,EVUE ENCYGLOPEDIQtJE ; ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTLE ATUKE, LES SCIENCES ET LES AWTS; PAR UIYE REUNION DE MEUBBES DE L'lKSTmrt ET DVl'TftE? HOBBIES BE IETTHE6. A PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE EISCYCLOrEDlQUE, Kt bliez SLD1LLOT, unn.unE, iU de lodW, >° 3o; ARTHUSBEUTRAXD, aciiH\tTBn;i.in.B, n« z3. AVRIL 1830. MSMOBMHtaMBSai NOMS DES COLLABORATEURS ET DES CORRESPONDANS, FRANCOIS ET STRANGERS. i« Pour Jes Sciences physiques et mathematiques et les y/rfs industrials: MM. Bailly de Merlibux, Casaskca , de Madrid; Cn. Duns, Girabd, Navier, de l'lnstitut ; J. J. Baude, Dubbuhfaut, H. DissaEd, Fmibv, Feamcobur, Ab. Co.ndinbt; D. Laborer , de Londres; A. Michblot, be Montgeht, Mobeau DE Jon»Es; QuErKLKi, dc Bruxelles; T. Richard; Wabdbm, des itats-Unis d'Amerique, etc. a" Pour les Sciences naturetles : MM. Floubbhs, Gkoffboy Saibt-Huaibe, de l'lnstitut; BoRYDBSAmT-VincEHT, correspondantde l'lnstitut; Mathibu Bonafoos, de Turin; B. Gaili.on, de Dieppe; Isidore Geoffeoy Saikt- IIilaire, Hoot, etc. 5° Pour les Sciences medicates : MM. DAMtaoit,G.-T. Dom, FossATr, Gasc;Gebsom, deHambourg; db Kibgshoff, d'Anvers ; Loyssh; Ri- coilot fils , d'Amiens, etc. 4° Pour les Sciences phitosopliiques'et morales, politiques, gcographiques et historiques : MM. M. A. Jcluek , de Paris, Fondateur-Directcur de la Revue Encyclopidique; Abth. Bbughot,Ad. Blahqbi ; Alex, de la Bohdb , Jomard, de l'lnst. ; M. Avejibl, Barbis du Bocagb fits, Benjamin Coks- TAHT, Ch. COMTB, DBPPINC , Dl'FAO, DuHOYEB, GuiGNIACT, A. JaLBERT, J. Labocderib, Lanjuinais, P. Lami, Isidore Lebruii, Lbsubub-Meblin, Massias, Albkrt-Moht£moht, Edsebe Salvebte, J.-B. Say; Sjmokde db Sismosdi, de Geneve; Wabhkoekig, de Liege, etc.; Dupin aine; Bsbvulb, Bouchehe-Leebb, Gn. Renoeaed, Taillahdibe, avecats, Vi- baorbe, du Perou, etc. 5° Pour la Litteralure franchise et itrangire, la Bibliographic, I'Archeo- logic et les Beaux-Arts : MM. Ahdrieox , Amauby-Doval, Embbic David, Lemfrcieb, de Segue,. de l'lnstitut; Andribcx , de Limoges ; Mme Bt-Sw» Belloc; MM. Bubrouf fils, Chautet; Gkiabihi , de Va?sovie; P.-A. Coupis , Fb. Degeobce, Dubbbsah; Ed. Gauttieb-d'Arc ; Ph. Golb^bt, oorrespondant de l'lnstitut; Leon Halevy , IIbkbices, E. Hbbbau, Augusts Jullieh fils, Bfbnabd Jullieh; Kalvos, de Zante ; Adbibw- Lafasgk, J. V. Leclbec, A. Mahul, Moaglave; Mohraed, de Lau- sanne; G. Pagakel,II. Patih, Amselme Petbtih, Pokgksville, db Rbif- fehserc ; db Stassart, dc Bruxelles ; Fa. Salfi, Schhitzleb,. Ssavar, be Svcnr; LjtoKTsiEssii, P. F.Tissot, Viguibe, Yillejiate, etc, REVUE ENCYCLOPEDIQUE. TYP0GRAPH1E DE MARCELLIN-LEGRAND , PLASSAN ET C BUB Oil PBT1T-VACGIBABD , 5° l5. PARIS. — 1MPR1MERIE DE PLASSAN ET O niB OB VAUG1RABD, N" l5. REVUE ENCYCLOPEDIQUE, OB ANALSYE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQU.4BLES PANS LES SCIENCES, LES ARTS INDTFSTRIELS, LA L1TTERATTTRE ET LES BEAITX-ARTS ; PAR UNE REUNION DE MEMBRES DE L'INSTITUT, ET D'AUTRES HOMMES DE LETTRES. TOME XLVI. AU BUREAU CENTRAL DE LA REVUE ENCYCLOr^DIQUE, ST CHEZ SEDILLOT, LIBRAIRE, RUE DE l'oDEON , N° 5o„ AVRIL-JUIN l830. « Toutes les sciences sont les rameaux d'tine m£me tige. » Bacon. «L'art n 'est autre chose que le contr6le et le registre des meillemes pro- ductions... A contrdler les productions (et les actions) d'un chacun, il 6'engendre envie des bonnes et meprisdesmauvaiscs. » Montaigne. " Les belles-lettres et les sciences, bien etudiees et bien comprises, sont des instrumens universels de raison, de vei lu, de bonheur. » REVUE ENCYCLOPfiDIQUE. OU ANALYSES ET ANNONCES RA1SONN&ES DES PRODUCTIONS LES PLUS REM ARQUA3LES DANS LA L1TTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIKES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. CONSIDERATIONS sur les MOLLUSQUES, ET EN PARTICUL1ER SUR LES CEPHALOPODES; Par M. le Baron CUVIER. (Lu & 1'Academie des Sciences, le 23 fevrier i83o.) Les mollusques, en general, mais plus particulierement les cephalopodes, ont une organisation plus riche, et ou Ton trouve plus de visceres analogues a ceux des classes superieures que dans les autres animaux sans vertebres. lis ont un cerveau, souvent des yeux, qui dans les cephalopodes sont plus com- pliques encore que dans aucun v ertebre; quelquefois des oreil- ti CONSIDERATIONS les, des glandes salivaires, des estomacs multiplies, un foie tres- considcrable, do la bile, une circulation complete et double, pourvued'oreillettes, de ventricules, en uii mot, de puissantes impulsions tres-vigoureuses ; des sens distincts, des organes males et femelles trcs-compliques, et d'ou sortent des 03ut's dans lesquels le foetus et les mojens d'alimentation sont dis- poses eomme dans beaucoup de vertebres. Ces differens fails resultaient deja des observations de Redi, de Swammerdam, de Monro et de Scarpa , observations que j'ai fort elendues, appuyees de preparations nombreuses, et dont je me suis prevalu, il y a mainlenant trente-cinq ans, pour etablir que des animaux aussi richement pourvus d'or- ganes ne pouvaient pas rester confondus, comme ils 1'etaicnt avant moi, avec les polypes et autres zoophytes dans une seule classe, mais qu'ils devaient en etre distingues et reportes a un plus haut degre de l'echelle, idee qui me parait aujourd'hui adoptee d'unc manierc ou d'une autre par l'universalite des naturalistes. Cepeudant jcine suis bien garde de dire que cette organisa- tion, approchante, pour l'abondance et la diversite de ses par- ties, de celle des animaux vertebres, fut composee de me me, ni fdt arrangee snr le meme plan ; au eontraire, j'ai toujtHirs soutenu que le plan qui jusqu'a un certain point est commun aux vertebres ne se continue pas chez les mollusques, et, quant a la composition, je n'ai jamais admis que Ton put raisonnablement la dire une, meme en ne laprenant que dans une seule classe, a plus forte raison dans des classes differen- tes. Tout nouvellement encore, dans le premier volume de mon Histoire des poissons, j'ai exprime mon sentiment a ce sujet, sans doute avec le ton modere que les sciences rccla- ment et avec la politesse qui appartient a tout homme bien eleT'e, mais cependant d'une maniere assez claire, assez posi- tive pour que personne n'ait pu s'y meprendre. La question est sous les yeux des naturalistes avec ses preuves ; e'est a eux qu'il appartient de la juger, et je me serais abstcnn , romnie je m'en abstiens depui's tlix ans, d'en entretenir l'A- SUR LES MOLLUSQUES. 7 cadcmie, si une circonstance dont elle a ete temoin ne 111c eontraignait de renoncer a une resolution que me dielaient le desir d'employer plus utilement mon terns aux progres dc la science, et la persuasion que c'est par une connaissance plus approtbndie des laits *plutot que par des dissertations polerniques que la verite en histoire naturelle est assuree de se faire jour. Deux jeunes et ingenieux obseryateurs, examinant la ma- niere dont les visceres des cephalopodes sont places mutuel- lement, out eu la pensee qu'on retrouverait peut-etre entre ces visceres un arrangement semblable a celui qu'on leur con- nait dans les vertcbres, si l'on se representait le cephalopode comrne un vertebre dont le tronc serait replie sur lui-meme en arriere a la hauteur du nombril, de facon que le bassin revienne vers la nuque; et un de nos savans confreres, saisis- sant avidemment celte vue nouvelle, a annonce qu'elle re- fute completement tout ee que j'avais dit sur la distance qui separe les mollusques des vertebres ; allant meme beaucoup plus loin que les auteurs du Memoire, il en a conclu que la roologie n'a eu jusqu'a present aucune base solide; qu'elle n'a ete qu'un edifice construit sur le sable, et que sa seule base, desormais indestructible, est un certain principe qu'il appellc d' unite de composition, et dont il assure pouvoir faire une application universelle. Je vais examiner la question dans son rapport particulier avec les mollusques; dans une suite d'autres Memoires je la traiterai relativement aux autres animaux; j'espere le faire avec la mOme urbanite dont notre savant confrere a use en- vers moi ; et, comme les ecrits qu'il a diriges depuis dix ans contre ma maniere de voir n'ont jamais altere en rien Pamitie que je lui porte, j'espere qu'il en sera de meme de ceux par lesquclsmaintenant je vaissticcessivement defcndre mesidees. Mais, dans toutc discussion scientilique, la premiere chose a faire est do bien definir les expressions que Ton emploie ; sans cette precaution Pesprit s'egare promptement ; prenant les memes mots dans un sens, a un endroit du raisonnement, 9 CONSIDERATIONS el dans un seas different, a nn autre cndruit, on fail oe que le- legiciens appelleoi des syllogismes u quatre tcrmes, «jui sunt les pins trompeurs des sophismes ; que si, dans l'cxpose de ces numes raisonneinens , an lieu du langage simple, des mots propres, rigourcusement exiges dans les sciences, on emploie des metaphorcs et des figures de rhetoriquc , be danger est bicn plus grand encore; on croit se tircr d'un embarras par un trope, rcpondrca une objection par une paronomase, et, en se dctournant ainsi de sa route direete,on s'enfonce promp- temenl dansun labyrinlhe sans issue ; mais, j'endemande par- don a l'Acadcmie, je vois que je me perds moi-meme dan- le langage que je repousse, et je m'empresse de revenir a ce- lui que je continuerai de parler dans le reste de ce Mcmoire. Commencons done par nous entendre sur ces grands mots ie ? Yoila Ce que personnc tie nous a encore dit claircuienl, et cependant c'est la-dessus qu'il faut d'abord fixer scs idccs. Unargumentateur de mauvaise foi prendrait ces mols dans leur sens naturel, dans le sens qu'ils ont en francais ct dans toutes les langues; il prctendrait qu'ils signifient que tons les animaua: se composcnt des memes organes arranges de la menu: maniere, et, parlant de la, il aurait bienlot pulverise le pre- lendu principe. Mais ce n'est pas moi qui supposerai que les naluralistes, ineme les plus vulgaires, aient pu employer ces mots unite de composition, unite de plan, dans leur sens ordinaire, dans lc sens (Yidentite. Aucun d'eux n'oserait soutenir nne minute que le polype et l'homme aient dans ce sens une composition une, tm plan un. Cela saute aux yeux. Unite ne signifie done pas, pour les naturalistes dont nous parlons, idenliic ; il n'est pas pris dans son acception nalurelle, mais on lui donne un sens detourne pour signifier rcssembtance, analogie. Ainsi , quand on dit qu'il y a entre l'homme et la baleine unite de composition, on ne veut pas dire que la baleine ait toutes les parties de l'homme; car les cuisses, les jambes, les pieds lui manquent, mail seu- leinent qu'elle en a le plus grand nombre. C'est une expres- sion du genre de celles que les grammairiens appellent cm- pkatiques ; unite de composition ne signifie ici que tres-grandt ressemldance de composition. Dememe, quand on dit qu'il y a unite de composition entre l'homme et la couleuvre, la couleuvre, qui n'a point d'exlre- inite anterieure, et dont les posterieures se reduisent a de le- gers vestiges, on veut dire settlement qu'il y a entre eux une ceriaine rcssembtance dc composition, mais deja moindrc qu'en- tre l'homme et la baleine. II est evident qu'il y aurait contradiction tbrmelle clans les termes a appcler une, on idrniiqttc, une composition qui, de l'aveu memc de ceux qtii emploicnl ces mots, change d'un jicnte a l'autre. io CONSIDERATIONS Ce que jc (lis de la composition s'appliquc aussi an plan . nous croirioQS faire injure a ces naturalistes, si nous preten- dious que par ces mots unite de plan ils enlendcnl autre chose que rcssernblance plus ou moins granite de plan. Sans cela il suffirait d'buvrir devant eux un oiseau et un poisson pour lcs re filler a l'instant. Or, ces termes extraordinaircs une foisdefinisainsi, une fois dcpouilles de ce nuagc mysterieux dont les enveloppe le vague de Icurs acceptions, ou le sens detourne dans lcquel on en use, Ton arrive a un rcsultat bien inattendu sans doutc, car il est directement conlraire ace qui a ete mis en avant. C'est que loin de fournir des bases nouvelles a la zoologie, des bases inconnucs a tons les hommes plus ou moins habiles qui l'ont cultivee jusqu'a present , restreiuts dans des liniitcs convenables, ils Torment au contraire une des bases les plus essentielles sur lesquelles la zoologie repose depuis son ori- gine, une des principales sur lesquelles Aristote, son crea- teur, l'a placee, base que tons les zoologistes dignes de ce noin out cherehe a elargir, et a I'affermissement de laquelle tous les efforts de l'anatomie sont consacres. Ainsi, cbaque jour Ton peut decouvrir dans un animal une partic que Ton n'y connaissait pas, et qui fait saisir quclquc analogie de plus entre cet animal et ceux de genres ou de classes differens. II peut en ctre de meme de connexions, de rapports nouvellement apercus ; les travaux anxquels on se livre a cet effet nu'iitcnt tous noseloges; c'est par eux que la zoologie agrandira ses bases ; mais que Ton se garde de croire qu'ils l'en i'eront sortir. Si j'avais a citer des exemples de ces travaux dignes de toute notre estime , c'est parmi ceux de notre savant confrere M. Geoffroy que je les choisirais ; lorsque , par exemple, il a reconnu qu'en comparant la tete d'un ft tus de mannni- Icre a celle d'un reptile ou d'un oviparc en general on re- marquail des rapports dans le nombre et l'arrangement des pieces qui nc s'apcrcevaient point dans les tetes adulles. lorsqu'il a prouve que l'os appele Carre, dans les oiseaux. SUK LES MOLLUSQUES. n est 1'analoguc de I'os de la cuisse dans les foetus de mammi- feres, il a fait des decouvertes tres-reelles, tres-imporlantcs, auxquelles j'ai ete le premier a rendre pleine justice, lors du rapport que j'ai eu occasion d'en faire a l'Acadcmie. Ce sont des traits de plus qu'il a ajoutes a ces ressemblances de divers degres qui existent entre la composition des diffe- rens animaux ; mais il n'a fait qu'ajouter aux bases anciennes et connues de la zoologie; il ne les a nullement changees; il n'a nullement prouve ni l'unite, ni l'identite de cette compo- sition, ni rien enfin qui puisse fournir un nouveau principe : entre quelque analogie de plus dans certains animaux et la generalisation de 1'assertion que la composition de tous les animaux est une la distance est aussi grande , et c'est tout dire , qu'entre l'homme et la monade. Ainsi, nous savons tous, et depuis bien Iong-tems, que les cetaces out aux cotes de l'anus deux petitsos qui sont ce que nous appelons des vestiges de leur bassin. II y a done la , et nous le disons depuis des siecles, une ressemblance , et une ressemblance legere de composition; mais aucun raisonne- ment ne nous persuadera qu'il y ait unite de composition, lorsque ce vestige de bassin ne porte aucun des autres os de l'extremite posterieure. * En un mot, si par unite de composition on entend identity, ondit une chose contraireau plus simple temoignage des sens ; si par la on entend ressemblance , analogie , on dit une chose vraie dans certaines limites, mais aussi vieille dans son prin- cipe que la zoologie elle-meme , et a laquelle les decouvertes les plus recentes n'ont fait qu'ajouter dans certains cas des traits plus ou moins importans, sans rien alterer dans sa na- ture. Mais en reelamant pour nous, pour nos predecesseurs , un principe qui n'a rien de nouveau nous nous gardons bien, et c'est en quoi nous diffcrons essentiellement des nnturalistes que nous combattons, nous nous gardons bien de le regarder comme principe unique : au contraire , ce n'estqu'un principe subor- donne a un autre bien plus eleve et bien plus fecund, a celui des is CONSIDERATIONS conditions d'cxisteuoe, de la convenance des parlies, de leiu coordination pour Le role que 1'amuial doit jouer dans la nature; voila lo vrai principe philosophique d'ou decoulent la possibility tic certaines ressemblances, L'ioapossibilite dc i citaint's aulrcs ; voila lc principe rationncl d'ou celui des analogies de plan ct de composition sc deduit, et dans lcqucl en meme tcins il trouvc ccs liniites que Ton vent mccon- naitrc. Mais telle observation nic menerait trop luin ; je la repren- drai dans un autre moment; je reviens a moil sujet. Tout ce (pie jc viens de dire sur le plan et la composition etant pose, el jc le repete, cela est convenu et pose depuis Aristote , depuis deux mille deux cents ans, les naturalistes n'ont autre (hose a faire, ct ils nc font en eflet pas autre chose que d'exa- miner jusqu'ou s'etend cettc ressemblance , dans quels cas el snr quels points die s'arrete, ct s'il y a des etres on elle se reduise a si pen de chose que l'on puissc dire qu'elle y finil lout-a-fait. C'est l'ohjet d'une science speciale, que Ton iionunc ranatomic comparee, mais qui est loin d'etre une science modernc, car son auteur est aussi Aristote. Dans la nouvelle edition de mes Lecons d'anatomie compa- ree que je prepare, excite par le desir de reduire a de justes homes ce qui a etc dit vaguement sur ce sujet, je considere- rai hcaucoup les animaux sous ce point de vue; j'aurai soin d'y profiler de toutes les decouvertes recentes qui elablissenl des analogies nouvelles, mais j'aurai un soin non nioins grand de marquer les limites de ces analogies , et de prevenir contre les conclusions trop generates que l'on voudrait en tirer. Je prendrai la Iiberte de soumettre de tems en lems quel- ques chapitres de ce travail a l'Academie ; mais aujourd'hui jelui demande la permission de lui offrir seulement quelques considerations sur leseephalopodes, sujet que je suis fort hcu- rcux d'avoirvu choisir par notrc savanl confrere, car il n'en est aucun on l'on puisse voir plus clairement ce que les prin- i apes en discussion ont de juste, et ce qu'ils ont de vague et d'exa&ere. SDR LES MOI.LllSQUES. iS Supposez, nous a-t-il dil, qu'un animal vertebre se re- plie a Pendroit du nombril en rapprochant les deux parlies de son cpinc du dos , coinme certains bateleurs, sa I etc sera vers ses pieds, et son bassin derriere sa nuque ; alors tous ses vis- ceres seront places inutueliement comme dans les cephalo- podes; et, dansceux-ci, ilsle seront comme dans les vertebres, ainsi ployes. Cettepartie, qu'a cause dc sa couleur brune vous nppclicz le dos, repondra a la moitie anterieure du ventre; 1" loud du sac repondra a la region ombilicale; ce que vous ap- pelicz le devant du sac sera la moitie posterieure ou inferieure du ventre; cctte machoire plus saillante que vous preniez pour Tin ferieure sera la superieure ; tout rentrera dans Por- dre; unite de plan, unite de composition, tout sera de- mo nt re. Je dirai d'abord que je ne connais aucun naturaliste assez ignorant pour croire que le dos se determine par sa couleur foncee, ou meme par sa position, lors des mouvemens de 1'animal ; ils savent tous que le blaireau a le ventre noir et le dosblanc; qu'une infinite d'autres animaux, surtout parmi les insectes, sont dans le meme cas; ils savent qu'-ine infinite de poissons nagent sur le cote ou le dos en bas , et le ventre en haut. Mais ils ont, pour reconnaitre le dos, un caractere plus certain : e'est la position du cerveau; dans tous les animaux qui en ont un il est en dessus , et Poesophage et le canal in- testinal sont en dessous; notre savant confrere lui-meme Pa- vait fait remarquer dans un de ses anciens Memoires; e'est la pour nous, comme pour lui, le vrai criterium, et non pas one puerile remarque sur les couleurs. Partant de la, j'ai pris d'une part un animal vertebre ; je l"ai ploye comme on le demandait, le bassin vers la nuque ; j'ai enleve tous les tegumens, d'un cote, pour bien montrer en situation ses parties interieures ; d'autre part, j'ai pris un poulpe; je Pai place a cote de Panimal vertebre, dans la po- sition indiquee, et je me suis rendu compte de la situation respective de ses organes. i.» CONSIDERATIONS Los ebauches tres-grossierea que jc mcts sous los yeux dc I'Academie pourront faire saisir lcs details comparatifs ou je vais enlrer, aux persoaiies qui n'ont jamais observe ccs animaux par clles-memes. Dans ees csquisses, le systeme nerveux est colore en jaunc, l'arteriel en rouge, le veineux en bleu, le canal intestinal en bran, le l'oie en vert, les organes genitaux en blanc; les or- ganes respiraloires sont blancs, piquetes de rouge. II est vrai que, dans cette position, la machoire la plus sail- lante du poulpe repond a la machoire superieure du mammi- fere ; mais, pour en conclure que c'est la machoire superieure du poulpe, il faudrait que le cerveau ffit place vers l'enton- noir, comme il Test dans le mammifere vers la nuque. Or, c'cst tout le contraire , le cerveau du poulpe est vers la face opposee a l'entonnoir. Voila deja un terrible prejuge contre l'idce que l'entonnoir est un bassin replie contre la nuque. Mais continuous. Pour que ce cote sur lequel se replie l'entonnoir ffit le cfite de la nuqu^, il faudrait encore que l'oesophage passat cntrele coteet le foie, comme on le voit dans le mammifere ; mais c'est encore tout le contraire; il passe du cote oppose, du rule que nous appelons dorsal. Pour qu'il y eut analogie dans la position du coeur et de 1'or- gane respiratoire, il faudrait qu'il ffit, comme on le voit dans Ic mammifere, au-dessus du diaphragme, du foie ct de l'esto- mac;ce qui le porterait du cote que nous appelons dorsal, mais que l'hypothese appelle ventral. C'est tout le contraire : les branchies ct le cceur sont plus loin de la tele que le foie et l'estomac, et au-dessus de cettc pai lie que Ton a voulu appeler diaphragme, et ou l'on a mumc i herche a voir des piliers analogues au psoas, piliers qui ne sont autres que les muscles de l'entonnoir, deja decrits dans mon Memoirc sur les poulpes. Pour(pi'iljr cut analogic dans la position des gros vaisseaux, il faudrait que la principale veine et la principale arterc mar- SHR LES MOLLLSQUES. i5 chassent ensemble lc long du mcrae cote on serait le ccrveau. Cela est vrai pour l'artere, dans le sens ou nous prenons les visceres du poulpe ; mais e'est tout le contraire pour la veine; elle marche prccisement du cote oppose ; en cela elle se con- formcrait aux vues des nouveaux auteurs; mais on ne pent regarder la veine comme un regulateur preferable au cerveau, a l'artere, a l'cesophage, au foie et aux branchies; la situation opposee ou elle se trouve est seulement une preuve plus pal- pable qu'il ne peut pas y avoir identite de plan. Pour qu'il y eut analogie dans la position des organes de la generation, il faudrait qu'ils fussent dans la partie repliee sur la nuque , et adosses a la portion de ce repli qui reviendrait sur la partie dite dorsale par les auteurs. C'est tout le contraire , ils sont dans le fond de la bourse ; immediatement enveloppcs parle sac; dans la partie qui, dans 1'hypothese, repondrait au ventre et meme au nombril. Pour qu'il y eCit analogie dans Tissue des organes genitaux, il faudrait que leurs orifices fussent voisins de l'anus, soit en avant comme dans les mammiferes, soit a ses cotes comme dans les poissons. Point du tout, dans les femelles du moins, il en est tout au- trement : les oviductus s'ouvrent fort loin de l'anus, et pres des branchies. Je ne parlerai pas des reins , ni de la vessie, qui n'existent pas dans les cephalopodes, ou que Ton ne croit dii moins re - trouver dans le tissu spongieux qui communique avec les veines que par une hypothese sans preuves. Voila des demonstrations plus amples, plus abondantes qu'il ne faut , pour, montrer que le probleme de l'analogie de plan entre les cephalopodes et les vertebres n'est pas encore rescdu. En voila en meme terns assez pour prouver: i° Que le cdte brun, qui est celui du cerveau, est le cdte dorsal; 2° Que la mandibule la plus saillante du bee, celle qui embrasae l'autre, repond a la mAchoire inferieure. On en a une preuve de plus dans la position de la langue, ,(i CONSIDERATIONS qui ert But oetto mandibute, el dans BeBe dy pharynx, qui est sous rautrc. .">' Ou'il serait plus facile d'ctablir quclque analogic de si- tuation, an supposant 1'animal ploye en sens inverse de celui de I'hvpotlicse ; car alors le cerveau, 1c foie, l'cesophage, les esterases, la grande artere, resteraient dans la memo position respective que dan? les vertebres; mais les occurs, la vcine , les branchies, les organes de la generation seraient toujours autrement disposes, et le probleme ne serait pas encore rcsolu. .!<• vais plus loin : je dis qu'il est impossible qu'il le soit eu entier. Les cceurs et les branchies, ces organes si importans, tou- jours en rapport avec l'cesophage dans les vertebfes, en sonl ioi a une grande distance , et sans aucune connexion. II en resulte necessairement une toute autre direction dans les vaisseaux. En effet, la grande veine est d'un cote oppose a la grande artere. Au lieu d'une veine unique entrant dans une oreillette uni- que, la veine ici se parlage en deux, pour donner dans deux ra'urs bianchiaux, qui font l'office du cceur branchial unique des poissons. Le cceur aortique qui manque aux poissons est ici prononce coranie dans les animaux a sang chaud, mais il est entierement separe et meme assez eloigne des coeurs branchiaux. L'aorte, qui, dans les vertebres, nait toujours dans la poi- trine, soit dessus l'cesophage, comme dans les poissons, soit en le contournant, comme dans les animaux a sang chaud , nait ici dans le fond du sac , au point le plus oppose a l'ceso- phage ; en sorle que ses rameaux les plus eloignes, qui, dans les vertebres, sont ceux de l'extremite postcrieure, sont ici precisement ceux de la tete. Or, comme le plan d'un animal depend essentiellement de la distribution des vaisseaux qui portent a ses organes la nu- trition el la vie, on pcut d priori soulenir que riderttite de SUR LES JUOLLUSQUES. 17 plan des cephalopodes et des vertebres ne se demontrera ja- mais que tres-partiellemenl. Un autre element generatcur du plan des animaux, plus essentiel peut-etre encore que leurs vaisseaux, c'est leur sys- teme ncrveux. ' ' Or, comment vcut-on qu'il y ait ici la moindre analogic? Le cerveau est enferme dans une cavite de l'anneau carlila- gineux, qui sert de base aux tentacules; il fournit en avant les nerfs de la masse buccale, puis une expansion qui occupe le cote de l'anneau cartilagineux, et donne les nerfs des grands tentacules. De la base de cetle expansion nait le filet qui se renfle pour Former lenonne ganglion de l'ceil ; une autre branche se renfle un pen plus loin en un ganglion, d'ou les nerfs du sac partent en rayonnant; une troisieme, jointe a sa correspondante , descend dans I 'abdomen, et se distribue aux visceres ; un petit filet va a l'oreille. # II n'y a pas la moindre trace d'une moelle epiniere, ni de ces nombreuses paires de nerfs qui en sortent si reguliercment dans les vertebres : aussi n'y a-t-il ni epine du dos, ni aucune des paires de membres ou des paires de cotes qui s'y rat- tachent. Ce qui a fait illusion aux jeunes auteurs du Memoire, c'est la position de l'oreille du cote de l'anneau cartilagineux op- pose au cerveau. Comme dans les vertebres l'oreille est vers 1'arriere de la tete, ils ont cru qu'elle marquait la nuque; mais l'oreille, dans les vertebres, n'est pas seulement a 1'arriere de la tete : elle est aussi sous cette arriere,sous le cerveau ; dans le poulpe elle est placee de meme, puisque cette partie de l'anneau est l'inferieure : seulement, les deux oreilles, au lieu de rester simplement aux cotes de l'cesophage, descendent plus bas, et Pembrassent en dessous ; mais c'est toujours en dessous qu'elles sont. Cc que je viens de dire du systeme nerveux me ramene a la composition des cephalopodes. Ils ont done, comme nous l'avons dit , un cerveau enferme dans une cavite a part, des t. xtvi. avbil i83o. u iK CONSIDERATIONS yeux, des oreilles, un bee forme de deux mandibules, une langue, des glandes salivaires, tin oesophage , un gesier, un second estoinac. un canal intestinal, un foie, des branchies, del cceurs, des arteres, des veines, des nerfs, des organes des deux sexes j ovaires, testicules, oviductus, epididimes, verge, toutes choses qui leuf sont communes avec certains verte- brcs, mais tout cela autreiuent dispose, presque toujours au- Irement organise. Rn meme terns ils manquent de tousles osdu crane, de tous ( cux de la face, de vraics machoires, de dents, de tousles os de I'appareil hyoi'dien et de I'appareil brancbial, de toutes les ver- tebres, de tous les os des extremites, des cotes, du sternum, des muscles adherens a toutes ces parties, de la moelle epi- niere, de tous les nerfs qui en sortent, du pancreas, des reins< de la vessie. En meme terns encore, ils out beaucoup de parties donl il n'y a nulle trace dans les vertebres; un appareil niusculairc tout different, et approprie a leur forme si extraordinaire ; sou- ^ eat une coquille d'une structure singulierement remarquable, et dont aucun vertebre n'offre le moindre ve9tige ; un organc excrementitiel, qui produit cette liqueur noire, connue sous le nom d'encre de seiche ou de sepia; un appareil spongieux ou glanduleux, qui communique directement avec leurs veines par une foule d'orifices. Ces tentacules memes, que Ton a voulu comparer aux bar- billons des poissons, ne leur ressemblent ni par l'organisation, ni paries connexions. Leur complication est prodigieuse ; des nerfs renfles d'es- pace en espace en nombreux ganglions, fournissant d'innom- brables filets, des vaisseaux tres-prononces divises aussi en innombrables rameaux les parcourent et les animent. Des ventouses d'une structure admirable leur fournissent une ar- murc d'un genre unique. Enfin, le principal barbillon des poissons n'est qu'un prolongement de leur os maxillaire, et les tentacules des ccphalopodes nc sont pas meme attaches SLR LES MOLLUSQUES. ,}) au bee qui, sans representor absolument les machoires , en remplit cependant les functions. Je le demande maintenant : comment avecces nombreuses, ces enormes differences, en moins d'un cote, en plus de l'autre, pourrait-on dire qn'il y a entre les cephalopodes et les vertebres identitede composition , unite de composition , sans detourner les mots de la langue de leur sens le plus mani- feste ? Jeramenetous ces faits a leur veritable expression, en disant que les cephalopodes out plusieurs organes qui leur sont communs avec les vertebres, et qui remplissent chez eux des fonctions semblables ; mais que ces organes sont autrement disposes entre eux, souvent construits d'une autre maniere ; qu'ils y sont accompagnes de plusieurs autres organes que les vertebres n'ont pas, tandis que ces derniers en ont aussi de leur cote plusieurs qui manquent aux cephalopodes. J'avoue qu'en disant cela, je nc dis autre chose que ce qu'onl dit beaucoup d'autres avant moi; mais, si je n'ai pas le merite delanouveaute, je me flalledu moins d'avoircelui de la verite et de la justesse, et celui de ne point enibrouiller 1'esprit des commencans, par des expressions noa definies qui semblent, dans le vague qui les enveloppe , presenter un sens profond, mais qui, analysees de pres, ou sont enlierement contraires aux faits, ou ne signifient que ce que Ton a dit de lous les terns avec plus ou moins de detail dans l'application. Dans mes communications suivantes, j'examinerai plusieurs autres principes , plusieurs autres lois annoncees par divers naturalistes; mais, pour que ces lectures ris se bornent pas a des questions metaphysiques, j'aurai soin qu'elles se rat- tachent toujours, comme telle d'aujourd'hui, a quelques de- terminations de faits dont la science puisse tirer un parti phis solide que de ces oiseuses generalites. Nota. Le ,M»';moire qui precede, et que sou illustre auteur a bien voulii. ous communiquer, a paru devoii intcresser vivement uos lectcurs par ao OBSERVATIONS lea liaules consideration* pliilosnpliiqiics qui s'y tiouvcnt exposecs. II a donne lieu a une discussion Ircs-animcc enlrc deux savans qui onl egale- ment dca droits a 1'eslime publique cl 4 la reconnaissance de tout les amis des sciences. II ne saurait entrer dans Ic plan do notre Recueil de reprodnire dans Ions ses details one discussion poremeril scientifiquc et leclinique; niais nous avons cm juste et convenable de placer iniine- diateiuent a la suite du Mcmoirede M. Cuvier le precis de la repliquc laile par M. Gcoflroy-Saint-IIilaire (que nous nous lionorons de compter parmi nos collaborateurs), afin que la vue generate qui preside a ses ob- servations puisse etre appreciee. N. d. R. Observations sur tc Memuirc, precedent , par M. Geoffroy- Saint-Hilaire. i\I. Geoflroy- Saint -Hilaire a repliquc a pcu pros en ces te lines : «J'avais cru epuisee la susceptibilite que M. le secretaire perpetuel, baron Cuvier, avait montree dans la dcrniere seance. Cbacun ici , et moi plus particulierement, nous avions cru IM. Cuvier ramene par ma concession faite avec tout l'abandon d'une franche amitie. Malheureusement il n'en est rien. Le uuage cleve entre nous n'est done point dissipe : e'est la pour moi n n juste sujet d'aflliction et de regrets. Mais, d'ailleurs, je ne puis me defendre d'une certaine satisfaction, quand je vois mon savant confrere aborder enfin de graves ques- tions que chacun de nous a jusqu'a present comprises diffe- remment , et sur lesquellcs il me parait utile que nous nous expliquions. » Je ne suis point prepare pour traiter, ex abrupto , loutes les questions qui viennent d'etre soulevees, et je me conten- lerai aujourd'lnii de presenter brievement quelques rcmarques prcliminaires : a 1°. J'applaudis a la demarche de M. Cu\ ier, laquelle tend SIJH LE MEMOIRE PRECEDENT. 21 a ramener les jours brillans tie l'ancienne Academie des scien- ces , ou tous les sujets eleves de nos connaissances etaient reproduits successivement et eclaires par vine discussion ap- profondie. « 20. Sur le fond de Pargunreritatfon , je n'abuserai pas long-lems aujourd'bui de la patience de l'Academie. J'y aper- cois deux cbosesdislinctes, deux questions; l'une, qui concerne deux jcunes savans qu'il m'avait paru utile d'encouragcr, el l'autrc, qui me regarde personncllement. » Premlcrement : MM. Laurencet et Meyranx auraient-ils devance de beaucoup I'heure propice pour ramener les mol- lusques aux faits generaux de la science? Par leur idee nou- velle et ingenieuse, comprennent-ils mieux, en effet, que leurs devanciers, doivent-ils i'aire mieux comprendre l'organisation de ces animaux? Ce soin les regarde, et je leur laisse toute cette responsabilite, c'est-a-dire, tous les devoirs, les dangers, mais aussi la gloire d'unc rcplique a produire. Quant a moi, je les ai loues setilement d'etre entires courageusement dans une nouvelle voic de rechercbes , d'avoir demande a une comparaison approfondie des organismes de nouveaux rap- ports. » C'etait justice, et je m'applaudis de la leur avoir faite bonne et eclatante : car je crois toujour* qu'il y a du merite dans leur vue piincipale. Satis le moindre doute, il y a en de. ma part vive preoccupation d'esprit, mais non entrainemcnt et legcrete.Les considerations dont je ne puis memo a present medegager sont que de grands et important organcs existent aussi-bien cliez les mollusques que cbez les poissons, qu'on leur y donne le me me nom, pane qu'ils y alTeclent des for- mes seinl)lab!es et y remplissent des fonctions identiques. Que plusieurs renseignemens, non encore donnes par le progres des etudes pbilosopbiques, manquant toujours, ces points de ressemblance n'en sont pas moins des rapports averes. Or, que conduce d'eux el ayec eux ? C'est , je ne me defends pas de le dire par pressenliment. dome decider lout-a^fai'l d priori, c'est que ces organes scmblables ne pcuvent so rencontrer chez les ■22 OBSERV. Sim LE MKM. PRECEDENT. mollusques dans un contrc-sens manifesto les uns a regard des autres, pour y donner le spectacle d'un autre sysleme de composition animalc, pour produire ce resullat, impossible suivant moi , d'unc harmonic parfaite, quant aux fonctions, causae par un desordrfi dans Passociation d'organes dont la structure ellc-mcme ne s'ecarte en rien des regies de forma- tion. J'ai done dit, dans moil Happort, et je persevere dans cette opinion, que je vois plus de chances pour la probability qu'un jour les mollusques seront ramenes dans une niesurc quelconque a l'unite de composition, qu'en faveur de la con- clusion qu'on n'y reussira jamais. <■ Deuicicmemcnt : L 'argumentation attaque dircctcment lc fond de ma doctrine, les questions de l'unite de composition organique. Ne serait-ce effeetivement , comine cette attaque le donne a entendre, qu'une de ces fausses doctrines, produit fucheux de propositions illusoires, de chimeres pretendues philosophiques, tclles que Tabus dans l'emploi des bonnes choses en fait si souvent eclore? Ccci me concerne unique-* ment, et j'en prendrai personnel lenient soin. On sait que e'est le reve heureux on malheurcux de ma vie scientifique. La ont about] toutes mes recherches, les travaux de quarante annees entrepris avec courage et poursuivis avec perseverance. Voila ce qu'il sera.it regrettable d'avoir fait sans fruit. Mais je n'en suis pas encore redu.it a ce point. Les paroles que je viens d*ouir n'ont en rien ebraule ma conviction. C'est lout ce que je puis me permettre de dire en ce moment. Je defendrai ce qui est propre a ma doctrine autrement que par cette allega- tion, et je le fcrai par un Memoire, que je me flatte d'apporler incessamment. » Nota. La Revue Encyclopediquc, qui s'etait empressee de publier les idees de M. Geoffrov-Saint-Hilaihe, a salisfait a un sentiment de jus- tice, en faisant aussi connaitre les doctrines contraires de M. le baron Cuvieh. M. ledocteur Paiiset a present 6 (voy. Rev. Enc, t. in, pag. 32 (juillel 1819), l'expose des principes generaux et des doctrines de M. (Sebflroy, M. Flourcns a insure depuis, dans le meme Reciieil ( t. v, page 219, I'evrier 1820), un article doni le dernier paragraphs contient eelic DE REGIME PEMTENTIAIRE. a3 conclusion : o La marclie philosophique imprimee desormais a celte science (['analomie comparative) en rendra facile one application directe et rigoureuse , et M. Geoffrey lui aura acquis tous les genres de perfec- tion, car il I'aura generalisee et popularisee » . Enfin, M. Frederic Guvicr (t. xvi, p. 246, fevrier 1820) a aussi insiste sur la nouveaute et l'utilite des idees de la Philosophic analomique. Aujour- d'hui, que se realise!) t des evenemens qu'il previt des 1820, et dont il s'ef forcait des-lors d'adoncir l'amertume par des consolations et des consi- derations elevees, M. Frederic Cuvier se trouve avoir vraiment fait en- tendre des paroles prophetiques. Cette polemiqne entre M. le baron Cuvier et M. Geoffroy-Saint-Hi- laire a ete contiouee, tous les lundis du mois de mars, devant I'Aca- deroie des sciences; uiais celui-ci l'a terminee, leoavril, par uneanuonce sous forme de prospectus. « Continuer davantage notre ltitte passionncc, a dit M. Geoffroy, ce serait amener plutot le decri de la science que le triomphe de la veiite. Cependant on aurait dit a tort que quelques con- cessions, evitant la confusion de termes mal definis, resoudratent plu- sienrs questions. On se trompe en cela, continue M. Geoffroy dans son prospectus distribue a ses confreres; il y a au fond des cboses tin fait grand, essentiel, vraiment fondamental, dormant tine ame a l'liistoire na- turelle, et appelant des-lors les generaliles de cette science a devenir la premiere des pbilosophies. » M. Geoffroy-Saint Hilaire publiera, par Iiviaispr.s, tonics les questions soulevees et controversies dans le sein de 1'Academie. La premiere li- vraison est sous presse, et paraitra prochainement cbez MM. Pichon et Didier, quai des Augustins, n" 4/- DE L'EMPRISONNEMENT SOLITAIRE AUX ETATS-UN1S (1). ( Solitary confincmen t. ) L'einprisoniienient solitaire a souleve entre les publicises de l'Ainerique et de l'Europe meme ttne polemiqne vive et (1) Cet article est extrait de la conclusion generate de 1'ouvrage de M. Charles Lucas sur le Syslimc penitcntiaire en Europe et aux Elals- I'nis. Cette conclusion, annoncce dans le second volume qui \ient de paraitre, est sous presse pour ehc publiee dans quelques jmjis. a4 DU REGIME PENITENTIAIRE. animee dans laqucllc on noussemblc avoir bcaucoup exagerir de part ct d'atitre les bons commc les manvais cffets de ce svsli me Ce qui a fail aussi anx partisans de cot empri- sonnement solitaire, comme a scs adversaires, franehir les bornos du vrii . e'est que les uns et les autres n'ont point adniisunc distinction essentielle entre l'empi isonnement soli- taire considere comme punitioi; disciplinaire et comme cba- tinient juridique. Des lors, le tort des nns a ete d'etendre a l'usagc disciplinaire de cet emprisonnement les dangers uni- quement attaches a son emploi juridique, et celui des autres d'etendre a son emploi juridique l'efflcacile exclnsivement reservce a son usage disciplinaire. D'un cote, en effet, les de- fenseurs dc i'emprisonnement solitaire, ainsi que nous le verrons, le presentment comme un chatiment qui, parson eifi- cacite universelle, resout a lui seul le probleme du systeme peniter.tiairc et doit en etre la base. D'un autre cote ses ad- versaires gcneraliscnt egalcment leurs graves reproches et leurs violentes recriminations. William Roscoe, de Liverpool, un des criminalistes les plus eclaires de 1'Angleterre, mais aussi l'un des adversaires les plus decides de I'emprisonne- ment solitaire, s'exprime ainsi (1) : « Ce mode de chatiment, le plus inbumain que la cruaute d'un tyran ait jamais invente, est une atteinle p'ortee a la destination de notre nature, une violation direcle des premiers principes du christianismc. » Et plus loin il dit, en parlant du eondamne ainsi detenu : «Qu'il epuisera tons les genres d'infortune, el qu'il terminer a ses joins dans une accumulation de souffrances que la nature humaine ne pent supporter. »M. Roscoe cite, a 1'appui de son opinion, celle du general Lafayette qui declare q a' adopter ce systeme ienfaisance, et nous y ajoutons quelques aulres details que uou- avons cu Poccasiou de recueillir a des sources tres-au- tlientiques (5). Comme notre premier article fait connaitre Petendue et la population des provinces pour 1824, nous croyons d'aulanl plus inutile de repeter ces documens que l'on s'occupe d'un nouveau denombrcment de In population, et que les opera- (1) Braxelles, 1829; Weisseobruch, imprimeur 9 KLKVES fc'l.TES -tvns des caisscs des exoles dans ociaux. coniniunales. primaiies. les college Provinces. Brabant septentrional 2,5oofl. 54,i9;fl. ^7,978 420 Brabant meridional 10,000 90,681 43,54i 779 Limbourg 3,5oo 53,33i 23,754 78a Cucldre io,4o4 6i,383 33,i55 172 Liege 6,000 19,42a 25,533 634 FUnulrc orientate 8,800 34,234 55,872 274 Flandre occidental 5,ooo 50,669 57,122 256 Hainaut 4'000 60,762 60,437 1,263 Hollande septcntrionale. . . . 12,317 161, 5gj 4S,o48 221 Hollande meridionale io,o45 u4,8i6 50,175 225 Zeiandc 1 ,^91 55,268 ij,2of> 37 Namur 7)875 55, 206 22,978 455 jlnvers 2,000 36,761 3i,4oi 5^o Utrecht 11,800 36,197 i5,66'6 119 Prise 200 55,826 26,933 121 Oiierysset 875 26,291 25,872 n5 Groningue » >4v27 21, 588 84 Drenthe » io,i55 8,899 2t> Luxembourg » 55,178 34,904 5o5 Totaux 96,707 1,006, 5oi 633,859 7,o58 Quant aux eleves qui se trouvaienl dans les six universites au 1" novembre 1827, et qui etaient inscrits sur les listes des differentes facultcs ; en voici le tableau : UNIVERSITES. rliltnsnpliir Tlieologif. flinil. Medecine. Sciences. etLeU.es. Totiix. Leydc i58 191 62 10 167 588 (1) Utrecht 169 95 21 45 16S 498 (1) Dans le nonibre des eleves en medecine sont compris 22 jeunes gens qui suivent en nienie lems les coins de cctte faculte et les coins perparatoire*. SCIENCES PHYSIQUES. Si Groningue 92 68 29 i4 84 287 Louvain » i58 70 83 3;3 678(1) Liege » «85 89 78 i54 5o6 Gand. » 207 i65 11 21 4°4 (2) En comparant a la population le nonlbre des enfans qui frequentent les e'cbles primaires, on trouve que nous en- voyons aiix ecoles 100 enfans par 947 habitans. Sur 3,938 communes, il en restait neanmoins encore 684 sans ecoles, en 1826. Le nouveau rapport annonce des ameliorations nom- breuses a cet egard. Parmi les ameliorations qu'a recues 1'enseignenient, nous ne devons pas omettre de citer aussi la creation d'un grand nombre de cours publics pour l'enseigne- ment des sciences et particulierement de la mecanique indus- trielle. II s'est organise egalement di verses institutions parlicu- lieres pour l'industrie et le commerce. Depuis quelque tems le gouvernement avait reuni plusieurs commissions pour revoir les reglemens des universites et de l'enseigiiement en general, et pour lui indiquer les changemens et les ameliora- tions dont ils etaient susceptibles. Ces commissions ont pre- sente leurs rapports, et un projet de loi sur Pinstruction est sounds en ce moment a la discussion des Etats-generaux. Les institutions de bienfaisance dans le royaume des Pays- Bas sont peut-etre plus nombreuses que partout ailleurs; on peut les classer sous trois litres differens ; savoir : i° Les institutions qui accordent des secours ; — 20 les ins- titutions qui ont pour but de diminuer le nombre des pau- vres; — 5° les institutions qui tendent a prevenir l'indigence. Les institutions qui accordent des secours sont ou locales ou pour tout le royaume; voici les nombres relatifs aux pre- mieres : (1) Dans ce nombre sont compris 269 eleves du college philosophiquc. (2) Dans le nombre des eleves en droit et en m6decine sont compris 'Tux qui se preparaient pour ces elu557 4'w48 Frais d'administration... ;iG,63i (1. 2,23ill. 1 4,686 11. g5 i,5lS fl. Secours de toutc cspicc... 4i99o,363 102,2111 » 3,2<)6,483 Rcvenus des proprietes... 3,017,670 886 1,578 2,931,024 Sou.icriptions ct dons. . .. » 76,oS5 9,3g2 » Collcctcs 1,295,096 i,94G 4 > 9 46 '5797 Subsides des communes. . 1,464, |o3 24,S4S 3, 600 808,775 Subsides des provinces ou dcl'Etat 5,270 » » 82,652 Sur 1,000 habitant des Pays-Bas, on en compte 122 a 120 qui recoivent des secours a domicile ; et pres de la moitie se trouveut dans les villes. Les charges et frais d'administration reviennent par individu a (1. o,g5, les secours a 6,(Jo. Les societes qui distribuent des alimens et du chauffage pendant l'hiver comptent 8,976 souscripteurset ont distribue 1,692,147 portions de sotipe, 22,847 livres de pain, 4^9 me- sures de pommes de terre, etc. Les six institutions de charite maternelle sont etablies a Verviers, Gand, Harlem, Rotterdam, Leyde et Groningue. Surles4i?74Siudividus secourus dans les hospices, 58,827 apparlenaient aux villes. Cette population se composait de 7,449 malades, i5,ooa vieillards el infirmes, et de 19,197 cnt'ans. Les charges et frais d'administration reviennent par individu a 22,79 u-> ^es na's d'entretien et de nourriture a 78,96, en tout 101,75. II existe aussi cinq societes qui ont fourni des secours u 2,460 pauvres honteux pour la valeur de io,3io 11. Quant aux institutions pour tout le royaume, elks secom- posent principalement de l'ho.spice militaire de Leyde et de l'hospice de Messine ouvert aux lilies des militaires devenus invalides ou moils au service de l'Etat. Ce dernier etablisse- SCIENCES PHYSIQUES. 33 mcnt renferme 140 individus el a depense 21,200 fl. Le9 pre- miers out secoui'H 2,178 individus au moyen de io8,3o2 fl. Le tableau suivant presente des renseigncmens plus parli- cuiiers relativement aux hospices et aux individus sccourus a domicile pendant l'annee 1827. SECOt/RS A DOMICILE. PrOVIIVCFS. Indhfidua secourua. Drpensos. Population. Ilepenscs. fJrabant septentrional 22,873 245,52gfl. fio6 72,002 fl. Jlrabant meridional 113,690 392,795 kfi\Q 53?.,6o5 Limbourg 42,039 168,261 l,4ao no,oiS Gueldre 20,575 254,289 1,275 181,799 Liege 55,648 1fi44.11 1,29s iG5,494 Flandre orient ale 72,148 385,187 3, 062 5n9,4on Flandre occidcnlalo S4,6oo 3g7,'66 2,208 248,16,5 ILiinaut 104,220 539,375 3,646 28/f,8iS lloUandc scptentrionalc. . . . S3,626 €81 ,4*4 7»854 778,738 Hollands meridionalc 44,5o9 1,009,801 4i3o4 555, 507 Zelandc 8,960 ?4U>323 699 QO,a44 Nanutr 25,642 48,iS2 1,263 87,820 Anvcrs 22>777 256, Si5 4>i3S 391,285 Utrecht 14,966 246,457 976 i46,354 Frise 19,467 4<)7,97i 'v5'9 i35,954 Overysscl. 7,065 ii2,oi3 789 8S,g2i Groningue 8,345 214,758 i,5g2 1 59,765 Drcntlie 2,o4o 56, 157 161 8,68 1 Luxembourg . ■ a,45i 17,56S 292 20, 543 Totacx 755,621 5,706,895 4'v4S 4>a48,oo5 Lcs institutions dc bienfaisance dc seconde cspece, e'est- a dire, cclles qui ont pour but de diminuer le nombre des pauvrex, pcuvent etre classees de la maniere suivante : nature DR9 INSTITUTIONS. Nomine. Iiidiv. secourus. Depenscp. Ecolcsordinairesspecialespotirlcs pauvrcs. 16?. 56,g5o 257,88311. oil t'on admet lcs patnres. 3,782 88,987 i55,i-i graluilcs 2 5 1 26,555 ? E coles dc Iravait 5o a , 5 1 4 2.5,287 t. xi/vi. Avait i85o. 3 :,, SCIENCES PHYSIQUES. Alelkrsdc charile ->a 6,Sfio Brs8,&$ Depots dcmcndicilc 7 »■>[)& 2o4,(i>)S Colonics dt : bknfuisancc 1.1 8,i4° i,5i6,4i5 Elabiissemens pour les sourds-muets. . . 4 »49 42»°9? pour les aveitglcs l 4o i2,io3 Sur 5G,q5o eufansqui se trouvent dans les ecoles speciales pour les pauvres, 5i,956appartiennent aux villes. Les ecoles on les enfans ties pauvres sont instruits gratuitement, en communaute avee d'autres enfans, se trouvent, pour la phi- part, dans les communes rurales. Les ecoles gratuites se di- visent en ecoles hebdomadaircs, dominicales et gardienues. Les enfans sont admis dans ces dernieres au-dessous do 1'age de six ans. Dans les ecoles de travail, on rt'admet que des fdles. Ces etablissemens se trouvent dans le Brabant septentrional , la Gueldre, les deux Flandres, la Zclande et An vers. Les ateliers dc charile ne se trouvent pas non plus dans toutes les provinces; ils sont administres par des commissions ou des directeurs. Sur les onze colonics des socictcs de bienfaisance, cinq diles libres, contienuent 54 > habilans. Les six aulres sont com- posees de sept etablissemens pour des orphelins, des enfans trouves ou abandonnes et des meudians, de 63 balimens auxi- liaircs et de 45 grandes fermes avec leurs dependanccs. La population se compose de 3,485 individus vivaot en I'amille, 2,076 orphelins ou enfans trouves et abandonnes, et de 2,5;9 mendians. Les etablissemens pour les sourds-muets se trouvent a Gand, Liege et Groningue; 1'clablissement pour les aveu- gles est a Amsterdam. II faut rapporter encore aux institutions precedentes la So- cietc pour I' amelioration morale des detenus, qui comple 5,oj2 membrcs et dont les soins s'etendent a phis de Goo detenus. Ils ont domic lieu a une depensc de 5,8 13 fl. Ses reyenus s'ilevenl a plus de 17,000 fl. SCIENCES PHYSIQUES. 55 Enfin les institutions tie bicnfaisance de troisiemc espece, qui tendent d prevenir I'indigencc, sont les suivantcs : ixstitttioxs. Noinbm Indiv. secourue. Dispenses. Ncnts-de-piclecommunanx luS 128,570 7,417,354"- — — affcrmes ~i 5,656 ? Caisses dc sccours muluels 443 69,025 287,914 — de pensions de veuves 26 i3,ooo 225,000 — d'epargncs 53 10,882 1,047,890 Les Monts-de-Piete diriges pour le cotnpte des communes ou des institutions dc bienfaisance jut recti 2,216,755 gages •en 1827; 2,01 1,772 gages ont ete retires, et 120,609 ont ^ vendus. Les memes noinbres ont etc respectivement, pour les Monts-dc-Piete affermes, 877,593, 668, 002, et 4«,-So. Les caisses dc secours mutuels, pour les cas dc maladies ot pour eouvrir les dais d'enterrement, comptent conimune- ment 15,724 individus qui recoivent des secours pour ivnc valeur moyenne de 1 8,5 1 fl, parindividu, et la depense pour les participans est de 4, J 7 A- Les caisses des pensions pour ks veuves et les orphelins sont plus particulierement etablies dans les provinces septen- trionales; malbeureusement les documens qu'on possede ne sont pas satisfaisans. Les eapitaux des caisses d'epargnemonleht a2,5i2,i67fl., ce qui donne i66,56fl. par individu. An total, d'apresles conclusions du rapport, les institutions de bienfaisance sont au nomine de 1 1 ,4^|0, non compris la sociele pour 1'amelioration des detenus , et les caisses des pensions pour les veuves et les orphelins. Le nombre des in- dividus qui parlicipent auxbienfaits de ces institutions est de i,2i4,o55,etl'ensemble des depensess'eleve a 1 2,821,559 A* Or, si Ton considere que la population, en 1827, etait de 6, 16b', 854 allies, il resulterail de ce qui precede que, dans le royaume des Pays-Bas, un habitant sur cinq reroit des se- cours. La grandeur de ce rapport tient sans doute a ce qu'il est beaucoup d'individus qui recoivent des secours dc iliffe- 36 SCIENCES PHYSIQUES. rentes natures, ct qui Ggurcnt ainsi plnsieurs lois dans lc total. Nous torminerons cot aperpu statistique par quelqucs ren- seigncmens sur lc n ombre des crimes ct des debts qui ont ou lieu dans les Pays-Das pendant l'annce 1826. lis pcuvcut inspiror d'autant plus d'inlcrel qu'ils ont cle recueillis et classes de la meme manicre que les documens pour la France, auxquels on pourra les comparer plus facilcmeut. Crimes conlre les personnes. haturk des crimes. Accusations. Accuses. Acquitles. Crimes ct delils poliliqucs a • > Rebellion a3 6S 26 Contravention aux loit sanitaircs .... » » » Evasion dcs detenus . . 3 3 » Faux temoignage ct subornation 12 17 a Assassinat 10 i3 3 Empoisonnemcnt > • „ Parricide- a a a Meurlre 17 24 7 Coups ct blcssurcs 76 1 23 26 Coups envers ascendant 22 21 4 Arrestations arbitraires » ■ > Menaces sous conditions 5 5 2 Mendicite avee violence 1 1 > Bigamie 2 2 > Avorlcment • » „ Infanticide . a 2 ■ Crimes conlre en fans, enlevement et de- tourncment de mincurs a > , f'iol ct attentat a la pudcur i3 16 2 Viol sur des en fans au-dessous de 1 5 ans. 8 9 1 Totacx 19J 3i>4 73 Crimes conlre les proprieles. hahjrb des CRIMES. Accusations. Accuses. Acquitles. Concussion et corruption 4 q a Souslraction de deniers publics 10 10 a Jncendie d'edi/iecs 8 11 4 SCIENCES PHYSIQUES. 3? //Kcm/i'c d'autrcs objcts » » • Destruction, degradation dc proprivtcs. .3 8 6 Fau.ise-monnalc 7 > l 2 Conlrefacon de sccaux, marteatix,cte. a 2 » Faux par supposition de personncs. ... 4 5 1 Faux en ecrit tire dc commerce 8 la » Autres faux* ^7 4° ,2 lianqueroute fraudulausc i4 '4 2 Vols dans les egllses 4 5 i- Vols stir les clwmlns publics 8 9 a Vols domesllqtics l85 198 »4 Autres vols 5a8 744 9l Extorslon dc tettres de change, obliga- tions, etc » » » Soustraclion ct suppression de titres et actcs 2 a » Bris de sccl/es » • ■ Importation dc marchandises proltibecs.. 2 5" Totaux 826 i,o85 i5o Quant aux tribunnux corrcctionncls , lc nombre des accu- sations a ete de 22,489 pendant l'anncc 1826, ct le nomltrc des accuses £0,894, SUI' lesquels 6,G66 ont ete acquittes. On a conipte aussi i3,4G8 accuses en simple police ct 2,858 ac- quittes. Des nonibres que nous venons de citer ct des autres docu- mens que nous arons recueillis dans nos Recherches statisiuju.es sur Icroyaume des Pays-Bus, on deduit ces consequences: i". En 182G, on comptait, dans les Pays-Bas, un accuse aux cours d'assiscs sur 4»383 habitans; et en France, l accuse sur 4,i5i habitans; on comptait aussi devant les tribunaux cor- rectionncls 1 prevenu suraoo habitans dans lepremier royaunie, et 1 sur 198 dans le second. 2°. Devant les cours d'assises, sur 100 accuses, 1G seulc- ment ont etc acquittes chez nous, et 35 en France comme en Anglelerre. Ainsi, la repression est la rheine dans ces deux dernicrs royaumes, si dill'crens par les lois ct par les interns ; mais le jury y cxistc, tandis qu'il a tie aboli chez nous. sqniNCES physiques. 5". Devant les Irtbunaux corrcctionnelsj la repression a etc en Frame comnic chcz nous : sur 100 prcvenus, 16 out tic acquiltes : il en est rlc nume pour les tribunal)* dc -imple police, sur 100 prcvenus, 14 seulcment onl etc acquiltes. Ainsi, sur 100 accuses devant les trilninaux crimincls, correc- tiuuncls 011 de simple police, 14 a 16 out etc acquiltes quand ils onl cu affaire a des juges, et 55 quand ils out cu affaire a un jury. 4°. Le jury ct les juges s'accordent sur ce point qu'ils out acquitte comparativement plus d'aocuscs dc crimes conti e les personnes que d'accusesde crimes contrc les proprieles.ciimi ix pour tempererla severitc des lois, qui, souvent, reslenl sans effet par un exces de rigueur. A. OuETELET. ART MILITA1RK Campasne pes Francais en Aelemacne; anisee 1S00 (Moreau,. general en chef) : par le colonel de cavalerie marquis de Carriok-Nisas, charge des travaux liistoriques speciaux du depot general de la guerre (1). OBSERVATION GENfilULE. On a public, dans le Moniteur du 14 fevrier dernier, una Rapport fait a V Academic des sciences par le lieutenant-gene- ral, premier inspecteur-gerieral du genie, vicomte Rocniat, relatifa I'ouvrage du colonel Carrion-jSisas intitule : Essai sur rflisloire gincralcdel' At Imililaire. Cc rapport lies-elendu, tres-lumineux. el qui pa rait nc rien omeltre, tant sur les fails principalis de ccttc histoire memc que sur les vues et les in- (i)Paris, 1829; Ch. Pi(|«et,ingenieur-geographe ordinaire du B,ol, etc., quai dc Conli, n° 1-. In-4° de 4^3 pages, accompagnc dc 8 planches. ( Extrait du tome v du Manorial du depot de la guerre, rOccniiucnt mis en vcnto.) SCIENCES PHYSIQUES. % ten lions dc celui qui l'a ccritc, aniumce, a la fin, comme eo- rollaire dc ce grand travail, un autre ouvrage du meme au- teur, intitule : Campagne des Franrais en Allemagne, en 1800, que l'Academie des sciences avait renvoye au meme rappor- teur, niais qui, elant moins dogmatique ct scientifique, n'ap- pelait pas au meme degre, ou, du moins, avec les memes titres, l'attention de l'Academie. Cette relation de la campagne des Franrais en Allemagne, dans l'annee 1800, est l'ouvrage dont nous allons presenter l'analyse a nos lectcurs. L'honorable rapporteur de l'Academie des sciences indique ce dernier travail comme tine application des principes con- tenus et developpes dans le premier. II pense que M. Carrion- Nisas a voulu offrir unc campagne-modele , et celui-ci ne se defend point de cette intention; il l'enonce meme Tranche- meat, au debut de son ouvrage. Deux ecoles se sont t'ormees au milieu ou , si Fon veut, en depit de l'experience de trente ans de guerre. Une de ces deux ecoles, et e'est celle a la lete de laquelle on pcut placer les Romains dans l'antiquite, dans les terns modernes Frede- ric II, et, a une epoque plus recente, Moreau : cette ecole, disons-nous, s'aide prudemment de toutes les experiences, marche avec melhode, craint les poinles, selon l'exprcssion de Frederic, prcvoit la defaite et la mauvaise fortune, dont Home ne s'est jamais laisse aeeabler; elle lui prepare des compensations ct des remedes; elle organise surtout la de- fensive, el fait peu de cas des conquetcs qu'on ne peut pas aiscment conserve!-. L'autre ecolc semble envahir pour envabir, conqucrir pour conqucrir; elle organise l'agression sur les plus vastes plans, n'ose pas envisager ou dedaigue de prcvoir la defaite, tie prepare ricn pour la reparer, el y succombe sans espoir et sans ictour, pour peu que la mauvaise fortune soit opinialre. Alexandre, moil sans avoir eu le terns d'etre malheureux, est !c hrillant et dangereux modele que cette ecole s'est pro- pose dans tous les terns, dont les Tamcrlan, les Gcngiskan 4o SCIENCES PHYSIQUES. out etc les sanglantus parodies, ci Bonaparte, au milieu de la civilisation modcrne, un imitalcur pleia de genie, mais ega- lcment funcstc a sa palric, a I'arl ct a lui-meme. Le colonel Carrion-Nisas, lortemcnt irappc do la difference entre les deux systemes, et nun inoins prevent; en faveur de Yecole defensive, a evidcniment ccrit, depuis la paix, dans Je but constant d'eloi^ner ses concitoyens et les generations futures de Yecole conqucrante, et de les ramener a l'eeole ro- maiue, a celle de Turenne et de Frederic. Son premier ou- vragc, intitule : de I'Orgaiusation de la Force armee, clait. en quelque sorte, ce que sont, an barreau, ces rapides con- elusions dont 1'enonce precede la plaidoirie et les details de la discussion : e'etait 1c projet d'une institution militaire, defensive et administrative. L'autcur, des lors, deplorait ct relevait les inconveniens de l'eeole conquerante, qui, trop souvent, surlout dans ces derniers terns, laissa en arriere toute tradition, toute pratique d' administration. Dans sonseeond ouvragc, 1'auleur appcllea lui l'cxporiencc et les Tails, depuis l'orrgine de l'art, e'est-a-dire depuis l'ori- yine des societes jusqu'a nos jours, pour moulicr combicn Ic sysleme conquerant a toujours amene de catastrophes aux conquerans anciens, et aux conquerans modernes, ct a nos rois, imprudeus cuvahisseurs de l'ltalie ct de l'Espagne; eombieu le sysleme de la defensive, comme base, et de la conquele successive et assuree, a produit d'heureux resultats, et a Home (Luis les teins anciens, et a la France dans les terns modernes, depuis que nos rois eurent renonce a leuis prelen- lions au-dela des Alpes, et qu'ils s'appliquerent a s'avaneer pas a pas jusqu'a nos fronlieres, telles que la nature nous les a donnees, que Cesar les a apercues avec genie, fixees avec precision, et que nous avons si malheureusemeut oulre- passees. Celie intention du grand travail de M. Carrion-ISisas n'a pas echappe aux lecleurs judicieux, capables de s'oceuper, en connaissance de cause et avec quelques vues, de la malicru qui y est traitec. Toulclbis, et toujours penelre de la meme SCIENCES PIIYSIQIES. 4f conviction dc la vcrite ct de 1'ulililo de ses apcrcus, cet ecri- vain, a qui son emploi d'historiographe du depot dc la guerre donnait bcaucoup dc facilite pour celte nouvcllc composition, a voulu presenter one demonstration, line preuvc plus posi- tive, plus precise dc la verite de son systeme, en I'appliquant aune narration complete, detaillce et raisonncc de notrc cam- pagne d'Allemagne en 1800. II a, d'abord, rasscmble ct rectifie les faits, indique les comparaisons qui se sont naturcllement presentees, et deduit ensuitc toutes les consequences qui pouvaient etre favorablcs a ses maximes, sans oinettre les observations de ses adver- saires, ct sans negliger d'y repondre et de mettre le lectcur dans le cas de decider en connaissance de cause. C'est ce dernier, curicux et important travail qui a ele insere dans le dernier Memorial du depot dc la guerre, et dont un bommc du metier va entretenir nos lecteurs. Le 5e volume du Memorial du depdt de la guerre est en grande partie rempli par la campagne qui fait l'objet de cclle analyse. Cet ecrit a deja fixe 1'attention des militaires, des bommes d'Elat ct des savans. Plusieurs ouvrages periodiques, francais ct ctraugers, en ont rendu comptc. L'attcntion memc dont il est l'objet, nous dispense d'en pailer aussi longitement que nousleferions, si cette attention avail besoin d'etre provoqucc. Resumer les materiaux epars de cette brillante campagne, dont on a si diversemenl parle, ct en former l'cnsemble d'un travail raisonne, n'etait une tache ni courte, ni facile : cllc a memc, pendant quelque terns, failli etre impossible. On assure (ct Ton en pourrait infercr quelque chose de cer- tains passages dc ['introduction ) qu'une partie des pa-piers de cette campagne a long-tems-manque a la collection qu'on a du faire, avanl d'en entreprendrc l'histoire. Ces papicrs, dit- on, se trouvaienl au greffc du tribunal on Alurcau flit trad 11 if, en i8o5, parmi tons les antics pa piers qui avaienl etc saisis cbez tui etportes, a lout hasard, comme pouVant servir a la 4a SCIENCES PHYSIQUES. prticednreqai avail I'air de s'instruire el d'etre dcstinec a se prolnnger pendant lorig-tenw. Cettc ctrconstance cxpliqucrait comment les pieces justifi- eatives nppartenant a cette partie tie la campagne tie 1800 qui cut lieu cu Allemagne tiiTient un caractere incontestable tic sineerite et d'int6grtt6 ; mi n'v Iruuvc aucunc ties mutilations, ties transpositions, ties alterations tie tout genre qu'ont eprou- vees tanl d'aulres relations ct tant il'autrcs documens hfstOri- ques, et partieuliercment comme on a pu le voir dans lc volume precedent du Memorial (pages 269 et suivantcs) les papiers rclatifs a la partie de cette campagne de 1800 qui a eu l'ltalic pour theatre. Ainsi, ii faudrait nous feliciter d'une circonstanee qui a pu retarder le travail du narrateur, lui dc- robcr long-teins ties materia ux necessaircs, mais qui en double aujourd'lini 1'interet. L'opinion pourra enfiri etre fixee sii'r les evenemens de cette memorable campagne. On a conteste a Morcau lc merile de plusicurs de ses eom- binaisons strategiqucs dans les ban les operations de l'armec du Rhin ; on a regarde sa mothode lente, tlit-on, et trop mr- thodique, comme contraire aux nouvclles maximes introduites dans la grande guerre. M. tie Nisas ne sc borne pas a rendre justice au general Moreau sous les rapports militaires. Apres avoir decrit, avec une concision reniarquablc, les cvenemens dc cette savanlc campagne, il n'hesite pas a rolbir comme un modele qu'il sera desormais plus convenable d'imiter que les canipagncs i'uites dans le systemc contraire. La relation tic la campagne de l'armec du Rhin, en 18(10, so divise en deux parties : campagne d'eteet campagne d'/iivrr. Chaque partie est subdivide en cinq chapitres. Des pieces juslificalives, ti'unc tres-grande importance pour l'histoirc, tcrminent chaque partie. [/Introduction rend compte des motifs qui out porte I'tcii- vain a cboisir pour lexle eettc campagne plulol qu'aucune autre de la revolution, et fait euanaitre les ressources el les eecours de tout genre qu'il a bus a sa disposition. SCIENCES PHYSIQUES. ^3 Premiere partie. Campagne d'rlc. — Apn's lin expose ra- pide du caractire parliculicr do l'epoque el des cvencmens qui voiil suivre, Pauteur cnumerc les fails dc la campagne d'ele, dcpuis Ie passage du Rhin par l'armce francaisc (28 ami) jusqu'a l'armislice de Parsdorff, du i5 pullet. II iiidiquc la position et les forces respeclives des deux armees au moment des hostilites. La premiere periode offre une suite de combats presque journaliers, tous forlement soutenus par reunemi, mais favo- rables a nos armees, qui poussent les Autrichiens, du Itliin surle Danube, du lac de Constance au camp retranche d'Ulm. A cclte epoque (10 mai), l'armce du Ubin est affaiblie par un detachemcnt dc 20,000 homines qui avail recti l'ordre du gouvernement de passer en Italic. Cctte circonstancc oblige Ie general en chef a ralenlir ses operations, a les modifier et a les continuer sur un nouveau plan. Pendant eerie seconde periode de la campagne d'ele, Mo- reau cherche a tromper son adversaire par des manoeuvres, a 1'affaiblir par des combats partiels et des affaires dc postes, toujours si favorables aux soldats francais, a le detacher cn- fin de sa base d'Ulm, et du camp formidable ou il se re- tranche. « lei, dit M. de Nisas, change de nouveau la scene, et se termine la deuxieme partie de la campagne d'ele. La troi- siemc periode va s'ouvrir, et portera, comme chacune des deuxautrcs, sa nuance particuliere. Une lutte, d'environ cinq semaines de combats consecutifs, va recommencer; mais, au lieu de la variete d'altaques deslinees a tromper l'enncmi, a faliguer sa resistance et a l'ebranler; enfin, sur la base defen- sive qu'il a choisie, Poffensivc va prendre nne tendance pro- noncec, reccvoir et imprimer une impulsion plus ouveile- ment franche et determinee. » La troisieme periode commence, en effet, par un mou Ye- meni offensif et general sur toute la ligne d'operation de I'ar- nice francaisc. Les jonrnccs des 18 el 19 join sou', siguajees par les \ iiloires reparatives remportecs a Hochstedt. Ellcs ft SCIENCES PHYSIQUES. assurcnt, avec 1'ocoupation do plusicurs points imporlans, ta communication de l'armce du lUiin avee celle d'ltalie, victo- rieuse a Marengo. L'armisticc de Parsdorff, du i5 juillct, pcrmet aux trou- pes de prendre un rcpos cherement achete. Lc second chapitre rcvient sur les cvencmens raconles dans lc precedent ; la discussion succcde a la narration : il est con* sacre a 1'cxamcn du plan suivi par Morcau pour rouvertnre de la campagne d'ete, et de celui que lc gouvernement voti- lait fa ire adopter a ce general. L'auteur fait connaitre, par uiie Icttre que lui adresse le general Dessolles (pieces justifi- catives, n° l\), les projets qu'avait concus le premier consul, en opposition au plan adopte par le general en chef de l'ar- mce du Rhin, et le motif du premier disscntiment survenu cntre Morcau et Bonaparte. Ce chapitre est traite d'une nia- nicre himineuse, sous le triple rapport de la science, de l'in- tcrct historique et de la verile. Une discussion particulicre et approfondic de la premiere pcriode de la campagne d'ete, depuis le passage du lthin jus- qu'au depart du detachement qui se mit en marche, le 10 mai, pour se rendre en Italic, fait l'objet du troisicme chapitre, aussi interessant par les renseignemens qu'il conlicnl que par les pieces justificatives dont il s'appuie. Dans le chapitre quatre, l'auteur porte ses reflexions sur la sccondc pcriode de la campagne d'ete, depuis le 10 mai, epo- que du depart du detachement, jusqu'au 10 juin, ou com- mence lc grand moiiYcment dc Morcau, pour detacher Kiay de sa position d'Ulm. II est particulicrcment rcmarquahlc par la discussion rapidc des operations des deux armces oppost'es, ("t par l'analyse des faulcs commises par le general aulri- chien, fautes dont sait hahilemcnt profiler lc general fran- cais. Le chapitre cinq conlient les observations dc l'auteur sur la troisicme et dcrnicre pcriode de la campagne d'ete, com- prcnant la relraite dc Kray et la vivc poursuite dc Morcau, depuis lc 10 juin jusqu'au 1 5 juillct, date dc rarmistice de SCIENCES PHYSIQUES. 45 Pai'sdorff. II sc lerminc par des reflexions sur cet armistice et sa j rolongation jusqu'au 20 scptembre. On remarque, pages 79 ct 80, les paragraphes suivans : « Sans doute, il s'cn fallait de beaucoup que les deux ar- nices fussent dans un etat egal de fatigue et d'epuiscment ; mais l'armee franpaise, bien que soutenue par ses succcs journaliers, commencait a sentir la fatigue de ses marches contumelies, et l'epuisemcnt du pays qu'elle laissait derriere elle. C'etait aussi pour elle une circonstance importante, et dont elle pouvait etre affectee d'une maniere facheuse au premier et au moindre echec, que l'idee de continuer la guerre, seule, exposee a avoir sur les bras, d'un moment a 1 autre, tout ce que 1'armistice d'llalie pourrait laisser de forces, momentanement dispouibles, au cabinet de Vienne, pour renforcer son armee d'AHemagne. » Toutefois, s'il avait ete raisonnable de prevoir la rupture de 1'armistice d'Allemagne, quand il cut lieu coneurremment aveccelui d'ltalie, le premier pouvait sembler plus favorable a Kray qu'a Moreau; mais la reprise d'armes etait si invrai- semblable, et, malgre les subsides d'Angleteire, la paix defi- nitive etait si necessaire a 1'Autriche que son plenipotentiairc a Paris n'hesita pas a la signer; qu'apres avoir desavoue sa si- gnature l'empereur Francois , ayant vu par lui-meme l'etat de son armee, acbeta, par les plus importantes concessions, la prolongation de 1'armistioe ; que ce ne fut enfin qu'apres son rctour a Vienne, et par l'effet des plus puissantes in- fluences, que 1'armistice fut remplace pard'imprudentes hos- tilites de la part de PAutriche, au lieu de l'etre par la paix qu'on attendait. » Seconde partie. Campagne d'hiver. — Ici commence l'cx- pose sommaire des fails, depuis la reprise des hostilitcs, a la fin de novembre 1800, jusqu'a 1'armistice de Stcyer, signe le 25 decembre suivant. Moreau a change d'adversaire. Kray, general habile, mais peu favorise par le conseil auliquc, est remplace par un jeunc arcbiduc (l'archiduc Jean), cntoure d'un ctat-major en qui Vienne a la plus grande confiance. 4G SCIENCES NIVSIQIKS. I'm ehanip plus vasle, des combinaisons d'une plus grand c porlee VOnl signaler cclle campagnc d'hiver. l.'e-pace tic terns designe par l'auteur commc la premiere periode de la campagnc d'hiver est employe, du cute des Autricliiciis, a Un grand mouvcinent excentrique; de noire cole, an contraire, a unc reconnaissance gencralc, suivie d'uu momvement de concentration : cette periode est oniric, la sc- conde ne 1'estgiicre moins ; niaisson importance est immense, pni.-qu'elle contient l'lmmortelle journec de llohenlinden. Avec la (roNicmc, commence la marchc retrograde de I'cn- nemi, naguere si presomplucux, et qui nc s'arretcra plus qn'aux portcs de Yicnne. Cette capitale est sauvee par l'ar- inislicc de Stc\'er, du 25 decembrc, qui terniinc la campagnc ct la guerre. Avant d'entrer dans les details de ces trois periodes, e'est ici le lieu de placer unc remarquo qui justilic pleinemcut cette autre observation, souvent ramenee par 1'autcur, que la lcuommee de l'armcc du llltin, en 1800, a etc long-tcins etouffec a plai.Mr. Etl'ectivement, quand on lit les Memoires historiqucs sur lc consulat et l'empire, qui, dans ces dcrniers terns, out obtenu ct mcrile !c plus de vogue, ceuxde M. Fauvelct-Bouricnne, on y voit, tome iv, page 2Z48, avec quelle joie et quel senti- ment de rimporlance de TaHaire de llohenlinden Bonaparte, alors premier consul, en recut la nouvelle. Jusquc-la, nolle rcniarque a i'airc; mais croirait-on qiic l'editcurqui annote le teste do M. liourienne fait dire a Moreau, la vcillc dc la ba- taille, qu'il battra lc lendemain M. de Kmy? M. de Kray, comnic nous venous de le rappeler, n'etait plus depute six inois vis-a-vis de Moreau ; e'etait 1'archiduc Jean qui comman- dail l'armee. D'oii peut venir une parcille fan to qui ne serait pas concevablc sans doute dans M. Bourienne, mais qui ne Test guere plus dans son annolateur, si ce n'est dc la cause signalce par M. Carrion-Nisas ? Est-il un homme de lettrcs, memc des plus frivolcs, qui, dans le recit, par exemple , des campagncs dc Bonaparle en Italic, coni'ondit les epoqucs ou SCIENCES PHYSIQUES. tf 'Bonaparte avail en tele Beatilien on Provera, Wornufer on Alvinzy? Ces evcnemcns, ces noms sont trop cor.nus; on :i Irop consacre les moindrcs eireonstances qui s'y rappoilenl, poor qn'il soit possible de les conibndre. Mais void un liomim: de lettrcs qui ecrit que M. dc Kray, (lends du commande- ment de Tarmee autricliicnne, le i5juiilet, en est encore le general le 3 novembre suivant. C'est comme si 1'on mcttait, en tete de Bonaparte, "Wurmscr a Millesimo ; Beanlieu a Mantoue. Le fait singulier que nous relcvons ne" pouvait passer inapereu : il constate combien etait utile la publica- tion de l'ouvrage que nous analysons, et combien les (ails claicnt oublies. Le chapitre second est intitule : Reflexions sur la premiere periods de la campagns d'hiver, contenant le court cspace depuis la reprise des liostilites jusqu'd la journee d'Amp(ing. Ces reflexions tendent a faire connailre le principe de toutes les fautes qui ont ete commises par les Autriehiens, et l'in- lluence qu'elles out exercee sur les operations ulterieures. L'auteur y combat les doctrines modernes de la guerre d'in- vasion. Son but a ete d'etablir un point de comparaison entre celle guerre, et la guerre methodique et classique dont l'ex- perience a souvent conteste les avantages. Nous avons deja, clans la 48" livraison du Journal des Scien- ces militaires, rapproche des opinions de M. de Nisas l'opi- nion si imposante de M. le niarecbal Gouvion Saint-Cyr. Le rapprocbement que nous allons faire ici, sur la question des deux guerres n'aura peut-etre pas moins d'interet. Voici d'abord une partie de ce que dit dans le clmpitre deux de la seconde periode l'auteur de la campagne de 1800 (1). Ceux qui se reposent trop exclusivement sur ccrtai- nes demonstrations mathcmaliqups nc negligent-ils pas une l'oule d'obscrvations, de eireonstances morales et materielles. (1) Page 285. .',8 SCIENCES PHYSIQUES. doiit sc composcnt, en Iris-grando parlie, ^experience do. toutes Lea professions, L'art do eenduire lea Gnoses humaincs ct la soeiete ellc-meme? Ccs hommcs, trop prcoccupee tlo ^importance do qiiclqucs notions positives, do quclqucs don- noes dc terns et d'espacc, feraient la guerre en Espagne, comme en Italic ; en Italic, conime en Allemagnc. lis la feraient centre un Etat despotique, conime ils la fcraicnt conlre une ripuLlique ; chez un pcuple divise en factions, comme chez une nation unanimc; chez des sauvagcs, comme chez des homines civilises ; a un cnncmi habile, comme a un incpte adversaire; au nord, comme au midi; l'hiver, comme Pete ; dans les montagnes, comme dans les plaines; dans un desert, comme dans une region cultivee ct fertile. » Dc la, d'infinics aberrations, de honteux meeomptes, dont oncstdeeoncerte, mais dont ramour-propre ne s'avoue jamais la veritable cause, laquelle consistc en ce que Ton s'est or- gucillcuscment persuade qu'on avait tout provu, tandis qu'il faudrait, par une disposition d'esprit contraire, se conscrvcr pret a pourvoir a tout. » Voici le jugoment du savant marechal sur la cause premiere dc ces erreurs (1) : « On sait qu'il s'est forme, parmi les mili- taircs, une especc de coterie, si j'ose me servir de cettc ex- pression, qui croit avoir decouvert des principes nouveaux de Tart de la guerre, dont ils essaient de faire une science qui aurait des regies fixes et certaines, propres a tous les cas. » Le prince Charles est re garde comme un des createurs de ce systemc qu'il definit la science de la guerre. En tote dc sa relation de sa campagne de 1796 on en voit le devcloppe- ment. Un ecrivain militaire changer qui a servi en Franc e avait deja prcconise quelquc chose de scmblablc, et, si Ton en croit ses disciples, il aurait perfcclionne ce systeme : qnoi qu'il en soil, e'est lui qui l'a importe chez nous. II forme la base d'un ouvragc destine a donncr dos lecons aux futurs go- (1) Memoircs sur les campngncs des armies da llhin ct dc Pdun ct Mo- selle dc ijQtjutqu'd In paix de Campo-Formio. Tunic in, p. 61. SCIENCES PHYSIQUES. 49 neraux en chef, et qui doit leur apprendre a gagncr les batail- lcs. et a diriger la guerre par une methode autrement sure que celle que les generaux avaient employee jusqu'a ce jour. Cepcndant, on veul bicn reconnaitre que les grands capitatn.es dout l'Europe admire encore les hauls fails, sans avoir eu le bnnheur de decouvrir la strategie, ont neanmoins, quand ils ont reussi, agi conformement a ses principes. » II est impossible de se rapprocher plus que ne l'ont fait ces deux ecrivains. Le troisieme chapitre, le plus important de 1'ouvrage par sa matiere, est consacre aux details, et surtout aux details contestcs de la grande journee de Hohenlinden, et des opera- tions qui l'ont immediatcment precedee. Voici comment Pauteur en rend compte. ( Nous ne transcri- vons que les principuux details. ) « L'armee autrichienne a ete formee , pour 1'attaque du 3 decembre, en quatre divisions ou colonnes principales. A droite, Kienmayer a quitte Landshut pour revenir a Dorfen, et recoit l'ordre de debouchcr, avec 12 bataillons et 18 esca- drons, par Lendorf. A la tete d'une colonne, de force a peu- pres cgale, Baillet-Latourdoit marcher, par Isen etVeyer, sur la plaine de Preysendorf. Le general lliesch conduira une semblable colonne, deslinee a se porter sur Albaching, Saint- Christophe, et, selon reveiiemenl, a s'avancer sur Ansing ou Ebersberg. » Mais ce n'est a aucune de ces trois colonnes qu'est reserve l'honneur ou le poids principal de la journee. C'est a une qua- trieme, beaucoup plus forte, a la tete de laquelle marche l'ar- chiduc Jean, et qui s'avance par la grande route de Haag a Munich. » Richepanse doit marcher, le 5, des la pointe du jour, d'Ebersberg sur Mattenpcet par Saint-Christophe ; Decaen doit le suivre, et etre a son tour reinplace a Ebersberg par Mont- richard. » L'objel de ce mouvement est de se porter sur le flanc T.' xt.\ I AVR1T. l8?)r). 4 5o SCIENCES PHYSIQUES. gaurhe de la colonne cefltrale des Autrichiens, qui marcbe sur la chanssee, entre Haag et Hohenlinden, pour la couper ou pour tomber sur ses derrieres, si deja elle etait engagee d«' toute sa longueur dan? le defile. » Ainsi, tandis que 1'ennemi manceuvrera an loin sur noire gauche, nous manceuvrcrons au plus pres contre la sienne, en mgme terns que sur son centre. » Place avec son etat-major au milieu de la petite plaine de Hohenlinden, derriere une batterie qui devient le point de mire de toute l'artillerie autrichienne, Moreau calcule que le general Richepanse a eu le terns d'arriver a son importante destination; il lui tarde d'en recevoir l'avis, quand la neige epaisse, qui tombait depuis plusieurs heures, cesse tout a coup, et l'atmosphere eclaircie lui permet d'observer au loin, dans les rangs ennemis, cette incertitude, ce flottement, aspect caractcristique d'une troupe inopineinent attaquee sur ses der- rieres et menacee dans sa retraite : ce fut le soleil d'Hohen- linden. » Moreau, jugeant alors le moment arrive, donne le signal de Vattaque ; elle est executee par Ney etGrouchy, qui livalisent d'ardeur. Grouchy est oblige a un mouvement etendu ; INey, qui atteint immediatement 1'ennemi, lui fait 1,000 prisonniers, et s'empare de 10 pieces de canon. » Moreau ne s'etait point trompe ; Richepanse, parti, en effet , avant le jour, comme son ordre le portait , marchant a travers mille obstacles, dont l'epaisseur de la neige et la diffi- culte des chemins ne sont pas les moindres, venait d'arriver; mais sa tete de colonne seulement etait sur le point dc Mattenpoet, qui lui avait ete designe dans ses instructions. » Richepanse, en arrivant sur ce point avec une troupe si reduite, a trouve la colonne centrale autrichienne qui mar- rhait sur la chanssee deja enfoncee ou plutot engou/frre tout ontiere dans ce long defile. » Le detail des mouvemens seconda'res, les eftbrts des gene- SCIENCES PHYSIQUES. 5i rnux Legrand, Bastoul el Bonnet, pour soutcnirl'attaque prin- cipale, terminent cette rapide description. Voici les observations de l'auteur sur quelques details de cette journee que les historiens out consideree diversemenl. « L'intention de I'ordre donne a Richepanse etait evi- demment triple, et triplement judicieuse et prevoyante; car, de troischoses I'une : on a l'arrivee du detachemenl francais I'ennemi ne serait pas encore engage dans le defile, on il y au- rait comprornis seulement une partie de sa colonne, on elle y serait aventuree dans toute sa longueur; ce troisieme pas, coinmc le moins probable , etait expresseunent enonce dans I'ordre ; c'etait la plus grande faute que put faire I'ennemi : il la fit, et fut ecrase : de toute maniere, il aurait ete, aver grand avantage pour nous, et pour le succes general de la journee, ou arrete en tete, ou harcele en flanc, ou charge en queue. Dans toutes les hypotheses, le general Decaen se trouvait a portee de seconder Richepanse. Le premier, en el- fet, devait empecher et empechaque I'ennemi, en avancant en force par la chaussee de Wasserbourg, ne put prevenir, troubler ou neutraliser la manoeuvre, ou decisive, ou, dans tous les cas tres-importante, qui devait avoir lieu sur la chaus- see de Muhldorff. »Ona vu, dans l'expose desl'aits, avec quelle precision ces ordres s'executerent, ces prevoyances s'accomplirent. »Que l'histoire juge done, en dernier ressort, si ('opinion qui perce dans les conjectures de Jomini n'est pas pleine- ment justifiee par ces pieces qu'il ne connaissait pas ; si le ge- neral Dumas, constant interprete de ce qui est juste et vrai, s'est ecarte d'une stricte exactitude, en ecrivant que cette me- morable bataille a ete gagne'e par I' execution la plus rigoureuse, la plus litte'rale du plan premidite. Exemple, ajoute-t-il avec raison, rare dans les fastes militaires. »Danscet episode decisif de cette grande journee, le gene- ral en chef n'avait garde d'etouffer, sous le merite de sa pro- pie pensee, le merite d'execution , aussi judicieuse que vi- goureuse, qui devait faire tant d'honneur aux generau* Sb sciences physiques. Decaen et Richepansc; o'etail l'csprit de Morcau el tie cette armee que cliacun lit a ses cainaradcs et A Bes snbordonnes leur entierc et loyaie pari de gloire. » Cliapilre iv. « Le passage (In Rhin avail ete accompagnil de ?rres et savantes manoeuvres (dit [M. de TNisas. an commen- cement dc cc cliapilre) ; celui du Danube, precede et suivi d'une multilnde de combats, qnclques-uns tres-importans. Ions plains d'art et d'habilete. Le passage de I'lnn dependit d'une grande bataille. Apres cetle journee dc Hohenlinden, I'armee autrichienne, mutilee en lous sens et frappee an coeur, se baltit encore pendant quelque terns, par un reste d'inipulsion et d'honneur, mais avec peu d'espoir en elle- meme. » Les observations qui suivent, sur la troisiemc periode de ,la campagne d'hiver sont ecrites dans le meme esprit qui preside a l'ensemble de 1'ouvrage. Les fails plus nombreux, les details moins conlestes, doivent etre lus dans le tcxte et dans les pieces justificatives. l)n resume clair et succinct de tons les faits exposes dans les chapitres precedens; des considerations generates sur les operations et les mouvemens qui ont eu lieu depuis l'ouver- ture de la campagne, jusqu'a la bataille dc Hohenlinden, for- ment le chapitre v, et terminent eel important travail. Nos observations parliculieres ne sauraicnt rien ajnuler a l'interet puissant qu'il presente. II nous suflira de dire, avec Pauteur, que cette campagne, telle qu'ellc a etc conduile par Moreau , a conduit aux grands resultats de pacification generate qui de- vaient en etre le but, d'une maniere beaucoup plus sure qu'il n'aurait ete possible d'y parvenir, en suivant le plan que le gou- vernemenl consulaire voulait faire pre'valuir. Cette vcrite parait demonlree, et celte assertion, toule se- vere qu'ellc est, ne scmble point porter atleinte a rimpartia- lite que le general Yaudoncourt a signalee dans l'historien de iMorean, et dont il a fait un juste snjet d'eloge (1). Tou- tefois, il nous a semble que, sans deroger precisement a cetle (l) Journal des sciences mildaircs, /{<-f livraison, pages i \!\ a l 26. SCIENCES PHYSIQUES. 53 impartiable Jans les choses, le narrateur de la campagne de 1800 goulait quelqucfois un secret plaisir a trouvcr a Bona- parte quelqnes torts enters Moreau. Cependant, nous convenons avec plaisir que, hors dans les notes que nous avon.s indiquees et qui s'appliquent a un long fragment des Memoires de Sainte- Helene, nous n'avons trouve dans tout le travail de M. de Nisas sur la campagne de 1800, aucun passage 011 Pauteur ne s'efforcc de lenir une equitable et consciencieuse balance -entre les deux rivaux. Quant a la critique gene-rale qu'il fait de I'ecole de guerre de Napoleon (pages 520 et 52i), c'est une question qui appar- tenait a tout le monde. Nous n'hesitons point a inviter le lec- teur a juger, par lui-meme, comment M. de Nisas l'a traitee dans ces deux derniers cbapitres. Nous avons deja indique en sa faveur de graves autorites, nous recommanderons, en fi- nissant, la lecture d'une piece courte, mais remarquable, par on finit egalement la seconde serie des pieces justificatives, C'est une lettre du general Dumouriez au general Custine, ecrite le 29 uovembre 1792, dans laquelle cet bomme d'Etat, ce mililaire d'une rare sagacile, prevoit le cas ou nous eten- drions imprudemment 110s conquctes , 011 nous incorporerions des allies ou nourcaux sit jets dans les cadres de noire armee , et, le cas eclicant, prcdit ce qui adviendrait, et ce qui est cil'ective- ment advenu, taut il est vrai qu'il y a des idces sur lesquelles tons lesesprits jusleset sages sont unanimes, et des apparen- t).o<7o^('a ; et c'est ainsi que fut cree le nora de philosophic. Pythagore, imitant ses de\anciers, voulut aussi tout com- prendre dans ses recherches, et il aboutit comme eux a une analyse sur un seul point, et a une hypothese sur le reste. L'objet qu'il decomposa, et qu'il voulut etendre a l'explication de l'Univers , fut le nombre. Les ecoles qui suecederent a celle vi) Paiis, 1829; Sautclct, Pichon et Didier. 1 v, !. in-S"; prix, i5 IV. SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. 55 de l'ylhagore, jusqu'au moyen age, conserverent plus ou nioins celte tendance a une explication universelle ; et le mo! de philosophie continua de signifier : recherche de la science en toute chose, contenant en resultat quelques analyses partielles, et des conclusions generates. Sous Charlemagne, le nom de philosophie disparait, et fait place aux titres des sept cu-ts libe- raax , qui sont : la grammaire , la rhetorique, la dialectique, l'arilhmetique, la geometrie, l'astronomie etla musique. Apses la mort de ce prince, on voit reparaitre le mot de philosophie; mais il a perdu sa vaste signification , et il n'exprime plus guere que les moyens d'arriver a la theologie par les lumieres de la raison. Cette philosophie se divise en logique, metaphysique et morale. La morale n'est que l'exposition des dogmes moraux de 1'Eglise , exposition qu'on cherche a rendre scientifique ; quant au mot de metaphysique, en voici J'origine. Lorsque Sylla revint d'Athenes, il en rapporta lesmanuscrils d'Aristote,qii'ii remit entre les mains d'Andronicus de Rhodes. Celui-renensibles. Le rapporl du pbysique etdu moral, on du cerveau et de l'intelligence , prcsente une question tort inte- ressante ; mais les deux termes de ce rapport s'observent par des procedes differens; la connaissance de Pun n'est pas celle de I'aulre , et la psychologic doit preceder la craniologie. L'examen du langage est un moyen tres-fecond de decouvertes pour le psychologue, parte que les mots fixent d'une maniere durable le souvenir de phenomenes passagers, et qu'ils sunt Palgebre de la psychologic lis servenl meme a prendre les physiciens cxclusifs en flagrant delit de psychologie et menu' de metaphysique ou d'onlologie. II taut done avouer que la connaissance de soi-meme est possible, et qu'on pent arriver par la psychologic, et par elle seule, a determiner les lois de I'esprit humain. Sans aller plus loin, recueillons les plus im- portant des Tails intellectuels que nous avons eu ['occasion de nominer dans cet article sculemenl. On vena que nous les ronnaissons directemenl, ct sans avoir besoin du secours de la craninlojj-ie, nj des son- < | n i torment le langage. L'espril 72 SCIENCES MORALES avoas-nous dit, commit des phenomcnes, ids que la durcte, la forme, la couleur, etc., qn'il rapporte a un principe dis- tinct de lui-meme, appele matiere, c'est la perception mate- rielle; il concoit des relations de cause et d'efl'et; il compare les objets de ses connaissances ; il se represente des figures , dcs sons, des conleurs qui n'ont point dc rcalite exterieure : c'est ce qu'on appclle les songes; il s'en represente d 'a litres qui n'out eu d'existence que dans le passe : c'est ce qu'on ap- pelle les souvenirs; la mcmoire est aidec par ['attention, par Inexperience reiteree, par l'exercice simultane de plusieurs sens, par le plaisir ct la peine; l'intelligence concoit des ne- cessites logiques; elle peut considerer a part une partie d'un objet, sans faire attention aux autres, c'est l'abstraction ; les recbercbes de differens genres lui sont plus ou moins faciles ou agreables : c'est-a-dirc quele plaisir ou la peine iutervien- nentdans rexerciee de l'intelligence ; une meditation serieuse lui fait deeouvrir la verite; en d'autres termes, l'attention ou rintervention de la volonle dans la connaissanee augmenlc 1'energie decelle-ci; enfin, l'attention est exclusive; quand elle s'attache aux details , elle nous fait perdre l'ensemble, et reciproquement, etc... , etc... Voila, en pen de mots, des observations sur l'esprit, en aussi grand n ombre que celles qu'on a recueillies snr l'elec- tricite ou le gaz hydrogene , et qui n'ont pas moins d'evi- dence. Etendez ces observations, approfondissez la marehe de In perception materielle, de la conception rationnelle , de la comparaison, du reve, de la memoire , de l'abstraction, de l'attention, joignez-y 1'ctude d'une foule de facultes que nous n'avons pas eu l'occasion de nommer (car, pour le dire en passant, 1'activite de l'inlelligence humaine n'est pas eonte- nue tout entiere dans les procedes employes par l'esprit dcs savans pour construire leurs sciences; nous avons ineme.eitc plusieurs actes intcllectucls qui ne rentrent point dans la lo- gique il'une theorie scientifique) , et alors vousaurez une psy- chologic, c'cst-a-dire une hisloire naturelle de l'esprit laite par lui-meme, et qui aura probablement aulant d'iulcrcH ET POLITIQLES. . 7.1 pour nous que I'histoire naturelle du singe ou de la torlue. Ainsi done, en meme terns que je percois des formes, des mouvemens, des couleurs, et que je les rapportc a un prin- cipe qui n'est point moi, et que j'appclle matiere , je connais des jugemens, des conceptions, des souvenirs, etc... , et je les rapporte a un principe que j'appclle moi, ou esprit. Pourquoi cela? je n'en sais rien; niais cela est, et il n'.en peut etre au- trement. La premiere connaissance s'exerce a l'aide d'organes materiels, la seconde sans leur secours ; nous appellerons la premiere observation de la matiere ou observation physique; et la seconde, observation de moi, ou conscience. Car il taut abandonner les termes d'observation exterieure et d'obsena- tion interieure, qui sont des figures prises des corps solides, et qui font croire aux gens de mauvaise volontc, qu'on attri- bue a l'esprit un dedans et un dehors, et que (.'observation interieure va les introduire dans une espece de chambre ob- scure, dans laquelle ils verront une personne, ou an moins ses oreiites (1). Ne disons point non plus que l'esprit voit ou sent ses actes; car, voir est emprunte de 1'exercice de la vue physique , et il emporle avec lui l'idee d'une couleur quel- conque : de sorte que, quand vous dites que l'esprit voit ses jugemens, les physiciens croient probablement que vous par- lez de quelque chose de bleu ou de jaune, et ils affirment qu'ils ne voient rien de pared. II est des gens, dit Bacon, qui viennent a l'observation de l'esprit, encore tout echauffes des operations de la forge , el qui apportent , dans cette operation delicate, la suie et la fumee du fourneau. De meme, sentir ne s'emploie ordinairement que lorsqu'on est averti de la partie du corps par laquelle nous arrive une connaissance, ou un plaisir, ou une peine. Comme la connaissance des actes de l'esprit n'est pas accompagnee de ce phtnomene, il ne taut pas se servir de I'expression qui le rappellc. Si Ton avance que l'esprit suit ou connait ses actes, je pense qu'aucun hoinnie (1) J'ai souveut cherche la conscience, dit le ducteui Bioussais, niais je declare que je n'en ai jamais vu les on illcs. ;4 SCIENCES HORACES dc boa sens ne pourra contest* r cclle proposition. Les OiOtSttt- roir et lunnaitre n'ont qujun sons intellectuel , it est impos- sible (le les representor par line image ph\siquc. Les homines coiinaisscnt les aries de len r esj>rit an moinenl nn ees aelos s'aecuinplNsent ; niais ils les connaisscnl vaguc- ment, et les oublicnt aussitol ; ils sont tons dans la position on anrait etc i'A ny,!ais dont nous avons parle, si on ne l'avait force a faire nn retonr snr lui-ineme , et a chercher par la memoire cc qn'avait fait son esprit. Hamencr sonvenl ainsi sa reflexion snr soi-meme , interroger la langne et les eerits des hommes ponr tronver toutes les nuances et Unites les faces de la pensce, deerire tons les actes intelleetucls (pi'on observe, en marquer les ressemblances , les differences, et I'ordre de succession qui fait presumer entre eux le rapport de cause et d'effet, tel est l'emploi de la psychologie. Comme nous l'avons deja dit an milieu des hypotheses qui out ete multipliees par les anciens philosophes, il se rencontre un grand nombre d'observations partielles , remplies de ve- rite. L'histoire de la philosophic offrc done une lecture dont on pent esperer d'abondantes lumieres. D'apresles definitions que nons avons donnees an coniinen- cement de cet article, l'histoire de la philosophic jusqu'au xvie siocle dc notre ere est l'histoire de toutes les sciences. Depuis celle epoque. clle n'est plus que l'histoire des etudes qui sont restees comprises sous le noin de philosophic, savoir: la psychologie, la logique , la morale, I'esthetique et l'onto- logie. Le Manuel dc l'histoire de la philosophic, par Tennemann, ne contient ipie des renseignemens extremenient abrcges sur le fond des doctrines ; maris nulle part on ne saurait trouver une indication plus complete de toutes les sources a consulter, pour approfondir chaque point de l'histoire philosophique. Tennemann fait connaitre non-seulement les ouvrages qui con- lienncnl les textes originaux, mais encore tons les commen- lateurs et tons les historiens dc chaque philosophe et de cha- que question philosophique. On trouvcra de plus, dans son IvT POUTIQUES. ;5 Manuel, des vugs geuerales sur l'ensemble de I'll isto ire tic la raison humaine. II nc reconnait point de peuple primitif en philosophic; a ses yeux elle se developpe d'elle-mSme sur chaque territoire, mais non pas an meme degrc chez tons les peuples. Ce sont les Grecs qui se distinguent le plus entre toutes les nations de Pantiquite pour le mouvement pniloso- phique, et meme pour le mouvement psychologique , car e'est ehez eux qu'est proclame Paxiome : T'j6)6i ctskutov. Cependant, Pauteur fait d'abord une revue des opinions reli- gieuses et philosophiques des peuples orientaux. II divise en- suile I'histoire de la philosophic en trots grandes epoques : la premiere renferme la philosophic grecque et romaine, et ilia definit : Le mouvement Libre de la raison vers la science, mais sans la connaissance de la melhode scientific] ue ; la seconde embrasse le moyen age , et e'est le mouvement de la raison vers la science , mais sous le joug de Cautorite et de la diatecti(/ue ; enfin , la troi- sieme comprend la philosophic moderne, et e'est Vindipeo- dance de la raison , et son mouvement vers la connaissance des choses, avec la conscience de la vraie melhode. II termiue par cette conclusion. « Ces nombreux essais doivent .-outenir Pcsperance de voir tot ou tardla raison arriver enfin a la con- naissance de soi-meme, determiner la sphere qui Iui appar- tient, developper de plus en plus la vraie methode philoso- phique, et s'instruire, par Pexperience du passe, a eviter les ecueils on elle a souvent echoue. Un terns viendra on les dif- ferentes manieres de philosopher, qui aujourd'hui semblent n'etre que des aberrations , seront reconnues comme les con- ditions necessaires de la vraie culture de la raison et de la ve- ritable science. » Ad'jlpke Garnier. rVWWMVW W\fW\ :(i SCIENCES MGJtiWES The British empire in 1828, etc. — L'empirk de la Grande- Bretagne, en 1828; par le Rev. J. Goldsmith (1). Cet ouvrage est une sorle d'Encyclopedie abregee tie lYm- pire britaimique. II embrasse la geographic, la statistique, les finances, les lois, les mceurs, etc. La redaction en est fort sim- ple ; mais elle se compose tout entiere de documens positifs et d'elemens autbentiqu.es. Le chapitre qui contient le Tableau abrege de C organisation politique de la Grande-Brctagne nous a paru particulicrcnient digue d'attention. Les personnes qui n'ontpas fait une etude speciale de la constitution et du gou- vernement britanuique se forment generalement des idees confuses et incompletes de ('organisation de ce pays. Cepen- dant, l'habitude, devenue generale dans presque toute I'Eu- rope, de lire quotidiennement les papicrs publics, rend neces- saire depopulariser des notions distinctes a cet egard. L'analyse de la portion principale de l'ouvrage du reverend Goldsmith reunira, dans un tableau concis, les maximes publiques et les institutions fondamentales du gouvernement britanuique. Ge tableau pourrait facilement etre plus developpe ; mais nous ne craignons pas d'aflirmer que rien d'essentiel n'y est omis, et que tout ce qu'il contient est exact. Le gouvernement britanuique se compose : i°du Hoi, en qui reside le pouvoir execulif*; 20 de la Cliambre des lords, composee des pairs et des eveques ; 5° de la Chambre des com- munes , dont les membres sont elus (du moins par supposi- tion) pour representer le peuple, soit par les francs-leiianciers ( free- holders ) , ou possesseurs des terres, des comtcs du royaume (2) , soit par les francs-tcnanciers de maisons (house- holders) , des villesetbourgs considerables. (Un certain noiribre de villes, auxquellesleuraccroisseinent depopulation etd'acti- (1) Londres, Sir Richard Phillips. 1 vol. iu-12. (•2) Par une ancienne fiction du droit l'eodal, 1c Roi est cense le suze- rain de toutes les terres du royaume, el les proprietaires des terres soul reuses les tenir de lui en lie J". ET POLITIQUES. 77 vile coinmerciale et induslriellc a donne tine grande impoi- tancc, ne sont point representees dans le parlement. L'esprit de la constitution et une justice rigoureuso exigent une proniple reforme a cet egard.) Le Roi est I'organe dela loi, le chef de l'Eglise, lc directeur des forces pul)liques, le dispensateur des honnenrs (fontain of honour) , et l'intermediaire des communications avec les nations etrangeres. La couronne d'Angleterre est hereditaire, en vertu de la loi commune et de l'ancienne coulume. Mais la doctrine du droit divin n'cst point admise pour cela , non pins que cello de l'indefeclibilite du trone, puisque la succession a la cou- ronne pent constitutionnellement etre limitee ou changee par 1111 at te du parlement. C'est precisement a tin acte de cette nature que la famille acluellement regnantc doit son accession au trone. A la ceremonie de son couronnement, le Roi prend , sous serment, les engagemens suivans : « De gouverner confor- memcnt aux statuts du parlement, aux lois et coutumes du royaume; — de preter main-forte a la loi et a la justice, pour l'execution des jugemens; — de maintenir de lout son pou- voir les lois divines, la vraie profession de l'iivangile et la re- ligion protestante reformee, etablie par la loi. » Le Roi est considere, par la loi, comme incapable de faire mal : la responsabilite de toute mesure in juste ou illegale, de- meurant uniquenient a la cbargede scsministres. II convoque le Parlement et pent I'ajourner, le proroger ou le dissoudre , suivant son plaisir. II pent refuser son consentement a toute loi proposee; il nomme son conseil prive et les grands ofli- cicrs de l'Etat; il a aussi le pouvoir de faire grace aux crimi- nels. Si la prerogative du Roi etait envisagee isolement, son autorite pourrait paraitre exceder les limites d'une monarchic teniperee; mais , d'un autre cote, ne jouissant presque d'au- t;ttn revenu, sans le consentement du peuple, expritnc par ses icjucsentans, le Roi se trouve, pour ce fait, dans mi elat reel de dependanoe. Le commandenient des amities et 1'equipe- 78 SCIENCES MORALES meat des duties lail purtie de sa prerogative ; mais, sans le com ours dii Parlement,, il ne saurait pour voir a k'ur entre- lien. II dislribuc les places etles emplois ; inais, sansle Parle- ment, il ne peut leur attribuer aueun salairc. II pcul declarer la guerre; mais, saus le ParJcmenl . il niaiique des moyens de la soutenir. Le Roi est investi du droit cxclusif de convo- quer le parlement ; mais la loi lui impose le devoir tie l'assein- hler , au moins une fois tons les trois ans , et la neeessite It* contraint a l'assembler aunuellement. le Roi est le chefde PEglise; mais il ne pent alterer la religion etablie , ni obliger qui que ce soit a rendre compte de ses opinions religieuses. I! ne peut professer la religion catholique proscrite expresse- ment par la loi; le prince qui prot'esserait cette religion est declare incapable d'heriter de la couronne on de la posseder a aucun litre. Le Roi est le premier magistral; mais il ne peut rien changer aux maximes et aux usages consacrespar la loi et par la coulume; il ne peut influencer, dans aucuncas, la de- i -ision des causes pendantes entre ses sujets. II ne peut creer aucun nouvel office, incompatible avec la constitution, on prejudiciable a ses peuples. Bien que la poursuite des creances se i'asse en son nom, il nepeut l'intcrdire a quicon([ue se porte plaignant. Le Roi a le privilege de battre monnaie; mais il ne peut en alterer la valeur. 11 peut faire grace aux criminels. mais non les exempter de payer les reparations legales aux parlies lesecs. La loi dispose que , dans le cas de meurtre, la veuve de 1'homicide n'a pas seulement le droit de poursuivre le meurtrier; mais, en outre, que, dans ce cas, le pardon du Roi ne peut avoir lieu. Le pouvoir militaire du Roi n'est pas non plus absolu , depuis qu'il a ete declare par le bill des droits ( it>8c-) que l'armee ne peut exisler lcgalement sans le consentement du Parlement. Le Roi nepeut jamais elre traduit persounelleuienl devant aucun juge ; mais, s'il commfet un abus de pouvoir, ou bien un aclc evidemment contraire au bien public, le Parlement pent intenter une poursuite conlre ceux qui ont etc les instrumens mi les conseillers dc 1'aclc iu- eriniine , e| le pardon du Roi ne pent profiter aux delinquans. ET P0LIT1QI Us. 79 Les nombrcuses ct importantes restrictions de la prerogative royalc, auxquellcs il convienl d'ajouter l'independance des juges, etablie sous le regne actuel, et aussi la souveraine li- lx -rle el irresponsabilitc de. la parole dans le Parlement, assu- rers par le hill des droits, oll'rent la plupartdes garanties qu'un esprit judicieux pent desirer. i.e 1 1 < * i a (in revenu special, appele Us te civile , sur lequel sont payes les officiers de samaison, les grands olficiers de l'Etal, les jugcsetles officiers employes a l'administration de la jnstiee. Le Roiaponr devise ces mots franeais : Dieu et mon droit. Les lions qui supportent ses armes furent adoptes originai- rement par Henri II, qui les emprunta a l'ecusson de sa mere. La fleurde lys fut adoptee par Edouard III, lorsqu'il preten- dit a la couronne de France. La harpe est irlandaise; le char- don, ecossais. La rose blanche provient de la maison d'York; la rose rouge, de la maison de Laneastre. Sur le ruhan de la jarretiere est inserite cette devise en franeais : « Honni soil qui mat y pense. » La constitution du Parlement remonte a l'au 121 5. Dans la grande Charte octroyee par le roi Jean, ce prince promet«de eonvoquer tons les archeveques, eveques, lords et grands ba- rons personnellement ; et tous les autres principaux tenan- ciers, par l'intermediaire des sheriffs et baillis, dans l'espace de quarante jours, pour regler les subventions et impots qui seront necessaires. » Les actes les plus anciens qui existent, pour eonvoquer en parlement les chevaliers, ciloyens el bour- geois, sont de la 49' aunee du regne d'Heuri III (1266). Le Parlement est assemble par un rescrit [writ) royal. II se compose duiloi et des trois Etats du royaume. Les lords spiri- tuels et les lolMs temporels siegent cnsendjle dans une meme chambre; tandis que les Communes deliberent et votent dans une autre ehambre separee. Originairement , les lords et les communes s'assemblaient dans une meme chambre; mai>. depuis plusieurs siecles, lis out pris I'habitude de sieger dio- des chambres distinctes. vSo SCIENCES MORALES Los lords spirit ucls sont deux archevequcs , vingt-quatrc eveques d'Angleterre et du pays de (Jalles, el qnaire e-vdiqaes elus par 1'Irlande. Les lords lemporels sont les duos , marquis, comtes, \ i- eomtes et barons qui siegent par leur propre droit, et ccux it qui ce droit est con fere par election; nntamment 16 pairs, qui representent la noblesse d'Ecosse, et 28 pairs, qui repre- sented la noblesse d'Irlande. Le n ombre despairs estaujour- d'hui d'environ 400. En outre, les juges d'Angleterre siegent a la cbambre des pairs, en vertu d'nn maadat royal qui lcur donne droit d'assistance. Les maitres en cbancellcrie y siegent aussi, en vertu du droit de leur office. Le proeureur (attorney) du Koi, le solliciteur- general et 1111 conseiller verse dans la science des lois siegent dans certaines occasions pour don- ner leur avis; inais nul, s'il n'est pair, n'est adinis a voter sur aucunc question. Les pairs ont plusieurs privileges; ils sont les conseillers bereditairesdu Koi ; ils ne peuvent etre arretes hors les cas de trahison, felon ie ou violation de la paix publique. Ils ne peu- vent etre juges que par un jury de pairs, boruiis pourtant, en certains cas, tels que ceux de libelle , parjure , sedition et con- spiration, pour lesquels ils sont juges par un jury ordinaire. En leur absence du Parlement, les pairs peuvent voter par procurati >a. La chambre des lords est aussi la plus haute colli- de judicature du royaume; et, dans tons les cas d'erreur, on peut interjeter appel devant elle du jugement des coins infe- rieiires. La chambre des communes se compose de 658 chevaliers et bourgeois. Les chevaliers sont les representans des comtes; les citoyens et bourgeois sont les representans des villes et bourgs. L'Angleterre elit 5i5 membres de la chambre des communes; l'Ecosse , l\5; 1'Irlande , 100. Ils sont elus en vertu d'un resent du Roi, adresse aux sheriffs et baillis, sa- voir : les chevaliers, dans les comtes, par la majorite des pos- sesseurs d'un franc fief de (\o shellings de revenu annuel an inoins, et les citoyens el bourgeois, par les fibres posscsxui s ET I'OLITIQUES. 81 Be maisons des villes ou bourgs. La qualite d'electeur, dans les villes, bourgs et ports, s'acquiert suivant certaines condi- tions qui varient avec les localises ; tantot, en raison des cir- constances qui existaient a l'epoquc on remonte l'origine de l'election; tantot, d'apres la continue immemoriale, ou bien suivant les decisions de la chambre des communes, ou meme de ses comites, constitutes pur le statut connu sous la designation de Grenville-act. Dans certaines Villes, les francs- tenanciers seuls ont le droit de vote; dans d'autres, ce droit est reserve a la corporation ( corps municipal) de la cite ; ail— leurs . les electeurs sont les bourgeois etablis, on meme la masse de la population, sans autre condition requise que celle de la residence. L'election se fail sur la place publique, devant le peuplc assemble. Elle est presidee par le maire ou le bailli, qui re- coit et verifle, seance tenante, ou d'apres la notoriete publi- que, les tittes de l'electeur. Celui-ci pretc serment sur Its saints Evangiles. On dresse uri echafaud, uomme hustings, s\ir lequel les candidats montent et parlent au peuple, pour exposer leurs principes et leurs titres. lis ont eu soin aupara- vant d'aller, de maison en maison , solliciter les suffrages. C'est ce qu'on appelle faire le canvass. Sur la demande des amis du candidat, le magistrat propose son election a l'assemblee, par main levee. Si l'assemblee est unanime, ou que la majo- rite .soit evidente, l'election est proclamee. Mais si quelqu'un reclame, on procede au vote individuel [poll). Chaque elec- teur monte sur les hustings, et prononce sou vote a haute voix. Le magistrat en tient note. Le poll reste ouvert durant dix jours ; mais le chiffre des votes est proclame chaque soir, a la fin des seances : {'election a lieu a la pluralite des votes emis. Les universites d'Oxford et de Cambridge ont le privilege d'elire chacune un membre de la chambre des communes. On appelle, dans le langage ordinaire, bourgs-pourris les bourgs qui ont conserve le droit d'elire un membre de la chambre des communes, tandis que la totalise des propiietes T. XI.VI. AVRIL l83o. G S... SCIENCES MORALES qui donnent droit de vote 'est tombcc en la possession, mi sous ('influence hereditaire d'unc famillc. Les deux grands partis politiques qui se partagent l'Anglcterre, les democratcs (ivighs) et les aristoerates (toiys), disposcnt, dans one propor- tion a pen pres egale, des bourgs - pourris. lis y trouvent l'a- vantage de t'aire arriver a la chambre des communes les homines a taJens qui ont succombe dans les elections pnpulaircs. Ce- lui qui acceptel'election d'un bourg-pourri contracte l'engagc- ment d'bonneur de voter pour le parti de son patron. Si I'elu du bourg-pourri vient a tomber en dissentiment avec son pa- tron sur une question capitale, la coutumc est qu'il resigne son siege an Parlement. Lorsqu'un membre du Parlement est regulierement tin, il ne peut perdre son siege pour aucun motif qu'au bout du terns fixe par la loi. Les principaux privileges des membres de la chambre des communes sont raffranchisscment de loute arrestalion duiant la session, et quarante jours apres la prorogation, et quaranle jours avant la convocation de Passemblee. Le privilege special et le droit exclusif de la chambre des communes est 1 'initiative en matierc de toutc loi Gnanciere, La chambre des communes a aussi le droit d'insliluer une en- quele generate pour accuser les ministres coupables, les juges partiaux, et generalement tons les officiers de la couronnc. Lorsqu'un membre veut introduite une nouvelle loi , ou mi acte quelconque du Parlement, il se leve et demande la permission d'en presenter la redaction ecrite [bill). S'il en obtient la permission, le bill est L'objet de deux lectures, se- parees par quelque intervalle; puis, il est renvoyc a unco- mite, qui l'amende et le complete. Le president le remel ensuite sous les yeux de la chambre , afin qu'elle en prenne connaissance dans son etat definitif. Enfin, on en dresse la copie authentique, qui est lue pour la troisieme fois, et sur laquelle on vote. Le vole s'opere par la division des membres, qui sont comptes un a un par deux membres delegues par chacun des deux cotes de la chambre. ET POUTIQUES. 83 Quand nn bill est passe a la chambre des communes, il est poite a l'autre chambre, pour obtenir son approbation avec les memes lonnalites. Si la cbambre des lords le rejette, on n'y donne aucuue suite; si elle y fait quelques amendemens, ils sont portes a la chambre des communes, poury Otic ap- prouves. Dans ces occasions , il est d'usage que cliaque cham- bre depute un certain nombre de membres, afin dc parvenir a se concilier. L'assentiment royal donne au bill lui imprime le caraetere de loi. Get assentiment est donne ordinairement par commission. Mais, lorsque le Roi vienl passer un bill «n personne, il revet son habit royal, sa eouronne , et siege sur son tronc, dans la chambre des pairs. Lorsque le Roi a pris seance, il mande venirlcs communes. L'orateur {speaker) , on president, snivi de la chambre, apporte les bills financiers'; les a utres bills sont laisses eu la possession de la chambre des lords. Lorsque le Roi donne son approbation a un bill d'inte- ret public, il 1'exprime par cetle formide, en langue francaise : « Le Roi le veut. » Si le bill concerne un interct prive, la for- mule est celle-ci : « Soil fait comme il est desire. » Si le Roi re- fuse sa sanction, il dil : « Le Roi s'en avisera. » La sanction du Roi pour un bill financier s'exprime par cette formule : « Le Roi remercie ses loyaux sujets, accepte leur benevolence, et ainsi le veut. » Toutes ces formules sont consacrees en langue fran- caise, telles que nous venons de les rapporter textuellement. L'usage est que ceux qui s'opposent a un bill n'en de- niandent point le rejet, mais seulement rajournement de la lecture a six mots. Les membres des chambres parlent de leur place, et ne lisent point de discours ecrits. Ils adressent la parole, non a Tassemblee, mais au president [speaker). La cbambre des communes elit son president pour la durce de la septennalite. C'est le president qui forme les lisles des mem- bres destines a composer les commissions. II les choisit dans les deux cotes de la chambre, en ayant soin de conserver, a la majorite de I'asscmblee , lorsqu'elle est distincte, la pre- ponderance dans les commissions. On ne forme une commis- sion, pour l'oxainen d'un bill, qu'apres la sjecbnde lecture. On 84 SCIENCES MORALES forme egalement des commissions pour divers objcls qui exigent one cnqucle. Les seances des deux chambres sont le- galemcnt secretes; la publicite est de tolerance et d'usage ; mais cet usage est aujourd'hui aussi puissant que la loi. Nean- moins, pour obeir a la loi, au moment du vote, la cbambrc si' forme en comite general, et les galeries sont evacuees par le public — Le president est charge du soin de rappeler a l'or- dre l'orateur qui s'en ccarte. La cliambre pent ordonner, suivunt les occurrences, tant a l'egard de ses membres qu'a l'egard des etrangers, qu'il lui soil fait des excuses publiques, on encore que le coupable garde prison. Un clerc on grelller •est attache a la chambre pour la redaction de ses proces-ver- lraux et la garde de ses archives. — La chambre des pairs est presidee par le lord chancelier ; il siege sur un sac de laine , regarde comnie l'embleme de la preeminence des grands possesseurs de terres et de troupeaux. Le Roi nomme son conseil prive, dont voici les attributions : i° conseiller le roi, pour son honneur et le bien public; 2° soutenir et defendre tout ce qui a ete resolu en conseil. De cette derniere condition resulte la solidarite des membres du conseil. Le conseil prive a le droit de s'enquerir de loute of- fense contre le gouverncment , et de remettre les offenseurs sous garde publique, pour que leur proces leur soit fait de- vant les cours de justice. Mais il faut remarquer que la juri- diction du conseil prive est purement d'enquete , et non de repression , et que les personnes emprisonnees par lui ont droit de reclamer leur liberte, en vertu de 1'acte d' habeas corpus. Le conseil du cabinet est un couiite du conseil prive, et se compose ordinairement des onze officiers de l'Etat, dont les designations suivent : Le lord chancelier; — le lord presi- dent ; — le lord du sceau prive; — le chancelier de 1'echi- quier; ■ — le premier lord de la tresorerie, premier ministrc; — le secretaire pour les affaires etrangeres; — le secretaire pour le departement de l'interieur; — le secretaire pour le departcment de la guerre; — le premier lord de 1'amiraute ; ET I'OLJITQUKS. 85 |e president d-u bureau du controle, pour les affaires de rindc. Les minislres inlioduisent dans les deux chambres du I'ar- lemcnl toulcs les affaires qui dependent de la couronne ; ils exposent le tableau des besoins publics , et demandent les sommes neeessaires, afin d'y pourvoir. Ils sont aussi charges des depenses publiques, qui doivent etre faites et soldees , conformement a la loi, sous la responsabilite de chacun d'eux. Les grands officiers de la couronne sont au nombre de uenf : i°. Le lord grand-mailre-d'holel. II etait anciennement vice-roi d'Angleterre ; aujourd'hui, la charge est purement de ceremonial. Elle est temporaire, o'est-a-dire conferee pour line eirconstance speciale, par exemple, pour le couronne- menl du Roi. 2". Le lord grand-chancelier. Son office comprend la garde du grand sceau, el les jugemens des causes d'equite, ainsi que la nomination de tons les juges de paix du royaume; en- lin, il est le tuleur des orphelins et des alienes. 5°. Le lord grand-tresorier a l'adiiimistration et la compla- bilite de tout le revenu du royaume. Son office est lenu en commission par cinq lords commissaires de la tresorerie. Le premier lord de la tresorerie est repute chef du cabinet mi- nisleriel. Le salaire de son einploi eslde4»ooo liv. sterlings (environ 100,000 1'r.) ; celui des aulres commissaires est fixe a 1,600 liv. sterlings pour chacun (environ 40^000 fr.) l\". Le lord president du conseil prive. II expose les affaires dans les assemblies du conseil, et en fait ensuite le rapport a u Roi. 5°. Le lord du sceau prive. II expedie les chartres d'octroi et concession du Roi. 6". Le lord grand-chambellan. II a la surintendance du |>a lais royal et du palais du Parlement. 7". Le comte mareehal. Ii a la surintendance des ecoies mi- litaires. Get office est lenu par le due de Norfolk ; et comim, re pair est calholiqne, oxerce par son depute. K6 SCIENCES MORALES 8°. Le lord grand-constable : son office est icmporairc. 9". Le lord grand-amiral. 11 a ^administration de tonic- les afl'aires de la marine; ret office est tenu, en commission, par sept lords de Pamiraute. Le Roi contere des rangs et des titres, snivant son plaisir. D'apres tin etat dresse il y a dix ans , la pairie anglaise com- prenait a(3 dues, parmi lesquels G dn sang royal, qualifies dues royaux; 17 marquis; 100 comtes; 18 vicomtes et 97 ba- rons ; sans compter les pairs mincurs et les pairs eatholiques qui n'ontpas siege jusqifen 1829, faute par eux de preter le serment legal qui est contraire a leur foi. L'Ecosse a 70 pairs , reprcsentes au Parlement par 1G d'entre eux; I'lrlande «5o. reprcsentes par 28. Les autres titres sont ceux debaronnet et de chevalier. On compte environ 5oo baronnels anglais; 200 chevaliers-ba- ronnets eeossaiset environ 100 baronnets irlandais : ces titres sont heredilaircs. II y a 25 chevaliers de la Jarretiere et en- viron 400 chevaliers du Bain : en 1 81 5 , ces derniers ont etc di vises en trois classes par le Prince-regent, aujourd'hui re- gnant; savoir : les chevaliers du Chardon , les chevaliers de Saint-Patrice et les chevaliers Bacheliers. La premiere classe de Pordre du Bain comprend les chevaliers Grand-Croix ; elle est fixee au nombre de 72, sur lesquels 12 peuvent elre choi- sis, quoique l'ordre soit militaire, parmi les sujets britanniques qui remplisserit des emplois civils 011 diplomatiques. Les mili- taircs de cette premiere classe ajoutent a la decoration de Pordre une branche de laurier, qui entoure un ecu, avec cette ins- cription saxonne : « Icli Dine » . Aucun militaire n'est eligible a cette classe de Pordre , s'il n'a le grade de major-general des armees de terre on de contre-amiral des armees de mer. Tons les princes dusang royal, ayant commission d'oflicier-general dans t'armce de lerre, on de chef d'escadre dans Parmec na- vale, sont ajoutes au nombre des chevaliers de cede classe. — La secoude classe comprend les chevaliers-commandeurs ; ils onl la preseancc sur les chevaliers Bacheliers , et jouissenl d'ailleurs des memes droits el privileges que les chevaliers de I'.T POLITIQUES. S; la premiere clause. Lois de l'institulionde la classe, le n Om- bre l'u I fixe a iKo, outre 10 olliriers etrangcrs ayant commis- sion (In roi d'Anglclerre ; uiaislenombre des menibres de cello classe pent s'aceroitre , en cas de guerre ou par des actions d'cclat. Pour etre eligible a cette seconde classe, il laut avoir le rang de lieutenant-colonel dans l'armee de terre ou de capilaine de vaisseau dans l'armee de mer. Les chevaliers- commandeurs n'ont point leurs amies supportees par une branche de laurier; mais ils les enlourent du ruban rouge et de la decoration appropriee a leur classe. En outre, personne ne pent arriver a la premiere classe de I'ordre, avant d'avoir passe par la seconde La troisieme classe , dite des cheva- liers-bacheliers , se recrute parmi les officiers commissionnes au service de terre ou de mer de S. M. Britannique : ceux qui la composent ont preseance sur les ecuyers {esquires). Pour qu'un oflicier soit eleve a celte classe, il fa ut qu'il ait oblenu one medaille ou une distinction honoriGque, ou qu'il ait ete mentionue expressement dans les depeches oflieielles inserecs dans la Gazette de Londres, comnie s'etant distingue par quel- que action contre les ennemis du pays. Les chevaliers de la troisieme classe du Bain ont ie privilege de porter une deco- ration qui leur est particuliere, suspendue, par nn ruban rouge, a la boutonniere. Sir, est la qualification aujourd'hui usitee a l'egard des che- valiers et baronnets : anciennement elle n'etait accordce qu'aux pairs. En adressant la parole aux lords, on les qualifie vos .seigneuries. On donne le tilrc de lord, nieme aux fils aincs des pairs, non par droit, mais par courtoisie. Les menibres des Communes sont qualifies honorables ; et les menibres du conseil prive tr its -honorables. — La noblesse de province est connue sous la designation de gentry. Les deputes de celte classe, qui sont pour la plupart elus par les bourgs et les pe- tiles villes des comtes, sont connus dans la Chambre des com- munes, sous la designation de country-gentlemen. Ils n'appar- tieiincntcommunemenl aaucuii parti politique, soit whig, soit lory; mais la pliuarl du lenis, ils appuient le gouverncmciit 88 SCIENCES MORALES — B&quine ( eduyer) est iin litre sans consequence, que s'ajp- proprienl assezlegeremcnt lespersonnesqui ont une education et tics tnosurs Liberates. La seconde conr du royaume (la haute-cour du Parlement ayant la preeminence) est la cour de Chancellerie. Son insti- tution a hour but de mitiger la rigueur de la loi , de bonnaJtre des causes qui coneernent les mineurs et les alienes; enfin , de rendie justice dans les cas de fraude, violation de depot et autres de nature analogue. Le lord grand-chancelier (en son absence, le vice-chancelier ou le maitre des roles) est le juge unique de cetle cour, et prononce d'apres les prece- dens et l'equite. Le maitre des roles est le chef de douze mai- tres en chancellerie. II a la garde des registres , jugemens, sentences et decrets de la Chancellerie. II assiste le lord-chan- celier lorsqu'il est present ; il le supplee comme son depute, lorsqu'il est absent. Ln vice-chancelier a ete institue recent ment : son rang ne vient qu'immediatement apres le maitre des roles. II a le pouvoir d'entendre et de juger toutes les cau- ses dependantes de la cour de Chancellerie; mais ses deci- sions, aussi-bien que celles du maitre des roles, sont soumises a la revision du lord-chancelier. Le Banc du Roi, etant le tribunal supreme de la loi com- mune, est place en pouvoir et en honneur immediatement apres la cour de Chancellerie. Sa juridietion s'etend sur tout le royaume; elle embrasse toutes les causes que la loi declare relatives a la pais du Roi. Le Banc du Roi est aussi la cour d'ap- pel des doors inl'erieures; la, ressortissent encore les causes de dettcs, par line fiction de la loi ; parce que e'est ce tribunal qui delivre des rescrits d' habeas corpus aux persono.es indu- ment emprisonnces. Le president de cette cour a le titre de lord-chef de la justice, el les trois autres juges dont elle se compose sont appeles puisne justices. La cour des Plaids-Communs est le tribunal special des ac- tions reelles, e'est-a-dire, des actions qui coneernent la pro- priety du franc-fief, de sujel a sujet, fondeesur la loi commune et le statu! commun. Cetle cour delivre aussi des mandats ET P0LIT1QUES. ty ^habeas corpus. Les juges sont an nonibre do qualre, dont le premier est qualifie lord chef de la justice du Plaid-Com- mun ; les autres sont qualifies puisne judges. La tour de l'Echiquier connait de toutes les causes relatives au revenu public, sur lesquellcs elle prononce, eonforme- ment a la loi et a Pequile. Elle se compose de qnatre juges qui ont le titre de barons de l'Echiquier : le premier d'entre eux a le titre de lord-chief -bar on. Les douze juges qui composent les trois preeedentes cours * (Kings- Bench, Commons-Pleas, Exchequer) vont en tournee (circuit) dans le royaume, douze fois dans l'annee, pour ad- minister la justice. En outre, des cours locales sont tenues tous les trois mois, pour les comtes, cites et villes ayanl cor- poration. On appelle leurs sessions, sessions de comte ou ses- sions quartenaires. On y juge les affaires de rixes et de me- nus debts. PourLondres etle comte de Middlesex qui embrasse une portion de la capitale, on tient huit sessions. Cette cour est designee sous le nom (Void Bailey : elle se compose de trois des grands-juges, du lord niaire de Londres et du grefiier de la ville (Recorder). II y a, dans chaque comte de P Angle lerre , mi sheriff ou depute du Roi qui execute les ordres du roi et les rescrits le- gaux qui lui sont adresses; qui fait arreter et retenir en pri- son les delinquans, qui les amine devant les juges, qui pro- cure l'execution des sentences judiciaires, tant civiles que criminelles, et qui, aux assises, pourvoit a la protection des juges. Outre le sheriff, chaque comte a son lord-lieutenant qui presentc les juges de paix a la nomination du lord-chan- celier, nouime les ofliciers de la milice, et remplil le role de chef des pouvoirs militaires du comte. Immediatement au-dessous du sheriff, sont places, dans la hierarchie de chaque comte, des juges de paix, commission- lies par le Roi. Leur office est de faire executer les lois qui concernent les routes, lesmendians, les vagabonds, les rixes, les mutineries, les actes de felonic, etc.; enfin, d'interroger et de remetlrc sous la main du sheriff, pour etre juges, tous «,h SCIENCES MORALES ceufe qui enfreigneht les lots. Leafs fonctions sont gratuite*. ausst-bieriqne ctelles des slieritfsetl'Ords-'lieutenausj et m&ttie, en certains cas, obligatoires, sons peine d'atucndc. Pour voillcr a ec quo mil no soil this a niorl , par violence. deux mi truis magistrals, nommes Coroners, sont clus p;ir les ffancsJteriaflciers d* cnaque cointe , a Collet do convoqner iiu jury compose de douzc personnes dn voisinage, loutes les fpis qu'il y a lieu de constater une mort subite et violente et d'en rechcrcher les causes. Ce jury est appele jury du Co- roner. Les conites se divisent par cantons, on centuries. Chaquc centime a son haul -constable , et chaquc paroisse son con- stable, dont 1'office est d'assister lc haut-constable', de main- tenir la paix, d'arretor et detenir ceux qui ia troublont, jusqu'a ce qu'ils puissenl etre amenes devant iin juge de paix; (Fcxc- cuter les mandats des magistrats et des cours de justice, avee 1'autorite; en cas de resistance, de reclamer l'assistance de la force publique, sans prejudice des penalitcs legates. En outre, chaquc paroisse a les officio's publics suivans : — rinspceteur des pauvres , elu annuelleinent par et panni les principaux tenanciers des maisons de la paroisse, sous la presidence des deux juges de paix les plus voisins ; son office est de percevoir des habitansde 1 aparoisse, en proportion du taux dc location des maisons, l'impot destine a la sustcntation des pauvres de la paroisse {taxe des pauvres) qui sont incapables de travailler ; il est aussi charge de fournir du travail a ceux qui , etant ca- pables de travailler, ne trouvent pas de l'emploi. — Les gardiens de l'eglise, on marguilliers (cliurck ivardcns). — Les inspec- tcurs des grandes routes, charges de veiller a la conservation et a la reparation des routes qui traversent le territoire de la paroisse, depuis une barricre jusqu'a I'autre. lis sont eommu- iicment an nombre de deux par paroisse, choisis par les prin- cipaux habilans, sous 1'approbalion ties deux juges de paix les plus voisins. 'Pontes les cites, et ineine plusieurs bourgs, onl une cor- poration indcpendanle , par la quelle ils sont gouvcrnes, con- ET POU JIOUES. ;,. forincmcnl a line charte octroyee par Ic Hoi, avcc juridictioii sur clles-niemes, pour juger en toutc matiere civile ou crimi- nellc. L'appeldes causes civiles est porte auxeours s'iperieures qui siegent a Londres ; les causes eriminelles capitales sont seulcs portees aux pages des assises. Lc gouvernement des cites et des bourgs varie, suivant leurs charlcs. Les cites out n n main!, des aldermen el des bourgeois, qui constituent la corporation de la ville et torment la cour de justice do la cite. Les bourgs ont, les uns, un maire , les autres, deux baillis, lesqucls, durant leur magistrature, exercent la justice de paix dela localite. Quelques cites ont le titre de coinles, ot choisis- 9feW elles-mcmes leur sheriff* Anciennemont et do droit, le peuple des villes et bourgs clisait les meinbres de la corpora- tion : les corporations qui ont conserve ce mode d'eleclion soul appelees corporations ouvertes ; mais plusieurs charles de Charles II ont enleve lc droit d'eleclion au people, pour le transporter aux corporations elles-memcs, qui se complement en pourvoyant aux vacances qui surviennent dans leur sein. Ces corporations, appelees closes, sont generalemenl impopu- laires. Plusieurs sorties de lois sont en vigueur en Angleterre : i°. La loi civile , basee sur les lois municipales de r Empire romain , redigees en code par l'empereur Justinien, vers l'an 533, augmentee de plusieurs autres constitutions emanees de cet empereur et de ses successeurs. — s°. La loicanonique, qui est la collection des lois ecclesiastiques. — 3°. La loi com- mune, qui est 1'ancienne loi saxonne. — 4°- Le statut legal. On entond par ccttc expression generique, les lois sanctionnoes par le Hoi, apres avoir ete voices par les deux chambres du parle- ment. II y a quatre cours dans lesquelles 1'applicatioTa de la loi civile et de la loi canonique est admise, lorsqu'clle no so trouvepascontrairea la loi commune olau statut legal. Ces cours sont la cour ecclesiastique, la cour mililaire, les cours d'ami- rautc, cl'les coins des deux univcrsiles [Oxford et Cambridge). La liberie individuclle des nationaux anglais est t'orlemoul e\ religieuscmenl protegee par les lois du pays : nul dcnlrc ,,j SCIENCES MORALES rux no pent Ctre arrele, QU rctenu cu prison, que par 1'auto- i iic d'un juge de paix, et sur la deposition, par serinem, d'unc mi ilc plusieurs personnes: on encore pour dettes, en vertu du couunaudement , revetu de certaines I'ormalites , d'unc cour competente. Lorsqu'un jndividu est arrcte pour nn acte criniinel, l'oflicier qui I'arrete est tenu , par l'acte d' habeas corpus, sous les peines les plus severes, de delivrerau prison- nier ou a son agent, six hcuresapresqu'ilcna fait lademande. une eopie du mandat d'emprisonnement , afin que nul ne puisse etre emprisonne par malveillanee, par vengeance, on laisse dans l'ignorance des charges elevees contre lui. Si celte copie est refusee, sur la plainle qui en est faite parecrit et sous sermenl, le lord-chancelier ou l'un des douze grands-juges du royaume, declare le cas caulionable; ou bien , sur la denon- ciation par serment du refus de la copie. le lord-chancelier ou le juge peut decerner un rescrit d' 'habeas corpus, en vertu du- quel le prisonnier est immediatement amene dcvantlui, et obtient, de droit, sa liberie provisoire, moyennant caution. Lorsqu'un horarae est accuse d'un debt, avant qu'il puisse etre traduit en jugement, les charges qui le concernenl doi- vent etre examinees, une premiere fois, par un grand jury de vingt-trois personnes; douze desquelles, an moins, doivent sc trouver d'avis qu'il y a lieu de decerner un acte d'actusation (/><'// of indictment) ; et, dans ce cas, le proces public a lieu devant douze pairs de Paccuse. Les pouvoirs du grand jury, ou jury d'accusation, exerces avec circonspection et vigilance, sont certainement l'une des plus fortes garanlies de la liberie individuelle, comme l'une des meillcurcs sureles qui puissenl etre donnees a l'accuse. Le petit jury, compose de douze individus , prete serment « de juger bien et veridiquement , et de prononcer, entre le Roi et le prisonnier qui coinparait a la bane , une decision conforme aux temoignages qui seront portes. » Apres avoir eqtendu ces temoignages, la defense du prisonnier, et ie texle de la loi de la bouche du juge, les douze jures doivent expri- mer ohacun leur opinion individuelle. et se rencontrer lous ET POLITIQUES. 90 unanimcs pour I'apquittement ou la condamnation du prison- rtier. Les jutes doivent etre impartiaux et independans; c'est pourquoi ils sont tous recusables par l'accuse. lis doivent chercher les motifs de leur decision (verdict), dans leur con- viction in time, basee sur des temoignages clairs et positit's. Tons les crimes capitaux sont classes, en Angleterre, sons les deux rubriques de Irahison et felonie. La trahison consiste a coniploter, conspirer, 011 marcher, les armes a la main, contre le souverain; ou, enfin, a contrefaire la monnaie. Sous la denomination de lelonie, sont compris les meurtres, vols, faux, mutilations, blessures, eft'ractions, etc. Ces crimes sont punis de la pendaison : les meurtriers sont executes, vingt- quatre heures apres leur sentence. L'Angleterre est peut-etre le seul pays ou le vol soit puni, par la loi , aussi severement que le meurtre; et cependant, c'est peut-etre le pays oh lc vol est le plus frequent : nouvelle preuve que la severite des lois n'est pas toujours le meilleur moyen de repression des crimes. Au reste, la peine des individus coupables de vol est ordinairement commute en la deportation a la Nouvelle-Hol- lande, a vie ou a terns. Le faux temoignage est puni de l'em- prisonnement, avec amende. Les escroqneries , filouteries et petits larcins sont punis du fouet et de l'amende. La calomnie par la voie de la presse , l'usage de faux poids ou mesures , l'accaparement des denrees sur les marches publics, les actes qui portent atteinte a lapaix publique, sont punis de l'aniende ou de l'emprisonnement, et quelquefois de tous deux a la fois. Les lois concernant la chasse sont tres-oppressives, en Angle- terre : elles prodiguent l'amende et l'emprisonnement. En 1818, ces lois out amene douze cents personnes dans les pri- sons publiques. Pour completer le tableau des libertes et" privileges de la nation britannique , il convient d'ajouter : i" que tout Anglais jouit du droit constitutionnel d'adresser, soit individuelle- ment, soit collectivement, des petitions au Hoi et aux deux chambres du Parlement, tant pour obtenir le redressement de 94 SCIENCES MORALES ses propros grid's on de ceux d'autrui , que pour proposer l'adoption d'uiw loi nonvclle ou ramendemenl dc la legisla- tion cxi.-tantc ; 2° que tout Anglais jouit aussi, en vertu de la constitution, du droit de dire publiquemcnl, d'ecrirc ct d'im- primer ee qu'il croit la verite , sur toute question d'interel public ; droits qui sont consideres comme la plus eflicace ga- rantie de la bonne conduite des bommes publics et de la re- pression des abus de pouvoir, et qui, par ce motif, sont places sous 1'egide iudependante du jugement par jury. N. D. Les principaux actes constitutionncls de I'Anglcterre sont an noinbre de six, savoir : i°. La grande charte des liber- ies. 2°. La charte des forets. 5". La petition da droit ( i juin 1628). l\". Uncle d' habeas corpus. 5°. Le bill des droits (1689). 6°. h'acte of settlement (d'elabli.sscment) pour la limitation da pouroir de la coaronnc, et pour consolider les droits et les liberies dcssujets,pi\$s(:\es i2eet i5eannees duregnedc Guillaumelll. A. Maiutl. . vol. in-8" de 5oo el .^oo pages ; prix, 1 5 fr. j$T POLITIQIES. .p son ensemble, dans sa marche progressive, dans ses rapports avec le monde moderne : en un mot, on a fait des cours de litterature et point d'histoire philosophi(pie. C'est pourtant un magnifique spectacle que celui dc cette civilisation, dont Ies produitsont traverse les siecles sans rien perdre de leur fraicheur ni de leur eclat, et sont restes les types immuables do grandiose et du beau dans les arts d'ima- ginalion. L'Orient est une terre de prodiges, parsemee dc monumens qui semblent le legs d'une race plus grande que la notre; et.ces proportions colossales se retrouvent dans chacune de ses ceuvrcs, dans ses poemes, dans ses intermi- nables epopees on tout se mele et se confond, religion, his- to'ne el philosophie. La Grece est, a vrai dire, la fleur de l'in- telligence humaine: peuple heureusement doue du ciel, ou le sentiment du beau fut, non pas le privilege de quelques homines , mais l'inslinct de tons, qui donna au monde ses deux plus grands genies peut-etre, Homere et Aristote, et a laisse comme souvenirs de son passage Plliade et le Parthe- non. Quant a Rome, nous ne la placerions qu'au second rang, sa litterature n'etantguere qu'une contre-facon plus ou moins ingenieuse de la litterature grecque ; elle merite cependant d'altirer l'attention, parte qu'apres la conquetede rUnivers, elle resume les autres litteralures ; elle les recueille dejavieil- lies et fanees ; elle les associe a sa decadence, a sa mort, pour renaitre plus tard avec elle sous Tinspiration feconde du christianisme. L'imagination de M. Rio parait avoir ete vivement saisie de ce spectacle, en meme terns que sa raison etait frappee de rinsuffisance des travaux anterieurs; il a compris que, dans la vie intellectuelle des peuples anciens, il y avait autre chose a etudier que des monumens el des livres , et que ces ouvra- ges etaient nes sous l'influence de lois constantes qu'il im- portait de decouvrir et de determiner. /Vlors, s'emparant d'un mot sublime de Pascal, il a entrepris de considerer toute la suite des hommes, pendant taut dc siecles, comme un menu: homme qui subsiste toujours, el qui apprendcontinuellemenl. §6 SCIENCES MORALES II a rcsolu d'embrasser tout l'esprit antique, et cssaye de re- traccr scs buns el ses mauvais jours, sa marche logique, et son declin cgalcment rationnel. MaisTceuvre ctait diffictle, et le sentier rude ct mal fiaye. Deux conditions sont indispensables pour une bonne his- toire de 1'intclligence humaine : d'abord la conuaissance com- plete des fails, non-seulement litteraires, mais politique^ ct religieux : car l'esprit d'une epoque se netrouve dans une constitution ou dans un systeme tbeologique, aussi-bien que dans un dramc ou une epopee ; puis une raison superieure, capable d'une analyse exacte et d'une syntbese puissante, un esprit de la trempe des Bossuet, des Vico, des Montesquieu. Or, dans l'etat actuel de nos etudes sur l'antiquile, qui pour- rait satis faire a la premiere de ces conditions? D'une part, I'Orient, qui fut si long-tems pour nous une enigme indechif- frable, commence a peine a s'eclairer d'une lumiere nouvelle, et le voile qui le derobait a nos yeux, n'est qu'a denii souleve. D'autre part, la Grece et Rome n'ont pas ete explorees a fond ; leurs sciences ont ete negligees comme indignes de la science moderne : leur mytbologie a ete expliquee a la legere, ou transformee en un systeme astronomique; l'influence de leurs institutions sur la litterature et les arts, mal determinee. On ne peut done croire que I'crudilion d'un seul homnie suf- fise a combler toutes ces lacunes. Quant a la seconde condi- tion, qui oserait se flatter de la remplir? ce n'est pas moins que le genie, ce regard rapide et sur qui saisit les faits dans leurs details a la foisetdans leur unite, et, planantsur lemonde, le voit d'en baut et le juge. L'oeuvre tentee par M. Rio nous semble done aujourd'hui tout-a-fait impossible : car les eleinens materiels d'un tel tra- vail ne sont pas rassemblcs, et le genie s'egarerait lui-meme en voulant y suppleer. Aussi, M. Rio, malgre son talent in- contestable, a recule devai.it son entreprise; et, apres avoir annonce une histoire de l'esprit bumain dans I'antiquite, il a reduit sa laebe a un eloquent resume de l'bistoire litteraire el seientifique de l'ancieunc Gpece. ET POUTIQUES. c£ T,a civilisation, selon la definition dc M. Rio, se compose rise Ic jnugdo la morale cdmose elle avail briae cclui do la religion :c'est sa decrepitude* tMillc accnlens de lieux et de durce, mille cif- constauecs dwerses \ lemient varier ce spectacle : mais il n'cst corbplet qu'a la condition que lonles ces varices s'y repro- duisent. Sans cela, vous n'aurez sons lc litre iFliistoirc gene- rale qu'une monographic plus on moins etendue, nnc appre- ciation de telle on telle brauche des produiis de l'espril hu- main. Ainsi, i\l. Kin, a force de reduire son snjet, l'-a rcnfermc dans un cadre de ce genre, et s'est borne finalement a pre- senter line analyse philosophise des creations principales de l'art et de la science thcorique chea les Grecs. L'Orient a ponrtant attire son attention : mais, pen t'ami- lier avec les langues et les anliquites de l'Asic, il n'a pn don- ner que des extrails emprunles anx travanx recemmcnt pu- blics en France et en Angleterre. Nous en excepterons un morceau remarqnablo sur la poesie hebraique , el quelques pages curieuses et originales sur les epopees indiennes. Le resle de eclte premiere partie est suffisant pour les gens du inoiule, mais doit paraitre faible anx erudits. La Grcce, voila rcellcmcrit tout le snjet de M. Rio; el id- les la carriere ainsi rclrecic est encore vaste et glorieuse a pareourir. Depuis les poetes religieux qui se pcrdeot dans la unit des tcms jusqu'aux derniers Ptoltmees, depuis ces con- structions cyclopeennes qui font encore l'etonnement des voyageurs jusqu'au temple de .lupilcr Olympien, le genie grec a realise lout ce qu'il a elc donne a l'espiit humain de conce- voir; et, soit qu'il aitalteint leslimilesde la perfection, comme dans les beaux-arts, soit qu'il nit seulcment aplani la route, comme dans les sciences d'observation, il a jete partoul sur son passage des torrens de lumierc, et laisse une trace iueffa- eablc. Quelque chose de mysterieux et d'inconnu preside a sa naissance; a peine degage des langes de son bcrceau el des lien* etroils de la mylhologie orientale, il se manifeste par ET POLITICOES. 99 vrtic merveille, 1'epope.e Homcrique; il est deja complcl et d'une beaute parfaite, comme Mincrvo sortie tout armee dli cerveau de Jupiter. Son developpement et son education, pour ainsi dire, se. sontdonc fa its dans le silence entrel'arrivce des colonies etran- geres *t la conquete des Heraclides, qui suivit la guerre de Troie. Mais, danscette civilisation si brillante ets'iharmonietisr, ne faudrait-il pas distinguer les fruits indigenes du sol, et ce fjtii vint d'ailleurs, de la Thrace ou del'Egypte? ne faudrait-il pas examiner sous quelle influence se modifierent les tradi- tions de FOrient, la doctrine orpliique avec ses orgies et ses ceremonies barbares, tesarts del'Egypte, leur grandeur uni- forme et leur monotonia symbolique ? Gar le polytheisme, et, par suite, les arts de la Grece sontnes de tout cela, et certes l'elfet est assez beau pour qu'ou se donne la peine d'en rc- chercher la cause. M. Rio ne s'est pas arrete sur les premiers terns de la Grece : il a montre rapidement qu'elle n'etait pas le berceau de tontes les connaissances humaines, et que Fart avail mavche en Orient; mais il n'a pas essaye. de determiner ce qu'elle avait cree, ce qu'elle avait emprunte aux nations plus vieilles, ni quelle transformation elle avait fait subir aux mythes adoptees par elle comme objets de cuke, 011 comme simples clemcns de poesie. M. Rio n'est pas remonte plus haut qu'Homere, et pour lui tout, en Grece , date de l'lliade. Cette lacune, dansunlivreremarquable abeaucoup d'egards, tient surtout a ce que Fauteur n'a pas fait entrer dans son cadre l'hisloire de Fordre social et surtout celle do la religion. Les revolutions survenues dans le culte expliquent, en effet, les revolutions survenues dans Fart. En Grece, tout artiste s'inspirait de la religion nationalc : les monumens public's etaient des temples; les representations theatralcs elles-me- mes, de pieuscs solennites. A mesure done que les mytlies obscures et terribles de FOrient se revfitaient des formes gra- cienses et poetiques du polytheisme grec, Fart cessait la vaine tentative de reprodtiire I' image des forces secretes de la na- ,00 senders morales tun;, et s'wteyaU a la contemplation du beau absolu. F re- liant pour base celte assimilalion conslanle cnlrc les ukui- veuiens religieux el intellectuels, on pom-rail snjvre pas a na< les progrcs de lolle on telle brancbedes beaux-a;js, de la sculpture, par cxcmple. On verrait ainsi les colonies do Thrarc ct d'J^gjrpte introduire en Grcce lenr fetiebismc ct lcur cos- mogonie barbares. G'est lc tcms ou l'art surcharge les figures des dieux d'altribnls bizarres, symboles d'nne mysltrieuse puissance : ou bien, s'il les considere commc de simples abs- tractions, comme 1'elre en soi, il en fail alors ccs statues de picrxe brule que Ton voyait a Pharcs en Achai'e, celle Venus de Papbos, ce Cupidon de Thespis, blocs iufonncs doul parle Pausauias. Mais bientot, soit que les castes sacerdotales etran- geres (i) aicnt etc vaincues dans une lulte a main armee, soil que le genie grec, a vide a la fois de liberie ct dcpoisic, ait graduellemenjt re forme cesmyllics farouches, le culte des personnificalioi.s cosinogoniques cede a celui de dieux aclifs fails a I'image de l'homme ou de heros divinises. Alors vicnt Dedale, ou plulol I'ecole d'arlisles designee sous ce nom gc- ncrique, et ceux-l.i commencerent a oler aux statues des dieux leur cachet primilif d'immobililc, et a aniincr la pierrc, lc bois et l'i voire. Enlin, aprcs de longs debats donl rbisloire n'a pas garde le souvenir, les puissances de la nature sont velegnees dans un mondc a part ou la veneration publiquc ne les suit plus; Salurne, le Ciel, Helios, disparaisscnt devanl les splendeurs de l'Olympc, Jupiter, Apollon, etc. : laTerre est representee a Athenes, dans une attitude suppliantc, de- mandant la pluie au maitre des dieux ; Homcrc complete cctte revolution, etdevientrorganede la religion beroiquede la Gre- ce. Or, rcmarqu.His-le bien, Phidias est ne d'llomere, ete'est dansl'Iliade qu'ila trouve le module de son Jupiter Olympien. Nous ne pousscrons pas plus loin l'examen de ccs synchro- nismes, qui, appliques a d'autres parlies de la liltcralurc et (i) Voir I'ouviage sui- la Religion, par M. Bwjomin OOK^PiKt. vol. tt et m. ET POLrilOUKS. loi des arts, doiineraicnl probaMeritetTl nil soiftblabflc resullak N>OUS avo!)S seulemenl voulu constalcr que replication des revolutions Htleraircs do la Grece doil se trouvcr ilaus I'his- hrfre tie scs revolutions religicases, et, puisqwc ces dcrui. res ne nous sont pas toul-a-l'ait ineonuties , il faut suivre aver, soin ce fil precicux qui nous guidera dans lc labyriulhc des antiquiles belleniques. Mallicureusement ce rapport n'a pas I'rappe M. Rio : il a neglige 1'etude des terns primitifs, sous prelexle que la critique ne les avait pas suflisamment degages de leurs tenebres; d'ou il suit qu'il n'a pas indique comranit la Grece se liait a l'Orient, et n'a pas meme suffisammcnl rcleve la veritable importance de l'cpopce Homerique, qui lui sort dc point de depart. Homere n'est pas un accident isol.': dans l'liistoire de la Grece; pour apprccier sa grandeur, il ne faut le scparer ni du mouveincnt inlellectuel qui a precede ct prepare sa venue, ni des siecles qui l'ont suivie. Homere rcprcsenle toute line cpoque de la civilisation grecque, el la phis curieuse peut-elrc ; celle ou le genie national a Iriom- plie definilivement des importations elrangeres, les a repous- sees ou modiiiees victorieusement ; celle oil, libre de ses en- Ira ves, il s'elance, pletn de vie et de jeunesse, dans la carrieic. que mil peuple apres lui ne parcourra si complete et si belle. II est le monument de telle revolution, et l'etat social de son lems a passe lout enlicr duns ses vers. II est theologien, plii- losophe et roi; son regard, quiperce les profondeurs de I'O- lympc, s'altaclie cgalemenl aux details d'un sacrifice , a la disposition d'une arince, a la manoeuvre d'un vaisseau : il cpuisfe le cercle entier des idces et des connaissances de sou terns. Homere est specialement le poele de la Grece, et non, comme dil M. Rio, celui de I'luunanitc : ce n'est pas I'homnir, dans le sens abstrait de ce mot, qui est le sujet de ses chants ; e'est le Grcc : la Giice s'y reproduit sous loutes ses formes avec ses defairts el ses qualilcs, sans dissimulation nipi-cran- rion oraloiie, idle (jue le lems ct sa riche nature Tavaict faite. Coiisidcre souscepoiui de vue, Homere apparait, no;'.- sculcmcut comme lc createur de 1'epopce, mais comme lc 102 SCIENCES M01ULES resume ilc tout lc passu de son pays, el le pivot, pour ainsi dire, sur lequel tourne la plus brillantc civilisation qui I'm jamais : et c'esl cette universalite, sans doute, qui, f rap pant de stupefaction la critique inoderue, l'oblige a se demandcr sil'IIiadc etl'Odysscesont reellemcnt l'oeuvre d'un seul bom- nie, s'il ne I'andrait pas les altribuer, comine le Romancero espagnol el les Niebelungen de l'Allemagnc, a une generation entierc de poetes; car, dans nos siecles d'aualyse, nous ne comprcnons guire ces gcnies des premiers ages, synthetiques et complete, a qui une sorte de revelation divine semble avoir dit tous les secrets de riiunianile. Nous pensons done que, pour assigner a Homer e le rang qui lui apparticnt, il faut l'etudicr dans ses rapports avec Is* socicte qu'il a deerite et le long mouvement intellectuel dont il est le produit. M. Rio n'a pas suivi cette marcbe et nous ne lui renouvellerons pas nos reprocbes a ce sujet : mieux vaul rendre justice a ses travaux sur le sieclc dc Pericles, a sou appreciation des principalis bistoriens de la Grcce, a 1'exacli- tudc serupuleuse avec laquclle il a essaye de determiner les- progres des sciences natu relies. Nous nous permeltrons ce- pendanl encore une legem critique : M. Rio a adopte l'opinion de Guillaume Scblegel sur les beaux-arts; il croit, comme lui, que l'ccole de Phidias est le type de la perfection, parco qu'clle cut tou jours pour but d'idealiser la nature humaine, et que la decadence de la sculpture commence avec Lysippe, qui rcduisit l'art a n'etre que 1'imitatipn licit le de cette meme na- ture. Cette tbeorie, pour etre unanimcmenl admise, aurait be- soin de quelques deveioppemens que M. Rio s'est abstenu de donner, et generalement ses assertions sur les causes de la decadence de Tart, bien qu'elles soient pcut-etrc jusles an fond, semblent paradoxals, 1'aute d'etre appuyees de preuves sullisantes. Ensommc, la premiere parlie de l'ouvrage de M. Rio, oon- sacree a rendre comple de la marche ascendantc dc ('intelli- gence chez les decs, est de beaucoup la plus faible; la sc- conde, oii se deroule lc tableau du declin progressifdes Icttres, ET POLITTQIES. ro5 dvs ; i r t s el mC'ine des sciences, oe mcrile piesque quo flea eloges. L'autctir a cte surtout domine par colic idee, qu'une loi constants preside a Fhistoire de l'intellfigence chez les nations. L'imagination, compagnc de la jeunesse, vient colorer de ses rians prestiges Ietirs premiers pas dans la carriere : clle regno d'abord sans rivale, decroil, puis s'eteint, et Fobservation prend sa place. Mors la poesie est rejetee, la science en bon- netir; mais cette ardenr scientifiquc s'use bientot clle-memc. On se lasse de Fobservation; on voudrait revenir a la poesie : I'i inspiration est morte : tout s'efface et di-sparait a !a fois, let- Ires, beaux-arts et sciences; et le peuple qui a passe par ces revolutions a accompli sa destinee. Ainsi, chcz les Grecs, nous voyons l'imagination regnerensouveraine jusqu'au terns d'Alexandre, se faner insensiblement et languir, depnis le. jour on Aristole, repondnnt aiix vceux de son sieele, a pro- claim- que, hors de Fobservation, il n'y a que tenebres et \ agues reveries. Elle luttc un instant, et se debat contre I'in- vasion de Fempirisme, mais sans sueces. Les beaux-arts des- cendant de la sphere ideale on Phidias les avait places, et observent exclusivement a leur tour. La poesie est descrip- tive, didactiquc, on s'abaisse a louer non plus les dieux, les heros el les vainqueurs aux jeux olympiques, mais les courli- sanncs couronnees d'Alexandrie ou d'Aulioehe, et les misera- bles souverains qui se sont partage les depouilles d'Alexan- dre. L 'eloquence n'est plus line puissance; e'est un metier qui fait vivrc ics rheteurs. L'histoire est devenue une Seclie chronique, un amas de lourdes dissertations sans ehaleur hi entbousiasme, et Polybe n'est qu'une exception honorable qui confume la regie. La philosophic craint si fort de s'egarrr avec Platon, dans les profondeurs de Fontologic , qu'elle se borne a reconnaitre les fails do rtionde materiel, se refuse ;i toutc consequence qui la menerail au dela, se renferme flans le seepliei.-ine, dans la negation absolue meme de Dieu. La melhode d'Aiistole , poussee jusqu'a ses derniers lermes . a enlraine son eeole dans eette route; et, certos, il landrail li deploi-er Comme un inaljieur sans Compensation , si elle n'a- io'i SCIENCES MOIULES tail pas dole la Grece o ans, ct les chefs-d'oeuvre des pocles et des artistes (liscul asscz si cc regno fut gloricux. Mais , commc son em- pire ne s'cxen/ait que sur les imaginations, il a du dccliucr a\cc oetle facultc que nous avous vue s'eleindro pen a pen dans la periode qui snivit Alexandre. Celle ere memorable dans l'liisloire de Tespi it lininain pourrait s'appelcr I'avejier ineut d'Aristole, qui preside alors a son lour pendant tiois siecles a ladestinee inlellectuellc de la Crete. 11 semblait quo la Providence speciale qui veillait sur celte intere-sanie con- tree n'eftl pas perniis que ces deux soieils vinssent I'eclairer a la fois, et qu'en les scparant par uu interva!!e de six sieelcs ellc out voulu laisser a I' im agination, le terns d'accomplir sou reuvre sous les auspices de l'un, avaut que 1' observation com- mencHt la siennc sous les auspices de i'aulre. »• Ce passage resume *d'm:e maniere briilante I'influence exercce par ces deux genius; et c'esl uoe idee Iictueiisc que d' avoir personnific sous ces deux noms tonics les globes de la Greee. En cfl'et, si Homcre est le plus admirable des pocles, Aristote est peut-elre l'inteiligence la plus vaste et la phis prot'ondo tpii art cmbrasse l'etude de la nature, el nul u';.. fait t'airea la science un pas aussi grand quehii. De meme que Iqus les arts s'etaient inspires d'Homerc, de meme toute science Tint d'Aristote; il jetait dans le mondc , en se jouant, des trailcs de politique et de critique lilteraire, texte de medita- tions infmies ; inais en meme terns, de son axiome phiiosophi- que, de la necessile de ^observation decoulaient comme d'une source intarissablc la physiologic , la zoologie, la botani- que, etc.. etc. ; d'autres, sans doute, out agrandi le domaine de la science ct achevc l'cdilice : Aristote en avail pose les fondemens si I'ermcs ct si solides que toule la I'lireur da^ bar- bares du Nurd, se ruant sur I'Eurnpe, ne put les dispcrser, ct que celle large base Milllt an devcloppemcnt de deux mniiw- mens inlellecluels egalement complcts et origiuaux, aux EX POLITIQUES. io5 sciences de la irece et a l'eiudilion du moycn Sge. Nous dcvons rendre cetfe justice a M. Rio, qu'il a parjuitc- ment apprecie l'immensile des travaux d'Aristole et la fecon- dile de son prineipe. Les cbapitres consacres a l'liistohc des sciences naturelles sont entitlement neul's et dn plus vif inte- rct; les decouvertes du philosoplie de Stagyre et de son ccole y sont babilement analysees; et y raiment, quand on rcQe- cbit au merite de ces efforts, on excuse presque le niailre et les disciples d'avoir vouhi proscrire le culte de rimaginaiiou, et rcservcr des faeultes si puissantes pour ouvrir une nouvclle carriere a rhumanile. Cependant, au milieu de cet elan subit vers la science, de celte investigation curieuse des secrets de la nature, un fait remarquabie a frappe M. Rio. Lors memo qu'ils sc defendaient, pour ainsi dire, par les armes du rai- sonnement, contre tout i clour a la poetic, el se livraient a ^observation la plus minutieuse du monde materiel, lei Grccs, nourris de Sophocle et d'Homere, ne pouvaicnt se garder des encliantemens, ou , si Ton vent, des prejuges de leur enfance, et restaicnt encore, a leur insu, homines d'arl et d'imagination. En vain ils s'epuisaient a reconnaitre les organes e t les liabi t udes des animau x, a compter la boric usemenlle noni- bre de leurs plantes nnlionales, a etudierles pbenomencs de la nutrition, de la reproduction, etc., etc. ; il ieur falJait encore des fables et de merveilleux recils; il fa 11 ait que les rpssignfds qui faisaient leurs oids pies du lombcau d'Oiphee eussenl la voix plus barmonieuse et plus pure, et qu'une bande d'oi- seaux iuconnus vint tons les ans balayer et anoser le lom- beau de Mcmnon. Pausanias racontait que la lave del'Elna, poursuivant deux jeunes gens qui portaient dans leur fuite leur pere et leur mere, s'etait sepaiee pour leur laisser un passage ; Theopbrasle, en cnumerant les vegetans de la Grece, s'arrctait avec amour sur les fleurs dites curonalrcs, parce qu'elles eutiaient dans la composition des couronncs. « Pour les Crecs, dit M. Rio, la furcur de Phedre el le descspoir d'Ajax elaicnl graves sur les feu i Iks du myrle el sur la lienp de l'liyacinllie. L'lu'-licryse , dont on se courouuail dans les t'estins, ctail ai;.iji appelee du nom de la nyinpbe qui I'avaU rofl SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. iiicillic pour In premiere Fois. La1 lycbnide, qui ciait plus belle en Chypre ct a Cythere que partoul ailleurs, etail nee de I'eau < mi Venus s'etait baignce en sorlant des bras de Vulcain. La flour dont Ariadne s'elail fait une cor.ronne porlait le nom do Tbesce, et rappelait les iiifortunes de cette princesse, de meme (pie la violetle rappdart celles de Proserpine. » Ainsi,. ce peuple d'arlisles embcllissait des tresors de son imagina- tion ses premiers pas dans le sentier de la science; il scmblail so reprendre avec deliccs a ses douces fictions, et n'ecbanger scs illusions contre la realite qu'avec dotileur et regret. Mais ces derniers jours de poesie passerent vite , ct plus les vieux souvenirs de religion et de patriotisme s'effacercnt, plus la degradation morale s'appesantit sur les masses, plus Fobser* vation sechc et aride pril la place de toule autre etude; puis on se lassa de l'observalion comme du restc : on so borna a eommenter peniblement les travaux des disciples d'Arislote, et alois la destinee de la Grece fut accomplie ; son terns etait fait, sa mission terminee, et, certes, jamais nation n'en rem- plit une plus belle et plus glorieuse. Rome allait lui succeder, sans la remplacer : car, Rome guerriere et triompbantc, put bicn ravir a la Grece ses statues, ses tableaux, ses monumens, mais non pas son genie, flcur amoureuse de son beau sol, et se fanant sous d'autres cieux. Le tableau de la litterature romainc ne saurait ncanmoius manquerd'interet : nous avons (lit pourquoi : e'est, d'ailleurs, le complement necessairc de Fcntreprise de M. Rio; et le progres sensible (pie nous avons remarque du i" au 2"" vo- lume de son ouvrage, nous porte a croire qu'il s'en lirera aveo lionrre ur. Nous lui rccommandons surlout deux choses : clu- dier les antiquiles et les institutions du peuplC-roi , puiscr aux sources et se defier des lumieres d'autrui. Qu'il suivc al- teiitfvement cette marehe, et il aura la gloirc de donncr a la France, sinon une bistoirc complete dc Fesprit humain dans I'antiquite, an nioins un essai curieux sur ce grand sujet qu'il a compris le premier d'une maniere large et philaiophique. Alpli. D'Herbelot. LITTERATUHE. L'Immortalite de l'ame, ou les Qttatre ages religietuc, poirae en iv chants, par M. de Norvins (i). L'immortalile tie I'Siue est une opinion a laquelle on a pru devoir, dans presque tous les tenis, attacher une haute im- portance. Elle a sa premiere source dans lc sentiment le plus Ail'du coeur humaiu, l'ainour de la vie. Le moyen de la per- pctucr indefmiment a loujours trouve des partisans nom- breux. Les philosopher meme qui n'ont vu qu'une ingenicuse hypoihese dans cctte noble croyanee, l'ont adoptee comme une garantie de la eonduite des homrnes; mais, si des sages en ont tire parti dans l'mteret de la morale, il fa u t convenir que des fourbes l'ont quelqucfois exploitive a leur profit. Sou- vent ils ont desenchante le monde, en annoncaut le bonheur d'une autre vie. Mais ici, comme dans toule chose, 1'abus est a cote do bien. Les philosophes et les poetes de tous les terns el de tous les lieux ont monlre ce qu'il y avail d'heureux el de consolant dans ce systeme. Quclques-uns ont manifests des craintes sur les abus qu'il pourrait enfauter. En effel, la su- pcrslition, qui corrompt ee qu'ellc touchc, a souvent pro- lane les objels les plus sublimes. Le sysleme de l'immorlalile de l'ilme ne remonte pas, dans l'Occidcnt, a une Ircs-haute antiquite. Pherecide le Syrieu l'ut, dit-on, le premier qui apprit aux Grecs que l'ame existail de loute elcrnilc, etdevait exrster a jamais. Pythagore accre- dila ce sysleme, qui l'ut adople par Thalcs, Anaxagore, l)io- 1) Paris, iSoo; Firruiu-Didol. Un vol. iu-S" ; [>iix, 7 IV. refl LITTUR.VTUUE. gene, Platoa, etc. Otto eroyance insptra d'abord le pFus grand enthousiasme. Hegcsias l'cnseigua a Gyrene, el une paitic doses nombrcux disciples s'enlreluerent, afni d'afl'ran- tliir leu i- ame do sa prison terrestrc : Cleombrote, d'Ambra- cic, se precipila du bout d'unc tour. Celte inanio du suicide s'empara do beaucoup d'esprits faibles; sesprogres furent si efl'cayans que Ptolemee Philadelphe defendit d'enseigner une doctrine qui tendait a depehpter scs Etats. L'cntbousiasiue n'appartient qa'a la nouveaule. Ce systeme reparut, ct lo clonic mil un contrcpoids a la premiere effervescence. Dicear- que nia ('existence do l'ame1, en soutenant qu'ellc n'est qu'une configuration d'ou resulte le sentiment. Scion Thales, c'ost une nature de soi-meme en mouvoment; scion Platon, c'ost nne essence qui se ment : c'ost (in nombre, dit Xcnocrato; c'ost une entelechie, dit Aristole. Pythagore on fait une har- monic ; Possidonius, une idee ; Ilippocrale, un esprit subtil rc- pandu par tout le corps; Heraclidc de Pont, une lumicre; Ile- raclite, une etincclle dc l'essence des etoiles : on voit que chaque philosophe la cree a sa maniere. Simonide, Hippo- crate, Gallion, Pline, les deux Seneque, les Epicuricns, Its Sadduecens, chez les Juifs, la croyaient mortello; les sto'i- ciens lui accordaicnt une trcs-Ionguc existence (aprcs la se- paration du corps); mais ils lui assignaicnt uti termo. L?rtpi- nion de la mortal! te do Panic paraissait si indifferente cboz les domains que Cesar I'avouait en ploin senat; CicerOH, dans quelques-u:is de ses ouvragos pbilosopliiques ; Seneque la proolamait sur le theatre. Epicure condamnait Paine a mo point survivrc an corps; Lucrece immorlalisa los raisonnc- mens de son mailrc, dans son admirable chant do la nature de l'ame. En fin , depuis les pbilosophos el les pocles do la Civic et do Rome, jusqu'aux ecrivains du xvni' siccle, tout a etc dit sur l'ossence do oe principo do vie. En composanl un poemc sur l'immorlalile de Paine, M. do Norvins aborde un champ des long-tcms nioissonnc ; mais il a sij lui rendre une nnuvclle l'eeoodite, a force d'art el LlTTJtoATURE. 109 de talent. II se montrc a la fois neuf comme jihilnsnpho, ot original comme poctc. Son plan est Taste, mais simple. Qua- trc chants sont consacrcs aux quatrc religions principals qui out regne sur le mondc : la religion primitive ou uatiirclle ; le culle mythologique ; la religion des barbares du nord ; puis, la religion chretienne. Cbaque chant, amene par, uno espece d'ordre chronologique, se compose d'un prologue, d'un episode et d'un epilogue, en sorte que chaque parlie de l'ouvrage off re un tout complet. Le prologue prepare a l'epi - sode qui caracterise l'epoque, et ['epilogue indique le result at de Taction episodique comme une liaison a l'epoque qui suc- cede. Cet ordre de composition est sans modele; il semble- rait devoir produire une trop grande uniformile. Mais, comme les episodes etablissent une opposition sav;miment combinee, le poeme offre de l'interet et de la variele. L'autcur ne craint pas de bitter quelquefois avec les plus grands poetes : il re- trace ainsi, apres Milton, l'origine du premier homme : Dieu tilt : 1'homme etait ne; sur la splendour des cieux, Par un instinct superbe, il attache ses yeux. Mais du IrGne de Bieu I'eclatact luininaire L'eblouit; son regard retombe sur la terre : Les concerts des oiseaux, le doux encens des fleurs, Des panipres savoureux les brillantes couleurs, Des rapides zephirs les suaves baleines, Murinurant dans les bois ou sillonnant les plaines, Et les sombres berceaux du bocage natal, Tout enivre ses sens. Au limpide cristal D'une source paisible, Uiie forme inconnue L'enchante... e'est lui-meme... il se trouble a sa vne. 11 se louche, et son corps tressaillc sous ses doigts. Ce qu'il voit, il le nomine, et le son de sa voix, Qui dans Fair relentit, l'agite el l'inquiete : 11 bherche cette voix que 1'echo lui r6pete. La nuit vicnt, et la nuit est un songe d'amour; Dans un reve annoncee, aux piemieis feux du jour, mo MTTERATURE. Pne image tie I'homme en se< bins so reveille, Ei de I'liviiit'ii In terre aconnu In uaeivedfle ! I/boinme a connti I'anioui et Dieu tut satisfait. l/homme naissant esl roi : rhtnnmc heureux est paifaiti Ivic clc son bonlleur, et tier de son empire, 11 moiilre sn COmpagnfe a loill cc qui respire. Soudain a cet aspect, par mille et mille echos Les airs, l«s mon Is, les bois, Irs plaines et les eanx Du noin de letir nionarque a 1'cnvi retentisscnt ; A son heureux destin les niondes applaudissent, Et lui, courbant la lete, invoquant leur auteur, Roi cree, sc soumct a son roi createur. Ailleurs, l'auteur peinl Orphee arrachant son Eurydiee aux enters. La comparaison, non nioins redoutable avec Virgile et son admirable interprets, n'eflVaie point M. dc Noryins, et le lectenr applaudit a sa hardiesse. Le poete, sfir de sa force, s'est fraye les routes les plus didiciles; il.les parcourt d'un pas hardi, et souvent l'obstacle ajoute a 1'eclat de son succes. Le poeme de 1'Immortalite de l'fune est consacre an triom- phe d'une philosophic utile an bonheur des bommes : I'au- teur embrasse son systeme, au moras autatit par sentiment rpie par conviction, etilsetrouve ainsidansla position la plus favorable au poete. II ne dogmatise pas connne un croyant aveugle ; il ne raisonne pas en mctaphysicien tranchant; il s'abandonne a ses inspirations, et ses raisonncmens sontdes images. Le poeme dont M. de Norvins donne aujourd'hui tine nouvellc edition parol a uoe epqque ou la Iitleralure et la philosophic trouvaient encore des juges dans les premiers ta- lens. Les ecrivains les plus eelebres s'empresserent alors de signaler au public celte belle production. Parmi ces arbilres de 1'art, on remarquele litterateur dont Peloquencepatriotique inspira le gout des arts a une jeunesse avide de recueillir les lecons du successeur que Delille s'elait choisi lui-meme ; lc penseur spirituel et profond qui, distingue par des succ.es nombreux, a honore son pays en se montrant a la fois his- torien, poete, diplomatc et guerrier, et le celebre ecrivain qui, UTTER ATU RE. ill rival hcurcuxcle Steele et d'Addisson, a ouvert une route mm velle aux moralistes francais, a recueilli de nnmbreuscs pal- mes sur la scene, et a perfcctionne le drame lyrique, en al- liant la grace et le naturcl du cbanlre d'Armide a I'eclat et a la force tie uos grands maitres. Le pot- me tie &L tie Norvins reparait avec tie norabreuses ameliorations. Couime tons les talens pnissans, il s'est monlre pour lui-mcme plus severe que le public, et il n'a vu dans son succes que 1' obligation de perfectionner un ouvrage applaudi. Nous en fclieilons l'auteur, en l'engageant a perse- verer dans sa courageuse resolution. Son poeme est destine a survivre a notre epoque; il doit y travailler constamment. Plusieurs passages appellent encore son attention ; on y ren- contre ties vers faibles et des passages dont I'erilurmnu'fe nuit an veritable eclat. M. tie Norvins, en revelant ce qu'il pou- vait faire, a prouve a quel point il lui est permis tie s'elever encore. Un poeme n'est jamais terminc, tant que l'auteur conserve son talent. On demandait au Tasse comment il etait parvenu a donner a sa Jerusalem un si haut degre de perfec- tion : en y songeant sans cesse, repondit le grand poete. Les lecteurs du poeme tie lTmmortalile de l'ame remar- quentavec un vifinterct, que ce bel ouvrage poetique est du a la plume qui a retrace Tunc de nos grandes epoques bistori- ques. Dans cette composition l'auteur se montre fierd'appar- tenir a la grande nation dont il peint si eloquemment les bautes destinees ; il parle de notre gloire avec le pieux respect d'un fils qui vient sur le lombeau de sa mere cbercber ties consolations, en rappellant ses vertus et ses nialbeurs. A une epoque oii la politique et la Hyalite ties coteries n'au- raient point absorbe I'attention generate, le poeme tie M. tie Norvins eutproduit une sensation tres-vive; toutes les bou- ches de la renommee se sentient ouvertes pour proclamer son apparition. Les succes purement litteraircs sont aujourd'bui restreints dans d'etroites limites; mais les arbitres tie Part se- ront loujours assez nombreux.dans la pati ie des Racine et des lis LITTKEIATIRE. ^"t»ltnire, pour assurer lo trioniphe durable do tout onvrage que la raison, le gout et le talent aitront marque de !eur cm- prcintc. Le discours pivliminairc et surtout les notes sont exticme- ment remarquables : elles attcstent les eonnaissanees profon- des et varices de M. de Norvins. La science, la philosopliie rt le merit e de l'ecrivain se trouvent licureusement minis dans cc beau travail. OEvvres posthumes d'A. E. Gaulmier, preccdees d'une Notice sur sa vie ( i ) . Dans l'etat actuel de la litterature, il y a peu d'espoir de celebrite pour le poete qui he sail pas mcttre en mouvement les coteries et les journaux. Se faire un grand nombre de pro- neurs bien aniens, bien aveugles, lei doit el re desormais le precepte fondaincntal de toutes les poctiques. Est-il surpre- nant que Eoilean, qui n'en dit pas un mot, soit aujourd'bui si decrie? Formez-vous done d'abord une troupe compacte d'ad- mirateurs bruyans et devoues. Le public ne tardera pas a Be mcttre a la suite; e'est 1'unique moyen de 1'emouvoir, el il est infaillible. Qu'importe apres cela que le jugemcnl des con- naisseurs vous soit favorable ou contraire? C'cst un point in- different pour la vogue des ouvrages, pourlessuecesd'argcnt, qui sont maintenant les verilablcs sueces d'estime. Le poete dont nous annoncons les ceuvres posthumes n'en- tendait rien a ces hautes combinaisons litteraircs. Confine a llourges, on il rcmplissait le laborieuxcmploi de professcur de rhetorique, il altendait sa reputation de son talent ; aussi a-t-il (i) Paiis, 1800; Delaunay. 