d'adiaeltre, non-seulement les notes el les avis qu'ils voudraicnthieu nous faire parvenir, mais encore de fairc connaitre les nouveaux etablissemens, les decouvertes recentes, les innovations ap- portees aux precedes industriels ; enfin , de rendre cxacte- nient compte des expositions deparlementales, et de cclles de Paris; aux direcfeurs de spectacles, de consacrer un bulletin aux nouveautes theatrales du pays qu'ils exploitent, de les tenir aucourantdesdebutsdesacteurs, etde leur donnerl'analyse des pieces representees, avec succes, sur les theatres des provinces, et sur ceux de la capitale ; aux imprimeurs et aux libraires, d'an- noncer, sans delai, les ouvrages qu'ils feront parailre, et dont ils nous adresseront deux exemplaires ; nous oilVons meme aux ecrivains, qui, aprcs avoir adrcsse des manuscrits que nous aurions inseres dans une ou plusieurs livraisons, seraienl bien aises d'en faire tirer a part un certain" nombre d'exeni- plaires, de nous charger de ce soin ; ils n'auront alors a payer que le remaniemcut, le papier et le tirage, cc que tons ceux qui font imprimer savent I'ort bien se reduire a pen de chose. Entierement devoues aux iuterets de la province, nous oilVous enfin a ses habitans de les rcpresenter dans toules les all'aircs relatives aux sciences, aux letlres, a I'industrie et aux arts, et de nous charger, satis aucune rdlribulion , de toutes les de- marches qu'ils Youdront bien nous confier. "'L'ouvrage que nous publions est le Iruit de soins labo- rieux, dc voyages pcnibles el dc correspondances coiilcuses : Wen de semblable n'a etc teiitc jus(iu'a present, et I'espoir dc OUVRAGES Pl!:ilIODIQUES 74 1 t'Doprrcr a line enlroprise vraimeiit nationale, a pu soul nous iloiincr Ics rurccs nccessaircs a son accomplissemcnla . En transciivant en entier le resume du prospectus de ce nouvean rccueil periodique, nous avons voulu mettre nos lec'leiu's a porlee de jugcr si rien de seniblable n'a ^le tenie jusqud pre.seni, ct de faire une pari equilaltle aux anciens jour- naux et au concurrent qui vienl d'eutrer dans la carriere. Dans le premier numero, nous lisons une oite aux Grecs, envoyee aulrel'ois au Mcrctire du xix" Steele, qui ne I'iuscra point. Les rcdacleurs en ajipellent nu public de ce jugement trop severe du Mercure; il est bien a craindre que le public ne le con- lirme. On ne donnera pas non plus beaucoup d'eloges a une autre piece de vei-s, tiree d'un recucil pujjlie a Strasbourg. En somme, cetle premiere livraison n'est point satist'aisante, conlre Tusage oi'dinaire des nouvelles eutrcprises litteraires dont le debut I'ait presque toujours concevoir des esperances nil pen trop seduisantes. Ajournons done notre jugementsur le nouvel Allnun jusqu'a la ptdjlication des numeros suivans, ou les articles commences dans celui-ci pourrout etre connus en entier, 011 le travail des redacteurs manitestera toutes ses ressources, et donnera la mesure de ce que Ton doit en at- tendre, lorsque I'entreprise aura toute I'etendue qu'elle doit end)rasser, sous peine de s'arreter des le debut, et ne laisser aucune trace de son existence. F. 265. • — Album ccnomaii. Bulletin statisiiquc des sciences, des arts, de I'industrie, du commerce, de ragriculture, de riiistoire, des mneurs et des antiquites des drpariemcns de la Sart/ie et de la Mayennc. Premiere annee. Le Mans, 1829; Pesche jeune, editeur. A Paris, Lance. Ce Journal parait tous les dimancbes. Prix, 13 fr. par an, 6 fr. pour six mois, et 3 fr. 5o c. pour trois mois. Cette nouvelle publication, consacrce surtout aux departe- mens de la Sarlbc et de la Mayeniie, parait devoir ofl'rir un assez grand interet. L'editeur, M. Pescbe, du Mans, en u concu le plan dans un but d'utilitc qui ne saurait etre me- connu , non-seulemcnt eu egard aux iocalites pour les- queiles le journal semble destine, mais meme relulivement aux aulres departemens de la France, empresses aujourd'hui de se mettre en relation les uns avec les autres : le projet que realise actuellement V J Ibum ccnoman est d'offrir I'expres- sion des bcsoins du pays, de faire connaitre ce qui se passe dans I'interieur, et d'y repandre en refour la conuaissance de cpquijvenantdu dcbors, pent avoir quelque inlluencesur les de- partemens de la Sarlhe et de la Mayenne. Ce journal se dislingiic 74.S LIVRKS EN LANGllES liTil AN GERES, par ii!i raracloie do bi>niie foi bicn proiionoc, ct pliisiciirs arli- cles dos numi'ios qui out drja paru annoiu'ont uii esprit d'ob- servation et do saino critiquo, qui ne piuit uiatiquor do_lui cou- qiiorir dcs Iccloiirs. Nou.^ y avons remarquo entro aiitres un arlic'le sur la lillorattirc eii province, oii raiitonr indique avec juslesse, tt souveiit avcc bonhcur, les principalos causes qui la lelionnent stationnnire, et i'ompochent de prendre Ic dove- lopponienl aufjuel elle est appeloe. Quant ;\ la parlic statisli- qiio (pii doit avoir une grande importance dans V Album, por- sonne n'est a mome plus que I'editeur de presenter a cet egard des resnltals satisl'aisans, puisque, depuis plusieurs annocs, il travaille avec succ(l'S k une statislique generale dii doparle- nieiit de laSarlhe, dontla 9''livraison vient deparaitre, el qui, juslemenl apprecioe sur les lieux memos, y conipte un grand nombro de souscripteurs. Cc sont la des garauties de suc- cos pour un journal qu'on doit s'efforcer d'encourager. L. D'H. Litres en langues ctrangires , imprimds en France. 264- — Historia de la Monja Alferez, etc. — Histoire de la religieusc olTuier, Catherine d'Erauso, ecrile par ellc-meme, et enricliio de notes ct de piiccs justificatires, par don Joaquin yi/iin« Fekrer. Paris, 1829; Jules Didot. In-8°. Co petit volume renferme les avenlures d'nno jeune fillo cspagnolc, nee vers la fin du xvi' siecle, a Saint-Sobastien, et que ses parens faisaient clever dans un convent de la ville en ntlendant qu'ellc y pril le voile : elle no le prit point pourtanl; une querelle quo Catlierinc cut avcc Tunc des socurs du con- vent fit naitro dans son esprit le dosir d'abandonner la vie religieuse, ct de quitter brusquoment le cloitre. Un jour, pen- dant qu'on chanlait matines, elle s'enfiiit, gagna le bois qui cnvironne la ville, et apres Irois jours passes dans la solitude, pendant lesquels elle n'cut pour nouiiture que des i'euillcs ct des racines, ct qu'elle mit a profit pour faire de ses jupes un habit d'bonmie, se rendit a Yittoria, et parcourut diverses villes dc I'Espagne sous ce deguisemcnt. Quebpies annees plus fard elle s'embarqua a bord des galores espagnoles qui faisaient voile pour rAmerique, et y servil comme mousse. A son arrivee dans le Nouveau-Monde, elle doserta, faliguee d'un aussi poniblc emploi. Devenue tour A lour gar^'on de boutique ct intcndanl d'lm riclie nogociant, elle y comuKMica une serie d'aveutures plus cxlraordinaires les unes quo les autrcs. Engagec ensuite au service du roi d'Espagnc contro LIVI\ES EN LANGUES ETRANGERES. -/iS les Iiuliens, clle se sij;i)ala par dcs laits d'armes tres-gloricux, el .son courage liii ayaiit gagiie Teslime de ses chefs, elle fut nominee an grade (V Alfercz, porte-etcndart, ce qui repondait k eelni de lieutenant d'unc compagnie. II ne serait point facile d'cnunicrcr les coups d'epce qu'elle donna et qu'elle recnt tour a tour dans nne Ibule de duels et de querelles oi'i la precipitait sans cesse son caractcre altier ct irascijjle. A la fin, une blessure recue dans i;n de ces conil)ats Ini faisant craindre pour ses jours, et les vertus de I'eveque qui vint lu visiter lui inspirant la plus grande con- fiance, elle piit la resolution de lui reveler son sexe. Que Ton juge dc I'etonnenicnt du bon prelat, en apprenanl que le spadassin le plus redoulable de toute I'Anierique, le querel- leiir le plus audacieux, ct qui etait devenu rcffroi de toutes les yillcs qu'il avait habitces, etait une femmc, et qu'elle avail menie ete religieuse. Des malrones furent appelees pour ve- rifier le sexe du prelcndu odicier; il resulta de leur verifica- tion que non-seulement rindividu blesse etait une fenime, mais qu'il conservait sa virginite. On pourra lire dans I'his- toire les suites de cette revelation, le retour de la religieuse en Espngne, la pension que Philippe III lui accorda, conime recompense des combats qu'elle avait soulenus centre les In- diens, son voyage h Home, racciieil que le pape lui fit, les I'etcs que les cardinaux lui donnerent, et enfin la permis- sion que Sa Saintete lui accorda de porter toujours I'habit d'homme. Des aventures aussi extraordinaires paraissent tenir du ro- man, et Ton est porte a douter dc I'authenticite d'une histoire qui offrc toutes les nppareuces d'un conte fait a plaisir. Mais de nonibieuses pieces juslificatives, dont les soins eclaires de M. de Eerrer out enrichi Tonvrage, prouvent que ce pcrson- nage a non-seulement existe, mais que les voyages, les duels, les meurtrcs qu'onliii allribue, sont conformes a la plus ri- goureuse exactitude historifpie et chroiiologique. II est digne de remarque que I'amour ne joue aucun role dans la vie de notre amazone. Quelques intrigues de galanterie avec des demoiselles americaines, que la religieuse o/lirici-nynit grand soin de ne point pousser jusqu'au bout, egayent seule- ment le recit de ses vo^'ages et de ses combats. C'est la une preuve de plus, selon moi, de rauthcnlicite de son histoire; car pouvait-il se trouver dc la tendresse dans le cceur d'airain de cctte femme vagabonde, tlont le scul plaisir clail de so battle, et de donncr partout des coups d'epee, veritable ex- ^/|/, UVRES EN LANGIIES ETRANGERES. cf-ptioii a cettc loi de la naliiio, (jui accordc aux Icmmcs la (loiiccnr c( la sensihilito en parlagc. Sa laidcur otait d'ailk'uis df s plus rcpoussniitcs, et exprimait bien lout ce quo son ainc avail a la I'oi.s do ])i7.arre ct d'atrorc. Ainsi I'hisloirc dc la Monja Alferez n'excilcrait que eel in- tcrCt que Ton a pour lout ce qui est exlraordinoire ou bizarre, si Ton n'j trouvail en menie terns \\n tenioi{,niagc do plus a ajouler a ceux des historiens sur I'espril avcntureux et sur les mceursdcsEspagnols, al'epoque oi"i elle vocut. Envisage sousce poinlde vuc, ce livre, d'amusant qu'il elait seulemeni, devient instructif. On veil, par ce document hislorique, conibien Ics duels otaieut alors frequons. On a une preuvc do plus do I'impu- nitedontlesmeurlricrs jouissaient presqueparlout, parsuilede Tabus de Tasile dans les eglises; on reconnait enfin Ics deplo- rables ravages occasionncs par cct esprit querelleur qui, de rhaque ville de I'Espagne et de rAmeri(pie, faisait une areno oil le sang des ciloyens conlait h grands flots, ou des roupe- jarrcts prelcndaicnt se faire justice eux-momes d'injures pour la plupart iniaginaires, poiu' salisfaire lours vengeances porsonnelles. Ce i'ut la I'un des malhcurs qui signaloront les rogues de Pbilippe III ol de Philippe IV, ct il parvint au plus haul degre d'inlensite sous le rogne du faible Charles II. A. Mt'RIEL. 265. — * Obras lUerarias de don Francisco Martinez de la Rosa. — OEuvres de M. Francisco Martinez de la Rosa; t. IV. Paris, 1828; Jules Didot. In-12; prix, 5 fr. (Voy. Ra, Enc, t. xxxix, p. 236.) Nous sommesen retard pour I'annonce decc qnatriome vo- lume des oeuvres lillorairesde M. Martinez de la Rosa. Cetau- teur poursuit la tacho honorable qu'il s'esl imposeo, de repandre de bonnes doctrines dramatiquos parmi la jeunesse castillane, ct de chercher \ confirmer, par des exemples, les proceptes des mailres de I'arl, tant anciens que modernes, qu'il a poses ct developpos dans les volumes precodens. Le tome iv con- t4ent, 1° une tragedie en cinq actes intitulcc Zo/'rtr?n<;, sujet pris dans I'liisloiie des Arabes espagnols, mine riche, facile a exploiter avec succos, que les pootes castillans out Irop ne- gligee jusqu'ici avi grand prejudice de lour scone dramatique, el qui olTrira long -terns ;\ ceux qui y auront reconrs a I'ave- nir, nn moyen puissant d'interesser el d'cmouvoir. 2° Une version de VEpUrc d' Horace aux Pisons, avec des notes expli- calives dn but et des intentions du poete latin, aussi-bien que des moyens d'exccution dont il s'esl scrvi. Les notes, placces a la suite de la version espagnole, sous le litre d''e.rposi'CB. Geobgks IV, roide la Grande-Bretagne. aoilt 1762 Locjis, grand-due de Bide fevrier i j63 FatDKBic, due de Saxe-Altenbourg.... avril 1765 Chables XI\ , roi de Suede janv. 1764 14 Felix, roi de Sardai^ne avril 1760 15 Alexis, due d'Anhalt-Bernbourg juin 176 16 FatDEBic VI, rui de Danemark. . .. .. fanv. 1768 Fbancois I, empereur d'Autriehe ievrier 1768 18 Fbkdebic-Fbbdiaaxd , due d'Anbalt Goethea 19 Fbedebic, landgrave de Hesse -Horn bourg 20 Fb^debic-Gi'illaumk III, roidePrusse, 21 GiiLLAL'MB IV, roi des Pays-Bas 22 Fbedebic, prince de Hobenzollcrn-He cbingen 20 Fbancois I , roi des Deux-Siciles 24 Gi'iLLAiME II, grand-due de Hesse. . . , 25 Geobges, grand-due de Mccklenbouig StreliU 26 FBA^coIS IV, aicliiduc,duede Modene^ 27 GiiLLAi JIB I, roi dt: Wurtembeig 28 ("hables, grand-due de Saxe-Weiroar. 29 Ebnest, due de Saxe-Cobourg-Gotha. . 3(j Febdiaasd ^ II , roi d'Espagne 3i Geobce-Gc iLLALME, prince de Scbauni- boui g-Lippe 02 Hesbi LXII, prince de Reuss-Scbleiz. 7>a Mahmoid II 54 LuLis I, roi de Baviere 35 Geobges , prince de Waldeck 36 IIekbi XIX, prince de Reuss et Gieiz. 57 M abie-Locise, duehesse de Paiine. . . . 58 Gl'illaume, due de Nassau 39 Gi.xTHEB, prince de Sch^varzbourg-Ru- dolstadt 40 LEOPOLD, due d'Anhalt-Dessau 4 I Nicolas I, empereur de Russie 42 Leopold, prince de Lippe-Detmold.. . . 43 Henbi LXXII, prince de Reuss-Ebers- dorf 44 Leopold II, grand-due de Toscane.. . . " 45 G HABLES, due de Lucques 46 BEENABD,duc de Saxe-Meinungen-Hild- burgliausen 47 Don MiGtEL, elu roi de Portugal par les cortcs de Lanugo, iiiais mm reconnu ]>ar les puissances europeennes 48 Chahlls, due de Brunswick 49 Mabia da Gloria, reine de Portugal. . . juin 1769 juilleti769 aout 1770 aout 1772 juiUet 1776 avril 1777 juillct 1777 aout 1779 octob. 1779 sept. 17 fevrier 17SJ janv. 1784 octob. 1784 dec. 1784 niai 1785 juillel 1785 aout 17S6 sept. 1789 mars 1790 dec. 1791 juin 1792 nov. 1793 octub. 1794 juillet 1796 nov. 1796 mars 1797 octob. 1797 dec. 1799 dec. 1800 mai 1802 octob. i8o4 juillet 1819 ans. Gy 66 G6 65 64 65 61 61 Go 60 59 57 53 52 52 angl-,evan. lutherien. lutberien. lutherien. catholique. evangi'liq. lutherien. catholique. catholique. reform e. evaugeliq. reforme. catholique. catholique. reform 6. lutherien. catholique. lutherien. lutherien. lutherien. catholique. reforme. lutherien. mahomet. catholique. evangeliq. lutherien. catholique. evangeliq. luthericD. evangeliq. grec. reforme. lutherien. catholique. catholique. lutherien. catholique. lutberien. catholique. -5o KIJROPK. II. Tableau des souveraius de L'Europe en 1829, ranges d'aprcs I'cpoque de leur avinement , avcc I' indication de Iciir age au commencement de leur rdgne, et da nombrc des membres males dont se composent tears families respectives. NOMS DES PULNCES RlfeoINANS. Die (lu SlXE-Al.TEiJBUURG (JllAND-DtC clcjMEeKI.Ex\BOLRC-SclIWEHIN. PbIIVCK (le HuHENZOLLERK-SiEGMAnlNGBH. 1'rince de LirpE-ScuAuuBOunG Grakd-di'g (Ic Hesse EmPEKEIR d'AuTRICHE Prince deScHW A BZBOURG-SONDEHSIIAUSEN Due d'AwHALT-ljEBIVBOUaG Uoi de Phusse Prince de Lippe-Detmold Due df Saxe-Meiniingen PrK\CE de LlCHTENSTEIK Due de Saxe-Cubourg Pri.>ce de SchwabzbourgRudolstadt. Uoi de Dakemark 1U)I d'EsPAGNE SULTAM , Phiivce de Hohenzollbrn-Hechingem.. . Prince dc Waldeck Uoi des Pays-Has DucHEssE de Parme Due de Modene Due de BauNSwiCK , Due de Nassau Roi de Wurtemberg Grand-duc de Mecklenbourg-Schwerin. Prince de Reuss-Gheiz Due d' Anhalt-Dessau Roi de Suede Prince de Reuss-Schleiz Grand-duc de Bade Due d'ANHALT-CuETHEN Landgrave de IIesse-Hojibourg Roi de la Gbande-Bretagnk f;r,ECTEUR de Hessb Roi de Sardaignk Prince de REuss-EBEiisonRi- Due de Oldenboi rc Due de LucQUEs (JllAND-DUC de ToSCANE Roi de France Koi^des Deix-Siciles av^nement A a 11 I'age tr6«e de aiis. sept. 1780 •7 aviil 1785 28 dec. I -85 2 0 f(';vrier 17S7 2 avril ■79" Sb mars '792 24 oclob '794 06 aviil '796 28 nov. 7^7 27 avril l8(J2 5 dec. 1800 3 mars i8o5 44 dec. 80 G 22 aviil 1807 i3 niais 1808 40 mars 1808 20 juillcl 1808 2^ nov. l8io H sept. iSi5 25 dec. i8i3 4> mai 8i4 22 JUIll 8i5 35 jiun 8i5 10 jaiiv. 1S16 23 octob. i8i6 55 nov. 1816 57 janv. .8.7 26 aoCit 1817 22 fevrier 1818 54 avril 1818 J2 di^c. 1818 55 dec. 1818 48 jaiiv. 1820 59 janv. 1820 57 (evriei 1821 43 avril i8ji 56 juillet 1822 25 juillet 1820 68 iiLlrs 1824 25 ]iiin 824 26 sepl. 189.4 ()■- janv. 1825 t<; GRANDE-BRKTAGNE. 75 1 NOMS DES PRINCES R]fiGNANS. Roi de BAViiiRE Empeheur de RcssiE Rf.ine Maria da Gloria Roi de Saxe Grand-dcjc de Weimah Pie VllI Don Miglsl, non reconnu , pour nie- moire AVi^HEUENT a au I'Age th6ke. de aiis. octob. 1825 ■59 d6c. 1825 29 niai 1826 7 inai 1S27 72 juin 1828 45 mars 1829 68 . . membres. 