5 vol, in-iS d'enviion 290 pages; prix, 6 fr. LITTfrlATURE. n3 vecu, est-il niort ignore, et, comine il le dit lui-mcme avee nne spirituelle ingenuite : Nul imprimeur, accueillant ma misere, Dans les profits ne m'admit de moitie. L'ecrit modeste, en mon nom public, Pour le public fut toujours un mystere. Si quelquefois un complaisant libraire Sur sa boutique etala, par pitie, Ou mon epitre ou mon cbant funeraire, Toujours, pour moi loyal depositaire, II me rendjt le tresor confie". Puisqu'il s'agit ici d'un ecrivain pour qui la renommee fnl avare de ses faveurs, essayons de faire connaitre a la ibis Phomme et le poete. Antoni Gaulmier, ne a Saint-Amand (Cher), en 1795, avait une de ees ames qui ne trouvent dans la vie positive rien qui reponde aux exigences de leur imagination et de leur sensi- hilite. Des Page de dix-sept ans, un amour aussi ardent que vertueuxs'empare de son existence. Celle qu'il aime n'est pas seulement pour lui la plus belle des femmcs; c'est une divinild qui preside a toutes ses actions : Elle ouvre, autour de moi sans cesse voltigeant, Mon cceur au malbeureux, ma main a l'indigent, Fait entrer le pardon dans mon ame offensee, Epure mon langage et jusqu'a ma pensee. II n'ose pas meme lui faire l'a veil de satendresse. II t'eut dit son amour, s'il t'avait nioins aimee, luiecrivait-il plus de douze ansapres, quand des long-temsle mariage avait mis obstacle a son bonheur. Invinciblement arrete par cet obstacle, Gaulmier trouva dans le sentiment du devoir la force de vaincre sa passion ; mais ce sacrifice porta a sa sante et meme a sa raison une atteinte pro fond e ; et, chose singuliere! tandis que dans les drames et les romans nous voyons toujours les amansmalheureux regarder la mort T. XLVI. AVRIL l83o. 8 ,,/, UTTERATURE. , oinme UO asylc ouvert a leurs peine*, c'est la erainte de la mort qui devint pour Gaulmier la source de mille tourmcn? imaginaires. Vaiueinent il cherche dans le travail un remede au trouble quil'agite; voue d'aburd a [instruction publique, il la quitte pour l't-Uide de la medecine; mais ses sens se re- volted au spectacle d'une dissectiotJ ; il passe alors de l'Ecole de medecine a I'Ecolede droit, qu'il ahaudonne bientot pour entrer dans un seminaire. Remede impuissantl L'amour opiniatre avec inoi s'y cacba; L'ennui m'y confmail, I'e.inui men arracha. PbursuiVi jus«iu'au pied des autcls par les agitations d'un coenrdontil avail cru« que Dieuseul pouvait remplir la vaste solitude ., Gaulmier se decide a retourner au sein de sa fa- mine- il rentre dans ['instruction publique, etla poesie, aidee d'un nouvel amour, le reeoncilie momenlanement avec la v.e. Mais son ancienne passion nc tarde pas a se rammer : Sous la loi d'une amante J 'ovals cm pour jamais fixer ma vie en ante; Hods brtilions d'ecbanger nos serpens solennels, Et l'Hymen souriait a nos vceux mutuels: Tn paras, jc te vis, et je devins parjure; Je sentis d'un regard se r'oimir ma blessure , F,t I'amoureux serment d'une conslante foi Fut commence pour elle , et s'acbeva pour toi. Un voyage aupays on il avail passe son adolescence ne fit que raviver ce sentiment : De mes doux souvenirs interrogeant la trace, J'ai visite les lieux, j'ai reconnula place Oil je la vis errer, oil je la vis s'asseoir; Je cms a chaque pas et l'enlend.e, et la voir. Ces lieux semblaient avoir, dans leur Ddele enceinte, Garde de tous ses pas I'ineHacable empre.nle. Oui, quelque cbose encor de ses traits, de sa voix, \olligeait sur les fleurs, murmurait dans les bois; Je ne sais quel parfum, pur et divin comme elle, Le rephir complaisant m'apportait sur son a.le. LITTERATURE Mf> Le terns pendant lequel Gaulmier avait demands a ['amour meme ie soulagement des peines de l'amour fut la pcriode la plus lieureuse de sa trop courte existence. Vers cette cpoque (1821), et tandisqu'il etait professeur an college de Nevers, il remporta, par une ode sur le devoumentde Muleslicrbes, le prix de poesie decerne par PAcademie franraise. II est assez rare de voir un auteur inconnu venir du fond de la province re- cevoir a Paris la pal me academique. Par malheur, l'ode sur Malesherbes est peut-etre la plus faible de toutes les compo- sitions de Gaulmier; ce n'en fut pas moins celle dont il re- cueillit le fruit le plus doux. 0 Ah! si cet instant des plus vives sensations du bonheur m'a coute cher, ecrivait-il a sa mere en lui rendant compte de la seance oii son triomphe fut pro- clame, je suis prel a en acheteivle retour au meme prix. De telles jouissances ne peuvent se payer. Ainsi je suis voue pour la vie a la litterature. » Homme naif, plein de veneration pour l'Academie, et de foi dans les lauriers qu'elle aconsatres! En poeme sur le devoumenl des medecins francais et des sceurs deSainte-Camille, d Barcclonne, ne lui valut, I'annee suivante, qu'une mention honorable; ce poeme est pourtant bien su- perieur a l'ode. Gaulmier a sort but fait preuve d'un grand talent dans la peinture de qes vertueuses soeurs : Simples Giles! quel noin, quel litre, quel suffrage, Couronneront jamais leur modeste courage? Les ruis niOmes, les rois voudraient-ils l'essayer ? L'homme peut les benir, Dieu seul peut les payer. Habiiantes dn ciel sur la terre cxilees, Aux humaines douleurs viclimes immolees, Le malheur est 1'ubjet de leur culte divin ; Consoler et souflYir, voila tout leur destin. Emules de celui que leur priere adore, Leur patrie est aux lieux oil l'homrue les implore ; Partout leur vasle amour etend ses doux liens, Et tous les nialheureux sont leurs concitoyens. Anges d'liumanite, d'amour, de bienfaisance, Rien n'a pu de leur zele epuiser la Constance. La mort vole, et partout les trouve sur ses pas. Iri, leuis soins pipiix out same du trepas n6 LIITEKATUUE. Le vicillaid cxpiiant. que sa (illc abandon nc ; La, dans la co-ur llehi, que la nuil environne, Leur voix harmonieusc a du divin sejour Fait descendre nn rayon de l'etemel amour. Le malheureux espere en lenr douce parole; Lllcs savent des mols dont le charme console. Dieu veille stir leurs jours, de lenr seln genereux Ecarte du fleau le sou Ale dangcreux ! Ccins-les de Ion amour, couvre-les de tes ailes; Que tes saints escadrons se pressent aulcur d'ellis; Couionne d'un air pur leur front religieux : II n'est pas terns encor de leur ouvrir les cieux. Ces vers, inspires par une ame tendre et rcligieuse, sunt dignes de rester dans la memoire de tous ceux qui sont aen- sibles au double charme de la poesie et de la vertu. Le poeme sur l' abolition de la traite des Ni'gres, envoye a tin autre concours, obtint aussi una mention honorable. Mais la muse de Gaulmier n'attendait pas les commnndesacademiqucs pour preter sa voix a la cause de 1'humanite. Toutes les fois qu'un evenement important venait exciter la sympathie des amis de cette noble cause, sa lyre resonnait comme d'elle- meme. Ainsi, l'expulsjon de Manuel de la chainbre des depu- tes, la mort du general Foy, la prise de Missolonghi, l'ele- vation de M. Royer-Collard a la presidence, ont ete tour a tour le sujet de ses chants. Detachons un fragment de son oile sur le general Foy, qu'il faudrait pouvoir c iter ici lout en- tiere : Talens, dons imiuortels, tresors dignes d'envie, Que l'liomme avec orgueil s'efl'orce de nourrir. C'est vous seuls qui donnez quelque pi ix ft la vie, Et c'est vous qui faites mourir. Votre charme nous perd, votre ardeur nous devoi e : C'est 1'errante clarte par qui le voyageur, Credule, va cherchcr le danger qu'il ignore; C'est le divin flambeau qui leconde la lleur, L'embellit et la decolorc. LI TT Ell ATI) UK. i i; Aiusi de ton genie a rayon ne la flanime; Aiusi lu niourus consume Par ce feu divin qu'en ton Sine Le ciel meme avait allume. Que dis-je f n'es-tu plus qu'unc froide poussieie, Un vain debris dormant dans la nuil du trepast Non, non, en vain le sort a borne ta carriere; Quelque cbose de toi te survit ici-bas. A la place oil tonna ta parole immortelle, Ton souvenir religieux De la mort avide et cruelle S'elevera victorieux. La France, qui gemit de sa perte nouvelle, Dans son sein genereux, de sanglots oppiesse, Recueillera ton ame, et tu n'as pas cesse De vivre, de penser, de eombaltre pour elle. Et toi, qui sur sa toinbe as purte tes douleurt., Tu n'as pas tout perdu, pieiise et noble France, Quand pour tes citoycns il te rcsle des pleurs. Sur ce menie tombeau que lu couvies de fleurs, line palnie a la main, vois s'asseoir l'esperance. Enteuds de notre deuil la cousulanle voix ; Par ce que nous pieuions juge ce que nous somrms. Tant que la Grece bonora les grands homines , La Grece eul des heros pour defendre ses lois. Les premiers vers semblcnt tine allusion prophetique a la mort prematuree du poete. Les derniers sont une haute ef fructueuse lecon, qu'il adresse a ses concitoyens. Mate l'amour de la liberte, qui se confbndait dans son ante avec runiour de la verlu, etait pour fiaulmier une source de chagrins amers. « Force par les rigueurs de la fortune de meltre tous ses soins a conserver sa place de professeur, il se voyait avec douleur contraint de devorer son indignation en silence, expose a mille degoQts, a mille inquietudes, toutes les Ibis que, cedant aux mouvemens secrets de sa con- science, il laissait echapper des sentimens qu'il ue pouvait plus contenir. Cette lutte entre le besoin de communiqiier MBS ponsees et l'inipi''iiiu>e necessite de se taire , est une des can- n8 LITTER ATUREi >c» qui onl lc plus attriste et par suite abrege sou existence. » Ajoiiions qu'en impnsant silence a ses opinions, il sacrifiait aussi les esperances de sa gloire. La haute idee qu'il avail concue de la dignite et des devoirs du poete est exprimee avec tine elegante energie dans son epitre a M. C. Delarigne; c'est la. noble indcpendance dont il a fait preuve qui est surtout l'objet des eloges que Gaulmicr lui adresse. Saint, s'ecrie-t-il : Saint! toi, qui, du haut des celestes sommets, A la faveur des cours ne descend i« jamais; Qui, toiljours respectant ton sacre caractere, N'as pas vendu ta gloire aux grandeurs de la terre, Et ne profanes pas, aux pieds de teur autel, Pour des honneurs d'un jour un talent irumorlel ! En s'associant dans cette epitre a tous les sentimens gene- reux dont I'auteur des Messeniennes a ete I'interprete, Gaul- miers'est constamment elevc a la hauteur du talent auquel il rendait hommage. Cependant des chagrins de plusieurs natures ne cessaient de l'accabler. Afflige d'une obscurite pour laquclle il ne se sentait point fait, il voyait avec douleur naitre cbaque jour des renommees poetiques fondces sur la bizarrerie et sur la deraison. Les progres du mauvais gout lui causaient une afflic- tion serieuse. Bientot la mort d'un pere tendretnent cheri Cut suivie de la perte du modique palrimoine de sa mere. Rien de plus genereux et de plus touchant que la leltre qu'il ecrivit a celle-ci, pour la consoler de ce dernier eveneinent. Taut de malbeurs, en meme terns qu'ils alteraient sa sante, lui firent geolir plus vivement le besoin d'a.ignientcr ses rcssources. II s'eflbrcadoncd'elever un dernier regard vers la lortune et vers la gloire. L' Academic franca ise venaitde mettre au concoursle sujet de I' invention dc I'imprim&rie. Gauhnier se Malta qu'un nouveau prix, en attirant sur lui ['attention de I'autorite, pourrait lui fa ire oblenir une place d'inspecteur de l'Univcr- site, qui lui permettrait de venira Paris completer ses etudes LlTTJilUTUUE. »iy et peut-etre illustrer son nom. II consacra le peu de forces qui lui restaienta cette derniere lutte; et, lorsqu'il appril que son ouvrage n'avait pas meme obtenu une mention, son esprit, frappe 4 mort dans sa derniere esperance, acheva de briser la fragile enveloppe qu'il consumait depuis long-tems. L'a- mour-propre d'un autre se serait revolte contre cet arret; Gaulmier ne s'en prit qu'a lui-memc , et il ne put supporter l'idce de l'avoir merite. Ainsi une vive susceptibilite est in- separable du talent meme le plus modeste, et l'effet en est ici d'autant plus douloureux que l'ouvrage condamne a l'ou'di par 1'Academie semblait digne d'un meilleur sort. La muse de Gaulmier, quoique naturellement portee au genre elegiaque, savait prendre babilement tous les tons; plusieurs de ses pieces sont animees d'une douce et muli- cieuse gaile : tellcs sont : YEpUrc mentale. La morlalite varie, dans lestliverses prisons, de deux a vingl-dnq individus sui' cent, dans le COUPS d'nne annee. La vieille prison de Pldladelphie ( old county prison ) est celle qui cure la plus grau.de mortalite relative , tandis que la pri- son de Maine, elablie depuis trois ans, et on il se trouve habi- tuellement cinquante detenus, n'en a pas perdu un seul pour cause naturelle de mort. Apres avoir expose tous ces faits, le rapport presents, comme principaux remedes : i" le choix de bons employes, qui aient a la Ibis une conduite reguliere , des sentimens reli- gieux, de l'activite, une omTversation decente, de la bienveil- lance pour les prisonniers ; 2° un genre de travail qui produise a I'etablissement et aux detenus un benefice suffisant; 5° la reclusion solitaire pendant la nuit ; 4° une occupation con- stante pendant le jour ; 5° une surveillance active jour et nuit, ainsi que d'autres moyens de police interieure, pour empe- cher toute mauvaise communication entre les prisonniers ; 6° des mesures qui tendent a leur donner simultanement une education religieuse, morale et intellectuelle; j° l'examen des causes du crime, telles que l'intemperance, la con'trefacon des billets de banque , l'abrutissement des homines de couleur, et la recherche des mesures necessaires pour prevenir ces causes. Le rapport est termine par une statistique des prisons des Ltats-Unis. La recette de la Societe a ete, pendant cette deuxieme annee, de 2,43q dollars (15,170 ft.) Le troisieme rapport (juin 1828) conlient des reponses cir- constanciees a plusieurs questions, dont voici les principales : i°. Qu'a-t-on fait pour empecher toute mauvaise communication entre les prisonniers"? Lorsque la Societe a commence ses ope- rations, plus de 2,5oo criminels etaient renfermes dans moins de 2i5 chambres, c'est-a-dire qu'ily avait plus de 10 detenus par chambre. Maintenant , on a construit des cellules pour chaque detenu dans les prisons de Maine, de Massachusetts , de Connecticut , et Ton espere qu'avant peu d'annees le sys- teme de la reclusion solitaire pendant la nuit aura part out prevalu. 20. Qu'a-t-on fait pour donner aux prisonniers une instruction convenable ? Des allocations de fonds ont ete accor- dees par les legislatures de divers Eta ts, pour salarier des cha- pclains dans les prisons. On a aussi etabli, dans quelques mai- sons penitentiaires, des ecoles du dimanche et des lectures regulieres de la Bible. 5" Qu'a-t-on fait pour diminuer les dis- penses courantes des prisons? Plusieurs maisons ont trouve, dans de nouvelles mesures interieures, les moyens de subve- nira leurs depenses, et meme de presenter un benefice. On a ia(i LIVRES ETRANCERS. details que nous allons donner a ce snjet, on doit savoir que cette prison a ete construite d'aprcs un nouveau prime rpe, qui consiste a imposer aux detenus la reclusion solitaire abso- lue, jour et nuit , sans aucun travail. Ce mode de discipline a provoque de nombreuses reclamations dans les Etats-Unis. On a dit que la surveillance serait moins exacte , qu'il serait impossible aux gardiens de connaitre les maladies subiles des detenus, et qu'il se presenlerail de grandes dillicullcs pour leur instruction. D'ailleurs, cette reclusion absolue sans tra- vail est regardee comme line barbaric conlraire a tous les sentimens d'humanite . et qui pent devenir fatale a un grand nombre de detenus. Le rapport cite deux lettres de l'hono- rable general Lafayette; l'nne eciilc, en i8a5, a un philan- thrope anglais, dans laquelle il fait observer que Ton pourrait eviter les grands inconveniens du systeme de la prison de Philadelphie , en construisant des cellules solitaires pour scparcr les detenus pendant la nuit, et en multipliant les chambres de travail en commun, de maniere a reduirc le nombre des prison- niers rcnfennt's dans c/mque charnbre d ce qu'il elait, lorsque la population de la prison itait mains considerable. L'autre lettre, dati'e de scplcmbrc 1826, conlient le passage suivant : « Le peuple de Pensylvanie croit que la reclusion solitaire est un nouveau systeme, une decouverte recente ; mais non, ce n'est que le ritablisscment du sysleme de la Bastille. L'Etat de Pen- sylvanie , qui a donne an monde l'exemple de l'humanite , et donl le Code pliilanthropique a servi de modele a toute l'Eu- rope, est mainlenant sur le point de proclamer l'incflicacite de son systeme , et de ressusciter le Code inhumain du siecle le plus barbare et le moins eclaire. Je desire que mes amis de Pensylvanie considerent l'effet qu'a produil ce systeme sur les pauvres prisonnicrs de la Bastille. Je me rendis sur les lieux, le lendemaki de la demolition, et je trouyai que tous les prisonniers avaient eu l'csprit derange par leur reclusion solitaire, a l'exception d'un seul. 11 avail ete prisonnier vingt- cinq ans, et on le relacha pendant que le peuple demolissait la Bastille. II regarda d'abord autour de lui aver une espece dc stupeur, car il n'avait vu personne durant ce long espace de terns; et, avant la nuit du meme jour, il eprouva de idles emo- tions qu'il devint completeinent maniaquc; il u'en esl ja- ETATS-UNIS. 127 mais revenu depuis lors (p. [\0, 4 '•)• * Nous ajouterons, d'a- pres le qualrieme rapport, que ees observations du general La Fayette, appuyees par celles ile plusieurs citoyens eclaires 6 fr.) , tandis que 5,699 prisonniers anglais n'ont gagne que 8,867 ''v- sterl. (221,675 fr.) Quant aux rapports des deux systemes, ils sont tres-nombreux, puisque l'un et l'autre sont fondes sur les memes principes, et tendent au meme but. — La Societe a recti, pendant cette troisieme an- nee, 2,444 J0"31'8 (i3, 197 fr.) Le qualrieme rapport (juin 1829) contient beaucoup de par- ticularity interessantes sur les prisons des Etats-Unis; nous regrettons que les homes de cct article nous empechent d'en donner des ex trails. Ce qui a parlieulieremenl flxe notre at- tention , e'est une notice detaillee sur les lois penales des di- vers Etatsde l'Union. En les comparant cntre elles, il en re- sulte que la peine de mort y est tres-inegalement reparlic. Cetle peine ne se trouve pas du tout dans lc Code de M. Li- vingston, pour la Louisiane. Dans la legislation de Pensylvanie, clle n'est prononcee que contre le meurtre au premier degre ; dans celle de New-Hampshire, on y a joint la trahison. Dans d'autres Elals, au contraire, par exemple dans ceux de Mary- land, de Massachusetts, de Virginie, la peine de mort est inlli- gee pour plus de vingt cas differens, commc viol d'un enfant (1) Voyez cl-dessus, p. a5, les reflexions He M. Charles Lucas sur le Syslime penitenliaire. 128 LIVHES ft'HVAMGERS. au-dessous de dix ans, duel , rapl, vol a main armee, ou par effraction, inoendie, complot d'une personnc libre avec de.s esrlaves, etc. , etc. II en est de meme de lout le systeme de pcnalite ; il differe presque aussi eomplclement d'un Etat de ITnion a I'autre que de Test a l'ouest de I'Europc. — Le rap- port examine ensuite les different genres d'influence que la Soc.icte pour la discipline des prisons pent cxercer, tels que ceux d'introduire d'utiles changemens dans la legislation penale , de montrer les rapports qui existent entre la construction des prisons et le moral des prisonniers, de faire connaitre le prix du travail, non-seulement comme moyen de subvenir aux depenses, mais comme mobile de vertu; de faire apprecier I'importance d'une vigilance conlinuelle du gouvernement sur les prisons, etc. Les recettes de la Societe nnt monte, en 1829, a 5,53 1 dol- lars (19,067 fr.) L'etendue de cette analyse nous dispense d'y joindre au- cune reflexion. INos lecteurs sauront apprecier les travaux de la Societe pour la discipline des prisons, et ils trouveront des mo- tifs d'encouragement pour les associations du meme genre qui existent en Europe. G. de F. 2. — * Resolutions submitted in the House of representatives of the Congress of the United-States, etc. — Resolutions soumises a la Chambre des representans du Congres des Etats-Unis, declarantl'inconslitutionnalitede facte passe le i4juillet 1798, appele communement la loi de sedition, et demandant le remboursement des amendes qui ont pu etre payees aux cours de district, par les personnes declarees coupables en vertu de cet acte. Rapports de la Chambre des represen- tans : deuxieme Congres, deuxieme session. Charleston, 1829; Miller. II s'agit ici du principe vital de tout gouvernement consti- lutionnel, de la base de tout progres, de toute securite du- rable pour la liberte civile, la philosophic et les lettres, en un mot de la liberie de la presse , source de lumiere et de constantes ameliorations. De notre terns le pouvoir de cette voix immense qui organise , concentre et fortifie l'opinion , s'est accru au point d'etre a lui seul un moyen de gouverner : mais le despotisme est impossible la ou toutes les opinions ont cours, entrent librement dans l'arene, se combattent, se ba- lancenl, s'entre-detruisentrune l'aulre, ou du moius ne laissent subsister que le bien de chaque systeme, le depouillant de ses sophismes et de ses consequences dangereuses.Encela git l'ex- cellence de cette liberte qui fait que la presse n'est et ne pen I etre ni deniorratique , ni exclusivemenl monaichique , el ETATSrUNIS. iao quo, demcurant la meme pour tons, elle ne fait qu'encoura- gerla lutte ou la verite doit pre valoir. II estvrai que les gens ti- mides voient des dangers a cette lutte. Pour eeux qui sont lie bonne foi, il n'en existe pas, car cliaque abus de la prcsse, s'il peut y avoir abus, enfante, pour ainsi dire, sa reaction. Les peuples, jaloux de leurs droits, savent ce que vaut cette ga- rantie, et y veiilent avec amour, mais non avec la douloureuse anxiete de ceux qui craignent sans cesse de se la voir enlever. L'acte de sedition, con tee lequel s'eleve la reclamation que nous annoncons, est ainsi concu : «Toute personne qui eeriia, imprimera ou publiera un ecrit faux, scandaleux ou malicieux contre le gouvernement des Etats-Unis ou le president des Etats, avec intention de diilamer ledit gouvernement ou l'une ou Pautre Chambre du Congres, ou ledit president, de les amener a mepris , ou d'exciter contre eux la haine du peuple ; d eveiller des seditions, ou d'encourager a des asso- ciations illegales pour s'opposer ou resister a une loi des Etals- Unis , ou a un acte du president ayant pour but 1 'execution de cette me me loi et lait en vertu des pouvoirs dont il est investi par la constitution, ou pour aider et seconder les desseins hos- tile* d'une nation elrangere contre les Etats-Unis, lcur peuple ou leur gouvernement ; cette personne, jugee devant une cour des Etats, sera punissable d'une amende u'excedant pas deux mille dollars , et d un emprisonnement de deux ans au plus.» La derniere clause porte que les personnes poursuivies en vertu de cette loi seront admises a rendre temoignage de la recite , afin que le jury puisse determiner la loi et le lait; et que la duree de Tacte lui-meme sera limileeau 5 mars 1801. » Cette loi t'ut passee en 1798, epoque oii la revolution 1'ran- caise epouvantait le monde , et ou Ton atlribuait ses teiribles convulsions a l'extreme licence des discussions populaires. Bien qu'il Cut excusable a un gouvernement si jeune encore et aussi peu assis que celui des nouveaux Etats d'Amerique de prendre iacilement l'alarme, cet acte ful une des principa- les fautes de son debut. Graces a son peu de duree, a l'etat de calme du pays, et a la moderation des peines qui ne i'u- rent jamais ou tres-rarement appliquees dans leur etendue, il eut peu d'action , et n'amena, par consequent, aucune suite t'uneste. Cependant, 1' opinion publiqne, qui, des l'ori- gine, l'avait declare inconstitutionnel, y revient aujourd'hui, et vent une retractation assez t'ormclle pour qu'c.i ne puisse jamais s'en prevaloir comme precedent. Elle reclame de plus le remboursement des amendes payees, et une sortc de reha- bilitation pour quiconque a ele altciiilpai une loi injuste, et T. XLVI. AVUIL l85( 9 i3o livrgs etrangeks. qui etait clle-mcme unc violation de la constitution. A l'ob- jec.tion qu'on lui fait que rcvcnir sur les coiulaninalions pas- sees sera it encourage*' des appels a la legislation contre le pou- voir judieiairc , file repond que loin de voir en cela uti nial, clle y voit mi bien, ear e'est an corps existant dans la consti- tution, et par ellc, qu'il appartient de porter remede a tout ce qui pent altercr on miner la loi fondamenlale ; ct le blame i!h Congrcs, s'exercant sur lui-meme pour la reparation d'un tort ou d'une injustice, ne pent ni l'abaisser, ni l'avilir. 11 est probable que cctle question debattue a la Cliambre des Elats, y sera resolue affirmativement. Les developpemens en seront curieux a suivre, snrlout par l'experieoce qu'ils sup- posent dans le champ de cette politique pratique a laquelle l'Amerique a du jusqu'ici sa prosperite. 5. — * /Inter Khan and other poems. — Amer Khan, et au- tres poemes, oeuvres de Lucretia Maria Davidson, morte a Platsburgb, Btat de New -York, le 37 aout 182a, agee de 16 ans oiue mois ; recueillies et publiees par Samuel F. 1$. Morf. New-York, 1829. II n'est peut-etre pas d'age on les sensations poetiques soient plus nombreuses ct plus varices que dans l'enfance. Raremcnt approfondies, elles se succedent avee une etonnante rapid it-e. Quede promesses de bnnheuret de joie apportent tin l>eau soleil d'etc, le son des cloches, le retour du dimanche ! Sans souvenir de la veille, sur le seuil d'une vie qu'il ne con- nait pas, I'enfant est toutentier a ce qu'il eprouve surl'heure; il ne meditc pas, il n'analyse pas, il est beureux par instinct , eomme l'oiseau qui cbante et se berce sous la feuillee. Toute la creation lui fait fete : la vue d'une flcur le jette dans des ravissemens , la brise le caresse, les eaux on il se mire lui sourient : s'il s'arreteetregarde a ses pieds, ily voit etales une foule de tresors, car il n'a pas appris a se faire difficile : un caillou,un coqnillage trouves dans le gravicr lui sontcboses precieuses et belles. Puis, dans la prairie, e'est encore un monde a sa portee ; tant de sortes d'berbes, de fleurs de for- mes et de coulcurs sidelicates qu'elles scmblent devoir ecbap- per a des yeux moins penetrans; et les insectes qui se nieu- vent sous ces ombrages nains, et qu'il se plait a decouvrir. Et a mesure que le cercle s'elargit, que naissent les besoins d'i- maginalion , combien de brillanles reveries, de palais d'or et d'argent apparaissent et s'effacent an milieu des images ! Des croyances confuses et pleinesdc cbarme remplissent I'amcqui s'essaie, parfois des lerrems indefmies, puis des pensees reli- gieuses melees aux formes imposantes du culte, an parfum de ETATS-UNIS. iji 1'eiicens, aux chants doux et graves de la priere . an jour sombre et mystcrieux qui rcgne dans l'eglise. Et qu'nn ne croie pas que l'enfant, devenu homnie, eree la poesic de tou- les ces impressions par ses souvenirs ; non, il l'a sentie et sa- vource d'abord; elle a parle hant a son ame, a ses sens; mais comme le sauvage qui se balance dans sa pirogue sur un lac tranquille, comme le paysan de nos chaumieres qui s'as- sied a sa porte pour respirer l'air pur d'un beau jour, qui a pour horloge le soleil , et cultive de ses mains le champ qu'il a seme, le verger dont il a plante tons les arbres, il ne sait pas se rendre compte de ses jouissances et de leurs causes : il s'y livre, voila tout. S'il etait possible de priver, d'isoler l'enfanl de cette poesic qu'il tire de ehaque objet, il mourrait comme une abeillc sevree du sue des fleurs; comme le paysan qui,enleve de son village et iransplante dans les villes, lau- guit et meurt du mat du pays, (les sensations poetiques de I'enlanee sont si rcelles f|u'elles etendent leur inlluence sur la moiliede notre vie : e'est a cette source pure et fraiche qu'il nous faut revenir pour retrouver cette intensite de joie que nous n'eprouvons plus qu'a de si rares intervallcs. Jeune, 1'anie se suffit a ellc-meme; elle n'a pas besoin de parler de ce qu'elle sent. II n'y a pas trop de son activile pour aimer et connaitre; et ce n'est que plus tard, lorsqu'elle se degoQte des plaisirs simples et faciles, qu'elle appelle la sympatbie a son aide. Mais, si la voix lui etait dorinee, a l'hcure de son premier essor, si elle trouvait des mots pour rendre ses vifs tressaillemens, ses decouverles, ses conquetes, on entendrait des chants purs et melodieux, des chants planant entre le ciel et la lerre, souvenirs du chocur des anges et des concerts humains. iMaisle passe n';ipparlient pas a l'oublieuseenfance, et que sait-elle de Pavenir? Cependant, e'est la qu'a presque toujours puise le poete precoce dont nous annoncons les oeu- vres. II y a quelque chose de triste a cette experience antici- pee, a cette preoccupation de peines qui ne sont pas encore venues. Le genie de Maria Davidson (car elle en avait) firt melancolique des son debut. Tout enfant, elle se plaisaitaux sensations reveuses, a la musique qui fait pleurer. On eftt dit une ame deja 1'ormee, et non plus grandissante, enfermee dans ce l'aible corps qu'elle consumait. Ses compositions ont un accent original , surtout celle on elle peint l'espece de trouble, devertige ou la jetait la promessed'une recompense; Finipuissance que prodnisaient en elle Iesmoyens d'excitalion dont en I'entourait imprudenirnent. « La muse s'enfuit! dit- elle; ni prieres, ni menaces ne la peuvent retenir Je ive i5i LIVRE8 ETKANdEKS. puis que barbouiller dtl papier, ni'impatienlcr el plcurcr ! et pourlant , olle revicnt, e! me tourmente, et me tenle d'e- crire ; et, lorsque je lc lais, elle se prend a rire, et me laiile, car il n'y a lins (Tharmonie clans la rime, pas de sens dans le vers Oh, par pitic ! amis, qui voulez que j'eciiv'e, dtez rle devanl mes ycux vos recompenses et vos dons, car la muse est jalouse et me vent tonte a elle! »Cerlc. Oela est plein de i;race, et d'un enfantillagc mele de. profondeur qui louche et qui etonnc. Les aspirations de cette jeune fille vers l'elude etaienl si ardentesqu'ellc s'ecriaitun jour :« Oh, que de chosesa appren- dre! Si je pouvais les embrasser el les contenir loutes a la fois! «Maria etait nee de parens pauvres, et elle cut de bonne heure le spectacle des privations et des soucis qu'entraine une gene excessive. Si Ton en cr'oit son editeur, elle composa a neufans, et meme plulot; a treize ans, elle avait fail mi poi'iue intitule, Bodri , dont il ne reste qu'un chant. En iS'i'i- tin etranger ayant In quelques-uns de ses vers, voulut lui procurer tous les avantages d'une education soignee, et la fit entrer a ses frais dans un des meilleurs pensionnatsd'Ame- rique. Son esprit y redoubla d'activite et d'cfl'orts : « Je suis si heureuse, ecrivait-elle a sa mere, que je tremble sans cesse que quelque chose d'imprevu ne vienne deranger ou inter- rompre mon bonheur! 11 y a tant de plaisir a savoir! »Et dans une autre lettre : « N'esperez pas trop en moi , car je ne suis pas capable de beaucoup. 3'etudie, je tiavaille, mais je crainsdene pouvoirrealiser les espeiances qu'on a concues. » Sa sante, deja faible, ne tarda pas a s'alterer tout-a-fait. Cette jeune ame se remplit de presscntimens de, mort, mais dou\ et poetiques, sans melange d'effroi. C'elait counne le retour d'un exile a la patrie celeste. « Petite etoile scintillante, jc te sens m'attirer a toi ; diamant qui brilles au bandeau bleu dtl ciel, comme je volerai vers toi, quand mon ame prisonniere sera libre ! » Une terreur s'empara d'elle dans ses derniers instans. Elle craignait de perdre la raison, et I'exaltation surnaturelle ot'i elle avait vecu justifiait trop ses craintes. « Jc sens mon ccr- veau bouillonner, puis se glacer tout a coup! »disait-cl!e. ^ee a Platsburgh, le 27 septembre 1808, elle mourut le •>.;• iioflt 1825, comme elle allait avoir dix-sept ans. Elle laisse deux cent soixante-huit pieces de vers, parmi lesquelles se trouvent cinq poemc^de plusieurschauts : de plus, troisesquis- ses de romans , une tragedie, et beaucoup de lettres dont il est regrettable qu'on n'ait paspvdjlieun plus grand nombre. A ETATS-UNJS. — GRAIN DEliRETAGNE. i33 en juger d'apres les exlraits qu'en donne 1'editeur, ellesetaienl naives el peignaient avec fidelite le developpement de ce ta- lent precoce. L. Sw.-Belloc. EUROPE. GKAINDE-BRETAGNE. 4. — The modern Traveller. — Le Voyageur niodernc. description geographique , historique el topographique des differentes euntrees du globe ; dedie au foi par l'editeur J 0- siah Cokdeh. Londrcs, lftoo; James Duncan. 5o vol. in- 12. Cette publication commenoee depnis deux ans se terminc a une epoquc favorable. Nous sommes dans le sieele des voya- ges : depuis qn'une longue paix a permis les communications entre les peuples, le tresor des connaissanees a double en Eu- rope. On a pu rectifier les erreurs, en appeler des conjectu- res aux fails. L'Amcrique, dont nous ne conuaissions bien (|u'une portion du nord, et mal quelques points isoles dans le gud, s'est revelec lout a coup, avec ses repnbliques nais- santes, et ses cm ieuses experiences dans le grand art de la le- gislation. L'Asiecst devenue le theatre des triomphes progres- sifs de la civilisation, et de decouvertes eternities : on a exploit; les richesses de son antique litterature, de ces vieu.v terns bisloriqnes, auxquels remoutent les origines de tant de peuples et de si nombreuses croyances. La Russie a pris une attitude nouvelle, et favorise des voyages de sciences et de decouvertes. Enfin, la Tunpiie, dont les mystcres de gouvernement, de religion, de mreurs avaient si long- terns defie on lean a distance la curiosite des Euiopeeus, est devenue accessible aux reclierches et aux observations parliculiere-. Partout le terns de recueilliresl venu, el la moisson attend les ouvriers. II y a dix ans que, dans 1111 pared ouvragc, il cut fallu admettre encore beaucqup de conjectures, d'hypotheses dou- leuses; et si , a parti'r d'aujourd'hui, on attendait encore dix ans, il y aurait a craindre que les traits particuliers aux gi andes nations, s'efl'acant par le contact et les relations mul- tiplies de people a people, on ne retrouvat presque plus de ce caraetcred'originalite, source de tant d'interet et de re- velations import antes. L'editeur du Voyageur moderne s'est occupe avec un soin remarquable de tout ce qui avait rapport aux clublisseniens britanniques dans l'Inde, eta L'histoire des Aincriques du noi d el du sud On doit lui en savoir d'autanl plus de gre, qlie les i34 LIVRES ETRANGERS. materiaux, tjuoique notnbreux, sont on inexacls ou indiges- tcs. In des plus grands pcrfcctionnemens de l'ouvrage est ia multiplicity des renvois anx sources et anx documens Cfrigi- nanx. Cette precaution, trop negligee jusqu'ici dans les En- cyclopedies, Dictionnaires, etc., t'acilite singulicrcment les etudes speciales, et offre dc grands avantages a quiconque lit pour s'instrnire. Les divisions adoptees des 1'originc per- meltent anssi de se procurer separcment tout ce qui eoiuerne un royaume, sa physionomie politique, historique, son as- pect, etc. C'est nne compilation faite habilemenl, d'apres un plan bien entendn, et oont des details originaux et savans completcnt 1'enscmble. 5. — * Travels in various parts ofPevi. — Voyages en diflc- rentes parlies du Perou , y compris un sejourd'un an an Po- tose ; par Edmond Temple. Londres, i85o; Colburn et Isen- tley. 2 vol. in-8". Que de reves dores les noms du Perou, el surlout du Po- tose n'ont-ils pas evoques! Quel ambilieux, quel avare, ne s'est transports en imagination dans cet Eldorado pave d'or; sur cette montagne on un Indien poursuivant un lama se pril a un arbuste dont les racines cedercnt, et mirent a nu dans le sol une cnormemasse d'argenl? Ce mont inculte, d'un brun rougcalre, qui s'elcve en forme de cone, presqueentierement depouille de vegelation, an milieu d'un pays sterile on crois- sent a peine quelques rares gazons, quelques arbrisscaux chetifs, a en des attraits assez puissans pour atlirer a sa base des homines de presque tons les points du globe. On y a bati une ville qui contenait jadis plus de cent mille habitant et qui est encore aujourd'bui le rendez-vous des specnlaleurs, et des hommes a projets qui s'obstinent a croire que deux cent cinquanle ans de travaux laborieux n'ont pas epuise les richesses eachees du Potosc. Notre voyageur est de ccs der- niers. Enrole parmi les membres aetil's de l'associalion l'on- dee en Angleterre, vers iSaS, sous le nom de la compagnie des mines du Potose, de la Paz et du Perou, il Cut attache, en qualite de secretaire, a I'expedition de Buenos-Ayres. Cnmiiie toute entreprise qui veut s'accrediter, celle-ci debuln magnifi- quement. II n'etait question que des tresors immenscs qu'on allait decouvrir, et le conseil des directeurs arrela que les employes partiraient de Londres dans une voilure des plus elegantes et liree par quatre chevaux. Arrive a Falmoulh. on devait mfme embarquer i'equipage, charge dc reprcscnler di- gnement la compagnie dans I'Amcriquc du sud. Mallieureu senient la natui e du pays s'npposa a eetle parade de charlata- (iUANDK-IWlKTAr.NE. ijj nisme, et il fallul ebeminer sur les plus bumbles montures a travers les Pampas jusqu'au Perou. A mesure que SI. Tem- ple approcbait du terme de son voyage, les commodites, et inume les ohoses les plus neccssaires a la vie, seoiblaient deve- nir de plus en plusrarcs. Comme le roi Midas, il payait clier le inanit'iiieiit de Tor, ou ce qui est encore pis, Vesperanrc d'en nianier beaucoup un jour. Lorsque epuise de fatigue, il altei- gnit avec sa mule la niaison de poste situee a l'entrec de la villc do Potose, il n'y put trouvcr ni appartement , ni lit, ni rafraiebissement d'aucun genre; et il I'ut oblige d'avoir re- cours a ses lettres d'introduetion pour obtenir un diner, qui se lit long-tenis attend re, et qu'il devora en bomme aflame. Plus lard il trouva inoyen de se mouter line maison, et d'y faire arriver a grands frais de quoi se nourrir. Mais le climal qui reunit presque en tout terns les ehaiigemens des qualre saisons, le froid percant du matin, le vent aigu qui regne jusqu'a midi, puis, de raidi a trois heures, I'insupporlable ar- deur du soleil, lui livra de si rudes assauts qu'il fa j Hit suc- comber a une dyssenlerie violente. II se relablissait , et coni- mencait a prendre gout a sa situation : il expediait tons les jours a ses directeurs des lettres pleincs de brillantes descrip- tions, non-seulement de i'etat acluel des mines, mais des operations admirables qu'il y avait a faire pour l'avenir, quaiid il apprit que Tageul de la compagnie, a Buenos-Ayres, avait refuse de payer, et qn'en Anglelerre, les appels pour de nnu- veaux fonds etaient de venus impossibles, les directeurs n'ayant meme pu solder la premiere ecbeance des interets des actions. Cette nouvelle jcta le pauvre employe dans un grand decouragemcnl. Mais comme il etait surtout done d'un caractere conliant, et dispose avoir le bon cote des cboses dp ce monde, il s'en ruleva bien vite; et resolut de profiler de sou voyage, et d'en faire profiler le public. Dans cette inten- tion, il vit le plus possible de cboses cu rift uses, prit des no- tqs, rassembla des materiaux, et le resultat de sa mesa ven- ture est un livre inleressant, plein d'observations impartiales et tres-ainusanles par la manierc vive dont elle sont presen- tees ; il y a aussi nnmbre de fails sur les mceurs du people, ses coutumes, le caractere national qu'il peint sous des cou- ieurs beaucoup plus f.ivorables qu'on ne l'a fait jusqu'ici. II ne vent pas non plus abandonner ses visions de richesse*, el se contente d'ajourner un plan d'exploitalion qu'il croit pro- prc a metlre au jour ties Iresois an moins aussi considerables que ceux qo'on a d«ju tires o ; Colburu. 3 vol. in-8". Nets le commencement tlu siecle dernier, tine cause fill long-tems pendanlc devant line des eours d'Irlandc, ct l'on en trouvera les details consignes dans un des volumes du Stale Trials. Le sujet en litige elait une pairie, avec ses de- pendances en terres et proprietes de toute espece ; le rccla- mant, jcunehomine pauvre, uial eleve, et en apparence d'une naissance commune, se nominait James Annesley, et l'on ne doute plus aujonrd'liui qu'il n'eut des droits reels aux lion- nenrs auxquels il pretendait. Enleve par un oncle, lorsqu'il etait encore enfant, ce dernier le tint cache, jusqu'a ce qu'il pflt le faire passer a la Aiiginie, on il le fit vendre comme esclave. II fut decouvert dans cetle miserable situation par un ollicier anglais qui le ramena dans son pays natal, et l'enga- gea a se porter accusateur de son oncle, alors en possession de tons ses biens. L'liistoirc de ce pauvre jeune homme etait des plus louchantes, et sudisait seule pour ctablirla justice de sa cause, mais la loi, toujours si facile a interpreter, I'ournit le pretexle d'une diversion dont le coupable, desespcrant de sa defense, s'empressa de profiler. Par one circonslance sin- guliere, James Annesley se trouvait avoir etc cause de la mort d'un individu, ct certaines parliculariles lui prelaienl , aux ycux de la loi, un caractere d'homicide, on du moins de complicile. Son oncle l'accusa alors a son tour, et renuia ciel et tene pour le convaincre de meurlre, mais sans succes; car les nmivelles revelations qu'amenrrent les debals placerenl dans lout leur jour les motifs d'interct qui le poussaient a perdre son neveu. Le proccs durait encore, lorsque Annesley mourn!, laissant son infamc parent possesscur legitime de sa fortune. Cetle cause, qui rappelle relic du jeune couite de Solar, eleve de l'abbe de l'Epce, et qui scmbleiait aussi avoir fourni a Walter Scott quebpies-uns des incidens de Guy iVanncring, n'a pas etc adoplee tout enlierc par 31. Godwin. II ne lui a emprunte qu'un fait pour sen ir de base a son roman : l'enle- vement du jeune beiitier qui separe un anibilieux des litres et des richesses qu'il couvoite. L'auleur de Caleb Williams n'a besoin que d'un pelit uoinbrc de situations oi'i il puissc Imi- gucment analyser les inoincnicns du cu'iir liumain : ses vivo GUANDE-BRLTAGNL. ify lenlalions, ses terretirs , sea remords. II excelle a decrire une passion : il la prend a I'origine, remonle a ses causes secretes; c'est d'abord un atome qui s'agite pour vivie; puis, a peine visible, il grossit rapidement, absorbe Ies pensees, les desirs, se precipite an but a travers niilie obstacles , l'atleint, alors que, dans I'ame, il n'y a plus puissance de jouir. Nous assis- tons ensuiie an desenchantement, au degout de ces biens si ardemment souhaites, si chercmcnt payes. Les nuances et les progres des sen time na constituent le principal mcrite de cet ouvrage. L'histoire est niaigre, et le plan pen de chose. L'au- teur n'y a cherche qu'un ca Ire a ses observations melaphy- siques, parl'ois profondes, souvent minulieuses, allouriiies, et surchargces de Imp de details. Un oncle succonibe a la tentation de faire dispnraitre le fds que son 1'rere aine lui a confie en monrant ; ce n'estpasi ependant un mediant homme, mais un elre l'aible , accessible a des idees d'auibition; tort jeune, il s'est vu dedaigne par ses parens : tons les soins , toutes les affections etaient pour Theiitier du nom; l'injustice de la loi, qui le condamnait a l'inferiorite en naissant,a etede bonne he lire comprise et commenteeparlui. Les domestiques, auxquels il a etc confie, lui out mis au cceur des germes de haine et d'ainertume. Les railleries, les predictions de cet ave- nir obscur et nul, dont la pensee le poursuit, ne lui ont point cte epargnees. Son frere tombe tnahule , et il espere sa moil ; mais quand le danger augmente , quand il voit sa maigreur, ses joues pales, lorsqu'il l'enlend lui adresser des paroles de tendresse et d'adieu, son cceur se fond au dedans de lui ; et cache dans un coin, il prie ardemment le ciel de lui rendre le eompagnon de ses jeux, l'enl'ant inoffensif qui n'a jamais abuse de la parlialile de ses parens, de son precepteur, pour lui causer un moment de peine on d'bumilialiou. (dependant, ce meme hommc, tente plus tard, ne rcsiste pas : il confie son neven Julien a un agent lidele , qui 1'eleve en secret. Tuute Tediicalioii de renf'aiit , le developpemeut de son caractere , desesfacultes, sont suivis pas a pas, ainsi que Patlachcmentqui se forme danslecccur de Cloudesley, qui, de compiice de lord Dan vers, devient l'ami le plus veritable et le plus devoue dii jeune homme. Les incidens de la fin sont romanesques, con- fus, et ne meritent pas qu'on s'y arrete. L'mlcrcl et In curio- site ne sont pas non plus aus-d soutcnus dans ce livrc (pie dans Caleb \V illiams. II aurait plutot du rapport avec Mav.dc- ville, roman du meme auteur, ou il a disseque la haine avec une penible perseverance. Les qualitcs ct les del'auts des tlvnx ouvrages rout les meines : profondeur d'analvsc el puissance i^o LITRES ETMA1NGEKS. dYxprossion : hardiesse do thoorie, et habilole a dciouler les plus secrets replis de la conscience humaine; ma is, aussi, fa- tigue et soulfrance d'une elude poussee trop loin. On pent encore reprochcr a M. Godwin d'aVoir vonln t'aiie trois volumes, lorsque denx eussent sulli ; il en est resulte des longueurs et d'cterncls recits loui-a-fait en debaw de I'aciion. L. Sav.-Belloc Oar rages p6rwdiqu.es, to. — * The Oriental quarterly Review. — Revue trimes- Irielle Orientate. Premier cahier : Janvier, i85o. Londres; Hurst, Chame. In-8'' de 2S4 pages; prix, 6 shcllings. Le but de cetle nouvelle publication est de traitor de tons les intcrcts qui se debattent en Orient, d'eclaircir lea ques- tions relatives a ces contrees par tous le-; documens cxistans, tant anciens que nonvcaiix, enlin, e'e s'occuper speeiale- inent des mceurs et de la lilterature des peoples d'Asie. Co premier cahier s'onvre par un historiquc curienx de l'origine, de la marche, des progrcs, des intrigues et de l'iuiluence de la celcbre compagnie des lodes, dont la dissolution possible cveille tant d'esperances d'une part, el tant d'ell'roi de I'autre dans les partisans de la liberie du commerce, et dans les hom- mes interesses a dclcndre le monopole. Puis, vienl un article sur la situation de l'avcnir probable de I'eglise grccquc ou oriental©; one Revue d'un ouvrage do Iknvditch, publie en 1824, sur lesdecouvcrtes des Portugais dans l'inlerieur d'An- gola et de Mozambique; une analyse de voyages rocens dans rOrient; el de ceux de Burckardi dansl'Arabie : unmemnire interessant sur I'etat actuel do ['infanticide dans I'lnde ; des rochorches surlesantiquites russcs, particulierement surcelles d'origine asiatique, etc. A mesure que la suite de ce recueil permettra d'en mieux j tiger l'espril et le caractere, nous le ferons connaitre soit par des cxtraits, soit par des analyses. On assure (pie M. Buc- kingham en est l'editeur, et e'est une garanlie de la maniere habile et conscietuieusc dont il sera conduit. L. Sw.-Bei.i.oc. • 1. ■ — * The Foreign literary Gazette* etr. — Gazette do la lilterature etrangere, et resume hebdomadaire de la litleralure, des sciences et desarts ilu continent. Londres, 1800. In-4" a irois coloanes. Cetle leuille, foudee parlesprinoipa'tx i'ibr aires de laGrandc- I'u clagiie. et redigee par une elite d'ecrivains anglais ct el ran- gerSj esl destince li multiplier au- Ichors les rapports litlvraires GRANDE-BRETAGNE. — RUSSIE. 141 et scientifiquesde l'Angleterre. Prendre la fleur de cliaque su- jet, parler de science de maniere a etre compris des moins instructs, etre frivolc sans deplaire anx esprits graves et soli- des, viser, comme condition premiere, a la variete, tel est le but anquel paraissent tendre les ellbrts des redacteurs. Cbaquc numero, parfaitement imprime sur beau papier, pourrait, ainsi que la Gazette Litteraire de Paris, former 11 n petit volume, s'il etait reduit aux proportions ordinaires. Voici les princi- paux articles qui out paru en Janvier : voyage de Caillie a Tini- buctoo; l'Histoire de 1'Empire ottoman, par le baron J. de Hammer; la Cour el la Ville sous les regnes de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, parF. Barriere; l'Enfant a deux tetes; Voyage du baron de Humboldt en Siberie ; Le bandit Gasparoni; Conies inedits ; les iMille etunc Nuits, traduits par iM. Trcbutien ; les Memoires inedits du baron de Grimm ; les Contes Fantastiquesd'Hofl'mann; la Flore de Java, par iM. Blu- mi' ; I'lnfluencede l'Autricbc sur l'Allemagne et l'Europe, par J. F. Schneller; Portrait des habitans du royaume des Pays- Bas, etc. Ajoutez a cela des vers francais avec la traduction anglaisc, et quantite d'annonccs, d'anecdotes et bulletins dt^ Societes savantes. La France tient jusqu'ici, dans ce pano- rama, la place la plus considerable. De Reiffesberg. RUSSIE. 12. — > Hisioire de Russie, par Karamzine. T. xii. Saint- Petersbourg, 1829; impr. de N. Gretcb. In-8" de 33o pag. de texte et 245 pag. de notes. Ce volume, ouvrage poslhume de 1'illuslre bistorien, a etc public par les soins de i\I. Dm. Blocdof, sur un manuscrit que son auteur et;iit sur le point de livrer a 1'impression. Ka- ramzine I'avait sounds a rempereur Alexandre, et il a etc trouve apres le deces de ce monarque a Taganrog : /iu litres i:tiian(;f,iis. .1 laqucllc la Russie Out en proic a Indies les horreurs dc.s gucrrcs civil.' et eliangcre, ravagce, d'uii cole, par les I'olonais, d'un autre, par le general suedoisdc Lagardie. el troifhlee inicrieu- rcment par I'apparition successive de plusieurs fairs Dmitri, cpoque oi'i regno rinl'urhmc bsar BasileChouiski, dont la niort plongea la Kussie dans unc anarchie ct dans des mallicuis san- nouibic. Da milieu de ccs troubles s'eleverent, enfm , deux honinies a jamais eelebres, Minine et Pojarsky, dont le cou- rage el le de\ "oument vinrent sauver la patrie et 1'arraclicr au joug de i'clranger. 11 est a rcgrctter que Karamzine ait etc. enleve aux lettres et a la Russie avant d'avoir acheve eelte belle et grande ('im- position histoiiquc, on qu'il ne l'ait pas eonduite, an nioins, jusqu'u l'epoque de l'avenement au trone de la famille Roma- nof ( i6i5), qui regne encore anjourd'hui. Lne autre plume pourra bien tenter de le faire : cela meme est u desirtr, et il i'audra eneourager par totis les moyens celui qui se scntira la force d'entreprendre cette tache difficile; mais ce ne sera plus la plume de Karamzine. i5. • — Podrajaniia Koranou, etc. — Imitations du Coran, par A. Rottchef. Moscou, 1828; impr. d'Auguste Semen. In- 16 de 29 pag. 14. — T.sevnitsa, etc. — La Flute ; poesies de A. Redkine. Moscou, 1828; impr. de S. Selivanofsky. In-iG de 40 pag. i5. — K'Eraston , etc. — A Erastc ; satire contre les joucurs, par J. Velikopolski, avec cette epigraphe d'Horace : Ut jugulent homines surgunt de nocte lationes, tit tc ipsum .serves nbn expergisceris. Moscou, 1828; impr. d'Auguste Semen. In~4° de 24 pages, avec une gravure representanl le portrait d'un joueur, et im frontispice, 011 titrc, grave. Les douze pieces qui conq>osent le premier des trois recueils dont nous venous de transcrirc les litres sont le debut d'un jeiineauteur, qui n'a pas crainl d'entrerdanslalice on Alexandre Pouscbkine s'est deja distingue (1) , et qui se l'ait lire encore avec interet apres ce maitre de la lyre. II possede bieu sa langue et tOUS les secrets dc la versification russe, et sait ine- langer avec art les couleursque demands lesujet de ses chants. Ses premiers pas onl ete si heureiix (pie, de toutes parts, les critiques russes lui ont erie d'abandonner les imitations pour (1) Le recueil de poesies d'A. Pouschkine , arfrtbnce dans la Iter. Enc. (t. xxxi, p. /io(>, et t. xxxiv, p. \'\c\) contienl neuf imilalions du Coian. RUSSIK. M3 se livrer tout ontier a sa verve, et deter ton pays de creations originates. Le conseil est bort sans doute, mais vent etre suivi avee prudence ; sans doute, il fan* consulter son proprc genie, obeir a ses inspirations et etre soi enfin, si Ton veut vivre dans la posterite ; mais on ne deroge point et l'on n'enchaine point sonindependanceei sonavenirlittcrairespours'essayer, comme ohjet d'etude, a imiter ce que les siecles ont consacre comme modele. Or, le Goran « passe encore aujourd'hui pour le livre le plus elegant et le plus sublime qui ait ete ecrit en arabe, » malgre l'opinion de Voltaire, qui dit, dans son Diclionnaire pliilosopldqae , que « e'est line rapsodie sans liaison, sans or- dre et sans art, » et les imitations d'Alexandre Pouscbkine et de M. Rottchef nous paraissent faites pour achever de donner gain de cause an premier de ces deux jugemens. Le second des recueils aunonces en tete de cet article ne contient gucre egalement f|ue des imitations. Thomas Moore. Lamartine, Parny, Byron, Hafiz et quelques autres poetcs per- sans et arabes ont etc mis a contribution par M. Redkine, qui a bien aussi fait a ses compatriotes quelques emprunts dont il ne parle point, entre autres, ce nous semble, au gracieux Ba- tiouscbkof, leqnel a trace pour les Russes les regies de la poesie legere, et a laisse lui-meme en ce genre des modeles parfaits. Le morceau qui nous a semble, du reste, meriter la prel'erence dans ce petit recueil, on Ton aime a suivre les pre- mieres impressions d'un jeune poete , rendues en vers legers et agreables, est une imitation de la piece de ML. de Lamar- tine, intitulce : le Papl/lon ( Nouvetles Meditations; in-8°, 1825, p. 36). Dans les vers adresses a Marie, que rauteur pivscnte comme originaux, on du moins dont il ne rapporte la premiere idee a personne , nous avons trouve des lieux communs d'assez mauvais gout, et dont nous l'invitons a se preserver : ce sont les conseils qu'il lui donne pour l'engager a profiter de ses jcunes annees et a tes consacrer «aux vives jonissances de I'amour. » Ces conseils interesses ont passe de mode avec les progres de la poesie, on plutot de la morale, et les femmes seulement y ont perdu quelques fadeurs, on quel- ques impertinences, qui ne devaient pas laisser que de lesem- barrasser quelquefois. Quant au sujet traite par M. Velikopolsky, on pent dire qu'il est entierement dans les mceors russes, dont la passion pourle jeu est un des caracteres les plus distinctifs, que nous avons reprocbe a 1'auteur de VEnnite en Russie d'avoir omis dans se? tableaux ( Rer. Erie, t. xlii, aoftt 1829, p. 47° )• !.',» MVRKS BTft AUGERS. Plusieurs critique pusses', en pariaot de cctte production ( ewtre autres, V Atlunce, fevrier 1828, p. 90, et le Courtlier de Moscou* n" /( de la meme annee, p. 4/^1 •> 01U M&mfe le choix d« ce sujct. en disant que la satire ne doit lancer ses trails que eontre lcs erreurs . lies laiblesses ct les ridicules 1. Schu- macher calculuses tables astiononiiques auxiliaires, dont il con- tinua la publication pendant plusicurs annees, jusqu'a la mort de Bode. — Aujourd'liui , M. Encke , successeur de Bode a I'Observatoire de Berlin, depuis 1826, s'est accorde avec il. Schumacher, pour completer et perfectionner son An- niiairc d'apres le plan des tables auxiliaires qui cessent de paraitre. M. Encke est connu de tons les astronomes par la decouverte qu'il lit, en 1819, de l'identite des cometes de 1819, i8o5 et 179&; et plus encore par ses recherches pro- Ibndcs et extremenient elendues sur leurs orbites, dont le resultat general a etc l'liypotlicse d'uu milieu resistant dans l'espace du ciel; resultat qui, paries predictions du rctour de la comele en i8a5 et 1828, s'est confirme d'une maniere si cclalante. On a lieu d'attendre d'un savant aussi distingue quelque chose d'excellent, et a la verite cet Almanach est a present peut-etre le plus complet et le plus exact de tons ceux qui existent. Les caiculs , tant pour le soleil et la bine que pour lesplanetes, y sont etendusnon-seulement jusqu'auxsecondes, mais encore mix dixiemes de seconde ; au lieu (pie Bode n'a- vait don oe pour les planetes que les minutes. Le terns vrai et le terns moyen, dans la table du soleil, et leslieuxapparens des etoiles fixes sont meme donnes en centiemes de seconde. « Tons les lieux, dit ftl. Encke, sont deduits immediatement des tables, sans negliger aucune correction quelconque, et ils sont inditjues tels que les tables les donnaicnt. En des prin- cipaux objets de ces epbemeiides sera atteint, si elles peuvent ipargner aux astronomes les cakuls immediats des tables, qui leur content tant de terns. » Le contenu des epbemerides est classe de la maniere suivanle : 1". Le soleil et la lane, demois en inois ; le soleil [ 2 pages) ; une determination pour chaque jour; la lune (4 pages); deux determinations par jour, a 0 h. et a 1 2 h. — 2". Les planetes; chaque planete, pour elle-meme; les (janciennes, d'une meme maniere, sa voir : leurs lieux helio- centriques et geocentriques , pour Mercure et Venus, de 2 en 2 jours, et pour le midi ; pour les autres, de 4 en 4 jours, et pour le minuit. Pour les 4 nouvelles planetes ou asterokles, les lieux geocenlriques sont donnes seulement de 4 en 4 joins ; ALLEMAGNE. i47 niais il y est ajoute unc ephemeride de leur cours apparent, durant un mois de 1'opposltion, de jour en jour, avec les loga- ri-thmes de leur distance du soleil. — Viennent encore les cphemerides pour les snlellUes de Jupiter en 17 pages, avec leurs tables auxiliaires ; — lout cela remplace les representa- tions figuralives, qu'on donnait joisqu'ici, etqui, agreables peut-etre pour les amateurs, n'etaient d'aucun usage pour les calculs. \ient enfin une table de la position et de-la grandeur apparente de 1'anneau de Saturne en une page. — 3". Lieux appurens (les etoiles princi pules. Ce sorrt les 45 etoiles de M. Besset, dont l'ascension droite et la declinaison sont donnees de dix en dix jours, c online nous l'avons deja dit, jusqu'aux centiemes de seconde. — l\°. Plu'nomcnes et observations en 36 pages, savoir : eclipses du soleil et de la lune ; constellations des pla- netes; etoiles dans le parallele de la lune et occultations d'e- toiles par la lune (plus de 120), parmi lesquelles une seule d'une planete, savoir de Venus, le 14 octobre. Les lieux de I'inimersion et de l'emersion sont donnes en degres de la peri- pherie de la lune, de sorte que le point le plus boreal de la lune forme le zero, et que de-la on compte par Test, le sud, l'ouest et jusqu'au re tour an nord. Suivent les tables auxi- liaires pour calculer le plus exactement ces occultations. — - Outre ces parties essentielles de l'Annuairc, il y a encore un Supplement compose de cinq divers traites astronomiques. Bode avait coulume de donner, comme supplement, une ample recolte de nouvelles astronomiques, fruits de sa vaste correspondance 011 de ses lectures. M. Encke s'est aceorde avec M. Schumacher pour lui laisser ces nouvelles d'ailleurs si interessantes, afin qu'il les fit inscrer dans ses Bulletins astronomiques, dont le cadre lui permet d'en donner un plus grand n ombre, de meme que le mode de ses publications lui offre Favantage d'une distribution rapide. Nous termine- rons en disant que 1'execution typographique de cet An- nuaire a etc faite avec un grand soin. H. D*. 18 — * Idcen iiber die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten V biker der alien Welt, etc. — Idees sur la po- litique et le commerce des peuples les plus cclebres de l'anti- qaite; par le conseiller de cour, chevalier Heeren. Goettin- gue, 1828-1829; Vandenhock et Kuprecht. Ceux des ouvrages de Heeren qui out jusqu'ici ete traduits en francais appartiennenl certaipement a la classe la plus utile des travaux historiques; mais les recherches de ce savant, qui ont excite en Allemagne l'interet le plus vif, sont precisement celles qui sont le moins connues de la France. On avait cepen- i48 LIVUES ETRANGERS (hint traduil les Irft'es .stir la politique, etc. , il y a plus de vingt ans deja , ma 13 sur une edition qui n'elait encore (|ue le pre- mier essai des forces de cet esprit penetrant et aclif, landis que I'edition nonvelle, que nous annoncons, est I'ouvrage le plus rcmarquahle de rhomnie qui occifpe peut-elre dc noire tems la premiere place parmi les invesligateurs de l'his- loire (i ). Ileeren n'est point de cos philosophes qui ne considcreni les laits que pour en demontrer la necrssite ; il n'est point de ees celecliques qui ehoisissent, parmi les laits, ceux-la seuls qui peuvenl amnser le leeteur; et loin de lui etait aussi I'iu- tention de faire de l'histoire une science auxiliaire de la poli- tique : et cependant ses on v rages out une utilite reelle pour les publicisles et les homines d'Etat; ils offrent une lecture plus atlrayante que celle de la plupart des ecrits historiques composes par ses savans eompatriotes ; et enfin on reconnail dans les fails , tels qu'ils sont presenles par lui, une sorte de necessite on tin mains d'ordre naturel. On pent aiusi expliquer ces resultats. Heeren, comme on dirait dans sa patrie , ecrit l'histoire pragmaliqucmcnt : c/est dire qu'il recherche les causes qui onl produit tels effets, tclles consequences; il cherche a remplir les lacunes que I'ohservateur superficiel apercoit dans l'histoire dn monde, non par des phrases ingenieuses et spiri- tuelles, mais par des investigations scru pule uses; mais, la on Ton voit avec chute la suite necessaire ties causes et de leurs effets, l'ordrc des laits parait naturel; leur recit et leur repre- sentation dcvienncntveritables, et l'histoire racontee avec verite n'est-elle pas la source tie la saiue et bonne politique ? C'est le hut on Heeren est parvenu a force d'eludes et de talent. Heeren, le veteran ties etudes historiques en Allemagne, et, depuis une longuc suite d'annees, Pun ties professeurs dont les leeons soul le plus suivies et le plus aimees a I'Universite de Goeltingue, a loujours considere l'histoire sous le point de vue suivant : il s'est attache adiscerner les idees qui out guide, non pas les princes settlement, mais les nations entieres et les Etats dans tous leurs actes, et qui les ont laits tels qu'ils nous apparaissent dans l'histoire. \ cette vue elevee des choses il a joint une etude approfondie des notions geographiques : Bur- ckardt, l'un des plus grands \oyageurs des tems modernes, (i) On publie dans ce moment une nouvelle traduction de l'ouvrage deHeeieu (voy. ci-apres, an Bulletin bibliographique de France, la sec- tion des Scirmcs morales et politique*) qui nous lournira l'occasion d'en parlci avec quelqnrs developpemens et quelques critiques. AtLEMAGNE. 1 4«) elait son eleve. L'accord do toutes ces etudes, l'histoire, la geographie et enfin les sciences politiqucs, a produit l'ouvrage que nous annoncons. Deux volumes sont consacres a VAfrique : il n'a certai- uement paru en Europe, depuis quarante ans, aucun ecrit de quclque imporlancc sur l'Afrique et ses diverses parties, stir leur histoire, leurs antiquites, etc., que Heeren n'ait consulte et utilise. Un coinpilateur ordinaire, a I'aide des tresors que. possede sur ce snjet la Bibliotheque de Goettingue, aurail pu entasser volumes sur volumes : mais Heeren possede I art d'extraire de tons les faits connus, quelque nombreux, quel- que contradictoires qu'ils puissent etre, un petit cercle d'idees simples et nettes. Les idces, simplifiees de cette sorte , sont celles qui deviennent principalement utiles pour la science : chacun les comprencl, et les plus savans s'etonnent de la saga- cite qui les a precisees. Aussi , de meme que 1'auteur a puise a toutes les sources, son livre deviendra , a son tour, une source ou tons devront puiser. Carthage, l'Ethiopie, etc. , l'Egypte surtout, n'onl jamais ete representees dans un meme ensemble avec autant de pro- fondeur ct d'agrement a la fois que dans cet ouvrage. Les castes anciennes et les causes de leur existence, la politique egyptienne et les causes qui ont amenc la chute de sa domina- tion, les arts de ce pays, qui, le cedant en grace et en elegance a ceux de la Grace, les surpassercnt, sous certains rapports, en- grandeur et en majeste, et, du resle, plus anciens que ceux-ci, sont retraces avec autant de penetration etde soins que les rap- ports geographiques et les relations commerciales de cette contree dans les terns antiques ct modernes. Les ecrits de Gau, de Champollion, de Cailliaud, sont surtout cites avec eloge. Les voyages d'Uannon et les voyages plus modernes sont com- pares et se completent reciproquement; l'ouvrage de Heeren devitnt ainsi, pour chaque voyageur qui se propose d'explorer l'interieur encore presquc inconnu de cette vaste presqu'ile, aussi essentiel qu'il est agreable et instructif pour tout lecteur eclaire. U A see est traitee, dans plusieurs volumes, avec le meme succes : ici, les sources historiques et geographiques appor- taient a 1'auteur des materiaux encore plus nombreux et plus riches; mais ici, comme pour l'Afrique, il ne s'est pas con- lente de red ire ce qui etait connu deja. L'Inde surtout et sa litterature lui ont procure l'occasion de developper beaucoup d'idees neuves et excellenles. En Enropr. Heeren ne va pas an dela de la Grece: et il se- i5o LI \KHS ETKA.NGiiKS. rait a desircr que d'aulres savans, prenaat ges travaux pour module, voulussent 6'occuper des autrespays d'apr^s un plan semhlable. VHistoire anclenne, V Hist aire des systemes poUtiqu.es de I' Europe, dues au meme autcur, donoent a eel egard des indications fori utiles. Heercn lui-meme s'est, dans les der- nfers terns, youe plutot a l'hisioirc moderne et particuliere- nuni a lliisiiiiic d'AIlemagne; et, de concert avcoungeographc distingue , M. Lckert , il pnblie un ouvrage don t nous anions bientol occasion de parler. 5. ig. — * Abriss der romisclun Antiquitaten. — Esquisse des antiquitcs roinaines; par Frederic Creuzer. Deuxieme edition, revue et augmentee. Leipzig et Darmstadt, 1829. ln-8". Ce livre que nous avous fait connaitre, a l'epoque on il pu- rut pour la premiere fois , doit etre considere comme un re- pertoire complet de tout cc qui peut servir a la connaissaucc de Home, de sa constitution, de ses magistrals et de scs usa- ges. On y a transcrit beaucoup de passages d'auteurs anciens; on y a indique tons les travaux des modernes avec leurs re- sultals. L'illustre professeur de Heidelberg avait eu recoursa la collaboration de Rl. Bcehr ; il lui devait , disait-il, tout le cliapitre sur la topographie de Rome, celui qui a pour olijet la vie privee des Romains ; enfm, celui ou il est question de feur etat militaire. Dans la preface de la seconde edition, l'au- teur se plaint que Ton ait pris pour assertions emises par lui, les indications, et meme les questions qu'il a reunies dans ce cadre si etroit ; il nous promet de develppper ses vues dans une serie de dissertations particulieres. Ce modeste erudit a, cette fois encore , demandc des subsides a d'autres savans; ce sont MM, Dirksen, de Rcenigsberg, et Birnbaum, professeur a Lou vain; les observations de ce dernier composent un clia- pitre particulier. Quant a M. ba-br, ^inseparable compagnon des travaux de M. Creuzer, il a beaucoup enrichi cette nou- velle edition de ses remarques; enfm , Pindex a ete refondu par les soins de M. Bruihmen. Nous regrettons de ne pas voir donner suite a un projet de traduction de cet excellent livre; on assure que M. Derome, auquel on doit deja les Moires du Palais , avait concu l'idce de transporter aussi dans notre lit- terature les Antiquitcs romaines , de M. Creuzcr. S'il reprend ce projel , s'il persiste dans ['execution de cette belle entre- prise, nous pensons qu'il en cbangera le litre, qui, en France, peut induire en erreur sur le sujet du livre; car il n'y est pas du tout question de monumens , ni d'objets materiels. L'ori- gine de Rome, sa topographie, les esclaves, le mariage, la repartition du people, le senat, les cornices, les magistrals de \LLK\1AG,NE. i5i la villc el (It: la province , les d ignites de l'empire d'Orienl el d'Occident, les repas, les funerailles , etc. , etc., tels sont les sujets trailes, on plutot indiques dans ce volume; car, sur ehaeun d'cux on rencontre le sonnnaire dc tout ce qu'il faut lire pour l'etudier. On peut joindre a ce beau travail celui que M. Ba>hr a public snr la litterature romainc , et il sera facile de se procurer, a 1 aide de ces livres, nne bibliotheque com- plete sur chaque point de droit public, de science ou de poe- sie, et de consulter, pour s'eclairer, tout ce qu'ont ecrita cet egard les anciens et les modernes. L'illuslre professeur a done rendu un nouveau service aux bonnes etudes, en perfection- nant une production d'un aussi grand me rite. P. DE GoLBERY. 20. ■ — * Die dltesten Nac/irichten von den Bewohnern des linken Rheinufers, von Math. Simon. — Notions de la plus haute anti- quite sur les habitans de la rive gauche dn Rhin, par Mathieu Simon, membre de la Societe des Antiquaires de France. Co- logne, 1829; Dumont Schauberg. In-8 . M. Simon est deja connu par- un ouvrage qu'il a publie a Coblcntz, en 1810 et 18 1 1, sous le titre de Manuel des conseil- lers de prefecture* en deux volumes, et dont le Moniteur et la Bibliotheque du Barreau out rendu, dans le terns, un compte avantageux. II a aussi publie, en allcmand, dans les annees 1822 et 1824, deux volumes d' Annates du pays sitae sur la rive gauclie du Rhin, dont plusieurs historians allemands et beaucoup de journaux ont fait Peloge. Le roi de Prusse lui fit remetlre, a cette occasion, une medaille d'or. Les Notices que nous annoncons aujourd'hui out obtenu le meme accueil du roi : il a bien voulu accepter la dedicace de l'oiivrage entier, qui sera publie par parties separees, et qui embrassera les 4°° ans pendant lesquels les Gaulois furent places sous la domination des Ro mains, Le premier volume qui vient de paraitre contient : i° un traite sur la castramela- lion et la discipline militaire des Ilomains; 20 la vie de Jules Cesar, proconsul de la Gaule cisalpine et de la province gau- loise transalpine; 5" l'histoire des guerres faites par Cesar, et par suite desquelles loute la rive gauche du Rhin a etc sou- mise a la puissance des Romains ; 4° one notice sur les anciens Germains et une description du eours du Rhin , d'apres des observations faites du tcms de Cesar. Un cahier de planches, executees avec soin, est joint a cet ouvrage : elles representent les camps des Romains, leurs cos- tumes militaires, el quelques monumens decouverts a Bonn et ■ \ Vetera. Une carte geographiquc indique quelles etaient les i5a LIVRES tiTRANGERS. frontiercs de la Gaulc indepeudante sur les bords (hi 11 In n . L'auleur a place, en tete ile son ouvrage, au lieu d'une pre- face ordinaire, le recit (extrait de son journal) d'un voyage qu'il a fait dans la province du Bas-Rhin , pour visiter des ruines romaincs qui s'y trouvent encore : entre autres, celles de Worringen ( Buruncum ) ; de Dormagcn ( Durnomaguni ); de Zons (Sunnium) ; de Geldub (Gelduba) ; de Vetera, (.Ale- ves, Ncuss ct les environs, et le chateau de Dyck, qui est le monument de ce genre le plus considerable du pays. La des- cription qu'il en donne, ce qu'il dit de ses anciens niaitres, et le sejour qu'y fait la princesse Constance de Salm , a qui ses ouvrages ont acquis en Allemagne comme en France unc juste celcbrite, ont fourni plusieurs pages interessantes. L'auteur a transmis cet ouvrage a la Societe des Antiqutdrcs ile Paris. Ln des membres les plus distinguesde cette Societe s'est charge d'en fairc le rapport (1). S*. 21. — Russland in der neuesten Zeit. — La llussie dans les derniers terns; par E. Pabel. Dresde, 1800; Arnold. In-8°. De terns en terns , quelques voyageurs mecontens se char- gent de detromper le public sur les tableaux flatteurs de la llussie, et de lui montrerje revers de la inedaille; M. Pabel est de ce nombre. Son jugement sur cet empire n'est pas favorable ; il est probable que son ouvrage ne passera pas a la douane litlei aire de la Russie, quoiquel'enipereur Nicolas y soit beaucoup lone. Dans le premier chapitrc, ou l'auteur parle de I'administration publique, il fait voir le grand changement qui s'etait opere dans l'empereur Alexandre pendant les der- niers terns de sa vie. La jeunesse de ce prince fut charmante ; c'etaientdes traits sans nombre degenerosite,d'humaniteetde justice. Les sciences etaient encouragees, les lumiercs propa- gecs. Tout a coup la mefiance s'empare de I'ame d'Alexandre; la police secrete, la censure, sont appelees au secours de la monarchic; I'espionnage est organise dans toutes les classes. Les universites deviennent suspectes, et la Russie craint pres- que autant que 1'Aiitriche les progres des lumiercs. Le se- cond chapilre traite des diverses classes de la societe. Selon l'auteur le system* prohibitif aeheve de miner le commerce de la Russie. On trompe le gouvernement de la maniere la plus dehonlee. Les fonts sont mal administrates, parce qu'on donne les places d'inspecteurs a d'anciens officiers qui n'out (1) Los person nes qui desireront s'insciiie pour !a conlinualion de ret ouviagc derront s"adresser, a Cologne , ft la librairie de Dnniout Sebau- beig, et, a Paris, cbec Trent t el et Wurti. ALLEN AGNE. 1 53 aucune idee de hi science forcstierc. Les routes sont mal en- tretenues: on tie repare guere que celles que doit parcourir lc souverain. Les abus les plus scandaleux regnent dans i'admi- nistration des hopilanx. On a employe plus de vingt ans a la redaction du code commence sous Catherine II, et continue sous Paul I"; quand tout a ete fini , 1'empereur Alexandre a refuse de le sanctionner, pretendant que c'etaientdes reves de gens de bien. II parait pourtant que 1'empereur Nicolas a fait reprendre ce sujet. Selon N. Pabel, la corruption des fonctionnaires de la justice en Uussie surpasse toute croyanee. II par're d'autres abus qui se commettent dans le recrutement; l'armee russe, selon lui , compte inaintenant 1,406,000 hom- ines divises en deux armees et en neuf corps ; la cavalcrie seule a 200,000 hommcs. Quelquefois onseiait tente decroire que ce petit ouvrage a ete ecrit pour flatter 1'empereur Nico- las aux depens de son frere et predecesseur. C'est ainsi que 1'auteur presente comme une mesure pen raisonnable les ef- forts que fit Alexandre pour affranchir les serfs de son empire. Assurement, si Alexandre a bien merile de sa nation et de son siecle, c'est pour avoir travaille avec zele a cet affran- chissement, sans lequel la Russie restera toujours barbare dans l'Europe civilisee. N. Pabel pretend que les paysans out ete peu satisfaits de leur liberte. Cela se peut; en d'autres pays aussi la servitude etait tcllenient entree dans les habi- tudes des paysans que les premiers rayons de la liberte of- fenserent la vue des serfs au lieu de les ravir. En Danemark, les paysans affranchis par Bernstorff s'ecri^retif douloureuse- inent qu'ils seraient malheureux, parce que personne ne vou- drait plus les nourrir, et ils suppliaient qu'on les laissiit dans la servitude. Cela n'a pas empeche les memes paysans de recon- naitre ensuite le bienfaitde l'affranehissement, et d'etre beau- coup plus heureux qu'ils ne I'etaient lorsqu'ils etaient nourris et loges par leurs seigneurs. 22. — Thomas Moras aus den Quellcn bearbeitet. — Thomas Norus, biographie redigee d'apres des materiaux uuthcnli- ques, par G. Thorn. IUdhart. Nuremberg, 1829; Campe. In-8". La vie du chancelier d'Angleterre sous Henri VIII est un des episodes les plus interessans de ce rcgne. N. Rudhart, professeurau lycee de Bamherg, en a fait le sujet d'un ou- vrage assez ctendu. Deja Sharon Turner, dans l'histoire du rcgne de Henri VIII, qu'il a publiec icccmincnt, a discute et expose les principales circonstances dc la vie du chancelier, et N. Rudhart aurait pu y puiser des vues nouvelles et des ij'i LI V RES ETRANGERS. tii i t s pen connus. Le professcurallemand a fait an reste beau • coup ile recherches, el <>n voit par la lisle bibliograpbjque jointc a la biographic, qu'il a consul ti' iin grand nombre d'au- torilcs. M. Rudhart examine anssi les travanx litleraires du Morns, et fait l'analyse de sa fameuse Utopie. 23. ■ — Hans Holbein (In- jungef'e. — Jean Holbein le jeune ; par (Jlricli Hegner. Berlin, 1827; Reimer. In-8" de 072 p , avec le portrait de Holbein. Piusieurs villes d'Allcmagne se disputent I'honneur d'avoir donne naissanceanpeintre Holbein, qui parait etrene en 1498 ; sa famille s'etait etablie en Suisse; c'est la qn'on trouve aussi Holbeindanssa jennesse. Les trouble- de la Suisse nuisirentaux arts, el Holbein, muni de reeommandalions d'Erasme, prit la resolution dechereber fortune en Angleterre. Ilyarrivaen i52(>, trouva un aceueil favorable aupres de Thomas Moms , ami d'E- rasme, obtint la faveurdu roi Henri VIII, peignit piusieurs pcr- sonnages de la cour de ee prince inconstant, fut charge de piusieurs missions sur le continent, on il niourut de la peste en 1 55^. Sa vie est peu remarquable, ma is ses Iravaux le sunt da vantage. Aussi son biographe a-t-ii consacre une grande partie de son ouvrage a l'examende ces chefs-d'oeuvre. M. He- gner revendique pour Holbein piusieurs ouvrages qui Iui out ete contestes, par exemple, les tableaux de la Passion, qui se trouvent a la bibliotheqtte de Bfde, et qn'on a lithographies reeemment dans eette ville; le portrait de Sforze, a la galerie de Dresde , qn'on a attiibue a Leonard de "t Vinci. L'auteur compte parmi les beaux ouvrages de Holbein un tableau de famille, qui se trouve egalement a la galerie de Dresde, et qui represente l'echevinde Bale, Jacob Meier, peint par Hol- bein en 1529, lorsqu'il. etait sur le point de retourner en An- gleterre. II sollicita aupres des echevins de Bale une pension pour sa femmeet ses enfans qu'il laissait en Suisse. La biblio- tbeque de B.lle posscde de Holbein un grand nombre de beaux dessins, provenant de la collection de Fesch. M. Hegner est amene ensuite a discuter l'authenlieite des gravures de hols representant la danse des morts, et attributes a "Holbein. II parait > Les capitaux produits par l'industrie du Val-de-Travers pourraient, comme exemple, devenirun salutaire encourage- ment pour d'autres contrees. « Le village seul de Fleurier fournit a I'Ltranger environ seize mille montres tant en or qu'en argent. Les ouvrages qui sortent de ses ateliers reunis- senl la solidile au bon gout. Peut-etre ne nous tromperions- nous pas en portanta 800,000 francs le produit total de cette i58 LIVRES KTU ANGERS. Industrie, sur lesquels il faut prelever la valour dc Tor, del'ar- gent, les mouvemens bruts, les fouruitures qu'on tire du dehors, et le travail tie plus do deux cents ouvriers que l'hor- logerie occupe au Val-de-Travers. 1,'cxcedant constitue les profits. Deux a Ht res branches d'industrie sont connues de- puis long-tems au Val-de-Travers : l'une, est la reeoltc qui se fait chaque annee de plantes vulneraires et dc simples pour le the suisse; l'autre est la fabrication de Pextrait d'absinthe renomme par sa bonne qualite, et des liqueurs fines; elle a pris one grande extension a Couveteta Motiers; I'exportation al'Etranger peut etre maintenant evaluee a i5o,ooo bouteilies par an. ■ — La seule culture des plantes destinces a la fabrica- tion del'exlrail d'absinthe produil], dans la paroisse de Couvet, nn revenu annuel dc i5o a 200 louis; quelques particuliers retirent jusqu'a 20 louis de la portion de jardin ou de clos qu'ils consacrent a cette culture. Cependant, les simples cul- tives dans le Val-de-Travers ne sullisent point encore a cette fabrication, et Ton en lire beaueoup du Valais et d'autres lieux eleves de la Suisse. Tous les efforts tentes en France pour y acclimaler ces plantes ont ete inutiles ; elles y dege- nerent bientot, surtout dans le midi ; en sorle qu'il sera diffi- cile de nous enlever cette branche d'industrie. 11 n'est pas facile d'evaluer avec quelque exactitude la quantite d'extrait d'absinthe et des autres liqueurs qui s'exportent annuelle- ment. On peut juger de 1'extension qu'a prise cette industrie, qui date de loin dans le Val-de-Travers, par la fabrication d'une seule maison de commerce. Elle s'eleve a 4°j000 bou- teilles par an. » Dn vice deplorable conl rebalance chez une grande parlie des habkans les bienfaits de l'espril industriel,4 e'est Yivrogne- rie. « Soil que la multiplicity des cabarets presente une occa- sion toujours procbaine dc seduction, soit qu'un penchant irresistible entraine a la boisson , il n'est que trop vrai qu'on y fait un usage immodere du vin et des liqueurs; e'est une source feconde et toujours renaissante de vices, de desordre et dc misere; qu'on recherche la cause de la plupart des dif- licullcs devant les tribunaux, qu'on demande aux administra- teurs des secours de charite qui sont ceux qui y ont le plus IVequemment recours, ils ferout la meme reponse, et s'accor- deront a dire que presque tous les desordies ont ieurs prin- cipes dans la frequcntalion des cabaiets. Ces desordres sont presque inconnus dans les lieux ecartes ; aussi n'est-cc plus guere que la que Ton trouve encore quelque trace des anciennes moeurs : les habitans isoles des montagnes ne con- SUISSE. i59 riaissent pas les exces dont l'exemple est si frequent dans les Villages; de leur maniere de vivre differente resulte anssi nne maniere de penser et de sentir qui ne Test pas moins et qui leur fait infiniment d'honneur; ils craignent plus que les autres une paurrete qui les humilierait, et ee n'est qu'a la derniere extremite qu'ils se decident a solliciter des secours. » . Plein de franchise, comme on le voit, l'autcur n'a pas fait le panegyrique du pays, mais sa description. II expose les de- fauts de 1 industrie aussi-bien que les vices moraux, et necraint pas d'attaquer les prejuges et les routines surannecs de ses concitoyens. L'administration communale, a laquelle appartient une si grande part dans la prosperite on le malaise d'urj pays, a aussi fixe les regards de l'anteur. « La communaute de Couvet est assez nombreuse pour avoir, outre ses assemblies generales et periodiques, un conseil compose de vingt-quatre membies et quelques corps particuliers d'administration qui lui rendent compte de l'autofite qu'elle leurconfie. Sa chambre decharite est bien administree; tout s'y passe avec ordre, et ses deli- berations justifient ordinairement la sagesse des principes sur lesquels cet etablissement est fonde. Un autre eloge que ine- rite cette communaute, e'est le soiu particulier qu'elle prend de la jeunesse ; elle a senti depuis long-terns la necesMte d'une bonne education, tant pour le bonheur de I'Etat que pour la prosperite des families. Des inspecteurs sont nommes pour surveiller la conduite et l'instruction des jeunes gens, et ils remplissent leurs interessanles functions avec une suite et un zele digues de la reconnaissance publique. Le recent recoit une partie de sa pension de la ville de Neufchalel. En 1765, la communaute de Couvet admit, au n ombre de ses membres, Rousseau, qui, en recevant ses leltres de com- munier concues en ternies tres-obligeans, fitcetle rej>onse re- marquable a ceux qui les lui presenterent : « Qu'il se tenait plus libre sujet d'un roi juste et plus honore d'etre membre d'une communaute ouregnaient la veritable egalite et la Con- corde que citoyen d'une republique on teslois n'etaient qu'un mot et la liberte un leurre. » II est dit dans oes lettres que la deliberation fut unanime au suffrage de cent vingt-cinq voix. Quoique la procedure criminelte soit soumise au secret le plus absolu, « les jugemens, quand il s'agit de la peine capi- tate, ont lieu en plein air, dans le village de Motiers, en forme de jugemens publics; et les sentences ainsirendues sont sans appel, sauf la grace du souverain. » Les co7inistnires, institution qui applique au principe moral iliu LIVRES ETRANGERS, un ordre dc choses etabli pour les actes cxtcrieurs, sonmet la moralite a un tarif d'amcndes, et iaculque la religion par voie de punition, subsistent encore dans le Yal-de-Travers. « La chatellenie de Val-de-Travers est divisee, pour le spii i- tuel, en quatre paroisses, celles de blotters et Boveresse, de Couvet,deFleurier,desButteset Sainl-Sulpice;chncuned'cllcs a un pastcur et un consistoire administratif qui veillent an niaintien de la religion et des bonnes moeurs, et qui, dans les cas graves, renvoieut les pecheurs scandaleux et refractaires devant le grand consistoire seigneurial etahh desl'annee 1507. II siege a IMotiers aux epoques des quatre fetes religieuses de I'annee, preside par le chatelain, et compose des pasleurs du Val-de-Travers et de ceux de la juridiction des Verrieres. Le chatelain nomme des assesseurs lai'ques qui doivent etre en nombre au moins egal a celui des assesseurs ecclesiastiques. Ce tribunal de moeurs peut condamner sans appel a des amencles de dix-huit a quarante batz (3 a G fr.) et a quelques jours de prison, saut' toutel'ois le recours au gouvernement. — II parait qu'auciennement sa competence etait plus eten- due : on a meme dans le xvne siecle l'exemple d'un cas o\\ il condamna a mort une femine pour fait de sorcellerie. » Ce qui agit sur le moral des hommes bien mieux que cette confusion d'un pouvoir civil etdu perfectionnement religieux, ce sont dc bons pasteurs, simples, instruits, pieux, attaches de cceur a leurs ouailles, qu'ils ameliorent parce qu'ilslesai- nient. Tel fut, a l'epcque de la reformation, maitre Thomas Petitpierre . cure des liuttes et de Saint-Sulpice. « Vonlant rester attache a ses paroissiens, il prit le parti de se refor- mer avec eux, se maria, devint pere d'une nombreuse fa- millc, et continua, pendant trente-deux ans, a edifier le trou- peau qu'il avail conduit comme cure pendant quarante-trois ans. » S. D. (Extrait du NouveUiste Vaudois.) 1TALIE. 26. — La vita di Cola di Rienzo, etc. — La vie de Colas ue Rienzo, revue sur une meilleure lecon, par Ze/irino Re. Forli, 1828-1829; Bordandini. 2 vol. in-8". Par qui cet ouvrage a-t-il etc ecrit ? e'est un point de cri- tique encore fort obscur malgre les recherthes des savans qui s'en sont occupes. Quelques-uns l'ont attribue a Thomas For- tifiocca, notaire du senat romain : mais cette opinion est re- futee victoricusement par plusieurs passages du livre ou il est question de cet homme en termes dont il ne pent s'etre ITALIE. 161 servi en parlant de lui-meme. Mais quel qu'en soit l'auteur, on ne pent s'empecher d'y trouver plusieiirs sortes de merites * fort remarquables. Perlicari 11 'a fait que lui rcndre justice eti louant la chute, la concision nervcuse, la simplicile toule antique du style ct dc la composition generale. Mais ces pre- cieuses qualites elaient perdues pour la plupart des lecteurs actuels, car l'histoire est ecrite dans l'idiome romain de l'epoque de Rienzo ; il fallait done la reudre intelligible, la Iraduire prcsque enlierement en italien moderne : e'est ce qu'a fait M. Re, en conservant toutefois autant que possible la coulcur dc 1' original. Nous devons dire qu'il a tres-bien reussi. L'histoire de ce singulier chef de parti conserve un assez vif parfum de passion contemporaine, et on aime a le voir peindre par un horn me qui a senti le pouvoir de sa parole et de ses talcns, car ce chef populaire etait non-seulement une tete ardente et active, mais encore unhomme savant tout plein de l'anti quite, qui etudiait assidfiment et goutait aveo enthousiasme les auteurs classiques: Seneque, Ciceron, Tite- Live, Cesar; qui parcourait chaque jour les environs de Rome pour decouvrir sur des monumens mines, sur des debris de colonnes et de piedestaux quelques mots echappes a ce vieux monde romain qu'il voulait ressusciter et recomposer avec une populace italienne. M. Re a enrichi cette edition de beaucoup de notes utiles et savantes, et de tres-bonnes observations philologiques. 27. — *Istoria delta vita e delle operedi Rafaello Sanzio, etc. — Histoire de la vie et des ouvrages de Raphael Sanzio d'Urbin, par M. Quatremere de Quincy; traduite en italien, corrigee et augmentee par Fr. Lokghena. Milan, 1829; Fran- cesco Sonzogno. In-4" et in-8° avec xxm tableaux el un fac simile. Cet ouvrage, publie en France en 1820, n'y produisit pas une grande sensation : il fit beaucoup de bruit en Italie, 011 on lui a trouve plusieurs merites qui nous avaient echappe, et on 1'on aime singulierement cette critique ininutieuse et savante sur les plus petites circonstances de la vie des homines celebres qu'elle a vus naitre. II devint un sujet dc contro- verse parmi les erudits et les artistes. Un homme de gout et d'instruclion a voulu rendre populaires les disputes dont Ra- phael etait l'objet, et il a traduit l'ouvrage de M. Quatrcmere de Quincy. Mais il n'a pas livre au public une version simple- rinent exacte et complete : il a joint au texte une foule de noles, de critiques, de documens qui donnent a son travail beaucoup de prix et d'interet. C'est une biographic sans lacune du plus t. xlvi. avril 1800. 11 iGu LIVRFS ETRANGERS. grand des peintres modcrnes, et, en outre, unrecueil tres-cu- rieux de renscignemens sur les progres des arts dans ce mo- ment unique on ils faisaicnt a chaque heure un pas immense, et produisaient chaqne jour un monument immortel. Les Ita- liens doivenl a M. Longhena beaucoup de reconnaissance : il a dignement servi ieur orgueil national. Les artistes dc toutes les nations ne lui en doivent pas moins. 28. — Per I'inaugurazione, etc. — -Scene lyriqtte pour l'inau- guration de buste de Vincent Monti, par le chevalier Andre Maffei. Milan, 1829; Giacome Pirola. In-8\ La solennite qui a fait naitre ces vers avait, dans son objet, quelquc chose de toucbant el de grave. II s'agissait d'inaugurer le buste du grand poete qu'a perdu naguere I'ltalie, dans la salle des seances de P Academic pliilodramatiquc de Milan. M. Maffei nes'est point montre indigne de celebrer cette triste fete, et si sa poesie manque un peu de l'onction qui semblait convenable, ellen'est depourvue ni de force, ni d'eclat. Ilfaut avoueraussiquele defautqu'on pourrait luireprocbertrouvcen grande partie son excuse dans la disposition meme de la fete, dont le plan nousparait tres-mal et tres-froidement concu. — Apres la representation de YAristodctnc de Monti, le theatre avait ete metamorphose en temple de I'eternite; le buste du poete, place au-dessous de ceux d'Homere et de Dante, etait d'abord complimente par une troupe de genies, puis par la deesse du lieu, I'eternite, parle xvni'siecle, le xixe siecle, etc. — Coneoit-on quelque chose de plus glacial que ces person- niticalions allegoriques! Quoi! I'ltalie perd son plus grand poete, Milan, un de ses plus justes titres d'orgueil. une com- pagnie litteraire, son plus bel ornement, et en meme terns un homme du plus aimable caractere, et, quand il s'agit d'expri- mer tant de douleurs et de regrets, on ne trouve rien de mieux qu'une parade mytbologique, meme en ayant sous sa main un poete comme M Maffei et une artiste comme Mmc Pasla ! — Qu'on nous permette de passer d'un exemple particulier a un fait general : cette manie des Italiens pour la mytbologie grecque, cette passion de litteralure classique, qui leur fait presque oublier aujourd'hui leurs grands poetes du siecle de la renaissance, cet enthousiasme de vieux textes, d'inscrip- tions, de medailles ; cet eloignement pour les sujets presens, pour le momle tel qu'il est, pour une litterature plus'vraie, tout cela ne donnerait-il pas a penser que cet enthousiasme pour les arts dont on fait honneur aux peoples du midj n'esl pas si sincere et si profond qu'il le parait, que tout cet en- thousiasme ne vient point du cceur? Certes, le regime politi- ITALIE. 1 63 que qui pese Suf les divers peuples dc l'ltalie e.-t pour beau- coup dans celtetimidite qui n'ose aborder les fails, les passions, le monde moderne, mais il n'en est pas la cause unique. — Un petit livre nous arrive d'Alleinagne, d'unclimat froid, d'une sociele grave, savante, formalisle; c'est un roman, ce sont quelques lettres d'un jeune homme qui reve : c'est Weriher, c'est tout un siecle, toute une generation peinte en quelques pages. — Trente ans plus tard, unjeune lord anglais, plein de mepris pour le metier d'ecrivain, retrace, au milieu de ses voyages de dandy, toutce qu'un bouleversemcnt inou'i a jete dans le monde d'idees, de passions, de sentimens nouveaux; cette lassitude profonde, cet amour d'un repos qui ennuie, d'une incredulite qui effraie. On n'en peut douter, c'est la l'expression d'un sentiment profond, d'une ame passion- nee. Que faisait l'ltalie pendant ce terns-la ? Elle avait ses poetes aussi. L'un, possede d'une passion delirante pour la liberte romaioe, l'exagere dans ses tragedies, emploie un talent de bronze et de feu a dessiner surla scene, avec des propor- tions colossales, ces personnages du forum que l'histoire a deja faits trop grands; marquis piemontais, il outre son role de citoyen romain. — Mais, un bean jour, il se trouve face a face avec la realite et s'enfuit effraye : le Spartiate a peur de la liberte francaise ! Voila ce que fut Alfieri. Ce n'est pas ici le moment de rappeler combien l'auteur de la Basvigliana fut petit et faible devant la verite, lui qui peignait si poetique- ment les fictions antiques. — Un troisieme, mort aussi depuis peu de terns, ne fut guere plus ecrivain populaire. Qu'est-ce que c'est qu'une poesie qui ne s'adresse qu'aux savans ! — Ainsi , excepte un petit et bel ouvrage tPUgo Foscolo , plus goCite peut-etre par les etrangers que par les Italiens eux- memes, toute leur litterature depuis un siecle tourne labo- rieusement autour de l'antiquite, se fatigue a commenter leurs grands poetes du moyen age, a refaire avec leurs ouvrages et par un placage de vieux mots, de locutions orthodoxes, de tournures consacrees, une Iangue qui se perd faute d'un ge- nie qui s'en empare et l'adapte aux choses de ce tems. Us sont si loin des faits que plusieurs dc leurs grandes reputations modernes, comme celle de Perticari, sont fondees sur la grammaire clans son sens le -plus restreint, sur la science des mots. — On peut remarquer l'inilucnce de cet etat de choses sur la position sociale des homines de lettres en Italie. Par- tout des corporations, des societes, des academies ; il n'est pas un petit bourg qui n'ait la sienne; pas tin tailleur de pier- res, pas un rimailleur. pas un maitre d'eeolc qui ne soil 164 LIVRES ETRANGERS. mcnibrc de dix on douze de ccs ridicules congregations : le plus illuslre est celui qui a recti le plus de diplomes, et tout stranger qui sait lire, et soutenir en mauvais latin une con- versation de deux minutes, revient d'un voyage en Italic avee ses nialles plcines dc cette sortc de parchemins. La tout est classe, chaque homme porte son etiquette, ct les docteurs y sont aussi n ombre ux que les marquis et les comtes, qui pourtant n'y manquent pas. Mais aussi point de gloires popu- pulaircs, point de reputations nationales, ricn qui ressemble a Byron, qui n'etait peut-ette pas bachelier, on a notre Be- ranger, qui n'est pas de l'Aeademie. Si Ton a parle en Italie dc renovation litteraire, on a pris la question dans sa parlie la plus materielle et la moins etenduc : on en a fait une ques- tion de dialecles et d'amour-proprc national. Nulle pensee haute et vaste dans ceux qui s'en sont occupes ; pas une theo- rie, pourou contre, qui s'appnie sur des bases larges et phi- losophiques, des disputes au lieu de discussions, des injures a la place des raisonnemens. Que faut-il done pour que l'ltalic reprenne une vie litte- raire caracterisee et indepeudanlc? Quels evenemens pour- raient favoriser cette seconde renaissance, plus difficile que la premiere, car on tire rriieux parti d'un pcuple barbare que d'unpeuple blase ?... Nous n'avons pas besoin de ledire, cha- cun l'a devine. 29. — Maria Stuarda, etc. — Marie Stuart, tragedie de Schiller, traduite par M. Andre Maffei. Milan, 1829; les cditeurs des Annales universelles. 30. — Maria Stuarda, etc. ■ — Marie Stuart, tragedie de Schiller, traduite par Edvige de Battisti, de Saint-Georges. Verone, 1829; Libanti. Ce qu'on appelle le romantisme s'est introduit en Italie par la frontiere d'Allemagne. Les Anglais semblent n'avoir ete que pour pen de cbose dans les modifications que la littera- ture de ce pays a subies. Le roman historique recreepar Man- zoni est le seul emprunt qu'elle ait fait aux ecrivains de la Grande -Bretagne : les Allemands ont trouve bien plus tot de la sympathie et des imitateurs plus nombreux. Aussi, cst-ce sur eux que porte le ressentimejit des Italiens qui voient avec chagrin la litlerature de leur pajric prendre une route nou- relle et des couleurs differentes. Goethe et Scbiller sont, aux yeux de ces defenseurs des lettrcs ortbodoxes, les represen- tans du mauvais principe, et, en cette qualite, recoivent leurs maledictions quotidiennes. Nous ne pretendons pas qu'ils aient tort : il est clair que 1 Italie sera le dernier pays ou la ITALIE. i65 liberie de Part pourra s'introduire : chaque tentative d'inno- vation trouvera une opposition inflexible et puissante dans ces innombrables academies qni la couvrent, dans cette critique minntieuse et grammatical qui en sort, dans la disposition generate des esputs, amoureux de systemes qui ont produit toute la gloire litteraire de l'ltalie. Les Italiens ont encore, comme nation, unc imagination toute mythologiqueet n'abor- dcnt les tails modernes qu'aveo repugnance, a moms qu'ils ne touchent aux dogmes Chretiens. Ainsi, quoique beaucoup d'ouvrages dramatiques aient ete traduits avec assez de succes des langues etrangeres, ou regnrderait cependant comme une tentative tres-dangereuse de les reprcsenter sur an theare italien. L'une des tragedies dont nous annoncons la publica- tion, celle de M. Mallei, a ete jouee a Venise, et la tolerance avec laquelle elle a ete ecoutee jusqu'au bout a excite beau- coup d'etonnement. 11 faudra du terns et de grands change- meas dans les moeurs, et peut-Stre dans l'etat politique des Italiens, pour que le silence de l'auditoire soit remplace par les applaudissemens. — Du reste, ces deux traductions nous semblent tres-remarquables : si nous avions a nous prononcer sur leur meritc comparatif, peut-etre donnerions-nous la pre- ference an travail de M. Maffei, dont lc style est ferine, ele- gant, flexible et souvent tres-passionne. La traduction de Mm° de Battisti lui assigne aussi une fort belle place dans la litterature italienne. 3i. — * Fulco c/ella Rupr, o la guerra di Musso, etc. — Falco de la Roche, nouvelle historique par G. B. Bazzom, auteur du Clidteau de Trezzo. Milan, 1829; Stella et fils. Nousavons annonce, il y a pen de terns, le premier ouvrage de M. Bazzom, lc Chateau de Trezzo (voy. Rev. Enc, t. xlv, p. 678). En voici un nouveau qui temoigne de la fecondite de ce jeune ecrivain : les eloges qu'ils meritent tons deux prouvent que cette fecondite n'est point malheureuse. — Les evenemens historiques auxquels il a mele sa fable apparlien- nent au commencement du xvi" siccle, a cette epoque de guerres intestines provoquees par les passions de mille pelits souverains presque independans, oi'i tout chateau etait un centre d'operations mililaires, ou plulot un repaire de bri- gandage. Nous ne deroulerons point ici tout le fil de l'intri- gue lice par M. Bazzoni; quoique cette intrigue ne soit pas tres-compliquec, cc serait une tache fatigante et sans profit : nous dirons seulement que ce livre est reiiKirquable par des beautes de phisicurs genres. II y a dans le talent de 1 auteur un progrcs evident depuis le Chateau dc Trezzo : lc seul repro- ifi6 LI VltUS ETRANGFRS. che qui puisse §tre adresse a Fun et Fautre roxnan, c'est la froideur de La passion principale, ici I'amour de Gabriel et de Puna : il nous soluble que M. Jlaz/.oni avait, clans son beau et brillant style, ties couleurs plus fortes et plus ardentes a jeter sue cet amour ne au sein de Forage, nourri au milieu de* guerres, brise dans une dernier* et cpouvautablc catastrophe, Nous lui conseilloas aussi de supprimer ou de relbndre en- tierement une assez longue introduction, ou abondent des plaisanteries un pen usees sur un sujet encore plus vieux : le mariage ct les maris-daiulins. Peut-Otre enlin s'est-il trop at- tache a des peintures accessoires, auxquelles on ne peut, il est vrai, donner trop de louanges. II excelle a reproduire les scenes de la nature que l'borizon des montagnes rend si bi il- lanlcs de contiasles sous le ciel de l'ltalie ; il sait faire passer dans Fame du lecteur tous les sentimens, el jusqu'aux moin- drcs sensations qu'elles font eprouver a celui qui les contem- ple ; il est peintre, il est poete. iNous pourrions citer une foule de scenes de ce genre qui prouvent un talent supericur : cette soiree, par exemple, ou Orsala et Rina, penchees sur Fabime du lac, attendent avec anxiete Falco, leurepoux et lour pere, uont la barque lutte contre une affreuse tempete; ou celle dans laquclle Fauteur nous monlre Grampo, le pirate, etendu sur son lit de mort, et sa vieille mere, assise a cote de ce cada- vre, et le contemplant de longues heures dans uneeffroyable immobility ; ou enfin celle de la mort de Gabriel. II y a dans toutes ces scenes un pro fond sentiment de poesie et une grandc habitude de style : s'il nous etait possible de faire pas- ser dans une traduction les beautes de ce style, nous ne re- sisterions pas au desir d'en reproduire quelques fragmens. Mats, du reste, le public pourra bicntot decider si nos eloges sont merites, car on assure qu'une traduction de Falco est deja commencee et ne tardera pas a paraitre. PAYS-BAS. o-j.. — * Verhandelingen , etc. — lYlemoires de R. G. Kiese- wetter et F. J. Fetis, couronnes et publics par la quatrieme classe de FInstitut royal des Pays-Bas. Amsterdam, 1829; Muller. 1 vol. in-4" de iv-120, ?5 et 58 pages. Dans le courant de Pannee 1824, FInstitut des Pays-Bas proposa cette question : Quels ont ete les merites des Beiges dans la musique, principaletnent aux xiv", xv° et xvi" si teles, et quelle in- fluence les artistes cits Pays-Bas qui ont sejonrne en Italie ont-ils cxercee sur les cedes de musique qui se sont formccs pcuapres ctttc PAYS-BAS. 167 epoque en Italie? II ne recut de reponse qu'en 1828; niais il n'avait point perdu pour attendre : les deux Meinoires en- voyes uu concours traitent la question de la maniere la plu? satisfaisante : l'un, en alIemand,parM. Kiesf.wetter, direcleur de la chancellerie du conseil aulique de guerre a Yienne, obtint la mcdaille d'or ; al'autre, redige en francais, par M. -Fetis, professeur de contre-point et d'harmonie an Conservatoire de Paris, fut adjugee la medaille d'argent. M. Kiesewetter a eu 1'avantagc de consulter les ecrits de son concurrent, de s'aider de ses lumieres, et l'on voit avec plaisir qu'il invoque sou- vent son temoignage. Du reste, son travail ne parait pas ici dans l'etat primitif, mais apres avoir subi certaines modifica- tions desirees par la classe. Le tableau de nos artistes y est beaucoup plus complct que dans le Memoire francais. L'in- fluence qu'ils ont exercee en Italic y e^t aussi mieux exposee. Enfin, cequ'on ne trouve que la, ce sontdes details curieux sur les incunabula de la typographic inusicale 011 de la musique notee, avec un choix de morceaux en partie inedits et propres a caracteriser les mailres des differentes epoques. La disser- tation dc M. Fetis n'en est pas moins trcs-ioteressantc; il y fait prcuve de goCit et d'erudition. La liste curieuse de livres hoi- landaisrclatifs a la musique, qu'il a placee a la fin, prouve qu'il n'a rien neglige pourposseder convenablement sa matiere. En somme, les deux Memoires se completent l'un par Pautre, et attestent que la Bclgique a ete le glorieux berceau du bel art qui a fait plus tard la renommee des Gretry et desGossec, et que cultive aujourd'hui, avec tant de succes, l'un de ses enfans, 1>I. Fetis lui-meme. — An moment on nous ecrivons cette note, les journaux nous apprennent que, le 17 mars, on a re- presente, au grand theatre d' Amsterdam, le premier grand opera dont la musique ait ete composee par un habitant de cette ville ; il est intitule : Numa Pompilius, second roi de Rome; et le compositeur est M. Fodor, membre de la quatrieme classe de l'lnslitut. de Reiffenberg. Outrages periodiqucs. T)5. — * Journal d' agriculture, d'economie rurale et des manu- factures du royaume des Pays-Bas , 011 Recueil periodique de tout ce que l'agriculture, les sciences et les arts qui s'y rapportent offrent de plus utile et de plus interessant; public sous la di- rection de la Societeagricole de Bruxcllcs. Bruxelles, i83o; au hureau du Journal, rue des Sablons, n° 28. Paris; Raynal, rue Pavee Saint- Andre-des-Arts, n" i3. 168 LIVRES ETIIANGERS. Lescaliiersdc Janvier et dele vrierdecet utile recueil, que QOUS avons souvent reconunande a nos leeteurs ( voy. Rev. Enc. , t. xuv, p. 72 1 ), contiennent des observations sur les avantages qu'ofl'riraient la culture desbetteraves et la fabrication du Sucre dans les Pays-Bag. Comme le sucre colonial est moins eher dans Ce pays qu'cn France, ce Memoire est un nouvel en- couragement pour nos cultivateurs de bctteraves et nos l'a- bricans de sucre; les speculations qui reussiraient dans les Pays-Baa ne peuvent manquer de succes sur notre sol. Dans un autre Memoire, M. Bron indique les moyens de mettre en valeur les terrains incultes dans les Ardennes, et Ton pense bien que les plantations d'arbres n'y sont pas oubliees, et que le meleze est au nombre des arbres qui sont recommandes specialenient. Lorsqu'ii semble qu'en France quelques agro- nomes tendent a decourager la culture de cet arbre, il n'est pas inutile de jeter un coup d'ceil au dehors, el d'examiner ce que Ton pense des choses que nous serions tentes d'aban- donner. Ce qui est utile et praticablc dans les landes des Ar- dennes ne le sera pas moins en Bretagne, dans la Sologne, et dans les conlrees situees entre l'Adour et la Garonne. Espe- rons que le meleze ne sera point exile de nos plaines, tandis que plusieurs autres parties du continent s'empressent de l'ac- cueillir. 34. — * Bibliothique des lnstituteurs; Journal de l'instructiou moyennc et priinaire dans les provinces wallonnes. Mons, 1800; imprimerie de Hoyois. Ce journal, redige specialementpour une partie du royauuie des Pays-Bas, semble n'etre point destine a une circulation tres-etendue : cependant, il merite d'etre recherche hors des limites que les redacteurs lui ont assignees. Les matieres d'un interet general que contient chaque cahier sont choisies avec discernement, exposees avec clarte , etpiesque toujours re- commandees par des circonstances dont les Pays-Bas n'eprou- vent pas plus 'brtement I'influence que notre patrie , et peut-etre tout le reste de 1' Europe. Quelquet'ois, cependant, il s'y glisse des articles que, selon nous, Von n'aurait pas du inserer : tel est, par exemple, dans le cahier de Janvier i83o, celui ou 1'on expose l'origine (supposee) de quelques pro- verbes Irancais. Outre que ces explications ne peuvent avoir aucune garantie de leur exactitude , elles ont l'iuconveuient plus grave d'etre peu satisl'aisantes , et encore moins utiles; elles sont done hors de place dans un recueil 00 tout doit etre mis a profit, soit par les instituteurs, soit par les eleves. F. 35, — *]$ouveUcs Archives historiques des Pays-Bas, ou lie- PAYS-BAS. i(i() ctieil pour la geographie, !a statistique et l'histoire civile, militaire, religieuse, politique et litterairc de ce royaume; pnblie par le baron de Reiffenberg; liv. 1 - 4- BraxeUes, 1829-1830; Dc Mat. In-8°de 248 pages. Ccs Archives sont une espece de portcfeuille ou les per- sonnes instruites peuvent dt. poser leurs observations et le rc- sultat de leurs etudes sur l'bistoire des Pays-Bas considcrce dans sa plus vaste etendue. Des Memoires sur des points dif- ficiles ou pen eonnus, des anecdotes interessantes , des pieces inedites donnees en entier, ou parextrail, des Notices bio- graphiques, meme de simples remarques de bibliographic; tout peut y entier. On y joint une indication desecrits impri- mes soil en Belgique, soit a l'Etranger, ainsi que des articles de journaux qui se rapportent a l'objet que l'editeur se pro- pose. Dans les quatre premieres livraisons, nous signalerons desrechercb.es sur l'etat politique des juifs dans les Pays-Bas, principalement pendant lemoyen age . M. de Reiffenberg n'a pas encore ete an deladu xnie siecle. Un Mcmoire sur les comtes de Lou vain est tire des papiers de M. le chanoine Erkst, qui a coopere d'une maniere si active a Y Art de verifier Les dates, dans lequel il a insere une foule d'articles que n'indique point M. Queraed dans sa France lilteraire. Deux fragmens inedits des annees 108G et 1 108 peuvent servira l'histoirede laScan- dinavie, et attireront l'attention des savans. Ceux-ci verront surtoutavec interct les Annales de l'abbaye de Rolduc, ecri- tes au milieu du xne siecle, et qui etaient egalement ignorees. Le texte en est un pen corrompu ; on l'a copie fidelement sur le seul manuscrit dont on ait pu disposer. Au reste, quelques notes sont promises, et rcdrcsseront les plus importantes er- rcurs. D'autres pieces sont relatives a la sorcellerie et au re- gne de Jeanl", due de Brabant, et de Charles IV, einpereur d'Allemagne. Une des subdivisions des Archives est consacree aux traditions populaires, idee heureiise, et dont les arts d'i- magination peuvent proliter. 1>I. de Reiffenl)erg propose, dans la quatrfeme livraison, des reunions periodiques pour les an- ti qua ires et les historiens, a l'instar de celles des naturalistes. « La session, dit-il, serait terminee par un pclerimtge aux lieux dignes des regards de tels voyageurs, pelerinage qui s'executerait sous la conduile des archeologucs du pays. Quel plaisir de reconnaitre les traces des ;Normands avec les PIu- qnel et les Prevost, d'aller a Vaucluse dans la compagnie do> Fortia , d'exhumer , avec les Raynounrd , les Thierry, le* Daunou,\e$ Cape/igue, lesChampollion , les Buchon, les Dep- ping , les Roquefort, les Le Gtay, les souvenirs de la vieille i;o LIVRES ETRANGERS.— LIVRES FRANCA1S. France ; d'cntcndre Mai evoquant la poussiere classique de Rome; de snivre les Hulmann , les Savigny, les Heeren, les ISiebuhr, les Diimgc, les Bilchler, les Pertz, les Maltbice, les Srhlosser, les Grimm, les Ebert , les Bochmer, dans les lieux ou combattaient Armenius et Goetz a la main de fer ; de visi- ter les tombes scandinaves, sur les pas des Rafn et des Abra- hamson. et d'avoir un Walter Scoit pour cicerone dans la poli- tique Ecosse! » P. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques el nature/les. 5(3. — ■ * Elcmens de philosophic naturelte, renfertnaui un grand nombre de developpcmeus neufs et d'applications usuelles et pratiques, etc. ; par Neil Arnott, tiaduits de l'an- glais sur la quatrieme edition, et enrichis de notes et d' additions mathi'inatiques , par T. Richard. Tome II. Mecanique des Ihiides. Paris, i83o ; Auseliu. In-8° de 4y-J pages, avec quatre planches gravees; prix, 6 fr. Les elemens de philosophic naturelle de Neil Arnolt soul populaires dans la Grande -Bretagne, parce qu'ils mettent la mecanique et la physique a la portee des gens du moude, el donnent l'explication de la plupart des phenomenes qui se pas- sent chaque jour sous les yeux detous. Quatre editions succes- sives de cet ouvrage, puhlices en peu d'annees, prouventle cas qu'on en fait en ce pays. Cest done une entreprise digne d'e- loges de le faire connaitre aux lecteurs francais qui sauront l'apprecier. Nous avons deja rendu cempte du premier vo- lume, qui traite de la mecanique des corps solides (voy. Rev. Enc. , t. xtin, p. 700) ; celui que nous annoncons r en fer me un sujet plus difficile et plus etendu ; les fluides ont surtout acquis de nos jours une importance capitale dans l'induslrie, et l'emploi de la vapeur, comme force motrice, centuple ses ressources. L'auteur pose d'abord les bases de l'hydrosta- tique , explique ensuite les effets despompes, des syphons , des aerostats, des machines a vapeur, des gazometres et de l'aeoustique ; il termine par I'applicalion de ces principes au mecanisme dela vie desanimaux. La traduction est correcte et redigeeavccclarte. Cet ouvrage merite a tous egardsd'obtenir, en France, un accueil aussi favorable que celui qu'il a recu en Angletenc. 37. — * Traite de la lumiere, par J. F. W. Hersciiel, presi- sident de la Societe ostronomiqitc de Londres ; traduil de Pan- SCIENCES PHYSIQUES. 171 glais, avec notes, par MM. P. F. Verhulst, docleur cs- •ciences , et A. Quetelet, directeur de l'observatoire de Bruxelles. Paris, i85o; Malher et C'e. 2 volumes in-8° de 200 et 3oo pages, avec des planches gra\ees ; prix, 9 1'r. Le savant W. Herschel a compose le traite d'optique que nous annoncons, pour l'Encyclopedie lnctropolitaine, publiee en Angleterre : c'est l'ouvi'age le plus complet qui ait encore ete ecrit sur cette importante branche de la physique. Le 1" vol. donne les bases de la science, explique les lois de la reflexion de la luniiere, celles de la refraction, la theorie des miroii's et des Ientilles, etc. Le a* vol. expose les phenomeues de la dispersion, de l'achromatisme, des anneauxcolores, etc. Nous reviendrons sur cette production remarquable, lorsque la traduction sera eiitierement publiee. 58. — * Archives des de'eourertes et des inventions nouve/tes faites duns les sciences, les arts et les manufactures, taut en Prance que dans les pays etrangers pendant l'annee 1829; avec 1'indicalion succincte des prineipaux produits de l'indus- trie franeaise etc. Paris, i85o; Treuttel et Wiirtz. In-8" de 58o pages; prix, 7 fr. Les editeurs continuent avec perseverance leur enlreprise. et, depuis vingt ans, ils publient chaque annee un volume 011 l'on trouve 1'expose rapide de toutes les inventions faites dans l'annee precedente, ainsi que de tous les progres recens des arts et des sciences. Le volume que nous annoncons est digne de ceux qui l'ont precede, et merite d'etre accueilli avec in- tei et. L'auleur passe en revue les diverses branches des con- naissances humaines, et indique tout ce qui s'y est fait de plus remarquable ; il cite les ouvrages ou Ton trouve des de- tails plus etendus, sur chacun des sujets qu'il ne peut analy- ser que tres-succinctenient. Les sciences sont divisees en quatre parties : I'histoire nalurelle, la physique et la chimie, la medecine et les mathcmaliques ; les arts comprennent cinq sections : les beaux-arts, les arts mecaniques, les arts chimiques, les arts economiques et fagriculture. On y trouve ensuite les titles des 35g brevets d'invention pris dans l'annee 1829. Le volume est termine par la Iistc des prix decernes ou pro- poses par l'Academie des sciences, la Societe d'agriculture. celle de Mulbausen, la Societe d'encouragement, etc. L'ou- vrage est ecrit avec methode et clarte, et laisserait pen a de- sirer si l'on y trouvait des figures explicatives des machines el des appareils, qu'il est bien difficile de comprendre a la simple lecture de leur description et des effets produits. Francoetr. i;2 LIVHES FH ANGUS. So. — Resolution du problime de la quadrature du cercte pur lis principes de la geometric, par J. B. Cheval, iincien geome- tre du cadastre du departemenl de la Manche. Paris, 1829; Bacbclier. In- 12 dc 5G pages, avec une planchc. Depuis que I'Academie des sciences a pris la resolution de repousser lesdecouvertessemblablesacelleque Rl. Cheval croit avoir laite, les inventenrs s'adrcssent dircctcmenl an debon- naire public, qui n e repousse rien, el anx redacteurs dc recneils periodiques condamnes a tout lire. Nous avons done hi cet opuscule, et nous declarons formellemcnt a l'auteur que sa prctendue resolution est fausse, et que ^approximation qu'il dounc est moins exacte que celles dont oil fait usage, et qui sufliscnt a toules les applications. II demandera sans doute qu'on lui prouve son erreur; eomme cette discussion ne serait d'aucune utilite pour le public, nous nous en abstiemlrons d'autant plus volontiers que lamclhode d'exposition adoptee par M. Cheval est tres-ennuyeuse, qu'il insisle longuement sur cc dont il ne s'agit point, et laisse de cote ce qui resou- drait la question. F. 4o. ■ — - * Essai sur les moyens de conduire, d' clever et dc distri- huer les eau.r, par M. Genieys, ingenieur au corps royal des Ponts el Chaussees. Paris, 1829; Carilian-Goeury, quai des Augustins, n° 4'- I»-4° de XL-275 pages, avec un cahier de 5o planches gravees; prix, 12 fr. M. Genicys est attache au service de la distribution des eaux dans Paris : I'ouvrage que nous annoncons est le res ul tat des reebercb.es et des etudes auxquelles il s'est livre pour remplir les fonetions de sa charge ; il a reuni dans un seul volume le tableau com pie t des connaissances que Ton possede aujour- d'hui sur le mouvement des eaux, soit dans des canaux de- couvcrls, soit dans des conduits fermes, et la description des moyens que I'on peut employer pour operer dans une ville une distribution d'eau. La publication d'un pared livre par un ingenieur distingue, qui connail parfaitement le sujet qu'il traite, est un veritable service rendu a la science et a I'industrie. M. Gcnieys, dans une introduction historique, presentc la description des principaux ouvrages hydrauliqnes executes par les Romains. Ce people, qui nous a laisse taut de inouu- mens de sa civilisation, n'avail rien neglige pour embellir sa superbe cite par la presence constante d'une grande quantite d'eau. « La longueur totale des aqueducs employes a la distri- bution des eaux dans I'ancienhe Home, dit M. Genieys, etait de 43 myriainetrcs, qui rcpondcnl a 107 lieues dc postc ; les SCIENCES PHYSIQUES. i;5 trois quarts de cettc longueur elaient en conduits souterrains voutes, et pour le surplus hors deterre; link lieues etaient en arcades qui avaient jusqu'a 32 metres de hauteur; le volume d'cau fourni parces aqueducs elait de 785,000 metre? cubes en 24 heures. » Aujourd'hui encore, les fontaines de Rome sunt nn objet d'admiration , nioins par la belle ordonnance de l'architecture et par les ornemens de la sculpture que par les torrens d'eau qu'elles repandent. La t'ontaine Pauline depense journellement 56,ooo metres cubes d'eau, et celle de la place Saint-Pierre, au Vatican, composee d'une simple coupe elevee sur 1111 piedouchc, en depense 6,000, tandis que la gerbe du Palais- Royal, que nous admirons a Paris, 11 e jette, par jour, que 1,700 metres cubes d'eau. Dans les terns modernes, 1'Italie perdit la supcriorke emi- nente qu'elle avait eue jusqiralors sur tons les peuples dans la construction des monumens pour la conduite des eaux; et, sous Louis XIV, la France se placa au-dessus de 1'Italie, non- sculement par les immenses travaux executes a Versailles pour 1'embellissement de cette residence royale, maissurtoul par les recherches et les experiences sur le mouvement des eaux fakes par des savans francais. Malgre nos connaissances dans cette branche des sciences ph_ysico-mathematiques, peude nos villes possedent des sys- temes de distribution d'eau, et Londres, Glascow, Edimbourg, Philadelphie, sont, a cet egard, plus avanc4es que Paris, notre capitale n'aura cependant bientot plus a leur envier un si grand avantage : 80,000 metres cubes d'eau, amenes par le canal de l'Ourcq, vont etre consacres journellement a I'eni- bellissement des places et des promenades de Paris, a l'arro- sement de ses rues etau lavage desesegouts; 40,000 au I res me- tres cubes, tires cbaque jour de la Seine et eleves par des ma- chines a vapeur, seront portes par des conduits en fonte de fer dans des reservoirs places dans chaque maison d'habilation, ;'i differentes hauteurs, suivant le desir des proprietaires. A cette introduction historique, placee en tete du livre de M. Genieys, succede un vocabulaire qui donne une explication detaillee de tous les termes de science ou de metier employes dans lecoursdel'ouvrage. L'auteurentreensuiteenmatiere; il divise son travail en trois sections : dans la premiere, il deve- loppe la theorie generale du mouvement des eaux courantes, fondee sur les belles experiences des Bossut, des Dubuat, el des Prony ; dans la seconde, il donne la description des pom- pcs et des machines a vapeur que Ton peut employer pour i;4 LIVRES FRAN CASS. elever des eaux au-dessusdc leur niveau naturel; dans la troi- sieme section enfin, il traitc la question dc la distribution des eaux qui comprend tons les details necessaircs a la confection et ;\ l'assemblage des tuyaux de conduite, ainsi qu'a lY-tablis- sement des lbntaines publiques et des reservoirs places dans les maisons particulieres. II nous est difficile de suivre M. Genieys dans l'exposition des formules de I'hydrodynamique, on dans la description des procedes de l'art du fontainier : qu'il nous snfllse de dire que Ton reconnait en lui un ingenieur qui joint a la connaissance de la theoric ^experience de la pratique. 5o planches, gravees avec un soin et avec un luxe, partieuliers, accompagnent cet ouvrage, qui sera consulte avec: fruit partous ceux qui s'occu- pent de l'art de conduire et d'elever des eaux. Ad. J. 4i. — Economie industrielle; par C L. Bergery, ancien eleve de l'Ecole Polytechnique, membrc de l'Academie royale de Metz, etc. Tome 11 ; Economie du fabricant, premiere partie. Metz, i83o; Mmo Thiel. In-12 de 2/J8 pages; prix, 2 fr. Ce petit ouvrage, equivalent a un gros volume, est le pre- cis du cours d'economie industrielle fait aux ouvriers messins par M. Bergery. Nous n'entrerons aujourd'hui dans aucun detail sur les doctrines, les dissertations, k-s calculs et les pre- ceptes du professeur; lorsque son travail sera termine, il sera indispensable de le considerer dans son ensemble, afin que Ton apprecie encore mieuxles services qu'il ne peut manquer de rendre en repandant parmi nos fabricans des connais- sances dont plusieurs d'entre euxsont encore trop depourvus. Nous ne pouvons cependant nous abstenir de placer ici une remarque qui n'echappera point a tout lecteur attentif : en jetant les yeux sur la table des matieres de ce petit livre, on y reconnait, au premier coup-d'ceil, l'esprit d'ordre quia pre- side a la disposition de toutes les parties, a la composition des moindres details; on est persuade que le livre est bien fait, on le lit pour confirmer ce jugement, et plus on avance, plus on est satisfait. 4a. — La Mai.ion de campagne, par Mme Aglai Adanson, membre des Societes d'horticulture et d'agronomie pratique de Paris , etc. Troisicme edition , revue et beaucoup augmen- tee. Paris, i85o ; Audot. 2 vol. in-12 de 585-455 pag. ; prix, 7 fr. et 9 fr. 5o c. par la poste. L'editeur de cette troisieme edition l'a fait preceder de l'avis suivant : « L'interet avec lequel j'ai vu accueillir les deux pre- mieres editions de cet ouvrage m'a engage a orner sa troisieme du portrait de Pauteur, fdle du savant Adanson; mais je n'ai SCIENCES PHYSIQUES. ip5 pu me procurer qu'une peinture faite il y a vingt ans, et sur laquelle je n'ai voulu permettre aucun changement, crainte dc nuire a la ressemblance. » On lni saiira gre aussi d'avoir con- serve Yavis de la seconde edition , dans lequel M°" Adanson. repondant a un malin critique, declare qu'elle se fait honneur de savoir faire usage de la beclie et de la casserole aussi-bien que de la plume , et que, «si elle etait assez heureuse pour faire gofiter a 1'auteur de Particle du journal dont elle parle un plat de sa facon, il n'aurait plus le courage de la railler, et que sa malice se changerait en eloges. » A ce prix, qui ne serait tente d'essayer quelque peu de raillerie bienveillante, car aucune autre ne peut venir a la pensee d'un critique raisonnable, quand meme il se bornerail a examiner l'ouvrage sans s'oc- cuper de I'auteur. Examinons done, et, si nous decouvrons quelque place on la malice puisse se glisser, nous ne eherche- rons point a la reprimer, car elle n'abusera point de cette con- descfindance. C'est d'une Maison tie campagne qu'il est question , et non d'une maison rustique. Quelques Anglais out la pretention de donner Papparencc d'une chaumiere a une habitation deli- cieuse; Wme Adanson vent que chaque chose s'annonce pour ce qu'elle est reellement, que tout soit bon, convenable, a sa place, au dedans comme a l'exterieur. C'est pour les maitresses de maisons de campagne qu'elle a ecrit , mais son livre in- spirera sans doute a quelques habitantes des villes le gout de la vie champetrc et des jouissances qu'elle procure, toutes solides et substantielles. Les excellens conseils que l'on trouve ici sur l'ameublement de la maison de campagne arrivent en foule a Particle de la cuisine, et en Men plus petit nombre lors- qu'il est question du salon de compagnie. Mais faut-il croire a une observation qui termine ce que 1'auleur a ecrit sur cette piece, qui merite bien aussi que Pintelligcnce et le bon gofit prennent soin de Parranger et de Porner ? Nous allons la tran- scrire litteralement, car elle provoque une discussion. « J'ai omis de vous parler de Peclairage, et je n'ai qu'un mot a vous dire sur cet article : c'est que 1'usage des lampes, de quelque nature qu'elles soient, detruit en peu de terns la vue. » Ainsi, Part des Quinquet, des Lebon et autres promo- leurs des nouveaux modes d'eciairage, adoptes aujourd'hui dans les deux mondes, serait un present funeste que la science aurait fait aux hommes ! L'arret prononce par M°" Adanson n'est pas sans appel ; on continuera l'essai ; les physiciens et les medecins prononceronl en dernier ressort , dans quelques eiei-lcs peul-etre, car la cause ne peut etre instruite qu'avec i76 LKVRES FRANCAIS. lenteur, ct le tcms est un des temoins qu'il faut intcrroger. Apirs avoir pourvu a tout ce que doit renfenner,une oiaison d'habitation a In campagne, I'auteur pense u ce qui I'entoure, el ne s'etend pas moins sur ce qui eoncerne la basse-eour et ses dependances, sur la demeure des onimaux domestiques, que snr celle des proprietnires. Le rucher n'est pas oublic, non plus que le vivier et I'etang. Les soius d'economie domestique tienncnt aussi la place qui leur apparlicut legitimement. Arrc- tous-uous UQ moment a la liste ties litres qu'il est utile ft' avoir d la campagne : elle est bien eourle cetle liste, et, sans exclure aucun des ouv rages qu'elle iudique, il en est plusieurs qu'on devrait leur assoeier , si meme ils ue meritent point de leur rtre pre feres. A la campagne, quand nieme on lirait pen, rien n'est plus agreablc, plus utile qu'une bibliotbeque bien meu- blee. INous ne dirons rien de la Pttite Cuisiniere de la maison de campagne , avouant notre gnorance sur ce point, et profitanl des admirables produils du savoir gastronomique , de meme que le vulgaire jouit de tons les biens de la nature, sans y rien comprendre. lin Petit Diclionnaire de recettcs , de notions ct d'ulililes di- rerses teimine le premier volume. A la quatrieme edition de cet ouvrage, I'auteur fera bien d'en retrancher ce recueil, dont 1'utilite n'est rien mo ins que certain e, et dont ('influence peul avoir de graves inconveniens. Rien de plus jmposant que le laconisme des recettes infaillibles pour guerir les maladies les plus graves : « Un verre moitie eau et moitie buile d'olive. repete plusieurs iours de suite, guerit radicalemeut les fievres malignes. '» Une assertion aussi positive ne permet aucun doute. On applique la recette, et, si les malades meurent, ce n'est pas a l'cflicacite du reniede que Ton impute ce t'acbeux resultat. Le second volume ne provoque point d'observations aussi severe* que celles dont nous n'avons pu nous abstcuir, an sujet du Petit Dictionnaire . et de l'abus que Ton peul faire des receltes de medecine qu'il renferme. L'autcur s'occupe exclusivement du jardinage, et ses precej)les sont ceux des maitres de l'art; on peut les suivre avec confiance. Au reste, nous aurons occasion de revenir sur cet ouvrage interessant dont la carriere n'est point terminee, qui est susceptible de modifications progressives dans quelques- ones de ses par- ties, tandis que d'autres sont (ixees pour un long espace de terns. Les reimpressions nous montrenl ces ouvrages aux di- verses epoques de leur developpement , analogues a celles de SCIENCES PHYSIQUES. i77 l'hommc enire la vigueur de la jeunesse encore inexercee, et la force dirigce par ['experience et le savoir qui appartiennent a la maturilc, el la cai acterisent. F. 45. — * C Unique medicate, oil Clwixd' observations recueillies a I'liopital de la Cltaritt '•■ , par (i. Akdral. Deuxiime edition. T. 1 et 11. Paris, iSag; Gabon. 2 vol. in-8°; prix, i5 fr. Lcs systemes passent vite en medecine, et les ouvrages dans lesquels ils sonl developpes, quclque talent, du reste, qu'on y remarque, quelque brillant qu'ait ete leur succes lots de leur apparition, tombent bientot dans l'oubli le plus complet , a moins qu'une nouvellelheorie ne vienne exhumer leurserreurs pour les combattre, et faire ressortir par la davantage leme- rite de ce qu'elle avance. Mais qu'un observateur judicieux et attentif nous communique le resullat de ses travaux, ex- pose a nos yeux les la its tels que la nature les produit, qu'il rapproche ceux de ces fails qui ont du rapport entre eux, qu'il en tire des consequences, qu'il nous montre enfin comment les nouvelles verites qu'il annonce viennent eclairer les resullals anciens, repandant egalemcnt la lumiere sur ceux qui sont faux pour les detruire , et sur ceux qui sont vrais pour leiir donner plus de force et d'eclat, alors le succes ne peut etre doutcux, et il sera durable. La premiere edition de Pouvrage que nous annoncons a paru ilya quelques annees, et l'accueil favorable qu'elle a recudu public, la promptitude aveclaquelle elle a ete epuisee , prouvent ce que nous venons de dire. M. Andral a cru devoir faire quelques changemens pour la seconde ; il a distribue les faits dans un autre ordre ; quel- ques-unes des reflexions qui servaient de commentaires a ces faits ont ete modifiees, et de nouvelles observations ont ete ajoutees. Les deux premiers volumes seulement ont paru; ils conliennent les maladies nombreuses des organes tbora- cbiques, les affections du cceur, des gros vaisseaux et de leurs enveloppcs, des brooches, du parenchyme pulmonaiie et des plevres : on ne trouve point la, comme dans la plupart des livres de medecine, pour chaque maladie, une longue liste de causes piedisposantes et efficientes , une description plus 011 moins detaillee d'une foule de symptomes souvent sans rapports entre eux, un signalement d'une espece d'etre auquel on doniie un nom, et qu'un jeune medecin ne reconnaitra ja- mais lorsqu'il viendra an lit d'ua malade. M. Andral nedecrit point une maladie, il nous montre des malades, chacun avec les differences que l'age, le sexe, la susceptibilite particuliere, le* < poques plus on moins avancees de 1'invasion du mal doi- vent apporter dans la maladie. Son recueil d'observalions est T. XLVl. AVRIL l8jO. 12 i7S LIVRES FUANCATS. mi vasle hopilal, on, ivmiis-anl, les uns a cot£ des autre*, Ions les maux qui se resseniblciit , pour qn'il soil facile de saisir lours rapports, il nous fait assister a ses visites jour par jour, prend soin de (aire ressortir les phenomenes les plus impor- tans qui peuvent nous eonduire a la connaissance do I'aflfec- tion inlericure, n'accorde que pen d'attention aux signcs moins ^eitains qui pourraienl distraire notre vue, nous Bait apprcoier les chaugemens journaliers qu'apporle la nature on rjni soul dus aux remedes , ot enfin nous fait constater la precision de notre diagnostic, on par la guerison, ou par 1'ouverture dies cadavres, si le mal a etc au-dessus de toutes les res- sources. Lorsque ML Laennec se servit, pour explorer les affections de poitrine, da sthetoseope, plusieurs medecins, qui, jusque-la, avaient traite leurs malades sans le secours do cet instrument, le regard ere nt comme inutile et ne voulureni point s'en servir; depuis, tout ce que le sthetoseope ne reve- lait pas a l'oieille du praticien ne devaitpas exisler, et tons les autres symptomcs indiquassent -ils d'une maniere ceitainc une affection du coeur ou des poumons, si le sthetoseope ne di- sait rien, la maladie etait nice. M. Andral, sans deprecier la methode de l'auscultation, l'une des plus ingcnieuses deeou- verles de la medecine, nous montre un grand nombre de cas ou, sans Pexistence des autres sigues, elle n'aurait pu nous re- veler des affections graves du coeur, pas plus qu'elle no pout souvent deeouvrir seule Pexistence d'une inflammation aiguo du poumon ou meme des tubercules developpes dans eel or- gane : d'a litres fois, si 1'on s'en rapportait uniquement aux signes que pent fournir cette methode d'exploration , nous pourrions croire a la presence d'affeetions qui n'existent reell< •- ment pas : par cette sage reserve, l'auscultation sera rendue plus utile et d'une application plus pratique, en n'cxagerant pas ses avantages, et en indiquant avoc precision ce qu'on peul attendre de son secours. Une des parties les plus impoi - tantcs du travail de M. Andral est celle on il traite de la forma- tion et de la nature des tubercules pulmonaires, question grave et jusqu'ici restee indecise. II considere le tubcrcule comme une matiere secretee, et, comparant ce produit avec le produit de toute autre secretion, il examine le precede que doit employer la nature, et il pense que ce phenomene doit elre precede d'une congestion sanguine plus ou moins forte, mais constanle, accordant, comme on le voit, un role asses important a l'inflammation,tout enavouant cependant qu'uire predisposition partieuliere etait neeessaire pour la formation do la matiere tuberculeuse. Ces idces nous paraissent d'une SCIENCES PHYSIQUES. i79 justesse parfaile, et scinblent me me concilier deux opinions lout-a-fait opposees, celle qui voit dans la phlisie un resul- tat constant de rinflammation, et l'niitre qui cousidere cefete inflammation commc ton jours et coinplelement etrangere a la formation des tubercules pulmonaires. Les signes fournis par l'auscultation, par la toux, la voix, les craehats, la respi- ration, sont appreeies avec soin et discutes avec rigueur; il est impossible de trouver des donnees plus justes sur tout ce que pent apporter de lumieres 1'inspectiondes matieresexpec- torees, et le parti qu'on en peut lirer pour distinguer entrc elleslcs diverses affectionsdes differens organes contenus dans la poitrine. — Nous rendrons compte des autres volumes, aussitot qu'ils paraitront. 44. — *Traite de la peritonite puerperale, par A.-C. Baude- locque ; onvrage couronne par la Societe royale de Medecine de Bordeaux. Paris, i85o; Gabon. In-8° ; prix, 6 fr. 5o c. La peritonite puerperale, 011 fievre grave des nouvelles arcouchees, est, de toutes les maladies auxquelles les femmes sont sujettes, une ' des plus frequentes, des plus promptement mortelles, et peut-etre celle ou , ce qu'on ap- pelle la nature conservatrice (c'est-a-dire, l'organisation ) , trouve le moins souvent de ces ressources inattendues, dont nous ne eonnaissons ni I'origine, ni l'essence. — On peutajou- ter que peu de maladies ont ete 1'objet d'autant de travaux depnis un demi-siecle surtout, travaux entrepris par les me- decins les plus distingues, et cependant rien de certain, rien de bien precis sur la peritonite puerperale et son traitement , ne resscrtait de leur ensemble; et ceux qui, n'ajant pn l'ob- server assez frequemment par eux-menies, etaient reduits a suppleer a leur inexperience par les ouvrages des auteurs, y rencontraient les contradictions les plus decourageantes. Un livre done nvanquait, qui vint, non pas proposer de nouvelles theories , conseiller des remedes nouveaux, pas meme ap- porter de nouvelles observations, tons ces materiauxexistaient deja, et en grand nombre; mais qui, dans un judicieux et im- partial examen, put eclairer les diverses doctrines, en grou- pant, autourde chacune d'elles, les fails qui servent a les ap- puyer, pour en deduire ensuite des verites pratitpies qui doivent seules etre le but et le complement de toutes les re- eherches medicales. M. Baudelocque a entrepris cette tacbe , et il s'en est acquitte avec succes. Sa premiere recompense a ete le suffrage d une academie savante, et la gloire de I'em- porter sin- beaucoup de conenrrens; mais le plus desirable prix de son travail est, sans mil doule, le bien qu'il aura fait. i8o LIVRES FllANCAIS. en donnant un bon traite pratique qui fixe enfin sur licux luunides. une diarrhee abondaale, une excessive perle de sang auraient du preserver de la plus legere inflammation. Le resultat prouvc si ceitc metliode exclusive etait meilleure que l'autre. Cha- ciine avait des sneers qu'elle vaniaii . parce qu'il est impos- SCIENCES PHYSIQUES. 181 sible (|u'une theorie se t'onde, si elle 11'a quelque verite qui la soutienne; 011 se taisait sur les revers, et en medecine, tou- jours se taire esl nienlir. Maig c'est le propre des doctrines exclusives d'aveugler l'esprh. D'autres medecins envisagerent la peritonite puerpftrale oomme une maladie specilique, et enaployerent pour la combat t re divers med teamen s qui, pour leur avoir re us si dans quelques cas, furent preconisespar eux, comme les seuls remedes a cette cruelle affection : de-la la vogue des preparations niercuriellcs, etc., que beaucoup de praticiens emploient encore avec l.i coniiauce la ]>lus i 1 i i mi— tec. — M. Baudelocque, sans proscrirc entitlement aucunc de ces mcthodes curatives, chcrche a determiner les cas dans lesquels elles peuvent etre utiles, et c'est d'apres la difference des causes qui produisent la maladie qu'il se decide a em- ployer tel mode de traitement plutot que tel autre. La partie de son ouvrage on il s'occupe de l'etiologie de la maladie y est traitee avec unc grande superiorite; lout ce qui a etc dit avant lui y est examine avec une justesse digue de tout eloge ; et c'est apres avoir discute toutes les opinions qu'il conclut par cette proposition : que, de toutes les causes qui peuvent developper la peritonite, la plus puissante est la viciation de 1'aii almospberique : de cette verite l'auleur deduit les pre- ceptes les plus sages pour 1'hygienc des tcnunes en couclie ; il deniontre combitn est funeste la reunion d'un grand nombre de inalades dans une meme salle, le defaut d'air et la malpro- prete , conditions anxquelk's est due la grande morlalite qui regne dans les peritonites epidemiques. — Selon lui, deux grandes divisions peuvent etre clablies : les tievres puerpe- rales sporadiques, on par cause interne; on les observe chess les leninies jeunes et fortes, cliez lesquelles l'accoii' .■hemenl a etc difficile, qui out recti uncoup; etalors il assigne, pour ces cas, le traitement anti-phlogislique dans loute son clendiie. — Lorsque ['affection est epidemique on par cause externe, el qu'elle s'est developpcc sous linlluence des circonslances dool nousavons parte plusbaut, chez des 1'emmes laibles, dans unc saison bumide, a la suite de chagrins, etc. Al. Baudelocque n« voit plus une inilammation IVanche du periloiuc , et alors il a recoups a divers a gens therapeutiques, auxquels il allribuc des siicccs prodigieux ; c'est ainsi qu'il deniontre que toutes les mcthodes de traitement peuvent avoir leur application. — On ue saurait trop l'aire de rcinciviiuens a 1'auteur pour avoir si liien eclairci 1111 des points les plus obscurs de la science, et fail cesser I'iticertitude qui rcgnait sur une maladie aussi crave. J -a. L, i&i LI \ RES FRANCA1S. 45. — * Redmrehts sur le traitetne/it du earner, par la com- pression melhoiUque simple on. combinee, el suf I'histoire gene- rale (lc la nieme maladie, suivics de notes : 1° sur Les forces ct la dynamelrie vitales; a" sur I' inflammation el I'e'tai febrile; par J. C. A. Recamier, medecin do l'Holel-Dieu de Paris, professeur de medecine au college royal de France, prol'es- seurde clinique medicate a la facullo de medecine, etc., etc. Paris, 1829; Gabon. 2 vol. in-8° de 600 p. chaque; prix, i5 francs, Enthousiasine pour des moyens therapeutiques nou- veaux, tonfiance dans ses procedes, audace dans leur execu- tion, ibeories medicales prcsqu'iniiitelligibles, a force d'ima- gination, de subtilite ft d'cleudue dans les apercus ; tels sont les traits du earactere medical de M. Recamier, et nous les avons retrouves dans son dernier ouv rage. Celui-ci est divise en deux parlies : l'une chirurgicale, d'experience et de Tails; l'aulre, medico- physiologique, abstraite, et purement specu- lative. La premiere est destinee a rappcler l'usage de la mc- tliode de la compression dans le traiteineut du cancer, et a decrirc 1111 nouveau moded'ablation de l'uterus. La nietliode de la compression, employee en Angleterre par lesdocteurs Young et Pearson, avail ete condamnce par S. Cooper, et C h. Bell; MM. Brescliet et Fergus avaient iniprime, dansle. Nou- veau Dictionnairede medecine, que Ton devait renoncer a tout essai de compression dans le traitement du cancer : cepen- dant les resultats obtenus par M. Recamier semblent iufirmer cette opinion, et sont propies a rendre quelque faveur a cetle methode. Ce professeur rapporte que sur cent malades qui se sont presenteesalui pour etretraitees d'afiedions caneereu- ses, seize ont paru tout-a-fait incurables, trente ont ete com- plctement gueries, par la seule compression, six par cc der- nier moyen, combine a la cauterisation par le nitrate de mcrcure; chez les douze autres inalades, la maladie a coni- pletement resiste ; le succes ne serait done pas douleux, uiais la maniere d'etablir la compression est le point le plus important, e'est la raison premiere de loule reussite, el I'ex- IrCine adresse de M. Recamier doit etre comptee parmi les causes de son heureuse pratique. M. Recamier a cle plus loin, il a concu et execute une operation, effrayante de hardiesse. en enlevant la totalite de l'uterus ; il fallail ouvrir la cavite du bas-ventre, porter I'instrumeut tranchaut dans la piofondei.r du bassin, et detruire des adherences souveul inliiaes; ce qui exposait a deciliter la vessie ou le rectum. Ccs dillicultes on) ete vaincuo's. et le succes a couronne lanl d'efforts. Mais on SCIENCES PHYSIQUES. i85 comprendra toute la gravite de cettc operation, en apprenant que, sur cinq fails connus, quatre onl ete malheureux, et que M. Dupuytren, qui certes n'esi pas un operate Or limide, n'a pas voulu l'eiitreprendre avant qiie l'expcrience ait pro- nonce sur sa valeur. La seconde partie, presentee sous la simple designation de notes, comprend quelques I'ragmens du systeme medical de l'auteur, et donne l'idee sommaire d'un travail anthropologi- que, qui paraitra prochainemeut , et qui traitera des lois fon- damentales, des phenomenes physiques, physiologiques, el psyehologiques de l'homme, et de leur rapport dans Petal normal et anormal. Des neologismes frequeus, des rappro- cheruens ingenieux mais subtils, des deductions nombreuses et obscurcies par trop de details rendent penible l'etude de ce travail, et exigent une force d'altention et de memoire dont peu de lecteurs sont capables. Toutes les fonctions sont classees sous la denomination de sens, et ceux-ci sont ilistiugues en lalens et en sensibles; si vous relranchez de ees derniers le sens de reaction motile ou kinesimctrique, vous relrouverez, sous des noms nouveaux, la division des pheno- menes vitaux, que Bichat a exposee d'une maniere si claire et si brillante dans son ouvrage sur la vie et la mort. Mais, pour bien compreudre les ideesmedicales de l'auteur, nous pen- sons qu'il faut attendre la prochaine publication de son traite anlhropologique; car il est difficile de saisir parfaitement un systeme que Ton ne peut juger que sur des fragmens ineom- plets et isoles. C. S. 46. — * Voyage de lacorxelte /' Astrolabe, execute par ordre d 11 Roi, pendant les annees 1826-1827-1828-1829, sods le eunimandement de M. Jules Dlmont d'Luville, capitaine de \aisseau. Histoire du voyage. T. 1. Paris, i83o; J. Tastu, rue de Vaugirard, n° "16. Grand in-8", papier supesfiu de exu el 527 p., aveo vignettes et planches litliographiees ; piix, 1 ,'| tV . Cette expedition, qui a deja tant excite l'atlention dumonde savant, a du d'abord soumettre a l'administration supeiieuie de la marine etauxdifferentes sections de V Academic des scien- ces ses journaux, ses decouvertes, sa cargaison toute scienli- fique, et attendre la decision du Roi, qui vient d'ordonnei l'impression de toutes ses parlies. Elles sont au nombre de cinq : i" Histoire du voyage, metereologie, magnetisme, tem- perature de lamer, etc. ; 2° Botanique; 3" Zoologie ; L\" Enlo- molugie; 5° Hydrograpltie. L'ouvrage entier se coinposi ra de 14 volumes et de plusieurs alias. Deja le tome premier de I' Histoire du voyage a pafu, et.cette partie sera tmpritnee oh 184 LIVRES FRANC A1S. lierement pour la fin dc I'annee i83i, avec cinq grandes car- tes et un atlas de -i^o p~Umch.es. Avant V Astrolabe, lcs circumnavigateurs out mis de longs delais a la publication tie leurs relations : dix annees no pa- raissent pas avoir suffi a quelques-uns. M. Dumont d'Urville ne refail point ses journaux; il raconte ce qu'il a execute, ■ I < ■ - convert on rcotilie : il ne modilie pas lcs observations aux- queiles il s'cst livre dans I' Oceanic, d'aprcs les bibliotheques et le-s opinions systematiqnes de Paris : restant, an milieu dc la capital*:, voyage ur ct inarin, il ccrit avec les scules in- spirations de s.ni esprit, qui est nourri de fortes etudes, ottou- jours dans I'interet des progres de la navigation, de la geo- graphic et des autrcs sciences qui s'y ratlachent. Co zele si louable, qii'ont partage constamment les collaborateurs de M. d'Urville, s'accroit chez eux tons par les decouragcniens memos qu'on leur a fait eprouver. Nous rendrons comptc prochainement, dans un article d'analyse, du premier volume de la relation qui offre surtout un precis historique, le plus uuthentique qu'on ait, sur les colonies anglo-auslraliennes. Isidore Lebiun. 4 j. — * [tincraire descriptifdc la France, ou Geographic com- plete, liisloriqueet pittoresquede ceroyaume, parordre de ro ules ; par M. Vaysse de Villiers , ancien inspecteur des posies^ — Route de Paris a Toulouse; premiere parlie. Paris, i85o; Jules Renouard. In-8° de 288 pages avec carte ; prix, 5 fr. Le gout des voyages est devenu hcaucoup plus vif el plus general parmi nous, depuis environ quinzeans. E litre les mo- tifs qu'on en pent assignor, il (hut citer, surtout, nos rapports continuels avec cette foule d'etrangers, qui affluent aujour- d'hui sur presquelous les points tie notre territoire ; la facilite et la promptitude des communications; les progres tou- jours croissans tie 1'iuduslrie, devant qui s'effacent les distan- ces; enfin, ce besoin insatiable d'activite qui, delournc de son ancienne direction, reclame maintenant ties alimcns nou- veaux. Aussi voyons-nous parailre incessammenl des Iliac* retires, ties Descriptions rouliercs, etc, a l'usagedes voyagours. surtout pour ce qui se rapporte a la France. Et, en ollcl, si nous altaclions quelque importance a connaitre ce qu'offrent de reinarquable les contrees etrangeres, nuns devons surloul elutlier avec zele et amour notre beau pays, interessant sous taut de rapports divers , meme pour cenx qui ne SO at point Francais; mais les yeux d'un observaleur instruit et attentif peuvent faire encore bien des decouvertes euricu- scs.il ne faut pas oublierque lesvolcansd'Auvergne, les mo- SCIENCES PHYSIQUES. i8;> numens si etrangenient remarquables dc la Bretagne, les tru- ces d'animaux inconnus decouvertes dans Ics cafrieres dc iMonlmai tie, atix porles meme tic la capitate, eta tent com- pletement ignores il y a moins d'un sieele ; et qu'il y a, dans plusienrs de nos tleparlemens, des cantons bcaueoup moins conuus des voyageurs que Ics bords du Nil et eeux de la Neva ; et peut-elre non moins digues d'atlirer leiir euriositc. On concoit done qn'un Itineraiie descriplif de la France, redige avec soin et conscience, serait tin onvrage tres-pre- cieux et fait pour inleresser vivement tonles les classes de lecteurs. iMais un pared travail exige une reunion de con- naissances qu'il est rare de lencontrer dans tine meme pei- sonne, et surtout, la condition, si difficile a remplir, d'avoir tout vu par soi-meme, ou tin moins, dc n'admettrc que ee qui est attesle par des autorites recommandaljles, qu'on au- rait encore soin de controler l'unc par 1'aiitrc. Aussi, parmi les livres de ce genre, y en a-t-il bien pen qui mei itent quel- que corrfiance. Les mis indiqeent, comme encore cxistans, et bien conserves, des edifices doiit il ne restc pas le moindre vestige; d'autres mentiennent, comme riche et fertile, tine coritree qni ne produit que des bruyeres, ou attribuent a un pays des personnages et des fails bistoriques, bien connus poor appartenir a un autre. Les exeniples ne nous manque- raientpas, assurement, si nous jugious apropos d'en citer quelques-uns, II nc taut po'urtant pas cbriclure decelte dilTicultc de faire un bon Itincraire de la France, comme de tout autre pays, que crl heureux pheriias est encore a trourer. Le volume que nous anhoncons n'est que la suite d'un travail long et con- scieneieux, commence depuis quinze ans, qui embrasse non- seulement toule la France actuelle, mais encore Ics coutrees qui y etaient naguere reunies. Celte impnrlante collection est bien connne du public, et le suffrage unaniine ties voyageurs fraica's el etrangcrs a prouve suffisammenl sou nicrile et i e- eompensesonutilitc. L'antcur, M. Vayssede Villiers, inspcclcur ties posies retraite, s'est tronve parla nature meme tie si s an— tie lines fonclions, plus a porlee que personne tie remplir la principale ties conditions que nous exigions tout a I'lieure ; celle tie tout voir et as delaisses; excepte Pasqiiier, qui sera toujour- une autorite respectable, aussi-bien qu'uri inodele de naivete. Deja il avail paru nn Diclionnaire du Maine , par l'nbbc Le Paigne , 011- vrage estimable, mais ancien. M. i'esche . profitant des rc- sherches tie ses devanciers , commence son Diclionnaire par nn resume qui, parfois, apparlient plulot a I'liisloire generate de France, qu'a 1'histoire speciale de sa province; Fauleur y ajoute la chronologic dcs cveques du Mans, plus curieilse, mais moins intcressanle epic la chronologic des comics do Maine; car, :-i la premiere conlient des notices SUf des pre- lats canonises, llcne d'Anjon el quelqucs aulres princes lio- norent la deuxieme qui linit a Louis Will , dernier comte apanage. On trouve a la suite la liste des depute-;, deputsi355 jusqu'aux dernieres elections, et celie des prcl'cts. La memo exactitude se remarque dans la partie biographique et biblio- graphique qui comprend piusieurs de hos contemporains. 11 Pant que Fancied regime et le jesuilisme eomplcnt encore nn grand nomlire de partisans dans la Sarthe, pnisque Tautenr est rcduil a un silence absolu , me me quant aux m « urs dcs nobles ct du clerge sous la 26 race (1). « Nous ne, pom 1 ions pas, dit-il, copier aujourd'hni les historiens les plus limores, sans fire accuse d'esprit de parti 011 d'exageration. Un mot sciilemenl I'cra connaitre la condition desserfa : elle etait pirc que celle des animaux domestiqucs. » dependant M. Pesche cite un grand nombrc de Tails curiciix, tons authenliqucs, cl qui expliquent les usages, les alms ct les malheurs de»chaque (P. Premium' les gens simples et ignorans contra les superstitions si vivaces encore dans les campagnes, critiquer la BOnl'ection dcs I isles «lii jury cl d'anlics sides administrates, soul cboscs qui suffiscnl pour s'atti- rcr le ressentiinent de certains abbes el de certains prefets. M. I'csChe • n <>i nnexemple. II vie til d'etre oblige 0-) i.,- LIVRES FRANCALS. Cos trois volumes enmpronnent le regne de Louis \1Y jus- qu'en i(>. La legislation dc cette epoque meritait d'obtenir, dans I'utile collection commeneee par AIM. [satnbert, Jour- dan et \\enet, el contiuuee par MM. Decrusfy el Taillandier, line place elciidue ; car die u regie une funic de matiercs Jonl plusieurs sunt regies par elle, encore aujourd'hui. Une publi- cation de cette nature est pen susceptible d'etre apprccico dans le pen de ligncs t lo 1 1 1 le Bulletin bil/liographigun dc la Revue doit permottre de disposer pour cbacun des numbrcux ouvra- ges (|ii"il aniiouce. Nous ne pouvons que nous bonier, quant a present, a signaler an public, ainsi que nous 1'avons deja fait, la grande utiiite de ce eonseiencieux travail, destine a mettre a la portee d'un grand rrombre de bibliolheques le re- cueil, essentiel a connailre, de nos ancienues lois francaises. 5a. — * La legislation civile Commercial 'e et crimimlle de la France, ou comincntaire et complement des codes franeais; par M. le baron Locre. T. xvi el xvu. Paris, 1829; Trent tel et \\ tirtz. 2 vol. in-8"; prix dc chaquc volume, 7 l'r. pour les souscripleurs ; 9 l'r. pour les non-souscriptcurs (voy. liev. Enc, t. xxxii, p. 468; t. xxxviii, p. 177; etc ) Le seizieme volume de cet ouvrage complete le code civil, et acheve I'histoire de la discussion de ce code, le plus impor- tant et le meilleur de ceux que nous possedons. Une table analytique et raisonnee des seize volumes le lermine. M. Lu- cre a place a la fin de ce volume, sous le titre de conclusion du comment aire et du complement du code n'n/, un morceauqu'il au- rai t duconsiderablemcnt abreger, et dont le but principal parait etrede repondrea quelques critiques d'un article de journal. Le ton de cette polemique est d'une acrete <|ue lesleetcursne trou- vent pas ordinairement de bon gout. Sans doute il est dur pour uu auteur de n'elre pas compris par la critique; mais ses explications ne doivent pas degencrer en Ian gage de fac- tum; et lui-mcmc a son tour ne doit pas s'exposerau reprocbe de n'avoir pas compris son critique. M Lucre se plaint aussi avec beaucoup d'amertunie des empruuts qu'il declare lui avoir etc Tails par M. Fenet, auteur d'un ouvrage rival du sien, et qui est intitule : Recueil eomplet des Iravaux prepara- loires du. code civil. Au milieu meine de cette tongue et beau- coup trop tongue polemique on irouve de nouveaux et utiles details sur le mode de redaction des proces-vcrbaux du Conseil-d'l^tat. L'auteur demonire fort pertinemment qu'un pi'oces- verbal dune discussion, dont la forme a presque tou- jours etc telle d'une conference, ne pent donnerque la sub- stance des discours; c'esl la sa justification centre le repro- SCIENCES MORALES. 190 chequi lui est adresse dans les Memoires de T/iibaudeau, d'avoir fait perdre en grande partie anx discours du premier consul la liberie, la bardiesse de la pensee, l'originalite et la force de I'expression. M. Locre convientavec bonne foi de laveritc du reproche, et l'emploie meme comme refutation d'un pre- juge pages, avec une carte; prix, de cbaque volume, 8 fr. ; l'ouvrage en- tier formera 8 volumes. Cet ouvrage est le fruit des recherches erudites et pleines de sagacite d'un des bommes les plus dislingues dont s'honore aujourd'hui l'Allemagne ; il avait des droits incontestables aux honneurs d'une bonne traduction, et il merite ['attention de tous les amis des fortes etudes historiques : nous lui consa- crerons incessamment un article dans noire section des Ana- lyses. Z. 57. — * Histoire des Francaisdes divers Btatsaaxcinq dernier s siccles , parMoNTEiL. xvc siecle. Paris, i83o; Janet et Colelle, rue !::ainl-Andre-des Arcs, a" 55. 2 vol. in -8° de 5oo et 56(5 pages; prix, 14 fr. M. Monteila entrepris, sur l'bistoire de France, un travail qui merite les plus grands eloges. II a rccueilli dans les diar- ies et les cbroniques tous les monumens qui peuvent jeter quelque jour sur la vie interieure de nos peres, leursproee- des industi iels ou agricoles , leur administration, leur etat so- cial. La difficulte d'un tel travail etait de presenter ces (aits d'une maniere interessante pour la masse des lecteurs, sans toutefois eciiie un roman , et s'ecarter de la slricle veiite bis- torique. M. Monteil avait babilement concilie ces deux choses dans sa premiere livraison (xiv* siecle) : a-t-il aussi-bien reussi dans la seconde, nous ne le pensons pas. II -oppose qu'au xv" siecle , dans la grande salle de Ptfotel- de-Ville de Troves. s'eleye un soil' relic question : Quel est 196 LIVIIES FKANCAIS. des divers etals le plus mallicureux ? Aussitot le pauvre, puis le cullivateui' de se plaindre de leurs miseres, et de commen- cer un long recit qui, d'ailleurs, est plein des details les plus preeieux sur lent* situation respeetive a cette epoque. La dis- pute continue, et chaque profession vient tour a tour chaque soir oll'rir le tableau des peines et des embarras qui Passie- gent. Comme il n'y a pas de juges possibles a ce proces , il n'a pasde conclusion; et la 5oe histoire se termine comme la premiere. On voit, au premier abord, combien cette forme est mala- droitement choisie. File ramene a tout instant des formulcs monotones et fatigantes, des declamations exagerees. II est presque ridicule, en effet, de voir l'bomme d'eglise ou le riche chatelain se prelendre plus malheureux que le mendiant ou le valet de ferine; et l'emploi de ce cadre oblige HI. Mota- teil de reconrir a de veritables subtilites, pour donner a que!- ques-uns de ces interlocuteurs le moyen de paraitre dans la singuliere lice qu'il a ouverte. A part ce defaut de composition, les chapitres de M. Mon- teil, pris individuellement, sont des tresors inepuisables d'c- rudition et de consciencieuses recherches. Quelques-uns ren- ferment sur le moyen age des revelations toutes nouvelle* . auxquelles on ne pent refuser sa confiance, puisqu'clles s'ap- puient sur des textes et des monumens originaux soigneuse- ment relates a la fin de Pouvrage. C'est un commentaire indispensable aux bistoires politiques de la France : c'est en meme terns un inappreciable service rendu aux auteurs dra- matiques et aux romanciers qui, armes du livre de M. Mon- teil, pourront faire sans peine de la couloir locale. Nous donnerons incessamment une analyse detaillee des deux premieres livraisons de cet important ouvrage. A. D. 58. — * Memo ires complets el aidlientiques du due de Saint- Simon, sur le siecle de Louis XI V et la rrgence; publies pour la premiere fois sur le manuscrit original entierement ecrit de la main de Pauteur, par M. le marquis de Saint-Simon, pair de France, etc., etc. Tom. xix et xx. Paris, i85o; A. Sautelel et comp. 2 vol. in-8° de 4po et 486 pages; prix, 7 fr. (voy. Rev. Enc, t. xliii, p. 627, et t. xliv, p. 463). Ces deux volumes terminent cette importante publication qui sera completee, vers la fin de mai , par la Table des maticrcs des M /'moires de Saint-Simon. « Cette Table sera dressee , an- noncent les editeurs, dans I'ordre alpbabetiquc des noms pro- pres, par les s'oins de M. Delbare , auleur des Tables de la collection des Me'rttoires sur I'histoire de France, publiee par SCIENCES MORALES. 197 M. Foucault. Ce sera 1111 veritable dictionnaire biograpluque et historique du siecle de Louis XIV et du terns de la regence. Par la, les rechercb.es seront rendues faciles dans cette vaste histoire, et chacun pourra y trouver, sans etre oblige de feuil- leter plusieurs volumes, le nora propre qui l'interesse ou le fait qui se rapporte a une etude speciale. » 5g. — ISouvelles conjectures sur I' emplacement du champ de bataille ou Cesar defil I'armee des Nerviens , par A. Le Clay, membre de la Societe d' emulation de Cambrai, correspondant de la Societe royale des Antiquites de France, etc. Cambrai, 1800; A. Furez. In-8° de 20 pag. Cette dissertation , extraile des Memoires de la Societe d'e- mulalion de Cambrai, a ete tiree a 5o exemplaires seulement, en faveur de ceux qui aiment ces minutieuses disputes sur un point obscur d'erudition. M. Le Glay est bien connu des amis de cette science d 'initiation, si Ton peut parlerainsi, qui de- daigne les triomphesbruyans, lesapplaudissemensnombreux, et ue recherche que le suffrage de quelqueshomm.es laborieux, de jour en jour plus rares. Nous n'avons pas besoin de dire a ceux-la ce que renferme la petite brochure qui est sous nos yeux : ils la connaissent et preparent peut-etre deja leurs re- pliques. ■ — Ueux mots sufflront aux profanes : M. Le Glay de- montre, en s'appuyant sur des temoignages qui nous parais- sent assez solides, i° que la defaite des Nerviens par Cesar a eu lieu sur les bords de l'Escaut, et non pres de la Sambre, comme on 1'avail pense jusqu'a present; a" que I'espace de terrain compris entre Bonavis et Vaucelles (l'ancienne abbaye fondee par Saint-Bernard et Hugues d'Oisy) presente toutes les circpnstances indiquees par Cesar au second livre de ses commentaires, et, par consequent , pourrait bien etre l'em- placement de ce champ de bataille. — Cette dissertation est dediee par l'auteur a M. le colonel Pascal-Lacroix, agronome eclaire, et savant antiquaire qui habite tout aupres du lieu designe par M . Le Glay comme ayant etc le theatre de la defaite des Nerviens. 60. — Notice sur la vie de A. G. J. Gautier , par M. Dupin aine, batonnier de l'ordre des avocats. Paris, 1829; Gustave Pissin. ln-8° de xxfi pages. A mbroise-Georges-J oseph Gautier naquit a Chevreuse, le !\ avril 1776. Apresdetres-bonnes etudes aux colleges deSainte- Barbe et de Navarre , il revint cbez son pere , dont il sut , tout jeune encore, sauver la vie par une demarche courageuse aupres du comite de sur ete gencrale, faite au moment le plus borrible du regne de la terreur conventionnelle. Apres cette if)* LtVRES FRAiNCAlS. epoque desastrcuse, il se devoua an barren a et devhrt I'un ilc- avocats h-s plus distingues de celui de Paris Ce qui le (it sin-tout remarquer pendant sa tongue carriere, c'etail one profonde connaissance du droit ct une logique claire et serree-. Une infirmite 1'obligea , vers la fin de sa vie, a so bonier aux travaux de cabinet. Cost alors qu'il acbeva un ourrage fort estimable dont Rf. Dwpin annonceta publication I'aite par ses soins : les Etudes de jurisprudence commerciale. (Pissin , place du Palais-de-Justice , n° i.Tn-8'1.) Z. til . — * A a Roi ct aux Chambrcs sur les rerilables causes de la rupture avec Alger, et sur C expedition qui se prepare; par Alexandre dc Laborde, depute de la Seine. Paris, i85o; Truchy, boulevard des Italiens. In-8" de vi-iio-lx pages; prix , 5 fr. M. de Laborde est du nombre de ces fideles et courageux mandataires de la nation qui, dans une libre et respectueuse adresse , out fait rcteutir aux oreilles du prince les alarmes et les voeux du pays. Comme ses collegucs, il se preparait a defendre de nouveau les liberies, les droits, les plus chers interets de la France; il se preparait, surtout, a eombattre l'expedition d'Alger, si lemerairement entreprise par nos mi- nfstres. Rejete de la tribune, ('honorable depute s'est retire avec respect devant I'exercice de la prerogative royale ; mais il n'abandonne pas ses adversaires, et, presse par un religieux devoir, il les appelle sur un autre terrain. L'auteur souleve ici plusieurs questions, dont la premiere de toutes, qu'il rcsoutnegalivement, eonsiste a savoir sil'expe- dition est juste dans son origine. Le fond de la querelle repose sur une creance de quatorze millions, reduite a sept par le gouvernemenf francais. Le dey avail droit a une partie de cetle somme, parte que les grains fournis par la maison Bacri et Busenach, d'Alger, sortaient des greniers de la regence; en accedant a la transaction qui liquidait cetle creance, le dey eroyait recevoir sa part ; mais il s'en trouva frustre par des jugemens anxquels il n'eut pas meme la facultc d'inlervenir comme creancier. On pent juger de son luimeur contre notre consul avec lequel il avail cru traiter de bonne foi , et qu'il soupconna, sans doute a tort, de l'avoir indignement trompe. D'autres griefs augmenterent ses mauvaiscs dispositions avec d'autant plus de raison, qu'une lettre qu'il avail ecrite au roi de France, pour obtenir justice, etait restee, pendant trois mois, sans aucunereponse. Comment concevoirqu'on ait pu te- nir une pareille conduite avec le dey, an risque d'enflammer :0n mecontenlemcnt. et d'exposer notre commerce a des pertes SCIENCES MORALES. 199 considerables par suite de ces resolutions de colere qui eclatent si sou vent dans les Consetls des puissances barbaresques? Maissurtout comment expliquer la mauvaise politique de lais- ser aupres du dey ce consul contre lequel il nourrissait les plus lacheuses preventions et une baiue qui se trahissait a tout mo- ment ? Du moins, il faut l'avouer, les ministres n'avaient nul inoyen de deviner a quel point le representant de la France, a Alger, pourrait s'oublier et comprometlre son caractere. Laissons i\l. de Laborde raconter une faute, une aberration, un emportement presque inoui's, dans un agent diplomati- que. «Ce fat alors qu'a l'oecasion d'une ceremonie, le consul se presenta devant lui pour sollicker sa protection en faveur d'un batiment romain qui venait d'entrer dans le port. Com- ment, repondit le dey, tu viens toujours me tourmenter pour des objels qui ne regardent pas la France, et ton gouverne- ment ne daigne pas repondre a la leltre que je lui ai ecrite pour ce qui nie regarde. Mon maitre, repliqua le consul en plein divan, n'a pas de reponse a faire a un homme cocaine toi. A ces mots, le dey ne se possede plus; il se leve, et IVappe avec son eventail de plume le consul Deval. Hussein avait eu tort sans doute; il le sentit; et craignant que le con- sul ne profilat de cetle occasion pour provoquer une rupture, il s'empressa de prevenir les Franeais qui se trouvaient a Al- ger, que sou intention n'avait ete nullement d insuller la France, ou de \ouloir entrer en guerre avec elle ; pour preuve de la sincerite de cette protestation, il les invila a rester pai- siblement dans Alger oil il les protegerait, ainsique tout ce qui pouvait regarder la France, avec la plus grande affection : il leur fit meme demander acte de cette notification.!) M. de Laborde resume en pen de mots sa pensee sur la guerre d'Al- ger : «lc dey reclame, on le vole; il se plaint, on l'insulte; il se facte, on le tue. » J'adhere a cette opinion, si energiquement exprimec; mais au no in de riionneur national, je m'empresse d'ajouter que le gouvernement n'a contribue en rien a de- pouiller le dey, et que celui-ci n'a ete frustre de sa part legi- time dans la liquidation que par une coalition d'interets prives qui se sont seuls presentes devant nos tribunaux sous les aus- pices d'une action legale, sous la garantie des formes legales. Seulement un ministre at lentil' a conserver les relations entre la regence et nous , a proteger un prince avec lequel nous etion? dans des rapports de paix et de bonne amitie, aurait veillc aux interets du dey, en l'avertissant de la necessite de faire defendre sesdroitsdevaat la justice a cote des autres creanciers de la maison Bacri et Busenach qui avaient forme oppositional! 200 L1VRES FRANCAIS. tresor a la delivrance tic la sorame de sept millions. Certes, c'ctait la pour nos ministres un devoir que leur prescrivaient cgalement rhonneur do la couronne, celui de la France, et la securite de notre commerce. A cct cgard, et snr d'antres points beaucoup plus importans encore, la coinmision d'en- quete que demande M. de Lahonle serail de la plus haute utilite , puisqu'elle aurait pour resullat infaillible on de pre- venir la guerre, on de prouver que la raison, la justice et la politique pendent cetlc guerre cvidcmmcnl indispensable. Mais, que la guerre soil juste on non, nous pouvions la conjurer. Un ministere sage nYut pas laisse le consul Deval dans un poste ou sa seule presence etait tin obstacle an main- tien de la paix; un ministere vigilant et sense se fat empresse de reponrlre an dey et de faire droit a ses justessujets de plain- tes; un ministere habile, profitant des dispositions si hante- ment manifestoes par Hussein, apres un outrage qui n'etait toutei'ois (pie la represaille d'une insulte, aurait trouve moyen d'obtenir des satisfactions sullisantes, et d'eviter une rupture inipolitique ainsi qu'une guerre deplorable, meme dansle cas d'un succes. Bonaparte n'emmena que 5o,ooo hommes pour la con- quete de l'l^gypte ; M. Bourmont en a demande 53,ooo pour la seule conquete d'Alger. Frappe de la grandeur de nos pre- paratit's, qu'il a raison de trouver exageres, rendant d'ailleurs la plus eclatantc justice a l'experience et a 1'habilete , enmme au devoflment de nos officiers de terre et de mer, M. de La- horde ne douterait pas un moment de la reussite de l'expe- dition, si elle ne lui paraissait pas entreprise avec une impru- dente precipitation. Nous ne suivronspas les developpemens d'une opinion qui s'appuie sup la connaissance des saisons, de lamer, des vents, de lous les obstacles qui peuvent survenir de ce cote ; sur l'opportunite du terns favorable a l'entre- prise ; sur Passiette des lieux, sur les dillicultes de I'abordage, sur la puissance et la facilite des moyens de defense. Mais nous osons assurer que l'ensemble des observations de l'au- teurmerite une serieuse attention. Cependant , et malgre la force des mesures qu'il expose, malgre le poids des autorites qu'il atleste, nous ne saurions dissimuler que des marins ce- lebres et experimentes, des officiers d'une haute distinction regardent le triomphe de nos armes comme infaillible. Suivant ^ux, Alger ne saurait eviter de tomber entre nos mains. Admettons cette derniere opinion; (die flattc l'orgueil national , et nous promet quelque gloire pour j'rix du sang de SCIENCES MORALES. 201 nos compatriotes, qui, suivant la judicieuse pensee do l'ecri- vain, pourrait etre verse pour une meilleure cause. Mais c'est ici que Fimprobateur de la conduile des miuistres a sur eux un incontestable avantage, et les reduit au silence devant l'invincible et accablante verite. Mailres d' Alger, il nous faudra l'evacuer; il nous faudra delruire et quitter ces ramparts qui nous auront coiite des depenscs enornies, peul- 8tre ties pertes considerables d'hommes ; nous serous reduits a la honte d'abandonner, par ordre de 1'etranger, une ville qui, entre nos mains, deviendrait bientot un second Gibraltar, inattaquable dejadu cote de la mer, et facile a fortifier sur les autres points, de maniere a lc rendre presque iuiprenable. Le gouvernement anglais, dont la vieille baine pour la France ne .-'est pas affaiblie un moment, et dont la jalouse politique brule de nous termer toutes les sources de prosperite, ne veut pas que nous acquerrions une station sure en Afrique , 011 nous pourrions fonder par degre une puissante colonic Voil.'i pourquoi le gouvernement a exige de nous la promesse d'evacuer la ville apresl'avoirdelruite. Cependant, cette meme puissance occupe Gibraltar , Malte et les iles Ioniennes, et convoke la Grece, ou une pnrtie de ses ports. De quel droit vient-elle nous interdire unabri, un point de ralliemeut dont nous avons besoin dans cette Mediterranee, qu'on appelait ja- dis mareGallicum, la mer Gauloise, et qu'a la honte des puis- sances qui occupent toutes ses rives, on pourrait nonuner au- jourd'huila mer britannique ? Certes, de pareilles pretentions ' doivent faire bouillir le sang dans toutes les veines d'un Fran- cais. Toutefois, ces etranges pretentions d'un cote, de ('autre, cette souniission de notre politique au veto de l'Angleterre, ce sacrifice de nos interets a ceux de notre plus ancienne enne- mie , ne sont pas les seules causes qui doivent nous faire de- plorer l'expedition d'Alger, ct nous faire gemir , meme de notre succes; l'expedition, meme heureuse, n'aura pas atteint son but; trois mois apres notre depart de la cote d'Afrique, les brigandages des pirates sortis des ports de Bugie et d'O- ran recommenceront avec plus de fureur que jamais, et le commerce europeen tout entier nous accusera de ses nou- vcaux malbeurs. Voila, au resume, les resultats d'une expe- dition que M. de Laborde attaque avec tant de force et de raison comme injuste, dangereuse, prematuree, infructueuse, et par consequent condamnable a tons egards. II est un dernier rapport, celui de la legalite sur lequel nous devrions examiner la guerre d'Alger; mais l'auteur n'ayant qu'eflleure cette question grave qui demanderait une discus- 203 LITRES FRANCAIS. sion severe, nous n'essaierons pas ici de I'aborder et de I'ap- profoodir- (j'j. — * Alger. Tableau du royaume, de la title d' Alger et de ses environs, de ses forces de terrc et de mer , etc. , precede d'une introduction kistorique stir les differcntes expeditions d'Alger, depuis Charles-Quint jusqu'a nos jours ; par Menaudot, ancien oflicicr de la garde du consul de France a Alger. Paris, i83o; IMongie. ln-8° de 182 pages, avee cartes, vue, portraits et costumes de ses habitans ; prix, 7 francs. On devait s'attendre a ce que l'expedition qui se prepare donnerait naissance a une foulc de productions coniposeesavec des lambeaux pris dans divers ouvrages, et denues de toute revelation nouvelle sur le pays qu'ils ont la pretention de faire connaitre. II ne Taut confondre, avec ces productions cphe- meres, ni un ouvrage important et recommandable, comme celui dont nous venous deparler, ni le recit consciencieux d'un voyageur eclaire, qui, tel qne Renaudot, a passe de longues anneesde savie dans le royaume d'Alger. La position olbcielle de ce militaire bii offrait, pour tout voir et tout examiner a loisir, des moyens inter dits a beaucoup d'autres observateurs, aussi curieux, mais moins bien places que lui. II en a profit* non-seulement avec une sagacite rare, avec une attention extreme, mais encore avec cette patience inl'aligable, avec cetle prudence de tousles momens, dont on trouveun si admi- rable exemple dans la conduite du jeune Caillie, pendant le cours de son voyage et de son sejour a Tombouctou, au mi- lieu d'un peuplc jaloux, soupconneux et pleiu d'aversion pour le nom cbretien. Aussi, nous le declarons, sans crainte d'etre dementis par nos lecteurs, nulle part on ne trouvesur Algei, sur ses habitans, sur les di verses populations de la contree, sur loins mceurs, leurs habitudes et leurs usages, sur les moyens de defense de la ville, sur les batteries du port et de la rade, sur les forces doterre et de mer, des details plus circonstancies et plus complets que dans le voyage de Renaudot. Amusanl, comme un roman, et vrai comme une bistoire, ce volume merite de devenir le vade-mecum de lous les oiliciers de l'ex- pedition, avec d'aulant plus de raison qu'il est precede d'une introduction ecrile d'un sy!e pleiu de clialeur et de force, ou I'on relrouve le recit des entrepris.es dirigees conlre Alger, depuis Charles-Quint jusqu'a nos jours. P.-F. T. 63. — Bistoire d'Alger et du bombandement de cette ville, en 1816. Paris, )85o; Piltan. In-8" de xn-366 pages; prix. 6fr. 6/j. — Alger : esquisse topographique et historique du SCIENCES MORALES. 2o3 royaume et de la ville; par A. iVl. Perrot. Troisiima edition. Paris, i8jo; Ladvocat. In-8° de q4 pages; prix, 5 Fr. G"). — Souvenirs d'u n officier franrais, prison/tier en Barbarie pendant les annees 1811, 1812, i8i3 et 181/f : Situation ci- vile et mill ta i re de ce pays, mceurs, gouvernement, armee, positions militaires, productions indigenes, climat, moyensde s'en rendre maitre et de s'y niaintenir, plan d'attaque, de eonquete etde colonisation, projet d'organisation d'une armee d'expedilion, strategic nouvelle et scule praticable pour as- surer le sucees de cette entreprise; ouvrage indispensable aux militaires de tons grades et de toutes amies qui l'erout partie de I'armee d'expedition d' Alger; par M. Contremou- lins, P. M. , de Nantes, capitaine en conge illimite Paris, i85o; Anselin, Delaunay et chez 1'auteur, boulevard de la Madeleine, n° a5. Iu-8° de x-44 pages, avec une planclic ; prix, 1 fr. 5o cent. 66. — * Memo ire pour les liommcs de couleur-C'inquieme partie; an nee 1828. Paris, 1829; impr. de Duverger, rue de Veriienil, n° 4- In-8° de 272 pages, avec une table chronologique et analvtiquc des pieces contenues dans les cinq parties 1824 — 1828. Voici bien certainement une des collections les plus digues de fixer 1,'attention des amis de Phumanite, des homnies qui desirent de voir leurs semblables, sans distinction dc races, participer a tons les bienfaits de la sociabilite. La cinquieme partie que j'ai sous les yeux contient des documens d'un baut inleret. Elle presente d'abord cette honteuse affaire des hom- ines de couleur 011 Ton voit un ministre de la justice prolonger, pendant vingt-un mois , 1'injuste detention de citoyens esti- mables par une violation manifeste de la loi; puis, echapper ensuite a tons les de'gres de juridiclion par des declarations successives d'incompetence; suivent les discussions de la ses- sion de 1828 , relatives au regime colonial , a ses monstrueux alms en ce qui concerne les esclaves et les homnies de couleur. CMielqttes proces, portes, daus ces derniers terns, devant les tribunaux des colonies, terminent le recueilpour I'armee 1828. Le plus remarquable est celui d'une epouvantable fern me qui prenait plaisir a torturer ses esclaves, et les faisait trapper elle- memesous ses yeux jusqu'a ce que le sangrttissetdt. Unesclave mort deux heures apres le chatiment, un autre trouve sans ali- mens et expirant dans un cachot, une jeune fille frappee ati sein d'un coup de couteau, voila des crimes qui, pour n'avok pu etre afYirmes par des blancs, n'ont etc punis. dans la per- Sonne de cette miserable dame Marlet. que de /mis anuria di 20| LIVRES FRANCAIS. htinnisscment et de I' interdiction pages; prix. T> IV. 71. — Le chateau de Falaise , poenie , par Alplwnse Le Fla- guais. Caen, 1800; Chalopin. In-80dc 18 pages. La tragedie a tant de fois ranime des eveucmcns grecs el romains que le public ne vent plus que des faits einpruntes a l'hisloire nouvelle , et le lucatic franca is renvoie pour admi- rer Camille a Tite Liveet a Plutarque. Aussi M. Galleron n'as- pire pas a obtenir un sneces sur la seine, mais a etre In, prineipalemcnt par ses amis. II etail bien jeunc quand il com- posa sa tragedie, dont ilconl'esse lui-meme qnelques defauts. En effet elle en rcnlernie de plus d'une sorte : 1111c intrigue presque vide, des scenes qui ralentissent Taction, un dialo- gue trnp raisonnableet pas assez raisonne. Le patriotisme aussi, generalement i'roid, est moins une passion qu'un sentiment. Brcnnus est autant Scylbe que Gaulois : auciin incident qui iutroduise dans Taction au moins quelques-uns de ses compa- gnons : toujours des Romains 011 des Romanies. On voudrait que le caractere aventureux d'une armcc barbare mais gau- loise fut presents en contraste avec Tesprit belliqueux et deja un peu civilise du peuplc de Rome. Cependant, cette piece ne blcsse ni le gout, ni Tart, ni la langue; la versilira- tion en est assez elegante, et on la lit avec quelque iuterci. L'arrondissement de Falaise, 011 M. Galleronexerce les fonc- tions de substitut , lui est redevable d'une bonne slalistique en 4 vol. in-8°. Get arrondissement, tout luslorique, possede de nombreu- ses antiquitcs celtiques, gallo-romaines et du moyen age, que Ton eommenee a explorer: c'est un de ces monumens, le plus rcmarquable pent etre , qui vient d'inspirer assez heu- reusement un jeune poete. M. Le Flaguais le reconnait lui- meme : sa muse melancolique a cliantc: assez long-tems en ballades et en melodies les douleurs de la vie ; et quoique, I'awe accablec d' 'an poids d'emedions, il ait vu sur les mines du cha- leau de Falaise de jaunes ravenelles melanl leaps odorans sou- pirs auxparfums enivrans des plus beaux souvenirs , de roman- tique il redevicnl classique. Son nouvcau poenie ne prome pas line conversion encore bien decidee ; c'esl peul-etre <■<■ qui contfibue a lui procurer un a^se/. grand nombre de lec- teurs, qui ne peuvent lui conteslei •Tenlenle de noire versili- ration. Les poetes, ce me semble, s'aslreigneui trop ;i sun re la chroriodocie. lis exciteraienl miens Tinierei en remontant, a LITTERATURE. an leavers le cours ties siecles, des evenemens modernes jus- qu'aux epoques reculees. Cet ordre est analytique puisqu'il conduit du connu a 1'inconnu ; rationnel, car il s'aide de ce qui existe pour faire appreoier ce qui a cesse d'etre ; poetique, parce qu'il saisit l'esprit et l'imagination d'images et de reflexions profondes. Ainsi ce cadavre de chateau semblerait se ranimer, et progressivement recouvrer son antique gloire : nous y ver- rions Henri IV montant a l'assaut, puis Duuois contraignant Talbot a capituler : heureux d'un emploi modeste apres la chute du trone de Constantinople, des Paleologues se trans- mettraient le commandement de celte forteresse, oil les pre- eeda, mais captif, l'infortune Arthur, si cher aux romanciers ; enfin apparaitrail le berceaudu batard qui legitima son origine par ses exploits, et sa conquete de I'Angleterre par des insti- tutions que huit siecles n'ont pu detruire. M. Le Flaguais fait raconter par un trouvere la passion du due Robert pour la jou- vencelle Arlete; mais cette ballade n'est pas digne delagrande renommee qui , dans tous les ages , accompagnera leur fils Guillaume. Les terns modernes ont produit des amours non moins epiques que celles qui furent tant celebrees dans l'an- tiquite. L'Europe efit-clle echappe au despotisme oriental sans la victoire de Charles M artel, heros que le mont Jupille, pres Liege , \ it naitre des amours de Pepin et de la belle gauloise Alpalde? Isidore Le Brun. 72. — Esquisses in females, par Potydore Bocnin. Marseille, marsi83o ; Anfonce, Cainoin ; Paris, Denain, Lecointe. In- 18 de 06 pages ; prix, 1 t'r. Voila la troisieme i'ois que nous avons a rendre compte des productions de M. Polydore Bounin , et toujours avec espe- rance. La premiere fois qu'un poete se presente au public, la critique le prend comme il se donne ; mais au second recueil, elle sait deja ce qu'elle a droit de lui demander. Elle aime a suivre, dans 1'enchainement de ses inspirations successives , les mysterieuses transformations d'un talent dont elle a ac- cueilli les promesses naissantes. Seduils par les gracieuses images de M. Bounin, nous demandions a cette poesie fraiche et harmonieuse une pensee plus forte et plus nourrie, et deja \eSermentde Vipoase etait venu nous apprendre que la vigueur n'etait pas etrangere a cette niuse du midi dont nous aimions la mollesse. Les Esquitses infernates ajouteront-elles quelque chose a notre conviction ? Nous attendrons, pour analyser ce premier poeme, que nous recevions de Marseille la publica- tion des trois autres qui doivent le suivre. Aujourd'hui, nous laisserons le poete parler en prose a noire place : « Jeunes 212 LIVRES FRANC AIS. gens, notre patrie est belle, n'est-ce pas ? aussi belle peut-etre que des pays (lores a nos yeux tie scduisans prestiges. Eli bien ! des lors, pourquoi la delaisser, pourqiioi la fuir, quand le coeiir vous dit quelque chose? Pourquoi vous arrachcr d'une terre ou la Providence vous placa peut-etre comuie unc barmonie, comme des plantes quelquefois plus brillantes ailleurs, mais plus fraiches, plus cmpreiutes de leurs graces natives? Est-ce la gloire qui vous attire la-haut, dans la capitale ? Est-ce la fortune, habile enchanteresse ? Si c'est la gloire, je vous ex- cuse : on a pu, jusqu'ici, ne la croire attachec qu'aux ovations parisiennes ; si c'est la fortune, je le concois sans doute, niais je vous plains. Loin de moi, toutefois , la pensee de blamcr personnel Paris, en ce moment, possede une foule de gloires que lui a deputees noire province : admirons-les sans ran- cune, soyons-en fiers, mais avouons qu'elles seraient ici a leur place naturelle, a leur vraie place. »Restons done chez nous, jeunes gens, restons chez nous; et si la gloire de reussir nous echappe , ayons celle d'avoir ose. » J'aime ce eri contre la centralisation, arrache a un ceeur de pocte par Pamour du sol natal. A. de L. r;3. — * La retigiease de Monza, episode du xvnc siecle, faisant suite aux Fiances de Manzoni (par M. Jean Rosini), et traduit de l'italien sur la fiuitieme edition; par Jean Cohen. Paris, i83o; H. Fournier jeune, rue de Seine, n" i^- 5 vol. in- 12, formant ensemble n55 pages; "prix, i5 fr. Nous avons annonce, lors de sa publication en Italie, le roman de Rosini (voy. Rev. Enc.,t. xliii, page 427) quia obtcnu dans son pays un succes brillant : il merifait d'etre traduit, quoiqu'il ait surtout un interet local; car le but de l'auteur aete, comme nous I'avons deja remarque, de faire ressortir la gloire de l'ltalie au xviie siecle en opposition avec l'effrayant tableau qu'a trace M. Manzoni dans ses Fian- ces. Il a rempli cette tache en homme de talent et d'inst ruc- tion ; et les deux parlies de son livre, la parlie romanesque qui continue le recit des coupables amours de Gertrude et d'Egidio, dont les nomsetles premieres a ventures sont connus de tous les amis de la litterature italienne; et la parlie eru- dite, ou 1'auteur nous fait passer en revue tous les homines illuslres de l'cpoque, sont egalement bien traitees, quoique leur melange ne produise pas un ensemble Irtteraire bien rt'gulier. r-^. — * Philippine de Flandrc, ou les prisonniers du Louvre , roman historique beige; parM. H.-G. 3Ioke, auteur du Gueiur LITT^RATURE. 3i3 (/enter, du Gueux dcs bois , etc. Paris, i85o; Charles Gosse- lin. 4 vol- in- '2, forinant ensemble xjv-g25 pages; prix, 12 fr. C'cst une heureuse idee, quoi qu'on en puisse dire, que d'avoir ouvert, dans le roman, un nouveau debouche aux eludes historiques, et d'avoir rapproche les erudits, par cet ingenieux expedient, de la classe frivole qui ne veut lire que pour s'amuser. La medioerite a du s'emparer du roman his- torique, comme de toute autre invention du genie, pour ta- ther de Pexploiter a son profit; mais il ne faut pas que ses malencontreux essais nuisent aux efforts des hommes dislin- gues qui s'essaient apres elle dans cette difficile carriere. On peut, je crois, classer les imitateurs de "Walter Scott en deux grandcs divisions, qui se partagent, parparts a peu presegales, les qualites qui, reunies, forment I'apanage de ce grand ecri- vain. Les uns se font remarquer surtout par les dons de l'ima- gination; les autres sont, avant tout, antiquaires et savans : les premiers pourraient sans doute reussir egalement dans d'autres genres de litterature; pour les seconds, le roman historique semble avoir ete decouvert tout expres, afin de leur procurer des succes plus populaires que ceux qui sont d'ordinaire le sort des erudites compilations de chroniques et de manuscrits vieillis. 31. Moke nous parait appartenir, de preference, a cette seconde classe ; non pas que ses produc- tions manquenl totalement de cette vie poetique qui seule peut assurer le succes des oeuvres litteraires; mais leur ca- ractere dominant nous semble etre la fHlelite historique. — M. Moke s'occupe, depuis long-tems, de la composition d'un ouvrage serieux et difficile , V Histoire des Pays-Bos. Les recherches que necessite cette entreprise lui ont fourni des documens et des idees qui lui ont paru de nature a rehabiliter la gloire de sa patrie ; il a pense que la forme du roman leur donnerait a la fois plus de relief et une circulation plus eten- due. C'est dans cette intention qu'il avail deja puljlie deux romans, annonces tour a tour dans ce rccueil (voy. Rev. Enc, t. xxxvi, p. 419? et t. xl, p. 74^). Aujourd'hui, il s'efforce de retracer quelques scenes de ces vieilles luttes entre la France, alors toute feodale, et la Flandre , on predominait le principe democratique, qui se terminerent par la bataille de Courtray. Philippine de Flandre, et son amour pour un jeune chevalier normand forment comme le noyau de faction, autour duquel 1'auteur a groupe la description du Louvre et de la captivite du malheureux comtc Guy de Flandre, le recit anime du tournoi ccbbre pour les fiancailles d'Isabelle de France et An ai4 LTVRES FRANCAIS. prince de Galles, les portraits de Phuippe-1«-Bel et de Jeanne tie Navarre, les tableaux d'Tnlerieur pris clans la ville ct la bourgeoisie de Bruges, etc., etc. Ces differentesesquissrs sont tracees avec talenl , et pourront contribuer a faire apprecier une epoqne iinportante de l'histoire de Flandre. ^5. — Samuel Bernard et Jacques Borgarelly, histoire du terns deLouis XIV ; parM. Rey-Dussueil. Paris, i85o; (,h. Gosselin. l\ vol. in-ia formant ensemble gi4 pag. ; prix, 1 2 1'r. M. Rey-Dussueil semble avoir adoptc le projet d'ecrirc une serie de chroniques marseillaises et provenpales : nous avons deja vudelui la ConfnrieduSaint-Esprit, 011 Ton a loue quelques descriptions locales, et des esquisses de moeurs et de caracteres qui seniblaient promettre a 1'auteur une place en deborsdecettefoule obscure de fabricans de romans, histori- ques et autres, dont les produits n'ont d'antres debouches que les cabinets de lecture, et d'antres admirateurs que les des- oeuvres de boutique 011 d'antichambre. Cette nouvelle his— toire du tems de Louis XIV se rattache encore a la ville natale de 1'auteur par son heros Jacques Borgarelly, fils cadet d'une famille de la bonne bourgeoisie de Marseille, que les injus- tices du droit d'ainesse ont amene au milieu des intrigues et des corruptions de Paris avec sa franchise et sa fierte me- ridionales. Mais ce caractere principal n'est pas trace avec assez de vigueuret deneltete; et, disons-Ie, 1'enseinble du Io- nian n'annonce point un progres bien sensible dans le talent de 1'auteur. L'intrigue en est faible, languissanle et decou- sue ; il y a moins de vivacite et toujours un peu de preten- tion dans le style, qui surtout dans les recits et les dialogues manque souvent du natnrel et de la simplicite que reclame nt ces deux genres ; puis, les details ne sont pas bicn profonde- ment penetres de la couleur hislorique. Le portrait de Louis XIV surtout nous a paru I eaucoup trop flatte, aujour- d'hui que la critique moderne et des publications reccntes out tanl soit peu dissipe cette aureole de grandeur et dc ma- jeste dont on s'etait plu a entourer sa royale figure. En re- vanche, on rencoiilia aussi dans cct ouvrage des descriptions brillantes et anilines, et quelques scenes qui ne sont pas ren- dues sans verite pi sans chaleur. lilies rappellent les spiriluels et premiers essais de Pauteur, qui parurent, dans le Mcrcure ile France, sous le titre de : La marquise de Chaves, et que M. Gosselin a cu I'heureuse idee de faire iniprimer a la fin du quatrioine volume dc Samuel Bernard. 76. — Un mariage du grand monde, traduit de l'anglais dc Miss l>.v 1 1 1. 11 . par Madame ***. traducteur de Marguerite, LITTEHATURE. 2i5 Lindsay, etc. Paris i>s5o; Barbczat. L\ vol. in-12, i'ormant ensemble 780 pages; prix, 12 it. L'action cle ce r.iman est extreuiemcnl simple : lord FHz- Henri, pour cmpecher la mine du comte d'Arlingford, son peie, est reduit a epouser Emmeline, la lille du banquier Benson, a laquelle sa main est engagee depuis Ieur premiere enlance. II a, pendant ses voyages sur le continent, con- tracts une liaison d'amour avec une I'emme belle et pleine d'attraits, mais dont ie coeur et les moeurs sont egalement corrompus. Fitz-Henri promet a cettecoupable maitressie, qui est deja, de son cote, parjureauxsermens pretes a un epoux, de ne point lui etre iufidele, malgre les liens nouveaux qui vont l'unir a Emmeline. Une longue absence lui a fait perdre de vue complitement celle-ci , et il est loin de soupconner de quelles aimables vertus et de quelles seduisantes qua- lites est douee sa jeune fiancee. Un tete-a-tete prolonge, dans son chateau, les lui revele ; et peu a peu elles efl'acent de son coeur les traces de sa premiere et funeste passion. Mais, trop i'aible pour resister aux souffrances du long com- bat que se livrent en lui sou amour toujours croissant pour Emmeline, les craintes de ne point le voir partage, el les re- mords que lui cause la conscience de ses torts envers elle, il succombe, an moment ou, libre des (diaiues de ladj Florence, il apprend qu'il est tendrement aime. II n'y a que peu 011 point d'incidens etrangers a cette donnee principale; la societe des deux epoux se borne a un petit nombre de personnages, et ceux-ci ne sont esquisses que tres-legercinent quoique avec verite : cependant l'interet est soutenu constamment, sans exciter, il est vrai, une bien vive attention, par la grace natu- relle des details et par les agremens d'un style simple et de bon gout. Sans doute l'auteur anglais doit des remerciniens a sa liaductrice, dont les succes anleiieurs dansce genre sout one garantie sulfisante du merite de sa nouvelle publication. a. 77. — Clolildc, esquisses de 1S22, recueillies et publiees par le comte Gaspard de Pons. Paris, i85o; Gosselin, rue Saint-Germaiii-des-Pit's, n° 9, et Urbain Cane!,. rue Jean- .lacques -Rousseau, 11" iG. 2 vol. in- 18 de !().», et 254 Pages ; prix, G t'r. Clotilde est une jeune et belle personne, qui, maiiec a un genlilhommcde province, bien nulet bienorgucilleux.s'eprenil d'un ollicier de la garde, Alberic d'Harville. La duchesse de IJagiieux, sa rivale, de conceit avec son mari, M. de Kou\ teres, parvient a lui persuader qu'clle est trahie, qu'Alberic nc laiiiHj uiG LIVRLS FRANC ALS. pas, et veut la seduire. Elle s'empoisonne : Alberto, present a cet horrible evenement, par suite d'une avenlure qu'on lira tlans le roman, rencontre M. de Rouviercs, l'insultc, le pro- voque dans ''exaltation de sa doulcur, et lui donne rendez- vous pour le lendcmain. M. de Rouviercs lire lc premier el manque son coup : sa vie est entre les mains d'Alberic qui se bride la cervelle pour ne pas survivre a son amante. Le recit de ce duel est vif, anime, attendrissant meme. Nous clterons encore comme un morceau reinarquable le bal chez la duchesse d'Havrincourl, ou la beaute el le triomphe de Clotilde desesperent M" de Bagneux, et la poussent aux dernieres extremites. Kn general, ily a du talent et de Pinteret dans ce livre : le caractere de Paul d'Harville, frere nature! d'Alberic, est plein de noblesse et de dignite, et son langagc severe offre d'heureux contrastes avec la ibugue de son mal- heureux frere. — La lecture de ce roman fort court pent fa ire passer quelques heures agreables, et, ;'r lout prendre, il nous a semble superieur a la plupart des productions de ce genre dont nous sommes inondes. A. D. Beaux- Arts. -•8. ■ — Les vrais clcmcns du dessin, enscigncs en seize lepons, par J. P. Yo'i'art. Paris, 1829 ; Audot. In-4° de 68 pages et une planche lithographiee; prix, 2 fr. L'auteur ramene Tart qu'il professe au dessin de trois for- mes primordiales, le cube, le cylindre et la sphere. Jusque- la il ne propose rien de neuf, puisque des long-tems on a eta- bli les principes du dessin sur le cercle, l'ellipse et le cane. Mais M. Voi'art ombre sur-le-champ les-trois corps, et pense que l'eleve qui aura passablement accompli cctte Iftche pourra, sans autre travail preparaloire, passer au dessin de la bosse. II est permis de douter que cetle marche conduise promptement au resultat, et que Part du dessin soit rendu facile par cette melhode. Le dialogue entre un pere et son fils, qui fait la maliere de Pouvrage entier, n'est pas nun plus u-ie forme bien heureuse pour developper clairement vine tbeoric. Au reste, nous devons dire que la dedicace de cet ouvrage ayant ete acceptee par ftl Gerard, probabfement ce e-elebre peintre en porle un jugement favorable, et ce temoi- gnage doit nous mettre en garde contre l'opinion que nous nous en sommes formee. 79. — * Men Portefeuitle , par P. Lacour. Bordeaux, 1828 ; lithographie dr Lege. In-folio de io5fe utiles. BEAUX-ARTS. 217 « Ces esquisses, dont jc nc fais liter que cinquanle exem- plaires, formeront un reeueil compose de plusieurs volumes. L'hommage que j'en fais a quelques amis et aim pelit n om- bre d'amateurs distingues est la seule publicite que je lui donne. »Toutetbis, cette collection, qui anrait merite une plus grande circulation, est remarquable a plusieurs litres. Pre- mierement, elle renferme une foule de dessins gracieux ou cu- rieux, que tout amateur serait jaloux d'esquisser au trait dans son porlefeuille. On distingue surtout parmi eux un lias-re- lief compose et dessine par M. Lacour, pour la salle des An- tiques du Musee de Bordeaux, et qui nous semble reproduire avec une grande superiorite les beautes de la sculpture grec- que. Ce bas-relief represente la peititure, la sculpture et I'ar- chileclurc ; rien d'affecle dans le dessin; des lignes pleines, des contours larges, des formes nourries, et cependant bril- lantes de grace et d'elegance. Beaucoup de dessins, tires du pave de la cathedrale de Sienne et des fiesques des loges du Vatican, peuvent fournir aussi de jobs sujets au trait. — Un second merite du porlefeuille de M. Lacour s'adresse aux savans. Les antiquaires parcourront avec plaisir ses dessins de mines, ses facsimile descriptions", et les observalions qui les accompagnent. Quelque hasardee que puisse paraitre son opinion sur les sujets profanes et quelquefois licencieux qu'on rencontre dans des monumens cbretiens,et qu'on attribue aux terns et au culte du paganisme, nous pensons qu'elle me- rite d'etre prise en consideration , et discutee jar les gens competens : car il apporte, a l'appui, des raisous qui nous paraissent assez bien fondees. ■ — Enfin, ce I'ortefeuille te- moignera des progres que la litbograpbie fait dans les villes de departemens, et fait bonneur aux presses de M. Lege; je ne sais s'il aura it pu etre mieux execute a Paris meme. Du reste , lous les dessins de ce volume n'ont pas etc reproduits par la pierre lithographique : plusieurs jobs paysa- ges ont ete graves a 1'eau-forte par M. Lacour lui-meme. — L'auteur promet une suite a cet album : si, lorsqu'il rem- plira sa promesse, il veut bien nous ranger encore dans l'unc des deux classes d'hommes qu'il jugc digues de posseder lc fruit de ses travaux d'affection , nous ne manquerons pas de commettre, au profit de nos lecteurs, une nouvelle indiscre- tion. Z. 80. — * Architecture moderne de la Sicile; ou Reeueil des plus beaux monumens religieux et des edifices publics et particu- liers les plus rcmarquables des principales villes de la Sicite , mesures et dessines par J. HittorffcI L. Zanth , architectps, •ii 8 LIVRES FRANCAIS. Paris, 1 82G- 1 8.~>u ; Jules Renouard. Dix-huit livraisons, For- mat grand in-folio, contenanl chaeune quatre planches gru- vees an trait. Un texts eaplicati f et kistari(]U0$er& remis, gratis, aux souscripteurs. Prix de la livraison, 5 francs snr papier colomhier tin; 10 IV. sur colomhier velin, on papier bies ; plusieurs ont ele executees avec soin, mais aucune n'offre Pinterel de celle que j'annonce. En ellet, ce ne sont pas les person nages eclebres d'une seule cjtoque de notre bistoire dont les editeurs ont voulu reproduire les portraits: a a.. LI VMS m \> CMS. ce soul Unites les cclebrites qu'ils out reunies, el qu'ils mellcnt sous les yeux du public. Cepcndant, pour conserver un cer- tain ordre, el parce qu'il est des classes, des professions qui s'attaehent, de preference, a telle ou telle nature de celebri- tes , ils out divise leur collection, qui se composera d'environ deux cents portraits en cinq series, savoir: 1° les litterateurs; ■?." les homines d'Etat et les jurisconsultes; 5° les rois et les guerriers ; 4" les savans; 5° les artistes. La premiere serie, cellcdes litterateurs, composee de douze livraisons, contenanl, en tout, cinquanle portraits, est ter- minee ; chaque portrait est accompagne d'une courte notice imprimee en caractcrcs microscopiques, et cependant tres- lisibles; quoique courtes, ces notices sont substanlielles et lontiennent tout ce qu'il est important de connaitre sur cha- (|ue personnage. Le prix de cette collection est remarquable- ment modique ; en effet, chaque livraison coiiteS fr. 5o c. sur papier velin ; l\ fr. 5o c. epreuves sur papier de Chine ; et 6 fr. avec les epreuves avant la lettre, egalement sur papier de Chine. — Pour expliquer cette modicite de prix, il taut dire que toutes les planches sont gravees sur acier; ce qui permet den tirer un nomhre beaucoup plus considerable que celui que Ton pourrait oblenir de planches en cuivre. II n'y a pas un seul portrait faible dans la suite deja pu- bliee, et plusieurs sont de veritables chefs-d'oeuvre dus au burin de MM. Hopwood, Fry et Scriven. Au merite d'une execution rcmarquable, il en est plusieurs qui joignent un autre ioteret : celui d'etre publics pour la premiere ibis; lels sont ceux de Rabelais, de Marguerite de Navarre et de Bran- tome, trouves dans un manuscrit inedit de la bihliotheque du roi, qui contient en outre unc trcntaine d'auties personnages (•(•lebres des xV et xvie siecles, et qui trouveront leur place dans la serie suivanle. Avec de semblables conditions de succes, il est impossible que la collection que j'annonce ne soit pas rechcrchee avec remprcssement qu'elle merile. P. A. 85. — Principes des ccritures en caractires ordinaires et ca^ racteres moulds, appliques aux plans et cartes, dans lesquels on fait connaitre les proportions et les dispositions des ccritures dans les plans, etc. ; par F. C. IN. Marie, professeur de ma- thematiqucs et de topographie, ancien employe aux bureaux topographiques du cadastre el du depot de la guerre. Paris, l83o; Goeury;Giroux, Bachelicr, etc. In-4°de 56 pages, avec 10 planches gravees en taille-doucc. oflYant divers modelcs. d'ecriturc; prix, l fr. 5o cent. BEAUX-ARTS. — OUVllAGES PERIODIQUES. afti Cet ouvrage est un resume des principes d'ecriturte, specie lenient applique au trace des plans ct cartes geographiqucs : il n'est pas susceptible d'analyse. L'auteur, ayant present^ son livre a l'Universite et a ['administration des ponts-et- chaussees,aobtenu deux rapports favorables, Pun deM.TiiL- lefer , inspecteur de I' Academic de Paris, l'aulre de M. Val- lot, ingenieur en chef et professeur a l'ecole des ponts-el- chaussees: M. de Proxy a joint aussi son approbation aux precedentes. De pareils temoignages suffisent pour recom- mandercet utile ouvrage. Francoeur. Our rages periodiques. 84- ■ — * Revue de Provence. Marseille, i85o; Feissat aine. Ce recueil parait une fois par niois par livraison d'environ 4 feuilles. Prix d'alionnement, a Marseille, 20 fr. par an; 12 fr. pour six mois ; 2 fr. de plus par semestre pour Paris et les de- partemens; 4 fr. pour I'Etranger. C'est avec un empressement reel que nous saisissons touted les occasions de signaler l'extension que prennent, dans les departcniens, la presse politique et la presse litteraire: si nous voyons, grace a 1'une, sc former et s'accroitre journel- lement, en France, un excellent esprit public et se prdpager la veritable intelligence des interets generaux; l'autre, pour agir dans un sphere moins grave, n'en rend pas moins de nota- bles services en mtiltipliant les moyens qu'ont les provinces de parliciper a ce grand mouvement des esprits qui agile notre epoquc. Sans doute, il pourra souvent arriver que ces journaux litteraires qu'on commence a publier dans quelques- unesde 110s grandes villes servirontde tribune a la mediocrite; mais en est-il autrement an sein meme de cette capitale, foyer principal de la civilisation et des lumieres, et les medio- crites parisiennes en sonl-elles moins des mediocrites? Offrir aux ecrivains en tout genre les moyens de se faire cannaitre, c'est multiplier, pour le talent veritable, les chances de succes, c'est creer une emulation qui ne saurait demeurer ini- productive et sterile, c'est enfin affranehir la pensee du joug de la centralisation litteraire, plus facile a secouer que celuide la centralisation administrative. On ne saurait done trop encou- rager les efforts tentes pour seconder l'accomplissement de ce fait , dont le resultat doit etre une plus egale diffusion de ['instruction et des lumieres sur les divers points de noire beau pays. Sous ce rapport, la Revue de Provence, nouveau recueil litteraire qui parait niensuellcment a Marseille, n'a droit qu'a J2a LIV11ES FRANCAIS. ties eloges que justifiera sans doutc la suite de cette pu- blication. Le second numero (celui de fevrier), que nous avons sous les ycux, renl'erme quelqucs pieces agreahles de littcralure , en tctc dcsquellcs il faut placer un morceau d'etude critique sur Beaimiarchais (1), par M. Paul David. Tout en rcndant justice an peintre de Figaro, I'auteur a su presenter sous un jour assez neuf des critiques d'enseniblc et de detail qui denotent un esprit judicieux et fin : il a senti que, pour bien apprecier Beaumarcbais, il fallait le considerer sous un double point de vue, celui du terns oii il a ecrit et celui de l'epoque a laquelle nous vivons : cette distinction lui a fourni maticrea quelquesdeveloppemens ingenieux, revetus d'un style facile et correct a la fois. Dans un cadre plus serieux, M. Toulouzan a offert un re- sume interessant de ses rechercbes statistiques et areheologi- ques sur la determination de la valeur exacte du mille romain. Cet article , dont le resultat est important sous le rapport scientifique, est extrait d'un Memoire, In par I'auteur, a l'ln- stitut de France. Academie royale. des inscriptions et belles- lettres, le jour meme des funerailles de M. Barbie du Bo- cage. Uhistoire de Marseille, que public en ce moment M. Au- gustin Fabue, est an nouvel exemple du gout qui se mani- feste de plus en plus en Fiance pour les travaux historiques. Ainsi appliquees a 1'etude speciale de certaines provinces, de cerlaines villes et des evenemcus dont elles ont ele le theatre, ces rechercbes ne sauraient qu'etre extrememcnt utiles, puis* que , independamment du nouvcau jour qu'elles repandronl sur les terns Dial connus de notre bistoire, elles contribiteront a faire inieux apprecier, dans leur ensemble, tous les elemens de prosper! te publique que renl'erme isolemeni cbaque par tie du royaume. Sous ce double rapport, l'histoire de Marseille, Tune des plus anciennes, ties plus populeuses et des plus ri- ches cites de la France, nous parait devoir Glre un des ecrits les plus propres aconcourir a ce but si eminemment national. Si nous devons en croire les eloges donnes par la Revue de Provence aux deux premieres livraisonsdel'ouvrage de Mb. Au- guslin Fabre , on pent esperer qu'il s'acquiltera dignenienl de la tachc qu'il s'est imposee. Le seul morceau de poesic que renl'erme le second numero (]i\ recueil que nous annoncons est un fragment des Esquia&ei (i) Lu ;'i l'AtheD^ede Marseille, le 19 cW'cembte 1829. OUVRAGES PEIUODIQUES. 2a3 in females de M. Polydore Bounin (voy. ci-dessus, p. 211); re fragment, dans Icquel pourtant se reconnaissent une cer- tairie verve et unecertaine vigueur de colons, est trop incom- plet et trop court pour qu'on puisse en tirer aucun pro- nojtic relativementa I'avenir poetique reserve a nosproviuces meridionales : mais n'avons-nous pas deja, pour garans de cet avenir, et les succes oblenus, dans la satire politique et dans l'epopeecontemporaine, par deux jeunesautenrs dontlesnoms sont devenus inseparables, et la fondalion , a Marseille, d'un Athenec clont l'ouverture recente a ete signaleepar lesbrillans debuts de presquetous les professcurs auxquels les chahes ont ete confiees? N!est-ce pas la plus qu'il n'en (hut pour nousas- surer que la Provence n'oublie pas qu'elle f'utlapatrie desTrou- badoursetlebcrceau de notre premiere poesie ualionale? D-s. 85. — Baissez la tete , pauvue Jacques! Journal de Sainte- Pelagie et des maisonsde detention pour dettes. Paris, i85o. — Ce journal parait tous les dimancbes. Une partic du benefice est consacree a soulager les detenus pour dettes les plus ne- cessiteux. Prix de l'abonnement, a Paris, G fr. par trinieslre, 12 fr. pour 6 mois, 24 fr. par an ; pour les deparlemens, 1 fr. 5o c. de plus par trimestre. Don Quicbotte naquit dans la prison on Cervantes ful en- ferme quelque terns; la Bastille fut la premiere palrie de la Henriade; de nos jours, on a pourvu a ce que la prison de Sainte-Pelagie ne manquat point d'ecrivains. — Des disposi- tions legales, plus tracassieres que prevoyantes, dictees par 1111 esprit de rancune dont le legislateur devrait s'affranchir, punissent de remprisonnement des delits tres-dilllciles a ca- racteriser, meme avec toutes les lumieres d'une raison forti- fiee par l'exercice, et munie de tous les secours du savoir; et trop souvent elles sont appliquees par des passions politiques. L'apparilion de ce journal est un des traits qui ne doivent pas etre omis dans la peinture de notre etat social ; s'il vient a cesser un jour, par la dispaiilion des causes qui I'ont fait aai- tre, le bien-etre dont nous jouirons alors sera plus que l'equi- valeut de la perte d'une production litteraire tres-digne de l'attention des homines de bien et de goQt. Ce journal etant deja a la scconde annee de son existence, une tres-grande par- tie du public a pu le juger : si quelqucs-uns des lecterns de notre Revue ne le conuaissaient pas encore , nous leur dirons avec confiance qu'ils trouveront dans pawore Jacques un bomme laisonnable, un hon eompagnon, un hommc d'e6prit et de tact, qui sail observer toutes les convenances, et qui se constitue Ic defenseur et le consolateur d'une classe d'hommea .•>.", LIVRES EN LANGUES ETRANGERES. malheureuse, et souvenl victime dc la meehancete ow de I in- justice. N. 8G. — The London Express and Paris Advertiser. — L'Expres de Londres, et feuille d'avis dc Paris. Feuillc quolidienne. Paris, i8jo; on s'abonne an bureau, rue Feydeau, n° 3, Prix d'nn nuniero, 10 sous. Le but de cette feuille est dc donner aux liabitans de Paris les nouvellcs d'Angleterre, chaque jour immedialcment apres l'arrivee dn courrier, et plusieurs beures avant les autrcs journaux; puis, de transmeltrc immediatement aux Anglais, comme echange , loutes les nouvelles qui se soul repandues, chez nous, apres la publication des feuilles du matin. Le bul- letin des deux bourses de Paris et de Londres en forme une partie essentielle , qui est redigee avec soin et exactitude. Aussi YEapres de Londres pourra-t-il rendre quelques services an commerce des deux pays, tout en salisfaisant avec plus de celerite la curiosite des nouvellistessur les deux cotes dudetroit. Litres en tongues Hr anger es , imprimis en France. 87. — * Colleeiio selecta SS. Ecclesice Patrum, etc. — Collec- tion choisie des Peres de l'Eglise, comprenant leurs meilleurs ouvrages moraux, apologetiques et oratoires; par M. Cail- lau, pretre des missions de Fiance, plusieurs aitres pretres francais, et M. M. N. S. Guillon, auteur de la Bibliotheque choisie des Peres grecs et latins; t. xxi, xxn, xxm et xxiv. Paris, i83o; Mequignon-Havard, et Poilleux. 4 vol. in-8°. II pa- rail chaque mois une livraison de 2 vol., dont le prix est de i/j fr. (voy., pour les livraisons precedentes, Rev. Enc., t. xni, p. 782 ; t. xuii, p. 4&4> et t- xlvj P- '99 et P- 728)- L'editeur dc cette belle collection tient plus qu'il n'avait promts ; car les souscripteurs ne devraient recevoir que deux volumes par mois, et les livraisons se succedent maintenant beaucoup plus rapidement. Voici en pen de mots ce que con- tiennent celles qui viennent de paraitre : t. xxi , le traite, en dix livres , d'Eusebe de Cesaree , demons t ratio evangelica , tra- duit par Donat de Vcrone ; t. xxn et xxm le commentairc du meme Pere sur les psaumes; t. xxiv , les livres intitules : Commentaria in Hesaiam ; fragmenta varia de diver sis circa scripturam responsis; Canones evangetici, et le discoura pour la dedicace dc 1'eglise de Tyr, le pancgyrique de Constan- tin. — II nous semble que l'editeur a donne trop de place aux o?uvres d'Eusebe quelque importantes qu'elles soicnt : il y a LIVRES EN LANGUES ETRANGERES. sa5 surtout dans les commentaires sur les psaumcs beaucoup de chores qui auraient pu etre abregees, sinon supprimees en- tic re ment. A. P. 88. — * OEttvrcs completes d>' Ciccron, traduction nouvelle avcc le tcxte latin en regard. T. n. Paris, 1829 - 1800; C. L. F. Panckoucke, edileur. In-8"; prix, 7 IV. le volume. Celte nouvellc edition lalinc et fra 11 raise de Ciceron fait partie de la belle collection des classiques latins, publiee, sous les auspices du daupbiu de France, par M. Panckoucke. Nous avons deja entretenu nos lecleurs de 1'ensemble de cette grand* entreprise litteraire (voy. Rev. Enc. t. xliv, p. 776); nous leur devons aujourd'hui quelques mots sur le Ciccron donl le second volume vient de parailre. C'est le propre des traductions de se perfeclionner en se multipliant; cette multiplication est aussi une necessite, lors- qu'il s'agit d'un auleur ancien qui, a l'etendue de ses ouvrages, ajoute le merite d'embrasser une grande diversile de suiets, interessant a la Ibis I'bistoire de son terns, la litterature classi- que des modcrnes, la morale etla philosophic. Tel est Ciceron; il tient une des premieres places p.irmi ceux des ecrivains de l'aiitiqnilc quiontlaissele plus d'excellens precepteset d'excel- lens exemples a noire civilisation : c'est un modele de science et de gout, pour la litterature francaiseparliculierement; pour notre barreau, qui s'eclaire cts'iiislruitasesimmortelsdiscoors; pour nos etudes philos.ophiques, puisque celles de Ciceron sont comme le resume de toutes les doctrines prodtu'tes par lessieclesanterieurs. On s'explique done sans peine l'empresse- ment universel pour les ecrits de ce grand homme, le uombre infmi de leurs editions completes on partielles, celui des tra- vaux varies dont ilsont etele sujet constant parmiles critiques, depuis la renaissance des lellres et dans un siecle comme le notre, qui, au desir de tout savoir, unit I'avantagc d'etre bien prepare a apprendre , et enfln 1'accueil honorable fait aux diverses collections des ouvrages de Ciceron publics depuis quelques annees. La marche progressive des connaissances s'etend simulta- nement sur les anciens et sur les modcrnes : a rnesure que nous compreuons mieux les terns actuels, nous apercevons aussi des fails inconnus jusquc-la et des idees en quelque sarle nonvelles dans les terns anciens. Ces sortes de decouvertes sont l'ouvrage des homines supericurs; mais on ne sanrail les mettre trop tot dans le domainc common de ['intelligence : la philosophic des anciens est mieux connue aujourd'hui qn'elle t. xlvi. A\Rir. i83o, 1") •J3() LIVRES K\ LANGUES BTRANGERES, ne I'rlait, il v a un siicle ; on traduiradonc micux aussi en mi idinme moderne les ecrils philosophiques de Ciceron. (?est pour prendre possession des travaux anlcrieurs so* Ciceron, et pour y ajouter ceux qui n'ont pas encore He mis a la portee de tons, qii'on entreprend une nonvelle Iradiiclion des QEuvres completes dc ret ecrivain celcbre, avec 1c texte en regard. L'editeur de celle collection a sollicite et ohlcnu le conconrsde plusieurs litterateurs justement honores de l'estime publique, et il croit aussi ajouter quelqne chose aux services qu'il a deja rendus aux lettres et aux arts, en excitant ces ecrivains renommes a terminer et a reprodnire des ouvrn^es dontnotre litterature aurait peut-etre etc privee sans ces solli- citations. Aussi peut-on assurer que, pour cette edition des OEucres completes de Ciceron, en latin et en francais, la traduction francaise sera reellement nouvelle, et se recommandera par des noms auxquels le public francais ne demande d'autres garan- ties que leurs precedens travaux et leur propre reputation (1). Nous pouvons done recommander tres-particulieremenl cette nouvelle et complete collection des ouvrages del'illustre orateur romain, aux gens de gotit et aux gens du moude; a ceux qui se plaisent a 1'etude de. ces eternels modeles de l'elo- quence latinc, comme aux personnes qui cherchent dans les ecritsde Ciceron I'histoire de son terns, qui est celle d'une des epoques les plusmemorables de I'histoire ancicnne. C. F. 8q. — Facole in prosa ed in verso, di Celestino Galli. — Fables en pro^e et en vers, par Celestin Galli; dediees a M. G. Juva; livre premier. Paris, 1829; Bobee et Hingray. In-8° de 59 pages; prix, 1 IV. On ne cesse de repeler aux poetes qu'il n'est plus possible de faire des fables; et les poetes pourtant ne se lassent pas d'en faire qui sont accueillies avec une indifference toujour* (1) Nous pouvons indiquer ici quelquesunes des traduclions nouvelles deja tres-avancees : De la Nature des dieux : Les Tuseulancs : M. Matter, piofesseur d'lustoiie a l'Acadcmic dc Strasbourg, auteur de VHistoirc de I'Ecole d' Atexandrie et des licelierehcs sue les gnostiqu.es, ouviages cou- ronnes par I'lnstitul. Des [Situs el ties tnauoe : M. Slieveiiarl, professem de rbetorique a l'Acadeinie de Strasbourg, traductcur et comnuotaleui d'Horace. Dc la I'icillessc: ilc I'Amilic : M. Pierrot, prol'esseur de rbe- torique an college royal de Louis-le-Grand, et professeur suppleaot d'e ioquenee franchise a la Facnlte des letlrcs de Paris. La Republiqm ', Les Lois; De Claris Oratoribus ; Brutus, elc. : M. dc Golbcry, correspondanl de l'lnstitut, uiembie de plusieurs sorielo cavantrs, finncaises el etiau- gpws, editeur de Tibulle, ete. , etc. LTVRES EN LANGLES ETRANGERES. 22? croissante. Slats re n'est pas pour nous, Francais, seulement. pour nous quiavous en La Fontaine, que ce genre est use : il l'est egalement pour toutes les lilleratures vieilles et Leg lan- gues qu'une civilisation compliquee a surchargees de figures ct rle mitaphores. Ainsi, les Italiens sont aussi fades que les Francais sous cedeguisement fane, quoique leurs Academies et leur etat politifjue tendent a le conserver encore long-tems en honneur. — Nous ne pouvons done donner a M. Galli que des eloges bien restraints : nous le louerons de Tharmonie, de la grace, de la correction de son style, puisqu'il nous est im- possible de louer la nouveaute, la force de sa pensee. ■ — Ce premier livre contient vingt fables, dix en vers et autant en prose. — La dedieace est pleine de sentimens de famille fort louables ; mais la preface ne renferme , a ce qu'il nous sensi- ble, rien de nouvean sur le sujet qu'elle traite : la fable en general. JV. NOUVELLES SGIENTIFIQUES ET IJTT^RAIRES. AMKIUQUE SEPTENTRIONAL!!. liTATS-UNIS. Socie'tcs de Temperance formies aux Etats-Unis. ■ — La Societe centrale amerieairie de Temperance, dontle siege est a New- York, public, depuis le mois de mai 1829, sous le tilre de Journal d'Humaniti, une feuille hebdomadaire dont I'objei special est de faire connaitrc scs progres. Elle a deux agens generaux, 31. Hewit et M. le docteur Edwards : dix antics personncsont etc, adivcrsesepoques, employees parellcs pour voyager dans divers districts et y faire connaitrc ['existence et le but de la Societe qui se propose uniqucment de delruire le vice de I'ivrognerie. La Societe compte deja 1,002 socictes auxiliaires, ainsi re- parties dans les divers Etats : Caroline du Nord i5 Caroline du Slid 10 Georgie i4 Alabama 8 Ohio 3o Kentucky , 9 Maine 02 New-Hampshire t\G Vermont 56 lthode-Island 3 Connecticut i33 New- York 3oo New-Jersey 21 Massachusets 1G0, Fensylvanie 53 Delaware 1 Maryland 6 Virginie 5 •>. Tennessee. Missis.sipi 4 Illinois 1 Missouri 1 Michigan 3 Ces societes se composent dc personncs des deux sexes qui s'engagent a s'abslenir entitlement de 1'usage du vin : leur nombre s'cleve deja a plus de. 100,000. On pent considerer ces socictes comme preparant tine veritable rel'orme, et on en comprendra la necessile, ?i Ton considere qu'il n'est aucun ETATS-UNIS.— AMERIQLE MERIDIONALS. a^9 pays, sans en excepter l'Angletcrrc, on la passion du vin suit aussi repandue, nienie dans les classes superieures. Ou asx sure que plus tie 700 ivrognes ont renonce an vin, dans le eourant de 1'annee 1829. La Sociele medicale dm (Connecticut songe a fonder, pour les personnes adonnees a la boisson, un hospice ui'i clles serai ent traitees dans les formes; un seul in- dividu a ofl'ertdesouscrire pour 5oopiastrcs (environ 2,5oo IV.) pour cet objet. La Soeielc se louc beaucoup du zele de plu- sieurs medecins qui out public des edits sur les dangers de I'inlemperance pour la saute; elle reconnail aussi le zele des jurisconsultes qui ont etabli, par les registrcs des prisons, les rapports qui existent entre ce vice et les debts que la loi atteint. On commence a sc prononeer, aux Etats-Lnis, con- tre l'usagc de distribuer des liqueurs aux elections publi- ques; beaucoup de personnes ont resolu de ne pas voter en t'aveur des personnes qui le feraient. Pres de cinquante dis- tilleries ont cesse de travailler, a cause de la diminution dans la consommation des liqueurs; on re marque dans beaucoup de villes une diminution du quart, et dans quelques-unes des neuf dixiemes dans les rentes; 4°o detaillans ont ferme leurs boutiques. Le nonibre des distilleries aux Etats-Lnis est ova- Jue a 10,000, et celui des marchands de liqueurs a 40,000. Plusieurs societes de temperance sesont aussi formees paimi les liibus indiennes ; il y en a dans le Ilaut et le Bas- Canada, dans la Nouvelle-Ecosse etdansle Nouveau-Bruns- vick; si nous sommesbien in formes, il en existc aussi quelques- unes, donl l'inlluence est beaucoup plus bornee, en Angle- terre, en Irlandc, en Ecosse. AMEUIQLE MERLDI0N.1LE. Expose sommaire des progres qu'a faits la repibuque de Colombie, dcpuis 1822, t'poqttetle la publication de sa constitution parte congres de Bogota, justfii'en 1827, oucette constitution fut abolie. — L'expose que nous allons tracer, d'apres des infor- mations exacles el des documens authentiques, fera connaitre les progres qu'a fails en pen de terns 1'un des nouveaux Etats de rAmerique du sud , sons 1'influcnce des institutions libe- rales. Si Ton considere que la Colombie a soutenu pendant long-lems une guerre desostreuse, dans laquelle ont peri un grand nonibre de ses citoyens les plus eclaires et les plus ener- giques (1), et qui a devorcd'iinmcnscs [essoinees particulierc» (1) Sut tiois millions d'liabitaris, j»l us de cent aiille person oes onl etc hooissormees dans ia guerre dr I'independance. a3o .4ME1UQII-: VIE HI DION ALIi. et publiqucs; si Ton observe qu'un pcuplc, degrade par la plus abrulissante servitude et par un regime colonial monslrueux, s'est eleve pea a peu au rang d'une uation indcpendante, gou- vernee par des lois en harmonic avec l'esprit du siecle ; si Ton tient compte des divisions que la politique du gouvernement espagnol a su exciter entre les differcntes classes des habitans, blancs, mulatres, imliens ou indigenes, on vena que le nou- veau gouvernement colombien a cte force de lutter contre des obstacles presque insurmontables^ pour attcindre le point de perfect ionnement social dont il a reussi settlement a se rap- procher. C'est un spectacle digne d'admiration que celui d'un peuple qui, sans troupes regulieres, sans generaux, sansarmes, sans experience de la guerre, sans autres ressources finan- i iieres que des dons patriotiques et des emprunts, a pit tenir en echec et expulser du territoire une armee espagnole bien urgaiiisee. et dont les triomphes recens en Europe, dans la guerre de rindependancc des Espagnols contre Napoleon, lui inspiraient le sentiment de sa superiorfte, et semblaient lui ga- rantir d'avance une longue suite de victoires. Mais, ce qui est plus surprenant encore, c'est la revolution morale* qui s'est operee dans la republique, au milieu de la lutte du nouvel ordre de choses, contre 1 ignorance, les pre- juges, les interets locaux, les anciennes habitudes, les diilicultcs de communications entre des villes separees par de grandes distances, et contre d'autres obstacles multiplies qui s'oppo* saient au triomphe des institutions nouvelles. La Colombie, sans legislateurs, sans hommes d'Etat, fit des pas si rapides dans la carriere de l'independauce et d'une sage liberie, qu'elle attira l'attention et fixa sur elle l'interet et les vceux des amis de l'humanite dans tons les pays. Cet expose fera connaitre quels furent les ellbrts des divers fonctionnaires en faveur de leur pays, et les elans du patrio- tisme pour developper ses moyens de prospcrite. On pourra juger a quel degreilaurait pu atteiudre, si de fatales discordes n'avaient pas trouble 1'ordre public, renverse les institutions, et arrete la marche des affaires. En 1822, a l'epoqne de la publication de la constitution, au- cune puissance etrangere n'avait recounu l'independance de la Colombie. Ce ne fut que peu de tenia apres que les Elats-Uni< de l'Amerique du Nord se dceiderent acetle demarche, et con- clurent un traitede paix, d'amitie et de commerce avec la nou- velle republique; I'Angleterreen litautaut, en i8a5. liientot la Colombie con tracta. avec les nouveauxEtats americains, une al- liance ollensiveet defensive; rempereurduBiesilieriitdelauu- AMEKIQLE MEKIDIONALE. rfi niere accuiitumce entre les nations, nn plenipolentiaire acere- tlite aupres de In t par le gouvernenient colombien. Les rois de Fiance et ties Pays-Bas, nommerentdesconsuls-generaux, d'a- pres les regies du droit dcs gens ; la Bavierc envoya un consul a la Guayra. La Prusse, la Suede, le Danemark, la confede- ration helvctique et les villes anseatiques firent des ouvertures pour etablir leurs relations commercials dans l'Amerique du sud. La cour de Home expedia des bulles aux eveques que lui present a le gouvernenient colombien pour remplir les sieges \acans ; enfin le cabinet de Madrid, pretant l'oreille aux suggestions de& puissances les plus respectables, et considerant l'ordre et la tranquiilitc qui regnaient dans la Colombie et le Mexique, donnait deja quelques esperances de reconciliation avec les nouveaux Etats americains. Les progres furent encore plus frappaiis- Jans 1'admiriistralion interieure du pays : ['education etl'instructionpubh'que furent les objetsqui atlirerent suricut l'attention etles soins du gou- vernenient. L'enseignemenl mutuel, d'abord meconnu, tut repaiidu dans presque toute la republique, parl'etablissement de trois ecoles normales, a Bogota, Caracas et Quito. Non- seulcment le gouvernenient reforms les colleges de Bogota, Caracas, Quito, Popayan, Santa-Martha, Panama et Merida, mais il i'onda encore les nouveaux colleges de Caly, Ybague, Antioquia, Boyaca, San-Gil, Pamplona. Giiayana, Giianare et Cuiuana, reorgauisa le college de Mompox, et etablit des maisons d'edueation a Pasto, Buga, Onda, Veles, Valencia, Socorro , Tocuyo et Casanare. Un nouvcau plan d'etudes re inplapa I'ancien regime colonial, et presida a 1'etablissement de l'universite centrale de Bogota et des universites departe- mentales de Boyaca, de Popayan et de Carlhagvne, outre qu'on retablit celles de Caracas et de Quito. La bibliotheque natio- nale, amelioree et considerablement augmentee , possede actucllement 14,000 volumes. La botaniqne, la cbimie et la mineralogie son t ensciguecs au 31 usee d'hisloire naturelle. line Academic nalionale comple parmi ses membres les citoyens les plus dislingues parleur savoir el par leurs talens. Ln conseil snperieur ( Proio-medicato, ) est charge de l'enseignemenl des sciences medicales; une Acadcmie d'nrocats remplit les niemes fonctions par rapport a la jurisprudence, et repand les connaissances qu'exige la profession d'liomaie de loi. Afin d'encournger 1'agriculture, le gouvernenie;,t accorda des exemptions et des privileges pour de nouvelles plantations le cacao, d'indigo, de cafe, de Cannes a gucre. Trois million? (Parpens de terres incultes furent reserves pour de laborieoa a3a AMHRIQUE MEUID10NALE. colons etrangers qui viendraiedt les defrieber. Deux cantons commencaient a se penpler, lorsque la discorde vint desoler cette cobtree. — Les rivieressont, poor la rcpublique, lesvotes de communication les plus importantes; leur navigation eul aussi des encouragemens ; des privileges I'm cut accorded a ceux qui la perfeetiomieraient, et des bateaux a vajicur par* comment la Magdcleine, l'Orenoque, l'Apure, le Z>ulia. Des lois speciales, pour favoriser la confection des routes, eurent surtout pour but de fairc ouvrir uue communication entre Buonaventura, sur la mer da Sud, et Caly, entre la Guayra et Caracas, ainsi que d'autres voies dont le besoin se faisait sen- tir. On assura des rev en us aux villes, afin de les mettre en clat de veiller a la securite des cf toy ens, d'entreprendre les travaux que rcclamcraient la salubrite, le service public et 1'avantage de tons les habitans, et meme des embellissemens (|ui sont aussi un besoin pour les noinbreuses reunions d'hnmmes; toutes les entreprises utiles furent convenablement secondees. Ces mesures, qui ajoutaient cbaque an nee quelques amelio- rations a celles tie l'annee preccdente, qui rectiliaient ou pcrfeetionnaient I'etat du pays, qui eloignaient le nial, intro- duisaient le bien, donnerent a la republique un aspect d'ordre interieurtres-satisfaisant, et propre a (aire concevoirde grandes esperahces. La presse jonit d'une liberie sans liinites, meme au milieu des circonstances graves qui obligerent a investir le gouvernement de pouvoirs extraordinaires. Les sessions du congres eurent lieu, aux epoque&fixees par la constitution, Ses deliberations furent parfaitement libres, independaules : lors des epoques d'elections, le peuple exerca la plenitude de ses droits elcctoraux. Le pouvoir exeeutif n'exercait aucune in- fluence sur les tribunaux, mais il s'attacbail a procurer les mbyens d'expedier les affaires, a lever les obstacles qui rallen- tissaient Taction de la justice et fatiguaient les citoyens obliges de recourira ses organes; les tribunaux furent multiplies dans les departemens, et des juges de paix furent etablis dans les cantons. Le Code de Procedure criminclle et le Code Penal etaient deja perfeetionncs, au point qu'une chamfare les sanc- tiouna en 1826. Les personnes et les propiietes etaienl res- peetees et les droits des citoyens garantis; l'ordre et la tranquillite regnaient, quoiquel'on cut a supporter les maux d'une guerre prolongee, et a vaincre les difficultes de I'etablis- sement d'un regime entierement nouvcau. Le gouvernement de la Coloinbie obtint moins de succes dans ses vues pour ameliorer les flnances ; mais on ne sera point surpris qu'il ait fait quelques essais dispendieux, puis- A.ME1UQUE MEIUDIONALE. 2.13 que, menie dans Fancien continent, il est si difficile fParrivei' a mi bon systeme de revenus publics. Ce travail, dont les homines les plus experimentes ue s'acquittent qufcvec (ant de peine, nedevait-il pas etie au-dessus des forces d'lioninies uouvcaux qui n'avaient eu ni les occasion-;, i,i le terns de s'instruire sur des matieres aussi conipliquecs. Une ancieiine colonic de l'Espagne etait peul-etrc, de tontes les contrees dn moudc, la moins bien preparee pour un systeme de finances conl'orme aux principes de 1'economie politique : on avait a latter contre les habitudes, l'edueation, les dilKieulles qui de- pendent de la figure du terrain et de la situation des lieux, de ''ignorance des habitans; obstacles contre lesquels les mesures generates nepeuvent rien, qu'il faut atlaquer en detail, et, pour ainsi dire, corps a corps. Lorsque le gouvernement constitu- lionnel bit etabli, en 1821, celui qu'il reunplaeait lui legua nne dette considerable au-dedans et au-dehors; il 1'allut pourvoir aux moyens de la liquider. de lui donner des hypolheques. d'assurer 1'amortissement, d'acquitter les interels, sans eritra- ver les operations pour affranehir le pays, et chasser l'ennemi coinuiun. On devait aux elrangers le prix des fournitnres d'armes, de munitions et d'habillemcnt, i'aites depuis i8i(i jusqu'en 1820 ; les employes civils et l'armee reclamaicnt un immense arriere, de 1819a 1821. Les fournitnres faites a l'ar- mee, depuis 1810, n'avaient pas ete acquittees, non plus que celles que fit le commerce etranger, en vertu d'un contra t passe en 182a, sans que le gouvernement en eiit connaissance. A ce fardeau si accablant venaient sc joindre lesbesoins impe- rieux du moment : il fallait faire marcher le gouvernement et continuer la guerre contre les Espagnols. Outre la consomma- tion ordinaire en armes, munitions, habillemens, etc., il fallait former des depots, afin de preparer les moyens de delivrer les provinces meridionales, de rep rend re Puerto-Cabello, et de chasser l'ennemi de iMaracaybo. Les ressources inferieures ne pouvaient sulhre a tontes ces depenses egalement indispen- sables ; le gouvernement se determina done a imiter l'exemple donne par plusieurs autres nations, dans des circonstanccs moins urgentes; il fit un emprtint de vingt millions de pesos ( 100 millions de bancs). La rquiblique colonibienne n'a pas eu le bonheur d'achever 1'oeuvre de son affranchissenient poli- tique, sans s'iniposer les liens d'une dette : mais qu'on se rap*- pelle quelle etait sa position en 1820 et 1824, el qu'on disc comment elle aurait pu faire face a tontes ses obligations, sans lesecoursd'unemprunl? jNoussommesintimementconvaincus de la necessite 011 Ton etait d'en venir a ce parti , surtout en a34 AMEIUOUE M EitlDIONAKE. cousideranl que l'un des principaux objets dont le gouvernc- inent Colombian s'occupait alors etait Pailranchissement du Perou. Alin d'assurer le paiement des interets de la dette nationale, et son amortissement graduel, le gouvernement etablit une commission de credit public, et une caisse destinee specialement anx recettes affectees a 1'acquittenient des obligations de PEtal euverssescreanciers. On s'occupait en meme terns des moycns d'augmenler les divcrses branches de revenus publics ; on en- courageait les cultures de tabac, et les divers produits de Pagri- culture dans quelques departemens ; la fabrication des mon- naies etait amelioree; le papier timbre etait regularise, ainsi que les douanes et les octrois ; des lois proleclrices excitaient l'esprit d'association et d'entreprise, les recberches et Pexploi- tation des mines d'or et d'argent ; en un mot , on iinprimait le mouvement a toutes les ressources du pays ; mais ces pre- miers actes d'un gouvernement nouveau n'etaient cjue des essais que le terns aurait perfection Des, ou qu'on aurait aban- doning pour suivre une meilleure direction. On ne pouvait arriver au but sans parcouiir l'intervalle quienseparait, etsans faire, pendant ce long trajet, quelques ecarts, quelques chutes dont on se releverait, d'apres les lecons de Pcxperience. Quatre ans ne pouvaient suflire pour donner a !a Colombie un bon systeme de finances, y inettre les recettes au niveau des dis- penses, satisfaire les creanciers de PEtat, preparer de futures ameliorations pour les citoyens et pour la chose publique. Ce que nous avonsdit fait voir avec evidence qu'en finance, comme dans ce qui concerne les autres parties de l'administration que nousavons parcourues, les lois de la Colombie sont une appli- cation des plus saines doctrines de Peconomie politique ; que, dans ce pays, les legislateurs et les depositaires du pouvoir executif eurent les intentions les plus droites, les vues les plus liherales et l'esprit d'ordre qui est une des qualites les plus recommandables des homines d'Elat. Passons maintenanl aux affaires de la marine et de la guerre : nous y verrons autant de choses a loner, le meme amour de la patrie et de la liberte civique, la meme rectitude d'iutention. L'armee colombienne, quisupportait depuis long-tems tout le poids de la guerre, meritait bien que le gouvernement consti- tutionnel lui consacrat une partie notable de son terns et de ses soins. II fallait sc hater de liquider et de payer Parriere de la.-olde, organiser les corps, reglercequi concerne les retraites, les conges, I'avancement et le recrutement; les lois et les 01- donnances stir tous ces points furent conformed a l'esprit de AMEUIQLE MERIBlONAiE. 235 la constitution. reorganisation des tiibunaux niilitaires et let lois qu'ils devaient appliquer manifesterent encore plus clai- rement les vues et lesprineipes de conduiledugouvernemenl ; il sut conserve!' aux soldats tous les droits des citoyens, sans relacher les liens de la discipline. Suivant les docuinens founds par le ministre de la marine, cette partie des forces de la republique a exige ties depenses considerables ; mais l'administration pensa qu'une esca'dre etait seule en etat de s'opposer aux entreprises de la flotte es- pagnole, de contenir I'ennemi qui, de son repaire de la Ha- vane, ne cessait de menacer les cotes de la Colombie, et de la battre, en quelque lieu qu'elle la rencontrat. L'ne loi pour- vut a la formation des equipages, sans nuire au recrutemcnl de l'armee de terre ; une autre organisa le service des magasins et des arsenaux de la marine ; une troisieme Gxa la solde et les traitemens : des ordonnauces et des instructions adminis- tratives etablirent l'ordre et l'uniformile dans le service. On Ibnda deux ecoles de navigation, l'une a Guayaquil et l'aulie a Carthagene. Deux ecoles de pilotage, l'une a Puerto Cabello et 1'autre a Maracaybo, furent des foyers pour la propagation des eonnaissancesneeessairesaux navigateurs du commerce aussi bien qu'a ceux de l'Etat. Le cadre etroit dans lequel il a fallu renfermercelte esquisse, ne comportait pas plus de developpemens; mais nos lecteurs y trouveront certainemenl tout ce qu'il faut pour apprecier lii premiere administration constitutionnelle qui fut ehargec des destinees de la Colombie. On conviendra que cette admi- nistration ne fut point au-dessous des devoirs qui lui elaient imposes , qu'elle ne trompa point la conflance de ceux qui l'avaient mise a la tete de la republique. Elle etablit une con- stitution, fit respecter les loisj niit de Tordre dans les affaires publiques , prepara des moyens d'education et d'insti'uction , encouragea 1'industrie nationale, la civilisation des tribus in- digenes encore errantes, commenca la restauration des finance-i et I'exploitation des ricbesses territoriales, organisa l'armee, fit des lois protectrices de toutcs les entreprises utiles , soit aux citoyens, soit a la republique. Elle pourvut a la defense de l'Etat, acquit des amis, des partisans, des allies pamii les gou- vernemens etrangers. Tels furent les resultats de ce regime constitutionuel, et on les obtinl au milieu d'nne guerre achar- nee, de defiances, d'oppositions, d'obstacles de toute espece. 1'uisque des resistances aussi fortes ne purent arreier une marcbe encore nial affermie, lout fait presagerdes siicces <;i- core plus importans; la tcne de la ColombiCj encore vierge, u'(i A.UEIUQl E. — EUROPE, etonncra un jour le monde par sou heureuse i'eeondilo, par les sources de prosperite qui sont prates a y repandre leurs bien- faits. La civilisation y operera bientot une revolution morale tics plus surprenantes, et il sera prouvc, par des fails innm- testables, que les institutions liberates sunt le meilleur.moyen tie faire germcr, developper et f'ruclilier les semences tin bien social, du bonheur de l'humanite. EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. Londres. — Reintegration des juifs dans tears droits de ci- toyens / Riforme parlementaire, etc. — Bien que nous n'ayons pas coutunie d'entrctcnir nos lecterns des discussions politi- ques de la Grande-Bretagne, cependant nous croyons devoir signaler, pendant la suspension momentanee des travaux du parlement, trois importantes motions proposees lors des dcr- nieres seances. La premiere est I'ali'rancbissemenl des juifs, bautement reclame a la cbambre des communes (le 21 f e - vrier), et dont nous avons parle, a propos de la brochure de M. il. Goldsmid (voir Rev. Enc, t. xlv; mars i83o, p. G5i). La seconde est la re forme parlementaire, qui eompte aujour- d'hui parmises soutiens quelques-uns des principaux chefs du parti tory, tant il est dans la nature des cboses, et surtout du gouvernemenlrepresentatif, de rallier pen a pen les esprils a I'ordre et a la veritable justice. On ne demande pas moins qu'un changement du systeme electoral, et des reductions dans l'eglisc anglicane. Bref, M. Peel a presente un bill len- daht a reduire le nombre des cas on le crime de faux etait puni de mort. Toules ces questions out cte plutot soulevees qu'approfondies , et elles sont loin d'etre resolucs ; cello meme des juifs, quia semble presque emportee, aura encore de rudes assauts a soutenir a la cbambre des pairs, et a celle des communes : mais elle n'en marque pas moins un progres fort important dans Tcsprit public, el ainsi (|iie celle de re- mancipation catbolique, si long -terns debattuc el conlestee, elle aura aussi son jour de trioinpbe. Reclamations de lady Byron et de ses amis, contre les fails avari- ces par ftl. Moore. — La publication du premier volume \\\-[\ des Menioires de lord Byron (1), par M. Moore, a snuleve en Angleterre toutes les baines qui avaient poursuivi le poclo (1) Traduits en fianrais par Mm* Louise Sw. Bklloc. Paiis , i83o; Alexandre Mesnicr, place de la Bourse. 2 vol. in-8" ; pi'ix, i5 IV. GRANDE-BKKTAGNE. 25; pendant sa vie. En vain le biographc s'elail-il efforce d'adou- cirles expressions, de menageries amours-propres, dene par- ley a propos de la separation, que de griefs bbscurs et douteux ; en vainavait-il acccptepourson heros une large partde blame, et meme de torls; ce n'elait point assez. Lady Byron, sous pretexte de justifier la memoire de sa mere, du tort fort excusable d'avoir etc plus cxigeante et plus alarmee pour le l)onbeur de sa fi'lle que celle-ei ne l'etait elle-meme, et d'a- voir, par sollicitudc maternelle, contribue a la separer de son mari , vient reveiller line foule de soupcons, et de ladies calomnies. Elle n'articule aueun fait, elle ne specific anemic accusation, faisant ainsi tout supposer. Etrange piete filiale. que celle qui fait fouler aux pieds les cendres d'un grand bomme, et qui, sans pitie, lui alienea jamais le cceur de sa fille! Que penser, d'aprcs cela, del'education donnee a ectte derniere ? Le poele n'avait-il pas raisonlorsque, dans son exil, il s'ecriait, apres une si tendre et si touchante preoccupation de son enfant : « La /mine te sera emeignce comme un devoir, et pourlant, je sais que tum'aimeras : bien que mon nom te soit defenduconime un talisman charge de desolation, couimc un lien brise — , etc. » Ce que lord Byron a desire ct reclame bautement , lors des cuisans chagrins qui le chasserent d'Angleterre, onnele luiac- corde pas, meme apres sa mort : on persiste a l'accuser sans citerun fait. En se renfermant dans ce silence perfide, lady Byron et ses amis laissent planer, sur la memoire de celui qui devait leur etrecher et sacre a tantde litres, unmystcrc d'ini- quite effrayant. Etcomment ne pas s'en indigner, en serappe- lant l'ame noble et genereuse d'oi'i sont sorties tant de brfdan- tes inspirations ? La vie et la mort du poete plaident bien haut contre ses detracteurs. M. Campbell s'est range dernierement parnii eux : il a ecrit, dans le journal dont il est cditcui-, le. New Monthly Magazine, un long article oi'i, de meme que lady Byron (et quoi qu'il en dise, en son nom), il renouvelle de vagues imputations sans preuves et sans details. Ine dame a pris aussi parti : tous deux out nomme Mme Leigh, la soeurde lord Byron, et son amie la plus chere. Ne viendra- t-elle pas en avant? ne parlcra-t-elle pas a son tour? Laissera- t-elle calomnier son frere, sans prendre sa defense? jusqu'ici. elle ne s'est pas encore prononcee. De son cote, M. Moore, dans I'impuissance de retracter ce qu'il a dit, fera-t-il justice complete? il a certainement en main des pieces imporlantes. et des notes propres a eft'rayer les ennemis de Byron :esperons qu'il les donnera sans restriction , el qu'il replacera ainsi la question dans son veritable jour. «38 El 110*% i>ftiSTOi.. — Werner, trti^edie tie lord livnoN , representee sto- le theatre c/e celte rille. — Cest a Macrcady qu'on doit cette innovation. Ce eclcbre tragedien, dont on a pu appreeier a Paris le jeu energiquc et prol'ond, a dans la capitale de I'An- glelerre des ennemis puissans. De laches jalousies peut-etre, et les terrenrs d'un talent qui n'est pins que 1'onibrc de lui- incnic, lui ont-elles valu les honneurs de eette persecution? Quoi qu'il en soit, les journaux l'ont assez maltraile pour qu'il se soit degofite de leur donner prise a s'acliarner sur lui. II est alle jouer en province; et il a eu a Bristol l'heureuse idee de monter une tragedie de Byron on il a, dit-on, cree le pre- mier role (Werner), comine il a fait de ceux de Virginius et de Guillaume Tell qui ne sont joues que par lui. Quelques coupures laites avec disccrnement ont abrege l'oeuvre sans lui nuire, et la piece a eu le plus grand succes. L. Sw. B. ALEEMAGNE. Goettingve. — Fondation d'unc bourse en favcar des etudians en mrdecine. — A 1'occasion de la celebration du jubile semi- seculaire du celebre docteur Blxjmeisbach , il a ete fonde une bourse a l'effet, d'apres les statuts de fondalion, de faire faire un voyage scientifique a un jeune etudiant en medecine dis- tingue par ses talens et sa conduite, et auquel il sera compte, pour les frais de ce voyage, une somme de 600 rixdales en or, ou environ 2,5oo fr., toutes les fois que les interets du capital de fondn lion se seront accumules et eleves j usqu'a cette somme. M. Blumenbach s'est reserve le droit de conferer lui- memc cette bourse, tant qu'il vivrait, et e'est cette annee qu'elle doit etre donnee pour la premiere fois. Elle remplira un double but, puisqu'elle donnera lieu a un voyage dont les rcsultats pourront contribuer aux progres des sciences medi- cales et naturelles, et qu'elle sera en meme tems un encoura- gement accorde an talent. ArTRiCHE. — Recherche des antiquites nalionales. — II vient d'etre rendu une ordonnancc imperialc qui enjoint aux autorites, dans toute l'etendue de la monarchic autri- chienne de donner la plus grande attention aux inscriptions anciennes qui se trouvent sur les murs de batimens, sur les grandes routes ou partout ailleurs, de les transporter, si faire se peul, dans les musees provinciaux, ou biende les faire en- cadrer dans les murs exterieurs des egliscs; mais surtout d'en adresser des copies, aussi exactes que possible, au conserva- teur-g^neral (W musees, pour qu'il en soit ainsi forme un ALLEMAGNE. — SUISSE. a.";) corpus inscription am imperii anstriaci. — C'est M. Ant. nr Steijsbuchei,, conservateur-gcne-ral et direcleur du musee im- perial des antiques, qui, l)ien digne de la confiance de son mo- narque , dirige res recherches et leur donne de l'activite; rj'est a lui qu'on doit le bel ordre qui regne dans ce musee, et les acquisitions nombieuses clout il l'enrichit journellement. On trouve aussi, dans les numeros l\5 et 46 des Annates de lit- terature de Vienne de 1829, qui continuent de paraitre, redi- gees maintenant par le sous-bibliothecaire Kopitoer, deux ar- ticles sortis de la plume de M. de Steinbuchel dans lesquels ildetailleet explique, d'une maniere critique, 1 25 inscriptions latines et grecques de l'interieur de la monarchic Jh. de LrcESAT. Hambovrg. — On a public dernierement, ici, une traduction en vers allemands de t'dpttre de M""" la princesse Constance de Salm sur I' Esprit du Steele. Cet ou vrage, inspire par une haute philosophic, n'a pas mains de succes en Allemagnc qu'en France (voy. Rev. Enc, t. xxxvm, p. g4-) SUISSE. Lausanne et Geneve. — Conrs de liiterature, pro [esse dans ces deux titles, par M. Monnard. — Nous avons fait connaitrc l'arret duConseild'Etatdu canton deVaud, qui, pour un simple delit de presse, auquel M. Monnard etait d'ailleurs presque etranger, interdit a celui-ci l'cxercice de ses lonclions acade- miques pendant une annee. Cet acte devait exciter, en favour del'ecrivain qu'il frappait aussi rudement, une vive sympathie parmi les amis des liberies publiques. Aussi, 1'annonce du cours de litterature auquel M. Monnard se decida bientot a consacrei' ses loisirs forces, fut accueillie avec un interet d'au- tant plus prononce, que le talent bien reconnu du professeur promettait d'ailleurs un enseignement nou«ri d'idees neuves et elevecs. Quelques amis lui avaient offert de faire circuler a l'avance des listes de souscription ; mais il refusa cetfe offre, ne roulant pas avoir un auditoire qui put paraitre reuni a force de sollicitationsindividuellcs. Cependant, lorsqu'il ouvrit son cours, au mois denovembre 1829, 16'osouscripteursassis- tcrent a la premiere seance : api cs quelques lecons, il y en eu* 200, etce nombrcalla toujoursen auj-mentant, a tel point que dans ce dernier mois, la salle, quoiquo suflisanle pour plusdc 220 personnes, ne contenait plustous les auditeurs dont plu- sieuri etaient venus tout expres des difl'erentes parties du ?4o EUROPE. canton (1). D'un autre o6te$ a peine l'annoncc cut-elle parti dans les feuillcs publiqoes de Lausanne, que des homines dc lettres de Geneve vinreat chez iM. iWonnard lui demander de repeter simultancmeni les niemes lecons dans leur ville. La cltose paint d'aftord impraticable; mais file fut exec u tee, ce- pendant. 6i) s'arrangeant de telle suite que les deux lecons de chaque semaine furent donnees a Geneve, a deux jours consc- culil's, le metered: el le jeudi. Ce fut an niois de decembre qu'eutlicul'ouverturcdcce second cours, qui dura quatremois, tanclis (pie le premier fut terminc en cinq niois seulement. Du reste, le prolcsscur I'ut, dans les deux villes, egaleinent encou- rage ct applaudi. A Lausanne, lors de la derniere lecon, on avail place mie couronne de laurier au-dessus de son siege, et, sur sa table, des vers et des fleurs : ces hommages volon- taires offerls de toutes parts a l'liomme de merite persecute, furent, pourlui, sans doute unc douce recompense de ses vertus civiques et de ses honorables travaux. Quant an cours menie, il a eu pour objet l'histoire de la litterature fiancaise pendant le xvm" siecle. line introduction sur I'histoire de la langue a presente, dans le tableau de ses phases diverses et de ses developpcmcns successifs, la niarche des idces, du gout et de la litterature en France, depuis l'epo- que de la domination romaine jusqil'a la fin du regne de Louis XIV. Le xvin' siecle ouvre le jour des funerailles de ce roi. Dans Iesscenespopulairesquicelcbrent raffraiichissemcnt de la France d'une autorite onereuse, le professeur a vu le prelude de la revolution qui allail s'operer pendant. lesiecle,et dont la crise finale ne lot violente que parce que la revolution elle-meme fi.it contrarice par des gens qui ne la coniprenaienl pas. II a suivi toutes les parlies du grand mouvement philosophique et politique du siecle, el ses developpemens purement lilleraires. Le cours a eu trois parlies. Dans la pre- miere, M. Monnarda parle, a commencer par Massillon, des ecrivains qui se trouvent sur les conlins des deux siecles, par- ticipant aux traditions de l'un, et, a quelques exceptions pres, deja places sous I'iniluence de celui qui commence. Laseconde parlie a compris les grands ecrivains et les ecoles qui ont le plus concouru au mouvement des csprits. Montesquieu, A ol- tairc, lesencyclopedisles, les economisles, l'eeoledeCondillac, (i) Lausanne n'a pas 11,000 liabilans, el, a Geneve, dont la popula- tion eat considerable; le public se partage entrc les coins riombreux qu'y dunuenl des boinnn s dtstinzues dans ionics les sciences. SUISSE. 24 1 J. -J. Rousseau et Button Dans la troisieme parlie, le prores- seura traite des ccrivains secondaires de la mcme epoque; de ceux qui ont precede immediatement la revolution et y onl participe par opposition ou parsympalhie; enfin, de l'eloquence pendant la revolution etudiee dans ses diverscs phases. II a terrnine ce vaste tableau an 18 brumaire. « Le jour ou mi chef militaire, a la tete de ses soldats, concul l'idt'-e de chasser de Porangorie de Saint-Cloud une assemblee legislative, la mis- sion du xvin8 siecle se tronve ternunee. La sagesse sociale ful deplacee; elle allait resider pour quelque terns dans la poinle des bai'onnettes. » Nous terminerons cet article par des citations de deux jour- naux suisses, qui font bien apprecier, a la fois, la synipathie qui s'est partout attachee aux lecons de M", Monnard. el lies qualites distinctives de son talent. « L'empiessement . dit la Gazette de Lausanne ( du 27 now 1829,) avec lequel le public lausannois se rend au cours de M. le professeur Monnard, augmente a chaque leeon , et le vif plaisir que ses auditeurs trouvent a l'entendre est une nou- velle preuve des talens solides et brillans de noire compa- triote. II serait difficile de reunir aux fruits de longues et con- sciencieuses etudes, plus d'eteodue dans les vues generales, plus de justesse dans les jugemens, de grace dans les details, de chaleur dans les sentimens, et surtout de moralite et d'a- tnour du bien et du vrai. M. Monnard s'est montre jusqu'u present habile critique, philosophe sage et profond, orateur elo- queut, et, cequi vaut inienx encore, pleinde zelepourla grande cause du christianisme a laquelle il raltache celle de la civili- sation , de la liberie de la pensee humaine, et du bonheur individuel. Les circonstances particulicres dans lesquclles M. Monnard se trouve, cethiver, tournenta I'avanlagedu pu- blic , dont il ne pent s'occuper lorsque les lecons academiques remplissent son tems ; aussi nous leur devons des jouissances intellectuelles auxquelles nous ne sommes point accoutumes, et nous osons assurer qu'il se mele autant de surprise que de satisfaction dans le plaisir qu'un grand nombre des auditeurs eprouve. II est des choses qu'on n'ose attendre et qu'on est heureux de recevoir d'un compatriote. » LeJournal de Geneve (duieravril 1800) s'cxprime ainsi : dlier, a deux hemes, au milieu d'applaudissemens repetes, M. Char- les Monnard, de Lausanne, a terrnine son cours de litterature francaise, commence le 8 decembre. Le plaisir, l'interet, l'ad- miration excites par le savant professeur vaudois, ne se sont pas afifaiblis un seul instant; ses auditeurs sont unanimes a T. XI.VI. avrii. i85o. 16 u'42 EUROPE. — FRANCE. reconnailrc la varicte et la solidite de ses connaissances, la profbndeur ile ses vues, L'independance de ses opinions, la purete de son accent, la facilite et 1c eliarmc de son improvi- sation- Son enseignement est nourri, sub>taniise- DKPAUTEMENS. — PARIS. 243 daient. Ccs cours, suspendus pendant la mauvaise saison , viennent d'etre rou verts : de nombreuses courses dans les environs, familiarisent les elevesavec les productions du de- partement, que 1'on continue a classer avec soin dans le museum forme par la Societe Polymalique. Z. — Chemin de fer de la Loire. (Voy. Rev. Enc, sur ce che- min, t. xlii, p. jSg). — Dans le rapport sur la situation gene- rale des travaux de celle grande entreprise, presente a l'as- semblee des aelionnaires, le i5 decembre 1829, M. deGobal, secretaire de la compagnie, resuma aiusi le compte qu'il ve- nait de rendre : « Messieurs les directeurs des travaux paraissent ne pas craindre de trop s'avancer, en affirmant que, dans deux ans et demi, la ligne tout entiere pourra etre 011- verte et livree a la circulation des chariots : tout dependra des fonds en terns opportun. II serait inutile de chercher a vous demontrer tous les avantages qui doivent resultcr de cette acceleration dans les travaux , tant sous le rapport des economies dans la confection, et les interets descapitaux, que sous celui d'une anticipation des produits, qui permettra d'of- frir a MM. les actionnaires desdividendes plus prochains. Vos efforts, qui out ete couronnes d'un premier succes, prouvent assez que vous avez senti loule 1 'importance de cette mesure. Nous pouvons compter qu'avant la fin de l'annee nous au- rons 5oo actions (sur 1000) liberees, dont le produit, reuni a celui des dixiemes qui seront successivemcnt percus sur le produit des actions, s'elevera, a la fin de la troisieme annee, a la somme de 5,5oo,ooo fr, Vous voyez que, pour terminer le chemin de fer en trois ans, il s'en faudrait de 1 ,5oo,ooo fr. que vous n'eussiez atteint les 5,ooo,ooo juges necessaires pour Fenticre confection du chemin. II serait done a desirer rpie la liberation des Goo actions, autorisees par delilieration de l'assemblee generate, pCit s'effectuer dans le delai de trois annees; cet expose demonlre la convenance et la necessite de cette mesure. » Tout annonce que les travaux seront conduits avec une ac- tivite soulenvie, et que le succes de cette entreprise, aussi profitable pour le public que pour les entrepreneurs, decideia d'autres compagnies a de pareilles constructions, dont les nombreux avantages ne pourront plus etre contestes. PARTS. TNSTlTtT. ACADEMIE DES SCIENCES. Moi..')o FHAWCH. o, 1 8 centimetres de circonfcrence a la base, ct de 0,44 cen- timetres de longueur. Ce fossile se trouve tres-rarement duns cette partie du terrain de transport. MM. Hubert et Paris sunt parvenus a reslituer prcsque complelcmenl l'cxlremite de la dent.- — L'Acadcmic precede an scrutfri pour 1'election d'un associc ctranger, en remplacement de iM. Young. Sur 45 volans, M. Blumenbach rciniit 07 suffrages. II est declare elu. Les autres voix se sont rcparties sur MM. QErstedt, Ro- bert Brown s Bccssel et Jacobi. — M. Dupelit-T/iouars fait 1111 rapport verbal sur la Notice imprimee de M. His, relative qux orangers, et qui renferme des Tails qui, s'ils etaient bien constates, seraient de nature a changer les idees recues, non- sculement sur ces arbres en particulier, mais sur le sysleme vegetal tout entier. La longueur de ce rapport force L' Acade- mic a reniettre la fin de cette lecture a la seance suivante. ■ — M. Coqucbert-Montbret, fait un rapport verbal sur le voyage de M. Caii.lie a Teinboctou. La Revue Encyclopedique doit donner line analyse de ce voyage, et nous nous bomerons a dire que ['honorable rapporteur s'est attache surtout a veuger le Yovngcur francais des invectives du journal angiaisle Quar- terly Reiiew. — Du 26 avril. — On lit une lellre de M. J. Dumas, a qui Ton doit deja quclques decouvertes en cbiniie. «Kn parcou- rant un des Memoires de M. Liebig, je me suis apercu qu'il s'est occupe de l'examen des pbenomenes que le cblore el I'a- cide acelique produisent l'un sur 1'autie. Iln'a vu rien departi- coiier dans cette reaction. Je 1'avais ctndire de im»n cdte, et elle sert en quclque sortc de base a uh Menioire que je sournettrai bienlot an jngement de I' Academic Quandon expose l'acide acelique cri.-tallisable a 1' action du cblore sec el en exces, on obticnt un compose nouveau , blanc , cristallise en lames rbomboi'dales, solubles dans I'eau, d'une saveur excessiyc- nient caustique, etc. Je fais eonnaitre dans toon Vtemoire les moyens de 1'avoir pur, ses proprictcs, sa composition et ses rapports avec les nombreux produils qui se rattachenl a l'acide acelique, dont j'ai eu pour but d'eclairer la nature reelle, en me livrant a ces rechercbes. »M. Gambakt, directeur de I'ob- servaloire de Marseille, ecrit de cette ville que le J.\ avril, a 4" du matin, quand le jour commencait deja a se former, il a apercu une comete dans la tele du petit r/iccal. Les progres de 1'aurore ne lui out point permis de proceder a la determi- nation precise d'une position, ct il a eu senlement le terns de prendre les deux coordonncesau cercle equatorial, ce qui lui a donne, 4'1 ; . FascensiondPoite d'euviron at* <)'". 8", el la decli- PARIS. a5 1 naison tie 8° 5j'. Celte comete a deja line queue qui paraissait avoir ~ degre, mais qui sans doute s'etend en realite davaniage. — M. Arago annonce que dans la nuitdu 25 an 2(J, M. Nicolet a apercu la comete dont il s'agit, enlre la constellation rlu Dauphin et celle du Pegase.— L'Academie procede ;'t Telec- tion d'un membre correspondant , en remplacement tie M. Soemmering , deeede. Sur 5i votans, M. Lean Dufour, de Saint-Sever, obtient 45 suffrages; M. Quay, a Rochefort, l\; M. Duvernois, 2. M. Leon Dufour est proclame membre cor- respondantde la section d'anatomie it tie zoologie. — MM. Des- fontaines et H . de Cassini font nn rapport sur nn manuscrit intitule : Planles da mont Sinai, recueillies par M. Leon de la Borde, nominees, classees et deeriles par 31. Delile , corres- pondant. «M. Leon de la Borde, qui n'est pas botanisle, mais qui, fidele a ties traditions de fainille, s'interesse a toutes les branches ties connaissances humaines, a recueilli sur le cele- bre mont Sinai 011 dans le desert qui 1'environne, pies tie 80 plantes qu'il a rapportees en France avec les autres richesses scientifiques, fruit de son interessant voyage. Ces plantes, il a du nalurelleinent les confier aux savanles investigations du botaniste qui avait si bien eludie la vegetation d'une conlree voisine de telle oii s'cleve le mont Sinai, et non moinscelebre; le travail de M. Delile sur ces plantes est ce qu'il devait etre, sorlant des mains d'un botaniste aussi exact et aussi instruit. »• — M. Geo/froy-Saitit-IIilaire aioute que ce ne sont pas seulement ties plantes que M. De la Borde a rapportees du mont Sinai, mais de plus nn animal fort remarquable qui manquait au Museum : e'est le Daman Israel (HyraxSyria- cus). — M. Desfov.taines fait lit] rapport verbal sur une tlore etrangere dont les planles onl ete recueillies, en 1826, par M. Delcotjr, professeur tie botaniquc a Dresde. M. le rappor- teur loue 1'exaclitude avec laquelle 1'auteur a reproduit, dans leurs plus minutieux details et avec leurs couleurs nature Hes, les planles qu'il a decrites dans son ouvrage. M. le rapporteur lui donne ties encouragement, et ['engage a conlinuer un recueil qui sera d'un grand interel pour les botanistes. ■ — M. Bald, irlandais, fait hommage a l'Academie d'un modele en relief de Pile Clare, situe a l'entrce tie Clew-Bay, sur la cote occidental*; d'lilande; ce modele est conslruit a l'e- chelle tie 7^777? et d'apres tics carles a l'echelie tie — tttt- L'ile Clare a environ 5 milles anglais (1 lieue \) de longueur, et 2 { milles (presil'une lieue) de largeur. — M. Dumerii fait un se- cond rapport verbal sur une monographic de M. Charpentier, relative al'hydrocephalcaiguedesenfans. L'autcur n'apresenti' aucun nouveau moyeu medical pour la gucrison de cette mala- a5a FHA1NCE. die; niais il ;i expose avec uietbode les moyens les plus ra- tionnels a mettre en usage. — M. Puissant fait un rapport verbal sur un Traite d'astronomie pratique de M. Francoeur, dont la Revue Encycloj>edique rendra compte inccssamment. ■ — MM. Berthier et Serullas font un rapport sur le Memoire de M. Sobbeiran, concernant les arseniures d*hydrogene. <«Le Memoire de M. Soubeiran, dit en terminant M. le rap- porteur, presenle l'histoire des arseniures d'bydrogene plu9 exactement et plus compieteuient qu'on ne l'a eue jusqu'ici, par suite den rectifications qu'il a faites et des additions re- tttafqliables qui lui sontpropres; nous pensons en consequence que ce travail merite l'approbation de 1 Aeademieetl'insertion dans le recueil des savans etrangers. » ( Approuve). — M. Sb- rxjilas lit une note sur la combinaison de l'acide iodique avec les alcalis vegetaux. II resulte de ses experiences : i°que la morpbine seule exerce une action decomposante sur l'acide iodique, dont elle separe abondamment de l'iode, caractere qui est propre adistinguercettebasedesaulres alcoloi'des; 2°la quinine, la cbinchorine, la trychine, saturent parfaitement l'acide iodique, en produisant des combinaisons salines tres- bien cristallisees. M. Serullas signale ces nouveaux composes, Ot l'iode est associe aux bases vegetales, comme pouvant trouver des applications dans l'art de gucrir. — M. Dupetit Thouars termine la lecture de son rapport verbal sur une no- tice de M. His relative aux orangers. A. Michelot. — Acadcmie francaise. — Seance publique pour la reception de M. deLAMARTiNE (jeudi i"avril i83o). - — Depuis long-tems, les solennites academiques n'avaient attire un concours aussi nombreux de spectateurs. Trois heures avant le commence- ment de la seance, les portes s'etaient ouvertes devanl les plus impatiens, et, plus d'une heure avant, la foule qui se pres- sait a l'entree de la salle, beaucoup trop etroile pour une telle affluence, avail force deux ou trois fois une garde, plus nombreuse quede coutume, qui en defendait les portes. Sans vouloir rien oter au merite du poete celebre qu'bonorait un si vif empressement , nous croyons pouvoir avancer que le desir de le voir et de 1'entendre ne l'avait pas seul excite. Pour la premiere fois, l'apologie d'une lillerature nouvelle allait ("lie prononcee sous les voflles de l'ancien palais Mazarin : la guerre, tant de fois elevee entre les classiques et les roman- Itques, se reproduisait sur un nouveau cbamp de bataille; ou plulot, la vicloire ne semblait deja plus indecise, puisque l'uu dcs apotres de cette croyance nouvelle venait sieger en trioin- pbateur au sein de I'Academie. Mais on ne pouvait s empe- cher, en memc terns, de remarquer a quel point les chocs PARIS. a55 etaient changees, et combien nous avions fait de chemin de- pute dix ans. Le poete des Meditations, a qui, des son debut, et au .milieu de tant d'acclamations, on avait reproehe si vivementlanouveaute, et, si Ton peut hasardcrce mot, Velran- gete de son style, n'est aujourd'hui, pour la tourbe des nova- teurs, qu'un poete incotore et sans audace. Les exaltes de la nouvelle eglise Iitteraire en feraient presque un classique; et, tandis que 1' Academic franchise, dans sa prudente solliciludc pour I'honneur de la langue dont le depot lui est confie, pense peut-etre avoir fait cette fois un acte de temerite, les adinira- teurs de bonne foi de Christine et d'Hcrnaiu la noinment timide et pusillanime, et appellent, de tons leurs voeux, des choix bien autrement signifieatifs. M. le baron Cuvier, remplissant les fonctionsde directeur, ayant annonce que la seance etait ouverte, M. de Lamartine a pris la parole et a pronome , d'une voix ferme et sonore , le disco urs remarquable dont nous allons essayer de presenter l'analyse. Apres les remercimens et les politesses d'usage, I'orateur, accordant un juste tribut de regrets a la memoire d'une mere, enlevee recemment a sa tendresse d'une maniere si subite et si douloureuse, a passe, a l'aide d'une transition ingenieuse, a l'eloge de son honorable predecesseur, M. le comte Darit. «I1 parut, a-t-il dit, a Tune de ces raresepoques oii la societe n'est rien, ou l'homme est tout; epoques funestes au monde, glo- rieuses pour I'individu ! Terns d'orages qui fortifient le coeur, quand il n'en est pas brise ; tempetes civiles qui elevent l'homme, quand elles ne l'engloutisscnt pas! On ignorait alors que les pennies ne sc regenerent pas par des theories , mais par la vertu ou par la mort, et la hache sanglante des revolutions n'avait pas ete pesee dans les calculs de l'espe- rance. » L'orateur, apres avoir trace un juste eloge du caractere et des talens de son devancier, et raconte qu'il expia , par dix mois de captivite, son noble refus de servirle crime, rappcllc l'expression du chef du gouvernement imperial, « qui a si bien connu les hommes, et qui, dans sa brutale energie, accordait ;\ M. Darn les qualites du bceufet du lion. » II loue son ardeur infatigable pour le travail en meme terns que sa severe probite, et, apres avoir cite Vhistoire de Venisc, celle de Brctagne, l« poeme encore medit surVastronomie, la traduction completed' Ho- race, un grand nombre d'epitres, de poesies legires et de discours academiques, il ajoute : « Tels etaient les loisirs de M. Dam. » En parlanl d'Horace, le nouvel academicien a porte, de ce poete, un jugement qui a paru trop severe. « Ce devait etrc, •>..V| FUANOK. a-l-il ilit, le litre dc l'epoque; Ies lyrans out loujotirs aime les pot'tcs de cette ecole; ce n'est pas pour cux que s'elevent Irs cchafauds tic Roucher el d' Andre Ghcnicr, epic Syracuse a ties canities, et Florence des exils ! lis chantent, cnuronnes dc roses, dans les banquets des mail res du monde et dans Ies saturnales populaires. Due syinpatliie secrete Ies attache a toules les tyrannies ; car ccs poctcs trompent les hoinmes, tandis que les sophistcs les corrompent et que les lyrans les enchainent. » Au sujet de l'histoiic de lirctagne , Toraleur a regrette que M. Dam n'eiil pas etudie avec plus de soin cette contrcc, si riche de monumens et de vieux souvenirs. II aurait vouhi aussi qu'il nc se tut pas arrete precisement a l'epoque de nos troubles civils, et qu'il eut peint « cette population simple et devouee, chez qui la religion et la royaute , n'ayant pu avoir leur Salauiine, peuvent montrer, du moins, leurs Thcrmo- pyles. » M. de Lamartine remarque, plus loin, que ce fut M. Dam qui, dans cette menie enceinte, repondit comme direcleur a M. le due de Montmorency; et, a l'aide de cette transition, i! place ici un juste eloge des nobles et toncbantes qualiles de ce dernier. II a rappele que ce fut a Iui-meme que cet homme de bien adressa les derniers mots que sa main defaillanle ait traces, et s'est montre, avec raison , fier d'un tel souvenir et d'une si honorable amilie. L'eloge des princes de la ibmille royal e , et surtout du roi , a succede a celui de Rl. de Montmorency. Plus loin, nousavons remarque ceux de plusieursacademiciens illuslres, a cote desquels M. de Lamartine venait de prendre j>lace. Ces portraits, ingenieusement traces, et dont Ies applaudissemens souvent repetes par le public ont atteste la ressemblance, etuient ceux tie MM. Laine, Roycr-Collard, Villemain, Ciivier et Chateaubriand. Enfm , l'orateur, jetant un coup d'oeil rapide sur le xvme siecle qui, selon lui, n'a pas encore de nom, et qui a ete comble, tour a tour, de taut delouangeset tie maledictions, lui compare, avec un sentiment d'orgueil, que la generation pre- sente semble toute tlisposee a partager, le siecle tlonl nousavons v u l'aurore. Ici , prenant en quelquc soite un ton prophelique, lenouvel elu a proclame les triomphes futurs tie cette jeunesse ardente et studieuse, murie avant Page par taut d'evenemens quj se sont presses autour d'elle; puis, sans laire trop ouverte- lement l'apologie de la reformation litteraire, il a vanle Ies coryphees dc la nouvelle ecole, et presente leurs succes pas- ses comme gages de plus grands succes a venir , regarilant PARIS. 255 il'ailleurs comme tres-probable que 1'Academie s'empresse- rait bien tot, sans acception de doctrine, dc leur ouvrir sos p orles. Ce discours a ete termine par line profession de foi remar- qnable sur la presse , que l'orateur regarde « comme un nou- veau sens donne a l'humanite dans sa vieillesse pour la eon- soleretla rajeunir» : malgre les nombreux abus qu'elle a faits nailre, il ne pense pas qu'on pulsse refuser d'en reiuercier la providence, ni lui rejeter son bienfait. Te! a etc, a pen pres , ['ensemble de ce discours remar- quable, souvent interrompu par des applaudissemens unani- racs, qui a revele dans son autenr un lalent d'oraleur que le public ne lui connaissait pas encore, et qui ne manque pas, comme on a pu voir, d'une cerlaine analogieavec son talenl de poete. Le style a lout I'eclat qui convient a une composi- tion de ce genre, et il serail aise d'en faire disparaitre des alliances de mots bizarros, des antitheses forcees et preten- tieuses, et quelques autres taches , qui semblent parfois un tribut paye an gout de la nouvelle eeolc. M. le baron Cuvier a rcpondu a M. de Lamartine; et peut- etre, malgre la supcriorite de son merite et I'universalite si bien connue de ses connaissances, notre illuslre naturaliste n'etait-il pas le plus capable de bien remplir une pareille tathe. Nous irons meme jusqu'a supposer que, par la nature de ses travaux et le genre de son style, Si. Cuvier ne doit pas eprouver une bien vive sympathie pour les Meditations pocti- ques. Aussi, sa reppnse, ecrite d'ailleurs avec une elegante purete, et dictceparle sentiment le plus parfait des convenances dc tout genie, mais on ne dominait pas une conviction puissante, a-t-elle paru un pen pale, a cote dc la brillanfe et chajfureuse composition de M. de Lamartine. On y a pourtanl remarque un portrait de M. Daru, plus anime, plus equita- ble surtout, sous quelques rapports , que celui qu'avait trace le recipiendaire, et une heurcuse et delicate comparaison entre ce dernier et bird Byron, qui a, comme on sait, inspire a l'auteur des Meditations , les plus beaux vers, peut-etre, qui soient sortis de sa plume. iM.le directeura termine, en exprimant le vceu que le jeune successeur de M. Daru se decidat quelque jour a remplir les lacunes, assez etranges en effet, qu'on remarque dans ses der- iiK-res compositions; I'iuvitant a ne pas oublier, au milieu de ses travaux diplomatiques, que le poete, ret instrument du grand concert de (a creation, a aussi des devoirs a remplir di- vers la socit'te dont il fait le cbanne (cette derniere phrasi- faisait, dit-on, allusion a la nomination, deja annoncee» do ■jf.i; FRANCE. M. de Lamartine a l'ambassade deGrece). Enfm, repondant a la pensee plus encore qu'aux paroles du reripiendaire, M. le dirccteur a declare que l'Acadeniie s'empresserait d'ouvrir ses portes a tous les ecrivains (|ui, sans offender la ?-aison ill la langue , feraieut faire a la litterature quelques pas nouveaux, ainsi que l'avait si heureusement tente M. de Lamartine. Pour terminer cette seance , M. Lebutjn a lu ties vers tut lq beaute du del d'Athenes, et une Ode snr an voyage au man/ Liakoura ( l'ancien Parnasse). On a applaudi , dans cette der- niere piece, quelques vers heureux et un style toujours cor- rect et facile. Quelques personnes n'ont pu s'empecher de re- rnarquer que ces souvenirs , tout classiques , du Parnasse et des muses paiennes, faisaient un contraste singulier avec les doctrines romantiqlies qui respirent dans le discours, non moins que dans les poesies , du nouvel academicien. Y. Z. — \1 Academic francaise, dans sa seance du 20, avril, a elu, a la place vacante par la mort de M. de Lally-Tollendal, M. de Pongerville, l'un de nos collaborateurs, dontle talent s'est revele par un succes qui rappelle celui des Georgiques de Delille. La traduction de Lucrece, l'ouvrage peut-etre le plus durable qu'ait produit noire epoque, a etendn le do- maine de notre langue philosophique et enrichi notre poesie d'une multitude de tours et d'images qui donnent a cette pro- duction l'empreinte d'une veritable originalite. Le public lit- teraire avait marque la place de M. de Pongerville a I'Acade- mie francaise, des le moment ou parut sa belle traduction, qui n'est pas son seul litre aux honorablcs suffrages qu'il a obtenus. — Un incident remarquable a signale cette election, pour laquelle l'Academie s'etait reunie, des le 22 avril, sans pouvoir obtenir aucun resultat, malgre plusieurs tours de scrutin successifs : elle fut done obligee de consacrer une se- conde seance a cette operation, ce qui, je crois, n'avait pas encore eu lieu. Les principaux concurrens de M. de Ponger- ville etaient MM. Ancelot, Cousin et Scribe. Union encyclopedia ue pour la propagation des connaissances utiles. — Une association vient de s'organiser, a Paris, sous la direction et par les soins de M. Bailly de Merlieitx; elle se propose de faire composer, et de repandre par toute la France, des Traites elementaires bien faits , sur chacune des branches des connaissances humaines. Une Societe de meme nature, ef qui se propose le meme but, existe en Angleterre depuis trois ans et a deja obtenu de beaux resullats. Nous allons dou- ner quelques details sur 1' organisation de VUninn rncy- PARIS. 257 clopcdiquc, dont le directeur est dejA connu par d'ulilcs pu- blications, ctcntre nnivcsynvY Encyloprdic portative, dont nous avons annonce les livraisons successives, et a laquelle Y Union encylopedique doit dormer des developpemens nouveaux et etendus. Un Conscil de perfeclionnemcnt , compose de soixante Membres-Assistanset de cent-vingt Membrcs-Auxiliaires, sera choisi parmi les homines les plus celebres par leur savoir dans tous les genres. Le Tableau de tons les ouvrages qui doivent composer cette Bibliotbeque universelle, comprend trois se- ries, les Sciences, Leltres et Beaux-Arts, les Arts industriels, Manufactures et Metiers, l'Histoire, la Geographie et les Voyages. Un Rccueil mensuel, sous le litre de Memorial En- cyclopcdique , destine a enregistrer les progres journaliers de cbaque branche des connaissances, sert de supplement el de suite necessaire a la collection, qui deviendra par la une ve- ritable Encyclopedie progressive. Eh fin, le Mode de souscriplion, tout-a-1'ait neuf , assure, mais aux premiers souscripteurs seu- lcment : i° l'avantage de ne payer les volumes que 2 fr. an lieu de 5 fr. 5o c. ; 2" les trois-quarts dans les benefices de l'entreprise, benefices qui peuvent etre tels que, si les ouvra- ges, publics par la Societe, obtiennent seulement un succes six fois moindre que ceux qu'a publics la Societe anglaise, ces souscripteurs auront gratis une Bibliollirque en 000 volumes avec un Recueil periodique, et, en outre, un reveuu annuel de 100 fr. Nous ne pouvons entrer dans plus de details sur cette vaste entreprise, dont le prospectus lui-meme est un grand ouvrage ; nous ajouterons seulement que le but princi- pal de la Societe etant de repandre partout des connaissances positives , le nombre des souscriptions admissibles a etc fixe, pour chaque ville et pour cbaque deparlement, en raison de la population (1). Ecole prcparaioire d' agriculture reunie d I' institution de M. Dupras, rue du Faubourg - Saint- Honorc , n" 98. — (1) Conditions de la souscriplion. Celte Bibliolbique universelle des con- naissances bumaines se compose de trois series, chacunc de 100 volumes, format grand in-3?, dont 5o ont paru, ou de 100 livraisons, format grand in-8°, dont oj sont publiees; piix, pour les souscripteurs ayanl part dans les benefices, 2 fr. le vulume ou la livraison ; pour les souscripteurs Don actionnaires, 3 fr. ; par irailes scpares, 3 fr. 5o c. le volume; abon- nement au Memorial encyclcpediquc, pour les actionnaires, 6 fr. par an- nec ; pour les autres peisonnes, 10 IV. — Pour rtceVoir frane deport, par la I'ostc, il fant ajputer 25 cent, par volume ou livraison. — Les letlM \s, demandes et souscriptions doivent etre adi essees (franco) aux IUhkwx du direction dk l'Union Enc yci.OPEdiquk, rue du Jat fliiiet, n" 8, a f'aiis. T. XLV1. AVRIL l85o. 1 7 j58 FRANCE. Les sciences agronoiniqucs vont avoir a Paris unc institution digue d'etre comparee a celle que les arts industriels ont si lieureusement acquise. Esperons que celle-ci obticndra . romme la premiere, le succt-s que tout semble lui pro- ineltre. L 'experience a deja prouve 1'importance des ccoles prepa- ratoires pour les services publics, l'industrie, le commerce et les beaux-arts. L'agriculture, cette source premiere de nos ri- chesses, ne pouvait rester etiangerc a ce besoin general d'ins- truction speciale. M. Blanq, ancien eleve de l'Ecole Polytech- nique, apres s'etre livre pendant plusienrs aunees a I'etude de 1'borticulture, de l'agriculture et des arts accessoires, a eompris combien il serait utile d'elever au niveau des autrea branches de l'industrie humaine cette agriculture qui a peut- etre, plus que d'autrcs sciences, l'avantage d'ouvrir des de- bouches nouveaux et durables aux generations qui s'elevent. Pour donner aux families toutes les garanties desirables, apres avoir fait choix d'une institution honorablement connue oii les eleves sont soumis a une surveillance qu'une longue pratique peut seule assurer, le fondateur de l'ecole prepara- toire d'agriculture s'est environnc des lumieies de professeurs speciaux. Les dessins topographique et descriptif, l'arpentage et le lever des plans, seront enseignes par M. Gavard, ingeuieur geographe, ancien eleve de l'Ecole Polytechnique, et inven- teur d'instrumens propres a i'aciliter divers genres de dessins. Les notions generales de physique, de chimie, de meteorolo- gie seront donnees par M. Despretz, repetiteur a l'Ecole Poly- technique, ancien capitaine d'artillerie, et l'un des redacteurs du Journal da genie civil. Les principes de la reproduction, de la vegetation et du perfectionnement des plantes seront developpes par M. Oscar Leclerc-Thouin, de laSociete royale et centrale d'agriculture, de celle d'horticulture, ex-pro- fesseur suppleant au jardin du Roi pour le cours de son oncle, Andre Thoui'n, dont il a public les oeuvres. Arts accessoires. — M. Hizard fib, de la Societe royale et centrale d'agriculture, collaborateur des Annates itagricul- ture, donnera aux eleves les elemens de la connaissance des animaux utiles a la nouriiture, au vetement et au service de 1'homme en societe. — M. Dubrhnfatjt, auteur de plusienrs ouvrages speciaux, et fondateur du journal V A griculteur ma- nufactm-ier, fera quelques lecons theoriques sur la fabrication du sucre de betterave, la fei ulation, la distillation, etc. Enfin, M. de Valcofrt aine. I'ami et qnelqnefois l'aide de MM. dt PARIS. d5§ Dombaslc et Bella, a promis aussi a M. Blanq le seconrs tie sa grande experience. La science agricole s'appuyant sur un ensemble de connais- sances varices, on sent la necessite que le directeur assiste aux divers cours, afin de conserver l'unile si necessaire dans ce nouveau genre d'enseignement, afin de donner a ces cours tons les developpemens theoriques et pratiques dont ils sont susceptible*, et surtout afin de faire apprecier leur liaison avec l'agriculture. Pour bien faire comprendre cette idee d'ensemble, pour bien etablir cette liaison des sciences et des arts avec l'agri- culture, M. Blan([ penetrera bien les eleves d'idees-meres, telles que celle-ci : qu'une exploitation rurale n'est autre cbose qu'une fabrique dont le directeur met a profit lous les agens naturels et artificiels dont il pent disposer pour pro- duire des objets utiles a la societe. De-la ressort la necessite d'une comptabilite commerciale et des economies rurale et industrielle, qui, elles-memes, exigent des connaissances en arithmelique, en geoinetrie, en arpentage, en arcbitecture, en mecanique et en bistoire naturelle. En assistant a cbaque lecon des professeurs, le directeur pourra s'assurer de l'attention qu'y apportent les eleves. II en interrogera inimediatement un ouplusieurs, pris au hasard, et parviendra ainsi a connaitre la capacite de cbaque eleve ; c'est alors que, par des conversations familieres, il arrivera a faire saisir par les intelligences les plus paresseuses ce qui aura pu leur echapper pendant le cours des lecons generales. Kn un mot, sa mission speciale sera celle d'un fFeily (1) des classes aisees de la societe. Perfectionnemenl dans la fabrication du chocolat. — La mai- son qui avait acquis le plus de reputation en ce genre vient d'anieliorer encore cette branche d'industrie. MM. Debauvk et Gallais, ex-pharmaeiens et fabricans de chocolats du roi, rue des Saints-Pires, n° 2(i, out etabli dans leurs laboratoi- res une machine qui offre, outre l'avantage d'une trituration parfaite, celui de ne pas presenter l'emploi du fer comme moyen de broiement; ce qui fait que le cacao conserve toute la finesse de son arome et lonte Pexcellence de ses proprietes. La maison de MM. Debauve et Gallais est connue depuis long- lems par Pinvention du cbocolat analeptique ou reparateur au salep de Perse, et du cbocolat adoucissant au lait d'amande. Le premier est un des alimens les plus convenables aux per- (i) Nom du \ yndliani, de Sheridan* et de laportee des questions qui se traitaient alors. Sa politique, euunemment consciencieuse, lui douuaille droit dout il usait si habilemeut de decouvrir et d'exposer dans au- trui tout motif egoi'ste ou mereenairc. Ses discours avaienl de I 'abandon, et parlicipaient d'une eauserie spirit uelle et mor- dante, mais jamais vulgaire. Commc homnie prive, il elait adore de sa famille et d'un nombreux eercle d'amis. Jamais, ii ue rapporta dans son interieur les ennuis de sa vie publique : et bien que desappoinle dans quelques-unes de ses espcranees generates et personnelles, il ne montra jamais ni ainertume, ni degout des homines. II avait le coeur naturellement tendre et bienveillant. II est moil, age de 69 ans; c'elait le dernier homme inarquant de cette opposition celebre, si riche en ta- lens, enforce et en jeunesse, quidefendit la revolution fran- caise au parlement anglais contre le ministere le plus fort qu'ait eu la Grande-Bretagne. L. S. B. France. — Yacjquelin (Louis-Nicolas) naquit a Hebertot, bourgdu dcpartemenl du Calvados. Le hasard, qui conlribue quelquefois si puissamment a la reputation des hommes, ne fit rien pourlui. Nede parens pauvres et obscurs,il dutt<>utason travail eta son infatigable perseverance, et il offre peut-etre, dans 1'histoire des sciences, Pexeniple le plus remarquable des dilficulles qu'un homme peut avoir a vaincre dans celle carriere deja si difficile. — A l'age de 14 ans, il fut oblige d'entrer, en qualite de garcon de peine, dans la pharmacie de M. Mezaise, a llouen. C'est-Ia, qu'au milieu de travaux durs et fatigans, il sut derober quelques instans a son sommeil, pour se livrer a l'elude, et qu'excite plutot que dccourage par les entraves qu'il rencontrait , il acquit, a 1'aide des iaibles nioyens qu'il possedait , les elemcns de cette science dont il i lait appele a reculer un jour les bornes. — Apres avoir passe deux ans dans cette pharmacie, il vint a Paris, 011 il enlra ehez M. Sagel. Ses occupations moins multipliees lui per- mirent alors de consacrer plus de terns a l'etude; mais il s'y livra avec trop pen de reserve, et sa sante s'affaiblit bieulot; il tomba malade, et fut transports a l'H6tel-Dieu. A peine rela- blijilentra dans l'officine de M. Cheradame, en qualite dV7< re. Fourcroy venait souventcbezce dernier, quietait son parent, et qui lui parla avec intcret du jeime homme studieux qu'il avait alors pour eleve. Fourcroy fut frappe de 1'ardcur du NECKOLOGIE. u6; jeune Vauquelin pour les travaux chimiques, et le prit a son service aux appointeinens de trois cents francs. Des la fin de la premiere annee, le jeune homme recut une montre, cadeaa de son nouveau patron, qui voulutainsi reconnaitre son zele ; nous rapportons cette circonstance , quoique peu iniportante en elle-meme, parce qu'elle fit une impression profonde sur l'esprit de Vauquelin, et qu'elle rcdoubla (he/, lui 1'amour de l'etude. — Des lors sa situation devint plus hcureuse ; il sut s'attirer la bienveillance de tous les amis de Foureroy. Mmc Bailly, qui demeurait avec Foureroy, le prit en affec- tion. En quittant cette maison, on il avait trouve une autre famille. il gera pendant deux ans la pharmacie de M. Goupil, et enfin lui succeda. Le reste de la vie de cc celebre chimiste est trop connu, pour qu'il soit necessaire d'entrer dans quelques details a cet egard. Si nous l'avons suivi pas a pas clans sa jeunesse, e'est que ses commencemens furent penibles , et qu'on apprecie mieux la force d'ame qui l'a aide a les surmonler. Ses propres travaux le firent bientot connaitre, et il devint successivement inspecteur des mines, membre de l'ancienne Academie des sciences, membre de l'lnslitut, chevalier des ordres royaux de la Legion-d'Honneur et de Saint-Michel , professcur administrateur an Museum d'histoire naturelle, professeur a l'Ecole royale de pharmacie , inspecteur-general de la Monnaie, professeur honoraire de la faculte de medecine et du college royal de France , membre de la Societe royale de Londres et de plusieurs autres Societes savantes, etc. , et, enfin, depute du Calvados. Le nom de Vauquelin se trouve a toules les pages d'un traite de chimie; en effet, il n'est aucune partie de la science qu'il n'ait exploree, et sur laquelle ses travaux n'aient jete un grand jour. Son genie observateur savait faire jaillir la lumiere des sujets les plus obscurs, et rendre importantes les choses en apparence les plus insigniliantes. C'est ainsi que son analyse du foie de raie, son memoire sur la respiration des insectes et des vers, son analyse des excremens de poule, celle du .■■perme, etc., offrent des resultats qui se iient aux questions les plus interessantes de la physiologic Si, du domaine de la chimie animale, nous entrons dans celui de la chimie vegetale, nous trouvons encore ses travaux remplis de faits interessans et nouveaux, et qui ont depuis etc mis a profit par tous les savans qui s'en sont occupes. — Con- IciiUins-nous d'indiquer 1'aoalyse • Vauquelin a laisse nnc SUc qu'il a instituee heriliere do ea fortune; cependant les antics niembres de sa famille ont eu part a ses bienfaits. — Levavassecr, que la mort vient do frapper dans la force de l'age et du talent, naquit a Breteuil, en septembre 1774? d'une famille des long-tems honoree dans la riiagistrature. II fut a la fois honime de lettres, agrononic savant, et adminis- trateur distingue. L'aurorc de la revolution eclaira sa jeu- nesse : il parlicipa do ses vceux au trioniphe do sa cause sacree, lui offrit son courage eivique, et lorsque la France, succom- bant sous le fardoau do scs triomphes, passa du despotisme de la gloiro a l'anarchic contre-revolulionnaire, Levavasseur se montra noblenient parmi les fonctionnaircs restes fhteies a I'honneur national. Loug-loms niemhre Juconseil general de l'Obe, il doploya dans des circonslanccs oragcuses la fermete de l'homme do bien. Devenu mairo do Breteuil il acquit de nouvcaux droits a restiine dc ses concitoyens. Juste envers tons, il fut inaccosililo a hi Seduction do? prejuges rcnais- saus ; cuncmi do I'liypocri ie. il n'ecoula que la voix dc s.i NUCUOLOGIE. 209 conscience; nc meconnut point notre veritable gloire, et rue proslitua jamais I'eloge aux oppressciirs de la patric ; aussi Levayasseur obtint-il I'honneur de la disgrace a line epoque on le pouvoir affect ait d'oublier les droits acquis, et de sacri- fier Pniteret de tons au privilege de qnelqnes-nns. Ce digne eitoyen, rendu a la vie privee, employa ses utiles connaissances an perfectionneinent de I'agriculture. Quand les detracteurs de nos institutions se plaisaient a mepriser la main qui conduit la charrue, Levavasseur croyait s'ennoblir en la dirigeant lui-memc. Souvent il cut l'honneur d'associer ses travaux a ceux de son illustre compatriote, le vertucux Laroehefoueault. Ses ameliorations agricoles n'avaient pour hut que l'irtteret general; souvent il fit a ses depens des expe- riences dont le puljlic seul recueillit les fruits. L'indigence et le malheur n'ont. apercu son opulence que pour la benir. La bienfaisance lui elait si naturelle, qu'il lai- sait de bonnes actions, comme il fit depuis de bons vers, sans y attacbcr la moindre importance. Une simplicite tranche, une veritable candeur scmblaient derober son merite et ses vertus a ses propies yeux. Cct homme rare l'ut opulent sans faste, fonctionnaire sans intrigue, philantropc sans preten- tion, poete sans vanite. Long-tems livre a d'impoitantes fonctions puhliques, a de savans travaux agricoles, Levavasseur ne se livra que par in- lervaile a l'elude des lettres. 11 nc cedait que comme invo- lontairement a sa vocation poetique. II ne parut done que 1'ort tard dans une carriere ou la nature l'entrainait presque malgre lui. II concut le hardi projet de tiaduire en vers la plus ancienne des productions poetiques : le livre de Job, assemblage de meditations metaphysiques et religieuses, de controverses du doute et de la t'oi. Sa traduction parut en 182,5. Le traducteur de Job obtint un succes d'autant plus llatteur, qu'jl n'avait recherche le patronage d'aucune secle lilleraire. Le seul eclat du talent foira I'attention du public leltre a porter ses regards sur le travail d'un ecrivain qui. .1 son debut, offrait la reproduction brillante d'une ceuvre creec par le genie poetique a une epoque anterieure a tous les terns connus, qui, peul etre composee dans une langue en- lierement oubliee, n'est parvenue jusqn'a nous qu'a travers differens idiomes. On trouvc avec surprise, dans la version nouvelle, l'empreinle d'un rare talent qui nous rendait l'heii- reux melange d'images nai'ves el de penst'es profondes. On y repiarque, surtout, la franchise du doute a cote de I'en- thousiasme de I'illusion de ccs premiers Ages 011 Tesprit hu- main eprouvc a la fois le besoin de entire et le desir de s'eclai- 270 MiCltOLOG Hi- rer. On sul grt an Iradiu'tcur d'avoir cnriehi notre lit tt'-rattirc en puisant aux sources de ces beautcs natives qui n'etaient guere connucs que par des especes do traductions deguisees, et des iniitalions que quelques poctes de notre epoque out publiees sans en reveler I'origine. Levavasseur etait done d'une tranquille modcstie, d'une insouciance timide qui avaient contribuc autant que ses tra- vaux agrieoles et administratis a retarder son apparition dans la republique des lettres. Apres avoir hesite long-tems a rendre le public arbitre de son talent, lc hazard le decida. Dans HI) de ses frequens voyages a Paris, il s'adressa a un homme dc lettres qui venait d'obtenirdessucces dans un genre analogue a ses travaux poetiqucs. Cet ecrivain eut le bonheur d'apprecier le premier toutletalent de Levavasseur. IU'excita vivement a se faire connaitre, lui donna quelques avis aux- quels le traducteur de Job se soumit avec eette resignation (•(iiirigeuse qui n'apparlient qu'au vrai merite ; enfin, il lui epargna les desagreiucns que 1'ecrivain ignore rencontre tou- jours a son debut. Levavasseur, dont le nom etait absolument inconnu dans la litterature, fut range tout a coup parmi les ecrivains qui honorent notre epoque. II jouit de son succes en homme qui n'a jamais place son bonheur que dans l'estime des autres. iMais conservant sa candeur an milieu des applaudissemens, il semblait etonne de les meriter. Plusieurs societes savantes s'empresserent de l'adniettre dans leur sein ; la Societe Philo- technique, eritre autres, lui accorda le litre de correspondant. Levavasseur vit dans son succes l'obligation de perfec- tionner son ouvrage. Dep'uis cinq ans ses efforts tendaient a ce but; il y touchait quand la mort le frappa. Cet ecrivain distingue, enleve an milieu de sa carriere, doit exciter de vifs regrets. Cet evenement afiligeant pour tous les amis des lettres, fut une calainite pour le pays, on , pendant vingt-cinq ans Leva- vasseur avait exerce la salutaire influence de ses lumieres et de son zele patriotiqiie ; on sa genereuse sollicitude adoucit le sort de tant d'inl'ortunes. Les habitans de la ville de Bre- teuil et des villages voisins attesterent par leur consterna- tion l'etendue de la perte qu'ils eprouvaient. lis cesserenl leurs travaux pendant trois jours, et, simultanement rcunis aux enfans de leur l)ienl'aiteur, pour lui rendre les derniers devoirs , ils semblaient ne former qu'une scule famille qui venait , avec le pieux respect de la reconnaissance, apporter sa douleur snr le tombeau d'un pert. IT. TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS LE CAHIER D'AVRIL i83o. 1. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. Page. 1. Considerations sur les mollusques et en particulier sur les oephalopodes Cuvier. ft •2. Observations sur lc Memoire precedent , . . Geoffroy-Saint-Hilaire. ho 3. De l'cmprisonnement solitaire aux Etats-Uuis. CAar/es Lucas. 2 3 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4- Rapport sur les institutions de bienfaisance du royaume des Pays-Bas. — Rapport sur l'elat des ecoles superieures , 1110yenu.es et priuiaires A. Quetelet, 28 ft. Campagne des Francais en Alleniagne en 1800. . . Sicard. 38 G. Manuel de l'hisloire de la pliilosophie de Tennemann, tra- duit de l'allemand par Victor Cousin.. . Adolplie Gamier. 54 7. L empire de la Grande-Bretagne, en 1828, par J. Goldsmith (ouvrage auglais) A.M. 7ft 8. Essai sur llustoire de I esprit liumain dans l'antiquite, par Mw Rio Alphonse d' Her helot. 9 4 9. L'iiumorlalite de lame, poeme, parM. de Norvins. . . A- 107 10. OEuvrcs posthumes d'A. E. Gaulmier 0. 11a III. BULLETIN B1BLI0GRAPHIQUE. Annoncesde 89 ouvrages, franfais etetrangers. Amerkjue septentrionale. — Etats-Unis, 5 12a Europe. — Grande-Bretagne, 8, dont 2 ouvrages periodiques. . 100 — Russie, 5 1 4 1 — Allemagne, 8 i45 — Suisse, 1 i57 — - Italic, 6 160 — Pays-Bas , l\, dont 3 ouvrages periodiques 16G France, 54, savoir : Sciences physiques et natureltes, i4 • . • • 170 — Sciences religieuscs, morales, politiques et historiques , 17. . . 190 — Literature , 11 204 ■ — Beaux-arts ,6 2i(i aja TABLE 1»CS ARTICLES. — Ouvrages p&riodiques , 5 221 — Livres en languea I'trangeres , imprimis en France , 3 . . . . 224 I V. NOU VELLES SCIENT1FIQUES ET LITTERAIRES. Amkriquf. sEPTENTniosAi.E. — Etats-Unis : Socielcs de tempe- rance .... 228 Ameriqi;e mkrimonale. — Expose sommaire des progres qua faits la republiquc de t'.olombie depuis 1822 229 EUROPE. ( ;ram»b-Bretagke. — Londres .■Reintegration des Juifs dans leurs droits de citoyens ; Rcforme parlemenLaire. Reclamations die lady Byron el de ses amis contre les fails avanees par M. Moore. — Bristol. rVerner, tragedic de Byron, represen- tee sur le theatre de celte -ville a36 Ali.emag\e. — Gailingiic : Fondation d'une bourse en faveur des (''Indians en medecine. — Autriche : Recherche des an- tiquites nalionales. — Uambourg : Traduction d'un 011- \rage de Mu" la princcssc de Salm 208 Suisse. — Lausanne el Geneve : Cours de liiterature professe dans ees deux villes par M. Monnard 269 France. — Departcmcns : Valines (Morbihan) : Leeons publi- qucs pour les sciences ualurelles. — Chemin de fer de la Loire .2/^2 Paris. — Institut : Academic des sciences : Seances du mois d'avril 1800; Academic francaise : Seance publique pom- la reception de M. de Lamartine ; Nomination de M. de Pongerville a la place laissee vacanle par M. deLally-Tol- lendal. — Union encyclopedique pour la propagation des coniiaissances utiles. ■ — ■ Ecole prcparatoire d'agricullure. — Perfeetionnemenl dans la fabrication du chocolat. — Chronique des theatres pendant le mois d'avril 1800. — Beaux-avis : Peinlurc en mosaique : Ktablissemcnl de mosaique monumentale de M. Barberi ■; Carporama. . . . 24~> PsiicROLOGIE. rfn'gleterfe :■ Tierney. — France : Vanquelin; Lerarvasseur . . . 264 REVUE ENCYCLOrtiDIQUE, on ANALYSES ET ANNONCES RAlSONlNtES DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUASLES DANS LA LITTltRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. I. MEMOIRES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DE L'EXPfeDITION CONTRE ALGER (i). L'expedition contre Alger, qui se prepare dans les ports de France, a donne lieu a un grand nombre de publications des- (1) On peut consulter, sur Alger, les ouvrages dont les titres suivent: l. Alger. — - Tableau du royaume, de la ville d' Alger, et de scs envi- rons ; ctat de son commerce, de scs forces de lerre et de mcr ; description des mceurs et des usages du pays : precede d'une Introduction liisloriquc sur les differenles expeditions d' Alger, depuis Charles-Quint jusqu'a nos jours, avec carle, vuc, portraits et costumes de seshabitans; par M. Renaudot, ancien oflicier de la garde du consul de France a Alger. Paris, i83o ; P. Mongie, boulevard des Italiens, n° 10. In-8" de 182 pages; prix, 7 fr. %. Hisloirc d' Alger et du bombardement de cette ville, en 1816; des- T. XI.VI. MAI l83o. l8 374 1>E L'EXPEDITION tinees a satisfaire la juste curiositc- de ceux qui dcvront j prendre part, ou en personne, on par leurs enfans, leurs amis et leurs compatibles. Nous avons eberchc u nous pro- curer le plus grand nombrc que nous avons pu de ces ecrits de circonstance ; mais d'autres paraitront sans doute encore, pendant que ces pages seront sous la piesse, d'autres tandis qu'clles circulerontdeja ; ctpeul-etrc, entrc toutcs ces brochu- res, ne s'en trouvera-t-il aucune qui reponde pleinement a ce que le public pouvait demander ; tout au moins, celles dont les litres sc trouvent dans la Note ci-dessus laissent en- core beaucoup a desirer. La premiere, par M. Renaudot , est celle qui, pro- bablement, donnera le plus de satisfaction. L'auteur, appele par ses fonctions d'officier de la garde du consul de France, a resider dans le pays, et a en comiaitre les habitans, parle criplion de ce royauuic et des revolutions qui y sont arrivees, de la ville d'Alger et de ses fortifications, de ses fortes de terrc et de mer, mceurs et costumes des habitans, des Mores, des Arabes, des Juifs, des chretiens; de ses lois, de son commerce et de son revenu, etc., avec une carte du royaume, et une vue lilhographiee de la ville d'Alger, de ses fortifica- tions et de sa rade. Paiis, 1800; Piltan, libraiie, rue des Saints-Peres, n° 5i. I11-80 de 366 pages; prix, 6 fir. 3. Souvenirs a" tin officicr f'ratnais, prisonnier en Barbarie, pendant les annees 181 1, 1812, i8i3 et 1814, etc., etc., par M. Copitbemoumivs, P. M. de Nantes, capitaine en conge illimite. Anselin, libraiie, rue Dauphine, n» 9. In-8° de 44 Pagt,s > P,1X» ' f''- So c. 4. Alger, esquisse topograpliique et hislorir/uc du royaume et de la ville : accompagne d'une carte generate du royaume, et d'un plan du port, par A. M. Perhot, membre de plusieurs socieles savantes. Paris, iS3o; Ladvocat, libraiie, Palais-Boyal. ln-8" de <^4 pages; prix, 3 fir. 5. Au Hoi et qux Chambres, stir tcs veritable? causes de la rupture avec Alger, et sur I'expcdilion qui sc prepare, par Alex, de Laborde, depute de la Seine. Paris, i83o ; Trucby, librairc, boulevard des Italiens, n" 18. 1 vol. in-8° de 170 pages; prix, 3 fr. 6. Carle de la regence d'Alger, et d'une partic du bassin de la Mediter- ranee, donnant le rapport qui cxiste entre la Fiance et les Etats barba- resques, par A. H. DurouB. Paris, i83o; Charles Simoneau, rue de Is Paix, n° 6. CONTRE ALGER. 2;5 (In nioins de ce qu'il a vu, et ses passions meuie, sa haine contre les Turcs, lcs Maures, les Jirifs, son degoiit ponr les manieres, le climaf, les productions, les fruits meme du pays, ses remarques galantes sur les femmes Maures et le9 juives, ont un grand caractere dc verite. D 'autre part, les prejuges el la partialilc de 1'auteur s« manifestent presque a chaqtic page; et, tout en lui tenant compte de beaucoup de renseigneniens utiles, on en cherche en vain beaucoup d'au- tres, qu'il aunonee, qu'il indique et qu'il ne donne pas. La seconde brochure n'esl que le resultat d'une speculation dc libraire. Apres avoir fait choix d'une description d' Alger, publiee en Angleterre an commencement du siecle passe, par quelque homme attache an consulat anglais, I'editeur en a relranchc le nom et la date , et il y a ajoute la relation de l'ex- pedition de lord Exmouth, pour lui donner une apparenee plus moderne; il y a joint aussi une preface, des reflexions prctendues philosophiques, et des resumes presque toujours en contradiction avec le corps de l'ouvrage. Cependaut, on trouve quelquefois dans cet ecrit des choses curieuses et ins- tructives ; mais, faute de connaitre on celui qui parle, on le leins dont il parle, on ne sait quelle foi on doit lui accorder. La troisieme brochure est \Qtllu\ge Souvenirs; sonauteur ce- pendant semble ne s'etre souvenu de rien , ou ne savoir rien nous raconter de ce qu'il a du voir pendant sa captivite en Barbaric An lieu de faits, il nous donne ses speculations sur 1'armure et l'accoutrement qui lui paraissent convenir aux soldats qu'on enverra faire la guerre sur la cote d'Afrique. La quatrieme est une courte compilation, faite par un homme accoutume a ecrire, et acconipagnee de bonnes car- tes ;mais elle ne nous apprend rien que ce que 1'auteur a trouve dans des livres deja connus. La cinquieme est empreinte du talent et du patriotisme de Phonorable depute qui l'a publiee ; elle contient plusieurs ren- seigneniens precieux sur les rapports diplomatiques de la France avec Alger; mais il faut y chercher bien plus des su- jcts d'investigation quant a la conduite du ministere , pout- ■i^G DE ^EXPEDITION t'tre des motifs d'accusation contre lni , qu'unc description statistiquc ou une histoirc du pays que les Franrais vont stttaquer. Ce n'est point de ccs questions de1 controverse parlemcnraire que nous desirons nous occuper aujourd'hui. II est possible que Ie" dey d'Alger ait ete vole par les sieurs Bacri et Buse- nach, ses agens, et que des hommes qui avaient en France acres aupres du pouvoir aient (avorisc cette voleric pour y prendre leur part. II est possible que la condiihcdu consul de France, a Alger, n'ait pas ete exempte de reproches : dans ee cas, nous esperons qu'unc discussion approfondie devant les Cbambres portcra la lumiere sur toutcs les Irautlcs, sur toDa les mystcres d'iniquite, et que les coupablcs, s'il y en a, n'e- rhapperont point au chatiment qu'ils meritent. On peut croire encore que la guerre entreprise aujourd'bui a ete regardee par le ministere, bien moins comme necessaire pour venger uneinsulte, que comme utile pour enivrer la nation d'un pen de fumee militaire , et qu'il s'est propose de vaincrc dans les champs d'Alger, non les pirates, mais les electeurs qui re- crutent les rangs de l'opposition. Dans ce cas, nous ne dou- tons point qu'uncalcul si l'rivoie et si miserable nesoit trompe: car les electeurs recommanderont a leurs deputes d'exigcr nn compte severe de Pargent et du sang de la France. St le ministere a sacrifie a ce petit calcul parlementaire les vraies convenances de la patric, s'il a precipite ses operations, en 1-es reglant non d'apres le climat , non selon une juste econo- mic, mais sur les chances electorales, un compte plus severe encore lui sera demands, ou de la nonchalance avec laquelle, pendant trois ans, on a neglige de sc mettre en etat d'agir efficacement , ou de la precipitation ruineuse qui a preside aux derniers armemens , afiri de pouvoir commencer la cam- pagne trois mois seulement apres l'avoir resolue. S'il est vrai que des marches scandaleux, obtenus a l'aide de pots de vin de plusieurs millions, couvrent des voleries eflroyables, ce sera encore aux Cbambres a faire justice. Ce sera a elles a de- ployer toule leur severite . si , par les consequences d'une COiNTKE ALGER. 27; ignorance presomptueuse, 1'expedition manquait de succes; »i la jeunossc de France perissait sur les mers ou sur le» sables d'Afrique, victime de l'ineptie du ministere. Mais tou- tes ces craintes, fondees sur des conjectures ou des bruit* populaires, ne nous presentent poiut encore assez de realite, pour que nous nous permettions de les examiner. C'est a une question plus haute, plus generale, que nous voulons nous attacher, a une question que seinblent obscurcir et I'esprit de parti, et la juste defiance que le ministere ins- pire Nous eroyons fermement, et nous voulons etablir que la guerre d'Alger, consideree abstraitement , faite en terns opportun, el ponrsuivie jusqu'au but qu'elle doit naturelle- ment atteindre, est une guerre juste, qu'elle est honorable, qu'elle est utile a la France, et que, de toutes les conquetes que la nation peut desirer, aucune ne lui serait plus avanta- geuse que celle des rivages si rapproches de la Barbaric. To us les voyageurs qui ont vu Alger, tous les ecrits qui ont ele publics sur cette regence, nous la rep resen tent egalement com me la plus grande association formee pour le brigandage qui ait jamais existe sur la terre. Depuis l'an i5i6, oil le cor- saireHoruch , Aruch, ou Aroudj Barberousse, introduit a Al- ger par le roi maure de cette contree Selim, Eutemy, fit perir son bienlaitcur. et s' em para de son trone, la souveraincte a toujours appartenu a la bande de brigands formee par ce pre- mier corsaire, organisee par son frere etson successeurllaria- den , el recrulee an loin dans le Levant , de maniere a se uiaintenir toujours au nombre d'environ douze mille hom- ines. Ces Turcs levantins, associes pour le crime, et choi- sis parmi les hoinmes que les tribunaux poursuivent, et que la sociele rejette, soul tcllemenl odicUfe a leurs compalriotes, qu'il est sans exemple qu'uue seule lemtne torque se soit jamais abaissee jusqu'a epouser un algerien. Cependant, cha- cun de ces bandits, dts qu'il est enrole dans la milice d'Alger, sc fait riommer cfl'cndi. ou monseigneur; il se regards Domme ayanl part a la souverainete : c'est pour lui, c'est pour assu- rer sa paic , croissante d'annee en annee , que les pirates d'Al- 27« DE L'EXP EDITION ger vont en course sur la mer, el (|ue les beys , suivis de leur petite armec, levent des contributions sur la terre : il moiitc par anciennete successivement en grade, jusqu'aux plus hauts emplois de la inilice; et , si la pcilidie ou la violence des factions le l'avorise, il s'assied sur lc trdne electifdu (ley. Mais nul ne pent entrer dans la milice df Vigor, s'il n'esl Turc levaulin , ou renegat Chretien ; e'est la lc litre dc noblesse que Barbcrousse inventa en imitation de l'ordre de Malic. Qui- conque est ne dans les Etats sur lesquels domine la milice d' Alger, est exclu a jamais de cette milice; ni Maure, ni Arabe, ni Berebere, ni Juif ne pent s'y faire admettre; les en- fans des effendis de la milice, qu'on designe sous le nom de Kouloglis, ceux des beys, ceux du dey lui-nicmc en sont ex- clus a jamais ; rien ne peut effacer en eux la tacbe d'avoir recu le jour d'une femme maure, ou esclave (i). Le chef que ces brigands elisent entre eux pour les com- mander, et qu'ils nommenl leur dey, ne s'eleve jamais an trone que sur le cadavre de son predecesscur poignarde. Cha- que election est precedee et suiyie de plusieurs massacres. Le ppetendant couronne ne laisse vivre aucun de ses compeli- teurs, et, s'il ne perit pas lui-meme des le premier jour de son regne, ii fait tomber aussitot les tetes de tous ses rivaux. Au reste, e'est une dignity laborieuse que celle a laquellc il parvient a cc prix. Ses eamarades, qui l'ont cleve au-dessus d'eux pour maiutenir la discipline, pour terminer leurs que- relles et pour rendrc la justice, lui laissent a peine un mo- ment de repos. Des le lever du soleil, tons les jours de la se- maine, excepte le jeudi et le vendredi , il est assis sur une peau de lion, dans la salle du Divan, occupe d'abord des af- faires d'Etat, avec j-es^i nisi res qui l'entourenl, puis, de ju- ger et de faire executer ses sentences. II remp4it ces dernie- res fonctions sans respect pour la vie humaine, sans modera- tion dans les supplices et dans les amendes, mais aussi sana (l) Tout declined Alger, et ilsemblc q;ie li milice SOUVeraioe lie rumple, plus aujomiriiui que six ou sept LB ill e homines. CONTRE ALGEU. *79 delais, sans fiais, et avec nne impartiality grossiere, qu'on trouve de meme assez ordinairement chez un capitaine de vo- leurs, chez unchefde Bohemians, chez le commandant d'un vaisseau de pirates, qui, coiiune le dey d'Alger, gnuvernent des societes foraiees pour etre en guerre avec toute societe humaine. Le brigandage d'Alger pese egalement sur les mers el sur les terres. La mi lice souverainc d'Alger, ou les douze milie Turcs an nom desquels le dey d'Alger regne, ne connaissent aucune Industrie; ils nesont associes que pour depouilier les faibles et pour part a ger leurs depouilles. La piraterie est con- sideree comme la premiere source des revenus de l'Etat. Le tresor public reclame la moitie francbe du produit de tons les vaisseaux captures, la moitie du chargement, et la moitie de la valeur des bommes, qui sorit vendus a I'eiican au marche public, apres qu'on les a fait courir, sautcr, porter quelque fardeau devant les acheteurs, qu'on a explore tous leurs de- tains corporels, sans respect pour le sexe ni l'age. Ces esclaves sont nourris ensuite au bagne, avec trois pains noirsd'une de- mi-livre cbacun, par jour, et un pen d'olives au vinaigre; ils doivent gagnerleur vie par le travail, a moins qu'ils ne soient retires du bagne pour partager les honteuses faveurs de leurs maitres. II y a assez babiluellenient a Alger treize cents es- claves chreliens dans les bagnes, sept cents chez les particu- Iiers. Au terns de la haute puissance des Algeriens, sous les deux Barbcrousse, et leurs premiers successeurs, quand leur marine I'emportait sur toutes celles de l'Europe, ils exercaient la pi- raterie indistinctement contre toutes les nations chretien- 116*; mars ils n'ont cesse de deebeoir par les consequences na- turelles de leur genre de vie elde leurs crimes ; leur marine ne se compose plus que de douze a quinze batimens porta nt en- semble environ deux cents canons. Des lors ils ont eonsen- li a se lier par des traites. a respecter les puissances les plus redou tables, moyerinant des preseos aunuels qu'ils exigent d'elles ; niais ils ne font auciin traite avec celles qu'ils ne re- 380 DE L'EXPEDITION doutcnt pas; cm bien sans provocation, sans offense, ils de- clarent la guerre, au Pape, aux petits Elats d'llalie, aux villes ansealiqucs ; non qu'ils aient a se plaindre d'aucun tort qu'on leur ait fait, mais parce que leur tresor est vide et qu'ils veu- lent le remplir. Ces forbans sont en dehors du droit des na- tions ; ce sont eux qui l'ont voulu, cc sont eux qui ont considcre comme un motif sullisant dc guerre, de dire a un autre peu- ple :« Nous voulons yos biens, pour les partager, vos per- sonnes, pour etre nos esclaves. » Ils out ainsi rendu legitime toule guerre qu 'on leur ft ra, sous la seule condition de la leur declarer. Ils se plaignent aujourd'hui de ce que le consul francais a pris sous sa protection des sujets romains ; car la France s'etait soumise, par des traitcs conGrmcs pour la der- niere fois le 29 mars 1790, a la condition honteuseo de ne point preter son pavilion, et de ne point proteger les na vires des puissances etrangeres qui pourraient etre en guerre avec la regence d'Alger (Laborde, p. 26). »3Iais cettc regence n'a eu d'autre motif, d'autre pretexte pour declarer la guerre au Pape, que le desir de piller ses sujets ; ce motif est sulli- sant pour lui declarer la guerre a elle-meme. Le brigandage de la mili.ee turquc d' Alger s'etend stir tous les pays situes entre les royaumes de Marojc et de Tunis, la Mediterranee et le grand desert d'Afrique. Ce pays est dc- signe sous le nom de royaume d'Alger, quoiqu'il soit habile par u\\ grand nombre de peuplcs independans, annuellemcnl pillespar les Algeriens, mais qui se defendentcontreeux aussi- bien qu'ils pcuvent. M. Perrotdonne a ce royaume 220 lieucs de cotes, el i5ode profondeur: M. Renaudot compte 21 5 lieues de cotes, 180 pour largeur moyenne du sud au nord ; enfin, la carte dc Dufour, 2o5 lieues sur 140, et 19,000 lieuescarrees desupeificie. be moins elevede ces calculs donne uoe elendue au moins egale a telle de i'ltalie, avec un ( limat et un sol superieurs encore a ceux de celte belle peninsule, en sorte que la contree qui porte le nom de royaume d'Alger pour- rait nourrir deux fois plus d'habitans que I'ltalie; elle lesnour- ris^ait en diet, soil lorsque la province d' A friquectait la plus ri- CONTKE ALGER. »8i che etlaplusheureuse entre les provinces romaines, soitlorsque l'empirc des khalifes la renclit pour laseconde fois a la civili- sation, y fonda de nombreuses universites arabes , et en fit le siege de la litterature, des sciences et des arts, a l'epoqueou toute l'Europe croupissait dans l'ignorance et la barbaric Cependant, tel a etc le poids accablant de la tyrannie que la milice d'Alger exerce siir ce royaunie, qu'elle en a reduit la population a deux millions et demi d'habitans, debris des an- ciens peuples bercberes, maures, arabes, moresques d'Es- pagne, et juifs. La scule regie de gouvernement que con- naisse la regence d'Alger, e'est de prendre aux malheureux habilans tout ce qui peut leur etre enlcve. Les Kouloglis, enfans des Turcs, qui babitent les villes, avec quelques restes des Maures asserviset degeneres, et les Juifs, obtiennent seuls unesorte de protection et de justice, dans un rayon peu etendu, autour de ces villes, on se trouvent leurs cultures et leurs jardins. Les villes, autrefois nombreuses et ilorissantes, n'ont plus ni Industrie, ni commerce, ni manufactures; leur population diuiiuue rapidemeat, et la plupart tombent en mines. Les campagnes plus cloignecs sont cultivees par des Bercberes et des Maures, qui ne s'y monlrent que pendant la saison des travaux, mais qui se refugient dans les deserts on dans les montagnes, aussitot qu'ils out terminelesrecoltes, dont ils empoitent one paitie avec eux, et dont ils enfouissent le rcste en terre ; tandis que, chaque annee, les trois beys d'O- ran, de Titerie, et de Constanline, lieulenans du dey, par- tent a la tele de trois corps d'armee turque, pour lever sur ces peuples la contribution annuelle, on plutot pour leui- ar- racher de vive force tout ce qui est susceptible d'etre em- poite. On pretend qu'autour d'Alger, et a trois lieues de rayon on peut compter jusqu'a di.v ou douze mille jardins on mai- sons de campagne ; la on voit lutler la fertilite admirable du sol avec l'incurie et I'inhabilcte du cultivateur. qui a laisse dege- nerer tous les fruits de la terre. Des qu'ou a depasse ces bor- nes, et la banlieue desaulres grandes villes, la terre u'a plus de propiietaire, et le pays plus de gouvernement. Le premier- •jS'2 OE L'EXPEDITION occupant cnscmence les champs qu'il ne pnurra rocolter que par surprise, on s'enl'uyant avec le butin qu'il derobe a la tcrre, eomme s'il l'enlevait a l'ennemi. Dans Qfctte guerre pour lever les contributions, qui se renouvelle chaque annee, dans celle lulle entre le. brigandage et la barbaric, l'bonime a soull'erl plus encore dans sa nature morale que dans son induslrie ; le plus bontcux des gouver- ncmeos a prodnit des I'ruils digues de Iui. La milicc. souve- raine, quoiqu'elle soil Ec-cuinc de la nation lurque, est encore la partic la nioins meprisable de la population d'Alger. Au milieu de ses vices et de sa leroeite, elle a conserve de la dis- cipline el de la valeur, et Ic pouvoir lui a inspire line cerlaine (lignite dans les manicres; niais toutes les nations sujetles out degenere d'une maniore efl'rayante. Les Kouloglis, enfans des Turcs, d.ont Henaudot porle le nombic a i5o,ooo, et qce la politique de letirs peres exclut de 1'arnice et de loute part au gouvcrnement, s'abandonncnt a tous les vices et a la mol- lesse la plus efl'eminee; les Maures, les liercbercs, les Mo- resques d'Espagnc, desarmes par leurs oppresseurs, et toujour* tremblans devant cux, n'ont rien conserve du courage de leurs ancehes. lis out oublie egalement et l'art de la guerre, et les lettres dans lesquellcs ils brillerent et qu'i'.s rendirent a I'Eu- rope, et les manufactures qui laisaient ['admiration de nos ai'eux, et ragriculture, dans laquelle, a Grenade eta Valence, ils avaicnt montre leur immense superiorite. Sans eesse deci- mes par leurs lyrans , qui voyaient, dans burs talens, leur richesse, leur credit, des motifs de les craindre, ils na repre- sentent plus que la populace de l'ancienne nation ties Maures, a laquelle on a 6le toutes les soperiotitete Sociales qui faisaient son lustre. Ceux qui vivenl dans les villes soul lombes dans la crapule et l'esclavage; ceux qui cultivent les campagnes, et qui se refugierat dans les montagnes el les deserts a I'approcbe des Turcs, sont descendus auplus has degre de la vie sauvage. Les Juifs, enlin, repousses, meprises par tonics les autrcs classes de la population, places dans l'crbclie sociale au-des- sous desesclaves, et ne pouvanl bo ire aux fonlaines publiques CONTRE ALGER. b85 qu'apres que le dornier dcs esclaves y a bu, sonl accables sous l'insulle et l'injiistice, ])lus qu'ils ne ic i'urent jamais au moyen age par 1'Europe inloleranle. Quelle gloire pom- la Frnnce, quel bonheur pour l'humanile, qu'une expedition deslineea I'aire cesser ce scandale de Pordre social, a empecher un chef de brigands de prendre rang- plus long-tenis parmi les souverains; Line societe formee pour le crime, de dominer plus long-terns sur vine nation et sur une vaste contree ! Quelle gloire pour la France, apres avoir I'endu la liberte a 1'Amerique, et donne ainsi une seconde naissance aux nations-modeles qui commencent a s'elever au dela de l'Atlantique, apres avoir soustrait la Giece au glaive sangui- naire qui menacait la tete de tons les Hellenes, de ramener la civilisation dans la patrie de Saint-Auguslin, de la planter sur un sol on elle prosperera rapidement, oi'i elle s'etendra, et qu'ellc couvrira bientot tout entier! Car tout ce magnifique pays qui s'etend du Zabara a la Mediterranee , et de l'Atlan- tique aux rives du Mil, tout ce pays, le plus riche , le plus prospere, le plus tranquille de l'empire romain, ce pays cou- vert de cites florissantes, d'oi'i quatre cents eveques se rendaient encore, au ive siecle , aux conciles d'AfVique; ce pays renai- trait au bonheur, a la richesse, a I'industrie, aux sciences et a la vertu, si les Francais -y portaient l'ordre et la liberie. Mais quoi, dira-t-on, encore une entreprise chevaleresqne ? Et e'est toujours la France qui se met en avant, qui sacrifie son sang, scs tresors, pour le bien commun de rhnmanite ! «Que de vceux ne forme-t-on pas depuis des siecles, dit 31 . do Laborde, pour que les puissances de la rhretiente se reunis- sent, se concertent, dans le but de detruire ces repaires de brigands, qui entravent les coiriinunications, paralysenl le commerce, et occupent sans profit un sol fertile.... Mais, s'il eut ete desirable de hater ce moment par le concours de tou- tesles puissances de l'Europe, quelle folie ne serait-cc pas a une d'clles de rentreprendre seule, et de se I'aire ainsi le champion du genre humain (p. /|'|-'|5) » . Gertes, je me per- niettrai, dans cede occasion . de tliflerer completemeut d'opi- »«/, DE L'EXP£D1TI0K nion avec M. de Laborde. Je i'ais des voeux pour que les puissances de la chretiente n'entreprennent jamais rien en coinuiun; j'ai pen de confiance dans la magnanimite des re- solutions que pourrait prendre eel auguste senat de rois ; j'en ai moins encore dans le conceit , le zele et l'habiletc qu'il inetlrait a les execuler. L'interGt direct pour les nations, comme I'inleret personnel pour les iodividus , l'emportera toujours sur celui des compagnies et des coalitions, toutes les fois qu'on aura besoin d'accord,de suite, d'activite et d'intel- ligeuce. Je dis l'interet, parce que e'est dV.n grand interct qu'il s'a- git pour la France; il s'agit, en eftet , du plus grand benefice qu'on puisse altendre d'une guerre, d'une conquete en mi'mo tenis et d'une colonie : l'une et ('autre les plus riches, les plus avantageuses qui aient ete offertes a l'ambition des hoin- mes. II s'agit de la conquete d'une region presque egale en etendue a l'Espagnc, situee sous le meme eiel, presque a la meme latitude, avec la meme abondance de belles eaux, les metnes productions, avec line fertilite de sol bien superieure, el sans les vents glaccs, si t'unestes a la Caslille ; il s'agit de la conquete d'un pays qui, comme I'Espagae, n'a reellemcnt de voisins que la France; car il n'a de l'ronlieres a garder contre aucun ennomi. Le royaume d'Alger n'est separe de Toulon que par cent trenle-cinq licues de nier, qu'une flotte i'rancbira en huit jours, des vaisseaux man-hands en trois jours, des vaisseaux de guerre en trente -six he u res, des ba- teaux a vapour en vingt-quatre he u res. Cette mer reunit les Elats, tandis que les hautes chaines des Pyrenees les separent. Ce sunt les centres d'activite commcrciale, et inlelligente , Toulon cm Marseille, et Alger, qui sont voisins , tandis que Ic voisinage de Roses et de Perpignan est sans importance. Le royaume d'Alger ne sera pas sculement unc conquete ; ce sera unc colonie, ce sera un pays ncul', sur lequel le sur- plus de la population et de l'aclivile I'ranraises pourront se repandre. Souvent dans des ealruls cconoiniques on a evalue |cs colonies Tort an dcla do leur importance ; on a represeulr COM'RE AfcGER. a85 Saint-Dominguc. pnr exemplc , qui ne valait pas le dixieme tic ce que peut valoir Alger, comme elant la source des ri- chesses de I'ancicnnc France. iMais , en comhattant cette er- renr. d'autres ont aussi trop rabaisse la valenr des colonies. Les vieilles nations de I'Europe, tout comme celles de l'anti- quite, out besoin dc debouches ou elles puissent verser lout I'excedant de population et de vie que cree en elles la civili- sation. Sans doute la France est assez etendue et assez t'ertile pour pouvoir nourrir deux fois plus d'habitans, employer deux Ibis plus de capitaux qu'elle n'en a ; mais la propriete est enchainee dans l'ordre actuel, la proportion entre les pro- duits et les besoins est reconnue, et ne saurait se changer sans soullYance. L'amclioration progressive de la France s'opcre , mais avec une ccrtaine lenteur, qu'il ne faut ni esperer, ni mcme desirer de voir changer, sous peine d'eprouver les per- turbations dc toutes les existences qu'eprouve avijourd'bui l'Angleterre. La France pourra employer un jour chez elle les talens, les capitaux qui surabondent; mais c'est nn fait qu'elle ne les emploie pas aujourd'hui, qu'elle les repousse, et qu'il en rcsulte un malaise universel dans l'etat social. C'est un fait que chaquc generation amene des milliers dc jeunes gens, deja inities dans les arts, dans le calcul, dans ['intelli- gence des affaires, qui demmdent de l'occupation , et qui n'en trouvent point , parce que toutes les carrieres sont rem- plies; c'est un fait que toutes les places que peut donner le gouvernement, que. toutes celles que peut donner le com- merce sont recherchees avec avidite; qu'il y a dans les pro- fessions savantes plus d'aspirans, que le harreau , que la fa- culte de mcdecine , que l'enseignement et que la presse n'en peuvent employer au service du public. C'est encore un fait que les manufactures, l'agriculture et le commerce ne re- compensent qu'imparfaitement 1'activite qu'on y emploie ; que la vcnte de tons les produits ou bruts ou ouvres est diffi- cile, que les marchandises, en prenant ce mot dans l'accep- tion la plus large, depassentles besoins du marche, ou la ca- paritc des achetenrs ; qu'cnfin les capitaux surabondent, en 28G I)E L'KXl'KDITION sorte quo l'Elat, inalgrc la ('rise politique on nous nous Irou- vons, inalgrc los clonics qu'on clove sur la volation du budget, Irnuvcrait u oniprunter a quatre pour cent , et que les negu- cians , les inannt'acturicrs , les proprictaires de lerre emprun- leraieni a plus bas prix encore, s'ils oll'raient d'egales so- re les. Toute cettc masse dc taiens, de connaissances , d'activitc et de capilaux que produit la France avec surabondance , de- inande impericusement de l'emploi ; tile le demaude pour le repos de la France ; car, taut d'aetivite non employee est une cause pciinanente de (roubles : elle le demande pour la prosperity future de la France ; car il laut, pour quo la France soit progressive, qu'elle puisse , a mesure qu'elle se deve- loppe, appeler de nouvcaux lalens et de nouveaux capitauxa son service ; et il faut , pour cola , que la creation de taiens et de capitaux surabondans nc soit pas decouragoe. Cbacun des grands Etats de PEnrope, la France seule ex- ceptee, a nn debouclie pour les hommes actii's qu'il prodnit avec surabondance. L'Angleterre a devant elle l'lnde, l'Aus- tralasie, la pointe d'AIViqne, le Canada et merae les Etats- Fnis; la Kussie a toute la Siberie, et ses couquetes sur la Tur- qnie et la Perse; i'Autricbe a des pays neufs dans ses pro- vinces esclavonnes, des pays asservis en Italic, et une part probable an demembrement de la Turquie. L'Espagnc, le Portugal, tant qu'ils out eu de la vie, ont eu des debouches en Amerique, et pourraient en avoir encore, malgro l'inde- pendance dc leurs colonies. La France seule se sent a l'etroit, resserree dans des frontieres qui nc peuvent s'etendre. Faut-il done qu'elle soit laissee en arriere par toiUes ses rivalcs ! On a suppose qu'une alliance avec la Itiissie aurait pu (aire regagner a la France quelques districts, ou, si 1'on veut, quel- ques departemens sur le lUiin (i) : changement dans la limite des Etats, qui aurait probablement allume une guerre gene- rale en Europe. Je ne sais trop oe que la Fiance aurait gagne tt) Ouvrtee f'f M. db LxrioBDR, p. iv. CONTRE ALGER. 287 en puissance, si elle avait detacbe quelques lambcanx do la Prusse rhenane; sfirement, du moins, elle n'aurait rien gagne en activite industrielle , elle n'aurait ouvert aucun einploi nouveau aux capitaux qui affluent a la Bourse , faute d'etre appeles ailleurs , aux capacities de cetle jeunesse si indus- trieuse, si active, si instruile, qui demande avec tantd'instancc du travail. Que PAfrique lui soit ouveite , au contraire ; qu'a deux 011 trois journees des cote's de France, un pays immense, dont les ncuf dixiemes sont sans proprietaires, un pays qui offre au choix les plus beaux climats de la Provence, de l'l- talie et de l'Espagne, ainsi que les climats et le ciel des An- tilles, appelle l'industrie francaisc; et elle s'y transportera avec empressement, elle creera en pen d'annees rabondance, la securile et le bonheur. L'Afrique a surtout besoin d'hommes qui pensent au profit de l'industrie el d'hommes qui la gaiv- i-iine autre nation, il est do sa nature de graiulir et de se fortifier sansccsse. La France, maitressc d'Alger, s'avancera plus rapi- 292 I>E L'liXPfiUITION dement encore vera I'cmpiic africairi que l'Anglelcrre vers relui de l'Inde, la llussie vers celui du nord de l'Asie; et il est dans 1'interet dcl'Europc que Ses progres soient, encffel, pro- portionnes a reux de ces deux colosses. Trois ans d'expe- rience ont montre le pen de succes que doit allendrc une escadre qui cntieprendnut le blocus d'Alger. Qn'on juge quel serait son resullat, si c'etait mtc armee francaise et non la mi- lice d'Alger qui se defendit dans ses murs, si c'etait la fiottc britannique qui, arrivaut de Plymouth, apres une navigation de 54o lieues marines, trouvat pour ennemis les deux rivages de la Meditcrranee, tandis que des cnsbarcations, parlies de Marseille on de Toulon, n'auraient que 1 35 lieues a faire pour trompcr sa vigilance. L'iNTERLr. On repete qu'il est trop contraire aux iuterets de 1'Angleterre que la France ait une colonic en Afrique pour qti'elle puisse Ic souffrir; et cependant je ne vois pas qu'on ait une seule tbis indique en quoi ces iuterets consistent. On a dit que 1'Angleterre, jalouse de la marine des petites puis- sances de la Meditcrranee, de celle surtout des Genois, qui pouvaient faire le cabotage a meilleur marehc qu'elle , avait vii avcc plaisir la pirateric des iJarbaresques ruincr cetle ma- rine, et re ml re les vaisseaux italiens moins surs pour le transport des marehandises. Cela est possible; mais c'est 1111 intcrel si petit, si honteux, qu'on n'ose le produireau grand jour, qu'aucun Anglais nc I'avoue, et que 1'Angleterre rougi- rail de faire la guene a la France, pour 1'empecher de de- truire la piraterie des Algericns. On a compare l'cxpedition d'Alger a celle d'Fgypte ; mais ce!le-ci fut enlreprise tandis (pie 1'Angleterre etait en guerre avcc la France et allicc aver la Turquie: d'aillcurs, le vrai motif de sa jalousie, c'est que la France s'ouvrait par l'Fgyple une route plus courte vers I'liide, qu'elle ne dissimulait pas que son but etait d'attaquer dans celt e conlrce I'cmpire brilannique, et que meme, en n'el- lec t want pas ecprojet, la civilisation de PKgypte aurait appele dans cct entrepot, par la mcr Rouge et la Mcdilen-anee, Iccom- CONTRE ALGEK. 39I mercc dc I'lnde, ct aurait fait aux Anglais eelte concurrence qu'on est eonvenu de regarder connne un dommage com- mercial. Mais le royaume d'Algcr lie menace par aucunc de ses fronticres aucunc possession anglaise, aucun allie de I' An- gleterre ; il ne fail rivalite a aucun de ses marches; et le com- merce nouveau qu'il ouvrirait en France avec l'AIVique cen- trale, le commerce immense qu'il ferait lui-memc de ses propres produits, quand il serait rendu a l'industrie et a la prosperite, augmcnlerait les relations commercials de I'An- gleterre, loin de les diminuer. On a dit encore que l'Angle- terre ne souffrirait point que la conquete d'Algcr coinpronnl son empire but la Medilcrranee. L'Angleterre attache, en effet, un grand prix au commerce qu'elle fait avec laTurquie, la nier Noire et les cotes d'ltalie ; elle a done voulu que ses fiottes pussent toujours le proteger sur la Medilerranec , qu'elles y fussent toujours rcdoutables, qu'en cas de guerre ses vaisseaux y trouvassent des asiles assures; qu'eulin les parlies plus etroites de cctte mer fussent plus parlieulie- rement soumises a son inspection. Par des depenses trcs-consi- derablcs, elle s'est assure la fortcrcsse de Gilbraltar, qui lui garautit tout au moins une entree toujours librc dans cetle met, par le detroit qui porte son nom. Elle s'est encore altribue la possession dc Maltc, nieme au risque, pour l'ob- tenir, de se faire accuser de manque de foi, parce que Malic etait un point d'inspection et de garde, sur la mer, compara- tivement elroite, qui separe la Sicile de I'Afrique. Nelson re- connut l'importance de ces deux points, lorsqu'il voulut iu- tercepler l'expedition d'Egypte. II senlit ineme la neccssile d'en obtenir un troisieme dans les mers de Grece , 011 la flotle de Bonaparte s'ctait derobec a ses rechcrehes. Aussi l'Anglc- terre a-t-elle ambitionne la protection des sept iles Ionicnnes, d'ou elle veille sur la Grece et sur l'Adiiatique, landis que 1'insolencc de ses a gens y a fait detester sou anionic peut-etre bienfaisailtc. Mais la possession d'Algcr rfajoulcrail pour elle aucunc garanlie a ccllc chaine dc posies qu'cllc rcgardc comuie •i94 DE L'EXPIiDITION iniportans; par cc molif, eMo ne donna point a lord Exnionlli 1'ordre de CODfJuorir cetlc ville, mats de la bruler. D'anlrc pari, Algol1, aux mains dcs Franeais, ne diminuerait en ricn la domination quo scs iloltcs s'arrogent sur la Mcditcrrance. Al- ger ne ponrrait servir a la France do point d'allaquc, ni con- Ire Gibraltar, ni contrc 3Ialtc, ni coatee Corlbu , ct n'empc- cherait point l'escadre brilannique de croiscr librement dans la haute mcr. En cas de guerre cntre la France ct l'Angle- tcrrc, la cote d'AIger scrait enncmie pour l'Anglctcrre, comma la cole de Provence; mais jamais l'Anglctcrre n'a compte sur l'amitie dcs Algerians j ou n'en a fait usage. L'Anglctcrre ne ponrrait intcrrompre la communication entre la France et sa colonic, non point parce que la cote d'Afriquc scrait hoslilepour clle , mais parce qu'en tout terns la nature l'a rendue dangc- rcuse , et qu'clle ne peut deja point y fairc slalionner ses vaisscaux. Enfin, l'occupation de Genes, de Livourne ou de Civita Vccchia par les Franeais, serait bien plus contraire. aux inlerets militaires ou commcrciaux dc l'Anglelerre que colic d'AIger. Rcste nn seid motif de mccontcntemcnt, la jalousie. La eonquete d'AIger et l'aJministralion prospcre de cc beau pays ranimeraient en France lc commerce, l'industrie ctl'es- prit d'entrcprise. Les manufactures franeaises travaillcraient bienlot avee UO renouvcllcnicnt d'ardeur pour cos noiivcaux sujots, pour dcs sujets dont lc nombro, la ricbessc ct les bc- soins s'accroitraient rapidement. La Franco tirorait d'AIger tous les produils que peuvent donner les climals de Fltalie ct dc l'Espagnc, joints a tous ccux dcs tropiqucs , joints a tons ceux du commerce dcs caravancs d'Afrique; et 1'cchangc ou- tre les marchandiscs dcs deux cotes, scparces par une naviga- tion de treis jours, scrait si prompt et si sur que la guerre ma- ritime elic-memc no. ponrrait pas I'iutcrrompre. La Franco prosporcrait ; mais d'abord osl-il bien sur que l'Anglctcrre on resscnlil line si basse jalousie '.' Est-il bien sur qu'cllo no vit pas, co que quelqucs-uns de scs minislrcs, M. Buskisson CONTRE ALGEIt. 2,,.-, nitre aulres, nc cesscnt ile proelamcr, qn'iui pays commer- cant s'enrichit par la prosperity des peoples avec lcsqucls il commerce , que la civilisalion d'Algcr ct les fruits qu'ni rc- cucilleraicnt les Franeais tourneraient indircctement an profit dc l'Angleterre? Est-il bien sQr que, jalouse comme telle puissance se monlre aujourd'liui de la Russie, elle rcdoulat un accroissemcnl de puissance de la France, sans lequcl celle-ci ne pourrait servir a l'aulre de contrepoids? Est-il bien sur qu'au moment 011 le minislere anglais recherche 1'al- liance de la France il osat avouer qu'il s'«qq)Ose a tout ce qui lournerait au profit des Franeais? S'il professait de tels senti- mens, comment pourrait-il compter sur Palliance qu'il de- sire? Dans tons les cas, jamais, nous le croyons, un minislere franeais n'au rait la bassesse de flatter la jalousie des ennemis de la France. Deja cette France peut demander a son minis- lere un comptc severe d'une guerre cntreprise sans l'assenti- ment national, etdont les preparalifs, imprudemment preci- pites, lui causeront peul-clre beaucoup de cbarges inulilcs. Mais ses accusations seraient accablantes, si la vicloirc sur laquelle elle a droit de compter demeurait infructueuse ; si la conqnele qu'elle acbelcra de ses tresors et de son sang etail bassernent sacrifice a la jalousie dc l'Angleterre; si l'honncur national aussi-hien que la prosperity du pays elaient com- promis par la vicloire, plus encore que par la defailc. La France doit veiller, elle veille, a ce que la guerre cntreprise Centre des forbaus ne soit pas tournec contre leurs innocen- tes victimes; a ce que les drapeaux franeais soient un objel dc tcrrcur pour le dey et ses brigands, mais de confiance el d'esperance pour les Maures ; a ce que le pays 011 elle porte ses amies soit menage, comme un pays dont elle se reserve la propriete; a ce que Ic soldat nc detruise pas pour detruire, ne tue pas pour tuer, mais qu'il epargne, pour la France, les homines qui deviendronl ses freres, les choses qui fonderont nvce leur prosperite cellc de son pays; a ce qu'enfin la :uf> DE [.'EXPEDITION GONTIVE ALGER. guerre qui ravage s<»it sans ccsse modem- par I'espril deeon- qucto t|tfl veul fonder, rcslauror, vivilier pour 1'avciiir. Tclie cSI la tache , la vraic tficlie quo la France impose ;i son minis- tcro, en lui laissant encore, quoiquc sans confiancc en lui, disposer de son sang et de ses trosors. Malheur a lui, s'il la ncgligeait, au niepris des intercls de la patrie et de ceux de rhuinanile ! J. C. L. de Sismondi. 1830. a LIBRAIRIE DE SEDILLOT, EDITEUR-COMMISSIONNAIRE, Rue de 1 Od£on , N 30 , a Paris. LIVRES DE FONDS. REVUE ENCYCLOPEDIQUE , ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUAELES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS ; Par une reunion de membres de l'lnstitut et d'autres hommes de lettres ; publiee par livraisons mensuelles , de quatorze feuilles d'impression chacune. Onze anne'es He succes progressifs ont constate l'litilite' Je la Revue En- cyclopedique. Fondee a une epoque ou les journaux e'taient prcsque ex— i-lusivcmcnt consaeres aux debats journalicrs d'une politique inquiete , elle vint , la premiere en France , repondre aux voeux des hommes e'claires , en naturalisant chez nous l'imilation de ces recueils ce'lebres de 1'Angleterre et de l'Allemagne oil sont ttaite'es les hautes questions de la litterature et de la philosophie, et ou les productions les plus remar- quables sont aualysc'es par des e'crivains judicieux. La Revue Encyclopedujue comprend quatre grandes divisions : I. Memoires et Notices. (*) II. Analtses d'owrages , divisees en trots classes : i° Sciences physiques et naturellcs et arts industricls ; 2° Sciences morales, politiques et historiques ; 3° Litleraturc et Beaux- Arts. III. Bulletin bibliographique, contenant des annonc.es raison- . nees d'un grand nombre d'oiivragcs nouoeaux , classes par pays , et dans chaque pays par ordre de. sciences. IV. NoCVELLES SCIENTIFIQUES , INDCSTRIELLES ET LITTER-AIRES. Trois cahiers forment un volume d'environ 700 ou 800 pages ct au-dela. Chaque volume , comprenant un trimestrc , est suivi d'une Table alphabetique ct analytiquc des matieres , lellement disposee qu'on peut rapprocher et comparer a volonte , soit I'e'tat des sciences et des elemens de la civilisation dans chaque nation , soit les nations elles-memes , sous les differens rapports sous lesquels on a cu l'occasion de les considerer. La collection des donze cahitvs de chaque annce forme une sorte d' ' Annuaire^scientifique , industriel ct litteraire ( en 4 forts vol. in-8° ) , tout-a-fait independant des annees qui precedent et de celles qui suivent. Par semestre, par anne'e. Pour Paris 26 fr. ^6 h. Pour les departemens 3o 53 Pour l'etranger 34 60 LE PIRATE, RECUEIL DES MEILLEURS ARTICLES PUBLIES DANS LES JOURNAUX FRANCOIS ET ETHANGERS. Li/terature. — Sciences. — Beaux-Arts. — Industrie. — Thc'd- tres. — Cours publics. — Tribiuiaux. — Modes. Le Pirate paratt chaque dimanche , depuis le ier septemhre 1829, par numero de quatre feuilles in-4", grand papier vehn ( 3 ) ) losophic au college royal tie Bourbon; 2C edit, i vol. in-8°.. Prix 7 fr. OEUVRES DRAMATIQUES DE J. W. GOETHE , traduites de l'allemand ; precedees d'une notice biographique et litte— raire , par Albert Strapfer; 2e edition. 4 vol. in-8°, papier satine. Prix de chaque volume 3 fr. 5o c. OEUVRES COMPLETES DE THOMAS REID , cbef de l'ecole ecossaise , publiees par M. Th. Jouffroy, avec des fragmens de M. Royer-Collard el une introduction de l'editeur. L'ou- vrage aura six volumes. Le prix de chaque livraison de deux volumes est de. . i4 fr. PROVERBES DRAMATIQUES, par Theodore Leclercq; cin- quieme edition. 6 vol. in— 8°, dont un inedit, sur papier su- perfin des Vosges , satine 3t) fr. Le sixieme volume a ete imprime separement pour completer les premieres editions. Prix 7 fr. Les memes , sur papier jesus velin satine , 7 vol. in-18 , dont uu inedit 28 fr. Le volume inedit se vend separement 4 fr- HISTOIRE DE LA CONQUETE DE L'ANGLETERRE PAR LES NORMANDS ; par Aug. Thierry; 20 edition , augmentee et enrichie de quatre cartes geographiques. 4 v. in-8°. 28 fr. On joint a cet ouvrage huit dessins lithographies representant la fameuse tapisserie de Bayeux. Prix 6 fr. LETTRES SURL'HISTOIRE DE FRANCE; par Aug. Thierry, auteur de l'Histoire de la Conquete de l'Angleterre. Prix 7 fr- 5o c- HISTOIRE DES GAULOIS ; par Afiiedee Thierry. 3 volumes in-8" 2I fr- DE L'EDUCATION PROGRESSIVE ; par madame Necker de Saussure (premiere partie). 1 vol. in-8". Prix 7 fr. TRAITE DE LEGISLATION , ou Exposition des lois generales Miivant lesquellcs les peuples prosperent, deperissent 011 res- ( '7 ) tenl stationnaires ; par Charles Conitc , avocat a la tour royalc de Paris, professeur de droit a l'academie de Lausanne, au- teur da Censeur europeen. 4 vol. in-8°. Prix 32 fr. HISTOIRE DE LA CONTRE-REYOLUTION EN ANGLE- TERRE SOUS CHARLES II ET JACQUES II , par Ar- mand Carrel, i vol. in-8°. Prix 7 fr. FRAGMENS PHILOSOPHIQUES; par V. Cousin, i vol. in-8". Prix 7 fr. 5o c. PHYSIOLOGIE DU GOUT , ou Meditations de Gastronomic transcendantc ; ouvrage dedie aux gastronomes parisieus , par un professeur; 2e edit. 2 vol. in-8°. Prix ... i^ fr. ESSAI SUR L'HISTOIRE GENERALE BU CHRISTIA- NISME ; par Charles Coquerel ; 2e edit. In-8°. Prix. . 6 fr. HISTOIRE DU SOULEVEMENT DES PAYS-BAS , sous Phi- lippe II , roi d'Espagne ; traduite del'allcmand de F. Schiller, par M. Ie marquis de Chatcaugiron. i vol. in-8°. ... 12 fr. OEUVRES INEDITES DE PAUL-LOUIS COURRIER. 2 vol. in-8°. Prix .* .' i 1 4 fr. MELANGES DE MORALE , D'ECONOMIE ET DE POLI- TIQUE , extraits des ouvrages de Benjamin Franklin , et pre- cedes d'une notice sur sa vie ; par A. Ch. Rcnourd ; 2e edit. 2 vol. in-18, ornes d'un portrait et d'un facsimile . . 5 fr. MEMOIRES SUR LA VIE DE BENJAMIN FRANKLIN , ecrits par lui-meme , traduction nouvelle , ornee de deux por- traits. 2 vol. in— 18. Prix 6 fr. PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE , tra- duits de la Science Nouvelle de J.— B. Yico, precedes d'un discours sur le systeme et la vie de rauteur ; par M. Mi- chelct , professeur d'histoire au college de Sainte-Barbe. 1 fort vol. in-S". Prix j ff. OEUYRES COMPLETES DE BEAUMARCHAIS , pYeccdfc'es d'une notice biographique et lilter.iire ; nouvelle edition. G vol. in-8°. Prix 33 fr. ( '8) LETTRES SUR LES REVOLUTIONS DU GLOBE; par A. Borlrand , doctcur de la faculte de medecine dc Paris , ancien clcvc de l'Ecolc Poly technique. 3° edition , considerablemcnt augmented, i vol. in-8°. Prix 4 fr. HISTOIRE CONSTLTUTIONNELLE DE L'ANGLETERRE; par Hallam, tradtiction revue et publico par M. Guizot. 5 vol. in— 8°. Prix de chaquc volume 7 fr. L'EUROPE AU MOYEN AGE , traduit de 1'anglais de H. Hal- lam , par MM. Dudouit et Burghers. 4 v. in-8°. Prix. . 28 fr. CATECHISME D'ECONOMIE POLITIQUE , ou Instruction familiere qui montre de quelle faeon les richesses sont pro- duces , distributes et consommees dans la societe ; avec des notes en faveur des personnes qui veulent approfondir da- vantage les principes de cette science ; 3e edition , revue par l'auteur, etenrichie de nouveaux developpemcns ; par Jean- Baptiste Say, auteur du Traite d'Economie politique. 1 vol. in— 12, broche. Prix 2 fr. 5o c. traite d'Economie politique ; par j.-b. Say. 3 vol. in-8°. Prix 18 fr. COURS COMPLET D'ECONOMIE POLITIQUE PRATIQUE ; par J.-B. Say. 6 vol. in-8°. Prix de chaquc vol. 6 fr. 5o c. THEATRE D'EUGENE SCRIBE , dedie par lui-meme a ses collaborateurs , MM. Dclestrc-Poirson , Delavignc , Mcles- ville, Dupin, Mazeres , Moreau , Imbert, Varner, Saintinc, Brazier, Francis, de Courcy, Justin, Brulay, Saint-Laurent et Saint-Georges. 8 vol. in-8n. Le prix de chaquc volume , contenant huit ou dix pieces , ou 45o pages environ , imprime sur tres-bcau papier fin satine , est de 7 fr. OEUVRES COMPLETES DE MIRABEAU, precede^ d'uuc notice; par M. Merilhou, avocat. 9 vol. in-8". Prix. 63 fr. ( '9) AGES DE LA NATURE ET HISTOIRE DE L'ESPECE HUMAINE ; par feu le comte de Lacepedc. 2 volumes in-8°. Prix 1 2 f r . HISTOIRE ROMAINE DE M. B. G. NIEBDHR ; iraduit de l'allemand sur la 3e edit. , par M. P. A. de Golbery, con- seillcr a la cour royale de Colmar, correspondant de l'Institut (Academie des inscriptions et belles-lettres), etc. 2 volumes fo-fc , i5 fr. HISTOIRE U1VIVERSELLE DE L'ANTIQUITE ; par Fr. Chret. Schlosser, eonseiller intime et professeur a l'universite de Heidelberg, traduit de l'allemand, par M. P. A. de Gol- bery, eonseiller a la cour royale de Colmar, cbevalier dc la legion d'honneur ; correspondant de l'Institut (Academie des inscriptions et belles-lettres ) , etc. 3 vol. in-8° 21 fr. HISTOIRE CRITIQUE DU GNOSTICISME , et de son in- fluence sur les sectes religieuses et philosophiques des six premiers siecles de l'ere chretienne ; par M. J. Matter. Ou- vrage couronne par l'Academie des inscriptions, et belles-let- tres. 2 vol. in-8°, avec un cahier de planches lithographiecs. Prix 18 fr. IDEES SUR LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE DE L'HU- MANITE , par Herder; ouvrage traduit de l'allemand, et precede d'une introduction ; par Edgar Quinet. 3 volumes in-8° 21 fr. OEUVRES COMPLETES DE DESCARTES , publics par Victor Cousin , professeur-suppleant de philosophic moderne a la faculty des lettres de l'Academie de Paris , maitre de con- ferences a l'ancienne Ecole Normale. 1 1 vol. in-8°, avee 44 planches go fr. M. Cousin doit encore publier, pour completer cct ouvrage, un Dis- cours sur la philosophic carte'sienne ; cc volume sera orne' d'un trcs- bcau portrait de Drscarlcs. ( ¥ ) DUGALI) STEWARTi Esquisscs morales , traduites de l'an- glais sur la quatricmc edition , par M. JouflVoy, c.ncicn cli've dc l'Ecolo Normalc , ct maitrc dc conferences a la nieme ccole , avcc mi diseours prcliminaire du Iraducteur. i volume iu-8'. Prix. 6 fr. DUGALD STEWART. Essais philosophiqucs sur les systemes dc Locke, Berkeley, Priestley, Home -Took, traduits de l'anglais par M. Cli. Hurct. i vol. in-8'\ Prix 6 fr. OEUVRES COMPLETES DE M. LE VICOMTE DE CHA- TEAUBRIAND , pair de France , membre de I'Academie franchise , ornees d'un portrait d'apres Girodet. 28 volumes in— 8*, imprimes sur carre fin des Yosgcs. Prix de cnaque vo- lume 7 fr. 5o c. HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE de la maison de Valois, 1 334 — T 477 » Par M. ^e Barante , 4e edition. i3 vol. in-8°. Prix 84 fr. TABLEAU DE LA LITTERATURE au dix-huitieme sicclc ; ])ar M. dc Barante, pair de France, 4" edit. 1 vol. imprime sur papier superfin. Prix 7. ' Par la poste 8 fr. DES COMMUNES ET DE L'ARISTOCRATIE ; par M. de Barante. 1 vol. in-8°. Prix 6 ir. Par la poste 6 fr. 5o c. MELANGES HISTORIQUES ET LITTERAIRES; par M. Vil- lemain. 3 vol. iu-8" ou 6. vol. in— 18 , papier fin satine, ornes de dix portraits et d'une carte. Prix 27 fr. BIOGRAPIIIE UNIVERSELLE ancienue et moderne , 011 His- loire publique et privee de tous les homines qui se sont fait remarquer par leurs ecrits , leurs actions , leurs talcns, etc. ; par une societe d'hommes dc lettres. 5a vol. iu-8", sur papier carre fin l\ 1 o fr. ORIGINE DE TOUS LES CULTES; par Dupuis. 7 volumes in-8° et alias. Prix Go fr. ( 21 ) P71 OEUVRES COMPLETES DE MADAME LA BARONNE DE STAEL, publices par son fils ; precedees d'unc notice sur le caracttre et les ecrits de madame de Stael , par madame de Neckcr de Saussure. 17 vol. in-8". Prix 102 fr. HISTOIRE DE LA POLQGNE , avant et sous le roi Jean Sc- bieski ; par N.-A. de Salvandy. 3 vol. in-8° 21 fr. MANUEL HISTORIQUE du systeme politique des etats de l'Europe et de leurs colonies , deptu's la decouverte des deux Indes ; par M. Heeren ; traduit de l'allemand sur la 3e edit. 2 vol. in— 8°. Prix br 10 fr. OEUVRES COMPLETES DE ROLLTN , nouvelle edition , ac- compagnee d'observations et d'eclaircissemens bistoriques ; par M. Letronne. 3o vol. in-8° avec atlas. Prix 192 fr. Le meme ouvrage , papier velin superfin 384 fr. On vend separement l'Histoire Ancienne, formant 12 vol., 72 fr.; le Traite des Etudes, 4 v., 24 fr.; et l'Histoire Romaine, 1 3 vol., 78 fr. : l'atlas coute 12 fr. HISTOIRE DES EMPEREURS ; par Crevier. 9 vol. in-8° et atlas. Prix 54 fr. Lc meme ouvrage, papier velin superfin 108 fr. Cette edition fait suite aux OEuvres de Rollin , revues par M. Letronne. HISTOIRE DE LA REVOLUTION FRANgAISE ; par Tbiers. 10 vol. in-8°. Paris , 1829. Prix 70 fr. HISTOIRE DE LA REVOLUTION FRANgAISE, depuis 1789 jusqu'en 1814 ; par Mignet. 2 vol. in-8° etune plancbe reprcsentant la constitution de Sieyes. 4e edit. Prix. . . i4 fr. HISTOIRE DE LA REPUBLIQUE DE VENISE; par M. P. Dam, de l'Academie Francaise ; 2e edit. 8 gros vol. in-8°, avec carles. Prix , br 68 fr. Le meme ouvrage , 3C edit., 8 gros vol. in-18, grand raisin , avec carles. Prix • 36 fr. HISTOIRE DE BRETAGNE ; par Darn , de l'Academie Fran- ( «■ ) Caite. 3 vol. in-8''. Paris , 1827. Prix 18 f 1 . Papier velin 36 fr. NOTIONS STATISTIQUES SUR LA LIBRA1RIE FRAN- CAISE ; par M. 1c comte Darn. 1 vol. in-4°. Paris, 1827. Prix 4 5o C. HISTOIRE LITTER AIRE D'lTALIE ; par Gingucne, a* edit. g vol. in-8". Prix 63 fr. HISTOIRE DES REPUBL1QUES ITALIENNES ; par M. Si- monde de Sismondi. 16 vol. in-8°, nouv. edit. Prix. 1 12 fr. HISTOIRE DES FRANCAIS; par M. Simonde de Sismondi. 12 vol. out deja paru. Prix g3 fr. HISTOIRE DES CUOISADES ; par M. Michaud , memhre de l'Academic Francaise ; 4° edit. 8 vol. in-8°. Prix. ... 64 fr. HISTOIRE D'ESP AGNE , depuis sa premiere periode jusefu'a la fin de l'annce 1809 ; par John Bigland, trad, de l'anglais. Ouvrai^e revu et continue jusqu'a Pannee 1 81 4 ; par le eomtc Mathicu Dumas. 3 vol. in— 8", avec uue grande carte ct unc notice gcographique ; par Bory de St. -Vincent. Prix.. 20 fr. COLLECTION DES MEMOIRES RELATIFS A L'HISTOIRE DE FRANCE , depuis la fondatiou dc la monarcliie francaise jusipi'au trciziemc siccle ; par M. Guizot. 3i volumes in-8". Prix 19?. fr. HISTOIRE DES EXPEDITIONS MARITIMES DES NOR- M \NDS EN FRANCE ; par M. Depping. 2 vol. in-8". 12 fr. OEUVRES COMPLETES DE VOLNEY. Seconde edit. 8 vol. in-8", avec carles el planches. Prix, hrochc 64 fr. La premiere edition , puhliee peu de lems nprcs la mort de l'auteur, a etc promptement epuisce ; la seconde a etc mise en vente en 1825-1826. On vend separement : VOYAGE EN EGYPTE ET EN SYRIE. 2 vol. in-8". Paris, 1825. Prix 16 IV. ( 23 ) LES RUINES , ou Meditations sur les Revolutions des Empires, i vol. iu-8° 8 fr. ALPHABET EUROPEEN , applique aux langucs asiatiqucs. OuVraere necessaire a tout vovageur en Asie. Prix. ... G fr. L'HEBREU SIMPLIFIE par la melhode alphabelique. Prix 4 fr. OEUVRES PHILOSOPHIQUES DE LOCKE; nouvelle edit., revue et augmentee de notes ; par M. Thurot. 8 vol. iu-8°. Prix , broches 4^ ^^• LA MORALE ET LA POLITIQUE D'ARISTOTE , traduites du grec par M. Thurot , professeur au college de France. 2 forts vol. in-8™, ornes de 2 portraits d'Aristole. Prix 20 fr. DISCOURS SUR LES REVOLUTIONS DU GLOBE, ET LES CHANGEMENS DANS LE REGNE ANIMAL ; par Cuvier. 1 vol. in-8. Prix 7 fr. 5o c. DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRAN- CAISE , avec le latin et les etymologies , etc., par Boiste ; sep- titine edit. , revue , corrigee et augmentee. 1 fort vol. in— 4". Prix 27 fr. LA FRANCE SAVANTE ET LITTERAIRE , ou Dictionnaire BiLliographique des savans , historiens et hommes de lettres de la France , ainsi que des litterateurs qui , a l'etranger, ont ecrit en francais , depuis 1700 jusqu'en 1826 inclusivement , accompagne de notices litteraires, historiqucs et Libliograplu- ques ; par J. M. Querard. 5 gros vol. in-80, de 600 pages, im- primes en petit texte et en nompareille, a deux colonncs. Prix de ehaque vol 1 5 fr. Sur papier colle 18 fr. Cet ouvrage , resultat d'un immense travail , sera aussi utile aux litterateurs et bibliophiles qu'aux libra ires cux-memes : il pa- raitra en 1 2 livraisons , chacune conrposee d'un dcmi-volume : les cinq premieres sont en vente. OEUVRES COMPLETES DE MADAME DE GENLIS. 84 vol. in-ia 2^2 fr. tH) OEUVRES COMPLETES DE PICARD , mxaahte dc l"Aca- demit: Francaise. 10 vol. in-80 avec portrait. Prix.. . 5o fr. OEUVRES COMPLETES D'AL. DUVAL , membre de 1' Aca- demic Francaise. 9 vol. in— 8° avcc portraits. Prix. ... 4° fr- TABLEAU DE LA LITTERATURE FRANQAISE AU SEI- ZIEME STECLE ; par Chasles et Girardin. Ouvrage qui a remporte le prix decern e par l'Acadcmie Francaise. i vol. in-8°, 1829. Prix 6 fr. HISTOIRE DE LA LITTERATURE Ancienne et Modernc ; par Schlegel. 2 vol. in-8°. Prix i4 fr. REPERTOIRE DE LA NOUVELLE LEGISLATION CI- VILE, COMMERCIALS ET ADMINISTRATIVE, ou Ana- lyse raisonnee des principcs consacres par le Code Civil , le Code dc Commerce et le Code de Procedure ; par les lois sur le Conlentieux de l'administration ; par les decrets et ordon- nances qui s'y rattaclient , et par les arrets qui en out fixe l'ap- plication ; par M. le baron Favard de Langlade , et par d'au- . tresmagislrats. 5 vol. in-4°de 800 pag. cliaque. Prix. 90 fr Commissions pour la France et Tetranger. — Nouveautcs. — Abonnc- mans a tous les journaux. — Livres anciens et modernes. — Catalogues de bibliotheque , etc., etc. On peut e'galemcnt s'adrcsser a M. Sc'dillot pour sc procurer les divers OQvrages c'lrangers, anglais, allemands , italiens , russcs , polonais, hol- landais , etc., ainsi que les autrcs productions de la lltteraturc etrangcrc. IMPRIMERIE DE DONDEY-Dl rr.E HUE SAINT-T.Ol'lS, K°46, AU MARAIS. m Aix academies et Atjx socitTES 9AVAKTES de tous let pays. Les Academies et Ics Soci^tiss savaktrs kt d'ctimtiS publiqub , francaiscs et errangires , sont invitees a fairc parvenir exactement , francs de port, aa Dirccteur de la Revue Eney ctopt idique, rub b'Enfku -saixt- Miciisr,, h° lS, les comptes rendtis de leurstravaux et les programmes des prix qu'elles proposent , afin que la Revue puissc les faire connaitre le plus promptemcnt possible a see lccteuns. ACX EDITEURS D'otJVRAGES EX AXJX LIBRAIRES. MM. les Editeurs d'ouvrages periodiqnes , francais nt etrangers, qui desireraient echanger leurs recueils avec le notre, peuveut compter sur le bon accueil que nous ferons a leurs propositions d'echange , et sur une prompte annonce, dans la Revue, des publications de ce genre et des autres outrages , nouvellcment publics . qu'ils nous auront adiesses. Arx EDITEURS DES RECTJEIES PERIODIQTJES, EN ANGLETERRE. MM. les Editeurs des Recueils periodiqnes publies en Angleterre sont pries de faire remettre leurs numcros a M. Rolahdi , a Londres , n° 20, Uerncrs-street, Oxford-street, qui leur transmettra, chaque mois, en echange, les cabiers de la Revue Encyctopediquc, pour laqnelle on peut aussi souscrire chez lui, soit pour I'annee courante , soit pour se procurer les collections des annees anterieures , de 1819 a i829inclusivement. ACX LIBRAIRES ET AEX JEDITETJRS D'OTJVRAGES, EN AL1EMAGBE ET EN ITALIE. M. Ziacfcs, libraire a Leipzig, et M. G. Piattj, libraire a Florence, sont charges de recevoir ct de nous faire parvenir les ouvrages publics co AUemagne et cd Italie , que MM. les libraires, les editeurs et les auteurs dcsireroat fairc annoncer dans la Revue Encyctopedujuc. Toes les ouvrages annonces dans la Revue se tiuuvent chez Ssdimot, Libraire, rue de l'Odeon, n° 3o. COXDPTIOXS DE T,A SOUSCRIFTIOX. La Ttcvue En par cahiei-s de iaa i4 feuflte»d'iinpre»$io«. Tj lume, lermine par \ue el alplmLdiiqae dcs mad, Chaqn. independatHe dc^annees pncedcntes, ct oflre une soite d'Annuairo tctcnlifiquo et litlerair^, erv4 volumes in-8". Prix e'e I'Jfjonnemcnl. A Paiis i<\ Fr. pour un an ; »G fr. pour six mois. Dans les departemens. 53 A 1'elranger Go ~>i Eo Anglelerre y'5 4^ A paith du i" Janvier ou du icr juillct. Le monta.it do la souscription , envoye par la poste, doit £tfe ' d'avance, fhanc dk poaxvainsi epic la coirespo'ndance , an Diret la Revue Encyclopedi/jae, rue (FEnfer-Saint-Mieliel, n" )S. G'est a la mOme adiesse qn'on derra envoyer les ouvrages de tout genre et les gravities qu 'on voudra f'aire annoncer, ainsi que les articles dont on dusiicra I'iii- seition. On souscrit aussi & Paris, chctles libraire* ci-apres; Tiuicttel et WOnTr., rne de Bourbon, n° 17; Gbablks Bschet, qtiai des Augustins, o° 55 ; Rry et Gbaviei, quai des Augustirss, n° 55 : A LA Gal.BBIB Dl BoSSAHGE ptl! Fiorst, rui iilte, w 1a ; J. Rkkooass, rue de Tournon, 1 On souscrit aussi cbez tons les Dirccteurs de? ; ostes. et ehezles prin- cipaux Lib takes, dans les depaitemeas, et da ,ies. Libraires chez Icsqucls oh souser'd dans les rAY^ETRAXCER*. Amsterdam, DelacLaux. Anvent, An« Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin , ■ Jhrnc, Clias; - 11 res la u , Key< din-Sailly; — D< mat ; — 1 .ie ; — Libra'.i ie parisieace, fiai. Florence, Pictti; — 1 ieusscux. Fraticfort - sur - Main, .1 , Gberbaliuz; — Barbezat ilaruc. Lalfayr, leg {Veres Lr.:.gei.buysen. I. a 11 fan 1 ; — CZirges. 1. ' ml Martin. li: — Dulati et C«; - ei Warts'; — | Bussonge, Bartbez, Lon ell et 0. Madrid, JJennee; - — Peres. Mankelm , Aitaiia et Fontaine. Milan, Qiegler; Yismara ; Cucca. I c Uoux. , eel fi!s. el ; — Marotta et i.is),T!ioisnier- ' on don. . Jourdau; — A. L Palcrrr" donne et Md- Pelcrsbourg, F. Bellizard et Cil; — GiaelV; — Plucbart. Rome, de Kobiaois ; — Merl Sittttgarl et Tubinguc, Cotta. Turin, Bocca. f'arsoiie, Glurksberg. ricv.nc, old ; — Scbauwbonrg ; — Scbalbachef. DC TLAsJAN ET Cr", f.lE OZ VAI'CIBAUD. tf Tome II. — 1 83o. ae 3e LIVRAISON. REVUE EWCYCLOPEDIQCE ; ov ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS? PAR L'XE REUNION DE MEJORES DE t'lNSTJTtT ET d'aUTRES HOMMES DE LETT&ES. A PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ENCYCLOPED1QUE, Et chez SEDILLOT. lIeba.ibe, bee »e Looiox, k° 3o; ARTIIUSBERTRAND, bub HAurEMum.i.B, n« »3. MAI 1830. NOMS DES GOLLABORATEURS ET DES CQliRESPOflDANS, FRANgAIS ET ETRANGERS. l" Pour le9 Sciences physiques et mathematujues et les Arts mdustrkls: MM. Bailly de MBEUBtn, Casabeca, de Madrid; Ch. DoriB, Gihahd, Navies, de l'lnstitut ; J. J. Bauds, Dubrobfaut, H. Dussabd, Fwhby, Fbabcg*cr, Ad. Gobdirbi ; D. Lardrbr, de Londres; A. Micbelot, de Mortgery, Moheao de Jorbss; QoKtEtET, de Bruxelles; T. Richabd; Warden , dcs Jiltats-'Unis d'Amerique, etc. a<> Pour les Sciences naturelles : MM. Fiodrrns, Gkoffroy Sairt-Hilaibb, de l'lnstitut; BorydbSairt-'V lHCEiiT, con e&pondantde l'lnstitut; Mathibu Bobafous, de Turin; B. Gaillok, de Dieppe; Isidore Gsoffboy SairT' Hilaibb, Huot, etc. 3° Pour les Sciences medicates : MM. Damiron,G.-T. Dwb, Feaa*», Gasc; Gersok., de HambGFurg ; ©b Kircxhoff, d'Anvers; Loys»s; Ei- cotLOT fils, d'Amiens, etc. 4° Pour les Sciences pliilosophiquet -et morales, politique*, giograpkiqua et historiques : MM. M. A. Jullibr, de Paris, Fondateur-Directeur de la Revue Encyclopidique; Ahth. Bbugrot, Ad. Blarqci; Alex, de la Bobdb, Jomard, de l'lnst. ; M. Avkrex, Barbie do Bocage fils, Bebjauir Cons- tabt,Ch. Cohte, Dbpping, Dufau, Duboybr, Gcigriaut, A. Jalbebt, J. L*»ouBMrE, LAirrcnrAis, P. LaUi, Isidore Lreror, Lesoeur-Mbblir, Magmas, Albbbt-Mortbmort, Eusebb Salvbbtb, J.-B. Say; Simordb db Sismordi , de Geneve; Warr&cerig, de Liege, etc.; Dupih aine; B Seville, Bolxhbhe-Lbfbb, Parbrt-Real, Ch. Rbbouard, Taillahdieb, avocats, Vidaurrb, du Perou, etc. 5" Pour la Ltiterature francaise et itrangere, la Bibliographic, VAreheo- logie et les Beaux-Arts : MM. Ahdhibbx , Amaury-Dbval, Emkeic David, Lkuercier, dbSeguh, de l'lnstitut; Ardrieux, de Limoges; M""1 L.-Sw. Belloc; MM. BuaBOOF fils , Chauvet; Chiaribi , de Varsovie; P.-A. Goupib , Fb. Degeobge, Dumbrsar; Eo. Gaottier-d'Arc ; Ph. Golbkby, correspondaut de l'lnstitut; Leqh Halbvy, Hebricbs, E. Herbal-, AufiusTE Jollier fils , Bebraid Jolurr; Kalvos, de Zante ; Adribb- Lafasce, J. V. Leclerc, A. Mahul, Mobclavb; Mobxard, de Lau- sanne ; C. Pagabbl,H. Patib, Arselub Pbtktib, Pobgervilui, db Rbif- vbbbbrg; dk Stassart, de Bruxelles; Fb. Sacti, Scr-rttzlsr, SaaVAit si Sbcry; LbobTbhsss, P. F.Tissot, "Vic dub, Ysmm, etc. *07 STATISTIQUE DES MALADIES PESTILENTIELLES ; RAPPORT Au Ccnscil superlcur de sante Sur LES IRRUPTIONS ET LES PROGUES DES MALADIES PESTILENTTELLES, Pendant I'annec 1829 (1). J'ai Pbonneur de rend re comple au Conseil des resullals qu'offrent les documens o.Ticiels qui lui out etc communi- ques, et qui font connaitre les irruptions et les progres des maladies pestilentielles, pendant I'annec 1829. L'insuihVauce de ces documens, a quclques -egards, m'a force de rccourir a plusieurs autres sources d'information, dont j'ai obtenu des renseignemcns egalement authentiqucs. I. La Peste, favorisee par les occurrences de la guerre ■d'Orient, s'est propagee, en 1829, sur plusieurs points du littoral de la mer Noire. Elle exislait, au mois de jui'let, a Varna, dans les environs d'Ode&sa, et a bord de plusieurs vaisseaux de l'escadre russe. Elle penetra memc dans la ville d'Odessa ; mais des mesures severes bornercnt bientut se$ (1) Cc Rapport, fait reccmment au Conseil supericur de sar.te du ruyaumc, par M. Moreau de Joknks, l'un de scs me nib res, contient line seiie de faits incdits dont la connaissance est puisee aux sources offi- cielles, ou acquise par des documens authentiqucs. II est a regielter que ies rapports precedens n'aient pas etc publics; ils fourniraient sur eelte importance matierc des indications positives cl d'ntiles maleiiaux. '9* *$8 STATISTIQUE ravages, et nc (ardcreni pas a Its arreter. Toutefois, une se- condc invasion cut lieu, six semaines apros Ic terme do la premiere, el -rendit de nonvcaux efforts necessaires pour on etouffer le germc. "Vers la fin d'aodt, la peste so manifesta a Sevastopol , qui est le grand arsenal maritime de la llussie, dans la mor Noire. Elle Cut communiquee aux liabitans, par leurs relations avec les vaisseaux dc guerre, qui en etaient infeclcs. L'existence de la contagion fut d'abord vivement contestee, et beaucoup de medecins se rangerent parmi les incredulcs ; niais les progres du mal dissiperent tous les dou- tes. Denx cordons de troupes furent formes autour de la ville, ct empecberent la maladie de sc repandre dans l'inte- rieur de la Crimee. On se rappelle que, l'annee passee, tout l'equipage d'une barque de Cepbalonie ayant etc attaque par la peste, a la suite d'une communication avec un vaisseau turc, il fut sou- mis, par tfn medeoin anglais des Iles-Ioniennes a un trai- tement mercuriel, pfincipalement a des frictions, et qu'il nc perit aucun des homines, qui, par l'effet de ce reniede, eprou- verentune forte salivation. On devait, cette annee, confirmer le sneces de ce traitement par de nouvellcs epreuves; mais nous n'avons pas etc informes s'il avait ete employe avec le memo bonheur. II. Le Cholera pesi'dentiel, qui, depuis douze ans, n'a pas c'css6 dexercer, dans toutes les contrees de l'Asic, les ravages les plus meurtriers, semble avoir borne, en i8ag, I'etendue ct la puissance de ses effets. II n'en avait pas etc ainsi l'an- nec precedente. Des- le mois d'avril, ce terrible fleau parut au Beneale; il attaqua avec violence les garnisons anglaises ct les liabitans de Calcutta, Cawnpore et Cbittatong. II s'avanea, de village en village, a l'orient de la premiere de ces villes, et pendant quinze jours, surtout, il causa une grande morta- lile. Au mois de juin, il se rcpandit dans la presidence de Bombay, a I'autre cxtrcmile dela peninsule indienne; ct, au DES MALADIES PESTILENTIELLES. 