9 111. Tableau des rnaisons soureraines cteintes dcpuix iSoo. Relss-Gera en 1S02. MoDENE-KsTE en 1800. REUssLoEENSTEiiy, branche aiiiec en i8o5. Akhalt-Goethes, la ligne principale .... en 1818. Reoss-Lobenstein, biancbe cadelte en 1824. Saxe-Gotha en 1S25. GRANDE-BRETAGNE. LoNDRES. — Mortaltte dans cette capitate en 1828. — On vientdepublier la table des naissances et des deci's qui out eu lieu, I'annee passee, a Londres; en voicides extraits. Ilyaeu : 26,543 naissauc, doiit i3,36o gari^ons, et i3,i85 filles. 21,709 dec(''s, dont . . 11,112 garcons, et 10,^97 fi"*-'=>- Difference 4»836 iiaiss. en plus. 2,248 iiaiss. ('995 Magdebourg Merscbourg Erfurt Minister Mindcn Arnsberg Cologne Dusseldorf. Coblem Treves Aix-la-Chapelle. . . . Total.. . . 549, l32 585,327 274,929 392,824 587,870 447,254 382,993 692.032 412,210 366,458 348,629 12,726,820 Tableau de C augmentation progressive de la population dans la monarclue prussienne , depuis iSiy jusqu'd 1829. ^^^■" ANNIES POPULATION. 1817 10,536,571 1819 10,976,252 182U 1 1,272,482 1S2I ii,4So,8i5 1822 11, 664,1 33 1824 12,030,679 1825 12,256,725 1826 12,410,788 1S27 12,5.".2,278 1828 12,726,823 :56 EUROPE. SUISSE. RictAMATioN. — Laxjsanne, aout 1829. — Monsieur, votrc Uevuc du mois de juillet dernier, p. 253-237, renferme nn article relatil'au proces de M. iMonnard. Get article contient des assertions a conp sCir bien pen philosopliiqiic? ; je ne m'en occuperai pas, je ne suis point appcle a les refiiter. Mais, i\ cole de ces assertions se trouvent des erreurs graves sur les faits. A la page 255, voire oorrespondanl dil : « I'ouvrage dont il est question eul-il ete hors de tonic atleinte, quant a soncon- tenn, devait, d'apres I'article 1" de noire loi sur la police de la presse , elre soumis a la censure, comme production d'ini auteur domicilie hors du canton; et M. Monnard, qui s'etait charge d'en procurer I'impression, n'ayant pas renipli cette formalite, devait, pour ce fait seul, etre traduit devant les tribunaux, qui auraient eu, en outre, a juger si I'ouvrage, par la nature de son contenu, donnait lieu a quelque autre application de la loi».Or, c'est la une grande erreur ; car M. Monnard, comme Vaudois domicilie depuis plus d'un ;m dans le canton, etait absolument libre de faire imprimer cette brochure, sans la soumettre a la censure , s'il etait editcur ; et, s'il ne I'etait pas, aucunc obligation pareille ne pcsait sur Ini. C'est ce que les tribunaux ont decide; il parait que Tanteur de I'article qui vous a etc envoyede Lausanne, n'est pas juris- consulte. On pourrait encore relever d'autres erreurs et d'autres inexactitudes qui Uii ont echappe. Puisque I'auleur n'a pas )uge opportun on prudent de se nonimer, cette rei'utation perdrait aussi de son interet. Cependant, comme voire correspondant anonynie avance (pie le conseil d'Etat a conserve nn pouvoir arbilraire sur les ])rofessem"S (page 257) il voudrapeut-elre juslitier aussi I'ar- rete nouveau que le conseil d'Etat vient de publier contre M. Monnard. Je me contente de livrer cet acte administralif, sans commenlaire, a la sagacite de vos lecleurs, et au zele officieux du Vaudois inconnn , qui avoue lui-meme que le premier arrete n'est du qn'a une mesure arbilraire, mais con- sacree par I'usage. Le Conseil d'Etat du canton de Vaud : \u la brochure imprimee et publico a Lausanne au mois de mars dernier, ayant pour litre : Observations sur C article sur les sectaires, inserc dans la gazette de Lausanne du i3 mars SUISSE. 757 1829, duquelecritM.^/e.i^anrfrc ViNET,ministreimpositionnaire de ce canton, actiiellement prol'esseur a Bale, s'est reconnii I'auleur ; considerant qu'il est elahli dans cette brochure : que celui qui brave la loi doit, sans doute, etre qualilie do scdi- tieux, de factietix, de rehelle ; mais, ajoute I'auteur, rebeile pour celui qui a fait la loi, rcbelle aiix yeux de la loi; que, dans le meme ecrit, se trouvent iitteralement les passages sui- vans : Uneloi injuste doit Ctre respectcc parmoi, quoufuelnjuste, lorsqu^elle ne blesse que man interet ; et mes concitoyens, egale- vient leses , lui dolvent le mejne respect. Mais une loi immoralc , iri'eligieuse , une loi qui ni'oblige de fairc ce que ma conscience ct la loi de Dieu condamnent , si on ne peut la (aire revoqucr, il faiit la braver. Ce principe , loin d'etre subversif, est le principe de vie des socieies ; c'est la lutte du bien centre le nial. Supprimez cette lutte , qu^est-ce qui retiendra r/iumanite stir cette pente du vice et de la misere oil tant de causes rcunies la poussent d fenvi? C^est de revolte en revolte (5/ fo}i reut employer ce mot), que les socieies se perfectionnent, que la civilisation s'etablit, que la jus- tice rrgne , que la verite fleurit. Considerant que de telles theo- ries sont absoiument subversives de I'ordre, qui ne peut sub- sister sans Ic respect et I'obeissaiice aux lois , ce que les tribunaux ont reconnu , en declarant que la brochure dont il s'agit renfermait C enonciation irrcflccbic d'une theorie dangereuse sur la faculte de V/iomme de resister d la loi d'apres le dictamen desa conscience ; consideraiit que Jl. le ministre Charles Mon- NARD, professeur de litterature francaise dans I'Academie de Lausanne, a pris uae part directe et active a I'impression et a la publication de cet ecrit, qu'il I'a annonce par les feuilles publiques en lui donnant son adhesion ; qu'il a commente et explique le systeme de I'auteur, en etablissant que les citoyens peuvent resister a la loi , a leurs perils et risques, ce qui ote- rait le caractere moral de I'obeissance a la loi, et que I'auteur n'aurait pas du dire, selon lui, qu'il faut marcher de revolte en rerolte , mais de revolution en revolution ; considerant, enfln, qu'il importe au gouvernement charge de faire regner I'ordre, ainsi que le respect ct I'obeissance aux lois, de re- primer, par les moyens que lui donnent ses attributions, un tel ecart de la part de deux ministres qui pourraient etre ap- peles a servir a I'Eglise nationale, et dont I'un est actuelle- ment charge, par ses fonctions de professeur, d'instruire la jeunesse vaudoise; voulant, toutefois, croire qu'il y a eu dans cette affaire, de la part de MM. Vinet et Monnard, de I'irre- flexion , et esperer pour I'avenir, que, mieux arises , ils pour- ront encore rendre k leur pays les services qui dependent de -58 KIJUOPE. Icur caractere ct dc leurs fonctions ; oui le departement do de rinterieur, arrete : Art. 1". M. AtexandreVn 10, 006 6,i33 7,202 io,oi3 9'677 4,826 6,844 2,392 En 1828. i5,58S 4,078 ii,5io 9,620 6,o48 7^954 io,o37 9,85i 5,267 6=799 3,028 TOTAl 94,986 96,898 0,070 73,996 74,172 37 (Communique par M. Adrien Balbi.) PAYS-BAS. Siatistique de la presse pcriodique. — Un de nos correspou- tlans nous transmet I'indication ci-apres des differens journaux, publics dans les Pays-Bas (1). /. Journaux ministcriels , ou semi-rninisteriels. 1. Gazette des Pays-Bas, a Bruxelles; assez bon journal, seul ofliciel , redige sous I'influencc du ministre de I'interieur (iVl.VANGoBHELSCHROi.)UEDACTEURs : MM. Daron,Griban, etc. 1. Le National , nouveau journal public a Bruxelles. IliDAC- TEiiRS, MM. Mocke, de Bruges, auteur de romans ecrits en francais, et Libry-Baguano, etc. 3. LeCoutrier universel, public a Liege depuis le mois de mai (1) 11 serait curieux et inteiessant d'offrir peu a pen, ainsi que nous avons commence k le faire, le tableau compart des journaux et ouvrages periodiques qui paraissent dans les diirerens pays. Nous recevrons avec reconnaissance les communications de ce genre qui nous seront adres- sees, lorsqu'elles anront un caracteie d'cxactitude et d'authenticife. 7(io ECROPE. 1829, dirlgc bcaucoup moins contre I'opposition liburalc quecoiitre ropposition apostolique. Redacteurs, MM. Po- cliolle SantoriiLs, JViedeman, du Wurteniberg, etc. 4. VEclaircur politique, semi-liberal, redige a Maastricht, par MM. Jaminei, If^enstenrad , avocats, etc. 5. Journal d'Anvers, autrefois redige par M. Pescux. (). Journal dcGand, rcdigo par M. Raoul, professeur et litte- rateur distingue, et par M. Durand, habile improvisateur. 7. La Gazette /lamande dc Bruges. iS. Une Feuille piibliee a Mons. »j. Janus, Journal hollandais, imprime ;i Breda, redige par M. Trap/), professeur a I'Ecole militaire; sous I'intluence de M. f^an Maanen, ministre de la justice. 10. V Impartial, qui parait a Bruxelles, deux fois par semaine. — Redactei'rs, mm. Comet, Durand, Santo-Domingo, etc. //. Journaux de fOpposHion liberate. 11. he CoujTter des Pays-Bas, publie ;\ Bruxelles. — Redac- TEiiRS, MM.De Potter , Claes, Jottrand, Ducpctiaux, Van Meenen , de Louvain , Maseart , Van de TVeyer, avo- cats, etc. — Ce journal, oi"i Ton remarque d'excellens ar- ticles, est quelquefois ecrit avec troppeude mesure, ou d'un style passionne, qui nuit a la cause meme que les auteurs ont I'intention de servir. 12. Le Politique, ci-devant Mathieu Laensberg, publie i\ Liege, par MM. Deraux, Lebeaux, Rogier, Van Hulst , etc. — On donne a ces ecrivains le nona Ahinionistes , parce qu'ils ont cru pouvoir associer I'opposition liberale a I'opposition je- suitique et apostolique. La redaction est souvent negligee. i3. La Ruche ( Byenkorf), tres-bon journal hollandais, publie a La Haie. \[\.hA Gazette de Louvain, par quelques jeunes etudians de I'universite de cette ville, dent le style est peu mesure, meme violent. i5. Le Beige, publie i Bruxelles. Redacteurs, MM. Bosh, Levae, etc., esprit sage et modere. 16. Le Courrier de Flandre, qui parait a Namur. 17. La Gazette bollandaise d'' Arnheim, assez bon journal, spe- cialement dirige contre les pretentions de la Belgique, et aussi contre le minist^re; M. Donker-Curtius, avocat h Amsterdam, en est le principal redacteur. 18. Le Journal de la Belgique, publie a Bruxelles, bien servi pour les nouvelles; plutot neutre que liberal prononce, en ce qu'il s'abslienl, le plus souvent, de discussions, else borne a donner des faits. PAYS-B.\S.— FRANCE. 761 iq. Le Journaldela province de Liege, publie ii Liege, devenu presque ministeriel depnis qiiclque terns, d'une couleur pale el indecisc; redige par MM. Chenedolle fih, Godet, Le Cocq, de Dinaiit, Desoer, etc. 20. Journal publie a Luxembourg, assez bien redige, d'une nuance tres-nioderee. ai. Journal d'Ypres, .sans couleur prononcee. ///. Journaux de I'OpposHion cathoUque et apostoUquc, ou uUra-montaine. 22. Le Couirier de la Meuse, pul)Iie a Liege, redige avec ta- lent, mais dans unc direction jesuitique, par MM. Kerstcn, Slas, etc., sous I'influence du grand -vicaire de Liege, agent ofliciel et officieux Ires-zele du souverain pontile. a3. Le Caiholique des Pajs-Bas, publie a (land par M. Bar- tels, de Bruxelles, protestant converti. 24. L'ltfAo, qui parait a Namur. 25. Le Brabancon du Nord , publie i Bois-le-Duc. 26. La ScntintUe, journal hebdo0iadaire,imprinie a Bruxelles, redige par MM. Froment, Barre, Dumont, etc., qui ne gar- dent aucun menagement envers les personnes, et seniblenl exploiter le scandale et speculer sur la maligniti publique, qui uccueille et encourage trop souvent des publications fort peu dignes d'interet. On pourrait citer encore une Feuille des Spectacles, redigee a Bruxelles par M. Maurice, freie du redacteur du journal du menie genre, publie a Paris; enfin, la Bibliotlieque des insti- tutcurs, journal de I'instruction moyenne et primaire dans les provinces wallones , recueil mensuel, tres-utile, publie a Mons, par M. Baingo;et \e Journal d' agriculture des Pays-Bas, tres-repandu en Europe, et justemeut estime. N. FRANCE. DEPARTEMENS. Abbeville (^Somme). — Phenomene de pliysiolpgie vcgctale. — II exisleaSaint-\alery-sur-Somnie chez M. Alix, proprie- taire, un ponmiier dont il ignore rorigine, et qu'il croit age d'environ quarante ans. Cet arbre, en tout seuriblabie an pom- mier coainiun par les feuilles et la disposition des fleurs, eu differe par I'absence, dans ces dernieres, des petales et des eta- mines , et par la presence de quatorze styles et d'un calice ;\ T. XLllI. SFPTUMprtE 1 829. 49 ;G2 FRANCE. dix foliolcs soiuU'cs par la base ct disposees siir (I«mix ranges allciiu's. Lo pc'doiuulc de cctlo fltiur csl tomciitoiix , los sty- les, Icgcirnicnl veins u la base, soiit suinionlcs d'un slif^iualc oblique tri'S-\ is(|ucux. 1\1. Tillctle de Clermont, bolaiiisle eclaiic ct pli-in de /.«le pour la science, qui avail dcj.'i , il y a qucbiues aiinccs, signale ce phriioniene vegetal a la Soc'uHc Linneenne (le Paris, \ivu\ d'en developpcr les eilets et la cause, ■dans une Notice I'orl iulercssanle, lue deinierenient dans uue des seances de la Socictc royale d' Emulation d' A bberille. 11 re- sulte de eel expose que la sterilile de cet arbre est une con- sequence lie rorgani^ation de ses fleurs; qu'un niedecin ayanl conseille la fecondation aililicielle, a I'aide dn poll cti pris sur d'autres ponimiers donl les fleurs elaient completes, on vit se devclopper les fruits de cet arbre. Depuis ce tenis, celte operation est devenue chaque printenis I'occasion d'un diver- tissement pour les dames et les demoiselles de Saint-Valery- sur-Somnie. C'esI a qui se prescntera avec une flein- parec de sa corolle et de scs elamines, cueillie par un terns sec sur des pon)miers voisins; on Tapplique sur la fleur du ponnnier sterile, et on I'y abandonne jiisqu'a ce que, la fecondation achevee, ellc lombe d'elle-meuie; puis on attache un ruban de couleur au bouquet feconde , afin qu'en automne chacun puisse reconnailre le fruit que sa joyeuse entremise a deve- loppe. C'est ce <|u'on appcllt; dans le pays aller (aire sa pomme. Ces fruits diirerent entre eux par la grosseur, la saveur et la couleur, mais ils se rapportenl a ctux des esp^ces hermaphro- dites a I'aide desquelles ils ont ete fecondes; ils sont tres-re- niarquables j)ar un etranglenient situe veis les deux tiers de leur longueur. lis |)resenlent, dans leu rinterieur,quatorze loges disposees sur deux plans horizoutaux paralleles; cinq de ces loges occupent, connnc dans les pommes ordinaires, le milieu du fruit; les neuf autres, plus petites, sont rapprochees de la partie du sonnnet. Chacune de ces loges ne conlicnt pas toujours des graines ; le nombre dc ces dernicres varie depuis trois jusqu'a neuf La disposition de ces loges a quelquc ana- logic avec Taspect de deux pommes soudecs bout a bout, donl la coupe longitndinale preseuterait la figure d'une feuilie decoupee en \iolon o;i panduriforme. JVildcnow, Poiret el plusieurs autres bolanisles out parle des pommiers uni-sexucls dans lesquels il y avail avorlcment des petales el des elamines: mais ils differaient de celui de Saint-Valery, en ce qu'ils se fecondaient par le voisinage des autres pomnuers, el qu'ils n'oflVaienl qu'un calice a cinq folio- les, de cinq a dix styles el cinq loges. Poiu' rendre raison du Dl^lPAHTEMEi^S. ^63 phenomene que prescnte la fruclificalion tie cet arbie extraor- dinaire et peiit-etre unique, rauteiirde la >'o(ice a eu recours u la theorie des sondures et des avorteinens, si heureiisement developpeeparM. (kCandoUc, danssesoiivrageselementaires. II resuite do I'application que M. de Clermont en a fiiite a la fructification du pommier de Saint-Valerj, que, pour s'expli- quer, d'une nianiere satisfaisantc, le phenomene que presente cet arbre, il faut se figurer la fleur d'un pommier comniun dc laquelle se developperaient deux autres lleurs, qui, au lieu de s'elever sur de.s pcdoncnies .separes, se souderaient en- semlile et resteraient en meme tcms jointes a la fleur simple dont elles seraient sorties; de sorte que los ovaires sondes dcs deux t'euilics superieures se trouveraient superposes et sondes aussi a I'ovaire de la fleur inferieure avec avortement d'un style et d'une loge. Ainsi, cettemonstruositc serait le produit de trois fleurs soudees dans lesquelies il y aurait avortement des pelales, des etamines, d'un caliie et d'un pistil. L'exa- men du i'ruit ne parait laisser aucun doute a cet egard, et prouv« evidemment la realite de I'liypothese de M. de Cler- mont. B. G. Toulon (Far). ■ — Telegraphes de nuit. (Voy. Rev. Enc, t. xxxiv, p. 8i5 ) — On s'est occupe depuis long- terns, et particulierement dans nos ports, d'etahlir un systeme de signaux susceptible de rcmplacer, pendant la unit, ceux que Ton met en usage pendant le jour. Jusqn'a present, les moyens que Ton a imagines pour y parvenir, ne repo.^ant que sur les differentes conibinaisons qui resullent de I'assemblage d'un certain nombre de points lumineux, tels que des fa- naux, quelques personnes ont cberche a leur substituer une methode plus simple, plus parfaite , non moins economique et en meme tenis plus cont'orme a I'appareil telegiapbique employe pour le jour. Parmi ces difteieutes innovations, il en est deux ([ui se font plus particulierement remarqner : Tune est due a M, le Directeur du telegiapbe a Toulon, et Tautre k M. Lecuat de Kerveguen, capjtaine de vaisseau, directeur du port; le precede du dernier semble, surtout, presenter de grands avantages ; aussi a-t-il fixe I'attention du ministere de la marine. Outre qu'il est parfaitement approprie a I'usage auqucl il est destine , il a le grand nitrite d'etre cxtrememcnt simple et par consequent pen dispendieux, et en outre, celui de pouvoir servir egalement de tt''legrapbe tie jour et de nuit. L'appareil pr(>pose par le premier est assez simple aussi, mais il tient encore trop, par sa disposition, au systeme des ta- iiaux ; aussi en reproduit-il, en g^iande parlie, les inconveniens. 