299 mois d'octobre, il atteignit la ville de Madras ct ses environs. On croit que ce fut par les relations commcrcialcs de la tote dc Coromandel avec Borneo qu'il fut introduit dans cette ile a fa fin de l'automne. Toute la garnison hollandaise de Pon- tiana en fut attaquee; et le resident, qui eut le bonheur de lui echappcr, fut la seule personne qui se trouvat en elat d'administrer aux autres quelques remedes. Toutefois, ce fut dans les environs de Calcutta qu'eut lieu la plus granile mortalite. Des villages entiers furent depeu^ pies, et, dans la ville, il perit, en huit hemes de maladie, pin- sieurs fonctionnaires publics, et beaucoup d'habitans des premieres classes de la societe. D'apres le tcmoignage du Dr Michelson, il y eut des ma'ades qui expirerent, deux hcu- rcs seulement apres les premiers symptomes. On eut'recours, dans cette irruption, comme dans les prc- cedentes, au laudanum, a 1'etber, a ropium-.et au calome- las a grandes doses. A Madras, le fait suivant a ete public sous l'autorile du gouvernement. Un Europeen, age dc 54 ans, ay an I senli les premieres attcinles du cholera, sc init dans un bain chaud, et prit du laudanum, non par gouttes, mais a pleinescuillerees a cafe. On estime qu'il en avala 400 gouttes dans la nuit. A quatre heures, les douleurs avaient cesse ; mais la chaleur naturelle ne revint pas avant sept heures. Le tetanos n'eut point lieu, et le malade ne perdit ni le pouvoir de parler, ni celui de se mouvoir. II echappa a la mort. On n'est pas plus d'accord aujourd'hui, dans l'lnde, sur les causes du cholera que lors de sa premiere irruption, en 1817. A Calcutta, on l'a attribue, en 1828, a l'extreme quantite des pluies, et a Bombay, a la duree de In secheresse. A bord de YAbercrombie-Robinson, navire de la Compagnie des Indes, parti de cette derniere ville, lorsqu'elle en etait infectee, on cnaccusa rhumiditederair; et,en consequence, an lieu de re- couiir a tons les moyens de ventilation, on ferma soigneuse- ment les sabords. En deux jours, la maladie devint generate ; en cinq jours, 38 homines en furent alteiuts; 24 en mourn- 3oo STATISTIQUE rent, dont 0 en inoins de .six hcurcs, ct i5 dans les donze heurcs qui suivirent les premiers symptomcs. Tous les moyens medicaux furent employes sans succes, et les forces vilalcs semblcrent compIAtement dctruitcs des le premier instant perceptible dc l'invasion. Cependant, aucun des olfi- tiers nc fut altcint de la maladie, sans doutc parce qu'ils vi- vaient separes dn rcste de l'equipagc. II est dignc de rcmarque que, lorsque Bombay fut assailli par le cholera, Sir John Malcolm, gouverneur de cettc ville, et dont la haute capacite est bicn connue, s'occupa siir-le- chump de chercher dans les districts noiivellcmcnt habilcs, et ecartes des communications commerciales, quelquc monta- gne oil Ton put former un asile pour les troupes et un hos- pice pour les convalescent. A une immense distance du littoral de l'lndc, le cholera oriental s'est frayc un ehemin, pour la seconds fois, jusqu'uux front ieres de l'Europe. On se souvient qu'en 1825 il parut a Astrakhan, et parmi les equipages de la flotte russe de la mer Caspienne. En 1828, vers la fin dc l'automne, il a telate a Orenbourg, ville situee a la limite de la Russie d'Europe et de celle d'Asie, et qui est le centre du commerce de ccs vastcs- regions. Son irruption, commo celle qui ravagea Astrakhan, a eu lieu apres l'arrivec des caravanes Tenant des pays de la Haute-Asie, dont les communications avec l'lndoustan sont frcquentes et multiplies. La maladie, que le froid dc 1'liivcr rigourcux de ce climat semblait devoir eteintlre complctc- ment, a reparu des que la saison s'est adoucie, et un rapport officiel fait connaitrc qu'elle exerce de grands ravages dans plusieurs lieux ties provinces orientates; mais le gouverne- ment russe, la considcrant conime propagec par contagion, a pris des mesures dout on pcut espercr un plein succes. HI. La Fiiicre jaune a etendu ses irruptions, en 1829, aim moins grand nonibre dc lieux qu'il u'arrive ordiuairement eu Amerique. DES MALADIES PESTILENT1ELLES. 5oi A la Martinique, Pirruption de 1828 conlinuapartiellement pendant 1'hiver, inalgre l'abaissenjent de la temperature ; et, au mois de mars, elle altaqua encore plusieurs militaircs rccem- ment arrives. Mais, bientot, elle eessa, ct elle n'a reparu, ni a la Martinique, ni a la Guadeloupe, dans tout le cours de 1829. Une cbaleur extreniement l'orte, et l'huuiidite qui resulle de Pevaporalion qu'elle produti, n'ont pu mettre fin a cetle intermittence remarquable , nonobslant la puissance qu'on leur attribue. Les grandes Antilles n'ont pas partage cet avantage. La fievre jaune existait au Port-Uoyal de la Jamai'que des le mois d'avril. Dans les dix premiers jours de mai , elle fit perir 5o marins de l'equipage du vaisscau anglais le Magnifi- (jue. En juillet, elle regnait a bord des navires du commerce, en rade de la Havane, ct les hopitaux contenaient un grand nombre de malheureux qui en etaient attaques. Cepcndant, a la meme epoque, File de Porto-Rico, qui n'est separee de Cuba que par un ctroit canal, et qui est sou- mise a Paction du meme clinial et d'agens physiques de la plus parfaite identite, continuait d'etre cxempte de la maladie. Le medecin espagnol Oller, qui est Pun des praticiens les plus experimentes de la colonie, declare, dans un Memoire com- munique au conseil, que e'est l'exlreme vigilance des mesures adoptees par le premier magistral de Porto-llico qui explique comment la fievre jaune. apportee dans cetle ile, s'est eleintc aussitot, et pourquoi cette maladie ne reparait point annuellc- ment, tandis qu'a la Havane il ne se passe point d'annee sans qu'elle y fasse de nombreuses victimes. Le docteur Oiler aflirme que cette maladie a constamment un caractere conla- gieux. Dom Emiglio de Ant;q, autre pralicien eclaire de Porto-Rico, exprime, de la maniere la plus positive, la memo opinion. II affirme, dans un Memoire transmis oflicicllement au Conseil, qu'avant que la colonie cut des relations commer- cials avec les Etats-Enis, la fievre jaune n'etait point connue dans cette ile; et que, le pen de fois qu'elle y a regnc, son apparition a coincide avec I'iirrivee de navires americains, ve- nant des lieux qu'elle rava grail. 5oa STATISTIQUE DES MALADIES I'ESTILENTIELLES Ccst pour avoir repousse les importantes lecons que don- nent ccs fails qu'un affreux desastre est vcim flapper In population de la Nouvelle-Orleans. Cetle ville, communiquant sans aueune precaution avec les ports des Antilles infcclcs de la fievre jaune, ses relations journalicres avec la Ilavane ont produit, au mois d'aoCit, une imporlation de cette mala- die, qui a cause les plus terribles ravages. Des son apparition, la violence de ce fleau fut si grande qu'il faisaitperir inevita- blemcnt presque tons ceux qu'il attcignait. II enleva, pendant six semaines, 2D a 5o pcrsonnes par jour dans la ville, et dans les campagnes, a proportion. En avis public fut donne a tous les etrangers et aux habitans qui n'etaient pas acclimates de se derober a la mort par une prompte fuite. Tel est le funeste rcsultat du systemc adopte a la Nouvelle- Orleans de ne prendre aueune mesure pour conserve!- la sante publique que les journaux americains eux-memes affirment que, pai l'effet des irruptions de la fievre jaune, la population de cette ville est renouvelee trois fois en dix ans. Les vitlcs populeuses du littoral des Etats-Unis, sur PAtlantiquc, sont, au contrairc, prcservees, depuis long-tems, par de sages dis- positions, de cette grande calamile qui, autrefois, en repa- raissant presque chaque annee, suspcndail leur commerce, dcciinail lours habitans, et arretait l'essor de leur pros- peri I e. A. MoREAU DE JoNNES.. Extraits d'un Mcmoire intitule : Recherches sur les progress COMPARES DES REVENUS PRIVES ET DES REVENUS PUBLICS DE LA. France et de la Grajsde-Bretagne, depuis le xvic sicclc jus- q u'd nos jours ; lu a I' 'Academic des sciences par M. Charhs Dipin. Si 1' Academic des sciences n'avait pas forme dans son sein une commission de slalisliqitc, les recherches qui sont la mature REVENUS DE LA FRANCE ET DE L'ANCLETERRE. 3o3 de co Memoire n'auraient peut-Stre jamais excrce nos geo- mclres, ni profile des secoursqu'elles pen vent tirer des hautes mathematiques. Et si le digue Montiiyon n'avait pas fonde un prix de stalistiquc a decerner par 1' Academic, il estdou- teux que ce corps savant cut accorde a cette science nouvelle les soins dont son jeune Age ne peut r.ncore se passer, et qu'il 1'eQt mise sur la voie qui peut la conduire lc plus surementet le plus tut a sa maturite. Tels sontles effets d'une pensee sage et profondo, d'une action patriotique et d'une judicieuse di- vision dn travail ! Le terns on nous recueilleron.s les fruits des connaissances que M. Dupin s'attache a repandre est peut- etre encore fort eloigne; mais, puisque l'un des fideles depo- sitaires des interets nationaux se livre paisiblement a des tra- vaux dont notre patrie ne profiterait que dans un terns de prosperite croissante, il conserve Pespoir d'un avenir plus heureux et plus rapproche de nous. Ne repoussons point la consolante securite dont il nous donne l'exemple : nous en avons besoin pour suivre ses raisonnemens et ses calculs avec l'attenlion qu'ils meritent. Depuis le xvi'' siecle jusqu'au xix% la richesse des deux nations aujourd'hui les plus opulcntcs de l'Europe s'est- clle accrue au hasard, et sans regies assignables? s'est- elle, au contraire, devcloppee suivant un ordre, avec un de- gre de Vitesse que le culcul puisse apprecicr? Tel est l'objet des rechercbes suivantes, dont la nature et les consequences n'interessent pas moins les citoyens que le gouvernement : elles indiquent aux particuliers la mesure deleurs charges, a 1'administration , la mesure de ses rcssources; elles permet- tent d'evaluer distinctement la partie constante et la panic variable qu'on peut remarquer dans les progres de la richesse de tout un peuple; elles conduisent, pour 1'epoquc presente et pour les annees qui vont suivre, a determiner tres-approxi- mativement la puissance d'accroissement dc cette richesse; elles ofl'rent, par consequent, les moyens d'eclairer et de guidcrles operations d'economie parliculierc et publiquc, en calculant pour un terns specific, tel que les dix annees qui :„j DES UEVKMS PRIVGS ET PUBLICS s'ecoulefbnt de i85o a i8.';o, les rcsultats egalemcnt neccs- saircs, egalemcnt demontres, d'tin progres opcre clans les economics du tresor dc l'Elal, dans les resources de la pro- duction nalionale et clans 1c hien-flrc des habitans. Si, depuis ic xvic sieelc jusqu'a nos jours, des obser- vations bicn f'aitcs avaicnt recueilli les donnees statistiques les pins cssentielles snr Ic nombrc des hommes, snr cckn des totes de chaque race d'animaux domcsliques, sur les produc- tions les plus importantes du sol ct des cultures, sur la valeur de ccs productions comparalivcmcnt au prix du travail et a la valeur de I'argenf, rien neserait plus facile, aujourd'hui, que de rctrouver la marche irreguliere ou reglee qu'a suivie le progres des forces productives dc la France et de la Grande- Bretagnc. Malheureusement , il s'en faut de beaucoup que nous soyons aussi riches en bonnes observations sur les ele- mens esscntiels dc la richesse nalionale. Ces elemens, incom- plcts memo pour lc terns oii nous vivons, deviennent plus rares et plus imparfaits, a mesure que nous remontons vers des terns plus recules. Ainsi le degre d'approximalion qu'on pent esperer d'atteindre, en calculant la richesse de la France, devient moins precis, et les limites qui lc renferment s'ecar- tcnt dc plus en plus, a mesure qu'on s'cloignc de notre epo- que. On Terra neanmoins qu'en prenant pour guide la loi dc continuite qui regit les devcloppemcns dc l'ordre social, aussi bien que la marche de l'ordre physique, on pent s'elever a des resultals beaucoup plus satisfaisans qu'il nc semblait pos- sible de le faire par des rechcrchcs de ce genre. En considerant attentivement l'ctat social chez un peuple civilise, on remarque, d'une part, des causes generates dc regularite, de conservation, de progres; de l'autre, une foulc de causes pcrturbatrices. Plusieurs de ccs dernieres sont pu- rement physiques, tt tiennent aux intemperics des saisons, aux maladies, aux disettes, aux surabondanccs de produits nutritifs; d'aulrcs apparticnr.cnt aux passions des hommes, a la vidlcnce, a 1'injustice, a I'arbilraire, au vol, a la fraude, DE LA FRANCE ET DE LA GRANDE-BRETAGNE. 5o5 a Tignorance, aux erreurs, en un rnot, aux folies de toutes sortes, et aux attentats delinis on non par les lois. Chez lcs peoples en decadence, les causes perturbatrices l'emporteut sur les causes de conservation et de production; la societe s'appauvrit et se desorganise. Ces peuples des- cendent ainsi graduelleuient, jusqu'a ce qu'ils devienneiit la proie de quelque nation plus puissante et niieux constitute. A travers les vicissitudes de combats et de malheurs dont l'imagination s'epouvanlc, la Fiance et la Grande-Bretagne se sont avancees, depuis trois siecles, dans la voie du perfec- tionneinent social, avec plus de regularise qu'en aucun autre terns dont Fliistoire ait conserve le souvenir. Avant d'exposer la marche qu'a suivie ce peiTectionnement, il convient de re- monter aux principales sources de la richesse nationale : tel est l'objet de ce Memoire. Si chaque habitant d'un pays , de la France, par exemple, indiquait la totalite de ses revenus dans une annee, soit qu'ils provinssent de son travail ou du fruit de ses capitaux, la sonnne de tous ces revenus serait ce que nous appellerions la richesse annuelle de la France. Pour apprecier la Constance, et en quelque sorte la stabitite de la richesse annuelie d'un peup'ie, il i'aut etudier la variation possible des clemens dont elle est composce : c'est une etude premiere et t'ondamentale pour toutes les questions statisti- ques qu'on veut soumettre au calcul. Consideions d'abord la richesse d'une contree qui jouit delapaix et d'institutions stables, premiers biens d'un peuple. Dans un tel pays, au bout d'un terns pen considerable, il s'etablit une proportion, un equilibre entre les prix des di- vers objets convenables a l'homme, selon leur agreinent ou leur ulilite. Pour arriver a cet etat il'equilibre, tantot le ven- deur reduira les prix, afin d'accroitre la quantite de ses ven- tes ; tantot il augmentera les prix, sauf a laisser diminuer la quantite des objets vendus : il continuera de la sorte, aussi long-tems qn'il vena croitre son produit definitif. Pardegres, le mouvement de hausse des prix deviendra moins rapide T. XLVI. MAI l83o. 20 3n(> DES UEVKJSliS PRIVIES ET PUBLICS les variations tres-pelites, et Ie produit total sensiblement slationnairc ; ce point scpare la progression des richesses de l(Mir rclrogradation ; e'est le tcrnic anqucl lc vendcur s'effor- cera de niaintenir les prix. * Ainsi, les prix de chaquc espece d'objet tendent sans cesse vers une cerlaine limite autour de iaquelle ils se balaneent en sens conlraire de !a quantite d'objets vendus; desorte que le produit total des venles, pour cbaque espece d'objets, va- rie bcaucoup moins que les deux Clemens dont ce produit se compose. Supposons mainlenanl que les objels a vendrc existent par millions; qu'ils soient dissembles en beaucoup de lieux, enlre des mains independantes ; les millions de marches qui scront conclus dans une annee presentcront une valeur totale qui s'ecartera pen du prix moyen fixe par l'avantage mutuel desvendeurs et des aclieteurs. La theorie des probabilities apprend a calcuier de combien le produit to- tal, on la richesse annuelle, peut s'ecarter du maximum indi- quant la limite naturcllc de cette richesse. Lorsque l'etat social procure a un pays une richesse crois- sante, on peut determiner le degre d'accroissement de cette richesse pour l'intervalle d'une annee; si Ton opere sur une longue periode, on peut obtenir un accroissement moyen, convenablement deduit, qui oflre un degre d'approximation croissant avec le nombre d'aunees. Afin de connaitre l'exac- tilude que Ton peut esperer d'atleindre dans cette recherche, il faut examiner en premier lieu la plus grande somme d'ine- galites que puissent presenter les richesses annuelles d'un pays. En France, par exemple, il faut placer au premier rang les richesses agricoles et les plus importans de leurs produits, ceux des cireales. L'homnie peut bicn restreindre jusqu'a un certain terme sa consommation de cereales : dans une saison l'atale, il peut donner a sa famille une ration de pain plus ou moins re- duite, ainsi que le fait un capitaine de navire, lorsqu'il ne lui resle que peu de vivres, et qu'il est eloigne dc tout rivage : mais cette reduction a des homes tres-rapprochee3, el plutot que de la subir au dela d'un certain terme, chacun se resout DE LA FRANCE FT DE LA GRANDE-BRETAGNE. 307 a des sacrifices de plus en plus penibles. On en jugera par les observations suivantes qu'on doit a Gregory-King, et qu'a publiees Davenant, habile adminislrateur, tres-verse dans l'etude de I'arithmetique politique. En procedant par dixiemc de diminution des recoltes et d'accroissement du prix des bles, on arrive aux resullats sui- vans : pour un dixieme de deficit, 5 de rencherissement ; pour 2, 8; pour 5, 16; pour [±, 28; pour5, 45. Ainsi, lorsque la quantite des cereales est diminuee de raoitie, leur prix est plus que quadruple. Au xvie siecle et aux deux suivans, on voyait frequem- ment de grandes variations dans le prix de ces substances aK- mentaires. Dans un intervalle de deux ou trois ans, ces prix quintuplaient et retombaicnt ensuite au plus bas degre. Des famines extremes resultaient de cesinegalites; de grandes mor- talites en etaient la consequence ordinaire. Grace aux progres de l'agriculture et du commerce, a la multiplication des routes et des canaux, au perfeclionnement des moyens de transport et d'approvisionnement; gruoe surtout a la paix, a la securite, a la liberte dont jouit le cultivateur, ces extremes disparates dans le prix des cereales ne se font plus remarquer. Ainsi, de- puis trenle ans, les prix n'ont pas varie de cinq dixiemes au- dessus ou au-dessous du prix moyen, ce qui n'indique pas la variation d'un septieme dans la quantite de bles annuellement consommes, de plus ou de moins que la quantite moyennc necessaire aux besoins de la population. Nous avons cherche quels rapports entre les prix et les quantites consommees peuvent salisfaire aux observations de Gregory-King; nous avons trouve qu'ils sont donnes par une equation du troisieme degre. Nous avons employe cette equa- tion pour determiner, d'apres le prix moyen des cereales en France, depuis 1801 jusqu'a 1829, le prix total des ventes, et par consequent la richesse produite par les cereales consacrees a la nourrilure de l'homme. Le prix moyen de cette consommation, pour la population francaise , est evalue par approximation a i,6oo millions 3o8 DES REVENUS PRIVES ET PUBLICS de francs. Voici qu'elles ont ete les plus granges differences des ventcs effect uees, companies a ce prix moyen, dans les annecs les plus remarquables par l'abondance ou la disctte, depuis le commencement de ce siecle jusqu'en 1800. Annecs de plus grande abondnnce. 1804 : le prix lotal des ventes a diminue de 219 millions 204 mille francs, ou, apeu pres, un huitieme du prix moyen. — 1824 : diminution de i52 millions 256 mille francs ; un onziemc du prix moyen. Annies de plus grande diseite. 1812 : augmentation du prix total des ventes de cereales, 270 millions 202 mille francs, sixieme partie du prix moyen. — 1817 : augmentation du prix total , 5g5 millions 554 mille francs, presque le quart du prix moyen. Ces inegalites, considerees en elles-memes, meritent beau- coup d'attention : mais, quant a leur influence sur le revenu general du royaume, elles sont d'une faible importance, comme on va le voir. Annies de plus granite abandonee. En 1804, l'abaissement du prix de la vente des cereales ne produisit, -sur le total des revenus prives des Francais, qu'une diminution de trois et demi pour cent : en 1824? celte diminution ne fut que de deux pour cent. Annies de plus grande diseite. En 1812, le revenu total des Francais fut augmente de quatre pour cent, et, en 1817, de cinq et demi pour cent. Ainsi, parmi toutes les sources de revenus agricoles, la partie la plus imporlante et la plus lucrative des produils de premiere necessite ne presente pas, daus les annees d'exlreme abondance, une diminution superieure a trois et demi pour cent sur la tolalite des revenus prives; et, dans les annees d'extreme disetle, I'augmentationde ces revenus n'excede pas cinq et demi pour cent. Un second Memoire demontrera comment les autres con- sommations, soil pour les subsistances, soit pour le logement ; le vetement, I'ameublement, etc., s'accroissent quand la de- ptnse des cereales diminue, et comment ces autres depenses DE LA FRANCE ET DK LA CRTAfiDE-BRETAGNE. 5o<) vont diminuant, lorsquecelle dea cereales augmente. Ainsi, les faibles inegalites que nous venous de signaler, an sujet des cereales dans la succession des revenus nuntiels de la popu- lation francaise, sout coutrebalancees par les aulres genres de productions et de consummations. Ge premier apercu nous montre deja par quelles compensations, malgre de tres- grandes anomalies dans le prix de certuines especes de pro- ductions et de consommations , le revenu de tout un peuplc n'eprouve en passant d'une annee a l'autre, que des varia- tions tres-inl'erieures a celles qu'on pourrait imaginer d'apres un exainen superflciel. La loi mathemalique qui fixe la correlation du prix des grains et des quantites consommees permet d'evaluer nume- riquement les benefices assures atix producleurs de cereales par la loi politique relative aux prix que les hies doiventat- teindre avant qu'on permette au commerce d'en exporter ou d'en importer. Les memes considerations donnent egalement la mesure des avantages resultant de I'approvisionnement des reserves, qui, par leurs achats, souiageut Ic producteur dans ic terns de surabondance, ct, par leurs rentes, vienncnt au secours du consomuialcur quand la diselte commence a frap- perla population. ^caM* II. ANALYSES D'OUVRAGES. SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. Journal d'on voyage a Temboctoc et a Jenne , dans lfAfrique centrale, precede d 'Observations failes che: les Maures Brak- nas, les Natous etd'autres peuphs ; pendant les annees 1824, i8a5, 1826, 1827 eti8aS ; par 2tc/ie Caillie; a vec une carte itineraire et des remarques geographiques, par M. Jomard, membre de l'lnslitut (1). Parmi tons les voyageurs qu'un ardent desirde gloire a con- duits dans l'interieur de I'Afrique, il en est peu qui puissent rivaliser de courage et de perseverance avec M. Caillie. De- vore de la passion des voyages, il forma presque des l'enfance ledessein d'explorerce mysterieux continent etcette vilie de Temboctou, si celebre parmi les Europeens, pour n'avoir ete visitee par aucund'eux. A peine age de seize ans, il faisait voile vers I'Afrique, sur la gabarre la Loire, compagne de La Me- duse, dont elle evita lenaufrage. II parvint, apres de longs ef- forts, a s'adjoindre, comme volontaiie, a l'expedition du ma- jor Gray. Nous avons rendu comple decette entreprise mal- heureuse dans notre cabier du mois dc juin 1827 (voy. Rev. Enc, t. xxxiv, p. 62a). Toutefois, la relation succincte qu'en donne M. Caillie con tient de nouveaux details propresa mieux faire apprecier les perils qui l'accompagnerenl, et lesfautesqui en compromirent Ie succes. Suivant lui, les expeditions pres- (1) Paiis, jS.io; Mongie aine, ct A.Bertrand. 3 vol. in-8" de 4«4 & 4"5 pages ; pi i», "c fr. SCIENCES PHYSIQUES. 3n que infructueuses de Gray, de Peddie, de Campbell et de Tuckey ont coute\\ l'Angleterre la somme enoimedc i8mil- lions de francs. llevenu a la cote, notre'voyageur, que rien ne pouvait de- courager, obtint de M. le baron Roger, gouverneur du Sene- gal, quelques marchandises pour aller vivre chez les Maures Braknas, dans le dessein d'apprendre^leur langue et de s'i- nitier aux pratiques de leur culte , qu'il feignit de vouloir adop- ter. Ce people nomade habite entre'le desert et la rivedroite du Senegal. II se compose de cinq castes distinctes : les fiassancs ou guerriers, les marabouts ou pretres, les zenagues ou serfs, les tararines, mulatres nes du concubinage des Maures avec les negresses et, enfin, les negres esclaves. Les hassanes sontbel- liqueux, mais inluimains et rapaces; cette caste opprime et depouille toutes lesautres, particulierement celle des zenagues, qui est dans sa dependance. Les marabouts sont moinsciuels, mais non pas moins avides que les liassanes ; ce que ceux-ei ar- rachent aux zenagues par la violence, les marabouts l'extor- quentpar la menace du feueternel. Un de leurs preceptes fa- voris est qu'un marabout doit toujours reccvoir et ne jamais donner. M. Caillie s'est vainement efforcc de decouvrir l'ori- gine des zenagues et comment ils ont cte reduits a payer tri- but a d'aulres Maures. A ses questions sur ce sujet, on repon- dait toujours que Dieu le voulaitainsi, parce que e'etaient des infideles qui faisaient rarement le salam. Le sort des zenagues est tres-malheureux. Cependant, lorsqu'ils sont trop cruelle- ment opprimes par leur maitre, ils ont l'espoir d'en cbanger. II leur soffit pour cela de trouver un autre hassane endormi, et de lui couper une oreille, ou bien de tuerson eheval. Des ce moment le coupable devient serf de 1'offense, ct l'ancien maitre perd tous ces droits. Mais, si le zenague se laisse pre- venir dans ce dessein , il est fouetle, depouille, chasse, et ne trouve plus ni asile ni pitie. Malgre cet etat d'oppression, les zenagues sont en possession du peu d'arts qui existent chez les Braknas; ils travaillent le cuir et les metaux avec plus d'ha- 3ia SCIENCES PHYSIQUES. bileteque ne lc ferait supposer PextrQme imperfection de lcurs instrument, qn'ils ne peuvent snustraire a I'aviiliic des hassa- ne.squ'en les confiant a hi garde des marabouts, Ces trots clas- ses reiproduisent assez fidelement l'organisatibn socialede uo- tre moyen age, et pcul-clre nn jour les zinagues, a la ibis induslrieux tl guerriers, el d'ailleurs plus iiomlueux que Ieurs mailres, finiiont-ils, comnie notre tiers-etat, par obleuir ou arracber Ieur afiVancliissement. Les nations maurcs s'eloignent du Senegal dans les pre- miers jours d'aout, pour cviter les inondalions, le niauvais air et les moustiques. Elles vont camper sur la lisiere du desert, altirees par un climat sain et des p;1tu rages abondans. Au mois de mars, epoque ou les eaux sont rcnlrees dans leur lit, les Braknas se rapprochent du fleuve, dont les zenrigues et les esclavcs sont venus des novembre ensemencer les bords au profit des hassanes et des marabouts. Leur prineipale cul- ture consiste en mil, qu'ils plantent sans donner aucune pre- paration a la terre; et leur plus grande fatigue est ensuite de chasser le jour les oiseaux, et la nuit les pores-epics, les gazelles et les sangliers, ennemis obstines de leurs moissons. Cbaque cbamp estlimitc; maiscette appropriation du sol n'est sans doute que passagere, 1'inondation ne permcltant guere qu'elle sub-iste d'unc annee a l'autre. Pendant tout le terns que les Braknas passent loin dii Senegal, ils ne vivent pres- que que de lait. Ln jour, M. Caillie, surpris par la t'aim dans la tente de leur roi, se voyant presenter du lait dans nne cale- basse , se permit de dire qu'il mangerait bicn quelque chose avant de boire. Ces paroles exciterent un lire general, et le roi lui assura qu'il ne prenait pas lui-meme d'autre nounitiire. Cette sobriete forcee se concilie a mcrveiile avec le jefine du ramadan, que ces peuples observent dans toute sa rigueur, jusqu'ase priverde boire une goutte d'eau avant le couclier du soleil. On com/oil lout ce qu'eul a souffrirM. Caillie, oblige par son role de neophyte de se con former strictement aces auste- rites. Les tentes des Braknas sont faites avec des tissus de poil de SCIENCES PHYSIQUES. 5i5 mouton; car le mouton, dans cette partie de PAfrique, estcou- vert de poil an lieu de laine. Lesdiverses castes campent tou- jours separcment. (/instruction des cnfans est confiee aux marabouts et renfermee tout entiere dans le Coran, que les garcons apprennent par coeur. L'education des fdles est plus negligee; la partie esscntielle consiste dans l'ohligation de boire une enorme quantile de lait, destinee a leur procurer rembonpoint qui, aux yeux de ces peuples, est la beaule su- preme. Le soin de faire avaler ce lait aux jeunes fdles est con- fie a des esclaves noires qui, autorisees a toutes les rigueurs, se vengent sur ces pauvres enl'ans de la brutalite de leurs mai- tres. « J'ai vu, clitM. Caillie, demalheureuses petiles fdles pleu- rer, se rouler par terre, meme rejetcr le laitqu'elles venaient de prendre; ni leurs cris, ni leurs souffrances n'arretaient la cruelle esclave, qui les frappait, les pincait jusqu'au sang, et les lourmentait de mille manieres pour les obliger de prendre la quantite de laitqu'elle jugeait convenable. » JNous remarquerons, comme un dementi donne aux pre- tendues lois du climat, que la polygamie n'est point en usage chez les Braknas. Leurs femmes nesouftVenl meme pas qu'ils aient des concubines, et leur roi n'a qu'une epouse comme ses sujets. Les Mauresses out beaucoup d'empire sur leurs epoux; M. Caillieva jusqu'a dire que leur ascendant surpasse celui des Francaises; ce qui etonne d'autant plus chez un peu- ple a demi-sauvage , que les Braknas sont d'un caractere I'roid. Le voyageur n'en a jamais vu s'embrasser; 1'amant pose la main sur la boucbe de sa maitresse et la porte a la sienne, donnanl ainsi au baiser un intermediaire. Le pere de famille qui revient de voyage ne recoit dans sa tente que de froides demonstrations de respect. Enfin, les Maures ne s'afTli- gent de la mortde personne, et ils trouveraient inauvaisqu'on pleurut ceux qui ne sont plus, dans la persuasion que leurs ames sont au ciel. Mais, ces bommes, si peu sensibles aux af- fections morales, le sont beaucoup aux douleurs physiques, et, sujets a peu de maladies, ils se desolent comme des enfans pour les moindres souffrances. Les Maures se donnent mutuel- 3i4 SCIENCES PHYSIQUES. lenient l'bospitalite ; maisils ne meritent pas pourcela le nom d'hospitaliers; rien ne leur la i t autaut de peine qued'aperce- voir des ziafis (voyageurs). Ce n'est pas par bumanito qu'ils les recoiycnt, mais parcrainte, surtout quand ce sont des has- sanesqui, s'ils etaient mal rccns, ne manqueraient pas depil- ler leurs holes. Ilsaccordenl rarement l'liospitalite aux voya- geurs negres, cette race, disent-ils, n'etant bonne qu'aproduire des esclaves. Lorsqu'ils sont en guerre entre eux, les Maures ne font pas de prisonniers : les ennemis tornbes en leur pou- voir sont mis a mort sur-le-champ. Le principal et presque le seul commerce des Braknas con- siste dans la gomme qu'ils recueillent sur un acacia qui croit isolement dans les parties elevees du desert. Ce commerce est entre les mains des marabouts ; eux seuls transportent la gomme aux escales du Senegal, oii les Europeens viennent en faire la traite ; la facilite avec laquelle ceux-ci se soumettent aux tributs les plus humilians, l'esprit de concurrence qui les anime, et le prix souvent exagereauquel ils paient la gomme. ont persuade aux Maures qu'elle nous est absolument indis- pensable; aussi, au moindre differcnd qui s'eleve, leurs chefs suspendent la traite, et ils obtiennentpar-hi tout ce qu'ils veu- lent. C'est ainsi que, domine par la soif de l'or, l'liomme ci- vilise s'abaisse souvent au-dessous du sauvage. Revenu a Saint-Louis, notrevoyageur n'y trouva point les secours sur lesquels il avail compte. C'est a ses propres frais, - r|u'apres les contrarietes les plus vives, il entrepril de pene- trer dans le continent africain. Muni de marcbandises pour une somme de pres de deux mille l'rancs, fruit de ses econo- mies, il part de Sierra-Leone pour Kakondy, sur le rio Nu- nez, le 22 mars 1827. La, il persuade aux habitans que, ne en Egypte de parens arabes, il a ete dans soncnfance emmene par les troupes de noire expedition; que son maitre, apres l'avoir conduit au Senegal, l'a aflranchi pour prix de ses ser- vices, et que, libre maintenant, il veutretourner dans son pays et rentrer dans la religion du propbete. Les bords du rio Nunez sont habitcs par les Nalous et les SCIENCES PHYSIQUES. 5i5 Landamas, negres paresseux et sans Industrie, qui cuitivent fortmalunetcrre fertile. Ces peuples, encore idolatres, depen- dent du fonta Dhialon ( pays Dhialon), et paient trilnit a l'al- mami de Timbo. La polygamic la plus illimitee regne parmi cux; les femmes , mariees ou plutot vendues par leurs parens, n'y rcspectent pas toujours la foi conjugate. Mais l'epoux trompe s'en dedommageenvendantaux negriers le seducleur qui, d'apres les lois, devient son esclave. La femme se determine ordinairement a le reveler, pour echap- per a la colore du simo, peisonnage mysterieux, qui est le chef d'une societe secrete assez semblable au pourrak du Ti- manni et au mo umbo- jo umbo d'autres contrees africaines. Les inities se tiennent dans les bois avec le simo, qui ne se mon- tre jamais que sous les deguisemens les plus propres a exciter 1'effroi. La . ces hommes travestis de mille manieres vivent deslributs qu'ils imposent aux populations voisines, maltrai- tant cruellement ceux qui penetrent dans leurs retraites, et surtout les femmes. Ne pourrait-on pas voir dans ces institu- tions binaries rorigine de ces satyres, de ces egipans, de ces cynocephales, et de tant d'autres habilans monstrueux, que les anciens attribuaient a l'Afrique? M. Caillie quille Kakond}r, accompagne de quelques mar- chands mandingues, auxquels un negociant francais l'avait recommande, et ce n'est pas sans un secret frisson qu'il salue en passant les tombeaux du major Peddie et de ses infortunes compagnons. Triomphant de ces sinistres presages, it pour- suit sa route a Test , a travers les Elatsde Palmamy de Timbo, vastes contrees qui dependent du fouta Dhialon, et dont la po- pulation se compose de Mandingues voyageurs et marchands, de Foulahs, conquerans et gouvernans du pays, et de Dhia- lonkes, ses anciens possesseurs, qui, restes idolatres, ont dfl se retirer dans les montagnes, ou devenir tributaires des Fou- lahs. Ce peuple cuivre est destine a jouer un grand rote en Afiique. Repandu dans lout le nord dn Soudan, it y a deja fondc plusieursEtals. C'est a la fuis la race la plus intclligente et la plus brave de ces regions, sans peut-etre excepter les 3i6 SCIENCES PHYSIQUES. Maures. Aussi, les Foolnbs.se regardcnt-ils comnie les blancs d'Afriquc. Persuades que les Chretiens veulent s'emparer des mines d'or dc I'inlcrieur, ils ne negligent rien pour lenr en fernier les cbemins; en re neon t rant M. Caillie, ils s'ecriaient : « Un blanc qui va dans Test! les grands du f'outa n'en savent cerlainement rien ; ear ils s'y opposeraient. »Cupides et vio- lens dans leurs rapports avec les etrangers, les Foulahs sont hospilaliers et genereux envers leurs conipatriotes ; ('amour de la patrie est unc de leurs passions. Notre voyageum'a point vu demendians parmi eux. Leurs vetemens sont tres-propres. Chaque village a une ecole publique pour les enfans; les clas- ses se tiennent en plein air, soir et matin, a la clarted'un grand ieu; 1'instruclion consists a savoir bien lire lecoran. Les Fou- lahs peuvent avoir jusqu'a quatre femmes ; mais les pauvres n'en out que deux. Les femmes foulahs sont vives, gaies, jo- lies ettres-respeetueuses envers leurs maris, qui paraissent les trailer avec douceur. A mesure que M. Caillie avance dans 1'interieur, il trouve des habitans plus intelligens et plus in- dustrieux. Ce fait, remarque par lous les voyageurs, senible deposercontre le principe de la libertc illimilee du commerce ; car, on ne peut douterque ce ne soit reimportation habituelle des produits denosarls qui ait detruit 1'induslrie chez les peu- ples du littoral africain. Le premier pays traverse par notre voyageur se nomme l'lrnanke. Ses bons habitans eurent d'a- bord quelque peine a le prendre pour un Maure. Mais , des que sonhistoireleur fut contee, les cadeaux, accompagnes de temoignages de respect et d'interet, arriverent dc toutes parts au compatriote du prophete. II oblint a peu pres le meme accueil dans le Fouta Dhialon, qu'il traversa ensuite, en passant a gue le Bafing non loin de sa source, etleTankisso, qui va se perdre dans le Dliioliba, apres avoir baigne le pays de Boure, celebre par ses mines d'or. S'il etait vrai, comtne les negres I'ont dit a M. Caillie, que lc Tan- kisso sortit du Bafing, cette riviere etublirait une communi- cation entre le Senegal et le Dbioliba, comnie en Amerique le Cassiquiare entre l'Orenoque et la riviere des Amazoncs. C'est SCIENCES PHYSIQUES. 3i7 line singularity geographique qui merite d'etre verifiee. A son arrivee it Camhaya, village de son guide, M. Caillie i'ut temnin d'une scene qui conlraste avec les moeurs des Braknas, non moins qu'avec les notros. « Je voyais, dit-il , ces bons negres embrasser Icurs petits en fans, s'informer de leur sante, et de celle de leurs connaissances ; les femmes aussi parais- saient satisl'aites du retour de leurs maris; mais elles ne se livrerent pas a cette joie naive et sincere, qu'on voit en Eu- rope a I'arrivce d'un chet'de famille. En abordant leurs maris, elles avaient l'air timide et posaient un genou en terreen signe de salutation. » Les esclavcs, dans cette parlie de l'Afrique, habitent des villages particuliers noinmes ouronde. M. Caillie les a vus travaillant tout nus sous un soleil brdlant. «La pre- sence de leur maitre les intimide, et la crainte des punitions Jail avancer l'ouvrage; mais ils se dedomuiagent en son ab- sence. » Ces esclaves ont deux jours dans la semaine pour cultiver le cbamp consacre a leur subsislance. Sounds a des maitres qui ont peu de besoins et dont ils ne diflcrent ni par la couleur, ni par l'education, ils sont, on ne pent trop le redire, beaucoup moins malbeureux que ceux de nos colonies. Quoiqu'ils n'aient pour instruinens d'agriculture qu'une petite piocbe et une faucille fabriquees dans le pays, ils cullivent la terre beaucoup mieux que les negres de la cole. Pendant le sejour de M. Caillie a Cambaya, un courrier de Timbo apporta une circulaire annoncant la deposition de l'almamy regnant otl'avenemeiit de son competiteur. La lecture publique de cet ecrit, faile par le chef du village, Tut immedialement suivie d'une priere solennelle pour le nouveau souverain, comme on l'eutpu voirenEurope. Le voyageurassistaaussiala construc- tion d'un pout sur le Tankisso. Tous lesbabilans de Cambaya, penetres de la necessite de ce pont, se mirent a l'ouvrage en chanlant ; ce fut pour eux une partie de plaisir. Le pont, ter- mine en peu de jours, eut de l\o a 45 pas de long sur 6a 7 pieds de large. 11 etait soutenu a la ibis par des piquets phn- tes au milieu du ruisseau et par les arbres inclines sur ses rives ; de l'aveu des constructetirs , ce dernier appui etait necessaire 3i8 SCIENCES PHYSIQUES. pour qu'il put rcsister au courant ; M. Caillie a trouve sur sa route d'antrcs ponts a pen prcs scmblables , dont quclques- uns elaienl conslruits aver plus d'art et de soin. Au sortir du Foula Dhialon, les moutagnes s'abaissent. Notre voyageur, apres avoir prisuu nouveau guide, entredans le Baleya, pays uui et fertile, habite par de? Dhialonkes sou- mis a la loi du piophete, dont ils nc sont pas pourtanl tres-zeles sectateurs. Au village de Couroussa, dans le pays d'Amana, il apercoit pour la premiere fois le Dbioliba. Le lleuve vient la du S.-O., et se dirige ensuite a l'est. Son courant au mois de juin, epoque oil les pluies ont deja commence, clait d'environ trois milles a l'beure, et sa profondeur, de huit a neuf pieds; il commence a deborder en juillet. La population d'Amana est, en grande partie , idolatre. Ce sont de bonnes gens qui viventpaisiblementdesproduils del'agriculture etde la peche. Leur chef est en possession de louer des pirogues aux cara- vanes qui traversent le fleuve. M. Caillie a vu quatre de ces pirogues employees loute une matinee a passer plus de trois cents personnes, avec plusieurs anes charges. Arrive a Kan- kan, chef-lieu d« pays de ce nom, notrepretendu Maure subit, devant les anciens de la ville, un interrogatoiieen forme, dont il se tira heureusement. L'assemblee decida qu'il continuerait sa route vers Test, mais par le Ouassoulo, etnon par le Boure, avec lequel leKankan etait en guerre; cette decision fut pu- bliee le lendemain par un crieur. La ville de Kankan a environ six mille ames ; les rues en sont larges et propres ; les habitans sont aussi d'une grande proprete chez eux, et ils portent tou- jours du linge blanc. Le pays est gouverne par un conseil de vieillards, dont les assemblees sont graves et decentes. II est fertile et bien cultive ; les comestibles y abondent. Le marche de Kankan est fourni de marchandises d'Europe, telles que fu- sils, poudre, indiennes, ambre, coiail, quincaillcries. Lesmar- chands ont de petites balances auxquelles les graines d'un arbre servent de poids; ces poids, suivant M. Caillie, sont aussi jusles que les notres, ce dont il est permis de douter. Les ha- bitans de Kankan sont tous musulmans. Le voyageur assista SCIENCES PHYSIQUES. 3i9 chez eux a la fete du Salam, celebree avec une solennite ;\ la fois bizarre et imposante. Un demele qu'il eut avec son guide, au sujet du vol de quelques marchandiscs, l'obligea de recourir a la justice du pays; lcs details de ce proees prouvent que la civilisation des negrcs musulmans est plus avancee qu'on ne le suppose. Le peuple du Ouassoulo, moins propre que celui du Kankan, senible pourtant plus laboricux. « Je voyais, dit M. Caillie, beaucoup u'ouvriers repandus dans la campagne, qui piochaient la terre et la remuaient aussi-bien que nos viguerons. Ce ne sont plus les negres esclaves des Mandin- gues, qui ne font que retouroer la superficie du sol; ce sont de vrais laboureurs, qui travaillerit pour avoir une belle et abondante recolle. Je fus elonne de tvouver dans l'interieur de PAfrique L'agriGultOre a un tel degre d'avancement. Leurs champs sont aussi-bien soignes que les notres.» Les habitans du Ouassoulo sont de la race des Foulabs ; toutefois, ce peuple doux, humain, tolerant, hospitalier, n'a aucune religion appa- rente. Tel est a peu pres aussi le peuple Bambara , dont W. Caillie traverse ensuilc !e vaste territoire. La parlic du Bambara qu'il a parcourue ne depend pas du roi de Sego. Au milieu de la population indigene, qui a jusqu'ici repousse l'is- lamisme, sont disscmines des villages de Mandingues maho- metans , qu'elle laisse professer en paix leur culte. Le sol du Bambara est fertile, quoique sablonneux ; il est tres-decouvert, l'agriculture n'y ayant epargne que quelques arbres a fruit, parmi lesquels il faut surtout compter le ce ou arbre u beurre. Les Bambaras manquent d'industrie et voyagent peu, dans la crainte d'etre faits esclaves. Leurs alimens sont grossiers ; ils engraissent les chiens pour les manger, et devorent jusqu'aux reptiles. Le commerce du pays est dans les mains des Man- dingues et des Serracolets, nom qui, suivant M. Caillie, in- dique une corporation de marchands, et non pas une nation. Les transports se font d'une maniere incommode et couleuse : les commerpans, reunis en caravanes, portent leurs marchan- dises sur la tete; il en est peu qui aient des anes. Les frais de nourrilure et les peages absorbent presque tout le beneGce. 3*0 SCIENCES PHYSIQUES. Le plus grand trafie consist* dans les noix de colats qu'ils vont cbercber an sud, pour allcr les echanger a Jenne ct a Sansa ti- ding contre du sel ct des merchandises curopeennes. M- Caillie, deja nialade, arrive a Time, joli village oil les Maudingues ct les Bambaras, separes par do simple inur, vi- vent en bonne intelligence, malgre la diversile de religion. Retcnu d'abord par tine plaie an pied, il croyait elre an mo- ment de parlir, lorsqu'il se vit atteint du SCOrbut. La pein- tnre qu'il fait de son etat est dechirante. « Mon palais Cut en- tierement depouille; une partie des os se delacberent et tomberent; mes dents semblaient ne plus tenir dans leurs alveoles; mes soufl'rances etaient affreuses; je craignis que mon cerveau ne fut attaque par la force des douleurs que je ressentais dans le crane ; je fus plus de quinzc jours sans trou- ver un instant de sommeil. Pour mettre le comble a mes maux, la plaie de mon pied se rouvrit, et je voyais s'evanouir tout espoir de partlr. Que Ton s'imagine ma situation! Seul, dans l'interieur d'un pays sauvage, couche sur la terre hu- mide, n'ayant d'autre oreiller que le sac de cuir qui contenait mon bagage, sans medicaniens, sans personne pour me soi- gnerque labonne vieille mere qui, deux Ibis, par jour, in'ap- portait un pen d'eau de riz qu'ellc me forcait de boire ; car je ne pouvais rien manger; je devins bientot un veritable squelette; enfin, j'elais dans un etat si cruel, que je finis par inspirer de la pitie meme a ceux qui etaient le moins disposes a me plaindre. » Dans cette situation, qui aurait fait perdre courage a tout autre, M. Caillie ne renonca pas un inslantau dessein d'aller a Temhoctou. Apfes cinq mois de souffrances, sa sante cominenea a se relablir, et il put se remellre en route. Avant de quitter Time, il nous lait des Jlandingues un portrait assez pen flattenr. « lis sont, dit-il , vindicatil's, cu- rieux, envieux, menleurs, importuns, avides, ignorans, su- perstilieux. » Pourtanl il avoue qu'on ne peut pas precise- ment les appeler voleurs, puis(|u'ils ne se volent pas entre eux. II nous apprend que les habilans de Time laissent leurs ncoltes dans les cbamps sous la garde d'un morceau de pa- SCIENCES PHYSIQUES. 52i pier ecrit, talisman qui suffit pour ecarter les larrons; et il ajoute que le meurtre, rare chez les Bambaras, est inconnu parmi les Mandingues. Mais, autant notre voyageur a vu de gaite franche et naive chez les Bambaras et les autres idol/i- tres, autant les moeurs des Mahometans lui ont paru tristeset monotones ; il est meme a remarquer que, malgre son exle- rieur musulman, il trouva chez les premiers plus de sympa- thie et de secours que chez les autres. A partir de Time, sa route, jusque-la dirigee a Test, se de- tournc vers le nord-est et vers le nord. Les pays qu'il a deja parcourus paraissent n'avoir aucune monnaie ; mais, dans la partie septentrionale du Bambara, les coquillages nommes cauris commencent d'avoir cours. M. Caillie evalue le cauri a un demi-centime, evaluation superieure a celle de Clapperton, qui voyageait, il est vrai, dans d'autres contrees. A Tangrera, ville fort commercante, M. Caillie vit des mendians pour la premiere fois depuis son depart de la cote. Ainsi partout les ressources semblent fairc naitre les besoins. II trouva aussi dans le haut Bambara une institution pareille a celle du Simo. Les hommes qui en font partie, appeles lous, sortent des bois pendant la nuit, et cou- rent dans les villages en poussant de grands cris. A leur ap- proche, tous les habitans, a l'exceplion des inities, se renfer- ment dans leurs cases. M. Caillie a vu un de ces lous, la tete couverte d'un haillon, le corps entoure de sonnettes, parcou- rir un village, suivi d'enfans accoutres de la meme maniere et poussant des hurlemens affreux. II existe entre ces hommes et nos anciens loups-garous, tels qu'on en voyait encore en Provence avant la revolution, un rapport que la ressemblance des noms rend encore plus singulier. En approchant du Dhio- liba, on remarque un changement dans l'aspect du pays : leg habitans sont mieuxvetus, les marches mieux approvisionnes, les cultures mieux soignees ; on voit en meme terns les ca- banes en paille remplacees par des cases en terre , puis celles- ci par des maisonsen briques cuites au soleil. Mais ce progres apparent de la civilisation est aceompagne d'un inconvenient T. xlvi. mai i85o. '2 1 322 SCIENCES PHYSIQUES. asscz grave : les Negres ignorant 1' usage dcs cheminces el ayant continue de fa ire du feu en toulcs saisons, la fumte, qui ne trouve point d'issue a travels la terre on la brique, rend ccs dcrniercs demeures inbabitables pour 1111 Europeen. C'est a (Jalia, no'n loin dc Jenne, que M. Caillie ntteignit, pour la scconde Ibis, les bonds du grand fleuve. Jenne, situee dans une ile luarecageusc, mais cultivee, a environ deux nrilles et demi de lour; elle est cntourec d'un mar en terre eleve de dix pieds et qui a plusieurs portcs. Les rues ne sont pas alignees ; niais elles sont asscz larges, propres, et ombragees de quelques arbres. Les maisons ont un rcz-de-cbaussee et un premier etage, surmonte de tcrrasses, le tout grossiere- ment construit en terre oil en briques; elles prennent jour sur des cours interieures. On 11V trouve aucun meuble; les babitans, malgre rbumidite du pays, coucbent par terre sur des nattes ou des peaux de bceuf. On voit a Jenne une grande mosquee en4erre, dominec par deux tours; cet edifiee, pres- quc abandonne, est toujours entoure de mendians. La ville n'ayant point d'auberges, les etrangers, qui y abondent, sont loges ehezles parliculiers, et paient leurloyer en marchandi- ses. La population de Jenne, cntierement mahometane, est un melange de Foulabs , de Bambaras, de Mandingues et dc Waures. M. Caillie Tevalue a 8 ou l'-o mille Ames (i). Cctte population est industricuse : on y voit des tailleurs, des cor- donniers, des maeons, des forgerons, des porte-foix, des em- balleurs. Les babitans se nourrissent bien et sont bien vetus ; les esclaves memes ne vont pas sans chaussare."{( Je vis avec plaisir, dit M. Caillie, que dans ce pays on pouvait porter un moucboir de poche sans etrc ridicule. Les habilans s'en ser- vent, aulicu que, surtoulela route que je venais de parcou- i ir, il cut etc dangereux d'en foire usage. » (i) M. Caillie, dans toutes les villes qu'il a yisitues, n'a vu que dc faibles populations; au eontraire, Denliam et Clapperton cilent, dans le Bornou et le Haoussa, bcaucoup de villes de 3o a 4° mille Ames. Je suis porte h croirc que le premier attenue ce que les antics cxagerent. SCIENCES PHYSIQUES. M Jenne fait maintenant partic d'un royaiime fonde par Ics Foulahs ct qui a pour chef Sego-Ahmadou, frere du roi de Massina. Ce musulman fannliquc, tronvant que Jenne ctait un lieu trop bruyant pour ses habitudes religicuses, s'est re- tire dans une ville qu'ii a fondee surla rive droile du fleuve, sous le nom de El-Lamdou-LUlald (a la louange de Dieu). II y a institue des ecoles publiques on tous les enfans vont etudier gratis, Sego-Ahmadou fait maintenant la guerre aux Bambaras de SegOj dans l'cspoir de les contraindre a em- brasser l'islamisme ; mais il a affaire u un pcuple belliqueux, qui lui oppose une vive resistance. Cette guerre impoliti- que, en interrompant les communications de Jenne avec le Haut-Dhioliba, fait le plus grand tort a son commerce, qui, neanmoins, est encore assez actif. Les Maures, etablis dans cette ville, recoivent de leurs correspondans k Temboctou des marchandises d'Europe, la plupart de fabrique anglaise, des fusils francais, tres-estimes en Aftique, et dusel en plan- ches tire du desert; ils leurs expedient en echange les produits du Soudan, de l'or, de l'ivoire, du miel, de la cire et des co- mestibles. On fabrique a Jenne beaucoup de bougies, et l'u- sage en est tres-repandu dans cette ville et a Temboctou. Les Maures tirent l'or du Boure et du pays de Kong. Ils font aussi la traite des esclaves , qu'ils envoient dans le Maroc et dans les regences barbaresques. Les Maures de Jenne comblercnt de soins M. Caillie, ct le defrayerent de toute depense; mais, en vrais speculateurs, ils se firentvendre a vil prix ses marchandises. Vn diner, qui lui fut donne par un cherif, fera connaitre les moeurs et le luxe du pays. Notre voyageur y eut pour commensaux sept autres Maures et un marchand negre. Les convives s'etant assis autour d'une petite table ronde dont les pieds avaient trois pouces de bant, un esclave leur servit, dans un plat d'etain, un enorme morceau de mouton cuit a l'etuvee, et placa a cote d'eux une corbeille pleine dc petits pains de fro- ment, que M. Caillie trouva delieieux. « Nous mimes tous, dit-il, la main au plat, mais avec une sorte de polilcsse. La 3a4 SCIENCES PHYSIQUES. conversation lut assez gaie; mais les pauvres chretiens en fi- rent tousles IYais»(i). Apres le diner, le thefutservi dans de petites lasses de porcelaine. Le the" et le sucre ne se voient, a Jenne, que chez les riches. M. Caillie parlit de Jenne, le 25 mars 1828, dans une pi- rogue de 12 ou i5 tonncaux. Mais, arrive sur le grand bras du fleuve, il passa sur une barque qui en contenait environ 60. Ces barques ont de 90 a 100 pieds de long sur 14 de large au milieu, et 6 ou 7 de profondeur. Leur equipage se compose de 16 ou 18 mariniers, deux timoniers et un patron. Elles sont construites en planches cousues avec des cordes. On les calfate avec de la paille pilee et melee de vase, et Ton couvre ensuiteles coutures de paille fraiche. Des tringles placees in- terieurement, de distance en distance, maintiennent cette frele construction. Le pont est compose d'un treillage en bois mince, qui s'eleve en berceau fort au dessus des bords. Les Negres, ignorant l'usage de la pompe, laissent au milieu du navire un espacelibre ou sont places deuxhommes sans cesse occupes a jeter l'eau qui fdtre par les coutures. Ces barques n'ont pas de voiles, et ne peuvent naviguer que par des terns calmes. Elks emploient, suivant l'occasion, la perche, la rame on la cordelle ; une perche tient lieu de gouvernail. Les mariniers du fleuve sont tons csclaves, et il y a meme quel- ques patrons qui apparliennent a cette classe. On ne leur con- fie pas moins, outre des marchandises considerables, le trans- port d'autres esclaves, qu'ils ont soin de tenir enchaines. Dans une rclache que fit la barque de M. Caillie, ces malhcu- reux, qu'on avail momentanement debarrasses de leurs fers, s'etant mis a danser sur le rivage, des Foulahs, etablis aux en- virons, s'offenserent de cette liberie prise pendant le ramadan; c'etait, disaient-ils, se jouer de la religion, et, en reparation du scandale, ilsexigeaient une amende de 5,ooo cauris (25 fr.). (1) Les Maures, trts-adroits a prendre les mets avec les doigts, s'im- patientaient souvent contre M. Caillie, et maudissaient les cLuetiens, qui ne lui avaient pas hiOidc apprit a manger decemment. SCIENCES PHYSIQUES. 325 Mais le patron parvint a transiger avec eux pour cinq coups de corde donnes a chaque esclave ; ce qui ne les empecha pas de recommencer a danser apres le depart des Foulahs. Notre voyageur, entoured'une petite flotlille, fit, dans le majestueux lac Debo (Dibbi), une entree solennelle, les equipages tirant des coups de fusil, et criant : Salami Salami Tant les grands spectacles de la nature ont d'empire sur tous les homines ! Apres avoir traverse ce lac, qui s'etend a l'ouest a perte de vue, M. Cailliecontinua de descendre le fleuve, qui coule len- teuient versle nord a travers les pays de Banan et de Diriman, immenses plaines decouvertes et marecageuses, qu'habitent des negres mahometans d'un naturel assez farouche, ct ou des tribus nomades de pasteurs foulahs viennent chercher des paturages. Le port de Sa, entre le lac et Temboctou, est le rendez-vous des barques qui naviguent vers cette ville; la, elles se reunissent en flottille sous les ordres du patron le plus ancien, qui prend le titre d'amirou. Cette precaution est necessaire pour imposeraux Touariks, autrement dits Sourgous, qui habitent ces contrees, et qui, a titre de droit de passe, mettent a con- tribution les navigateurs. Les Touariks, sernblablesauxMaures par la couleur, n'en different, quant an costume, que par une bande de toile de coton nominee falara , qui leur enveloppe la tete, et ne laisse voir que lebout de leur nez. Ce peuple n'a point d'armes a feu, et il a peur du bruit de la poudre. II n'en est pas moins la terreur de ses voisins; les Foulahs seuls ont su s'affranchir de ce joug honteux. La flottille, reunie au port de Sa, offril au voyageur quelque chose d'imposant qu'il ne s'attendait pas a trouver dans l'intc- rieur de l'Afrique. Le mouvement qui regnait de toutes parts lui faisait croire qu'il etait dans un port marchand d'Europe. Mais les hippopotames et les caimans, qui elevent leur tete au dessus du fleuve , rappellent bientot la pensee vers l'Afri- que. La flottille ayanteteassaillie par les Touariks, onfitcacher M. Caillie au fond de la barque, a cause de l'idee exagcree qu'ont ces hommes de la richesse des Maures ; a sa vue , leurs pretentions n'auraient point eu de homes. Le Dhioliba se di- 3aG SCIENCES PHYSIQUES. yjse, qui se trouve a la page 555, ct non555. « Mon hote m'a assure que Haoussa n'est situe qu'a one vingtaine de jours de Temboctou en descendant le fleuve; mais dans une petite pirogue on peut laire ce trajet en douze, ct atteindre ensuite rapidement l'embouehure du fleuve, surtout s'il va se perdre dans l'Ocean. » 11 est clair que le premier membre de cette phrase appartient seul a Sidi Ab- dallahi, et Ton pout de plusieuvs manieres le concilier avee son assertion precedente, tandis que dans le second mem- bre, le critique a cree lui-meme la contradiction, en transfor- niant une conjecture du voyageur en un conseil d' Abdallahi. II semble que le chagrin de voir un Francais revenu de Temboc- tou ait derange l'esprit de ce critique, homine d'ailleurs instruit . Ici , il veut que les Fellatahs soient aussi blancsque les Fran- cais; la, il pretend que notre voyageur, entre en Al'rique par le sud de la Scnegajubie et revenu par Tanger, est rctourne au rivnge meme (to the very spot) d'ou il etait parti ; plus loin il tourne en ridicule ML Caillie pour avoir dit que les Arabes se diligent dans le desert par I'observalion des etoiles. Nous lui opposerons le temoignage d'un autre voyageur qu'il en croirapeut-etre, attendu qu'il n'est pasnecn Erance : « Lacon- naissance des astres est, commeon s'en doule, le point fonda- meiital de eel art (celui de parcourir les deserts); ils en cun- servent avec soin les priucipales notions, qn'ils se transmet- IvMil de pcre en fils. Quant aux proccdes de l'enseignemenl, it > -out peu compliques; le seuil de leurs cabancscst leur (Air- 33a SCIENCES PHYSIQUES. scrvatoire; lours telescopes sont Icurs regards percans, qu'ils pen vent promener a I'aise sur 1'immcnse pavilion qui se deroule sans tddienu dessus de leurs tetes. Qu'unEuropcen ailleassis- ter aux seances pastorales de ces academies du desert ; l'objet en vaut la peine. II verra l'ancien du village indiquer a l'as- semblee, de la voix et du geste, Ics diverses constellations ; il I'enlcndra decrire les cercles et les ellipses des planetes, de- nombrer les ctoiles fixes, les nommer par leurs noras classi- ques, quoique alteres par la langueel les traditions, et desi- gner par leur moyen les routes inapercues sur les plaincs unies du desert, mais tracees dans le firmament. II entendra ensuite les jeunes gens repeter avec recueillement les lecons du vieillard; il verra meme de petits ctres tout nus, assis sur les genoux de leurs meres, lever leurs mains en fan lines vers le ciel, et balbutier les noms des guides futurs de leurs loin- tains voyages. » ( Pacho, Voyage dans la Marmarique et la Cy- renai'que, p. 276.) Et si ce tableau est vrai des Arabes de l'oa- sis d'Audjelab, qui vont aussi a Temboctou, il doit l'etre ega- lement des autres habitans du desert. C'en est assez, je pense, pour prouver que le critique anglais n'est pas infaillible. Ajou- tons que la sincerite de M. Caillie ne paraitra suspecte a au- cun Iecteur non prevent! ; la candeur et la bonne foi sont em- preintes dans toutes les pages de son recit. Malgre les instances de Sidi Abdallabi pour le retenir a Tem- boctou, M. Caillie, apres avoir sejourne dans cette ville seu- lement treize jours, la quilla le 4 mai 1828, avec une caret- vane qui faisait route vers le Tafilet. De nouvelles souffrances l'attendaient dans la traversee du Sahara, pendant laquelle il eut a lutter a la fois avec les rigueurs de la nature et avec la barbarie des hommes. Un trait general semble caracteriser l'Africain de toutes les races ; e'est l'habitude d'agir d'apres l'impression du moment. Ainsi, chez ces peuples enfans, l'e- tranger est souvent, pour les memes individus, et a peu d'in- tervalle, un objet d'insulte et de pitic. L'exterieur musulman adopte parM. Caillie, seul moyen de penetrer dans la plu- part des contrees qu'il a parcourues, ne le meltait qu'incom- SCIENCES PHYSIQUES. 353 pletement a Pabri de ces caprices cruels. Ce costume avait de plus l'inconvenient de lui interdire toute observation as- tronomique , et ce n'est qu'au prix de perils nombreux et de precautions infinies qu'il a pu tracer et conserver les notes informes qui ont seryi de matcriaux a son recit. Si maintenant, apres avoir rendu justice au courage sur- humain et a la rare intelligence dont il a fait preuve, nous examinons son voyage sous le rapport des progres qu'il a fait faire a la science, nous croirons en donner une idee assez exacte en disant que l'l'mportance de ses resultats consiste moins dans des decouvertes nouvellcs, que dans la certitude et la clarte qu'il a repandues sur ce que nous ne savions que par les rapports vagues et contradictoires des habitans du pays. Ainsi , le cours du Dhioliba de Jenne a Cabra, la navigation etablie sur ce fleuve, et le commerce de Temboctou avec Jen- ne, etaientdeJH connus de l'Europe; miis l'importance de ces villes, les peuplades diverses qui habitent les bords du fleuve, les particularites relatives a sa navigation, et une multitude d'autrcs details transmis par M. Caillie, transforment en con- naissances positives des renseignemens confus, inexacts, et auxquels le doute etait attache. Parmi les notions nouvelles que M. Caillie a recueillies on doit citer celle de la riviere Tankisso et de son passage par le Boure, l'existence de plu- sieurs villes commercanles, Kankan,Time, Tangrera, celle de la ville d'El - Araouan, dans le desert, nom qui sur nos car- tes ne designait qu'un puits, tandis que Tafilet, pris jusqu'ici pour une ville, estlenomd'une vallee ; enfin, le cours vers le nord du grand fleuve d'Afrique, depuis Jenne jusqu'a Cabra. D'apres cette direction du fleuve, d'accord avec l'ombre d'un style, observee par M. Caillie A Temboctou, M. Jomard, dans la carte itineraire qu'il a jointe au Voyage, a cru devoir repor- ter la position de cette ville pres du 180 de latitude nord, et du G° de longitude a I'ouest de Paris. II sera prudent, toute- fois, d'attendre pour adopter definitivement cette position qu'elle ait pu etre confirmee par quelque observation astrono- mique. Je devrais parler ici des Remarques et reclierches "eogra- 334 SCIENCES PHYSIQUES. pliir/ues dont M. Jomard a enrichi cette publication. Mais quo pout-rait ajoutcr moil suffrage a la confiance quo son noia est en possession d'inspircr a 1'Europe savante? Je nc sau- rais pourtant laisscr echapper l'oceasion dc remcrcier ce docte ecrivain de l'indulgcncc avec laquelle il a liien voulu parler d'une notice dans laquelle j'ai essaye de resoudre le probleme toujours subsistant dc rembouchure du Dhioliba (voy. Rev. Enc, 1829; t. iv, p. 5) (1). CnAUVET. (1) M. Jomard me permettra de lui soumettre ic! line objection con- trc l'hypolhese qu'il a reproduitc de l'ecoulcinent d'un bras du Dhioliba dans le Tchad par l'Yeou. La hauteur flu Tchad a ele observee ; elle est de pres de 3oo pieds au dessus du niveau de la iner. Celle de Temboc- ton, d'apres des calculs tres-plausibles de M. Jomard lui meaie, est de a3o a 260 pieds. N'y a-t-il pas dans ces deux hauteurs un obstacle invin- cible a ce qu'un bras quelconque du Dhioliba, continuant son cours a I'est, s'ecoule dans le Tchad f SCIENCES MORALES ETPOLITIQUES. Tableau de la constitution politique de la monarchie fran- chise selon la Ciiarte, ou Resume du droit public des Fran- pais, accompagnc du texle des lois fondamentales, et de documens auihentiques ; par A. Mahul (i). On a souvent reproche aux Francais leur complete igno- rance de Ieurs droits politiques, et non sans raison. Les memes hommes, si instruits en matiere civile, semblent a peine se douler qu'il cxiste d'autres droits qui sont cependant aujonrd'liui la base et la garantie de tous les autres. Cette dis- position des csprits ticnt surtout a l'etat ou se trouvait le pays quand la revolution arriva. A cette cpoque, le mot ineme de constitution etait un mot vide de sens, il n'exprimait rien ; car la constitution alors n' etait qu'une maniere d'etre vague, incertaine, depourvuc de tout principe fixe et d'aucune idee arretee ; c'etait le res ul tat incoherent de la foule des evene- mens divers que le cours des siecles avait amenes. Dans une pareille situation, le gouvernement, sans regie precise, ne pou- vait pas etre I'objet d'une etude speciale, parce qu'il etait im- possible d'invoquer une loi sans cesse variable, et qui n'avait pas d'expression ecrite. Un tel etat de choses admis, on concoit comment les cs- prits durent naturellement se refugier dans le sein des juris- prudences particuliercs, unique protection reservee a la pro- priete et a la vie des citoyens. Aussi , dans les deux derniers (i) Paris , iS3o ; Desauges, run Jacob , n" 5. In-8" de it et 744 pag1 1 prix, 10 fr. 5."G SCIENCES MORALES sieclcs qui ont precede la revolution, n'etail-il pas rare tie voir, clans les pays de coulume surtout, tie simples particu- liers en savoir autant que Icurs avocats, et pouvoir les din- ger dans les nombrcux detours de la procedure. C'est sur une erudition de ce genre qu'est fonde le comique de I'une ties meilleures scenes des I'laideurs de Racine, el Ton n'est point surpris d'entendre un valet, dans Moliere, debilersans hesi- ter tous les termes tie la chicane la plus raflinee. Les poetes ne faisaient qu'exprimer les mceurs. Cependant, les choses n'en ont pas toujours etc ainsi parmi nous. II fut un terns on le droit public etait pour tous une affaire de haute importance, dont on s'enquerait avec soin; et qnand les communes deLaon, de Saint-Quentin, deYeze- lai stipulaieut leurs droits avec l'eveque ou le seigneur, les traites qui fixaient les ihterets des parlies etaient de veritables constitutions d'Etat conmiises a la vigilance du plus mince bourgeois pour en faire executer les clauses. Mais qu'ar- riva-t-il? c'est que presque toujours l'autorite royale inter- vint dans les debats; de sorte qu'apres bien des querelles, du sang repandu, et du courage depense en pure perle, les communes, s'apercevant, d'un cote, qu'elles ne pouvaient lutter contre le roi et le seigneur reunis , d'un autre cote, qu'elles avaient moins de desavantage en adoptant l'inter- venlion d'un tiers, consentirent a laisser fixer leurs droits par les decisions de la couronne, et s'accoutumerent peu a peu a lui abandonner le soin de toutes les afl'uircs publiques. Elles preferaient l'autorite d'un mailre eloigne a celle d'un maitre qui pesait incessament sur elles par un despotisme de details, le pire de tous ; et Ton vit, sans peine, s'accroitre la puissance du trone, parce qu'elle affaiblissait d'aulant la ty- rannie si justement abhorree des grands seigneurs feodaux. Voila comment s'explique ce desinteressement absolu pour les choses generales, devenu par le laps du terns un des traits dominans du caractere national. Quand, par suite de l'accroissement des richesses, de la diffusion des lumieres, et des progres de la civilisation qui en sontla suite, une grande ET P0LITIQUE3. 337 devolution eclala dans l'organisalion sociale de la France, relte revolution eveilla d'abord toute l'encrgie dc I'opiuiou puldique; mars ces premiers efforts, ces elans gencreux fu- rent accompagnes de tant de seeousses violcntes, de tant d'evenemens funestes, que chacun, apres la toumiente, sc scntit epris d'un phis grand amour du repos qu'auparavant, et fut heureux, comme autrefois, d'abandonner au pouvoir Jes interets de l'Etat ct le maniement des affaires. Ce fut done an souvenir recent et douloureux des maux ■que nous avions soufferls que Napoleon dut la puissance sans borncs dont il abusa si etrangement, mais qui servit aussi, ii faut bien le dire, a regularise!' l'ordre de choses fondc par la revolution. Jusqu'a lui, tout n'avait ele que trouble et con- fusion; jusqu'a lui, le gouvcrncment n'etait qu'une arenc ouverte oii les parlis se devoraient; jusqu'a lui, on doutait encore que la societe nouvelle put s'organiser. Le premier, il raffermit le terrain surlequel devait s'elever unc autre consti- tution sociale : il crea le droit civil; et ce droit, il le basa sur l'affrancbissement de la terre, sur la libre division des pro- prietes, fait immense, fait capital qui renferme en lui seul la revolution lout entiere, e'est-a-dire tout le cliangement ; car, cbez les peoples sedentaires, la societe ne repose que sur la propriete du sol; le mecanisme social ne rcsulte que de la faculte plus ou moins restreinle de posseder et d'aliener. lly a cent ans, la possession etait circonscritc dans un nom- bre determine de families, et 1'alienation des biens presque impossible; aujourd'hui, la possession et 1'alienation sont accordees a tous, sous I'empire d'unc loi commune, qui n'ad- met ni privilege, ni speciality (l) ; done, la revolution est operee sans retour. Qu'on ne s'j trompe pas, lout est la. Les conqnetes de Bo- naparte out disparu avec le conquerant, mais le Code civil est reste; il est reste, parce qu'il a implante dans nos babi- (i) Les majorats nc sont qu'une exception ; or, 1'exception ne detruit pa-s la regie, elle la confume. T. XLVI. MAI l83o. 23 538 SCIENCES MORALES tudcs journalicrcs, dans lea inlcrcls /| pages; ncuf sections sont consacrees a l'examen des droits electoraux, et les pieces justificatives de cc titre iv renfer- nient le rccueil complet de tontes les lois sur cette matierc, suivies do regleinent de la Chambre des deputes. Enfin, pom- completer l'ensemble des documens officiels, I'autcur, a l'oc- casion du budget annuel de l'Etat, presente le tableau de l'etat financier en 1789, le tableau dcs budgets de 1S10 et i8ag, et le tableau comparatif de tous les budgets, depuis 1801 jusqu'a 1829. Ces pieces authenticates sont d'autant plus precieuscs qu'elles se trouvent ici reunies a un commentairc judicienx, et que, certainement , si elles n'elaienl pas ainsi rassemblees sous les yeux , on ne se livi-erait pas aux rechercbes neces- saires pour se les procurer. Aussi, je ne doute pas qu'inde- pendamment du merite intrinseque de l'ouvrage cet avantage materiel d'un repertoire de jurisprudence politique sur dcs points si inleressans ne finisse par assurer a cc livre un succes populaire : il n'a besoin que d'etre connu. C'est a cela que doivent travailler les journaux, seuls et veritables organes de la publieite. Mais nous-memes nous n'aurions qu'imparfaitement rempli notre tache, si nous nous bornions a presenter IVisemble du travail de M. Mahul; nous devons aussi a nos lectcurs de leur la ire connailrc sa maniere d'exposer les doctrines, son style, sa redaction propre, toules parties si essentielles, et qui nous initient si bien dans la pensce intime de l'auteur. Mais, en ce cas, nous ne connaissons qu'une bonne critique, c'est do titer. Dans le nombrc des pas- sages qui s'offrcnt a notre cboix nous piendrons de prefe- rence celui qui a rapport a Particle i/j de la Charle , section intilulee : Du pouroir dictatorial et des coups d'Etat : « On a quelquefois singtdierement interprete, soit a la tri- bune, soit dans les ecrits politiques, les derniers mots de l'ar- ticle 14 de la Cbarte, qui attribuent au roi le droit dc faire les reglemens et ordonnances necessaircs pour la suretcde CEtat: on a voulu y voir le droit de frapper des coups d'Etat. de re- ET POLSTIOIKS. 5 ,r. prendre, an bcsoin, le pouvoir absolu, en un moi, la tiiotature. (Idle interpretation fausse est , nous nc craignons pas de le dire, subversive de la Charte tout enlieic. Si elle est admise dans notre droit public, il n'y a plus rien de solide dans noire constitution ; il n'y a plus de libertc morale, ni pour les legis- lateurs, ni pour les magistrals, ni pour les citoyens. Tout est remis en question pour l'avenir; et il faudrait nous hater de redemander l'ancienne constitution de la monarchie, on sur- vivraient du moins quelques libertes irrefragables. Mais il n'en est point ainsi. La nation francaise est proprietaire legi- time et incommutable de certaiues libertes : la Cbarle les a reconnues avec solennite; elle en a regie sagement l'cxercice. La trahison seule et le parjure pourraient les usurper in omen - tanement sur elle; et bientot clles verraicnt tarir la source de Pimpot, s'il avait cesse d'etre libiement vote par les elus des departemens; et bientot les juges depositaircs de la justice du roi, refuseraient de punir la resistance legitime aux prol'a- iiateurs de son nom sacre. » Sans doutc, il pent se presenter des circonstances exlra- urdinaircs ou l'Etat, tombe comme en dissolution, soit par l'anarchie, soit par l'oppression, demande qu'unc main forte s'empare desrenes du gouvernement pour le replacer sur des bases nouvelles : e'est le jour des revolutions. Quelques hom- mes de genie furent places, a des sieclcs de distance, sur la route du terns, pour remplir ces grandes et pcrilleuses mis- sions. Les circonstances alors les secondent ; les peuples vien- nent se rangerautourd'eux; I'opiuion publique les protege, le succes les justifie , et la posterite , a laquelle les vaincus en appellent, absout, en dernier ressort, Paudacieux vainqueur. Hors ces grandes et rares circonstances, la tentative d'un coup d'Ltat n'est plus qu'une conspiration, a moins que ce nc soil une intrigue, e'est-a-direde la petitesse unie a de la mecban- cctc. Si cependant cclle conspiration , ou cetle intrigue, est louronnec de quclque succes, cc succes, pour petit qu'il soit, n'est que passager; mais il sullit a user la constitution eontre laquelle il a ele obtenu : il sullit qiiclquefois pour appeler une 34 i SCIENCES MORALES autre revolution qui relahlissc la stability et l'ordre, comme un violent orage ramene la serenite sousihi ciclobscurci. Ceci n'est point une thcorie; c'est l'histoire du 18 fruotidor et cello du 18 brumaire. 0 D'ailleurs, quel interet pent jamais exist er pour le trone dans le rcnversement des lois sue lesquelles il s'appuie, et d'oii il lire sa force et sa splendeur? Le trone peut-il ctrc scpare de la nation ? Et a qui n-pparticnt-il de meconnaitre la voix de la nation, dans I'expression legale et solcnnelle des Chambrcs qu'elle a pour organes? » Desormais, il est aise de comprendre que la legitimate des coups d'Elat ne peut se trouver dans la loi ecrite. La loi ion-, dauicnlale pourrait bien indiquer les formes pour s'amcliorer ou pour se conserver; mais elle ne saurait consacrer les niojens de se detruire elle-meme ; car le suicide legislalii* ne serait pas moms inconsequent et absurde que le suicide phy- sique. Mais, a defaut de la raison et du bon sens, le texte de la Charle viendrait cette fois a notrc appui. Qu'on jette les yeux sur 1'article 14 : cct article enumcre les attributions di- verses du pouvoir royal et executif; et , a moins d'y voir la destruction en Here de la Charle, il est impossible d'y trouver autre chose que cette enumeration (1). Ilcmarquez que, par sa construction grammatical, il place sur la memclignc , et, dans la meme categoric , les oidonnances neccssaires pour l'execution des lois et celles que peut rendre ncces^aires la sQrete de l'Etat; actes de nature a peu pies analogue, et d'un rang en quelque sorte secondaire, du moins relativement aux prerogatives magnifiques que les termcs piecedens de 1'article attribuent, dans une proportion gradueUement descendante, au pouvoir du roi. Est-ce d'ailleurs subrepticement, et comme (1) L 'article i4 tie la Charle parait avoir ete redige d'apres l'art. 1 44 de la constitution de l'an 111, concu en ces termes : « Le directoire pour- vnit, d'apres le* lois, a la surele exlerieuie de la republique; il pent la ire des proclamations conformes aux lois, pour lour execution , il dispose de la force armeCj Clc. » ET POLITIQUES. 345 pour terminer unc phrase, que sc serait glissee dans la Chartc rinvesliliuc de la puissance dictaturiale ? Et, si cllc avaitdu y parailre, n'aurait-clle pas etc l'objct d'unc disposition precise et solennelle ? Mais non , la dicta lure ne sc proclame point d'avance; clle nc s'ecrit point; et, le jour 011 elle est appelee par la necessite, elle apparait spontanement, et se juslilie A peine par le succes (1). ;> Qu'on nous pardonne cede longue citation, elle etaft n52 SCIENCES MORALES Je vais citor un passage pour donner une idee de la manure dont I'auteur prcscnle et apprecie les fails. II s'agit de Petal de la ville d'Athenes a 1'epoque oi'i Pericles fascinait les ycux par l'eelat de son gouverncment, ct on Alcibiade corrompait les niocurs par ses vices brillans. «Tandis que I'esprit de parti ct la soif de la domination perdaient une parlie dcs Atheniens, le luxe et les richcsses influaient sur les autres; enfin 1'accroissement du n ombre des esclavcs bouleversa les rapports sociaux. Quelle preponde- rance ne donnait point a Nicias la propriete de mille esclaves! Combien Alcibiade ne s'cleva-t-il pas an dessTis de I'Atbe- nien des premiers terns, lui dont les afl'rancbls pouvaient jouer un role dans l'Etat? Au terns dont nous parlous, il l'al- lut que le plus grand nombre des citoyens renoricat aux pro- fessions; elles demeurerent abandonnees aux esclaves. On vivait alors de la solde militaire et du droit de presence, et Ton atlendait, pour s'cnrichir, leparlage d'un Etat etranger. Cimon avail deja commence a gro'ssir le patrimoine des ci- toyens par le'pillagc et les distributions ; Pericles alia beau- coup plus loin, ainsi que leprouvent les exemples de l'Eubee, de Samos et de Naxos. On se rappelle quel fut pendant la guerre du Peloponese le sort de Melos et de Lesbos. La vi- lete des prix, comparee aux moyens d'acquerir une existence, laissait aux Atheniens la faeulte de se livrer aux arts, au theatre, aux enlreliens pbilosophiques, et a toute espece de divertissement intellectuel, sans que leurs affaires en souffris- sent de prejudice... Jusque bien avant dans la guerre du Pe- loponese, le particulicr vivait en general fort modestement ; mais Pericles, pour la seule construction des Propylees, puisa dans le tresor pres de 2J millions, et 5 a 4 millions sorlirent de la bourse des citoyens pour les vases sacres ; enfin 40 la- lens d'or furent employes a la statue de Minerve. Sur la place publiquc, dans les boutiques, sous les portiques, on Ton se rassemblait, comme aujourd'hui dans les cafes, on s'cntrele- nait des arts, et sur v!ngt citoyens il y en avait bien trois que leur position sociale mettait dans le cas de s'en occuper. II ET POLITIQUES. 555 en etait de meme de la science de la parole et de celle de la poesie, de la dialectique et de la grammairc. Chacun pou- vait etre appele a rendre compte des affaires les plus difficiles et les plus embrouillees ; chacun entendaitprononcer lesdis- cours les plus eloquens : la place publique, les affaires jour- nalieres, les tribunaux suffisaient a 1 'etude. II n'etait pas be- soin de langne etrangere, ni d'autres connaissances que celles qui se liaient a la vie commune de l'Athenien. II ne faut done pas s'etonner que l'on eut la pretention de bien juger les arts, la poesie, 1'eloqucnee. » L'examen que M. Schlosser fait des ceuvres des principaux poetes, orateurs et historiens de la Grece, est plein d'instruc- tion et d'apercus interessans. En s'oecupant de Tanalyse des tragedies d'Eschyle et de Sophocle, il est amene a tracer un parallele entre ces deux grands poetes. « Dans Sophocle, dit-il, e'est le siecle de Pericles et sa tendance vers les arts; il ne conserve de vestiges ni de l'aristocratie d'Eschyle ni de l'antique monarchic Quand il introduit sur le theatre un maitre unique, e'est un tyran selon les idees grecques, ou bien e'est un executeur de la volonte du peuple ou de la no- blesse patricienne. DansEschyle, la religion est grande et ter- rible ; clans Sophocle, elle garde un caractere d'amenile etde serenite, meme la oii il est question des Eumenides. Dans Eschyle, les femmes sont etrangeres al'Etat et aux entreprises importantes; dans Sophocle, elles soutiennentle rule que leur avaient donne Aspasie et d'autres courtisanes Le peuple et la ville paraissent chez eux sous un jour tout different. Dans Eschyle, I'Elat est compose de vieillards, de patriciens, de pretres; dans Sophocle, e'est un public confus d'Athe- niens dont la vanite recherche toutes les occasions de s'ap- plaudir lui-meme. Les objets d'effroi el d'horreur s'eloignent de la scene; car ils seraicnt desagreables a ce peuple trop de- licat : il faut done qu'au lieu d'effrayer Sophocle atten- drisse, etc. » L'histoire de la domination des rois de Macedoine et des eonquetes d' Alexandre oecupe, avec raison , une place consi- T xlvi. mai i85o. 25 354 SCIENCES MORALES derable dans cette hisloire uuiversclle. L'auleur examine ju- dicieusement, et toujours a I'aide des temoignages des an- ciens, ['influence que le plus grand conquerant de I'anliquitc exerea sur le^sort des peuples, aiusi que sur la civilisation. Acute du portrait d' Alexandre 1'auteur place celui de l'esprit le plus vastedc la meme epoque et de I'anliquitc entiere, de eet AristOte quieut la globe d'etre le preceptcur d'Alexandre. « Si Ton exeepte les londateurs de religious, dit M. Sehlosser, nul honmie n'a exerceuueplusgrande influence sur rinunanite tout entiere qu'Aristote. INon-.-eulement il a domic des lois a rOecident et a la religion chrelienne, mais il a gouverne l'O- rient et rislamisnic; enfin, il a rcagi sur toutes les branches des connaissances humaines. Sou esprit etait degage des ega- remens de ['imagination, ses i'aeultes exquises s'appliquaient seulement aux choses rcelles et possibles; aussi l'universalite de son genie speculatif n'avait-elle pas echappe au createur de la nouvelle p\iissance macedonienne ; il le donna pour gouverneur a son Ills.... AristOte et Alexandre embrassaienl tons deux l'univers dans leurs conceptions, tous deux vou- laient le soumettre et en changer la lace. Le destin se declara pour AristOte : quant a Alexandre, il ne put accomplir son plan. Avant d'atteindre le Gange. le roi tout-puissant t'ut ar- rete par l'opiniatrete de ses soldats, et l'Occident fut preserve de ses conquetes par sa mort. Aristote, par ses recherches historiques et philosophiques, voulut coordonner et diriger toutes les connaissances humaines. II transmit a ses succes- seurs tout ce (pie la Grece florissante avait conquis dans le domaine des sciences et de la civilisation; mais il appartenait aux terns modernes, et, pour certaines choses, aux dernicrs terns seuleinenl, d'accroitre et de rectifier ses observations, ou meme de les bien comprendre et de les bien expliquer. » M. Sehlosser expose ensuile l'histoire des successeurs d'Alexandre et celle des dynasties grecques en Syric et en Egypte. II s'arrete a Ptolomee IV, Philopator, enajoutant un tableau de l'ecole d'Alexandrie a celte epoque ou la domina- tion romaine allait aneantir la dynastic des Grces. el les effacer du nombre des peoples independans. ET POLITIQUES. 355 M. Golbery a rendu service a la litterature philologique en France, en traduisant un ouvrage qui rachete de grands de- fauts par des parties traitees habilement et avec un profond savoir. Le principal uieriledu traducteurest une fldelite scru- puleuse a reproduire la pensee de l'auteur, et a ne rien omettre de ses developpemens. Des personnes, qui tiennent beaucoup a la forme, prefereraienl que le traducteur fut restemoins fidelea l'original, eteuttraduit avec plus deliberte et d'aisance. D'autres lui sauront gre de s'etre astreint a cette exactitude, qui n'est pas commune dans les traductions. S'il faut nous prononcer entre les deux opinions, nous sommes d'avis que, dans un ouvrage d'instruction, il faut fidelement reproduire le fond, et ne rien omettre des raisonnemens et des fails, mais que, pour le reste, il est permisau traducteur de consulter autant le gout de la nation pour laquelle on tra- duit que celui de Fauteur que Ton vent reproduire. n— c LITERATURE POLONAISE. PoEZYE AdAMA MlCKlEWICZA (l). Poesies A'Adam Mickiewicz, traduites du polonais , par MM. F. Miaskowski et G. Fblgence (-i). Depuis long-tems le nom de Mickiewicz (5) etait popu- laire dans tout le nord del'Europe; ct cepcndant aucune de ses compositions n'avait passe le Rhin. Tandis que la France accueille avec empressemenl les moiudres produc- tions eclmppees a la plume des ecrivains celebres de l'Allc— magne ou de rAngleterre, elle ignorait jusqu'a l'existence d'un poetc qui va de pair avec les plus brillans genies de ce siecle, et qui reunit dans ses vers a un eclat d'images tout oriental 1'enthousiasme reveur et la sensibilite profonde de POccident. Get injuste ouhli vient enfin de cesser : une tra- duction elegante et fidele revele a la France Mickiewicz, et nous pouvons proclatner, a noire tour, que 1'Europc compte un grand poele de plus. G'est, peut-etie, un beau don du ciel pour up jeune homme qui garde au cceur une etincelle du feu sacre, qu'une vie inquiete et orageuse. Au milieu de noire civilisation re- guliere et monotone, de la pompe de nos salons et de nos spectacles, de nos joies de ceremonig, je ne sais quel voile d'uniformite s'etend sur la vie entiere : {'exaltation , (1) Paris, 1828 ; J . Uarbezal ct C'1' , rue des Beaux-Arts, n° 6 ; Geneve, in cine maison. 3 vol. in-S° de 206-216 et 17S pages, avec le portrait de l'auleur ; piix, i5 fr. (2) Paris, i85o; Sedillot. Grand in-8° de 80 pages, avec le portrait dc J'auteur ; piix, 3 fr. j5 c. (3) On pro nonce Mitikevitch. LITTER ATU RE. 35 5 traitee de folie, se refroidit vite ; on se raidit conti-e l'enthou- siasme, chose etrange en effet, et de mauvais ton ; les ames , conimc les corps, s'assujcttissent aux gouts, anx bienscances, etsemettent, pour ainsidire, an regime intellectuel dn pins grand nombre. Mais, snpposez que le hasard, arrachant nn jenne poete aux douceurs de la vie commune, le jette dansun monde a part; qu'une passion violente, I'emportant ties sa jeunesse, ait trouble son ame en y laissant une trace pro- fonde; que, plus tard, une grave douleur l'ait dec-hire , une de ces douleurs qui font saigner un coeur d'homme sans l'hu- milier, et le forcer a rougir; alors cotnme il secouera les liens facticesdont 1'aurail enchaine la societe! comme l'aigle preiv dra son vol libre et superbe a travers l'espace! comme le ge- nie se developpera dans sa grandeur et sa magnificence na- tives! Tel fut le sort d'Adam Mickiewicz. Ne vers 1798, en Lithuanie, dans la Pologne russe , iMic- kiewiez est fils d'un avocat sans fortune. II commenca ses etudes a Novogrodek , se rendit ensuite an gymnase de AVilna; puis, en 181 5, suivit, dans celte ville, les corn's de i'Universite. II etait alors un des eleves les plus distin- gues du savant historien, M. Lelewel, etcultivait avec sueees les litteratures grecque et latine, dont il posscde une con- naissancc approfondie. Un amour malbeureuxpour une jeufle fille de son voisinage vint troublcr ces occupations paisibles : raconter cet episode de sa vie n'est point de notrc sujet. II est dans le cceur des abiines qu'un ceil curieux ne doit jamais penelrer, des pfeines ameres et secretes qu'il faut respecter et taire. Ce qu'il im- porle de savoir , e'est que L'inegaNte des fortunes mit un obstacle invincible a l'union des deux amans, et que le sou- venir de ces beaux jours d'esperances et de douces illusions n'a jamais cesse de poursuivre Mickiewicz, et d'ajouter quel- que chose de plus cuisant encore a toutes ses douleurs. Cependant, son genie poetique s'etait eveille ; sa maitrcs-c et son pays inspirerent ses premiers vers. II traduisit d'abcrd des ballades allcinandes, puis traita des sujets nationaux ou 558 L1TTERATURK. de fantaisie, et publia enfin, en 1822, un volume do poesies. Ce recueil, qui contenait, autre aulres pieces, Grazyna et les Aleux, fit sensation en Pologne. Pleiu do bcautes nouvelles et originates, de recits nail's et d'eclatantes images, il contras- tait vivement avecl'allure sententieusc, froidc et guindee que la Pologne avait empruntee recemment a la litteralure fran- caise du xvin6 siecle. Les partisans exclusifs de cette littera- ture attaquerent Mickiewicz, ct ce dernier fut quelquefois oblige d'abandonner la poesie pour la polemique, et de des- cendre dans I'arene, arme de vehementes et spirituelles pre- faces. A pen pres a la uieme epoque, il composait une ode celebre parmi la jeunesse polonaise, et qui se lie plus intime- ment encore a l'histoire de sa vie. C'etait le tem6 ou l'esprit de liberte, qui avait remue I'Eu- rope, s'eteignait de toutes parts, comprime par la ruse 011 par la violence : le despotisme ebranle se redressait plus terrible, et les constitutions s'ecroulaient , coinine trente ans aupara- vant les trones. Indigne de ce spectacle, et de ce qu'il appe- lait la lachete de l'age mur, Mickiewicz, dans sa genereuse douleur, s'adressa auxjeunes gens, leur confiant la tache de relever l'autel de la liberie , et il composa I'Ode a la Jeunesse, qui fut couronnee par Y association des elites de CUniversite de TVilna. II est permis de croire que cette composition fut un des titles de Mickiewicz a la baine du gouvernement russe : aussi, lorsqu'une mesure brutale vint frapper l'Universite de Wilna, l'auteur de l'Ode a la Jeunesse ne fut pas oublie. Ici commence, pour Mickiewicz, une longue serie de per- secutions. A" sein de l'Universite de "VN ilna, un simple etu- diant , Tho?nas Zam(i), avait forme une Societe litteraire et scientilique, dans le but d'eutretenir l'esprit national ct les habitudes morales, sans lesquelles le patriot is me meme degenerc- rait en passion aveugle ct facile d rebuter. Cette association prit le nom de Societe des freres rayonnans , ainsi nominee , parce (1) Voir, dans la Bingraphie nnivcrsellc et portative des Contentporains. par M. Boisjoslin, erliteur, Particle Thomas Zan. LITERATURE. 35t) que les etiulians I'urenl partages en sept classes, qui tirerent leurs noms des sept rayons de La lumicro celeste : Mickiewicz i*ul mis au nomine de< vingt philemathes, ou surveillansde I'a.-- sociation; et deja celte ideo de Thomas Zan promeltait a la Pologne les plus beaux resullats, quand une denunciation clandestine obligca la Societe de se dissoudre, en 1822. L'im- prudence d'un jeunc etudiant attira bientot, sue les membres disperses, une nouvclle persecution. En septembre 1820. Thomas Zan fut arrete, jete en prison avec une foule de ses caniarades , soumis a une euquete rigoureuse , pendant la- quelle il deploya la plus heroique. fcrmcte. Mais il fut con- vaincu d'avoir voulu propager I 'insensee nalionalitc polonaise , etenferme dans la forteresse d'Orembourg ; dcptiis, il n'a pas reparu dans son pays. Quatre professenrs furent destitutes, entre autres le savant Lelewel ; dix philomai lies condamnes au bannissement perpetuel, et parmi enx Mickiewicz. Un grand nombre d'etudians, deportes dans les regimens russes, out , clepuis , trouve la mort loin de leurs families et de leurs amis . sous les rein parts de Silistric et de Warna. Quanta Mickiewicz, on I'envoya a Odessa, et, durant son sejour en Crimee, il composa des sonnets, dans lesquels il retrace les merveilles de la nature d'Orient et les secrets sen- timens de son time, avec une chaleur et tin eclat de poesie dont les Tiistes d'Ovide n'approcberent jamais. Bientot le gouvernement russe tleeouvrit. par sa correspondance . qu'jl trouvait tolerable cc lieu d'exil. On le fit tout de suite partir pour Moscou, et, la il fut place sous la surveillance de la police, et atlacbe a la personne du prince Galitzin, gouverneur mili- laire de cette province. Mais celte rigueur devint, pour Mic- kiewicz, la source d'un adoucisscment inattendu a ses maux. Le prince Galitzin fut emu de son sort ; nappe de son talent, il tint a houneur de sc faire tin ami du grand poete, et le con- iluisil a Saint-Pelersbourg. 011 Mickiewicz publia une edition racifles an fond du coaur, sYtourdil un inslanl sans pouvoir jamai- a'epuiser, et, toujours geesente , i it et se deccle miis chaque pen^'e d:i poelc. Cette melanrolie. caractcrc disliuclil' LITTER ATURlv 30 1 dc son genie, est d'ailleurs empreinle stir la figure COitlttife dans les poemes tie MirkicAviez ; et qui vena le br-mzc oil iM. David a modele les traits de son ami ne s'etonnera pas que celui dont il eonlemple Pimage ait fait les Ai'eux, les Sonnets de Crimec et Wallenrod. Mickiewicz n'est pas seulemcnt un habile et grand artiste . c'est un artiste inspire, done du talent d'improviser, comme de eelui d'ecrire. Qu'il se trouve an milieu de ses amis; que le son du piano, le refrain d'une chanson nationale reveille son sentiment poetique , il demande un sujet, et verse sur cc theme de hasard tons les tresors de sa riche imagination. Un soir, en 1827, il etait a Saint-Petersbourg (1) , avec quelques compatriotes , chez ML Adam Rzewuski : e'elait la veille de Noel et Tanriiversaire de sa naissance. II Aenait d'improviser quelques vers, lorsqu'exalte par les transports de ses amis, emu paries souvenirs de la Pologne quelui rappelait le cercle reuni devant ses yeux, il demande tout a roup un sujet de tragedie emprunte a I'histoire nationale. On se presse aulour de lui, on se consulte : une voix prononce le nom de Samuel Zbo- nnvski (■?.) ; Mickiewicz accepte, et sort un instant. On attend son retour dans le silence : chacun cherehe a rassembler dans sa memoire les evenemens, les personnages qui pouvaient figurer dans celte tragedie. Mais le poete rentre, et son drame est pret. L'imagination l'a transporte dans la Pologne du xvie siecle : d'admirables accens jaillissent de son ame ; fac- tion marche, se developpe, se lie, et deja il avait declamc plusieurs centaines de vers, lorsqu'au milieu d'un discours de reproclies que Zamoyski adressait a Samuel, ses forces Vahah- donnent, il chancelle, et tombe evanoui sur un siege. Des hirmes d'emotion, des cris d'enthousiasmc eehappent a I'as- semblce cnlicrc : on environne le poete, et quelques-uns de (i) Extrait d'une Lcltrc ecrite par it ti lemoin oculaire. (a'j lTn des plus mauvais citoyeus de la Pologne, qui la remplil de trou- Imcs el d'inlrigues, au tenis de Henri III. — I.c sujet du drame etnit fa liitle de ce lactirux avec I'i'lusUe Familledes ZarrnOAiki. 36a UTTKHATURE. nous, dil I'auteur de la letire, restent comme petrifies, Irs yeux fixes Mir Pobjct de tears adorations Ce fut la un beau jour pour Mickicwicz, un de ces jours qui font supporter bien des mois de souffrance, el rappellent encore que la vie est belle, et, malgre les deceptions de la fortune, ne laisse pas que d'avoir ses enchantemens. Tel est lc poele que MM. Fulgence et Miaskowski cn- treprenncnt de naturalise!- parmi nous : avant de parler de ses ouvrages, nous avons du parler de sa vie, de ses disgraces, des tempetes qui 1'ont troublee. Dans les siecles oii la poesie est l'expression et, pour ainsi dire , 1'bymne de la societe entiere, 1'echo de la voix commune et l'imagc des secrets sentimens de tous, le nom et la vie du poete peuvent et doivent meme res- ter ignores. Qui a ecrit ITliade ou le Romancero ?peu imporle ; et pourquoi vouloir atttacber un nom d'auteur a ces cbants? II ne leur faut qu'une date. Mais , dans nos terns ou la poesie est, conime les homines, toutc personnclle et individuelle, ou il n'y a pas d'unite dans Part plus que dans la societe, le poele n'a de valeur qu'a la cendition d'etre original. Ses idees et ses emotions propres revivent toules dans ses cbants : et a qui ne connait pas l'homme , I'eeiivain ne presente qu'une enigme indechiflrable. Connnent sentir et juger Chihle-Harold. Man- fred et Lara, sans les Memoires, les confidences de lord Byron? II en est de meme pour Mickiewicz ; et le meilleur commen- taire de ses livres , e'est son bistoire. Deux passions, l'amour et le patriolisme ont inspire les \ers de MickieAvicz , conime elles ont renipli sa vie. Au matin de sa jcunesse, lorsque l'avenir se peignait a ses yeux de rianles couleurs, et que, fier de son talent, il avait encore confiance en la fortune, il fit des vers d'amour, et cornposa le poeme des Aleax. Plus lard, quand ces illusions disparurent et qu'a leur place de trisles realiles vinrent l'assieger de toules parts, il seniblc qu'il ait ressenli plus vivement les maux de la Po- logne , conime si ses peines avaient ramene natnrellemenl ses regards sur celles du pays. De ces deux sentimens est resullc unc poesie plus energique, plus nervcuse^ les LITTEUATURE. j(>5 Sonnets de Crimee et Wallenrod. Que si vous supposez relic poesie du coeur cmbcllie de tout I 'eel at de 1'imagination, parfife d'un luxe d'images, altcrnativement suaves et gigantesques, vous aurez line idee du genie de Mickiewicz, et vous com- prendrez faeilement eombien un tel poete doit etre chei' au pays qui Pa vu naitrc. Le debut de Mickiewicz dans la carriere liltcraire fut bril- lanl ; et, depuis, sa gloire n'a pas cesse de giandir. II publia d'abord des Ballades el les poemes de Grazyna et des Aieux. De tous ses ouvrages Grazyna sera le nioins goute des lec- teurs franca is ; car son merite principal console dans une fidelite scrupuleuse a reproduire les formes elegantes et la purete de la langue polonaise an xvie siecle : e'est un sujet tire des anciennes Annales lithuaniennes. Litawor, i'un des princes de ce pays, vient de conclure un traite avec l'Ordre teutonique pour depouiller ses freres. Sa feinme Grazyna Papprend : elle envoie secrelement au grand-maitre un mes- sager muni de faux ordres du prince et charge de rompre le traite. Les chevaliers, irrites de ce manque defoi, attaquentle chateau de Litawor. II elait nuit ; Litiwor dormait : Grazyna prend ses amies, court aux remparts, et meurt en combat- tant. Mais, au bruit de la bataille, Lilavvor s'est eveille : la vuc de sa femme expirante exalte son courage ; il fait un horrible carnage des Croises : puis, vainqueur, se precipite dans les flammes du bfi( her qui vient de consumer les restes de Grazyna. Parmi les Ballades, les unes sont traduites de l'allcmand ; les autres, originates, sont consacrees a reproduire en vers simples el nail's des conies populaires et des traditions lilliua- nieunes. Car Mickiewicz est, avant tout, un poete national; el, dans les Aieux, drame plulot que pocme, et drame de passion, apparaissent encore de vieilles coutumes locales et des super- stitions de paysans. La scene est en Lithuanie. Un usage, qui rcmonle au terns du paganisme, veut que, le jour des marts, on evoque les ames du purgaloire pour leur offrir quelque adoucissement a leursmaux, des privies, ou meme des dons mater jels,du pain. 564 LITTEilATURE. s naysans, fideles a leurs tradi- tions, vont encore celebrer Ic jour des aieux an fond dcs bois et dans les chapelles en mines. Une solennite de cc genre a fourni a Mickiewicz le snjet d'nn poemc, dont deux parties senlenient ont parn. 11 suppose que la foule est rassemblee dans un temple a demi-delruit ; \\n magicien, sorte de pontife populaire, eonvoque autour de lui les ombres : elles apparais- sent a sa voix, puis s'eloignent : une senlc est restce, malgre gfes evocations et ses menaces, et s'attache opiniatrement aux pas d'une jcune CiWe. A la nuit tombee, utt vieux p ret re fait reciter aux enfans qu'il instruit les priercs de 1'Eglise. Un inconnu demande l'hos- pitalite : il est vein d'une facon bizarre, et parle un langage plus bizarre encore. Ilraconteen termes obscurs une triste his- toire d'amour. Mais, au milieu de ce terrible et singulier dia- logue, le pretre et le voyageursereconnaissent : c'est Gustave, son eleve cheri : il est devant ses yeux, mais pour y mourir, et . apres avoir embrasse son maitre, il se frappe d'un poignard qu'il tenait cache sous son manteau , et il expire sans qu'au- cun sccours humain puisse le sauver. Or, Gustave estcette ombre qui troublait la fetedes aieux : de\ ore d'une passion violente, ce jeune homme a mis fin a sa \ie, et Dieu l'a condamnc a errer chaque annee un mois sur la lerre pour revoir la demeure de celle qu'il a tant aimee , et consommer de nouveau son crime parmi d'horribies angoisses. Ce sujet l'antastique, etquisemble une h'-gende d'un vieux mo- nastere , Mickiewicz l'a pare de tons lescharmes de la pocsie : la dernicre partie surtout, avec ses inventions bizarres et ses con- templations mystiques, est pourtant un chef-d'oeuvre de grace el de sensibilite profonde. Nous citerons un passage on Mic- kiewicz, sous le nom de Gusiave, retrace les impressions et les senlimens desa jeunesse. II s'adresse au pretre : « Epris des il- lusion- que m'ollraient mes songes. degoute du cours mono- »one d(s choses d'ici -has. ct dedaiKuant les etic- d'une nature LITTER ATU RE. 365 rulgairc, je cherchais , j'appelais cette divine amantc qui n'exista jamais sous le soleil , cette amantc qu'un souflle d'en- thousiasme avait fait nailre sur les vagues mobiles de l'imagi- nation, et que le desir avait embellie a souhait de mille fleurs. Mais, dans ces terns glaces, il n'y a point d'ideal : a travers le present, j'ai pris mon vol vers Ytigc d'or ; je deployais mes ailes dans le ciel des poetes; je poursuivais, j'errais, sans me lasser de ma course. Enfin, apres de longs voyages dans ces oonlrecs lointaines, je retoinbe, et j'allais me precipiter dans le torrent des infames voluptes. Je m'arrC-te un instant : je jette encore un regard autotir de moi ; je l'ai trouvee enfin cette amie. je l'ai trouvee pres de moi : je l'ai trouvee pour la per- dre a jamais. »Nous n'ajouterons qu'un mot; tel fut reiiihou- siasme quisaisit la jeunesse polonaise, a l'apparitiondes Aicux, quel'exemple deGustavefut, dit-on.contagieuxpourplusieurs. Werther sen! avait exerce cet empire sur les ames; influence deplorable, sans doutc, mais qui It'moigne pourtant de la puissance et de l'inspiration tin poete. Vers le meme terns, Mickiewicz composait VOdea la Jeu- nesse, bymnede patriotisme et d'espoir, on se mele. a un pro- fond degout de l'indifference contemporaine, une foivive dans l'avenir de la liberie. II y a dans cette piece des strophes qui dechirent le cceur, quand on songe que cette noble jeunesse de "Wilna , pour les avoir repetees dans ses promenades et ses entretiensdu soir, pour les avoir commentees par ses actions, a subi la persecution, le bannissement et les fers. MickieAvicz exhortait ses amis a 1'union : lis l'ont payee cher cette union ; et vraiment ils elaient propbetiquesces beaux vers du pocte : « Courage, jeunes amis, quoique le chemin soit rude et glis- sant, que la violence et la lachete nous en dispulent Pen- tree, etc. » Voici cette ode traduite avec une scrupuleuse exactitiule. « Sans ame et sans coeur, pareils a des squelettes, voila les peoples! Jeunesse! prete-moi des ailes! que je m'env.tle au dessus dece monde decrepit, dans la region des illusions ce- lestes, la on l'enthousiasme enfante des miracles, inonde la 366 LITTKRATURE. tunc dc flours nouvelles, et embellit l'esperance d'images do- rees. » Que celui que l'fige a fletri courbant vers la terre son front sillonne, que celui-la s'enferme dans le cercle que decrivent ses debiles yeux. »Mais toi, jeunessc, vole au-dessusde l'horizon, et de ton ceil aussi peccant que le solcil penetre d'une cxtremito a l'au- tre tous les espaccs de l'humanile. »Regarde la-bas, oil un brouillard etcrnel obscurcit cette masse inondee d'un torrent de basscsses : e'est la terre. Vols oonime sur ccs eaux livides surnage un reptile dans son en- veloppe hideusc, navire, pilote et gouvernail a la fois, poursui- vant d'autres reptiles plus petitsquelui ; tantot il s'elance a la surface des eaux,tantot plonge au fond : il ne songe pas aux tempetes, ni les tempetes a lui; mais, tout a coup, il se brise en eclats contre un rescif : nul ne savait sa vie, nul ne sait sa mort. Cest 1'egoi'sme. »0 jeunesse! le nectar de la vie ne m'est doux qu'alors que je vide la coupe avec d'autres; la joie ne saurait abreuver les coeurs, si des liens sacres ne viennent les unir. Union ! jeu- nes amis, union ! Le bonheur commuiL, voila notre but. Foils de notre alliance, eclaires par l'enthousiasme, union ! jeun<^ amis ! »Heureux memecelui-la qui, enlraine par un noble delhv, succombe dans la carriere ! Son corps est un echelon de plus vers le temple de la gloire. » Union! jeunes amis! quoique lc chemin soit rude etglis- sant ; que la violence et la lachete nous en disputent l'entrec : la violence, qu'elle soil repoussee par la violence : la lachete, apprenons a la terrasser des l'enfance. i) Celui qui, enfant au berceau, brise la tetede l'hydre, jeune homme etouffera les centaures, arrachera des viclimes aux en- ters, et ira cueillir des lauriers au ciel. » Penetre on lavue ne penetre pas; brise ce que la raison ne brise pas! O jeunesse! ta vilesse est relic de 1'aigle; Its bras soul rommc la foudre. LITTERATURE. 367 » Allons, joignons nos bras; ceignons de cette chaine indis- soluble la sphere du monde. Concentrons nos pensees en un seul foyer, en un seul foyer nos umes. »Sors de tes fondemens, vieil univers! que nous te pous- sions, vers des routes nouvelles, et , debarrasse de Ion ecorce pourrie, tu vas rappeler les jours fleuris du printems. »Comme dans l'empire du chaos et de la nuit, trouble par le choc confus des elemens, un mot sortit de la bouche de Dieu, et Ton vit le monde rouler sur son axe, les vents souf- fler, les ondes couler , et le ciel se parsemer d'etoiles : ainsi dans les regions de l'humanite il regne une nuit profoude. Les passions luttent encore ; mais la jeunesse brule d'un feu crea- teur, d'oii sortira le monde tout anime : l'amour lui soufflera la vie, et l'amitie Taffermira sur une base eternelle. » Soudain vont disparaitre et la couche de glace qui resserre lescoaurs, et les prejuges qui obscurcissent la lumiere. Salut, aurore de la liberie ! presage d'un soleil libera teur! » Entre l'Ode a la Jeunesse et les sonnets de Crimee il y a une transition naturelle, Cex'U. Relegue a Odessa, comme pa- triote polonais, Mickiewicz parcourut la Crimee, les mines de ces villes jadis fiorissantes, et les monumens devastes oii triom phait l'orgueil de ses khans : il visita surtout ses vallees, ses paysages enrichis de toutes les splendours de l'Orient, et il consacra les souvenirs de son voyage dans dix-huit sonnets, etincelans de beautes poetiques, et oii se peignent admirable- ment les alternatives de plaisir el de douleur qu'excitaient en son ame tantot les merveilles de la nature, tantot le souvenir de son pays et de son amour. Ainsi , parmi les ruines du cha- teau de Balaklawa, il ecrivait ce Sonnet : Raines da chdteaa de, Balaklawa (1). « Ces chateaux, reduits en d'innombrables decombres, t'em- (1) Surle golfe dc ce nom s'elevent les mines d'un chateau bali par des Grecs de Milet, et dont les Genois fiient plus laid une foiteresse sous le nom de Cembalo. 308 LITTERATUKE. bellissuient ct Ic gardaienl , 0 Migrate Crimcc ! Aujourd'hui ils berissout les rocbers commc dcs cranes do gcans : les reptiles les habitcnt, on des homines pijres que Les reptiles. » Kscaladons la lourellc ; je chcrche les traces des armoirics : voila line inscription, peut-etre le nom d'un heros, terrcurdes arniees, qui dort dans l'oubli , cnvcloppe comme un vcr des feuilles do la vigne sauvage. »Ici lc Grec ciselait dans les murs les orneniens attiquos : ici l'ltalien imposait des fers aux Mongols : la le pclerin de la Mecqne murmurait un pieux namaz. » A present, lcsvaulours planent autour des tombeaux avec leurs ailes noires, semblables a ces drapeaux de deuil qui, dans unc ville depeuplee par la pesle, flottent eternellement au liaut des bastions. » Puis, quand fatigue de ces excursions, et rassasie de spec- tacles, il rentrait en lui-meme, et songeait a son exil, aux compagnons de sa jeunesse, au sol qui l'avait nourri, a tous ces details encbanteurs clont se compose Thlee de patrie, alors il oubliait l'Orient, et scs delices et, ses fleurs; el, s'a- drcssant au Niemen (1) : « O INiemen! fleuve qui m'as vu nailre! on sont tes eaux que je puisai jadis dans mes debiles mains, et qui, plus lard, me portaient vers quelque asile sauvage , cbercbant du repos pour mon coeur agite ? »C'est la queLaure, contemplant avec orgueil 1'ombre de ses charmes, se plaisait a tresser scs cbeveux, ct a parer sa tete de fleurs : e'est la que, jeune enthousiaste, je troublais, du torrent de mes larmcs, son image qui se dessiuait sur le sein de l'onde argenlee. »0 Niemen! 6 fleuve qui m'as vu nailre! on sonl tes eaux d'autrefois, et avec elles rant de bonbeur, tant d'esperances? on est-elle .clle aimablc gaile de mes jours d'enfance? »Et cette inquietude plus aimable encore de la jeunesse (i) Ce sonnet, qui ne fait pas partie de ceux de Ciiniee, senible pour- tant avoir tic compose a la memc cpoqur. LITTEIUTURE. 369 oragouse? Oii est ma Laure, ou sont mes amis? Tout est passe; pourquoi mes larmes ne passent-elles jamais? » Nous avons reuni ces deux sonnets, parce qu'ils expriment lieureusement la double inspiration qui a produit tous les poemes de Miekiewicz : 1'enlhousiasme pour les bcautes de la nature et la mclancolie sicgeant toujours au fond du coeur. Parfois, c'est la poesie exterieure, et, potJPainsi dire, ['Orient qui domine; parfois, c'est la reverie et la peinlure quelque pen inetapby.-ique des tourniens de l'ume; mais ces deux sen- timens se mclent et se confondent sans cesse : et dans leur alliance est le charme et la veritable unite du poete. Des ouvrages de Miekiewicz, Konrad IV allcnrod est cehii qui represent* le mieux ce double caractere de son talent. II etait difficile de rencontrer un plus beau sujet de poeme, diflicile encore de le trailer avcc plus d'art et d'originalile ; et ce livre, comme Marmion 011 Lara, unit l'interet du romau a l'eclat de la poesie. Wallenrod est un Litbuanien qui , an milieu d'unc lulle sanglanle entre ses concitoyens el 1'Ordre teutonique, voyant la cause nationale desesperee, va, sous un nom suppose, s'illustrer dans les armees cbretiennes de l'Es- pagne , puis entre clans I'Ordre , conquiert, a force d'exploits , la dignile de grand-maitre , et , vengeant alors son pays., va perdre au siege de 'NVilna la gloire et l'avenir des chevaliers. De retour a Marienbourg, il est eondamae par le tribunal se- cret, et meurl, ainsi que la solitaire Aldona, que des liens in- connus de tous attacbaient a son sort. Voici le passage ou Wallenrod, scion l'usage des juges secrets, apprerid sa con- damnation. 4 « Alf (nom litbuanien de IV alter) en-ait sur les rives du lac, sans but, sans pensee, sans desir. Id 1'attire un desert; la, une montagne neigeuse; il Inmve quelque soulagcment, quelque fatigue, dans ces aspects sauvages et dans la rapidite de sa course. II se sent mal a l'aise, etouffant au milieu de ces brumes d'biver. II jetle son manteau, son armure; il arracbe ses habits; il depouille son sein de tout, bors du chagrin. II etait matin, quartd il vint pros des rem- t. xlvi. mai iS5o. v-4 3-o UTTERATURE. parts ilt: la villc. II apercoit cmiimc nnc ombre, s'ain te , ob- serve : l'ombre lourne autour dc lui, glisse sur la ncigc, ct se nerd dans Ics fosses; on n'enleiul que lc cri malhcur! malhcurl malhcur! A ccs mots , Alf s'eveille , s'ctonne , re- flechit mi instant. 11 a tout eompris. — II lire son cpec , se rctourne tie tons coles, epic d'uti exit inrjuiel ; mais rieo a Thorizon; seulcme lui ravir ce qu'il y a tie gracieux et tie touchant dans sa douce et triste imagination. Quand on a fait les Aieux, il y aurait peril a se nourrir de Weriher : car, peu a peu, on pousserait la sensibilite jusqu'a la demence : mais on pent lire et relire Manfred ou Lara : avec une telle time, on ne copiera jamais Dom Juan. Alphonse d'Herbelot. L'Astronomie, poeme en six chants, par P. Daru, d« I'Academit franc aise (1). Un double Iribut d'eloges a deja ete paye , dans le sein de FAcademie francaise, a la memoire de M. Daru. Le plus il- lustre de nos natu-ralistes , le jeune et celebre auteur des Me- ditations poctiques, ont successivement retrace, avec des formes et des couleurs differentes , la probite severe , I'in- croyable activite de l'adininistrateur et de l'homme d'Etat, les talens et la fecondite de l'ecrivain, les vertus privees et le noble patriotisme du pair de France. Ces eloges, proferes par deux bouches si eloquentes devant l'elite de la capitale, ont deja retenti loin de nous; et, comme pour les mieux motiver et ajouter a nos regrets, le pieux heritier des vertus et du nom de M. Daru publiait, precisement le me me jour, le poeme de V Astronomic, que son illustre pere s'elait efforce de relire et de retoucber encore dans ses derniers momens. Nous n'avons pas le dessein d'ajouter a de tels eloges, que nous ne pourrions meme qu'affaiblir en les repetant; nous ne devons d'ailleurs considerer ici, dans M. Daru, ni le ministre, nil'oraleur, ni lepair; il ne sera pour nous que Fauteurd'un poeme honorablemcnt connu avant d'etre publie, et auquel on avait deja promis, peut-etre avec un peu de hate, une ce- lebrite assez rare de nos jours pour ce genre de productions. (1) Pari*, iS5o ; Finnic) Didot. I11-80 de x-5oo pages ; prix, 7 t'r. :>;4 ijttlratukt. Avant u'cxamiucr cct ouvrage, nous no pouvons, toutel'uii. nous empccher dc dire quelqucs mots de la manicre dont il a etc compose, lis fourniront unc nouvellc preuve do cello mervcilleusc aptitude an tiavail, do ceiie encr;-ie de volonte. dont pen d'hommes ont etc doucs au meme degro que Tole- rant et infaligable traducleur d'Horace. 31. Darn avail hi, au mois d'aviil 1825, a une seance an- mielle de l'lnstitut, un discours en vers sur les facultis de I'liommc, 011 se faisaicnt remarquer, surtout, dc beaux vers sur les progres de l'astronoinie. Le eclebre Laplace, qui avail assiste a la seance, vint, des premiers, 1'cliciter l'auteur, et l'engagea inslammeni a composer uri poeme special sur le meme sujet, en lui promettant d'aillcurs ses conseils. M. Darn saisit avidemment celteidec; et, aprfes qualre annces d'etudes penibles et multipliees, ii se scnlit en ctat de commcnccr sa redautable entreprise. Au mois d'aviil 1827, il recita a l'Aca- «lemie quelques fragmehs des deux premiers chants deja ter- minus. L'ouvrage tnlier Telait lui-meme, et n'avait plus be- soin que d'etre retouche dons ses details a Tepoque ou une mort prematuree vint cnlever l'auteur a sa famillc, aux lut- tres, et a dt-nouibreux ct vrais amis. En ouvraut ce livre , et avant meme d'avoir pris connais- sanee du plan que s'clait trace M. Darn, une premiere re- flexion nous est venue, et el!c se prescutcia cerlaincmcnt a l'espritdeplusd'unlecteur. Le moment est-il bien chofsi pour une telle publication, et nc sommes-nous pas deja loin du terns ou Ton faisait cbaque jour des pocincs didacliqucs sur les oiscaux, sur les fleurs, sur les jardins, sur Part dc la table, enfiri, sur la chimie meme et sur les sciences les phis anii- poeliqucs, si Ton pent ainsi parlor? II scmblc, a voir le mou- vement qui cntraine noire littcrature, que plus d'un sieele s'est ecoule depuis la publication de ces ouvrages, dont nous nOUs garffbriSj d'aillcurs, deconlesier le merilc. Nous sommes plus lohi encore d'approuvcr les etranges ecarts ou la poesie s'emporte aujourd'hui, pcut-ctre (ct Ton serait tonic de le eroire, A la lecture de ccrtaincs compositions) pour monlrcr UITiSllATURE. 3:;» comment il jic Caul pas faire , et pour dcgonter a jamais de tiuit ce qui est faux, absurde ct barbare. Mais tout ccrivain n'a pn prendre la plume qu'avee lu desir et l'cspoir d'etre hi, el mi pde«i€ tlnlai-lique , veritable anachronismc par le terns on nous vivons, risque beaucoup de demcurer sans lecteurs. Vol- taire se plaignait deja que ses eontcmporains ne voulaicnt pins lire de vers serieux : que dirait-il done aujourd'hui? Voila pour la forme et le genre du poeme. Si de la nous passons au sujet meme, nous ne pouvons nous empechcr de le trouver encore plus malhcureiisement cboisi. Si Boileau a 1 1 it ([ue la pocsie pouvait lout peindre, ce n'est pas sans doute uii motif pour tout essayer; ct Dclillc lui-meine, trop vanle de sou terns, mais trop deprecie aujourd'hui, a coniplcteincnt cchoue , quand il a voulu , dans le plus mediocre de ses poe- mes, inctlrc en rimes la physique et la chimie modernes. Vol- taire, qu'il taut loujours citer, et dont !e gout elait si pur. tenia, le premier, avee un brillant succes, d'embellir de tout le cbarme de la plus haute poesie les grands phenomenes de la physique, generate, de l'aslrononiie ct meme de l'opliquc. Son epitre a Mmc du Chfltelet est un chef-d'oeuvre en ce genre, ct Ton peul remarquer que la ponipe et l'elegance du style n'y iilenl rien a l'cxaelitude singuliere des descriptions. Mais Vol- taire, s'il cut veeu de nos jours, se serait bien garde, inalgre son talent prodigicux, ou a cause de ce talent meme, de mel- ire en vers, comme I'auteur des Trots Rcgnes, les br&lans alca- tis ct les picjuans acides , et bien moins encore ces vases au grots ventre, au long bee, au cou tors , que nous appelons , en simple prose, des cornues. II n'efit pas essaye davantage, du iiMiius nous le croyons, de peindre les phenomenes compli- qii'es de la nutation, de la refraction, de la precession des equinoxes, et ces details a rides de forme, de densite el de po- sition , qui soul la base des plus simples nolious de l'aslrono- niie, el s'y reproduisenl a ehaquc instant; en un mot, s'il nous est peruiis de developper ici noire idee, nous perisons qu'il y a dans les sciences, el surtoill dans eclles qui s'occu- pent de l'elude dc la nature, one serie de faits gencraux qui , 374 LITTJillATURE. dc tout tems. out Crappc les \eux les iiioins exerces, et dont les causes soul an moins soupconnees des intelligences les plus communes. Le porle peut, sans crainte, s'emparer de ces t'aits, les embellir me me c!c tout le prestige de son talent, sfir d'etre entendu des lecteurs vulgaires, et de ii'iMiv pas dedai- gne de ceux qui savent quelque chose de plus. Mais la s'ar- rete, suivant nous, le domaine, dejii assez vasle, de la poesie. Malheur mni a.st(r,i isquc (") , place a role du litre de clia([uc ouvtagc, ccn\ des livrcs e.lrangeis ou iVanrais 5 in- stituteurs, et il s'en trouve parmi eux un grand nombre, tant homines que femmes , dont aucun salaire n'aurait pu acheter les services. IMais , en evaluant ce salaire a trenle-trois crn- tiemes de dollars (1 fir. 78 c.) , taux qui avait ete d'abord fixe , lorsqtie les moniteurs etaient paycs, la sonune totale de la de- pcnse monterail a 9o5,<>97 dollars (IV. 4*880,000) !» — Voila r. xi.\ 1. mai i83o. a5 r,8<; 1:1 \i\si\is. ce que produit la charilc, quand eile est unie a de profondes convictions religieuses; el aous devous ajouter, voila ce que ne produira jamais cette pbilantropie bavarde, qui fail des discours, et ae fait pas (Tactions. Pour remuer lesmas9es, pour rallaehera un intent ilc bienl'aisance cinquante inillc in- dividus, il taut autre chose que des phrases de rhctcur. La meme Societe s'occupe aussi de differenles publica- tions, qui out toutes pour but de conlribuer a L' instruction de la jeuneSse. I.e nombre des volumes qu'clle a publies depuis lc mois de mai 1828 jusqu'a la meme epoque, en 1829, s'e- levc an tola! enorme de 877,990 exempiaires. Les volumes de ces ouvrages ont etc repartis de la maniere suivante : i°. Ouvrages pour les Bibliotheques des Ecoles du Di- manche 447',l0° volumes. 2". A litres publications . telles que Bi- bles, Teslamens, I ivies de questions, Ga- techisnies, (^antiques sacres, etc. . . . 207,74° " " " " ">". Exempiaires du fff«#as«i pom' les Di- recteurs des Ecoles du Dirrianche 50. 280 <> » » >> 4". Excmplaire de YAvu ' de la jeune.sse. . 167,000 » » » » Total. . . 878,020 volumes. Depuis son origine, la Societe a public 6,098.899 volumes, doiit la plupart ont etc. places dans les bibliotheques popu- lates des Etats-lJnis. Laseule bibliotheqiic populaire de New- York conticnt 75,853 volumes : d'ou Ton doit conclure que les classes du peuple, dans L'Ameriqiie septenlriouale . pos- sedent des moyens d'instruction plus etendus que les savans el les academies dans beaucoup de pays de l'Europe. Que de serieiises reflexions dans des chiffres tels que ceux-la! La recette de la Societe des ecoles du dimanche a etc, pendant l'annee 1828, de 75,884 dollars (409,780 fr.). Cetle somme. composee de dons individucls, est aussi forte que celle qui est allouee dans le budget du gouvernement francais a l'ins- trnclion pr'unaiie. G< de F. MEXIQUE. 93. — * Regixlro official del gobierno de los Estados Mi xicanos, — Hegistreoflieicl des Elats-Unis du Mexique. Mexico, i85o; prix de la souscription, 12 reaux par mois a Mexico, el au-de- horSj 17 reaux, franc deport. MEXIQUE. 7>'> Ge journal quotidien est encore a son debut, ayant paru, pftur la premiere fois, le 20 Janvier de eette annee. A quelques egards, e'est le Moniteurmexirain, quoiqu'il difi'ere en plusieuts points essentieis de notre ■Vioniteur francais. Premierement, il u'equivaut gnere, quant a 1'elendue, qu'a la moitie ile noire journal officiel; et, en general, ee qu'il eontient est beaucoup moinsennuyeuxqueles dnuze interminablcs colonnesde notre feuille que peut-elre aucun lecteur n'a jamais eu le courage de lire d'uu bout a l'autre. Autre difference encore plus essen- tielle : dans le Moniteur mexicain , le gouvernenicnt a con- stamment beaucoup dechoses a communiquer auxgouvernes; les affaires publiques y sont trailces publiquement. Loin de craindre 011 de mepriser I'opiuioii des citoyens, on s'attache a la connaiire, afin de s'y conforjfter^ lorsqu'elle est jusie et profitable aux interets comnnms. et de la redresser, lorsqu'eu pent deeouvrir les causes qui lout faussee, et lui (aire prendre une nieilleure direction. Id, dans notre ancien monde, nous sonmies traites plus lestement; le pen que 1'on daigne nous reveler nous intercsse si pen, qu'autant vaudrait nous laisser tout ignorer. Obeissance et argent, voila tout ce qu'on vent de nous, en attendant qu'on nous impose de plus ('obligation de nous laire, et . par la suite, une complete servitude poli- tique, projets Curtesies qui prepare nt pour les generations futures une revolution plus epouvantable que celie dont on vent foire disparaitre les derniers vestiges. Pen nous importe aujounl'bui de savoir les noms des homines revetus du pou- voir; el c'esl a pen pres tout ce que le Moniteur veut bien nous apprendre : le Registre mexicain entre dans le detail des operations du gouvernement , rend compte de 1'emploi des revenus de I'Etat, etc. On pense bien que, de terns en terns, les huit colonnes de la feuille quotidienne tie lui suffisent point, el qu'un supplement est uecessaire. II est a desirer que ce journal se rcpande en Europe, qu'il tombe entre les mains de ceux de nos publicistes qui joigneul nn haul savoir a des vues genereuses, guidees par une forte raison. Qu'on parle en France du Mexique ; qu'on en parle apresdeprofondes meditations, avec 1'interet que doit inspirer y\n pays sur lequel reposent de si gramies esperances ! Que Ton s'occupe aussi de nos affaires an Mexique et qu'on noiw disc de fortes verites ; *i nous n'avons pas le courage d'en pro- filer, elles ne seront pas perdues pour tout le monde. Ces communications entre les peoples sont un acheminement vers la plus utile de toutes les institutions bumaines, si jamais ellc de\ient praticable, institution tpie l'Amerique aconcue la pre- 588 LIVRES ETRANGERS. mure pour toute I'etendue tic ce continent, et qui, franchissanl les oaers , pourrait reunir en un seul congres les delegues de tout le miMidc civilise. Nous apprenons, par ce Registre, qu'un article sur le Mexiqne, insere clans un journal tie PhiladelpbSe, a fait une forte impression a Mexico : en effet, les passions qui agitent trop souvent les republiqucs doivent etre plus dispo- ses a econter ties ctrangers que des compatriotes; et, si elles n'obscurcisscnt pas tout-a-fait la raison, ce sera par les con- seils d'un etranger qu'elles seront le plus surement ramenees aux sentimens de Taniour tie la patrie, du devoir, de la vertu. En ce moment, le Mexiqne offrc an monde un spectacle plus penible qu'inquietant; les maux qui retardcnt les progres tie eette republique n'attaquent point les sources de la vie; ce sont les douleurs poignantes d'un honime robusje sounds a une torture momentanee. Notre situation parait plus calme ; les causes tie nos souffrances sont si compliquees, si an- ciennes , et leur action si continue, qu'il nous reste a peine asset de force pour nous plaindre. Dans la partie non oflit ielle tie ce journal, on remarque un bon eboix de nouvelles etrangeres et des dissertations judi- cieuses sur des sujets politiques ou moraux. Dans le pays on l'onecritainsi. les ecrivains ont apprecie la porlee deslecteurs sur lesqucls its peuvent compter : ainsi, lorsque les passions politiques cesseront d'agilcr la republique mexicaine, la nation se montrera prete pour toutes les ameliorations qui font au- jourd'hui la prosperite de ses voisins au nord. Nous suivrons ses progres avec attention, en consultant frequemmenl le Registre mcxicain. N. EUROPE. GRANDE-BRETA'JNE. c\l\. ■ — * EncycLopcdia Britannica. — Encyclopedic Brilanni- que. Septihne edition, danslaquelle seront incorpores les suppli- mens des premieres editions, enrichie d'une nouvelle st'-rie, de gravities sur acier; publiee par le professeur Napier. T. i; premiere livraison. Edimbourg, i85o; Black. On sail que les premiers savans tie la Grande-Brelagne ont contribue a la redaction de ce livre, et que cbacun d'eux a fourni sa pari ;'i re vaste depot des conriaissances actjielles et GIUN DE-BRET AGiNE. 3,H<, des decouvertes les plus reeentes. Le succes immense de I'ou- vrage, les nombreuses reimpressions qui en out fete faites, el par dessus tout, le rare merite des articles, I'ont classe tout- a-fait a part. Mais la multiplicity des travaux, le terns neces- saire pour completer l'oeuvre , ont necessite l'addition de supplemens, qu'on reimprimeaujourd'hui dansle corpsmeme du livre. La dissertation sur l'histoire des sciences, si remar- queeetsi digne de l'etre, reparaitraen tetede la nouvelle edi- tion. La dissertation sur l'histoire de la metaphysique, de la philosophic, etc., par leu leprofesseur Stewart, en richiedeplu- sieurs corrections et d'augmentations faites d'apres unmanus- crit posthume de l'aiiteur, sera suivie d'un Memoirede sirJ«- mes Mackintosh, sur l'histoire de la philosophic aux xvne et xviue siecles, epoque que Stewart n'a pas eu le terns de com- pleter. Enfin, la dissertation sur l'histoire des sciences physi- ques et mathematiques, commencee par le doeteur Playfair, a ele continuce depuis le xvine sieele jusqu'a nos jours, par le professeur Leslie. Le litre dc YEncyclopedie Britannique est a lui seulun eloge. Cette edition, publice par livraisons men- suelles, se composera de vingl volumes in-4", d'un prix mo- dere, quoique le papier, les caracteres et les gravures soient fort superieurs a ceux des premieres reimpressions. g5. — * Notices of Brasil in 1828 and 1829. — Notes sur le Bresil en 1828 et 1829; par le reverend II. "Walsh, auteur d'unvoyage a Constantinople, etc., etc. Londres, i83o; Wes- tley et Davis. 2 vol. in-8". C'est en qualite de chapelain que M. Walsh accompagna au bresil lord Strangford, ambassadeur d'Angleterr'e : il cut de frequentes occasions de voir de pres l'empereur don Pedro, qui, d'apres les details donnes sur son interieur, semble vi- vre plus eu simple particulier qu'en roi. II est fort adroit, et s'exerce atoutessortes de metiers : mais il affectionne de pre- ference l'ebenisterie etla inenuiserie. Toujours-lepremierleve dans son palais, il en parcourt les fardins et les appartemens, •n tirant des coups de fusil comme signaux de reveil, et afin quepersonne ne dorme apres lui. II est sohie et regulier dans sa maniere de vivre. II a la figure commune, et ses manieres aiusi (|ue son langage decelent le peu de soius(|u'on a donnes a son education. Cependant, il ne manque pas de moyens natu- rcls; il parle assez bien le francais, et fort imparfaitement I'anglais. Ses depenses particulieres sont reglees avec uue grandeeconomie. ei il oe dedaignepasde verifier lui-mf-me les BOinptes de sa maison. II a meme plusieurs eutrcprisc* pour .\o LIV1USS ETRAN6E&S. (aire ff.uctifier les funds que lni allouent les chambres, el qui nc s'elcvcnt qu'a 200,000 reis pour lui, et 12,000 pour sea en tans. II loue des paturages, et fail vendre publiquement par tea enclaves une partie dc la recolte de ses terres. II s'est fail mi nitrite de son economic pres de l'asseniblee constituante, a laqnclle il dit dans son premier discours : « Won pcrc depen- sait par an qualre millions, jc n'en depense pas un. Je vcu\ vi- vre en simple parliculier, et economise!* la bourse de I'Etat c omnie la mienne : je me bornerai done pour mes depenscs partieulieres a 1 10,000 reis. »Malgrc, cette moderation et cct accord apparent avee la forme du gouvernenicnt represcnta- tif, on lc soupconne dc nc pas voir avec plaisir les progres dc la democratic, qu'il a d'abord eneouragce par petir de loiu- licr dans l'anarcbie qui dcsolc les autrcs Elats dc l'Amerique du sud. Quelques gens qui se pretendent bien in formes vont menu: jusqu'a dire, qu'il n'attend qu'un moment favorable, pourse de- li, rer tout-a-fait des entraves qu'il a miscs a son pouvoir, et que deja, deux Ibis, il a tentede secouer. Sa popularite, a recu no echec lors de la mortde l'imperatrice, qu'a tort on a raison. ou a gencralement aitribuee au chagrin qu'elle ressentait d'une intrigue dc l'empereur avee une des dames du palais, crece par lui marquise dc Santos, etdont il rcconnut la fdle sous lc tide de duchesse dc Goyas. II cxigea de l'imperatrice qu'elle \ isitat et repUt publiquement cette maitresse : non- settlement die n"\ \ oulut pas cousentir, mais e'le eut avee lui a ce sujet une ex- plication tres-vive, a la suite de laqnclle elle tomba nialadc. Elle etait in: einte depuis pen , et la maladic prit lout de suite un caractcre alarmant. l.e people l'aimait, ct les prie- res, les voeux, les processions nc furent point cpargnes. Elle mourut le 10 decembiv 1826, a I'agc de 29 ans dix nlols et dix-ncuf jours, aprcs avoir fait de to uchans adieus isescnfans. E'ainee, dona Maria, reine de Portugal, etait la scule qui (fit en age de eomprendie la jierle qu'elle laisail ; et Ton dit qu'elle s'en montra profondemcui affligte. i.e tleuil I'm general; on fit a l'iniperaii ice des obseques d'une magnificence jusque-la inconmi'' au 5'resil. Elle etait (rune figure agrcablo, el d'uu nature] affable et oienvcillanl. Kile avail adopte les eujilumcs du pays, el s'o< icupait de ses enfans en mere lendrc el eclai- ree. Elle parlait el ccrixail bien le franeais el I'espagnol: et jc tut une de ses lettres a son beau-pcrc, Dom Juan, qui decida ce dernier h reconnoitre 1'indepeudance du pays : car ilavaaK beaucoup d'afleclion pour elle, et unv grande foi en ses lumit- vcs. C'etait la premiire imperatrice du Nouveau-iWonde; el si GRANDE-BKEIAGAE. 5gi elie ent veeu, il est probable qu'clle cut exerce ui:e influence salu taire snrles mceurs et la conduite des Bresiliennes. Elle a laisse cinq en fans, dont quatre lilies ct un garcon, Dom Pedro d' Alcantara, heritier presomptif du trone. Elle avait un autre Ills, dom.loao Carlos, qui est inort victimedes troubles de 1822. Les violences des troupes auxiliaires portugaises qui se por- taient a toutes sortes d'exces, brisant les fenetres, iusultanl les babitans, deciderent Temperem1 a cnvoyer sa femme et toute sa famille, de Rio a Santa-Cruz, residence royale, eloi- gnce de dix-sept lieues : on partit precipitammenl dans un moment d'alarme , par une unit t'roide et pluvieuse qui tut suivied'un jourtres-cbaud. L'enfantprit la fievre, et soecousba au bout de pen de terns. Rl. Walsh donne fort au long- le recit d'une emeute des Ir- landais emigres a Rio; ainsi que des particularities curiewses et neuves sui l'espril constitutionnel du Bresil, et sur le niou- vemenl de la presse. Comme ce dernier point est surtout d'ua interel general, nous nous y arreterons de preference. « En 1828, il s'imprimait i35 recueils periodiques dans toute la Pe- ninsule; la part du Bresil etait de 25, savoir : 1.5 a Rio, 3 a Bahia, et le* autres a Pernambnue, .1 Saint-Paul, a Saint-Joan del Rey, et a Villa Rica. Voici lestitres de ceux de Rio : Impe- rii* do Brazil ; 'c'est l'organe 'hi gouvernement, et il sort des presses de l'impriinerie imperiale : le Diario de Bio-Janeiro , et le Journal do Commercio, s'hnpriment tous deux sur vilain papier, et en nssez mauvais caracteres, bien que la vogue en soit giande, a cause des nombieux avcrtissemens qu'ils ren- ferment; on y joint parlbis mie l'euille detacbee, intitulee C'or- isspondaucc, et qr,i se conipose d'attaques contre certains indi- tldus, el des plus singuliers li belles qu'on puisse imaginer. l.'editeur qui imprime et met en circulation ces injures u'csl passif d'aucune peine, puurvu quMl ne se refuse pas anglaiit jiwpi'aux hobgoblins OU larla.lels qui imitent sans but les lia\aux el les ainuscmeus des hommes, et dont la gaite a quelque chose de crenx et de faux : Walter Scott en- io!e lout pour (aire de I'effet, sans parvonir a produire une seide impression de plaisir 011 de terreur : o'esl que lui-meinc m ii rien senti; il *'ost mis a I'oeuvre peiir faire un* pie < 3(,G LITRES Ef RANGERS, qu'on put donnerau benefice de Terry, acteur qu'il aimait . a l'Adclphi, theatre de Londres. II a fouillc, mm dans se& souvenirs, mais dans I'inimense magasin du fatras melodrama- liquc, el il en a retire les premiers materiaux qui 1 u i sont tom- hessousla main, secontenlantde les coudre ensemble lantbien que mal : puis, de loin en loin, son imagination s'est leveil- lec, et quelques lueurs ile verve sont venues eclairer ce chaos ; tcuiuin loute la partie I vriqne du dialogue entre la jeune Kath- leen et son amourenx, deguises en lulins pour efl'rayer et tourmenter GuM Crammer; la il y a de la gaite et d'amusantes bouffonncries. Mais, pour nn pcu d'inspiralinn, que de rem- plissage et de lieux communs ! Somme loute, la sentence de Devorgoil est tout au moins insignifiante, et ne meriteraitpas qu'on en parlat, sans 1'importanee du nom qui s'y raltachc. II n'en est pas de meme de la tragedie qui vient apres, el qui me semble fort superieure a Halidon lull, et a la Maison d' As- pen , publico dans le Keepsake dc cette annec. In jeune bomme, nomine Quentin Blanc, devient, malgre lui, confident d'un assassinat commisseeretenieut par le lord Archindrane , qui, redoulanl son tcmoignage, 1'cnvoie re- joindre nn regiment de troupes auxiliaires a la guerre des Pays-Bas. II obtient son conge, et revient dans son pays na- tal au moment oi'i sa presence est plus que jamais dangereiise au seigneur dont il est le complice involontaire. Les ennemis de ce dernier apprcnnent le retour de Quentin, et se mettent a sa piste pour s'en saisir et le forcer a parlcr; landis que le lord , decide a un nouveau crime pour cacber l'ancien, le fait cnlever ct assassiner. Le meurtre s'cxecute pendant la nuit . a bord d'une barque, mais a peine le corps a-t-il etc jete a la nier, qu'en depit des precautions prises pour le faire aller au fond, il s'elevc a moitie hors de l'eau ; et, droit, porle par la vague, il semble, a la pale clarte de la tunc, poursuivre ses meurlriers. En vain, its redoublent d'efforts, en vain la bar- que s'eloigne, le cadavre la suit au rivage, ct si un coup de ramc le fait un moment disparaitre, il s'eleve de nouveau , toujours plus proche. Egare de terreur, l'assassin blas- pheme haut, ct Philippe, fils de lord Archindrane, le poi- gnarde, et le jette a sa victime comme un sanglant hdlocauste, s'attendant presque a se voir haute par les deux fantomes. Cette cir Constance rappelle un fait semblable , arrive a bord d'un vaisseau anglais, et donne comme authentique par un officier de marine , qui a public ses aventures il y a un an ; il est probable que , frappe de ce que cette apparition avail GRAN DE-BRET ACNE. ."97 d'imposant et de dramatiquc, sir Walter Scolt s'en sera em- pare pour en faire la conclusion de son drame ; car e'est la presence du cadavre qui depose contre le coupable, et fait decouvrir toute 1'enormile de son crime. Bien que les situa- tions soient encore forcees. et quelques pcrsonnages hors de nature, cependant, il y a ca et la des nuances de naturel et de vie que de grands ecrivains ne desavoueraient pas. La joie du jeune homnie , son bonheur a revoir sa patrie , ses sensations de bien etre et de jeunesse qui triomphent de tons les dan- gers, de tous les chagrins, qui le font reposer en paix sous le toil de l'homme qui s'est charge de l'assassiner, ont beaucoup de fraicheur et de charine ; et remettent en memoire le relour de Bertram aux lieux d'on il avait ete enleve tout enfant, et cetle chaine de souvenirs vagues si delicieusement renouee dans le heros de Guy Manner ing : de pareilles reminiscences sont bien permises au poete qui, le premier, a cree cette si- t nation ravissante. 99. — Walter Colyton : a tale of 1688. — Walter Coy- ton : conte de 1688; par l'auteur de Brambletye-House , etc. Londres, 1 85o ; Colburn. 5 vol. in-8" ; prix, 1 livre 1 1 shelling*, C penccs. 100. — The Game of Life. — ■ Le jeu de la vie; par Leitck Ritchie. Londres, i85o; Bull. 2 vol. in-8"; prix, 18 shel- lings. De nombreuses traductions ont deja fait connaitre aux lec- teurs francaisMe talent de M. Smith. De tous les admirateurs et continuateurs de Walter Scott, e'est leplusconsciencieux. II ne se hasardesurun terrain qu'apres l'avoir bien examine; il en connait a fond les moindres Iocalites. Plus antiquairc que ro- mancier, il se pique d'une grande exactitude dans les descrip- tions, les mceurset les continues du temsqu'ilchoisit ; ilya pour ainsi dire, de I'originalite dans le materiel de ses livres. Chaque scene, prise au hasard ressemble a l'interieur d'un cabinet go- thiqueplein decuriosiles du moyen agesoigneusement conser- vees. Ici, e'est une armure, la, un bijou, plus loin tine admira- ble ciselure du travail le plus precieux, tout amuse Pesprit, tout fait appel aux yeux ; mais si , fatigue d'avoir taut regarde, on en vient a chercher des homines, du mouvement, de la vie. alors le charme disparait, vous vous trouvez seu! au milieu de debris poudi'eux, et votre imagination reclame autre chose. L'auteur des Cavaliers, de W alter Colyton prepare admira- blement son theatre, mais ne sait point creer d'acteurs, ou .-)<)« LIVftES ifrllANGKItS. -il en met en scene iis u'oni ni pby innomie, ni verite ; oe sont des emprunts Tails j ses predecessewrs , el qui, des les pre- miers mots-, trabisscni une preoccupation maladroke et 3an- gereuse ; e'eet ainsi qu'un des prineipaux personnagej de eeiic deruierc production rappelle ['inimitable Jean:iie Deans de la prison d'Edimbourg, son voyage a Londres, et jusqu'a sa pre- seotation a la reine. Cette fois . ce n'est qu'une favorite qu'il s'agit d'attendrir en faveur dn heros, condamne a morl par • iii conseil dc guerre pour avoir frapp e un offijpier superieur. La mailresse du Cpupable se deguise en ho nunc . et parvient jusqu'a la celebre Catherine Sejdley, comtes'se de Dorches- ter, car Faction se passe sous le regne de Jacques II , et les bases historiques sur lesquelles elle s'appuie soni I'rmpopula- rite croissante du roi, les Irahisons ile ses courtisans, l'inva- sion du prince d'Orangc et ['abdication : foods beaucoup trop lourd et trop vaste pour la toile d'araignee lissee en dessus. Les premiers ouv rages de 31. Smith promeltaient mieux que cela ; psut-etre ent-il du se bonier a de com les scenes deta- chers on. il efit mis en saillie les homines et les choses du lems passe avec la conleur qui l'avait frappe dans les vieilles chro- niques, I'envie de creerdes aventures, de leurdonner un fi! . mi but. ['aromplclcnicnt d.'.-t.iurn'-de sa vocation. Evidemmcnt preoccupe des objets exlerieurs, il a fait des romans pour clas- ser ct utiliser ses reeherches, el Pintrigue ct les personnages tie sont venus qu'en second, et taut bien que mal. Ce sont surtout les conversations (jue rendenl insupportables leur man- vais gout et 1'absence totale de naturel. M. Kitehie s'est du moins preserve de la mariie de laire " tome s'anete a Trajan. Le public allemand attend avec impatience les deux deruiers volume.-. 108. — : Georgius Syncellus et JS'wcplioriis C. P. — Georges le Syncelle et Nicephore de Constantinople; edition de Din- dorf. Bonn, i83o. a vol. ln-8". Ces deux volumes font partie de la belle coliection des his- loriens de Byzance qui s'avance avec beaucoup de rapiditc. sous les auspices de M. iNiebvhr, et par les soins d'excellens philologues, ven le terme qu'elle rloit atteindre. Syncelle n'e- ALJLEMAGNE. 4o; lail pas 1'un des auteurs ie^ moins importans; il a ete conlie a la revision de M. Dindohf, que ses tea vaux out rendu juslement celebre. Dans une courte preface, il nous apprend qu'il a fait usage de deux manuscrits de la bibiioiiicque de Paris. L'uu a servi de base a la premiere edition, telle que publia a Paris, en i65-', !e pere Goar, l'autre a ete indique aux savans par les Letties parisiennes de Bredow, et M. Dindorl'cn aurait lire im plus grand secours si ce manuscrit n'etait afflige de nombreuses lacunes aux endroits les plus importans. II re- prend le pere Goar au sujet de la maniere irrespecleuse dont il traite Sealiger; mais n'y a-l-il pas tin peu de severite aussi dans le jugement que M. Dindorf porte surle pere Goar qu'il, appelle mediocri homo docirina, artis critical facilitate nulla, negligentia incrcdibili. On n'en a pas moins reimpiime ici son canon chronologique, scs animadversions, et jusqu'a son in- dex. On a bien lait sans doule, mais si ce pere de 1'Oratoire n'efit ete qu'un si mince erudil, il n'y avait pas lieu de lui ac- qofder les honneurs dune compression. On doit a M. Dindorf la justice de dire qu'il a signale les conjectures et les lecons du pire Goar et les lecons quelquefois hasardees de ce savant. Quant a lui. il a marque des letties A et B, celles qu'il doit a la nouvelle collection des manuscrits de Paris. La reimpression du Syncelle n'est pas un des moindr.es services rendus a la science de l'liisloire par les savans qui s'occupent de repro- duce les Byzantinss On sait de quelle importance est la ehro- DOgraphie,pour laconnaissancedes dynasties d'Egypte. Quant a JNicephore, cet airhcveque de Constantinople n'a donne qii'uue chronographia rompendiaria, qu'un abrcge , dans lcquel ont ete intercales des fails poslerieuts a son epoque : aussi le pere Petau cherchait-il a ce tableau chronologique un auteur plus recent ; on a reproduit ici la dissertation du pere Goar, qui combat vietorieusement cette opinion. En/in, nous ne vou- lons pas oublier de parler du traite de Bredow sur le Syn- celle : on Pa place a la tele du second volume. ioi). — Gesanmu Ite Sckriflen. — Recueil des ceuvres de Louis BoF.KNE.Yol.i-'.ii. Hambourg, 182;); Hoffmann. P. deGouuliu. ftlalgre sept volumes d'oeuvres, M. Bcerne est un ecriyain encore ignore hors des limites tie l'Allemagne. Cependant il merile d'etre oonnn a cause de la tournure originale de son es- piil. Boerne est un Israelite, vivanl d'une maniere tres-inde- peudante ; et n'ayaBt, Jain mi pays ou tout le monde a des litres, que le simple degre de docteur, que les universites ac- cordent tres-facilement, et que portent lousceuxqui n'onl pas d'autres tides. Encore, ne parait-il pas que I\l. Bcerne se pare de ce nom insignifiant. Cet auleui est du nombrc desecrivaim 4o8 L1VKES feTRANGEUS. alleinandsqui ont cru dc bonne foi, pendant qnelque lenis, que levir pays etait appele a jouir des bienfaits de la liberie de la presse. En 1818, lorsque lea petits Etats d'Allemngue oserent lever la main pesante de la censure, en depit de 1'Autriche , M. Bcerne (Hun journal in tit die : DielVaagc, la Balance, on il signalait franehement les abus, etexposait avecvcrile la situa- tion de ['Allemagne. Ce journal tut an nombre dcsrecueils les plus francs et les plus redoulables pour le pouvoir absolu, parte que l'auteur y maniait avec adresse l'armc de l'ironie et du sarcasme, qui mine quelquefois les projets les mieux tra- mes dans le silence et l'obscurite. On sail que les dectcts ou conventions de Carlsbad ne tarderent pas a enlever aux jour- naux allemandsla liberie dont ilsavaient joui tin moment. Les journalistes independans virent . qu'ils n'avaient d'autre parti a prendre que de deposer la plume. La plupart sc flattaient que l'esclavage lie la presse ne durerait que peu de terns: mais il continue encore, quoique mitige et modifie dans plusieurs pe- tits Etats de la confederation. M. Bcerne vint en France, et nous l'avonsvu quelquc terns babitcr l'ermitagede J.-J. Rous- seau, dans la vallee de Montmorency. Etant retourne ensuite en Allemagne, il continua de fournir des articles non poli- tiques, mais pleins de sarcasrnes , aux journaux les moins esclaves. Ses oeuvres ne se composent guerequede morceaux ecrits pour les journaux. Ayant eu occasion de comparer la nation allemande avec d'autres grandes nations, l'auteur pa- rait trouver dans Papatbie de ses compatriotcs une des prin- cipals causes de 1'etat de servitude dans lequel on s'efforce de les tenir. De la ses remarqa.es ironiques sur le caractere alle- mand qui se repetenljusqu'a saliele dans ses ecrits, et qui, toutes spirituelles qu'elles sout, ne laissent pourtant pas d'exciter un peu la bile des Allemands. On dirait que l'auteur est un enne- mi ardent de la nation ; cependant, il est evident qu'ilnc bait que lesdefauts qui empechent 1' Allemagne d'etre libre. Cette pauvre Allemagne, avec ses trente-huit souverains, sa divi- sion invariable en caste noble et caste roto-fiere , ses res- tes de feodalite et de gothicisme , a eertainement beaucoup a sereprocher de n'etre jamais parvenue a cette unite de gou- verncinent et de nation , a Iaquelle sont arrives les autres peu- ples d'Europe, depuis le moyen age, et a elre restee avec tant de princes et si peu de pouvoir reel. Cependant, combien de traits louables ne se deploient pas a cote de cette insouciance? et quelle energie n'a-t-elle pas revelec dans quelques circons- tances importantes? II faudrait lui tenir compte de ses quali- tes en la pageant. C'est ce quene fait guere M. Boerne dans ses sarcasrnes qui, aureate, ont le but patriotique de reveiller ALLEMAGMv 4oy 1'AUemagne de sa lelhargie apparente. Les deux premiers vo- lumes des ceuvres de Boerne contiennent des articles de spec- tacles particulierement sur le theatre de Francfort ; les deux volumes suivans sont remplis de morceaux poliliques qui, dans les journaux, avaicntete en partie mutiles par lacensure. Dans le cinquieme volume, l'auteur donne ses observations sur les moeurs parisiennes et sur le mouvement de la littera- ture dans cette capitate. Dansces observations, l'auteur traite quelquefois les Fraucais avec aussi peu de management que ses compatriotes ; cependant, on ytrouve aussi des reflexions fines, ct des tableaux piquans qui tourncnt de terns en terns a la caricature. Les deux derniers volumes contiennent des me- langes qui ne sont pas tous egalement bons; on y remarque tropque l'auteur vise a l'effet, et veuta toute force etre mor- dant. En general un choix plus severe aurait mieux servi la reputation de l'auteur. no. — Die Pappenlieimer , historisch-romantisches Gemalde. — Les Pappenbeim, tableau historique et romantique du tems de la guerre de trente ans ; par A. de Tromutz. Dresde et Leip- zig, 1829; Arnold. 4 vol. in-12. Les romans a la "Walter Scott continuent de se multiplier en Allemagne. L'epoque de la guerre de trente ans, ou tant d'in- terets seculiers et religieux etaient en jeu, est excellente pour les romanciers. C'est la aussi que M. de Tromlitz a pris son heros. Pappenheim, general noble et catholique, qui assiege Magdebourg, inspire de 1'affection a la fille d'un bailli, devoue a la cause des protestans, la deshonore, la meprise, manque d'etre empoisonne par elle, et meurt apres s'etre repenti d'avoir fletri I'innocence de cette heroine qui, du reste, prend des resolutions desesperees. Ce qu'il y a peut-etre de meilleur dans cc roman , ce sont les tableaux guerriers, les scenes de camp, les luttes entre le catholicisme et le protestantisme sur le champ de bataille. D — c. Outrages Periodiques. 111. — * Zeitschvifl filr Rechtswisscnscliaft. — Journal criti- que de jurisprudence et de legislation etrangere ; public par MiM. Mittermaikr et Zaccharij:; t. 11, cab. 1 — ^8. Heidel- berg, 1 B3o. Des articles reiteres ont signale l'importance de ce recueil : le cahier que nous annoncons aujourd'bui n'a pas moins d'iu- teret. S'agit-il de legislation anglaise? on y rencontre unedis- 410 LIVRES ETRANGERS. cussioq sur les actesdu parlement, en matiere de banqueroute. des remarques sur le droit de prdpriete fonciere, uue Notice sur les dispositions relatives auxdelits de la presse; eulin, des vucs sur les vices de ['administration de la justice a la chan- cellerie. S'ag\jt-il de lois a etablir? qu'qp Use les beaux arti- cles de ML Mittcrmaier sur les projets de eode criminel pour les l'ays-Bas ; eulin , nous pouvons y Irouver sur nos propres affaires des articles digues de la plus scrieuse attention ; ear M. Foelix a examine dans ce cahier les detains de notre sys- terae hypothecate, et M. Devaux s'est livre ;i une savante ct ingenieusc discussion sur le duel. Pour assurer la bonte d'un sysleme hypothecate, il fa ut quele capilalislc puisse connailre exactement I'etatactuel de la fortune de son dehiteur ; il faut que legage ne puisselui etresoustrait, sans leconooursdesa volon- tc. Et e'est prccisement ('absence deces deux garanties qui nous afllige. ML Foelix fait remarquer que nous n'avons pas meme desinoyens certains pour savoir si I'emprunteur est rcellement proprietaire de rinuneuble, la transcription n'ayant pas lieu clans tons les cas, ct laissant en dehors les vices du litre du ven- deur. Les charges dont mi bien a pu etre greve sont impos- sibles a decouvrir; la fraude est aisee, et ici on cite l'excniple d'un dehiteur qui engagea deux fois les memes immeubles, pretendant qu'ils ne l'etaient pas, et appuyant ce mensonge en ne fournissanta chaque creancier que deux de sesquatre abon- tissans, tandis qu'il avail presente an premier 1'indicalion des deux autres. Les actions resolutoires, les reductions pour sur- venance d'enfans, les hypotheques independantes d'inscrip- tion, sont au tantde picges clans lesquelspeut lomber le crean- cier. M. Foelix se plaint surtout de ce que les registres ne contienncnt que les noms des proprietaires, au lieu d'etre ap- pliques aux biens eux-memes, en sorte qu'il est impossible de savoir si ces biens sont greves du chef d'un autre proprietaire; d'ou resulte la necessite de se procurer les noms de tons ceux qui onl possede depuis dix on vingt ans, ou meme depuis t rente-, quand il n'y a pas eu transcription. Les actes notaries peuvent etre entaches de nullite, ne valoir que comnie actes •sousseing-prive, et ne point autoriserd'inscriplions : les borde- reauxeux-memessontsuietsabcaucoupde nullites. Rien n'em- peche le dehiteur de dcteriorcr le gage, soil en consentant des servitudes, soil en faisant des coupes. Les omissions commi- ses par le conservaleur, dans les extraits qu'il delivre, la diffi- culte de negocier les creances, les frais et les delais des expro- priations, enfin, lesfraudesqui peuvent se conimettre clans les ordres, sont autant devices auxquels il faut remedier. M. Foe- AJLLEMAGNE. 4,1 lix nous promet lur ces divers points des vues que nous attendons avec impatience, car il a I' erudition et la sagacitene- eessaires pour bien discuter ces graves questions. Passonsa L'ar- ticle sur lo duel, il commence par le narre du fait qui a si fort exerce la jurisprudence des cours. Le projet de loi estanalyse, ainsi que la discussion qui s'en est sui vie a la chambre des pairs; on indique quelques ecrita publics a cetle occasion ; enfin, l'au- teur aborde lui-meme le fond de la question. Lorsqu'un fail existe depuis des siecles, lorsque des citoyens paisibles, des homines d'honneur avouent qu'eux-meincs obeiraient a l'opi- nion qui l'etablit, il faut bien que ce fait et cette opinion ne soient pas les eil'cts d'un simple prejuge. II est des actions qui echappent a la prevoyance des lois. De menie qu'on ne pent recompenser tout ce qui est bien, on ne peut punir tout pe qui est mal. La societe n'a done pas pourvu a toute espece de vengeance, nee d'une offense particuliere. D'ailleurs, il est des actions que Ton ne porterait pas a la counaissance des tribu- naux pour en obtenir la reparation. Traliirait-on le secret de la foi conjugate blessee? celui de I'atteinte portee a la purete du lit virginal? et , cependant, n'yaura-t-il aucune reparation pour des fautes qui attaquent la societe dans sa base?Tandis qu'elle protege minutieusement tous les pas de l'homme dans la vie physique, la plus noble paitie de notre elre restera-t-elle sans defense? Le duel seul pent resoudre la question; il nous vient de^ antiques races germaines; el, pour sa justification, deux conditions seules sont exigees : i° te danger reciproque ; 2° la publicite et ia loyaute. On refute apres cette deduction les argumens qu'on pourrait tirer de ce qu'on a dit conlre le suicide, on de l'immoralite de la peine de mort, pour pros 'i crire le duel. La seconde question (jue se propose l'auteur est celle de savoir, s'il est possible d'empecber ie duel par des lois. Ce ne sont plus des theories, ce sont des fails qu'il rapporte. La Ckataigneraie, favoride Henri II , peril en duel, ce fut I'oc- casion de la premiere ordonnance con tie les combats singu- Hers; et, dans moins de dix ans, on compta plus de dixmille victimes du duel; plus de huit mille perirent sous CharlesI.Y et Henri III , malgre lcurs scveres dispositions, et bien que le concile de Trente eut j)iit soin de declarer que e'etait un tour du diable pour s'emparer des aines par la mort violente des corps. Henri IV adoucit les rigueurs de scs predecesseurs, et Ton se battit moins; enfin, quand Richelieu fit revivre les anciennes peincs, on aocourut de toute la France a Paris pour se battre sous ses fenelres. Aujourd'hui, qu'il ineurt moins d'individus par suite du duel , que le hasard n'en fait flapper 4.a livues Strangers. par la foudre, pourquoi porter line loi centre le duel? II n'y a plus de batailleurs de profession, et l'Europe en est a jamais purgce. Dans unc troisieme partie, M. Devaux prouve que la loi nou voile n'est pas propre a atteindre le but qu'on se pro- pose. D'abord, il n'y a point de definition generate ; le duel est restreint a deux cspeces d'armes; en second lieu, il peche et par la nature des peines, et par la procedure qui precederait leur application. Mieux vaudrait se contenter de declarer que le duel est pcrmis, et que la deloyaute seule occasionera des poursuites, a raison du crime de meurtre ou de blessures. Cet article est plein de vues ingenieuses et d'apercus justes ; nous n'avons pu les indiquer que tres-sommairement. Ceux de nos lecteurs qui voudront le lire en francais, le trouveront dans le cahier de fevrier de la Revue Germanique, dans lequel il a ete traduit. i ia. — * Archiv fur Geschichte. — Archives d'histoire et de litterature. publiees par Schlosser et Bercht. T. i. Francfort- sur-le-Mein, i83o. In-8°. Voici un nouveau recueil periodique dont le but est d'em- brasser la science historique dans toutes ses branches, de rece- voir dans ses cahiers les dissertations que beaucoup de savans laissaient ignorees dans leurs poi tefeuilles, et de publier enfin des analyses d'ouv rages importans. II n'est pas besoin de dire que les juges sont competens : quandon a nomme les auteurs de ce recueil, ou a rappele par cela meme les tilres incontes- tables qu'ils ont al'estime de l'Europe savante. Jetons main- tenant un coup-d'reil sur ce premier cahier. On y trouve, d'abord, un morceau intitule : La Fitte et la Femme d'un mi- nistre de la revolution; il y est question de j\lrac de Stael et de M"" Roland. Mous ferons connaitre celte production de M. Schlosser avec plus de details, quand la traduction qu'on imprime dans ce moment aura ete publice; en attendant, nous avertirons nos lecteurs que l'auteur se propose de donner line seconde edition de son histoire du xvuT sieclc , et de publier prealablement plusieurs morceaux de ce genre. Celui-ci est plein desagacite, de vues profondes et ingenieuses. M. Schlos- ser a encore iourni a ce cahier des lettres sur le Dante ; un article sur l'histoire de la Suisse, par Meyer; un apercu sur l'etat des corps enseignans, des professeurs et des eleves an tems de Julien ; des recherehes sur les sources auxquclles out puise les historiens latins des derniers tems; enfin, un article sur l'histoire des Ominayades en Espagne. — Quant a M. Bercht, il a enrichi ce cahier d'un morceau fort etenclu sur le proces de Fouquel, et de l'examen de trois ouvrages ALLEMAGNE. 4i5 de M. Bignon ; enfin, il y a joint des remarques sur Heeren. Quant a present, nous nous bornerons a communiquer a nos lecleurs quelques indications sur l'un des morceaux de ce journal liistorique ; celui qui concerne les historiens latins, et les ressources que leur ofl'iaient les docuniens publics de Rome. 51. Schlosser fait remarquer que, des les tenls les plus anciens, le grand-pretre tenait note des evenemens les plus importans, et que le tableau qui les rappelait etait afliche pu- bliquenient. C'etait bien la un journal officiel, dont chaciin pouvait prendre des copies. Les lettres devinrent, dans la suite, un moyen de publication et presqu'unesortede gazette. 11 y avait, au terns de Ciceron, des gens qui, moyennant sa- laire, se chargeaient de tenir les absens au courant des affaires de l'Etat. Beaucoup de lettres ecrites a un ami l'etaient, en effet, pour toutes les notabilites de la province oii il se trouvait et dans laquelle on les faisait circuler. II en est de meme des epilres des apotres ecrites conformement a cet usage. Cesar voulut que les actesdu senatet ceux)du peuple fussent publies jour par jour. Dodwell etReinesius nous ont conserve des frag- mens de ces journaux,qui remontent jusqu'a la guerre contre Persee. On y lit la relation d'un jugement, puis celle d'une querelle de cabaret, des details sur vine espece de faillite. De tout cela il resulte que, des lors , les moyens de publication etaient fort multiplies. 51. Schlosser prouve que Cesar pensait a propager, par tous les moyens possibles, la connaissance des affaires publiques, et qu'en effet il songeait a une sorte de monarchiepresqueconslitulionnelle; mais Auguste, plusporte au despotisme, revoqua ces decrets, et les journaux furent re- duits a la condition des petites affiches. Les acta publico, dcttrna, urbana etaient fort recherches. On les lisait dans les provinces, aux armees, mais non pas toujours sans danger; des lors, le gouvernement avait sesdelateurs, et Ton accusait d'opposition tout ce qu'il y avait d'honorables citoyens en butte a la haine des favoris des empereurs. On faisait aussi des recueils d'anec- dotes scandaleuses dans le genre des Memoires de Chapelle et Bachaumont. Les Grecs ordinairement s'en chargeaient. De la vient que les derniers historiens citent ordinairement des aulorites grecques. Ces collections etaient souvent de meil- leures sources que les bulletins officiels des armees, ou la flatterie attribuait aux empereurs des exploits mensongers. M. Schlosser rapporte en ce genre des faits fort curieux : les details qu'il donn e sur Torganisation des archives ne sont pas moins interessans. Ph. de Golbery, 414 LIVUES ETRANGERS. ITALIE. n3. — *Bibliotcca agraria, etc. — Bibliotheque agraire on Recueil d'instructions choisies sur 1'agricultufe. t. xii. Du nuirier et des vers dsoie : instruction redigee par M. J. Mohetti et M. C. CnioLiM. Milan, 1829; Stella ct fils. In-16 tie xvn et 551) pages. Nous avons annonre dans le terns la publication du pre- mier volume decette utile collection (voy. Rev. Enc. t. xxxiii, p. 5 12). Depuis lors elle s'est augmentee d'un grand nombre tie volumes qui ont completement repondu a ce que faisait esperer le premier, Lnouvrage dece genre manque en France, 011 I'agricufture n'est peut-etre si reculee que parcc que nous n'avons point de bons livres elementaires. Le Calendrier du bon cultivate ur, et les Annates de Rovltle , par M. de Dom- basle , sont presque !es seuls qui puissent fitre lus avec fruit par la masse des agriculteurs, et encore y aurait-il beaucoup de cboses a retrancber et d'autres a ajouter, car les traites elementaires d'agriculture doivent surtout etre concis, com- plets et clairs. II serait tres-utile que des hommes de pratique, aides par des gens instruits dans les sciences, sereunissent afin depublier une suite d'ouvrages oiil'onrattacberait, auxprinci- pes fondanicntaux de l'agriculture et de 1'economie domestique rurale, toules les decouvertes et les inventions nouvelles, tous les perfectionnemens obtenus. Les connaissances agricoles se repandent beureusement tous les jours, les etablissemens- modeles se multiplient, et il est probable que la collection dont nous parlous obtientlrait un grand succes. — On en pent juger par 1'utilite veritable qu'un traite pared a celui de MM. Morelti et Chiolini aurait dans beaucoup de departe- mens francais on la culture du murier et la production de la soie est arretee par le defaut de bons renseignemens. Nous avons vu nous-memc, dans le departement de l'Ain , et dans plusieurs parties du Dauphine, des entreprises considerables echouer parce qu'on n'avait pas des guides sfirs, et qu'on crai- gnait la depense qu'il aurait lallu i'aire pour se procurer au loin des chefs d'atelier et des ouvriers instruits et experimen- tes : un manuel pratique aurait pare a tous les inconveniens et appris une i'oide de ces choses toutes simples, qu'il n'est pas i'acile de trouver lorsqu'on n'est pas deja penetre tie la matiere. — Les deux auteurs italiens traitent en detail ce qui regarde la culture du murier, ils decrivent les diverses espe- ces, leur influence sur la soie des vers qui s'en nourrissent, la ITALIE. 4,5 maniere d'elever ces animaux, le choix du local ou on les place , la disposition des tahlcttes oti on les expose, les ma- ladies auxquelles ils sont sujets; les outils et ustensiles neces- saircs a tout etablissement de cette nature, etc., etc. Ils ont fait un tres-bon ouvrage sur 1111 sujet important pourlenr pa- trie, qui trouve, dans la production de la soie, une de ses principalis sources de revenus. 1 14. — Viaggio di Terra Santa, etc. — Voyage a la Terre- Sainte, divise en chapitres selon l'ordre des matieres, par le docteur Santino Daldini, cure de Saltrio. Milan, 1829; Motta. In- 12 dc 168 pages. M. Daldini partit de Rovellasca, dans le diocese de Come, au mois d'avril 1 8 1 4 • H passa par Eivourne, Zante, Spezia, Micoui, Tine, Rhodes, Alexandrie d'Egypte, Tyr et Ptole- mai's. Arrive a Nazareth^ il s'y arreta et celebra la messe au lieu meme 011 s'accomplit ie mystere de I'Annonciation. II visita ensuite les lieuxcelebresdes environs : le Thabor, Cana, Tiberiade, le Jourdain; puis Saint-Jean d' Acre, Jaffa, et enfin Jerusalem, ou il entra le 14 decembre 1814. Ily'trodra la pesle, et nous devons le croire lorsqu'il raconte qu'il prodi- gua ses soins evangeliques dans cette triste circonstaiice, oi'i ils etaient fort necessaires, puisque les moines dominicnins, chez lesquels il etait loge, montraient, selon lui , beaucoup moins de zele que de crainte. Betbleem attira aussi ses pas , et apres avoir parcouru tous les lieux que consacrent les tra- ditions ehretiennes, il quitta Jerusalem le 5o decembre i8i4- II revint par Jaffa, Damiette, Rosette et Alexandrie. De cette derniere ville, il partit pour Candie : mais une lempete le rejeta sur la cote d'Egypte. II se remit bientot en mer, et ne fut cette fois guere plus heureux, car, arrive a la hauteur de I'ile de Sardaigne. le navire qui le portait fut capture par un corsaire de Tripoli, qui fit du pauvre pelerin un miserable esclave. Sa captivite dura trois mois, et prit fin par l'entre- mise du consul anglais. Enfin il arriva a Livourne au com- mencement d'aoiit i8i5, se rendit a Rome, obtint plusieurs audiences du pape, auquel il remit, comme tous ceux qui reviennent de la Terre-Saiote, les plaintes des moines qui I'habitent et qui sollicitent des secours temporels du pere spirituel des fideles, et rentra sain et sauf a Come. On voit que ce voyage est uniquenient religieux, et qu'il n'avait aucun but scientifique ou historique. La simplicite de la narration de M. Daldini, son style inexperimente, sa facon superficielle de juger les moeurs et le caractere des peuples /,i6 livkes ltr angers. chcz lesquels il passe, montrent que e'est la probablemcut son premier et son dernier essai comme ecrivain, qu'il n'a point fait ce long pelerinage pour en tirer parti litterairement, ct qu'il nc l'a entrcpiis que pour salisfaire a un sentiment purement rcligieux, qui est en debors du domaine de la cri- tique ; du rcste e'est une satisfaction qu'il s'est donnee a ses piopres frais , et qui n'a lien coute qu'a lui. Nous avons des pelerins qui n'ontpas autant de desinteressement, ct qui voya- gent avec inoins de simplicite. P. 1 15. ■ — // Viaggio. — Le Voyage, poeme de CalUroc Scbe- zia (nom que porte Mrae Ce'cile de Luna Folliero, comme membre de 1' 'Academic Pontaniana.de Naples). Naples, i83o; imprimerie franeaise. In-8° de 80 pages. Le poeme que nous annoncons a etc inspire a Mme de Luna par la reconnaissance; elle l'adresse, comme un bommage de ce sentiment, a Ms1' le due et a Mme la ducbesse d'Orleans. Ce petit poeme a pour sujet le voyage que Pauteur fit, il y a quelques aunees, de Naples a Paris, et il se divise en six chants, composes de tercels (tcrzine). Lesverssont empreints d'une douce melancolie, et plcins de ces tendres epanchemens de coeur d'une jeune femme, qui ne manquent jamais de faire impression sur les times sensibles. Nous y avons remarque de belles et nobles pensees, et des images vives et gracieuses. Les plus beaux passages de ce poeme se trouvent dans le 2C chant, qui contient la description d'une tempete sur mer ; dans la der- niere partie du 5", o\\ Mme de Luna exprime son admiration et son amour filial pour le venerable 51. Charles Pougens ; et en- fin, dans le 6% dont le sujet est la premiere entrevue qu'elle eut avec Mme la duchesse d'Orleans. Le style est naturel et correct, a tres-peu d'exceptions pres. La versification, toujours elegante, harmonieuse, rappelle la maniere des poetes classiques de l'ltalie. Cependant, nous devons nous etonner que Mme de Luna, qui est Ttalienne , et qui , eertes , n'a pas l'oreille moins delicate que ses compatriotes, en general, ait pu faire. un eloge sincere de nos orgues de Barbarie ( voy. la Note a du 6e chant ) , et nous doutons fort qu'un veritable amateur de musique veuille y souscrire. Nous recommandons ce volume a tous ceux qui aiment la poesie italienne, et nous sommes persuades qu'ils conserve- ront, long-tems encore apres l'avoir lu, les douces emotions qu'il leur aura fait eprouver. M. ufi. — / Prigionieri di P'mighettone , etc. — Les prison- ITALIE. 4i7 diers de PizzigheUone, roman historique du xvi* siecle; pur I'auteur de Sibilla Odaleta et dc la Fiancee tigurienne. Milan, 1829; Stella et Qls. Nousavons annonce il y a peu de terns les deux premiers ouvrages de I'auteur anonyme de ce nouveau roman histori- que, et nous avons du faire une part a I'eloge, une autre au blame ( voy. Rev. Enc, t. xlv, p. 678). Aujourd'hui I'eloge sera plus complet et la critique moins severe sans cesser d'etre juste. L'auteur a fait des proxies evidens; il parait vouloir partager avec M. Manzoni et I'auteur de Falco de la Hoche le sceptre du roman historique en Italic Nous l'encouragerons de toutes nos forces. L'llalie possede a cet egard d'immenses ressources. Son histoire, morcelee comme son territoire, per- met dinteresser plus vivement l'amour-propre de nation et de cite; ses longues et sanglantes querelles intestines meltent a la disposition de l'ecrivain des passions ardentes et drama- tiques, cnfin les invasions etrangeres qui sent venues tant dc fois engraisser ses plaines du sang de la France, de l'Espagne, de 1'Allemagne, de la Suisse, tons ces fleaux qui sont pour le philosophe un continuel sujet d'amiction, sont pour le ro- mancier d'inepuisables sources de pathetique, de tableaux piquans, d'intrigues attachantes, de peripeties terribles et d'emotions toujours nouvelles. — L'auteur des Prisonniers de Pizzig/iettone n'a pas employe toutes les ressources que l'his- toire de son pays mettait a sa disposition, mais il a use de quel- ques-unes avec habilete. L'epoque qu'il a choisie est celle de la captivite de notre imprudent Francois I", et il s'est attache surtout a bieri peindre, au milieu du peuple dont ils se dispu- taient la conquele, ce roi, ses courtisans, ses chevaliers et ses heureux adversaires, lesEspagnols. Plusieurs traits de son tableau ne manquent pas de verite; cependant nous devons dire qu'il nous serable n'avoir pas ele c'ompletement exact dans le portrait qu'il a fait de ce roi que 1'histoire a flatte et flalte encore mieux que ne I'aurait pu faire le plus plat de ses valets, et qui etait tout simplemenl un egoi'ste volup- tueux, spirituel et dur. Je ne dis rien de sa bravoure : e'etait un meuble de son metier, et un vetement que portait dans cc tcms-la tout bomme convert d'un casque de fer et muni d'une bonne Lime de Milan. Du resle, les etrangers saisissent diffi- cilement et rendent plus difficilement encore ce qu'il y a dans nos moeurs et nos maniercsd'essentielleinent francais, et je ne connais guere que Walter Scott qui ait su donner a des hom- ines et a des evenemens de notre histoire la physionomie que nous leur prttons nous-memes par tradition. t. xlvi. mai i83o. 2" 4i8 LIVRES STRANGERS PAYS-BAS. i i y, — *Jiri:e i/ow den we'mig bekenden zuidelyken Moluku/ten Archipel. etc. — Voyage dansl'Archipel meridional des iMoluc- qdeset lc longde la c6te du sud-ouest, encore tout-a-fait in- connuo, de la jNouvelle-Guince, parM. D. U. Kolff jcune, lieutenant de marine, etc. Amsterdam, 1828. Iu-8° de 5g8 p. Los iles Molticques meridionales, ainsi que les iles elites d'Aroe et de Tenimber. etc. , ont ete toujours des possessions fort interessantes pour le commerce des epieeries, qui s'y trou- venl en si grande abondance. Ces iles etaient autrefois siuon sujettes, an moins tributaires des Hollaiulais. Ceux-ci, apres avoir retire les postcs qu'ils y avaient etablis , ne les avaient pas visitees, depuis de longues annees, lorsque M. Kolfl'recut, en 182"), la mission de les explorer. II a parfaitement alteint le but de son voyage en rcnouant avec les indigenes les rela- tions d'amitie et de bonne intelligence qui avaient ete inter- rompues si long-tems. Partout il trouvait le plus grand respect pour le gouvernement bollandais, ou la Compagnie, comme ces gens-la aiment a le nommer meme actuellement. En 1826, le meme ofiicier visita la cote sud-ouest de la Nouvelle-Guinoe, terre jusqu'ici prcsque incomme, inhabi- ted ou peuplee d'habitans qui sont encore an dernier degre de civilisation; il offre encore le recit do ce voyage en nous presentant de fort interessans details sur ces regions loin- taines. 1 18. — De Mcnscli beschouwd in zijhen aanleg, etc. ■ — L'hom- xne considere comme etre pensant, moral et sensible, afin de developper les piincipes de toute connaissance qui lui est possible, en rapport avec sa vraie destination, par M. J. -J. Le Hoy. Delft, 1827. In-8" de xiv et 522 pages. La philosophic de Kant, dite critique', avait trouve vers la fin du xvnT sfeclede nombrcnx disciples en Hollande. M. Le Roy est du nombre de ceux qui en sont actuellement encore les plus chauds partisans. L'ouvrage que nous annoncons en est une nouvclle preuvc, puisqu'il ne contient qu'une expo- sition de la philosophie de Kant, quelquefois rectifiee et ani- plifiee. La distinction de Kant, en philosophie critique, prati- que el philosophie du jugement , screproduit surle titrememe de l'ouvrage, car e'est l'homme intellectuel et pensant, 1'hommc moral et agissant, enfin l'homme sensible aux affec- tions du beau, du vrai , etc. , et l'homme raisonuant et ju- fijeant , qui torment les sujets des trois principalcs sections du livre entier. La seconde partie, celle ou Ton traite de PAYS-HAS. 4i9 I'homme moral, merile surtout les plus grands eloges. X.X. i jg. — De I' emancipation de I'enscigncmcnt primaire clans le royainne des Pays-Bas. Mons, sans date; typographic de Hoyois-Derely. In-8" de 29 pages. La question de la liberte de 1'enseigncment a etc singulie- rernenl posee et debattue dans les Pays-Bas. D'un cote les liberaux, c'est-a-dire les amis des lumieres, plaidant pour la prohibition; de I'autre les indices de Rome, pour la liberte. Cela s'est fait par le hasard d'unc de ces positions coniradic- toires que les partis sont souvent conlraints d'acceptcr, parce que les partis manquent de bonne foi. Pour nous, qui croyons a cet inebranlable axioine, que la verite et la justice sont tou- jours la plus sure voiepour arriver au bien , meme materiel, nous n'hesitons pas, dans cette ciiconstanee conime dans toute autre, a prendre parti pour le droit contre le fait acluel. Que les jesnites abuseut de la liberie d'enseignement dans les Pays-Bas, e'est un malheur sans doute; mais ce serait un malheur bien plus grand que d'acceptcr, a propos d'une po- emique ephemere, nn principe oppressifet subversifdes lois d'equile naturelle. Dieu nous garde d'avoir la vue si courte quede sacrifier, au profit des passions d'un jour, les regies qui doiventbientut et pour toujouisiegncr surlemonde ! Quelque specieux(|uesoient les argumens de I'autcurde la brochure qui est sous nos yeux, quelque forte que soit la formule qui les resume et qu'il a prise pour epigraphe : Eo:perientia optima magisira, nous ne cro}rons pas qu'il soit. necessaire de les combattrc : cette nature depreuves n'est pas admissible dans l'espece : avant de ohereher a etablir le fait, il fallait exami- ner le droit. C'est ce que l'auteur n'a point fait; sans doute, parce qu'il passe lui-ineme condamnation a cet egard, quant a la these qu'il soulient. S'il y attache pcu d'importance, nous sommes encore en opposition complete avec lui : car, pour nous, tout est la : le reste est une affaire de statist tique. A. P. 120. — De Engelsolie Armen, etc. — Les pauvres Anglais et la SocieU de Bien fat sance des Pays~Bas ; traduit de Panglais. Amsterdam, i85o; Evven Garlman. In-8" de 57 pages. Ce livre est une traduction d'un article qui, sous le litre de : The Anti-paupersystem and home colonies, a etc place dans le Quarterly Review pour novembre 1829. II conlient de justes plaintes sur les mesures qu'on pr end en Angleterre pour lesou- lagementdespauYres, el recouimandel'exemple de la Societe de Bienfaisance des Pays-Bas, a laquelle on doit la fonda- tion des celebres colonies agricoles. Sans doute, les Beiges 4ap LIVRES STRANGERS, eprouveront mi vif sentiment de satisfaction, en voyantscsins titutions patriotiqaeB e) bienfaisnntcs pmposccsconmiemodele an penple qui se distingue le plus aujourd'bui par le nomine et la Defection des associations philanlhropiques. iai. — V erhandeling over hei Sewerken ran de geschietUnis der Netln-landen , etc. — Traite sur la maniere d'ecrire I'his- toire ties Pays-Bas, par ML. J. Scheltema. Harlem, 1829; Loosjes. ln-8" de \i et 77 pages. On sait qu'apres le deces de M. Stuart, historiographe dn royanme, S. M. le roi de* Pays-lias, par decret du 25 dc- cembre irisfj, a ouvert nu concours en invitant tons les savans du rovaiunc a lui presenter leurs idees sur la meillcure ma- niere de traitcr 1'liistoire des Pays-Bas. Quarante auleurs mil repondu a l'appel. Cinq Memoires out ete juges dignes d'une distinction honorable par la commission qui avait ete nominee pour en juger. In des cinq est eelui dont nuns annoncons la publication. Sans doute M. Schellema, si favorablement connu par plusieurs ecrits relatifs a I'histoire de sa pa trie, elait un de ceux dont 0:1 pouvait se flatter de recevoir une solution satisfaisante de la question proposee. La maniere de traiter I'histoire des Pays-Bas'peul etre mise en question surtout sous le rapport de la difliculte.de reunir. dans nn seul tout, I'histoire des Pays-Bas meridionaux avec celle des provinces septentrionales pendant la peri ode de 1 58 1 jusqu'a i8i5. En verile , ce n'etait pas tin pays, e'etaient deux parties tout-a-1'ait dislincles, 1'une sujette d'une puissance etrangere, I'Espagne on l'Aulrichc, I'autre independante et jouissant d'un rang distingue parnii les puissances de l'Hu- rope. C'est pour cela aussi que M. Scheltema conseille de ne pas chercher a rassemhler en'un corps des matieres si dispa- rates. II vent qu'on traite I'histoire de ees terns separenient. Les observations que l'auteur acomnnmiquecssurles devoirs du t'ulur hislorien des Pays -Bas meritent une serieuse atten- tion. Le gouvernement commence de plus en plus a livrer au public les source.-, intcressantes de notre histoire. Les archi- ves del'Etat, des provinces, des villes, des communes s'ou- vrent pour tons ceux qui, dans un but scLentiflque, desirent y i'aire des recherches. On use dona esperer que I'histoire des Pays-Bas poUrra enfin etre fraitee d'une maniere digne de I'im- porlance du so jet. Nous espcrons que les auleurs des aulres quatre Memoires, dont la mention honorable a ete laile, se dccideronl aussi a pu- biier leurs ecrits. 122. — Recherches sur la tongue nationale de la majeure par- PAYS-BAS. — LIVRES FRANC AIS. 421 lie du royaume des Pays-Bus, par M. le baron vanWkstreenen van Tiellandt. La Have, i83o. In-8". L'auteur, connu comme savant hibliograpbe, cherche a demontrer : 1° que la langue neerlandaise ou flainande a ete, depuis des tenis bien recules, la langue du gouvernemeni en Belgkiue ; a'qu'elle a etc la langue de la litterature beige; oes deux theses sontdeveloppcesaumoycn de do mb reuses citations de lois et de coutumes anciennes ecrites enflamand ;de livres flamandspublies dans les xv% xvie et xvn° siecles, de beancoup , 591, 6a3 pages; prix, u5 IV. II y aura mi quatrierue volume. Nous rendrons compte de cet important ouvrage. 127 — *Des himorrholdes, ou Traits analytique detoutesles affections hemorrhoidales ; par A. -J. de Momeciie, inedecia o. In-8° de 5oo p.; prix, 7 fr. Appele depuis long-tems aux premieres places dc la chirur- gie militairc, M, Gama a eu 1'occasion d'observer des millier? de faits, de comparer el de juger les methodes de traitement employees par sesconfreres et leschirurgiens etrangers. Fixe depuis cinq ans a Paris, et a la tete d'un grand hopilal , il a continue ses recherches, verifieses opinions, el il a fail scrvir lesprogres de la medecine a ceuxde la chirurgie, car ces deux sciences doivent sesuivre et s'cclaircr multiellemenl. Malheu- reusement cette verite est encore Irop souvent mcconnue. La partie physiologique dc l'ouvragc offredes remaVques inleres- .santes sur descas dc paralysic de poitrine, causeepardesapo- SCIENCES 1'HVSiQlES. (yi7 plexics cerebrates, les sympathies nerveuses, les fonctions des lobes cerebraux antericurs, et celles de la cinquieme paire; maisces fails, reunis dans la theoric generate de Vunitii du sys- timenerveux, ne s'y lienlpasparfaitement; car,quepeut-oncom- prendre par unite du systcmc nerveux, si sa structure etses fonc- tions offrent de arables differences; cela est tellement avere, que M. Gama lui-mcme localise ['intelligence dans la partie anterieure de la tele, et qu'il a demontre que la perte de la parole resullait rarement des obstacles mecaniques, presentes par lesorganes de la prononciation. Si ce moid' unite exprime seulement que le systemc nerveux est partout continu, qu'il offre une portion centralc on arrivent toutes les impressions, qu'ebranlent les sympathies, ce n'est plus qu'unterme general et abstrait , qui comprend une t'oule d'actions speciales et dis- tinctes, dememe que dans l'unite de la vie se concent rent tou- tes les fonctions qui l'entretiennent et la constituent. Dans la partie chirurgicale sont traitees toutes les questions importantcs, les plaies superficielles et profondes, les fractu- res et leurs complications, telles que les paralysies, la com- pression, les epancliemens, et les transformations qu'ils su- bissent. La valeur reelledc I' operation du trepan est savamment discutee, et beaucoup restreinte; cnfin, l'inflammationdu ccr- veau et de ses dependences est eludiee avec tous les details que comporte sa gravite : c'est ici que se revelent tous les avantages de la doctrine de ['irritation, qui sont d'autant moins contestable* pour les plaies de tete, que les causes sont exter- nes, et que I'inflammation est ordinairement degagee de toule influence etrangcre a la lesion. Aussi , l'auteur, qui neglige de faire valoir ses propres titres a la reconnaissance, rapporle-t- il ses succesalamedecine physiologique. — Nous ne pouvons mieux faire connaitre la portee et l'utilite des regies de traite- ment proposees par M. Gama, qu'en rapportant ses propres conclusions, qui etablissent : i" que la reunion immediate de tputes les plaies du crane, sans en excepter celles qui sont compliquees de lesions inlcrieures , est indispensable pour prevenir une trop forte inflammation du cerveau, et rendre la guerison rapide; 2" que les saignees locales permanentes doi- vent elreaussilotapresmiscsen usage, et prefereessoitaux eva- cuations sanguines veiueuses, soit mix applications de sang- sues, plus abondantes, el reiterees a de certains intervalles, parce que les premieres agissent avec une aclivite continue, que ne sauraient presenter les autres, et qn'elles donnent a I'encephale le terns de se raflermir et de rep rimer son irrila- tation, sansqn'aucune reaction puisse s'y Opener; 3* que Ir in- 4a8 LIVRES KRVNCAIS. panne doit etre pratique que pour (a ciliterl' extraction des frag- mens osseuac enfonces vers lecerveau, on des corps etrangers accessibles aux instrumens apres la perforation do crane; 4" que les revulsifs, ordinaireinent inutiles lorsque lc iraitement local est bien dirige , sent souvem nuisibles, et ne peuvent etre employes quequand L'irrilatiot) cerebrate commence a de- croitrc ; 5° que le (Void est d'une application difficile et dange- rcuse dans beaucoup de eas ;6° enlin, que les alimens ne doi- vent pas etre refuses pendant trop long-lems aux gujets ntteints de plaies de tete, lorsque les organes digestifs soul sains. » — En resume, cc traite estun ouvrage consciencieux et utile. c. s. 129. — De la destruction mecanique de la pierre dans laiiessie, ou considerations nouvelles sur lalilhotritie; par J. J. A. Rical. Paris, 1800; Gabon. In-8°de 89 pag., a vce planches; prix, a fr. Ce Me moire, In a l'Institut lc 10 aout et le 14 decembre 1829, expose, d'une inaniere claire et precise, tout ce qui a ete fait jusqu'a present pourcette branche de lachirurgie, les ins- trumens cpie l'auteura inventes y sont decrits, et leurs avan- tages expliques de facon a ne pas laisser douter de leur supe- riorite dans la plupart des cas. J — s. i5o. — * Collection des rapports generous- sur les travaux du Conseil de salubrite de la rille de Paris et du de'parternent de la Seine, executes depuis 1802 jusqu'en 1826 ; publiee sous les aus- pices du prefet de police, par i\l. V. de Moleon. T. i". Paris, iS5o ; an bureau du Recueil industriel, rue Godot-de-Mau- roy, n° 2. et Bachelier. In-8° de xliii et 4«4 pages; prix, 7 fr. C'est une idee bonne et heureuse que d'avoir commence a reunir dans un meme ouvrage tous les travaux sanitaires et hygieniques projetes ou executes dans les divers Etats de l'Europe, en les considerant sous le rapport des applications qu'on en pent faire, ou qu'on en a faites, a la salubrite publi- que, soit dans les villes ou dans les campagnes ; soit dans les grands ctablissemens, tels que les lazarets, les hopitaux, les prisons ; soit enlin dans les manufactures, les ateliers, les habi- tations particulieres. « Une telle collection', grossie par le terns, devierulra une sorte de Code on l'hygiene publique trouvera resolues toutes les questions qui l'inleressent ; et l'industrie incertaine, des reponses toutes faites aux questions qui l'embarrassent. » (Ex- trail du Rapport du Conseil de Salubrite de la villi de Piiri.s . annee 1821. ) M. de Moleon. dirccleur du Recueil induslrieL el auieur dc SCIENCES PHYSIQUES. 429 plusieurs ouvrages sur l'industrie, la statistique et 1'economic politique, l'un des anciens elevesde cette Bcole Polytechnique qui a deja produit tan* d'hommes utiles dans tons les genres, va rendre 1111 nouveau et veritable service a la civilisation, en publiant la collection dont nous annoncons le premier vo- lume. Line table alphabetique des malieres traitees dans les divers paragraphes des rapports du Conseil de salubrite permet de recherclier et de trouver, avec une grande t'acilite, tous les objels inliniment varies dont traite celte collection, et sur les- quels on peut desirer ties renseignemens. L 'importance de 1'ouvrage de M. de Sloleon, que voudront se procurer et consuiter tous les prefets, tous les maires et tous les hommes qui s intcressent vivement a la chose publique, nous a determines a en Conner l'examen a l'un de nos colla- borateurs, medecin inslruit et philanthrope , qui en rendra compte a nos lecteurs. N. i5i. — ■ Socicte royale et centrate d' agriculture : Rapport de Rl. le vicomte Hericart de Thury, sur le concours ouvert pour le percemrnt des putts fores , d t'effet d'obtenir des eaux jaillissantes apptirables aux besoins de V agriculture. ( Seance publique du 18 avril 1800.) Paris, i8"jo; Mmc' Huzard. In-8" de 64 pages, avec 2 planches. Le rapport de M. deThury est precede de l'explicalion des deux planches destinees a mettre en quelque sorle sous les yeux des lecteurs les causes de tous les phenomenes des puits fores. Cette explication est liree d'un ouvrage intitule : Con- siderations gcologif/ues et physiques sur la the'orie des puits fores, ou fontaines artificielles, iniprime en 1829, chez Firmin Didot. Cette matiere est aujourd'hui suffisamment eclaircie, et l'im- Baensite des nouvelles ressources dont l'agricnlture pourra disposer pour les irrigations ne peut manquer d'etendre les speculations agricoles, de rendre produclives des teiics qui semblaient condamnees a une eternelle sterilite, de dissemi- ner avec moins d'inegalite les coltivateurs sur le sol, en leur procurant en abondance, au point qu'ils auront choisi pour leur habitation, l'element dont ils ne pevivent se passer. L'ex- ploitalion des eaux soulerraines , ouverte maintenant a tout le monde, et qui heureusement n'est pas encore une conquete du monopole, quoique moins imporlante que celle des me- taux et du combustible 1'ossile, a le tres-grand avantage de se renouveler par une circulation permanente, au lieu que les mines s'epuiseront inevitablement, aucune cause connue ne tendant a rcproduire les amas precieux que nous 45o LIVRES FRANCAIS. Iraosportons journcllement a la surface pour Ics appro- prier a not re usage, Ics repandre partout ct fairc disparaitre lours fragmens reduits a uue extreme division. Continuous cependant a consomrner largemenC du charbon de terre : c'estun moyen dc restituera la vegetation 1'un des principes ilont ello a le plus besoin. En lui prodiguant I'eau avec la mrme liberalite, quelque generation, encore loin do nous, aura peut-etre de nouveau sous ses yeux un rogue vegetal gigan- tesqixe, tcl que fut celui quo lc monde fossile nous revele. Encourageons do tout notre pouvoir les divers emplois , la plus grande consummation possible de charbon do terre, mul- tiplions les puits lores, arrosons toute la terre, a fin qu'elle sc revete dc sa plus belle parure, et qu'elle nous prodiguc ses fruits; mais, dans rinteret des generations futures, ne prodi- guons point les metaux. La Societe centrale d'agriculture, bien convaincne de I'im- portancede ce moyen d'irrigation qu'on pent appliquerpresque en tout lieu, a propose trois pi ix qu'elle distribucra dans sa seance publique dc i85o; ces prix seront de 3,ooo IV.. 2,000 fr. et 1,000 l'r. Les concurrens devront I'airc connaitre, par un protes- verbal : 1° le site et la profondeur des puits; 2° le volume d'eati qu'ils donncnt en 24 heures; 3" la tempe- rature ile l'eau dans I'interieur des puits. lis joindrout un proces-vetbal des tones oil pierres traversees par la sonde, la note de l'epaisseur des couches et les memoircs de la depense du sondage. lis feront constaler par les aulorilcs locales, les ingenicurs des mines on des ponts et chaussees, les Societes savantes, s'il y en a dans le departement, les l'aits enonces dans les proces-verbaux. Un concours pared, ouvert en 1828, a communique par- tout un mouvement donl on a deja vu de grands efi'ets : des travaux trcs-utiles ont etc. l'aits en France ; l'attention de l'Eu- rope a etc f'ortement exeitee ; partout on se prepare a profi- ler de cetle ressource des arts agricoles. Mais tout n'ctaitpas encore assez prepare pour que toutes les conditions du pro- gramme fusscnt remplies ; la Societe s'est done decidec, con- formement a l'avis de ses commissaires, a proroger le con- cours, ajournant lc grand prix dc 5, 000 fr. jusqu'a ce nouveau terme. Quant mix deux autres prix, celui de 2,000 IV. a ete partage cntre MM. Fi.achat freres , ingenieurs civils, et M. Mr lot, mecanicien a hpinay, pros Saint-Uenis. Le troi- sieme prix, de 1,000 fr. , a etc divise entrc deux concurrens , comme le second, eldeccrne a MM. Fhaisse, dc Perpignan, et Poitevin, de Tracy -lc- Mont . pros Compiegne. Entin, une. SCIENCES PHYSIQUES 43 1 grnnde medaille d'or a ete decernee, a titre d'encourngemcnt, a M. Farel, de iMontpellier. Nous croyons devoir transcrire en entier le resume tres- eourt de iM. deThury. « II resulte detout ee que nous venons d'exposer : i°que votre appel a ete entendu ; que, de tons cotes, on s'esl empresse d'y rcpondre, et que Part de percer des puils artesiens, ou fontaines arlifn ielles, qui semblait anciennement etre un privilege exclusif pour les pays de formation crayeuse de nos departemens du Nord, est main- tenant intrbduit , ou plutot generalement repandu partout; 2°. Que de nombreuses associations se sont formees pour en etablir sur tons les points de la France, et qu'en ce mo- ment diverses compagnies percent des puits deja tres-pro- fonds, et dont le succes nous parait infaillible; 3". Que les cinq candidats dont nous avons fait conn ait re les tra- vaux ont satist'ait a plusieurs conditions du programme , mais en laissant cependant beaucoup a desirer sous le rapport de certaines difficultes que, jusqu'a ce jour, aucun d'eux n'est encore parvenu a vaincre ou a surmonter, telles que rentier percemcnt du calcaire jurassique , celui des marnes et argiles irisees, celui de la grande masse de craie ; enfin, celui des grandes depositions de sable coulant qui se trouvent entre certaines formations lerliaires , et qui ont fait abandonner un grand n ombre de puits deja tres-prolbnds ; 4°-Qlie? jusqu'a ce que les sondeurs soient parvenus a surmonter ces difficul- tes, il restera toujours de 1 incertitude sur le succes des puits fores dans les pays qui ontpreciscmenl le plus besoind'eau. » N. 1 3?.. — * Notice hisiorique sur le pro jet d' Line distribution gene- rale d'eau, d domicile, dans Paris, el Expose des details y relatifs, recueillis dans di/fcrentes villes da royaume uni, votamment d Londres ; par C. F. Mallet, ingeniear en chef de premiere classe an corps royal des ponts et chaussees, etc. Paris, i85o; Carilian- Gorury. In-4" de 82 pages, avec un tableau et un plan de la disposition des tuyait.r de cotiduite duns Paris ; prix, 5 fr. M. Mallet a fait deux voyages en Angleterre, a I'effet d'y observer les moyens employes dans ce pays pour dislribuer l'eau dans les grandes villes. Charge d'abord d'une mission speciale pour cet objet, il ne put sojourner assez long-tcms dans la Grande-Bretagne pour y p router, autant qu'il le desirait, de 1'instruction que les plus habiles ingenieurs anglais s'em- pressaient de mettre a sa portee; apres avoir satisfait aux de- voirs qui lui etaient imposes, il passa la Manche une seconde fois, ft yisita plus a loisir les grands etablissemens de distri- 45a • LIYRES FltANCAIS. bution des eaux. 11 etait alors mieux dispose pour celte etude, muni 3'une suffisante connaissance do la langue anglaise, ayant diseule d'avancc, el sous divers aspects, les questions a rcsoudrc el les divers ul>jets de ses recberches. Son premier voyage avail eii Lieu en lS-j./j : l'annce precedente M. le pre- fct dc la Seine avail aussi visile I'Angleterre pour le meine objel : mais il ne s'agissait encore que de se decider sur foffre que faisait alors unc compagnie anglaise de se charger de la distribution des eaux a domicile, dans Paris. Le resultat du voyage de M. de Chabrol ne repoudit pas tout-a-fait aux vues des speculateurs anglais; lc priucipe de la concurrence fut consacre, et ce fut alors que M. Mallet recut I'ordre d'aller recueillir sur les lieuxles inforniations necessaires pour i'aire un projet complet de distribution des eaux, et le presenter aux entrepreneurs, avec le cahior des charges, line sorte d'avant- projet preccda ce grand ouvrage; revenu en France, vers la fin de novembre 1824, notre ingenieur prescnla sa premiere ebauche, an mois de mars 1826 ; etau mois d'aofit de lameme ann.ee , il l'ut charge de la redaction du projet defied tif qui fut terminc an commencement de ievrier 1826. i Ce projet portail a 22 millions la depense du systeme de distribution generate des eaux de 1'Ourcq, tant pour le service public que pour celui des particulicrs; il se composait d'un Memoirc instructif, du clevis general des travaux a (aire, d'un bordereau de prix de toule especc, d'un detail estimatii'et de 54 feuilles de dessins ou plans dont un presentail, sur une grande echelle, la dispo- sition generate du systeme et de Lous les tuyaux places dans chacune des rues de Paris. » Ce projet, examine d'abord par une commission, diseule ensuite dans le Conseil des ponts et ehaussces, donna lieu a diverses observations, et enfin a une proposition qui cbangeait une des donnces essenlielles, et, par consequent, modiliait les moyens d'excculion ; avanl de s'arreter aaucune des modifi- cations proposees, le Conseil voulut se rendre. compte des depenses qu'.eUes entraineraient; M. Mallet l'ut encore charge de I'aire res nouveaux calculs. II s'agissait de I'aire contribuer a la to is la Seine et I'Ourcq a la distribution que I'on voulait I'aire. On proposait trois syslemes difi'erens pour arriver a ce resultat; notre ingenieur presente dans un tableau l'estima- tion des depenses de chacun. Le plus economiquc scrait celui qui conserve) ait, pour les eaux de I'Ourcq, le systeme actuel, « en invitani M. G iuabd a terminer le projet dont il a- ait pose les bases dans l'ouvrage qu'il a public en 1810, projet dont 1'exe- cution est deja tres-avancee, et il landrail qu'on appliquat lc SCIENCES PHYSIQUES. /,"> Syslcme Doureau, seulemenl au houveau gome tic dislribu- 'lus recens. 11 expliquc la nianiere de determiner Theme so- laire, vraie ou moyenne, du passage d'un astre an mcridicn ; il donne les types de calculs relatifs a ce passage; expose la mclhode la plus sCire pour determiner la deviation d'une lu- nette meiidicnne, et proeede a la recherche du terns ahsolu par les angles boraires, soil que l'aslre ait ete observe avec un instrument donnant les angles simples de hauteur, soit qu'H l'ait ete aveclecercle rcpeiileur; enfin il enseigne a regler un chronomctre par des hauteurs corrcspoudunles ct en fait connaitre lous les usages. Ce savant professeur passe ensuite a la determination de la latitude geogiaphiquc par des passages meridieas, des hau- teurs circomnieridicimes, des digressions de la polaire, ct par plusieurs autres procedes usites en nier. 11 expose dillercnlcs mclhodcs plus ou moins exacles pour obtenir les longitudes terrcstrcs : par cxemp.c, far les chronometres, les leux, les distances de la lime au soleil ou aux etoiles, les culminalions comparees de la lime et d'un astre, les eclipses et les oc< ulta- tions. Des exemples varies el hien choisis mettent le caleula- teur le moins exerce a nieme de suivre, sans crainte de ja- mais s'egarcr, la marche des operations nuuieriques les plus compliquees, et de parvenir a des resultats rigoureux, si seh propres observations, ou celles qu'il emprunlc, meritenl une cntiere confiance. SCIENCES PHYSIQUES. $3? M. Francoeiir s'atfbcbe aussi a dormer les calculs il'ii lever, dueoueher et tie Pamp lituHe ties astics, de I'azininih d'im olijel tcrrestre, de la dectinaison de l'aiguille aimantec. Enfin ii Iraite des marees avec un soin particulier, d'apres la thcorin de D. Bernou'tlli, pour trouvei Theme de la pleine mer, cl d'aprcs eclle de Laplace,- pour cal cilleries hauteurs des marees sysigies; en sorle que toutes les circonslances de ce grand pheuomene sont predites exactcment, eomme dans la Con- naissance des Lcms, ei ' L'Annuaire du bureau des longitudes. La troisieme ct dcrniere partie a rapport a la composition et a I'u sage des tables astronomiqiies : eltecomprend d'abOrd la formation des tables du soleil', cl un precis des iinportaiis tray an x de M. Bessel, rclalifs a la determination de la longi- tude moyer.ne de cet astro au commencement de ce siecle. On y trouve ensuite le caleul d'un lieu complet du soleil, eu ay ant sculemeut egard , pour abreger, aux prm'cipales pei ■- turhatinns planetaires ; d'ou il suit que la longitude vraie, de- duiledes tables de Dclambre, esl ici rcproduile a un trcs-pclit h on lb re de secondes pics. L'auteur expliqne cgalemcnt la formation des tables de la lune, en s'arretant aux nombics et aux formulas que noire savant confrere, M. Damoiseau, a employees pour la con- struction de ses exccllenles tallies ; mais en negligeant les ter- mes fort petits. 11 expose en outre les principes qui servent de base a la formation des tables des planetes, et eutre, a cet egard, dans des explications qui aidenl a la parfaite intelli- gence du caleul des licux geocentiiques de Venus et de Mars, depouillcs toutcfois des terines dependans des perturba- tions. Toutes ces theories importantes, qu'aucun ouvrage elemen- taire n'avait encore donnees d'une manicrc anssi dclaillec el aussi salisfaisanle, sont suivies de remarques generates sur la determination des constantes qui entrent dans les formulas astrononiiques, deduilcs de la theorie de I'atlraction, ct de 1'explicalion Ires-circonstauciee de la melbode dc noire illus - tre confrere, RI. Legendre, pour combiner des equations de condition de la maniere la plus avantageuse : sans omeltrc cependant la melhode de Tobie Mayer, dont la pluparf des astronomes font encore usage, lorsque le nomlire des equa- tions de condition est considerable. M. Francfcur, continuant de remplir le cadre tres-etendu qu'il s'est trace, et de douuer d'otiles^developpemeus a la troisieme panic de son Uranographie, fait voir comment les astronomes determinant I'obliquite dc Peclfplique aux cpn- 438 LIVRES FRANCAIS. ques des solstices cti!es equinoxes; ilexplique tant los formu- las de precession, de nutation et d'abcrration, que la con- struction des tables parliculieres relatives aces deux dcrnicrs pbenomenes ; enfin il resume ce qu'il a ditconcornant la for- mation et I'usage des dix-scpt tables qui lermincnt I'ouvrage, lesquclles sdnt d'autant plus precieuses, dans les voyages scicnliliqucs, qu'elies servhaicut, a defautde la Connaissance des terns, a reproduire exactemenl, pour une cpoque qucl- conque, tous les clcmens lies calculs astronomiqucs. Telles sont les principales malieres qui cntrent dans la composition de cet ouvrage, et qui, par la maniere dont elles sont Indices et coordonnces enlre elles, se prcscnlcnt avec I'attrait de1 la nouveaute. Redigees, comme elles lc sont, avec toute la clarte desirable, et reunies ainsi en corps de doctrine, elles ne peuvent manquer d'atteindre completement le but que l'auteur s'est propose (1). Puissant. i54. ' — * Journal de Voyage ^Moresque atilour da tnonde , execute sur la corvette la Coquille , commandec par M. L.-J. Duperrey, pendant les annces 1822-1826; parR.-P. Lesson. T. 1 ; liv. 1. Paris, 1800; Amable Gobin et compagnie. In-8°; prix, 5 fr. 5o c. M. Lesson nous donne ici le commencement d'une relation inleressante du voyage autour du monde qu'il a fait avec l'expedition confiee au commandement du capitaine Duper- rey. La premiere livraison, ornce de plusieurs gravures, con- tient la relation du trajet de la France au Bresil, et de la aux iles Malouines, sur lesquelles M. Lesson donne beaucoup de details. Nous ne doutons pas que cette relation, sur laquelle nous reviendrons lorsque la publication en sera plus avancee, ne soit lue avec beaucoup d'interet par tous les amateurs de la geograpbie el des voyages. D — c. 1 55. — Vue el Plan de la vitle d' Alger ; Carte de la pro- vince d'Alger et d'une par tie des provinces de Mascara et de Titteri, lircedcrAtlasmanuscritdcM. J. G. Barbie du Bocage. Paris, 1800; Knccht, Rocby, Piquet, Trcultel et AVi'iitz. 1 feuille Jesus; prix, 2 fr. 5o c. Cette feuille presente nn panorama de la cote et des mon- tagnes Mluecs autour d'Alger, et donne, en outre, le plan de la ville, de ses monumens et de ses fortifications, ainsi que la (l)Nousavons cm ne pouvoir mieux faire connaltrc I'excellent ouvrage de INI. Franca-nr qu'en tiansci ivant ici le rapport presente a V Academic des sciences, dans la seance du 26 avrit i83o, par l'honorable nienibre qui a bicn voulu nuns It eouunuuiquer. SCIENCES PHYSIQUES. 'po, carte de la province d' Alger et d'une partie de celles du sud et du ponent. Au Las de la vue de la ville et des montagnes qui l'environnent , on a ajoute le non; de chaque point principal, en sorte qu'on pourra reconnaitre , d'une maniere generate, sur celte representation orographique, les positions strategi- ques dc l'armee, soit au moyen dc ces indications, soit par des rapprocliemens qu'il sera facile de faire; c'est an burin de M. Roux, deja bien connu , que Ton doit cette belle gravure sur pierre. Le plan d'Algcr a d'autant plus d'interet, qu'il est en rap- port avec la vue et qu'il offie une infinite de details, notam- ment 1'emplacement de plusieurs edifices qui etaient restes inconnus jusqu'ici; il pent donner, compare ainsi avec le relief, Pidee de l'aspect admirable de cette ville : Alger est a mi-cote, s'eleve en amphitheatre, et ses maisons, peintes en blanc, se detachent sur un fond de verdure nuance des plus riches couleurs; mais le charme se dissipe en mettant pied a terre et en entrant dans la ville oil Ton circule au milieu de rues etroites, sales et sombres. La carte, dressee sur une echelle de 2 pouces 5 lignes pour 6 lieues de 25 au degre , est un fragment d'une carte sur la meme echelle de loute la Barbarie occidentale : elle presente une etendue de 10 a i5 lieues autour de la ville. C'est la partie de la Regence qui va devenir le theatre de la guerre. Riche de details importans, cette carte permettra de suivre bien autre- ment encore l'expedition et le mouvement des troupes assie- geantes pendant toute la campagne. Ces deux derniers mor- ceaux de topographic ont ete graves par M. LATRENTavec un soin qui merite des eloges. La vue, la carle et le plan, detaches d'un ouvrage manuscrit de M. Barbie du Bocage sur l'histoire et la gcographie de la Regence, sont accompagnes d'un texte descriptif trcs-succinct, qui traite de la cote, des montagnes, de la ville et des provinces d'Alger, des bourgs, forteresses, batteries; des mceurs des Maures, des Juifs, des Chretiens, des Arabes et des Turcs ; des etablissemens publics, monu- mens, antiquiles, du gouvernement, des forces de terre, des monnaies et du calendrier algerien. Ce tableau, dedie a tons les officiers de l'armee de terre et de mer, pent etre fort utile, non-seulement aux personnes qui font partie de l'expedition, mais encore a loutes celles qui prennent interet a cette guerre. Suei'r Merlin. • 56. — Annuaire statistique du dcpartement de la Fienne, pour l'annee i83o. Poitiers, i83o; Sanrin freres. In-18 de 169 pages; prix, 1 fr. 5o c. 44« LIVKKS FRAN^AIS. Nous, aimons a recommander les publications do ce genre lorsqn'elles parviennent a notre connaissance , ct dopnis long- tems nous avons signal* loir utilile. Ce qui convient surtout aux annuahes stalistiques, ce sont des la its; leur mission spe- ciale est dc reunir tous coux qui couceruent les Iocalites aux- c|i:cllcs ils appartiennenl; et leur principal nicrite doit consisr tcr dans l'exactitudc des donnees qu'ils apportent en tiibuta la science. Dansl'Annuaire dela Vienne, les fails' recueillis nesont pas encore tros nombreux, mais ils paraissdit bien cboisis. Outre les nomenclatures dc noms propres , qui forment sim- plement iioe sorle de succu.rsaje de I'Alnianach royal, on y re- marquc dix cbapitres consaeres a la statisliq-ue proprement elite : description physique, meteoro!o»ie, eaux, forets, pouts et cbaussees, mines, agriculture, induslrie, population, fi- nances. Nous y avons trouve les evaluations suivantes : L'elendue ter.iiloriale est, en supciGcie, de 354 lieues carrees, oil 699,200 he aies, Dont, en terres enseniencees. . . .. . . . 59/100 on 4'2,5^S hectares. — En vignes 4/ioo on 27,968 — En pi airies , . . . 4/'°oou 27,1,68 — En bois 5/ 100 ou 54,960 — En terres ineultes 24/100 ou 167,8^18 „, En butiniens, cjuis, routes et eaux. 4'Joo ou 27,968 Total ..... 699,200 hectares. La population est, suivantrctat ollicieldressr d'aprcsl'ordon- nancedu 1 5 mars 1827, de 267,670 Ames; ce qui donnerait, par lieue carree , 7J6 funes 25/177. Comme onje voit, le de- parte men I de la Vicnnc ne ligurerait point parmi les premiers, sur une liste on les departcmens seraient classes d'apres leur population proportioniiellc 011 bien d'apres l'aclivite et les do- veloppemens de leur industrie agricole. toy. — Manuel complct du tcneiir dc Hires, ou Tart de tenir les livres en peu de leeons par des moyens prompts et fail- les; rcnlermant uri Cours de teii'ue des livres d partie simple ct d pnrtie double 3 unc nouvelle methode pour les tenjr a partie double an moyen u'un seul registre, et les diverscs maniercs d/ciublir les comptes courans avec ou sans nombres rouges, de cal.culer les epoqucs communes, les interets, les cscomp- tes, etc. ; oiiyrage a I'aide duqtiel on pent apprendre sans maitre; par M. Trkmer*, professeur dc comptabilite enm- mcrciale. Paris i t85o; Koret. Ia-i8.de 325 pag.; piix, 5 IV. SCIENCES MORALES. 44 \ Sciences religieuses, morales, poliliques et historiqucs. i38. * Sainte-Iiible o pages; prix , 6 fr. 5o c. Lorsque l'empire, s'adjugeant par droil de conqu.Ote les SCIENCES MORALES. 449 prerogatives de la vieille monarchic, fit main basse sur la plu* part des liberies publiques , il n'eut rien de plus presse que de confisquer, a son profit, la liberte des theatres, reconnue par l'Assemblee nationale , et mille fois outragee pendant nos dis- cordes ci viles. L'exercice de rindustrie theatrale fut entrave par les restrictions les plus ridicules, et soumis a tous les caprices du pouvoir. On nc s'imagincrait pas qu'encore aujourd'hui , dans les villes de province, I'autorite municipale a le droit d'intervenir dans la composition de la troupe, d'exiger que de nouveauxsujetssoient engages, d'ordonner que telle piece nou- velle sera montee, etc., etc. Quelle que soit Pabsurdite de cette legislation , il faut l'ac- cepter comme un fait, et, dans un ouvragc destine a devenir le guide respectit' de l'administration et des personnes atta- chees aux theatres, il faut expliquer les lois et non les eom- battre; il faut mettre en relief tous leurs vices par le simple expose de leurs prescriptions incompatibles et jncoherentes. On trouvera done dans 1'ouvrage de MM. Blanc et Vivien pen de discussions theoriques sur le merite des decrets divers qui regissentles theatres : mais en revanche ces decrets sont par- faitement analyses ; les decisions judiciaires ou administrati- ves sur les questions importantes sont relatees avec soin, et, bien que l'arbilraire le plus absolu regne dans cette matiere, les difficultes qui peuvent resulter d'une pareille incertitude sont generalement prevues et aplanies. Ce traite est done, avant tout, un ouvrage utile et prati- que : cependant ii est precede de considerations sur la liberte des theatres qui nous ont paru concilier habilemcnt les droits individuels descitoyensetceuxdugouvernement. MM. Blanc et Vivien pensent que les theatres doivent etre libres : «car l'artdramatique, considere soit comme l'exercice d'un talent, soit comme l'objet d'une speculation, est le developpement d'une faculte de 1'homme : or, l'exercice de chacune de nos facultes entrainant quelques alms, il n'en est pas une qui ne put etre enchainee au meme litre que l'industrie theatrale, et la liberte de 1'homme tomberait alors tout entiere dans le do- maine des gouvernemens. » Mais le maintien de l'ordre public exige aussi des garanties. L'existence d'une censure theatrale parait done necessaire aux auteurs, pourvu que cette censure recoive une organisation legale et constitutionnelle, et qu'elle soit confiee a un corps independant. Cette partie du livre de MM. Blanc et Vivien nous a paru remarquable, et dictee par un esprit de moderation et de sagesse dont le pouvoir devrait bien profiter. T. XLVI. MAI l800. 2(J 45o LIVRES FRANCAIS. En resume, cet ouvrage, le seul complet que nous posse- sions sur cette matiere, merite de faire autorite en jurispru- dence. Le prcdeccsseur de M. de Peyronnct en avait lui-meme senti l'imporlance, et en avait pris un grand noinbre d'exero- plaires pour les bibliotheques del departemens. A. D. i44- — * I't'Ui't sar I'aaroissement de population dans tcs lies britanniques , par Sir Francis d'Ivernois. Geneve , 1800; impiimerie de la Bibliolheque universelle. In-8° de 44 pages. Parmi les nonibreuses questions qui excitent aujourd'hui les debats des economistes, un fait s'eleve ([iii les domine toutcs : e'est l'accroissement constant de la population chez les nations civilisees. Ce fait, auquel il est impossible d'assi- gner un tcrme et des limites, ce fait, qui renferme tout l'a- venir de nos societes, a ete envisage de deux manieres abso- lunient opposees par des ecrivains justenient lenommes ; ceux-ci , prelendanl que la production suit toujours la popu- lation, voient dans le noinbre croissant des hoinmes un gage de securile et de honheur; ceux-la, soulenant an contraire que Paugmentation des produits necessaires a la vie est plus lente que celle des hommes , et que la premiere doit finir par trouver des bornes, nous predisent de sinistres deslinees. M. d'Ivernois se range ouverlcment de ce dernier parti, qui reconnait pour chef le celebre Rlalthus; mais il elablit tine distinction importance entre les deux manieres dont peut s'o- perer l'accroissement de la population, savoir : la diminution du nombre des deces et l'augnienlation de celui des naissan- ces. Dans la premiere hypothese, puisque les homines meu- rent moins, on en doit generalement conclure qu'ils jouissent tie plus de bien-etre; nous disons generalement ; car il est des causes particulieres dont M. d'Ivernois n'a point parle, et qui peuvent diminuer la morlalitc, sans qu'il y ait accroissement de bien-etre; par exemple, la decouverte de la vaccine. Dans la seconde hypothese, celle ou ['augmentation propoition- nellc des naissances est seulc cause des pro gres de la popula- tion, et ou, par consequent, elle est accompagnee d'une mor- tality slationnaire ou memc croissante, il est probable que la condition de l'espece humaine s'aggrave de plus en plus. Car de tristes observations out prouve que, plus les hommes sont miserables , plus ila ont de penchant a donner le jour a d'au- tres hommes. Suivant ces principes, M. d'Ivernois voit, dans le mouvement retrograde ou progressif de la mortalite pro- portionnelle, la mesure du bien-etre des peuples; et il re- grette avec raison que les documens necessaires pour consta- SCIENCES MORALES. 45, tcrles fluctuations qu'elleeprouve manquentencoredansbcau- conp dc pays, et particulit'rement en Irlande. Quant a l'An- gleterre, 1'auleur, adnplantdescalculsd'apreslesquels, de 1801 a 1821, la morlalitc a diminue.dans ce pays, dans la propor- tion de^- a ■£*, sembleun pen embarrass? de coneilier ce fait avec Li detresse generale de la classe bu mere, et il s'en tire en disant qu'il cioit decouvrir les causes d'un etat de choses si nouveau dans Ie contours furluit de deux evenemens : l'ac- croissenient de la population et celui des machines qui rem- placent Ie travail de l'homme. Mais il craint, non sans motif, que le decroissement de la morlalile n'ait cesse depuis 1821 (sans parler de 1'emigratioq qui, en Angleterre, supplee la morl) ; il semble, en effet, evident que, si ^'augmentation du nombre des hummes par la diminution de celui des dcr.es est en elle-meme un bien, elle doit conduire tot ou lard a cet autre etat de choses, oil ('augmentation n'a plus lieu que par les naissances. L'auleur, apres nous avoir donne des details interessans sur Geneve et sur la Suisse, trouve pa'rmi nous, dans des laits remarquables , la confirmation de ses idees. II rapprocbe, parexemple, le mouvrment de la population dans l'uu de DOS departemeus les plus riches, le Calvados, avec ce meme mouvement dans l'un de nos dtparlemens les plus pauvres, Ie Finistere : 1826. Calvados. Fin ISTtBE. Naissances 1 sur 45,61 1 sur 22,3i D' ct'S- 1 sur 47,02 i sur 29,80 Accrnissement annuel i/i5i8 i/3q Periode du doublement io54 ans. 62 ans. D'ou il conclut que le Calvados, ayant trouve dans son ai- sance le moyen de conserver un plus grand nombre de ses nouveau -nes, en met mom* an monde, tandis que les habi- tans du Finistere s'epuisent a entretenir des enl'ans, dont la moitic peut etre considered comme des enl'ans perdus. A ce propos, M. d'lvernois ne peut s'empeihcr de souriie de la sollicitude de M. le baron Dupin, qui, apres avoir remarque que la papulation s'accrcit en France plus lentement que dans les autres Elats, « fait un appel au pattidtisme energique des Francais, pourqu'ils se tirent du plus has (\egre d'une echelle q^ui fournit, suivant lui, l'indice cerlain de la prosperite des Etats» ; M. d'lvernois oppose, a ('assertion du savant depute, que, depuis Ieurs nouvelles institutions, h vie des Francais s'est prolongec de 28 a 50 ans , cette autre assertion , qu'il 45a LIVRES FKANCAIS. dit resulter des calculs du bureau des longitudes , que, de- puis 1817, le rapport des deces s'est accru chez nous de 1 sur /|o a 1 sur 39 -5. Or, j'ouvre l'Annuaire dn bureau des longi- tudes pour iH3o, et j'y lis, page 100, que la vie moyenne, qui, suivant Duvillard, etait avant la revolution de 28 ans \, est portee aujourd'hui a 5i ans \. En verile, la statistiquc n'est encore qu'un sable inouvant. ISous nous sommes clendus sur la brochure de M. d'lvernois, parce que, sous un mince vo- lume, elle resume beaucoup de theories d'une haute impor- tance, et que les observations les plus graves y sont presen- tees sous des formes piquantes ct sous un jour nouveau. On ne peut nier que la distinction etablie par l'auteur cntre l'ac- croissement de population, qui a pour cause le progres des naissances, et celle qui resulte de la diminution des deces, ne soit feconde en deductions du plus haut interct ; on ne peut nier que 1'augmentation de la mortalite proportionnelle ne soit pour les societes un indice alarrnant. Mais, la ou cet in- dice exisle, quels moyens employer pour detruire ou pour at- tenuer le mal? C'est ici la partie faible de la brochure de M. d'lvernois, qui, a la verite, parait devoir etre suivie de plusieurs auties lettres sur le meme sujet. II ne propose ici point d'autre moyen que de recommander aux pauvres de s'abstenir du mariage, tant qu'ils se sentent hois d'etat de nourrir et d'elcver des enfans. Cette recommandation, je le crains, ne serait guere plus etficace que le projet iVinfibula- lion du docteur "Weinhold. On sait d'ailleurs que, dans les classes pauvres, surtout, la procreation des enfans n'est pas toujours precedee des ceremonies du mariage. Un moyen plus sur se presente pour ralentir le progres qu'on redoute, et il resulte des fails memes invoques par iM. d'lvernois, c'est de donner au peuple de l'instruclion et de l'aisance. Un poete coniique a dit : On ne saurait avoir tous les dons a la fois : Messieurs les grands esprits, d'ailleurs tres-estimables, Out fort peu de talent pour creer leurs scmblables. Cette plaisanterie recele peut-etre un fait important : l'in- slruction, en developpant l'organe de la pensec, diminue sans doute la force et 1'activite des autres organes, el rend ainsi moins imperieux I'inslinct de la reproduction. Elle eleve d'ailleurs la dignite morale de l'homme, et, reunie a l'aisance, preoccupe les parens de la crainte salulaiie de voir un trop ijtand nombre de nouveau -venus prendre part aux rcssour- SCIENCES MORALES. 453 ces dc la famille. Ainsi done en Europe, I'lnstruction popu- lairc, loin d'etre une source de dangers, est an conlraire un moyen de salul; ainsi, la loi qui etablit le partage egal des successions, au lieu de favoriser l'aceroissement demesure dc la population, tend au contraire a le contcnir dans de justcs bornes ; et la France doit probablenient a cette loi d'etre, parmi les grands Etats, celui ou cet accroissement est le moins rapide. Mais, aux moyens que nous venons d'indiqucr, il serait bon de joindre une exploitation mieux entendue de chaque territoire. II faudrait aussi que les nations euro- peennes dirigeassent vers les pays fertiles et non civilises, non pas des troupes d'aventuriers sans ressources, mais des colonies pourvues de moyens d'exislence, et conduites par des chefs habiles; et, poureviter, non-seulement les jalousies nationales, mais encore les charges que les colonies et les metropoles s'imposent reciproquement, il faudrait qu'aussitot constitutes ces colonics fussent destinees a une prompte in- dependance. Tels furent les elablissemens que formerent les Pheniciens et les Grecs a une epoque de leur civilisation qui a plus d'un rapport avec la noire. Ch. i45. — * Memorial portatif de chronologic, d'histoire indus- trielle , d'economie politique, de biographie, etc.; contenant : i° les dates des evenemens et des faits les plus remarquablcs de l'hisloire generale, consideree specialement sous les rap- ports religieux, politique, scientifique et litteraire; — 2° des details etendus sur l'origine et la succession des inventions ou procedes les plus generalement employes dans les diverses branches d'industrie ; de nombreux renseignemens sur les traditions, superstitions, cultes et croyances, mceurs, usages, costumes, theatres, etablissemens scientifiques, industriels et d'hiimanite, des principales nations du monde ; — 3° des par- ticularities historiques sur Ics phtnomencs les plus extraordi- naires arrives clans tousles pays, comme les chutes d'acrolithes, les apparitions de cometes, les longevites, les pestes, cpidemies, ma- ladies contagieuses, etc. ; — 4° un grand nombre de faits statist!— ques , philanlhropiques , econoiniques de toute nature; des tableaux presentant la puissance comparative des principaux Etats, leur population, leursdelles, leursrevenus, leursarmees et leur marine; le nombre et la nature des condanmalions prononcees par les tribunaux IVancais; la population, la mor- talite moyenne, et la depense des hopitaux et hospices civils ; enfin , des releves de divers genres, speciaux aux villes dc Paris, Londres, etc. ; — 5" plusieurs actes politiques impor- tans, publies depuis le xve sieclc jusqu'a nos jours; — 6° une 454 LIVllES FRANCAIS. tal>Ie biographique, dormant les dates des naissances et de la mort d'un grand nombre de personnages celcbres dans la politique, les sciences, les lettres et les arts; — 7°enfin, une table alphabetiqne Ires-detaillee de toutes les malieres conte- niies dans I'ouvragc. Noutette edition* revue, carrigee et con- sidcrablement augmented. oe et 4e pai lies. Paris, r8">o; Ver- dure, quai des Augustins, n° i5. a vol. in-ia, accompagnes d'nn atlas pour les grands tableaux ; piix, la IV. La publication des 3'et 4* 'parties deeel o.ivrage, egalement curie u x, utile et instruclif, que ndus avons annon'ce avee soin lors de sa premiere apparition, ofl're un tableau pliiloso])bi(iue des progris successifs de I'industrie humaine. L'auteur (\l. le comte de Laibespin) a su resumer avec talent I'liistoire de la civilisation, telle que I'ont I'aile les sciences rmtbemuliques, physiques, industrielles. Ce litre est one Revue Encyclopedic/ ue abregce, qui fait connailre et apprecier toutes les pacifiques et IherveflleuYes conquetes de I'esprit hnmain. 146. — * Hisloire du commerce entre le Levant et I' Europe, depuis les croisades jusqn'a la fondation des colonies d'Arne- rique ; par G. B. Depping; ouvrage qui a ete eouronne, en 1828, par 1' Academic royale des Inscriptions et Delles-Lettres. Paris, i83o; Imprirherie royale; Treuttel et Wiirtz. 2 vol. in-8° de viii-54/i et S^5 pages; prix, 12 fr. Nous rendrons nn compte detailie de cet ouvrage qui est dfi aux conscien* ieuses rerberches d'un de nos eriidits les plus savans et les plus laborieux. x^n. — * Les Polonais en Italie , Tableau bistorique , chro- nologique et grograpbique des travaux des Polonais en Italie pour la regeneration de leur pa trie; dedie a M. lecomte Titus Dzialynski, par Leonard Chodzko. Paris, r85o; J. Barbezatct Renouard. Feuille syrioptrque; prix, 4 fr. M. Ltonard Cbodzko, auteur de V Histoire des legions polo- naises sous la rrpublie/ue, occupe deja une place dislmguee parmi les ecrivains contemporains. Fort de renseigneniens Iaboriensement poises aux sources les plus autbentiques , et done d'un esprit consciencieux et independant , il reunit les qualiies necessaires pour le genre de travail auquel il consa- cre ses veilles. L 'ouvrage que nous annonoons ici est un re- sume rapidc de I'lusto'ire des legions polonaises en Italie, de- puis leur formation jusqn'a leur dispersion. (Voy. iiev. Enc, t. xLiv,p 1 02.). I alouxdeconserver les nomsdeses compatibles qui se sont illustrcs pendant cette memorable eampagne. il donne une lisle nominative des ofliciers supri ieurs et infc- Weurs, niorls 011 blesses en Italic, etaequille aiusi un tribut du SCIENCES MORALES. — LITTERATURE. 455 reconnaissance natiooale envers ces representans vivans d'une patrie opprimee et prcsque aneantie. — Lapartie inferieuredes deux colonnes lateralcs est terminee par une proclamation da general Dombrowski aux Polonais, datee de Milan en 1797, et par un ordre du jour a l'armee francaise, qui fait connailrc l'eclalante victoire des trois cents Polonais commandes par le general Kniaziewicz remportee sur cinq millc Napolitains, presde Magliano, dans les Etats romains. La carte d'ltalie, 011 se trouvenl traces tous les mouvemens des Polonais, a etetres-biengravee par M. £mr/n Oleszczynski; et lc Tableau entier est dedie au comte polonais Dzialynski, 1'un de ces citoyens qui ne respirent que pour la gloire de leur patrie. Le Tableau des Polonais en Ilalie a ete concu sur un plan analogue a celui de 1' Atlas de Lesage, dont il parait destine a devenir 1'un des accessoires indispensables. Z. Litlerature. 1^8. — * Grammaire generate. Pltilosopluede la langnc fran- calse; par B. J. Paris, i85o; Sedillot. In-8"; prix, 3 fr. Amesure que le xvme siecle s'eloigne de nous, cliaque jour nous fait admirer davantage la bardiesse des ecrivains qui fi- rent sa gloire, et leur perseverance a saper dans leurs fonde- mens lesvieux abus, et a porter partout le flambeau de la phi- losophic La grammaire, qui, jusqu'acette epoquc, n'avait etc qu'une science de mots, iirie serie de rudimens qbscurs, qu'une suite de dissertations vides de sens ( exctpte quelquefois dans les eslimables ouvrages des solitaires de Port-RojMl), devient, chez Dumaisais et Beauzee , le fond d'excellens traites, ou la me ta physique du langage se presente avec une clarle et une netlete jusqu'alors inconnues; la grammaire pent des ce mo- ment etre ctudiec par les homines raisonnables et instruits. Sur les traces de ceshabiles ecrivains, qui seulsont, comme Ton dit, fait ecole, se pressent divers grammairiens, dont quelques-uns ne sont pas indignes d'atteniion , rnais qui ge- neralemenl out donne pen d'impiilsion ; aujourd'hui, envoici venir un qui remue jusque dans ses fondations le vieux etgo- thiqiie edifice dont Dumarsais et Beauzee avaienteutrepris et aVance la demolition. M. B. J., deja connu par un petit 011- vrage remarquable sur les conjugaisons francaises (1), publie (i)Obscri'ations stir les conj ttgaisons franfaiscs. l'aiis, 1824; Sedillot. In-S°. 45G LIVRES FRANC AIS. le commencement d'un livre qui nous semble devoir faireepoque jparmi les oeuvres gramma ticalosde not re sioclc. L'auteurappelle sticbiologie, ou science desclcmens, la pari ie la plusessentielle rle I't'ludc des Iangues, celle qui a pour hut de comprendre les autres hommes et dc s'en f'aire entendre. II divise cette science en quatre parlies: i°la granunalologie, comprenant la lecture, l'ecritureet la prononciation ; 2°la ptosdologicou etude des desinences; 5° Yctymologie ou etude des mots dans leurs families; 4° la pltrascologie ou syntaxc, etude des phrases. L'auteur ne s'occupe, quant a present , que des deux premie- res parties; la premiere lui offre l'occasion de remarquer que la prononciation et I'orthographe sont beaucoup plus d'actord qu'on ne le croit communemenl, et que les principes cxpli- quent tout d'line maniere generale : e'est done a etablir ces principes qu'il s'applique. Apres avoir defini ["accent tonique, la quantite, les sons elementaires de la voix humaine, I'auteur presente le tableau Acs e'lemensde la parole, et fait l'application de ses idees a la prononciation dc la langue francaise. Dans la seconde partie ou ptoscologie, il s'occupe d'abord de la classification des mots, et ne craint pas de soulever centre lui toute la foule des grammairiens en n'encomptantque trois sortes : les noms, les verbes, les Ugatifs. II examine d'abord les noms, qu'il divise en nonv*, substaniifs, adjectifs, et pronoms ; nous recommandons la theorie qu'il donne des noms abstracts, simples ou composes ; on est tout surpris, apres l'avoir lue, de s'ttre mepris si long-lems sur la vraie nature de ces mots, dont il avait phi a la tourbe des grammairiens de f'aire des ad- verbes, des prepositions, des conjonclions : ce qu'il dit de Vadjeclif ' metaphysique , ou article, n'est pas moins curienx; mais, ce qui doit surtout attirer l'atlenlion , e'est la portion dc l'ouvrage qui concerne le verbe; cette maticre est traitee avec une grande superiorile, et le tableau des conjugaisons francal- scs, qui ne forme pas plus d'unc demi-page , nous semble ne rien laisser a desirer. Quand M. 15. J. passe aux prepositions, il les reduit tout d'abord a dix-sept; chez lui, les conjonclions ne sont plus qu'au nombre deonze ; enfin, il semble qu'il premie a tache de braver les anathemes des Irois quarts et demi des grammairiens dont, romme il dit quelque part, la reputation n'est fondee que sur ces'distinclions longueset Tides de sens, que leur ignorance a etablie au grand detriment des pauvres enfans qui doivent apprendre leurs regies. Nous ne pouvonsqu'engager EVM . B. J. a continuer ses tra- vaux sur la grammairc, et a rendre de plus en plus cette science accessible a la jeunesse : l'ouvrage qu'il vient de pu- LITTERATURE. 45- blier annonce un jugement excellent, et les nombrcux exem- ples qu'il cite prouvenl assez son erudition; c'est en persis- tant ademander lareforme de tons ces vieux et absurdcs alms qu'il justifiera pleinement l'epigraphede son premier ouvrage: Non fumum ex fulgore, sed ex fumo dare lucent. J. Adrien-Lafasge. i/jc). i — Rhetorique classique a C usage des aspirans au grade de baclielier-es-letlres , par Ferreol Perrard, avocat a la Cour royale de Paris. Deuxieme edition. Paris, i85o ; Papinot. In-i 2 de xii et 227 pages; prix, a fr. 5o cent. Nous n'avons rien a direde particular sur ce cours de rhe- torique; il est,comme tous les autres, un extrait d'autres ex- traits, remontant toujours par des extractions successives jus- qu'au livre de Quintilien, de V Institution de Vorateur. L'auteur l'a divise en vingt numcros ou chapitres, sous cha- cun desquelsse trouvent plusieurs questions avec les reponses qu'il y faut faire. Nous avons deja dit , dans ce recueil, ce qu'il faut pen^er decette melhode d'etudepar questions et par reponses, qu'elle est bonne dans les catechismes, et partout ou 1'on ne vent pas parler a la raison, mais seulement a la foi ou a la routine ; toutefois, nous ne pouvons blamer ici 1'em- ploi de cette methode ; elle repond parfaitement a l'usage au- quel on la destine; il faut savoir, en effet, que les examens universitairesse font aujourd'hui en tirant d'une urne la ques- tion ecrite, a laquelle l'aspirant est trop beureux d'avoir uric reponse prete. Une telle mesure, jugee necessaire aujourd'hui, en dit plus, ce me semble , contre l'Universite que les attaques nombreu- ses dont elle a etesi souvent l'objet. B. J. i5o. — * De, C Histoire de la pnesie ; Discours prononce a YAthenee de Marseille, pour l'ouverture du cours de littera- ture, le 1 2 mars 1800; par M. J. J. Ampere. Marseille, i83o; typographic de Feissat aine et Demonchy. In-8" de 5 1 pages. Un long fragment de ce discours a deja paru dans la Re- vue de Provence , recueil litteraire imprime a Marseille (voycz ci-dessus, page 221.) Mais l'ceuvre tout entiere meritait bien I'impression ; car on y trouve non - seule- ment un style correct , elegant et colore, mais encore les traces d'un tr pages; prix, 9 fr. Apres avoir apprccie, avcc une rare impartiable et une, saga cite exquise, les deux derniers scales de la [itterature europeenne, JM. Villemain aborde aujourd'hui le moyen age. La tache est rude et penible : ear le moyen age, c'est une civilisation tout enliere et une civilisation mal con- nue, mal comprise, et dont les mouvemens, eulaches d'une rouille de barbaric , eflaroru bent la delieatesse du gout moderne. Nous aurons a examiner cans un prochain ar- ticle, si M. Villemain n'esl pas resle quelquefois au -dessous de cette tache, s'il n'a pas portr plus d'un jugement hasarde, s'appuyant snr une etude un pen legcre des ecrivains origi- naux. Mais bien que nous differions d avis sur quelques points avec ftl. Villemain, nous ne pouvons nous empecher de ren- (\re des a present justice a la sagacite hahituelle de ses vues, a l'admirable eclat de son style, a toutes cesqualites, en uninot, qui font de lui I'.'ud des plus Indians oraleurset des plus inge- nieuxcritiquesde notre tems. Nous attendronsle second volume pourrendreun eompte detailledc cet imporlantouvrage. A. D. j 52. — Lcttrc d M. Victor Hi go , par M. Charles Faro , LITTER ATUIE. 459 suivie d'un Projel de tharte romantique. Paris, i83o; Landois et Bigot. In-8° de 6u pages; prix, i t'r. 5o c. L'energie des impressions est, chez presque tons les hom- ines, en raison de la nouveaute (\e» objets. II est sans doutw quclques espiitssupcrieurs (pii, appreciani lescho.ses en elles- uicines , sunt d'antant pins epris dn beau qu'ils en ont pins souvent goute les channes ; ma is il n'en est pas ainsi des mas- ses; lebeau uoeu d'tilet sur elles, s'il n'est pas en meine teins nouveau ; de la, chez tons les peoples qui ont conserve les nionumens de leurs aits, 1'altcralion necessaire du prineipe qui leur doune la vie. Fouillez dans les tombeaux del'antique Egypte , et, plus vous avancei ez vers les Ptolemees. plus vous verrcz le gout se corronipre; les Grecs, les Uomains ont piar- couru la meme periode; rien ne pent nous dispenser de la subir. De la le roinantisme, qui n'est pas autre chose que l'al- teralion (malhcureuscincut inevitable) do prineipe du beau. Cette alteration pent avoir lieu de mille manures diverses; car le beau est comine un centre unique d'ou part un nombre infini de li-mesdivergentes; et voila ce qui rend le romanlisme indefinissable. Le romantisme est un etre negatif : e'est ce qui n'est pas purement beau. Cependant, anus et eunemis s'eftbr- cenl de donner \\i\ corps a ce lanlome. Dernierement encore, le chet des rovn antiques ea a mis an jour une definition toute nouvelle. "Le romantisme, a-1-ildit, n'est que le libtralisme en litter.ilure. »> Or, croyez, apres cela, a I'egalite des intelligen- ces ! Gel axioine, convert pour moi des lenebres les plus pro- tbndes, a ete un trait de lumicre pour l'auleurde la brochure que j'annonce. «0 luniineux rap- rochement, s'ecrie t-il, d'oOl la verile jaillit brillante et viclorieuse! Cette revolution de 1789, par qui nous sonmies tons legalement egaux cette revolution s'opere niaiutenant dans le doinaine de l'esprit.... et de nieme que nous avons vu naitre et se develnpper, parmi les premiers bienfaits de cette grande crise sociale , la petite propriete fonciere, nous voyons eclore aujourd'hui la petite propriety tittei aire. Et dequel droit, en effet, un hommeaurait-il plus de genie que d'autres? Pourquoi soufl'rir que quelques reputations, grandies a travers les siecles, dominent a perpe- tuitu la repnblique des Icltres? Ce mot de republique, si jus- tement employe ici , n'indique-t-il pas qu'une parl'aite egalite doit regner enlre tons les membresqui la composentPQu'onse rappelle ce fier republican! abaltant dans son jardin les tetes de pavots qui depassaient les aulres, et Ton en conclura avec juslessc que Ilacinc et d'autres aristocrates litleraires sont trap grands de la tele , comine dit D. Carlos en pa riant du due de /|()o LIVRES FRANCAIS. Lutzelbourg dans voire admirable drame iVHcmani. » Cotic citation donnera unc idee de l'ironie spirituelle et mordante qui nnime la lelire d M. V. Hugo. Mais a die pro , dirait mi ilalicn? Pour que le ridicule put tuer le romantisme, il i'au- drait que le principe du beau fut encore assez lecond pour enl'anler des chefs-d'oeuvre q\ii excitassent la surprise ct 1'ad- lniration publique; et c'est ce dont il est permis de douter. Ch. i 53. * OEuvres de Voltaire, avec prefaces, avertissemens „ notes, etc., par M. Becchot. 8* livraison. Paris. i83o; Le- fevre, rue de l'Eperon, n° 6. Imprimerie de F. Didot. L'ou- vragc complct formera 70 volumes in-8°, qui paraissent par livraisons de 5 vol. , de deux en deux mois ; a5 vol. ont paru : prix du vol. , 4 fr. 5o c. Cette 8° livraison de l'edilion la plus complete et la plus soignee qui ait encore paru des OEuvres de Voltaire se com- pose du tome 1" du Theatre, de YHistoire de Bussie, et du t. 11 des Melanges (tomes xi, xxv etxxxvm des OEuvres completes). Les pieces contenues dans le 1" volume du Theatre sont OEilipe, les fragmens d'Artemire, Mariamne, lTndiscret, la fete de Belebat, Brutus, et les Originaux, ainsi que les va- riances; les lettrcs sur OEdipe, le discours sur la tragedie a milord Bolingbrocke, etc. Le tome 11 des Melanges renferme les elemens de la philosophic de Newton, un Mcmoire inedit de Voltaire , et un autre sur la satire, la vie de Moliere, le discours de reception a l'Academie francaise, etc., etc., etc. II serait snperflu de reproduire ici les eloges merites que Ton a deja faits de cette belle edition, lors de la publication des premieres livraisons. Contentons-nous de dire que celle- ci n'est nullement infericure aux precedentes, et que cette edition, par la beaute du papier et des caracteres, ainsi que par le soin avec lequel les volumes sont composes et les notes redigees par le savant et lahorieux edileur, continue de meri- ter les suffrages du public. 1 54. — * OEuvres completes de M. le vicomtc de Chateaubriand. pair de France, membre de TAcademie francaise. T. vn , x et xi. Le Genie du Cltristianisme, t. vn, les Natchez, t. 1 et II. Paris, i85o; Fayolle, rue du Rempart-Sainl-Honore. 3 vol. in-12, d'environ 4°o pages chacun ; prix de chaque volume, 5 fr. 5o c. , pour les souscripteurs aux oeuvres completes ; 4 fr- pour les non-souscripteurs. (Voyez, pour les livraisons pre- cedeutes, Rev. Enc, t. xlv, p. 712. ) Celte livraison de l'edilion de M. le marquis de Fortia con- tient : 1° les critiques et les jugcniens ecrits par plusieurs homines distingues dans differens journaux. sm- !c Genie du LITTERATMIE. 461 Christianisine, lors de la publication des diverscs editions de cet ouvrage celebre, et les deux prefaces qui les accompagne- rent; 2°les deux premiers volumes des Natchez, composition bien belle de style, mais a laquelle les romans de Cooper ont fait un tort immense sous le rapport de la verite des choses et des couleurs. — -Nous devons a l'editeur, pour cette Iivrai- son, les mfnies eloges que pour les precedentes; seulement , nous lui signalerons une assez grande negligence dans la cor- rection des epreuves : quoique en general les fautes d'impres- sion que nous avons remarquees ne denaturent point le sens de l'auteur, elles sont cependant facheuses dans un livre qui, par la magnificence du style, est destine a passer souvent el a rester long-terns sous les yeux de ceux qui le possederont. i55. — * OEuvres de P.-E. Lemontey, de l'Academie fran- chise; edition revue et preparee par l'auteur. Paris, 1829; A. Sautelet; Brissot-Thivars. 5 vol. in-8° de xxiv-425, 43 1> 598, 364 et 448 pages ; prix, 35 fr. Nous rendrons conipte incessamment des OEuvres de Le- montey, dans notre section des analyses. Nous nous bornerons arappeler ici ((uels sont les ouvrages du spirituel academicien, recueillis paries edileurs. — Le premier volume se compose, apres une notice sur Lemontey, dc Raison, Fotie, petit cours de morale mis d la portee des vieux enfans. — Dans le second vo- lume, ontrouve: 1° les Obsertal ears de laFemme; 20 la Nourri- ture d'un prince, ou le danger des coutumes etrangeres; 3° le Pccheur du Danube ; 4° Traite des coups et de leur application aux divers usages de la vie ; 5° le jardiuier de Samos, ou le pere du senat ; 6" Par allele moral et physiologiquede laDanse, du Chant etduDcssin; ip° PEnfant de C Europe, ou le diner desLiberaux a Paris, en 1 8 14- Le tome hi comprend les eloges de Morellet , Vicq-d'Azyr, Fabry Peyresc et Jacques Cook; les notices sur Marguerite de Galois, reine de Navarre , Francois de Lorraine , due de Guise, surnomme le Balafre, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, mere de Henri IV, Gaspard de Coligny , amiral de France, De Thou, lustorien, le cardinal deRetz, la duchesse dc Longueville, 31 mc de Lafayette, Mmc Deshoulieres, Chaulieu, Adrienne Lecouvreur, Helvetius, et M"e Clairon.- — Les articles inedils , extraits des /h'emoires de Dangeau, avec les notes d'un anonyme , fonnent le quatrieme volume; etlecinquiemecon- tient : 1° VEssai sur rdtablissement monarchique de Louis XIV , et sur les alterations qu'il eprouva pendant la vie dc ce prince, &\ecles pieces justificatives, parmi lesquelles se font surtoul re- marquer les Memoircs du cumte Jean de Coligny, et la notice sur Colbert ; puis : 20 de la peste de Marseille etde la Provence, pendant les annecs 1720 et 1721; 50 Etude litte'raire sur la /,6a LIVRES FRANCAIS. partis historique du roman dc Paul et Firginie ; l\" de la Preci- sion considn-ce dans le Style, les Langues et la Pantomime (i) ; 5" des Bods efj'els de la Caisse d' Epargne el de Prevoyance ; G° Essai stir la LitUr attire et la /, an que russes. ■ ."><>. — * OEuvres de M Ballanche. T. i, contenant Anll- gonr,V Ifomme sans nom, Elcgic, Eragmens. Paris, i83o; .1. Bar- bezat, rue des Beaux-Arts, n"6; meme mai.-on , a Geneve. Grand in-8° de plus de 5oo pages; prix, 9 fr- L'ouvrage aura g volumes. Nous reviendrons sur cette importante et curieuse collec- tion. 157.' — * EIHade, traduction aouvelle en vers franca is, precedee d'un h'.ssai sur /' Epopee liomirique , par A. Bignan. Paris, 1829; Bclin-Mandar, rue Saint-Andre-dcs-Arts, n" 55. 2 vol. in-8u; prix, i5 IV. Une fulelite rigoureuse, tel est le systeme de traduction que M. Bignan a suivi, com me il le dit lui-nume dans sa pre- face. Traduisant sur le texte, et nun d'apres une autre traduc- tion , il a tacbe de ne jamais ni raccourcir, ni allonger son modele , et de se rapprocher de la simplicite grecque, sans trop s'eloigner de l'elegance qu'exige la poesie francaise. Aulant que la nature de notre langue le lui a permis, il a rendu ces epitbctes, pour ainsi dire, sacramentelles, qui pei- gnent avec taut de verite tout ce qu'embrasse la vue du poete, et qui caracterisent si specialement les pays, les heros et les dieux. Une bonne traduction en vers de I'lliade peut exercer maintenant une salutaire influence : quelle que soit la direction nouvelle de notre litterature, nos muses etudieront toujours avec fruit les sublimes monumens de celte vieille poesie grecque, si vraie, si originate et si populaire. Poete primitif, poete national, Horn ere est a lui sen I toute la mytho- logie, toute 1'histoire de I'ancienne Grece, et son genie, qui a domine tout le moride antique, regne encore sur toutes les litteratures modernes. N. i58. — Poesies d'une femme. Paris, i83o; Ch. Gosselin. In-8" de i3t pages; prix, 5 fr. 5o c. Le plus grand eloge qu'on puisse faire de ce recueil, c'est qu'il est digne de son titre. Ce sont bien la en eflet les Poesies d' une femme. D'abord un anonyme modeste et pudique, qui derobe I'auteur a s.es triompbes et ne permet pas de le classer parmi les gens de letti es. Ensuite une grace simple et negligee (1) Ce morceau et les notices sur Colbert, Chaulieu, Helvetius et Mlle Clairon ont paru dans la Revue Encyclopedique, qui s'honorait lme Desbordes Valmore, plus de passion ; M°" Tastu, plus d'imagination et de pensee : niais aupres de ce triumvi- rat dc nut re Parnasse feminin se place sans trop de desavan- tage le poete ineonnu a qui nous devons ces pieces pleines de cliarme. J'en veux citer une, pour donner une idee des autres, bien qu'elle puisse perdre quelque chose a en etre ainsi de- tachee. Une poe.-ie toute ecbappee du coeur, sans souci des regies de Part, de la critique, du sueces, qui parle pour elle- meme comme si elle ne devait point avoir d'auditeurs, une telle poesie ne se fait qu'imparfaiiement connaitre par frag- mens, par echantillon, elle plait surtoul dans son ensemble ; citons pourtant pour justifier, pour achever nos cloges. Le Depart. II est vrai, ce depart mon creur le desirait; Mais aujuurd'hui je tremble.... est ce done un caprice, Et dois-tu me grander de mon trouble secret? Partii! a ce moment tout devient sacrifice; Tous les objels alors obtiennent un regret. Je parcours le jaidin, chaque arbie, chaque allee, Ker;oivent un adieu de la pauvre exilee. Tout me parait plus beau, tant mes yens sonf charmes. J'ai i pgi et an soleil qui pourpre ma croisee, Et qui vient au matin sur mes rideaus fermes Dessiner le jasmin, tout couvcit de rosee Et giimpant en lesions le^erement formes. Dans ma memoire ainsi tunt se grave et demeure; Et la table oil le soil j'ecris a mon ami, El le grand fauteuil vert oil j'y pense a toute heure, Oil, qtiand il ne vient pas, je m'appuie et jc pleure; Et ce coin que le jom n'eclaire qu'a demi, Oil pour lui senl a Dieu j'adresse mes piieres; Et le long corridor oil resonnent ses pas ; Jusqu'au mur de la cour, donl je compte les pierres, Repetant que demain je ne les verrai pas! Que veux-tu? e'est folie, et tu m'en vois honteuse. J'esperais du plaisir. ... l'esperance est menteuse, Je ne m'y fiiai plus.... En quitlant ces beaux lieux, Temoins de mon amour, de ma joie innocente, J'ai peur de les revoir les larmes dans les yeux ; 11 n'est pas de malheur que mon coeur ne pressente ! Mon espiit, tu le sais, facile a s'emouvoir, Inquiet el trouble, jamais ne se repose: Pour l'etre fait ainsi le bonheur se compose De mille riens, helas ! qn'on ne saurait prevoir ; 4&4 LIVRES FIUNCAIS. Je suis ce qui m'entoure t'l rarement moi-nifime. Laisse-moi done trembler loin de tous ceux que j'aime. Ici, cc que je vois seinble nie proteger: Sur ce banc qu'un lilas pare etvicnt onibrager, J'ai pleure qaelquefois; la, mon Srae blcssce Souvent a promene son unique pensee; Partout le souvenir nie cbarnie et nie remplit, Et pour inoi du pasae le present s'einbellit. Ces arbres, ces bosquets et ces boutons qui naissent, Tous ces objets enCn, je crois qu'ils nie connaissent. Partir! qui me promet que tu nie rcverras ? Ab ! sait-on I'avenir?... je ne part ii ai pasl Peul-etre en ces lieux chers a nies jeunes annecs, Je reviendiais un jour le caur desenchante, Voyant a nu la vie, et retrouvant I'anees Ces fleurs et ma beaute. H. P. lSg. — Fables anciennes et modernes , francaises et etran- grrcs, dont La Fontaine a trade le sajct; littoialcmcnt extraites de pres dc quatre coats ouvrages anterieurs au xvtn' siecle ; par J. L. Prel et J. F. M. Giullaiime. Paris, 1829; Lance. Specimen de 86 pages in-8" ; prix, 2 fr. La Fontaine n'a pu echapper ni a ces annotatenrs qui ca- lomnient leur auteur en Ini imp ut ant des personnalites, ni a ces critiques audacieux qui pretendent corriger l'ceuvre du geuie , ni me me aux commenlaleurs qui expliquent le plus souvent ce qui n'a pas besoin d'etre explique. Nous citerons seulement I'oratorien Valette, qui arrangea, sur de petits airs ct vaudevilles, des fables choisies du bonkomme : a quoi une religieuse d'Orleans ajouta des chansons morales et des em- blemes. Lin ridicule encore plus ineffa cable s'est attache a la pu- blication faite, en 1808, par M. Lebrtin, ex-president, prevot ct juge royal, qui a reduit les fables de La Fontaine a la simple narration. Par un exces contraire de veneration pour le grand poete, l>1. le president Tribert, parce qu'il occupait sa maison a Cbaleau-Thierry, a compose un recueil de fables, imprime en 1818; mais on n'ya point reconnu ['influence de la localite. On doit remaiquer que e'est de nos jours que le fabuliste a etc le plus souvent reimprime. La premiere edition de ses oeuvres dale de 1G68 ; pendant les trenle etquelques anuees suivantes, on en publia cinq autres seulement; lc xviu" siecle en pro- duisit dix ; anenne edition nouvelle ne fut impiimce dc 1789 a 1796; mais decelte epoquejusqu'en 1800, il en parut quatre. On connait plus de vingt-cinq editions des fables et des autres poesies de La Fontaine, donnccs de 1801 a 1823. L'histoire de sa vie par M. "NValckenaer, quoique ecrile avec une pro- LITTER ATURE. 465 lixite extreme, est trcs-curieuse; plus lard, M. Robert a cbcr- che a l'apprecier par l'examen de ses ceuvres seulement; et M. Prcl a consacre toutes ses etudes litteraires a un travail semblable. Mais il n'a pu encore publier qu'un specimen de «a collection de 2,775 fables. Autant on apportait autrefois de soin a suivrc scrupulcu- sement dans Ies ecrivains les idees et les images qu'ils s'etaient reciproquement empruntees, autant on neglige a present de recbercber cette fdiation du genie. Des rheteurs, il est vrai, abuserent de ces rapprocbeinens : jaloux d'etaler un vaste savoir, ils exhumerent de l'oubli d'insipides imitations faites par de mauvais ecrivains, on, dans leur etroite conception, ils presenterent, comme des plagiats, des inspirations bien dis- tinctes. La Fontaine a presque toujours emprnnte a autrui les sujets de ses fables : on n'en compte guere que huit qui soient de son invention ; et cependant, bien superieur a tons ses dc- vanciers, il est un modele desesperant meme pour ceux qui, comme M. Arnault, ont pu innover dans ce genre de pocsie. RIM. Prel et Guillaume presentent, avec metbode et d'une maniere bien plus complete que ne l'a fait M. Robert, l'indi- cation desfabulisles grecs, latins, francais, itolicn*>, cspagnols, allemands, anglais, hollandais et orientaux. Ils rapportent le texte de cbacun d'eux, et ils citent, en outre, les editions de leurs ceuvres, qu'on ne se procurerait pas meme dans les plus gra rules bibliotheques : ces auteurs sont places suivant l'ordre chronologique, et non par serie de nation. Ainsi, le specimen indique Fan 1 544 comme la date du conte des quarante Vezirs. Mais il est incontestable que les Asiatiques sont les inventeurs de l'apologue, et que les sujets de la plupart des fables imitees par les Grecs et les Latins appartiennent a l'lnde primitive et a la litterature de la Cbine ; d'ailleurs, l'origine des Mille et une Nuits est d' autant plus incertaine qu'un savant Orienta- liste vient encore d'essayer, sans succes, de la determiner (voy. Rev. Enc, t. xliu, p. 467 et suiv. — Journ. des Voyages, novembre 1829). La fable du Meunier, son Fits et CAne forme, avec les citations qui s'y rapportent, au noinbre de a3, presque la totalite de cette brocbure. Nous savons que deux litterateurs connus, MM. Noel et Le Railly, ont compose, en 4 volumes, un ouvrage sur les fabulistes cbez toutes les nations. Ce beau travail manque aux diverses litteratures modernes; mais differentes circonstances en ont retarde la publication. Ce sort est commun au manu- scrit de M. Prcl, qui formerait aussi f\ volumes. En vain il a demande a le soumettre a des exatninateurs pour (pie 1'im- T. xlvi. mai i85o. Zo 466 LIVRLS FRANC AIS. piimeiic royalc lc fit paraitrc. Le budget cslavnrc, mais sett- lement pom It's Utiles ct les sciences. Faute aussi de speciality dans les defenses , les foibles encouragement qu'il accorde sont ravis par ['intrigue a des talens modestes. II est a desirer, dans riult '-ret de la saine liltcrature, que quclquc libiairc en- Ireprenne 1'impression de cet ouvrage, qui, du reste, est sus- ceptible d'amelioratioo. Isidore Le 15run. 160. — fVUIichn Mcistcr, par Goethe, traduil de l'allemand par Theodere Thoisenel. Paris , 1829; Jules Lefevre. 4 vol. in-12 de 240, 2i5, 189, 218 pages; prix, 12 IV. Peut-fetre le tradueteur de ce roman eelebre a-t-il en tort de ne point lui conserve!1 son litre : Les annccs d'apprentissage de JVilliclm Mcister, qui, bien qu'un peu vague el un pen obscur, exprime cependant l'idee la plus generate a laquelle puisse se rapporter la composition contuse et incoherenle de Goethe. A travels la uiulliplicile de scenes et d'acteurs, dont clle est coinmc encombree, on distingue, en effet, un sujel principal qui s'en detachc, e'est ['education morale d'un jeune enthousiaste que ['experience de la nature reelle et du monde degage par degres de ses illusions d'enfant et d'artiste. U y a de tout dans ce livre, qu'onpeutbeaucoupcritiquer, mais qu'il 1'aut aussi beaucoup admirer. II n'est personne, je crois, qu'il ne rcbute par la trivialite ennuyeuse, on lc fantastique pueril de certains tableaux, de certains pcrsonnages. Mais il n'est personne aussi qui ne doive se plaire a la peinture de cette societe de tons rangs reuuie par le gout de f'independance et des arts ; a ces scenes de la vie comique, inferieures, je pensc, a celles qu'en ont retraces, chez nous, Scarron et Lesage, mais qui s'en distinguent par un caractere etranger, d'un effettreS.- piquant. Les coulisses de l'Allemagne ne sont pas plus chasles que les notres, mais, s'il en faut croire ce livre, le deregle- ment y est mele de je ne sais quelle candeur passionnec qui le releve un peu. Les comediennes que rencontre JVUIulm ont de plus que les amies de Gil-Bias des affections involon- taires et vraies. Marianne surtout est une de ces figures plei- nes de charme dont les ceuvrcs de Goethe offrent comme une galerie; elle y brille a cote des Claire, des Charlotte, des Marguerite. On connait le personnnge singulier de Migntm , par la belle analyse de M.me de Stael, et l'lieureuse imitation qu'en a faite "Waller Scott dans sa Fenella. C'esl la beaute sail- lanle de ce roman, comme roman. Car, a vrai dire, la parlie romanesque n'y est que secondairc; c'esl un cadre on Gcellic a renfermc d'admirables dissertations d'arl el de morale, d'ad- mirables morccaux de pocsie. Toutcs ces aventures, tous ces LITTERATURE. 46; personnages ue sont la que pour provoqucr l'auleur, et lui servir de compere. II est lui-merae le premier, ou plutot le seul acteur de son drame. Peut-etre, comme l'a dil ingenieu- sement Mmc de Stael, n'eOt-il pas dCi interposer de tiers entre ses lecteursetlui. Sa belle analyse de l'Hamlet ne perdraitricn certainement a n'etre qu'un morceau de critique, et elle pa- rait bien au-dessus de l'auditoire qui l'ecoute. TVilhelm Mecs- ter , public en 1795, avail ete deja reproduit dans notre lan- gue. En i8o3, il en parut line traduction francaise a Coblenlz; depuis on en a fait une imitation sous le titre &' Alfred. Ces essais, oublies aujouid'hui, ne donnent que plus de prix a la version elegante de M. Tbousenel. Le nouveau traducteur a particulierement rendu, avec assez de bonheur, quelques beaux vers de Gcetbe, entre autrcs ses stances celebres sur l'I- talie. C'est un avantage qu'il a sur la plupart de nos tradnc- teurs d'allemand et d'anglais, dont la prose vaut mieux que les vers, bien qu'elle ne vaille pas touj ours grand' chose. H. P. 161. — Les Cardeurs, ou Patriotisme et Vengeance, roman irlandais ; par M. Crowe ; traduit de l'anglais, par M. H. J. B. Defauconpret. Paris, i83o; Charles Gosselin. 5 vol. in-12, de 200 pages chacun ; prix, 9 fr. 162. — Le Ccnnemara, ou une election en Irlande, roman irlandais, par letneme; traduit de l'anglais, par le mime. Pa- ris, 1800; Charles Gosselin. 1 vol. in-12 de 195 pages; prix, 3 francs. Ces deux ouvrages forment la sixieme livraison des romans irlandais publies par M. Gosselin ; c'est une collection inte- ressante, dont nous avons plus d'une fois fait apprecier le merite (voy. Rev. Enc, t. xliv, p. 488). M. Banim, patriote fervent et eclaire, en avait fait tons les frais jusqu'ici ; aujour- d'hui, un nouvcl ecrivain est presente au public francais. Le premier nous avait paru reunir plus d'une qualite eminente : ses digressions, bien ou mal amenees, sur la situation morale et politique de l'lrlande , ont eclairci , pour ses lecteurs, la plupart des questions importantes auxquelles donne lieu le sort de ce pays; les caracteres qu'il a introduits dans ses ro- mans sont presque toujours dessines avec une verite qui de- cele un observateur profond; enfin, il sait retracer avec force les effets de la passion. M. Crowe ne nous parait pas avoir beaucoup de ressemblance avec son devancier. II y a dans sa maniere de voir et de representer les choses nioins d'illusion et de poesie. Pour lui, l'lrlande n'est point celte ile enchantee, cetteveiteEiin, que des pocles, peut-e!re trop prevenus, ont si souvent chantee ; et, c'est libre de lout scrupulc, qu'il de. pouille ses habitans de cet ideal de palriotisme energique et scment dcs grands chemins, la suppression des corvecs, 1'abo- lition do la dime et des droits feodaux, la division desproprieies, et la publication de la Cliarle constitulionnelle. » M. le doctcur Prix, secretaire de la Soeiete, a rendu compte des travaux de 1829. On y remarque l'heureuse idee d'ouvrir un conconrs entre les communes d'un meme departement pour le mcillenr entretien des chemins vicinaux, et d'exciter leur emulation par des eloges publiqucment deccrnes, et des medailles qui en perpetueiit le souvenir. En 1829, vingt-deux communes out pi is part a ce concours; treize ont ete jugecs dignes de la medaille; et huit, d'une mention honorable. Ce n'est certainement pas dans ce cas que le stimulant de l'emu- lation peut avoir quelque inconvenient. Une Notice biographique sur I'estimahle docteur Chamorin, ancien maire de Chalons, etc., par M. Prin, expriine la recon- naissance et les regrets publics envois un citoyendevoue.cou- ragcux, dont la vie presque toutcntiere l'ut consacree a faire le plus de bien qu'il fut possible an plus grand nombre de ses concitoyens, dont la fermete et les vcrtus obtinrent les hom- mages des armees qui avaicnt envahi la France, et, par ces hommages memos, devinrent suspectes au parti qui domine aujourd'hui, et menace notre patrie de plus grands maux que l'invasion elrangere n'en eut causes. Quoique, d'apres son litre, la Soeiete de la Marne scmble elrangere a la lilteralure, elle ne la neglige point, et lui donne une place dans ses travaux et dans les rapports de ses com- missions, fails aux seances publiques: acelle de 1829, M. l'abbe Hubert, chanoine honoraire de l'eglise de Saint-Denis, etc., a lu une ode a la Divinite, d'une poesie sage, reguliere, ce qui ne suffit point pour une composition lyrique dont le sujet est aussi sublime-. Plus d'un lecteur pensera aussi que cette ode est trop longue , et que 1'enthousiasme ne peut soutenir l'epreuve de trente strophes de quatre alexandrins : Horace n'alla jamais jusqu'a la nioitie d'un chant aussi prolonge, si ce n'est dans ses imprecations contre Canidia, piece qui n'est pas la meilleure de ses ceuvres. Mais tel est le gout de quel- ques versificateurs modernes. lis vculent suppleer par le noinbre des vers au merite de la poesie; plus l'ode se rel'roi- dira, plus on y prodiguera les strophes, sans refleehir que cette multitude de I'aibles impressions ne peut jamais prod u ire I efl'et d'un sentiment prol'ond, subit, exprime av> c one ener- gii|ue precision. Au resle, dans les travaux de la Soeiete de a 31arne,, la poesie semble reserve' e pour rornement des seances I7<> LIVRES FRANCAIS. pubiiques; ['agriculture, Ics sciences, 1'indusirie el les arts >ont ['occupation habituelle de ses membres, et le public pro- file du bon emploi qu'ils ibnt ainsi de leur terns et de leuis eonnaissanees. F. Ouvrages periodiques. 1 6.Q. — * Annates de la Socicleroyale des sciences, belles-lettres ct arts d'Orh'ans. Orleans, i85o ; cbcz M. Pelletier, se- cretaire-general de la Soeiete. Prix de Pabonnement, pour a volumes ( 12 muneros ) , 1a IV. pour la Fiance, i5 fr. pour I'etranger. Le tome x ile cet important Rccueil eontienl un Memoir*; de M. Berthereau de la Giraudiere, stir les semis et les plan- tations d'arbres verts, 011 d'uliles verites sont exposecs avec 1'autorite de I' experience ; l'auteur insiste sur la nccessitc de reboiser nos montagnes,. d'y rctablir les belles forets qui les revetirent autrefois, et de reserver les plaines pour 1'agricul- ture, en protcgeant ses produits par des plantations inulti- pliees d'arbres disposes avec art pour le double but d'embellir le paysage , et d'offrir un abri contre l'impetuositc des vents. Mais quelques erreurs se sont glissees panni ces verites, et proliteraient infailliblcment de cette association pour se faire accreditor. II u' est pas exact, par exemple, de dire que le meleze ne reussit point en plaine ; les arbres de cette efipece qui servent a la construction des vaisseaux de guerre, en Russie, viennent de plaines tres-basses, ce qui n'empecbe point qu'ils ne rivalisenl en grandeur avec ceux des Alpes. Quant an non-succes des semis de melezes en grand , on de- \ait s'y attendre, d'apres les observations du venerable Malesherbes; il avail si bien dcerit la faiblesse de renfance de cet arbre, qu'on est surpris d'apprendre que l'on n'a pas pris les precautions qu'il indique, et dont aucune ne pent etrc negligee impunement. Mais, quand le meleze a echappe aux dangers qui le menacaient pendant ses premieres annees, il devient plus fort que ses voisins, s'empare du sol, el me- lite, dans les Alpes, le nom A' arbre intolerant, que Malesherbes lui a donne. Dans les forets de la Russie, il ne manifeste point ce caractere; car il vit paisiblement au milieu des pins, des sapins et des bouleaux ; il est meme tellement dissemble parmi ces arbres, qu'il est ties-rare de trouver des groupes de quelques melezes reunis sans aucune interposition. Si done on vent multiplier clans nos plaines eel arbre que des qualilcs OUVRAGES PEKIODIQIJES. /l7y si precieuscs recommandcnt aux soins des proprietaires en etat de l'etablir dans leurs domaines, c'est dans les bois cju'il fan t le semer; quels que soient les voisins dont ie patronage aura preserve sonenfance, s'il parvient a la jeunesse, il s'ele- vera biehtdt au-dessus de la foret , et dominera ses anciens protecteurs. Remarquons, au sujet de eel arbre, une singularity qu'il presente en Ecosse, si toutefois on doit une entiere eonfiance a des documens affectes , peut-etre, de quelque erreur typo- graphique. Dans l'ouvrage de M. Barloav, sur la resistance des bois, traduit en franeais par M. Foirier, ingenieur des ponts et ehaussees, le meleze est indique conime le plus leger des bois employes dans les constructions, tandis que celui des Alpes et de Russie est aussi pesant que Forme , et beaucoup plus qu'aucune sorte de pin on de sapin. Ce meleze d'Ecosse diuercrait-il effectivement de celui du continent europeen ? La pesanteur specifique indiquee dans les tableaux d'expe- riences e.-t-elle exacte, bien mesuree ou correctement ecrite? Cette question merite bien qu'on l'examine ; car, suivant M. Barlow, le meleze ne serait pas senlement Ie plus leger des bois de construction, mais encore le plus faible, a quelque usage qu'on l'emploie ; celui dii continent est loin de justifier cette mauvaise reputation. On aura done a faire de nouvelles recherch.es sur cet arbre, et a verifier une partie de celles qu'on a laites, avant de s'occuper des moyens de le multiplier partout ou il peut reussir. 170. — * Annates des mines, ou Recueil de Memoires sur Sex- ploitation des mines et sur les sciences qui s'y rapportent, redigees par le Conscil general des mines; publiees sous l'au- torisation du conseiller d'Etat, directeur-general des ponts et ehaussees et des mines. 2e serie. Paris, 1829; Londres et Strasbourg; Treuttel et YYiirtz. — Ces Annates paraissent de deux mois en deux mois, par cahier de 10 feuilles au moins. On y joint les tableaux, cartes et planches necessaires a l'in- telligence du texte ; prix de la souscription annuelle, 20 fr. a Paris : 24 fr. pour les departemens. On serait satisfait de ce recueil, quand meme tous lescahicrs ne seraicntpas aussi pleins quela4e livraison de 1829, on Ton ne trouve cependant que sept articles, mais tous instruclifs, soit que Ton y decrive les travaux metallurgiques de l'Angle- lerre, soit que les connaissances acquises chez nos voisins soient appliquees au perfeetionnement de noire propre iudus- trie. MM. Coste et Perdosnet y out depose leurs observations 4;K LIVRES FRANCAIS. sur le travail des mines d'etain et dc cuivre en Cornouaillcs , et sur le travail dc la fonts et du for en Angleterre, ainsi que sur les fouraeaux de cementation pour la conversion du fer en acier, tels qu'ils sonl elablisa Scheflield, dans le Yorkshire. M. Robin, directeurde la fouderie dc Yizille, y rend coniple des essais dc Putllage de la fontc de fer executes pour la pre- miere tots' dans cette usine. — M. Moisson DcsRocnES , inge- nieur des mines, propose line maniere de traitcr directement le mineral de fer, e'est -a -dire sans le conveilir prealable- ment en fontc. Cc mode dc trailement aurait pour result at . ilit M. Desroches , que, pour obtenirla meme quantite dc fer forge, on economiserait le quart dc la mine employee acluel- lement, et les deux tiers dc la liouillc (pie Ton consomme. II calcule que, dans un ctablissement que Ton pourrait former dans le departcment de l'Aveyron,au Monastcre, pies Rhodez, lc quintal metrique dc fer dc tout echantillon ne couterait pas 19 francs. Yoil.'i de magniliques annonccs, failcs par un hommc dont le sa voir est bien connu, juge competent en metallurgies il est done a desirer que des experiences soient faites en France ; car si la France ne prend pas l'initiative , il est probable que I' Angleterre ne negligera point des vues qui semblcnl si profit- tables a son Industrie ; et, dans le cas 011 ces proccdes auraient le sueces annonce par M. Desroches , nous serions encore une fois dans le cas d'imporler chez nous , comme anglais , des proccdes dont l'origine franeaise ne pent etre contestee. Les Annates des mines sont un de nos mcilleurs recueils pe- riodiques; les etrangers le recherebent, ct n'en prolitent pas moins que nous; tel est I'honorable caractcre des bons 011- vrages. 171. — "Bulletin de la Societe de geographic ; par MM. Bar- bie DU BOCAGE, BlANCHl, BONNE , SuEUR-MERLIN , WARDEN Ct aulres membres de la Societe, gcographes , voyageurs, el homines de leltrcs francais et etrangers. Recueil mensuel. Paris, i85o; Arthus Berfrand. Prix de l'abonnement (pour ceux qui ne sont pas membres de la Societe) , 12 fr. par an, a Paris, i5fr. dans les departeniens; 18 fr. a l'etranger 172. — *hcvue des deux Mondcs : journal des voyages, de I'ad- tninisiration, des mceurs, etc., cliez les diffcrens peoples du globe. ou Archives geographic/ ues et historic] ues du xixe Steele; par une Societe de savans, de voyageurs et de litterateurs francais et etrangers. Au bureau de la Revue, rue Bellechasse, n°. i4; Arthus Bertrand. Prix de la souscription : a Paris, 16 fr. poui (i mois, 5o fr. pour 1'annee; dansles departeniens, 17 fr. 5o c. — 55 fr ; a 1'etranger, 19 fr. — 36 fr. OIJV RAGES PEIUODIQUES. 47:) >Tous avons rapproche ees deux recueils, en raisori des afli- nites qu'ils ont nccessairemcnt , quoiquc leur hut ne soit pas tout-a-fait le meme : le premier, devoue spccialement mix sciences geographiques, considere avant tout la terrc , sa des - cripliou, lcs decouvertes que l'on pent y faire encore, etc. ; le second observe les hommes et lcs peuples , et sera toujour* egalement occupe dans tous lcs terns , meme lorsque le pre- mier aura cesse d'exisler, I'autc d'alimens, car les connais- sances geographiques ont des limites que l'homme peut at- teindre. La Sociele de geographic devra subsister dans tons les terns, pour observer les changemens qii'eprouvera la sur- face du globe, soit par des agcns naturels, soit par les travaux des homines ; mais , tot ou tard, arrivera l'epoque on ses bul- letins deviendront tres-rares, et ne pourront donner lieu a nne publication periodique. Aujourd'hui, nous sommes en- core eloigncs de cette disette : l'ancien et le nouveau monde offriront long-tems encore anx voyageurs des occasions d'au- dacieuses cntreprises, de decouvertes qui seront le prix de la patience et du courage. La recherche du tombeau de La Pey- rouse, 1'exploration de l'intericur de FAiVique, les monts gi- ganlesques de 1'Asie, le nord de l'Amerique, etc. , voila plus qu'il ne faut pour remplir, pendant un grand nombre d'an- nees, 48 feuilles d'impressions annuellement , en n'inserant que des notices pleines d'inleret, ou tres-importantes pour la science, telles que lcs rcdacteurs du Bulletin savent tres-bicn les choisir. Parmi les travaux de la Societe de geographic, la publication de ce Bulletin n'csl pas moins digne qu'aucun autre de la reconnaissance du monde savant. La Revue des deux Mondes, reunie maintenant an Journal des Voyages, est un recueil plus volumineux, et renfermant des objets encore plus clivers; les curieux y trouveront ce qui leur convient, aussi-bieu que les savans. Les redacteurs out adopte, pour leurs materiaux, les trois divisions suivantes : i° archives geographiques; 1" archives liistoriques ; 3° varietcsel nouvelles; celle-ci est snivie iTannonces bibliogra.phiqu.es , donl quelques articles nous ont l'ait apprehender que les inlerets des lecteurs n'y f'ussent subordonncs a ceux ties ecrivains. La Revue Encyclopedique s'impose le devoir de la plus scrupuleuse impartiality ; et si elle deviail quelque pen d'un sender aussi etroit, ce serait du cote des lecteurs qu'ellc regretterait le moins de s'etre jctee. F. ,So LIVRES EN IANGUES ETRANGERES. Litres en tongues etrangires , imprimis en France. i-5. — * Co/leclio selecta S. S. Ecclesia patrum, etc. — Col- lection choisie des peres de I'Eglise, comprenant leurs meil- leiirs ouvrages moraux, apologetiques ef oratoires; par M. Caillav, pretre des missions de France, ptusieurs autre* prilres ftancais, et M. iM. N. S. Gvili.on, auteur de la Biblio' lliee/itr choisie des pires grecs el latins • t. xxvi et xxvn. Paris, i83o; MequignOn-Havard, et Poillcux. 2 vol. in-8°. II parait chaqne mois nne livraison de deux vol. dont le prix est do. 14 fr. (voy. Rev. Erie., t. xlv, p. 199, et p. 729, etc.) Cette livraison contient, i° trois Notices sur saint Jnles, pape, sur Osius de Cordoue, et sur saint Ililaire, eveque; 2°les anivres choisies de ce dernier, c'est-;\-dire son Trade de la Trinite, son Hire de la foi des Orientaux, son c'pitre d sa fille Abra (ouyrage qui Ini a ete dispute); ses deux litres d Constance Auguste,son livre conlre eel empercur, le livreron- tre les Ariens. on conlre Auxence de Milan; quinze fragmens historiques, et son traite sur les psaumes. Nous devonsa cette livraison les memes eloges qn'anx precedentes. Si nousavions qnelques reproches a laire a L'editeur, ce serait sur un point qui lni meriterapeut-etre la reconnaissance des amis des bel- les-lettres. 11 noussemblequ'onaurait pn retrancher plusieurs parties des oeuvres de saint Hilaire, qui n'ont guere d'impor- tance religieuse, et qui nesont reinarquables que par la haute eloquence qui y brille. A. P. i>-4. — * Cor pus juris civilis Academicum parisiense ; in quo Justiniani instil utiones, digesta sive paiulecta, codex, autben- tica seu novella constitutions , et edicta coinprehcnduntur ; prseterea Leonis et aliorum imperatorum novella constitutio- nes, canones sanctorum et apostolorum ac feudorum libri ; huic editioni , cum optimis quibusque collatse, nove accesserunt , sub tilulo juris ante justinianei, U Ipianifragmcnta libri rcgu- larum singular is, Pauti sententiarum libri v, breviora veterum jurisconsullorum fragmenta, ac Gaii institulionum commenta- riia it ; denique leges similes seque invicem illustrantes, con- trarise, abrogate, breviter notis indicanlur. — Corps du droit civil, etc., publiepar C. M. Gausset, avocat a la Com- royale. Paris, i85o; Janet et Cotelle. In-4°; prix, 24 fr. Cne nouvelle edition du corps de droit romain est une en- treprise qui merite d'etre fort encouragee. Celle-ci forme ra un volume in-4"de i,4oopages environ, divise et public en douze IMPRIHES KN FRANCE. 481 li vraisons, du prix de deux l'r. chacjiic, ou 24 fr. pour l'ouvrage complet. Ellesort des presses de M. Duverger; elle estimpri- mee surdeux colonnes, en caracteres neul's, ettres-lisibles; le papiereu est fort beau. On annonce qu'il paraitra une livraison par mois. La premiere, qui a paru, se compose de 14 feuilles, et comprend le droit anterieur a Justinien. M. Galisset, qui donne ses soins a cette edition, est connu par la publication d'un recueil complet des lois f'rancaises, depuis 1789. Nous nous bornons, pour aujourd'liui, a t'aire connaitre le materiel de cette utile entreprise, sur laquellc nous aurons plus d'une ibis occasion de-revenir. Puisque nous en sommes a parler de (.'execution materielle, nous dirons que l'editeur, dans les rares citations grecques qu'il al'occaiosn dedonner, a tort, ce me semble, d'imprimer ces passages sans esprils ni accens. Si nous faisons cette minulieuse remarque, e'est dans le desir qu'on ne laisse pas cette irregularite se perpetuer dans les li- vraisons subsequentes. C. R., avocat. r. xiv 1. MAI 18 JO. |\. MHVELLES SC1ENT1FJQUES ET UTTtiRAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. ETATS-UNIS. Extrait tCinie lettre adrcssee de New- York, du. a5 arril 1 83o, a M. Ji'lhen, de Paris, fondateur tie la Revue Encyclopedia ue. o Plusieursdevosecrivainspolitiques d'Europe out paru croire qu'ilserait utile d'appcleiTaltenlioiulescitoyons ties Eta ts- W nis sui- la tendance deleurgouvernemenl,ctdelesleniren garde contreles envahissemens du pouvoir militaire. Quoique la no- minal ion du President act nclsenible just ifierces apprehensions, elles ne sont point fondees, et nous ne voyons rien ici qui menace notre liberie. II esf bien vra.i que , dans quelques-uns de ses actes, le nouveau cabinet a manque de discernement et d'habilete, que sa politique suit quelquefois une mauvaise direction ; qu'il a confie ties missions diploniatiques impor- tantes a des hommes tres-honorables sans doute, mais , qui, ne sacbant point la langue des pays oii ils sont envoyes, s'y trouvent quelquefois fort embarrasses de leur role ; mais, en general, l'administration n'a change ni ses principes, ni sa marche. Soixante-quinze millions de la dette publique ac- quires cette annee nous donnent l'esperance qu'en moins de quatre ans nous n'aurons plus de creanciers. Ce qnel'on pour- rait blamer dans notre gouvernement , ce serait peut-etre un zele excessif pour les reformes, zele dont beaucoup de per- sonnes ressentent les effets : mais la nation s'en trouve bien , voila l'essentiel. La situation de notre pays est, generalement, tres-satisfaisante : toutes les industries se developpent au dela de nos esperances, quoique les manufactures eprouvent une stagnation et un embarras momentanes. La religion, la mo- rale, ('education , tous ccs grands interets sociaux obtiennent ['attention qu'ils meritent, et la population entiere nous offrc ETATS-UMS. 465 le beau spectacle de l'onlre social, de 1'aisauce et du bonhcur qui en sont le prix. Vous savez que Voltaire a dit : le travail cloigne de nous trois grands mau.v; le vice, le besoin et I' ennui. » Dans les circonstances actuelles , il me semble que le de- voir d'un bon citoyen est d'employer ses forces et son activile dans le sens de I'esprit public et du mouvcment general , puis- qu'on ne s'ecarte pas de la bonne voie, et qu'il serait inoppor- tun de sonner le tocsin d'alarme, tache toujour* penible, el malheureusement quelqueibis necessaire. Je connais trop bien votre sincere pbilantropie et l'interet que vous prenez a la prosperile de ma patrie pour n'etre pas certain que vous aurez plus de plaisir a recevoir les bonnes nouvelles que je viensdevoustransmettre, qu'a lire les plus belles dissertations sur les moyeus d'eviter des maux que nous redoutions , il est vrai, lorsque nous pouvions causer ensemble, a Paris, mais qui, tres-heureusetnent, n'avaient aucune realite » E. Re forme des lois criminelles. — Les lecteurs de la Revue En- cyclopcdique ont pu voir, dans notre T. xliv, p. 214, un ex- trait d'une lettre qui m'etait adressee par M. Edouard Livings- ton,, et 00. il m'annoncait que son Code criminel pour la Louisiane serait sans doute discute dans la session qui devait avoir lieu au commencement de cette annee. Uue nouvelle lettre que je viens de recevoir, en date du 5 fevrier i85o, conlient les details suivans : « Notre Assemblee legislative ne s'est pas encore occupee de mon Code de la Louisiane, et je brains que sa translation a un median t petit village n'en re- tarde encore l'examen. En attendant, je presenterai au Con- gres, dans le cours du mois prochain, le Code pour les Etats- lJnis,dontje vous aienvoye unexemplaire.il y a ici des prejuges a vaincre, comme dans les a u Ires pays; mais je ne desespere pas d'y parvenir. Vous recevrez le detail des discussions aussitot qu'elles auront lieu. » On voit, par cette lettre de 11. Livingston, que la discus- sion de son Code penal pour la Louisiane est encore ajour- nee ; mais que celle qui doit avoir lieu dans le sein du con- gres des Etats-Unis, pour l'examen de son Code criminel fede- ral, est probablement ou verte en ce moment. Lorsque cette dis- cussion me sera parvenue, jem'empresseraid'en faire connaitre les principauxresultatsaux lecteurs decerecueil ; jedois toute- fois relevcr immedialement une erreur grave contenue dans les feuilles publiques qui ont annonce les circonstances dont \e viens de parler. On a dit que M. Livingston prononpait l'a- holition de la peine de mort dans son Code criminel, destine anx Etats-Unis. II y a ici confusion manifeste. Cet habile jn- ^84 fiTATSrUNIS.— AMEJUQl E MlilRIDIONALE. risroiisiilu* , dans son projel de Code penal pour la Louisiane, eo a banni la peine capilale, et il est evident qu'en effel sou opinion personnelle est coritraire a ce chaliment (i). Mais, dans Ir Code criminel qu'il a ete charge do preparer pour la juridiction federate des Etats-Unis , la peine de moil ne se. trouve pas abrogee, quoique elle soil restreinte dans des cas extrfenaemem rarcs, et le celebre legislateur fait connaftre, dans le Rapport qui precede son projet, les motifs qui I'onl oblige a la eonscn er. A. Ta\llat02 FRANCE. voir anti-febrile dela salicine no petit 6tre revoque on doute. » M. Leroux a done decouverl dans I'ecorce du saule hdlix un principe cristallisable, (|ui jouit incontestablement de la pro- priety febrifuge a un degre qui se rapproche do cchii que pos- sedelc sulfate de kinine, ct cette decouverte est sans con tr edit I'une PARIS. 5o5 jidcrcs sous le point de vue do I'organe manducateur, les divers ordres de laclassedcseruslaceset de relies desarachnidesetdes iuscctes sont aussi incoherent. On nous pane de transformations de mandibulesetde machoires en des sorlesde lanccttes on de lames delices, faisant partie d'unsucoir. Mais comment prou- Ter ces metamorphoses, sans nous montrer qu'on arrive par nuances insensihles d'un mode d'organisation a I'autre ? Qu'on nous indique des inseclcs broyeurs ou pourvus de ma- choires, qui nous conduisent a des hemipteres, insectes su- ceurs? II exisle enire cet ordre et les autres un hiatus qu'on ne saurait combler. On sent que pour le jeu de certains orga- Oes, ct vu l'espace qu'ils peuvent occuper, leur situation co- relatrice doit Sire a pen pres identique ; mais, autre chose est de dire que les organes sont toujours les memes, maissimple- ment modifies. Nous ne pensons pas que M. Edwards atta- che au mot transformation un sens rigoureux. »M. Lalreille donne ensuite une analyse dctaillce du Memoire, et conclut ainsi. « Nousdevons toutefois savoir gre a M. Edwards de nous avoir donne une description aussi complete du cruslace qui a etc l'objet de son Memoire, et nous pensons qu'il merite a cet egard les eloges de l'Academie. (Approuve.) »— - M. Poin- sot lit un Memoire tres-etendu sur la theorie et de la determi- nation de I'cqncdeurdu systeme so (aire. — On nomine au scrutin : i° correspondant de la section de botanique, M. TVallich , directeur du jardin botanique de Calcutta; 2° correspondant de la section de zoologie, M. Qioy, medecin-naturaliste a Uochel'ort. — La commission chargee de presenter des can- didal* pour la place de secretaire perpetuel des sciences ma- themuliques designe MM. Arago, Puissart, et Becquerel. L'eleclion aura lieu a la seance prochaine. — Une autre com- mission, chargee de deccrner le prix fonde par M. de Mon- tyon, pour celui qui aura rendu un art ou un metier moins insalubre ou moins dangereux, fait son rapport. Sur sa propo- sition , l'Academie arrele qu'un prix de Unit mille francs sera decerne a M. Aldini, inventeur des moyens pour preserver les ppmpicrs de C action de la flammcdam les incendies, moyens dont la liexne Enryclopcdique a l'ait connaitre les succes a ses lec- terns (voy. t. xliv, p. 2465 5'iSet 53o.) A. Michelot. — L' Academic des Inscriptions et Belles-Leilrcs a nomme, dans la seance du 7 mai, aux six places vacantes dans son sein. Les candidals elaient au nombre de 34- Ceux qui out obtenu la majorite des suffrages sont, 1° M. TiiruoT, prol'csseur au college de France, aulcur d'unc hisloire de la philosophic, ct Ir.iducteurde la politique etdc la morale d'Aristote; a"Mi. Cuam- 5o6 FRANCE. puluon le jeune, counu par ses deeoiiverles dans I'eeriture bieroglyphique el par sob recent voyage en Kgypte;3'M.THiEB- U-. . auleur del'Histoire des conquetcs des Normands, el des 1 etlres sur Phisloire de France; V~ ML Lajard, auleur-d'un ouvrage sur Ic culte de Milhra ; 5" M. Am&die Jacbert, autcur il'mi voyage en Anncnie el eri Terse, d'une gramniaire tur- que, etc.; 0° M. Mionnet, conservateur des medailles de la Bibliotheque du Hoi , auleur d'un tres,-grand ouvrage sur les medailles grecques, romaines, etc. Les autres voix des 3o aca- de.niciens presens a la seance ont ete distributes entre MSI. Cousin, Charles Nodier, Depping, etc., etc. M. Cousin a oblenu, dans plusieurs des scrutiny,, jusqu'a il\ voix sur 3o. Societe centrals d' agriculture. — Seance publiqne annuelle du ib avril i83o. — Le mini-sire de I'ipterieur presidail celte seance, cl l'a ouvcrle par un disco ins approprie a celte solen- i tile; . — Apres le comple rendu des Iravaux dc la Societe pendant l'annee 1829, fait par M, CnALLAN, vice-secretaire, M. IUricart de Tiu'rv a lu mi Memoire sur le concours pour le percement de puits fores suivunt la uoethode artesienne, a rell'et d'obtenir des eaux jaillissantes applicables aux besoins de ragriculture. II a montre avec quelle rapidile cette utile application dc la sonde du miueur a l'art du Ibntainier s'esl repandue, non-seulement en France, mais dans tons les pays de TEurope. Le programme, public pour le concours par la Societe d'agricullurc, a ete traduit dans presque toules les langues etradgeres, en cspagnol, en ilalien, en hollandais, en russe, en arabe , etc.; des associations se sont lbrmees sur beaucoup de points pour l'acquisilion des sondes artcsiennes, el i'on pourrait titer chez nous plus de vingt departemens qui font t'aire aujourdliui, a leursfrais, des puits tores'. M. de Thury nomine un assez grand nombre de particuliers qui out entrepris d'importans travaux en cc genre : il regretlc que beaucoup d'entre eux se soient abstenus de concourir pour les prix proposes, dont les deux derniers seuls out ete distri- bute (Toy. ci-dcs.. Hue, t. xi.v, p. 769), se compose inaintcnaiit dc pros de 600 membres, ct paiait devoir piendieun grand deyeloppeiu'ent duns leus Its pays. 5o8 FttANCiS. tours, ct decerne desprix pour I'ouvrage suivant : statistic b i'.i i.mi.maikk de la France. — Conditions da Programme. L'au- tcur de relic compilation comprendra, dans une serie su Hi— saote de tableaux el dans 200 pages nil environ de tcxte : — L'ciat lopographique des S6 departemens de la France, sous les rapports hydrograpbiqnes, meteorologiques, geoiogiques ct niudicaux;' — Les productions nalurelles des trois rogues, dans chaque deparlemenl, et letirs consommatious ; — La population, les naissances, manages et deces, et leur reparti- tion dans les divers sexes; 1'elat des enfaus legitimes et natu- rels ; ages, religions, conditions et cmplois (les institutions charitables, hospices et hopitaux) ; — Les lois de la mortalile et lours anomalies principales ; — L'agricullure et ses diverges branches (le prix de la main-d'eeuvre dans chaque dfipartement) ; — L'industrie ouvriere, mecaniquc et manufacturicre; les usines, leurs moleurs nalurels et artificicls; — Le commerce imerieur et exterieur et sea agens (les transports et la naviga- tion) ; les signes et moyens d'ecbange ; — Les etats d'impor- tation et d'exportation des cinq dernieres annees au moins; • — Les consommations de toute nature des objets manufac- tures;— L'ctat scientifiquc de la France; l'instruction generale de cbaque de-partemeut; l'instruction des divers ages et sexes elementaire et progressive; l'instruction des diverses profes- sions, physique et intcllectuelle ; l'instruction morale; — La litteraturc; ses moyens de publication, {'impression et la li- brairie; les institutions litteraires et scientifiques ; — Les beaux-arts; les institutions qui les protegent et les encoura- gent; — Lc gouvernement ; ses formes, ses pouvoirs publics et administratifs;- — La religion ; les cultes et leurs ministres; —-Les cours et tribunaux, et leur action repressive, preven- tive, ou de simple vigilance; la police ; la legislation; la cri- minalitc, suivant les ages, les sexes, les localites, les profes- sions et les debts anterieurs (les prisons et les bagnes) ; — Les revenus de l'etat, sa dette, ses depenses; les budgets de 1814 a 1802 inclusivement ; — Les armecs de lerre et de mer, leurs forces; la diplomatic; — Les employes des administra- tions publiques. Ces tableaux pourront etre generaux 011 particuliers, et doiventelre term! ties par 1111 tableau de recapitulation gene- rale. Tous les tableaux doivent etre dresses, et le texte rcdigc, sur les documens les plus recens. Les auteurs sont tenus de Ics indiqucr. D'apres cet enonce, ce travail pourrait paraitre exceder Ics PARIS. 5oq limiles du terns accords par le programme, on celles flos lu- mieres, quelque etenducs qu'elles soient, des personncs ap- pelees ace concours; on serait dans I'erretir. La Societe no demande qu'unc compilation, faite avec critique et sagacite, de matcriaux qui, en grande partie, existent deja. Kile desire encourager la publication d'une Statistique generale de la France, dans une forme elementaire. Les ouvrages seront remis, avant le icr juillet i87>2, au Se- cretariat-general de la Societe, place Vendome, n" 'il\. II en sera delivre an reeepisse, qui portera le numero et le jour de la remise, et la devise portee sur le Memoire. La devise sera rcpclee sur l'enveloppe cachetce, qui renfermera le nom de l'auteur et celte me me devise. La Societe, a son asscmblee mensuelle de juillet, nommera un jury charge de l'examen et du jugement des Memoires qui auronl concouru. Avant la fin de decembre i8j2, le nom de l'auteur et la Revise du Memoire ou des Memoires qui auront cemporte des prix seront proclames ; et les prix et les accessits, s'il y a lieu, seront decernes dans l'assemblee annuelle de la Societe, en fevrier i855. Le premier prix sera de la valeur de . . . . 3,ooo francs ; Le second de 2,000 Le troisieme de • . 1,000 La Societe pourra decerner deux accessits, qui seront des medailles d'or de 4oo et de 5oo francs. Quand la Societe fera imprimer ce Manuel, il en sera de- livre 5oo exemplaires a l'auteur qui aura remporte le pre- mier prix. La Societe se reserve de prendre, dans les Memoires qui auront remporte les deux autres prix et les accessits, les fails statistiqucs ouhlies dans le premier et qui lui paraitraient propres a completer le manuel qu'elle fera imprimer; et alors elle repartira les exemplaires delivres gratis, dans une juste proportion enlre les auteurs. Les Memoires de ceux qui n'auront pas remporte de prix seront remis. aux porteurs des recepisses. La Societe se reserve egalement de decerner des prix on des medailles d'encouragement pour l'etude speciale de quel- ques parties de la Statistique ou pour des statistiques parii- culieres de departement. Pour exlrait conforme, Le Secretaire general de la Societe, de Montveraiv. 5 io FRANCE. Publication prochaine.~- Uisioire scientifique et militnirc cfo I' expedition francaise m Egyple, precedee iTunr Introduction presentanl le tableau de L'Egypte ancienneel modorno. de- puisles Pharaonsjusqu'aux successcurs d' AK-Bey ; el suivie du lcrii des eveaemens siirveuus en ce pays depuis Io depart des Franeais et sous 1c rogue do Moliammcd-Ali. — «Cequi die- tingue d'abord la campagne d'Egypte et do. Syrie, disenl Irs auteurs decel ouvragc dans leur prospectus , e'est son unite, qui en fait, pour ainsi dire, un episode a part, entierement detache des autres gucrrcs de la revolution. Ce qui eh rcievc ensuite le plus ['importance aux ye-ux des amis do la patrie et des arts, e'est son double but scientifique et mililaire, rap- port complexe souslequel neanmoins olio d'a point encore etc eovisagee dans \\\\ memo ouvrage. L'histoire generate et com- plete de l'expedhion d'Egypte restart done encore a faire. Noas axons oso PentrepsewLre ; et, la considerant dans tout son en- semble, meler aux exploits de nos soldais les oonquetes de nos savans. >> M. X. B. Saintine, qui s'est charge do la direc- tion de l'cntrcprise , parait n'avoir neglige aucun moyen pour se procurer des material! k convenables; et deja il pent ciler, par mi les homines qui l'aideront de leur participation, soit comrae redacteurs, soit comme possessours de documens cu- rieux, beaucoup de noins bonorablcs, enlre autres : MM. le general BcUiard, Pory de Saint-Vincent , d'Aure, comma s- saire-ordonnateur en chef de I'armee d'Orient; Desgt medecin en chef de ('expedition; Dulertre, premier dessina-^ teur attache a l'expedilion; Geo{froy-Saj:t-IIi!nirc, pore et fits; general Gourgaud; M. J. Juliim, • Et plus loin : «Cet intrcpide voyageitr parcourt actuel- lement le Mexiquc, abandonnant a sa destince le premier produit de ses courses lointaines, et preparanl sans doute un second vo- lume, non moins inleressant que le premier. » Vous ajouliez, en terminant : « // etait difficile de reunir dans un sent volume plus de choscs curieusis , plus d'inte'ret et mime d' instruction. » — Le Scott-Times disait aussi : ulmprimer sa decouverte en presence du lieros meme de la piece, le M ississipi , en presence de la jalousie la plus vice, sans mettre [comme tant d' attires voya- geurs) C Ocean enire sa plume et le theatre de ses exploits , e'est clonner tine grande prettve d'une noble assurance et de la vcrite de ses assertions. » — En vain objeclerait-on , pour accreditef des doutes SUf cette decouverte, que I'auteur se trouvtdt isole et sans protection. die volonte forte, courageuse, iriebranla- ble, petit conduire tres-loin ; plusieurs volontes divergentes s'entrechqquent et echouent. La jalousie et de plus grands besoins divisent, ancient, repoussent les expeditions. Un homme isole n'inspire d'ailleurs de crainte a pcrsonne ; et dans les expeditions, au contraire, on pcut voir des maitres, des conquerans, et souvent on les egorge, oil bien on leschasse. — Avec le raisonncinent qu'on voudrait opposei', que deviendrait le Timboctou de M. Caillie? Que dirait-on du pi ix quelaSo- ciete geographique lui a decerne , des honneurs, des pensions etdes suffrages qu'il a recusdu gouvernement et de la France ? Certes, M. Caillie n'etait pas inoins isole et sans protection dans son entreprise que jc ne 1'elais dans la mienne, dont j'ai neanmoins laissc partout des traces et des temoins , que les Americains n'ont pas manque d'interroger. «Quant a l'assertion que I'auteur est un elrangcr, qui a cfierche un asile en France, elle me parait blesser les conve- nances aulant que la vcrite. Je suis en France, comme j'ai ete et puis etre partout ailleurs; libre d'allcr et venir, quand bon me semble : comme un homme , qui est ct qui a etc , par- tout et toujours, sans crainte et sans rcproche.... PARIS. 5i3 » Pour vous, monsieur, vous regretteres vivement, j'en suis sur, qu'on n'ait point rendu justice a un etranger esti- mable, qui, aprcs tant d'efforts et de sacrifices, vient offrir le peu qu'il sait sur des pays et sur des pcuples lointains, extraoi'dinaircs , encore inconnus ou mal connus; si jen'ai pu meriter I'approbation de votre collaborateur, comme j'ai ob- lenu eelle dont m'ont honore l'lnstitnt et divers journaux ( notamment , la Revue Britanniquc, la Revue tie Paris , cello des deuxMondes , lc Mercure, la Gazette Utteraire, le Moniteur, le Messager des Cliambrcs , la Quotidienne , YEclio Franeais , le Corsaire, le C orres pond ant , etc., etc.), au moins avais-jc droit d'atlendre plus de circonspection et un examen plus ap- profondi du critique qui me citait a son tribunal, et qui m'a eondamne, presque sans m 'entendre, ou plutot sans me lire.» J'ai l'honneur, clc. J. -C. Beltrami. ■ — Reponsec/cM. D — g. — Jel'elicite M. Beltrami des eloges qu'il a recus dans le grand nombre de journaux dont il rap- pellc les titles, et je regrette de ne pouvoir souscrire aux memes eloges sans de grandes restrictions. Pour composer uu bon ouvrage sur le Mexique, il n'aurait pas fallu noycr des remarques interessantes dans beaucoup de digressions oi- seuses, et qu'un gout severe ne saurait approuver. 31a reponse a sa reclamation sera courte : i°. II est vrai que cc n'est pas a Vera -Cruz, mais a quel- ques lieues de la, que s'est embarque M. Beltrami. Je ne pou- xais pas le suivre dans toutes ses excursions, et je n'ai point depouitle son ouvrage des choses remarquables que je n'ai pu qu'indiquer, sans les reproduire. 2°. L'auteur ne veut pas que le capitaine Basite Hall nous ait eclaires sur la situation actuelle du Mexique. Pour n.oi, je persiste dans mon opinion fovorable sur cet ouvrage, que j'ose recommander a M. Beltrami comme line relation con- cise el remplie d'in!eret 3°. Selon l'auteur, i! n'y a, ni a Paris, nt ailleur?, beaucoup de dessins de monumens mexicains. C'est un fait materiel , facile a verifier, savoir : a Paris, a la Bibliotheque du roi, chez M. de Latour Allard et C'e , etc., a Berlin, ou il existe de fort beaux dessins de monumens mexicains, et a Londres , chez Lord***, qui possede une collection extremement riche en ce genre. Le Musee mexicain de M. Bullock a ete long- tems ouvert, dans cette derniere capitale. 4°. M. Beltrami ne veut pas qu'on puisse etre incredule an sujet de la realite de la decouverte des sources du Mississippi, Cependant, il ne peut'empecher qu'il n'v ait eu, et qu'il n'v ait encore des incredules sur ce point. t. xlvi. mai i83o. 55 5i4 FRANCE. 5°. M. Beltrami se trouve blesse, parce que j'ai dit qu'il est \onu pbercher un asile en Franco. II n'a suremcnt pas bien suisi le sons do I'ex'pression quo j'ai employee. 11 parlo beau- roup, dans son ouvrage, do ses perseduteurs , de scs enncmis. des medium qui lo tonrnientaient dans sa palrie ; j'avais cru quo c'elail pour fuir ccs michaxii qu'il s'etait retire on France ; si je me suis tronipe, inon orrour n'a rien d'offensant pour lui. Parmi les etrangers qui sont venus chercher un asile en France, il y a plusieure hommes d'honneur ot do merite que lour patrie regrctle vivement, que la France est heureuse et (lore d'aceucillir sur son sol hospitaller, et pour lesquels elle aiine a remplaoer leur patrie absence. M. Beltrami est au noinbre de ces Francais d'adoption dont nous honorons le caractere, dont nous plaiguons les malheurs, dont nous ap- precions les travaux. Mais la verite et la conscience ont leurs droits sacres, qui ne pcrmettent pas do dissimuler le jugement que Ton porte d'un onvrage dont on rend coniple au public. On peut trouvor et signaler des del'auts dans l'ouvrage, sans que l'estiine duo a l'auteur et a ses qualites personnelles soil en rien alteree. 6°. Enfin, iM . Beltrami pent se rassurer sur l'effet do Tar- ticle qu'il signale dans la Revue Encyclopcdique. Ce qui coin- promet le credit d'nn recueil poriodique, ce n'est pas vine critique impartialc et mesuroo des ouvragcs, mais bien phi- tot l'abus des eloges de complaisance, et de ce qu'on a inge- nieusement appole la camaraderie littdraire : notre Revue a piis le plus grand soin d'eviter cot ocueil, et de conserver lou- jours, dans les jugemens qu'elle porte sur les ouvrages, un caraclore d'indopendance et de moderation qui n'a peut-elre pas ete l'une des moindres causes du grand sucees, constate par douze annees d'exislence, qu'elle a obtenu generalement. — Extrait d'une letlre adressee a M. le Directeur de la Revue Encyclopcdique. — Celui de vos collaborateursqui, dans le cahier de MASS, do votre estimable Recueil (page 700 ) , a mentionne mon petit traite : Des Melhodes en general, et de la Methode Jacotot en particulier, outre qu'il n'eu a pas fait con- naitre reellement l'esprit et le but, a comniis une erreur grave contre laquelle il est de mon devoir de reclamer. On lit, dans une note : « M. Case se declare contre les etudes littoraires et grammalicales; il voudrait qu'on y subslituat des connais- sances plus materielles, plus sensibles, etc. » Si M. le redac- teur out dit que je proscrivais les etudes litteraires et gram- malicales pour les enfans, il efll exprime ma pensee ; mais, on presentant cotle proscription d'une maniere gonerale, non- PARIS. 5i5 seutement il a denature ma doctrine, mais encore il m'a ex- pose a paraitre absurde a vos lecteurs. Dans nn autre ouvrage, a l'analysc duquel M. le redacteur renvoie d'ailleurs (voy. Rev. Enc, t. xuv, p. 5 >g ) , en tracant un plan d'etudes, j'ai fait une large part aux etudes litteraires ; mais stirtout je leur ai donne une base plus solide, plus rationnelle que celle de l'Universite, et je les ai placees dans un tems plus favorable a leurs progres. Agreez, monsieur, etc. Gasc. Chroniqtje des theatres, pendant le mois de mai i83o. — Treize pieces de genres divers ont vu le jour, depuis un mois, sur les differens theatres de Paris : nous allons rappeler brie- vement leurs titres, et le sort qu'elles ont eprouve. — L'A- cademie royale de MusiQTiE prepare avec lenteur, et avec une sorte de prudcnte dignite, les ouvrages qu'elle offre, a de ra- resintervalles, al'admirationdu public ; aussi s'entretenait-on depuis long-tems de Manon Lescaut, ballet -pantomime en troisactes,de MM. Aumer, pour le poinie, Haley y, pour la mu- sique, etCiCERi, pour les decorations, qui n'a ete represente que le5mai dernier, line intrigue penibleet mal nouee n'a pu racheter les inconveniens du sujet, qui , adapte avec un admi- rable talent aux formes du roman par l'abbe Prevost, n'etail guere de nature a se plier aux exigences de la scene, et sur- toutaux developpemens exterieurs que necessite le genre du ballet-pantomime. Toutei'ois, cet ouvrage a obtenu un succes de curiosite, du surtoutaux costumes dessines par M. Dupon- chel, qui a ressuscite, avec talent, toutes les pompes et lous les ridicules de l'opera du xvme siecle. — LcTheatre-Francais a donne, le 8 mai, un nouvel ouvrage de M. Ancelot, intitule : XJn an, on Le Manage d' amour, drame en troisactes. Ainsi que le titrelelaissedeviner, cesontlessuiteset les tristes consequences d'une mesalliance que l'auteur a voulu mettre en scene; mais il a manque l'effet qu'il voulait produire, en pretant a l'un de ses personnages principaux, a la jeune fille que le comte de Lesseville a elevee au rang de son epouse, des gau- cheries trop niaises, qui, destinces a faire ressortir le sens de la lecon, tombent, au conlraire, tout-a-fait a cole du but; et, tandis que l'auteur a voulu prouver qu'il tie faut pas epouser une grisette,sa piece pro\ive seulement qu'il ne faut pas epou- ser une sotte. Du reste, elleest dialoguee avec esprit et natu- rel, et contientd.es situations touchantes et des roles biencon- cus. — On a vu, a VOdeon, le il\ mai, le Vieux Mart, comedie en troisactes et en vers, par M. Delavim.e. Apres le VieuxCi-> ;.iIusee, et qui ofl're un lien agreablede reposet de reunion. On pent s'y procurer une Notice delaillee. sur ce Musee, etsur quelques circonstances relatives a la vie tres-aventureuse et agitec du colonel etranger, de- venu francais d'adoption , qui a employe quinze annees de voyages, de recbercbes dilliciles et dispendieuses pour le londer. — Le prix d'entree est fixe a di.v francs par porsonnc ; Qnelque elevee que cette retribution puisse paraitre, on ne la PARIS. — NECROLOGUE 3a i trouvcra point disproportionnce avec la beaute tin Musee Dio- iliticn, a\ec les sacrifices considerables qu'il a exiges, etavec les enormes capitaux qu'iJ represente. Plusieurs eonnaisseurs eclaires , qui ont ete admis a visiter cette collection avant qu'elle fut ouverte au public, en ont porte le meme jugement. NECROLOGIE. Norwege. — Le comte de Platen, ex-gouverneur general ile Nonvege, nc, dans Pile de Rtigen, au mois de mai 1768, vient de mourir a Christiania, dans le mois de Janvier dernier, age d'cnviron 65 ans. Sa mort a excite d'universels regrets, et sa memoire merite d'etre consaeree dans un ouvrage perio- dique , qui hen ore egalement to us les hommes distingues, quelle que soit leur patrie , qui ont contribue utilement et activeuient aux progres de la civilisation. Le comte de Platen, ills du baron Bernard de Platen, qui etait gouverneur-general en Pomeranic, s'etait destine, fort jeune encore, au service de uier; et, depute sa i^c jusqu'a sa 20° annee, il avait voyage dans presque toutes les parties du monde, d'abord sur des navires marcbands, et ensuite sur des batiuiens de guerre sue- dois. C'est a son genie, a ses lumieres, a sa perseverante activite que 1'on doit l'execution du projet, forme depuis des siecles, de faire communiquer la mer du Nord avec la Bal- tique. II etait directeur- general de la grande entreprise du canal de Gotlia, qui fait l'admiration de l'Europe el la gloire de la Suede. Les actionnaires de ce canal ont donne pour succes- seur a M. de Platen, dans cette imporlante direction, le baron de Sparre, general commandant le corps du genie. Les Etats ont fait les foods necessaires a l'achevement des travaux, et l'on espere qu'ils seront termines dans trois ans. N. Dakemark. — Frederic Muster , eveque de Zelande, pro- fesseur et docteur en theologie, grand'eroix de l'Ordre de Danebrog, vient demourirsubitement,le vendredi-saint 9 a vril, (Pun coup d'apoplexie foudroyante. Ne, a Gotha, en Allema- gne, le 14 octobre 1760, il vint en Danemark, a Page de quatre ans, lorsque son pere, Balt/iasar Munter, fut nomme pretre a l'eglise de Saint-Pierre de Copenbague. Deux voya- ges en Europe, qu'il cntreprit dans sa jeuncsse, lui fournirent I'oecasion de former des relations etendnes, et qu'il conserva pendant toute sa vie, avec les hommes les plus savans de son epoque. En France, il etait lie d'amitie avec MM. Lanjuinais, pair de France, et Gregoire, ancien eveque de Blois, et il en- tretenait une correspondance interessante avec l'ltalie . pat 5aa NriCROLOGIE. l'intermediaire de M«* Capece Latro, aucicn archeveque de Tarente, et de Tamburini, le plus cclebrc des theologiens de sou pays. A une vastc erudition, surtout dans l'lustoire de l'tglise et dans la science des antiquilcs, Munter joignait cette douceur de caractere qui captive Eous les coeure. Aussi sa perle a cause de prol'onds regrets parmi ses compatriotes. II tut nomine professeura I'tlni versite de Copenhague, en 1788, ct en 1808, le roi le designa pour l'eveche du diocese de Ze- lande. Apres avoir passe par les di lie reus degres de l'Ordre de Dancbrog, il tut deeore de la grand'eroix, en 1817. Les ccrits publics par Munter, en danois, en latin et en al- leuiand , sunt tres-nombreux ; nous indiquons ici les princi- paux : i° Notice curieuse sur les traductions en vers de I'A- pocalypse danslesdi verses languesde I'Europe ; des Memoires, des Dissertations et des Recherches; i" sur les Inscriptions antiques de Babylone, etsur celles des anciensFtrusques, etc. ; 5° sur les anciennes inscriptions grecques et latines qui eclair- cissent l'histoire du christian isnie, et jcllcnt un nouveau jour sur l'authenticite des livres saints et des monumens Chre- tiens; 4" sur les Ordres de chevalerie du Nord; 5" sur 1'Fvan- gile apocryphe de Nicodemc; 6° sur la guerre des Juil's sous les empereurs Trajan et Adrien ; 7" sur lTnlroduclion du christiauisnie dans le Nord; 8" la Biographic de saint Aus- chaire, eveque de Hambourg, apolre du Seplentrion; 9° la Biographie du pape Lucius I"; io° des Fragmcns d'une an- cienne version latine, anterteure a saint Jerome, des pro- phetes Jeremie, Ezcchiel, Daniel et Usee; 11° une edition nouvclle de Firmicus Moternus; 12° la doctrine des Monza- nistes ; i5°, enfin, Primordia Ecclesice africancc, volume in-4" de plus de 5oo pages, public en 1829, et Tune des dernieres productions de l'auteur. — A Rome, Munter avait retrouve les reglcmens de l'Ordre des Templiers, et public un volume en allemand sur ce sujet ; mais la regie clle-meme n'a pas en- core etc imprimee. II l'a communiquce an grand -mait re des Templiers de Paris, dont la Societc conserve un manuscrit grec de 1'Evangile de saint Jean, qui a etc l'objet d'une disser- tation latine de Munter. On trouve, sur ce sujet, des details etendus dans la nouvelle edition de V H is loir e des Sectes reli- gieuses, par M. Gregoire, ancicn eveque de Blois. 15. G. Suisse. — Soleure. ■ — Notre concitoyen Jean Zeltnbb , membredu Grand-Conseil, et ancicn ambassadeur de la con- federation Suisse en France, dont l'hospitalite gene reuse offrit pendant quinze ans un asilean celebre patriote polonais Kos- ziuszko. dont les bailliaces italiens admircrcnt le desintercsse- NECROLOGIE. 5a3 ment, pendant tout le terns qu'il y exerca des fonctions or- dinairement tres-lueratives , et dont les vertus ptihliques et privees ne se dementirenl pas uu seul instant, a etc enleve depuis peu a sa famille et a sa patrie. Sa memoire sera conservee honorablement parnii nous. En annoncant cette perte douloureuse, le Nouvelliste Vaudois fail cette observa- tion :« Zeltner eut de commun avec les plus grands politi- ques de FAngleterre d'aimer avec passion les literatures anciennes. II fut toujours exempt de cet orgueil de noblesse qui caracterise les petits esprits, et ne flit jamais courtisan. » Pays-Bas. — Ciirtet, Dr medecin , professeur et Fun des fondateurs de 1'Ecole de medecine a Bruxelles, mort dans cette ville , le ig avril i85o, a la suite d'une longue maladie, et au moment ou sa famille et ses amis le consideraient comine entierement retabli. Cette perte a ete vivement sentie par les habitans de Bruxelles, qui n'estimaient pas moins le beau ca- ractere que les profondes connaissances et la rare habilete du docteur Curtet. Sa jeunesse avait ete livree aux etudes et aux travaux les plus penibles. Une maladie cruellc, dont il fut at- teint sous les murs de Nimegue, le (it renoncer au service des armees. Iletablit son domicile a Bruxelles, ou il fut, pendant long-tems, directeur en cbef des bopitaux. Les fatigues qu'il eprouva, apres la bataillede Waterloo, occasionerent untypbus dont il ne fut jamais completetnent gueri. Les ressources de son art et des precautions extremes ont pu prolonger sa vie, mais ne pouvaient relever une constitution usee par des tra- vaux excessifs. M. Curtet etait ne dans les montagno>s de la Savoie, et a l'esprit actif et vigoureux qui distingue ses com- patriotes, il joignait cette probitc severe qui leur amerite une si belle et si universelle reputation. M. Curtet n'etait Sge que de 67 ans. N. Frakce. — Gohier [Louis Jerome) , ex-ministre de la jus- tice, ex-president du directoire executif, mort a Paris, le 29 mai i83o, age de 85 ans (1). La Fiance vient de perdre un ami pur et courageux des liberies publiques; la societe , un bomme-modele dans les hautes dignites et dans Fexercice du pouvoir, comme dans le commerce de la vie et dans le lover (1) Ce discours devait «'tre iirononce sur la toml)e de M. Gohier, aprfcs d'autres discours, hommage de liaute eslintc et de vive afl'ection que plu- sieurs amis de ce verttieux citoyep se sunt empresses de payer a sa me moire. Nous citerons entre antres celni de M. Bkhxabd, de Heiines, avo- cat distingue, dont le beau taleut a deja servi, dans plusieurs Occasions, la cause de la liberte. 5p4 MU'.HOLOGIK. domesliquc. Cinquante — cin«| an> so soul ecoules dcpuis qu'a l'ocia.sioii d'un nouwau regno Louis-Jerome Goliier pu- blia, sous lo litre do Couronncmcnl d'nn Hoi, un petit drame ingenieux, ou, quand tout etait llattcriu pour le trone, il ci'o) ait le scrvir micux par dc sages, mais tres-souvenl in utiles coiiscils. Lebarreau de Ilennes le comptait parmi scs principalis ora- tcurs, lorsque la Bretagne donna le premier signal de ce mou- vement d'emaneipation qui devait etonner ct changer le niondc. II entra dans cc inouveinent rapidc avec un coura- gcux enthousiasmc, vcrtu dcs ames fortes, el l'ut un des pre- miers acteurs de ce drame si grand, si long et si terrible . dont le denoument a etc cnfin la consecration irrevocable des libertes nationales. Appele a la seconde legislature, president du premier tri- bunal dc la republiquc francaise, ministre de la justice, mem- bre du Directoire, la vie publique de Gohier l'ut souvent un exemple, et toujours undevoument. Dernier president du Di- rectoire, ilosaseul resister a l'homme, prodige des terns mo- dernes, qui devait briser loules les resistances; et cet acte de courage l'ut, peut-etre, laderniere grande vertu qui so montra debout sur le tombeaudela republiquc. Chei'de l'fitat, Gohier s'occupa des interets publics, et negligea les siens : il sortit pauvre des dignites ou tant d'autres n'aspirent que pour clever avec eux leur fortune. Deja c'etait un eloge au terns de Cin- cinnatus : dc nos jours, c'est un de ces rares exemples donnes au monde, et qu'il faut admirer. Line espece d'exil en Hol- lande, avec le litre de consul-general, l'ut le chatiment il'im noble caraclere ; mais ce qui semblait humilier I'ancien direc- leur a la nouvelle cour des Tuileries le lit grandir dans l'es- lime des homines. Desccndu des hauteurs du pou voir, il ren- tra dans les rangs des citojens avec une conscience sans leproche, avec des mains purcs, et une reputation de probite que la calomnie n'a ose atteindre , et devant laquellc toutes les passions, soulevees dans de longs orages, out garde lc si- lence. Simple dans ses habitudes, eleve dans ses sentimens, il vecut en sage dans le doux commerce de sa famille, des lettres et de l'amitie : car, pour lui, vivre, c etait aimer; pour un, loute l'existence etait ramour du pays, etait sa famille, ses amis, le bicn a faire, les services a rendre , la culture des lettres, et I'atlrait pour les arts. 11 voulut s'associer a tous les actes ge- nereux, et son nom est inscrit sur toutes les listes de souscrip- tiousciviqucs. Lorsqu'un avocat celebre, que la France comple NECIlOL(X;il«. 5-25 parmi les plus eloqucns defenseurs ties liberies nationales, vint, naguerc, a Paris, dcfendre la memou'e de La Chalotais, on Vit , avec attendrissemenl, <-elni qui avait porte le mantean directorial, reprendre la robe d'avocat, se reunirau barreau de. la capitale, et paraitre dans Ic sanctuaire de la justice, on , pendant la defense d'un grand inagistrat, lachenient calom- nie, sa seule presence etait 1111 tcmoignage , et l'emotion de ses traits l'eloquenlc apologie de celui qui avait ete son guide et son ami. La veneration publiquc reposait sur ses cbeveux blancs : il comniandait le respect, il iuspirait l'amitie. Heu- reux d'aimer et d'etre aime, il achcvait son chemin dans la vie, avec les jouissances du coeur , les plaisirs de l'esprit, el des 1 eves de gloire et de bonheur pour sa patrie. II s'est peint dans les Mcmoires qu'il a publics sur les der- niers terns du Directoire ( voy. Rev. Enc, t. xxii, p. ^oo,'); et tous les partis y ont reconnu l'homme de bien. 11 preparait un travail plus considerable, les Memoires de toute sa vie; desirons que ce dernier ouvrage ne S'.it pas perdu pour ses contemporains et pour la posterity : car, e'est a de tels hom- ines qu'il appartient d'ecrire ce qu'ils ont vu , ce qu'ils ont fait. La verite se monlre alors dans l'histoire sans reticences et sans laid, et l'histoire est seulement alors le gr;md moui- teur des peuples et des rois. Quelques doux loisirs dans la vie de Gohieretaient occupes par la culture des fleurs : il composait, dansces derniers terns, un poeme sur les quatre ages : octogenaire, il chantait 1'en- fance dans des vers pleins d'esprit et de sentimens, de natu- re!, de grace et de fraicheur : on cut dit des fleurs du prin- tems epanouies dans les champs de l'hiver. C'etait un homme des terns anciens, qui avait traverse presque tout un siecle, sans rien perdre de cette bonte native que les passions alte- rent; rien de cette franchise que le commerce des hommes rend une vertu si difficile; rien de cette sensibilite douce etpro- fonde que l'agedetruit. Quatre-vingt cinq hiversn'avaient glace ni son esprit, ni son cceur. II s'exaltait encore pour tout ce qui etait bien, pour tout ce qui etait grand; il avait de l'enthou- siasme et des vceux pour son pays; il avait des larmes pour Pinfortune, de l'indignation contre le crime, une Constance dans l'amitie a toute epreuve, un facile entrainement vers tons ceux qui honoraient , par leurs talens, les lettres ou les arts. La Fiance gardera toujours la memoire d'un de ses meil- leurs citoyens, que la niort a respecte si long-tems, et jus- qn'.i ce jour funeste, comme pour montrer a ceux qui depen- dent les libertes publiques un modelc vivant de courage et de 526 NlfcllOLOGIE. vertu, commc pour donna- a rcux «[n i calomnient les vieux citoyens des terns dc la repubtique nn dementi vivant, et pour leur apprendre que, dans ces terns difliciles, vecurent des hommes forts et moderes, ardens et genereux, devoues pour la patrie et pour riiumanite. Cette tombc ne sera point muette : elle aura son eloquence; ct 1c nom de Gohier suffira pour rappcler un grand exemple et de grands souvenirs. VlLLENAVE. Vers, SnprovisSs stir la tombc de M. Gohier. L'un des plus vicux debris des jeunes republiques, Et, dans les terns nouveaux, 1'noiame des terns antiques, Gohier mourant disait, en son dernier emoi : Mon pays est encor plus malade que moi (1). (Historique.) VlLLENAVE fits. (1) En recueillant ici la derniere penste d'un bon citoyen, qui, sur boo lit- de niort, s'occupait encore uniquement des inlerels de sa patrie, nous devons cependant faire reniarquer combien cette pcnsee, inspirce par un sentiment profond des malheurs publics, manque de vetile. La France, qui a survecu a de longues et ci uclles agitations, qui a ^te occu- pee par les Anglais, qui, apres avoir porle elle-meme dans une partie dc 1 Europe ses amies victorieuses et souvent I'induence bienfaisante de ses mreurs et dc ses lois, a vu son lerritoiie envabi deux fois, en moins de deux annees, par la coalition europeenne, et s'est relev^e avec glo'tre apres tant de malheurs : la France, noble espoir des nations civilisees, toujours forte ct vivace par son esprit national, par son courage, par la bonte de ses institutions, par l'union de ses meilleurs citoyens et de ceux qui eomprennent le mieux ses interets et ses besoins , sortira bientot triomphante de la crise nouvelle que des passions iniprudentes , de vieilles et incorrigibles pretentions ont suscitee. M. A. J. TABLE DES ARTICLES CONTENTS DANS LE GAHIER DE MAI i85o. 1. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES. Pages. 1. De l'expe^lition contre Alger. . . . J. C. L. dc Sismondi. 267 •>.. Rapport sur les irruptions et les progres des maladies pesti- lentielles, pendant Tannee 1829. . . . Moreau de Jonnes. 297 3. Reclierches sur les produits compares des revenus privets et publics de la France et de la Grande-Bretagne 5o2 II. ANALYSES D'OUVRAGES. 4. Journal dun voyage a Temboctou et a Jennd, par M. R6ne Caillie Cltauvet. 5 10 5. Tableau dc la constitution politique de la monarchic fran- caise selon la Charte, par A. M;>hul D. M. 553 6. llistoire universelle de l'antiquite, par Schlosser, traduite de I'allemand par P. de Golbery D — g. 345 7. Poesies d'Adam Mickievicz , traduites en francais par MM. Miaskowski et Fulgeuce Alph. d'Herbelot. 55fi 8. L'Astronomic, poeme. par M. Daru Y . Z. o~7> III. BULLETIN B1BLI0GRAPHIQUE. Annonces de 85 ouvr ages, francais etetrangers. Amerique SEPTEivTiiioNAT.E. — Etats-Utiis, 5 583 — Mexiquc, 1 outrage periodique 586 Europe. — Grande-Bretagne, 7 • • • 388 — Russie , 4 ^99 — Danemark, 1 4^3 — ALlemagne, 7, dont 2 outrages periodiques 4°4 — Italie, 4 4J4 — Pays-Bas ,6 4 ' 8 Fbance , 52, savoir : Sciences physiques et naiurelles , i5. . . . [\<>.i — Sciences religieuses, morales, politi.ques et historiques , 10. . . 441 — Littirature, 18 455 — Beaux-arts, 2 4?° 5a8 TABLE HE.- AUTlCiES. — Mimoires et Rapports de sociitis savarites, 1 t\~\ — Ouvrages periodiques , l\ 47G — Litres en iangu.es Mrangeres , imprimis en France , 2 . . . . 4^*> IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTERAIRKS. AsiERlQUE SEPTENTRIONALE. ElalS- UlltS ! Exlia'lt d 11110 lollfe adressee do New-York a M. Jullien clc Paris. — Ho forme dee lois criminelles 4$2 Ameriqoe meriiuonale. — Colombie : Coup d'oeil rapide sur la conduito du general Bolivar, et appreciation impartiale des accusations dirigees coatro lui 4^4 EUROPE. Granpe-Bretagne. — Londres .-Projol dun cimetiere national. . 4o° Rissie. — Kertch i Kouvelles decouvertes d'antiquiWs 4|)> — Suede. — Stockholm : Academic des sciences : dominations de membres residaus et etrangers ; Musee d'liisloire natu- relle. ■ — Acadomie suedoise 4$|3 Aleemagne. — Documons rclatil's a la statisliquo morale de la nionarcliio piussieiinc. — Leipzig : Accroissomont du com- merce do la librairio 4(j4 Italie. — Pcnise : An tiquites expliquees par le Dr Labus. , . . 490' Pats-Bas. — Emancipation dos Juifs : EITcts remaiquables de leur rehabilitation on Hollando. — Deeenter : Celebration du jubile de rAthonoe 497 France. — Paris : lnstitut : Acadomie dos Sciences : Seances du 3 au 5i mai ; Acadomie dos inscriptions : Election de six membres. — Societe ccnlrale dagriculture : Seance publique annuelle. — Society franeaise de statistique univcrselle : Prix proposes. ■ — Publication prochaine d'une liistoire scientifique et militairederexpedition franeaise en Egypte. — Reclamations de MM. Beltrami et. Gasc. — Clironique des theatres pendant le mois de mai. — Beaux-Arts : 1V0 rama : Abbaye de Westminster. Diorama : Vue de Paris, une scene du deluge. Alusee Diocletien '. . /|<|u7£ttt &ki Siniuor, LitBj.ua, xu£ de 1'Odeon, n* 3o, S0USCRIPT10N. La Bavttc Erieyclopcdique pa Wit mensucllemcit, depuh Janvier 1819, parcatuers.de 12 a rj fettiUcs'd'i'nipressJon; Troiscahiers formenl tmvo- lumu, termiue par une Table analytiquc et alphabetiquc des matidres. Chaqnc annee est Lndepcndantc des annces precedentes, et c-QYe unc sorte d Annuairc scienlijiquc ct litterairc, en 4 volumes in-S°. Prix de t'Abonnemcnt. A Paris. 4G fr. pour un an ; 26 fr. pour six inois. Dans les departemcns. 53 00 A 1'ctraDgcr 60 34 En Anglelene 7 5 42 A purlir du 1" Janvier ou du i« juillet. Le montant dc la snuscription , envoye par la poste, doit ftrc adresse d'avance, fba.ic db port, ainsi quit la corresportdance , au Direcleur dc la Revue Encyctoptidique, rue d' 'Enfcr-Saint-Michct , n" 18. G'esl a la meme adresse qu'ou devra envoy ev les oftvrages de tout genre et les gravities qu'on voudra lake aunonccr, ainsi que les articles dont 011 desirera lln- sertion. On souscrit aussi a Paris, chez ks libruires ci-apres: TaKOTTBr. et Wubtz, rue dc Bourbon, n° 17; Ghahlbs Bschbt, quai des Augustiiis, n° 55 ; Rer et Ghayieh, quai des Augustins, n° 55 ; A la Gaiebik pb Bossakgk perc , rue Richelieu, u« 60; Boret, rue Haulefeuille, n° 12 ; J. Rexocakd, rue de Tournon, n° 6. On souscrit aussi chez tous les Directenrs des postes, ct chez les prin- cipaux Libraires, dans les departemens, et dans les colonies. LiBRiiRES chez lesguels on souscrit dans les pays etrangers. Amsterdam, Delacbaux. Anvers, Ancelle. Arau (Suisse), Sauerlander. Berlin, Schlesinger. Berne, Clias; — Bourgdorfer. Breslau, Kcygel. BrucceUei , Bujardin -Sailly ; — Dcmat ; — Horgnies-Benie ; — Librairie parisience, i'raneaisc et ctrangere. * ■ Florence, Piatti; — Vieusscux. Fiuncfort - sur - Mcin, Jugel. Hand, Yamicnkerckoven fils. Ocnive, Cherbuliei; — Barbczat et Delaine. La Have, les frercs Langenhuyscn. Lausanne, Fischer. Leipzig, Brockbaus; — G.Zirges. Liege, Dcsoer; — Colardin. Lisbonne, Paul Martial. Londres, V. Rolandi; — Dulau et O ; — Treuttcl ct W'urtz; — Bossange,Bartliez,LovvcllciC Madrid, Dennee; — Peres. Manheim , Artaria ct Fontaine. Milan, Gicgler; Vismara ; Bocca. Mont, Le Boux. Moscou, Gautier; — Riss pereetfils. Naples , Borel ; — Marotta et Wanspandock. New-York (Btats-Unis), Foreign and classical bookstore; — Bu- rard et Mondon. Ayi in cllc - Orleans , Jourdan; — A. L. Boismare. Palerme (Sicile), Pedonne et Ma- ra tori ; — Bti'iif (Gh.). Pctersbourg, F. Bellizard et C'S— Graeil'; — Pluchart. Rome, de Bomanis ; — Merle. Stuttgart et Tubinguc, Gotta. Turin, Bocca. Varsovic, Glucksberg. Vimne (Autriche), Ger'old ; — Schaumbourg ; — Scliaibaclier, JMFRIMERIE DE fLhAShS ET C'% HTE DE VACI ANALYSE RAISONNEE DES PRODUCTIONS LES PLUS REMARQUABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LBS ARTS} PAR UJWB REUMON BE MBWBRES DE L'iRSTHXT ET d'aTJTRES HOHMES DE LETTRE6. A PARIS, AtJ BUREAU DE LA REVUE ENCYCLOPliDIQUE, Et chez SEDILLOT, libraibe, rcb de l'odeoh, «t° 3o; ARTHUS BERTRAN&, ebb hmjibfsvhui , n« >3. JWN 1830. NOMS DES COLLABORATEURS ET DES CORRESPOKDANS, FRAA'GAIS ET ETRANGERS. J" Pour les Sciences physiques et maihematiques et les Arts indtislriets: MM. Bailly dk Mbrueix, Casasbca, de Madrid; Ch. Unix, Giraed, Natikb, de l'lnstitut ; J. J. Babdb, Dibrchfal't, H. Dussabd, Fb«ey, Fbascoblb, Ad. Gondinbt; D. Lardher, dc Londres; A. Micbelot, be Mobtceby, Moheao db Jorkks; Quktelet, de Bruxclles; ,T. Richard; Warden, des Fjats-TJnis d'Amerique, etc. a» Pourlcs Sciences naturctlcs : MM. Flouhkks, Geoff boy Saiht-Hilajbb, de l'lnstitut; Buby de Saist-Vijicbkt, conespondantde l'lnstitut; Mathiru Bohafoos, de Turin; B. Gailloh, de Dieppe; Isidobb Geoi froy Sajnte- HlLAIBE, HuOT, etC. 3° Pour les, Sciences medicates : MM. Dashboji,G.-T. Dojjj , Fossati, Gasc; Gersoj* , deHambourg; de Kihckhoff, d'Anvers ; Loysss; Ri- collot ills, d* Amiens, etc. 4° Pour les Sciences phitosopluques et morales, politiques, geographique* ct historiques : MM. M. A. Jillies , de Paris , Fondateur-Directeur de la Revue Encyctopidique; Arth. Bblt.not, Ad. Blahqdi; Alex, de la Bobde, Jouahd, de l'lnst. ; M. Ave^el, Babbie do Bocagb Ills, Bekjaatik Cons- taut, Cn. Gomtb , Depfikc , Dlfau, Dlnoyer, Ciigmadt, A. Jalbebt, J. Labouderib, Laichjisajs, P. Lami, Isidore Lebrlk, Lesuefr-Mebli:?, Massias, Albert-Mowtkmoht, Ei/skbe Salvbbte, J. -15. Say; Siuokdb de Sismokdi, de Geneve; Wabneoehig , de Liege, etc.; Dupin nine; Beevillb, Boccbenb-Lbfsb, Pareht-Rbal, Ch. Reaoijard, Taillakdieb, avocats, Vidalrbe, du Perou, etc. 5° Pour la Litteraiure franraise ct e-lrangere, la Bibliographic, VArckeo- logic et les Beaux-Arts : MM. Andb>eux, Ajiacby-Doval, Emkric David, Lemeecier, de Segue, de l'lnstitut; Alloc; Andrtei'X, de Limoges; Ma* L.-Sw. Belloc; MM. Blbkouf Cls, Chauvet; Chiabiki, de Varso- vic; P. -A. Coopis , Fb. Degbobgb, Dumbbsah; Ed. Gaottibr-d'Arc ; Ph. Golbbbt, correspondant de l'lnstitut; Leon Halevy , Henrichs, E. IIkbbab, Al'Gdste Jdllibic fils, Bbbkabd Julliek; Kalvos, de Zante; Adbies-Lapahcb , J. V. Leclerc, A. Mahil. Mokglavb ; Mohxard, de Lausanne; C. Pagakil^ H. Patih, Aksblmb Petetin, Porcerville, de RsiFrEHEEBG ; de Stassaht, dc Bruxellcs; Fa. Salfi, Schnitzler, Se»- vaj» dbSuchy; LeohThiesss, P. F. Tissot, "VicuiEn, Vjllbsate, etc. REVUE ENCYCLOrEDIQUE. ou ANALYSES ET ANNONCES RAISONN^ES «ES PRODUCTIONS LES PLUS EEMAHQCABLES DANS LA LITTERATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS. L MEMORIES, NOTICES, LETTRES ET MELANGES. DE L'ABOLITION GRADUELLE DE L'ESCLAVAGE DANS LES COLONIES ETROPEENNES, Et notamment dans les colonics francaises , Considerie d la fois dans I'intevet des esclaves^ des maitres, des colonies et dos Metropoles. PREMIER ARTICLE. L'histoire de cette question est I'hisloire de toutes les questions de justice et d'hiima- nite. Quand elles ont ele proposees, elles out rencontre tin nombie considerable d'oppt- sans; et, lorsque leurs effetsont eti bien con- nus, elles ont oblenu rassentiment universel. (Philips, Discours a la Chambre des Com- munes, session de 1S26.) Le nouveau tribut que nous venons offrir a cette contro- verse vive et animce dont l'esclavage colonial est depiiis T. XLVl. Jf«N i83o. 54 55o DE L' ABOLITION GRADUBLLE long -tems l'objet en Europe n'est ni base Stir les TRcmc* princMoeS) ni traite d'apres la meme mcibode que la plupart des edits qui I'ont precede. Le sujet s'est presente a nos re- gards sous un aspect que nous oserions presque dire nouvcau. En effet, nous ccartant cntiirement du mode d'examen qui consiste a envisager l'esclavage d'une manicrc generate et speculative, a rechcrchcr la nature ct 1c fondement dc cetle institution sociale (s'il est permis de lui donner ce litre), a faire connaitre les modifications qu'eile a subies chcz tous les peuples, nous nous sommes bornes a considerer exclusivcment l'esclavage colonial, a en ofl'rir un tableau tout subslantiel, tout compose de faits posi til's et concluans, ct d'ou resultat la ne- cessite pressante de l'abolir. Nous avons concentre tous nos efforts sur le systcmc considers dans ses effets actuels ; nous I' avons tourne dans tous les sens, examine sous toutesles faces; nous avons puise en lui des armes pour le combattre , et fait en sorte qu'il portut lui-meme son propre arret de condam- nation. En unmot, on s'etait surtout efforee de presenter l'esclavage des noirs comme contraire a tous les droits ; nous avons fait voir qu'il est contraire a tous les intercls. On avait reussi a prouver qu'il est criminel ; nous avons demontre qu'il est absurde. Ce travail se trouve par la suflisamment carac- terise. Peu de mots suffiront pour en devclopper le plan. II sem- blait qu'avant de prononcer , et pour pouvoir prononcer en connaissance de cause sur le regime de l'esclavage, il fallait, d'abord, constater ce qu'est actuellement ce regime. Dans ce but, nous avons commence par offrir un resume fidele et im- partial de l'etat oil se trouve aujourd'hui la population agri- cole de nos colonies, soit d'apres la loi faite pour ellc , soil d'apres Vusage qui en differe si frequemment. La constitution actuelle de l'esclavage etant ainsi suffisam- ment connne et averee, nous avons successivement examine ses resultats sous tous les rapports possibles et conclu dc ret cxamen 1'imperieuse necessite del'aliolir; et, comme il est arrive quelquefois qu'en accordant cetle necessite on alleguait DE L'LSCL/VVAGE. 55i tine imfposgibilite materielle tiree i, il en resulte que l'esclavage exi.sle a present dans les colo- nies francaises, tel qu'il a etc eonstitue par les acles dc Louis XIV, Louis XV et Louis XVI ; dcsorleque, pour ce qui concerne les eselaves, notre revolution pent absolumcnt etre consideree coinme non avennc (1). On peut ranger dans deux classes les dispositions legisla- tives que nous venous d'enumerer. I.es unes sont des mesures de protection en t'aveur des eselaves, lesautres sont des mesures de rigueur destinees a garantir centre eux la securite des plan- (1) II est mrme a reniaiquer que les ordonnances cle Louis XVI, lie ijf>{ Ct 17S5, no sn:il pas inseiees dans le Code ofliriel de la Martinique; Ce qui pionve qn'elles ne sont point eonsideieej comma elan! acluello men I en vigneur dan? les Antilles fcancaises. DE L'ESCLAVACE. 555 tcurs. Or, lout prouve que, dans la pratique, si les dcrnicres ont conslamment ete executees avec le soin leplus scrupulcux, tt quelquclbis meme iniquement outrepassees, les premieres, au conlraire, ont, dans tons les terns, ete presque toujours mises en oubli, oa violees avec impudeur. En 1788, MALOUETreconnaissait (1) que les ordonnances et les lois qui protegeaient les esclaves etaicnt tombces en desue- tude, et que tout etait d peu pres d la discretion du maitre. Un ecrit plus recent, que recommande hautement la position de son nuteur (2), porte : « quanta l'article du Code noir quipres- crit de donner aux esclaves deux rechanges par an , il n'y a pcut-etre pas deux habitations, dans toules les colonies, oi'i telle sage loi ait ete suivie. » II en rcsulte qu'ils sont presque nus. En outre* ilsn'ontpour la plupart ni lits, ni matelas, etc.; et e'est par suite de l'liumidite du solsur lcquel ils coucheut qu'im Iris-grand nnmbre mctiient de la poilrine, dans un pays oi'i jamais les blaucs ne sont poitrinaires (p. iG5). II peril un grand nonibre d'enf'ans, parte que, la nuit, ils coucbent tins sur la icrre, et qu'on ne leur donnc jamais rien, ni pour les vetir, ni pour les nourrir. Dans les hopilaux les plus renonimes , les Noirs malades ne sont couches que sur des (its de camp ; ficu- reux s'its ont une ntd/e en jonc pour se couvrir ! Lc maitre n'est pas moius l'arbitre absolu de la nourriture; ellc depend enlie- rcment de la quanlite de terrains qu'il a consacrec aux vivres et de la reussile de ccs plantations. L'esclave ne recoil, la plupart du terns, que quelques palates et un pea d'eau; el, si, la nuit, la faim le force a aller marronncr quelques subsistances, il est taille (fuuette), le leudemain. « Que de fois j'ai vu, a rinstantdu dejeuner, des Noirs nc pas avoir une palate, et rester sans manger ( p. 204 )! Quant aux chalimcns, ils ont pu quelquelbis ft re pontes jusqu'a cinq cents coups de fouet distri- bute par deux commandeurs a la fois, et souvent recommen- . (1) Memoire sur les Colonics, pag. 5G. (2) Dei Colonics, cl parliculieremcnl dc Saint-Doininguo, par 1«.' colonel Malemmxt, aiicic!) colon. Tails, 1S1J. 556 DE L'ABOLITION GRADUELLE cos le lendemain (p. 17/1). » Co chatiment peut etrc infligo A tout propos. . DE L'ESCLAVAGE. 5r>7 Dans un lei etat de choscs, il nc faut pas demander ce que pent elre ^instruction religicuse. La pFupait des esclaves sont baptises; mais lcur croyance ne consisle qu'en nne bonteuse superstition. Malottet (i) avouequ'ils« n'ont aucune idee de la religion, et qu'ilsy indent loutes les extravagances descul- tes idolatres. On ne pr end nil e terns, ni la peine de les instruire; et lenr vie, si penible d'ailleurs, se passe dans cet abrutisse- ment pitoyable. Temoins des dereglcraens des pretres, etc. » Ce temoignage est continue par celui d'ecrivains plus re- cens (2) qui alTirment que« le plus grand nombrc des esclaves ue sont reellcment Chretiens que de noni. » Un libertinage sans l'rein est le seul dedommagement laisse aux esclaves pour prix de 1'etat d'abrulissement dans lequei on les main tient. Les manages sont rares parnii eux. Les mai- tres, loin de les favoriser, y mettent obstacle , sous pretcxte qu'ils ne disposent plus de, leurs personncs, ni de celles de fours enfans avec autant de facilite, quand ils sont unis eritre eux par ce lien sacre. « La disposition du Code noir, dit un eciivain, apologistc modere de l'esclavage , qui defend aux maitres d'abuser de leurs negresses n' a jamais cle" executee, et elten,apu I' elre (5). » Quanta ('administration de la justice, relativement aux es- claves, on a ecrit qu'elie n'est qtCun abus scandaleux de C ar- bitrable le plusreroltant (4); on peut consulter, pour s'en con- vaincre, les collections qui presentent les arrets des diver- ses cours coloniales jusqu'a ces derniers terns. La on voit des esclaves condamnes a etrc pendus et Strangles pour propos se- dilieux, 011 Lien pour avoir porte la main sur un Idanc ; et, d'une autre part, des maitres punis d'une amende en sucre, et de (1) Mcnioires sur les Colonics. T. iv, p. 545. (s) Malenfant, p. 227, etc. (T>) IliLLiAHD- D'AuBiiBTEiiL. Considerations sur la Coiunic do SniiU-Uu- minguc. T. 1, p. 67. (4) Mohehas, p. a4o. 5$8 DE L'ABOMTION GilADUELLE quelqucs jours de prison, pour avoir fait peril" sous 1c fouef,, mi lue a coups dc fusil lours esclavcs (i). Un ancle du grand-juge, du g fcvrier 1804, nous fail con- nailreque, jusqu'i ccttc cpoquc, un scul jugc pouvalt pronon- cer sue la vie des esclavcs. Co n'est que depuis 1827 (pie la publicite des debuts a etc introduile dans les Antilles, el que Fesclave accuse a un defenseur; mais il est encore privc du recours en cassation. Tel est l'esclavage dans les colonies francaiscs. Toutefois, il fan I l'avouer, lesmoeurs adouoics presquc parloul ont, dans un grand nombre de cas partieuliers, ameliore le regime qui \ient d'etre decrit, ct multiplie le nombre des mailres hu- mains, sans qu'il faille pourtant s'en rapporter a cct egard aux temoignages interesscs des colons et a eeux des orateurs qu'ils ont cboisis pour defenseurs dans nos assemblies. En oulre, on doit segan.'er, quand il s'agit des colonies, de pren- dre une idee absolue du regime qui est en vigueur. Comme tout y est livre a l'arbitrairc, il en rcsulte que les fails pcuvent sou vent n'avoir qu'une importance locale et momenlanee.Ce qui est cxactement vrai pour telle colonic ne Test pas jus- qu'au meme degre dans la colonic voisine. Souvent, il sullit du clioix d'un gouvcrneur qui sait metlre I'lunnanile a Cordre da jour, pour voir le sysleme rapidement modifie. Ces obser- vations, que nous dictc l'impartialite severe dont nous nous gomnies fait une loi, ne sauraicnl, au surplus, infirmcr les as- scrlions qui precedent, ct qui etablissent bicn reellement, en point de droit, cumme en point de fait , la condilion dans la- qucllc ce xixe siccic,dont nous sommes tiers, a, jusqu'a present, iaissc les esclavcs de nos colonies. § II. Dans les colonies anglalses. — La legislation des cla- hlisseuicns britanniques en maliere d'esclavnge se compose de la loi consolidec de la Jamai'que, de 1817; des actes iVamc- tiuration voles par les aulres iles, dans les annees subscqucn- les, et drs ordres en conse.il portes par le gouverncnienl pour (1) Muheai' de Sai.m-iMe:ihy. — IsAMisEnx. Lois cl Ordonnanccs, etc. DE L'ESCLAVAGE. 53c> qtielques colonics qui no jouissent pas ties formes representa- tives. (Trinite, Sainle-Lnric, Dcmcrari). Nous avons, dansnn precedent travail (voy. Rev. Enc, t. xlv, fevrier i83o, p. 25g) piesente l'cxposc des fails qui ont successivement am eric ccs divers actes; nousallons seulement ici en rappeler la substance. La loi de la Jamai'que impose aux maitres l'obligalion de Cairo instruire leurs esclaves dans les prinsipes de la foi chre- lienne ; de leur accorder un jour surquinze pour la culture de leurs terrains a vivres; de leur donner un habillement. conve- nable, une ibis dans l'annee. Le travail du dimanche est in- lerdit; une exemption de taxe est accordee aux mailres chez lesquels la population esclavese serait accrue; il est defendu d'abandonncr des esclaves, devenus vieux ou infii'mes ; le meur- tre d'un esclave peut etre puni de mort; ct les traitemens cruels, d'une amende ou de la prison ; le maitre peut, en ce dernier cas, el. re declare incapable de po;seder des esclaves; le nombre des coups de fouet infliges pour punitions dans le scin des babilalions ne peut pasdepasser trenle-neuf ; le mai- tre ou gerant doit etre present ; l'usage des colliers ou chaincs est aboli ; enfin, l'institution protectrice du jury est introduitc dans les procedures criminelles intentees contre les esclaves. Les actes d'amelioralion des autres iles sont en general mode- less sur eclui-ci. Quant aux ordres enconseil , ils instituent un lung'tstiat protecleur des esclaves, auquel ces derniers ont recours en tftute circonstanee, et qui surveille l'execution des dispo- sitions de la loi en ce qui les concerne, l'usage du fouet est interdit aux surveillans, comme signe d'autorile; dans les c'lalimcns , le nombre des coups est restreint a vingt - cinq ; un tel cbatiment ne pent etre inllige qu'en presence d'une personne libre; tons chatimens corporels sont sevcrcment interdits d I'egard des femmes ; chaque habitation doit de- sotmais avoir un regislre sur lequel seront insorits lous les cbaiimens infliges; 1'esclave qui veut se marier en obtient I'antorisatioD du magistrat, sur le refus nun motive de son mail re. Dans les venlcs d'esclavcs, on ne peut plus separer le man de la femme, n't les en fans au-dessous de seize cms de leurs S/jo DE L'AROLITION GKAMJELLE parens. L'csclavc a la libre disposition de son pccule, iens; enfin, il peut fitre entendu comme temoin en cer- tains cas , et en produisant un certificat d'instruclion reli- gieuse. Tellessont les bases du systeme l£gal introduij dans lescta- blisscmensbritanniques pour regler la condition des esclaves : nous laissons au lectcur a le rapprocher de eclui qui regit nos colonjes. Etablissons maintenunt la condition des esclaves sous l'in- flnence de ce systeme legal. En 182.5, un rapport, imprime par ordre dc la Cbauibre des Communes (1), et qui etait le resulfat d.es recherches de deux commissaires nommes par elle pour visiter les colonies, portait que les esclaves sont actueliement traites en general avec la plus grande douceur. Les dispositions cruellcs que coiitiennent encore lesloisne sont jamais mises a execution ; elles repugnent tout-a-fait aux sen- timens des habitans humains et eclaires qui constituent main- tenant, dans les principales iles, une mnjorite considerable, et toujour* croissanle. Pendant environ \ingt ans qu'ont dure lenrs rccheicbes, il n'ont entendu citer qu'un trcs-pctit nom- bre de traits de creaute envers des esclaves. Dans leurs fre- quens voyages an travers des iles, ils ne virent presque jamais le I'ouet 011 le baton servir entre les mains des surveillans des travaux, antremciit que comme signe d'autorite. Ils ont re- connn une disposition generalc a etablir des ccoles pour pre- parer les esclaves a rccevoir de nouveaux adoucissetrrens a ieur condition ; en.'in, il leur pa rait que le pririeipe ffamdtio* ration gradncllr du systeme d'eselavage a etc partout framlic- incnt adiuis. ^0 First Report of Commissianncrs on civil and criminal Justice, in llie West Indies, ordered liy the lluuse of Commons to be printed, 5 July, • 8a5. 1)15 L'ESCLAVAGE. 5.',i En 1823, M. IkiiRE, membre de L'assemblee legislative de la Jamaique, prononca, an sujet des nonvclles mesures propo- sees par le gouvcrnement, un discours qui peut servir a con- stater la situation desesclaves dans cette ilc. L'oratcur affirme que toules les dispositions protectrices de la loi consolidee sont religieusement observees; que tous les debts commis en- vers cette partie de la population sont sevcrement reprimes; que les manages sont puissamment encourages, et de jour en jour plus nombreux; que les esclaves jouissentde la blue ct pleine disposition de leur pecute, lequel serai t quelquefois une fortune pour un villageols du royaume-uni ; que le desir de favoriser l'instruction religieuse parmi cette partie de la popu- lation impose a l'ile un fardeau de 10,000 liv. slerl. par an : il est loin,au surplus, de regarder le Code des esclaves conime parfait, et il admet qu'il est susceptible de recevoir du terns des ameliorations (1). En 1824, l'assemblee de la meme ile etablit, comme un point de lait, dans son rapport sur les troubles dont l'ile avait ete momentanement le tbeatre, quaucun des esclaves qui avaient pris part aux complots n'avait allegue pour sa justifi- cation la cruaute ou l'exigence de son maitre. L'accroissement des valeurs possudees par la population es- clave est un fait qui atteste suffisamment scs progres vers les ■babitudes d'ordre, d'economie et de sociabilite. Le montant de cette propriete s'est eleve, dans ces dernieres anhees, a la somme d'un million sterling, pour la seulc ile de la Jamai- que, et a 2,5oo,ooo liv., pour la totalite de la population es- clave des Antilles anglaiscs, portee a 700,000 individus (2). II arrive quelquefois qu'un planteur, presse parses creanciers, a recours a ses esclaves, qui lui pretent lout ou partie de la somme dont il a besoin. On trouve aussi une prcuve de la moderation des travaux (1) Proceeding/: of the honourable House of Assembly of Jamaica. In-S°, 1S2S. (2) Tlic royal Gazelle of Jamaica. 1S26, n" i3 fi/fJ DE L'ABOLITION GRAEUJELLE en general dans cettc observation que la sUpeVitfritd minie- lique des famines, qui se faisatl romarqucr parnii la popula- tion csclave, contrairement a unc des donnees do stalistique les mieux etablies, ct qui resultait des travaux excessifs qu'on cxigcait desbommes, a etc a pen pres eflacee ; en 1818, la po- pulation noire de la Jamaique exalt portee a 545,252 indivi- dus; ct, dans ee total, le nombrc des femmes n'cxeedait que de 74 sculemcnt celui des honnncs (1). Quant a rinstruclionrcligieusc, on a deja obtcnu d'heuroux rcsultats de 1'institution des deux eveques de la Jamaique' ct dclaBarbade. Le clerge inferieur est plus surveillu el mieux dii ige Yersl'accomplissemenlde ses devoirs. L'eveque dela Bar- bade debuta, en 1825, dans sa mission apostoliquc, par unc visite dans loutes les parties de son diocese maritime. Le rap- port qu'il fit, apres unc inspection detaillee, I'ut satisfaisant ; il trouva parlout les planteurs entierement disposes a contri- buer a tous Ics frais que pourrait cntrainer l'ereetion d'eta- blissemens nouveaux. Ce meme pcrsonnage avait attenlivc- ment suivi dcsecoles etablies par lui-meme a la Rarbade pour les enfansnoirs, ct il rendait temoignagea leur docilile, a leur aptitude; il croyait qu'on pourrait bientot se servir de ces memes enfans pour communiqucr quelque instruction a des negres adultes (2). 11 existc, depuis quelques annees, a la Jamaique, lirfe Sociili pour provoquer laconrersionet ['instruction religieuse desesclaves. Cettc Societe se raltaebe a une autre association du meme genre formee a Londres. Un document public en avril 1826, par le comite de la Societe, pour la paroisse de Saint-Tbomas, elablit que, pendant 1'annee 1824? environs 70 chapelains ct catecbistes ont ete employes par ellc pour porter rinstruc- tion parmi les Noirs, dans les iles d'Anligoa, Montf'errat , Sainl-Christopbe, Nevis, Barbade, la Jamaique, ainsi qu'a (1) The Jamaica Almanack for llicycar 1S18, p. 117. (?) Quarterly Review, 1825. DE L'ESCLAYAGE. 545 Dcrnerara, ct qu'unesomme de 5,335 liv. sterl. a etc consa- crec a cette destination. De pareils comites existent dans d'aulrcs ilcs. One lellre adressee a Talent colonial des ilcs Bahama, en Anglcterre, par les dix commissaires de correspomlance (1), pent servir a fixer la position des esclaves dans ccs ilcs. Suivant les com- missaires, la non separation des families dans les ventcs d'es- claves, la libre disposition de lenr ptcule, la fixation d'uneta- clie, qui reduit la duree de leur travail a sept heures environ, sont des usages universellement consacres (p-. 12). Les escla- ves soiit diriges comme des ouvriers ordinaires, et le l'ouet ou la simple baguette que tienl le surveillant n'esl qu'un si- gnedc son autorile (p. 17). Les disposilions^des actes relalifs a l'entretien, a la nourriture, etc., sont religieuscment cxecu- tees, ct il est facile, en observant les esclaves dans les plan- tations, de reconnaitre qu'ils n'ont point a se plaindresousces divers rapports (p. 18). L'inslruction religieuse a fait des progres sensibles dans ccs dcrnieres annees, comme le con- statent les rapports de la Societe ^vesleyenne. Parini les pre- dicans autorises dans ces iles , quatre sont noirs (trois bap- tistes et tin anglican ; il est pen d'esi laves qui ne professenl le christianisine; les maitres favorisent raccomplissement des devoirs religieux (p. 19). Quant aux manages, ils sont c'ga- lement secondes par les maitres; et, si la religion nelesconsacre pastoujours, e'est que les pretres de I'Kglised'Angleterrc peu- vent seuls lcssolenniser, et qu'il n'y en a que deux pour cette co- lonic, composee d'une chaine de 70 ilcs qui s'etendent dans une longueur d'envircn cinq cents milles. Le memc inconve- nient a lieu al'egard des Blancs fibres; mais, que cette consc- cralionait lieu ou non, on rcmarque, en general, a l'ayaritage du progres des habitudes morales parmi la race noire, que le contrat est rarement violc, et qu'il n'est guere dissout que par la mort (p. 20). Les commissaires enfin declarent fonnclle- ment que les chatimens infliges aux esclaves, pour les fautes (1) .In official letter, etc. Nassau New- Providence. ln-8°, jSao. 5/|4 DE LABOMTIO.N GIUDUELLE ct debts qu'ils commellent, sont doux ot nioderes, si on los compare a ceux qui sunt encourus pour les mcuiesactcs, d'a* pres la loi crimineUe d'Angleterre. En iSao, uo rapport fait a Passcmblee do Pile de Tabago ctablil que le dccroissemcut annuel de la population noire de cetle ile s'affaiblit de jour en jour, et que la diffusion ct l'aug- mcnlation de la proprietc parmi les Noirs, dont Petat est gc- ueralement ameliore sous le rapport de leurs demeures, de leurs terrains, de leurs vetemens et de lour nourriture, la di- uiinution des pratiques de magie, Paffaiblissement des cbati- mens, l'abandon total des travauxde nuitdans les habitations; constituent, suivant l'opiuion du comite, un proxies aussi reel et aussi rapide que le comporle la nature de cetle popu- lation noire qui consiste en partie en Africaios impoites. En i8^5, le gouverueur de la Dominique, eerivant au mi- nistre alhrmait que les cselaves etaient geiicralement bien traites et satisfails, ct qu'ils n'avaient que bien rarciuent a sc plaindre de leurs maitres (1). Quelques mois apres, le gou- verneur de la Grenade, ouvrant le session legislative, se feli- citait d'avoir a dinger une ile oii l'on avail deja tant fait en la- veur des cselaves, et oii Ton sc prometlait de faire plus en- core dans un avenir pen eloigne. Vers la meme epoquc, les regislres des chatimens de I'ile de la Trinite ayant etc produits au parlcment , sur une masse de 556 propiietes presenlant 5,gi5 esclaves on ne trouvait pas quelquefois, dans un es- pace de trois mois, un seul chatiment inscrit. Enfin, nous avons sous les yeux les proces-\erbaux de diverses proce- dures suivies en 1824? c'ans la meme ile, contre des esclaves, desquels il resulte que, confoimemcnt a l'ordre en conseil, le protecteur des esclaves y assiste; qu'il interroge lui-meme les temoins a charge, apres qu'ils Pont ete par le procureur- gcneral, etc. (2). II nous serait facile de multiplier les lemoi- gnages de ce genre. (1) The royal Gazette . 1826,11° 1S. (a) The Trinidad-G uardian. Mai 182C. DE L'ESCLAVAGE. 545 Faut-il croire neanmoins a toute Fetendue du Lien annonce par les documens que nous venons de citer? Faut-il admettre comme generalement adoptes les adoucissemens du sort des Noirs sounds au joug britannique, et adherer a ce que les planteurs repetent si souvent, que leurs esclaves cherissent pres(jue le sort qu'on leur a fait? Non, certes, telle n'est pas notre pensee. II est de la nature de l'esclavage que le maitre puisse toujours facilement rendre nuls pour ses esclaves les bienfaits d'un ordre legal, meme admirable ; et, apres tout, ce- lui-ci ne Test point encore. Si les moeurs se sont en genera! adoucies, comme dans toutes les autres colonies, il n'en est pas moins vrai que la personne du Noir est, la comme ailleurs, dans nne foule de cas, tout-a-fait a la merci du colon; que, laaussi, son sort depend trop souvent des habitudes morales, de la situation des affaires de ce colon, surtout du choix qu'il a fait des mandataires de son autorite, etc. II estcertainement permis de douter de cette felicite si vantee, quand on voitles gazettes d€s iles couvertes de signalemens d'esclaves deser- teurs, et quand on croit devoir porter contre la desertion des peines tres-severes. Les lois protegcnt les esclaves ; mais on est force deconvenir qu'elles peuvent etre eludees, et tout de- montre qu'elles le sont quelquefois. II est bien reconnu sur- tout que l'exclusion du temoignage des esclaves contre leurs niaitres sert a laisser dans l'ombre une foule d'actes auxquels ilssontenbutte. En 1825, un me mbrede I'assemblee legislative de la Jamaique, M. Rennals, rapporteur etdefenseur d'un pro- jet de bill pour l'admission du temoignage des esclaves, cita divers faits rapportes par lespersonnes que le comite avait in- terrogees, et relatifs a des proces 011 des Blancs libres mani- festement reconnus coupables avaient echappe au chdtiment, pur- ee qu'il n'y avait eu pour temoins que des esclaves. Enfin, un colon , ami sincere de Phumanite, et qui nous a vivement ex- cites a la publication de cet ecrit, nousavouait tout recemmenl que, dans File qu'il habite (l'une de celles que regit un ordre. enconseil), ilya encore une foule d'abusmonslrueux surles- t. xlvi. juin i85o. 35 546 DE L'ABOLITION GRADUELLE quels les magistrate sont obliges de feigner les ycux, et d'in- fractions faites aux lois avec une entitle impunite. II est done bien demoutre que tout n'est pas fait encore dans les colonies anglaises en faveur des esclaves, bien qu'une amelioration notable dans le systcmc doive etrc regardec eomme un fait constant. § III. Dans les colonies des autres nations et Etats des deux Amcriques. — Les colons espagnols, comnie pour effacer les cruautes dont Ieurs pcres se rendirent coupablcs dans le JNou- veau-Mondc envers les indigenes, se sont depuis long-tcnis signales, entre tous les planteurs curopcens, par la douceur de leur conduite a l'egard des esclaves uoirs qui y sont venus remplacer cette population eteinte. La legislation de leurs co- lonies est, en ce qui toucbe l'esclavage, basee sur des prin- cipes plus humains et plus equitables, et elle est aussi moins frequemment violce on mise en oubli que dans la plupart des autres possessions coloniales. Cette legislation, formee des cedules successivement por- tees par les rois, et des actes des gouverneurs , qualifie en general debt, 1'efTusion du sang dans les cbatimens. L'esclave a la libre disposition de sa propriete; s'il a de justes motifs de plainte contre son inaitre , le magistrat peut contraindre ce dernier a le vendre pour le prix d'acbat ; s'il a perdu de sa valeur par Page ou par quelque inlirmite, le magistrat faitl'estimation. II a, du resle, toule facilite pour se racheter, en payant a son maitre son juste prix; il est admis a porter temoignage en plusicurscas. C'esl aux colonies espagnoles que le gouvernement britan- nique a emprunte Futile institution du protecteur des esclaves. L'instruction religieuse est la, comme on pense, un point im- portant. Les mariages sont encourages. Au surplus, un fail decisif en faveur de la condition des esclaves sous la domina- tion espagnole, e'est que, dans les iles memes ou ils etaient comparativement plus nombreuxque dans les autres Antilles, il n'y a jamais eu de revoke contre les Blancs. Les republiques qui ont remplace sur le continent les colo- DE L'ESCLAVAGE. 54; tiies espagnoles ont aboli 1'esclavage et adopte, pour en amener l' extinction definitive, des mesures sur lesquelles nous reviendrons ailleurs. Au Bresil, le regime legal de l'esclavage est a peu pres le meme que dans les possessions espagnoles. En general, le travail est taxe; et, au-dela de la tache que le maitre a droit d'exiger, l'esclave travaille pour son compte. Cette besogne est calculee pour chaque sernaine, de maniere a ce qu'elle puisse etie faite en quatre ou cinq jours. Neanmoins, malgre les adoucissemens apportes a la condition des esclaves , la corruption et la misere, ou cette population est ordinairement plongee, font que les deces surpassent de beaucoup les nais- sances dans plusieurs parties de l'empire, et qu'il n'y a jusqu'a present que la traite qui ait pu retablir l'equilibre (1). Dans les colonies du Danemark, nation a qui appartient la gloire d'avoir la premiere aboli la traite, et notamment dans l'ile de Sainte-Croix, les Noirs sont generalement traitesavec humanite. La population est la en progres, et ce fait comprend tous les auti'es (a). Long-tems les Hollandais purent etre consideres, a l'egard de leurs esclaves, comme les plus impitoyables des maitres ; vers la fin du dernier siecle, ils n'avaient encore rien fait pour eux. Nul reglement ne limitait le travail, non plus que les cba- timens; le meurtre seul etaitpuni d'une amende; les esclaves etaient presque mis et a peine nourris (3). De nos jours, le changement qui s'est effectue partout dans les mceurs a amene d'heureuses ameliorations dans le sort des esclaves de ces colonies. Eclaires par ces terribles insur- rections qui ont jete dans les forets 5o,ooo esciaves, les co- lons bollandais ont adopte d'autres principes. Un observateur (1) M. de Humboldt. T. v, p. 142. — Alphonse de Beauchamps. His- ioire du Bresil. T. m, p. 5o4. — Maw. Voyages dans I'lntericur du Bresil. T. ii. — Balbi. Essai sur le Nouveau-Monde; Revue Encyclopedii/ur, iS^S T. ii, p. 5C7. (2) MdREJiAS, p. 1 l5. '3) Stedman. Voyage a Surinam, 179?. — Mitorni, etc 548 DE L'ABOUTION GRADUELLE impartial, deja cite (i), nous apprend que leurs esclaves sont maintenant traites avcc humanite. Tcrminons par ces anciennes colonies anglaises qui i'or- mcnt actuellement un Etat sur lequel reposent les plus hautes csperanccs dc In civilisation americaine. Lcs Iois conccrnant L'esclavage v etaient . avant leur glorieuse revolution, a peu pres les memcs que ccllcs qui regissaicnt les a litres posses- sions britanniques. Mais les mceurs avaient , plus prompte- ment que dans les lies, heureusemcnt modifie la condition generate des esclaves. Depuis 1'aiTrancbissement , l'esclavage a cte entiereinent aboli dans plusieurs Etats, et consideiable- mentameliore dans ceux oii il subsisle encore. Dans les Etats du nord, tels que Maryland, Delaware, etc., ou les esclaves sont peu nombreux, ils sont generalement mieux traites que dans le midi de l'Union. On precede contre eux en justice d'apres la meme loi que contre les Blancs , et l'institution du jury est admise dans les procedures ou ils sont impliqucs. Dans Delaware, lc maitre est puni d'arnende pour ■violence, et de mort pour le meurtre envers la personne de son esclave. La legislature de Maryland a statue qu'on ne pourrait faire cultiver par cbaque esclave plus de 600 plants de tabac. Les lois de la Caroline du sud relalivement a l'esclavage dataient de 1740; clles etaient fort cruelles , et subsistaient encore, dans les dernieres annees du siecle, epoque ou le ver- tueux Larocbefoucaud-Liancourt visitait cet Etat. Depuis, diverses mesures out ete prises par le gouvernement en fa- veur des esclaves. Un temoignage autbentique prouve com- bien de telles mesures etaient urgentes. En 1816, le grand jury de Cbarlestown signala les bomicides sur la personne desNoirs, comme devenus fort commtms dans la ville depuis quelque tems. « Lesmaitres et les maitresses, disent les mem- bres de ce jury, exevpant sur leurs esclaves un pouvoir illimitr, et se livrant aux exces de leurs passions cruelles; ils les ac- (1) Mai km am. p. ij4- DE L'ESCLAVAGE. 5/,9 cablent de traitemens barbares, les traitent plus mat que des biles de somme , et rendent la ville et l'Etat I'opprobre du monde civilise. » Une loi a d'abord augmente l'amende portee contre le meurlre d'un esclave, et y a ajoute l'emprisonnement ; une autre, plus recente , a enfin reconnu que le maitre qui tue son esclave peut etre poursuivi comme meurtrier. En Georgie et en Virginie, la loi ancienne, un peu moins rigoureuse que dans la Caroline du sud, a pareillement subi de noinbreuses modifications. Maintenant, quiconque tue ou estropie un esclave est puni, comme s'il eflt agi envers un Blanc (1). Dans ceuxdes Etats nouveaux on Pesclavage existe,ilesten general etabli sur des bases conformes a l'humanite. Les deux constitutions du Kentucky et du Mississipi statuent que l'as- semblee generate portera toutes les lois necessaires pour obli- ger les proprietaires d'esclaves a les trailer avec humanite, a pourvoir a leurs besoins et a leurs vetemens , a s'abstenir de tous chatiuiens barbares , etc. « Dans les poursuiles contre des esclaves pour trahison, l'enquete par un jury ne sera pas exigee; mais la marche de ces poursuites sera reglee par une loi , sans que cependant Tassemblee-generale puisse priver les esclaves du droit d'etre juges impartialement par un petit jury (2). » Diverges mesures ont ete prises subsequemment , en vertu de ces dispositions constitulionnelies , pour assurer une pro- tection efiicace aux esclaves. Un grand avantage, commun a la presque totalite des es- claves des Etats-Unis, e'est que la loi civile actuelle les re- connait immeubles, et qu'ils sont, en cette qualite , attaches (1) Warden. Description des Etats-Unis. Paris, 1820. — Larochefou- caud-Liancourt. Voyages aux Etats-Unis, 1795-1797. — De Chastellttx, id. , 1781-1783, etc. (a) Constitutions ct Lois fondamentales des Pcuplcs de /'Europe et de V Amirifjue, par MM. Dufau, Dovercier ct Guadet. T. vi, p. 5j et i54- 55o DE L ■'ABOLITION GRADUELLE a la terre , ct transmissibles settlement commc toute autre propriete immobiliaire (i). Nous avons expose avec une enticre impartiality la con- dition des esclaves, telle que l'ont faite la loi et l'usage des colonies. Resumant les points principaux dont il a etc ques- tion dans cette premiere partie, nous obtenons les resultats suivans : i°. Quant a ce qui concerns la nourriture, le logement, les vetemens et les soins donnes aux malades, aux enfans, etc., les esclaves sont, a peu pres partout, sous ccs diver* rapports, plus bumainement traites qn'autrefois, mais a des degres bien differens, suivant la diversite des circonstances qui peuvent modifier la situation des maitres. 2°. L'usage de taxer le travail, de maniere a ce qu'il reste a l'esolave un nombre divers de jours dans la semaine ou il lui est loisible de travailler pour son compte, n'est etabli que dans un petit nombre de colonies ou de possessions. 5°. La duree du travail de jour ct de nuit, les heures de re- pos que necessitent le sexe, l'age , les forces ou les situations diverses des individus sont a peu pres partout, de fait, sinon de droit, laissees a la volonte du maitre ; il n'y a d'exception a cette regie qu'en faveur des femmes enceintes. 4°. L'instruction reelle clans les principes de la foi chre- tienne, comme base de la societe moderne , est negligee et presque nulle dans beaucoup d'etablissemens, ou la plupart des esclaves sont encore livres a l'idolatrie ou a la supersti- tion. 5°. L'institution du manage est peu eneouragee dans quel- ques colonies; elle n'est en usage ordinaire que dans les colo- nies espagnoles. 6". La vente des individus d'une meme famille n'est probi- bee, sous quelques restrictions, que dans cerlaines colo- nies. (i) Warden. T. hi, p. 488. DE L'ESCLAVAGE. 53 1 •p'. L'emploi du fouet comme chatiment domestique et legal est consacre partout; mais 1' usage a rendu cet emploi plus rare. Presque partout , le nombre des coups est limite ; le fouet ne pent plus etre signe dautorite, ou stimulant du travail, et il est prohibe a l'egard des femmes, dans quelques colonies anglaises seulement. 8°. L'usage des registrcs des chutimens dans les habita- tions n'existe que dans un petit nombre de colonies an- glaises. 9°. L'institution d'un magistrat en litre, protecteur des es- tlaves , est bornee a quelques colonies anglaises et espa- gnoles. io°. Le droit de propriete et de Libre disposition de tout ce qui peut entrer dans le pecule , sous l'autorite du maitre, et d'une facon plus ou moins restreinte, est universellement consacre. n°. Le droit d'intenter personnellement toute action ci- vile contre un Blanc n'est reconnu que dans quelques colo- nies. 12°. La faculte de changer de maitre, sur motifs vala- bles , et d'apres decision des magistrate, est reconnue seu- lement dans les colonies espagnoles et an Bresil. i3°. Le droit de defense personnelle contre les Blancs n'est explicitement reconnu nullepart; l'esclave est severe- ment puni dans quelques colonies pour l'avoir exerce. i4°. Le meurtre ou la mutilation contre la personne d'un esclave ne sont encore punis que d'une amende ou du ban- nissement dans quelques colonics. i5°. Les esclaves accuses sont presque partout juges d'a- pres des formes et par des tribunaux exceptionnels. II y a partout pour eux des lois penales particulieres d'une extreme rigueur. i6°. Enfin , leur temoignage est repousse en justice contre leurs maitres, dans la presque totalite des etablissemens colo- niaux, et dans quelques- uns seulement contre les Blancs en general. 55 » NOTICE Voila ce qu'est l'esclavagc colonial; dans la seconde partie de ce travail, nous ferons ressortir les consequences natu- relles et necessaires de l'etat de choses que nous venons de constater. P. A. Dufau. •NWWVMVWWX NOTICE BIOGRAPHIQUE Sur M. le baron Fourier, Secretaire perpetuel de CAcademie des Sciences, et membrs de I' Academic francaise (1). Les sciences viennent de perdre, dans la personne de M. Fotjrier, un geometre et un physicien du premier ordre ; les lettres, un ecrivain d'un talent superieur; la France, un des hommes qui Font ulilement servie dans de hauts emplois, ou qui l'ont le plus honoree par leurs travaux et leurs decou- vertes. Ce n'est point son eloge qu'on se propose de faire ici ; cette tache, cet honneur plutot, ne peut appartenir qu'a ceux de ses confreres qui marchent sur ses traces; seuls ils sont dignes d'apprecier son genie. On desire seulement, dans cette Notice, donner des details purement biographiques; et ceux qui vont etre presentes, recueillis dans la conversation meme de rillustre defunt, dans celle de ses amis, dans la lecture de ses ouvrages, et dans les pieces imprimees et manuscrites qu'il avait bien voulu confier, recevront encore un interet puissant du sujet meme auxquels ils s'appliquent et de leur grande exactitude.. Jean-Baptiste-Joseph Fourier, ne a Auxerre, le 21 mars 1768, etait issu d'une famille originaire de Lorraine. Son (1) Cette Notice, sauf quelques changeinens et additions, est celle que I'auteur a fournie a la Jliographie itniversctle et portative des Contempo- rains, dont il est maintenant dirccteur. SUR M. LE BARON FOURIER. 