764 FKANCE. II St! compose de ucuf trotis ciicnlaires, disposes trois p;ir Irois Ics uiis au-desstis des aulrcs ; cos Irons, places devanl iiii loycr de lumierc, preseiitcnt aiiisi iuut'dis(|nes liiniinciix, inais que I'on obscurcit a voloiilc en Ics rerniaiit dans I'ordrc et an nom- bre indi(|nes ponr rc])resenlcr les dittcrcns signcs qni re- sullenl dc la conihinaison de nenf nombrcs. On concoit, des Ic premier abord, le paili qn'il est possible de tircrd'un sem- blal)le appaieil. Cehii de !\I. Lecoat de Rervegucn a etc imagine en 1826; mais depnis lors , el a difl'erenlcs cpoqncs, son antcnr I'a jier- fectionne an point d'cn oblenir les pl-.is lienniix resultals et de repiesenter 2(),'j/|5 signcs , quantite pins qne snf- Csante punr repondie an vocabnlaire lelcgiaphiqiie le pins etendu. II se comj)osc d'nne cabane a denx laces pom' trans- mettre les signanx dans deux directions dillcrentes. Ccs denx faces sont percces de trois trons ciivulaires, paitages chacun par un diametre horizontal on vertical. Chaqne Iron est re- convert par nn disqne plein et noii', dans leqnel est onvert un rayon qui est blanc ponr le jour et qn'on rend Inminenx pour la nuit. Le monvemenl se fait dans I'intcricnr de la cabane, on Ton forme a volonte des angles droits ou aigns, i\ droite on i gauche, vers le ciel ou la terre. Les dimensions de cette cabane sont proportionnecs aux diametres des disques dont les rayons sont eux-mcmes en rapport avec la distance qui se- pare le telegraphe de celui (jni lui repond. Parmi un grand nombre d'expcriences faites, depnis denx annces, avec celappareil, en voiciquclques-unesquiindiquent penvent donner inie idee de ce qne Ton pent atlendrc tie dif- ferentes dimensions donnees aux rayons Inminenx. EUes ont ete faites, le ai mars dernier, a hnit henres du soir, par un tres-beau clair de lunc, circonstance pen favorable pour ob- server le rayon. Un rayon etail de 4 p''* '^ p" de long sur 8 p"^' de large. L'n second , de 4 — sur 6 Un troisieme, de 5 — sur 4 Un quatrieme, de 2 — ■ sur 3 Tons les signes fails avec ces dirterens rayons ont i;te dis- Hingues par ics guetieurs de la vigic du cap Sepet, qni est distanle d'une liene et 't tie la tour du port de Toulon, on etait plact" le tt'-legraphe de nuit; et le lendemain, an jour, on les a repetes avec Ic semaphore. II resnlte de ces experiences que le rayon de 2 pieds de long sur 3 pouces de huge est suffi- sant pour etre vu a cette distance; et de nonvelles expe- riences ont fait connaitre a iVl. Kerveguen qn'il Test encore pour une digtancc de denx lieucs de plus. J)1^;PAI\TEMEMS. —PARIS. -65 M. Kervegiien vient encore, et lout rceemment, de shnpli- fier son telegraphe tie nuit, puisqii'il le rcduit a un seal rajon ; il estviaiqu'ilnedonne plus que 8,0^9 sigties, mais ce nombre pent certainement bien sufRre. Les nouvellesexpeiiences qu'il vient de faire, d'apres ce nouveau precede, ont ete aussi satis- I'aisantes que les premieres, la distance etant la nieme et Ic rayon mis en usage de la plus petite dimension, c'est-u-dire, de 2 pieds de long sur 3 peaces de large. II est facile de reconnaitre qu'il y a ini perlectionuement dans ce systeme telegraphique de nuit, el qu'il pent conduire aux rcsultats les plus avantageux. II serait utile, i\ I'enlree de nos ports, sur nos cotes, particulierement en tems de guerre, pour indiquer la position et les mouvemens de I'enncmi; dans les places I'ortes et sur les lignes telegrapliiques, ou la trans- mission des ordres de la capilale auxfrontieres et celle des avis de la frontiere a la capitale n'eprouveraientplus d'interruption pendant la durce de la nuit. II parait, en outre, que son em- ploi ne serait pas plus dispendiiux que celui des telegraphes ordinaires, et cependant la matiere dont on ferait usage pour eclairer le rayon serait un surplus de depense •, mais, outre que la lumiere est extremement menagee dans I'appareil de ^1 . Ker- veguen , qui fait toujours suivre son rayon lumineux par le fanal qui I'eclaire, de mauiere a la conceutrer toute au point oCi elle est necessaire. elle serait pour le moiiis compensee par la simplicite de I'appareil. M. Kerveguen a adresse au ministere de la marine un Me- moire, dans lequel il donne communication de sa decouverte et des perfectionnemens qu'elle a successivement eprouves; toujours empresse il'encourager par sa protection tout ce qui se rattache a la marine, M. Hyde de Neurille a, dit-on, desire qu'un des savans mendjres de I'Academie des Sciences exa- minat ce travail, et cette circonstance donne lieu d'es- perer que le Memoire de M. Kerveguen ne sera pas ou- blie, et qu'une opinion tranche decidera de I'interet qu'il doit inspirer. R. PARIS. Institct. — AcacUmie des Sciences. — Siance dti 17 aout 1829. — MM. Arago, Ddlong, et de Rossel hnt un Rapport trcs-etendu sur le voyage de f Astrolabe. En voici quelques fragmens. « Les instructions donnees a M. cf'URViLLE, com- mandant de I'expedition , furent redigecs de maniere qu'il put remplir deux objets en meme terns : 1" qu'il visitat les y6G FRANCE. parages o\\ Ton pouvait supposcr que les hatimens de La Pe- roiise avaienl peri; a" qu'il nous fit coniiaitre quelqnes-urres ties parties cic noire gioi)e qui n'avaient pas encore eto explorees, et on il put contribner, par consequent, a i'aecroissenient des connaissances dans loiites les branches des sciences naturelles. Ce dernier l)itl a eteatleint, an-dela dc nos es])erances, pen- dant I'expedilion de M. d'Urville; et, par un de ces hasards licureux qui sont borsde la prevoyance huniaine, il a relronve des traces de I'expedilion dc La Pcrouse. S'iln'apas joui d'un l)onhcnr coniplel , en ramenant dans lenr palrie queiqnes-uns de Ses inlbrtuiies conipaj;nons de voyage, 11 a cu la consola- tion de leur clever, sur le lieu uienie de leur desastre, un monument qui temoignera I'interet que leurs compatriotes ont pris a leur sort, et les regrets que leur perte n'a cesse d'inspirer dans les lieux oOl ils ont pris naissance. M. d'Ur- ville s'est attache, avec un zele et une perseverance inl'atigables, a reniplir tons les objets de la mission qu'il avait recue. II a ete seconde avec le nienie zele et avec une activite sur- prenanle partous ceux qui ont servi sous ses ordres. Les re- sultats de sa campagne sont iminenses. 53 cartes on plans des cotes, des ports, ou des mouillages ont etc rediges : 12 autres cartes ou plans n'ont pu etre acheves. Les cartes termi- nees ont ete levees d'apres les meilleures methodes, et redi- gees avec un soin digne des plus grands eloges. Elles donne- ront aux navignteurs, qui visiteront les memes parages, les movens de seconduire avec la plus graude securite. Les car- tes ou plans incouipiets auront sans doute la meme precision. Lesdessins destines a faire connaitre Tetat des lieux, I'espece d'honmies qui les habitent, leurs costumes, leurs amies, Icurs niaisons, etc., sont an noml)rede866; on les doit a ftl. Sainson; et, si a ce nonibie on ajoute 4oo dessins de vues de cotes, par 3L Latvekgne, on aura 1,266 dessins pour les seules parties historique et nauliquc du voyage. II sera sans doute impossi- ble de publier tons ces dessins ; mais il est bien a desircr (ju'on public, en entier, la belle collection composee de 155 portraits d'habitans , et la plus interessante qu'on ait formee jus(|u'a present. A I'egard des cartes, on doit reniarquer que tons les travaux des campagnes ou Ton fait usage des moutres mari- nes, et de I'observalion des distances de la lune au solei! et auxetoiles, concourent a confirmer I'excellence de ces deux moyens de determiner la longitude. La grande precision des carles astronomiqucs et celle des instrumens pourront done I'aire rcgarder le problemc des longitudes en mer conmie re- solu. II n'y a que les personncs privees de la connaissancc I'AlllS. 767 ties nioyeiis geiicraleiiiciil cnn)I()yc.s qui clierclieiit encore la solution (Je ce pr()!)lrinc. 11 ii'appartieat qiraiix savans dii pre- mier ordre d'anielioier los mellinde? eonnucs et pratiqiiees, en perfectionnant la theorie des mnuvemens des ('orps celes- tes. Les artistes les plus dislinjjiies penvent egalement y oon- li-ibiier en donnant iin grand deyre de precision anx insti-u- niens qni sortent de lenrs mains. Les dessins reialifs a riiistoire niilnrelle sont an nomi)re de 6^0; ils ont ele vus et jugespar d'illustrcs savans qni lenront acrorde lenrs snliVa- ges. Ainsi, M. d'Urville a rapport(y le nombrc considerable de 1,920 dessins. Parmi les offiiiers f|ni I'ont si i)ien seconde, nuns distingnerons M. Jacqiuaot, commandant en second , quia laities observations astionomiqnes; MIM.Lottin et Gres- siEN, lientenans de vaisseau, qui ont leve et redige un grand nonibre de cartes; lAIAl. Giilbert et Paris, ensei- gnes de vaisseau, a qui Ton dt)it aussi plusieurs cartes. Nous ne parlerons pas de RIM. Quoy et Gaymard, medecins et na- turalistes de I'cxpedilion, dont les Iravaux sont an-dessus de tout eloge. Le rol a ordonne la publication de tons les tra- vaux de I'Astrolabe ; et M. d'Urville a ete nomme capitaine de vaisseau.') — MM. 1/.a'j;ciulie , Sevres et Dumcril font nn rapport sur un Memoire de M. Lugol, relatif a I'emploi de I'iode dans les maladies scroi'nleuses. En voi(M les conclusions : « M. ledoctenr Lugol a Iraite, uniquement avec I'iode, et dans I'intervalle de 17 mois, a I'hopital Saint-Louis, cent iietifma- lades scrofuleux ; a la fin de I'annee derniere. 5g etaientencore en traitement; ooavaient quitte rhupital, avec des amende- niens notables; chez 4, le traitement avait ete inellicace; 36 etaient sortis completenicnt gncris. L'anteur conclut, de tous scs travaux , que I'iode doit etie considere comme le reniede le plus ellicace contre les scrot'ules, puisqu'il a constamment arrete lenrs progres, on dn moins exerce une action salutaire dans le traitement de tontes les tnnieurs tubcrculeuses, quand il n'a pas determine evidemment leur gneiison ; que par cela menie son introduction dans la medecine est inie des acqui- sitions les plus precieuses que I'art de guerir ait faites dans ces derniers terns. Nous nous bornerons a dire qn'apres avoir pris connaissance de la plupart des tails cites dans ce Memoire, nous avons pnconstater cette action evidenle dans la curation des scrofules; que nous croyons que M. Lugol, dans la situa- tion favorable oi'i il s'est Irouve, en s'attacbant ainsi a la gue- rison d'une maladie deplorable, le plus sonvent abandonnee a elle-meme, a fait un travail tres-utile. Nous proposons, en consequenct!, n rAcadeniie, d'enconrager ce luedecin a pour- ^68 FRANCK. suivre dcs recherohes auxqiiellos il s'est livre avec taut de zeic et do sagacile. » (Appronve.) — W. 6'rt«c/(j I'ait iiii rapport sur un ouvrage de M. Gomes, intitult' : Nouvelle Aritlimcliqiie. « Ce que eel ouvrage renfcrme de plus rcuiarqualile cousisle dans une nouvelle nianieie d'eirectucr la regie detrois. L'au- teur fait observer que, pour ohlenir Ic quatrienie terme d'une proportion geomelrique, il suflit i" d'aj outer entre elles des parlies ali(|uotes du premier terme, tellement ehoisies que leur somnie reproduisc le second; 2° d'ajouter entre elles les memes parlies ali(piotes du troisieine terme. Cette regie se de- duit ininiediatement d'un principe bien connu, savoir : que lequatrieme terme d'une proportion geometrique est compose avec le deuxieme, comme le deuxieme est coinpose avec Ic premier. Elle est d'un usage assez commode dans la pra(i(|uc, quoique parfoiselle soil plus longue que la melhodc ordinaire. Nous remarquerons, au resle, que la regie indiquee par Al. Go- mes se presenle d'elle-mCme a I'esprit , lorsque le rapport des deux premiers termes de la proportion peut etre reduit ■A une expression simple, t«omme la inoiiie, le tiers. Quoi qu'il en soil, nous pensons qu'il peut etre utile d'enoncer la regie generalcment, ainsi que I'a fait M. Gomes, et le supplement d la nouvelle arltlimctiq lie nous parait meriter, sous ce rapport, I'approbation de I'Academic. ))(Adopte.) — M. Cavchy de- pose un Memoire intitule :« Usage du calcul des residus pour I' evaluation et la transformation des prnduits composes d'un nom- hre infini de facteurs. « — M. Chevreul communique, pom* M. Donne, quehfues experiences faites sur les alcalis vege- t.iux et sur leiu- action sur I'economie aniiiiale. — Seance du 'i!\ aout. — MM. Frakcois et Caventou adres- sent a rAcadtiiiie une note sur les proprietes medicalcs qu'ils^ ont reconnues dans la lai ine d'un arbusle du Bresil, de la lamille des Ruljiacees, la Kainca ctiiocoraa raceinosa , connue dans la province de Bahia sous le nom de Haiz prcta. — MM. Desfoiitaines et de Cassini font un rapport sur le Memoire de M. Aclulle Richard, qui a pour objet I'elude generale de la fiimille des Kubiacecs, et cclle de tons les genres qui la com- posent. « Celte faniille est une des plus interessantes du regne vegetal, soil a raison des plantes utiles qui lui appaitieunent, telles que le cafe, le quinquina, la garance, etc., soil a raison du grand nombre de genres et d'especes qui s'y rattachent. Cetle lamille est divisee en 11 tribus, qui compreunent en- viron i5o genres et 1,200 especes. On trouve des rubiacees dans toutes les parties de la terre, dcpuis les poles jusqu'a I'equatcur; mais il y a de grandes differences entre les direrses I PAIITS. 761, regions, quant an ivombre et a la nature des ruhiacees qui leur sont propies. Ainsi, le iioaibre de ces phmlcs aiigmenle prodigieusenient , a uiesure qu'on s'avance des poles vers I'equateur. Piesqne toiitcs colics qui croisseiit en Europe ap- partiennent a la tribu des asperulees, et sont, par consequent, des herbes a feuilies verticillees; tandis que, dans ies iles de Madagascar, de Bourbon et de France, la plupartdcs rubiacees sont arborescentes, comnie dans I'lnde. Sur chaque tribu, M. Ricbard donne d'abord la description technique des oarac- tcres de ce groupe, puis la liste niethodiquc des genres qui le couiposent. Viennent ensuite des observations plus ou nioins efendues , dans lesquelles il discute Ies questions qui se ratta- cbent a son sujet ; enfin, Ies descriptions techniques en langue latine de tons Ies genres compris dans la ti ibu. A ce Mcnioire est joint un atlas de 45 feuilies, contenant un grand nonibre de figures dessiuees par I'auteur lui-inenae avec une rare perfection. L* Academic pense bien que ses commissaiiesn'ont pu se livrer ;\ I'examen et a la verification d'un millier d'obser- vations particulieres qui out servi de materiaux a cette niono- graphie des rubiacees; niais ils ont tache d'apprecier la uiethode de I'auteur, I'esprit qui a dirige son travail, Ies principes qu'il a adoptes; et c'est avec confiance qu'ils vous proposent d'accorder votre approliation an Memoiredc M. Ri- chard , et de I'admettre dans le I'ecueil des savaus elrangers. » ( Approuve. ) — AliM. DiancriL et Flourens prcsentent un rapport sur un Memoire de M. RotLii*, intitule : de I'ergot du mals, et de ses effets snr I' liomme et sur Ies animaux. « L'ergot du mais, que fait connaitre iM. Roulin, ne rcssendjle pas a ce- lui du seigie pour I'apparence; mais il produit des cflets ana- logues. Les pores (|ui s'en noiirrissent perdent Icurs poils ; et sonvent leurs membres posterieurs s'atrophient et se paraly- sent. Chez les mules, les crins tombent, les pieds s'engorgent; il n'est pas rare de les voir perdre un ou plusieurs sabots, qui se reproduisent d'ailleurs, quand on les abandonnc dans les paturages. Les poulcs qui s'en sont nourries pondent souvent des oeufs bardes ou sans coquilles; et I'auteur conjecture que ce cas ariive, parce que I'oviducte pent eprouAcr une con- traction convulsive qui expulse I'ceuf avant que la matiere calcaire ait eu le lenis de se deposer ou d'etre sccretee a la surface. Cette sorte de maladie du mais n'existe pas et n'est nieme pas connue au Mcxique ni dans le Perou ; et lorsque les grains, qui en sont atlaqucs, sont transportes au-dela des Paramos, regions des ueigcs eternelles dans les Cordilieres, on peut s'en scrvir sans dangers ni inconveniens. Tels sont k's t'aits inlercssjins que reiifermc ce Memoiro, doiit la piihli- I'alion peal eclairor (luolqiics points de la niedeciiie ot de I'histoiio iiaturelle. » (Approiive.) — M. de Blaisvu.le lit uii Menioirc sur le gatiga. — Du'3\ aoill. — L'Academio va an scnilin pour I'tdectioii d'un coircspoiidaiit , a la section de medceine; snr 37 vo- tans, M. Meckel, do Halle, oblient ?.5 suffrages; il est pro- clame correspondant. — Lcs autrescandidats etaicnt MM. Fo- dere , a Strasbourg; Bretonncaa, a Tours; A bercrombie , a YiiWmhonr^; Lallemand^ a Montpellier; Brtc/»le cariosite Inbitomanique ; niais il I'aut convenir que cette ouriosite s'est quelqiiclbis exercee siir des objets tres-peu di- gnes d'elle. En 1820, quclques riches amateurs de Paris, aux- quels I'arrivce de iM. Richard Heber dans la capilale avail donne roveil, penserent qu'ils pourraient etablir entre eux line Societe rivale, qui, en se procurant des jouissances moins egoistes et moins jalouses, en