557. grand-oncle, Pierre Fourier, relbrnialeur et general de l'Or- dre des chanoines reguliers, honora le clerge par de grandes verlus, et institua une congregation de femines, ajoutant aux trois voeux des religieuses nn quatrieme voeu, qui n'est pas le moins respectable, et qui certainement est le plus utile, celui d'enseigner gratuitement les enfans des pauvres. Plusieurs maisons de cet Ordre ont ete conservees en France, et notam- nient dans la capitale. M. Fourier fut place fort jeune a l'e- cole inilitaire d'Auxerre. Une grande intelligence se deve- loppa chei lui de tres-bonne heure; il fit toutes ses classes avec une rapidite surprenante , et en avait acheve le cours a l'flge de treize ans. C'est alors qu'il commenca a se livrer avec ardeur a 1'etude des mathematiques. Cette etude ne lui fit cependant pas negliger la culture des lettres; il y trouvait du charme, et scmblait pressentir que la litterature aussi de- vait etre pour lui un moyen d'illustration. A peine age de dix- huit ans, il avait deja fait plusieurs decouvertes mathemati- ques impoi tantes ; elles sont consignees dans un Memoire ou d'excellens juges retrouverent le genie precoce de Pascal. On le nomma, vers cette epoque, professeurde mathematiques a l'ecole militaire ou il avait ete eleve. Peu d'annees apres, lors- qu'on institua a Paris VEcole normale, M. Fourier y fut en- voye , par son departement, comme un des professeurs les plus capal)les de cultiver la partie philosophique des scien- ces. On reconnut bientot la necessite de diviser l'auditoire en plusieurs sections destinees a des entretiens scientifiques entre les eleves, et M. Fourier futchoisi pour etre un des di- rectcurs de ces conferences. Plus tard, VEcole centrale des Tracaux publics, nominee depuis Ecole Polyleclinique, fut or- ganisee sur des bases fixes ; Lagrange et Monge desi- gnerent M. Fourier pour etre un des professeurs de cette institution, que l'Europe a tant enviee a la France, et ou les sciences etaient alors enseignees par ceux-memes qui en avaient recule les limites. L'elocution facile et elegante du jeune professeur, l'urbanite de ses manieres, l'intcret qu'il savait repandre sur la science par les idees profondes dont il 554 NOTICE enrichidsait sea lecons, et par la raaniere pliilosophique tlont il les presentait, le iirent generalement cherir et respecter des uteres. Cetait l'epoque on Ton meditait en silence l'ulilc et glo- ricusc conquetc de l'ligyplc.'Le grand liomnie qui devait dinger celte memorable expedition voulul que la guerre de- vint un moyeo de civilisation pom- les pays conquis, et la Commission d'Egyple fntorganisee. Les connaissanees varices, les lalens de M. Fourier, l'avaient fait apprecier du gouver- nemenl; on le mil an nombre des savans qui devaient accom- pagnerle general Bonaparte, et on le chargea en menie terns de proposer les eleves de l'Ecole Polytechnique qu'il conve- nait de leur adjoindre. M. le comte de Chabrol, aujourd'hui prefet du departement de la Seine, fut un des eleves designes. Cette circonstance n'a peut-etre pas ete sans inlluence sur la carriere de ce savantadministrateur; s'ilenetait ainsi, cc serait un litre que M. Fourier anrait acquis, long-tems d'avance, a la reconnaissance de la ville de Paris. La vie litteraire de M. Fourier est liee intimement a cette expedition loinlaine, dont le but etait alors inconnu, et qui devint uneepoque a ja- mais eelebre pour les sciences et les arts, comme elle fut un brillant episode de gloire pour nos armes. Apres la soumis- sion du Kaire, Vlvstiltit d'Egypte fut cree ; M. Fourier s'y trouva compris. L'experienee ayant fait connaitre la necessite d'etablir dans les Societes savantcs des secretaires perpetuels, on proceda a celte nomination, et toutes les voix designe- rent M. Fourier. Plusieurs fois il presenta d'importans Me- moires a cct Inslitut. Bientot des soins poliliques vinrent se meler aux travaux du savant; M. Fourier, juslemcnt appre- cie, fut choisi pour etre le commissaire de l'armee franeaise aupres d'un divan forme des principaux Llemasde la ville du Kaire et des provinces, apres que la prudentc severite du ge- neral en chef cut calnie 1'humeur inquiete des revokes de la capitale. Bonaparte n'avait rien neglige pour entretenir des relations utiles et familieres avec les habitans, et cct art de '.'omuumiqiicr avec les hommes, que M. Fourier possedait a un haul degre, le rend ait en effet tres-propre a etablir l'union SLR 31. LE BARON FOURIER. 555 entre ['administration civile et Farmee. Lc general en chef pailit alors pour aller rompre la frame immense qui s'our- disfeoit contre lui en Syiie. 31. Fourier fut retenu au Kaire. Pendant Pabsence du chef supreme, le pouvoir de l'admi- nislrateur s'accrut encore, et, comme l'a remarque 31. Ville- main, le secretaire perpetuel d'une academic se trouva pres- quc le gouverncur d'une moitic de PEgypte. Plus tard, l'ad- ministration d« la justice fut aussi confiee a 31. Fourier; on fit alors les malheurs de la guerre alleges par le bienfail des lois. Bonaparte, en quitlant l'armee pour revenir en Fiance, avail laisse, avec la prevoyance la plus attentive, tous les or- dres necessaires pour favoriser les nobles excursions que le zelc des savans francais devait tenter de nouveau dans la Haute-Egypte. II avail divise ces ardens explorateurs en deux sections, et avait senti la necessite de nommer un chef dans chacune d'elles. 31. Fourier se trouva designe pour etre l'un de ces chefs. Jusquc-la, les savans francais n'avaient pu que rarcment s'avancer dans les provinces meridionales de l'E- gypte. La victoire leur ayant ouvert cette contree, ils visite- rent plus Iibrement les ruines magnifiques de Thebes, et chacun d'eux prit part a ces decouvertes, que Ton pouvait direconquises surl'ennemi, puisque, selon l'expression meme de 31. Fourier, elles avaient lieu dans des courses perilleuses oii le geometre, l'artiste, l'cleve de Buffon, calculaient les grandeurs, dessitiaient les monumens, observaient la nature a la favour d'une victoire, ou dans 1'intervalle de deux com- bats, lis remonterent le cours du Ml et visiterent Tile, mys- terieuse d'Elephantine. C'est dans ce voyage celebre que 31. Fourier recueillit sur lelieu meme ces impressions si vives dont ses recits se sont animes plus tard. Si son zele fut sur- passes, ce ne put etre que par celui de l'intatigable Denon : niais, en general, nul n'a concouru plus efficacemenl que lui a la composition du grand ouvrage sur l'ligypte. H n'en menait pas moins de front les h'autes fonctions qu'fl i\ait dans Parmee : lorsque M'orad, craignanl le depart des 556 NOTICE Francais, oil'rit de traitor avec Richer, par l'entremise dc son cpousc, la belle Scilty Nefirah, que cc Bey avail enlcvec u Aly, ce fut M. Fourier qui conclut le traite avec cette femme celebre ; alliance qui amena une pacification desiree, mais qui dura trop peu. Ce fut encore lui dont l'herolque arniee d'Egypte emprunta la voix pour exprimer ses regrets, lorsquc le Per d'un assassin fanatique eut frappe le malheureux Rleber. M. Fourier, du haut d'un bastion, celebra dignemenr, en presence de toute l'armee, le vainqueur de Maastricht et d'Heliopolis. Quand il fit entendre ces mots : « Je vous prends a temoin, intrepide cavalcrie, qui accourfites pour le sauver sur les bauteurs de Coralm, » l'armee se troubla en agitant ses etendards, et l'orateur, partageant la douleur commune, s'arreta, interrompu par le bruit des armes ct le fremisse- ment de tant de soldats en pleuis. Peu de mois apres cette triste solennite, on apprit au Raire Ic destin du genereux Desaix, recemment parti d'Egypte. L'orateur de l'armee d'Orient eut encore a celebrer la memoire de ce grand capi- taine au lieu meme oii il avait honore les restes de Kleber ; et, cette fois encore, son eloquence s'eleva a la hauteur de son sujet. Retenu en Egypte jusqu'au terme de I'expedition, M. Fou- rier revit enfin la France avec le petit nombre de savans et de guerriers echappes a cette expedition aventureuse. D'une conquete si bardie, de tant de combats et de gloire, il restait les travaux de la science, la carte du pays, la copie des mo- numens; il ctait au moins a desirer qu'on ne laissat perdre aucun de ces signes precieux de notre passage en Egypte. Mais il etait a craindre que chaque savant en particulier ne voulQt faire usage separement de cc qu'il avait recueilli, et que l'ensemble des resultats ne fut ainsi morcele. M. Fourier, interpelle par le premier consul sur ce que Ton disait de la grandeur et de la magnificence des portefeuilles rapport* d'Orient, profita de cette circonstance pour appeler sa sollici- tude sur ce sujet. II fut arrele que toutes ces richesscs sc- raient reunies, et que l'ouvrage sur l'Egypte serait public aux SUR M. LE BARON FOURIER. -557 frais du gouvernement. Les savans auxquels ce soin fut commis designerent, par un suffrage unanime, M. Fourier, pour tracer le frontispice du temple qu'ils allaient elever a la gloire des sciences et de la patrie. Le premier consul voulut recompenser un homme qui, sans solliciter aucune distinction, avait rendu d'aussi emi- nens services; il ecrivit a Berthollet, le 18 pluviose an 10, pour savoir si la prefecture du departement de l'lsere pour- rait etre agreable a M. Fourier. Ce savant fut en effet nomme prefet de Grenoble, le 2 Janvier 1-802. II fut aussi compris dans la Legion -d'Honneur, aussitot qu'elle fut creee , et nomme baron avec dotation, en 1808. Pendant les quatorze annees de son administration, elle ne parut pas souffrir des distractions de la science ; elle en profita me me : de grands travaux publics furent acheves; le dessechement des marais de Bourgoin, qui infectaient plus de quarante communes, fut execute, et cette vaste et salutaire entreprise, si souvent et si inutilemcnt tentee, fut terminee par l'influence d'une ad- ministration active, pleine de sagesse et de fermete. Au milieu de soins administratifs aussi imporlans, ftl. Foti- rier parvint cependant a accomplir la tacbe difficile qui lui avait ete confiee. Ce fut pendant les huit premieres annees de son sejour a Grenoble qu'il ecrivit ce discours qui sert de preface bistorique au grand ouvrage sur l'Egypte; exposition eloquente, rapide et bien ordonnee, ecrite, selon Texpression de JM. de Fontanes, avec les graces d'Athenes et la sagesse de l'Egypte, et ou sont minis a grands traits les evenemens de l'histoire, les observations de la science, les vues de la poli- tique. C'est dans ce discours, regarde comme un des beaux monumens de la langue francaise, que l'auteur, invoquant a la fois l'autorite des Ages et les speculations du genie, a re- pandu de vives lumieres sur les entreprises que pourrait essayer l'Europe pour civiliser l'Orient, et que Ton rencontre quelques-une9 de ces hautes pensees auxquelles recemment encore Pillustre ecrivain pretait une elevation et une energie nouvelles. f>5S NOTICE L'Institut dc Franco ayant propose, en 180G, line question d'une dilfieultr egale a son importance, cellc de determiner les lois de la propagation de la chaleur dans les corps solides, M. Fourier erea, pour resoudre ce probleme, en l'agrandis- sant encore, des melhodes enlierement nouvclles; il les veri- iia par des experiences extremement curieuses, fades avec les instrumens les plus precis dont on eCtt encore fait usage, et donna, en 1807, une solution complete de la question pro- posee. Elle oblint le prix, et placa I'auleur au rang de ccs homines rares qui savent prouver, quelque illustrcs qu'aicnt ete leurs predecesseurs, que le genie peut toujours fljouter a la science. En 1811, M. Fourier remit a lTnslitut un second Memoire sur le meme sujet : ces denx ecrits ont forme le corps du grand ouvrage qu'il a public plus tard. En 18 1 5, lorsque l'empereur Napoleon debarqua en France et s'avanca vers Grenoble, M. Fourier, sur un avis du prefet du Var, flt publier, le 5 mars, une proclamation pourmain- tenir l'ordre, et faire respecter le gouvernement du roi et la Charte constitutionnelle. II sortit de la ville a l'arrivee du vainqueur; mais Napoleon le fit ramener dans Grenoble. Dans cette circonstance difficile, M. Fourier etait expose a un dan- ger imminent ; il en fut preserve par 1'affection des habitans e,t par la politique habile de l'empereur, auquel il fut pre- sents au milieu d'un immense eoncours de monde, et qui le nomma, le 12 mars, a la prefecture du departement du Rhone. Les principaux babitans de Lyon, qui connaissaient tout le bien qu'on pouvait attendre de cct habile magistrat dans des conjonctures aussi critiques, desiraient vivement que ces fonctions lui fussent confiees, et qu'il les acceptat : M. Fourier etait alors dans l'impossibilite de les refuser; mais les principes de justice et de moderation qui ont tou- jours regie sa conduite ne lui permirent pas de conserve!- cette place. II se refusa par ecrit aux mesures qu'un ministre exigeait de lui, et il fut revoque par decret du 12 mai sui- vant. Napoleon lui dit plus tard qu'il avait compris sa con- duite, ct qu'il I'approuvait. SUR M. LE BARON FOURIER. 559 Rendu a lui-meme, le celebrc gcometre vint hahitcr Paris. En 1816, il hit, a l'Academie des sciences, un Memoire Bur les vibrations des surfaces elastiques, qui contenait plusieurs integrates encore inconnues d'equations appartcnant a des questions dynamiques'. La meme annee, cette academic l'ap- pela dans son sein ; mais Louis XVIII, iuduit en erreur sur la conduite politique de ce savant, refusa de lui accorder sa sanction royale. Cependant, en 1817, les suffrages s'etant reunis une seconde fois en sa favour, le Roi, apres un exa- men attenlif de tous les faits, approuva l'election. Peu de terns apres , M. Fourier fut choisi pour secretaire perpetuel de l'Academie, conjointement avec son illustre confrere, M. le baron Cuvier. Enfin, la Societe royale de Londres, et d'aulres academics etrangeres voulurent aussi partager 1'honneur de le compter parmi leurs membres. En 1820, M. Fourier ajouta a ses decouvertes la solution d'une question extremement compliquee ; elle consiste a for- mer les equations differentielles qui exprkoent la distribution de la chaleurdans les liquides en mouvemcnt, lorsque tomes les molecules sont deplacees par des forces quelconques, combinees avec les changemens de temperature. Ces equa- tions appartiennent a l'hydrodynamique generate, et Ton doit a leur auleur d'avoir complete cette brancbe de la me- canique analytique. Ce fut en 1822 que ce grand geometre livra au monde sa- vant son admirable traite intitule : Theorie analytique de la Chaleur. Le discours preliminaire, et en parliculier un passage de ce discours qui nous a surtout frappes et qui peut-etre n'a pas ete assez rernarque, suffirait seul pourmettre HI. Fourier au nombre des geometres philosopbes auxqucls il appartieut d'arracher a la nature quelques-uns de ses secrets les plus ca- ches. Jusqu'a lui, les effets de cet element universel etaient restes en dehors des theories mecaniques. Les lois constantes qui en reglent la distribution etaient encore inconnues ; on avail recueilli des observations precieuses; mais on ne eon- naissait ainsi que des resultats partiels, et non la rbmonslia- 5()o NOTICE lion mathemalique des lois qui les comprennent tous. L'il- luslre aulcur est parvenu a les dccouvrir et a lcs renfermer dans les formules d'une haute analyse, en sorte que desormais (cite theorie formeia unc des branches les plus importantes de la physique generale. Scs priacipes sont deduits, commc ceux de la mecanique rationnelle, d'un ties-petit nombre de fails primonliaux, dont les geometres ne considerent point la cause, mais qu'ils admettent comme resullats des observa- tions communes ct confirmees par toutes les experiences. Les principaux resultats de cette theorie sont, comme on I'a deja dit en partie, les equations diff< rentielles du mouve- ment de la chaleur dans les corps solides on liquides, et l'e- quation generale qui se rapporte a la surface. Ces equations, comme celles qui expriment les vibrations des corps sonores ou les dernieres oscillations des liquides, apparliennent a une des branches de la science du calcul le plus recemment de- con vertes, ctqu'il importait beaucoup dc perfectionner. Apres avoir etabli ces equations differentielles, il fallait en obtenir les integrates; ce qui consiste a passer d'une expression com- mune a une solution propre assujettic a toutes les conditions donnees. Cette recherche difficile exigeait une analyse spe- ciale que M. Fourier a crcee, et qui est fondee sur des theo- remes nouveaux dont nous ne pourrions ici faire connaitre la nature. II suffira de dire que la methode qui en derive ne laisse rien de vague et d'indetermine dans les solutions; qu'elle les conduit jusqu'aux dernieres applications numeri- ques, condition necessaire de toute recherche, et sanslaquelle on n'arriverait qu'a des transformations inutiles. II est digne de remarque que ces meme- theoremes s'appliquent a des questions d'analyse generale et de dynamique dont on desirait depuis long-tems la solution. On pent facilement juger de quelle importance doit etre cette theorie toute nouvelle, pour lcs sciences physiques et pourl'economie civile, et quelle peut etre son heureuse influence sur les progres des arts qui exigent l'emploi et la distribution du feu. En general, et c'est ici un des caracteres de son genie, M. Fourier, dans toutes SI 11 M. LE BARON FOLRIiifi. 5 eu la gloire de mcltrc la derniere main. Malheureusement . cet edifice est un temple dont mil profane ne pent approcher; a 1'exception d'un tres -petit nombre d'inilies, tous les autres humains en sont exclus. La connaissance du systeme du monde ne se propage pas antrement que celle des dogmes de la foi ; presque tons sont reduils a croire sur la parole de ceux qui ont pu voir. Mais comment pent -on sc faire introduire dans le sanctuaire , et jouir de la vue de toutes les merveilles qu'il renferme? 11 faut se livrer a de longnes et profondes etudes, se i'amiliariser avec les instrumens des sciences exac- tes, avec les melhodes de calcul et l'usage des signes qu'elles emploient. Des cbarlatans de savoir pretendent que Ton pout eviter toutes ces fatigues, et proposent d'inlroduire, par une voie plus courte et plus facile, aupres de ces verites sublimes que l'analyse malbematique se plait, disent-ils, a couvrir de ses tenebres ; ils trompent lenrs trop confians auditeurs, et ne les eclairent que de fausses Incurs, ne leur montrent que des images incorrectcs et meconnaissables , au lieu de repandrc une lumiere vive et pure sur les formes reelles des objets. Lfe- criture algebrique est certainement la plus logique et la plus precise de celles qui offrent leur secours au raisonnement, et il n'est pas aussi difficile qu'on se l'imagine deparvenir a com- prendre tout ce qu'elle exprime tres-bien, et que le discours ordinaire ne traduirait qu'imparfaitement. Les traites dits po- pulaires, si multiplies aujourd'hui, s'accordent tous u proscrire l'algebre et ses signes ; quel effet pcuvent-ils operer , sinon d'abaisser l'instruction moyenne au-dessous du niveau qu'elle eCit alteint si Ton eut donnc aux gens du monde une idee moins retrecie de la portee de leur intelligence? On ne refu- sera point a ces traites le merite bien reel de dirigcr les esprit s vers des objets digues de leur attention; mais on n'accordera jamais qu'ils puissent reveler le mecanisms de l'univers aux intelligences capables de le comprendrc. Mais, pour cenx memes qui abordentl'astronomie physique avec une suflisante provision de connaissance d'analysc nia- thematique, I'etude de cclte science n'est pas exempt* de dit- 57o SCIENCES PHYSIQUES. licultes, qui proviennent principalement dc la diversile ties inclhodcs s 1 1 i \ i e s par les geometres qui lui ont consacre leurs veilles. Comme ehaque question Cut traitee isolement, et par des rechcrclu s analyliques appropriees au sujet, lcs solutions parricuKeres auxquelles on ctait parvenu ne preparcrcnt point les voles pour arrivcr a d'aulres resultats ; I'edifiee s'elevait et sc consolidait, quoique cbacun de ses niateriaux eut etc fa- conne, sans que Ton pi it soin de le raccorder avec les parties adjaeentes. Ce defaut de vues concertees, ce dcsordre dans les investigations, etaient inevitables; car telle est la marche du genie ; et il n'etait reserve qu'aux plus eminentes facultes de rontinuer Foeuvre de Newton. D'Alembert enrichit la dyna- mique de son principe . theoreme si general qu'il renferme toule une science dans son simple enonce. Jean Bernouilli lournit son contingent par la decou verte du Principe des Fitesses rirtuclles. Lagrange reunit ces deux sources d'expressions ana- lytiques , et il en deduit celles du mouveuient d'un systeme dc corps agissant les uns sur les autres suivant une loi quel- conque. Laplace entrait alors dans la carriere , et cominencail ,i pii parer des niateriaux pour sa Mecanique celeste , le plus taste des monumens eriges a la science, et qui a manifesto plus qu'aucun autre l'immense pouvoir de Fanalysc mathema- tique- Mais une instruction placee aussi haul n'etait accessible qu'a ceux qui, sachant deja beaucoup, nc manquaient point de tems pour de profondes etudes. En cherchant les moyens d'v atleindre plus facilement, onvoit d'abord querien nepeul ^uppleer aux connaissances preparatoires ; quant au travail tilterieur, il semble qu'on le rendrait plus court et moins pe- nible, si Fon profitait de toutes les ressources que Fanalyse [)ossede actuellement, et si Fon parvenait a mettre plus d'u- nil'ormite dans les metbodes. Tel est le service qu'un jeune geometre s'est propose dc rendre a ses compagnons d'etudes matbematiqucs et qu'ils lui devronl en effet, comme on pent sYn convaincre en parcourant Fouvragc dc M. de Pontccou- lant. SCIENCES PHYSIQUES, 57] L'auteur tie YEssai sur tes Perturbations des Cometes, Me- moiro eouronin: par 1' Academic des Sciences, qui avait rcmis trois fois inutilenient ce sujet au concours, semblait designe d'avance pour servir de guide a tous ceux qui auraient l'am- bition de s'elever jusqu'a la Mecanique citesie. Quoiqu'il sou- mette a de nouveaux procedes analytiques les questions trai- tees dans cet ouvrage, il a cru devoir se conformer, en general, au plan suivi par 1'illustre auteur. Le premier livre de la Thcorie analytiquc du Syslime duMonde est consacre a l'exposition sommaire des lois generates de 1'equilibre et du uiouveinent, et aux formules qui les expri- rnent. Centre 1' usage qui semble s'etablir aujourd'hui , l'au- teur ne s'attacbe point a rendre difficile ce qui n'eCit point em- barrasse, a introduire une complication qui ne serait point dans les choses, a obscurcir les notions les plus simples et les plus claires; au contraire, tout ce premier livre est d'une lu- cidite que Ton cherchera sans doute a egaler, lorsque la mode actuelle n'exercera plus son empire, lorsque Ton debarrassera Kentree de la carriere des epines dont on l'obslrue , et qui ne devraient se faire sentir que dans les haules regions de la science. Los formules etablies dans le premier livre sont appliquce> au systeme planelaire. Consideree sous cet aspect general, l'astronomie physique presente trois problemes a resoudre : i° determiner les orbites des planetes autour du soleil; 2°cal- cnler le mouvenient de rotation de ces corps autour de Lews axes; 5" soumctlre egalement au calcul leurs figures, que 1 'at- traction modifie, aussi-bien que leurs mouvemens. Le pre- mier prohleme a etc* resolu plus completement que les deux .nitres, parce que ceux-ci n'admettent aucune simplification , rt que les observations ne fournissent que peu 011 point de donnees pour l'application des formules analytiques. Notre planete est la seule dont nousayonspu, jusqu'a present, de- terminer la figure et le mouvement de rotation autour de son nxe. Les methodes tie calcul que Ton doit au genie do Lagrange 5ya SCIENCES PHYSIQUES. -mi! I.i plus precieuse acquisition quo les sciences mathema- tiqucs aienl faite depuis Newton : elles ont eclaire plusieura points de la mecanique celeste , et particulierement la theoiie des perturbations planetaires. Ccs ingenicux artifices d'ana- lyse simplifient le calcul des differentes forces qui agissent sur un systeme de corps, el presentent les rcsultats sous nne forme qui laisse apcrcevoir facilemcnt lenrs relations rau- tuelles. Notre auteur ne manque pas de les employer partout oil ils sont applicables ; et c'est ainsi que son traitc est devenu court et facile a lire, sans cesser d'etre complet. Dans l'etat actuul de l'astronomie physique, l'attention des geometrcs et des astronomcs doit se dinger principalemcnt vers la theoiie des cometes. Ce sera par l'etude de ces corps cpie nous pourrons penetrer plus intimement les mysteres de la constitution dc l'univers. Malheureusement, on ne peut les observer que pendant leur courte apparition, dans une tres- pelite partie de leur orbite ; leur masse est done encore in- connue , ainsi que la force qui les retient dans leur orbite , malgre l'attraction solaire. C'est aux geometres qu'il est re- serve de tracer cette orbite, d'en achever le contour d'aprcs le petit nombre dc points que l'observation a pu determiner sur un arc d'une tris-petite etendue. Parmi les methodes propo- sees pour resoudre cette question, on distingue celle de Lam- bert, plus elegante que correcte, celles de Laplace et de La- grange; c'est cette derniere que M. de Pontecoulant a suivie en la modifiant pour la rendre plus facilement applicable ; et, a cet egard, il a tres-bien reussi : parmi toutcs les manieres de proceder a ces calculs, celle de notre auteur est la mieux a dap tee aux besoins de la pratique. Cependant, il serail utile, et meme indispensable, clans certains cas, de recourir a la methode de Laplace : cette consideration a decide HI. de Pontecoulant a exposer cette methode dans une note placee a la fin dn second volume, et, selon son usage, il la simplifie et la rend plus commode qu'elle ne paraitra , si on l'etudie dans la Mecanique cHestc. Les perturbations que les cometes eprouvenl dans leur SCIENCES PHYSIQUES. 5-5 mouveuient sont beaucoup plus considerables et plus diffi- ciles a determiner que celles des planetes. En effet, a la dis- tance prodigieuse ou les cometes parviennent en s'eloignant du soleil, l'attraction decetastre devient extremement faible, et les forces pcrturbatriees doivent agir avec plus d'eoergie. L 'analyse meme ne possede encore que de laborieux moyens d'approximation pour evaluer les effels de ces forces, et il est des cas, dit notre auteur, ou la patience du calculateur doit suppleer a ('imperfection des melhodes de calcul. Parmi les cometes qui parcourent les espaccs celestes, on en compte au moins cent trente donl notre systeme planetaire repoit de terns en terns la visite, ou qui n'cn sortent point. L'bistoire de L'as- tronomie conservera soigneusement toutce qui est relatif a la comete de Halley, que Ton n'a pas revue depuis i?5<); les travaux dont elle fut l'objet, et surtout ceux de Clairaut, qui, apres des recherches d'une longueur prodigieuse, parvint a fixer l'epoque du retour de cette comete avec plus de preci- sion que Halley n'avait pu le faire : le geometre francais ne se trompa que d'un mois sur une periode d'environ 76 ans, et il efitcertainemen! poussel'approximation beaucoup plus loin, s'il avail introduit dans ses calculs une valeur plus exacte de la masse de Saturate, et l'attraction d'Uranus, dont i'existence etait encore ignoree de son terns. La comete de Halley nous fera une nouvelle visite en i835; et cet bote, impatiemment altendu, fixera, pendant toute la duree de son apparition, les regards du monde astronomique. La difference entre l'obser- vation et les resultats du calcul donnera une idee plus exacte de la nature de ce corps celeste ; sa masse sera mieux connue ; on pourra decider si les fluides repandus dans les espaces ce- lestes lui opposent quelque resistance. On comparera aussi ses apparences physiques a celles dont on a conserve le souvenir, ce qui peut donner quelques lumieres sur la constitution de ces sortes de corps, apprendre si le volume ou la densite des vapeurs dont ils paraissent formes subit quelques change- mens, quelque diminution sensible. M. de Pontecoulant ap- 5-, SCIENCES PHYSIQUES, plique a celto comete seg Ibrmules pour le calcul des pertur- bations, el il parvient a ce resultat ! — Passage au perihelie, le 5i octobrc i835. — Demi grand axe de l'orbite, 17,98355 ibis la distance moyenne dc la terre a\i soleil, on environ Ooo millions de lieues. — Rapport do 1'excenlricilc an demi grand axe, 0,967453. — Inclinaisnu de l'orbite par rapport a l'ccliplique, i7°46'5o". L'lionnenr d'avoir decouvert line seeonde comete periodi- qne appartient a M. Encke, de Gotha. Les observations decet astronome, jointes acelles de MM. Aragoct Olbers, prouverent que celte habitante de notre systeme planetaire avait accom- pli quatre revolutions, de i8o5 a 1819, et que, par consequent, sa periode etait a pen pres de trois ans et trois mois. Cette im- portante decouverte nniltiplie nos moyensd'ajouter beaucoup de fails curieux a ceux qui sont deja connus sur les cometes, et de composer peu a pen la theorie des corps de cette espece. L'action des planetes sur la comete d'Encke est si puissante que le passageau perihelie, en 1823, futretardede neufjours. Invisible en Europe, ce petit corps celeste, destine a nousap- prendre tant de choses, tut observe a Paramatta (Nouvelle- Hollande) : multiplionsles observatoiresetlesastronomes, afin de ne rienperdre dece que l'univers astronomique peut nous reveler. Tot ou tard , ces connaissances, qui semblent etran- geres a la destination de l'homme sur la terre, se coordonne- ront avec les autres, et prouveront que l'instruction sur le sys- teme du monde a quelque part dans le perfectionnement moral de l'homme. Depuis 1822, les deux passages de la comete de Encke au perihelie se sont accordes avec les resultats du calcul, sur- tolit le dernier. Pour expliquer les retards anterieurs a 1819, Encke ressuscila l'hypothese d'un milieu resistant : les obser- vations ulterieures apprcndront s'il faut l'admeltre ou la reje- ter definitivement. Jusqu'a present , dit notre auteur, l'exis- tence d'un tel milieu n'est point indiquee par les principalis phenomenes de 1'astronomie physique. SCIENCES PHYSIQUES. 5?5 Entre les rares apparitions de la comete de Halley et des frequens retours de celle d'Encke vient se placer la co- mete de Biela, dont la periode est de six annees, huit a neuf mois. Les variations de l'orbite qu'elle parcourt actuellemenl out etc calculees par M. Damoiseau ; en mai i85i , elle pas- sera tres-pres de Jupiter, et sera soumise, pendant qnelque terns, a Taction de cette planele. M. de Pontecoulant deter- mine, par ses methodes du calcul des perturbations, le grand axe de son orbite, son excentricite, et son inclinaison sur l'e- cliptique, dont la variation, depuis 182G, sera d'environ 20': mais celle du plan de cettt: orbite avec celni de l'orbite ter- restre aura retrograde d'environ 5° i3'45". Tandis que les geomelres s'attachent a resoudre toutes les questions relatives an mouvement des cometes, les physiciens diligent leurs recherches vers les phenomenes qui peuvent nous donner quelques notions de la nature et de la constitu- tion de ces corps. En attendant qu'on puisse arrivera des con- naissances sur cet objet, d'une si haute importance pour I'as- tronomie physique, on est reduit a des conjectures, et on nc les epargne point. Les cometes sont-elles des corps perma- nens, indestructibles, comme les planetes; ou sont-elles tormees accidentellement aux depensdes fluides repandus dans les es- paces celestes, comme les nuages dans notre atmosphere? C'est a une posterite bien reculee qu'il est reserve de repon- dre a cette question, non par des hypotheses, mais par des faits bien constates. Si quelque comete, en passant tres-pres du soleil, etait vaporisee en partie, elle eprouverait peut-ctre une perte qui ne serait point reparee, et qui, se renouvelant aux autres passages pres du soleil , amenerait la destruction totale de ce corps celeste, dont l'existence n'aurait ete qu'e- phemere en comparaison de l'immortalite des planetes. Et , si la comete qui aurait eprouve quelque diminution au peri-' helie attirait ensuite a elle , vers l'extremite opposee de son orbite, quelque matiere qu'elle aurait trouvee sur son passage^ elle se maintiendrait , et pourrait durer toujours, quoique des- tructible par sa nature. Newton ne leur accordait pas cette fa- 5^6 SCIENCES PHYSIQUES. tulte; il pcnsait que ces corps, si legcrs on raispn de lour vo- lume, eprouvaient dans lour marche, par la resistance du niilieu qu'ils travcrsaicnl , un ralonlisscmcnt qui devait les fixer en fin dans la sphere d'atlractinn du soleil , et les pceci- piter vers cet astre, dont ils accroitraient ainsi la masse, et re- pareraientles pertes qu'il failcnntinuullcmcut par 1'emission do la lumiere. Ainsi, dans ['organisation de I'univers, la destina- tion des cometes serait de servir d'aliment aux foyers qui echauffent, eclairent ct vivifient les syslenies planelaires. Cette hypothese n'est pas ibrmcliement contredile par la decou- verte de deux cometes a courte periode ; eependant , elle ne parait plus aussi plausible, surtout depuis que les physiciens eommencent a douter que la lumiere soit une emanation du soleil. Quoi qu'il en soit, les deux corps celestes dont il s'a- git seront observes avec assiduite a chacune dc leurs appari- tions; on notera soigneusement les modifications de lcurmou- vement, de leur volume, de leur apparence; leurs frequens retours dpnnerout lenioycn, non-seulement de multiplier les observations, mais en memc terns de les rendre plus precises et plus digues de confiance. On sait deja que la masse de ces co- metes est exlremement petite, qu'elles ne peuvent exercer une action sensible sur les planetes, qu'elles ne derangent point l'orbite terrestre, nun plus que son mouvemenl de rotation; en un mot, qu'elles eprouvent de grandes perturbations, et n'en causent point que nos instrumens puissent nous faire apercevoir. Les seules cometes visibles sont cedes qui traversent l'es- pace renferme par l'orbite terrestre. Si Ton suppose que ces corps abondent egalement dans toutes les regions du ciel, on devra conclure qu'il n'y en a pas moins de 25o,ooo qui s'ap- prochent du soleil a une distance moindre que celle d'Uranus. Apres Pexpositiondes lois du mouvement de translation des corps celestes, M. de Ponlecoulant passe a celle du mouve- ment de rotation, matiere plus difficile, et qu'il traite avec une habilete tres-remarquable : nous serions tente d'ajouter qu'il surmonte avec bonhcar toutes les difficultes qui depen- SCIENCES PHYSIQUES. 5;7 dent tie l'expression analytique. Avec le secours des metho- des de Lagrange, et des lumieres qu'il tire des travaux ante- rieurs de M. Poisson sur le meme snjet, il renferme dans les inemes formules les effets de ('attraction sur le mouvement de rotation des planetes, et les derangemens qu'elles cprou- vent dans leur orhite par I'action de la meme force. En effet, puisqu'il n'y a qu'une seule cause et une seule loi , l'ex- pression de l'effet ne peut varier que parce qui particularise la question dont on s'occupe : ici l'analjse se montre telle qu'elle est en effet , la langue la plus correcte que le raisonne- ment ait faite pour sou usage, et la plus propre a seconder ses operations sur les choses qn'elle peut exprimer. Les planetes qui composent notresysteme solaire, exercant leur attraction les unes sur les autres, modifient de deux ma- nieres le mouvement de rotation de chacune: ou elles occasio- nent un deplacement de l'axe de rotation, par rapport a la planete meme, ou seulement un cliangement de la direction de cetaxe dans lesespaces celestes. D'Alembert fut le premier qui donna line theorie complete de ce mouvement de Tare terrestre, au moyen duquel Bradley avait explique le pheno- mene de la nutation ; le geometre franeais determina la forme de l'ellipse que l'astronome anglais avait supposee decriteen vertu de ce mouvement. Mais il est evident que cette maniere d'envisager la question n'est pas assez generale, car l'axe ter- restre peut changer a la foisde situation par rapport aux etoi- les fixes et dans l'interieur de la terre; cette variation serait lu plus importante pour nous, car elle ferait balancer, a la sur- face de la terre, la position des poles et de I'equateur, et, par consequent, les latitudes et tout ce qui en derive; ainsi l'e- quilibre des mers ne serait pas constant, etc. II est vrai que, jusqu'a present, les observations n'ont fait connaitre aucun cliangement de cette sorte-; mais il n'y a pas long-tems que les astronomes out a leur disposition des inslrumens propres a faire apercevoir ces variations presque insensibles, et a lessoumet- tre a la mesure. D'ailleurs, quelle quesoit la perfection deces inslrumens, et l'espacede terns embrasse par les observations, t. xi.vr. ji'in i85o. 37 >8 SC1KTSCKS PHYSIQUES. ilrpent,exi8terdes mouveoiensd'une telle lentcurque la tbeo- rie ail sonic le pouvorr do les reveler; ainsi, par exemplc, lee inegalilcs scculaires du inouvemenl dos equinoxes, produites par I'ftttractioil dos planctes, affect en t la duree de Fannec tro- piqne; cependantj quoiquo ce inouvemenl ail ete eonslam- ment accelere depuis lo loins d'llipparque, I'annee tropique n'a dimimie que «ie 8 a <)" dans un inlorvallo de plus dcvingl Modes. L'obscrvalion directe no saurait allcindrc ces differen- ces inlininionl pelites; I'analyso viont a son aide. Laplace a dc- inontro le premier quo la position dos axes terrestres peut etre regardee comme pormanente, par rapport a la surface de la lone : (.'analyse do M. I'oisson aconfnmc ocltc decouverle ; i\l . do Ponloeoulant I'a miso a la portee do tous los lecfeurs en elat (\i~ losondro nn problcmc ordinaire ilc mecanique. La terrc el la lone sont los souls corps celestes qui rendenl sensible ^attraction muluellequeles planetes exorcont los nnes sur los autres. Snr la lerro, oolte action so manil'cslo par los pbenomenes do la precession dos equinoxes, do la nutation el de la diminution de I'obliqiiite de l'ecliptique; sur la luno, ellc produit lc carieux ofi'et que Ton nomine Vibration , snjot traile par Lagrange avoc (ant do profondeur et do succcs. On doit a Dominique Cassiui la connaissancc dc doux parli- eularitcs tres-rcmarquables du mouvoment de rotation de la lune ; cet illuslre astronomo constala que l'axe dc rotation do notrc satellite est toujouis egalement incline sur le plandel'c- eliptiquo, el que co memo plan est coupe suivant une niome li"iio par l'orbito el par I'cquatcur lunairo. Lagrange demon- tra quo le second fait est une consequence neeessaire du pre- mier, et que, si lc mouvement n'avait point commence en sa- tislaisant a cos conditions, -on si qiielqnc cause deraiigcait la position actnolle, rallraclion do la tone I'amencrait on la rela- blirait; en un mol, que la luno esl dans un otat CCequilibrc stable. Cos travaux a\ aionl place la llieorie dc la luno boaucoup Iroji haul pour qu'il nc lul point difficile de continue? a I'eloveren- »-ore. On n'aiiem!. pyuria completer, quedesolwterTatiofls el des SCIENCES PHYSIQUES. 579 donnees qui mcttent en ctat de determiner la figure de ce sa- tellite avec plus de precision qu'on ne l'a fait jusqu'ici. L'appli'.ation des formules generalesau calcul desincgalites du mouvcmcnt de rotation de la lune cause par Taction du so- leil et de la terre (celle des autres planetes est tout-a-fait in- sensible) est plus laborieuse que celle dont la terre serait I'ob- jet : il faut y introduire l'obliquite de Tequateur lunaire, par rapport a l'axe instantane de rotation , et la position variable des poles. Au reste, les precedes du calcul sont les memes que lorsqn'il s'agit des mouvemens de la terre, et les resuhats que Ton obticnt sont parfaitement analogues. On y remarquc la demonstration analytique de Tuniformite du mouvement de rotation de la lune, demonstration qui, suivanl loutcs Iespro- babilites, doit s'etendre a toutes les planetes et a leurs satel- lites. En effet, quelles qu'aient cte les causes qui affecterent le mouvement de ces corps a son originc, il nc pent y avoir au- jourd'hui d'autres resultatsque ceux des forces permancntes, dont Taction ne cesse jamais, telles que (^attraction univer- selle. Quoiquc Taction du soleil affecte d'unc maniere sensible le mouvement de la lune dans son orbite, cet astre est sans in- fluence appreciable sur le mouvement de rotation. On deduit aussi de la theorie ce fait surprenant, quoiquc tres-iincien- nement connu, c'est que la lune ne nous montre que Tun de ses hemispheres, et que Taulre ne sera jamais visible pour nous. Ainsi les inegalites seculaires du mouvement de revolution de la terre sont transmises au mouvement de rotation de la lune, et les faitsastronomiques les plus remarquables, parfai- temenl d'accord avec la theorie, devienncntautant dc prcuves en faveur des doctrines de Newton. Apres Texposition des divers mouvemens des corps celes- tes, Tauteur aborde les questions relatives a leur forme. Ici, des obstacles, quel'analyse mathematique ne pouvait surmon- ter, ont ralenli la marche de la theorie ; quoiquc les recher- chcs des geometres aient eu le meme succes, elqu'aucune ap- plication des mathcmatiques A la physique n'ait conduit a des 58o SCIENCES PHYSIQUES. decouvertee analytiques plus bnportantes, a des tommies plus elegantes et plus tecondes en ivsultats, on se trouvait dans l'impossibilite d'en fairc usage sans iotroduire quelque suppo- sition purement arbitrairesur 1'etat primitifdes corps que Ton uonsiderait. Si oes corps avaient commence par etre solides, les geomctres scraienl dispenses de toute investigation , et les obsei vateurs seraient charges seuls de recueillir ce qu'il nous serait possible d'apprendrc sur la forme et les dimensions de res rochere circulant dans les edpaces celestes; mais, s'il est question d'une masse lluide en toutou en parlie, elledoit pren- dre une forme propre a mamtenir I'equilibi'c entre les forces dont elle eprouve faction. La question devient exlremement compliquec. si la masse n'est pas entitlement fluide, si elle est composee d'elemcns de densites diilerentes ; dans ce cas, lien ne pent dispenser de quelque hypo these sur la position initiale de ces molecules heterogenes. Dans les recherches re- latives aux planetes, on a evite tous ces embarras en suppo- posanl que ces corps furent autrefois dans l'etat de fluidite, ei que leurs molecules agissent les unes sur les autres conforme- ment a la loi de la gravitation universelle , en raison inverse du carre de la distance. La theorie de ('attraction des spheroides ne se borne pas aux applications dont la figure des planetes est l'objet ; elle s'etend a plusieursautres questions physico-mathematiques, telles que les problemes d'hydrodynamique, aux theories de l'electricite et du magnetisme, et, en general, a tous lescas ou l'onconsi- dere Taction des forces molcculaires emanees d'un centre. C'est a Laplace que Ton doit cette precieuse acquisition de l'analyse mathemalique, ainsi que ses resultats les plus inte- ressans : mais en la considerant uni([uement comme methode aualylique, on doit dire que M. Yvory l'a perfectionnee , et que, par une heureuseapplication du theoremede Maclaurin, il a surmonte des difficultes qui avaient arrete tous les geo- metres qui s'etaient oeeupes de ce meme sujetapres d'Alem- hert. Newton avail fail plus qu'oifvrir la voie a ces recherches : SCIENCES PHYSIQUES. 58i dans son livre des Principes, il avail demontre qu'uii point materiel renferme dans one sphere ereuse y est partout en equilihrc, ctque cette merae sphere agit sur un point quelcon- que de l'espaee exterieur, avec une force egale a eelle de sa masse reunie an centre. Si done les corps celestes etaient ri- goureusement spheriques, aucune cause ne tendrait a changer leur forme : mais notre planete est legerement aplatie dans le sens de son axe ; quelle pent etre l'influence de cette confor- mation, uon pas au dehors, sur les autres planetes, mais a la surface de la terre et sur les couches inlerieures? iNotre globe est-il parvenu a l'etat de stabilite, ou de nouvelles revolutions physiques le menaceraient-elles encore? L'auteur de la Meca- nique celeste nous a rassure en prouvant, par une savante ana- lyse, que les spheroi'des pcu eloignes de la figure spherique agissenl cxactement comme des spheres qui les egaleraient en masse et en volume. La legitimite de ses preuves a etc con- testee ; ce qui a donne lieu aquelques debats entre M M. Yvory et Poisson. 31. de Pontecoulant demontre aussi cette propriete des spheroides en s'ecartant quclque peu de la direction suivie par Laplace; mais il arrive au meine but, guide par les memes raisonnemens fondes sur les memes principes : au fond, les deux demonstrations ne peuvent etre considerees comme es- senliellement differentes. II reste encore quelques obscurites, quelqucs points conlestcs dans cette partie de la theorie ma- themaliquc du systeme du monde : les geonaetres comptenl sur M. Yvory pour la perfeclionner avec l'habilete dont il a deja donne tant de preuves. En appliquant ces formules gencrales au cas d'unc masse fluidc homogene douee d'un mouvement de rotation, noire auteur arrive d'une maniere tres-elegante a ce theoreine de Legendre : Si le mouvement est renferme entre certaines limiies. deux figures differentes de la masse fluids peuvent satisfaire au.r conditions de I'cquilibre. Cepeudanl une force unique ne peul recllemenl produiie qu'une seule forme do la masse qui re- coil son action ; lorsque le raisonncmenl el I 'analyse malhe- matiquc semblent n'dtre point d'accord, il fant examiner 58a SCIENCES PHYSIQUES. scrupulcuscmeut 1'im et I'autio , jusqu'a ce que la contradic- tion ait totaletnent dispart] ; et, presqne toujour*, c'est ('analyse qui a raisou. Toiitcs ces recherchea prennenl un nouveau degre d'interct, lorsqu'ellcs out pour ohjet la figure dc la terre, et la compa- rison tic ce qu'elle est a ee qu'clle tlcvrait ctre d'aprcs les lois tie la gravitation. Heureusement, plusieurs niethodes viennent s'offrir a la fois pour rcsoudre ce problcme ; chaeune tics con- sequences qui dtrivent dc la 6gure de la terre et dc cclle de l'atmospbere qui l'environne pent fournir ties rcsultats qui servent a rcmontcr jusqu'a la cause qui les a produits. On a commence par des mesures acluelles d'arcs de mcridicns ct de parallcles; on a observe les variations de la pesanteur en plu- sieurs lieux, etc. Ces diverges operations, quidcvaient sevcri- flcr l'une par l'autre, n'ont pas offert la concordance a laquelle on s'attendait : les mesures prises a l'cquateur ctaient inconei- liables avec cclles du meridicn sous le eenle polairc ; mais ces dernicres n'etaicnt point corrccles, eomme on s'en est assure depuis. Newton avait deduit du phenomtne de la precession des equinoxes que l'aplatissement de la terre ne pouvait exce- der la deux cent trentieme partie du diametre de I'equa- teur ; lesmesurcs prises au Perou, aucapdeBonne-Esptrance, en Italic, en France et en Laponie ne donneraient qu'environ un trois cent quaranle-cinquieme ; mais, en n'cmployant que les mesures de Tare entre Dunkerquc et IMont-Jouy, on aurait pourresultat l'inadmissible aplatissement tie pies il'nn cent quarante-cinquiemc. On est fonde a soupconner que ties causes inconnues et purement locales out fait devicr le fil a plonib, et par consequent cause des crreurs dans Pobservation des lati- tudes. Ces deviations dependent, comme on le suit, ties inega- lites asscz visibles a la surface de la terre, et qu'on decouvre dans la densite des combes supcrficielles. On pent done repro- cher aux operations gcodesiques ces causes d'incerlitudes que 1'on ne peut ni reconnailre ni eviler, et, de plus, lee longs et peniblcs travaux qu'cllcs imposcnt. On a done cu recours aux observations dc I'intcnsite de la pesanteur a rliiBferentes lali- SCIENCES PHYSIQUES. j*j ludes , et, comme los variations dc cette mice affactent la viics>c tin peadule a secoudes, c'est par la mesure de cette \ ilesse qu'oo olitient colic dc la pesanteur. Les operations de- vicnncnl promptes, iacilcs, toujours a la portcc de ccux qui vetilent les entrepreudre, ct peuvent fit re multipliees a l'in- fini; dc plus, les resullats no so ressentenl plus dc l'influeucc des causes locales. En cmployant les observations laites an Peroii, au Petit-C.oavc (Saint-Doaiinguc) , a Paris, a .Saint- Pclersbourg et en Laponie, Bl, dc Pontecoulant trouvc, pom raplalisscment de la terre, un trois cent quarante-deuxicuie. valour ti jieu pre* egale a cello qui resulte des closures geode- Mqiies; inais ellc est iul'erieure a cede qui resulterait des ob- servations failes et reeueillies avec beauconp de soin , depuis (piclques annces. Celle-ci saccorde d'uuc maniere tres-remar- quable avee les calculs dc Laplace, qui, d'apres los mouvemens de la lunc , allribuc a la terre un aplatissemenl d'un trois cent sixieme, et qui prouvc, dc plus, que la precession des equi- noxes et la nutation do 1'axe terrcstre sunt precisement ce qui aurait lieu si la terre clait un sphcroule de revolution. En effet, a nicsure que Ton a multiplie les observations, on s'est assure. de plus vn plus, quo les meridiens soul des ellipses semblables ct que les tres-lcgercs differences que Ton pout y anercevii ne tiennent qu'a des causes locales et accidcntelles. Mous n'avons pu fa ire qu'une tns-succincte analyse de co que l'auleur a ronfernie ilans ses doux volumes. Pour com- pleter son ouvrage, il faudrait qiril y ajoutat la theorie des satellites, celle des marees, des refractions, dc tout ce qui compose 1c domainc do l'astronomie pjiysiquej esperons quo iVl. de Pontecoulant en coniposcra un troisieme volume. Lo travail qu'il a si beurcuscment execute est plus propre qu'au- cun autre a repandre les connaissanccs aslronomiques en les rendanl plus accessibles , sans rion diminuer de la grandeur qui attire vers olios los osprils capables d'apprecicr lour su- blime boaule. Les dccou\ cries los plus iinportantcs ne devien nonl rcellemenl utiles, non plus (pie los aulrcs rj chesses dc quelquo nature qu'elles soieal . que lorsqu'elles sortent do la 584 SCIENCES PHYSIQUES. mystorieus* obscurity oil quelques livres les retenaient loin des regards vulgaires, el qu'elles occopent le rang qui leur ap- partient, dans I'ensemble des connaissances humaines. Ed terminant I'examen do cct important ouvrage, jolons un coup d'eeil s 1 1 r I'etal des sciences uratbematiques dans notre p.n s. (i comparons ce que l'on fait ici en leur faveur aux soins qu'on leur prodigue sur le continent. On ne pent eontester que l'immortel auteur de la decouverte de la gravitation uni- verselle n'avait point en de successour dans sa patrie, et que tout cc que ses doctrines out acquis dans l'espacc d'un siecle apparlient exclusivement a des geomctres du continent. Nos astronomes out a peine quitte leur ohservatoire ; ils ont tola- lement neglige la tbeorie, uniquement livres a la pratique. On citera, sans doute, quelques rares exceptions a celte remarque si generate qu'on pourrait la considered coinme unc regie : mais il n'en est pas nioins certain que, depuis Newton, l'ana- lyse matheinaiique, appliquee a 1'astronomie, n'a fait, en A.n- gleterre, aucun progrcs reniarquable. Depuis Flamstead, nous nous sommes livres avec ardenr et succes a 1'astronomie pra- tique, et jamais a aucune epoqne clle ne fut aussi bien cultivee qu'elle lest maintenant dans la Grande- Bretagne. Throng- ton a porte les instrumens astrouomiqnes a un degre de perfection bien rapproche du terme ou l'industrie bumaine sera forcee de s'arreter (1). Munis des meilleurs telescopes que l'on ail jamais construits, nos observateurs ont porte leurs investigations bors des limites du systeme solaire, parcouru l'immensite de l'espace interpose entre les divers systemes qui composent l'Univers. Unc Socield astronomique est fondee; son existence est, a la fois, line preuve et unc garantie de l'interet que l'on prend aux travaux des astronomes observateurs, et de Futile direction qui sera donnee au zele de notre nation (i) L'auteur de eel article parait oablier cc que l'on a fail depuis quelques annees a Munich el a Copenbague. I/Anglelene est p'eul-ctie menacee de perdre la supeiioiile, qu'elle avail acqiiisc dans la fabrication des instrumens destines a la culture des sciences. SCIENCES PHYSIQUES. 585 pour les progres de cette parlie des connaissanees humaines. Esperons que la theorie sera tiree de l'abandon ou elle est tombee, et qu'on deplore meme en lisant les Memoires dela Societe astronomique : on n'y trouve qu'un petit nombre d'ar- ticles oi'i l'analyse matbematiquc soit appliquee a la loi gene- rale de I'Univers; et, dans ce nombre, Irs Memoires les plus remarquables ontete envoyes par des associes etrangcrs. C'est vainementque lesmenibres les plus eclaires et les plus influens de la Societe en expriment le regret; rien ne pent decider nos geometres a consacrer a l'astrononiie pbysique nne parlie de leur terns et de leurs travaux. Les medailles etles encourage- mens ordinaires n'ont rien produit, et ne pouvaient effective- ment obtenir aucun suoces, parce que nos astronomes sont, pour la plupart, encore trop etrangers aux hautes mathemati- ques. On convient que la tbeorie ne pent se passer de bonnes observations qui procurent a l'analyse les donnees sans les- quelles tons ses calculs seraient inuliles : mais la science ne se perfectionnerait point, si elle n'etait cnltivee que comme un art mecanique, n'exigeant que des yeux, de la patience et de l'adresse. II est peut-etre utile de maintenir la division du tra- vail, de ne point faire passer de l'etude aux operations ma- nuelles, et de ces operations aux meditations du cabinet : cette opinion sera fortifiee. par Thistoire de l'astrononiie pratique, ; on a remarque que les observateurs les plus celebres, cenx dont les travaux ont eu la meilleure part aux progres de la science, se sont bornes aux observations, laissant a d'autres le soin de perlectionner la tbeorie. Les connaissances necessaires pour arriver a ce pei fectionnement exigent de longues et pro- fondes eludes, une force d'attention dont peu d'hommes sont capables; il est bien plus aise d'apprendre a manoeuvrer un telescope, et a calculer d'apres une formule; l'astronomie pratique est une occupation facile, amusante; cesattraits man- quent totalement auxbautesmatbematiques ; ellesnecomplent point, parmi ceux qui les cullivent, de simples amateurs. L'etude des lnatbematiqucs ne sera point abandonnec en Angleterre; elle y conservera Eonjonrs assez de faveur pour am sciences physiques. que lcs connaissanccs aelucllcment rcpandiics nc icltogradcnt point : caais les institutions publiques nc font pas asscz, pour dies ; on no s 'attache point a former des geomdrcs capable-* de faife le nu'ilk'iu' emploi des excellcntcs doniiccs fournies par les observations. L'cnscignement des hautes rnalhcinali- qucs est confine dans l'Univei'site de Cambridge ! Mais nos ingenieurs civils et militaires, lcs olliciers dc node armec et de notrc marine sont-ils a portcc dc frequenter cette Univer- site, et d'y terminer lc cours dc leurs etudes? II nous faudrait une Ecole Polytechniquc, commc celle dc France, oti lcs jeuncs gens que la nature a prepares pour l'etude des nialhe- matiqucs, ayanl deja fait preuve de cettc aptitude, et munis des connaissanccs que Ton pent aequerir dans nos ccolcs ac- tuclles, seraient conlics a de savans professcurs, et diriges vers lcs services publics. L'ouvragc dont nous venous dc rendre compte est une demonstration convaincante de la grande ulilite de cettc institution, dont aucune de cedes que nous avons aujourd'hui nc pcut nous tenir lieu. Un jcune ca- pitaine d'elat-major consacre ses loisirs aux theories les plus abstraitcs et les plus dilliciles dc l'analyse et de la niccanique ; il traitc, en se jouant, des sujets qui ont absorbs toute I'atten- tion des maitres dc la science : phenomene des plus remar- quablcs, qui ue sc montre que rarement en quelqtic lieu que ce soit, et jamais chez nous OU nulle cause n'esl capable de lc manifester. Qu'un jcune odicier anglais soil proprc aux etudes dont M. de Pontecoulant a si bien profile , ce sera presquc en pure pcrte ; il nc trouvera dans aucune de nos ccolcs I'instruclion prclimiuaire qu'il lui faudrait pour sc mettrc en etat dc marcher scul dans la carriere. Nous n'a- vons point senti combien la haute instruction mathematiquc et la rectitude qu'elles donnent aux csprits sonl nccessaires dans l'cxercice des diverses fonclions publiques. Le fonction- naire qui en est bien pourvu pourra cerlainement rcmplirscs devoirs avec plus de disccrnement qu'un hommc moins in- -liuil ; ct, dc plus. ccs connaissanccs scront appreciees, en- eouragees; dies se propageroot cnlin. si le gouxcrncmcnl , SCIENCES PHYSIQUES. . 587 convaincu de la puissanle influence qu'elles peuvcnt exerccr sur ^administration, ccsse un jour de les negliger. On n'im- posera point au clerge ['obligation d'etre tres-instruit en ma- thematiques; des succes dans celtc division des sciences ne seront pas un litre pour arriver a Pepiscopa't : mais les ser- vices publics , militaires ou civils, sur mer ou sur terre, les arts les plus utiles et les plus capables d'aecroitre la puissance nationale ne prosperent point sans le secours des mathcma- tiques, et, de tems en terns, ils out besoin de tout le savoir des geometres. Comment ne pas voir avec surprise et chagrin que nous soyons, a cet egard, aussi en arriere par rapport au continent, que nous n'ayons encore adopte qu'une si petite partie des importantes ameliorations que l'enseignement des mathematiques a recues partout ailleurs ! Chez nos voisins, la geometric a pris une forme toule nouvelle; ici, elle est a pen pres comme au tems de Ptolemec. La trigonometric enseignec dans nos ecoles n'a point profite des travaux d'Euler, de La- grange, de Legendre ; nos traites des sections coniques sont, a tous egards, au-dessous dc ce qu'Apollonius nous a trans- mis. Quant a la geometrie descriptive, qui est eminemment celle des services publics et des arts, nous ne la considerons pas encore comme une division speciale de l'enseignement. Sur le continent, elle est introduile dans toutes les ecoles mi- litaires , et consideree comme une partie essentielle de I'in- struction mathematique des officiers. L'Ecole Polytechnique de France n'existe que depuis une trentaine d'annees , et Ton sent aujonrd'hui les heureux effets de l'impulsion qu'elle a donnee aux sciences. A quelques ex- ceptions pres, l'entree dans cette ecole etait une admission dans l'un des services publics dontelle etait la pepiniere com- mune. On n'y entrait qu'apres de severes examens, et a cette epoque, on ne connaissait point, en France, d'aulres distinc- tions que celles des talens et du merite. L'instilution pouvait done choisir ses eleves dans toutc la jeunesse francaise; les concurrens (taient nombrenx . quellcs que fussent les condi- tions qifo:i leur imposait, qiielquc ('-(endue que l'ondonnatau 588 SCIENCES PHYSIQUES. programme des connaissances exigees. Suivant les maximes d'alors, on voulait que les jenncs gens instruils mix I'rais de l'Flat devinssenl utiles a la chose puhlique ; cette pensee, et les reponses du candidal, dirigeaient seules le choix de l'exa- minateur. Une ecole qui comptait parioi ses piofesseurs La- grange, Monge, Berthollet et d'autres savaus dont la Fiance s'honore aujourd'hui, ne pouvait manquer de sucees ; ellc rc- pondit aux esperances que Ton avait coneues. On en \it soi- tir, dans 1'espace de trente ans , presque tons les Francais qui se soot illustres par les sciences. Cetle admirable institution n'a pu, sans doule, se soustraire a toutes les actions polili- ques, ni conserver lous les avantages de son organisation pri- mitive; ma is it lui reste encore assez de sa jcune vigueur pour exercer une sahilaire influence sur ^instruction , sur les pro- gres des sciences, et ce qui est encore plus precieux, sur l'e- ducation Rationale ( 1). Si des habitudes el des prejuges interuisent a l'AngleletTe de fonder des etablissemens analogues a l'Ecole Polytechnique de France, on ne repoussera pas, au moins, les ameliorations praticables, et il y en a plusieurs d'un ties-grand prix. II s'a- (i) Cet eloge de l'Ecole Polytechnique ne trouvera point de contra.- dicteurs en France : mais, pour apprccier les services qu'ellc pent conti- nue!' a nous rendrc, il faut porter nos regards sur I'ensemblc des etablis- semens d'inslruclion puhlique, sur les metfabdes et les objels d'enseigne- ment, sur les lois qui doivenl lediriger, l'etendre on le reslreindre. Nous ignorons encore ce qu'il nous serait possible de faire, avec mi systemc d'instiuclion puhlique moins vicieux que celui dont l'einpire a dole la restauration , et que Ton n'a point ameliore. On est convaincu aujour- d'hui qu'il lui faut plus de liberie; que l'emulation devrait ttre excilee entre les departemens et les cites pupuleuses; que les connaissances usuellcs reclamcnt une bonne partiedu terns prodigue a l'eludc du grec et du latin. Quand nous aurons une solution satisfaisanlc des queslions relatives a I'inslrnclion generate, i) sera facile de resoudre celles qui concernenl les ecoles speciales, et de regler leurs attributions. Perdons, s'il est possible , la mauvaise habitude de travailler en inarqueterie , quoique nous ne puissioos ignorer qu'une bonne administralion est d'une seule peusee, d'une geulc piece. IN. dl K. SCIENCES PHYSIQUES. 589 girait, nous ne pouvons le dissimuler, dc surmonler avaul tout l'attachement aux vieux usages, non moins opihifitre dans nos ecoles que dans les cantons les plus recedes de la Grande-Bretagne. Quelque parti que Ton prenne, on n'aura point fait assez, si nos cours publics ne mettent point les eleves au niveau des connaissances neeessa'ires pour lire avec fruit les meilleurs ouvrages sur les sciences ou les arts aux- quels ils voudront se consacrer. Puisque leur instruction spe- ciale ne commence qu'a leur sortie de nos ecoles, qu'ils soient au moins conduits par leurs livres et leurs professeurs jnsqu'a I' entree de leur carriers, et munis de tout ce qu'il faut pour la parcourir avec succes. Si Ton s'obstine a suivre 1'an- cienne methode, parce qu'elle est ancienne, les jeunes gens studieux seront dispenses de toute reconnaissance envers leurs instituteurs ; s'ils ouvrent un ouvrage etranger, pour y chercher une instruction que les savans anglais n'ont pas mis a leur porlee , ils eprouvent un facheux desappointement, et s'arretent sou vent a la premiere page, faute de savoir assez d'al- gebre; ils s'apercoivent, mais bientard, qu'il faut recommen- cer leur instruction. Cette mesaventure n'arrive que trop sou- vent a ceux de nos jeunes gens les plus dignes d'etre encoura- ges; les elemens d'Euclidc qu'on leur a mis entre les mains, et le Traite des Sections conlc/ues, tel qu'il est dans nos ecoles, ne les ont point mis en etat de lire une seule page de Poisson, de Fourier , de Dupin , etc. , pas plus que nos methodes de calcul n'ont pu les exercer a faire usage des quipos peruviens, ou du swan-pan des Chinois. On ne doit point etre surpris que nos ecoles publiques produisent si peu d'hommes remarqua- bles dans les sciences mathcmatiques , puisque les elemens qu'on y enseigne sont aussi prodigieusement en arriere de 1'etat actuel de la science. SCIENCES MORALES ET POL1TIQUES. DE l'eNTENDEJIENT ET DE LA UAISON. INTRODUCTION A l'eTUDE de la philosophy; par J.-F. Thurot, professeur an College royal de France. Avec cetle epigraphe : Dicam enim ncc men, ncceain fjuibus, si vera non fuerint, non vinci me malhn, quam vlncere. Cicer. , Aeadem. , lib. u , cap. 4 (')• L'observation exacle des phenomenes de la nature a fait laire de si grands progres a toutcs les sciences qu'on s'ac- corde mainlenanl a la considerer comme le seal moycu d'ac- querir de veritables connaissanccs. Les homines qui se livrent a l'etude de la philosophic, ct qui sont le plus divises dans lours opinions, conviennent, comme les autrcs, que, pour connaitrc un objet quelconquc, il n'y a pas d'autre moyen que de Pobserver avec soin. Tons assurent que, dans leurs recherches, ils suivent la meme methodc , et qu'ils nc don- nent pour certain que ce qu'ils out decouverl, apres avoir long- terns observe. Cependant, aussitot que les philosophes arrivent a l'expo- sition de leurs idees, ils cessent d'etre d'accord. Non-seule- ment ils nc conviennent plus des memes fails , mais ils nc s'accordent pas meme sur le langage. Les theories on les systemes qu'ils ferment de part et d'autre different telleinent par le fond des idees el par les expressions que ce qui pour les uns est evident doit necessairement etre inintelligible ou (i) Paiis. i En recommandant la metbode d'obscrvation, M. Cousin n'a pas entendu donner tin sterile precepte ; il a tente d'en fa ire rapplication , du mo ins il nous l'assure. « Plus que jamais iidele a la metbode psycbologique, dit-il, au lieu de sortir de I' observation , je m'y enfoncai davantage , et c'est par I' observa- tion que, dans l'intimite de la conscience eta un degre on Rant n'avait pas penetre , sous la relativite el la subjeclivite apparente des principes necessaires , j'atleignis et demelai le fail instantane, niais reel, de l'aperception spontanee de la verite, aperception qui , ne se reflechissant point elle-iiK'nic, passe inapeicue dans les profondeurs de la conscience , mais y est la base veritable de ce qui, plus tard, sous une forme logique et entre les mains de la reflexion , devient une con- ception necessaire. Toute subjectivite, avec toute reflectivite, expire dans la spontaneity de la reflexion. » Dn autre ecrivain de la meme ecole, 31. Tk. Joufmoy, re- connait que les immenses progres des sciences naturelles ne peuvent etre attribues qu'a un beureux emploi de la metbode d'observation. II admet que cette metbode est la seule a l'aide de laquelle on puisse former les sciences pbilosophiques ; seu- lement, il pense qu'il est des faits qui sortent de 1'ordre des fails sensibles, et qu'il faut observer autrement que les faits des sciences naturelles. « Nous admettons pleinement avec Bacon, dit-il, que tout ce que nous pouvons connaitre de la realite se reduit d des faits que nous observons et a des induc- tions tirees de ces faits sur la partie de ia realite qui echappe a notre observation. Nous ajouterons meme, pour etre plus complets, que nous tironsces inductions au moyen d'un certain nombre de verites on axiomes primilifs qui nous revelent ce que nous ne voyons pas dans ce que nous voyons , et sans les- quels nous n'irions jamais au dela des faits observes. Nous sommes si convaincus de la verite de cette doctrine que nous (i) Fragment phiiosoph. , pag. vui. ET l'OLITIQl KS. 5r>5 nc I'ad meltons pas parcc qu'elle est dc Bacon, grtais unique- mciit parce qu'elle represente ellc-meme an fait incontestable dc ('intelligence humainc (1). Biffin, M. Damiron, que M. Cousin considere comme an des plus distingucs de ses disciples , nous apprend que son maitre a adopte la methodc suivie par tous les hommes veri- ta!)!ement instruits. Suivant lui, l'opim'on de M. Cousin sur la methodc n'a rien dc parliculier : e'est celle da monde savant, a quclqa.es exceptions pris ; et le disciple est d'aceord sur ce point avee 1c mnitre. II declare posidvemcut que la senle ma- niere de faire de la philosophic eM la mclhode d 'observation. C'est aujourWhai s ajoule-t-il, Co pinion la plus generate dans le monde savant. II concoit cependant one methodc diffe- renle, mais il tie la concoit que chez les hommes qui par- lent au nom de la revelation, e'est-u-dire chez les theolo- giens (aj. Ainsi, voihi deux classes d'ecrivains, ou, si Ton veut, de philosophes, qui adoptent la meme methode, qui l'nppliqucnt al'etude des memes objels, et qui arrivent a des resultats en- ticrement opposes. Les ecrivains de la nouvelle ecole, que nous pouvons con- siderer comme les romantiques de la philosophic, traitenl les philosophes des deux derniers siecles a pen pres comme les romantiques litteraires traitent nos pocles et paitlculicrement nos ecrivains dramatiques. lis assurent que, depuis Locke jusqu'u M. de Tracy inclusivement, les philosophes, et parti- culnrcmcnt ceux que la France a produils dans le cours du xviu0 siecle, n'ont debile que des crreurs. Suivant eux, leurs ouvrages ont cu et peuvent avoir encore les consequences les plus i'unestes pour le genre humain. Leurs opinions, au con- traire, si nous nous en rapportons a eux, ne tendent quau (1) Voyez la preface de la tradnclii n ties Esquisscs dc Philosophic mo- rulo de Dugt.il Stewart, par M. Th. Joujfbov. (2) Essai sur t'Hisloircd^ la Philosophic en France, au xix" siLclb. T. u , p. 24!-. T. Xi.VI. JTJ1B I 83o. 58 5g , SCIENCES MORALES I »*■ i feclionnemcnt des uttocurs, et deja, si I'on en croil ceux qui les professent, elles oni produrl loute la liberie doni la Franca jouit aujourd'hui (i). Los ndv ersairesdesphilosophes romaniiqucslcur I'oni, a leur tour, des rcproches qui ne sont gucre moins graves : ils pro- lendcut que lours ecrits soul inintelligibles on absurdes lis les accuscnt do reprnduire les reveries du Bas-Empire et du nioven aye, et disent qu'ils leiaieul reculer la raison buniaine de plusieui'S siocles, si la raison luunaine pouvail, en ell'el , rc- trograder. Ils leur reprochent surlout d'affecter tine insul- tantesupcriorile sur les grands ecrivains qui les out precedes, el qu'ils prelendent avoir delrones, et les defient de eilcr tin fait dont ils puissenl s'atlribuer la deeouverle. Enfin, ils assu- rent que les nouvcaux mailrcs de philosophic, non-seuleme.nl n'ontpas fait faire un seul pas a une science quelle qu'ellesoit, mais que leurs travaux n'ont pas eu d'autres rosullals que d'obscurcir l'inlelligence de tous les jeunes gens qui out suivi leurs leeons, et de leur inspirer une incurable vanile (2). Serions- nous obliges, pour expliquer ['opposition qui cxistc enlre les deux ecoles, d'admettre que les homines nc {1) Voyez les Lemons de Philosophic de M. Cousin, et YEssai sur I'His- loiic dc la Philosophic de M. Damiron. (2) 11 est bien vrai que les philosophes de la nouvclle ecole ont prc- tendu qu'ils en avaient fini avec le xvmc siccle, cumnie le xvme sieclc en avait fini avec le nioyeii age, et qu'a 1'exemple de Saint- Simon ils ont accuse les grands ecrivains de cetle epoque d'avoir tout detruit et de n 'avoir lien su fonder; mais, s'ils se sont atlribuc la gloire d'avoir a ja- mais ruine ces deslrucleuis, ils n'ont pas pieteudu qu'ils avaient eux- inemcs fonde quclque chose. M. JoufFioy dit, an contraire, qu'il cioil que les sciences philosopbiques ne meritent point le lilre de sciences, parce qu'elles sont encore livrees a cet esprit de systeme auquel echappent a peine les sciences n aim el les. M. Damiron se demande quelle sera la Iheorie de son ecole, et il repond : II serait difficile dc le dire parce one CBS ciiosES sokt a haithk; mais si ccs clioses ne sonl pas encore (en 1828), du moins dies sc priparcnl, s'clabonnt et sc font prcssenlir. T. 1, p. i5S. — Voila done une ecole qui depuis quinzc ans an moins est en travail, el qui n'a pa encore accoucber. ET POLITIQUES. 5r,5 sont pas Ions doueS des menies organes, et que les tins pos- sedent, pour decouvrir la verite, un sensdont les autres so:.t prives ? Si rien ne coustate ou ne fait supposer unc difference d'organisalion, ne devons-noiispasconclurequcl'aceordsur la methode ou sur l'objct auquel on l'appliquc est plus apparent que reel? C'est en effet ce qui arrive : quand des deux cotes on nous parle d'observation, on ne s'entend que sur un mot. Quel est le sens qu'attachent a ces mots : methode d'obser- vation, les disciples de Bacon, de Locke, de Condillac? lis pensent que, pour eludier un phenomene quel qu'il soit, il l'aut employer, a ['observer les organes dont la nature nous a doues; il faut eludier I'objel nicme qu'on veut connaitrc, et non pas un autre. Mais est-ce la ce que la pbilosophie pretendue eclectique entend par methode d'observation? nullement. Les ecrivains de celle ecole posent d'abord en principe que tout est dans tout (1). La eunnaissance de celte maxime ne saurait etre le rcsultat de l'observation; car, pour y fire arrive par cetle voic, il faudrait avoir observe toutes cboses, et n'avoir laisse aiicune decouverte a t'aire. A moins de posseder la science universelle, nul ne peut done affirmer avec certitude que tout est dans tout, sans le secours de la revelation. Voilu done la methode d'observation, telle que les savans la conpoivent et rappliquent, repoussee avant d'avoir fait le premier pas dans la science. La nouvelle ecole ayant admis comme une incontestable verile que tout est dans (out, il lui suffit d'etudier quelque ob- jet que cc soit pour acquerir la science qu'clle desire posse- der. Elle parviendrait a determiner la conformation d'un aigle en observant un limacon; et fcrait sorlir un traite de morale de l'observation d'un triangle. Tout etant dans tout, il n'est rien qui ne soit dans 1'bomnie : aussi la nouvelle (1) M. Cousin, Ccurs d'Hislcirc de la Philosophic de iS2S. 'u}6 SCIENCES MORALES icole nous declare-t-elle en termes posilifs que Yhommc est tin unircrs en abrege" (1). Celui qui veut eludicr l'hnmmo, par Ic procode quo nous designons par les mols 'mithode (f observation, est oblige d'ob- servcr chacunc des parlies qu'il veut connaftre. II facit qu'fl applique les divcrscs facultes dont la nature l'a done a ctu- dier son organisation physique, ses passions, scs mccurs, son intelligence, ses lois, son histoire. Mais celte observation n'est pas necessairc snivant la nou- velle eeolc : il suffit de savoir (aire usage de V analyse psycho- togique. Par cos deux mots 1'ecole entend « ['observation lente, patiente, minutieuse des faits caches dans la nature humaine, a Vaide de la conscience (2). » La psychologic s'acquiert done eri se repliant sur soi-meme, en s'isolant des ohjets exlcrieurs, et, comme on dit, en s'ecoutant penser. Tout etant dans tout et l'homme etant par consequent un univers en abrege, que sera la psychologie, cetle science qu'on acquiert en regardant en soi-meme avec les yeux de l'esprit? « Elle est, dit le chef de 1'ecole nouvclle, la science universefle concentric La psychologie conlienl el reflechit tout, et cc qui est de Dieu, et ce qui est du monde, sous t' angle precis et de- termine de la conscience; tout y est a l'etroit, mais lout y est (3). » II n'est done pas necessairc, pour aequerir la science uni- versellc, d'observer chacun des objets dont les sciences s'oc- eupent; il suffit de s'isoler du monde exterieur, de renlrer en soi-meme, et de considcrer attentivement ce qui se trouve cache sous Tangle precis et determine de la conscience. Les ccrivains de cetle ecole donnent a ce procede le nom de mithode- a" observation, et ils en sont Inert les maitres; inais, dans leur bouche, ces mols n'ont certainement pas Ic mfine sens qu'ils ont quand ils sont employes par les savans. Si (1) Court d' His loirede la Philosophic de 1S2S; 5° Ie^on, p. ">4- (■>) Ibid., f Ic^on, p. 6. — (3) Ibid., 5" le^nn, p. 7>/\. 1ST i'OLITIQLES 5<)7 les nicuibres de l'Acadeniie ties sciences ou tic 1'Acadcmie des inscriptions n'avaienl jamais regarde que sous I'aaglc pre - cis ot determine de leur conscience, nous doulons qu'ils eussent fait 1'aire de grands progres aux divcrses branches des connaissanccs humaincs. Nous avons quelque peine a com- piendie comment un hommc parviendrait en procedant ainsi a connaitre la geographic, la geologie, la botanique, l'lus- loirc, l'arahc, le grec ou le chinois. L'ohjet de ces rcmarqucs n'est, ni de faire la critique des procedes scicntifiqucs de la nouvelle ecole, ni de pronvcr (ju'elle ne sait rien observer : nous voulons (aire voir scule- incnt que ce qu'elle nomme methede £ observation n'a rien de commun avec les procedes que les naluralistcs et un grand nombrc dc philosophes designent par les memes mots. Cos deux procedes ne se ressemblent en aucune maniere; el ?i, pour parvenir a la verile, il n'y a qu'une voie, il est fort a oraindre qu'on ne s'egare do part ou d'autrc. Les philosophes eclectiques reconnaissent eux-memes que leur millwde d' observation n'a rien de commun avec le pro- cede que les savans designent par ces mots. Apres avoir fait I'eloge de eclte melhode quand its en parlent d'une maniere general e, ils la declarcnt, en effet, inapplicable quand ils la concoivent telle qu'on 1'emploie dans les sciences ; ils asso- rt nt posilivemcnt qu'elle ne pent conduire a aucun grand re- sultat. La raison qu'ils en donncnt est que, si Ton voulait toujours en faire usage, il faudrait se livrcr a des travaux sans fin ; ii n'y aurait pas moyen, discnt-ils, de connaitre un sys- teme et de le declarer bon ou mauvais, avaut de l'avoic ci.ii- die ; on ne ponrrait faire des classifications, distinguer ties epoques, avant d'avoir observe Its objets qu'on se propose de classer (i). Ainsi, quand ils emprunlent a I'ecole scicntifique la methode (1) Voyez la 4C lecon l'u fours d'Hisloirc dc la Philosophic, p. ia-l4. — Vnyiz aussi dans YEssai sur I'Histoire. do la Philosophic de M. Daaiiion, le chapitre dans lequel i'autcur Lraite do la science dc I'inobstrvable. "h,M 6€TENC£S MORALES d' observation , ils nc Ini emprunlent rcellcmcnt que deux mots : ils n'adoplcnt auctin de ses procedes. Faul-il done s'etonncr si les deux ecoles lie pcuvent se coinprcndre mu- tuellemenr, et si elles amvent a des resullats qui n'ont rien deromuuin? Lea pretentions, le langage, et nous pourrions meme dire les habitudes des deux ecoles, correspondent au reste parfaitement aux procedes qtfclles cmploient. On rcproche a la premiere de trailer avec mepris les grands eerivains que l'Anglelcrre et la Fiance out produits pendant Te dernier siecle; on les accuse de manquer dc modestie. Mais un pen d'orgucil n'est-il pas pcrmis a celui qui pcul ac- queriir la science uiiivcrscllc en reposant douccment sur son oreiller? La philosophic romanlique ne donne-t-elle pas l'ex- plication de Ionics choses? Et des hommes aux yeux desquels il n'est rien d'inexplicable ne participcnt-ils pas aux preroga- tives de la divinite (1) ? Les disciples de Bacon, de Locke, de Condillac, accusent leurs adversaires d'etre inintelligihles. Mais comment des hommes qui ne voient que des yeux de la tele, et qui ne tavent entendre que par leurs oreilles, pourraient-ils com- p rend re des hommes qui apprennent tout sans rien regarder, in sans rien ecoutcr? I'eut-il y avoir quclque chose de com- mun, soil dans leurs idees, soil dans leur langage! N'est-il pas ridicule, par exemple, que les coiidillaciens ou les sensua- lities , comme on les a elegainment appelcs, aient la preten- tion d'entendre ccux-ci, quand ils disent au genre luimain : « II (1) La philosophic, dll M. Colsin, est la tamicre de Ionics les lumicres^ I'auioritc de loules les atiloritis (Cours d'Histoire de la Pbilosoplne, l" le- con, p. 59, 1S2S). La philosophic est rinlettigcncc absottic, l'^xplicatioic absolue de toctf.s choses, ibid., p. 29. Le savant professeur entend pai ler ici do sa pbilosopbie, et non de la pbilosopbie des scnstiatistes. Ceux-ci, routine il le dit ties-Men dans tine autre partio de ses leeons, ne sont que des moilies d'homities, landis .jne lui et ses disciples sont des liommes tout cnliers. Aussi n'appai tienl-il pas a tine moilie d'hommc do defin'u- 1'in- fini, de donner I'oxplioation absolue de toutes clioses, et de faire, par ('observation, la science de I'inobservabie. ET BOUTIQUES. 50g y a thins la raison humaine deux elemens etleur rapport, cYsi - a-dirc trois ('lemcns, trois ulecs. Cos trois blocs ne soul pas un produit arbitrable dc la raison humaine; loin de la, dans leur triplicate et dans lour unite, elles constituent le fond meme de cclle raison ; elles y apparaissent pour la gouverner, conune la raison apparait dans l'hommc pour le gouverner. Ce <|ui ctaitvrai dans la raison humainement considerec, sub- sist* dans la raison considerec en soi ; ce qui faisait le foods de la raison eternelle, c'est-a-dire une triplieile qui se resoul en unite, et une unite qui se developpe en triplieile. L'unile de eetle triplieile est seulc reelle , et en meme terns eelte unite peri rait tout entitle dans un seul des trois elemens qui lui sont neccssaircs ; ils ont done tons la meme valeur logiquc, et constituent une unite indecomposable (i). » Ce passage el une multitude d'autrcs que nous pourrions rappoi tor, et qui ne sont ni moins clairs ni moins profonds, prouvent inconleslablemenl queles deux ecoles, qui different dans la methode qn'elles emploient, different aussi dans lo langagc. II y a sans doule dans les deux langues des mots commons a 1'une et a l'autre; mais ces mots n'ont pas la meme signification. Nous ne devons pas clre etonnes si I'ecOle scientifique ne voit que tencbres la ou d'aulres sont frapp es d'une admirable lucidite. Ayanl olabli que les deux ecoles entre lesquelles la philo- sophic se divisedc nos jours different par la methode, par les resullats qu'elles en obliennent, par les idecs ct par le lan- gagc, nous devons arriver a l'ouvragc qui fait le sujet dc cet article. I.'auleur admet, comme tons les aulrcs, qu'il n'y a qu'une bonne mclhodo, celle qui consist 6 dans L'art d'observer. Mais attache-t-il a ces mols le sens qu'on lui donne dans les scien- ces, ou celui que lui altribue la philosophic eel ectique? Les chefs dc cetle philosophic lc compterout-ils an nombre de burs scctalcurs , ou le relogueront - ils paruii les condillaciens (i)Cours cPUisloirodc fa Philosophies S" le?on, p. i5. 6of> SCIENCES MORALES lcines. « Ceux qui out unc fois adople unc opinion oo un systemc en ce genre, dit-il, s'y attaches! avec lant d'opiuntretc qu'iis eprouvent loujours quelque peine, on mftme unc sorte de colore, a l' occasion de tout ce qui conlrarie leur theorie. favorite. Plusieurs d'entre t ux out recours, pour la [aire triompher, a deux moyens qui out en effet quelque SQCfJs aupres de la multitude, et qui semblent se preler 1'ua a l'autre un mutuel appui, naais qui, pourtant, ne font rien a la question. Le premier, e'est de "par- ler avec une grande admiration d'eux-memes , de leurs doc- trines, on de celles qui s'en approchent In plus. Lc second, e'est de s'exprimer, au contraire, avec un dedain presque voisin du nicpris sur les opinions opposees, d'employer memo pour les designer des termes qui tendent a les l'aire regarder comaic iminorales. » Cetie consideration n'a point empGche M. Thurot de re- nheix'her et d'exposerla veiite, en snivantla methods exclu- sivement admise aujourd'hui dans les sciences. L'auteur. apres avoir determine lc sens general du mot philosophic, fiit voir que la philosophic, commc science particuK&re , n'est que I'etude de soi-nicmc, c*csl-a-dire de i'honime et de ses i'aciiilcs. II observe qu'en rcflechissant sur ce q l'il est parvenu a snvoir jusqu'ii present, chaque homme pout se convaincre que tout ce qu'il a acquis de connaissauces rcelles , positives et vcritablement utiles, consiste principalcmcut dans l'obscr- valion exacte et attentive de la manic re dont se succedent les divers ordrfes de fails on d'evenemens que nous oifrc sans cesse lc spectacle de la nature et de la societe. Quand unc Ibis, dit-il, celte succession a etc reconnue et invariablenient con- statee, la science relative a I'espece partiouliere de fails que ET POLITIQUES. 601 Ton considcre existe, et sc trouve fondce sur sa veritable base; M. Thurot trouve, dans l'histoire des sciences, la demon- stration de ectte vcrite; il la fait remarquee particulicrement dans L'histoire ds l'astronomte et de la ehiniie. « II me serait gaos doHrte facile, ajoute-t-il , d'appliquer dcs reflexions du m'me genre a presque tontes les autres branches de la con- naissapce humaine : a la physique, a la medceine et meme aus sciences morales et politiques, et Ton devine d'avance qu'on serait conduit au name resultat. II est done evident que io;iie science reelle, tontc connaissancc positive, nc consisle- qn'en des series plus 011 moins elendues c« faits soigneuse- ment observes, dont l'ordre el la succession out etc constates par des experiences nombreuses el diverses, qui nous mettent a meme de prevoir, dans bicn des cas, avec certitude, ce qui doit .-uivre de telles 011 telles circonstances donnees ou con- nues; circonstances qui nesont clles-memes que des faits, de la realite desquels nous sommes assures, soit immediatement, soil d'une maniere indirecte. » ('.'est done reellement la methode d'observation usitce dans les sciences que HI. Tburot applique a 1'ctiidc de In philosophic. Le pfocede dont il fait usage n'a done men de commun avec cette ecole reveuse quicroit arriver a la science universellc en gommeillant. Son langage est loujours clair, precis, elegant; lei, en un mot, qu'il doit etre dans un ouvragc verilablement scientifique. L'auteura d'abord divise le sujetdont il s*occape en deux grandes parlies, ain>i que l'indiqne le litre de son ouvragc; il Iraile de rentendement dans la premiere, et de la raison dans la secoade. II a suhdivise la premiere parlie en trois sections : dans la premiere, il traitede la connaissance; dans la seconde, de la science ; ctde la vo'onte, dans la troisieme.Ilexposcdanslapre- Biien les faits les plus generaux qui constituent tout acte en x rtu duquel nousconnaissons un objet qucleonque. II deter- mine ensuite ce qu'il fuut entendre par les mots sensation, per- 6oa SCIENCES MORALES ceptivn, intuition, impression , sentiment, conscienee. La valour deccs mots etant determinee, il examine successivement leg moyens que la nature nous a donnes d'acquerir ccrtaincs con- naissanccs. II traite du lonelier, et des perceptions acquises qui so 1 1 1 le resultatde cc sen*, du gout, de l'odorat, dc l'oule, dc la viic.Enfin, il s'occupe des perceptions acquises par la vue, et des representations qu'elles fournissscnt a la menioire, des sen- timens, de l'inslinct ct de ('habitude, del'orgauisaiion. Dans la seconde section, cede qui est relative a la science, M. Thurot s'occupe d'abord dc ['abstraction ctdu langage; il traite ensuite des notions et des conceptions, de la preposi- tion et de ses diverges cspeces, de la grammaire generate, on de la maniere de signifier des mots, en fin de la melaphysique et dc la signification de plusieurs lernies employes par Ies me- laphysiciens. L'auteur traite dans la troisiemc section de la volonte dans- l'etrc done des facnlles de connailre et de savoir; des senli- mens et des passions; de la sympalhie, consideree conime cause des senlimens moraux, et des passions qui naissent de cette source ; de la faculle de perception morale, et des notions qu'elle fournit a I'entendemcnt; du sentiment religieux el dc son influence sur la vertu ct le bonhcur; enfin de l'influence de la legislation , ou du mode d'existence des societes polili- ques, sur la vertu et le bonhcur. La seconde parlie del'ouvrage, bien moins clendue que la premiere, traite de la raison, dc la verite, des caractercs do la verite, des moyens par lesquels ils so manifcslent a noire esprit, et des effets qu'ils y produiscnt; de la methodc et des moyens que l'cspiit liuniain pent employer duns la recherche de la verite; en fin, du raisonncment. On voil, par cct expose, que M. Thurnt a traite des pheno- tnenes qui sont l'ohjet de son ouvrage, dans 1'ordre le plus na- ture!, el que, par consequent , toutes ses idees s'enchainent. Condillac, dans plusieurs dc ses ouvrages, clait lomlie dans une crreurque j-es ennemis lui out ainercmcnl reprochee, et qui a etc la cause dc prcsque toutes les accusations dont il a ET POLITIQUES. Co3 cte l'objct. II avait considere tons les pbenomenes de l'en- fendement ct dc la raison commi; un fait unique diversement modifie ; ayant un esprit done d'une grande puissance de de- duction, il avait tache de tout ramener a un principe unique. M. Thurot n'est pas tombe dans cette erreur : il a tres bien compris que les pbenomenes divers qui sont I'objet d'une science ne derivent pas toujours et necessairement d'un fait primitif et unique, ou que, s'ils en derivent, il ne nous est pas toujours donne de decouvrir ce fait on d'apercevoir com- ment il se lie a tous les autres. Aussi s'est-il borne a decrire ccux qui rentrent dans la science dont il s'occupe, sanspre- tendre, avec Condillac, que ces pbenomenes ne sont que la transformation d'un fait unique. On fait transforms n'est pas le ni'rac fait; e'estun fait nouveau ; ce n'est que par une espece d'al:us du Ian gage qu'on pent dire le contraire. Les sujets que M. Thurot a traites sont trop nombreux et trip varies pour qu'il nous soit possible de donner ici uno idee exactc et complete de son ouvrage. Nous nous bornerons a parler de la partie qui pcut le micux le fa ire apprecier, de la partie qui se rapporte a la morale. II y a deux manieres dc juger une tbeorie : I'une est de la considerer en elle-mcme; l'aulrc d'exnminer les resultats aux- quelselle conduit dans la pratique. La premiere eon vicnt peut- fitre plus que la seconde aux csprits speculates; mais la se- conde est la plus expeditive et pcut-etre aussi la plus sure. Kous sommes dans un siecle d'ailleurs ou Ton veut arriver a des resultats positifs : on ne s'engage point dans une route difficile si on ne sait pas ou elle mine. C'cst done par les ve- rites pratiques de M. Thurot que nous devons faire juger de sa tbeorie. Nous voudiions qu'il nous ful possible de reproduire ici toute la parlie dans laquellc l'auteur s'occupe de morale; no pouvant tout citcr, nous en donncrons nnc analyse rapidc, et nous rapporterons quelqucs pages pour justifier notrc juge- ment. La partie de son ouvrage dans laquellc M. Thurot expose 6o4 SCIENCES MORALES parliculiorcmcnt les jdu'nomencs moraux est relic ou il traile (I • la volonle. L'auteur fait connailre d 'a Lord ['influence de la nature sociale dc rbomme ct dn langage sur la volonte, etles facultes et lea opera tious (|iie la voloute embrasse on suppose* II Iraitc ainsi de 1'altenlion , de la memoire, de la liaison ou association flies idees, de I'exercice ct de la culture de la me- moire, de 1'iniagination, ct dcs effels quelle produit sin- la conduite ordinaire ue la vie. L'imagi nation est celle de nos facultes a laquellc la lillera- ture el ia philosophic rouiantiqucs de nos jours donncut la preponderance; nous pouvons nieine dire qu'ellc est la scule qu'elles adrnettent. Rcponssant 1'observation Icntcet lahorieuse dcs fails, n'admcltant aucune des regies que la raison , le terns, I'experience ont consacrees, le roniantisme litteraire ou phi- losophiquc pretend tout connaitre et lout faire par le scul secours de I'imngination, Part dramaliquc, la morale, les lois, et meme I'liisloirc des evenemens et des systemes philosophic ques de 1'antiquite. M. Thurot nc meconnait point les a vanta- ges qu'on peul retirer de cette faculte, quand elle est dirigee par ii;i jugement sur ; mais il reconnait aussi que, chez la plupart dcs homines, die esl nn prineipe d'erreurs plusoumoins dan- gcreuses. et quelquefois des plus deplorables egaiemens. Parmi les causes qui detcrminent ou constituent la volonte, les sentimens el les passions tiennent un rang fort considera- ble; aussi M. Thurot a-l-il Iraite ce sujet avec un soin parli- culier. Apres avoir expose la nature et les effets generaux des sentimens, et les avoir divises en plusieurs classes, il est re- monte a la cause qui produit les sentimens moraux ; il l'a trou- vce dans la sympalhic, et il a vu dans la sympathie morale I'origine du sentiment de l'humanile, de 1'egalitc, du rcmords de la conscience. 31. Thurot considere la sympathie sous deux points de vue, scion qu'on Peprouve pour les autres, ou qu'on cherche a la leur inspirer pour soi-mem*. II donne le nom de sentimens sympaihiqu.es a oelle qu'on eprouve pour autrui, et il designc sous lc nom de sentimens personnels le desir d'etre l'objet de la sympathie des autres. II expose ensuite quels sont les effels de la predominance ties sentimens sympaibiqucs sur les sentimens personnels, et quelles sont les passions qu'on pent rapporter a cette cause. Les sentimens syinpathiques, reliitive- ment a certaines personnes, deviennent des sentimens person- nels rclativemcnt a d'autres, si l'on y sacrifie des inlercts plus legitimes que la raison devrait faire preferer, commc sont, dans certains cas, ceux de la famille, ceux du corps dont ou est membre, ou ceux de la patrie. «Toules les fois que nous Iransgressons cetle loi dc la rai- son, dit M. Thurot , nous sommes averlis d'abord par respire de malaise que nous fait eprouver la sympathie que nuns ne pouvons jamais entiercment etouffer dans nos cceurs, et qui (Jo6 SCIENCES MOilALES y clove la voix en favour de coux qui auraicnt a SC-uflrir do la preference in juste qui nous determine. En second liou , nous en sonimos averlis aus.si par la pensce que nous serons blames, ha'is ou mi-prises, par toule personne qui, u'ayaut aucun inlcret direct ou indirect dans noire couduito, nc sera iufluencee quo par los sentimens los plus naturels et les plus conformes a la plus stride justice. Or, e'est la precisement ce qui constitue cette opposilion de la sympalhic a ellc-meme dont j'ai parle tout a 1'heure. Elle pent done avoir lieu ou sc manifester a tous les divers degres de nos sentimens sympa- thiques, et des lors nous sommes autorises a les considcrer coinme des sentimens personnels, par opposition a ceux d'unc sympathie plus etenduc ou plus legitime. C'est cet effot con- stant du nude d'action de la sympaihio sur un esprit eclaire et sur un coeur genereux que noire illustre Fenelon exprimait par ces belles paroles : Je pre fere ma famille a moi, ma patrie d ma famille, et le genre hamain a ma patrie. » Ayant expose quels sont les etTels de la predominance des sentimens sympathiques sur los sentimens personnels, ettraite du sentiment de la justice et de celui de I'honneur, M. Thu- rot passe a I'examen dos diets do la predominance des senti- mens personnels sur les sentimens sympathiques. II recherche quellcs sont les passions qui naissent de cette source, cc qui lc conduit a traitor du desir inimodore des richessos, de l'au- torile ou du pouvoir, de la consideration , de la renommee ou de la gloire. II passe ensuite en revue d'autres passions qui ont la meme origine, tclles que 1'orgueil, la vanite, I'hypo- crisie. Toutcs les actions honorables et vertucuses naissent de la predominance des sentimens verilahlement sympathiques; de meme toutes les actions honteuses ou vicieuses naissent de la preponderance des sentimens personnels. C'est one veritc que M. Thurot demontre avoc une clarto qui ne laissc rieh a desi- rcr; nous ne croyons pas qu'il soil necessaire de rapporter los preuves qu'il en donne. INous croyons lairc plus do plaisir a nos ledcurs, en reproduisant quolqucs-unes de ses observa- tions sur 1'amour immodore du pouvoir. ET POLTTIQL'ES. C07 «Remarquons, dit-il , que ['influence predominant el ton- jours aclive des sentiniens physiques 011 organiques, est en- core une des causes les plus eflicaces de 1'amour iminoderc du pouvoir, du eulte presque universel qu'obtient la puissance, soit malerielle, soit spirituellc. En efi'et, les individus qui se consaerent a la propagation et a la defense de certaines idees puiement speculalives auront beau' s'imposer a eux-memes, comrae des lois inviolables de leur profession, le niepris des riehesses, le rcnoncement aux plaisirs, aux pompes et aux grandeurs de la tcrre ; ils auront beau faire vceu de pauvrete, d'liumanilc et de continence, du moment oii ils seront par- venus a disposer de la force publique, pour appuycr et defen- dre leurs dogmes abstrails, ils deviendront iniailliblement les plus avides, les plus orgueilleux et les plus incontinens des faommes. Car il serail tout-a-fait contraire a la nature des cho- ses c[iie, pouvant disposer des volontes, des riehesses, et sou- vent nieme des personnes d'un grand nombre de leurs scmbki- hles, el pouvant en abuser impunement, ils ne fussent pas sans cesse tenles de le faire. La meme cause qui aura conlribue a elablir leur domination tendra done incessamment a I'accroi- tre, car ils auront pour soutiens, outre le grand nombre des hommes sincerement persuades, tons ceux qui espercroiit de profiter directement ou indirectement des avantages que le pouvoir donne a ses partisans. Ainsi la resistance de ceux que cememe pouvoir ii rite ou indigne sera paralysee par la craintc de tout le mal qu'il peut faire a ses adversaires, qu'il ne man- que jamais de trailer en ennemis. » On pourrait croire assez generalement que la passion ex- cessive du pouvoir, ou l'ambition, est le propre des anics ele- leveeset des cceurs magnanimes : il me scmble, au contraire, qu'clle caracterise presque toujours les hommes qui n'ont au- cune veritable dignile, el dont le coeur n'csl susceptible d'au- cun sentiment genereux. Les plus vils csclaves, les plus la- ches suppots de la tyrannie, sont precisement ceux qui c.on- voitent avec le plus d'ardeur toutes les occasions de s'clevcr au-dessus de leurs cgaux, ou de leurs superieurs en talens et 608 SCIENCES MORALES en muitc reel; cc sont loujoursceux qui excrcenl aVec Ic ptilS d'insolence et d'inhnmanite I'anioi ile qui leuresl confifee, quel' que precaire ou chetive qii'eHe soil. Sous uu moharquc inl'a- tue de la chimcre du pouvoir absolu, ou sous un usurp:! leur que la reunion de (aeultes personnelles extraordinaire*, et le concours de circonstances encore plusrares, auronl place Oil rang supreme, voyez loutes Its ambit ions subalter'nes s"em- presser, s'agiter de toutes parts pdtir enflummer et assouvir cetle soif dedoniinalionqui 1c devore, lui vendre aqui mienx mieux les droits Ies plus sacres des sujets, lui immoler leura garanlics les plus procieuses, afin d'obtenir en rctour de leu* servile devoCmicnl quelques parcelles de cet or qu'il enleve violemnient aux citoyens ou aux nations etrangeres, quelques delegations de cettc puissance sans frein et sans limites qu'ils s'efforccnt de remetlre on ses mains. Voyez enfin cette foule innombrable d'agens de la tyrannie, dans Ions les rangs et dans toutes les conditions, employer la calomnie, le mensonge, la delation , l'inlrigue, la basse fialterie cttous lesinoyens les plus honteux, pour se supplanter les uns les aulres, pour aniver aux places, aux honneurs, aux dignites ; et demandez-vous si ceux qui sont ainsi parvenus a s'approchcr le pins pres dtl supreme dispensateur de ccs pretendus biens sont capaulcd de lui suggerer des pensecs nobles et genereuresPSi lci-niGme est capable de concevoir dc telles pensees, lorsqu'il sent a chaque instant le besoin de s'entourer de pnreils auxiliaires'.' Cemeluons done quele desk immodere du pouvoir, et toutes les actions ou determinations qui en sont la suite, est, plus encore que l'amour excessif des richesscs, l'indice de la plus etroile personnalite, d'un egoi'sme qui lend incessamment a ctoiifl'er lous lessenlimens de parti, d'honneur et d'bumanite. » Nous ne pousserons pas plus loin cettc analyse; nous croyons en avoir assez dit pour donner une idee du sujel de Touvragc de M. Thurol , de la metbode que l'auteur a suivic, et des resullats auxquels il est arrive. Nous pensons qu'il nc saurait manquer de produire un ef- fet salutaire, au milieu des divisions qui ont eclate dans lt»a ET P0L1TIQUES. 6 >9 Seienccsmorales, et dans les k-ttrcs, et nous considerons comme tin devoir d'cn recominander la hectare anx jeunes gens qui se livrent a I'cludede la philosophic, et aux hommes qui exer- cent quelque influence sur I'educatioh. VWVJWVWVW JhsroiRE de la legislation, par M. he Marquis de Pastoset, rice- president de laChainbredes Pairs (i), et viembre de I'ln- siititt royal de France, Academic franchise et Acadcmie des inscriptions et belles-lettres, etc. T. vm et ix (2). Chez des pcuples, comme ceux de la Grece, dont la reli- gion elait, pourainsi dire, materielle, les traditions, Phistoire ct la legislation devaient etre necessaircment melees de no- tions mylhologiques. A chaque instant, les decrets de ces mille divinitcs interviennent dans les affaires puhliques et pri- vees, et I'historien qui cherche a penetrer dans ce dedale se trouve bien souvent arrete dans ses investigations, sans pou- voir renouer le fil qui le conduisait. Les ecrivainsde ces peu- ples, aulieu del'eclairer, ne font que redoubler l'obscurite qui Penvironne. Homere, Hcrodote, Pausanias, Plutarque, lui ra- content naivement des faits miraculeux auxquels ils ne cher- chent pas meme a donner des causes humaines. Si done on ccrit l'histoire, soit de la legislation, soit de Part militaire, soit des beaux-arts, il faut ecrire en meme terns l'histoire de la religion, qui atoujours eu une influence plus ou moins prononcee sur chacun des evenemens remarquables des na- tions de l'anliquite en general, et des peuplcs de la Grece en particulier. Cette observation s'etend sans doule aussi aux (1) On sail que l'auteur est devenu depuis Chancelier de France. (s) Paris, 1S28; Treuttel et Wiirlz, rue de Bourbon. 2 vol. in-8"; prix, 14 fr. T. XLVI. JI'IN l83o. 59 610 SCIENCES MORALES peuples modorncs; mais lcs interventions divines y sonl phi* rares, ct bcaucoup moins materieiles. La neeessite que je viens de constatcr a ete parfailcment sentie par M. de Pastoret, et lc plan qu'il a adopte est admi- rable d'ordie et de simplicite, qualites si es«entielles dans des ouvrages de cette nature. Le vmc volume et une partie du ix% Ies derniers publics, sont divis&s en autant de cbapitres que la Grtce renfermait de peuplades. Ce sont autant de ca- dres bien proportionnes qui presentent l'enscmble le plus complet et le plus judi^ieux dc cc que l'antiquite nous a transmis sur la legislation de la Hellade. Chacun de ces cbapitres se subdivise en plusieurs sections ; la premiere ex- pose succinctcment I'historique de la legislation de cbaque peuple, et sert conime d'introduction aux suivantes, ou Ton passe en revue les lois civiles et criminelles, les institutions religieuses et commerciales : ces dernieres sont celles sur les- quelles nous avons le plus de details. Cette disposition per- met d'etudier sans distraction le caraetere legislatif de cbaque liltat de la Grece, d'etablir ensuite des paralleles et des rap- prochemens piquans avec ce qui s'est passe a la naissance de nos societes actuelles. Apres avoir etudie la marcbe de l'es- prit humain dans la civilisation des Grecs, il sera curieux dc l'observer sous un autre ciel, developpant avec des elemens differens notre civilisation moderne. On s'etonnera de voir reparaitre, apres tant de siecles, le meme esprit dans cer- taines dispositions legislatives; laloi du talion, par excmple, et les compositions pecuniaires; car, an terns d'Eschyle , comme ausiecle de Charlemagne, le meurtre etait puni par le meurtre; celui qui frappait etait frappe lui-meme. L'oracle de Delpbes forca Hercule, coupable du meurtre d'Ipbitus, de se laisser vcndre comme esclave pour trois annees, et le pro- duit de la vente dedommagea le pere de la perte de son fds. Une disposition analogue se retrouve dans les Capitulaires. Le droit d'asile dans les temples rappelle celui qui fut etabli dans les eglises, et qui, a la bonte de Ntalie, existe encore dans certaines parlies du territoire romain. ET PpLITIQUES. (in Les lems pi'imitifs de laGrece offreat une histoire presque uniforme chez tous les peuples qui la composaient; ses pre- miers rois, tous fils de Neptune, c'est-a-dire, chefs de colonies etrangeres qui arrivaient par la mer, paraissent avoir ete par- tout assez absolus. Persee, petit-fils d'Acrisius, qui Fonda l'assemblee des amphictyons, echange sa souverainete contre celle de Megapenthe, qui regnait sur Mycenes, et cela sans aucune intervention des peuples ainsi ncgocies. Plus tard, lors- que les Heraclides conquirent l'Argolide, on voit les chefs de l'armee victorieuse tirer au sort les trois lots qu'ils avaienl formes pour le partage du pays. Cependant, comme, de tons lespouvoirs humains, lepouvoir absolu d'un seul est celui qui s'use le plus vite par ses propres exces, les peuples grecjs s'en lasserent bientot, et, par un clan presque unanime, se sonleverent pour secouer le joug, et pour adopter le gouver- nement republican!. II leur fallut neanmoins combattre encore pour la liberte ; souvcnt ils furenl heureux dans leurs efforts ; d'aulresfois, ilsfurentvaineus et dominespar des tyrans; mais jamais ils ne resterent dans un long esclavage, sans tenter d'en sortir : on ne voit chez eux aucune tyrannie de longue duree. Ce ne fut qu'a l'epoque ou la democratie se consolida en Grece que la legislation y prit une forme definitive et inva- riable; on vit alors s'etablir les corps politiques. Chez les Ar- giens, le pouvoir se parlageait entre le senat, les quatre-vingts et les artynes. II serait impossible de determiner aujourd'hui d'une maniere precise quelles etaient leurs attributions res- pectives ; il parait cependant que les artynes exercaient quel- quefoisl'autorite judiciaire, ou du moins qu'ils etaient charges d'instruire les proces. Les affaires commerciales etaient portees devant le peuple. La lapidation, la confiscation et la question, que le credit des idees philanthropiques a bannies de nos codes, etaient en usage : on regardait le talion comme la loi fonda- mentale. Dans des terns moins recules, lorsque la civilisation eut fait quelques progres, on admit les compositions pecu- niaires, toutes les fois qu'elles etaient agreees par la famille du mort ou de I'offense. L'ostracisiiie , cette mesure si iniuste, Bia SCIENCES MORALES niais rassuranle pour un peuple jaloux, ciail elaMi a Argos, aussi-bfet) <|u'a Atlit'iifs, qnoiqu'il y soit reste moins eclclue. « Lcs Argicns, tlil ML de Pastoret, n'curcnt point d'Aristide a proscrire. » Si Ton devait croirc aux reputations des pcuples, snrtout 'lorsqu'elles leur sont faites par des peoples eontemporains el rivaux, les Argiens auraienl cu a un hant degre tons les vices de l'intempcrance , niais ils etaient renommes pour leurs verlus hospital! eres. Un fait digne d 'attention dans l'histoircde 1'Argolide, e'est qn'Agamemnon cxercait sur lcs diflcrens Etats qui la cemposaient une sortc de supn'malie. Les recils d'Homere lc prouvent claircinent. Jusqu'nu s'elpndait ce pmivoir, et quelle en avait etc la source? II serait difficile de le dire. La monarchic, la democratic et en fin la tyrannic se succe- dercnt aussi a Sicyone ; des orages popnlaires, les eruautes des usurpatcurs, les violences des factions, troublaicnl chaque jour CM petit Etal, quand parut un de ces hoinmcs qui donnent rimmortalite a leur pays; Aratus rendit a Sicyone lc calmc avec la liberte. « O grand hommc , (lit Ciceron , que ifclicz- vous Romain ! » L'histoire de Sicyone nous est assez ennnue ; nnis fort pcu de renseigneniens nous soot parvenus sur sa legislation civile et criminelle. Le voisinage de Corinthc nc permit pas a Sicyone de sc livrer an commerce ; mais la pa- trie d'Apelles devait etre distinguee dans les arts; son ecole de peinturc, si juslement eelcbre, t'lait une des insliliilions de PEtat. Corinthe, si Ton considcre sa position geographique, anrail ditdevenir l'arbitre de la Gri.ce. Placet- au centre de l'lsllune, elle pouvait, par terre, en perniettre on en defendre l'enlree a son gre; par mer, lous les vaisseaux arrivaient nalurellc- ment dans son port. Corinthc devint une vil'le necessairc- ment maritime etcommercantc; la navigation giecque lui dut de grands progres ; elle cut memc une forte marine, aussi ses gucrres furenl-ellcs plus maritimes que tcrrilorialcs. Lcs jcux istlimiqucs relablis parTlicsce conlribucrcnt egrilemenl a re- ET I'OLMIOUES. fii3 gandre dans sua scin le luxe et l'altondance. En up mot, Co- i;i»itho ileviut le marche general de la Greee. Un peuplc aclif cl commcrcant doit rcdoiitcr plus qu'un autre les suites fa- cheuses de iVisivcle ; les Corinlhiens ne tarderent pas a iu- troduire chcz cux une loi que Solon avail apportec d'figypte, et i|iii obligcait tous les habitans a declarer, chaque annee, quels etaient leurs moycns de subsistance. I.es dcpcnses d'un ci- Loyen ctaient-elles si fortes qu'elles appelassent I'atlentioii pul)li([iie, on le sommuit de rendre coinpte de ses biens : sa fortune etait-clle rcconnue suffisante, on le Iaissait libre d'en faire I' usage qu'il voudroit : ne suffisait-elle pas a ses dcpcn- ses, on lui ordonnait de vivre avec plus d'eeonomie, et une anienile lui etait imposce s'il n'obcissait pas. Uu homme sans aucun bien vivait-il avec magnificence, on le livrait a la jus- tice. IWajs que peuvent les mcilleures lois sompluaires con- Ire lcsenvahissemens du luxe et de 1'opulcnce ? Coriiitbe n'en dcvint pas moins le receptacle des plus sales debauches, an point que lesGrccs, pour caraclcriscr lYxces de la prostitution, se servirent de 1'expressiou KorjvjQic/."siv. En cffet, la prosti- tution y etait non-seulenienl lolerce, mais meme honoree ; ellc n 'etait pas settlement un vice public, c'clait une institution dcl'Etal et de la religion. Les courlisancs etaient les pretres- scs de Venus : dans les solenniles qui signalaicnt les fetes do cette deesse, elles avaient le premier rang Lc nombre de ces singulieres pretresscs dcvint considerable. C'ctait un acte de oiete d'en consacrer une on plusicurs a ce culte immoral; plus de mille jeunes lilies furent ainsi donnees pour I'aceom- plisscment de voeux religieux, et« c'cst de ce seminaire, dil Montesquieu, que sont sorties ces beaules celebres dont Athe- nee a ose ecrirc l'bistoire. » En parlant de l'Arcadie, M, de Pastorct dit (p. i53) : « La position de son lerritoire et les gouts de ses habitans sem- blaicnt devoir les culrainer pen vers la guerre. »Je me per- metlrai de faire observer an noble pair que la plupart des peo- ples pasteurs out clcconqucrans; ce qui nesemblepas etre son opinion; jc ne domic la niieiinc qu'avcc timiditc, lorsqu'clie 6i4 SCIENCES MORALES esl en opposition aveccelle d'un savant telque M. dc Pustoret,e* je me contenterai d'indiquer »u ouvrage dont l'autcur, qui pa- rait fibre de mon avis, expose el developpe cetle opinion avcc talent. C'est la Politique des Nations de M. de T hkis. La civi- lisation des Arcadiens eutcela de remarquable qu'ellc fut in- digene ; ils pouvaient se vanter avec plus de raison que les Alheniens d'etre fits de la tore. Pclasgus, un de leurs rois, fut eelui qui Ieur enseigna ;i vivre en societe. II est fort pro- bable qu'ils furent divises en tribus, mais on ne sait quel en etait le nombre, ni quelle place elles occupaient dans l'Etat. Le conseil des dix-mille, dont l'existence est constatee, laisse aussi beaucoup de doutes sur ses droits et ses attributions; quelques ecrivains out pense qu'il etait souverain, et jugeait en dernier ressort. Le gonyernement de Mantinee avail un caraclere unique dans Phistoire de l'anfiqufte; e'etait absolumcnt et entitlement le gouvernement representatif. Les magistrals etaient elus, non par l'assemblee generate, mais par des citoyens designes pour elite en son nom. Entre le peupleet l'elu etaient aussi des elections intermediaires. Certes, voila qui reduit a peu les loufiiiges donnees par Mmo de Stael aux siecles moderaes, pour la decouverte de ce systeme. Cependant, il taut avouerque le gouvernement de Mantinee avait un element de moins que les monarchies constitulionnelles , ou que cet element n'y exis- tait que d'une maniere incomplete. L'usage de sacrifier des victimes humaines dura long-tems en Arcadie ; el, quand il cessa, on y substituaune coutume au moins bizarre; on fusligeait des femmes, a certains jours, devant l'autel du dieu vainqueur de l'lndc. La peine de mort v etait frequemment prononeee, et Ton serait vraiment tente de croire que quelque Dracon avait passe par-la. Je suis la- che que cela s'accorde si peu avec les cboses mcrveilleuses que les poetes out dftes sur la douceur des niceurs de l'Arca- die, dont ils ont fait un veritable Eden mythologiquc ; mai.- les faits sont irrecusabtes. Les solennites d'Olympie devaieht donher aux Eleens un ET POLITIQUE. 6i5 caractere tout particulier. Leur territoire, cousacre a Jupiter, les metlait a l'abri des invasions et des violences des peuples voisins. Aussi jouissaient-ils d'une paix rare men t troublee, ou qui ne le fut que par les guerres intestines. Nous ne connais- sons rien dans les terns modernes qn'on puisse comparer a ce concours immense, a ces victoires en champ clos, ou as- sistait une grande partie de la Grece. Les jeux olympiques suflisent pour caracteriser toule l'antiquite. Ce n'etait pas seulement une lutte d'homme a homme pour un prix deter- mine : c'etait une fete religieuse pendant laquelle toutes les guerres cessaient; le vainqueur faisait rejaillir sur sa patrie une partie de la gloire qu'il acqucrait, et une seule victoire a Olympie etait un titre suffisanl a l'immortalite. M. de Pastoret donne des details fort etendus et tres-interessans sur les regies observees dans ces jeux. On pourrait dire que la legislation des Lleens se bornait presque a ces reglemens. Aristote range parmi les oligarchies le gouvernement qui succeda en Elide a la royaute. Un senat, compose de go per- sonnes, gouvernait seul; encore ce nombre fut-il reduit. Les senateurs etaient perpetuels. II parait qu'on exigeait l'impro- visation dans les deliberations. Thucydide rappelle un traite qui designe encore d'autres magistratures, les demiurges, les tresoriers et les six cents. Des tribunaux, etablis dans chaque bourgade, evitaientaux habitans l'embarras des deplacemens, et Polybe amrme que le gouvernement veillait soigneusement a ce que la justice y fut rendue d'une maniere imparliale. Ou ignore si et a qui on appelait des decisions de ces tribunaux. Une loi civile prevenait l'alienalion des biens palrimoniaux qui aurait pu avoir des suites graves dans un pays dont l'agri- culture faisait la richesse principale. Aprts les premieres revolutions politiques, l'histoire semble oublicr l'Achaie pendant plusieurs siecles. Son systeme d'ad- ministration, qui nous est inconnu, est neanmoins cite par Stra- bon , comme etabli sur des bases excellentes. Le souvenir de la ligue que les Acheens fonderent , les noras d'Aratus et de PhUopocmen ne periront point. Nous voudrions pouvoir re- tiiG SCIENCES MORALES produire ici les belles pages do M. de Pastoret sur cette fede- ration eelebre , dont on eonnait mallienreiiscmcnt Imp pen l'organisation inlcrieure, mais que Pulybc assure avoir etc un modclc parfait d'egalile politique. Ce (pie fit la ligue aeheenne domic un grand poids a son assertion. EUe montre ce qu'au- rait etc la Grecc, si des divisions intericures n'eusscnt pas fa- vorise les ennemis do debors, el si sa turbulence politique cut etc moderee par la crai.ntcdcs Elats plus pubsans qui l'etii louraient. Nous nc savons que peu de chose de la legislation de Me- garc; ses habilans avaient line reputation universelle de cu~ pidile et de mauvaise foi : un oracle l'avait en quelque sorte- confirmee; mais, ce qui en est un temoignage bien plus grave, e'est la loi rendue a Athenes, et qui defendait, sous, peine de la vie, a aucun, Megaricn d'aborder sur les cotes dc- l'Attique. Une disposition non nioins singulicre de la 'legisla- tion d'Egine Qontraignit les etrangers a payer un droit en. abordant sur son territoire; cette continue, qui eta it aussi sui- vie a Delphes, est analogue aux pcages des terns feodaux ct jX noire impot des passeports. Pendant la rivalite qui s'elablit cnlre Egiiie et Athenes pour 1'enipire de la mer, les Albc- niens defendirent, sous peine de mort, a aucun de leurs conci- toyens de descendre dans cette ile : on peut juger, par cette loi, de l'animosite qui regnait cntre les deux peuples. Platon,. qui avait aborde forcement a Eginc pendant son esclavage ,. tut mis en jugement a son retour a Athenes. Les Eginetes, jouerent un role brillant a la balaille de Salamine, et la Grecc entiere leur decerna l'honneur de la journee. Une marine- aussi bonne suppose l'habitude de la mer, et Egine, en effet,, faisait deja un commerce considerable au xe siecle, avantl'ere chietienne. La Beotie ful le theatre de ces scenes sanglantes tant de fois reproduites par les poetcs. Elles annoncent des moeurs dures ct barbares. Ce que nous connaissons de la legislation crimi- BftHl des Beoticns conlirmc cette induction. La peine de mort ctait accompagnee de mille rallincmcns crucls ; et e'est ici Ic ET POLITICOES. fii7 lieu de rentlre graces a la civilisation moderne qui nous a deli- vres do ces horreurs si communes dans l'anliquito ct an Uioycn age. La peine de mort , an moins inutile dans une so- ciele possedant une morale religieuse pour prevenir le crime , ct une force publique suffisante pour retenir dans des inaisons de correction ou dans des lieux de deportation ceux desesmembres qui lui sont devenus dangereux, perd cbaque }our de ses partisans, ct l'avenir verra, nous l'esperons, dispa- railre cette peine odieuse de nos Codes, comme nous en avons vu disparaitre deja la torture, line punition singuliere etait in- fligee aux debiteurs insolvables : ils etaient places assis., au milieu de la place publique de Thebes, avec uu panier d'osier sur la tete. Le pere du poete Euripide subit cette peine. (Nie. de Damas, p. 5o2.) La Beotie etait l'asile de tous ceux qui avaient ete condamnes dans les autres Etats de la Grece ; il parait que ceux-ci ne I'accordaient que dans le cas.de crimes involontaires. Une loi, analogue a celle qui cxistait < n Elide et en Etolie, gaiantissait la conservation des patrimoines; et ftl. de Pastoret relcve ici l'erreur de Montesquieu , qui atlri- bue cette loi aux Atbeniens. Une autre loi excluait des ("one- tions de la magislra lure les citoyeus qui n'auraient pas aban- dpnne le commerce depuis au moins dix ans. M. de Pastoret pense que cette loi ne s'appliquait qu'a ceux qui faisaient un commerce de detail, L'usage voulait , en Beotie , que les lilies appoilassent une dot a leurs maris.; cette coutume n'etait pas generate en Grece , puisque nous voyons Danaiis faire publier qn'il accepterait , meme sans aucun present de leur part , les maris qui s'offriraienl pour ses filles, auxquelles personne n'e- tait fort empresse de s'allier, apres le sort qu'elles avaient fait subir a leurs premiers epoux. II est assez, singulier que les Beotiens civilises par Cadmus fussent tellejjient resles au-des- sous des autres peuples grecs que leur ignorance etait provcr- kiale cbez leurs voisins. « II etait assez inslruil pour un Beo- tien,. » ecril Cornelius Nepos, en parlant d'Epaminondas. Les Etats pa it ie Is qui composaient l'Elolie se njuuissurnt jjMi; deputation dans une diile generate ou Ton dLJcutait le-. r,,8 SCIENCES MORALES interets du pays. Lea magistrats y etaient annucls. Nouscon- naissons le strata ge et lcs apoclcles, le grammatisse ou grc flier (!c 1'Etat, et le general de la cavalcrie, qui devait avoir une graride influence dans un pays ou cette arme etait si renommee. Le strat^ge etait a la fois lc general en chefet le president de la confederation etolienne. L'assemblee generate delcguait. en se separant, a quelques-uns de ses membres la decision iles objets d'un ordre inferieur qui pourraient sc presenter dans l'inlervalle du terns ou elle n'etait pas reunie; c'etaient lesapocletes ouelus. D'autres tbnctionnaires, les polemarques, avaient la garde de la ville pendant le jour, et, pendant la unit, le soin d'en fermer les portes, et d'en garder les clefs. Les Etoliens avaient long-tems cxerce le brigandage. Cc genre de vie etait aussi celui des Acarnaniens, leurs voisins, dont Polybe loue cependant beaucoup les vertus morales, et la fidelite a accomplir leurs promesses. (Hist, iv, § 3o.) En Epire, la royaute, d'abord unique, puis divisee, subsista sans beaucoup de vicissitudes. «Lameme race, dit M. de Pas- toret en parlant des peoples de l'Epire, les gouverna pendant neuf siecles. La duree dc ce gouvernement, dans des pays ou les republiques etaient si multipliees, est un garant de sa dou- ceur et de sa bonte. Un serment mutuel, a chaque avene- ment, resserrait le lien du prince et dessujets : le prince jurait de gouverner selon les lois ; les sujets de maintenir la royaute conformement aux lois aussi. » Cette circonstance remar- quable de l'bistoire politique de la Grece doit nous trapper u'autant plus qu'elle a plus de rapports avec notre genre de gouvernement actuel. Qui de nous, en lisant les lignes prece- dentes, ne se transporte en idee vers l'antique basilique de Reims, en ees jours solennels ou nos rois echangent avee leurs sujets des sermens d'amour et de fidelite ? Je n'ai pas besoin de rappeler l'oracle de Dodone, si fameux parlefanatisme de ses prfitres et leurs barbares austerites. Tout le monde connait les leeits des pretres sur ces chenes myste- rieux dorit le fruit les nourrissait, et dont le fremissement ) eniplissait les profanes d'une terreur religieuse. Je parle des ET P0L1T1OUES. G19 prfitres; mais on sait que les oracles etaient rendus par une pretresse, et M. tie Pastoret presentc des reflexions fort juste;- sur les motifs qui faisaient choisir des femmes pour remplir a Delphes et a Dodone le role d'inspirees. Malheureusement les poetes, en s'occupant des fables mylhologiques, n'ont rien dit de- la legislation de 1'Epire. L'histoire presente seule- ment l'exemple d'une repudiation; mais on ne peut en con- clnre que celte coutume on cette loi fut generate, car l'epoux elait un roi, et Ton sait que les rois ont toujoursjoui de quel- ques privileges sur cet article. Nous n'avons pas non plus des notions bien precises 11 i bien etendues sur les lois qui regissaient les Thessaliens. Lear histoire est une serie de revokes el de tyrannies cruelles, jusqu'a ce que les Macedoniens y etablissent babilement leur domination. M. de Pastoret s'etonne, avec raison, que des ecrivains aient compare les esclaves tbessaliens aux hilotes de Sparte : ils etaient beaucoup plus buniainement traites; on les cbargeait generalement de ('agriculture, etGrotiusappelle meme leur esclavage une servitude imparfaite. C'etait un crime en Thessalie de tuer une cigogne. Aristote donne le motif de cette loi singuliere : un grand nombre de serpens desolaient la contree ; des cigognes la purgerent de ces reptiles, et les Thessaliens honorereut par la suite l'animal qui leur avait rendu un si grand service. ' Des doutes se sont eleves sur la nature de la monarchie ma- cedonienne; les uns, et parmi eux Bossuet, l'appellent abso- lue. D'autres, connne Grotius, pensent que le pouvoir royal etait soumis a des lois nationales, a une constitution. La pre- miere de ces opinions parait la plus probable : on voit Phi- lippe et Alexandre juger en personne et en dernier ressort les alfaires de leurs sujets. Je ne parle pas de ces jugemens mili- taires ou ils agissaient comme generaux et a la tele d'une ar- mee , quoi(]u'ils puissent indiqucr jusqu'a certain point l'in- fluence de l'aulorile royale sur l'espril des Macedoniens. Cependanl Quinte-Curce dit que les crimes capitaux etaient juges. en temps de paix, par le peuplc. et en terns dc guerre *;,o SCIENCES MOIULES par I ariuec ; le roi avail droit do grace. II cite Ic strata gcmc float sc servirent les officiors d'Alcxandre pom- calmer le cha- grin qu'il eprouvail d'avoir lue Clilus : ils lirciU re i id re par I'aniu e mi dccret qui dcclarait GlituS coupablc, ct Ic condain- nail a mort. Quoi qu'il en suit, legouverncmen-t, cntoure d'une grandc ponipe, etait cvidemmenl an nomhro dc ccux qu'ou- nomine gouverncmcns mililmvcs. L'armcc etait soldce, cc cj n i est aussi l'indiee d'un pouvoir central tres-actif ct tres- oteiidu. 1'hilippc prcpara les doslinccs d'Alcxandre, cl lui ou- vril le chemin de l'Asie ; il crea lc -commerce et la marine de la Macedoine. On a demande oii Philippe prenait ccs armes tl'argent doni 1'oracle lui avait ordonne de se scrvir? Un fail pent I'expliquer : e'est la possession de Thasos, dont Philippe s'empara apres avoir vaincu les Illyriens. Thasos renfermait, nne mine d*or Dual cxploitee : il porta sur cet ohjet l'activito ct la vigilance qui lui etaient habiluelles, ct bientot cclle mine lui t'ournit annuellement mille lalcns, e'est-a-dire lc double du rcvenu d'Alhencs. La polygamic n'avait pas etc, chez les Macedoniens, uncas penc/ahle, car on en trouvc des cxemples, non-seulement pour les rois, mais encore dans les manages qu'Alexandre fit contractor, en Asie, a ses ollicicrs, pour la plupai t deja maries dans leur pays. Avant Alexandre aussi, un homine qui aurait cpouse une captive aurait fait tin outrage a;ix moaurs nationales. L'armee sc purifiait avant et apres les bataillos; elle se purilia apres la mort d'Alcxandre. Cctte pu- rification n'ctait sans doute qu'une ceremonie religieuse pro- pre aux Macedoniens dont les annates oflYe-nl en general beau- coup plus d'aliment a la curiositc que celles des L.tats de l'Dubcc, de Corcyre, dc Zanle, d'llhaque et de (Jcphalonie, dont l'organisation politique et legislative estheaucoup moins connuc. C'e>t a regret, mais pressc par I'espace , que je me vois force de passer sous silence de nombreuses pages du livrc de M. dc I'aslorel, pourarriver a l'cndroitou rautcurs'oceiipodcs pcuplcs de lTonic. L'oligarchic etait le gouvcrucmenl inle- rieur dc la plupart des villes de cc pays, quaiul Alexandre, ET POLITICOES. C21 apres la prise d'Epliesc, y relablil la democratic. Plus tard enfin l'lonie tomba sons la puissance romaine jusqu'a ce que Pompee lui rendit 1111 instant scs lois et sa liberie. Malgiv leurs malbeurs politiqucs, ces cites dcvinrcnl riches ct puissantes par le commerce ; ce I'urent Its l'boceens qui, les premiers des Grecs, firent de longs voyages, et reconnurcnt la mer Adriali- que, la merTyrrbenienne ct les coles d'Espagne : l'une de nos \illes les plus opulentes, Marseille, fut i'ondee par eux, <:t Ton sail quclles richesses elaient celles d'Ephese, dont le temple a acquis une si grande et si singulierc cclebi ite. 11 faut Tcmarqucr que le commerce parail avoir produit un eft'et ton- jours semblable sur les peuples anciens, celui de corrompre les moeurs. L'lonie etait rcnommee pour ses courtisanes , et e'est de la que sortirent prcsque toutes celles qui devinrenl la- meuses en Grece. Ceci et d'autres observations analogues sur Jes peuples modernes me portent a croire que ie commerce d'echange et de fabrication a toujours Ie mf-mc resullal : lous les grands comptoirs me paraissent avoir etc des foyers de corruption. Le commerce d'lonie etait certainement regie par un Code : nous n'en connaissons que de faibles parties, €t dies dorment a entendre que la piraterie n'etait pas enliere- menl etrangere a ce negoce. C'est par cette voie que les Ioniens se procuraient ce grand noinbre d'csclaves qu'ils allaient ven- dre a toutes les nations. « L'lonie vous amenait des esclaves,» dit Ezccbiel aux Tyriens. La Cappadoce fournissait aussi beaucoup d'esclaves, comme le prouvent de nombreux passages des ecrivains anciens. Mais sa legislation nous est moins bien connue que telle de la Ga- latie, qui sc composait de trois pcuplades, et etait divisee en douze tctrarchics qui avaient en commun un conseil de trois cents personnes. C'etait un conseil national qui nommait aux cmplois de l'armee, etexercait l'autorite judicia'ue en maliere criminelle. Les autres causes etaient porlees devant les telrar- ques ct les juges. La Forme du gouvernement des Lyciens a cte l'objet de beau- coup d'eloges soit cbcz les anciens, soil chcz les modernes. La, ii,,,, SCIENCES MORALES nous rctrouvons encore unc SOEte de gouvernement represen- talif. Vingt-trois cites composaient la confederation. L'assem- blee des deputes se tcnail dans la villc qu'ils choisissaient. Le nombre des \oix n'etait pas egal pour chaque ville : les plus considerables en avaient trois, d'autres deux, d'autres une seulenient ; elles contribuaient aux depenses publiques dans la proportion du nombrc dc leurs deputes. Certaincs condi- tions, telles que 1'agc , un domicile reconnu, un cens paye, etaient cxigees poutTelcelion. Les magistrate etaient nommes par l'assemblec. On choisissait d'abord le lyciarque ou chef de I'Elat, etensuitc les administrateurs ct les juges. Montesquieu, qui nomme ce gouvernement unc republique federative, parait l'avoir considere plutot dans les rapports avec les Etats etran- gers et sous les rapports d'une cite a une autre que dans l'eco- nomie interieure de ^administration politique. Je ne puis, du reste, partager l'opinion de Bodin el telle de M. de Pastoret, qui rangent un tel gouvernement parmi les oligarcbies. Je pense bien plutot, avec Sainte-Croix, qu'on doit le regarder comme une democratie pure et simple, et je ne vois pas ce qu'il pent avoir de commun avec le gouvernement oligarcbi ■• que. Nicolas de Damas dit que les Lyciens condamnaient a la servitude le citoyen convaincu de vol. Chez ce peuple les en- fans portaient le nom et prenaient l'etat civil de leurs meres. Les filles heritaient des biens, nonles Gls. II ne me reste que bien peu de place pour m'occuper avec M. de Pastoret de la legislation des Perses, a laquelle ila consa- cre la dernierepartie du neuvieme volume de son bel ouvrage. Plusieurs ecrivains, evidemment animes de l'amour du para- doxe, ont voulu fairede la monarchie persanne une monarchic temperee. lis font remonter ordinairement cette forme de gouvernement au regne de Darius, fds d'Hystaspe, etpreten- dent qu'alors naquit une aristocratic dont les membres for- maient un conseil sans Passentiment duquel le roi ne pouvait agir. L'histoire refute en mille endroits cette singuliere asser- tion, et M. de Pastoret a savamment reuni une masse de preuves qui la laissent sans nul fondement. Helvetius, a qui ET POLITIQUES. 623 il arrivait souvent d'accommoder l'histoire a son gout parti- culier, pretend que des philosophes etaient charges d'inaugurer !e prince, et lui clisaient le jour de soncouronnement : «Sache, 6 roi, que ton autorite cessera d'etre legitime le jour que lu cesseras de rendre les Perses heureux. » II aflirme , avec toute la gravito possible, ce fait, qui n'a jamais existe que dans son imagination. Quels etaient ces philosophes, et qui leur donnait la liberte de parler avec celle hauteur a des rois qui faisaient mourir dans d 'horribles supplices un courlisan asscz, audacieux pour les contredire? D'autres ont avance que les ordres du roi etaient a la verite absolus et supremes, mais qu'une fois donnes ils avaient force de loi, et que lui-meme ne pouvail les revoquer. II s'ensui- vrait que le souverain n'avait pas le droit de grace. L'histoire repond a cette opinion : e'est par Pusage de ce droit que Cre- sus echappa a la mort qui le menacait de si pies. Elle rap- porte un autre exemple : un juge avaitprevarique; il est con- damne a La mort; mais le roi, reoonnaissant de ses services, commue sa peine, et le sauve du supplice. Xenophon est sans doute cause de toutes ces erreurs ; il a denature la verite dans son roman de la Cyropedie, et Platon n'est peut-etre pas non plus exempt de tout ceproche, quoiqu'il soit facile de voir que l'un et l'autre cherchaient plutot a montrer ce qui aurait dfi etre qu'a decrire ce quietait (1). La monarchic des Perses ejtait despotique dans la signification la plus absolue de ce mot. Du souverain seul emanait la loi, revocable a sa volonle. II etait considere, non comme l'image de Dieu, mais comme un Dieu, et l'on ne se presentait pas devant lui sans Vadorcr. Le ser- ment rapporte parGrolius, et qui avail lieu a l'avenement du roi, appartient a l'histoire des Medes, non a celie des Perses. Le roi pouvait, et e'est la le signe le plus incontestable d'un gouvernement absolu, deleguer sa toute-puissance. Le livre d'Esther nous offre l'exemple d'une de ces delegations de pou- voir. n Pais de ce peuple ce que lu voudras, » dit Assuerus a son (i) Non ad historic^ fidem script us sed ad effigiem jtisti imperii. C-u'i SCIENCES MORALES I'avori; il fcui BOnfie lc sceau royal , qui s'appliquail a tons \v derrets. Ricnlot Esther, a son tour, oblient l'orihe cPrui mas- sacre epouvantahlr. Parysalis se sert aussi de son ascouilaiit sur son Ills pour hii arriichoi' le droit royal do vie el de niort, afin de faire pcrir dansd'hnrrildcstonrmensun honimcqui lui tivait dcplu. Les acles que je viens de rapporter, ct mille au- tre^ que jc pourrais filer, suflisent pour dotmer une idee de cc que devaient etre en Perse les lois criminclles. Dans les pro- \inces,les Satrapesavaient, comnie lc chef du gouverncment, le droit de vie et de mort. Des tribunaux etaient institucs ; mais par qui et comment les juges otaicnt-ils nommes ? Je ne saurais le dire, quoiqu'il fut important de le savoir pour connaitre jusqu'aquel point lenrs arrets pouvaicnt etre iude- pendans. Des peines terribles etaient portees contre ceux qui sc seraient laisse corrompre ; on les faisait mourir dans les supplices, on les ecorchait ensuitc, et letfr peau servait a rc- couvrir le siege oii devait s'asseoir leur sneccsseur. Je ne sui- vrai pas M. de Pastoret dans l'enumeration de tons les supplices en usage chez cepeuple, dont Xenophon nous presentc un si seduisant tableau : l'iinagination repugne a se nourrir de ces horreurs : les auges, les cendres, la mutilation , le erucifie- ment, rinhumationvivante, mille autre ralfinemensdc ciuaulc qui prouvent jusqu'ou peuvent aller le dclire de la tyrannic ct l'avilissemcnt des nations. Jc mc contenterai dc remarquer que la loi punissait de mort les attentats a la pudeur ct le crime de faussc monnaie. II y a lieu de s'etonner et de s'auTiger qu'un chatiment aussi disproportionne ait ete si anciennement et si universellemcnt applique pour ce dernier delit. Voila une analyse bien incomplete saus doute du bel ouvrage de M. dePastorel; mais il n'est point facile d'analyscr un livre lellcment rempli de faits et de choses qu'il n'est lui-memc qu'une maguifique analyse de la partic la plus epineusc perit- etrc et la plus obscure dc l'liistoire des peuples anciens. Le lcctcurs'ctonneia, commemoi, qu'onailpu trailer une mature aussi serieuse, jc dirai prcsquc aussi aridc, avec un style rc- maiquable par son elegance aulant que par son extreme purctc. ET POLITIQUES. t]25 M. de Pastoret a prouve en cela que sa place est egalement bien marquee, en sa double qualite d'erudit profond et d'ecri- vain habile, a PAcademie des Inscriptions et a l'Academie Alexandre Le Noble. ■fro « o »* de 204 pages ; prix, 6 fr. (■) Envoye par le Comite d'enquelc d'Anglelerre pour constater la production et le prix des bles sur le continent. T. XLYI. IVI.N l83o. /,_ 40 G->6 SCIENCES MORALES » Ce principe de critique nous parait vicieux et radicalement faux. Autre chose, en effet, est l'art considere en lui-meme, autre chose, l'esprit qui le domine. On peut soutenir que l'inspiration chretienne est la plus ftconde, meme pour le drame; mais non pas que le but de l'art soit l'edification des peuples, I' explication picuse de la vie; qu'il soit comme unc sorte de commentairc a des instructions religieuses. L'art est une manifestation de l'inlelligen'ce qui a son cercle, son but a part, sa direction propre, et n'a pas besoin d'emprunter Imilcs ceschosesau culle ou a la politique. II fut en Orient unc simple decoration des temples, un ornemeril des ceremonies. Aussi, LITTfiUATURE. 64> n'y parvint-il jamais a la perfection. En Giece, fibre et inde- pendant de toute entravc, etudie, admire pour lui-memc, il sc deploya dans sa purctu , dans sa magnificence complete. Ce seal rapprochement suffit pour renverser lc principe de F. Schlegel : car il nc tendrait a rien moins qu'a cmbarrasser 1'art des memos chaines qui le liaient en Orient. Le but de 1'art dramatique est d'clevcr, de rcmuer les times, tantot par des creations ideales, tantot par 1'exacte imitation de la nature; d'interesser enfin ; et malheureuscmcnt ce puis- sant inlcrctqu'il doit exciter manque souventdansCalderon. Si nous prosentions ['analyse de ce Prince constant que F. Schlegel tient pour an chef-d'oeuvre, nous donnerions unc triste ideede- Lvi sagacile de critique. Sans doutc, 1'enthousiasmc rcligieux dc don Fernand dc Portugal est trace a grands traits, et louche parfois an sublime : niais sa piete memc est verbeuse et fati- gante, et les autres personnages, depuis le roi de Fez jusqu'a 1'inevitable gracioso, soul faibles et sans coulcur. Le dramc, commc presque tons cenx de Cahleron, est mal conduit; le denoument, inhabile, precipite, sans aucnne liaison neces- gairc avec l'action principale. Dans Louis Perez de Galice, on rencontre unc admirable scene; celle ou Louis arrache an jiige de Salvaticrra les pieces de l'enquele dirigee contre lui. D'a Hires drauies offrent d'eclalantes beautes perdues dans un .mias de scenes incoherentes, de descriptions hors de propos, d'ambitieuses metapTiores. Mais les caraclercs soul presque toujours monotones el exageres, la verite hisloriquc nolle, les situations amenees sans art. F. Schlegel semble nietlre Cal- dcron au-dessus de Shakespeare : quarii a nous, il nous parait qu'ily a plus de genie dans la seule creation de Macbeth ou d'lago que dans lontes les tragedies 7 sous les yeux de nos lecteurs une serie de tableaux stalistiques qui ont pour objet : i° l'etat comparatif des avantages dont jouissent les manufactures anglaises, au detriment desameri- eaines, a cause des droits qui frappent 1'introduction des ma- tieres brutes; 2° les avantages comparatifs du commerce an- glais et du commerce americain, pour la construction et le greement des vaisseaux; 3° l'etat comparatif du tonnage ame- ricain employe au commerce exterieur, de 1789 a 1807, et de 1 8 1 5 a 1829; 4° l'etat du tonnage americain et du tonnage anglais actuellement employe; 5" celui de la reduction des tarifs dans la Grande-Bretagne, et de leuraugmentation dans les Etats-Unis; 6°celui du tonnage de vaisseaux, soit anglais, soit etrangers, entres dans les ports d'Angleterre, venant de I'exterieur, du ior Janvier 1-8 14 au 5i decembre 1828; 70 l'e- tat du commerce maritime de l'Angleterre, depuis la paix, avec ses colonies de l'Amerique du nord, avec celles siluees au sud du 55e degre de latitude, avec les Indes occidenta- ls, etc. ; 8" l'etat comparatif des droits d'entree, percus sur les marchandises etrangeres, dans l'Amerique septentrionale et dans les Elats-Unis; 9°laquantite deeafe introduite en A11- gleterre, pour la consommation interieure, depuis 1789 jus- qu'a 1828, les taxes diverses sur cette marchandise, et leur produit annuel; io° l'etat de I'exportation des grains, de l'A- merique en France, conformement au traite de 1787 ; 1 1° la quantite de soie, tant brute que travaillee, introduite en An- gleterre , de 1814 a 1828; i2"enfin, l'etat de ['exportation des produits manufactures de l'Angleterre , dans 1'Inde et dans tous les pays situes a Test du cap de Bonne-Esperance (y com- pris la Chine), a l'exception de la Nouvelle-Galles du sud. L'on voit ou nous entrainerait l'exposition des faits qui resul- tent de ces divers tableaux, et les de veloppemcns indispensables pour en faciliter 1'application. Nous nous bornerons done a consigner ici les vceux de la commission du commerce , et les moyens qu'elle propose pour faire cesser les graves inconve- niens que subissent en ce moment les Etats-Unis. «Nous devons adopter des mesures promptes pour sauver notre commerce maritime. Le parti le plus sage est de sup- primer les taxes sur le chanvre, sur le fer et sur les toiles a voi- les... II faut abolir les droits de tonnage, et reduire les impots sur la construction des navires, allouer un rabais equivalent au droit impose sur les materiaux, etc... Notre politique doit changer, et ne plus immoler l'interet general a des interets prives. Imitonsla sage ambition del'AngleteiTe, qui ne sacrific t. xlvi. jmn i83o. [\1 t).,S L1VRES ETRANGIRS. jamais In gluiro et la puissance nationales a des considerations d'agrancUsBement personnel*, et qui ne pennet a aucun avai>- ta"e particulicr d'cutrer en lutte avec l'accroiss merit de sa marine... » «I1 est a desirer que le commerce soil libre enlre les na- tions de I'Europe et cellos de l'Amerique. Aucun people n'est plus interesse que nous a ce que toutes les entraves soient bri- sees, a ce que toutes les restrictions soient abolies... Le nieil- leurinoven de pauverrir a ce but serait d'erablk mutuellcment un maximum de taxe, sous lequel les produits d'un pays se- raient librement cxportes dans tons les autres; ou , en d'au- tres termes, de souscrire une convention reciproque et for- melle de ne jamais lever de taxes prohibitive*. Un tel projet trouverait sans doutebien des contradicteurs, comme le traite de i -- 13 enlre 1'Angleterre et la France en trouva dans le ••ouvernemeiitdu Portugal. Mais, si les nations pnissantes dou- uaient Fexcinple, les autres seraient bientot entrainees. >> «'i'elles etaient a peu pres les doctrines de M. Pitt et celles de M. Jefferson en i;c)5. Les intentions aussi bienveillantes que sages de ces deux hommes d'Etat oat etc rendues infroc- tueoses par la guerre qui a succcde a la revolution franoaise, et qui a suspendu la marche de la reforme commerciale.... Aujoord'hoi que la paix est rendue aux nations, votre com- mission vous propose de renouveler, en la modifianl comrne il convient a noire etat acluel, la politique commerciale qui s'appuyait, avantla guerre, stir de si respectables autorites.... Une t'oule de considerations nous engagent a lenler an moins l'experience. Le caractere liberal de nos inslitutions, la forme de notre gouvernement , la vaste elendue de notre territoire, la variete et la surabondance de ses productions, I'imperieuse Mtcessite d'etendre notre navigation, de renouveler notre ma- rine marchande, etc., tout plaide en faveur dune politique siessentielleauperfectionnementdcs institutions liberalcs, qui font l'orgueil et le bonheur de notre siecle. » En consequence, la commission propose de soumettre a la Chambie, dans le cours de la presente session, les mesures suivantes : Un bill re giant les appointemens des douaniers. Un auiendement aux lois qui reglent la perception deS re- venus publics. Vn bill fixantune allocation pour 1'etablissement et l'entre- tien de magasins et dTcntrepots publics. Un bill qui alloue un rabais equivalent an droit impose sur les materiaux qui servent a la construction des oavir.es. ETATS-UNIS. — M i:\IQlli. 65g Ln bill accordant un rabais sur les cordages, quand ils sonl exportes. Un bill abolissant les droits de tonnage. Un bill qui I'avorise l'exlension de noire commerce avec les notions ctrangeres. ChjUkbetrow. M EX I QUE. 1 76. — *Memoriade laSccrelaria de Esludoydcl Dcsj acko, etc. — Memciredu Secretariat d'Elal et des Depeches des relations interieures el exterieures, In par le secretaire d'Elat de celte branclie d'administration a la Cbambre des deputes, le 12 fe- vrier i85o, etlelendemain a la seance du senat mexicain. Mexi- co, i83o. Petit in-folio de46 pages, avec plusiems tableaux el des pieces justificatives. L'homme d'Etat qui a redige ce Meinoire (don Lucas Ala- man) ne parle de lni-meme qu'a la derniere page , el n'en dit que peu de mots; mais c'est assez pour faire apprecier son caractere. Citons celte peroraison, avant de parcoufir l'ex- pose de la situation actuelle du Mexique. « Dans le tableau que je viens de meltre sous vos yeux, rien n'est cxagere, ni dissimule; evitant avec soin les opinions extremes, je me suis defic de rami propre jugement, et j'ai laisse parler les faits : ils ne sont que trop certains, trop evi- dens; et, s'il en etait quelques-unsdont on put douter encore, je les appuierais par de nombreux temoignages. Comme fonc- tionnaire public, et comme homme de bien et d'honneur, je vous ai represente notre nation et nos affaires telles que je lesaivues : a queique opinion politiquequ'appartiennentceux qui liront ce Memoire, tons conviendront en eux-memes que j'ai dit vrai. »Lesmauxde la republique sont tres-graves; mais enfin nousn'y succomberons point ; nous aureus le tems et la force d'y appliquer les remedes convenables, pourvu que nous ne perdions pas un moment , et que nous entrepienions avec courage uue guerison radicale, au lieu de nous borner a des palliatifs. II est indispensable d'y proceder avec ordre et re~ gularite, de donner les memes soins, et en meine tems, a toutes les parlies de 1'administralion. Sans la surete des per- sonnes et des propi ietes, point de societe ; sans representans elus par les citoyens , point de liberie; sans tine force pu- blique organisee pour maintenir le boa ordre et 1'union, et qui ne puisse jamais etre to'.unee centre les droits des citoyens, une nation ne pourrait subsister. Ces trois ulem'cns sont ega- lement necessaires a l'existence d'un gouvernement regulier, 660 Li v hks Strangers. quelque forme qu'on lai donne. Vous avez cntre vos mains les plus diets inteivis dc la nation ; vos resolutions vont de- cider de sa consideration et de son credit au dehors, de son bien-etre au dedans, de son existence. J'etais charge de faire conuaitre sa veritable situation , j'ai rcmpli ce devoir : que le con ares applique anx maux que j'ai signalcs des rcmedcs prompts, efficaces; la nation a mis son espoir dans la sagesse de ses representans : elle leur confie son avenir, et leur de- mande la conservation des moyens de prospcrile qu'elle tient des liberalites de la nature. » Le Mcmoire de don L. Alainan traite d'abord des relations de la republiquc niexicaine avec les autres Etats de l'Amcri- que et avec l'Europe. La grande question de la reconnaissance des nouvelles repuldiques americaines est a pen pres resolue: soit que la rigueur des formalites diplomatiques ait un peu cede, soit que des interets d'un autre ordre sesoient fail ecou- ter il ne reste plus qu'un petit nombre d'Etats chreliens qui n'ont pas encore etabli des relations de paix et de commerce avec le Mexique. Le Bresil est de ce nombre, sans qu'il y ait lieu de s'en etonner; la paix ne peutetre troublec entre deux Etats qui n'ont ni la volonte, ni les moyens de se faire la guerre, et les relations commerciales doivent etre exlreme- ment rares entre deux pays qui n'ont presque rien a echanger entre eux. Mais ce qui surprend et afflige, c'est que les nou- velles republiques out presque suspendu leurs relations^ rnu- tuelles. Depuis le cap Horn jusqu'aux frontieres des Etats- Lnis, les discordes civiles ont etc plus funestes quo ne le furent en aucun terns les amies de 1'Espagne. La lecture de ce Memoire fournitd'autressujets d'adliction etd'inquietude; car la situation du Mexique est a peu pres celle de tous les nou- veaux Etats americains. En exposant la situation interieure de la rtpublique, 1'au- teur du filemoire est 1'orce de rappeler ce douloureux souve- nir des evenemens de la tin de 1828, et d'en suivre les con- sequences, en 1829. Quelques Etats se detachent de la con- federation ; d'autres s'appretent ales imiter ; des reunions armees se forment sur divers points : l'Etat est menace d'une dissolution generale. « Tels sont les resultats de plusieurscau- ses dont Taction s'est prolongee, qui ont uni leur puissance, 0(i qui ont succede l'une & T'autre; il en est quelques-unes qui meritent une attention plus speciale ; ce sont les Societes secretes, le systeine electoral, l'abus du droit de petition, les vices de l'organisation des milices locales et la licence de la presse. »Don L. Alaman fait de graves reprochesaux Societes MEXIQliE. 661 secretes; et en effet leur existence nepeutguere etre justifiee, si la nation est veritablement litre. II parait que les elections ne sont pas encore soumises a des lois fixes dans les divers Etats du Mexiqne; et cependant il n'y a point de constitution ni de gouvernement populairequi nereposent essentiellement surunbonsysleme electoral. La nomination d'un president vient de mettre la republique en peril : chaque reelection peut etre aussi orageuse ; il y a done dans la constitution un vice qu'il faut se hater de fairedisparaitre; loin que lastabilite des lois en eprouve aucune atteinte, cette reforme est au contraire le seul moyen de consolidercc que 1'on aura conserve. On reproche au droit tie petition d'etre devenu Tune des ar- mes des Societes secretes pour attaquer le gouvernement, troubler l'ordre, et profiter, selon leursvues, de 1'agitation qu'elles ont causee. Mais les pretendus petitionnaires mexi- cains, qui viennent en armes deposer leur requele, et pro- cedent immediatemerit a ['execution de ce qu'ils ontdemande, ne sont pas des agens de Societes secretes, et ne meritent pas non plus de porter le titre qu'ils se donnent; ce sont des re- belles dont le gouvernement , s'il etail en etat de faire execu- ter les lois, aurait bientot debarrasse les citoyens paisibles. II ne s'agit pas de limiter le droit de petition, qui tres-cer- tainement n'autorise point les attentats contre l'autorite pu- blique, ni le brigandage, ni l'assassinat. Dans l'etat deplorable 011 ces exces ont reduit la republique, e'est d'un gouverne- ment fort, e'est d'union entre les bons citoyens pour secon- der ce gouvernement, que Ton doit sentir le besoin; e'est la ce que la patrie reclame, ce qui. doit etre le but de tons les efforts. L'audace des perturbateurs vient echouer contre une masse imposante de citoyens amis de l'ordre et decides a le faire observer; et le droit de petition rentre dans ses limites, sans que l'on se soit occupe de l'y ramener. « Heureusenient l'immense majorite de la nation voit ces desordres avec hor- reur ; son bon sens et sa moderation arretent bientot les progres de la contagion : mais nous avons des hommes tou- jours prets a servir lesambitieuxou les brouillons qui veulent entreprendre un bouleversement. La freqnente repetition de ces changemens, operes par la force, demoralise les peuples, altere les notions de propriete et de soumission aux lois, de- truit la confiance, et avec elle tons les moyens de prosperite publique. II faut qu'une main puissante combatte ces calami- tes, qui, si elles se prolongeaienl, ameneraient la guerre civile, et entraineraient la mine de la patrie. » Les details que donne ce Memoire sur les milices locales 66a LIVRES STRANGERS. da Mcxique font voir que ('organisation de la force publique \ est encore trcs-vicieuse, et decide en meme terns on prin- cipe de faiblesse dans le gouvernement central. Les Etuis (V- deres sont, par rapport a cc gouvernement, a pen pres dans la meme position que les grands vassaux par rapport a leur suzerain dans les beaux terns de la fcodalile : eliacun pent mettre nnc armec sur pied , se eoneertcr avec ses voisins, sans (pie I autorite cenlrale en ait connaissance. Ainsi le lien fede- ral est sans force, toujours prel a rompre; telle est la cause ties desastrcs que Guatemala vient d'eprouvcr. II ne suffit pas a In republique d'adopler une bonne organisation de sa force publique; il faut revoir l'ensemble des institutions, consoli- der et perfectionner la base de ('edifice national. Une verite, une pensee profonde, qui pourraient contribucr a ccs indis- pensables constructions, seraient, pour les nouvelles republi- ques, d'un bien plus grand prix que l'etablissement des rela- tions amicales avec les grandes puissances de l'Europe : si le ver rongeur est dans leur sein, si elles portent en elles-memes des causes de destruction, que leur imporle un eclat passa- ger? Est-ce de ccs jouissancesde l'amour-propre qu'elles dc- vraient s'occuper? Ce qu'on lit dans cc Memoire sur la liberie de la presse pouvait suffire pour eclairer le Congres mexicain, mais n'ap- prend pas aux lecteurs curopeens tout ce dont ils auraient besoin pour juger a quel degre de licence cette liberte est par-venue dans le Mcxique, de quels abus elle dut elre la source. Partout ou la presse libre a excite quelques reclama- tions, les plaintes ont etc redigces a peu pres de la meme ma- niere; et ccpendant on ne pent pas affirmer qu'elles furent egalemcnt fondees. Esperons qu'en Amerique aussi-bien qu'en Europe on senlira les inconveniens et les dangers du remede, el qu'on fiuira par supporter le mal. Ce que Ton a vu precedemment dispose a toutcequelereste du Memoire nous apprend sur les passeports, sur le defaut de donnees stalistkpies relatives aux ressonrees naliouales, aux ilivers elemens de la prosperitc publiquc. On n'est point sur- pris qu'une colonic francaise, prete a s'embarquer pour aller se fixer a Goazacoaleo, n'ait pas ose braver les dangers d'une guerre civile, lorsque les evenemensde 1828 furent connus en Europe. On ne s'etonncra pas meme que de frequentes epi- demics viennent moissonner les generations naissantes, lors- que la population qui subsiste par le travail est plongee dans la misere, imprevoyante, adonnee a 1'ivrognerie, etc. ; un gou- vcrnemenl sage et I'education peuvenl remedieraoes maui: MEXIQUK. 663 aiais il eu est d'autres contre lesquels les societes humaines onl peu de pouvoir; tellcs sont, par exemple, les secheresses opiniatres qui desoleiit quelquefois les provinces mexicaines. L'Universite et les colleges sont resles a peu pres dans le ftiemc etat (pie sous le gouvernement tie la metropole. On a cree un Instilut national; il ne se reunit point. Sans parconrir dan-; toute son elendue ce tableau des ealamites d'une nation , voyons-y quelques trails qui font honneur au caraclere na- tional. Lops de la derniere invasion, les relations commerciales ne f u rent ni intcrrompues, ni derangees ; tout sc passa comme si aueun soldat ennemi n'efit dcbarque sur le territoire mexi- cain. C'esi ainsi que, lorsqu'Arinibal etait campe aux portes de Rome, le terrain qu'il occupait fut vendu aussi clier qu'il l'cfil ete si la republique romaine avait joui de la paix la plus pro- f'onde. Les deux rtpubliques out manifesto une egale confiance dans leurs destinees; les jeuncs nations du Nouveau-Monde ont sans doute l'ambition de durer plus long-tems que l'an- cienne Rome , et de ne jamais aliener leur liberte ; qu'elles fassent done tout ce qui est encore en leur pouvoir, et qu'elles ne se trompent point sur les moyens d'assurer leurs bautes destinees. Nous nous plaisons a traduire quelques passages de ce Me- moire : terminons par celui-ci, oii la generosile mexicaine se manifeste par ses oeuvres. « Les maladies propres a nos cotes si malsaincs ont cause, celte annce, de grands ravages, parce que lc nombre de ceux qu'elles pouvaient atteinilre a ete considerablemcnt augment e. L'expu!:-ion des Espagnols, {'expedition tentee par 1'ancienDe metropole et le zele des defenseurs de la patrie ont accumule sur ces plages les victimes des exhalaisons morlelles. Toules ont ete secourues avec une toucbante sollieitude, au milieu des besoins qu'on epiouvait et de Pexcessive incommodite des pluies dans les plaines de Tampico. La marehe retrograde des troupes dans I'intcrieur y a porte la contagion dont plu- sieurs soldats etaient atteints; la junle de sante a pris la pre- caution de fa ire bruler les vetemens des morts, et meme ceux des malades. » Un Memoire tel que celui-ci contient plus de materia ux pour l'histoire qu'on ne pourrait en rassembler si Ton com- pulsait lous les journaux publics dans le meme espace de terns. Y. 664 LIVRES STRANGERS, EUROPE. GRAIN DE-BRETAGNE. 177. — * Family-Library : The Lives of the most eminent British Painters, Sculptors and Architects. — Bihliothequc de tami'lle, publiee par Menu ay. T. iv et x : Vies des I'eintres, Sculpteurs, Architectes les plus eminens de la Grande-Breta- gne, far Allan Cunningham. Londres, i83o; John Murray. 3 vol. de 55o u 4<>o pages chacun, ornes de 12 gravures. «Ce n'est pas sans une juste defiance de moi , dit M. Cun- ningham, que j'entreprends cet ouvrage : je n'ai point oublic la reuiarque salirique de mon compalriote « quand se re'sou- dra-t-on a ecrire stir ce que Con comprend? » II laut savoir gre al'auteur de cette timidite si rare parmi ceux qui semelentde pailer des arts an public. Jamais jugemenspluserronesnel'urent prononces avec plus d'aplomb que par cette foule de preten- dus connaisseurs qui egarent le gout au lieu de 1'eclairer. lis tranchentetdecidentsansappel. Elrangersaunart, auxlongues etudes necessaires pour I'acquerir, a ses meditations, a ses emotions intimes, ils se constituent juges de ce qu'ils out a peine regarde , et d\in trait de plume annulent le fruit d'un an de travail et de toute une vie d'observation. Cette in- supportable fatuite n'existe pasici. C'est plutot l'histoire pcr- sonnelle des peintresqu'une appreciation deleurs oeuvres. Deja connu comme poete, commc edileur de vieilles ballades, M. Cunningham sent et comprend a merveille la poesie des faits, le genie d'instinct ; aussi excelle-t-il a peindre les bizar- reries, les originalites de quiconque a so se frayer scul une route. De plus, il a ete long-tems l'ami et le compagnon du plus celebre sculpteur moderne de l'Angleterre, de Chantrey, et il s'est essaye, tant bien que mal , a marcher sur ses traces. Enfin il a connu les revers, leshauts et les has de ce monde ; il sait combien il est penible et difficile de lutlercontrclesorl;et, quoique sorti glorieusement du combat , il a toute sympathie pour ceux qui ont succombe. Son premier volume contient un rapide apercu de l'histoire de la peinlure pendant le moyen age, et alors qu'elle ne fut qu'une imitation penible et dou- teuse des etrangers, de Holbein, de More, de Mytcns, de Rubens, de Vandyck, etc. ; pour lui , le premier peintre na- tional est Hogarth, qui transporta dans son art toute la verve et tout le mordant de la satire. Son geste, toujours juste , mats parfois un peu force, tient de la comedie : il exprime nette- uicnt la peosce . et la met en saillic de la far on la plus evi- GRANDK-BRETAGNE. 665 dentc. On dirait unc ccrilure \ive, spirituelle, apte a nomincr loute chose, et dont chaque caractere porte unc idee a I'es- prit. C'est tantot le Regnier, tantot le Moliere de la peinlure; car, s'il a accentue fortcment certains traits, les nuances ne iui echappentpas. Sacouleurseprete merveilleusement aussi aux impressions qu'il veut donner. Dans certains tableaux, elle a un aspect blafard et terne ; dans d'autres, elle est vigoureuse, sombre et d'un myslere effrayant, en barmonie avec la scene qui se passe. La vie de Hogarth occupe environ cent pages tres-animees du premier volume de M. Cunningham, ensuite vient celle de sir Josue Reynolds, beaucoup moins bien com- prise, et ecrite avec froideur; puis celles desdeux fondateurs de l'ecole de paysage anglais, Wilson et Gainsborough, ri- ches en anecdotes spirituellement contees. A mesure qu'il se rapprocbe de notre terns, et qu'il traile des artistes conteni- porains, l'ouvrage prend plus d'interet. Les details sur Barry, qui, apres avoir etudie cinq ans a Rome, s'ecriait, a la veille de rcpartir pour l'Angleterre : « Oh ! que je serais heuieux si je pouvais, en retournant dans ma palrie, trouver quelque coin oii je pusse vivre en paix au milieu de mes etudes, de nus livres, de mes platies, oit je pusse avoir des modeles vivans, le pain, la soupe, et de quoi me couvrir ! Avec quel repos je travaillerais, sans souci de ce que deviendrait mon oeuvre, et pour me contenter seulement ! mais, quand je pense a ce que je suis, et a ce que je deviendrai a Londres, oi'j il me faudra payer un loyer, chercher de riches patrons, et des gens qui m'emploient, je me sens saisi d'horreur!» Fuseli, le plus ambitieux des peintres anglais, qui n'aspi- rait a rien moins qu'a devenir le rival de JMichel-Ange, et qui, dans sa soif de distinction, prenait chacun de ses efforts pour une reussite , est juge par M. Cunningham avec une grande partialite. Cependant ce n'etait pas un homme de genie; il y a dans la plupart de ses compositions une extravagance, une pretention a la force et a l'originalite, qui decelent plus de fa- tigue que d'inspiration. II court sans cesse apres le grandiose et le poetique, et sa confiance en Iui-meme lui donne une certaine audace qui, pies du public, Iui tient lieu de talent. II est juste aussi de reconnaitre que l'habitude qu'il avait prise de tourner ses figures avec hardiesse, le nombre de ses pro- ductions ( il a laisse pres de huit cents dessins) , enfin la faei- lite avec laquelle il retracait les scenes qui avaient frappe son imagination dans ses lectures, justifiaientsa reputation. Ilavait de l'cspril , et le tours qu'il fit a l'Academie fut goute , bien qu'abondant en sophismes et en vues fausses sur l'art : il n'ai- «>uti LUKES ETRANGERS. mait el ne comprenait la nature que traduite dans les lines; el, au lieu de tirer ses inspirations de ce qu'il voyait , c'ctait lou- jours dans son imagination qu'il cherchait tin ideal introuva- ble : de la ses ecarts nionslrueux et sa faussetc presque conti- nuelle, qui, moins fatigante dans ses dessins, devient iu.suppoi - tabic dans ses tableaux : aussi ses partisans abandonnent-ils ses peintures a la critique. Parnii les compositions serieuses que sir Thomas Lawrence possedait de lui il y en a quelques-unes reellemcnt remarqnables. Ileerivait comme il peignait . d'un style elabore, etvisant a reflet. II a fait tout un volume d'apho- lisnies sur l'art , dont les uns sont ingenieux, les autres ex- Iravagans. II commenca line histoirc de lapeinture, encore incdite, quis'arrele a Miehel-Ange. C'etait un esprit actif, i'e- cond, mais gate par l'affectation. De tons les person nages qui figment dans la derniere partie de la galerie de M. Cunningham le plus curieux et le plus attrayant pour la gencralitc des lecteurs est, sans conlredit, le pauvre Blake, visionnaire, si jamais il en fut, et qui, comme Ilofl'mann, s'cnloura toute sa vie des crea- tions d'un cerveau echauffe. II appril a graver de bonne heure; mais, comme pour sc dedommager du terns qu'il etait oblige de dormer a cet art froid et fatigant, il se livrait a la fin de la journee a toules les fantaisies de son imagination. II oubliait enlicrement 1c present pour ne vivre que du passe. Done d'une grande puissance d'abstraction , il se retirait au bprd de la nier pour y converser avec Ilomere. Moisc, "V irgilo, le Dante", Milton, qu'il croyait fermement avoir connus jadis. llalfiimait queccsgeniesluiapparaissaient, et venaient peupler sa solitude ; et, lorsqu'on I'injrefrogeait sur leur aspect, il re- pondait : « Ce sont toules des ombres plerheg de majcste, grisa- tres mais lumineuses, et depassant dc beaucoup la taille ordi- naire des hommes. » Sa l'emme , qui lui clait fort devouec , parlagcait son enlhousiasme, et l'aceom^agna souvent dans ccs et ranges enlrevues, on elle avoue qu'elle ne vit et n'en- 1 lendit rien , bien qu'elle persisle a croirc (jue son inari voyait et enlcndait. Dans l'espiit revenr de Blake les moindres ob- jets prenaient une apparence sumaturelle. Une I'ois, ildemnnda a une dame si jamais elle avait vu les funerailles d'une fee?Et il conta que, la veille, se promenant dans son jardin, par un terns calme et doux, ct alors que pas un souffle d'air n'agilait les branches et les fleurs, il avait entendu un son harmonicuxet bas, sanspouvoir definir d'ou il venait. «Enfin , continua-t-il, jc vis se mouvoir une large fcuille de rose, dessous je distin- guai une procession de petites creatures de la grosseur et de la forme de saiiterc'lcs vertes el grises : elles portairnt un corps GRANDE^BRETAGM". (i(i; etentlu sur la feui.le, qu'elles enterrerent en ehanlanl ; puis elles disparurent : c'ctaient les obseqnes d'unc fee. » On serait tente a.v Pierre Dobell, conseiller a la cour de S. M. l'em- pereur de Russie. Londres, 1800; Column. 2 vol. in- 12. La premiere visite de ce voyageuru la Chine date de 1798, mais depuis il sejourna sept a huit ans a Canton et a Macao, et alia meme une fois jusqu'a Pekin. Bien qu'il mette une grande reserve dans ses communications sur ce pays, c'estce- pendant lapartie la plusneuveetla plus attrayantedeson livre. II s'enfaut, selon lui , que les forces militaires de l'empire s'elevent, comme on l'a dit, a plus d'un million d'hommes; ou du moins jamais armeeaussi nombreuse ne fut plus mal orga- nisee, et plus ignorante dans l'art de la guerre. L'interventton des troupes est nulle lors des insurrections qui eclatent dans les provinces, et qui naissent presque toujours des querelles de quelques families puissantes. Le gouverneur se contente, en pareilscas, d'assistera la melee, et, apres Tissue, rachete an parti victorieux un certain nombre de prisonniers, qu'il en- voic a Pekin , les qualiQant du noni de rebelles, ou dont il fait couper la tete, comme justice plus expeditive. II existe en Chine une secte tres- formidable qui s'intitule fraternite ce- leste, et qui, si Ton en croit les bruits publics, exerce une grande influence, et compte parmi ses membres plusieurs per- sonnages puissans, bien qu'elle se recrute en grande partie parmi les vagabonds, les joueurs, et tout ce qui forme la lie de la societe. Elle a pour but le renversement de la dynaslie tatare. On ne peul nier que les arts mecaniques ne soient pousses a un haut degre de perfectionnement en Chine ; mais ce per- feclionnement est moins le resultat d'un progres scientilique que de l'experience lente et laborieuse des siecles ecoules. La maniere dont les Chinois fabriquent les soieries, le lustre qu'ils leur donnent, 1'eclatet la duree des couleurs, l'emportent sur les notres, mais ce n'est point grace a des procedes secrets ou particuliers. M. Dobell, qui assista a la teinture de diverses etoffes, ne vit pas employer d'autres mordans que les plus con- nus, et les plus en usage en Angleterre. Le brillant des cou- leurs tient a une pratique exercee de l'application des mordans, C,:,, LIVRES ETRANGERS. ••i ;, certames influences du climat : parexemple, on teini, et on met srchcrlcs soiea an moment 01^ regno le rent du nord^qu'on nomine pak fung, depuis lo fm de septembre jusqu'au com- mcncemenl d'ostobre. Ce vent a dos efl'ets si remarquables. et se fail scnlir si vile, que, s'il commence a soufllerdans la unit, lorsque lesporteset les fenetres sont fermees, i'extcdmc secheresse de I'air penetre partout; les meubles et les plan- oherscraquentavecun bruit pared a 1'explosion d'un pislolet. Si les planches ont ete posees en etc, par un tems humide, ellesse lVndent, et s'onvrcnt d'un ponce an moins. Le pak fung est aussi trcs-favorablc a I'emballage des marchandises, et les Chinois rattendent avec impatience pour embarquer le the, les soieries, et en general tout ce qu'ils exponent : ils preten- dent qu'il detruit et absorbe complelement tout germe d'hu- midite, etque les soies tcintes, qui ont ete secheesa cevent, se piquent 011 se tachent rarenient, outre qu'elles conservent jus- qu'a la fm la meme vivaeite de couleur. « Ce peuple est onrlin a toute especede sensualites ; il aime les images indecentes et les ecrits fibres, et no se fait nul scrupule de pousser l'amour du plaisir jusqu'a un exees criminel. Les representations tliea- trales sont souvent d'uue grossierete choquante, quoique les femmesy assislent, et paraisscnt y prendre un vif plaisir. »En general, dans les amuscmens comme dans les occupations gra- ves, dansleur formidaire de politesse, on la forme remplace le fond, ilya,chez lesCliinois, un melange de niaiserie, de licence et de gravite, qui denote Hne civilisation vieillie et maladive. On diraitque tout s'est efface derriere ce terne et insipide vernis, et que la pensee et Tame se sont enfuies pour faire place aux convenances et aux sotles regies de l'etiquette. Void entre beaucoup d'autres one de leurs traditions caracteristiques sur 1'originedes lettres en Europe : « Un Chinois qui avait accou- tumc de se promener en lisant s'enfonca unc fois dans un boisou il s'arreta pour se reposer. Jl mit son livre prcsde lui, et s'endormit. Un pen apres il s'eveilla, retourna chez lui, el oublia le volume, qui resta la plusieurs annecs, lombant en poussicre, a l'exception de vingt-quatre caracteres, qu'une pierre recouvrait. Un singe retrouva ce lambeau, et, ne pou- vant le lire, le porta aux Europeens, qui en firent la base de leur pauvre et chelif langage. » M. Dobell donne aussi de eurieuses parlicularites sur la Si- bcric et le Kamschatka. Ce dernier pays se depeuple de jour en jour, et pourtant le sol y est productif, susceptible de cul- ture; et, < omme position, il avoisine les contrees les plus ri- ches et les plus populeuses du globe. I isulTii de dix a donze <:HANoi:-miKTA<;Ni:. 671 jours (le trarersee pour aborder anx ilcs du Japon : trente ou qiiarault; jours pour se rendre aux iles Sandwich, a Macao, aux Philippines; et de deux mois au plus, pour atteindre la cote nord-ouest de l'Amerique. L. Sw.-B. ■ 80. — * On financial Reform, etc. — De la Reforme des Fi- nances, par Henry Parkell, membre du parlement. Londres, i85o; Murray. In- 12 de 5oo pages. Les connaissanccs economiques sont loin d'etre generale- ment repandues dans le parlement d'Angieterre. La, comine ailleurs, les anciens prejuges de la balance du commerce ont de protbndes racioes qui ne cederont qu'a Taction du tems. II faut que les generations se succedent, et que de jeunes es- prit*, plus diverts aux inspirations de la raisori, adoptent pour regie de conduite des principes fondes sur des lumieres plus sGres, sur une etude plus rigoureuse de la nature des choses. L'ouvrage que nous annoncons ici est le fruit des dernier* progres de l'economie politique. Sonauteur fait partie dc cette minorite eclairee du parlement britannique dont l'influence augmente tous les jours, et aux efforts de laquelle l'Angleterre doit deja un assez bon nombre de bonnes lois, plus de liberie conmierciale et une diminution notable dans les depenses pu- bliques et le montant de la dette. II est triste que nous augmcn- tions la notre a mesnre que celle de nos voisins diminue ! «Quand on considere, dit l'auteur (page 74)? a'un co*e 'es avantages (|ue toutes les nalions auraient trouvcs si Ton avait laisse les manufactures el le commerce suivre leur cours na- ture!, c'est-a-dire si Ton avait laisse les nations se pourvoir de ce qui leur convenait au meilleur marche ; et quand on con- sidere de l'aulre cole les guerres et les frais occasioned par le systeme qui a pourbut deproteger I'industrie par des droits, on ne peut eviter cette conclusion que les homines d'Etat qui ont invente ce systeme, et ceux qui le souliennent encore, sont les plus grands ennemis du genre humain et de la civi- lisation. » Comme dans cet ouvrage les bons principes de l'economie politique marcbent toujours appuyessur des fails, ils s'y pre- sentent avec une force irresistible; et les nombreux tableaux reunis par M. Henry Parnell le rendent exlreniement preeieux a toutes les personnes qui s'occupent de ces matieres. Les economistes francais qui veulent se tenir au courant des fi- nances, des bonnes mesures prises par l'Angleterre dans ces qninze dernieres apnees, et aussi des sottises de quelques- uns de ses homines d'etat, trouveront ici une ample matiere a lent* speculations. J. B. S. (>;?. LIVRES ETRANGERS. 181. — * Memoir of the Life and public Services of sir Thomas Stamford Raffles , etc. — Memoires sur la Vie et les Services publics de sir Thom. Stamford \\. v ffi.es , cx-gouvcrncur de Java en 181 1-1816, et de Bencoolen ct ses dependances, en 1817-1824; suivis de details sur le commerce et les ressour- ces de l'archipel oriental. Londrcs, i83o; Murray. In-4° de 820 pages, public par la veuve de sir Thomas Rallies. 182. — *T/ie Li fe of 'Major-general sirThomas Munro. — Yiedu major-general sir Thomas Munro, Baronnet, ex-gouverneur de Madras; avec des extraits de sa correspondance et de ses papiers ; par le reverend George. Gleig. Londres, i85o; Col- bnrn et Bentley. 2 vol. in-8°. Ces deux homines, qui ne durent qu'a leurs talens le rang eleve auquel ils parvinrent, avaient de singuliers rapports de gofitset de caractcre. Egalement doues d'une iirae energique, d'une volonle forte et independante, d'un esprit ohservateur, il fallait a leurs facultes nn champ vaslc, des creations a i'aire, nn pays neuf, et surtout il leur lallait etre a uneassez grande distance de 1'autorite superieure pourqu'ils pussent se (igurer parfois agir seuls et pour leur propre convpte. Places imine- diatement sous la main de la compagnie des Indes, ils n'eussent etc que des agens dociles et secondaires , tandis que, loin d'elle, ils purent agir avec liberie, et d'apres leurs propres observations sur la contree et ses habitans. Sir Thomas Raffles alia memc si loin qu'il inspira de la jalousie, sinon de la me- fiance aceuxmrmesqui jugeaient indispensable de l'employer. II prit heaucoup sur lui ; a Java, il vendit les terres de la Com- pagnie sans la consnlter ; il introduisit des reformes, et adopta desmesuresquitendaient peut-etre plusaaflermir la puissance britanniquc que celle de la Compagnie. Ses mesures politi- ques a Sumatra lui attirerent la censure des directeurs, par- ticulierement l'emancipation des esclaves, ainsi que l'etablis- sement d'une station pour 1'abolition del'esclavage, actes qu'il fit sans autorisation, et qui etaient direcleinent contraires anx interets qu'il etaitcharge de soutenir. Mais il ctaittrop enthou- siaste des theories dubien public, trop zele pour la justice, il avail lecoeur trop chaud, et la tete trop 1'orte pour se resigner au role de suballerne, surtout dans une sphere eloignee de quinze mille milles du siege du pouvoir. Puis sa carriere avait ete plus administrative que militaire; il echappait a celle subordination despotique, sous laquelle Munro s'etaitde bonne heure accoutume a plier. Aprcs avoir aid<* a la reduction de Java, en 1809, '1 ml charge de toule l'administration de cette ilc. dont il a donne la meillcure histoirc qui existe. lnl'atiga- G R A N D E-B R ET A GN E. f >7 3 ble Jans ses recherche.-, il ne faissa euhftpper auciuie occasion d'etudier le pays, ses res'sources", ses productions, et de ga- gncr la confiance des naturels. II fit beaucoup de hien, mais la Compagnie, qui tient pins a honneur de se faire craindre qu'aimer, lni snt peu de gre de tant d'innovalions salutaires, et lni (it quitter Java ponr Bencoolen. Sa sante etait alors si delabree, qn'avant de se rendre on ses nouvelles fonclions l'appelaient, il vint faire 1111 voyage en Europe, dans Pete de 1 8 16. II avail a coeur de se disculper auxycux de la Compa- gnie, et d'exposer an grand jonr tonte son administration. Mais il ne renssit point pies dn conseil. Cependant, on voulut bien luiaceorder le merite.de ses bonnes intentions, mais sans approuver aiieune de ses mesures. Malade, el degoute de ces injustices, il fit une tournee sur le continent, el ne consentit u repartir pour les Indesqu'au bout do plusieurs annees. II ar- riva a Bencoolen, dans Pile de Sumatra, d'ou il ecrivait : « Ce lieu est, sans contredit, le plus miserable que j'aie jamais vu, Je ne puis vous donner une idee de la desolation qui m'en- vironne. Un gonvernement detestable, une foulc d'obstacles qui tiennent aux localites, enfln, des tremblemens de terre repetes, out si bien fait, que nous n'avons pas, a la Iettre, oi'i reposer nos teles, ni de quoi satisfaire a la (aim. Les routes sont impraticables : les senders fiayes dans la ville, couverts de ronces etde mauvaises herbes; la maison destinee an 5011- Arerneur est un repairc de chiens affames, de chats-fouins, de corbeaux, etc. » Plus tard, en penetrant dans I'interieur, il y trouva la population tellcment miserable, et le pays si inculte, qu'il sedecida a y camper pour surveillerlui-meme lestravaux qu'il avait ordonnes, entre autres le defrichement des parlies de la foret qui servaientd'asile a une quantite innombrable de betes feroces. Un villageois lui dil que son pere et son grand- pere avaienl ete emportes par de^ tigres, et il y avait a peine une famille qui n'eut perdu ainsi quelques-nns de ses mem- bres. « Les habitans semblaient pre>quc resignes a la perspec- tive de ce genre de mort, et ne prenaient que peu on point de precautions pour s'en garantir; ils croient a la transmigration des ames , et appellent ces animaux leurs drnes ou grands- peres. Sur les bords d'une des rivieres de la cote, plus de cent personnesavaient ete devorees par les tigres 1'annee d'avant : quand il s'en presente un a l'entree d'un village, on s'em- j resse de Iui placer sur son passage du riz et des fruits, dans 1'espoir qu'il se con>enlera de I'offrande, et passera outre sans faire de mal aux homines. Dememe,pour la petite-verole, des «[u'elle se manifeste dans une maison , on y porte toute espece t. xr.vi. ivi^ i85o. 4" g:, livres Strangers. do presens, a(in d'apaiser le mauvais esprit. » En general, les Indiens neluttent pascontre lemalhcur; ils l'acceplent comme necessite, et mettent dans leur resignation buaucoup phis de Constance el de force qn'il n'en faudrait pour preveuir ou repousser le mal. C'est, du reste, nne race inoffensive, sobrc, passionnement attachee a ses antiques coutumes, et capable d'energie pour conseryer, mais jamais pourdefendre. Bencoo- len, quoique l'nn dcs premiers etablissemens de la Compa- gnie, etait devenn avec le terns, le Botany-Bay de l'lnde. On y deportait chaque annee nn certain nombre de criminels. Le principal revenn dn gonvernement consistait en impots sur les jeux et le combat des coqs. Le pays produisait du poivre assez abondammenl ; mais le systcme de tra\ aux forces qu'on avait adopte pour la culture etait si radicalement vicieux, que le produit de la rccollese maintenait fort au-dessous des frais. Nolle part sir Thomas Raffles n'eut trouve plus de maux a combattre, plus d'utiles re formes a faire. II se mit a l'ceuvre de toute sa puissance, emancipa les esclaves, abolit les cor- vees, introdiiisit un nouveau plan de gouvernement, et seren- dit si populaire parmi les naturels, qu'un vieuxchef, etantvenu de fort loin pour le voir, lui sauta au cou'et le quittaen pleu- rant comme un enfant. Cette epoque fut, sans contredit, la plus heureuse de sa vie : il jouissait du bien qu'il avait fait a un peuple reconnaissant , et il avait pres de lui sa femme et sa famille. Mais, son bonheur dura pen; snr quatre enfans, il n'en put sauver qu'un des ravages du climat : encore fallut- il se resoudre a s'en separer, et a l'envoyer en Angleterre. La sante de lady Raffles declinait rapidement : en 1823, il obtint la permission de partir, et s'embarqua sur le vaisseau La Re- nommee, qui devait le ramener dans sa patrie. Ils etaient a peu de distance de la terre lorqu'un violent incendie e data a bord. Le gouverneur et sa femme furent sauves, non sans peine; mais le premier y perdit ses papiers, ses dessins, toutes ses notes, ses observations, les matcriaux rassembles a grands frais pour une bistoire complete et detaillee, non-sculement de Sumatra, mais de Borneo, et de toutes les iles remarqua- bles de ces mers. D'immenses collections d'objets d'histoire naturelle, des cartes, des dictionnaires, des recherches ma- nuscrites sur les langues d'Orieat, furent enleves aux scien- ces par cette catastrophe; et celui qui avait passe sa vie a ac- querir ces tresors, et pour qui la perle etait irreparable, en parle avec une resignation extraordinaire- dans une letlre da- tec de 1824,011 il raconte ce desastre, et qui fut publiee dans lesjournaux anglais, peu de temsapres reveneinent. II remit GRANDE-BRET AGiNE. 6;5 ii la voile, et arriva en Angleterre an mois d'aout. Quoiqu'il n'eQt que 4^ ans, le climat ties Indes, ses rudes travaux, et son infatigable activite, avaient triomphe d'une constitution originairement tres-robu?te. il n'eut plus que de courts inter- venes de bien-etre, dont il profita encore pour fonder la so- ciete et les jardins zoologiques, l'undes etablissemens les plus utiles et les plus curicux de Londres. Sa veuve a reuni plu- sieursdes papiersqu'il a laisses, et une grande partiede sacor- respondance dans le volume que nous annoucons : comnie elle ne l'a pa? quitte, elle a pu y joindre des details interessans sur le pays qu'ils out habite ensemble, et snr son administra- tion. Peut-etreeut-il ete mieux dedonnerii ces Memoires une forme plus populaire, et d'en mettre le prix a la portee de presque toutes les classes de lecteurs. La vie de sir ftlunro a surtout rapport aux guerres soute- nues par la Compagnie et aux traites qui en furent la suite; il debuta d'abord, comme enseigne, dans la campagne contre Hyder-Ali, de 1780 a 1784- Promu au grade de lieute- nant, en 1786, il se fortifia dans l'etude du persan et de l'indou. En 1790, lors de Parmement du celebre Tippoo, «t de sa premiere declaration de guerre a la Compagnie, M. Munro prit part aux bostilites, et assista meme a la cbute de Bangalore. En 1792, il passa de Parmee a l'admi- nistration, ayantete nomme assistant du capitaine R«ad, an departement des revenus, et charge particulierement du dis- trict de Baramahl. Plus tard, il fut envoye a Canara pour re- gularisercette nouvelle possession, que la seconde guerre con- tre Tippoo avait assuree a la Compagnie. II fut ainsi grand organisateur de la plupart des nouveaux territoires conquis, et il y deploya une severite plus militaire que civile. Son de- voOment aceux qui l'employaient retrecit souvent sa justice; cependant on ne peut lui reprocher d'actes de cruaute : c'e- lait un administrateur selon le cceur desdirecteurs du conseil, et un habile homme de guerre. L'expedition contre les Mah- rattes lui valut le rang de colonel , de general de brigade, et enfin, de major-general. Bien qu'il fut revenu en Angleterre, en 1819, avec la ferme intention de ne plus relourner dans lTnde, et de se reposer de ses fatigues, sa nomination a l'em- ploi de gouverneur de Madras ranima son ambition, et il trouva la force de repartir. La guerre des Birmans fut pour lui une nouvelle occasion de se signaler. On reconnut ses ser- vices en Ic nommant baronnet ; et Ton assure, que lors du rap- pel de lord Amherst, on le designa pour succeder au gouver- neur-general. Ce fut dans Pete de 1827, qu'allant visiter ua ti;(> LIVRES gtrangers. lien i i ) l'i ■ - 1 1- du cholera-morbus, il succomba ace thai terrible, rlont il ressentit les premiere's attcintesaneufheuresdumatin, et dont il mo unit ;'i neuf hcurcs du soir lc metne jour. "Oc meiiie que sir Thomas Raffles, il avait conserve de fpais souvenirs d'enfance, et de profondes affections de famillc, qui reposent l'amc et repandentdu charme sur unc vie, d'ailleurs si constaniment et si peniblement oecupce. L. Sw.-Belloc. RUSSIE. i85. — Lettrc r/cTtJTTJNDJU-oGLOu-MousTAFA-AGA , veritable philosophe turc, a M. Thadde'e Bitlgaiupje , redacteur de Y A- beille da Nord ' ; traduite du russe et publiee avec mi savant commentaire , par Koutloik-Fouladi (pscudonyme) , ci-dc- vant ambassadeur de la cour de Boukhara a Khiva (l'aucienne Germanie) (1), actuellement marchand d'abricots confits de Samarcande , et litterateur. Sainl-Petersbourg, 1828; imp. de N. Gretsch. Broch. in-8° de j5 p. Cette letlre, dont 1' original, en langue russe, a paru vers la fin de 1827, dans V Abellte da Nord, journal dirige a Saint-Pe- tersbourg par MM. Gretsch et Boulgarine, et dont une pre- miere traduction, autre que telle que nous annoncous ici , a etc publiee a Moscou, dans le Bulletin da Nord, recueil fran- cais , presque enticrement redige par M. Lecoiute de Laveau (cah. de levrier et de mars 1828) , a fait beaucoup de bruit en llussie, et a ete un sujet de scandale pour les orientalistes de tous les pays. Elle est de M. Senkovsky, auteur d'un Supple- ment a I' Histoire generate des Huns, des Turcs et des Mogols, qui a ete l'objet d'une critique severe de la part dc M. de Ham- mer, dans les Annates de Lilterature, de Viennc (J ' ahrb'ucher der Litcratur, xxxix band). L'autenr censure prend a son tour sa revanche, en relevant sans pitie une foule d'eneurs que, se- lon lui , M. de Hammer aurait commises, dans son ouvrage sur les Originesr asses (2). Le ton de plaisanterie, quelquefois (1) L'analogie entre Kliiva et l'ancienne Germanic, qui est donnee ici cominf unc plaisanleiie, parait avoir etc presentee comme serieuse par M. de Hammer, qui, dit t'autewr de cette lettre (p. 43) « nesedoutant pas que Kliiva, ou l'aucienne Ourgucnc/j, s'appelle en arabe Djordjanii, au lieu de ce mot, a hi Djurmania, el a proclame solenneileincnt la de- couverte de la pa trie primitive des Alleniands. » (2) Sir les Uridines ritsscs, Extraits de manuseiits orientaux, adresses a M. le comte A. de Itointmzo/f, chancelier de I'empire de Russie, dans une suite de lettres, depute 1'an 1816 jusqu'a l'an 1S25, par M. J. df Hammer. 1 vol. in-4°. Saint-Petershourg, 1827. Se trouvc a Paris, chex Dondey-Dupi e ; prix, 9 fr. RUSSIE. r,;; assez heureuse, qui regne d'un bout a ['autre dans coitc let - tre, ne doit pas etre une raison pour nous dc la passer sous silence, ou de la Iraiter legcrement. II y a un cote serieux, tres-serieux dans cette polemique ; elle prouvcrait, si M, Seu- kovsky a raison, et si toutes ses critiques sont bien fondees , qu'avec un nom celebre on peut abuser de la confiance des lecteurs, et leur donner pour dc la science les resultats d'une etude fort peu consciencieuse, ou du moins fort peu echirec ; ou , si les critiques de 31. Senkovsky sont injustes, que les petites jalousies et les petites rivalites etouflfent trop souvent tout sentiment de justice et de veritechez eetix qui cultivent les sciences, dont le but general devrait etre avant tout la re- chercbe de la verite. Nous passerons rapidemenl sur les^vingt premieres pages de la lettre de 31. Senkovsky, consacrees a etablir 1'origine et l'liistoire du philosop/ie lure dont il a pris le nom, et a racon- ter comment, de marchand de (abac a Jaffa, il est devenu marchand de savon a Saint-Petersbourg. L'an 1206 de la fuite du prophete, dit-il, le pacha, ayant besoin d"argent, lit ramas- ser, dans le desert, une provision d'alcali, par les Bedouins, avec lequel il fit fabriquer une enorme quanlile de savon, qu'il distribua ensuite aux plus riches habitans de ia province, avec Tordre d'en verser le montant, sans dclai, dans sa caisse. « Du nombre de ces derniers, ajoule-t-il. fut aussi mon pere, a qui Ton envoya i4>ooo rattles (livres) de cette utile sub- stance, pour laquelie il dut payer sur-le-ehamp 10,000 abod- mcdfda (piastres fortes d'Espagne). »CeIui-ci ayant voulit faire de tres-humbles remontranccs an pacha, son I'lquile donna aussitol l'ordre de 1'etrangler. Le tils, auquel on ue laissa dc toute la succession de son pere, que les i/|?ooo rattles de sa- von, prit le parti de venir les vendre en Russie. Nous n'avons cite ce passage, que pour avoir occasion de signaler tin nou- vel exemple de la tolerance de la censure russe, qui a permis a l'auteur d'imprinier la remarque suivante (p. 8) :«Plusieurs de nos pachas font un commerce a peu pres semblable, et Ton m'a dit qu'il y a quelque part une contree , oil ies seigneurs partagent absolument, de la meme nianiere , Teau-de-vie a leurs serfs. » Or, cette remarque s'appli(|tie bien directement a la Russie , ou le gouvernement s'est reserve le monopole de l'eau-de-vie de grains, Jontie peuple fait un usage si frequent et si funcste, et dont la vente est afferinee tous les an? par !a couronuc, dans chaque province, au plus offrant et dernier encherisseiir. Veiiant a l'objet dc sa critique . 31. Senkovsky dit posiljvc- «;8 LIVRES ETRA1NGERS. mcnt, (p. 21), que :« Prcsque chaque ligne des traductions de M. dc Hammer (de l'arabe, du persun et du turc) est remplie d'erreurs, d'inexactitudes etde meprises si graves et souvent si risibles, qu'elles sortent de la categorie des incor- rcclions pour lesquelles un auteur peut reclamcr et obtenir l'indulgence de ses lecteurs benevoles. » Entre autres erreurs qu'il releve , nous eitcrons le mot arabe ikhtiar, qui signifie, selon M. Senkovsky, libre arbitre, volonte , opinion, et dont M. de Hammer (p. i3, des Origines russes ,) a fait un nom propre d'homme; lc mot mounfeshian (qui va en s'elargis- sant) , dont il a fait un peuple, les Mounfcslias. C'est ainsi , ajoute le critique, qu'on voit figurer dans l'ouvrage de M. de Hammer, les Tamlessans, les Andjars, les Schefnans , les Bourghaz , les Esroussiyds , les Ssafers , les Ssakars , les Aslians, les Gharans, les Kholeks , les Mouharikas , les Bir- kcts, etc. , tons peuples d'origine grammatical, et nes sous la plume de M. de Hammer. » Plus loin (p. 3o) , nous trouvons quele celebre orientaliste de Vienne a ecrit (p. 44) ? que« lej Turcs sont un peuple nombreux , et que leurs especes sont sans nombre ; que les uns demeurent dans les deserts et dans les plaines, et les autres monlent sar des cbam'enux. n « On lit dans le lexte persan, dit M. Senkovsky : Der djebtd niscliinind, c'est-a-dire lis siegent (ou ils demeurent) dans les montagnes; mais le savant orientaliste a mal demele le mot djcbal, monta- gnes, et il y a substitue djimdl, cbameaux, et, par ce cbange- nient d'une seule lettre, cela signifie en effet que les uns liabi- tent Us plaines, et les autres siegent (ou demeurent) dans les ehaineaux.nPlus loin, enfin (p. 54), le critique rapporte ce passage, traduit par M. de Hammer (p. 38, art. des Russes) : « Leurs maisons sont de bois ; on y porte du lin et du Kundus (nom d'une berbe). Ils out de grandesvilles, ou ilyadeflierbey du Hadnik, des cours. » Et, au lieu, de cela, il y a dans l'origi- nal, dit M. Senkovsky :« Leurs maisons sont en bois. C'est de tear pays qu'on nous app^rte du lin et des peaux de castor. Leurs grandes villes sont Kidw ( Kiovie, 011 Kief) , Tchernig (Tchernigof), Kharka (Kbarkof) , etc. Ainsi, nous avons vu tout a l'heure que M. de Hammer avait piis des noms com- muns pour des noms propresde peuples; maintenant,il prend des noms de villes pour des noms communs. » « Le livre, ajoute le critique, est traduit presque en entier de la meme maniere , et il serait impossible d'y trouvcr trois Iignes de suite qui puissent soutenir un examen. »Aprescela, fiez-vou» aux tresors d'une erudition dont les possesseurs seraient en- coi« pbif rare.« et pbu dis85o ; impiiincriu tic lii- giiQU nine. In - 8" do 53 pages. I.c canton de Vand, no dc la revolution helvt'Miquc, suivit les destiuecs d teme electoral ; un tiers des Hgnataires demanda t\nltttant tout, on staluat legalcmeul 1111 mode dc revision. Cos petitions donnorcnt lien a uttC discussion pTolotjgeE daas den* seances conseeutives . I'nne de sept henres , l'antrc de hnil et demie ; la relation en romplil 1 '\o pages ih-$°, peiil oarai Here (1 '). INnir resnltat materiel tie la discussion, la resolution de Fannee procedenlc I'nt confirmee , a line majorite i!c 87 roiii conlre r>.r). Lc resnltat moral flit lout autre : ectte det'aite apparente de- vinl lc signal de la victoiro de 1'opinion puhliquc. La mani- festation dc eelle opinion, et le senl fait tfeS petitions produf- sirenl unc impression profondc siir lc Consril-d'lilal ; M. lc landammann Monod, memhre du Consoil-d'Klal , ailirinc , dans sa brochure, que eelle impression lut« dc la peur, on uti sentiment dc erainte qui nc laisse pas d'avoir quelqne analo- gic avee la pcur. » Jc laisse aux acleurs lc soin dc reveler to qui se passa derricrc les coulisses. Un mois aprcs la cloture de la session, lc Conseil-d'Etat nomma unc commission dans son sein, pour projcler des changemens a la constitution. Cost tout ec que Ton appril ; le secret le plus rigourcux 1'ut observe. Quelque terns avant la session dc 1800, unc premiere revelation se iii dans un journal d'un autre canton, qui annonea le Mcmoiir, hhtorique (n° igi),commc un elier-d'ocuvrcdiplomati([ue. Par malheur pour la diplomatic vaudoisc, son trompctte se tromail etrc le, Courrier fribourgcois, eirconstance qui revelait du jesuitisme. Cettc ceuvre, plus estimable que l'annonec nc la faisait suppo- scr, demeura inconnuc jusqu'aux premiers jours du mois de mai dernier; alors, an commencement de la session du Grand* Conseil, on la remit a ses membres, avec le projet dc chan- gemens a la constitution, et le Rapport (n° 19-1) qui laccum- pagnait. La eirconstance du secret si bien garde, rapprorhee de la hale aveclaquellc out demande a procedcr el les nicinbres du Conseil-d'Ltatcl la majorite legislative, qui, jusqii'alors, avaienl repousse loute idee dc changciiicnt , nc saurail eehapper a 1'attcntion des hommes habitues a observer el a reflefchir; Le projet dc decret prescnte par le Conseil-d'L'tal a etc disculc, il est vrai , dans cinq longues seances, aveccalme, generalc- (1) Session de 1859 du Grand-'Cvnseil dll Canlon lit Fault. Lausanne, 1829; Fisrher. 1 vol. in 8" dc 477 pages. SI iSSK. 6iii 1 c 20. La minorite, composec des cle- inciis les plus lielerogcncs el les moins unis, ademande,a pen pros unaiiimcment , plus de lenteur el tie eirconspection dans nne ocuvre aussi importante, afin que Popiuion publique put clre consull.ee 9 et le rejuoclie de precipitation evile. La frac- tion dcinocratique de cette minorite , a hupielle je mc fais 1111 lionneur d'avoir apparlenu, a demande, en outre , toutefois avec quelqucs divergences individuellcs : 1° one loi prealable de forme sur la manierc de procedcr d.lns 1111 < liangenient a la constitution; 2° le rejcl de Particle , qui altribue au Grand- Conscil la faeulte de nonnncr dix-huil de ses mcmlires; 5" la sanclinn de la conslilulion nouvelle par les assemblies cleclo- rales, Je nc sais si je liasardc ti op en porlaut 1111 jugement dans one cause 011 j'ai etc parlic; mais il mc scnible que ccs trois points out etc sou ten us avec plus de force de logique que les theses conlraircs n'out etc defenducs dans les dcbals et dans le Rapport dc la Commission, indique sous le n" iq5. Quoi qu'il en soil, la constitution de 181 !\ a ele recllemenl corrigce , a quelqucs cgards ; mais on a laisse subsister, dans les changemens nif-mes, des gertnes viciaix qui, lot 011 laid, par la force des choscs, deviendront des germes de malaise. Les corrections reelles sont les suivanles : i° le ecus electoral a ele bajsse , el les colleges elcctoranx ouvcrls a un bcaucoup plus grand nombre de ciloyens. 20 Tonics les elections, a Pexceplion dc 18, seiont failcs par le peupie, avec ou sans Pinlervenlion du sort. 5° La dun' e des functions legislatives est rcduile de 12 ansa 6. 4" Les elections, plusdirecles et de moi- lie pins frequences, permellrout mix eleclcurs d'excrccr leurs droits a des cpoques plus rapprocbees, el les engageront a les exercer avec plus de soin. 5" Dans la suile, si quclquc cliange- llient se fait a la constitution, il devra elre saiielionnc par les assemblies eleclorales. Les vices du changement operc con- sisient, suivanl moi , dans les points que voici : i° On a pro- cede, avec precipitation, malgre les circonstances les plus fa- vorables pour procedcr avec le calmc de la sagesse el avec la eirconspection digne de la bonne foi ; on a refuse dc statucr d'avance 1111 mode de revision , et d'aborder de front la ques- tion du pouvoir consliluant. 2" Les dix-huit nominations que lc Grand-Conseil s'est reserve dc faire seronl incvilablcmcnl unc mine d'intrigues exploilee au profit du pouvoir executif. 5° Jusqu'a present, la duree dc lbnclions des nicnibies du Grand-Conseil el du Gonseil-d'Ltalavajl loujours eleia mime; desormais, les membres du Gonseil-d'Etal rcsleronl en charge G.)i LIVRES ETR ANGERS don/c ans, et les legislateurs six ans : par la possibility d'une reelection continuelle, et par [es dix-nuit nominations dont nous Tenons de parlcr, on a enlevc aux electeurs l'inflnence meme la plus eloigned sur la composition du Conseil-d'Etat ; te people sera tcnu do subir a vie les administrateurs (pi'il ju- gcrait le moins digues de sa confiance. 4" Le refus de rehouTe- ler mtegralement la Chambre actuelle, pour metlre fin a une organisation fletrie par l'opinion publique, par les orateurs du Grand-Conscil, et par le Rapport meme du Conseil-d'Etat (n° «9'j), a ete aggrave eneore par une loi transitoire qui, du moins, aurait dft etre tin compromis entre l'ancien systeme electoral ct le nouveau, tandis qu'elle n'est qu'un moyen de conserver l'ancien dans le cadre du nouveau, et de transmettre a la Chambre a venir les fun est es traditions du passe. 5" La sanction de la reforme constitutionnellc par les assemblies electorales, reconnue necessatre pour l'avenir, a ete eludce pour le present, an mepris de la logique, et au detriment de la force morale de la constitution. 6° II est vrai qu'un article de la nouvelle charte , clairement commente par le Rapport du Conseil-d'Etat ^n" 1 92). par lc Ilapporl de la Commission du Grand-Conscil (n° 190), et par queiques orateurs de lamajorite legislative, annonce , dans une loi de forme, de vigoureuses garanties contrc tout changement futur, et n'en donne au- cunc pour les ameliorations lentes et successives que le tems pourra faire juger convenables. 70 Enfin, je crains que, par un antecedent que les generations futures deploreront, le Grand-Conseil ne se soit laisse depouillcr par le conseil d'Etat de l'inilialive en matiere de changement a la constitution. Les hommes qui, apres avoir opiniatrement repousse toute idee de reforme constitutionnelle, viennent de faire accepter prccipitainmcnt celle qui leur convenait, ont fait un calcul habile, non point pour la gloire de leur palriotisme, mais pour un interet present et epbemere. Quinze jours de reflexion de la part du public eusscnt suffi pour qu'il comprit et re- poussat les perils caches sous une premiere apparence. Le pays aurait etc reduit a deplorer le mecompte du pouvoir executif rcntre dans ses limites naturelles : au lieu de cela, si Ton ecoute le vceu de queiques petitionnaires reconnaissans, le pays sera reduit a feter annuellement une nouvelle exten- sion de ce pouvoir, ct l'inamovibilile de fait de sesmembrcs> C. Monnard. IT A LI E. 695 ITALIE. iq^. — * Statistica agrarca delta. Val-di-Cliiana, etc. — Statistique agraire de la province de Val-di -Chiana , par Giu- seppe Giuli, professeur d'histoire naturelle a 1'Universite de Sienne. Tom. 1". Pise, 1828; imprimerie de Nicolo Capurro. In-8° de 270 pages, avec une carte topographique du cours de la Chiana. Quoique nous n'ayons encore que le premier volume de cet ouvrage, nous ne voulons point differer de lui rendre la jus- tice qu'il merite. L'auteur est bien pourvu des connaissances generates et locales qu'exigeait le sujet qu'il a traite : pro- prietaire d'un domaine dans le pays qu'il decrit, il y a re- cueilli, pendant 18 ans, des observations surle climat, le sol et ses productions, la geologie, l'histoire physique et indus- trielle, en un mot, sur tons les elemens de la statistique qu'il a redigee. De plus, il avait compte sur les secours de tousles amis des connaissances utiles , et il ne s'etait point trompe : on s'est empresse de lui fournir des faits inleressans, des ob- servalions qu'il n'avait point ete a portee de faire, des Iumie- res encore peu rcpandues, et qui ne serajent peut-etre pas arrivees jusqu'a lui. Avec des materiaux aussi abondans et choisis avec tant de soin, il ne pouvait faire qu'un bon ou- vrage. Ajoutons que le sujet repondait fort bien aux soins qui lui etaient prodigues, etdevenaitrtellementplusdigned'atten- tion a mesure qu'il etait plus etudie. La geographie physique de cetle partie de la Toscane a des traits remarquables qu'on ne rencontre que tres-rarement a la surface de la terre; une vallee de plus de vingt lieues de longueur, aboutissant a deux fleuvcs entre lesquels elle partage ses eaux; de grands travaux de dessecheinent et d'assainissement operes avec succes ; de vastes marais convertis en terres cultivables, l'homme eta- blissant sa demeure dans ces lieux memes qui repandirent autrefois a une grande distance leurs exhalaisons mortelles : voila des objets dignes d'etre connus et medites, de puissans encouragemens pour entreprendre dans les contrees mareca- geuses ces travoux qui out produit de si bons effets entre le Tibre et l'Arno. Nous en avons meme a peu de distauce de Paris; des marais empestent 1'air que respireut quebpies-unes de nos garnisons, et causent annuellement des pertes d'hom- mes que Ton eQt evitees, soit en renoncant a ces postes si mal- sains et sans importance militaire, soit en procurant I'ecou- lement des eaux stagnantes qui rendent ces lieux si dangereux 69G LIVRF.S ETRAJ!fGERS. pourtoute la population qui \ scjourne, ou qui en approclie dc trop pres. On sail que bit, die est la lerre classique des sciences hydrauliques, et quoique ues sciences soient aetuclle- incnl rcpandues partoul, dies ne 68 plai.-eut pas nioins ;iux lic.!\ dc leur origine ; les ingenieurs iialicns d'aujourd'hui out cu soin tie los y ronscrvcr. La preface de M. Ginli est une introduction qu'il faut lire : t'ovteur y expose la piineipalcs divisions de son ouvrage, et i'ait une courte analyse de chacune. «J'ai dislribue en cinq livres Ionics les malicrcs que j'avais a trailer. Le premier con- tient l'histoire des revolutions physiques donl on rctrouve les traces dans 1c pays que je decris; j'y expose I'etat du ciel, le climat, les niclcores, les proprietcs des eaux, de l'air, etc. Lc second livre entrc, pour charpie commune, dans quclques details topographiques, gcologiques, el de statislique agricole et iudustrielle ; j'y joins i\n sommaire de l'histoire civile de la commune... Lelroisieme livre expose cc qui appaiiicnt speeia- lement a i"adminislralion agricole , a scs ressources, aux ani- niaux qu'elle cmploic , a sa legislation — Les precedes do culture el les manipulations de quclqucs-uns de ses produits serorit l'objct du quatricmc livre.... Lnfin , le cinquicme qui csl une sorte d'cpi!ogue exposera les rcsullais, et sera pre- cede dc tableaux sytaoptiqo.es de la population, du nombre des bestiaux.... On verra done que mon but a etc de (aire connaitre lc terrain stir lequel nos cullivaleurs exerivnt leur indestrie, les precedes locaux, et les succes qui soul le fruit ues travaux et des sucurs de l'homme des champs, il faut que toulcs ccs cboscs soient bicn connues, aQn que les autres na- tions puissent juger de ce qui est a leur convenance et de ce qu'clles pourront executcr avec succes. « Le premier volume ne renl'crme que les deux premiers li- vres ; et, commc on !'a hi, l'autcur debute par la geographic el la gcolog':e du Y'al-di-Chiana, eonsideree dans son ensem- ble. 11 n'a pas de peine a prouver (pie toule cetle conlrce Cut couverle autrefois par les eaux dc la mer ; outre les bancs de pierre calcaire < oquillicre, on Iror.vc en abundance des nauti- les, des ammonites, etc., (Tune belle conservation; on a trouve, prc:,d'Art'Z7.o, una macliuire de baleine enfouie sous une cou- cbe C.i galels. Ala rigueur, les temoignages des bistoriens ne astivent rien aj Outer a la ceriitude qui re suite decesmonumens de Taiic'ieiine nature ; mais l'histoire pent t'ournir quclques lu-^ nncves sue l'cpoque t'e ces boulcvcrscmens donl la date est t( 'alement perdu:-. Quclques passages de St tab on scmblcnt ;.uJiqi!Cr qu'unc branche de I'Anio U.mbait autrefois dan6 h ITALIi;. 0cj7 Tibre, el qu'elle s'est dessechee a mesurc que la branche di- rigce vers la mer a creuse son lit, rccule scs bords, ct rccn mi plus grand volume d'eau : I'art ai!a peut-etre la nature duos ce travail, comnic on l'a vu dans d'autres coutrees, a lies epoques plus rapprochees do nous. Les travaux pour le dessecliement de la vallee de la Cbiana ne eommencerent qu'au xix^ siccle , el alors, cetle vallee etait partout marecageuse. On commenia par l'aire ecouler vers l'Arno les eaux du territoire d'Arczzo. Les Medieis continue- rent ces ameliorations jusqu'aux environs de Monte Puleiano, par divers precedes qui sont exposes dans ce livre; mais cc hit sous le regno du grand-due Leopold I" que 1'on obtint enlin lesrcsultats les plus importans; et,qu'en employanl avee babilete les moyens de dessecliement et d'atterrissement , on parvinl a stibslituer une vaste etendue d'excellentes terres a des marais nou-seulement inu tiles, mais tres-pcriiicicux. La province allait reeueillir les fruits de cette longue perseve- rance dans la voie d'une sage administration, lorsquc les com- motions politiques en Europe exigerent d'autres soins : la Cbiana Cut a pen prcs onbliee jusqu'en 1814. Lnfin, apres tin iiivellcment general de la vallee, les pcntes ont ete reglees pour que les eaux de la riviere ne soicnt stagnantes nulle part, el les altcrrisscmcns soul diriges de maniere que le sol so consolide el so. dessecbe autanl qu'il le laut, et dans le lems le plus court. C'est a M. le chevalier Fossombroni qu'on est redevable de ces dispositions qui ache ver ont de procurer a ce pays tout le bien qui pent resulter d'une lieureuse application des sciences bydrauliques. Ce bien n'est pas encore entierement ofotenu , quoique les ameliorations soienl immenses; le fond de la vallee expose encore les babitans a des fievres intermit tcntes et a des dys- senteries qu'on atlribue an Iron! bumidc des nuits. Les eaux y sont presque parlout cbargees de sels calcaires , en sorte que 1'on est oblige de recourir aux cilernes. M. Giuli recommande l'usag<: des flitres de cbarbon qu'il a deja fait connaitre dans la 2C edition de son traite de Clrimie cconomique , et sur lcs- quels il donne ici des details pratiques, afin de les mettre a la portee de tout le monde, et de faire apprecier le peu de do- pense et d'embarras qu'ils entrainent. Le second livre est beaucoup plus etendu que le premier, ct il devait l'elre , en raison des details dans lesquels 1'auteur est entre sur chaque commune de la province de Val-di-Cbiaua. I'our cliacune, il decrft Ic lerriloirc, non-seiilcmcnl a la nu- 698 LIVRES ETRANGERS. niere dcs agronomes, mais suivant les methodes dc la topo- graphie et de la geologic; vient ensuite la statistique civile et ucclesiastique , puis celle ties arts et manufactures, et enfin un smnmaire historique. II faiit remarquer que les communes , sous lo gouremement actuel fie la Toscane, sont a peu pres I'equivaletit de boa cantons. Le mouTement dc la population, dans la commune d'A- rezzo, confirme une observation falte en France sur les efl'ets dc la centralisation du gouvernemcnf. Le grand-due Leo- pold I", dont la Toscane benit encore la memoire, s'etait at- tache a la ire reilucr vers les campagnes les citadins dont le nombre cOmmencait a surcharger les villes, el il avait reussi : la population d' \rezzo croissait, mais lentement, et celle de son territoire allait beaucoup plus vile. Depuis que les formes du gouvernement de Napoleon ont etc introduites en Toscane et a peu pres conservees depuis la restanralion, Arezzo est de- venu cbef-lieu dune province, et croit a vue d'ceil, aux de- pens de scs environs ; l'ordrc etabli par Leopold est change en sens contrairc. Quant an nombre dcs ecclesiastiques , la France differe en- core beaucoup de I' Italic Dans la petite province dont il s'agit . on compte 4^veches et 6 collegiales sur une surface qui n'est pas la moitie d'un departement francais, et dont la population est au-dessous dc 110,000 habitaus. La ville de Monte Pulciano a un eveque, un seminaire, deux com ens d'hommes et deux de femmes, outre l'eglise de Saint-Blaise qui pent etrc considerce comme une collegiate. La population de tout le diocese est au-dessous de 10,000 habitans, et la ville n'en a pas 2,5oo. L'elendue territoriale de I'eveche equivaut, tout au plus, aux deux tiers de celle du departement dela Seine. La statistique de la commune de Cartona, autre cveche, merite l'altention des lecteurs par les details geologiques dans lesquels ML. Giuli est entre, par la description des murs de cette ville, monument des anciennes constructions etrusques, et par une discussion sur la camptfgne d'Annibal coutre le pre- somptueux et malhabile Flamiuius. Les militaircsy remar<|ue- ront quelqnes crrcurs dans lesquelles l'auteur est peut-etre tombe; il pense qu'Annihal na pu employer deux ou trois journees a traverser un inarais de six a sept lieuesde largeur, ou que son arniee anrait tellement souffert dans ce passage qu'elle se fut exposee a une destruction totale : il n'en est pas ainsi, etle general carthaginois ne l'ignorait point. M. Giuli regrelte de n'avoir pu donne'r une notice plus ITALIE. (in;, etendue et plus complete des homines eelebres nes dans la province qu'il deceit. Sa nomenclature n'est ccpendant pas sterile : il cite quinze noins historiques apparlenans a la ville d'Arezzo, ct pour ceux dont il ne parle point, il rcnvoie aux Stanze d'Angeluecie. Comme naturaliste, notrc auteur ne pou- vait oublier Coesalpin qui, le premier, fit line classification methodique desplantes, nilledi, naturaliste, medccin et poete, chantre du \ in de Monte Pulciano, qu'il proclame sans hesiter il te d'ogni vino. Les communes ruralcs meme fburnisscnt aiissi leur contingent d'hommes eelebres dans les amies, 1'E- glise, les lettres, les sciences. Lorsque nous aurons sous les yeux tonte cette statistique, nous serous probablement dans le crfs de revenir encore sur ce premier volume, au sujet de Ve'pilogue que I'auteur nous a promis. Le resume d'un bon ouvrage est coinme la cle de la voule qui consolide l'edifice, et permet qu'on puisse le voir debarrasse de l'echafaudage qui servit a la construction. F. iq5. — * Edizione complela di tutte IcOpere di s. Francesco be Salles. — Edition complete des OEuvres de saint Francois de Salles. Brescia, i8y.g; Pasini. 5 vol. in-16. L'ouvrage en- tier en formcra douze. Francois de Salles a obtenu. dans l'Eglise catholique, une reputation superieure a son mci ite ; et beaucoup de gens du monde, qui ne connaissent ni ses livres, ni sa vie, le placent aussi tres-haut dans leur estimc et j)iesque a cote de saint Vincent de Paule. D'ou pent venir cette erreur generale? Une etude exacte de cet hommc celebre le fait decouvrir facile- ment. C'est qu'avec un esprit mediocre et porle a un mysti- cisme assez retreci, il possedait une ame toute pleine d'amour et de devoument et que le monde paie avec largesse, et sou- vent sans discernemenl, cette ardeur de sacrifice dont profile le grand noinbre. On n'aurait publje aucun de ses livres que sa reputation n'en serait pcut-elre pas moins belle. Le dio- cese oi'i il passa toute sa vie est encore ricbe des traditions de ses bonnes ceuvres, son nom y est populaire : il n'est pas une des maisons oi'i il demanda 1'bospitaUte dans ses courses apostoliqucs, qui ne conserve precieusement le souvenir de ce glorieux evenement. Dans l'esprit des simples babilans du Faucigny, le bon eveque est aussi le savant ct eloquent ecri- vain. De la, je pense, est venue la premiere reputation li t to — raire de saint Francois ; mais dans ce pays, et surtout au terns ou il vivait, tout homme faisant des livres et parlant latin au- rait acquis la meme renommee. Ainsi, cc sont les vertus du «ainl, bien plus que ses lalcns, qui meritent nos hommages : -oo LlVRES Strangers. oar il eiait place dans des cu-constances difficilcs. Possede coiume il I'elait do Papdeur du proselytisme, il lui fatlnt une? grande mansuetude pour no commetlre auquo ;icle d'intole- ranee s'ar les protcslans dont les crrcurs environnaicnt ses oiiailles, sur les Gencvois eux-memes, qui, autrefois faisaient pai lie do son iruupeau, qui etaient devenus le noyau do la Pie- forme, el suriesquels il possedait un droit, an moins nomi- nal, dc priueipautc seculiere". Quant a ses oeuvres, si quelques parties, ou respire une c ha rile chrclicnne qu'on ne pout hop recotnmander, meritaient d'etre reproduces et popularisees, i! en est d'aulres cpi'il serai t tres-bon de siipprimer-. Cost au- jourd'liui le terns moins que jamais dc rcimprimcr ces entrc- tiens mystiques avee P Idiot ce, res exaltations d'amour ue Dieu, ccllc uieluphysique inintelligiblc qu'il dislribuait avec profusion a sa bicn-aimee Frntifoisc de Cltanlal, et aux an- tics brcbis ehoisies qu'il croyait conduire dans le ohemin do la perfection chrelienne. Par ces motifs, une edition choisie des outrages du saint evequc nous auiait paru etre plus utile a la religion que l'edition complete, commcnccc par M. Pa- sini. 19G. — *Nuovo Galaleo di Melchiorrc Gioja, etc. — Nouvcau Galatee, par Mrichior Gjoja, corrige de nouveau et augmente de pensecs sur la civilite, la pratique du monde et autres su- jcts semblables, a Pusage de la jeunesse. Milan, i83o; Visaj. line science qui, chez nous, est releguee dans qtielques manvais livres d'eoole, ctque nous reputons ne pouvoir s'ap- prendre que par la pratique, une science, en effet, qui ne pent s'enoncer en preceptes puisque ces preoeptcs devraient etre aussi nombroux que les diverses circonstauccs de la vie, la science du mon le, a etc en Italic l'objet dime multitude de trailes soil's de la plume des mcilleurs ecrivains. Serait-ce par hasard, que ceftfl science nous est inconnue? II faudrait pOur l'ailirmer donner un dementi a PEurOpe cnlicre qui nous a fait a cot egard une reputation inattaquable. Ainsi les et rangers veulont suppleer par l'ctude a pe tact dclicat et in- fallible qu'un jeune homme acquierl chez nous six mois iiprfes sa sortie du college, qnand il a le bonheur de tombcr tout d'abord an milieu de ce que nous appelons la bonne- rompngnic. Du reste, tons les ecrivains etrangers no se bor- nent pas a donner un traite de civilite et dc manieies : its ral- laelicnt sonvent lour sujet a des doctrines dc morale ou a des theories pbilosopbiquos. el e'est suit out sons ce rapport qu'ils soul digues d'altention. Le livre doni nous venous do trans- onic lc litre, par exemplc, est PoutragC d'unhominceclcbrc. ITALIE. 70 . que l'ltalio a perdu depuis pen, d'unc tfitfi forte ct savanie qui, malgre qnelques erreurs notables, a Iaisse de profoudes traces dans les divers champs de la science. Aussi qnitle-t-il a tout instant son I'rivole sujet pour se jeter, a la grande satis- faction des lccteurs, sur des objels plus intereasans, dont il sail tirer grand parti. Les Pensees, dont cetlc nouvelle edition est enrichie, sonttirees pour la plupart dc La Bruycre, et n'en valent pas moins pour cela. 197. — Elogio del Caralierc Giov. Alesmndro Brambilla. • — Eloge d' Alexandre Brambilla, hi, le 5 novembre i8'.«f), a I'ou- verture solennelle des etudes de I'universite dc Pavie, par le docteur C. A. Uicom, professeur de physiologic, etc. Pavie, 1800 ; Bizzoni. Alexandre Brambilla naquit, en 1728, a Saint-Zcnon, pros de Pavie. II ctudia d'abord la chirurgie sous Baretta et Gra- zioli, puis deviut chirurgien dans les armees aulrichicnnes. Son savoir, sa sollicitude attentive a remplir ses devoirs, son habilete pratique le fire nt en fin remarquer dans cct cmploi infericur qu'il occupa pres de cinq ans : il fnt nomme sue-* ccssivement chirurgien-major de regiment, chirurgien en chef de la garde imperiale noble, et chirurgien de I'empereur Joseph II, encore mineur. II etait digne de ccs faveurs. Le jeune prince aupres duquel Marie -Therese l'avait place ne vit pas en lui un simple oflicier de palais : i! en fit son ami, 1111 de ses conseillers intimes, etne permit pas qu'il lequittat dans tout le cours de ses voyages. Brambilla trouva, danscclte derniere circonstance, l'occasion de connaitre ct dc cousuher avec fruit les plus celcbrcs chirurgiens el medecins de ce terns. II sut mettre leurs conseils a profit ct ameliora bcaucoup le systeme sanitaire suivi dans les armees de ['empire. 11 cher- cha a attirer en Autrichc les jeuncs gens qui promcllaient le plus de talent, et qui rcpandirent ensuite par mi la masse des chirurgiens les connaissances qu'ils avaicnt acquises dans line academic centrale. Bramhilla n'oublia point sa patricct s'em- pressa dc rendre utile pour elle le credit dont il jouissait. L'universite dc Pavie prit par ses soins un lustre nouveau, et il l'enrichit de bcaucoup d'instrumens de chirurgie el d'objels d'hisloire nalurelle. Joseph II etant moil, son chirurgien se trouva en hntle a des altaques sourdes qui le portcrent a se demettre de ses emplois ct a quitter la cour. II revint a Pavie, qu'il quitla lorsquc les mouvemens poiiliques comnienccrcnt aagiter 1'Italie. II se mit en route pour l'Allemagnc : mais il ne put achever son voyage et futatlcint, a Padonc, d'unc ma- ladie qui prit en quelques jours un caraciere morlel. — Telle j-cfc LIVRES KTRAftGERS. fut la vie (le I'lioinmc que M. RigOni avait a loner. La tache do l'orateur etait facile, et il s'en est bien acquilte en faisant ressortir tout a la fois les lalens et les belles qualites privees de Brambilla. u)S. — * Trnxalic iCEuripitlc, etc. — Tragedie d'Euripide, traduites par Fitia: Beixotti. Milan , 1829; Stella et (lis. ln-N". M. Bellotli a deja public la traduction dc deux grands tra- giques grccs, Escbyle ct Sophocle : cclle que ao.us annojicoas couronne (Jignement la tache immense qu'il s' etait imposee. II ne lui rcsterait plus maintenant qti'a traduire ce qui nous est parvenu d' Aristophanes pour avoir aeheve une carriere litteraire que pen d'homuies auraicnt ose entreprendre. On concevra toutc ('importance de ses travaux si Ton songe que jusqu'a present l'ltalie uc posscdait presque aucune bonne traduction, meme parlielle, de la littcraturc dramalique de la Grece, et qu'il lui en a donnc une complete et reniarquable par de rares qualites de style et de fidelite. M. Bellolti s'est servi pour rendre ses originaux de vers elegans et corrects, et e'est un avantagc dont nous ne pourrions jamais jouir en France pour les ecriTamsde I'antiquite, a moins qu'un poete comme Andre Chenier ne consacrat sa vie ace penible travail. Mais quand aurons-nous un autre Chenier? Et, si nous l'avions, ne serait-ce pas une profanation que d'asservir un pared genie a se trainer sur les pensees d'autrui ? PAYS-BAS. 1 cjg. — * Dettxieme rccuell de Tableaux, publie par la Commis- sion generate de Statistic/ ue (1). La Haye, imprimcrie de l'Etat. In-8°. Nousavonsdejaannonce (Voy. ci-dessus, cahierd'AVRiL i83o, p. 28) le premier recueildesdocumens statisliques publie par la Commission creec aupres du ministere de 1'interieur. II avait particulieremcnt pour objet tout ce qui se rattache a la popu- lation, aux naissances, aux deces , aux manages, etc. Le volume qui vicnt de paraitre renferme de nouveaux docu- mens sur le meme sujet ; il comprend, en outre, des recher- ches intcressantes sur diffcrentes parties de I'industrie natio- nale, dont nous nous bornerons, pour le moment, a indiquer (1) La Commission de statistique, attachee au ministere de I'interieur, se compose des administrateurs de ce ministere et de M. le rei'erendairc Shuts comme secretaire. PAYS-HAS. ;oj les principales, parce que nous nous reservons tie puiser suc- cessivement dans ce recueil, et dans tous ceux que t'era parai- tre le gouvernement, les donnces qui pourront le plus inle- resser les lecteurs de la Revue. Differens tableaux statisliques sur le niouvement d'entrec, de sortie et de transit, surla na- vigation et les peches, sur les houillcres, etsur I'etat numeri- que des betes a cornes, ties chevaux et des moutons, lournis- sent ties renseignemens qui manquaient generalement encore pour le royaume. Sous le titre rniteorologie , on donnc deux dessins representant lescourbesdes temperatures, pendant tlix annres, a Malints et a Zrwanenburg, entre Harlem et Amster- dam; peut-etre trouvera-t-on que ces dessins, sans autre in- dication et sansrenseignemens sur les instrtimens qui ont servi aiix observations, presentent moins d'interet a la science. Les tableaux sur I'etat ties vaccinations et sur ('administration tie la justice contiennent ties documens plus satislaisans ; les der- niers particulierement doivent I'ournir ties resultats utiles, si on les compare a ceux que Ton public annuellement en France. Les Pays-Bas, a quelques exceptions pres, sont encore sous i'influence ties memes lois que ce dernier royaume; il devient done tres-interessant d' examiner et tie comparer les crimes et les debts sur lesquels les tribunaux ont eu a prononcer des deux parts. En publiant mes Recherches statisliques sur le Royaume des Pays-Ras, oil se trouvent, .je crois, les premiers documens que l'onait publics, chez nous, sur ('administration de la justice, j'ai deja eu l'occasion d'etablir des rapproche- mens semblables, et tie faire voir toute I'utilite que Ton peut en retirer. Les tableaux que je presentais etaient pour 1826; ceux de la Commission sont pour 1827, et peuvent etre con- sidered conime faisant suite aux miens. Le peu tie mots que nous venons de dire sur la nouvelle publication de la Commis- sion de statistique suffira deja sans doute pour en faire appre- eierl'importance; « fitlele au principe qu'elle a adopte, elle se borne a ne presenter que des duffies 011 des tableaux authen- tiques, sans chereher a etablir aucun systeme, et en s'abste- nant d'entrer dans le domaine des theories. » Cetle sage reserve a aussi ete suivieen France dans la publication des Recherches statistiques sur Paris, et dans les documens sur t' administration de la justice, qui sont des modeles dans ce genre. A. Quetelet. 200. — Lettres sur la Liberie de la Religion, et sur les Thco- democrates,ou les Jesuilesmodernes. Amsterdam, 1829; Diede- richs freres. In-8° de 1 26 pag. Cette brochure est dirigee contre le parti catholiquc des po& UVKI-S 1'TilANGFJlS. Pays-Has. Le jm*jvb etant un soiiverain cleeiif, I'mitcur reoi-e* sente la dour do iiome, non comttie u«e monarch ie the.icra- tique, mais cominc une tlico-denmcralic. De la lc pom dc ilido-dcmncrates qn'il donne aux jcsuilcs. Cestcn vcrtu de leur esprit dcniocratique , si l'ou en croil eel ouvragc, que les jesuites onl conspire contro les rois, el qu'lls sont lee enneniis fle toutes les monarchies constitulionncilcs ou non conslitu- tionnelles. Voila, sans doute, un aspect nouvcau sous 1 equal fin nous peint les jesuites, et nous no sonimes pas aceoulumcs n les maudire comme amis de l'egalilc et de la libeite. Mais l'auteur lui-meme ne prend pas ce rcproche au sciieux : bion tpie le tilre de sa brochure semble indiquer que le rcpublica- nisnie des jesuites est le principal argument qu'il Icur oppose, ce motif n'est que subsidiairc et n'occupe guere qu'unc demi- pagc. Tout lc rcste est consacre a devolopper les perils qu'rn- traine dans l'lilat une mi lice devoute a un souvoiain etrangor, et surtout it dcveloppcr les croyances ahsurdes flont I'auldur accuse la doctrine catholique. 11 ne vcut point que les eallmli- ques obtieunent la liberie de la prcssc, ni la libeite do I'on- scignement, et a ce sujet il s'emportc en injures coulir ie parlement d'Angleterrc, qui a ordonne l'emancipalion ties catholiques, el contra les liberaux de France et des Pays-Bas qui out soulenu cette mesure. L'intolerance eranscliquc (car e'est la religion evangeliqne qui est en Hollande la religion de l'lilat) n'est ni plus eelairee, ni pins retenue, ni de mcilicuro f»i, ni de meilleur ton que 1'intolerance callwtiquc. Le sty le et les raisonncmens do cette brochure nc different en lien des discoius flu plus fou- gueux de nos missionnaiics, ou flu plus ignorant cure d'Es- pagne. Ainsi toute religion dominante, e'est-a-flire appuyee par le bras seculicr, incline vers la persecution, et ce,mal est prcsque inevitable : en effel, si les dcposilaires flu pouvoir sont serieusement convaincus flc la fettle fle leurs croyances, comment n'auront-ils pas de repugnance pour ecus qu'ils rc- gjrdent eomnie les enncmis de leur foi ? Sans doute , le nioyen de Iranchcr la difficulte scrait de rctircr l'assisianee de la force publiquc a toute opinion qui se renferme flans les limiles fle la conscience individuellc, et de ne rendre obliga- toirc que 1'accomplissemcnt des devoirs sociaux. Des que dans un pays il n'y a plus comnmnaute fl'opinions religieuses , l'unite de I'Etat nc repose plus sur la religion , mais sur la morale sociaie, et lc tcxtc de la loi ne doit pas mentir a ce fait. Bfe genez les cultes divers que dans les pratiques et les maximes qui pcuvent The contiaires aux devoirs so- PAYS-BAS 7o5 ciaux; pour tout le reste , laissez-les libres : voila ce que doit faire aujourd'hui tout gouvernement. JMais cc principe est plus facile a proclamer qu'a pratiquer. Comme chacun etablit une relation iulinie entre sa morale ct sa religion, le souverain, que ce suit un hnrame ou une assemblee, inclinera toujours a meltre une pai tie tie sa religion dans la morale so- ciale, et a etendre sur la premiere 1' obligation qui n'apparlient qu'a la seconde. 11 en sera ainsi jusqu'a ce qu'on ait etabli la morale sociale sur des bases qui lui soient propres; c'esl-a-dire, jusqu'a ce qu'on l'ait assise sur sa propre evidence, comme les mathe- matiques, on du moins jusqu'a ce qu'on ne lui ait laisse d'e- tranger que les maximes de religion generale qui se retrouvent dans tous les cultes, comme la grammaire generale preside a toutes leslangues particulieres. Ce ne seront pas les Leilres sur les Theo-democraies qui aide- ront a degager le droit social des entraves d'un culte parti- culier. Ad. 201. — Essni historique et lopographique sur I'origine a" Sti- vers et de ses premiers liabitans ; par M. Marshall, avocat et arcbiviste de la ville d'Anvers. Anvers, 1829; imprimeiie de Jouan. In-8°de vi-48 pages, avec plans et figures. Conservateur des archives de la ville d'Anvers, homme plein de zele et de talent, M. Marshall etait a meme, plus que tout autre ecrivain, de faire un bon Memoire sur Porigine d'Anvers etl'histoirede cette\ille. On doit lui savoir beaucoup de gre d'avoir bien rempli sa tache. Sa brochifre est pleine de choses curieuses et renferme, dans un cadre resscrre, tout ce qu'il y a de plus interessant a connaitre rel.ilivement a cette cite sicelebredans le monde, autrefois si riche et si florissante par son commerce et son industrie, si illustree par tant de grands peintres qui ont eternise l'ecole flamande. Les per- sonnes qui aiment mieux la verite historique que des tradi- tions fabuleuses prefereront la brochure de M. Marshall, ecrite sans pretention, et dans le seul but de servir utilement Phistoire, a tout ce que Ton a publie sur la ville d'Anvers. deK. 202. — * Essai sur CHistoire de la Litter atari ne"erlandaise , par J. de S'Gravehwert, membre de l'Institut des Pays- Bas, etc., dedie a S. M. le Roi des Pays-Bas. Amsterdam, i83o; Delachaux. In-8° de vui et 23 1 pages. Onavait trop long-tenis neglige en France les langues et les litteraturesetrangeres;troplong-temsaussi,desprejuges anti- sociaux, desantipathies nationalesavaientdivise les peuples, et t. xlvi. jcin i83o. 45 ;oG LIVRES KTRAfcGERS. cxercelcur influence, nicmcsur leslinnvmes relaircs. Los pro- gress des Fuiftiefes c\ de rtotlv.bllerfcottjnAfdnJCatJonjt)hreai'tt\reS et plusmultiplitcs, qui sunt necs du scin krtfeme des gncrrcs, ct qui out pris de phis grands dcvcloppcmeus dcpuis la pafac, mil contribuc a micux (aire connaitre ct apprecicr les nations lc? unes par les autres ; ct la Rente Encyelopcdiquc, d'apris les lc- moighages de scs nombreux correspondans , n'a pas etc en- titlement inutile, depuis doiuc annc.es qu'ellc cxiste , pour amencr cct important resultat. Aujourd'hui, les ecrivains les plus rcnommes de l'Angle- tcrre, de l'Allcmagne, del'Ilalie, obtiennenl en France la niemc popularile que dans lciir propre patric ; et la langiie ct la litteraturc franchises out plus que jamais tin caraelerc d'u- niversalite qui les rend proprcs a transporter d'un pays dans up autre les productions scicntifiques et litt;iaircs digues d'une tres-grandc publicite. Mais la litteraturc neerlandaise, qui comprend les ouvrages ecrits en hollandais et en flam- mand, et qui, d'apres son hislorien, se devcloppa speciale- ' ment vers la fin du xvi* et art commencement du xvn* sieclc. etait encore tres-pcu connue. M. de S'Gravenwert cntrcprend de venger cetle litteraturc d'un injtiste oubli, et ses docles et laborieuscs rechcrches lui mcrilent la reconnaissance de ses compatriotes et des amis de la litteraturc dans tons les pays. Aprcs une courlc introduction, I'autcur traite suercsi-ive- ment de l'origine de la langne neerlanda'ise (ou hollanclaise) , ct des diflerentes cpoqucs litleraircs f'c ccltelangue : i*dti ail* au xv n* siecle ; 2° dans le xvn* sieclc, on la Hollande, lout en conquerant son independance politique, eultive a la fois avec un egal succes les sciences, les belles-lettres ct les arts ; 5° dans le xvm* sieclc, qu'il divise en trois periodesdistinctes, de 1700 jusqu'en 1775 ; puis, jusqu'a la revolution de 1795 ; et enfin jusqu'en i8i5, periode de la restauration qui se ral- tache au moment actuel. Le passage suivant donnera une idee du style ct de la ma- niere de voir de l'auleiir : t. II n'existe point de people qui, dans le cours de deux ou trois siecles seulement, ail produit lant d'hommes eminens sur une population aussi restreinte quecelledesPays-Bas, en Hollande surtout. On le doit en par- tie aux institutions liberales des Provinccs-IJnics, alors I'ort en avant de celles des autres peoples del'Europc, qui gcmissaicnl prcsque tons sous le joug dii despoti^me ou de la supcr.-lition ; maisonledoitcgalement aubon sens investigateuret solidc de la nation, qui nc s'est jamais dementi jusqu'a nos joins. — La litteraturc, ingenicusement appelce la pbysionomie d'un peu- ple, n'est pas demeurec en arriere ; clle est grave ct religicusc PAYS-IAS. — fcfVRES FRANCAIS. ;0; comme la nation, toujours simple et souvent sublime on bar- die, ct so distingue surtoul par un ca rude re original do medi- tation et de patriotism** . L'ouvrage que nous annoncons cstuntribut honorable pate par un boa citoyen a sa patrie, et par un cerivain eclaire a la littcrature el a la cause des lumicres. Tons les homines ai ides .d'inslruelion aimeront a suivie un guide habile qui les con- duit dans des routes nouvclles et dans un monde peut-elre inconnu pour bcauconp d'entic eux, et tii's-digne d'etre clu- die. Lc succes do cet ouvrnge doit etre europcen, oomme l'a ete le but de 1'auteur; ct UI. de S'Gravcnwert, qui va par- courir, ccttc annce, 1'Italie. en observateur insiruit ct ami des arts, ne pent manquer d'y rccevoir l'accueil distingue que me- rilc la reunion de connaissanccs elendues ct variees a des qualites aimab'es ct solides. Nous reviendrons sur cctte his— toirc lilloraire, pour en ofi'rir l'aualysc a nos leclewrs. M. A. Juelien, de Paris. Ourrages periodiques. 2o3. ■ — * Tydsc/irifU etc. — Recucil de la Socic'tc des Sciences medicates de Hoorn. Troisiemc volume. Amsterdam, i83o; imprimcric de Vinck. In-8° de i58 pages. Co. recueil, rcdigc par MM. Rynbers, Van Marken et Jor- kitswa, et dont nous avons en plus d'une ibis occasion de par- lor avee eloge, fentermc d'excellentcs observations. Dans le dernier volume que la Societe vicnt de publier, on trouvc parmi un grand nombre d'analyses d'ouvrages et de notices, une observation fort interessante, par M. Kereert, sur une o man - msc survenne a la suite de I'accouchement ; des rcchcrchos sur hi fistute lacrymalc, par ?d. BccnxER; une dissertation rhimiiiuc sur les stls; une Notice surla lilhrotrilir, parL,ANDSH.R00N, etc. DSK. LIVRES FRANCAIS. Sciences physiques et naturetles. 2oZj.- — * Principes de Philosophic :oologique, discules en mars 1800. par iM. Geoffroy-Saint-Hilaire. Paris, 1800; Pichon et Didier, (juai des Augustins, n°47 ; Rousseau, rue de Riche- lieu, n" io5. ln-8°de 22G pages; prix, !\ t'r. 5o cent. La discussion sur le principe desdiversitcs awima'cs toujours ramenoes a dc communes conditionsd'oiganisalionnous a parn avoir uu tol caractore dc grandeur ct d'ulilile philosophiqnc ?08 L1VR1S FRANCAIS. que nous nous sommes empresses d'cn offrir quelques parties a nos lecterns. Nous avons insere dans ce recueil (voy. ci-des- sus, cahicr d'dvrit iiSTto. p. 5 el p. 20) le premier Memoirede M. Georges Cimer, et line replique de IM. Geoffroy-Saint- Hilaire, etablissant les points de controverse discutea devant l'Vc. identic. Ce dernier a fail connaitre qn'il prcparail nn ou- Tragc dans lequel les memos questions seraient reproduces avectouslesdeveloppcmensconvenables. Get miYrage vientde paraitre, et ne pent manqnor d'inspirer on vif interel ; il tie s'agit de rien moius que de savoir si la philosophic zoologi- que, telle que l'a finite A r is tote, telle que Font contirmee les travaux de vingt-deux siecles ; telle enfin que iM.Cuvier lui- meme l'a consacree par des travaux ad mi rabies ; si eette phi- losophic, demontree insufTistnteet incomplete, cedent la place aux doctrines recemment inlrodiiites en Allemagne par plu- sieurs savans celebrcs, et en France par M. GcoflYoy-Snint- Hilaire. Quand les discussions scienliuques ne roulent quesur des travaux de detail, elles demeurent renfeimees dans I 'en- ceinte des Academies et des Societes savantes; mais, quand elles portent sur les plus hautes generaliles de toute une science ; quand elles sont engagees et soutenues par deshum- mes dont le nom est europeen, alors la curiosite puhlique s'e- veille et s'y attache. Toutes les sciences sont par contre coup mises en cause, et ont un interest majeur a lent- resultat. La controverse elevee entre M. Guvier et M. GcofiYoy-Sainl-Hi- laire ofTre ces carac teres ; le public ne saurait y rester indiffe- rent. Les questions en litige sont telles qu'independ.unnient de leur inleret scientifique elles sont de nature a s'emparer fprtement de toutes les intelligences, pour lesquelles le spec- tacle de la nature animee est une source feeonde d'emotions poetiques, philosophiqueset religieuses. Or, il n'y a pas d'ame, quelque pett cnltiveeet bien organisee, qui n'en eprouve sou- vent de semblables. Ges nouvelles idees de philosophic n'etaient encore con- nucs et debattues que dans les regions les plus elevees de la science: c'est depuis trente ans environ qu'elles se sont in- troduites en Allemagne par les travaux de Kielmayer, Oken, Spix, Tiedernann, Meckel, Cams, Bojanus etc., et aussi par les speculations de CEcole de la Nature; un France, paries ecrits de M. Geoffroy- Saint- Hilaire et par nos communications avec FAIlemagne : elles doivent aujonrd'hui a la dernicre dis- cussion academique d'etre presentcment repandues parmi tou- tes les classes de lecteurs. Le livre que nous annonpons ajouterait beaucoup plus a ces SCIENCES PHYSIQUES. ;o9 vesultats dernierement produits par la presse periodique, s'il avait ete destine par son auteur a une grande circulation; mais il parait qu'il a etc pris des mesures pour qu'il n'en fut pas ainsi. L'auteur, ayanl vouiu subordonner les inte.retsde la science aux egards et aux relations d'amitie qui l'unissent a M. Cuvier, n'a desire donner a son livre qu'une demi-publi- cite. L'ouvrage est tire a un tres-pelit nombre d'exemplaites, et ne doit pas etre reimprime. Quand de nouvelles idees entrentavec eclat dans la pensee publique, on desire en connailre l'inventeur, ou le premier promoteur. Les questions de priorite sont toujours diflici- les a resoudre. Les nouveaux principes de philosophic zoolo- gique ne seraient-ils que propages d'AUemagne en France? Auquel de ces deux pays en doit-on attribuer I'honneur? Que des discussions publiques s'elevent sur ces points de fails, on peut considerer les choses elles-memes comme appreciees et jugees dans ce qu'elles ont de fondamental. J. 31. de Saint-Ange, D. M. N. B. Les d^veloppemens qui suivent, et que nous avions demandes a l'auteur luinitme pour bien pieciser l'etat de la question, nous parais- sent devoir la reproduce avec une nouvelle lumiere, et satisferont, sans doute, les lecteurs meme elrangers a la question scientifique pioprement dite qui voudront s'en faiie une idee netle, et la bien compiendre. Connaitre avec exactitude et les rapports et les differences des materiaux constituans des systetnes organiques chez les animauxesl le probleme comme lebutdel'analomiecomparee. Mais quelles melhodes y serontemployees, quelsprocedessont preferables? Car, devra-t-on s'en tenir a ce qui fut pratique de tout terns, a ce qu'on distingue aujourd'hui sous le nom de doctrine aristoleliquc? ou faudra-t-il admetlre en concur- rence et par preference le service de la Thcoriedes Analogues? Ces derniers et nouveaux moyens d'etude ameneraient-ils une utile renovation de la facede la science? M. Georges Cuvier ne partage point cette opinion de son confrere : il n'a nulle raison de rien changer a ce qu'il a pratique jusqu'a ce jour; or , c'est en presence de cette redoulable opposition que M. Geoffroy-Saint-Hilaire a propose sa Theorie dcs Analogues, qu'il donne comme un procede nouveau et comme un guide assure, procurant au moment meme les inspirations et les re- velations desirables, et portant a des recherches instantane- mcnt scientifiques. Voila ou est le nceud de la controverse qui s'est elevee der- nierement au sein de l'Academie des sciences. LIVUES FRANC AIS. La doctrine arhtotdique n'cst et no. pent elrc invoquce quo dam- des cas ties- simples : die n'a gucro idee tics rapports que fl'une manide instinctive : lea homines de la science nut lino sagacito (|iii les a cnlraincs In' s -suim-nt au dela; on ne parte ici queue la doe-trine olle-meine, que desconseils qu'elle pent inspirei'. Kt, cnieflol, comma moyen, die ne vapas bcau- COHp an dola dc ce (|iii est acquis par Ic scul lion sens po- pulate, quand il s'agit pour ellc d'aequerir la conscience des r: ^tiuhlances philosophiqucs des organes. L'ccil dol'homme, l'a'il du singe, celni duboeuf, tie la grenouillc, dn serpent, elc, e'est un ceil pour die, coniuie pour tout le monde. II ne faut pas se denianuer, dans l'un on I'aulre cas, pourquoi : il suilit qu'on le disc, sur un jugement prompt et instinclif. Lebrasde I'honmne est forme parquatre troneons : l'epaulc, le bias proprement Jit, Pavant-bras el la main. Connaisscz toutes les hesitations de-la doctrine aristotdiquc , si die enlre- prendde comparer, dans des animaux divers, cette quatricmo et dernicre partie, le troncon, nomme la main chez 1 homme. Pour qu'elle continue a considerer cclle-ci comme toujours aiialogique dans la Serje des etres, die exige la reunion do tous les rapports possibles; il faut qu'il lui soit donne meme troncon, meme forme et meme fonclion. Ce troncon exisle diez le cheval ; mais dans cette especc apparlenant a la meme classe des mummiferes, les formes et les functions sont mi- tres; alors il est de necessitc que la doctrine aristoteliquc as- servisse £ cette observation pariiculiere sa pbilosopbie gfene- rale. Un autre systeme de formation, prononce-t-dlc, a produit cet autre troncon. Ainsi ia nature, dans plusicurs fa- milies de mammiferes, reuoncerait au.^si vile a la voie acrou- tumce des transitions, afin de composer, avec aussi pen de motifs pour changer, un nouveau systeine organique ! Cependant, qu'a son toiir la theorie des analogues s'ex- plique sur ces mfimes faits. Elle n'est point tcntie de changer dc philosophic a chaque variation unpen considerable qu'elle rencontre dans la serie des clres : e'est que cette theorie se refuse expresscmcut a faii'e concourir ensemble pour aboutir a un avis comniun les trois demens nccessaires a la docUino arislotelique; savoir : le troncon, sa forme et sa fonction : la theorie des analogues s'empare du troncon tout seul, dont elle examine d'ubord toutes les conditions communes, par- tout ou celui-ci sc trouvc , ct die n'arrive qu'en second lieu sur les deux autres circonstances propres a 1c qualifier; sa- voir : sa forme el scs usages. Ainsi le cheval a une quatriem : partie au membre ante- SCIENCES PIlfSIQUES. 711 eieiir, laqucllc devient, par consequent, facilement compa- rable a la quatrieme parlie on a la main de l'liomme. Avec eeltc rossource d'obscrvalion , il n 'est plus necessairc de c'or- riger a lout lnoment la philosophic appliquable a ces faits; il u'est pas nou plus necessairc d'admettre une nouvelle creation d'organes pour ces cas particuliers : on s'en tient a ce qui est, a la possibilite demontree d'une transformation des parties : ces incuies parties peuvent changer , el changent en effet de forme dans les di verses families ; en changcant de forme, elles changent net essairement de function, Or, ces cas trouvent une exposition loute simple, en meme terns queleur explica- tion, dans la proposition suivante portee a toute sa generalite; le dernier tronpon de I'cxtremitc anlcrieure est, chez la plupart des inammifcres, employe diversement, devcnanl la patte du c/tien, la gri/fe du chat, une aile chez la chauve-souris, une ramc chez le phoque, enfin une portion de lajambe chez les ruminans. Ainsi la doctrine aristotelique serait restremte dans 1 ap- plication a en faire , et meme de toute inulilite : restreintc , puisqu'elle ne s'applique qu'aux animaux teltement voisins qu'alors il est tout simple qu'ils rcunissent en eux les trois sortes d'elemens pour de eommuns rapports; ce qui ne se rencontre qu'entre les espeees de monies families : el de toute inutililr, puisqu'elle ne se porte qu'a la connaissance d'aualo- gies deja fournies instinctivemeut a l'esprit : effeclivemcnt , l'evidence porte en soi un principe de niauifcsUilion propre a frapper egalement toutes les imaginations. An contraire , la Thcorie de( Analogues se distingue par son caraclcre d'une complete universalile , et par sou interven- tion, alors que cel!e-i i est indispensablemcut reclamee. Sou universal 'ite se manifesle dans cetle circonstancc que, reposant sur la consideration du seul element analomiquc, la thcorie saisil un sujet d'observation infiniment etendu : ce,t clement resle partoul compai'al)!c, meme lorsqu'il disparait ; car des traces indicatives de sa disparition subsistent loujours. Ces I de cclle manicre que s'ctahlil celle universaiite de ser- vice : ct en clll-1 la thcorie des analogues ne prcjugc point la ci;:i tTvalion invariable des malcriaux : clle inlervient seu- loincnt pour en faire lVppel et pour en regler le comptc. Sou intern nlion se monlrc ans'i parfois indispensable ; e'est q-.iand les formes des mentes parties out eprouve une si grand e m.'lamoi pliose que les analogies, pour etrc retrouvees on dc- moulivcs, exigent louti ;s les lumicres de la science, les pro- cedes de la plus exqui.-c s.agacile, et les ressources de sa propre melhude dc determination. 7,2 LIVRES FRANC AIS. Bo definitive , la doctrine aristotelique retient dans des li- mites reslreinlcs le principe de la ressemblance philosophique des etres, n'en voulant qu'autant que cc principe se manifesto aux yenx du corps, et la Thiorie des Analogues trouve a eleodre indefiniment le champ des faits comparable*, entendant les rechercher an dela de leur manifestation oenlaire, et usant des veux de 1'esprit pour ponrsnivre et saisir ce que des com- paraisons suivies opiniatrernent accordent encore de rapports. Geoffroy-Saiist-Hilaire. 2o5. — Nouveait Manuel de I' A natomisle, etc. , par M. Ernest- Alexandre Lauth, D.-M. , agrege en exercice, chef des tra- ■vaux anatomiques pres la Faculte de medecine. de Stras- bourg, etc. Strasbourg, 1839; imprimerie de Levrault. In-8* de xvi-7;6 pages; prix, 8 5o c, et 10 fr. par la poste. L'auteurdece nouveau manuel, qu'ilnc faut pas confondre avec tant d'autres manuels de ce genre , Start deja parvenu a se faire connaitre de la maniere la plus avanlageuse , pai tout ou les sciences naturelles sont cullivees, par ses interessans travaux sur les vaisseaux lymphatiques. L'exeellent ouvrage que nous annoncons ne reut manquer de placer M. Esnest Lauth a cote de son digne pcre , l'un des plus savans mede- cins de l'Europe, et que la mort a trop tot ravi aux sciences medicates et a la Faculte de Strasbourg, qu'il a si long-tems illustree. II serait trop long d'offiir l'analyse d'un ouvrage ana- tomique : il s'y preterait difficilement. Nous dirons settlement que nous avons lu avec une grande attention le manuel de M. Lauth, et que nous le regardons comnie lc meilleur et Ic plus convenable qui existe pour acquerir les connaissances anatomiques. M. Lauth n'y a rien omis, et n'a dit que ce qu'il faut savoir. II a surtout rendu 1111 grand service aux eleves et a tous ceux qui n'ont pas le terns d'etudier l'anatomie dans de gros volumes souvertt si diffus, et remplis de choses super- flues, qui fatiguent 1'esprit, et empechent de saisir l'essentiel. De Rirckhoff. 206. — * Rapport du Conseilde Salubrite de la Villc de Paris et du Departement de la Seine. Paris, 1829; an bureau du Re- cueil induftriet, manufacturer et des Beaux-arts , rue Godot- de->lauroy, a* 2. In-4° de 34 pages ; prix, 3 fr. Le conseil de salubrite est compose de 1 7 membres, savoir MM. Adelon, Andral, Barruet, Parcet, Deyeux, Dupuylren , Gaul flier de Claubry , Girard, Huiard pore, Hazard fits, J. Juge, Laharraque, LeRoux, Marc, Parent-Duchatclet , Pel- letter, Petit, rapporteur. Les objets que le rapport embrasse sonten tres-erand nomhre : vacheries; — falsification du SCIENCES PHYSIQUES 7i3 lait; — fabriques de produits chimiques; — fours achaux; — fabrication de gaz hydrogene; — dangers des vapeurs de la braise; — comptoirs en marbre, a I'usage des niarchands de vin; — bnanderies; — assainissement de la villc de Vincen- nes et de la commune de Clicliy ; — charlatan isrrte ; — voie- ries; — prisons; — suicides; — maisons de bains publics, depots d'eaux mineralcs; — maison de sevrage; — dispen- saires; — emploi de la fleur de soufre pour etcindre le feu des cheminees, etc. — Cette longue nomenclature annonce deja des travaux considerables, et atteste une surveillance tres- aclive; mais 176 autres Rapports particuliers sur diverges fa- briques out absoibe plus de terns que tons les objets dont le rapporteur a fait une mention specialc. De plus, il a fallu dres- ser le tableau de mortalite, et par consequent recueillir et classer les fails, comparer les resultats du calcul. Arretons- nous d'abord a ce travail du Conseil. On y observe qu'en 1828, la mortalite des femmes surpass* d'un huilieme celle des hommes : si cbaque annee reproduisait le meme resutat, de sorte qu'on pdt le regarder conime une consequence des lois de la nature, conmie on sait d'ailleurs que le nombre des naissances feminines est moindre dans nos climals que celui des naissances de Pautre sexe, nous serions menaces devoir disparaitre graduellement la plus belle moitie du genre hu- main. On pent done affirmer que les observations faites a Paris sur ce rapport entre les pertes eprouvees annuellement par les deux sexes ne s'etendent pas a toute la France, et en- core moins a tous les pays comparables au notre quant an climat, aux moeurs et an degre de civilisation. Mais ce qui ne doit pas etre omis, e'est qu'a Paris mt-me, on il parait que les femmes ont a supporter une si grande part des maux qui pesent sur nous depuis notre entree dans la \ ie jnsqu'a sa der- niere limite, leur patience est moins sujette a se lasser, letir courage plus ferme , on qu'elles savent mieux se soumeltre a»ix dures lois de la necessile : les suicides sont beaucoup plus rares cbez les femmes que chez les homines. II nousserait impossible de suivre ce rapport clans toute son elendue : il faut done nous bonier a quelques-uns des sujets divers qu'il passe en revue ; nous tacberons de choisir ceux qui attireraient plus specialement I'atlenlion du plus grand nombre de nos lecteurs. Comptoirs des marc/iands de vin. Les ordonnances qui savent tout , et ne peuvent faillir, comme personne ne l'ignore, pres- rrivent aux marcbands de vin de revetir d'une feuille d'etain la table sur laquclle ils font leur distribution. Cependant. 7 14 L1V11ES FilA^CAIS. quelqucs marchandsont voulu selever jusqu'a la magnificence Ju niarbre : ordrc do la police d'eloigner cettc malicre dunga- reuse, et de revenir a retain ; reclamation do l'auibitioux ma;- chaml; le Cotlseil est pris pour juge, ct le marbre gagnu sou procefi coutre les agens de police et con t re le metal, niai- a condition (|u'il sera rcvclu d'un mastic qui le mule inatlaqua- I) le par le vinaigre doat les vins dcbilcs sur les romploirs de Paris ne snnt pas exempts. Si les marchainls voulaient porter la magnificence nn pen plus loin, et subslituer 1c porphyre on le grauit an marbre, i! laudrait peut-etre une nouvelle or- cloiiiiauce pour autoriser ce changement. Falsification du lait. Le Consoil de salubrite se borne stric- lement a ses attributions. II n'est pas charge de surveiller la probite des marchauds; le soin de la snnte publique lni trace les limiles de ses inspections. Queiqu'il soil bien reconnu que la consommalion du laitage a quadruple, et que la production de ce liqukle n'est pas doublee a beaucoup pros, il est permis aux vendeurs de l'ubriqucr ce que les vacbes ne foui nisscut point, pourvu que le lait arti'ieiel u'ait rien tie mall'aisanl. I\e verrons-nous done jamais l'industrie agricole laire pour la ca- pitale lie !a France ce qu'elle est parvenue a meltie en prati- que autour des principales villes de la Grande-Brelagne , y ivpandre abondamment uu laitage pur, alimentaire , bienfai- saut, sintoiit pour renfance? Pourquui I'aris n'a-t-il pas en- core son Hat ley? Dangers des mpeurs de (a braise. — Une discussion entre deux labricans de chemiuees a donne lieu an Conseil d'emeltre son avis sup les diets ties vttpeiirs dc la braise, qu'il regarde commc lr; s-dangereuses. En diet dies peuvent I'etre , mai.s beau- coup moins qu'on ne le pense ; car plus de la moitie des ha- bilans du nord vivent, una grande partie de l'annee, an mi- iieu de ces vapeurs, dans des cbambres bien closes, et n'y sont point asphyxies. L'n leu de braise est cntrolenu toute la jour- nee dans les poeios formes des Ilusses, dans les tandours des icimnes grccqucs, travaillant gaiment autour de cc foyer ardent place sous leur (able. Asstunissenunt de Vincennes et de CHchy ; — Buanderies.' — ■ Le projet d'elablir aux Ternes le blanchissage par la vapour repaud l'alarmo dans cette commune; reclamation des ha- bitans contrc ce foyer d'infection qu'on veut leur apporter. I'u peu plus loin, la commune de Ciichy ej&t n'eliemeril infcclt'e par les blanchissciies sui\ant les proocdos nrdinaires: des Ira- \aux d'assaiuisM-iueiil soul devenus indispensable*. Ain.-i lc^ j 'renditions repousfeent des perfecti'jnucmoi'.s qui sCiaicut a SCIENCES PHYSIQUES. -i5 Li fote des moyens d'economie et de salubrile, et la routine perpetue lesprocedes les plus \icienx, los pins nuisiblcs a la saute de eeux qui les emploicnt. Le Couseil a suivi dans ce cas les maximcs dont il no s'ecarte point; il a rendu justice au blancliissagc par la vapeur, et propose des moyens de ren- dre moins infecfes et moins dangereuscs les emanations des mares de Clieby. Puisquc nous ne savons rien faire sans F im- pulsion du gouvcrnemenl , et que, d'nn autre cote, le gou- vcrnement vent lout faire, tout regler, tout dinger, ne sc- rait-ee pas vers le perfcciionncmcnt du blauchissage qu'il devrait imprimer sa direction? II ne s'agirait que d "imifer nos voisins, de faire mieux a inoindres t'rais, et sans infecler nos habitations, ce que nous faisons aujourd'hui si nial et si cbe- rement. Ce que nous venous de dire suflit pour faire apprccicr cc rapport; niais, pour qu'il opere tout le bien que Ton pent at- tendre des lumieres et de la sagesse du Conseil, il faudrait que le public sut profiler des communications qui lui sunt faites, qu'il prit 1'babitude de lire les edits lels que eclui-ci, Quand monic les rccherches dc M. Aldini n'auraient pas ete couronne.es par un succes non contcste, les intentions de cct ami dc I'humanite sont trop louables pour qu'on ne s'em- prcsse point de le seconder; il pent compter sur la coopera- tion de tous ecus qui auront vu ses experiences, on lu ses ouvrages. "> o0y. — * Guide duChauffeur el da Proprietaire de Machines d rapeur, oil Essai sur t'cialdissemcnt, la conduite ci I'cvArctirn des Machines a vapeur, et principalement de cclles ditcs de IV coif, a moyenne pression ; precede dc I'rincipcs pratiques sur la Construction des Foumeaux, suivi d' Observations sur I'Utiiete comparative des principau.r systiwes de Machines d vapeur, et dc quelques motcurs; par MM. Guouvelle et Jatjnez, ingenieurs civils. Paris, 1800; Malher. In-8" orne dc 10 planches; prix, 9 ff' Dans l'interessante Notice sur Irs Explosions de Machines d rapcur epic M. Akago a puhliee dans VJnnuairc du Bureau des Longitudes, ce savant signal* I'ignorance et l'inaltenlion des conducteurs de ces machines comme une des causes qui peu- vent donner lieu a des accidens fnnestes. Indiqucr aux pro- prictaircs, et a cenx qu'ils emploicnt, les mcyeus de prevenir ces malhenrs scrait un assez grand service rendu a l'in- dustricpourrecommanderlelivrcdc MM.Grouvelle ct.Tauiiez ; mais le ( iuidc du Chauffeur fcra p!:is encore pour les fabrieans. On y trouvc exposccs avee les details les plus miiiulieux toutcs les precautions a prendre, non-seulcmcnt dans La enn- duite des machines a vapeur de differens systemes, mais cn~ SCIENCES PHYSIQUES. 7it, core thins leur pose. Lcs deux auteurs s'oceupent cux-menios depuis long-lems do la fabrication (ic res machines et tie tout ec qui s'y rapporte, ainsi que tin montage cles ateliers; ainsi les instructions qn'ils donnent me'ritcut la plus grande con- fiance. Cet ouvrage est divise en qualre parlies : la premiere traile de tout ce qui est relaiifaux chaudieres ct a lours fourneaux ; vienncnt ensuite les diverses especes de combustibles et la coniparaison de leur effet calorilique, les accidens qui pcu- vent arrivcr aux chaudieres, Its soupapes de siircle, le mana- inclre, les flotteurs. Dans la seconde partie, les auteurs s'occu- pent des accidens que pent cprouver chacune des pieces des machines, et indiquent les moyens de les reconnaitre et d'y remedier. La troisieme partie expose les soins geueraux qu'exigent les machines a vapeur; on y trouve des details tres- inslructifs sur les mastics, les communications de mouve- ment, la conduile des machines a vapeur et leur pose. Enfin, dans la quatrieme partie, inlitolec : Ckoi.r et achat des /machines d vapeur, les auteurs ont reuni des considerations sur les di- vers systenies de ces machines, et sur leur coniparaison avec les autres moteurs; ils donnent des eonseils sur la maniere de traiter avec les rnecanieiens, soumetlent au calcul la force des machines, font des ohservations sur les ordonnances et instruclions relatives a leur emploi. Celle dernierc panic ren- fcmie peut-etre des notions dont 1'utilite n'esl pas hicn scntic; mais quelques superfluiies sont un moindre inconvenient que I'omission des choses essenticlles. Un Appendice contient di- vers ol)jeis qui auiaient pu trouver leur place dans le corps de 1'ouvrage; mais il laut observer qu'une composition telle que celle de MM. Grouvelle et Jaunez est un assemblage de pieces dcslinees a scrvir isolement, dont chacune doit elre traitee commc si clle etait seulc, quniqu'elle ail des relations avec les autres. j»insi e'etait moins de 1'cnsenible qu'il fall ait s'occuper que du perfcclionnement de chacune de ces pieces. Tel a etc le hut des auteurs, et nous devons dire qu'ils 1'onl altcini. A. F. 21 o. — * Hisloirc generate des Voyages, on Nouvellc Col/rciion des Relations de Voyages par terre et par mcr, mise en ordre et coinplelee jusqu'a nos jours, par C- A. "Wai.kenaer, membro de rinslitut. T. xvni. Paris, i83o ; Lcf-ebvre. In-8 de/jSS p. ; prix du vol. , 7 f. (Voy. Rev. Enc. , t. xlv, p. 148.) Ce volume ren ferine la continuation du voyage dans la partie de l'oues't et du nord de la colonic du cap do Befwe-fo- perance, de M. Liihtcnsleiii, en 180/4, ot donnc des details de 7»o LIVKES FRANCAIS. celui dn general Jansscnsiihi riviere des Hippopotnmes : pui.°, il traite de I'excursion de M. Lichtcnstein a Zwellendam ct aux environs, ot de son autre voyage (ait en i8o5 dans les pays des Bosrhmans. des Koranas et des Betzouanas. Des observations particulicres sur la limile dn pays des Cafres, snr leur caractere et leur maniere de vivre, et snr les Bos- rhmans, les Betzouanas et les Koranas, ajoutent encore a l'interet des descriptions generates de ce voyagenr natura- liste. Celle inoitie (In volume est conipletcc par nn cxtrait du vocabulaire de l'auleur, traitanl des dialectes des Betzouanas et des Hottentots. L'autre partie du volume est consacree : i°aux deux missions des t'reres Moraves chez les Hottentots, de i^5() jusqu'a 1801 , lesquelles ont ete interrompues pen- dant qiiarante-huit ans. Ces missions sont celles du vertueux Georges Schmidt, que Ton considei ait conimc un digue enfant de Dieu et des trois t'reres Henri Marsiveld de Guuda , Jean Daniel Schwinn d'Erbac/t , ct Jean C/ir. Ktilnel de Herrn/uil ; 2° aux voyages dn reverend J. Campbell, dans l'interieur de lacolonie, a Guadendalet a Bethelstlorp, en 1812 et i8i5, a Graaf-Reynett, a Lattakou el dans le pays des Griquas et des Namaquas, en 1 8 13 et j8 i4- Le volume conlient en outre les observations de cet inspecteur des Missions, sur les moeurs et habitudes des Boutcbouanas, des Vanketzens, la descrip- tion de la ville de Lattakou et des pays au dela des lieux con- nus des Griquas qui accunipagnent les missionnaires, etc. , ainsi que des notices sur les pays des grandes Numaques ct des Damaras, et des observations sur les Boscbimans. Le vo- lume enfin est lermine par des vocabulaires bouschouana, namaqna, cal're, hottentot, etc. La partie du voyage de M. Lichlenstein est due a la plume de M. Deppikg, et le commencement des voyages des mis- sionnaires au savant travail de M. Eyries. La collection des voyages dc M. AValkenaer, dont nous ve- nens de (aire une analyse succincte du xvnic volume, sera ac- compagnee d'un atlas special nccessaire pour L'intel ligen.ee du texte. Trois cartes de cet atlas sont publiees : la premiere a pour titre : La Sine gamble et la cdte occidentals d'A frique , depuis le cap Blanc jnsqu'au cap Sainte- Anne; la seconde est intitulec : Gitinec entre Sierra Leone et le passage de la ligne, et la troisieme, Congo, Angola et Benguella. Leur redaction , dit M. Walkenaer, a ete confiec a M. Dufouk, qui, jeune encore, promet a la France nn bon geograpbe de plus, par ce desir de perfection qui I'anime dans tout ce qu'il execute. Nous consacrerons un article a ces cartes, lors de la pro- SCIENCES PHYSIQUES SCIENCES MORALES, yu diaine publication de celle du sud de I' Afrique , qui doit pa- raitre avec le xixe volume de ce grand ouvrage. Sueur Merlin. 211. — * Annuaire du Departement de la Sarlhe pour i83o. Le Mans; Monnover. In-12 de Sao pages ; prix, 1 fr. 5o c. II serait trop tard pour {"aire mention d'un Annuaire de 1800, si celui de la Sarthe ne contenail point des materiaux propres a des constructions durables, des fails statistiques et historiques. Due grande parlie de ce volume est un Essai sur la Staiistique de I' Arrondissement communal de La Fliclte. Cette inleressantc description sera coutinuee dans 1'Annuaire de 1801 ; et, en procedant ainsi, la slatistique du departement de la Sarlhe se trouvera tout enliere dans cet Annuaire, et recevra chaqiie annee les corrections et les diverges modifica- tions donl elle aura besoiu. C'est ainsi qu'il couvient de trai- ler ces parties de nos connaissances en partie mobiles, et dont les elemens plus durables tiennent on a la nature, ou aux institutions qui ne doiveul point etre invariables, mais tendre sans cesse vers leur perfectionnement par une marche lente et graduee. Les aunuaiies sent tres-propres a recevoir le de- pot de ces documens dont l'liistoire profitera d'autant plusai- semenlet avec plus de surete qu'ils seront tolijours bien com- plets, bien connus, appropries auxlieux el auxcirconstances. Les amateurs de l'ancien ordre de clioses trouveront clans les documens historiques recueillis par M. Catjvin, auteur de cet Essai, plus d'un sujet de regrets, en comparant ce qui fut autrefois a ce qui est aujourd'hui. lis feront sans doute des voeux fervens pour voir renaitre en France le beau terns 011 l'abbe d'Evron (riche abbaye de bencdiclins) nommait, en qualite de baron, a treute-cinq cures et a seize prieures, avait ses officiers de justice, etc. II y a huit colleges dans le departement de la Sarthe ; deux sont en pleine activite, deux autres semblcnt commencer, et quatre n'ont d'autre fonctionnaire que le chef. II n'est pas question d'enseignement mutuel : esperons que les annuaires prochains en feront mention. F. Sciences religieuses, morales, politiques et historiques. 212. — *Des Usurpations sacerdotates, on du clerge en oppo- sition avec les principes actuelsde lasociele, et du besoinde ra- menei le culte catholique a la rt ligion primitive; precede du recit de la mission du P. Farina a Ajaccio ; par l'abbe Cerati. Paris, i83o;MmeV*CharIes-Beehet. In-S^e i84pag. ; prix.3 fr. 5oc. T. XLVI. J«1H lS3o. 4^> 7ai LIVR8S FKANCUS. L'ouvrage de M. l'abbe Cerati presente quelque degre d'uti- lite, dans les circonstances on nous nous trouvons. L'auteur s'cst attache ademonlrcr dans le premicrchapilrc : i° Que, si les pretres, les prelats et les papes veulent conscrvcr Finnic de I'Eglise, les pretres, les prelats ct les papes sont dans la ne- cessite d'adopter sans restriction l.i religion que prerhaient les apotres, et d'abdiquer tonic espece d'influence sur les af- faires tempoiellts ; — 2° Que lespretreset les prelats se trouve- ront menaces dans leur existence spiriluelle meme, s'ils persis- tent a refuser d'etre citoyens et nationaux ; — 5" Que si le clerge vise encore a la conquete de son ancicnne puissance, il creera des revolutions nouvelles, des guerres civiles, et succombera dans la lutte; — 4° Q"e> si les ministres du culte persistent a se montrer intolerans ; s'ils pretended t etablir des distinctions inusitees dans les temples; s'ils manquent de douceur et de charite envers les fideles; s'ils rejettent des sacremens, selon leur bon plaisir, des malheureux qu'ils devraicnt plaindre, le peuple les detestera, et fuira une religion qui ne pardonne pas. Dansle second chapitre, il examine les projetsdu parti-prS- tre, et trouve sur ses vues secretes et sa tendance des choses nouvelles a dire, meme apres M. de Montlosier , dont il semble parfois s'ecarter. II s'eleve avecbeaucoup de force et de raison dans son troi- sieme chapitre, contre le retablissement des Ordres religieux parmi nous, et principalement des jesuites. Le chapitre quatre, consacre a signaler l'excessive multi- plication des pretres depuis la restauration, renferme des do - cumens et des avis precieux. M. l'abbe Cerati croit , et beau- coup de personnes croient avec lui, que le nombre des pieties est trop considerable, qu'on Its retient trop dans les villes, au lieu de les envoyer dans les campagnes qui manquent de pasteurs; que les ordinations se font avec si pen de soin, oti avec tant de bonne volonte, qu'en general les nouveaux pretres sont cites pour leur ignorance. M. Frayssinous en a fail I'aveu. Le chapitre cinq, intitule : de l: education auamains du clerge, contient des idees ti es-saines, et peut-etre aussi quelques pa- radoxes. C'est le jugement qu'on peut porter en general sur l'ouvrage entier, qui, d'ailleurs, ne se distingue nulleinent par la purete et l'elcgance du style. II y aurait de l'injuslice a ne pas declarer que, tout en stig- matisant les abus qui deshonorent la religion catholique , M. l'abbe Cerati montre le plus grand respect pourelle. Quel- ques lignes suffiront pour le prouver. SCIENCES MORALES. ?»5 « Toucher a la religion, c'cst toucher a la pai tie la plus vi- f.ale de la societe ; le derangement le plus leger peut causer des convulsions violentes; quand on ne porterait que le trou- ble dans quelques consciences, ce serait deja un crime assez grave : la seule idee d'un pareil malheur aurait sum pour m'ef- frayer — » La religion est un sentiment si profond et si naturel que jamais on ne pouria le detruire dans l'homme,a moins qu'une education anti-sociale, ou une longue habitude du crime, ne l'ait pervei ti et entierement denature. » 2i3. — Le vrai Messie, ou PAncien et le Nouveau-Testa- mens examines d'apres les principes de la langue de la na- ture: par G. OEgger, ancien premier vicaire de la calhedrale de Paris; avec celte epigraphe : Ln pen de pliilosophie eloi- gne du c/trislianisme ; beaucoup de philosophic y ramenc. Paris, 1829; Felix Loquin. In-12. C'est une singuliere position que celle d'un journalisfe : il se voit souven-t oblige, presque dans le me me instant, de passer d'un extreme a l'autre. Apres avoir rendu conipte de Pouvrage de M. Pabbu Cernti, qui, craignant de toucher a la religion , semble ne se decider qu'avcc peine a signaler les abus sous lesquels la discipline de I'Eglise est enscvelie, nous voicimaintenant con train Is de parlerdu vraiMessiede M. I'abbe OEgger, qui porte hardiment la eognee dans l'essence memo du christianisme, dans le symbole des apotres. La langue de la nature est l'idee dominante de Pouvrage de HI. OEgger. Cette langue consiste a remonter en esprit au dela de toules les langues de convenlion, et a ne voir, dans les livres saints ni de Ylirbreu, ni du grec , ni du latin, etc. , mais uniqueinent des embleines naturels, des symboles, des liierogly- phes , tels qu'on a du les employer pour exprimer les idees de melaphysique et de morale, avant qu'on eul tree les mots con- ventionnels correspondant a ces idees. En eludiant ce que les auteurs allemands out appele la symbolique ; en se rappelant quelle a du etre la nature du langage hieroglypliique dans les anciens pieties egyptiens; en examinant, en outre, les carac- teres du phenomene de Ve.rlase m»derne , et en comparant le toutavec les images prophetiques et les paraboles de PEvangile, on trouve que la plupart des livres que l'antii|iiitenousa trans- mis comme ins pi es sont ecrits d'un bout a l'autre en images parlantes, prices dans la nature visible; en d'autres termes, en langue de la nature. A Paide de cette langue de la nature, qifii a retroilvee le premier, il donne des explications tics tirres saints qui ne s/iu- 7a4 LIVRES FRAiNCAlS. raient , suivant lui, etre arbilraires comme celles que I'on avait donnees jitsqu'alors. Cost dans ces explications qu'il admet la triple essiiice dc Dieu relativement a rhomme : triplicite on trinite que la philosophic elle-meine a recnnnue d'apres Pla- ton, qnoique Jehovah soit unique en pcrsonne comme en lire. Ainsi, Jehovah createur est Jesus-Christ redempteur. Lcmeme etre ineffable, la meme personne divine est pere en taut que createur, et fils en taut que redempteur. I,e Sainl-Esprit n'est autre chose que l'enibleme nature! de ruction de Dieu rarliee, en tant qu'elle est invisible comme le vent; une multiplicity de personnes distinctt:s, meme dans sa propre essence , serait inutile, si elle n'etait absurde, et meme sacrilege. Quant au dogme de la transsubstantiation , il le regarde comme aussi absurde que si Ton voulait soutenir que la parole de Dieu est reellement du froment. II ne respecte pas davantage les autres articles de la l'oi catholique. Comment M. OEgger a-t-il decouvertla languede la nature, inconnue jusqu'a lui, sans exception meme de saint Paul? Quand il set a utile de s'expliquer on que le terns en sera venu , il dira le fin mol ; attendons. L'ancien premier vicaiie de Notre-Dame se montre partout dans son livre l'ennemides superstitions et du fanatisme : nous ne saurions le bhlmer ; mais par quel merveilleux changement le plus ardent propagateurde la confrerie de ]Notre-Dame-dcs- sept-douleurs nous dit-il maintenant que Jesus ne pouvait etre appele qu' improprement fils de Marie, et que ceci devrait don- ner a penser a ceux qui ne craigneut pas d'elever des autels a cette creature, qui, lout inleressante qu'elle puisse etre, ne devrait jamais, sous aucun rapport, etre assimilee au Crea- teur, et qui serait evidemment elle-meme la premiere a ren- verser ces autels, s'il lui etait donnc de revenir sur la lerre? C'est im secret que nous saurons peut-etre un jour. J. L. 214. — Observations morales, critiques et potitiqucs, par Adricn Destailleir. Deuxihne edition. Paris, i83o; Pillet. In-8° de 384 pages ; prix, 6 IV. Cet ouvrage est un recueil de Pensees detachees sur la mo- rale, la religion, la politique et la litterature. Nous aurions desire que 1'auteur pi it la peine dc lier entre elles ses re- flexions, et s'efforcat de nous donner un livre au lieu de phrases decousues. Qu'apres la mort d'un grand homme ses heriliers recherchent avidement jusqu'aux moindres traces de sa plume, et donnent au public les materiaux des ouvrages qu'il se proposait de publier, on acceptera ce present avec teconnaissance, mais en regrettant toutefois la main qui au- SCIENCES MORALES. 7*5 rait donne de la suite a ces pensees eparses, de l'harmonie a ces debris disco rdans. C'est ainsi qu'a ete recu le recueil des Pensees de Pascal. Mais, que de son vivant un auteur publie les notes dont ses cartons doivent avoir seuls la confidence, c'est ce qu'on ne sait comment excuser. Tant que I'architecte se port* bien, pourquoi appeHe-t-il le public a contempler ses pierres sur le chantier? Qu'il acheve sa maison, et nous irons la voir. Les ouvrages de LaBruyere, Larochefoucault et Vauvenargues se recommandent par le merite du style et la finesse des apercus; mais les deux derniers surtout sont de- poui'Yus de methode. Ce del'aut n'est pas ce qu'il est bon d'imiter. M. Destailleur parait croire que ce qui s'oppose aux prr.gres de la morale, comme science, c'est la prevention qu'on eprouve contre ceux qui prennent la plume, apres les ecrivains que nous avons nommes. II n'y a de savoir, que quand il y a classification et rigoureux encbainement des parties ; le desordre des idees est le premier ennemi de touts science. Un ouvrage du genre de celui-ci se derobe a toute analyse. Laissaut de cote les observations de l'auteur que nous ne re- gardons pas comme fondoes et dont la refutation nous deman- derait trop de place, nous nous bornerons a citer les trois suivantes qui nous ont paru justes et bien presentees. — « Les homines different bien plus par la maniere de sentir que par la maniere de penser. C'est ce qui produit l'obstination dans les discussions. S'il ne s'agissait que de combattre des raisonnemens, on parviendrait plutot a s'entendre ; mais comment changer des sentimens, reformer des gouts? La diffi- culte n'est pas de convaincre, c'est de persuader. Parvenez a concilier les interets, il vous restera peu de chose a (aire pour accorder les esprits. » — «Les femmes jugent toujours bien des choses de sentiment ; les hommes n'en jugent bien que lorsqu'ils sont amoureux.» — « L'utilite des lettres n'est pas moins bien constatee. Rousseau cite les Spartiates, qui n'ont laisse que la memoire de leurs grandes actions. .. et So- crale, qui, dedaignant de fairedes livres, n'a laisse que la me- moire de sa verlu. Mais celte memoire, ces exemples, com- ment nous auraient-ils ete transmis, si 1'bistoire n'avait pris soin de les recueillir? Socrate nous scrait-il bien connu sans Platon et Xenophoo, qui nous ont conserve sa morale ? La pbilosophie qui pense ne passe a la posterite que par la philosophic qui ecrit. » Ad. 2 i 5. — Rapport sur f'etat des etablissemens df Instruction et (/'education de CEglise reformce du Dcpartement de (a Seine, au yiG LIVRES FilANCAIS. 5i decembre 1829. Paris, i85o; librairieprotestante tie F. Ser- ver. In- 1 2 de 37 pages, avec deux tableaux. On rend compte, clans ec Rapport, du nonibre d'eleves des deux sexes qui suivent les diverges ecoles specialcment des- tinees aux enfans protestans; de I'etat desrecettes et depenses deceselablissemens; d esdiflc rentes con naissanccselcmenta ires qu'on chcrelie a procurer aux eleves; des progresqu'ilsy font ; des instructions que doivcnt leurdonner les pasleurs; etc. Le nomine des garcons qui frcquentent l'ecolc d'enseignement mutuel eta-it, an 5i decembre 1829, de 78. A la nienie epo- que, celui des filles s'elevait a 7,1 ; le pensionnat de demoisel- les comptait 3o eleves. Les ecoles du diinanche, a l'Oratoire et au temple dc la rue Saint-Antoine, etaient frequentees, la premiere, par i(io enfans des deux sexes, la seconde, par 70; enfin les ecoles de Rl. Fontaine, de M. Buc/de et de M" Lang rccoivent 1 34 eleves, garcons et filles. Ce Rapport , qui doit inleresser surtout les families pro~ leslanles, et tons les amis de l'instruction prima ire, est ter- mine par une liste des membres du Comile de surveillance des divers etablissemens d'education de l'Lglise reform.ee. On y remarqueavec interet lesnomsde bea ucoupde dames recom- mandables et bienfaisantes, qui ont consenti a surveiller l'e- cole des filles. 216. — Rapport sur la Caisse d'Epargnes et de Prevoyance (de Paris), par M. Navier, de l'Academie des Sciences. Paris, 1800; F. Didot. In-4° de 52 pages. 21 . — -Rapport piesente par M. Portal, premier Vice- President du Conseil des directeurs de la Caisse d'epargnes (de Bordeaux) a I'assemblee generate des fondateurs. (Seance du 25 avril 1829. ) Bordeaux, 1829; Andre Brassier. In-4° de 12 pages. M. Benjamin Delessert, president et 1'un des fondateurs de Tetablissenienl d'une caisse d'epargnes et de prevoyance a Paris, ayant communique a l'Academie des Sciences le compte des operations de cette caisse, M. Navier fut charge de faire tin rapport sur cette intcressante communication. Le compte rendu par IM. Portal est un acte d'administration, renonvele chaque annee, et reduit, par consequent, a ce qu'exige la eomptabilite ; les c luff res en remplissent presque toutes les pages. Le rapporteur signale une influence remarquable de la prosperite du credit public et de la hausse des fonds sur les etablissemens tels que les caisses d'epargnes; ils peuvent souffrir, voir augmenter lcurs embarras, par cela mfrae que SCIENCES MORALES. 727 Ton regarde comme un indice de la felicite publique. Le rap- porteur explique tres-elairernent ce mysterieux rcsultat. Le rapport de M. Navier est un Memoire sur la caisse d'e- pargnesde Paris, et sur ces etablissemens en general. En depil de la reserve de 1'auteur, qui ne parait pas avoir destine cet ecrit a une grande publicite, il sera it a desirer qu'il pfit cir- culer partout; il ferait du bien , meine an milieu des circon- statices actuelles, on le bien devient si difficile a faire. Apres une courte bistoire de la caisse d'epargnes de Paris, M. Navier rappelle la memoire du predecesseur de M. Delessert a la presidence de cet etablisseinent. « Le due de Laroehefoucauld a conserve jusqu'a sa mort la presidence de la caisse d'epar- gnes: cette fonction n'etait point donnee par le ministcre. II sera desormais impossible de parler de cet homme venerable, sans faire naitre en meme terns deux souvenirs bien opposes: celui d'une vie consacree a l'exercice de toutes les vertus ; celui d'une mort que l'implacable esprit de parti s'est vaine- mentefforce de fletrirparde laches outrages. » — Lerapporteur entre dans quelques details sur les ameliorations progressives de la caisse et de son influence sur la classe laborieuse. « Les resultats qui viennent d'etre exposes supposent que beaucoup de bien avait ete fait ; il est impossible de ne pas donner quel- que part dans la reconnaissance qui lui est due a 1'auteur d'un ecrit qui ne sera point oublie, les Trois Visites de M. Bruno ; ouvrage ingenieux du a la plume de Lemontey, et que Ton croirait ecrit par Franklin. » Tout ce Memoire meriterail d'etre transcrit, si les limitos de notrc lecueil nous le permettaient ; mais nous sommes re- duils a un petit nombre de citations; voici comment M. Navier lermine son Memoire. c Les beaux -arts et les sciences sont cuitives avee ardeur. lis ont donne a la France une globe qui est desormais impe- rissable, malgre les erreurs passageres dans lesquelles le goQl du public se laisserait entrainer; mais les progres de l'esprit humain dans cette carriere brillante ne doivent pas etre le seul but de nos eftorts. II ne s'agit pas seulement d'augmenter les jouissances intellecluelles du petit nombre des hommes qui peuvent les gofiter, et que la fortune a deja combles de ses dons. II s'agit, pour tout homme qui a un coeur, de rendre meilleure la condition de la masse du peuple, et surlout d'e- levcr ses scntimens et son caractere. Ce n'est pas en repandant sans discernement des aumones que Ton pent y parvenir. Le meilleur usage que des hommes riches puissent faire aujour- d'hui de leur fortune consiste a fonder des etablissemen« ;a» LIVRES FRANCAIS. destines a propager ('instruction, ou des institutions telles que la caisse d'epargnes, qui tendent a developper le sentiment de la prevoyance, et a rlunuer an peuple les inoyens lie la nicltre en pratique. Cel etablissement nous parait altester le discernement non moins que la bienl'aisance de ses fondateurs, et meriter an plus liaut degre 1'estime el la reconnaissance publiques. » ]\. 218. — * Histoire du Droit romain an moyen age, par F.-C. de Savigny , traduitc de Pallemand par Charles Gfenoux, docteur en droit. Premiere livraison. Paris, i83o; Alexandre Mesnicr, Place de la Bourse. 2 vol. in-S°; prix, du volume, 8 fr. ; il y aura 4 volumes. La grande reputation que M. de Savigny s'est acquise en Europe, comme jurisconsulte, nous f'aisait vivement desirer nne traduction f'rancaise de scs ouvrages. La plupart des hommes qui parmi nous s'occupent de la science du droit sont en efl'et elrangers a la langue allcmande ; de sorle qu'ils ne connaissaient les ecrits de ce rclebre jurisconsulte que par les extraits qu'en avaient publics quelques journaux de jurisprudence. Grace a la traduclionque nous donne M. Gue- noux, ils pourront a Favenir juger par eux-memes le plus im- portant des ouvrages de M. de Savigny, et profiter des im- menses recherches de ce savant ecrivain. L'etude de Fhistoire a pris parmi nous line activite qu'elle n'avait jamais eue, et la branche la plus importante de celte science est incontestablenient celle qui s'occupe des lois ou des institutions. Quel que soit le mepris que quelques ecri- vains affectent pour Futilite, il est incontestable que la ten- dance generate des esprits les porte vers les recherches utiles. Si Fon aspire a connaitre le passe, e'est pour y trouver des lecons pour I'avenir : on veut savoir quelle est la marclie que la civilisation a suivie, afin de ne pas s'egarer dans la route qu'on est appele a parcourir. Les theoriciens eux-memes ne peuvent se flatter aujourd'hui d'inspirer quelque confiance , d'obtenirquelque credit, qu'autant qu'ils ont uneconnaissance positive de Fetat reel de la societe, et des diverses causes qui Font produit. C'est dans Fhistoire de la civilisation que les nations peuvent chercher des regies sures pour Favenir : or, il faut convenir que Finfluence lies domains et de leurs lois sur les divers peuples de FEurope est une des parties les plus considerables de celte bistoire.Tout bomme qui possede quel- que connaissance du droit romain, et qui a quelques no- tions des lois auxqiielles la plupart des nations europeennes oheisseoU ne pent s'empecher de reconnaitre la filiation. L 'histoire de M. de Saviffny sera done favorablement aecueil- SCIENCES MORALES. 729 lie par plusieurs classes de lecteurs : elle sera recherchee par les hommes qui se livrent a l'etude de l'histoire, par ceux qui cult i vent la science du droit, et mcmc par ceux qui s'occupent de theories legislatives. Les deux volumes que nous annoncons ne torment (pie la moitie de I'ouvrage : les deux qui restent a publier ne se le- ront probablemeul pas long-terns attcndre. L'ouvrage se di- \ise en deux grandes parlies : la premiere est relative aux terns anterieuis a la fondation de l'eeole de Bolognc , vers l'an 1100; la seconde, aux terns posterieurs. Les deux vo- lumes qui \iennent de paraitre torment la premiere partie, et sont ainsi divises : le premier contient les generalites ; le second , les details. Le savant auteur traite, dans le premier volume, des sour- ces du droit au vc siecle; de l'organisation judiciaire des Re- mains pendant cetle epoque , en Italic, et dans les provinces ; des sources du droit dans les uouveaux Etals germaniques; de l'organisation judiciaire des Gennains ; de l'organisation judiciaire des Homains, depuis la domination des Germains; enfin, de 1'eoseignement du droit au v" siecle. Dans le second volume, M. de Savigny traite du droit ro- main dans les royaumes de Bourgogne , des Visigoths et des Francs, en Angleterre, dans le royaume des Ostrogoths, en Italie sous la domination grecque, en Italic sous le pape et rempereur, dans le royaume des Lombards; le dernier cha- pitre est consacre au droit romain conserve par le clerge. Ce volume est lermine par 1111 appeiidice qui contient les matieres suivantes : i° glose sur les Institutes; 20 Petri Petri excep- tiones legitm romanarum ; 3U table des passages du droit ro- main d'aprcs l'ordre des sources du moyen age , citees dans roitviagc d'apres l'ordre des sources du droit romain. On concoit qu'il ne nous est pas possible de donner, dans ce bulletin, une idee des immenses et consciencieuses re- cherches auxquelles I'auteur s'est livre pour composer celte bistoire. Aussi nous bornerons-nous a dire, quant a present, qu'elle justilie completement la reputation dont M. de Savi- gny jouissait en France, avant que son ouvrage y put etre ge- neralement apprecie. On a pu voir, par Vindication des cha- pitres, (jue I'ouvrage est ecrit avee mcthode ; nous devons ajouter que la traduction fait bonneur a la plume de M. Gue- noux, par 1'elegance et la clarte qui distinguent son style. L'ouvrage, imprime sur beau papier, est sorti des presses de 51. Founder : e'est assez dire qu'il est imprime avec soin. M. de Savigny, outre son Histoire du Droit romain an yZo L1VRES FRANC AIS. moyen age , a publie tin Traiti' dc la Possession, qui a acquis une grande eelebrile , surtout en Allemagne. Un savant pro- fesseur de Louvain,~M. Warhkobnig, nous en a donnc quel- ques extraits dans un recueil de jurisprudence qui sc pul)lic a Paris (la Themis) ; mais nous sommes encore a en desirer la traduction. Esperons qu'apres avoir reproduit dans notre languc l'histoire du droit romain au moyen age, M. Guenoux nous donncra aussi le Traitc de la Possession. Ch. C 219. — * Jurisprudence generate dn Royaumeou Repertoire melhodique de la Legislation el de la Jurisprudence modernes; par ML Dalloz. Tome ixc. Paris, i85o; au bureau de la Juris- prudence generate, rue Hautefeuille, n° [\. Cet ouvrage aura 12 volumes in— 4°, divises en a\ livraisons, contenant cha- cune la matiere d'environ 5 vol. in-8° ordinaircs; prix de la livraison, 1 0 f'r. Voici un des plus vastes et des plus utiles ouvrages qui , de- puis long-teins, aient enrichi la science du droit. HI. Dalloz s'est charge, depuis plusieurs annees, de continuer le Journal des Audiences, connu sous le nora de Journal de Denevers. Oblige de donner une nouvelle edition de ce recueil depuis l'origine de la Cour de cassation jusqu'a i8'j5, M. Dalloz a pense qu'une simple reimpression ne suffirait pas aux besoins de la science, ni a ceux de la pratique journaliere. II a forme la tres-difficile entreprise de classer tous les arrets d'apres l'ordre des matieres. Ce travail etait immense ; non-seulement M. Dalloz s'en est tire avec bonbeur, mais meme son plan s'est agrandi et amcliore par l'execution. Au lieu de se borner a reimprimer tous les arrets relalifs a une matiere, il y a joint un resume doctrinal, en sorte que son ouvrage est devenu un recueil de traites speciaux, appuye par des autorites de juris- prudence pliisconiplelesquedansaucunaiitrerecueil. Le 9° vo- lume, dont la seconde livraison vient de paraitre, comprend les mots huissiers, liypotluques et privileges, impot , incendie, instruction cr'uninclle, instruction par rcrit, interdiction, inter- rogatoire stir fails et articles, intervention, jeu, jeu de bourse, jitgemenl, liberie individuelle, liberie provisoire , lois, loterie , lounge, mandat, manufactures. Six livraisons reslent a paraitre; on annonce qu'elles seront publiees avant le 1" Janvier pro- chain. Nous reviendrons sur cette publication si remarquable, qui assure a son auleur un rang Ires-distinguc parmi les juris- consultes; mais nous voulons, des a present, remercier M. Dalloz d'un autre genra de merite. Les livraisons qu'il public maintenant sont doubles des premieres; et le public recoit, san> augmentation deprix, deux fois plus que les pro- spectus ne lui promettaient. La Revue Encychpcdiquc , habi- SCIENCES MORALES. ;3i tuee a faire a ses lecteurs les memes sacrifices, aimera toujour!* u saisir les occasions de signaler les auteurs et les editeurs qui mettront un aussi honorable scrupule a depasser kurs enga- gemens. C. l\., Avocat. 220. • — Traite ilem*ntairc de la Procedure civile, par M. L. F. Atger. Paris, 1828; Pichon etDidier. 2 vol. in-8"; prix, 10 t'r. Montesquieu avail remarque, dans les Lettres persannes, que le droit roniain, adopte par les Francais, par inconslance pour Icurs lois anciennes, avait introduit des forma.'ites dont l'exces etait la lioiste de la raison humaine. II avait demande si la forme s'estrenduc plus pernicieuse lorsqu'elle est entree dans la jurisprudence, on lorsqu'elle s'est logee dans la inede- cine; si elle a fait plus de ravage sous la robe d'un juriscon- sulte que sous le large chapeau d'un medecin ; et si, dans 1'une, elle a plus mine de gens qu'elle n'en a tue dans 1'autre? Mais l'auleur de VEsprit des Lois etaliHt que, dans les rcpubliques, il faut pour le moins autantde formaliti's que dans les monar- chies. Files augmentent dans Tun et 1'autre gouvernement, ajoute-t-il, en raison ducas que Ton y fait de rhonneur, de la fortune, de la vie, de la liberie des citoyens. Cette critique et ce jugement de Montesquieu sont ration- nels, chacun a leur place. II resulte de cette diversite d'opi- nions, qui ne sont pas contradicloires, que, si Ton pent plai- sanier sur l'abus des formes, et meme s'en plaindre, il faut reconnaitre qu'elles ont leurs necessites; et, tantqu'elles sub- sislenl, et qu'il y a des officiers ministeriels institues pour les appliquer, il importe de les etudier. Que si les ennemis des forinaliles de justice citaicnt la C our de cassation etle Conseil- a'Eiat pour exalter la simplicite de la procedure qui y est suivie, il faudrait leur faire observer quecesCours supremes ne sont pas des juridictions ordinaires, mais des magislratu- res d'exce})lions. A la Cour de cassation, les arrets intervien- nent sur des procedures achevees, et cette Cour ne connait , relativement a la procedure, que des jugemens dans lesquels les formes out ete violees. Le Conseil-d'Etat ne rendaussides decisions dans les affaires privees que sur les malieres re- put ees administrative?. Tout ce qu'il est done raisonnable despcrer, e'est que la procedure, dans les juridictions ordinaires du royaume, sera encore abregee et simplifiee. C'est ici 1'occasion de rappeler la proposition faite par Adrien Duporl, soutenue par Cha- broud et Bai'n'ive, et reproduite depuis par Cambaceres , pour etablir le jury au civil comme au criminel ; mais cette insti- tution, dans laquelle l'Angleterre et les Flats -Luis de l'Ame- riqne voienl le palladium de leur liberie civile et politique, fut 702 LIVRES FRANC AIS. ajournee indefiniment par deux de nos assemblies nationales, comme incompatibles avec nos habitudes, nos preventions, et peut-etre aussi avcc l'ioteret d'une classe imp oombreuse d'hommcs de loi el de justice. C'est ainsi que la procedure nicme a tin cole philosophiquej eh 1'examinatft dans ses rap- ports aver la nature et le principe du gouvernement 3 avec le droit politique et ci\ il , comme aussi dans ['influence que peu* vent avoir sur elle le cliniat. les moeurs et la religion. Les premiers traitcs on la procedure I'ut enseignee ont ele appeles styles. L'ancien style du parlement Cut ecrit en latin. INous avons eu, depuis, \enouveau style da Parlement, l'ancien et le nouveau style da C/uilclet, les styles particuliers. Mais cea styles nouveauxetaienlreslcs loujours anciens par leurbarbare idiome. Eniin, Pigeau parut, et, comme Malherbe l'avait fait pour la poesie , il mit soudainen i'uite les Ronsard et les Dubartas du palais. La procedure civile publice en 1789 par 31. Pigeau, avocat au parlement, decede professeur de la faculte de droit de Paris, fit dans toutes les juridiclions du royaume une re- volution qui Cut complete, bien que les praticiens de routine netrouvassenlpasl\auteiirassez/bnnfl/M/tf,parcelaqu'ilavaitsu raisonuer 1'instruction des affaires, et ecrire avec methode, clar- te, correction, nous oserions dire, avec interet,sur unenialiere aussi ingrate que la procedure. Son ouvrage etait devenu classique au barreau, et il suffisait a tons les besoins de la theorie et de la pratique, lorsque notre procedure fut changee et reunie en un Code, dont l'ensembleesl un avantage incon- testable, mais que nous croyons d'ailleurs defectueux et fort infciieur dans son execution au Code civil, dont il depend. Depuis lors, M. Pigeau a modifie lui-metne son traite, sous le litre de la Procedure civile des tribunaux de France, mais ces raccommodemens n\i\\tiit laissedes lacunes e! des imperfections que les notes de M. Crivelli ont du combler et corriger dans une edition posterieure. Cependant, d'autres Iraites, entiere- ment composes sur le Code nouveau, ont ete publics. Le Cours de procedure civile, par M. Berriat- Saint - Pri.r , et V analyse redsonne'e sur le Code de procedure et les loisde la pro- cedure civile, par IU. Carre, doivent etre dislingues. M. Au^er nous pa rait appele a prendre un rang honorable apres ces jurisconsultes, dontil reconnait que les ouvrages lui ont etc d'un grand secours, mais a Tautorite desquels il ren- voie peut-etre trop frequemment. Le Traite de M. Auger est entitlement didactique. II con- sent : i° les regies de la competence des juridictions civiles. et des ofliciers qui y sont attaches; 1" les elemens de la pro- SCIENCES MORALES. 733 cedure civile avec dcs definitions tirees des meillours coin- mentaires du Code ; 5° des notes nombreuses, dans lesquelles on donne l'explication de la loi par ses motifs et des exem- ples, et la solution de toutes les difficultes que son texte pre- sente, et des questions de procedure les plus iniportantcs, d'a- pres les auteurs et les decisions judiciaires. L'auteur remarque justement que la plupart des ouvrages qui ont paru jusqu'a ce jour sur la procedure ne conviennent pas a tous ceux qui se livrent a 1'etude de cette science : les uns ne sontdeslines qu'aux jeunes gens qui, avant d'approfon- dir cette partie du droit, sont obliges d'en acquerir des notions generales ; les autres ne sont a la portee que de ceux qui ont deja une certaine instruction. M. Auger a done pense qu'un livre qui pourrait C-tre utile a ces deux sorles de personnes serait favorablement accueilli du public, et il declare avoir eu principalementen vue les jeunes praticiens. Le second volumeest destine aux procedures diverscs, et l'au- teur ne s'est pas seulement occupe de toutes les procedures speciales comprises dans la seconde partie du Code ; il a eru devoir Iraiter en outre des procedures qui se trouvent dans le Code civil, et il a rapporle les articles de ce dernier Code, de maniere a reunir toutes les regies d'une meme procedure; ce qui distingue cet on v rage de tous les autres commentaires. Enfin les regies de la procedure a observer devaut les tri- bunaux de commerce et de paix sont exposees dans les notes du premier volume, de sorte que Ton voit, d'un seul coup d'neil, les ressemblances on les differences de ces regies avec celles de la procedure ordinaire. II nous reste a desirer que M. Auger, pour rendre son ou- vrage encore plus utile, le complete par un recueil de formu- les propres a meltre en action les principes qu'il a demontres. Et, commee'est surtout dans les formulesque les vices du lan- gage judiciaire se sont perpttues, nous ne sauriosis trop re- commander a l'auteur de rendre les siennesclaireset concises, et de les purger, le plus possible, de ternies barbares et inin- telligibles. Parent-Real. 221. — Lettre de M. H. Devaux, ancien depute du Cher, a 1151. les elecleurs , sur le vote de 1'adresse du 16 mars i85o. Bonrges, i83o; iniprimerie de Mmc Vc Souchoir, In-8" de 22 pages. 222. — Essai sur (a liberie de suffrage dcs fonclionnairm pu- blics amovibles, par le, meme. Bourges, 1800; meme imprime- rie. In-8° de 11 pages, dont la derniere est numerotee 201. •J23. — Lettre d'un Electeur du Cher aux autres Elect eurs ?3/| FilVIUES I-iANCAlS. (sans nom d'auteur). Bourges, i83o; meme imprimeric. In-8° do 1 7> pages. 224- — Disrours $ur I' Adresse, par M. Gaetan de Larochb- foi'cauld, depute ilu Cher; session do i83o. Paris, i83o; imprimerie de Henry? roe (iit-le-Cceur, n°8. In-S°de 7 pag. Nous reunissous hi qua tic brochures sorties du meme de- partement, et qui donncnl line idee exacle el sullisante de la crise actuelle, laquelle y est saincmcnt appreciee. Et, bien qn'il n'entre pas dans les habitudes de la Revue Ency dope digue dc s'imniiscer dans la politique de circonsiances, cependant, lorsque ces circonslances sont graves, lorsqu'il se represente dans 1111 debat , encore vivant, des questions de l'imporlance de celles qui s'agitent en ce moment, des questions qui tou- tbent aux racines, et peuvent conduire a la vie ou a la niort du systeme representatif, e'est-a-dire, du meilleur mode de gouvernement connu jusqu'a present, nous en occuper est un droit que nous n'enlendons point abdiquer, une obligation que nous devons a nos lecteurs de remplir. Rien, an restc, ne saurait rendre notre lathe a cet egard plus agreablc et plus facile que d'avoir a rendre compte d'une broi hure dc M. Devai'x , dont la dialectique serrce et pressantc, ct le style hardi et piquant, out ete depuis long- tems remarqties par les personnes habituees a suivre et a etudier les discussions parleincntaires. L'ceuvre de cha- cun de ses deux amis du Cher, 1'un, M. le comte Hippo- lyie Jaibekt, citoyen plein de patriotisme et de talent; l'au- lre,heritierd'un beau zele et d'un beau nom, n'est pas nonplus depourvue du merite co nv enable an but que se proposait l'e- crivain, ou l'oraleur. Dans sa letlre aux electeurs, M. Devaux commence par po- ser nettement la question que ceux-ci ont a resoudre ; autcur de l'adresse qu'il s'est appropriee par son vote, il se presenile le front haut devant ses Junes. La forme de l'adresse etait- elle , comme l'ont pretendu des puhlicistes dont il serait per- mis jusqu'a un certain point de suspecter la bonne foi , outra- geante pour le monarque ; ses coups devaient-ils meme porier aussi haut? Tel ne pouvait pas etre son objet, telles n'etaient pas assurcment les intentions de ses auteuiN. On a fait grand bruit, a cette occasion, d'atleinte portee a la prerogative royale. Qu'il nous soil permis de nous arreter un moment a cette ques- tion la plus fondamentale ; car le reste de la querelle , s'il etait sincere, ne serait que pure chicane de mots et que jeu d'enfans. (Vest d'abord un ptrange service que rendent a la rnyaute SCIENCES MORALES. ?&5 ses courtisans que tie pretendre qu'elle a ses droits isoles, independans, en opposition avec ceux de la nation. Nousavions pense jusqu'a present que la royaute etait une charge publique dont I'objet etait le gouvernemevit et Icbonheurde la nation. Que si Ton voulait qu'elle futaussi une institution divine, mys- terieuse dans son essence commedans son origine, nous y con- 5cntions,pourvu qu'elle nesortit pas sous cette forme des regions superieuresotiFon dit qu'elle s'est foruiee, et qu'elle consentit du moins a s'humaniser un peu dans ('application. Les constitu- tions, au reste, sont decemonde, et nous en avons vu fabriquer assez dans ces dcrniers terns pour croire qu'elles ne nous tom- bent pasd'en haut, et pour savoir menie comment dies se font. Or nous vivons aujourd'hui sous l'empire d'une constitution et d'une constitution ecrite. Les droits de la royaute ne peuveat ('one plus etre absolus, mais relatifs, et l'exercice de ces droits ne saurait aller jusqu'a troubler l'liarmonie et deranger I'equi- Jibre de la constitution. Leroiesl libre, nousdit-on, de choisir ses ministres. Libre quant aux choix des personnes , oui assu- rement; mais, quant au choix du systeme ou il lesprend, on pent soutenir qu'il n'est libre que jusqu'a un certain point; car la Chamhre aussi est libre de repoussertel ou tel systeme par tous les moyens que la Charte ecrite a mis entre ses mains. La question actuelle se reduit done a ce point : sont-ce des homines, est-ce un systeme, qu'a pretendu rejeter la Cham- b\e, et que repousse la nation? La reponse a cetle question n'est pas douteuse, et voici comment s'explique M. Devaux : ((Lesnomsrepresentenlsouvent plus que des individus, ils peu- ventetreaussil'expressiond'unsysteinepolitiquequi a loujours en la puissance, depuis la restauration, d'inqui'eter les esprits. Ce n'est pas un systeme cache dans la metaphysique des theo- ries insensibles aux masses, mais un systeme materialise par ses actes, qui a combaltu par les armes, paries conspirations, par toutes les influences dont il a pu disposer au dedans et au dehors de la France, tous les interets populairesde 1789 a 1829, sans vouloir se reposer dans la Charte, contre laquelle il protesta des son origine, et qu'il assiege sans cesse par des commentaires insidieux destines a fairc conlisquer a son profit l'oeuvre de la sagesse de Louis XVIII. Ce systeme, odieux a la nation sous le litre de contre-revolution, s'est vanle des son apparition au pouvoir d'arreter le cours de nos ameliorations sociales promises par les deux precedens discours de la cou- ronne, a l'ouverture des sessions de 1828 et de 1829. II s'est proclame provisoirement stationnaire, le visage tourne vers h» passe, avec l'anarchique ambition de commander, memo mi- ?56 LIVUES FRANC AIS. litairemcnt an besom-, un mouyement retrograde a un grand peuple qui inaichait victorieux, dcpuis quarante ans, a la con- qucte de toutes les riehesses de la civilisation progressive » . Mais, est-ce d'ailleurs sinccrcmcnt que le ministere se vantait de n'a voir encore rien fait et de ne vouloir rien (aire ? Qucsigni- fiait done son apparition? Ses membrcs venaicnt-ils exploiter a leur profit personnel et contrairement a leurs opinions et a leurs antecedent une forme de gouveruement qui a pourprjn- cipe el pour base I'interet general? Y aurail-il rien de plus abject qu'un pareil calcul et qu'une telle resignation ? Non, Ic ministere du 8 aout n'ctait pas, quoiqu'il en puisse dire, un ministere faineant. Convainrue de eclte verite flagrante, la Chambre pouvait-elle refouler en elle-meme ou dissimulcr sa conviction ? M. Devaux demontre quelle cut etc la perfidie, et quel ettfit le danger d'une pareille conduite. Ccuxqui pen- sent que ['opposition an ministere ne devait se manifester que par des actcs ne se sont assurement pas rendu pompte de 1'in- convenance,et je dirais memedel'odieux d'une telle dissimula- tion, lis ooblicnt de plus que parmi les lois sur lesquellcs la Chambre devait elre appelce a dclibercr il en est une, loi de confiance et de nccessite tout a la fois, que la Chambre etait maitressc de refuser, qu'elle ne pouvait pas ne pas refuser, et dont la non-adoption pouvait jeler pour un moment la per- turbation dans les finances et dans 1'Kfat. C'etait done pour la Chambre un devoir d'avertir d'avance la couronne de ses dis- positions a cet egard; e'est encore ce que demontre parfaite- ment M. Devaux. Mais, dit-on, si, malgre le resultat d'eleotions confnrmes a la pensce de la Chambre, le roi persjste dans son choix! Nous ne voulons pas cioirc a une pareille supposition , car elle manque aux conditions essentielles du gouveruement repre- sentatif, sous lequel nousvivons. La Chambre, interrogi e par le discours du trone ; les electeurs, inlerroges par la dissolu- tion, ne pouvaient mentir a leur conscience ; ils out accompli la loi de leur nature et de leur existence. Declarer qu'on ne saurait marcher avec la Chambre, telle que les elections nou- velles 1'auront faite, ce serait, chose impossible, eontrairea la penseememe qu'a donnee laCbarte, et a la pensee de la main- tenir; ce serait proclamer une incompatibilite cruellc. Mais la royaute est hois de ce debat. La royaute restcra ce qu'elle doit etre : juge supreme du ministere qu'elle cree el qu'elle brise a volonte; protectrice des interets de la nation, qu'on nc brise pas. Non, la royaute n'est pas en cause. Eh! qu'arrive- t-il done ici qui n'ait pas etc prevu par la constitution? Un SCIENCES MORALES. +>5j disscntimcnt onlrc le ministore et Ics deux Cbamlres. Mais n'est-ee pas pr£cisem£oii ptynl'de tellcs circonstancos que nous est donncc noire forme de gouvcrnement? Cerlcs, si Paccovd devait toujour.'; regner cntre le pays et le minislerc; si le r'of, {oujours suflisammont inslruit par scs agens , ne pouvait von- loir ct la ire que ce qui est communement desire, a quoi lion eel appareil fie deux Chambres? A quoi bon la prcsse ? a quoi l)on les elections? II n'y aurait qu'a se laisser condnire mol- lenient. La sagessc de Louis XVIII, et probableinent aussi son experience, en ont fait juger nulrcmcnt. Jc sais que beaucoup de gens ne voient, on du moins ail'ectcnt de ne voir, dans la Cbarte, qu'nnc concession de pure forme, et , dans scs dispo- sitions reglemenlaires, qu'un certain mode assez compliant' d'exercice du pouvoir supreme, substilue a la simplirid: du mode ancien. Les Cliambres, suivant eux, doivenl voter fi- bre mcnl l'acceptation de toules les lois qn'on leur prijsenTc, ct notamment du budget ; mais leur liberie ne va pas in. qu'a la non-acceptation. Les ccrivains sont libres de manifester leurs opinions', pourvu que ces opinions ne deplaiscnt point aux mi- nislrcs ou a lours agens. Enfin, les clecleurs sont libres de se rendre aux elections, memo sans passeports, a la condiliou qu'ils voteront pour les Candidate ministericls. 3Iais la France no saurait etre dupe d'une seml)lable deri.-ion. Les a"6tenrs nieiiie d'un pared syslemo ne sont pas non plus dupes de eelte interpretation. Et le genre de liberie qu'ils nous proposerit a, jusqu'a present, ete reserve dans 1'applicalion aux seuls fonc- tionnaires publics amovibles. Ceci nous conduit a la secondc question trailec par iM. Dcvai x. Celle-ci n'exige pas les memos developpemens. M. Dovaux !a traite sous le point de vuc moral, avec sa supcrioritc aceou- tumee. L'bonneur, la conscience des fonclionnaires publics ferontccrtaincmenl justice d'un pared dogmc de serviiilc. Non, tons ne doivent point leur position an ministere aetucl; il y en a dont la situation est due a des eludes ct a des travaux an- terieurs mrme.a la vocation proncnceC de ccs mini-lies pour 1'cxercice de si haiits empiois. Les eniplois ne sont pai tons le prix de la sollicilalion el de la bassesse. II y en a de legili- mement acquis, et les tilulaires de ccux-ci ne doivent Hen ;i leurs Excellences actucllcs. Le cb; f-dVcuvrc de la loyaule oi. du raisonnement serait de poser la limilc qui separe les ezn- plois-professions de ccux qui ne soul que le rcsullat de la fa* veur minislcrielie. An surplus, relict inevitable de cello snric de degradation morale infligee aux fonclionnaires piubHcsserh, il faul 1'csperer, d'mspirer aux ieunes g. us. pour l'avcnir. le t. xlvi. juiN 1 83o. 4? p56 L1VRES FRANCAIS. gout ilcs professions independantes ct honor ables, idles qu*' les professions agricoles on industrielles , de preference a ce- lni d'un elat qui , en dehors de certains cadres el de eertaioea limilcs, n'en est pas un, fet de nous debarrasser par conse- quent de celte nuee de frclons, inoccupes et parasites, qui prenncnt part, sans aucune utilite produitc, a la distribution d-vi milliard annuel : e'est du moins ce que nous souliaitons. La Iettre dc iM. le comic Jaubert est une exhortation plcine de raison el de franchise a ses colleguesclecteurs. Le discours de M. de Larochelbuoauld est une reponse faite a son insu,ct par avance auxcalomnies de ceux qui meconnaissent, sans doutc sansespoir de sueces, les sentimenset les intentions des vo- tans dc la memorable adresse. Nous citerons ici, en terminant, la peroraison de M. Jaubert : « Encore une ibis, que desirons- nous? L*egalite ou l'inegalite devanl la loi ? la liberte d'indus- tiie ou les corporations; la liberie religieuse ou les jesuites ( pridominans)? La liberte individueUe ou les cours prevo- tales ? la liberte de la press* ou la censure? des conseils muni- cipaux que nous elisions, ou des conseils municipaux choisis par le prefct? un budget qui diminue, ou un budget qui aug- mente? En un mot, Pancien regime, ou les interets nouveaux ; un gouvernement ou nous soyons quelque chose, ou un gou- vernement ou nous ne soyons rien? Nous sommes maitres de choisir. » Cette voix, non denude d'eloquence, a etc entendue , et MM. Devauxel de Larochefoucauld ont etereelus. 1$. L. , Avocat. 2^5. — * Tableau de la Potogne ancienneet modeme, public. en un volume, par Malte-Brun : Nouvclle edition enliercnie-nt re fondue, augmenteeet orneede cartes ; par Leonard Ciiodzko. Paris, i83o; Aime Andre, quai Maluquais, n° i3. 2 vol. in-8* de vij-5i2 et 556 pages; prix, i5 fr. II est pen de pays en Europe qui soient aussi mal connus que la Pologne ; et pourlant ce royaume, aujourd'hui decbu de sa splendeur, et foule aux pieds par ses ennemis, disputa , au xvie siecle, la palme des sciences a 1'Italie, devint plus tard le rempart de la chretiente contre les Ottomans, ct, na- guere encore, donna au monde l'admirable spectacle d'une nation fidele a ses allies au milieu des plus aflYcux revers , et jusqu'a leur derniere bataiile. M. L. Chodzko , auteur dc YHistoire des Legions polonaises, et que son talent aussi-bicn que son zele placent au premier rang parmi les patriotes po- lonais, vicnt d entreprendre la tuche honorable dc dissiper ces tenebres, et d'appelcr sur son pays 1'attentiou de 1'Europe. Au travail ineomplet, publie en 1807 par Malte-Brun, il a SCIENCES MORALES. 7.-9 substitue un tableau de la Pologne, envisagee a la fois sons les rapports statistiques , hisloriques ft litteraires; ot, aide dc quelques jcunes et habilesconcitoyens, il est parvenu a ele- ver un veritable monument national. Le tableau de la Pologne se divise en quatre parties dis- tirlctes; il comprend : i° une statistique generale du pays et une description historique et geographique de chaque pala- tinat ; a" un precis de l'histoire nationale, continutie jus- qu'en i85o ; 5" un essai sur l'ancienne legislation polonaise ; 4° des fragmens sur l'ancienne litterature du pays, precedes d'une introduction. M. Chodzko s'est charge spccialement de la statistique et de la geo graph ie ; et il a compiis dans son plan , non-seu- lenient le royaume actuel, mais toutes les provinces qui out dcpcndu ou releve a diverses epoques de cette glorieuse cou- ronnc : la Lithuanie, la Livonie, la Courlande, la Gallicie , l'Ukraine, la Valachie, la ftloldavie, etc., etc. Dans cette premiere partie, nousavons surlout distingue un chapitre sur l'etat des Juit's en Pologne, rempli de details du plus haut in- teret, et des considerations enlierement nouvelles sur la ma- rine polonaise dans la mer Baltiqne, le commerce de Dantzig et la langue lithuanienne. Ne pouvant relator ici les calculsde M. Chodzko, nous nous contenlerons de reproduire la con- clusion de son ouvrage : « En recapitulant , dit-il, cette statistique actuelle des an- ciennes pro\ inces polonaises, et comptant : i°. Pour l'ancienne Prusse-Polonaise. . 800,000 habit. 2°. Pour Ie grand- duche de Posen. . . 980,000 5°. Pour le royaume de Gallicie ^j000?00*} 4°. Pour la republique de Cracovie. . . 110,000 5°. Pour le royaume de Pologne. . . . 5, 700, 000 6°. Pour la Polognc-Russe 8,800,000 7°. Pour la Courlande 600,000 Nous trouvons dans son ensemble une population de dix- huit millions neuf cent quatre-vingt-dix milk habilans. Enfin , en comptant les 200,000 Lithuaniens et 280,000 Polonais ha- bitant la Pi usse-Orientale (vassale de la Pologne, depuis i525 jusqu'en 1657), dont la capitale est Kuenigsberg, nous anions la to table de 19,470,000 habitans. Si nous voulionsy ajouler un accroissement putatif de six annees, nous trbirverioris, pour 1'annee 1829, la population absolue de vingt millions d'habitans, et pcut-etre au dela pour tout l'ancien territolre de la Pologne. » 74o LIVRES FRANC AIS. l)e res calculs nous lircrons und seule consequence. En i8i5, la Russic s'est vantee, a In face dc PBttrdpe, de rctahiir le royaiinic dc Polognc, dc Ic rclcver a l'abri dc sa haute pro- lection. Eh bien! malgre ccilc parade dc magnanimile, cllc rclient tou jours sons son sceptre rnssc les belles provinces lillr.ianiennes, livric; a des commissions inquisiloiialcs ; cllc travaillc sans cc^se ay ctcindrc le sentiment de Fmsensde na- lionalite polonaise, a y comprimer toulc fibre manifestation de l'esprit public. Voila la gencrosile dont elle a use cavers la Pologne! Le precis hislorique qui compose la dcuxieme partic , due a UB jennc ct courageux publiciste, renferme un resume com- plet de I'ilisloirc Rationale, redigc d'apres les documens les plus authentiqucs ; il presented en outre, un tableau \il' ct anime des efforts des palriotes polonais pour inaintenir leur indcpcndancc sous Kosciuszko, pour la rcconqnerirsous Uom- browski et Ponialowski ; ct il retrace avee impartiable hcou- duite du gouveinemcnt russe depuis i8i5. La troisicme par- lie , empruntce par M. Chodzko a son mailrc et ami, M. Lelewel, famiiiarisera le lecteur avee une legislation cu- rieuse et ignorce. (Voy. ci-dessus, p. (\\Q>, l'annonce du tra- vail de M. Lelewel. ) Enfm, la quatrieme est une veritable re- velation sur l'ancicnne Iittcrature polonaise. L'auteur de ce travail, M. Michel Podczasztnski, ancien rcdacteur du journal de Varsovic, s'csl livre, depuis plusieurs annees, a des recherches laboiieuses sur la Iittcrature de la Yieille-Pologne. II en public aujourd'bui plusieurs fragmens qui, bien qu'ecrits a la hate, pourronl fa ire juger dc I'impOr- iance et de la nouveaute de son couvre. Dans une savanle in- troduction, il parcourt les Ages divers de la literature, les progics intcllcctuels dc son pays, sagloireala fin duxVsieble, sa decadence au xvnc. Puis, abordant chaquc ccrivain celebre Pun aprcs l'autre, il donne sa biographic cxacte, la listc de scs travaux, un bref apercu du caraetere de son talent. Nous for- mons des vceux sineercs pour que M. Podczasz.ynski, aehe- -vant des etudes si heureuscment commenctes, reslitue a son pays la part de gloire litlerairc qu'il merite, ouvre a la critique moderne un champ a peine defriche , et montre a l'Europe sous son aspect scienlifique le chef et le maitrc des pcuples slaves. En resume, le Tableau de M. Chodzko est le seul livre i'ran- cais qui puisse faire vraiment connaitre la Pologne : a cc litre, nous le rccommaudons a tous les amis de cc malhcurcux SCIENCES MORALES. 7/,i royaume, i\ tons ceux qui appellent dc lcurs plus aniens desirs lc jour'de son retablissement , et apprecieat les hautes vert us civ iles el guerricres, lc patriotisms et le devofiment a la bonne rieille cause dcs nations. — Irmcta fides. . . . 226. — * Ili.stoire du Congrcs de Vienne, par Fauteur de VHis- loire de la Diplomatic francaisc. Paris, 1 829 ; Trcuttel etW ihtz. 5 vol. in-8° de cxxvi-J26, 520 et 452 pages; prix, 18 fr. Dcs Irois volumes que nous annoneons la moitie a peine est consacree mix deliberations du congrcs de Vienne. Le reste se compose dcs nombreuses pieces officielles emanees de cctte assemblce, et d'une introduction 00 les principes et les hom- ines dc la revolution franraise sont impitoyablcmcnt immolcs aux doctrines politiques de M. de Jletlei nicli. 31. de Flassan parait saisi d'une adniiralion profon.de pout- la diplomatic moderne et pour le congrcs de Vienne en parti- culier :« Cost, dit-il, un ouvrage immortcl, et les peoples reeonnaissans, a mesure qu'ils le connaitiont davantage, ap- prccieront micux les biehfaits qui en sont decoules. » Nous aimons a croire que, dans la pensee memo de 1'autfur, cetle regie admet quelques exceptions, et qu'ii pcrniet a la Pologne et a I'ltalie dc nourrir pour leurs maitres un autre sentiment que la reconnaissance. C'cst, en verite, faire outrage au Ijou sens public et aux souffiances dcs peuples que de s'ecricr dc sang-froid :« Au congrcs de Vienne, les plenipotenliaires rc- flclaient la magnaniniile et !a noblesse d'auic des monarqucs allies; et cc fureat les plus pures impulsions qui conduisircnt aux diverses resolutions. » Nous n'admetirons jamais qu'clle suit pine de tons reproches eelle reunion de vainqueurs qui, denombrant com me de \i!s troupeaux les citoyuvs d'E- tais Libres, s'adjugcrciH a chacun un certain nombre iWhncs, consomme rent Passer? issement de la Pologne, imposercnt lc joug autrichieii a la bcile Italic, vouluienl puiiir lc roi de Saxe ftussie. Si e'etait nn acte de politigucj.c'.etatt aussi nn acte de courage; etlcs notes des plenipotentiaircs franca is stir oette question sont un mo- dele d'adresse et de fermcle tout a la fais. Debaroassee d'un luxe de reflexions communes et de ridi- cules diatribes. contre la revolution et son fils couronne , This* toire du congres de Yienne pouira faciliter I'etudc de nos quinze dernieres annees; et, a ce litre, nousdevons la recom- mandcr a tons les amis dc la science politique, a totis les es- prits curieux de counaitre a fond la restauration universelle de 181 5. A. D. 227. — * Histoire de la Chute de VEmplre'de Napoleon, par E. Labaune. Paris, 1820; Anselin et Pochard. 2 vol. in-8% avec plans et cartes; prix, 12 fiv 2 ■> 8. — * Histoire mi U lair e des Francais par Campagnes. — Onzicme livraison : Histoire de la Campagne de 1810, par M. de ISoRviNs. Paris, i85o; Gagniard, Quai Voltaire, n° i5.. 2 vol. in- 1 8 avec cartes et portraits; prix, 7 fr. 5o c. II semble qu'apres taut de discussions passionnees, d'exa- giialions dans les deux sens, le moment est enfin venu de juger, comme pourra le faire la poslerite elle-meme, l'homme le plus extraordinaire de notre epoquc. Le terns, le plus in- faillible de tons les modcrateurs, a deja calme les passions; la voix de la verite pent se faire entendre, et nous sommes hcureusement aussi loin des declamations frcnetiques du M.o- nileur secret et du Cabinet de Saint-Cloud, que des adorations pcrpctuelles du Memorial deSainte-Hclcne. En blamunt las ex- ces d'uno ambition que la conquete de l'Europc enliere edt a peine sattsfaite , on pent sans crainte aujourd'hui hono- ver un genie superieur et une illustre infortune; et on com- mence a comprendre que, pour I'honneur meme de la France, il ne convicnt pas de trop abaisser celui qui la gouverna pen- dant quatorze ans, et qui lui fit faire do si grandes choses. Rieu ne nous semble plus propre a etablir a cet egard une opinion raisonnee et impartiale que l'examen comparatif des ouv rages que Ton publie sans cesse pour et contre, et dont le nonibrc n'a pas encore fatigue 1'insatiable curiosite des lec- teurs. Tel est le motif qui nous engage a rcunir, dans un meme article, deux histoires des dernieres annees de l'empire, com- posees d'ailleurs a deux epoques differentes, et dans un esprit piesque diametralcment oppose. En elTet, si Ton en excepte ces sentimcus d'horreur pour la (rahison . de duulcur et de SCIENCES MORALES. ;.',:. compassion pour les maux de la patiie, qui duivent sc retro'u- ver uii fond de toules les ames gent-reuses, il serait diflieilc de rencontrer deux relations des memes faits plus dissemblables. La seconde, dans l'ordre de date, publiee par M. de Nor.- vins, est heaucoup moins considerable que l'autre, et n'em- hrasse qu'une partie des desastres qui accompagnerent la chute de Napoleon ; elle appartient , comme on le voit par le titre, a une collection interessante, deja parvenue a sa on- zieme livratson. Le peu d'etendue accorde a chaque campa- gne, le pri-x modiqne du livre, et le format qu'on a choisi, mon- t rent assez qu'on a voulu mettre celle collection a la portee de tons les lecleurs, particulicremcnt des inilitaires. M. de Nor- vins, deja connu par des productions d'un autre ordre, et surtout par Phistoire la plus complete qu'on ait encore donnee de Napoleon, se trouvait on ne peul mieux prepare a un travail de- ce genre, et l'on doit regrclter qu'il n'ait pu lui donner plus de developpemens. Apres un precis rapide dc l'etat oil se tronvaicnt la France et nos armees par suite de la deplorable catastrophe de Mos- cou , l'auteur s'empare de son sujet , et raconte avec une clarte et un ordre renxarquables, un style toujours pur et sou- vent clcve, les grands evenemens de la cainpagne, non moins desastreuse de i8i5. II peint de vives coulcurs ces premiers succes, si chcrement achetes, de Lutzen, de Bautzen et de Wurlschen, cri la fortune trompeuse sembla pour la dernierc t'ois souiire a nos amies. Mais bientot de npuveaux orages se fonnent contre nous dans le Nord. L'Europe, soulevee tout inline contre un scul peuple, ne se croit pas encore assez forte pour le vaincre. Des intrigues tenebrcuscs, dont le terns a deja de voile une partie, de secretes violations des traitcs. enfin des defections deeidecs, plus honteuses encore, arrachent de nos rangs des allies j usque-la fidelcs, et qui auraicnt pu tlu moins se retircr loyalemcnt ailleurs que sur les champs de bataille. Apres de vains efforts pour reprendre {"offensive, apres avoir vu trois fois le chemin de la Haute-Allemagnc ferme a ses lieutenans par les deroutcs de Grossburen, de Kulm et de la Katzbach, Napoleon, vainqueur au sanglant combat dc Dresde, tente de nouveau la fortune dans les phi i- nes de Leipzig. La succouibe en partie cetlc armee nouvellc, creee comme par enchantcmenl depuis la deroute de Moscou : l'homicur seul de nos amies pcut encore etrc same ; et , apres avoir ecrase les b.ivarois a Hanau, I'cmpereur passe le Khin qu'il ne doit plus revnir, poursuivi par les trois armees con- fcilerce* qui pourt.int n'osent franchir encore cctle limite re- ?44 LIVHES FUAKgAIS. ii(iiiUili!o du grand empire. En mcme terns, Ic tcrriloire etait nivahi vers les Pyrenees; le Ills adnplil" do Napoleon lutlait avec peine, en Ilalie, contre les amies aulriehienncs el contre relics nieincs d'nn prince franrais ctabli an prix de not re sang sin- le Irone. des Dcux-Siciles. (Merles, c'esl tin spectacle aussi imposanl que pcnible (pie cc tableau d'nn pruple, deja ac- eable par vingl-cinq ans de combats ct de vicloircs, lutlant seiil contre toulc l'Europe, ne ecdant qu'apres des efforts inouls, el plutot vaiucu par la Irahisou que par les amies! Tel est le drame memorable retrace avec un vrai talent par M. lie Norvins, mais ou doiaine, comme nous l'avons deja hiisse entrcvoir, un vif seiUimeiit de partialitc pour le heros. Sans doule tout homme d'bonneur ne peut que s'indigncr au souvenir de ces trahisons successives de peuplesou d'indivLdus .-auslesquelles la chute del'enipire n'eiit etc ni aussi prompte, ni peut-elre aussi certaine. Mais, a qui faut-il atlribucr la cause premiere de. tant de desastres, sinon a 1'aaibition insa- tiable do Napoleon? Qui done avait ete reveillcr dans letirs deserts les hordes du Nord , et leur rapprendre le chemin si long-lcms oublie des belles regions du Midi? Qui les a ame- iiees, pour ainsi dire, par la main , jusquc sous les murs d'une capilale qui, depui? tant de siecles, n'avait pas vu la t'umee ties camps ennemis? Nous avons aussi remarque avec peine la maniere dont l'auleur rappelle la memorable adres>e du cor; s lcgislalif, au mois de "decern bre 1810. II y avait sans cioule du courage, et memo quelquc danger, a parlcr ainsi au vaiuqucur de l'Europe, encore si terrible malgre sa dei'aite; el cc premier cri de liberie, apres quatorze ans d'esclavage, ceite altitude genereuse d'nn des premiers corps de I'Etat, si long-tems degrade par de serviles adresscs, mcrilaicnt line autre cpithete que celle de seditieua;, employe par M. de Norvins^ L'ouvrage de M. Labaim:!!, d'une date bcaucoap plus an- ticline , el plus considerable par son format , embrusse aussi tin plus griiud nombre d'annees, puisqu'ii commence, comme le precedent, avec hi cauipague de L11l7.cn ct de Leipzig, et ne s'arrele qu'apres la catastrophe de 1 8 1 4. L'auleur ctait deja connu par une relation de la canipagne de Moseou, qui parut , pen apres la rcstauration, ei i'til aceucillie avec cmprcsscmcnt. On coneoit sans peine que , Icmoin et acleur dans ccttc luile terrible, il ait conserve un vit' sentiment d'indignation conlre J'auteurdc i;int de niati.x.Cetle prevention domino dans tout son ouvrage, d'ailleurs Ires-cstimablc, el I'a cntraine, aussi mailgrc lui, dans plus d'une errtfur, /.. i'.!:-i. e;; r;-!;nrni:t ocg ne{jf& ia- SCIENCES MORALES. ^5 tions i'allacieuses ou peut-etrc uqe cgale mauvaisc foi condui- sail les .deux parlies, tons les torts que M. dc Nor V ins rcproebe cwlii-ivement aux puissances alliees, M. Labaume les allribue tie mcme a Napoleon. II parait supposer line veritable sympa- ihie pour la France ct un desir sincere du bonheur dcspeuples aux cabinets qui avaient eigne jadis le traite de Pilnilz, ct parlage la Pologne. II est pcrniis assurement de ne pas pcu- Ser a\ec lui que «les nations etrangercs ne voulurent, pour pi.ix de noire delivrance, qu'abjurcr dans nos bras ces senli- mens de. haine et de discorde qu'un genie anti-social lui avail suggeres.». II y a loin de ces nobles peilsees a la violation des capitulations de Dresde et de Danlzig, et aux ravages dont nos provinces du nord et de l'est garderont long-tems le sou- venir. Mais, quelle que soit l'opinion parlieuliere dc Tauleur, qui , d'ailleurs, ecrivait sous l'influence de 1'indignation sou- levee dans beaucoup d'ames gencreuscs par les lerribles con- sequences des failles de Napoleon, on doit avouer aussi qu'il se nioulre exact et scxupuleux bistorien, toules les Ibis qu'il s'cta! lit une difference evideute entie cc (pi'il pense et ce qu'il doit dire. Ainsi il c aracterisc coiivcnablemcnt les nego- cia'ions secretes de l'Autrichc avec les puissances alliees, an moment menic ou elle s'etail portce medial rice cnlre les deux parties, et semblait n'avoir d'aulre inleret que de lout pacifier-; les demonstrations du cabinet de Berlin, apres la retraile du general Torek; et le traite, plus extraordinaire encore, par lequel 1'Angleterre , constantc dans sa liaine et dans ses pro- jets, vint a bout de detacher de la cause de Napoleon son inalbcureux et imprudent beau-l'icre. L'auteur rend justice ailleuis an noble cataclere du prince Eugene, sous les ordres duquql il avait deja fait la cumpague de Woscou, et au de- voOment si genereux et si inutile des braves et loyaux Polo- nais el de leur digue chef. Son sly'c est, en general, clair, precis, el convenabic au sujet. II s'anime dans le reiil de quel- qucs c\enemcns dc premier ordie, et nous cilerons, conimc des morceaux lies-remaiquables, le rccit de la bataille de IjM/.cu, la moil du due de Frioul, la deroulc de \ittoria, et surlmil la deplorable catastrophe de Leipzig-. II y a aussi dc rinleret, mais de cet intcrct pcniblc el douloureux qy'iospi're I'agoriie d'unc grande nation luttant contre une fataiile qui doit s'accompiir , dans le rccit, d'ailleurs tres-hien trace, de la eairrpagne de i8i.'|, OU le genie de Napoleon iappela, pen- dant quciquesmois, les beaux jours de I'arsuee d'llalie, el ori il rcmporla nnalre victoires en tix jours contre une ai'mec r/,fJ L1VRES FllANCAIS. triple tie la sicnnc. On trouvc, a la fin du memo volume, des details curicux sur les cvcnemcns peu connus qui accom- pagnerent la chute de la domination framaise en Italic, et sur les horreurs commises a Milan par le peuple mutirie. L'ou- vrage est accompagnc de plans et de cartes, leves ct dessines avee beaucoup de soin par l'auteur lui-nieme , et qui font par- laitement comprendre la niarche des armees, et les grander combinaisons stratcgiques auxquelles ils se rapportent. 220. — * Souvenirs de la Moire, rccueillis pendant le scjour des Franeais dans le Peloponcse ; par J. Manclaht. Paris, i85o; Igouettc, rue de Savoie, n° 12. In-8° vm-^i 1 pages; prix, 7 IV. C'est un episode, jusqu'i,cisans exemple dans noire histoire, et peut-ctre mime danscclle de toutes les aulres nations civi- lisees, que cette expedition de Moree, campagne prcsquc toute diplomatique, espece de promenade militaire, qui pour- tan t a coflte cher a notre valeureuse armee, et oil il a etc verse, conmie on l'a dit, beaucoup plus cCencre que de sang (1). Etions- 110 us alors en guerre a veele sultan, souverain passablementdes- potique dcsGrecsde l'a Moree, et qui ne pouvait les rcgarder que conime des esclaves revolles que nous venions aider a brisei leurs chaines ? Non, sans doute, puisque noire ainbas- sadcur n'avait pasquitte le palais de France, et continuaitd'e- clianger des notes amicales avec les ministres de sa hautesse. Elions-nous en paix avec Mahmoud? Bien moins encore; a moius qu'on ne veuille prendre pour un tcmeignage d'al- liance et de bonne amitie d'aller a main armee s'emparer des places fortes d'un pays qui iui apparlenait, et en chasser les troupes envoyecs par 1'un do ses vassaux. Telle etait la bi- zarrerie de autre situation politique envers la Porte que le general en chef se fclicile dans unede ses depeches de ce que le general Tiburie Sebastiaui avait eu la moderation dc retenir ses troupes devanl Coron, et de les cmpOcherde faire feu sur les Turcs ; puree que la guerre cut alors commence cittre eux et nous. IS'c I'etait-elle done pas reellement par le seul fait de noire dtbaiquement sur le sol de la Moree? Quoi qu'il en soit, cette expedition, en t re prise dans des vuejv si nobles et si geuereuses, fera untternelhonneur a la France; le bien reel qu'elle a produit doit consoler nos braves du peu de globe qu'il leur a ele pcrmis d'y acquirir. Parmi les relations qui (1) Vnypz la jolic chsnFon, di'jii conime, composite par un scrgCDt-ma- jui dc t'aiuicc, que I'aultur a cu sum dc tapporler, p. a i4- SCIENCES MORALES. ;47 on out dcjaetepnblices, etqui toutcsonl etc accueillies avec uu cmpressement justifie par lesujctmemc, noussigualeronscellc de ftl. Mangeart. Cet ecrivain n'appartenait pas a 1'armce ; niais, dans cette croisade nouvellc, aussi scientifique et plii- lantropique que militaire, on tons les arts de la civilisation ctaient representes, on n'avait pas oublie la redaction d'un journal en langue du pays, qui, sous le tit re deGourrier d'O- rient, devait rendre un compte fidele de toutce qui interesse- rait l'armee,et reporter deses nouvelles en France. M. le colo- nel Kaybaud, connu lui-meme par des Memoires interessans sur les premieres campagnes des Hellenes, apportait ce nou- \eau bienf'ait au pays pour lequel il avail verse son sang; W. Mangeart figurait parmi les employes de ces etablissemens nouveaux, et c'est surtout pendant son scjour a Patias et ses excursions dans les autres places de la peninsule, qu'il a re- cueilli les observations consignees dans son journal. Cequ'on remarque surtout dans cette relation, d'ailleurs peu etendue, et qui n'embrasse qu'un petit nombre de 1'aits curieux, c'est la bonne t'oi qui l'a constamment dictee. Ainsi, des le com- mencement, l'auteur peint avec naivete le desappointement qu'il oprouva lorsqu'au lieu decesberosdela Greceregenerec, qu'il venait admirer sur les mines I'umantes de leur patrie, il ne vit d'abord qu'un ramas despeeulateurs avides, pa riant plu- tot italien que grec, race trcs-peu heroique, mais fort empres- see de s'cnrichir aux depens du procbain, et qui ne voyait dans l'expedition liberatriee qu'une occasion de l'a ire de nou- velles dupes. II tut de meuie fort etonne, et tout autre I'eut etc conune lui, de voir avec quel empressement, au depart des Egypliens, la plupart des filles et des iemmes moreotes , cnlevecs parceux-ci, renoncaientau sol natal pour suivre leurs nouveaux mailres. Mais, lorsqne , admis dans l'intcrieur des families veritablement grecques, tristes debris du carnage tie Missolonghi , l'auteur a pu etudier de pres cette nation tant calomniee, on aimea voiravecquellci baleur, quelle intimecon- viclion il peint leurs vertus domestiques , leur amour ardent de la patrie, et surtout leur vive reconnaissance envers ces Francais genereux qui leur apportaient avec la liberie tons les arts de la civilisation. Les lecteurs de notre pays verront en- core avec un juste sentiment d'orgueil 1'beureuse revolution operee en si pen de jours clans les villes occupoes par nos troupes, et surtout a Palras: uneville nouvelle sortait, comme par enchancement, des mines degoutantes de Fancienne. On y remarquaildcju des magasins rtmplis de toutes sorles d'ob ?.',8 LIVRES F11ANCAI5. jels de consommalion et de luxe, d'elcgantes bouliques, et suFtout des cafes etdes billards. que lours proprieiairesavaioni grand soiu de designer par des nonis frauoais. Parmalheur, la civilisation, avec see bienfaiis, avait aussi apporie ses vices, et l'auteur cntre a cet cgard dans des details que le plus le- ger senlim«Trt des convenances aura it du lui fa ire supprimer. ISmisappellcrons settlement l'aitenlion des lecteurs stir les ta- Mcaux inleressans des mcctirs inoreot"s, sur les horribles de- vastations exercees par les Ttires ; la totichante bicnfaisaiice de nos guerriers envers les victimes d'une contagion que lcur W'le senl venait d'arrctcr, la visile au camp d'Hualiim, la re- vuede l'armec a laquclle assista ccchef de Barbarcs, et les loi- sirs de la qnarautaine, excitcrout egalemcnt un vif interct. Nous n'avons pas encore parle du style de cet ouvragc, en general clair et facile, mais surcharge d'invocations, de figu- res, et surlout d'allusions niythologiqucs. Celles-ci du moins peuvent se justilier en partie par les inspirations que 1'aulcur devait recevoir surcette terre toute classique; mais, en jetant les yeux sur notre littorature acluelle, il aurait du compren- drc que nous n'avons jamais etc plus loin des souvenirs du pagauisme et des dieux de L'lliade et de 1'Odyssee. Y. Z. 25o. • — * Scenes popuhiires en Irlande, par 31. Shiel; re- cm sillies et traduites de l'anglais par mesdaiues L. Sw.-B. el A de 31. Paris, iS.jo; Sedillot, rue de l'Odeon, n° 5o. In-fc>* de 5^9 pages; prix, 7 I'r. 5o c. Ces scenes, dont le Globe avait deja pubiie quelqucs frag- mens, out principalement pour sujet les mouvemens politi- que* qui ciretit lieu en Irlande, quelque terns avant et iniinc- dialcmcnt arpres I'cniancipalion. Elles peuvent ctre regardees comme 1111c hisloire complete de c« t le graade mesure, liis- loire dramaticjiie, biillante, pleine de chaleur et de passion. Lear aulcur, 31. Shiel, a joue lui-nieme un rule dans les seines qu'H raconte. el ses paroles out d'autaiit plusde poids et d'iu- teivl qu'i! avail avec les antics acteurs des relations person-1- relies propres a ies lui fa ire hien connaitre et bien jugeiS I/ouvrage est precede de quelqucs reflexions sur l'histoire de l'iilande avant I'epoque 00 cominencent \m Seines populaire.t. Nous ignorons si ces reflexions sont dues a la plume de 31. Shiel ou a celle des Iraductrices , mais elles nousscmblenl fori remarquahles, ct ncus en conseillons la lecture a tons ecus qui voudront savoir tons les details de la rtaissance el des aCles, en un mot, l'histoire complete de ['association calholi- 1111 ■.'. corporation unique dans les auuaies de FEurope. Yoici, du icste, la table des principalis chapitres de ce livre : Assises SCIENCES MORALES. r40 de Clonmcl : c'est le recit tin jugement des assassins de M. Chathviik, vielhne d'une haine populaire. — Des Associa- tions des catlioliijues et de tears principnux chefs. On com/oit, sans que nous lc disions, tout ce que ce chapitre, cent par tin homme place comme l'etait M. Sliicl, doit presenter d'interet et destruction. — O'Conntl : le portrait tie cet homme ex- traordinaire est trace avec un art admirable et unc rare vi- gueur de pinceau. — Election de Clare.' — Les Meetings de Londres. — O'Connel au par lenient. — Promenade d Clare. — Dernicres elections de Clare. — Nous regretlons de ne pou- voir entrer dans de plus grands developpcmens au sujet d'un ouvrage qui merite ['attention sous plusieurs rapports et qui est, quant a la forme, d'un genre tout-a-fait ncufjusqu'u present. A. P. 25 1. *— Vies de plusieurs personnages celibres des terns an- ciens et mo d ernes ; par C. A. Walckenaer, meuibre de l'ln- stitut. Laon, i83o; typographic de i\lel!eville. Paris, chez M. Bailly, a la bibliotheque tie la ville. 2 vol. in-8°, de 3^6 et 442 pag. Un savant qui , comme M. Walckenaer, s'est livre a des etu- des et a des rechercb.es de genres divers a du necessairement porter son attention sur la vie et les travauxd'un grand 110111- bre de savans qui l'ont precede, et sur d'autres personnages qui tcnaient plus on moius aux objets de ses recherches. De la cctte foule de notices quel'auteur a etc a mOme de rassembler, et qui forment line galerie biograrhique assez etendue, et surtout tres-variee. Quclr|ues-unes tie ces notices sent tres- courlcs, et rcssemblent a des notes bonnes a consullcr; beau- coup d'autres conlicnncnt des articles biographiqucs com- plcts, et exposent avec beaucoup d'interet la vie privee et publique, et ia serie des travaux lillcraires 011 scicntiliques des personnages. Cette foule de notices est classee par livrcs et sections; ainsi, dans les deux premiers livres, M. Walckenaer met en scene des personnages historiques, de^ savans et des litterateurs de l'anliquite; les deux autres livres, plus consi- derables, traitent des homines marqnans des lenis modernes, en indiquant par des subdivisions la classe des voyageurs, celle des naturalistes, celle des litterateurs, etc. On rctrouvc la tous les gouts de l'auteur et les objets de ses travaux. La galerie des voyageurs est nombrcuse , comme on devait I'at- tendre d'un biographc qui tient en niemc terns un rang emi- nent dans la geographic. Les notices sur La Fontaine et sur le president Henault rappellcnt au lecteur les editions tres-esli- meesque M. Walckenaer adonnee? de leurs ouvragt s. Beau- -5o LIVRES FRANC AIS. coup de notices, parmi cellos qui sonl rassembloes dansocs deux volumes, ont deja ete imprime.es ailleurs, notammcnt dans la Biograplde unirerselle ; mais l'auteur les a revues el augincn- tees, on corrigees en partie. La Notice surLa Fontaine se trouvc a la tete du travail de M. Walckenaer snr ce poete, et a ete imprimec plnsieurs fois dans di Verses editions des eenvres de La Fontaine ; son biograpbe a revu cette notice, et il exprime le desir qn'elle reste telle qu'il l'a redigee dcfinitivement , et qu'elle soit rcimprimee ainsi, et non autrement. File n'a qne le dcl'aut d'etre trop concise; la notice de Maucroix, ami de La Fontaine, est plus etendue que la sienne. 31. Walckenaer aura pense que les details silt la vie de La Fontaine se trou- vent partout, et qu'il n'en est pas de meme du cbanoine de Reims qui fut l'ami intime du bonhomme, et qui lit aussi de bons vers. \ la notice sur Maucroix en succede une sur le maii de cette M°"de la Sabliere, qui cut aussi Pamitie de La Fontaine comme celle de Larochefoucauld. On a beaucoup de rensei- gnemens sur cette femme spii ituclle ; mais le man a ete pres- que coinpletement Qublie par les biograpb.es. M. Walckenaer y a supplee par une notice cuiieuse, dont les details sont pui- ses en partie dans des manuscrits provenant de ia famille. La Sabliere meritait cet honneur; il etait renomme pour sa facilite a tourner un madrigal; ses impromptus ont ete impri- mes ; ct il n'est pas inutile de dire que M. Walckenaer a ete le premier qui en ait donne une edition correctc. On pourrait citer beaucoup d'autres notices curieuses de ce recueil, qu'ou lit avec plaisir, quoique tout n'y soit pas egalemeut important. La derniere section occupe le lecteur de quelques ecrivains anglais. Dans la section des voyageurs, nous signalons les no- tices sur Marco-Polo, Zuccbelli, Psalmanazar. Une note im- primee en tete de l'ouvrage avertit le public qu'on n'a tire les vies des personnages celebres qu'a 3oo exemplaires, dont 200 seulcment sont entres dans le commerce de la librairic. Peut- etre les bibliophiles rechercberont-ils dans la suite avec em- pressement ces deux volumes, sortis des presses de Laon qui ne l'ournissent pas souvent de pareils ouvrages. D-g. Litterature. 101. — * Dictionnaire universel de la Langue francalse, avec le latin et les Homologies, extrait comparalif, concordance, critique et supplement de ses dictionnaires, Manuel encyclo- pediquc, et de grannnairc, iYorlliographe ,, devieux Ian gage, de ncologie, conteaant : 1" l'analyse, la comparaison et la critique LITTERATURE. 75i des Irois editions du Diclionnaire de l' Academic , de ceux de Furetieres,Trceoux, Ferraud, Gattel, frailly, etc. ; lcurs no- menclatures , l'extrait de leurs definitions, les deceptions , les locutions nobles, familieres on provcrbiales usilees; les pro- verbes et la concordance grammatical , ou regime des mats ; l'indication de lenr emploi selon l'usage ct les styles noble, poelique, figure, familier, populaire, marotique, epistolaire ; et la prononciation figuree; 2# les varianles de definitions , d'acceptions, d'orlhographe de ces dictionnaires ; 5" les mots an- ciens ou nouvcaux, les definitions, les acceptions et les alliances de mots, omis par ces dictionnaires et recueillis dans les eeri- vains francais les plus estimes; 4° ies Icrmes propres aux sciences, arts, manufactures, metiers, etc., et les definitions extraites de leurs dictionnaires ou traites particuliers; 5° les mots du xieux langage necessaires pour 1'intelligence des an- ciens auteurs et celle de La Fonlaine, etc., depuis J. de Meun; 6° les mots crcis par la neologie et te neologistne, pour 1'intelligence des auteurs nouveaux et des journaux, etc. , qui les emploient ; j" les etymologies grecques , latincs, arabes , celtiques, etc. , etc. ; 8° Pextrait et la critique des nouvcaux dictionnaires; 90 de nouveaux exemples de pbrases formant une collection de maximes et de pensees des meilleurs au- teurs; suivis, io° de dictionnaires : i° des synonymes, 20 des difficultcs de la lo.n«ue , resolues par les bons grammairiens . 3° des rimes , 4° des liomonymes , 5" des paronymes ; 1 1 ° de traites : i" de versification , 2* des tropes , 5" de poncluation, 4° des conjugaisons, 5° de prononciation ; 1 2' de vocabulaires : 1° de myt/totogie, avec 1'etymologie grccque, 2° des pirson- nages remarquablcs , 3° de geographic ancienne et moderne , se- lon la nouvelle division, avecle latin ; i3° d'un abrege degram- maire en tableau; \(\* d'une nomenclature complete d'bistoire naturelle, suivant la derniere classification : ouvrageclassiquc, adopte pour les bibliolheques et les distributions de prix dans les colleges, et pouvant tenir lieu de tous les diclionnaires , par Pierre-Claude- Victoire Boiste, ancien avocat, homme de lettres. Pan-Lexique: Septieme edition, revue, corrigce et aug- mentee : i° de I'extrait du supplement au diclionnaire de I'A- eademie; 1" d'un grand nombre de mots, de locutions et d'acceptions nouvelles; 5° de nouvelles maximes et penst'es donnant des exemples de phrases; imprimee, avec des carac- tcres fondus cxpres, par M. Firmin Didot. Paris , 1H39; Ver- diere , quai des Auguslins. In-4° de xix-724 el 210 pages; prix, 27 fr. et 5o fr. relie. Le succes et le merite de ce diclionnaire , fruit de vingi- :52 LIVR1S IT.ANCAIS. cinq annees W un travail astidu , et qui it-unit qnatante-hiiit ob- j,is particttlicrs d'uli/ile, indiques dans son litre, out ete con- statcs par aacs^rie d'editions qifobtientnaremfentcelte sorte d'ouvragcs. C'csl tres-ccrlaincment le plus romplct quo nous ayons eu jusrpi'a present; et, jusqu'a ce que 1' Academic fraivaise ait achcve son intenninal)le travail Mir noire lan- gue, c'est le scul auquel on puisse recourir avec une cntierc cdiilianee. II renfernie nn exlrait comparalif de tous les attires dictionnuires , et Ton y trouve a la fois leur concordance gene- rale, leur critique et leur supplement. Qnelqncs parties, il est vrai, pourraient elre modifiees on ameliorees; nous n'approu- vons point, par exemple, cette distinction tranchee enlrc le style nolile et le style familier, qiri pent souvent disparaitrc sous la plume d'un ccrivain habile; mais ce sont des taches legeres dans un cadre aussi immense ; et, d'ailleurs, bcaucoup de lecteurs seront d'un avis different du notrc. Le Diclionnaire de M. Boiste , ouvrage immense et inap- preciable, est une veritable Encyclopedic de notre langue, et un manuel egalement necessaire aux savans, aux MWerfftCurs ctaux gens du monde, puisqu'il offrc, suivant les expressions de I'autcur, « la collection de tous bs mots re|>resentans d'tine idee dans la langue francaise. » — «Lc premier livre d'une na- tion, ditVoLNEY, est le Dictionnairc de sa langne. » N. 253. — * La Conversion d'un Homanliqne , Manuscrit de Jacques Delorme, public par M. A. Jay, sum de deux Lcllres stir la Litterature du Siecle, et d'un Essui stir /' Eloquence poli- tique en France. Paris, i83o. Moutardier. Tn-8"; prix, 7 (V. S'il ne s'agissait, duns la qucrclle (|iii emeut aujotird'hni tonte la litterature, que de defend re eerlaincs reputations rmi- sacrees par le terns, atlaque'es sans md menagement par des reputations naissantes qui semblent vouloir s'elever sur les mines de toutes les autres , ce ne serait pas trop la peine de prendre la plume. En effet, de quels sccours out besom des homines qui ontconquis leur reputation par des ouvrages qtii resteronl? Effacera-t-on des lastcs du theatre ie nom do spi- rilnel autcur des Etourttis, et d'un volume de contes phih> so- phiques, on l'esprit assaisonne le hon sens d'une inanicre si pifpiante? Pieard , qu'on pent appeler un dcmi-Molierc, n'a- t-il pas marque a jamais sa place parmi les pnetes comiqucs? Otera-t-on a M. Alex. Duval I'art de composer un drame, et le talent d'amuser et d'intcresser les spectatcurs, aVienne et a Saint-Pelcrsbourg, commc a Paris? L'aul ; « conqsosition, ajoute un autre ecrivain ( Bail , Etudes litteraires des Classiques francais , t. n, p. 55 ) , moitie galante, moitie philosopbique , qui semble bien moins un ro- man qu'un cadre dans lequel l'auteur eloquent d'Emile donne canitre a son imagination vive et paradoxale. » On sait a combien d'eloges et a combicn de critiques a survecu cet ou- vrage, traite avec tant d'injustice par La Harpe, sans doute a cause de Voltaire ; mais ceux qui veulent tout analyser et tout juger feront bien de lire ce qu'en a dit j\l. Musset-Patbay dans son Histoire de la Vie ct des Outrages de J . J. Rousseau (t. n, p. 555-36 i ) : lui seul nous semble s'etre bien place pour ap- precier convenablement l'auteur et son ouvrage. Quant a ceux qui ne veulent que se livrer a leurs emotions, el ce sont les plus heureux, ils relirout le roman lui-meme, et ne s'etonne- ront certainement pas du succes immense qu'il oblint a son apparition (i), el qu'il a merite de conserver. Nous anuonceAns, dans un prochain article , la 2C seiie, (i) L'abbt-, ou plutdt I'avocat Brizartl, rapportc que « l<:s librairos nc pouvaicnt suffire aux demandes de tuutes les classes de la sOciete. On iuuait I'ouvrage a tanl par jour, on pat lieute (usage qui a pris sans dcnilc naissance alms); et , dans les premiers terns inemc de sa vogue , on exi- geaitdouze sous par volume, en n'accordant que soixante minutes pom le lire. » LITTER A.TURE. 7C>5 celle des romans Grangers, qui s'ouvre par les ceuvres de sir Walter Scott, dont 14 volumes sont deja publies. Edrne Hereau. 2^0. — Tremaine ou l'Homme blase. Paris, iS3o; Barbe- zat. 4 vol. in-12; prix, 1.9 fr. On pourrait appeler cet ouvrage un roman religieux, quoi- que l'auteur proteste qu'il n'a pas eii I'intention d'ecrire un ro- man. 1 — Tremaine est un homine d'une grande naissance, d'un caractere distingue, d'un esprit tres-cultive; sa fortune est con- siderable, ct il a obtenu dans les affaires politiques unebrillantc reputation. Cependant, degoute du monde et de lui-meme, il vientchercherauseindela retraite le bonbeur qu'i! n'a putrou- ver au milieu des scenes bruyantes et agitees de sa vie passee. Pres de sa maison de campagnc habite un ecclesiastique nomme Evelyn, avec lequel il a bientot renouvele une anciennne liai- son, interrompue depuis plusieurs annees. Tremaine devient amoureux de la fille d'Evelyn, qui le paie de retoiir. Mais les opinions religieuses des deux amans sont entierement diffe- rentes; Tremaine, comme on nous l'apprend, est livre au scepticisme,tandis que la fille du pasteur, sincerement pieusc, plutot quedc trahir cequ'elle appelle les scrupules de sa con- science, en epousant un homme dont les principes sont oppo- ses aux siens, se resout a faire son propre malheur et celui de son amant. Celui-ci, nepouvant vaincre la resistance opinia- tre de sa jeune amie, se convertit, apres avoir eu avec Evelyn de longues discussions, dont le recit detaille occupe peut-elie une trop grande place dans l'ouvrage. Lasimplicitede 1'action, laverite des sentimens, exempts de I'exageration commune aux romans en general, la peinturc fidele des classes auxquellcs apparliennent les principaux personnages, quelques scenes de societe tracees avec talent et naturel , meritent nos cloges. 24 '• — Le Cardinal de Ricliclieu, Chronique tiree de l'His- toire de France ; par M. G. P. R. James ; traduite de l'anglais par l'auteur d'Olesia ou la Pologne , etc. Paris i85o; Charles Gosselin. 4 vol. in-12, formant ensemble xxiv-giG pages; prix, 1 2 fr. Le Roman bistorique s'est deja approprie ces personnages de Louis XIII, de Richelieu, de Cinq-mars, de Thou, que M. James reproduit aujourd'hui avec moins de bonbeur, il faut l'avouer, que '1. Alfred de Vigny. Toutefois, le snjet, s'il est le me me dans les deux ouvrages quant a la donnee principalc, e'est-a-dire la conspiration de l'elile des nobles franrais contre le pouvoir oppressif dc Richelieu, differc quant au point de vuc sous lequel il est presente. M. dc Vigny s'e- 7«4 LIVRES FRANCAIS. tait attache a Cinq-Mars, pour lc suivre Jepuis sa sortie du chateau paternel, a travers ses premiers essais de la vie de cour et de guerre, jusqu'au jour de sa haute faveur, jusqu'au moment dc sa deplorable mort ; Cinq-Mars et sa triste des- tine* avail forme le noeud de sa composition : M. James a choisi un herds plus obscur. Chez lui , e'est un comte de Ble- nau, que la faveur d'Anne d'Autriche rend suspect au terrrible Richelieu , qui n'echappe a une premiere persecution dirigee contre lui que pour retomber dans les fers de son implacable ennemi, comme soupeonne, quoiquecompletement innocent, d'avoirconnu les projets de Cinq-Mars, et qui, enfin echappe au supplice qu'on lui a prepare, recouvre apres la mort du cardinal une heureuse liberte et la main de celle qu'il aime. II n'y a pas dans tout cela de scenes rendues avec un grand ta- lent d'exposition , ni de caracteres dont le relief soit bien sail- lant et bien prononce ; mais I'ensemble amuse, sans emouvoir fortement. 24a. — La. Mort de Coligny , ou la Nuit de Saint-Bartfie- lemy, 1 572. Scenes historiques. Paris, i85o ; H. Fournier, rue de Seine, n* 14. In-8° de 525 pages; prix, 7 fr. 5o c. M. Vilct, auteur des Barricades, des Etals de Blois et de la Mort dc Henri III , a, je crois le premier, mis a la mode les scenes historiques, dont, apres lui, des ecrivains, plus ou mains distingues, plus ou moins mediocres, se sont hates d'aller pui- ser les sujets dans toutes les pages de nos annales. Je ne sais si les ecrits de ce genre sont de bons materiaux pour Pensei- gnement de l'histoire; mais, comme ouvrages d'art et de litterature , ils me paraissent le plus souvent fort incomplcts. Ce ne sont, en effet, que des ebauches batardes , tenant a la ibis du roman et du drame, ou l'artiste a bien jete ca et la quelques figures indecises, quclques couleurs isolees el lian- chantes, mais qui sont privees, par leur nature, de cette har- monie de Pensemble, de ce fiifi exquis des details, sans lesquels il n'est point de chefs-d'ceiivre.Toutefois,sirauteur a bien etu- die l'epoque, ses moeurs et ses personnages, son livre poiina avoir encore quelque utilite et quelque agrement; mais il ne doit jamais se ilatter d'excitcr, avec ses scenes decousues, avec sesesquisses hatives. cet interet puissant etcomplctauqueU'art doit preparer, par un habile enchainement de loutes les parties, des impressions graduees et loujours soutenues. L'auteur de la Mort de Coligny semblc s'etre pen soucie de faire une ceuvre littcraire ; il a neglige tons les artifices, toules les recherchfi.s de Part. Apres avoir reuni une masse considerable de docu- mens surla Sainl-Barthelemy, il a cheichc, pour les presenter LITTERATURE. —BEAUX-ARTS. 7C5 au lccleur, une forme rnoins rebutante que celle d'une disser- tation hislorique; la narration par dialogues, que le gofit du jour aconsacree, lui a paru la plus simple et la plus con vena- ble. Suivant scrupuleusement l'ordre chronologique des jours et des heures, il a done relate d'abord la premiere tentative d'assassinat contre Coligny, puis la visite de Charles IX a l'a- miral, les preparatifs du massacre general des protestans, la Saint-Barthelemy et ses horribles pompes, puis quelques in- cidens postericurs. Le tout est entremele de notes, de citations, que le dialogue complete et commente, et qui annoncent un examen studieux du sujet, mais qui alourdissent prodigieuse- ment la marche de l'ouvrage, dont le genre nous parait exiger surtout de la vivacite et de la precision. I. Beaux- Arts. 245. — Principes de Miniature, methode pour les personnes qui veulent peindre seules; par Mme Gustal-Laederich, eleve de M. Augustin, peintre du roi; ouvrage accompagne d'une tete dessinee par l'auteur et gravee par Reveil. Paris, 1829; Alp. Giroux et C'e., rue du Coq-Saint-Honore, n0?; l'auteur, rue Beaujolais, n° 11, et Audot, libraire, rue des Macons- Sorbonne, n" 1 1. In-8° de 46 pages; prix, 4 fr» Si 1'on ote de cette brochure l'epitre dedicatoire, l'intro- duction et la table, il ne restera quepeu de pages, dont toutes encore ne sont pas consacrees a la demonstration. L'auteur se tait sur la physiognomonie et sur certains preceptes dont l'observation peut aider a obtenir la ressemblance, ses lecons ne se rapportent qu'a la composition des teintes. Nous avons vu avec surprise, au n* g, une teinte rougeatre aiosi nommee : teinte pour les reflets. Nous ferons observer a cet egard qu'il ne peut y avoir de teinte geuerale pour les reflets, que cette teinte n'est que la teinte affaiblie des objets qui refletent. Ne nous monlrons cependant pas trop severes, l'auteur est une dame artiste; sachons lui gre des efforts qu'elle a faits pour jeter du jour sur une partie de la peinture qu'il est difficile de decrire, sur le melange des couleurs, et sur !e moyen d'obtenir telle ou telle teinte determinee : cet art, il est vrai, ne peut s'acquerir parfaitement que par la pratique; mais l'ouvrage que nous annoncons pourra epargner a l'eleve des tentatives et des essais, et le conduireplus tot a des resultats avantageux. OE. ^44- — Memoire sur la Cliasse de saint Taurin, d'Erreua\ par -66 LIVRES FRANCAIS. Auguste le Prevost, mcmbre de plusieurs Socictes savantes, irancaises ct ctrangeres. Caen, 1829. L'importance qu'on altachait aux tombcaux des saints fut unc des principales causes dc prosperite pour l'orfevrerie du moycn age; ct l'auteur dc ce Memoire ne met point en doute que nos ouvricrs n'aient cntretenu de frcqucns rapports avec les artistes de Byzance et d'ltalie. Toutefois, les produits dc leur travail sont, en grande partie, derobes a 1'histoire de Part, car ils furent toujours pour les barbares un objet de cupidite. Cependant les incursions des hommes du Nord occasionerent moins de ma] encore que le fanalisme iconoclaste dc la re- forme. Enfin, la revolution porta sur tous les points du terri- toire sa devorante activite. Les ravages ont ele pousses si loin, que la Normandie ne possede plus en ce genre que la chasse de saint Taurin. C'est la premiere fois qu'un antiquaire lui consacre quelque attention ; M. Le Prevost lui-meme croyait qu'elle n'cxistait plus; le basard la lui lit apercevoir dans l'c- glise de l'antique abbaye elevee sur la tombe du^venerable prelat. Le premier, saint Taurin apportala foi cbretienne chez les Aulerci Eburovices ; du rcste , la legende qui le concerne est apocryphe et declaree telle par les Bollandistes. Nean- moins, c'est dans cette legende qu'il fant puiser l'explication des bas-reliefs : aussi, M. Le Prevost la reimprime-t-il en entier. Sans en rien copier ici, nous ferons remarquer que M. Le Prevost y a trouve la trace d'un usage singulier, celni de louer un ccrcueil de pierre pour y dcposer un mort, et ren- voie,au sujetdece passage, audix-septicme canon dudeuxieme concile de Macon, redige en 585. L'auteur pense, du rcste, et surtout a raison de la confusion enlre saint Denis l'areopagite et saint Denis, eveque de Paris, que cette vie de saint Taurin n'a ete ecrite que vers le milieu du ix'siecle. Un autre raisonne- ment non moins ingenieux amene ce resultat que lc saint ne saurait avoir accompli sa mission qu'apres la translation du chef-lieu des Aulerci Eburovices sur les bords dc l'lton, c'est- a-dire apres la destruction de Mediolanum Aulercorum paries barbares. Saint Taurin ne pent etre venu a Evreux avant le ive siecle ; d'un autre cote , son successeur existait encore en 461; et, de l'une a 1 'autre limite, M. Le Prevost se decide pour les dernieres annees du ivc siecle. Ce ne fut, toutefois, qu'a la fin du vie siecle que Ton decouvrit son tombeau , et qu'on y batit une chapelle. On pense que, vers 660, elle fut remplacee par un monastere ; le corps de saint Taurin fut iransfere en Auvergne a Tapproche des barbares , puis en Franche-Comte ; enfin, lorsquc Philippe-Augustc detruisit BEAUX-ARTS. — MEMOIRES ET RAPP. 76; Evrcux , scs reliques voyagerent encore ; elles ne rccurent qu'au xme siecle la magnifique chasse qui fait 1'objet de ce Memoiie. Les ecussons de France et de Castille decorent ce reliquaire, qui porle pour inscription : Abbas Gilebertus fecit me fieri. En 1269, saint Louis assista, dans l'eglise de Saint- Taurin, au sacre de Raoul de Gros-Parney, eveque d'Evreux. En 1 566, les reliques, For et les pierreries furent voles ; mais, en i582, Claude de Saintes benit des chasses qui avaient etc donnees deux ans auparavant. Ces faits, et d'autres encore, que le defaut d'espace nous force d'omettre, sont suivis d'une savante description appuyee de trois lithographies au simple trait. Plus de cent trente-cinq pierres precieuses grossissaient ce beau monument ou brillent a la fois la sculpture et I'archi- tecture du xm" siecle. P. de Golbery. Me'nwires et Rapports de Societes savantes. 245. — * Academic roy ale des Sciences, Belles-Letires et Arts de- Bordeaux. — Seance publique du 16 juin 1829. Bordeaux, 1829; imprimerie de Brossier. In-8° de 25o pages, avec 8 planches lithographiees. En 1828, l'Academie de Bordeaux fut autorisee a prendre le titre dCAcademie royale; le discours de M. Lacocr, presi- dent, est consacre specialement a exposer les titres de cette Societe savante a la bienveillance du prince , les avantages qu'elle doit en recueillir, et les devoirs imposes par cette mar- que de faveur qu'elle a recue. Ce rapport sur les travaux de l'Academie, depuis la der- niere seance publique, devait embrasser un si grand nombre d'objets divers qu'il a fallu se borner a une tres-legere es- quisse de chacun. Ces resumes, tres-convenables pour occuper les auditeursaune solennite academique, n'ont plus autant de merite quand ils sont lus dans he recueillemtmt du cabinet, parce qu'ils deviennent a peu presinutiles pour l'instruction, but auquel doivent tendre toutes les publications faites par les Societes savantes. L'Academie a perdu, dans le cours de l'annee academique de 1828 a 1829, quatre membres , MM. Lescan , Desfottr- niel, Fitte et Bosc. Le premier fut examinateur des eleves de la marine pendant les quatre dernieres annees de sa lon- gue carriere;le second, administrateur habile, integre et philanthrope, negociantayant les nobles qualites de cette pro- fession, et non moins recommandable dans la vie privee que dans les affaires publiques et les relations commercialcs; le -G8 LIVRES FRANCAIS. troisieme, professcur modcste , ecclesiastique tolerant, ve- ritable sage ; le quatrieme est assez connu par ses travaux agronomiques (voy. Rev. Enc, t. xl, p. 816). M. Jocannet, poete et antiquaire, fait eonaailre plusieurs inscriptions romaines, decouvertes a Bordeaux depuis 1 564 jusqu'en 1828, et des monumens dc l'epoque gauloise dans le departement de la Gironde. Remontant encore plus haut, M. BiLLiiDEL franchit les tems hisloriqucs, et nous revele quelques pages des annalcs de l'ancienne nature vivante. L'an- tiquaire s'attache, mais avec une sage reserve, a rajeunir les monumens attribues a nos ancetres , a les transporter a une epoque mieux connue , quoique environnee des tenebres du moyen age ; le geologue se borne a l'exposition des i'aits et a quelques observations sur le mode de formation des couches dans lesquclles il a trouve des ossemens de palaotherium ma- gnum. Une Table des dimensions de ces ossemens, companies a celles de cet animal fossile, telles que M. Clvier les a donnees, ne laisse aucun doute sur l'exactitude de la denomi- nation imposee par M. Billaudel. Ainsi les pala?otheriums de differentes especes partagerent long-terns avec les mastodontes etautres especes actuellement incon-iues la possession de cette terre, ou l'homme et les autres especes actuellement vivantes les ont remplaces. L'ancienne vegetation fut encore plus ex- traordinaire que les animaux de la meme epoque; les houil- leres de la Grande-Bretagne nous ont revele l'existence de fon- geres dont les tiges n'avaient pas moins de deux pieds de diametre, et dont l'elevation atteignait, surpassait peut-etre celle des plus grands arbres de nos forets. II n'est peut-etre plus au pouvoir des antiquaires de faire des decouvertes aussi importantes pour l'histoire de l'homme et des nations que le sont celles des geologues pour l'histoire de notre planete : mais les recherches que s'imposent les uns et les autres sont egalement laborieuses, et par consequent egalement dignes d'estime et d'encouragement. F. 2^(5. — * Precis des Travaux de la Societc royale des Lettres, Sciences et Arts de Nancy, de 1824 « 1828. Nancy, i83o. Depuis plusieurs annees, les Memoires de la Societc royale des Sciences, Lettres et Arts de Nancy avaient cesse de paraitre. Ce silence etait pour nous une cause de peine.et de surprise; la ville de Stanislas est justement renommee. pour le patrio- tisme, les talens, Pesprit et la courtoisie de ses habitans. On nousaexplique que des circonstancesetrangeres avaient amene cette interruption; et la Societe prouve aujourd'hui qu'elle continuait de cultiver avec succes les sciences et les lettres MEM0I11ES ET RAPPORTS. 