recherchant le rare, le siiigu- lier, rinconnu, tacherait d'y joindre I'utile, I'amusant , I'ins- tructif. Les auteurs de ce projet, execute presque aussitut que concu, furent IMM. de Cluiti aagiron, de Pixcrecourt, JValcke- naer, de Malartic, Durandde Lancon, Berard, Edoitard deCha- brol et de Morel-Viiide, tons tenant un rang distingue dans le monde ou dans les lettres, ou reunissant celte double supe- liorite. La Societe qu'ils fonderent prit le nom deSocieie des Biblio- philes fraiicais. Elie se propose principalement de faire impri- mer desouvrages inedits, ou de faire reimprimer des ouvrages d'une grande larete. II semble qu'elle pourrait prendre pour devise ces paroles d'Lrasme : i^Libri) rocati prcesto sunt; in- vocati non ingenint sese; jussi loquuntur, injussi iacent , secun- dis in rebus ntoderaiitur , consolantur in afjlictis , cum furtuna niiiiime rariantitr. Le nombre des Bibliophiles franrais est fixe i vingt-quatre. lis peuvent neanmoins choisir ciiiq associes etrangers (1). Chaqiie annee ily a deux asseml)lees generales, I'une an mois de mars et I'autre an mois de decembre. On y arrete les ouvrages qui seront livres a I'impression; s'il en est en langues etrangeres, une traduction francaise les accompa- gne toujours. La collection, publiee aux frais et par les soins de la Societe, porte le titre general de Melanges. Toiite piece qui entre dans la composition d'un volume est imprimee a part, sur papier fabrique expres au fdigrane de la Societe, (1) La Societe est comjios6e en ce moment de la maniere suivante: SociETAiHES, MM. le niaiquis de Chateaiigiron, secrelaire ; Guilbcrt de Pixcrvcourt, le baion TValchciiocr, Alplwnsedc Malariie. Durand "e de Mon'^pey, chanoincsse de Reniiremont. K Sans doute, dit jM. de la Bouderie, on ne trouve point dans la philosophie de M"" de Monspey, la prol'ondeur de Pascal, I'energie de La Rochefoucauld, le piltoresque de La Bruyere, I'ansterite de Nicole, la finesse de Duclos; mais elle pent encore etre lue avec interet , menie apres ces grands mai- tres. On y apercoit ce je ne sais quoi qui n'appartient qu'aux f'emmes , et qui donne un charme inexprimable a tout ce qu'elles ecrivent. C'est la morale du bon sens efde la raison, ou, ce qui est mieux, la morale de I'Lvangile, paree de toutes les graces du sentiment. — 4- Inventairect budget de la garde- robe de Cempereur Napoleon; CostuTues du sacre de I'imperatrice Josephine. Ce document n'est pas indigne de I'histoire ; il constate, contre I'opinion commune, avec quel ordre, quelle regularite et quelle economie etait tenue ia maison impe- riale. — 5. La canonisation de saint Yves, conte en vers sur deux rimes, par Groslcy : difiiculte heureusement vaiueue. — 6. Des lettres de Fenelon a I'abbe Dubois; de I'abbe Ledieu a I'abbe Fleury; de Lebrun Desmarettes, qui s'occupait, en 1716, d'une edition complete de Lactance, a Etienne Balaze; de M""" de Maintenon a M. de Caylus, eveque d'Auxerre, sur I'hi- ver rigoureux de 1769; de dom Gui-A lexis Lobimau a dom Simon Bougis, superieur general de la congregation de Saint- Maur, relativement a I'histoire de Languedoc, dont les itats de cette province desiraient charger cet ordre ; de I'abbe Gou- jet a I'abbe Papillon sur le supplement du Dictionnaire de iMoreri, public en 1755 ; de Voltaire a M. Seguy, lettre deja imprimee, mais reproduite ici sur I'original avec des vanantes ; de Colini, secretaire du philosophe de Ferney, a M. Sclioep- fliiu oii il se plaint de I'ingratitude de son maitre; lettres du pre?idcnt Bouhier iiVuhhd Lcblanc, an nombre de quinze; de I. c franc de Pompignan a Tliieriot; de Diderot a Naigeon, ou il fait une apologie fort originale de Voltaire ; de M. de Joarson ;.74 FRANCE. Fault a M. J. G. JVille; de Tahbe Morettet a M"" Necker ; de W. Necker an rui, qii'il traitc avec sa di^nite cniphalique et son orf^iif'illeiise ianiiliarite, mais a qui il adrcsse cepeiidant des veriles nobles et hardies ; du marquis dc Loiirois an mar- quis de Cliampcenets, avec une reponse; dc Dads, de Fr. Pa- sumot, du iluc du Brunswick, du general Pic/iegrn, enfin de Daniel Roy a Bonaparte, au(|uel il oflVe un eiitens grossier et une adulation, suipassee depuis dans son exageralion et son ahsnrdite. — Le tout forme un volume de vingt-sept feuilles. J'ai du me borncr a la simple indication des matieres qu'll renferme : ceder au plaisir d'en prei-enler quclqucs extraits, eQt ete un manque de discretion et une sorte d'ingratitude. DE UeIFFENBERG. Maison complete ei gratuite pour I' instruction des classes pau- vres, fondie pur M. Cockik, niaire du douzieme arrondisse- ment. ■ — iSous empruntons les details suivans au discours prononce par iM. Cliarics DiiPis, dans la derniere lecon du Cours de Geomeirie el de Mccanicjue appliquccs aux arts, qu'il proi'esse au Conservatoire des Arts el Metiers. Dans une des seances d'ouverlure de mon cours, a dit R]. Dupin, lionoree par la presence des maires de la capilalc, je me suis efforce de montrer les avantages que Ton procu- rerait a I'industrie parisiennc, et les moyens de bien-etre (pie I'un preparerait a la classe ouvricre, si Ton ibndait, dans cha- cun des arrondissemens de cetle grande cite, des salles d'a- sile pour renl'ance ; et si Ton iustiluait, pour ITige mur, des cours de geometrie, des cours de mecanique appliquee aux arts, et des cours de dessin lineairc, en faveur des artisans et des artistes. Cette pensee ne pouvait pas etre presentee en vain devant I'un des magistrats les plus eclaires et les plus bienfaisans de Paris, iVI. Cochin, Theritter d'un nom consacre par la bieulaisance et la charite. Ce magistrat est maire du donzieme arrondissement, I'un des plus peoples et des moins heureux de la capitale. Le donzieme arrondissement contienl pres de 80,000 ha- bitans, et, dans ce nombre, il y a, proportion gardee, plui d'indigens que dans aucun autre arrondissement de la capi- tale. Chez les classes tpii luttent contre la misere, et qui souf- frent de la pauvrete, la longueur de la vie est abregee par le malheur, surlout dans Tenfance; il en resulte une mortalite plus grande. Ce contraste affligeant se presente dans sa plus grande etenduc, lorsque Ton compare les riches quarticrs du PAUIS. 775 raiibourg Saint-Honore ct de la Chaiissee d'Antiri, avcc cciix iltvs faubourj^s Saint-Jacques el Saiiit-IMarceaii ; dans Ics pre- miers , chaque annec , il mem t seulement iin indixidii snr 44' dans les seconds, il meurt nnindividn sur 24. Le senl moyen do mettre nn terme aux infortnnes que la mort nons demontre avec son terrible langage, c'est de chercher, pour la dassc qui ne gagne sa vie qu'u la sneur de son front, des moyens de la gagner pins efficacement. II taut rendre ses travanx phis intclligens, pins i'aciles, phis appro- pries a lenr destination, et par la susceptibles d'etre mieux paycs et plus abondans. Penetie de ces sages pensees, voici que! etablissement M. Cochin a cree par son zele, son devoiiiiient et sa genero- site; car il a devance, par ses propres sacrifices, le produit des souscriptions qu'ii a proposees. Dans un endroit paisible et d'nne exposition salubre, il a fait coastruire une grande ecole, on plutot nn ensemble d'ecoles pour tons les ages qui leelament le bienfait de I'instruction populaire. En laveurde la tendre enfance, admise depnis trois ans jnsqu'a sept ans, de grandes salles d'asile rccevront, depnis le matin jusqu'an soir, les enlans des onvriers; cenx dont les meres, obligees de travailler loin de lenr jeune I'amille, sont Ibrcees on de les abandonner on de les confier a des mercenaires degradees Irop sonvent par la bru(alite, rignoiance et les mauvaises mneurs. Cette annee meme, qnand I'etablissement sera com- plet, 4"o pctits enfans seroiit admis dans des salles d'asile vastcs, bien aerees en tout terns, bien chaiiftYes durant I'hi- ver, avec des cours spacieiises pour les recreations et les exercices physiques. L'instruction, la garde, les soins de tout genre seront gratuits pour les enfans du pauvre, et ne couteront qu'un sou par journee pour les enfans de I'ouvrier qui pent vivre de son travail. De sept ans a quatorze ans, il y aura des ecoles mutnelles pour 000 garcons, anxquels on enseignera la lecture, I'ecri- ture, raiithmetiqiie, le dessin lineaire et qnelques preceptes, qiielques pratiques d'industrie. 3oo jeunes lilies dn meme age apprendront la lecture, I'eciiture, raiithmetiqiie, ia couture et la plupart des onvrages d'aiguille et de passementerie. Au-dessus de quatorze ans, 25o liimmes, qui n'auront pas recu dans I'adolescence une education primaire, seront admis a jouir de ce bienfait, accorde pareillement a 25o femmes ou lilies. Enfin, le dimanche, une ecole industrielle doit offrir des notions de theorie aux jeunes gens ou hommes fails ab- sorbes durant la semainc par des tra\ aux manuels. 776 FRANCE. Get cte meme, il y a poii de scmaines, j'ai joni de la vivc satisfaclion dc voir un de mes c-levcs, pour coinpleter I'cn- scii,M)emiiil (inc je dccris, ouvrir, pour le contimicr chaqiie dimanche, iiii prcinit'r coins de ji;('Oiiit'trie applicpiee aux ai»ts, dans la priiuipale salle de relablissement a juste litre de- nomniee maison com/jlete el graliiite. Puisse ma voix, en faisant tonnaitre cette admirai)le insti- tution, attircr en sa lave-ur les souscriptions ot Ics dons de tons les citoyens opulcns et genereux, pour doter definitive- ment cet ensemble d'ecoles qui doit changer !c sort du peu- plc, dans les quartiers les moias heurcux de la capitale. Espcrons aussi qu'en d'autres arroudissemens de Paris, en d'autres villes du royaume, le bel exemple presente par I'hu- manite de RI. Cochin trouvera dcs imitateurs. Secourir ainsi les classes inferieures de la socicte, c'est diminuer les mise- res et les souftVances que rent'erme la societe la mieux cons- tituee, c'est travaillcr au maintien dc la paix publique, c'est preparer pour I'aveuir, inoins de panvretc, plus de lumieres, et par la pins de fclicile, plus de gloirc pour le royaume. II est nn voeu que j'eprouve surtout le besoin d'exprimer et que j'adresse a \os bons scntimcns, avant de terminer cette trop longue seance. Quelque jour, je I'esperc, par voire ins- truction, par voire Industrie el votre activite, lieaucoup d'en- tre vous auront acquis un nouveau bien-etre, plusieurs auront acquis de la lurliuie, et quelqucs-uns de I'opulence. Rappelez- vous alors les secours que vous aurez tires de ce qu'on vous aura montre dans les ecoles gratuiles depuis Va, b, c, jusqu'aux principes des sciences appliquees aux arts. Songez que partout il n'exisle pas encore de pareilles ecoles, et que nuUe part elles ne sonl assez dotees pour snflire a tons les besoins des families indigenles ; I'ailes alors, en faveur du pauvre, en I'aveur de I'ou- vrier necessileux, cc que vous trouveriez si doux, si bienfai- sanl poiu' vous-memes en pareille circonstance. Leguez quel- que chose de vos benefices aux ecoles populaires; alors vous ferez honuciir a I'industrie; alors vous prouverez a la France qu'en vous cnseignant les premiers principes abstrails des sciences, nous n'avons pas laisse sterile dans vos coeurs la se- mencc des vertus humaincs et charitables. Instruction puhlique. • — Llvrcs classlques. — Le Conseil royal de I'Llniversile, d'apres une decision du 25 juillet der- nier, approuvee par le ministre de rinstruction publique, a adople pour les classes de seconde et de rhetorique des colleges PARIS. -;- royaux, reclilion des OEuvres choisies de J.-D. Rousseau, ac- compagnee des iioles de Fontancs et de Lebrun , ot puhliec par M. BoiiciURLAT, avoc do nouvclles uhscrvalioiis lillcraiies. Theatres. —Theatre fran^ais. — Le Prolecieur el leMari, comedie en cinq actes et en vers par M. Casimir Bonjour. (Premiere representation, samedi Sseptembre.) — Picarda fait iin Mari ambitleux : c'est Ife meme sujet que vient de trailer M. Bnnjour; et la piece nonvelle offre des traces assex vlsi- bles d'iniilation, dans la conception comme dans les details; le succes aussi a ete a peu pres pareii. Ce sont deux ouvra- ges qui decelent du talent, mais qui nepouvaient vivre long- tems a la scene, parce que le snjet n'y est reellement point traite ; sujet epinenx s'il en tiit jamais, et qui deniande du genie dans le poete; et chez les speclateurs, le sentiment veritable do la comedie. .Molicre et le public qui applaudit 'George Dandin, voila, je crois, les deuxconditions indispensa- bles d'un ouvrage lei que je le concois. C'etait bien aussi nn mari ambitieux a sa facon que ce bourgeois qui avait voulu, a toute force, entrer dans la famille d'lmi^ demoiselle ; Mo- liere ne lui epargne pas les chatimens; et ses tribulations sont aussi reelles que comiqnes. Nos auteurs moderncs menagent beaucoup plus lenrs maris, tous deux en sont quitles pour la pcur ; c'est bien, pour eux, mais non pour Teilet du drauie. Je ne dis pas qu'on laisscrait passer anjouidliiii une comedie telle que George Dandin; je dis pnurquoi il est fort difficile de faire le mari ambitieux, et si je n'ajoute pas que c'est im- possible, c'est qti'il ne faut jamais delier le genie. Les deux premiers actes de la comedie de M. Casimir Bonjour sont fort amusans; ses preparations sont gaies et sjjirituelles; mais des qu'an troisieme acle il entre dans son sujet, des qu'on voit les dangers que court le mari, des que rbonneur est aux prises avec I'ambition, alors on a cesse de rire. On s'etait fort amuse des plaisanteries sur les infortunes conjugales; en action ces infortunes, qnoique pourtant elles n'aient riendereel, n'ont plus paru risibles. A la verite, il faut dire que le mari n'a pas trop I'airde savoir ce qu'il vent, non plus que le protecteur; ces deux roles sont assurement les moins bons de la piece; figures indecises et sans expression, que rauteur semble n'avoir pas ose dessiner avec franchise, et que le public, de son cote, souhaitait peut-Otre, et crai- gnait a la fois de trouver plus franches. Ce n'est pas non plus un monde bien reel que celui qu'on noiispeint; jamais soiree T. xi.iii septf.mbre iSag. 5o 778 FHANCK. ii'ii pirsciilo (los iiK idens tels ([»v ('oiix qui sc passfiil clicx la srt'iir do I'liominc en place, (^et liomme liii-mt-mc, qu'est- 00 dans la sticielol' line cspecc do premier oonimis a la saiilo diiqiu'l toiitc la France s'iiUeresse! il n'y a dans cos poinlnres lien do vrai, dc lessoiidilant, rien quo I'iniaginalion pnisse saisir. On roniarqiic plus dc nature ot aussi plus d'offot daEis le peisonnai;e d'uno jeune sccur do i^i'"" Daranville (Daranvillo esl Ic uoin dxi mari), ieul d'a; holer la tone qui doit Tormer le majorat do Ferdinand; mais il Caul le consenlemont do M""-' Frernonl, ot celle-ci Ic refuse aI)solumenl ; oHc ucm cut pas dopouillor I'un 1 PARIS. ..9 de ses fils pour accroitro la rortiiiic dc I'aiilre. Tionipe clans cet espoir, Ficnionl soni;e a marier son fils bicn-ainiu avec Amclie, sa pupiile, dont le bien est cousu!era])Ie. II hi troiive pou disposec ;i lui couiplaire en re point; alors il parle de contiainte; mais Amelie connait les I)ornes de la puissance d'uii tnteur, et elle proteste qn'clle ne sera jamais la I'emme de Ferdinand. Inile de ce double refus, Fremont etail pen dispose a eoonler les supplications de Henri, qui, femoin in- visible de la scene precedente, vient, tout hors de liii, decla- rer a son pere qu'il abandonne volonticis tons ses droits a la fortune de ses parens, mais qu'il ne renoncera jamais a Ame- lie. Le fils et le pere en viennentaux derniers emportemens^ et Fremont cliasse Henri de sa niaison en lui donnant sa ma- lediction. Henri y reparait bienlot pour enlever sa mere, qu'il vent souslraire a un si mediant epoux, et qui, comme on s'y attend bien, refuse de s'associcr i'l ce projet extrava- gant. Mais il rencontre son frere, avec qui, dans une scene precedente, il avait pris un rendez-vous apres une violente provocation; Ferdinand, que nous avons vu jusqu'alors dur, hautain, immolant sans pitic sa famille a sa fortune, devient tout a coup un frere tendre. Henri, tonchc de ce retour, ap- prend que son frere doit se battre avec un 31. de Merinval, il court prendre sa place, tandis que Ferdinand va de son cote au rendez-vous. Pendant leur absence, Fremont redevient a son tour un homme raisonnable; il ne vent plus depouiUer son J€une fils, ni contrarier le penchant d'Amelie : tout le monde va enfin etre heurcux, lorsque M°" Fremont arrive eperdue; elle aete lemoin du duel fatal, elle a vu ses deux fils tomber I'un apres I'aulre sous les coups de i\Ierinval, et elle a eu le tems, avant qu'ils rendissent le dernier soupir, de joindre leurs mains ensigne d'amitic. — Cetouvrage a ete, dit-on, inspire a I'auteur a I'epoque ou le projet d'une loi surle droit d'ainesse avait cause une emotion profonde dans toiite la France ; cettc loi funeste eut desuni, bouleverse beauconp de families ; il n'est pas probable qu'elle eut cause dans aucune les tragiques eve- neniens qui se passent dans cette piece ; et c'est, comme on salt, la vie commune dont la peinture est utile et interessanle au theatre. Sans doute I'auteur est jeime, ce debut du moiiis annonce beauconp d'inexperience ; c'est I'ouvrage d'un esprit nourri d'idees de roman, beauconp plus que d'observations de societe. De I'exageration parlout, dans les discours, dans les caraclcres, dans les situations; du faux dans les raison- uemens, comme dans la condnite des personnages, ce qui fait a tout moment mourir rinlerri au milieu de tons ces moyens -8« FRANCFl. violens, imagiiK-s pour rexciter; iiii deuofini(.nt ciiCm (|iii l<)ml)e (les mics. que lo |)«('te nous piTsonte comino nil chilli- iiieiit pour F'rc'inoiit. el (pii aiirail pii, lout aiissi bicn, aflligor Ic pins Icndro rles pt res. ('.cpondant, il y a dans tet ouvrago I'ailjlc, ct qni nc foiirnira pas nnc loiiguo cari'lere, des gcrmes de lalcnl qn'on no (ronvc pas dans dos pitfcs (ini vivent pins long-lcins a la scone ; Ic stylf ^'^U en general, plciu de iVan- cliise ct de nalnrcl; sans avoir heaneonp d'eclat, les vers di- seiit hicn ct avec eiiergie ec qn'ils vcnient dire; ct le cara<'- tcre de M°"' Fremont est parraiteineni hien trace; il y a dcs cspcranccs dans le talent qni a concn el cxecntc ce person- nage. Nons ajonlerons (pi'il a etc jane d'nne maniire snpe- rienrc, et qnc M"" Desnionsseanx a sn y devcloppcr des rcs- sonrces de patheliqne que nons ne lui connaissions pas. — Odeon.' — Callierincde Midicis aux Etats dc Blois, dramo en cinq ados et en vers, par !\l. Liicle?i Arnault. (Premiere representation, mercredi a septembre.) — L'Odoon, ferme de- pnis phisienrs mois, est enfin ronvort ; cettc nonvclle resur- rection sera-t-elle snivie d'nne existence plus durable que Ics autres? nous le desirous vivemcnt. Tout en comprenant le l)esoin de laisser faire a I'art dramatique qnelques exciu'sions aventnrcuses, nous n'avons pas jierdn le gofit de nos chefs- d'oeuvre, et nous voyons avec plaisir que le Cid^ Pliedre et Mc- rope pnissent otre joiios snr deux scones livales ; ce qui n'em- pechera pas ccs deux theatres de Intter en meme terns pour obtenir la palme d'un genre uonveau. Sous ce rapport, le coup d'essai de I'Odeou n'a pas etc beureux. L'hisloirc dc France a I'epoqne des I^tats de Blois est pleine d'evenemens dramatiques, de contrastes a cffet, de caracteres a physiono- mie; il y a dc quoi faire des scones fort piquautes, peindre des figures fort originales, composer enfin un livre plein de monvemcnt; celui de M. Yitct en est la prcuve : mais y a-t-il CO qn'il faiit pour composer un drame thcatral? on pent hardi- ment ropondre que nou. Je ne dis pas qn'on ne puisse ]dacer line piece a cclle opoquc ; mais, pour cela, il faudra ((ue le poete invente ce ([ui n'y est pas, nnc action passionnoe entre personnagcs aiixquols je puisse m'iiitercsser. Lorsque vous aurcz tiouve cetle action, vous y amonerez les personnagcs historiqucs, vous y lierez les incidens caracteristiques, vous y introdiiire/, les mocurs locales, et alors vous aurez fait un drame bon pour la scene, et, autant que possible, conforme a rhistoire. Mais si vous vous coiitentcz de mcttrc sous nies yeux la Intte d'un roi imb«''cile ct penreux, avec un sujet am- hitieux ct insolent, comnic je me soucic fort pen lequel dc ces PAIIIS. -Hi deux huuiiues toiuhcra dans Ics pit'gcs do J'autre, je nc in'inle- resserai que iiitMliooreuioiit a votre aclioii; ft jo no ui'y inlo- lesseiai nioiiu- plus dii lonl si !cs rcssorfs do ccttc action no sont ni vil's, ni ingonictix. Or, les trois premiers actos languis- scnt beaiicoiip dans Calherhic aux Etats de Blois, ct co n'esl vt ritaljlemcnt (pTan cinquionic a(;lc , que le danger de (iiiise eoniiiience a exciter quelque eniolion. Les scenes dn trni.siemc actc, 01^ Guise se coillo de la couronne que lui apporle un or- I'evre de ses partisans, ct on il est snrpris dans eel equipage par le roi de Navarre, et cnsuite par Henri III, nuisent au- tant a I'interet du drame qu'a la peinturo du licros, sur loqiiel cct incident jetle un vernis de niaiserie qui le defigtirc. Le qiiatrieme acle est une representation un pen trop burlesque d'une assemi)lee des Elats, et la grande scene qui le termine, lorsquo Calheriue I'ait arroter (piehpies niendjres et chasso les autres, se lie nial a renseud>le de Paction, et ne produitpoiul, dans reconomie generale du dranie, cot effet qu'ou allend d'un quatrieme acte. Nous blamerons aussi la scone ort Ca- therine place elle-meme cliacun des assassins a son poste. On pent essayer ces choses inusilees, quand il on doit resuller une de ces emotions qui rachetent tout; mais, ici, il n'en ro- sulte que du degout. Tout le monde salt que Catherine ne prit point a I'assassinat de (hiise la part que lui Tail prendre ici I'auteur; mais nous ne lui on i'erons pas un grand repro- che, et nous nous plaisons a reconnaitre que la physionomie de celte reine est bien peiute ; la figiue est historitjue si Vm- tion ne Test pas, et c'cst le principal ; il y a dans ce role des mots de caractere ct des traits qui revelent un pinceau habile. Nous dirous a pen pros la meme chose de Henri III; mais I'acteur lui prete un air do Jocrisse, qui ne convient pas plus a hi verite historique qu'a reflet du drame. Le memo role avait deja etc joue dans le meme sons au Theatre Francais, dans la piece de M. Dumas, et Tacleur n'avait pas ete ap- prouve. II y a aussi des traits bien saisis dans le role de Guise, dans celui de Hoiui de Navarre, et dans d'autres per- sonnages secondaires; enfin, I'auteur a rachelo par beaucoup d'heureux details le vice du fond ; mais, il fant bien le dire, c'est le fond qui fait duror les compositions thoatrales. II y a de beaux vers dans ce drame, et I'auteur semble avoir surtout cherche la variete dans son style; il Ta qnelquefois hourcuse- ment renconlroe; mais il ne s'est pas assez garde des disparates; il fautun gout extreme pour bien placer, dans im ouvragcse- rieux, des locutions lout-a-fait vulgaires. Les decorations otaient d'un fort bel effcl, el le5 costumes tres-bicn dessines, 78.1 FRANCL. Ce no sunt pns Its acccsstiiics (uii ont inan(|iic; a la piece. 11 y a parnii Ics aclciirs pliisiiMirs honimes tie talent; niais. rasscin- lilcti cle vingt tMidroils, ils onl l)e>;oiii dc sc li(}iie adeiix epocpies nieniorables de notreliistdireconlcmpoi'aine.Miiiistresonsrempire, ilapporta, dans les afTaiies, inie rare aptitude et une artlenr prodigiense pour le travail , qui le firenl hicnlot distinguer, meme parmi les habiles et laborieux adnn'nistrateurs i'ornies al'ecole de Na- poleon. Ce dernier, dontles jugemens sont en general carac- teristicpies, disait a Saiiilc-lloiene, en parlant de M. Oaru : c'est le travail du boenf et le courage du lion. Plus tard, lors- qne les eveneincns eurent donne a la France des institutions qui lui permettent enfin de prendre quelque part au soin de ses propres aflaires, M. Darn futappele par Louis XVIII a la chambre des pairs, oTi Testime de ses concitoyens le signala bientot comme Tun des plus f'eruies del'enseurs des interets nationaux. Mais, si Ton nc suit que la carriere politique de M. Darn, on ne se fera encore qu'une faible idee de son in- I'atigable activite, et des ressources de sa noble intelligence. Aussi , dans le court apercu de sa vie, que nous allons essayer de tracer (i), nous aurons soin de rappeler les divers travaux litteraires qui lui valurent, a diflerentes epoques, les plus ho- norables suflVages. Apres avoir termine avec succ(!;s ses etudes dans sa ville natale, et s'y etie Fait connaitre par quelques poesies et d'au- trcs productions legeres, qui revelaient son talent pour la versification, M. Darn entra au service a I'age de seize ans, tt i'ut successivement lieutenant et commissaire des guer- res, depuis •783 jusqu'en 1789. La revolution ayant eclate, il ea adopla les principes, comme lous Ks liommes eclaires de Tepoque. Apres avoir fait la campagne de 1792, il I'ut, sous la teneur, arrele a I'armee, comme suspect, et de- tenu pendant dix mois. II composa, en prison, son Epitre d mon sans-culotte , badinage elegant et philosophiqne , on I'auteur se moque assez plaisamnient du citoyen Brutus, son geolier, bon homme du reste , et lui prouvc, en jolis (i) Nous empnintons la pliipnrt des fails rapporles dans celte Notice a la DiograpUie universellc ct portative des cnnlcmporains [Varlf., 1827-182(1), dont noMS avons eu plus d'ime occasion dc I'aire I'i'Iogc. NECROLOGIE. -85 vers, qu'ils iie sont guores plus libres Tun que I'aiilre. Le 9 thcrmidor vint briser les fers tic M. Dani, qui fiit appele, en Tail 4i fomme chefde division au niinijtere de la guerre; pin's, ayant donnu sa demission do cct eniploi, au 18 IVuctidor an 5, il fut , pen de tenis apres, envoye a I'armee dans le grade de commissaire-ordonnateur en cheF. M. Darus'occnpa de ses nonvelles Ibnctions avec unc sorupuleuse exactitude ; et ponr- tant, au milieu des travanx et des soins qu'elles exigeaient de lui, il trouva le terns necessaire pour cultiver les Icttres d'une maniere brillante. La meme plume qui vcnait d'assnrer la subsistance de nos arniees victorieuses transportait dans notre langue les inspirations du fugitil'de Philippes. M. Darn pjd)Ha, I'annee snivante, sa traduction en vers des poesies d' Horace. Sa versification , on Ton vondrail un culoris plus poetique, a tou- jonrs de I'elegance. dn nonibre et de la correction; et, bien qu'il n'ait pas tonjours rendu avec bonheur I'iniinitable variele de tons de I'original, cette traduction est encore sans contre- dit la meillenre que nous possedions. Apres le 18 brumaire, M. Darn I'ut nomme aux fonctions, alors si importantcs, de secretaire-general du ministere de la guerre, et prit rang parmi les inspectenrs aux revues, (le fut i\ cette epoque qu'il composa son Rpitre d I'nhhe Delille, oil il reproclieautraducteur de Virgilede nepas comprendrelebut genereux de la revolution , et oi'i il I'engage a meler sa voix aux accens poetiquesquicelebraient alors les triomphes de nos armees; il s'adresse ainsi au celebre vieillard : Dis-nioi, soulTriras-lu qu'iinc muse vulgaire S'cnipare d'lin sujct digne d'un autre Homere? Cette epitre, qui fut hie a la Sociele iibre des sciences et des arts, obtint dans le monde beauconp de sncces. A pen de dis- tance de la , il publia : la Clcopedie, ou la Tlieoriedcs reputations litteraires, satire pleine d'esprit, d'une louche elegante et fa- cile, mais qui manque deviguenr. EUe fut suivie d'un poi;mc assez faible, intitule : Les Alpes. Au ministere de la guerre, les talens de M. Dai'u et sa haute capacite comme adminis- tratcnr fixerent I'attention de Bonaparte. Le 27 prairial an 8, le lendemain de la bataille de Marengo, le premier consul lui donna une preuve de sa confiance, en le nommant un des com- missaires charges de veiller aux details d'execution de la con- vention conclue entre le general Berthicr et le general aulri- chien IMelas. Elu menibrc dulribunat, en I'an 10, M. Daru s'y fit reniar- quer par de» fravaux consciencieux sur les diverses matiere&. 786 IN EC RO LOG in. qui fiirrnl suiiiniscs a I;i dolihoialiou dc ce corp,-;. La aiissi, il cut la proiniiie occasion ilo coinl)altre alalribiiiie los eimcniis tie la liberie qui, deslors, teulaient d'opcrcr cetic coiilre-revo- liition que tous lours eflorls no sont pas ent-orc parvenus et ne parvieudi-out jamais a en'eeluer. 11 deiendil tour a tour la cause de riustruciiou puhliijuc, puis la niemoire de Jean-,)acques Rousseau, el cette pliilosophie du xtiu" siecle dout on u'ap- ])recic pas Inujours IjIcu les scrvircs parcc qu'on oul)lic Irop iacil(;nient coulre quels lioniuies ct contre quels ahus elle avail a cxercer sa mission rerormatrire. En un mot, diu'ant la comic existence du tribunal, M. Darn prit part a sestravaux les plus imporlans et sc monlra fulele :iux princines dc la revolution qiic i)ien des gens commencaient alors a meconnaitre. Devenu cmperenr. Napoleon, qui savait distingucr Ic me- rite, quoiqu'il eul eloignc beaucoup d'lionnncs dont le carac- terc Irop republicain ne pouvait guere sympathiser avec son humour despotique, appela M. Daru au\ premieres digniles de Tempirc. «Et ici, dit le redacteur de la Btographie que nous avons citee, se presentc pom' nous im point obscur dans la vie dc cet homme d'Elat. Nous ignorons s'il vit avec donlcur I'elevalion subitc d'un .'oldat sur les mines de la liberie. Le I'ait d'avoir acceple les honneurs et les emplois qui lui t'urent conleres par Napoleon denonce-t-il ime adhesion facile aux vues ambitieuscs du consul a vie ? C'est ce que nous laissons a d'autres le soin d'expliquer. Toutefois, en admetlant I'affir- mative , en supposant que lui aussi ait considere Bonapaile conmie riionmie ncccssaire, a I'epoquc oCi il s'empara du pou- voir, floltaiit cl inccrtain dans des mains inhabiles, nous qui avons vu la France enliere suivre le char du triomphalour, oscrions-nous blamer M. Daru de s'etre place non loin de lui sur ce char, alors sm-tout qu'il a (ait tous ses efforts pour I'em- pecher de sc precipiter dans Tabime et d'y enlrainer son nombreux cortege ';*... » En i8o5, M. Daru liit nomme suc- cess! vement conseiller d'Etat cl intendant-general dc la maison militaire de I'cmpercur; puis, en 1806, intendant-general du pays dc IJrunsAvick, comuiissairc pour rexeculion des traitos Tilsitt, de\ienne, et minislreplenipotcnliaire a Berlin. « Cello mission ctait penible, dit un journal ; il devait veillcrarcxe- culion des trailes, au paiement des indemnilcs de guerre; inais les murmures des vainciis no purent s'cn prendre qu'a la severile dc ses devoirs. Impassible cl fidelc comme un coffrc-fori, il ne perccvait les millions avec rigucur que pour en rendre compte avec sci'upule. " y\. Dani iiil rccu . Ic 1 5 a(iul iSot). mcniluc dc rinstiliil, a T^iliCIlOLOGIE. 787 la place tic CoUiii-ci'IIarlcAillo. L'eloge de sou prrdcccssciir, qii'il pruiionca dans cette assemblce , respire ramour des lettres ct de la vertu. On y remarqiie un Uait qii'uii lioniiele homme seul pouvait trojivor. II dit , en pariant du pen de severito dos peiiUures du l)ou et ainialjlc Collin : « Si vous lui eussiez deniande : pou)(]uoi ne railes-vous jamais parler ni I'intrigue, ni le vice ';' il etait homme a vous repondre, je ne sanrais que leur faire diie. » En 1808, 1' Academic de Berlin Tadniit ej,'alenient au nombre de ses mcninres honoraircs. Nomme ministre secretaire d'Elat en 1811 , M. Darn ob- tint, pen de tenis apres, le poitefenilie de I'adminisiration de la gnerre. « Le tiavail senil)lait son eleiiient, dit le l\Icmoi-ialdc Sainte-Hflcnc, rcdigc par M. le comie dc Las-Cases ; il avail toujours rempli tons ses instans, si bien (juc, quandilse trouva ministre secretaire d'Elat, quclqu'un le piaignant de I'innnen- site du travail qui devait I'absorber desormais : — Lien au contraire, rcpoiidit-il plaisamment, c'esl depuis mes nouvelles _ fonctions qu'il me semble n'avoir plus rien ;\ lairc. — II s'j trouva pourtant pris nne fois. L'empcreur I'ayant demande apres rninuit poiu' travailler, M. Daru se trouva tellement ac- cable dc fatigue qu'il savait a peine ce qu'il ecrivait, et que, la nature remportant. il s'endormit sur son papier. Apres un sommeil prol'ond, quel Tut son saisissement d'apcrcevoir I'em- perenr travaillant tranquiilement a ses cotes. L'eclat des bou- gies I'avertissait assez que son absence devait avoir etc loqgue. Attere, conl'ondu, ses yeux incertains vinrent a rencontrer ceux de I'empereur, qui lui dit : — Eh bien ! oui , monsieur, vous me voycz t'aisant voire travail, puisque vous navez pas voulu le i'aire. J'ai pense que vous aviezbien soupe, passe una bonne soiree ; mais encore iaut-il que le travail n'en soufl're point. — Ah ! sire , lui dit alors iM. Daru , moi avoir passe une bonne nuit! Voila phisieursnuits blanches que je passe au tra- vail, et Votie Majeste vient d'en voir la triste consequence, qui m'alllige cruellement. — Eh! que ne me disiez-vous cela; je n'ai point envie de vous tuer, allez vous coucher : bonne nuit, W. Daru. » II fit la campagne dc Russie en qualite de ministre secre- taire d'£tat. Lorsque I'armee t'rancaise i'ut arrivee a Smolensk, rempereur convoqiia un conseil, aucjuil il soumit la ([uestion de la paix on dc la guerre. M. Daru, qui, scion I'expres-inn de 31. I'hilippe de Segur, etait droit jus()u'a laraideurel ferme jusqu'a Timpassibilite , ne craiguit point de combattre I'opl- nion bien connue du cliei' supreme ; il lui conseilla de uc pas poubSei' plus loin ses trionqdies, dii^ant que la ualiuu rccla- ;88 NliCROLOGIF. ninil la paix i'l pirantls ( ris, que la guerre elait iir» jeii (|iie i'eiii- perciir joiiail hieii, ui'i il gagiiail loiijoiirs, et qn'on pouvait eii coiulure (lu'il la faisail avee plaisir; iiiais qii'cii Uiissie, e'e- lail moiiis le.s Iiommos que la nalnre qu'il I'allait vaiiicre 11 avail predil jtisic; niais, apris avoir pre\ n le (lanf;er, il siil 111! ojiposer le ])ltis male courage el la plus eneigif|ue Icnnele. Lc general Malliieu Dumas etaiil lomhe malade, M. Darn se vit force dc prendre les t'ouelions d'iulendaut-general de I'ar- mee. «Toiil le Iravail dc ee miuislere improvise, dil uu jour- nal, rcposa sur sa lele. La nnil , le jour, dans la lenlc du mailre, danssa voilurc, partouleonimc aux Tnileries, il assisle au travail el le prepare; c'est lui qui Iransmet les ordrcs, liii «]iii Ycille dans lc centre dc I'arniee, pendant (pie lc niai'eelial S'ey veille an-deliors; heros tons deux, ehacun a sa nianitre : i'un, liortimc d'Klat, I'aulre. homme de guerre; la, iinc im- mense prudence, vm conscil tenace et patient ; la, un courage immense, un champion qui se hat conlre la Rnssie et conlre rhiver : Daru et Ney fiircnt les plus fortes amcs , an milieu de cctte glnricns<' et malheureuse armee (pie la douleiir je- tait dans le dclire. » ( Messagcv (les Cluiinhres , du 8 sep- tembrc 182c). ) Les (;venemens de i8i4 ayant replace les Bourbons sur le trone, M. Darn fiit nomm(i par le roi intcndant-gt,'neral , an mois de di^'cemhre. II ne prit aucune part anx acles qui pre- c1. dc Chalcaubriaud . NKCROLOGIE. 