769 auxquelles elle est consacree, en publiant le precis de ses tra- vaux de 1824 a 1828. Dans un volume de pres de 3oo pages in-8°, nous pareourons un grand nombre d'objels d'agricul- ture, d'horticulture, d'histoire naturelle, de medecine et d'arl veterinaire, de chimie, de physique, de mathematiques, de beaux-arts, d'archeologie, d'histoire, de voyages, outre quel- ques discoui's et quelques poesies, [/agriculture doit flcurir dans le pays qu'babite M. Mailiieu.de Domballe. Le docteur Louis Valentin, que les sciences ont perdu , etait un medecin connu en Europe et en Amerique. M. Lamouroux aine a de la reputation parmi les geologues; RJ. Soyer V'dlemet, parmi les botanistes; M. Braconnet, parmi les cbimistes. M. PaulLau- r-ent marche avec distinction sur les traces de son pere , l'un de nos meilleurs peintres. M. tie Hatdat, secretaire de la So- ciete , possede des connaissances aussi profoadcs que variees ; le recueil contient plusieurs de ses Memoires. Nous avons lu avec plaisir ce qu'il a ecrit sur I'origine de la Societe royale de Nancy. Stanislas, cet auguste protecteur des lettres , voulant rcpandre des recompenses pour faire eclore l'emulation,choi- sitdescenseurs ; ils n'avaient pas une mission semblable acelle qui, de nos jours, a excite de si justes plaintes en France. « Ils devaient, dit 1'orateur, faire connaitre, chaque annee, par des analyses exactes et raisonnees, les inventions et les ouvrages publics par les auleurs Lorrains , et leur donner des eloges publics , mesures sur I'utilite de leurs productions. Ainsi les rapports sur 1'etat des sciences, justement celel res, et dont 1'invention est attribute a notre epoque , apparliennent au philosopbe bienfaisant Les fonctions de censeurs ou juges des prix etaient sans doute tres-honorables, et les choix du prince offraient toutes les garanlies qu'il etait possible d'at- tendre ; mais un tribunal dont les arrets peuvent etre casses par le public, meconnus par les justiciables, qui devait etre naturellement en butte a tous les traits de l'amour-propre blesse ; un tribunal enlin qui n'avait d'autre code que des re- gies generates sur lesquelles les arbitres en cette matiere ne sont pas toujours d'accord, faisait peser sur les membres qui le composaient une responsabilite tro[> pcrilleuse. La liberte donnee aux auleurs de choisir eux-nieaies les sujets des con- eours exige-iit. d'ailleurs des connaissances si nombreuses et si variees qu'il etait extrememeat difficile, pour ne pas dire impossible, de les trouver reunies dans un si petit nombre de juges; et, en leur accordant le droit de s'adjoindre les per- sonnes les plus propres a les eclairer dans les malieres sur les- quelles ils n'avaient pas le savoir indispensable, c'etait creer T. XL VI. Jt'IN i83o. 49 LITRES KilANCWS. uiic Academic, a laquelle il tie inanquaiten rcaliie que lo nijtti el mic organisation definitive, qui bicntot lui ful donnee par le roi » Montesquieu, attache a cette Academic, ecrivit a Stanislas : « Voire Majestc voit que je ne penis aucune des occasions qui peuvent me rapprocher d'elle : (|uand je pensfl a ses giandcs qualites, mon admiration demande toujours de moi ce que le respect doit me defendre. » Fontenelle s'explique ainsi : « Je me liens aussi honore de la grace que V. M. me fait que si l'empereur Marc Aurcle m'eCit 3dmis dans one Academie qu'il eut pris soin d'etablir el de former lui-meme. » o Stanislas, dit M. de Haldat, assistait parfois aux seances particulieres, et toujours aux seances publiques, place sur un laiittuil un peu plus < leve, mais a la meme table qui rassem- blait les membres de son Academic II encourageait les ora- leurs par sa bonte et sa noble familiarite, et se plaisait surtout a deposer entre les mains de ses sujets, vainqueurs dans les combats litteraires qu'il avait etablis, ics dons de sa munifi- cence inepuisable. « Nous avons remarquc de beaux vers dans le poeme de la Deli vrancede Nancy, et dansplusieurs conies et epilres. M. de Cauniont. professeur de malhematiques, qui envoie, chaque annee, plusieurs de ses eleves a l'fccole Polytechnique, a in- sere dans ce recueil une heureuse imitation de I'anglais, inli- liilee : la Fil/e U'Aubcrge; et un conle, le Serin , donl nous citerons le commencement : Qu'il serait faible l'homme isole sur la terre ! Le lierre aux longs rameaux a rnoins besoin d'appui. Aussi, des sa n.-.issance, il Irouve pies de lui Kt la main protectrice et le cccnr d'une mere; L'amilie le recoit au sorlir du berceau, Part age les plaisirs de son adolescence, Le sourieot quand les ans amer.ent la suufiYance, lie guide, et devant lui fait briller le flambeau Dont la douce Incur eclaiic 1'esperance, Qui lui sourit encore au dela du tombeau. On voit qu'excepte le premier vers, dont failure est un peu genee, le style de M. de Caumont offre des pensees justes el agreables, qu'il a du nombre et de l'liarmonie. L*. On nrag.es periodiques. •i47- — * /-' Caiholique, Ouvrage period iqae public sous la OUYilAGES J'LUIGDIQUKS. ;;i direction da M. le baron cI'Eckstein. T. xvi : n" 48. Paris, i85o; iMesnier. In-8" dc 548 pages. Ce cahierdu Catholique forme un gros volume. II conticnt trois traites : 1'un gur le Siva Pourana; le second sur l' At Li - <[ue primitive; le troisieme sur la poesie epique "du moyen age. La declaration suivante nous parait meriter d'etre rap- portee tout entiere. «Jetermine la qualrieme annee du Catholique , et j'inter- ronips une communication a laquelle j'aimais a melivrer. Seul a cette enlreprise, reduit a mes propres forces, j'ai souleve tin poids enorme, et je l'ai roule avec effort an haul de la mon- tagne : qu'il ne m'arrive pas comme a Sisyphe, etque ce poids iie retoinbe pas inulilement a mes pieds! » Youe dorenavaut a une scule etude , je comple aborder la philosophic de r/usioire par masses d'ouvrages detaches, dont la collection formera un vaste ensemble, j'annonce une pre- miere paitie qui traitera des siecles lurolques chez les nations de l'antiquite el du moyen age. Le premier volume aura pour titre : De la Porsie epique chez les anciens Germains, et des Sie- cles lurolques clans leurs rapports avec C histoire de {'Europe mo- derne. » Cet ouvrage se composera de trois volumes environ, et sera precede d'une introduction historique a la eontiaissance des peiifdes Germains qui ont constitue les prinoipaux empi- res dc l'Europe moderne; les monumens de la poesie epique, et ceux des lois et des continues des peuples du Nord y seront largeinent analyses. » A cette introduction succedera l'analysc historiqueet my- tholoyique des elemens de cette antique poesie nationale. Tou- tes les modifications qu'clle a subies, du vi' au xve siecles, y seront niethodiqucment exposces ; puis viendia la traduc- tion enlit re ou abregee des chants golhs et des chants francs conserves dans les litteratures scandinavc, angio-saxonne , franque et laline des vn% viu", ixe et x° siecles : je donnerai successivementles tables epiquesdela Filkina&aga etlepoeme sur Zotharis, roi des Lombards, dont ['invention premiere re- monte au ne siccle; puis viendront les Niebclungcn, et les poe- mes du Litre des LJcros , analyses, eonimentcs et traduits pour la plus grande partie avec cet amour de l'art, cet enthou-iai-me de l'histoire de la poesie, qui font le fond de ma conviction lit— teraire. » Un second ouvrage est egalement tres-avance. II embras- sera les siecles herolqnes des deux principals branches des nations celliques. les Gaulois et les Bretons. Quant aux habi- -:-z LIVRES FRANCAIS. tans des Gaulcs proprement dits, ils n'ont pas conserve de tra- ditions ni de litteralure ; mais les Irlandais en ont one des plus riches et des plus remarquables , ahondante en poemes epi- ques, jusqu'ici entitlement ignores on meconnus; ils ont ega- lemenl des lois qui remontent a l'ere heroique de leur liis- toire. Pour ce qui concerne I'Ossian ecossais, c'est un pAIe reflet de la poesie irlandaise, dout il ne faut pas juger par iMacpherson , qui l'a amplifie et altere dans le goflt sentimen- tal de son epoque. » Les Bretons n'ont d'aulres souvenirs de leur ere heroique que la poesie chevaleresqoe , on Artus est celebre comme chef de la Table Ronde ; le vieux fond breton y est etrangement . mais poetiquement melamorphose. Je releverai cette poesie de ses mines; et la double etude de l'age heroique chez les Germains et chez les Celtes formera la meilleure introduction a la connaissance de repoqueheroico-cbevaleresque du moyen age, epoque a laquelle je consacrerai un ouvrage a part. » Que mes abonnes , et tons mes lecleurs franeais et etran- gers, a quelque opinion qu'ils appartiennent, recoivent ici le tribut de ma reconnaissance. Homme, j'ai parle aux hom- mes, j'ai cheri la tolerance, la liberte, rhonneur en politi- que, comme je cheris l'ordre, la religion, la legilimite. Plus d un de mes abonnes m'a prouve que je n'avais pas toujours parle dans le desert, eh commencant avec moi une coires- pondance que je regrette de n'avoir pu toujours poursuivre, a cause de la multiplicite de mes travaux : plus d'un de mes lecteurs m'a laisse la douce esperance d'avoir rencontre une fune bienveillante. Qu'ils daignent m'accordcr leur attention et leurs suffrages dans la nouvelle carriere que je vais par- courir. »Les ouvrages que j'ai annonces paraitront en partie dans le cours de cette annee ; en partie, dans celui de 1'annee pro- chaine. Je prie ceuxqui voudront s'y abonner de m'adresser leurs leltres a mon domicile a Paris, rue de la ferme des Ma- ihurins , n° 25. Enron d'Eckstein. IV. NOUVELLES SC1ENT1FIQUES ET L1TTERAIRES. AMERIQUE SEPTENTRIONALE. 6TATS-UNIS. Troisiime Rapport annuel du President et des Directeurs de la Compagnie du Cliemin de fer de Baltimore d /'Ohio. — La route adoptee s'etend de Baltimore au moulin d'EIlicot, sur le Patapsco, et le long de cette riviere jusqu'a la jonction de ses deux grands affluens, septentrional et occidental, et le long de ce dernier jusqu'a un cliemin de montagnes nomine Pan, et lelong de la riviere Bush, affluent du Mouocasy, jus- qu'a son embouchure dans ce dernier, et de la a l'endroit nomme Pointe des Rochers, sur le Potomac. — La distance de Baltimore a cette pointe de rochers est de 104 milles, mais les detours la portent a 129. La hauteur moyenne des eleva- tions, entre ces deux pointes, est de 886 pieds. Dans le cours d'une annce, la route a ete confectionnee sur un espace de 2 5 milles avec la plus grande solidile, et dispo- ser e n tier erne nt pour recevoir les rainures. La maconnerie solide, tant a Tinterieur qu'a Texterieur de Baltimore, est de 56,ooo perches (de 16 [ pieds) , en passant par la vallee de la chute de Gwynn , pour ariiver au Patapsco. La plus grande excavation est de 79 pieds entre Baltimore et la vallee de Pa- tapsco , distance de sept milles; les excavations torment un total de 655,568 yards cubes (le yard est de 5 pieds) ; lachaus- see, dans la meme distance, est de 628,629 yards cubes; to- tal, 1 ,284,197 yards cubes. Tons les ponts sont en pierre ; celui de la chule de Gwynn a 3oo pieds de long, en y comprenant les culees avee une seule arche de 80 pieds d'ouverture ct de 58 pieds d'eleva- tion jusqu'au parapet. Le pont sur le Patapsco a 5?5 pieds de long, 46 de hauteur, et 4 arches, dont deux de 5o pieds d'ou- 77:\ ETATS-l'MS. verture, ci deux do 20. 11 y a beaucoup d'autres ponts de 10 a 25 pieds, tons construits tic la meme maniere , en macon- nerie tres-solide. Dans beaucoup d'cndroits, le long de la vallee dn Patapsco, le chemin a etc pratique au iravers de couches tres-etenducs de granit on de pierres caleaircs, et an rocher du Buzzard, ii a ete creuse dans one masse de roche solide qui s'eleve a 58 pieds an-dessus du sol. On avait estime !es frais do construction du chemin de Bal- timore a l'Oliio a 20,000 dollars par mille , et Ton croit qu'ils n'excederont point cette somme ; mais Its frais de la paftie deja achevee out dcpasse de beaucoup la premiere estima- tion, ce qui provient : 1" des frais oceasiones par la difficulty du transport des pierres necessaires a la construction des ponts etdes culees; 20 de I'augmentalion du prix des journees apres ['estimation ; 5" de la rencontre de couches ctendues de pierres dures et d'argiles compacles, la on la surface du ter- rain n'en avait doune aucun indice; 4° de la substitution de ponts en pierre aux ponts de bois sur les ruisseaux et sur les chaussees qui traversent les vallees. Les frais de ce chemin , depuis Baltimore jusqu'a la jonc- tion de deux aflluens da Polapsco, surpassent de beaucoup ceux de l\\ milles qui restent a executer jusqu'a la pointe du rocher; et, lorsque Pouvrage sera (ermine jusqu'a ce lieu , on- estime que Ton en aura fait la moitie jusqu'a la vallee du Po- tomac, et cette partie pent elre achevee avanl la fin de Pan- nee 1800. Ensuite, on enpourra aisement construire 5o milles par an. (Ce chemin aura 3oo milles de longueur.) Entre Baltimore et le Potomac (distance de 60 milles), ;i l'exception d'une petite elevation entre ce fleuve et le Mono- cacey, il n'y a qu'une collinc oil l'on a trouve un passage si facile qu'elle ne donne lieu qu'a une legere augmentation de frais. De la Pointe des Rochers, en suivant la vallee du Potomac, on peut le prolonger jusqu'a une distance de 180 milles aux mines de charbon de lerre du comle d'Alleghany, et dans ce parcours il ne sera besoin que d'un appui inebranlable. On ne connait aucun exemple semblable, ni dansl'Amerique ni dans aucune contree de l'Europe. Ann de reconnaitie la maniere la plus economique de con- struire les routes en fer, et de constater leurs avantages, les direcleurs de la Compagnie de Baltimore avaient cnvoye une commission d'ingenicurs, dans l'automne de 1828, pour exa- miner les chemins de fer de la Grande-Bretagne. Elle se com- ETATS-UNIS. — AS1E et AFRIQUE. ~r> posait de M. Jonathan Knight, ingenieur civil, ducapitaine "Wil- liam GiObs-Mac-Neil, ingenieur topograph©, et du lieutenant George Whistler , qui ont parcouru tous les cheniins un pcu importans du royaume-uni, et qui ont recu des ingenieurs britanniques tous les renseigncmens qu'ils pouvaienl desirer. Ces commissaires , a leur retour a Baltimore, ont fait cou- naitre a la Compagnie, clans un Memoire elendu, tous les avantages des chemins de fer, qu'ils re garde nt comme un moyen prompt, certain et economique pour tous les trans- ports. La Compagnie termine son rapport en disant que ce che- niiu de fer donnera a la ville de Baltimore un commerce tres- etendu avec les vallees fertiles arrosees par le Polomac et ses affluens; que les actionnaires ont effeclue les cinq premiers versemens de funds montant a \i\ pour 100 du capital; el que sur les deux versemens suivans, dus au 1" de decembre et de Janvier derniers, ils ont avance au 12 oclobre la somme de 5i,23o dollars. La Compagnie a annexe a ce rapport : i° une carte du pays, qui renferme les trois routes arpentees par son ordre; 1* le nivellement de deux principales routes tracees par Je lieute- nant J. Barney, de 1'armee des Etats-Unis. Warden. Societ/i Biblique. — Dans le cours de 1829, cette Socictc a fait imprimer >72,ooo exemplaires de la Bible en langue Chacta, autant dans celle des Senecas, et 1 75,000 en Cherokois. Le Phenix, journal national de ce dernier peuple, dont nous avons deja eu occasion de parler, et qui a pour editeurun na- turcl, in venteur des premiers earacteres ecrits piopres a ren- die les sons de sa langue natale, annonce qu'une Societe de la Temperance vient de se former a la Nouvellc-Echota, ca- pitate des Cherokois. ASIE et AFRIQUE. Notice historique, chronologique et genealogique des princi- paux Souverains de i'Asie et de I' Afrique septentrionate, pour I'annee i87)o. — N. B. Ce morceau, emprunte au Journal asia- iique de Paris par le National , journal publie a Bruxelles, qui y aajoute quelques notes explicatives et supplementaires, nous a paru devoir interesser nos lecteurs, auxquels nous avons dejadonne le tableau complet des souverains des divers Ktats de I'Eucope. (Voy !> v Enc . '■■ \im. p. ;4r0 ::C> ASM et AFJUQUE. Empire ottoman. Cette monarchic oomprcnd la Turquie d' Europe (dont font partie la Motdavie, la Valackie, la Bulgdrie, \i\Se?-vie et la Z?oa-- nie), YAsic-Mineure, Ies iles de Candie ct de Cliypre, une grande partie de l'Armcnie, 1c Kurdistan, Plrack-Arabie, la Mesopotamie, l'Ansyrie , la Syrie, la Palestine , I'Egypte et nne grande partie de la Nubie ; nous en exceptons le nouvel Etat grec. La surface de tons ces pays est d'environ i,oG4,ooo milles carres, et leur population peutetre estimee a 25, 000,000 d'ames. Sultan Mahmoud II, fils du sultan Abd'oulhamid, ne le 20 juillet 1785, et proclame a la place de son frere Moustafa IV, detrdne le 28 juillet 1808. Egypte : Mohammed- A li, ne a Cavala en Romelie, en 1769 (1 182 de l'hegire), (lis de Ibrahim Agha ; proclame pacha le 14 mai i8o5 a la place de Khorschid-paclia ; confirm* par le sultan Selim III, le 1" avril 1806. Bagdad : Daoud-pacha. Moldavie: JcanStourdza, boyardmoldave, nomine hospodar le 16 juillet 1822, et proclame a Yassy le it du meme mois. Valachie : Grcgoire Gliika, nomine hospodar le 16 juillet 1822 et inaugure par le pacha de Silistrie, le 21 septembre 1822. Vassaux de I' Empire ottoman. Tripoli : Sidi Yousouf, Karauianli , pacha, succede en mai 1795 a son pere Ali, fils de Mohammed. On estime le nom- bre de ses sujets a deux millions. Tunis : Sidi Hanan, bey, succeda a Homouda- bey, le 23 mars 1824* Ses Etals ont environ 2,800,000 habitans. Alger : Houssain, fils d'Hasan, ancien ministre de l'lnte- rieur, succede, lei "mars 1818, au deyAli, mort de la peste. II est age d'environ 54 ans. On compte deux millions et demi d'habitans dans ses Etats. Lescherifde la Mecque : Ya/ua, fils de Sourour, remplace, le 2 novembre i8i3, son oncle,Ie scherif Ghateb, depose par le pacha d'Egypte Mohammed Ali , et mort a Salonique en 18. 8. Iman de CHyemen : N succede en i8i5 a Tamy, chef de la tribu d'Asir, fait prisonnier par l'Arabe Hasan, fils de Khaled, ailliedu pacha Mohammed Ali , et mis a mort a Cons- tantinople en 1819. L'iman de 1'Hyemen reside a Sanaa. ASIE et AFR1QUE. ;h? Roi de Sennaar : Bady VII , fils de Tab), 29* roi de la race des Foundjis, tribu partie de Finterieur de I'Afrique, et qui vint s'elablir a Sennaar vers la fin du xvc siecle.En juin 1821, Ismail, fils du pacha d'Egypte, le contraint de reconnailre la suprematie du sultan Mahmoud. Empire ds Maroc. Dans le nord-ouest de I'Afrique, sa surface est de 100,000 milles carres, et le nombre de ses habitans est estime a 4,5oo,ooo. Mouley- A bh-Errahman, sultan, fils aine de Mouley Hes- cham, fils de Sidi Mohammed, succede a son oncle Mouley Souleinam le 28 novembre 1822. Royaume d'Abyssinie. 11 a vine etendue de i5o,ooo milles carres, avec i,5oo,ooo habitans. Ista Guarlou, successeur d'Ayto Egwala Siou, de la dynas- tie de Salomon, qui regne sans interruption depuis i2(>8, reside a Goudar; il jouit de beaucoup de consideration, mais n'a aucun pouvoir et ne possede en revenus que ce que les gouverneurs independans des provinces vculent bien lui ac- corder. Ces gouverneurs sont : Selassy , le plus puissant de tous, successeur de "Wassen Segued, chef ou Murd-Asimadd de Sehon et d'Efat, qui a pris le title de roi; Scliam Ternben Guebr Michael, chef de Tigre, successeur de Ras ^Veiled Se- lassy; Gukho , successeur de Fasil, chef d'Amhara (Gojam) ; N , fils et successeur de Helle Mariam, gouverneur de Samen, plateau de l'Abyssinie. Les Galla ont depuis long- terns envahi la partie meridio- nale du pays; la tribu la plus puissante est celle des Edehow, commandee par Liban et par Godji. linan de Mascate. Les Etats de ce prince sont situcs dans la partie orientale de FArabie, et comprennent la contree qu'on appelle ordinaire- ment le royaume d'Oman. Ses possessions ont une etendue d'environ 5oo mille anglais le long de la cote ; la capitale est Mascate. Le nombre des habitans ne s'eleve vraiseniblanle- ment pas i\ plus d'un million; le revenu annuel de l'lman est d'environ 2,5oo,ooo fr. Seid- Said succeda a son pere Sei'd , sultan, vers Fan 1804; il est le troisieme descendant d'Ahmed, fils de Said, fondateur de cette puissance. y;8 AS1E et AFRIQUE. Perse. 55o,ooo milles carrcs, 9,000,000 d'habitans, et un revcnu de 80,000,000 de francs. Fctli-dli-Schalt, de la tribu turque des Kadjars, nomine Baba-RhaD avant son avenement au trone ; fib d'Houssaien- Rouly-Khan; he en 17O8, succinic en 1796 a son oncle Agha- Mohammed-Khan , fondateur de la dynastic. Abbas- Mir: a , heriticr presomptifde la couronne, est ne en 178a. Afghanistan. Entre la Perse et l'lnde ; 172,000 niillcs caries, 6,5oo,ooo habitans, et 45, 000, 000 fr. dc revenu. La couronne est hereditaire dans la branche de la famille des Saddouzi, qui descend d'Ahmed-Schah-Abdalli : le litre royal est Schahi-devri-de-vran. Le monarquc Ghasnevide Sebecteghin soumit le pays 611997; Babour conquit Gliazna et Caboul en i5o6; les Afghans conqnirent la Perse en 177.0, et furent soumis en 1737. Ahmed -Schab-Abdalli fut cou- ronne a Candaharen 1747- Son fils Timour-Schahregna dcpuis 1770-1793; Zeman-Schah jusqu'eni8oo, oii il fut depose par son frere JMahmoud qui, trois annees apres, fut ehasse parson frere Schoudjah, qui fut expulse a son tour par Mahmoud en 1809. Durant ces desordres IUindjet-Singh, le souverain dc Labor, conquit Cachemir et Peschawer, 011 le filsdc Yar- Mohammed Khan, le troisieme frere, regna sous sa tutelle : en 1826, Mahmoud partit de Candahar, et reunit ses troupes a ceilcs de Feth-Ali-Schah, tandis que Schoudjah etait fugitif dans l'lnde anglaise ; les emirs duSinde se sonl emparcs d'unc partie du pays. Bcloutcldsian. Au sud du pays des Afghans, avec environ 3, 000,000 d'ha- bitans. Mahmoud-Klian , age d'environ /J7 ans , succede a son pere Nasir-Khan, en 1795 ; ce dernier avait soumis le Mekran vers la fin de son regnc ; son fils l'abandonna en 1809. Balk. Conquis en 1826 par Mir Mourad-bey , qui en chassa Ned- jib -Oullabkan, gouverneui pour le mi dc Caboul. ASIK Ei AFRIQUE. — EUROPE. ::;, Bokhara. 173,000 milles canes, 2, 5oo, 000 habitans, 12,000,000 IV. de revenu. Grand K/ian de Bokhara et de Samarkand : Batkar -Khan succede a son pere Mir-Halder-Khan en i8'iG. Le regne in- termediate de son frere Mir-Houssaln ne fut que de quatre uiois. Gonverneur de Hisard : Seid-Atalik-bey, beau-pere de Mir-Halder. KJwland. Comprenant le pays arrose par la partie superieure dn Syr- Dari ou Sihoum. Emir-Khan, prince de Farghanah et de Kholand. Badakhschan. Comprenant le pays arrose par la partie superieure de Amou-Daria ou Oxus. Mirza-Abd' out Ghafoul, fils de Mohammed-Schah, reside a Faizabad, ville differente de Babakschan, et placee au sud de celle-ci. Kharism. Sur l'Oxus inferieur, avec 35o,ooo habitans, en partie 110- mades. Bahman-Kouli-Khan succede a son pere Mobnmmed-Rahim- Khan en 1826. Le titre de ces princes, d'origine Ouzbeke, est Taksir-Kban ; its resident a Kbiva. - EUROPE. GRANDE-BRETAGNE. Londres. — Etablissemcnt d'une Socicte gcographique. — Une assemblee nombreuse a eu lieu a Londres, lundi 24 mai dernier, dans la maison dite T 'hate lied- House, sous la presi- derice de M. John Barrow. II a ete expose que, parmi les nombreuses societes litieraires et scicntifiques etablies dans la Metropole brilannique, il en manquait encore une, pour completer le cercle des institutions scientifiques , dont le seul objet serait la propagation et l'avanccment d'une des branches les plus iinporlanles et les plus utiles des connais- sances, la Gt'ogrcplue ; — que Ton pourrait en consequence 780 EUROPE. former une nouvelle societe sous lc titre de Socicte gcogra- phiquc de Londrcs ; — que l'intcret qu'excitc cette science est universeUement senti ; que scs avantages sont de la plus haute importance pour lc genre humain en general , et sur-r tout pour le bien d'une nation maritime comme la Grande- Brelagne, a cause de ses possessions etrangeres si nombreuses et si ctendues ; — que, bien qu'il eviste une grande quantite de docuraens geograpbiques, cependant ils sont tellement disper- ses dans de grands livres pen accessibles, ou dans les bureaux du gouvernemenl, ou dans la possession des particuliers, qu'ils sont presque sans fruit pour le public. L'objet d'une telle Socicte serait : i°De reunir, enregistrer, choisir et imprimer, pour ['usage des uiembres et le public en general, sous une forme economique et periodiquement , les observations et les decouvertes nouvelles interessantes et utiles que la Societe aurait ou pourrait avoir en sa possession; — i" De former graduellement une bibliotheque des meil- leurs ouvra^es de geographic, un cboix des meilleurs voya- ges, une collection complete de cartes, depuis les terns les plus anciens jusqu'aux productions perfectionnees des terns mo- derucs; aussi-bien que les documens et materiaux propres a dinger les personnes qui se proposent de visiter les contrees etrangeres, attendu qu'il est de la plus grande utililc pour un voyageur, avant de commencer son cntreprise, d'etre infor- me de ce qui a ete deja fait et de ce qui manque encore a la science ; — 5° De procurer les modeles, les instrumens que l'ex- perience a failcounaitre pour les plus utiles etles mieux adap- tes aux besoins d'un voyageur, afiri qu'il puisse se familiarises d'avance avec l'usage de ces instrumens ; • — 4° De preparer des instructions succinctes pour les voyageurs en designant les parties qu'il est le plus desirable de faire visiter, les moyens les plus surs et les plus praticables, les recherches les plus essentielles( a faire, les phenomenes qu'il faut observer, les objels d'histoire naturelle les plus interessaus a recueillir, et enfin pour oblcnir toutes les informations tendantes a l'ex- tension de nos connaissances geograpbiques. Et Ton doit es- perer que les fonds de la Societe lui permettronl d'accorder des secours pecuniaires aux voyageurs qui auront besoin de cette assistance pour faciliter raccomplisseinent de quelque objet de recherches particulieres ; — 5" De correspondre avec les socictes semblables qui pourraient etre etablies dans les differenles parties du monde, avec les elrangers occupes de recherches geograpbiques, et avec les nationaux plus instruits etablis dans les contrees reculees de l'empire britannique; — GRANDE-BHKTAGNE. 781 6° D'ouvrir des communications avec les societes philosophi- ques et b'tterairesen rapport avecl'objet lie la geographie, etc.; — 7" Afin d'engager lespersonncs eminentes dans chaque bran- ehe des sciences, de la litterature et des arts, et en particulier ceux qui ont voyage par terre et par mer et tous ceux qui sunt verses dans les connaissaiues geographiqties a devenir des coopcrateurs utiles; — 8" II a etc observe que la ootisation an- nuelle et le prix de l'admission devraient etre a un taux assez modere, relativement an nombre des souscripteurs, pour que la Societe tut en etal d'accomplir l'objet important de son institution. L'assemhlee a procede ensuite a la formation du comite provisoire charge d'etablir quelques principes propres a ser- vir de base a l'inslitution. Les membres de ce comite sont : MM. Elphinstone, le lieutenant-general Brisbane, sir Arthur de Capell Brooke, John Ilobhouse, R. "W. Hay, colonel Leake, I\. Brown, capitaine Beaufort, capitaine Basil Hall, major Keppel, Henry IVard, lieutenant-colonel Colby, Thomas Mur- doch, commandeur Mangles, Murcluson, capitaine Franklin, capitaine Smyth, John Barrow, Georges Greenough, comman- deur M'Konockie. Le comite s'etant assemble le 26 mai, les resolutions sui- vanles ont ete adoptees : 1° La Societe sera appelee Societe geographique de Lon- dres. — 2° Le nombre des membres ordinaires ne sera pas limite , mais le nombre des membres bonoraires et rangers sera fixe ulterieurement. ■ — 5° Aussitot que le nombre des souscripteurs sera parvenu a 3oo une assemblee generate sera convoquee pour nommer un president, deux vice-pre- sidens, un tresorier, des secretaires et un conseil. charges de dinger les affaires de la Societe, et pour approuver, mo- difier et changer, s'il est necessaire, les reglemens autant qu'il sera juge convenable pour la prosperite de l'etablisse- ment. — 4° L'election des membres du conseil et des ofli- ciers de la Societe sera annuelle. — 5° L'office de president ne pourra pas etre occupe par la meme personne pendant plus dc deux annees consecutives ; mais elle sera reeligible apres une annee d'intervalle. • — 6° Les deux vice-presidens seront sujets au meme reglement que le president, mais le tresorier et les secretaires seront reeligibles. — 70 les officiers ci-dessns mentionnes, joints a quinze autres mem- bres, formeront le conseil, et cinq de ces quinze membres sortiront annucllement a 1'epoque de l'election generate des officiers. — 8" Le prix d'admission des membres sera de ySi EUROPE. 5 liv. stert., et la souscripiion annuelle de a Iiv. slerl. : les ileux sonuncs pourront etre compensees par le paiemoiit une tins fail ilc ao lines sterling. — if Desdites sommes seroftt I'lacees dads lcs foods publics pour etre employees ensuite de In manure que la Societe ordonnera. — io° Lcs foods et les proprietes de la Societe scront geri'-s sons les noms de trois gardiens. — 1 1" Ces Irois gardiens seront membres sur- luiincraircs du cooseil. • — 12" Aussitot que 5oo membres seronj inscrits sur la lisle, une seeonde asscmblee general* sera convoquee pour adopter les reglemens ullcrieurs qui pa- raitrontles plus avantageux pour la conduite de la Societe. — ion Le cooimandeur M'Konoebie est nomme secretaire provisoire de la Societe. Signe Arthur de Capell Brooke, president. Suit une liste de 124 membres de la Societe geograpbique do Londrcs, parmi lesquels on distingue, indepeudamment des 20 membres ci-dessus designes, le capitaine Beechey, Terrick Hamilton, W. Richard Hamilton, Alex. Mackenzie, IV '. Marsden, lord Melville, le lieutenant-general sir Georges Murray, le capitaine Parry, sir Rohert Peel, lord Prudlwe, le reverend Georges Renouard, le doctbiir Richardson, sir Georges Staunton, le due de Wellington, le due de Bedford, le lieute- li.int Dawson, le lieutenant-general Donkin, le lieutenant-co- lonel Carlo Doyle, etc., etc. J. * IIUSSIE. Publicatioade romans hisloriqu.es. — Le snecesd' Ivaii-Fijiglune (voy. Rev. Enc. ,t. xnv, p. i36 ett. xjlv, p. Zj2(>) scmble avoir cveilleen Rtissie une grande emulation pour ce genre de com- position ; mais,au lieu du roman de mceurs, e'estau roman bis- torique que Ton semble vouloir s'attacher maintenant de pre- ference. Chaque nation vent avoir aujourd'hui son Walter Scott, et e'est a qui dotera son pays d'une globe qui, nous le crai- gnons bieo, ne s'acquiert pas par imitation. Deja l'auteur de l'ouvrage que nous venous de rappeler a fait son roman bis- torique; il est intitule, dit-on, le faux Dmitri, et a pour sujet cette epoque si feconde de l'bistoire de Russie 011 l'anarcliie qui s'ctait inlrodnite dans ce nialbeureux pays donna lieu a tant de desOrdres , et fut si fatale aux mceurs et aux institu- tions. On sait que ce ne sont ni les gens rcrtueux, ni lcs terns de calme et de paix qui profitent le mieux au poete 011 au pein- tre de mceurs ; [VI. Boulgaiune scmble done avoir bien cboisi la sJetiue. Deja ce roman se traduit sous ses veux a Saint- Pe- RUSSIE. — POLOGNE. ;8.1 tersbourg, el toul fait esperei; que nous jouirons bicntol d'une bonne traduction francaise, clue cetle fois, non pas a M. Ferry de Pigny, mais aim nouvcau traducteur, 81. Fleury. On assure rnfime q'uJil pourrait bien paraitre a la fois deux ou trois tra- ductions du faux Dmitri ; les lecleurs n'auro'nt que 1'euibarras dn eboix. Un autre roman historique, en 3 volumes, a paru aussi rc- cemment a Moscou ; il a pour litre : Youri (George) Milos- lavsky, ou les Russesen 1612; et son auteur, M. Zagoskine. est no poete comique cslinie, qui vient, assure-t-on, dc eueilli:' de nouvelles palmes en celte circonstance. II avait ete propose a l'auteur de cet article d'en (aire une traduction francaise pour la collection de M. Cb. Gosselin : raais il n'avait pas en- core pris connaissance de l'ouvrage que deja il etait devauco par une dame, qui vint peu de jours aprcs lui confier son ma- nuscrit , et lui demander quelques conseils. La position do .Jl™ Sophie C , qui est nee en Russie de parens etrangers, y a ete en quelque sorte elevee, et y a passe plusieurs au- nees; sa connaissance des moeurs et de la langue du pays, les qualites de son esprit, tout lui donnait a ce travail des droits qu'il eut ete difficile et dangereux peut-etre de lui disputer; et l'auteur de cet article n'a voulu s'en reserver d'aulre en cette affaire que eclui de revoir les epreuves en I'absence du traducteur. Ce roman, qui a pour sujet l'epoque desastreuse et glo- ricuse a la Ibis pour la Russie ou elte parvint enfin a secouer !e joug des Polonais, epoque qui fail 1'objct des recits de rbistorien russeKaramzinedansle dernier volume qu'il a laisse en mourant {coy. ci-dessus, p. i4')» paraitra bienlol en 4 vol. in-12, a la librairie de M. Charles Gosselin, et nous nous ein- presserons d'en rendre comple a nos lecteurs. Mais bien a pris a M"* Sophie C de sc hater, car on nous a depuis annonee que plusieurs Iraductenrs s'occupaienl de ce meme travail, entre atitres M. Tbibaut, ex-precepteur des ehfans de feu Ka- ramzinc. Nous esperons qu'elie aura fait mieux que de paraitre la premiere dans la lice, et qu'elie s'y sera presentee avec loules les conditions necessaires pour remporter une pleine victoirc. Edme Hkreai'. POLOGNE; Etat et Progress dc la Litterature periodique. — Indication des Journaux et des Merits periodique* publics en Pologne. — Nous donnons ici. d*nprcs les docniftf lis les plus rerens, la popwla- 784 ElKOPK. tion ties diverse* parties de la Pologne, telle que l'a faile la politique moderne. en la rapprochant du nombre de jour- naux existant daus chaquc partie : Population. Journaux. Un journal sur I. La Pologne indepcndante : Repu- II. La Polutjiic rttsxc. 1) Les gouverdemens de Wilna, de Grodno, de Minsk, dc Bialyslok, de \'i tepsk , de Mohilow, de Wolhynie, de Podotie, de l'U- kraioe nil deKiow, de Cour- 107,934 1 1,289,100 4,088,289 t>o,84»>a4 4,226,969 5 2 J7 1 4 21,586 5,644, 55o 1 10,000 1,984,1 24 i,o56,74a 2) Leroyaumede la Pologne russe. Total 21,696,416 49 442;~S4 Une triste decadence, sous le rapport des lettres, se fait surtout remarquer dans les provinces entierement enclavees dans 1'empire moscovite. En 1820, le nouveau systeme du gou- vernement fut adopte par l'empereur Alexandre, et l'autorite supreme stir ces pays fut remise entre les mains du grand-due Constantin : e'est de cette epoque que datent toutes les nou- velles calamites des Polonais. Jusqu'alors "Wilna etait le cen- tre des lumieres pour loute la Pologne demembree , et sur- passait Varsovie sous le rapport litteraire ; car, n'etant point comme elle distraite par les guerres dc Napoleon, elle pou- vait ofl'rir un asile a tons ceux qui se vouaient aux sciences. En J82J, il y avait dans cette ville jusqu'a dix journaux qui se dislingtiaient par une redaction en ineme tems savanle et eonsciencieuse : aujourd'hui on n'en compte plus que deux qui sont assujettis a une sorte de censure militaire. — La meme decadence distingue la Pologne prussienne, ou le nom- bre des habitans qui pailent polonais diminue tous les jours, landis que 1'usage de la langue allemande s'etend de plus en plus. L'Autriche est, sous ce rapport, moins funeste aux Po- lonais que la Prusse. D'un autre cote, les progres sont etonnans dans les autres parties de la Pologne; ainsi, sur la population actuelle des provinces qui portaient jusqu'a l'annee 18 15 le nom de du- rhe de Varsovie (la republique de Cracovic, le royaume russe POLOGNE. 78 5 de Pologne, le tluclie de Posen et Thorn), nous signalerons une grande difference. Cette population s'elevc a 5,5oo,ooo, etonn'ycomptaiten 181 5 que cinq journaux, tandisqu'aujour- d'hui le seul royaume en compte 3y, c'est~a-dire plus de sept fois autant, et la totalite du pays l\ 3. II Taut ajouter en outre que l'esprit des journaux actuels ne peut pas uieuie etre com- pare a celuides ecrits publies en 1 8 1 5 ; its se sont ameliores sous le rapport du style, oomme sous le rapport des idees ; les journaux polonais professent les principes les plus liberaux, et il n'en est pas un seul dont la redaction soit dirigee d'apres les ordres du despotisme militaire 011 jesuitique, quoique plus d'une t'ois on ait fait a Varsovie des efforts tendant a les soumettre a cette double influence. Nous allons maintenant indiquer biievement les 49 jour- naux dont nous avons trace plus haut la repartition. I. Ueptjblique de Cracovie. i°. Rocznik Towarzystwa Naukowego, etc. — Annuaire de la Societe litteraire, reunie a l'Universite jagellonne; il parait chaque semestre en un volume in-8°. a°. Rozmaitosci Naukowe. — Varietes litteraires et histori- ques; un fort cahier in-4" parait a des epoques indetermi- nees ; le nombre de ces cahiers s'eleve a six ou sept par an. M. Zaluski, curateur de l'Universite jagellonne, est fonda- teur de cet important recueil, et M. Georges Samuel Bandtkie, professeur a la meme Universite et directeur de sa biblio- theque, lui fournissent d'excellens articles. 3°. Gazeta Krakowska. — La Gazette de Cracovie, journal quotidien politique. 4°. Goniec Krakowski. — Le Courrier de Cracovie, jour- nal litteraire qui parait depuis quelques mois. 5". Dziennik ogrodniczy. — Journal d'horticulture, public- par M. W odzicki, president de la Republique. II. Royaume de Pologne rcsse. Journaux publies d Varsovie. 1°. Rocznik krotewskiego towarzystwa przyiaciol nauk warszawskiego. — Annuaire de la Societe royale des Amis des sciences de .Varsovie; il parait un vol. in-8" par se- mestre. •2°. Pamientnik Naukowy, etc. — Memorial scientitique de la Societe pour les livres elementaires ; il parait un vol. in-8° par trimestre. T. XLVI. Jl'IN i83o. 5o -86 EUROPE. 5*. Syltvan. dzieniuk tesiiy, — Sylvain, journal des forets ct deschasses; il parait un cahier par trirnestre. Le conseiller- d'Jilat M. Louis Plater dirige la redaction dc ce recueil. 4°. Ceres, dziennik roluirzy. — Ceres, journal agronomi- que, pat ait a des epoques indeterminees , ct forme en tout trois mi quatre raiders par an. M. Flatt, direclcur de l'lusti- tut agronomique a Marie-Mont, pies de Yarsovie, en est le reda( teur principal. 5°. Sartdtfinwrzanin. — Le Sandomiricn , journal consacre specialement a 1'histnirc de la Pologne, rcdige par M. Uiaz- dowsri, p;i rait chaquc mois. C'est un des recueils les plus es- timables que possede ce pays. 6°. Temiophie a l'Universite, redige ce journal, qui tient la premiere place parmi tons ceux du meme genre : son au- torile dans les questions litteraires est generalement recon- nue, et sousle rapport du style comme pour le choix des su- jets la redaction laisse fort pen a desirer. 12°. Dziennik Praw. — Bulletin des Lois, parait deux ou trois fois par mois. Journal olliciel. i3°. Kolumb, Dziennik Podrozy. — Colomb, journal de voya- ges; recueil mensuel public par M. Michel Dembins&i. C'est POLOGNE. 7«7 un excellent choix des meilleurs articles consacresaux voya- ges et aux decouvertes qui se publient en France, en Angle- terrc et en Allemngne Le redacleur ajoute en outre Ires-sou- vent des articles lelalifs a la Pologne. i4°- Dikiimeron pdlski. — Le Decameron polonais, journal Utleraire publie par decades par 31. Jean Casimir Obdtmec. i5". Piatt. — Piast, journal de ('agriculture et de I'cco- nomie domeslique, publie une fois par seniaiue par M. Radwanski. C'est un journal tres-populaire et tres-re- paudu dans loutes les classes de la societe; il est meme lu dans les villages souvent avec plus de cniio>ite que les journaux politique*. Nous ne pouvons que felicitef sou edheur d'avoir choisi un plan aussi sage et aussi utile a son pays. Pour faire apprecier 1'imporiance et ie succes de jce recueil, il suflfit de dire que le nombre desabonnesexcedant cehii desexemplaires composant la premiere edition, on a etc oblige de reimpri- mer lous les numeros. 16". Dziinnik urzendowy iV oiewodzlwa Maznwieckiego. «^- Journal ofluieldu palatinat de Masovie. Hebdomadaire. i;°. Pamienlnik dla plci pienkney. — Memorial pour le beau sexe; journal de litterature, redige avec bcaucoup de talent par 31. Gaszyn-ki. Ce recueil a Pa vantage de donner frequemment la primeur des poesies qui sont dues aux meil- leurs etrivains du pays. 180. Motyt. — Le I'apillon , journal de litterature et de mo- des, publie par 31. le prince Lclfcki. Hebdomadaire. ig°. Ziemomysl. — Journal hebdomadaire litter a ire,, histo- rique et biographique, consace a I'usage des enfuns, el redige par 31. Chrcc&i. Ce genre de litterature compte plu- sieurs ouvrages excellens en Pologne ; et lc journal dont il s'a- git ici reunit tons les merites qui lui sont propres. 20". Rczmaitosci. — Varietes litteraires, hebdomadaires, pu- bliees connne supplement de la Gazette du Correspondant de Varsovie. 21°. Gazeta potska. — La Gazette de Pologne, journal quo- tidien , politique, litteraire el commercial. C'est le meilleur des journaux polonais de ce genre; les articles litteraires, les nouvelles diverses, s'y trouvent en abundance; et sa polemi- quc excite vivement la cuiiosite du public. 2»°. Dzicnnik poaixzerhny. — Journal universel, non moms important que le precedent; mais, comme il ne paraitquede- puis quelques muis, il est moins repandu. Son plan e~t a pen pres le meme que celui de la Gazette de Pologne, mais son format immense a sur lui Pavantage de contenlr des articles 788 El 'HOPE. plus longs el mieuxdeyeloppes. Le redacteur est M. Thomas Chlendawsri , maitre tics rcquetes et conservalcur de la Bi- bliotheque nationale. 23°. Gazela warszawska. — La Gazelle deVarsovie, la plus an- cienne ties feuilles quotidiennes, est restee etrangere a la criti- que litteraire. (Dependant sa redaction a etc dans tous les terns tres-soignee, surtout sous lc rapport dulangagc que les a litres journaux hlesscnt souvent impunement. Ce journal est sous la direction de M. Thomas Lebrun, secretaire au Conseil-d'E- tat. 24°. Gazeta Korrespondcnla warszawskiego. — La Gazelle du Correspondant tie Varsovie. Journal qui a change tres- souvent tie redacteurs, mesure quelquefois utile, souvent fu- neste a ses succes; maintenant on y trouve parfois des arti- cles Iitteraires d'un haut interet. Redacteur proprietaire, M. "Wyzvnsri. 25°. Kuryer warszawski. — Le Courrier de Varsovie. Ce journal parut d'abord en 1821, sous le format le plus petit possible, et devint avec le tems si populaire que le nombre de ses abonncs surpassait toutce qu'on avaitvu jusqu'alors en Pologne. Mais avec le tems il fut force d'agrandir quelque peu son format, demaniere qu'aujourd'hui,quoique imprime sur une pelite feuille de papier, il contientautantde matieres que lesautrcs journaux quotidiens. Lalitterature n'entre point dans son plan , et les annonces la remplacent. Le redacteur est M. Louis Dmuszewski, celebre acteur dramaliquc et I'un des philantropes les plus zeles de son pays. 26*. Kuryer polski. — Le Courrier de la Pologne, journal publie, depuis quelques mois , dans le format et d'apres le plan du precedent; on y a ajoute cependanldescolonnes con- sacrees a la titterature. II compte trois redacteurs, et tous trois ont acquis quelque eclebrite par les persecutions dont ils ont etc l'objet. M. Xavier Bromrowski, avocat, redacteur en chef, fut enferme, pendant deux ans, dans la prison d'Etat, pour avoir ete, commeetudiant, president d'une Societe patriotique composee de sescondisciples. Le second, M. AdolpliC\caocK\, autre l'i lis mrlitaire dans 1'armee francaise, fut enferme, a trois on quatre reprises, dans la meme prison, pendant plus de quatre ans en tout, parce qu'il etait suspect d'avoir envoye au Conslitutionnel un article ou se trouve le recit des intrigues de la dicte en 1820. Enfin , le troisieme redacteur, M. Maurice Mochkacri, hommc tie lettres tres-distingue, fut detenu, pen- dant plus de deux ans, pour avoir fait par tie d'une Societe secrete dans le tems ou il etait encore ecolier dans un college. POLOGNE. 789 Le Courrier de Pologne, paraissant sous les auspices de noms aussi dignes d'interet, devait naturellement attirer sur lui I'at- tention publique, dont il s'est montre digne jusqu'.i present. On ne pent guere lui reprocher qu'un tres-grand penchant vers lesidees allemandes, penchant qui, du reste, parait avoir dimi- rtue depuis quelqtie terns. 27°. JViadomosci Handlowe. — Les Nouvelles du Commerce, journal quotidien. Redacleur M. Franpois Grzymala. 28°. Dziennik dla malych dzieci. — Journal pour les petits enfans, in-16, quotidien. IM. Stanislas Jachowicz, poete dis- tingue, auteur d'un recueil de fables tres-naives et tres-tou- chantes, composees uniquement pour servir de lecture aux enfans, redige ce journal, dont la popularity est devenue si grande qu'on peut le trouver dans presque tous les menages de Varsovie. Journaux des Palatinats du royaume. Dans chacun des chefs-lieux des palatinats, ou departemens, on publie un journal officiel dans le genre et sous le titre de ce- lui que nous avons mentionne plus haut sous le n° 16. Ainsi ilya : Le journal du Palatinat de Ptock, qui se publie a Plock. de Podlaquie, a Sielce. ■ de Lublin, a Lublin. ■ ■ — de Sandomir, a Hadom. — de Cracovie, ■ — a Kielce. de Kalisz, a Kalisz. d' Augustoxv, a Lomza. — ■ ■ de Masovie, ■ — a Varsovie. Outre les sept journaux qui se publient dans les palatinats, on en compte encore deux, dont l'un parait a Kalisz sous le titre de Journal hebdomadaire de Kalisz (?) ; l'autre a Pulawy, village du palatinat de Lublin, sous le titre de Skarbiec dla Dz'uci ( Magasin des Enfans). Ce dernier journal n'a qu'un ou deux mois d'existence , mais le prospectus nous annonce qu'il sera publie sur le modele de9 meilleurs recueils de ce genre exis- tans ,n Angleterre. III. LE GRAND-DBCHE RUSSE DE LlTHUANIE. 1° Dziennik Wtlenski. — Journal dc Wilna : recueil men- :,jo EURO PP. suel parnissant en gros vol'iiws in-8°. II est divise en diverses sections, et remplace ainsi plusieurs journanx. La litteruturc, Lbistoire, les sciences, ragri 1 69 Filles 37,o5o Total des garcons 871,246 Total des filles 79»>97a Total general pour la fin de i8j5 1,664,218 c. Tableau des etudians dans les universites de la monarchic prussienne. A satins et Saisons 1820, hiver (1820-1821). 1825, hiver (1825-1826). 1826, hiver (1826-1827). 1827, hiver (1S27-1828). Classification des eludians, d'apres I'eiat auquet its se destinaient. « . A l'instruction Am emplois 13 & a publiqne civils et .§•§ comme adniinistratifs -V Theologiens comme H '" -a ' » "■* re <*- 2 _ » m f- 3 c 0 — 3 4c=. rL"?- i •0 a i s ■ « z.% i.-s ■| S"5 •^•8 3 0 13 £ 1 3 g a. B"8 a -0 s is 3,382 892 264 45o 97^ i35 667 5,452 1,674 763 577 1,607 "7 714 5,656 »,796 878 638 1,583 68 693 5,954 1,951 888 7'4 1,559 1 1 1 701 6. LlBIUIRIE. Tableau des libraries existantes en 1826 dans les differentes villes de la monarchic prussienne. .When [Aix4a Prenzlow Quedlinbourg , Ralbenau .... Ratibor Schwelm Sorau Stargard Stettin Stralsund Thorn Torgau Treves Weissenfels.. . Wesel Wittenberg.. . Zeitz Zullichau .... 7. Papeterie. Tableau des motilins a papier et cuves easistans en 1829 dans la monarchic prussienne. PaeviNCBs. Moulins. Prusse 39 Posen a4 Silesie 56 Pomeranie 4 Brandebourg 5i Saxe So Westphalie 5a .Tuliers-Cleves-Berg 26 Bas-Rhin 3y Total. . . . 329 8. Imprimerie. Cuvbs. 63 26 63 16 52 59 78 42 35 472 Tableau offrant ('augmentation des imprimeries dans la monarchic prussienne. NOMBRE NoiIBBK NNEKS. des imprimeries. des presses .8l9. 240 5i6 1822. 255 58o l825. 180 693 7J)4 EUROPE. 9- PBESSE PEIUODIQCE. Tableau des icrits piriodiqucs cxistan.i, d la fin de 1827, dans la monarch it prussicnnc. Gazettes lilti'ra'ues, dont la plus cstimee est ccllc de Halle.. .. a Join naux politique? 3a Revues savantes Xq Fcuilletbns ronsucres aux belles-lettres i& Feuilles l>< bdomadaiies (dont line en franeais et line antic en polonais) 12g Journiux adminislralil's 2g Feuilles d'avis et d'annonces 26 Feuilles d'avis cl d'annonces quolidiennes sur des matieies di- verses 6 Feuilles d'avis et d'annonces relatives au commerce et a la na- vigation et meicuiiales i5 Total 3oo ( La suite au Calder prockuin. ) GRECE. Situation precaire et pinible. — Dans notre cahier du mois de mars dernier (Voy. t. xlv, pag. j/j/-/^), notis avons insere une lettre qui avail pour objet de repousserles atta- ques inconvenantes et calomnieuses du Courrier anglais con- tre M. le comte Capo-d'Istria : personne a cette epoque ne pouvait douter que le prince Leopold ne fiit le souverain de fa Grece; ce prince avait ambitionne cetle nouvellecouronne; il avait obtenu I'appui d'un emprunt de 60 millions. Tout sem- blait iudiquer qu'un refus n'etait plus possible; cependant le retard que mettait le nouveau souverain a se rendre en Grece faisait naitre des soupconset desdoutes. On etait fomle a presumer que quelque nouvel evenemeut politique pour- rait changer sa resolution, 011 qu'il se repentait d'avoir ac- cepte la lacbe difficile et perilleuse d'organiser et de dinger la nation grecque. La maladiedu roi d'Angleterre rapprocbait du pouvoir le prince Leopold, et lui faisait desirer de se liberer des enga- gemens <|ii'il avait pris. Enfin, 1' Europe vient de sortir de son incertilmle, et le prince a decidement renonceautrone de la Grece! Les journaux anglais ont etc reuiplis de divers documens presences au Parlement d'Angleterre. Le prince fonde son refus sur les nouvelles qu'il a recues de Grece ; il dit que les Grecs, mecontens des limites assignees au nouvel Etat, n'accepteront que forcement GRECE 795 les limiles qui leur .sont iiiiposces; il cite, a I'appui de sa re- noncialion, la lettre du Senat et telle de M. Capo d'Isiria. II e>t vrai que les Grccs sc plaignaient , ft sont fondes a se plaiudie, des limiles dans lesqnelles on vent les ivnt'e.imer; ils represcntent qu'il sera Ires-difficile d'abandnnncr I'Acama- nie , palrie des Rounielioles qui onl del'endu Missolon- ghi, etc., etc.; qne les Candioles ct les Samiens nesc soumcl- tront que par foice.et avec la repugnance la plus prononcee, a relomber sons le joug des Tures; niais le Senat et le presi- dent Capo d'L-tria se hnrnaient a presenter (\e^ observations a lenr nouveau souverain ; ils ne connaissaient point alors l'ad- hesion de la Poite an traite, ce qui semlde aujourd'bui le rendre definilif. au moins pour le moment. Quoi qu'il en soit, le prince a saisi ce pretexte, et il a re- fuse. Les papiers anglais onl pris parti pourou contre le prince Leopold; ils ont accuse M. Capo d'Istria d'avoir voulu i e- pousser le prince; Al. Kynarda prouve, par une leltie publiee dans le Monitcttr, qne le president desirait au contraire l'ar- rivee du nouveau souverain, dont la presence el 1'inlerven- tion lui paraissaienl propres a calmer les csprits et a retablir l'ordre. Voila la Grece rejetee dans un etat provisoire ; rien ne pou- vait lui elre plus fatal. La renonciation du prince la prive des secours pecuniaires dont elle avait \u\ urgent besoin , ou du moins les fait ajourner. Toutes les lettres annoncaient que si, dans ce moment de crise, le president ne recevait pas des fonds pour payer la solde arrieree des troupes de 1'Acarna- nie, il ne pouvait repondre de la tranquillite du pays : les se- cours promis par les puissances ne pouvaient etre fournis qu'au moyen d'un emprunl ; cet emprunt avait ele accorde au prince Leopold. On assure que Al. Kynarda fait les plus vives instances aupres des trois cours alliee*, pour obtenir un versement quelconque a compte de cet emprunt projete; n'ayanl pu 1'oblenir jusqu'a present, il a du secourir seul en- core cette malheureuse nation, et nous avonsvu, par un ar- ticle de Toulon, qu'il vient d'envoyer en Grece, sur un bail- ment de l'Etat, 35o,ooo fr. de sa propre fortune Plus tard, on ne pent en douler, les puissances devront remplacer les efforts de ce simple particulier et conlinuer leur ouvrage, en aidant la Grece a consolider sa nouvelle existence. Parmi les candidal* qu'on nomme pour remplacer le prince Leopold, les. plus connus, et ceux qui paraissent avoir quel- ques chances, sont le prince Frederic des Pays-Bas. ou un printt d* Prittte. On assure que les trois cours alliee* sont con- ?efi EUROPE. venues de ne noinmer qu'un prince protestant ; le choix du nouveau souverain se traite a Londres dans des conferences diplomatiques : il doit y avoir unanimite de suffrages. Plusicurs autres candidats se prescnlent; parnii eux sc troirvent le prince Paul de JVdrtemberg, un prince de Darms- tadt et un autre prince d' A llcmagne ; mais tout seinble indi- quer que le choix sera fait dans une famille qui puisse, par sa position de puissance du second ordre, donner un appui an nouveau souverain. Les trois grandcscours semblent fatiguecs de la tulelle qu'elles out cntreprise : elles venlent s'en dega- ger en remettant la couronne a un prince qui puisse etre sou- tenu financierement et militairenient par la puissance a la- quelle il appartiendra ; car il est assez probable que la Grece aura besoin de conserver pendant quelque terns une force etrangere ; et la Francevoudra retirer ses troupes. Si les candi- dats catlioliques n'avaient pas ete ecartes, un prince de Ba- viere aurait dQ etre au premier rang. Tout semble annoncer que la Grece s'aggrandira encore ; la reunion de l'Acarnauie et de File de Candie sont indispensables au nouvel Etat ; Fa- venir les lui donnera, il ne faut que de la patience et laisser faire les evenemens. Egixe. — Fondalion (Can Musee. [Extrait de la Gazette uni- verselle de la Grece.) — Les amis de la Grece et les amis des antiquites et des beaux-arts apprendront sans doule avec in- teret la fondation d'un etablissement aussi utile qu'hono- rable. En creusant les fondemens de la maison de refuge eta- blie a Egine pour les orphelins, on a trouve quelques vases anciens, dont la matiere et la forme ont fixe 1'attention des antiquaires. On en a trouve d'autres semblables, en travaillant aux rues de la ville d'Egine ; et dans Femplacement du nouveau laza- ret on a deterre un relief representant un cheval avec son conducteur. Telle est l'origine du Musee qui vient d'etre etabli a la maison de refuge pour les orphelins, et qui compte mainte- nant deux statues, deux tetes , neuf inscriptions et soixante- sept reliefs, un decret, un grand vase de pierre avec des re- liefs, et deux pendans d'oreilles en or. Ces objets d'antiquites ont ete en partie recueillis par le gouvernement, moyennant une legere retribution ; et la plu- part sont dus a la generosite d'un certain nombre de citoycns, dont le journal grec cite lt;s noms. Ces honorable? patriotes, dont l'exemple aura sans doule beaucoup d'imitateurs, doivent etre consideres comme les GRECE. — FRAN0E. — DEPARTEMENS. 797 tbndateurs de cct elablissement, qui atteste le zele ardent des Hellenes pour les fondations d'ulilite publique. Ce Musee est visile tons les jours par des voyageurs et par les membres des commissions francaises. Ceux d'entre eux qui sont peintres copient avec soin tout ce qu'ils trouvent de plus remarquable. Des feuilles posterieures de la me me Gazette annoncent que beaucoup d'autres personnes out fait don an Musee na- tional de plusieurs objets d'antiquite, en sorte qu'on peut es- pererquc, dans quelque terns, il sera considerablement aug- menle. Je sais avec certitude qu'un Grec d'Athcnes , M. Pittak.1, occupe depuis long-tems a faire des recherches d'antiquite dans son pays, est parvenu a former une belle collection de differentes pieces, dont le nombre est deja de 1,600, et sur lesquelles on remarque plusieurs inscriptions, sermens, decrets, etc. Cette belle collection particuliere pa- rait devoir etre destinee par celui qui l'a fondee a enricbir le Musee de sa patrie. FRANCE. DEPARTEMENS. Marseille (Bouches- da-Rhone). ■ — Prix propose. — La Societe de Statistique de Marseille avait propose uu prix de la valeur de cinq cents francs pour etre decerne dans sa seance publique du moisd'aout 1829. Aucun Memoire ne lui a ete presente ; elle a cru en reconnaitre la cause dans la mul- tiplicite des recherches que necessitaient de la part d'un seul anteur les sujets mis en question. Elle s'est done decidee, en couservant la valeur du prix, a supprimer la premiere par- tie du programme et a le reduire aux questions suivantes : i° La Statistique actuelle du Commerce et des diver ses branches de l" Industrie de Marseille, e'est-a-dire, 1'etat de ses exporta- tions et importations, la nature de ses relations avec l'Etran- ger el avec Tinterieur, la situation de sa marine marchande cpmparee a celle des autres porls de France, le nombre de ses fabriques, le nombre des ouvriers qu'elles emploient, la quantile des matieres premieres qu'elles consomment, et les qualites qu'elles preferent, les debouches qui leur sunt ou- verts, etc. ; — 2° Indiquer les moyens de perfeclionner et dc developper le commerce et Piudustrie de Marseille. Parmi ces moyens, l'auli'ur devra s'arrcter plus particulierement a ceux dont Marseille pourrait etre l'objet special. :9s France. Les Metnoires devront ctre adresses, franc de port, avanl le i" mars i83i, a M. An gust in 1'abbe, avocal, secretaire perpetuel. PARIS. Institht. — Academic des Sciences. — Mois de join i8!>o. — Seance du 7. — M. le eomte de Loevenhiklm, ministre de Suede, a Paris adresse les travauxde la Commission sucdnise chargee de c'onstater les mouvemens de la population de re royaume, et drmandc a l'Acadeniie de vonloir bien donner a cetle Commission les renscignemens qui seraimt propres a perlcetior.ner srs recherches. — M. de Humboldt ad f esse mi Memoire sur riurlinaison de l'aiguillc aimantce dans le nord de lAsie, avec des observations corrcspondantes de variations' horaires laitcs en difierenlcs parlies de la terre. — L'Acadeniie precede a ['election d'un secretaire perpetuel en remplate- ment de M. Fm RiER~Sur 44 votans, M. AragfrobCieTil 7hj suf- frages; MM. Poinsat, Beudanl E, Puissant, Molard et Biot cliarun un. En consequence M. Arago est proclame, sauf {'approbation du roi, secretaire perpetuel pour les sciences matliemaliques. — M. Poiwsot continue la lecture de son Memoire sur t'eqnateur du systcme solaire, dans lequel il con- treilit qui Iques-uns des principes et des formules donnes par l'illustre autcir de la Mecanique celeste. Une discussion s'en- gage a ce sujet enlre M. Pvisson et lui. — M. Caiichy lit un Memoire sur la throne de la lumiere. Du ifyjuin. — M. Poiksot lit et depose sur le bureau la note suivante : « J'ai l'lionneur de presenter a l'Acadeniie la ciiiqi(ihneeditionde?nonTrtiiiedeSlatique.CeUein\\Uon p resent e plusieurs additions assei considerables; mais la plus impor- tante consiste clans le Memoire sur l'cquateur celeste , dont j'ai (ermine la lecture a la dernicre seance. Ces considerations nouvelles, qui regardent, sans rontredit, ce qu'il y a de plus general et de plus constant dans le sysleme du monde, ne pen- vent manqucr d'exciter 1 'intcrel; et j'ai lache de les presenter d'une mauiere si simple qu'avant pen, j'ose le dire, elles pa- rnitront elementaiics. J'avais domic la premiere idee de cetle theorieaumoisde mars 1828; mais, en la mettant i.i a la por- tee des lecteuis , j'offre le meilleur nioyen de la reconnaitre et de la verifier. Si Ton y trouve quelques difficultes ou quel- ques objections a faire, je m'empresserai de les examiner et d'y repondre pourvu qu'on les ecrive, afin qu'etant une fois resolues il ne soil plus necessaire d'y revenir. 11 ne s'agit point PARIS. rG9 ici de M. dc Laplace, a qui Ton rend toute justice; ni de ce qn'il a pu penser an dedans de lui-meme, mais de ce qu'il a mis dans ses ouvrages; la discussion ue.peul etre ni longue ni difficile, parce que notre theorie est de la plus grande simp'i- cite, et que noire nouveau plan dilfcre beaucoup du plan de- termine par M. de Laplace; car ce o'est point une difference d'un dix-millieme de seconde (comine un I'a fait dire, sans doute par erreur, a I'un de nos savans confreres, mais d'envi- ron 12 minutes sur l'iuclinaison , et de a ou 5 de^res sur la longitude du noeud ; ce qui est ici une quantite Ires-conside- rable.) » — M. Cai chy annonce avoir trouve les ibrinules re- latives a la dispersion de la lumiere, et presenle un Mcmoire sur ce sup t. — M. Heron de Ville fosse fait un rapport ver- bal avantageux sur les ouvrages alleinands de M. Guilt. Muller, relatifs aux inondations qui onl eu lieu sur les cotes de la iner du Nord, le 5 ct le Zj fevrier i8a5. — Au nom d'une commission speciale, M. Coqcebert-Montbret fait un rapport sur les ouvrages presentes au concours de stulistique. Le prix est decerne a M. Prvis, ancien oflicier d'artillerie et eleve de l'Ecole Polylechnique, pour sa notice statist ique du departe- ment de l'A in en 1828. Le rapport menlionne honora!)lcment : i° les travaux de M. le Dr Villerme sur la staiislique humainc ; 2° la statist ique du canton de Nivillers Oise), par M. (Graves, chef de division a la prefecture de Beauvais: la statislique du departement des Pyrenees -Oricntales par M. Izmi. — MM. de Prony ct Navier font un rapport sur le projet de M. Delaporte, relatif a une nouvelle construction de.- ponts en fer. En voici les conclusions : 1" le pout propose e>t concu sur le piincipe connu des systemes de cbarpenle dans lesquels on combine ensemble des pieces resistant a la compression et d'a litres resistant a la tension; 20 les parties du pont n'clant point clans un etat d'equilibre stable, ce genre de construc- tion ne convient pas mieux a de tres-grandes ouvertures que celui des ponts en fer forma fit voutequi out ete executes jus- qu'a present; 5° en cherchant a supprimer toute aclion de repulsion, de traction sur les culees, on est oblige d'employer pour les arches un mode de construction beaucoup pluscofi- teux (pie celui des ponts dont on vient de parler ou des ponts suspendus; et l'exccs de depense qui en resulte ne peut etre compense, a beaucoup pres, dans la plupart ties cas qui pour- ront se presenter, par Peconomie qu'on ferait sur la construc- tion des culees. Nous pensons en consequence que le systeme de construction propose pour Its ponts en fer par M. Dela- porte ne doit pas etre prefere sous le rapport de In solidite et »oo FRANCE. de l'economie BOX systemes qui sont aujourd'bui en usage. (Adoptc.) — La section d'astronomie propose d'accorder pom- cette annee la medaille fondee par M. fie Lalant/e a M. Gam- bart, directeur de l'Obscrvatoire de Marseille, qui a apercu le premier la nouvelle comcte, I'a observcc avec le plus grand soin, et a determine les eletnens de la parabole. Elle pense que la somme reservee l'au dernier pourrait servir a deux autres medaillcs dont l'une serait donnee a M. Gambey, a qui l'Ob- servatoire est redevable d'une magnifique lunette meridienne, munie d'un grand cercle d'inclinaison et d'un equatorial on Ton remarque une foule d'artifiees tres-ingenieux. L'autre serait accordee a M. Perrelet, inventeur d'un compteur a detente, a l'aide duquel un observateur inexperhnente peut esperer par exemple, des son debut, de determiner Pinstant du passage d'une etoile sous lesdifferens tils du reticule de la lu- nette meridienne avec la precision d'un dixieme de seconde de terns. Ces diverses propositions sont adoptees par 1' Aca- demic Du 21 juin. — M. Picquart, directeur de 1'etablissement de M. le Dr Deleau pour l'education des sourds-muets qui lui sont confies parl'Academie, adresse le certificat de l'ecclesias- tique qui a fait faire la premiere communion a trois d'en- treeux.Voiii ce certificat: « Je, soussigne, pretre de la paroisse des Blancs-Manteaux, certifie que les nomnies Henri Chabot, Alexandre Martin et Honore Trezel ont fait leur premiere communion et recu le sacrement de confirmation dans cette eglise, les 10 et 1 i juin i85o. Nous avons etc edifies de leur piete, et surtout agrcablement surpris de la maniere dont ils ont repondu orulement aux differentes questions qui leur ont ete adressees sur le catechisme. » Signe Jacquet , pretre. — M. Cauchy prcsente un Memoire sur la transformation et la reduction d'une certaine classe d'integrales. — M. Navier lit une note sur l'ouvragc intitule : Analyse des Equations deter- miners, dont M. Fourier avait commence l'impression , etdont les 3e 4e et 5C feuilles avaient passe en epreuves sous ses yeux. «L'ouvrage renferme une preface, une introduction conte- nant les prineipaux points de l'analyse algebrique qui servent de point de depart a l'autcur; un tableau synoptique conte- nant une exposition detaillce des matieres qui devraient for- mer le sujet de l'ouvrage, et ou Ton voit qu'il devrait elre di- vise en sept livres. La copie de Pexpose et des deux premiers livres a ete trouvee en ordre, et, selon toule apparence, prete pour l'impression; e'est la partie qui devait etre publiee en premier lieu et separement. II y a tout lieu d'esperer que les PARIS. 801 materiaux des derniers livres existent dans les papiers, el que ces nouvelles recherchcs ne sont point perdues. — M. Thk- nard lit des observations sur la lumiere qui jaillit de l'air et de l'oxigene par la compression. — L'Academie va an scruiin pour la nomination d'un corrcspondant dans la section de geometrie. M. Gergonne, qui obtient 53 voix sur 5^, estpro- clame correspondant. — MM. Geoffroy- Saint- Hilaire et Serres font un rapport sur une fille a deux teres, nee recem- ment en France, aux pieds des Pyrenees. Lcs conclusions sont adoptees. — M. CArcmlitla afpartjede sonMemoire sur la Lu- miere. — MM. de Freycinet et Roussin font un rapport sur la nouvelle rose des vents, de M. Longeville; en voici les con- clusions : « Si une modification peut etre desiree dans la gra- duation des instrumens destines comme la boussole a mesurer des distances angulaires, e'est celle qui ctablirait Ja division decimale, a cause de la facilitequ'elle introduit dans le calcul. Mais, si jusqu'ici on a vainement desire de voir generalise!' ce changement, qui serait une amelioration, il n'est pas probable qu'onobtienneplusde suceespour faire prcvaloir une methode qui ne se recommanderait par aucun avanlage. Celle que pro- pose M. Longeville est tout -a-fait clans cette derniere cate- goric Elletendrait a compliquer l'enonce des resultatsdonnes par la boussole; elle detruirait le rapport qui existe entre la graduation de cet instrument, la division ordinaire du cercle et celle de presque tous les autres instrumens destines a me- surer les angles ; enfinelle contrarierait un usage depuis long- terns adopte pour retarder plutot que pour faire prevaloir la division decimale, seule amelioration qu'il soit vraiment desi- rable d'introduire dans la graduation des instrumens dont il s'a- git ici. Par ces considerations, je suis oblige de conclure que la proposition de 31. Longeville ne me parait offrir aucune utilile. » (Adopte.) — Du 28 juin. - — M. Cauchy presente la suite de ses recherches sur la dispersion de la lumiere, comprenant les lois de ce phenomene , et d'autres rechercbes sur la propagation des ondes planes, dont la determination se trouve liee a l'in- tegration des equations lineaires, aux differences parlielles dans lesquelles les diverses derivees de la variable principale ne sont pas toutes du meme ordre. — M. Lacroix, au nom de la commission des prix de mathematiques , composee de MM. Poisson, Poinsot, Legendre et lui, fait le rapport sui- vant : 1° le grand prix sur la resistance des fluides est remis a deux ans, en faisant mention honorable de la piece n° 1 : Tau- (eur de ce Memoire , qui s'est empressc <\o reconnaitre qu'il r. xi.vi. jvin 1 83o. 5i Su.i Fit A IV CK. n'avait pu enecre satisfairc pleinenicnt a la question . a pre- sents unc suite d'experiences tres-ingenieuses qui jioiuioul par de nouveanx efforts conduire a des rcsultats inqiorlans ; 9.° le grand pri\ propose pourceliii dcsouvragesqui prcsenlera rappliration la pins imporlante des theories matliematiques, oil qui contiendrail une decouvertc analylique Ires-reinar- quable, est partage entre la famillc dc leu M. Abel, de Cliris- tiania, et M. Jacjki, dc Keenigsberg. — 31. Henri de Cassini, au nom d'une commission, fait un rapport sur la seconde edi- tion nianuscrite du Glossaire de Botanique de M. de Theis. « La connaissance des etymologies offre surtout de I'interet dans une science telle que la botanique, dont la nomenclature immense el dont presque tons les termes sont significatifs , laisant allusion tantot a quelque caraetere de la plante, tantot a ses proprietes vraies on pretendues, tantot enfm a diverses circonstances historiques on fabuleuses qui s'y rattachent. M. dc Theis a done eu une heureuse idee lorsqu'il a compose son Glossaire de Botanique on Dictionnaire etymologique de tons les noms et termes relatifs a cette science. Ce livre, il est vrai, est moins un ouvrage de botanique qu'un ouvrage d'erudition. Cependant il petit ctre utile aux botanistes et sur- tout aux eicves presque toujours effarouehes par une nomen- clature accablante pour la memoire et sterile pour la pensee, lant qu'une idee ne se rattache pas a chaque mot. L'auteur parait avoir mis beaucouji de soin a ne donner que des etymo- logies exactes, non hasardees, et puisees aux meilleures sour- ces. Onconcoitpourtant qu'ilpeutlui etreechappe deserreurs, et nous-memes en avons note quelques-unes en feuilletant rapidement les pages dc son livre. Ces critiques ne nous empechent pas de mconnaitre que le Glossaire de M. de Theis est un ouvrage intercssaut, utile, estimable : et nous pensons qu'il merite ['approbation de l'Academie. » (Adppte. ) — Le meme membre rend un compte verbal favorable des Lettrcs d Julie sur I'Entomologie, suivies de la description methodique de la plus grande partie des insectes de France. — M. GiRor de Bvzareingies fils lit, pour son pere, un Memoire relatif a Roquefort, a ses caves froides et a ragricullure des environs. ■ — M. Arago communique deux notes : la premiere est relative a une serie de triangles dans les goiivernemens de Wilna et de Grodno, comprenant B" de latitude, de 52 a 6o". II annonce aussi que la meridienne de Dorpat doit ctre prolongee. La partie du nord sera exei nice sons lesordres de M. Struve. File commencera a Tile de Hogland, dans le golfe de Sainl-Peters- bourg, traversera tonte la Finlande et ira rejoindre le degre de PAULS. Laponie pres de Torneo. M. Slruve a deja fait un cxamen de- taille du terrain, et ne prevoit aucun obstacle. La deu.rhme note donne les elemens de la nouvelle eomete , calcules par M. B. Waez, d'apres ses prop res observations. Passage au Peribelie. Avril 9 jours, 876, terns moyen, comptc de minuit. Distance du Peribelie 0,9216 Longitude du Perihelie 212% 1 1\ Longitude du noeud 206°, 22' Inclinaison 2i°,i6' Mouvenient direct. Ces elemens representent tous les observations a line mi- nute pres pendant un intervalle de 38 jours : la cometo a passe pres de la terre vers la fin dc mars; la moindre distance a du etre d'environ ■— de telle du soleil. » A. Michelot. r — Academie franfaise. — Seance publique du 29 jiiin, pour la reception de M M. Philippe de Segur et de Pongerville, recem- mentelus. — Une reunion hrillante assislait a celte solennite litte- raire. Au moment ou les membres de l'lnstitut ontpris seance, tous les spectateurs ont cherche parmi eux M. le comtcde Se- gur ; tous out vivementregrette qu'unemaladie tropprolongte lesprivat du spectacle interessant et je crois nouvenu d'un pere accueillanl son fils dans le sanctuaire des lettres; et, lorsque I'historien de la Campagnc de Russie, attribuant son election a la baiilc estime dont une longue serie de services public et de succes littcraires ont environne M. de Segur, a dit que e'e- tail son pere que l'Academie avait de nouveau nomme en lui, d'unanimes applaudissemens ont rendu h omnia ge a ce senti- ment filial, qui est en meme terns untrait remaiquable ilemo- destie. M. Philippe de Seg.ir, qui remplace a l'Academie 1'ran- caise Mi de Levis, son oncle, a fail avec beaucor.p de conve- nance 1'elogo des qualitcs sociales et des spirituelles produc- tions de son predeeesseur. Le resle de son discours a ele consacre a la discussion desnouveaux principes litteraires eta des protestations de respect pour la langue, que Ton aime a entendre de la bouche d'un ecrivain qui s'est distingue par la hardiesse du style et par la nouveaute def- expressions. — Mb Ar- nault, qui presidait la seance, apres avoir, dans sa reponse an recipiendiaire, releve le merite de ses deux grandes com- positions historiques ( VHistoirr de la Cnmpagne dc Hussie el VHistoire dr. P ierre-le-Grand), s'est eleveavec force contre les innovations basardeuses auxqiiellcs se livre la jeune ecole lit- bo4 ihainci:. tenure; cello iucui'sion sur les domaiucs Ju romanlisme a etc t'requemment encourageo parl'auditoirc. — M. de Pongerville, qui venait oecuper le lautcuil de M. de Lally-Tolendal , glis- s ant habilement sur la derniere partie de la vie publique de son predeeesseur, s'est attache a faire ressortir les services qu'il avait precedemment rendus a la cause de la patrie, et surtout les cvencmens dramatiques de sa vie privee. La part que Voltaire a prise a la rehabilitation de la memoirc de I'in- f or tune general Lally a offer t a 1'orateur une transition natu- relle pour passer de I'elogc de l'liomine de genie a l'apo- logie du siecle qui lut en quelque sorte son ouvrage. Cette partie du discours de I\l. de Pongerville a paru lairc une vive impression sur ses auditeurs; nous y avons remarque cette observation anssi prol'onde que vraie, qu'au milieu des syste- mes qui diviscnt aujourd'hui la politique et la philosophic, ceux-la memes qui combattent les doctrines du xvnic siecle suivent encore a lcur insu l'impulsion qu'il a donnee a l'esprit humain. — M. de.Iouy, qui a repondu a M. de Pongerville, s'esl inontre juste appreciateur du merite de ses ouvrages. II a rap- pele, a propos de la traduction de Lucrece, cemotingenieuxde Frederic sur celle des Georgiques : que c'etait l'ouvrage le plus original qui eul paru depuis long-tems; et il a vu, dans l'heureux talent donl M. de Pongerville a faitpreuve en natu- ralisant parmi nous les beautes males de Lucrece et la gra- cieuse poesie de 1'auteur des Metamorphoses, un gage assure de son avenir litter aire. De nouveaux traits lances aux ro- manliques avec la spirituclle malice que l'on jonnait au bon Ermite out excite de rechef lagaitede l'Assemblee. Avouons- le cependant, il est a regretter qu'un accord prealable entre les orateurs n'ait pas prevcnu un retour trop frequent sur oe sujet; il ne taut abuser de rien , pas meme de la raison. En resume, le public a du se retirer satisfait d'une seance oii il a vu s'asseoir a l' Academic deux ecrivains aussi honorables par le talent que par le caractere et dont l'admission est d'un heurcux presage pour les futures elections de ce corps. A thence des Arts. — Prix proposes. — Dans sa seance publique du 25 avril dernier, l'Alhenee des Arts, l'une des Societts litteraires et scientifiques de Paris les plus an- cienncs et les plus actives, apres des lectures interessantes faites par plusieurs de ses membres, a propose pour sujets desprix fondes par feu M. TcnREL, membre de PAthenee des Arts, et qui serodt decernes a la seance annunlic de i85i, les PARIS. 8o5 questions suivanles : i" Classe des sciences: « Definir avec precision le veritable sens du mot civilisation; signaler les principaux caracteres distinctifs de notre civilisation actuelle les lacunes et les abus que Ton peut y remarquer, les moyens de remplir ces lacunes, de combattre ces abus et de les de- Iruire peu-a-peu ; montrer enfln comment on pourrait donner aux progres de la civilisation, dans les differentes parties qu'elle embrasse, une meilleure direction et une impulsion plus rapide. » 2° Classe des lettres : « Presenter un tableau comparatif de l'etat de la prose et de la poesie au xvie siecle, au xvne el a l'epoque actuelle. » — 3° Classe des arts : « Quels sontlesobjets d'arts que nous tirons des pays etrangers et que nous ne fabriquons pas aussi-bien qu'eux, ou que nous ne fa- briquons pas du tout ? Quels moyens aurait-on de fabriquer ces objets?» — L'auteur du meilleur Memoire sur chacun de «es sujets recevra une medaille de la valeur de 3oo fr. Les Memoires devront etre adresses au secretaire-general de l'Atheneedes Arts, a PH6tel-de-ViIle, avantle ier Janvier 1 83 1 . Societe d'Enseignement eUmentaire : Seance publiaueannuelte tenue le iGavril i83o. — Cette seance a ete fort brillante, et l'on y remarquait la presence d'un grand nombre d'hommes distingues. Les colonnes de la salle etaient decorees d'echan- tillons d'ecriture, de dessin lineaire et de couture d'une per- fection surprenanle pour ceux qui savaient que ces objets etaient 1'ouvrage des ecoles elementaires de Paris, d'Amiens, de Nancy, de Gisors, de Liancourt, d'Angers, de plusieurs autres villes des departemens et meme de celles du Senegal. M. (/<■ Lasteyvie presidait. M. de Gerando a lu un rapport sur les tra vaux de la Societe, sur Pextension que sa correspondance a prise, sur les developpemens de Penseignement mutucl en France et dans les autres parties de I'Europe el du monde. Trois jeunes F,thiopiens, achetes par M. DrcvetU, amenespar lui en France et places dans rinslitution de M. Regnaud, a Bourg-la-Reine, ont ete presentes a I'asscmblee, et semblaient appuyer les paroles de M. de Gerando, en qualite d'ambassa- deur d'une civilisation jeune comme eux etcomme cux pleine d'esperances. (Voy. ci-apres un extrait du lapport de M. Jomard surles progres de ces jeunes Etliiopiens.) M. Delacourt a rendu compte de l'etat des ecoles gratuites du departement de la Seine. Elles sont au nombre de vingt-huit, et recoivent environ cinq mille eleves. Huit sont destinees aux adultes. Sur les vingt autres, quatre sont destinees aux fdles. Les recettes se sont elevees a 5o, 197 fr. 92 c. et les depenses '1 !\$.ioj fr. 96 c. 8oti I'UANCE. La Societe de la morale chrclicnne, telle des uielhodes d'cn- scigncment el celle de rcnseiguemcnl rk-meulaire $e soul reu- nies pour fonder un pi ■ixqui sera decern*': au nieilleur Memoire en faveur de la liberie de renseignemeut. Huit Meiuoircs onl ete envoyes; mais la commission nominee par les trois Socie- tes pour les examiner n'a pas cm qu'il y eul lieu a deccrner le prix : le com/ours a ele proroge an icr Janvier i83i . M. Her- piu a lu uu rapport snr les Memoires envoyes. >1. Renouard a prononce ensuile un discours Ires-rcmarquable sur la liberie de l'enseignemenl. L'orateur a ete plusieurs fois interronipu par des applandissemens unanimes, el nous ne resisterions pas an desir de reprodnire quelques-uns des passages qui onl le plus frappc I'aiuliloire, si M. JAenouard n'avait deja developpe avec etendue, dans notre recueil, scs excellentes vues sur ce sujel important (voy. Rev. Enc, t. xl, p. i5 et 265, oetobre et no- vembre 1828 ). — Knfin un prix a ete rends an jeune Rankojf par le president. — Dans rinlervallequi separait chaque dis- cours, les eieves des diverses ecoles que la Societe soulient a Paris, et dans lesquelles la mnsique est enseignee par la me- thode mutuelle, out execute des morceauxd'ensemble ([uionl a la Ibis surpris et charm c l'assemblee. Plusieurs des jeunes inuskiens onl ete remarques pour la beaute de leurs voix : lo-us out fait honneur au professeur qui met taut de zele a re- pandre dans le peuple un art qui peut contribuer a ameliorer beaucoup samoralile : ceprofesseurest M Bocquillon IVilhem. — Education des jeunes E thiopiens envoyes en France. — Extrait d'un Rapport prcsente 1 ur ce sujet d la Societe d'En- sciiineynent elementaire , par une Commission spcciale, cam- posce de MM. Bally, Codtelle el Jomard. — La Commis- sion, nominee pour suivre les progres des jeunes Ethio- piens envoyes en France par M. Drovetti, s'est rendue plusieurs fois a Bourg-la-Iieine , cbez M. Uegnaud , maitre de pension, a (|ui ils out ele confies, le 27 mai 1829. Plu- sieurs Ibis elle a fait counaitre ses observations ; inais elle doit aujourd'hui un compte plus detaille du resultat des soins donl ces enfans out ete l'objet. On s'est occupe de leur intelligence, de leur etat moral et .u MM. Dumersan et Brazier, espico cte manifests clussiquc clans la guerre liltcraire qui se lait aujourd'hui avec tant d'ar- deiif de part et d'aulre, a triomphe, le 8 juin, d'une legere opposition, grace a des details d'une gaite peut-ctrc un pen burlesque, et a quantite de traits spirituels et nialins. Le 22 juin, un autre vaudeville, I'Epce, te Baton et le. Chausson, par MM. Martin et Ferrand, n'a pas eu un sort aussi heureux, quoiqu'on y ait remarque des esquisses de niosurs, qui, pour representer une nature vulgaire, ne manqueut point de verve ni de verite. — Aux Nouveautes, Une ISuit da Due de Mont- fort, comedie en 2 actes, par MM. Frederic etARNOiaT, d'oii la censure a relranche les minis de Charles VII et d' Agnes Sorel, a dii son suites a la musique d'un opera de Bellini, arrangee avec beaucoup de talent et de gout par M. Gide. Au theatre de 1'Ambigu-Comiqie, on a donne, le 5 juin, lea Deuo; Soitfllets, comedie en 1 acte, par MM. Saint- Amand et Henri, que nous citonsici pour memoire seulement; puis, le i5 juin, les Serfs polonais , melodrame en 5 actes, par M. Lemercier, de l'Academie t'rancaise. Les affiches dn bou- levard d.u Temple ne sont point accoutumees a porter un noin eomme celui de l'auteur de Pinto, et Ton donne tres-rarement aux habitues de ces theatres populates des drames qui portent avec eux les beaux developpemens et la hauie coinbinaison que Ton trouve dans les deux derniers actes des Serfs polonais. On sent qu'une main habile et une pensee philosophique out passe par la. A part un style qui manque trop sou vent de simplicite et de naturel, des situa- tions palhetiques el fortes, un denoument, 011 il y a pcut-etre (pielqne exageration, mais dont Tenet est terrible, enfin le jeu de deuxacteurs, Mmt' Dorval et Beauvalet, assurent le succes de cet ouvrage. Le Sournois, melodrame comiquc en 2 actes, par MM. Amcet et Hippolyie, represente, le 27 juin, sur le menie theatre, se tail remarquer par une gaite vivc el de bon aloi, qui lait pai donner quelques longueurs et quel- quesmauvais lazzis. • — On a siffle, a la Gaite, le 19 juin, les Massacres, piece qui a la pretention de fa ire la satire de cer- laiue ecole litleraire, et qui n'est qu'ennuyeuse et ridicule. M&fiOLOGIE. Suede. — Cliurlcs-Giullaume de Leopold, secrctaire-d'Ktat, Commandeur de 1'Ordre de l'Ktoile polaire, un des dix-huil de I'Acadeniie suedoise, membre de l'Academie rovale de-- 8ii M&ROLOGlfc. Sciences, de 1' Academic royale des belles-lettres, de I'his- toirc el des anliquitcs, de I'Acalcmie musicale de Stockholm, de l'Academic italienne de Pise, de la Societe aeademique des arts el des sciences de Marseille, el de la Societe de litterature scaiulinave a Copcnhague. — Leopold est ne a Stockholm , le 2 avril 170 >. Son pere , Charles- Adam Leopold etait alors eontroleur a la douarie de cette ville ; mais il parvint a un grade plus clove a la douane de Norkoping, et le conserva jus- qu'i sa mort, arrivee en 1780. — Comme l'emploi de son pere etait fort pen lucratif, le jeune Leopold nedevait pas s'alten- dre a recevoir ['education dont il eprouvait deja le besoin et dont il etait si capal)ie de profiler. Un hasard lieureux vint reparerce tort de la fortune : un Franoais instruit etabli dans la me*me ville remarqua les dispositions du jeune homme, et forma le projet de les cultiver. Sousce maitre habile, l'eleve parvint en peu de terns a connailre aussi-bien le. francais que sa langtie maternclle. Cette premiere partie de son education influa non-seulement suf ses autres etudes, mais encore sur les evenemens de sa vie. En sortant de l'ecole de Soderko- ping, il entra , en 1773, a l'Universite d'Upsal, od il publia une dissertation \n\.me ;-De Origine Idearum moralium. En 1778, il composa une ode sur la naissance du prince royal Gustave Adolphe. Ce poeme fat pour son jeune autcuiToccasiond'une eelebrite naissante et deja disputee, car son ode fut critiquee par le celebre Rellgren ; Leopold se defendit avec decence et moderation , et la contestation finit par une constante amitie entre ces deux hommes si bien faits pour s'estimer. Leopold etait reduit a gaguer parson travail les moyens de continuer ses etudes et par consequent force de les interrom- pre pendant une partie du terns qu'il aurait voulu leur consa- crer. Gnfm , a force d'economies, il parvint a rassembler une petite somme , qui le nut en efcat de se rendre a l'Universite de Greifswal, oii il obtint le grade de docleur en philosophic, en 1781, apres avoir soutenu une these sur cette question : De Origine juste intrtxluctw proprietalts ; apres, une autre these, dont le sujet etait : Causm cur tot veterum scripta perierint. II fut iiomrae agrege a cette Universite. Quelques tentatives furent faites pour fixer le. jeune savant en Pomera- nie, et l'attacher a la Bibliotheque de la regencede Stralsund ; maisramourdu pays natall'emporta:ilrevint en Suede en 1784, etle savant Liden luiconfia la conservation et la surveillance de la Bibliotheque dont il avait fait present a 1'universite d'Up- sal. Leopold retrouva en Suede d'anciennes connaissances, et par consequent des amis, par mi lesquels on doit citer'princi- necrologie. «i3 palement le baron Elircnhcim , avec lequel Leopold entrolinl une correspondance qui fut communiquee au comte dc Creutz, ami eclairc des leltres et des sciences. Celui-ci tut tellement frappe des talens dont le jeune bibliothecaire don- nait tant de preuves dans ces lettres qu'il parla de lui an roi Gustave III. Le roi fitvenir le jeune homnie a Stockholm, et 1'accueiUit avec une bienveillance particuliere : un apparte- ment lui fut donne au chateau, et les dettes qu'il avail con- tractees dans le terns de ses etudes furcnt acquittees. Introduit dans une societe d'hommes de lettres, parmi lesquels on doit nonimer Creutz, Oxenstjerna , Adlerbeth, Schroder heim, Rosestein , Armfelt, etc. , il fut egalement bien accueilli du monarque et de sa cour. En 1786, le roi institua l'Academie suedoise, et nomma i5 membrcs charges d'en choisir 5 autres pour completer le nombre de 18. Leopold fut du nombre des 5. En 1787, Leopold fut charge de la bibliotheque de Droth- ningholm, et, en 1788, il devint secretaire particulier du roi; des lors sa destinee fut intimement lice a celle du monarque, Bientot Gustave III voulut diriger lui-meme les operations de la guerre, mate ne tarda point a regretter la societe de sa- vans et de gens de lettres qu'il avail laissee a Stockholm. II donna ordre a Leopold de venir le joindre ; etle poete futalors charge, comme les anciens Bardes, de chanter les exploits du vainqueur 011 d'adoucir les regrets des vaincus. Ce fut a cette epoque qu'il composa une ode sur la Vicloire de Hogland ; une epitre en vers sur la Bataille de Uttis et sur le Combat naval de Frcdrilishamn, etc. Au milieu du tumultc des camps, il conti- nua sa tragedie d'Oden, representee, en 1790, au theatre de Stockholm. Le roi ecrlvit a l'auteur a ce sujet la lettre sui- vante, en lui envoyant une bague de prix et deux branches de laurier, cueillies sur le tombeau de Yirgile :« L'auteur de Siri Brahe , en presentant ses complimens a celui d'Oden , le prie de vouloir bien lui procurer un billet de parterre pour de- main, et lui offre ces feuilles de laurier, cueillies, ilyasixans, sur le tombeau du plus granl poete du siecled'Auguste. Elles se sont un peu fanees entre ses mains, mais elles reprendront une nouvelle fraicheur lorsqu'elles seront placees sur la tetc du poete. » A lafin de la guerre, en 1 790, Leopold epousa M11" Sara Pe- tronclla Eehman, fdle d'un conseiller de justice danois. Cette dame n'etaitpas moins instruite que belle, et possedait, entre autres, une connaissance appi ofondie de la litterature fran- catee. 814 NtiCROLOGIE. La mort de Gustavo III priva Leopold d'un nionarque qui lui tonait lieu do pere, et la littcraturc nationale perdit avec lui sou plus solide appui. — Pen apres ce tiisle evenemcnt , l'A«ademie suednise flit supprimee parle ministtre , et Leo- pold s'eloigna de la eapilale jiwpi'au retahlissemcnt de l'Aca- di - in if par le roi Gustave Adolphe IV. Le long oubli dans le- quel le gouvernement sucdois I'avait laisse ful alors eompense par de flatteuses distinclious. — En 1 798 , il fut nomine che- valier de 1'Etoile polaire; en 1799, conseiller de la Chancel- lerie ; en 1 8o5, il fut nomine membre de l'Academie des belles- lettres, de l'hisloirc ct des antiquitos; en 1804, membre de l'Academie des Sciences; en 1809, il fut anobli; en 1 8 1 5, nomme commandeur de l'Eloile polaire; et, en 1818, il recut le titrc de secretaire-d'Etat. Les dix dernieres annees de Leopold furent bien differentes de relies qui les avaient precedees. Les deux epoux furent frap- pes presqu'en nieme terns de maladies qui trouble-rent le bonhenr de leur carriere. — Apres trois annees de soulTrance, Leopold devint aveugle, et sa fern me eprouva peut-etre une perte encore plus douloureiise , car sa raison fut sensil)lement alleree. Cet etat penible cessa avec sa vie, le 3 mai 1829. — Son epoux neluisurvecut pas long-tems ; il la rejoignitle 5no- vembre de la memo annee. — lis ne laisserent aucune pos- terite. Les OEuvres de Leopold sont imprimees en 5 vol. in-8"; mais il a laisse des manuscrits qui sans doute seront bientot publics. — Parmi ses OEuvres dramatiques, Oden et Vlr°\nia sont traduitesen francais, et se trouvent dans les Chefs-d'ceu- vres des theatres etrangers ( t. its, ) — line medaille, frappec pour le 70""' anniversaire de la naissance de Leopold, lui ful presentee par des amis de la litterature, le 2 avril 1826. — Cette medaille presente d'un cote le portrait en bustedu poete, avec cette inscription : Pd Leopolds 70™' fddelsedog (an 70"" an- niversaire de la naissance de Leopold); el, de l'autre , la constellation la tyre, avec cette legende : Lyser orh vogleder (eclaire et guide). Dm. TABLE DES ARTICLES CONTEMS DANS LE GAHIER DE JUIN i83o. 1. MftMOlRES, NOTICES ET MfiLA!NGES. i. De 1' abolition graduellc de I'csclavage dans les colonies europeennes P. A. Dufau. 529 •2. Notice biograpliique sur M. le baron Fourier Vieilh de Boisjoslin. 55a II. ANALYSES D'OUVRAGES. 7>. Theorie analytique du systeine du monde, par M. G. de Pontecoulant 567 4. De l'entendemeut et de la raison, par. J. F. Thurot . . *. 5oo 5. Histoire de la legislation, par M. de Pastoret Alexandre Le Noble. 609 G. Principesd'organisationindustrielle, par J. F. Fazy. J.B.S. 6a5 7. Histoire de la litterature ancienne et moderne , par Fr. Schlcgel Alph. d'Hcrbelot. 6."io III. BULLETIN B1BLIOGRAPHIQUE. Annoncesde 70 outrages, franfuis el etrangcrs. AMERIyUE SEPTENTRlOiNAJ.E. EtatS-U llis, 1 652 — Mexique, i 65g Europe. ■ — Grande-Bretagne, 7 664 — Russia, 1 676 — Allemagne, 6 681 — Suisse, 4 688 -- Itatie, 5 6g5 - — Pays-Bas , 5, dont 1 ouvrage periodique 702 France, l\a , savoir : Sciences physiques et naturellcs, 8 707 — Sciences religieuses, morales, politiqnes et historiques, 19. . . 721 — Litterature, 11 75o ■ — Beaux-arts, 2 765 — Memoires et Rapports desocietts saoantes, 2 767 — Ouvrtiges pdriodiques , 1 770 8i(> table i>rs Aini<.r.r>. IV. NOUVELLES SCIENT1FIQUES ET LITTERAIRES. Amehique SErTENTiuoNALE. — Etals-Unis : Troisiemc rapport annuel du president et des directeurs do la Compagnie du chemin de fer de Baltimore a VOIiio. — Society biblique. . 775 Asie et Afriqoe. — Notice cbronologique et genealogique des prii\cipaux souverains de l'Asie et de l'Af'rique septentrio- nale, pour I'amTee 1800 775 EUROPE. Grande-Bretagne. — Londres : Etablissement d'unc Societe geo- graphique . , 779 RussiB. — Publication de romans bistoriques 782 Pologne. — Etat et progres de la lilterature pdriodique ; Indica- tion des jouriiaux et des ecrils periodiques publics en Po- loguc 780 Allemagne. ■ — Suite des documens relatifs a la statistique mo- rale de la monarchic prussienne ; Instruction elementairc et superieure ; 791 Grece. — Situation precaire et penible. — Egine : Fondation cTun Musee 794 France. — Departemens : Marseille (Bouches-du-Rhone ) ; Prix propose 797 Paris. — Inst it ut : Academie des sciences : Stances du mois de iuin 1800: Academie francaise : Seance publique du 29 iuin pour la reception de MM. de Segur et Pongerville. . — Athenee des arts : Prix proposes. — Societe denseigue- ment elementairc. — Education des jeunes Elhiopicns envoyes en France. — Reclamation de M. Jomard. — Cbronique des tbeatres pendant le mois de juin i85o. . . 798 Necrologie. Suede : Charles-Guillaume de Leopold 811 TABLE ANALYTIQUE ET ALP H A B ETI Q UE DES MATIERES DU QUARANTE-SIXIEME VOLUME DE LA REVUE ENCYCLOPEDIQUE. Avril, Mai, Jcin i85o (*). On a reuni am quatre mnts indicalil's des qdatek gbandes divisions da ce Recueil : I. MEMOIRES, NOTICES ET MELANGES; II. ANALYSES ET EXTRAITS D'OUVRAGES CIIOIS1S; III. BULLETIN BIBLIOGRAPII1QUE; IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET L1TTERAIRES; lc detail it le renvoi des articles qui s'y rapportent; puis on a caraclcrise res articles, a la suite du nom de leurs auteurs, par 1'une des quatre abrevialions ci-apres : M. (memoires et notices) ; A. (analyses); R. (BUL- LETIN BlIiLlOOKAPHlQCE) ; N. ( NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTER A IBES. ) La designation C. apres les noms propres indique les collaborates s de la .Revue, lorsqu'il s'agit des articles qu'ils out f'ournis. An lieu de pompieqdre sous la denomination generale sciences et arts (cpairae dans nos quatre. tables des matiires de l'annee 1S10) ('indication des dilierenles sciences dont traite ce volume, on a crn devoir, pour rendi e les rechercbes plus faciles, et pour mieux caracteiiser le but philosophique de la Heine Encyclopediijuc , ouvrir un coir.ple particuliei et special, in Litres capilates , nonseuleuient a cliacune des brancbes des eonnaissances humaines : agriculture , a.\at, >mik , etc. ; a cbacun des elemens esscntiels de la civilisation et des moyens piincipaux de communication eotre les homines: academies et societes savantes, dictiokkaires, ensbignembnt mctuel, instbuction poblique , journaux, theatres, elc. ; mais encore a cbacun des pays dont il est fait mention dans ce Recueil ; de mauiere qu'nn puisse lappiocber et comparer lour a tour, soit I'clat des sciences et des clemens de la civilisation dans cliaquc pays, soit les nations elles-memes, sous les dil'ferens rapports sous lesquels on a eu occasion de les considerer. Abel , de Cbiistiania. L'Acade- mie des sciences de Paris lui de- cerne le grand prix de malhe- matiques, S02. (* On souscrit pour ce Recleil scientifiqie et litter aire , dont il paraitun cahierde quaiurze feirilles d'irapre'Ssion tons les mois, auBm.EAt central d'abgn- KEMENT , rue de l'Odeon , nu 18; clic-z Arthls Bertram), rue Hante- feuillf, n» 28. et cliez Renouard, rue de Tournoo , n° 6". Prix de la sousrrip- tion : a Paris, <^6 fr. pour un an; dans les deparlemens , 53 Jr.; 60 fr. dam l'Etranger. t. xlvi. 5a 8l8 TABLE ANAXTTIQCE AsYsaimB, 777. ACADEMIES. V Oy. SoClETESSAVANTKS. Adam ( Adolphe). Voy. Daiiilnn a. AdnosOD (M11"' Aglae). La mason de campagne, 17 j. Adi icn-Lalasge (J.) , C. — B., 457. Akoamstain , 77^- Apbiqce, 3io , 775. A KRICULTl'RE, I 67,?. 'S-,4 l4>474»6j>5. Alaux,peintre. L'Abbaye de West- minster, tableau du Neorama de Pat is , 5 18. Aldini, invenleur des moyens pour preserver les pompiers de "ac- tion de la damme dans les incen- dies. L'Academie des Sciences de Paris lui decerne le prist de buit mille Cranes, 5o5. — Experiences t'aites a Londres pour perfeclionncr Tart de se preserver de Taction de la 11am- me , 716. Alger {Causes de la rupture avee). Voy. Laborde. — Tableau du royaume. Voy. Re- naudot. — (Histoired')etdu bombardement de cette ville, en 1816, pag. 202. — Esquisse topographique. Voy. Perrot. — Voy. Souvenirs d'un o dicier fran- cais. — (De l'expedition centre), par J. C. L. de Sismondi , M., 275. — ( Vue et plan et de la ville d'), etc., par J. G. Barbie du Bocage , 43S. Allard. Voy. Shylock. Allemagne, i45, 208, 4°4j 494, 681, 791. Almanac (The christian) for New- York, 384. Amir Khan and other poems, by Lu- crctia Maria Davidson, i5o. AjlERlQUE MERIDIONALE , 22(), 484- SPPTEIVTRIONALE, 122, 22S , 385, 482, 65a , 773. Ampere (J. J.J. Del'Histoirede la Poesie, Discours prononce a TA- thince de Marseille , 4s/- Analyses (1 1.1 d'ouvrages at/c- mnnds : Manuel de I'liisloiie de la philosophic de Tcnnrniann, traduit en francais par Cousin [Adolphe (iiirn'ur) , 5j. — His- toire uoiverselle de Tantiqnile, par Sclilnsser , traduite en Fran- cais par Golbery (D.-G.), 543. — Hisloiic de la lillcrulurc an- cienne et moderne, par Frede- ric Schlegel , tradnite en fran- ca is par William Dnckett (At/>h. d'Berbolot, 63i. — d'ouvrages anglais : L 'empire de la Grand e-B/etagne, en iSsS, par lc Rev. J. Goldsmith ( A. Mahal), 76. — d'ouvrages belgiques-francais : Rapport sur lis Institutions de bienfaisance des Pays-Bas. — Rapport sur l'etat des Ecoles su- perieures , moyennes et piimai- res {A. Qttetekl), 28. — d'ouvrages frwnfdh : Campagne des FraucaiS en Allemagne, an- nee ) 800 , par le colonel de Car- rion-Nisas ( iS't car (/), 38. — Essais sur Thisloire de l'esprit bumain dans Tantiqnile , par Bio (Al- phonsc d'llcrbclot), [).{. — L'im- mortalile de Tame, poeme , par de Norvins (a), 107. — OEuvres postliumes de Gaulmier [&)3 1 12. — Journal d'un voyage a Tem- bociou et a Jenne, par Rene Caillic (Chauvet), 5 10. — Ta- bleau dela constitution politique de la monarchic franc aise selon la Cbarte, par A. Mahal [D.M.), 335. — L'Astronomie , poeme* par Darn (Y. Z.),jj?>. — Theo- rie analylique du systeme du monde, parj.de Pontecoulant , 567. — De Tentendement et de ia raison : Introduction a l'e- tude de la philosophic, par J. F. Thurot (*), 5go. — Histoire de la legislation , par le marquis de Pastoret {A. Le Noble) , 609. — Principes d'organisation iudus- DES MATlEREs. ti ielle, par J.J. Fazy (J. IS. Say) , 625. — d'ouvrages polonah : Poesies d'A- dani Mickievicz, traduites en francais par Miakowski (-1 Ful- gence {Alj>li. d'llcrbelol) , 556. Anatosiie (Nouveau Manuel d'), par Ernest Alexandre Lautli, 712. Ancelot. Voy. U11 An. Ancillon (Frederic). Eisai sur la science et sur la foi philosophi- que , 443- AnJral (G.). Voy. Clinique medi- cale. Angleturiie. Voy. Grande-Breta- GNE. Anicet. Voy. Convent de Tonning- ton. — Joy. Sournois. Annuaire astronomique de Berlin pour i83o, publie par J. F. Enc- k«, 45. — du departement de la Sarthe , 721. — Stalislique du departement de la Vienne , 459. Antiquites. Voy. Archeologib. — (Nouvelle decouvertes d') f'aites pres de Kretch, 491- — expliquees par le Dr Labus, de Milan, 496. — ( Recherches des) nationales en Autriche, 2jS. — romaines (Esquisse des), par Frederic Creuzer, i5o. Anvers. Voy. Marschall. Arago. Voy. Nominations academi- ques. Arbre(Nouvel) donnautun lait bon a boiie , 244- Archeoi.ogie, i5o , 49 • ■> 492 , jG5. Architectub-e moderne de la Si- file, etc., par J. Hitloill' et L. Zanth, 217. — antique de la Sicile , par les me- mos , 21S. Archives des decouvertes et des in- ventions nouvelles, etc., 171. Argentelle (Robillard d'). Voy. Car- porama. 8.j> Amott (Neil). Vny. Philosophic na- turclle. Arnoult. Voy. Une Nuit. Arseniures d'hydrogene. Vox. Sou- beiran. Art militaire, 5S , 200, 5io, 742. Arts industries, 171 , 25r). Ascetique. Voy. Sciences BEL10IEC- SES. Asie, 775. Assainissement de Vincenncs et de Clichy, 714. Astkonomie, i45, 58i, 567. — pratique; Usage et composition de la C'oiinaissancc (/ex le»is, par L. B. Francoeur, 4->i. — ( L') , poeme , par I'. Daru , A., 375. Athenee de Deventer. Celebration de son second jubile, iyS. — des arts de Paris , 804. Atlas geogiaphique , ecclesiastiquc et departemental de la Frauce, etc., par Charles, 187. — historique et bLbliograpbique de la medecine, par Casimir Brous- sais, 423. Atlendre etcourir, opera comique, par Fulgence et Henryr, 5 16. Au Boi et auxChambres, etc., par Alex, de Laborde , 198. Aux artistes. Voy. Beaux-Arts. Aubergc ( L'j d'Auray , opera , pai Fulgence et Henry, 5i6. Auger. Voy. Procedure civile. Aumer. Voy. Manon Lescaut. Aventures (Les) de Hatim-Tai , ronian traduil du persan en an- glais par Duncan Forbes, 137.. Aveugles, 5o5. BL Badakhschan, 779. Baillie (Miss). Voy. Manage du grand munde. Bail lydeMerlieux. Association orga- nises a Paris pour la propagation des connaissances utiles , -i56. Bal ( Le) de l'Avoue , on les Qua- 820 di illi's historiques , cuuiedie-vau- deville, par Duilos et Leon, 261. Bald. Module en relief de l'ile Claie , 25i. Balk, 778. Ballaiiche. Gdivres , 462. Barbarik, 198, 907 , 273, 45S.' Barberi. Voy. Mosaique monumen- tale. Barbie du Bocagc (J. G.). Voy. Alger. Barbier (Charles;. Melhode d'en- seigncment primaiie a 1'usage des aveugles et des sourds~muets, 5o3. Batlisti (M»« Edvidge de). Voy. Marie Stuart. Baudelocque ( A. C). Voy. Pthito- nile puerperale. Bayard. Voy. Ma fenime el ma place. — Voy. Philippe. Bazzoni (G. Bv). Falco de la Ro- che, nouvelle historique italien- ne, i65. Bfacx Arts, i54, 166, 216, 262, 518,76.5. — ( Du passe et de l'avenir des). Aux artistes , 204. Becker (Felix). J'oy. Chansons. Beethovven. Voy. Fidelio. Belle et Bossue, on le medecin or- thopediste, vaudeville, 261. Belles-Lfttbes. Voy. Literature. Belloc ( Mme Louise -Swanton) , C. — B., i33, i|o, 399, 667 , 676, et les articles signes : L. Sw.-B. Belloti (F.). Tragedie d'Euripidc, Belocjtchistan , 77S. Beltrami. Voy. Reclamation. Benecke. Voy. Bentham. Bennati. Memoire relatif an meca- nisme de la vuix humaine dans le chant , 5o2. Benlhams Grundsiilzc der Civil and Criminal Gcsetzgeliung, iibersvtzt von F. E. Beneche, 682. eranger (Chansons de), tradui- rABLK ANALYTIylE tes en allemand pat Philipr inc Fngelhard, 688. Bercht. Voy, Schlosser. Berbery (C.L. ). Voy. Economie indusli ielle. Berliner asironomisclus ■Jahrbuch, i45, Bertha's visit to her uncle in Eng- land, 393. BtSSA RABIE , 4-00. Beuehnt. Voy. Voltaire. Beudant ( F. S.). V. Mineialogie. Bible de Vence, en latin et en l'ran- ^ais, etc., publiee par Drach , i3* volume , 190. i4c et 22e volumes , 4 Ji. Biri.iographie , 122, 583, 409, 65a. Bibliulheque agraire, on Instruc- tions choisies sur I'asricultlire , t. xii , par J. Moretti et C. Chio- lini , 1 1 1 . — de lamille , G64. — des counaissances asrieables, 667. — laline francaise, publiee ]>arC. L. F. Panckoucke, 7S6. — (Nouvelle) univeiselle des ro- mans , 761. Bigame ( Le) , ou Toinette et Ste- phanie, melodrame, 517. Bignan (A.). Voy. lliade. Biographie, i36, i53, 1A4, 160, 161, 197,453,484) 552,(>G4, 672, G83, 687,749. Blanc (Ldmond). Voy. Vivien. Blumeubach, prolesseur a I'univer- sitS de Coettingue, fonde line Louise en faveur des etudians en medecine , 208. — Voy. Nominations acadejiiqces. Bocrncs Ccsamtnclte Seluiften, 407. Boisle(P.C.V.). Voy. Dictionnaire universel. Bokhara , 779. Bolivar (General). Coup d'oeil ra- pidesursa conduite, et apprecia- tion im parti ale des accusations dirigees contre lui , 484- Bonnelier (Hippolyte). Voy. Guy- Eder. t>Ks MATIERES. Borde (Leon dela). Voy. I'lai. Its du motil Sinai. BoTAIUQUE , 244 ■> 25 1 , 421- — ^Glossairc de), par de Theis, So 2. Bouchene-Lefer, C. — B., 44®. Bonlgaiine. Voy. Lettre. — Le faux Drnilii, 782. Bounin (Polydore). Esquisses in- fernales ,211. Bowdilch ( INalhaniel ). Voy. La- place. Braise (Danger des vapeurs de la), Bran.billa (A ). Voy. Eloge. Brazier, toy. Brioches. Bresil, 4jo , 685. — ( Notes sur le ) , par R. Walsch , 389. Brioches (Les) a la mode, come- die-vaudeviile par Duuiersan et Brazier, 81 1 . Broussais (Casiinir). Voy. Alias his- toiique. — (F. J. V.). Examen des doclrt- nes medicales el des systemesde nosologic , 4s5. Brunsv\ick. / oy. Ecole du pauvre. BlILLETliN BlBLIOCIlAHIQl'E(llI) : Al- leniagne, i45, 4o4,68i. — Dane- mark , 40J. — Klals-Unis , 122 , 585, 602. — Fiance, 170, 42l» 707. — Grande-Bretagne , i33, 388, 664. — Italie, 160, 4i4, 6g5. — Mexique, 5S6 , G5g. — Pays-Bas, 166, 4 18, 702. — Rus- sie, i4> , J99, 676. — Suisse, 107, 688. Byron (Lady). Reclamations cou- tre les fails avances dans les Menioires de lord Byron , par Moore , 2.36. — (Lord). Voy. Werner. C. Caittau et Guillon. Colleclio selecta SS. Ecctetim Patrttm , etc. »a4 i 48o. 821 Caillie (Bene). Journal d'un voyage a Tcmhoclou el a Jenue, avec des,rein9rqjues geographiqu.es par Jomard , A., 5io. Caisse d'epargnes de Paiis. Voy. ISavier. Voy. Portal. Galmcbaphik , 220. Cambreleng. Voy. Rapport. Caniille, ou lc Patriotlsuie , tiage- dir, par Fred. Galleron , 210. Campagne (IJisloire de la) de iSi3, par de Norvins, 74 v. Gampagnes des Francajs en Alle- magne , annee 1800, par le co- lonel de Carrion-lMsas , A., 38. Cancer (Traitement du). f'oy. R6- camit r. Candulle (Aug. Pyr. de). Memoire sur la famille des ombellifeies, 42.. Canlon de Yaud. Petitions adres- seesau Giand-Gonsei] de ce Can- ton , 68S. — Conslilulions qui, depots 1798, ont leyi ce Canton , ibid. — sur le projet des chaugi-niens a apporter an systeine electoral de ce canlon , ibid. — lappoit de la Commission du Grand-Cunst-il surer projet , GSq. Cardeurs ( Les) , ou Patciotisnae et Vengeance, rnnian illandais, par Crowe, traduil en francais par It. J. B. Defauconprel , 4G7. Cardin.il ( Le ) de Kiclielieu, cliro- nique liiee de l'liistoii e de Fian- ce , traduil e de 1'anglais, j(>3. Carmouche. Voy. Manon Lescaut. Carpuiama.ou collection* des plan- tes el fruits de 1'lnde , par feu Robillard d'Argcntelle , 263. Ganion-Nisas (Col.de). AW. Gam- pagnes des Francais. Caachy. Theurie generate du iuou- venienl de la lumiere, r» 12. — Tbeoi ie des nombres , 5o5. — Formules relatives a la dispersion de la lumiere, 799, 801. — Transformation el reduction H22 TAM.K d'une certaine dasse d'iutegra- les, Si ii i. "Cederschjold ( Picne - Gustave ). I'liy. Nominations ACADEMIQl ES. Cephalopodes. Voy. Mottusques. Cerati ( Ibbe). I'oy. Usurpations sacerdolales. Cliaillol, Surene el Charenton, pa- rodie de la Christine de Dumas, 262. Chambeyron , C. — B., 659. Champ de balaille oil Cesar delit les Nerviens. Voy. Le Glay. Champollion jeime. Voy. Nomina- tions ACADEMIQIJES. Chansons de Felix Becker, ouvrier menuisier, j5g. Clianls polonais, nationaux et po- pulaires, publics par Albert So- winski , et traduitsen francais par G. Fulgence et J. de Fremont, 47>- Charles. Voy. Atlas geographique. — Voy. Madame Gregoire. Charpentier. Monographie relative a 1'hydrocephale aigue des en- fans , a5i. Chasse de Saint-Taurin. Voy. Le Prevost. Chateau (Le) de Falaise, poeme, par Alphonse le Flaguais , 210. Chateaubriand (V. de). Voy. CEu- vres completes. Chauvet, C. — A., 010. Chemin de fer de la Loire, 245. de Baltimore a 1'Ohio, 775. Chene frappe de la foudre, 49S. Cheval (J. B.). Besolulion du pro- bleme de la quadrature du cer- cle , etc., 1-2. ChiMIE, 250 , 252, 5oi. Chine , 669. Chiolini (C). Voy. Moretti. Chiburgie, 1S2 , 4^6, 42S- Voyez aussi Sciences medicales. Chocnlat ( Perfeclionnernent dans la Fabrication du), 259. Chodzko (Leonard). Les Polonais en Italie, /p4. — Voy. Pologne. ANALYTIQUF. GtlOLEHA PESTILENTIEL, 298. Chobogbaphib , 5 1 5. ClIRONOI.OGIB , 453. Ciceii. Voy. Manon Lcscaut. Ciceron. Voy. QEuvres completes* Ciineiitrr national (Projet d'un) aux environs de Londres , /|oo. Clinique medicalc, ou cboix d'ob- sci rations recueillies a I'hopilal de la Cliarile , par G. Amlral , Clotilde, esquisses de 1S22, pu- bises par le conipte Gaspard de Pons, 2 1 5 . Cloitdestey, a tale, by Ihe author of Caleb rViltiams (Godwin) , 108. Cohen ( Jean ). La religieuse de Mi in /a. ^12. CoLOMBIE, 484- — Expose sommaire des progres. qu'a 1'aits cette republique , 229. Commerce , 147 , 195 , 44° > 4^4- — des Elats-Unis, 652. — entre le Levant et 1'Europe. Voy. Depping, Comptoirs des marchands de vin de Paris, ji7>. Condcr (Jo.iiah). The modern Tra- veller, 1 33. Congees de Vienne (Histoire du ) , par Flassan , 741. Connemara (Le), ou une election en Irlande , roman irlandais, par Crowe, traduit en francais par II. J. B. Uel'auconpret , 469. Conseil de salubrile de la ville dc Paris. Voy. Moleon. Constitution politique (Tableau de la) de la monarchic fiancaise se- Ion la Charle, par A. Maluil, A., 355. Contes. toy. Bomans. — et nouvelles, par Merville, 4('9- Contrainte par corps. Voy. Cri- v.lli. Contremoulins. V. Souvenirs d'un ofheier francais. Conversion (La) d'un Bomantique, manuscrit de Jacques Dclorme. publie par A. Jay, 75a. I)ES MATIERES. 8a!» •CorpAi juris ciiitis Academician pti- risiense, c\c.,ed. C. M. Galisscl, 48o. : Coucher (Le) dc la mariee, vau- deville, par Felix, 261. Courcy. Voy. Manon Lescaut. Coins de litterature professe a Lau- sanne et a Geneve par M. Mon- naid , 23o. — ouvert a Vannes (Morbilian) pour lYnseignement des sciences naturclles , 242. — de litterature franr.aise , par Vil- lemain , 458. Cousin. Voy. Tennemann. 1 Couvent (Le) de Tonnington , ou la Pensionnaire anglaise, melo- dranie , par Victor Ducange et Anicet, 517. Cramer. Zitr Gcschiclrtc Fricdrich IVilhems I und Friedrichs II, Kce- nigc von Preusscn, 6S3. Creuzer (Friedr.). Ahriss der riimi- schon Antir/uiliiten, i5o. Crivelli (J. L.). De la contrainte par corps, consideree sous le rapport de la morale, de la reli- gion, etc., 44"- Crombie's (Alex.) Natural theolo- gy, »36. Crowe, toy. Cardeurs. — Voy. Connemara. Crustaces. Voy. Milne-Edwards. Ccjlte. Voy. Sciences beligielses. Cunningham (Allan). The life.i of the most eminent British Painters, Sculptors and Architects, 664. Curtet. Voy. N^cbologie. Cuvier (Baron), de l'Institut , C. — M., 5. ]). Daguerre , peintre. Une scene du Deluge, et une vue de Paris, ta- bleaux du Diorama de Paris, 5 18. Daldini (Sanlino). Viaggiodi Terra Santa , 4i5. Dalloz. Voy. Jurisprudence gene- rale. Danemark, 4o5. Danilowa , opera, par Vial et Paul Duport, musique d'Adolphe A- dam , 260. Dante Alighieri. La divine Come- die , tiaduile en vers IVancais par Ant. Descliamps , 207. Daru (P.). Voy. Astronomic Davidson (M'1' Lucretia- Maria). Voy. Amer Klian. Decolvertes, 171, 244- Decrusy. Voy. Lois francaises. Defauconpret (H. J.B.). Voy. Car- deurs. — Voy. Connemara. Delaporte. Voy. Pontsenfer. Uelaville, Voy. Vieux Mali. Deleau. Memoire sin le traitemenl des maladies de l'oreille , etc., 248. Delile. Voy. Plantes du mont Sinai'. Deluge (Le), drain e bistorique, avec des cboeurs, par Augustin Hapde , 517. Depping (G. 15.). Ilisloire du com- merce entre le Levant et 1'Euro- pe , 454- Dernier jour (Le) de Deuil , vau- deville, par Vai ez et Desvei giers, 5i7. Descliamps (Ant.). Voy. Dante. Description topogi apliique de la cliatellenie du Val-de-Travers , ,5?. Dessin (Les vrais elemens du), enseignes en seize lerons, par J. P. Voiart , 216. Deslailleur ( Adrien ). Voy. Obser- vations morales. Desvergiers. Voy. Dernier jour dc Deuil. Deux Soudlets (Les), comedie, par Saint- Amand et Henri ,811. Devaux (H.). Voy. Lettre. — ■ — Voy. Liberie de suffrage. D'Herbelot ( Alph.), C. — A. , 94 , 556 , 65i. Dictionnaire bibliographique des savans, liistoriens,gens de lettres de la France , par Querard , 4%- 8a4 iai — demedecioe el de chimrgie pra- tiques , 4a a. — topngraphique, liistoi iquc et sla- tislique (In dcparlcment de la Sartue, par .1. H. Pescbe, 187. — univcr.-i'l de la langtie francaise, par P. C. V. Boiste, 7S0. Dindorf. Voy. Georgius Svncillus. Dior ami de Paris, 5 18. D 1 p LU m a 1 1 B ; , 7 i 1 • Discours pronunceii I'ouvei hire iei conferences de la bibliotheqne des avocats , par Dupin aine , >94- Distribution dVau, a domiciledans Paris. I'oy. Mallet. Dobcll's Travels in Kamschatka and Siberia, 669. Doering. Voy. Wit. Doctrines medicates (Exame'n des). Voy. Broussais. Drach. Voy. Bible de \'ence. Droit. Voy. Jurisprudence. — civil, 48o, 682 PENAL, 483 , GS2. PUBLIC , 3o5. BOM A IN, 480. (Histoire du) au mnyen age; par C. de Savigny, tradnite de Pallemand par (Charles Guenoux, 728. Di'Ouineau (Gustave). V/jy. Fran- chise de Bimiui. Ducange (Victor). Voy. Convent de Tonnington. , Duckeli (William). Voy. Schlegel. Duclos. Voy. Maiice a i'encan. Duels judiciaires Voy. Le Glay. Dut'au (P. A.),C. — M., 59«/. Duflus. Voy. Bal (Le) de I'Avoue. Dui'our (Leon). I oy. Nominations ACADEMIQUKS. Duiac. Voy. Shylock. Dnlong. Voy. Nominations acadi!- miques. Duuias (J.). Lettre sur It's pbeno- mencs que le clilore et l'acide acetique produisent l'un sut I'au- tre, 200. Duuicisaii. Voy. Brioches. NAI.YT1QUF. Diiinont d'Urville (Jules). Voyage de la corvette I'Astrolabe, i83. Diipeurey ( L. J.). Voy. Lesson. Dupeuty. Voy. Madame Gregoire. Dupin aine. I oy. Discours. Notice sur la vie de A. G. J. Gautier, 107. Dupoii (Paul). Voy. Danilowa. Dupras. / Oy, Ecojg preparaloire. Dureau de la Malle. Meinoiie sur le develnppemcnt des I'acultes in- tellectnelles des aniuiaux , 499- Eckstein (Baron d'). Le Catholi- que, 770. Ecole preparatoire d agriculture reunic a ('institution de M. Du- pras , a Paris , 25y. — (L') du Pauvre , coniedie , par Brunswick et Maillant, 260. Ecui.es de la incinaicliie prussienne, — dans les Pavs-Bas. Voy. Bapport. ECONOMIE DOMESTIQUE, 174. — iNDusTBiELi.E, par G. L. Bergery, POLITIQUE , 45o, 4' 3, 625,671. RURAI.E , 499- J^COSSE. VOS, GRANDB-BfiETAfiNE. Eciituies ( Principes des) en carac- teres oidinaires et caiactercs moulcs, par F. C. N. Marie, 220. Education, !i()3 , 725. — des jeunes Elhiopiens envoyes en Fiance, S06. Ecvpte , 5 111. Ekstrom (J.F.etT. U.). Voy. No- minations ACADEM1QUES. Elections , 70J. El ge d'Alexandrc Brambilla , par G. A. Bigoni ,701. Eloquence de lachaire, 224,480. Emancipation ( De I') de I'enseigne inent priniaiie dans le royaume des Pays-Bas , 4'9- — des juil's dans les Pays-Bas, /\'jj. Emprisonnement solitaire ( De I') am Ktats-Unis, par Charles Lu- cas , INI., 23. Encke (J. F.). Voy. Annuaire as- rnonomique. Encvblopbdie britannique. Septie- me edition , publiee par Napier, 388. Engelbard (Mmc Philippine), nee Gallerer. Voy. Beranger. Entendement (De 1') et de la rai- son , par J. F. Thurot , A., 5yo. Epee (L'), 'e Baton et le Chaus- son , vaudeville , par Martin et Fri rand ,811. Esclavage (Del'abolition graduelle de I') dans les colonies europeen- nes, P. A. Dufau , M., 529. Esquisses inf'ernales , par Polydore Buunin ,211. Etats-Ukis, 23, 122, 228, 383, 4S2 , 652 , 7^5. Ethnogbaphie, 089, 4j°> 6G7, 685. Euripide (Tragedies d') traduites en ilalien par Felix Bellolti, 702. Fables anciennes et niotlernes, franchises et elrangeres, dont La Fontaine a traile le sujet, par J. L.Prel et J. F. M. Guillaume, 464. Falco delta Rape, o la guerra di Musso, per G. It. Bazzoni, ifi5. Farcy (Charles). Leltr« a M. Vic- tor Hugo, 458. Favote in prosa ed in verso, di Celes- tino Galti, 226. Fazy (J. J.) Voy. Organisalion in- dustrielle. Felix. Le Coucher de la Marice, 261. — Mariee (La) a l'encan , 261. Fcrrand. Voy. Epee. Fetis (F. J.). Voy. Memoires. Fidelio, opera allemand, par Beet- howen ,517. FlLVRE JAUKE , 3o(). Fi '■ nets, 3. .2, 67 1 . DES MATlERIiS. 8a5 Flassan. / oy. Congres de Yienne. Flourens. Memoire sur le mecanis- me de la respiration chez les pois- sons , 246. Flute (La), poesies russes de A. Redkine, 142. Foe (Daniel de). Voy. Wilson. Foi philosnphique. Voy. Ancillon. Forbes (Duncan). The Adventures of Hatim Tai , 1 3y. Fourier (Baron). Voy. Notice bio- graphique. Analyse des Equations deler- minees, 800. France, 170, 184, 187, 195, 242. 3o2 , 555 , 42 1 , 498 , 707 , 742 , 797- — (La) litteraire, etc. , par J. M. Querard, 469. Francceur, C. — B., 171, 221, 422. — Voy. Astronomie pratique. Francoise de Rimini, tragedie, par Guslave Drouineau , 809. Frederic. Voy. Une Nuit. Fremont (J. de). Voy. Chants po- lonais. Fulgence (G.). Voy. Mickiewicz. — Voy. Chants polonais. Fulgence. Voy. Auberge d'Auray. — Voy. Attendre et courir. G. Galatee (Nouvcau). Voy. Gioja. Galisset (C. M.). Corpus juris. Galleron (Fred.). Voy. Camille. Galli (C). Voy. Favole in prosa. Gama ( J. P.). Traite des plaies de tele et de l'encephalitc, etc., 4^6. Gambart. L'Academie des science! de Paris lui decerne le prix d'as- tronomie , 800. Gambey. La meme Academic lui decerne une mednille , 800. Game of life (TheJ, by Leitch Rit- chie, 397. Gamier ( Adolphe), C. — A., ">|. — B.,446. GaSC. Vov. RECLAMATION. 8»6 TABLE AN Gaulmier (A. K.). Foy. diuvies posrhumes. Gautier (A. G. J.I. Foy. Dupin aiue. Gence. Foy. Meditations religieu- ses. Genieys. Kssai Bur le> moyens de conduire , d'elevcr cl de distri- buter les eau%, 172. Geodesic , 8o9i GeolIVoy-Saiiit-Hilaire , de l'lnsli- tut, C. — M., 20. — H., 712. — Foy. Philosophic zoologique. Geographie, i33, 18 J, 167, 599, 4oo, 4j8 j 667 , 708, 779. Feyei atissi Voyages. Gcorgius Syncellus el Nicephorus C. f>. ed. Dindorf, 4o6, Giqja (M.). l\noro Galalco, 700. Giuli (Giuseppe). Slalisliea agraria Jella Fatfll-Chiana, 6y5. Gleig (Georgo)t- The life of major- general sir Thomas Munro, 672. Goethe. Foy. Wilhelm Meisler. Godwin. Foy. Cloudcslcy. Gohier (Louis Jerome). (/oy. Ne- cboi.oc.ie. Golbery (P.),C — B., 181, A07, 4.3,767. — Foy. Histoire universelle. Goldsmith (The Rev. J.). The Bri- tish empire in 1828, A., 76. Grammaibe de la langue danoise , etc., par Erasmus Rask, ,'[o3. — generate. Philosophic de la lan- gue fiancaise, par B. J.. /j"<5. Grakde-ISretagne , i35, 20G, 3o2, 588, 450,490, 664, 779- (L'empiredelaJ, en 1S2S, par le Rev. J. Goldsmith, A. , 76. Gravcbe , 219. Gbece. Sa situation precairc et pe- nible, 79/1. Grouvelle et Jaunez. Guide du Chauffeur et du Proprietaire de machines a vapeur, etc., 718. Grubbe (Samuel). Foy. NOMINA- TIONS ACADEMIQI'ES. Guciioux (Charles). Foy. Droit ro- main. AIYTIOlir. Guerio ' Jolcs ) adresse a l'Acadr- inie des sciences de Paris une let- lie Bar la decouverte de la Sali- cine , a j j . Gnillaume (J.F. M.). Foy. Fables. Gaillon (M. .\. S.). /'oy. Caillau. Gustal-Laedericb (M""'). Foy. Mi nia I inc. Suy-Eder, on la Ligue en Basse Bretagne, par llippolyte Bonne- li.i , 468. Gyllcnkmok (Axel. Gustave. Foy. NOMINATIONS AC \DBMIQHRS. Harmonies poeliques et religieu- ses, par Alphonse de Lamartine, 757. Hartmansdorff ( A. de). Fay. No- MINAT10NS ACADEIUIQUES. Haitzinger. Acleur allemand, 5iS. Harevy. Foy. Manon Lescaut. Hapde (August in), I'oy. Deluge. Heeren. Ideen iibet die Politik , den Fcrluhr undden Handel der ror- nchmstcn Father, etc., i4 ~- — Mi-int t linage traduit en liaii cats par W. SucJ.au , 190. rlemorrh ides. Foy, Moulcgre. Henger (L\). I'oy. Holbein, Henri. Foy. Auberge d'Auray. — Foy. (Vttendre et courir. — Foy. Trois couche.es. , — Foy. Deux souHlrls. Hereuu (Edme), C. — B. , 45, 4o3 , 765. — IS . , 7S3 , et les ar- ticles signes e. h. Hericart de Thury ( V.). Sur le con- cours ouvert pom le percemeril des puits Cores, etc., 42g > <*&&' Ilerschel (J. F. W.). Trait.- de la lumiere, traduit de 1'anglais par P. F. Verhulst et A. Quelelet, 170. llippolyte. Foy. Sournois. Histoire , 38 , 76 , i35, i5o, l5l, i5a, 168, 196, 197,404, 4o6j i ' 2- DES MATIERES. 8: 4a i, 454, 67s, 687,705,746, 7-I8, 706.- — universelle de I'ati li quite ; par Fred. Chief. Sehlosser, traduile de l'allemand par P. A. de Gol- bery, A., 345. — d'A'ger et du bombardement decette ville, en 1816, pag., 202. — de Russie, par Karamzine, 121" volume , 1,4-1. — des Pays-lias. Traile snr la ma- nit-re de l'ecrire, par J. Schel- teina, 42o. — des Franeais des divers etats aux cinq derniers siecles , par Monteil, 195. — ■ seientifique el mililaire de ['ex- pedition i'rancaise en Egypte, pu- bliee par X. 15. Saintine , 5 to. — du Congres de Vienne , ~i\ . — de laCbule de 1'Empire de Na- poleon, par E. Labaume, 742. — niilitaire des Franeais par cam- pagn,es, 74'-*- — ( Pieces pour servir a 1") de Fre- deric Guillaume \" et Frederic II, rois de Piusse, par le Dr Ci amer, 685. — (F.ssais sur 1' ) de I'esprit hu- uvain dans I'anliquite, par Rio, A., 94- — du Droit romain an moyen age, par Savigny , 728. — de la legislation , par le marquis de Pastoret , A., 609. — ( .Manuel de I') de la philosophic, par Tennemann , A., S'j. — de la literature ancienne et mo- derne, par IVederic Schlegel , A., 63 1.. — de la litterature neerlandaise , par J. de S'Gravenwerl, 705. — generale des Voyages, par C. A. Walkenaer, t. xvm , 719. HlSTOIRE PCATI'RELLK , 5, 20, 5o4- Hittoiff ( J.). Vay. Architecture. Holbein (.lean) le jeune , par Ul- rich Hengi-r, 1 54- Homme (L') consider** com me etre peasant , etc., pai ,1. .1. La Roi, 4/8, Hugo (Victor), t'oy. Farcy. Hydrauliqce, 172,429,431, 5o6. Hydrocephale des en la 11 s. Pay. Gharpentier. Iacorcnka. IVinechnee Sosloianie , etc-, 4oo. Ichtvolocie , 246. Iliade (L'), traduction nouvelle en vers franeais, par A. Bignan , 462. Iman de Mascate, 777. Imitation theatrale ( De 1'), a propos du roniantisme, 207. Imitation du Coran, en langue russe, par A. Rottchef, 142. Immortalite (L') del'ame, ou les quatre ages religieux, poeme , par de Noryins, A., 107. Ihimumebies en Prusse , 79^. Isdistrie , 174 , 455 , 6a5. Infanticide dans l'Inde. I'oyez Peggs. INSCRIPTIONS, 4y6 , 76S. Institct. loy. Societies savantes. Institutions de bienfaisance du royaume des Pays-Bas. Voy. Rapport. Instbcction ( Rapport sur les ela- blissemens d') el ({'education de. l'Eglise re for meediidepai lenient de la Seine , 720. ELEUENTAIRE , So5. PBIMA1RE , 4'9- - pcbliqoe, 28, 791. Voy. (lUSSt Ecoi.es , U.MVEBSIIliS , etc. Inventions ,171. Ihlande, 748. Foy. aus.il Grande- Rretaoe. Isambert. Vpy. Lois frangaisc's. Italie, 160, 4 i4i 4yC, 6g5. Itineraire descriptif de la Fiance, etc., par vaysse de Villiers, 182. Ivernois (Francis d'V Leti.re sur 8 38 I'accroisement de la populalii dam les iles brit anmqu.es, ,{5c>. Jacobi, de Keenigsberg. L'Acade- mie des Sciences de Paris lui de- cerne le grand prix de mathema- tiqnes, 802. Jaubert (Amedce). Voy. Nomiha- IMNS ACIDEMIQUES. Jaunez. Voy. Grouvelle. .lay ( A.). Voy. Conversion d'nn Homantique. Jesuitismk , 703. Jomard. Voy. Caillie. — Voy. Reclamation. JoURIVAUX ET ReCUBILS PKRJODIQUES. — pnblies en Allemagnc : Zeitschrifl fur Rcchtswisscnschaft , a Heidel- berg, 409. — Archiv fur Geschich- tc , a Francfort-sur-le-Mein, l\ 10. — publics en Anglctcrre : The O- riental quarterly Review, a Lon- dres, 1 40. — The Foreign literary Gazette, a Londres, i4o. — pnblies en France: Revue de Pro- vence, a Marseille, 221. — Bais- scz la fete, pauvrc Jacques ! Jour- nal de Sainte-Pelagie , a Paris, 223. — The London Express and Paris Advertiser, i\ Paris, 224. — Annates de la Societc royale des sciences, belles-lettres el arts d' Or- leans, 4j6. — Annates des mines, & Paris, 4/7- — Bulletin dc la So- eleti geographlque , Ji Paris, \j8. — Revue des deux Mondcs , A Pa- ris , 4;8. — Le Catholique, a Pa- ris, 770. — publics dans les Etats-Unis du Mexique ; Reglstro official del go- blerno de los Eslados Mexlcanos, a Mexico , 386. — pnblies dans les Pays-Bas : Jour- nal d'agriculturc , d'economic ru- lalecl des manufactures, a Bruxel- les, 167. — Bibliolhcque des Jn- illtulcurs, a Mons, 168. — Nou- ALYTIQ1 i: relies Archives histuriqucs des Pays-Bas, a Bruxelles, 16VS. _ Recuell dc la Societc medicate de. Iloom, 707. — publics en Pologne : 5 dans la 1 c publiquc de Cracovie, 7S.5. — — 28 i Varsovic , 785. — 1 S dans lesPalatinatsdu royauuie, 7S0. — 2 dans le grand-dm be de Lithua- nie, 789. — i dans la Pologne prussienne , 790. — 4 dans la Po- logne autricliienne , 790. Jcjifs (Reintegration des) en Angle- terre dans leurs droits de ci- toyens, 75G. — Ellet remarquable de (ear reha- bilitation en Hollande, 497- Jullieu ( M. A.), fondateur-direc- teur dc la Revue Encyclopediquc , C. — R., 707, et les articles si- gues M. A. J. — Voy. Lettre. Jurisprudence, 194, 4°9> 44ji 4/iS> 73l. Voy. aussi Legislation. — ■ generate du royaume, etc., par Dalloz , 730. Kaaiscuatka , 66c). Karanizine. Voy. Histoire dc 11 11s- sie. Kharsim , 779. Kholand , 779. Kiesewelter ( R. G.). Voy. Memoi- res. Kirckhoff, C. — R., 71?. Koelhe (F. A.). Philip Melunehtons TVcrke, 681. Kotff(D. V.), Reizc, etc., 4 18. Labaunie (E.). Histoire de la Chute de l'Empire de Napoleon , 742. L'.ihorde ( Alexandre de). An Roi et aux Chanibrcs sur les verita- bles causes de la inplure avec Alger, etc., 198. DES MATIERES. Laconp(P.). Mon Portcfewlle, 216. F^adijcitzky. Vsgliad na evropcis- houiou Tourtsiou , 599. Lait ( Falsification du), 714. Lajard. Voy. Nominations acade- MIQEES. La Marche (de). Voy. Marcliand de Venise. Lamartine (De). /^'.Nominations ACADEMIQUES. — Voy. Harmonies poetiques. Langce danoise, 4f>3. — francaise, 4^5, 700. — hollandaise, 4?o. Laplace (Marquis de). Mecanique cele-4e , traduite et commentee par Nathaniel Bowditch , 385. Latreille. Eclaiicisseinens sur quel- ques passages d'autenrs anciens, relatii's a des vers & soie, etc., 245. Lauth (E. A.). Voy. Anatomie. Lebtun (Isidore), C — B., 184, I9O , 211, 466. Le Flaguais (Alph. ). Lc chateau de Falaise, poeme , 210. Legislation , 191, 193. — ( Histoire de la) , par lc marquis de Pastoret , A., 609. — civile , commerciale et crimi- nelle de la France, etc. , par le baron Locre, 192. — ( Traite de ) civile et penale, par Jeremie Bentham, traduit en al- lemand par F. E. Benecke, GS2. — polonaise. Voy. Lelewel. — des theatres. Voy. ~\ ivien. Le Glay. Lettre surles Duels judi- ciaires dans le noid de la Fiance, »9-4- — Nouvclles conjectures sur l'em- placement du champ de bataille ou Cesar defit l'armee des Ner- viens, 197. Lelewel (Joachim). Essai histori- que sur la legislation polonaise , 446. Lemontey (P. E.). OEuvres, 4.61. Le Noble (Alexandre), C — A.. 609. •S -'■<) Leon. Voy. Bal (Le) de I'Avoue. Leopold ( Charles-Goillaume de). Voy. NtfCBOLOGlE. Le Prevost (Auguste). Metnoire sur la Chftsse de Saint-Taurin , d'Evreux , 765. Leroux. Analyse chimique de I'e- corce du saule , 5oi. Le Hoy (J. J.).De Menscli besdiouwd in zijcn aanlcg , etc., 4'S. Lesson ( R. P.). Journal du \ oyage pittoresque autour du monde, execute sur la corvette la Co- quille, commandee par L. J. Du- perrey , 438. Lettre ( Exti ait d'une) adressee de New-York a M. Jullien, de Paris, 482. de M. Edouard Livingston A M. Taillandier an sujet du Code criminel destine aux Etats-Lnis, 483. — de M. H. Devaux a MM. Ies electeurs, sur lc vote de I'adnsse du 16 mars, 733. — d'un Electeur du Cher aux au- tres Electeurs , 703. — de Tutundjy-Oglou - Mustafa - Aga , veritable pbilosophe turc , ;i M. Thaddee Bulgarine, etc., 67C. Levavassseur. Voy. Nechoi.ogie. Liberte (Lettres sur la) de la Reli- gion , et sur les Jesuites moder- nes , 703. — de suffrage (Essai sur la) des foiic tionnaires publics amovibles, par H. Devaux, 733. Libbaihie ( Accroissement du cum- merce de la) en Allemagne, 4g5. — en Prusse , 792. Lithogbapbie , 216 , 4j°- Lithotritie, 4-*8- Literature altemande , 1 55, 164 , 239, 4°9> 4^6, 517. — ancienne- classique, 225 , 462, 702, y56. — — anglaise, i38, i4o, 214, 224, 3g5, 397, 467, 760. — bibliqne, 723. — bresilicnnc , 391. — des Etals-Unis, i3o. — francaise, 85o IO7, 1>2, 2o4 , 2O7 , 210, 21 ! , VI'.', 2 1 4 ) 2 1 5 , 2 21, 22J , 259 , :•()(>, 261, 262,375,455,457, 458, 460, 46i, 469., 264, 4G8, 469, 5i5, 5 16 , 517, 6S8 , 750, 7.12, 7^7, 75;) , 761,760,761, 770 , 8o3, Soy, 8 10, 811. — ge- i»!e,63i. — italienne , i|5, 162, 16.4 > i65 , 207 , 212 , 226 , 4'6 , 700 , 701 , 702. — neerlandaise , -c:.j. — persane, 107. — polonai- se , 356, 47 > 5 77J- — cusse, 1 \ 2, 772. !.n ingston (Edouard). Voy. Let- tie. Lone. /*<>v. Legislation civile. Lois criniinelles (Hel'omie des) des Etats-Unis, /|S5. — i'rancaises ( Recueil general des anciennes), etc., par Isambert, Decrnsy, et Taillandier, 191. Longeville. Nouvelle rose des vents, S01. Longhena (Fr. ). Voy. Quatremere de Quincy. Lowenhielm (Coinle Gustavede). Voy. Nominations academiques. Lucas (Charles), M., 23. Voy. Systeme penitentiaire. Lucenay (J. de) , C. — N., 239. Lumiere ( Traitii de la). Voy. Her- schel. — (Mouvemenl dela). Voy. Cau- ehy. — (Dispersion de la). Voy. Cau- Luna Follieio (Donna Cecilia). II I ' iaggio, etc., 4 '6. M. Ma Feniine et ma Place, comedie en prose , par liayard et Gustave de Wailly , 260. Machines a vapenr. Voy, Grou- velle. Madame Gregoire 011 le Cabaret de la Piinimr du Pin , vaudeville par Charles el Dtipeuty , '17. .NAI.Y HOI E Mallei (Andre). Seine Iviiipie pour L'inaugueatioD du buste de \ in cent Monti , 162. I'oy. Marie Stnail. Mahul (A.), C — A., 76. — tableau de la constitution poli- tique de Ij monarchic franijaise selon la Charte , A., 335. Maillanl. Voy. Ecole du pauvre. Maison (La) de campagne, par M"11, Aglae Adanson , 174. Maladies pestilenliellcs (Rapport sur Its fait au Conseil superieui de sante, etc., par A. Moieau de Jonnes, M., 297. Mallet (C. F.). 'Notice hislorique sur le projet d'une distribution generate d'eau, a domicile, dans Paris , 43 1. Malle-Brun. Voy. Pologne. Mangeart (J.). Souvenirs de la Moree, 746. Manou Lescaut, ballet-pantomime, par Aumer, Halevy et Ciceri . 5i5. roman en six chapitn s , par Carmouche et Courcy ,810. Manuel du teneur de livres, pai Tremery , 44o. Maicband (Le) de Venise , diame en vers, d'apres Sliakespeai % , par de La Marcbe , 810. Vai i ( Le) aux neul' i'emmes , vau- deville, 261. Mariage (Un) du grand monde, traduit de l'anglais de Miss Bail- lie , 214. Marie (F. C. N.). Voy. Ecritures. — Stuart , iragedie de Schiller, lia- duite en italien par Andie Maf- i'ei , 1 64 . mtJme ouvrage traduit par Mme Edvige de Battisti , Unci. Mariee ( La) a 1'encan, tableau vil- lageois , par Duclos et Felix, 261. Mahoc , 777. Marseball. Essai histoi'iqne et topo- graphique sur l'nrigine d'Anvers, 71)5. Martin. / '<>v. Epee. Mathematiques , 172, 5oa , 798, 800 , Sol. JA&DECutu. Foy . Sciences medicai.es. Meditaiions religieuses, en forme de discours, traduites de l'alle- mand par Monnard et Gence, 44 2 • Melanchton (Philippe). Fox. Koc- the. Melesville. Fox. Philippe. Memoir of the Life timl public servi- ces of sir Thomas Slam ford Raf- fles, 67 2. Memoire pour les hommes de cou- leur. Cinquieme partie , 200. Memoires, Notices et Melanges (I) : Considerations sur les mol- lusques el en parliculier sur les eephalopodes (Cttvier), 5. — Ob- servations sur le Memoire prece- dent (Geoffroy-Sainl-Hilarie), 20. — Del'empiisonnenient solitaire aux Etats Unis (Charles Lucas), 20. — Be i'expedition eon tie A I ger (J. C, L. de Sismondi), 2S1 . — Rapport sur les irruptions et les progres des maladies pesti- lentielles, pendant I'annee 1S29 (Moreau do Jonnes), 297. — Re- did ches sur les produits compa- res des revenus prives et publics de la France et de la Grande Rretagne, par M. Charles Da- pin, 3o2. — • De I'abolition gra- duelle de I'esclayage dans les colonies europeeniies (!'. A . Du- fan), 529. — Notice biographi- que sur le baron Fourier | Ficilh de I'oisjosim), 552. — et Rappokts (If Societes savan- tes en France, 474, 767. — de K. G-. Kiesewerter et F. J. Fetis, couronnes et publies par I'Instilut royal des Pays- Lias, 166, — complets et authentiqties du due de Saint-Simon, sur le sieole de Louis XIV et la regencc. T. xix et xx , 196. — de la vie et de l'epoque de Da- atip.iu:s. S" 1 nii'l de Foe, par Walter YV i son, 1 56. Mcmoria de la Seerclaria di Estadb y del Despacho, etc. , 659. Memorial portatif de chronologic, d'liistoiie industrielle , etc., 433. Mei ville. Foy. Contes. Missie (Le vrai) , ou I'Ancien el le Nouveau - Testament examines d'apres les prin: ipes de la Langue et de la nature, par G. QKgffer, Metaphysiqie , 590. Meteorologie , 5S.J. Mexiquk, 386 , 659. Miaskovvski ( F.). Foy. Mickieuii z. Michelot ( A.) , G. — N., 25?. , 5o5, 8o5. Mickiewicz (Adam). Poesies po- lonaises, A., 356. — meme ouvrage traduit en fian- eais par F. Miaskovvski el G. Ful- gence , ibid. Milne-Edwards. Dispositi in parti - culiere de 1'appareil branchial chez quelques crustac«s, 5o4> — Organisation de la bonohe cher. les crustaces suceurs , 5o ;. Miluslavsky, ou les Rosses en 161a, par Zagoskine , 78.3. MlMiRALOGlK , 245, 477- — (Traite elementaire <:e,i, par F. S. Beudant , 715. Miniature ( Principes de), mcthode pour les personnes qui veulenl peindre seules, par Mu"' Gustal- Laederich , 765. Mionrret. I ay. Nominations ic'aIik- M1QI KS Mtttermaier et Zachariae. Journal critique de jurisp'rudenci Moke (II. (i.). Foy. Philippine Ue Flandre. Moluavie ( Etal aetnel des p^inci- pautes turques, la) el la Vala- chie , et de la province 1 Bessarabie, par Ignacetlacoven- ka , 4oo. Moleon ( V . de). Collection des rap poiis sin les rrarauz du Conseil 8J2 r.Mn.i analytique de salubrity de la ville de Paris, 4a«. Molccques , { 18. Moiiusqucs ( Considerations sm- les ) , et en particulier sur lis Cephalopodes , par le baron Cu vier, 81., 5. — Observations sur ce Memnirc, par Geoffroy-SaintcHilaire, 20. Mon PorteJ'euille , par P. Lacuur, 216. Monnaid. toy. Gours delitteraturc. — I ox. Meditations rcligieuses. — C. — B., 694. Montegre (A. J. de). Des hemor- rhoides, elc, 426. Munteil. Voy. Hisloire des Fran- eais. Monti (Vincent). Voy. Mairei. Monumcnta Gcrmanice hislorica , 4o4- Morale, 724. Mureau de Jonncs (A.), G. — M., »97- ' Moretti c Chiolini. Bibltotcca agra- ria, 4 '4. Mort (La) deColigny, ou la Nuit de Saint Barthelcmy. Scenes his- loriqnes , -64- Morns (Thomas), biograpbie re- digee d'apres des materiaux au- thentiques , par G. T. Rudhart , i53. Mosaique monumentale (Elablis- sement de) de M. Barberi , a Pa- ris, 262. — Les premiers amours de Henri IV, poeme allemand , par W. de Normann , i55. ?.lunro (Thomas). Voy. Gleig. Mooter (Frederic). Voy. ISiicno- LOGIE. Miske d'antiquites de Kretcb, 492. — d'bistoire nalurclle de Stock- liolm , 4;-5. — ■ Diocletien de Paris, 52o. — (Fondation d'un) a Egine, jyG. MusiQBB, 47> i 5i5, 5 1 7. Napier. Encyclopedia Britannica , 088. Noviichia istoriicheshia , etc., .199. Navier. Bapport sur la Gaissc d'K- pargoes et de Prevoyance de Pa- ris, 7-26. Navigation , 801. Necrologie : Georges Ticrncy , membre du parlemenl d'Angle- tcrre , 264. — Louis-Nicolas Vau- quctin, membre de la Cbambre des deputes de Fiance, 266. — Levavasseur, traducteur en vers hancais du livre de Job , 26s. — Le comte Platen, ex-gouvcr- neui' general de IVorvege,a Chris- tiania, 5ai, — Frederic ftlanter, eveque de Zelande, 521. — Jean Zcllncr, membre du Grand-Con- seil suisse, a Soleure , 522. — Ctirtct, professeur a l'ecole de medecine de Bruxelles, 525. — Louis Jerome Goliier, ex-presi- dent du Directoire executif, a Paris, 520. — Gharles-Guillaume de Leopold , secretaire d'Etat , a Stockholm , 81 1. NiORAMA de Paris, 5j8. Nepenthes. Germination de cette planle, 244- Nominations acad^miqces : Le doc- teur B lumenbach de Gceltingue , associe etranger de 1' Academic des sciences de Paris, 25o. — Leon Dufour, de Saint-Sever, membre correspondant de la me- mc Academic, a5i. — DeLamar- tine, membre dcl'Acadcmic lian- caise, 252. — De Pongerville, membre de la meine Academic, 256. — Comte Gnstave de Lijwcn- hivlm , A. de Hartsmansdorff , Jean-Israel Ekstrom, Pierre-Gus tave Ccderscltjbld , Axel-Cuslave - Gylknhrooh , Pierre - Frederic DES MAT Wahlberg , et T. U. Ekstrom , meiobres de l'Aeademie des sciences de Stockholm. Les pro- fcsseurs Dulong, de Paris, et Henri Hose, de Berlin, le baron Fourier, de Paris, associes chan- gers de la meme Academic, 493- — Samuel Grubbe, d'Upsal , membrc de l'Aeademie sucdui- se , 493. — TVallich , directeur du jardin botanique de Calcutta, et le Dr Qtioi , correspondans de l'Aeademie des sciences de Pa- ris, 5o5. — Thurot, Champollion lejeune, Thierry, Lajard, Ame- dee Jaubcri et Mionncl, membres de l'Aeademie des inscriptions et belles-lettres de Paris, 5o5. — Arago, secretaire perpeluel de l'Aeademie des sciences de Pa- ris, 796.' — Gergonne, correspon- dant de la meme Academie, 801 . — De Segur et de PpngervUle. Leur reception a l'Aeademie Iran- caise, 800. Normann (TV. von). Mosaik, etc., i55. Norvins(De). J'oy. Immortalite de l'ame. — Voy. Campagne de iSi3. Notice biograpliique sat le baron Fourier , par Vieilh de Boisjos- lin, M., 552. Notions de la plus haute antiquitc sur les habitans de la rive gauche duRhin, par Math. Simon, 1 5 1 . Nouvblle-Zelande (Les habitans de la ) , 667. NoiiVELLESSCIENTIFIQllESETLITTERAI- kes (IV) : At'rique , 775. — AI- lemagne, 208 , 494, 79 1 . — Asie, 775. — Colombie, 229, 4§4. — Etats-Unis, 228, 4S2 , 770. — France, 242,490, 797. — Grande- Bretagne, 206, 490, 779. — Gre- ce, 794. — Italie, 496. — Paris, 243, 498? 798.— Pays-Bas, 497. — Pologue, 7S3. — Bussie, 491, 782. — Suede, 4g5. — Suisse, "9. T. XLTI. 853 I). Observations morales, critiques el politiques, par Adrien Destail- leur, 724. OEgger (G.). Le vrai Messie , 723. OEuvres de Philippe Melanchton , GSi. — de saint Francois de Sales. Edi- tion complete, 699. — de C. C. Tacite, traduitcs en fraacais parC. L. F. Panckoucke, 756. — de Voltaire , avec prefaces , no- tes, etc., par Beuchot, 4C0. — de P. E. Lemontey, 46 1. — de Ballanche , 462. — completes de Ciceron, traduc- tion nouvelle avec le tcxte latin en regard, 225. duvicomtede Chateaubriand. T. vn , x et xi , 460. T. viii , xi; et xin , 757. — diverses de Louis Bocrne, 407. — posthumes d'A. E. Gaulmier, A., 1 12. Ombellif'eres (Famille des). Voy. Candolle. Oreille (Traitement des maladies de 1'). Voy. Deleau. Organisation industrielle (Piinci- pes d'), par J. J. Fazy, A., 62.5. Oryctographie , 7GS. Otlomanshaya hnperfa , 599. Oubli ( L') on la Chambre nuptiale, vaudeville, par Paulin , 810. Pabel (E.). Russtand in der neitcs- ten Zeit , iSa. Paleographie, 720. Palestine , 4- 1 5. Pai.ckouke (C.L. F.). Voy. Tacile. Papeteries en Prusse, 793. I'appcnheimer (Die) , hitloriscli-ro- 'JA ST. | TABLE AK mantitchcs Gcmaidc , von A. von Tromlitz, 409. Parent-Real, C. — B., 733. Paris, 243,498,712, 79S. Parnell ( Henry '). On financial He- form , 67 1 . Pastoret ( M.de). I'oy. Legislation. Patrat. Le Voyage en Suisse, vau- deville, 261. Paulin. I'oy. Onbli. Pauvres (Lies) Anglais et la Sociele dc Bienfaisance des Pays-Bas , 4'9- Pavs-Bas, 28 , 166 , 4'8 > 497* 7»2- Peggs (J.). The present state of in- fanticide in India , 7>yd. Peintere, 5iS , 52o. Pelletier. Annates de la Societe royale des sciences d'Orleans , 4/6- Peres de 1'Kglise. J oy. Caillau. Peritonite puerperale (Traite de la ), par A. C. Baudelocque, 179. Perou , 1 34. Perrard (Ferreol). toy. Rhetori- que classique. Perrelet. L'Academie des sciences de Paris lui decerne une medaille, 800. Perrot (A. M.). Alger : Esquisseto pographique el histoiique du royaume et de la ville, 202. Perse , 778. Peste , 297. Petri (Edouard). Moyeus de dou- bler la production de la laine chez les moutons, 499- Philippe, coniedie vaudeville , par Scribe, Melesville et Bayard, 261. Philippine de Flandre, on les Pri- sonniers du Louvre, roman his- toiique beige, par H. G. Moke, 212. Prilologie, 225, 702, 756. Philosophie, 54, 94) 4,8> 44-> J 590. — naturelle (Flemens de) , etc., par Neil Arnolt, traduits de l'an- glais par T. Richard , 170. ALTTlyVt — zoologique ( Principcs dc) , par GeollVoy-Satnt-lIilaiie , 707. Piivsiologib, 246, 499» 5o2 , 5o4- I'iivsi^ie , 170 , 498 , 5o2 , 716. Pierre dans la vessie. I'oy. Rigal. Plaies de tele, f oy. Cama. Planles du inont Sinai, recueillies par Leon de la Borde et decrites par Delile ,231. Platen (Cointe de). Voy. Nkcrolo- cie. Poksie , 107, 112, i3o, 142, i45, 1 55, 162, 210, 211, 2 26, 373,416, 457> 464, 688, 757, 759. DRAMATIQl'E, l64, 2O7, 210, 2.6o, 261, 262, 095, 5 io, 5 1 6, 517, 702, S09, 8l0, 8l 1. — ( De l'histoire de la), f'oy. Am- pere. Poesies de M"1- Davidson, i3o. — d'une fenime , 46a. — romaines, par Jules de Saint- Felix, 757. Poezye Adaina Mickiewicza , A., 356. I'oinsot. Traite de Statique. Cin- quieme edition , 79S. Poi.EMIQUE LITTEKA1RE , 20, 676, 73a. Politique, 128, 198, 2o5 , 236, 275, 555, 586, 4°7> 482, 484> 639, 688, 6S9 ,753, 704, 74'- — ( De la) et du commerce des peoples de l'antiquite, par A. II. L. Heeren, 147 ) ig5. Polugme , 785. — ( Tableau de la ) ancienne et 1110- derne, par MalteBrum. Nou- velle edition publiee par Leo- nard Chodzko, 70S. Polonais (Les) en Italie , tableau des travaux des Polonais pour la regeneration de leur patrie, par Leonard Chodzko , 454- Pongerville (De). Voy. Nominations ACAUliMIQtES. Pons (Gaspard de). Voy. Glotilde. Pontecoulant ( G. de). Voy. Sys- teme du monde. PONTS FT CHAI'SSEES, ?./l3 , 775, 799. Poulsen ler(Projet relatii'a one nou- velle- construction des) , par Dc- laporte, 799. Population ( Accroissement de ) dans les ilcs britaniques. Voy. Ivernois. Portal. Bapport presente a I'As- semblee generate des t'ondaleurs de la caissi; d'epargnes de Bor- deaux, -9.6. Portraits (Collection de) des Frao- c;ais celcbres par leurs actions ou leurs ecrits, etc., 219. Prei(J.L.). Toy. Fables. Presse periodique, en Pologne, ;83. en Prusse , 794. Prigionien (J.) di Pizziglicttonc , etc., 4'6. Prisons, 23, 122, 190. Prix d£c ernes: par la Societe rovale et centrale d'agricullurc de Pa- ris, 429, 5o-. — par l'Acadeinie des sciences de Paris , 799 , 800 , 801. — proposes : par la Societe royale et centrale d'agriculture de Pa- ris, 429, 507. — par la Societe francaise de statistique univer- selle , 507. — par la Societe de statistique de Marseille, 797. — par 1'Athenee des arts de Paris, So4. — par les Societes reunics de la morale chretienne, des me- thodes d'enseignenient et del'l n- seignement elenientaire de Paris, S06. Procedure civile (Traite elemen- tairede la), par L. F. Auger, 70 1. Prlsse , 494 j 79 >• Puissant, C— B., 458. Puits fores. Voy. Hericarl de Tbury. Puvis. L'Acadeinie des sciences de Paris lui decernele prix de statis- tique, 799- Q. Quadrature du cercle. Voy. Clie- val. DES MATIEREs. 835 Quai-aux-Fleurs (Le) , vaudeville, 5,7. Quatremere de Quincy. Histoire de la vie et des ouvrages de Ba- pliael Sanzio d'Urbin , tiaduite. en italien par F. Lunghena, 1G1. Querard (J. M.). La France litte- raire , 469- Quelelet ( A. ), C. — A., 28. — B., 703. — Voy. Hcrschel. Quoi. Voy. Nominations academi- qces. R. Rafael, dratne mfile de chants, par Theaulon , iV)i. Raphael. Voy. Quatremere de Quincy. Bailies (T. S.). Voy. Memoir., Bapport fait au Congres des Ftats- Unis par M. Caeibreleng, au nom de la commission du com- merce, 662. — sur les institutions de bienfai- sance des Pays-Bas , A., 2S. — sur l'etat des ecoles superieures, moyennes et primaires des Pays- Bas , ibid. — du Conseil de Salubrite de la ville de Paris, etc., 712. Hash's Grammar of the danisli Ian gua^c, 4o3. Re (Zefirirto). La vita di Cola di Rienzo, 160. Recamier (J. C. A.). Becberches surle traitenient du cancel, etc., 182. ReCLA SI AllONS. — de M. Beltrami au sujet du comp- te rendu de son ouvrage sin le Mexiquc, 5i 1. — de M. G-asc au sujet de sonTrailr des Melhodes, 5i \. — de M. Jomard au sujet de la hauteur de la ville de Tcinboc- tou , S09. IvHI'UI.S PKRIODIQl ES. Voy. J'U II \ I I X . H3(i Redhinc (A.). Trcrnitsa. etc., i4a. Reforme des Finances. Voy. Par- neU. Ueiil'enberg, C. — 15., i56, i/Ji, .6;. — Nouvelles Archives hisloriques des Pays-Baa, iC8. Religieusc ( La) de Monza, episode du xvue siecle , par Rosini, tra- duit de l'italicn par Jean Cohen, 21 2. Religion. Voy. Sciences heligiel- SES. Renaudot. Alger. Tableau du royaunic, de la ville d'Alger et de ses environs, etc., 202. Renouard (Ch.), C. — B., 190. Report ( The fifth ) of the American Sunday School Union, 383. Reports of the Prison discipline So- ciety of Boston , 122. Resolutions submitted in the House of representatives of the Congress of the United States, 12S. Revenus ( Recherches sur les pio- grCB compares des) prives el pu- blics de la Grande-Bretagne, M., 002. Rey-Dussueil. Voy. Samuel Ber- nard. Rhetoriqce classique a l'usage des aspirans au grade de bachelier- es-lettres, par Ferreol Perrard , 45/.. Richard (T.). Voy. Philosophic na- lurelle. Ricnzo (Cola di). Voy. Re. Rime pasloridi , par Agliaja Anassi- tide, 1 45. Rigal (J. J. A.). De la destruction mecanique de la pierre dans la vessie, 42$- Rigoni (C. A.). Elogio del Cava- licre Giov. Alessandro Erambitlit, 701- Rio. Essai sur l'histojie de l'esprit huniain dans l'antiquite , A., 6)4. Rio de Janeiro wie cs isl , ion C. Schliclilhorsl , 685. Ritchie (Leitch). Voy. GameofLife. ABIE AKAI/YTIQl'K Roche. Voy. Trois couchues. Romans , toy , i38 , 1 65 , 21 2, 21 4, 2i5, 7>c,j, 416, 466, 467, 468, 469 , 763 , "64. — (Nouvelle Bihliolhcqne univer- Belle des) , 761. — historiques publies en Russie, 782. Rose (Henri). Voy. Nominations ACADl'iMIQl'ES. Hose des Vents. Voy. Longeville. Ros-ini. Voy. Religieusc (La) de Monza. Rottchef( A . ). PodrajaniiaKoranou, 142. Rousseau (J. J.). Julie, ou la Nou- velle Heloise , 761. Rudharl (G. Th.). Thomas Moras, etc., 1 55. Rugendas (Maurice). Voyage pit- toresque au Bresil , 470. Russie, i4i, 399,491,676,782. — (La) dans les derniers terns, par E. Pabel, i52. Saint- Amand, Voy. Deux soufllets. Saint-Ange (J. M. de), C. — B. , 7°9- Saint- Felix (Jules). Poesies romai- nes, 757. Saint-Simon (Due de). Voy. Me- moires. Saintine (X. B.). Hisloire de 1'cx- pedilion fraucaise en Egypte, 5io. Salicine (Decouverle de la). Voy. Gueriu. Satles (S. Francesco dej. Opcrc, 699. Salm (Mme la princesse Constance de). Epilre sur 1'Esprit du siecle, traduite en vers alleinands, 239. Samuel Bernard et Jacques Borga- rellv, hisloire des lems de Louis XIV, par Rey-Dussueil , 214. Sante pcbliqijk , /|2iS , 4 90 , 712. Satire russe contre les joneuis , T)ES MATIERE.i. 8 3 «? adrefiSee a Erastc , par J . \ eliko- polsky, 142. Savigny (F. C. de). Voy. Droit 10- niain. Scenes populaircs en Irlande , par Shiel, liaduiles de l'anglais par M-» L. Sw. B. et A. de M., 748. Schcllcma (J.). Vcrliandcliiig over hct bcivcrhcn van de gcschieclcnis der Ncdcrtandcn, ^20. Schiller. Voy. Marie Stuart. Schlegel (Frederic). Histuire de la litterature ancienne et modern e, iraduite en francais par William Ducketl , A., 63i. Schlichthorst (C). La ville de Rio- Janeiro , 685. Schlosser (Fred. Chret.). Foy.llis- toire universelle. — Coup d'rtil general sur l'liisloire de 1'ancien nionde, t. 11, fyoS. — et Bercht. Archives d'bistoire et de litterature , 412- Schroeder-Devrient ( Mme), canta- trice allcmande, 5i8. SCIENCES MEDICALES, iJJ, 1/9 i 1^2, 248, 251,422, 423> 425, 426, 70-. MORALES ET P0I.1TIQUES , 54 5 IO/J) 335 , 44 • » 5go , 721 . — NATCRELLES ET FHYS1QUES , 28, 170 , 242, 3in , 421 , 567, 707. REL1G1ECJSES, 1 56, 190, 22/|, 58 j, 44>» 442,48o, 6S1, 699, 721, 723, 724. Scott (Walter). The Doom of De- vorgoll , 39J. Archindranc , ibid. Scribe. Voy. Philippe. Secondes (Les) Amours, coniedie, 5,7. Segur (De). toy. Nominations aca- DEMIQCES. Sel gemme (Variete de) provenant de la mine de Wielicka, en Po- logne , 245. Serfs polonais ( Les) , melodrame , par Lemercier, Si 1. Serullas. Note sur la combinaison dc l'acide iodique avee les aloa- lis vegetaui , ■>.^>. S'Ciavenwcrt (J. dc). Essai sur l'histoire de la litterature neerian- daise , 705. Shiel. Voy. Scenes populaircs. Shylock, melodrame, par Dulac et Allard, 262. SlBERIE , 66f). Sicard , C. — A., 58. Simon (Math.). Die iillestcn i\'arh- riclilcn von den Bemohnorn des lin- hen ffheinufers, 1 5 1 . Sismondi (J.C. L. de) , C— M., 273. Smith. Walter Clyton , conle, 5()7. SOCIETES SAVANTES ET d'uTIUTE Fl- EL1QUK. — aux Elals-l nis : Sociele pour la discipline des Prisons de Bos- ton , 122. — Sociele de Tempe- rance de New-York, 208. — So- ciete des ecoles du dimanche, dc Philadelphia:, 585. — en Angleicrrc : Societe gengra- phique de Londres, 7S0. — en Suede : Academie des scien- ces de Stockholm , 4g5. — Aca- demie suedoise , 495. — dans les Pays-Bax : Socieles de bienfaisance, 4 x 9- — Societe des sciences medicates de Hoorn , 707. — en France (dans les departe- mens) : Societe d'agriculture, commerce, sciences, et arts de Chalons sur Maine, 47l- — So- ciete royale des sciences , belles- lettres et arts d'Orleans, 476. — Academie royale des sciences, belles-lettres et arts dc Bordeaux, 767. — Societe royale des lettres, sciences el arts de Nancy, 768. — Societe de statistique de Mar- seille, 797. (a Paris) : Institut : Acade- mic des sciences, 243, 49$, 79^- — Academie fiancaise, 252, 8o5. — Academie des inscriptions et belles-lettres , 5o5. — Union en- cyclopedique poui la propagation des connaiss'ancee utiles. 25(3. — 838 Socicle royalc et contrale d'agri- culturc, 4S9) 5o6. — Society , 5i5, 809. Theaulon. Foy. Rafael. Theis. Glossairc de liotanique, 802. TmiOLor.iE. Foy. Sciences rei.iciei- — nalurelle 011 essaissurl'existence de Dieu, etc., par Alex. Croni- bie, 106. Thierry. Foy. Nominations acade- miques. Thousenel (Theod.). V, Wilhelm Meister. Thurot. Foy. Nominations acadk- miqubs. — Voy. Entendement. Tierney (Georges). Foy. Kecro LOGIE. ToPOGRAHHlE , l35, l5j, 1S7, 202, 25 1, 099 , 438, 705. Traductions. — en allemand : du francais , 209 , 688. — en anglais : du fi ancais , 583. ■ — — du persan , 107. — en francais : de 1'allemand , 54 , 195, 545,44 2i 4^6, 65 1, GS2, 728. — del'anglais, 170, 214, 4°*7, 748, 7G3. — du giec , 4G2. — de l'ita- iien , 207 , 212. — du latin , 2 25, 756. — du polonais, 556, 4/'- — du russe , 6j6. — en hol/andais : de l'anglais, 4 19. — en italicn : de l'allemand, 164. — dufrancais, 161. — du grec, 702/ Tremaine, 011 l'Hmnme blase, 76.5. Treniery. Manuel complet du te- neur de livres, etc., 44°- Trois Couchees (Les), comiidie- vaudeville , par Heuiy et Uoclie, 5ij. Tnmiliiz (A. de). Voy. Pappcn- heimer. Tl'BQtlK , 4°°- — europeenne (Examen approfon- die de la ) , etc. , 599. — (Nouvelles connaissances histo- riques , politiques , etc., de la) , 399- — (Coup d'ccil sur la ) , etc., par le capitaine Ladijenky, 099. U. Un an, ou le Manage d'amour , drame, par Ancelot, 5i5. Une Nuit du due de Montfort, co- medie, par Frederic et Arnoult, 811. University de la monarchic prus- sienne , 792. Usurpations sacerdotales (Des), ou le clerge en opposition avec les principes actuels de la societe, etc., par l'abbe Cerati ,721. V. Valachib, 4oo. Val-de-Travers. Voy. Description topographique. Varer. Voy. Dernier jour de Deuil. Vauquelin ( Louis-Nicolas). Voy. Necrologie. Vaysse de Villiers. Itineraire des- criplifde la France, 1S2. f elikopolshy (J.). K'Eraston, etc., 142. Vernulst (P. P.). Voy. Herschel. Vers a soie, 245, 4'4- A ial. Voy. Danilowa. Vie de sir Thom. Stamford Raffles, 672. — de sir Thorn. Munro, par G. Glcig, 672. Vies desPeintres, Sculpteurs, Ar- chitectes les plus eminens de la Grande-Bretagne , par A. Cun- ningham , 664. --de plusieurs personnages celebres des tems anciens et modernes, parC. A. Walckenaer, 749. VieilhdeBoisjoslin, C. — M., 55a. Vicux Mari ( Le ) , comedie en vers, par Delaville, 5i5. MAT1ERES. 6S9 Villemain.Coursde lit teratuie fran- chise , 458. Villenave, C — N., 526. — fils. Vers improvises sur la tomhe de M. Gohier, 526. Vivien et E. Blanc. Traile de la le- gislalion des theatres, J48. Voiart (J. P.). Voy. D.ssin. Voltaire. Qiuvres publieespar Ben- chot , 460. Voyage de la corvette P Astrolabe sous le commandement dn capi- taine Jules Dumont d'Urville, — dans 1'Archipel meridional des Molucques, etc., par D. C. Kolff, 4iS. — a Teniboctou et a Jenne, etc., par Rene Caillie, A. , 010. — a la Terre-Sainte , par Santino Daldini, 4i5. — au Kamschatka et enSiberie, par Pierre Dobell, 669. — pittoresquc autour du monde, par Lesson , 438. — pittoresque au Bresil, par Mau- rice Rugendas, 4/°- — (Le), poetne italien , par M1" Cecile de Luna Folliero , 4 16. — (Le) en Suisse, vaudeville de Patrat , 261. Voyages en differentes parties du Perou , par E. Temple, 1 34- — (Histoire generale des) , parC. A. Walkenaer , 719. Voyageur (Le) moderne, descrip- tion des differentes contrees du globe, par Josiah Conder, i33. W. Wahlberg (Pierre-Frederic ). Vox. NOMINATIONS ACADliMIQUES. Wailly (Gustave). Voy. Ma Femme cl ma Place. Walkenaer (C. A.). Voy. Voyages. — Vies de personnages celebres. Wallich. Voy. Nominations acade- miquks. Walsh (R.). \oliccs of firasil , 5Sij. 84o tabu: AMLvrioii; dks matieres. If'n Iter Colyton , a talc, 7>i)~. Weber. Dcr Freyschiiiz, 517. Werner, tragedie de lord Byron, representee surle theatre de liiis- tol , 258. Weslreenen van Tiellaadt (B. van). Recherclies Bur la laDgue nalio- nale de la majeure pa 1 tie du royaume des Pays-Bas, 420. VVillielm Meister, par Goethe , tra- duil de l'nlleinand par Theodore Thousenel , /((id. Wilson's (Waller)' Memoirs of llic life and times of Daniel de Foe, j 56. I Wit (Johannes) genannt ion Doe- ring. Fragmente aus meinen Le ben and meincr Zeit , 6S7. Zaohariae. Voy. Miltermnicr. Zagoskine. f'oy. Miloslavsky. Zanlh (L.). Voy. Architecture. Zeltner (Jean). Voy. Necroloc.ie. ZOOI.OGIE, roj. FIN DE LA TABLE DU TOME XLVI. ERRATA DTJ TOME XLVI. Cahier rf'AvRir.. Page 2o5, lig. 22, on I'eloqucnce, lisez : oit /'eloquence ; p. 229", I. 5, de I'article Amerique meridionale, congres de Bogota, lisez: congres de Cacula. Cahier deMk\. Pag. 425> l'g- 56, Vegctiul, lisez: Vegetius ; p. 468, 1. 19, bas intcrcts, lisez : plus bus intercts ; p. 481 , 1. i5 , I'occasion, lisez : roccasion. Cahier de Join. Page 756, Ug. i3, reparaissail, lisez : rcparaitraienl ; p. 759, 1. 56, qui porle toutc son ambition, lisez : qui borne toute son am- bition. , -rr, .,.. TABLE DECENNALE REVUE ENCYCLOPEDIQUE. Repertoire general des maticres contenues dans lei QUARANTE PREMIERS VOLUMES de CC RcCllcU (de 1819 A 1S28 INCIA'S. ) yto$ycct\x$. La direction de la Revue Encvclopudiqiie s'etait propose do publier, apres chaque periode tie cinq annees, \nTablc ge- nerate et raisonnee des matiires contenues dunsce Rccueil. La re serie, de 1819 a i8'i5 inc/us., qui comprenait vingt volumes, etait depuis long-terns terminee, et prete a etre li- vree a L' impression. Les laits, notions, inventions, decompi- les, etc., y sont classes, sous l'indication generale des con- trees et des sciences auxquclles ils appartiennent, de manicre que le lecteurle moins exerce puisse facilcment comparer entre elles, soit les diflerentes nations et leurs litter attires, soit les diverses branches des sciences et des arts, relrouver exactemenl ce qui apparticnt a ( hacune d'elles, et apprecier l-curs progres, 011 leur decadence. Les ouvrages analyses ouannonces dans laREWE sont cites ( a ) dans noire table, soil sous lesdifferens litres des maticres aux- (|iielles ils sc rapportcnt, soil aux DOms des autcurs, editeurs, savans et artistes dont la Revue a mentionne les ouvrages, Led inventions ou les travaux. Enfin , les redacteurs, les collaborateurs et les correspmi- dans qui ont insert': des Memoires, ou des Analyses dansce Rc- cueil, en trouveront Vindication complete a Particle qui les concerne. La 2° serie, de 1824 « 1828 inclus., comprenant les vingt derniers volumes, a etc executee dans le meme ordre et sur le meme plan. Mais, comme, si elle etait publico separement, clle prcsenterait la repetition obligee des memes indications gene- rales pour la plupart des articles ouverts dans la premiere serie, nous avons pense qu'ily auraitun grand a vantage, pour les souscripteurs, a reunir ces deux tables q using uennales, et a les fondre en une seule qui deviendrait decennale. Ainsi, un grand nombre d'articles qui, fractionncs, ne presenteraient que pen d'interet, en offriront beaucoup par la reunion de tou- tes les notions ou observations dont leur ensemble se compose. D'une part, il y aura economie, sous le rapport du materiel ; d'autrepart, les souscripteurs, pouvant embrasser d'un coup d'ceil, sur chaque matiere, un espace de dix annees, auront sous la main le tableau complet de la statistique morale, phi- losophique, scientifique, litteraire et industrielle, tant de la France que de tous les pays de l'Europe, et tel qu'il resultera des Memoires et Notices, des Analyses et des Comptes rendus, et des autres Articles inseres dans les quarante volumes qui , jusqu'au 1" Janvier 1829, forment la collection complete de la Revue Encyctopedique. Cette Table decennale, indispensable pour ceux des abon- nes de notre Recueil qui en ont conserve la collection, nc sera pas moins utile a tous les amis des lettres, qui, sans avoir la Revue Encyctopedique, voudront la consulter, etse lenir au cou- rant de la marche et des progres des connaissances humaines et des nations comparees, depuis 1819 jusqu'a 1829. Elle for- mera deux volumes, susceplibles d'etre relies en un seul, el d'environ mille pages d' 'impression en tout, sur deux colonnes. meme format quecclui de la Revue. Le prix en est et denieu- rera fixe a i5 IV. pour Paris. Nous engagcons cevx de nos abonnes qui ont deja temoi- gne le desir de souscrire, ainsi que ceux qui ne l'ont pas en- ( 3 ) core fait, a nous fairc parvenir leur demande en regie, sans avancc'de fonds, dans le pluscourt delai possible, afin que nous puissions arreter, d'une maniere definitive, le nomine d'exem- plaires qu'il sera necessaire de faire tirer. On ne paiera qu'au moment de l'expedition de la table ddccnnale , dont l'impres- sion aura lieu, aussilot que nous auronsreuni unnombre suf- lisant de soUscripteurs pour couvrir nos avances. Nota. Les personncs qui voudront souscrire sont priees d'adresser, dansle plus court delai, franc deport, a la Direc- tion de la Revue Encyclopedique, rue d'Enfer-Saint-Michel, n° 18, l'engagement signe par elles, dont le modele est ci- apres : Je soussigne, demeuiant a = declare souscrire pour exemplaire dc la Table decennale dc la Revue Encyclopedique, ou Repertoire general des malidres conlcnues darts les quaranle premiers volumes de ce Recueil (de 1819 a 1828 inclus. ) , devant former deux volumes in-8°, en tout d'environ rnille pages d'impression , a raison de quinze fr. pour I'ouvrage cnticr, livre a Paris, au Bureau d'abonnemeni de la Revue, rue de l'Odeon, n" 3o; laditc sonime payable en rvecvant I'ouvrage. le i83o. ( 4 ) Edccation : Plan d'education dress6 pour le roi tie Rome ct les autres princes du sang, sous I'in- spection personnelle dc I'empe- reur Napoleon , publitJ a Londres, VI, 610; VIII, 5-8. — Extraits des ouvrages dcs auteurs Les plus cstimes qui ont ecrit BUT l'cduca- tion, VII, 109. — Principes d'e- ducation inlcllecluelle , morale el physique, 18S. — Le monde des Emiles, on l'education sociale, 552. ■ — Education premiere, 011 maniere de dinger les enfans, con- sideree sous lc rapport de leurs ca- racteres futurs, 3j5. — Traite d'e- ducation publique et privee dans une monarchic constitutionnelle, 5gi. — Education des pauvres, a Lausanne, 616. — Systcme d'edu- cation britannique , par Dufief, VIII, no. — Sur l'education des classes interieures en Anglelerre et dans quelques antres pays, 244- — Extraits sur l'education , tires dcs meilleurs auteurs , en Anglelerre , 549. — De la premiere education, ou de la direction des enfans, relative- ment aleur caracterefutur, IX, 108. — Projet de bill en Angleterre, pour l'education des pauvres, 54o. — Expose du systcme d'education primaire suivi en Suisse, en Alle- magne et en Hollande, XI, 162. — Des instituts d'llofwyl, consideres plus particulierement sous les rap- ports qui doivent occuper la pen- see des homines d'Etat, 49^. — Question sur la gaiantie que l'edu- cation publique doit offrir a l'Etat ct aux parens, XII, 222. — Coup d'reil sur l'educalion, par Gaulier- Sausin, XIII, /|23. — Plans pour ('education el Pinstruction liberate des jeunes gens reunis en grand nombre, ecrils en anglais, XV, 320. — Essais sur les principes elemen- taires de l'education, par Spur- z.heim, XVI, i56. — Discours du P. Gerard sur la necessitc de culti ver rinlelligence des enfans, 184, — Expose analyriquc des medio- des de 1'abbe Gaultier,pai Jussicu, 353. — Preceples d'education, par L. Bonneschi, XVIII, i3j. — Es sai sur I'histoire du developpenicnl moral et industriel de l'homnie, 6i3. — Esquisse du systcme d'edu cation suivi a New-Lanark, XVI II , 5; XXV, 119; XXVI, 83t.— De la nielhode employee, il y a qnatre siecles, a Mantoue, par Vict, de Feltre, XIX, 23i. — De I'he.u- reuse influence d'une education perfectionnee dans tous les pays, XX, 131. — Le livrc des peres el meres, pendant la premiere edu- cation de leurs enfans, 176. — L'in stitnt domestique de Liederskron, a Erlangen, XXI, 373. — Prin- cipes, conseils et questions sur l'education ct ^instruction dc la jcunesse, par F. Delbruck, XXI, 619. — Institut d'education pesta- lozzienne a Riquewihr ( Haut Rhin), XXII, 419. — Considera- tions sur les causes de l'education secondaire, par Renouard, XXIV, 45o. — Observations sur celle que l'on donne au people, par Brou- gham, XXV, 727. — Essai sur l'e- ducation des femmes, parMm,'de Remusat, 776. — Essai d'educa lion nalionale, par La Chalolais, XXVI, 519. — Le conservateur de l'enfance et de la jeunesse, 809. ■ — Lettres sur l'education, parBonnin, 85o. — Manuel des jeunes meres, par Leger, XXII, 186. — Essai sui l'education, publie a BiUxellespar L. de B.... 476- — Autre, physico- moial, par Pasetti, XXVU1, 182. — De l'education des indigens dans les colonies des Pays - Bas, XXX, 570. — Essai sur celle des femmes, par Mme de Remusal , 766. — Stalistique de celle de la Haule-Ecosse en 1826,31,2.39. — Lettres de famille sur l'education domestique, par Mme Guizoi, 535. 1830. DE LA LIBRAIRIE SCFENTTFIQUE-INDUSTRIELLE DE MALHEll ET Cie, CENTRALE DES ARTS ET MA )K l'industrie FBANCAISH 1 Ipassage Itouprjmr. MBRAIAES DE I. RCOLE CENTRALE DES ARTS ET MANUFACTURES, EDITEURS DES ANNALES UE i/lNDUSTRIE FBANCAISR ET ETRANGERE. ALGEBRE (Premiere anneed'), par E. Duchesne, professeur de ma- thematiques speciales au college de Vendome. i vol. in-8. Prix: 6 fr. ARITHMETIQUEa l'usage des eleves de la Fleche, par Lalanne, pro- fesseur a l'Ecole militaire. i vol. in-8. Prix : a fr. 5o c. ARITHMETIQUE APPLIQUEE AUX SPECULATIONS COMMER- CIALES ET INDUSTRIELLES. Sommaires des lecons puhliques donnees a Metz par M. G.-L. Woisard , ancien eleve de l'Ecole Polytechnique. Premiere partie, redigee et publiee par N. Berlon professeur de mathematiques. i vol. in-8. Prix : 3 fr. 50 c[ — Seconde partie, lerminee et publiee par D.-M. Woisard jeune , ne- gociant, et membre de l'Academie de Metz. i vol. in-8. Prix : a fr. 5o c. ASTRONOMIE ^LEMENTAIRE, par A. Quetelet, direcleur de l'Observatoire de Bruxelles. i vol. in-ia avec pi. Prix: 4 fr. 5o c. CHIMIE ( Cours de), par E. Peclet. 1 vol. in-4 avec pi. Prix : 30 fr. CHIMIE.Traite abrege de cette science et de ses applications aux arts, par M. Desmarest, pharmacien , ancien eleve de l'Ecole Polytech- nique; deuxieme edition. 1 vol. in-ia, orne de pi. Prix : 4 fr- 5o c. CMIMIQUES (Manipulations), par Faraday, professeur de chimie a l'lnstitut royal de Londres; traduit de I'anglais par Maiseau, et revu par M. Bussy, professeur de chimie a l'Ecole de Pharmacie de Paris et a l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, etc., etc. 2 volumes in-8, ornes de aoo figures. Prix : 14 fr. GEOMETRIE appliquee a l'industrie, par C.-L. Bergery, professeur des sciences appliquees, a Metz; deuxieme edition, adoptee par l'Universite royale de France. 1 vol. in-8 avec 14 pi- Prix : 6 fr. GEOMETRIE DES COURBES, appliquee a l'industrie, a l'usage des ouvriers, par C.-L. Bergery. 1 vol. in-8 avec pi. Prix : 4 fr. ( a ) GEOMETRIE PLANK, section eleinentaire, par N.-.T. Didier, professenr deinaihcmatiques a lEcole centrale des Arts ct Manufactures, i vol. in-8 avccpl. Prix: 7 fr. GEOMETRIE DESCRIPTIVE (Elemens ile), par E. Duchesne; se- conclc edition. 1 vol. in-8, orne d'un caliicr de 3o epiires, Prix : 5 fr. JOURNAL DE L'ECOLE POLYTECHNIQUE , par Lagrange, La- place, Monge, Ampere, etc. 19 cahiers en 18 vol. in-,} avec tics pi, Prix: 1 38 IV. LUMIERE (Traits de la), par J.-F.-W. Herschel , president de la So- eicte aslronomique de Londres , traduil de l'anglais avec notes , par MM. Verhulst, et A. Queiclct, a vol. in-8 avec planches gravees, publics en quatre parlies. Prix : 18 fr. MATHEMATIQUES (Essai sur l'Histoire generate des), par Bossut. 2 vol. in-8. Prix: 12 fr. MEMOIRE SUR LES DEVELOPPEES DES COURBES PLANES , leur application a differentes considerations geometriques et a la construction des equations algebriques transcendantes, par MM. Du- boisayme ct Bigeou , anciens eleves dc l'Ecole Polytechnique. 1 vol. in-4 a-eo planches. Prix : 3 fr. METAI.LURGIE PRATIQUE, 011 Exposition detaillee des divers pro- cedes e-nployes pour oblenir les metaux utile?, precedee de 1'essai ct de la p eparalion des minerals, par D. F. 1 vol. in-12 , orne de 8 pi. gravees. Prix : 4 fr- 5o c. MINERALOGiE USUELLE, ou Exposition succincle et methodique des mineraux , de leurs caracteres, de leurs gisemens ct de leurs ap- plications aux arts, par M. Drapiez. 1 fort vol. in-12. Prix : 4 fr. 5o c. PERSPECTIVE PRATIQUE , comprenant la perspective lineairc ct aerienne, a l'usage des ouvriers, par M. Isabeau. 1 vol. in-12 , orne den pi. Prix: 3 fr. 5o c. PHYSIQUE (Traite eletnentaire de) ; par E. Peclet, professenr de physique a l'Ecole preparatoire et a l'Ecole centrale des Arts et Manufactures ; seconde edition. 2 vol. in-8, ornes de 3o pi. gravees pnr M. Le Blanc. Prix : 18 fr. PHYSIQUE ET CHIMIE INDUSTRIELLES , par Le Chevalier, offi- cier d'artillerie. 1 vol. in-8 avec 5 pi. Prix : 6 fr. TABLES DE LOGARITHMES , par Plauzoles. 1 vol. in-12; Edition stereotype. Prix : G "'■ CHALEUR (Traite dc la) et de ses applications aux arts et manufac- turcs, par E. Peclet, professenr de physique a l'Ecole preparatoire et a PEcole centrale des Arts et Manufactures. 2 vol. in-8 avec un atlas separe, compose de 27 pi. Prix : 21 fr. ECLAIRAGE (Traite de 1'), etc., par le meme. 1 vol. in-8 orne de 10 pi. gravees. Prix : 8 fr- 5o c- ART DE CHAUFFER, ou Traite des moyens de mettre a profit la chaleurqui emane des appareils de chauffagc, par P. Hamon, arclu- tecte. 1 vol. in-8, orne de pi. grav. Prix : 7 fr. 5o c. MANUEL DE LA METALLURGIE DUFER, par Karsten; traduit par Culinan; seconde edition. 3 vol. in-8, avec pi. Prix : 21 fr- ( 5 ) ART DU MAITRE DE FORGES, ou Traite theorique et pratique da I1 exploitation du fer et de ses applications aux differens agcus de la mecanique et des arts, par M. Pclouze. 2 vol. in-12, avec uu atlas se- pare, coutenant 10 pi. gravees en taillc-douce. Prix : 10 fr. CHIMIE DU FER, par Berzelius; traduit par le chevalier Herve. 1 vol. in-8. Prix : 3 IV. 5o c. GUIDE DU CHAUFFEUR ET DU PROPRIETAIRE DE MACHINES A VAPEUR , ou Essai sur letablissement, la conduite et rentretieu des machines a vapeur, etprinoipalementdecellesdeWolfa moyenne pression ; precede de principes pratiques sur la construction des fourneaux, par Grouvelle et Jauuez, itigenieurs civils. 1 fort vol. in-8, avec Atlas grave parM.Le Blanc. Prix: 9 fr. MACHINE A VAPEUR (Histoire descriptive de la), traduite de l'an- glais de R. Stuart, precedee d'une introduction exposant la Theorie des ■vapeurs, suivie de la description des perfectionnemens fails en France. 1 vol. in-12, orne de 8 pi. gravees. Prix : 4 fr- 5o c. ESSAI SUR LES BATEAUX A VAPEUR appliques a la navigation interieure et maritime de l'Europe, sur les Dateaux aqua-moteurs , et particulierement sur le touage par la vapeur, ou remorque a points fixes; aecompagne de considerations sur les transports par terre et par eau , et sur les cheinins de fer, par Tourasse et Mellet, inge- nieurs. 1 vol. in-4, orne de 6 pi. gravees. Prix : 10 fr. GUIDE DU MEUNIER et du constructeur de moulins, par Olivier Evans, avec notes et additions du professeurde mecanique a ITn- stitut de Franklin en Pensylvanie, traduit sur !a 5e edit., et aug- mented de la description du bel etablissement de M. Benoistde Saint- Denis , par P.-M. Benolt , ingenieur civil , aneien eieve de l'Ecole Po- ly technique. 1 fort vol. in-8 avec atlas. Prix : 10 fr LE MECANICIEN ANGLAIS, ou Description raisonnee de toutes les machines, mecaniques, decouvertes, nouvelles inventions et perfec- tionnements appliquees aux arts industriels, par Nicholson; traduit de l'anglais, par M... Ingenieur. 4 vol in-8. avec 100 pi. Prix : 40 fr. MEMOIRE sur les Roues hydrauliques a aubes courbes , rnues par- dessous , suivi d'experiences sur les effets mecaniques de ces roues, avec une instruction pratique sur la maniere de proceder a leur etablissement. Nouvelle edition , augmentee d'un second memoire, par J.-V. Poncelet. 1 vol. in-4 avec planches gravees. Prix : 7 fr. ARTDU CHARPENTIER, precede de notions sur la coupe, le desse- cbement, la resistance et le cubage des bois, et termine par un voca- bulaire raisonne de tous les termes employes dans la charpenterie, par Lepage, architecte. 1 vol. in-12 , orne de 5 pi. Prix: 3 f. 75 c. ART DE L'EBENISTE, d'apres des notes et des instructions fournies par plusieurs des meilleurs fabricans de la capitate, et particuliere- ment par M. Albert Albrest. 1 vol. in-12 , orne de pi. Prix: 4 »*• CALCUL5 faits, a 1' usage des industriels en general , et specialement des Mecaniciens , C/iarpcnttei s , Pomiucrs, Senuriers, CliauJronnicrs, Tot- sews, etc., par Lenoir. 1 volume in-ia, renlermant un grand nombre de tables. Prix : i I. 5o c. (4) INSTRUCTIONS sur la maniere de se servir de la regie a calcul, in- struinent a I'aide duquel on peut oblenir a vue, sans plume, crayon ni papier, sans bareme , et meme sans savoir I'aiithmetique , le re- sullat de ioute espece de calculs, avec 21 figures; seconde edition. i vol. in- 1 a. Prix : a fr. MORTIERS (Trailesur l'art de faire de hons), et d'en bien dinger 1'eniploi, ouMcthode generale-pratiquepour fabriquer en tous pays la,cl)au\, les cimens et les mortiers les meilleurs et les plus econo- miques, par Raucourt, ingenieur des Ponls-et-Chaussees. i vol. in-8. orne de a planches gravees. Prix : 7 f. 5o c. SCIENCE DE L'INGENIEUR, divisee en trois parties, ou Ton traite des chemins, des ponts , des canaux et aqueducs, par Delaislre, ingenieur pensionne; deuxieme edition, revue et augmenlee par un ingenieur des Ponls-et-Chaussees. 2 vol. in-4. Prix: 4o fr. HISTOIRE DESCRIPTIVE de la filature et du tissage du Coton, ou Description des divers procedes et machines employes jusqu'a ce jour pour egrener, battre , carder, etirer, filer et tisser le coton, ourdir et parer les cbaines et flamber les elolfes , traduit de 1'auglais, ei augmenle des inventions faites en France, par M. Maiseau. r vol. iu-8 avec un atlas separe. Prix: i5 fr. ART DE FABRIQUER la Porcelaine , suivi d'un vocabulaire de mots techniques, etd'un Traite de la Peinture et Dorure sur porcelaine, par F. Baslenaire d'Audenart. 2 vol. in-12, ornes de 8 pi. Prix: g fr. ART DE FABRIQUER la Faience recouverte d'un email opaque blanc et colore, suivi dequelques notions sur la peinture au grand feu et a reverbere , et d'un vocabulaire des mots techniques , par F. BastC- naire d'Audenart. 1 vol. in-12 , orne de pi. Prix: 4 f • 5o c. L'ART DE FABRIQUER la Faience blanche (dite terre de pipe) re- couverte d'un email transparent, a l'instar franqais et anglais par F. Bastenaire d'Audenart. 1 vol. in-8. avec pi. Prix: 7 fr. 5o c. ART du Briquetier, Chaufouroier et Charbonnier, comprenant la fabrication du vinaigrede bois, parM. Pelouze. 1 vol. in-12, orne de 4 planches gravees Prix: 4 &"■ 5o c TRAITE D'HORLOGERIE, contenant ce qui est necessaire pour con- naitre et regler ies pendules et les montres, par Lepaule , horloger du roi. 1 vol. in-4 avec planches. Prix: 24 fr. ART du Geometre Arpenteur, ou Traite de geometrie pratique, con- tenant le lever des plans, le nivellement et le partagedes proprietes agricoles , suivi de 1'exposition du systeme metrique, par M-. P. Guy ancien eleve de l'Ecole Polytechnique. 1 vol. in-12, orne de 5 plan- ches gravees. Prix : 4 fr- 5o c. LA PRATIQUE DES LEVERS , enseignee par dessins, par B*** , professeur des cours industrieis de Metz. in-fol. Prix : 12 fr. lre Partie levers du batiment. IP Id. des machines, comprenant celui d'une machine Scierie. IIP Id. de terrains. CHOIX DE MODELES APPLIQUES A L'ENSElGNEMENT DU DESSIN DES MACHINES , avec un texle explicatif, ouvrage adople par le Conservatoire Royal des Arts et Metiers, par l'Ecole cent rale (5) ties Arts et Manufactures, dessine, grave et public par Le Blanc, inembre ile la Legion d'honneur, professeur an Conservatoire, membre de la Societe d'Encouragement , de la Societe Industrielle de Mulhausen. Paraissant par livraison conlenant 20 a 3o pi. in-fQ et 70 pages de texte. Prix de chaque livraison : 12 fr. II y aura trois livraisons , la premiere est en vente. LE GNOMONOGRAPHE UNIVERSEL, ou Methode generate pour tracer des Cadrans soi-aires sur les surfaces de position et genera- tion quelconque, par L. Lalanne, professeur al'Ecolemilitaire. 1 vol. in-8. avec planches gravees. Prix : a f. 5o c. LECONS SUR LA MANIERE DE GRAVER LA MUSIQUE, suivies des priucipes de musique necessaires anx eleves graveurs , par M. Richomme filsl i vol. in-8. orne de 5 p!. grav. Prix : 2 f. 5o c. ART DU TEINTURIER , suivi de I'Art du Teinturier-Degraisseur, par Bergues. 1 vol. in-i2. Prix: 3 fr. 5o c. TRAITE complet des proprietes , de la preparation et de 1'emploi des matieres tinctoriales et des couleurs, par J.-C. Leuchs . traduit de 1'allemand ; revu , pour la partie chimique, par M. E. Peclet, 2 vol. in-8. Prix: 18 fr. Chaque volume se vend separdment : Premier volume, Matieres Tisctohiai.es. Deuxieme volume, Fabrication des Couleurs. ART DU RAFFINEUR, ou Traite theorique et pratique du raffinage du sucre de cannes, contenant les procedes les plus nouvellement inventes en Angleterre, parM. Chandelet. 1 vol. in-i 2, orne de plan- ches gravees. Prix : 4 fr- TRAITE DES FALSIFICATIONS , ou Expos6 des diverses manieres de constater la purete des substances premieres employees en mede- cine, dans les arts et dansl'economie domestique, par M. Desmarest, pharmacien. 1 vol. in-t2.Prix: 4 f- 5o c. BOTANIQUE DU DROGUISTE et du n^gociant en substances exo- tiques, traduite de l'anglais par M. E. Pelouze. 1 vol. in-12. Prix : 4 fr. 5o c. EPICIER DROGUISTE (Guide manuel de 1' ) , contenant , par ordre alphabetique, les substances simples et composees, les diverses preparations qui sont du ressort de 1'epicier , et la composition des couleurs et des vernis , par M. Isabeau. 1 vol. in-12. Prix : 4 "• GUIDE DU VETER1NAIRE et du Marechal ferrant pour le ferrage des chevaux et le traitement Acs pied s malades , traduit de l'anglais de Goodwin, medecin veterinaire des ecuries de S. M. Britannique , avec notes et additions de M. Berger, membre de la Legion-d'Hon- neur, medecin veterinaire de la maison militaire du roi. 1 vol. in-12 avec planches gravees. Prix : 4 fr- 5o c. LE CHASSEUR MEDECIN, ou Traite complet sur les Maladies des chiens, par Francis Clater, medecin veterinaire de Newark , traduit del'anglaissurla25e edition par MM. D.O.R. 1 vol. in-18. Prix: 2 fr. LECONS THEORIQUES ET PRATIQUES sur la planlation, la cul- ture et la taille des arbres a fruits et de la vigne, et plus particulic- r«ment celle du Picker, ainsi que sur la maniere el'en former des (6) pepinieies ct de les grelfer; suivies dc quelques idees sur la culture en pleine terre de YOranger et du Citrormier, au moyen d'une scire volanle, par L. Lemoine, praticien , professeur a l'ecolc de taille el greffe; troisiemc edition, i vol. in-18. Prix : a fr. 5o c. ART DU JARDINIER dans la culture des arbres fruilicrs et des plantes polageres, suivi d'une table alphabetique des noms bota- niqucs et vulgaires des arbres ct des plantes, par A.-J. Merault. i fort vol. in- 1 2. Prix : 4 f. 5o c. CULTURE RURALE (Traite de la), par Leocade Delpierre. a vol. in-ia, avee planches gravees. Prix : 8 fr- BOIS ET FORETS (Traite des), faisant suite au Traite de culture rurale , par L. Delpierre. i vol. in-i8, erne de planches gravees. Pl »* •• a fr. 5o c. DE L'AMENAGEMENT et de l'Exploitation des forets qui appar- tiennent aux particuliers , par Noirot, arpenteur-verificateur, etc. i vol. in-i2.Prix : 2 fr. REPERTOIRE POLYGLOTTE DE LA MARINE, a l'usage des i.avi- gateurset armateurs, contenant, par ordre alphabetique, tous les termes de la marine, leur explication raisonnee, et les methodes a employer pour resoudre les questions A' astronomic,, de statique et de physique, relatives a I'art de la marine; suivi de 5 vocabulaires des termes techniques en allemand , anglais , cspagnol, italien et portugais, par le comte de Grandpre , capitaine de vaisseau. a forts vol. in-8 de 75o pages chaque. Prix : 20 fr. RUDIMENT DE LA COMPTAEILITE COMMERCIALE, ou Dia- logues didacliques sur le commerce, sa comptabilite , ses regies et ses usages, qui sont aussi ses lois, par L.-G.-P. Legret, ancien nego- ciant; seconde edition. 1 vol. in-8. Prix : 8 fr. MANUEL DU CR.EANCIER HYPOTHECAIRE , par Jules Zanolle, avocat. 1 vol. in-iS. Prix : 3 fr. 5o c. MANUEL des Proprietaires et Regisseurs des bois et forets, 011 Re- cueil des lois et reglemens relatifs aux bois des particuliers, a la chasse, a la peche, aux mines, carrieres , etc. — Avec des instruc- tions et modeles rediges d'apres le Code Forestier, pour les actes de vente des coupes, pour les declarations de volonte d'abattre pour les echanges, bornages, partages, et cantonnement dans les forets, pour les commissions de gardes, proces-verbaux, actes divers, par M. Noi- rot; nouvelle edition. 1 vol. in-12. Prix: 4 fr- 5o c. COMMENTA1RE SUR L'ORDONNANCE DE LA MARINE du mots d'aout i68t, par R.-J. Valin ; avec des notes coordonnant 1'ordon- iiance, le commentaiie et le Code de commerce, par V. Becane, professeur a la Faculte de Poitiers, a vol. in-8. 16 fr. — Id. 1 vol in-4. Prix : 16 fr. COMMENTAIRE SUR L'ORDONNANCE DU COMMERCE du mois de mars if>73, par Jousse; avec des notes et explications coordon- nant l'ordonnance, le commentaire et le Code de commerce, par V. Becane ; suivi du Traite du contrat de change, par Dupuy de la Serra. 1 vol. in-8. Prix: 7 fr. 5o c. COURS D'ELOQUENCE, a l'usage des jeunes avocats et dc toutes les personnes qui se dcstinenl a parlei- en public , par M. Duraud , an- cien procureur du roi. 2 vol. in-8. Prix : 12 fr. (7 ) DES NOUVELLES METHODES DE LECTURES, de lorn- simplifi. a- tion, etde leur application a I'enscignemcnt nuituel, par E.L.Dumas, i vol. in-8. Pi ix : C, fr. ATLAS COMMERCIAL, Ou Exposition metbodique du droit commercial, comprcm.nt le Code de commerce rapproche des lois , rcglemens , ordonnances , arretes et ojiinions dcs jurisconsultes qui le complement, le modifient on 1'expliquent ; ouvrage compose de douze tableaux synoptiques sur feuillc de jcsus cleployee; disposes et eolories de maniere a en rendre 1'etude plus facile; par Poux-Franki.in, avocat a la Cour rovale, in- specteur des etudes etprofesscurde legislation commerciale a 1'Ecole speciale de Commerce. Titles Jes Tableaux qui competent I Atlas commercial. ier Tableau. Des commercans et des auxiliaires du commerce. — II. Des Societes. — III. De la leltrede change et des autres effets de commerce. IV. Des navires et autres batimens demer. — V. Du Capitaine — VI. Des Proprietaires, des At'iYeteurs el des geus de l'equipage. — VII. Du Contrat 2" &• P0Hr s'x mois. Dans les depar temens. 53 00 A I'itranger Go En itegfetene ;~> 4a A parlii clu 1*' Janvier OU du 1" juillet. Le montaut do la souscriptiou, envoyc [>ar la poste, doit tMre adretalc c, rBAAC dk r m, aio«i que la correspond ancc, an Dircctcur dr, la Revue BncycJopptfiqiKj rue iCEltfcr-Saint-Miclicl, n" 1S. C'esl a la memo adresse a eovoyfer les oavrages de tout genre ct les griyures qu'ou vijudia t'aiie annonccr, ainsi que les articles dont on dusirera I in- sei'.ion. " On souscrit aussi a Paris, chez les' libraires ci-apres: TnrcrrEL et V/cirtz, rue de Bourbon, n" 17; Charles Beciiet. qnai des Augnsuns, if 55 ; Key et Gravikr, quai des Augustins, n° 55; A la Galehik ue Bossance pere , rue Richelieu , n" 60 ; Rohbt, rue Ilautefeuille, n* 12; 3. Rejocard, rue de Tournon, n° 6. On souscrit aussi chez tons les Direrteurs drs postes, et chez les prir cipanx Libraires, dans les deparlctuens, et dans les colonics. LiBBiiuES chez Icsqaels on souscrit dans les pays utiungers. Amsterdam, Delachaux. 1 -.. /vncelle. Aran (Suisse), Sauerlander. Berlin , Schlesinger. Bern -, Clias ; — Bourgdorfer. titj Keygel. BruxetLs , Dujardin - Sailly ; — Di-mat ; — ILirguics-Kenie ; — Lite a'n ie parisieni.e, fi ancaise et gin <\ 1, Piatti; — Viensscnx. Franc fort - sur - Mein, Jngel. (j'.tnd , Vandeqkerckoven Qls. Geneve, Clfeibuliez; — Barbezat et Delaine La Ilayc, les fi cres Langenhuysen. Lausanne, Kiscbcr. Leipzig, Brcckhius; — G.Zirges. Iicsoei; — Cuiardin. Lisbannc, Paul Martin. Lomlre.i, P. Roland) ; — Dulau et C" ; — Treutlel et WiirU; — ! Bossange, Bai the/., Lowell el (/'. I Madrid, Dennee; — Peres. Manhcim , Arlaria et Fontaine. Milan, Giegler; "Vismara ; Bocca. Mans, Le Rou\. Moscuu, Gautier; — Riss pereetfils. Naples, Borel; — Marolta ct Wauspandocfc. Koiv-Yorh (Elats-Unis), Foreign and classical bookstore; — Be- rard et Mondon. Xotirdle - Orleans , Jourdan ; — A. L. BolsmarC. Palermo ( Sicile), Pedonne et Mo- ratoi i ; — Burnt' (Ch.). Pefersbourg, F. Bellizard et C'«;— Graefl';— Pluchart. Home, de Romanis.; — Merle. Stuttgart et Tubingue, Cotta. Turin, Bocca. Farsovic, Glucksberg. F'icnne (Aitricbe), Gerold; — Scbaunibourg; — Scbalbacber. IMPBIMEniE DK PJ.ASSAK ET C* . RUE DE VACCIRARD, N* ID.