789 son Rapport sur U systi'me mctriqiie appUqiie d la poesie, sa Vie de Sully, son Ilistoire de Venise, ont atteste le noble eniploi do ses loisirs. Ce cicniicr onvi'age, qui pariit en 1821 , est. sans contredit, leplns Important de tons ceuxqn'a publics ^1. Darn; el il est consideie anjoiu'd'Imi conime I'histoire la plus com- plete et la pins jndiciense du gouvernement de Venise , si bizarre, mais si remarqnabie par sa force et sa dnree. II avail manque a tons ses predecessciirs une i'oule d'actes et Ics pieces authenti(ines les phis essenlielies qui etaient ensevelies i:CROL0CIE. seulomont dv. 62 ans. Sa pcilc a ile vivemcnt vl gencrale- inetit st'iitic ; car i»on caractc'rc et son l/ilent liii avaioiit ac([ni,4 beaiicoiip d'amis. Scs fiUH'raillcs onl cu lieu Ic 1 1 seplem- bro, et se.< rcsles out cli- portes an cimclieic Monlinartre, ou reposait dcja madanic Darn, son epousc, i'cninie trt-s-distin- guce, ct sni'tont exctllenic mire. Cin<| discoin'S onl ete pro- nonces snr la l-onibc de Tilinslre delnnt, [tar MM. dc Mirbcl, Cuvicr, Sylrisire de Sacy, Ternaii.r, et Leroy, ancieii prel'et , el lie avec .M. Darn depnis tientc annees. Ce derrn'er. apres les honiniages decernes, an nom de I'lnstitnt et de la patrie, au grand citoyen et an litteratenr distingne, a parle an noni dc sa fannile et de ses amis. « Adien, a-t-il dit, adieu, grand administrateur, ministic integre, pair eloquent et i>alriote; adieu, poete aimal)le et prot'ond; adien, historien elegant et consciencienx; adien, modele des fds, des eponx, des peres, des parens et des amis. Que nos i-egrets ct nos plenrs, synipa- thisant avec la prolbnde donleur de ta malhenrense lamille, te rendcnt la terre legere. Joiiis aux regions on n'arrivent pas les repugnances politiques ct lenrs jngeniens, jonis des recom- penses promises a lavertn! Jouis aussi, du fond de ce tom- beau ; jonis, comnienous, de la consolation que nouscherchons dans riieritier de ton nom et de tcs honnenrs. Son desespoir dechire nos ames; maisce dcsespoirsi vrai nousrevelela sienne. Ce digne fds ajoutcra aux dementis trop rares donnes a la cri- tique des institutions humaines ; il nous presentera I'heredilc du talent et de la vertu. il devonera, commetoi, sa noble vie a la sainte defense des droits dn trone ct des droits (\u i)ays; il vondra laisscr, comme toi, dans son heritage, radmiralion et les lai-mes de. la France. » — =*©«j<: TABLE DES ARTICLES CO NT EN us DANS LE GAIIIER DE SEPTEMBRE 1829. I. Mi'lMOlRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1. Experiences sur quelques effels de Tjiction tlu froid sur les aniiuaux Floureiis. S.ly ■2. De reiiseignement du droit daus les Universites d'Allcnia- gne fVarnliceiiig. 55 i II. ANALYSES D'OUVRAGES. 5. Recherclies sur les substances nulrilivcs que contiennent les OS, par M. d'Arcet. — Memoire sur rajiplicntion de ce procede a la uourriturc des ouvriers ile !a Monnaie desme- dailles, par JM. de Puymauriii lils A. Michetot. 5fi8 • 4- IHstoire de la navigation intf^rieure do la France, par M. Dulens Ferry. 678 5. Ecouoniie politique des Alheniens, par A. Boeckh, traduit de Tallemand par A. Laligant A. Poirson. 608 6. Memoires do Saint-Simon J. C. L. de Sismondi. 627 7. OEuvres completes de Tacilc. traduitcs par J. L. Uurnouf. De PongerviKc. 643 III. BULLETIN BICLIOGRAPHIQUE. Annoncesde 78 ouvrages francais eletrangers. Amerique septektrionale. — Etats-Unis, 2 655 EuiiOPE. — Gramlc-Dretagne , 12 GSy — Ritssie , 5 672 — Dancmnrk, 3. . . . , 674 — Allemagne, 7 678 — Suisse, 1 687 — Italie,5 689 • — Pays-Bas , 4 691 Fhance , 42 J &ayoir : Sciences pliysi(](ics et natureltes, i5 6()5 — Sciences rcligicuses, morales, poUli8. — Journal du peuple. — J5eaiix-arts : Exposition de tableaux. — Sculpture 1 Statues de Tom O'Shauter et dc Jolinny-le-Cordonnier • . 701 RrssiE. — Tribus kalmoukes : civilisation. — Fabriques et ma- nufactures.— A'lyfii ; Foire de 1828 753 Allemagne. — Slatistiquc : Population de la monarchic prus- sienue 755 Suisse. — Lausanne : Reclamation 766 Italie. — Statislique : Tableau des mouvemens de la popula- tion dans les provinces lombardes , . j'^a Pavs-JJas. — Statistique de la presse periodique ibid, France. ■ — • Abbeville (Somme) : Phenomtne de physiologic ve- getale. — Toulon (Var) : Telegraphes de nuit 761 Paris. — Jnstitut : Academic des sciences : Seances du 17 aout au 14 septembre 1829. — Societe des ]5ibliophiIes fran- cais. — Maison complete et graluile pour linstructiou des classes pauvres, foudee par IM. Cochiu. — Instruction pu- blique : Livrcs classiques. — Tlu'alrcs. Tliedtre fran^ais: 1 "' representations du Protecteur et le Mari, comi^die ; du Majorat, drame. Tliedtre de I'Odion : 1"' representations de Catherine de Medieis auxEtats deBluis, drame; du Frere ct VAmant, comtdie. — Beaux-arts, Pc(;i^«»-e; Bataille d"A- boukir 765 IVlcbologie. — France : Daru 784 TABLE iVNALYTIQUE ET ALPH AB J^TIQUE DES MATIERES DU QUARANTE-TROISIjfeME VOLUME DE LA REVUE ENCYCLOP]< DIQUE. JuiLLET, AOUT, SePEMCRE 1S29 (*). Ox a reuui aux quatre nijts indicaliis des quathe CHA^DES divisioks dc ce Recueil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MIilLAlNGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CHOISIS; III. BULLETIN RIRLIOGRAPHIQUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRES; le detail ct le renvoi des aitii-les qui s'y rapportent ; puis uii a caracterist' ces articles, i la suite du noui de leurs auteuis, par I'une des quatre abrevialioiis ci-apres : M. (m^moires et kutices) ; A. (analyses) ; B. (bul- letin BlELUir.RArHlQUE) ; N. (nODVELLES SCIESiTIFIQUES ET LITTEBAIEES ). La designation C. apies les noms propres indique les coilaborateurs de la Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils ont fournis. Au lieu de cini prendre, sous la denomination generale sciences et arts (coinme dans nos quatre tables (la: matures de I'annee 1S19), Tindication des dilFerentes sciences dont ti aite ce volume, on a cm devoir, pour rendre les recherches plus I'aciles, et pour niieux caracteriscr le but |)hili)sophique de la licvtie Encyclopedli/uc, ouvrir un compte particulier et special, en lettres capitalcs, non-seuleuient a chacune des branches des connaissances humaines : agriculture , anatumie , etc. ; i cliacun des eleniens essentiels de la civilisation et des inoyens piincipaux de conimunication entre les honomes : academies et sociiiTEs savastes, dictionnaiees, e.nseignement MUTUEL, instruction puBLiQUE , joiHNALX, THEATRES, etc. ; inais eucore a chacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil : de maniere qu'on puisse rapprocher ct comparer tour h tour, soit I'clat des sciences et des eleniens dc la civilisation duns chaque pays, soit les nations elles-niemes, sous les dilTercns rapports sous lesquels on a eu occasion de les consideicr. Abdur-Rahiiii. Foy. Fetv\alis. 1 Abel. Mi'moiie sur la propriele ge- Abel , analyste norvvegien. Nou- niiale d'nne <-lasse tres-6tendiie velle de sa moil, 248. I defonciionsfranscendantes, 2^9. ,*; On souscrit piiur ce Recl'eil scientifiqie ct litteraire , doat il [laraitim caliier de quatorze I'cuilles d'impressiou lous les niois , au BuREAli CENTRAL d'abox- NEMENT, rue d'Eiifei-Saint-Micliel , tfi 18; chcz ARTUl'S Bertrand , rue Hautc- feuille , no 28 , et cliez HenouARD , rue de Tournon , 11" 6'. Prix do la souscriii- lion : a Paris, ^rt (r pour 11 n aii ; dans les de'parteineiis , 53 fr. ; 60 fr. dans I*elranS, j55. Alletz(td.). L'Acadcniie rian(;ais(: liii di^^cei'iic liiie iiic(laille(l'i)r,5 15. Aiiiar (J. A.), /'oy. Uhclcurs la- liiKs. Aiiiateui- (I/) des frtiils, etc. ; par Louis I)id)ois, i5S. Anibassade(Joiirnal d'line) envoyeo par le gouvci iieti r general de 1' hi- de i la com- d'Ava , par John Cra\'\fnrd, 3<(6. Amekiqie MtnlDlo^ALE, 5, 110, 265. SEPTEi\TJilOi\Al.i:, I03, 221, OgS, 487, 653, 658, -/((J. Ampere. Heclierehes relatives a la theoiie de la liiniiere, 4>. Analyse des Iravaiix de I'Academie royale des Sciences de Paris, pen- dant I'annee 1828, A., /^7.. — des Iravaux de la Societe royale d'Abbeville, 218. — (De 1') gianimaticale, par Clou- zet, 464. Analyses ( H. ) d'ouvrngcs atlc- mands : Q*iUVies de Mlillntu- (//. 6'.), 076. — Econoniie po- litique dcs Atbeiiiens, par A. Boeckb, Iraduit en francais par A. Lallganl (.-/. Poirsori), 60S. — d'ouvrages rinciciis - eltisxiqiics : Idylles de Theocrile, traduilcs en vers fran^^ais, par Servan dt! Sugny (a), 91. — OlMivres com- pletes de Taclle, liadnclion non- velJe, par ,T. L. Hiu'noni' ^Dc/'otz- gervillc), G^Ti. AI.YTJQtlK AiVALVsEs d'onvrages nn^la'ts : Se- cond voyage de Clapperton dans I'intericur (!<■ rAI'riipie (C/kihit/), 008. — d'onvrages des EliilsViiis : Lel- tres sur les nuiMirs el les institii- li. ins des lilats-Unis, par .1. V. Ciooper, tradniles en IVancais par MI'MI. Preb'e, Si. — d'onvrages /id/icrt/.s' : Analyse des Iravanx de rAcadeniie royale des Sciences di' Paiis, pendant I'an- ne(' 1828 [F(iTy), '12. — Reiiginns de la !ng),y7-<. — Eleinens de [>a- tliologie velerinaire , par \'alel {Fluiircn.s) , 3o5. — Cours d'liis- toiie nioderne, jiar Guizot (J. C. L. di- S!siuuni/i), ")3i. — llisloire de Pologce, jiarN. A.deSalvan- di (.///)/i. dlhrbelol), 348. — Rr- cliercbes snr les substances nu- tritives que renferment les os, par d'Arcel ; et Memoire sur I'appli- calion de ce procede ix la nour- ritiue des owvrit rsde laMonnaie; par A. de Puyniauriii [yi. Miclic- lol), 568. — llisloire de la navi- gation interienr(,' de la France, jiar Dutens (Ferry), 5jS. — Me- nioires de Saint-Simon (J. C L. df Sismondt), 69.S. — d'onvrages rii.sxc.i : Poesies de B. Joukovsky (J. Cliopin), Cf-. AiNATOMiE, 63, 247, 433, 434. — de I'liomme, par .Jules Cloquel, |iuhliec par C. de Lasteyrie, 433. — pathologique. ''«y. Andral. 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Moiilgail- lard , 725. — du Daiipliine, par le baron de Chapuys-!Monllavil!e , 718. — du Cbatean-Gaillard , etc., par Acliille Deville , 720. — de Philippe-Augiiste, par Capc- Cgue , 192. - — des comtes d'Eu, par L. Estan- celin, ig5. — de la detention des pbilosophes et des gens de letlres a la Bastille et ii Vincennes, etc., par J. De- lort, 196. — generate des Voyages , etc. , par C. A. Walkenaer, 170. — des voyages de decouvcrles geo- g.apiiiques, par Charles Falken- stein , 4i5. — de la religieuseofficiri-, Catherine d'Erauso, publiee [)ar J. M. Fer- rer, 742. — ECCLis\*STiQUE. I'oy . Dagounicr. NATURELLE, 498, GgS , 69G , 7GS, 769- des mammiferes, par Geof- i'roy - Saint-Hilairc et Fredeiic Cuvier, 1 5 1 . — rcligieuse (Coursd') et uuiver- Louise Dauijal, selie , par M 1 88. Iloli'inann. Toy. iNecbolocib. Ilotiic(J.). Douglas, a triigcdy, Saa. IIO.XCHIE, 4i8 , 49"'- IIllKTICl l.TURIi , l58. Hospice pour les aveuglcs , a Bos- Ion , 222. IIvDaOGBAPIIIB , 47- 1. IcnTYoiociE , 6G , 499- Iconograpliiedu regue animal, etc., par Guerin , 690. — des homnies celebres, 2if:. Illusion (L'), drauie lyrique, ])a- roles de .Saint-George et IMi'-nLs- sier, nuisique de Ilerold , 255. InipOls (Des) dans Iturs rapports avec la production agiicole, par C. J. A. Malhieu deDombasle, Inconnu(L j, fiagmens, 211. Indcpendance ( De 1') des nou- veaiix Etats de I'Anieiique , M. , f) , 265. Iades oniENTALEs , ^94, SgG. I.NDUSTRIE coHimerciale (Del') et uianufacluricre de Marseille, par J. Julliany , 455. Institits. f'oy. SociStes savartes. IxSTRiCTio.N PBiMAiBE, i5o, 6go. — pii.iQUE, 176, 77C. f'oy. aii.isi Ecoi.es , Umvebsites, etc. ( ^'ouv(•lle organisation de 1' ) en Russie , 229. IsvEATioKs, ii5, i65 , 227,095. Ipsiboe, par d'Ailincourt, ciuquie- ine edili jn , 70^. IbLANDE. J'oy. GaAKDE-BnETAGiNE. Irving ( Washington). Ilisloiie de laconqnetede Grenade, Iraduite de I'anglais par J. C(jlien, 719. Israeli's Imiiiiiy into the lilcrury anil pulilical history of James 1 , 4o6. Italie, l3g, 257, 425, 689, 759^ 8o4 TABLE ANALVTIOIE Jacotot. Voy. Enseignenicnt uni- Tt'lScI. Jacques 1'''. Voy. Kichols. — / oy. Israeli. .Tai din bolaiiiqiie (!e Lcnivain , 5o2. jABDIHAnE. /'oy. HonxlClLTUBK. Jaidiiiier ( Le ) dcs fenOdes, dos ap- l>:iitcnicns, etc., par Puitiau , i5S. Jobert. L'Acadeuiie rnyale des sciences de Paris liii accordo un prix d'encciirajicniont , a'|3. Johnstone (John), The T forks of Samuel Purr, 1 1 j, Joiikovsky (B.)- Poesies, A., 97. JOUHNALX ET ReCI Elt.S PiSRIODIQUES. ■ — publics en /i tkninqnc , Jnlirbii- clicr der Straf iind licxncrungs- Anstallen, a Berlin, i55. — publics en Anglclcrrc : Advice to labourers , journal du peuple , a Londres, jSa. • — publics au Cliili : El Mcrcurio Cliifcno, t\ Santiago, iio, — publics en France ; Le Pirale, revue bebdoniadaire tie la litte- ralure et dcs joun;au.\, a Paris, 21S. — Le Propagaleur dcs pro- gres dcs arts et metiers, a Paiis, 485. — La Psyche , choii de pie- ces en vers et en prose , i Paris,. 484. — Album des provinces, i Paris , JJy. — Album cenoman , Bulletin stalistique des deparle- niens de la Sartbe et de Ja Maycn- ne , au Mans , ~^\. — publics en Jtatie : Annali iiniver- sali di slatlstica, k Milan, 142. — Annali uiiircrsali di agricultura , a Milan, 142. — Giornale di far- viacia cliimica, it Milan, 142. — publics (\anslva Pnys-Bas : Biblio- theque des instilutcurs , k Mons , iSo. — Journal d'Agricultnrc , etc. , a Bruxcllcs , 101. ■ — Sclicl, Arlscnyincng en niiturhundigc lli- bliotlicch, k Anislerdam, 45a. — Indication de tons les journiiiix , 759- — publics en Suisse : L'Ulilitairc, JDUinal de pliilosophie sociale, a Ceru'vc , loj. Jouy. f'oy. Guillannie-Tell. Julius. Annales dcs clablissemcns dc detention, etc., i35. Julliany (J.). Foy. Industrie com- nierciale. Jullicn (M. A.), fondalcur-dii'cc- teur cie la Revue Encyclopedi- qne, C. — les articles signes M. A. J. Le roi de Piusse lui envoie, en recompense litleraire, une se- coiidc nu'daille d'or , 494» JtBISPBlDE^CE , 55i. Foy. aussi Jji- CISLITIOI^. — anglaise. Foy. Montveran. — turque , 4^5. Jussieu ( Laurent de). /"by. Fables. Kamascbeir. Foy. A'ltiquiti* du Pont. Katenine (P.). Foy. Andromaque. Kent's (James) Commentaries on American Law, loG. l\ettcl's( Samuel) Specimens of Ame- rican poetry, Sep). Kirckhoff. Foy. Beflexions. — C — B. , 401. Klaprotb. Foy. Antiquites ejyp- tiennes. Kocppcn . Drevnosli sevcrnago bcrega Ponta, C-2. Kozlof (Jean), /'oy. Po6sies nisses. k rieg eli us . Foy. Corp us juris civ His . Lachavc (P.). Foy. Perspective li- neairc. Lacrclclle (Cbarlcs). /'oy. Histoirc de France. Laligant (A.). Foy. Boeckh. Laniennais ( L'abbe de ). Foy. Etude. DPS MATiKru;?. 8o5 Lampes Iiydrostaliques ii uuuble cdiirant d'air, 5 j . — de sfirele. Noiiveau mode d'(i- clairage pour Ics mines, 22j. Lander (Richard), ^'oy-tllapperton, Landrin ( L.). Koy. Manuel du mai- tre des f'org;es. Lancce (Essai sur la), etc., par J. L. do Parrot , 4^0. — fVan^aisc , 202. — grccque, jaS. — moldave, nJ. Lapie perc. ^oy. Alias universel. Laplace (M. de). Voy. Eloge his- torique. Lardncr. Popular ktlcrs on f lie steam cnf^ine, io5. Lasteyrie (C, de). Foy. Analomie de riiomme. Lautsch (Frederic). Dernieres let- Ires de Jacopo Orlis, par Ugo Foscolo, tradniles en allemand, Lcbrun. Manuel du Mouleur, 4^9- — ( Isidore) , C. — B. , 444 ) 47" 5 737. Lecomte. Cours analytique de lec- ture par ensei^^nement mututl et simullane , 446. Lefianc (E.)- '"y- MylIiolo£;ie. Legendre. Traile des functions el- lyptiques, etc. , i7>. Lcgis ( G. Tliorinond). Die Runcii . ii"i/ Hire Dcnhtuiilcr, i?8. Lir.isi.ATiON, 106, 179, l82,4l'^5 454, 712. — fraucaise. l^oy. Legraverrnd. — des rctraites mililaiies. Foy. Vil- leneuve. Legiaverend (J.M.). Deslaciincset des besoins de la legislation fran- ^aise en maliere politique et en matiere criminello, 712. Legouve, fils (Ernest). L'Acade- mJe francaise couionne son poe- me sur la decouverte de I'impri- merie ,617. Le Noble (Alexandre). C. — B, , 193. — N., 507. Lcofjardi. lUmc di Francesco Pdrar- ca , colta inlcrprelazionc , elc. , 139. Lerouge , C. — ^ B. . ^G\. Lesson, C — ^ B. , 697. Letter (Third) on ilia means of ini- provini; tlie condition of lite liibou- ring classes, Ly Samuel Ban fill, 66 J. Letters of Philip, second earl of Ciics- icr field, etc. , l\\o. Letlres sur les mceurs et les institu- tions des Etals-Unis, par J. F. Coojier, tradniles en I'ranc^aispar MII'^II. Preble, A., 81. — d'une belle-mere a son gciidre sur quelqucs sujels d'hisloire et de politique , 198. ■=— laniilieres de Milton , tradiiites du latin en anglais par John IJatl, 655. — et poesies de Vincent MarteHi , 691. Libra di Cato , trc valgarizzamenti del libra di C alone do' cost ami ^ elc. , 428. Lippi( Regulus). L'Acad^niie rova- le des Sciences de Paris lui de- cerne le prix de pliysiologie ex- perimentale, 244- LlTHOGRAPHlE , 45^ 567), 684, 685. — ( Perf'ectionnemens importans de la), 53. LiTTKnATtRE allcuiande , ail, 376, 4 2 2 , 68 1. — ancienne classiqne , 91, i3o, 206, 219, 485, 486, 645. — anglaise, 122, 2i3, 253, 394, 429, 522, C67, 671, 731. — arabe, 467. — belgique francaise , 693. — biblique , 446, 678. — cbilien- ne , 110. — chinoise, 667. — da- noise, 4'4- — des Etals-Unis. 393. — espagnole, 474, 742 > 744- — -francaise, 91 , i36, 197, 200 , 206, 207, 2 10,311, 21S, a55 , 4'" 5 4' > ) 42a 5 462 , 470 » 473 , 476 , 484 1 Sao , 524 , 729* 700 , 755 , 754 , 735 , 739 , 74i , 777, 778, 7S0 , 782. — hoUan- daise, 693. — islandaise, 128. — ilalienne, i35, i3g, l4i > ^20, /p5 , 4'7i 4*8 > Gyi. — iiiul(l;iv ^4') ^45, 246 , G57 , C9I , 692 , 700. MiScAKiQUE, 100, iGa, 24 1 5 247* 248. — des solides, etc. , par Neil Ar- nolt, Iraduilc de I'anglais par T. Richard, 700. Meckel. Voy. Komikation acadeui- QUE. Medailles antiques (Choix des ) d'Olbinpolis on Olbia , par de Blaremlieig, G72. M^DKCINE. Foy. SciEi\CKS JIKDICALES. — pratique. Voy. Manuel. MELANGES de lilteratnre et de po- litique , par Benjamin Constant, ■97- ■ — ■ en jirose (!t en vers ecrits en oa- lacteres slenogiapliiques , par Clnuzel , 46{. MiiMOiBEs, Notices kt Melanges (1.) : de I'independance des nou- veaux Elals de I'Anierique [Ch. Comic), 5. — Notice biijgiaplii- qutsur Ileniiun dePansey {Alpli. Taltlmidicr) , it). — de I'inde- l)cndance des nouveaux Elals de I'Ameriqur. Second article {Cl>, Comic) , 2G5, — Eloge hislorique de M. le marquis de Laplace [Fourier) , 290. — Experiences snr qiielques eirets de Taction du IVoid sur les animaux [Floiircns), 537. — de Tenseigiiement du droit dans les nniversites d'Alle- inasjne. Second article ( //. .1. TVarnkocnig) , 55 1 . — et Rapports de Socieles savan- tes en France , 217, 4S2, -56. — et disserlalions surles antiquites nationales et etrangeres, ]iarla sociele desanliquaires de France, 217. — de la Societe linneenne de IVor- mandie, 482. — complelsel authenliques dudiic de Saint-Simon , snr le siecle de Louis XIV et la regence , etc., 461 , A. , 627. — du venilien J. Casanova deSein- galt , traduils de TAIlemand par Aubert dc Vilry, 727. — d'un janissaire genliihomnie po- lonais sur la prise de Constanti- no]ile par les Turcs, 126. — sur la vie, les ecrils et les opi- nions du reverend Samuel Parr, 117. Memoirs of lady Funsliawc, 120. DE.< MATliiRES. 807 Memoirs of (ho ndmiiiisiratlonofihe W;,'/i( honorable II. Pelliani, by JV. ( ohc, 4'0. Meni.'^siei'. toy. Illusion. Mensert. Memoire bistoiique snr I'operalion de la pnpilli' arlifi- clelle, elc. ,45'. Menuisier. /'oy. Art. Mercy. Nouvelle tradnclion des aphorismes d'Hippocrale , etc., 407. Mes moutons et leurs bergers, dra- me, par Milliner, A., 376. Metai.l'jrcie , 54 , 4'J2. Metaphysiqle , 252. — de Descartes, rassemblec et mise en ordre par L. A. Gruyer, 449- Meteorolofficat observntionx (An ab- siracl of the returns ), elc. , Sg?. Mcylinh. Sclici- artscnymcng- en- na- litrkiindif;c BibHolhcck, l\~>7. Micliil. l'o\. Perroquets. Michelot (A.) , C. — A. , 568. — B., i55. — N. , 200, 514,770. Milne-Edwards. Memuires sur la respiralion et le sysleme nerveux des cruslaces , 67. Desciiplion de qnatre crusla- ces d'une espece nouvelle , 68. Observations sur le develop- pement des crustaces, etc. , .5o8. Milton's familiar Idlers, translated by John Hall, 655. Mineralogie industrielle , elc. , par Peloiizf , i53. Mines de liouille cl chemin de fer entre le canal du centre et celui de Bourgngne , 240. — d'or et de platine en Siberie, 492. Mirbel. Rccherchcs sur I'ovule ve- getal ,59. Moion ( Bianca Mi lest ). Prime Ic- zioni di Marin Edgeworth , 6go. Moller. Foy. Ancicn Testament. Monaca (Im) di Monza, storia del sccoio xni, 427. Monnaie de platine mise en circu- lation parlegouvernement russe, 492. StJiS TAIILK A Moniiai'd (C). ^"v. Cataiugue. — toy. Hi'cluiiiatioii. ftftn.slci-. toy. Liiseigncnicnt niu- tiicl. Moiisliiiiisite ( Pi'Oposilions siir la), consitl(';r<;e chcz rhouiine ft Ics aiiimaiix, ]iar Isidore GeoITroy- Saint-llilaire, 69C. Moiilgaillaid. I'^uy. Ilistoiie de Fiaucf. IMonlrol ( F. do). Voy. Elvire. Moiitveian (De). De la juiispru- dcnce anglaise siir les crimes po- litiqiKS, 7i4- Monument a la menioire de Picirc Coineille , 240. INIoHALE , ij4 1 42S. Mi'ialisles laliiis (Les), on clioix de morceaux exliaitsde Ciceron, Seneque , etc., par Gnei in , 485. Moreau de Joiines. Observali(nis nieteorologiijucs, Sa. Rei lierclirs snr le mais, Gi. INotice siir les (■:pidt;mits qui, en 1828, se sunt manilestces aux Antilles, 69. C — N., 752. Moulenr. J^oy. Lcbrnn. Milliners dramalischc TT'erkc, unci anclcrc Schiiftcn , A., 076. Muriel (A.), C— 1?., i47, y.^/,. Musee royal de la Ilaye, 45i. MuSIQUIi , 255, &24. Mythoc.ogie , 73. — (Cours de), etc., par E. Le- I'ranc , 4^6. N. Nadanlt (B. H.). Considerations sur les trois systemes de commu- nication inteiieure au moyen des routes, des chemins de fer et (Ks canaux, 166. Najjoleon en Ejjvpte, poemc, par liai thlcmy et MOry, Iraduit en vers allemands i)ar (iustave Schwab , 4*2. Nathan. Fugitive pieces and reminis- cence* of lord Byron , 152. Ml.'iTiyi'E M ATIGATION , 4/, 765. — inlerieure do la France. Voy. Dntens. Nkckologie : Hoffmann , profcsseur a I'universite de .Moscon ; Sorer- If nine , mcinbre de I'Academje de Pelersbourg; Narejni, auteur dramatique russe , 258. — Borja Carciio Stockier, lieutenant-ge- neial porluf^ais, 269. — L'luis / lUcnli-i, medecin , a Piombit- res , 259, — Dv J flit Clinton , gouverneur de I'Elat de New- York , 529. — Octave-Jean-Bai)- \^\i\.ii Assarotti, diiecteurdel'Ins- tilut des scnrds-muets de Genes, .033. — Joseph- Francois- Marie de Martinet, directeur de la |)epi- nitre depai lemenlale du Ithone, 553. — Pieire-Antoine-Noel-lUu- no , comle jDiicu, pair de France, , 7^4 • iXciC grand sympathique. Voy. Ma- ncc. Nicliols (John). ThcProi^resses, pro- cessions, and mngniftccnl festivi- ties of King James 1 , 4o5. Nicbuhr. Ergiinzung des Jnhalls ei- ncs wiclitigcn Fragments des Dio Cassias, 679. tSiebuhrs (Carstcn) Leben , l7>\. NojiiNATioiv ACADEMiQiiK : le profcs- seur il/tcAc^, de llalle , corres- pondant de I'Academie royale des Sciences de Palis, 770. Nota (Alberto). Commedic Scettc , liO. Notice historiqne sur Henrion de Pansey , M. , 29. Nourriture des ouvriers de la mon- naie. Voy. Puymaurin. NoUVELtESSClENTIFlgCES ETLITT^BAI- KES (IV) : Aliique , 222. — ^Alle- magne , 23o, 495 , 755. — Egyp- te, 222. — Elals-Uiiis, 221, 4S7. 746- — Europe , 7i7. — France, 240, 5o3, 761 . — Ciande-Breta- gne , 227, 489, 75i. — (jrece, s39, 497- — Italic, 257,759. — — Paris, 24!, 5o8, 765. — Pays- DES MATlEllEs Bas , 5oi , 759. — Riissie , 229 , 492, 753, — Suisse, 255, 494) 756. Nouvelles (Qualre) racontecs par uii niaitre d'ecole, 428. — par Mullner , A. , 576. NuBiE , 4oi 5 707. NdmismjItique , 480, 672. O. Observations sur la canipa{»ne ties Russes, en 1828, en Moldavic. etc. , i85. CEnologie, 157. QSuvRES dc Samuel Parr ,117. — de Francisco Martinez do la Rosa , 744- — choisies d'Angustin et de Jean Paradisi , 425. — ^ draniatiques de Mullner, A,, 576. • — melees, par le menie , ibid. — COMPLETES de Tacile. Traduction nouvellc, par J. L. Burnouf, A., 645. Oline (V. N.). Foy. Bajazet. Operation de la pupille artificielle. f'^oy. Mensert. Ophthalmic ( Rccherches sur les causes de 1') qui regoe dans quel- ques gariiisons du royaume des Pays Bas, par L. Fallot et J. L. Warlez, 147. 'OpTiQiB , 3g5 , 701 . Organisation (Essaisurl'] d'une ar- mte reguliere en Grecc , etc., 184. Ornemens gothiques, recueillis par Pugin , lithographies par Har- ding ,671. Ornitholocib , 6G , 696. Ohthopkdie , 5o2. OaycTOCBAPHiE , 56, 7^6. Ossemens fossilcs decouvcrts dans les departemens dc la Dordoguc, de I'Aude et antrcs, 56, 57. Ostrogradsky. Memoirc sur la pro- pagation des ondcs dans im bas sin cylindrique , 9,49. T. XLUI. 809 Osnal (,u la Vengeance , par Viga- rosy , 206. Othello , tragedie dc Sliakspeare , representee a Paris, 253. Paguierre. Foy. Vins de Bordeaux. Palais-Royal (Le) , 725. Palestine , 4oi. Palin. Foy.Antiquitesegyplienncs. Paniientnihi Janczara , elc, , 126. Panolka (Th.). Foy. Gerhard. Papier modele pour faire I'analyse granimaticale, par Clouzet , 464. Paradisi ( Agostino e Giovanni ). Opcre scetic, 425. Paris, 241, 5o8, 725, 735, 765. Parr (Samuel) Foy. Field. Foy. Johnstone. Parrot (J. L. von). Fcrsuch cincr Enlwick/ung dcr Spraclic, 420. Participes (Petit traite pralique des), par Clouzet, 464- Pathologie veti5ri.\aire (Elrnicns de), etc., par \ alel. Rapport fait a I'Academic des Sciences , par Fiourer.s , A. , 5o5. Pacvres, 664. Pays-Bas, 14", 4^9, 5oi, 691, 759- ^ , Peine de mort ( De la ) , par F. Giii- zot. Nnuvrlle ediliun , 45 1. Peiivtuhe , 746 , 752 , 782. Pelham (Henri). Foy. Coke. Pcllis. Foy. Reclamation. Pelouze. Foy. Mineralogie indus- Iriellc. Pendule (Diverses observations sur le), par iecapilaine Sabine, 1 15. Peres de I'Eglise (Collection choi- sie des) , etc. , jiar Caillau et M. N. S. Cuillon, 485. Perron. Tableau hislorique des- sciences j)liilosopIiiqnes el nioia- les , depuis leur origine jusqu'~C), 4lO, 4l I i4'4 t 520, 522, 5x4, C67, 777. 77S, 7^''':>'7S2. I'oesics, ]iar Fidele Delcroix, 729. — I'ugitives ct souvenirs de lor.d IJyi'on , etc. , par Nathan , 1 2a. — rnsses de .loukovsky, A. , 97. — — de Kozlof , 673. Poinsul. Theorie du plan invaria- ble dans le systeinc du nionde, 45. Poirson ( A. ) , G. — A. , CoS, Poisson. Theorie des ondes, 45. Poilcau. I'oy. Jardinier. Politique, 5, i83, igS, 197, 19S, 265 , 4 17' PoLOGNE , I 26, 348. Poncelct. Th6orie des Polaires re- ciproqnes , 44- Pongerville (De), Foy. Lucrece. — G. — A.,643. Pontecoiilant (Gustave de). L'A- cadeniie royale des Sciences de Palis lui decerne le grand prix de sciences mathenialiques, 241. POiNTS ET CHAKSS^ES, l34, l66, 257, 240. Po|>ulation de la monarchic prus- sienne, -55. — dans les provinces lombardcs , 759- Portal ( Baron). Gonsiderations sur les fievres putrides, etc., 69. Observations sur la nature el le iraitenient des hydropisies , etc., 69. Portugal, 193. Potemkine (Prince). Foy. Statue. Pieble (M'l« Henriette). "Ftr)'. Coo- per. Prerogative royale ( De la ) et du niiiiistere de la guerre en matiere do 1 ecrutenient , par Pagezy de do JJourdeliac, i83. Presse piinioDiQUE ou iodicaliou de tons les journaux publics dans les PaysBas, 759. Prisons, i35. Pnix DiicERKES : par I'Acadeniie royale des Sciences de Paris, 24 1- — parl'Acadeuiiefrangaise, 5i4. TIES MATlEI'.r..- Si Piiix PHOPOsKs : pai' 1' Academic royale des Sciences de Paris, 245. — par la Socielc hclvelique des sciences natmelles , /\.cj6. — par I'Acadeniiu fian^aise, 5i5. Propagaleiir (Le) des progrcs des arts et uielieis, par N. Paulin Desorincaux , 483. Proposlciones del dcrecho dc jcntes, elc, 110. Prolecteur (Le) ct le Mari , coiii^- dieen vers, par Casimir Bonjour, 777- Psyche (La), choix de pieces en vers et en prose , 484- Piig'm's Gothic ornninenis, 6ji. Puissant. Sur la mesureet le calciil des azimutspropres i ladelernii- nalion des longitudes terrestres , etc., 47. Piiymaurin (A. de). Memoire sur I'application du Precede de M. il'Arcetila nourrilurcdesuuvriers de la Monnaie, etc.. A., 568. Qnctelet (A.), C — B., 117,096. — Foy. Caustiques sccondaires. B. Raboteau. Voy. Geogiaphie. Uacitie. ^by. Bajazct. — f^oy. Pliedre. Rapport sur les travaux du Conseil de salubrite de Nantes, 737. — du Jury do distribution des pri- mes, faite .'i la foirc nantaise, 737. Happoits fails par les divurscs Aca- demies ct Societes savautes dc Fiance sur les ouvrages et col- lections rapporles de I'Egypte et de la Nubie, par Bit'aud, 707. Baspail. Recherches botaniques, 60. iiassclas, principc d' Ah'tashtia , rac- ronfo tradoHo dall' inglesc, 43J)- Raymond. Recherches sur I'einplo* du bleu de Prusse dans la tein- tnre , 5.3. Recherches statisliques sur les fo- rets de la France, par Faiseau- Lavanne , i54. RiicLAMATiON d'un citoyen du can- ton de Vaud au sujet d'un aiHicIc de la Revue Encyclopediquc , sous le title de : Lausanne, Per- secution religieuse, 233. — de M. Massias , 252. — de M. Sanguinetli, de Modene, 9,52. — de M. Pellis, de Lausanne, au sujet dn proces de M. Mouuard, 756. Recueil de I'Academie des jeux (loraux de Toulouse , 485." Recdeils ptRiODiQCES. f^^oy. JocR- NAUX. Redding. Foy. Gabrielle. Reflexions sur I'exercice de I'art de guerir, par J. R. L. de Kirck hoflF, 4-!9' Ri'gimc universitaire. foy. Gasc. Regne animal (Le) distribu6 d'a- pres son organisation , etc. , par le baron Cuvier , 695. — • — foy. lconogra])hie. Reiffenberg, C. — J\. , 774. Relations ))olitiques du Portugal. foy. Saulaieni. Religieuse (La) de Monza , etc., 427- Religion. foy. Sciences rcligieuses. — de la Grece, etc., par P. N. Rolle , A , 73. Renaudlerc (De la), foy. Glapper- lon. Report of the board of directors of ittlernal iwprovemc7ilsofiltc state of Massucliusetts, io4. - (Annual) of the ref^ents of the unii'ersity of iS'eiv -Yorh, etc., 5()2. Ifapporls on the comforts of the poor, 664. Rruiiion , sur le mont SaiutBer- uard , de la Societe helvetiqne 8l2 TAI (It's sciences iialurellcs, 4y4' Revolotion FHAN^AISK, *I9/(. Ub^teurs latins ( Les) , ou analyse raisonnec lies ouvragcs de Cici- lon , de Qiiinlilien ct do Tacite , etc. , par J. A. Aniar, 486- Richard ( Acliillc). Elude generale de la laniille dcs Rnbiacces, 768. — {T.).T^oy. Meraniquedes solides. Rifaud. rox. Rapjxirls. Rigollot fds , C. — R., 454 , 700. Ring (Max. de). f'oy. Vues pitlo- resques. Roche-Ayiiion (General de la). De la cavalerie, etc. ,168, 439. Roger ( Alexandre). Hauteur du MontRlanc , niesuree trigono- metriquement , 5i. RoUe (P. N.). roy. Religions de la Grece. Romans, 2i3, aiii ^76,427,428, 439,467,470,474,476,671,681, 751, 733, 734. Rome et ses papes , histoirc suc- cincte du grand pontifical , par F.G.,.9.. Rondonneau (L.). Nouveau manuel des gardes cliampetres, fores- tiers , etc. , 454. Roquefort (B. de). roy. Dictiun- naire etymologique. Ross. Foy. Expedition scientifique. Rossini. Foy. Guillaunie-Teil. liolli (Ben.). Ucber den biirgcrlichcn Zustand Galliens , ^\~. Roulin. Observations sur les ani- maux domestiques qui repassent a I'etat sauvage, 65. — de I'ergot du niais , et de ses ef- fels sur riiomuie et sur les ani- niaux, 769. Rousseau (J. B.). OEuvres choisies, par Boucharlat ; vicnnent d'etre adoptees pour les colleges royaux de France , 776. — (J. J.). Foy. Fragniens. Rousset (Gb.) Voy. Code jiarisien. Routes ( Acbeveuient de deux) en- tre la France et I'llalie, 257. Roive. .Tana Shore, a fra^edy, 622. iS'AL^TIQrE Runes (Les) ct leurs nionnniens , elc, parledocteurG. Tborinond Legis, J 28. Ri'ssiK , 123 , 190 , 229 , 410 , 47" , 492 , 753. S. Sabine. An account of .17. Desscl'n pendulum experiments, 11 5. — On tlic reduction to vacuum of the vibrations of ati invariable pendu- lum , 1 15. — On the difference of the vibrations of a pendulum at Greenwich and London, 11 5. Saint-George. Foy. lUusioa. — Lambert. Contes ct Fables, 730. — Simon (due de). Memoires,46i, A. , 627. Salfi (F.), C.— B., 428, cl les articles signes F. S. Salinas (Jose). Voy, Manuel des droits civils. Salvandy (N. A.). Histoirc de Po- logne, A. , 348. Sanguinctti ( B. P. ). Foy, Recla- mation. Sannazzur. Arcadia, 691. Santarem (^'icomte de). Tableau des relations politiques et dijjlo- maliqucs du Portugal , etc. , tia- duit en I'lancaispar F. L. Alvar6s d'Andrada, ig3. Sante pi'DLiyuE , 737. Sarlorius (A. von). Erziihlungen, 6S1. Savatier. L' Academic royale dcs Sciences de Paris lai accorde un prix d'encouragement , z^i. Say (J. B.). Voy. Economic politi- que. Scenes de Paris, 735. Scheppler (MUf Louise). L'Acade- mie fran^aise lui deccrne le prix de vertu fondtiparM. Moutbyon, 5 16. Schrcibcr (II. J. Denkmalc deulschcr liauhunst , 684. Schwab (G.). ^lapotconin /■Egyplen, I>ES MATIERES. Sciences M^DiCALKS, Cxj , 142 ; i47> iSg, 242, 247» ?)o5 , 4i4 5 429 5 43i, 452, 43") 438, 5i2, 767. MORALES ET P0L1TIQ(JES, "3, 1 72, 33i, 444> 60S) 707. NATURE LLES ET PHYSIQUES, 42, l5l, 241, 246, 3o5, 433, 568, 695. • — RELIC lEUSKS, 448, 484- — philosophiques et morales, f^oy. Perron. Scott (Waller), ^oy. Contes. Scrope (C. J. The abolition of Sla- very in Enf^land, 664. Sculpteiirs (Les), roman allemand par Ml""! Caroline de Woltmann, 681, ScULPTLHE , 753. Serullas. Recherches sur les coni- binaisons dii cyanogene, 55. Servan de Siigny, Voy. Theociite. Severguiiie. lay. Necrologie. Sismondi (J. C. L. de) , C. — A. , 33i , 627. Shakespeare, f'oy. Coriolanus. — Voy. Othello. Sheridan. J^oy, Pizarro. Sinner ( G. R. Louis de). Pastora- les de Longus, publi6es int^gra- lenient en grec , 219. SoCliTES SAVANTES ET d'uTILITI^ PU- BLIQUE._ — aux Etals-Unis 1 Institut d'Al- bany , 2o5. — en Suixsc : Soci6t6 heivetique des sciences naturelles, 494- — dans les P«p-/?rts ; Sociite beige, fondee k Louvaiii , pour la propa- gation econoaiique des bons li- vies, 5o I . : — en France (dans les departe- mens) : Societe royale d'emula- tion d'Abbeville, 218. — Soci6te linneenne de Koiniandie, 482. — Acadeniie des jeux lloraux de Toulouse , 483, — Soci6te de me- decine de Caen , 736. (i Paris). Institut : Academie des Sciences , 42, 241, 508,765. — Academic fian<^aise, 5i4. — ISociete royale des Antiquaiics de France, 217 , 519. — Societe des m6lhoJes d'eiiseignement , 25o, — Societe des Bibliophiles fran- (jais, 770. Soirees (Les) d'Aarau , par Henri Zschokke , traduites en fraa<;ais, 214. Sourd-muet (Le) entendant par les yeux, etc. , 200. Souveiains de I'Europe par ordie chronologique , 747- Statique electrique (Essais de ) , etc. , par Esprit Tocchi, 161. Statique, 49) '42, i54, 245, 247, 4i3, 5n, 747, 751, 755. Statue elevee par les habilans de Kherson a la m6moire du prince Potemkine-le Taurique , 492. Statues de Tam O'Shanter et de Juhnny-le-Cordonnier, 753. Stenographic (Resume des piinci- pes de la), etc., par Cluuzet, 464. Stockier (Francois de Boija Gar- (^au). f^oy. NicROLOGiE. Struve. Catalogue des etoiles dou- bles actuellement connues, 48- Substances nutritives que rcnJ'er- ment les os. f^oy. Arcet. Sueur-Merlin, C. — R., 172,707. Suisse, i36, 233, 494) 687, 756. Systeuie nerveux (Experiences sur le), par P. Flourens, tiaduit en allemand parG.W. Becker, 4>4' — veineiix. f^oy, JJreschet. T. Tableaux (Les principaux) di| Mu- see royal de la Haye, 43 1. Tacite. Fay. CEuvres. TaiUandicr (,A. ) , C. — M. , 29. Talmud. Foy. Chiarini. Taupe (Dissertation sur la), par Geoffroy-Saint Hilaire. Taupier. f'oy. Dralel. Tcheslavsky (J.). Foy. Phedre. Technologie. ?'oy. Artsindcstbieis. Telegraphes dc nuit etablis i Tou- lon , 763. 8l4 TADLT! AN Tonimintk. f^ov, Womcr. Tcrcy (M-^'dc'). roy. Danic d'Oli- f'orne. Tliiiartip ( F. ). Stalistlsk Uds'tgl over (fen danshe Slat , 4 i3. Theatres de Paris, 255, 255, 52o, 522, Saf, 777, 7S0. Thtnot (J. P.). Toy. Perspective pratique. TlW;oriite (Idylles de), tradiilles en vers franca is, par Servan dc Sngny,A.,9i. Theologik. Voy. Sciences RELioiKi- SES, Tliiebault de Bernaiid. Manuel du Ciiltivatciir franrais, 357. Tliilorier. L'Acadeiiiic rnyale dcs Sciences de Paris lui decernc uii prix pour sa noiivelle pompe 'a compression, 242. Thompson (I>.). The Stranger, S29.. Tdcclii (Esprit), roy. Stalique (ilectrique. Tolstoy (J. ). Dcuxii'me replique k JM. i\!agnier , 187. — yoy. Jlagnicr. Tombeau (Le), po(''me traduit du lioUandais par Ariguste Glava- reau , 693. Topographie, 5i. — geognostiquc (Essai sur la) du departenient duCalvados, parde Caumont, 44*' Th*ductioj\s : — en allemand : du fraucais , 4'4 > 422. Dc I'ilalien , i3o. — en anglais : du chinois , 667. Du latin, C55. — en danols : de l'li6breu , 678. — en franrais : de rallomand , 2i4, 608, 727. D'anciennes langues, 91, 437, 643. — de I'anglais, 81, 175, 2i3, 3o8, ■joo, 719, 73i. Dc I'arabe, 467. De I'cspagnol, 474- Del'ht'brcu, ^G. Du hotlandais, G95. Du portiigais , 193. — en italien : de I'anglais, 4295 6911. Du lalin , 428. — en riisse : dc ralleniand , 672. Dn francai.s, 4 1 i', 4 • ' • AI.YTIQIiE Trnnxailinns of the Jibany insll- liiic, io3. Trebutien ( G. S.). Voy. Contcs ii)6dits. Tiiljus kalnioukes. Civilisation, 753. Trueba y Cosio. (Telesforo de). I'oy. Castillan. TiiRQuiE , 4oi , 424- Typor.RApniK (Expose dcs progrcs de la) auxPays-Bas, etc., par le baron de Westreenen de Tiel- lands , 149. U. Universit^s : — de Paris , 176. — d'Allcniagne , 23o, 55 1. — de New-York, 392. — de Hongric , 493. — des Pays- I5.ns , 5oi. Urville (D') , commandant de I'ex- pcdilion de I'Astrolabc, 765. Usurc (Del') considcrec dans scs rappoils avec I'economie politi- que, etc., par Cliailcs Lucis, 182. V. Valentin (Louis). Voy. NiScrologie. Vallcsantoro (Marques dc). Elemen- tos de eeonomia polilica, clc, i44- Vald. Voy. Patliologie velcrinaire. VcrmiglioU (Gio. Bat.). lilografia degli scrtttori Pcruglni, 690. Tie de Carsten Niebuhr, i3i. Vieil-Caslel (C. Horace de). Voy. Collection de costumes. Vigarosy. Voz. Oswal. Villcnuve, G. — B. , 190. Villcncuve. Memoire sur la legisla- tion des retrailes niililaires, 452. Vins de Bordeaux (Classification et desciiption des), etc., par Pa- guierre, 157. Voiiure h vapeur, 48g. VoyACE (Second) dans riiileiicur del'At'riqiie, parle capilaincClap- pcrton, suivi (111 voyage de Richard Landci', etc., Iradiiils en fiani;;ai.s, A., 5oS. — de rAslioIabe, 766. — scienlifique de plusieurs savans Fran5ais en Egypte, 222. — (Le)du Roi dansles depaileniciis de I'Est, poeiiic, par Bignan, 206. — dans les Cevcnnes et la Lozeie, par Adolphe de Chesnel , ^7)5. VovAGES dans rAmtiiqne du Nord, parHasil Hall, 65S. — dans le Canada , par John Mac- taggart, CSS. — d'Halifax au Canada, par Geor- ges Head , 658. — en Turquie, en Egypte, en Nu- hie et en Palestine, par R. l\. Madden , 4oi. — a Constantinople , etc. , par C G. Frankland, 4oi. — (Histoire des), /^oy. Walkenaer. — (Histoiie des) de decouverles. yoy. Falkenstcin. — (Les), processions et niagniC- qnes letes du roi Jacques 1"'', par John Nichols, 4o5. loyagenrs (Les jeunes) en Asic, par P. C. Briand, 442- DES M.vnijREs. 81 5 Vues piltorcsqiifs des chateaux de rAllcniagni! , par Maxiinilien de Ring, G85. W. Walkenaer (C. A.). Ilistoiip gene- rale des voyages, 170. Warden, C. — N. , 555. ■Warlcz(J. L.). fox. Ophthalmic. Warnkoenig, C. — A., 55 1. Werner (J. C). Atlas des oiseanx d'Enrope,pour servir de comple- ment au Manuel d'ornithologie de Teraniinck, 696. fFestrcenen van Tiellandl (B. Van). KorteSchcls van don Fortganj^ dev Bochdruhhunst , 149. Tf'ollmann (Caroline von). Die Bild- liaucr, 681. V Z. Zcit (C), Eutropii Brcviarium, i5o. ZooLOoiE, 64, 6c)5. Zschokke (Henri). Les Soirees d'Aarau, 214. FIN DE LA TADLE DU TOME XIIII. SUPPLEMENT iUX ERR.4.TA DU TOME XLII. Collier de Mai. Page 543, l;g. 25 , le Icnaient, lisez : le lennil ; ibid., ligne derniere, apres, ie [aire tort, fermcz les guillemcts ; p. 562, I. 5, ee f/it'on, lisez : ce qu'il; p. 4/4; !• So, Ce, iisez : Lc; p. ^>5i, 1. 9, iimi, lisez : ainc. Cahier de Svia, Page 719, lig. 36, anomalc, lisez : anormale; p. 788, i. 17, tance, lisez : lance; p. 809,1. 20, an lieu de, c'esl-a-dirc, daces deux lames cornees. lisez : de ces nombreiises lames ; p. 810, I. 4? '/"C '""■'•' aiircz en de plus, lisez : que vousaurez eu plus. ERRATA DU TOME XLIll. Cahier d'Aovj. Page 5S9 , lig. 23, prcdcntcs, lisez : prcccdcntcs. Cahier de Septembhe. Page 70S, 1. 18, Gaull de Saint-Germain , lisez : Luneau de Boisgcrmain. p. rrxi r%C INSTITUTION JEUINES PROTESTANTS FRANCAiS ET ETRANGERS, ''"'' ■ ' ■ '^ • •':'j;ybfil DIRIGEE PAR MOmSldil BOULEVARD DU ItffflVfT-PARNASSE , N° 29, KUE DE VAUGIRARD,. IJQ.' ijS, A PARIS , ) 89'19m ".finirnhn ■. •;31UO^. i. F'jJ. (CI-DEVANT HUE DES DAMES, N". 9, AUX D ATIG^0LL1■S j'.'"^'^"" ■ji •jJi-ia;") go!> > j.'inoflDiojLi J si) 83inraojf ■ ;■■ ■.■•'■ 'y.'':v> IjEs nicmltiTS ties divcrscs communions protestantes regFQMa^^ql; dopuis long-lcmps dc nc pas voir a Paris unc institution specialement consacrec a leuis enfaus , ct qui offrit a-la-fois lesbienfaits d'unp ins- truction rdigieuse jilus rcgulierc, et ceux de I'^ducation qu'oQ r^n-^ contre dans les colleges dc ccttc capitalc. M. IIousEAL , qui avail onvcrt aux Batignolles un etablissement I oncu dans le desir de satisfaire a ce voeu de ses co-religionnaires , virntd'obtcnir la permission de le transferer dans I'interieur de Paris. Cct etablissement est le seul de ce genre qui soil autorise par rUnivrrsit^. 11 est i,ii.ai,]g^tejiaut sitae (^ns Ic quarticr dps etudes, a proxiraite dcs principaux Colleges, des Cours pul)lics de lettrcs et dc sciences , ct dcs Ecolcs de droit et de mcdecine. La Maison ( ancien hotel Laval-Montmorency) offre par sa position ct par sa distribution tous Ics avantages de sanite et d'agreraent. EUe est placce sur un terrain elcve et sur un des plus beaux boulevards , prcs dc la promenade du Luxembourg, dans une atmosphere libre et pure. Les salles d'etudes et les dortoirs en sont vastes et bieii acres, les cours et les jardins spacieux et plantes d'arbres. La Chapelle est desservie par un Ministre de la communion protestante , demeu- rant dans I'Etablissement, et auquel est confiee I'instruction religieusc. Independamnient du culte domcstique , les Elcves assistent rcgu- lierement, les dimanches et fetes, au service divin, dans un des Temples frangais, anglais ou allemands. Les mocurs, les bonnes habitudes, la proprete, la tenue, sont I'objet d'une sollicitude et d'une surveillance continuelles. L'Enseignement est aussi varie qu'etendu ; il embrasse : Les Langues grecquc et latine, langues mortes, il est vrai , mais meres de plusieurs langues europeennes, renfeiunant des miodeles admirables de littcrature , et dont I'une , interpretc d'une legislation , source de la plupart des legislations moderncs , acquiert une nouvclle importance sous les gouvernemens representatifs ; Les Langues vivantes, qui offrcnt a I'liommc de Icttres dcs chefs- d'oeuvre d'vm genre different, mais non moins beau; au publiciste, des ecrits remarquables par les faits et les notions positives qu'on chercherait en vain chcz les auteurs de I'ancicnne civilisation; aux hommes de toutes les professions, dcs instruniens de communication entre les divers peuplcs dont les rapports vont et iront toujours en croissant et en se multipliant; Les Sciences physiqlies et mathematiques, qui deviennent d'un si' grand secours , aujourd'hui que Tindustrie a pris un essor rapide et' voit- i chaque instant s'ouvrir de nouvclles routes et s'sfgrahdir sa carriere; Enfin I'Economie politique, dont la connaissance n'cst pas moins utile au simple commer^ant qu'a I'liommc d'etat, ct dont les prin- cipes, long-tenips meconnus, commencent a se propagcr. Les Elcves ont la faculte de suivrc les cours des Colleges royaux , et, par consequent, Ic droit de concourir pour les distributions dcs prix ct subir les examens pour I'admission aux divers grades de I'Uni- vcrsitcj ils recoivent en outre dans rinterieur Ics lemons de repetlteurs habiles. Une Bibliotheque dc livrcs choisis est a la disposition dcs Elevcs. Le Directeur, ancien Professeur de Langues ct de Litteratui'c mo- dernes, est Anglais et marie a une dame anglaisc; il a long-temps reside en Allemagnc et en France, et conserve avec les etrangcrs des relations qui lui permettent de reunir chez lui des jeunes gens de difFerens pays , en sorte que son etablissement leur procure I'occa- sion, si rare a Paris, d'acquerir I'liabitude dc plusieurs langues, presque sans travail et par la voie la plus facile et la plus courte, celle d'une pratique journaliere. M. Houseal fait tous les ans un voyage a I'Etranger , et emmenc ceux dcs Elevcs auxquels leurs families ddsircnt procurer par cc moyen un complement d'education et d'instructlon. Pendant le temps des vacanccs, les Elevcs qui restent dans I'Eta- blisscment continuent de recevoir, sans aucunc interruption, les soins dcs professeurs internes et externes. ENSEIGNEMENT FONDASIENTAL. LANGUES. PROFESSEUKS. Le Grec ancien et modeme. M. M. Mtkas. Le Latin ; ^ f^An'.^^?'"' \ Internes. L Anglais ; i L'AUeinand. J SCIENCES ET ARTS. Les Mathematiqiies pares et appUt;u<''Ps ; La Geometrie appliquce aux Alts d'Imitation ct de > M. Didikz. Constnution. — Dessin geometriqiie ; Mecanique app. aux Arts *. La Physique. La Cliimie **. M. Blanchard. La Geographic ct I'Histoire ; L'Economie poUtique et in- dustrielle. M. A. Marrast. La Stenographic ; La CalUgraphie ; M. Ipens. La Gymnaslique. * LVtuJc de res Scren«s csf dirigtc Jc maniere a les rentlrc immediatemcnt appb'cables am Arts in- dustn'els ; et ceux dcs Elcves qui sc destinent am Kcolessp^eiales, telles qi.e PEcoIc Polvteclinlqiic, I'Ecole rciitiale des Arts et Manufactures, et vent leurs etndc; prepai cspa : d'une '* II y a dans I'Ktahli'ssement un lal.oralrilre oi les Elires nianipKleut sous la dii-erlit>ii dii pruf^ttseur ENSEIGNEMENT ACCESSOIRE. lANGUES. L'ltalicn; L'Espagnol : Le Portiigais ; L'Hindoustani. PROFESSECRS. M. BlAGIOLI. \ M. JL'STO Barki. Les Eleves destines au service dc la Compagnie des Indcs suivent les Corns Publics de Langues orien- tates, et M. Garcin dk Tassy \cut bien, en outre, leur accor- der quelque5 soins particuliers. ARTS d'AGR^MENT. Le Dessin et la Peinture ; M. JoZAiV, La Musique vocale ; Musique Francaise; Musique Italienne; Musique instrumcntalc; La Danse : L'Eserime ; • M.C.A.B0U1.ANGER. I professeur de cliant i\ I rinstitnt. Rovale dc Musique Rellgieuse. M. F. Dlangini, Surintendaut 4'""- de la Musique duRoi. Directeur - Adjoint de la Musique de S. A. R. Madamk, dnchessedeBerri. 3T. Labordf. M. VlViEf. ,olUIQ3 juiq euiq iil uiov i;i 'icq Avis axjx amateurs de la litterature etrasgebe. On peut s'adresscr a Paris, par I'eatremise du BoaEAo central de li Revdb Ekcyclopbdiqub , .a M. Sbdillot, L1BBA.1RE, pour se procurer los divers ouvrages etran^rs, anglais, allemands, italiens, russes, polonais, hoUandais, etc., ainsi que lesautres productions dela litterature etranjjiir. ACX ACADEMIES ET AUX SOCIETES SAVASTES de tOUS IcS pdys. Les Academies et les Societ^s savantes et dVtilite publique , frangaiscs et 6trangeres, sont invitees & faire parvenir exactement, francs da port , au Directeur de la Revue Encyclopedique, les comptes rendus de Icms travaux et les programmes des prix qu'elles proposent, afin que la Beiue puisse les faire connaitrele plus promplement possible a ses lecteurs. AtXEDITEURS D'otVRAGES ET ADX lIBRAfRES. MM. les editcurs d'ouvrages periodiques , fran^ais et etrangers, qui dfeslreraient echanger lews recueils avec le notre, peuvent compter sur le bon aecueil que nous ferons k leurs propositions d'echange, etsur um; prompte annonce dans la Revue, des publications de ce genre et dis aubres ouvrages , nouvcllcment publics , qu'ils nous auront adress6s. AuX EDITEURS DES RECXIEILS PERIODIQDES EX AXGLETERRE. MM. les Editeurs des Recueils periodiques publics en Angleterre soot pries de faire rcmettre leurs numeros ix M. Hoiandi, ^ Londres, n" ao, Berners-street, O xford -street , qui leur transniettra , chaque mois, en ^change, les cabiers de la Revue Encyclopedique, pour laquelle on peut aussi souscrire cbez lui , soit pour I'annee courante , soit pour se procui er les collections des ann6esantcrieures , de 1819 a 1828 inclusivement. Acs LIBRAIRES ET ACX EDITEURS D'oUVRAGES EN ALLEMAGNE ET EN ITALIE. M. ZiBGKS, libraire i Leipzig, et M. G. Piatti, libraire k Florence, sont charges de recevoir et de nous faire parvenir les ouvrages publics en Allemagne et en Italic , que MM. les libraires , les editeurs et les auteurs dcsircroat faire annoncer daiis la Revue Encyclopedigue. B't-v LiBRAiRES c/icz Icsqucls on souscrit dans les pays etrangers. '0 4f^ il/«(/riV, Denude; — Peres. Manbcim, Aitaiia et Fontaine. Milan, Giegter; Tismara ; Bocca. Mons, Le Roux. il/y.tcoi/, Gaulier;' — Riss percet Cls. Naples, Borel ; — TVIprotla et Wanspandock. New-York (]6tats-Unis), Thoisnier- Desplaces; — IJciarrt et Mondoh. Nouvcllc - Orleans , Jourdan; — A. L. Boisuiare. Pahrme (Sicile), Pedonne et Mu- ratoii ; — Ban I' (Ch.). Pclcrsbourg,'F. llellizaid ct G'''; — GraelF; — Pluchart. Howe, de Romauis ; Merle. Stuttgart ft Tiibingiie, CoUa. Torit, B. Scalabrini. Turin, Bocca. Varsovie, Glucksberg'. Vienne (Autriche), Gerold ; — ScLaumbouric ; — Sc-balbachcr. Amsterdam , Dclacliaux. Anccrs, Ancelle. A/'au (Suisse), Sauerlaudcr. Berlin, Sclilesinger. Berne, Clias;: — Bourgdorfer. Breslaii, Keygel. Brttxclles , Dujardin - Sallly ; — Denial; — Brest van Ivt^uipen; Horgiiics-Renie. Florence, Piatti; — ^ ieut-scux. Franc fori - sur - Mcin, Jugcl; — Schaeller ; — BvOitner. Can//, A'andenkeicknvcii filg. Gctiiie, Clicibuliez; — Barbezat et Delariie. La Haye, Ivs frtres Langenhnvsen. Lausanne, Fischer. Leipzig, Brockhaus; — G.Zirges. Liege, Uesoer; — Golardin. Lisbonnc, Paul Martin. Londres, P. Rolaadi; — Dulau et Ci«-- ; — Treuttel et Wiii tz ; — Bossange,BartUcz, LowelletG'e. COLONIES. Guadeloupe (Pointe-h-Pitre), Piolel aine. J le-dcr-Francc (Port-Louis) , E. Burdct. Martin'ujue, Tliounens, Gaujoiix. ON SOUSCRIT A PARIS, Au BlUBAC DE REDACTION, DDK D'ENFEtt-SAINT-MlcnBI, , n" iS, OU doiTent ^tre envoyes , francs de port , los livres , dessins et gravures , dont oa desire i'anaonce, et les Lottres , Wenioires , Notices ou Extraits des- tines a f'tre inseres dans ce RecueiL A LA. Gackbik db Bossa.ngr pire, rue Richelieu, n° 6o ; Chez Tbedttel bi Wcbtz , rue de Bourbon , n" )-; Rey et GaAviEH , qnai des Auguslins, n° 55 ; Charles B^chkt, librairc-comm", qua! des Augastins, n" Sj; J. RKNovAflD, rue de Tournon , n^ 6; RoRET, rue Hautefeuille, n" is; A. Bahdodis, rue de Vaugirard, n" \j\ Delavnay, PitiiciBfi, PoKiBiBCy lA, Teuie, Cftbinct liUeraifc , an Palais-Royal ; DcBKuiL, place delaBoursf. A LOiNDRES Fohbign Libbary, so Bernersstreet, Oxford-street; TBEOTTBt ET WuHTZ BoSSAftGE ; Dci.AD BI C". Nola. Les ouvrages annonoes dans la Revue se trouvent aussi cliez SediiloT, LiDBAiRE, rucd'Eufer, n" i8. m^m